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(Seize heures douze minutes)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration se réunit
avec le mandat de faire l'étude détaillée du projet de loi
37, Loi sur le régime de négociation des conventions collectives
dans les secteurs public et parapublic.
J'aimerais savoir, M. le secrétaire, s'il y a des
remplacements.
Le Secrétaire: Je vous rappelle qu'il y a trois
remplacements temporaires, toujours pour la durée de l'affaire, soit: M.
Blank (Saint-Louis) remplacé par M. Pagé: (Portneuf), M. Caron
(Verdun) remplacé par M. Paradis (Brome-Missisquoi) et M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges) remplacé par M. Ryan (Argenteuil).
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine ne sera pas ici aujourd'hui; alors, je vous
informe que M. le député de Deux-Montagnes la remplace.
Institut de recherche sur la
rémunération Constitution et composition (suite)
Le Président (M. Lachance): D'accord. Alors, M. le
député de Deux-Montagnes sera membre de la commission pour la
durée de la séance.
Je vous rappelle que l'article 5 avait été suspendu. Nous
en étions à l'article 6 et nous avions un amendement qui avait
été déposé par le député de Rosemont.
À l'article 6, la motion d'amendement déposée par le
député de Rosemont se lisait ainsi...
Une voix: Quel article?
Le Président (M. Lachance): De l'article 6. Remplacer les
trois premiers alinéas de l'article 6 comme suit: "Les six
représentants des organismes syndicaux sont élus par une
assemblée de délégués des organismes syndicaux
visés aux articles 26 et 27, convoquée et présidée
par le juge en chef du Tribunal du travail. Ce dernier établit,
après consultation des organismes visés, les modalités de
composition de cette assemblée et la procédure de vote qu'elle
doit utiliser.
Parmi les six représentants des organismes syndicaux, au moins
trois sont choisis respectivement sur recommandation de la CSN, de la CEQ et de
la FTQ. "Les six représentants des organismes patronaux sont
désignés par le gouvernement après consultation des
organismes patronaux visés aux articles 31 et 37. "
C'était la motion d'amendement du député de
Rosemont au moment où nous avons ajourné nos travaux. Est-ce que
cela va? Est-ce que vous avez besoin d'avoir une copie?
M. Paradis: J'aimerais mieux avoir une copie.
Le Président (M. Lachance): Très bien, on va se
rendre à vos désirs.
M. Paradis: Mais on peut procéder dans l'intervalle.
Le Président (M. Lachance): D'accord.
M. Paradis: Ce n'est pas nécessaire d'attendre.
Le Président (M. Lachance): La parole est au
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, peut-être pour
rappeler le contexte dans lequel cet amendement est venu sur la table, c'est
à la suite d'une très longue discussion qu'on a eue sur
l'orientation générale de l'institut de recherche et
d'information sur la rémunération, à savoir que ce devrait
être un organisme paritaire. Le ministre est d'accord avec cela. On est
tous d'accord que, autant que c'est possible, ce devrait être un
organisme paritaire si on veut que l'institut serve véritablement aux
deux parties en cause, la partie syndicale et la partie patronale, et que les
données puissent être partagées avec la même
fiabilité, la même crédibilité de part et
d'autre.
Le ministre nous a expliqué longuement qu'il craignait beaucoup
que les syndicats ne participent pas à l'institut et, par
conséquent, il a décidé d'en faire un organisme
plutôt gouvernemental, en tout cas par le mode de désignation de
ses membres; c'est-à-dire qu'il y aura trois membres nommés par
l'Assemblée nationale, aux deux tiers, sur recommandation du
gouvernement et, quant aux autres membres, le ministre va
nommer tous les membres, y compris les représentants de ses
vis-à-vis syndicaux. On n'a pas pu empêcher le ministre de nommer
un président et deux vice-présidents. L'article 4 a
été adopté, mais, évidemment, vous allez
comprendre, M. le Président, qu'on aimerait bien pouvoir réduire
le caractère gouvernemental de cet institut.
Il y a un article en suspens en cinq, où ma collègue a
proposé qu'on remplace le gouvernement par l'Assemblée nationale
de façon à mieux le distinguer comme organisme relevant de
l'Assemblée nationale.
À l'article 6, on propose un mécanisme permettant que les
membres de la partie patronale soient nommés par le gouvernement en
consultation avec ses partenaires patronaux, si on veut, cela ne change pas,
mais que les six membres de la partie syndicale soient nommés
après une assemblée convoquée par le juge en chef du
Tribunal du travail dont ce sera le rôle d'établir un certain
équilibre entre les parties syndicales entre elles. La position que le
ministre nous avait exposée, c'est qu'il aimerait bien se voir proposer
une seule liste, mais qu'il n'avait pas trouvé de mécanisme
permanent d'arriver à coup sûr à l'établissement
d'une seule liste syndicale.
Donc, l'article 6, tel qu'il se lit actuellement, dit: "Six de ces
membres sont choisis parmi les personnes dont les noms apparaissent sur des
listes dressées par les associations de salariés et groupements".
Alors, là, on va se retrouver fort probablement avec des listes
où le ministre, le gouvernement va avoir l'odieux de choisir,
d'établir lui-même l'équilibre entre les centrales
syndicales et les petits syndicats ou les syndicats indépendants.
Comment penser qu'après cela on ait un organisme qui puisse être
considéré comme étant également au service de la
partie syndicale?
M. le Président, l'amendement qui est proposé, on peut
peut-être le modifier, le sous-amender. On n'en a pas aux
modalités, mais c'est une question de principe. Nous pensons qu'il est
possible, en faisant intervenir le juge en chef du Tribunal du travail, de
convoquer une assemblée des organismes syndicaux visés aux
acticles 26 et 27, de faire en sorte qu'après consultation le juge en
chef du Tribunal du travail fixe les modalités de composition de cette
assemblée, la procédure de vote qu'elle doit utiliser et
qu'ainsi, ce soit les organisations syndicales elles-mêmes qui
choisissent leurs représentants à l'institut.
Or, M. le Président, je ne sais pas si le ministre a eu le temps
d'y penser en fin de semaine...
M. Clair: M. le Président...
M. Paquette:... s'il a trouvé un autre mécanisme
plus intelligent encore.
M. Clair: M. le Président, j'ai eu l'occasion, je pense,
de faire valoir mes principaux arguments à l'encontre de la proposition
d'amendement du député de Rosemont. D'abord, je n'accepte pas son
interprétation disant que trois personnes nommées à la
majorité des deux tiers par l'Assemblée nationale seraient des
représentants patronaux. Je n'accepte pas non plus que six personnes
choisies parmi des listes suggérées par des syndicats seraient,
là aussi, des personnes représentant le côté
patronal. Cela fait déjà neuf personnes sur quinze.
M. le Président, je ne partage pas cet avis. Je pense que sur le
plan de la mécanique on a cherché des solutions. Aucune ne vient
donner toute la flexibilité qu'offre celle qui est retenue dans le
projet de loi, c'est-à-dire de tenir compte de la configuration
changeante des allégeances dans le syndicalisme dans les secteurs public
et parapublic. Je pense que la seule solution qui peut permettre à la
fois la flexibilité, tout en respectant la
représentativité des associations de salariés dans les
secteurs public et parapublic, c'est celle qui apparaît au projet de
loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Sur l'amendement, ces remarques s'adressent
peut-être au proposeur de la modification. Nous nous retrouvons devant un
régime où il y aura une partie du conseil d'administration qui
sera nommée par l'Assemblée nationale. Avec ce que le ministre
propose, c'est le gouvernement qui ferait les nominations, après
consultation si on veut bien, du côté syndical, du
côté patronal. L'amendement...
M. Clair:... le gouvernement ne peut aller en dehors de la liste
des syndicats.
M. Paradis: Non, cela va.
M. Clair: S'il n'y avait que six représentants sur
lesquels tous les syndicats du secteur public s'entendaient, ce seraient ces
six qui seraient nommés automatiquement.
M. Paradis: D'accord. J'imagine que c'est la même chose
dans ce qui est présenté par le gouvernement en ce qui concerne
les associations patronales.
M. Clair: Non, en aucune façon. Du côté des
associations patronales, il n'y a que consultation, puisque les associations
patronales reconnaissent d'emblée que la responsabilité en
matière de rémunération, c'est celle du gouvernement et
non celle des associations patronales. Mais elles aimeraient
être consultées quant aux personnes qui seraient
nommées.
M. Paradis: D'accord, mais...
M. Clair: Elles n'ont pas demandé de les nommer, non plus
que d'avoir une liste limitée.
M. Paradis: À ce moment-là, si on suit
l'amendement, on pourrait se retrouver avec une partie du conseil
d'administration nommée par l'Assemblée nationale, une partie
nommée, suivant la modification qui a été fournie, par les
représentants des travailleurs et des travailleuses du secteur public et
une autre partie nommée par le gouvernement. Est-ce que l'amendement ne
serait pas, même s'il n'a pas été demandé à
proprement parler par les associations patronales, plus équilibré
si on intervenait dans le sens de la motion d'amendement pour ce qui est des
travailleurs et des travailleuses et si on allait dans le même sens en ce
qui concerne les associations patronales?
M. Clair: M. le Président, je pense que le
député de Brome-Missisquoi a mal lu l'amendement du
député de Rosemont, qui ne propose pas de modifier le mode de
nomination des représentants des associations patronales.
M. Paradis: C'est justement ce que je disais...
M. Clair: C'est une des raisons pour lesquelles vous voteriez
contre, peut-être.
M. Paradis: Je n'ai pas dit que je voterais contre. Une des
questions que j'adresse, si cela peut se faire, étant donné que
l'auteur de l'amendement est à ma gauche. Pourquoi ne pas avoir un
système équilibré, à partir de l'Assemblée
nationale, et paritaire, ensuite, du côté des représentants
des syndicats et des représentants du monde patronal? Pourquoi deux
formules différentes? C'est un peu ma question. Je n'ai pas
annoncé nos couleurs plus que cela.
Le Président (M. Laplante): C'est à moi que vous
posez cette question pour le député de Rosemont.
M. Paradis: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): C'est bien. Vous avez une
réponse, M. le député de Rosemont?
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il faut essayer
de distinguer autant que possible - on voit cela poindre, à certains
moments, dans le projet de loi et je trouve cela très sain - le
rôle de l'État employeur qui négocie avec un certain nombre
d'associations de salariés et le rôle de l'État
législateur, gardien du bien commun. Il peut arriver parfois qu'il y ait
conflit entre les deux. Un gouvernement, pour des raisons politiques, quel que
soit le parti politique au pouvoir, peut être amené, parce que le
contexte politique ne s'y prête pas ou parce qu'il se sent obligé
d'imprimer telle ou telle orientation, à distinguer avec la conception
que l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale qui
sont élus par la population pourrait se faire du bien commun.
Je pense qu'il y a essentiellement deux parties à la
négociation. Nous aurions préféré que ce soit
seulement le président mais que le président, et les
vice-présidents soient nommés par l'Assemblée nationale,
cela assure un peu une conciliation entre les deux parties. Je pense que, pour
ce qui est du reste des membres, ils doivent provenir de la partie patronale et
de la partie syndicale. Pourquoi, pour la partie patronale, on propose de ne
rien modifier à l'article c'est-à-dire qu'ils soient
nommés par le gouvernement à partir de la consultation des
associations patronales? Comme l'a dit le ministre, cela ne pose aucune
difficulté. On sait bien que le fait que le gouvernement tienne les
cordons de la bourse, même si les organisations patronales dans les
divers réseaux ont un mot important à dire sur les
négociations... Forcément les comités patronaux
travaillent très étroitement ensemble et le gouvernement nomme,
après consultation, les représentants du côté
patronal. Puisque ceux-ci sont d'accord en plus, cela ne m'apparaît pas
poser de difficulté.
Quand le gouvernement en arrive à nommer les représentants
de la partie syndicale avec qui il est en négociation, là il y a
quelque chose qui cloche. Le ministre ne l'a pas dit, mais il pourrait le dire
aussi, les organisations syndicales ne sont pas d'accord avec le fait que ce
soit le gouvernement qui nomme les représentants de la partie syndicale.
Même, elles auraient été beaucoup plus loin: elles
souhaiteraient que ce soit un organisme carrément paritaire, beaucoup
plus paritaire que ce que cela nous laisse voir ici.
Par conséquent, si on veut qu'il y ait une participation
maximale, je pense, comme le ministre, qu'on ne peut que souhaiter que cet
institut vive, remplisse sa fonction, que les organismes syndicaux s'y sentent
aussi à l'aise que les organismes patronaux et qu'en cas de conflit il y
ait un médiateur. Là, il y en a trois, mais il y en a deux de
trop.
Je pense que ce serait très important, si on veut donner la
meilleure chance de succès à cet institut, que les organismes
syndicaux puissent nommer eux-mêmes leurs représentants. Je ne
comprends pas pourquoi
le gouvernement se place dans une situation aussi délicate
d'être amené, parfois, à nommer, à choisir entre des
listes d'associations de salariés qui sont moins revendicatrices par
rapport à d'autres qui le sont plus, avec le risque qu'il soit
accusé, probablement à tort, d'avoir fait des choix qui faisaient
son affaire dans la composition de l'institut, ce qui peut l'amener,
d'ailleurs, à faire le choix contraire pour se prémunir contre
cette accusation; ce qui montre bien que c'est très délicat pour
le gouvernement de nommer les représentants de la partie avec laquelle
il négocie.
Le ministre ne m'a pas donné d'arguments à savoir que
l'amendement que je lui soumets ne peut pas fonctionner. J'ai cru sentir qu'il
y avait des objections à la partie de l'amendement où on disait
que, parmi les six représentants des organismes syndicaux, au moins
trois soient choisis respectivement sur recommandation de la CSN, de la CEQ et
de la FTQ. Il a émis une objection de ce côté. On peut
très bien enlever ce membre de phrase et laisser toute latitude aux
organisations syndicales et au juge en chef du Tribunal du travail pour
établir la conciliation nécessaire qui doit s'établir.
Le ministre se contente de dire que ce n'est pas satisfaisant, que cela
ne fonctionne pas, que cela ne peut pas fonctionner ou que le seul
mécanisme qui accorde toute la flexibilité possible, c'est la
nomination par le gouvernement.
M. Clair: Je croyais avoir fait valoir, M. le Président,
la semaine dernière que sur l'amendement proposé par le
député, de deux choses l'une: ou il laisse le président du
Tribunal du travail déterminer lui-même les mécanismes de
représentativité, auquel cas cela revient à laisser le
président du Tribunal du travail décider de mécanismes
desquels va nécessairement sortir un résultat donné, ou le
président du Tribunal du travail ne fait que tenir un vote sur la base
de la proportionnalité, et à ce moment on sait très bien
ce qui va en ressortir. La CSN plus n'importe quel autre syndicat peut faire
élire la liste complète des membres de l'institut de recherche.
Je pense que cela n'est pas souhaitable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
M. Clair: Je m'excuse, avant le député de
Deux-Montagnes. La façon dont on propose de procéder, c'est celle
qui, à mon avis, met le poids le plus lourd, les pressions les plus
fortes sur les syndicats des secteurs public et parapublic pour qu'ils en
viennent, entre eux, à une entente qui représentera leur opinion,
à ce moment donné, de la nomination de trois ans en trois
ans.
M. de Bellefeuille: M. le Président, la semaine
dernière, la commission a adopté plusieurs articles et
j'espère qu'on va réussir à en faire au moins autant cette
semaine. Mais nous, nous en sommes, à ce point-ci, véritablement
à un pivot de la loi. Depuis de nombreuses années, tout ce
régime de négociation dans les secteurs public et parapublic a
prêté à de nombreux débats et à des critiques
de fond du système, y compris l'aspect suivant, qu'il y a confusion
nuisible entre les rôles de l'État patron, de l'État
exécutif et de l'État législateur, et je pense qu'ici on
est en face de conflits entre l'État patron et l'État
exécutif. (16 h 30)
Le ministre a parlé de configuration changeante et
moi-même, la semaine dernière, j'ai fait allusion à des
attitudes changeantes, le préjugé favorable envers les
travailleurs a cédé la place à une autre attitude. Non
seulement les attitudes et les configurations sont-elles changeantes, mais les
gouvernements changent aussi. Et je me demande si le ministre est en train de
nous dire qu'il a entière confiance que tous les gouvernements à
venir au Québec vont aborder l'application de l'article 6 tel qu'il le
propose, avec l'impartialité voulue. Est-il en train de nous dire qu'il
fait entière confiance au Parti libéral du Québec pour
faire des nominations gouvernementales qui s'élèvent au-dessus
des intérêts du gouvernement et qui visent, au contraire, à
assurer une représentation pleinement équitable de la partie
syndicale?
Cela revient à ça, car il ne s'agit pas seulement de
l'actuel gouvernement. Notez que je ne fais pas confiance à l'actuel
gouvernement pour s'élever au-dessus de cela. Le ministre, on peut
supposer qu'il fait confiance à l'actuel gouvernement, mais ferait-il
confiance à un éventuel gouvernement libéral pour
s'élever au-dessus de considérations partisanes? Cela
m'étonnerait beaucoup, parce que tout ce qu'on entend des banquettes
ministérielles dans ce temps-ci, ce sont des tirades partisanes. Et
justement, ce matin, le chef du gouvernement a lancé un livre dont le
seul but apparemment est de démontrer que le gouvernement libéral
a été un gouvernement affreux en comparaison du gouvernement du
Parti québécois.
M. Blais: Vous êtes d'accord, d'ailleurs.
M. de Bellefeuille: C'est à voir. J'ai l'habitude de
m'exprimer par moi-même, M. le député de Terrebonne.
Une voix: Vous avez toujours été
d'accord jusqu'à aujourd'hui.
M. de Bellefeuille: Je vous cède la parole.
Une voix: Non, non.
M. Dussault: Pendant huit ans.
M. de Bellefeuille: M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Vous avez été d'accord pendant huit
ans, M. le député de Deux-Montagnes, quand même!
Une voix: Ne reniez pas tout.
M. de Bellefeuille: J'ai été d'accord avec
certaines choses.
Une voix: Ne reniez pas tout, ne reniez pas tout.
M. de Bellefeuille: J'ai été d'accord avec
certaines choses, mais vous vous rappelez mes fréquents
désaccords, sûrement.
Oui, le député de Terrebonne gentiment me dit que j'ai
été long à partir. C'est peut-être parce que le
député de Terrebonne m'avait convaincu de l'importance de la
solidarité, parce qu'il est un apôtre de lasolidarité, le député de Terrebonne.
Alors, je reviens à l'article 6, M. le Président. Comment
peut-on imaginer que le mécanisme proposé par le ministre va
inspirer confiance? Je ne parle pas seulement des employés du public et
du parapublic et de leur syndicat, je parle de la population en
général, parce que la population a participé à ces
débats au cours des années, sur le régime des
négociations dans le public et le parapublic. Elle sait qu'il se pose un
problème de confusion entre le rôle de l'État patron, de
l'État exécutif et celui de l'État législateur. Le
ministre lui-même considère que la crédibilité de
son institut en est le plus grand atout; j'imagine bien que c'est ce que le
ministre considère, il me semble qu'il l'a déjà dit.
L'impartialité de cet institut aussi est absolument
indispensable. Comment peut-il considérer que la population va
prêter foi à la crédibilité et à
l'impartialité de cet institut avec le mécanisme qu'il propose?
Je répète ma question: Est-ce qu'il croit qu'un éventuel
gouvernement libéral s'élèverait au-dessus de la
partisanerie pour faire de bonnes nominations, ou est-ce qu'il n'y aurait pas
un danger qu'un éventuel gouvernement libéral ou un
éventuel gouvernement péquiste donne la primauté à
des considérations partisanes, bien traiter les petits amis? Car si
c'est le gouvernement qui fait les nominations, ce ne sont pas les plus
contestataires qui vont être choisis, ce ne sont pas
nécessairement les plus représentatifs, ce sont ceux qui plairont
au gouvernement et, pour plaire au gouvernement, je suppose qu'il vaut mieux ne
pas être trop contestataire.
M. le Président, le député de Rosemont a
présenté un amendement qui repose sur un mécanisme
totalement différent dont, je crois, on peut soutenir qu'il assurerait
la crédibilité et l'impartialité dans les limites qui sont
encore possibles, compte tenu du fait qu'on a déjà le
président et les vice-présidents proposés par le
gouvernement; élus par l'Assemblée nationale mais proposés
par le gouvernement. À l'intérieur de ces limites, le
mécanisme proposé par le député de Rosemont est un
mécanisme qui permettrait à l'institut d'obtenir la plus grande
crédibilité possible et de faire son travail avec la plus grande
impartialité possible.
Le ministre ne semble pas enclin à appuyer cet amendement. Notre
collègue de Brome-Missisquoi non plus, mais il n'est pas là,
alors, cela a moins d'importance. Peut-être qu'il connaît un autre
mécanisme qui offrirait des garanties d'impartialité plus que ce
choix par le gouvernement. Je pense que le ministre doit reconnaître,
s'il réfléchit à la nature du mécanisme qu'il
propose, que le choix par le gouvernement ne passera jamais pour un
mécanisme assurant la crédibilité et l'impartialité
de l'institut. Si le ministre a un autre mécanisme à proposer,
nous sommes tout oreilles, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai participé...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous l'amendement, M. le
député?
M. Polak: Oui, j'ai le texte devant moi. Quand les gens de la
coalition sont venus devant nous, ils ont critiqué, à juste titre
je pense, cet article 6. Quand je lis le texte de l'amendement, je ne suis pas
d'accord avec tout ce qui est là-dedans. C'est un peu du style
rêveur, mais, tout de même, il y a de très bonnes
idées là-dedans. Je suis d'accord avec la remarque faite par la
coalition qui voulait avoir un organisme de recherche crédible. Dans le
texte de l'article 6, tel qu'il est présenté, on n'a pas la
crédibilité qu'on cherche. Je dis cela avec tout le respect que
je dois à la tentative du ministre de trouver une bonne solution; il n'y
a pas réussi.
Je veux seulement lire un extrait du texte de la coalition. Il y a
quelques phrases qui m'ont frappé et que je peux appuyer. Je pense que
c'est M. Laberge qui a lu le mémoire à ce moment-là. On
dit: "Nous appuyons, à certaines conditions, la mise en place d'un
institut de recherche autonome
sur la rémunération qui, sans se substituer à la
négociation, produirait des outils d'information à l'intention
des deux parties et du public. " En d'autres termes, ce qu'elle cherche - je me
rappelle très bien que le député d'Argenteuil a
répondu plus tard et qu'il était du même avis - c'est un
organisme de recherche vraiment crédible et indépendant, le plus
possible.
L'article 6, tel que formulé, dit que les membres sont
nommés par le gouvernement. Il n'y a même pas de garantie à
savoir qui seront ces membres et quel syndicat sera
préféré. Il n'y a pas de protection de
représentativité, même dans le milieu syndical. Je pense
que la critique de la part de la coalition était très bien
fondée à ce point de vue.
Je continue à citer le mémoire de la coalition: "La
condition première du succès d'un tel organisme est que celui-ci
jouisse d'une grande crédibilité auprès de toutes les
parties. " Ensuite, en conclusion, on dit: "Nous proposons - c'est la coalition
qui parle - la création d'un organisme de recherche indépendant
chargé de procéder à des études sur la
rémunération. " Là, évidemment, elle entre dans le
fond du mandat de l'organisme. On va étudier cela plus tard mais, pour
le moment, en ce qui concerne la stucture de cet organisme, moi aussi j'ai eu
nettement l'impression, quand j'ai lu le texte de l'article 6 proposé et
quand j'ai entendu les différents organismes qui sont venus
témoigner devant nous, qu'il n'est pas acceptable dans sa forme actuelle
et qu'il faut de grands changements pour essayer d'avoir un organisme
crédible et impartial.
Je suis heureux de constater que le député de Rosemont
n'insiste pas trop sur la terminologie et le mot à mot, comme le juge en
chef du Tribunal du travail dit que cette manière de le formuler est un
peu lourde. Mais, quand même, son idée d'améliorer le
principe, je pense... Je ne parle pas seulement à titre de
député de Sainte-Anne. Je peux vérifier avec mes
coéquipiers, mais je reçois une petite tape sur les
épaules de la part du député de Brome-Missisquoi. Je dois
comprendre que lui, au moins, approuve cette position, à savoir que nous
ne pouvons pas accepter le texte de l'article 6 tel quel. Donc, M. le
Président, je souscris au moins aux représentations faites par le
député indépendant à savoir que nous aussi, nous
aimerions entendre de la part du gouvernement de quelle manière il
voudrait vraiment changer le texte de l'article 6.
Un autre point, M. le Président, m'inquiète beaucoup. De
quelle manière pouvons-nous garantir une sorte de
représentativité, même dans le monde syndical? Je suis
d'accord. Le ministre a dit tout à l'heure: Qu'arrive-t-il à un
moment donné? On a fait cela sur mon pourcentage?
On va finir avec des représentants du syndicat? Je suis contre
cela aussi et j'aimerais bien voir vraiment comment le monde syndical "at
large", qui est impliqué dans ces négociations, va être
représenté. Je ne trouve rien dans le texte non plus ici pour me
garantir que ce droit sera protégé et de quelque manière.
Je pense que pour réussir - on parle de représentativité,
même dans le monde syndical; ils ne sont pas tous unis, ils ont
différents groupements - ils doivent être là pour se faire
entendre. Donc, ce sont mes remarques sur l'article 6.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, le ministre a dit tout
à l'heure qu'il avait essayé de trouver un autre
mécanisme. Je crois sentir que celui que je lui propose ne lui
plaît pas tellement. J'imagine qu'il n'est pas en désaccord avec
le fait que ce soit la partie syndicale... Je crois même sentir qu'il
aimerait mieux qu'une seule liste lui soit proposée. Cela lui
simplifierait le problème. Il ne pourrait pas être accusé
de faire des choix partisans ou partiaux s'il avait une seule liste devant lui,
qui lui serait présentée par la partie syndicale. Je pense que
c'est l'objectif qu'il faut viser. Qu'est-ce qui interdit de penser que le juge
en chef du Tribunal du travail convoque les parties syndicales visées
aux articles 26 et 27 et leur demande d'établir un mécanisme de
représentativité? Cela peut être un siège pour les
organisations les plus importantes et une espèce d'alternance pour les
autres sièges, ou toutes autres modalités que les organisations
syndicales pourraient établir entre elles. En cas de conflit, qu'un
pouvoir soit donné au juge en chef du Tribunal du travail après
entente entre les parties. Je pense que ce sont des jugements qu'on peut
demander à un juge en chef du Tribunal du travail qui doit
protéger la représentativité et protéger les
petites organisations aussi face aux grosses organisations syndicales.
Évidemment, il faut qu'une personne qui est amenée à poser
un jugement comme cela se donne un certain nombre de critères, de
balises, qu'il y ait la plus grande représentativité
possible.
Le ministre nous a dit, vendredi dernier, qu'il y avait trois ou quatre
critères dont le gouvernement devrait s'inspirer. La
représentativité et l'équité sont des
critères qui peuvent très bien être fournis par un juge en
chef du Tribunal du travail, pour que lui, qui n'a aucun intérêt
là-dedans, qui a simplement à rendre le jugement le plus
impartial possible, puisse trancher. Il me semble que ce serait un bien
meilleur mécanisme que celui qui vise à demander des listes, avec
le risque qu'il y en ait deux ou trois et que le gouvernement soit
obligé de
choisir sa représentation, les personnes avec lesquelles il est
en négociation.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Oui, merci M. le Président. Je
voudrais signaler au ministre que son collègue du Travail, dont je
déplore l'absence à cette commission - je suis sûr qu'il
est pris ailleurs, mais comme c'est lui qui aura à administrer cette
loi, il serait bon qu'il participe à nos travaux - lorsqu'il a
défendu en commission son projet de loi 42 sur les lésions
professionnelles, a introduit lui-même un amendement pour modifier son
projet de façon à mieux garantir l'impartialité du
tribunal d'appel institué par cette loi. Le mécanisme
prévu par le ministre du Travail était que le tribunal d'appel
relèverait non pas de lui, mais du ministre de la Justice. Je crois que
c'est un exemple à suivre que de prendre des dispositions
précises pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'ingérence, pour
s'assurer que les intérêts sectoriels d'un ministre
n'interviennent pas dans des décisions où l'impartialité
est absolument indispensable. (16 h 45)
Notez que la création de ce nouveau tribunal, c'est une chose
à laquelle je me suis opposé, mais, étant donné que
le ministre du Travail y tenait, j'ai trouvé fort louable son attitude
d'accepter de prendre des dispositions lui-même, de sa propre initiative,
pour en assurer l'impartialité. J'aimerais que le ministre qui est
devant nous suive cet exemple et se rende compte qu'il n'est pas en train
d'assurer la crédibilité de l'institut que nous sommes en train
de créer et que cela fera un canard boiteux dès le départ.
Jamais cet institut, constitué comme cela, n'aura la
crédibilité voulu pour lui permettre de jouer pleinement son
rôle.
Je ne sais pas si le ministre accepterait un autre mécanisme.
S'il le veut, si celui-ci ne lui convient pas, peut-être qu'on pourrait
suspendre cet article et suggérer au ministre de demander à ses
collaborateurs d'examiner la question afin d'arriver à une
méthode qui mette l'impartialité de l'institut hors de tout
doute.
M. Clair: Non, M. le Président, je ne suis pas
intéressé à le suspendre.
Le Président (M. Laplante): Je demande le vote
maintenant...
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si je comprends bien, le gouvernement semble
satisfait des nominations par l'Assemblée nationale; c'est une des
parties impliquées. Les employeurs semblent être satisfaits,
suivant les propos qui ont été échangés, de la
rédaction de l'article.
Il demeure une partie importante qui demande à être
satisfaite et je pense que le ministre est aussi intéressé
qu'à peu près n'importe quel membre autour de la table à
ce que, si cet organisme doit fonctionner, il fonctionne avec toute la
crédibilité et toute la participation, autant que possible
impartiale, qui puissent se dégager.
La suggestion ou la modification va dans le sens de lui donner plus de
crédibilité. Ce n'est pas un amendement qui vise à enlever
de la crédibilité. L'amendement vise à donner encore plus
d'impartialité, ce qui va ajouter au premier élément qui
est la crédibilité. J'obtiens du ministre, comme tous les autres
parlementaires ici, d'un côté comme de l'autre de la table, des
réponses très brèves, très laconiques: Non, c'est
mon projet de loi et je ne veux pas...
Je pense que si on est en commission parlementaire et si on veut avancer
constructivement... J'aimerais que le ministre me dise: J'ai vraiment
regardé attentivement, en fin de semaine, ce qui a été
déposé vendredi par un parlementaire à cette table et sa
proposition va enlever de la crédibilité, sa proposition va
enlever de l'impartialité, et qu'il m'en convainque. Je demande
seulement à être convaincu par le ministre. S'il peut me
convaincre que sa proposition législative qui est sur la table ajoute
encore plus de crédibilité et plus d'impartialité, je peux
vous dire, M. le ministre, que si on est convaincu de cela on va voter dans le
sens que vous souhaitez.
Mais si, d'un autre côté, vous ne réussissez pas
à nous convaincre, et, par des réponses telles que: Oui, non,
etc., je pense que vous ne réussirez pas à nous convaincre...
À ce jour, à écouter les arguments qui ont
été échangés d'un côté comme de
l'autre, après avoir entendu la coalition qui est venue
témoigner, etc., et les remarques des parlementaires qui ont
été échangées, je ne suis pas convaincu hors de
tout doute raisonnable, comme on pourrait dire. Il me semble évident que
ce qui est proposé est apte à nous orienter vers plus de
crédibilité et vers plus d'impartialité.
Maintenant, lorsqu'on me demandera de voter, est-ce qu'on va le faire
simplement sur le oui ou le non du ministre qui dit: Moi, c'est cela, et cela
finit, etc., ou si le ministre peut nous expliquer que sa position,
comparée à celle qui est déposée en amendement, est
plus crédible, plus impartiale?
M. Clair: M. le Président, je ne tiens pas grief au
député de Brome-Missisquoi, je pense qu'il n'était pas
présent à la fin de nos travaux vendredi dernier, mais nous
avions déjà longuement débattu cette question. Je voudrais
répéter essentiellement et succinctement - je ne pense pas que
ce
soit nécessaire de palabrer longtemps sur cette question - que la
formule que nous proposons dans le projet de loi garantit que les nominations
ne peuvent être faites qu'à partir de listes syndicales; le
gouvernement ne peut puiser dans autre chose que les listes syndicales. Il
vient également garantir, par l'effet de la loi, que, si tous les
syndicats des secteurs public et parapublic s'entendent sur une liste
fermée de six noms, le gouvernement doit la nommer à toutes fins
utiles.
Au cas où il y aurait désaccord entre les
différents syndicats des secteurs public et parapublic, deux
possibilités se présentent: le gouvernement arbitre ou c'est un
tiers qui le fait. Si un tiers doit arbitrer - et cela me renverse, M. le
Président, d'entendre le député de Rosemont et le
député de Deux-Montagnes proposer, encore une fois, le
gouvernement par les juges, qui n'ont jamais à se présenter dans
une élection, qui ne subissent jamais le jugement politique puisque, par
l'amendement du député de Rosemont, ils seraient effectivement
chargé d'établir le processus ou, renonçant à
l'établir, se contenteraient d'une simple proportionnalité. En
fin de compte, le député de Rosemont disait tantôt: Le
jugement final pourrait appartenir au juge en chef du Tribunal du travail.
Quant à moi, jamais! C'est clair, franc et direct. Jamais, on ne
confiera à un tiers qui soit juge le soin de faire les choix entre les
différents syndicats, si tant est qu'ils ne s'entendraient pas.
Le député de Deux-Montagnes disait: Je n'ai plus confiance
aux péquistes. Je n'ai pas plus confiance aux libéraux. Est-ce
que le président du Conseil du trésor a plus confiance aux
libéraux? Quant à moi, je dirai simplement que je fais plus
confiance aux élus du peuple chargés de mener les affaires de
l'État par la voie démocratique, de former un gouvernement,
limités par une liste de candidats proposés par les syndicats des
secteurs public et parapublic, plutôt que de se débarrasser du
tout en l'envoyant devant un juge qui aurait à trancher. Je ne suis pas
d'accord avec une telle vision de la responsabilité gouvernementale qui
consisterait à s'en départir, à transformer le
système d'un gouvernement responsable en un gouvernement des juges. Je
suis en désaccord avec cela.
Toute solution qu'on peut envisager conduit nécessairement
à tenter de trouver, au cas où il y aurait blocage, qui - et
comment - viendrait dénouer l'impasse entre les syndicats des secteurs
public et parapublic. Quant à moi, je pense qu'il est plus normal que ce
soit le gouvernement plutôt qu'un juge.
M. Paradis: M. le ministre, lorsque vous parlez d'un choix
politique, je vous suis. Il s'agit que celui qui gouverne prenne ses
responsabilités et qu'il...
M. Clair:... finisse, tôt ou tard, par être
sanctionné pour les opinions et les choix qu'il a faits.
M. Paradis: Là-dessus je vous suis. Mais j'avais
l'impression, peut-être à tort, que cette espèce de conseil
d'administration devait être le plus apolitique possible. À ce
moment, j'ai de la difficulté à concilier votre remarque, qui
dit: II faut que ce soit une décision politique, avec la perception que
j'avais, peut-être à tort, que cela devait être le plus
apolitique possible. Premier élément.
M. Clair: Je pense, M. le Président, et c'est la raison
pour laquelle le gouvernement ne peut choisir que dans des listes
rédigées par les syndicats des secteurs public et
parapublic...
M. Paradis: À ce moment, il faut laisser l'argumentation
de la responsabilité politique, où je vous suis dans d'autres
dossiers. Mais lorsqu'on est dans une telle commission, si l'on dit que cela
doit être apolitique, qu'on aille jusqu'au bout de notre philosophie ou
de notre raisonnement. C'est le premier point.
Le deuxième point touche également une question de
principe sur laquelle le ministre pourra aussi facilement répliquer en
me donnant tort ou raison. Il s'agit de la question du conflit
d'intérêts. Si on dit que c'est une décision politique et
que, comme gouvernement, on veut se placer en conflit d'intérêts,
cela va. Je vous suis encore si c'est l'orientation fondamentale de la
composition du conseil. Mais si ce n'est pas cela, est-ce qu'on ne devrait pas
y aller jusqu'au bout dans l'apolitique et éviter, comme gouvernement,
quel qu'il soit, de se placer dans une situation de conflit
d'intérêts où on aurait avantage, dans le cas d'une
négociation où l'un des syndicats serait plus revendicateur
ayant, dans ce cas, du rattrapage à faire, de l'éliminer de la
table? Est-ce qu'on ne se place pas en situation de conflit
d'intérêts et dans une situation très politique?
Si c'est le but du projet de loi, je dis: Allons-y! Vous avez raison.
Votre démarche intellectuelle tient de a à z. Si ce n'est pas
l'orientation et le but, j'ai de la difficulté à vous suivre.
M. Clair: Le conflit d'intérêts invoqué par
le député de Brome-Missisquoi n'aura jamais été
dans tous les autres cas où le gouvernement nomme à partir de
listes syndicales.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je vais quand même
relever une remarque du ministre où il semble m'attribuer l'intention de
favoriser le gouvernement par les juges. M. le Président, ce serait un
raisonnement dangereux si le ministre l'utilisait dans d'autres secteurs de la
société, car qu'arrive-t-il? Le gouvernement prépare les
lois, les soumet à l'Assemblée nationale, l'Assemblée
nationale les vote et, quand vient le temps d'appliquer les lois, on laisse
toujours une marge d'interprétation possible aux tribunaux de
façon que les libertés puissent s'exprimer. Donc, il y a des
choses qui doivent être réglées par le gouvernement. Le
gouvernement doit établir le cadre et les balises. Lorsqu'il est
dangereux qu'il soit considéré comme juge et partie, lorsque la
population pourrait avoir l'impression que, sur une question, il est juge et
partie, on confie un certain nombre de questions aux tribunaux. Dans notre
régime démocratique, cette séparation est très
imporante, essentielle et vitale entre le législatif et le judiciaire,
pour cette raison, pour éviter que le gouvernement n'abuse.
Ici, on n'est pas dans un cas aussi grave que cela. Je ne veux pas avoir
l'air d'amplifier le problème. Il n'en demeure pas moins qu'on demande
au gouvernement d'être juge de ce que doit être la bonne
représentativité syndicale dans un institut qu'il veut, par
ailleurs, le plus impartial possible et qui doit être perçu comme
tel par la population.
J'attire l'attention du ministre sur...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont, il vous reste encore 30 secondes.
M. Paquette: Oui, M. le Président. J'attire l'attention du
ministre sur un aspect de l'amendement qu'il semble négliger. Quand on
dit que le juge en chef du Tribunal du travail établit, après
consultation avec les organismes visés, les modalités de
composition de cette assemblée, c'est le juge qui établit la
composition de l'assemblée. Il peut, de cette façon-là,
s'assurer qu'aucune organisation syndicale n'ait le monopole, qu'il y ait un
équilibre, que le nombre de personnes qui vont élire les
représentants ne soit pas nécessairement proportionnel au nombre
des membres. Parce que le meilleur intérêt de la démocratie
et de l'équilibre n'impose aucunement cela. Cela laisse toute la
possibilité de s'adapter aux mouvements changeants qu'il peut y avoir
dans la représentativité syndicale et cela fait en sorte que,
selon la composition qui sera établie par le juge en chef, on aura un
choix respectueux de toutes les organisations syndicales, mais un choix qui
sera quand même fait par les organisations syndicales, uniquement par
elles, et non par le gouvernement. Il me semble que c'est une modalité
acceptable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je crois
comprendre qu'il me reste du temps.
Le Président (M. Laplante): II vous reste huit minutes et
dix secondes.
M. de Bellefeuille: Bon. C'est formidable! Et pour donner au
ministre la preuve de ma bonne volonté, je vais éviter
d'épuiser ce temps.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le vote est
demandé, par le fait même? Vote sur la motion d'amendement du
député de Rosemont qui se lit comme suit: À l'article 6,
remplacer Ies trois premiers alinéas par: "Les six représentants
des organismes syndicaux sont élus par une assemblée des
délégués des organismes syndicaux visés aux
articles 26 et 27, convoquée et présidée par le juge en
chef du Tribunal du travail. Ce dernier établit, après
consultation des organismes visés, les modalités de composition
de cette assemblée et la procédure de vote qu'elle doit utiliser.
Parmi les six représentants des organismes syndicaux, au moins trois
sont choisis respectivement sur recommendation de la CSN, de la CEQ et de la
FTQ. "Les six représentants des organismes patronaux sont
désignés par le gouvernement après consultation des
organismes patronaux visés aux articles 31 et 37. "
Ceux qui sont pour?
M. de Bellefeuille: Adopté. M. Clair:
Rejeté.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 6.
M. Polak: M. le Président, voulez-vous me faire le
décompte exact de qui a le droit de vote ici?
Le Président (M. Laplante): On peut le faire avec
plaisir!
M. Paquette: II faut demander un vote nominal.
Le Président (M. Laplante): Appel nominal? On peut vous
faire cela!
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président. Je suis membre de
cette commission depuis le début, presque le seul. Ce n'est pas vrai. Le
député de Roberval est aussi membre
avec moi depuis le début. Nous, en tant qu'anciens combattants,
nous voudrions bien savoir ce qui se passe.
Le Président (M. Laplante): On ne peut rien vous refuser,
M. le député de Sainte-Anne. Même si le vote a
été appelé et que personne n'a exprimé le
désir de le faire par appel nominal, on revient sur notre
décision pour vous faire plaisir, M. le député de
Sainte-Anne!
M. Polak: Vous êtes bien gentil, M. le Président. Je
voudrais que cela soit noté au Journal des débats que vous
êtes bien gentil! Aujourd'hui! Aujourd'hui!
Le Président (M. Laplante): Allez-y. On va retourner
à Los Angeles, encore une fois.
(17 heures)
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis: Pour.
Le Secrétaire: M. Dussault (Château-guay)?
M. Dussault: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Contre.
Le Secrétaire: M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Secrétaire: M. Clair (Drummond)?
M. Clair: Contre.
Le Secrétaire: Un instant. M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Pour.
Le Secrétaire: M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Secrétaire: 5 contre, 3 pour.
Le Président (M. Laplante): La motion est
rejetée.
Article 6? Est-ce qu'il est adopté? Sur division?
Des voix: Sur division.
M. Paquette: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
Article 5? Vu qu'on l'avait suspendu...
M. Clair: II reste suspendu.
Le Président (M. Laplante): Encore? Cela demande encore
réflexion.
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Laplante): Article 7?
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer à
l'article 7, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 7 sera
adopté?
M. Polak: On va relire cela. Je l'ai lu, mais je relis cela avec
attention quand nous sommes sur la ligne de feu.
M. Blais: Vous auriez dû le relire pendant que vous
demandiez le vote nominal.
M. de Bellefeuille: Vous êtes pressé, M. le
député.
M. Blais: C'est qu'on aime les gens qui sont
préparés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: M. le Président, j'ai une question sur l'article
7.
Le Président (M. Laplante):... ne criez pas trop fort, les
micros sont aigus.
M. Polak: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir du
ministre pour quelle raison il a choisi des délais de trois ans et de
cinq ans. Il parle d'un mandat de trois ans pour les membres et d'un mandat de
cinq ans pour le président et les vice-présidents. Est-ce qu'il a
pensé à une période, à la durée de la
Législature?
M. Clair: Non, M. le Président, je vous avouerai bien
honnêtement que sur ces questions, c'est davantage en termes... Pour les
mandats de cinq ans, c'est la longueur habituelle des mandats de
présidents d'organismes et je pense que dans ce cas ce n'est pas
mauvais, effectivement, que le président puisse être nommé
pour la négociation d'au moins deux conventions collectives. Je pense
que ce n'est pas mauvais en soi. En ce qui concerne la durée de trois
ans pour les membres, c'était aussi pour rejoindre une des
préoccupations de Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine vendredi dernier, à savoir qu'il puisse y
avoir un certain renouvellement en ce qui concerne
les membres qui composent l'institut.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on dit: "Le mandat des
membres de l'institut est d'au plus trois ans". Est-ce que l'objectif du
ministre est de faire en sorte que certains puissent être nommés
pour un an, d'autres pour deux ans, d'autres pour trois ans, avec un
renouvellement?
M. Clair: C'est cela, M. le Président. Je ne penserais pas
qu'il soit nécessaire de dire "et d'au moins une année", parce
qu'un gouvernement qui procéderait aux consultations et nommerait
quelqu'un pour six mois se rendrait un peu ridicule lui-même. Alors,
comme le législateur n'est pas censé parler pour ne rien dire, on
n'a pas mis "et d'au moins une année". L'objectif, c'est cela, c'est de
s'assurer qu'il y a en même temps du renouvellement et de la
continuité.
M. Paquette: M. le Président, je pense que cela pose un
petit problème en ce sens que vous devez fonctionner, pour la nomination
de six des membres, sur la base de listes syndicales. Alors, vous allez
être obligé de demander des listes à chaque année.
Qui allez-vous nommer pour un an, deux ans, trois ans? Supposons qu'un membre
de la CSN ou du syndicat de la fonction publique a été
nommé pour un an. Est-ce que, à l'expiration de son mandat d'un
an, il va falloir comprendre que vous allez le remplacer par quelqu'un du
même syndicat ou quelqu'un d'un autre syndicat? Qui vont être les
heureux bénéficiaires des largesses du gouvernement qui auront
des membres nommés pour trois ans? J'ai l'impression que cela pose un
petit problème. Vous allez être obligé de demander des
listes syndicales à chaque année de cette façon. Je suis
en train de me demander si on ne devrait pas plutôt, compte tenu du mode
de nomination qui est malheureusement retenu dans l'article
précédent, dire qu'il y a renouvellement complet aux trois ans.
Cela serait peut-être plus simple. Qu'en pense le ministre?
Le Président (M. Laplante): C'est l'apprentissage,
après les trois ans, s'ils s'en vont tous...
M. Clair: J'aimerais quand même - je
réfléchis tout haut - je pense qu'il serait quand même
utile que la durée des mandats ne soit pas la même pour tous les
membres. Je veux bien être sensible à l'argument du
député selon lequel, s'il y en a pour un, deux ou trois ans,
c'est vrai qu'à ce moment, cela amène une consultation annuelle.
S'il y avait une nomination pour au moins deux ans, au plus trois ans, à
ce moment, cela veut dire qu'il y aurait des membres qui seraient nommés
pour deux ans, d'autres pour trois ans. Cela assure que l'équipe de
départ est en place pour au moins deux ans.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez faire
un amendement là-dessus? M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, quelle est l'idée de
nommer des gens pour deux ans, et d'autres pour trois ans? Parce qu'il y a
danger que certains se trouvent membres de classes supérieures à
d'autres. Il y en a qui disent: J'ai un mandat de trois ans, je suis bon ici,
j'y reste trois ans en fonction. Vous, vous êtes nommé seulement
pour deux ans. On a vu cela pour les commissions scolaires déjà,
avec les élections, ça peut-être dangeureux si on a pas
d'uniformité.
Pourquoi pas avoir l'uniformité, que tout le monde d'avance soit
nommé pour la même durée? Parce qu'autrement vous aurez des
membres qui se prennent pour ceux d'une classe supérieure qui se diront:
Moi, je suis nommé pour trois ans, vous, vous êtes nommé
pour deux ans. Alors si, avant la fin de son mandat, il n'a pas beaucoup de
choses à dire, moi, je continue encore pour un an et demi.
M. Clair: Comme les mandats sont renouvelables, je dois vous dire
d'expérience, comme ministre ayant été responsable de
certaines sociétés d'État ou commissions, que le fait
d'avoir à remplacer d'une traite tous les membres d'un conseil
d'administration, cela crée des problèmes. Honnêtement,
dans le meilleur intérêt d'un organisme, quel qu'il soit, à
moins que tel ne soit le choix du gouvernement... Je dois vous dire par
expérience, j'étais ministre responsable du ministère des
Transports lorsque nous avons procédé à un renouvellement
massif de la direction de l'ancienne Commission des transports, la CTQ;
même là, nous avons considéré utile de conserver
quelques membres de l'ancienne commission, afin de s'assurer que la transition
se fasse en tenant compte des orientations qui avaient prévalu
précédemment, avec un renouvellement suffisamment lourd pour que
les nouveaux membres puissent effectivement infléchir une nouvelle
direction, mais quand même pas en ignorant même pour quelles
raisons telle orientation avait été prise
précédemment. Je pense que c'est une règle qui vaut, de
façon générale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je suis assez d'accord avec
le ministre. J'ai eu l'occasion de vivre le même genre de chose
et, règle générale, je pense que, pour un conseil
d'administration ou un conseil consultatif du gouvernement, il y a avantage
à avoir des nominations au départ pour un an, deux ans, trois
ans, ce qui permet un renouvellement continuel de la composition de
l'organisme. Ce qui me fait hésiter ici -parce qu'on doit pouvoir faire
des exceptions à l'occasion - c'est la nécessité
d'établir un certain équilibre, à la fois du
côté syndical et du côté patronal d'ailleurs, parce
que j'ai parlé plus, dans mon argumentation tantôt, du
côté syndical, mais du côté patronal aussi. Mais
particulièrement du côté syndical, qui est la partie
adverse dans une négociation, l'équilibre va être
extrêmement important.
Le ministre nous a d'ailleurs dit tantôt qu'il souhaitait
favoriser un mode de fonctionnement des organisations syndicales où
celles-ci établissaient autant que possible - c'est ce que le ministre
préférait - une liste unique. Si elles sont obligées de
faire cela à chaque année, en tenant compte peut-être de
démissions aussi qui vont survenir après deux ans, vous allez
vous retrouver avec quelque chose d'extrêmement compliqué et cela
risque d'induire un mode de fonctionnement non souhaitable où cela va
être des listes, dans le fond, un peu pour le "fun". Il va y avoir des
listes soumises. Le ministre favorise peut-être de cette façon,
sans le vouloir, le fait qu'à chaque année il va y avoir des
listes plutôt qu'une liste. On ne peut pas espérer que les 19
associations syndicales se réunissent tous les ans et se penchent sur
leur équilibre, modifiant l'équilibre à chaque
année. Autrement dit, compte tenu de la nature de la nomination, je me
demande si on ne serait pas mieux de dire tous les trois ans?
M. Clair: M. le Président, tous les trois ans, non. Peu
importe comment on le libellerait, d'au moins deux ans, d'au plus trois ans, je
voudrais bien me rendre à cet argument, en faisant, cependant, remarquer
au député de Rosemont l'argument suivant. S'il advenait qu'au
départ - en prenant l'hypothèse pessimiste à laquelle il
se référait - le gouvernement soit amené à choisir
parmi vingt listes pour nommer six personnes, qu'ultérieurement un
accord intervienne pour remplacer des membres, cela voudrait dire qu'il
faudrait que les syndicats fassent pression sur ces membres pour qu'ils
démissionnent puisqu'une fois nommés ils ne peuvent pas
être "dénommés".
On prévoit, cependant, à l'article 8 qu'une vacance parmi
les membres du conseil d'administration est comblée en suivant le mode
de nomination prescrit pour la nomination du membre à remplacer. C'est
donc un élément de souplesse que de dire "au plus trois ans",
pour conserver l'hypothèse qu'effectivement, au départ, on nomme
certaines personnes uniquement pour une année. Si cela agréait -
je comprends l'objectif du député de Rosemont - si cela
"achetait" un règlement, pour employer une expression du milieu, je
proposerais qu'on dise: Le mandat des membres de l'institut est d'au moins deux
ans, d'au plus trois ans. Ou encore qu'on dise: Est de deux ou de trois ans.
Peu importe la technique législative qui serait retenue. Je pense,
cependant, qu'il serait préférable qu'on puisse... Deux ans, cela
peut être long en fonction de la flexibilité. Encore là, je
plaide ma bonne foi auprès du député de Rosemont, dans le
sens qu'il se pourrait que cela soit utile pour les associations syndicales
elles-mêmes que le mandat ne soit pas trop long si une entente
intervenait pour remplacer tel ou tel membre.
Le Président (M. Lapiante): M. le député
de...
M. Clair: Mais je n'ai pas de problème avec "d'au moins
deux ans et d'au plus trois ans".
M. de Bellefeuille: M. le Président. Le
Président (M. Lapiante): Allez-y!
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je suis
d'accord avec le député de Sainte-Anne qui exprimait
l'inquiétude que des membres avec des mandats d'une durée
différente deviennent en quelque sorte des membres inégaux. Cela
crée comme des castes. En tout cas, j'ai observé cela dans
d'autres cas où cela crée des castes. Ceux dont les mandats sont
les plus courts sont moins considérés par leurs pairs que ceux
dont les mandats sont plus longs. D'autre part, je me demande si... Il y a un
monde fou là-dedans. Combien de membres de cet institut y a-t-il?
M. Paquette: Dix-neuf, maximum.
M. de Bellefeuille: Dix-neuf. Pour le conseil d'un institut,
c'est vraiment un nombre considérable: Alors, avec des mandats les uns,
de deux, et les autres, de trois ans, j'ai l'impression,
mathématiquement, qu'on risque, après un assez court temps, d'en
arriver au même problème de devoir obtenir des listes annuelles.
Cela va prendre un ordinateur pour éviter cela quand le gouvernement va
faire ses nominations. Si le gouvernement veut éviter d'avoir à
obtenir des listes annuelles, il n'y arrivera pas, sauf peut-être avec un
ordinateur et, à ce moment-là, en s'imposant une discipline assez
rigide. Autrement, mathématiquement, il va y avoir des renouvellements
qui vont survenir à chaque année et on va revenir au
problème de la liste annuelle.
D'autre part, il y a un autre aspect de l'article 7 qui me frappe. Je
sais que c'est une chose qui a déjà été
discutée à propos d'un autre article, mais elle est pertinente
à propos d'un grand nombre d'articles. C'est la question de la
féminisation du vocabulaire. Ici, encore, c'est comme si on voulait
exclure les femmes. Il n'y a pas de présidente là-dedans, il n'y
a pas de vice-présidente. Il y a président et
vice-président. Masculin seulement. Je sais que le ministre a
déjà refusé d'être le pionnier et d'être le
premier ou un des premiers qui assurerait la féminisation du langage de
ces lois. Je ne sais pas si la fin de semaine a porté conseil. Cela
serait souhaitable que quelqu'un commence quelque part. (17 h 15)
Si un ministre jeune comme le président du Conseil du
trésor n'est pas sensible à cette question, je doute qu'il arrive
quelque chose parce qu'il ne faudrait pas trop compter sur d'autres ministres
moins jeunes. Ce ministre-ci est si jeune qu'il a été
chargé par le gouvernement de s'occuper de l'Année internationale
de la jeunesse. Il me semble que la condition féminine est une des
grandes questions auxquelles la jeunesse s'intéresse en cette
Année internationale de la jeunesse. À titre de ministre
responsable de l'Année internationale de la jeunesse au gouvernement du
Québec, il me semble que le président du Conseil du trésor
devrait voir à la féminisation du vocabulaire de ses lois. Il me
semble que cela devrait aller de soi et je lui fais de nouveau appel pour qu'il
soit le pionnier. Si ce n'est pas lui, le pionnier, je ne vois pas qui cela
pourrait être. Cela voudra dire que la question sera renvoyée aux
calendes grecques ou à l'an 2000, cher à ce gouvernement. Les
femmes sont plus pressées que cela. Les femmes ne sont pas
disposées à attendre l'an 2000 ou les calendes grecques. Je crois
que, si nous continuons de nous cramponner à des notions caduques,
désuètes comme le masculin l'emporte sur le féminin et
d'autres idées qui symbolisent le "machismo" comme celles-là,
nous nous préparons de très mauvais lendemains au plan social.
Nous ne préparons pas un Québec de demain, un avenir du
Québec sous le signe de l'émancipation des femmes, sous le signe
de la collaboration entre les personnes des deux sexes.
Alors, je fais appel au ministre pour qu'il assure la
féminisation du vocabulaire, ici, à l'article 7, et dans les
autres articles de sa loi où la question se pose.
M. Clair: Alors, je remercie le député de
Deux-Montagnes d'avoir traité d'un autre sujet que celui dont on parlait
parce que cela m'a permis de réfléchir à la question
principale qui était soulevée.
M. le Président, ce sont deux choses différentes que
d'envisager la non-coïncidence de renouvellement de tous les mandats et le
fait que tous les membres n'aient pas la même durée de mandat.
Est-ce que je comprends du député de Rosemont que ce à
quoi il tiendrait, c'est que tous les membres aient la même durée
de mandat, quitte à ce que ceux-ci, cependant, ne viennent pas à
échéance tous en même temps? Autrement dit, est-ce qu'il
est d'accord avec moi qu'il est utile qu'il n'y ait pas de remplacement une
fois tous les deux ou trois ans, peu importe, de tous les membres du conseil?
Quant à moi, je pense que oui, c'est avantageux dans
l'intérêt de l'institut que le mandat de tout le monde ne vienne
pas à échéance pour fin de remplacement tout d'une traite.
À ce moment-là, ce que cela voudrait dire, c'est qu'on pourrait
essayer de bâtir un article qui viendrait prévoir que la
durée des mandats des membres, une fois l'organisme en marche, est la
même pour tout le monde, mais qu'il y a un renouvellement partiel, soit
biannuel ou annuel. Est-ce que je me fais comprendre?
M. de Bellefeuille: Oui, je comprends.
M. Paquette: En fait, M. le Président, ce que je veux
essayer d'éviter, c'est qu'on se retrouve petit à petit dans un
problème à peu près insoluble de
représentativité. C'est le principal obstacle que je vois.
Supposons que la première année vous nommiez certains membres
pour un an, d'autres pour deux ans, d'autres pour trois ans, à la limite
- on peut essayer de réduire et dire que c'est deux ans ou trois ans,
mais le même problème demeure quand même - on va se
retrouver avec des listes annuelles où, à chaque fois, le
gouvernement devra essayer d'établir l'équilibre entre les
différentes associations syndicales. Par exemple, supposons que le
gouvernement choisisse, à un moment donné, qu'il va y avoir trois
représentants des trois centrales ou syndicats indépendants les
plus importants, probablement la CSN, la CEQ et le syndicat de la fonction
publique - je ne veux pas me tromper - pour les trois autres postes, il y aura
régulièrement alternance. Là, on va être pris, si on
veut favoriser l'établissement d'une telle liste par les syndicats
eux-mêmes, pour faire en sorte qu'ils vont devoir se reposer le
problème chaque année, faire des réunions syndicales et
envoyer annuellement des listes au ministre. Je pense qu'il y a un
problème important là, parce qu'on devrait favoriser la liste
unique et faire en sorte que le gouvernement intervienne le moins possible dans
les nominations des représentants syndicaux. S'il y a rotation, je
comprends qu'on y gagne un certain renouvellement du conseil de l'institut,
mais on y perd cette désignation des membres syndicaux par les
syndicats eux-mêmes. Disons qu'on défavorise ce
mécanisme de la liste unique qu'on devrait, par ailleurs, chercher
à favoriser.
M. Clair: Le député de Rosemont qui est un
mathématicien et moi qui ne suis qu'un humble avocat de campagne - soit
dit en passant, comme certains l'ont déjà mentionné -
pourrions trouver une solution au problème. Je pense qu'on poursuit des
objectifs contradictoires. Il me disait tantôt partager mon point de vue,
à savoir qu'il n'était pas souhaitable que, sur un organisme
comme celui-ci, tous les membres soient remplacés lors d'une
échéance commune.
M. Paquette: Règle générale.
M. Clair: Règle générale. D'autre part, si
on veut faire cela, il devient assez évident, à moins d'un mandat
très long, qu'il devra y avoir une consultation annuelle. Quant à
moi, la continuité m'apparaît très importante au niveau des
membres qui seront là. Cela m'apparaît une donnée
fondamentale. Si, à tous les deux ans ou même à tous les
trois ans, tout le personnel était à remplacer... Ce serait
l'esprit de la loi, si les mandats étaient d'une durée fixe de
trois ans, c'est comme cela que cela se produirait. Je pense qu'il faut trouver
une façon de s'assurer...
Soit qu'on dise que les mandats sont d'une durée de deux ans et
que, pour le conseil de départ, la moitié des membres ont un
mandat d'une durée d'un an et les autres de deux ans; à ce
moment...
M. Paquette: On renouvelle à tous les deux ans.
M. Clair:... on renouvelle à tous les deux ans.
M. Paquette: Ce serait une amélioration. Donc, vous
pourriez prévoir une disposition transitoire pour le premier
conseil.
M. Clair: Exactement.
M. Paquette: Après cela, on pourrait dire à tous
les deux ans.
M. Clair: Exactement.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que je pourrais poser
une question? J'en ai le droit en tant que président. Qu'arriverait-il
si c'était en pleine négociation?
M. Clair: II y a sûrement une disposition qui indique
qu'à l'expiration de leur mandat les membres de l'institut demeurent en
fonction jusqu'à ce qu'ils soient remplacés ou nommés
à nouveau. Les chances sont que, pour n'importe qui avec une tête
sur les épaules, tant du côté syndical que du
côté gouvernemental, il y aurait un "gentlemen's agreement" qui
interviendrait et cela ne se ferait pas aussi subitement que cela. D'ailleurs,
c'est toujours sujet à la soumission de listes syndicales.
Est-ce qu'on peut travailler sur un amendement qui irait dans ce sens?
On comprend qu'on s'entend sur l'objectif qu'il n'est pas question que tous les
mandats viennent à échéance en même temps. On va
tenter de construire une formule qui assure cependant que ce renouvellement est
assuré pour... Je me reprends: La durée des mandats serait
idéalement, après les mesures transitoires de départ, la
même pour tous les membres. Cependant, il faudrait s'assurer d'un
renouvellement partiel du conseil d'administration et non pas que tous les
mandats viennent à échéance en même temps. Ce sont
les deux objectifs qu'on poursuit.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre ne s'oriente pas vers
un mandat de quatre ans?
M. Clair: J'aimerais qu'on émette des hypothèses
pour voir comment on pourrait combiner cela avec un mandat de trois ans ou de
deux ans. Mais j'ai bien peur qu'on en vienne quand même à une
consultation annuelle si on ne veut pas que les mandats dépassent trois
ans.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que vous
proposez...
M. Clair: Je vais demander à mes gens d'émettre des
hypothèses, M. le Président, et on y reviendra.
Le Président (M. Lachance): D'accord. M. Polak: Avant de
suspendre...
Le Président (M. Lachance): D'accord, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, le ministre vient de mentionner
des périodes d'un an et de deux ans. Disons que, pour le premier bureau,
ce seraient des mandats d'un an et deux ans, vu qu'un an ce n'est pas vraiment
long pour que la personne en question connaisse un peu le déroulement du
système de fonctionnement. Peut-être qu'on devrait penser à
deux et à trois ans, au lieu d'un et deux ans.
M. Clair: C'est ce que j'ai indiqué tantôt.
J'étais prêt à consentir, quant à moi, à
l'amendement: "d'au moins deux ans et d'au plus trois ans".
M. Polak: D'accord.
M. Clair: On va travailler sur un amendement de ce type.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, avant que nous
suspendions cet article-ci, le ministre, il y a quelques instants, a
reconnu qu'il n'avait pas porté attention aux remarques que je faisais
pendant qu'il consultait ses collaborateurs.
M. Clair: Je le reprends, M. le Président. J'ai
indiqué, dès le départ, que j'avais bien
écouté le député puisque j'avais eu l'occasion de
constater qu'il ne traitait pas du sujet principal qui était en
discussion.
M. de Bellefeuille: Non, le ministre a raison. Je ne traitais
pas, à ce moment, du sujet principal qui était en discussion,
techniquement, mais il me semble que je traitais quand même d'un sujet
d'une très grande importance.
Le Président (M. Laplante): M. le député, je
voudrais vous dire que l'article 5 a été suspendu car il y avait
des amendements pour féminiser l'article. Cela, c'est à l'article
5.
Des voix: Ah! oui.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez déjà
une motion là-dessus faite par la députée des
Îles-de-la-Madeleine, je pense.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne suis pas
sûr que vous ayez raison.
Le Président (M. Laplante): C'était à
l'article 4 et il a été adopté. Je m'en excuse, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: L'article 4, selon mon souvenir...
Le Président (M. Laplante): C'était à
l'article 4 et il a été adopté.
M. de Bellefeuille:... a été adopté tel
quel.
Le Président (M. Laplante): Oui, oui.
M. de Bellefeuille: Je revenais à la charge
auprès...
Le Président (M. Laplante): C'est doublement
irrégulier. Le même article a été adopté et
cela avait fait l'objet d'un amendement qui a été
refusé.
M. de Bellefeuille: M. le Président, vous ne pouvez pas me
faire cela. Ce n'est pas irrecevable du tout parce que le texte de l'article 7
dit: "Le mandat des membres de l'institut est d'au plus trois ans à
l'exception de celui du président et des vice-présidents qui sont
nommés pour au plus cinq ans. Leurs mandats sont renouvelables. À
l'expiration de leur mandat, Ie3 membres de l'institut demeurent en fonction
jusqu'à ce qu'ils soient remplacés ou nommés à
nouveau. "
Je vous ferai observer, M. le Président, que dans la
deuxième ligne on parle du président et des
vice-présidents.
Le Président (M. Laplante): Remarquez, M. le
député...
M. de Bellefeuille: Ma proposition, mon invite au ministre, c'est
qu'il prenne l'initiative de féminiser le vocabulaire dans cet article
et, évidemment, dans les autres articles de la loi. Il me semble que
j'ai parfaitement le droit de soulever cette question chaque fois que le
vocabulaire n'est pas féminisé. C'est le cas ici à
l'article 7. On parle du président et des vice-présidents. Je
répète que c'est une question qui est importante. Je ne sais pas
si le ministre voudra être le dernier des Mohicans qui va s'opposer
à la féminisation du vocabulaire. C'est un courant qui va nous
emporter tous. D'ailleurs, je suis d'accord avec l'idée que la vieille
règle selon laquelle le masculin l'emporte sur le féminin ne
tienne plus de nos jours. Cela n'a pas de sens, vu l'émancipation de la
femme. Ces vieilles règles doivent disparaître et le ministre
devrait, à titre de ministre responsable de l'Année
internationale de la jeunesse comme à titre de membre du gouvernement,
prendre l'initiative. Nous le lui avons proposé, ce n'est pas difficile.
Il n'a qu'à se tourner vers ses collaborateurs et à leur dire:
Féminisez-moi tout cela, et voilà.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes, je vous rappelle...
M. de Bellefeuille: Cela se fera et le ministre aura cette belle
plume à son chapeau.
Le Président (M. Laplante):... que cela a
été discuté à l'article 4 avec même une
motion qui a été battue.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne parle pas de
l'article 4.
Le Président (M. Laplante): Oui, oui, l'article 4...
M. de Bellefeuille: Non, non.
Le Président (M. Laplante): C'était pour
féminiser le mot "président", "présidente".
M. de Bellefeuille: Non, non, M. le Président, je ne parle
pas de l'article 4, je parle de l'article 7.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je veux simplement indiquer,
cette fois-ci, au député de Deux-Montagnes que j'ai très
bien écouté tout ce qu'il m'a dit et je peux confirmer qu'il ne
traitait pas du sujet principal qui était en discussion, ce qui ne
m'amène pas pour autant à changer mon point de vue.
Le Président (M. Laplante): L'article 7 est-il
suspendu?
M. Paquette: Sur la question de règlement, M. le
Président, que vous avez vous-même soulevée, je pense qu'il
est inexact de dire qu'il y a eu un amendement sur la question de la
féminisation des titres. Le point a été soulevé par
ma collègue des Îles-de-la-Madeleine vendredi et implicitement,
dans un amendement que nous avions formulé à l'article 4, en
toute logique, l'amendement changeait le contenu de l'article, il visait
à faire de l'institut un organisme paritaire et à supprimer les
deux postes de vice-président. On avait parlé de la nomination
d'un président ou d'une présidente, pour être logique, mais
nous n'avons pas proposé explicitement d'amendement pour
féminiser les titres. Nous avons fait un appel au ministre qui ne nous a
pas donné d'argument convaincant. (17 h 30)
Je pense que mon collègue de Deux-Montagnes est tout à
fait dans l'ordre de resoulever la question ici puisqu'on est à
l'article 7 et qu'il n'y a pas d'amendement sur la table. On est en train
d'examiner la question de la durée de la nomination des membres. Je
pense qu'un député de cette commission peut soulever un autre
sujet qui est relié à l'article. Je pense que si vous rendez une
décision dans ce sens, cela sera un précédent très
grave. Cela voudra dire que, lorsqu'on est en train de discuter d'un article,
un député de peut pas soulever une question différente de
celle soulevée par un autre député.
M. Clair: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 7 est suspendu.
Est-ce cela que vous proposiez?
M. Clair: Oui, M. le Président. Je voulais simplement dire
au député de Rosemont que, lorsqu'il m'avait assuré, au
départ, de sa collaboration dans cette commission parlementaire, je ne
pensais pas que cela serait pour refaire le débat sur la
féminisation de chacun des articles où les mots
"président" et "vice-président" pourraient être
féminisés!
M. de Bellefeuille: II n'en tient qu'au ministre!
Le Président (M. Laplante): L'article 7 est suspendu.
M. Clair: Suspendu.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 8. M. le
ministre.
M. Clair: Je n'ai aucun amendement à proposer.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il une discussion sur
l'article 8?
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il n'y a pas
grand-chose à dire sur l'article 8, sauf de souligner encore une fois,
la difficulté, lorsqu'il y aura une vacance, à la nomination de
représentants syndicaux. Prenons un exemple. Un représentant de
la FTQ a obtenu un siège à l'institut et, à un moment
donné, pour toutes sortes de raisons, doit quitter ses fonctions. Le
ministre va être obligé de demander des listes à toutes les
organisations syndicales. Les organisations syndicales vont comprendre qu'il
n'est pas très bon qu'un de leurs représentants
démissionne parce qu'ils n'ont aucune garantie qu'il pourra être
remplacé par un membre de la même organisation syndicale. Mais,
évidemment, avec l'économie qu'a choisie le ministre dans le mode
de nomination des membres de l'organisme, il n'y a aucune façon de
pallier ce problème. Je signale simplement la difficulté.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres remarques
sur l'article 8? L'article 8 est adopté. Sur division? Comment
l'adoptez-vous?
M. Paquette: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division? J'appelle
l'article 9.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. Est-ce qu'il y a
discussion sur l'article 9?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, on dit à l'article 9 que
le président et le vice-président sont
rémunérés - parce que les autres ne le sont pas.
Maintenant, je comprends que la fonction de vice-président ou de
vice-présidente est d'agir en même temps comme directeur
général. Je présume donc que c'est une fonction à
temps plein. Est-ce que le vice-président peut faire un autre travail
à part celui de vice-président de cet organisme? Est-ce qu'ils
sont rémunérés, et de quelle manière? Comment
voit-on leurs fonctions? J'imagine qu'il peut y avoir des périodes
où ils sont occupés presque à temps plein avec cette
fonction. Je ne trouve nulle part une description de la fonction de
vice-président, si j'ai bien compris. Je comprends la fonction de
président parce qu'il occupe la fonction de directeur
général.
Ma deuxième question est la suivante: Quand on dit que les
membres auront droit à une allocation de présence et au
remboursement des frais raisonnables, j'imagine que c'est selon le
barème général qui existe dans la fonction publique.
Est-ce un peu comme cela qu'il faut le voir?
M. Clair: Pour répondre à la première
question, M. le Président, l'article 11 pourvoit aux fonctions qui sont
exercées par les vice-présidents. Ceux-ci pourront exercer leur
mandat à temps plein ou à temps partiel. En ce qui concerne les
rémunérations qui seront fournies à ces gens, elles seront
conformes aux politiques salariales du gouvernement.
M. Polak: La politique salariale de qui, de quelle fonction? De
quelle classe de fonctionnaires? Comment faut-il voir cela?
M. Clair: II y a des mécanismes d'évaluation pour
chacune des personnes qui entre dans la fonction publique, quel que soit le
rang auquel elle est nommée. Il y a des critères salariaux qui
s'appliquent dans chaque cas.
M. Polak: Le remboursement des frais raisonnables et allocation
de présence, est-ce selon le barème général...
M. Clair: Cela se retrouve dans de très nombreuses lois du
Québec.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on a fait un long
débat - je ne me rappelle plus si c'était jeudi ou vendredi - sur
la question des vice-présidents. Je ne voudrais pas reprendre tout ce
débat, mais il faut bien comprendre que, dans l'esprit du ministre, on
demande à l'Assemblée nationale de nommer deux
vice-présidents comme soupape de sécurité au cas où
les organismes syndicaux ne procéderaient pas à la nomination de
leurs représentants, auquel cas le gouvernement s'abstiendrait de nommer
six représentants patronaux, si je comprends bien, et on se retrouverait
avec un conseil d'administration formé de trois personnes: un
président et deux vice-présidents nommés par
l'Assemblée nationale.
C'est peut-être dans le cas où les deux
vice-présidents auraient un certain travail à faire. Autrement,
leur nomination ne se justifie pas par les fonctions qu'ils ont à
exercer. Par exemple, on voit un peu plus loin que le président est
également le directeur général de l'organisme; alors,
personne ne sera surpris si cette personne est nommée à temps
plein avec un salaire adéquat pour exercer ces fonctions.
Dans le cas des vice-présidents, il en va tout autrement,
particulièrement si on a un conseil d'administration de 19 membres. Il
faut bien se rendre compte qu'on a un institut qui n'aura pas des centaines
d'employés à son service, mais qui en aura plutôt
peut-être 20, 30 ou 40, qui fonctionnera beaucoup par contrats et qui
accordera des sous-contrats à d'autres organismes. Je trouve dangereux
de prévoir que les vice-présidents seront
rémunérés. J'aurais tendance à apporter un
amendement à cet article pour dire que les membres de l'institut,
à l'exception de président, ne sont pas
rémunérés. Je ne vois pas pourquoi on
rémunérerait les vice-présidents.
On prévoit de toute façon que, pour les autres membres, il
y a une allocation de présence et de remboursement des frais
raisonnables engagés par eux dans l'exercice de leurs fonctions. Il me
semble que, dans le cas des vice-présidents, c'est amplement suffisant.
À moins que le ministre ne soit capable de nous dire ce que ces gens
vont faire et s'il y a du travail pour eux, je trouverais cela hautement abusif
même qu'on prévoit, qu'on ouvre la porte à une
rémunération dans le cas des vice-présidents.
M. Clair: M. le Président, le principal emporte
l'accessoire. Je sais que le député de Rosemont a plaidé
la semaine dernière qu'il ne devrait pas y avoir trois membres
nommés par l'Assemblée nationale, mais seulement un: le
président, à la majorité des deux tiers. Je pense que sa
proposition d'amendement est tout à fait conforme avec ce qu'il
défendait la semaine dernière et, dans ce sens, c'est d'une
cohérence inattaquable.
Maintenant, je rappelle encore une fois qu'il est possible que ces
vice-présidents n'exercent pas leurs fonctions à temps plein,
tout comme il est possible qu'ils les exercent effectivement, selon la
participation ou non des syndicats des secteurs public et
parapublic à l'organisme. Je pense qu'il faut donc prévoir
qu'ils puissent être rémunérés, mais je comprends
bien que cela fait parfaitement suite à ce que le député
de Rûsemont plaidait la semaine dernière.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le ministre a
raison de dire que c'est cohérent avec ce qu'on disait.
M. Clair: M. le député...
M. Paquette: Cependant, indépendamment de cette
cohérence, je tiens compte de la volonté du ministre de les
nommer quand même et je ne reviens pas là-dessus. Je ne reviens
pas sur le fait que l'article a été adopté et qu'il y a un
président et deux vice-présidents nommés par
l'Assemblée nationale. Soit! Cependant, le ministre semble dire que, si
l'organisme devait se retrouver avec seulement trois personnes au conseil
d'administration, cela donnerait plus de travail aux vice-présidents. Au
contraire! On peut prévoir qu'au contraire les réunions vont
être moins longues et peut-être moins fréquentes. Cela
travaille mieux à 3 qu'à 19.
De toute façon, ces deux vice-présidents dans leur
travail, dans leurs fonctions, n'ont pas plus de fonctions que les autres
membres du conseil d'administration pour qui on prévoit, dans le
même article qui est en discussion actuellement, uniquement des
allocations de présence et de remboursement des frais raisonnables.
Pourquoi pas pour eux aussi comme les autres?
On m'avait soumis un projet d'amendement à savoir que les
vice-présidents ne soient rémunérés que dans la
mesure où le conseil d'administration le décide. Mais, encore
là, connaissant la propension des organismes à étendre
leur personnel et leurs attributions - je vois que le ministre est d'accord
avec moi, en tant que président du Conseil du trésor, je pense
que c'est un des problèmes auxquels il a à faire face tous les
jours - il faut laisser le moins possible dans nos lois la porte ouverte
à ce genre de choses. Comme les vice-présidents n'ont pas de
fonction administrative, contrairement au président qui, lui, va
être directeur général, je ne vois pas pourquoi le ministre
ne voudrait pas tout de suite nous donner cette garantie et fermer la
porte.
Les vice-présidents, s'ils doivent se réunir plus souvent,
à un moment donné, auront des allocations de présence et
le remboursement des frais raisonnables. Autrement, on va créer deux
niches. Et, là, je ne tomberai pas dans la démagogie
libérale, je n'irai pas accuser le ministre de vouloir faire des
nominations, pas du tout, je suis certain que ce n'est pas l'intention du
ministre, en aucune façon.
M. Clair:... de l'Opposition.
M. Polak: M. le Président, une question de
règlement. Je n'aime pas le mot "démagogie". J'ai
écouté religieusement le député de Rosemont, j'ai
même appuyé son amendement...
M. Clair: Même si je ne comprenais pas.
M. Polak:... parce que je regarde cela d'une manière la
plus objective possible, mais je ne veux pas être accusé de
démagogie d'aucune manière, ni mon parti. Donc, je suggère
même, M. le Président, que vous lui demandiez de retirer cette
remarque parce qu'on est ici pour étudier objectivement, article par
article, le projet de loi.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Sur la même question de règlement.
M. Clair: II devrait la retirer, effectivement, parce qu'il en
est incapable.
M. Laplante: Sur la même question de règlement.
C'est la première fois que je vois l'Opposition organisée pour un
"filibuster" et être obligée de se rétracter. C'est la
première fois que je vois cela.
M. Polak: M. le Président, encore un autre point de
règlement. Le député de Bourassa vient de mentionner que
l'Opposition est en train de faire un "filibuster".
M. Laplante: Arrangez-vous donc entre vous!
M. Polak: S'il vous plaît, j'espère qu'il a suivi
les travaux de cette commission jusqu'à maintenant; je pense qu'on est
sérieusement en train d'étudier le projet de loi article par
article.
M. Laplante: Vous êtes des amis, arrangez-vous entre
vousl
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, vous voulez continuer.
M. Paquette: M. le Président, je m'excuse...
Le Président (M. Lachance): Sur le fond, s'il vous
plaît!
M. Paquette:... que ma remarque ait fait sourciller le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Elle m'a blessé.
M. Paquette: Je regrette qu'il ait été
blessé. Cependant, le terme que j'ai utilisé n'est pas
antiparlementaire et, comme j'ai eu l'occasion de le constater à
plusieurs reprises, je ne dirais pas que c'est l'apanage unique du Parti
libéral, d'ailleurs. Cependant, revenons sur le fond. Les deux
vice-présidents, quand vous regardez à l'article 11, exercent les
fonctions que détermine le président dans le cadre des
règlements de l'institut. On voudrait, en quelque sorte, que les
vice-présidents puissent être des fonctionnaires de l'institut. Si
le directeur général a besoin de personnel administratif, rien
n'indique qu'un cadre, ce n'est pas suffisant pour gérer un organisme de
20 personnes. On n'a pas besoin de sous-cadres quand il y a aussi peu de gens
en cause. Donc, il n'y a aucune fonction de définie a priori.
L'article 12 montre que, contrairement à d'autres organismes, les
vice-présidents n'ont même pas la fonction normale qu'on assigne
généralement au vice-président, qui est de remplacer le
président en cas d'absence ou d'incapacité temporaire puisqu'on
dit: Le gouvernement désigne un membre qui peut être quelqu'un
d'autre que le vice-président, pour le remplacer durant l'absence ou
l'incapacité temporaire. On y reviendra tantôt parce que j'imagine
que c'est comme président, mais comme directeur général il
y a autre chose qui pourrait être prévu.
On va avoir là deux postes qui, possiblement, vont devenir
à temps plein pour un organisme qui n'en a nullement besoin. Pourquoi ne
pas fermer la porte immédiatement et dire que les vice-présidents
ne seront pas rémunérés? (17 h 45)
M. Clair: Je pense, M. le Président, qu'on a fait le
débat au moment de l'adoption de l'article 4 et de l'article 5. Je pense
qu'il est possible, pour assurer le départ de l'institut, que nous ayons
besoin de nommer trois personnes à temps plein. Je ne le souhaite pas,
mais je dis que ce n'est pas impossible et, dans la mesure où cela est
possible, je pense qu'il est normal de prévoir qu'elles puissent
être rémunérées.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: L'ancien ministre des Finances aimait
employer l'expression "couper dans le gras", et je crois que le gouvernement a
voulu créer l'impression qu'il avait effectivement coupé dans le
gras des dépenses gouvernementales. Mais, là, le ministre nous
propose de réintroduire encore du gras, parce que ces deux
vice-présidents ou vice-présidentes
rémunérés, c'est du gras!
Le président est en même temps directeur
général, alors voilà, il y a quelqu'un qui est permanent,
qui est rémunéré et qui convoque les réunions, les
prépare, les préside, etc. dirige le personnel de l'institut. Que
viennent faire là-dedans deux vice-présidents
rémunérés? C'est du gras qu'on ajoute à l'appareil
gouvernemental. Il me semble que le président du Conseil du
trésor devrait être conscient de la nécessité
d'éviter de réintroduire du gras après tous les efforts
que le gouvernement a faits pour couper dans le gras.
Une fois de plus, je vais faire appel au ministre. Je sais que je
m'éloigne de ce qu'il considère comme le sujet principal de
l'article, mais je voudrais une fois de plus faire appel au ministre pour qu'il
accepte de faire en sorte que ce texte de l'article 9 du projet de loi ne
perpétue pas une domination indue et inacceptable du masculin sur le
féminin. Le ministre devrait consentir, il me semble, à ce que
l'article 9 du projet de loi parle de président ou présidente et
de vice-président ou vice-présidente, conformément
à la tendance actuelle de féminisation du vocabulaire, tendance
fondée sur un esprit de justice, tendance qui correspond parfaitement au
désir d'émancipation de la moitié de l'humanité.
C'est une des questions les plus actuelles dans notre
société.
Quelles sont les questions auxquelles la jeunesse, en particulier,
s'intéresse? Il y a la question de la paix, la protection de
l'environnement, l'écologie, les loisirs, bien sûr, comme tout le
monde, mais il y a la question de l'émancipation féminine
à laquelle la jeunesse s'intéresse particulièrement. Le
ministre, qui est le ministre responsable pour le gouvernement du Québec
de l'Année internationale de la jeunesse, devrait reconnaître que
c'est là une des grandes préoccupations de la jeunesse et devrait
faire oeuvre de pionnier, être le premier parmi les membres de ce
gouvernement à présenter à l'Assemblée nationale,
pour adoption, une loi où le vocabulaire aurait été
féminisé. Il ferait oeuvre de pionnier dans ce domaine, sinon
dans d'autres, et il pourrait léguer à la tradition parlementaire
un héritage très précieux, s'il prenait cette louable
initiative. Je ne sais pas quels autres arguments invoquer pour convaincre un
ministre qui est jeune, un ministre qui est responsable de l'Année
internationale de la jeunesse, un ministre qui est sûrement sensible aux
revendications des femmes - c'est peut-être à lui qu'on va confier
d'ailleurs le dossier de la condition féminine, à moins que cela
n'ait déjà été fait et que quelqu'un d'autre ne
soit responsable de ce dossier, que je sache, le dossier de la condition
féminine est en suspens - et un des moyens d'attirer cette
responsabilité nouvelle, ce serait d'assurer la féminisation du
texte de l'article 9 du projet
de loi.
M. Clair: M. le Président, cette noble et constante
préoccupation du député de Deux-Montagnes l'honore
grandement. Malheureusement, je n'ai pas le mandat de donner suite à
celle-ci.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je voudrais simplement
intervenir sur les arguments du député à propos de la
féminisation de la terminologie. Je voudrais faire une remarque
générale. On n'a pas besoin de soulever ce point à chaque
article. Cela a été fait une fois. Le député peut
bénéficier de mon expérience en tant qu'avocat en pratique
privée. Cela prend un changement dans la Loi d'interprétation du
Québec. On ne peut pas, dans chaque loi, inscrire... Je suis d'ailleurs
d'accord avec son observation générale, je suis totalement
d'accord avec cela.
M. Clair: Je tiens à souligner au député de
Sainte-Anne que j'ai d'ailleurs eu à souligner à la
députée des îles-de-la-Madeleine la semaine dernière
que je partageais son point de vue sur le fond des choses, mais que c'est la
Loi d'interprétation qu'il faudrait modifier.
M. Polak: Pour rester sérieux, M. le Président, je
pense qu'on n'a plus besoin de revenir là-dessus à chaque
article. Je pense que le ministre a bien pris notre demande, en
considération de part et d'autre. Dans la Loi d'interprétation,
on devrait vraiment avoir un article général qui couvre cette
situation.
Le Président (M. Lachance): Êtes-vous en train de
dire, M. le député, que vos collègues de l'Opposition sont
en train de "filibuster"?
M. Polak: Je n'ai aucun commentaire sur ce qu'ils font. Je sais
que, moi, je ne le fais pas. Je suis venu ici pour faire sérieusement
l'étude article par article.
M. Clair: Je vous félicite! M. Paquette: M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Je vais venir sur votre dernière remarque qui
avait tendance à nous faire nou3 poser des questions sur
l'impartialité de la présidence. C'est une chose qu'un
député membre de la commission ne doit jamais faire. Je vais me
contenter de faire une dernière tentative auprès du ministre en
déposant un amendement qui consiste à biffer les mots "et des
vice-présidents" à l'article 9.
Le Président (M. Lachance): C'est recevable.
M. Clair: Comme on l'a déjà débattu sur le
plan des idées, j'imagine que l'objectif du député de
Rosemont est d'obtenir un vote sur cette question.
M. Paquette: Avant, M. le Président, très
rapidement, je crains que si cet amendement n'est pas adopté nous
n'allions nous retrouver avec la nomination par l'Assemblée nationale
d'un président et de deux vice-présidents. Cela va. Cela a
été réglé à un autre article. Cependant,
parce que ce seront trois personnes nommées par l'Assemblée
nationale, on va avoir tendance à leur trouver des choses à faire
et à les rémunérer en conséquence, ce qui va
produire, comme le soulignait mon collègue de Deux-Montagnes, une
augmentation du nombre de cadres, une augmentation indue, pour un petit
organisme qui peut très bien fonctionner avec un président et un
directeur général et où on pourrait tout de suite
spécifier que les deux vice-présidents ne seront pas
rémunérés. C'est la dernière tentative que je fais
auprès du ministre. J'espère qu'il votera pour cet
amendement.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que je comprends que
l'amendement est rejeté ou adopté?
M. Polak: Non, on vote par appel nominal, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Lachance): Un vote nominal? M. le
secrétaire, faites l'appel nominal, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Oui. M. Dussault (Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Rejeté.
Le Secrétaire: M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Secrétaire: M. Clair (Drummond)?
M. Clair: Contre.
Le Secrétaire: M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Président (M. Lachance): La motion du
député de Rosemont est donc rejetée. Est-ce que l'article
9 est adopté?
Des voix: Adopté sur division.
Le Président (M. Lachance): L'article 9 est donc
adopté sur division. J'appelle l'article 10.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à annoncer.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 10? Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Paquette: Non. Que le président soit en même
temps directeur général...
Le Président (M. Lachance): L'article est-il
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 11. Oui, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, sur l'article 11... J'ai
voté en faveur de la position du gouvernement concernant la
rémunération des vice-présidents, mais cela
m'inquiète tout de même aussi. Je ne voudrais pas ouvrir la porte
toute grande à ce que ces deux vice-présidents ou
vice-présidentes soient des employés à temps plein avec un
gros salaire et tout le reste.
Je me demandais comment cette fonction des vice-présidents est
décrite. Je retrouve, à l'article 11, que "les
vice-présidents exercent les fonctions que détermine le
président dans le cadre des règlements de l'institut. "
L'institut a le règlement. De la façon dont je comprends cet
article, l'institut se donne des règlements et, en vertu de ces
règlements, c'est le président qui dit quelles seront les
fonctions des deux vice-présidents. Cela ne donne pas vraiment le
contrôle que je cherchais à avoir...
Le ministre m'a expliqué que la fonction de
vice-président... Je comprends, au début, que vous ayez
probablement besoin de gens à temps plein, mais, à partir du
moment où le système commence à rouler, j'aimerais qu'il y
ait une sorte de contrôle pour que les gens travaillent le moins possible
à temps plein. Donc, y aurait-il moyen de m'expliquer cela?
M. Clair: M. le Président, il faut bien comprendre que,
que l'institut ait à fonctionner de façon paritaire ou encore
qu'il ait à fonctionner de façon indépendante,
c'est-à-dire sans la contribution des représentants patronaux et
syndicaux, au-delà de la présidence des réunions du
conseil et de la direction générale des affaires de l'institut,
il y aura de nombreuses responsabilités et beaucoup de travail de
coordination - oui, c'est le mot - et aussi d'interprétation, de
préparation des réunions du conseil d'administration de
l'institut, puisqu'il ne reviendra pas tant aux employés de l'institut
de faire l'interprétation des données, mais bien davantage aux
membres.
Que ce soit de vérifier le déroulement des études,
de vérifier si le devis émis, par exemple, par le conseil
d'administration -encore une fois, qu'il soit à 3 ou à 19 membres
- est bien suivi, de préparer, pour les autres membres du conseil, des
interprétations, des études et des analyses qui seront
préparées, je pense que cela pourra effectivement requérir
la permanence ou une contribution majeure de la part de ces deux
vice-présidents.
Je rappelle que, l'autre jour, j'ai accepté un amendement pour
bien indiquer qu'il y avait deux rôles à l'institut: la recherche
- je sais que le député de Rosemont a tiqué sur le mot
"recherche"...
M. Paquette: Le ministre est très souple dans
l'étude de ce projet de loi.
M. Clair:... et sur l'information...
M. Paquette: II nous accorde presque tout ce que l'on veut.
M. Clair:... ne serait-ce que ces deux grandes fonctions, en
termes de recherche et d'information, ce sont là deux rôles
majeurs qui seront assumés par l'institut et, quant à moi, je
pense que, oui, il est possible, si l'institut n'est pas paritaire, tout comme
s'il est paritaire, d'avoir du travail à temps plein pour deux
personnes. Là-dessus, il est normal qu'on puisse indiquer à cet
article que... Est-on à l'article 10 ou à 11?
Une voix: 11.
M. Clair: À l'article 11, c'est cela, on vient d'adopter
l'article 10. Donc, les vice-présidents exercent les fonctions que
détermine le président dans le cadre des règlements de
l'institut.
M. Polak: M. le Président, le ministre vient de dire
quelque chose qu'il n'a pas dit
tout à l'heure. Il vient de dire presque que les deux
vice-présidents auront une fonction permanente.
M. Clair: Je dis que c'est possible. La joi prévoit les
deux possibilités. Il n'est indiqué ni qu'ils sont à temps
plein, ni qu'ils sont à temps partiel. Donc, ils peuvent être l'un
ou l'autre.
M. Polak; Comment pourrait-on éviter, comme le
député de Deux-Montagnes le mentionnait tantôt, de
réintroduire le gras? Cet élément m'inquiète
aussi.
Une voix: Le gras?
M. Polak: Réintroduire le gras...
Une voix: Le gras, oui.
M. Polak:... qu'on avait coupé auparavant? Il y a une
tendance naturelle, du moment où l'on commence avec deux
vice-présidents à temps plein, de les garder à temps
plein. Ils vont rester des fonctionnaires permanents. J'aimerais mieux... Je
comprends qu'au début on puisse avoir besoin de beaucoup de leur temps,
mais, à un moment donné, à partir du moment où l'on
peut couper cela à une fonction partielle ou à temps partiel,
j'aimerais voir cela introduit dans la loi d'une quelconque façon et je
ne le retrouve pas. Je trouve plutôt que ma réaction est
maintenant à savoir que ces trois personnes sont là à
temps plein.
M. Clair: Alors, M. le Président, le député
a eu l'occasion, il y a quelques minutes à peine, de manifester cette
intention, il n'avait qu'à voter...
M. Paquette: Absolument.
M. Clair:... pour l'amendement qui était proposé
par le député de Rosemont.
M. Paquette: Absolument, le ministre a raison de souligner
l'incohérence de l'Opposition libérale.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'on est prêt
à adopter l'article?
M. Clair: Est-ce que je comprends qu'on peut adopter l'article
11?
M. de Bellefeuille: Non, il est 18 heures.
M. Clair: Un bon geste, monsieur!
Le Président (M. Lachance): II reste encore 30
secondes.
M. de Bellefeuille: Non, M. le Président, on n'est pas
prêt à adopter cela.
Le Président (M. Lachance): Ah, non!
M. de Bellefeuille: Non, M. le Président, nous avons des
objections que nous voulons encore formuler.
Le Président (M. Lachance): Par conséquent,
même s'il reste encore 18 secondes, nous allons...
M. Paquette:... je vais intervenir.
Le Président (M. Lachance): De toute façon, il ne
reste pas assez de temps maintenant et la séance est suspendue
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration poursuit ses
travaux avec le mandat de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 37, Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic. Nous en étions à l'article 11. Je pense que c'est M.
le député de Bellefeuille - pardon, de Deux-Montagnes, il
paraît qu'il ne faut pas donner le nom d'un personnage encore vivant
à un comté - le député de Deux-Montagnes, dis-je,
qui avait la parole.
M. Bisaillon: Le ministre est prêt à le tuer
immédiatementl
M. de Bellefeuille: Oui, M. le Président. Je note que,
dans l'article 11, on dit que les vice-présidents exercent les fonctions
que détermine le président dans le cadre des règlements de
l'institut. J'ai commencé à prendre connaissance d'un document
publié sous la direction d'un éminent collègue du
président du Conseil du trésor, le député de
Laval-des-Rapides, ministre des Relations internationales et ministre du
Commerce extérieur; ce document était intitulé "Le
Québec dans le monde ou le défi de l'interdépendance".
Quelle ne fut pas ma joie en ouvrant la première page de ce document,
dès l'avant-propos, de lire la première phrase qui se lit comme
suit: "Des Québécoises et des Québécois oeuvrent
depuis longtemps à façonner notre relation avec le monde
extérieur. " Voilà un ministre qui a compris! Voilà un
ministre qui a décidé qu'il fallait féminiser le
vocabulaire.
Je sais que le président du Conseil du trésor nous a
déjà dit son avis sur cette question. Il nous a dit qu'il n'a pas
le mandat de féminiser le texte de sa loi. Il a
dit que cela relevait de la Loi d'interprétation. Mais, il me
semble que la Loi d'interprétation relève du gouvernement dont le
ministre est membre. Le ministre nous a dit une chose d'une extrême
importance. Il nous a rappelé qu'il est tout à fait d'accord. Il
nous a rappelé qu'il a dit, en particulier à Mme la
députée des îles-de-la-Madeleine, que, pour ce qui est du
principe de la chose, il est d'accord. C'est extrêmement important, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Êtes-vous certain que
vous êtes dans la pertinence du débat?
M. de Bellefeuille: Oui, oui. Je suis à l'article 11
où on parle des vice-présidents et du président. On ne
parle pas des vice-présidents ou vice-présidentes et du
président ou de la présidente.
Alors, puisque le ministre est d'accord, il me semble qu'il pourrait
solliciter le mandat. Il dit qu'il ne l'a pas. Il pourrait consulter ses
collègues, il pourrait obtenir le mandat. Il pourrait dire: Moi, je
voudrais être un pionnier en cette matière, je voudrais être
le premier à féminiser le vocabulaire de la loi et, s'il faut
d'abord modifier la Loi d'interprétation, le ministre qui est membre du
Conseil des ministres pourrait convaincre ses collègues de modifier la
Loi d'interprétation et nous informer, nous tenir au courant de ses
discussions, nous informer de son intention et de l'intention du gouvernement
de modifier la Loi d'interprétation afin de faire en sorte que nos lois
soient rédigées d'une façon qui soit respectueuse de la
moitié de l'humanité qui s'écrit au féminin.
Une fois de plus, M. le Président, je fais appel au ministre. Non
seulement je fais appel au ministre, mais je propose en amendement, pour qu'on
sache à quoi s'en tenir, qu'on insère après les mots "les
vice-présidents" les mots "ou vice-présidentes" et après
le mot "le président" les mots "ou la présidente" à
l'article 11.
Le Président (M. Lachance): Alors, cet amendement est
recevable. M. le député de Sainte-Anne, sur l'amendement.
M. Polak: M. le Président, cela me déçoit
vraiment d'entendre le député de Deux-Montagnes parce qu'on avait
dit tout à l'heure, avant 18 heures, que cette affaire de
féminisation, c'était une question de principe
général. Il a soulevé une couple d'articles et le ministre
a dit - et là, je suis d'accord avec le ministre - que c'est à
l'étude. Nous sommes tous d'accord avec le principe. Il ne faut pas
qu'il revienne à chaque article encore avec le même
problème parce que cela crée l'impression qu'il n'est pas
sérieux dans l'étude du projet de loi article par article.
M. le Président, je suis venu ici, dès cet
après-midi, pour étudier le projet de loi 37 afin de tenter de le
bonifier sur de grands principes, mais pas sur... Je n'ai rien contre le
principe, je suis tout à fait d'accord avec lui, mais à chaque
article il recommence. Donc, je veux prendre une distance claire et nette
à une sorte d'obstruction légale ou théorique de la part
du député de Deux-Montagnes que j'ai toujours admiré comme
un homme de principe. Cela me déçoit beaucoup. (20 h 15)
M. le Président, est-ce qu'il y a un moyen de museler, de fermer
la bouche au député de Deux-Montagnes sur ce principe et de dire:
Vous avez fait votre point, vous n'en parlez plus, c'est fini une fois pour
toutes? Si le règlement permet cela, je serai le premier à faire
une sorte de motion pour cette affaire. Je n'aime pas, disons, vraiment
restreindre le droit de parole d'un député, mais là, il
est allé trop loin, à moins qu'il ne veuille faire une
obstruction totale, qu'il soit venu ici seulement pour bloquer le projet de
loi, pour faire une sorte d'obstruction systématique. On appelle cela
comment aux États-Unis?
Une voix: Un "filibuster".
M. Polak: Un "filibuster", c'est cela; en français, des
"filibustes". J'ai déjà fait une fois des "filibustes", mais
vraiment, M. le Président...
Une voix: Ah oui?
M. Polak: Oui, mais cela remonte à quelques années.
Je me le rappelle très bien, c'était sur la loi
d'Hydro-Québec, sur l'augmentation des prix de
l'électricité, mais sur ce projet, M. le Président,
vraiment j'aimerais bien... Je vous demande une sorte d'ordre. Donnez-nous le
motif ou le moyen pour vraiment faire taire le député de
Deux-Montagnes sur ce point-là seulement, parce qu'il a abordé
beaucoup d'autres points très bien. Il a parlé tout à
l'heure de la fonction de vice-président en comparaison avec le
président, et de tout le reste. Je suis tout à fait d'accord avec
beaucoup de ses points de vue. D'ailleurs, il m'a félicité, il a
dit: Le député de Sainte-Anne a souligné un très
bon point quand il a parlé, tout à l'heure, sur l'article 9.
M. le Président, quand, à chaque article, il commence
à soulever les mêmes points, je pense que ce n'est pas la fonction
d'une commission parlementaire. Vous connaissez les règlements mieux que
moi et je vous demande, M. le Président, s'il y a moyen de couper une
fois pour toutes ses interventions. On connaît le principe. Le ministre a
répondu auparavant et il a répété
cela pour mon bénéfice cet après-midi. Il s'est
offert également pour la féminisation. Nous sommes tous d'accord
sur le principe, c'est à l'étude. Est-ce qu'il y a moyen de se
débarrasser d'une obstruction totale?
Le Président (M. Lachance); M. le député,
nous sommes en démocratie. À ce stade-ci de notre
règlement...
M. Polak: II peut faire ce qu'il veut.
Le Président (M. Lachance): Non, il ne peut pas faire ce
qu'il veut, mais il est à l'intérieur, de façon assez
large, de nos règlements pour l'instant - pour l'instant.
Par conséquent, je ne peux pas, comme vous dites, le museler ni
le faire taire.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je n'avais pas l'intention
au départ d'intervenir sur l'amendement qui a été
déposé par mon collègue de Deux-Montagnes. L'intervention,
cependant, du député de Sainte-Anne m'incite à le faire.
Si j'ai bien compris l'intervention du député de Sainte-Anne, il
serait d'accord avec le principe, mais ce qui l'agace peut-être un peu,
c'est que, comme la question n'a jamais été tranchée de
façon claire et définitive, le député de
Deux-Montagnes se permet de la souligner à nouveau à chaque fois
que l'occasion se présente.
Premièrement, M. le Président, je veux indiquer qu'il me
semble que le ministre pourrait saisir l'occasion de cet amendement qui est
déposé par le député de Deux-Montagnes sur la
question de principe, si ce qui l'empêche de répondre au
désir, au souhait exprimé par le député de
Deux-Montagnes, ce qui l'empêche de répondre à ce
désir - parce que je suis sûr qu'il trouve aussi le
bien-fondé de l'argumentation du député de Deux-Montagnes,
comme du député de Sainte-Anne - c'est que la question n'a pas
été débattue au Conseil des ministres. On a
déjà vu cela dans d'autres projets de loi. Rien
n'empêcherait le ministre d'accepter en principe sans qu'on le retienne
dans les textes pour l'instant et de s'engager à aller faire une
consultation demain, rapidement, au Conseil des ministres et de nous donner une
réponse par la suite. Cela ne bloquerait pas les travaux de la Chambre.
Cela répondrait au besoin ou à la volonté exprimée
par le député de Deux-Montagnes. Cela permettrait de clarifier la
position une fois pour toutes.
Il y a seulement deux façons de clarifier des positions comme
celles-là, vous le savez comme moi, c'est d'en disposer dans un sens ou
dans l'autre. Je pense que l'avantage pour le ministre, si le ministre veut
bien m'écouter... Ce n'est pas engageant en termes de contenu si, dans
la conversation, au cours de l'étude des autres articles, il a
déjà avancé cela comme possibilité ou comme
empêchement de sa part; je pense qu'il pourrait tout simplement en
glisser un mot demain au Conseil des ministres et dire: En principe, je serais
d'accord. Il pourrait nous dire: Ce n'est pas comme cela qu'on a l'habitude de
rédiger les lois. Je vais vérifier et si jamais il y avait des
empêchements majeurs, je dirai non et cela sera classé une fois
pour toutes. Je pense que c'est cela que le député de
Deux-Montagnes vise davantage. Il ne s'agit pas de s'entêter ni d'un
côté, ni de l'autre. Si le ministre pouvait lui donner une
position claire là-dessus demain, à la fin de
l'après-midi, cela me semblerait satisfaire l'argumentation du
député de Deux-Montagnes.
Par ailleurs, M. le Président, tout en reconnaissant ou en
comprenant l'intervention du député de Sainte-Anne, je
déplore, quant à moi, quand même, les termes que le
député de Sainte-Anne a utilisés. Je dois avouer que, pour
avoir travaillé avec lui à d'autres commissions parlementaires,
il ne m'a pas habitué à ce genre d'interventions sectaires,
draconiennes, quasi dictatoriales. S'il y a de la prémonition dans
l'air, j'espère que ce n'est pas le genre de régime auquel le
député de Sainte-Anne s'apprête à participer. Est-ce
que le député de Sainte-Anne veut nous indiquer maintenant que,
dans un régime libéral, il ne serait pas question de discuter des
lois en commission parlementaire, que dès qu'on serait intervenu deux
fois, on serait muselé? Je suis convaincu que ce n'est pas ce que le
député de Sainte-Anne voulait nous annoncer comme régime
futur. Dans ce sens, il devrait laisser parler l'Opposition en implorant le
ministre, comme je le fais, de tout simplement régler la question en se
prononçant demain après-midi sur le principe et en reconnaissant
qu'au départ il n'a pas d'objection de principe. Ce seraient
peut-être des objections techniques qui peuvent demeurer, et que le
ministre s'engage à vérifier cela. Je ne sais pas ce que le
ministre en pense, mais il me semble que cela serait une voie raisonnable qui
nous amènerait vers une solution définitive de cette question
soulevée par le député de Deux-Montagnes.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je dois vraiment
répondre aux accusations du député de Sainte-Marie.
Jusqu'à présent, j'ai toujours considéré le
député de Sainte-Marie et le député de
Deux-Montagnes comme des hommes au moins sérieux, purs, un peu mal
guidés de temps en temps, mais qui ont au moins la conviction de leurs
opinions. J'ai
apprécié cela. J'ai travaillé avec ces deux
députés, je les ai vus à plusieurs autres commissions, je
ne les ai jamais vus comme des gens qui font systématiquement
obstruction aux projets de loi. Vous connaissez bien la position du Parti
libéral, de l'Opposition officielle. Nous sommes venus ici pour
étudier et bonifier le projet de loi 37. Cet après-midi, quand
j'ai entendu pour la première fois le député de
Deux-Montagnes - il a le visage d'un gentleman, c'est un monsieur et même
dans son comté de Deux-Montagnes il est reconnu comme un monsieur - il
parlait de cette affaire de féminisation. J'étais
impressionné et j'étais d'accord avec son opinion. Là,
j'ai vu qu'à chaque article il répétait la même
opinion. Je voyais de moins en moins le monsieur et de plus en plus
l'obstructionniste. Je me disais: Vraiment, ce n'est pas possible. J'ai vu
l'impatience du ministre. Je ne le blâme pas. Le ministre a même
dit: On a déjà répondu sur le principe de cela. Je donne
encore une fois le bénéfice d'une opinion juridique gratuite aux
députés de Sainte-Marie et de Deux-Montagnes. Vous connaissez
l'institution de l'aide juridique. Je vous donne l'aide juridique de ces termes
gratuitement et mon opinion juridique sur ces termes est la suivante: Si vous
voulez changer une telle loi, c'est très facile. Vous changez la Loi
d'interprétation. On a une loi québécoise
générale qui gouverne tous les statuts. On ne peut pas commencer
à inscrire cette terminologie dans chaque projet de loi parce que, si on
le fait pour le projet de loi 37...
Une voix: Tant qu'on ne l'a pas...
M. Polak:... on sera obligés de le faire pour les autres
projets de loi.
Une voix: Tant qu'on ne l'a pas... M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Le député de D'Arcy McGee sera
évidemment bien heureux parce qu'il y aura encore plus de travail. Les
députés de Sainte-Marie et de Deux-Montagnes connaissent
très bien la vie, la pratique parlementaire. Ils sont ici, M. le
Président. Cela me déçoit. J'aimerais bien procéder
parce que cet après-midi on a parlé des fonctions des deux
vice-présidents, du président, de leurs fonctions temporaires,
permanentes et du reste. Maintenant, ils commencent à
répéter le même argument. Je voudrais donc répondre
aux deux députés que cela me déçoit.
J'espère que le ministre trouvera une méthode, pas pour museler,
mais au moins pour leur dire de ne plus parler de cette affaire, vu que le
principe est déjà en délibéré, et qu'on
pourra continuer l'étude article par article du projet de loi 37.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je pense que le
député de Sainte-Anne a été distrait dans une
partie de mon intervention. J'avais eu l'impression, justement, de
suggérer une méthode de s'en sortir en suggérant au
ministre de prendre acte de l'argumentation du député de
Deux-Montagnes, de consulter, pour voir si, au plan technique, un virage ne
pourrait pas être pris dans ce sens. Quand le député de
Sainte-Anne nous dit que la Loi d'interprétation existe et qu'elle est
faite de cette façon, oui, je suis bien d'accord. Il n'y a rien qui nous
dit que, demain matin, elle doit rester exactement comme elle est. Je demande
tout simplement au ministre... J'avais justement indiqué que cela
réglerait la question dans un sens ou dans l'autre, qu'on se
contenterait de la prise de position du ministre et de l'annonce qu'il pourrait
nous faire demain à la suite d'une rapide consultation auprès du
Conseil des ministres. C'est tout ce que je demandais. J'avais même
ouvert la porte au ministre en lui disant que j'aimerais cela l'entendre sur ma
suggestion, pour voir comment il accueille cette suggestion.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: Brièvement, M. le Président, pour
informer le député de Sainte-Marie qu'effectivement j'ai eu
l'occasion de prendre acte, à au moins quatre reprises, des
représentations du député de Deux-Montagnes. J'ai
indiqué au député de Deux-Montagnes que sa
préoccupation constante et noble à l'égard de la
féminisation des titres l'honorait. J'ai eu également l'occasion
de lui dire que cette question était à l'étude au
Comité de législation, puisque ce n'est pas dans chacune des lois
qu'il faudrait intervenir, mais dans la Loi d'interprétation.
J'ajoute simplement, pour le bénéfice du
député de Deux-Montagnes et celui de Sainte-Marie, que si,
jusqu'à maintenant, je considérais que la préoccupation du
député de Deux-Montagnes l'honorait, l'utilisation qu'il fait de
cette cause me déçoit.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'on est prêt
à passer...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais
intervenir sur mon amendement.
Le Président (M. Lachance): Ah oui?
Allez-y, M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Pour faire observer à tous nos
collègues, par votre intermédiaire, M. le Président, que,
d'ici quelques mois, il va y avoir des élections générales
au
Québec. Nous aurons tous à nous présenter devant le
peuple et nous aurons tous à rendre des comptes à la population
dont la moitié est composée de femmes. Nous aurons à dire
à nos électrices quelles auront été nos attitudes
sur les votes à la Chambre portant sur des questions relatives à
la condition féminine.
M. Laplante: Nos électeurs.
M. de Bellefeuille: En particulier, nos électrices. C'est
en particulier à nos électrices, M. le député de
Bourassa, que nous rendrons des comptes sur cette question, mais je vous
cède immédiatement la parole si vous voulez la prendre.
M. Laplante: Continuez, continuez, vous allez bien.
M. de Bellefeuille: C'est pour cela que j'ai
présenté cet amendement et que je vais demander un vote par appel
nominal, M. le Président, parce que les votes que nous allons poser
pourront être rappelés aux électeurs...
Une voix: Et aux électrices.
M. de Bellefeuille:... et aux électrices. On pourra dire
aux électrices et aux électeurs: Le député ou la
députée de telle ou telle circonscription a voté pour ou
contre cet amendement simple, vraiment pas compliqué, qui ne demande que
d'ajouter quelques mots à un article de la loi, en quelque sorte comme
manifestation concrète de notre adhésion à l'idée
que la femme est l'égale de l'homme et qu'en aucune façon le
texte de nos lois ne doit les mettre dans une situation de sujétion par
rapport aux hommes.
Ce vote, par conséquent, M. le Président, sera un vote
important. Je vais noter, quant à moi, soigneusement comment chaque
membre de la commission votera sur cet amendement. Ce sera, en temps utile,
rappelé aux électeurs et aux électrices de chacun de
nous.
M. Clair: M. le Président, s'il devait s'inférer
des propos du député que ce n'est que par la modification de
l'article 11 que les femmes sont égales aux hommes, il n'y aurait que
trois personnes qui seraient égales entre elles puisque c'est la Loi
d'interprétation, encore une fois, qu'il faudrait modifier si l'on
voulait que le principe soit d'application générale.
Le Président (M. Lachance): C'est bien compris, M. le
député de Deux-Montagnes, vous êtes prêt à ce
que l'on passe au vote nominal?
M. de Bellefeuille: Je suis prêt.
Le Président (M. Lachance): M. le secrétaire, si
vous voulez faire l'appel, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Dussault (Château-guay)?
M. Dussault: Contre.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Contre.
Le Secrétaire; M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Mme Juneau: Vous pourrez l'écrire à mes
électrices.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Je suis contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Clair (Drummond)?
M. Clair: Je suis contre une telle utilisation abusive d'une
juste cause.
M. de Bellefeuille: Cela n'est pas réglementaire.
Le Secrétaire: M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)? M. Polak: Je
refuse de voter.
Le Président (M. Lachance): Abstention? M. Polak:
C'est cela.
Le Secrétaire: Cinq contre, un pour et une abstention.
Le Président (M. Lachance): L'amendement est
rejeté.
M. de Bellefeuille: Le débat reprend sur l'article 11. (20
h 30)
Le Président (M. Lachance): J'indique également au
député, pour que cela soit bien clair pour tout le monde, que la
présidence a été libérale jusqu'à maintenant
sur la question de la féminisation des titres mais que la question est
maintenant close et que je ne recevrai plus... Comme cela a été
vidé, cela a été voté, je ne recevrai plus
d'amendement de ce genre-là.
M. de Bellefeuille: M. le Président, si vous le permettez,
une question de règlement.
Le Président (M. Lachance): Sur une question de
règlement, M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Nous venons de voter sur un amendement
à l'article 11. Cela n'engage en rien l'attitude que la commission
voudra prendre sur l'article 12 ou sur l'article 14 ou sur un grand nombre
d'autres articles qui peuvent poser un problème semblable.
Le Président (M. Lachance): II faudra trouver autre chose,
M. le député de Deux-Montagnes, que la féminisation des
titres.
Mme Juneau: Pourtant, vous vouliez nous engager chacun dans nos
comtés respectifs, cher monsieur.
M. de Bellefeuille: Oui, Mme la députée.
Le Président (M. Lachance): Bon, est-ce que...
M. de Bellefeuille: Expliquez-vous.
Le Président (M. Lachance):... l'article 11 est
adopté?
M. Bisaillon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): II n'est pas adopté. M.
le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Une question au ministre, M. le Président,
avant de faire une intervention. L'article 11, tel que rédigé:
"Les vice-présidents exercent les fonctions que détermine le
président dans le cadre des règlements de l'institut. " Autrement
dit, il y a deux aspects inconnus pour les législateurs qui votent cet
article. Premièrement, le cadre des règlements de l'institut:
Comment seront-ils précisés et quel sera le rôle du
législateur dans l'adoption des règlements de l'institut sous une
forme ou sous une autre? Je ne les connais pas au moment où
j'interviens. Deuxièmement, l'utilisation que fera le président
de ces règlements. En supposant, par exemple, que les règlements
de l'institut reviennent à une commission parlementaire comme, de plus
en plus, on tente de le faire, on ne connaît pas non plus, avec une telle
formulation, l'utilisation que le président en fait. Avant de faire une
intervention, ma question est la suivante: Est-ce qu'il y a quelque chose dans
ce sens-là qui est prévu par le ministre au moment où il
nous présente l'article 11 tel que rédigé? Est-ce
qu'à un moment ou à un autre, ou les règlements de
l'institut ou encore l'utilisation que le président va en faire pour
déterminer les fonctions des deux vice-présidents, cela va
revenir sous une forme ou sous une autre devant le législateur qui,
jusqu'à un certain point, adopte les deux... C'est un peu un
chèque en blanc.
M. Clair: Cela pourrait revenir au moment de l'étude en
commission parlementaire des crédits du ministère du Travail
puisque les membres de la commission pourraient décider de convoquer les
représentants de l'institut.
M. Bisaillon: Uniquement, M. le ministre, pas sur l'adoption des
règlements de l'institut, mais sur leur application. Là, il
pourrait, jusqu'à un certain point, contrôler l'utilisation que le
président a faite des règlements de l'institut. À aucun
moment, ce que vous venez de me dire ne permet au législateur
d'intervenir dans le cadre de l'élaboration ou de l'adoption des
règlements de l'institut.
M. Clair: Alors, le député de Sainte-Marie qui a
sûrement bien lu, article par article, tout le projet de loi a
sûrement pu constater qu'effectivement les règlements ne seraient
pas soumis à l'approbation des membres de l'Assemblée
nationale.
M. Bisaillon: Alors, M. le Président, là-dessus,
j'ai de sérieuses réserves. Là, je suis au fond des choses
et je voudrais bien qu'on me comprenne.
M. Clair: On essaie.
M. Bisaillon: Premièrement, parce que cela va à
l'encontre de mesures déjà adoptées par le Parlement dans
d'autres projets de loi. Premièrement, dans le cadre de la
réforme parlementaire; deuxièmement, dans le cadre de certains
autres projets de loi qui vont beaucoup plus loin que cela. On prévoit
au moins une procédure pour que l'adoption des règlements soit
connue par les parlementaires au moment où ceux-ci sont adoptés.
Le ministre va encore plus loin que cela. Je veux bien qu'il soit rigide et
qu'il soit dur, mais qu'il me réponde et qu'il discute un peu avec moi.
Jamais on n'a donné autant de pouvoirs quant aux fonctions
exercées par deux personnes que la loi nomme. La loi nomme, en
même temps, si j'ai bien compris - le débat a été
fait et c'est resté tel que c'est - la loi va nommer, en même
temps que le président, deux vice-présidents. Le président
va être seul maître à bord dans la détermination de
leurs fonctions. La seule restriction qu'on apporte dans le projet de loi,
c'est de dire que cela
devra se faire dans le cadre des règlements de l'institut. Mais,
en plus de cela, le ministre me dit: Jamais cela ne va venir sous une forme ou
sous une autre, parce que cela peut prendre plusieurs formes, mais jamais cela
ne va revenir devant une commission de l'Assemblée nationale pour une
personne qu'on nomme, qu'on voudrait nommée par l'Assemblée
nationale à un vote des deux tiers. Est-ce que le ministre ne trouve pas
qu'il y a un certain illogisme à procéder de la façon
suivante?
M. Clair: Est-ce qu'il y a d'autres précédents
où le député pourrait nous indiquer que les
règlements de régie interne 'd'un organisme sont soumis à
l'approbation préalable des membres de l'Assemblée nationale?
M. Bisaillon: Oui, je pourrais indiquer au ministre, par exemple,
que, dans la loi 42 qu'on vient d'adopter, les règlements ne sont pas
soumis à l'Assemblée nationale, mais on prévoit la
possibilité pour une commission parlementaire d'intervenir dans
l'adoption des règlements. J'admets avec le ministre qu'il ne s'agit pas
là, cependant, de règlements de régie interne ou du
fonctionnement de l'exécutif, par exemple. Je suis d'accord avec le
ministre sur cela. Sauf que, là non plus, on ne parle pas du
fonctionnement interne. On n'essaie pas de déterminer si les
règlements dont il était question, c'étaient les
règlements de fonctionnement du conseil à 19: Comment ils vont
fonctionner, comment ils vont s'organiser pour prendre des votes, je pense que
cela regarde l'organisme, ceux qui vont avoir à travailler ensemble.
Mais là, à l'article 11, ce n'est pas de cela qu'on parle,
M. le ministre. On parle de déterminer les fonctions des deux
vice-présidents. Vous allez admettre avec moi que c'est plus que de la
régie interne. L'autre exemple que je pourrais donner au ministre, c'est
la loi 2, Loi sur le financement des partis politiques. Le ministre est bien
placé. Je pense qu'il a même travaillé avec M. Burns,
à l'époque, sur une partie du projet de loi 2, en tout cas. Le
ministre se souviendra qu'à l'époque il n'y avait qu'un seul
directeur de prévu dans le projet de loi qui a été
déposé à l'Assemblée nationale. C'est uniquement
par la suite que les partis politiques présents à
l'Assemblée nationale avaient demandé que soient nommés
deux adjoints au directeur. Le gouvernement s'était rendu à
l'argument visant à nommer deux adjoints au directeur: un qui devait
être choisi à partir de recommandations du Parti libéral;
l'autre qui devait être choisi à partir de recommandations de
l'Union Nationale. Cela avait semblé faire l'accord de tous les partis,
sauf que le ministre se souviendra qu'au moment où on s'est
présenté devant la commission parlementaire, les partis, les
parlementaires des trois partis, pour autant que je me souvienne, ont
exigé que les fonctions des adjoints au directeur soient inscrites dans
la loi. Cela n'a pas été fait du premier coup.
On est revenu par la suite dans les amendements pour préciser
justement les fonctions des adjoints au Directeur du financement des partis
politiques. Le ministre m'a demandé des exemples. Je lui en donne deux,
juste pour montrer que ça sort, d'après moi, du cadre du
fonctionnement interne d'un organisme. Cela va beaucoup plus loin puisqu'on
détermine les fonctions de deux personnes importantes dans l'organisme,
à moins qu'elles ne soient là juste pour la forme. Mais si ces
gens sont là et qu'ils ont un rôle à jouer, ou on
détermine leur rôle dans la loi, ou encore on permet, par un
mécanisme quelconque, par exemple, de vérification en commission
parlementaire; de vérifier si les fonctions sont dans le cadre des
règlements de l'institut.
Pour bien me faire comprendre du ministre, au sujet des
règlements de l'institut, dans la pratique habituelle, ils sont rares,
ceux qui doivent revenir devant une commission parlementaire pour les faire
adopter. Mais il y a quand même certaines lois, maintenant, qui
prévoient un mécanisme de publication à la Gazette
officielle et la possibilité qu'avec nos nouvelles commissions
parlementaires une commission demande de les étudier. Je ne vous dis pas
que cela se fait. Mais c'est une possibilité, quand même, qu'un
certain nombre de lois récentes ont prévue. Moi, je me
satisferais que les règlements de l'institut ne soient pas
obligatoirement soumis à une commission parlementaire. La seule chose
que j'indique au ministre, c'est que, quand on dit que le président va
déterminer les fonctions, là, on n'est plus dans le cadre strict
du fonctionnement interne d'un organisme et ça prendrait peut-être
un mécanisme pour vérifier, au moins, l'application des
règlements, même si les règlements ne viennent pas
nécessairement devant une commission parlementaire.
M. Clair: Si je comprends bien le député, il
m'indique que la simple publication à la Gazette officielle permettrait
l'enclenchement des mécanismes d'une commission parlementaire sur le
plan d'une initiative, par exemple.
M. Bisaillon: Oui, il faudrait qu'on regarde la façon dont
cela a été formulé à 42, mais cela l'a
été de cette façon à 42, je ne me souviens pas
à quel article exactement. Mais, à partir de la publication, une
commission pouvait demander une audience. Cela peut se faire pour les
règlements. Cela pourrait se faire pour les
tâches des vice-présidents. J'indique au ministre que,
quant à moi, j'aimerais mieux que les tâches apparaissent dans la
loi. L'expérience de la loi 2 nous a démontré qu'on a
été obligé de revenir et d'amender la loi 2 pour inscrire
les tâches des directeurs adjoints au président des
élections. C'est juste de la prudence que je veux indiquer, parce que je
trouve que c'est un chèque en blanc. Le ministre peut bien penser que
c'est juste parce que je veux étirer le temps, mais, au moins, je lui
souligne cet aspect.
M. Clair: Je pense que, dans un premier temps, il est clair que
les pouvoirs du président sont limités par les règlements
qu'adopterait l'institut. Et l'institut pourrait être composé de
19 personnes. Je pense que si déjà 19 personnes se penchent
là-dessus, il y a là une certaine garantie que les choses seront
faites correctement et sérieusement. Deuxièmement, j'ai eu
l'occasion d'indiquer aux députés, qui ont participé aux
travaux de la commission jusqu'à maintenant, que les fonctions de ces
deux vice-présidents pourraient varier selon que l'institut a à
fonctionner avec seulement trois membres, c'est-à-dire comme organisme
indépendant et non paritaire ou, s'il y a adhésion des syndicats
des secteurs public et parapublic à la formule proposée dans le
projet de loi. Dans ce cas cela deviendrait paritaire, de sorte que les
fonctions, les tâches de ces deux vice-présidents pourraient
être différentes selon qu'il s'agit d'un organisme
indépendant ou d'un organisme paritaire et même selon que les
quatre dernières à être nommées, qui proviendraient
du secteur privé, seraient ajoutées ou non. On voit que cela est
susceptible d'avoir une configuration différente selon l'un ou l'autre
des trois scénarios où l'organisme, l'institut de recherche
aurait à fonctionner. C'est donc pour cette raison qu'on ne voulait pas
définir, dans la loi, les tâches, les fonctions de ces
personnes.
Ensuite, j'ajoute pour les députés qu'en tout temps,
d'abord, il y aura commission parlementaire annuelle sur la question de la
détermination des salaires. Il y aura aussi un rapport annuel à
faire. Troisièmement, il y aura possibilité en tout temps d'un
mandat d'initiative. Quatrièmement, à chaque fois que les
crédits du ministère du Travail seront étudiés, les
représentants de l'institut pourront être convoqués devant
la commission parlementaire et, à ce moment-là, ils pourront
juger de l'utilisation qu'aura faite le président des règlements
concernant ces deux vice-présidents, qui auront été
adoptés par l'institut et non pas seulement par lui-même.
M. Bisaillon: M. le Président, il y a une partie de
l'argumentation que le ministre vient de développer qui me conviendrait,
si ce n'était du précédent que je viens d'évoquer
concernant le financement des partis politiques. Je me souviens, pour avoir
travaillé peut-être plus sur ce projet de loi-là, et avant
et après l'adoption de la loi 2, que cela a été un
élément important. Par ailleurs, justement, la partie de
l'argumentation, que le ministre vient de développer et qui me convient,
me fait poser des questions sur la formulation même de l'article. Le
ministre nous indique, comme garantie, qu'il va quand même y avoir un
conseil de 19 personnes. Cela me convient: quand 19 personnes se prononcent sur
les fonctions de quelqu'un, cela me semble être un bon argument. Ce n'est
pas ce que dit l'article, M. le ministre. Pourquoi dans ce cas ne diriez-vous
pas: Les vice-présidents exercent les fonctions que détermine le
conseil d'administration? Si vous disiez cela, déjà, ce serait
mieux que seulement "le président". Là, on limite cela à
un président.
M. le Président, pendant que le ministre consulte, le
député de Terrebonne souligne un aspect intéressant qui a
justement été vécu au moment du financement des partis
politiques. Il me dit: S'il y a un vice-président à
l'information, c'était le cas dans la loi 2, s'il y en a un autre qui
est à l'administration ou à la recherche, chacun va avoir
à remplir les fonctions que le conseil d'administration va exercer. Cela
me semble déjà une garantie plus sérieuse. À ce
moment-là, on a moins besoin de se protéger comme
législateurs.
L'argument du ministre était valable: si 19 personnes se
prononcent, déjà...
M. Clair: M. le Président, que dirait le
député si, par pure hypothèse, sans aucun engagement de ma
part, on indiquait: Que détermine le conseil d'administration et si on
trouvait une façon de prévenir le cas où le conseil
d'administration serait les trois membres nommés par l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire, à ce moment-là, s'il n'y a que
les trois membres qui fonctionnent comme conseil d'administration, que cela
puisse continuer à être le président qui détermine
les fonctions de ces deux parties? Ou préférerait-il que les
trois personnes qui constitueraient à ce moment-là le conseil
d'administration déterminent elles-mêmes dans le fond...
M. Bisaillon:... leurs tâches...
M. Clair:... leurs tâches, ensemble, avec le
président?
M. Bisaillon: Quand...
M. Clair: Alors, le conseil d'administration, cela irait au
député?
M. Bisaillon: Je trouve que la formule serait acceptable, M. le
Président. Maintenant, quand le ministre va un peu plus loin et qu'il me
dit: Si le conseil d'administration, ce sont les trois personnes; est-ce que je
comprends bien que le choix n'est pas encore fait? (20 h 45)
M. Clair: Le choix, je l'ai clairement exprimé, M. le
Président, et je le répète en très peu de mots:
J'ai déjà eu l'occasion de dire aux membres de cette commission
que le choix du gouvernement, c'était clairement une personne
nommée par la majorité des deux tiers à l'Assemblée
nationale et une acceptation libre, volontaire, claire, nette, non
équivoque de la participation des représentants des
employés des secteurs public et parapublic à l'institut et qu'en
l'absence de cela, par précaution, nous avions maintenu la double
possibilité, soit que l'institut soit seulement indépendant ou
qu'il soit à la fois indépendant et paritaire.
M. Bisaillon: M. le Président, pour ce qui est de la
première formulation que le ministre proposait, que j'avais
suggérée, je suis d'accord qu'on dise: Les vice-présidents
exercent les fonctions que détermine le conseil d'administration. Le
ministre, lui, proposait de rajouter quelque chose pour prévoir le cas
où le conseil d'administration ne serait formé que de trois
personnes. C'est cela?
M. Clair: II s'agirait de s'assurer, si on retenait le
libellé du député, qu'il n'y ait pas - passez-moi
l'anglicisme - un "deadlock" sur le plan du fonctionnement de l'institut pour
le cas où il n'y aurait que trois personnes.
M. Bisaillon: Ce n'est pas un objectif.
M. Clair: Sous cette réserve...
M. Bisaillon: Mais, est-ce que la suggestion que le
député de Terrebonne faisait tantôt pendant que le ministre
était parti et qui empruntait, dans le fond, à la loi 2 sur le
financement des partis politiques, un amendement qui avait été
apporté à la loi 2 par l'actuel leader du gouvernement dans toute
sa sagesse et qui précisait les tâches selon leurs fonctions...
Autrement dit, si on disait, dans le cas où le conseil d'administration,
où il y a "deadlock", comme le ministre l'a dit...
M. de Bellefeuille: Une impasse. M. Clair: Oui, une impasse.
M. Bisaillon: Une impasse. Dans le cas où il y a une
impasse, que le partage des tâches se fasse en fonction de leur
spécialisation. S'il y a un vice-président qui est à la
recherche et l'autre à l'information, cela se fait dans ce
sens-là ou conjointement ou - comment dit-on cela? -...
M. de Bellefeuille: Collégialement. M.
Bisaillon:... collégialement.
M. Clair: Alors, on s'entend sur l'esprit?
M. Bisaillon: Oui.
M. Clair: On va faire vérifier cela par les juristes et on
serait en mesure de l'adopter sans reprendre la discussion.
M. Bisaillon: Oui, oui, si cela correspond.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais exprimer
ma satisfaction et je dirais même ma joie de voir le nouvel esprit de
souplesse qui se manifeste tout à coup chez notre ministre. Je veux le
féliciter et l'encourager dans cette bonne voie. Il exprime une
inquiétude pour le cas où il n'y aurait au conseil
d'administration que trois membres, un président et deux
vice-présidents. Ses conseillers vont sûrement le guider
là-dessus aussi, mais j'ai l'impression que cela ne fait pas
problème. Ils pourront tous les trois fonctionner, comme le disait le
député de Sainte-Marie, collégialement et, même s'il
n'y a que trois membres au conseil d'administration, le P. -D. G., le
président-directeur général, conserve sa fonction qui est
une fonction de direction et de coordination, et, dans l'établissement
des fonctions, dans la détermination des fonctions des
vice-présidents, dans la situation où il n'y aurait que le
président et les vice-présidents au conseil d'administration, le
président dirigerait la chose. Cela m'apparaît une formule
beaucoup plus heureuse que la formule actuelle, c'est-à-dire la formule
proposée par le texte actuel, où le président semble
pouvoir déterminer les fonctions des vice-présidents d'une
façon qui pourrait friser l'arbitraire, qui pourrait lui donner des
pouvoirs qui pourraient paraître excessifs. Je félicite le
ministre et j'espère qu'on va le voir revenir avec un texte qui fera
l'unanimité de la commission.
Le Président (M. Lachance): Si je comprends bien,
l'article 11 est suspendu jusqu'à ce que le ministre nous arrive avec
une motion d'amendement en bonne et due forme?
J'appelle l'article 12.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à
proposer, M. le President.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président, à l'article 12, on
dit que le gouvernement désigne un membre pour remplacer le
président, en cas d'absence. Qu'est-ce que cela veut dire? Si le
président est pris dans une tempête de neige, disons qu'il y a une
réunion à Québec, il part de chez lui, tempête de
neige, cas d'absence. Est-ce que le gouvernement nomme quelqu'un? Pour moi,
c'était plus la coutume qu'un des vice-présidents, un
vice-président remplace le président. On parle
d'incapacité temporaire. Cela veut dire quoi? Est-ce que cela veut dire
par séance? Est-ce qu'il va y avoir quelques séances de suite
où il ne pourra pas agir? Je trouve que c'est une rédaction
faible. M. le Président, des jeunes ce soir sont venus nous
écouter. Je suis content de les voir parce qu'ils vont plus tard prendre
la relève. J'ai parlé avec quelques-uns tout à l'heure,
dans le corridor. Quand ils m'ont dit qu'ils venaient ici pour nous
écouter, je leur ai demandé: Qu'est-ce que vous attendez de vos
parlementaires? Ils ont dit: On attend d'eux une prise de position claire et
nette. Par exemple, quand je parle de cas d'absence, ils m'ont dit: Qu'est-ce
que cela veut dire? Une tempête de neige? lls sont d'accord avec cela,
ils comprennent.
Cette formulation de l'article 12 est assez faible. Qu'est-ce que cela
veut dire, en cas d'absence ou d'incapacité temporaire? Est-ce qu'il y a
une rencontre au gouvernement? Les ministres se réunissent pour dire: On
va remplacer quelqu'un, on va nommer quelqu'un. Ou est-ce que c'est le ministre
en charge du projet de loi, le ministre du Travail, qui nomme le
remplaçant? Ce n'est pas vraiment une formulation juridique bien propre
et correcte.
Pour ne pas prendre plus de temps, j'aimerais avoir votre commentaire
là-dessus.
M. Clair: M. le Président, le député de
Sainte-Anne, qui est un brillant juriste...
M. Polak: Merci pour le compliment!
M. Clair:... qui est un éminent juriste sait sans doute
qu'il s'agit là d'une formulation usuelle dans les lois du
Québec.
M. Polak: M. le Président, excusez-moi.
M. Clair: Je voudrais lui rappeler que le gouvernement - c'est
une notion qu'il connaît mal - désigne le Conseil exécutif
ou le Conseil des ministres ou le cabinet, selon l'appellation
préférée - ou le lieutenant-gouverneur en conseil, pour
employer la vieille appellation - et pour fonctionner légalement, cela
requiert la présence d'au moins cinq membres dont le premier ministre ou
son représentant, c'est-à-dire le premier ministre par
intérim ou le vice-premier ministre.
M. Polak: M. le Président...
M. Clair: Je peux assurer le député que, sur le
plan juridique, cette formulation est usuelle.
M. Polak: M. le Président...
M. Clair: La seule chose, c'est que, habituellement - c'est vrai
- on indique que c'est un des vice-présidents ou le
vice-président qui devient président automatiquement. Dans ce
cas-ci, comme il y a deux vice-présidents et, éventuellement,
comme il est possible que ceux-ci soient tout autant à temps partiel que
les autres membres, nous avons voulu laisser la souplesse afin que, de
façon temporaire, le gouvernement puisse choisir parmi les
différents membres un des membres pour remplacer le
président.
M. Polak: M. le Président, je ne suis pas d'accord avec
l'explication facile du ministre. Voici, c'est bien clair, parce que...
M. Clair: C'est le droit le plus parfait du
député.
M. Polak:... l'article 12 dit: Le gouvernement désigne un
membre parmi les 19. S'il y en a un qui est malade ou qui est pris dans une
tempête de neige, il en reste 18. Il n'y a rien dans le projet de loi qui
dit que, par préférence, ils vont d'abord prendre le
vice-président. Pour moi, c'est tout à fait normal. Le
problème c'est que vous avez deux vice-présidents, un du
côté syndical et un du côté patronal. Donc, sans
doute...
M. Clair: Non, le député fait erreur.
M. de Bellefeuille: Non, cela n'est pas du tout
assuré.
M. Clair: Le député fait erreur.
M. Polak: Bien, si on prend l'article dont on a parlé tout
à l'heure, on parle à l'article 4 de deux vice-présidents.
C'est bien entendu qu'il y a un vice-président représentant le
côté patronal et l'autre, le côté syndical et un
président neutre. Cela est l'intention du projet de loi.
Sans doute que vous êtes mal pris avec cela parce que vous ne
voulez pas dire quel vice-président vous allez nommer pour remplacer le
président. Vous dites "un membre". Qu'est-ce qui arrive si le
gouvernement a une chicane avec les deux
vice-présidents? Est-ce qu'il y a une préférence,
à savoir qui va être le membre qui remplacera le président?
En tout cas, pour moi, ce n'est pas clair. À part cela, le mot
"absence", qu'est-ce que cela veut dire? C'est une absence de quelques heures,
une séance, ou si c'est une absence plus régulière? Est-ce
qu'il faut que ce soit plus longtemps que juste une séance? À
chaque séance où il est absent ou qu'il arrive quelques heures
plus tard - son train est mal pris, son avion est retardé, il y a une
tempête de neige, c'est le cas que j'ai donné - à chaque
fois que cela arrive, est-ce que le gouvernement nomme un remplaçant?
Est-ce qu'il faut nommer un remplaçant pour le mois, comme on le fait
dans le monde municipal? On nomme un maire suppléant. Le maire ne peut
pas agir, on nomme un maire suppléant pour le mois, par exemple. Vous ne
l'expliquez pas.
M. Clair: M. le Président, le député
connaît bien mal les lois municipales parce qu'il y a toujours un maire
suppléant...
M. Polak: Oui.
M. Clair:... pour une durée déterminée, qui
peut remplacer le maire à pied levé à toutes et chacune
des séances ou des activités d'une municipalité. D'autre
part, l'absence ou l'incapacité temporaire d'un président
d'organisme n'a jamais été reliée à une
tempête de neige ou à un avion manqué. Mon dernier argument
sera de dire au député de Sainte-Anne qu'il est exactement en
train de faire ce qu'il reprochait tantôt au député de
Deux-Montagnes.
M. Polak: On va écouter le député de
Deux-Montagnes qui, sans doute, par collégialité se sent aussi
insulté que moi.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Clair: Je n'ai rien dit. Vous vous êtes lancé des
invectives de part et d'autre. Je vous dis seulement que...
Le Président (M. Lachance): À son attitude, il ne
semble pas du tout insulté.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je vous remercie. Je
voudrais tout de suite corriger le ministre, je n'ai nullement invectivé
le député de Sainte-Anne. C'est lui qui m'a invectivé.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Clair: Vous avez tout à fait raison. Je retire "de
part" seulement.
M. de Bellefeuille: Non, mais le ministre a dit "de part et
d'autre". Bon. Il voulait même me bâillonner, me museler. C'est
absolument indigne pour un député de l'Opposition de vouloir
museler un autre député de l'Opposition. Ce n'est pas
là-dessus que je voulais intervenir, M. le Président. Le
député de Sainte-Anne ne réussira pas à me
distraire.
Le ministre vient de nous dire que les vice-présidents peuvent
être à temps partiel comme les autres membres. Pourtant, nous
avons adopté l'article 9. Peut-être qu'on s'est trop
dépêchés. Dans ce climat où on veut nous faire
travailler vite, peut-être qu'on travaille dans la précipitation
et qu'on adopte des choses sans leur donner la réflexion voulue.
À l'article 9 - c'est peut-être par précipitation qu'on a
fait cela - on a décidé que le président et les
vice-présidents seront rémunérés. Par
conséquent, ils ne sont pas à temps partiel de la même
façon que les autres membres, M. le ministre. Je me demande à
quoi cela sert d'avoir des vice-présidents si ce n'est pas pour compter
dessus s'il y a, par exemple, absence ou incapacité de la part du
président.
Une voix: Ou de la présidente.
M. de Bellefeuille: Ou de la présidente. Merci, cher
collègue. Le président m'a mis en garde. Il m'a dit que, si je
soulevais de nouveau cette question, il sévirait. Bon, alors, je ne veux
pas m'attirer les foudres du président. Notez bien que je vais
peut-être essayer un peu plus tard, mais pas tout de suite.
Les vice-présidents, ils sont là pour quelque chose. Ils
sont là, notamment, pour remplacer le président en cas
d'incapacité ou d'absence temporaire. C'est un premier aspect de la
question.
Un autre aspect de la question, M. le Président, c'est qu'il y a,
à la deuxième et à la troisième lignes, ces deux
mots qui reviennent très fréquemment dans ce projet de loi: le
gouvernement. C'est encore le gouvernement; Toujours le gouvernement: C'est le
gouvernement qui intervient tout le tempsl Le ministre ne veut pas que
l'institut vole de ses propres ailes. Le ministre ne veut pas que l'institut
soit un organe d'État aussi autonome que faire se peut, qu'il puisse
voler de ses propres ailes et s'administrer lui-même dans toute la mesure
du possible. S'il y a une incapacité temporaire du président, ne
serait-ce que pour trois jours, il faut de nouveau que le gouvernement
intervienne. Tout le temps le gouvernement: II me semble que ce n'est pas le
rôle du gouvernement de faire cela.
Il me semble qu'on pourrait envisager que... D'abord, le mot
"temporaire", c'est beaucoup trop vague. S'il y a une véritable
incapacité de la part du président, cela veut
dire qu'il faut remplacer le président. S'il faut remplacer le
président, pourquoi ne pas mettre en marche les mécanismes qui
sont prévus pour la nomination du président, plutôt que de
confier ce pouvoir au gouvernement? Ce n'est pas un pouvoir qu'on a
confié au gouvernement. (21 heures)
À l'article 5 qui est suspendu - il est encore suspendu, oui? -
je ne pense pas que ce soit cet aspect qui soit en question. À l'article
5, on a décidé que cela se faisait à l'Assemblée
nationale, les deux tiers, la motion du premier ministre, etc. Alors, s'il faut
remplacer le président, il me semble que c'est ce mécanisme qu'il
faut mettre en marche, s'il y a véritable absence ou véritable
incapacité du président. En tout cas, il faut éviter que
ce soit le gouvernement tout seul qui puisse prendre des décisions comme
celle-là, intervenir dans l'orientation de l'institut, parce que
désigner un président, c'est sûrement intervenir dans son
orientation. Il me semble qu'il faudrait trouver un autre mécanisme que
celui-là, un autre mécanisme que simplement la décision du
gouvernement.
M. Clair: M. le Président, je pense qu'il serait
préférable de conserver la souplesse qui est prévue
à l'article 12. Maintenant, pour me permettre de tester la bonne foi du
député de Deux-Montagnes et aussi, par esprit d'ouverture, cela
me tenterait de dégager un compromis. Est-ce que, si on
remplaçait le mot "membre" par le mot "vice-président", cela lui
agréerait?
M. Bisaillon: Où cela?
M. de Bellefeuille: L'article 12, à la deuxième
ligne.
M. Clair: Je pense que cela aurait pu être utile de
conserver la souplesse de pouvoir désigner n'importe quel membre
puisqu'on parle toujours d'absence ou d'incapacité temporaire, donc,
c'est pour une très courte période. Il est évident que,
compte tenu de la nomination par les deux tiers de l'Assemblée
nationale, on ne peut pas revenir, pour une vacance temporaire, une absence de
maladie, à l'Assemblée nationale pour faire nommer quelqu'un. Je
pense que, si on indiquait un "vice-président" plutôt qu'un
"membre", c'est un moyen terme.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'allais justement, dans
mon intervention indiquer au ministre que, comme les deux
vice-présidents sont nommés aussi par l'Assemblée
nationale - et en cela je me démarquais peut-être un peu - cela me
semblait au moins plus limité comme choix pour le gouvernement et dans
le cadre de quelque chose qui avait déjà été
décidé de toute façon par l'Assemblée nationale et
proposé à l'Assemblée nationale par le gouvernement. Je
trouve que ce serait quelque chose qui améliorerait.
M. Clair: J'en fais motion, M. le Président.
M. Bisaillon: Avant que le ministre fasse motion, sur un aspect,
peut-être que je pourrais lui donner deux autres considérations.
Il n'y a rien dans le projet de loi qui prévoit le remplacement
permanent. Est-il clair qu'au moment d'un remplacement permanent on va utiliser
la procédure prévue initialement?
M. Clair: Oui, c'est très clair à l'article 5. Le
gouvernement ne peut nommer de remplaçant, c'est l'Assemblée
nationale qui nomme. En conséquence, comme c'est l'Assemblée
nationale qui nomme les trois premiers, c'est évident que le
gouvernement ne pourrait pas légalement remplacer ces personnes.
M. Bisaillon: Donc, le ministre comprend, parce qu'il y avait une
partie de l'argumentation du député de Sainte-Anne qui
était quand même... Les mots "en cas d'absence ou
d'incapacité temporaire", c'est limité dans le temps...
M. Clair: Ce sont des mots qui ont été
testés par la jurisprudence.
M. Bisaillon:... parce que l'incapacité d'agir, c'est plus
large que l'incapacité temporaire.
M. Clair: Effectivement.
M. Bisaillon: Cela m'irait si le ministre proposait son...
M. Clair: Je propose un "vice-président" plutôt
qu'un "membre".
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je suis très heureux que le ministre
lui-même fasse maitenant motion de changer le mot "membre" à
l'article 12 par le mot "vice-président". Tout à l'heure, le
ministre s'est un peu moqué de moi, quand j'ai dit que c'était
coutumier de dire "vice-président". Vous avez un président, deux
vice-présidents, nommez donc un vice-président pour remplacer. Il
a répondu un peu en riant: Vous ne connaissez pas la
pratique, etc.
M. Clair: Non, M. le Président. Si le député
a compris cela...
M. Polak: Maintenant, il arrive à accepter exactement ce
que j'ai suggéré. Je suis très content que le ministre ait
accepté ce que j'avais suggéré, c'est-à-dire que le
mot "membre" soit changé par les mots "vice-président".
M. Clair: Si le député a compris cela, M. le
Président, je voudrais corriger: Ce sont les expressions "en cas
d'absence ou d'incapacité temporaire" qui sont de facture habituelle.
J'ai même dit que les vice-présidents, cela arrivait
régulièrement, mais que pour des fins de souplesse, nous avions
pensé utile de conserver la marge de manoeuvre entre les membres. Je
comprends qu'il y en a trois qui sont nommés par l'Assemblée
nationale, les autres autrement. Je fais mienne cette proposition d'amendement:
Remplacer le mot "membre" à la deuxième ligne par les mots
"vice-président".
M. Polak: Parfait.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que cette motion
d'amendement est adoptée?
M. Bisaillon: Adopté. M. Polak: Oui.
M. Clair: Est-ce que l'article est adopté?
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. de Bellefeuille: L'amendement adopté, M. le
Président.
M. Bisaillon: M. le Président, je me demandais, en
écoutant le ministre, s'il ne serait pas prêt à aller un
peu plus loin. On est d'accord pour l'amendement qu'il a proposé. La
façon dont l'article est formulé, est-ce que cela ne tient pas
pour acquis qu'on pourrait, toujours ou de façon constante, se retrouver
dans une impasse? Pourquoi ne tenons-nous pas pour acquis que le conseil
d'administration prévu initialement de 19 personnes va fonctionner et
qu'à ce moment on ne laisse pas le conseil d'administration de 19
personnes nommer un des vice-présidents plutôt que ce soit le
gouvernement qui intervienne, un peu comme on l'a fait tantôt? Le
gouvernement dit: Si cela ne fonctionne pas, le conseil d'administration, ce
sera les trois personnes. C'est le sens de l'amendement qui se prépare
à l'article 11. Pourquoi le ministre ne prévoit-il pas des
étapes pour ne pas tenir pour acquis que le fonctionnement en sera un
d'impasse? Dans le fond, comme le ministre l'a souligné, il va s'agir de
désigner un des deux vice-présidents. Il me semblerait normal, si
le conseil fonctionne comme le ministre l'espère, c'est-à-dire 19
personnes, dont un certain nombre vient d'un côté et un certain
nombre de l'autre qui travaillent ensemble, que ce soient eux qui
déterminent lequel des deux vice-présidents va remplacer
temporairement et que le gouvernement n'intervienne qu'en dernier ressort.
M. Clair: M. le Président, j'aurais tendance à
croire deux choses, d'abord. Dans la hiérarchie du processus de
nomination, il y a d'abord l'Assemblée nationale, ensuite le
gouvernement et, finalement, le conseil d'administration. Je pense que, dans la
mesure où on vise à remplacer quelqu'un qui est nommé par
l'Assemblée nationale, cela m'apparatt plus normal que ce soit le
gouvernement...
M. Bisaillon: Mais juste pour un temps.
M. Clair:... qui désigne juste pour un temps et même
si c'est juste pour un temps. Une deuxième chose: Pour l'avoir connu
déjà dans certaines sociétés d'État, je dois
dire que, lorsque l'on amène le conseil d'administration à
choisir entre deux personnes, même pour un intérim, cela peut
dénoter une certaine préférence ou une plus grande
audience pour un des membres du conseil. Dans tous les cas, le gouvernement,
à ma connaissance, a toujours nommé celle que le conseil
souhaitait discrètement sans pour autant avoir à dire: Bien, on
tient un vote pour choisir lequel de deux vice-présidents devient le
président. C'est généralement préférable,
à mon sens, que l'on évite que cette question soit traitée
en ce qui a trait au conseil. Comme le gouvernement est encadré par deux
personnes qui ont été nommées par l'Assemblée
nationale, c'est préférable, pour les bonnes relations à
l'intérieur du conseil, que ce soit le gouvernement qui ait
généralement à entériner le choix qui se fera au
conseil d'administration.
M. Bisaillon: Ce que le ministre veut dire, c'est que de toute
façon ça n'empêche pas le gouvernement de consulter les
membres...
M. Clair: C'est exact.
M. Bisaillon:... du conseil d'administration si celui-ci
fonctionne. Je suis d'accord.
Cependant, j'ai une dernière question à poser au ministre.
Il n'y a pas de délai à partir du moment où une
incapacité cesse
d'être temporaire. Le temporaire, on sait que cela a tendance au
Québec à devenir de plus en plus permanent. On peut étirer
cela...
M. Clair: Nommez-moi un seul cas.
M. Bisaillon:... combien de temps, l'incapacité
temporaire? Le ministre comprend ce que je veux dire.
M. Clair: Cela fait seulement trois ans.
M. Bisaillon: Le ministre comprend ce que je veux dire.
M. Clair: Oui.
M. Bisaillon: On pourrait utiliser cette procédure qui est
une procédure de remplacement temporaire. Au bout de six mois, si le
président est toujours absent, il me semble clair que, là, il
faudrait revenir à la procédure de l'article 5. Le ministre a dit
tantôt: II est clair pour nous que dès qu'il s'agira de nommer,
c'est la procédure de l'article 5 qui sera utilisée. Mais ne
serait-il pas plus prudent à l'article 12 de mettre "pour une
période n'excédant pas six mois", de mettre un délai,
autrement dit? Après six mois pour un président qui est toujours
absent, si le vice-président a bien assumé les fonctions, je
suppose bien que ce sera la personne que le gouvernement suggérera
à l'Assemblée nationale pour nomination définitive. Il y a
une question de mandat aussi et de prestige et de rôle qui doit
sûrement être différente à un moment ou à un
autre. Le ministre peut-il envisager cela? J'ai dit "six mois", j'ai dit cela,
mais ça pourrait être autre chose.
M. Clair: Dans mon esprit, M. le Président, l'absence ou
l'incapacité temporaire, il ne s'agit pas de la notion d'absence au sens
du Code civil. Un absent, quelqu'un qu'on recherche pendant... Je crois que
c'est sept ans. Il ne s'agit pas de cela. L'expression "d'absence ou
d'incapacité temporaire", à mon sens, ce n'est même pas
pour des délais de six mois. L'utilisation que j'en ai faite... Je me
souviens qu'à la Commission des transports, ni les
vice-présidents ni aucun membre n'étaient désignés
d'office pour remplacer le président en cas d'absence. Une fois par
année, au moment des vacances du juge président de la Commission
des transports, on se servait de ce pouvoir simplement pour l'absence ou
l'incapacité temporaire. Quant à moi, j'hésiterais
à mettre un délai pour deux raisons: d'abord, parce qu'encore une
fois -je le disais tantôt et je suis sincère et le
député a sûrement eu l'occasion de le constater - cette
formulation est usuelle dans nos lois, et, deuxièmement, je trouverais
que six mois comme norme générale, à travers le
gouvernement, d'incapacité ou d'absence temporaire, c'est très
long.
M. Bisaillon: Oui, mais je...
M. Clair: Par ailleurs, il peut se produire des cas exceptionnels
où, effectivement, on peut avoir besoin de se rendre à trois,
quatre ou cinq mois, je ne sais pas. J'hésiterais beaucoup à
mettre un tel délai. J'aurais l'impression de venir calibrer quelque
chose qui a été déjà calibré par la
jurisprudence, par les traditions, les us et coutumes à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental et de faire du droit nouveau un
peu au coin de la table.
M. Bisaillon: M. le Président, la jurisprudence, c'est les
tribunaux qui règlent cela. Dans les circonstances, les tribunaux
n'interviendront pas. On comprend qu'une incapacité temporaire ou le
processus qui est prévu par l'article en question, ce n'est pas non plus
pour une absence de deux semaines ou trois semaines. On sait bien que, si
quelqu'un doit être absent pour deux semaines, le gouvernement ne
désignera pas nécessairement un vice-président. Il part
deux semaines en voyage d'études en Europe, ils vont s'être
organisés à l'interne pour que cela fonctionne, pour que les
décisions se prennent. En tout cas, je comprends cela comme
ça.
Quand on parle d'une incapacité temporaire, on parle de quelque
chose où l'on sait que cela peut être un peu plus prolongé,
dans le cas d'une maladie, par exemple, d'une hospitalisation, alors qu'on a
toutes les garanties ou on pense avoir toutes les garanties que la personne va
se rétablir et qu'elle va pouvoir récupérer son travail et
le continuer. Donc, le délai ou la durée de l'incapacité
temporaire doit tenir compte aussi de la durée du mandat. C'est
sûr que l'incapacité temporaire dans un mandat de six mois, ce
n'est pas la même que l'incapacité temporaire dans un mandat de
cinq ans. On évalue cela également en fonction du mandat. J'ai
dit six mois au ministre pour marquer un terme à un moment donné
et indiquer que la procédure de nomination permanente devrait
s'enclencher.
C'était juste pour dire cela parce que, là, on n'a rien.
Dans le fond, le gouvernement pourrait décider d'utiliser la
procédure de l'article 12 pour nommer un des vice-présidents en
remplacement temporaire et le remplacement temporaire peut durer depuis un an.
Supposons qu'il reste quinze mois à l'échéance du mandat
du président, le gouvernement pourrait dire: Bon, on nomme le
vice-président et il va rester là quinze mois. Dans ma
tête, quinze mois, comme l'a dit le ministre, ce n'est
plus de l'incapacité temporaire, cela a excédé
cela. Je disais six mois pour donner la chance à quelqu'un qui, par
exemple, serait hospitalisé et pour laisser le temps au gouvernement de
faire d'autres consultations et de proposer. On sait que ce sont des
mécanismes qui sont longs.
M. Clair: Je serais d'autant plus réticent encore une
fois, M. le Président, que la procédure de remplacement, c'est
une procédure d'Assemblée nationale. Je prends un exemple
théorique: Nous sommes aujourd'hui le 8 juin, le président est
hospitalisé à la suite d'un accident d'automobile. On sait qu'il
est blessé assez sérieusement mais on pense que cela ne se fait
pas, alors qu'on ne connaît pas l'état exact de sa santé,
de tout de suite le remplacer à l'Assemblée nationale avant
l'ajournement du 21. Le 8 juillet, on apprend qu'effectivement il sera absent
peut-être un an. Les élections ont lieu, par hypothèse, le
15 novembre. C'est ça, le 15 novembre?
Une voix: Avril.
M. Clair: Le 15 novembre, par hypothèse.
L'Assemblée nationale n'est pas convoquée avant le 1er mars
prochain. Qu'advient-il?
Je pense que, compte tenu de la jurisprudence à cet
égard... Quand je dis jurisprudence, je ne pense pas
nécessairement à la jurisprudence des tribunaux, je devrais
plutôt dire quant aux us et coutumes, traditions, dans des postes comme
ceux-là. Je pense qu'il n'y aurait pas beaucoup de personnes qui
accepteraient que le remplaçant du Protecteur du citoyen soit en poste
durant 12, 15 ou 18 mois. Il y aurait des gens qui soulèveraient la
question à l'Assemblée nationale dans l'immédiat et c'est
la même chose pour ces personnes-là, j'en suis convaincu.
M. Bisaillon: Ça va. C'était une suggestion que je
faisais, le ministre ne la retient pas. Ce n'est pas mon projet de loi, M. le
Président, c'est le sien.
Le Président (M. Lachance): Alors, l'article 12 est
adopté tel qu'amendé?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Article 13? Est-ce que
l'article 13 est adopté?
M. Polak: L'article 13 parle d'un siège social à
l'endroit déterminé par le gouvernement. Pourquoi n'aurait-on pas
spécifié soit à Montréal ou à Québec?
Il s'agit vraiment d'une matière de nature nationale.
M. Clair: Vous ne connaissez pas l'existence de Drummondville?
(21 h 15)
M. Polak: Je ne pense pas qu'on ait l'intention de siéger
à Hull ou à Rimouski, avec tout le respect que je dois à
ces villes.
M. Clair: Vous ne connaissez pas l'existence de Drummondville,
visiblement.
M. Polak: On ne va certainement pas siéger à
Drummondville.
M. Clair: Sérieusement, M. le Président, notre
choix n'est pas arrêté quant à savoir si l'organisme
devrait avoir son siège social à Montréal ou à
Québec.
M. Polak: Oui.
M. Clair: II y aurait de sérieux avantages à ce
qu'il soit à Québec, mais il y en aurait également de
très sérieux à ce qu'il soit à Montréal.
M. de Bellefeuille: C'est cela.
M. Clair: Comme cela n'est pas tranché, nous avons voulu
conserver, encore là, un article qui est tout en souplesse, comme le
ministre que vous avez devant vous.
M. Polak: D'accord.
Une voix:... à Trois-Rivières, entre les deux.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je ne veux pas brimer mon collègue de
Sainte-Anne.
M. Polak: Cela va bien, vous et moi, jusqu'à
maintenant?
M. de Bellefeuille: M. le Président, le
député de Sainte-Anne voulait qu'on précise
Montréal ou Québec et le ministre voudrait qu'on ajoute
Drummondville à la liste. On pourrait ajouter Roberval, Windsor,
Châteauguay, Saint-Eustache.
M. Clair: M. le Président, je m'excuse d'interrompre le
député. La formulation actuelle prévoit déjà
que cela pourrait être ça.
M. de Bellefeuille: Oui; la différence, c'est que la
formulation actuelle est implicite, tandis que le député de
Sainte-Anne proposait une formulation explicite.
M. Clair: Nous sommes des gens discrets, M. le
Président.
M. Bisaillon: La formulation nous indique que ce sera
Drummondville.
M. de Bellefeuille: Bon, je veux bien qu'il y ait un endroit qui
soit déterminé, mais le problème que je vois dans cet
article, c'est à nouveau, à la première et à la
deuxième lignes, ces deux mêmes mots: "le gouvernement". Pourquoi
est-ce encore "le gouvernement"? Pourquoi est-ce que ce ne serait pas ces gens
en qui le ministre nous propose de mettre toute notre confiance, le conseil
d'administration?
Il me semble que le conseil d'administration est bien placé pour
juger de ce genre de question, pour évaluer tous les aspects de la
question. Le gouvernement a bien d'autres chats à fouetter. Il me semble
que le conseil d'administration pourrait examiner cette question et
déterminer l'endroit où se trouverait le siège social de
l'institut. Je ne sais pas ce que le ministre en pense.
M. Clair: Ce que j'en pense - je vais le dire honnêtement
au député - c'est que c'est une question qui va se régler
très facilement à compter du moment où on saura si les
syndicats participent ou ne participent pas et qui sont les membres du conseil
d'administration, s'il y a des locaux qui sont facilement disponibles à
la Société immobilière du Québec à
Québec ou à Montréal et quels sont les meilleurs prix
qu'on peut avoir par rapport à telle ou telle possibilité?
Je suis convaincu, quant à moi, que, comme il n'y a que deux
possibilités réelles, c'est-à-dire Montréal ou la
région immédiate de Montréal ou Québec ou la
région immédiate, cela ne crée pas de problème et
que ce seront des raisons de commodités qui détermineront le
choix du siège social.
Le Président (M. Lachance): L'article 13 est
adopté?
M. de Bellefeuille: M. le Président, cela ne me
paraît pas suffisant, des raisons de commodités. Ce n'est pas un
critère très élevé, très noble, à
savoir si la Société immobilière du Québec a des
bureaux bon marché disponibles quelque part. Il me semble que cet
institut sur qui, je le répète, le ministre fonde les plus grands
espoirs qu'il voudrait que nous partagions, devrait faire une évaluation
beaucoup plus approfondie de cette question très importante de savoir
où il va situer son siège social.
Il y a, effectivement, des organes du gouvernement du Québec
situés à Québec. Il y en a qui sont situés à
Montréal; il y en a à Drummondville; il y en a à
Trois-Rivières. Il n'y en a pas beaucoup à Saint-Eustache. C'est
peut-être une lacune qu'il faudra essayer de combler. Mais, dans chaque
cas, il y a des raisons qui ont présidé à ces
décisions et je suis sûr que ces raisons sont des raisons beaucoup
plus substantielles que juste la question de savoir si la Société
immobilière du Québec dispose de bureaux de dimensions voulues et
à prix raisonnable.
Il me semble que c'est une question importante, cet institut. Le
ministre a tenu mordicus à ce que cet institut soit un institut de
recherche et d'information, nous a-t-il concédé. Puisque c'est un
institut de recherche - le ministre nous a expliqué que ce qui
caractérise la recherche, c'est son caractère scientifique - qui
va faire un travail très sérieux dans un domaine dont je n'ai pas
osé dire au ministre combien il est important, il me semble qu'il va y
avoir des critères: la proximité d'autres instituts de recherche,
par exemple, ou la proximité d'autres organismes. Le conseil
d'administration de l'institut pourrait décider qu'il veut être
situé près de l'école des Hautes Études
commerciales de Montréal, pour ne donner qu'un exemple. Il pourrait tout
aussi bien décider qu'il veut être situé près de
l'École nationale d'administration publique, et il y a un certain nombre
d'autres circonstances comme celles-là, ou près de
l'Université McGill où il y a une banque des conventions
collectives.
Il y a un certain nombre de facteurs que l'on peut évoquer pour
justifier le choix de l'emplacement du siège social de l'institut. Il me
semble qu'on ne peut laisser cela, comme le ministre le voudrait, à la
simple question de savoir où la Société immobilière
du Québec a des bureaux commodes et pas cher.
Il me semble que cette question est importante et je répugne
à la laisser purement entre les mains du gouvernement. Il me semble que
c'est le conseil d'administration de l'institut qui devrait pouvoir prendre ce
genre de décision.
M. Clair: M. le Président, je pense que tous les arguments
que fait valoir le député de Deux-Montagnes en ce qui concerne la
proximité de certains autres services existants militent justement en
faveur de conserver le maximum de souplesse pour qu'après consultation
avec les membres de la direction de l'institut on puisse fixer le siège
social de l'institut.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je propose en
amendement qu'on enlève le point-virgule après le mot
"gouvernement". Le point-virgule vient après les mots "après
consultation du conseil d'administration". Alors, on insère entre le mot
"gouvernement" et le point-virgule les mots "après consultation du
conseil d'administration".
M. Clair: Ce n'est pas tout à fait pareil.
M. de Bellefeuille: Proposez un sous-amendement: Après les
mots "après consultation du conseil d'administration; ".
M. Clair: Je suis d'accord sur le point-virgule.
Le Président (M. Lachance): Alors, l'amendement est-il
recevable?
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Je ne sais si je dois faire un nouvel amendement ou un
sous-amendement. Je préférerais aux mots "par le gouvernement"
les mots "sur recommandation". Je ne sais pas si cela devient un
sous-amendement qu'il faut discuter au préalable.
Le Président (M. Lachance): C'est une bonne question.
M. Polak: En donnant les mots "sur recommandation", cela rend la
fonction de l'institut un peu plus forte. Il recommande au gouvernement
Montréal ou Québec, pour des raisons internes. Au lieu de dire
"après consultation", surtout avec le gouvernement en place, le mot
"consultation" ne veut pas dire beaucoup; le mot "recommandation" est plus
fort.
M. de Bellefeuille: M. le Président, si le
député de Sainte-Anne veut lui-même formuler un amendement,
c'est tout à fait son droit, mais j'ai préféré
épouser la pensée du ministre. Il venait de parler de
consultation du conseil d'administration, c'est pour cela que j'ai retenu cette
formulation pour bien marquer étroitesse des liens entre nous à
force de travailler d'arrache-pied pour améliorer ce projet de loi.
M. Bisaillon: Qu'en termes galants ces choses-là sont
dites!
M. Clair: M. le Président, le député veut
sans doute utiliser un peu de son temps pour argumenter en faveur de son
amendement?
M. de Bellefeuille: C'est 20 minutes, sauf erreur.
M. Clair: Ce que je veux indiquer simplement, M. le
Président, c'est que je pense que, sérieusement, sur le plan de
la technique législative, on dévaluerait l'importance que l'on
accorde aux mots lorsque l'on inscrit dans nos lois "après consultation
du gouvernement". C'est généralement pour bien indiquer que,
malgré l'importance du sujet, le gouvernement a une obligation formelle
de consultation et on l'a d'ailleurs indiqué dans la nomination des
président et vice-présidents. Mais de là à se
sentir obligé d'inscrire dans la loi la nécessité de
consulter pour la fixation du siège social à Montréal ou
à Québec, alors que cela va se régler de façon
très simple après la nomination des principaux membres, je pense
que c'est dévaluer le processus de consultation. Sans nullement indiquer
que cette question de localisation d'un siège social est sans
importance, je pense qu'elle est d'une importance très limitée
par rapport aux autres sujets sur lesquels on prévoit parfois, à
l'occasion, dans nos lois de faire obligation au gouvernement de consulter.
M. de Bellefeuille: M. le Président, le ministre me
confirme dans l'idée que mon amendement ou un amendement
équivalent serait très utile parce qu'on peut, sans le moindre
effort, imaginer une situation où le conseil d'administration de
l'institut, pour des raisons très pertinentes, souhaiterait que le
siège social soit situé dans une ville donnée, pour l'une
ou l'autre des raisons que j'ai mentionnées antérieurement ou
pour d'autres raisons encore. Le gouvernement, quant à lui, pour des
raisons, disons, d'économie ou des raisons fondées sur sa
conception de l'efficacité, voudrait situer le siège social dans
une autre ville où, par exemple, la Société
immobilière du Québec offrirait des locaux moins cher. Alors, on
peut facilement imaginer ce genre de conflit.
Je propose un libellé dans lequel les considérations
pertinentes soulevées par le conseil d'administration entreraient
sérieusement en ligne de compte dans la décision, plutôt
que de laisser librement le gouvernement décider, sans tenir compte de
la volonté du conseil d'administration.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, mon collègue de
Deux-Montagnes ne sera peut-être pas heureux de mon intervention mais je
veux vous indiquer que, si j'avais à voter sur cet amendement, je le
rejetterais après avoir entendu l'argumentation du ministre.
L'argumentation du ministre a convaincu le député de
Deux-Montagnes de la justesse de sa motion; moi, elle m'a convaincu
plutôt de la justesse de la motion du député de
Sainte-Anne.
M. de Bellefeuille: II n'y a pas de motion du
député de Sainte-Anne.
M. Bisaillon: Non, mais celle que le député de
Sainte-Anne...
M. de Bellefeuille:... fantôme.
M. Bisaillon:... se propose de faire. M. Polak: Ah!
M. Bisaillon: Lorsqu'il disait que c'était plus fort de
dire "sur recommandation du conseil d'administration", qu'est-ce que le
ministre dit? Il dit: La consultation, ce sont des obligations qu'on s'impose.
On n'est pas pour mettre cela dans les lois.
M. Clair: Ce qu'il y a dans les lois, ce sont des questions de
première importance.
M. Bisaillon: Voilà! Là-dessus, je suis d'accord
avec lui sauf qu'il y a aussi une question de principe, même sur des
questions de fonctionnement, de toujours revenir à l'organisme qui est
à l'origine de la création. Il me semble qu'une fois qu'on a
créé un organisme, que celui-ci fonctionne, il faut lui donner la
possibilité de faire valoir ses arguments. Dans ce sens-là, je
trouve que la proposition du député de Sainte-Anne correspond
davantage à cela.
L'institut fait toutes les analyses et il n'est soumis à rien
d'autre que l'analyse de son fonctionnement. Là-dessus, le
député de Deux-Montagnes avait raison. Là, la
décision d'avoir le siège social à un endroit plutôt
qu'à un autre va pouvoir correspondre, éventuellement, à
toutes sortes d'autres raisons que des raisons de fonctionnement propres
à l'institut. Le ministre nous dit aujourd'hui: Tout va se régler
facilement le jour où. Mais le jour où, il n'est pas là.
Je me rends compte, en écoutant le ministre, qu'on n'a pas cette
certitude. Le ministre n'est pas, au moment où il présente le
projet de loi, assuré de la participation des gens. Donc, il ne sait pas
si, effectivement, il va y avoir un conseil de 19 personnes. C'est sûr
que cela discute mieux quand on le sait.
Alors, on s'apprête à voter sur une structure dont on ne
connaît pas l'existence. On ne sait même pas si elle va pouvoir
exister et fonctionner. Dans ce sens-là, je dis que le
député de Sainte-Anne a raison. Plus on va se donner de chances
et plus on va donner à ce conseil d'administration éventuel de 19
personnes des raisons d'exister, peut-être qu'on court la chance qu'il
existe. Mais ce que le ministre nous a dit depuis le début, c'est: Je ne
suis pas sûr que cela va marcher. C'est sûr que, le jour où
cela va marcher, toutes ces questions vont se régler du jour au
lendemain, vite, vite, vite et facilement. Peut-être facilement, parce
que le ministre a déjà des orientations, mais peut-être que
les 19 personnes qui seront là en auront d'autres et qu'elles auront une
perception de leur rôle et de leur fonctionnement qui sera
différente de celle du ministre d'aujourd'hui. Peut-être
même que le ministre ne sera plus là! Même si lui,
aujourd'hui, a une orientation à donner à cet institut, ce ne
sera peut-être plus lui qui sera là pour vérifier si ce
qu'il avait pensé pour l'institut se réalise correctement. (21 h
30)
Quand on fait une loi, on ne fait pas une loi en fonction de ce que
pense un ministre, de sa bonne volonté et de sa bonne foi. On fait cela
pour que ce soit appliqué aussi par d'autres par la suite. Dans ce sens,
je vous indique seulement que, tout en reconnaissant la valeur d'une partie de
l'argumentation du député de Deux-Montagnes, après avoir
écouté le ministre, je serais davantage tenté de passer
à l'amendement que va nous présenter tout de suite après
le député de Sainte-Anne parce que j'ai l'impression qu'il va
plus loin.
Le Président (M. Blais): Oui.
M. Polak: M. le Président, je suis très content des
paroles exprimées par le député de Sainte-Marie. Je
suggère qu'on vote tout de suite sur l'amendement suggéré
par le député de Deux-Montagnes. On va voter contre. Ensuite, je
pourrai présenter mon amendement.
Le Président (M. Blais): Comme cela, vous annoncez que
vous avez un amendement à présenter.
M. Polak: Je ne peux pas le faire tout de suite, il faut d'abord
attendre qu'on ait vidé le premier.
Le Président (M. Blais): Est-ce que nous allons voter sur
l'amendement proposé? Avez-vous le texte? M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je me donne un mal fou pour comprendre ce que
vient de dire mon collègue de Sainte-Marie.
Le Président (M. Blais): Je pense que je suis bon pour un
autre chapitre.
M. de Bellefeuille: Dans mon amendement, il est proposé
que le gouvernement détermine le siège social après
consultation du conseil d'administration. Selon ce que j'ai compris de l'avis
d'amendement que nous a donné notre collègue de Sainte-Anne, il
veut que ce soit "sur recommandation du conseil d'administration". Il me semble
que c'est bonnet blanc, blanc bonnet. Si le gouvernement consulte le conseil
d'administration, c'est pour en obtenir une recommandation. Je ne comprends
toujours pas très bien l'intervention de mon collègue de
Sainte-Marie. Je déplore cette division dans nos rangs et je m'en remets
à la commission.
Le Président (M. Blais): Alors, on met
aux voix l'amendement.
M. de Bellefeuille: Adopté, M. le Président.
Une voix: Rejeté sur division, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Rejeté surdivision.
M. Polak: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Sainte-Marie a l'intention de continuer nos travaux
parce que j'ai l'intention de présenter un amendement, mais s'il n'est
pas ici, parce qu'il a dit qu'il appuierait mon amendement... Ah! il est
là!
M. le Président, je vous donne le texte. C'est simplement pour
ajouter à l'article 12, après les mots "le gouvernement
désigne", les mots "sur recommandation de l'institut".
Le Président (M. Blais): À l'article 12 ou 13?
M. Bisaillon: Ce n'est pas à l'article 13?
M. Polak: Je ne voudrais pas prolonger trop le débat, M.
le Président, on en a discuté et je suis prêt pour un vote
tout de suite là-dessus.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Sainte-Anne, votre amendement, tel que stipulé, n'est pas recevable
parce qu'il s'applique à l'article 13 et vous marquez l'article 12.
M. Polak: M. le Président, vous avez de la
difficulté à déchiffrer mon 2 ou mon 3, parce que vous
savez très bien que c'est un 3 et non pas un 2.
Le Président (M. Blais): D'accord. Je ne vous mettrai
jamais dans un bureau de scrutin.
L'amendement se lit comme suit: Ajouter après les mots
"déterminé par le gouvernement" les mots "sur recommandation de
l'institut".
M. Polak: M. le Président, pour ne pas être
accusé de prolonger les travaux, j'aimerais tout de suite avoir un vote.
J'espère, par exemple, que le député de Deux-Montagnes est
assez ouvert d'esprit, vu que mon amendement va beaucoup plus dans le sens de
ce qu'il a dit... Il n'a même pas le droit de vote, de toute
manière.
Le Président (M. Blais): On met l'amendement aux voix.
M. de Bellefeuille: Je suis membre pour la journée.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Sainte-Anne a demandé le vote, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Oui, d'accord. Un vote par appel nominal?
Le Président (M. Blais): Pardon?
M. de Bellefeuille: M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: Non, non, on veut aller vite. M. Clair: Rejeté,
M. le Président. M. de Bellefeuille: Sur division.
Une voix: Sur division.
M. Clair: Est-ce que l'article est adopté?
Le Président (M. Blais): Donc, l'amendement est
rejeté sur division. Est-ce que l'article 13 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Blais): Adopté. Article 14?
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): Adopté, M. le ministre?
L'article 14 est adopté?
M. de Bellefeuille: M. le Président, on sait que cet
institut doit respecter autant que possible un certain équilibre,
c'est-à-dire l'équilibre entre la partie patronale et la partie
syndicale. Dans l'article 14, tel que proposé par le ministre, on ne
tient pas compte de cette nécessité et on peut imaginer un
quorum, à une réunion donnée de l'institut, où la
quasi-totalité des membres présents serait d'une des deux
parties, soit de la partie patronale ou de la partie syndicale. C'est une
majorité unique, là, où il faudrait peut-être songer
à une règle de double majorité ou quelque chose
d'approchant une règle de double majorité. Ce n'est pas du tout
prévisible, à savoir qui va être présent aux
réunions. Il peut arriver, à un moment donné, qu'il y ait
un quorum composé de la majorité, dont le président ou la
présidente - je reviendrai là-dessus - à ce moment, quelle
garantie aurions-nous du maintien de l'équilibre, de
l'impartialité de l'institut à une séance où le
quorum serait ainsi composé? Une partie seulement serait convenablement
représentée. Il me semble que le ministre devrait envisager une
formule où il y aurait des éléments de double
majorité pour assurer l'équilibre.
Le Président (M. Blais): M. le ministre.
M. Clair: Je peux simplement indiquer, M. le Président,
dans la mesure où l'organisme peut être appelé à
fonctionner avec des indépendants et deux neutres qu'il est
évident qu'on ne mettra pas un principe de double majorité
là-dedans. D'autre part, à l'Assemblée nationale, à
supposer que le Parlement se retrouve dans une situation où il y a 50
d'un côté et 50 de l'autre, ce qui est le processus de nomination,
avec un président qui tranche, il n'y a rien dans notre droit
parlementaire qui prévoit que cela prendrait la double majorité
pour autant.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Justement, M. le Président, pour ce qui est
du fonctionnement à la Chambre, le ministre a raison, mais dans tous les
autres fonctionnements maintenant connus au Parlement il a tort. Nos
commissions parlementaires actuelles fonctionnent avec la notion d'une double
majorité et elles fonctionnent. Pas pour des travaux comme ceux qu'on
fait actuellement, mais pour tous les autres travaux d'une commission, pour le
choix des présidents, cela se fait à la double
majorité.
Ce qui est étonnant, M. le ministre, c'est que dans le choix que
vous faites à l'article 14 vous dites: Le quorum, on va... Vous tenez
compte d'une double présence au niveau du quorum. Autrement dit,
même s'il y avait seulement neuf personnes au total, s'il y en a huit qui
sont du même côté, on va considérer qu'il n'y a pas
quorum pour préserver - je comprends que c'est pour cela que vous l'avez
fait - l'équilibre. Normalement, on devrait préserver cet
équilibre, donc, demander une majorité des deux parties pour
qu'il y ait quorum, juste pour la fixation du quorum, premièrement.
Deuxièmement, au moment des votes, vous donnez au
président un premier droit de vote et, s'il y a égalité,
une voix prépondérante. À l'Assemblée nationale, au
niveau du fonctionnement des nouvelles commissions, c'est le choix qu'on avait
fait au départ. Le ministre se souvient peut-être qu'on a
amendé le fonctionnement des commissions parlementaires et les
règlements de l'Assemblée nationale pour faire en sorte qu'il n'y
ait pas ce double vote de la part du président. Ce n'est plus comme cela
que cela se passe. Maintenant, c'est le président de
l'Assemblée... C'est un débat que le député de
Châteauguay connaît, puisqu'on l'a fait en commission et, par la
suite, il y a eu des amendements d'apportés.
Donc, si l'équilibre est nécessaire pour le ministre, il
est important que la fixation du quorum tienne compte des parties en
présence et il est important aussi que les décisions se prennent
en tenant compte de cela, à moins que le ministre ne me dise: Toutes les
décisions ne sont pas d'égale importance. Peut-être qu'un
certain nombre de décisions pourraient être soumises - des
décisions de régie interne ou de fonctionnement interne -
à une simple majorité, mais les questions d'orientation ou les
questions de choix fondamentaux devraient être faites à double
majorité.
J'indique que la CSST fonctionne comme cela. Elle a les mêmes
problèmes que tout organisme paritaire, c'est bien évident. En
fait, elle fonctionne comme cela. Sur les grandes orientations, dès
qu'il y a un groupe qui n'est pas d'accord, cela revient à dire que
c'est te président qui décide tout seul. C'est
l'inconvénient des organismes paritaires. En partant, je me pose
beaucoup de questions sur la parité telle qu'on tend à la
développer de plus en plus, mais cela est une autre question. Le choix,
vous l'avez fait et vous l'avez fait dans le même sens que d'autres
organismes qui existent, par exemple, la CSST. La CSST, en fait, pour des
grandes questions d'orientation, va s'assurer que les groupes
représentatifs à l'intérieur soient en accord et qu'il y
ait une majorité claire qui se dégage dans les deux groupes. Il
peut y avoir des individus qui ne sont pas d'accord, mais ils ont le droit de
ne pas être d'accord, peu importe leur appartenance.
Il me semble que, si vous voulez préserver la capacité de
fonctionnement d'un organisme comme celui-là, il faut que vous donniez
aux gens qui vont y participer un minimum de garanties. Or, là, vous ne
les donnez pas. Pourtant, le ministre et le gouvernement, par ailleurs, et
l'Assemblée nationale par la nomination qu'elle fait du président
et des deux vice-présidents ont au moins une garantie de contrôle.
Quand les deux groupes ne s'équilibreront pas, ce sont ceux qui sont
nommés par l'Assemblée nationale qui vont décider.
À toutes fins utiles, c'est ce que cela veut dire. Mais donnons au moins
une chance au coureur en partant. Là, vous n'en donnez pas du tout. Vous
fermez la porte à une participation éventuelle.
Je voudrais bien que le ministre comprenne mon argumentation. Supposons
que le projet de loi est adopté tel qu'il est et qu'après cela on
va voir les organismes, c'est-à-dire que le ministre se retourne du
côté des organismes et qu'il dit: Venez participer. Quiconque ne
veut pas et se cherche des prétextes, en partant, va sauter sur cet
article et va dire: Comment voulez-vous qu'on participe de plain-pied à
un organisme où toutes les décisions sont placées sur le
même pied et où c'est la règle de la majorité qui va
l'emporter? Or, nous, on ne contrôle pas les trois
nominations qui vont être faites à la suggestion du
gouvernement par l'Assemblée nationale. Cela peut nous
déséquilibrer constamment. Les gens peuvent se sentir
piégés et à cause de cela - à tort ou à
raison, que le ministre me comprenne bien -ils pourraient tout simplement
décider que, vu qu'ils sont piégés ou qu'ils se sentent
piégés, ils ne participeront pas à l'organisme. Je pense
que la règle de la double majorité dans ce cas leur donne
suffisamment de garanties.
Cependant, si le ministre voulait étudier la question, je serais
prêt à ce qu'on distingue peut-être le type de questions
soumises: Vas-tu choisir un dactylographe de telle sorte plutôt que tel
autre? Je ne vois pas l'utilité d'une double majorité. Même
dans nos commissions, ici, ce n'est pas sur l'ensemble des questions que la
double majorité joue mais sur la détermination des mandats. Par
exemple, la double majorité va jouer sur le choix de
représentants. Peut-être que le ministre pourrait
considérer au moins cet aspect et il pourrait peut-être tenter de
faire une sélection de sujets où quelques-uns pourraient
être soumis à la majorité simple, mais sur des questions
d'orientation, les soumettre à la double majorité. Même si
le ministre ne retenait pas cela en ce qui a trait à la décision,
il faudrait au moins qu'il le retienne en ce qui concerne le quorum. Admettez,
M. le ministre, qu'on peut se sentir piégé dans une organisation
comme celle-là si, même au niveau du quorum, le quorum existe
alors que tout un groupe est là et qu'il y en a seulement un de l'autre
côté. Les débats que vous souhaitez vraiment ne se feront
pas là. Et, pourtant, au bout de la course, il y aurait une
décision qui serait prise à la majorité. (21 h 45)
M. Clair: M. le Président, j'ai déjà
indiqué que, dans les faits, il m'apparaît évident que le
gouvernement ne saurait nommer ses six représentants à l'institut
en l'absence d'un nombre égal de représentants des associations
de salariés. À toutes fins utiles, quand il va y avoir nomination
des six représentants des salariés du secteur public, il y aura
nomination des six représentants du gouvernement. À compter de ce
moment, loin de piéger l'approche des trois membres nommés
à la majorité des deux tiers à l'Assemblée
nationale, il me semble que dans les faits - comme le député
l'exprime - si cela est vrai à la CSST cela encore plus vrai en ce qui
concerne le fonctionnement de l'institut à moins que, pour une raison X,
Y, Z, tous les six représentants ne décident de bouder le
fonctionnement de l'institut. Il me semble que dans les faits la règle
de la double majorité va s'appliquer et encore plus que c'est le cas
à la CSST.
M. Bisaillon: À partir de ce que vient de dire le
ministre, que c'est sûr que, quand il y en a six qui vont être
nommés, c'est parce que les six de l'autre côté seront
là... Autrement dit, on va avoir un organisme de quinze personnes
uniquement quand on aura la certitude que les deux côtés acceptent
de participer. Autrement, cela serait un organisme de trois personnes. C'est ce
que je comprends de l'intervention du ministre, c'est ce qu'il a
exprimé, d'ailleurs, au tout début des travaux de la
commission.
Moi, je me dis; Très bien, si c'est l'orientation du ministre,
j'accepte cela. Je vais un peu plus loin, par exemple, et je dis; Une fois
que... Supposons que cela fonctionne et que vos espoirs sont comblés,
qu'il y en a six de chaque côté qui se dégagent et que les
gens acceptent de participer, vous avez donc 12 participants qui viennent des
deux côtés. Comment, en pratique, cela va-t-il se passer? Vous me
dites: Dans les faits, la règle de la double majorité va jouer,
mais je vous indique que, dans le cas de la CSST, c'est indiqué dans la
loi. Ce n'est pas indiqué ici, que ce sera la règle de la double
majorité et c'est là que je vous dis que vous allez avoir de la
difficulté, d'abord à les nommer, à moins que vous ne
puissiez m'indiquer que votre choix est quasiment fait et que cela ne vous fait
rien de ne pas en avoir douze et qu'à trois vous fonctionneriez. Je ne
pense pas que cela soit ça, n'est-ce pas? Si ce n'est pas cela, je dis
qu'au-delà de cela il faut prévoir d'autres règles de
fonctionnement.
Si vous étiez au moins d'accord pour accepter un quorum tenant
compte des deux groupes - un quorum, on est juste à ce niveau-là
pour le début et j'aimerais qu'on s'en tienne à cela -...
Autrement dit, les parties feraient que, s'il n'y a pas de majorité des
membres d'un côté qui sont là, il n'y aurait pas de
débat qui va se faire. La même chose de l'autre côté.
Encore là, je dis au ministre: II peut y avoir des particularités
et on peut distinguer les questions de régie interne des grandes
orientations, des grands débats. Moi, là où je pense que
la double majorité devrait vraiment jouer, c'est uniquement sur les
grandes orientations et les grands débats. Ce n'est pas sur les
questions de régie interne et de fonctionnement interne. Donnez-vous la
chance de pouvoir en nommer six de chaque côté, sans cela, vous ne
l'aurez pas. Pour l'avoir, cette chance-là, il faut qu'au moins les
règles soient connues avant et qu'on ne puisse pas se fier juste sur la
bonne foi parce que, si ce n'est pas écrit dans la loi, n'importe qui
demain matin peut dire: On a pratiqué cela à double
majorité pendant un an et aujourd'hui c'est fini. Je ne sais pas si le
ministre comprend ce que je veux dire.
Je ne lui demande pas sur le coin de la table de me donner une
réponse maintenant. Je lui indique seulement que, pour moi, c'est
un débat qui est important. Je comprends que le ministre a
réfléchi beaucoup sur son projet de loi, qu'il a fait beaucoup de
démarches, qu'il a fait beaucoup de consultations mais il me semble que
trop fort ne casse pas dans ce domaine-là et que, s'il voulait accepter
d'y réfléchir un petit peu plus... Je vous dis cela, M. le
ministre, en fonction un peu de l'expérience vécue et de ce qui
se vit ou de ce qui s'est vécu aussi à la CSST. Il faut tenir
compte aussi... On ne peut pas réinventer la roue à tous les
jours. Il y a des affaires qu'on a vécues qui nous indiquent que cela
crée des problèmes. Alors, si on peut les éviter, ces
problèmes, si on peut mettre le maximum de chances de notre
côté, donnons-nous au moins ces occasions-là.
Je ne veux pas bousculer le ministre et lui imposer des amendements - je
n'en ai pas formulé, d'ailleurs - j'essaie plutôt de faire une
discussion avec le ministre pour voir s'il y a une possibilité de
réflexion de ce côté-là.
Le Président (M. Blais): M. le ministre. M. Clair:
Je réfléchis, M. le Président. M. Bisaillon: Merci, M.
le ministre. M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Blais): Donc, l'article 14 est en
suspens. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Sur le même article, je voudrais donner une sorte
d'avertissement. Il y a un danger dans cette double majorité, dans le
cas présent. Franchement parlant, cela pourrait vouloir dire qu'un des
deux groupes, soit le côté patronal ou le côté
syndical, pourrait bloquer tout le fonctionnement de cet appareil soit en ne
votant pas, en votant contre ou même en s'absentant de la réunion.
Je ne pense pas que ce soit l'intention. Du moment que l'institut est
formé, c'est aux membres d'être présents et de
participer.
Quant à moi, la double majorité, un moment donné on
ne prend plus de décisions. Qu'est-ce qui arrive si, à un moment
donné, même si c'est un institut de recherche objectif, cela fait
l'affaire de l'un des deux groupes de bloquer, de dire: On ne veut pas aller
plus loin parce qu'on a déjà des recherches qui indiquent une
certaine tendance contre notre opinion? C'est la seule manière de
bloquer cela parce qu'on ne veut pas accepter la froide vérité
objective; donc, on va invoquer cette règle de la double majorité
pour tout bloquer. Donc, c'est un danger inhérent à ce
système.
M. Clair: Dans ma réflexion, M. le Président,
effectivement, je pense que le député de Sainte-Anne a raison -
j'ai accepté d'y réfléchir et je griffonnais, tout en
écoutant le député de Sainte-Marie - mais il me semble que
le député de Sainte-Anne vient de donner un argument
déterminant pour rejeter l'argument du député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je ne pense pas, M. le Président, et je
trouve que le ministre réfléchit plus rapidement avec le
député de Sainte-Anne qu'avec moi. J'aimais bien sa lenteur avec
moi. Je trouvais que c'était plus générateur
d'idées nouvelles et intéressantes.
M. Clair: Pourtant, je ne parlais pas; c'est vous qui
parliez.
M. Bisaillon: Mais vous réfléchissiez. Je ne pense
pas que le député de Sainte-Anne ait raison parce que, dans
l'éventualité qu'il soulève, on en revient au point de
départ, donc, au point de départ que le ministre invoquait et on
revient à un conseil à trois. Pour moi, c'est clair, si...
M. Clair: Mais, c'est clair... C'est clair, M. le
Président, entendons-nous! C'est clair, cela a été dit,
dès le départ, que le gouvernement envisage les deux
possibilités: que l'institut puisse fonctionner seulement avec trois
membres à titre d'institut à caractère indépendant
ou qu'il puisse fonctionner avec les trois membres nommés par la
majorité des deux tiers à l'Assemblée nationale et sur une
base paritaire. Ce que l'on cherche à éviter, c'est, bien
sûr, qu'il puisse y avoir impasse de façon permanente au conseil
d'administration.
J'essayais de faire rapidement des hypothèses, tout en entendant
le député de Sainte-Marie, et je pense que le danger est
évident que ce que souligne le député de Sainte-Anne...
À ne pas oublier, encore une fois, qu'il y aura trois membres, les trois
membres qui décideront d'empêcher l'impasse, ce seront trois
personnes qui auront été nommées à la
majorité des deux tiers de l'Assemblée nationale et non plus
seulement une personne faisant référence à d'autres
circonstances dans un autre organisme connu.
Alors, je me verrai dans l'obligation, M. le Président, de voter
contre l'amendement du député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Mais, je n'ai pas fait d'amendement, M. le
Président, parce que, pour moi, c'était une suggestion au
ministre et je lui avais parlé seulement du quorum. Quand un quorum
n'existe pas, il n'y a pas de réunion et quand, pendant un certain
temps, il n'y a pas de réunion, l'organisme est incapable de
siéger et c'est la même
circonstance que le ministre invoquait dès le départ. S'il
est incapable de siéger, il y a trois personnes qui prennent les
décisions.
Donc, jamais l'institut ne peut se retrouver dans une impasse. Moi, mon
argumentation n'est pas négative; elle ne cherche pas à trouver
la bibite qui va empêcher le fonctionnement. Elle essaie simplement de
dire: Si vous voulez une participation, donnez les conditions de cette
participation.
M. Clair: Regardez ce que cela pourrait donner. J'en
écrivais un sur le coin de la table. Sur les sujets que détermine
le conseil d'administration, à supposer que vous acceptiez que ce soit
à l'unanimité de ses membres, le quorum peut être de la
double majorité, sauf qu'il suffit que, lorsque ces sujets sont
appelés, une double majorité ne se présente pas, d'un
côté, et par leur simple absence, on vient bloquer
complètement le fonctionnement de l'institut; cela m'apparaît
être dangereux.
C'est la raison pour laquelle je suis en désaccord avec le
député de Sainte-Marie et, pour une fois, en accord avec le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Plusieurs fois...
M. Clair: Plusieurs fois, j'ai même accepté une
suggestion.
M. Polak: Oui, c'est cela.
Une voix: C'est parce que vous l'écoutez.
M. Bisaillon: Effectivement, si le ministre ne retient pas mon
argumentation, pourquoi se sent-il obligé de parler de quorum?
M. Clair: Parce que, dans toutes les lois, M. le
Président, quand on crée un organisme, on prévoit un
quorum...
M. Bisaillon: Oui, mais cela aussi, ça peut empêcher
de fonctionner.
M. Clair:... et on dit que c'est de la majorité des
membres.
M. Bisaillon: Si on va jusqu'au bout, cela aussi, ça peut
empêcher de fonctionner. Je veux dire, si le ministre...
M. Clair: Si on va jusqu'au bout, on n'a pas besoin de faire de
loi en notre société.
M. Bisaillon: Mais si le ministre me dit: On va créer un
organisme et l'organisme va fonctionner, à ce moment, même la loi
n'est pas obligée de prévoir de quorum. Si on parle d'un quorum,
c'est parce qu'on sait que c'est important, en pratique. M. Clair:
Exactement.
M. Bisaillon: Si on parle d'un quorum et d'une façon de
voter, c'est parce qu'on sait qu'en pratique c'est important. Toute ma question
est préalable - elle ne tient pas compte des difficultés de
fonctionnement qu'on peut rencontrer - au fonctionnement. Elle dit: Si vous
voulez fonctionner, donnez-vous la chance que les parties acceptent de jouer le
jeu. Quand vous vous rendez compte qu'elles ne jouent plus le jeu, vous vous
retrouvez dans la situation où on pourrait se retrouver, si elles ne
jouent pas le jeu; vous serez à trois.
Le député de Sainte-Anne qui souhaite la participation de
tout le monde, il faut qu'il se donne la chance de l'avoir, sauf que, s'il ne
l'a pas, vous allez avoir un institut de trois personnes nommées par
l'Assemblée nationale aux deux tiers de ses membres, puis, ce sera cela,
l'institut.
M. Clair: M. le Président, il me semble même qu'au
contraire la formulation actuelle de l'article 14 en ce qui concerne son quorum
incite, pousse et favorise la participation aux affaires de l'institut
plutôt qu'un jeu de cache-cache que l'une ou l'autre des deux parties
pourrait vouloir jouer, d'ailleurs. Je fais l'hypothèse que cela
pourrait fort bien être le gouvernement, voyant que les
représentants syndicaux veulent donner un mandat de comparaison de la
tâche des enseignants entre le Québec et l'Ontario. Le
gouvernement a déjà quelques études sur cette question et
se dit: Ah non, malheur! Il ne faut pas que ce soit fait et décide
simplement de ne pas se présenter et de bloquer les affaires de
l'institut sur cette question parce que cela fait son affaire à ce
moment-là, alors que, libellé comme il l'est, une fois que
quelqu'un s'embarque dans le fonctionnement des affaires de l'institut, il est
fortement incité à y participer plutôt que d'utiliser un
pouvoir de retrait pour bloquer le fonctionnement de l'institut.
M. le Président, si le député de Sainte-Marie ne se
formalise pas trop de nos discussions, il semble inutile pour lui de
présenter un amendement, à moins qu'il ne veuille allonger les
travaux.
M. Bisaillon: M. le Président, je vais le faire quand
même en disant que je ne le discuterai pas, étant donné que
je pense avoir fait la discussion préalablement mais au moins que ce
soit consigné au Journal des débats pour qu'on le sache
clairement. Alors, je proposerais d'enlever à l'article 14, au premier
paragraphe, les mots "des séances de l'institut est de la
majorité des membres, dont" et de les remplacer par le texte suivant: du
conseil d'administration est
constitué de la majorité des personnes représentant
les organismes syndicaux, de la majorité des personnes
représentant les organismes patronaux et, avec le texte qui suit: Le
nouveau texte serait donc: Le quorum du conseil d'administration est
constitué de la majorité des personnes représentant les
organismes syndicaux, de la majorité des personnes représentant
les organismes patronaux et du président ou de son remplaçant
visé par l'article 12.
M. Clair: Alors, rejeté, M. le Président. M. de
Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Sur la motion,
l'amendement?
M. de Bellefeuille: Oui.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Clair: Vous n'êtes pas solidaire du député
de Sainte-Marie qui vient de nous dire que l'amendement serait soumis aux voix
sans débat?
M. de Bellefeuille: Oui, oui, je suis tout à fait
solidaire du député de Sainte-Marie. C'est même pour cela
que je veux intervenir en faveur de son amendement, M. le Président. Le
ministre craint que la règle de la double majorité permette
à un groupe de paralyser l'institut en s'absentant
délibérément des séances. S'il y a un des deux
groupes dont c'est le désir et le sentiment, j'ai l'impression que
l'institut va être paralysé de toute façon. Le projet du
ministre repose sur l'idée que les deux parties vont accepter de
collaborer. Là, ce que l'on veut empêcher, ce sont des situations
non pas délibérées, mais plutôt accidentelles qui
feraient que, pour des raisons fortuites à une séance du conseil
d'administration, il y a un groupe qui serait mal représenté.
À ce moment-là, cela risquerait de mener à une
série de décisions déséquilibrées sans qu'il
y ait volonté d'un groupe ou de l'autre de bloquer l'institut, sans
qu'il y ait de mauvaise volonté, sans qu'il y ait de mauvaise foi. Cela
créerait une situation de déséquilibre.
Il me semble que l'amendement du député de Sainte-Marie
remédierait à cela, parce que, là, on serait assuré
que ces circonstances fortuites ne se présenteraient pas. On serait
assuré que le conseil d'administration ne pourrait pas prendre de
décision sans que les deux groupes soient convenablement
représentés. À ce moment-là notre pari pourrait se
réaliser, que les décisions de l'institut seraient en
général normalement équilibrées, mais avec le texte
sans l'amendement on n'a aucune espèce de protection contre des
circonstances fortuites où, sans mauvaise volonté, sans
volonté de boycottage, I'institut se trouverait dans une situation de
déséquilibre où les deux parties ne seraient pas
suffisamment représentées. Alors, pour ces raisons, M. le
Président, je vais appuyer l'amendement du député de
Sainte-Marie. (22 heures)
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je regrette de devoir être en désaccord, M.
le Président, avec l'auteur de l'amendement et le député
de Deux-Montagnes. Je pense qu'il y a une maldonne quant à la
signification de cet organisme. Les personnes dont vous parlez ne sont pas
là comme représentantes du secteur syndical ou du secteur
patronal, ce sont des personnes qui sont nommées à partir d'une
liste de personnes qui ont été recommandées par chaque
secteur. Mais elles ne vont pas là comme représentantes
attitrées du secteur. Elles sont nommées là... Il y a bien
des organismes de même nature qui existent au sein de l'appareil
gouvernemental. On va prendre, dans le secteur de l'éducation, le
Conseil supérieur de l'éducation; il y a des personnes qui sont
nommées là en provenance du secteur des parents, par exemple. Une
fois qu'elles sont là, elles ne dépendent pas de la
Fédération des comités de parents ni d'aucun organisme de
parents en particulier. Elles sont là comme membres du conseil, point.
C'est à eux, moralement, de voir à rester en contact avec leurs
gens. Mais, il n'est pas question, à mon point de vue, de donner un
statut aussi tranché que celui-là.
Je ne sais pas s'il n'y a pas une maldonne aussi sur la fonction de
l'institut de recherche. Je crois avoir dit, lors du débat de
deuxième lecture, que, à mon point de vue, c'est un organisme de
recherche d'abord et avant tout. Ce n'est pas un "policy making body", ce n'est
pas non plus une table de négociation. Je crois que les amendements qui
iraient dans le sens de créer le "policy making body" voudraient aller
trop loin par rapport à l'intention qui est sous-jacente à tout
ce projet, de même que ceux qui voudraient transposer, à ce
niveau, la philosophie de négociation.
Mon voeu va plus loin que cela; j'espère que le conseil
d'administration ne se fourra pas trop le nez dans le contenu des recherches.
Je ne crois pas que cela va être une bonne voie de solution. Il peut
donner des hypothèses, donner des éléments dont on devrait
tenir compte, etc., mais une fois que la recherche est en cours, une fois
qu'elle a été faite, c'est sacré; les politiciens n'ont
pas d'affaire à cela, pas plus les politiciens syndicaux que les
politiciens patronaux, les politiciens tout court, à mon point de
vue.
En tout cas, c'est ma conception. C'est
pour cela que j'étais bien content d'entendre le
député de Sainte-Anne, tantôt, exprimer une réserve
sur le principe de double majorité au niveau du quorum. Personnellement,
je ne peux pas être pour cela. Je ne vois pas la logique qui sous-tend
cela, à moins, encore une fois, qu'on n'étire le concept
d'institut de recherche - je suis content que le mot "recherche" soit dans le
titre, d'ailleurs - bien au-delà de ce que cela devrait supposer.
Par conséquent, à mon vif regret, je dois vous annoncer
que je vais être en parfait accord avec mon collègue de
Sainte-Anne sur cette question. Je suis très heureux par rapport
à mon collègue de Sainte-Anne, je ne veux pas qu'il y ait de
malentendu.
Une voix: Bien oui!
M. Polak: Voulez-vous enregistrer cela? Le député
de Sainte-Anne remercie le député d'Argenteuil?
Une voix: De belles paroles!
M. Clair: M. le Président, je pense que j'ai
déjà indiqué, quant à moi, les raisons pour
lesquelles nous allions voter contre cet amendement. Je pense qu'on pourra en
disposer maintenant.
M. de Beliefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Beliefeuille:... je m'en voudrais de ne pas commenter
brièvement les observations de mon voisin d'Argenteuil, voisin parce que
nos circonscriptions sont voisines.
Le parallèle se fait sûrement avec la CSST et avec d'autres
organismes où on trouve des gens qui proviennent d'un milieu. Et
peut-être qu'il y a une certaine ambiguïté qui vient du fait
que dans l'amendement du député de Sainte-Marie il y a le mot
"représentant"; peut-être que le mot "représentant" n'est
pas le meilleur possible, puisque ce dernier peut sous-entendre qu'il y a
mandat, peut sous-entendre qu'il y a instructions explicites, que des
représentants, ce sont des gens qui arrivent aux réunions avec le
mandat de voter de telle ou telle façon; s'ils ne peuvent pas
exécuter ce mandat, Us n'ont rien à dire.
Mais ce n'est pas du tout ce qu'il y a dans l'esprit du
député de Sainte-Marie. On souhaite - la loi est bâtie
là-dessus - que, même s'il n'y a pas de représentants ayant
ainsi des mandats explicites, les membres de l'institut représentent
effectivement, d'une part, les intérêts syndicaux et, d'autre
part, les intérêts patronaux. Si on lit l'article 6, qui a
été adopté, c'est absolument clair que c'est cela qu'on
souhaite. Si ce n'est pas cela qu'on souhaite, pourquoi, diable, est-ce
que...
M. Bisaillon: Diantre!
M. de Bellefeuille: Pourquoi "diable"? Cela me suffit. Pourquoi,
diable, est-ce que six des membres sont choisis parmi les personnes dont les
noms apparaissent sur des listes dressées par les associations de
salariés et groupements d'associations de salariés? Pourquoi
est-ce qu'il y en a six autres qui sont nommés après consultation
de groupements, de commissions scolaires, de collèges et
d'établissements? Il est clair que ce sont des gens qui sont à
l'institut pour faire valoir les intérêts, d'une part, des
syndiqués et, d'autre part, de la partie patronale. C'est pour cela
qu'ils sont là. Par conséquent, je suis toujours d'avis qu'il est
important d'éviter une situation où, pour des raisons fortuites,
une de ces deux parties ne serait pas convenablement représentée
à une réunion qui pourrait, par conséquent, dans ces
circonstances, prendre des décisions dans une situation de
déséquilibre.
Je ne sais pas si le député de Sainte-Marie veut envisager
de remplacer le mot "représentant" par un autre mot, mais l'intention
n'est sûrement pas d'imposer aux membres de l'institut des mandats
rigoureux venant soit de la partie patronale, soit de la partie syndicale. Ce
n'est pas du tout cela, mais on sait que les membres de l'institut sont des
gens qui seront issus du milieu patronal ou du milieu syndical et que leur
présence à l'institut s'expliquera par le fait de cette
origine.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, j'appuierai
l'amendement du député de Sainte-Marie.
Le Président (M. Lachance): Alors, on va procéder
à la mise aux voix de la motion d'amendement.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lachance): M. le secrétaire, s'il
vous plaît!
M. Clair: Rejeté. Il n'y a pas eu d'appel nominal de
demandé.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Une
voix: Sur division, M. le Président.
M. Clair: L'amendement est rejeté sur division.
Le Président (M. Lachance): L'amendement est rejeté
sur division.
M. Clair: Je propose l'adoption de l'article 14.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, sur l'article 14, il y a juste un
élément technique que je veux souligner au ministre. Le
deuxième paragraphe se réfère, de toute évidence,
au vote, mais il n'y a rien qui nous indique comment... On dit juste: "En cas
de partage égal des voix, le président dispose d'une voix
prépondérante. " Il faudrait d'abord dire de quel type de
majorité il s'agit. Ce n'est dit nulle part. Au premier alinéa de
l'article 14 on dit que c'est le quorum, mais, normalement, on devrait avoir
une deuxième partie qui dise: Le vote se prend à la
majorité simple et, en cas de partage des voix, le président
dispose d'une voix. Je trouve qu'il manque un aspect. C'est probablement un
oubli. Le ministre comprend-il ce que je veux dire?
M. Clair: Je pense qu'en technique législative, sauf
erreur, dans la mesure où on détermine le quorum, on
présume à ce moment que c'est la circonstance minimale dans
laquelle un vote peut se tenir.
M. Bisaillon: Oui, mais cela ne nous indique pas de quel vote il
s'agit. Je pourrais avoir le quorum tel que vous l'indiquez là et
demander une décision aux deux tiers. Vous ne dites pas que cela va
prendre une décision à majorité simple et qu'en cas de
partage des voix c'est le président qui va disposer...
M. Clair: Quand on parle de majorité, c'est la
majorité simple.
M. Bisaillon: Mais vous n'en parlez nulle part. Vous ne dites pas
de quelle sorte de vote il va s'agir. Vous dites que le quorum va indiquer de
quel genre d'assemblée, à quel moment il va y avoir une
assemblée. Cette assemblée, quand elle va avoir à disposer
de questions, elle peut en disposer comme le fait l'assemblée à
majorité simple ou, à certains moments, aux deux tiers de ses
membres participants. De toute façon, peu importe le mode de vote
retenu, en cas d'égalité des voix, le président partage
par vote prépondérant.
M. Clair: J'aurais tendance à dire au
député, vu que nous avons déjà adopté
l'article qui détermine que c'est une corporation, que la règle
normale d'une corporation, c'est le vote à majorité simple et que
cela est déjà prévu indirectement par l'article 3 qui
indique que l'institut est une corporation. Je suis convaincu qu'il y a des
dispositions de droit commun qui prévoient que, dans le cas d'un tel
organisme ou dans le cas de n'importe quel autre organisme, la règle
usuelle dans notre droit, c'est la majorité simple.
M. Bisaillon: Ce n'est pas un débat de fond.
M. Clair: On peut l'adopter là-dessus et je le ferai
vérifier pour m'en assurer.
M. Bisaillon: Ce n'est pas un débat de fond. Quand c'est
clair, il me semble que c'est simple. Si c'est la majorité simple que
vous voulez, mettez-la donc. Dans toutes les autres lois que j'ai vues
jusqu'à maintenant, quand on parle d'un partage de voix, on donne le
mécanisme de vote avant et de quelle sorte de majorité il
s'agit.
M. Clair: Si le député accepte, on l'adopte, et je
fais vérifier pour être sûr sur le plan technique.
Le Président (M. Lachance): L'article 14 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 14 est
adopté. Article 15?
M. de Bellefeuille: Sur division, M. le Président.
M. Clair: À l'article 15, je n'ai pas d'amendement
à proposer. Il s'agit simplement de prévoir les dispositions
habituelles concernant les conflits d'intérêts.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: À l'article 15 - à moins que je n'aie pas
bien lu - je m'inquiète un peu. On dit: "sous peine de
déchéance de leur charge". Cela semble vouloir dire une sorte de
punition automatique. De temps en temps, les personnes en question - et ici ce
sont le président et les vice-présidents - ne peuvent
peut-être pas savoir immédiatement s'il y a conflit
d'intérêts direct ou indirect. De temps en temps, cela se
révèle et, à un moment donné, l'institut
étudie à qui on va donner les mandats. S'il décide
d'engager telle ou telle firme et que le président ou un des
vice-présidents n'a pas la chance de dire: Je veux révéler
mon intérêt, je ne veux pas voter, je ne veux pas participer
à cette décision, de la manière dont je lis le texte,
automatiquement, c'est la déchéance. D'ailleurs, à
l'article 16, vous donnez à un membre le droit de révéler
son intérêt ou son soi-disant conflit. Pourriez-vous m'expliquer
pourquoi on ne donne pas une
telle chance au président et aux vice-présidents?
M. Clair: M. le Président, en termes de
crédibilité de l'organisme, s'il s'avérait qu'un membre
nommé par l'Assemblée nationale ne dévoile pas avant
même sa nomination qu'il a des intérêts de façon
très visible - je donne l'exemple d'une firme que je connais, Sobeco,
qui est spécialisée dans des recherches en
rémunération pour les cadres supérieurs - si une personne
n'a pas la décence minimale au départ de les dévoiler et
qu'il s'avère que par la suite le président ou un des
vice-présidents a un intérêt direct ou indirect dans une
entreprise mettant en conflit son intérêt personnel et celui de
l'institut, il me semble que la personne mériterait la
déchéance.
M. Polak: De la manière dont vous nous l'expliquez, je
suis bien d'accord avec vous, mais je ne lis pas le texte exactement comme
cela. Disons qu'à un moment donné l'institut prend une
décision, parce qu'on ne sait pas d'avance qui l'institut va engager. Il
peut engager quelqu'un, le frère d'un membre, du vice-président,
qui, lui, a un intérêt. Selon moi, c'est un conflit, j'ai des
règles très étroites à ce point de vue quant
à l'interprétation. Même pour un proche de ma famille,
c'est pour moi une raison de dire que je ne veux pas participer à tel
vote. Ici, on parle de l'intérêt direct et indirect. Qu'est-ce que
vous voulez dire par l'intérêt indirect? Est-ce sa femme? Ses
enfants? Son frère? Je ne le sais pas.
M. Clair: M. le Président, j'avoue honnêtement que
ces dispositions sont usuelles, habituelles, et que je ne pourrais pas donner
une définition détaillée de ce que peut comporter le mot
"indirect" appliqué à l'intérêt d'un membre
nommé à la majorité des deux tiers par l'Assemblée
nationale. Cependant, je suis sûr que le député de
Sainte-Anne concourra avec moi pour dire qu'il y a sûrement
déjà eu des interprétations judiciaires à cet
égard, puisque, encore une fois, ce texte est un texte usuel. Ce n'est
pas un texte qu'on a inventé pour l'utilité de ce projet de
loi.
Est-ce que c'est adopté?
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 15 est
adopté. J'appelle l'article 16.
M. Clair: L'article 16 concerne justement les
intérêts possibles pour les autres membres du conseil
d'administration.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. de Bellefeuille: Pourquoi est-ce que le ministre veut relever
les vice-présidents de cette obligation?
M. Clair: Parce que le président ou un
vice-président ne peut même pas en avoir sous peine de
déchéance.
M. de Bellefeuille: Bon!
M. Clair: Est-ce un argument convaincant?
M. de Bellefeuille: Oui.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): J'appelle l'article 17.
M. Clair: L'article 17 prévoit simplement que les
procès-verbaux des séances du conseil d'administration de
l'institut, approuvés par celui-ci et certifiés conformes par le
président ou une personne qu'il autorise par écrit à cette
fin, sont authentiques. Il en est de même des documents ou des copies
émanant de l'institut ou faisant partie de ses archives, lorsqu'ils sont
ainsi certifiés.
Le Président (M. Lachance): L'article 17 est-il
adopté? (22 h 15)
M. Polak: M. le Président, j'ai noté que depuis
l'arrivée du député d'Argenteuil on va beaucoup plus vite.
Peut-être que mes deux collègues ici font moins d'obstruction,
mais ils en faisaient beaucoup quand le député de Sainte-Anne
était seul.
M. Bisaillon: La sollicitez-vous? Non, parce que, s'il ne la
sollicite pas, on n'est pas capable de faire ce qu'il ne fait pas.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Pourquoi est-ce le président qui
autorise par écrit?
M. Clair: C'est un pouvoir de délégation qui est
usuel dans ces circonstances-là.
M. de Bellefeuille: Pourquoi ne serait-ce pas une personne
désignée par le conseil d'administration?
M. Clair: J'imagine simplement que c'est parce qu'il arrive
fréquemment que ce soit une tierce personne qui prenne en note le
procès-verbal et qu'il soit avantageux que, même si le pouvoir est
confié au président de certifier le procès-verbal,
celui-ci désigne ce pouvoir-là à une tierce personne.
Le Président (M. Lachance): Alors, l'article 17 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 17 est
adopté. J'appelle l'article 18.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
M. Ryan: Un instant! Juste un point d'information. Est-ce que
vous vous êtes fait une idée de la grosseur que va prendre cet
institut-là, vous autres? Est-ce que vous avez une idée
approximative du genre de budget que vous allez être prêts à
mettre à sa disposition?
M. Clair: Je pense qu'il serait dans l'ordre du raisonnable que
l'institut ait un budget annuel pour un nombre de permanents qui ne devrait pas
dépasser une vingtaine ou une trentaine de personnes puisqu'on a voulu
ménager la possibilité... Je pense qu'en termes d'orientation ce
sera un premier choix à faire au niveau de l'institut. Est-ce que
celui-ci préfère signer des contrats avec des organismes
existants et avoir une équipe chargée de consolider l'information
qui lui provient de diverses sources, ou s'il désire lui-même
procéder à certaines enquêtes salariales?
L'expérience du Bureau de recherche sur la rémunération du
Conseil du trésor, au plus fort de son existence, c'est qu'il a
comporté jusqu'à 45 personnes, mais il réalisait
directement les enquêtes salariales. C'est donc dire qu'une équipe
de personnes avait été constituée pour aller
enquêter dans les grandes entreprises et; suivant l'orientation que
prendra l'institut, ce pourra être varié du simple au double. Si
l'institut fait lui-même les enquêtes, ce sera un personnel plus
élevé; s'il choisit de les donner à contrat à des
organismes existants, le personnel sera beaucoup moins nombreux.
M. Bisaillon: Est-ce que dans la tête du ministre il y a
possibilité d'utiliser du personnel déjà à l'emploi
de la fonction publique?
M. Clair: Oui, c'est possible.
M. Bisaillon: Auquel cas les rémunérations et ce
qui est rattaché aux normes du travail sont déjà
prévus?
M. Clair: Oui. Maintenant, les employés de l'institut ne
seront pas...
M. Bisaillon:... couverts par la Loi sur la fonction
publique?
M. Clair:... couverts par la Loi sur la fonction publique.
M. Bisaillon: Mais des membres de la fonction publique pourraient
être amenés à y travailler.
M. Clair: Ils le pourraient, effectivement.
M. Bisaillon: Est-ce que l'article 18 tel que
rédigé supposerait que, dans le cas d'employés de la
fonction publique amenés à travailler à l'institut, les
conditions de travail et de rémunération pourraient être
différentes ou supérieures à celles qu'ils ont
déjà?
M. Clair: Elles pourraient être différentes, mais
non par décision. Elles pourraient être différentes.
À supposer, par exemple, que quelqu'un décide de quitter la
fonction publique pour aller travailler à l'institut, en ce qui concerne
ses droits de retour, son niveau de retour, la durée de son
séjour, etc., il y a des choses qui sont conventionnées. Il y en
a d'autres qui sont prévues par la loi et il y en a d'autres qui
pourraient relever de la décision du Conseil du trésor, qui a
toujours la possibilité, par décret gouvernemental, de
déroger à des pratiques établies dans le sens d'aller plus
loin que ce qui est prévu par les lois en termes de minimum.
M. Bisaillon: Mais ce seraient des prêts de personnel de la
fonction publique consentis à l'institut prévoyant les
règles de réintégration.
M. Clair: C'est exact.
M. Bisaillon: Les règles de réintégration
seraient conformes à ce que prévoit et la Loi sur la fonction
publique, et les conventions?
M. Clair: C'est ce que j'indique: minimalement...
M. Bisaillon: II n'y aurait rien d'inférieur.
M. Clair:... minimalement, mais rien n'empêcherait qu'on
puisse déroger pour aller au-delà de ce minimum.
M. Bisaillon: Oui, mais l'article 18 ne prévoit pas ce
genre de protocole entre l'administration publique et l'institut.
M. Clair: Essentiellement, parce que c'est sûrement dans la
Loi sur la fonction publique, la Loi sur l'administration financière ou
la Loi sur l'exécutif qu'est prévu ce pouvoir, et il est
prévu au niveau du Conseil du trésor.
M. Bisaillon: Je ne nie pas le pouvoir, M. le ministre. Je
comprends que le pouvoir existe sur le plan administratif...
M. Clair: Et légal.
M. Bisaillon:... mais les modalités de
réintégration sont prévues, elles, dans la Loi sur la
fonction publique...
M. Clair: Oui.
M. Bisaillon:... et il n'y a rien dans la Loi sur la fonction
publique qui, au moment de la réintégration... Tout ce qu'elle
prévoit, c'est la réintégration. Elle ne prévoit
pas les conditions de cette réintégration.
M. Clair: Dans ce temps-là, cela se fait par contrat qui
intervient entre l'individu et le gouvernement.
M. Bisaillon: Donc, il n'y a rien entre les associations
accréditées, auxquelles pourraient appartenir ces personnes, et
l'institut ou le Conseil du trésor. Autrement dit, ma question, je vais
la poser plus simplement. S'il y avait des prêts de personnel, au moment
où le Conseil du trésor procéderait à ce prêt
de personnel à l'institut, il n'y a rien qui nous garantit qu'il y
aurait un protocole entre le Conseil du trésor et l'association
accréditée représentant ce monde, éventuellement,
s'ils le sont. Ils ne le sont pas nécessairement.
M. Clair: Non, parce que le minimum est déjà
conventionné ou prévu dans la Loi sur la fonction publique. Ce
que j'indique, c'est que, simplement, si on veut déroger pour aller
au-delà, parce qu'un individu exige d'aller au-delà, cela se fait
par contrat avec l'individu et non avec son association syndicale.
M. Bisaillon: Le seul élément, M. le ministre, qui
n'est pas prévu, ni dans la Loi sur la fonction publique, ni dans les
conventions, ce sont les modalités de réintégration.
Autrement dit, le statut de fonctionnaire, de professionnel ou de cadre
à l'intérieur de la fonction publique n'est jamais perdu, et
c'est garanti par la Loi sur la fonction publique, mais les modalités de
cette réintégration, quel sera notre statut au moment où
on va être réintégré, ne sont pas prévues, ni
dans la Loi sur la fonction publique, ni dans les conventions collectives,
d'ailleurs.
M. Clair: Le député a tout à fait raison et
c'est cela, justement, qui peut faire l'objet, comme je le dis au
député, d'un contrat entre l'individu et le gouvernement, parce
que c'est évident que, sur les modalités de
réintégration, quelqu'un veut savoir un peu à l'avance
à quoi s'attendre le jour où...
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Clair: Adopté.
Fonctions
Le Président (M. Lachance): L'article 18 est donc
adopté. J'appelle l'article 19, et on se retrouve à la section
II, intitulée "Fonctions".
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer à
l'article 19, M. le Président. Le prochain, c'est à 28?
M. de Bellefeuille: M. le Président.
M. Clair: M. le député de Deux-Montagnes demande la
parole.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député, allez-y.
M. de Bellefeuille: M. le Président, là, nous
entrons, comme vous venez de nous le signaler, dans la section II sur les
fonctions de l'institut. Est-ce que le ministre serait d'accord pour qu'on
fasse, à l'intérieur d'un temps raisonnable, une discussion sur
l'ensemble de la section et sur les principes en cause, plutôt que de
coller tout de suite aux mots et aux virgules?
M. Clair: En termes de mécanisme de fonctionnement, si on
pouvait s'entendre, jusqu'à un certain point, sur ce qu'est la notion de
débat d'une durée raisonnable et que, par la suite, on s'entende
pour adopter en bloc, je dirais, les articles 19, 20, 21, 22, 23 et 24, quant
à moi, je n'aurais pas d'objection. Sinon, je craindrais que ce
chassé-croisé ne nuise aux bonnes relations que nous
développons au cours de cette commission.
M. de Bellefeuille: Enfin, on ne peut pas adopter en bloc.
M. Clair: Mais les adopter rapidement: un, deux, trois,
quatre.
M. de Bellefeuille: Comme nous le faisons depuis le début
des travaux.
Le Président (M. Lachance): Ah oui? vous trouvez cela
rapide, vous? C'est relatif.
M. de Bellefeuille: Bien oui. On est déjà rendu
à...
M. Clair: À chacun son rythme, M. le Président.
Une voix: En pédagogie, on appelle cela des lents
pédagogiques.
Le Président (M. Lachance): Nos travaux durent depuis
maintenant quelque chose comme quinze heures? Un article à l'heure.
M. Clair: L'article 19. C'est l'article 19 qui est l'article de
coeur, de même que l'article 20.
M. Pagé: Si on commençait, on pourrait
peut-être finir.
Le Président (M. Lachance): L'article 19. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Alors, on aborde
les articles 19 à 24, qui sont l'essence même de cette section II
du chapitre II, enfin, sur l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération. Les articles 19 et 20, plus
particulièrement, prévoient quels seront les fonctions et le
mandat que le législateur veut confier à cet institut, qui aura
comme principale responsabilité de procéder à une analyse
qu'on veut et que tous les intervenants souhaitent la plus rigoureuse, la plus
scientifique et, par conséquent, la plus crédible possible au
chapitre de l'évolution comparée des rémunérations
payées aux employés de l'État en général,
fonctionnaires, le monde de la santé et celui de l'éducation,
etc. et les autres salariés québécois.
On a abordé sa composition, comment les principaux dirigeants
allaient être nommés. Le ministre a évoqué, jeudi
soir ou vendredi matin, que, si le projet de loi était adopté les
19 ou 20 juin prochains, très certainement qu'il proposerait à
l'Assemblée nationale la nomination du président et des deux
vice-présidents ou vice-présidentes pour qu'ils puissent
commencer à agir immédiatement après l'ajournement de nos
travaux, dans la perspective que, en collaboration avec le Centre de recherche
sur la rémunération du ministère du Travail ou encore avec
tout autre firme, société ou groupe, ils puissent produire un
premier rapport le 30 novembre 1985.
Quant à nous, nous sommes conscients que la négociation
pour le renouvellement des décrets qui tiennent lieu de convention
collective doit s'amorcer à compter du début d'août. On
retient des réponses du ministre que tout l'aspect de la
rémunération ne pourra être abordé avant janvier
1986, en ce que l'institut produira son rapport le 30 novembre. Il y a un
délai imparti d'une publication de 30 jours avant d'amorcer toute
discussion sur la rémunération. J'hésite à croire
que le 30 décembre prochain on puisse convier pas mal de monde autour de
la table. Alors, cela veut dire janvier 1986, en pratique; cela veut dire la
prolongation des décrets pour une période au-delà de la
date limite où ils devaient s'appliquer, ce qui est discutable, ce qui
est regrettable, en ce qui nous concerne.
M. Ryan: Cela ne doit pas fatiguer le gouvernement.
M. Pagé: Mon collègue d'Argenteuil, pour le
bénéfice du Journal des débats, M. le Président, me
souffle un propos tout à fait justifié, à savoir que cela
ne doit certainement pas inquiéter ou fatiguer le gouvernement. Je suis
pleinement d'accord avec lui.
Quand même, c'est l'ensemble de ces personnes, de ces
travailleuses et ces travailleurs qui devront attendre, finalement, au
début de l'année 1986. Malgré toute la confiance que nous
pouvons avoir dans l'institut, à moins qu'il ne prenne les
bouchées doubles et triples, j'hésite à croire que, si la
corporation publique est formellement créée au début de
juillet, le temps qu'il faudra pour que le gouvernement analyse les listes qui
seront fournies... Comme on le sait, en juillet, le premier ministre, M.
Lévesque, est généralement à Kennebunk ou à
Ogunquit, le Conseil des ministres est restreint. Tout compte fait, ces gens ne
seront pas nommés avant la fin de juillet. Il faudra prévoir le
temps aussi pour les règles de régie interne, d'organisation, de
dotation et de nomination de personnel. Alors, grosso modo, cela veut dire un
début de travail effectif à la mi-août, environ. Ils auront
à produire un rapport pour le 30 novembre. (22 h 30)
On doit donner la chance au coureur, mais, encore une fois, comme on le
dit souvent, il y a loin de la coupe aux lèvres, d'autant plus que
l'organisme sera jeune, en sera à ses débuts. L'organisme aura
à fonctionner face à un calendrier très limité,
très restreint. Imaginez-vous, s'il fallait, peu importe le motif, que
les conclusions, les résultats ou le premier rapport impliquent que les
réactions de plusieurs, sinon de tous les milieux, soient des
réserves, combien cela risquerait d'affecter la
crédibilité de cet organisme, pratiquement tout le temps.
C'est le commentaire que je voulais formuler à ce moment-ci au
nom de l'Opposition officielle. La chance doit être donnée au
coureur, mais permettez-nous de nous croiser les doigts.
Dans le deuxième paragraphe, il est dit que l'institut peut
appeler et commander... Il
y a un autre élément aussi avant d'arriver à ce
deuxième paragraphe, c'est que les études et les rapports
produits par le ministère du Travail ne pourront l'être avant la
fin d'octobre. Cela a été confirmé par le ministre la
semaine dernière. Cela ajoute encore un délai beaucoup plus
restreint et limité, si nous voulons avoir un rapport qui est
crédible, fondé et appuyé le 30 novembre prochain.
Dans le deuxième paragraphe, il est dit que l'institut peut faire
des enquêtes, des études et des analyses sur la
rémunération de différents corps d'emplois ou groupes de
salariés au Québec. "Il publie, au plus tard le 30 novembre de
chaque année, un rapport de ses constatations. " Autant il nous est
apparu important qu'un te! institut de recherche puisse analyser,
étudier et aussi conclure, en termes de constat, autant il est important
cependant que les études et les analyses portent sur des choses qui sont
comparables.
Nous convenons que comparer un poste d'enseignant dans le secteur public
avec une fonction ou une responsabilité à un poste qui pourrait
être analogue dans le secteur privé, c'est faisable. Nous
soutenons qu'il serait nécessaire de modifier le deuxième
alinéa de l'article pour que des études puissent se faire en
comparaison avec d'autres provinces et même avec des États comme
les États nord-américains qui sont tout près de nous, qui
ont un "way of life" qui est similaire au nôtre, si je peux utiliser le
terme, et qui sont confrontés à un développement social
comparable. En tout cas, on vit dans un contexte nord-américain,
personne ne peut le nier, et, par surcroît, l'Ontario est à
côté de chez nous ainsi que d'autres provinces, les Maritimes,
l'Alberta, etc. Le but de notre démarche n'est pas de nous associer
à quelque stratégie de filibuster que ce soit, c'est d'intervenir
sur le fond de cet article afin de demander au ministre d'accepter l'amendement
que nous proposons à l'article 19 et qui vise à ajouter au second
alinéa, après le mot "Québec", les mots, "dans une autre
province canadienne, au gouvernement fédéral ou dans un autre
pays. " Il est recevable, M. le Président?
Le Président (M. Lachance): Oui, il n'y a pas de
problème là-dessus, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Vous êtes d'un esprit qui est fort
judicieux.
Le Président (M. Lachance): Cela va bien. Est-ce que vous
avez terminé?
M. Pagé: Vos décisions sont en train de faire force
de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Quelle flatterie, M. le
député!
M. Pagé: Non, vous avez plus de jugement que je le
pensais.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, sur le premier point qu'a
soulevé le député de Portneuf, en ce qui concerne le
rapport, à la fin d'octobre, du CRSMT, le 30 novembre, une date tardive
par rapport à l'échéance, etc., je peux simplement lui
dire que c'est parce qu'on n'a pas le choix que de faire... Pour qu'il en ait
été autrement, il aurait fallu premièrement que le projet
de loi vienne un an et demi plus tôt puisque, si on veut... Il faut bien
comprendre le pourquoi du 30 novembre. Je souhaiterais convaincre le
député. Le 30 novembre n'est pas une date qu'on a choisie au
hasard. On a simplement voulu remonter à partir de la date habituelle du
dépôt du livre des crédits et du discours sur le budget. Le
livre des crédits est toujours déposé avant le 31 mars de
chaque année. Ils sont inscrits, dans le fond, aux crédits. Si ce
sont de vrais crédits et si c'est un vrai discours sur le budget, cela
tient compte de ce qui a été convenu sur le plan salarial.
On voulait, préalablement à cela, donner le temps,
éventuellement, à une commission parlementaire de siéger
et un bon laps de temps pour que les parties aient l'occasion de
négocier. On peut être d'accord ou pas sur l'utilisation du mot ou
discuter avec un délai suffisamment long pour que, s'il y a telle ou
telle fin d'étude qui devrait être effectuée par l'une ou
l'autre des parties, les parties ne se sentent pas bousculées par le
temps. On a considéré qu'il fallait au minimum trois mois pour
cela, 60 à 90 jours, en tenant compte de la période des
fêtes. On a également tenu compte que les statistiques qui
deviennent disponibles au CRSMT ou ailleurs, sont généralement
disponibles vers cette période de l'année. Alors, ce n'est pas
par caprice qu'on a choisi une telle date. C'est pour les raisons que je viens
d'évoquer.
Je souhaiterais également convaincre le député de
ne pas retenir son amendement. Je souhaiterais ne pas retenir également
l'amendement du député, surtout pas à l'article 19.
L'article 20 vient couvrir le champ que cherche à couvrir le
député de Portneuf. S'il voulait qu'on trouve moyen à
l'article 20 de dire que cela peut être comparé avec ce qui se
passe à l'extérieur, on pourrait toujours le considérer.
Mais il faut bien comprendre ce qu'est l'esprit d'une politique de
rémunération des employés dans le secteur public, dans un
État de la taille du Québec. Il y a environ 360 000 personnes qui
appartiennent aux secteurs public et parapublic. La masse d'argent
drainée par leur rémunération ne peut pas être
sans
relation avec la situation économique, financière et les
niveaux de salaire qui sont payés dans l'ensemble de l'économie
québécoise. Dans la mesure où on introduit dans le mandat
fondamental de l'institut la comparaison avec d'autres États, d'autres
juridictions, à ce moment-là, le risque est grand de
déplacer, je dirais, la base, le fondement de la politique de
rémunération du gouvernement du Québec, que ce ne soit
plus, je dirais, les niveaux de la rémunération,
l'évolution des rémunérations, la capacité de payer
de l'économie québécoise, principalement ses
salariés des secteurs autres que le secteur public, mais que la base
devienne progressivement la comparaison avec l'Ontario, les États
nord-américains. Là, on s'embarque dans une ribambelle de
comparaisons encore plus larges si on veut comparer le salaire de l'enseignant
chez nous avec celui des neuf provinces canadiennes et des six États
nord-américains. Je vais vous dire: C'est déjà
compliqué en soi que de comparer l'évolution, les niveaux de
rémunération à l'intérieur de l'économie
québécoise, de vouloir maintenant les comparer avec d'autres
économies ou... J'avais l'occasion récemment de remplacer mon
collègue le ministre des Finances à une réunion des
ministres des Finances du Canada où cette question était
abordée - ce n'était pas le coeur de cette réunion - et le
ministre de l'une des provinces, que je ne nommerai pas, a dit finalement au
ministre fédéral: Après tout, vous ferez ce que vous
ferez, on ne peut pas se comparer avec ce que vous faites. De toute
façon, peu importe ce que vous faites sur le plan des
rémunérations, nous sommes incapables de suivre. Je sais que
c'était peut-être un peu facile, mais il y a là quelque
chose de vrai et de fondamental sur quoi doit s'appuyer d'abord et avant tout
une politique de rémunération des salariés du secteur
public d'un État donné. À mon avis, cela doit avoir un
lien beaucoup plus direct avec l'évolution économique,
financière, l'évolution des rémunérations des
autres personnes de cette économie plutôt que celle d'une
économie qui peut être complètement différente. Je
pense que, occasionnellement, les membres en viennent à la conclusion
qu'il y a nécessité de comparer un groupe par rapport à un
autre groupe à l'étranger. Je n'ai pas d'objection à ce
que cela se fasse occasionnellement. Je l'ai indiqué dès le
départ, que cela fasse partie du mandat initial, fondamental, premier de
l'institut, je pense que l'on dévierait de la politique de
rémunération du gouvernement du Québec et qu'on
s'embarquerait dans une nouvelle spirale de comparaisons qui n'ajouteraient pas
tant de choses que cela.
Les informations les plus utiles pour juger de la capacité de
payer des salaires dans les secteurs public et parapublic proviennent de
l'analyse de l'économie québécoise et principalement des
salaires payés dans le secteur privé et non de la façon
dont les salaires évoluent en Alberta ou à Terre-Neuve, pour
prendre deux extrêmes; voilà la raison. Je n'en fais pas une
question de religion. Ce n'est pas par entêtement que je m'oppose
à ce que propose le député de Portneuf. Je dis: Cette
possibilité est déjà incluse dans l'article 20 et,
à ce moment-là, cela se fait à l'unanimité de
membres du conseil d'administration.
M. Pagé: M. le Président, le ministre vient de
répondre à l'inquiétude que je voulais lui manifester par
un commentaire additionnel. Quand il indique que cela pourra se faire, qu'il me
suffirait de préciser ou de faire préciser davantage les
dispositions de l'article 20: "II exécute en outre tout mandat
d'étude ou de recherche que définit le conseil d'administration
avec le concours de tous les membres qui sont présents à une
réunion spécialement convoquée à cette fin. ",
qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que, dès le moment
où un ou des membres du conseil d'administration s'opposeront, peu
importe pour quel motif, à l'extension du mandat, c'est "Just too bad".
Ce créneau particulier d'une étude approfondie ou
élaborée, s'appuyant sur d'autres paramètres que ceux
uniquement québécois, serait automatiquement refusé et
l'institut, à ce moment-là, n'aurait pas le droit de l'enclencher
ni de dépenser quelque somme que ce soit. Vous savez, je conclus que
l'amendement doit être adopté.
M. Clair: Rapidement, M. le Président, je peux lire des
notes qu'on m'avait préparées et qui proviennent de gens qui ont
justement travaillé à l'élaboration de cela. On note ceci:
Au fédéral, les parties ont le choix entre l'arbitrage et la
grève. Excusez-moi...
M. Ryan: Le livre du maître.
M. Clair: Non. Ce sont simplement des notes additionnelles que je
voudrais ajouter.
M. Ryan: D'accord. On va écouter cela.
M. Clair: Si je pense que le député d'Argenteuil
est capable de penser par lui-même, je pense qu'il pourrait
considérer que je peux faire de même. Parfois, aussi, avoir
recours à l'expérience et à l'expertise des autres, cela
peut ajouter un petit quelque chose. Alors, je dis simplement qu'au
fédéral... Pardon?
M. Ryan: Est-ce qu'on peut en connaître la source?
M. Clair: Ce sont des documents qui ont été
préparés par mon ministère, M. le Président. Au
fédéral, les parties ont le choix entre l'arbitrage et la
grève. Si elles choisissent l'arbitrage, le conseil d'arbitrage ne peut
tenir compte que des études de recherche en rémunération
qui ont été exécutées à la suite de l'accord
des parties. C'est ce que prévoit l'article 20, justement. Cette
procédure a été choisie pour inciter les parties à
s'entendre, au moins quant à ce qui devrait être
étudié ou ce sur quoi on devrait enquêter. N'ayant pas le
même système et sachant que les parties auraient respectivement
intérêt à faire faire des études spécifiques,
nous avons donc retenu la formule de l'article 20. Je donne un exemple: Les
enseignants peuvent avoir un intérêt à étudier la
rémunération des enseignants ontariens; c'est quelque chose qui
serait pertinent à première vue. Le gouvernement peut avoir le
même intérêt mais, en élargissant un peu le contenu
de l'étude et en tenant compte, par exemple, du niveau de la tâche
des enseignants ontariens, de l'historique des négociations salariales
au Québec par rapport à celles de l'Ontario en ce qui concerne la
lutte aux discriminations et la protection des bas salariés et,
également, de la richesse relative de l'Ontario par rapport au
Québec. Je pense que, comme ces comparaisons ne sont jamais simples,
dans la mesure où les parties doivent s'entendre sur ce qu'elles ont
à étudier, il y a plus de chance que les résultats des
études comparatives soient acceptables par les deux parties plutôt
que de venir embrouiller le débat et ne pas éclairer les deux
parties.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'ai écouté les explications que le
ministre a tenté de donner et je dois avouer que je n'ai pas
été convaincu. Je ne sais pas si le ministre ne commet pas la
même faute de perspective...
M. Clair: J'espère que le député a au moins
tenté de comprendre.
M. Ryan: Oui.
M. Clair: Oui? Merci.
M. Ryan: Mon impression est que vous voulez peut-être trop
vous donner des clés. Vous voulez tellement multiplier les clés
que, finalement, il n'y aura pas beaucoup d'espace pour fonctionner; c'est ce
que je crains. Je vous comprends d'avoir peur parce que, souvent, il est
arrivé que le gouvernement mette la charrue devant les boeufs et
là il veut se protéger au maximum. (22 h 45)
Ce que je crains, c'est que vous commettiez peut-être la
même faute de perspective que le député de Sainte-Marie me
semblait commettre tantôt quand il était tenté de
transformer cet institut en un institut de négociation de conception de
politiques. Par voie d'implication, vous faites la même chose à
propos de ceci. Ce qu'on veut avoir, c'est un Institut de recherche et
d'information sur les rémunérations et il a besoin de toutes les
données nécessaires pour fournir aux parties et à
l'opinion publique les éléments dont on a besoin pour se former
un jugement sain et objectif.
Dans le cas des enseignants en particulier, les éléments
de comparaison à l'intérieur de notre société sont
extrêmement rares et extrêmement problématiques. Le Bureau
de recherche sur la rémunération du Conseil du trésor, le
seul critère qu'il ait trouvé le moyen de cultiver un peu a
été celui de la scolarité: Disons qu'un enseignant a
dix-neuf ans de scolarité, on va comparer sa rémunération
avec celle d'une personne qui a dix-neuf ans de scolarité dans un autre
genre d'occupation professionnelle. C'est tout ce que ces gens trouvé
à dire dans toutes les études que j'ai consultées. Quand
on avait cela, ce n'était pas satisfaisant. Tout le monde sait que le
critère implicite ici, c'est celui de la rémunération dans
les autres provinces. Cela fait partie de la nature même du
problème de la rémunération des enseignants.
Je me permets d'ajouter une considération qui semble
inhérente au problème aussi, c'est que, au Canada, nous avons un
système des paiements de péréquation qui prévoit
les paiements de transferts aux provinces pour permettre de porter la
qualité des services publics à des niveaux à peu
près égaux dans toutes les parties du pays. En particulier, les
services d'éducation sont couverts par cela et, évidemment, les
services hospitaliers aussi...
M. Clair: L'enseignement postsecondaire.
M. Ryan: Pardon?
M. Clair: L'enseignement postsecondaire.
M. Ryan: Non, non, les paiements de péréquation
généraux.
M. Clair: D'accord, les paiements de péréquation
généraux.
M. Ryan: Oui. Je pensais surtout à ceux-là, les
paiements de péréquation de base. Cela a pour but de relever le
niveau des services publics même si le niveau de la production ou de la
prospérité est moins grand dans une province. On dit: Avec
cela,
on va lui donner une chance de se mettre un peu plus au niveau des
autres, surtout dans les services essentiels qu'elle doit offrir à la
population.
Cela devient - je vais dire comme on dit souvent - de l'essence
même du problème qu'on puisse exiger d'avoir ces données
à portée de la main. Quand j'écoutais tantôt le
ministre, j'étais d'autant plus étonné parce que je me
souvenais que, lorsque nous avons présenté les décrets,
qu'est-ce que le président du Conseil du trésor du temps - je
pense que c'était le ministre actuel des universités, de
l'enseignement universitaire, des sciences et de la technologie - nous a dit?
Il a passé son temps à nous parler de l'Ontario, tout le temps.
Il a passé son temps à nous dire: Bien, l'Ontario, voici comment
c'est. C'était la base même de la politique que le gouvernement a
invoquée pour imposer ses décrets. Vous relirez les discours que
M. Bérubé a faits. Il nous a littéralement abreuvés
de comparaisons qu'il n'a jamais été capable d'étayer de
manière vraiment sérieuse. J'avoue qu'à ce
moment-là on n'avait peut-être pas toutes les données. Je
me rappelle, du côté de l'Opposition, nous avons fait des
recherches. Quand il faisait ses comparaisons avec la
rémunération en Ontario, il y avait un paquet de nuances dont il
ne tenait pas compte parce qu'on voyait qu'il était nouveau dans le
problème.
En Ontario, les enseignants n'ont pas le même genre de situation
qu'ici parce qu'ils n'ont pas la négociation centralisée. Par
conséquent, il arrive que, dans les commissions scolaires
éloignées des grands centres où le pouvoir de
négociation des enseignants syndiqués est beaucoup moins
élevé, les conditions de rémunération sont en bas
de la moyenne québécoise. On s'apercevait qu'à mesure
qu'on approchait des grands centres, surtout de la région de Toronto,
les enseignants de Toronto étaient en avance sur ceux du Québec
et on a cessé de perdre du terrain au point de vue de la
rémunération des enseignants du Québec dans les grands
centres par rapport à l'Ontario ces dernières années.
Mais, tout cela, le gouvernement ne l'avait pas donné parce que cela
n'était pas dans le livre du maître. Cela n'était pas dans
les dossiers que le Bureau de recherche sur la rémunération avait
préparés. Je me souviens très bien, de notre
côté, nous sommes allés chercher les chiffres à
Toronto. Nous avons comparé avec nos documents ici. Nous étions
capables de l'affirmer en sachant ce que nous disions parce que nous
étions allés chercher sur les lieux.
Je me dis: Si on veut faire un travail sérieux dans le secteur de
l'éducation, si le travail de l'institut est strictement confiné,
comme le propose l'article 19, je ne pense pas que nous aurons satisfaction
parce qu'il va arriver... La première chose qu'ils vont dire... Vous
avez beau comparer avec le gars qui fait des enquêtes pour SORECOM ou la
personne qui est agent de recherche au gouvernement, ou d'autres fonctions qui
pourraient être comparables au point de vue du nombre d'années de
scolarité, ils vont nous dire: Ce n'est pas cela, le problème
dans l'enseignement. Ce n'est pas comme cela que ça se pose. Regardez
comme cela a évolué dans le reste du Canada et tout cela. Je
crois qu'on ne peut pas circonscrire le problème comme cela, dès
le départ, si on veut faire oeuvre scientifique. Il me semble que
soumettre cela à la règle de l'unanimité, comme vous le
proposez, en portent l'amendement plutôt à l'article 20 ou un
amendement de nature comparable, c'est affaiblir considérablement la
proposition. En tout cas, c'est refuser carrément de l'avoir dans les
termes où la conçoit l'amendement qui a été
proposé par le député de Portneuf tantôt. Je pense
que cet amendement vise à donner à l'institut sa véritable
taille.
Évidemment, les projets qu'il entreprendra sont sujets à
l'approbation du conseil d'administration. Vous voulez éviter, sans
doute, que cela dégénère en une agence de voyages. Je
comprends très bien le gouvernement là-dessus parce qu'il y a
bien des voyages qui ont été faits, autant sous le gouvernement
actuel que sous d'autres, qui ont rapporté souvent des
bénéfices bien limités.
J'ai remarqué que le groupe d'experts qui a fait une étude
mondiale des conditions de travail ne s'est pas trop grouillé pour
étudier ce qui se fait dans les autres provinces. Cela aurait
coûté bien moins cher et on aurait pu avoir des renseignements
extrêmement utiles. Mais, là-dessus, on a eu des renseignements
limités. On en obtient bien plus quand on écrit et qu'on
téléphone pour les avoir directement.
En tout cas, pour ce qui regarde le Canada, dans l'amendement, quand on
dit "ou dans tout autre pays", je serais prêt à reconnaître
que, dans la fond, la république de Patagonie, il n'y a pas
d'intérêt immédiat à ce que l'institut de recherche
parte en mission pour aller voir ce qui se passe là-bas. Pardon?
Une voix: À moins de vouloir voyager. M. Polak: Les
îles Seychelles.
M. Ryan: Mais je crois qu'en ce qui regarde les autres provinces
du Canada et aussi le gouvernement fédéral parce que vous disiez:
On ne peut pas rivaliser avec le gouvernement fédéral... Mais,
à supposer qu'il rémunère trop par rapport à ce que
le Canada est capable de payer, il faut bien que ce soit mis à nu
tôt ou tard. Ce n'est pas le gouvernement fédéral qui va le
faire en général. Le gouvernement fédéral va
continuer à faire de la concurrence aux provinces et il va dire:
Toi, tu gagnes 52 000 $ à Québec et on va te payer 55 000 $ si tu
viens avec nous, s'il a vraiment besoin de la personne. Il a des moyens plus
grands, a priori, parce qu'il évolue sur une scène plus large.
Cela, c'est embarrassant. Je trouve que, si on avait au moins d'implicite dans
le mandat de l'institut qu'il doit tenir compte de cette dimension, cela
donnerait des chances de succès, des chances de satisfaction beaucoup
plus grandes.
Un autre point que je soulève, M. le ministre, et vous l'avez un
petit peu implicitement évoqué tantôt, c'est le lien avec
les conditions de travail. On ne peut pas discuter de la
rémunération en divorçant cela complètement des
conditions de travail.
M. Clair: C'est pour cela qu'on parle de
rémunération globale.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Clair: C'est un concept assez bien reconnu par les
scientifiques de ces questions.
M. Ryan: Très bien, très bien. Il faut absolument
tenir compte de ces éléments parce qu'autrement, encore une fois,
on va passer complètement à côté du
problème.
J'aimerais entendre des explications additionnelles pour la
justification de votre position parce que, a priori, je trouve que vous limitez
beaucoup trop, vous limitez arbitrairement, vous limitez d'une manière
qui va coûter très cher, en termes de frustrations au bout de la
ligne, quand l'opération aura été faite. Je veux souligner
la pertinence de ce que disait tantôt mon collègue de Portneuf par
rapport à l'échéancier que vous vous êtes
tracé. Le gouvernement est pris dans une situation malheureuse. Il a
pris du temps avant d'accomplir son travail. Je comprends qu'il y avait des
consultations qu'on voulait faire, mais il nous arrive à la toute fin
d'un mandat avec un échéancier. Il n'y a pas un institut
sérieux qui va être capable de vous donner cela pour le 30
novembre. Si les gars acceptent un mandat comme cela d'ici à la fin de
l'été, qu'ils vous disent: On va vous livrer un rapport des
constatations, c'est absolument ridicule. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un
qui va prendre cela au sérieux.
Un journaliste pourrait faire une série d'articles en partant de
travaux qui sont faits. Il n'y a pas de travaux originaux qui vont pouvoir se
faire dans si peu de temps quand on sait la lenteur relative avec laquelle ces
travaux doivent être accomplis pour être vraiment valables. Si
c'est cela qui doit servir de point d'appui pour la politique que le
gouvernement va suivre, soit pour conclure des ententes collectives avec ses
travailleurs syndiqués, soit pour imposer de nouveau des décrets,
je crois qu'on est placé dans une situation qui est assez regrettable et
dont le gouvernement doit porter la responsabilité.
Ce sont les considérations que j'avais à soumettre
là-dessus, mais j'insiste encore une fois pour que vous
réexaminiez votre position au sujet de l'amendement qui a
été proposé, en particulier en ce qui touche la dimension
canadienne de l'amendement qui me semble tout à fait pertinente par
rapport à ce qu'on veut accomplir parce que le Québec, encore une
fois, n'évolue pas dans un vide, dans un vacuum. Il évolue dans
un tout politique. Vous parliez tantôt d'un État comme le
Québec. Le Québec est un État, je le concède sans
aucune difficulté mais il est un État à vocation
limitée, il est un État à l'intérieur d'un
État fédéral plus grand. Je pense que les liens qui
s'établissent au point de vue politique, au point de vue
économique - toutes sortes de liens au point de vue économique -
font que les données relatives à l'ensemble de cet État
devraient faire partie du champ d'investigation ordinaire de l'Institut de
recherche et d'information sur la rémunération.
M. Clair: M. le Président, quant à l'argument que
le député fait valoir en ce sens que le travail ne serait pas
sérieux d'ici le 30 novembre, j'ai déjà eu l'occasion de
dire préalablement, à cette commission, qu'il m'apparaît
évident et aller de soi que le travail sera moins complet pour une
première année alors que l'institut aura au mieux une
demi-année ou quatre mois pour fonctionner. Je crois que dans la mesure
où il pourra faire un travail utile pour rapprocher les parties
ça sera toujours ça de pris et si l'institut produit une
série de documents d'information pour les parties cela ne pourra
qu'améliorer la situation par rapport au statu quo.
Quant aux arguments que fait valoir le député concernant
la péréquation, il n'y a aucune corrélation directe entre
l'évolution des paiements de péréquation - il y en a une
mais très imparfaite - et l'évolution économique et
l'évolution des salaires au Québec. Il y a une certaine
corrélation - je ne suis pas un spécialiste des paiements de
péréquation - il n'y en a pas à proprement parler. Ce
n'est pas parce que le gouvernement du Québec déciderait de
donner 5 % d'augmentation à ses salariés cette année qu'il
va y avoir un montant correspondant d'argent qui va venir sur le plan de la
péréquation. Ce n'est même pas un élément
reconnu, sauf erreur, dans les paiements de péréquation. Je vous
dirais même qu'il est bien qu'il en soit ainsi, sans quoi, à un
moment donné, il y aurait une politique salariale pour l'ensemble
des
salariés des secteurs publics des différentes provinces
qui serait à toutes fins utiles imposée par le gouvernement
fédéral sans égard à la situation économique
de chacun des États de la fédération. Là où
le député n'accepte pas le point de vue fondamental, c'est sur
quoi peut être basée une politique de rémunération
juste et équitable dans un État de la fédération
canadienne. Hormis d'accepter d'emblée la prémisse que par les
paiements de péréquation la capacité de payer des
États fédérés est la même partout, ce que je
réfute, à ce moment l'assise d'une politique de
rémunération juste et équitable tient
nécessairement compte de l'évolution et de l'état des
rémunérations ailleurs dans l'économie
québécoise. Je ne plaiderai pas longtemps, le
député a l'air plus intéressé à
réfuter mes arguments qu'à les entrendre.
M. Ryan: Je continue d'écouter, remarquez bien, mais il y
avait déjà des grosses failles dans la première partie.
J'ai pensé de réserver tout de suite une intervention.
M. Clair: Compte tenu qu'il n'y a pas de corrélation
parfaite, les assises d'une politique de rémunération juste et
équitable des employés du secteur public doivent tenir compte de
l'évolution et de l'état de la rémunération dans le
reste de l'économie. J'ai souvent employé - à tort, je le
reconnais - l'expression "rémunération secteur public et secteur
privé". Quand on parle de secteur privé, c'est une appellation
impropre puisqu'en fait il s'agit de tous les autres salariés. Dans les
comparaisons qui sont utilisées il y a effectivement des
sociétés de la couronne fédérale au Québec,
il y a effectivement des employés du secteur privé mais il y a
aussi des employés du secteur municipal, par exemple. Je crois qu'en
déviant à cet objectif, c'était déjà
suffisamment complexe de faire des analyses scientifiques de l'évolution
de la rémunération de l'ensemble des salariés d'une
économie donnée, celle du Québec en l'occurrence, on
risquerait la spirale. Je rappelle au député, par exemple,
comment les salaires payés aux différents corps de police ont
été évalués pendant nombre d'années. Pendant
nombre d'années, la Sûreté du Québec, sa
rémunération était établie en la comparant à
celles - si ma mémoire est fidèle - de Vancouver, du Toronto
métropolitain, de la police de l'Ontario, de la Gendarmerie royale et de
la police de la Communauté urbaine de Montréal. (23 heures)
Je ne veux prêter de mauvaises intentions à quiconque mais,
dans la mesure où on élargit la comparaison aux dix provinces
canadiennes, à ce moment-là, vous pouvez être certains -
sans présumer de la méfiance d'une des deux parties, ni des deux
- vous pouvez être certains que l'intérêt du gouvernement
sera d'aller chercher les rémunérations les plus faibles,
l'intérêt des salariés sera d'aller chercher les
comparaisons les plus avantageuses et de cela vont ressortir des chiffres. Ces
chiffres-là ne seront pas surtout en prise directe avec la
réalité économique et financière de
rémunération du Québec mais avec celle de l'ensemble du
Canada. On va donc avoir des moyennes, mais non pas quelque chose qui va
être assis d'abord et avant tout sur l'économie du Québec.
Cela n'a pas de bon sens?
M. Ryan: M. le Président, je trouve que c'est un argument
carrément réactionnaire que je viens d'entendre. Je veux le
déplorer profondément et radicalement.
M. Clair: Voyons donc! Avec véhémence.
M. Ryan: Non, non, profondément et radicalement. Je ne
veux mettre aucune véhémence parce que la cause parle par
elle-même. Je ne suis pas obligé d'élever le ton,
même.
M. Clair: C'est que les parties se compliqueraient la vie, M. le
Président. Les parties se compliqueraient la vie alors qu'on le voit...
Le député parle des expériences ailleurs au Canada, je lui
donnais l'expérience du gouvernement fédéral. D'abord, les
comparaisons intra-Québec. Par la suite on dit: Oui, on reconnaît.
Le député se souviendra que, dans l'avant-projet de loi, on ne
prévoyait pas qu'on puisse faire autre chose. S'inspirant de la
législation fédérale, on dit: Oui, peut-être qu'on
pourrait aller chercher des comparaisons pour compléter les analyses si
on manque de lumière à partir de ce qu'on aura fait, mais ce sera
sur accord des deux parties. À ce moment-là, les comparaisons
seront plus utiles que si les deux parties ont tendance à se lancer dans
toute espèce de direction pour essayer de soutenir une thèse. Je
ne prête pas de mauvaise foi ni à l'une ni à l'autre des
parties.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil, en vous signalant que le député de Sainte-Marie
m'avait demandé aussi pour...
M. Ryan: Oui, mais c'est parce que j'ai été
interrompu pendant mon intervention par le ministre.
Le Président (M. Lachance): Allez-y, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'accepte volontiers d'être interrompu à
condition que cela ne m'enlève
pas mon droit de parole.
Le Président (M. Lachance): Non, allez-y!
M. Ryan: Je disais qu'à mon point de vue c'est un argument
carrément réactionnaire. Je reprends cette affirmation-là.
Je pense qu'encore une fois on confond l'ordre de la politique au sens le plus
élevé du terme pour la circonstance et l'opération de
"fact finding", l'opération de cueillette des données
nécessaires pour la mise au point d'une politique
éclairée. La mise au point d'une politique éclairée
relève du gouvernement qui pourra donner le mandat à ses agents
négociateurs de la traduire autour de la table de négociation. Il
pourra se réserver certaines choses. Cela, c'est son domaine propre.
Maintenant la question que nous nous posons, c'est: De quelles
données le gouvernement a-t-il besoin pour défendre une politique
éclairée en matière de rémunération? C'est
pour cela qu'on crée un institut de recherche. C'est pour que le
gouvernement et le partenaire syndical puissent disposer de données
objectivement colligées présentées de manière la
plus objective possible, la plus impartiale possible afin de se former un
jugement éclairé. Je pose la question: est-ce qu'on peut
honnêtement, sérieusement, envisager qu'on va avoir une politique
de rémunération des enseignants sans que les données
relatives à la rémunération dans les autres provinces
canadiennes soient prises en considération? Je pense que c'est
absolument impossible.
Si on veut tenter cette opération, je crois qu'on va se mettre
dans un cul-de-sac, cela ne prendra pas de temps.
M. Clair: Bien non, M. le député.
M. Ryan: Là, j'évoque les difficultés qu'on
a eues, j'évoque que cela va être sur la table de toute
manière. De toute manière, le policier de Montréal, quand
il va discuter de son cas, il n'ira pas demander à M. Clair ou à
M. Lévesque: Est-ce que je peux comparer avec Toronto? Le gars de
Toronto gagne 20 % de plus que moi, cela ne peut pas fonctionner comme cela.
Cela va devenir l'argument dominant quel que soit votre institut de recherche
ou l'avis de vos conseillers en arrière de la boîte. Il va dire:
C'est ça.
Là, on va être pris encore, les journalistes qui commentent
cela, les gens de l'Opposition qui observent ces faits, qui veulent essayer
d'infléchir les décisions dans un sens favorable à
l'intérêt général. On va dire: Qu'est-ce que c'est,
les chiffres? On va être encore obligés de prendre nos propres
moyens et aller chercher cela nous-mêmes, tripoter cela d'une
manière improvisée à la dernière minute. Là,
on va se battre autour de données que personne n'aura
maîtrisées de manière vraiment sérieuse, comme cela
s'est produit, malheureusement, à toutes les rondes de
négociations antérieures, y compris, au premier chef, la
dernière, où le gouvernement a commis à ce sujet, des abus
absolument inqualifiables, à mon point de vue.
Alors, je vous dis: Vous avez une chance de vous munir de ces
données. Je ne comprends pas le raisonnement. Vous avez employé
un argument à propos de la péréquation que j'ai
trouvé inacceptable. Vous dites que, si on prenait cet argument
-d'après ce que je comprends - finalement, il faudrait arriver à
une uniformité partout. Ce n'est pas cela, l'affaire.
M. Clair: II n'y a pas de corrélation directe.
M. Ryan: Non. L'objectif, c'est à nous de prendre nos
décisions, M. le ministre. Si le gouvernement veut moins
rémunérer les enseignants, que ce soit le gouvernement actuel ou
un autre gouvernement éventuellement, par rapport aux employés
d'hôpitaux, c'est sa décision. Mais, il n'a pas le droit de
limiter la connaissance des faits ou de la circonscrire d'une manière
telle que cela empêche l'opinion de se former un jugement
éclairé là-dessus.
C'est ce que je soutiens. On est au niveau de l'institut de recherche.
Si on parlait de la politique de rémunération, "an entirely
different matter", mais, là, on est à l'institut de recherche. Je
vous dis que la donnée canadienne, pour que vous ayez une politique
intelligente et responsable de rémunération des enseignants, vous
en avez absolument besoin.
Pourquoi, a priori, dire: L'institut ne pourra pas toucher à
cela; cela va être un fruit défendu, à moins que toute la
gang soit d'accord de manière absolument unanime? Je ne comprends pas
cela; je vous le dis franchement. Encore une fois, j'ai introduit
l'élément de la péréquation, pas pour dire que,
parce qu'il y a de la péréquation au Canada, chacun doit
être rémunéré d'une manière égale
partout. Non, il y a des matières qui relèvent de
l'autorité provinciale, en particulier, la rémunération
des enseignants.
Ces matières devraient être déterminées par
des décisions provinciales, mais, encore une fois,
éclairées par les données qu'on a pu recueillir sur ce qui
se passe ailleurs. Cela n'enlève pas... Mais il y a une chose qu'on
sait, c'est que, dans la mesure même où il y a des paiements de
péréquation qui peuvent équivaloir... Dans le cas du
Québec, la péréquation, c'est à peu près 10
% des revenus du gouvernement, la péréquation pure. Mais, dans la
mesure où on
sait cela, les enseignants sont justifiés de dire: Tu vas me
payer un petit plus que tu voudrais me payer, en invoquant seulement le PIB
québécois, couper des paiements de transfert qui viennent
d'Ottawa, parce qu'on reçoit plus de ce côté et que j'ai
droit à ma part de cela.
C'est un argument parfaitement valide. C'est là qu'on va vous
dire: En Ontario ou au Nouveau-Brunswick, c'est tant. Et, encore là, ce
seront des données syndicales ou des données
ministérielles qui ne sont pas trop fiables. Si on avait cela dans un
chapitre des documents qu'on va publier, il me semble que cela ne nuit à
personne. Le gouvernement n'est pas obligé de s'en servir. S'il ne veut
pas, le gouvernement n'est pas obligé de s'en servir. Si la partie
syndicale veut s'en servir, elle sera libre de le faire. Si les journalistes
qui commentent, tous les hommes ou les femmes politiques qui ont à se
prononcer veulent s'en servir, ils l'auront.
Mais on ne sera pas obligé, encore une fois, de multiplier les
façons, parce que si on investit 3 000 000 $, 4 000 000 $ ou 5 000 000 $
par année là-dedans et que, là, on est encore
obligé, quand arrive un conflit, de tout repartir à zéro
et de se mettre à courailler à Vancouver, à Toronto et
ailleurs, je trouve que ce n'est pas sérieux; je trouve qu'il manque un
pan dans votre maison, ce qui va faire que les courants d'air vont s'y mettre
bien facilement.
M. Clair: Je suis d'avis exactement contraire. Ce que le
député souhaite, c'est d'ouvrir toutes les portes à tout
vent, sans qu'il n'y ait de mandat fondamental de l'institut. J'irai plus loin,
je dirai même au député d'Argenteuil que si, à
terme, le principal résultat de l'institut de recherche était de
développer un consensus populaire afin que la rémunération
dans le secteur public québécois doit évoluer en tenant
compte de la capacité de payer des concitoyens du reste de
l'économie, nous aurions franchi un pas énorme. Parce que toutes
ces comparaisons d'une province à l'autre... Je dois dire au
député d'Argenteuil que c'est tout à l'honneur de mon
prédécesseur d'avoir lancé au Canada de telles
études comparatives.
Je dois vous dire qu'au fur et à mesure qu'on avance - je ne fais
que rapporter des faits, je ne donne pas d'opinion - les provinces, en
général, sont de plus en plus réticentes quant à
l'utilisation publique de ces données, chacun se disant: Tout à
coup que, dans tel cas, moi, j'ai l'avantage, actuellement, d'avoir une
rémunération temporairement moins élevée et que je
désire corriger sur une période de temps X, pour faire la lutte
à l'ihéquité, mais que je n'ai pas les moyens
immédiats de faire face à la demande... Je dois vous dire qu'il y
a des réticences quant au dévoilement de ces données de
comparaison entre les provinces canadiennes, l'une envers l'autre.
Quand le député dit que ce n'est pas possible
d'établir justement la rémunération des enseignants sans
les comparer à des enseignants d'ailleurs, je lui dis là-dessus
que, oui, c'est possible. Il suffit sur une base historique de regarder
l'évolution des salariés. On a fait déjà de telles
études d'évolution comparative sur une période de sept
à huit ans de personnes appartenant à telle catégorie de
salariés par rapport à telle autre. On voit qu'on a
corrigé passablement la situation de bas salariés, mais on voit
que, dans une certaine tranche de salariés, secteur public et secteur
privé, il y a des gens qui ont évolué de manière
très surprenante l'un par rapport à l'autre. C'est un
renseignement qui peut être fort utile, en tout cas, beaucoup plus, quant
à l'équité et à la capacité de payer, que de
se comparer par rapport à ce qui se passe dans une autre
économie. Je dirais que c'est un renseignement additionnel qui peut
être utile pour éclairer le gouvernement et les parties, mais cela
ne peut pas être la base du mandat de l'institut.
Dernier point en ce qui concerne la péréquation: Je le
répète au député, comme il n'y a pas de
corrélation directe entre l'évolution des salaires dans la
fonction publique québécoise et la péréquation, je
ne vois pas comment je peux me lier à cela. Comment serait-il
envisageable que parce que 10 % de mes revenus sont des revenus de
péréquation, pour compenser la faiblesse de certains revenus du
gouvernement à cause d'un développement régional
inégal au Canada, j'en affecte automatiquement 10 % à mes
salaires? Je ne vois pas de raisonnement logique pour faire un tel choix.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, cinq éléments
de réflexion sur l'article 19. D'une part, je veux vous indiquer que les
discours que j'entends de part et d'autre me font craindre un peu l'utilisation
future qu'on va faire de l'institut. Je trouve qu'il y a une différence
entre le discours qu'on tient et la mission qu'on voudrait lui donner dans la
loi. Qu'on comprenne bien ce que je veux dire. L'institut, tel que je le vois
dans la loi, est un organisme qui va procéder à de la recherche
et qui va faire de l'information publique. C'est un photographe qui va faire la
promotion par la suite de ce qu'il a photographié. Cela doit être
cela et rester cela. C'est ce que je comprends des objectifs poursuivis dans
l'article 19. Mais ce n'est pas comme cela qu'on l'utilise dans le discours,
à la fois lorsque l'Opposition veut étendre davantage et avoir
des objectifs plus "macro" que ceux qu'on poursuit et quand le ministre
veut s'en servir comme un organisme rapprocheur. Il a dit dans une
première intervention: Quand bien même on aurait réussi,
par le biais de l'institut, à rapprocher les parties... Il y a donc un
risque là aussi si la mission et les fonctions de l'institut ne sont
pas...
M. Clair: J'indique au député que j'ai dit: Comme
résultat et non pas comme mandat de rapprocher les parties. Quand bien
même que cela serait le résultat...
M. Bisaillon: Oui, mais...
M. Clair:... et non pas comme mandat.
M. Bisaillon: J'ai compris que le ministre ne voulait pas mettre
cela dans son mandat, mais qu'ii attendait cela du fonctionnement de
l'institut. Alors, quand on a des attentes par rapport à une
organisation, forcément, on va la juger et on va être porté
à essayer de la faire fonctionner en fonction des attentes qu'on a. Or,
il serait trompeur, selon moi, d'abord entre nous et ensuite, aux yeux de la
population, de penser, même une minute, que le mandat qu'on peut fixer
à un institut de ce genre-là va nous amener effectivement
à une décision. L'institut va se contenter de faire des
recherches et de les publier. Il ne prendra pas de décisions sur ses
recherches. Il ne fera pas de recommandations au gouvernement sur les
recherches. Le gouvernement sera toujours pris avec la décision à
prendre quant à la rémunération. (23 h 15)
Dans ce sens-là, M. le Président, je vous dis tout de
suite que l'utilisation qu'on va en faire et le mandat qu'on va mettre dans
loi, ce sont deux choses, quant à moi. Les attentes qu'on va avoir, ce
sont deux choses aussi. Il est important que le discours s'ajuste aux objectifs
véritables qu'on veut voir atteindre par l'institut dont il estquestion.
Le deuxième élément de réflexion, c'est la
mission d'information de cet institut. Ce n'est pas sans me rappeler le
comité d'information sur les négociations qu'on avait mis sur
pied, je pense que c'était - au risque de me tromper - pour la
négociation de 1979.
M. Ryan: Oui.
M. Bisaillon: Je pense qu'il a été supprimé
en 1982. Mais, cela procédait à peu près de la même
volonté, c'est-à-dire faire en sorte que le public soit
informé sur le déroulement des négociations, mais aussi
sur les études qui se faisaient en cours de négociations. On n'a
jamais eu d'évaluation très poussée de l'utilité
qu'avait eue ce comité d'information auprès du public, sinon que,
dans la négociation suivante, cet aspect avait disparu. Je dois
comprendre que le gouvernement avait, à l'époque, jugé que
le comité d'information dont il était question, dont je parle,
n'avait pas été à ce point "performant", que cela avait
été d'une utilité quelconque pour le public, d'autant plus
que le libellé même de la loi prévoyait que le public
était informé sur le détail des positions des parties,
soit gouvernementale, soit syndicale.
Je me pose des questions quant à la partie de l'information.
Est-ce que cela suppose d'autres types d'actions qu'uniquement le
dépôt des études faites et des constatations de l'institut
devant l'Assemblée nationale ou dans des documents rendus publics?
Est-ce que cela suppose d'autres types de mécanismes? Si oui, il me
semble que ce serait important de le savoir. Là aussi, il y a un risque
que l'institut serve à d'autres fins. Si, pour répondre à
son mandat d'informer, l'institut part en tournée régionale du
Québec pour donner le bilan de ses constatations, on voit tout de suite
que, en soi, il n'y a pas de différence entre le dire de vive voix
à quelqu'un et l'écrire dans un texte qu'on rend disponible;
mais, en pratique, il peut y avoir une utilisation de cet organisme qui ne
correspondra pas aux objectifs qu'on poursuit.
Troisièmement, je ne comprends pas le deuxième paragraphe
par rapport au premier. Je ne vois pas ce que le deuxième paragraphe
ajoute que le premier paragraphe ne permettait pas déjà. Quand je
vois cela, quand je ne comprends pas cela, cela m'inquiète toujours un
peu. Qu'est-ce qui n'est pas compris dans "... la rémunération
globale des autres salariés québécois de toute
catégorie qu'il détermine, d'autre part... ", qu'il a comme
mandat dans le premier paragraphe et qui ne serait pas "... des enquêtes,
des études et des analyses sur la rémunération de
différents corps d'emplois ou groupes de salariés au
Québec... "? Si cela n'est pas compris, si le ministre peut nous
démontrer que le deuxième paragraphe n'est pas compris dans le
premier, je voudrais savoir ce qu'il vise exactement par ce deuxième
paragraphe par rapport à ce qui est déjà couvert dans le
premier. Si c'est compris, quelle est l'utilité de le mettre là?
Dans le fond, cet aspect rentrait aussi à l'article 20.
Quatrièmement, le député de Portneuf, je pense que
le ministre l'a souligné aussi, a indiqué qu'il y avait
déjà du travail qui se faisait sur la rémunération
au ministère du Travail. Rien dans le projet de loi ne prévoit
qu'on va utiliser l'expertise qu'il y a à ces endroits. Est-ce que la
formation de l'institut va amener du dédoublement? À quel moment
on va voir la possibilité d'intégrer les gens qui fonctionnent et
qui travaillent au CRSMT à l'intérieur de l'institut? Est-ce que
c'est
prévu? Si oui, comment est-ce que cela va se faire? Par
protocole? Par automatisme? Est-ce que la loi prévoit cela? Si elle ne
le prévoit pas, qu'est-ce qui va arriver avec le CRSMT? Est-ce que cela
suppose qu'il va y avoir des choses qui vont se faire en parallèle, des
études qui vont se faire en parallèle?
Cinquième commentaire. On dit: "II publie, au plus tard le 30
novembre de chaque année, un rapport de ses constatations. " Est-ce que
cela veut dire que c'est un rapport global? L'échéance, selon les
explications du ministre, pour respecter tout le mécanisme qui
précède le dépôt des crédits et le discours
sur le budget, on l'a fixée au 30 novembre. Est-ce que c'est un
dépôt global ou si, au fur et à mesure que des
études vont être faites, elles seront rendues publiques? Autrement
dit, on peut se servir aussi de l'institut comme d'un élément de
stratégie. Si ce n'est pas l'objectif, il faudrait que, au fur et
à mesure que des études deviennent disponibles, sont
terminées, elles soient rendues publiques. Le texte ne le dit pas ou ne
le prévoit pas, de telle sorte que l'institut pourrait "servir" - entre
guillemets - d'élément de stratégie. On pourrait retenir
des études pour les déposer globalement parce que cela sert
davantage une partie et, en l'occurrence, la partie gouvernementale me semble
visée là-dedans.
Pour ce qui est de l'amendement dont parlaient le député
de Portneuf et le député d'Argenteuil, là aussi je pense
que, même si l'argumentation était valable, cela ne correspond pas
à l'objectif que doit avoir l'institut, tel que le gouvernement nous le
présente dans ce projet de loi. C'est lui faire jouer un autre
rôle. C'est un peu ce que j'appellais l'objectif "macro" quand le
député d'Argenteuil disait "justement" pour "avec justesse". Si,
au gouvernement fédéral, on paie trop, peut-être
qu'à un moment donné, quelque part, il va falloir que quelqu'un
le dise.
L'objectif qu'on poursuit avec cet institut, c'est de faire le bilan ou
les constatations ici, pour que les décideurs d'ici prennent les
décisions en fonction d'ici. C'est ce que je comprends de l'objectif qui
est poursuivi. Cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas être
intéressant d'aller chercher d'autres argumentations. Je crains, compte
tenu de l'utilisation que le gouvernement va devoir faire de ce qui va sortir
de l'institut, qu'on assiste aux discours démagogiques du passé,
c'est-à-dire des comparaisons qui ne sont pas de véritables
comparaisons entre, non seulement des économies, mais aussi des
façons d'exercer le travail dans un coin du pays, par rapport à
ici, qui ne soient pas exactes ou globales. Je trouve que cela
représente quand même un danger. Je ne nie pas que ce genre
d'études soient intéressantes et utiles comme prises de
décisions mais, jusqu'à maintenant, on les a surtout
utilisées comme argumentations. Pour moi, il y a une différence
entre tracer le portrait de quelque chose et ensuite l'utiliser à des
fins stratégiques, partisanes ou de propagande. Ce sont deux choses
complètement séparées.
En gros, M. le Président, j'avais ces cinq commentaires à
faire sur l'article 19. J'aimerais avoir des réponses du ministre sur
les questions techniques que je posais sur la rédaction actuelle de
l'article 19. J'émets encore des craintes quant à l'utilisation
qu'on va faire d'un institut dont on ne voit pas clairement la mission, au
moment où on se parle. Je ne pense pas que l'article 19, tel que
rédigé... Je voyais que le ministre était d'accord avec
l'interprétation que je donnais à l'article 19. Si on se limite
à cela, je ne vois pas ce que cela ajoute dans le décor et
comment cela va nous permettre une meilleure décision, au niveau
gouvernemental, au niveau des décideurs. Je ne vois pas surtout comment
les parties pourraient être amenées à se rapprocher si, au
fur et à mesure que les études sont disponibles, elles ne sont
pas rendues publiques. Je vois un danger dans la date du 30 novembre, pour que
cela devienne, à un moment donné, des dépôts globaux
et, donc, que les livres ne soient pas constamment sur la table.
M. Clair: Dans mon esprit, M. le Président, il n'y a qu'un
seul dépôt officiel, c'est celui du 30 novembre. Il faut bien
comprendre que les résultats de ces études et analyses sont mis
à la disposition des membres au fur et à mesure qu'ils sont
communiqués. Est-ce que cela peut amener l'institut à donner
l'impression qu'il fait le jeu de l'une ou l'autre des parties? Je pense que,
dans la mesure où les parties ont les documents au fur ou à
mesure qu'ils sont disponibles, libre à chacune des parties de les
rendre publics, si celles-ci en décident ainsi. Il n'y a pas de secret
là-dedans, dans la mesure où ils sont à la disposition des
représentants, tant patronaux que syndicaux. Maintenant, je pense, quant
à moi, que le consolidé de tout cela, le consolidé des
constatations de l'ensemble des travaux faits par l'institut de recherche au
cours d'une année doit être rendu public une fois, le 30 novembre
de chaque année, avec tableaux, synthèses et toutes les
documentations utiles pour éclairer les parties.
Quant à l'autre question, "II peut faire des enquêtes, des
études et des analyses sur la rémunération de
différents corps d'emplois ou groupes de salariés au
Québec?", simplement, il y a deux éléments
là-dedans. Il y a le pouvoir. Il fallait que soit indiqué dans le
texte de loi qu'il peut faire des analyses, des études, des
enquêtes sur la rémunération de différents corps
d'emplois ou groupes de salariés au Québec. Jusqu'à un
certain point, je reconnais que cela recouvre... Quand on parle de
différents corps d'emplois ou groupes de salariés au
Québec, cela peut être inclus dans "... la
rémunération globale des autres salariés
québécois de toute catégorie qu'il détermine,
d'autre part. " Je pense que cela définit clairement que, pour la
comparaison intra-Québec, le champ est très très large.
C'est ce qu'on a voulu représenter parce que, encore une fois, on pense
que la rémunération des employés du secteur public
québécois doit être basée sur la
réalité québécoise. Même si cela peut
être intéressant de regarder la réalité ailleurs et
si on peut trouver des renseignements utiles pour les deux parties ailleurs,
fondamentalement, c'est la réalité québécoise qui
détermine la politique salariale, les comparaisons et ce qui peut se
produire dans la rémunération dans les secteurs public et
parapublic. Je pense que c'étaient les deux principales questions.
M. Bisaillon: Je comprends de votre réponse sur le 30
novembre que vous n'auriez pas d'objection à dire que les études
sont rendues publiques au moment où elles sont disponibles, mais
consolidées ou présentées en bilan au 30 novembre. Je
pense que cela serait important que ce soit mentionné dans la loi, pour
ne pas qu'on tienne en haleine des gens qui auraient intérêt
à connaître des études qui ont déjà
été réalisées, qui sont dans les classeurs, que
l'institut qui est neutre possède. Il faut s'assurer, donc, que
l'information sorte au moment où elle est produite, quitte à la
consolider au 30 novembre de façon globale. Sans cela, on pourra
toujours penser que cela peut être utilisé à l'avantage de
l'une ou de l'autre partie.
M. le Président, pendant que le ministre consulte, je voudrais
apporter un dernier commentaire que j'avais oublié dans ma
première partie. Je disais que je craignais quant à la
différence qu'on remarque entre le discours par rapport à
l'institut et la réalité qui est dans la loi. Je voudrais aussi
ajouter que je crains quant à l'utilisation première qu'on va en
faire. Pour moi, il est important, si un institut comme celui-là existe,
s'il fonctionne de façon paritaire idéalement, qu'il soit
crédible dès le départ. J'endosse tout à fait les
propos qui ont été tenus tantôt affirmant qu'au moment
où on se parle et avec le temps que l'institut va prendre à se
mettre sur pied, il ne sera pas possible pour cet institut de sortir des
études sérieuses à la date prévue dans le projet de
loi. Donc, on risque en partant de miner sa crédibilité, à
moins que les études ne soient déjà toutes prêtes;
dans ce cas qu'on nous les donne et qu'on ne forme pas un institut pour le
faire. Si les études gouvernementales sont déjà toutes
préparées, si toute l'argumentation est en place, on a juste
à l'offrir au public au moment où on se parle. On n'est pas
obligé de créer un institut pour cela. Si on crée un
institut, c'est parce qu'on en a besoin et, si on en a besoin, il faut qu'on
lui laisse le temps de travailler. Je prétends qu'entre le mois de
juillet et le mois de novembre il n'y a pas de temps sérieux pour sortir
des études et des constatations crédibles. J'encouragerais le
ministre à se démarquer un peu par rapport à cette date du
30 novembre, en tout cas, pour l'immédiat. Peut-être que
l'institut pourrait être mis en place une fois que le projet de loi est
adopté, mais il pourrait uniquement servir ou la mise en vigueur de son
premier dépôt pourrait être le 30 novembre de l'année
ultérieure. Je ne vois pas comment, de façon crédible, on
pourrait l'utiliser rapidement. Je crains que, si on le faisait, on minerait
par le fait même sa crédibilité, de sorte que, même
les années suivantes, même avec le temps, les études
produites ne donneraient pas les résultats escomptés.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf. (23 h 30)
M. Pagé: Évidemment, là-dessus, pour ajouter
dans le sens de ce que le député de Sainte-Marie vient de dire,
on partage les mêmes réserves, les mêmes inquiétudes
et, finalement, la même présomption. Le ministre nous a
indiqué jeudi ou vendredi que, malgré le travail effectué
par l'institut, malgré le travail qui est à se faire actuellement
par le Centre de recherche sur la rémunération au
ministère du Travail, il y a toujours et encore cinq personnes au
Conseil du trésor qui étaient antérieurement
rattachées au Bureau de recherche sur la rémunération qui
sont à oeuvrer, actuellement, pour soutenir ou démontrer la
justesse de la position gouvernementale adoptée dans le cadre des
prochaines négociations. Bien oui, c'est ce que vous m'avez dit
vendredi.
M. Clair: Ce n'est pas ce que j'ai indiqué. J'ai
indiqué qu'il restait effectivement quatre ou cinq personnes qui
appartenaient auparavant au BRR, Bureau de recherche sur la
rémunération du Conseil du trésor, que celles-ci
maintiennent une mise à jour - entendons-nous - à partir des
projections et des méthodes scientifiques les plus valides dans les
circonstances; mais elles projettent dans le temps à partir d'autres
indicateurs qui leur sont fournis par d'autres organismes, elles projettent
dans le temps les résultats des dernières analyses qui datent
maintenant de trois ans. C'est toujours -comment dirais-je? - scientifiquement
valable, mais cela l'est de moins en moins au fur et à mesure que le
temps passe. Ces
personnes ne sont pas surtout affectées à cela, elles sont
impliquées dans d'autres études de rémunération
parce que, encore là, ce ne sont pas tous les employés, toutes
les personnes qui sont rémunérées directement ou
indirectement par le gouvernement qui sont soumises à cette loi-ci.
Je donne simplement la rémunération des médecins,
par exemple, qui ne fait pas l'objet de cette loi. Le mandat principal, ce
n'est pas de continuer à mener des enquêtes pour voir où on
en est rendu dans la rémunération. C'est surtout le CRSMT qui a
fait de tels travaux. J'ai accepté d'avance, pour l'institut de
recherche, que sa première année de fonctionnement
n'entraîne pas un résultat d'une aussi grande qualité, mais
j'ai dit simplement que, dans la mesure où cela pourra contribuer
à mieux éclairer, à 10 %, 15 %, 20 %, 50 % ou 60 %, les
parties, cela fera toujours cela de pris. II n'y a personne qui reprochera
à l'institut, en novembre prochain, de ne pas être en mesure de
publier de longues séries statistiques basées sur quatre ans
d'expérience, c'est évident.
M. Pagé: Là-dessus, est-ce que le ministre
accepterait, si on faisait un amendement additionnel - quoiqu'on est
déjà sur le premier amendement - qu'après le
troisième alinéa on indique: Le premier rapport sera produit au
30 novembre 1986?
M. Clair: Je pense que ce serait priver les parties d'un
rôle qu'aura quand même le temps de jouer, en bonne partie,
l'institut de recherche, j'en suis convaincu.
M. Bisaillon: Ce que le ministre nous dit, quand il répond
cela, c'est qu'il y a déjà des études d'amorcées
ailleurs.
M. Clair: C'est parce qu'il y a bien des gens qui font de telles
études. II n'y a pas que le gouvernement qui s'intéresse à
l'évolution de la rémunération. Il y a des chercheurs dans
les universités, il y a des travaux qui se font par des firmes
privées. Je vais en nommer une dont le gouvernement s'est servi au
moment de la rémunération des policiers, c'est la firme Sobeco
incorporée, il y a le gouvernement fédéral, Statistiques
Canada. Toutes ces études ne sont pas orientées vers une
politique de rémunération des salariés du secteur public
québécois. C'est par recoupement de diverses études qu'on
peut parvenir à avoir des renseignements qui sont scientifiquement
valides pour les fins pour lesquelles elles ont été
menées, mais qui n'ont pas toujours un lien direct avec la politique de
rémunération du gouvernement.
Je pense que, même si l'institut ne pourra pas jouer son
rôle aussi pleinement que s'il existait pour toute une année
complète, il sera utile.
Je voudrais dire au député de Sainte-Marie de
régler les choses une à une. Si on trouvait une formulation pour
indiquer que les résultats des études sont publiables au fur et
à mesure qu'ils deviennent disponibles... Mais, cela se dit
drôlement dans une loi: II publie au fur et à mesure qu'ils
deviennent diponibles les résultats de ses études.
M. Bisaillon: Sont rendus publics, sont mis à la
disposition du public au fur et à mesure qu'ils sont produits, et un
bilan consolidé de ses constatations est produit au plus tard le 30
novembre de chaque année.
M. Clair: On pourrait dire: II publie le résultat de ses
études et, au plus tard le 30 novembre de chaque année, un
rapport général de ses constatations.
M. Bisaillon: En tout cas, ce serait amélioré.
M. Clair: On m'indique que, dans le fond, c'est
déjà compris en disant: II publie au plus tard le 30
novembre.
M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Lachance): Je voudrais vous faire
remarquer qu'il y a déjà un amendement sur la table.
M. Clair: C'est vrai, excusez-moi.
M. Bisaillon: C'était dans les commentaires
généraux, je suis d'accord avec vous.
M. Clair: On y reviendra.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes et M. le député d'Argenteuil ont demandé la
parole aussi.
M. Clair: Là, on revient à l'amendement
principal.
Le Président (M. Lachance): On parle de l'amendement.
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur l'amendement du
député de Portneuf, il me semble qu'il serait souhaitable que le
ministre décide s'il veut que ces questions se tranchent en fonction de
données québécoises ou s'il veut que l'institut tienne
compte de données d'autres origines. Il dit les deux à la fois.
Il dit qu'il tient à ce que le Québec se définisse en
quelque sorte un modèle, mais, d'autre part, il insiste pour nous
signaler que l'article 20 permet d'aller faire toute autre étude que
l'institut souhaiterait faire. C'est l'un ou l'autre.
M. Clair: À l'unanimité.
M. de Bellefeuille: Oui, à l'unanimité, avec le
concours de tous les membres qui sont présents à une
réunion spécialement convoquée à cette fin. C'est
un peu limitatif, c'est un peu restrictif. J'essaie de comprendre cette
idée d'un modèle québécois et je la trouve
étonnante. J'ai l'impression que le ministre a raté le virage
fédéraliste du gouvernement parce que c'est une idée
éminemment en vase clos, une idée éminemment
séparatiste, une idée de repli sur soi. Il me semble que,
même si le Québec était souverain et indépendant, en
supposant que les deux mots n'aient pas le même sens - avec les
péquistes il faut faire attention - les Québécois qui
sont, par exemple, policiers, en discutant de leur salaire se demanderaient
combien les policiers de l'État de New York gagnent, combien les
policiers du Nouveau-Brunswick gagnent et combien les policiers de l'Ontario
gagnent. Cette frontière ne changerait absolument rien. Cela fait partie
de la nature des choses. De plus en plus, d'ailleurs... Dans ce document-ci que
j'ai déjà cité et qui s'appelle: "Le Québec dans le
monde ou le défi de l'interdépendance", le collègue du
ministre, qui est ministre des Relations internationales et du Commerce
extérieur, insiste beaucoup sur le fait que l'interdépendance est
un défi grandissant pour la société
québécoise comme pour toutes les sociétés
occidentales. Je suis d'accord avec cela.
On est de plus en plus interdépendants. Dans ce contexte il me
semble qu'on ne peut pas faire ça en vase clos, on ne peut pas concevoir
juste un modèle québécois. Tout ce qu'on fait est
conditionné par ce qui se fait chez nos voisins immédiats et,
au-delà de ça, par ce qui se fait dans l'ensemble de
l'Amérique du Nord et même par ce qui se fait dans le monde
occidental en général. Le député d'Argenteuil a
tout à fait raison de rappeler - et j'ai le même souvenir - que le
prédécesseur du ministre, le député de Matane,
alors qu'il était président du Conseil du trésor, en 1982,
ne cessait de parler de l'Ontario. Il insistait continuellement sur ces
comparaisons avec l'Ontario, particulièrement en ce qui a trait aux
enseignants.
M. Bisaillon: Il avait même des tableaux.
M. de Bellefeuille: II avait évidemment des tableaux. Le
député de Matane a toujours eu des tableaux. Le rapport
maître-élèves, soit le nombre d'élèves par
classe et la charge des enseignants, les traitements, etc., tout cela
était comparé avec l'Ontario. Je me souviens qu'à
l'époque, d'ailleurs, j'avais fait faire une petite recherche sur
certaines de ces données. Malheureusement j'avais eu le résultat
de la recherche un peu tard, mais les données du député de
Matane étaient incomplètes. Il faut toujours se méfier de
ce genre de choses.
M. Bisaillon: Et du député de Matane aussi.
M. de Bellefeuille: Peut-être que l'institut aura ça
de bon, qu'il va être plus difficile pour les gens, quels qu'ils soient,
du gouvernement ou de la partie patronale ou de la partie syndicale, de lancer
des chiffres dans le paysage comme cela. Il va y avoir une base de recherche
sur laquelle s'appuyer, la recherche entendue dans le sens large, dans le sens
dans lequel le ministre l'a définie.
Je suis tout à fait d'accord avec le député de
Sainte-Marie qui propose que -d'ailleurs, le ministre semble très ouvert
à cette idée - quand une étude a été faite
et qu'elle est disponible, on la divulgue, on la rende publique. Ce sont des
renseignements qui sont précieux, non seulement pour les partenaires
dans ces négociations mais à tous égards pour la
société québécoise.
Je suis d'accord aussi avec ceux qui ont émis des doutes - le
député de Portneuf, le député de Sainte-Marie et le
député d'Argenteuil aussi, je crois - sur la vraisemblance de
l'échéancier que le ministre nous présente. On est en juin
et on a la date du 30 novembre. À moins que le travail ne soit
déjà commencé... Ce n'est pas très clair, ce que le
ministre nous dit. Est-ce que c'est commencé ou est-ce que ce n'est pas
commencé? À moins que le travail ne 3oit commencé, cela ne
vaudra pas cher, ce qui sera disponible au 30 novembre.
À présent le ministre dit: Cela aidera peut-être les
négociateurs à 50 % ou à 60 %. C'est un peu le
règne de l'à peu près, cela. En ces
matières-là, je pense qu'il faudrait être plus
précis que cela. Il faudrait que, lorsque l'institut livrera des
données, ce soient des données complètes et certaines. Si
on ne peut pas envisager que l'institut puisse présenter des
données complètes et certaines au 30 novembre de cette
année, il faudrait modifier le texte de la loi pour prévoir le
cas de l'année 1985, parce que vraiment je ne vois pas comment
l'échéancier pourrait être respecté.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil, en vous rappelant toujours que nous sommes sur la motion
d'amendement du député de Portneuf et en vous signalant que,
d'après la compilation de votre temps, vous auriez encore deux
minutes...
M. Ryan: Je vais être obligé de vous
présenter un sous-amendement.
Le Président (M. Lachance): Ah oui, un
sous-amendement.
M. Ryan: Je vais vous présenter un sous-amendement pour ne
pas qu'on ait de chicane de temps.
Le Président (M. Lachance): Bon, en tout cas, à
moins qu'il n'y ait consentement. S'il y a consentement, il n'y a pas de
problème.
M. Ryan: S'il y a consentement, cela va simplifier les choses.
Cela ne sera pas bien long.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix: Laissez-lui ses deux minutes.
Une voix: Non, il y a consentement.
M. Ryan: Non si... L'amendement est prêt, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Lachance): Là, je dois vous dire
que j'ai fait preuve d'assez de largesse d'esprit, en particulier lors de la
dernière intervention du député de Deux-Montagnes, parce
qu'il s'était drôlement éloigné de la proposition
d'amendement du député de Portneuf dans ses discussions.
M. de Bellefeuille: Pas drôlement M. le Président,
mais particulièrement.
M. Ryan: J'ai trouvé que c'était...
M. de Bellefeuille: Je pense qu'il m'en veut!
Le Président (M. Lachance): Pas du tout, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Ryan: J'ai trouvé que c'était bien relié,
mais je ne veux pas contester votre décision. Alors, je suis prêt
à parler.
M. Clair: II y a consentement, M. le Président.
M. Ryan: Très bien, merci.
M. Clair: On peut le retirer en tout temps, par ailleurs. Vous ne
parlerez pas pendant quatre heures, j'en suis convaincu.
M. Ryan: À ce moment-là, je peux user de l'autre
prérogative.
Le Président (M. Lachance): De toute façon il est
11 h 43. Allez-y, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Regardez, il y a un premier point que je voudrais
mentionner à propos de l'échéance du 30 novembre de cette
année. Je pense que, plus on écoute Ies explications qui sont
données, plus le problème grossit. J'ai été bien
frappé tantôt, quand le ministre a donné des explications,
de l'entendre dire qu'il ne s'est pas fait de recherches nouvelles depuis trois
ans, qu'on a juste fait une mise à jour par voie de projection.
M. Clair: Oui, mais le CRSMT lui... Au BRR il n'y a pas eude nouvelles études, mais le centre de recherche auministère du Travail, lui, il a fonctionné.
M. Ryan: Oui. Est-ce qu'il a fonctionné suivant les
mêmes méthodes, dans les mêmes lignes de recherche que
l'autre avait poursuivies? Je ne pense pas.
M. Clair: Pas tout à fait les mêmes. Par exemple, le
BRR ne considérait que les entreprises de 500 employés et plus,
alors que le CRSMT considère les entreprises de 200 employés. Il
y avait quelques méthodologies différentes.
M. Ryan: En tout cas, là il y a un problème pour le
gouvernement qui peut se formuler comme suit: Si on veut procéder avec
trop de précipitation, on risque de tuer l'organisme au départ,
de l'embarquer dans une espèce de cul-de-sac dont il ne pourra pas
sortir à moins d'un prix très élevé, et cela serait
mauvais pour l'idée. L'idée, moi, j'en parle avec d'autant plus
de respect que je crois me souvenir que c'est nous autres qui l'avons
proposée pour la première fois à l'occasion des
débats qui ont eu lieu ces dernières années. Je me
rappelle, en tout cas, dans les débats qui ont entouré les lois
85, 105 et 111, que l'Opposition a toujours, toujours mis cette
idée-là sous le nez du gouvernement. Elle envisageait un
comité où les deux parties auraient un mot à dire mais qui
ne serait pas un organisme... En tout cas, je ne veux pas étendre la
discussion là-dessus, cela ne donnerait rien. (23 h 45)
II y a un problème de méthode ici qui est très
sérieux, et je doute que vous trouverez les personnes voulues pour
accepter des échéances aussi cruelles que celle-là et
aussi contraires à toute méthode sérieuse.
Si vous aviez mis un amendement disant que, pour la première
année, il devra se borner à faire le point sur les études
qui sont déjà faites, on comprendrait toujours. Mais, à ce
moment, ce n'est pas nécessaire de créer tout ce dispositif pour
faire cela.
Sur l'autre point, sur l'amendement lui-même, je voudrais faire
des remarques très brèves. Je ne comprends pas du tout, encore
une fois, la réticence du ministre. J'ai écouté les
explications, j'essaie de comprendre le fond de la chose et je ne le
saisis pas. Je peux vous donner deux raisons qui m'empêchent de
comprendre.
Premièrement, il me semble que, vu qu'on vit dans la
fédération canadienne, nous admettons tous que la première
raison d'être de la fédération est d'ordre
économique. Là-dessus, c'est tellement vrai que même le
parti au pouvoir, quand il préconisait l'option souverainiste, cherchait
à maintenir l'idée d'une association économique, parce
qu'il se disait: II y a tellement de choses qui sont imbriquées les unes
dans les autres, il y a tellement d'institutions dans ce pays qui sont
transprovinciales, il y a tellement d'institutions qui ont des activités
limitrophes. Moi, je suis député d'un comté dont une bonne
partie du territoire est limitrophe, par rapport à celui de l'Ontario.
Les commis de magasins, par exemple, vont être bien plus
influencés par ce qui va se payer à Oxbury, dans leur
rémunération, s'ils sont à Grenville, qu'ils vont
être influencés par ce qui se passe à Québec, au
Lac-Saint-Jean, dans le Bas-du-Fleuve ou dans la région de Joliette.
On a beaucoup de régions limitrophes au Québec; on en a
tout un paquet. Les arguments sur le plan de l'imbrication des comportements
économiques, on pourrait en donner toute une série; c'est
l'évidence même. Cela fait partie de la nature du pays dans lequel
nous vivons. Par conséquent, ce n'est pas une chose extrinsèque.
Ce n'est pas comme si on disait: On prend l'État de New York, on prend
la Grande-Bretagne ou la France, parce que c'est le pays dont on est partie,
surtout pour les politiques économiques.
C'est donc un argument qui fait que l'amendement, à la rigueur,
pourrait se formuler beaucoup plus simplement: Au Québec ou au Canada.
Cela réglerait tout. Si le danger, c'est d'étendre trop, je pense
qu'on s'entendrait facilement, le député de Portneuf et moi, pour
le simplifier encore. Mais ce que je ne comprends pas dans votre position, M.
le ministre, c'est une espèce d'inquiétude excessive, parce que
c'est écrit dans le deuxième alinéa de l'article 19: "Il
peut faire des enquêtes, des études et des analyses sur la
rémunération de différents corps d'emplois ou groupes de
salariés au Québec". Si c'est écrit "au Canada", il ne les
fera pas nécessairement; il peut en faire. Il va falloir qu'il ait
l'approbation, pour ces projets, de son conseil d'administration.
Là, cela devient la question suivante: Est-ce que cette
faculté va être soumise à la règle de
l'unanimité ou à la règle de la majorité? Il me
semble que la règle de la majorité serait infiniment plus
raisonnable. Il suffit qu'on ait un tocson intellectuel parmi ceux qui vont
être nommés et il se peut qu'il y en ait sur n'importe quelle
liste syndicale. J'ai vu des syndicats proposer des tocsons. J'ai vu des
patrons en proposer; j'ai vu des gouvernements en nommer, aussi. Alors, il va
suffire qu'il y en ait un et, lui, le Québec, c'est la fin du monde. Il
ne faut être contaminé par rien; c'est dangereux. Tout d'un coup,
on leur dit ce qui se passe à Toronto, Aïe! On va revenir à
la mentalité de ghetto qu'on a connue, malheureusement, et que le
gouvernement est en train d'abandonner pour le plus grand bien de tout le
monde.
Il peut être sujet à la règle de majorité. Je
crois que le débat se ramène à cela ultimement,
d'après ce que j'ai compris de vos explications. Est-ce que cela va
être la règle de la majorité ou de l'unanimité sur
une question comme celle-là? Il me semble que vous auriez tout
intérêt, pour les bons résultats que nous souhaitons tous,
à accepter un amendement simplifié sur lequel on pourrait
s'entendre facilement. Je n'ai pas eu le temps de consulter mes
collègues, surtout le député de Portneuf, mais je crois
qu'on pourrait s'entendre facilement parce que, nous, l'esprit, c'est que nous
ne sommes pas fédéralistes à moitié, nous ne sommes
pas Canadiens seulement quand cela fait notre affaire. Nous croyons que c'est
une dimension de notre vie et, quand il est question de problèmes
économiques comme ceux-ci, on se dit: Même si on ne l'était
pas, comme l'a dit le député de Deux-Montagnes -
là-dessus, je suis de son opinion; pas sur le reste, malheureusement,
pas sur l'option politique - je pense que, même si on était
séparé, on serait obligé de comparer et nos policiers,
à Montréal, diraient: On compare avec Toronto.
Je me rappelle, quand je dirigeais un journal, qu'on comparait les
journaux de Montréal avec ceux de Toronto, rarement avec ceux d'autres
places au Québec. On les estimait beaucoup, mais quand on avait des gros
débats, c'était avec les journaux de Toronto. C'est parce qu'il y
avait le même genre de considération métropolitaine, de
mentalité urbaine. Cela se faisait comme ça.
Je vous dis cela ici, je pense que vous ne perdriez absolument rien
à l'ajouter. Cela ne devient pas une obligation: II peut. Je ne vois pas
pourquoi vous avez tant de réticence.
C'est tout. Là-dessus, j'ai fini; c'est le fond des fonds des
fonds de ce que je pense.
Une voix: Le ministre a envie de vous donner raison.
M. Clair: Je ne sais plus quel argument invoquer pour tenter de
convaincre le député d'Argenteuil. Je lui concède qu'en
disant "il peut" il ne serait pas obligé, mais on sait fort bien tous
les deux que, dans un article de coeur comme celui-là, "il peut" va
signifier, dans les faits, que c'est une chose normale dans l'exercice de son
mandat, dans ses fonctions et que ce n'est pas occasionnel.
II dit: La première raison d'être de la
fédération canadienne est d'ordre économique. Il utilisait
tantôt l'argument de la péréquation. Je veux bien tout
cela, mais la péréquation, les raisons d'ordre économique,
la volonté de lutter contre les disparités régionales, je
dois lui dire que le résultat de tout cela, c'est que, dans les faits,
les rémunérations actuelles dans le secteur public d'une province
à l'autre varient beaucoup. Cela varie considérablement, je ne
dis pas du simple au double, mais cela varie considérablement parce que
tous ces mécanismes ne sont pas parvenus à corriger les
disparités régionales et ce n'est pas vrai qu'il y a une
capacité de payer qui est statique et identique dans toutes et chacune
des provinces du Canada. Ce n'est pas vrai, c'est une vue de l'esprit. Il est
sûrement l'un des rares hommes politiques de son envergure au Canada
à considérer, finalement, puisqu'il veut le renseignement, que la
rémunération de tous les enseignants au Canada devrait
évoluer de façon similaire.
M. Ryan: Bien non, c'est là que vous vous trompez.
M. Clair: Alors, si c'est là que je me trompe, M. le
Président... Je lui dis: Cela peut être un renseignement utile,
mais complémentaire à l'analyse de la réalité
québécoise et cela n'a rien à voir avec quelque vision
séparatiste, autonomiste ou quoi que ce soit; c'est une vision
économique, financière et d'équité, purement et
simplement. Prenons un autre exemple. Je sais que tout exemple est boiteux,
mais prenez les pays souverains. Est-ce que le Canada établit sa
politique de rémunération de ses employés du secteur
public en se disant: Je vais tenter autant que possible de m'aligner sur les
autres pays membres de l'OCDE? En aucune façon. Effectivement,
occasionnellement, il se fait des études comparatives de
l'évolution de la rémunération du secteur public canadien
et des autres pays membres de l'OCDE. Je sais qu'ils ne sont pas
fédérés. En ces matières, le Québec est
déjà, jusqu'à un certain point, souverain de
déterminer la rémunération, à l'intérieur de
ses limites, de sa capacité de payer, et la comparaison se
défend. Le Canada ne dit pas: Je vais aligner mes salaires en fonction
de l'évolution de ce qui se passe en France ou en Allemagne de
l'Ouest.
Regardez les décisions que le président des
États-Unis a prises cette année. Ce n'est même pas à
cause de la capacité de payer, j'imagine. C'est toujours un des pays les
plus riches du monde. Le président des États-Unis a
décidé cette année: moins 7 % pour tout le monde - mois 7
% ou moins 5 % - si ma mémoire est fidèle. C'est sa politique.
Le
Canada n'a pas dit: Mon voisin agit de telle façon, je vais me
rétablir en fonction de telle ou telle chose. La politique de
rémunération du secteur public français, cette
année, est fort différente de celle de l'Allemagne de l'Ouest.
Chaque pays a pris des décisions en fonction de sa réalité
propre.
Tout en reconnaissant que la comparaison doit être limitée,
je suis simplement convaincu qu'il n'y a aucune province canadienne, aucun
ministre des Finances, aucun ministre de la Fonction publique, aucun
trésorier ou aucun président du Conseil du trésor qui est
intéressé, actuellement, à dire: La base de ma politique
de rémunération, ce sera la comparaison pancanadienne. Il n'y en
a aucun. Cependant, tout le monde est intéressé à avoir,
comme renseignement complémentaire, de telles analyses et c'est pour
cela qu'on prévoit, à l'article 20, que, pour des fins de
facilité des relations du travail, je dirais, ces études soient
les plus utiles possible et que, lorsqu'il y a décision unanime des
membres, de telles études puissent être faites. Là, elles
seront utiles et viendront compléter celles qui auront été
faites à l'intérieur du Québec, mais elles ne se
traduiront pas, en termes d'attentes, en disant que l'illusion, c'est cela, la
norme, et non la réalité québécoise.
La norme, cela doit être la réalité
québécoise et des études complémentaires
comparatives avec les autres provinces canadiennes peuvent venir enrichir la
réflexion des parties, mais pas remplacer celles qui sont conduites sur
la réalité proprement québécoise. Cela, à
mon avis, ce n'est ni séparatiste ni fédéraliste, c'est le
simple bon sens économique et financier.
Le Président (M. Lachance): Alors, est-ce que nous pouvons
disposer de la motion d'amendement du député de Portneuf?
M. Clair: Je crois l'avoir convaincu, d'ailleurs.
Une voix: Oh!
M. Pagé: Du tout.
Le Président (M. Lachance): Alors, M. le
secrétaire, je vous demanderais de faire la mise aux voix.
M. Pagé: Oui, le vote.
Le Président (M. Lachance): Je voudrais relire...
Le Secrétaire: Oui, lisez-la, s'il vous plaît:
Le Président (M. Lachance):... la motion
d'amendement: Ajouter au second alinéa, après le mot
"Québec", les mots "dans une autre province canadienne, au gouvernement
fédéral ou dans un autre pays".
Le Secrétaire: M. Dussault (Château-guay)?
M. Dussault: Contre.
Le Secrétaire: M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril (Arthabaska): Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval?
M. Gauthier: Contre.
Le Secrétaire: M. Clair (Drummond)?
M. Clair: Vigoureusement contre.
Une voix: C'est clair!
Le Secrétaire: M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: Contre: 5 Pour: 4.
Le Président (M. Lachance): La motion d'amendement est
rejetée. Est-ce...
M. Clair: Si on...
Le Président (M. Lachance): Oui, sur l'article 19...
M. Clair: Comme il ne nous reste que trois ou quatre minutes, M.
le Président, est-ce qu'il y aurait d'autres motions d'amendement ou si,
du côté libéral, cela disposerait de l'article? À ce
moment-là, on pourrait peut-être régler tout de suite le
cas de la proposition "que l'institut publie le résultat de ses
études au fur et à mesure qu'elles deviennent disponibles". On
m'indique que, sur le plan technique, quant on dit "il publie au plus tard le
30 novembre de chaque année un rapport de ses constatations", il
pourrait, effectivement, en publier en tout temps, mais au plus tard le 30
novembre ses constatations de cette année-là se terminent. Si
vous vouliez qu'on indique une autre formulation, qui soit un peu plus
explicite, je m'essaie: II publie le résultat de ses études et,
au plus tard le 30 novembre de chaque année, un rapport
général de ses constatations.
M. Bisaillon: Dès qu'elles sont disponibles, c'est cela le
sens. Il publie le résultat de ses études dès qu'elles
sont disponibles...
M. Clair: C'est cela. Dès qu'elles sont disponibles,
quelle en est la notion?
M. Bisaillon: Dès qu'elles sont produites, qu'elles sont
réalisées. Au plus tard le 30 novembre de chaque année,
c'est un rapport de ses constatations; même, cela pourrait être un
bilan. À moins qu'on ne revienne demain sur une... Je pourrais vous
présenter un texte, M. le ministre, demain matin.
M. Ryan: Ce qui va être difficile, c'est de vous
préparer un texte. C'est "dès qu'elles seront disponibles".
M. Clair: C'est cela.
M. Ryan: Au jugement de qui?
M. Clair: Au jugement de qui? C'est exact.
M. Ryan: Parce que, là, ils vont écrire: Ire
version, 2e version, 3e version, version préliminaire, version à
compléter...
M. Clair: Alors que je pense...
M. Ryan: Les technocrates, ils ont 56 trucs dans leur sac...
M. Clair:... que, si le législateur voulait parler
directement...
M. Ryan:... pour déjouer votre affaire.
M. Clair:... et simplement, il se contenterait de dire: II publie
le résultat de ses études et, au plus tard le 30 novembre de
chaque année, un rapport général de ses constatations.
M. Bisaillon: Très bien.
M. Clair: Alors, j'en fais une motion d'amendement.
Le Président (M. Lachance): Vous allez
pouvoir la libeller, M. le ministre.
M. Clair: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Lachance): Vous allez pouvoir la
libeller, M. le ministre?
M. Clair: Oui.
M. de Bellefeuille: II faudrait le rédiger.
Le Président (M. Lachance): L'amendement est
adopté?
M. Clair: Je propose d'insérer après les mots "II
publie"...
Le Président (M. Lachance): Au troisième
alinéa?
M. Clair: D'abord, d'enlever la virgule et d'ajouter les mots "le
résultat de ses études et"; puis, après le mot "rapport"
j'ajouterais l'adjectif "général".
M. Ryan: Ce n'est pas parce que je veux être
extrêmement minutieux, mais je crois qu'on serait mieux de se retirer sur
celui-ci. Je vais vous dire ce qui m'inquiète dans votre formulation, M.
le ministre: II publie le résultat de ses études. Est-ce que cela
va être le texte des rapports qui vont être donnés ou bien
le résultat de ces études, les communiqués de presse ou
les résumés, seulement pour l'information des non-instruits?
M. Clair: Quand on dit un "rapport", c'est un mot aussi...
M. Ryan: Non, non, c'est correct. Mais "II publie le
résultat de ses études", cela n'est pas clair.
M. Clair: Remarquez...
M. Ryan: Je ne sais pas si vous pourriez consulter,
peut-être qu'on va se satisfaire de cela demain, mais je ne serais pas
prêt à l'avaler tout de suite.
M. Clair: D'accord.
Une voix: On peut dormir là-dessus.
M. Clair: On peut dormir là-dessus. Maintenant, comme je
le soulignais tantôt, on me dit que, lorsqu'on indique "II publie, au
plus tard le 30 novembre de chaque année, un rapport de ses
constatations", cela l'autorise à publier avant...
Une voix: Oui, oui.
M. Clair:... et d'autres choses.
Une voix: Cela l'autorise, on est d'accord avec cela.
M. Clair: Mais on peut dormir là-dessus.
Le Président (M. Lachance): Alors, nous y reviendrons plus
tard. La commission du budget et de l'administration ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à minuit)