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(Onze heures cinquante-neuf minutes)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre!
La commission du budget et de l'administration se réunit avec le
mandat de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 37, Loi sur le régime de négociation des
conventions collectives dans les secteurs public et parapublic.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Je rappelle les remplacements temporaires
pour la durée de l'affaire, M. le Président. M. Blank
(Saint-Louis) sera remplacé par M. Pagé (Portneuf); M. Caron
(Verdun) sera remplacé par M. Paradis (Brome-Missisquoi); M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges) sera remplacé par M. Ryan (Argenteuil). J'ai
été informé, M. le Président, que Mme Lachapelle
(Dorion) remplacera M. Dussault (Châteauguay).
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je demande que le député de
Rosemont soit inscrit comme remplaçant de Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine pour la journée. Est-ce qu'il est
possible, M. le Président, de demander que le député de
Rosemont remplace Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine
jusqu'à l'arrivée de cette dernière, ce soir, à 20
heures?
Le Président (M. Lachance): Avec le consentement des
membres de la commission, c'est possible.
M. de Bellefeuille: C'est ce que je demande, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Alors, cela
va? M. le député de Deux-Montagnes a demandé que M. le
député de Rosemont remplace Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine jusqu'à ce que Mme la députée
revienne ici ce soir.
M. de Bellefeuille: Jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Nous en
étions à l'étude détaillée de l'article
19.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le ministre.
Articles en suspens
M. Clair:... avant de reprendre l'article 19, peut-être
pourrions-nous régler le sort d'un certain nombre d'articles qui
étaient en suspens. Je compte sur la volonté des membres pour
accélérer les travaux et aborder les trois en même temps,
et peut-être voir rapidement par la suite si cela agréerait aux
membres.
D'abord, en ce qui concerne l'article 7, le député de
Rosemont se souviendra qu'on a eu une discussion quant à la durée
du mandat des membres de l'institut. On s'entendait pour dire qu'il devait y
avoir de la continuité, mais que, par ailleurs, on souhaitait qu'il n'y
ait pas de membres d'une façon permanente qui aient une durée de
mandat différente. J'ai pris l'hypothèse d'au moins deux et d'au
plus trois ans, parce que poursuivre les deux objectifs en même temps,
c'est inconciliable quand on les prend année par année. Au moins
deux ans, au plus trois ans, cela donnerait que, sur une période de dix
ans, il y a trois années où il n'y aurait aucun remplacement, six
années où il y aurait trois membres qui seraient remplacés
et une année où les six seraient remplacés. C'est donc
inconciliable, mathématiquement. Je pense que l'objectif pourrait
être respecté. Surtout au départ, je comprends que c'est
important. Je pense que, de deux choses l'une, ou on accepte de faire confiance
au gouvernement et il nommerait les membres au minimum pour deux ans, ou on
indique, dans un amendement, d'au moins deux et d'au plus trois ans.
Le deuxième point que je voulais soulever en ce qui concerne
l'article 11: Les vice-présidents exercent les fonctions
déterminées par règlements du conseil d'administration. Si
on veut que ce soit le conseil qui détermine les fonctions, c'est la
façon dont il faudrait le dire.
En ce qui concerne l'article 14, le député de
Sainte-Marie...
M. Paquette: Est-ce que le ministre peut répéter ce
qu'il vient de dire et sur quel article? J'étais en train de
réfléchir à son amendement précédent.
M. Clair: À l'article 11: "Les vice-présidents
exercent les fonctions que détermine le président dans le cadre
des règlements de l'institut. " C'est le texte actuel. On le modifierait
pour dire:... les fonctions déterminées par règlements du
conseil d'administration. Je pense que cela atteindrait pleinement l'objectif
qui était souhaité.
En ce qui concerne l'article 14, j'avais pris l'engagement de faire
vérifier pour voir s'il faudrait parler de majorité simple. On me
dit que non, la Loi d'interprétation y pourvoit déjà et,
lorsqu'il n'est pas question d'une forme de majorité, c'est la
majorité simple qui s'applique. Avant de revenir à l'article 19,
c'étaient les trois points sur lesquels je voulais faire rapport et
peut-être tenter de les faire adopter. Oui, je vois que le
député d'Argenteuil a une question à me poser.
M. Ryan: J'ai une question à propos de l'article 14, le
but de l'éclaircissement que vous venez d'apporter. On dit, au
deuxième alinéa: "En cas de partage égal des voix, le
président dispose d'une voix prépondérante. "
C'est-à-dire qu'il a une voix comme les autres, mais, en cas de partage
des voix, il a une voix additionnelle. C'est cela qu'est la Loi
d'interprétation?
M. Clair: Oui.
M. Ryan: D'accord.
M. Clair: En passant, cet article n'était pas en suspens,
pour l'information du député d'Argenteuil. Il avait
été adopté sous réserve d'une vérification.
Vous étiez là à ce moment-là.
M. Ryan: Je le sais, mais, vu que vous avez apporté des
éclaircissements...
M. Paquette: L'article 5 avait également été
suspendu. Le ministre n'a pas terminé sa réflexion
là-dessus?
M. Clair: J'ai l'intention de le soulever au Conseil des
ministres. Je n'ai pas de mandat pour le modifier.
M. Paquette: Bon, d'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 11. Il est
suspendu.
M. Clair: II y a 7 et 11, dans le fond.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous apportez un
amendement à l'article 7?
M. Clair: Remarquez que, quant à moi, je
préférerais conserver la souplesse des mots "d'au plus trois
ans". Si, pour éviter un débat... Je vous dis que l'intention du
gouvernement, ce serait, de toute façon, celle-là. Trop fort ne
casse pas, dit-on parfois. Si vous voulez qu'on inscrive "d'au moins deux ans
et d'au plus trois ans", si cela peut éviter de longues discussions et
amener l'adhésion des membres à cet article...
M. Paquette: M. le Président, je vous avoue que je
comprends mal la position du ministre qui dit que c'est inconciliable. Il y a
deux façons de le concilier. Ce qu'on veut éviter, c'est qu'il y
ait une liste annuelle et qu'on fasse une consultation à
l'intérieur des organisations syndicales chaque année, de
façon à établir l'équilibre et à
éviter qu'il y ait des remplacements tous les ans, qui ferait en sorte
que l'équilibre serait difficile à maintenir. Une des
façons de régler le problème - le ministre l'avait
souligné lui-même, je pense, hier - c'était que la
moitié des membres soient nommés pour deux ans la première
fois et que l'autre moitié soit nommée pour quatre ans, par
exemple, et qu'ensuite tous les membres soient nommés pour quatre ans,
ce qui veut dire que tous les deux ans il y aurait renouvellement de la
moitié du conseil. On réduit un peu le problème,
c'est-à-dire qu'on a une liste seulement tous les deux ans.
L'autre façon, si le ministre trouve que quatre ans, c'est trop
long, ce serait de faire un an. Là je suis moins sûr pour un an et
trois ans. Enfin, deux et quatre ans, ça fonctionne.
M. Clair: C'est cela, un an et trois ans. Il y a des
années où, sur une période de dix ans, cela fait comme un
cercle et on recommence. Je vous dis sincèrement que des mandats de
quatre ans, je crois que c'est trop long. C'est-à-dire que ce n'est pas
trop long que quelqu'un puisse être là quatre ans, mais
prévoir dans la loi que c'est quatre ans au cas où il y aurait un
"tocson" - pour employer l'expression du député d'Argenteuil -
sur la liste de l'un ou l'autre du gouvernement ou des syndicats, cela peut
être long d'attendre quatre ans que le "tocson" veuille bien être
remplacé. Je ne pense pas vraiment que ce soit à l'avantage de
tout le monde et de personne d'avoir des mandats de quatre ans. C'est la raison
pour laquelle nous essayons de faire un compromis entre les deux, que ce ne
soit pas toutes les années, que surtout au départ il n'y ait
personne qui soit nommé pour une année. Au minimum deux ans ou au
plus trois ans.
M. Pagé: Est-ce que le ministre, lorsqu'il se
réfère à ses propos, qualifie de "tocsons" tous ceux qui
sont ici avec un mandat de quatre ans et qui s'y accrochent pour cinq ans?
M. Clair: Le député de Portneuf qui, je pense, est
ici depuis plus longtemps que tous ceux qui sont autour de cette table est sans
doute le plus "tocson" d'entre nous.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 7?
M. Clair: Est-ce que "d'au moins deux ans ou d'au plus trois ans"
irait?
M. Paquette: M. le Président, je trouve plus important
qu'il y ait équilibre et qu'on évite la liste syndicale à
tout instant. La solution que propose le ministre m'apparaît une solution
de compromis qui ne résout pas véritablement le problème.
Je crois qu'on aurait avantage à nommer tout le monde pour trois ans,
compte tenu qu'il ne faut pas supposer au départ que les
représentants syndicaux vont être moins "tocsons" que ceux qui
siègent à cette assemblée ou dans d'autres organismes. Ce
ne serait sûrement pas le seul cas où des personnes sont
nommées pour trois ans. Compte tenu du fait qu'il s'agit d'un travail
d'évaluation assez complexe et qu'il s'agit d'établir des balises
pour commander des études et des analyses qui vont permettre de comparer
la rémunération de tel ou tel groupe de salariés avec tel
ou tel autre groupe, il vaut peut-être mieux qu'il y ait le même
groupe de personnes qui travaillent ensemble pendant trois ans. Je vous signale
que l'avantage principal pour moi, c'est d'éviter que le gouvernement
soit obligé chaque année de rejouer dans l'équilibre en
obtenant des listes des différentes organisations syndicales et
d'être obligé chaque année de se pencher sur ce
problème. Là, il y a le bonhomme de la FTQ qui avait un mandat
d'un an et ça vient d'expirer. Est-ce qu'on reprend quelqu'un de la FTQ
ou d'une autre organisation syndicale? C'est d'autant plus délicat que
le gouvernement est un peu juge et partie dans cela puisqu'il va nommer des
représentants de la partie avec laquelle il est en négociation
avec son autre chapeau qui est celui de l'État patron. Le moins souvent
le gouvernement va jouer dans des listes syndicales, le mieux ce sera. Si on
veut permettre - comme le ministre le souhaite d'ailleurs - que les centrales
puissent se mettre d'accord pour lui fournir une seule liste, ce qui
éviterait complètement le problème, je pense qu'il faut
favoriser cela. À ce moment-là, on a plus de chances d'y arriver
si c'est seulement tous Ies trois ans que si c'est chaque année, avec
seulement deux des six membres ou quatre des six membres à remplacer. Je
lui proposerais un amendement, à savoir de nommer tout le monde pour
trois ans.
Une voix: Tout le monde?
M. Paquette: Non, sauf le président et les
vice-présidents, là où il s'agit d'une nomination par
l'Assemblée nationale. Le problème ne se pose pas à ce
moment-là. Je parle uniquement des représentants syndicaux, mais
on pourrait probablement dire la même chose des représentants
patronaux. Ou on pourrait restreindre cela aux représentants syndicaux.
C'est là que me paraît être le problème. Alors,
parlons de ce problème.
M. Ryan: Quel est votre amendement?
M. Paquette: L'amendement serait de remplacer, à la
première ligne, les mots "d'au plus" par le mot "de": Le mandat des
membres de l'institut est de trois ans...
M. Ryan: Voilà, trois ans!
M. Paquette:... à l'exception de celui du président
et des vice-présidents, qui sont nommés pour au plus cinq
ans.
M. Ryan: Trois ans.
M. Paquette: Oui.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais exprimer mon accord sur cet amendement. Je
crois qu'il faut une certaine stabilité dans le fonctionnement de
l'organisme. Si on écrit la norme qu'il est nommé pour au plus
trois ans, cela veut dire qu'il peut être nommé pour trois mois,
six mois, un an, deux ans, selon le bon plaisir du gouvernement. Sa nomination
peut être révoquée ou terminée n'importe quand.
Tandis que, si vous mettez trois ans, le gouvernement sait à quoi s'en
tenir, la personne qui est l'objet de la nomination sait également
à quoi s'en tenir, ainsi que ceux qui recommandent son nom. Je pense que
ce serait infiniment préférable, ce qui n'empêche pas de
prévoir qu'en cas de vacance, comme on en traite d'ailleurs à
l'article suivant, il faut qu'il y ait une procédure qui permette de
combler la vacance. Moi, je suis favorable à cet amendement. Je trouve
qu'il améliore le projet de loi dans le sens d'une plus grande
clarté et d'un rétrécissement de la marge de souplesse
trop étendue que veut si souvent se garder le gouvernement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, vos
commentaires.
M. Clair: Voulez-vous me relire l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): L'amen-
dement se lit comme suit: À la première ligne de l'article
7, enlever les mots "d'au plus"... L'article 7 se lirait comme suit: "Le mandat
des membres de l'institut est de trois ans. "
M. Clair: Et, à ce moment-là, le mandat de tous les
membres viendrait à échéance en même temps?
M. Paquette: Je pense que c'est préférable, compte
tenu du contexte.
M. Clair: Qu'advient-il dans le cas d'une vacance... L'article 8
prévoit déjà que la vacance est comblée suivant le
mode de nomination prescrit pour la nomination du membre à
remplacer.
M. Paquette: Oui.
M. Clair: À ce moment-là, si quelqu'un
démissionne après une année et qu'il reste deux ans
à courir, dans votre esprit, est-ce que la personne est à nouveau
nommée pour trois ans ou si elle est nommée seulement pour
compléter le mandat?
M. Paquette: Pour compléter le mandat.
M. Pagé: Comme dans les municipalités.
M. Clair: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord?
M. Clair: Je pense qu'il faudrait cependant examiner
l'article...
Une voix: Un peu de souplesse.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est adopté
à l'article 7.
M. Clair: II faudrait sûrement amender l'article 8 pour
s'assurer...
Le Président (M. Laplante): Oui, on y va tout de suite
après.
M. Paquette: Oui.
M. Clair:... de la concordance.
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est adopté
à l'article 7. L'article 7 est adopté tel qu'amendé. On
demande de rouvrir l'article 8...
M. Paquette: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur division, d'accord.
M. Paquette:... parce que, évidemment, on n'est toujours
pas d'accord avec l'existence de deux vice-présidents.
Le Président (M. Laplante): L'article 8 est rouvert.
M. Ryan: Juste une question à l'article 7, avant que le
vote ne soit pris.
M. Clair: II l'est déjà.
M. Ryan: II est censé être pris, mais je n'en ai pas
eu connaissance. Je pensais que vous demanderiez si on avait quelque chose
à dire.
Les vice-présidents et le président sont nommés
pour au plus cinq ans.
M. Pagé: Ils pourraient être nommés pour cinq
ans. (12 h 15)
M. Ryan: Cela veut dire que le gouvernement peut les nommer pour
un an. Il a une "job" à trouver pour un de ses amis, il va dire: Prends
donc ça pour un an, il n'y a rien à faire, la ronde de
négociations vient de se terminer, on va t'envoyer là en
attendant de te trouver autre chose.
M. Clair: Je voudrais rappeler au député
d'Argenteuil que cet ami-là serait sans doute un de ses amis
également puisqu'il serait nommé aux deux tiers de la
majorité de l'Assemblée nationale et devrait probablement voir
son parti y concourir.
M. Ryan: Je ne prétends pas que nous soyons exempts de ces
tentations-là. Il y a une différence avec votre parti, nous
sommes des publicains.
M. Clair: Des publicains?
M. Ryan: Oui. Blague à part, je ne sais pas si...
M. Clair: Non, je pense que, pour l'Assemblée nationale,
c'est sain de garder cette souplesse-là.
M. Ryan: Surtout si c'est au plus cinq ans?
M. Clair: Oui.
M. Ryan: Ce sera dans la résolution
présentée?
M. Clair: Exact. M. Ryan: D'accord.
M. Paquette: Donc, la résolution sera
négociée entre les partis; par conséquent, il y a un
contrôle de l'Assemblée.
M. Clair: Exact.
M. Paquette: Je pense que c'est un moindre mal.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous rouvrez
l'article 8?
M. Clair: Oui, M. le Président. Cependant, je n'ai pas
encore la formulation de l'amendement. Il faudra prévoir à
l'article 8 que la vacance est comblée non seulement suivant le mode de
nomination prescrit pour la nomination du membre à remplacer mais
seulement jusqu'à l'expiration de ce qui reste du mandat à
courir.
Le Président (M. Laplante): On rouvre l'article 8 et on le
suspend. On est d'accord là-dessus?
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on passe à
l'article 11?
M. Clair: Oui. À l'article 11, M. le Président, je
propose que les mots "que détermine le président dans le cadre
des règlements de l'institut" soient remplacés par les mots
"déterminées par règlements du conseil
d'administration".
Le Président (M. Laplante): Avez-vous l'amendement?
M. Clair: Je peux vous l'écrire, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. C'est un ajout à
l'article?
M. Clair: Non, non, non. On raie les mots "que détermine
le président dans le cadre des règlements de l'institut" et on
les remplace par les mots "déterminées par règlements du
conseil d'administration".
M. Ryan: Pourvu qu'il en soit ainsi.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à l'article 11 est adopté?
M. Paquette: M. le Président, je pense que c'est
certainement une amélioration. Cependant, j'ai une question pour le
ministre. Qu'est-ce qui arrive dans le cas où le conseil
d'administration serait formé uniquement de trois personnes,
c'est-à-dire le président et les deux vice-présidents,
ceux-ci ayant la majorité, et que ce conseil d'administration
décide, comme par hasard, que les deux vice-présidents ont
beaucoup à faire dans les affaires de l'institut et seront
rémunérés à temps plein? Est-ce que l'article 18
nous donne suffisamment de garanties qu'à défaut le gouvernement
pourra y mettre un frein?
M. Clair: À mon avis, le député de Rosemont
vient de donner le meilleur argument que j'aie pu donner pour retenir
plutôt la formulation d'hier parce que c'était justement la
formulation telle qu'elle est dans le projet de loi, pour que ce soit le
président. Les trois personnes sont nommées à la
majorité des deux tiers mais l'une d'entre elles est nommée
à titre de président. C'est la raison pour laquelle on proposait
le libellé "que détermine le président dans le cadre des
règlements de l'institut" parce qu'il me semble que le poids qu'accorde
chacun des parlementaires à la nomination d'un président est plus
élevé que celui de deux vice-présidents. Le
député a tout à fait raison que le conseil
d'administration, dans cette hypothèse qu'étant composé
exclusivement de trois personnes nommées par l'Assemblée
nationale, les trois sont membres du conseil d'administration. Remarquez que
c'est assez théorique comme problème.
M. Paquette: Mais remarquez qu'il y aurait eu une façon
bien simple de régler cela. Il aurait suffi que le ministre accepte hier
l'amendement stipulant que les deux vice-présidents ne puissent exercer
leurs fonctions à temps plein. Cela aurait été vraiment la
façon étanche de régler le problème.
M. Clair: Je n'insiste pas. J'ai indiqué que la motion
d'amendement, c'était pour faire progresser nos travaux. Quant à
moi, je continue de préférer la formulation originale qui,
à mon avis, est la meilleure. Vous avez insisté hier pour dire
qu'à défaut que les fonctions soient décrites dans la loi
vous teniez à ce que ce soit le conseil d'administration et non pas le
président. Je vous ai fait valoir le point que vous-même avez fait
valoir en d'autres mots ce matin, mais on soulevait exactement la même
question.
M. Paquette: Je vous signale que je n'étais pas là
hier soir. C'est hier soir que cela s'est discuté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à l'article 11 est adopté? M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Moi, c'est à l'article 18... Le
Président (M. Laplante): Pardon?
M. Ryan: C'est à l'article 18 que j'ai une question
d'information.
Le Président (M. Laplante): Allez-y!
Une voix: Oui, mais c'est à 11.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est ça.
Une voix:...
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, l'article 11 est
adopté.
M. Paquette: La seule chose qui m'inquiète, c'est que, si
le ministre nous arrive à l'article 5 où il est écrit: "Le
gouvernement détermine la rémunération, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail de ces membres", ces membres
faisant référence au président et aux
vice-présidents nommés par l'Assemblée nationale, si le
ministre nous arrive et nous dit: Je suis prêt à remplacer les
mots "le gouvernement" par "l'Assemblée nationale", à ce moment,
je pense qu'on pourrait garder tel quel l'article 11, ou même accepter
son amendement. Que les vice-présidents exercent des fonctions
déterminées par règlement du CA, pas d'objection. Que ce
soit le CA ou le président, je dirais même que le CA c'est un peu
plus démocratique parce que, de toute façon...
M. Clair: Ce qu'il y a de surprenant, c'est que le
député préfère... En supposant le cas où
l'institut n'aurait à fonctionner qu'avec trois membres, l'institut
préfère que ce soient les deux membres dont les fonctions
seraient déterminées qui décident de leurs propres
fonctions, finalement, même si cela est assez théorique,
plutôt que le président. Moi, je dis: Je préférerais
que ce soit le président, parce qu'au moment où il est
nommé par l'Assemblée nationale il est nommé à
titre de président.
M. Paquette: C'est ça. Mais, voyez-vous, le
problème qu'on a ici, c'est que le ministre a prévu la nomination
de deux vice-présidents comme soupape au cas où les
représentants syndicaux boycotteraient l'institut, ce qui
témoigne d'une certaine méfiance face au mouvement syndical. On
est obligé, à chaque article, de regarder le cas d'exception. Si
le conseil d'administration était composé normalement, on serait
mieux avec l'amendement que soumet le ministre, de toute évidence, mais,
parce qu'il peut y avoir ce cas d'exception où on aurait un conseil
d'administration de trois membres, là, le ministre a raison de dire, et
je suis d'accord avec lui, que cela peut être embêtant que ce
soient le président et les deux vice-présidents qui
décident des fonctions des deux vice-présidents. Il y aurait eu
d'autres façons de régler ce problème, soit de dire que
les vice-présidents ne sont pas à temps plein, ou encore, de
faire en sorte que ce soit l'Assemblée nationale qui détermine la
rémunération, les avantages sociaux et autres conditions de
travail à l'article 5. Si on regarde tout cela, on est peut-être
mieux, effectivement, avec l'amendement que soulève le ministre,
à condition qu'il y ait un amendement à l'article 5.
M. Clair: Je n'ai pas d'objection à le laisser suspendu.
Je reconnais qu'il y a une certaine relation. Est-ce qu'on est prêt pour
l'article 8?
Le Président (M. Laplante): L'article 11 est suspendu?
Des voix: Oui.
M. Ryan: N'était-on pas à 18?
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 19. M. le
député d'Argenteuil voulait avoir une question à l'article
18, mais il est déjà adopté.
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Laplante): II est déjà
adopté, mais on vous permet une question.
M. Ryan: Oui, c'est juste une question d'information. Est-ce
qu'il y a un autre article dans le projet de loi qui prévoit que les
règlements adoptés par l'institut doivent être
approuvés par le gouvernement? Est-ce qu'il y a un article
général à cet effet?
Le Président (M. Laplante): On a passé cet article
hier. Je ne crois pas que ce soit prévu.
M. Clair: Les deux seules choses qui sont approuvées par
le gouvernement, c'est que l'institut a son siège social à
l'endroit déterminé par le gouvernement et l'article 18 où
on indique simplement que cela entre en vigueur à compter de la date de
son approbation par le gouvernement.
Une voix: D'accord, la réponse est donnée.
M. Ryan: Je ne sais pas si vous pourriez faire regarder cela.
Est-ce que c'est délibéré ou si c'est...
M. Clair: Oui, c'est délibéré. On ne veut
pas soumettre à l'approbation du gouvernement tous et chacun des gestes
de l'institut.
Le Président (M. Laplante): On entreprend la section II,
Fonctions, article 19.
M. Paquette: M. le Président, si vous
permettez! Avant d'entreprendre la section II, j'ai un amendement qui
consisterait à insérer un nouvel article. Je pense que,
loqiquement, il irait à l'article 18a, entre 18 et 19, mais on pourrait
bien le mettre ailleurs aussi. Je vous laisserai juge de ce détail, mais
je pense qu'il vaudrait mieux que je le soulève tout de suite.
C'est la question reliée au fait que le gouvernement va se
retrouver avec deux organismes similaires. On se rappellera que le bureau de la
rémunération, qui était au Conseil du trésor, a
été transféré au ministère du Travail. On a
créé le Centre de recherche et de statistiques sur le
marché du travail, qui est maintenant au sein du ministère du
Travail et qui regroupe une vingtaine d'employés. Le rôle de cet
organisme, sur le plan des études et des analyses, recoupe en bonne
partie celui de l'institut.
On a également établi, au cours de la discussion, dans les
premiers jours, qu'on pourrait peut-être mettre l'institut sur pied
beaucoup plus rapidement si on partait du personnel, de l'expertise qui se
trouve au CRSMT. D'autre part, il y a le problème de la
sécurité d'emploi de ces employés qui n'ont pas à
faire les frais des multiples transferts et du va-et-vient que décide le
gouvernement, du Conseil du trésor au ministère du Travail, et
finalement à un institut indépendant dont certains membres sont
nommés par l'Assemblée nationale.
J'aimerais soumettre au ministre l'amendement suivant, qui serait un
nouvel article, l'article 18a. Il se lirait comme suit: L'institut doit
couvrir, par protocole avec le ministère du Travail et l'association de
salariés accrédités, le transfert du CRSMT à
l'institut, de façon qu'on puisse bâtir l'institut à partir
du CRSMT et qu'on évite de se retrouver avec deux organismes qui ont un
rôle sensiblement semblable.
Le Président (M. Laplante): Avant de recevoir la motion,
M. le ministre, de votre part, est-ce qu'il n'y a rien de prévu
actuellement dans le préambule ou ces choses-là? Avec ce
protocole, est-ce qu'il y a des choses qui atteindraient actuellement le
projet?
M. Clair: Je ne pense pas qu'on puisse dire que cela modifierait
l'adoption du principe en deuxième lecture.
Le Président (M. Laplante): D'accord, cela répond
tout de suite...
M. Clair: Cependant, j'ignore si nos nouvelles règles de
pratique permettent à un député de l'Opposition de faire
une motion d'amendement qui entraînerait des coûts
budgétaires...
Le Président (M. Laplante): Non, il ne peut pas en
faire.
M. Paquette: Mais un amendement qui réduirait des
coûts budgétaires, est-ce que c'est permis?
M. Clair: Qui réduirait tout en en concernant. Si le
député...
(12 h 30)
Le Président (M. Laplante): Avant de juger de la
recevabilité, on va le... L'engagement de fonds publics, l'imposition et
ces choses-là.
M. Clair: Voulez-vous lire le règlement, M. le
Président, pour le bénéfice de... ?
Le Président (M. Laplante): L'article 192 dit: "Seul le
ministre peut présenter une motion visant l'engagement de fonds publics,
l'imposition d'une charge au contribuable, la remise d'une dette de
l'État, l'aliénation de biens appartenant à l'État.
Cette règle ne s'applique pas à une motion n'exprimant qu'une
idée générale ou une opinion sur les matières
énumérées ci-dessus. "
M. Clair: II m'apparaît évident, M. le
Président, que les salaires de ces personnes sont sans coût
budgétaire. C'est mon opinion sur la recevabilité.
M. Paquette: M. le Président, sur la
recevabilité...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Paquette: J'ai écouté attentivement la lecture
que vous nous avez faite du règlement. Aucun des quatre points que vous
avez soulevés n'est lié à l'amendement que je
présente pour la bonne raison que, au contraire, le fait de se retrouver
avec un seul organisme plutôt que deux et de prévoir
l'intégration du personnel de l'ancien organisme au nouveau est
susceptible d'entraîner une diminution des coûts pour l'État
plutôt qu'une augmentation. Par conséquent, je ne pense pas qu'on
puisse interpréter l'article du règlement que vous avez lu comme
signifiant qu'un député ne peut présenter un amendement
qui modifie les coûts. On dit bien dans le règlement: qui augmente
les coûts ou les charges publiques sur les contribuables. Or, à sa
face même, cet amendement a pour but de réduire les coûts
pour le contribuable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont, placé comme on est ici, on ne connaît pas le coût
que le transfert de ces gens-là peut entraîner. Personne ne le
connaît ici. Ce n'est pas au président de se prononcer
là-dessus. Le seul fait d'unifier les deux organismes
m'apparaît
déjà un coût relié aux deniers publics.
Actuellement, même dans l'avant-projet de loi, il n'y a aucune mention de
fusion d'autres organismes avec cela. Je serais plus douteux là-dessus.
Mais, actuellement, tel que rédigé, je ne peux la juger recevable
en vertu de l'article 192.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas qu'il y ait
trop de discussion là-dessus non plus. Vous comprendrez l'orientation
que j'ai à prendre ici.
M. Paquette: Oui, oui.
Le Président (M. Laplante): II y a deux choses
actuellement: la première, je ne la juge pas, je la laisse en
suspens.
M. Paquette: Ce que vous dites, M. le Président, si je
vous ai bien compris, c'est que mon amendement contreviendrait à l'un
des principes du projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Paquette: Je ne pense pas.
Le Président (M. Laplante): Non. Je me base sur l'article
192 pour le coût, parce qu'il y a un engagement financier
là-dedans.
M. Paquette: II n'y a pas d'engagement financier. Il s'agit d'un
organisme existant, le CRSMT, qui est inscrit au budget de l'État...
Le Président (M. Laplante): Oui, mais on...
M. Paquette:... qui présente des coûts. L'amendement
parle de transférer le personnel; de transférer, autrement dit,
ce budget à l'institut. Jusque-là, vous allez reconnaître
avec moi qu'il n'y a pas d'augmentation de coût.
Le Président (M. Laplante): Vous me permettrez de vous
poser une question.
M. Paquette: Après cela, l'institut pourra décider
s'il a besoin d'autre personnel en plus; c'est une autre question.
Le Président (M. Laplante): Vous me permettrez de vous
poser une question: Combien de personnes ce transfert-là peut-il donner,
et de combien de personnes l'institut a-t-il besoin? On n'a réponse
à ni l'une ni l'autre.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je suis obligé de
présumer actuellement qu'un transfert de personnel à un institut
nouveau peut occasionner des coûts additionnels. S'il y a des gens
là-dedans engagés selon la fonction publique, ces
choses-là, je ne le sais pas... On parle de transfert d'un organisme, il
n'y a rien que vous différez là-dedans de...
M. Paquette: M. le Président, j'accepterais votre
raisonnement si vous me disiez que c'est dans l'intention du ministre de donner
des conditions de travail aux gens qui vont travailler au nouvel institut
nettement inférieures aux conditions qui sont offertes à des gens
qui font exactement la même chose au CRSMT. Même là, on
pourrait prétendre que, même s'il en était ainsi, le
gouvernement va devoir continuer à assumer les coûts du CRSMT. Le
ministre nous a dit: Le CRSMT va continuer: Peut-être
qu'éventuellement il y aura des transferts de personnel. L'amendement
dit simplement qu'il y aura un protocole pour couvrir le transfert. Il ne dit
même pas que tous les employés vont être
transférés.
M. Clair: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, de deux choses l'une, ou vous
avez rendu votre décision, ou vous ne l'avez pas rendue. Si vous avez
rendu votre décision, je pense qu'on doit s'y soumettre. J'ai fait
valoir très brièvement mon point.
Le Président (M. Laplante): Je le crois, mais cela me
plaisait quand même d'entendre l'argumentation du député de
Rosemont parce qu'un président n'est jamais infaillible. Actuellement,
je maintiens la décision que j'ai rendue en premier lieu.
Section II: Fonctions. L'article 19.
Fonctions (suite)
M. Clair: Je vous souligne qu'on a sûrement discuté
une heure, une heure et demie de l'article 19 hier.
M. Pagé: À l'article 19, M. le Président,
lorsqu'on s'est quitté hier - si ma mémoire est fidèle, on
pourra me corriger au besoin - nous en étions à étudier la
possibilité que le premier rapport annuel, qui doit être
déposé par l'institut en date du 30 novembre, soit
déposé le 30 novembre 1986 plutôt que le 30 novembre de
cette année, parce que plusieurs autour de cette table sont franchement
convaincus qu'en quelques mois seulement l'institut pourra déposer un
rapport exhaustif. Le danger qui nous guette, comme législateurs, c'est
qu'autant on prête
foi et qu'on a confiance dans les objectifs à atteindre par cet
institut dans son mandat, autant, si le premier rapport est
déposé après seulement quelques semaines ou quelques mois
de fonctionnement, il y a danger que ce rapport ne recueille pas ou ne fasse
pas l'unanimité ou soit considéré comme non fondé,
non acceptable, ce qui risquerait d'entacher la crédibilité de
l'institut non seulement pour longtemps, mais peut-être même pour
tout le temps.
J'aimerais savoir du ministre s'il a réfléchi à cet
aspect de la question qui a été soulevée tant par mon
collègue d'Argenteuil que par d'autres de mes collègues hier et
si la nuit a porté conseil.
M. Clair: M. le Président, je ne veux pas corriger le
député de Portneuf, mais on discutait hier, quand on s'est
quitté, de la question de rendre publiques les données au fur et
à mesure qu'elles seraient disponibles.
M. Pagé: II y a cet aspect aussi.
M. Clair: Quant à la question qu'il soulève, je lui dirai
que j'accepte de continuer à réfléchir, et c'est au niveau
des mesures transitoires, à la fin du projet de loi, qu'on pourrait
envisager quelque chose. Tout autant je suis convaincu - nous en sommes, du
côté ministériel et gouvernemental, convaincus - que les
travaux de l'institut pourraient être utiles, tout autant je reconnais
qu'il pourrait être important que l'on indique, à l'avance, la
portée limitée des travaux que pourrait réaliser
l'institut pour la première année. Je pense que, dans le corpus
de la loi, cela devrait venir au niveau des mesures transitoires et non pas
à l'article 19. J'accepte d'y réfléchir.
Au niveau des mesures transitoires, compte tenu du court délai de
temps depuis sa création, le premier rapport annuel de l'institut de
recherche pourrait, par exception, si l'organisme le juge à propos,
limiter le rapport de ses constatations à un inventaire des sources
diverses d'enquêtes, d'analyses et d'études disponibles et
à une appréciation de ces mêmes sources. Ce pourrait
être l'esprit d'une mesure transitoire. Autrement dit, ne pas
discréditer à l'avance l'institut, mais ne pas non plus renoncer
complètement à toute utilité de cet institut, mais
indiquer clairement à toutes les parties et au public en
général que, compte tenu du court délai qu'il a eu pour
travailler, ces constatations se limitent bien davantage à une
appréciation du travail déjà fait ailleurs qu'à ses
propres constatations. Je pense que c'est sur le plan des mesures transitoires
qu'un tel amendement pourrait être apporté et j'indique au
député que j'accepte sérieusement d'y
réfléchir jusqu'à ce qu'on soit rendu aux mesures
transitoires.
M. Pagé: Devons-nous interpréter votre propos comme
étant l'intention du ministre de déposer effectivement un
amendement ou un article nouveau au chapitre des mesures transitoires
prévoyant cela, de façon qu'on puisse adopter l'article 19
à ce moment-ci. Il faudrait que le ministre nous indique que c'est
là son intention. S'il dit qu'il y réfléchit et qu'il
arrive à la fin de nos travaux, la semaine prochaine, et nous dise: J'ai
décidé, mais c'est non...
M. Clair: Je dirai au député que je pense que, oui,
j'en proposerai un, mais je veux avoir l'occasion de réfléchir un
peu plus aux conséquences, parce que cela va être de la
façon de libeller l'amendement, de le baliser... Je ne cache pas non
plus au député que j'aimerais avoir l'occasion de consulter mes
collègues du conseil. À ce moment-ci, avec la réflexion
que j'ai eu le temps de faire jusqu'à maintenant, je peux indiquer au
député que, oui, ce serait mon intention de présenter un
tel amendement sur le plan des mesures transitoires, mais que je me garde une
petite porte en termes d'évaluation et je pense que ce serait
avantageux.
M. Pagé: Je veux poser une petite question au ministre. Ne
croyez-vous pas que vos collègues du Conseil des ministres, à
force de vous voir arriver régulièrement aux séances leur
demander leur avis sur les modifications à apporter, en viendront
à la conclusion que votre devoir a été mal fait?
M. Clair: Au contraire, M. le Président. Je pense que mes
collègues connaissent mon sens du devoir, mon goût du travail bien
fait et ils savent que j'accepte continuellement de recevoir les points de vue
de n'importe qui, s'ils sont susceptibles d'améliorer les choses.
M. Pagé: Dont l'Opposition.
M. Clair: Dont l'Opposition, bien sûr.
M. Pagé: C'est très noble, M. le
Président.
M. Paquette: M. le Président, vous allez me permettre de
différer d'opinion avec le député de Portneuf sur le fait
que le ministre retournerait trop souvent auprès de ses collègues
du Conseil des ministres. Au contraire, je pense que le ministre accepte de
réfléchir trop peu, compte tenu qu'effectivement ses devoirs sont
mal faits, et qu'il accepte de retourner trop peu souvent auprès de ses
collègues du Conseil des ministres, qui sans doute apprécieraient
de pouvoir regarder de plus près ce projet de loi. Car, manifestement,
j'imagine que la plupart des collègues du ministre ont regardé
cela très rapidement et que, si le ministre
acceptait de réfléchir davantage, il pourrait donner
l'occasion à ses collègues, une deuxième fois, de regarder
plus à fond ce projet de loi.
M. Clair: M. le Président, à la blague, je dirais
que, comme président du Conseil du trésor, je n'ai jamais
trouvé que le député de Rosemont, à l'époque
où il était ministre, revenait trop souvent au Conseil du
trésor!
M. Ryan: Et, moi, M. le Président, je comprends le
ministre de faire preuve de prudence avant de retourner au Conseil des
ministres parce que, d'après les propos tenus publiquement par certains,
il n'y aurait pas beaucoup de chance d'avoir des ouvertures dans ce projet-ci.
D'après l'accueil qu'ils ont réservé à
l'hypothèse de règlement dans le secteur de l'éducation,
je le comprends d'être un petit peu craintif avant d'apporter des
idées nouvelles là-bas, parce que cela a l'air qu'il y en a qui
préfèrent retourner à des idées qu'on croyait
dépassées depuis longtemps. Ceci dit...
M. Pagé: Ceci dit... M. Paquette: Ceci dit...
M. Clair: Est-ce qu'on peut adopter l'article 19?
M. Ryan: Excursus. J'aimerais que vous le déclariez
antiréglementaire, M. le Président.
M. Paquette: Ceci dit, M. le Président, est-ce qu'il faut
conclure que le ministre, puisqu'il parle de dispositions transitoires,
voudrait dire que le 30 novembre 1985 lui apparaîtrait trop tôt
pour exiger un rapport de l'institut - cela m'apparaît évident -
et que, par conséquent, il songe à prévoir un article dans
les dispositions transitoires qui ferait une exception pour la première
année, alors que pour les années subséquentes il y aurait
publication du rapport de l'institut uniquement une fois par année,
c'est-à-dire le 30 novembre? (12 h 45)
M. Clair: Non, je n'entends pas modifier l'article 19, sauf
peut-être sur la question de rendre publiques les études au fur et
à mesure; on pourra y revenir tantôt. Je n'envisage pas de
modifier l'article 19. S'il y avait l'amendement auquel je
réfléchis sur le plan des mesures transitoires, il ne viendrait
pas modifier la date du 30 novembre 1985 pour rendre disponibles les
informations que l'institut jugerait utile de rendre publiques et de remettre
aux parties, il viendrait plutôt limiter la portée de ce premier
rapport parce que la date du 30 novembre, si un institut veut être utile
et si on veut se servir des travaux qui ont été faits au CRSMT ou
ailleurs et que l'institut les apprécie et donne une opinion
là-dessus, je pense que c'est le 30 novembre que cela devrait se faire
et non pas plus tard, ni beaucoup plus tôt.
M. Paquette: Alors, M. le Président, compte tenu de cette
précision que le ministre vient de nous apporter, on revient donc
à la question: est-ce que l'institut ne devrait pas rendre publiques
dès qu'elles sont disponibles toutes les études dont le contenu a
été approuvé par le conseil d'administration?
M. Clair: Peut-être un élément
problématique à cet égard, après avoir
consulté les légistes, quand on dit: L'institut a pour fonction
d'informer le public de l'état et de l'évolution, etc., le plus
comprend le moins, si l'institut décide de rendre public quelque
document que ce soit en cours d'année il peut le faire. De plus, donc
sur le plan de la capacité de rendre public au fur et à mesure,
il l'a déjà. Si on veut lui faire obligation de rendre public,
à ce moment-là je pense que c'est le député
d'Argen-teuil, hier, qui était sur la piste de la première,
deuxième, troisième ou quatorzième version, si les membres
de l'institut entre eux considèrent qu'il n'est pas avantageux pour ni
l'une ni l'autre des parties de rendre public un tel document, ils s'entendront
bien pour dire que les travaux ne sont pas terminés et passer à
côté de l'obligation qu'on leur ferait de les rendre publics.
Alors, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. Si vous insistez, au paragraphe 2 on
dit: II peut faire des enquêtes, des études et des analyses sur la
rémunération de différents corps d'emplois ou groupes de
salariés au Québec. J'ajoutais non pas dans un amendement mais
dans une hypothèse d'amendement: "et rendre les documents publics. "
Autrement dit, on préciserait encore plus nettement qu'il peut les
rendre publics. Si on écrit: et les rend publics, ce sera toujours aux
membres du conseil si elles sont terminées dans un état à
être rendu publics. On ne peut pas par une loi venir diriger à
l'avance les consciences des membres du conseil.
M. Paquette: Je suis assez d'accord avec ce que le ministre vient
de dire. Cependant, est-ce que le dernier paragraphe ne pourrait pas être
interprété comme limitatif?
M. Clair: On me dit que non.
M. Paquette: Sur le plan strictement juridique.
M. Clair: Oui.
M. Paquette: Autrement dit, l'obligation de publier un rapport le
30 novembre annuellement n'empêche pas le conseil...
M. Clair: Quand on dit: "II publie", ce n'est pas "il peut";
c'est l'équivalent de "il doit publier".
M. Paquette: Oui.
M. Clair: Alors, tout le reste, il peut publier quand il veut,
puisque sa fonction est d'informer le public de l'état de... Cependant,
il y a une chose qu'il ne peut pas garder secrète, c'est le rapport de
ses constatations: "II publie, au plus tard le 30 novembre de chaque
année, un rapport de ses constatations.
Le Président (M. Laplante): D'accord?
M. Clair: Ce sont les raisons pour lesquelles je pense que le
libellé actuel est suffisant. Y ajouter serait redondant.
Le Président (M. Laplante)! L'article 19 est-il
adopté?
M. Paquette: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
l'article 20.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas d'amendement
à proposer.
M. Ryan: Je pensais que vous auriez réfléchi depuis
hier.
M. Clair: J'ai bien réfléchi à tout. Je
tiens à dire au député d'Argenteuil que j'y ai
pensé trois fois plutôt qu'une.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Ryan: Alors, vous aurez sans doute des explications nouvelles
à apporter sur la règle de l'unanimité en particulier. Je
trouve cela extrêmement limitatif. Je trouve que cela n'a pas de bon sens
qu'on mette la règle de l'unanimité pour qu'il entreprenne tout
mandat d'étude ou de recherche. Je crois que c'est trop fort. Je ne sais
pas s'il y a autre chose à proposer. Vous devez avoir des raisons
absolument impérieuses pour justifier une mesure aussi exceptionnelle.
Il me semble que c'est contraire à toute règle
démocratique normale.
M. Clair: Je dirais que c'est davantage en termes d'incitation
aux parties à ne mener que des études auxquelles elles accordent
de l'importance et sur lesquelles elles se sont toutes entendues, en termes de
mandat. Le député d'Argenteuil veut se prémunir contre les
"tocsons"? On pourrait toujours mettre à la majorité des deux
tiers ou des trois quarts, mais comprenez-moi bien, l'utilité d'avoir
une telle disposition, c'est que, lorsque les membres de l'institut
décident de sortir du mandat qui est confié à l'institut
à l'article 19, c'est parce que tout le monde s'entend pour dire que
l'étude est bien balisée et que les résultats qui vont
sortir vont avoir une utilité évidente et un certain poids moral
sur les parties. C'est la raison pour laquelle on avait prévu
l'unanimité des membres présents dans une réunion
convoquée spécialement à cette fin.
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez me dire le genre de mandat
d'étude ou de recherche que vous avez à l'esprit avec cet article
20?
M. Clair: Celui qu'évoquait le député.
Exemple: celui qu'évoquait le député d'Argenteuil hier.
Pour une étude complémentaire en ce qui concerne les enseignants,
on veut comparer vraiment la tâche. Les membres de l'institut s'entendent
pour dire: Oui, ce serait intéressant pour des fins
complémentaires d'étudier la tâche des enseignants en
Ontario en tenant compte de la politique salariale du gouvernement du
Québec qui est peut-être plus favorable aux bas salariés
qu'aux hauts salariés dans l'ensemble. On doit tenir compte de toute la
rémunération globale, de la tâche, des disparités
régionales qui existent en Ontario, alors qu'elles n'existent pas au
Québec et, à ce moment-là, cela peut être utile,
effectivement, si les parties se sont entendues à l'avance sur la
délimitation de l'étude. À ce moment-là, on ne se
trouve pas à comparer les enseignants des dix provinces canadiennes tous
azimuts, mais c'est pour cela qu'on prévoyait la règle de
l'unanimité des membres présents.
M. Ryan: Si j'ai compris, vous éprouvez déjà
des doutes, parce que vous pensiez peut-être à la règle des
deux tiers. Les deux tiers, ce serait moins pire, en tout cas, que
l'unanimité et pour moi, la règle de la majorité...
M. Clair: Oui, c'est moins pire. Je dirais que, sur le plan
de...
M. Ryan: Si vous voulez m'excuser, M. le ministre.
M. Clair: Oui, excusez-moi.
M. Ryan: Je vais seulement terminer mon... Pour moi, en tout cas,
la règle de la majorité devrait être amplement suffisante.
Quand une majorité des membres du conseil trouvent qu'il y a un
complément d'étude qui est nécessaire, je crois qu'ils
devraient pouvoir en décider, mais il y a une chose à
laquelle je pense, c'est qu'on va avoir six personnes qui vont provenir
d'une liste fournie par les milieux syndicaux et six en provenance d'une liste
fournie par les milieux patronaux, mais ce ne sera pas nécessairement
unanime, malgré tous les voeux qu'on formulait plus tôt. Je pense
que c'est le député de Rosemont qui formulait ce voeu. Ou
côté syndical, il y en a qui vont venir du Syndicat de la fonction
publique. Il y en a qui vont venir du secteur hospitalier. Il y en a qui vont
venir du secteur de l'éducation. Cela pourrait être
l'éducation primaire et secondaire. Cela pourrait être
l'enseignement supérieur. Il y en a qui vont venir d'autres secteurs,
également. Il y en a plusieurs autres, les policiers, par exemple. C'est
possible qu'ils puissent soumettre des noms, eux aussi, même s'ils ne
sont pas sur la bonne liste...
Une voix: Les agents de la paix.
M. Ryan:... - les agents de la paix -même s'ils ne sont pas
sur la bonne liste du point de vue du gouvernement; à ce moment-ci.
Qu'il y ait une majorité qui décide qu'on a besoin d'un
supplément d'études, il me semble que ce serait bon. Il ne faut
pas donner trop de droit de veto là-dedans, parce que, là, c'est
la connaissance des faits qu'on poursuit. Ce ne sont pas des politiques. Ce
n'est pas le rôle de l'institut de servir de portique pour la formulation
des politiques gouvernementales. C'est la responsabilité du monde
politique, du gouvernement, de faire ses options, de définir ses
politiques. Il a besoin, par exemple, de toute l'information
nécessaire.
En tout cas, je trouve que la règle de l'unanimité n'est
vraiment pas acceptable ici parce que cela impose une barrière
énorme. Il suffit d'une personne que je ne qualifierai pas, qui peut
avoir toutes sortes de motifs et qui va empêcher une étude de se
faire, qui serait jugée nécessaire par 90 % d'un conseil. Je
trouve que c'est inacceptable, absolument inacceptable. Je ne sais pas ce que
vous avez à proposer comme adoucissement qui rendrait cela moins dur
à avaler, mais... Je comprends l'idée au départ. Je crois
que, si...
M. Clair: Prenons un exemple pratique. Les trois membres
nommés par l'Assemblée nationale et les six membres nommés
par le gouvernement, soit neuf personnes sur quinze, décident avec le
représentant de la CEQ qu'il est utile de mener une étude
comparative avec l'Ontario.
M. Ryan: Excusez-moi. Vous avez dit: les six membres
nommés par le gouvernement. Je pense que vous ne vous êtes pas
bien exprimé. Je comprends que vous les considérez comme de
simples annexes, mais vous voulez dire le secteur patronal. M. Clair:
Les six... M. Ryan: C'est un petit lapsus... Une voix:
Évocateur.
M. Clair: Non, au contraire, j'ai toujours indiqué que les
six membres qui représenteraient le gouvernement, après
consultation des associations patronales, représenteraient d'abord et
avant tout le gouvernement et non pas d'abord et avant tout les associations
patronales, puisque toutes les associations patronales ont clairement
indiqué que les questions salariales, quant à elles, relevaient
du gouvernement et non pas d'elles.
Cela dit, supposons qu'une telle hypothèse se produise, que
l'étude se fasse, que les autres, le représentant des affaires
sociales, celui de la Sûreté du Québec, celui de la FTQ,
celui des fonctionnaires, soient en désaccord avec la conduite d'une
telle étude, parce qu'elle est mal balisée. Quelle sera
l'utilité réelle, à supposer que les constatations
révèlent que les enseignants, à tâche égale,
sont payés 15 % moins cher au Québec qu'ils ne le sont en
Ontario? Les autres risquent de dire: Puis après? Nous, on n'a pas
concouru à cette étude, on ne se considère d'aucune
façon moralement liés par cela. Tant pis pour les enseignantsl Ou
encore, ils peuvent dire: Parfait! Les enseignants ont obtenu 15 % de plus.
Nous, on veut conserver la même relativité qu'on avait auparavant
par rapport aux enseignants au Québec. Si on était payé 20
% - je donne des chiffres hypothétiques - si on était payé
10 % moins cher, on veut continuer à l'être juste 10 % moins cher.
Si vous donnez 15 % aux enseignants, nous aussi, on le veut. C'est la raison
pour laquelle on pensait qu'il était avantageux que ces études
soient menées lorsqu'il y a unanimité. On me dit également
que l'expérience de 1976, par exemple chez les infirmières qui
avaient eu des augmentations très substantielles, consenties à la
suite de comparaisons entre le Québec et l'Ontario, cela avait
entraîné par la suite une queue de comète
considérable, parce que tous ceux et celles qui s'étaient
évalués auparavant en relativité par rapport au salaire
d'une infirmière ont dit: Si les infirmières l'ont eu, nous
aussi, on le veut. Cela a entraîné tout un déboulement sur
le résultat des conventions collectives au plan salarial, d'où la
précaution que, plus il y a de gens qui sont d'accord avec le mandat au
départ, plus il y a de chances que les résultats soient
acceptés réellement.
M. Ryan: M. le Président, je pense que le ministre vient
de servir un argument qui est très favorable à notre point de
vue.
Quand vous dites qu'on a pris le cas des infirmières en 1976, je
m'en souviens très bien, on leur a donné 40 %, je pense. Cela a
été considérable, parce qu'il y avait un retard
énorme accumulé par rapport au reste du pays. Ensuite, il y en a
qui ont dit: On veut avoir la même chose. À plus forte raison, si
cela s'est produit, c'est important, en vue de la possibilité que cela
se produise de nouveau, qu'on prenne tous les moyens nécessaires pour
avoir les meilleurs renseignements possible avant d'être aux prises avec
la situation. C'est pour cela que je ne veux pas que cela soit trop rigide ici.
De toute manière, une fois que cela tombe dans le débat public,
si la partie syndicale impliquée dans un différend est assez
habile pour faire comprendre au public que c'est cela, l'important, le
décalage avec Toronto, ou Vancouver, ou d'autres villes, le gouvernement
n'aura pas de contrôle là-dessus. Cela s'en va dans l'opinion. Les
éditorialistes vont dire: On comprend que, dans sa loi, il n'a pas voulu
mettre cela, mais, si c'est vrai, il faut bien en tenir compte. Si on veut
régler, il va falloir en tenir compte. L'Opposition va talonner le
gouvernement, que ce soit un parti ou l'autre qui soit dans une fonction ou
l'autre. Il me semble que, si on a rendu possible la cueillette d'informations
pertinentes dans les meilleures conditions possible d'objectivité et de
saine méthode de travail, cela va être préférable.
C'est pour cela que, si vous pouvez au moins assouplir cette règle, je
crois que vous allez favoriser des choses.
Et, encore une fois, on ne peut pas avoir le contrôle à
l'avance des arguments qui vont être centrés dans un litige
relatif aux relations du travail. On peut avoir notre opinion comme patron et
si les syndiqués ont une opinion différente, en
général, ils ont plus de chance de faire valoir leur point de vue
auprès des médias parce qu'ils parlent plus. Je dirai bien
franchement aussi que la plupart des gens qui traitent de ces choses dans les
médias sont syndiqués eux-mêmes. Cela donne un petit
avantage de départ, c'est-à-dire qu'on ne peut pas le nier
complètement. Je me dis que peut-être que le ministre se rend
compte qu'il y a quelque chose dans son affaire qui est trop raide. C'est pour
cela qu'il est en train de délibérer avec ses collaborateurs et
peut-être qu'on peut attendre qu'il revienne.
Le Président (M. Laplante): Sur cela les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 16)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre! La
commission du budget et de l'administration poursuit ses travaux avec le mandat
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 37, Loi sur le régime de négociation des conventions
collectives dans les secteurs public et parapublic. Nous en étions
à l'article 20. L'article 20 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je suis très étonné, M.
le Président, à la lecture de l'article 20, de voir que le
ministre propose la règle de l'unanimité.
M. Clair: Le député a raison. Quand on a
quitté, on discutait de cela et je serais prêt à consentir
à ce que ce soit avec le concours des deux tiers des membres.
M. de Bellefeuille: Cela demande réflexion, M. le
Président. Je suis une fois de plus touché par l'ouverture
d'esprit du ministre. Plus nos travaux avancent, plus le ministre a l'esprit
ouvert. Bien oui, on est passé de l'article 19 à l'article 20,
c'est donc que les travaux avancent et le ministre a de plus en plus l'esprit
ouvert.
M. Clair: Cela a été réglé ce
matin.
M. de Bellefeuille: Cela a été réglé
ce matin? Est-ce que le député d'Argenteuil est d'accord avec les
deux tiers?
M. Ryan: On attendait sa conclusion. Quand on s'est laissé
ce matin, il devait réfléchir.
M. de Bellefeuille: Vous êtes d'accord avec les deux
tiers?
M. Ryan: Ma position, c'est la majorité simple.
M. de Bellefeuille: M. le député d'Argenteuil, je
suis très heureux de vous l'entendre dire hors microphone.
M. Ryan: Vous me désappointez en me disant que cela vous
étonne, par exemple.
M. de Bellefeuille: Non, cela ne m'étonne pas. Ce n'est
pas cela qui m'étonne. Laissons faire ce qui m'étonne! Ce dont je
veux me réjouir, et j'espère que cette idée fera
l'unanimité autour de la table de la commission, c'est que le ministre
manifeste une ouverture d'esprit grandissante au fur et à mesure que nos
travaux avancent et je voudrais l'en féliciter et l'en remercier.
M. Ryan: Ce matin, sur l'article 19, il n'a pas fait cela. N'y
allez pas trop vite.
M. Paquette: II ne faudrait pas tirer des conclusions
hâtives.
M. de Bellefeuille: Enfin, je dis: au fur et à mesure que
nos travaux avancent. Si vous n'êtes pas d'accord, vous le direz quand ce
sera è votre tour. Vous demanderez la parole au député de
Bellechasse qui préside nos travaux avec un esprit de justice absolument
louable et remarquable, vous interviendrez et vous me contredirez autant que
vous voudrez le faire, mais, en attendant, je voudrais réagir à
ce que le ministre nous propose. Il nous propose que ce soit le concours des
deux tiers des membres présents à une réunion
spécialement convoquée à cette fin. Je dois
reconnaître que c'est un progrès, mais j'ai tendance à me
méfier des majorités qualifiées. Il me semble que la
démocratie fonctionne généralement a la majorité
simple et je me contenterais de la majorité simple, mais peut-être
que la majorité des deux tiers est un compromis acceptable. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: J'en fais formellement la motion d'amendement:
Remplacer les mots "de tous les" par les mots "des deux tiers des".
Le Président (M. Lachance): Article 20: Remplacer, a la
deuxième ligne, les mots "de tous les" par les mots "des deux tiers
des".
M. Clair: Effectivement.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je pense effectivement que c'est un progrès
d'ajouter les deux tiers. J'étais un peu en désaccord avec
l'intervention du député d'Argenteuil, ce matin, qui semble
considérer l'institut comme un institut de recherche. Je comprends que
le ministre a tenu beaucoup au mot "recherche" dans l'appellation de
l'institut, mais, en fait, on sait très bien que ce n'est pas un
institut de recherche qu'on a devant nous. C'est un organisme que nous aurions
souhaité paritaire, quant à nous, et qui ne le sera pas. Il sera
nommé en partie par l'Assemblée et en partie par le gouvernement,
dans le cadre d'un mandat très restrictif à l'article 19,
où la recherche est exclue, tandis que l'article 20 permet d'autres
recherches, enfin, des recherches qui n'auraient pas été
prévues dans le mandat à l'article 19. Mais toute
l'économie du projet de loi dans ce chapitre ne fait pas de l'institut
un institut de recherche libre, à qui des études pourront
être commandées sur tout sujet d'intérêt. Il y a
nécessairement un rapport de forces qui doit s'exercer ou qui ne
s'exercera pas, selon le degré de confiance que l'une ou l'autre partie
va accorder à l'ensemble du projet de loi et aux mécanismes qui
sont prévus.
Par conséquent, il m'apparaît sage de s'assurer que les
mandats donnés par l'institut à l'article 20 ne sont pas toujours
orientés de la même façon, compte tenu de l'impact
considérable des études qui vont être publiées sur
la suite des choses, notamment sur l'établissement de la
rémunération, sur le débat public qui a toujours lieu au
moment des négociations qui sont forcément très politiques
puisqu'elles remettent en cause le gouvernement employeur et ses partenaires
patronaux dans les réseaux publics. Donc, ces études ont un
caractère très politique.
J'aurais craint qu'en laissant "tous les membres", on paralyse
complètement et on restreigne l'institut au mandat qui est prévu
à l'article 19. En ce sens, je dis que c'est une amélioration. Je
craindrais de la même façon que, si on adoptait un amendement
disant que c'est à la majorité simple, on se retrouve dans la
situation où les études commandées soient
systématiquement à l'avantage ou dans le champ
d'intérêt de l'une des deux parties. Avec les deux tiers, on
pourrait simplement demander au ministre si ceux-là nous assurent que,
dans chacun des cas, parce que ce sont les deux tiers des membres
présents à une réunion, plutôt que les deux tiers
des membres...
Il y a trois situations, je pense. Il y a le cas où il y a trois
personnes: le président et les vice-présidents. Il y a le cas
où il y aurait quinze personnes. Il y a le cas où il y aurait
dix-neuf personnes, où il y aurait deux représentants syndicaux
des institutions privées, je pense, et deux représentants
patronaux, également des institutions privées. Est-ce que, dans
tous les cas, nous avons la garantie que les études devront être
adoptées avec, en tout cas, des membres des deux côtés de
la table, si je peux m'exprimer ainsi?
M. Clair: Dans la mesure où on parle des membres
présents, cela dépend. Si une partie renonce à être
présente à une réunion, à ce moment, il y aurait un
problème. Mais dans la mesure où on peut imaginer que, comme
c'est une réunion spéciale convoquée
à cet effet, tous les membres seront présents, puisque
l'institut peut être composé ainsi: s'il y en a trois, à ce
moment, c'est deux; s'il y a quinze personnes, il en faut dix, donc - je fais
un scénario - les trois nommés par l'Assemblée nationale,
les six représentant le gouvernement plus un représentant des
syndicats. Si c'était à dix-neuf, à ce moment, pour isoler
soit la partie syndicale ou la partie gouvernementale et lancer un mandat de
recherche contre sa volonté, il faudrait qu'il y ait les quatre
représentants syndicaux et patronaux privés votant ensemble, les
trois nommés par l'Assemblée nationale plus le bloc des six de
l'un ou l'autre des deux groupes, pour pouvoir lancer un mandat d'étude
qui ne ferait pas l'affaire de l'une ou l'autre des deux parties. Je pense que
les garanties sont suffisantes.
M. Paquette: M. le Président, effectivement, c'est
très important qu'on s'assure toujours de la participation d'un membre
de l'autre partie parce que cela risque d'insérer une dynamique qui,
malgré l'orientation générale du projet de loi, va
peut-être finir à la longue par impliquer un échange de
points de vue et une collaboration. C'est-à-dire qu'une partie pourrait
dire: Voilà le genre d'étude qui m'intéresse et l'autre
partie pourrait dire la même chose. À la longue, on pourrait
peut-être espérer que l'institut commandite des études ou
des recherches qui puissent faire l'affaire de toutes les parties en cause.
Si mon collègue de Deux-Montagnes n'a pas d'autres
précisions, pour ma part, je serais bien prêt à concourir
à cet amendement.
M. de Bellefeuille: Non.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes, vous n'êtes pas en accord avec votre collègue de
Rosemont?
M. de Bellefeuille: Non, M. le Président. Je crains que la
zizanie n'ait été semée dans nos rangs.
Le Président (M. Lachance): Par qui, M. le
député?
M. de Bellefeuille: Ah! Je ne sais pas, par le ministre.
M. Paquette: Sûrement.
M. de Bellefeuille: Je voudrais proposer un amendement.
M. Clair: On est en train de débattre de l'amendement.
M. de Bellefeuille: Peut-on proposer des sous-amendements ou... ?
Alors, je vais proposer mon amendement quand nous aurons réglé le
cas de l'amendement proposé par le ministre.
M. Clair: Est-ce que mon amendement est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Lachance): Oui, j'appelle...
M. Ryan: Sur l'amendement, pourrais-je...
Le Président (M. Lachance): Oui, certainement, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je trouve que l'amendement apporte une
amélioration notable au texte du projet de loi comme le
présentait la version originelle de l'article 20. Par conséquent,
je suis heureux de ce pas que le ministre franchit. Personnellement, je suis
convaincu qu'il serait mieux que cette question reste sujette à la
règle de la majorité simple. En conséquence, je voterai
contre l'amendement, mais j'ai dit l'essentiel de ce que j'avais à dire
là-dessus. Je n'ai pas autre chose à ajouter pour l'instant. Je
trouve que ce sera une amélioration par rapport à ce que nous
aurions eu si nous avions été dans le corset de fer qu'aurait
imposé la règle de l'unanimité.
Le Président (M. Lachance): Nous sommes prêts
à nous prononcer sur la motion d'amendement du ministre qui consiste
à remplacer, à la deuxième ligne de l'article 20, les mots
"de tous les" par les mots "des deux tiers des". Est-ce adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur
division.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes, sur quel article?
M. de Bellefeuille: L'article 20.
Le Président (M. Lachance): L'article 20 tel
qu'amendé.
M. de Bellefeuille: Oui. Je voudrais proposer que l'on mette un
point après le mot "administration" et que l'on supprime le reste du
texte.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que vous en faites une
motion d'amendement en bonne et due forme?
M. de Bellefeuille: Oui, M. le Président.
Ceci revient à établir la règle de la
majorité simple.
Le Président (M. Lachance): Si je comprends bien, vous
rejoignez l'idée du député d'Argenteuil?
M. de Bellefeuille: Ah! Il y a des rencontres fortuites comme
cela dans la vie dont je n'ai d'ailleurs qu'à me réjouir. (15 h
30)
M. le Président, je félicite de nouveau le ministre de
l'ouverture d'esprit et de la souplesse qu'il a manifestées en rejetant
la règle de l'unanimité qu'il avait d'abord proposée.
À ce pas dans la bonne direction, il faut ajouter un autre pas qui
consiste à s'en remettre à la règle habituelle en
démocratie qui est la règle de la majorité simple. Je ne
vois pas pourquoi nous devrions imposer des restrictions particulières
à l'exercice par le conseil d'administration de l'institut de sa
liberté de décider d'exécuter des mandats d'étude
et de recherche qui ne seraient pas déjà autrement prévus
par le projet de loi. Je ne vois pas ce qu'il y a de sorcier et de dangereux
là-dedans. Il me semble que le conseil d'administration de l'institut,
auquel nous voulons faire entièrement confiance, sera parfaitement
capable de prendre, selon la règle habituelle en démocratie de la
majorité simple, les décisions relatives à ces mandats
d'étude ou de recherche. Je vais en rester là pour le moment, M.
le Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions là-dessus? M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je me réjouis de constater une certaine
évolution dans la pensée du député de
Deux-Montagnes.
M. Clair:... la double majorité.
M. Ryan: Hier, quand nous avons discuté de la règle
du quorum, je crois qu'il était pour la règle de la double
majorité. Je suis content de voir que nos arguments l'ont
influencé. Nous, une fois de plus, nous allons toujours dans la
même direction et c'est un gage de durée.
Je suis favorable à l'amendement, évidemment, pour des
raisons sur lesquelles je me dispenserai de m'étendre, je pense que cela
ramène l'idée que je mettais de l'avant à sa forme la plus
simple possible. En conséquence, si vous appelez le vote
là-dessus, je serai favorable à l'amendement.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je dois vous dire que - une
fois n'est pas coutume - je commence à trouver mon collègue de
Deux-Montagnes un peu radical dans ses amendements.
Pour les raisons que j'ai invoquées tout à l'heure, je
pense qu'il est important de s'assurer que les deux parties à la table
concourent. Personnellement, je vais me rallier à l'amendement du
ministre et, par conséquent, je devrai voter contre l'amendement.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes et, ensuite, M. le député d'Argenteuil.
M. de Bellefeuille: Je voudrais répondre
brièvement, M. le Président, à l'observation que le
député d'Argenteuil a faite. Il croyait constater qu'il y avait
une évolution dans ma pensée. Notez que je suis le premier
à me réjouir de l'idée qu'il puisse y avoir
évolution dans notre pensée à tous...
M. Paquette: Bien sûr.
M. de Bellefeuille:... pas seulement la mienne...
M. Paquette: On a bien besoin de...
M. de Bellefeuille:... enfin, c'est nécessaire pour le
progrès de notre société.
Mais ce que je voudrais faire observer par votre intermédiaire,
M. le Président, au député d'Argenteuil, c'est que, hier,
il était question de la double majorité. Aujourd'hui, il est
question de la majorité qualifiée, de la majorité des deux
tiers et la double majorité n'est qu'un type de majorité
qualifiée; il y a plusieurs types de majorité qualifiée.
Je considère qu'il faut user d'une majorité qualifiée,
quelle qu'elle soit, quand il y a des raisons substantielles et
particulières de ne pas s'en remettre à la règle
habituelle en démocratie de la majorité simple. Cela s'applique,
par exemple, à certaines nominations que l'Assemblée nationale
fait. Il y a un cas de ce type qui est prévu dans ce projet de loi,
où l'Assemblée nationale doit, à la majorité des
deux tiers, se prononcer sur certaines nominations.
La règle de la double majorité, qui est un type de
majorité qualifiée, s'applique lorsqu'on a affaire à des
organismes bicéphales, des organismes au sein desquels sont
représentés deux éléments, deux forces, deux
groupes d'intérêt. Et il me semble, qu'on le veuille ou non, que
ce soit le cas du conseil d'administration de l'institut qui a un certain
caractère bicéphale, parce qu'il y a la partie patronale et la
partie syndicale qui y sont représentées. Cela en fait, qu'on
aime l'idée ou pas, un organisme bicéphale. À certains
égards, il me paraît important de : voir à ce que les deux
parties soient représentées lorsque des décisions sont
prises,
mais cette discussion est un peu caduque puisqu'elle a trait à
des articles du projet de loi sur lesquels, dans notre précipitation,
nous nous sommes déjà prononcés.
Mais là, on est devant un cas non pas de double
majorité... Je ne vois pas très bien pourquoi la double
majorité devrait s'appliquer ici, car les intérêts ne sont
pas particulièrement en cause, ce sont des questions plus vastes, plus
larges sur lesquelles on n'a pas besoin, il me semble, d'une double
majorité. On n'a pas besoin non plus d'une majorité
qualifiée. Il me semble que la règle normale de la
démocratie devrait s'appliquer ici, à l'article 20, par
l'application de la règle ordinaire de la majorité simple. Merci,
M. le Président. Je ne sais pas si j'ai convaincu mon collègue de
Rosemont. Enfin, l'avenir le dira.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil, vous avez la parole.
M. Ryan: Juste une dernière observation en ce qui me
touche. Je ne pense pas que ce soit juste de considérer l'institut de
recherche et d'information sur la rémunération comme un organisme
paritaire. Si on avait voulu en faire un organisme paritaire, on l'aurait dit
en toutes lettres dans la loi; on aurait dit: Un organisme paritaire, c'est
quand deux parties décident de se mettre ensemble pour constituer un
organisme au sein duquel elles se donneront une représentation
égale. Là, en général, dans les dispositions qui
régissent ce genre d'organisme, on dit: La partie A désigne
trois, quatre ou cinq représentants; la partie B désigne trois,
quatre ou cinq représentants. À ce moment-là, ils sont les
mandataires, ils doivent défendre les intérêts de ceux qui
les ont nommés et, en fin de compte, ils sont en général
susceptibles d'être remplacés par d'autres si leur performance
n'est pas satisfaisante au gré de ceux qui les ont nommés.
Ici, c'est le gouvernement qui nomme tout le monde, sur recommandation;
c'est bien différent. Donc, une fois que les personnes sont
nommées par le gouvernement, elles deviennent des membres individuels du
conseil d'administration de l'institut, toutes sur un pied
d'égalité. Il est parfaitement concevable que, sur un vote, une
personne qui émanait de la liste syndicale vote avec une personne qui
émanait de la liste patronale et ainsi de suite.
Je crois que c'est comme cela que cela devrait se passer, étant
donné l'objet de cet institut, qui est la recherche de la
vérité, l'approfondissement de la connaissance, dans un domaine
qui se prête à l'analyse objective et scientifique, même,
des faits et des chiffres. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que je crois
que la règle de la majorité simple suffirait mais je ne veux pas
insister sur des choses que j'ai déjà dites.
Je voudrais bien clarifier la manière dont m'apparaît cet
institut, non pas d'après mes préjugés, mais
d'après ce que je lis à l'article 6 en particulier. Alors, cela
étant dit, M. le Président, il me fait plaisir de vous informer
que je voterai en faveur de l'amendement.
Le Président (M. Lachance): Bon, alors, voilà une
nouvelle qui est assez...
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Le député d'Argenteuil affirme
que l'institut, dans son esprit, n'est pas un organisme paritaire. Je pense que
le libellé du projet de loi lui donne essentiellement raison, mais je
continue de prétendre que, sans être strictement paritaire,
l'institut est bicéphale. On n'a qu'à se référer,
par exemple, à l'article 6 que nous avons déjà
adopté, où l'on voit très bien qu'à part le
président ou la présidente et les vice-présidents ou les
vice-présidentes les membres sont nommés ainsi: Six dont les noms
apparaissent sur des listes dressées par les associations de
salariés et groupements d'associations de salariés et six
après consultation des groupements de commissions scolaires, de
collèges et d'établissements, c'est-à-dire la partie
patronale. En outre, le gouvernement peut nommer quatre autres membres, dont
deux après consultation des organismes les plus représentatifs
des salariés du secteur privé et deux autres membres après
consultation des organismes les plus représentatifs des employeurs du
secteur privé. Je pense que cette constante, dans la loi, c'est qu'il y
a, de fait, une espèce de représentation d'un monde qui est le
monde des travailleurs et des travailleuses et, en même temps,
représentation d'un autre monde qui est le monde des employeurs, le
monde de la partie patronale. Cela en fait donc un organisme
bicéphale.
Je répète que je ne tiens pas à ce que, du
caractère bicéphale de l'institut, on tire une exigence de la
double majorité partout. Je reconnais avec le député
d'Argenteuil qu'aux fins de l'article 20 on n'a pas besoin de la double
majorité parce que, comme il le dit très bien, un
représentant ou un membre issu de la partie syndicale peut se trouver en
parfait accord avec un membre issu de la partie patronale. Les alignements
peuvent se faire, sans égard à ce partage entre la partie
patronale et la partie syndicale. On n'a donc pas besoin de la règle de
la double majorité et on doit, il me semble, s'en remettre à la
règle normale en démocratie qui est celle de la majorité
simple, comme
le veut l'amendement que j'ai présenté, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que nous sommes
prêts à disposer de la motion d'amendement du député
de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Adopté. M. Clair:
Rejeté.
Le Président (M. Lachance): Alors, elle est
rejetée?
M. Ryan: Sur division.
Une voix: Qui dit sur division et qui n'a pas droit de vote?
M. de Bellefeuille: M. le député d'Argenteuil a dit
audiblement "sur division".
Une voix: M. de Bellefeuille n'a pas droit de vote, il n'a pas
droit de dire cela.
M. de Bellefeuille: C'est exact, mais le député
d'Argenteuil - je l'ai entendu de mes propres oreilles - a dit "sur
division".
Le Président (M. Lachance): D'accord, adopté sur
division. Donc, nous pouvons revenir à l'essence même de l'article
20, tel que déjà amendé. Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Clair: Adopté.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Lachance): L'article 20 est adopté
sur division. J'appelle l'article 21.
M. Clair: Je n'ai aucun amendement à proposer, M. le
Président.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette:... cet article m'amène à poser une
question au ministre sur le financement de l'institut. Il s'agit d'un organisme
qui, indirectement, relève de l'Assemblée nationale, en ce sens
que son président et ses vice-présidents sont nommés aux
deux tiers de l'Assemblée nationale. Comment vont se faire les
transferts financiers entre le gouvernement et l'institut? Est-ce qu'il n'y a
pas un danger ici que, selon l'humeur du gouvernement ou la confiance qu'il
place dans l'institut, plus ou moins de fonds soient versés à
l'institut pour ses travaux? Quelle est la marge de manoeuvre de l'institut? On
constate ici que l'institut ne peut, sans l'autorisation du gouvernement,
contracter un emprunt qui porte à plus de 1 000 000 $ le total des
sommes empruntées par lui et non encore remboursées.
M. Clair: M. le Président, c'est d'abord et avant tout, je
dirais, une garantie morale, puisque, que ce soit le député de
Rosemont, le député d'Argenteuil ou un député de ce
côté-ci de la Chambre, tous ceux qui se sont exprimés ont
dit souhaiter que l'institut puisse fonctionner et produire des
résultats. Comme on ne parle pas de centaines de millions de dollars par
année mais d'un budget, somme toute, modeste par rapport à des
dépenses totales de 26 000 000 000 $ de l'État, je pense que la
garantie est d'abord morale.
Maintenant, il faut bien dire que, que ce soit la Commission des droits
de la personne, le Vérificateur général, le Protecteur du
citoyen, etc., tous ces gens proposent leur budget au ministre de tutelle qui,
lui, l'achemine à l'intérieur du gouvernement. Il y a, chaque
année, des discussions, parce que c'est évident que le Conseil du
trésor tente, je dirais, d'amener par la persuasion ces organismes
à connaître, lorsqu'ils ont atteint un certain régime de
croisière, une évolution de leurs dépenses comparable
à celle des autres institutions, des autres services
gouvernementaux.
Maintenant, je dois dire ceci au député: Qu'il s'agisse -
c'est sans acrimonie que je le dis - des budgets de l'Office des personnes
handicapées, de la Commission des droits de la personne, de
l'Assemblée nationale ou même du Vérificateur
général -pour celui-là, je ne pourrais pas dire, à
cause de la tenue récente des recensements - ceux-ci sont tous en
croissance beaucoup plus rapide que celui des dépenses
générales du gouvernement. Je pense que ce n'est pas
complètement anormal non plus.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Juste une question. Le chiffre de 1 000 000 $ nous
paraît un peu élevé, par rapport à l'importance que
va avoir le budget de cet organisme. Par rapport à d'autres organismes
comparables, est-ce que la proportionnalité est à peu près
comparable? Cela me semble fort un petit peu.
M. Clair: J'aurais tendance à dire au député
que, de mémoire de ministre et de député, ce sont les plus
bas montants qui ont été octroyés dans différentes
lois. Je ne me souviens pas de cas où le pouvoir de contracter un
emprunt d'un organisme ou d'une société d'État ait
été inférieur à 1 000 000 $.
M. Ryan: Est-ce que vos conseillers pourraient vérifier ce
point et nous en informer? (15 h 45)
M. Clair: Ce ne sera pas nécessairement une recherche
très exhaustive, mais nous essaierons de vérifier les quelques
cas qu'on pourrait avoir.
M. Ryan: Cela va. Je serais prêt, si vous laissez celui-ci
entre parenthèses, à passer à un autre, à moins que
les collègues n'aient d'autres points à soulever. J'aimerais
avoir ces renseignements avant de faire le geste.
M. Clair: Vous pensez à quel organisme, juste pour
vérifier?
M. Ryan: Des organismes paragouvernementaux comme
celui-là. Par exemple, prenez l'institut de productivité, en
voici un qui est à peu près du même ordre.
M. Clair: L'institut de productivité. Quel autre pourrait
être intéressant?
M. Ryan: L'Institut de recherche en santé et en
sécurité du travail.
M. Clair: L'IRSST.
M. Ryan: C'est beaucoup plus gros comme budget. Cela ne fait
rien, on aura idée.
M. Paquette: II y a 14 000 000 $ ou 15 000 000 $
là-dedans.
M. Ryan: Justement, s'il y a un pouvoir d'emprunt de 1 000 000 $,
cela veut dire que pour celui-ci c'est beaucoup.
M. Paquette: Oui. Donc, cela pourrait être un point...
M. Ryan: C'est assez, on n'a pas besoin de toute une
série, M. le ministre.
M. Clair: Je ne ferai pas une longue bataille là-dessus.
Remarquez que, quant à moi, comme président du Conseil du
trésor, je préférerais zéro.
M. Ryan: C'est parce que 1 000 000 $ pour un petit organisme qui
va avoir 4 000 000 $ ou 5 000 000 $ de budget, vraisemblablement, a priori cela
paraît gros.
M. Clair: Le député de Deux-Montagnes va dire:
Encore le gouvernement qui...
M. Ryan: M. le ministre, mon réflexe spontané,
c'est que, pour un organisme qui aura un budget vraisemblable d'environ 4 000
000 $ ou 5 000 000 $ ou plus, j'imagine, cela me paraît beaucoup comme
marge d'emprunt.
M. Clair: Je demande qu'on vérifie pour l'IRSST et
l'institut de productivité. On peut passer à l'autre.
Le Président (M. Lachance): L'article 21 est suspendu, M.
le ministre?
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Lachance): Suspendu. J'appelle l'article
22.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Ryan: Adopté. Pourquoi pas!
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement non plus, M. le
Président.
Une voix: Vous n'avez pas le droit de voter.
M. de Bellefeuille: J'ai le droit d'intervenir, M. le
député. Merci, vous êtes très gentil. Nous sommes
à l'article 23?
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Lachance): C'est bien cela.
M. Clair: C'est la production et le dépôt d'un
rapport annuel. À ne pas confondre avec son rapport sur
l'évolution comparée des rémunérations.
Le Président (M. Lachance): En somme, M. le ministre, il
n'y a rien là-dedans pour fouetter un chat.
M. Ryan: II y a seulement une chose que je trouve
déficiente là-dedans et je ne veux pas faire de débat
là-dessus: II dépose son rapport à l'Assemblée si
elle est en session...
M. Clair: Oui.
M. Ryan:... dans les 90 jours qui suivent la fin de son
année financière. Si elle n'est pas en session, le rapport va
être déposé dans les 30 jours de l'ouverture de la session
suivante ou de la reprise de ses travaux.
M. Clair: Oui.
M. Ryan: La remarque que j'allais faire était la suivante:
II serait bien plus court de l'envoyer directement aux députés
quand on n'est pas en session. L'essentiel, c'est qu'ils l'aient, ce n'est pas
qu'il soit déposé à l'Assemblée nationale. Je
comprends que c'est un rite.
M. Clair: C'est effectivement un rite.
M. Ryan: C'est un rite, c'est le cas de le dire, assez
"ineffectual", qui ne produit pas grand-chose comme résultat,
"ineffec-tuel". Je m'excuse de ce barbarisme.
M. Clair: C'est là que je constate toute la culture du
député.
M. Ryan: C'est juste une remarque que je fais. D'abord, ces
documents sont souvent bien en retard. Cependant, dans l'ensemble, il y a eu
une amélioration que je dois reconnaître. Il y en a encore
plusieurs qui sont en retard, en particulier dans le secteur de
l'éducation. Je ne ferai pas d'amendement, mais je trouve que, s'il
prenait l'habitude de l'envoyer directement aux députés, dans un
cas comme celui-là, ce serait beaucoup plus utile quand on n'est pas en
session.
La seule réserve qu'il y ait à mon affaire, c'est que des
directives ont été émises ici sans l'avis unanime des
députés. Il y a bien des documents qui ne nous sont plus
communiqués comme autrefois. On est rendu qu'on en communique seulement
quelques exemplaires à chaque parti et il y a bien des documents qui
sont publiés et on n'en a même plus connaissance. Je trouve que
c'est une limitation des droits des députés contre laquelle je
m'élève vivement.
M. Clair: Cette décision relève de
l'Assemblée nationale.
M. Ryan: Je le sais bien, cela ne relève pas d'ici, mais
je profite de l'occasion que j'ai pour faire mon commentaire.
Le Président (M. Lachance): Je trouve cela
intéressant, M. le député d'Argenteuil, et vous me
permettrez d'ajouter quelques mots là-dessus. Je pense qu'il y aurait
lieu...
M. Ryan:... d'intérêt.
Le Président (M. Lachance):... pour votre formation
politique et la nôtre de faire des représentations auprès
de la présidence de l'Assemblée nationale pour revenir à
ce qui existait auparavant, même si l'objection qu'on avait
apportée était dans le sens que cela apportait des
quantités industrielles de papier. Compte tenu qu'il y a 122
représentants à l'Assemblée nationale, je crois qu'il y en
a quand même un certain nombre qui seraient intéressés
à prendre connaissance de ces documents. Personnellement, je partage
tout à fait votre point de vue a cet égard.
M. Clair: Est-ce qu'un ministre a le droit de rappeler un
président de commission à l'ordre, M. le Président?
Le Président (M. Lachance): Vous devez savoir, M. le
ministre, qu'en vertu de nos nouvelles règles de procédure le
rôle du président lui permet d'intervenir dans les
débats.
M. Clair: C'est parce que je vous trouvais déjà
très tolérant à l'égard du député
d'Argenteuil. Je ne pensais pas que vous alliez étendre cela à
vous-même par rapport au sujet.
M. Ryan: C'est la force du bon sens.
Le Président (M. Lachance): Revenons au projet de loi
37.
M. Clair: On ne peut rien contre cela.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je ne voudrais pas rater cette occasion en or
d'abonder dans le même sens que vous. Je crois que vous avez tout
à fait raison. Vous avez signalé qu'une raison qu'on a
invoquée pour nous priver de la distribution de tous ces documents qui
sont très précieux, c'est la quantité de papier. On a
voulu nous faire croire qu'on nous privait de tous ces documents parce que cela
coûtait cher de publier toute cette paperasse. Or, en
réalité, l'argument ne vaut pas parce que quelques exemplaires de
plus dans le tirage de ces documents-là, cela n'ajoute pas
substantiellement au coût.
La vraie raison, je le crains, M. le Président, c'est que des
gens ont jugé que, pour l'image à la télévision,
c'était nuisible de voir des messagers se promener dans le salon bleu,
en train de distribuer des documents. On a jugé que cela faisait mal
dans l'image. Je trouve que c'est une bien mauvaise raison et je partage votre
avis, M. le Président, à savoir que, aussi bien le parti
ministériel que l'Opposition officielle et peut-être même
l'Opposition circonstancielle devront unir leurs efforts pour faire des
représentations auprès de la présidence de
l'Assemblée pour qu'on rétablisse la coutume qui voulait que tous
les documents déposés à l'Assemblée nationale
soient mis à la disposition de tous les membres de cette
Assemblée.
Avant que vous ne m'invitiez à parler
de l'article 23, je vais le faire de ma propre initiative, M. le
Président, pour dire qu'il me semble que cela fait consensus que les
publications de l'institut seront des documents du plus haut
intérêt public. Non seulement les publications de l'institut
intéresseront les négociateurs, tous ceux qui sont liés de
près au mécanisme de négociation dans les secteurs public
et parapublic mais, au-delà de cela, ces publications auront une
audience considérable dans les médias d'information et dans
l'opinion publique. Je constate que l'article 23 est ainsi rédigé
qu'il peut y avoir des délais de plusieurs mois avant que le rapport
annuel de l'institut ne soit porté à la connaissance du public,
ne soit divulgué. Il me semble que cela est dommage. Ce que je dis
là pourrait s'appliquer à l'ensemble de l'appareil gouvernemental
mais je le dis ici parce que c'est ici que cela s'applique. Il me semble qu'au
moment où ce rapport est présenté au président il
devrait aussi être divulgué. Il est terminé à ce
moment-là, il est prêt à être
révélé. Puisqu'on est prêt à le remettre au
président de l'Assemblée nationale, c'est qu'il est prêt
à être divulgué. D'ailleurs, l'article 23 prévoit
que le rapport est déposé devant l'Assemblée nationale, si
elle est en session et on peut supposer que cela veut dire déposé
immédiatement, déposé dans de très brefs
délais à l'Assemblée nationale si elle est en session. Le
problème survient si l'Assemblée nationale n'est pas en
session
Par conséquent, M. le Président, il me semble que
l'article 23 devrait prévoir que le rapport de l'institut non seulement
devra être remis au président de l'Assemblée nationale dans
les 90 jours après la fin de son année financière - 90
jours c'est un peu long mais, enfin, ne soyons pas trop exigeants, ce pourrait
être 60 jours; peut-être que mon collègue de Rosemont voudra
s'exprimer là-dessus, il me semble que 60 jours, ce serait suffisant -
mais aussi rendu public et cela pourrait se faire sous la forme d'un
amendement: Après le mot "précédent", à la
troisième ligne, insérer les mots "et le rendre public. " Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je n'ai pas demandé
la parole.
Le Président (M. Lachance): Non? Très bien. J'avais
cru comprendre...
M. Paquette: Mon collègue a soumis un amendement avec
lequel je suis d'accord pour les mêmes raisons.
Le Président (M. Lachance): Alors, est-ce que vous
êtes prêt à ce qu'on dispose de cet amendement? Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. de Bellefeuille: Adopté.
M. Paquette: Oui, c'est adopté, c'est cela?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Lachance): L'amendement est
rejeté.
M. Paquette: Ah! Rejeté. Une voix: Sur
division.
M. Paquette: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Rejeté sur division.
Donc, nous revenons à l'essentiel de l'article 23. L'article 23 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 23 est
adopté.
M. de Bellefeuille: Déjà.
Le Président (M. Lachance): J'appelle l'article 24.
L'article 24 est-il adopté?
M. Paquette: M. le Président, sur l'article 24, si on lit
bien l'article 24, on obtient que les livres et comptes de l'institut sont
chaque année et chaque fois que le décrète le gouvernement
vérifiés par le Vérificateur général. Le
gouvernement peut toutefois désigner un autre vérificateur. M. le
Président, je trouve un peu embêtant et ce n'est pas,
évidemment, une chose qui est particulière à cette loi...
On a eu souvent l'occasion de discuter du rôle du Vérificateur
général qui est chargé de s'assurer de la bonne gestion
financière du gouvernement et des organismes publics. Donc, il a un
rôle extrêmement important, d'assurer le public que les fonds
publics sont bel et bien dépensés pour les fins pour lesquelles
ils ont été prévus. Demander que les livres et comptes de
l'institut soient chaque année vérifiés par le
Vérificateur général, cela va, c'est un minimum, mais
demander qu'ils le soient chaque fois que le décrète le
gouvernement, là, on se trouve à placer le gouvernement un peu en
conflit d'intérêts en ce sens que, comme il peut être
à l'occasion blâmé d'une mauvaise utilisation possible des
fonds publics, il pourrait être amené à retarder et
à faire en sorte que cette disposition de l'article 24 devienne dans les
faits inopérante. Je me demande si le ministre aurait objection à
ce qu'on mette plutôt une disposition qui permettrait,
notamment, au président de l'Assemblée nationale ou
à un membre du conseil de demander une vérification par le
Vérificateur général puisqu'il s'agit d'un organisme dont
le président et les vice-présidents seront nommés aux deux
tiers par l'Assemblée nationale. Cela en fait un organisme un peu au
même niveau que la Commission des droits de la personne, le Protecteur du
citoyen, le Président général des élections.
J'aimerais savoir du ministre si dans le cas de ces organismes on a
prévu une disposition comme celle-ci ou si c'est le président de
l'Assemblée nationale qui a l'initiative de demander... Parce qu'un
problème a été soulevé dans le public et que
l'administration publique doit être au-dessus de tout soupçon, il
importe que les choses soient clarifiées le plus rapidement possible et
on pourrait penser que le président de l'Assemblée nationale,
compte tenu de la nature de l'organisme, aurait plus de latitude et plus de
sensibilité aussi, possiblement, à un problème qui
pourrait survenir concernant l'utilisation des fonds publics. (16 heures)
M. Clair: À ma connaissance, M. le Président, le
président de l'Assemblée nationale n'a aucun pouvoir de
désigner le Vérificateur général, d'envoyer le
Vérificateur général dans quelque institution que ce soit.
C'est plutôt le Vérificateur général qui a le
pouvoir proprio motu d'aller enquêter où il veut et quand il veut.
Cette disposition est une formulation usuelle.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Paquette: M. le Président, je vous avoue que ce n'est
pas très convaincant comme argument. On nous dit: C'est une disposition
usuelle. C'est comme cela. Je comprendrais que le président de
l'Assemblée nationale ne puisse pas demander lui-même ou commander
une vérification par le Vérificateur général, qui
est nommé par le gouvernement, je ne conteste pas cette partie de
la...
M. Clair: Le Vérificateur général n'est pas
nommé par le gouvernement.
M. Paquette: Pardon, qui est nommé par l'Assemblée
nationale, mais qui peut être remplacé par un vérificateur
désigné par le gouvernement.
M. Clair: Mais cela n'entache en rien les pouvoirs
d'enquête du Vérificateur général.
M. Paquette: Non. Je n'en ai pas à cet aspect-là de
la question. Ce que je veux dire, c'est qu'on comprend très bien que,
dans le cas de l'Assemblée nationale elle- même, le
Vérificateur général puisse avoir l'initiative de
vérifier les comptes publics en ce qui concerne le budget de
l'Assemblée nationale elle-même. Remarquez que ce ne serait pas
plus grave si on confiait ce rôle au président de
l'Assemblée nationale que de demander au gouvernement de le faire
lorsqu'il s'agit de ses propres fonds publics.
Il me semble que, pour bien marquer le caractère qu'on voudrait
le moins partisan possible de l'institut, puisqu'on a prévu que le
président et les vice-présidents soient nommés par les
deux tiers de l'Assemblée nationale, il me semble que, soit à la
demande du conseil... Ce n'est pas un conseil du gouvernement, c'est un conseil
qui, de par la nomination de son président et de ses
vice-présidents, relève en quelque sorte de l'Assemblée
nationale. Par cohérence, aussi, avec l'amendement que nous avons
proposé à l'article 5 quant à la désignation et
à la rémunération des membres qu'on voudrait voir
fixés par l'Assemblée nationale plutôt que par le
gouvernement, la même logique nous amène ici à nous dire:
S'il y a un problème, il faut que cet organisme soit au-dessus de tout
soupçon et que le problème se règle vite. Cela pourrait
être à la demande d'un des membres du conseil ou du
président de l'Assemblée nationale, plutôt qu'à la
demande du gouvernement, de façon qu'il y ait une vérification
systématique chaque année, mais que, si un problème se
présente en cours d'année, on n'attende pas que le gouvernement
veuille bien décréter, commanditer ou demander au
Vérificateur général une vérification.
M. le Président, j'aimerais déposer un amendement qui
remplacerait le premier alinéa par le suivant: Chaque année et
chaque fois qu'il le juge à propos ou à la demande d'un membre du
conseil ou du président de l'Assemblée nationale, le
Vérificateur général vérifie les livres et comptes
de l'institut.
Le Président (M. Lachance): C'est recevable. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je suis opposé à
l'amendement. C'est contraire à l'esprit de notre système. Les
fonctions du président de l'Assemblée nationale sont bien
définies et il ne faut pas qu'il s'engage dans cette voie. Je crois que,
comme il est, l'article est suffisant pour donner les garanties dont on a
besoin. Par conséquent, je serais plutôt opposé à
l'amendement.
M. Clair: Pour les mêmes raisons, j'ajouterais, M. le
Président, qu'en plus de cela il y a devant l'Assemblée nationale
présentement, sauf erreur, une nouvelle loi sur le Vérificateur
général qui élargit le pouvoir du Vérificateur
général. Ce serait redondant et cela viendrait modifier, dans
un
article qui est l'article usuel pour la vérification annuelle des
comptes d'un organisme gouvernemental, le statut et les fonctions du
président de l'Assemblée nationale. Je dois dire que d'autres
amendements qui sont venus du député de Rosemont, je les ai
reçus comme étant sérieux; j'avais plutôt
l'impression que le député ne vise pas véritablement
à ce que son amendement soit adopté.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le...
M. Clair: C'est une opinion personnelle.
M. Paquette:... ministre peut prêter des intentions aux
membres de cette commission, mais je dois vous dire que, si la loi sur le
Vérificateur général est devant l'Assemblée
nationale et qu'on vise à élargir ses pouvoirs, vous allez
comprendre que, quand on constate que dans un projet de loi ces pouvoirs sont
usuels, on se dit: II faudrait ici comme ailleurs élargir les pouvoirs
du Vérificateur général.
Si le ministre m'assure que, dans la loi sur le Vérificateur
général qui est à l'étude devant l'Assemblée
actuellement, ce dernier pourra lui-même prendre l'initiative d'aller
vérifier les comptes de l'institut, à ce moment-là, je
dois vous dire que mes objections tombent. C'est peut-être parce que je
n'ai pas eu le loisir d'étudier les amendements qu'on propose à
cette loi. Est-ce que le ministre peut m'assurer qu'il y a accord du
côté du gouvernement pour élargir les attributions du
Vérificateur général dans le sens que je viens
d'indiquer?
M. Clair: Si le député lit le projet de loi sur le
Vérificateur général, il verra que ce dernier a des
pouvoirs considérables et élargis. Je pense que ce n'est pas dans
une loi particulière qu'on peut venir jouer dans le rôle du
Vérificateur général et du président de
l'Assemblée nationale, puisque, loin d'élargir son rôle, on
risquerait de le rétrécir.
M. Paquette: M. le Président, les assurances du ministre
me satisfont. Par conséquent, je retire l'amendement.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: À l'article 24...
Le Président (M. Lachance): L'amendement est
retiré.
M. de Bellefeuille: Nous revenons à l'article 24?
Le Président (M. Lachance): C'est bien cela.
M. de Bellefeuille: II me semble que l'article 24 a un
défaut grave: il ne tient pas compte de la possibilité que la
fonction dont il s'agit soit exercée par une femme et qu'il y ait en
poste, non pas un Vérificateur général, mais une
Vérificatrice générale, ou que la personne
désignée par le gouvernement soit non pas un homme, mais une
femme. Dans ce cas, on aurait, à la troisième ligne du premier
alinéa, la mention que le gouvernement peut toutefois désigner
une autre Vérificatrice générale plutôt qu'un autre
Vérificateur général. Et, dans le deuxième
alinéa: "Le rapport du Vérificateur général... ",
là encore, on exclut la possibilité que le poste soit
occupé par une femme, "... ou celui du vérificateur
désigné par le gouvernement... " là encore, on exclut la
possibilité que cette fonction soit exercée par une femme. Cela
me paraît, en l'an de grâce 1985, un défaut grave de cet
article du projet de loi. Je suis heureux que le député de
Terrebonne me donne raison. Je lui cède même la parole, s'il veut
la prendre.
Le Président (M. Lachance): M. le député...
Oui, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Je suis complètement d'accord avec le principe
qu'évoque mon collègue de Deux-Montagnes, mais, étant
donné que cela fait au moins 27 fois qu'il l'énonce depuis le
début de l'étude de ce projet de loi, j'aimerais bien cette
fois-ci, vu qu'on le sait, que ce soit la dernière.
M. de Bellefeuille: Je n'ai pas saisi.
M. Blais: J'aimerais bien que, cette fois-ci, ce soit la
dernière.
M. de Bellefeuille: Ah ça! Qui connaît l'avenir? Le
député dit que cela fait 27 fois. C'est la première fois
que nous parlons de l'article 24. Cela ne doit pas faire 27 fois. C'est la
première fois que je parle à cet égard de l'article 24,
mais je maintiens que c'est un défaut grave de cet article. Je
m'étonne que le ministre chargé de l'Année internationale
de la jeunesse nous présente un article aussi peu...
M. Paquette: Tourné vers l'avenir.
M. de Bellefeuille:... tourné vers l'avenir. C'est un
article dont la rédaction ne tient pas compte d'une des principales
préoccupations de la jeunesse d'aujourd'hui, étant donné
que, parmi les préoccupations majeures de la jeunesse d'aujourd'hui, il
y a l'égalité entre les femmes et les hommes, il y a des
habitudes à corriger, il y a des
manières de faire nouvelles à adopter, comme celle de la
féminisation du vocabulaire. Il me semble que le ministre devrait
souhaiter, en sa qualité de ministre chargé de l'Année
internationale de la jeunesse... J'ai entendu des bruits émanant de la
présidence. Il me semble que le ministre devrait proposer un
libellé de l'article qui tienne compte des aspirations des jeunes
à cet égard, qui soit respectueux de la moitié de
l'humanité qui est une femme et qui prévoie la
possibilité, à l'article 24, que le vérificateur soit une
vérificatrice, qu'il s'agisse de la Vérificatrice
générale ou d'une autre vérificatrice
désignée par le gouvernement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne sais pas, j'ai manqué la discussion
à certains articles. Est-ce que le député de
Deux-Montagnes a soulevé ce problème chaque fois qu'il se
présentait depuis le début?
Une voix: Oui.
M. de Bellefeuille: Non.
Le Président (M. Lachance): Très souvent.
D'ailleurs, il y a eu un vote spécifique sur la féminisation des
titres, M. le député d'Argenteuil, et j'avais indiqué,
à ce moment, que je ne recevrais plus de motions pour féminiser
les titres de vice-président, président, etc. Cette question
viole carrément le règlement.
M. de Bellefeuille: C'est peut-être pour cela que j'ai
soulevé la question alors qu'il était question de
vérificatrice et de vérificatrice générale. Il
n'est plus question de présidente et de vice-présidente.
Le Président (M. Lachance): Oui, mais c'est dans le
même ordre de pensée, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Si vous avez déclaré que cela violait le
règlement, je pense que je vais cesser de parler maintenant. Seulement,
si vous me permettez d'émettre juste un voeu général, il
me semble que c'est une question qui devrait donner lieu à une
détermination générale de la part de l'Assemblée
nationale, qui s'appliquerait à toutes les lois. Cela a
déjà été dit.
Le Président (M. Lachance): ... d'interprétation,
M. le député.
M. Ryan: Ce n'est pas cela que je veux dire. La Loi
d'interprétation, on pourrait garder le statu quo et dire que cela va
être interprété comme ceci. Ce n'est pas ce que je veux
dire. C'est qu'il y a un problème de rédaction de nos lois qui se
pose avec le développement de cet intérêt pour
l'égalité des sexes qui fait que bien de nos lois sont
rédigées d'une manière insatisfaisante, mais on ne peut
pas commencer à corriger à propos d'un paragraphe d'une loi. Il
va falloir prendre le problème dans l'ensemble et arrêter une
règle de conduite qui puisse s'appliquer à tous les textes de loi
qui viendront dans l'avenir. Dans ce sens, je souscris entièrement
à ce qui a été dit par le député de
Deux-Montagnes mais, en même temps, je me soumets à votre
discipline.
Le Président (M. Lachance): D'après ce que j'ai pu
entendre - et on entend beaucoup de choses dans ces commissions - il s'agirait
de modifications à la Loi d'interprétation qui permettraient...
Non, ce n'est pas cela?
M. Ryan: Non.
Le Président (M. Lachance): Alors, si ce n'est pas cela,
nous allons passer...
M. Ryan: Très bien. C'est dans le dossier, ce que je
voulais dire. Je m'excuse.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: C'était pour dire que, si on ne
s'était pas entendu nécessairement sur un moyen bien
spécifique d'y arriver, on s'entendait pour dire qu'il faudrait que ce
soit réglé dans une loi qui corrigerait toutes les lois parce que
je pense bien que ce n'est pas parce qu'on aurait changé cela à
un article spécifique d'une loi, ce que nous sommes en train
d'étudier, qu'on aurait réglé tout le problème. Si
c'est vrai que le problème existe, et je pense qu'il existe, ce
problème, il faudra le corriger d'une façon
générale. M. le député de Deux-Montagnes, je
m'excuse de le dire, mais il nous fait perdre notre temps
régulièrement en le ramenant puisqu'on le lui a dit chaque fois
que le moyen de régler ce problème, ce n'était pas dans
l'étude d'un article spécifique, mais dans une loi qui aurait un
effet général. Nous avons été au moins trois
à le redire. J'espère que, cette fois-ci, le député
de Deux-Montagnes a bien compris qu'on ne veut plus discuter de cela puisqu'on
est tous convaincus qu'il faudra le régler un jour, mais par un moyen
qui n'est pas celui qu'il essaie d'utiliser.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je pense que mon collègue de Deux-Montagnes
ne serait pas incité à revenir régulièrement sur
cette question s'il y avait un moyen quelconque qui
nous avait été indiqué, nous qui sommes
députés à l'Assemblée nationale, élus par le
peuple, élus par des citoyens et citoyennes de nos comtés - pas
seulement des citoyens, des citoyennes, aussi, de nos comtés -
placés devant un projet de loi qui touche des salariés...
Le Président (M. Lachance): Je dois vous indiquer qu'il y
a un très bel exemple...
M. Paquette: Pouvez-vous m'indiquer un moyen qui nous permettrait
d'arrêter d'en parler et de nous assurer que le gouvernement va le
faire?
Le Président (M. Lachance): Faites une motion à
l'Assemblée nationale et peut-être que vous serez entendu, M. le
député, à titre de suggestion. Ce que je voulais vous
dire, c'est que le député d'Argenteuil vous a tracé une
très belle voie de respect du règlement quand il a indiqué
qu'il ne discuterait plus là-dessus, compte tenu de la décision
qui avait déjà été rendue par la présidence.
J'aimerais qu'on en revienne à la pertinence de l'article 24.
M. Paquette: Est-ce qu'il est possible dans le nouveau
règlement que cette commission émette une proposition, une
demande au gouvernement pour que dans les meilleurs délais il
procède à la féminisation des titres?
Le Président (M. Lachance): Vous savez, M. le
député, chacune des commissions de cette Assemblée a un
pouvoir d'initiative et ce pouvoir d'initiative se prend à la
majorité des deux groupes parlementaires. Ce n'est pas le moment, lors
de l'étude détaillée d'un projet de loi, article par
article, d'aller dans l'indication que vous donnez présentement.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes. (16 h 15)
M. de Bellefeuille: Je me réjouis de l'appui que me
donnent mes collègues d'Argenteuil, de Rosemont et de Terrebonne.
Même l'intervention de mon collègue de Châteauguay peut
être interprétée comme un appui, bien que notre
collègue de Châteauguay exprime le souhait que je laisse tomber
cette question. Je ne peux que répondre à notre collègue
de Châteauguay, M. le Président, que j'aurais l'impression de
trahir mes responsabilités si je laissais tomber cette question comme
toute autre question qui peut survenir dans le cours de nos travaux où
nous avons l'impression d'être face à un problème dont la
solution fait partie de nos responsabilités.
Je crois que notre collègue de Rosemont a tout à fait
raison d'évoquer la possibilité que la commission, se trouvant
face à ce problème, ne se contente pas de l'écarter comme
si c'était une chose qui échappe à la volonté de la
commission comme à la volonté de tout le monde.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes, je vous arrête. Je pense quand même ne pas vous
brimer, avoir été assez tolérant. En vertu de l'article
244 de nos règles de procédure, la commission saisie
étudie chaque article du projet de loi et les débats portent sur
les détails du projet. J'ai déjà rendu une décision
quant à la discussion que vous tenez actuellement. M. le
député d'Argenteuil s'y est conformé rapidement, M. le
député de Rosemont également. Je me dois, à ce
moment-ci, de vous indiquer de revenir à la pertinence de l'article
24.
M. de Bellefeuille: Si je comprends bien, M. le Président,
vous êtes en train de me dire que cette question de la
féminisation du vocabulaire n'est pas une question de détail mais
une question de substance? Je ne peux qu'être d'accord.
Le Président (M. Lachance): À l'article 41 de nos
règles de procédure, il est indiqué que la décision
du président ne peut être discutée. J'aimerais qu'on
revienne à la pertinence de l'article 24 du projet de loi 37, s'il vous
plaît.
M. de Bellefeuille: Je ne peux pas discuter votre
décision, mais je peux quand même exprimer l'avis que l'article 24
ne tient pas compte de la possibilité que la fonction dont il s'agit
soit occupée par une femme et que c'est une lacune grave. Je
répète qu'à mon avis c'est une lacune grave de cet
article. Je ne vois pas comment vous pouvez interpréter le
règlement comme m'interdisant de dire que c'est une lacune grave de cet
article.
Le Président (M. Lachance): Je n'aime pas faire de la
procédurite. Encore une fois, je n'ai pas l'intention de vous brimer,
mais je vous demande, s'il vous plaît, de bien vouloir revenir... Il y a
toutes sortes d'amendements, de discussions ou d'observations qui peuvent
être apportés sur l'article 24 et les articles subséquents.
Je vous demanderais votre collaboration pour qu'on puisse continuer le travail
dans ce sens-là.
M. de Bellefeuille: Qu'est-ce que nous allons faire de la
suggestion de notre collègue de Rosemont?
Le Président (M. Lachance): II ne nous appartient pas ici,
lors de l'étude détaillée
du projet de loi 37, d'en disposer. Par conséquent, je vous
demanderais de vous conformer à l'indication que je vous ai
donnée.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, sur une question de
règlement. Il me semble qu'à l'article - je n'ai pas l'article
exact devant moi - concernant l'initiative que peuvent prendre maintenant les
commissions parlementaires, il y aurait possibilité, puisqu'on a
discuté effectivement assez longuement de cette question... Ma
collègue, la députée des Îles-de-la-Madeleine, nous
a expliqué longuement la semaine dernière, je pense, à
quel point il lui a été difficile, même comme ministre
déléguée à la Condition féminine, d'obtenir
des modifications à l'économie générale de nos lois
pour arriver à la féminisation des titres.
M. Clair: D'autant plus qu'elle a reconnu qu'elle n'a jamais
acheminé aucun mémoire au Conseil des ministres à cet
effet.
M. Paquette: M. le Président, voilà le genre de
questions où le ministre adopte une attitude plutôt fermée,
plutôt technocratique. On est tous d'accord, autour de cette table, qu'il
faut féminiser les titres. Je n'ai pas vu un seul député
membre de cette commission s'opposer à l'idée.
Ce que vous me suggérez, M. le Président... Je reviens
à la question de règlement parce que j'ai été
interrompu par le ministre. L'article 149 nous indique que toute commission
peut, sur motion d'un de ses membres, se saisir elle-même d'une affaire
et que cette motion doit être adoptée à la majorité
des membres de chaque groupe parlementaire. M. le Président, je pense
qu'on n'aurait pas à faire de longs débats là-dessus et la
voie que vous m'indiquez, de présenter une motion à
l'Assemblée nationale, est sans effet puisque, comme vous le savez,
depuis le début du mois de juin, l'Opposition ne peut faire
débattre des questions importantes comme celle-là à
l'Assemblée nationale et, par conséquent, le moyen que vous me
suggérez est inadéquat. Cela revient à reporter toute la
question à l'automne, en supposant qu'il y ait une session à
l'automne et qu'on ne soit pas en élection générale, et
vous nous demandez de nous fier, donc, au prochain gouvernement qui sera
là pour régler cette question, alors que nous aimerions la
régler tout de suite. Serait-il possible que cette commission puisse se
saisir de cette question et faire elle-même ses recommandations?
Le Président (M. Lachance): M. le député,
actuellement, nous sommes sur un mandat qui nous a été
confié par l'Assemblée, par le leader, et nous ne sommes pas
présentement dans un mandat d'initiative. Pour ce faire et pour avoir un
mandat d'initiative, les règles sont prévues aux articles 148 et
149. II faudrait la convocation de la commission par le président et,
par la suite, il faudrait discuter de la question et obtenir que cette motion
soit adoptée à la majorité des deux groupes
parlementaires. Donc, présentement, nous ne pouvons aller dans le sens
de ce que vous indiquez parce que nous en sommes à l'étude
détaillée d'un projet de loi à la suite d'un mandat qui
nous a été donné par l'Assemblée.
M. Paquette: Bien, M. le Président. Je dois
m'incliner.
Le Président (M. Lachance): L'article 24 est-il
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Conventions collectives des secteurs de
l'éducation et des affaires sociales
Le Président (M. Lachance): L'article 24 est
adopté. Passons maintenant au chapitre III qui s'intitule "Conventions
collectives des secteurs de l'éducation et des affaires sociales",
à la section I, "Disposition générale". J'appelle donc
l'article 25.
M. Clair: Je n'ai aucun amendement à proposer, M. le
Président.
Une voix: 25?
Le Président (M. Lachance): Article 25. L'article 25
est-il adopté?
M. Clair: Adopté.
Organisation des parties
Le Président (M. Lachance): L'article 25 est
adopté. J'appelle l'article 26. L'article 26 est-il adopté?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 26 est
adopté.
M. Clair: Adopté.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette:... ici, on aborde, je pense, un chapitre
extrêmement important du projet de loi qui consiste à
définir l'organisation des parties. On sait que, depuis le début
des
négociations collectives dans le secteur public, au début
des années soixante, nous avons vécu dans un régime dont
la complexité n'a fait qu'augmenter de négociation en
négociation. Cette complexité est largement responsable du climat
de tension qui, parfois, se développe et qui fait en sorte qu'on a de
chaque côté une batterie de négociateurs qui travaillent
très fort, mais qui se promènent d'un comité à
l'autre, d'une table centrale à des tables sectorielles et, maintenant,
on veut donner un peu plus d'importance aux négociations locales.
J'aimerais que le ministre nous explique comment cette partie du projet de loi
va contribuer à réduire la complexité, va contribuer
à faire en sorte que l'on passe beaucoup moins de temps dans les
réunions, qu'on se parle vraiment, qu'on puisse davantage en arriver
à se comprendre, à échanger, à simplifier les
travaux et à faire en sorte, en définitive, qu'on évite
l'exaspération croissante, génératrice de tensions, qui
finit à la longue par mener à des conflits comme ceux qu'on a
connus dans des négociations précédentes. J'aimerais donc
que le ministre nous explique en quoi son projet de loi va réduire la
complexité du régime de négociation.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: Je le ferai avec plaisir, M. le Président,
à compter du moment où on abordera les articles 36 et suivants
puisque, jusqu'à ces articles, il y a fort peu de modifications par
rapport à l'organisation de la partie patronale et de la partie
syndicale, par rapport au statu quo.
M. Paquette: M. le Président, je suis bien d'accord que
c'est à partir de l'article 36 qu'on commence à constater des
modifications par rapport à la situation actuelle. Cependant, dans les
articles précédents, le ministre nous dit qu'il y a très
peu de modifications. Est-ce qu'on doit en conclure que le ministre est
résolu, sauf dans le secteur des affaires sociales, à maintenir
le statu quo dans l'organisation du régime de négociation?
M. Clair: Les articles 26 et suivants ne traitent pas de
l'organisation des négociations, mais de l'organisation des parties.
M. Paquette: Des tables, des parties.
M. Clair: En ce qui concerne l'organisation de la partie
syndicale, il y a fort peu de modifications par rapport au statu quo, parce que
je pense que ce n'est pas au niveau de l'organisation des parties, mais au
niveau du mode de négociation que les amendements les plus substantiels
devaient être apportés. Il me fera plaisir, quand on y sera rendu,
de répondre aux questions du député.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je crois qu'on doit
retenir qu'au début d'un chapitre d'une section comme celle-là il
est toujours de mise d'avoir un échange ouvert sur les
différentes dispositions qui s'appliqueront par la suite.
Peut-être que, si le ministre acceptait d'amorcer tout de suite
l'échange ou le débat sur plusieurs des aspects, il pourrait
s'ensuivre une adoption moins lente, plus rapide des articles en question.
M. Clair: M. le Président, très rapidement:
Quiconque a lu le projet de loi et l'ancienne loi 55 peut se rendre compte
qu'en ce qui concerne l'organisation de la partie syndicale il n'y aà peu près pas de changements; c'est la reconduction du statu
quo. En ce qui concerne le secteur de l'éducation, s'ajoute le ministre
de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, au
niveau des comités, pour tenir compte de la nouvelle configuration des
réseaux dans le domaine de l'éducation. Au niveau des affaires
sociales, cependant, c'est plus substantiel. Je souligne qu'à l'article
35 il y a des choses nouvelles, en termes de dispositions législatives,
pour les commissions scolaires crie et kativik, puisque deux comités
patronaux de négociation seront institués. En ce qui concerne le
secteur des affaires sociales, au niveau de l'organisation patronale, il y a de
larges modifications. La principale, c'est que, dorénavant, le palier
formel de négociation serait formé des centres hospitaliers, des
cinq sous-réseaux du réseau des affaires sociales plutôt
que par le CPNAS, tel qu'il existait auparavant. En ce qui concerne le
rôle du Conseil du trésor, il est substantiellement le même
que celui qui existe présentement.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 27.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais demander... Je
vais attendre que le ministre revienne.
M. Pagé: Cela contribue à ralentir nos travaux, M.
le Président.
M. Clair: L'article 26 est-il adopté?
Le Président (M. Lachance): Oui, adopté.
M. Clair: À l'article 27, je n'ai pas d'amendement
à proposer.
M. Paquette: M. le Président, je n'ai qu'une question.
Dans l'article, on parle des associations de salariés qui ne font pas
partie d'un groupement.
M. Clair: Oui. (16 h 30)
M. Paquette: Donc, on dit que, comme les autres, elles
négocient par l'entremise d'un agent-négociateur qu'elles nomment
les stipulations visées dans l'article 44, c'est-à-dire celles
qui concernent les stipulations négociées et
agréées à l'échelle nationale, de même que
celles visées dans les articles 57 et 58 qui sont applicables aux
salariés qu'elles représentent. Les articles 57 et 58 sont des
stipulations négociées et agréées à
l'échelle locale ou régionale. Est-ce qu'il y a des exemples que
le ministre a en tête ici concernant les articles 57 et 58 qui ne
seraient pas couverts parce qu'il s'agit uniquement d'associations de
salariés qui ne font pas partie d'un groupement d'associations de
salariés? Donc, il s'agit de syndicats indépendants, si
j'interprète bien.
M. Clair: C'est ce que je comprends.
M. Paquette: Je trouve curieux que, pour les associations de
salariés faisant partie d'un groupement d'associations, à
l'article 44, on ne parle pas des articles 57 et 58 alors qu'ici on parle des
articles 57 et 58.
M. Clair: II semble qu'il y ait bon nombre de syndicats
indépendants qui, effectivement, comme on le prévoit à
l'article 27, existent dans le domaine des affaires sociales. Il y en aurait
quelques-uns dans le domaine de l'enseignement. Par exemple, il y a un syndicat
indépendant dans le soutien scolaire à Sept-Îles.
L'objectif, c'est simplement de s'assurer que les paliers de négociation
demeurent les mêmes, qu'ils soient indépendants ou qu'ils soient
affiliés.
M. Paquette: Oui, j'imagine, par exemple, le Syndicat
professionnel des infirmières et infirmiers du Québec. Est-il
considéré comme un syndicat indépendant ou comme un
groupement?
M. Clair: Pardon?
M. Paquette: Le SPIIQ, par exemple, le Syndicat
professionnel...
M. Clair: C'est un groupement.
M. Paquette: C'est considéré comme un
groupement.
Une voix:... c'est un syndicat indépendant.
M. Pagé: II y en a beaucoup plus dans le domaine des
affaires sociales.
M. Clair: Il semblerait qu'il y en ait beaucoup plus dans le
domaine des affaires sociales. Il y en aurait sept ou huit dans
l'éducation et, dans les cégeps, un nombre
indéterminé. Si vous voulez le renseignement, je pourrai
chercher, mais, même s'il n'en existait qu'un ou même si la
possibilité n'était que théorique, compte tenu qu'il est
toujours possible qu'un syndicat veuille se désaffilier, je pense qu'on
devrait prévoir le même régime de négociation pour
ceux qui sont indépendants.
M. Paquette: Quelle est la raison pour laquelle on prévoit
une discussion dans le cadre non seulement de l'article 44, mais des articles
57 et 58, dans le cas des syndicats indépendants, et qu'on ne le
prévoie pas dans le cas des groupements d'associations de
salariés, à l'article 26?
M. Clair: Parce que les articles 57 et 58 prévoient la
règle générale. La règle générale,
c'est une association de salariés faisant partie d'un groupement. Si
vous voulez une explication plus technique...
M. Paquette: M. le Président, on peut maintenant faire
cela en commission.
Le Président (M. Lachance): M. Jean-François
Munn.
M. Munn (Jean-François): Tout simplement parce que, dans
le cas où il y a des négociations locales, c'est le syndicat qui
détient l'accréditation localement qui négocie. S'il est
regroupé, c'est son regroupement qui négocie au niveau national
tandis que le syndicat qui ne fait pas partie d'un regroupement négocie
tant au niveau local que national.
M. Paquette: Si je comprends bien, un syndicat local
affilié, par exemple, à la Fédération des affaires
sociales de la CSN, lorsqu'il négocie en groupe il est couvert par
l'article 26 et, quand on arrive au niveau des négociations locales,
c'est l'article 27 qui s'applique dans son cas aussi?
M. Munn: Non.
M. Paquette: Non, j'ai mal compris.
M. Munn: Dans son cas, lorsqu'il négocie... À
l'article 26, quand on mentionne
l'article 44, ce sont les négociations nationales. Alors, lorsque
le Syndicat des travailleurs et travailleuses de l'hôpital Notre-Dame
négocie au niveau national, normalement, il donne son mandat à la
Fédération des affaires sociales qui est le regroupement.
Advenant qu'il y ait des négociations locales dans le cas des affaires
sociales, ce serait le Syndicat des travailleuses et travailleurs de
l'hôpital Notre-Dame qui négocierait avec l'employeur qu'est
l'hôpital Notre-Dame.
M. Paquette: Oui. Cela est dans le cas des affaires sociales
où on parle d'arrangements locaux ou de stipulations
décidées, négociées ou agréées
à l'échelle locale ou régionale, où l'une ou
l'autre des tables nationales aurait convenu de décentraliser cela au
niveau local. À ce moment-là, qu'est-ce qui nous dit que c'est
l'association de salariés de l'hôpital Notre-Dame qui va discuter
de ces questions au niveau local plutôt que...
M. Munn: C'est l'association accréditée.
M. Paquette: Bon! C'est mentionné à un autre
article...
M. Munn: C'est le Code du travail.
M. Paquette: C'est le Code du travail.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 27 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 28 et je crois qu'il y a un amendement.
M. Clair: M. le Président, je propose de modifier
l'article 28 par le remplacement, dans la dernière ligne, des mots "de
la convention collective" par les mots "des stipulations visées dans
l'article 44". L'amendement vise ainsi à préciser la durée
de l'engagement d'une nouvelle association accréditée.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Est-ce que
l'article 28 tel qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 29.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 29 est
adopté?
M. Paquette: Un instant!
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Clair: C'est un ancien article de la loi 55 comme les autres,
sauf qu'il apparaissait autrefois dans la partie "Mode de négociation"
et qu'on le fait maintenant apparaître dans la partie "Organisation des
parties".
Le Président (M. Lachance): Cela va, M. le
député de Rosemont?
M. Paquette: Oui, la seule question...
M. Ryan: C'est l'article 6 de la loi actuelle, l'article 55.
M. Paquette: Oui, je veux bien.
M. Clair: C'est cela.
M. Paquette: Je me demandais s'il y avait des syndicats sur le
plan local qui regroupaient à la fois du personnel enseignant et non
enseignant.
M. Clair: Dans la même unité
d'accréditation?
M. Paquette: Oui. M. Clair: Non.
Le Président (M. Lachance): L'article 29 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 30.
M. Pagé: Article 30, M. le Président. M. le
député d'Argenteuil.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: II y a un problème dans l'article 30 en relation
avec la loi 3 sur la restructuration scolaire. L'article est
rédigé en fonction de la loi actuelle de l'instruction publique,
laquelle sera encore en vigueur pour ces questions-ci, je pense bien, jusqu'au
1er juillet 1986. Ensuite, c'est la loi sur la restructuration scolaire qui
sera en vigueur et, déjà, elle s'applique en partie, en
particulier pour les conseils provisoires des
futures commissions scolaires linguistiques. Comment le gouvernement
a-t-il résolu ce problème?
M. Clair: Lorsque les lois 3 et 29 seront complètement en
application, il faudra effectivement amender par un projet de loi omnibus les
appellations retenues à l'article 30. La loi 3 entre en vigueur le 1er
juillet 1986?
M. Ryan: II y a des articles qui sont déjà en
vigueur maintenant. Est-ce que vous avez regardé cela soigneusement?
M. Clair: Oui. M. Ryan: Oui?
M. Clair: Je vais être honnête avec le
député: Personnellement, je ne l'ai pas regardé.
Cependant, je peux lui indiquer que nos juristes se sont penchés sur
cette question, qu'ils en ont discuté avec les représentants
concernés et que la technique législative à retenir sera
d'amender la loi dans un projet de loi omnibus au moment approprié. La
loi entrera complètement en vigueur le 1er juillet 1986 et, d'ici
là, il y aura eu négociation. On se conforme à la Loi sur
l'instruction publique telle qu'elle est présentement.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil, est-ce que vous...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Lachance): Oui?
M. Ryan: J'ai une autre question. Il y a la loi 29 qui a
été adoptée également sur les commissions scolaires
confessionnelles.
M. Clair: On a modifié l'article 1 pour en tenir
compte.
M. Ryan: Oui?
M. Clair: Oui, à l'article 1...
M. Ryan: Maintenant, ici, on va voir si...
M. Clair: Il me semble que c'est l'article 1.
M. Ryan: Très bien.
M. Clair: On a remplacé... Vous avez sans doute cela, M.
le Président.
M. Ryan: Oui, mais je ne sais pas s'il ne faudrait pas modifier
l'article 30 également. L'article 1, vous l'avez modifié
correctement pour tenir compte des commissions scolaires confessionnelles au
sens juridique du terme, et les commissions scolaires pour catholiques, ce ne
sont pas des commissions scolaires au sens juridique du terme. Dans votre
regroupement de la partie patronale, je pense qu'il faut réunir toutes
les commissions scolaires, les commissions scolaires pour catholiques, les
commissions scolaires confessionnelles au sens strict du terme.
M. Clair: M. le Président, malgré la modification
à l'article 1 qui visait à s'assurer qu'au niveau de la
définition toutes les commissions scolaires étaient couvertes, eu
égard à l'adoption de la loi 29 et du dernier jugement de la Cour
suprême, il semble qu'en attendant de corriger complètement la
désignation des commissions scolaires en termes de comités
patronaux de négociation, compte tenu que ces désignations sont
utilisées depuis plusieurs années et n'ont jamais
été mises en cause, il semble que, sur le plan de la
sécurité juridique, pour le moment, il soit
préférable de retenir les appellations déjà
utilisées puisqu'elles n'ont jamais été mises en
cause.
M. Ryan: Mais il est arrivé des développements ces
derniers temps, comme vous le savez. La Commission des écoles
catholiques de Montréal s'est retirée de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. La commission scolaire de Chomedey a fait de même, je
pense, de même qu'au moins une douzaine de commissions scolaires
considérées comme catholiques. Qu'est-ce qui se produit à
ce moment-là? Je ne sais pas si on tient compte de toutes les situations
les plus récentes qui ont surgi dans ce secteur.
M. Clair: Je pense...
M. Ryan: Je trouvais que la formule...
M. Clair:... qu'à l'article 31 on règle le cas.
J'imagine qu'à l'article 31, au deuxième alinéa, où
on dit qu'un groupement de commissions scolaires est une
fédération dont la majorité... Est-ce que c'était
le cas dans l'ancienne... En tout cas, pour la situation actuelle, à
l'article 31, on dit bien, au deuxième alinéa: "Un groupement de
commissions scolaires ou un groupement de collèges est une association,
fédération ou autre organisation dont la majorité des
commissions scolaires pour catholiques ou des commissions scolaires pour
protestants ou des collèges font partie et qui est jugée
représentative de ces commissions scolaires ou de ces collèges
par le ministre de l'Éducation ou, selon le cas, par le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, si elle
n'est pas déjà ainsi reconnue par la loi. "
M. Ryan: Je vais vous poser une question. Supposez qu'au cours de trois
prochains mois il y ait deux groupements de commissions scolaires. Il y aurait
la Fédération des commissions scolaires, qui ne s'appelle plus
Fédération des commissions scolaires catholiques depuis la fin de
semaine. Elle a laissé tomber le mot "catholiques". C'est la
Fédération des commissions scolaires du Québec. Supposez
qu'il se forme à côté une Fédération des
commissions scolaires catholiques. Cela veut dire qu'il y aurait deux
groupements de commissions scolaires et non plus un seul. Est-ce qu'on va avoir
la garantie qu'ils vont être associés au développement du
processus de négociation ou s'il va n'y avoir que celle qui va avoir une
majorité qui va être là? D'après l'économie
du texte comme il est présenté, ce serait seulement l'organisme
qui représenterait une majorité au jugement du ministre de
l'Éducation.
M. Clair: Celui qui représente une majorité... (16
h 45)
M. Ryan: Au jugement du ministre de l'Éducation, qui est
jugée représentative par le ministre de l'Éducation...
M. Clair: Non, non. Si elle n'est pas déjà ainsi
reconnue par la loi.
M. Ryan: Oui, mais la loi ne peut sûrement pas
reconnaître ce qui n'est pas. C'est parce qu'on est dans une situation
dont la fluidité a augmenté considérablement ces derniers
temps.
M. Clair: Pardon?
M. Ryan: Nous sommes dans une situation plus fluide que
naguère...
M. Clair: Oui, oui, je le reconnais.
M. Ryan:... étant donné les derniers
développements et il pourrait arriver que cela déboule encore
plus vite si le jugement de la Cour supérieure, dans la cause qui est
pendante à Montréal, devait être défavorable
à la thèse gouvernementale. Cela créerait des
complications additionnelles. Je ne sais pas comment vous pouvez formuler ceci,
mais il y a un problème là...
M. Clair: Mais...
M. Ryan:... qui naît des actions antérieures du
gouvernement.
M. Clair: Oui, je reconnais que la situation est fluide.
Maintenant, aux fins simplement de la désignation des comités de
négociation, il m'apparaît que, dans cette fluidité,
l'utilisation des appellations traditionnelles, tout en s'assurant dans
l'article 1, cependant, que l'ensemble des commissions scolaires soient
reconnues, est la meilleure façon d'agir présentement.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Clair: Aimeriez-vous intervenir là-dessus, M.
Crète?
M. Paquette:... je ne sais pas si le député
d'Argenteuil a terminé pour le moment.
M. Ryan: Pour l'instant, oui, mais je vais revenir.
M. Paquette: M. le Président, je me pose le même
genre de question. Nous nous retrouvons, avec la loi 3 et la loi 29, avec, je
pense, dans tous les cas, quatre types de commissions scolaires pendant un
certain temps. Je ne me rappelle pas les délais exacts, mais, pendant un
certain temps... Actuellement, nous avons des commissions scolaires catholiques
et des commissions scolaires protestantes et, éventuellement, nous
aurons des commissions scolaires catholiques et protestantes en vertu de la loi
29, puisque, si le gouvernement a gain de cause dans le jugement qui est
pendant actuellement, il y aura quand même des commissions scolaires
confessionnelles, mais limitées aux territoires prévus dans la
constitution de 1867, donc, à Montréal et à Québec,
je pense - est-ce qu'il y en a ailleurs? - en supposant que la thèse
gouvernementale soit acceptée.
M. Ryan: II y en a ailleurs aussi.
M. Paquette: Oui. Il y a - comment est-ce qu'on les appelait -
les commissions scolaires dissidentes.
M. Ryan: Commissions scolaires dissidentes.
M. Paquette: Voilà, les commissions scolaires dissidentes.
Donc, toujours en supposant que la thèse gouvernementale soit
confirmée par les tribunaux, il y aura quand même des commissions
scolaires catholiques et des commissions scolaires protestantes, mais la
majeure partie des commissions scolaires seront ou anglophones ou francophones;
ce seront des commissions scolaires linguistiques.
Est-ce qu'on va se retrouver avec quatre comités de
négociation patronaux, c'est-à-dire un pour les commissions
scolaires françaises, un pour les commissions scolaires anglaises, un
pour les commissions scolaires
catholiques, un pour les commissions scolaires protestantes? À
plus forte raison, si le jugement invalide la position gouvernementale, auquel
cas il y aurait un plus grand nombre de commissions scolaires catholiques et
protestantes, alors que d'autres commissions scolaires pourraient... Cela ne
poserait pas de problème et on opterait pour des commissions scolaires
linguistiques. Est-ce qu'on va se retrouver éventuellement avec quatre
comités patronaux?
M. Clair: Je ne le pense pas, M. le Président.
M. Paquette: Bien...
M. Clair: Mais il est trop tôt pour le dire. Je pense que,
comme ces négociations-ci doivent s'enclencher prochainement, il vaut
mieux se baser sur le statu quo actuel; ces comités patronaux sont
habitués de fonctionner de la façon dont on propose de continuer
à les désigner. Je pense que, s'il devait y avoir des amendements
nécessaires à la suite de jugements ou de l'entrée en
vigueur des lois 3 et 29 au complet, ces modifications surviendront
après la prochaine négociation.
M. Paquette: Je veux bien, M. le Président; je comprends
l'argumentation du ministre. Cependant, qu'on en arrive à quatre types
de commissions scolaires ou deux, il s'agit dans tous les cas de commissions
scolaires qui fonctionnent sous l'empire de la loi 3 et qui ont, à peu
de choses près, le même genre d'activité. Je pense qu'on
doit se poser la question maintenant: Est-ce qu'il est nécessaire
d'avoir deux comités patronaux de négociation au niveau des
commissions scolaires qui regroupent les secteurs élémentaire et
secondaire? Je comprends qu'il y a un comité patronal distinct de
négociation pour les collèges, qu'il y a une loi sur les
collèges et que la réalité des collèges est bien
différente de celle des commissions scolaires, mais pourquoi maintenir
deux comités patronaux distincts, surtout dans la perspective où,
bientôt, il y en aura peut-être quatre? Pourquoi ne pas tout de
suite dire qu'il y aura un comité patronal de négociation pour
les commissions scolaires où, évidemment, pour le moment, les
commissions scolaires catholiques et protestantes délégueraient
des représentants et où, éventuellement, les commissions
scolaires linguistiques et les commissions scolaires confessionnelles qui
resteront délégueraient des représentants?
M. Clair: Je pense qu'agir autrement que nous le faisons à
l'article 30 serait présumer des formes que pourront prendre les
regroupements de commissions scolaires et, jusqu'à un certain point - le
député a raison de le dire - même sans égard
à ce qu'il y ait deux ou quatre types de commissions scolaires,
peut-être qu'éventuellement les commissions scolaires
décideront toutes de se regrouper dans une seule et même
fédération et qu'à ce moment-là un seul
comité patronal pourra être mis sur pied, mais je pense que, dans
le contexte actuel, il est préférable de reconduire le statu quo
puisque, justement, la situation est fluide...
M. Paquette: Ce que je ne comprends pas...
M. Clair:... et n'a jamais présenté de
difficulté.
M. Paquette: Je veux bien, mais plus on multiplie le nombre de
comités, plus on risque qu'il y ait une entente à un
comité et qu'il n'y en ait pas à un autre comité. Je
comprends qu'on veuille garder un comité distinct pour les
collèges, mais le ministre semble faire une association entre le mode de
regroupement des commissions scolaires et le nombre de comités
patronaux. Par exemple, si on assistait à la naissance ou s'il existait
actuellement, ce qui n'est pas le cas, deux fédérations de
commissions scolaires catholiques, je pense que le ministre ne serait pas
d'accord pour qu'il y ait deux comités patronaux concernant les
commissions scolaires catholiques et qu'il aurait tendance à dire aux
deux fédérations: Voilà, on va s'entendre. Chacune des
fédérations va nommer des représentants, le gouvernement
va nommer les siens et on va former un seul comité patronal. Il me
semble que c'est ajouter inutilement à la complexité, surtout
dans la perspective à venir, mais même dans la situation
présente. Justement, pour tenir compte de la fluidité, du
réalignement de nouveaux regroupements possibles au niveau patronal, au
niveau des commissions scolaires où il pourrait y avoir une seule
fédération, mais peut-être aussi deux ou trois qui
regroupent des commissions scolaires qui soient de dénomination
linguistique ou confessionnelle différente, ce qui doit être fait,
à mon avis, au niveau de la composition du comité patronal...
Pourquoi maintenir deux comités patronaux de négociation qui
discutent de la même réalité, dans le fond, dont les
intervenants sont différents de part et d'autre, mais qui fonctionnent
dans un système scolaire où les seules différences entre
catholiques et protestants, c'est peut-être l'enseignement religieux et
un certain nombre d'autres questions? Sur le régime
général des conventions collectives, je trouve embêtant
qu'on laisse se perpétuer deux comités patronaux avec le risque
qu'une question réglée entre un comité patronal et son
vis-à-vis syndical achoppe - cela s'est déjà produit
dans des négociations précédentes - dans l'autre
comité, alors qu'il s'agit exactement des mêmes questions et que
la différence confessionnelle, dans le fond, n'a pas joué
tellement, simplement parce qu'il n'y avait pas les mêmes
négociateurs de chaque côté de la table, ce qui ne peut que
ralentir les négociations.
M. Clair: Sur ce point-là, je ne partage absolument pas le
point de vue du député. S'il y a un règlement à la
table des commissions scolaires pour catholiques, par exemple, et qu'il n'y a
pas de règlement à la table des commissions scolaires pour
protestants, on peut bien dire que le verre est à moitié vide,
mais on peut bien dire qu'il est à moitié plein aussi.
M. Paquette: Qui va trancher?
M. Clair: Tant mieux s'il y a eu entente dans un cas. Sur le fond
des choses, je pense que, oui, la situation est fluide, que, oui, il y a de
l'insécurité. Il ne nous appartient pas, dans la
désignation de la partie patronale et dans l'organisation du
comité patronal, d'ajouter à cette fluidité ou à
cette insécurité. Tentons de retenir le modèle qui soit le
plus opérationnel possible puisque ce n'est pas ici qu'on doit faire le
débat, mais ailleurs, et maintenons le statu quo qui, jusqu'à
maintenant, semble opérationnel, jusqu'à preuve du contraire,
malgré les incertitudes créées par la
désaffiliation de certaines commissions scolaires et l'entrée en
vigueur de la loi 3 le 1er janvier 1986.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas pourquoi le
ministre dit qu'on ne doit pas discuter de cette question ici. Notre rôle
est d'essayer de bonifier le projet de loi; nous aurions plutôt tendance
à dire de le rendre moins contreproductif. Il ne s'agit pas de
décider à la place des partenaires patronaux du gouvernement
comment ils vont se regrouper. C'est une chose qui les regarde. Il n'est pas
question d'intervenir là-dedans. Justement parce que la situation est
fluide, le ministre ne trouverait-il pas beaucoup plus flexible d'avoir un seul
comité patronal au niveau des commissions scolaires et, au niveau de la
composition du comité patronal, de pouvoir tenir compte des situations
changeantes et qui seront forcément très changeantes, quand ce ne
serait que dû à l'impact des lois 3 et 29? Qu'est-ce qui
empêcherait de regrouper ces deux comités en un seul, qu'on ait un
comité patronal de négociation pour les commissions scolaires et
un autre pour les cégeps? On réduit la complexité, les
chances d'accrochage, et on tient compte de la fluidité. On pourrait
s'adapter beaucoup plus facilement. C'est plus facile de modifier la
composition d'un comité patronal que de changer une loi et de venir,
à l'occasion d'un projet de loi omnibus, comme le propose le ministre,
modifier la loi 37. Je signale au ministre que cette modification peut
être assez complexe suivant le nombre de commissions scolaires
catholiques et protestantes qui seront mises en place, compte tenu des
jugements de cours qui peuvent survenir.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que je donne
la parole à un autre député? M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: À moins que le ministre ne veuille
répondre ici...
M. Paquette: Oui, il me semble que je pose une objection valable,
M. le Président.
M. Clair: Je donne la même réponse. Je dis
simplement que, pour faciliter l'opération des négociations, nous
avons deux comités patronaux actuellement dans le domaine de
l'éducation, l'un concernant les commissions scolaires catholiques et
l'autre concernant les protestantes, et que cela fonctionne. Je n'ai eu aucune
demande de ni l'une ni l'autre des commissions scolaires ou des parties pour
modifier cela. Donc, je dis simplement, par rapport aux arguments concernant la
fluidité de la situation et l'insécurité: N'y ajoutons
pas.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Beauséjour}: M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan:... je serais de l'avis du ministre de ne pas jouer avec
les deux comités patronaux qu'on a au niveau des commissions scolaires,
soit un pour les commissions scolaires pour catholiques et l'autre qui regroupe
les commissions scolaires pour protestants, parce que c'est un mécanisme
établi. Il y a des différences très importantes entre les
deux réseaux de commissions scolaires que nous avons au Québec.
C'est en fonction de ces différences que se sont édifiés
les modes de négociation que nous avons. Les conventions collectives
étaient, jusqu'au dernier décret - parce que, malheureusement, il
y a eu interruption du processus de négociation -
négociées distinctement, faisaient l'objet de textes distincts.
Comme l'a dit le ministre, je ne pense pas qu'on ait eu des
représentations qui permettraient d'envisager de manière
justifiée un changement à cette forme d'organisation pour
l'instant. (17 heures)
Par ailleurs, je reviens au problème qui a été
soulevé plus tôt au sujet des commissions scolaires
confessionnelles. Je
pense que le gouvernement devrait faire un effort pour que l'article 30
concorde davantage avec les modifications qui ont été
apportées à l'article 1. Je ne pense pas que cela demanderait un
gros effort d'ajustement pour le faire. Je vais vous dire pourquoi.
D'après la Loi sur l'instruction publique à laquelle il faut se
référer pour ces choses-là - on est encore sous le
régime de la Loi sur l'instruction publique jusqu'au 1er juillet 1986
aux fins qu'embrasse le présent projet de loi il y a trois sortes de
commissions scolaires. Il y a des commissions scolaires pour catholiques ou
pour protestants, celles qui sont couvertes par les articles 38 et suivants de
la Loi sur l'instruction publique. C'est le mode d'organisation des commissions
scolaires que le gouvernement avait retenu vers 1971 quand on a
réorganisé les commissions scolaires pour catholiques et
protestants. Par conséquent, le texte ici ne crée pas de
problèmes majeurs pour celles-là, mais il y a deux autres sortes
de commissions scolaires, à ma connaissance. Il y a des commissions
scolaires dissidentes qui sont couvertes par d'autres dispositions de la Loi
sur l'instruction publique - et cela vient plus loin; je pense que ce sont les
articles 294 et suivants - et, en plus, il y a le cas des commissions scolaires
de Québec et de Montréal, les commissions scolaires catholiques
et les commissions scolaires protestantes de Québec et de
Montréal qui sont des cas d'espèce. Celles-là sont
à la fois des commissions scolaires confessionnelles et des commissions
scolaires communes. C'est plus que des commissions scolaires pour catholiques.
Ce sont des commissions scolaires catholiques, et, en même temps, les
tribunaux ont décidé qu'elles étaient communes.
Ce n'est pas facile de concilier toutes ces logiques qui se
dégagent des structures actuelles de notre système, mais il me
semble que, si un effort était fait... Cela n'a pas posé de
problème jusqu'à maintenant pour une raison bien simple. Aussi
longtemps que nous étions sous le régime de la Loi sur
l'instruction publique, tout le monde s'en accommodait. II n'y avait pas
d'inconvénient majeur qui découlait de cela et il n'y a personne
qui avait intérêt à soulever une cause ou un
problème. Le comité qui regroupe les commissions scolaires pour
catholiques n'avait pas intérêt à exclure les commissions
scolaires confessionnelles et celles-ci n'avaient pas intérêt
à se dissocier de l'ensemble des commissions scolaires. Par
conséquent, cela a fonctionné, mais, depuis ce temps, il y a eu
des développements. Des jugements ont été rendus dont
celui de la Cour suprême en décembre dernier, et il y a une autre
cause encore beaucoup plus importante qui est en marche pour l'instant à
la Cour supérieure, mais qui se rendra plus loin vraisemblablement. Et
là, on a dit qu'il y a des commissions scolaires pour catholiques et
pour protestants qui sont identifiées au point de vue juridique comme
des commissions scolaires communes. On ne sait pas ce qui restera de cela quand
toutes les questions et sous-questions auront été pleinement
examinées, mais, pour le moment, c'est devant cela qu'on se trouve. Mais
on dit bien que la Commission des écoles catholiques de Montréal,
la Commission des écoles protestantes du grand Montréal, la
Commission des écoles catholiques de Québec et la Commission des
écoles protestantes de Québec ne tombent pas dans cette
catégorie. Ce sont d'autres sortes de commissions scolaires,
celles-là, et il y a les commissions scolaires dissidentes
également. C'est pour cette raison que je ne pense pas qu'il y aurait
problème à ce que les commissions scolaires confessionnelles
catholiques, les commissions scolaires dissidentes catholiques - je pense qu'il
y en a une à Greenfield Park, si mes souvenirs sont bons... Si, dans
votre projet de loi 39, à l'article 30, premièrement, il
était dit: Un comité patronal de négociation pour les
commissions scolaires pour catholiques, les commissions scolaires
confessionnelles catholiques et les commissions scolaires dissidentes
catholiques, il n'y a pas de problème. Cela couvre tout et il y aurait
l'ajustement correspondant à faire à deuxièmement. Je
pense bien qu'il n'y aurait pas de problème de la part du gouvernement.
Le gouvernement, lui, je pense bien qu'il va dire; Vous embarquez avec eux
autres, comme cela a été fait dans le passé. Il n'y a pas
de problème. Je comprends très bien la réaction du
ministre. Mais supposez que la Commission des écoles catholiques de
Montréal dise: Nous ne sommes pas tenus par la loi d'embarquer
là-dedans, cela s'adresse seulement aux commissions scolaires pour
catholiques au sens de la Loi sur l'instruction publique, c'est-à-dire
au sens des articles 38 et suivants, qu'est-ce qu'on va faire? Le gouvernement
va être obligé de nous arriver avec une nouvelle loi, un
amendement à la loi pour les obliger à faire partie de cela.
Est-ce que ce n'est pas mieux de prendre vos précautions tout de suite
pour qu'on n'ait pas de problème avec cela? J'ajoute seulement une
chose, si vous me le permettez. Le jugement de la Cour suprême est
allé assez loin. Dans le cas des commissions scolaires confessionnelles,
il a dit qu'elles avaient des pouvoirs beaucoup plus étendus qu'on ne
pourrait le penser, en particulier celui d'organiser, d'administrer et de
diriger leurs écoles au sens fort du terme. Est-ce que cela pourrait
aller jusqu'à reconnaître le droit qu'elles ont de se dissocier
des autres dans la négociation collective, étant sauve la
question salariale?
M. Clair: Mais qu'est-ce que le député proposerait?
Qu'on reconnaisse immédiate-
ment un troisième comité patronal confessionnel, alors
qu'aucune demande, qu'aucune représentation ne m'a été
faite à ce sujet? Il faut bien comprendre qu'ici ce n'est qu'à
des fins de négociation. Elles sont toutes concernées par la
définition à l'article 1.
M. Ryan: Non.
M. Clair: Oui, elles sont toutes couvertes.
M. Ryan: C'est vrai. Si vous voulez être consistant, moi,
je n'ai pas de problème. C'est seulement un problème de
consistance. Je ne demande pas du tout la formation d'un troisième
comité. Dieu m'en sauve! Ce que je vous demande, c'est de les inclure
clairement, là où elles doivent être incluses,
conformément à la pratique qui a été suivie depuis
plusieurs années. Vous avez pris la peine de dire à l'article 1 -
ce n'est pas pour rien - commission scolaire ou commission scolaire
confessionnelle au sens de la Loi sur l'instruction publique. Tout ce que je
vous demande ici, c'est un effort de consistance. Si vous mettez au premier
alinéa: Un comité patronal de négociation pour les
commissions scolaires pour catholiques, au sens de la Loi sur l'instruction
publique, pour les commissions scolaires confessionnelles et pour les
commissions scolaires dissidentes catholiques, il n'y a pas de problème
à ce moment-là. Vous ne vous retrouverez pas, un bon soir, avec
une résolution de la CECM disant: Nous, on échappe à cette
loi; on n'a pas prévu notre cas, on est en dehors de cela. Vous le dites
à l'article 1, mais votre article 1 ne s'appliquerait évidemment
pas ici, parce que vous spécifiez les commissions scolaires pour
catholiques. Quand vous cherchez ce que cela veut dire, vous êtes
ramené à l'article 38 et aux articles suivants de la Loi sur
l'instruction publique. Je n'en fais pas un casus belli, mais si vous pouviez
le considérer avec vos conseillers, seulement pour une question de
consistance, aux fins de la sécurité dont le gouvernement doit
pouvoir disposer dans l'application de la loi et aux fins de la
sécurité à laquelle les parties ont droit
également. Il faut qu'elles sachent où elles se situent, avec qui
elles transigent, avec qui elles sont associées, avec le plus
d'exactitude possible.
M. Clair: Remarquez qu'on détermine un peu à
l'avance à qui elles doivent s'assimiler en quelque sorte par l'effet de
la loi, mais je n'ai pas d'objection à ce qu'on y
réfléchisse.
M. Ryan: D'accord.
M. Clair: On m'indique que, pour plus de sécurité,
cela pourrait être intéressant, quoique, pour les dissidentes,
elles n'aient jamais été couvertes et aient toujours
fonctionné. Je pense qu'on peut prendre la précaution de creuser
un peu plus cette question sur le plan législatif.
M. Ryan: Très bien.
M. Clair: On peut suspendre cet article et on y reviendra.
Le Président (M. Lachance): L'article 30 est suspendu.
J'appelle l'article 31.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 31?
M. Ryan: Juste une question, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y a
quelque changement dans cet article par rapport à ce que contenait la
loi 55?
M. Clair: Malheureusement, je n'ai pas l'article... L'article 31
reprend la première partie du premier paragraphe de l'article 12 de
l'ancienne loi. Le deuxième paragraphe de l'article 31 reprend les
définitions de l'ancien article lh en établissant les
concordances nécessaires à la division du ministère de
l'Éducation en deux ministères. Cela se retrouvait dans deux
articles différents, mais c'est le même contenu, à
l'exception de l'ajout du ministère de l'Enseignement supérieur,
de la Science et de la Technologie.
M. Ryan: Très bien. Si vous me dites cela, je ne le remets
pas en question, parce que, pour être franc avec vous, je n'ai pas eu le
temps de faire la vérification mathématique. La seule remarque
que je devrais vous faire, c'est que la difficulté soulevée
à propos de l'article 30 revient ici lorsqu'on parle des personnes
nommées, selon le cas, par le groupement de commissions scolaires pour
catholiques et le groupement de commissions scolaires pour protestants ou le
groupement de collèges. En tout cas, cela va dépendre de
l'ajustement que vous apporterez à l'article 30, mais il y a quelque
chose dont vous verrez peut-être le besoin d'assurer à ce
sujet...
M. Clair: II faudra faire la concordance.
M. Ryan:... la concordance.
M. Clair: D'accord. Je pense qu'on peut quand même adopter
l'article. On fera la concordance...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'effectivement il
y a un problème de concordance. On n'avait pas fini la discussion sur
l'article 30 et j'avais l'intention de suggérer au ministre une
modification à l'article 30 qui comporte des amendements,
évidemment, par concordance à l'article 31. Donc, je
préférerais qu'on suspende l'article.
D'autre part, il y a un problème qui s'ajoute. On dit au
deuxième alinéa: "Un groupement de commissions scolaires ou un
groupement de collèges est une association, fédération ou
autre organisation dont la majorité des commissions scolaires pour
catholiques ou des commissions scolaires pour protestants ou des
collèges font partie et qui est jugée représentative de
ces commissions scolaires ou de ces collèges... " par l'un ou l'autre
ministre. Ce sont ces groupements, qui représentent la majorité,
qui vont nommer, si on comprend bien le premier alinéa, les personnes au
comité patronal. Par exemple, la Commission des écoles
catholiques de Montréal vient de se dissocier de la
Fédération des commissions scolaires catholiques. Elle n'aura pas
de représentant. Elle ne pourra pas nommer de représentants. Elle
représente - je ne me souviens plus quel pourcentage - quelque 25 % ou
30 %, je pense. C'est 10 %? Elle représente 10 % de tous les
élèves du Québec. Donc, pour les catholiques, ce doit
être un peu plus élevé, environ 15 % ou même 20 % des
catholiques. Mais cela met en évidence le fait qu'on se trouve en
quelque sorte à favoriser indirectement le regroupement ou, du moins,
certainement, favoriser le regroupement qui est fortement majoritaire. Cela
ressemble un peu au problème qu'on a dans l'industrie de la construction
où on stipule par la loi qu'un regroupement de salariés va parler
au nom de tout le monde, même quand il est minoritaire. Je concède
ici que le problème est beaucoup moins grave. Je ne voudrais pas
exagérer le problème. Je pense qu'il serait
préférable de suspendre cet article. Je reviens à
l'argument - j'aurai l'occasion d'y revenir à l'article 30 - qu'il y a
une certaine pratique qui s'est développée, que les conventions
collectives ont pu évoluer différemment du côté
protestant et du côté catholique. Cependant, tout cela va
être remis en question, de toute façon, par la loi 3. Les
nouvelles commissions scolaires anglaises ou françaises, selon le cas,
vont être formées à partir de morceaux de commissions
scolaires actuellement catholiques ou protestantes dans les deux cas. On peut
avoir une commission scolaire anglophone formée d'un morceau d'une
commission scolaire catholique existante ou d'une commission scolaire
protestante, et, du côté francophone, la même chose. Cela
pose de sérieux problèmes. Compte tenu des concordances à
faire, non seulement des problèmes soulevés par le
député d'Argenteuil, mais de ceux que j'ai soulevés tout
à l'heure, je pense que, si on suspend l'article 30, on devrait
suspendre l'article 31 également, pour s'assurer qu'il y aura
concordance entre les deux.
M. Clair: Je ne ferai pas un long débat là-dessus,
mais il me semble que ce sont des amendements qu'on apporterait à
l'article 30 qui entraînent une concordance à l'article 31. Pour
faciliter l'avancement de nos travaux, quant à moi, je
préférerais qu'on l'adopte, étant assuré que, si on
modifie l'article 30, cela prendra une concordance à l'article 31.
Laisser un grand nombre d'articles en suspens, cela devient compliqué de
s'y retrouver et on reprend le débat chaque fois.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
M. Clair: Mais, si le député y tient, on peut le
suspendre.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Si le ministre souhaite que nous soyons
assurés que la concordance sera faite, il me semble que la meilleure
façon de s'en assurer, c'est de le suspendre aussi. On en aura le coeur
net pour les deux en même temps.
M. Clair: Je ne veux pas fournir l'occasion au
député de faire un long discours là-dessus. Alors,
j'accepte.
(17 h 15)
Le Président (M. Lachance): L'article 31 est suspendu.
J'appelle l'article 32. Est-ce que l'article 32 est adopté?
M. Paquette: M. le Président, au deuxième
alinéa, on constate qu'à l'intérieur de chacun des
comités patronaux ceux-ci devront convenir "... par écrit des
modalités de fonctionnement du comité... " - cela est plus ou
moins d'intérêt public - mais aussi "... de la
détermination des matières à l'égard desquelles les
représentants du groupement ou les représentants du ministre ont
une voix prépondérante lors des délibérations du
comité. " Cet aspect des matières où il y aura
prépondérance, par exemple, des commissions scolaires ou des
collèges, suivant
le cas, ou encore du ministre est fortement lié - et sans
préjuger de nos opinions sur cela - à la conception que l'on peut
se faire, quel que soit le parti politique ou même le groupement de
pression ou d'intérêt dans la société, quant au
degré de décentralisation des responsabilités à
l'occasion d'une négociation. Donc, il s'agit d'une question
extrêmement importante. Sur des questions où on pense que le
ministère devrait avoir un rôle prépondérant ou un
rôle majeur à jouer, où c'est clairement une
responsabilité de l'État, on voudrait pouvoir s'assurer
qu'effectivement l'État assume un rôle prépondérant.
Dans des cas où on pense que ce sont des matières plus
décentralisées, où les questions locales doivent avoir
plus d'importance et où les responsabilités des commissions
scolaires ou des collèges sont en cause, on voudrait également
pouvoir porter un jugement. Est-ce que le ministre aurait objection à ce
que cette entente - peut-être pas quant aux modalités de
fonctionnement du comité, mais quant à la détermination
des matières à l'égard desquelles l'un ou l'autre des
intervenants patronaux a un rôle prépondérant - soit rendue
publique? Je crois que c'est une matière d'intérêt
public.
M. Clair: Ce que l'on m'indique, c'est que ces protocoles
d'entente n'ont jamais été rendus publics. Ils ont
été diffusés, bien sûr, pour les
intéressés, mais ils n'ont jamais été rendus
publics. C'est un peu comme si on demandait à la partie syndicale de
rendre publics à l'avance les protocoles d'entente qui lient les
syndicats entre eux. Je crois que cela n'a jamais présenté de
problèmes. C'est sûr que, par exemple, les directeurs
généraux des commissions scolaires ou les principaux
intéressés sont en possession d'un tel protocole, mais, de la
même façon qu'on ne demande pas aux syndicats de dévoiler
les leurs, on n'a jamais fait obligation au gouvernement de dévoiler les
siens. En matière de responsabilité gouvernementale, ces
protocoles sont cependant négociés par les ministres sectoriels
avec leurs associations patronales et n'entrent en vigueur, en ce qui concerne
les engagements du gouvernement, que sur signature du président du
Conseil du trésor. C'était ce qui était prévu
autrefois à l'article 12 de la loi.
M. Paquette: M. le Président, puis-je signaler que la
situation n'est pas la même du côté du comité
syndical de négociation que du côté patronal? Je pense que
du côté syndical on se retrouve devant des
fédérations d'associations ou des regroupements d'associations de
salariés qui ont à défendre les intérêts de
leurs membres, à défendre aussi leur conception de
l'intérêt public, alors que du côté patronal on se
retrouve devant des instances distinctes, définies dans nos lois, qui
attribuent des responsabilités parfois au gouvernement, parfois aux
commissions scolaires ou aux collèges, et où il y a un certain
nombre de zones grises où le niveau de centralisation ou de
décentralisation peut fluctuer.
Le moment des négociations collectives est évidemment
très important parce que c'est là que se joue, d'une part, la
marge de manoeuvre du gouvernement, d'autre part, l'affectation des fonds
publics qu'on peut soit décider d'orienter vers les salaires, vers la
tâche, vers les avantages sociaux ou vers tel ou tel mode d'organisation
qui ont un impact sur la vie pédagogique et les services rendus à
la population. Je ne parle pas des modalités de fonctionnement du
comité, je parle de la détermination des matières à
l'égard desquelles les commissions scolaires ou les collèges,
d'une part, et le gouvernement pourraient avoir un rôle
prépondérant. Je pense que c'est de matière publique et
que cela peut amener des changements substantiels dans les
responsabilités de chacun qui sont matière à débat.
Il me semble que pour assurer la transparence et également la
possibilité des citoyens, des groupes, des organismes, voire des partis
politiques... Je sais que là je vais insécuriser le ministre,
mais je pense que c'est une responsabilité démocratique de tous
ceux qui ont à coeur le progrès de l'enseignement de
connaître la répartition des matières.
M. Clair: J'ajouterais, pour l'information du
député, qu'avec la répartition des matières
s'attachent aussi des délimitations de question financière, et
c'est la raison pour laquelle ce départage, dans la mesure où il
serait rendu public, serait un peu l'équivalent de demander que le
protocole d'entente qui intervient entre des syndicats dans le front commun
soit lui-même déposé sur la place publique.
M. Paquette: D'un certain point de vue, je pense qu'on peut
donner raison au ministre, mais, d'un autre point de vue, du côté
syndical, tout ce qui est discuté finit par toucher directement ou
indirectement des travailleurs et des travailleuses individuellement et,
également, des personnes bénéficiaires de services.
En ce qui concerne la répartition des compétences et des
matières dans les organismes patronaux, c'est-à-dire du
gouvernement et des commissions scolaires ou des collèges, là,
c'est toute l'économie, tout l'équilibre des divers
réseaux et de notre système scolaire qui sont en cause. Par
exemple, si, à un moment donné dans la négociation, on
apprenait qu'un gouvernement se décharge indûment de ses
responsabilités et n'assure pas le bien commun général ou,
inversement, que des commissions scolaires se voient dans les faits priver de
la marge de manoeuvre et des responsabilités qu'elles
doivent assumer par les lois, il y a là matière qui doit
être portée à la connaissance du public, donc qui
mérite d'être rendue publique et portée à la
connaissance de la population.
Je vous accorde que cela aurait un effet, très certainement, sur
la répartition des matières, cela aurait un effet sur les
discussions au sein du comité patronal et, à mon avis, un effet
tout à fait sain, l'objectif étant le respect des
compétences de chaque partie patronale.
M. Clair: Cela aurait comme effet, M. le Président, au
contraire, de faire en sorte que la prépondérance gouvernementale
soit probablement maximale.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, sur cet article que nous
discutons présentement, l'article 32, après vérification,
je constate qu'il reproduit à peu près intégralement les
dispositions qui sont déjà contenues dans la loi actuelle sur
l'organisation des parties patronale et syndicale pour les négociations
dans le secteur public, la loi 55.
Par conséquent, je ne peux pas blâmer le ministre cette
fois-ci d'avoir été un petit peu plus conservateur que dans
d'autres parties de la loi. J'ai déjà dit que je ne tiens pas
à ce qu'on fasse des modifications là-dedans, à moins
qu'elles ne soient justifiées par l'expérience et qu'on n'ait des
formules meilleures à offrir que celles qu'on veut éliminer.
Là, il maintient ce qui existe actuellement et je pense que c'est sain;
je pense qu'on n'a pas trouvé mieux que cela.
Dans la pratique, le fonctionnement de ces comités n'a pas
toujours été complètement satisfaisant pour les
associés du gouvernement dans la partie patronale. Ils ont eu
l'impression, à certains moments névralgiques, d'être
laissés de côté par le gouvernement qui s'en allait
négocier avec la partie syndicale, en oubliant qu'il y avait des
associés patronaux. Cela a été particulièrement
patent lors de la dernière ronde de négociations.
Les commissions scolaires étaient venues dire, en commission
parlementaire, qu'elles étaient grandement frustrées et
vexées d'avoir été laissées complètement de
côté pendant les étapes les plus importantes de la
négociation. C'est du passé; on n'a pas de solution meilleure
à offrir que celle qui est là. Par conséquent, je suis
porté à dire: Regardons ce que nous avons, cela fait ça de
pris.
Quant à rendre obligatoire la publication des ententes conclues
au sujet du mode de fonctionnement du comité, je ne serais pas d'accord
avec le député de Rosemont. Je pense que là il y a des
questions de stratégie, de tactique qui vont se poser en cours de
négociation. Il peut arriver que des ententes faites doivent être
modifiées pour des raisons qui tiennent uniquement à
l'équilibre des positions de chaque partie à la table des
négociations. Éventuellement, je pense que cela doit tout
être du domaine public. Par exemple, je ne sais pas comment cela peut
être garanti que, disons, dans la période qui suit les
négociations, ces choses soient rendues publiques pour qu'on sache si
c'est vrai qu'il y a eu association ou si cela a été une
domestication pure et simple des associés du gouvernement ou encore,
hypothèse très invraisemblable, une reddition du gouvernement
à ses associés institutionnels. Je ne sais pas si c'est
nécessaire de le mettre dans la loi. Ce serait mieux, mais,
après, je pense que c'est bon qu'on ait tous les documents pour
être capable de voir ce qui pourrait être amélioré en
vue de la phase suivante. Pendant le déroulement de la
négociation, je pense que l'initiative de la publication doit être
laissée à chacun des deux comités. Cela doit faire partie
des ententes qu'ils ont entre eux. S'ils décident de ne pas publier le
contenu de leurs ententes, je pense que ce n'est pas d'intérêt
public que ce soit publié,
M. Clair: Je ne pense pas, M. le Président, que ces
documents soient protégés par la Loi sur l'accès à
l'information. Par ailleurs, comme les parties ont de multiples exemplaires de
tels documents, même si le gouvernement voulait interdire à la
Fédération des commissions scolaires, par exemple, de les rendre
publics, elle n'a pas intérêt à le faire pendant la
durée des négociations, mais, après, je pense qu'il n'y a
aucune objection...
M. Ryan: Beaucoup plus après. Il n'y a plus personne qui
s'intéresse à lire cela. Concédé.
Le Président (M. Lachance): L'article 32 est
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Je signale aux
parlementaires de chaque côté de la table qu'à ce stade-ci
nous avons adopté 26 articles et qu'il y en six qui ont
été suspendus: les articles 5, 8, 11, 21, 30 et 31. J'appelle
l'article 33.
M. Clair: M. le Président, l'article 33 du projet de loi
serait modifié par l'insertion à la deuxième ligne,
après le mot "ministre", des mots "de l'Éducation ou, selon le
cas, au ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Science et de la
Technologie". L'amendement vise simplement à clarifier le sens du terme
"ministre", en tenant compte des matières en
cause, selon le cas.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ryan: Juste une minute, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député d'Argenteuil. Vous avez les amendements entre les
mains?
M. Ryan: Oui, j'ai cela ici.
M. Clair: L'amendement règle le mot "ministre".
M. Ryan: C'est mineur l'amendement; il n'y a pas de
problème.
M. Clair: Aucun problème pour l'amendement. D'accord.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, cela va?
M. Paquette: Oui, l'amendement, cela va. Adopté. (17 h
30)
Le Président (M. Lachance): L'amendement est
adopté. Sur l'ensemble de l'article 33, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: À ce sujet, je me souviens que nous avons eu des
représentations de la part de la Fédération des
commissions scolaires - le ministre s'en souviendra peut-être lui aussi -
indiquant qu'on trouvait beaucoup trop rigide le cadre dans lequel va se faire
la procédure. En particulier, on trouve que le Conseil du trésor
garde une mainmise beaucoup trop forte sur l'ensemble du processus. Ici encore,
je crois qu'on reproduit à peu près complètement ce qui
existait déjà. Est-ce qu'on ajoute, est-ce qu'on enlève ou
si on maintient à peu près ce qui existait?
M. Clair: C'est exactement ce qui existait. Cela remplace
l'ancien article 11, sauf que la référence à l'article 44
est ajoutée.
M. Ryan: Oui.
M. Clair: C'est nécessaire du fait que les commissions
auront un rôle à jouer uniquement à l'occasion des
négociations a l'échelle nationale.
M. Ryan: Je pense que c'est autour de l'article 42 qu'on devra
faire le gros débat là-dessus, c'est là que se pose le
problème. Je pense que, sauf pour cette chose, on ne fera pas de grande
discussion là-dessus.
M. Clair: Je dois dire au député - ce n'est pas
parce que je veux qu'il me "filibuste" - que les associations patronales
tenaient autant, sinon plus, à la disparition de deux choses: d'une part
l'autorité déléguée du ministre sectoriel, d'autre
part, le fait que, même sur les matières à
prépondérance dite patronale, pour les associations patronales,
celles-ci doivent faire l'objet d'un mandat de la part du Conseil du
trésor.
M. Ryan: Voulez-vous répéter cela: même les
matières à prépondérance...
M. Clair: Dans le protocole d'entente, il va y avoir des
matières à prépondérance patronale ou
gouvernementale; j'emploie "patronale" dans le sens d'association patronale. Ce
que les associations patronales auraient voulu, c'est que, sur les questions
où elles ont prépondérance, elles n'aient pas besoin de
venir en demande de mandat au Conseil du trésor. C'était leur
demande. Cela a été refusé essentiellement pour des
raisons de coordination et dans l'intérêt réel, je pense,
d'une prépondérance de ces associations patronales sur des choses
substantielles. Sans quoi, au moment de la négociation du protocole
d'entente, le Conseil du trésor voudra se prémunir contre des
utilisations trop larges du pouvoir des associations patronales sur les
matières à prépondérance en leur faveur et viendra
rétrécir au maximum le champ des prépondérances de
ces associations.
Je dois vous dire que j'ai compris aussi dans les rencontres
privées que j'ai eues, que ça fait toujours bien de dire que le
damné Conseil du trésor a trop de pouvoirs, mais qu'on comprend
la logique de cet article.
M. Ryan: Ce qui est surtout mis en question, c'est l'expression
passe-partout "les matières qu'il juge d'intérêt
gouvernemental", qu'on va retrouver à l'article 42.
M. Clair: C'est encore plus honni, à l'article 40
quelque.
M. Ryan: En tout cas, il y a une chose: "... ont pour fonction,
sous l'autorité déléguée... " Évidemment, je
me souviens de ça: "sous l'autorité déléguée
par le gouvernement au ministre... " Il est à la fois partie
associée, dans ce comité patronal de négociation, et en
même temps partie supérieure. Tantôt, on a vu...
M. Clair: II est lié par un protocole d'entente.
M. Ryan: II est lié par un protocole d'entente.
M. Clair: Mais, effectivement, si le
gouvernement décide de tout remonter aux centrales, il peut, par
l'exercice de son pouvoir, déclarer d'intérêt
gouvernemental toute matière, tout faire remonter au niveau central.
J'espère que cela ne se reproduira pas.
M. Ryan: Évidemment, dans chaque explication que vous
apportez, vous nous faites la preuve du caractère très hautement
centralisé que conserveront les négociations sous le
régime qu'introduit le projet de loi 37. C'est un des reproches que nous
avons faits.
M. Clair: J'ai toujours parlé de décentralisation
modeste, mais réelle.
M. Ryan: Très fragmentaire; on va y revenir plus loin,
d'ailleurs. D'un côté, je trouve qu'il faut que le ministre soit
impliqué; on ne peut pas le laisser complètement en dehors de
ça.
M. Clair: C'est cela, c'est évident.
M. Ryan: Cela ne peut pas être tout abandonné, comme
cela a été l'impression à certains moments, au ministre
qui est président du Conseil du trésor.
M. Clair: Même chose.
M. Ryan: II faut que le ministre sectoriel ait une
responsabilité clairement établie là-dedans. Je ne pense
pas que l'on puisse s'opposer sérieusement à ce principe. Au
contraire, il faut qu'il soit là. C'est la relation entre le ministre et
les comités patronaux qui pose un premier problème.
M. Clair: Je dirai au député d'Argenteuil que les
ministères - je ne parle pas des ministres - sectoriels mettent
régulièrement en garde leur ministre, à savoir que, le
jour où ils renonceront à: "sous l'autorité
déléguée", toutes les choses vont se passer, dans le fond,
entre le Conseil du trésor et les associations patronales directement,
alors que le premier concerné, celui qui va avoir par la suite à
gérer le secteur de l'éducation et des affaires sociales, va
avoir été - passez-moi l'anglicisme - "by-passé" des deux
côtés. Je pense que cela demeure la formulation idéale dans
les circonstances. Adopté?
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement avoir
un peu de précision de la part du ministre concernant la phrase
"requièrent du Conseil du trésor des mandats de
négociations". J'imagine que c'était la même formulation
dans l'ancienne loi.
M. Clair: Oui.
M. Paquette: Le ministre pourrait-il me dire dans la pratique des
dernières négociations ou de la dernière
négociation jusqu'à quel point vont ses mandats? J'imagine que le
Conseil du trésor est surtout intéressé à regarder
le coût de la facture au bout, mais n'y a-t-il pas danger que cela
déborde dans la pratique, dans le secteur de l'enseignement, des
affaires sociales ou dans d'autres secteurs, pour ce qui est de l'utilisation
et donc de l'organisation des services eux-mêmes ou de l'utilisation des
fonds? Est-ce que, selon l'évaluation du ministre, le Conseil du
trésor s'est vraiment borné dans le passé à
s'assurer que le coût de la facture ne sera pas trop élevé
en laissant prépondérance au ministre sectoriel quant à la
façon de proposer au comité patronal l'utilisation de la masse
qu'il accorde?
M. Clair: C'est sûr que le Conseil du trésor se
préoccupe d'abord et avant tout de la masse, mais il peut aussi se
préoccuper de la configuration de cette masse en termes de
précédent que cela peut créer dans un réseau par
rapport à un autre. Les aménagements de sécurité
d'emploi, s'ils variaient beaucoup d'un secteur à l'autre, pourraient
créer des précédents. Je souligne au député
qu'en ce qui concerne le budget il y a aussi les règles
budgétaires qui doivent être approuvées par le Conseil du
trésor, de sorte que, oui, la réponse est que le Conseil du
trésor se limite à l'exercice de son mandat, c'est-à-dire
d'émettre des mandats de négociations et non pas de tenter de
venir par là modifier des règles budgétaires.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pense bien que là-dessous nous avons dit
l'essentiel de ce qu'il y avait à dire de notre côté. Quand
va arriver le moment du vote, nous allons demander que ce soit adopté
sur division parce que c'est toute la conception du projet de loi qui est
résumée dans ce texte-ci. Sans avoir tout un projet
détaillé à mettre sur la place, nous trouvons qu'il
fallait tenir compte bien davantage de l'expérience beaucoup plus
fortement décentralisée qui existe dans d'autres provinces du
Canada, en particulier en Ontario.
Dans le secteur de l'éducation, en Ontario, on a un modèle
de négociations collectives sur lequel malheureusement nous ne nous
sommes jamais arrêtés au Québec. Jamais il n'a fait l'objet
d'un examen sérieux de notre part. Nous en avions fait un examen
attentif lors de la dernière ronde de négociations. J'avais
trouvé là-dedans des jalons intéressants. Je ne
prétends pas qu'on puisse transposer cela demain matin, mais il y a
beaucoup plus de décentralisation
véritable en Ontario qu'il y en a ici. Pour le règlement
des différends, on a une approche spécialisée pour les
conflits de l'éducation qui est à mon point de vue beaucoup plus
judicieuse que ce qu'on va avoir ici avec le projet de loi qu'on nous
présente, mais à cause de tout cela il y a quelque chose qui...
On ne peut pas aller beaucoup ailleurs que là, une fois qu'on a
opté pour la direction qui a été retenue par le ministre.
Je comprends cela, mais j'explique pourquoi cela va être adopté
sur division dans notre cas.
Le Président (M. Lachance): Alors, l'article 33, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Clair: Sur division.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur division.
J'appelle l'article 34.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: À l'article 34, au deuxième alinéa,
surgit la même difficulté que nous avons signalée
tantôt à propos des articles 30 et 31. Je n'aurais pas d'objection
à ce que nous adoptions l'article à condition qu'on ait
l'assurance que des amendements de concordance seront apportés si des
changements sont jugés souhaitables par le ministre aux articles 30 et
31.
M. Clair: Entendu, M. le Président. Pour la
sécurité juridique, si on amende l'autre, on fera les
concordances à l'article 34. Adopté?
Le Président (M. Lachance): D'accord. L'article 34 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 35.
M. Clair: À l'article 35, j'aurais un amendement à
proposer, M. le Président: Qu'il soit modifié par l'insertion
dans la première ligne du troisième alinéa, après
le mot "agréer" des mots "compte tenu des articles 597 et 668 de la Loi
sur l'instruction publique". L'amendement a pour but de préciser que les
articles 597 et 668 de la Loi sur l'instruction publique recevront leur
application conformément aux dispositions de l'entente de la Baie
James.
Je voudrais indiquer brièvement qu'il s'agit ici, à
l'article 35, d'un nouvel article qui a été demandé par
les Cris et par
Kativik. Cet article représente la situation de ces commissions
scolaires en regard des ententes de la Baie James et de la Loi sur
l'instruction publique. D'autre part, il représente également le
contenu d'ententes survenues entre elles et le ministère de
l'Éducation du Québec en conformité avec la Loi sur
l'instruction publique, c'est-à-dire que le ministre aura
prépondérance quant aux salaires de base, tâches de base et
avantages sociaux de base.
Le Président (M. Lachance): L'amendement est-il
adopté?
M. Ryan: M. le Président...
M. Clair: Autrement dit, les Cris et les Inuit ne veulent pas se
faire imposer des choses qui auraient été convenues dans d'autres
comités patronaux.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil, c'est sur l'amendement?
M. Ryan: Oui, M. le Président.
M. Clair: Et cela donne suite à leur demande.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Nous avions
été saisis, comme le gouvernement, des représentations que
les porte-parole des commissions scolaires crie et Kativik avaient
formulé à la suite du dépôt de l'avant-projet de loi
et, ensuite, du dépôt du projet de loi 37. Dans les
représentations qu'elles avaient faites auprès du gouvernement et
de l'Opposition, les deux commissions scolaires concernées avaient
insisté pour être l'objet d'un traitement distinct. Elles avaient
insisté pour avoir leurs comités patronaux à elles; elles
avaient insisté également pour que certains amendements soient
apportés à l'article 35 du projet de loi d'une manière qui
a trouvé une réponse satisfaisante dans le projet d'amendement
déposé par le ministre. Après avoir comparé le
projet d'amendement déposé par le ministre au voeu exprimé
par les porte-parole des communautés scolaires crie et Kativik, je dois
reconnaître avec plaisir que les amendements proposés
répondent au voeu des communautés intéressées et
nous aparaissent en conséquence tout à fait acceptables.
M. Clair: L'amendement est-il adopté? M. Paquette:
M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Rosemont.
M. Ryan: Je vous préviens seulement d'une petite chose, si
vous me permettez de compléter.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Plus tard, j'aurai un amendement à proposer
à propos de certains articles qui sont visés par l'article 35
ici, en particulier à propos de l'article 58. Je vous en préviens
simplement dans la mesure où je suis fondé de penser que les
amendements que j'aurai à proposer à ce chapitre seront tout
à fait acceptables au gouvernement. Je n'ai pas d'objection à ce
qu'on procède à ce stade-ci à l'article 35.
Le Président (M. Lachance): D'accord, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Rosemont. (17
h 45)
M. Paquette: M. le Président, la première tendance
que j'aurais ici serait de suggérer que les commissions scolaires crie
et Kativik soient intégrées au comité patronal des
commissions scolaires. Cependant, M. le Président, je dois dire qu'ici
la situation d'autonomie qui doit être faite au peuple autochtone et les
dispositions des lois qui ont amené la création de ces deux
commissions et qui leur confèrent un caractère particulier me
font; penser que cet article est le bienvenu. Je crois qu'il faut accepter
aussi - même si on doit réduire la complexité du projet de
loi, le nombre de comités patronaux - de tenir compte du fait qu'il y a
au Québec des nations autochtones qui ont leurs institutions scolaires
et que ceux-ci doivent pouvoir négocier directement avec le gouvernement
et la commission scolaire. M. le Président, je vais concourir à
l'adoption de l'amendement.
Le Président (M. Lachance): D'accord. L'amendement est-il
adopté? Est-ce que l'article 35 tel qu'amendé est
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 36.
M. Clair: J'ai un amendement à proposer a l'article 36.
Que cet article soit modifié par l'insertion, dans la deuxième
ligne du deuxième alinéa, après le mot "composé",
des mots "entre autres membres".
L'amendement a pour objet d'élargir la composition du CPNAS en
permettant d'y nommer d'autres personnes que le président et le
vice-président des sous-comités patronaux de
négociation.
Le Président (M. Lachance): II y a un amendement à
l'article 36. L'article 36 du projet de loi est modifié par l'insertion,
dans la deuxième ligne du deuxième alinéa, après le
mot "composé", des mots "entre autres membres".
M. Clair: Dans le fonctionnement du CPNAS se présentaient
d'autres personnes que les présidents et les vice-présidents. Il
s'agit simplement de reconnaître la situation.
M. Paquette: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
exemples?
M. Clair: Pour vous satisfaire.
M. Paquette: Ce n'est pas pour nous satisfaire, M. le
Président. Je veux savoir à quoi cela mène. Pardon?
Une voix: Ce n'est pas à vous...
Me Paquette: On n'a jamais adopté autant d'articles
qu'aujourd'hui.
M. Clair: Les présidents et les vice-présidents de
ces comités sont généralement des permanents des
associations patronales ou du gouvernement. Il peut s'avérer utile qu'un
président de conseil d'administration d'hôpital, que ceux qui sont
à un plus haut niveau puissent effectivement venir, puisqu'ils venaient
de toute façon.
M. Paquette: En pratique, lors des dernières
négociations, il y avait combien de membres au CPNAS?
M. Clair: M. Deguire, venez donc! M. Deguire, du ministère
des Affaires sociales, va répondre à votre question.
M. Deguire (Jean-Jacques): Des associations, il y en avait seize
et le ministère en avait deux, ce qui faisait dix-huit. L'AHQ à
elle seule avait six représentants, dont des directeurs
généraux, des présidents de conseils d'administration.
L'ACAQ en avait trois. Les autres associations en avaient deux et le
ministère en avait deux.
M. Ryan: Voulez-vous recommencer l'enumeration, parce que j'ai
manqué le début? Je m'excuse, j'ai eu un moment de...
M. Deguire: Dans la composition du CPNAS, tel qu'on l'a
vécu jusqu'à maintenant et qui est la constitution actuelle du
CPNAS, il y a dix-huit membres dont seize viennent des associations patronales.
La répartition variait un peu selon la grosseur de l'association
patronale. L'AHQ, par exemple, à elle seule avait six
représentants, l'ACAQ en avait trois et les autres associations en avait
deux, si ma mémoire est bonne. C'est censé faire seize. Si cela
ne fait pas seize, c'est parce qu'il y en a un troisième quelque
part.
M. Ryan: II y en avait deux du ministère?
M. Deguire: Deux du ministère. M. Ryan: Cela fait
dix-huit.
M. Deguire: Cela faisait dix-huit au total.
M. Ryan: La règle du vote, ça marchait comment?
Comment cela fonctionnait-il?
M. Deguire: Les associations patronales ont un vote à
elles seules et le ministère a un vote puisque les
prépondérances permettent un vote d'un côté et un
vote de l'autre. Les cinq associations devaient se "cartelliser", à
toutes fins utiles, au niveau du vote. Cependant, de leur côté,
elles s'étaient donné une régie entre elles, de
manière que trois associations donnant leur accord suffisaient pour
entraîner l'accord des deux autres en termes de fonctionnement
pratique.
M. Paquette: Évidemment, ce sont des règles de
fonctionnement qui devront être . renégociées tel que cela
est prévu dans l'article précédent qu'on vient
d'adopter.
M. Deguire: Exactement. Grosso modo, on imagine qu'on aurait
à peu près les mêmes règles si la loi était
adoptée en ce qui concerne le CPNAS, mais il resterait à
définir celles qui arriveraient en ce qui a trait aux
sous-comités sectoriels où il y aurait encore là un vote,
un vote, avec des représentations différentes.
M. Ryan: Je constate que dans le projet de loi on a introduit
certains changements par rapport à ce qui existe dans la loi actuelle.
On donne plus de précisions. En particulier, je pense que dans la loi
actuelle on ne mentionne pas les cinq secteurs.
M. Clair: C'est le changement fondamental puisque le palier... Il
n'existait qu'un CPNAS alors que, là, ce qu'on prévoit, c'est que
le palier formel de négociation sera désormais ce qu'on appelle
le sous-sectoriel, c'est-à-dire les cinq sous-réseaux qui sont
énumérés là. Cependant, des choses pourront
être déléguées de ces comités
sous-sectoriels, donc du palier formel de négociation, vers le CPNAS.
Cela vise à tenir compte davantage de la réalité de chacun
des réseaux, puisqu'on sait qu'à cause de la très grande
importance du réseau hospitalier dans le réseau des affaires
sociales, c'est surtout celui-ci qui finissait par imposer son modèle de
convention collective et par déterminer le contenu des conventions
auxquelles il y avait des ajustements à la fin, mais cela ne rendait
service à personne, je pense.
M. Ryan: Maintenant, juste une autre question. Je vais anticiper
un peu sur les articles précédents, mais cela se tient tout. Une
fois qu'on a bien saisi l'économie, le vote sur chaque article
particulier devient plutôt une question d'application.
Les sous-comités spécialisés pour les centres
hospitaliers publics, les centres locaux de services communautaires, les
centres d'accueil publics, les centres de services sociaux, les
établissements privés, eux autres, ils vont négocier
chacun de leur côté les matières négociables
à l'échelle nationale sous l'autorité non pas du grand
comité patronal, mais du ministre.
M. Deguire: C'est ça.
M. Ryan: Cela veut dire qu'ils vont avoir une grande marge...
M. Deguire: Je fais toujours la comparaison suivante quand on
discute entre nous de ces éléments-là. Je dis, par
exemple, que les sous-comités sont un peu des législatures
provinciales par rapport à des législatures
fédérales. Cela pourrait être un supercomité auquel
on conviendrait de donner, au niveau des sous-comités, des juridictions
à ce niveau-là.
M. Clair: Une vraie confédération.
M. Paquette: C'est plutôt une
confédération.
M. Deguire: Mais ils sont autonomes et, dans leur mandat complet,
ils ont l'autonomie complète. Ils ne relèvent que du ministre, au
sens de la loi. Ils ne relèvent pas du CPNAS. Le CPNAS aura sa
juridiction à la minute où elle sera convenue entre les parties
négociantes.
M. Ryan: Dans la loi, est-ce qu'on prévoit clairement des
choses qui relèveraient plus particulièrement du comité
patronal des négociations générales et d'autres qui
relèveraient plus particulièrement des comités
spécialisés?
M. Clair: Cela va être par convenance. Si les parties
s'entendent au niveau sous-sectoriel pour déléguer au CPNAS des
matières, c'est de cette façon que cela procédera.
M. Ryan: Donc, les premières décisions vont se
prendre au niveau des comités spécialisés?
M. Clair: Exact.
M. Ryan: C'est bien dit clairement dans la loi. Pourriez-vous
m'indiquer clairement où c'est, juste pour ma gouverne?
M. Clair: Oui, c'est à l'article 39, où on dit
bien: "Le comité patronal de négociation a pour fonction, sous
l'autorité déléguée au ministre des Affaires
sociales par le gouvernement, de négocier et d'agréer celles des
stipulations visées dans l'article 44 que des sous-comités
patronaux, avec l'accord des parties syndicales, définissent comme
devant faire l'objet de stipulations négociées et
agréées pour l'ensemble des établissements ou pour plus
d'une catégorie d'établissements. "Un sous-comité patronal
de négociation a pour fonction, sous l'autorité
déléguée au ministre des Affaires sociales par le
gouvernement, de négocier et d'agréer... "
C'est un changement majeur puisqu'on sait qu'une des faiblesses de notre
système dans le réseau des affaires sociales, c'était la
standardisation à outrance sans même tenir compte de l'existence
de cinq sous-réseaux dans les affaires sociales. Donc, c'est un premier
pas vers la décentralisation, si le mot peut s'appliquer à cette
réalité-là.
M. Ryan: N'iront au comité général de
négociation décrit à l'article 36 que les sujets qui
auront été délégués à ce
comité par les sous-comités patronaux.
M. Deguire: Et négociés avec les syndicats.
M. Ryan: Et négociés encore avec les syndicats.
Quand on dit: Les sous-comités patronaux, à supposer qu'il y en
ait - je vais revenir à l'exemple que vous donniez tantôt qu'il y
en a trois qui décident de transférer une matière au
comité général et qu'il y en ait deux qui soient contre,
est-ce qu'il y a une règle quelconque prévue dans le projet de
loi ici?
M. Deguire: Non, la règle dont je vous parlais
tantôt, c'est une règle de fonctionnement sur le plan du
CPNAS.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Deguire: Maintenant, on se situe sur le plan du fonctionnement
des sous-comités. Donc, à l'intérieur des
sous-comités, il n'y a qu'une association patronale.
M. Clair: L'article 39 dit bien "... que des sous-comités
patronaux, avec l'accord des parties syndicales... "
M. Ryan: Oui, mais voici ce que je veux dire: À supposer
que vous ayez trois sous-comités qui décident de
transférer une matière au comité général et
deux aient refusé de le faire, qu'est-ce qui arrive?
M. Deguire: On aurait deux situations.
M. Ryan: Vous auriez deux situations. Le comité
négocierait pour les trois qui ont délégué une
responsabilité et les deux autres qui auraient refusé de le faire
garderaient leurs responsabilités en vertu de la loi.
M. Deguire: Exact. Ceci pourrait être...
M. Ryan: C'est matière de strict libre consentement.
M. Deguire: Ceci pourrait être l'effet de
représentations autant patronales que syndicales. On peut imaginer que
des syndicats d'infirmières préféreront que les
négociations restent au sous-sectoriel, comme, d'ailleurs, elles nous le
font savoir déjà et comme cela pourrait être l'effet d'une
autre position, une position patronale. Mais cela ferait du vécu
différent, donc, adapté à des particularités qui
seraient perçues comme telles dans ces sous-secteurs.
M. Ryan: Comme changement général, ce n'est pas le
secteur dans lequel je travaille, mais, a priori, je pense que c'est une grosse
amélioration...
M. Clair: Ah oui!
M. Ryan:... parce que cela n'avait pas de bon sens de
négocier des choses pour les centres d'accueil, pour les...
M. Deguire: Dans notre jargon à nous, on dit: On va
"déshospitaliser" les conventions collectives du réseau des
affaires sociales. Les CLSC sont arrivés tard dans l'histoire. Ils n'ont
jamais eu l'occasion de pouvoir vraiment présenter des choses selon leur
gestion à eux et ce serait une occasion en or, enfin, d'avoir quelque
chose a adapté à ces milieux.
M. Ryan: Sur ce point précis, est-ce que vous pourriez
nous résumer, M. le ministre, la réaction de la partie patronale
et celle de la partie syndicale à l'occasion des audiences que la
commission parlementaire a tenues, il y a quelques semaines?
M. Clair: La partie patronale est très favorable; quant
à la partie syndicale, cela dépend des syndicats. Maintenant,
comme ils étaient constitués dans un regroupement, la voie unique
était plutôt d'être contre le projet de loi. Mais l'on sait
que certains syndicats préfèrent effectivement... Cela
dépend, bien sûr, des syndicats, si certains sont présents,
surtout dans une catégorie d'établissements. Quant à ceux
qui sont présents dans toutes les catégories
d'établissements, ils préfèrent le contraire.
M. Deguire: On a vécu une expérience
intéressante, si cela peut vous intéresser.
quand on a procédé au transfert d'effectif dans les CSS ou
CLSC, une opération, d'ailleurs, qui n'est pas terminée, qui est
en cours. Je dois vous avouer, comme porte-parole à cette table au
niveau du ministère, que j'ai trouvé très agréable
de voir comment la représentation des syndicats des CSS, donc
très particularisés, pouvaient nous démontrer quel
était le vécu des CSS et quels étaient les
problèmes qu'on pouvait avoir à la minute où ces services
pouvaient être donnés au niveau des CLSC. Mais on avait des
versions et des représentations très colorées aux
différents secteurs. En tout cas, quant à moi, j'ai trouvé
cela très enrichissant et très pratique sur le plan du
vécu.
M. Clair: Est-ce que l'amendement est adopté?
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, sur l'amendement?
M. Clair: On a traité un peu de tout.
M. Paquette: L'amendement? Non, pas sur l'amendement.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Clair: Adopté.
M. Paquette: Oui, l'amendement est adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Sur l'article
36...
M. Ryan: Juste une chose sur l'amendement. Cela m'étonne
un petit peu. "Entre autres", je n'aime pas trop cela, parce que c'est vague:
"est composé, entre autres... " Il me semble que ce n'est pas bien fort
dans un texte de loi, une expression comme celle-là.
M. Deguire: C'est parce qu'on ne veut pas avoir une limite quant
au nombre.
M. Ryan: Mais si vous aviez dit "et d'autres membres
agréés par les deux parties", je comprendrais une affaire comme
cela. C'est parce que "entre autres", "it shoots it up in the air". Il me
semble que ce n'est pas une bonne manière de...
M. Deguire: Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'abus, vous
savez. Le vécu, depuis trois rondes de négociations, nous
démontre à peu près quelle est le canevas du
fonctionnement. Je comprends que la formulation n'est peut-être pas des
plus heureuses, mais, en pratique, je pense bien qu'on va très bien
vivre avec elle et il n'y aura pas de problème.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ryan: J'aimerais mieux ici, si le ministre voulait demander
à ses collaborateurs de faire un petit effort pour préciser cela:
composé des président et vice-présidents des
sous-comités, de même que d'un président, et d'autres
membres agréés par le ministre des Affaires sociales et le
groupement d'établissements représentatifs. Je ne sais pas, en
tout cas...
M. Clair: Je pense, M. le Président, que, pour des raisons
d'opérationnalité, à l'une de ces réunions est
susceptible de se présenter une personne. Si on lui demande: Avez-vous
votre papier du ministre, avez-vous votre papier de telle association, on
complique la situation. Cela fonctionne bona fide. Je dois vous dire
qu'à la limite, sauf erreur, cette disposition n'existait pas dans
l'ancienne loi et que cela a fonctionné bona fide. Même si on le
leur interdisait, j'ai bien l'impression...
M. Ryan: Si c'est seulement pour venir aux réunions
à titre de personnes-ressources, elles ne sont pas obligées
d'être membres. Mais, là, vous dites: "est composé". Ce
sont des membres de plein titre.
M. Deguire: Ce sont des membres réguliers.
M. Ryan: II me semble que c'est un comité qui est
formé de deux éléments principaux: d'un côté,
les groupes représentatifs, et, de l'autre côté, le
gouvernement. II me semble qu'il faut éviter de donner au gouvernement
la possibilité de dire: J'ajoute tel membre et tel membre, de même
qu'à l'autre...
M. Clair: Ce n'est pas le gouvernement qui l'a utilisé
surtout, ce sont beaucoup plus les associations patronales.
M. Ryan: Pardon?
M. Clair: Ce n'est pas le gouvernement qui l'a utilisé
surtout, ce sont les associations patronales.
Le Président (M. Lachance): Alors, il est 18 heures. Le
temps est venu de suspendre les travaux de la commission. Nous reprendrons les
travaux à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 16)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît; La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
pour étudier le projet de loi 37, Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapubiic. Nous étions à l'article 36 et la parole était
au député de Rosemont.
Une voix: Vous avez un amendement.
Le Président (M. Laplante): L'amendement a-t-il
été adopté?
Une voix: Non, il a été déposé.
Le Président (M. Laplante): II a été
déposé. Pour régler cela vite, est-ce qu'on peut adopter
l'amendement, à l'article 36?
M. Paquette: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Clair: Alors, on aura un autre libellé à
proposer à...
Le Président (M. Laplante): À l'article 36?
M. Clair: Éventuellement.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Clair: En ce qui concerne l'amendement, ajouter après
le mot "composé", les mots "entre autres membres", le
député d'Argenteuil avait fait valoir que c'était trop
général. À la rigueur, comme le CPNAS fonctionne depuis
trois négociations avec le texte actuel, on pourrait toujours maintenir
le statu quo, mais on va tenter de trouver une formulation un peu plus
restrictive.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous qu'on le suspende
ou si vous êtes prêt à faire l'ouvrage tout de suite?
M. Clair: Non, je ne suis pas tout de suite prêt à
proposer l'autre amendement.
Le Président (M. Laplante): Alors, on va suspendre
l'article 36.
M. Clair: J'indiquais simplement que, par rapport à
l'amendement que je proposais, l'expression "entre autres membres", on
travaille actuellement sur une autre formulation possible, mais j'indiquais
également que le CPNAS a fonctionné pendant trois
négociations avec l'ancien libellé. On pourrait fort bien
prolonger le statu quo et les parties continueront leur pratique en dehors de
la loi.
M. Ryan: Admettre à la table ceux qu'elle juge opportun
d'entendre ou d'avoir comme participants.
M. Clair: Mais on...
M. Ryan: En tout cas, on va attendre.
M. Clair: Toujours est-il qu'on travaille à une
formulation possible actuellement.
Le Président (M. Laplante): D'accord. L'article 36 est
suspendu. Article 37?
M. Ryan: Sur les articles 30 et 31, avez-vous des
développements?
M. Clair: On aura des amendements qui sont à la photocopie
présentement.
Le Président (M. Laplante): L'article 37, M. le
ministre.
M. Clair: II n'y a pas d'amendement proposé, M. le
Président, à l'article 37.
Le Président (M. Laplante): Cela me surprend que le
député de Sainte-Anne...
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président...
M. Paquette: Est-ce que M. le Président se rappelle...
M. Polak: De temps en temps vous avez un défaut, vous
allez trop vite, et de temps en temps vous êtes trop "slow".
M. Ryan: II a été gauche, il voulait demander des
explications.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Là, je comprends. Le
pauvre homme!
M. Clair: Je peux vous en donner une tout de suite.
L'article...
M. Polak: Vous savez que je suis un des membres du début
de cette commission.
M. Paquette: Cela commande un certain respect.
M. Polak: Merci beaucoup, M. le député de Rosemont.
Je vais appuyer votre premier amendement.
M. Clair: M. le Président, je peux simplement indiquer au
député de Sainte-Anne que l'article 37 reprend la
définition que l'on retrouvait à l'ancien article li de la loi
55.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous des commentaires, M.
le député?
M. Polak: Le député d'Argenteuil ramasse ses
documents. Vous savez que je respecte énormément son opinion et
peut-être qu'il trouvera quelque chose que je n'ai pas encore vu.
Le Président (M. Laplante): On peut dire que c'est
intéressant de travailler avec le député d'Argenteuil. Il
connaît déjà la loi.
M. Ryan: À quel numéro sommes-nous? Il n'y a pas
d'amendement du ministre là-dessus, n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Ryan: Par rapport à la loi actuelle, est-ce qu'il y a
quelque changement que ce soit? C'est un point que je n'ai pas eu le temps de
vérifier, malheureusement.
M. Clair: J'ai cependant déjà eu le temps de le
dire. Cela reconduit l'article li, si ma notation est bonne.
M. Ryan: C'est juste.
M. Clair: Cela va.
Le Président (M. Laplante): Cela va?
Mme Le Blanc-Bantey: M. lé Président...
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: J'aimerais poser une question car je ne suis
pas du tout familière avec le secteur des affaires sociales, je l'avoue
très modestement. Vous dites: "... une majorité
d'établissements d'une catégorie font partie et qui est
jugée représentative de cette catégorie par le ministre
des Affaires sociales si elle n'est pas déjà ainsi reconnue par
la loi. " Si elle n'est pas reconnue par la loi, elle est jugée
représentative de cette catégorie par le ministre des Affaires
sociales. C'est jugé comment, cette représentativité? Je
pose la question au ministre.
M. Ryan: II y a une chose pour votre information commune, c'est
quelque chose qui est repris textuellement de la loi qui existe
déjà, la loi 55.
M. Clair: C'était dans la loi 55 et même, dans ce
cas, je pense, dans la loi précédant la loi 55. Ce sont des
dispositions qui sont reconduites textuellement.
Mme Le Blanc-Bantey: Est-ce que vous pouvez quand même
répondre à ma question, ou si toutes ces catégories sont
déjà reconnues par la loi 55 en question?
M. Clair: Je suis convaincu que les associations patronales des
affaires sociales de même que les associations patronales du secteur de
l'éducation ont déjà une reconnaissance légale par
les lois. Ce qu'on veut sans doute indiquer par là, c'est que, dans la
mesure où une association ou un groupement d'établissements ne
seraient pas déjà reconnus par la loi, on laisse la latitude au
ministre de reconnaître un groupement d'établissements. C'est pour
le cas où... À ma connaissance, il n'y a aucun groupement
d'établissements de cette nature qui ait été reconnu.
C'est toujours possible que 25 hôpitaux décident de se retirer de
l'AHQ, par exemple, et veuillent former un nouveau regroupement. C'est plus
pour parer à des possibilités. Je répète que
c'était dans la loi 55 et même dans la loi
précédente.
Mme Le Blanc-Bantey: D'accord, M. le Président.
M. Paquette: M. le Président, c'est un argument que le
ministre utilise régulièrement: C'était dans la loi
actuelle, on le reconduit. Évidemment, règle
générale, on souhaiterait qu'il ait la même attitude pour
l'ensemble de son projet de loi, particulièrement dans les articles qui
vont venir plus tard, sauf qu'on cherche quand même à faire des
améliorations.
On a constaté tout à l'heure que, du côté des
associations patronales, dans le secteur de l'éducation, il pouvait y
avoir des problèmes par la loi 3, la loi 29...
M. Clair: D'où l'utilité du pouvoir
ministériel.
M. Paquette: Oui. Est-ce que le ministre peut nous dire si,
actuellement - je pense que c'est ça, la question - pour chacun des cinq
secteurs mentionnés, les centres hospitaliers, les CLSC, les centres
d'accueil publics, les centres de services sociaux, les établissements
privés conventionnés, dans chacun des cas, il y a une seule
association patronale?
M. Clair: Oui, M. le Président, je ne connais aucune autre
association.
M. Paquette: Dont font partie tous les établissements?
M. Clair: Toutes les institutions, je l'ignore. Tous les
établissements font-ils partie...
Une voix: Non, elles ne sont pas toutes membres des associations,
mais il n'y a pas
d'autres associations.
M. Clair: C'est exact, c'est ce que je pensais. Il n'y a pas
d'autres associations que celles qui sont indiquées, mais il y a des
établissements dans le domaine de la santé qui ont
décidé de n'adhérer à aucune.
M. Paquette: Est-ce qu'il y a beaucoup de ces
établissements qui n'adhèrent à aucun regroupement?
M. Clair: Une faible minorité, une très faible
minorité.
M. Paquette: Quelques unités? M. Clair:
Adopté?
M. Paquette: Je pense que le député d'Iberville
aurait une question.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions?
L'article 37 est adopté. Article 38?
M. Clair: À l'article 38, il n'y a pas d'amendement.
Le Président (M. Laplante): Pas de commentaire? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: L'article 38 reproduit à peu près
intégralement l'article 15 de la loi actuelle.
M. Clair: Avec les concordances nécessaires à la
suite de la mise sur pied des sous-comités.
M. Ryan: II n'y a pas de différence de substance entre
l'article qui existe actuellement dans la loi sur les relations du travail dans
le secteur public et ce qu'on nous propose ici. Par conséquent,
même si ce n'est pas nécessairement la perfection, je pense qu'il
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: À l'article 38, quand on parle du mode de
financement du comité ou du sous-comité, j'ai déjà
entendu dire que ça coûte beaucoup plus cher que ça ne
devrait coûter, peut-être sans raison. Pourriez-vous me donner
quelques détails là-dessus? Le mode de financement du
comité, de quelle façon ça fonctionne dans la pratique,
sachant que nous ne sommes pas superriches, qu'il faut toujours contrôler
les dépenses le plus possible sans, évidemment, couper trop non
plus les droits de ce comité.
M. Clair: M. Deguire va répondre à votre
question.
M. Deguire: Je dirais qu'en 1979, 1980, ainsi qu'en 1982, le
fonctionnement du CPNAS a coûté moins cher qu'à la
négociation précédente. Le fait est qu'il y avait
peut-être, antérieurement, un laisser-aller, ou bien on composait
facilement dans la façon de faire et on n'avait pas de normes
très rigoureuses. Depuis 1979, on s'est donné des règles
de fonctionnement assez strictes sur les déplacements, les allocations
de dépenses, en s'inspirant des normes du Conseil du trésor.
C'est ce qu'on applique depuis ce temps pour ce type de dépenses. La
même chose au niveau des achats. On favorise la politique du gouvernement
d'acheter en grande quantité chez des fournisseurs mieux
agréés de sorte que, par différents moyens, on a
élaboré des politiques d'information, de fourniture, de
fonctionnement, de frais de déplacement et à l'intérieur
de ces critères on a, je pense, diminué les dépenses
depuis les deux dernières rondes. On a fait un effort réel, comme
on a diminué, d'ailleurs, le nombre de représentants de la partie
patronale qui pouvaient venir travailler à ces clubs puisque, comme on a
916 établissements, il était bon d'avoir un éclairage qui
vienne du milieu, le vécu de chaque type d'établissement, tant
dans les soins infirmiers que dans la gestion des effectifs, les ressources
humaines ou un directeur général. On était peut-être
porté à grossir les effectifs. Lors de la dernière
négociation en particulier, on a diminué le nombre de sorte que,
par tous les moyens possibles, on tend à une réduction des
dépenses et, là-dessus, je pense qu'on a fait des gains.
M. Polak: Maintenant, j'ai noté que, lors de
l'étude d'un projet de loi, on n'aime pas trop faire de comparaisons
avec d'autres provinces canadiennes. Est-ce que vous êtes au courant du
coût de cette prénégociation, de ces négociations,
de ces comités quand on regarde les autres provinces? Je sais que c'est
difficile de comparer parce que le système est différent, mais,
tout de même, il y a un montant global parce que, moi, j'ai entendu dire
qu'ici au Québec cela coûte considérablement plus, par
exemple, que dans une province comme l'Ontario. Si je n'ai pas raison,
j'aimerais bien que vous niiez cela.
M. Deguire: Je ne sais pas quels sont les paramètres de
comparaison. En Ontario, on n'a pas de telles structures de fonctionnement
centralisées de sorte que la comparaison n'est pas facile. Mais, pour
cinq organisations patronales distinctes, par ce présent projet de loi
qu'on veut redéfinir d'une façon autonome, pour cinq associations
qui étaient regroupées antérieurement, je dois avouer que,
si on avait voulu faire quelque comparaison avec d'autres modes de
fonctionnement à l'intérieur de la province
de Québec, on n'était pas très
dépensier.
M. Polak: Cela se compare favorablement.
M. Deguire: Oui, très. M. Polak: D'accord.
M. Ryan: Quand vous dites: la comparaison avec l'autre mode de
négociation qui existe au Québec, voulez-vous parler
d'Hydro-Québec ou d'un exemple puisé dans le secteur
privé?
M. Deguire: Non, j'aurais pu penser, sans être malin,
à l'éducation qui avait trois clubs alors que, nous, on n'en
avait qu'un, et je trouvais que, toute proportion gardée, on
était de bons gérants des fonds de la province.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'ai tendance à être sceptique quand un
gestionnaire nous dit que cela coûte de moins en moins cher, mais
j'imagine que cela peut être vrai.
M. Deguire: Relativement.
M. Paquette: Je suis bien prêt à prendre votre
parole. Cependant, est-ce que l'un des facteurs n'a pas été le
fait qu'à la dernière négociation le comité
patronal a eu à se réunir moins souvent puisque, chaque fois
qu'il y avait une étape cruciale à passer, il y avait une loi
spéciale à l'Assemblée nationale qui était
présentée, ce qui faisait en sorte que cela coûtait
peut-être moins cher en temps pour les membres du comité patronal,
mais très cher en temps pour le législateur? (20 h 30)
M. Clair: Non, M. le Président. Le député
fait erreur. Le législateur n'était pas
rémunéré en temps supplémentaire.
M. Paquette: C'est vrai, M. le Président. Pendant ce
temps, il ne faisait pas autre chose qui aurait peut-être
été plus utile pour la société. La question que je
me pose ici, c'est quel est le rôle d'un comité patronal -
là, on aura cinq comités patronaux plutôt qu'un et je
considère que sur certains aspects, effectivement, cela peut
améliorer les choses - quand vient le temps de compiler les tonnes et
les tonnes de décrets qu'on a eues à l'Assemblée
nationale. Est-ce le comité patronal qui a élaboré cela ou
est-ce que...
M. Deguire: On a servi de conseil.
M. Paquette: Donc, cela veut dire que, dans le temps que vous
avez évalué, il y a tout le temps passé sur
l'évaluation, les décrets, les avis à donner.
M. Deguire: Et sur les traductions.
M. Paquette: Très bien. Il y a une autre question que je
me pose, mais on pourra y revenir quand on reviendra à l'article 36.
C'est le fait qu'on ait cinq tables patronales. Les quatre premières,
cela va. Il s'agit de quatre réseaux bien identifiés, bien
distincts, donc, qui ont chacun leurs problèmes spécifiques, qui
ont chacun leurs priorités, leur vécu aussi, c'est important. Le
CPNAS était peut-être plus porté à considérer
les problèmes des centres hospitaliers. Il avait tendance à
négliger les plus petits réseaux ou les réseaux les plus
récents comme les centres locaux de services communautaires, les centres
d'accueil et les centres de services sociaux.
La question que je me pose concerne les établissements
privés conventionnés au sens de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Je comprends qu'il peut y avoir certaines
différences, mais, essentiellement, ils sont obligés de se
conformer à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. J'imagine que le mode de fonctionnement d'un centre d'accueil
conventionné ne doit pas être fondamentalement différent de
celui d'un centre d'accueil public ou d'un centre hospitalier privé. Par
exemple, j'ai l'hôpital Bellechasse dans mon comté, qui est un
centre privé conventionné. Cela ne devait pas être
fondamentalement différent d'un centre hospitalier de courte
durée.
Est-ce que vous avez songé à intégrer les
établissements privés conventionnés? Je pense que cela se
pose moins. J'imagine qu'il n'y a pas de centres locaux de services
communautaires privés, ni probablement de CSS, mais, dans les deux
autres cas, est-ce qu'il n'aurait pas été plus simple de demander
aux établissements privés d'être présents, bien
sûr, aux deux autres comités patronaux, mais de s'intégrer
aux comités patronaux?
M. Deguire: Je comprends qu'en termes de services de santé
ou de services sociaux à donner, ils doivent donner les mêmes
services qui sont requis dans tout autre type d'établissement de
même nature, c'est évident. Puisqu'ils sont couverts ici à
des fins de régime de négociation collective, cela veut dire que
les conditions de travail des salariés à l'intérieur sont
aussi les mêmes; enfin, on va essayer de les adapter davantage. C'est
également la même chose.
C'est essentiellement au niveau des lettres patentes de la corporation
où se trouve la distinction. Elle est donc d'ordre, de reconnaissance
juridique au sens de leur
loi, de leurs lettres patentes, de sorte qu'on peut imaginer - ce sont
deux discours qui se tiennent - que certains établissements
réussissent à fonctionner avec - excusez l'expression - un
"staffing" administratif moindre puisque, finalement, ces gens-là
pensent encore à faire des bénéfices, si c'est possible,
puisque ce sont des entrepreneurs libres qui ont obtenu des lettres patentes.
Leurs établissements sont conventionnés à des fins de
subventions et sont regroupés comme des établissements presque
publics, à toutes fins utiles, au niveau du régime de
négociation. Il demeure que, si je partais moi-même un
hôpital privé, ce serait du capital personnel que je mettrais dans
un premier temps et je verrais à donner le maximum de services, mais
avec un nombre limité de personnes au niveau de la gérance en
particulier.
M. Clair: J'ajouterai, M. le Président, qu'on sait que
dans le réseau de l'éducation, par exemple, les
établissements privés conventionnés, entre guillemets, qui
s'appellent autrement, reconnus, à des fins de subventions,
d'intérêt public, ne sont pas couverts par les clubs patronaux en
cause, de la même façon que personne, je pense, ne met vraiment en
cause la qualité de l'enseignement donné par les institutions
privées par rapport à celui donné par le secteur public.
Les services de santé ou les services sociaux offerts par les
établissements privés du réseau des affaires sociales par
rapport à ceux du secteur public ne sont pas non plus mis en cause. Les
règles de financement sont cependant légèrement
différentes, mais pas autant que celles des institutions d'enseignement,
de sorte que je pense qu'il y a intérêt pour tous, compte tenu que
la qualité des soins est quand même là, de maintenir cette
distinction entre ce réseau qui comporte...
M. Deguire: Pas plus de 100 établissements.
M. Clair:... une centaine d'établissements. C'est à
l'avantage des bénéficiaires, des propriétaires, du
gouvernement et des contribuables.
M. Ryan: Dans le secteur des centres d'accueil, les ressources
dont disposent les institutions privées sont beaucoup moindres que
celles dont disposent les institutions publiques. On ne peut pas avoir, par
conséquent, les mêmes conditions. C'est du deux pour un dans bien
des cas, vous savez.
M. Clair: J'indiquais que, même si les règles de
financement sont différentes, je ne dirais pas que c'est du deux pour
un, c'est peut-être un peu exagéré.
M. Ryan: J'ai deux cas à l'esprit dans mon comté et
je suis convaincu que ce n'est pas loin de cela.
M. Clair: Des indices de productivité qu'on pourrait
développer... Je pense que c'est très justifié par rapport
à ce réseau-là. Alors, est-ce que l'article 38...
M. Ryan: Seulement une question complémentaire par rapport
à ceci. Les établissements privés dans le secteur des
centres d'accueil - dans le secteur des hôpitaux, c'est très
différent - vous faites seulement une table pour eux? C'est très
différent.
M. Deguire: Ce n'est pas moitié-moitié. Je pense
que c'est 60-40 environ, 60 hôpitaux et 40 centres d'accueil.
M. Ryan: Au besoin, vous aurez deux sous-comités, s'il y a
lieu. En pratique, cela va probablement aboutir à cela.
M. Clair: Ce qui semble les rassembler est beaucoup plus
important que ce qui les distingue sur le plan théorique. Ils n'ont
jamais demandé à former deux tables séparées. Pour
eux, déjà, c'est l'une des grandes améliorations du projet
de loi que de reconnaître leur sous-secteur.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Oui, dans un autre ordre d'idées, M.
le Président...
M. Clair: Toujours sur l'article 38?
Mme Le Blanc-Bantey: Toujours sur l'article 38, oui.
Comparativement à la dernière négociation ou aux
négociations précédentes, ce qui est envisagé par
la réforme, par exemple, au niveau de la décentralisation -
toujours en admettant que c'est vraiment un réseau que je ne connais pas
- quelle est la différence... Par exemple, vous dites au deuxième
alinéa: Ils conviennent par écrit des modalités de
fonctionnement et de détermination des matières à
l'égard desquelles ou les représentants des groupements ou les
représentants du ministre ont une voix prépondérante.
Autrement dit, quels sont les changements entre la dernière
négociation à cet égard et celle qui s'en viendrait sur
les matières...
M. Clair: Pour la troisième fois, je peux
répéter qu'à l'article 38 il n'y a pas de modification
substantielle. Ce qui est modifié dans ce chapitre-là,
fondamentalement, c'est qu'auparavant il n'y avait qu'un comité de
négociation pour l'ensemble du réseau des
affaires sociales qui s'appelait le CPNAS. Dorénavant, leur
palier formel de négociation sera le sous-sectoriel. L'article 38 ne
fait que reproduire l'ancien article 15 de la loi en faisant, cependant, les
concordances nécessaires pour indiquer que, maintenant, c'est le palier
sous-sectoriel qui est le palier formel de négociation et non le palier
sectoriel.
Mme Le Blanc-Bantey: J'ai bien compris cela. Si cela continue, je
vais vous demander pourquoi vous avez fait une réforme parce que j'ai
été ici pour l'étude de deux articles et c'est la
reconduction de la loi 55. Alors, je commence à me demander si elle
était...
M. Clair: Si vous aviez été ici depuis deux
semaines, ce n'est pas ce que vous diriez.
Mme Le Blanc-Bantey: C'est-à-dire depuis une semaine. J'ai
manqué quelques jours, je l'admets, à mon grand regret, mais je
commence à me demander, si la loi 55 était si bonne, pourquoi on
fait une réforme. Ce que j'ai compris de cette réforme, c'est
qu'on devrait accentuer la décentralisation d'un certain nombre de
matières dans les établissements. En rapport avec l'article 38,
qui est le même, je veux bien le comprendre, que celui qu'il y avait dans
la loi 55, mais qui devrait s'interpréter différemment s'il y a
une véritable décentralisation, je vous dis: En comparaison de
l'ancienne négociation et de celle qui s'en viendrait où il
pourrait y avoir une décentralisation au niveau local d'un certain
nombre de matières pour lesquelles, par exemple, le ministre
conserverait une voix prépondérante, quand on pense aux
établissements, lesquels auraient une voix prépondérante?
C'est cela la question. Si l'idée de décentralisation
était réelle, il devrait y avoir quand même une
réponse là, même si l'article est le même.
M. Clair: Je veux seulement dire à la
députée des Îles-de-la-Madeleine que je n'ai pas envie de
reprendre avec elle tout le débat de cet après-midi. Ce que je
peux lui indiquer, en résumé, aux dernières
négociations, il n'y a pas eu de négociation locale dans le
réseau des affaires sociales. Le projet de loi prévoit des
arrangements locaux possibles dans chacun des établissements du
réseau des affaires sociales. Aux dernières négociations,
il n'y avait qu'un CPNAS, un comité patronal de négociations pour
les affaires sociales, avec un vis-à-vis, une table centrale au niveau
des affaires sociales. Le projet de loi propose de reconnaître, dans un
premier temps, dans un premier pas, dans un esprit de décentralisation,
la spécificité de chacun des sous-réseaux du réseau
des affaires sociales en reconnaissant qu'il y a un palier formel de
négociation pour chacun des cinq sous-secteurs, ce qui est prévu
à l'article 36, en termes de constitution des comités. L'article
38 ne fait que reproduire les mécanismes de fonctionnement qui
existaient auparavant pour le CPNAS en les appliquant toutefois au
comité sous-sectoriel.
Mme Le Blanc-Bantey: Je dirai au ministre que, même s'il
n'a pas envie de répéter une discussion qui aurait eu lieu cet
après-midi - je ne sais pas, mes collègues pourraient
peut-être me dire si effectivement il a été plus
précis - il n'a quand même pas répondu à la question
et qu'on aura probablement l'occasion d'y revenir plus tard.
M. Clair: Je n'en doute pas.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 38 est
adopté. J'appelle l'article 39.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président. Cet
article détermine les juridictions respectives du CPNAS et des
sous-comités quant au palier où seront négociées
les matières prévues à l'échelle nationale. On en a
déjà discuté un bon moment également cet
après-midi, au moment de la discussion générale, lorsqu'on
a abordé l'étude de l'article 36. Il remplace le premier
paragraphe de l'ancien article 11.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Vous dites que cela remplace le premier paragraphe de
l'ancien article 11. Très bien.
M. Clair: C'est l'information que j'ai.
M. Ryan: Je pense que c'est important de s'arrêter un peu
sur celui-là pour être bien sûr qu'on s'entend sur la
signification exacte. Essentiellement, le changement, comme le ministre l'a
expliqué cet après-midi et comme on le trouve dans les deux
alinéas de l'article 39, est le suivant: à l'article 11 de la loi
actuelle, les comités patronaux, c'est-à-dire le grand
comité général, ont pour fonction de négocier et
d'agréer des stipulations de caractère national qui vont lier
l'ensemble des établissements, tandis qu'avec le projet de loi cette
responsabilité est dévolue au sous-comité
spécialisé.
M. Clair: Effectivement. Qui devient le
palier formel de négociation.
M. Ryan: Le comité patronal général
n'entrera en scène que pour la discussion de questions qui lui auront
été déléguées moyennant accord des deux
parties au niveau des sous-comités sectoriels. Je crois que c'est
vraiment la signification de l'article 39. Comme il semble bien que ce le soit,
je suis obligé en conscience de noter qu'il y a une amélioration
dans le sens d'une décentralisation, au moins au niveau des tables
nationales. On sait combien les hôpitaux peuvent être distincts des
CLSC, des centres de services sociaux ou des centres d'accueil. C'est un pas,
je pense, qui est fait dans une bonne direction. Ce n'est pas la
décentralisation dans le sens du retour véritable à la
responsabilité d'établissement. Cela va venir plus tard dans
l'étude du projet. Pour le moment, il y a une division du travail qui
m'apparaît beaucoup plus fonctionnelle, beaucoup plus conforme aux
exigences de la réalité. Moi, je pense que c'est un article qui
se tient très bien.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 39 est
adopté? M. le député de Rosemont. (20 h 45)
M. Paquette: Oui. Je pense que le député
d'Argenteuil a raison de souligner l'importance de l'article 39. Si on comprend
bien le sens de l'article, on va se retrouver avec - pour reprendre la
comparaison de cet après-midi - une confédération de
tables sectorielles qui pourront déléguer pour certaines
matières des questions d'intérêt commun à la table
centrale des affaires sociales. La question qui se pose ici...
Évidemment, c'est, sur le plan théorique, une grande
amélioration. Cependant, je ne peux m'empêcher de penser que la
situation n'est pas la même des deux côtés de la table de
négociation. Du côté patronal, on n'aura pas de
difficultés à meubler chacune des cinq tables sectorielles. Il y
a plein de gens dans les réseaux qui ont plein de ressources. Le
gouvernement peut ajouter des ressources de son point de vue, au besoin, en
confiant des contrats, en nommant des gens pour une période X. Je pense
qu'il ne lésinera pas parce qu'une bonne participation patronale peut
permettre d'assurer les meilleurs intérêts de la partie patronale
et je pense que les deux parties patronales, le gouvernement et les
établissements, tiennent une partie appréciable des cordons de la
bourse, de notre bourse, puisqu'il s'agit de fonds publics, et les ressources
ne manquant pas, je pense qu'il n'y aura pas de problème à
trouver des gens à temps plein pour travailler aux comités
sectoriels.
Du côté de la partie syndicale, cela peut être fort
différent parce que, là, les représentants, la partie
syndicale a évidemment moins de ressources à sa disposition.
Souvent, dans un syndicat - je pense au syndicat des infirmiers et
infirmières ou même à la Fédération des
affaires sociales, ou à d'autres regroupements dans le domaine des
affaires sociales - on a un nombre limité de ressources à mettre
sur les vis-à-vis. Ici, on parle des comités patronaux, mais il
va falloir se poser la question tantôt: À chaque comité
patronal, il y a vis-à-vis, un comité syndical, bien sûr.
J'aimerais demander au ministre ce qu'il en est des modalités de
fonctionnement. Je sais qu'il y a eu un bout de temps une partie des frais des
négociateurs syndicaux payés par l'État.
M. Clair: On rembourse jusqu'à 50 % des libérations
syndicales.
M. Paquette: 50 % sont payés par l'État et 50 %
sont payés par la centrale syndicale, à même la cotisation
des membres. Les échos qu'on a de notre côté, c'est que ce
n'est pas nécessairement facile pour toutes les centrales syndicales
d'assumer ces coûts-là. J'aimerais me faire une idée sur la
question. Est-ce qu'on peut me dire, puisque l'État paie 50 % de la
facture syndicale, quel est le total de la facture, comment cela se
répartit et est-ce que cela représente des sommes importantes qui
feraient en sorte que, du côté syndical, ce serait plus difficile
de participer à cinq comités qu'à un seul, ou
peut-être à un mécanisme intermédiaire entre les
deux?
M. Clair: Je n'ai pas de chiffres à donner au
député en ce qui concerne les coûts. Je peux cependant lui
indiquer qu'il n'est aucunement question que le Conseil du trésor
autorise le ministère des Affaires sociales à avoir à
contrat ou autrement des effectifs nouveaux à ces fins, en aucune
façon. Le ministère des Affaires sociales va fonctionner avec les
effectifs qu'il a. Du côté syndical, un exemple: la
dernière fois, lors de la dernière ronde de négociations,
il y a eu 42 libérés syndicaux à la
Fédération des affaires sociales, sans compter les permanents
dont je ne pourrais pas évaluer le nombre à la
Fédération des affaires sociales. On parle probablement d'au
moins une douzaine de personnes par table.
M. Paquette: Par table sectorielle?
M. Clair: Possible. Je pense qu'à l'intérieur de
cela ce n'est pas, comme le député a eu l'occasion de le dire
plus tôt, en ajoutant des dizaines et des dizaines de personnes qu'on va
faciliter la communication. Je pense qu'avec les chiffres qu'on a... En ce qui
concerne les syndicats d'infirmières ou d'autres syndicats
indépendants auxquels se référait le
député,
certains d'entre eux sont justement de ceux qui souhaitent une telle
sous-sectorisation des négociations.
Le Président (M. Lachance): Cela va, M. le
député?
M. Paquette: Du côté patronal, il y avait combien de
personnes, à peu près? Vous avez parlé de 42 du
côté syndical, dans tout le secteur des affaires sociales. Du
côté patronal, il y en avait combien?
M. Deguire: On avait environ une soixantaine de personnes pour
l'ensemble des tables, autant FAS, FTQ, les infirmières pour combler
l'ensemble. Ce seront probablement encore des effectifs semblables la prochaine
fois.
M. Clair: C'est ce que je disais, une douzaine de personnes.
M. Paquette: Donc, avec les mêmes effectifs, tant du
côté patronal que syndical, vous pensez qu'il y aurait moyen de
faire fonctionner ce système à deux paliers, de cinq tables
sectorielles et d'une table centrale.
M. Clair: II faut dire aussi que, dans le fond, on inverse le
système. Avant, le palier formel, c'était le CPNAS et, au mieux,
à la fin, on tentait d'aménager, un peu à la
va-comme-je-te-pousse, le contenu sectoriel ou sous-sectoriel
déterminé au niveau national. Je pense, moi, que c'était
un peu mettre la charrue devant les boeufs. C'est un peu mieux de dire que le
travail se fait d'abord au niveau sous-sectoriel et, s'il y a des choses que,
visiblement, ni les associations patronales, ni le gouvernement, ni les
syndicats n'auront intérêt à conserver au sous-sectoriel,
un certain nombre de questions sur lesquelles les gens, à mon avis, vont
rapidement s'entendre pour les reporter au niveau national...
M. Paquette: Si le ministre veut me convaincre que la
souveraineté-association est un régime beaucoup plus efficace
qu'un régime fédéral, il n'aura pas de
difficulté.
M. Clair: C'était une vraie confédération,
selon l'expression de M. Deguire. Je dois dire que c'était encore
insatisfaisant.
M. Ryan: Je vous préviens: il y a un facteur dans ce genre
de confédération, il y a un boss ultime qu'est le
président du Conseil du trésor. Une
confédération... généralement que quand il y a une
autorité plus ou moins cachée...
M. Paquette: Vous avez raison de dire que ce n'est pas une vraie
confédération. Oui, parce qu'on voit que le Conseil du
trésor tient les ficelles partout.
M. Ryan: C'est pour cela que je ne voudrais pas que vous vous
laissiez emporter.
M. Paquette: Vous avez raison. Je remercie le
député d'Argenteuil de me mettre en garde.
M. Clair:... suffisant pour adopter l'article 39?
M. Ryan: Ceci pour vous signaler que les
confédérations à l'état pur sont très
difficiles.
M. Paquette: D'autre part, j'aimerais entendre du ministre
l'effet que ce nouveau mode de fonctionnement peut avoir sur le transfert au
niveau local. Est-ce qu'on ne risque pas de limiter une véritable
décentralisation au niveau des établissements? La plus
souhaitable serait celle qui pourrait être acceptée le plus
largement possible et s'effectuer le plus rapidement et le plus largement
possible. Je pense que le ministre va convenir qu'on a avantage à
rapprocher le maximum de questions qui touchent à la vie des
établissements, au fonctionnement des établissements, aux
services qui sont offerts à la population au palier local, à
condition que certaines conditions soient remplies. On verra cela dans les
autres articles du projet de loi.
La question qui se pose ici, compte tenu que la négociation devra
peut-être circuler plus qu'avant entre deux paliers et que davantage de
choses seront traitées au niveau des cinq tables sectorielles: Est-ce
qu'on ne risque pas d'en rester là et de défavoriser une
décentralisation au niveau des établissements?
M. Clair: Au contraire. Il me semble que cela la favorisera
puisqu'on sait que dans le système actuel on a dénombré,
dans certains établissements, selon mon collègue, le ministre des
Affaires sociales, jusqu'à 130 lettres d'entente illégales,
à toute fin que de droit, dans certains établissements du
réseau de la santé. Cela est dû au fait que les conventions
collectives sont trop standardisées par rapport au modèle
hôpital. On voit donc un appétit pour de la négociation
locale en permettant des arrangements locaux sur un contenu qui sera mieux
adapté à chacun des réseaux du réseau des affaires
sociales. Je pense que cela incitera davantage les gens à
procéder à des arrangements locaux en phase 1.
Éventuellement, dans une, deux, trois négociations,
peut-être pourrons-nous passer à une phase ultérieure plus
poussée de décentralisation, parce que les gens auront pris
l'habitude de
négocier. Il faut dire que certains établissements,
centres d'accueil ou CLSC sont nés complètement après
l'ère de la centralisation progressive et n'ont jamais connu aucune
négociation locale. C'est la raison pour laquelle on veut
procéder prudemment, tant à la demande des syndicats que des
associations patronales.
M. Paquette: La question que je pose fait référence
à une expérience vécue dans le système scolaire.
C'est le cas de toutes les organisations. Dans la mesure où on
établit un palier intermédiaire, le palier intermédiaire a
tendance à accaparer plus de choses et à limiter les questions
qui vont être décidées au palier inférieur, au
palier qui est le plus proche des gens. Le fait d'accumuler des niveaux dans
une structure a tendance généralement à contrer la
centralisation plutôt que la favoriser.
M. Clair: C'est la raison pour laquelle nous avons prévu
une liste obligatoire de sujets sur lesquels les parties au niveau local
pourront convenir d'arrangements locaux dans le réseau des affaires
sociales. On est allé au-devant de la crainte du député de
Rosemont.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Je reviens toujours au fait que c'est un
article reconduit de la loi 55. Si ma mémoire est bonne, aux
dernières négociations, on n'avait pas contesté longtemps
du côté des établissements pour que les
responsabilités de la négociation reviennent au niveau national.
Il n'y avait pas eu de ce type de négociations plus
décentralisées.
Ma question est la suivante: Dans le fond, pourquoi n'a-t-on pas
essayé de faire fonctionner la loi 55 avant d'aller plus loin? Si je
comprends bien - parce que vous reconduisez un certain nombre d'articles de la
loi 55 - on avait déjà les bases qui nous permettaient de faire
ce type de décentralisation quitte à accentuer par la suite. Vous
parlez même de deux ou trois négociations successives qui
permettraient d'arriver à un modèle idéal.
M. Clair: Je le répète pour la quatrième
fois, cette fois-ci, M. le Président, que l'ancienne loi
prévoyait qu'il n'y avait qu'un seul palier de négociation, le
CPNAS. J'indique maintenant qu'il y a deux modifications. La première,
le palier formel de négociation tel que prévu par l'article 39 et
l'article 36 fait en sorte que le palier formel de négociation sera le
sous-sectoriel aux affaires sociales et non pas le sectoriel.
Deuxièmement, il y aura une liste obligatoire, c'est-à-dire une
liste en annexe qui prévoira des sujets sur lesquels les parties au
niveau local sont, par le simple effet de la loi, habilitées à
procéder à des arrangements locaux, alors qu'auparavant il
fallait qu'on s'entende au niveau du CPNAS pour que des arrangements locaux
puissent survenir au niveau local. Tel n'était pas le cas de sorte que
tous les arrangements locaux étaient, entre guillemets, illégaux.
Je conçois que ce sont là des améliorations modestes dans
le sens de la décentralisation, mais elles sont réelles.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, dans l'étude de ce
projet de loi, vous aurez remarqué que nous avons tendance à
toujours nous poser la question; Oui, cela peut être souhaitable, oui, du
côté patronal, cela peut très bien s'organiser, mais il
faut aussi se dire que ce projet de loi est présenté par le
gouvernement qui forcément est plus régulièrement en
contact avec les organismes patronaux et leurs regroupements qu'avec leurs
vis-à-vis syndicaux.
M. Clair: Demandez-le aux associations patronales, elles pensent
exactement le contraire de ce que vient de dire le député de
Rosemont.
M. Paquette: Ah oui? J'ai assisté à une partie de
la commission parlementaire où les organismes patronaux ont
présenté un mémoire et j'ai assisté
également à la partie où les centrales syndicales ont
présenté leur position sur le projet de loi 37. Du
côté patronal, je pense qu'en gros il y a un accord sur le
système à deux paliers, c'est-à-dire la négociation
au niveau sectoriel qui est privilégiée et la possibilité
de renvoi à un niveau central. Est-ce que le ministre peut nous assurer
qu'il en est de même du côté des organisations
syndicales?
M. Clair: J'ai eu l'occasion cet après-midi de dire
exactement le contraire. Les associations syndicales, en général,
regroupées dans ce qui s'est appelé une coalition, ont soutenu le
contraire, sauf que j'ai eu l'occasion d'indiquer que certains syndicats
membres de la coalition nous ont indiqué privément qu'ils
étaient d'accord avec la sous-sectorisation parce qu'ils n'avaient pas
de membres dans tous les sous-secteurs et qu'en conséquence il leur
semblait tomber sous le sens que l'on n'impose pas un modèle unique de
convention collective pour les cinq sous-réseaux.
M. Paquette: J'imagine que pour les petits syndicats cela doit
être la position. Ils se disent: On va participer à l'une ou
l'autre des tables sectorielles et, pour nous, cela va
aller, cela réduit les efforts qu'on a à faire et nos
membres sont concentrés.
M. Clair: Je rappelle au député de Ro-semont que le
tiers des employés des secteurs public et parapublic sont
représentés par des syndicats non affiliés. (21
heures)
M. Paquette: Ce que le ministre vient de nous dire, c'est qu'au
contraire, en ce qui concerne les centrales syndicales qui sont susceptibles de
travailler sur l'ensemble de la majorité des tables sectorielles,
l'attitude est plutôt négative.
M. Clair: Je pense que c'est une assez bonne lecture du
député.
M. Paquette: Est-ce que le ministre a découvert pour
quelles raisons?
M. Clair: Oui, cela m'apparaît très simple, M. le
Président. Je pense que, dans la mesure où une centrale syndicale
a des membres dans plusieurs sous-secteurs, c'est plus facile pour elle de
coordonner ses actions dans une table que dans cinq tables, d'une part, et,
d'autre part, c'est assez évident que cela donne une force de frappe
beaucoup plus grande lorsqu'il n'y a qu'un seul et même lieu de
négociations que lorsqu'il y en a cinq.
M. Paquette: Au-delà de cela, M. le Président,
est-ce que le ministre peut nous donner l'assurance que, si son projet de loi
s'applique et qu'on a cinq tables sectorielles, les organisations qui
pourraient être pénalisées par rapport à la
situation antérieure, c'est-à-dire qui devront se partager
maintenant entre cinq tables sectorielles - pour certaines questions, elles
iront à table centrale aux affaires sociales -les ressources
financières mises à la disposition de ces groupements syndicaux
suivront, c'est-à-dire que ceux-ci ne seront pas
pénalisés, ne devront pas puiser davantage d'argent auprès
de leurs membres pour participer aux différentes tables sectorielles qui
sont mises de l'avant dans le projet de loi?
M. Clair: Elles ne seront ni substantiellement réduites,
ni substantiellement augmentées.
M. Paquette: Autrement dit, le ministre nous dit: On
établit un nouveau système, mais on n'en tiendra pas compte dans
la formule de financement.
M. Clair: Non, ce que j'indique simplement, c'est qu'avec une
douzaine de personnes de chaque côté, à chaque table, cela
me semble raisonnable parce que, finalement, on fait le même travail,
mais on le fait mieux, à mon sens.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 39 est
adopté?
M. Polak: Non, j'ai une question.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Le deuxième paragraphe de l'article 39 dit
que le sous-comité patronal a pour fonction, sous l'autorité
déléguée au ministre des Affaires sociales, de
négocier, d'agréer, etc. Quelle est la manoeuvre de ce
sous-comité parce que lorsqu'on dit: "... sous l'autorité
déléguée au ministre des Affaires sociales... "
M. Clair: C'est celle qui est prévue...
Me Polak: J'imagine qu'il a un certain mandat et qu'il ne peut
aller plus loin que cela.
M. Clair: La marge de manoeuvre sera celle prévue dans le
protocole d'entente qui interviendra entre l'association patronale et le
ministre des Affaires sociales puisqu'on a vu, à l'article
précédent, qu'il y avait des matières où
l'association patronale est prépondérante, d'autres où le
gouvernement est prépondérant.
M. Polak: Maintenant, je me rappelle que, lors des
négociations précédentes, on voyait très souvent
qu'ils ne pouvaient absolument rien faire. Ils étaient tout le temps
obligés de retourner au gouvernement ou au ministre en question avant de
dire quoi que ce soit.
M. Clair: Cela se conçoit fort bien puisque, la
dernière fois, le gouvernement a décidé de tout
décréter d'intérêt gouvernemental.
M. Polak: Non, non, mais je parle d'avant. Je ne considère
pas cela comme normal, je considère cela comme un cas d'exception, de
tyrannie. Je parle d'avant cela. Tout de même, vous avez eu, à un
moment donné, une négociation sérieuse? Bon. Il y a eu une
autre ronde, vous n'étiez pas... Dans ce cas-là, il y avait
continuellement des plaintes qui affirmaient que les mains étaient
liées tout le temps. Est-ce que vous donnez, dans ce projet de loi-ci,
un peu plus de liberté qu'avant à ces gens-là ou à
ces comités pour agir localement?
M. Clair: Alors, on n'est pas au niveau local, M. le
Président, on est au niveau sous-sectoriel.
M. Polak: Oui, mais est-ce que vous
donnez un peu plus de liberté qu'auparavant?
M. Clair: Les dispositions sont les mêmes, c'est au niveau
de la négociation du protocole d'entente qui interviendra entre les deux
parties. Maintenant, je dois vous dire -je ne veux pas être cynique - que
tous et chacun des êtres humains ont un certain pouvoir, de même
que toutes les organisations possèdent un certain pouvoir.
Généralement, celui qui a plus de pouvoirs hésite à
en donner à celui qui en a moins et celui qui en a moins désire
en avoir plus et en prendre à celui qui en a déjà. C'est
évident que les associations patronales, quant à elles,
préféreraient, à la limite, détenir les pouvoirs du
Conseil du trésor. Il y a une façon fort simple de faire cela,
c'est que ces gens-là décident d'être candidats dans une
élection générale, se fassent élire, nommer
ministres et aient la responsabilité de gérer les affaires de
l'État. Mais cela dit, je pense que c'est un peut pour, je dirais,
visualiser ou rendre plus facile à comprendre le fait qu'il y aura
toujours des problèmes entre les associations patronales et le
gouvernement au sujet de la détermination des matières dont
chacun est responsable. Mais je pense que ces mécanismes, en
eux-mêmes, ne portent pas de problèmes et ils ont
fonctionné. C'est comme le disait le député d'Argenteuil
cet après-midi, de plusieurs solutions la moins pire...
M. Polak: La meilleure, la moins pire, d'accord.
M. Clair:... probablement, qu'on puisse retenir.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Le député de Rosemont a
demandé tout à l'heure quelle avait été la
réaction de la partie patronale et de la partie syndicale, à
laquelle question le ministre a répondu. Quant à la partie
patronale, est-ce que, en général, ses représentants sont
totalement d'accord avec l'ensemble des matières annexées comme
devant faire l'objet d'une décentralisation, tout au moins au niveau
sous-sectoriel?
M. Clair: Aux Affaires sociales, de même qu'à
l'Éducation... En tout cas, aux Affaires sociales, j'ai M. Deguire
à côté de moi. C'est lui qui a procédé aux
consultations. Il peut nous répondre lui-même.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuii.
M. Ryan: Une question de règlement, M. le
Président. Je crois que cette question vient plus tard dans
l'étude du projet. Il y a des articles qui traitent
particulièrement de cela et je me demande si on ne devrait pas
régler ce qui est présentement sur la table et garder cette
discussion pour un petit peu plus tard. Il y a des articles qui traitent
précisément de ce point.
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne m'oppose pas à la question de
règlement du député d'Argenteuil, on peut y revenir...
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement, je crois que le député d'Argenteuil est
pressé d'adopter ce projet de loi, comme son parti, d'ailleurs.
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): II va falloir y aller dans
l'ordre.
M. Ryan: Oui, mais il faut faire attention.
M. Paquette: Est-ce que le député d'Argenteuil peut
me laisser terminer?
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, allez-y brièvement, s'il vous plaît!
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement, je pense que tout se tient dans un projet de loi. On arrive
à un changement extrêmement important par rapport à la loi
55 qui vise à établir un nouveau palier dans le système de
comités ou de sous-comités au moment de la négociation et
le fait de faire intervenir un palier sectoriel qui sera l'instance principale
sur le plan national de la négociation peut avoir un impact sur les
négociations locales. Je pense que ce n'est pas parce qu'on est train de
discuter d'un article qu'on doit s'abstraire de toutes les
considérations qu'il y a autour.
Je pense que c'est un projet de loi touffu dont les articles sont
reliés, dont les concepts sont reliés entre eux. Je comprends que
le député d'Argenteuil soit tout à fait séduit par
la proposition du ministre qui présente un intérêt certain,
on n'en disconvient pas. Cependant, je ne pense pas qu'on doive empêcher
ma collègue des Îles-de-la-Madeleine de soulever une autre
question qui y est reliée.
M. Clair: M. le Président, si cela peut régler le
litige, je peux répondre à la députée des
Îles-de-la-Madeleine, même si effectivement cela apparaît une
autre question, que, oui, toutes ces questions, ces matières ont
été entendues avec les associations patronales.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'allais dire à la députée des
Îles-de-la-Madeleine que, si elle avait été présente
quand ces organismes se sont présentés ici et si elle avait lu le
compte rendu de leurs échanges avec la commission parlementaire, elle
aurait connu la réponse à sa question déjà. Je veux
dire au député de Rosemont que nous sommes prêts à
consacrer tout le temps nécessaire à l'examen consciencieux du
projet de loi, mais il ne faut pas que cela devienne une classe de
prématernelle non plus. On est supposé avoir chacun fait son
"homework" avant de partir de chez nous et avoir lu au moins le projet de loi,
puis poser des questions pertinentes. Dans le respect de ces conditions, je
veux vous assurer qu'on a beaucoup de travail à faire encore. Il y a une
position qu'on a définie bien souvent, du côté de
l'Opposition. On a dit: II y a des points sur lesquels on vous recommande de ne
pas trop jouer, quand on n'a pas de preuve que cela doit être
changé, et, surtout, de preuve qu'on a quelque chose de meilleur
à offrir. On vous dit: Soyez très prudent dans ce domaine.
Alors, quand ce sont des articles qui respectent des choses
établies, au sujet desquels il n'y a pas eu trop de protestations, on
dit: On aime autant les passer en ne prenant pas trop de temps, justement parce
qu'on a d'autres points. Nous, on a toute une série d'amendements qu'on
va proposer. La vraie viande, dans ce projet de loi, s'en vient. On en est
encore aux prolégomènes et il faut bien qu'on ait du temps, parce
qu'à un moment donné, moi, je regretterais - il faut bien penser
aux échéances qui nous pèsent au bout du nez -qu'on soit
obligé de finir cela en queue de poisson, comme c'est arrivé
tellement souvent, sans avoir eu le temps de discuter du fond des choses,
là où il fallait précisément en discuter.
Cela dit, je voudrais assurer le député de Rosemont qu'il
n'y a pas d'arrière-pensées là-dedans, sinon celles
contribuées constructivement, comme nous essayons toujours de le faire,
à la préparation d'un projet de loi bonifié.
Le Président (M. Lachance): Je demanderais au
député, après cette mise au point, cette question de
règlement, de bien vouloir revenir à la pertinence de l'article
39, et on continuera au fur et à mesure.
M. Paquette: M. le Président, je suis bien d'accord avec
vous. Cependant, dans son argumentation, le député d'Argenteuil a
justement dit que lorsque c'étaient des articles reconduits... Or, on a
un changement important. Je pense qu'on en convient tous; d'ailleurs,
lui-même a dit, au début de l'article 39, que c'était un
changement important qui allait avoir des conséquences sur les
négociations. Il ne faut pas se surprendre qu'on y attache l'importance
qu'il mérite. On a passé plus rapidement sur les articles 38, 37
et les autres articles. Sur l'article 39, je pense qu'il ne faudrait pas
interdire à ma collègue des Îles-de-la-Madeleine de faire
appel à d'autres considérations qui peuvent être
reliées à l'article.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne voudrais pas incommoder indûment
le député d'Argenteuil, mais...
M. Ryan: II est capable d'en prendre.
Mme Le Blanc-Bantey:... comme le député de Rosemont
l'a souligné, c'est effectivement un projet de loi dont les articles
sont reliés les uns aux autres et il se peut fort bien que le temps pris
pour comprendre l'article dans une discussion nous amène à
procéder plus rapidement dans la suite des événements.
À cet égard, pour avoir été très
présente dans certaines commissions parlementaires, j'ai
été très tolérante, généralement,
à l'égard de tout le monde et, en particulier, du
député d'Argenteuil qui, parfois, a le tort de parler
longuement.
Le Président (M. Lachance): Mme la
députée...
Mme Le Blanc-Bantey: Je lui demanderais, pour le reste de la
soirée, de faire preuve de la tolérance, que je lui connais
aussi, généralement.
Le Président (M. Lachance): Cela dit, Mme la
députée...
Mme Le Blanc-Bantey: On va s'engager, de notre côté,
à essayer de procéder le plus rapidement possible, toujours dans
le but de bien comprendre les articles adoptés ici.
Le Président (M. Lachance): L'article 39 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 40. Est-ce qu'il y a des commentaires? Est-ce que l'article 40 est
adopté?
M. Paquette: À part le fait qu'on voit encore intervenir
l'omniprésent Conseil du trésor qui, encore une fois,
détermine les mandats de négociation et que tout le reste
s'organise en fonction des mandats. Mais, M. le Président, c'est
l'économie générale du projet de loi, alors il n'y a pas
grand-chose de neuf à dire sur l'article 40.
Le Président (M. Lachance): L'article 40 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 41.
M. Clair: Cet article remplace les anciens articles 16 et 17.
M. Ryan: Vous ajoutez ici quelque chose, je pense, par rapport
à ce qui existait? Les clauses 16 et 17, non, c'est la même chose,
finalement; les articles 16 et 17 sont fondus en un seul article, c'est la
même chose.
M. Clair: Exact.
M. Ryan: Aucune remarque.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que l'article 41 est
adopté? Adopté. J'appelle l'article 42.
M. Clair: Cet article reprend, avec les concordances
nécessaires, les anciens articles 18 et 19. Je tiens à
préciser que, toutefois, cet article limite les pouvoirs du Conseil du
trésor qui n'a désormais plus à approuver les mandats et
ne peut plus invoquer l'intérêt gouvernemental lorsqu'il s'agit de
stipulations négociées et agrées à l'échelle
locale ou régionale, suivant les articles 57 et 58, en fonction de
l'article 42, 2°. Enfin, lorsque l'article 43 se réfère
à l'article 53, cela assure aux secteurs qu'ils seront invités
lorsque le conseil négociera et présentera un projet de
règlement lors des périodes où les salaires et
échelles de salaires peuvent être déterminés.
Au député de Rosemont, qui a évoqué la
présence constante du Conseil du trésor...
M. Paquette: Étouffante, même.
M. Clair:... je lui dirai que c'est un peu comme rêver
qu'il puisse y avoir des entreprises privées ou publiques sans qu'il y
ait un vice-président aux finances ou sans qu'il y ait un
trésorier dans la compagnie. C'est effectivement la fonction la plus
désagréable qui puisse exister dans une organisation. Il s'agit
simplement de rendre le personnage aussi acceptable que possible.
Mme Le Blanc-Bantey: II y a des gens qui y prennent
goût.
M. Clair: Qui y prennent goût?
Mme Le Blanc-Bantey: À ce personnage
désagréable.
M. Clair: Je peux assurer la députée que ce n'est
pas mon cas.
Le Président (M. Lachance): L'article 42, M. le
député d'Argenteuil. (21 h 15)
M. Ryan: Je pense que ce ne serait pas mauvais, ici... D'abord,
est-ce qu'on s'entend, au départ, pour considérer que c'est
à peu près le même libellé que dans le texte actuel
de la loi?
M. Clair: Sauf une chose, sauf le point...
M. Ryan: Quel point? Vous l'avez mentionné et je cherche
à l'identifier clairement.
M. Clair:... au 2°...
M. Ryan: Oui.
M. Clair:... pour les matières - et on le verra
tantôt, en particulier dans le réseau de l'éducation - il
n'y a plus de mandats, ni de matières d'intérêt
gouvernemental à être invoqués pour les choses qui sont
négociées au nivau local.
M. Ryan: Oui. Cela est une exception sur laquelle on aura bien
des commentaires à formuler en temps utile, mais, pour le reste, c'est
la même chose.
M. Clair: Substantiellement, oui.
M. Ryan: Là-dessus, il serait important de faire le point
sur les représentations qui ont été soumises à la
commission parlementaire pour voir dans quelle mesure le gouvernement en a tenu
compte et pour demander au ministre des explications, là où on
n'en a pas tenu compte. J'ai ici le résumé d'interventions qui
ont été faites devant la commission: une première par...
Ici, cela s'applique autant au secteur de l'éducation qu'au secteur des
affaires sociales...
M. Clair: C'est exact.
M. Ryan:... comme le ministre vient de le dire. La
Fédération des cégeps du Québec, dans sa
présentation, a émis des critiques au sujet de l'article 42, en
particulier. Elle posait la question suivante: À quelle époque
l'État entend-il réduire sa présence massive comme
employeur-négociateur en maintenant toutes les fonctions qu'il fait
encore assumer par le Conseil du trésor? "Clarification des rôles
dans la détermination des mandats pour les objets
négociés à l'échelle nationale. "À la
recherche d'un nouvel équilibre, le gouvernement du Québec a
considéré, dans son document de consultation, qu'il fallait
s'attaquer à l'hypercentralisation. Cependant, le projet de loi,
lorsqu'il traite de la négociation nationale, reproduit presque mot
à mot les dispositions de l'actuel régime. "Nous proposons
qu'à l'égard des comités patronaux de négociation
les rôles soient clarifiés comme suit: "En ce qui concerne le
Conseil du trésor, il établit les paramètres financiers de
la négociation sectorielle et s'assure que ceux-ci sont
respectés. "En ce qui concerne les ministères sectoriels, ceux-ci
fixent les mandats de négociation, pour les matières qui
concernent les prérogatives et les politiques ministérielles,
compte tenu des paramètres financiers arrêtés par le
Conseil du trésor. " Je vais faire le tour, peut-être qu'ensuite
le ministre pourra commenter le tout. Cela va donner une vue d'ensemble.
La Fédération des cégeps continue: "En ce qui
concerne les représentants des groupements d'employeurs - ce sont les
voeux qu'elle émet, si je comprends bien -ceux-ci fixent les mandats de
négociation pour les matières qui concernent l'organisation du
travail, les mouvements de personnel, les rapports collectifs du travail,
compte tenu des paramètres financiers arrêtés par le
Conseil du trésor. "Si la proposition qui précède est
retenue, l'article 43 du projet de loi doit être biffé et les
articles qui concernent le Conseil du trésor
réaménagés. " C'est l'opinion de la
Fédération des cégeps.
J'ai l'opinion de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, comme elle s'appelait encore au moment où
elle s'est présentée ici la dernière fois devant la
commission parlementaire. Elle disait ceci: "Bien que le gouvernement ait admis
la nécessité de dépolitiser la négociation, de
décentraliser des objets de négociation et d'impliquer davantage
les organismes patronaux, il n'a pu résister à la tentation de
maintenir dans le présent projet de loi tous les articles qui
"organisent" ses partenaires patronaux. "
On en vient un peu plus loin à des considérations sur
l'article 42. La fédération déclare ceci: "II nous
apparaît inconcevable que les dispositions prévues à
l'article 42 sur l'intérêt gouvernemental puissent invalider les
dispositions de l'article 32 qui prévoit qu'au sein du comité
patronal les parties conviennent "des matières à l'égard
desquelles les représentants du groupement ou les représentants
du ministre ont une voix prépondérante". En ce sens, le 2e
paragraphe de l'article 42 doit être amendé comme suit: - Le
Conseil du trésor - autorise les mandats de négociation des
comités patronaux sur les matières ou éléments
d'une matière qu'il juge d'intérêt gouvernemental.
L'intérêt gouvernemental ne peut jamais être invoqué
pour une matière, ou élément d'une matière,
à l'égard de laquelle les représentants du groupement ont
une voix prépondérante, à moins d'entente
spécifique. "
Voici une recommandation précise, on demande que
l'intérêt gouvernemntal ne puisse être invoqué pour
une matière sur laquelle il a été convenu dans le
protocole que les représentants institutionnels auraient une voix
prépondérante, à moins... L'intérêt
gouvernemental ne peut jamais être invoqué. Je continue
après cela. Je pense que c'est l'essentiel.
M. Clair: Oui, ce sont les deux principales...
M. Ryan: Vous avez les mêmes références que
moi, sans doute.
M. Clair: On a assisté à la même
commission.
M. Ryan: On est allé ensemble. Ce qui paraît
dangereux ici et ce qui s'est avéré l'être dans la
pratique, à l'expérience des rondes de négociations
antérieures, c'est la notion d'intérêt gouvernemental qui
est très large et qui semble aller bien au-delà de ce qu'est la
fonction du Conseil du trésor dans le fonctionnement de l'appareil
gouvernemental. Le Conseil du trésor a comme raison d'être
particulière le contrôle et l'orientation de la manière
dont sont effectués les déboursés publics à
même le Trésor public, évidemment. Dans la mesure où
le Conseil du trésor juge que les intérêts propres à
sa fonction dans un appareil gouvernemental sont concernés, on comprend
très bien qu'il doive intervenir, mais, lorsqu'il s'agit
d'intérêts qui sont plutôt dans la ligne de
l'éducation ou des affaires sociales, il semblerait normal qu'il
appartienne aux ministres sectoriels d'être ceux qui ont le mot à
dire au nom du gouvernement. Lorsqu'une question a été
confiée à la constituante institutionnelle des comités
nationaux, cela doit être parce que le gouvernement est convenu, à
ce moment-là, qu'elle n'a pas d'abord une incidence salariale ou
pécuniaire, qu'elle regarde plutôt le normatif ou les clauses
mécaniques dans leur sens plus large.
Je ne sais pas... Je dis que je ne le sais pas, mais j'ai une opinion
tout à fait précise là-dessus. Je suis d'avis que la
présentation du projet de loi est précisément l'occasion
de chercher à circonscrire ces notions de manière plus nette,
plus précise, afin qu'on évite ce qui s'est produit dans des
négociations antérieures, le débordement de
responsabilités à la dernière minute. Ce qui fait
qu'après avoir été des partenaires dans
la même chaloupe pendant six mois de temps, la constituante
institutionnelle des tables patronales se réveille soudain, un bon soir,
en s'apercevant qu'elle est exclue de tout.
Quand arrive la dernière ronde intensive de négociations,
il n'est plus seulement question de quantum pour la rémunération
horaire, ou hebdomadaire, ou annuelle, on met toutes sortes de choses dans le
paquet, puis les représentants syndicaux sont particulièrement
habiles à introduire en dernière minute des clauses qu'ils vont
chercher dans d'autres chapitres ou parties de la convention collective. Ils
essaient d'en obtenir le plus possible. Je ne leur en fais pas le reproche, ils
font leur métier en faisant cela. C'est à la partie patronale
d'être bien éveillée de son côté, et je
comprends très bien le souci du ministre, mais je ne sais pas si,
à la lumière des présentations qui ont été
faites par des organisations patronales, surtout du côté de
l'éducation, il n'y a pas quelque chose à chercher afin de tenir
compte des opinions qu'elles ont émises devant la commission
parlementaire.
M. Clair: M. le Président, traitons d'abord de la
Fédération des cégeps. En ce qui concerne la liste des
matières qui seront négociées au niveau local avec
certains modes de règlement des différends, celles qui seront
négociées au niveau local sans possibilité d'invoquer
l'intérêt gouvernemental, ce sont justement les matières
qui touchent à l'organisation du travail et aux mouvements de personnel.
Alors, cela rejoint un partie des attentes de la Fédération des
cégeps.
Je disais simplement que, pour la Fédération des
cégeps, pour les questions touchant les mouvements de personnel et
l'organisation du travail, on verra plus tard, dans l'annexe et dans les
dispositions qui les concernent, que les négociations au niveau local
touchent principalement à ces questions et que ce sont des questions sur
lesquelles on ne peut pas invoquer l'intérêt gouvernemental. Par
ailleurs, j'ai eu l'occasion de rencontrer, en assemblée
générale, les représentants de la Fédération
des cégeps, l'ensemble des directeurs et des présidents de
collèges. Je ne cache pas qu'eux souhaiteraient une
décentralisation beaucoup plus poussée. Mais, par contre, quand
je rencontre - je ne veux pas compromettre personne - pas très loin de
Drummondville, un certain nombre de directeurs du personnel et des relations du
travail des collèges, ils disent: Oui, on est tout à fait
d'accord avec l'orientation, mais pas maintenant, progressivement. Alors, c'est
la réponse pour les collèges.
En ce qui concerne la Fédération des commissions scolaires
du Québec, je vais vous dire, M. le Président, qu'il ne faut pas
être obnubilé par les événements de la
dernière négociation. Jamais auparavant, ni dans le réseau
des affaires sociales, non plus que dans le réseau de
l'éducation, enseignement primaire et secondaire, l'intérêt
gouvernemental n'avait été invoqué. Il n'avait
été invoqué, m'indique-t-on, qu'à une occasion,
pour six mandats précis dans le domaine de l'enseignement
collégial et, à cet égard, si on considère
1981-1982 comme l'exception et cette disposition comme permettant simplement au
Conseil du trésor de pouvoir exceptionnellement déclarer
d'intérêt gouvernemental tel ou tel mandat limité, je pense
qu'on replace les choses dans une plus juste perspective.
D'autre part, je voudrais citer à la page 13, le mémoire
de la fédération des commissions scolaires qui nous a
été présenté le 16 mai dernier. Une petite porte
nous était ouverte à la page 13 de ce document, à la fin
du point 3, où on dit, traitant de l'amendement, traitant du point
soulevé par le député d'Argenteuil, "Cet amendement peut
aussi être inclus au protocole du CPNCC. " Peut-être s'agit-il
là d'une porte ouverte qui devrait être utilisée le moment
venu, parce que de deux choses l'une: ou on croit en la volonté du
gouvernement de procéder à une décentralisation, encore
une fois, modeste, mais réelle, ou on n'y croit pas. Si on n'y croit
pas, à ce moment-là, inutile de faire toute cette réforme
- sur le plan de la décentralisation, j'entends - et, effectivement,
déclarons tout d'intérêt gouvernemental. Si on y croit,
faisons des premiers pas modestes. Maintenons les dispositions qui existaient
préalablement et ne considérons pas l'exception comme
étant la règle.
Quant au rôle, encore une fois désagréable, mais
combien essentiel, qu'a à jouer le Conseil du trésor, je pense
qu'il est nécessaire qu'il puisse jouir d'un tel pouvoir. Je voudrais
aussi dire au député d'Argenteuil que ma mémoire est
très fidèle à cet égard lorsque la dernière
fois, quand tout a été déclaré
d'intérêt gouvernemental, la décision n'a pas
été prise seulement par les cinq membres qui siégeaient au
Conseil du trésor. Elle a été prise par le Conseil des
ministres parce que déclarer, comme la dernière fois, l'ensemble
d'intérêt gouvernemental, je pense que le député est
conscient de ce que cela signifie.
M. Ryan: On a dit, a l'époque, que c'était un abus
de pouvoir intolérable, et je le répète ce soir sans
aucune hésitation.
M. Clair: Cela n'engage pas le député, il le
répète, mais je ne poserai pas, quant à moi, de jugement,
je dirai simplement que c'est certainement, dans l'esprit de la loi, un geste
exceptionnel.
M. Ryan: Si je comprends bien la réponse du ministre, il
n'est pas enclin à accepter, à l'article 42, un amendement comme
celui qu'avait proposé la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec. Je vais le relire, seulement à
des fins de mémoire.
M. Clair: Non, je le connais bien, M. le Président, et,
sincèrement, je dirai au député d'Argenteuil que je ne
pense pas que la fédération des commissions scolaires s'attend
qu'on modifie cet article. C'est la raison pour laquelle elle
entrebâillait la porte sur la possibilité d'inclure cela au
protocole d'entente.
M. Ryan: Je voudrais quand même... Vous avez cité la
dernière phrase du paragraphe avec exactitude, mais je pense que c'est
important de lire ce qui précédait: "II nous apparaît
inconcevable que les dispositions prévues à l'article 42 sur
l'intérêt gouvernemental puissent invalider les dispositions de
l'article 32 qui prévoit qu'au sein du comité patronal les
parties conviennent "des matières à l'égard desquelles les
représentants du groupement ou les représentants du ministre ont
une voix prépondérante". En ce sens, le 2e paragraphe de
l'article 42 doit être amendé comme suit... "
C'est dans le sens de ce que j'ai lu tantôt. Cela voudrait dire
que le deuxième paragraphe se lirait comme suit: "autorise les mandats
de négociation des comités patronaux sur les matières ou
éléments d'une matière, qu'il juge d'intérêt
gouvernemental. L'intérêt gouvernemental ne peut jamais être
invoqué pour une matière, ou élément d'une
matière, à l'égard de laquelle les représentants du
groupement ont une voix prépondérante, à moins d'entente
spécifique... " C'est vrai qu'on ajoute ceci, qui m'a moi-même
plutôt intrigué: "Cet amendement peut aussi être inclus au
protocole du CPNCC. "
Est-ce que cela voudrait dire que cela serait dans les deux places?
Est-ce que cela veut dire qu'on se contenterait de l'avoir dans le
protocole?
M. Clair: Je pense que c'est plutôt cela et...
M. Ryan: Cela n'a pas été précisé
clairement. (21 h 30)
M. Clair:... il faut bien dire, M. le Président, que la
demande intégrale, si le député veut la lire toute, il
faudrait qu'il regarde à la page 12 où l'on demandait
également qu'il n'y ait pas d'autorité
déléguée du ministre sectoriel. Ce que cela veut dire,
c'est que, dans le meilleur des mondes, pour la fédération des
commissions scolaires, de même que pour l'AHQ, il n'y a pas
d'autorité du ministre sur les matières à
prépondérance association patronale. Celle-ci vient directement
demander son mandat au Conseil du trésor. Finalement, cela marginalise
complètement le ministre sectoriel. Pour reprendre l'exemple que je
donnais tantôt, je dirais que c'est un peu comme si le
vice-président aux opérations d'une grande compagnie disait:
Quant à moi, je préférerais qu'il n'y ait pas un
damné trésorier, contrôleur des finances,
vice-président aux finances. C'est évident que c'est le meilleur
des mondes, mais c'est Alice ou Alexandre au pays des merveilles.
M. Ryan: Le ministre remarquera que je n'ai pas fait allusion
à cette partie-là de l'intervention de la
fédération des commissions scolaires. Il se souviendra que, cet
après-midi, j'ai bien indiqué que j'étais d'accord pour
qu'une autorité claire soit conférée au ministre sectoriel
là-dedans. C'est un point très important dans
l'aménagement futur des négociations dans les secteurs qui sont
sous l'autorité de chacun de ces deux ministres.
Par ailleurs, on a été témoins, la dernière
fois en particulier - c'est celle qui nous éclaire le plus parce que
c'est celle qui est la plus fraîche dans nos mémoires, celle qui a
donné lieu aux comportements les plus excessifs de la part du
gouvernement - qu'à un moment donné le président du
Conseil du trésor, en vertu d'un mandat comme celui-là, en arrive
à se voir conférer ou à s'attribuer une autorité
énorme qui dépasse de beaucoup ce que peut être l'esprit du
texte comme vous essayez de l'expliquer.
On veut se prémunir contre cela, on veut surtout prémunir
les intéressés, autant les ministres sectoriels que les
institutions qui travaillent dans chacun des secteurs, contre les abus
d'interprétation toujours possibles à la faveur d'une crise qui
crée souvent un esprit de catastrophe extrêmement contagieux.
C'est l'esprit dans lequel ces remarques vous sont soumises. Je pense que
c'était au moins notre devoir de vous demander clairement pourquoi vous
n'accédiez pas aux recommandations qui ont pu être faites à
ce moment-là.
Dans le cas de la Fédération des cégeps, je
conviens que les représentations étaient moins précises et
que l'essentiel de ses représentations visait à obtenir une
décentralisation beaucoup plus grande au niveau des
établissements, chose qui, dans la pratique, comme vous l'avez dit - je
pense bien qu'il faut reconnaître ce fait - n'est pas réalisable -
eux-mêmes en conviendront -quand on en discute de manière un petit
peu plus détaillée.
En tout cas, je trouve que, de ce point de vue, il y aurait eu des
améliorations à rechercher que, malheureusement, nous
n'avons pas dans le texte comme il est là. Je ne sais pas si
c'est vraiment votre "last best effort".
M. Clair: Yes, sir.
Une voix: Réfléchissez.
M. Clair: Si vous saviez ce que j'ai pu réfléchir
là-dessus depuis un an!
Le Président (M. Lachance): L'article 42. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, il est peut-être bon
de souligner qu'il n'y a pas que l'association des collèges ou la
fédération des commissions scolaires qui auraient souhaité
que le ministre aille plus loin dans son esprit de décentralisation. Le
mémoire présenté par les quatre associations patronales,
l'Association des centres de services sociaux, la fédération des
CLSC, l'Association des centres hospitaliers et des centres d'accueil
privés, et l'Association des centres d'accueil du Québec, nous a
précisé en commission parlementaire qu'il semblait qu'il y avait
un pas de franchi dans la bonne direction par l'établissement de cinq
comités patronaux sectoriels, mais on souligne évidemment qu'il y
a maintenant quatre paliers dans la négociation.
Au premier palier se trouve le Conseil du trésor, qui se garde la
possibilité d'envoyer des observateurs aux négociations, qui
autorise tous les mandats gouvernementaux, même dans les cas où
les matières ont été décentralisées au
niveau sectoriel. Le seul cas est celui des arrangements locaux, qui est exclu
explicitement par l'article, mais dans les autres cas on ne pousse pas l'esprit
décentralisateur assez loin. L'ensemble des associations réclame
que chacun de ces paliers assume sa responsabilité
spécifique.
Un peu plus loin, on mentionne dans le mémoire que la
décentralisation apparaît encore en péril, que les articles
39 et 40, dont on voit le pendant quant aux responsabilités du Conseil
du trésor à l'article 42, maintiennent des contraintes
importantes à la décentralisation réelle en plaçant
les sous-comités patronaux sous l'autorité
déléguée du ministre des Affaires sociales. Je serais
assez d'accord avec le ministre pour cela, à savoir qu'il faut quand
même garder un rôle sectoriel pour le ministre, mais surtout en les
obligeant à requérir leur mandat du Conseil du trésor.
M. le Président, le ministre nous a dit qu'il avait longuement
réfléchi. M. le Président, on n'a plus de ministre.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que c'est
nécessaire d'avoir un ministre pour que le gouvernement fonctionne?
M. Paquette: Peut-être pour que le gouvernement fonctionne
mais, pour qu'une commission de cette Assemblée fonctionne, je ne pense
pas.
M. Pagé; De toute façon, M. le Président, on
est un peu habitué. On n'a même pas de ministre
délégué à la Condition féminine de
nommé.
Le Président (M. Lachance): Cela doit vous empêcher
de dormir.
M. Pagé: Cela semble me tracasser pas mal plus que vous,
M. le député.
Le Président (M. Lachance): Cela ne m'empêche pas de
dormir, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Ah! cela, je n'en doute pas! Vous connaissant,
cela ne doit pas vous empêcher de dormir.
Le Président (M. Lachance): Ah! pas du tout.
M. Paquette: M. le Président, n'était-il pas
suffisant que les ministres et les représentants du gouvernement,
présidents ou vice-présidents, selon le cas, de chacun des
comités sectoriels au sein des affaires sociales, connaissent la masse
salariale mise à leur disposition après de multiples discussions
au sein du Conseil du trésor et qu'à partir de là on
laisse les comités sectoriels fonctionner et ce, tant dans le domaine
des affaires sociales que dans le domaine de l'éducation, qu'on les
laisse fonctionner à partir des matières qu'ils auront
décidé de déclarer prépondérantes, parfois
du côté des établissements, parfois du côté du
gouvernement? Le ministre ne pense-t-il pas que le Conseil du trésor
intervient trop souvent, trop pesamment? Il devrait se contenter d'examiner les
masses globales mises à la disposition de chacun des sous-comités
et, à partir de là, laisser les sous-comités patronaux
fonctionner selon les règles qui seront définies.
M. Clair: Par expérience, comme membre du Conseil du
trésor depuis maintenant quatre ans et comme président de cet
organisme horizontal, je dois dire que non. Je pense qu'il est
nécessaire que le Conseil du trésor soit doté de tels
pouvoirs. Même si - encore une fois, je comprends fort bien - du
côté patronal, c'est désagréable pour le
vice-président aux opérations du CN, d'Air Canada ou de Quebecair
de savoir qu'il existe un vice-président aux finances, je vais leur dire
que je n'ai aucune difficulté à comprendre que, pour les
employés, c'est encore plus désagréable, d'une part.
D'autre part, dans la mesure où il n'y aurait pas
d'autorité déléguée du ministre sectoriel, cela
veut dire qu'il n'y aurait plus de ministre sectoriel véritablement
impliqué dans la négociation et, à ce moment-là,
les négociations se passeraient directement entre les associations
patronales et le Conseil du trésor. Si, en plus de cela, le Conseil du
trésor n'a plus à autoriser les mandats sur les matières
à prépondérance patronale après entente, cela veut
dire que le Conseil du trésor se conserve un rôle très a
posteriori et non a priori. En termes d'honnêteté au moment des
négociations, il importe que le Conseil du trésor,
c'est-à-dire l'endroit dans un gouvernement où est
rassemblé le maximum d'information quant aux affaires de l'État,
donne un "O. K. " sur un mandat à des fins de coordination et
d'honnêteté.
M. Paquette: M. le Président, il n'est pas question de
contester le rôle du Conseil du trésor dans le contrôle des
finances publiques et la gestion des affaires de l'État, surtout quand
environ 50 % du budget de l'État est en négociation. Personne ne
va prétendre cela ou aller proposer une telle approche. Ce que j'essaie
de comprendre dans la philosophie du ministre, qui nous a soumis un document il
y a un certain temps, qui l'a rendu public et qui a affirmé son
intention de décentraliser les négociations... On se serait
attendu, d'abord, qu'il y ait une discussion de la masse globale, compte tenu
des autres problèmes dans la société, compte tenu des taux
d'intérêt qui peuvent être plus élevés, selon
qu'on soit en récession ou en croissance économique, compte tenu
du fait qu'une société peut se donner un objectif de plein emploi
et y subordonner ce qu'elle va faire et compte tenu de la
nécessité d'aligner les politiques gouvernementales sur
l'idée que la société québécoise,
l'économie québécoise doit être concurrentielle sur
le plan des marchés extérieurs. Il y a un paquet de facteurs
généraux comme cela. D'abord, il n'y a aucun mécanisme de
prévu de discussion globale de la masse affectée aux
négociations. Cela a déjà été dans le
programme du Parti québécois à un moment donné. On
parlait de rencontre au sommet avec les grands intervenants dans la
société pour essayer de déterminer et discuter des
priorités. Évidemment, le gouvernement demeure, en
définitive, le responsable devant l'opinion publique de la bonne
allocation des fonds de l'État. Là, on n'en est même pas
là. Je veux dire, il y a le gouvernement, le Conseil du trésor
qui va dire: Voilà l'argent - cela n'est pas nécessairement
discuté avec les intervenants, discuté avec le public
-voilà, dans notre sagesse, la masse que nous avons établie.
Admettons qu'on accepte cela, qu'on accepte ce genre de fonctionnement
qui est bien loin d'une société de concertation. D'un
côté, le gouvernement nomme un ministre
délégué à l'Emploi et à la Concertation et,
de l'autre côté, on a un mode encore archaïque de
fonctionnement dans les négociations qui est à 100 lieues de
l'esprit de la concertation véritable. À un moment donné,
représentants des patrons, représentants syndicaux et
représentants de l'Etat, mais pas nécessairement le Conseil du
trésor, qui a le rôle de voir à administrer et à
contrôler l'argent que le gouvernement décide d'investir dans les
négociations... On est à 100 lieues d'un esprit de concertation
où ces choses seraient discutées sur le plan public et, à
un moment donné, il y aurait un ordre de grandeur de ce que la
société peut se permettre dans ses conventions collectives.
Là, le gouvernement va en décider tout seul et, en gros, quand on
connaît le fonctionnement du gouvernement, le Conseil du trésor va
en décider en bonne partie.
À partir de là - je n'accepte pas cela, parce que je
trouve cela incohérent avec la nomination d'un ministre
délégué à l'Emploi et à la Concertation et
avec le discours gouvernemental - je pense qu'on devrait commencer à
dépasser, au Québec, l'étape des sommets
économiques et à discuter de questions aussi fondamentales que
celles-là qui mettent en jeu 50 % des ressources collectives qui sont
concentrées dans les fonds de l'État. En faisant abstraction de
cela, supposons qu'il n'y ait pas de concertation véritable et que le
gouvernement, le Conseil du trésor plus particulièrement, dise:
Voilà le gâteau qu'on met sur la table, une fois que le
gâteau est réparti entre les divers secteurs, les collèges,
les commissions scolaires et les cinq sous-secteurs des affaires sociales, y
aurait-il moyen de laisser la paix aux comités sectoriels et de leur
dire: Voilà la masse avec laquelle vous avez à fonctionner?
À l'intérieur des centres d'accueil, par exemple, il y a un
comité patronal, il y a des matières de
prépondérance qui sont dévolues, après discussion,
aux institutions et d'autres qui sont dévolues au gouvernement, plus
particulièrement au ministre sectoriel entouré de ses
gestionnaires. Ne devrait-on pas laisser les comités patronaux assumer
leurs responsabilités, si on veut avoir un projet de loi
responsabilisant au moins à ce niveau, jusqu'au moment où une
situation exceptionnelle amène le gouvernement à repenser - cela
peut arriver en cours de négociation - à réviser
légèrement ses priorités? Là, le Conseil du
trésor devrait se pencher sur la question de nouveau.
Moi, j'ai l'impression qu'on a un rôle dévolu au Conseil du
trésor qui excède les responsabilités de contrôler
une masse qui, par la suite, aurait été sectorisée dans
les différents comités. Je ne sais pas ce que le ministre peut
répondre à cela. On ne peut
pas faire autrement que d'être d'accord avec toutes les
associations patronales et je pense que, du côté syndical, on
devrait avoir le même genre d'attitude, si on veut aller vers une
société de concertation, une société
responsabilisante. Pourquoi tant de pouvoirs au niveau du Conseil du
trésor dans ce projet de loi?
(21 h 45)
M. Clair: Je répondrais, dans un premier temps, en une
phrase: On ne peut pas défaire 25 ans de centralisation progressive dans
une négociation, ce n'est pas vrai. C'est rêver en couleur. Le
député d'Argenteuil s'est référé au
modèle des négociations décentralisées du
réseau de l'éducation de l'Ontario. Oui, peut-être
devrions-nous aller dans cette direction-là, mais nous sommes à
200 lieues d'un tel régime parce que cela veut dire des modifications
aux structures de financement, cela veut dire accepter des disparités
régionales, cela veut dire toute une série de
conséquences.
Mon collègue, le ministre de l'Enseignement supérieur, est
tout à fait d'accord qu'idéalement la fédération
des collèges a raison de dire qu'on devrait tendre vers le modèle
université plutôt que vers le modèle collège tel
qu'on le connaît actuellement. On doit tenir compte aussi du fait que, du
côté syndical, on considère, à toutes fins utiles,
que tous les collèges doivent être standardisés.
On fait face à une situation où, d'un côté,
les syndicats des collèges disent: Standardisation totale, aucune raison
pour laquelle les collèges se distingueraient les uns des autres. De
l'autre côté, la fédération des collèges nous
dit: Non, non, non, décentralisation totale avec enveloppe
budgétaire fermée. Entre les deux, il y a des gestionnaires qui
nous disent: Écoutez! on pense qu'il doit y avoir un moyen terme, dans
un premier temps, des gestes à poser.
C'est dans ce sens que je dis au député: Je pense que
c'est un premier pas, une décentralisation modeste, mais réelle.
On doit conserver le rôle du Conseil du trésor tel qu'il existe
présentement et on ne doit pas tirer comme conclusion que ce qui s'est
produit en 1982, cela doit être la règle.
M. Paquette: M. le Président, on aura l'occasion de
regarder ce qui va arriver tantôt au niveau des stipulations
discutées à l'échelle locale. Là, on en est aux
relations entre le Conseil du trésor et les divers comités
patronaux dans les différents secteurs qui sont en négociation.
Si on regarde uniquement ce niveau-là, ce que le ministre est en train
de nous dire, c'est qu'à l'intérieur des comités patronaux
eux-mêmes il a mentionné l'exemple d'un de ses collègues
sectoriels qui est d'accord pour décentraliser; il nous a donné
l'exemple d'institutions; le député d'Argenteuil a donné
des exemples dans le domaine de l'éducation; j'en ai donné, en
tirant des extraits du mémoire des associations, dans le secteur des
affaires sociales et tous ces gens-là semblent unanimes pour dire aussi
qu'il faut décentraliser - à l'intérieur du groupe
patronal, si je comprends bien, il n'y a que le Conseil du trésor qui
veut maintenir ses attributions.
M. Clair: Non, M. le Président. Cela m'étonne
beaucoup parce que le député de Rosemont défend un peu,
dans le fond, le programme du Parti libéral. C'est cela, "caper" la
masse, dans un premier temps, et, dans un autre temps...
M. Paquette: Je défends le programme du Parti
québécois qui parle de concertation d'un bout à
l'autre.
M. Clair: En ce qui concerne la proposition...
M. Paquette: Et de responsabilisation. Une voix: Le vrai
Parti québécois. M. Paquette: Le vrai.
M. Clair: En ce qui concerne l'approche de la concertation et la
divulgation de toutes les données, c'était indiqué dans le
document "À la recherche d'un nouvel équilibre", publié en
mai 1984, que le gouvernement était ouvert à la
possibilité de créer ce que certains ont appelé
déjà un conseil économique et social. J'ai tendu ma ligne
à de très nombreuses reprises et personne n'a mordu à
l'hameçon. Cela n'a pas mordu.
D'autre part, ce qui a été avancé dans le programme
du Parti libéral, c'est "caper" la masse et, ensuite, la diviser par
secteurs. Savez-vous que cela peut conduire à d'assez drôles
distorsions, cela? Cela veut dire qu'on présume de l'évolution,
à l'avance, des besoins dans les services de santé, d'une part,
dans les services de l'éducation, d'autre part, et, à
l'intérieur de l'éducation, enseignement post-secondaire,
enseignement primaire et secondaire.
J'ai considéré qu'il valait mieux conserver une structure
qui est celle utilisée dans à peu près tous les
gouvernements démocratiques du monde, c'est-à-dire qu'il y a un
lieu de coordination, à tout le moins, des négociations de
l'ensemble des secteurs public et parapublic d'un État et qu'à
chaque ronde de négociations, avec les partenaires patronaux, le
gouvernement tente de définir au mieux les matières qui seraient
à prépondérance des associations patronales, celles qui
sont d'intérêt gouvernemental, avec la possibilité ultime
que le gouvernement décrète qu'une question est
d'intérêt
gouvernemental ou encore que toutes les questions sont
d'intérêt gouvernemental.
Encore une fois, je rappelle au député de Rosemont que,
lorsque la décision a été prise la dernière fois de
tout déclarer d'intérêt gouvernemental, on peut dire
qu'à ce moment-là le Conseil du trésor était
vraiment, au sens littéral du terme, ce qu'il est, c'est-à-dire
un sous-comité du Conseil des ministres avec un certain nombre dé
pouvoirs formels reconnus dans des lois. Le Conseil du trésor n'a
toujours été et ne sera jamais qu'un sous-comité du
Conseil des ministres, avec des pouvoirs formels, un certain nombre qui sont
prévus dans la loi. C'est peut-être un mal, mais c'est un mal
nécessaire et inévitable.
M. Paquette: M. le Président, le ministre et moi savons
très bien comment cela s'est passé à ce moment. Je pense
qu'il n'est pas dans mes attributions de parler de comment cela s'est
passé. Cela fait partie du secret qu'un ancien ministre doit conserver.
Cependant, la question n'est pas là. La question n'est pas... En temps
exceptionnel, bien sûr, l'ensemble du gouvernement est saisi d'une
question quand on vit des situations comme celle que nous avons vécue
aux dernières négociations. C'était une situation - je
l'espère -exceptionnelle. Là, la question porte sur les
relations, en temps normal, entre cet organisme central du gouvernement qu'est
le Conseil du trésor et chacun des comités patronaux, et,
éventuellement, ce qui sera sur la table dans la discussion avec les
vis-à-vis syndicaux. Une fois que le gouvernement et le Conseil du
trésor ont joué leur rôle, et on souhaiterait que ce soit
en concertation puisqu'on ne créera jamais un conseil économique
et social s'il n'y a pas dans la vie quotidienne des pas qui sont faits vers
une véritable concertation... S'il y a un endroit où cela doit se
faire, où c'est particulièrement vital, c'est bien quand
l'État décide de la part de ses ressources qu'il doit attribuer
aux coûts des conventions collectives. Je me demande ce qui fait croire
au ministre que le bien public ne serait pas mieux servi si, une fois que le
gouvernement et le Conseil du trésor ont joué leur rôle, si
c'est possible et le plus tôt possible en concertation avec les grands
intervenants, la masse globale était déterminée et
répartie par des discussions avec les ministères sectoriels. Le
gouvernement joue pleinement son rôle et prend pleinement ses
responsabilités et, ensuite, décentralise vers les comités
patronaux. À partir de ce moment, ne serait-il pas mieux de laisser les
gens qui connaissent les besoins, soit les patrons d'établissement et
leurs vis-à-vis syndicaux, traiter de la meilleure façon de
répartir cette masse dans chacun des réseaux? Je ne comprends pas
ce qui empêche, encore une fois, le ministre de franchir ce pas. Ses
collègues sectoriels ne s'y opposeraient pas, les organisations
patronales le demandent, les centrales syndicales aimeraient peut-être
mieux cela aussi. Il ne faut pas oublier que les représentations qui
vous ont été faites, qu'on n'aimait pas trop qu'il y ait trop de
décentralisation trop vite, c'est lié au fait qu'il n'y a pas de
véritables négociations dans votre projet au niveau local - on y
reviendra tantôt - c'est le statu quo, c'est le pouvoir de
gérance. On comprend que les directeurs d'établissements, cela
leur aille comme un gant et que les centrales syndicales soient plus
réticentes dans le contexte de ce projet de loi d'en arriver à
décentraliser beaucoup de matières au niveau de
l'établissement, mais, encore une fois, c'est une autre question.
La question est: Pour l'ensemble des matières qui touchent les
hôpitaux, n'est-ce pas mieux que ce soient le ministre des Affaires
sociales et ses représentants, les directeurs d'hôpitaux et leurs
vis-à-vis syndicaux, qui aient toute liberté de manoeuvre en
fonction des règles qu'ils se donnent pour répartir la masse
attribuée par le gouvernement au mieux? Je ne crois pas que votre projet
de loi reflète cet esprit et ce mode de fonctionnement, à moins
que le ministre me détrompe.
M. Clair: M. le Président, j'ai essayé de faire
valoir mes arguments. Je peux simplement ajouter ceci: En ce qui concerne la
répartition d'une masse aussi considérable sur le plan financier
et budgétaire, je n'ai aucune objection, quant à moi, que cela se
fasse visière levée ou jeu ouvert et que tous les intervenants
aient l'occasion de dire leur mot. La fédération des commissions
scolaires, si représentative qu'elle soit, de même que
l'Association des hôpitaux du Québec, si représentative
qu'elle soit, de même que leurs syndicats vis-à-vis, ne
représentent pas 100 % des personnes du Québec ou des
salariés du Québec. Si on devait adopter une telle approche...
C'était dans le document: "À la recherche d'un nouvel
équilibre" que l'on trouve l'idée d'un forum permanent pour
discuter de la répartition du budget de l'État
québécois. J'ai tendu la ligne, je n'ai eu personne, je n'ai eu
aucun preneur là-dessus. J'ai été le seul à avancer
cette hypothèse-là sans que personne ne la relève.
En l'absence d'un tel mécanisme, il n'appartient sûrement
pas plus aux associations patronales et aux syndicats, par toute espèce
de clause, de venir créer des précédents qui alourdissent
la masse de façon directe ou indirecte. Je pense qu'il est normal, dans
les circonstances, que l'organisme encore le plus habilité à
procéder à cet arbitrage demeure ultimement le
Conseil des ministres, avec une autorité
déléguée au Conseil du trésor.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: Je vais me permettre moi aussi de plaider et
de tenter de convaincre le ministre que, même si on ne peut pas changer
25 ans d'habitudes et si tout le monde est conscient qu'il n'y a pas de
véritable décentralisation possible du jour au lendemain, le
Conseil du trésor devrait être le premier, lui, à donner
l'exemple. Or, il est très mal parti parce qu'effectivement les articles
42 et 43 consacrent, comme d'autres l'ont dit, le rôle traditionnel du
Conseil du trésor en matière de négocations.
Le ministre disait tout à l'heure, par expérience: II faut
que cela reste au Conseil du trésor. Moi, je dirais, par
expérience, tout à fait le contraire. Je comprends que le Conseil
du trésor a un rôle à jouer, que tout le monde lui
concède: le contrôle de l'argent de l'État. Par ailleurs,
le ministre disait tout à l'heure que les commissions scolaires - ou je
ne me souviens plus quel organisme patronal - voulaient, à toutes fins
utiles, marginaliser le rôle des ministres sectoriels. Il
m'apparaît que, malgré le fait qu'on donne une autorité
déléguée aux ministres dans certains cas, les articles 42
et 43, à toutes fins utiles, viennent miner complètement cette
autorité déléguée et ramènent au Conseil du
trésor toute l'autorité en matière d'autorisation des
mandats, etc. Il se pourrait fort bien qu'après avoir
déterminé une masse salariale, en fonction de l'étude des
demandes et, bien sûr, de tout le suivi des négociations qui se
font au préalable, avant que les négociations ne soient
entreprises, pour de bon, le Conseil du trésor détermine des
masses salariales qui pourraient être concédées aux
ministres sectoriels en fonction, bien sûr, des négociations qui
s'en viennent et qu'à ce moment-là chacun puisse se
responsabiliser en fonction de ces négociations.
Il y a un mot que j'ai peut-être entendu 3 000 000 de fois lors de
la dernière négociation, et je pense que je n'exagère pas
en disant 3 000 000, c'était le mot "précédent". Chaque
fois qu'un ministre sectoriel avait le malheur d'arriver avec une demande pour
correspondre aux besoins concrets de son secteur - ceux-ci ne sont pas tous Ies
mêmes, que ce soit le réseau des affaires sociales, de
l'éducation, de la fonction publique; ce sont des mondes
différents qui fonctionnent selon des normes différentes, avec
des réalités différentes -chaque fois qu'un ministre
tentait, lui, de s'ajuster à son secteur, la réponse unanime et
automatique du Conseil du trésor, c'était: II ne faut surtout pas
aller dans ce sens-là parce que cela va créer un
précédent. Si l'on crée un précédent, dans
la fonction publique, par exemple, on va être obligé de
l'appliquer dans les autres réseaux. Donc, à toutes fins utiles,
il faut faire une négociation totalement désincarnée de la
réalité et faire en sorte que ce soit le nivellement partout.
De deux choses l'une, ou bien on croit à une
décentralisation - moi, là-dessus j'ai mon opinion, mais je veux
embarquer dans la dynamique du ministre, c'est peut-être lui qui a raison
- ou bien on n'y croit pas. Si on croit à une véritable
décentralisation, il faut nécessairement remettre en question le
rôle du Conseil du trésor, tout en lui concédant le
rôle que tout le monde admet, celui du contrôle de 50 % du budget.
Quand on dit, par exemple, à l'alinéa 1°, que, par hasard, on
peut déléguer un observateur aux séances de
négociations, on sait fort bien comment cela se passe. Le
député de Sainte-Marie pourrait en parler, lui, des observateurs
du Conseil du trésor dans les séances de négociations. Ils
vont aller là observer, ils n'auront rien à dire. On le sait fort
bien comment cela va se passer dans les faits. On sait fort bien aussi que,
compte tenu du fait que les ministres sectoriels, à toutes fins utiles,
n'ont aucune autorité, les jeux traditionnels vont continuer à se
jouer. On va faire semblant de négocier en espérant qu'ultimement
on finira par s'arranger avec le vrai boss, qui est le Conseil du
trésor, quand cela n'est pas le cabinet du premier ministre. C'est comme
cela que ça s'est passé traditionnellement. La dernière a
eu certaines exceptions, mais une chose s'est passée à la
dernière négociation et qui s'était passée dans les
précédentes, c'est que les syndicats et les responsables
patronaux savaient que c'était au Conseil du trésor que cela se
décidait, ou bien au Conseil des ministres. (22 heures)
II me semble qu'actuellement, par le libellé des articles 42 et
43, on ne fait que confirmer cette autorité du Conseil du trésor
sur l'ensemble des négociations; on ne fait qu'à l'avance saboter
l'autorité quelconque de quelconque ministre sectoriel qui pourrait
avoir un mot à dire au moment de ces négociations. Je comprends
que le ministre peut ne pas vouloir accepter l'amendement du
député d'Argenteuil, mais il pourrait regarder s'il n'y a pas
lieu de nuancer le rôle concédé au Conseil du trésor
à l'article 42 et faire en sorte que cet article soit beaucoup plus
fidèle, à l'esprit qui semble l'animer, qui est celui d'une
décentralisation.
M. le Président, ce serait très intéressant si le
ministre écoutait ce qu'on a à lui dire. On est ici pour
discuter, mais il ne semble pas qu'il y aura grand amendement ou grande
discussion de fond. Le projet de loi est censé être parfait. Si
c'est cela, on va s'en aller chez nous et on ne perdra pas notre temps.
Cela dit, je pense que le ministre devrait accepter de
réfléchir à la possibilité de trouver, de nuancer,
de faire en sorte qu'au moins les ministres sectoriels soient associés
d'une façon beaucoup plus directe qu'en pouvant participer à des
délibérations. Pour avoir négocié, je peux savoir
ce que cela veut dire. À toutes fins utiles, je considère que ces
deux articles remettront en question complètement l'orientation que le
ministre semblait vouloir défendre dans ce projet de loi.
M. Clair: Je ne partage pas l'avis de la députée et
je pense avoir fourni les meilleurs arguments que je pouvais fournir.
Mme Le Blanc-Bantey: Un vrai président du Conseil du
trésor, quoi, comme je l'ai connu traditionnellement!
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne comptais pas
intervenir sur cet article, mais, comme la députée des
Îles-de-la-Madeleine m'a impliqué dans son intervention, je me
sens obligé de rappeler au ministre au moins deux aspects que j'avais
soulignés au moment de l'adoption en deuxième lecture du principe
du projet de loi. C'est d'abord la centralisation à outrance.
Si on fait rapidement l'historique de la façon dont les
négociations se sont peu à peu centralisées, on va se
rendre compte que les problèmes sont venus de la centralisation et la
visibilité de ces problèmes, surtout, est apparue au fur et
à mesure que l'on a centralisé davantage. À partir de
1967, qui a été la première loi, du côté des
enseignants et des autres groupes, qui a été la loi qui a
amorcé la centralisation des négociations, chacune des
périodes de négociations a suivi le même processus: une
législation préalable à la négociation, des
mécanismes nouveaux qui étaient imposés aux parties et, en
cours de négociation, la plupart du temps, des lois correctrices des
règles du jeu qui avaient été adoptées
préalablement. 1979 et 1982 ont été les deux
périodes de négociations qui ont marqué le maximum de
centralisation. Aujourd'hui, alors que le président du Conseil du
trésor veut recréer un nouveau climat de négociation et
voudrait qu'on tienne compte, en même temps, des justes revendications
des salariés et des besoins du Québec, de l'État du
Québec, et de l'ensemble de la population, il me semble qu'il ne prend
pas les bons moyens pour y arriver.
L'État, qu'est-ce qu'il voulait protéger lorsqu'on a
procédé à un début de centralisation?
Premièrement, il voulait assurer un minimum vital à tout le monde
et une égalité des chances à tous les travailleurs des
secteurs public et parapublic.
Deuxièmement, il voulait aussi éviter la
surenchère. On sait que, lorsque les négociations se
déroulaient à un niveau très localisé, il
s'exerçait effectivement une surenchère d'un endroit à un
autre. Le gouvernement craignait cette surenchère ou les effets de cette
surenchère. Décentraliser, cela ne veut pas dire se soumettre
à la surenchère qu'on connaissait à l'époque. Le
mécanisme proposé tantôt nous permettrait, tout en
décentralisant, tout en rapprochant la prise de décision des
endroits où normalement les décisions doivent se prendre... Si on
remettait le pouvoir de décision aux syndiqués de la base pour ce
qui est de la partie syndicale, puis si on remettait le pouvoir de
décision ou d'aménagement aux employeurs de la base - là
où, normalement, autrefois, ils exerçaient leur rôle -
ça ne voudrait pas dire que le gouvernement serait pieds et mains
liés devant une décentralisation de cet ordre. Le seul
procédé nouveau qu'il faudrait que le gouvernement ajoute, c'est,
d'une part, de fixer une masse globale de négociation et, d'autre part,
de partager cette masse entre chacune des unités locales,
c'est-à-dire du côté de l'enseignement, du
côté des hôpitaux; donc, leur fixer leur masse de
négociation.
Au niveau central, cela pourrait être épaulé
à la fois par l'institut de recherche et par des négociations
centralisées sur les masses, donc sur les grandes orientations, sur la
capacité de payer du gouvernement, sur ce que le ministre voulait
véritablement discuter, si je me reporte aux propos qu'il tenait hier.
Tout le reste, une fois que c'est décidé, une fois que la masse
est fixée au niveau local et que le gouvernement sait qu'elle ne sera
pas dépassée et que cela a été discuté au
niveau central, le gouvernement ne perd rien et ne risque rien à laisser
les niveaux locaux décider de la façon dont cela va se passer. Au
contraire, je prétends que le gouvernement y gagnerait beaucoup. Il y
gagnerait, d'une part, parce que les négociations seraient beaucoup plus
rapides, les prises de décision étant plus rapides. La
centralisation, tant du côté syndical que du côté
patronal, a rendu la prise de décision beaucoup plus difficile qu'elle
ne l'était dans le passé.
Deuxièment, le gouvernement y gagnerait parce que les
négociations seraient moins politisées qu'elles ne le sont
maintenant. Ce à quoi on assiste à chaque ronde de
négociations, c'est à une discussion politique où
l'État est quasi piégé au départ. Ce dans quoi il
faut retourner les négociations, c'est dans un cadre normal et habituel
de négociations. Cela veut dire que, quand tu as ta masse de
négociation comme employeur, tu peux, comme gestionnaire, décider
de la façon dont cela va se distribuer et les syndiqués peuvent
eux aussi exprimer des façons différentes de voir les
choses. Cela répond davantage aux besoins et il n'y a pas de
surenchère pour l'État, pour le gouvernement.
Je prétends et je continue de prétendre, bien qu'un
certain nombre de personnes y voient des inconvénients, qu'on devrait
revenir au système de négociations décentralisées,
en me comprenant bien; décentralisées, pour moi, ne veut pas dire
laisser-aller et laisser les masses décider au niveau local. Cela veut
dire, cependant, négocier au niveau national la répartition et
les sommes totales et, après ça, laisser les aménagements
se faire aux niveaux locaux. Ce n'est plus vrai que le salaire doit être
le même d'un endroit à l'autre; ce n'est plus vrai non plus qu'il
a la même valeur d'un endroit à l'autre; ce n'est pas vrai non
plus que le salaire doit être pris à part tout le reste. Cela se
discute.
Dans le projet de loi, lorsqu'on a parlé de l'institut, on
parlait de rémunération globale. Donc, le gouvernement,
l'État, va vouloir davantage tenir compte dans le futur non seulement du
salaire payé aux individus et de ce que représente la masse
salariale, mais aussi de ce que coûte l'ensemble des conditions de
travail qui sont négociées en même temps que les salaires.
Si on doit tenir compte dans le futur de ce que coûte la
sécurité d'emploi, si on doit tenir compte de ce que
coûtent, par exemple, chez les enseignants, le nombre d'étudiants
et le nombre de périodes d'enseignement, on doit aussi laisser cela se
négocier localement. Il y a peut-être des régions où
les gens voudraient davantage de sécurité d'emploi et moins de
salaire, donc aimeraient mieux augmenter le pourcentage de
sécurité et diminuer leur salaire. Il y a peut-être
d'autres régions où ils aimeraient avoir davantage d'outils de
travail et moins de salaire, et peut-être moins de sécurité
d'emploi aussi dans certains cas. Cela va varier d'une région à
l'autre.
On a tendance - ce n'est pas la première fois que ce gouvernement
nous présente des projets de loi - à tout vouloir faire les
mêmes choses aux mêmes personnes en même temps.
L'uniformité constante, chaque projet de loi qui nous est
présenté quasiment depuis cinq ans tend à ramener tout le
monde dans le même cadre, dans le même moule pour que l'on soit
tous pareils et qu'on fasse toutes les mêmes affaires en même
temps. Je prétends qu'on rate notre coup si l'on fait encore les devoirs
que l'on fait avant chaque négociation et qu'on ne va pas plus loin et
qu'on n'essaie pas de dépolitiser cette période de
négociations, qu'on n'essaie pas de responsabiliser davantage là
où cela doit être responsabilisé, c'est-à-dire au
niveau local. C'est une erreur.
Pour ce qui est de l'autre aspect, celui du rôle d'observateur du
Conseil du trésor, justement hier, il y avait un fonctionnaire qui nous
observait en commission parlementaire, M. Lafontaine, que j'ai connu en 1978
alors qu'il était observateur à une table de négociation,
celle de Radio-Québec. Je me suis toujours posé des questions sur
l'exigence que posait le Conseil du trésor à avoir un observateur
à chacune des tables, comme si les porte-parole patronaux
n'étaient pas capables de faire des rapports exacts et justifiés
au Conseil du trésor, s'ils doivent en faire. Je prétends qu'ils
ne devraient plus faire de rapports au Conseil du trésor. Une fois que
le Conseil du trésor aurait garanti que la masse d'argent disponible
pour les conditions de travail des salariés est là, les
employeurs locaux pourraient la distribuer comme ils le voudraient et
pourraient en discuter de la façon qu'ils le voudraient. Cela ne
nécessiterait pas d'observateur.
Le ministre parlait tantôt de son expérience et
j'écoutais l'ex-ministre de la Fonction publique nous parler de son
expérience. Qu'est-ce qu'on va mesurer? L'expérience du monde? On
va revenir au plateau que la Centrale de l'enseignement du Québec nous
présentait l'autre fois, le milliard que M. Bérubé voulait
aller chercher, puis les petits 10 000 000 $ qu'il demandait en surplus?
Où va-t-on la mettre, l'expérience? J'en ai de
l'expérience. Va-t-on se la garrocher en pleine face, notre
expérience? J'ai commencé à négocier en 1962 et
j'en ai négocié au niveau central, des conventions collectives,
du côté syndical, comme M. Munn, d'ailleurs. J'en ai
négocié en 1966, en 1969, en 1972 et en 1976. J'ai vécu de
près celle de 1979 au niveau gouvernemental; celle de 1982,
heureusement, je n'y ai pas été mêlé, mais elle
s'est passée selon à peu près le même "pattern" que
celle de 1979, avec un peu plus de marteau. Pardon?
M. Ryan: Cela a paru que vous n'étiez pas là.
M. Bisaillon: Cela a paru? Il me semblait aussi. M. le ministre,
notre expérience est diversifiée et elle peut s'appliquer de
façons différentes.
L'expérience devrait peut-être nous indiquer qu'il faut
trouver des formules nouvelles. Or, il n'y a rien de très neuf dans ce
que vous présentez. Cela va dans le même sens que les choses ont
toujours été orientées par le gouvernement actuel; je ne
trouve pas qu'il y a des voies nouvelles à l'intérieur de cela.
L'Opposition en a signalé, au moment de la deuxième lecture, des
voies nouvelles; elle voudrait aller à certains endroits plus loin que
le projet de loi ne va. Je prétends aussi qu'à certains
égards on devrait dans certains secteurs d'activité aller plus
loin que le projet de loi. Dans d'autres secteurs du
projet de loi, on n'a pas poussé la réflexion assez loin
et on n'a pas non plus suffisamment responsabilisé ou tenté de
responsabiliser les organismes syndicaux.
Je sais que les centrales syndicales ne sont pas dès le
départ très favorables à ce que je présente, et
c'est normal qu'elles n'y soient pas très favorables, parce que, depuis
1967, le gouvernement les a amenées à se construire et à
se bâtir des façons de faire et une structure différente
qui, aujourd'hui, est centralisée. Tout le beau monde de la
négociation s'est retrouvé à Québec, puis le beau
monde des négociations du côté patronal a un peu rejoint
les ministères et organismes qui se préoccupent de ces questions.
(22 h 15)
C'est justement ce qu'il faudrait arrêter de faire, pas parce que
le beau monde, ce n'est pas du monde correct, mais parce qu'il faut sortir les
négociations du beau monde de la négociation. Il faut sortir les
négociations des mains des spécialistes des négociations,
pas parce qu'on n'en a pas besoin, mais parce qu'au-delà du
spécialiste cela prend quelqu'un qui dit oui ou qui dit non. Cela prend
un président de syndicat qui n'a pas peur de dire: J'ai accepté
un compromis, je vous le propose. On faisait cela avant que les
négociations soient centralisées. On prenait, comme dirigeant
syndical, nos responsabilités parce que, dans le fond, on connaissait
plus notre monde aussi. Mais, comment voulez-vous qu'une structure
centralisée puisse connaître immédiatement et sur-le-champ
l'ensemble des réactions? Vous avez aussi politisé le
mécanisme des négociations à l'intérieur même
du mouvement syndical. Là aussi, il y a des "games" de pouvoir qui se
jouent. Il ne faudrait pas les oublier, ces affaires-là. Ce sont tous
des éléments qu'on fait entrer dans un régime de
négociation qui n'ont pas leur place. C'est pour cela que je dis que la
réflexion dans ce sens n'a pas été poussée. Il
aurait fallu conserver le système qu'il y a dans la loi actuelle, tenter
la négociation comme elle se fait, prendre le temps de faire ces
discussions avec les centrales syndicales et aller chercher les consensus
plutôt que de nous présenter des formules hypothétiques de
travail paritaire: six d'un bord, six de l'autre, et tout ce beau monde va
s'entendre et, s'il ne s'entend pas, de toute façon, on en a trois en
réserve et on fonctionnera avec les trois. Je trouve que c'est vouloir
aller trop vite. On aurait dû laisser les négociations se
réaliser dans le cadre actuel qui est prévu par la loi et prendre
plus de temps pour aller chercher l'adhésion, non seulement des
centrales syndicales, mais des syndiqués et des employeurs locaux qui,
dès 1969, dans le fond, commençaient à réclamer
qu'on n'aille pas trop loin dans la centralisation. Avec le temps, on a
oublié cela. Dans ce temps-là, le monde voulait être
responsable, lui aussi, des discussions et on a tout centralisé.
Je prétends que le Conseil du trésor commence d'abord une
job qu'il ne pourra pas finir et comme il ne pourra pas la finir, il va encore
demander au Parlement de cautionner ce qu'il ne pourra pas faire comme travail.
C'est clair. On s'en va vers cela. Je ne sais pas s'il y a un peu de satanique
là-dedans, mais j'ai l'impression qu'en plus de cela on s'en fiche un
peu parce qu'on se dit: Peut-être bien que ce ne sera pas nous autres qui
seront poignés avec les problèmes. Je ne sais pas si je ne
pourrais pas pousser un peu plus mon analyse et dire: Même si
l'Opposition officielle n'est pas satisfaite du projet de loi comme il est
là, parce qu'elle voudrait qu'il aille plus loin, je ne suis pas
sûr non plus que, jusqu'à un certain point, dans les
circonstances, elle n'a pas intérêt à faire voter la loi,
au moins comme elle est là, par le gouvernement en se disant: Cela fera
déjà un bout de fait qu'on ne sera pas obligé de faire et
qu'on ne prendra pas à notre compte. Je ne suis pas sûr de cela
non plus. Je prétends que, des deux côtés, les jeux ne sont
pas clairs et que la réflexion n'est pas assez poussée. Cela ne
m'offusquerait pas du tout, M. le Président, que le ministre nous dise:
C'est vrai qu'on aurait peut-être un petit bout de chemin à faire
encore et on va prendre l'été et l'automne pour le faire. Il n'y
a rien qui presse. Il y a déjà un mécanisme dans une loi.
Appliquons-le tranquillement, pas vite, et allons chercher l'adhésion
des gens.
M. le Président, je vais arrêter là mon
intervention. Je n'interviendrai pas de nouveau sur cet article. Je voulais
seulement, parce que cela a été une partie importante de mon
intervention en deuxième lecture, indiquer au ministre que, quant
à moi, sur cet aspect de la centralisation, je trouve qu'il se trompe.
Je trouve que l'analyse n'a pas été assez poussée et,
pourtant, ce n'est pas parce que les réunions ont manqué, mais je
prétends que ce n'est pas tout d'aller chercher, dans un premier temps,
la première réaction de quelqu'un. Il faut pousser cela plus loin
et il faut aussi regarder l'impact d'autres possibilités qui,
d'après moi, n'ont pas toutes été examinées.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le ministre.
M. Clair:... à la suite de ce long plaidoyer, ce vibrant
plaidoyer du député de Sainte-Marie, je voudrais simplement dire
qu'en ce qui concerne la dimension de la décentralisation du projet de
loi, au-delà des autres choses dont il nous a entretenus, la position du
gouvernement est dans le sens
que, tout comme la centralisation s'est réalisée
progressivement, la décentralisation devra se réaliser, elle
aussi, progressivement. Et, à cet égard, quant à moi, je
suis de ceux qui pensent que l'une des erreurs dont la dimension est difficile
à mesurer qu'a souvent commise notre société, c'est de
tenter des virages trop brusques et, en conséquence, de procéder
à la coupe à blanc de tel ou tel principe, idée,
règle de fonctionnement et de les remplacer complètement par de
nouvelles. Les dispositions qui sont prévues là, qui concernent
la décentralisation, s'inspirent du concept suivant: d'une
décentralisation que j'ai déjà eu l'occasion de qualifier
de modeste, mais de réelle.
En ce qui concerne l'alignement de l'expérience de chacun, loin
de moi l'idée de vouloir aligner mon expérience, j'ai simplement
souligné que je suis membre du Conseil du trésor depuis quatre
ans. C'est un fait. Au contraire, dans l'esprit qu'invoquait le
député de Sainte-Marie, il devrait s'en réjouir: comme
négociateur, je ne peux aligner que mon inexpérience et, quand il
disait qu'il faut sortir la négociation des mains du beau monde de la
négociation, je serais donc la preuve vivante que le premier ministre a
fait un meilleur choix en me choisissant qu'en le choisissant comme responsable
de ce secteur puisque lui peut aligner de l'expérience et moi pas.
Mme Le Blanc-Bantey:... aux spécialistes, par exemple.
M. Clair: Quant aux propos pessimistes qu'il tient à
l'égard de l'avenir de la réforme du régime de
négociation - il employait même l'expression satanique; certains
ont dit pyromane, d'autres ont employé d'autres mots - je dirai bien
simplement que je vois qu'il y a en commun entre pyromane et satanique
suffisamment de feu pour m'aider, moi aussi, à comprendre qu'un service
en attire un autre, n'est-ce pas, M. le député de
Sainte-Marie?
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf.
M. Clair: Je lis les journaux comme tout le monde.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf m'a demandé la parole.
M. Clair: Peut-être un dernier commentaire, juste une
dernière remarque en ce qui concerne les initiatives sectorielles des
ministères et le rôle du Conseil du trésor. Je voudrais
simplement rappeler que la principale initiative sectorielle qui avait
été, sauf erreur, entérinée par le Conseil du
trésor lors de la dernière négociation, cela avait
été d'ajouter, en même temps que l'on procédait pour
des raisons budgétaires et financières à la
récupération salariale, l'accroissement de la tâche des
enseignants.
M. Paquette: Je n'ai pas compris la précédente
remarque du ministre. Il a dit, je pense: un service en attir un autre?
M. Clair: II pourra relire le Journal des débats.
M. Paquette: Oui, c'est ce que j'avais bien compris. Est-ce que
le ministre peut nous dire ce qu'il entend par cela?
M. Clair: Je n'entends rien d'autre que les propos que j'ai
tenus.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Portneuf m'avait indiqué qu'il voulait prendre la parole. Vous avez la
parole.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vais vous dire
dès le départ que j'apprécierais bien, comme mon
collègue de Rosemont, que le ministre nous indique ce qu'il entendait ou
ce qu'il voulait dire par: un service en attire un autre. Nous sommes tous des
gens serviables autour de cette table.
Mme Le Blanc-Bantey: Le député d'Argenteuil n'a pas
été très serviable avec moi tout à l'heure, mais je
vais passer l'éponge.
M. Pagé: Je comprends que Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine semble déguster ou apprécier....
Mme Le Blanc-Bantey: II était pressé d'adopter la
loi.
M. Pagé:... avec un malin plaisir les affrontements
multiples ce soir. Quand ce n'est pas avec le député
d'Argenteuil, c'est avec le ministre.
Mme Le Blanc-Bantey: Je ne me bats avec personne. Ce sont les
autres qui se battent avec moi.
M. Ryan: On ne se bat pas fort.
M. Clair: La victimologie, c'est une science qui existe.
M. Ryan: On est bien doux, madame.
M. Pagé: On aborde les dispositions concernant les
pouvoirs consentis au Conseil du trésor. C'est avec beaucoup d'attention
et aussi beaucoup d'intérêt que j'ai entendu les commentaires du
député de Sainte-Marie qui
se voulaient empreints de sincérité, un témoignage
d'expérience, mais reflétant un certain idéal qui, le
moins que je puisse dire, sera relativement difficile à atteindre.
Essentiellement, le député de Sainte-Marie souhaiterait que la
négociation soit décentralisée non seulement au chapitre
de son articulation et de son vécu en termes de négociation, mais
aussi en termes budgétaires, en termes d'enveloppes par secteur. Tout
cela était bien intéressant, mais il faut retenir quel'évolution des négociations depuis 20 ans a tendu vers une
centralisation poussée qui, aujourd'hui, place deux entités, le
gouvernement, avec ses interlocuteurs que sont le Conseil du trésor et
ses associés patronaux et, d'un autre côté, un cartel
intersyndical qui se voit placé - il faut en convenir - dans une
position de force assez évidente de par la structure des
négociations qui est établie. La structure, telle qu'elle est,
confère à ces cartels une force, un pouvoir politique qui, pour
certains, peut être considéré comme exorbitant, mais qui
est là et qui ne pourra pas - là-dessus, on se rejoint
très probablement, le ministre et nous - être modifié du
jour au lendemain ou en criant lapin ou ciseau.
Vous savez, nous aussi, notre perception, c'est que l'idéal
commanderait que la quantité la plus appréciable de choses se
décide au niveau local, au niveau des institutions, même, au
niveau régional, au niveau des secteurs. L'idéal commanderait que
ceux qui ont à vivre et à assumer, tant comme patrons que comme
employés, la prestation de services aux citoyens et aux citoyennes,
prévoient ou négocient les arrangements qui les convient à
cet exercice. Il nous apparaît tout à fait illusoire d'aborder ou
de souhaiter une décentralisation poussée sans que cette
décentralisation soit accompagnée des pouvoirs de dépenses
ou des pouvoirs fiscaux, parce que c'est de cela qu'il s'agit,
équivalents.
Le gouvernement consacre 50 % de son budget, ou presque, à
couvrir les dépenses à payer ou à assumer pour sa
main-d'oeuvre. L'une des obligations d'un gouvernement, c'est de redistribuer
la richesse à des citoyens donnés sur un territoire donné.
Le gouvernement a des choix politiques à faire. Ce sont des choix qui
sont parfois difficiles, comme celui qu'il a eu à faire dans le cadre de
la dernière ronde de négociations. Le gouvernement a à
juger comment il dépensera son argent, à quoi il servira et
comment il sera plus ou moins équitable envers certains groupes de notre
société.
Cette obligation qui lui est impartie explique le caractère
centralisé des négociations au fur et à mesure que
celles-ci sont arrivées depuis une vingtaine d'années.
Aujourd'hui, même si on voulait, même si on souhaitait donner plus
de pouvoir aux parties, comme le disait le député de
Sainte-Marie, on n'est pas obligé... 11 est vrai que rien ne nous oblige
dans notre société à ce que, en termes de
rémunération, l'infirmière qui a tant d'années
d'expérience à Rimouski gagne le même salaire ou ait les
mêmes conditions de travail, de rémunération et d'avantages
sociaux que l'infirmière qui a les mêmes années
d'expérience à Montréal ou à Québec. Il est
vrai qu'a priori rien n'empêche cela. Cependant, il faut retenir que, si
on en venait à des négociations décentralisées par
secteur ou par institution, par groupe, c'est le premier écueil qui nous
guetterait.
Finalement, comment peut-on décentraliser si on ne modifie pas
substantiellement notre structure fiscale et notre structure d'imposition? Le
nerf ou le noeud du problème est à ce sujet-là. Ce sera
toujours le gouvernement qui aura ultimement, dans le cadre actuel de notre
structure fiscale, à prélever des taxes, à prélever
des impôts. C'est lui qui est tributaire devant l'électorat; c'est
lui qui est tributaire devant tous les contribuables et c'est lui qui doit
justifier ses choix devant les citoyens et les citoyennes. (22 h 30)
Cela explique que le gouvernement agit nécessairement comme
décideur. L'expérience nous enseigne qu'en matière de
relations du travail, les syndicats, les représentants des
employés, négocient, échangent, discutent avec celui qui
décide. Cela confère certains désavantages. C'est toujours
le gouvernement qui est visé. Cela contribue, on en convient, à
politiser - entre guillemets - les négociations, mais cela
confère certains avantages aussi pour le gouvernement, parce que
d'accord que le cartel intersyndical est peut-être un groupe qui a une
force très appréciable, mais le gouvernement a, lui aussi,
à discuter et à échanger avec celui qui décide,
celui qui est mandaté pour décider. C'est ce pourquoi nous
convenons qu'il y a des choses à revoir à l'article 42.
L'honorable député d'Argenteuil s'est référé
tout à l'heure au paragraphe 2. Nous aurons des commentaires
additionnels à formuler dès que j'aurai terminé. Dans
notre esprit, la centralisation, le rôle de premier plan du Conseil du
trésor est peut-être matière à interrogations, mais,
tant et aussi longtemps qu'on aura cette structure fiscale, tant et aussi
longtemps que ce sera le gouvernement, par le biais du Conseil des ministres,
entre autres, du ministre responsable du Conseil du trésor, du ministre
au développement social, en fait, tous ceux-là, tant et aussi
longtemps que ce sera le gouvernement qui aura à décider de cette
masse d'argent qu'on va chercher dans les poches des contribuables, c'est lui
qui doit avoir ultimement le contrôle et c'est lui qui, ultimement, doit
être en mesure de décider et de juger parce que c'est lui qui,
finalement, est jugé par la
population dans les choix qu'il fait.
D'ici quelques années, on espère que, dans des
délais assez brefs, quant à moi, personnellement - et là,
je ne parle pas au nom du parti, mais bien personnellement - on pourra venir
ici à l'Assemblée nationale et étudier un projet de loi
qui prévoira une modification de ces imputations fiscales et de ces
imputations budgétaires pour en arriver à une
décentralisation beaucoup plus poussée, mieux articulée au
niveau des instances et des groupes, mais, jusqu'à maintenant et surtout
au début de la cinquième année d'un second mandat, le
gouvernement était mieux avisé de conserver sa structure telle
qu'elle est actuellement parce qu'il n'aurait jamais été en
mesure d'adopter son projet de loi.
C'est le commentaire que j'avais à faire sur l'article 42, M. le
Président. Mon collègue d'Argenteuil aura d'autres commentaires
à formuler.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Avec plaisir, M. le Président.
M. Bisaillon: On ne peut pas demander le dépôt du
document?
M. Ryan: Je le déposerai peut-être
spontanément avec l'autorisation de celui...
M. Clair:...
M. Ryan: Si le président du Conseil du trésor
m'autorise à le distribuer, je le ferai volontiers après que vous
aurez eu la patience de m'écouter. Je ne veux pas vous distraire.
M. Paquette: Notre patience est proverbiale quand nous
écoutons le député d'Argenteuil.
Mme Le Blanc-Bantey:... avoir beaucoup de patience...
M. Ryan: Oui. On fait cela depuis 20 heures et on ne vous a pas
créé trop d'ennuis, finalement. On écoute avec
intérêt. Il y a des petits moments d'impatience dont on
s'excuse.
À propos de l'article 42, M. le Président, je pense que le
député de Portneuf a signalé que, dans la structure
générale d'organisation administrative et fiscale que nous avons
actuellement au Québec, il est à peu près impossible
d'envisager une décentralisation aussi radicale que celle qu'envisageait
le député de Sainte-Marie. La preuve en est facile à
donner. Regardez dans un secteur comme celui des municipalités où
on a laissé une très grande marge d'autonomie fiscale aux
municipalités, où on a même accru l'espace fiscal des
municipalités ces dernières années. Même si les
municipalités sont des créatures légales de
l'Assemblée nationale et évoluent sous l'autorité
générale du pouvoir politique qui est à Québec, il
n'est pas question de centraliser les négociations de ce
côté-là. Chaque municipalité a la
responsabilité de ses négociations collectives. Pourquoi? Parce
qu'elle a un pouvoir fiscal correspondant.
Il y a des maires qui, actuellement... Il y a une municipalité
dans mon comté, Mirabel, qui a une grève avec ses cols bleus et
ses cols blancs qui dure depuis plusieurs semaines. On a réglé la
grève avec les cols bleus, il y a quelques jours, et la grève des
cols blancs continue. Le gouvernement de Québec n'a rien à voir
là-dedans, parce qu'elle a le pouvoir fiscal pour soutenir son affaire
et qu'elle a la responsabilité politique qui va avec cela.
Mais, dans le cas des commissions scolaires, c'est 95 % des revenus des
commissions scolaires qui viennent du fonds consolidé du Trésor,
en somme, à Québec. Dans le cas des hôpitaux, c'est environ
95 % - je n'ai pas les chiffres exacts - dans la mesure où cela reste
ainsi. Il faut bien comprendre que, dès que les disparités
s'installeraient, ce qui serait le fruit inévitable d'une
décentralisation trop poussée, il y aurait des hauts cris un peu
partout au Québec. On dirait! Eux, parce qu'ils sont à
Montréal, ils ont 183 $ et, nous, parce qu'on est à
Saint-Hyacinthe, on a 171 $, et parce qu'on est à Rivière-du-Loup
on a 169 $, et parce qu'on est dans Lachute on a 165 $. Les gens diraient que
ça n'a pas de bon sens. Je crois que ce serait très facile de
créer un mouvement d'opinion pour faire comprendre qu'une
égalité plus grande doit être recherchée. Là,
on retournerait à la situation où on s'est trouvé au
début des années cinquante, quand on a commencé à
évoluer dans cette direction, et surtout pendant les années
soixante et les années soixante-dix.
Je ne crois pas que ce soit le dernier mot, mais je crois tout de
même qu'il y a eu des avantages énormes dans l'uniformisation de
conditions qu'on a faite au point de vue salarial. Je me souviens du temps pas
tellement lointain où l'institutrice de village dans une région
du Québec gagnait peut-être le tiers de ce que gagnait sa
collègue qui était syndiquée à Montréal. Je
pense qu'on ne veut pas retourner à ça. C'est évident que
si l'on suivait la tendance actuelle que le gouvernement a suivie dans certains
secteurs et même dans plusieurs secteurs, la tendance est vers le retour
au "cheap labour", sous toutes sortes d'étiquettes et à plusieurs
égards, et bien enveloppée. Les décideurs
économiques veulent évoluer vers le "cheap labour" et ici je fais
un aveu personnel: J'ai été moi-même
chef d'une entreprise pendant des années, et je suis
peut-être un des seuls qui a eu cet avantage de voir les choses de ce
côté de la clôture avec l'obligation d'acquitter des comptes
à la fin du mois. J'ai fait des opérations radicales de ce
côté et, à un moment donné, on a pris toute
l'opération de l'imprimerie et on l'a transférée à
l'extérieur. Une des raisons, c'est qu'on trouvait que cela nous
coûterait beaucoup moins cher. On allait chercher un autre
procédé technologiquement plus avancé, mais qui se
traduisait par le remplacement de typographes à 8 $ l'heure, dans le
temps, par des dactylographes à 4 $ ou 5 $ l'heure. On a
été chanceux, on a conclu une entente avec le syndicat et on a pu
s'entendre. C'était un syndicat bienveillant qui n'était pas le
plus militant des syndicats dans ce domaine.
Il y a une tendance vers le "cheap labour" qui est plus prononcée
à mesure qu'on se rapproche du plan local. Cela se comprend parce qu'au
plan local il faut voir comment cela marche dans un comté comme le mien.
Vous avez des gens qui viennent offrir leurs services continuellement pour
presque rien et où la moyenne de revenus est très peu
élevée. Les gens ne travaillent pas et ils sont prêts
à travailler pour pas grand-chose, bien souvent. Je ne crois pas que ce
soit le rôle des pouvoirs publics d'encourager cela. Le rôle des
pouvoirs publics, c'est d'encourager un état de choses où il va
exister des planchers minimaux dans le territoire qui vont faire qu'une
certaine égalité de conditions existera entre les citoyens de ce
territoire. Autrement, à quoi vaudrait la vie commune sous un même
cadre politique? Je crois que c'est une des responsabilités du
gouvernement, par conséquent, qui ne peut pas être
aliénée et qui a peut-être été poussée
trop loin dans la pratique. On cherche tous des manières de la nuancer
et de doser les choses. Tant qu'on va rester avec la structure
financière actuelle, je ne crois pas qu'on puisse aller
complètement dans l'autre direction. C'est pour cela qu'il y a un
consensus qui s'est dégagé dans les consultations faites autour
de la réforme du régime de négociation pour que la
question salariale reste une question qui va être négociée
au plan national, une question dans laquelle le gouvernement et
l'Assemblée nationale resteront directement impliqués.
Peut-être que c'est une étape qu'il faut franchir, peut-être
qu'on ira vers plus avec le temps. Je souhaiterais bien qu'on puisse arriver
à un meilleur aménagement de l'ensemble des mécanismes qui
régissent le fonctionnement de notre société permettant
qu'on aille plus loin, mais je ne voudrais pas qu'on se lance dans cette
direction d'une manière aveugle et sans avoir bien assuré les
fondements sur lesquels un autre régime pourrait fonctionner de
manière efficace et harmonieuse.
Cela dit, je trouve quand même - et je vais résumer ma
position initiale sur cela, ne serait-ce que pour la soumettre à la
vérification de mon collègue de Portneuf -que, dans le texte de
l'article 42, le deuxième alinéa va trop loin. Je donne juste un
exemple de ce que j'aurais envisagé. Je reconnais qu'il y a une
responsabilité inaliénable du Conseil du trésor aussi
longtemps qu'on reste dans le régime actuel. Je ne veux pas mettre cela
en cause, je pense que je perdrais mon temps. Qu'est-ce que c'est la
responsabilité du Conseil du trésor, encore une fois? J'aurais
voulu avoir le texte de la loi qui régit le Conseil du trésor. Je
ne sais pas si vous avez cela à la portée de la main, la batterie
d'experts du ministre. Moi, je ne l'ai pas à la portée de la
main, ici.
M. Clair: C'est la Loi sur l'administration
financière.
M. Ryan: C'est la Loi sur l'administration financière. Le
titre est en plein dans la direction que l'expression même du Conseil du
trésor laissait entrevoir.
Dans la mesure où on lui donne des responsabilités qui
sont dans la ligne directe de son mandat tel que définit par la loi, je
ne peux pas avoir d'objection sérieuse, consciencieuse. S'il avait
été écrit, par exemple: dans les matières qui
relèvent de sa compétence, je n'aurais pas eu d'objection
à cela. Je trouve que c'est lourd à porter et tout, mais: "They
belong there", comme on dit: ils ont une place dans ce
mécanisme-là qu'on ne peut pas leur enlever.
Ce qui nous fait peur ici, c'est: "dans les matières qu'il juge
d'intérêt gouvernemental". C'est qu'on lui donne un rôle
beaucoup plus large. Il peut arriver à un moment donné qu'il y
ait une clause de caractère normatif qui soit en discussion, qui n'ait
d'incidence financière particulièrement démontrable,
particulièrement nette. À ce moment-là, il peut arriver
que le Conseil du trésor, par excès de zèle ou parce qu'il
est dirigé par un homme très puissant dans le gouvernement ou que
la mode de l'époque est aux interventions de ce genre-là, dise:
Nous autres, on trouve cela d'intérêt gouvernemental. J'ai entendu
tellement souvent des efforts de rationalisation de certaines décisions
à caractère excessif du gouvernement de la part des hommes
politiques, des femmes politiques ou des technocrates qui les conseillent,
quand ils ne les dirigent pas, que je me méfie de ce genre d'expression.
Je pense que c'est dans la nature même d'un esprit démocrate que
d'être profondément méfiant à l'endroit
d'expressions passe-partout comme celle-ci qui ouvre la porte à peu
près à n'importe quoi, surtout en période de crise.
J'étais porté tantôt à vous demander, M. le
ministre, ainsi qu'au député de Rosemont qui était du
côté gouvernemental à l'époque: Quand vous avez
échangé ensemble des secrets que vous ne daigniez point partager
avec nous, le commun des mortels, au sujet des événements qui se
sont passés à l'époque, j'ai failli vous demander: Est-ce
qu'il était question d'une insurrection appréhendée? Je
n'ai pas osé poser la question, cela nous rappelle trop de
souvenirs.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil, sur l'article 42, je dois vous signaler que la période de
vingt minutes est maintenant atteinte. Alors, cela me prendrait...
M. Pagé: Est-ce qu'on peut l'envisager globalement entre
le député d'Argenteuil et moi?
M. Ryan: Cela ne me fait rien, M. le président me
connaît très bien. Je vais déposer un projet d'amendement,
si vous voulez. Cela va me donner vingt autres minutes.
Le Président (M. Lachance): Cela me prendrait le
consentement des membres de la commission. Ça va? Allez-y, M. le
député d'Argenteuil, j'en déduis que ce silence est un
consentement.
M. Ryan: On m'apporte justement la Loi sur l'administration
financière qui traite des pouvoirs et des responsabilités du
Conseil du trésor. On dit: "Le Conseil du trésor exerce les
pouvoirs du gouvernement en tout ce qui concerne l'approbation des plans
d'organisation des organismes du gouvernement autres que ceux dont le personnel
est nommé et rémunéré selon la Loi sur la fonction
publique... " "Il exerce également les pouvoirs qui sont
conférés au gouvernement en ce qui concerne l'élaboration
et l'application de la politique administrative générale à
suivre dans la fonction publique... " "Il exerce aussi les pouvoirs qui sont
conférés au gouvernement en vertu de la Loi sur les
régimes de retraite... " et cela continue. Ici, il y en a un très
important: "Le Conseil du trésor exerce les pouvoirs du gouvernement en
ce qui concerne les dépenses et les engagements financiers du
gouvernement dans la mesure et aux conditions qui sont
déterminées par règlement du gouvernement. " Je pense que
c'est un pouvoir absolument central, essentiel, inaliénable.
Si le ministre, qui est président du Conseil du trésor, me
dit: Dans cette loi-là, je veux absolument avoir une traduction claire
et opérationnelle de ce pouvoir qui m'est absolument indispensable, je
suis obligé de m'incliner. Je trouve que cela va trop loin ici. Il me
semble que, s'il y avait quelque chose dans le genre de ce que j'ai
mentionné: dans les matières qui relèvent de sa
compétence, cela limiterait singulièrement l'extension possible
de ce concept-là. Comme c'est là, moi, personnellement, je suis
enclin à voter contre cela parce que je trouve qu'on ne fait aucun
progrès par rapport à ce qu'on a.
Voici un point sur lequel, de l'aveu de ceux qu'on a entendus, il y
aurait un certain cheminement à faire. J'admets qu'il faut le faire avec
prudence. Je ne propose pas de renversement radical, mais je me demande s'il
n'y a pas quelque chose à chercher qui apporterait au moins une certaine
atténuation sans diminuer en quoi que ce soit la responsabilité
du Conseil du trésor. Si cela devait être plus large, il me semble
qu'à ce moment-là cela doit être apporté au cabinet
par le Conseil du trésor, de concert avec les deux ministres sectoriels
qui sont responsables. Il me semble que c'est ensemble qu'ils vont
déterminer si cela doit aller jusque-là. En tout cas, c'est mon
point de vue, à la lumière de ce qu'on a entendu, et je vous le
soumets humblement. (22 h 45)
M. Bisaillon: Le document?
M. Ryan: Ah oui!
M. Bisaillon: Vous aviez promis cela après.
M. Ryan: Ah oui, je le fais circuler. Vous allez voir qu'il ne me
fera pas de grosses confidences.
M. Clair: M. le Président, je pense que la formulation que
retiendrait le député d'Argenteuil non seulement serait
imprécise, mais peut-être même serait-elle encore plus
large, puisque l'on sait que les matières qui sont de sa
compétence... Le Conseil du trésor, en fait, exerce un rôle
horizontal très large dans l'ensemble des activités
gouvernementales. Je ne pense pas que ce soit en jouant sur les mots qu'on va
modifier la réalité, et ce n'est sûrement pas l'objectif du
député d'Argenteuil. Le pouvoir de déclarer des
matières d'intérêt gouvernemental était prévu
dans le projet de loi 55. Il a été exercé de façon
horizontale une fois.
Il faut le lire. L'esprit même de l'article dit: Le Conseil du
trésor "autorise les mandats de négociations des comités
et des sous-comités patronaux dans les matières qu'il juge
d'intérêt gouvernemental à l'exception des matières
définies comme devant faire l'objet de stipulations
négociées et agréées à l'échelle
locale ou régionale suivant les articles 57 et 58. "
On voit donc que, sur le strict plan juridique, c'était une
utilisation, je dirais, maximale de ce pouvoir du Conseil du trésor,
lorsqu'il a été utilisé pour déclarer l'ensemble
des matières d'intérêt gouvernemental. C'était
juridiquement à l'extrême limite de l'utilisation de ce
pouvoir.
Je pense, quant à moi, que, plutôt que d'employer une autre
expression plus large encore, il est préférable de conserver
celle-ci. Mais, encore une fois, je veux dire à tous les
collègues qui se sont exprimés là-dessus que je partage
tout à fait cette vision d'une négociation beaucoup plus
décentralisée où les grands enjeux de la
société, les grands enjeux budgétaires font l'objet d'une
concertation beaucoup plus large qu'uniquement avec les syndicats ou les
associations patronales du secteur public, de même que je partage cette
vision d'une négociation beaucoup plus décentralisée, mais
on ne décentralisera pas à un rythme beaucoup plus rapide que
celui dans lequel s'est réalisée la centralisation.
Deuxièmement, une véritable décentralisation
nécessite des modifications quant au pouvoir de taxer, quant aux
pouvoirs fiscaux puisque cela va de pair. Je pense qu'on ne peut pas aller
beaucoup plus loin, dans une première étape, que de
procéder comme on le fait, c'est-à-dire une négociation
que je reconnais être modeste, mais que je considère comme
réelle, puisque, encore une fois, sur les matières qui sont
décentalisées, avec un mode de négociation qui peut
être débattabls, il n'en demeure pas moins que le Conseil du
trésor ne pourra plus exercer ce pouvoir de déclarer ces choses,
ces sujets d'intérêt gouvernemental. C'est un premier pas.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Deux-Montagnes, toujours sur l'article 42?
M. de Bellefeuille: Oui, M. le Président. Vu
l'étroite collaboration qui s'est établie entre tous les membres
de la commission, en particulier entre le ministre et moi, je suis sûr
que le ministre ne souhaitait pas que l'article 42 soit adopté sans que
je lui donne le bénéfice de mes observations. Effectivement, il y
aurait eu quelque chose à féminiser si les collaborateurs du
ministre l'avait jugé opportun. Par exemple, dans l'alinéa qui
commence par le chiffre 1°, je ne vois pas pourquoi le Conseil du
trésor n'accepterait pas l'hypothèse où il
déléguerait une observatrice aux séances de
négociation. Mais ce n'est pas là-dessus que je voulais
intervenir, M. le Président. C'est plutôt pour dire au ministre
que je me demande pourquoi il nous présente un projet de loi qu'il tient
à faire adopter maintenant quand il ne cesse de nous
répéter qu'il ne faut pas bousculer les choses, qu'il ne faut pas
se presser. Qu'est-ce qui presse, puisque le ministre ne cesse de nous
répéter qu'il faut éviter les virages trop brusques, que
la décentralisation ne peut se faire que par étapes et qu'elle
n'assumera de réalité que dans la mesure où elle
s'accompagnera de réaménagements fiscaux? Ce n'est pas
nécessairement faux, je ne suis pas très ferré en
théories gouvernementales, mais je n'ai pas l'impression que c'est
absolument faux, ce que le ministre dit. On pourrait remettre en cause toutes
sortes d'aspects de la fiscalité.
Cela étant, qu'est-ce qui presse? Je ne comprends pas ce qui
presse, d'autant moins que le projet de loi ne me paraît pas apporter un
nouveau régime de négociation. Je pense que l'article 42 montre
très bien que nous n'avons pas affaire à un nouveau régime
de négociation. Nous avons plutôt affaire à la
consécration du régime passé et justement
décrié. Nous avons affaire à un projet de loi qui consacre
non seulement le régime passé et décrié, mais aussi
la volonté technocratique. On voit très bien, à l'article
42, que c'est la volonté technocratique qui doit prévaloir.
Tout à l'heure, le député de Sainte-Marie a
parlé du rôle des grands négociateurs et j'ai l'impression
que le ministre a pensé que le député de Sainte-Marie
parlait de lui. Or, je ne crois pas que le député de Sainte-Marie
ait voulu parler du ministre lorsqu'il a parlé des grands
négociateurs. Je pense que le député de Sainte-Marie avait
plutôt à l'esprit les négociateurs de la partie
gouvernementale, à ne pas confondre avec le ministre. Dans cette
situation, si le ministre a un rôle, ce n'est pas d'être
lui-même négociateur, c'est d'être soit le prince, soit le
messager du prince. De toute évidence, c'est la volonté du prince
qui va prévaloir et c'est ce que nous dit l'article 42:
Conformément aux orientations déterminées par le
gouvernement, le Conseil du trésor: 1°, 2°, 3°. C'est la
volonté du prince qui va prévaloir et alors le ministre, c'est
soit le prince, s'il a l'autorité, ou c'est le messager du prince, si
c'est le Conseil des ministres qui prend les décisions pour lui.
Je ne vois pas très bien ce qu'il y a de nouveau
là-dedans. Le ministre nous dit que la décentralisation ne peut
être que progressive, mais je n'en vois pas le début. Je ne vois
pas le début d'une décentralisation dans l'article 42. Au
contraire, je vois que l'autorité demeure centralisée et il me
semble que non seulement le gouvernement rate l'occasion d'introduire un
véritable nouveau régime de négociation dans les secteurs
public et parapublic, mais que le gouvernement rate aussi l'occasion de
manifester la compréhension qu'il pourrait avoir d'une des
préoccupations émergentes dans notre société.
Chacun sait que, partout dans le monde occidental, l'État est remis en
question et une des réponses les plus satisfaisantes à cette
remise en question de l'État, c'est l'émergence d'un esprit
communautaire. Je crois que, comme ministre responsable de l'Année
internationale de la jeunesse, le ministre doit sûrement entendre parler
souvent du communautarisme qui est perçu par notre jeunesse comme une
des clés de l'avenir. Si le communautarisme a un sens, un des aspects du
sens qu'il a c'est, comme l'indiquait le député de Sainte-Marie,
qu'il y a, un certain nombre de décisions qui se prennent beaucoup mieux
aux niveaux local et régional. Je ne vois pas dans l'article 42 la
possibilité pour cet esprit communautaire d'apparaître et de se
manifester.
Le ministre nous met en garde contre les virages trop brusques. Je ne
sais pas si c'est parce qu'il a subi le vertige à la suite des virages
pris par le gouvernement dont il fait partie, virages vers le conservatisme et
l'esprit antisyndical, virages qui se sont faits en un nombre peu
élevé d'années et qui auraient, par conséquent, pu
donner le vertige au ministre. Plus récemment, sur une période de
temps beaucoup plus courte, une période de quelques mois à peine,
il y a eu un virage fédéraliste extrêmement brusque. Je
comprends que le ministre soit traumatisé si c'est le genre de virage
trop brusque qu'il a a l'esprit.
Effectivement, les virages trop brusques, il faut parfois s'en
méfier. Je ne préconiserais pas un virage trop brusque en
matière de décentralisation, mais je voudrais voir l'amorce d'un
virage, le début, quelque chose de substantiel. Je voudrais voir, par
exemple, dans l'article 42 une volonté se manifester d'assurer une
véritable décentralisation. Il n'y a pas de virage ici, c'est du
sur place, c'est du piétinement. On maintient l'ancien régime, on
consacre le rôle des grands négociateurs, on consacre la
centralisation actuelle et on refuse d'aborder, ne serait-ce que prudemment et
lentement, le virage qui s'impose vers une décentralisation dans le
régime de négociation.
Je ne veux pas abuser du temps de parole qui m'est accordé et je
vais pour le moment conclure en proposant un amendement dans... Est-ce qu'on
appelle cela le deuxième paragraphe, l'alinéa qui commence par le
chiffre 2°?
Le Président (M. Lachance): C'est le troisième
alinéa de l'article 42.
M. de Bellefeuille: Le troisième alinéa de
l'article 42: Remplacer les mots "qu'il juge d'intérêt
gouvernemental" par les mots "qui relèvent de sa compétence".
M. Ryan: C'est bon, cela.
M. de Bellefeuille: Comme nos collègues le comprendront,
le but de cet amendement est tout simplement de clarifier la marge de manoeuvre
du Conseil du trésor et d'empêcher le Conseil du trésor de
devenir un État dans l'État qui porte des jugements
au-delà de son autorité fondée sur les lois. Alors,
voilà, M. le Président, l'amendement que je propose à
l'article 42.
Le Président (M. Lachance): Oui. D'abord, je voudrais
indiquer que la motion est recevable. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, la motion d'amendement du
député de Deux-Montagnes reprend en substance ce qui avait
été suggéré tantôt par le
député d'Argenteuil. Pour les mêmes raisons, je voterai
contre cet amendement. Cependant, quand le député dit qu'il ne
voit même pas poindre la décentralisation, l'article 42
lui-même laisse clairement entrevoir cette décentralisation
puisqu'on y voit que ne pourront être déclarées
d'intérêt gouvernemental les matières définies comme
devant faire l'objet de stipulations négociées et
agréées a l'échelle locale ou régionale suivant les
articles 57 et 58. On verra dans ces articles que non seulement il y a une
liste obligatoire de sujets qui feront l'objet de stipulations
négociées au niveau local ou régional, mais que même
les parties peuvent y ajouter et que cela crée une incitation pour que
les parties négocient des matières au niveau local. (23
heures)
M. le Président, d'ores et déjà, le
député de Deux-Montagnes parlait du prince. Le prince, à
supposer que ce soit moi, voudrait faire une prédiction: Lorsque nous
arriverons à la liste des matières décentralisées,
il plaidera exactement l'inverse et dira que la liste est trop substantielle.
C'est une prédiction.
M. Bisaillon: Un procès d'intention.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Clair: Ce n'est pas un procès d'intention, cela se
limite à une prédiction.
Une voix: Ce n'est pas le prince. C'est...
M. Paquette: M. le Président, sur cet amendement que je
trouve très modéré de la part du député de
Deux-Montagnes, cela m'étonne de voir le ministre considérer
qu'il n'est pas acceptable à son point de vue.
Depuis le début des travaux de cette commission, chaque fois
qu'on arrive avec un amendement substantiel, c'est toujours irrecevable pour le
ministre. Il n'y a que son projet de loi qui est parfait, et le ministre, par
son manque de collaboration et d'ouverture à nos suggestions, qui ne
sont pas uniquement les nôtres, d'ailleurs... On a mis en évidence
tout à l'heure que, du point de vue même de ses collègues
sectoriels et des associations patronales, que ce soit dans le secteur des
affaires sociales ou dans le secteur de l'éducation, on voulait laisser
plus de marge de manoeuvre et assurer plus de marge de manoeuvre aux
comités et aux sous-comités patronaux. Ce que le ministre est en
train de faire, c'est qu'il va s'attirer des amendements beaucoup plus radicaux
que ceux-là, qu'il va sans doute rejeter de la même façon,
mais cela va contrevenir à l'objectif qu'il s'est fixé,
c'est-à-dire qu'on procède rapidement à l'étude de
ce projet de loi.
M. le Président, on a beaucoup parlé de
décentralisation. Mon collègue de Sainte-Marie a fait valoir ses
espoirs qu'on en arrive un jour à une décentralisation
véritable. Les arguments de l'Opposition libérale me font sourire
quand on essaie de relier le pouvoir fiscal au degré de centralisation
dans les négociations. Dans les collèges d'enseignement
général et professionnel... Il m'est arrivé d'enseigner
quatre ans dans un collège d'enseignement général et
professionnel, au début de la création des cégeps, et le
pouvoir fiscal du gouvernement et son niveau de financement du réseau
des collèges, la proportion était la même qu'aujourd'hui.
C'était tout près de 100 %. Parfois, un collège peut...
Ils n'ont pas beaucoup de marge de manoeuvre. Elle est inexistante, à
toutes fins utiles. Mais, M. le Président, je vous jure qu'on en
décidait des choses localement et que c'était pas mal plus
vivable dans les institutions d'enseignement que cela l'est maintenant. Cela va
peut-être surprendre le ministre, mais même au sein de
l'institution - parce que l'institution pouvait le faire - la direction
confiait au département le mandat suivant: Voici le nombre
d'élèves que vous avez. Voici le nombre de profs qui est
autorisé. On a fait une répartition après avis de la
commission pédagogique et on a décidé au conseil
d'administration de répartir les profs comme suit. Vous avez à
assumer les services dans les meilleurs intérêts de la
clientèle et, là, on se répartissait la tâche.
Certains enseignants prenaient... J'avais l'occasion de diriger ce
département et les enseignants se répartissaient les
tâches. Il y avait des enseignants qui faisaient plus d'heures parce
qu'ils s'occupaient surtout d'animation de groupes. Ils
préféraient être en contact avec les élèves
et d'autres assuraient moins d'heures parce qu'ils préparaient les
outils pédagogiques, mais tout ceci était convenu
démocratiquement entre les professeurs parce qu'on avait la marge de
manoeuvre pour le faire. C'est un petit exemple que je donne. Je connais moins
le réseau des affaires sociales, mais je suis certain qu'il y a beaucoup
d'exemples qu'on pourrait donner dans ces réseaux également.
Le Président (M. Lachance): M. le député,
j'aimerais que vous fassiez le lien avec la motion apportée par votre
collègue, le député de Deux-Montagnes. Cela
s'éloigne un peu...
M. Paquette: M. le Président, si vous...
Le Président (M. Lachance):... de la pertinence.
M. Paquette: Non, non, je ne pense pas qu'on s'éloigne du
sujet. L'amendement de mon collègue, le député de
Deux-Montagnes, a pour but et touche un tout petit aspect de la dynamique de la
décentralisation, qui est la relation entre le Conseil du trésor
et les comités patronaux et sous-patronaux. On est à cent
années-lumières de l'objectif que je suis en train de
décrire et de la réalité qui existait avant la
centralisation abusive dans le secteur public. D'accord? Je donne cet exemple
pour bien indiquer que l'argument, à savoir que c'est lié au
pouvoir fiscal, ne tient d'aucune façon et encore moins quand on parle
d'un tout petit aspect comme celui que soulève mon collègue de
Deux-Montagnes. Mais il faut bien commencer quelque part, parce qu'on aura,
évidemment, des amendements à proposer lorsqu'on arrivera au
transfert entre le national et le local, ou le sectoriel et le local, dans le
cas des affaires sociales.
Là-dessus, je dois vous dire que j'ai été
très supris des interventions du député de Portneuf et du
député d'Argenteuil qui ont pourtant un sens critique très
aiguisé habituellement. C'est comme si, sur cette question, ils
étaient en gros d'accord avec la résignation du ministre -
à eux de me détromper, mais c'est l'impression qu'ils m'ont
donnée - et la résignation au caractère
hypercentralisé du régime de négociation dans le secteur
public. Je réserve mon jugement, peut-être auront-ils des
amendements à proposer quand on parlera de négociation locale.
Mais le ministre fait appel à des mécanismes qu'on
étudiera plus loin - je ne veux pas entrer dans les détails tout
de suite - qui vont empêcher tout transfert entre le sectoriel et le
local, ou encore entre le national et le local. Ici, on n'en est qu'à un
tout petit aspect bien simple de la décentralisation sur lequel il y a
consensus des associations du côté patronal et qui vise à
éviter l'arbitraire gouvernemental et à faire en sorte que le
Conseil du
trésor "déresponsabilise", en quelque sorte, les
comités et les sous-comités patronaux. Si on n'est pas capable de
faire cela ici, je ne sais pas quand on va revenir à un régime
vivable de négociation. Effectivement, cela peut être un processus
qui s'échelonne sur deux ou trois négociations avant d'en arriver
à la situation souhaitable qu'a décrite mon collègue de
Sainte-Marie. Mais je peux vous dire, pour avoir vécu une époque
énormément décentralisée et extrêmement
responsabilisante qui stimulait la créativité des personnels, que
se soit des enseignants ou des cadres scolaires dans les établissements,
que, si le ministre n'est même pas capable d'accepter ce petit
amendement, le débat va être extrêmement long sur ces
questions, parce que nous pensons qu'il n'amorce d'aucune façon,
même pas dans ses relations avec les comités et les
sous-comités patronaux, l'ombre de la queue du début d'une
décentralisation. On voudrait qu'il y ait un petit quelque chose qui
nous laisse penser qu'il y a moyen de faire des discussions constructives
à cette commission. Je comprends que le ministre peut trouver que cela a
pris du temps pour d'autres articles. Là, je pense qu'on touche des
articles encore plus importants que les précédents, que ceux dont
nous avons discuté. Cet amendement de mon collègue de
Deux-Montagnes vise simplement à ce que le Conseil du trésor se
mêle un peu moins des affaires des comités et des
sous-comités patronaux.
Je vois que le ministre nous a quittés. Est-ce qu'on peut
suspendre les travaux?
Une voix: À quelle heure?
M. Ryan: II faudrait rester ici pour le retour du ministre. Il va
sûrement revenir d'une minute à l'autre. En attendant qu'il
revienne, étant donné que les autres membres de l'équipe
gouvernementale sont muets, je pense qu'il serait normal qu'on ajourne en
attendant d'avoir notre interlocuteur normal.
Le Président (M. Lachance): Nous allons suspendre pour
quelques instants.
Une voix: II arrive.
M. Ryan: S'il arrive, on est prêt à lui parler.
Une voix: C'était bien lui.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont, est-ce que vous aviez terminé votre plaidoyer?
M. Paquette: M. le Président, puisque le ministre
n'était pas là, je vais être obligé de
reprendre.
M. Blais: Une minute!
Mme Juneau: C'est enregistré.
M. Blais: Une minute! Il pourra lire le Journal des
débats.
M. Ryan: Je pense que ce serait faire offense aux parlementaires
que de dire la même chose deux fois.
M. Paquette: M. le député d'Argenteuil ne semble
pas disposé... Je dois vous dire que c'est assez curieux que, lorsqu'on
aborde un sujet d'une telle importance qui touche à la qualité
des services, en somme, le ministre a l'air de s'imaginer que, même au
niveau de ses relations avec les comités et sous-comités
patronaux, il ne peut faire confiance à ses collègues, les
ministres sectoriels, et aux représentants des établissements
pour assumer leurs responsabilités et qu'il doit se réserver le
droit, comme le stipule le deuxièmement, d'autoriser les mandats de
négociation dans les matières qu'il juge d'intérêt
gouvernemental, donc dans n'importe quoi. Voilà une approche qui fait en
sorte... Cela m'étonne que l'Opposition officielle soit d'accord avec
cela, elle qui nous a longtemps tenu le discours des droits et libertés
individuelles. C'est bien beau d'assurer les droits et libertés
individuelles dans une charte des droits, mais la personnalisation, l'autonomie
de l'individu, c'est une façon de réaliser concrètement,
dans la pratique, les droits et libertés. À moins que le ministre
ne soit capable de nous convaincre qu'on doit maintenir un tel degré de
décentralisation alors que les associations patronales, et même
certains de ses collègues sectoriels, voudraient au moins, une fois que
le Conseil du trésor, le gouvernement aura joué son rôle de
gestionnaire des fonds publics - ce n'est pas cela qui est en question ici - et
assumé ses responsabilités qui doivent correspondre au pouvoir
fiscal qu'il assume -il lève les taxes et il doit répondre de
leur gestion auprès de la population, assurer une bonne
répartition des masses dont il dispose entre les divers comités
qui négocient là où les divers ministres sectoriels
peuvent faire prévaloir les besoins de leurs secteurs respectifs -
absolument rien ne justifie encore le maintien d'une disposition
désuète comme celle qu'on retrouve ici et qui va permettre
n'importe quand au Conseil du trésor de dire: Écoutez, les petits
gars, je vous avais donné une masse d'argent. Vous avez discuté
de cela. Maintenant, revenez ici, c'est d'intérêt gouvernemental
on change tout cela.
Cela va être difficile pour les membres des comités
patronaux d'être pleinement responsables. Et que dire de leurs
interlocuteurs syndicaux qui vont toujours
avoir à se demander: Quand est-ce que les gens ont un mandat ou
quand est-ce qu'ils n'en ont pas, quand est-ce qu'ils sont en instance
d'être appelés au Conseil du trésor. On n'a même pas
parlé encore des négociations locales. Je regrette
l'intransigeance du ministre sur cette question qui touche quand même une
très petite partie du processus de décentralisation des
négociations.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pensais que le député de Rosemont
allait remercier l'Opposition de lui avoir fourni le verbatim, le mot à
mot de l'amendement qui est proposé. Il a préféré
laisser entendre que nous serions complètement de l'opinion du
gouvernement en ce qui touche l'article 42. Je pense qu'il sait que c'est
faux.
M. Paquette: Dans ce cas, je vais m'excuser auprès du
député d'Argenteuil, mais j'avais compris la longue
envolée au sujet du pouvoir fiscal qui empêchait toute
décentralisation substantielle comme un recul sur les positions
antérieures que le député d'Argenteuil avaient prises,
mais je suis heureux... Effectivement, le député d'Argenteuil a
raison.
M. Ryan: Très bien. Je ne reviendrai pas sur l'autre
problème parce que nous en avons discuté. Nous aurons l'occasion
probablement d'en reparler, quand il va être question de l'aspect
pécuniaire du processus même de la négociation. Je voudrais
simplement parler à l'appui de la proposition d'amendement qui a
été déposée par le député de
Deux-Montagnes, strictement là-dessus. Il demande que le Conseil du
trésor autorise les mandats de négociation des comités et
des sous-comités patronaux dans les matières qui relèvent
de sa compétence. J'ai examiné de plus près, parce que
j'en ai eu le temps depuis tantôt, en même temps que
j'écoutais des interventions, évidemment, les attributions du
Conseil du trésor. Là, je vais poser une question au ministre et
je vais donner ces attributions très brièvement. (23 h 15)
Le ministre m'a dit que l'amendement, s'il était
déposé, ce qui a été fait depuis, élargirait
la portée de l'article comparativement à ce que nous propose le
texte actuel. Je vais lui demander de me faire la preuve de cela à
partir du texte de la loi.
Ma prétention est contraire. Le deuxième alinéa de
l'article 42 élargit les attributions du Conseil du trésor
au-delà de ce que prévoit sa loi constitutive qui est la Loi sur
l'administration financière. Dans les attributions du Conseil du
trésor, je trouve les suivantes: "il exerce les pouvoirs du gouvernement
en tout ce qui concerne l'approbation des plans d'organisation des organismes
du gouvernement autres que ceux dont le personnel est nommé et
rémunéré selon la Loi sur la fonction publique... " Cela
ne touche pas les cégeps, les commissions scolaires, les institutions de
bien-être et les hôpitaux non plus. "Il exerce également les
pouvoirs qui sont conférés au gouvernement en ce qui concerne
l'élaboration et l'application de la politique administrative
générale à suivre dans la fonction publique et dans les
organismes visés au premier alinéa. " Cela ne touche pas, encore
une fois, les organismes du secteur de l'éducation et les organismes du
secteur hospitalier. "Il exerce aussi les pouvoirs qui sont
conférés au gouvernement en vertu de la Loi sur le régime
de retraite des fonctionnaires et la Loi sur le régime de retraite des
enseignants... " Cela va très bien.
Il est "chargé de soumettre au Conseil exécutif, chaque
année, un projet de prévisions budgétaires". Dans la
mesure où son projet va être affecté par les
négociations, il faut qu'il ait l'oeil ouvert, il faut qu'il puisse
intervenir là-dessus, exercer son autorité. C'est pour cela que,
dans la mesure où c'est dans son champ de compétence, il n'y a
pas de problème. "Il analyse les implications financières des
plans et programmes des ministères et organismes du gouvernement et
recueille auprès d'eux... " Il n'y a pas de problème
là-dessus. "Il détermine la forme et la teneur des documents au
moyen desquels ces données doivent lui être transmises. " Cela va
bien aussi, il n'y a pas de problème. "Il exerce les pouvoirs du
gouvernement en ce qui concerne les dépenses et les engagements
financiers du gouvernement dans la mesure et aux conditions qui sont
déterminées par règlement du gouvernement. " Cela va bien
aussi. C'est de cet article-là...
Une voix:...
M. Ryan: Oui, justement, il ne faut pas l'élargir trop. Je
vais y revenir ensuite. Les dépenses et les engagements financiers du
gouvernement... Encore une fois ici, supposez qu'il s'agisse de
l'éducation. Le ministre qui est président du Conseil du
trésor peut très bien dire: Dans le projet de prévisions
budgétaires que vous nous présentez, M. le ministre de
l'Éducation, vous demandez trop par rapport à ce qu'est le
potentiel du gouvernement. Très bien. S'il vient dire: Vous devriez
aider plutôt le secondaire que l'universitaire ou le collégial, il
est en dehors de ses attributions. Cela est de la responsabilité du
ministre de l'Éducation comme je le conçois. Le président
du Conseil du trésor ne doit pas aller jusque là. Il peut
dire: Ce qu'on me demande pour ce secteur-là est trop fort ou
l'augmentation qui est proposée ici va au-delà de la norme
d'augmentation générale qui a été
arrêtée. Très bien. Je ne pense pas que ses attributions
aillent au-delà de cela. Je sais qu'il y a des présidents du
Conseil du trésor qui vont plus loin que cela, mais, personnellement, je
pense qu'ils agissent alors dans un esprit contraire à celui que je
trouve dans le texte de la loi.
Ensuite: "Le Conseil du trésor peut adopter des règlements
ayant trait au système de comptabilité qui doit être suivi
dans les ministères et dans tout organisme qu'il désigne... "
Cela va très bien. "Il peut aussi adopter des règlements
applicables aux ministères du gouvernement et à tout organisme
qu'il désigne (... ) ayant trait (... ) aux comptes, honoraires, frais
de fourniture de services ou d'utilisation d'installations, aux conditions des
locations, des baux et des aliénations de biens... " Encore là,
je pense que cela se comprend très bien.
C'est cela, les attributions véritables du Conseil du
trésor. Pour le reste, est-ce qu'on lui donne, dans la loi, le pouvoir
de déterminer des matières qui sont d'intérêt
gouvernemental? Mais non, qui sont d'intérêt financier, qui
concernent l'équilibre des finances publiques et la discipline à
maintenir dans les dépenses et les engagements financiers du
gouvernement! C'est très bien, mais je ne pense pas que ce concept
d'intérêt gouvernemental - un concept omnibus susceptible
d'interprétations extrêmement diverses et d'extensibilité
pratiquement illimitée, surtout en temps de crise - soit inhérent
à la Loi sur l'administration financière dans sa section III qui
traite du Conseil du trésor. C'est pourquoi je pense que l'amendement
proposé, s'il va plus loin, encore une fois, que le texte proposé
par le ministre, il n'y a pas de problème. S'il trouve que cela va plus
loin, il devrait être content, il était content de l'autre.
Nous autres, on trouve que cela va moins loin, ce qui fait qu'on se
rencontrerait tous les deux à mi-chemin: vous, dans
l'interprétation que vous donnez, et, nous autres, dans celle que nous
donnons, et il y aurait un accord parfait. On pourrait passer rapidement
ensuite à l'article 43.
J'approuve cet amendement, M. le Président, et j'aimerais bien
que le ministre, président du Conseil du trésor, m'explique en
quoi il va plus loin que le libellé actuel du deuxième
alinéa de l'article 42.
M. Clair: Quand on dit que ce serait dans les matières de
sa compétence, je pense que cela pourrait non seulement aller plus loin,
mais que c'est même plus imprécis, parce que cela devient,
à toutes fins utiles, sans rapport avec la négociation. Le
Conseil du trésor est chargé de la coordination, au nom du
gouvernement, de toutes les négociations dans les secteurs public et
parapublic. Il est également doté de pouvoirs
généraux aussi vastes que ceux qui sont indiqués à
l'article concernant les engagements financiers et budgétaires du
gouvernement. Il peut arriver, à l'occasion, dans un processus normal -
encore une fois, je pense qu'il ne faut pas être obnubilé par les
événements de 1982 où on a porté à
l'extrême limite l'interprétation des pouvoirs prévus
à l'article 42, 2 - que, dans le cadre de ses responsabilités de
coordination des négociations de tout les secteurs public et parapublic,
le Conseil du trésor autorise tous les mandats qui ne sont pas
décentralisés au niveau local et qu'à cet effet il puisse,
tel que le dit le paragraphe 2° de l'article 42... Il faut bien le lire: Le
Conseil du trésor "autorise les mandats de négociations des
comités et des sous-comités patronaux dans les matières
qu'il juge d'intérêt gouvernemental à l'exception des
matières définies comme devant faire l'objet de stipulations
négociées et agréées à l'échelle
locale ou régionale suivant les articles 57 et 58. "
Pour bien lire cet article, il ne faut pas se fonder uniquement sur
l'utilisation maximale qui en a été faite lors de la
dernière négociation. Il faut le lire dans un contexte normal de
négociation où il peut arriver, comme cela a été le
cas en 1979, sauf erreur, qu'une demi-douzaine de mandats dans les
cégeps soient déclarés d'intérêt
gouvernemental alors que ce pouvoir n'a jamais été exercé,
ni dans le réseau des affaires sociales, ni dans le réseau de
l'éducation. Je pense que dans la mesure où l'instance de
coordination, au nom du gouvernement, de toutes les négociations dans
les secteurs public et parapublic est le Conseil du trésor, il me
paraît normal qu'il puisse déclarer certains mandats
d'intérêt gouvernemental et que, s'il voulait aller plus loin,
cela se fasse comme cela s'est fait en 1982, même si ce n'est pas
souhaitable, par le Conseil des ministres au complet et non seulement par le
Conseil du trésor. Je pense que la formulation telle qu'elle est, ce
sont des mots qui sont connus des associations patronales, des associations
syndicales, de l'ensemble, finalement, des négociateurs dans les
secteurs public et parapublic. Je ne vois pas l'utilité de jouer
à cache-cache avec cette réalité et d'utiliser les mots
"dans les domaines qui relèvent de sa compétence". Qui
déterminent les domaines qui sont de sa compétence? La Loi sur
l'administration financière est très large. Le Conseil des
ministres, l'une des raisons pour lesquelles on reproche tant de pouvoirs au
Conseil du trésor... J'ignore comment cela fonctionnait avant 1979 et
1976, mais, depuis que j'y suis, le Conseil du trésor a
effectivement
une compétence très large qui lui est
déléguée par le gouvernement. Je pense que dans ce cadre,
l'expression "dans les domaines qui relèvent de sa compétence" ne
viendrait pas baliser beaucoup plus, au contraire, les mots déjà
employés dans la loi 55, soit "dans les matières qu'il juge
d'intérêt gouvernemental".
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Il y a seulement une chose que je voudrais relever dans
ce qu'a dit le ministre. Il a dit: Cela ne sert à rien de jouer avec les
mots, de jouer à la cachette. Les associations patronales sont
parfaitement au courant du fait que cette expression est dans le texte de loi.
Je lui rappelle seulement que, dans le secteur de l'éducation, les deux
associations patronales concernées, les trois même, à plus
forte raison l'Association des commissions scolaires protestantes, dont je n'ai
pas eu le temps de parler plus tôt, les trois associations lui ont dit
qu'elles trouvaient que cette partie du projet de loi allait trop loin. Elles
lui ont demandé de la modifier de manière à la rendre plus
modérée. Par conséquent, elles sont au courant, c'est
vrai, mais je pense qu'on doit ajouter, pour votre mémoire, qu'elles ne
sont pas d'accord.
M. Clair: Je le conçois très bien. Les associations
patronales ne nous ont pas demandé de modifier le libellé de
l'article 42. 2. Elles nous ont demandé, à toutes fins utiles,
d'en retirer la substance quant au pouvoir de déclaration
d'intérêt gouvernemental. Elles ont ouvert une porte, en ce qui
concerne l'une d'entre elles, à la négociation du protocole
d'entente à intervenir entre les associations patronales et le
gouvernement, à ce que ce pouvoir soit balisé par convention.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, au risque de me
répéter, je vais dire ce que j'ai déjà dit la
semaine dernière. Pour que cette réforme ait une minime chance de
réussite, ou en tout cas une certaine chance, cela commande un
changement de mentalité de la partie syndicale, de la partie patronale,
de l'État, de l'Assemblée nationale et très certainement
du Conseil du trésor. Le ministre ne semble pas comprendre les messages
que tout le monde lui a lancés de ce côté-ci de la table ce
soir, à savoir que, si le Conseil du trésor, lui, dans son
rôle, n'est pas prêt à se remettre en question et à
tenter de faire un minimum de confiance aux autres parties impliquées
qui peuvent être, dans ce cas-ci, les parties patronales et les ministres
sectoriels, il ne peut quand même pas demander aux autres parties d'aller
plus loin que ce qu'il est prêt à remettre en question dans son
fonctionnement. Cet article, à notre avis, confirne la tradition qui
s'est installée dans le secteur des négociations où, au
moment où le Conseil du trésor jugera que ce sera
d'intérêt gouvernemental, pour des motifs politiques ou autres, de
rapatrier l'ensemble de la négociation, sauf certaines choses qui sont
consenties dans le secteur local, personne ne pourra trouver à redire
et, effectivement, on va encore assister au même type de scénario
auquel on a assisté dans les négociations
précédentes. Je ne comprends pas que le ministre, qui semble
sincère dans sa volonté de changer les choses, de changer les
événements qu'on a pu connaître durant les
négociations précédentes, refuse, chaque fois qu'il y a
une discussion sérieuse sur un article, comme celle que nous venons de
faire tout le monde ensemble, d'envisager les arguments de l'autre partie. Cela
permettrait justement à sa réforme d'avoir une meilleure chance
de réussite.
Le député de Sainte-Marie, le député de
Deux-Montagnes, le député d'Argenteuil et le député
de Rosemont, tout le monde lui a dit ce soir qu'il faisait fausse route et
qu'en particulier cet article venait consacrer le type de fonctionnement
traditionnel et non pas, au contraire, manifester une attitude nouvelle de la
part d'un organisme qui est central dans le processus des négociations,
soit le Conseil du trésor. Le ministre nous écoute depuis presque
deux heures; il aurait pu accepter un amendement ou deux. Ce serait
peut-être déjà réglé. On n'aurait pas
été très heureux, peut-être pas satisfait, mais au
moins on aurait eu l'impression d'avoir participé un tant soit peu
à la réussite de cette fameuse réforme qui semble
très urgente et qu'il faut adopter absolument, semble-t-il, d'ici
à la fin juin.
Encore une fois, je ne comprends pas l'attitude du ministre. Je trouve
que c'est dommage parce qu'il fait fausse route et qu'il devrait, dans le cas
du rôle du Conseil du trésor, puisque la loi n'est pas encore
adoptée, accepter tout au moins d'y réfléchir et de voir
s'il n'y a pas lieu de trouver un meilleur équilibre. Cela fait trois ou
quatre jours qu'on discute de ce projet de loi. Les premiers jours, j'ai
réalisé qu'il ne faisait pas confiance aux centrales syndicales
sur l'Institut de recherche sur la rémunération, donc qu'il
fallait prévoir des portes de sortie. Là, on réalise qu'il
ne fait pas confiance aux comités et aux sous-comités patronaux.
Il faut donc prévoir une porte de sortie encore avec la notion
très omnibus d'intérêt gouvernemental et on va
réaliser, à l'article 43, qu'il ne fait pas confiance aux
ministres sectoriels parce qu'ils ne sont pas plus responsabilisés dans
cette démarche. À
toutes fins utiles, pourquoi faire une réforme qui est
fondée sur des bases aussi fragiles et, encore une fois, aussi
traditionnelles, aussi mesquines?
Le Président (M. Blais): M. le ministre. M. Clair:...
qualificatif de mesquin.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Paquette: On n'a pas dit que le ministre était
mesquin.
Mme Le Blanc-Bantey: Je n'ai pas dit que le ministre... J'ai dit
que les bases étaient mesquines.
M. de Bellefeuille: Le ministre n'est pas une base.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Sainte-Marie. (23 h 30)
M. Bisaillon: M. le Président, quelques commentaires
très brefs sur l'amendement qui a été
présenté par le député de Deux-Montagnes. Le
ministre a constamment fait référence à la Loi sur
l'administration financière. Je voudrais lui indiquer que, dans le cas
qui nous occupe, il y a une autre loi qui intervient et c'est la Loi sur la
fonction publique qui prévoyait justement le partage des mandats qui,
autrefois, étaient dévolus au ministère de la Fonction
publique et en confiait un certain nombre, par la loi 51, au Conseil du
trésor, mais, dans le cadre de cette loi aussi, on prévoyait une
déconcentration du Conseil du trésor vers les ministères.
Les termes utilisés dans le projet de loi actuel nous éloignent
de cela. Cela va, selon moi, à l'encontre de l'esprit et de la lettre de
la loi 51. Il n'y a pas que la Loi sur l'administration financière dont
il faut tenir compte. Il faudrait tenir compte aussi, dans le débat qui
nous occupe, de la Loi sur la fonction publique, la loi 51.
Deuxièmement, M. le Président, en me
référant à la Loi sur l'administration financière,
je voudrais rappeler au ministre qu'une commission spéciale
préalable à la Loi sur la fonction publique a déjà
siégé. C'était une commission spéciale sur la
fonction publique formée de parlementaires des deux côtés
de la Chambre, des trois même, et une des recommandations de cette
commission était de réviser la Loi sur l'administration
financière, de procéder à une révision de la Loi
sur l'administration financière, parce que, à l'époque -
et là, je vous ramène à 1982, le rapport de la commission
a été déposé en juin 1982 - même à
cette époque, on jugeait que les derniers amendements à la Loi
sur l'administration financière dataient des années soixante-dix
et que déjà un certain nombre de rôles qui étaient
exercés par le Conseil du trésor dépassaient -
déjà, en 1982 le texte même de la Loi sur l'administration
financière. Autrement dit, les circonstances avaient fait, les pratiques
avaient fait que le Conseil du trésor avait pris de plus en plus de
responsabilités, de pouvoirs et que ces responsabilités et ces
pouvoirs excédaient le contenu de la Loi sur l'administration
financière. Donc, ils dépassaient, dans le fond, en pratique, le
mandat que lui confiait la Loi sur l'administration financière. Pour se
reposer sur la Loi sur l'administration financière, il faudrait aussi
tenir compte de cet aspect. Il n'est pas sûr que la Loi sur
l'administration financière, telle qu'elle est faite actuellement,
permette au Conseil du trésor toutes les pratiques qu'il s'autorise.
Finalement, je soulignerais au ministre que cette formulation est une
pratique habituelle depuis quelques années dans les projets de loi
gouvernementaux. C'est un chèque en blanc que le législateur
donne non seulement aux élus du Conseil du trésor, mais aussi
à toute la partie administrative du Conseil du trésor. Et un
chèque en blanc, c'est quelque chose dont il faut se méfier. On
ne sait pas comment cela va être utilisé. Dans ce sens, je trouve
que la formulation du député de Deux-Montagnes est plus stricte,
se rapproche davantage de la loi. Si le Conseil du trésor a besoin
davantage de marge de manoeuvre que la Loi sur l'administration
financière ne lui en permet, c'est par des amendements à la Loi
sur l'administration financière qu'il pourra y arriver, mais là,
on ne peut pas indéfiniment profiter d'autres projets de loi pour
modifier et agrandir ce qui est normalement prévu par la Loi sur
l'administration financière. Autrement dit, le ministre ne peut pas
faire indirectement ce que sa propre loi ne lui permet pas de faire
directement. Je répète encore au ministre que c'est un
comité de sept députés entourés de conseillers, de
professionnels et de... Pardon?
M. Clair: Cinq ministres.
M. Bisaillon: Au Conseil du trésor, mais je lui parle de
la commission spéciale. C'étaient sept députés qui
s'étaient penchés sur cette question et qui, déjà,
en 1982, faisaient l'analyse que le fonctionnement du Conseil du trésor
dépassait ce que lui permettait la Loi sur l'administration
financière. Je conseillerais au ministre d'adopter la formulation que
propose le député de Deux-Montagnes et, si l'analyse de la Loi
sur l'administration financière ne lui permet pas d'en faire
suffisamment, il corrigera la Loi sur l'administration financière,
là où cela doit être fait. Cela nous permettrait
peut-être de corriger en même temps, dans la Loi sur
l'administration
financière, tous les autres aspects qu'il faudrait corriger.
Je termine aussi en disant, M. le Président, que je suis bien
conscient que le Conseil du trésor est une extension du Conseil des
ministres. Ce n'est pas pour rien qu'au Conseil du trésor siègent
cinq ministres. C'est justement parce que c'est prévu comme une
extension du Conseil des ministres. On sait que le Conseil des ministres,
l'Exécutif, pour siéger légalement, pour donner de la
valeur à ses décrets, a un quorum de cinq. La correspondance se
fait là. Comme il y a un quorum de cinq à l'Exécutif, on a
formé un Conseil du trésor où forcément il y a cinq
ministres. C'est donc une extension du Conseil des ministres. Mais, dans des
débats comme ceux-là et dans des sujets comme ceux-là, je
trouve qu'il n'est pas suffisant que cinq ministres décrètent
d'eux-mêmes que c'est d'intérêt gouvernemental. Le
débat doit être plus large que ça et on a plus d'assurance
qu'il soit élargi à partir du moment où il se fait
à un autre niveau que le niveau régulateur ou administratif qui
est prévu, qui est dévolu au Conseil du trésor, ou qu'il
l'était, à l'origine, en tout cas. De toutes ces
considérations je pense que le ministre devrait tenir compte pour
endosser et approuver l'amendement qui a été
présenté par le député de Deux-Montagnes.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: Trois choses quant aux propos du député
de Sainte-Marie. La première, de passer par la porte d'en arrière
pour donner plus de pouvoirs au Conseil du trésor par le biais d'autres
lois parce que le Conseil du trésor en désirait plus, je dois
dire que non. Je considère, quant à moi, que le Conseil du
trésor a suffisamment de pouvoirs comme il en a là.
Deuxièmement, quant à des pouvoirs nouveaux qu'on
donnerait au Conseil du trésor, non, il ne s'agit pas de pouvoirs
nouveaux. Ces pouvoirs existaient déjà dans la loi 55.
Troisièmement, en ce qui concerne la Loi sur la fonction
publique, je dirai que j'ai l'honneur et la responsabilité d'être
le ministre, à titre de président du Conseil du trésor,
responsable de la Loi sur la fonction publique, mais je pense que, si je ne
fais pas erreur, c'est la députée des Îles-de-la-Madeleine
qui a eu à parrainer le projet de loi qui a fait en sorte que l'actuel
ministère de la Fonction publique a été aboli et que les
responsabilités à l'égard de la fonction publique du
président du Conseil du trésor ont été
élargies. Cela est un des cas où les pouvoirs du Conseil du
trésor ont de cette façon été élargis. Cela
était un vrai cas. Dans ce cas-ci, la loi 55 prévoyait
déjà ces pouvoirs.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je voudrais rappeler un commentaire sur sa
dernière réflexion. Les responsabilités du Conseil du
trésor ont été élargies - pas les pouvoirs - par la
loi 51, les responsabilités, dans le cadre de cette loi, donc,
s'accompagnant d'une déconcentration vers les ministères - cela
me semble clair - au niveau de la gestion des ressources humaines en
particulier.
L'autre aspect que j'avais oublié de mentionner au ministre,
c'est une recommandation que faisait la commission spéciale, le rapport
Bisaillon concernant les négociations, c'est toute la section de la
fonction publique dont on ne parle pas dans ce projet de loi en termes de
tables. La commission recommandait, au même titre qu'on regroupe les
parties patronales dans le monde de l'enseignement, des hôpitaux, des
centres d'accueil, etc., que de la même façon on regroupe les
administrateurs, les représentants de l'ensemble des ministères
et organismes.
C'est bien beau de donner des mandats, mais vous vous rendez compte que,
pour les ministères et organismes, jamais personne ne discute par la
suite de ces mandats et que la gestion quotidienne, ce sont les
administrateurs... Je vais attendre que le ministre revienne. Peut-être
qu'il est à vérifier si c'est vrai ce que je dis. Je
prétends que le projet de loi ne comporte pas de table
particulière à la fonction publique et péripublique, dont
le Conseil du trésor est aussi responsable, malgré une
recommandation unanime, celle-là... Le député de Roberval
qui me regarde s'en souviendra, il était membre de la commission, il
endossait cette position-là de dire qu'au niveau de la fonction publique
il devrait y avoir une table où les représentants des
ministères et organismes pourraient discuter de l'impact de la
négociation dans leur gestion quotidienne et dans la réalisation
de leurs missions respectives.
Pour nous, c'était essentiel qu'on implique les administrateurs
et les personnes responsables de chacun des ministères et organismes.
Rien dans ce projet de loi ne prévoit cela. Peut-être que le
président du Conseil du trésor va me dire qu'il va trouver cela
d'intérêt gouvernemental dans six mois et qu'il le fera. Je
prétends que cela me donnerait raison quand je disais que c'était
un chèque en blanc. Même si le ministre ne m'a pas
écouté, même s'il prétend, pense ou a l'air de
penser que ce que je dis n'a pas de sens, je lui conseillerais de prendre
avis
de cette question auprès du député de Roberval, son
collègue qui a signé ce document dont je viens de parler et qui a
proposé cette recommandation dont je viens de parler aussi.
M. de Bellefeuille: Et qui brûle d'intervenir.
M. Gauthier:... de parlementarisme. M. Blais: M. le
Président...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Terrebonne, sur une question de règlement?
M. Blais:... je ne comprends pas pourquoi, chaque fois que le
ministre se lève pour aller consulter un de ses fonctionnaires, on dit:
Le ministre vient de se lever. J'aimerais préciser qu'il vient de
s'asseoir. J'aimerais préciser qu'il prend un verre d'eau actuellement.
Quand même! C'est régulier qu'un ministre se lève durant
une commission parlementaire pour aller consulter. Il ne faut tout de
même pas exagérer. Je crois que vous poussez la fantaisie un peu
loin, là. Je sais que c'est peut-être de bon aloi dans la bataille
que vous essayez de faire, mais, tout de même, je préfère
la façon du député de Deux-Montagnes de nous faire perdre
notre temps que celle-là.
M. Paquette: Sur la question de règlement, M. le
Président» Très brièvement, parce que je ne voudrais
pas donner prise à l'insinuation du député de Terrebonne.
J'arrête mon commentaire au sujet du député de Terrebonne
immédiatement, sauf pour lui dire, à moins qu'il ne
prétende qu'on pourra davantage convaincre le ministre en parlant devant
une chaise vide, qu'on aura plus d'ouverture d'esprit de la part du ministre,
qu'on est obligé de vous demander, M. le Président, que le
ministre écoute au moins notre argumentation. On espère toujours
le convaincre, même si cela semble une tâche ardue, voire
illusoire.
M. Blais: Je pourrais être très vexant, mais je ne
le ferai pas.
Le Président (M. Lachance): II n'est pas certain que le
ministre vous écoute, mais il est certain qu'il vous entend.
Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine, vous
m'aviez demandé la parole.
Mme Le Blanc-Bantey: Oui, parce que, comme on était
entré dans le débat sur la fonction publique, j'avais quelques
remarques à faire. J'aimerais rappeler au ministre qui a maintenant
l'administration de cette belle loi que, effectivement, avait été
élaboré, à la suite d'un rapport d'une commission
spéciale présidée par M. Bisaillon, et non partisane...
J'ai déjà eu l'occasion de regretter que le ministre n'ait pas
fait la même démarche dans le cas de la réforme du
régime de négociation. Cela aurait certainement été
une démarche qui aurait eu beaucoup plus de chance de succès et
qui aurait certainement abouti à un projet de loi très
différent de celui-là et certainement moins technocratique, moins
désincarné aussi de l'objectif que le ministre poursuivait.
J'aimerais rappeler au ministre qu'un des très grands principes
de la loi 51, un de ses grands objectifs, c'était l'imputabilité
et la responsabilisation des différents partenaires impliqués.
Dans le cas de la fonction publique, bien sûr, c'était la gestion,
l'administration de la fonction publique. Cela m'apparaît
extrêmement pertinent de le rappeler à ce moment-ci. Je voudrais
d'ailleurs remercier le député de Sainte-Marie parce que ce dont
on discute depuis deux heures, c'est de la responsabilisation que le ministre
est prêt à concéder aux différents partenaires, aux
différents intervenants dans la réforme du régime de
négociation et la place que ces gens-là auront.
J'espère, d'ailleurs, et je vais terminer là-dessus, que
nous aurons l'occasion de revenir à un autre moment sur le propos qu'a
relevé le député de Sainte-Marie ou l'absence, en fait,
dans ce projet de loi de table de négociation patronale pour le secteur
de la fonction publique. Il ne faut jamais oublier que le ministre,
président du Conseil du trésor, est, dans ce cas-là, juge
et partie, donc, employeur et, en même temps, ayant la
responsabilité de coordonner et d'arbitrer les ressources
financières de l'État. (23 h 45)
II m'est apparu, et je l'ai dit en deuxième lecture, je le
répète, que l'attitude du Conseil du trésor ou, en tout
cas, le libellé de la loi, était un indice, en partant, que le
Conseil du trésor, comme employeur, n'avait aucunement l'intention de se
remettre en question et de voir de quelle façon une réforme
pourrait s'amorcer aussi à l'intérieur de la fonction publique
où il y aurait lieu aussi de se poser un certain nombre de questions,
compte tenu des négociations passées. On espère que, d'ici
la fin, le président du Conseil du trésor, qui est le parrain de
ce projet de loi, aura l'occasion d'y réfléchir et de faire en
sorte que les employés de la fonction publique et les gestionnaires
aient droit, eux aussi, à leur projet de réforme.
M. Clair: Un dernier argument, M. le Président. En plus de
cela, on a souvent évoqué les positions des associations
patronales. Je voudrais simplement rappeler que les associations patronales,
notamment
du secteur de l'éducation, mais aussi des affaires sociales,
lorsqu'elles sont venues à la dernière consultation
particulière, au-delà des remarques qu'elles ont faites, ont dit
qu'elles souhaitaient que la réforme soit adoptée telle qu'elle
était comprise dans ses grandes lignes, même si elles
considéraient que certains points, dont celui-là, pouvaient faire
l'objet d'une bonification. Alors, on ne peut pas utiliser cet argument,
certainement pas, en tout cas, pour retarder indéfiniment l'adoption de
cette réforme, puisque les associations patronales sont venues dire
qu'elles souhaitaient que tous les députés de l'Assemblée
nationale aient, je crois, ont-elles dit, le courage et la lucidité
d'adopter une réforme nécessaire, modérée.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que nous pouvons
disposer de la motion? Oui, M. le député de Deux-Montagnes,
M. de Bellefeuille: M. le Président, je m'en voudrais de
ne pas intervenir en faveur de l'amendement que j'ai présenté.
J'ai rappelé tout à l'heure la collaboration très
étroite qui s'établit entre le ministre et moi. J'en trouve un
signe dans un désaccord que je note entre le député de
Rosemont et moi. Le député de Rosemont n'a pas été
très gentil. En parlant de mon amendement, il a dit que c'était
un tout petit amendement, mais je ne lui en ferai pas grief.
D'autre part, le député de Rosemont affirme de
façon absolument péremptoire qu'il n'y a pas de rapport entre la
décentralisation du régime de négociation et la
répartition de l'assiette fiscale entre les divers paliers de
gouvernement et d'administration. Quand le ministre dit que, pour
réaliser une véritable décentralisation, il faudra faire
une certaine décentralisation fiscale, à première vue,
cela ne me paraît pas faux. Je suis presque prêt à abonder
dans le même sens que le ministre à ce point de vue.
Cependant, cela ne doit pas servir d'excuse à la timidité
avec laquelle son projet de loi envisage la question de la
décentralisation du régime de négociation. Si la
décentralisation du régime de négociation doit attendre la
décentralisation fiscale, on risque d'attendre fort longtemps. C'est un
peu comme la poule et l'oeuf. Il faudra que quelqu'un, quelque part, prenne
l'initiative de la décentralisation. Ce que nous avions tous
souhaité, c'est que le président du Conseil du trésor,
dans les matières relevant de sa compétence, prenne cette
initiative d'assurer une véritable décentralisation. C'est cela
qui manque dans cet article.
D'autre part, dans cet article 42, il y a la possibilité... Je ne
prête aucune intention au ministre. Toujours dans cet esprit de
très étroite collaboration, je ne veux lui attribuer aucune
intention mauvaise ou malveillante.
Je ne lui prête pas l'intention de gruger de nouveaux pouvoirs. Je
ne lui prête pas l'intention d'étendre l'empire du Conseil du
trésor, mais je constate que le texte de sa loi lui permettrait de le
faire, si telle était son intention. La confiance que je fais au
ministre, je ne la ferais pas nécessairement à tous ses
successeurs. Il aura ses successeurs, il n'est pas éternel, tout prince
qu'il soit. Pouvons-nous faire confiance à tous ces successeurs qui
pourraient fort bien être tentés d'abuser, de profiter pleinement
de cette périphrase: "qu'il juge d'intérêt gouvernemental"?
Voilà donc l'État dans l'État. Le député
d'Argenteuil a fait une admirable démonstration du lien qu'il y a entre
les attributions normales du Conseil du trésor et le libellé de
l'article 42. Il est extrêmement important, à mon avis, que nous
évitions de permettre aux successeurs de l'actuel titulaire de la
présidence du Conseil du trésor d'abuser de leur pouvoir
d'étendre l'empire du Conseil du trésor. C'est le but de cet
amendement d'éviter que le Conseil du trésor, conformément
à des tendances qui sont naturelles dans un appareil étatique,
devienne plus qu'il ne l'est déjà un État dans
l'État, qu'il se substitue au gouvernement, en quelque sorte, pour juger
de ce qui est de l'intérêt du gouvernement, ce qui n'est pas son
rôle. Le député d'Argenteuil - je le répète -
a fait la démonstration que le rôle du Conseil du trésor ne
consiste pas à juger de la question de savoir quelles sont les
matières qui sont d'intérêt gouvernemental. Les
attributions du Conseil du trésor sont fort bien prescrites par la loi
et nous devons en rester à ces attributions. Il faut éviter que
l'article 42 du projet de loi qui est devant nous permette d'étendre ces
attributions-là dans des secteurs nouveaux ou dans un nouveau type
d'autorité qui ne soit plus l'autorité qui convienne au Conseil
du trésor.
Ce sont là, dites très rapidement et très
sommairement, les raisons pour lesquelles j'ai présenté cet
amendement. Je me réjouis d'avoir entendu mes collègues, y
compris le député de Rosemont, indiquer qu'ils allaient appuyer
cet amendement.
Le Président (M. Lachance): Pouvons-nous disposer de la
motion d'amendement déposée par le député de
Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Oui.
M. Clair: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce adopté?
M. Clair: Rejeté.
M. Ryan: Je demande le vote nominal pour savoir à quoi
s'en tenir.
Le Président (M. Lachance): À la demande du
député d'Argenteuil, je vais demander à M. le
secétaire de procéder à l'appel nominal. Je lis pour qu'on
se le rappelle bien, parce que cela fait quand même plusieurs minutes
qu'on a déposé cet amendement: À l'article 42, remplacer
dans le troisième alinéa, à la deuxième ligne, les
mots "qu'il juge d'intérêt gouvernemental" par les mots "qui
relèvent de sa compétence". M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson).
Mme Juneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval).
M. Gauthier: Contre.
Le Secrétaire: M. Beauséjour (Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska).
M. Baril (Arthabaska): Contre.
Le Secrétaire: M. Clair (Drummond).
M. Clair: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne).
M. Blais: Je suis contre.
Le Secrétaire: Mme Le Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Le Blanc-Bantey: Pour. Je n'ai pas peur des virages
brusques.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil).
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf).
M. Pagé: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: Six contre et trois pour.
Le Président (M. Lachance): La motion d'amendement du
député de Deux-Montagnes est rejetée. Sur l'article 42
comme tel, M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, nous allons faire une
dernière tentative - enfin, j'espère que ce sera la
dernière parce qu'elle réussira - d'assouplir la position du
ministre et de commencer un minimum de décentralisation et de confiance
aussi, dans ce cas-ci, à l'égard de ses partenaires patronaux et
des comités et sous-comités patronaux.
Le ministre nous a apporté à peu près comme seul
argument, notamment face à l'exposé du député
d'Argenteuil qui lui a démontré et qui nous a
démontré - je pense, à la satisfaction de tout le monde -
que l'amendement précédent ne contrevenait d'aucune façon
à la Loi sur l'administration financière, le ministre nous a
apporté comme argument que l'amendement de mon collègue de
Deux-Montagnes n'était pas suffisamment précis. C'est un peu ce
qui me faisait dire -je pense que le député de Deux-Montagnes a
mal interprété mes remarques à propos de son amendement -
que c'était un amendement modeste, qui ferait que la
décentralisation à peu près inexistante du ministre
deviendrait modeste et qu'on était très loin des larges
perspectives évoquées par mon collègue de
Sainte-Marie.
Je vais tenter de déposer un amendement plus précis.
M. de Bellefeuille: Comme cela, le mien était vague.
M. Paquette: Je me base sur l'évaluation du ministre. Je
ne pense pas que l'amendement était vague, je pense qu'il était
modeste. L'amendement que je propose est tout aussi modeste, ou presque. Il va
peut-être un peu plus loin. Il vise à faire en sorte que, tout en
respectant les responsabilités du Conseil du trésor
définies dans la Loi sur l'administration financière, tout en
faisant en sorte que le gouvernement, par le Conseil du trésor, assume
sa responsabilité de bonne gestion des fonds publics qui lui sont
confiés par la population, en même temps on puisse s'approcher de
cette attitude responsabilisante et véritablement
décentralisatrice qui ferait en sorte que le Conseil du trésor
s'occuperait des masses budgétaires, mais pas des détails et de
la façon dont on va les utiliser, et ferait confiance aux comités
et aux sous-comités patronaux, et à leurs vis-à-vis
syndicaux avec qui ils auront à discuter, pour bien prendre en compte
les besoins sectoriels. On n'est même pas au niveau de la
décentralisation au niveau local. On parle uniquement de
décentralisation par rapport aux organismes centraux du gouvernement
vis-à-vis des secteurs dans le domaine des affaires sociales et de
l'éducation. C'est pour cela que tout cela demeure relativement modeste
en termes de décentralisation.
Je dépose un amendement qui vise à remplacer... Dans le
troisième alinéa? Le "2°", c'est le troisième
alinéa...
Le Président (M. Lachance): Le troisième.
M. Paquette:... dans le jargon? Remplacer, dans le
troisième alinéa, les deux premières lignes ou, si vous
préférez, les mots suivants: "autorise les mandats de
négociations des comités et des sous-comités
patronaux dans les matières qu'il juge d'intérêt
gouvernemental" par les mots suivants: "détermine la masse
budgétaire globale à la disposition des comités et des
sous-comités patronaux. "
M. Clair: M. le Président...
M. Paquette: M. le député de Terrebonne est
d'accord.
M. Clair: Question de règlement. Est-il permis à un
député indépendant de copier le programme du Parti
libéral?
Le Président (M. Lachance): J'espère que vous ne me
demanderez pas de répondre à cette question.
M. Le Blanc-Bantey: S'ils ont de bonnes idées, cela n'est
pas interdit.
M. Pagé: Si vous me permettez, je vous proposerais qu'on
ajourne là-dessus.
M. Paquette: II arrive au ministre de copier de temps à
autre le programme de son propre parti.
M. Clair: M. le Président, je ne copie pas, je m'en
inspire.
M. Pagé: M. le Président, je vous demanderais qu'on
ajourne là-dessus pour que vous puissiez prendre le temps de lire le
programme du Parti libéral et décider demain midi.
M. Le Blanc-Bantey:... le programme de son parti.
M. Blais: Personnellement, je suis assez libéral d'esprit
pour dire que je suis d'accord avec vous, M. Pagé.
M. Pagé: Parfait, on s'entend bien.
Le Président (M. Lachance): Écoutez, à cette
heure tardive, après avoir discuté très longuement de
l'article 42, et avec le dépôt de cette motion d'amendement...
M. Clair: J'ai l'impression, M. le Président, que le
débat ne fait que commencer.
Le Président (M. Lachance): Nous allons ajourner nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)