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(Onze heures vingt minutes)
Le Président (M. Lachance): La commission du budget et de
l'administration se réunit ce matin avec le mandat de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 37, Loi sur le
régime de négociation des conventions collectives dans les
secteurs public et parapublic. J'aimerais savoir, M. le secrétaire, s'il
y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Pour la
durée de toute l'affaire, M. Blank (Saint-Louis) sera remplacé
par M. Pagé (Portneuf), M. Caron (Verdun) sera remplacé par M.
Paradis (Brome-Missisquoi) et M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) sera
remplacé par M. Ryan (Argenteuil). J'ai aussi les remplacements pour la
séance, M. le Président. M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)
sera remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert) et M. Gauthier
(Roberval) sera remplacé par M. Lafrenière (Ungava).
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le
secrétaire. M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Aussi, pour une partie de la séance, je serai
remplacé par Mme la députée de Dorion.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, pour une partie de la
séance, je serai remplacée par le député de
Duplessis.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Cela va. Je
crois que la députée des Îles-de-la-Madeleine nous fait
l'honneur d'être présente ce matin. Donc, je présume
qu'elle ne sera pas remplacée.
Mme Le Blanc-Bantey: Non, et avec grand plaisir, M. le
Président, aujourd'hui.
Le Président (M. Lachance): Ce qui va nous éviter
de la "procédurite", comme disait ce matin un média
d'information.
Nous en étions à l'article 1 qui avait été
suspendu.
Application (suite)
M. Clair: M. le Président, on pourrait peut-être
commencer justement par l'article 1, avec le souhait que les explications que
je fournirai permettront son adoption. Je prends le quatrième paragraphe
de l'article 1: "Un établissement comprend un établissement
public au sens de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux... etc. " Ce qui inquiétait certains députés,
c'était qu'on dise que cela comprend aussi - c'est moi qui le dis -
"tout organisme qui fournit des services à un établissement ou
à des bénéficiaires conformément à cette loi
et est déclaré par le gouvernement être assimilé,
pour l'application de la présente loi, à un établissement
tel que l'entend la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. " La - question était la suivante: Est-ce qu'un fournisseur
privé - par exemple, une cafétéria privée, une
buanderie privée -pourrait être assimilé par le
gouvernement? La réponse se trouve dans les mots "est
déclaré par le gouvernement être assimilé", -mais
seulement on le dit bien - "à un établissement" - à la fin
du paragraphe -"tel que l'entend la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. " Or, quand on lit la définition du mot
"établissement", dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, on lit: "Établissement, un centre local de services
communautaires, un centre hospitalier, un centre de services sociaux ou un
centre d'accueil" et à l'article 13, si ma mémoire est
fidèle, on dit: "Tout autre établissement est un
établissement privé". Quand on va à "établissement
privé", on voit qu'il s'agit de centres d'accueil, etc., et non pas de
fournisseurs privés. Dans le cas des deux buanderies communautaires,
à Montréal et à Québec, ces buanderies
communautaires sont nées du regroupement de services de buanderie de
centres hospitaliers, d'établissements existants. C'est dans la
convention collective, par une disposition, qu'on les assimile, par la
volonté de l'employeur - qui est la buanderie communautaire - et du
syndicat, à un établissement au sens de la Loi sur les services
de santé et les services sociaux et non pas par un décret du
gouvernement, parce que le pouvoir du gouvernement de déclarer
assimilé est limité à un établissement tel que
l'entend la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Donc,
on m'assure que ce libellé, qui était celui qui prévalait
antérieurement dans la loi 55 et qui est reproduit aujourd'hui, limite
pour le gouvernement le pouvoir de déclarer assimilé et que s'il
tentait de déclarer
assimilé à un établissement un fournisseur
privé quelconque, il pourrait toujours s'essayer de le faire, mais il
n'aurait aucun fondement juridique pour maintenir une telle position.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Ce sont des propos rassurants du ministre.
Le Président (M. Lachance): L'article 1 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
M. Clair: Adopté.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le député
de... Oui, M. le ministre.
M. Clair: L'article 1 est-il adopté?
Mme Le Blanc-Bantey: Non.
M. Paquette: C'est sur l'article 1.
Le Président (M. Lachance): Bon! Cela va. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je comprends qu'on a pris
beaucoup de temps hier pour les remarques préliminaires, mais je tiens
à rassurer le ministre aujourd'hui. Nous allons sûrement adopter
un certain nombre d'articles. Nous allons progresser. Cela nous a aussi
donné le temps de préparer un certain nombre d'amendements sur
divers points. On avait souhaité que la commission se réunisse
aujourd'hui mais, malgré cela, on l'a convoquée hier et on n'a
pas toute la batterie de spécialistes, évidemment, dont le
ministre dispose.
Hier, on a beaucoup discuté de l'ensemble des organismes
gouvernementaux mentionnés à l'annexe C et on a appris que le
gouvernement pouvait ajouter et retirer des organismes par arrêté
en conseil, par décision gouvernementale. En y repensant, je pense que
c'est une mesure qui peut être sage, en ce sens que la situation varie de
temps à autre, soit que des unités syndiquées ne le soient
plus ou que des unités qui ne l'étaient pas se syndiquent.
Ensuite, il y a des modifications dans la composition des organismes
eux-mêmes. Il y a de nouveaux organismes qui sont créés.
Même s'il peut être étonnant que, par exemple,
HydroQuébec soit incluse, que le gaz naturel ne le soit pas, on peut
comprendre qu'il faut laisser de la flexibilité au gouvernement.
Cependant, c'est un peu embêtant que le gouvernement puisse le faire
même si aucune des deux parties concernées, c'est-à-dire
l'organisme qui est le patron immédiat ou le syndicat, n'est d'accord.
C'est-à-dire que le gouvernement pourrait ajouter à la liste sans
qu'aucune des deux parties ne soit d'accord. Cela nous paraît important
de baliser un peu ce pouvoir du gouvernement - compte tenu des grandes
implications que cela peut avoir, tant pour les organismes impliqués que
pour les salariés - de faire tomber sous la coupe du projet deloi 37 unilatéralement un organisme sans qu'aucune des deux parties
ne soit d'accord.
Pour ne pas faire perdre de temps, nous avons un amendement à
déposer qui consisterait à ajouter un cinquième
alinéa à l'article 1, qui se lirait comme suit: "Legouvernement ne désigne un organisme en vertu des alinéas 2
ou 4 - parce que l'aliéna 4, c'est ce dont on vient de parler; j'ai
parlé surtout de l'alinéa 2, mais cela s'applique
également à l'alinéa 4 - qu'à la demande expresse
d'une partie à la négociation d'une convention collective dans
cet organisme. " Cela permettrait de s'assurer que quand il y a un ajout, une
modification à la liste, en vertu des alinéas 2 ou 4, cela puisse
être fait, mais à la demande d'un des deux organismes et non pas
unilatéralement par le gouvernement, même si les deux organismes
étaient en désaccord.
Le Président (M. Lachance): M. le député,
est-ce qu'on peut obtenir une copie de votre amendement? Est-ce que c'est bien
clair pour tout le monde?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lachance): À l'article 1, ajouter
un cinquième alinéa qui se lirait comme suit: "Le gouvernement ne
désigne un organisme en vertu des alinéas 2 ou 4 qu'à la
demande expressse d'une partie à la négociation d'une convention
collective dans cet organisme. "
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair:... d'abord, je rappelle que quand le
député de Rosemont dit que les implications pour les organismes
qui seraient couverts par l'annexe sont très grandes, je m'inscris en
faux contre cela. Les implications sont à portée très
limitée, puisque les articles concernés sont les articles 75
à 80 et non pas les dispositions sur les services essentiels, etc., qui
sont déjà régis par le Code du travail et non par la loi
37. En conséquence, les implications sont beaucoup plus limitées
que l'ensemble du projet de loi 37. Il n'y a que quelques dispositions qui
s'appliquent aux organismes
gouvernementaux.
Deuxième point, je voterai contre cet amendement, puisque cela
aurait pour effet, à toutes fins utiles, d'abolir l'annexe. Est-ce que
quelqu'un pense qu'Hydro-Québec ou son syndicat, par exemple, voit avec
enthousiasme la perspective d'avoir à soumettre une politique de
rémunération au ministre de tutelle et de venir chercher un
mandat au Conseil du trésor pour fins de négociation? Aucune des
deux parties n'est intéressée à cela. Le
député de Rosemont a été ministre assez longtemps
pour savoir qu'il est naturel dans ce secteur que dans tous les cas
d'organismes gouvernementaux, ceux-ci préféreraient tous et
largement n'être soumis à aucun contrôle de
l'Exécutif ou du Conseil du trésor. Je pense que ces organismes
doivent continuer d'être régis conformément à leur
loi, ce qui les oblige à venir chercher des mandats au Conseil du
trésor. Les dispositions de l'article 75 à l'article 80, c'est
surtout cela leur effet, de les soumettre à l'obligation d'avoir une
politique de rémunération, de la soumettre au ministre de tutelle
et de venir chercher un mandat de négociation au Conseil du
trésor.
M. Paquette: Je suis d'accord qu'en ce qui concerne les
organismes mentionnés à l'annexe C il y a beaucoup moins
d'implications que pour ceux qui sont visés par mon amendement,
c'est-à-dire ceux qui sont visés à l'alinéa 2 et
à l'alinéa 4. À l'alinéa 2, on dit que tombe sous
le coup de la loi "tout autre organisme similaire - à une commission
scolaire au sens de la Loi sur l'instruction publique - désigné
par le gouvernement pour l'application de la présente loi. " Que
signifie "similaire"? Cela sera laissé à l'arbitraire du
gouvernement dans l'état actuel du projet de loi.
Même chose à l'alinéa 4. Ce que je viens de dire,
c'est pour le secteur de l'enseignement. L'alinéa 4 touche le domaine
des affaires sociales. On lit à la fin: "... tout organisme qui (... )
est déclaré par le gouvernement être assimilé, pour
l'application de la présente loi, à un établissement tel
que l'entend la Loi sur les services de santé et les services sociaux. "
Encore là, "est déclaré par le gouvernement être
assimilé", cela laisse place à l'arbitraire du gouvernement. Dans
ces deux cas, si on veut laisser tomber la question des organismes à
l'annexe C, je pense qu'on a suffisamment clarifié hier que cela avait
beaucoup moins de conséquences, mais pour les organismes scolaires,
visés à l'alinéa 2 et pour les organismes du domaine des
services de santé et des services sociaux visés à
l'alinéa 4, il y a beaucoup plus de conséquences parce qu'il
s'agit de services essentiels, il s'agit d'un nouveau mécanisme de
décentralisation des négociations, d'insertion dans les tables
patronales de négociation. C'est pour ces organismes surtout que la loi
a été conçue et s'applique dans la plénitude de ses
dispositions. Par conséquent, il ne me paraîtrait pas sage pour le
gouvernement d'avoir l'autorisation, unilatéralement et arbitrairement,
de choisir d'intégrer certains organismes à la loi sans qu'au
moins une des deux parties ne soit d'accord.
M. Clair: En ce qui concerne le pouvoir de déclarer
assimilé, je rappelle les propos que j'ai tenus tantôt, à
savoir que c'est encadré par la définition de
l'établissement dans la Loi sur les services de santé et ies
services sociaux qui est précise. Donc, il ne s'agit pas d'un pouvoir
très large. Quant à l'autre, quant au pouvoir de soumettre "tout
autre organisme similaire désigné par le gouvernement pour
l'application de la présente loi", je pense que pour des raisons de
souplesse il est préférable de garder le libellé actuel.
Ce libellé existait dans la loi 55 et je pense qu'il existait même
dans la loi qui précédait la loi 55. À ma connaissance, il
n'a jamais présenté de problème et conserve une souplesse
que le gouvernement pourrait utiliser dans des circonstances à
déterminer. Je ne partage pas l'avis du député de
Rosemont.
Le Président (M. Lachance): Alors, vous aurez
évidemment compris que la motion était recevable puisque l'on
discute de la motion comme telle. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je me demande si le ministre, qui s'oppose
à l'amendement du député de Rosemont, a une autre
façon d'éviter l'arbitraire qu'il nous propose dans son projet de
loi. On a une situation où l'État, le gouvernement employeur - il
s'agit là de la fonction publique, chapitre IV, annexe C - décide
lui-même, sans aucune espèce d'obligation de consultation ou
quelque obligation que ce soit, si la loi s'applique ou ne s'applique pas, si
le chapitre IV s'applique ou ne s'applique pas à tel groupe
d'employés de l'État. Cela me paraît nettement arbitraire
et à cause de cela, vu le nouvel esprit qui doit régner dans les
négociations de convention collective dans les secteurs public et
parapublic, il m'apparaît indispensable de trouver un moyen
d'éviter cet arbitraire, un moyen de faire en sorte que si la nouvelle
loi instaure de nouveaux mécanismes et un nouveau climat dans les
relations du travail des secteurs public et parapublic, l'arbitraire soit exclu
de ce système.
Le ministre nous dit que les organismes qui sont dans l'annexe C
seraient tous portés, si j'ai bien compris ce qu'il nous a dit, à
se soustraire à l'application de la loi. Par conséquent, il ne
faut pas le leur
permettre, il ne faut pas permettre à ces organismes de se
soustraire à l'application de la loi. Mais il me semble que ce n'est pas
de cela qu'il s'agit. Il s'agit plutôt de prévoir comment des
organismes gouvernementaux vont tomber sous l'application de la loi.
L'amendement prévoit que ce soit à la demande d'une partie. Il me
semble que c'est un mécanisme qui apporte une réponse
satisfaisante à ce problème du caractère arbitraire de ce
que la loi propose.
Peut-être que le ministre a un autre moyen. La loi, si on
l'adoptait telle que le ministre nous la présente, permettrait au
gouvernement de soustraire, d'éliminer tout ce qu'il y a dans l'annexe
C, de réduire l'annexe C à zéro et alors le chapitre IV
serait lettre morte. Il n'y aurait plus rien dans l'annexe C.
Comment le ministre peut-il nous assurer qu'il n'y a pas là un
danger? Comment peut-il nous assurer que même s'il n'abolit pas
complètement, s'il ne fait pas table rase de l'annexe C, il ne va pas
tout à coup soustraire la SAQ, pour des raisons qui lui seraient propres
ou propres au gouvernement, ou soustraire Hydro-Québec, pour des raisons
qui seraient propres au gouvernement? On n'a aucune espèce d'assurance.
On est dans l'arbitraire, et il me semble que quand on veut créer un
nouveau climat dans les relations du travail, il est très important
d'éviter ce genre d'arbitraire. Je ne sais pas si le ministre a une
réponse autre que l'amendement proposé par mon collègue de
Rosemont.
M. Clair: Tout ce que je peux ajouter, M. le Président,
c'est qu'encore une fois nous ne faisons que reconduire le statu quo en ce qui
concerne ces dispositions. On m'informe que ces dispositions qui existaient
dans la loi 55 existent présentement et, en ce qui concerne un organisme
similaire à une commission scolaire, pour le deuxième
alinéa, il n'y a eu aucune telle désignation.
Maintenant, la situation est toujours susceptible de se produire et je
pense qu'il est avantageux, dans une loi, de conserver des instruments pour
pouvoir faire face à toutes les situations. En ce qui concerne les
organismes qui apparaissent en annexe à la loi, je pense qu'encore
là on ne fait que reconduire le statu quo. Il n'y a eu aucune
modification, si ce n'est le Conseil régional de santé de
l'Abitibi-Témiscamingue qui a été ajouté en 1983
parce que celui-ci s'était syndiqué. Cette liste est constante
depuis plusieurs années et j'ai indiqué aussi, hier, au
député de Deux-Montagnes que ce n'était pas l'intention du
gouvernement de modifier à court terme le régime de
négociation qui prévaut dans le cas des organismes qui
apparaissent dans cette liste. L'on ne fait que reconduire le statu quo et
c'est la raison pour laquelle, compte tenu que ces dispositions existaient,
qu'elles ne sont pas du droit nouveau, qu'elles n'ont présenté
aucun problème, je ne vois pas d'intérêt à venir
limiter le pouvoir du gouvernement d'introduire des gens dans cette liste
à la demande de l'une ou l'autre des parties, parce que je pense que ce
n'est pas de ces personnes que relève la décision, mais bel et
bien du gouvernement.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf, sur l'amendement.
M. Pagé: M. le Président, pour nous, l'article 1
vient définir ou indiquer de façon préliminaire comment
s'établiront les bases plus particulières de la
négociation des conventions collectives entre l'État employeur et
ses employés selon les secteurs. L'article 1 confère des pouvoirs
particuliers au gouvernement. C'est normal qu'il en soit ainsi puisque c'est
ultimement le gouvernement qui, comme partie qui se transforme en partie
patronale, s'organise, crée les comités de négociation, a
du personnel au Conseil du trésor pour procéder aux analyses
voulues pour justifier les prises de position que le gouvernement adoptera.
Lors des deux séances de commission parlementaire que nous avons tenues,
mes collègues et moi avons souscrit au principe voulant que les parties
locales ou régionales aient plus de pouvoirs. Il faut toujours avoir
à l'esprit et il faudra toujours avoir à l'esprit que peu importe
l'intensité ou la quantité de pouvoirs qu'on pourra
déléguer ou qu'on pourrait déléguer au niveau des
instances locales ou régionales, si on veut être sérieux et
conséquents avec nous-mêmes, il faudra, par conséquent,
décentraliser et attribuer des pouvoirs de taxation aux niveaux locaux.
C'est beau dire que vous déciderez, messieurs dames, au niveau local et
régional, mais si les mandats en termes de dépenses viennent du
Conseil du trésor, le gouvernement sera toujours légitimé
de maintenir des pouvoirs de déclarer ou de limiter le champ de
négociation au niveau local ou régional, de déclarer des
organismes comme étant assimilés parce que finalement c'est lui
qui paie.
Tant et aussi longtemps que le débat sur la redistribution des
pouvoirs de taxation ou d'imposition ne sera pas réglé, on
fonctionnera toujours avec le système qu'on connaît, dont les
dispositions de l'article 1 reprennent le statu quo, les situations
antérieures. Je comprends l'inquiétude de mes collègues,
plus spécialement mon collègue de Rosemont. Pour nous, il nous
apparaît que tant et aussi longtemps que ce sera le Conseil du
trésor qui déterminera et qui établira les mandats, le
gouvernement doit posséder de tels pouvoirs. C'est pourquoi, avec toute
la sympathie et
l'appréciation que je peux avoir pour mes honorables
collègues de Rosemont et de Deux-Montagnes et Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine, qui nous fait le plaisir
de sa présence, mon collègue de Brome-Missisquoi et
moi-même, nous nous verrons dans l'obligation de voter contre leur
amendement.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement qui a été proposé par le
député de Rosemont?
M. Paquette: J'aurais pensé peut-être que le
ministre aurait essayé, si la solution proposée ne lui
plaît pas, d'en proposer une autre pour qu'il y ait au moins consultation
des parties. Il semble que le ministre veuille agir unilatéralement.
Le Président (M. Lachance): L'amendement est
rejeté.
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 1 tel que
déjà amendé est adopté? Sur division. Donc,
l'article 1 est adopté.
Institut de recherche sur la
rémunération Constitution et composition (suite)
J'appelle l'article 2. Nous avions déjà commencé
à en discuter hier soir. Il y a un certain nombre d'intervenants qui ont
utilisé pas mal de temps de parole. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette:... hier, j'ai abordé un sujet à une
heure tardive, ce qui a soulevé l'ire de mon collègue de
Terrebonne. Je le comprends très bien. Mais sans en faire un long
débat, parce qu'il y a bien sûr des choses plus importantes dans
le projet de loi, je dois simplement vous dire que je suis en désaccord
avec l'appellation "Institut de recherche sur la rémunération",
pour un certain nombre de raisons. Je pense qu'on donne l'impression ici qu'il
s'agit d'un centre qui va faire de la recherche. Ce n'est pas le cas. Quand on
regarde son mandat, c'est un mandat d'information du public, un mandat de faire
des enquêtes, des études, des analyses. Je vous signale qu'un
organisme similaire existe au Québec qui s'appelle le Bureau de la
statistique du Québec. On ne l'a pas appelé institut de recherche
ou centre de recherche. Je peux vous dire que, dans une autre vie,
c'était une chose à laquelle on était très sensible
parce qu'il faut mettre un peu de cohérence dans le système
scientifique québécois. (11 h 45)
J'aurais un amendement à proposer qui serait de modifier
l'appellation de cet organisme de façon à exclure le terme
"recherche". Pour le reste, on pourrait l'appeler Bureau d'analyse et
d'information sur la rémunération, cela m'apparaîtrait
beaucoup plus approprié.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'on peut avoir le
libellé de votre amendement? C'est recevable, évidemment.
M. Paquette: Si le ministre veut passer à l'autre article,
cela peut prendre quelques minutes. On m'avait suggéré une autre
appellation, mais qui ne m'apparaissait pas satisfaisante.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas beaucoup de
commentaires à faire. J'ai demandé qu'on m'apporte un
dictionnaire mais, sauf erreur, le mot "recherche" n'a pas seulement un sens
d'innovation scientifique, il a une portée beaucoup plus large.
Effectivement, c'est ce que l'on souhaite, que l'institut sur la
rémunération soit à la recherche du maximum d'information
et qu'il développe des enquêtes, des analyses, des études
comparatives. Même si le mot "recherche", dans ce cadre-là, n'a
pas le sens d'être à la recherche d'innovations sur le plan
scientifique ou technologique, il me semble que le mot est quand même
approprié. Je ne vois pas en quoi cela vient discréditer
l'idée de la recherche scientifique ou que le mot serait utilisé
dans un mauvais sens. Il me semble que, dans la langue française, le mot
"recherche" est assez large de sens et il ne signifie pas seulement la
recherche au sens scientifique.
Le Président (M. Lachance): Je fais lecture encore une
fois de la motion d'amendement du député de Rosemont. Il
s'agirait de remplacer l'article 2 par: "Un organisme est constitué sous
le nom de Bureau d'analyse et d'information sur la rémunération.
"
Sur la motion d'amendement, M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Sans faire une longue intervention, si on regarde
l'ensemble des organismes gouvernementaux de recherche parce que, tel que
défini, c'est un organisme gouvernemental de recherche, une corporation
publique, si je comprends le sens de l'article 3, on compare avec l'Institut
québécois de recherche sur la culture, c'est un organisme qui
fait des recherches qui font avancer la science, parfois sur des questions
très, très appliquées. On peut dire la même chose du
Centre de recherche minérale dans un autre
domaine. On peut dire également la même chose du
défunt Institut de recherche sur l'amiante. Par contre, lorsqu'on arrive
à des organismes qui font essentiellement des analyses avec des
méthodes connues - des enquêtes statistiques, c'est une
méthode très traditionnelle - il ne s'agit pas d'activités
qui font avancer les connaissances scientifiques et il ne s'agit pas non plus
d'activités qui développent de nouvelles méthodes de
recherche appliquée non plus.
Je pense que le terme "institut" donne l'impression qu'on va retrouver
là-dedans 15, 20, 30 ou 40 chercheurs qui vont se mettre à
essayer de faire avancer les frontières de la science, modifier les
méthodes d'analyse, de compréhension de la réalité
de la rémunération au Québec. C'est pour cette raison
qu'on a choisi d'appeler l'organisme principal du gouvernement dans le
même domaine mais qui, lui, a un mandat très
général, Bureau de la statistique du Québec. Ledit Bureau
de la statistique du Québec n'est pas un organisme de recherche. Je ne
pense pas que ce soit une question qui demande de longs débats, mais
cela va ajouter à l'incohérence et cela risque de faire percevoir
l'organisme en question de façon différente de ce qu'il est, de
façon différente de son mandat tel qu'il est décrit aux
articles subséquents de la loi.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre ou Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine?
M. Clair: Mme la députée avait demandé avant
moi.
Mme Le Blanc-Bantey:... le ministre avant.
Le Président (M. Lachance): Allez-y, Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: Non, j'aimerais mieux que le ministre
réagisse avant que je fasse mes commentaires. II pourrait
répondre à l'avance à mes interrogations.
Le Président (M. Lachance): Oui.
M. Clair: M. le Président, remarquez que ce n'est que le
Petit Larousse, ce n'est pas le Grand Larousse. "Recherche: Action de
rechercher... effort d'originalité, raffinement, voire affectation...
travail scientifique... " Je pense que le mot "recherche" vient bien indiquer
dans ce sens que ce que l'on souhaite, c'est que les analyses soient
scientifiques, soient basées sur un travail rigoureux de chercheurs et
non pas simplement un bureau chargé de compiler des statistiques sans
mandat d'analyse. L'article 20 dit bien que dans son mandat l'institut aura en
outre tout mandat d'étude ou de recherche que définit le conseil
d'administration avec le concours de tous les membres qui sont présents
à une réunion spécialement convoquée à cette
fin. Appellation pour appellation, je préfère, quant à
moi, le mot institut à celui de bureau. Les autres mots employés,
c'était bureau de...
M. Paquette: D'analyse et d'information.
M. Clair:... d'analyse et d'information, ce qui serait limitatif
en termes de mandat dans son appellation par rapport au mandat réel
qu'on envisage confier à l'Institut de recherche sur la
rémunération.
M. Paquette: Une dernière intervention, M. le
Président. Je n'ai pas l'intention de prolonger le débat
là-dessus, mais je voudrais simplement informer le ministre que, tant au
palier fédéral qu'au niveau de son propre gouvernement, au niveau
du gouvernement du Québec, il y a une enquête sur les
activités du gouvernement qui se fait annuellement où on
distingue la recherche-développement, qu'elle soit pure, orientée
ou appliquée, des activités scientifiques connexes. Je pense que,
clairement, les activités qui sont décrites là seraient
classifiées comme des activités scientifiques connexes. Par
conséquent, l'appellation m'apparaît inappropriée.
Maintenant, je ne peux pas forcer le ministre à la modifier.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne voudrais pas non plus prolonger le
débat indûment sur cet article, mais, par ailleurs, si le ministre
acceptait de suspendre l'article pour le moment et d'y revenir après les
mandats qu'on donne à cet Institut de recherche sur la
rémunération, peut-être bien que le député de
Rosemont serait moins frustré s'il acceptait de changer les mandats. Par
exemple, on voit que dans les mandats confiés à l'institut de
rémunération... à l'institut de recherche, pardon - vous
voyez que déjà je commence à faire des lapsus qui
correspondent à l'esprit du député de Rosemont - il n'est
aucunement mention nulle part de la nécessité pour cet institut
de faire des recherches, ou des analyses, ou des études sur les
écarts qui existent encore entre les hommes et les femmes, selon
certaines hypothèses faites par la partie syndicale, entre autres, dans
toute la question du travail équivalent et du salaire égal. On
sait que, lors de la dernière négociation, les centrales
syndicales avaient eu certaines revendications à cet effet et que, tant
le Conseil du trésor à l'époque que les centrales
syndicales, personne n'avait
d'études sérieuses qui permettaient de rendre ces
allégations complètement sûres. Il n'y avait pas
d'étude probante et on sait que c'est un domaine extrêmement
complexe qui va, dans l'avenir, faire appel à des études de plus
en plus poussées.
Quant à moi, il m'apparaîtrait tout à fait normal
qu'un institut de recherche sur la rémunération dans les secteurs
public et parapublic, loin de se confiner à des études decomparaison entre le secteur privé et le secteur public... On sait
fort bien que dans le secteur privé il reste encore
énormément de discrimination au niveau des salaires. Quant
à moi, ce n'est pas suffisant. Il me semble que l'Assemblée
nationale devrait faire une obligation à cet institut d'effectuer ce
type d'étude, de recherche, de comparaison, etc. Peut-être que,
pour ne donner que cet exemple, si nous suspendions l'article maintenant et que
nous attendions de voir les mandats qui seront confiés
véritablement à cet institut, cela pourrait réconcilier
tout le monde autour de l'appellation.
M. Clair: M. le Président, ce que je peux indiquer
à Mme la députée, c'est qu'à l'article 19, il est
bien prévu que l'exemple qu'elle donne est couvert par le mandat
fondamental de l'institut, puisqu'on dit bien: "II peut faire des
enquêtes, des études et des analyses sur la
rémunération de différents corps d'emplois ou groupes de
salariés au Québec. " C'est par cette formulation
générale que l'on a voulu couvrir la possibilité de mener
des études sur la comparaison homme-femme, sur la
rémunération des bas salariés et sur la
rémunération de certains corps spécifiques
d'employés dans le secteur public par rapport au secteur privé.
On a voulu le libeller de façon très large pour justement
permettre à l'institut de pouvoir mener de telles comparaisons. Et,
encore là, on a examiné la possibilité de faire une
énumération très détaillée de ce que
pourrait faire l'institut mais, à ce moment, on est toujours certain
que, lorsqu'on met quelque chose, une énumération dans la loi,
c'est d'abord exclusif des autres mandats qu'on pourrait confier et on est
toujours sûr d'en oublier, c'est la raison pour laquelle on a
libellé l'article de façon générale pour qu'il
puisse mener de telles enquêtes, de telles études et de telles
analyses.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je crois que Mme la députée des
Îles-de-la-Madeieine veut revenir. J'attendrai mon tour.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: J'avais effectivement dit le libellé
de l'article 19 mais, quant à moi, cela ne me satisfait pas du tout. Je
connais le type d'argumentation du ministre - je me le suis fait servir
allègrement au moment où j'ai - entre autres -
préparé la Loi sur la fonction publique où, sous
prétexte de ne pas nuire à certaines catégories, on
essayait de me dissuader d'inscrire nommément dans la loi la
nécessité de faire des actions pour aider à
l'égalité en emploi. À cet égard, ce libellé
dans la loi ne me rassure pas du tout. Je connais le type d'études
générales qui peuvent aussi ne rien couvrir du tout ou ne couvrir
que ce que l'institut de recherche ou encore le Conseil du trésor ou
d'autres organismes pourraient vouloir voir comme études ou comme
recherches. Donc, je préviens le ministre dès maintenant
qu'à cet article, cette appellation ne répondra pas aux exigences
que je pose à cet égard.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le ministre? Non? M.
le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Nous sommes en
train de discuter de la désignation de nom de ce nouvel organisme
d'État. Je pense que, pour choisir le nom - et Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine a tout à fait
raison - il faut bien s'entendre sur la fonction. Or, qu'est-ce que le ministre
propose comme fonction? À l'article 19: "L'Institut a pour fonction
d'informer le public de l'état et de l'évolution comparés
de la rémunération globale des salariés du gouvernement,
des commissions scolaires, des collèges et des établissements
d'une part et de la rémunération globale des autres
salariés québécois de toute catégorie qu'il
détermine, d'autre part. "
C'est cela la fonction. Ce n'est pas de la recherche, c'est de la
compilation. C'est de l'accumulation de données statistiques facilement
disponibles. Il n'y a pas d'éléments de recherche dans cela. Vous
pourrez peut-être me dire qu'il peut déterminer d'autres
catégories de salariés québécois et que cela
impliquerait une certaine recherche, mais il peut, il n'est pas contraint non
plus de faire des enquêtes, des études et des analyses sur la
rémunération de différents corps d'emplois ou groupes de
salariés au Québec comme cela est dit à l'alinéa
suivant. Et, à l'article 20, il n'est pas contraint non plus
d'exécuter en outre tout mandat d'étude ou de recherche que
définit le conseil puisque le conseil peut parfaitement n'en
définir aucun. Alors, il reste comme fonction dont il ne peut pas se
défaire, comme fonction à laquelle il ne peut pas se soustraire,
de la compilation rudimentaire. On ne peut pas appeler cette
compilation de la recherche. (12 heures)
Évidemment, si le ministre tient à ce que ce soit
scientifique - puisqu'il a employé ce mot qu'il a tiré du petit
Larousse - il pourrait peut-être nous informer d'amendements à
venir sur les articles 19 et suivants tendant à imposer à
l'institut une véritable vocation de recherche et une véritable
fonction de recherche. Mais tant que l'institut a comme seule fonction, dont il
ne peut pas se soustraire, de faire de la compilation, je ne vois pas comment
on pourrait raisonnablement l'appeler institut de recherche. Merci, M. le
Président.
M. Clair: M. le Président, quant à moi, je
considère que l'institut ne pourrait informer le public de l'état
et de l'évolution comparés sans utiliser les pouvoirs qui lui
sont permis de faire des enquêtes, des études et des analyses sur
la rémunération de différents corps d'emplois; autrement
dit, sans faire cette recherche. Sans cela, le député a raison,
il ne ferait que photocopier les rapports statistiques qui lui viendraient de
Statistique Canada, du Conference Board ou du Bureau de la statistique du
Québec, et les publier.
Il faut lire l'article 19 au complet: le pouvoir de "faire des
enquêtes, des études, des analyses sur la
rémunération de différents corps d'emplois ou groupes de
salariés... Il m'apparaît évident que c'est ce que va
devoir faire l'institut s'il veut pouvoir produire un rapport et informer le
public, comme le dit le premier alinéa. C'est évident que, pour
atteindre son objectif, il va devoir utiliser les pouvoirs qui lui sont
conférés au paragraphe 2. Sans cela, c'est présumer que
les gens qui composeraient l'institut de recherche tenteraient dès le
départ de faire dévier l'objectif de la loi. Je pense que c'est
une hypothèse qui présumerait de la mauvaise foi et, quant
à moi, je présume toujours de la bonne foi.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, il me semble que la
situation s'est produite à un autre moment hier soir: les explications
du ministre sont plus claires que le texte du projet de loi. Il faudra revenir
là-dessus, quand on aura réglé le cas de l'article 2, et
examiner de façon très approfondie - nous allons sûrement
le faire - les articles 19 et suivants.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions là-dessus? Sinon, j'en déduis... Oui, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Strictement une brève intervention. Lorsqu'on
compare le titre qui est proposé ou l'appellation qui est
proposée par le ministre: Institut de recherche sur la
rémunération, est-ce que le ministre pense, est d'avis ou est
d'opinion que cette appellation éclaire vraiment la population, les gens
qui s'intéressent à cet institut sur le rôle complet qu'il
aura à jouer? L'article 19, lorsqu'il établit la fonction, les
objets de l'institut, mentionne très clairement et premièrement
que l'institut a pour fonction d'informer le public sur l'état et
l'évolution comparés de la rémunération globale des
salariés du gouvernement, des commissions scolaires, etc. C'est le sens
des discours que les députés ministériels ont tenus
à l'Assemblée nationale.
Si c'est là une fonction aussi importante de sensibiliser nos
concitoyens à cette différence, à ce rapport ou à
cette équivalence qui peut exister entre la rémunération
du secteur public et parapublic et celle du secteur privé - je n'en fais
pas un amendement comme tel, l'amendement proposé comprend
déjà le mot "information" - ne devrait-on pas, pour assurer
vraiment encore plus de visibilité, de transparence, retrouver dans le
titre - moi, que ce soit votre terminologie qui soit retenue, que ce soit celle
proposée par les orthodoxes - qu'on ait quand même cet objet qui
est le premier...
M. de Bellefeuille: Par les quoi? Une voix: Les
orthodoxes.
M. Paradis: Les indépendants, excusez-moi. Orthodoxes ou
indépendants.
Mme Le Blanc-Bantey: Ou indépendantistes.
M. Paradis: Pendant qu'on est sur la sémantique...
Mme Le Blanc-Bantey: Indépendants
indépendantistes.
M. Paradis: Les indépendantistes.
M. Pagé: C'est plus pur, c'est plus vrai, c'est plus
précis.
Mme Le Blanc-Bantey: Ou les rebelles.
Le Président (M. Lachance): On revient au projet de loi
37.
M. Paradis: Je retire donc, M. le Président, le mot
"orthodoxes".
Mme Le Blanc-Bantey: On accepterait "rebelles" aussi.
M. Pagé: On a les indépendantistes, les
fédéralistes et les "peut-être bien".
M. Paradis:... lorsqu'ils le font, ils nous demandent de les
appeler indépendantistes et nous les appelons
indépendantistes.
Je reviens à l'essentiel de mon intervention. Cet aspect
information m'apparaît, suivant les discours tenus par la partie
ministérielle, très important, m'apparaît même un
rôle capital. On peut dire et on peut argumenter que c'est simplement de
la compilation statistique, qu'on va aller plus loin faire de la recherche,
etc. Je pense que l'évolution du dossier nous dira qu'on va compiler des
statistiques, que possiblement on va faire de la recherche, mais, en tout
temps, il y a un élément qui va être là, celui de
l'information. Lui, il va toujours se retrouver là. C'est
l'élément que vous avez mentionné comme étant le
premier élément dans les fonctions de l'institut et, lorsqu'on ne
le retrouve pas dans le titre, je me demande si c'est clair, si c'est de la
véritable transparence. C'est la question que je vous pose.
M. Clair: M. le Président, je pense que le
député a raison de dire qu'en conservant le mot "recherche" sans
inclure le mot "information" on met davantage l'accent sur le travail
scientifique mené par l'institut. Et en créant cet Institut de
recherche sur la rémunération, notre objectif principal c'est
qu'il soit un organisme crédible. Je pense que, ne serait-ce que par son
appellation d'Institut de recherche sur la rémunération -c'est
une décision très personnelle - cela met davantage l'accent,
justement, sur son mandat d'analyse, d'étude, de comparaison, de
recherche, qu'uniquement sur son rôle d'information.
Deuxièmement, je pense qu'il n'y a pas avantage, non plus, pour
l'utilité des personnes, des citoyens et citoyennes, à baptiser
des organismes avec des noms très longs, qui sont descriptifs, qui
décrivent fort bien leur mandat uniquement par leur titre: ça
donne généralement, par la suite, des sigles style CRSSSMM et
CSSMM qui ne contribuent pas à l'amélioration de la
qualité de la langue française. Je pense que cet institut, par
son nom bref, qui décrit assez bien son mandat fondamental, soit celui
de procéder à de la recherche et à des analyses, contribue
à l'amélioration de la langue française plus qu'à
celle des sigles.
Le Président (M. Lachance): D'autres interventions?
M. Paradis: Simplement pour compléter. Vous dites qu'il ne
s'agit pas simplement d'un rôle de recherche, vous dites qu'il ne s'agit
pas simplement et strictement d'un rôle d'information.
Dans le titre de l'institut, vous optez pour l'élément qui
apparaît en deuxième ou troisième lieu dans les fonctions.
Si on l'appelait l'institut d'information sur la rémunération,
vous rendriez justice à votre article 19 et vous auriez une logique
consistante, suivie, etc.
Ce que vous faites, finalement, c'est qu'au niveau de l'article 19 sur
les fonctions et les objets, vous nous dites: II s'agit d'abord d'informer le
public sur l'évolution de l'état comparé de la
rémunération globale. Et vous dites également qu'il y a un
aspect de recherche, etc. Je voudrais savoir pourquoi vous avez choisi - c'est
peut-être là ma dernière question - le deuxième
élément plutôt que le premier dans le titre? Vous ne voulez
pas avoir un nom trop long, comme vous le dites, CRSSSMM, etc. Je suis d'accord
avec vous, à un moment donné, on y perd notre latin, notre grec
et français et notre anglais.
M. Clair: Les appellations retenues ailleurs, dans les pays de
langue anglaise notamment, c'est "Pay Research Bureau". Un bureau, ça
nous apparaissait moins français qu'un institut, par rapport au mandat
qu'allait avoir l'organisme en question. Là aussi, là où
de tels organismes ont existé, on a employé le mot "recherche"
plutôt que le mot "information", même si ces bureaux avaient comme
mandat principal d'informer les parties de l'évolution de la
rémunération dans le secteur public et le secteur privé;
on n'a pas appelé ça bureau d'information, mais bel et bien
Bureau de recherche sur la rémunération. Je pense que ces mots,
en tout cas, ont été soumis comme d'habitude aux légistes
du ministère de la Justice, au Comité de législation, etc.
On n'a eu que des félicitations, je dois vous dire, quant à
l'appellation Institut de recherche sur la rémunération. On nous
a dit que, pour une fois, on avait le nom d'un organisme qui décrivait
assez bien ses fonctions, son mandat, son rôle, sans pour autant
être très long.
M. Paradis: Je ne voudrais pas enlever quelque chose aux
félicitations qui vous ont été adressées
jusqu'à maintenant. Je me dis strictement...
M. Clair: Je pensais que vous alliez en ajouter.
M. Paradis: Non, non. Je vous pose bien naïvement la
question: Si vous l'aviez appelé Institut d'information sur la
rémunération, est-ce qu'il y aurait eu une moins bonne
réaction dans l'opinion publique, moins de crédibilité,
etc? Est-ce que c'est un choix stratégique? C'est peut-être
là la question essentielle.
M. Clair: Stratégique et tactique, M. le
Président.
M. Paradis: Les deux, oui? Merci.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: Je voudrais renchérir et
féliciter le ministre pour sa grande sensibilité à
l'égard de la langue française. Je suis entièrement
d'accord avec lui. J'ai horreur des sigles. On a malheureusement eu trop
tendance au Québec à exagérer dans ce sens-là. Cela
dit, je remarque que, dans le mandat de l'institut, sa première
obligation juridique est d'informer le public. Le député de
Brome-Missisquoi a entièrement raison. C'est un mandat qui est au moins
aussi important que l'autre. Et je ne pense pas que cela enlève de la
crédibilité à l'institut de recherche. Et encore, en
mettant les nuances sur le mot "recherche", on verra au moment des mandats
qu'ajouter "institut de recherche et d'information", au contraire, cela
démontre dans l'esprit de tout le monde que cet institut a aussi le
mandat d'informer.
Le ministre a essayé de nous convaincre tout à l'heure que
le mot "recherche" impliquait le mot "enquête". Il faudrait que vous vous
entendiez. Mais l'information c'est... Il y a deux rôles et
celui-là me semble important à souligner, et je ne pense pas que
ce serait trop long quand même.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
participer à plusieurs reprises à des commissions comme
celle-là. Quand je comprends quelque chose, généralement
je l'analyse, je le comprends et je décide; puis quand je ne comprends
pas, je le dis. Je ne comprends pas la position du ministre ce matin à
l'égard de cette question.
Les articles 2 et suivants viennent établir et déterminer
comment l'élément important dans une négociation...
surtout lorsqu'on a comme objectif et comme habitude depuis deux rondes de
négociations, si on se réfère à ce que le ministre
nous disait hier, lorsqu'il signalait que depuis quelques années
déjà le gouvernement tente d'en arriver à un rapprochement
entre le secteur privé et le secteur public aux termes des conditions
faites aux employés des deux secteurs et des autres.
Comme on le sait, le fait que l'on établisse dans la loi qu'on
créera une structure dans l'appareil qu'on voudra crédible,
indépendante, avec des objectifs et des mandats, donc faire de la
recherche et faire de l'analyse de données, octroyer des contrats
à des tiers ou à des groupes distincts pour procéder
à de telles études, se réunir, analyser tout cela et
informer le gouvernement, mais aussi et surtout le public, c'est très
important.
Alors, les honorables députés indépendantistes qui
siègent en cette Chambre présentent un amendement visant à
ce que le nom de l'institut ou le nom du centre témoigne davantage de la
réalité. Le ministre s'interroge à l'égard de
l'obligation que l'on a comme législateurs de bien écrire nos
lois; il se réfère à la langue française et,
finalement pour lui, il sera contre ou semble être contre cette
modification parce que le meilleur terme, dans ce français auquel nous
sommes tellement attachés, se doit d'être Institut de recherche
sur la rémunération.
M. le Président, c'est à se demander si M. le ministre
n'est pas en train de se "filibuster" lui-même. C'est ce que je ne
comprends pas. Cela fait 35 minutes qu'on est à discuter et je me suis
abstenu d'intervenir pour ne pas que soient interprétées nos
interventions comme étant un "filibuster". Cela fait 20 minutes que l'on
discute sur l'opportunité de maintenir le nom tel quel. Vous sembliez un
bout de temps intéressé et là vous semblez contre. Vous
pourriez le prendre en considération. Je n'aurais aucune objection,
comme député, que la loi précise et prévoie que
l'identification ou le nom de l'organisme reflète davantage ce que
l'organisme fait: qu'il fait de la recherche, qu'il informe le public et qu'il
informe le gouvernement. Puis on va passer à un autre article.
Êtes-vous en train de vous "filibuster" vous-même, M. le
ministre?
M. Clair: Remarquez que je n'ai pas pris beaucoup de temps, mais
la motion d'amendement devant nous est "Bureau d'analyse et d'information sur
la rémunération". Vous irez voir au dictionnaire la
définition du mot "bureau": table sur laquelle on écrit et on
travaille; c'est à la toute fin au sens figuré que l'on retrouve
la définition du mot "bureau" au sens où l'entend le
député de Rosemont. (12 h 15)
Par contre, quand on va voir à "institut", on voit très
tôt: "nom donné à certains établissements de
recherche scientifique ou d'enseignement nationaux ou internationaux, libres ou
officiels". Je pense que, à ce moment-là, on voit une chose
établie, fondée. Je pense que le mot "institut" décrit
mieux que le mot "bureau". La recherche, je pense que c'est effectivement le
mandat fondamental de cet institut sur la rémunération; personne
ne se chicane là-dessus. Encore une fois, le bureau d'analyse
d'information sur le rémunération, cela va donner rapidement un
BAIR, -B-A-I-
R, on va avoir un sigle de plus, alors que l'institut de recherche a des
chances d'être connu sous ce nom, Institut de recherche sur la
rémunération.
Une voix: IRR.
M. Clair: Oui, mais je pense que lorsqu'on regarde les sigles,
ils ont tendance à se développer lorsqu'il y a plusieurs mots
dans le nom constituant l'organisme. Je ne me "filibuste" pas moi-même.
Je pense que le titre décrit bien le fondement même de la
création de cet organisme, qui est de faire des analyses, des
études, de la recherche sur la rémunération des
employés du gouvernement par rapport a ceux du secteur privé.
Mais pour des gens qui disent qui s'intéressent...
Le Président (M. Lachance): M. le
député...
Une voix: M. le Président...
M. Clair:... au fond des choses et qui ont hâte d'aborder
les articles de fond, je trouve qu'on consacre beaucoup de temps à
cela.
M. Pagé: Moi aussi, j'ai hâte qu'on passe aux
dispositions des articles 7, 8 et 9 et qu'on soit dans le coeur même de
l'action de cet organisme, dans la foulée de ce qu'on a
évoqué hier. Là, on a consacré presque trois quarts
d'heure sur le nom. J'ai compris des propos du député de
Brome-Missisquoi que l'organisme pourrait facilement s'appeler l'institut de
recherche et d'information sur la rémunération.
M. Clair: II faudrait qu'il y ait une motion d'amendement.
M. Pagé: Non, non. Écoutez, si vous voulez faire de
la "procédurite"...
M. Paquette: C'est cela. Si on veut faire de la procédure,
M. le Président...
M. Pagé:... vous allez en faire, mais avec nous.
M. Paquette:... les propos du ministre m'ont donné
l'idée de présenter un sous-amendement, on pourrait remplacer le
mot "bureau" par "institut". Je comprends qu'il tient beaucoup à
"institut", même si les définitions qu'il nous a données
dans le dictionnaire montrent que, au contraire, cela devrait s'appeler un
"bureau". Sa définition d'institut, il s'agit d'instituts
généralement de recherche, donc qui réunissent un certain
nombre de chercheurs de calibre qui font de la recherche. Mais on n'entrera pas
dans cette procédure, cette mécanique qui nous amènerait
à parler peut-être une autre heure sur le sous-amendement, pour
aller plus rapidement au fond des questions.
Je vais faire une dernière, mais vraiment une dernière
tentative, auprès du ministre plutôt que de présenter un
sous-amendement, ce qui retarderait nos travaux. Lorsqu'on parle de recherche,
on suppose qu'on va trouver quelque chose. Qu'est-ce qu'on va trouver? On va
trouver une solution. Je maintiens que, indépendamment de l'appellation,
je serais prêt à accorder au ministre qu'on garde le terme
"institut". Mais si on garde le mot "recherche", cela implique que cet
organisme va devoir trouver des solutions. À ce moment-là, on lui
donne un rôle directif qu'il ne doit pas avoir. Le but de l'institut ou
du bureau, peu importe comment on va l'appeler, n'est pas de trouver des
solutions qui, par sa crédibilité, vont être
imposées aux parties et vont venir fausser le jeu normal de la
négociation. Je soutiens que les termes "analyse" - c'est vraiment ce
qu'ils vont faire - et "information" consacrent bien davantage le rôle
d'un organisme qui est au service des parties, qui doit mettre à la
disposition de parties et du public les informations factuelles
nécessaires, alors que le mot "recherche" implique qu'on arriverait avec
une solution toute faite qui dirait presque automatiquement: On établit
une mécanique, on fait des comparaisons et automatiquement on a la bonne
machine qui va nous permettre de fixer les salaires et d'imposer des solutions
aux parties.
Je pense que le mot "recherche", malgré les bonnes intentions du
ministre, va être contreproductif. Sans faire de sous-amendement, je
demande instamment au ministre, parce qu'on pourrait modifier l'amendement, de
consentement, de l'appeler Institut d'analyse et d'information. Le
député de Terrebonne me suggère un institut
national...
M. Blais De recherche et d'information.
M. Paquette:... de recherche et d'information. Là on
pourrait discuter sur le mot "national" aussi. Mais, à moins que le
député de Terrebonne veuille faire un sous-amendement, je n'ai
pas l'intention d'en faire là-dessus. M. le Président, je pense
que le mot "recherche" dénature la fonction de l'organisme et donne une
fausse impression aux parties que cela va être un organisme qui va
s'imposer, qui va essayer d'imposer des solutions, alors que c'est un organisme
au service des parties pour partager un certain nombre de données. Si le
ministre tient au mot "institut", je n'ai pas d'objection, bien que le terme
"bureau" soit plus approprié. Je pense qu'on devrait remplacer
"recherche", pour toutes les
raisons qui ont été évoquées autour de la
table, par "analyse et information".
M. Clair: M. le Président, pour avancer dans nos travaux,
je tiens aux deux mots "institut" et "recherche". Si j'avais cru comprendre
tantôt qu'il y avait entre les orthodoxes - pardon: - entre les
indépendants et les libéraux...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse... M.
Clair:... je m'excuse.
M. Pagé:... ce ne sont pas les orthodoxes ni les
indépendants, vous devriez les appeler les indépendantistes. Vous
avez les indépendantistes, les fédéralistes et les
"peut-être". Les "peut-être", c'est vous autres, pour le
bénéfice du Journal des débats.
M. Clair: Entre les députés qui
siègent....
M. Paquette: Le ministre, se définissant comme
indépendantiste, ce qui n'est le cas de tous ses collègues
malheureusement, et même de la majorité de ses autres
collègues...
M. Biais: Je suis un indépendantiste viscéral.
M. Paquette: II y en a un certain nombre, M. le Président,
alors...
Le Président (M. Lachance): Continuons, s'il vous
plaît!
M. Paquette: J'accepte le terme "indépendant" venant du
ministre et le terme "indépendantiste" venant de l'Opposition
officielle.
M. Clair: M. le Président, je m'excuse d'avoir
créé cet incident. Je voudrais dire au député que
je croyais comprendre que parmi les députés qui sont de l'autre
côté de la table, le mot "information" pourrait faire consensus.
Quant à moi, je continue de prétendre qu'il serait
préférable de conserver une appellation très courte, du
type de celle qu'on propose. Si cela faisait consensus de l'appeler "Institut
de recherche et d'information sur la rémunération", je me
rallierais. À ce moment-là, je pense que le député
de Rosemont pourrait être satisfait aussi, puisque le mot "information"
viendrait indiquer que la part de la recherche, c'est pour des fins
d'information et non pour des fins de décision.
M. Paquette: M. le Président, comme le ministre fait
montre d'ouverture, je ne voudrais pas lui imposer tout mon raisonnement
même s'il n'a pas réussi à y trouver beaucoup de failles.
On pourrait s'entendre sur l'appellation proposée par le ministre.
M. Pagé: C'est l'Opposition officielle, M. le
Président, qui aura contribué à rapprocher les parties.
Nous en sommes heureux et fort aise: "Institut de recherche et d'information
sur la rémunération", pourriez-vous écrire, M. le
Secrétaire? On va proposer, on va adopter et on va passer à autre
chose. On va faire oeuvre utile!
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, accepteriez-vous de retirer votre amendement?
M. Paquette: À contrecoeur, M. le Président. Je
pense encore que le terme "recherche" est inapproprié dans l'esprit
de...
M. Pagé: II s'en fait tellement peu souvent.
Le Président (M. Lachance}: Le nouvel amendement se lirait
comme suit: Ajouter, après "de recherche", les mots "et d'information".
Donc, cela se lirait ainsi: Un organisme est constitué sous le nom
d'Institut de recherche et d'information sur la rémunération.
Mme Le Blanc-Bantey: Permettez-moi de faire une suggestion:
l'Institut national de recherche et d'information. C'est dommage,
c'était beau.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Iberville.
M. Pagé: L'honorable député d'Iberville, qui
n'abuse pas du temps de cette Chambre.
M. Beauséjour: En faisant cet amendement, je crois qu'il
va falloir, à un moment donné, dans le titre, plus haut, faire
aussi la même correction. Est-ce qu'on le fait en même temps?
M. Clair: II faudrait modifier le titre du chapitre
également, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Cela fait qu'on
recommence.
M. Clair: Je fais motion, M. le Président, de modifier
également le titre du chapitre 2 afin que l'on ajoute, après les
mots "Institut de recherche", les deux mots suivants: "et d'information".
Le Président (M. Lachance): Très bien, M. le
ministre. Le titre du chapitre 2 se lirait comme suit: Institut de recherche et
d'information sur la rémunération. C'est
adopté?
M. Clair: Adopté.
Mme Le Blanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 2 est
adopté tel que modifié?
M. Pagé: Adopté, avec un commentaire, je pense, de
l'honorable député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: J'y ai pensé après, mais le titre ainsi
modifié pourrait peut-être porter à confusion. On se
rappelle un institut de recherche et d'information sur l'unité
canadienne. Je ne pense pas que ce soit suffisamment substantiel pour...
Le Président (M. Lachance): Un mauvais souvenir, M. le
député.
Mme Le Blanc-Bantey: Cela ne vous fait rien.
M. de Bellefeuille: Et on va mettre le mot "national".
Le Président (M. Lachance): Bon! Alors, adopté.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le ministre pour...
M. Paquette:... pas de terme recherche.
Le Président (M. Lachance): J'appelle l'article 3. Est-ce
que vous avez quelque chose à dire là-dessus?
M. Paquette: Simplement une question au ministre. L'institut est
une corporation. Je veux simplement être assuré que cela en fait
une corporation publique, parce qu'on ne précise pas suivant quelle
partie de la Loi sur les compagnies... Habituellement, on ne devrait pas dire:
"l'institut est une corporation publique". Je comprends les intentions du
ministre...
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait donner la
réponse?
M. Paradis: Oui, on pourrait donner la réponse.
M. Pagé: Une corporation publique qui n'a pas à
être incorporée en vertu de la Loi sur les compagnies, c'est le
législateur qui intervient qui la crée.
M. Clair: Voulez-vous avoir l'explication? M. le
Président, est-ce que vous accepteriez que Me Brière, qui nous
conseille en matière de rédaction de loi, nous donne...
M. Pagé: M. le Président, c'est d'emblée;
cela va évoquer pour moi une certaine nostalgie au moment où M.
Brière me donnait mes cours de droit constitutionnel, et je peux vous
assurer que cela va être très intéressant.
M. Clair: J'espère que cela ne vous insécurisera
pas trop!
M. Brière (Jules): Encore faudrait-il que la
matière soit intéressante!
Le Président (M. Lachance): M. le professeur
Brière.
M. Brière: Une corporation tout court créée
par une loi est obligatoirement régie par la deuxième partie de
la Loi sur les compagnies dont c'est l'objet principal. Alors, le fait qu'elle
soit constituée par une loi rend applicable de façon
supplétive toute la deuxième partie de la Loi sur les compagnies
qui s'applique aux corporations publiques. Donc, je pense que ce n'est pas
nécessaire de spécifier davantage; c'est obligatoirement
public.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
M. Brière: Pourquoi pas "personne morale"? C'est parce que
cela anticiperait sur le Code civil qui n'a pas encore introduit cette
terminologie. Dans quelque temps, je pense qu'on parlera plutôt de
personne morale, de droit public. Mais le nouveau Code civil n'étant pas
encore en vigueur, je pense qu'il faut s'en remettre au vocabulaire en usage
dans l'état actuel des lois.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, le ministre, tout
à l'heure, nous a donné le bon exemple en consultant devant nous,
pour notre avantage, le dictionnaire. Alors, j'ai ouvert le Petit Robert et
cela n'est pas une allusion à quelque personne que ce soit
présente ou temporairement absente.
M. Pagé: Une personne, si c'est celle à laquelle
nous pensons.
M. de Bellefeuille: Je vois au mot "corporation" que l'emploi que
nous en faisons au Québec, apparemment, n'est pas français.
M. Brière: C'est québécois, sans doute.
M. de Bellefeuille: Oui, cela doit être
québécois, parce qu'il y a une définition historique:
"association d'artisans, groupés en
vue de réglementer leur profession et de défendre leurs
intérêts; voir communauté, corps, métier.
Deuxièmement, l'ensemble des personnes qui exercent le même
métier, la même profession; voir corps, métier, ordre.
Mme Le Blanc-Bantey: Le Larousse confirme cette
définition.
M. de Bellefeuille. Je ne sais pas si le ministre continue de tenir
à ce que sa loi soit rédigée en bon français. Je ne
sais pas s'il va proposer à ses collègues du gouvernement de
pourchasser le mot "corporation", qui est ainsi mal employé dans nos
lois.
Une voix: Vous proposeriez quoi, M. le député?
M. de Bellefeuille: Je crois que l'initiative en ces
matières revient au gouvernement, M. le député. Ce n'est
pas à nous de proposer.
M. Pagé: Mais ce qui est intéressant et ce que je
retiens de votre propos et du propos et de Mme la députée des
îles-de-la-Madeleine, c'est que le petit Larousse confirme le Petit
Robert; c'est comme pour le reste. Robert, cela va toujours confirmer.
Mme Le Blanc-Bantey: On vous demanderait de ne pas extrapoler nos
propos.
M. Paquette: Cessez d'insulter votre chef en l'appelant le petit
Robert.
M. Pagé: Non, notre chef est toujours confirmé;
vous l'avez vu dans le dossier de l'énergie.
M. Clair: Je veux simplement dire au député de
Deux-Montagnes qu'en droit québécois, le mot "corporation" a un
sens précis. Est-ce qu'il s'agit d'un mauvais emprunt à la langue
anglaise? Je ne pourrais pas le dire, mais une chose dont je suis certain, en
tout cas, c'est qu'en vertu de nos lois québécoises, le mot
"corporation" a un sens bien précis, et toute modification à
cette appellation causerait problème, puisque c'est le mot
employé, par ailleurs, dans le Code civil et dans les lois du
Québec.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf. (12 h 30)
M. Pagé: M. le Président, nous créons une
corporation publique par l'article 3. La création d'une telle
corporation implique, évidemment, une allocation budgétaire. On
réfère au pouvoir de dépenser ou d'engager des sommes
pouvant aller jusqu'à 1 000 000 $ par année, par budget, dans
l'exercice budgétaire. Dans les articles qui suivent, est-ce que, pour
régler cet aspect de l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération, le ministre pourrait nous indiquer quelles sont ses
prévisions, comment il conçoit que cela procédera au
lendemain de l'adoption de la loi? Quelles sont les sommes qui sont
prévues? Est-ce que, par exemple, la corporation devra s'en remettre a
son ministre titulaire, son ministre parrain, plutôt, avant de
procéder à des emprunts, d'effectuer des dépenses?
J'aimerais bien -parce qu'on a, à plusieurs reprises, parlé de
l'importance du caractère d'indépendance de l'institut - qu'on
vous entende sur le sujet, M. le ministre. Votre perception, finalement, et vos
intentions, quelles sont-elles?
M. Clair: L'article 21 dit: "L'institut ne peut, sans
l'autorisation du gouvernement, contracter un emprunt qui porte à plus
de 1 000 000 $ le total des sommes empruntées par lui et non encore
remboursées. " C'est donc dire que l'institut pourra procéder
à un emprunt maximal de 1 000 000 $ en ce qui concerne son budget qui
devra être approuvé, dans un premier temps, par le ministre
responsable de l'application de la loi, c'est-à-dire le ministre du
Travail, et, dans un deuxième temps, soumis à l'adoption de
l'Assemblée nationale. Il ne se financera pas à même le
fonds consolidé du revenu. Son budget devra être adopté par
l'Assemblée nationale, de la même façon que le budget du
Vérificateur général et ceux du Protecteur du citoyen et
d'autres organismes sont approuvés par l'Assemblée nationale.
M. Pagé: C'est donc dire qu'en tout temps, à la
suite d'un mandat d'initiative ou à la suite de la production de son
rapport annuel, l'institut sera appelé à répondre aux
questions des parlementaires non seulement sur les études qu'il aura
effectuées, mais aussi sur son administration et son budget.
M. Clair: Oui.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. Vous
voyez, cela va bien.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Ah oui!
Franchement, c'est bien parti. J'appelle l'article 4.
M. de Bellefeuille: Ce rythme est vertigineux, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre, sur l'article
4, avez-vous quelque chose à dire?
M. Clair: Je n'ai aucun amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que... Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, jusqu'à
maintenant, on a parlé de l'organisme, on a évoqué ce que
l'organisme fera une fois qu'il sera créé et en action, son
mandat, ses objectifs, etc. Tout le monde est unanime à retenir que,
pour que l'organisme soit crédible, pour que l'organisme fasse preuve
d'autorité dans la matière pour laquelle il existera, il doit
être complètement indépendant.
Cependant, la voie législative qui est choisie par le proposeur
du projet de loi, c'est d'associer directement les parties à la
formation de l'institut. Tout le monde est aussi unanime à constater -
et vous me corrigerez si je me trompe - que ce n'est pas le
président-directeur général de l'institut qui va
lui-même effectuer les études, les analyses et la recherche. Donc,
il transigera, il contractera avec des entreprises, des groupes dans le secteur
privé, dans le secteur gouvernemental, peu importent les
spécialistes de la question. D'où l'interrogation: Pourquoi
dix-neuf membres possibles? Pourquoi quinze membres au minimum de par la loi?
Est-ce quinze ou dix-neuf? Qu'est-ce qui pourrait justifier qu'on passe de
quinze à dix-neuf? Point n'est besoin pour moi de vous signaler, M. le
Président, que, dans les articles qui suivront en ce qui a trait
à leur nomination, en ce qui a trait à leur affectation, ce
qu'ils feront, combien ils seront rémunérés, nous aurons
moult questions.
M. Clair: D'abord, pourquoi trois membres nommés par
l'Assemblée nationale? Essentiellement pour ce que j'indiquais hier:
dans la mesure où il n'y aurait pas volonté de la part des
syndicats de participer à l'institut de recherche, nous voulions
préserver l'hypothèse que celui-ci puisse fonctionner quand
même avec des personnes neutres, indépendantes, nommées par
l'Assemblée nationale, et nous pensions que cela aurait
été téméraire de confier cette
responsabilité à une seule personne. C'est la raison pour
laquelle nous en proposons trois.
Pourquoi proposer par ailleurs six représentants du gouvernement
et des syndicats des secteurs public et et parapublic? Il nous a semblé,
compte tenu de la diversité des syndicats dans les secteurs public et
parapublic, de même que de la diversité des associations
patronales dans le secteur public, que six était un nombre raisonnable
sans alourdir indûment l'institut. C'est pour les douze autres, si on
veut; j'ai expliqué les trois premiers, dans un premier temps, et, dans
un deuxième temps, la nomination des douze autres membres. Finalement,
pourquoi quatre autres personnes venant du secteur privé tant du
côté des associations patronales que syndicales? Essentiellement
parce que cette demande nous est venue - je ne dis pas exactement dans cette
forme, mais, dans l'entourage des syndicats des secteurs public et parapublic,
plusieurs nous faisaient valoir le point de vue qu'il pourrait y avoir avantage
à ce que l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération voie son rôle élargi et puisse mener
d'autres études sur la rémunération au Québec en
termes de rémunération comparée dans des économies
différentes, au Québec et en Ontario, au Québec et aux
États-Unis. C'est la raison pour laquelle nous avons
ménagé cette possibilité et cela nous est venu tant du
côté des employeurs que du côté des employés
des secteurs privé et public. Maintenant, j'indique que, pour ces quatre
membres, ce n'est pas l'intention du gouvernement de procéder à
leur nomination à court terme.
M. Paradis: Une précision. M. le ministre, vous parlez
toujours de ces quatre membres comme étant une addition de quatre.
L'avant-projet de loi parlait d'un conseil d'administration formé d'au
plus treize membres. Les deux autres sont où exactement? Dix-neuf moins
treize donne six.
M. Clair: Combien y en avait-il dans l'avant-projet de loi?
M. Paradis: Treize.
Une voix: Les deux vice-présidents.
M. Clair: C'est cela, les deux vice-présidents. Il y a un
président, deux vice-présidents, ce qui fait bien trois, douze
membres nommés, six représentant les syndicats et six
représentant le gouvernement. Trois plus douze, cela fait bien quinze;
plus les quatre que l'on peut ajouter du secteur privé, cela fait bien
dix-neuf, alors que dans l'avant-projet de loi il n'y avait pas de
vice-présidents, d'une part, et il n'y avait pas, d'autre part, de
représentants possibles du secteur privé.
M. Paradis: Cela va, l'explication que vous me fournissez; c'est
ce qui me manquait, votre saut à quinze...
M. Clair: Les deux vice-présidents.
M. Paradis:... c'est le "saut vice-présidentiel".
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je voudrais d'abord féliciter le
ministre de prévoir un rôle pour l'Assemblée nationale dans
ces mécanismes.
M. Clair:... suivant, cependant.
M. de Bellefeuille: Oui, vous avez raison. Comme le ministre ne
veut pas qu'on le félicite, on va passer à autre chose. Je
reviendrai au sujet de l'Assemblée nationale plus tard. Pour le moment,
j'ai deux autres observations à faire au ministre. La première,
c'est qu'il devrait et l'ensemble du gouvernement aussi devrait assurer la
féminisation du vocabulaire gouvernemental. Je crois qu'il y a là
une tendance de notre époque à laquelle il n'est pas
désirable de résister et même ceux qui
considéreraient qu'il faut résister à cela et imposer le
titre de président à une femme plutôt que de l'appeler
présidente vont être emportés par le courant. Qu'on ait
tort ou raison, je pense que la tendance est irrésistible et je suis
d'accord avec la tendance. Non seulement je la considère comme
irrésistible, mais je pense que cela fait partie de la justice qu'il
faut rendre aux femmes que de reconnaître qu'une présidente a la
même valeur qu'un président, et que la vieille notion selon
laquelle le masculin l'emporte sur le féminin, c'est vraiment le sommet
du "machismo" et qu'il faut en évacuer toute idée de nos
conceptions et de notre vocabulaire. Par conséquent, à l'article
4, M. le Président -je suis bien à l'article 4 et pas encore
à l'article 5 - il faudrait parler d'un président ou d'une
présidente et de deux vice-présidents ou vice-présidentes.
Première observation.
Deuxième observation, je ne comprends pas pourquoi on donne au
gouvernement tant de latitude quant au nombre de membres. L'article 4 dit: "au
plus dix-neuf", et le ministre vient de nous révéler son jeu. Il
vient de nous dire que le gouvernement n'a pas l'intention de procéder,
dans de brefs délais, à la nomination des quatre membres qui sont
prévus au quatrième alinéa de l'article 6. C'est donc que
le gouvernement, pour un temps, a l'intention de nommer un conseil
d'administration de quinze membres, si je sais compter. Le ministre, selon mon
souvenir, n'a pas expliqué de façon complète pourquoi ces
quatre membres sont moins indispensables que les autres, et il souhaitera
peut-être le faire. Mais il me semble que, à part ce
problème, il y en a un autre. C'est que les article 5 et 6, de fait,
tels qu'ils nous sont présentés, contredisent, en quelque sorte,
l'article 4, parce que l'article 4 dit: "d'au plus dix-neuf membres, dont un
président et deux vice-présidents" - on devrait dire
président ou présidente, vice-présidents ou
vice-présidentes. Donc, le gouvernement pourrait, selon l'article 4,
n'en nommer que trois. Selon l'article 4, il y en a seulement trois qui sont
indispensables, seulement trois que le gouvernement serait contraint par la loi
de nommer.
Or, l'article 6 - pas l'article 5 -prévoit la nomination,
d'abord, de six membres, au deuxième alinéa, ensuite, de six
autres membres au troisième alinéa, sans visiblement ou
explicitement donner au gouvernement le choix de les nommer ou de ne pas les
nommer. Alors, il y a là, il me semble, une contradiction, un vice de
rédaction, un vice de forme dans le texte du projet de loi, puisque,
dans l'article 6, on trouve une obligation supplémentaire à celle
prévue à l'article 4. Le gouvernement pourrait se conformer
à l'article 4 en nommant trois membres, mais il serait en défaut
par rapport à l'article 6. Alors, il va falloir aligner cela, il me
semble, et modifier soit l'article 4, soit l'article 6, pour que l'obligation
pesant sur le gouvernement soit claire quant au nombre de membres.
J'aimerais, comme je l'ai déjà indiqué, que le
ministre m'explique comment les quatre autres membres portant le nombre de
quinze à dix-neuf, prévu à l'alinéa 4 de l'article
6, sont moins nécessaires ou utiles que les autres, comment leur
nomination est moins urgente, pourquoi le gouvernement n'envisage pas de
combler ces vacances à brève échéance. (12 h
45)
M. Clair: Première question en ce qui concerne la
féminisation des titres, sauf erreur, même la Charte des droits et
libertés de la personne n'a pas procédé à une telle
féminisation. Je souligne cependant au député de
Deux-Montagnes que j'ai moi-même soulevé cette question au
Comité de législation récemment puisque, par exemple, le
problème se posait pour la nouvelle présidente-directrice
générale de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal. On voulait être certain de couvrir la
personne et on a donc employé dans la loi sur la CTCUM exclusivement le
féminin. On parle de la présidente-directrice
générale de la Communauté urbaine de Montréal. J'ai
moi-même soulevé le problème, mais le Comité de
législation étudie cette question. J'ignore s'il y a un mandat
officiel qui a été donné à la suite des
commentaires que j'ai formulés, mais effectivement il y a là un
problème qui devra trouver sa solution.
M. Paquette: Cela veut dire, M. le ministre, que, si la
présidente est remplacée un jour par un homme, il faudra faire un
projet de loi à l'Assemblée nationale pour modifier cela.
M. Clair: Pas nécessairement puisque, si le
président peut couvrir une femme, la présidente, normalement,
devrait pouvoir couvrir un homme. Maintenant, je reconnais...
M. de Bellefeuille: Le féminin l'emporterait sur le
masculin?
M. Paquette: On comprend toute l'importance du
problème.
M. Clair: Je reconnais qu'il y a là un problème
réel. Maintenant, je ne pense pas qu'on soit mandaté pour
résoudre ce problème aujourd'hui dans toutes nos lois, non plus
que dans celle-ci. Elle est conforme, oui, mais, s'agissant de celle-ci, elle
est conforme aux techniques législatives retenues jusqu'à
maintenant quant au problème de la féminisation.
En ce qui concerne l'autre question: Pourquoi ne pas nommer
immédiatement les quatre autres membres, j'indique simplement que dans
un premier temps nous souhaitons que l'institut de recherche fasse
principalement des recherches sur la comparaison entre les employés de
l'État et ceux du secteur privé. Nous avons eu des
représentations selon lesquelles il serait utile
qu'éventuellement deux personnes représentant le secteur
privé syndiqué et représentant les associations patronales
du secteur privé soient présentes. Je pense que par rapport au
mandat initial de l'institut cela pourrait attendre.
Maintenant, si j'avais des pressions venant tant du secteur privé
patronal que syndical pour procéder rapidement à des nominations,
je ne pense pas que j'offrirais beaucoup de résistance. C'est la raison
pour laquelle on prévoit que l'institut est composé d'au plus 19
membres puisqu'on indique clairement par là que les 19 pourraient ne pas
être nommés immédiatement. Par ailleurs, je rappelle
également au député -j'ai eu l'occasion de le dire, s'il a
suivi les travaux de la commission parlementaire, lorsque nous avons
reçu en audition les représentants des syndicats du secteur
public de même que les associations patronales -que nous avons toujours
indiqué, quant à nous, du côté gouvernemental, que,
dans la mesure où nous serions assurés - on ne demandait pas un
document écrit - mais dans la mesure où nous serions
assurés à l'avance d'une participation volontaire,
intéressée de la part des associations syndicales à
l'institut de recherche sur la rémunération, nous n'aurions pas
d'objection à ce qu'il n'y ait qu'une seule personne nommée par
l'Assemblée nationale, les autres étant nommées
conformément au processus prévu.
En l'absence d'une telle assurance, nous avons toujours maintenu les
deux hypothèses, soit celle que l'institut soit uniquement
indépendant, je dirais, ou encore qu'il soit uniquement paritaire.
Compte tenu qu'il y a eu manifestation d'intérêt pour participer
aux travaux d'un tel institut de la part des syndicats, mais sans qu'il y ait
d'engagement qui nous ait été fourni selon quoi, volontairement,
rapidement, il y aurait participation à l'institut, nous avons voulu
ménager les deux possibilités, soit que l'institut fonctionne
comme organisme indépendant, soit encore qu'il fonctionne comme institut
paritaire avec la présence, en plus, d'indépendants, ce qui n'est
pas inconciliable. C'est la raison pour laquelle nous avons retenu cette
formule.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Je voudrais d'abord remercier mon
collègue de Deux-Montagnes de m'avoir prêté main-forte a
priori sur la féminisation des textes. Je voudrais dire au ministre que,
pour avoir tenté l'expérience, au moment de l'élaboration
de Loi sur la fonction publique, de féminiser les textes, on m'avait
répondu à l'époque que la façon de le faire - M.
Brière pourrait nous répondre là-dessus - c'était
d'amender, je crois, la Loi d'interprétation. On m'avait dit d'ailleurs,
pour me faire taire et me faire tenir tranquille, que c'était
très facile d'amender la Loi d'interprétation et que je n'avais
donc pas à m'engager dans une procédure aussi complexe dans ma
loi.
Or, cela fait un bout de temps déjà. À ma
connaissance, la Loi d'interprétation n'a jamais été
amendée. J'avais eu l'imprudence de ne pas exiger un engagement du
gouvernement à ce moment. Peut-être bien que le ministre pourrait
avoir le grand honneur d'être le premier dans l'histoire
législative de ce Parlement à avoir été
extrêmement ouvert et égalitaire, non seulement dans ses paroles,
mais aussi dans les faits; le ministre pourrait avoir le grand honneur de
créer le précédent.
M. de Bellefeuille: De faire oeuvre de pionnier.
Mme Le Blanc-Bantey: Oui, de faire oeuvre de pionnier et de
profiter du fait... Moi, l'engagement m'avait déjà
été donné, mais, n'ayant pas été assez
méfiante, je n'avais pas insisté. Donc, nous pourrions attendre,
la semaine prochaine, un engagement du ministre à cet égard.
C'est le genre d'engagement que le Conseil des ministres pourrait prendre
très rapidement. D'ici ce temps-là, on suppose que le loi ne sera
pas adoptée. Donc, il aurait le temps probablement, la semaine
prochaine, de nous arriver avec un engagement gouvernemental à cet
égard. J'ai la conviction que c'est relativement facile et qu'il
pourrait le faire.
Deuxièmement, je voudrais intervenir sur la pertinence d'avoir
deux vice-présidents dans ce type d'organisme. Je comprends
l'argumentation du ministre, mais son argumentation fait la preuve, quant
à moi, que les esprits ne sont pas mûrs pour sa
réforme si la méfiance est à ce point qu'il sent le
besoin de se prémunir de la non-participation d'une partie
extrêmement importante et indispensable dans la réussite de cette
réforme.
Si le ministre dit maintenant qu'effectivement la raison pour laquelle
nous avons deux vice-présidents, c'est la crainte qu'une des partie
refuse d'y participer, je pense que nous perdons tous notre temps à
essayer d'implanter une réforme dans le régime de
négociation dans les secteurs public et parapublic quand on sait
à l'avance qu'elle n'a aucune chance de réussite. Au contraire,
c'est d'autant plus dangereux que, si cette réforme que nous avons
devant nous ne réussit pas parce que les mentalités ne sont pas
prêtes ou que le gouvernement lui-même en tant qu'employeur n'a pas
suffisamment l'esprit ouvert pour essayer d'avoir la partie syndicale dans sa
démarche, cela handicape les chances futures d'une réforme qui
aurait pu voir le jour si on avait laissé le temps à toutes les
parties de s'y adapter et si, en même temps, la réforme
correspondait à certaines attentes de l'autre partie. On comprend que ce
n'est pas possible de répondre à toutes les attentes, mais au
moins à certaines attentes qui permettraient à cette
réforme de voir le jour avec un minimum de chance de réussite.
Dans ce sens-là, je vous dirai très franchement que les propos du
ministre m'inquiètent considérablement et, si c'est la seule
raison sur le plan technique, je trouve que c'est très dispendieux
d'avoir un président et deux vice-présidents avec des
rémunérations qu'on connaît dans ce type de poste. Je
suppose qu'on aura, nous, un amendement pour changer cette disposition.
M. Clair: M. le Président, pour répondre au premier
commentaire de la députée des Îles-de-la-Madeleine de faire
oeuvre de pionnier, je lui dirai bien modestement que je considère
qu'avec l'ensemble du projet de loi je fais suffisamment oeuvre de pionnier
sans penser inclure le problème de la féminisation des titres
dans la législation québécoise, sans diminuer l'importance
de cette question. Je pense qu'effectivement c'est un problème qui devra
être solutionné à un moment donné, mais je ne me
sens pas attitré pour débattre au nom du gouvernement de cette
question, non plus que pour lui faire des représentations à cet
égard. Je pense que ce n'est pas mon mandat; c'est davantage le mandat
du ministère de la Justice et du Comité de législation du
gouvernement.
Je ne peux que, moi aussi, regretter le fait que nous n'ayons toujours
pas amendé la Loi d'interprétation ou trouvé d'autres
solutions pour la féminisation des titres parce que c'est un point de
vue que je partage avec la députée des Îles-de-la-
Madeleine qu'il serait souhaitable que cette question soit
tranchée à un moment donné.
Maintenant, quant à la nomination des deux
vice-présidents, on peut bien argumenter sur le niveau de salaire
accordé aux personnes de calibre qui devront être choisies pour
occuper ces postes, mais quand on sait que, lorsqu'on parle de
rémunération, 1 % signifie 125 000 000 $ par point de pourcentage
sur le plan de la rémunération, je pense que de payer quelqu'un
avec un niveau de rémunération qui correspond à peu
près à celui, j'imagine, d'un cadre supérieur, dans le
sens d'un administrateur d'État -c'est comme cela qu'on les appelle
maintenant - je pense quant à moi, que l'utilité de l'organisme
et le salaire versé à deux personnes n'a aucune commune mesure
avec les coûts sociaux et budgétaires que serait susceptible
d'éviter l'institut de recherche s'il devait fonctionner de façon
indépendante.
J'indique aussi à Mme ta députée que les syndicats
du secteur public et parapublic en aucune façon ne nous ont
indiqué un refus de participer à l'institut. C'est la raison pour
laquelle j'espère être en mesure de procéder assez
rapidement, lorsque la loi sera adoptée, à la nomination des
membres à partir de la liste qui nous sera fournie par les
syndicats.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, je suis
déçue de la réponse du ministre quant à la
féminisation des textes. Il dit qu'il fait oeuvre de pionnier
là-dedans - c'est discutable - mais qu'il n'a pas à faire oeuvre
de pionnier en matière de condition féminine. Or, c'est sa
responsabilité. Si jamais je réussis à convaincre tous mes
ex-collègues que c'était leur responsabilité à
chacun d'entre eux, pour ceux qui étaient masculins, de faire oeuvre de
pionnier en matière de condition féminine... À cet
égard, le ministre en face de moi est aussi responsable que n'importe
quel des autres qui sont encore au Conseil des ministres. Et j'ai en plus la
conviction, compte tenu que je crois que les esprits ont mûri et
qu'à l'époque on m'avait dit que ce n'était pas
impossible, que le ministre, s'il le voulait, pourrait aller chercher cet
engagement du gouvernement, parce que autrement cela ne se fera jamais. Chacun
des ministres que nous aurons en commission parlementaire, lors d'une
discussion d'un texte, ne le prendra jamais sur ses épaules, cela ne se
fera pas, et j'ai peut-être le regret que lorsque j'ai
présenté des lois qu'il n'y a personne qui ait insisté
parce que, effectivement, ce serait peut-être réglé
actuellement.
Cela dit, le ministre dit que, peut-être, cela vaut la peine de
rémunérer deux personnes de plus - peut-être que oui
peut-
être que non - sauf que la seule raison que le ministre semble
avoir donnée pour la nécessité de deux
vice-présidents ou de deux vice-présidentes, c'est une raison de
méfiance à l'égard de la participation d'une des deux
parties. C'est la raison pour laquelle nous doutons de la
nécessité de ces postes. Si le ministre a d'autres raisons pour
prouver la pertinence de personnes supplémentaires, compte tenu des
charges qui pourraient être imputées à l'institut de
recherche sur la rémunération et d'information...
Une voix: De recherche.
Mme Le Blanc-Bantey: De recherche, c'est-à-dire.
Une voix: Et d'information sur la rémunération.
Mme Leblanc-Bantey: Et d'information. Je suis à la veille
de donner raison au ministre, si je me trompe encore sur ses propos
antérieurs. Mais si le ministre a d'autres raisons à invoquer
qu'il les invoque et on jugera au mérite, sauf que la raison qu'il nous
a donnée actuellement est nettement insuffisante pour que nous puissions
être d'accord.
M. Clair: Elle a en tout cas l'avantage d'être franche et
directe, d'une part, et, d'autre part, je ne pense pas que cela nuise si
l'institut devient, comme je le souhaite, une véritable ruche de
travail, je pense qu'il pourra être utile qu'il y ait trois personnes
indépendantes qui n'auraient pas particulièrement comme mandat de
rapprocher les parties mais qui, par leur neutralité et par leur
présence au conseil d'administration, pourront contribuer, comme je
l'expliquais hier, à la possibilité que se développe un
certain esprit de négociations permanentes sur les questions de
rémunération à l'institut de recherche avec des personnes
qui, si elles sont bien choisies et si elles jouent bien leur rôle,
pourront faciliter la tâche des deux parties en ce qui concerne
l'arrêt de leur position définitive sur la
rémunération. Ce n'est pas à dédaigner non plus.
Trois personnes peuvent effectivement être d'une grande utilité
dans ce contexte-là et cela ménage les deux
possibilités.
Mon choix, je vous l'indique. Quant à moi, j'aurais toujours
préféré voir un engagement ferme et volontaire de la part
des centrales syndicales et des syndicats des secteurs public et parapublic de
dire: Oui, nous désirons participer et nous pensons que l'organisme
devrait être paritaire. Nous nous engageons à le faire avec la
nomination d'une personne indépendante nommée par
l'Assemblée nationale. La proposition des syndicats, si vous ne la
connaissez pas, était plutôt de dire: Nous voulons que les
personnes nommées au conseil d'administration le soient en quelque sorte
sur consensus de toutes les parties. Cela risquait de conduire rapidement
à l'impasse et à l'impossibilité de rendre rapidement
opérationnel l'institut de recherche.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Compte tenu qu'il est 13 heures, nous reprendrons
nos travaux à 15 heures. Le ministre peut-il nous indiquer qui est
ministre à la Condition féminine?
M. Clair: J'imagine que c'est le premier ministre. Je ne le sais
pas, je l'ignore.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Lachance): Alors, les travaux de la
commission sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration poursuit ses travaux. Son
mandat est de faire l'étude détaillée du projet de loi 37,
Loi sur le régime do négociation des conventions collectives dans
les secteurs public et parapublic.
Lors de la suspension des travaux de la commission, nous en
étions à l'article 4. Est-il adopté?
M. Pagé: M. le Président, lequel?
Le Président (M. Lachance): L'article 4.
M. Pagé: Oui, adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté?
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont? Allez-y, vu la chaleur qu'il fait ici...
M. Paquette: On peut se mettre à l'aise, M. le
Président? Très bien.
M. Pagé: C'est-à-dire que vous pouvez vous
dévêtir partiellement.
M. Paquette: M. le Président, on a commencé ce
matin à approfondir les différentes dimensions reliées
à la composition de l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération. Le point que je trouve bizarre, c'est celui,
d'abord, de la féminisation des titres. On a entendu le ministre nous
dire qu'à la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, il avait fait un accroc à la règle
traditionnelle qui veut que les personnes soient désignées par le
titre masculin et qu'il avait fait inclure, ou suggéré d'inclure
- je n'ai pas très bien compris - que la responsable de l'organisme
serait désignée sous le nom de présidente et directrice
générale de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal. Il est donc possible de déroger à la
règle générale, et la façon la plus commode de
déroger à la règle générale, c'est de
prévoir le masculin et le féminin. Cela évite de faire des
modifications à chaque fois et d'avoir des désignations qui ne
correspondent pas aux personnes qui occupent les fonctions. Cela, c'est un
point.
Là où je commence à trouver ça un peu plus
difficile à suivre, c'est lorsque le ministre nous dit qu'il a
prévu deux vice-présidents par rapport à l'avant-projet de
loi parce qu'il craint que les centrales syndicales boycottent l'Institut de
recherche et d'information sur la rémunération. Même si tel
était le cas, si les centrales syndicales et les organismes syndicaux
boycottaient l'institut, le ministre va être d'accord avec moi sur le
fait que l'économie de la loi serait gravement touchée et que
l'impartialité de l'institut serait gravement mise en cause.
C'est une approche valable de dire que l'institut va élaborer des
données fiables à la demande des parties et en toute
égalité entre les parties, de façon à les mettre
à la disposition de tout le monde, de façon à faire en
sorte qu'on élimine une source de discussions interminables qui
mènent à des incompréhensions, à des batailles de
chiffres où on ne s'entend pas sur les faits. Lorsqu'on veut rapprocher
les parties, il faut d'abord s'entendre sur les faits. Par conséquent,
si jamais les centrales syndicales ne participaient pas, le ministre n'aurait
pas besoin de l'institut; il serait mieux de se reposer sur le Centre de
recherche et de statistiques sur le marché du travail qui est au
ministère du Travail; il aurait là un organisme tout prêt
à remplir ses commandes. Si cela doit marcher, il faut qu'il y ait
accord des parties syndicales. Il faut que l'économie de la loi
corresponde a cette optique, c'est-à-dire que le ministre accepte que
cet institut ne remplira pas ses fonctions, des fonctions valables qu'il a
prévues, s'il n'y a pas participation des centrales syndicales.
Donc, plutôt que l'approche, disons, le manque de confiance face
à l'autre partie, qui a nui énormément aux relations du
gouvernement actuel avec les centrales syndicales... Ce manque de confiance a
commencé en 1979, quand, avant même qu'il y ait eu une
grève, le gouvernement présentait une loi qui a
déclenché quatre jours de débrayage dans les centres
hospitaliers; ou encore, la dernière négociation, encore pire, il
y en a eu une avalanche. Chaque fois qu'il y avait une étape à
franchir, le gouvernement commençait à discuter en mettant une
loi sur la table. Là, il y avait évolution. Au moment où
on pensait trouver une solution, le gouvernement mettait une loi sur la table.
Chaque fois, ce manque de confiance... La non-confiance attire la non-confiance
et l'escalade dans la non-confiance attire les conflits.
Si on veut que cet institut remplisse vraiment sa fonction, il faut
vraiment le baser sur un organisme paritaire. La seule raison que le ministre a
évoquée pour nommer deux vice-présidents, c'est que cela
permettrait à l'institut de fonctionner à défaut de
l'accord d'une des parties. Mais, fonctionner pourquoi, pour faire quoi et dans
quel esprit? J'aimerais laisser le ministre répondre à cette
interrogation. Voilà deux cadres supérieurs nommés par
l'Assemblée nationale. Qu'est-ce que ces gens vont faire? Est-ce qu'on a
vraiment besoin de cela? Pour la saine gestion des fonds publics, il y a un
président, d'accord, qui, je pense, va avoir la responsabilité de
faire fonctionner l'organisme. J'imagine qu'il va être
président-directeur général en même temps. Mais, les
deux vice-présidents, ce n'est pas eux qui vont faire les analyses, les
études; ils ne réaliseront pas les activités de
l'institut. Qu'est-ce que ces gens vont faire, à part de constituer une
manifestation de la non-confiance du ministre face aux organisations syndicales
parce qu'il a peur que les organismes syndicaux ne participent pas s'il n'y a
pas ces deux vice-présidents payés à ne rien faire,
lesquels sont prévus dans la loi?
M. Clair: M. le Président, très brièvement,
dans l'esprit du gouvernement, il y avait deux possibilités, un institut
de recherche indépendant ou un institut de recherche paritaire. Les
syndicats des secteurs public et parapublic n'ont pas refusé de
participer à un institut de recherche paritaire, mais ils n'ont pas
accepté non plus. En conséquence, le gouvernement a
considéré que trois personnes neutres, nommées par la
majorité des deux tiers de l'Assemblée nationale, suffisaient
pour constituer un institut de recherche neutre, indépendant. Si
l'Assemblée nationale nomme le Vérificateur
général, à la majorité des
deux tiers, le Protecteur du citoyen et d'autres personnes, et qu'on les
considère neutres, je pense qu'en nommer trois, cela ne fait
qu'augmenter le potentiel de neutralité.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le ministre n'a
pas répondu à deux questions fondamentales que je vais lui
résumer, pour ne pas perdre de temps. Premièrement, qu'est-ce que
ces gens vont faire? Ils vont être payés, je ne sais pas, 40 000
$, 50 000 $, 60 000 $. Qu'est-ce qu'ils vont faire dans la vie,
concrètement? Est-ce que ce n'est pas gaspiller des fonds publics?
Deuxièmement, le ministre pense-t-il sérieusement que son
institut peut fonctionner, avec le rôle qu'il lui donne dans le projet de
loi, si les centrales syndicales, malgré que le ministre dise qu'il n'y
a aucune raison qui le laisse penser, comme l'économie de son projet de
loi est prévue en fonction de cela, si jamais on en arrivait à
cela, si les centrales syndicales boycottaient l'institut, ce dernier n'aurait
plus aucune raison d'être. Cela devient un organisme qui dessert le
gouvernement. Le gouvernement en a déjà un, qui est le Centre de
recherche et de statistiques sur le marché du travail, et, en plus, il a
quatre fonctionnaires au Conseil du trésor.
M. Clair: Alors, est-ce qu'ils pourraient exécuter le
mandat? La réponse, à mon avis... Qu'est-ce qu'ils vont faire
s'il n'y a que trois personnes qui sont nommées? Ils vont
exécuter le mandat qui leur est confié par la loi. Et-ce qu'il
peut fonctionner avec trois personnes neutres, indépendantes et
nommées par l'Assemblée nationale pour exécuter le mandat
qui serait prévu dans la loi? Ma réponse, c'est oui, ils
pourraient l'exécuter.
M. Paquette: M. le Président, la question que je pose, ce
n'est pas la question de savoir s'ils vont pouvoir fonctionner? Nommez
n'importe qui et ils vont faire quelque chose, ils vont fonctionner. C'est
peut-être pour faire travailler d'autres gens et pour faire des commandes
mutuelles comme il y a souvent dans la fonction publique où certains
organismes en alimentent d'autres, et cela tourne en rond. Les gens travaillent
bien fort mais il n'y a absolument rien qui sort comme effet. Je n'ai pas de
doute, si la crainte excessive du ministre se réalisait, que les trois
personnes puissent engager du personnel et faire travailler ces gens-là.
Je n'ai aucune crainte là-dessus, M. le Président. Je me demande
si le rôle de l'institut qui est d'élaborer des données
à la demande des parties pour s'assurer qu'on s'entend sur les faits
avec toute la crédibilité... Le ministre a raison de dire: II
faut que cet organisme soit crédible aux yeux des parties et qu'il aide
à rapprocher Ies parties. Je suis d'accord avec lui là-dessus,
c'est très important.
Si jamais les centrales syndicales n'y participaient pas, vous allez
bien comprendre que cet organisme, surtout si tous les membres sont
nommés par le gouvernement ou par l'Assemblée nationale, n'aura
plus ce caractère que le ministre voudrait lui donner. Ne vaut-il pas
mieux miser sur l'implication des parties, l'appel à la
responsabilité, l'appel à l'implication sur une base paritaire?
D'autre part, que vont faire les deux vice-présidents payés
à 50 000 $, 60 000 $? A-ton besoin de trois cadres dans un petit
organisme comme celui-là? À moins que le ministre prévoie
des centaines de fonctionnaires là-dedans. Cela ne semble pas être
son intention.
M. Clair: Ce que je peux indiquer au député, c'est
que l'appel au paritarisme a été lancé et qu'il n'y a pas
eu de réponse officielle. C'est la raison pour laquelle nous avons
retenu la formule mixte que nous proposons, en espérant que les
syndicats des secteurs public et parapublic souhaiteront y participer
pleinement.
M. Paquette: M. le Président, je comprends la position du
ministre là-dessus. Je ne la partage pas. Maintenant, peut-il
répondre à mon autre question? Que vont faire les deux
vice-présidents?
M. Clair: M. le Président, ils vont exécuter le
mandat qui est prévu dans la loi au même titre que s'il y avait
des personnes nommées parce qu'il y aurait participation des syndicats
et des associations patronales à cet institut de recherche. Les
personnes qui seront nommées, représentant les syndicats ou les
associations patronales, n'exerceront pas leurs fonctions à temps plein.
Que l'on prenne l'approche d'un institut indépendant, je pense qu'il ne
serait pas souhaitable que l'interprétation des données qui vont
sortir des travaux de recherche qui vont être effectués soit faite
par une seule personne, d'où l'idée qu'il y ait trois personnes.
Si l'institut fonctionne réellement avec une participation des syndicats
des secteurs public et parapublic, je pense que, à ce moment-là,
s'il y a une adhésion véritable de leur part, il y aura amplement
de travail pour occuper trois personnes, toute l'année.
M. Paquette: M. le Président, fouillons un peu cette
hypothèse que le ministre soulève: trois personnes nommées
par l'Assemblée nationale, un président et deux
vice-présidents. À l'article 11, on lit que les
vice-présidents exercent les fonctions que détermine le
président dans le cadre des règlements de l'institut. Donc, c'est
le président qui va avoir à décider si les deux
vice-présidents sont à temps plein ou à temps
partiel? C'est cela? Autrement dit, j'avais perçu la loi comme voulant
dire que les deux vice-présidents étaient des cadres un peu au
même titre que le président. Si vous essayez de me vendre
l'idée qu'il va y avoir trois cadres à temps plein, payés
à 50 000 $, à 60 000 $ ou à 70 000 $ pour faire marcher un
petit groupe d'une vingtaine de personnes, je trouve cela scandaleux, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Je tiens d'abord à
souligner au député de Rosemont que son temps de parole est
presque terminé. Il reste une minute de temps de parole sur l'article
4.
M. Paquette: M. le Président, je parlerais moins longtemps
si le ministre me donnait des réponses à cela. J'aimerais avoir
une réponse à cette interrogation.
M. Clair: La réponse, c'est que le président aussi
bien que les vice-présidents pourraient être à temps plein
ou à temps partiel. Telle que libellée, la loi ne présume
pas des conditions de nomination de ces gens par l'Assemblée
nationale.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le ministre ne
m'a pas convaincu que son approche de non-confiance face aux organismes
syndicaux est une approche qui soit un gage de succès, et j'aimerais
déposer un amendement.
M. Laplante: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, sur une question de
règlement, M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Je suis allé vous demander le temps qu'il
restait tout à l'heure. Lorsque je vous l'ai demandé, il
était 15 h 20. Vous m'avez dit qu'il restait quatre minutes. Vous avez
eu de la tolérance pour une minute de plus, et j'aimerais que le temps
de parole arrête.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Bourassa, je ne calcule pas...
M. Laplante: Parce que, pour sa réponse, le ministre n'a
pas eu deux mots.
Le Président (M. Lachance):... le temps de réponse
du ministre dans le temps de parole du député de Rosemont. J'ai
confiance aux personnes qui sont attitrées à tenir le temps et je
ne calcule pas qu'on a eu un temps de parole exagéré par rapport
à ce qui a été réservé au
député de Rosemont. Alors, il resterait effectivement 50
secondes.
M. Pagé: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Nous venons d'amorcer nos travaux. Nous en sommes
à l'étude de l'article 4, qui, je l'espère et je le
présume, devrait être adopté d'ici à quelques
minutes. D'ailleurs, vous venez de dire que vous vous fiez entièrement
à ceux qui tiennent le temps. J'ai l'impression que le
député de Bourassa tient le temps, il l'a compté. Je
serais favorable à ce qu'on soit un peu plus souple dans nos
règles et qu'on poursuive nos travaux, qu'on adopte les articles 4, 5 et
6. Si on pouvait se rendre un peu plus loin avant l'ajournement, cela ferait
l'affaire de tout le monde, je pense, et, plus on aura des questions de
règlement, plus on aura du calcul de minutes, de secondes, de ci et de
cela, on va s'enfarger. Vous savez qu'après une semaine intense de
session en ce début du mois de juin, les esprits sont plus chauds et on
risque, finalement, si nos travaux ne sont pas empreints de souplesse, de
passer plus de temps à se tirailler pour savoir comment on va consacrer
notre temps que de travailler à adopter les articles du
règlement.
M. Laplante: Sur la même question de règlement, M.
le Président. Par votre entremise, si je demandais au
député de Portneuf la même souplesse aussi de son bord. Je
pense que depuis le matin vous l'avez donné votre souplesse. Cela a
très bien été.
M. Pagé: Vous savez, il faut être souple, calme,
serein, et cela va bien aller. Ne vous inquiétez pas.
M. Laplante: Oui, depuis hier. C'est parce que la souplesse n'est
pas toujours de la même dimension.
M. Pagé: C'est une question d'appréciation.
M. Laplante: Peut-être d'appréciation. On sent que
vous avez une certaine volonté...
M. Pagé: Oui, oui, mais procédons! M. Laplante:...
de vouloir avancer. M. Pagé: L'article 4 est adopté.
M. Laplante: Mais si on n'élargit notre souplesse
qu'à un groupe et que cela n'avance pas plus, cela nous donne quoi? On
est aussi bien d'appliquer le règlement à ce moment.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Paquette: M. le Président, je veux faire une
dernière tentative auprès du ministre parce que je pense qu'il
est engagé sur une voie dangereuse. J'ai eu l'occasion de combattre ce
genre de voie dangereuse alors que j'étais membre du même parti,
et ce n'est pas aujourd'hui que je vais arrêter. Par conséquent,
j'ai bien compris que mon temps de parole était presque terminé,
mais je voudrais quand même déposer un amendement à
l'article 4. Il s'agirait de remplacer l'article 4 par l'article suivant: "Les
affaires de l'institut sont administrées par un conseil d'administration
formé de sept personnes représentant les organismes syndicaux
visés aux articles 26 et 27 et de sept personnes représentant le
gouvernement et les autres organismes patronaux visés aux articles 31 et
37, et d'un président ou d'une présidente. "
Le Président (M. Lachance): J'imagine que c'est recevable.
Alors, est-ce qu'il y a des commentaires sur la motion d'amendement du
député de Rosemont?
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on pourrait en
prendre connaissance? Vous avez la chance d'en avoir le libellé. Cela va
prendre moins de temps à le lire qu'à le faire photocopier, M. le
secrétaire. Les affaires de l'institut sont administrées par un
conseil d'administration formé de sept personnes représentant les
organismes syndicaux visés aux articles - d'accord - et de sept
personnes représentant le gouvernement et les autres organismes
patronaux...
Une voix:... et d'un président ou d'une
présidente.
M. Pagé: Ah! Merci.
M. Paquette: M. le Président, sur l'amendement. (15 h
30)
Le Président (M. Lachance): Oui, sur l'amendement, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Cet amendement a un certain nombre d'avantages que
je vais essayer de décrire par rapport à l'approche du ministre.
Évidemment, il implique les amendements de concordance aux autres
articles, mais je pense que si on peut s'entendre sur l'approche, cela pourrait
aller très très vite après. On pourrait, très
certainement, adopter un bon nombre d'articles d'ici la fin de
l'après-midi.
D'abord, vous remarquerez que dans l'amendement, on a au total quinze
membres plutôt que dix-neuf. Ce peut être un minimum de trois aussi
comme un maximum de dix-neuf. Le ministre est tellement méfiant face aux
organismes syndicaux qu'il ne prend pas de chance, cependant, il y a un maximum
possible de dix-neuf. Cet amendement vise à ramener le nombre à
quinze dans tous les cas.
Inutile de dire, M. le Président, qu'un organisme à
dix-neuf est très lourd, inutilement lourd puisque, dans le fond,
à cet institut, quoi qu'il arrive, et même je me demande si...
J'espère que ma collègue ne voudra pas faire un sous-amendement
pour faire cinq-cinq de chaque côté.
Mme Le Blanc-Bantey: Pourquoi?
M. Paquette: Parce que c'est un peu trop, quinze personnes, mais
on a voulu respecter le nombre moyen du ministre. Dans le fond, il y a deux
points de vue qui vont s'exprimer. Remarquez que sept, cela permet d'avoir une
représentation des divers secteurs impliqués dans la
négociation, ce n'est pas mauvais. En gros, il risque d'y avoir des
mandats que la partie syndicale voudrait confier à l'institut, qui sont
très importants pour elle, dans son optique et il risque d'y avoir des
mandats que la partie patronale, elle aussi, va vouloir confier.
Espérons qu'il y aura le plus souvent possible des mandats conjoints
aussi ou des centres d'intérêt que les deux parties voudront
confier à l'institut.
Donc, on n'a pas besoin de dix-neuf personnes. Avec dix-neuf personnes,
on va perdre beaucoup de temps autour de cette table. C'est comme cela que
j'interprète le silence des députés ministériels
qui sont ici depuis le début. Ils se disent: On fait entièrement
confiance au ministre sur son projet de loi, cela va rouler dans l'huile, il
n'y aura pas de problème à la prochaine négociation. Ils
se disent: Ils sont déjà assez nombreux à parler. Cela va
être la même chose au conseil de l'institut, M. le
Président. S'il y a dix-neuf personnes, cet institut va être
beaucoup moins efficace que s'il y en a quinze. C'est le premier point.
Deuxièmement, vous remarquerez que l'institut, contrairement au
projet du ministre, est un institut paritaire. Pourquoi paritaire? M. le
Président, j'aimerais entendre l'opinion du député de
Bourassa sur mon amendement, mais...
M. Laplante: Je peux vous répondre tout de suite que dans
le temps où vous aviez des lois à adopter, vous étiez
content en maudit que les membres de votre parti se ferment la gueule pour
l'adopter au plus vite, par exemple. Aujourd'hui, c'est le même reproche
que vous essayez de nous faire.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, je préférerais...
Mme Le Blanc-Bantey: Quand c'était pour améliorer
les lois, je n'ai jamais eu d'objection.
M. Paquette: M. le Président, généralement
j'étais d'accord avec les lois que je présentais.
M. Laplante: Vous étiez content que les
députés qui vous accompagnaient le soient aussi.
Mme Le Blanc-Bantey: Si vous aviez des suggestions pour les
améliorer, on était bien content aussi.
M. Paquette: M. le Président, je pense que ces
considérations n'ont rien à voir, elles sont
antiréglementaires.
Le Président (M. Lachance): II faut bien dire, M. le
député de Rosemont, à la décharge du
député de Bourassa, que vous l'avez provoqué»
M. Paquette: Vous avez raison, M. le Président, et je vous
promets de ne plus le faire. Je reviens à mon argumentation de fond.
M. Tremblay: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lachance): Sur une question de
règlement, M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Je vous demanderais de rappeler à l'ordre le
député de Bourassa pour permettre au député de
Rosemont de continuer son "filibuster"; même s'il n'a pas beaucoup de
talent pour le faire, il va apprendre.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, vous avez la parole.
M. Paquette: M. le Président, on vient d'entendre une
autre intervention antiréglementaire, probablement parce que le
député de Chambly n'a pas grand-chose à dire sur le fond.
J'ai encore trois ou quatre arguments pour convaincre le ministre.
Donc, il y a la question du nombre, tel que je l'ai
développée tout à l'heure, et aussi la question d'un
organisme paritaire. Pourquoi paritaire? Parce que toute autre forme
d'organisme ne pourra être vue qu'avec méfiance par l'une ou
l'autre des parties, particulièrement par celle qui n'a pas le gros bout
du bâton lors des négociations, c'est-à-dire la partie
syndicale. Je pourrais expliquer longuement pourquoi la partie syndicale n'a
pas le gros bout du bâton, mais je pense que c'est évident pour
tout le monde. Donc, un organisme paritaire va permettre aux deux parties de se
dire: C'est autant mon organisme que celui de l'autre. Les centrales syndicales
vont pouvoir se dire: C'est autant mon organisme qu'un organisme patronal. La
partie patronale aussi va pouvoir se le dire.
C'est seulement dans cette optique d'égalité que
l'institut va pouvoir véritablement fonctionner avec la confiance des
deux parties, confier des mandats, faire partager aux parties des
données factuelles qui peuvent permettre d'assainir le climat. Je pense
que c'est l'objectif du ministre et également celui que je poursuis
ici.
De plus, cela permet d'éliminer deux vice-présidents dont
on n'a pas besoin, autrement que comme résultat de l'attitude de
non-confiance, parce que le ministre craint à tort que les syndicats
boycottent l'institut. Il pense qu'un institut pourrait fonctionner avec trois
personnes nommées par l'Assemblée nationale sans la confiance
d'une des deux parties et remplir son rôle, ce qui est, à mon
avis, une aberration.
Donc, cet amendement permet d'avoir un président. Plus loin, on a
à prévoir le mode de nomination du président. Je suis
d'accord avec le ministre que le président devrait être
nommé par l'Assemblée nationale. Cela garantirait
l'impartialité d'un organisme qui serait quand même paritaire.
Cela voudrait dire qu'en cas de conflit entre les deux parties, il y aurait
quand même un président qui pourrait trancher et agir comme
médiateur et conciliateur avec toute l'autorité nécessaire
que lui conférerait sa nomination par l'Assemblée nationale.
M. le Président, finalement, les sept personnes de part et
d'autre sont définies par des représentants des organismes
concernés. Il y a également un amendement que l'on pourrait
apporter un peu plus loin qui permettrait de les faire nommer en toute
démocratie, de sorte que les personnes en question pourraient
véritablement s'inspirer d'une élection démocratique et
qu'elles seraient véritablement représentatives des parties.
Un dernier avantage, on parle d'un président ou d'une
présidente. Je pense que le ministre pourrait innover en
commençant dans ce projet de loi la féminisation des titres. On
n'a pas besoin d'attendre que cela se fasse dans d'autres projets de loi; cela
pourrait commencer tout de suite ici.
M. le Président, je pense que cet amendement permettrait de
donner les meilleures chances possible. Je le dis encore une fois. Le ministre
peut peut-être penser -certains de ses collègues ont dit cela tout
a l'heure - qu'on présentait cet amendement pour retarder l'adoption du
projet de loi. Si le ministre acceptait d'aller dans cette direction qui est
beaucoup plus féconde, on pourrait très rapidement passer au
travers de toutes ces questions de nominations qui
peuvent être très longues et très compliquées
et adopter un certain nombre d'articles, progresser et arriver à
d'autres sujets du projet de loi.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président. En ce qui concerne le
nombre quinze plutôt que dix-neuf, je rappelle au député de
Rosemont que c'est à la suite de représentations qui nous ont
été faites, tant par des représentants syndicaux du
secteur public -je ne dis pas par la coalition en cause - que du secteur
privé et par des associations patronales tant publiques que
privées que nous avons consenti à ajouter quatre membres
additionnels en indiquant cependant à ces gens qu'il n'était pas
de notre intention, à moins qu'il y ait des représentations
ultérieures qui nous convainquent, de les nommer maintenant. Donc,
l'institut fonctionnerait avec quinze membres.
Quant à l'hypothèse que défend le
député, à savoir un président nommé par la
majorité des deux tiers de l'Assemblée nationale: six membres
d'un côté et six membres de l'autre, ou sept-sept, peu importe,
c'est quant à moi l'hypothèse que je privilégiais. Je dois
dire au député de Rosemont que j'ai déployé mes
modestes talents pour tenter de convaincre les syndicats des secteurs public et
parapublic de nous dire, officiellement, qu'ils acceptaient de participer
à une telle structure. Malgré les invitations, les
sollicitations, les demandes, je n'ai pu obtenir rien de décisif. On n'a
pas refusé de participer, mais on n'a pas accepté non plus. C'est
la raison pour laquelle je me suis rabattu sur une hypothèse qui, je
dirais, demeure avantageuse mais qui le serait moins, c'est-à-dire que
l'institut puisse fonctionner, éventuellement, sur une base de la nature
d'un institut indépendant, neutre plutôt que paritaire, mais en
ménageant également la possibilité que l'institut puisse
fonctionner sur une base paritaire, en conservant la souplesse que les deux
vice-présidents, de même que le président, puissent
être des personnes à temps plein ou à temps partiel.
Je voudrais convaincre le député que cette solution, j'ai
honnêtement tenté de la faire accepter par les syndicats des
secteurs public et parapublic, mais que je n'y suis pas parvenu. C'est la
raison pour laquelle le texte que l'on retrouve aujourd'hui dans le projet de
loi est celui-là.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne sais pas si mon collègue a
terminé.
M. Paquette: M. le Président, d'abord, je trouve cela
extrêmement intéressant que le ministre ait la même
approche, essentiellement. Et ce qu'il dit, c'est: Je ne l'ai pas retenue,
finalement, parce que je n'avais pas d'engagement ferme d'y participer de la
part des centrales syndicales.
M. Clair: Entendons-nous bien, non seulement n'avais-je pas
d'engagement ferme, mais je n'avais pas non plus de refus. Et ce que j'ai cru
comprendre, ce que j'ai cru lire entre les lignes dans la mesure où,
dans ce domaine, on essaie parfois plus de deviner, de lire entre les lignes
que de lire ce qui est officiel, ce qui pourrait malgré tout être
acceptable et amener l'adhésion des syndicats des secteurs public et
parapublic, ce serait une formule mixte du type de celle que je propose, parce
que nous avons également envisagé la possibilité de faire
nommer un conseil d'administration plus large, de cinq ou sept personnes; bien
sûr, elles n'auraient pas toutes été à temps plein,
mais toutes nommées par l'Assemblée nationale. Cette
possibilité m'est apparue une mauvaise voie parce que cela excluait la
participation éventuelle des syndicats du secteur public et des
représentants patronaux. C'est la raison pour laquelle j'ai
proposé au Conseil des ministres et ce dernier s'est rallié
à une proposition mixte du type de celle que nous avons devant nous.
Je vais aller plus loin que cela, je vais dire au député:
Si à l'étape même - je ne sais pas jusqu'à quand on
peut faire des amendements - de la troisième lecture, en ce qui concerne
les mandats de l'institut, tels qu'ils sont proposés, nous recevions une
déclaration officielle en bonne et due forme d'une large majorité
des syndicats des secteurs public et parapublic, à savoir qu'ils sont
désireux, volontaires pour travailler dans un institut de recherche
composé comme le député l'indiquait - j'insiste, un
président nommé par la majorité des deux tiers à
l'Assemblée nationale, qu'on parle de cinq, six ou sept, on n'en est pas
à une personne près - je vous dis que, quant à moi, si
j'avais cet engagement, je n'aurais aucune hésitation à le
proposer au Conseil des ministres, qui devrait en disposer. Mais, quant
à moi - je pense que le conseil me suivrait là-dessus - je
n'aurais aucune objection à modifier et à revenir à la
nomination d'une personne, mais moyennant un engagement clair, non
équivoque, volontaire et formel, à savoir que les syndicats du
secteur public sont vraiment désireux de participer dans l'esprit de
l'institut de recherche tel que proposé aux travaux de celui-ci.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, cela me fait de la
peine de le dire au ministre, mais pour un gars qui veut un changement de
mentalité et une réforme qui devrait changer encore une fois
l'avenir des relations du travail dans les secteurs public et parapublic, il me
semble engagé dans une dynamique drôlement traditionnelle de
négociation! Je passe l'amendement, mais la condition pour laquelle je
vais le passer, c'est que les syndicats vont me donner leur engagement
maintenant, qu'ils vont participer, effectivement, à ce fameux institut
de recherche et d'information. Je demanderais au ministre de changer d'attitude
et d'être le premier à faire confiance à sa réforme.
(15 h 45)
Si j'ai bien compris les objections qu'il pose à l'amendement du
député de Rosemont, c'est toujours assujetti à la
condition que les syndicats participent, laissant toujours sous-entendre que,
dans le fond, le ministre est peu confiant quant à la possibilité
qu'ils participent ou quant aux chances de réussite de cette
réforme. Je dis donc au ministre qu'il fasse encore une fois confiance
à sa réforme, qu'il accepte l'amendement du député
de Rosemont comme tenant pour acquis que nous aurons effectivement un organisme
paritaire de recherche et d'information, ce qui est l'objectif. Je crois
profondément qu'il est sincère là-dessus. Je suis
convaincue que c'est l'objectif qu'il poursuit, d'avoir véritablement un
organisme paritaire qui aurait la crédibilité de toutes les
parties en cause.
Cela dit, je reviens à ces deux vice-présidents parce que
encore une fois la seule raison qu'il avait tout à l'heure pour les
maintenir, c'était: Si les syndicats ne participent pas, il n'y aura pas
trop de trois personnes à temps plein, et même s'ils
participaient, pour gérer un organisme de cette importance. Entre nous,
on sait fort bien que cela ne se limitera pas à trois personnes
payées à temps plein. J'imagine qu'on va avoir quelques
professionnels à cet organisme et d'autres personnels permanents; c'est
inévitable. Quand on crée une structure, c'est inévitable
qu'il faut non seulement l'étoffer vers le haut mais l'étoffer
vers le bas. On sait que plus vous allez l'étoffer vers le haut,
généralement aussi, on a tendance à l'étoffer vers
le bas. C'est le problème de croissance qu'on a connu. Le
député...
M. Pagé:... vers le haut. Les cadres, les consutants,
conseillers, les professionnels...
Mme Le Blanc-Bantey: Ce sera votre tour tout à l'heure. M.
le Président, voulez-vous le rappeler à l'ordre. Si votre
institut paritaire ne fonctionne pas, alors quelle est la
nécessité de créer, par la réforme, un institut de
recherche et d'information nouveau? Nous avons déjà, si ma
mémoire est bonne, un bureau qu'on appelle le bureau de révision
et de rémunération, au Conseil du trésor. Est-ce que cela
existe encore ou s'il a été passé au ministère du
Travail? Il a été récemment, semble-t-il, passé au
ministère du Travail.
M. Clair: Le bureau de recherche en rémunération
n'existe plus au Conseil du trésor depuis trois ans. Le Centre de
recherche et de statistiques sur le marché du travail, au
ministère du Travail, n'est perçu dans l'esprit de personne comme
étant un organisme indépendant.
Mme Le Blanc-Bantey: Par ailleurs, il a quand même, il faut
l'admettre, un rôle que les gens considèrent plus neutre qu'un
organisme directement impliqué comme le Conseil du trésor.
À toutes fins utiles, ce que je veux dire, c'est que si cela ne
réussit pas, votre organisme paritaire, ce type de bureau de recherche
qui est actuellement au ministère du Travail et dont une partie est au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
selon ce que vous venez de me dire, pourrait fort bien se voir confier des
mandats élargis. Je ne vois pas la nécessité, par une loi
qui est devant nous, de créer un nouvel institut qui, à toutes
fins utiles, ferait la même chose ou à peu près que le
fameux bureau de révision et de rémunération faisait
traditionnellement dans le passé, lequel - je dois le dire pour l'avoir
vécu personnellement - n'avait, il faut bien le dire, aucune
crédibilité de la part de l'autre partie parce que les gens n'y
participaient pas. Il n'avait en tout cas pas la crédibilité qui
devrait être nécessaire dans une situation de négociation
comme celle que l'on vit toujours dans le secteur public où il est
important que l'information qui circule soit la plus crédible possible
aux deux parties en cause.
Encore une fois, je vais tenter de me résumer. De deux choses
l'une: ou vous faites confiance à votre réforme, auquel cas
l'amendement vous convient, cela peut être trè3 discutable sur les
quinze ou les dix-neuf membres et, là-dessus, je pense que ce ne sont
pas nécessairement des objections insurmontables, ou bien vous laissez
les choses telles qu'elles fonctionnent actuellement. De toute façon,
cela ne changera pas grand-chose.
M. Clair: M. le Président, en ce qui concerne la
crédibilité de l'institut, la députée des
Îles-de-la-Madeleine ne fait confiance qu'au paritarisme. Quant à
moi, je pense que l'indépendance de personnes nommées à la
majorité des deux tiers par l'Assemblée nationale pourrait
comporter une crédibilité élevée de l'organisme, de
la même façon que le Protecteur du citoyen, la
présidente ou le président de la Commission des droits de
la personne n'ont jamais été considérés comme
n'étant pas des personnes neutres, non crédibles, parce que ce
n'étaient pas des organismes paritaires. Finalement, je dirai quant aux
autres arguments, oui, certainement, le projet de réforme est
ba3é sur un haut niveau de confiance. J'ajouterai que je pense que les
qualités importantes d'une personne en politique, ce sont effectivement
l'honnêteté, la confiance mais aussi la lucidité. C'est la
raison pour laquelle nous avons proposé, afin de ne pas imposer quelque
chose qui pourrait venir un peu trop tôt en termes de participation
à l'institut de recherche sur une base paritaire - cela ne s'oblige pas,
le paritarisme - nous avons voulu nous rabattre, pour le cas où cela ne
fonctionnerait pas, sur un institut de recherche indépendant basé
sur trois personnes nommées par la majorité des deux tiers
à l'Assemblée nationale. Je ne vois en aucune façon
comment on peut comparer, en termes de crédibilité, de
neutralité, un service d'un ministère, qu'il soit au Conseil du
trésor ou au ministère du Travail, par rapport à un
organisme dont les responsables sont nommés à la majorité
des deux tiers de l'Assemblée nationale, surtout quand on sait que le
parti ministériel, actuellement, ne dispose pas d'une telle
majorité.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: Je trouve que le ministre a
interprété allègrement mes paroles. Il les a certainement
sorties du contexte. Oui, effectivement, j'ai beaucoup plus confiance, dans le
cadre de la loi dans lequel nous discutons actuellement, à un organisme
paritaire qu'à un organisme qui serait nommé par
l'Assemblée nationale -cela, c'est un point à l'honneur du
ministre -c'est-à-dire auquel la partie syndicale, par exemple, puisque
c'est elle qui est en cause ici, ne se sentirait pas liée.
Cela dit, je n'ai jamais laissé entendre que n'importe quel autre
organisme qui n'était pas paritaire, selon les circonstances, ne pouvait
pas fonctionner d'une façon efficace, crédible et honnête.
Je pense qu'il faudrait quand même faire attention de ne pas
déformer trop facilement les propos. Cela dit, encore une fois, vous
dites que cela prend un minimum d'honnêteté, de
crédibilité et de lucidité. Quant à moi, ma
lucidité me commande que si vous ne réussissez pas à
former un organisme paritaire à ce stade-ci de la réforme, vous
n'avez aucune chance de réussite dans cette réforme et, au
contraire, c'est extrêmement dangereux parce que vous handicapez les
chances d'une réforme future dans le domaine des négociations
dans les secteurs public et parapublic.
M. Clair: Je ne partage pas l'avis de la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: Est-ce qu'on demande un vote?
M. Pagé: M. le Président, sur l'amendement.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Portneuf, sur l'amendement.
M. Pagé: J'ai écouté l'argumentation de mes
honorables collègues, celui de Rosemont...
M. Clair: Le médiateur.
M. Pagé: M. le Président, pour le
bénéfice du Journal des débats, le ministre
délégué à l'Administration vient de me qualifier de
médiateur. Vous savez, jusqu'à maintenant, cela a
été un peu cela. Cela aurait pu être davantage, par
surcroît, quand j'ai vu les attaques plus ou moins justifiées que
les collègues de la majorité adressaient à leurs
ex-collègues qui viennent, cet après-midi, de bonne foi,
loyalement, contribuer à nos travaux. J'ai presque eu envie de
m'immiscer...
M. Paquette: M. le Président, si le député
de Portneuf me le permet, il est le parfait exemple d'un médiateur
infructueux qui ne réussit pas à atteindre ses objectifs,
malgré sa bonne volonté, parce qu'il n'a la confiance ni de
l'une, ni de l'autre des deux parties en présence.
M. Pagé: Ce qui renforce l'argumentation à l'appui
de votre amendement, M. le député. M. le Président, pour
faire d'une longue histoire une histoire courte et pour ne pas abuser du temps
de cette Chambre qui est précieux parce que j'ai cru comprendre, par les
réactions des deux côtés, que si on pouvait ajourner nos
travaux un peu plus tôt en après-midi, tout le monde s'en
porterait fort aise.
Est-ce que l'honorable député de Chambly est membre?
M. Clair: Ah! oui, certainement. M. Pagé: Vous m'en voyez
déçu.
M. Clair: Si on pouvait se rendre à l'article 24.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai déjà
indiqué dans mes propos antérieurs que, pour nous, le nombre de
dix-neuf membres apparaissait assez important, merci. L'ob-
jectif de la démarche, c'est que l'organisme soit crédible
fondamentalement, qu'il soit crédible non pas aux yeux du gouvernement,
mais qu'il soit crédible aux yeux des parties en présence et que
les conclusions de cet organisme, que les publications des rapports de leurs
analyses, de leurs recherches, etc., puissent faire en quelque sorte
autorité. Pour faire autorité et pour constituer un point de
référence sérieux, l'organisme se doit d'avoir une
étanchéité à toute épreuve en termes de son
indépendance et de sa crédibilité.
Le ministre se sert de cet objectif, de cette obligation pour introduire
une formule de paritarisme où ce sera quand même ultimement le
gouvernement qui procédera aux nominations concernant le
président et ses adjoints, ses deux vice-présidents. Le ministre
nous propose que ceux ou celles-là soient nommés par
l'Assemblée nationale aux deux tiers de la Chambre.
L'amendement du député de Rosemont prévoit un
nombre réduit de membres. Nous sommes d'accord avec cet aspect. Ils ne
sont pas obligés d'être dix-neuf parce que, comme on le sait
d'expérience, ayant assisté à la création de
plusieurs organismes, c'est-à-dire des corporations, des conseils
d'administration, des conseils consultatifs, etc., ce n'est pas vrai que tous
les membres sont appelés à jouer un rôle aussi actif. Pour
nous, la proposition du député est intéressante en ce
qu'elle réduit le nombre; cependant, je retiens des propositions de ceux
qui ont témoigné ici qu'un critère qui leur apparaissait
important pour ajouter de la crédibilité à l'organisme,
c'est que le président ou les vice-présidents soient
nommés par les membres. Sans relancer un débat, est-ce que le
député de Rosemont accepterait de réduire le nombre et que
l'Assemblée nationale nomme le président, tandis que les deux
vice-présidents ou vice-présidentes seraient nommés par
les membres eux-mêmes. Je pense que tout le monde serait peut-être
unanime.
Pour ces motifs, M. le Président, je voterai pour l'amendement en
disant que je voterais avec plus d'enthousiasme si on maintenait les deux
vice-présidents, mais nommés par les membres. M. le
secrétaire, vous pourriez écrire tout cela, cela ne prendra pas
de temps, cela va être adopté et on passerait à l'article
6.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que je comprends bien
le député de Portneuf, à savoir que quand il dit
"nommés par les membres", il veut dire Ies autres membres de
l'institut?
M. Pagé: C'est cela.
M. Paquette: C'est-à-dire qu'on aurait sept
représentants de chaque côté, un président
nommé par l'Assemblée nationale et...
M. Pagé: Les quatorze se désigneraient deux
vice-présidents.
M. Paquette:... les quatorze se désigneraient deux
vice-présidents, sans doute un de chaque côté.
M. Pagé: Probablement.
M. Paquette: M. le Président, cela m'apparaîtrait
tout à fait acceptable comme approche.
M. Clair: M. le Président, cela
réapparaîtrait également tout à fait acceptable sans
aucune hésitation, dans la mesure où on serait assuré de
la participation des parties patronale et syndicale à l'institut de
recherche, sans quoi de deux choses l'une: ou l'institut ne peut pas
fonctionner parce qu'il n'y a pas de délégation nommée par
les syndicats des secteurs public et parapublic... À ce moment,
l'institut ne fonctionne pas et cela peut être pour toutes sortes de
raisons. Cela pourrait être pour des raisons de désaccord entre
les syndicats des secteurs public et parapublic, quant à une liste de
personnes à établir ou encore quant à leur participation.
Alors, ou il ne fonctionne pas, ou, s'il peut fonctionner, il ne peut
fonctionner qu'avec la seule personne nommée par l'Assemblée
nationale. Cela nous est apparu imprudent de laisser l'interprétation de
données salariales qui concernent des milliards de dollars être
faite par une seule personne.
C'est enregistré, je vous dis - il y avait, cet avant-midi, dans
la salle des représentants de certains syndicats des secteurs public et
parapublic - que ce soit la formule évoquée par le
député de Portneuf ou celle, quant à moi, que je
préférerais, je ne vois pas très bien l'utilité de
faire nommer deux vice-présidents par les membres, ou que ce soit celle
du député Rosemont, aucune hésitation. S'il y a une
affirmation d'une volonté claire, nette, non équivoque des
syndicats des secteurs public et parapublic de participer à un institut
paritaire avec un président nommé par l'Assemblée
nationale à la majorité des deux tiers, j'accepte, je fais mienne
cette proposition, sans hésitation.
En l'absence de cela, non pas que ce soit par manque de confiance, non
pas que ce soit par méchanceté ou préjugé
antisyndical ou quoi que ce soit, si l'on veut, pour avoir un institut qui ait
la crédibilité d'un organisme paritaire, je dis simplement: Trois
personnes nommées à la majorité des deux tiers par
l'Assemblée nationale, cela garantit aussi une certaine
crédibilité et ce n'est pas incompatible avec le
fonctionnement paritaire de l'organisme dans la mesure où le
projet de loi serait adopté tel qu'il est.
Pour ces mêmes raisons, M. le Président, je vous dis,
à regret, que je serai contre cet amendement et j'inviterais mes
collègues de la majorité ministérielle à faire de
même.
M. Pagé: M. le Président, avant de procéder
au vote, est-ce que le ministre pourrait - cela pourrait nous éclairer
pour l'analyse des articles qui suivront - indiquer aux membres de cette
commission pourquoi il en vient à une méfiance comme
celle-là? Si on était aujourd'hui au lendemain du conseil
général qui s'était tenu au Concorde, où le
président du Conseil du trésor d'aujourd'hui s'était fait
allègrement brassé le pommier, on dirait que c'est une
méfiance conjoncturelle. Là, cela semble être une
méfiance structurelle; c'est beaucoup plus inquiétant. Pourquoi
êtes-vous méfiant comme cela? (16 heures)
M. Clair: M. le Président, le député de
Portneuf a assisté à la même commission parlementaire que
moi avec les représentants de dix-neuf syndicats des secteurs public et
parapublic à la table qui est devant nous. J'ai posé la question
et j'ai eu une réponse évasive, vous vous en souvenez. Je
n'invente pas, je ne fabrique pas, je prends Ies propos qu'ils ont tenus. Ils
n'ont pas fermé la porte, mais ils n'ont pas dit non plus: Oui, nous
pensons que c'est une formule d'avenir et nous nous engageons à y
participer. Le député de Portneuf s'en souvient. Je pense
qu'entre la méfiance et la lucidité il y a une marge et c'est
parfaitement leur droit de dire: Nous, on préférerait
peut-être que cela commence par un organisme indépendant. Si cela
doit commencer par un organisme indépendant, je vous dis qu'il me semble
qu'en termes de responsabilités des députés et de ce qu'on
connaît depuis les neuf ans -dans le cas du député de
Portneuf, depuis treize ans qu'il est ici... Depuis combien de temps
êtes-vous ici?
M. Pagé: Douze ans.
M. Clair: Douze ans qu'il est ici. Il me semble que de laisser
l'interprétation de données complexes comme celles-là
à une seule personne, cela n'est pas souhaitable.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il n'y a pas
grand-chose qui sépare les trois partis autour de cette table. On est
tous d'accord pour miser sur la confiance. Le ministre dit...
Une voix: Pas le ministre.
M. Paquette: Oui, le ministre dit que c'est l'option qu'il aurait
souhaitée mais, finalement, pour toutes sortes de raisons...
M. Clair: Ce n'est pas pour toutes sortes, mais pour une raison.
Je dis: J'ai posé la question. J'ai tenté par les meilleures
interventions possible que j'ai pu faire d'avoir leur adhésion. Je vous
dis à regret - est-ce ma faute? Je l'ignore - que je n'ai pu avoir un
tel engagement clair. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes rabattus
sur cette formule-ci.
M. Paquette: J'ai très bien compris le ministre et j'ai
très bien compris aussi qu'il préférerait que l'esprit qui
est derrière mon amendement puisse s'appliquer tout en permettant
à l'institut de fonctionner sur une base paritaire. Il n'est pas
opposé au principe d'un institut qui fonctionne sur une base paritaire.
Il aimerait d'ailleurs que ce soit la réalité qui s'impose. Je
crois sentir dans ses propos qu'il se dit: À la limite, si cela ne
marche pas, on fera fonctionner l'institut avec un président et deux
vice-présidents et, avec le temps, les syndicats finiront bien par
accepter d'entrer dans le moule et on finira par avoir un institut paritaire.
Le risque, c'est que si jamais cela devait se présenter, la tangente
étant prise, il y a un risque énorme que cela ne se produise
jamais.
Écoutez, M. le Président, je suis bien prêt à
faire un compromis. Si le ministre acceptait mon amendement, il pourrait
ajourter un paragraphe de son cru, à savoir que, comme procédure
d'exception, si jamais l'une ou l'autre des parties ne nommait pas 3es sept
membres, on irait devant l'Assemblée nationale et on nommerait deux
vice-présidents. C'est pour ne pas que, dans un an, on soit pris avec
deux personnes nommées par l'Assemblée nationale qui n'ont rien
à faire là, dans le fond, autrement que comme soupape au cas
où il y aurait une des deux parties qui boycotterait. Je pense cependant
que c'est avec un peu de réticence que je soumets cette proposition de
compromis au ministre parce que je me dis: Il vaudrait mieux miser sur la
responsabilité des parties.
Cependant, si le ministre veut prévoir une soupape en cas de
non-participation et qu'il veut absolument faire fonctionner son institut
pareil, même si à ce moment cela devient un institut
gouvernemental et qu'il y en a un autre au ministère du Travail, de
sorte que son institut va tourner à vide finalement et il ne remplira
pas la fonction... Mais s'il veut absolument le faire quand même... C'est
un peu irresponsable de ma part de dire cela parce que ce sont des fonds
publics qui vont être utilisés en pure perte. Je
préférerais que le ministre accepte
mon amendement tel qu'il est mais, s'il y tient absolument, il pourrait
prévoir une soupape et dires En cas de non-nomination, là, on ira
à l'Assemblée nationale et on pourra nommer deux
vice-présidents ou vice-présidentes. Je serais prêt
à aller jusque-là, M. le Président.
M. Clair: M. le Président, hier, on a soulevé le
problème que l'institut de recherche aurait très peu de temps
avant la prochaine négociation pour exercer son mandat,
l'Assemblée nationale doit ajourner ses travaux normalement le 21 juin,
le rapport de l'institut devra être disponible pour le 30 novembre
prochain. S'il faut attendre, je pense que personne ne s'illusionnera sur la
possibilité de jouer avec la loi indéfiniment d'ici au 21 juin et
d'avoir un délai suffisamment long.
Si vous me dites que la loi peut être adoptée en
troisième lecture au début de la semaine prochaine, à ce
moment-là, peut-être que le Conseil des ministres pourrait
envisager une formule de type soupape, dans la mesure où les syndicats
modifieraient leur attitude; et c'est très hypothétique. Ce n'est
pas que je n'ai pas confiance que les syndicats pourraient changer d'avis ou
accepter de participer de plein gré à cet institut, mais le court
délai risquerait de nous conduire à ce que l'institut ne puisse
fonctionner pendant l'été et pendant l'automne et que l'on se
retrouve à la fin de l'année 1985 sans la moindre donnée,
sans les travaux du Bureau de recherche sur la rémunération et
les travaux du Centre de recherche et de statistiques, sur le marché du
travail. Et ce serait incomplet parce que le mandat de ce centre n'est pas
celui qui serait confié à l'institut et on recommencerait avec
les mêmes problèmes que ceux qu'on a déjà
connus.
M. Paquette: M. le Président, c'est peut-être la
dernière intervention que je vais faire là-dessus, mais je pense
que cet argument ne tient pas parce que, de toute façon, cela va
être beaucoup plus long pour le ministre, quelle que soit
l'hypothèse retenue, de mettre sur pied un tout nouvel institut que de
demander à son collègue, le ministre du Travail, de confier un
mandat de recherche au CRSMT. Si jamais il devait y avoir blocage de la part de
l'une ou l'autre des parties et qu'on devait se résoudre à cette
soupape que je lui propose, c'est-à-dire aller à
l'Assemblée nationale et ajouter deux vice-présidents, de toute
façon, il aurait avantage à confier, puisque cela devient un
organisme qui n'est pas accepté par l'une des parties, donc qui n'a pas
la crédibilité voulue pour remplir la fonction qu'il a dans le
projet de loi... Le ministre pourrait toujours donner un mandat au CRSMT et ce
dernier pourrait remplir ce mandat plus vite que l'institut dans toutes les
hypothèses.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, j'avoue que j'ai
déjà participé à des commissions parlementaires,
mais je trouvais cela très agaçant par bouts - on est
fatigué avec le temps - d'entendre énormément
d'interventions. Or, après coup, je réalisais que, dans
l'ensemble des cas, cela avait servi à enrichir les lois sur lesquelles
j'ai travaillé. Je n'aime pas l'attitude du ministre et je vais lui
dire. Cela fait une heure que l'on discute. Il y a eu un premier ultimatum au
syndicat et, là, il vient nous faire un ultimatum: Si vous vous engagez
à faire ci, on va vous donner cela. Cela ne me surprend pas, et je vais
le dire très brutalement, qu'avec une attitude pareille on ait un
précédent dans l'histoire des coalitions syndicales et que
dix-neuf syndicats ne veuillent rien savoir de cette réforme.
Ou bien, encore une fois, on entreprend une réforme avec une
mentalité différente de ce qui a eu cours dans le passé,
ou bien on continue avec les carottes et le bâton et cela va donner ce
que cela va donner. La réforme, encore une fois, a des chances
très minces d'aboutir. Surtout, il faut l'admettre - d'autres l'ont dit
avant moi - compte tenu de la situation et de la légitimité du
gouvernement dans le moment, on n'est pas dans une situation où le
ministre peut se permettre de croire que cette réforme a toutes les
chances de réussite.
Pour revenir à l'article en question, il me semble que si le
ministre nous présente des articles qui préjugent de la
non-participation des syndicats, c'est un très mauvais départ et
qu'au contraire il devrait nous présenter un projet de réforme et
des articles précis, dont celui sur lequel on discute, qui
préjugent de la participation des syndicats et qui, au contraire,
démontrant un signe de confiance en la partie syndicale en la
matière. À cet égard, le deuxième amendement qu'a
présenté mon collègue de Rosemont, parce que le premier
semblait inacceptable au ministre, est suffisant. Il lui donne la soupape
nécessaire, mais, en partant, il ne préjuge pas de la
non-participation. Il m'apparaît là qu'il y a une attitude
complètement différente et qui serait peut-être la preuve
d'une attitude nouvelle qui m'apparaît encore une fois essentielle
à cette réforme.
M. Clair: M. le Président, je n'avais que l'honneur
d'être un des ministres lors de la dernière négociation, et
non pas d'assumer des responsabilités dans celle-ci. Je vais dire
à Mme la députée que, ce que j'ai dit, je le crois
sincèrement. Il serait préférable que l'organisme soit
paritaire avec un seul
président nommé à la majorité des deux
tiers, mais Mme la députée n'a pas participé à tous
les travaux. Là où elle est injuste à mon endroit, c'est
que comme elle n'a pas suivi tous les travaux elle pense que mon attitude est
basée sur la méfiance, alors que je prétends humblement
que c'est basé sur la lucidité.
Si la députée m'a entendu, je l'ai dit, je l'ai
répété, j'ai déjà eu l'occasion de le dire
en privé, en public, un par un, ensemble et de multiples façons
et je n'ai pas obtenu de réponse. Si la députée
considère qu'il est encore possible que, d'ici à quelques jours,
d'ici à la fin de nos travaux, elle parvienne elle-même à
convaincre les syndicats du secteur public de témoigner de leur
volonté de participer à l'institut, je suis prêt à
suspendre l'étude de l'article. On le ramènera à la fin de
la commission. Elle fera elle-même toutes les démarches qu'elle
considérera utiles pour tenter d'obtenir une adhésion claire, non
équivoque, volontaire et rapide des syndicats des secteurs public et
parapublic à cet institut constitué, comme le
député de Rosemont le disait, d'un président nommé
à la majorité des deux tiers par l'Assemblée nationale et
de cinq, six ou sept membres, peu importe. Je pense que je m'en tiendrais
à quatre, à la suite de représentations qui nous sont
venues; ce n'est pas une idée qu'on a eue, ce sont des idées qui
nous ont été soumises par d'autres, quant aux quatre membres
additionnels. En ce qui concerne la représentation paritaire, pour
exclure les deux vice-présidents, je n'ai aucune objection à
suspendre l'étude de l'article. On verra. La députée
pourra employer ses talents de conviction auprès des syndicats des
secteurs public et parapublic. Je serais le premier à lui rendre hommage
si elle parvenait à obtenir un tel engagement. J'ai tenté de
l'obtenir et je n'ai pas été capable de le faire.
Mme Le Blanc-Bantey: Pour répondre au député
de Chambly, si j'avais moins écouté des gens comme lui à
la dernière négociation, j'aurais peut-être mieux
réussi. Cela dit, je remarque que le ministre -justement, je suis
devenue méfiante, moi aussi, depuis mon expérience - s'enfonce
toujours dans son fameux processus de négociation traditionnelle:
Donnez-moi ci, je vais vous donner cela. C'est oui ou non, sur le fond?
M. Clair: Le processus que la députée des
Îles-de-la-Madeleine voudrait suivre, c'est: Donne tout et ne demande
rien. C'est cela?
Mme Le Blanc-Bantey: Ah!
M. Clair: La négociation, c'est cela.
Mme Le Blanc-Bantey: Ah oui! Peut-être qu'on pourrait avoir
de très longues discussions là-dessus. Cela dit, vous
décidez de ne pas répondre sur le fond, c'est ce que vous faites
depuis le début. Est-ce que, oui ou non, la proposition du
député de Rosemont, sur le fond, est acceptable avec la soupape
qu'il propose au cas où vous n'auriez pas l'accord des parties
syndicales? Sur le fond, est-ce que, oui ou non, dans un texte de loi,
au-delà de ce qu'on peut penser l'un de l'autre et de ce que le
député de Chambly pourra penser - la loi, quand on ne sera plus
là, quelqu'un d'autre va l'administrer et il y a bien des chances que ce
ne soit pas le président actuel du Conseil du trésor qui ait son
mot à dire à ce moment-là... Est-ce que, oui ou non, sur
le fond, c'est acceptable, la proposition qui veut qu'on crée un
comité paritaire, mais que le législateur ait la
générosité de prévoir une soupape au cas où
une partie s'absenterait? On parle de la partie syndicale, cela pourrait aussi
être la partie patronale. Effectivement, c'est ce qu'on voudrait savoir
du ministre, sur le fond de l'amendement et du sous-amendement qui ont
été déposés, est-ce que c'est acceptable?
M. Clair: Sur le fond, je pense que j'ai répondu
clairement. Ce que j'indique, c'est que l'esprit de la proposition, et non de
la motion d'amendement, que faisait le député de Rosemont d'avoir
une soupape... Je dis: La soupape, je suis prêt à l'accorder tout
de suite. On n'attendra pas de savoir, si l'Assemblée nationale a
ajourné ses travaux le 21 juin, si l'organisme ne peut pas fonctionner
parce qu'il y a eu de mauvaises interprétations de part et d'autre. Je
vous dis: On va suspendre l'article. Cela a le même effet que l'objectif
qu'il poursuit. On suspend l'étude de l'article et on verra, d'ici
à la fin de nos travaux en commission parlementaire, si les syndicats du
secteur public ont changé d'avis. Je le souhaite. J'ai tenté de
l'obtenir et je n'ai pas réussi. Je ne suis toujours bien pas pour vous
dire le contraire de ce qui s'est passé:
M. Pagé: M. le Président, cela revient à ce
que je disais ce matin, c'est le ministre lui-même qui se "filibuste",
qui demande la suspension des articles. Cela va bien:
M. Clair: Je ne l'ai pas demandée. Je l'ai
proposée, si cela pouvait contribuer à l'avancement de nos
travaux. Actuellement, il me semble que chacune des quelques personnes qui sont
présentes ici pourra juger. La députée dit que je n'ai pas
répondu sur le fond; il me semble que je répond
brièvement
et clairement sur le fond.
M. Paquette: M. le Président, on était prêts,
nous, à passer à l'adoption de l'article 4, avec cet amendement
qui laisse la soupape au ministre de nommer deux vice-présidents et de
faire fonctionner, malgré la participation d'une des parties, l'institut
même si celui-ci, dans ce cas-là, deviendrait tout à fait
inutile puisque le ministre du Travail, qui est responsable de l'application de
la loi, pourrait passer une commande à son CRSMT et les données
seraient tout aussi disponibles et tout aussi crédibles, le niveau de
crédibilité étant moindre, évidemment, qu'avec cet
institut. Il n'y a aucune espèce de raison pour laquelle on inscrirait
dans cette loi une attitude qui va nous forcer, dans toutes les
éventualités, à nommer deux vice-présidents qui
sont tout à fait inutiles. Je pense que cela revient au même. On
calme les appréhensions du ministre en disant: On va faire un organisme
paritaire dans son principe. Cela permettrait au ministre de dire: Ce que j'ai
prévu dans ma loi et ce que je souhaite, c'est un organisme paritaire.
(16 h 15)
Comprenez que chez les travailleurs et les travailleuses
syndiqués l'esprit serait bien différent. Les gens comprendraient
que ce que le ministre veut, c'est que cet institut soit au service de
façon égalitaire des deux parties. Le ministre appelle cela de la
lucidité; j'appelle cela de la méfiance. Je suis bien prêt
à faire cette concession au ministre, mais il pourrait ajouter,
après l'adoption de mon amendement, un petit paragraphe qui dirait: Au
cas où l'une des parties négligerait de remplir les dispositions
de l'article 4, le gouvernement pourra aller à l'Assemblée
nationale suivant un certain mécanisme et faire nommer deux
vice-présidents.
De plus, je ne vois pas en quoi cela dérange le ministre de
procéder comme cela. Par contre, l'attitude qui serait tenue, face aux
travailleurs et aux travailleuses serait très différente, puisque
le ministre dirait publiquement, surtout dans son projet de loi, ce qu'il nous
a dit en privé ici, en commission parlementaire: J'aimerais mieux que ce
soit un organisme paritaire. Nous aussi, les travailleurs aussi et je pense que
tout le monde aimerait mieux cela. Mettez-le donc dans votre loi et
prévoyez une soupape au cas où cela irait mal, si vous le
voulez.
M. Clair: Si le député est sûr de ce qu'il
dit, que les travailleurs le veulent aussi, que leurs représentants
officiels le disent également. Je pense que ce serait normal. C'est mon
opinion également. C'est une opinion personnelle, peut-être
suis-je dans l'erreur.
Par ailleurs, accepter la proposition du député de
Rosemont à ce moment-ci - quelle date sommes-nous? - le 7 juin; c'est
presque assuré que l'on vient de garantir le non-fonctionnement de
l'institut de recherche, qu'il n'y aura aucune donnée statistique
fiable, reconnue par les deux parties, avec un minimum de
crédibilité pour la prochaine négociation. C'est le
meilleur moyen de faire en sorte que, pour ce qui est de la
rémunération, on s'enfonce dans la même guérilla que
celle dans laquelle on s'est retrouvé la dernière fois. Je pense
que ce n'est pas l'objectif recherché par le député de
Rosemont, mais c'est le résultat le plus probable qui se produirait.
M. Paquette: Mais au pire, en supposant que cela arrive, M. le
Président, l'institut n'aura pas, aux yeux des deux parties en tout cas,
plus de crédibilité que le CRSMT, qui est un organisme
gouvernemental. Il va être perçu comme un organisme
gouvernemental. Le ministre pourra obtenir ces chiffres plus rapidement en
faisant appel au CRSMT que par un organisme mis sur pied, avec le même
niveau de crédibilité. S'il veut mettre cela au pire, c'est cela
qui va arriver.
Alors, je ne vois pas pourquoi le ministre ne pourrait pas inscrire dans
sa loi l'attitude qu'il a, à savoir qu'il préférerait un
organisme paritaire, en prévoyant une soupape et en disant: Si jamais on
était obligé d'avoir recours à la soupape, bien, il va
falloir en prendre notre parti, l'institut ne sera pas plus crédible que
le CRSMT; quant à cela je vais avoir mes chiffres plus vite en ayant
recours au CRSMT qu'à l'institut.
M. Clair: Je pense que le député de Rosemont
dévalue le processus de nomination de toutes les personnes qui sont
nommées à la majorité des deux tiers de l'Assemblée
nationale par les propos qu'il tient.
Une voix: Vote.
Le Président (M. Lachance): Alors, est-ce que nous sommes
prêts à passer au vote? Est-ce qu'un vote est demandé
là-dessus?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lachance): Oui. Est-ce qu'on peut passer
au vote?
M. Paquette: M. le Président, je suis bien prêt
à passer au vote, mais simplement pour bien me faire comprendre du
ministre, est-ce qu'il n'y aurait pas eu possibilité d'ajouter un
alinéa qui aurait dit ceci: Dans l'éventualité d'une
non-représentation de l'une ou l'autre des parties, le conseil
d'administration de l'institut sera composé du président et de
deux vice-présidents nommés
à la majorité des deux tiers de l'Assemblée
nationale? On peut bien dire que je dévalorise; je pense qu'on respecte
ainsi les prérogatives et l'importance de l'Assemblée nationale.
Je ne comprends pas l'attitude du ministre.
Le Président (M. Lachance): Alors, si on procède
par vote, je voudrais relire la motion d'amendement. Oui?
M. Baril (Arthabaska): Comme cela, on refuse de suspendre
l'article?
Le Président (M. Lachance): C'est cela, il n'y a pas de
suspension. On vote sur la motion d'amendement proposée par le
député de Rosemont, qui se lit comme suit: Remplacer l'article 4
par: Les affaires de l'institut sont administrées par un conseil
d'administration formé de sept personnes représentant les
organismes syndicaux visés aux articles 26 et 27, de sept personnes
représentant le gouvernement et les autres organismes patronaux
visés aux articles 31 et 37 et d'un président ou d'une
présidente. M. le secrétaire, est-ce que vous pouvez
procéder à l'appel nominal.
Mme Le Blanc-Bantey: On devrait faire un point d'ordre. Je ne
crois pas que le député de Rosemont ait refusé la
suspension.
Le Président (M. Lachance): Non, ce n'est pas cela non
plus, j'indique...
M. Laplante: On vote sur l'amendement.
M. Pagé: M. le Président, je ne voudrais pas
m'embarquer dans une "procédurette". Si j'ai bien compris, le ministre
lui-même fait motion pour que l'article soit suspendu.
M. Clair: Non, je l'ai offert, M. le Président.
M. Pagé: Donc, il suffirait que quelqu'un le fasse.
Le Président (M. Lachance): II n'y a pas eu de motion de
faite pour que l'article soit suspendu. Il y a eu une suggestion, mais comme il
n'y a pas eu de réaction, d'ouverture, j'en ai déduit qu'on
procédait...
M. Paquette: M. le Président, on est bien prêt
à suspendre cet article. On ne pouvait pas s'engager à ce que les
centrales viennent dire autre chose que ce qu'elles ont dit en commission
parlementaire. Cela ne change absolument rien au problème.
M. Laplante: Cela vient de finir.
Mme Le Blanc-Bantey: Ce n'est pas nous qui avons
négocié la réforme avec les centrales, c'est vous.
M. Clair: Ce n'est pas l'esprit de ma proposition. L'esprit de ma
proposition, c'est simplement de dire, quant à l'objectif poursuivi, que
ce qui apparaît le plus désirable pour le député de
Rosemont est également ce qui m'apparaît le plus désirable.
Là où nous nous séparons, c'est sur le jugement que nous
portons sur la situation actuelle et, quant à celle-ci, il nous
apparaît qu'il est urgent qu'un institut soit mis sur pied rapidement,
qu'il soit crédible, à défaut de pouvoir être
crédible par un paritarisme assuré, nous avons tenté de
trouver la meilleure solution de neutralité, c'est-à-dire des
personnes nommées par la majorité des deux tiers de
l'Assemblée nationale. J'ai indiqué simplement que s'il nous
apparaissait, de part et d'autre, encore possible qu'il y ait un engagement
clair, etc., à ce que j'ai dit tantôt, je n'ai pas d'objection
qu'on suspende l'article et on verra bien, d'ici la fin des travaux, si les
députés indépendants veulent ou ne veulent pas faire de
démarches pour tenter de convaincre des gens. C'est libre à eux
de le faire, mais si le résultat était, effectivement, qu'il y
avait un tel engagement, je réitère que je n'aurais aucune
objection, à ce moment, à accepter l'amendement qui est
proposé.
M. Paquette: M. le Président, ce qu'on propose arrive
exactement au même résultat, c'est-à-dire avec l'amendement
que j'ai déposé, qui est la soupape d'une possibilité de
nomination de deux vice-présidents supplémentaires par
l'Assemblée nationale, on arrive exactement au même
résultat en ce sens que d'abord cela va accélérer nos
travaux. On pourrait accepter l'article 4 et les suivants et si, à la
fin de nos travaux, le ministre - parce qu'en définitive c'est le
gouvernement qui doit obtenir l'assurance par l'intermédiaire de
certains membres de cette commission, si possible - n'a pas obtenu des
garanties suffisantes, il pourra procéder à la nomination de ces
deux vice-présidents de la même façon. Je ne vois pas
pourquoi ce serait un argument pour ne pas accepter notre amendement?
M. Clair: Cela va être très bref. Si le
député est d'avis que ce que je propose et ce qu'il propose
conduira au même résultat, je préfère ma
formule.
Le Président (M. Lachance): Alors, on procède au
vote sur l'amendement du député de Rosemont. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska)? M. Baril
(Arthabaska): Contre.
Le Secrétaire: M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Contre.
Le Secrétaire: M. Laplante?
M. Laplante: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay?
M. Tremblay: Contre.
Le Secrétaire: M. Clair?
M. Clair: Contre.
Le Secrétaire: Mme Le Blanc-Bantey?
Mme Le Blanc-Bantey: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: 5 contre, 2 pour.
Le Président (M. Lachance): La motion est rejetée.
Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Paquette: Adopté sur division.
Le Président (M. Lachance): L'article 4 est adopté
sur division.
M. Clair: M. le Président, au moment d'adopter cet article
important, pour ceux qui nous entendent ou qui nous liront, je tiens à
réitérer ce que j'ai dit tantôt jusqu'à l'adoption
définitive du projet de loi. Nous n'aurions pas d'objection moyennant un
engagement, je dirais, solennel, ferme, clair, précis, non
équivoque de participer de la part des syndicats des secteurs public et
parapublic aux affaires de l'institut, en fonction du mandat qui lui sera
confié par l'Assemblée nationale, de modifier, jusqu'à la
toute dernière minute, la composition pour retenir une hypothèse
d'une personne nommée à la majorité des deux tiers par
l'Assemblée nationale sans deux autres vice-présidents.
M. Paquette: M. le Président, on a pris bonne note de cet
engagement du ministre, mais puis-je lui souligner que c'est une attitude dans
le genre: je passe ma loi, si vous n'êtes pas d'accord pour vous
conformer à la loi, vous allez avoir un organisme gouvernemental et si
vous vous conformez à ma loi et si vous acceptez d'entrer dans le moule,
vous allez avoir un organisme paritaire. C'est une attitude qui a
été contreproductive dans le passé, à plusieurs
reprises, j'ai eu l'occasion de le vivre comme député
ministériel et même au Conseil des ministres. Je regrette que le
ministre ait maintenu le même genre d'approche et lance ce genre de
message. On ne peut que s'incliner, bien sûr, devant la majorité
ministérielle, mais je le regrette, encore une fois.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Moi aussi je trouve désolante
l'attitude, encore une fois, de la carotte et du bâton. Je pensais que le
ministre allait peut-être profiter de mon expérience passée
et de mes velléités et à certains égards, de mes
repentirs, mais cela n'a pas l'air de l'ébranler beaucoup. Cela dit, je
suis désolée qu'on continue dans exactement le même genre
d'esprit qui a présidé au négociation du
côté, peut-être, des deux parties, mais il me semble que si
on croit vraiment à une réforme, on devrait sans doute donner
l'exemple. C'est évident que le ministre n'est pas rendu très
loin dans le changement de mentalité que nous voulons amorcer.
Cela dit, il y avait, dans la proposition d'amendement du
député de Rosemont, la féminisation du mot
"président".
Le Président (M. Lachance): J'appelle l'article 5
maintenant.
M. Paquette: L'article 4 n'est pas adopté.
Mme Le Blanc-Bantey: Est-ce qu'on ne peut pas faire...
Le Président (M. Lachance): Adopté sur
division.
Mme Le Blanc-Bantey: Ah bon! II est trop tard pour faire
l'amendement pour féminiser les présidents et les
vice-présidents.
M. Clair: On en reparle à l'article 5...
M. Paquette: On peut le faire à l'article 5, puis par
concordance.
M. Beauséjour: M. le Président, sur ce sujet.
Le Président (M. Lachance): On aborde maintenant l'article
5.
M. Beauséjour: L'article 5, c'est justement sur les termes
de président et de vice-président. À la limite, je ne sais
pas si le fait que ce soit au masculin, ce n'est devenu une jurisprudence qui
fait, comme ils disent, que si c'est une personne de sexe féminin c'est
aussi bon.
Mme Le Blanc-Bantey: Bien non, parce qu'on a semblé qu'on
a dû...
M. Beauséjour: Au point de vue jurisprudence, je ne le
sais pas. Ce que je voulais dire, à la limite, ce qu'on pourrait faire
comme expérience, c'est de mettre tous les termes uniquement au
féminin pour un bout de temps.
Mme Le Blanc-Bantey: Ce n'est pas tout à fait ce que je
souhaite, mais ce serait un juste retour des choses.
M. Beauséjour: Pourquoi pas? À ce moment, avec un
usage d'un certain nombre de lois, les choses se corrigeraient peut-être
plus vite.
M. Pagé: M. le Président, si c'est une proposition
que fait notre révérend collègue, je suis prêt
à la débattre.
Le Président (M. Lachance): Je me demande même, M.
le député de Portneuf, si on est pertinent lorsqu'on discute de
cette chose.
M. Pagé: Mais rappelez à l'ordre l'honorable
député d'Iberville.
Mme Le Blanc-Bantey:... d'ordre est toujours pertinent.
Le Président (M. Lachance): Sur l'article 5.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: L'article 5 nour réfère à la
nomination du président et des deux vice-présidents par
l'Assemblée nationale. Il faudra les deux tiers de ses membres; non pas
de ses membres présents, mais de ses membres, ce qui veut dire que,
ultimement, l'Opposition officielle aura le droit de participer a la nomination
de ces personnes par l'appui qu'elle donnera ou qu'elle refusera à la
résolution présentée par le premier ministre.
J'aimerais demander au ministre responsable, quel est le délai
que vous nous donnerez entre l'adoption de la troisième lecture du
projet de loi et la résolution présentée par le premier
ministre pour procéder aux analyses requises et étudier les
candidatures que vous nous proposerez? Trop souvent, M. le Président,
ici à l'Assemblée nationale, cela arrive à la
dernière minute, comme un cheveu sur la soupe - comme on dit souvent
communément - et l'on n'a pas le choix, cela presse et c'est une urgence
dite nationale parce qu'avec ce gouvernement tout est national, soit dit en
passant. On doit nommer, cela presse, c'est urgent, tout le monde est
bousculé, les caucus n'ont pas le temps de se réunir, la Chambre
ajourne dans quelques heures et il faut, absolument, nommer ces personnes. Ou
encore, ce qui arrive souvent aussi, généralement à la fin
du mois de décembre, la petite résolution arrive,
présentée par le premier ministre la dernière
journée, on est consulté plus souvent qu'autrement le matin
même ou la veille au soir. Là il faut augmenter le salaire de
monsieur X qui occupe une fonction désignée par les deux tiers de
la Chambre d'environ 80 000 $ à 90 000 $. C'est toujours sur la fin des
sessions à la course et à la sauvette. (16 h 30)
Est-ce que le premier ministre... Je m'excuse, je ne voulais pas
confondre, on le voit tellement peu souvent qu'on prend à peu
près n'importe qui ou tout le monde pour le premier ministre. Est-ce que
le ministre pourrait s'engager à nous donner un délai raisonnable
entre la sanction du projet de loi et la nomination?
M. Clair: M. le Président, comme le député
de Portneuf est un peu canaille, je le serai moi-même.
Une voix: Un peu quoi? M. Clair: Un peu canaille.
M. Pagé: M. le Président, que d'insultes.
M. Clair: Je dirai au député de Portneuf que, quant
à moi, par rapport au 21 juin prochain, je souhaite avoir l'occasion, la
loi étant adoptée, de donner au moins sept jours au
député pour réfléchir aux personnes que je lui
recommanderais.
M. Pagé: Dois-je comprendre que vous voulez avoir le
projet de loi pour le 14 juin en troisième lecture, adopté et
sanctionné?
M. Clair: Ce que je veux simplement indiquer...
M. Pagé: Est-ce que vous croyez que notre bien-aimé
lieutenant-gouverneur sera ici à nous attendre vendredi prochain, qui
sera probalement aussi beau que celui d'aujourd'hui?
M. Clair: Mais quand je dis...
M. Pagé: Voyons donc! Cela va aller vers le 19, le 20 ou
le 21 à la limite. On pourrait peut-être suspendre quelques heures
pour le sanctionner pour revenir procéder aux nominations.
M. Clair:... que le député est un peu
canaille, c'est qu'il sait fort bien que ce n'est pas moi qui
contrôle la durée des débats et l'adoption de cette loi.
Une chose est certaine, je n'ai pas l'intention de le consulter avant que la
loi soit adoptée puisque je présumerais d'une décision du
Parlement.
M. Pagé: M. le Président.
M. Clair: Je n'aurais jamais osé faire cela, M. le
Président.
M. Pagé: Avez-vous entendu cela? S'il fallait que
j'utilise un qualificatif à l'égard des propos du ministre, cela
briserait la tradition...
M. Clair: De canaille aussi.
M. Pagé:... que je suis en train de développer en
voulant être très circonspect dans mes propos.
M. le Président, devons-nous comprendre de ce que le ministre
vient de nous dire qu'on ne sera pas consultés et qu'on ne pourra pas
prendre connaissance des personnes que le premier ministre entend proposer
avant l'adoption en troisième lecture? Vous nous avez confirmé
hier que votre magasinage était commencé. Il serait tout
indiqué...
M. Clair: Les réflexions sont commencées.
M. Pagé: Vous nous ferez part de vos réflexions et
de vos intentions au moins quelques jours avant la résolution
présentée à l'Assemblée nationale. C'est par souci
de contribution que je vous le signale et cela des deux côtés de
la Chambre. Les parlementaires en ont soupé des petites
résolutions qui arrivent à la sauvette à quelques heures
de l'ajournement. C'est toujours urgent, cela presse et on n'aime pas cela. Ce
serait la déférence élémentaire à
témoigner tant pour vos députés que pour nous et par
surcroît quand vous êtes obligé d'avoir notre appui si vous
voulez que cela passe.
M. Clair: M. le Président, au fond, le
député a raison. Je ne dois pas avoir beaucoup changé de
mentalité parce que ce que je ne comprenais pas, mais que je commence
à comprendre c'est que le député est en train de me dire
que la loi va être adoptée avant le 21 juin et qu'on va donc
pouvoir procéder à la nomination...
M. Pagé: M. le Président, vous savez pertinemment
que le ministre a le pouvoir et la majorité...
M. Clair: Alors, pourquoi le consulterais-je sur les nominations
éventuelles du mois d'octobre prochain? Ce serait trois ou quatre mois
d'avance. C'est trop long.
M. Pagé: M. le Président, le ministre et le
gouvernement ont le pouvoir d'imposer la guillotine en tout temps, tant pour
nos travaux ici que d'imposer... Pardon?
M. Clair: Je trouve cela très sanguinaire la
guillotine.
M. Pagé: Ah, quand on a comme principe que ceux qui sont
en avant de nous sont des canailles, on ne doit pas hésiter à
passer à la guillotine à l'occasion.
M. Clair: Alors, le député sait fort bien que quand
j'employais l'expression "canaille" c'était...
M. Pagé: La guillotine est régulièrement
utilisée ici. Elle l'a été plus souvent que jamais par le
gouvernement actuel et qui est en fin de mandat. Le ministre et le leader du
gouvernement pourraient facilement présenter une motion de clôture
de nos débats ici et une motion d'urgence pour limiter le débat
en troisième lecture, la prise en considération du rapport et la
troisième lecture, de sorte que si vous voulez votre projet de loi vous
pourrez l'avoir.
M. Clair: Alors, de façon plus sérieuse, M. le
Président, si le projet de loi est adopté, c'est effectivement
notre intention de le consulter et de donner un délai raisonnable compte
tenu de la date de l'adoption de la loi pour la nomination de ces
personnes.
M. Pagé: M. le Président, si le ministre avait dit
cela avant, on aurait gagné sept minutes.
M. Clair: Je pensais qu'il présumait; on est toujours
raisonnable.
M. Pagé: Nous vous connaissons. M. Clair: Nous aussi.
M. Pagé: Plus on se connaît, plus on
s'apprécie.
M. Clair: À notre juste valeur respective.
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Si je comprends bien, le premier mandat, M. le
Président, quand ces
gens-là vont entrer en fonction, c'est le gouvernement qui va
établir leurs conditions salariales, leurs conditions de traitement, la
rémunération et les avantages sociaux. Les autres personnes sont
régies par la Loi sur la fonction publique. Je suis persuadé que
le ministre... M. le Président, est-ce qu'on pourrait l'attacher
à son fauteuil?
M. Clair: Oui, vous disiez que?
M. Pagé: J'en étais à vous demander si vous
vous êtes fait un organigramme, un profil de la composition de
l'institut? Combien il y aura de personnels, combien il y aura de cadres,
combien il y aura de professionnels, combien il y aura de personnel de soutien,
quel sera le budget de fonctionnement? Est-ce que c'est fait? Si ce n'est pas
fait, qui va le faire et quand le fera-t-il? Est-ce que ce sera l'institut
lui-même lorsqu'il sera nommé, auquel cas il faudra, je
présume, qu'il prenne une partie du mois de juillet et probablement une
partie du mois d'août pour faire la sélection du personnel,
élaborer la structure, etc. ?
M. Clair: En ce qui concerne les organigrammes ou les budgets,
non, il n'y a pas de tels organigrammes qui ont été
préparés, non plus que de budgets. Ils seront
élaborés par l'institut et c'est sûr que nous mettrons
à la disposition des membres de l'institut, l'expertise dont le
gouvernement dispose pour faciliter la tâche à ces gens-là.
Maintenant, les employés de l'institut ne sont pas des membres de la
fonction publique, ils sont des employés de la corporation et ne sont
pas syndicables.
M. Pagé: Je serais d'accord pour qu'ils ne soient pas
syndicables. Est-ce qu'ils sont régis en termes de classification,
définition de tâche, traitement? Je présume qu'ils doivent
être alignés sur le secteur public. Ou serait-ce sur le secteur
privé?
M. Clair: J'imagine que l'institut appliquera à ses
employés les politiques qu'il...
M. Pagé: Cela va être régi comment?
M. Clair: J'imagine que l'institut voudra donner l'exemple et
procéder lui-même à une rémunération juste,
équitable par rapport à celle du secteur privé.
M. Pagé: D'accord. Est-ce qu'il y aura un directeur
général?
M. Paquette: M. le Président, les vice-présidents
qui ne font rien, comment allez-vous établir les critères?
M. Clair: Je trouve que le député de
Rosemont est très dur à l'égard de tous les
vice-présidents qui oeuvrent dans...
Une voix: Pour moi, il a déjà été
vice-président lui:
M. Clair: II n'y a pas d'organigramme qui est adopté par
la loi.
M. Pagé: Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'organigramme
d'adopté qu'on ne doit pas traiter de l'organisation et de la dotation
de ce personnel ici. Est-ce que dans l'esprit du ministre il y aura... D'abord
il y a un président-directeur général. Souventefois, si on
se réfère à d'autres secteurs de la fonction publique,
dès qu'un directeur général ou un directeur d'un service
quelconque est nommé, la première chose qu'il s'empresse de faire
c'est de se nommer deux adjoints lesquels, généralement, vont se
chercher deux adjoints eux aussi.
M. Clair: Compte tenu, M. le Président, de la taille
envisagée de l'organisme, je ne pense pas qu'il soit nécessaire
d'avoir un directeur général adjoint.
M. Pagé: D'accord. Si vous êtes capable de
préciser à ce moment-ci qu'il n'y aura pas de directeur
général adjoint, vous devez quand même être capable
de définir d'autres aspects de la structure de personnel.
M. Clair: Je n'ai pas dit qu'il n'y en aurait pas, j'ai dit: Je
pense que compte tenu de la taille de l'institut, on peut envisager qu'on
n'aurait pas besoin d'un directeur général adjoint. Encore une
fois, c'est l'institut qui préparera son organigramme, qui fera une
proposition de budget au ministre du Travail et le gouvernement
évaluera.
M. Pagé: C'est donc dire que le ministre crée un
institut qui est susceptible de dépenser jusqu'à 1 000 000 $ ou
de s'engager jusqu'à 1 000 000 $ de comptes à payer par
année sans avoir à demander la permission à quiconque et
le ministre ne connaît pas la grosseur, la lourdeur, la structure,
l'organigramme, qui va faire quoi? Ce sera laissé à monsieur le
président-directeur général et ses deux
vice-présidents qui seront nommés par l'Assemblée
nationale?
Vous allez convenir avec moi qu'avec des approches comme
celle-là, il ne faut pas se surprendre d'avoir des déficits. Ce
n'est pas de même que ça marche.
M. Clair: M. le Président, si on avait
proposé...
Mme Le Blanc-Bantey: Pourtant il est un président du
Conseil du trésor très rigide.
M. Clair: La députée a coûté cher, en
effet.
M. Paquette: M. le Président, le ministre fait un travail
remarquable comme président du Conseil du trésor. Je peux en
témoigner également.
M. Clair: Fort de cet éloge, M. le Président, d'un
de mes anciens collègues, je pense que c'est là une garantie
suffisante qui devrait rassurer le député de Portneuf.
Mme Le Blanc-Bantey:; Je comprends qu'il soit content.
M. Clair: Sérieusement, M. le Président, je pense
qu'on a envisagé cette hypothèse, dans la loi, de prévoir
que l'institut se financerait à même le fonds consolidé et
que ce seraient des crédits statutaires et non évalués,
non fixés à l'avance. On connaît les problèmes, si
ma mémoire est fidèle, dans certains organismes nommés par
l'Assemblée nationale, où il y a eu un peu de houle à
l'égard des coûts engendrés par une telle procédure.
Alors, on n'a pas voulu non plus dire que l'institut coûterait 1 500 000
$ par année point, en ne sachant pas à l'avance quelle serait
l'évolution de cet organisme. On a voulu faire confiance aux gens qui
seraient nommés par l'Assemblée nationale, aux personnes qui
seraient déléguées par la gouvernement et par les
syndicats du secteur public à savoir que la proposition qu'ils feraient
serait raisonnable, compte tenu du fait, encore une fois, que leur rôle
va être majeur. Je rappelle au député que l'écart
entre les offres patronales et les demandes syndicales, à chaque fois,
se chiffrait par milliards de dollars. Je pense que d'investir une couple de
millions de dollars par année, même si cela devait coûter
cela, pour rapprocher les parties et éviter des frustrations, des crises
sociales ou encore des débordements sur la capacité
financière du Québec de payer, ce serait de l'argent bien
investi, parole de président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Comme la confiance règne entre le
ministre et les associations de salariés, je me demande, à
l'article 5, si les associations de salariés refusaient de participer
à la consultation par exemple - prenons cette hypothèse - de la
même façon qu'elles pourraient refuser de participer à
l'institut, si c'est le gouvernement, de son propre chef, qui choisirait les
représentants des associations de salariés. Est-ce que le
ministre, par exemple, a pensé à une procédure quelconque
qui pourrait nommer une personne neutre comme le juge en chef du Tribunal du
travail ou quelqu'un d'autre qui pourrait, à ce moment-là,
trancher au cas où une association de salariés...
M. Clair: À l'article 5, il n'est pas question de laisser
un juge, quel qu'il soit, malgré tout le respect que j'ai pour eux,
trancher à la place de l'Assemblée nationale. Le gouvernement par
les juges, quant à moi, je suis opposé à ce type
d'orientation. La procédure qui est prévue ici, c'est une
procédure de consultation et je peux dire d'ores et déjà
que je ne dis pas "les" mais "des" syndicats des secteurs public et parapublic
vont accepter d'être consultés. C'est sûr que cette
procédure de consultation est beaucoup moins engageante que celle qu'on
retrouve à l'article 6. Si les syndicats des secteurs public et
parapublic s'entendent sur une courte liste... La députée sait
très bien comment cela fonctionne dans d'autres organismes où il
y a des nominations à partir de listes syndicales. Je ne pense pas qu'on
puisse dire que sur ces listes il y ait une marge de manoeuvre infinie pour le
gouvernement mais, dans le cas de l'article 5, ce dont on a voulu s'assurer
simplement, c'est qu'avant que l'Assemblée nationale, d'une part - je
commencerais plus loin -avant que le premier ministre propose à
l'Assemblée nationale des nominations sans qu'il soit lié par les
opinions des syndicats des secteurs public et parapublic, nous avons voulu
inscrire formellement une obligation de consultation. Le premier ministre n'est
pas lié par la consultation qu'il ferait. Je pense que c'est une marque
de déférence à l'égard des syndicats et des
associations patronales du secteur public mais, par ailleurs, c'est
l'Assemblée nationale elle-même qui dispose.
Mme Le Blanc-Bantey: Le premier ministre pourrait
suggérer, par exemple, deux vice-présidents issus du monde
patronal ou deux vice-présidents issus du monde syndical, sans
nécessairement que l'équilibre qui est souhaité
soit...
M. Clair: Techniquement, absolument. C'est l'Assemblée
nationale qui en jugerait. Soyez assurée que le premier ministre sera
sûrement sensible à l'argument que ces personnes devront,
intrinsèquement, être douées du maximum de
crédibilité personnelle dont quelqu'un peut jouir dans une
société. C'est évident que si l'on nommait trois
personnes... C'est évident que si on nomme l'ancien président de
la Fédération des commissions scolaires, l'ancien
président de l'Association des hôpitaux du Québec et
l'ancien président de la Fédération des cégeps, ces
personnes auraient beau avoir le plus grand talent du monde, leur
crédibilité personnelle risquerait d'être entachée.
On est conscients de ce genre de problème. Il n'y a
cependant pas d'engagement. L'article 5 ne lie pas le premier ministre
à dire: Je nomme un représentant patronal, un représentant
syndical et un deus ex machina pour la troisième personne. (16 h 45)
Mme Le Blanc-Bantey: Cela m'amène, M. le Président,
à poser une deuxième question et à faire un commentaire.
Autour du contexte actuel, compte tenu des sondages, le genre de situation
où on peut prévoir - c'est notre gouvernement, en fait, mon
ancien gouvernement, le gouvernement actuel qui est là, mais cela
pourrait se poser dans un autre contexte - une Assemblée nationale de
105 ou 110 députés. Donc, avec les deux tiers des membres, on
tient pour acquis que c'est le gouvernement avec sa majorité
ministérielle - on sait comment cela fonctionne dans l'actuel
système, je le respecte, j'ai fonctionné à
l'intérieur de ce système un certain nombre d'années... On
sait fort bien que l'Assemblée nationale, les membres
ministériels en tout cas sont, en général, tenus de voter
la proposition du gouvernement. À toutes fins utiles, il pourrait y
avoir une opposition qui n'aurait aucun mot à dire dans la nomination de
ces vice-présidents. Est-ce que vous avez réfléchi
à la possibilité de faire voter ces personnes à
l'unanimité de l'Assemblée nationale?
M. Clair: On n'a jamais envisagé cela, M. le
Président. Je dirai simplement à la députée des
Îles-de-la-Madeleine qu'en l'absence d'un régime de scrutin
proportionnel, notre régime demeure quand même
démocratique, mais peut, effectivement, conduire à des
résultats où un parti obtient plus qu'une majorité des
deux tiers de l'Assemblée nationale. Mais, cela ne veut pas dire pour
autant que ces personnes ne sont pas représentatives de la population.
Cela fait partie des travers du régime de scrutin dans lequel on
vit.
Mme Le Blanc-Bantey: Sauf que ce sont quand même - il faut
l'admettre, à ce moment-la - des nominations gouvernementales
entérinées par l'Assemblée nationale. Je crois que le
ministre pourrait -il n'est pas obligé de me répondre aujourd'hui
- accepter de réfléchir à la possibilité que ces
nominations, pour justement augmenter leur crédibilité, soient
requises à l'unanimité de l'Assemblée nationale.
Dernière...
M. Clair: Je dois dire à la députée,
cependant, sur la base de l'expérience... D'abord, accepter de
réfléchir è l'unanimité, ayant été
membre d'un gouvernement pendant bientôt six ans et membre de
l'Assemblée nationale depuis bientôt neuf ans, je serais,
personnellement, opposé à l'unanimité. Je pense qu'on ne
peut pas exiger l'unanimité. Cependant, ce que je lui rappelle,
probablement qu'elle a les mêmes souvenirs que moi, je ne me souviens pas
souvent qu'il y ait eu des cas de nominations aux deux tiers de
l'Assemblée nationale qui n'aient été, dans les faits, des
nominations à l'unanimité. Je pense, au contraire, que toutes les
nominations que nous avons faites ou à peu près ont
entraîné des nominations à l'unanimité des membres
présents et non pas l'unanimité des membres. Il pourrait arriver
qu'à l'unanimité, un membre, pour des raisons personnelles
politiques, veuille bloquer la nomination d'une personne. Je pense que cela
n'est pas souhaitable. La démocratie, cela ne veut pas
nécessairement dire l'unanimité non plus. Il y a un certain
pluralisme à respecter.
Mme Le Blanc-Bantey: Un dernier commentaire, M. le
Président. Je vois que c'est le gouvernement, par exemple, contrairement
à d'autres nominations, si ma mémoire est bonne, c'est
l'Assemblée nationale, c'est le gouvernement qui détermine la
rémunération, les avantages sociaux et les conditions de travail
de ces membres. Or, nous avons - je ne sais pas si la corporation retiendra ce
type de rémunération, c'est le gouvernement, de toute
façon - actuellement, dans le régime de
rémunération de nos cadres - je ne sais pas si vous l'avez
maintenu, je pense que oui, parce que le Conseil du trésor était
très friand de ce type de rémunération - une partie qu'on
appelle au mérite, donc où les membres, qui sont sous ce
régime, effectivement, ont des forfaitaires en fonction de
l'appréciation; cela peut être du secrétaire
général, des ministres ou, dans le cas des
vice-présidents, c'est le président qui fait cette
appréciation. Il m'apparaît que, dans un cas aussi
stratégique que celui-là, si la rémunération du
président et celle des vice-présidents soit fixée par le
gouvernement, cela lie, en partie, ces individus et cela les rend, en pratique,
un peu moins indépendants, quand on sait qu'une partie de sa
rémunération est liée à l'appréciation que
poseront ou des ministres ou d'autres personnes dans la structure
gouvernementale. Quant à moi, cela peut compter sur l'attitude ou sur
l'indépendance des gens en question. IL ne faut pas dire pour autant que
ces gens seront complètement soumis à leur question salariale et
à leurs conditions de travail. Mais c'est humain, c'est normal, quand on
travaille dans un organisme quelconque, de tenter d'être le mieux
perçu, finalement, de ceux de qui dépendra l'appréciation,
non seulement concernant le salaire, mais aussi en ce qui regarde les
références pour l'avenir. Je pense que, dans ce contexte, ce
serait plus prudent, puisque cela existe déjà
de toute façon. Je comprends que cela suppose - c'est la partie
peut-être la moins intéressante pour ces individus - que leur
salaire soit connu publiquement, mais cela existe de toute façon pour
beaucoup de présidents d'organismes, actuellement. Le système
veut qu'on vive avec cela et que, dans le fond, il y a plus d'avantages que
d'inconvénients. J'insisterais pour qu'il y ait un amendement et que ce
soit l'Assemblée nationale qui détermine la
rémunération et les avantages sociaux, tel que cela existe pour
d'autres cas.
M. Clair: M. le Président, je vous dirai là-dessus
que le risque que la députée évoque est réel, mais
il est quand même bien limité quand on sait la façon dont
fonctionne la rémunération des personnes de ce calibre dans de
tels postes. Je dois vous dire que, quant à moi, après le nombre
d'années qu'on a passées ici, j'ai toujours trouvé que
c'était un peu odieux que quelque cinq ou six personnes dans l'ensemble
de l'appareil public, parapublic, péripublic... Au-delà de la
publicité, n'importe qui, qui veut vérifier le salaire d'à
peu près n'importe qui, pourrait, à la limite, en
épluchant les comptes publics, reconstituer le salaire de quelqu'un,
mais j'ai toujours trouvé un peu odieux, quant à moi, que cinq ou
six personnes, parce qu'elles sont nommées à la majorité
des deux tiers de l'Assemblée nationale, doivent faire l'objet d'une
discussion entre les partis politiques à l'Assemblée nationale.
On sait que ces personnes sont toujours des personnes à des niveaux de
revenu élevés et que cela attire sur eux, je pense, une certaine,
comment dirais-je, c'est un double traitement. Le sous-ministre ou encore le
président d'Hydro-Québec, ou les présidents de SOQUIP, de
SOQUEM, de n'importe quelle société d'État ne font pas
l'objet d'une augmentation de salaire publique à l'Assemblée
nationale, à la majorité des membres de l'Assemblée
nationale. Je vous dis que, dans la normalité des choses, je ne vois pas
pourquoi on réserverait un sort différent à ces cinq ou
six personnes qu'on nomme ainsi. Si on voulait élargir cela à
l'ensemble des hauts fonctionnaires de l'État, quant à moi, je
verrais cela plus acceptable. Mais de dire qu'il y en a cinq ou six parmi une
couple de centaines, sous-ministres, sous-ministres adjoints, directeurs
d'hôpitaux, présidents de sociétés d'État,
d'organismes divers, les juges, etc., il y a seulement cinq ou six personnes
qui voient leur salaire adopté par l'Assemblée nationale à
chaque année, il me semble que ce n'est pas très juste et
raisonnable pour elles.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, en terminant, un
commentaire très bref. Je vais déposer un amendement
là-dessus. Je comprends que, effectivement, il n'y a pas grand monde. Il
y aurait peut-être avantage à en avoir plus. Sauf que le processus
de nomination à l'Assemblée nationale demeure, pour certains
postes stratégiques - par exemple, la Commission de la fonction publique
ou la commission des droits, etc. -que les personnes qui sont nommées le
soient avec le moins de partisanerie possible, ce qui est essentiel dans ce
type de responsabilité et, en plus, soient vues vis-à-vis de
l'Exécutif, je dirais, avec la plus grande neutralité possible et
les plus indépendantes possible. C'est la raison pour laquelle
l'Assemblée nationale les nomme, pour qu'ils aient à rendre des
comptes à l'Assemblée nationale et non à
l'Exécutif. Il est donc sain, en conséquence, que ces personnes
conservent la même indépendance et la même neutralité
vis-à-vis de leur rémunération, etc. Et malgré le
fait qu'il y a des inconvénients au régime, je le reconnais, j'ai
été la première à le remarquer, les mérites
de ce régime valent qu'on continue de le perpétuer. Dans ce
sens-là, M. le Président, formellement, je vais aller vous porter
un amendement.
M. Paquette: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, je pense que ma collègue, la députée des
Îles-de-Ia-Madeleine, vient de soulever un point de principe
important.
Une voix:... amendement.
M. Paquette: Est-ce qu'il y a un amendement qui est sur la table?
Ah bon!
M. Laplante: Bien oui, c'est votre collègue qui vient de
le présenter.
M. Paquette: Je vais attendre que vous le lisiez, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Alors, l'amendement se lit
comme suit: À l'article 5, remplacer le deuxième alinéa
par: L'Assemblée nationale détermine la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail de ces membres. Alors, en fait, si je comprends bien, Mme la
députée, c'est de remplacer le mot "gouvernement" par
"Assemblée nationale".
Mme Le Blanc-Bantey: C'est cela. C'est tout.
Le Président (M. Lachance): Sur la
recevabilité?
M. Laplante: J'ai un doute sur la légalité de cela.
C'est que ce ne serait pas un organisme de l'Assemblée nationale. C'est
un organisme gouvernemental de l'Assemblée nationale? Qui en est
responsable?
M. Clair: C'est le ministre du Travail qui sera chargé de
l'application de la loi.
M. Laplante: Ce n'est pas le président de
l'Assemblée nationale.
M. Clair: Mais au même titre. D'ailleurs, pour le
Protecteur du citoyen, c'est le ministre de la Justice sauf erreur qui est le
ministre responsable de l'application de la loi, et c'est la même chose
pour la commission des droits. Mais ce sont des personnes qui sont
nommées par l'Assemblée nationale pour garantir
l'indépendance de ces personnes.
Le Président (M. Lachance): Sur la
recevabilité?
M. Paquette: Non pas sur la recevabilité. Je pense
qu'à sa face même l'amendement est recevable. Il vise à
remplacer.
Le Président (M. Lachance): II est recevable.
M. Paquette: D'accord. On ne perdra pas de temps à
discuter de la recevabilité, surtout pas.
Je pense que le député de Bourassa plutôt que de
s'inquiéter de la recevabilité de l'amendement devrait
s'inquiéter de cette espèce d'anachronisme qui fait que des
fonctionnaires nommés par l'Assemblée nationale - je rappelle au
député de Bourassa que l'Assemblée nationale ce n'est pas
le gouvernement; c'est plus large, il y a aussi les députés de
l'Opposition...
M. Laplante: C'est pour cela que je voulais faire la
différence, M. le député de Rosemont, entre
l'Assemblée nationale qui est strictement à part sous sa
responsabilité d'organisme; c'est pour cela que je voulais m'assurer que
cet organisme ne tombait pas sous l'Assemblée nationale.
M. Paquette: Très bien. Je pense que l'objectif du
ministre, justement pour donner plus de crédibilité à
l'organisme, c'est d'en faire un organisme de l'Assemblée nationale, en
nommant un président et, malheureusement, deux vice-présidents
choisis et nommés aux deux tiers par l'Assemblée nationale. Donc,
c'est un organisme de l'Assemblée nationale mais dont l'administration
quotidienne va relever du ministre du Travail responsable de la loi, comme le
Protecteur du citoyen je pense est indirectement peut-être relié
à un autre ministère, mais peu importe. Le député
de Bourassa devrait plutôt s'inquiéter de l'absence de
responsabilité de l'Assemblée nationale face à ses propres
fonctionnaires, que soulève l'approche du ministre. Si
l'Assemblée nationale nomme des hauts fonctionnaires et fait en sorte
que ces organismes relèvent de l'Assemblée nationale, il est tout
à fait inacceptable que cette l'Assemblée se
désintéresse par la suite du fonctionnement et des conditions de
travail des personnes qu'elle nomme.
Je comprends que le ministre dise que c'est un peu odieux de voir des
hauts salariés dont le salaire est rendu public. Je pense que, lorsque
les gens acceptent d'être mis en nomination pour une telle fonction, ils
en acceptent les avantages et les inconvénients. L'avantage, c'est un
haut salaire et, l'inconvénient, c'est qu'il est public. On peut dire la
même chose, d'ailleurs, des membres du Conseil des ministres et des
députés. On peut discuter si ce sont de hauts salaires mais, dans
le cas des députés, je ne pense pas. Je crois que les ministres
travaillent très fort pour le salaire qu'ils gagnent également.
Mais tout cela est public parce que les ministres et les députés
sont nommés par le peuple et que le peuple a le droit de savoir combien
il paie ses représentants par rapport au travail que ceux-ci
fournissent. Il en est de même de la délégation que l'on
fait aux personnes qui sont nommées par l'Assemblée nationale et
qui, en quelque sorte, reçoivent un pouvoir délégué
directement par celle-ci. C'est le droit du public et c'est le droit des
membres de cette l'Assemblée de le savoir et de pouvoir intervenir.
M. le Président, j'aimerais que le ministre m'écoute, je
sens qu'il n'est pas sensible à cet argument. Alors, j'en ai un autre.
On peut suspendre aussi.
Une voix:...
M. Paquette: Ah bon, j'ai mal interprété. Mon
argument commence à ébranler très sérieusement le
ministre.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, puis-je vous poser une question puisque ce que vous dites
m'intéresse? J'imagine que si votre amendement était
accepté à l'Assemblée nationale, par extension, ce serait
le Bureau de l'Assemblée nationale qui aurait la mission de donner suite
ou de vous faire des propositions? (17 heures)
M. Paquette: M. le Président, je pense que dans le cas des
organismes, il y a quand même un rôle du gouvernement qui existe,
qui fait des propositions. Cependant, au minimum dans le cas d'organismes
soumis à l'Assemblée nationale, il y a au moins discussions par
les députés et ceux-ci peuvent confier l'étude à un
organisme qui relève d'eux. Cela peut être le Bureau. Je ne veux
pas entrer dans ces détails, M. le Président. Vous connaissez
cela beaucoup
mieux que moi parce que vous siégez à la commission de
l'Assemblée nationale; je pense, en tant que président de
commission. Vous êtes mieux placé que moi pour vous prononcer sur
cette question. J'en avais simplement au fait qu'il n'est pas du tout odieux,
au contraire essentiel, que les conditions de travail, la
rémunération de personnes, nommées surtout aux deux tiers
par l'Assemblée nationale, soient soumises au bon jugement de
l'Assemblée nationale.
D'autant plus - et je pense que cet argument va peut-être
ébranler davantage le ministre - qu'on a dit tout à l'heure que
les trois personnes ne seraient pas nécessairement à temps plein,
qu'il n'y avait pas du travail pour un président à temps plein et
des vice-présidents aussi à temps plein. Peut-être un
président à temps plein, mais peut-être, si possible, en
tout cas je l'espère, des vice-présidents à temps partiel,
d'autant plus que ces vice-présidents ne sont nommés que comme
soupape pour le ministre au cas où les centrales syndicales ne
participeraient pas à l'institut.
Je n'aimerais pas que le gouvernement nous arrive, sans qu'on ait un mot
à dire, avec trois personnes à temps plein, pleinement
rémunérées avec des salaires de 50 000 $, 60 000 $ et 70
000 $. Évidemment, peut-être que, du point de vue gouvernemental,
ils se disent: On aimerait bien avoir cette responsabilité. Mais comme
ce sont des gens nommés par l'Assemblée nationale, je pense que
l'Assemblée nationale, à cause du caractère particulier
rattaché au poste de vice-président, devrait pouvoir
vérifier, s'assurer et même obtenir que, à moins qu'il n'y
ait une solide démonstration du gouvernement étayant
l'argumentation, ces vice-présidents ne soient pas à temps
plein.
On parle de rémunération, d'avantages sociaux, d'autres
conditions de travail. C'est cela qui nous avait donné l'impression,
à première vue, que ces trois personnes seraient à temps
plein, mais le ministre nous a dit pas nécessairement. Je pense que
l'Assemblée nationale devrait en juger. À mon avis, absolument
rien ne s'oppose à ce qu'on adopte l'amendement de ma collègue
des Îles-de-la-Madeleine. Au contraire, pour des raisons de
responsabilité de l'Assemblée nationale, de bonne information du
public qui a le droit de savoir et de contrôle, par les membres de
l'Assemblée nationale, du caractère limité des fonctions
des vice-présidents, on devrait adopter cet amendement.
M. Pagé: M. le Président, sur l'amendement.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Comme on le sait, le gouvernement a introduit une
disposition voulant que les trois, le président et les deux
vice-présidents, doivent être nommés par l'Assemblée
nationale aux deux tiers pour conférer davantage d'indépendance,
pour démontrer que leur nomination est en quelque sorte ratifiée
par les deux tiers des élus siégeant à l'Assemblée.
Cette nomination par l'Assemblée est susceptible d'être beaucoup
plus crédible qu'une nomination pure et simple par le premier
ministre.
Cependant, au premier alinéa, on indique qu'ils sont
nommés par les deux tiers de la Chambre; au deuxième
alinéa, c'est le gouvernement qui les paie; c'est le gouvernement qui
établit leurs conditions de traitement, de rémunération et
de travail. Il est fréquent que les personnes appelées à
occuper une fonction donnée qui requière la désignation
par les deux tiers des membres de la Chambre, voient leurs conditions de
rémunération établies par l'Assemblée nationale.
Qu'il nous suffise de nous référer au Protecteur du citoyen!
Combien de fois devait-on, à la sauvette, augmenter son salaire de 80
000 $ à 80 000 $ et X! Et il y a les autres.
Si le président du Conseil du trésor veut vraiment fermer
la boucle sur le rôle à jouer par l'Assemblée nationale, il
doit accepter cet amendement.
M. Clair: Tout ce que je peux...
M. Pagé: Le gouvernement s'assure que ces personnes soient
nommées par l'Assemblée nationale, mais, une fois qu'elles sont
nommées - je ne dis pas qu'elles le seront - elles seront
peut-être sujettes au bâton gouvernemental pour déterminer
leurs conditions de rémunération, d'augmentation de traitement,
si jamais il fallait que les rapports ou les conclusions de leurs études
ne fassent pas son affaire. On a eu l'expérience du président du
Conseil supérieur de l'éducation qui a commis le
péché combien odieux de critiquer. Il s'est retrouvé sous
d'autres cieux.
M. Paquette: II y a eu la présidente de la Commission des
droits de la personne qui s'était prononcée contre la loi 111,
à un moment donné. Cela n'a pas fait l'affaire du
gouvernement.
Mme Le Blanc-Bantey: La présidente de la Commission des
droits de la personne.
M. Pagé: C'est cela, la présidente de la Commission
des droits de la personne. Son avis n'a certainement pas fait plaisir au
gouvernement, et on sait ce qui est arrivé par la suite.
M. le Président, si on veut vraiment garantir et mieux certifier
cet aspect de
l'indépendance des personnes désignées, il serait
souhaitable que l'amendement proposé par la députée des
Îles-de-la-Madeleine soit adopté. Cela ne ferait de mal à
personne.
M. Clair: Je n'ai pas d'autres arguments, M. le Président,
que de dire simplement que des centaines d'autres personnes qui, dans
l'administration publique, se retrouvent au même niveau de salaire ou
parfois même supérieur, ne sont pas soumises à une
procédure de ce genre. C'est de la discrimination, c'est le
caractère discriminatoire de la mesure à l'égard de ces
quelques personnes qui sous-tend la proposition de l'article 5, au
deuxième paragraphe, tel qu'il est là. Je dois vous dire qu'une
chose est certaine aussi, cela nuit au recrutement des personnes. C'est
évident, cela nuit au recrutement des personnes. D'abord, le genre de
personnes qu'on va recruter, ce sont des personnes déjà bien en
vue ou qui réussissent financièrement leur vie et qui sont
habituées à la confidentialité du ministère du
Revenu. La plupart du temps, vous leur proposez un emploi qui n'est pas
beaucoup mieux rémunéré, quand, bien souvent, ce n'est pas
à la baisse par rapport à ce qu'elles ont dans le secteur
privé.
M. Pagé: Elles n'ont pas un "gun" ici, non?
M. Clair: Et vous leur dites en plus: Comme récompense,
vous ferez l'objet d'une procédure exceptionnelle, c'est-à-dire
que, le jour où vous serez nommé, ce sera surtout votre salaire
qui va attirer l'attention et non pas vos qualités. Je pense qu'on
reconnaîtra que cela a ses limites à cet égard.
M. Pagé: M. le Président, si le ministre...
M. Clair: Je n'ai pas interrompu le député; je
voudrais bien pouvoir parler. Ce que je perçois bien cependant, par
ailleurs, c'est qu'il y a des arguments qui militent en faveur d'une telle
proposition. C'est la situation actuelle pour plusieurs. Sans prendre
d'engagement, est-ce que les députés seraient
intéressés par une formule qui prévoirait le
dépôt à l'Assemblée nationale du contenu, non pas du
règlement, mais de la décision déterminant la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail de ces membres?
Mme Le Blanc-Bantey: Est-ce que je peux intervenir
là-dessus maintenant?
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Iberville.
Mme Le Blanc-Bantey: Ah! D'accord.
M. Beauséjour: M. le Président, je voudrais savoir
du ministre - en prenant comme exemple le Protecteur du citoyen, vu qu'on
ratifie dans un certain sens son salaire à l'Assemblée nationale
- si on détermine les avantages sociaux et les autres conditions de
travail de ces membres à l'Assemblée nationale.
M. Clair: Je n'ai pas la loi avec moi. Je l'ignore. J'imagine que
oui, M. le Président. Cela doit être une formule assez
standard.
M. Beauséjour: Cela veut dire que...
Mme Le Blanc-Bantey: On a déjà parlé du
régime de retraite de certains de ce3 membres à
l'Assemblée nationale, je crois que oui.
M. Clair: Pardon?
Mme Le Blanc-Bantey: II me semble qu'il nous est arrivé de
discuter des régimes de retraite de quelqu'un, à un moment
donné, à l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Qui?
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne m'en souviens pas. C'est vous qui avez
soulevé la question. Vous devriez vous le rappeler.
M. Pagé: De?
Mme Le Blanc-Bantey: Justement, c'est vous qui avez
soulevé tout un débat à l'époque.
M. Clair: C'est vrai, je m'en souviens.
M. Pagé: Vous parlez de qui? Des membres de
l'Assemblée nationale ou des personnes nommées?
Mme Le Blanc-Bantey: Des personnes nommées.
M. Pagé: Ah oui! Il est fréquent que
l'Assemblée nationale soit saisie de cela par une résolution du
premier ministre. Le premier ministre a déjà dit...
Mme Le Blanc-Bantey: Les avantages sociaux aussi.
M. Pagé:... par une résolution je nomme telle
personne à telle condition de rémunération et on lui
octroie trois ou quatre ans pour sa retraite. C'est déjà
arrivé.
Mme Le Blanc-Bantey: Oui.
M. Clair: La question du député
d'Iberville était celle-là, c'était de savoir...
M. Pagé: Oui.
M. Clair:... si le libellé était exactement le
même. Je penserais que oui. Cela doit être une formule
standard.
M. Pagé: Une résolution.
M. Clair: Je dois vous dire que ce n'est pas dans
l'intérêt du gouvernement qu'on propose une telle disposition.
Entendons-nous bien, le gouvernement, quant à lui, n'a aucun
intérêt, ni dans un sens ni dans l'autre. Simplement, c'est qu'en
termes de recrutement, c'est sûr que recruter quelqu'un dans la fonction
publique dans cette strate de revenu, c'est difficile. Comme président
du Conseil du trésor, je peux le dire, oui, c'est difficile, parce que,
pour un certain nombre de cadres supérieurs du gouvernement, la
rémunération est moins avantageuse dans le secteur public qu'elle
ne l'est dans le secteur privé. Cela devient difficile de recruter pour
certains postes, surtout dans les plus hauts niveaux, parce que l'entreprise
privée rémunère mieux, les sociétés
d'État également. Quand on donne comme récompense, en plus
d'être soumis à une procédure purement discriminatoire
seulement pour cinq ou six personnes, de se faire nommer et de faire fixer son
salaire, ses frais de déplacement, ceci et cela par l'Assemblée
nationale, cela n'aide pas à recruter.
Cela étant dit, M. le Président, si cela peut avancer le
débat, je peux accepter d'y réfléchir, d'en reparler
à mes collègues. Mais je crois d'ores et déjà,
cependant, qu'il va s'agir d'une position gouvernementale assez ferme
là-dessus, non pas par intérêt pour le gouvernement, mais
plutôt pour les personnes qui sont nommées. j'accepterais de
reconsulter le Conseil des ministres sur cette question.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
de Portneuf, des Îles-de-la-Madeleine et, ensuite, M. le
député de Portneuf.
Mme Le Blanc-Bantey: Je n'ai pas compris, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Je comprends qu'il veuille féminiser, mais
quand même.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, je veux revenir sur
un certain nombre d'arguments parce que je vois qu'avec le temps le ministre
s'assouplit, il accepte au moins d'aller proposer la nuance au Conseil des
ministres. C'est un bon présage, c'est un bon signe. Cela dit, je trouve
que, même s'il y a des inconvénients, la difficulté de
recrutement n'en est pas un. Je comprends - le ministre se le fait dire souvent
et moi aussi, je me le suis fait dire quand j'étais ministre de la
Fonction publique - c'est vrai que cela peut éviter le recrutement d'un
certain nombre de personnes, mais en général on réussit
quand même dans la fonction publique québécoise compte
tenu, non seulement des salaires, mais des conditions du travail, etc.,
à recruter des personnes de très grande compétence. La
preuve, c'est qu'il faut admettre qu'on a une haute administration
compétente dans la fonction publique au Québec, même si
j'ai toujours entendu beaucoup de gens dire que c'était moins payant que
le secteur privé.
Cela dit, la procédure exceptionnelle -le ministre dit
discriminatoire; je ne dirais pas discriminatoire, je dirais exceptionnelle -de
fixation de rémunération, etc., est liée à la
procédure exceptionnelle de nomination. Il ne faut jamais que le
ministre perde cela de vue. La procédure exceptionnelle de nomination
vient, encore une fois, pour accentuer et pour créer
l'indépendance des individus en cause vis-à-vis de
l'exécutif compte tenu des positions stratégiques qu'ils
occupent, viscéralement stratégiques, pour leur permettre de
faire leur travail au mieux de leurs connaissances, en conscience et sans
être liés d'aucune façon avec l'exécutif. C'est la
raison pour laquelle c'est tout à fait normal, cela va de soi que la
rémunération et le reste viennent aussi de cette même
procédure. Je comprends que c'est agaçant, le ministre le dit.
C'est exactement ce que j'ai pu me faire dire quand j'étais au
gouvernement, mais je continue de croire que cette procédure
exceptionnelle est nécessaire, encore, et qu'elle a plus d'avantages que
d'inconvénients.
Cela dit, le ministre a suggéré à un moment
donné qu'il dépose les salaires ou la rémunération
en Chambre. Cela ne règle pas la question parce que ce n'est pas
strictement une question d'information; on les connaît, les salaires, on
n'a pas besoin de se les faire déposer. Ce qu'on veut, c'est que les
personnes en question ne se sentent aucunement liées par une
appréciation que des supérieurs de l'exécutif pourraient
poser sur eux.
M. Clair: M. le Président, si Mme la députée
veut venir avec moi consulter le
Vérificateur général, le Protecteur du citoyen, le
président de la Commission des droits de la personne, etc., on peut
aller le faire ensemble, elle pourrait être surprise de leur opinion.
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne vous dis pas qu'ils ont...
M. Clair: En tout cas, jamais sous notre gouvernement, mais je
prendrais même le risque de dire sous le gouvernement
précédent, à l'égard de ces personnes qui
jouent un rôle fondamental, jamais un gouvernement n'a osé essayer
d'aller barguigner sur le salaire de la personne pour orienter une de ses
décisions au niveau du Vérificateur général, du
Directeur général des élections, du président de la
Commission des droits de la personne. Joli scandale! Voyons doncl C'est
prêter des intentions aux hommes et aux femmes politiques, M. le
Président.
Mme Le Blanc-Bantey: Selon la procédure, pour l'ensemble
de ces gens-là, la rémunération est encore fixée
par l'Assemblée nationale. Vous les nommez justement à un certain
nombre de postes dont la rémunération est fixée par
l'Assemblée nationale. Cela dit, je comprends fort bien que ces
personnes ne sont pas intéressées pour des raisons que je peux
respecter et comprendre, mais jusqu'à aujourd'hui cela ne nous a pas
empêcher de les recruter et cela ne nous empêchera pas d'en
recruter dans l'avenir.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, en terminant. J'ai
été ministre du Revenu et il y avait un article, l'article 69, de
la Loi sur le ministère du Revenu qui garantissait la
confidentialité des données, des revenus des personnes. J'ai
été ministre responsable de la Régie de l'assurance
automobile et il y avait un article, l'article 55, si ma mémoire est
fidèle, qui garantissait la même chose. C'est à peu
près dans toutes les lois. (17 h 15)
II y a même une Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels qui,
à mon sens, ne va pas du tout dans le sens que soutient Mme la
députée, à savoir que ce n'est pas une règle de
notre société que les salaires des personnes soient une
donnée publique pour l'ensemble des citoyens. Je pense qu'il faut
d'excellentes raisons pour y déroger et, à ma connaissance, je
pense que le seul inconvénient qui a résulté
jusqu'à maintenant de cette façon de procéder, cela a
été un traitement inéquitable d'une demi-douzaine de
personnes par rapport à des centaines d'autres. C'est ce qui est
vicié dans ce mécanisme-là. C'est inéquitable pour
ces cinq ou six personnes.
Le danger que le gouvernement essaie de zigonner - passez-moi
l'expression - avec une personne pour obtenir une décision dans tel ou
tel sens pour 2000 $ d'augmentation de salaire, je ne vois pas que cela puisse
se produire. Que quelqu'un puisse se déshonorer à ce
point-là, quant à moi, je ne l'envisage même pas. Il
faudrait que les gouvernants en général soient descendus bien bas
pour s'amuser à cela.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le ministre nous indique
qu'on ne devrait pas adopter l'amendement proposé, entre autres parce
que, à ce moment-là, la rémunération, les
conditions de travail, les avantages sociaux, etc., seraient connus du public
et que ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant pour une personne
qui s'apprête à occuper une fonction de premier rang, si je peux
utiliser le terme. Ce sont l'argent et les impôts des citoyens.
M. Clair: C'est la même chose pour le président
d'Hydro-Québec et pour...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, mais je n'ai
pas interrompu le ministre.
M. Clair: Oui, je m'excuse.
M. Pagé: Le salaire des ministres est public; le salaire
des députés est public; le salaire des juges est public; le
salaire des fonctionnaires aussi, mais non pas nommément. Toute personne
au Québec peut savoir, si un inspecteur passe chez elle, quel salaire
gagne cette personne parce que ce sont des conventions collectives. C'est
public et c'est su et connu de tous les citoyens.
M. le Président, que ce soit le Vérificateur
général qui est nommé ici même par
l'Assemblée nationale, son niveau de rémunération est
public; le président d'Hydro-Québec, son niveau de
rémunération est public; tout député élu,
représentant de la population, peut savoir en tout temps le niveau de
rémunération alloué au président
d'Hydro-Québec.
Le ministre dit que ce n'est pas agréable. C'est vrai que ce
n'est pas agréable de déposer cela sur la place publique et,
quand la personne ainsi nommée entre chez elle le vendredi soir, que son
voisin de maison apprenne par Normand Girard ou à Radio-Canada qu'elle
vient d'être nommée à telle fonction et occupe un poste
à environ 80 000 $. Cela fait partie des règles du jeu, puis je
n'ai jamais vu une personne encore refuser une nomination parce qu'elle savait
que son salaire était connu publiquement. Puis, le ministre nous dit: On
ne les nommera pas à l'Assemblée nationale; on va les nommer au
gouvernement, mais le gouvernement s'engage - on sera peut-être
disposé - à déposer à l'Assemblée nationale
leurs conditions de salaire. À ce moment-là, cela devient un
document public. Je ne vous comprends pas.
M. Clair: Je ne m'y suis pas engagé; j'explorais
simplement, M. le Président.
M. Pagé: D'accord.
M. Clair: Mais ce que j'indique, c'est la procédure qui
est exceptionnelle. Les autres, cela ne fait pas l'objet d'un débat
à l'Assemblée nationale, d'une résolution.
M. Pagé: M. le Président, c'est sur le
caractère public du niveau de rémunération, mais il y a
aussi l'autre élément. Si la personne est nommée par
l'Assemblée nationale, ses conditions de rémunération
doivent être établies par la personne qui la nomme et auquel cas
ce serait l'Assemblée nationale. Le ministre a évoqué - et
je termine là-dessus, puis je lui demanderais d'être bien attentif
- la possibilité d'y réfléchir. Le ministre pourra dormir
là-dessus en fin de semaine. Il est déjà 17 h 20 et on
pourrait très certainement d'emblée reprendre lundi après
la période des questions, soit vers 16 heures. Je suis persuadé
qu'il arrivera mieux disposé qu'il ne l'est, s'étant
reposé un peu en fin de semaine et ayant réfléchi à
l'ensemble de cette question. S'il est mieux disposé, je présume
que nos collègues de ce côté-ci de la Chambre seront
probablement plus disposés à accélérer le
processus. Si la coopération s'installe de part et d'autre, cela ira
peut-être mieux la semaine prochaine.
M. le Président, je suggère qu'on mette fin à nos
travaux.
M. Paquette: A cet effet, je dots signaler au ministre que le
fait d'avoir retenu notre amendement sur un point, bien sûr, mineur qui
est la dénomination de l'institut nous a permis d'adopter, je pense,
quatre articles aujourd'hui.
M. Clair: M. le Président, je suis disposé à
continuer. La commission a comme mandat de siéger jusqu'à 18
heures.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: On voit dans le rapport des comptes publics
beaucoup de fonctionnaires, leur salaire et le reste. Est-ce que cela veut
dire, de la façon dont c'est écrit dans cet article, que cela
paraîtrait aussi dans les comptes publics?
M. Clair: J'imagine, M. le Président. Une voix:
Oui.
M. Clair: Probablement, j'imagine. C'est pour cela que j'indique
que ce qui est exceptionnel, c'est la procédure.
M. Pagé: Ce n'est pas le livre de chevet de beaucoup de
gens au Québec, cela.
M. Laplante: C'est une motion qui est sujette à un
débat à l'Assemblée nationale.
M. Clair: M. le Président, je propose qu'on passe à
l'article 6.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que cela signifie que
vous suspendez l'article 5?
Mme Le Blanc-Bantey: L'article est suspendu?
M. Clair: Oui. J'ai dit que j'acceptais d'y
réfléchir.
Mme Le Blanc-Bantey: D'accord.
M. Paquette: Peut-être un dernier argument pour le
ministre, vraiment très bref puisque l'article est suspendu et que je
suis d'accord.
M. Pagé: Le ministre propose qu'il soit suspendu. Cela
peut devenir débattable pour dix minutes.
M. Paquette: D'accord, mais on ne le débattra pas.
M. Pagé: On pourrait aller jusqu'à 17 h 45 et,
à 17 h 45, on pourrait présenter une motion d'ajournement de dix
minutes.
M. Paquette: Je suis en désaccord avec cela parce que, si
on veut que le ministre réfléchisse davantage à sa loi, il
n'est pas mauvais qu'il suspende des articles pour les regarder plus à
fond.
M. Pagé: Oui, mais on calcule qu'il serait peut-être
aussi bien d'ajourner tout de suite.
M. Beauséjour: II faudrait que l'Opposition s'entende,
là.
M. Paquette: M. le Président, il n'y a pas une Opposition.
Je ne sais pas si le député l'a remarqué, mais il y a deux
Oppositions. Parfois, quand nos arguments sont solides, il arrive qu'on partage
les mêmes opinions, mais ce n'est pas nécessairement toujours le
cas.
Une voix: Vous avez voté contre la loi tous les deux,
en...
Le Président (M. Lachance): J'appelle l'article 6,
l'article 5 étant suspendu.
M. Paquette: D'accord. Je voudrais simplement ajouter ceci. Je
pense que le ministre a avantage, s'il ne veut pas que son organisme apparaisse
comme un organisme gouvernemental - c'est pour cela qu'il veut faire nommer le
président et les vice-
présidents par l'Assemblée nationale - à sortir le
gouvernement des nominations. Il a une belle occasion de le faire. Je souhaite
que le ministre y réfléchisse et je suis d'accord pour suspendre
l'article.
M. Pagé: On va le suspendre sans débat, M. le
Président, bien inspirés comme nous le sommes.
Le Président (M. Lachance): L'article 6?
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Est-ce que
l'article 6 est adopté?
Mme Le Blanc-Bantey: Non. Je poserai des questions.
Le Président (M. Lachance): Combien d'amendements?
M. Pagé: On en a au moins jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Lachance): Oui, Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: J'ai un certain nombre de questions.
Après, je verrai s'il y a des amendements. Vous dites: Six i de ces
membres sont choisis parmi les personnes dont les noms apparaissent (... ) par
les associations de salariés et les groupements d'associations de
salariés et, entre autres, vous faites allusion à ceux qui sont
accrédités selon la Loi sur la fonction publique. Comment
déterminer les six associations de salariés? On sait, par
exemple, qu'il y a trois ou quatre grandes centrales syndicales. Il y a,
à l'intérieur de la fonction publique, deux syndicats. Il y a,
dans le réseau hospitalier, des syndicats d'infirmières, etc.
Comment avez-vous pensé procéder parmi tout cet ensemble
d'associations de salariés concernés par la loi? J'imagine que
c'est 18, 19 parce que c'est cela qu'il y a actuellement dans la coalition.
M. Clair: Nous allons fonctionner par la diversité, la
proportionnalité et la représentativité.
Mme Le Blanc-Bantey: Autrement dit, si j'ai bien compris, cela
voudrait dire qu'un syndicat qui a, par exemple - je ne sais pas 100 000
syndiqués va y être automatiquement, alors qu'un syndicat qui a un
moins grand nombre de syndiqués, mais qui peut, par ailleurs,
représenter des salariés qui méritent d'avoir leur point
de vue... Je n'ai jamais tenu pour acquis qu'il ne fallait écouter que
ceux dont le rapport est le plus fort ou qui sont les plus nombreux. Au
contraire, je trouve que c'est aussi une attitude qu'on a eue
traditionnellement, qui n'était pas nécessairement
équitable pour l'ensemble des syndiqués. Je peux prendre, par
exemple, des petits syndicats comme les syndicats d'agents de la paix. Au nom
de quoi ces gens, dans un processus comme celui-là, pourraient n'avoir
rien à dire, alors qu'on nommera peut-être d'autres centrales
syndicales qui n'ont pas de ce type de syndiqués qui ne sont pas
mandatées, non plus, pour défendre leurs intérêts?
Si c'est ainsi que vous procédez, cela m'apparaît donc, en
partant, une attitude qui risque d'être parfaitement inéquitable
pour un certain nombre de salariés.
La même question s'applique aux organismes ou aux gens qui
pourraient être nommés parmi les salariés les plus
représentatifs du secteur privé. Cela sera basé sur quoi?
Dans le secteur privé, il y a de nombreux organismes syndicaux qui
représentent de nombreux travailleurs. Qui va avoir la chance de gagner
le gros lot, d'avoir son mot à dire? Comment allez-vous procéder?
C'est la même chose pour les organismes les plus représentatifs
des employeurs. C'est aussi simple que ce que vous avez dit tout à
l'heure quant à la proportionnalité.
M. Clair: C'est ce que j'ai indiqué. On va s'inspirer de
trois grandes règles, dont celle de la diversité pour tenir
compte, justement, de ce que la députée évoque, à
savoir que ce n'est pas parce que des syndicats sont moins nombreux qu'ils
n'ont aucune voix au chapitre. Par contre, on doit tenir compte d'une certaine
proportionnalité. Si la députée est en train de me dire
qu'il devrait y avoir, sur six membres représentant les syndicats du
secteur public, cinq représentants des petits syndicats et un
représentant de la CSN, par exemple, qui est la centrale qui compte le
plus grand nombre de représentants, le plus grand nombre de
salariés syndiqués dans les secteurs public et parapublic, je
pense que ce serait injuste.
On ne pouvait pas, non plus, envisager si ma mémoire est
fidèle, c'est 19 syndicats qui faisaient partie du regroupement des
syndicats des secteurs public et parapublic, si on voulait conserver le
caractère paritaire, on passait à 38 représentants et, si
on voulait ajouter un facteur de proportionnalité, on passait
probablement à une cinquantaine finalement, de mener une
assemblée avec autant de représentants. Cela n'aurait pas eu
d'allure. On va essayer de tenir compte dans les nominations, effectivement,
des principes de représentativité, de diversité, de
l'importance des syndicats et aussi d'une
certaine proportionnalité.
Mme Le Blanc-Bantey: Je vais laisser la parole à d'autres,
pour le moment; je vais réfléchir.
M. Clair: En souhaitant, bien sûr, que les syndicats des
secteurs public et parapublic, entre eux, puissent soumettre des listes qui
soient, je dirais, le plus en accord les unes avec les autres.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le ministre nous dit que
les personnes seront désignées avec l'objectif de
proportionnalité - c'est beau cela - en disant que tous les syndicats ou
les groupes devront être représentés. Il va en nommer
seulement six, là. C'est certain qu'il y aura quelqu'un de la CSN, c'est
certain qu'il y aura quelqu'un de la CEQ. Par exemple, le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux qui représente un groupe de travailleurs
assez appréciable, est-ce que, dans votre esprit, il devra être
représenté?
M. Clair: M. le Président, cela dépend des listes
qui seront soumises.
M. Pagé: D'accord. Si vous n'avez que six noms sur la
liste, qu'allez-vous faire?
M. Clair: À ce moment, je présume que, s'il n'y
avait que six noms sur la liste, c'est que tous les syndicats des secteurs
public et parapublic se seraient entendus sur une seule et même liste.
Comme on dit que "six de ces membres sont choisis parmi les personnes dont les
noms apparaissent sur des listes dressées par des associations de
salariés", cela voudrait dire que toutes les associations de
salariés s'entendent pour soumettre une même liste.
M. Pagé: Elles s'entendent. Vous seriez satisfait et vous
proposeriez, nécessairement, ces six personnes?
M. Clair: Je pense que le gouvernement n'aurait pas beaucoup le
choix.
M. Pagé: D'accord. La FTQ?
M. Clair: C'est le même principe qui vaut pour tous. Je
vais vous poser la question autrement: Quelle serait la solution?
M. Pagé: Vous nous dites que vous avez des critères
comme la proportionnalité, la représentativité et...
M. Clair: La diversité.
M. Pagé:... la diversité. Je vous demande bien
concrètement: Dans votre esprit, est-ce que la FTQ va être
représentée ou non? Vous devez le savoir.
M. Clair: J'imagine qu'il serait normal que les principaux
syndicats des secteurs public et parapublic, en termes de nombre, aient au
moins un représentant. Maintenant, tout dépend s'il y a diverses
listes très différentes ou si les listes comportent un même
nombre de noms et qu'il y a une entente entre les syndicats des secteurs public
et parapublic quant aux nominations. Dans le fond, c'est un peu le même
processus, sauf erreur, que celui qui existe déjà à la
CSST. Comme on ne peut pas nommer un représentant de tous et chacun des
syndicats, c'est évident, à ce moment, qu'il y a un certain choix
qui doit se faire et que c'est souhaitable que les syndicats des secteurs
public et parapublic, autant que possible, s'entendent entre eux.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Pagé: Pourquoi y a-t-il un mécanisme
différent pour les travailleurs, pour les salariés et pour les
interlocuteurs patronaux? (17 h 30)
M. Clair: Essentiellement, parce qu'en ce qui concerne les
associations patronales, nous voulons uniquement les consulter, parce que les
personnes qui seraient désignées par le gouvernement ne seraient
pas des personnes parlant sur les questions de rémunération au
nom des associations patronales; elles parleraient au nom du gouvernement, mais
en tenant compte du point de vue des associations patronales. Les associations
patronales qui ont défilé devant nous nous ont toutes dit: Les
questions de rémunération, c'est la responsabilité du
gouvernement et non pas la nôtre. Prenez-la.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, lorsque les centrales
syndicales ont présenté leur mémoire, elles ont
affirmé que l'institut serait un organisme gouvernemental, d'abord,
parce que l'esprit paritaire n'y est pas - le ministre est resté sur ses
positions; on n'y peut rien; l'article est adopté; je ne reviendrai pas
là-dessus - mais aussi parce que, notamment à l'article 6, "les
autres membres sont nommés par le gouvernement". C'est un discours un
peu difficile à tenir pour le ministre. Il va avoir beaucoup de
difficulté à convaincre le citoyen moyen que cet organisme n'est
pas un organisme gouvernemental lorsqu'il nomme tous les membres.
Évidemment, il y a les trois membres nommés par
l'Assemblée nationale,
sauf que, règle générale, sa majorité lui
donne un poids et son pouvoir d'initiative aussi, de recommandation. C'est le
gouvernement qui recommande, après consultation, de sorte que,
même là, on pourrait dire que le gouvernement, directement par
l'article 6 ou indirectement par le pouvoir d'initiative et de recommandation
de l'Assemblée nationale et l'utilisation de sa majorité
ministérielle, nomme tous les membres de l'institut. De ce point de vue,
on s'éloigne de l'esprit paritaire que le ministre dit, par ailleurs,
souhaiter. II l'a dit encore tout à l'heure. Il a même dit: D'ici
à la troisième lecture, j'ai pris certains engagements, je suis
même prêt à modifier l'article 4 de mon projet de loi.
Il y aurait un pas à faire ici sans risque pour le ministre,
c'est que les membres de la partie syndicale pourraient être
nommés autrement. On pourrait avoir un mécanisme qui favorise une
liste unique de six personnes recommandées par les associations de
salariés, parce qu'à l'article tel que formulé, on dit
bien "des listes dressées par les associations de salariés et
groupements d'associations de salariés". Il suffira qu'il y ait trois ou
quatre syndicats ou centrales qui n'aient pas la même opinion que les
autres...
Je dois dire que le regroupement de 19 associations de salariés
et de centrales syndicales est une première, je pense, dans l'histoire
du Québec. Il y a toujours eu un certain nombre de syndicats
indépendants qui faisaient bande à part. Donc, sauf exception, le
ministre va se retrouver avec des listes et non pas avec une liste, et il va
avoir l'odieux de choisir quels organismes il privilégie. Et même
s'il le fait avec toute la bonne foi voulue, ce qu'on ne peut pas mettre en
doute, il n'en demeure pas moins que son caractère de juge et partie que
le ministre a essayé d'atténuer en faisant nommer trois des
membres par l'Assemblée nationale, ce qui est une excellente formule, va
être contredit dans les faits ici. Le ministre va avoir à choisir
entre nommer des gens des centrales syndicales avec lesquelles c'est plus
facile de négocier, où il y a moins de cas en litige ou qui sont
plus amies et nommer des gens moins amis alors que les négociations vont
être plus difficiles. Il pourrait même être amené,
à cause de sa bonne foi, à privilégier, justement, les
gens avec lesquels c'est plus difficile de négocier pour ne pas se faire
accuser de favoriser indûment les syndicats avec lesquels il y a moins de
contentieux et avec qui c'est plus facile. C'est une position très
délicate dans laquelle le ministre et le gouvernement se placent en
privilégiant ce mécanisme. Le ministre est-il conscient de ce
problème?
M. Clair: M. le Président, pour le comité de
retraite de la CARRA, la
Commission administrative des régimes de retraite et
d'assurances, la CSST, les différents organismes où il y a des
représentants nommés à partir de listes syndicales, les
nominations sont toujours faites par le gouvernement. Cela ne veut pas dire,
pour autant, que ces organismes ne fonctionnent pas avec
crédibilité et confiance de la part des salariés. M. le
Président, je ne vois pas comment on pourrait procéder autrement.
Est-ce qu'on va demander aux syndicats des secteurs public et parapublic de
tenir une élection de six personnes pour les déléguer
là, auquel cas je peux vous donner le score final en partant? Il y a une
centrale syndicale, qui s'appelle la CSN qui a 110 000 membres dans les
secteurs public et parapublic; celle qui vient le plus près
après, c'est la CEQ avec à peu près 80 000 membres. Cela
va être vite fait.
M. Paquette: M. le Président...
M. Clair: L'objectif que poursuivait la députée des
Îles-de-la-Madeleine tantôt en termes de diversité de la
représentation ne serait pas atteint. Je pense qu'on n'a pas beaucoup le
choix, c'est la formule qui est toujours retenue.
M. Paquette: Il faut comprendre qu'ici on n'est pas face à
un organisme ordinaire. C'est un organisme, si on regarde les articles 52
à 56, où il y a un nouveau mode de détermination des
salaires et échelles de salaires. Les rapports de l'institut vont servir
de base au Conseil du trésor pour élaborer sa politique salariale
et sa position sur la question des salaires. Ils vont inspirer un projet de
règlement qui va être adopté par le gouvernement qui devra
être déposé à l'Assemblée nationale, mais,
pendant les deuxième et troisième années de la convention,
les centrales syndicales n'auront plus aucun rapport de forces puisque la
grève sera interdite.
Donc, voilà un organisme qui a un rôle extrêmement
délicat. On peut bien essayer de faire des comparaisons avec d'autres
organismes, il n'en demeure pas moins que la représentativité du
côté syndical aurait avantage à être
déterminée par la partie syndicale si on veut atteindre cet
objectif de crédibilité de l'organisme, se rapprocher d'un
caractère paritaire et s'éloigner de cette approche qui donne
l'apparence d'un organisme gouvernemental dont le gouvernement va se servir par
la suite pour fixer les rémunérations, surtout les
deuxième et troisième années où on élimine
complètement le droit de grève.
M. le Président, je pense que le ministre doit commencer à
comprendre le caractère encore plus délicat de la situation dans
laquelle il se place. Il risque d'être accusé d'être juge et
partie et malgré toute
sa bonne foi, d'avoir choisi les bons représentants pour se faire
faire les bonnes études pour pouvoir faire les propositions ou
même les règlements qui auront force de loi après une
brève discussion en commission parlementaire où on aura entendu
les parties. Cela devient un peu contraire au principe, je pense, qui doit
présider à une réforme comme celle-là,
c'est-à-dire essayer de distinguer dans le secteur public - c'est un
problème qui n'existe pas dans le secteur privé - le rôle
du gouvernement négociateur, qui a des intérêts à
défendre, qui a des orientations politiques à défendre,
qui a été élu par la population pour les défendre
aussi, et le gouvernement arbitre; c'est un rôle qui doit surtout
être joué par l'Assemblée nationale à ce moment.
On a ici une faille très importante. Ce que le ministre nous dit,
c'est qu'on n'a imaginé rien d'autre que de les nommer par le
gouvernement. Est-ce que le ministre serait prêt, serait ouvert à
ce qu'on examine une piste? Que les représentants patronaux soient
nommés par le gouvernement, cela m'apparatt moins grave, après
consultation des organismes patronaux. C'est le gouvernement qui a le gros bout
du bâton par rapport aux associations patronales locales. Quand vient le
temps de dire combien il y a d'argent, c'est le Conseil du trésor qui va
le dire, ce n'est pas l'Association des hôpitaux du Québec. Alors
que je pense que la partie syndicale aurait le droit que ses
représentants ne soient pas laissés au bon vouloir du
gouvernement qui se place ainsi dans une position extrêmement
délicate et donne l'impression, au départ, que c'est un organisme
qui n'est pas vraiment paritaire, qui n'est pas vraiment au service des deux
parties.
J'ai parlé des articles où on fixait la
rémunération, qui m'apparaissent les plus délicats, mais,
dépendamment de cela, cet institut peut en arriver à jouer un
rôle très important. Je crois qu'on devrait trouver un autre
mécanisme que la nomination des représentants syndicaux par le
gouvernement qui est l'adversaire des centrales syndicales lors de la
négociation. Il m'apparaît incroyable qu'on arrive à ne pas
être capable d'imaginer un autre mécanisme que celui-là.
Est-ce que le ministre serait ouvert à ce qu'on essaie de trouver un
autre mécanisme que la nomination par le gouvernement?
M. Clair: J'en ai cherché et je n'en ai pas trouvé;
c'est la raison pour laquelle j'ai renoncé à essayer d'en trouver
un autre. Essayer de trouver une autre façon conduit, je pense, à
des problèmes insolubles.
M. Paquette: Donc, le ministre n'y est pas opposé en
principe, je suis heureux d'entendre cela. Je vais essayer de lui
présenter une proposition tantôt.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Je vais revenir un peu sur ce que le
ministre a dit tout à l'heure. Ce n'est pas parce que je suis pour la
diversité, pour avoir été impliquée lors de la
dernière négociation dans une minorité. C'est normal que
les grandes centrales, que sont la CEQ, la CSN et la FTQ, soient
représentées dans ce type d'institut.
Par ailleurs, je vois en relisant l'article que vous avez prévu
qu'il y aura parmi ces membres des gens accrédités ou reconnus
selon les articles de la Loi sur la fonction publique. Cela m'apparatt
très sain. De la même façon que je trouve normal qu'il y
ait les grandes centrales, de la même façon il
m'apparaîtrait tout à fait injuste qu'il n'y ait pas un des grands
syndicats de la fonction publique québécoise parce que les
problèmes ne sont pas les mêmes dans les réseaux, que ce
soit dans le milieu scolaire ou hospitalier, que dans la fonction publique.
Cela dit, est-ce que le ministre a songé, pour les places qui
restent, à une espèce de principe d'alternance? Il va rester, si
vous décidez, par exemple, d'accepter en principe que soient là
Ies grandes centrales et au moins un syndicat de la fonction publique, à
toutes fins utiles, deux sièges. Est-ce que le ministre a songé
qu'il pourrait y avoir deux associations de salariés? À la
limite, de la façon dont c'est libellé, on pourrait avoir deux
représentants d'un syndicat et un d'un autre. Cela n'oblige pas le
ministre à diversifier dans ce sens. II pourrait y avoir alternance
entre les différents syndicats qui sont peut-être moins nombreux,
mais qui peuvent - encore une fois, en fonction de la diversité à
laquelle vous avez fait allusion vous-même représenter des
travailleurs dont les intérêts ne coïncident pas, par
exemple, avec les grandes centrales ou d'autres syndicats déjà
représentés. Comme les mandats sont relativement courts pour les
membres... Si ma mémoire est bonne, c'est trois ans?
M. Clair: D'au plus trois ans.
Mme Le Blanc-Bantey: D'au plus trois ans.
M. Clair: Donc, la possibilité qu'évoque la
députée pourrait se matérialiser par l'effet de l'article
7.
Mme Le Blanc-Bantey: Donc, ce que vous me dites, c'est de revenir
à l'article 7.
M. Clair: Ce que j'indique simplement, c'est que, compte tenu que
"le mandat des membres de l'institut est d'au plus trois ans, dit l'article 7,
à l'exception de celui du président et des vice-présidents
qui sont
nommés pour au plus cinq ans", ce qui pourrait se produire, c'est
qu'il soit avantageux de ne pas nommer tous les membres pour une durée
identique afin de s'assurer non seulement qu'il puisse y avoir un
renouvellement, mais en même temps une variation dans le temps quant
à la représentation des syndicats qui seraient
présents.
Mme Le Blanc-Bantey: Par ailleurs, il m'apparaîtrait un peu
difficile de concevoir des nominations qui soient courtes dans le temps. Si
l'on veut que les gens fassent un travail sérieux, on ne peut quand
même pas dire: On va nous nommer un petit bout de temps et
peut-être bien que dans un autre petit bout de temps on nommera d'autres
associations de salariés. Ce que je veux dire, c'est que de mandat en
mandat il pourrait y avoir une obligation à faire l'alternance sur un
certain nombre de sièges où des associations de salariés,
qui ne seraient pas représentées dans un premier temps,
pourraient espérer, dans un second mandat, être
représentées parce que le principe de l'alternance pourrait jouer
en leur faveur. Je comprends que c'est complexe, mais c'est peut-être le
genre de choses auxquelles le ministre, dans ses réflexions de fin de
semaine, aurait le temps de réfléchir.
M. Clair: Je crois que c'est plus le genre de choses auxquelles
les syndicats du secteur public qui auront à fournir des listes
devraient être sensibles et le gouvernement, quand viendra le moment de
nommer des gens à partir de ces listes, devrait l'être
également. Mais la possibilité est là.
Mme Le Blanc-Bantey: Cela va pour le moment. (17 h 45)
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je vais faire une suggestion
au ministre. Il va peut-être me dire qu'il a pensé à cette
suggestion, mais, enfin, je la fais puisque lui et moi partageons le même
objectif, c'est-à-dire de faire en sorte que le gouvernement ait le
moins d'arbitraire possible dans le choix des représentants syndicaux,
de façon que l'institut soit le plus crédible possible.
Je vais déposer un amendement qui pourrait se lire comme suit. Je
suis bien prêt, s'il y a des bouts qui ne font pas, à le modifier.
On remplacerait les deux premiers alinéas par le texte suivant: Les six
représentants des organismes syndicaux sont élus par une
assemblée de délégués des organismes syndicaux
visés aux articles 26 et 27, convoquée et présidée
par le juge en chef du Tribunal du travail. Ce dernier établit,
après consultation des organismes visés, les modalités de
composition de cette assemblée et la procédure de vote qu'elle
doit utiliser. Parmi les six représentants des organismes syndicaux, au
moins trois sont choisis respectivement sur recommandation de la Centrale des
syndicats nationaux, de la Centrale de l'enseignement du Québec et de la
Fédération des travailleurs du Québec. Ce sont les trois
grandes centrales du Québec.
Le deuxième alinéa: Les six représentants des
organismes patronaux sont désignés par le gouvernement
après consultation des organismes patronaux visés aux articles 31
et 37.
M. Clair: M. le Président, cette piste-là, comme je
l'ai indiqué au député, on l'a explorée. Dans la
mesure où cette formule serait démocratique au sens du poids du
vote de chacune des organisations syndicales présentes, respectant
l'objectif que poursuivait la députée des
Îles-de-la-Madeleine tantôt, à savoir que même des
syndicats avec moins de membres puissent effectivement obtenir des
représentants, il reste que c'est fait par deux centrales syndicales qui
peuvent monopoliser; même, dans le fond, une centrale syndicale peut
s'allier à différents groupes et obtenir la nomination de tous
les membres. Je pense que ce n'est pas souhaitable et il n'y a pas de formule
pour éviter cela, si ce n'est de dire simplement et carrément que
la CSN, la CEQ, la FTQ ne peuvent pas avoir plus d'un membre.
Il pourrait se produire, cependant, une entente. Moi, je pense qu'on
peut faire confiance aux syndicats des secteurs public et parapublic, sans leur
imposer une formule de représentation, pour soumettre des listes
similaires, voire identiques et courtes de façon que se dégage
clairement une orientation. Je pense que, s'ils ont pu se regrouper sur le
projet de loi 37, ce n'est certainement pas une grosse "job" que de tenter d'en
venir à un consensus sur des personnes à être
désignées.
Enfin, je souligne au député que, dans sa proposition,
sauf erreur, par exemple, le Syndicat des fonctionnaires du gouvernement du
Québec a deux fois plus de membres que la Fédération des
travailleurs du Québec dans le secteur public.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que vous en faites une
motion d'amendement, M. le député de Rosemont?
M. Paquette: Oui, M. le Président, mais on peut la
modifier pour tenir compte de la dernière remarque. Le fait de dire
qu'il y aura un représentant de chacune des trois centrales pourrait
être modifié, on pourrait enlever ce bout-là.
Le Président (M. Lachance): Pour être bien clair sur
le libellé que vous avez transmis...
M. Paquette: Pour fins de discussion, je la dépose.
Le Président (M. Lachance): Oui, c'est parce qu'ici vous
avez indiqué: À l'article 6, remplacer les deux premiers
alinéas. Je crois que vous vouliez dire: Remplacer les deuxième
et troisième alinéas. Est-ce que c'est bien cela?
M. Paquette: Pardon?
Le Président (M. Lachance): À l'article 6, vous
avez indiqué sur le document que vous nous avez remis: Remplacer les
deux premiers alinéas.
M. Paquette: En fait, ce sont les trois premiers parce qu'on dit:
"Les autres membres sont nommés par le gouvernement. " Ce sont les trois
premiers alinéas.
On laisse, parce que c'est une autre question, qu'on pourra discuter
plus tard, la nomination d'au plus deux autres membres des salariés du
secteur privé, et tout cela.
Le Président (M. Lachance): Cela veut dire que vous faites
disparaître à l'article 6 les mots: "Les autres membres sont
nommés par le gouvernement"?
M. Paquette: Oui...
Le Président (M. Lachance): D'accord.
M. Paquette:... et les deux alinéas qui suivent. Je
propose de les remplacer par les deux alinéas que vous avez devant
vous.
Le Président (M. Lachance): Sur la recevabilité,
est-ce qu'il y a des interventions?
M. Laplante: Est-ce que le nombre correspond à l'article 4
qui a été adopté?
Le Secrétaire: Oui, cela va, parce que le reste...
Le Président (M. Lachance): C'est recevable. Sur
l'amendement, est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Paquette: M. le Président, je pense que l'amendement
est tout à fait dans la ligne de ce que disait le ministre tout à
l'heure, c'est-à-dire qu'il préférerait trouver un
mécanisme qui permette aux associations de salariés de
désigner elles-mêmes les représentants. Je vous signale
qu'on fait intervenir le juge en chef du Tribunal du travail qui a un
caractère d'impartialité autrement plus grand que celui du
gouvernement qui, dans la proposition du ministre, nomme tout le monde. Le juge
en chef du Tribunal du travail pourrait établir des modalités en
consultation avec les associations de salariés permettant de respecter
tout le monde. Il pourrait, par exemple, convenir qu'on va d'abord, avant de
procéder à l'élection, déterminer les règles
du jeu. Par exemple, ma collègue, la députée des
Îles-de-la-Madeleine, disait tantôt: II faudrait que pour les
petits syndicats il y ait une alternance ou une rotation. Cela pourrait
être dans les règles du jeu. Je pense qu'à partir de
là on pourrait avoir une nomination par les syndiqués
eux-mêmes.
Le ministre dit: Si les centrales et les syndicats ont réussi
à s'entendre contre le projet de loi 37, ils devraient être
capables de s'entendre pour présenter une liste unique qui ferait en
sorte que le gouvernement n'aurait qu'une liste et qu'il serait obligé
de nommer les représentants. D'abord, je voudrais lui souligner que le
fait que la loi 37 ait soulevé une mobilisation générale
qui a fait en sorte que toutes les centrales syndicales et que toutes les
associations de salariés se sont unies en un front commun est tout
à fait exceptionnel et est dû au caractère d'attaque face
aux droits les plus fondamentaux des syndiqués. Il n'y a pas un
syndicaliste, un syndicat ou une centrale syndicale qui ne pouvait pas
réagir à un projet comme celui-là, ce qui prouve que le
ministre aurait été mieux d'attendre et de continuer ses
discussions plutôt que d'imposer un cadre qui ne sera pas accepté
pour remplacer un cadre qui, finalement, ne donnait pas de si mauvais
résultats que cela. De là à dire que la même chose
va se produire lors des négociations prochaines ou même qu'il y
aura un front commun, il va peut-être y avoir un front commun avec le
gros des syndiqués, mais il peut y avoir un certain nombre de groupes de
syndiqués qui ne feront pas partie du front commun. Cela s'est produit
à toutes les négociations.
À ce moment, le ministre va se retrouver dans le même
problème. Il va avoir plusieurs listes devant lui et il va avoir
à établir avec le gouvernement lui-même la
représentation de la partie avec laquelle il s'en va négocier. Je
pense qu'il faut trouver un autre mécanisme. J'ai suggéré
l'intervention du juge en chef du Tribunal du travail. Si vous trouvez qu'il y
a des failles dans le libellé de la proposition, peut-être, mais
je pense que, si le juge en chef a le mandat, après consultation des
parties, d'établir un mécanisme de nomination, il devrait arriver
à assurer un équilibre.
Un juge, quel est son rôle? C'est de protéger les faibles
contre les forts, de donner justice. C'est cela, le rôle d'un juge, c'est
de donner justice. Alors, le juge en chef du Tribunal du travail devrait
être
capable de modérer les appétits possibles des grosses
centrales syndicales ou des gros syndicats pour faire une place adéquate
aux petits syndicats qui ont le droit, eux aussi, d'avoir des
représentants à l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération.
M. Clair: Je ne partage pas l'avis du député.
Mme Le Blanc-Bantey: Est-ce que le ministre ne reconnaîtra
pas, quand même, que ce qui est prévu actuellement dans la loi est
extrêmement vague? Même si lui peut avoir de bonnes intentions
quant à la façon dont devrait procéder cet institut de
rémunération, il n'a aucune garantie que la façon dont
sera constituée la représentation syndicale soit... Il adit qu'il avait différents principes, mais, à la limite, il
aurait pu inscrire ces principes dans la loi, cela aurait été
mieux que rien. On parle de diversité, on parle de
proportionnalité. On pourrait même expérimenter, encore une
fois... Cela fait plusieurs fois qu'on parle de réforme du mode de
scrutin au Québec. On pourrait peut-être, dans ce cas innover et
trouver une formule selon laquelle serait impliqué le juge du Tribunal
du travail et, s'il n'y avait pas entente entre les associations de
salariés, on pourrait trouver une formule de scrutin proportionnel pour
que les petites associations de salariés ne soient pas
complètement mises de côté.
La question que je pose au ministre, parce qu'on est à la veille
d'ajourner et je pense qu'il pourrait accepter d'y réfléchir en
fin de semaine: Est-ce que, d'une part, il n'admet pas que le projet de loi est
extrêmement vague à cet égard et qu'il peut être
insécurisant non seulement pour les petits syndicats, mais aussi pour
les grandes centrales qui pourraient se voir, pour certaines raisons, exclues
du processus? Est-ce qu'il n'accepterait pas d'accepter de
réfléchir à ce problème?
Si l'amendement du député de Rosemont ne lui convient pas,
il pourrait lui-même nous présenter un amendement qui
correspondrait à nos inquiétudes et qui donnerait plus de chance
à cette réforme de fonctionner. Si nous continuons à
étudier ce projet de loi comme nous sommes partis, il n'y a aucun
amendement valable, il n'y a aucune idée intéressante. Par
ailleurs, on sait que ce projet est rejeté par l'ensemble des
associations de salariés. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'avoir un
peu plus d'ouverture d'esprit et de voir si, de part et d'autre, on ne peut pas
l'améliorer pour faire en sorte que, si ce projet est adopté, les
parties y trouvent davantage leur compte que maintenant, tout en respectant -
on veut bien le comprendre - un certain nombre d'objectifs qui guidaient le
ministre dans cette réforme?
M. Clair: M. le Président, j'ai eu l'occasion d'y
réfléchir longuement et de travailler là-dessus. J'ai dit
au député de Rosemont tantôt que c'était la solution
qui m'était apparue comme offrant le plus de flexibilité, de
souplesse et de respect des associations de salariés afin qu'elles
puissent se concerter pour produire des recommandations qui, à toutes
fins utiles, devraient être entérinées par le gouvernement.
Elles en ont le loisir. La formule qui est là apparaît dans toutes
les lois comparables à cet égard. C'est la même formule et
elle a donné des résultats satisfaisants.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Comme il
est...
M. Tremblay: II reste une minute, M. le Président.
Peut-être qu'avec le consentement de la commission on pourrait s'avancer
un peu pour la semaine prochaine et faire une autre petite heure?
M. Pagé: Non, M. le Président, on suspend.
Le Président (M. Lachance): Comme il n'y a pas
consentement unanime, j'en profite pour souhaiter à tout le monde une
bonne fin de semaine et une bonne période de réflexion. La
commission du budget et de l'administration ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 59)