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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre! La
commission du budget et de l'administration se réunit ce matin afin de
procéder à une consultation particulière portant sur
l'avant-projet de loi modifiant la Loi sur les courtiers d'assurances et la Loi
sur les assurances.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Arthabaska) sera remplacé par Mme Lachapelle (Dorion) et M. Blank
(Saint-Louis) sera remplacé par M. Maltais (Saguenay). C'est tout.
M. Scowen: M. Lincoln va continuer d'agir à titre
d'intervenant et de conseiller.
Mémoires déposées
Le Président (M. Lachance): Très bien, il n'y a pas
de problème. Avant de procéder, je voudrais faire le
dépôt officiel de deux mémoires. C'est pour
dépôt seulement. Il s'agit du mémoire de la Chambre de
commerce de la province de Québec et de celui d'un groupe qui s'appelle
Protectors Alliance Marketing Services.
Ce matin, jusqu'à 11 h 30 nous allons entendre les
représentants d'un groupe de compagnies qui exercent comme courtiers
d'assurances au Québec et qui sont représentés ici en
particulier par MM. Gérald Laberge et Me Claude Tellier. Par la suite,
de 11 h 30 à 12 h 30 l'Association des consommateurs du Québec.
De 14 heures à 15 heures, l'Association des gestionnaires de risques et
d'assurances du Québec. De 15 heures à 16 heures, M. Jacques
Wilhelmy. De 16 heures à 17 heures, l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes Inc. De 20 heures à 21 heures,
l'Association provinciale des assureurs vie du Québec. De 21 heures
à 22 heures, l'Institut d'assurance du Canada. Je note toutefois que,
s'il est impossible d'entendre les deux derniers groupes avant, puisqu'il y a
un trou dans l'horaire, je crois qu'il y aurait accord de part et d'autre pour
pouvoir les entendre avant et filer de 17 heures jusqu'à
épuisement du temps qui nous est dévolu. Cependant, nous allons
vérifier auprès de ces groupes s'ils sont disponibles.
M. Scowen: Je veux vérifier avec mes collègues.
Est-ce qu'on veut cela ou pas?
Le Président (M. Lachance): Cela va-t-il? Cela veut dire
que nous pourrions procéder sans interruption jusqu'à environ 19
heures où normalement ce serait terminé pour aujourd'hui.
M. Scowen: Oui, avec l'approbation des intervenants.
Le Président (M. Lachance): Pardon? M. Duhaime: On
arrête pour le lunch.
Le Président (M. Lachance): On arrête pour le lunch
seulement à l'épuisement du temps. Vous mangerez après.
J'inviterais les représentants du groupe qui est devant nous à
bien vouloir s'identifier s'il vous plaît.
Groupe de douze cabinets
de courtiers d'assurances
M. Laberge (Gérald): M. le Président, c'est avec
plaisir d'abord que nous sommes ici et nous vous remercions de nous avoir
donné l'opportunité de venir présenter notre
mémoire.
Tout simplement, avant de présenter les collègues qui sont
à côté de moi, j'aimerais vous rappeler que le groupe que
nous représentons n'est pas un groupe officiel dans le sens qu'on n'est
pas dans un organisme quelconque, mais nous avons décidé il y a
déjà plus de dix ans de nous réunir à l'occasion de
certaines considérations légales et législatives pour
faire valoir des points de vue que nous jugions importants et que nous
considérions ne pas être présentés par le biais des
organismes officiels. On a appelé cela au départ un comité
ad hoc de certaines corporations de courtiers d'assurances importantes au
Québec; depuis ce temps-là, nous avons continué nos
rencontres périodiques selon les occasions qui le
nécessitaient.
Nous représentons environ une douzaine de cabinets qui, bien
sûr, à cause de la taille de ces cabinets, ont une importance
assez grande quant au volume de courtage qui est écrit au Québec
en tant que courtiers.
C'est avec plaisir que je vous présente ceux qui m'accompagnent
aujourd'hui parmi
les douze cabinets. À mon extrême gauche il y a M. Pierre
E. Paquette de la maison Meloche et du groupe Reed Alexander. À
côté de moi, M. Réal Sorel de la maison Lalongé,
Thomenson, Saunders, Sedgwick Inc.; à mon extrême droite, M.
Pierre Roy de chez Pratte, Morissette, du groupe Marsh & McLennan; à
côté de lui, M. Alan Drumm de la maison Morris & McKenzie Ltd
et à l'intérieur de laquelle on retrouve aussi le cabinet O.
Leblanc et Fils Ltée; enfin Me Claude Tellier, notre procureur, qui est
du cabinet Desjardins, Ducharme, Desjardins & Bourque. Je m'appelle
Gérald Laberge de la maison Gérard Parizeau Limitée,
membre du groupe Sodarcan.
Le Président (M. Lachance): Très bien M. Laberge,
alors vous pouvez maintenant peut-être nous faire un résumé
ou en tout cas nous faire un exposé sur votre mémoire.
M. Laberge: Je demanderais à notre procureur, Me Tellier,
de le faire à notre place.
Le Président (M. Lachance): Très bien.
M. Tellier (Claude): M. le Président, mesdames et
messieurs de la commission, j'ajouterai à ce que vient de dire M.
Laberge que - en fait, cela fait quinze ans - nous sommes venus en 1970
à une commission parlementaire lorsqu'il s'agissait d'adopter la Loi sur
les assurances.
Je voudrais également mentionner que d'autres membres du groupe
auraient voulu être présents mais à cause de l'annulation
temporaire de l'audition, les personnes qui auraient souhaité être
ici ce matin ont été retenues par des engagements qu'elles
avaient pris.
La substance de notre mémoire est celle-ci: Pourquoi un
avant-projet de loi à ce moment-ci, alors que nous constatons toutes
sortes d'éléments qui nous invitent à nous dire que la
situation n'est pas prête pour une loi? On pourrait mentionner d'abord
que le milieu des assurances, depuis quelques années, a connu des
bouleversements de toutes sortes. Il s'agit de voir, par exemple, la faillite
récente d'une compagnie d'assurances. Il s'agit de voir, à
l'heure actuelle, quel est l'état du marché au moment où
des assurés veulent renouveler des polices d'assurance. Le marché
est inquiet et agité.
On a vu également les cabinets d'assurances s'organiser, se
réorganiser, se fusionner, etc. On sait que l'Association des courtiers
chargée de donner des permis à un grand nombre de courtiers a
tenté, depuis plusieurs années, d'étudier la situation,
d'élaborer des solutions nouvelles et, selon nous, a
échoué dans une tentative de redéfinir ce qu'est un
courtier d'assurances, dans la conjoncture moderne.
Cet échec est tellement évident que l'Inspecteur
général des institutions financières, il y a
déjà plus d'un an, a cru urgent et nécessaire de mettre
sur pied une table de travail et de concertation où étaient
invités à participer non seulement les courtiers d'assurances,
mais tous les intervenants en assurance, assureurs, experts en sinistre,
différentes associations, l'Association des courtiers.
Le groupe que je représentais a également
été invité à participer. Ces gens ont
travaillé très sérieusement, et c'est avec beaucoup
d'enthousiasme qu'on a accueilli cette démarche, parce que pour une
fois, à mon avis, on adoptait une méthodologie de recherche et de
travail pour aller identifier la problématique et essayer de
dégager des solutions qui collaient à la réalité.
Ce groupe de travail n'a pas terminé ses travaux. On ne connaît
pas encore ses recommandations et on se demande pourquoi on précipite
l'issue en déposant un avant-projet.
Il y a également des déclarations ministérielles
qui ont été faites depuis plus d'un an, où on
annonçait l'intention du gouvernement de décloisonner les
institutions financières et de favoriser la polyvalence des services
financiers. On se dit: Quel sera l'impact de ce décloisonnement sur la
profession de courtier et, surtout, sur le réseau de distribution de ces
services financiers? On se dit, à ce moment-là: Pourquoi un
projet de loi qui nous apparaît précipité et
inopportun?
De façon plus spécifique, on se demande pourquoi on veut,
par une définition nouvelle, élargir le champ juridictionnel
professionnel du courtier d'assurances. À l'heure actuelle, comme on
sait, en somme, le courtier est considéré comme un
intermédiaire. Il est défini à partir de la notion d'agent
d'assurances, tel que défini dans la Loi sur les assurances. Maintenant,
on veut élargir le champ juridictionnel de façon à
inclure, si vous voulez, l'intervention à tous les niveaux d'une
transaction d'assurance. Au moment où on veut, en quelque sorte,
élargir les services par les institutions financières
décloisonnées, il me semble que c'est contraire à la
logique que d'élargir la fonction de courtier alors qu'on va inviter
d'autres intervenants à participer.
De la même façon, on se demande, quand on veut
élargir ce champ juridictionnel, quand on pense que, peut-être
bientôt, des caisses populaires, des compagnies de fiducie, des banques
vont offrir des services d'assurance, pourquoi donner à une association
tout le pouvoir d'émettre des permis alors que cette association est
contrôlée simplement par un groupe seulement de tous ceux qui sont
concernés.
Soit dit en passant, on se demande
d'ailleurs quelle technique législative a été
suivie, alors qu'on définit à deux endroits, et de façon
différente, ce qu'est un courtier d'assurances. On définit
l'exercice du courtage à l'article 1, deuxième paragraphe de
l'avant-projet de loi et également, un peu plus loin, à l'article
31, à la page 18 - c'est l'article 23 de l'avant-projet de loi, mais
l'article 31 de la loi actuelle - on définit encore ce que c'est que le
courtage d'assurances: 1° solliciter un contrat; 2° examiner,
évaluer, conseiller et faire des recommandations quant à des
polices, à des programmes, à des portefeuilles ou à des
risques en assurance; 3° informer la victime d'un sinistre des dispositions
relatives à l'indemnité prévue par son contrat
d'assurance. Vous avez dans l'avant-projet de loi deux définitions qui
ne sont pas identiques et qui, jusqu'à un certain point, se
contredisent.
Dans un autre ordre d'idées, vous avez actuellement deux
autorités en matière de délivrance de permis: l'inspecteur
général qui a autorité pour émettre des permis, en
vertu des articles 327 et 328, à des individus et, en vertu de l'article
330, à des corporations; vous avez également l'association, dont
le partnership équivaut à un permis automatique d'exercer comme
courtier. Pendant longtemps, on a cru que l'association avait autorité
pour donner des permis à des corporations mais, à compter de
1970, on s'est aperçu que l'association émettait
illégalement des permis à des corporations. Elle a cessé
de le faire, mais de 1970 à 1976, date de l'entrée en vigueur de
la nouvelle Loi sur les assurances, il y a eu une période de flottement
où, curieusement, le surintendant de l'époque refusait de
délivrer des permis. Depuis 1976 l'inspecteur général
maintenant et, avant 1982, le surintendant, ont émis des permis aux
corporations qui en faisaient la demande conformément à l'article
330. Nous sommes satisfaits de la situation actuelle dans le sens que, tout en
n'étant pas tellement heureux de l'attitude de l'association à
notre égard, il reste que la situation est tolérable et que les
corporations que nous représentons agissent par l'intermédiaire
de membres de l'association, sauf que notre garantie de ne pas être
malmenés et d'avoir un minimum de respect de cette association, c'est
que nous ne pouvons en aucun temps dire: Nous démissionnons de
l'association et nous pouvons aller au surintendant ou à l'inspecteur
général qui, lui, doit nous émettre des permis. C'est une
garantie que l'on a. À partir du moment où on donne le droit
à l'association d'émettre exclusivement des permis, cela veut
dire que les gens que nous représentons sont à la merci d'une
corporation dont la majorité des membres n'aura pas toujours
été amicale à notre endroit depuis des années. Nous
ne voyons pas dans quelle mesure cette association serait capable, dans sa
composition actuelle, d'être un agent impartial et objectif quant
à l'émission des permis.
Sur d'autres champs de cette loi, nous nous demandons, par exemple,
ceci: Pourquoi, dans le projet de loi, on donne l'autorité à
l'association de réglementer les raisons sociales des cabinets que nous
exploitons. La question des raisons sociales est une question fort complexe et
très importante que l'on ne peut laisser à une association qui,
ouvertement depuis des années, exige que les cabinets, que ce soient des
compagnies ou des sociétés, portent le nom d'une personne qui est
membre de l'association. C'est très joli lorsque l'on exploite un
cabinet dans une petite région de la province, mais à partir du
moment où les cabinets importants sont associés aux organisations
d'envergure nationale ou internationale, il est bien évident que des
règles comme celles-là sont impossibles à suivre. Par
exemple, prenez un cabinet comme Marsh McLennan qui est
représenté ici à Reed ou Morris & McKenzie, c'est bien
évident que tous ces noms sont des noms de courtiers qui ont
déjà existé, mais qu'est-ce que vous voulez, paix à
leurs cendres, il n'est pas question que ces organisations d'envergure
internationale changent leur nom pour s'appeler Roy, Drumm et compagnie. De la
même façon, le projet de loi veut permettre que l'association
réglemente sur la composition des conseils d'administration. Je
regrette, mais quand on a affaire à des cabinets de cette dimension, il
y a des conseils d'administration avec des représentants de toutes les
provinces et on ne voit pas en quoi le contrôle d'un acte professionnel
justifie de s'immiscer dans la gestion interne des cabinets pas plus que le
Barreau ou la Chambre des notaires ou le Collège des médecins va
dire à leurs membres comment gérer leurs affaires internes. (10 h
30)
Le projet de loi prévoit également la formation d'un fonds
d'indemnisation. Ce fonds propose d'indemniser non seulement les victimes de
détournement de fonds mais également les conséquences d'un
détournement de fonds. Cela veut dire que si une personne du public
donne 500 $ ou 1000 $ à un courtier pour placer à risque sur une
simple résidence et que le risque n'est pas placé, quelle qu'en
soit la raison, on peut se retrouver avec des réclamations de 500 000 $
ou de 1 000 000 $, parce que non seulement le risque d'une résidence qui
brûle peut représenter cela mais également les dommages
causés aux propriétés voisines, etc. C'est contraire
à tout ce qui existe comme fonds d'indemnisation dans les corporations
régies par le Code des professions où c'est strictement le
montant de l'argent qui a été détourné.
Les conséquences d'un geste malhonnête tombent dans le
domaine de la responsabilité civile et les victimes sont
protégées non pas par un fonds d'indemnisation mais par
l'assurance responsabilité obligatoire que les corporations
professionnelles peuvent imposer à leurs membres.
Dans ce projet de fonds d'indemnisation, on confond deux notions bien
différentes qui sont l'indemnisation d'une fraude et,
deuxièmement, les conséquences civiles d'un acte fautif.
La même chose en matière de discipline. On ne voit pas
pourquoi, de façon générale, les dispositions relatives
à la discipline ne suivent pas un modèle bien établi, bien
rodé, qui a donné de bons résultats en vertu du Code des
professions. Entre autres, on ne voit pas pourquoi le président d'un
comité de discipline chez les courtiers d'assurances ne serait pas
nommé par décret du gouvernement, comme les présidents de
tous les autres comités de discipline. Le faire nommer par le conseil,
c'est déjà lui attacher une étiquette de partialité
et de biais, dans le sens de "bias". De la même façon, on se
demande pourquoi les décisions du comité de discipline ne
seraient pas appelables au tribunal des professions composé de trois
juges plutôt que le procédé recommandé avec un juge
de la Cour provinciale qui serait appelé à renverser la
décision de cinq personnes. Ce serait plus équilibré
d'avoir un tribunal de trois personnes composé de trois juges.
De la même façon, même si nous reconnaissons dans une
certaine mesure la nécessité d'un comité d'inspection
professionnelle, il faut réaliser qu'une inspection professionnelle
peut, si elle est mal utilisée, devenir un cheval de Troie,
c'est-à-dire qu'on envoie des compétiteurs inspecter le
fonctionnement d'un rival. À ce moment-là, tout en acceptant que
la gestion interne d'un cabinet soit nécessaire, nous estimons qu'il
serait préférable de donner certaines garanties de
discrétion et d'impartialité de ceux qui seront nommés
inspecteurs.
Enfin, je voudrais mentionner une chose qui n'est pas inscrite dans
l'avant-projet de loi mais sur laquelle on ouvre la porte dans les notes
explicatives et dont il a été abondamment question dans les
avant-projets de loi rédigés par l'association. C'est toute la
question de la propriété des actions dans un cabinet de courtage.
Dans les notes explicatives, on ouvre la porte; il est dit que l'on attend les
commentaires de ceux qui se présenteront devant vous. De la part des
gens que je représente, nous avons adopté l'attitude qu'il s'est
développé au cours des dernières années une
situation selon laquelle des groupes financiers, que ce soit des institutions
financières, des banques ou d'autres organismes économiques, sont
devenus actionnaires dans les gros cabinets de courtage. Dans d'autres cas, il
y a des cabinets qui sont tout simplement cotés à la Bourse.
Nous estimons que ce qui a été un fait au cours des
dernières années ne peut pas se défaire comme cela sans
causer un tort considérable à des compagnies qui rendent au
public québécois des services évidents et qui procurent du
travail à des milliers de personnes. Nous sommes d'avis que le
problème de la propriété des actions est un faux
problème quand on parle de la protection et de la sécurité
du public. Les vrais problèmes dans ce domaine sont, dans la mesure
où c'est possible, le contrôle de la qualité du produit et
la question du professionnalisme, c'est-à-dire de la compétence
des courtiers qui font la distribution du produit, mais il reste qu'avec tout
le professionnalisme possible, si le produit est mauvais, s'il est mal
contrôlé, le public ne sera pas protégé. Ce n'est
sûrement pas en prétendant contrôler la
propriété des actions qu'on va gagner quoi que ce soit dans ce
domaine-là.
Voilà, cela termine un résumé sommaire d'un
mémoire d'une quarantaine de pages. Je n'en dis pas plus long pour le
moment, préférant plutôt recevoir vos questions. Nous
allons essayer d'y répondre du mieux que nous pouvons. Merci.
Le Président (M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, Me
Tellier. M. le ministre.
M. Duhaime: Je vous remercie, Me Tellier. Vous avez
soulevé, bien sûr, des questions fondamentales qui
découlent des discussions qui ont été suscitées
depuis plusieurs années dans ce dossier-là et que provoque
également, en quelque sorte, en les ramenant dans l'actualité, le
dépôt de l'avant-projet de loi.
Je n'ai pas l'intention de reprendre dans le détail les
éléments de votre mémoire. Je voudrais peut-être
avoir un certain nombre de réactions. D'abord, il est vrai que depuis la
loi 75 plusieurs tables ont été constituées. Vous vous
demandez un peu par quel étrange processus cet avant-projet de loi a
été déposé alors qu'un travail était
déjà amorcé. Je vous répondrais de la façon
suivante. Je pense que si on veut en arriver à clarifier une situation
et à régler ce problème, il faudra en
accélérer le processus. J'en suis venu à la conclusion que
les tables qui étaient au travail et qui reprendront l'exercice
très certainement dans les semaines qui viennent... Même si c'est
un dossier très complexe, je ne sens pas une volonté des divers
intervenants autour de la table d'en arriver à une solution. Ce ne
serait pas porter un jugement par anticipation, mais il se dégage de vos
propos qu'on est très loin d'en arriver à un modus
vivendi qui serait acceptable à tout le monde.
D'abord une précision. Je ne sais pas si cela vous a
échappé. C'est vrai que l'avant-projet de loi ne clarifie
peut-être pas à votre souhait ce qu'est un courtier d'assurances,
mais la loi actuelle C-74 comporte aussi deux éléments de
définition aux articles 1e et 31 où vous retrouvez, par hasard,
les deux mêmes approches: définition de courtier et, ensuite, qui
agit comme courtier dans l'avant-projet de loi actuel.
Ce qui est le plus difficile dans cet exercice - et cela découle
de l'approche de décloisonnement sur le plan des institutions
financières - on en a discuté hier avec d'autres intervenants;
c'est à savoir comment, dans les faits, on peut en arriver à
décloisonner également le rôle des intermédiaires et
en arriver à une certaine applicabilité de ce principe dans la
gestion des affaires courantes du courtage d'une façon
générale, que ce soit pour des produits d'assurances ou des
produits financiers. Vous avez eu raison de souligner que, depuis quelques
années, je ne dirais pas les règles du jeu, mais la façon
de transiger les produits d'assurances au Québec, comme ailleurs,
d'ailleurs, a été modifiée. On se retrouve, aujourd'hui,
avec des intermédiaires de la taille des clients que vous
représentez qui n'ont aucune commune mesure avec ce que j'appellerais le
traditionnel cabinet de courtiers d'assurances de deux, de cinq ou d'une
dizaine de personnes. D'abord, la taille, phénomène de
concentration. Deuxièmement, la question de la propriété
que vous avez soulevée vous-même tout à l'heure et que
l'avant-projet de loi ne vise pas comme telle, bien sûr. Aussi, toute la
question de la protection du public et des conflits d'intérêts. On
évoquait, hier, sur ce dernier point pour ce qui est du droit de
propriété... Vous me corrigerez si je fais erreur, mais plusieurs
grands bureaux corporatifs, suivant l'expression utilisée, sont sous
contrôle autre que celui des courtiers d'assurances, que ce soit les
compagnies d'assurances ou d'autres institutions. Est-ce que, selon vous, ce
phénomène présente une situation qui fait qu'un courtier
d'assurances, au sens où traditionnellement on l'a entendu et on l'a
compris au sens juridique au Québec depuis que cela existe,
représente un client, représente le public d'une façon
générale et est un mandataire vis-à-vis d'un assureur?
Si cette situation se développait à l'extrême, ma
question serait la suivante: Qui va représenter le public dans une
position neutre ou objective face au public? Je suis parfaitement de votre avis
et je ne pense pas que mes propos aient pu prêter à confusion
là-dessus parce que je ne l'ai jamais évoqué, mais je suis
parfaitement d'accord avec vous qu'un retour à une situation ante me
paraîtrait sinon impossible, du moins pas souhaitable. Il y a une
situation de fait qui existe. Il s'agit de voir, à partir de cette
situation, comment nous pouvons, comme législateurs, nous assurer, d'une
part, que le public d'une façon générale sait avec qui il
fait affaires et, comment est-ce que, ce faisant, on va maintenir une
concurrence la plus large possible dans ce secteur. On évoquait qu'en
Angleterre, par exemple, on a retenu ce qu'on appelle une dénonciation,
autrement dit un bureau de courtiers d'assurances est affiché mais la
propriété de ce bureau est identifiée. J'avoue
honnêtement et si j'ai bien compris aussi ce que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce disait hier - je ne veux pas parler pour lui; il me
corrigera si je fais erreur - lui aussi a des préoccupations
là-dessus, du moins des interrogations. Comment peut-on envisager que
des grands bureaux de courtiers d'assurances qui appartiennent à des
intérêts liés à des assureurs... Comment le public
se retrouve-t-il là-dedans? Sur ce point précis, j'aimerais avoir
votre réaction.
M. Tellier: Pour répondre à votre question, je n'ai
pas de solution miracle, mais je pense qu'il faut partir d'une
réalité. Satisfaire aux besoins primaires de la population, c'est
une chose quand il s'agit d'assurer une automobile ou une résidence
ordinaire. Mais dès que vous sortez de ce petit champ d'application,
vous tombez dans une complexité inouïe. Prenez, par exemple, tout
le domaine de la responsabilité professionnelle, tout le domaine de la
responsabilité des produits, tout le domaine des activités
industrielles et commerciales, vous tombez immédiatement dans un domaine
beaucoup plus complexe où le courtier joue un rôle bien entendu
mais il doit faire appel à d'autres compétences. (10 h 45)
II n'y a pas un des courtiers qui m'accompagnent ici qui n'a pas dans
son bureau soit un ingénieur, plusieurs ingénieurs, des
comptables, des experts financiers, des experts en règlement de
sinistres et des avocats, des avantages sociaux, etc., parce que l'étude
et la solution d'un problème font appel à la notion de
multiprofessionnalisme, tout de suite au départ.
Ces organisations demandent des investissements et des organisations
matérielles et professionnelles considérables et il est hors de
question qu'un individu ou un groupe d'individus aient les ressources pour
développer l'organisation et l'infrastructure et en assurer une certaine
permanence. En général, ces organisations ont un groupe beaucoup
plus qu'un seul cabinet. Ils ont un groupe de courtiers mais ont souvent une
maison d'actuaires-conseils qui travaillent pour le groupe; ils ont souvent une
compagnie de gestion pour gérer des programmes, développer des
nouveaux
produits mais aussi assurer la gestion des réclamations, etc.
Par conséquent, ces opérations sont fort complexes. Elles
demandent des ressources importantes. On ne peut pas penser qu'on n'ira pas
chercher du capital ou des intérêts autres que simplement des
courtiers. Que voulez-vous? Les gens qui peuvent être
intéressés à investir dans des organisations comme cela
sont nécessairement des gens qui, de près ou de loin, sont
intéressés au milieu des institutions financières. Ce ne
sont pas uniquement des banques ou des compagnies. Ce sont des banques, des
compagnies d'assurances, c'est la Caisse de dépôt dans certains
cas, etc., ou encore des actions sur le marché public.
Deuxièmement, vous avez fait référence, M. le
ministre, à la dénonciation. Or, vous avez l'article 330 à
l'heure actuelle de la Loi sur les assurances, troisième paragraphe.
Pour votre information, quand je vous disais que nous sommes venus en
commission parlementaire il y a plusieurs années, c'est notre groupe qui
a proposé cela et en collaboration avec, je ne me souviens plus qui, qui
était en autorité au ministère à l'époque,
nous avons rédigé ce troisième paragraphe qui dit: "Toute
corporation de courtiers doit dévoiler dans sa publicité et ses
documents dans les cas et selon les normes et les règles établies
par les règlements, l'identité des véritables
propriétaires de la majorité de ses actions comportant le droit
de vote. "
Par conséquent, la solution est déjà là sauf
que les règlements n'ont pas encore été adoptés. Il
n'y a que des règlements à adopter et vous réglez votre
problème. J'ai dit que je n'avais pas de solution miracle, mais j'en
ai.
M. Laberge va compléter.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M.
Laberge, s'il vous plaît.
M. Laberge: M. le ministre et MM. les membres, vous me
permettrez, sans véritablement vouloir insinuer quoi que ce soit, mais
cette question de conflit d'intérêts possible lorsqu'on parle de
la propriété, majoritaire ou non, d'actions de corporations
à des compagnies de finance, compagnies d'assurances ou
sociétés de fiducie ou quoi que ce soit, c'est que jusqu'à
maintenant, depuis le nombre d'années, comme je vous le disais
tantôt, où je participe à toutes ces démarches pour
tenter de trouver une solution possible à un problème qui,
à mon avis, n'existe pas, on ne m'a jamais démontré
jusqu'à maintenant et, comme je vous le disais, cela fait au-delà
d'une quinzaine d'années que je participe à ces travaux, jamais
on ne m'a rien démontré, dis-je, sauf en me disant que
c'était dangereux pour le public que des corporations de courtiers aient
des actions qui appartiennent à des compagnies de finance.
Cela dit, je tente de savoir depuis toujours en quoi cela peut
être dangereux que, par exemple, chez nous qui est l'exemple le plus
frappant, la Caisse de dépôt détienne des actions dans
Sodarcan qui est propriétaire de Gérard Parizeau Ltée.
Qu'est-ce que cela fait comme entrave au rôle professionnel à la
qualité de l'acte que nos courtiers d'assurances posent vis-à-vis
du public?
Vous me permettrez, M. le ministre; me faire dire que le public serait
moins bien protégé parce que notre compagnie a des actions qui
appartiennent à la Caisse de dépôt ou à la Banque
nationale du Canada ou au Groupe Commerce, cela est une chose, mais on ne m'a
jamais démontré, jusqu'à maintenant, en quoi l'acte qui
est posé par nos professionnels du métier a été
entaché. Il n'y a personne qui me le dit. J'aimerais cela qu'on me le
dise. Au lieu de l'inverse, de démontrer... Moi je le démontre
par notre historique, par notre situation existante dans laquelle je pense nous
jouons un rôle professionnel certainement équivalent à
quelque autre courtier que ce soit qui n'a pas des actions appartenant à
des compagnies de finance.
Maintenant, si on veut me démontrer que ce n'est pas vrai,
j'aimerais qu'on me le dise, qu'on me donne des cas précis où
cela entacherait la qualité de l'acte professionnel d'avoir des actions
qui appartiennent à des compagnies de fiducie. Encore une fois, croyez
que je pose cela tout simplement en guise de recherche moi aussi et non pns en
guise de provocation.
M. Duhaime: Je veux réagir simplement, M. Laberge. Pour un
problème qui n'existe pas, moi je trouve que cela fait passablement
d'années qu'on en parle.
M. Laberge: Nous on n'en parle pas.
M. Tellier: II arrive souvent que dans ce domaine quand il y a un
problème on invoque l'intérêt public et on trouve
facilement des têtes de Turc. Alors il y a des gens qui se sont
arrêtés là-dessus. Mais si on veut parler de
l'intérêt du public en matière d'assurances, je vais vous
donner deux exemples qui sont des facteurs externes qui agissent
énormément sur la qualité des produits et sur la
protection du public, si on veut étudier le problème. La
première, c'est les pressions qui ont été exercées
sur des corps publics, suivis par des groupements moins publics, pour qu'ils
aillent en soumissions dans le domaine de l'assurance, et pour des
périodes d'un an seulement. Avec le résultat que depuis huit, dix
ans, on a obtenu uniquement des prix qui sont bas, mais en coupant les prix
constamment, on a amoindri et rogné la qualité des programmes
d'assurances offerts.
On a déséquilibré la situation financière de
certains assureurs par la concurrence qui en a résulté. Mais, en
assurance, ce n'est pas un mystère, ce que vous ne payez pas... Vous en
avez pour votre argent. Par exemple, cela a créé une
instabilité des programmes d'assurances qui a empêché, si
vous voulez, le désir de développer la qualité,
d'améliorer les programmes d'assurances et on se retrouve à
l'heure actuelle, par exemple, dans tout le domaine de la responsabilité
professionnelle, sur le bord d'un désastre parce que ce n'est même
plus une question d'augmentation des primes; la protection diminue et si la
tendance qu'on observe aujourd'hui se continue encore pour deux ou trois ans,
il n'y aura même plus d'assureurs pour vendre.
Un autre facteur très important qui fait une pression sur la
qualité du produit, c'est, si vous voulez, tout le régime de la
responsabilité. Entre autres choses en matière de droit civil,
les indemnités qui sont accordées depuis quelques années
par les tribunaux en matière d'évaluation de préjudice
corporel, font que sur un programme qui peut représenter entre 5 000 000
$ et 10 000 000 $ de masse de primes qui peut correspondre à 150 ou 200
réclamations de petits montants, si vous avez dans l'année deux
jugements de 2 000 000 $, vous n'êtes plus capable de gérer le
programme. À ce moment, les assureurs qui sont sollicités pour
émettre une police disent: On se protège maintenant. Ils
demandent des primes de fous.
Cela ne sera plus abordable dans très peu de temps, s'il n'y a
pas quelque chose qui se fait dans ce domaine pour stabiliser les programmes,
pour essayer d'aller chercher de la concurrence, oui, mais pas une concurrence
qui appauvrit tout le monde. Deuxièmement, peut-être voir si
certains éléments de notre responsabilité civile qui
permettraient d'évaluer de façon beaucoup plus rationnelle le
risque sur une période donnée quant à un milieu
donné. Cela, à mon avis, est beaucoup plus sérieux que de
se demander si une institution, une compagnie d'assurances qui est
propriétaire de 10 %, 15 % ou 25 % du capital-actions d'une compagnie de
courtiers, peut mettre en cause l'impartialité ou le jugement
professionnel d'un courtier. C'est beaucoup plus important de se
préoccuper de la qualité du produit que du risque potentiel de
partialité parce qu'il y a tellement de questions et
d'éléments qui jouent dans une activité de courtage
qu'à moins que cela provienne, évidemment, à 100 % d'une
compagnie d'assurances... Là, par le biais de la dénonciation qui
existe déjà cela pourrait être corrigé.
M. Duhaime: Je ne reviendrai pas sur cela. Me Tellier, votre
point de vue semble assez clair. Je voudrais revenir sur certains
éléments dont vous avez parlé tantôt. Je ne sais pas
si vous l'avez échappé, mais vous avez parlé du statut
professionnel. Vous avez fait référence aussi au Code des
professions, au code de discipline. Je fais une hypothèse: Supposons que
je vous donne absolument raison sur ce que vous venez de dire et qu'il faille
mettre davantage l'accent sur le contrôle de la qualité du produit
mis en marché et offert au public et aussi dans la législation
pour obtenir la garantie d'un meilleur professionnalisme parmi ceux qui sont en
contact avec le public et qui vendent des produits de l'assurance. Est-ce que
vous avez déjà abordé le problème de la
manière qui consisterait à reconnaître un statut
professionnel aux courtiers d'assurances de la même manière qu'on
reconnaît un statut professionnel aux avocats, aux notaires, aux
médecins, aux dentistes etc. et à leur faire ou proposer une loi
qui serait sous l'empire du Code des professions avec un comité de
discipline et mutatis mutandis et au lieu d'un juge ou de trois juges on
pourrait s'entendre rapidement sur cela. Si tel était le cas, est-ce que
l'Inspecteur général des institutions financières est
toujours dans le tableau avec cette hypothèse?
M. Tellier: C'est une solution qu'on a débattue entre nous
et je pense que nous ne sommes pas les seuls. Vous savez qu'en vertu du Code
des professions vous avez deux types de corporations professionnelles: à
exercice exclusif et à titre réservé. On pourrait
très bien penser à l'une ou l'autre des formules. Si c'est une
corporation à exercice exclusif - comme vous le savez -cela prend une
loi spéciale et c'est à l'article 26 du code, je pense. Si vous
avez une loi spéciale vous pouvez très bien dire que cette
corporation est régie par toutes les dispositions du Code des
professions sauf que le rôle joué normalement par l'Office des
professions est joué par l'Inspecteur général des
institutions financières. Vous pourriez imaginer une solution. Vous me
posez la question. Je ne fais pas nécessairement la proposition mais je
réponds à votre question. On pourrait également penser
à une corporation professionnelle à titre réservé
seulement dont la fonction consisterait à agir comme courtier au sens de
la Loi sur les assurances. Là, comme l'acte visé serait
déjà régi par la Loi sur les assurances, l'Inspecteur
général des institutions financières pourrait très
bien continuer à jouer le rôle qu'il a à l'heure actuelle.
Ce n'est pas une solution impensable, il faudrait qu'elle soit
étudiée. Le cadre du Code des professions pourrait très
bien constituer un élément de solution intéressant. Je
voudrais simplement apporter
une dernière remarque. J'ai insisté beaucoup sur la
qualité du produit mais je ne voulais pas pour autant sous-estimer ou
minimiser l'importance d'avoir un cadre professionnel pour garantir certains
comportements, la compétence et un minimum de discipline. J'ajouterai
ceci sans vouloir scandaliser personnes Dans le domaine des professions
lorsqu'il s'agit d'intérêt économique, la morale devient
souvent la défense de ces intérêts. Par exemple, les
quelques fois où j'ai eu à agir devant le comité de
discipline de l'association à titre d'avocat, ce n'était pas pour
un comportement de morale, c'était sur des questions de raison sociale,
sur des questions de négociation de polices d'assurance collective par
des intermédiaires. On disait que c'était des
intermédiaires alors que c'était des assurances collectives
négociées par exemple avec des institutions financières
pour garantir des prêts ou des trucs comme cela. On fait souvent d'une
concurrence trop forte un acte moral fautif. C'est pour cela qu'il faut faire
attention à cela. (11 heures)
Vous me parlez du Code des professions. Les professions visées
par ce dernier à l'heure actuelle et qui causent vraiment des
problèmes, sont celles où il y a un acte professionnel et la
vente d'un produit que ce soit la pharmacie, l'optométrie. Ce sont les
professions qui ont le plus de difficulté au point de vue
déontologique parce qu'il y a un aspect commercial et économique.
On ne retrouve pas les mêmes problèmes au niveau du Barreau, de la
Chambre des notaires, du Collège des médecins. On a d'autres
problèmes mais ce sont vraiment des problèmes d'éthique
professionnelle et non pas de concurrence économique.
M. Duhaime: Vous avez dit, en parlant de l'association - vous me
corrigerez si je fais erreur - que dans sa composition actuelle - je ne peux
pas résumer le mot à mot de votre intervention - vous doutiez du
niveau de compétence. Est-ce qu'elle est mal structurée? C'est
drôle, moi, je serais porté à dire qu'elle est un peu en
porte-à-faux en quelque sorte. Je voudrais faire un parallèle,
par exemple, avec le Barreau, organisme que vous connaissez probablement mieux
que moi. Si on a une approche vers un statut professionnel, est-ce que
l'association qui deviendrait à ce moment-là une corporation
professionnelle au sens du code des professions, ne serait pas la meilleure
formule sur le plan de l'éthique, sur le plan du professionnalisme, sur
le plan de l'exercice de cette "profession" entre guillemets?
M. Tellier: En principe je vous suis, mais la question que je me
pose, c'est: Dans quelle mesure peut-on faire entrer dans une même
association des gens qui n'ont peut-être pas la même
réalité? Vous avez devant vous une minorité de membres qui
représentent probablement une majorité des activités de
courtage. Nécessairement vous avez, disons, une rivalité
économique qui est légitime. On n'en veut pas à personne,
mais ce que l'on veut éviter c'est d'être emprisonnés dans
une association où on est en minorité et où la
majorité se sert de son autorité pour nous imposer ses vues.
Vous avez le même phénomène que vous avez connu, par
exemple, dans le domaine des pharmaciens où une minorité de
pharmaciens ont ouvert des pharmacies à succursales qui
représentent 60 %, 70 % du volume alors qu'une majorité de
pharmaciens sont des salariés. Vous avez eu le même
problème, il y a quelques années chez les
ingénieurs-conseils où une majorité était des
salariés et une minorité des ingénieurs-conseils qui
étaient à leur compte. C'est sur le point d'éclater de la
même façon dans le domaine de l'optométrie.
Si on est capable de constituer une corporation qui va donner des
garanties aux personnes que je représente, pas de problème. Mais
je regarde les projets de loi que ces gens-là ont rédigés:
ils voulaient avoir un contrôle sur notre personnel, ils voulaient avoir
un contrôle sur la détention des actions, ils voulaient venir
inspecter nos bureaux, ils voulaient contrôler les raisons sociales.
À ce moment-là, on a dit: Ils veulent simplement... Ils ne
veulent pas qu'on se développe. Qu'est-ce que vous voulez? On parle de
l'intérêt du public, les gens que je représente ont pour la
plupart des gros programmes d'assurances du particulier, c'est-à-dire
résidence et automobile. C'est tellement important ce domaine-là
que plusieurs d'entre eux ont fait des compagnies séparées pour
administrer ces assurances particulières par opposition aux assurances
commerciales et industrielles. Ces programmes-là sont
négociés par des associations professionnelles ou syndicales, les
employés de Canadair, Air Canada, HydroQuébec, la Corporation
professionnelle des ingénieurs, le Barreau. Tous ces organismes
négocient pour leurs membres des programmes de résidences. Or,
qu'est-ce que vous voulez, vous ne pouvez pas administrer ces programmes de
2000, 3000, 5000, 10 000 assurés avec un bureau organisé à
la mitaine qui n'a pas d'ordinateur, qui n'a pas tout un personnel
spécialisé autre que des courtiers. On a des techniciens en
informatique, des programmeurs, cela prend des experts en sinistre, etc. Cela
demande la constitution d'une équipe et évidemment, les bureaux
que je représente ici n'ont pas grand chose en commun avec, si vous
voulez, des cabinets plus modestes que nous respectons et avec lesquels nous
voulons avoir de bons rapports,
mais pas d'affrontement.
Une chose que je n'ai pas mentionnée dans mes remarques et contre
laquelle nous nous élevons un petit peu, c'est que si le projet de loi
était adopté comme cela, l'association aurait juridiction sur les
corporations, sauf que l'inspecteur général pourrait continuer
à émettre des permis. Mais les corporations qui auraient un
permis de l'inspecteur général ne pourraient plus être
représentées par des membres de l'association individuellement.
11 faudrait qu'elles soient représentées par des courtiers qui
ont un permis de l'inspecteur général.
Mais, à partir de ce moment, on n'aurait plus le droit de les
appeler "courtiers"; il faudrait les appeller "agents". En d'autres termes,
l'inspecteur général qui est l'autorité suprême
émettrait des permis de moindre valeur que l'association qui est sous
son autorité. On n'admet pas cela.
On dit ceci: Que l'inspecteur général conserve ses droits,
que les compagnies qui sont licenciées par l'inspecteur
général puissent être représentées par les
membres de l'association, dont nous voulons toujours continuer à faire
partie, mais nous voulons avoir cette garantie que du moment où
l'association abuse de ses pouvoirs, on puisse retourner à l'inspecteur
général et lui dire: Écoutez, elle abuse; voulez-vous nous
donner un permis; on veut encore s'appeler des "courtiers". Qu'on n'ait pas
deux catégories: un parent pauvre qui émane de l'autorité
suprême et un parent riche qui est secondaire. On trouve que cela n'a pas
de sens comme cela.
On a des droits à l'heure actuelle et notre meilleure garantie,
c'est de pouvoir, en tout temps, s'adresser à l'inspecteur
général si l'association exagère. Pour le moment, on
aimerait bien que cela reste ainsi, parce que le passé ne nous garantit
pas l'avenir.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pense que le débat, jusqu'ici, nous a
aidés au moins à voir quels sont les problèmes, même
si on ne les a pas réglés. Je veux rester sur cette question
qu'on a soulevée hier soir et qui est devenue partie intégrante
de notre conversation dans cette commission, à savoir c'est qui un
courtier.
J'ai retenu deux questions précises à vous poser qui
peuvent nous aider à savoir comment on doit définir le courtier,
parce que, hier soir, quand on a posé les questions, on avait droit
à une réponse en ce sens que c'était un sujet trop
complexe et qu'il y avait des opinions divergentes et des possibilités
de voir différentes. Mais, finalement, le législateur est
obligé de définir le courtier dans la loi. C'est la base de
toutes nos délibérations.
Il me semble, en guise d'introduction, que nous sommes devant une
situation aujourd'hui où l'industrie de l'assurance va se définir
dans le champ. Il y a des tendances économiques nationales et
internationales qui sont en jeu aujourd'hui et je doute fortement que n'importe
quel législateur puisse les arrêter. On peut faire un effort pour
les retarder mais, finalement, ce n'est pas une loi qui va déterminer
exactement comment la concurrence et la structure de cette industrie va se
faire.
Le ministre actuel est un peu moins audacieux dans son esprit que son
prédécesseur et on voit des divergences entre la loi 75 et ce
projet de loi-ci. Tant mieux et ce n'est pas nécessaire que chaque
personne partage les mêmes perspectives. Mais, hier soir, on a
parlé un peu de cette question de la définition d'un courtier et
ma première question ce matin touche la définition d'un courtier
quand il s'agit d'une corporation.
Vous avez dit tantôt, Me Tellier, que vous aimeriez avoir le droit
de garder le titre de "courtier" pour vos membres, même si vous voulez
que les permis pour votre corporation soient émis par l'inspecteur
général. Cela m'incite à vous demander si c'est vraiment
nécessaire, parce que, dans mon esprit, si je suis le raisonnement
d'hier soir, les compagnies que vous représentez ne sont vraiment pas
des courtiers.
Je prends juste un exemple. Il y avait une personne qui est venue hier
soir. Je suis content que Meloche soit ici ce matin, parce qu'il était
question de Meloche hier soir, pendant une trentaine de minutes, on a fait
beaucoup de publicité pour vous. M. Saint-Germain, je pense,
prétendait, à toutes fins utiles, que Meloche, la compagnie - et
ça s'applique à vous aussi - ne correspondait pas du tout
à ce qu'on peut définir comme un courtier d'assurances.
Premièrement, c'est une grande corporation qui fait partie d'une autre
grande corporation internationale. C'est probable qu'un certain nombre de
personnes travaillant pour Meloche sont payées non pas à
commission, mais à salaire. On disait aussi que - je pense que je cite
textuellement les déclarations qui ont été faites hier
soir -quand on téléphone à Meloche, on ne fait pas
affaires avec un courtier, mais avec quelqu'un qui a accès à un
ordinateur, qui calcule ce que vous devez avoir comme assurance et vous donne
une opinion. C'est un expert qui n'est pas nécessairement un
courtier.
Finalement, on disait que Meloche - je continue mon exemple - est
plutôt une institution financière qu'un courtier. Je pense que je
n'exagère pas, je cite textuellement ce qui a été dit hier
soir. Dans le sens de la
loi qui a été conçue il y a 25 ans, maintenant, une
corporation comme Meloche ne correspond pas du tout a l'idée de base
d'un courtier. On essaie dans une loi, d'englober non seulement un courtier
dans une région du Québec avec son fils et son petit bureau, et,
en même temps, dans la même loi, une organisation comme celle que
vous représentez ce matin.
La première question que je vous pose, c'est pourquoi ne pas
admettre que vous n'êtes plus des courtiers? Est-ce que cela a une
signification très importante, pour vous, d'être courtiers? Qu'on
laisse à l'inspecteur général le soin de donner les permis
aux compagnies d'assurances et les permis aux agents d'assurances, et votre
personnel devient des agents d'assurances, et on appelle un cheval, un cheval
et une vache, une vache, et on continue dans ce sens. Est-ce que c'est
important pour vous, qui avez des qualités, comme tout le monde le
comprend, très différentes des courtiers traditionnels? Est-ce
que c'est nécessaire de maintenir la fiction pour vous d'être
courtiers?
M. Tellier: Je suis étonné... Une voix: Oui,
moi aussi.
M. Tellier:... parce que l'information qu'on vous a donnée
m'apparaît tout à fait fantaisiste. S'il y a des gens qui sont des
courtiers, ce sont bien ceux qui sont à la table. Prenez, par exemple,
assurer l'aéroport de Dorval ou de Québec, assurer des
hôpitaux avec un risque nucléaire, assurer une usine qui fabrique
des produits chimiques, cela demande des opérations multiples pour
évaluer le risque, contacter les marchés multiples. En montant
dans l'avion avec mes collègues, ce matin, de quoi avons-nous
parlé? De la difficulté de renouveler, par exemple, les polices
dans le domaine des erreurs et omissions, parce que le marché est de
plus en plus difficile pour renouveler aux mêmes couvertures et avec une
petite franchise.
À l'heure actuelle, si vous voulez renouveler ce genre de police,
vous allez vous faire couper votre protection de moitié, vous allez vous
faire doubler votre franchise et tripler votre prime, et ce, si vous trouvez un
assureur pour le prendre. Ceux qui sont capables de faire les démarches
et d'avoir accès au seul marché qui demeure, ça prend de
gros cabinets qui sont capables d'aller souvent sur le marché
international parce que, sur le marché local, vous n'avez plus
d'assureurs pour prendre ces risques.
Quand vous nous représentez qu'on vous a dit que ces
gens-là ne sont plus des courtiers, ce sont les gens qui assurent, si
vous voulez, le courtage dans tout ce qui est difficile et compliqué.
Nous insistons pour être courtiers. À l'heure actuelle, au sujet
des compagnies que nous représentons - c'est l'article 330 de la loi -
le cadre ou l'institution d'un acte de courtage n'importe pas tellement, c'est
de l'acte de courtage, l'acte professionnel dont il faut se soucier. C'est pour
ça que la loi dit: La seule condition pour qu'une compagnie soit
admissible à un permis, c'est qu'elle soit représentée,
qu'elle agisse par l'intermédiaire d'une personne qui est reconnue
habile à poser un acte de courtier d'assurances, soit en ayant un permis
de l'inspecteur général, soit en étant membre de
l'association. Dans les deux cas, on passe des examens. (11 h 15)
De la même façon que, dans un hôpital où l'on
donne des services médicaux, l'hôpital a un permis du
ministère des Affaires sociales, les médecins ont un permis de la
Corporation professionnelle des médecins, les infirmières, de
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, et ainsi de
suite. Alors, le cadre institutionnel est une chose et l'acte de courtage est
une autre chose. À mon avis, actuellement, tant que les travaux en cours
ne seront pas terminés, la définition de l'agent d'assurances,
telle qu'on la retrouve dans la Loi sur les assurances, qui n'est pas si
vieille que cela finalement puisqu'elle a été adoptée en
1974 qu'elle est entrée en vigueur en 1976, retient essentiellement la
notion d'un intermédiaire qui sollicite des clients, évalue un
risque, demande des soumissions à différents assureurs et
délivre une police.
Essentiellement, c'est cela. Pour le moment, cela demeure.
M. Scowen: Oui.
M. Laberge: M. Scowen, me permettriez-vous également de
compléter très rapidement?
M. Scowen: Oui.
M. Laberge: Lorsque vous nous demandez pourquoi ne pas devenir
tout simplement des agents d'assurances? Strictement, selon la loi, un agent
d'assurances est celui qui ne transige qu'avec un assureur. Or, si vous
regardez la véritable notion du commerce de l'intermédiaire
d'assurances, qui est le représentant de l'assuré, son
mandataire, c'est justement nous qui avons probablement le plus grand nombre de
compagnies d'assurances avec lesquelles nous transigeons. Et c'est là la
notion même du courtier, c'est-à-dire de pouvoir transiger avec un
grand nombre d'assureurs, alors qu'un agent, au contraire, ne transige qu'avec
un seul assureur. Donc, théoriquement, je ne vois pas comment on
pourrait s'appeler agents d'assurances.
Une voix: C'est exact.
M. Scowen: Si je comprends bien, pour vous,
l'élément essentiel - parce que votre étonnement peut
peut-être nous aider à arriver à une définition qui
convient à tout le monde - dans la définition du courtier, c'est
qu'il faut que cette personne soit un intermédiaire qui transige avec
plusieurs compagnies d'assurances.
M. Laberge: Oui.
M. Scowen:... tandis qu'un agent, c'est quelqu'un qui est
à l'emploi d'une seule compagnie. La question qu'il soit payé par
commission ou par salaire, ce n'est pas, pour vous, quelque chose de
fondamental dans la définition. On peut l'enlever de la
définition si l'on veut.
M. Tellier: Pas plus qu'un avocat qui pratique au
ministère de la Justice n'est pas moins avocat parce qu'il est
payé à salaire plutôt qu'à honoraires.
M. Scowen: Vous êtes...
M. Tellier: Ou un médecin dans un CLSC. C'est l'acte
professionnel et non pas son mode de rémunération qui compte.
M. Scowen: D'après vous, on peut enlever cet aspect de la
définition...
M. Tellier: Assurément.
M. Scowen: Parce qu'il est très clair que cela ne fait pas
partie aujourd'hui... et un associé qui est payé à salaire
contrevient à la loi actuelle, si je comprends le sens de la loi.
M. Laberge: Je ne suis pas sûr, M. Scowen, qu'actuellement
la loi définisse le mode de rémunération ni de l'agent ni
du courtier, sauf qu'on parle à un endroit lorsque l'agent... Si vous
regardez l'article 1 actuel de l'avant-projet, on répète presque
essentiellement ce qui apparaissait et on dit: "Le courtier d'assurances est un
agent, au sens de la Loi sur les assurances, qui ne traite pas exclusivement
des affaires d'assurances sur la personne et qui, pour d'autres
catégories, ne transige pas avec un seul assureur ou groupe d'assureurs
sous gérance commune. " Strictement là, la loi ne traite pas de
la rémunération.
M. Scowen: Oui.
M. Laberge: Sauf qu'à l'article, je pense...
M. Scowen:... 31...
M. Tellier: Dans la Loi sur les assurances, M. Scowen...
M. Scowen: À l'article 31, c'est très clair.
M. Laberge: C'est cela.
M. Tellier: Non, mais dans la Loi sur les assurances, pas la Loi
sur les courtiers, à l'article 1, paragraphe i, on dit: "Toute personne
qui, pour autrui, et à titre onéreux... " On ne dit pas "à
salaire". Alors cela peut être un salaire, cela peut être une
commission et, souvent, c'est un régime mixte, et le salaire est souvent
une avance sur les commissions à gagner. On dit "onéreux", on ne
dit pas "à salaire".
M. Scowen: Laissez-moi faire référence à
l'article 31 dans l'avant-projet de loi: "... moyennant une commission ou une
rémunération autre qu'un salaire. "
M. Tellier: Ah! Bien cela est l'avant-projet et je suis bien
d'accord avec vous.
M. Scowen: Mais ce n'est pas loin du projet de loi actuel.
M. Tellier: Bien c'est loin parce que "à titre
onéreux", cela veut tout dire; c'est une rétribution
pécuniaire quelle qu'en soit la forme.
M. Scowen: Alors...
M. Tellier: Me permettriez-vous d'ajouter une chose?
M. Scowen: Oui.
M. Tellier: Vous avez fait allusion à Meloche, je pense
qu'il est courtier comme les autres, sauf qu'il est évident que si
Meloche - non, mais comprenez la distinction - si Meloche va négocier -
et je connais le fait, par hasard - pour les membres du Barreau pour 3000 ou
5000 assurés en assurance résidence et automobile, cela prend
évidemment tout un personnel pour administrer cela, parce que, à
ce moment-là, il devient courtier, mais aussi gérant d'un
programme d'assurances. Mais cela fait maintenant partie du travail de
courtage, non seulement de concevoir des programmes, mais d'en assurer d'une
façon directe ou indirecte une partie de l'exécution. Sans cela,
on se coupe des marchés, parce qu'il y a des assureurs qui vont
peut-être vouloir prendre le risque, mais qui ne voudront pas assurer,
avec leur propre personnel, la gestion du programme et des sinistres.
M. Scowen: Laissez-moi continuer parce que j'ai deux autres
courtes questions à
poser et je pense qu'il y en a d'autres qui veulent intervenir aussi.
Ah! Excusez-moi. Oui, M. Meloche.
Une voix: C'est M. Meloche?
M. Paquette (Pierre): Je veux m'identifier. Je suis
président de Meloche. Je suis heureux de vous dire que je suis content
d'être courtier et aussi, pour la question de commissions ou de salaires,
j'ai commencé en 1962 chez Meloche avec un salaire. Aujourd'hui, je suis
président de Meloche et je suis encore à salaire. Alors, l'aspect
des commissions et des salaires...
Une voix: Pas le même salaire.
M. Paquette (Pierre): Pas le même salaire, bien sûr.
Cela n'a rien à voir. Je pense que le fait qu'on parle un peu de nous -
j'ai hâte de lire le procès-verbal de la réunion d'hier
soir - c'est sans doute parce qu'on se spécialise effectivement dans
l'assurance-groupe ou le "mass marketing" comme on l'appelle, qu'on offre des
avantages à des groupements, à des professionnels et qu'on
dessert toute la province. C'est pour cela, bien sûr, que ce n'est pas
surprenant que notre nom soit mentionné à la table. C'est bien
sûr aussi que, compte tenu du fait qu'on a une clientèle assez
considérable dans ce secteur -automobile et habitation - on est
mécanisé, bien sûr. C'est vrai que nos gens traitent par le
biais d'un ordinateur pour avoir le fichier du client, mais je dois vous
assurer aussi que la grande majorité de nos gens qui traitent avec nos
clients, ce sont des courtiers d'assurances, membres de l'Association des
courtiers. Ils sont aussi compétents que s'ils travaillaient pour le
courtier d'en face. C'est exactement le même travail.
M. Scowen: Deuxième question. J'aimerais juste que vous
parliez un peu de l'opportunité de garder le statut de courtier pour les
sociétés. Ce n'est pas clair dans mon esprit. Vous êtes
courtier, mais Meloche est aussi courtier ou peut être courtier dans le
sens de la loi. On propose de donner le statut de courtier ou de permettre
à une compagnie de devenir courtier. C'est un peu comme si on donnait le
droit aux pharmacies Jean Coutu, à titre de société,
d'être pharmaciens plutôt que les personnes qui sont dans chacune
de leurs succursales et qui vendent des médicaments. Je pense qu'on peut
faire le parallèle. Pour un cabinet d'avocat, le cabinet lui-même
n'est pas un membre du Barreau. Ce sont les membres, les individus qui sont
membres, mais ici, nous avons une situation où on propose qu'on permette
à une corporation de devenir membre de l'association à titre de
corporation. Est-ce que pour vous, c'est quelque chose qui est souhaitable ou
nécessaire ou si on doit plutôt aller vers l'idée que
l'association ou l'inspecteur général doit établir
certains critères, tests ou examens pour les personnes qui veulent
transiger comme intermédiaires dans l'assurance, s'assurer que ces
personnes sont compétentes et laisser les compagnies, que ce soit les
compagnies intermédiaires ou que ce soit les institutions
financières - je vais terminer la question avant que vous n'y
répondiez - que ces organisations soient régies par l'inspecteur
général à titre d'institutions financières.
Pourquoi donner le statut de courtier à une personne morale?
M. Tellier: C'est très simple. Parce que, comprenez-vous,
dans un cabinet d'assurances où il y a 30 courtiers, les polices
d'assurances ne sont pas délivrées au nom de Pierre, Jean,
Jacques, mais elles le sont au nom du cabinet, parce que la clientèle
traite avec le cabinet. Et il se peut fort bien qu'une année, ce soit M.
X qui délivre la police pour un client et qu'au renouvellement
l'année suivante, ce courtier ne soit plus là et que ce soit un
autre courtier qui s'occupe de ses affaires. S'il fallait que les polices
soient délivrées individuellement par chaque courtier, vous vous
figurez comment les assureurs pourraient s'y retrouver.
M. Scowen: Mais permettez-moi, Me Tellier. Si je reçois
une lettre du cabinet Ducharme et Desjardins.
M. Tellier: Desjardins et Ducharme.
M. Scowen: Desjardins et Ducharme... des avocats de ce cabinet.
Est-ce que cette lettre...
M. Tellier: Même dans...
M. Scowen: Est-ce que cette lettre, à l'en-tête de
ce cabinet et signée par un de ses avocats, lie le cabinet ou est-ce
seulement à titre personnel?
M. Tellier: Dans plusieurs cas, cela peut être les deux.
Cela peut être une lettre personnelle mais, dans plusieurs cas d'opinions
juridiques importantes, ce sera l'opinion juridique du bureau. Avant qu'elle
soit signée par un associé, il y aura deux, trois ou quatre
associés qui auront été consultés, et nous en
sommes collectivement responsables.
M. Scowen: Exactement. Mais le bureau comme tel n'est pas membre
du Barreau?
M. Tellier: Le bureau comme tel n'est pas membre du Barreau, mais
c'est un problème actuellement sous étude. C'est que
le jour n'est pas loin où les bureaux d'avocats pourront
s'incorporer et être reconnus par le Barreau. De la même
façon que, dans les faits, vous avez plusieurs cliniques
médicales qui sont incorporées et où il y a des
médecins qui rendent des services professionnels. Cela va aussi loin que
la Régie de l'assurance-maladie va payer des honoraires du
médecin à la compagnie et lui reconnaître ainsi un
statut.
M. Scowen: Laissez-moi revenir à ma question. Si on
insiste pour qu'un intermédiaire, une institution financière ou
une compagnie soit soumis à une loi sur les intermédiaires
financiers, si vous voulez, un peu comme celle sur les compagnies d'assurances,
et qu'on donne à l'inspecteur général les pouvoirs
nécessaires pour assurer l'intégrité de ces institutions
et qu'en parallèle, on doive donner à l'inspecteur ou a
l'association le droit d'examiner et de remettre les diplômes, si on en a
besoin, aux individus qui veulent vendre ou conseiller ou qui veulent
être courtiers dans le domaine, n'y a-t-il pas quelque chose d'aberrant
dans cette solution par rapport à la protection du consommateur en soi?
N'est-ce pas une autre solution qui pourrait être valable?
M. Tellier: II n'y a rien de vexant là-dedans. Tout
à l'heure, je vous ai parlé des hôpitaux qui ont des permis
du ministère de la Santé et des Services sociaux; les
médecins ont un permis de la corporation professionnelle...
M. Scowen: La solution que je propose en est une qui pourrait
empêcher que les sociétés deviennent elles-mêmes des
courtiers ou des membres de l'association.
M. Tellier: II est très important qu'une
société puisse se présenter auprès du public comme
courtier d'assurances mais, à la condition, comme c'est le cas à
l'heure actuelle, que les actes de courtage posés au nom de la
société soient faits par une personne dûment reconnue comme
ayant la compétence, que ce soit par un permis de l'inspecteur
général ou par un permis qui est délivré par une
association. Il n'y a pas de problème. Ce serait donc à la
condition que la compétence ait été reconnue par un
organisme crédible.
M. Laberge: D'ailleurs, si vous me permettez de compléter
en 30 secondes. Le cabinet, la société, la personne morale comme
vous l'appelez si bien, ne s'appelle jamais, par exemple, Gérard
Parizeau Limitée, courtier d'assurances agréé. C'est un
cabinet de courtiers à l'intérieur duquel vous retrouvez les
titres des personnes qui sont courtiers agréés ou courtiers
associés. Ce sur quoi nous sommes totalement d'accord. Mais il est
évident que la société doit être identifiée
comme étant une société de courtiers, formée
à l'intérieur encore une fois de personnes physiques qui, elles,
portent des titres qui peuvent être courtiers d'assurances
associés ou agréés.
M. Scowen: D'accord. Mais dans un tel contexte, quel est
précisément le rôle du courtier lui-même? Parce que
vous avez déjà dit que cette compagnie doit avoir des experts en
sinistres, des avocats, des experts financiers mais le courtier, lui, qu'est-ce
qu'il fait exactement dans un tel contexte? Je sais que le courtier Meloche,
comme compagnie, fait quelque chose.
M. Laberge: C'est cela.
M. Scowen: II conseille le client sur les avantages et les
inconvénients de toute une gamme de possibilités dans le domaine
des assurances. Mais qu'est-ce que le courtier, homme ou femme, à titre
personnel, fait?
M. Laberge: Tantôt, je n'ai pas dit que le cabinet de
courtiers devait avoir forcément un avocat, un actuaire ou un comptable
agréé à son service. J'ai parlé d'un cabinet qui
voulait se destiner à développer des affaires de courtage
d'assurances nécessitant des besoins multidisciplinaires, comme le
disait Me Tellier. Il est évident que vous n'allez pas assurer, M. le
député, Hydro-Québec, dans un cabinet de courtiers qui n'a
pas d'ingénieurs ou de spécialistes en recherche de
marchés internationaux. Donc, c'est que le cabinet encore une fois qui
veut développer des affaires plus importantes que les choses ordinaires
- et ceci étant dit sans aucune espèce de
méchanceté - que requiert ou que recherche le courtier ordinaire,
le cabinet plus petit, plus modeste. Quand on veut développer des choses
plus importantes comme les hôpitaux de la province de Québec ou la
Société générale de financement ou des papeteries,
c'est évident que le cabinet, et non pas le courtier, ira se chercher
des compétences dans divers domaines pour appuyer le rôle du
courtier d'assurances. (11 h 30)
M. Scowen: Ce n'est pas la question que je vous pose, je vais
vous la poser plus clairement. Dans tout le contexte que vous venez de
décrire, pour le courtier, la personne qui doit se présenter chez
Air Canada, quel sera l'examen, le test que vous proposez qui soit
imposé par l'Association des agents d'assurances pour s'assurer que
cette personne est compétente pour faire cette présentation?
Cette personne devra peut-être avoir une formation de plusieurs
années en assurance.
Une voix: Absolument.
M. Drumm (Alan L. ): Est-ce que je peux répondre?
M. Scowen: Est-ce que vous proposez que chaque courtier soit
soumis à un tel test pour être reconnu courtier?
M. Tellier: M. Alan Drumm va vous répondre.
M. Drumm: M. Scowen, peut-être qu'on peut s'expliquer. Au
point de vue de la compétence, supposons des étapes.
Aussitôt qu'on devient membre de l'association, on devient d'abord
courtier d'assurances associé et on cherche à obtenir le titre de
courtier d'assurances agréé. Mais cela, c'est simplement le
commencement, le début. Après cela, il faut aller à
l'institut pour obtenir le AIIC et, si on étudie encore, on peut obtenir
le FIIC. Si on veut aller toujours plus loin, on obtient le "Risk Management
Diploma".
L'Association des courtiers d'assurances a commencé d'une
manière très modeste. Personne ici n'a posé la question
suivante: Vous êtes tous membres de l'association, comment se fait-il
qu'il y ait deux camps? C'est parce que les affaires ont changé. On ne
cherche pas à éviter nos responsabilités, on veut
même en avoir d'autres. On se qualifie de plus en plus, année
après année. Si tous nos copains ne le veulent pas, c'est
dommage, on va peut-être les perdre, mais nous voulons nous associer
à des professionnels. Nous sommes des courtiers et non pas des agents.
C'est un mot que je veux éviter d'utiliser dans cette salle. D'accord?
C'est cela.
M. Tellier: Je pense que vous me permettrez d'ajouter...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil- Soulanges):
Brièvement, M. Tellier.
M. Tellier: Bon. Il ne faudrait pas que l'on se quitte sur une
ambiguïté. Il y a deux volets: II y a l'individu qui est
professionnel, qui est en contact avec le client qui lui pose un certain nombre
de questions, de problèmes. Cet individu ne travaille pas en vase clos,
il travaille dans un milieu, dans une institution que l'on appelle un cabinet
de courtage à l'intérieur duquel il va trouver toute une
série de ressources, de services, de bibliothèques et d'autres
spécialistes, etc. qui vont lui permettre d'exécuter le mandat
qui lui est confié.
Par conséquent, vous avez l'individu, mais la compagnie, elle,
est là pour créer tout un environnement, des ressources, des
possibilités qui permettent aux individus de bien exécuter leur
mandat, de la même façon qu'un médecin va retrouver, dans
un hôpital, des laboratoires, des appareils à rayons X, des salles
d'opération. L'hôpital met ces services à sa disposition et
le professionnel sait s'en servir. Ces deux choses doivent se faire en
collaboration.
Le Président (M. Johnson,
Vaudreuil-Soulanges): Brièvement, M. le député de
Nelligan, si possible.
M. Lincoln: J'aurais quelques questions d'ordre pratique. Me
Tellier, vous avez établi comme recommandation principale de votre
mémoire que, selon vous, le projet de loi devrait être suspendu et
qu'on devrait attendre les recommandations du comité de travail qui
étudie toute cette question. Pourriez-vous nous donner votre perception
des choses? Certains de vos membres ont sans doute participé au
comité de travail, qu'est-ce que vous envisagez comme
échéancier? Deuxièmement, dans l'ordre pratique des
choses, est-ce que vous considérez que les recommandations du
comité de travail devraient aboutir à un autre genre de projet de
loi qui tiendrait compte des conséquences de vos recommandations?
Qu'est-ce que vous voyez comme cheminement?
M. Tellier: Le comité a travaillé, il semblait
aller assez bien, et j'ai cru comprendre qu'il avait suspendu ses travaux. Je
n'ai pas de contrôle sur son échéancier. Une chose est
certaine, je ne peux pas présumer, à ce stade, quelles seront les
recommandations, mais une chose me frappe: À ce comité de
travail, vous avez tous les intervenants du milieu de l'assurance. La solution
m'apparalt peut-être que peu importe qui, peu importe comment,
l'autorité en matière d'émission de permis ne serait
peut-être pas nécessairement seulement l'association qui regroupe
uniquement des courtiers en assurance-dommages ou l'équivalent, mais
peut-être bien qu'étant donné toutes les interventions
qu'il y a dans le domaine de l'assurance il y aurait lieu de penser aux experts
en sinistres, aux actuaires. Dans le domaine de l'assurance, il y a beaucoup de
cabinets maintenant qui travaillent comme conseillers en assurances et qui ne
font pas nécessairement de courtage.
Il y aura peut-être un regroupement et, au lieu d'avoir une
association qui fonctionne uniquement par la force du nombre, ce sera
plutôt un genre d'organisme public avec des représentants de tous
les milieux. Je ne le sais pas, je ne veux pas préjuger de la
pensée de gens qui ont fait jusqu'à présent -vu de
l'extérieur, en tout cas - une démarche très
méthodologique et très objective. C'est intéressant de
voir la façon dont ils ont essayé de définir la
problématique. Je ne peux pas répondre quant à
votre échéancier, je n'ai pas de contrôle sur les travaux,
malheureusement. Je ne peux pas répondre plus que cela.
M. Lincoln: Vous avez parlé du fonds d'indemnisation qui a
été prévu dans l'avant-projet de loi. Je pense que vous
avez utilisé les mots "aventure économique" dans votre
mémoire. Pourriez-vous nous dire quelle est votre perception de cette
question? Si on n'avait pas le fonds d'indemnisation prévu, comment
voyez-vous un règlement de cette question capitale pour...
M. Tellier: Le Code des professions prévoit la formation
par chaque corporation professionnelle d'un fonds d'indemnisation pour
rembourser le client des sommes qui lui ont été confiées
dans l'exercice de sa profession. Il y a un débat et cela reviendra
prochainement, je vous en donne un préavis. Actuellement, tout le
débat est à l'effet de savoir si les fonds d'indemnisation... Un
jugement de la Cour supérieure vient de sortir. Il a été
jugé qu'un fonds d'indemnisation créé par règlement
en vertu du code ne pouvait pas avoir de limite quant au montant, ce qui fait
que cela est contraire à toute la notion de fonds d'indemnisation. Le
gouvernement fixe des plafonds à ces fonds d'indemnisation quant au
montant pour chaque réclamation et quant au montant pour l'ensemble des
réclamations concernant un événement. C'est un
débat sur la question. Une chose est certaine, un fonds d'indemnisation
illimité qui inclurait en plus les conséquences civiles d'un
détournement pourrait vous amener à des sommes qui peuvent aller
jusqu'à plusieurs milliers de dollars de cotisation par membre.
Vous avez eu une expérience au Barreau de l'Alberta, il y a
quelques années, où deux avocats ont fraudé pour 7 500 000
$. Il n'y avait pas de limite à leur fonds d'indemnisation. Les
assurances ont payé 3 000 000 $. Le fonds a été
lavé et on a été obligé d'exiger une cotisation de
1500 $ ou à peu près de tous les avocats de la province.
C'était plus de 1000 $, en tout cas.
Vous avez une malchance dans une année et cela crée des
désastres au fonds d'indemnisation. Je ne suis pas sûr que les
membres de l'association sont conscients des conséquences de ce qu'on
retrouve dans l'avant-projet de loi. Cela peut les amener à des
situations incroyables.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Une
dernière question, M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Une dernière question, brièvement. Vous
avez fait référence au début à la question des
services financiers.
Hier, deux groupes ont suggéré qu'il aurait dû y
avoir une prolongation dans la loi pour permettre aux courtiers d'assurances de
transiger des services financiers à la suite du décloisonnement.
Cela a même été suggéré par le BAC. J'ai cru
présumer dans vos remarques que vous voyiez cela comme étant tout
à fait prématuré et que cela apporterait peut-être
le sens contraire, des maisons financières qui feraient du courtage
d'assurances en revanche.
M. Tellier: Je me suis mal exprimé. On n'a pas voulu
prendre position sur la question. Tout ce que l'on dit, c'est qu'au moment
où il semble qu'on va assister à un décloisonnement des
institutions financières, que, par exemple, un gérant de caisse
populaire vendra peut-être de l'assurance sur les résidences sur
lesquelles il accorde une hypothèque et qu'on va assister à une
répartition des fonctions, pourquoi se précipiter à ce
moment-ci pour amorcer une réforme de la Loi sur les courtiers
d'assurances, alors qu'on se situe mal par rapport à des choses qui s'en
viennent et qu'on ne connaît pas encore? On ne dit pas pour autant que la
situation actuelle est idéale, qu'elle n'a pas besoin d'être
réformée mais, quant à faire une réforme qu'on sera
obligé de défaire dans deux ou trois ans parce qu'il y aura du
nouveau, il vaut mieux endurer la situation avec laquelle au moins on a appris
à vivre.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. Laberge, en
conclusion.
M. Laberge: En conclusion? Très bien. Je voudrais dire
surtout que la question de M. Lincoln m'a amené à une
réflexion que j'aurais bien voulu souligner tout à l'heure et que
j'ai oublié de faire, concernant l'une des questions de M. le ministre.
Lorsqu'on a parlé de situations possibles de conflit
d'intérêts, lorsque des actions de corporations de courtiers
appartiennent à des compagnies de finance ou à des
sociétés bancaires ou quoi que ce soit, actuellement, la crainte
de certaines gens relativement à cette question que je trouve,
évidemment, fondamentale, puisque, s'il y avait conflit
d'intérêts, je serais le premier à dire que cela n'a pas de
sens et qu'il faut changer... Je suis d'avis que ce n'est pas le cas à
un point tel que, dans la Loi actuelle sur les assurances, si ma mémoire
ne me fait pas défaut, il y a déjà un article qui
prévoit l'empêchement pour tout créancier
hypothécaire, par exemple, d'imposer le choix de son courtier ou de son
assureur. Or, la grande crainte, bien sûr, c'est que si, par exemple, une
banque est propriétaire d'un cabinet de courtiers, elle oblige sa
clientèle à aller s'assurer avec ce cabinet. Pourquoi
prévoir une nouvelle loi pour se prémunir d'un tel danger qui
est
existant, alors que cette question est déjà dans la loi?
C'est juste cela que je voulais mentionner, M. le Président.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): Le temps prévu pour l'audition des
représentants de certains cabinets de courtage est écoulé
et, manifestement, il n'y a aucun signe, de part et d'autre de la table, que
d'autres questions pourraient venir de toute façon. Je remercie, au nom
de la commission, Me Tellier et les gens qui l'accompagnent de nous avoir fait
une présentation ce matin et d'avoir répondu si
complètement aux questions des collègues. Merci, messieurs.
J'appelle maintenant à la table les représentants de
l'Association des consommateurs du Québec Inc. Si l'un ou l'une des
représentants ou représentantes de l'association voulait nous
décliner ses nom et qualité et nous présenter les gens qui
l'accompagnent.
ACQ
Mme Laliberté (Nicole): D'accord. Je suis Nicole
Laliberté, responsable des communications à l'Association des
consommateurs du Québec Inc. M. Nolan Buteau, qui m'accompagne, est le
responsable du service des assurances de l'association. Mme Louise
Rivard-Plouffe est représentante de l'exécutif de
l'association.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
Je vous remercie et je vous rappelle que nous vous suggérons de
faire une présentation de votre mémoire dans la dizaine de
minutes qui suit, ou à peu près, pour précéder les
discussions qui suivront.
Mme Laliberté: D'accord. D'abord, on a tenu à faire
un état de la situation selon nos vues, selon les consommateurs. Si vous
me demandez d'être brève, je pense que je ne lirai pas tout...
C'est ce que vous me demandez, de ne pas lire tout le document...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
S'il vous plaît.
Mme Laliberté:... mais de choisir?
Disons que nous allons plutôt aller au chapitre II qui concerne la
problématique. Pour les assureurs, il s'agit essentiellement de faire
disparaître un certain nombre des conditions d'exercice des
activités d'intermédiation perçues comme
particulièrement contraignantes et nuisibles au fonctionnement efficace
du marché et au décloisonnement des activités
financières.
Le système de contrôle actuel, selon le BAC, est à
la fois coûteux, désuet et inefficace sans réussir à
atteindre l'objectif essentiel pour lequel il a été
créé: la protection du public.
Parmi ces éléments de contrainte, on signale notamment
qu'on assiste à une tendance très nette vers le
décloisonnement des fonctions financières traditionnelles et
à des regroupements d'institutions financières pour former des
groupes diversifiés; cette tendance a d'ailleurs été
consacrée par le législateur lorsqu'il a modifié la Loi
sur les assurances. Les assureurs peuvent maintenant offrir des produits
financiers de toutes sortes, mais leurs agents et les courtiers, eux, ne le
peuvent pas. (11 h 45) "Pour que le public profite des avantages susceptibles
d'être engendrés par la mise sur pied de réseaux de
distribution des produits financiers rendus possibles par les regroupements et
de la plus grande concurrence qu'ils comportent, il faudrait faire en sorte
qu'agents et courtiers puissent offrir en vente tous les produits financiers.
"Dans le même esprit, il devrait être aussi possible à
quiconque de détenir la majorité des actions d'une corporation de
courtiers d'assurances; les règles actuelles sur ce point limitent les
possibilités d'organisation des réseaux de distribution. "Enfin,
les contraintes au partage de la rétribution des intermédiaires
rendent difficile le fonctionnement efficace des réseaux de
distribution, particulièrement dans les situations de regroupement
d'institutions financières. "
Le nouveau cadre de contrôle devrait, selon le BAC, s'appuyer sur
les principes suivants; l'amélioration de la qualité des services
offerts au public en éliminant les contraintes au fonctionnement du
marché concurrentiel; la diminution des coûts du contrôle
par une déréglementation modérée; la modernisation
du cadre de contrôle en complétant pour les intermédiaires
la réforme législative commencée en 1984.
On devrait prévoir, notamment, le maintien du rôle de
l'Association des courtiers d'assurances, le contrôle exclusif par les
assureurs de la compétence et du comportement de leurs
préposés, le cumul possible d'activités de
commercialisation de produits financiers divers et l'abolition des contraintes
au partage de la rétribution et à la libre
propriété des entreprises de courtage.
L'association des courtiers s'oppose vigoureusement à ces mesures
et, notamment, à la libre propriété des cabinets de
courtiers et à l'utilisation du titre de conseiller en assurances par
d'autres que des courtiers.
Quant au premier point, l'association des courtiers dénonce le
fait que les assureurs veuillent acquérir des cabinets de courtiers tout
en continuant à se représenter comme mandataires de
l'assuré.
Les choix, à cet égard, se résument à
deux. Premièrement, on permet que soit maintenu un réseau
d'intermédiaires dont les membres se présentent exclusivement au
titre de mandataire de l'assuré. Cela a pour conséquence
l'adoption de la refonte de la loi sur les courtiers qui consiste
essentiellement à la mise en place de la mécanique pour donner
effet à ce choix. La dynamique du décloisonnement peut y
être incorporée (permis pour la corporation de courtiers) sans
difficulté, mais il n'y a aucune confusion dans l'esprit du public quant
à savoir à quelle enseigne loge le courtier (contrôle
à 51 % de la propriété de la corporation): il est
mandataire de l'assuré. Deuxièmement, on permet aux assureurs non
seulement d'acquérir le contrôle de la propriété des
cabinets de courtiers, mais aussi qu'ils s'affichent en qualité de
courtiers, présumés mandataires de l'assuré, alors qu'en
fait ils sont exclusivement mandataires des assureurs qui les possèdent.
"En d'autres termes, ajoute l'Association des courtiers en assurances, la toile
de fond sur laquelle repose la réforme du cadre de contrôle des
intermédiaires d'assurances (incluant la refonte de la loi sur les
courtiers) est composée d'intérêts qui, d'apparence, sont
conflictuels. "Ces intérêts s'articulent, d'une part, à
partir des aspirations manifestées par les assureurs et assumées
par l'inspecteur général et la Direction générale
des assurances. Ces aspirations tendent à permettre aux assureurs de
dommages de constituer, comme cela existe pour les assureurs de personnes, un
réseau captif et exclusif de distribution par l'acquisition de cabinets
de courtiers, tout en laissant présumer par le public qu'il fait
affaires avec le mandataire qui agit au nom de l'assuré. "Ils
s'articulent, d'autre part, à partir des propositions de l'association
des courtiers qui veut le maintien d'un réseau d'intermédiaires
qui ait à la fois les obligations et les responsabilités
liées à sa qualité de mandataire de l'assuré. "
Maintenant, les préoccupations des consommateurs. Pour le
consommateur, le problème se pose très concrètement de la
façon suivante: Les consommateurs veulent, comme pour toute autre
catégorie de produits ou services, avoir accès à une gamme
complète et variée de produits financiers de qualité,
adaptés à leurs besoins sans cesse changeants et ce, au meilleur
prix possible.
Les produits financiers ont ceci de particulier qu'ils sont susceptibles
de compromettre la santé et la sécurité financières
des particuliers. Les sinistrés de la Northumberland, qui ne seront
probablement jamais totalement indemnisés pour les pertes subies
à l'occasion d'un sinistre contre lequel ils s'étaient
assurés auprès de cette compagnie, ont appris à leurs
dépens, et avec amertume, que la solvabilité de l'assureur avec
lequel ils contractent est un élément essentiel dans le choix
d'un assureur, même s'il existe par ailleurs un organisme gouvernemental
dont la fonction première est précisément celle de
protéger le public contre toute telle éventualité.
Le courtier avec lequel les clients de la Northumberland ont fait
affaires n'avait-il pas l'obligation d'évaluer, quant à lui, la
solvabilité de cette compagnie d'assurances et de maintenir à
jour toutes les informations disponibles à cet égard?
Nous savons tous que le cabinet de courtiers en question agissait,
à toutes fins utiles, à titre de courtier exclusif pour la
Northumberland et qu'à ce titre il avait ou devait avoir accès
à des informations privilégiées. Le nier
n'équivaut-il pas pour le courtier à admettre sa
négligence dans l'accomplissement de son mandat?
Qu'en serait-il maintenant si la majorité des cabinets de
courtiers appartenait à des compagnies d'assurances? À qui le
consommateur pourrait-il faire confiance? À quel spécialiste
pourrait-il s'adresser pour évaluer non seulement ses besoins, mais les
produits offerts sur le marché? Pour le consommateur, en
conséquence, l'avant-projet de loi pose tout le problème de la
définition de la notion de courtage et du rôle du courtier. Quels
sont les services qu'il me rend? Ces services sont-ils essentiels ou simplement
commodes? Valent-ils le prix qu'ils me coûtent? Ai-je besoin de
protection en matière d'assurances? Contre qui, contre quoi?
L'encadrement du système actuel des intermédiaires me
protège-t-il vraiment et, sinon, quelles sont les mesures
appropriées pour accroître cette protection?
Un sondage maison effectué tout récemment auprès de
nos membres révèle que la majorité d'entre eux utilise les
services d'un courtier pour l'assurance et que la très grande
majorité d'entre eux se déclarent satisfaits des services obtenus
du courtier.
Le consommateur s'attend que le courtier, dans l'exercice de son mandat,
analyse ses besoins; évalue les produits financiers offerts sur le
marché, évalue la performance et la solvabilité des
producteurs de produits financiers, le conseille, l'informe et lui fasse les
recommandations appropriées; le représente auprès de
l'assureur et l'assiste, le cas échéant, dans le règlement
d'un sinistre; agisse généralement pour et en son nom et dans son
propre intérêt.
En fait, le travail du courtier se compare à celui du pharmacien
ou de l'optométriste. Dans un cas comme dans l'autre,
l'intermédiaire qu'est le courtier ne fait pas que vendre un produit, il
conseille le client et s'assure que le produit corresponde
exactement à ses besoins.
En d'autres termes, le courtier devrait se préoccuper de la
santé financière de son client, comme le professionnel de la
santé se préoccupe de la santé physique ou mentale de son
patient. La santé financière des Québécois
serait-elle moins importante que leur santé physique?
Vu sous cet angle, un consommateur s'attend à retrouver dans un
cabinet de courtiers un mini-centre professionnel regroupant sous un même
toit, à la fois des conseillers en assurance qualifiés pour
informer, conseiller, analyser, évaluer, recommander, assister,
représenter le consommateur et, d'autre part, une gamme complète
et variée de produits d'assurance dont la qualité, le coût
peuvent varier et pour lesquels d'autres critères, comme la
solvabilité de l'assureur, la rapidité avec laquelle il indemnise
l'assuré en cas de sinistre, etc., entrent en ligne de compte dans le
choix du produit recherché.
Dans ce contexte, doit-on réduire la fonction, le rôle et
la responsabilité du courtier? Doit-on réduire son
indépendance à l'égard des assureurs et autres
intervenants du milieu (experts en sinistre, etc. )? Doit-on permettre qu'il
évolue dans un cadre offrant de réelles occasions de conflit
d'intérêts?
Ne doit-on pas, tout au contraire, revaloriser son rôle et sa
fonction, accroître ses responsabilités, accroître aussi son
indépendance à l'égard des assureurs et éliminer
tout conflit d'intérêts potentiel? En d'autres termes, doit-on
faire du courtier un véritable professionnel de l'assurance, mandataire
de l'assuré, et n'ayant de compte à rendre qu'à
celui-ci?
Entre un courtier en assurance-vie et en assurance
générale et un courtier en valeurs mobilières ou en
immeuble, il existe une fonction essentielle identique: c'est celle du
courtage. "En magasinant pour son client, en recherchant le meilleur tarif pour
le meilleur produit, le courtier joue un rôle indispensable, de plus en
plus recherché par la clientèle. "C'est donc autour de la
fonction de courtage que vont s'articuler les nouveaux réseaux de
distribution des produits financiers. On risque donc assez peu de retrouver
sous un même toit une banque, une fiducie, une compagnie d'assurances et
un courtier en valeurs mobilières. Mais on risque fort de retrouver
bientôt réunis dans une même bâtisse un courtier en
immeuble, un courtier en valeurs mobilières, un courtier d'assurance
générale et un courtier d'assurance-vie. Chacun sera relié
par informatique avec un certain nombre de producteurs de services financiers
dans son domaine et la clientèle trouvera auprès de ce groupe de
courtiers tous les services disponibles en courtage. "Mais, aujourd'hui, la
clientèle veut également profiter des meilleures conditions
d'achat de produits financiers. Elle s'adresse donc au courtier en qui elle
retrouve des gens compétents dans leurs différents domaines,
près des besoins des consommateurs, donnant un service
personnalisé à un coût raisonnable, indépendant des
différents fournisseurs et, donc, crédible aux yeux de
l'acheteur. "L'affirmation selon laquelle on verra apparaître des
conseillers financiers polyvalents et omniscients apparaît farfelue et
irréaliste. Cependant, au niveau de la distribution des services
financiers, on pourra voir se développer un réseau de
distribution au détail plus diversifié. "
Dans cette page-là, on fait allusion un peu aux propositions du
BAC contre nos propositions à nous et on cite des prises de position ni
plus ni moins de différentes associations. Je pense que j'aimerais
plutôt vous laisser sauter aux conclusions et recommandations de
l'association, s'il vous plaît.
Quant à nous, de l'Association des consommateurs du Québec
Inc., nous privilégions: une revalorisation du rôle du courtier;
une indépendance accrue du courtier à l'égard des
assureurs et une responsabilisation du courtier.
À notre point de vue, il faut redéfinir le rôle du
courtier. La loi en donne actuellement une définition descriptive
plutôt que normative. Le courtier est l'agent qui fait affaires avec plus
d'une compagnie d'assurances; qui émet des polices et perçoit des
primes et c'est celui qui conseille et assiste le consommateur dans le
règlement d'un sinistre.
N'est-ce pas là une description un peu sommaire du rôle, de
la fonction et des responsabilités du courtier? N'y aurait-il pas lieu
d'abord d'ajouter au critère du nombre de compagnies avec lesquelles un
courtier fait affaires d'autres normes correspondant mieux à la
conception qu'on se fait de son rôle et de ses fonctions, notamment, son
indépendance justement à l'égard de l'assureur, sa
compétence, ses qualifications et son statut de mandataire de
l'assuré? Même si le courtier est effectivement mandataire des
deux parties, la loi ne devrait-elle pas indiquer clairement que le courtier
est d'abord et avant tout mandataire de l'assuré?
À l'Association des consommateurs du Québec, nous croyons
que cette réforme devrait s'inspirer des principes suivants: 1.
Accroître la protection du public dans le secteur financier en maintenant
un réseau d'intermédiaires qualifiés et responsables pour
assister les consommateurs dans ce domaine; 2. Maintenir la confiance du public
dans nos institutions financières en renforçant
l'indépendance de ce réseau d'intermédiaires
à l'égard des assureurs et des autres professionnels du milieu;
3. Accroître la concurrence dans ce secteur pour améliorer la
qualité des produits et des services offerts au public en obligeant les
courtiers d'assurances à faire affaires avec au moins dix compagnies
d'assurances pour avoir le droit de porter le titre de courtier; 4.
Réduire les coûts des contrôles dans ce secteur en
responsabilisant les courtiers.
En conséquence, l'Association des consommateurs du Québec
fait les recommandations suivantes:
I. Que la notion, le rôle, les fonctions et les
responsabilités du courtier en assurances soient redéfinis pour
intégrer les éléments suivants: a) l'obligation de faire
affaires avec au moins dix assureurs; b) l'obligation pour le courtier
d'analyser les besoins de son client et d'évaluer les produits offerts
sur le marché; c) l'obligation pour le courtier d'évaluer la
performance et la solvabilité des assureurs avec lesquels il fait
affaires; d) l'obligation pour le courtier d'informer son client, de le
conseiller et de lui faire les recommandations appropriées; e)
l'obligation pour le courtier de le représenter auprès des
assureurs, de réaliser la transaction et de percevoir les primes, de
fournir au consommateur toute l'assistance requise dans le règlement
d'un sinistre; f) l'obligation pour le courtier d'avoir la compétence et
les qualifications requises pour exercer cette fonction; g) l'obligation pour
le courtier d'appartenir à une association professionnelle regroupant
tous les courtiers en assurances; h) l'obligation pour le courtier d'offrir
toutes les garanties raisonnables d'honnêteté et de probité
requises; i) l'obligation pour le courtier d'être totalement
indépendant des assureurs et des autres intervenants du secteur de
l'assurance; j) l'obligation pour le courtier d'être en toutes
circonstances le mandataire de l'assuré, sauf sa capacité de lier
l'assureur et de percevoir les primes au nom de ce même assureur;
II. Que le courtier soit tenu de fournir à son client, par
écrit, chaque fois qu'il pose un acte à titre de mandataire de
l'assuré, un rapport écrit attestant les démarches faites
pour le client, les résultats obtenus et les motifs pour lesquels il
recommande au client tel ou tel produit plutôt que tel ou tel autre,
selon des critères uniformes et en utilisant une formule
appropriée;
III. Que le courtier soit responsable envers son client de toute perte
monétaire résultant de la faillite, déconfiture ou
insolvabilité de l'assureur auprès duquel il a placé un
risque pour son client pour une période de trois mois à compter
de la date du placement du risque et que cette période soit
prolongée à douze mois lorsque preuve est faite que ce courtier
ne traitait pas à distance avec l'assureur;
IV. L'Association des consommateurs du Québec appuie la
proposition contenue dans l'avant-projet de loi concernant la restructuration
de la Corporation des courtiers en assurances et la création des divers
comités qui y sont prévus;
V. L'Association des consommateurs du Québec appuie l'idée
d'un fonds d'indemnisation pour protéger les consommateurs dans les cas
d'actes dérogatoires posés par un courtier et demande que la
création de ce fonds soit obligatoire et non pas facultative;
VI. L'Association des consommateurs du Québec est en
désaccord avec la proposition voulant qu'une corporation puisse porter
le titre de courtier et devenir membre de l'Association des courtiers
d'assurances;
VII. L'Association des consommateurs du Québec suggère
cependant que les courtiers soient autorisés à se regrouper au
sein d'une corporation à condition que cette corporation soit
conjointement et solidairement responsable avec. le courtier envers ses
clients;
VIII. L'Association des consommateurs du Québec est d'accord avec
la proposition voulant que l'Inspecteur général des institutions
financières dispose de tous les pouvoirs requis pour surveiller et
contrôler la corporation des courtiers en assurances.
C'est l'essentiel.
Le Président (M. Lachance): Merci, Mme Laliberté.
M. le ministre. (12 heures)
M. Duhaime: Merci, Mme Laliberté. Votre mémoire
appuie, d'une façon générale, le contenu de l'avant-projet
de loi, sauf que vous avez un point majeur de désaccord à la page
20, paragraphe 6, où vous vous dites en désaccord avec la
proposition en ce sens qu'une corporation puisse porter le titre de "courtier"
et devenir membre de l'Association des courtiers d'assurances. Vous soulignez
que vous privilégiez la revalorisation du rôle du courtier avec
des objectifs beaucoup plus poussés que ce que nous avons eu
jusqu'à présent dans nos lois.
D'abord, laissez-moi vous remercier de nous avoir présenté
ce mémoire. J'aurais, quant à moi, quelques courtes questions
à poser. Tout à l'heure, j'imagine que vous avez assisté
à l'échange de propos qui a eu lieu où on a fait une
distinction entre le cadre institutionnel, à l'intérieur duquel
s'exerce la fonction de courtier d'assurances, soit dans un cabinet de
courtiers d'assurances de petite taille ou de taille moyenne ou, encore, dans
un grand bureau corporatif, et l'acte professionnel du courtier qui consiste
à
conseiller et à placer un risque, à faire émettre
une police et à obtenir une prime et, ensuite, sa
rémunération et, s'il y a un sinistre, à conseiller en
gestion du risque.
Vous posez comme principe: les courtiers d'assurances, c'est une
fonction nécessaire à être exercée par des personnes
qualifiées et vous êtes en désaccord formel -je vais me
reporter à votre mémoire - avec la proposition du BAC - le Bureau
des assurances du Canada - à l'effet de permettre aux compagnies
d'assurances de se porter acquéreurs des cabinets de courtiers.
Vous dites, à toutes fins utiles, que cela veut dire la
disparition du courtier...
Mme Laliberté: Tel qu'on le voit...
M. Duhaime: Je suis passablement d'accord avec vous que cela
pourrait entraîner la disparition du courtier d'assurances au sens
où on l'a connu jusqu'à maintenant dans les définitions de
nos lois. Mais ma question ne portera pas là-dessus. Si l'acte
professionnel du courtier est bien régi, peu importe, par l'organisme,
la question de la propriété, pour vous, est-ce que cela met en
cause l'intérêt public? Dans l'affirmative, je voudrais que vous
nous disiez de quelle manière vous voyez les choses, à cet
égard.
Mme Laliberté: Je vais laisser M. Buteau répondre
à cette question.
M. Buteau (Nolan): Ce qui a attiré notre attention sur ce
sujet, c'est que par le décloisonnement des institutions
financières, pourraient se retrouver, éventuellement, des bureaux
de courtiers possédés en entier par un nombre limité de
certains géants financiers qui contrôleraient certaines compagnies
d'assurances qui ne feraient affaires qu'avec ce bureau et elles ne seraient
pas ouvertes à d'autres bureaux de courtiers.
Cela rendrait la concurrence limitée et cela limiterait le
courtier de quartier. On a encore besoin de ce courtier dans ses
possibilités de faire affaires avec ces assureurs. C'est dans ce sens
qu'on a voulu protéger ou amener une certaine protection au public.
M. Duhaime; Si je comprends bien, vous n'êtes pas en
désaccord sur le principe. C'est plus une question de modalités.
Je veux juste savoir exactement où vous êtes positionnés.
Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que, oui, les compagnies
d'assurances pourraient acheter des bureaux de courtiers à la condition
qu'elles fassent affaires avec plus de deux, trois, quatre, cinq ou dix
assureurs?
Mme Laliberté: Non, parce que quand on demande de
responsabiliser le courtier, par exemple, on veut que le courtier soit
responsable de ce qu'il vend, mais on veut aussi que cela ne le rende pas
limité à une ou deux compagnies d'assurances et qu'il se dise:
Cette compagnie, c'est la meilleure, je vais prendre celle-là et je
n'aurai pas de problème avec elle. On veut qu'il nous fasse du
magasinage. On veut que les primes restent, qu'il demeure une certaine
concurrence et qu'on ait le choix entre des produits. Si les compagnies de
courtage sont les propriétés d'une compagnie d'assurances, on
voit très mal comment un courtier peut nous offrir une grande
concurrence.
En plus, on demande au courtier de prendre en charge la demande du
sinistré, c'est-à-dire d'être le mandataire jusquau bout.
Présentement, il l'est pour vendre une prime, pour une assurance, mais
quand arrive le cas des sinistres, c'est volontaire. S'il veut bien nous aider
dans le règlement de notre sinistre, il le fait et s'il ne le veut pas,
il n'est pas responsable du fait que la compagnie va décider de payer ou
pas.
Ce qu'on demande, c'est que maintenant le courtier aille jusqu'au bout,
c'est-à-dire qu'il soit vraiment notre mandataire. Quand il s'agit de
faire une réclamation à la compagnie d'assurances, que lui
s'implique en notre nom et non pas au nom de l'assureur. Si la compagnie
d'assurances possède son bureau de courtage, il sera très mal
placé pour aller défendre les intérêts du
consommateur, surtout quand il s'agit de réclamation. On ne voit pas
comment un rôle de courtier, qui devient vraiment mandataire de
l'assuré, avec des responsabilités, peut être la
propriété d'une compagnie d'assurances. Il y a conflit
d'intérêts; pour les consommateurs, ce serait vraiment une perte
de confiance en la fonction de courtier. Ils se diraient: Écoute, ils
sont tous ensemble, et quand il s'agit de défendre mon cas, il va voir
son patron. Je pense que, pour nous, c'est inacceptable, il faut que les
bureaux de courtage restent indépendants.
Quand on a fait un sondage, les gens nous ont dit: Oui, les courtiers,
on trouve ça commode. Il faut bien faire la différence entre
"commode" et "important". C'est commode parce que ça nous empêche
de passer par trois, quatre, cinq ou six compagnies d'assurances. Mais il y
avait aussi cette réserve: ils sentaient qu'il fallait qu'on leur offre
un marché plus grand et qu'ils s'assurent que le courtier est
indépendant. Il ne leur vend pas une prime d'une compagnie d'assurances
parce qu'il reçoit plus de commission de celle-là ou d'une autre,
mais parce que leurs besoins sont de cette façon comblés avec
compétence.
Les consommateurs veulent des courtiers, mais pas à n'importe
quelle condition. Ils veulent que ça passe de commode à un
service professionnel.
M. Duhaime: J'aurais une dernière question, Mme
Laliberté. À l'Association des consommateurs du Québec
Inc., est-ce que vous recevez des plaintes du public... d'une façon
générale? Sans identifier qui est le plaignant et contre qui la
plainte pourrait être portée, mais d'une façon
générale, sur quoi portent les griefs? Est-ce que vous avez un
échantillonnage de ça? Quel est le principal clou
là-dedans? J'aimerais avoir un peu de détails.
Mme Laliberté: M. Buteau est responsable du centre
d'information en assurances. C'est lui qui les reçoit.
M. Buteau: On reçoit surtout des plaintes dans
l'interprétation des contrats d'assurance, finalement, lorsqu'il y a
sinistre. Les gens sont tout surpris d'apprendre qu'ils ont ou qu'ils n'ont pas
telle ou telle protection, que telle ou telle clause faisait en sorte que dans
telle ou telle condition, telle ou telle protection ne s'applique pas; que,
finalement, on demande peut-être à son courtier d'intervenir dans
un règlement de sinistre auprès de l'assureur pour finalement se
diriger vers une association, un regroupement de consommateurs qui n'est pas du
tout en conflit d'intérêts et qui n'est pas captif de l'industrie,
comme semblent le constater les consommateurs qui ont des problèmes de
réclamation où, finalement, on obtient cette collaboration dans
une certaine médiation à obtenir, pour des consommateurs, des
règlements équitables.
Je voudrais vous signaler, par exemple, qu'une voiture de 10 000 $ ou 20
000 $ serait reconnue perte totale et que, via le courtier et l'expert en
sinistres, on ne veut pas reculer. Pourtant, l'expert carrossier, avec son
client, l'assuré en question ou le consommateur, est en mesure de faire
une réparation qui ferait en sorte que le véhicule ne serait pas
tout à fait une perte totale. Le litige porte tout simplement sur
l'interprétation de la perte totale par un assureur en règlement
de sinistre qui transmet cette information au courtier qui, lui, la transmet
à l'assuré. Finalement, on revient à notre association,
à notre service, pour découvrir qu'il y a possibilité de
réparation et que l'assureur, oui effectivement, sur certaines preuves,
va faire effectuer les travaux.
Mme Laliberté: Je voudrais seulement ajouter qu'il est
important pour un consommateur d'avoir une auto remise à neuf, de ne pas
avoir à réinvestir dans une autre auto. Souvent, il n'en a pas
les moyens ou c'est difficile pour lui. Donc, si on peut faire réparer
l'auto et la remettre en état sécuritaire sur la route, pour lui,
cela veut dire beaucoup, cela veut dire quelques milliers de dollars et c'est
important pour lui. Je ne me trompe pas?
M. Duhaime: En fait, vous avez donné deux exemples: le
premier porte davantage sur la rédaction des textes des polices
d'assurance et leur interprétation; le deuxième est un cas de
règlement. Dans la pratique, c'est davantage les agents de sinistres,
qu'on appelait autrefois les agents de réclamation, "claim agent", pour
employer un bon anglicisme... À votre association des consommateurs,
dans l'état actuel des choses, recevez-vous des plaintes quant à
la manière dont les courtiers exercent leur métier d'une
façon générale, parce que la loi ou les règlements
seraient déficients?
M. Buteau: La plainte majeure...
M. Duhaime: À cause de cette situation-là?
M. Buteau: La plainte majeure qu'on a reçue
dernièrement est à savoir que le public a presque totalement
perdu confiance à la suite de la déconfiture de la
Northumberland. On sait très bien que ce sont des gens qui faisaient
affaires avec un courtier qui, lui, avait un contrat d'agence exclusif avec un
assureur. Cela a remis en question le rôle du courtier et des
assurés. La plainte démontre qu'il n'y a pas assez de
réglementation qui rende responsable le courtier dans le cas d'un
placement d'assurances ou lorsque je confie mon patrimoine entier à un
courtier et que je m'aperçois finalement que, lui, qui a des
informations privilégiées, n'a pas été en mesure de
savoir qu'il y avait une possibilité de déconfiture de la
compagnie où il plaçait mon patrimoine. Finalement, la compagnie
faisant faillite, à qui vais-je faire confiance? Donc, c'est une
question de réglementation qui a été mise sur la place
publique via la déconfiture de la dernière compagnie
d'assurances. C'est la plainte majeure à savoir que la
réglementation n'est pas assez... L'information peut-être ne se
rend pas non plus facilement au courtier actuellement. Le courtier peut-il
avoir facilement accès à l'inspection des compagnies
d'assurances? On se le demande.
M. Duhaime: Dans vos conclusions, à la page 17 au point 2, vous
mentionnez une indépendance accrue du courtier à l'égard
des assureurs et à la page 20, III, un peu plus loin, à la
toute fin: En conséquence, l'association fait la recommandation
suivante: "Que le courtier soit responsable envers son client de toute perte
monétaire résultant de la faillite, déconfiture ou
insolvabilité de l'assureur auprès duquel il a placé un
risque, etc. " Cela rejoint un peu la suggestion que vous venez de faire. Si
vous voulez mon sentiment, je peux réagir tout de suite
là-dessus. D'abord, il me paraît y avoir un peu
une contradiction parce que vous dites: Une indépendance accrue
du courtier à l'égard des assureurs et, ensuite, vous proposez de
lier le courtier en responsabilité s'il y avait insolvabilité
pour une période de trois mois, même jusqu'à douze mois. Si
vous prenez les événements récents de Commercial Bank, je
connais pas mal de monde qui en avait confiance, d'autres qui n'avaient pas
confiance, mais qui ont dit qu'ils en avaient confiance et vous pouvez avoir
aussi toute espèce de phase autour de cela. Si on introduisait cela dans
une loi, de tenir les courtiers d'assurances responsables des pertes
monétaires résultant de la faillite ou de la déconfiture,
j'ai l'impression qu'il y aurait un bon vacuum sur le marché le
lendemain matin. Je comprends parfaitement l'objectif qui est visé. Vous
voulez un maximum de protection pour le public, mais je ne sais pas, ma
première réaction, c'est que cela me paraît peut-être
excessif. (12 h 15)
M. Buteau: Est-ce que je peux amener juste une petite
parenthèse?
M. Duhaime: Oui.
M. Buteau: Dans ce cas-là, on tient à ce que le
courtier - pour ce qui est du deuxième paragraphe, le point no 3, que le
courtier soit responsable envers son client -soit responsable parce qu'on
prétend ou on présuppose que le courtier devrait être
informé en tout temps, s'il le veut bien du statut financier de quelque
assureur avec qui il transige. On se demande... là-dessus, on a eu des
appels a savoir que c'est très difficile pour le courtier de quartier,
en tout cas, d'obtenir l'information récente sur le statut financier de
tel ou tel assureur. On sait, par exemple, que c'est le rôle de
l'inspecteur général des assurances et qu'il a un bureau
d'inspection. Est-ce que l'inspection est disponible et, si elle était
disponible, si une compagnie d'assurances est, en quelque sorte, un peu en
réhabilitation parce qu'elle a eu certaines difficultés
dernièrement et si les courtiers responsables savaient cela,
continueraient-ils à placer des risques dans cette compagnie et, n'en
plaçant pas, est-ce que cette compagnie n'irait pas réellement en
déconfiture? C'est ce point qu'on sous-entend dans la question de la
protection.
M. Duhaime: Cela va. Je vous remercie. Je comprends bien votre
point de vue.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II nous reste combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lachance): Nor- malement, nous pourrions
aller jusqu'à 12 h 45.
M. Scowen: Bon! Parce que...
Le Président (M. Lachance): Si on calcule le temps qui a
été imparti à ce groupe, la période d'une heure, il
resterait...
M. Scowen: 45.
Le Président (M. Lachance): 40.
M. Scowen: Parce que j'ai quelques questions et mon
collègue de Saguenay en a. Je ne sais pas si... D'accord. Je vais
essayer d'être bref. La première chose que je vais dire, c'est que
le ministre, au début de ses commentaires, a dit qu'il trouve que
l'Association des consommateurs est en accord avec le projet de loi, en
général. Je pense qu'il a droit à ses illusions, mais je
trouve que certains éléments du mémoire contredisent le
projet de loi et vont au fond de la question. Je pense que s'il croit vraiment
qu'elle est d'accord, il y a quelque chose qui ne marche pas. Si je comprends
l'Association des consommateurs, elle veut que le rôle du courtier soit
un rôle indépendant, un rôle clairement indépendant,
et qu'il soit mandataire du consommateur. Nous sommes très loin de cette
idée dans le projet de loi que vous avez déposé. Je ne dis
pas qu'ils ont raison, mais regardez un peu le fond de leurs revendications.
Ils acceptent, je pense, l'idée que l'on doit avoir droit, qu'une
compagnie d'assurances ait le droit d'avoir ses propres vendeurs pour vendre
ses produits, s'ils le veulent. Si Allstate ou Belair veut vendre un produit et
que la personne veut s'annoncer comme un vendeur de Belair et que le
consommateur en soit averti, tant mieux; c'est une façon valable pour
vendre ou acheter de l'assurance. Mais on dit qu'il y a une autre
catégorie de consommateurs - probablement la majorité aujourd'hui
au Québec, dont je suis - qui préfère transiger avec un
courtier. Encore une fois, on est placé devant la question de savoir ce
qu'est un courtier.
D'après l'association, c'est quelqu'un qui n'est aucunement
rattaché à une compagnie d'assurances du Québec ou de
l'extérieur, directement ou indirectement.
À titre d'exemple, la suggestion qui a été faite
hier à savoir qu'on fait la dénonciation ou que l'on publicise
l'affiliation: Je suis courtier, mais mon cabinet fait partie à 51 % du
groupe La Laurentienne. On ne veut pas cela. On ne veut même pas que les
cabinets de courtage puissent s'associer à une organisation
internationale derrière laquelle il peut y avoir ce cabinet de courtage
une compagnie d'assurances captive qu'ils utilisent. Ils citent l'exemple de
Northumberland et Marsh &
McLennan. Si je comprends bien, on dit que cela doit être
empêché. Ils vont aussi plus loin. Ils disent qu'on doit obliger
tous les courtiers de faire affaires avec au moins dix assureurs. On ne dit pas
si ce sont dix par produit ou dix au total.
M. Buteau: Par produit.
M. Scowen: Dix par produit, c'est une commande. Il n'est pas
prévu dans le projet de loi que les courtiers de la compagnie Meloche ou
les courtiers dans une région du Québec seraient obligés
de donner une liste de dix assureurs avec lesquels ils font affaires pour
chacun de ces produits; non seulement cela, mais obligés de faire un
rapport au consommateur, à chaque fois qu'ils recommandent tel un ou tel
autre, pour prouver, sur un formulaire prescrit par l'inspecteur
général, j'imagine qui va détailler la liste des dix qui
ont été examinés et consultés et qui va donner les
raisons pour lesquelles ils ont choisi le numéro 7 ou le numéro
8.
Ce n'est pas la conception du courtier que l'on voit dans le projet de
loi aujourd'hui: "Mandataire du consommateur, libre de toute affiliation
visible ou cachée avec tout assureur, direct ou indirect... " Voyons!
Qu'on empêche... Vous avez soulevé le point 6 à la page 20:
"L'Association des consommateurs du Québec est en désaccord avec
la proposition à l'effet qu'une corporation puisse porter le titre de
courtier... " Il n'est pas question que Parizeau, Meloche, Reed, Stenhouse
soient membres ou courtiers. C'est une définition d'un courtier qui est
peut-être valable mais qui est très loin de celle que l'on
retrouve dans le projet de loi. J'ai fait un discours et en guise de question
je veux vous demander si mon interprétation de ce que vous avez dit est
juste ou si j'exagère.
Mme Laliberté: C'est bien. Quand on parle d'une
redéfinition du rôle de courtier, c'est parce que la
définition actuelle ne nous satisfait pas et parce que les obligations
actuelles du courtier non plus ne nous satisfont pas. C'est une question de
confiance, question de dire: Bon, je fais affaires avec un courtier. Comme je
vous l'ai dit tout à l'heure, c'est toujours le même
problème. Est-ce que c'est seulement commode ou si c'est vraiment un
acte professionnel, si c'est un professionnel avec qui on fait affaires?
Pour que ce soit vraiment pour nous un professionnel avec qui on fait
affaires, je pense que les conditions que nous énonçons ici sont
essentielles, c'est-à-dire qu'il nous offre un éventail de
produits, qu'il soit responsable pour nous jusqu'à la
réclamation, en fait, un service vraiment professionnel, ce qui n'existe
pas présentement. Présentement, quand il est question de
réclamation, par exemple, il le fait volontairement, ce n'est pas un
service qu'il nous vend. C'est-à-dire que, pour nous les consommateurs,
s'il vient nous vendre de l'assurance, il faut qu'il remplisse toutes les
promesses d'intégrité, de garantie, de solvabilité que
l'on exige de lui, sinon... À un moment donné, on s'est dit:
Pourquoi un courtier? Tout le monde avait la même chose alors,
pourquoi?
M. Scowen: Oui.
M. Buteau: Je voudrais ajouter un petit détail. Pour
arriver à tout cela, il faut absolument qu'un courtier, de par son
statut professionnel, ne soit pas captif; il doit être libre dans sa
profession.
M. Scowen: Si je comprends bien, M. le ministre, l'Association
des consommateurs a regardé votre projet de loi sous l'angle du
consommateur et elle s'est posée la question: Est-ce un projet de loi
qui vise à la protection du consommateur? La réponse à
laquelle elle est arrivée est non. Et vous avez dit, il y a quelques
minutes, que vous êtes d'accord avec elle. J'espère que vous allez
changer, si vous êtes vraiment d'accord, si la protection du consommateur
est vraiment votre souci principal dans cette affaire. On aura des changements,
si vous êtes d'accord avec ce groupe.
M. Duhaime: Je ne sais pas, M. le député, j'ai dit
tantôt qu'il me semblait, à la lecture du mémoire de
l'Association des consommateurs, que d'une façon générale
il y avait un accord, sauf que sur quelques-uns des points particuliers, de
toute évidence, l'Association des consommateurs voudrait aller beaucoup
plus loin que ce que contient l'avant-projet de loi, si je comprends bien. On
fait signe de la tête que oui. Ne me faites pas dire des choses que je
n'ai pas dites.
M. Scowen: Je pense que le député de Saguenay a une
question.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Mme Laliberté,
dans les recommandations que vous faites aux pages 18, 19 et 20, c'est
peut-être un petit peu là-dessus, à quelques points
précis, que j'aimerais m'attarder. Dans vos enquêtes ou dans votre
sondage maison comme vous dites, est-ce qu'on a reconnu une certaine
compétence au courtier? Est-ce que quelqu'un vous a dit que le courtier
était une personne compétente pour conseiller quelqu'un en
matière d'assurances?
Mme Laliberté: II y a toujours eu un
petit "oui, mais. " Donc, cela n'a jamais été aussi
radical. À l'association, nous avons des membres qui sont un peu plus
avertis. Donc, eux-mêmes posaient les questions. On leur demandait:
Est-ce ton courtier qui t'a dit telle ou telle chose? Ils nous disent: C'est
moi qui lui ai demandé. C'est pourquoi on ne fait pas très grand
état de notre sondage. Il était fait plutôt chez des gens
avertis. On s'est dit qu'on ne pourrait pas tellement l'utiliser parce qu'il
n'est pas représentatif de toute la population, mais de consommateurs
qui font du magasinage. Dans le même sondage, les consommateurs qui
avaient exigé de leur courtier de faire du magasinage ont obtenu des
réductions de prix par rapport à la première offre de leur
courtier. C'est pourquoi ils disent que c'est commode parce qu'ils savent s'en
servir, mais je ne crois pas que ce soit le cas de la majorité des
gens.
M. Maltais: D'accord. Est-ce qu'on a fait une certaine
différence entre le courtier d'assurances qu'on connaît
aujourd'hui et l'agent captif, le représentant de Allstate, de Wawanesa
ou de Bélair? Dans votre enquête, est-ce qu'on a bien fait la
différence entre le courtier et l'agent d'assurances?
M. Buteau: Là-dessus, on retrouve, par exemple, que
l'agent captif ou les compagnies d'assurances qui ne font pas affaires avec des
courtiers sont surtout spécialisées dans le cas des consommateurs
qui nous concernent, dans le magasinage d'assurance automobile. À ce
moment-là, on a perçu certains consommateurs avertis, encore
là, qui ont su faire un magasinage aux deux endroits pour s'apercevoir
que le service était aussi valable si on s'assurait par le biais d'un
agent captif ou une compagnie qui ne fait pas affaires avec des courtiers. On
obtenait autant de services que par le biais d'un courtier dans le cas de
l'assurance automobile. C'est ce qui en est ressorti. Dans l'ensemble, on n'a
pas nécessairement d'avantage ou de désavantage à...
M. Maltais: Alors, à part ce consommateur averti, celui
que vous avez interviewé, comment en arrivez-vous à la conclusion
que l'ensemble des consommateurs préférerait, par exemple, qu'un
courtier ait recours à dix compagnies dans l'automobile, alors que le
même consommateur se trouve très satisfait de faire affaires avec
une compagnie qui offre un produit?
Mme Laliberté: Non, il a fait affaires directement avec la
compagnie, mais pas avec une seule, avec plusieurs compagnies. Votre question
est à savoir comment on en est venu à la conclusion que le
consommateur voulait...
M. Maltais: Ce consommateur était très satisfait
d'avoir fait affaires avec Allstate -je prends Allstate comme exemple - qui
offre un produit à différentes catégories, alors que vous
dites que, normalement, le courtier devrait faire affaires avec dix compagnies
dans l'automobile.
M. Buteau: Par le biais du décloisonnement des
institutions financières, on veut que le courtier puisse offrir les
produits d'assurance qu'il veut bien offrir, en toute indépendance, en
vertu de son statut professionnel. C'est dans ce sens qu'on a apporté
cet argument.
M. Maltais: Est-ce que, par exemple, dans votre association, vous
vous êtes posé la question: Comment se fait-il que tel courtier
représente quatre, cinq, six compagnies plutôt que sept, huit, ou
les cinquante autres qui existent?
M. Buteau: C'est qu'on a décelé un certain niveau
de protectionnisme de la part de certains assureurs qui veulent se
spécialiser avec des grosses corporations de courtage et ne pas avoir
à transiger nécessairement avec des petits courtiers de quartier.
On considère qu'il est très important pour les consommateurs en
général d'avoir accès à des bureaux de courtiers de
quartier qui peuvent offrir le même service et même plus, parce
qu'il sera personnalisé. Parler de toute corporation de courtage,
là, il y a une question de concurrence. Si la grosse corporation de
courtage a centralisé avec elle les meilleurs compétiteurs du
monde de l'assurance au niveau de la tarification et des protections, à
ce moment, il y a certains monopoles possibles et éventuels qui
pourraient même s'accentuer par le décloisonnement des
institutions financières. Afin de protéger les consommateurs, on
a présenté cet élément d'au moins dix compagnies et
qu'il faudrait peut-être obliger l'industrie à s'ouvrir à
ces courtiers. (12 h 30)
M. Maltais: D'accord. Dans la recommandation f, vous dites:
L'obligation pour le courtier d'avoir la compétence et les
qualifications requises pour exercer cette fonction. Au Québec, il y a
deux groupes qui émettent des permis de droit de pratique. Il y a
l'inspecteur général des assurances et la Corporation des
courtiers d'assurances du Québec qui est régie par une loi
gouvernementale. Est-ce qu'à ce moment-là vous dites que les
personnes en autorité d'émettre des permis devraient avoir des
exigences plus grandes, une meilleure formation ou une formation ajustable
parce que le monde de l'assurance est une chose qui change graduellement?
Est-ce que, par exemple, vous diriez au gouvernement, vous diriez dans
votre mémoire que ces gens, après tant d'années,
devraient se recycler obligatoirement? Est-ce que ce n'est pas un peu venir
faire un nouveau code d'éthique au niveau de la profession de
l'assurance? N'est-ce pas là que vous mettez un petit peu en doute la
compétence continuelle du courtier d'assurances et, par ricochet, celle
de ceux qui délivrent les permis? Est-ce que c'est plutôt un code
d'éthique que vous voulez ajustable à l'évolution du monde
de l'assurance qu'une simple constatation ou, encore, peut-être un
blâme?
M. Buteau: C'est en effet un code d'éthique qui
s'ajusterait au marché, au milieu et au nouveau produit pour rendre le
courtier connaisseur du marché et des nouveaux produits le plus
rapidement possible, afin que tout le monde puisse bénéficier le
plus rapidement possible des meilleurs services et des meilleurs produits
offerts.
M. Maltais: Cela va.
M. Scowen: Merci. Je vous remercie beaucoup de votre
présentation. C'était fort utile.
Le Président (M. Lachance): Je remercie, au nom des
membres de la commission, l'Association des consommateurs du Québec pour
sa participation aux travaux de cette commission. La commission suspend ses
travaux... Oui, M. le ministre.
Une voix:...
Le Président (M. Lachance): Oui. Elle suspend ses travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 14 h 12)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration poursuit ses
travaux avec le mandat de procéder à une consultation
particulière portant sur l'avant-projet de loi modifiant la Loi sur les
courtiers d'assurances et la Loi sur les assurances.
Dans l'ordre du jour qui nous a été soumis, qui a
été accepté, il est prévu, à ce moment-ci,
que nous entendions les représentants de l'Association des gestionnaires
de risques d'assurances du Québec. Est-ce que ces personnes sont
arrivées? Si ces personnes ne sont pas arrivées, nous allons
entendre immédiatement le représentant suivant, M. Jacques
Wilhelmy. Les représentants de l'association des gestionnaires de
risques ne sont pas actuellement présents. M. Jacques Wilhelmy, si vous
êtes prêt, nous pourrions immédiatement vous entendre. Si,
entre-temps, les représentants de l'Association des gestionnaires de
risques et d'assurances du Québec se présentent, nous pourrons
les entendre à la suite de M. Wilhelmy.
M. Wilhelmy, je vous souhaite la bienvenue au nom des membres de la
commission. Comme vous l'avez sans doute remarqué, vous êtes la
seule personne à venir individuellement faire valoir son point de vue
sur l'avant-projet du ministre des Finances. Vous avez la parole.
M. Jacques Wilhelmy
M. Wilhelmy (Jacques): J'aimerais d'abord remercier les membres
de la commission parlementaire qui m'ont invité à faire mes
remarques concernant l'avant-projet de loi. J'aimerais faire deux remarques
avant d'entrer dans le vif du sujet. La première a trait au texte que
vous avez eu. J'aimerais faire remarquer que la copie corrigée a
été distribuée au ministre, au vice-président,
enfin, à quelques personnes. Ne sachant pas que les textes devaient
être remis le 30 août - je croyais que c'était le 9 - on a
dû faire cela durant le week-end et on n'a pas eu le temps de faire la
correction des textes.
La deuxième remarque que j'aimerais faire, c'est qu'aux pages 27
et 31 de mon mémoire je mentionne le fait qu'à ma connaissance il
n'y avait que deux associations qui pouvaient se comparer au domaine du
courtier d'assurances. Je mentionnais les pharmaciens, il y a aussi les
opticiens d'ordonnance et les optométristes.
Maintenant, pour ce qui est de mon mémoire, il est en soi assez
volumineux, donc, je ne lirai pas. J'aimerais faire ressortir un peu les points
qui constituent, selon moi, l'essence même du rapport. Ayant
été moi-même courtier d'assurances et membre de
l'association des courtiers et ayant oeuvré dans ce domaine depuis 20
ans, je remarque, d'une part, que la mission que s'est donnée l'ACAPQ
est la protection du consommateur.
Depuis 20 ans, sauf exception, je ne suis pas capable de me souvenir
vraiment de cas précis où l'association s'est vraiment
portée à la défense du consommateur. Par exemple,
l'année dernière, il n'y a eu que deux plaintes en ce qui avait
trait à des détournements de fonds. Le reste des plaintes qui se
formulent à l'association, ce sont plutôt des plaintes qui ont
trait au domaine de la pratique, dans le sens: Est-ce qu'un courtier a fait de
la publicité qui n'était pas tout à fait selon les normes
de l'association? Est-ce que la secrétaire d'un courtier aurait
sollicité une date d'échéance ou non? Enfin, une foule de
petits détails qui n'ont absolument rien à voir avec la
protection véritable du consommateur.
En ce qui a trait à l'association comme le protecteur des
consommateurs, ce que je touche au chapitre 2 de la section 2, en 20 ans, je ne
me souviens pas non plus que l'association des courtiers se soit
véritablement portée à la défense des consommateurs
en tant que groupe. Par exemple, dans le dossier de l'assurance automobile, en
1978, 1979, 1980, tous les intervenants du domaine de l'assurance et la plupart
des courtiers, à ma bonne souvenance, ont été surpris du
fait que l'association se rangeait beaucoup plus du côté du
gouvernement plutôt que de se porter à la véritable
défense des consommateurs.
Plus récemment, au printemps, on a eu la taxe de 9 % sur les
primes d'assurance. Encore une fois, on a eu droit à un silence complice
de la part de l'ACAPQ, ce qui est d'ailleurs fort surprenant, compte tenu
qu'à ce moment-là, on enlevait quand même un montant de 9 %
au consommateur, 9 % qui auraient sans doute servi à mieux combler ses
besoins de sécurité et, soudainement, on a une association qui se
veut le protecteur du consommateur et pas un mot, pas de commentaire,
semble-t-il, de la part du défenseur du consommateur.
Que la taxe soit justifiée ou non, là n'est pas mon point.
Que le ministre ait ou non retiré sa taxe par la suite, là n'est
pas mon point. C'est surtout le fait pour moi, qui suis un consommateur
actuellement, n'étant plus membre de l'ACAPQ, je me dis: si elle est mon
défenseur, encore aurait-il fallu qu'elle y fasse quelque chose, mais il
n'y a rien eu.
Donc, en ce qui a trait à l'ACAPQ comme protecteur du
consommateur, je suis loin d'être convaincu que c'est un rôle qu'on
doit lui attribuer. De plus, je suis loin d'être convaincu que,
malgré qu'elle l'ait fait du mieux possible - je ne blâme pas le
passé en disant cela - qu'elle l'ait fait mieux que d'autres formes de
contrôle l'ont fait, par exemple, pour les assureurs directs. D'ailleurs,
si on s'en tient au rapport des représentants des consommateurs, ce
matin, on se rend compte qu'eux autres aussi, dans leurs études,
lorsqu'ils questionnent le consommateur d'assurance, celui-ci ne voit aucune
différence entre un courtier d'assurances ou un agent d'assurances
captif ou un agent d'assurances exclusif dans le sens que, d'un
côté comme de l'autre, il ne se sent pas plus ou moins
protégé. C'est donc que la mission que l'association
prétend avoir ou se donne elle-même ou qu'on a confiée
à l'association n'est absolument pas perçue par le public.
Dans la troisième partie, je fais état du fait qu'au
Québec, on ait droit à deux sur trois permis. On parle de
décloisonnement, de libéralisation des différents secteurs
financiers. Il est évident qu'au Québec actuellement, on vit des
changements, comme d'ailleurs il s'en vit dans toute l'Amérique du Nord.
Une chose est certaine, c'est que, dans la pratique, actuellement, je peux
être courtier d'assurances agréé, détenir un permis
d'assurance-vie et vendre une police d'assurance de, par exemple, Great West,
qui fait partie du groupe Power Corporation, mais je n'ai pas le droit de
vendre un fonds mutuel vendu par Investors Syndicate.
J'en arrive à une réalité qui est pour le moins
absurde; c'est que je vends un fonds mutuel parce qu'il fait partie d'une
police d'assurance émise par Great West Life Insurance,
contrôlée par Power Corporation. Alors, je n'ai pas le droit de
vendre un fonds mutuel vendu par Investors Syndicate, contrôlé par
Power Corporation lui aussi. J'en arrive donc à suggérer que le
gouvernement ou l'inspecteur général définisse certains
produits disponibles, certains produits destinés principalement aux
consommateurs d'assurance particuliers: des produits dans le genre fonds
mutuels, obligations, des produits à faible risque financier. Cette
détermination de produits amène un seul permis qui permettrait
à ce moment aux distributeurs de vendre à la fois de
l'assurance-vie, à la fois de l'assurance IARD, et ce style, ou ce type
ou cette classe de produits permis par le gouvernement, et cela dans le but de
protéger justement le consommateur.
Dans le mémoire, je fais état à un moment
donné - c'est une chose que j'emploie souvent dans mes séminaires
- je dis souvent: le bonhomme le plus mal pris sur la terre c'est celui qui a
comme frère un vendeur d'assurance-vie, un autre frère vendeur
d'assurance IARD et un autre frère vendeur chez Investors Syndicate
Limited. À supposer que ce bonhomme décide de mettre 3000 $ par
année pour fins de sécurité financière, il va se
réveiller avec trois bonshommes qui vont chercher à lui soutirer
100 % de cette somme. S'il les écoute comme il faut, cela va lui
coûter 9000 $ pour sa sécurité financière. Comme
tous ces bonshommes sont à la commission, c'est-à-dire
payés sur base de commission, ils n'ont donc pas intérêt
à suggérer à leurs clients d'aller voir l'autre vendeur ou
l'un des intervenants dans ces trois secteurs financiers. Évidemment, je
fais la distinction entre 80 % des consommateurs qui ont des besoins
d'assurance simple.
Hier, j'écoutais les commentaires du BAC, et ce matin, ceux des
grands bureaux. Il reste une chose, c'est que l'achat pour le consommateur
d'une assurance automobile et d'une assurance habitation et les autres risques
qui s'y rattachent, soit par exemple, d'une embarcation ou d'une moto-neige,
cela reste quand même des risques essentiellement
simples à couvrir. Donc, actuellement on en arrive à
créer une corporation professionnelle dont 80 % des membres ou à
peu près, en nombre et non pas en volume, ne transigent que de
l'assurance des particuliers, en arrivent à être régis par
une corporation fermée, tandis que leurs plus féroces
concurrents, qui sont les assureurs directs, ne le sont pas. Je trouve que cela
nuit au développement du petit courtier d'assurances, sans pour autant
avantager le consommateur, puisque lui, comme on l'a vu ce matin, n'y voit
aucune différence.
Donc, je remets en doute, au chapitre IV de la section 1, la
capacité de l'ACAPQ ou plutôt son droit ou sa
responsabilité de contrôler le droit de pratique. Je pense que
l'inspecteur général ou le Surintendant des assurances est de
beaucoup, de loin, mieux placé et plus impartial pour, lui,
déterminer qui a le droit ou non de vendre des assurances.
C'est d'ailleurs ce qui se passe en Ontario - je devrais dire que cela
se passe de même partout au monde, à ma connaissance, sauf au
Québec. Car si le gouvernement, dans mon raisonnement à moi,
prétend que le représentant de Allstate est effectivement
habilité à vendre une police d'assurance-habitation, je vois mal
comment un courtier d'assurances serait mieux habilité et, si dans la
réalité il y a une différence, je vois mal pourquoi on
donne le droit à celui qui l'est moins, de m'en vendre.
Il faudrait en arriver non pas à raisonner en termes d'assureurs
représentés, mais plutôt en termes d'actes posés. Je
vois mal qu'un médecin prescrivant des pilules de Roche, Ciba, Geigy ou
autres ait plus ou moins le droit de prescrire ces pilules qu'un médecin
qui n'aurait dans sa pharmacie qu'une pilule générique quelconque
qui va accomplir ce qui doit être accompli par cette pilule.
Au chapitre V, je parle du fonds d'indemnisation. Un des principaux
points que je faisais valoir et qui a été repris ce matin par le
représentant des gros cabinets de courtage, c'est qu'il faut bien
distinguer entre la responsabilité civile et l'acte dérogatoire
lui-même.
On a beaucoup fait mention depuis hier de la Northumberland.
Effectivement, c'est bien triste que cette compagnie ait fait faillite. D'autre
part, il ne faudrait pas non plus partir en peur et dire: Pauvres
consommateurs! Il est peut-être temps aussi que les consommateurs se
rendent compte que, à force de vouloir du prix, ils diminuent
forcément la qualité de la protection achetée.
J'écoutais les représentants des consommateurs ce matin,
et on ne faisait valoir que ça. On voudrait que les courtiers aient dix
compagnies, de façon toujours à trouver le meilleur prix. C'est
peut-être possible dans la pratique, pourquoi pas? Mais il n'en reste pas
moins qu'à un moment donné, il y a des compagnies qui font
faillite. Mais dans une société, je pense que c'est sain aussi
que certaines compagnies ou certaines institutions se réveillent,
à un moment donné, dans des situations plus ou moins solides que
d'autres.
Chose certaine, je vois mal, compte tenu qu'on ne peut couvrir ou qu'on
ne devrait pas couvrir la partie civile d'un acte dérogatoire, la
nécessité de créer un fonds pour peut-être
rembourser quatre, cinq, six personnes par année pour le montant de leur
prime: c'est vraiment essayer de tuer une mouche avec une masse, à mon
avis.
Dans la sixième partie, je mentionne l'informatique. La raison
pour laquelle je le fais, c'est qu'il faut quand même aussi laisser le
passé en arrière et regarder ce qui s'en vient. Le courtier
d'assurances, tout comme l'agent, aura de moins en moins à renouveler
des polices. L'encaissement direct, c'est quelque chose qui existe aujourd'hui
et qui existera de plus en plus.
L'informatique en arrivera aussi - cela, c'est une question de temps -
à épauler le vendeur de produits d'assurances d'un particulier de
façon telle qu'il soit enfin en mesure de répartir
équitablement la partie de prime ou le montant d'assurance qu'il a
décidé d'investir dans sa sécurité de façon
équitable entre, par exemple, un fonds mutuel, une assurance-vie et une
assurance IARD. Donc, il ne faudrait pas trop rester sur le passé, il
faudrait penser en termes d'avenir et voir les outils qui nous seront
disponibles demain.
À la section 3, c'est là que ça nous
préoccupe le plus, c'est la situation du courtier. Hier,
j'écoutais les représentants de bureaux de courtiers, l'ancienne
fédération des courtiers qui s'appelle le regroupement des
courtiers - je ne me souviens plus exactement le terme - dire que les courtiers
d'assurances avaient 87 % du marché de l'assurance au Québec.
C'est se leurrer. Si on enlève les représentants qui
étaient ici ce matin, le courtier est beaucoup plus près de 37 %,
38 % des primes encaissées au Québec qu'il ne l'est de 87 %. 87
%, ça inclut, comme le disait Guy Saint-Germain hier, le style Meloche.
Le style Meloche, ce n'est pas nécessairement le petit courtier
d'assurances typique tel qu'on l'entend dans la pratique. (14 h 30)
Aux États-Unis, c'est vraiment réel que le courtier ne
souscrit plus que 15 % des primes encaissées. J'ai du mal à
concevoir qu'au Québec il n'en soit pas ainsi, très rapidement,
pourquoi? Premièrement, il y a l'arrivée des assureurs directs.
On va dire: Ah oui! mais les assureurs directs n'ont pas tellement envahi le
marché. Il y a quelques années, le courtier a baissé
à 82 et il est
remonté. Ce sont des lectures de statistiques un peu bouffonnes
dans le sens que, effectivement, il est certain, au sujet des statistiques de
primes encaissées, que le courtage d'assurances aura probablement l'an
prochain 92 % ou 93 % du marché pour l'unique et bonne raison que les
primes d'assurances responsabilité civile des grandes organisations vont
doubler et tripler. Ce qui fait que les gros assureurs nationaux dont on
parlait ce matin auront encore une partie plus grande. Ce qui ne veut pas dire,
par exemple, que pendant ce temps-là, Allstate, la Bélair ou La
Capitale n'auront pas grugé en nombre une grande partie du portefeuille
d'assurances, actuellement propriété des courtiers
d'assurances.
Ce sont donc les choses dont il faut tenir compte si on veut garder au
Québec des entreprises de courtage dynamiques, des PME - comme on dit -
représentatives de leur milieu et qui seront capables de faire
concurrence aux géants que sont les assureurs internationaux qui, eux,
n'avaient qu'environ 19 % en 1967 et qui sont rendus à 47 % du
marché nord-américain. Ce n'est certainement pas le courtier dans
son état actuel qui réussira à ralentir cette croissance.
Pour cela, évidemment lorsqu'on regarde, on en arrive aussi à la
propriété des carnets de courtage dans la même optique,
c'est qu'il faut regarder la problématique. Si, par exemple, un courtier
de Chicoutimi ne peut pas capitaliser son entreprise parce que la loi sur les
courtiers le lui défend, il est évident qu'à un moment
donné, il se passe exactement ce qui se passe dans la
réalité. À Jonquière, C A Frigon a
été acheté par Parizeau Sodarcan; À Sherbrooke,
Dunn a été acheté par Sodarcan; à Victoriaville,
Plourde a été acheté par Sodarcan; il n'y a pas un seul
courtier local qui aurait pu acheter ces bureaux en offrant le comptant et les
conditions que Sodarcan offrait. Je ne suis pas certain du tout, par exemple,
qu'on n'aurait pas pu organiser un groupe d'hommes d'affaires locaux et faire
l'acquisition de ce cabinet sans pour autant aucunement nuire au consommateur.
Au contraire, parce qu'il faut bien remarquer qu'une entreprise
contrôlée par un petit courtier ou deux petits courtiers, dans le
fond, est beaucoup plus susceptible de faire des erreurs graves que si elle a
un conseil d'administration où siégerait, par exemple - je ne
sais pas - un représentant de Power Corporation ou un
représentant de la Caisse de dépôt, appelons-le comme on
veut. Cette question de la propriété des cabinets, on semble
toujours la ramener à ceci: Oui, mais les gros vont prendre le
contrôle. Les gros ont déjà le contrôle. Un cabinet
de courtage typique à qui, à un moment donné, certains
problèmes arrivent se tourne vers qui pour avoir du financement sinon
les assureurs? Et lorsque l'assureur accepte, par exemple, de ne
réclamer son argent qu'à 90 jours après l'encaissement de
la prime plutôt qu'à 60, c'est l'équivalent d'un prêt
de 50 000 $, 100 000 $ ou 200 000 $ selon le montant impliqué, et cet
assureur - soyez-en certain - en arrive à avoir un contrôle
indirect sur ce cabinet. Ce sont des choses qui se passent tous les jours dans
le domaine du courtage sans pour autant que le consommateur soit mal servi. Au
contraire. Sans l'intervention de ces grosses compagnies, le consommateur
pourrait, lui, être mal servi.
Au quatrième chapitre de la section 3, je touche l'obligation de
n'avoir comme seule occupation que celle de courtier. Encore là, c'est
limiter le courtier dans l'avenir. On a vu ce matin - M. Saint-Germain
l'expliquait hier aussi - que les gros cabinets de courtage, eux, en arrivent
à régler des sinistres pour l'assuré. À supposer
que je sois un petit courtier à Saint-Georges-de-Beauce, mon client
m'appelle. Il a une perte de 175 $. Je sais que cela prendra probablement une
semaine ou une semaine et demie avant qu'il ne reçoive son
indemnisation. Je pourrais en réalité, si j'étais en
Ontario, lui faire une traite dans la même journée pour 75 $. Au
Québec, à cause des règlements de l'association et de la
Loi sur les assurances, on n'a pas le droit de faire cela. C'est encore une des
limites qu'on impose aux courtiers sous prétexte de protéger le
consommateur.
Donc, la situation du courtier, aujourd'hui, est loin d'être
enviable, quoi qu'on en dise. Les 37 % ou 38 % qui restent aux courtiers
indépendants sont si forts que cela à cause d'un
phénomène linguistique. Si on regarde le nombre d'assureurs
directs -j'entends par "assureurs directs", encore une fois, Allstate,
Bélair, La Capitale - oeuvrant au Québec, il est
extrêmement restreint comparativement à ce qui se fait partout en
Amérique du Nord, mais, encore là, c'est une question de temps.
C'est évident que ce n'est pas demain que la Metropolitan ou la
Prudential of America seront prêtes à vendre de l'assurance IARD
au Québec. Premièrement, parce qu'elles n'ont pas traduit leurs
polices. Elles n'ont pas traduit leur publicité, mais elles sont
prêtes à envahir le Canada et ce serait se leurrer que de croire
qu'elles vont passer par-dessus le Québec. Évidemment, si on
pense aussi que ces compagnies ne vendront pas d'assurance au Québec, on
se trompe royalement. C'est être naïf. Il y a aussi le fait qu'au
Québec les franchises ont tardé à se faire. Le petit
courtier qui est à Jonquière, à Alma ou à
Rouyn-Noranda, peu importe, qui a traditionnellement assuré le
dépanneur du coin n'assure plus ce dépanneur parce que le
dépanneur s'appelle aujourd'hui La Maisonnée, Provisoir ou autre
chose. Soudainement, il s'est franchisé et en étant
franchisé,
évidemment, il devient pratiquement toujours le client d'un des
gros bureaux qu'on a entendus ce matin. Pourquoi? Tout simplement parce que, si
on prend le cas de Provisoir, par exemple, on sait que Provisoir est
assuré cher Sodarcan. Il est évident que Sodarcan a
créé un programme spécial pour les Provisoir de tout le
Québec, et avec raison. Donc, le petit courtier, à mesure que
cette franchisation va s'accélérer, va perdre l'assurance des
entreprises. On n'a qu'à regarder l'expérience américaine
pour s'en convaincre. On n'a qu'à regarder à ce compte-là
l'expérience qui se vit en Ontario.
Il faut donc se demander si c'est à mettre des barrières
supplémentaires, à se glorifier d'un titre de professionnel qui
ne tient pas compte non plus de la réalité qu'on va en arriver
à améliorer la situation de nos petites entreprises
indépendantes au Québec.
À la section 4, j'essaie de répondre un peu à cela
sous le titre: "Demain... c'est aujourd'hui". Il y a toutes les forces
extérieures dont il faut tenir compte lorsqu'on parle du courtage
d'assurances. Qu'on le veuille ou non, il y a des institutions
financières au Québec. Je pense à Eaton-La Baie, par
exemple, qui vendent actuellement des services financiers globaux. Ils n'ont
pas fini de grossir et ils n'ont pas fini de pénétrer le
marché. Il y a des corporations comme Trilor Corporation, qui n'est
quand même pas une petite corporation au Canada, qui contrôlent
actuellement la Royal Trust, la London Life et la compagnie d'assurances IARD
de Wellington. Si on pense que ces organisations vont ralentir leur
développement parce que le courtier d'assurances n'est pas prêt
à se développer, on se trompe encore une fois.
Au niveau fédéral comme au niveau provincial, on a la loi
75 qui décloisonne. C'est-à-dire qu'au niveau
fédéral, on en parle, il y a le "green paper", le livre vert.
Dans ce livre vert, Mme Barbara McDougall est claire. Elle veut faire place
à plus de concurrence. Avec raison, je crois.
Donc, il faut tenir compte de ces forces. Il faut essayer d'imaginer
comment 80 % de notre population sera servie dans l'avenir. On pourrait
même aller aussi loin que de se demander: Est-ce bon ou non d'avoir un
ordinateur pour suggérer quoi vendre au vendeur, à ce
compte-là? À mon sens, c'est bon. Plus il y aura de concurrence,
plus les produits seront variés et mieux le consommateur sera servi.
Sauf que je pense que le courtier d'assurances vit alors une situation fort
difficile, évidemment, par manque de capitaux, en partie à cause
des règlements de son association et aussi à cause du fait que
l'association des courtiers gère le droit de pratique et outrepasse son
mandat jusqu'à un certain point, puisqu'il est plus difficile pour un
courtier d'assurances d'obtenir un permis pour l'un de ses employés que
ce ne l'est pour Allstate. À cause aussi de toute la
réalité dont on a parlé, je pense qu'une des solutions qui
s'offriraient au courtier serait les franchises. Mais encore là, comme
je le mentionne au chapitre 2, on n'a même pas le droit d'avoir un nom
corporatif au Québec pour le courtier d'assurances. Je ne vois pas en
quoi cela nuirait au consommateur d'avoir un nom corporatif, mais il n'en reste
pas moins qu'il n'y a pas possibilité pour un petit courtier
actuellement de se franchiser véritablement.
Non seulement n'a-t-il pas droit à un nom patronymique qu'il
choisirait, mais il n'a pas droit non plus à une marque de commerce et
il n'a pas le droit non plus de faire de la publicité. Donc, si on
regarde la situation du petit courtier - c'est celle qui me préoccupe
actuellement - je me dis: L'Association des courtiers d'assurances du
Québec, si elle n'a pas protégé le consommateur plus ou
moins bien que l'inspecteur général ne l'a fait pour les
assureurs directs, si l'Association des courtiers ne s'est jamais
véritablement porté à la défense des consommateurs,
à quoi servent tous ces règlements qui, en même temps,
étouffent le petit courtier et nuisent à sa croissance?
J'en arrive donc à dire que le projet de loi qui est
déposé actuellement est non seulement non pertinent mais qu'il
n'est pas opportun non plus. Ce serait geler en place un système qui
à mon sens est dépassé et qui ne tient absolument pas
compte de la réalité. Vous allez me dire: Oui, mais vous n'avez
parlé que de 80 % de la clientèle. C'est vrai. La
clientèle "assurance des entreprises", je vais vous avouer
sincèrement, ne me dérange pas tellement dans le sens que les
entrepreneurs ont quand même un sens des affaires leur permettant de bien
choisir le courtier d'assurances avec qui ils désireront transiger ou
encore l'assureur captif avec qui ils décideront de transiger.
Pour ce qui est des 20 % de la population qui sont sous le seuil de la
pauvreté ou presque, ces gens ne s'assurent pas, de toute façon.
Il reste donc les salariés de 50 000 $ par année et plus. Ces
gens ne représentent pas le client typique. Ce n'est pas ce style de
bonhomme qui va prendre une seule personne pour le conseiller quant à
l'achat de tous ses produits financiers. C'est le style de bonhomme qui va
peut-être acheter 50 000 actions de Bell Canada et qui demain,
décidera de changer et d'acheter 25 000 actions de CP ou d'autres, peu
importe. À ce moment-là, il a besoin d'un courtier en valeurs
mobilières qui ne serait pas sous le coup de ce nouveau permis qui ne
permettrait pas de vendre ces styles de placements à risques.
Donc, en conclusion, je me dis: Pourquoi ce projet de loi? Pourquoi ce
projet de loi à ce moment-ci? Qu'en est-il de la
fonction véritable de l'association, compte tenu aussi des
commentaires que j'ai eus de l'Association des consommateurs ce matin? Je
suggère donc bien respectueusement au gouvernement, en fait, de
poursuivre les études dans tout le secteur financier de façon
à en arriver à ce que l'inspecteur général soit,
lui, autorisé à délivrer des permis d'assurance, quitte
à laisser à l'association l'émission de titres. Que je
sois courtier d'assurances ou courtier d'assurances agréé, c'est
un diplôme et non pas un permis. D'ailleurs, hier on parlait de
diplôme lors de la présentation par la fédération
des courtiers. Il faut faire une différence entre un diplôme qui
m'est accordé qui serait courtier d'assurances agréé et le
fait de m'accorder automatiquement un droit de pratique parce que je suis
courtier d'assurances agréé. (14 h 45)
Donc, compte tenu de toutes ces choses dont je viens de parler, j'en
arrive à me demander finalement quel est le rôle véritable
de l'association. J'en arrive aussi à me demander s'il est
véritablement sain de regrouper le petit courtier, de le forcer à
se regrouper avec les gros courtiers dont on parlait ce matin puisqu'ils n'ont
rien en commun. Si les gros courtiers n'ont rien en commun avec les petits
courtiers, si le courtier est si différent de l'agent captif, comment en
arrive-t-on à déterminer qu'une association n'émettra
qu'un seul permis ne permettant la vente que d'une seule partie des services
financiers? J'en arrive donc à me poser la question. Soit que la loi 75
ne tienne pas debout, soit qu'on ne tienne absolument pas compte de la
réalité ou qu'on remette en question toute cette dynamique et
qu'on dise à l'inspecteur général: Regardez les nouvelles
formes de permis, tenant compte de la réalité. Soit qu'il y ait
de l'assurance des particuliers, ce que j'appellerais de la commodité,
et il y a la partie véritablement courtage qui s'occuperait beaucoup
plus de l'entreprise. Je verrais la distinction des permis à ce
niveau-là et non pas au niveau du nombre d'assureurs
représentés ou des choses semblables.
Bref, je suggère au gouvernement de ne pas aller plus loin dans
ce projet de loi et plutôt de procéder à une étude
globale et totale de tout ce qui touche au secteur financier.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. Wilhelmy. Je vous
signale que le temps fuit rapidement et que normalement il reste moins d'une
demi-heure pour terminer le travail sur votre mémoire. Par
conséquent j'invite immédiatement le député de
Notre-Dame-de-Grâce à faire ses remarques ou à poser ses
questions.
M. Scowen: Excellent. Je vais me limiter à deux questions.
Votre mémoire, M. Wilhelmy, m'oblige à poser une question au
ministre parce que je pense qu'il voudra certainement clarifier certaines
choses. En page 12 vous prétendez que l'Association des courtiers
d'assurances ne s'est pas opposée à l'imposition d'une taxe sur
les assurances parce qu'elle veut absolument que le projet de loi qui est
devant nous soit adopté. Ce n'est pas une accusation mais une
constatation assez importante. Je pense que le ministre aimerait beaucoup que
je lui pose deux questions. La première est celle-ci: Le ministre
peut-il nous assurer que le fait qu'il ait mis fin aux études et au
travail du comité créé pour étudier ce
problème à l'intérieur du bureau de l'inspecteur
général et qu'il ait décidé de procéder de
façon précipitée avec cet avant-projet de loi avant qu'ils
n'aient terminé leurs études, que cette décision de sa
part n'avait rien à faire, directement ou indirectement, avec la
décision de l'association de ne pas s'opposer à l'imposition de
la taxe pendant que beaucoup d'autres intervenants dans le milieu s'y sont
opposés?
J'imagine que le ministre aimerait beaucoup clarifier ce point
publiquement et rapidement parce que cela traîne un peu ici. Est-ce qu'il
peut nous assurer que sa décision d'accélérer tout le
processus et de mettre fin aux travaux de ce comité n'avait rien
à voir, directement ou indirectement, avec cet événement
un peu inattendu?
M. Duhaime: Je suis très à l'aise pour
répondre à cette question. Non seulement cela n'avait rien
à faire mais je trouve très curieux qu'à titre individuel,
à la page 12, on le laisse entendre. Ces tables techniques travaillent
sur un problème qui, au dire même des intervenants que nous avons
entendus, dure depuis une bonne quinzaine d'années. Les premiers mandats
ont été donnés en mars 1984, si mon souvenir est bon.
C'est cela, M. Bouchard? Mars 1984. Nous sommes rendus à septembre 1985
et, à la lecture des mémoires que j'ai reçus dans ce
dossier, les différents groupes intéressés restent
campés sur leur position. De deux choses l'une: ou bien la situation que
l'on connaît maintenant va perdurer ou, encore, le gouvernement va
décider de trancher cette question. Ma réponse est très
claire: C'est non à votre première question.
M. Scowen: La deuxième question, c'est la suite logique de
la première, parce que je suis certain que vous aimeriez clarifier
l'affaire dans son...
M. Duhaime: Je suis même étonné que vous me
posiez une question semblable.
M. Scowen: Oui, mais je la pose, parce
que je lis la page 12 et je suis certain que vous ne voulez pas laisser
une telle affaire sur la place publique sans la clarifier. Je voulais
simplement vous donner l'occasion de le faire. Je trouve que c'est important.
Je pense que la réponse à la deuxième question suit la
première. La décision de procéder avec ce projet de loi
à ce moment-ci n'était aucunement influencée, directement
ou indirectement, par la décision de l'association de ne pas s'impliquer
dans votre imposition d'une taxe.
M. Duhaime: C'est complètement ridicule ce que vous me
racontez là.
M. Scowen: Voilà! C'est cela.
M. Duhaime: Est-ce que le Bureau d'assurance du Canada a pris
position sur cette question de fiscalité?
M. Scowen: Voilà! Voilà!
M. Duhaime: Oui ou non?
M. Scowen: Voilà! Je pense que...
M. Duhaime: La réponse est non.
M. Scowen: Votre réponse à ma question, j'imagine,
est non. Voilà, M. Wilhelmy...
M. Dussault: Lisez les premiers mots du chapitre. On dit: "Ce
chapitre n'apporte pas de faits rigoureux. " Cela devrait vous rendre
très prudent, M. le député. "Ce chapitre n'apporte pas de
faits rigoureux. "
M. Lincoln:...
Une voix: La même personne qui vient de vous autoriser
à faire un commentaire.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Scowen: Je pense que c'est important. Je ne sais pas si vous
voulez ajouter quelque chose, M. Wilhelmy.
M. Wilhelmy: J'aimerais ajouter là-dessus que je n'ai
jamais présumé que le gouvernement avait fait ce projet de loi ou
annoncé l'étude de ce projet de loi en tenant compte de cela.
J'ai dit tout simplement qu'à l'intérieur du domaine de
l'assurance, lorsqu'on parle aux intervenants, l'association, qui devrait
être le protecteur des consommateurs pour en arriver à maintenir
sa survie, en arrive, elle, d'une façon consciente ou non, à
protéger ses arrières. Je n'ai jamais dit que cela marchait ou
que cela ne marchait pas, par exemple. Je n'ai pas prétendu que le
ministre des Finances ou que le gouvernement ait modifié sa façon
d'agir pour autant.
M. Duhaime: Merci beaucoup mon cher monsieur.
M. Scowen: Alors, est-ce que je peux continuer? Ma
deuxième question est une question de clarification.
M. Blais: C'est sur la même question?
M. Scowen: À la page 30 vous dites, M. Wilhelmy: "La
grande majorité des assurances des particuliers vendues par l'entremise
de courtiers l'est en fait, par les représentantes de service
salariées. " Plus loin, à la même page, vous dites:
"J'estime à plus de 80 % le pourcentage d'assurances des particuliers
vendues "illégalement" par le courtier. " Vous allez plus loin et vous
dites, c'est même souligné: "La grande majorité des
courtiers d'assurances du Québec sont, dans les faits, des
salariés. " J'aimerais que vous alliez juste un peu plus loin dans cette
revendication parce que si vous avez raison, c'est clair que le projet de loi
et la loi actuelle ne sont pas respectés. Cela touche un peu le fond de
la question qu'on discute ici depuis deux jours. Je ne vais pas vous demander
si vous tenez à ce que vous avez dit, mais peut-être pouvez-vous
expliciter un peu parce que c'est un point important.
M. Wilhelmy: D'accord. Il faut d'abord se reporter à la
page 27 où je dis: "Je termine ce chapitre en illustrant
l'ambiguïté et la non-pertinence de plusieurs des changements
proposés et de plusieurs des règlements existants. " C'est une
des ambiguïtés dont je parle. Je dis à la page 29: "À
l'article 5. 2 on mentionne que le courtier ne doit pas permettre l'exercice
des activités de courtiers d'assurances par une personne qui n'est pas
membre en règle de l'association. "
Dans la pratique et même dans le projet de loi plus loin, ce qui
prouve son ambiguïté, on en arrive à expliquer ou à
décrire toute une foule de gens, dont les avocats, etc., et on termine
en nommant tellement de personnes finalement qui ont le droit de vendre de
l'assurance que cet article 5. 2 devient soit inutile ou tellement ambigu qu'on
en arrive à penser que les représentantes de service vendent
"illégalement" - c'est pour cela qu'il est entre guillemets - de
l'assurance. Parce que, à moins d'être un avocat ou je ne sais
trop... C'est que la définition de courtier étant mal
établie on n'arrive pas à établir clairement ce qu'est un
courtier. On en arrive à établir encore bien moins bien ce que
devrait faire le courtier.
Donc, comme consommateur, je pourrais arriver et dire: Bien oui, la
représentante de service n'a pas le droit de me vendre de
l'assurance. Dans la loi, plus loin, quand on met Ies exceptions
à cet article 5. 2, on retrouve qu'on le permet à toute une
ribambelle de personnes et on dit: Ils ont le droit. La même chose
d'ailleurs - je mentionne l'ambiguïté - quand je dis: La majeure
partie des courtiers d'assurances du Québec sont dans les faits des
salariés. C'est parce que dans une autre des définitions du
courtier on dit: II faut que le courtier soit payé à
commission.
On a vu ce matin que la majeure partie des bureaux
représentés ici payaient leurs employés courtiers à
salaire. Donc, je devrais dire: Ces courtiers ne sont plus membres de
l'association. C'est pour montrer l'ambiguïté de la loi et non pas
montrer que la pratique n'est pas bonne. D'ailleurs, je le mentionne
là-dedans: Pourtant le consommateur n'est pas moins bien servi.
M. Scowen: Ce matin, je pense que les représentants des
grands bureaux de courtiers ont posé exactement les mêmes
questions. Ils ont dit à peu près les mêmes choses que vous
avez dites. Ils ont admis qu'ils sont payés surtout à salaire. Je
pense que le sens de leurs commentaires était pour dire qu'on doit
laisser tomber complètement cet aspect de la définition du
courtier qui existe dans la loi actuelle et qui est proposée dans
l'avant-projet. Est-ce que vous êtes d'accord avec l'idée qu'on
doit laisser tomber l'élément de rémunération dans
la définition du courtier?
M. Wilhelmy: Je suis d'accord à 100 %. D'ailleurs, si on
entérinait ce règlement et qu'on voulait l'appliquer,
l'association perdrait 85 % de ses membres. Elle n'existerait tout simplement
plus.
M. Scowen: Alors, laissez-moi vous poser une dernière
question quant aux solutions. Vous avez dit deux choses. Vous avez
proposé une étude plus approfondie avant d'arriver à une
conclusion. Mais le ministre prétend que les études
traînent. Il faut agir. Semble-t-il qu'il a l'intention d'agir. À
la session d'automne peut-être aura-t-on le projet de loi comme tel.
Si on doit procéder immédiatement, j'aimerais avoir votre
solution. On accepte que c'est complexe et qu'une étude plus approfondie
peut l'aider, mais imaginez-vous que vous êtes le ministre des Finances
et que vous êtes obligé d'agir d'ici à la fin de
l'année. Si j'ai bien compris votre idée, c'est qu'on doit,
à toutes fins utiles, abroger, mettre fin à la Loi sur les
courtiers d'assurances et permettre à l'Association des courtiers
d'assurances d'exister comme n'importe quelle autre association sans statut
juridique. Cette association pourrait émettre des diplômes, faire
de la formation, avoir des diplômes à différents niveaux
qui pourraient avoir une certaine valeur pour les consommateurs mais le
contrôle, et le règlement de l'industrie des intermédiaires
devraient être assurés entièrement par l'inspecteur
général.
Je ne sais pas si c'est cela le sens de votre argumentation mais c'est
ce que j'ai retenu. Peut-être pouvez-vous me dire si j'ai raison ou non
si je vous comprends comme il faut?
Deuxièmement, quel genre de surveillance et de contrôle
aimeriez-vous voir de la part de l'inspecteur général pour
s'assurer que, dans les intérêts du consommateur et de la
population en général, la sécurité des
intermédiaires soit assurée? D'une façon un peu plus
précise, quelle est votre solution? (15 heures)
M. Wilhelmy: II n'y a sûrement pas de solution facile et de
solution miracle. Une chose qui est certaine, c'est que, dans mon esprit,
évidemment, je fais la distinction entre les 80 % des consommateurs, qui
souscrivent à assurance des particuliers, si l'on veut, et les autres
qui sont vraiment des entreprises ou des gens dont les revenus assurent leur
capacité d'aller chercher les conseillers dont ils ont besoin.
Globalement, ce que je verrais, ce serait que les permis délivrés
par l'inspecteur général détermineraient un permis de
vente de services financiers. Je ne sais pas de quelle façon on pourrait
nommer ce bonhomme ou cette personne, on pourrait peut-être l'appeler un
vendeur de services financiers, disons, pour les besoins de la cause, et cette
personne serait sous le Code des professions, de la même façon
qu'une foule d'autres professions au Québec, mais de façon que
l'agent de Allstate ne soit pas plus ou moins privilégié ou
brimé que le courtier d'assurances ou que le vendeur qui serait chez
Parizeau ou chez Marsh & McLennan Ltd.
Actuellement, ce qui arrive, c'est que, pour les mêmes actes,
l'agent captif d'Allstate est sous un code à lui et le courtier
d'assurances est "discipliné", disons, entre guillemets, par une
association fermée. Alors, je n'arrive pas à voir comment on en
arrive à bien protéger le consommateur qui, lui, comme on l'a vu
ce matin, ne fait pas de distinction, lorsqu'il achète une
assurance-automobile, relativement au fait qu'il a acheté cette
assurance par l'entremise d'un courtier ou non. Je me dis: À produit
égal, contrôle égal.
M. Scowen: Excusez-moi, parce que je ne suis pas certain que vous
répondez à ma question. Vous avez dit quelque part dans le
mémoire qu'un courtier en assurances n'est pas différent d'un
commerçant de chaussures.
M. Wilhelmy: Exact.
M. Scowen: L'inspecteur général ne s'occupe pas des
commerçants de chaussures, je pense. Ce n'est pas une institution
financière dans le sens de n'importe quelle loi. Le comportement d'un
commerçant de chaussures ne le regarde pas. Est-ce que vous pensez, au
sujet du contrôle par un gouvernement, que le législateur doit
avoir un contrôle sur quelque chose qui, dans votre esprit, ne
diffère pas beaucoup du commerce des chaussures?
M. Wilhelmy: Ce que j'ai mentionné, c'est la même
chose que ce que Gérald Laberge mentionnait ce matin, c'est qu'il faut
distinguer la partie conseil de la partie commerce. La même chose se
passe chez les pharmaciens, chez les optométristes qui vendent des
verres, des lunettes. Ce que je répète, c'est que je vois
l'inspecteur ou le Surintendant des assurances délivrer un permis qui
régirait les actes professionnels posés et non pas le commerce de
ces actes.
Cela fait 20 ans que je suis dans l'assurance. Je n'ai pas encore vu de
différence entre l'agent Allstate qui vend une assurance-automobile ou
une petite assurance des entreprises ou une assurance-habitation, je ne vois
pas de différence entre lui et le courtier. La seule différence
qui existe pour le courtier, c'est qu'il peut le placer chez différents
assureurs. Encore faut-il réaliser que cette notion n'est que
théorique parce que, dans bien des cas, le courtier d'assurances n'a
plus de marché. Il est obligé de placer cela dans une de ces
compagnies. Il ne placera pas ailleurs, il n'est plus capable de placer
ailleurs. Cette notion de liberté de courtier, il faudrait
peut-être la regarder de plus près dans le sens que ses actes sont
les mêmes que l'assureur direct et sa capacité de placer ne change
pas la valeur de son acte.
La partie service n'est pas changée parce qu'il y a plusieurs
assureurs en arrière. En d'autres mots, je n'explique pas mieux une
police d'assurance-automobile à mon client parce que je peux la placer
soit au Groupe Commerce, soit à La Laurentienne, que je ne le ferais si
je n'ai le choix de la placer qu'à la Bélair. J'ai la même
explication, je suis le même bonhomme. La partie conseil, qui est celle
que devrait régir l'inspecteur ou le surintendant, est exactement la
même.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Duhaime: Pas de question, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Bon, cela étant dit, il
me reste à remercier M.
Wilhelmy.
M. Wilhelmy: J'aimerais peut-être faire une dernière
remarque. J'ai souvent entendu parler de définir le courtier et
j'aimerais peut-être offrir au législateur une pensée. Par
exemple, aux États-Unis actuellement, vous avez une compagnie, plus
d'une, mais une où j'ai travaillé, entre autres, qui s'appelle
Signa, et qui chez certains courtiers devient le seul assureur. Ces courtiers
demeurent des courtiers indépendants parce qu'ils ont la
propriété des clients. C'est peut-être là qu'il
faudrait regarder la notion de courtier. Chez State Farm ou Allstate, c'est la
compagnie qui détient la propriété du client. Il n'est pas
question pour le vendeur d'Allstate de dire à son assureur: Si tu ne
paies pas pour tel ou tel sinistre, je prends mon volume et je le place
ailleurs. Le courtier d'assurances devrait toujours garder cet avantage de la
propriété de ses clients. Je pense que là on arrive
à une bonne notion de courtier parce que ce n'est pas en fonction du
nombre d'assureurs qu'on va en arriver à déterminer la
qualité ou la valeur d'un courtier, à moins de parler de risque
comme Hydro-Québec ou ces choses. C'était la dernière
remarque que je voulais faire.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. Wilhelmy.
Est-ce que les représentants de l'Association des gestionnaires
de risques et d'assurances du Québec sont maintenant arrivés? Le
silence est éloquent. J'inviterais les membres de l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes s'ils sont présents
à s'approcher de la table. Entretemps, je voudrais prendre acte d'une
lettre qui m'a été remise. Elle est signée par Mme Suzanne
Jacques qui est présidente de l'Association des agents de voyage du
Québec. C'est simplement pour la gouverne des membres de cette
commission. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 7)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Lachance): On poursuit nos travaux. Nous
entendrons les représentants de l'Association canadienne des compagnies
d'assurances de personnes. M. Marcellin Tremblay, vous avez la parole.
ACCAP
M. Tremblay (Marcellin): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, mon nom est Marcellin Tremblay, je suis
vice-président permanent de l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes et m'accompagne M. Jean-Pierre
Bernier, vice-président et chef du contentieux de l'association.
Vous avez pu constater par la brièveté de notre
mémoire que notre intérêt dans le débat actuel est
nécessairement limité puisque toute la question traite
principalement de la distribution des produits d'assurances IARD, mais,
indirectement, nous sommes quand même concernés par la question
qui est débattue actuellement.
Vous me permettrez donc de lire le bref mémoire qui a
été déposé et nous serons à votre
disposition par la suite pour répondre à vos questions.
L'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes est heureuse
de vous soumettre ses observations sur l'avant-projet de loi à
l'étude. Notre association, dont les origines remontent à 1894, a
pour objectif de promouvoir les intérêts des
sociétés d'assurance-vie opérant au Canada. La plupart de
nos sociétés membres sont autorisées à faire
affaires au Québec et un certain nombre d'entre elles possèdent
une charte québécoise.
Les dispositions statutaires proposées dans l'avant-projet de loi
s'inscrivent dans le cadre de la réforme en cours du contrôle des
intermédiaires opérant dans le secteur des assurances, à
savoir les assureurs-vie, les courtiers d'assurances IARD, les vendeurs de
fonds mutuels, etc. Cette réforme, amorcée en mars 1984 - cela a
été dit à plusieurs reprises hier et aujourd'hui - a fait
l'objet de maintes discussions entres les diverses parties
intéressées et les autorités gouvernementales. J'ai
moi-même participé à plusieurs de ces réunions
à titre de représentant de l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes. Le Surintendant des assurances, à
l'instigation évidemment de l'Inspecteur général des
institutions financières.... Je suis toujours porté à me
référer à l'ancienne formule qui était le
surintendant, mais il est évident que c'est l'autorité de
l'Inspecteur général des institutions financières qui a
provoqué le processus de consultation dont la synthèse,
accompagnée de propositions à considérer, devait
être publiée incessamment. Notre association, l'Association des
courtiers d'assurances de la province de Québec et plusieurs autres
organismes ont participé aux discussions. De nombreuses suggestions
divergentes mais néanmoins constructives quant au mode de contrôle
souhaitable ont été avancées.
Le fait que l'avant-projet de loi ait été
déposé devant l'Assemblée nationale avant la publication
du rapport de la Direction générale des assurances nous surprend.
A notre avis, l'étude du projet de loi ne devrait pas être
effectuée sans ce rapport. Il est nécessaire que les dispositions
statutaires proposées s'intègrent harmonieusement à un
ensemble de règles régissant les intermédiaires. La
réforme entreprise à ce sujet est exhaustive et sa portée
dépasse le cadre de l'assurance IARD. Le contrôle des
intermédiaires dans le contexte d'un décloisonnement des
institutions financières exige une perspective globale. Nous croyons
qu'il serait opportun de reporter l'étude de l'avant-projet de loi
à une date ultérieure afin qu'il soit possible d'examiner en
même temps les propositions devant être soumises par la Direction
générale des assurances.
Mais, de toute façon, si la commission parlementaire entend
procéder isolément, notre association vous soumet
respectueusement les observations suivantes.
En éliminant les restrictions afférentes à la
propriété des corporations opérant à titre de
courtiers d'assurances, on permettra à tous les participants du secteur
financier de s'organiser au mieux pour répondre à la concurrence
croissante qui règne dans le domaine de la commercialisation des
produits financiers divers. La Commission des valeurs mobilières du
Québec s'est d'ailleurs prononcée en ce sens, puisqu'elle a
autorisé toutes les parties intéressées à devenir
propriétaires de maisons de courtage en valeurs mobilières. Nous
adhérons totalement à cette prise de position.
Comme c'est le cas pour toutes les sociétés commerciales
et financières, la détermination des raisons sociales et la
composition des conseils d'administration sont à l'entière
discrétion de leurs propriétaires. Par conséquent, nous
nous opposons au pouvoir réglementaire conféré à
l'Association des courtiers d'assurances de déterminer les raisons
sociales des corporations opérant à titre de courtiers, à
l'article 4, paragraphe 9°. De plus, nous recommandons fortement que les
restrictions proposées à l'égard des conseils
d'administration soient abolies de façon que les actionnaires
propriétaires puissent être représentés
majoritairement au conseil d'administration.
Enfin, à la suite du regroupement de services financiers au sein
d'une entité corporative distincte, aux fins de commercialisation,
certaines corporations membres de l'association des courtiers n'offriront pas
exclusivement des assurances IARD. D'autres intermédiaires se joindront
aux courtiers d'assurances IARD. Par conséquent, l'attribution du titre
de "courtier d'assurances" à des corporations, qu'elles soient membres
ou non de l'association, ne devrait pas être uniquement
réservée à un organisme. Ce que nous entrevoyons
finalement, c'est la pratique - on aura l'occasion d'en discuter -
multidisciplinaire, si vous voulez. (15 h 15)
Dans te même ordre d'idées et afin d'éviter tout
conflit de réglementation, il y
aurait lieu de modifier le paragraphe 2° de l'article 9 (6. 1) de
façon qu'il se lise comme suit: "agir comme courtier d'assurances
seulement ou exercer en même temps une autre activité compatible",
ce qui est logique avec toute l'économie de la loi 75 qui est devenue la
loi 22. Puisqu'on parle de décloisonnement, il est évident
qu'à ce moment, au sujet de la distribution, il est à
prévoir qu'il pourrait y avoir des activités compatibles avec
l'activité de courtier d'assurances.
Nous croyons que les articles 13 et 18 devraient préciser que a)
le vote d'une corporation membre n'affecte en rien le droit de vote des
personnes physiques, membres en règle, par le truchement desquels elle
opère et que (b) le représentant d'une corporation membre est
éligible au conseil d'administration de l'Association des courtiers.
Bien que nous n'ayons pas d'objection au paragraphe 2° de l'article
32, nous aimerions souligner qu'il est fort possible que l'émission d'un
certificat d'agent d'assurances par l'inspecteur général soit
remplacée par une autre forme de certification. Il est regrettable que
le rapport de la Direction générale des assurances ne soit pas
disponible.
Comme vous voyez, MM. les membres de la commission, notre position est
quand même assez limitée, mais nous voulons faire ressortir,
premièrement, le fait que nous avons travaillé à des
tables de concertation. Nous croyons qu'il serait opportun de prendre
connaissance du rapport de ces travaux avant de prendre une position sur cette
question de l'Association des courtiers. Notre crainte en définitive est
que, si l'on procède à cette réforme trop rapidement, on
donne un modèle d'organisation des intermédiaires financiers que
voudront imiter d'autres associations. Il y a plusieurs intervenants dans le
domaine comme intermédiaires d'assurances. Vous avez l'Association des
assureurs-vie qui pourra vouloir un modèle semblable et vous avez
d'autres intervenants également qui pourront vouloir s'organiser de la
même façon. Nous croyons donc qu'il serait absolument fondamental
que toute cette question des intermédiaires financiers soit
étudiée dans un contexte global.
Un deuxième point important en ce qui nous concerne, c'est la
propriété des cabinets de courtage. Nous croyons, encore une
fois, que, dans le contexte de cette diversification, l'organisation de la
distribution des produits financiers va se faire de façon
différente dans l'avenir. Il est fort possible, par exemple, qu'une
compagnie d'assurances, qui organise un cabinet de courtage pour son service de
vente, se contente d'être le manufacturier de produits, si vous voulez,
et que son organisation de vente distribue des produits d'autres institutions
financières, d'autres compagnies d'assurances comme cela se fait
déjà présentement. Un exemple: dans une petite compagnie
d'assurance-vie, les agents sont peut-être pénalisés s'ils
ne peuvent pas vendre de l'assurance autre que l'assurance-vie. Une petite
compagnie d'assurance-vie pourrait avoir une entente avec une compagnie
d'assurances générales et ses agents pourraient distribuer, dans
une agence organisée à cette fin, les produits d'une autre
compagnie d'assurances générales. Il y a toutes sortes de
combinaisons qui nous paraissent possibles, et c'est dans ce contexte que nous
croyons qu'il est de l'intérêt général de laisser le
droit aux institutions financières telles que les compagnies
d'assurances de posséder des cabinets de courtage.
MM. les membres de la commission, ce sont là les seules
remarques, comme vous le voyez, qui sont très brèves. Je suis
accompagné de Me Bernier et nous sommes à votre disposition pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. Tremblay. M. le
ministre de3 Finances.
M. Duhaime: Je comprends très bien le premier point de
votre mémoire qui suggérerait que nous attendions et que nous
placions cette discussion, quant à des modifications à la Loi sur
les courtiers d'assurances, dans un contexte beaucoup plus large et plus global
où on en arriverait à parler d'une façon
générale des intermédiaires au sens le plus large,
à la suite des principes et de l'application du décloisonnement
des institutions.
Si on part du commencement, on a posé le principe, on l'a
accepté avec la loi 75 et le livre vert du gouvernement
fédéral est maintenant en discussion, même on va en parler
demain à Winnipeg. Poser le principe du décloisonnement au sujet
des institutions est une chose, appliquer le décloisonnement au sujet
des intermédiaires qui, eux sont en contact avec le public pour la
promotion et la vente des produits, que ce soit: des valeurs mobilières,
des actions, des obligations ou des produits d'assurance, c'est une autre
question.
Si vous voulez mon sentiment - c'est peut-être la raison pour
laquelle on a décidé de voir si on pouvait
accélérer les choses pour ce qui est des courtiers d'assurances
-on va peut-être vivre un ralentissement du décloisonnement des
institutions et, par voie de conséquence, également un
ralentissement de l'application du décloisonnement chez les
intermédiaires. On se rend bien compte - on n'a qu'à faire
l'examen de l'ensemble de la problématique - que c'est énorme et
que cela va poser des problèmes jusqu'à aller à
la remise en cause de ce qu'a été un courtier - sans
parler d'un courtier d'assurances - au sens où on l'a connu
jusqu'à présent.
Ma crainte, c'est que cela prenne beaucoup de temps et que, dans
l'intervalle, pour ce qui est des courtiers d'assurances -je n'en suis pas
à savoir s'ils font partie d'un courtier d'assurances indépendant
ou s'ils font partie d'un bureau corporatif, etc. - que les choses prennent
encore énormément de temps à avancer.
À la page 2 de votre mémoire, vous donnez un accord de
principe en disant - je vais vous relire; cela va prendre deux secondes, au
haut de la page 2: "En éliminant la restriction afférente
à la propriété des corporations opérant à
titre de courtiers d'assurances, on permettra à tous les participants du
secteur financier de s'organiser au mieux pour répondre à la
concurrence croissante qui règne dans le domaine de la commercialisation
des produits financiers divers. La Commission des valeurs mobilières
s'est prononcée... " Tout le monde le sait.
Mais je pose la problématique de la manière suivante. Si
le gouvernement, par hypothèse, ne se préoccupait en aucune
façon de cette intégration qui va se faire, dans l'application du
décloisonnement des institutions, et que la propriété des
maisons de courtiers, que ce soient des courtiers d'assurances ou des courtiers
de toutes formes de produits, se retrouvaient, au fil des années, sous
contrôle effectif des institutions, ma question est la suivante -elle
sera double: Comment allez-vous régler la question probable de conflit
d'intérêts? Deuxièmement, quels seront les outils qui
seront entre les mains des courtiers d'assurances ou autres en ce qui a trait
à la protection du public? Je pense que c'est le genre de
préoccupation que nous avons; elle est double. J'aimerais avoir votre
réaction là-dessus.
M. Tremblay (Marcellin): Vous me permettrez de faire une remarque
sur l'introduction de vos propres remarques lorsque vous dites que vous voulez
accélérer le processus. On s'explique assez mal qu'un haut
fontionnaire du gouvernement sous votre juridiction qui est l'Inspecteur
général des institutions financières mette en marche un
processus de consultation très élaboré qui a fait un
travail très constructif, au moment où il doit présenter
un rapport pour nous donner le consensus de ce qui peut être entendu et
discuté au cours des réunions, tout d'un coup, on dirait que le
feu est pris dans la cabane et qu'il faut absolument changer la Loi sur les
courtiers d'assurances.
Où est l'urgence? Je pense bien qu'il n'y a rien à l'heure
actuelle qui urge au point de dire que les consommateurs sont exposés
à des abus dans le contexte actuel. On a beaucoup de respect pour
différentes associations professionnelles et, en particulier, pour
l'Association des courtiers, et il n'est pas question de partir en guerre
contre l'Association des courtiers. Au contraire, elle joue un rôle
extrêmement important, tant pour la formation de ses membres que pour le
développement d'un code de déontologie.
Nous ne sommes pas absolument en guerre contre eux. Tout ce que nous
disons, c'est qu'avant de donner un modèle, avant de décider de
modifications qui ont quand même beaucoup d'importance, attendons donc de
pouvoir examiner d'abord les résultats des tables de concertation que
vous avez vous-mêmes établies. On dit: En partant de cela, nous
aurons des échanges et nous pourrons voir s'il est possible de
dégager un modèle d'association professionnelle bien
structurée, bien organisée qui jouera pleinement son rôle,
tant dans le domaine de l'assurance-vie que de l'assurance
générale, mais dans un contexte où on aura examiné
chacun des aspects de la question. C'est la seule objection fondamentale que
nous avons. Nous trouvons que le processus ne vient pas à point, ne
vient pas dans l'ordre des choses qui avait été
établi.
Quand vous parlez d'accélérer le processus, nous ne sommes
pas responsables des retards, et je pense que, non plus, l'inspecteur
général n'est pas responsable. On a commencé nos
séances en mars 1984; il y a eu plusieurs séances, il a fallu
préparer le rapport. Si mon information est bonne, il y a
déjà des rapports qui sont prêts et on n'en a pas pris
connaissance, on ne sait pas ce que ça a donné. C'est dans ce
contexte que nous demandons très constructivement - il n'est pas
question d'être en guerre avec qui que ce soit - d'attendre que le
résultat de cette concertation soit sur la table, et nous verrons
ensuite, dans l'harmonie, à organiser les associations professionnelles
de façon qu'elles jouent pleinement leur rôle. C'est strictement
et fondamentalement notre point de vue.
Pour ce qui est des conflits d'intérêts que vous soulevez,
la deuxième question, lorsque vous parlez du danger de concentration, si
vous voulez, cela existe à l'heure actuelle, il n'y a rien de
changé. Le projet de loi, à l'heure actuelle, ne règle pas
ce problème. On a mentionné, au cours des réunions
auxquelles j'ai assisté au cours de la journée, que plusieurs
bureaux de courtage ont été achetés par d'autres, qu'il y
avait plusieurs fusions de bureaux, etc. C'est un processus qui est en cours
depuis plusieurs années et qui est à peu près
inévitable, je pense, dans le contexte de la concentration de ce genre
de services; ce serait inévitable dans le contexte de
l'électronique, du développement de l'informatique, etc. Je
pense que c'est à peu près inévitable qu'on assiste
à beaucoup plus de concentration.
Cela ne veut pas dire que les intervenants, à l'intérieur
de ces corporations, ne devront pas être qualifiés comme individus
spécialisés dans l'assurance, c'est évident.
M. Duhaime: M. Tremblay, si je vous comprends bien, vous me dites
que cette situation de concentration, pour ce qui est des prises de
propriété par des non-courtiers, elle existe déjà.
Je pense que je suis d'accord avec vous que ça existe
déjà, et à vos yeux, ça ne pose pas le
problème en aucune manière sur le plan des conflits
d'intérêts.
M. Tremblay (Marcellin): Je ne pense pas que l'inspecteur
général non plus ait eu des plaintes, à ma connaissance.
On exploite un centre d'information dans notre association, nous recevons 70 ou
75 appels téléphoniques par jour, mais jamais, à ma
connaissance, depuis que je suis à l'association, il n'y a eu une
plainte qui pouvait mettre en cause ce conflit d'intérêts dont
vous parlez.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux avoir les commentaires de M. Tremblay sur la
question du décloisonnement. Le ministre, dans ses commentaires, a dit
qu'il pense que le décloisonnement, ce n'est peut-être pas pour
demain. Nous, de l'Opposition, sommes obligés d'écouter le
ministre des Finances, soit M. Duhaime ou M. Parizeau... M. Tremblay, vous
étiez ici, il y a quelques mois, quand M. Duhaime a annoncé que
le décloisonnement était non seulement pour demain, que
c'était arrivé, qu'il fallait prendre une avance sur ce
décloisonnement.
Je ne sais pas si le ministre des Finances a pris ses rêves pour
une réalité ou si, aujourd'hui, il prend ses rêves pour une
réalité quand il dit que le décloisonnement n'est pas pour
demain, mais c'est clair que nous avons deux perspectives différentes
sur ce décloisonnement. Je pense que la situation n'est pas
changée, bouleversée complètement à cause de deux
faillites de deux banques dans l'Ouest; s'il y a un mouvement qui pourrait
être arrêté par un tel événement, cela veut
dire que ce n'est pas un mouvement très important.
Je persiste à croire que ce projet de loi n'est pas
créé en fonction, surtout, du décloisonnement. C'est un
peu une question qui est secondaire. Moi, je vois ce projet de loi comme
étant quelque chose qui est proposé en fonction non pas du
décloisonnement, mais en fonction d'une centralisation accrue, un
changement dans les structures mêmes de l'industrie des assurances IARD.
Nous sommes témoins d'un changement dans la nature de cette industrie
même, où il y a des questions de décloisonnement a
côté. (15 h 30)
On voit, par exemple, la fusion ou l'achat des cabinets de courtiers par
de plus grands. On voit de plus en plus la vente directe. Il me semble que
c'est surtout en fonction de cette concentration de l'industrie, ce changement
dans la structure même de l'industrie de l'assurance, que ce projet de
loi est proposé. Si j'ai raison et si le décloisonnement n'est
pas un élément important, voyez-vous, dans ce projet de loi, une
réponse valable et intéressante à cet
événement qui est la concentration des pouvoirs? Ou sivous le voyez plutôt comme une réponse à un plus grand
principe qu'on appelle le décloisonnement? Quel est cet
élément qu'on voit ici?
M. Tremblay (Marcellin): Votre question comporte deux aspects. Je
laisserai à mon collègue, Me Bernier, le soin de parler du
processus de décloisonnement et à quelle vitesse il peut venir.
Il y a déjà...
M. Scowen: Mais, pour vous, êtes-vous plus du
côté de M. Parizeau ou de M. Duhaime? Est-ce quelque chose qui
s'en vient, qui est important et qui va nous arriver ou si c'est quelque chose
qui n'est pas pour demain et qui est exagéré?
M. Tremblay (Marcellin): Vous me posez...
Le Président (M. Lachance): M.
Tremblay, ici, vous n'êtes pas en cour, vous n'êtes pas
obligé de répondre.
M. Tremblay (Marcellin): J'espère que je ne suis pas
obligé de faire un choix. Le problème que vous soulevez... Pour
parler sérieusement de décloisonnement, Québec a fait un
travail formidable; avec le projet de loi 75, il est certain qu'on a pris les
devants en termes de décloisonnement, mais pour que cela prenne une
signification réelle, il faut tout de même être
réaliste, c'est que les compagnies à charte provinciale ne sont
pas des mastodontes. Parmi nos compagnies provinciales, sauf trois ou quatre
qui sont très considérables, assez considérables du moins,
plusieurs sont de plus petites institutions qui ne peuvent pas profiter
pleinement de tout ce que contient la loi 75 en termes de flexibilité de
décloisonnement, d'acquisition de filiales et tout ce que vous voudrez.
Là où cela va prendre une signification réelle dans le
secteur de l'assurance, c'est lorsque la loi fédérale sera
modifiée. À ce moment-là, il est clair que les grandes
boîtes, les grandes institutions d'assurance-vie qui sont
nécessairement plus
vieilles et plus influentes, sont celles qui vont beaucoup plus donner
le ton. Il est évident qu'une compagnie comme Sun Life peut avoir une
influence dans le processus de diversification beaucoup plus que peut en avoir
l'Union-Vie à Drummondville. Dans ce contexte-là, je crois qu'il
faut attendre de voir ce qui va se passer au niveau fédéral.
C'est pourquoi je demandais à M. Bernier de nous dire où on en
est à ce sujet-là parce que, justement, vous pouvez avoir
l'impression que la faillite de deux banques va avoir modéré le
processus de grands débats qui s'engagent. Mais il ne semble pas de
l'intention du gouvernement de retarder actuellement au niveau
fédéral le processus de décloisonnement. M. Bernier peut
nous en parler parce que c'est lui qui a travaillé là-dessus.
M. Bernier (Jean-Pierre): II est évident, lorsqu'on
regarde le décloisonnement des services financiers et des institutions
financières, aujourd'hui, que c'est une réalité qui se
continue. Ce qui sera retardé, c'est l'adoption de lois qui viendront
matérialiser et ordonner le décloisonnement des services
financiers. Le projet de loi 75 de M. Parizeau est venu, en somme,
légaliser un décloisonnement qui avait
précédé l'adoption de ce projet de loi. Quand le ministre
mentionne qu'il faut bien faire une distinction entre le décloisonnement
des institutions financières au niveau corporatif et le
décloisonnement des services financiers au niveau des
intermédiaires, il a raison. À cet égard, le gouvernement
du Québec fait actuellement oeuvre de pionnier. Aujourd'hui, tous les
autres gouvernements canadiens, provinciaux et fédéral, sont
encore en train de discuter de la question du décloisonnement au niveau
des institutions financières. Le gouvernement du Québec a mis sur
pied l'année dernière - c'est un geste très louable - un
groupe de travail pour étudier justement l'implication du
décloisonnement au niveau institutionnel sur les intermédiaires:
le rôle et les contrôles des intermédiaires dans un contexte
de décloisonnement. Je suis convaincu que les sujets à l'ordre du
jour qui concernent énormément les consommateurs, tels que la
concentration des pouvoirs et les conflits d'intérêts, ont
été adressés lors des discussions qui ont eu lieu aux
tables de concertation et, j'en suis sûr, feront partie du rapport de la
direction des assurances que l'on attend incessamment.
M. Tremblay (Marcellin): M. le Président, vous me
permettrez également d'ajouter un deuxième point sur la question
de M. Scowen, à savoir quelle conséquence peut avoir la
réforme proposée à l'heure actuelle à '
l'association des courtiers. En somme, ce que nous voulons éviter... On
semble s'acheminer vers une corporation fermée et je pense que c'est une
erreur. On n'est pas dans le domaine véritablement. Même si on
réfère au travail d'un courtier d'assurances en termes
généraux comme étant une profession, un professionnel, je
suis bien d'accord pour qu'on emploie un terme général comme
celui-là, mais il reste quand même qu'il serait sûrement
embêtant de vouloir associer ce professionnel aux professions
libérales et de vouloir copier intégralement ce que comporte une
corporation comme le Barreau, la Chambre des notaires ou le Collège des
médecins. Il est évident que si on veut garder la souplesse de
distribution de produits financiers, c'est la commercialisation, finalement. Il
faut éviter qu'une association devienne une corporation fermée et
une sorte d'atelier où il ne sera pas possible de pénétrer
et qui pourrait restreindre la liberté d'action et la concurrence des
institutions. C'est ce qu'on veut éviter. On a beaucoup de respect pour
les associations professionnelles. Selon notre théorie, les associations
professionnelles devraient être des associations d'adhésion libre
qui jouent pleinement leur rôle, que les assureurs, les
intermédiaires financiers de toutes sortes seraient appelés
à en faire partie. Mais la recommandation que nous avions faite dans le
mémoire que nous avons soumis à l'inspecteur
général était dans le sens que l'inspecteur
général devrait garder la pleine autorité sur
l'émission des permis, tant d'agent que de corporation et, libre
à lui, par la suite - la loi prévoit déjà cela
d'autoriser, de reconnaître certaines associations. Le fait d'appartenir
à l'Association des courtiers, comme c'est le cas présentement ou
le fait d'appartenir à l'Association des assureurs-vie tiendrait lieu de
permis. C'est une pratique qui, jusqu'à maintenant, n'a pas
créé tellement de problèmes. Cette souplesse pourrait
demeurer. Mais nous insistons quand même pour que, fondamentalement, ce
soit l'Inspecteur général des institutions financières qui
ait le dernier mot en ce qui concerne le contrôle des
intermédiaires financiers, particulièrement dans notre
secteur.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. Tremblay. Dans le cours
de nos discussions, on a souvent soulevé la question de savoir, de
l'avis des gens qui viennent les uns après les autres, ce
qu'était un courtier. Je pense qu'on est suffisamment renseigné
maintenant sur la diversité du rôle de ces gens dans le
marché financier, sauf que j'isolerais à ce moment-ci comme deux
écoles qui semblent s'affronter - j'aimerais
savoir à Iaquelle vous appartenez - l'une qui prétend que
c'est l'association qui devrait décerner le titre de courtier
d'assurances, l'administrer, le contrôler, le discipliner, etc., d'autres
ont fait remarquer qu'il pouvait s'agir - le titre de courtier,
précisément - d'un titre qui correspond à une certaine
formation, un diplôme, m'a-t-on dit, dans certains cas. J'étais
curieux de savoir de façon précise, compte tenu de votre point de
vue, à quelle école vous vous rattachez. Je soupçonne que
c'est plutôt la deuxième, mais j'aimerais vous entendre le
dire.
M. Tremblay (Marcellin): Cela dépend encore à quoi
on se reporte. On a vu qu'il y a plusieurs définitions de courtier. Si
on parle d'un titre de courtier, par exemple, courtier agréé,
là, il est certain que cela devrait probablement être
rattaché à une association professionnelle qui exige des cours de
formation, etc., qui donne un titre qui peut être comme on donne le titre
de "fellow" aux actuaires. On pourrait donner un titre de courtier
agréé par l'entremise d'une association, mais je ne pense pas que
cela crée tellement de problèmes. Par ailleurs, si on se reporte
à la réalité, la Loi sur les assurances définit le
courtier et je pense qu'il faut s'en tenir à cela. Le titre de courtier
d'assurances ne devrait pas être exclusif aux membres d'une association.
Le courtier d'assurances est celui qui agit au nom de plusieurs assureurs,
tandis que l'agent d'assurances est le mandataire d'une compagnie d'assurances.
C'est défini depuis longtemps dans la Loi sur les assurances.
Les avocats se chicanent depuis longtemps sur cette notion de mandat. Ce
n'est pas clair comme de l'eau de roche. On est dans des zones grises bien
souvent. Est-ce que le courtier est toujours le mandataire de l'assuré?
Il y a plusieurs causes qui disent le contraire. Il y a plusieurs causes qui
disent que le courtier agit souvent comme mandataire de la compagnie autant que
comme mandataire du client. On est encore dans une zone passablement
nébuleuse. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
Un titre réservé, un titre de courtier d'assurances
agréé ou associé pourrait être décerné
par une association professionnelle mais l'appellation "courtier d'assurances"
est un terme générique qui devrait être accessible à
tous ceux qui détiennent un permis pour travailler dans ce domaine.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ceux qui
détiennent un permis manifestement ou de l'association ou de
l'inspecteur général. Vous ne pensez pas à d'autres genres
d'associations qui pourraient...
M. Tremblay (Marcellin): Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):... com- mencer à se
multiplier. On a déjà fait allusion devant nous, dans un
mémoire, à un exemple aux États-Unis, je pense, où
il y a peut-être deux ou trois associations et où les courtiers se
joignaient à l'une et à l'autre ou à aucune ou à
deux ou à trois et se réclamaient, à ce moment-là,
d'un "membership" dans une association qui regroupe des gens qui sont dans
cette activité. Ce n'est pas ce que vous envisagez?
M. Tremblay (Marcellin): Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour le moment, il y a
simplement deux termes dans votre esprit: l'association et l'inspecteur
général.
M. Tremblay (Marcellin): Absolument. Vous avez un peu le
même problème dans le commerce des valeurs mobilières. Vous
avez l'Association des courtiers en valeurs mobilières qui fait suivre
un cours pour obtenir un permis de la Commission des valeurs mobilières.
La Commission des valeurs mobilières, qui avait l'autorité
d'émettre les permis, a autorisé l'Association des courtiers en
valeurs mobilières à faire passer les examens et à
décerner le permis. Il y a une flexibilité possible dans ces
choses-là. Il ne s'agit pas d'essayer de paralyser tout le monde.
Ce qu'on ne veut pas, je le répète, c'est une corporation
professionnelle fermée au sens du Barreau ou au sens du Collège
des médecins, etc., parce qu'il y a trop d'intervenants
différents dans ce domaine. Vous avez tous les vendeurs directs, par
exemple. Ils ne sont pas représentés ici mais voici un exemple
typique: les agences de voyages qui vendent de l'assurance. Allez-vous exiger
qu'on soit membre d'une corporation professionnelle pour vendre de l'assurance
à l'aéroport? Vous avez toutes sortes d'exemples semblables.
L'assurance qui est rattachée à des prêts
hypothécaires, par exemple. Vous savez, le fait de protéger le
consommateur a aussi ses limites, quand les choses sont raisonnables. Si je
prends une hypothèque et qu'on m'offre de l'assurer, cela va
coûter 1 % en plus de mon intérêt mais je vais être
assuré pour le plein montant de l'hypothèque. Ce n'est pas une
transaction commerciale extrêmement dangereuse pour le consommateur. Ce
qui serait dangereux, ce serait qu'on m'oblige à la prendre de telle ou
telle compagnie. Mais la loi, précisément, prohibe ce genre de
choses. Alors, il faut prendre garde pour ne pas exagérer cette
inquiétude de conflits, qu'on a constamment lorsqu'il n'y en a pas.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une seule question, M.
Tremblay. Dans le mémoire de l'Association des consommateurs, on
fait référence au désastre de la compagnie Northumberland
et on fait allusion au rôle du courtier qui agissait, selon eux,
exclusivement pour cette compagnie. Croyez-vous qu'il n'y ait pas assez
d'inspection ou de contrôle direct et rapide pour éviter justement
un tel désastre? Je considère le point de vue des consommateurs.
Il est très inquiétant pour moi qu'une compagnie, qui n'est tout
de même pas une petite compagnie de rien, ait fait faillite. Quelles sont
vos idées là-dessus? Est-ce que le contrôle du gouvernement
n'est pas assez rapide? Qu'est-ce qu'on pourrait faire?
M. Tremblay (Marcellin): Je regrette, vous abordez là un
domaine qui n'est pas le mien mais plutôt celui de l'assurance
générale. Je pourrais toujours y répondre parce que j'ai
mon opinion personnelle...
M. Polak: Mais vous êtes dans les assurances...
M. Tremblay (Marcellin):... mais je ne suis pas mandaté...
Oui, mais dans l'assurance de personnes. Je ne suis pas mandaté pour
parler des compagnies d'assurances générales. Mais il reste quand
même un fait, c'est que vous avez raison de dire que c'est un
problème pour les consommateurs. L'exemple que vous donnez est typique.
Il n'est pas réglé par la Loi sur les courtiers. Ne vous mettez
pas dans la tête que si la Loi sur les courtiers avait existé
telle qu'elle est proposée dans l'avant-projet de loi actuel, cela
aurait changé un iota de ce qui s'est produit dans le cas de la faillite
de la Northumberland. Cela n'a aucun rapport. Ce sont deux questions
différentes. Cela pose tout le problème des fonds d'indemnisation
pour les assurés. Comme il existe l'assurance-dépôts pour
les autres institutions financières, est-ce qu'il devra exister des
fonds de garantie, etc. ? C'est un tout autre domaine qui n'a absolument rien
à voir avec le rôle du courtier et ses responsabilités.
M. Polak: Dans le domaine de l'assurance-vie, les règles
de contrôle sont tellement bien établies qu'on n'a pas besoin
d'avoir peur de cela?
M. Tremblay (Marcellin): La même chose existe pour les
compagnies d'assurance-vie. Théoriquement, une compagnie d'assurance-vie
- heureusement, il n'est jamais arrivé au Canada qu'une compagnie
d'assurance-vie ait failli à ses obligations, parce que quand c'est
arrivé, les compagnies ont été absorbées rapidement
par d'autres -serait exposée de la même façon que les
autres. Que voulez-vous? Cela reste des institutions privées qui sont
exposées à tous les problèmes que peuvent connaître
d'autres institutions financières. (15 h 45)
M. Bernier: Pour l'information de la commission, dans le livre
vert du gouvernement fédéral sur les institutions
financières, il y a une recommandation afin d'informatiser la
divulgation des états financiers des institutions financières et
les agences gouvernementales et de contrôle auront un accès direct
à l'information, "in real time", comme ils le disent. Cela va
certainement faciliter la surveillance de la solvabilité, des
états financiers des institutions financières.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. Tremblay, voulez-vous nous expliquer
brièvement le sens du dernier paragraphe de votre mémoire? Pour
moi, ce n'est pas...
M. Tremblay (Marcellin): Oui, ce n'est pas très clair de
la manière dont c'est dit. C'est parce que nous nous
référons tout le temps au permis délivré par
l'Inspecteur général des institutions financières. On se
réfère toujours à un permis. Dans nos suggestions, nous
sommes favorables au maintien d'un permis, mais dans le mémoire que nous
avons présenté à l'inspecteur général, nous
disons: Si vous voulez simplifier les choses, si vous voulez enlever le permis
et vous contenter d'un registre, la formule, autrement dit, la mécanique
pourrait être changée mais le résultat serait le
même. Au lieu d'un permis renouvelable tous les ans, par exemple, on
pourrait probablement faire ce qui se fait dans d'autres professions, se
contenter d'un registre. Une fois que quelqu'un serait inscrit au registre des
assureurs-vie, par exemple, ou au registre des courtiers, il pourrait ne pas
avoir à renouveler son permis chaque année. C'est dans ce
sens-là. C'est une remarque assez anodine, c'est pour dire tout
simplement que la mécanique pourrait être modifiée sans que
l'esprit soit changé.
M. Scowen: Croyez-vous que l'inspecteur général
doit avoir le droit d'attribuer le titre de courtier d'assurances à un
individu?
M. Tremblay (Marcellin): Comme terme général, oui,
mais non pas comme courtier d'assurances agréé, comme cela peut
être fait par l'association. Comme courtier d'assurances, oui.
M. Scowen: Dans l'avant-projet, on propose qu'il puisse donner un
certificat d'agent d'assurances mais on ne précise pas que l'agent
pourrait être un courtier. Je
parle du titre de courtier comme tel.
M. Tremblay (Marcellin): Ce serait dans des conditions à
déterminer, pourvu que l'on établisse à peu près
les mêmes exigences que l'Association des courtiers. C'est ce qui existe
dans la pratique. Les examens pour l'obtention d'un permis d'agent
d'assurance-vie, par exemple, si cela se passe au service des assurances, c'est
la même chose que les examens qui sont exigés par l'association.
Il y a souvent une concordance entre les deux, par règlement d'une part
ou par l'association.
M. Scowen: Donc, vous proposez qu'une personne physique ait le
droit de s'adresser soit à l'association soit à l'inspecteur
général pour l'obtention du titre de courtier.
M. Tremblay (Marcellin): C'est cela. M. Scowen: Si je vous
comprends bien...
M. Tremblay (Marcellin): Pour être logique avec notre
position, on dit que l'association devrait être un organisme
d'adhésion libre. À ce moment-là, on ne voudrait pas que
quelqu'un qui veut faire de l'assurance soit obligé d'être membre
de l'association.
M. Scowen: Ce n'est pas ce qui est prévu dans
l'avant-projet de loi, ce que vous proposez.
M. Tremblay (Marcellin): Non, non, ce n'est pas ce qui est
prévu.
M. Scowen: Ce n'est pas cela qui...
M. Tremblay (Marcellin): On ne s'est pas avancé beaucoup
sur ce terrain pour la raison que je vous donnais dès le début.
Ce n'est pas, premièrement, notre champ d'action principal. On n'est pas
directement impliqué dans la distribution de l'assurance
générale, malgré que plusieurs de nos compagnies membres
dirigent des compagnies d'assurances générales et, donc, sont
indirectement concernées. Ce qu'on ne voulait pas, c'était
s'engager dans le débat. On voulait simplement notre présence ici
et je tiens à souligner de nouveau que c'était pour essayer de
convaincre les membres de la commission que ce projet vient trop rapidement
dans le contexte où nous sommes en train d'étudier tout le
problème.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Lachance): Comme il n'y a pas d'autres
intervenants qui m'ont signalé leur intention de prendre part aux
discussions, je voudrais remercier M. Tremblay et M. Bernier pour avoir
apporté leur point de vue et donné leur avis aux membres de cette
commission.
Je répète la demande que je faisais préalablement.
Y a-t-il des membres de l'Association des gestionnaires de risques et
d'assurances du Québec qui sont présents ici? Non? Par
conséquent nous allons suspendre...
Une voix: Ils étaient prévus à 20
heures.
Le Président (M. Lachance): Oui, c'est cela. De 20 heures
à 21 heures, ce sera l'association provinciale et, de 21 heures à
22 heures, les Instituts d'assurance du Canada.
La commission du budget et de l'administration suspend donc ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 15 h 51)
(Reprise à 15 h 55)
Le Président (M. Lachance): Les représentants de
l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec étant
disponibles immédiatement, les membres de la commission sont d'accord
pour les entendre. Par conséquent, si les membres des Instituts
d'assurance du Canada sont là à 20 heures, on pourra raccourcir
le moment de notre présence ici.
Mme la députée de Johnson, comme dit l'adage, "Ce que
femme veut, Dieu le veut".
Mme Juneau: Voilà, M. le Président! Merci.
Le Président (M. Lachance): J'inviterais le porte-parole
de l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec à nous
faire part de leurs observations.
Association provinciale des assureurs-vie du
Québec
Mme Roberge (Véronique): M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs de la commission, je suis Véronique
Roberge, conseiller juridique de l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec. On est un peu essoufflés parce qu'on vient d'arriver. On
a traversé sous le boulevard.
J'ai le plaisir de vous présenter, à ma gauche, M.
Réal Parent, assureur-vie agréé, qui est le
vice-président de l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec. M. Gilles Viel devait être avec nous. Cependant, comme
nous étions convoqués pour 20 heures, il n'est pas encore
arrivé mais je crois que, quand même, on peut faire la
présentation qui était prévue.
L'Association provinciale des assureurs-vie du Québec regroupe
plus de 6400 membres qui sont répartis dans 19 régions du
Québec. C'est une association à adhésion
volontaire. Elle est agréée par l'Inspecteur
général des institutions financières sous
l'autorité de l'article 327 de la Loi sur les assurances. En vertu de
cet agrément, l'appartenance à une association confère le
droit d'exercer en assurance de personnes: assurance-vie et, s'il y a lieu,
accidents et maladie également. Vous avez probablement une copie de
notre mémoire dans lequel on mentionne en avant-propos le nombre des
assureurs-vie qui sont également autorisés à transiger de
l'assurance de dommages. C'est environ 23 % de nos membres. Et, chez les
assureurs-vie qui sont classifiés comme courtiers d'assurance-vie, ce
pourcentage est de près de 37 %. Ces chiffres sont extraits d'une
monographie de recherche qui a été effectuée à la
demande de l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec par la
chaire en assurance de l'Université Laval l'année
dernière. Il y a aussi un relevé qui a été
effectué en 1984 lors de l'étude de l'état de la situation
en assurance de personnes à la table de concertation ou comité de
travail qui avait été créé pour étudier la
situation des assureurs-vie au Québec. On a établi à ce
moment-là que 1359 membres de l'APAVQ exerçaient aussi en
assurance de dommages, 589 comme agents exclusifs et 770 comme courtiers
d'assurances membres de l'Association des courtiers d'assurances de la province
de Québec.
J'inviterais maintenant M. Parent à vous présenter le
mémoire.
M. Parent (Réal): Bonjour tout le monde. Très peu
d'expérience dans ce genre de travail. D'ailleurs, on venait cet
après-midi pour voir un peu comment cela se passait pour pouvoir bien se
préparer. On est arrivé, finalement, je pense, un peu en retard
pour voir mais à temps pour présenter notre mémoire. Je
vais passer assez rapidement le mémoire. S'il y a des points... Je ne
sais pas si vous voulez qu'on lise tout le mémoire ou si vous nous
arrêtez pour les questions. En tout cas, on est prêt à se
plier à tout ce que vous voulez.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Pour les fins
d'une meilleure compréhension, en général, les
intervenants ou témoins ou les gens qu'on entend nous font part
préliminairement de toutes leurs observations, quitte, à la
période de questions de la part des deux côtés de la table,
à répondre à nos interrogations par la suite.
M. Parent (Réal): D'accord, merci. La première
chose qu'on constate, c'est que nous, à l'APAVQ, on est très
sensibilisés au décloisonnement des institutions
financières ainsi qu'à la diversification qui s'en vient.
On pense que la loi ne présente pas une révision
complète de la situation des intermédiaires en assurance de
dommages, agents ou courtiers. On croit que l'intégration des services
financiers au niveau des institutions génératrices de produits
entraîne une distinction croissante de la fonction de
l'intermédiaire. C'est notre première observation. (16
heures)
On déplore que l'avant-projet de loi ne prévoie pas pour
l'association la responsabilité de certifier les agents exclusifs des
assureurs de dommages, fonction tout à fait compatible avec la mission
de l'association dans les domaines de la formation professionnelle, de la
surveillance, de la conduite professionnelle.
Ce qu'on veut dire, c'est qu'on croit que les personnes qui ne sont pas
nécessairement courtiers mais qui sont plutôt représentants
exclusifs exercent auprès du public le même travail, sauf qu'elles
ne représentent pas plusieurs compagnies. Autrement dit, au niveau du
choix elles n'ont pas à distribuer plusieurs sortes de compagnies mais
au niveau du client lui-même nous ne croyons pas que la distinction se
fasse. Nous croyons que la loi devrait inclure ces personnes qui travaillent
comme agent.
Ici, quand on parle de la définition du courtier d'assurances on
veut vous signaler que la définition du courtier d'assurances est
très ambiguë. C'est-à-dire que pour le public, la
définition du courtier d'assurances inclut des personnes qui font toutes
sortes d'assurances. On croit que vous devriez peut-être regarder la
possibilité de prendre le courtier d'assurances de personnes et le
courtier d'assurances de dommages. On croit ici que ce devrait être
beaucoup plus explicite au niveau du titre en tant que courtier. Courtier
d'assurances, pour le public, cela inclut implicitement que la personne peut
faire toutes sortes d'assurances, mais on sait bien que la personne qui
travaille comme courtier d'assurances, très souvent, n'a pas les
aptitudes - je ne dirai pas les aptitudes mais plutôt la
compétence - et ne répond pas aux critères pour desservir
la clientèle au niveau de l'assurance de personnes. Et nous ne croyons
pas que l'intention soit ici de permettre aux courtiers membres de
l'association des courtiers d'exercer également, et en cette
qualité, dans le domaine de l'assurance des personnes.
Donc, l'usage et la tradition ainsi que le paragraphe d de l'article 335
de la Loi sur les assurances ont établi qu'il s'agit d'assurances autres
que sur les personnes, comme nous l'avons précédemment
mentionné. Le consommateur n'en est cependant généralement
pas conscient.
Parmi tous les titres, nous disons que ceux d'agent d'assurances et de
courtier
d'assurances sont les moins précis parmi tous les titres
utilisés dans l'assurance. Dans le cas de courtier d'assurances, cette
imprécision peut entraîner un empiétement dans le domaine
de l'assurance de personnes sans y être autorisé. Cet
empiétement est difficile à surveiller en raison, d'une part, du
degré d'autonomie dont jouit le courtier et, d'autre part, du
fréquent partage de clientèle entre un courtier d'assurances et
un assureur-vie, ce dernier pouvant être amené à un partage
de commissions effectué de bonne foi avec un courtier non
autorisé à exercer en assurance de personnes, contrevenant ainsi
à l'article 406m de la Loi sur les assurances.
Nous recommandons que cette question devrait être traitée
dans le cadre de la révision globale de la situation des
intermédiaires en assurance des personnes et non dans un projet visant
quelques aménagements.
Quant à l'exercice de la profession de courtier d'assurances,
nous croyons que trop souvent il ne s'agit pas d'un exercice vraiment exclusif
mais d'un titre réservé et que plusieurs personnes pourront agir
comme courtier d'assurances sans être membre en règle de
l'association.
Dans le même cadre, nous croyons que s'il suffit de
rémunérer... La définition, c'est qu'on parle de personnes
rémunérées à salaire mais on ne définit en
aucune façon ce qu'est un salaire. Est-ce qu'on va se servir de la Loi
sur les normes du travail? Est-ce qu'on va se servir du dictionnaire? De quoi
va-t-on se servir pour définir le salaire? Nous croyons que
l'utilisation du terme "personne rémunérée à
salaire" va permettre un évitement. S'il suffit de
rémunérer un courtier à salaire pour le soustraire
à l'application de la Loi sur les courtiers d'assurances, l'inspecteur
général recevra probablement des demandes de certificat de
représentation multiple en assurance de dommages. Nous ne croyons pas
que ce soit la volonté politique de l'avant-projet. Nous recommandons
donc de substituer à l'expression "moyennant une commission ou une
rémunération autre qu'un salaire" l'expression "à titre
onéreux" qui serait beaucoup plus explicite et ainsi je suis certain
qu'on éviterait toute ambiguïté.
À l'article 32. 1°, on exclut les avocats, notaires et
actuaires. Nous croyons que l'avant-projet de loi ne devrait pas inclure ces
mots car l'avocat, le notaire et le comptable, dans leur travail, ne pratiquent
jamais comme un courtier d'assurances. Leurs gestes ne sont jamais posés
dans le but de transiger des affaires d'assurances à titre
onéreux. Quant aux actuaires, ils ne sont régis par aucune loi
les constituant en corporation professionnelle. Nous croyons donc que
l'actuaire devrait être inclus au niveau du courtier d'assurances car
l'actuaire n'a pas de statut professionnel lié à l'encadrement,
aux devoirs et aux obligations que représente l'appartenance à
une corporation professionnelle.
Ainsi, l'actuaire se trouve à n'être régi par aucune
loi. S'il agit en tant que courtier d'assurances, s'il sollicite des contrats
d'assurances, nous croyons qu'il devrait être lui aussi soumis à
la Loi sur les courtiers d'assurances. Eu égard à la protection
du public, il ne me paraît pas justifiable de soustraire à la
juridiction de l'association les actuaires qui agiront comme courtier
d'assurances au sens de l'article 31. Pour toutes ces raisons, nous
recommandons la radiation du paragraphe 1 de l'article 32. Me Roberge va vous
parler de l'article 32.
Mme Roberge: Dans ce même article 32, au paragraphe
deuxièmement on exclut les personnes titulaires d'un certificat
émis par l'inspecteur général. On doit donc comprendre
personne physique et personne morale ou corporation. Il y a déjà,
au paragraphe quatrièmement de l'article 32, une exclusion, une
exception pour les personnes qui auraient déjà obtenu des
certificats délivrés par l'inspecteur général. On
ne traite pas des droits acquis dans ce paragraphe deuxièmement.
À première vue, il paraît donc redondant. On en
déduit cependant que l'inspecteur général devra continuer
d'émettre des certificats de représentation multiple en
assurances de dommages. Comme on le disait précédemment,
dès qu'une personne employée à salaire veut agir comme
courtier d'assurances, elle pourra s'adresser à l'Inspecteur
général des institutions financières et demander un
certificat de représentation multiple en assurances de dommages,
certificat qui est déjà prévu dans le règlement
général d'application de la Loi sur les assurances.
On en déduit que cet avant-projet de loi ne vient pas ramener
sous la juridiction de l'Association des courtiers d'assurances toutes les
personnes qui agiraient comme courtier d'assurances, mais qu'il y aurait encore
des détenteurs de certificats de représentation multiple en
assurances de dommages.
À l'article 33, on laisse à l'association le soin de
définir par règlement la portée et les modalités
des actes qui seront posés par des employés d'un membre en
règle. Ces actes pourraient être tous ou en partie ceux
visés par l'article 31 qui définit ce que c'est que d'agir comme
courtier d'assurances. Nous croyons qu'il faudrait déjà
prévoir que la portée et les modalités qu'on
prévoit ici soient restrictives, de façon qu'on garantisse la
compétence des individus concernés et leur surveillance, quel que
soit leur employeur, personne physique ou morale. On peut facilement imaginer
qu'une corporation
de courtiers n'ait que des employés. La corporation de courtiers
pourrait être détenue par des courtiers d'assurances qui
oeuvreraient ailleurs ou au même lieu. On peut même imaginer une
corporation de courtiers qui serait d'une autre province, qui n'aurait que des
employés au Québec qui ne seraient pas membres de l'Association
des courtiers d'assurances de la province de Québec. Ils agiraient en
cette qualité de courtier, mais en vertu de l'article 33 ces personnes
ne seraient pas obligées d'adhérer à l'Association des
courtiers d'assurances de la province de Québec.
Cette question est très complexe lorsqu'on examine la situation
des très grosses firmes de courtage. Ce n'est pas une question
irréaliste et nous pensons qu'elle devrait être traitée
dans le cadre d'une révision globale de la situation des
intermédiaires en assurances.
Au sujet de la propriété et de la direction des
corporations de courtage, vous avez, en page 13 de notre mémoire,
quelques considérations. D'abord, on se demande si l'article 9bl
quatrièmement ne crée pas une entrave absolument inutile à
la création de corporations qui représenteraient des
équipes multidisciplinaires.
L'avant-projet de loi a mis de côté la règle
actuellement en vigueur qui prévoyait que la majorité des actions
ayant droit de vote soit la propriété de personnes physiques ou
de leurs proches qui seraient des membres de l'association des courtiers. Nous
croyons qu'il est bon que cette question soit mise de côté et nous
croyons aussi qu'il ne faudrait pas que ce quatrièmement demeure dans
l'avant-projet de loi, à l'article 9bl, qui exige que le conseil
d'administration soit composé en majorité de membres en
règle.
Déjà, il y a des corporations de courtiers qui ont, parmi
leurs actionnaires, des personnes qui agissent en assurance de personnes.
Certaines des personnes qui agissent en assurance de personnes peuvent
également, si elles consentent à représenter un fonds
mutuel sous gérance commune avec l'assureur qu'elles
représentent, faire de l'assurance de personnes pour un seul assureur et
du placement de fonds mutuels pour une société de fonds mutuel
qui est sous gérance commune avec cet assureur. Il y a
déjà des équipes qui présentent au public plusieurs
produits et on peut entrevoir facilement, avec le décloisonnement, qu'il
y aura une diversification autant des services que des produits qui seront
offerts par ce genre de corporation. L'association croit encore que cette
question devrait être traitée dans le cadre d'une révision
globale de la situation des intermédiaires dans les services financiers,
dans la prestation de tous les services financiers y compris les produits.
Il y a certaines questions particulières qui ont retenu notre
attention. Vous les retrouvez en page 15 et suivantes. Le fonds d'indemnisation
qu'on prévoit créer, ce sont les articles 6. 1 à 6. 4
proposés qui prescrivent la création d'un fonds d'indemnisation
qui est susceptible, à notre avis, de représenter un très
gros fardeau pour les membres de l'association des courtiers. Nous avons cru
bon d'en parler ici. Nous avons près de 1400 membres
intéressés par l'assurance de dommages dont 770, comme je le
mentionnais tantôt, qui sont membres de l'association des courtiers et
nous pensons que, pour ces personnes, si on prévoit qu'une
indemnité pourra porter non seulement sur le détournement d'une
somme, mais sur les conséquences d'un détournement de fonds, les
conséquences peuvent être énormes et représenter une
énorme somme.
On a prévu que l'association pourra déterminer des
modalités d'indemnité partielle ou totale, mais on se demande, si
on dit qu'il s'agit d'une personne lésée par l'insuffisance ou
l'inexistence d'une assurance, s'il faudra quand même aller
jusque-là, quelles que soient les modalités, si on veut respecter
les articles 6. 1 à 6. 4. Nous croyons que c'est un fonds
d'indemnisation qui peut créer un fardeau beaucoup trop lourd.
En deuxième lieu, nous parlons aussi des activités
compatibles. Dans les lois-cadres présentement, on ne définit pas
d'activité compatible, qu'il s'agisse, par exemple, de la Loi sur les
assurances et, à ma connaissance, il n'y a pas d'autre loi que la Loi
sur les valeurs mobilières qui va définir des activités
compatibles, mais il serait peut-être temps qu'on y pense et qu'on essaie
de traiter de compatibilité plutôt que de traiter
d'activités accessoires ou complémentaires.
Actuellement, l'article 334 de la Loi sur les assurances ne s'applique
pas aux courtiers d'assurances, puisque c'est dans la section dont ils sont
exceptés en vertu de l'article 326a. Cet article 334 de la Loi sur les
assurances prescrit l'exercice exclusif pour les agents d'assurances, qu'ils
soient agents exclusifs ou non. Actuellement, il n'y a aucune stipulation qui
exige que le membre de l'Association des courtiers d'assurances doive se
limiter à l'exercice de sa profession dans l'avant-projet de loi.
Évidemment, nous pensons que l'association pourrait, par
règlement, définir quelles seront les activités des
personnes physiques qui pourront adhérer à l'association. (16 h
15)
Ce que prévoit, par contre, l'avant-projet de loi, à
l'article 9bl deuxièmement -et on en traite à la page 17 de notre
mémoire - c'est que la corporation qui pourrait être admise comme
membre pourrait agir comme courtier d'assurances ou exercer toute autre
activité déterminée par règlement de l'association.
Je pense que, si on lit
cette disposition telle qu'elle est rédigée, on pourrait
imaginer que l'association admettrait des corporations qui ne feraient
même pas d'assurance et je ne pense pas que ce soit l'intention du
législateur. Je ne pense pas non plus que quiconque va essayer de
l'interpréter dans ce sens, mais cet article mérite
sûrement une nouvelle formulation qui précise qu'il faudra agir
comme courtier d'assurances seulement ou en même temps que toute
autre activité. C'est là qu'on aimerait, nous, qu'on traite de
compatibilité. Évidemment, si vous prévoyez inclure dans
cet avant-projet de loi une activité compatible, il faudrait traiter de
compatibilité ailleurs, pour qu'à un moment donné on sache
de quoi on parle.
Cela termine les questions particulières soulevées par
l'APAVQ. En conclusion, l'association réitère qu'il faudrait dans
les meilleurs délais introduire une réforme globale de toute la
situation des intermédiaires en assurances. En faisant cette
réforme, nécessairement, on touchera à la prestation de
l'ensemble des services financiers qui traitent de sécurité
financière, de prévoyance, de sécurité
financière en cas de sinistre et aussi de sécurité
financière tout court, c'est-à-dire la prévoyance en
dehors même de la question des assurances. Je pense que M. Parent serait
disposé à répondre à vos questions, si vous en
avez.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Merci. M.
le ministre.
M. Duhaime: Je vous remercie. Je voudrais peut-être, avant
d'aller à quelques questions, avoir une explication sur l'Association
provinciale des assureurs-vie du Québec. À la première
page de votre mémoire, vous nous dites qu'il y a 1359 membres en
assurance de dommages, soit à titre d'agent exclusif en vertu d'un
certificat délivré par l'inspecteur général ou,
encore, à titre de courtier d'assurances en qualité de membre de
l'association, ce qui veut dire que les adhérents à votre
association sont pour la moitié des agents et pour une autre
moitié, des courtiers.
Mme Roberge: On parle d'assurance de dommages. Pour ce qui est de
l'assurance de personnes, la majorité des membres de l'APAVQ est en
représentation exclusive par contrat individuel passé avec un
assureur, mais le certificat qu'on détient comme membre de l'association
- le certificat délivré par l'inspecteur général -
est un certificat de représentation multiple. C'est par entente
individuelle que l'agent a restreint ou non sa représentation.
M. Duhaime: Bon! Maintenant, à la page 5 de votre
mémoire, aux dernières lignes de la page 5, vous dites: "Nous ne
croyons pas que l'intention soit ici de permettre au courtier membre de
l'association des courtiers d'exercer également et en cette
qualité dans le domaine de l'assurance de personnes. " On a parlé
beaucoup en arrière-plan du décloisonnement des institutions
financières. On parle du décloisonnement des
intermédiaires, etc. Est-ce que, de votre point de vue, vous seriez
favorables à un décloisonnement au niveau des
intermédiaires qui ferait que, quitte à ce que se cerne la
définition du courtier, on puisse à la fois être un
courtier dans le domaine de l'assurance de personnes aussi bien que dans celui
de l'assurance de dommages, sans aucune espèce de restriction que ce
soit. On décloisonnerait.
M. Parent (Réal): Dans le mémoire que nous avons
soumis à l'inspecteur général en 1983, nous avons
précisé cela. On n'a aucune restriction à ce que cela se
fasse pour autant que les gens qui font le travail aient les compétences
pour le faire. Nous croyons que les compétences pour agir en assurance
de personnes ne sont vraiment pas les mêmes que pour agir en assurance de
dommages. Ce sont deux choses complètement différentes. Les deux
travaillent en assurances comme les deux pourraient être médecins
et le médecin qui travaille comme gynécologue et l'autre qui
travaille comme oculiste sont tous les deux médecins, mais ils
travaillent dans deux sphères différentes. La même chose en
assurances; celui qui travaille en assurance de dommages n'a pas la même
formation, n'a pas la même compétence. Si la même personne
peut avoir la double compétence, à ce moment-là, on n'a
aucune objection à ce que cela se fasse.
M. Duhaime: Vous n'auriez aucun problème à ce que
le décloisonnement aille dans cette direction.
M. Parent (Réal): Non, l'association...
M. Duhaime: Pour autant, bien sûr, que...
M. Parent (Réal): Pour autant que cela réponde
à des critères. Ici nous avons l'association des courtiers; nous,
nous avons aussi des critères comme association des assureurs-vie, en
collaboration avec l'inspecteur général... Si ces critères
sont respectés, on n'a aucune restriction là-dessus.
M. Duhaime: II y a une question qui a été
soulevée et que votre mémoire aborde aussi dans sa
troisième partie, sur la question de la propriété. Est-ce
que, dans la mise en route de cette politique de décloisonnement qui,
maintenant, rejoint les intermédiaires, vous avez des problèmes
à réconcilier la réalité suivante: des
intermédiaires en assurances, les courtiers, pour une bonne part
du marché à l'heure actuelle, sont dans de grands bureaux
corporatifs et ces mêmes bureaux corporatifs, peu importe le niveau...
lorsque ces bureaux corporatifs deviennent sous le contrôle effectif
d'institutions financières et, entre autres, des assurances, est-ce que
cela pose un problème?
M. Parent (Réal): Je ne sais pas... Je n'ai pas tellement
bien saisi la question.
M. Duhaime: Prenez un bureau corporatif...
M. Parent (Réal): Oui.
M. Duhaime:... des courtiers d'assurances dont la
propriété effective ne leur appartient plus mais appartient, dans
certains cas, à une ou à des compagnies d'assurances, comme cela
pourrait être d'autres institutions financières qui ont la
propriété de ces bureaux, est-ce que cela pose des
problèmes, selon vous, sur le plan des conflits
d'intérêts?
Mme Roberge: L'association ne s'est pas prononcée sur la
question du conflit d'intérêts, mais je pense qu'on peut examiner
cette question dans le même sens que n'importe quel réseau de
distribution. Si une compagnie peut avoir un réseau exclusif de
distribution, on pourrait imaginer qu'elle ait un réseau de distribution
qui s'appelle "firme de courtage". Mais, à ce moment-là, le mot
"courtage" n'a plus aucun sens, c'est bien sûr.
Déjà, on sait que le mot "courtage" n'est pas
nécessairement compris dans le même sens que le courtage se vit.
Quelles que soient les formes de rémunération ou de distribution
des produits, il se fait une concentration des affaires auprès d'un
assureur ou d'un petit groupe d'assureurs. Le véritable courtage, dans
le sens d'un choix d'assureurs donné à chaque personne qui serait
susceptible de transiger des affaires d'assurances, cela ne se fait pas
quotidiennement. Le choix de l'assureur se fait par le courtier beaucoup plus
que par le client, finalement. Alors, au fond, cette question est une question
de réseau de distribution. Si la compagnie détient la
majorité des actions d'une firme de courtage, c'est un peu comme si elle
avait son agence avec son nom sur la porte.
M. Parent (Réal): Mais ce qu'on vit...
M. Duhaime: Madame, je voudrais vous suggérer que, depuis
ce matin, nous avons entendu, sur cette question, des points de vue
diamétralement opposés à la réponse que vous venez
de formuler. Je pense qu'il est aussi concevable que les points de vue soient
divergents. Dans le cas où le public fait affaires avec un agent qui
représente une compagnie, il fait affaires avec un mandataire d'une
compagnie; c'est clair pour tout le monde.
Le problème se complique davantage lorsque le grand public fait
affaires avec une grande firme de courtiers, qui est devenue ce qu'on appelle
un bureau corporatif, dont le contrôle effectif n'est pas
nécessairement entre les mains de ces courtiers qui oeuvrent à
l'intérieur mais dont le contrôle effectif peut être
externe, dans les mains de compagnies d'assurances, d'institutions
financières ou autres. On nous a représenté -je ne
voudrais pas mettre des mots dans la bouche de qui que ce soit - que, sur le
plan de l'exercice, sur le plan de la vente des produits d'assurances, en soi,
cela ne posait pas un problème dans la mesure où, sur le plan du
statut professionnel, le courtier était réglementé d'une
manière ou de l'autre. Mais je note que c'est d'une façon assez
spontanée que vous dites: Si tel était le cas, à ce
moment-là, on retrouverait une compagnie qui aurait un réseau de
distribution. Mais cette situation que je vous décris, vous la retrouvez
dans les faits. Elle existe aujourd'hui. Comprenez-moi bien, quand je pose
cette question. Ce n'est pas dans le sens de prêter des intentions ou de
formuler quelque accusation ou d'éveiller même un soupçon;
mon but est de savoir. Nous avons déposé un avant-projet de loi
et c'est à dessein que c'est un avant-projet de loi qui a
été déposé. Si le gouvernement savait exactement
quelle est la meilleure solution, nous ne serions pas à l'étape
d'un avant-projet de loi, nous aurions déposé un projet de loi.
Nous voulons que cette consultation se fasse le plus largement possible.
La question des conflits d'intérêts revient
continuellement. Il ne s'agit pas de dire qu'on va se donner un système
de lois et de règlements qui vont faire en sorte que tout le monde sera
à l'abri de n'importe quoi qui pourrait arriver, ce serait assez
illusoire d'imaginer une structure comme celle-là. Je note votre
réaction sur ce point.
Le fonds d'indemnisation, vous en parlez dans votre mémoire. Si
j'ai bien saisi, vous êtes plutôt en désaccord. Qu'est-ce
que vous suggérez à la place? Un système d'assurance
quelconque ou rien du tout? Je comprends avec vous qu'un fonds d'indemnisation,
si ce sont les membres qui vont recevoir Ia couverture, c'est-à-dire les
membres qui vont exercer la profession qui vont contribuer, c'est
évident que ce sera une charge additionnelle, le but étant de
protéger le public, mais vous prononçant contre le fonds
d'indemnisation, qu'est-ce que vous suggérez à la place? Rien du
tout ou encore un système d'assurance-responsabilité
obligatoire?
Mme Roberge: Le fonds d'indemnisation ne couvre pas les pertes en
cas d'erreur ou d'omission; selon la compréhension qu'on en a, ce serait
plutôt en cas de fraude, de détournement de fonds. La
réaction de l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec
est que le fonds d'indemnisation n'est peut-être pas la meilleure
façon d'essayer de rendre justice à une victime d'acte criminel
puisque c'est faire partager à un petit nombre de personnes les
conséquences d'un acte criminel.
Évidemment, on sait que c'est dans un contexte de surveillance,
c'est une mission de l'association de surveiller l'exercice par ses membres;
mais nous croyons que cette question devrait faire partie de la révision
globale de la situation des intermédiaires. Un intermédiaire,
dans un autre champ d'exercice, peut également commettre un acte
criminel s'il ne le fait pas au nom de son employeur, l'employeur n'est pas
intéressé... il n'y a pas de fonds d'indemnisation pour couvrir
la perte causée. Il y a des carences ailleurs. Est-ce que le fait de
laisser une carence dans ce domaine se justifie par les carences qui existent
ailleurs. Peut-être pas, mais il ne faudrait quand même pas
créer de fardeaux très lourds pour les uns et ne pas en
créer du tout pour les autres.
Quand on parle d'une association qui peut regrouper peut-être 5000
personnes et que les conséquences d'un détournement de fonds, qui
traitent de l'insuffisance ou de l'inexistance d'une assurance, peut aller
jusqu'à combien... On ne peut imaginer les sommes qui peuvent être
impliquées. Dans d'autres corporations professionnelles, on
prévoit couvrir des pertes mais c'est basé sur la somme
détournée et non pas sur les conséquences du
détournement.
M. Duhaime: Sauf que les plafonds qui existent dans certaines
lois sont maintenant, semble-t-il, remis en cause par des jugements de
tribunaux. C'est vrai que ce sont des jugements de tribunaux de première
instance, mais un jour le jugement final va arriver.
Je vous remercie, madame et monsieur.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu passer un peu en revue ce qu'on a
entendu jusqu'à présent. Il semble qu'il y ait trois tendances
qui ont été exprimées. Il y en a une, qui est un peu
indiquée par le projet de loi lui-même, où l'association a
une beaucoup plus grande part afin de contrôler le système de
courtage; une deuxième où on aurait plus ou moins le statu quo,
c'est-à-dire que l'association continuerait à émettre des
permis alors qu'en même temps il y aurait l'alternative d'aller vers
l'inspecteur général; une troisième tendance, qui s'est
manifestée chez beaucoup d'intervenants ici, avec le
décloisonnement et l'étude qui se fait à présent,
peut-être qu'on aurait dû revoir toute la question, ouvrir la
machine, permettre à plus d'intervenants de se mettre dans le
système de la distribution de l'assurance, qui veut devenir
gestionnaire, conseiller ou vendeur de produits du domaine financier, etc. (16
h 30)
II est justifié pour le troisième système de dire:
II y a certaines choses aujourd'hui qui sont imposées presque par le
système économique. Deuxièmement, beaucoup de ces choses,
à cause de l'informatique, à cause de l'uniformisation,
deviennent beaucoup plus faciles: acheter une assurance pour la maison ou pour
l'automobile, en Amérique, c'est de plus en plus facile. Est-ce que tout
cela n'est pas relié, selon vous, en fait vous l'avez exprimé
dans votre mémoire et je pense que M. Parent l'a exprimé,
à toute la question de compétence? Ce qui me chicote un peu dans
toute cette notion, c'est qu'on dirait qu'on est en train d'essayer de faire
deux choses paradoxales à la fois. On dit: On va ouvrir la machine et,
en même temps, on dit: Ce qu'il faut pour protéger le public,
c'est être sûr qu'il y a des compétences. Est-ce que ce
n'est pas cela le noeud du problème, comment réunir ces deux
choses-là à la fois?
M. Parent (Réal): C'est ce qu'on dit. Il existe
présentement, on ne peut pas se mettre la tête dans le sable, un
chevauchement. Des équipes multidisciplinai-res, cela existe et cela va
exister de plus en plus. Avec tout le décloisonnement, cela existe.
Ce qu'on préconise, c'est que ceux qui sont habilités
à faire quelque chose, qu'ils s'identifient tels quels et qu'ils aient
la compétence pour le faire. Autrement dit, on ne croit pas qu'une
personne puisse tout faire mais dans une équipe rnultidisciplinaire, si
quelqu'un se présente, il faut que le public soit capable de savoir que
la personne qui fait quelque chose - que ce soit une personne physique ou
morale - soit bien identifiée. C'est pour cela qu'on disait que cela
prend un courtier d'assurances de dommages et un courtier d'assurances de
personnes. Ce sont des choses différentes.
Comme cela existe, on pense que l'association des courtiers doit avoir
des pouvoirs de réglementer, de contrôler tout ce qui se passe en
assurances de dommages et non pas contrôler seulement ceux qui agissent
comme courtier et tous ceux qui pourraient agir comme agent seront
supervisés par qui et qui va assurer la compétence? Il faudra que
la compétence
soit là pour tous ceux qui agissent. Je suis d'accord avec vous
quand vous dites que c'est un noeud de compétences et...
M. Lincoln: Pour aller un petit peu plus loin... Tout ce qu'on a
souligné depuis qu'on a commencé cela, ce sont les
différents paliers de compétences. En fait, on parle d'un
système extrêmement vaste où les compétences vont au
courtier individuel, qu'il soit de l'assurance de la personne ou de l'assurance
des particuliers dans le domaine des dommages, qui pourrait assurer une maison
ou une automobile. Certains ont dit que cela pourrait se faire aussi bien chez
Eaton, chez Simpsons ou chez Sears et cela va au grand cabinet
multidisciplinaire qui assure le Canadien Pacifique, Hydro-Québec ou
Alcan ou un risque international de grande portée. Dans ce champ
tellement vaste, je suppose qu'on pourrait prolonger à l'assurance-vie,
à l'agent ou au courtier unique jusqu'à Mercer ou un de ces gros
cabinets avec actuaires et toutes sortes de compétences
multidisciplinaires dans le domaine des relations de travail connexes, etc.
Comment établit-on une compétence, un système uniforme de
compétences qui dira que l'on est courtier, quand courtier veut dire
mille choses à la fois?
Par exemple, à un médecin de pratique
générale, c'est avec raison qu'on dit: Vous ne pouvez pas faire
une opération de transfert cardiaque parce que vous ne le savez pas. On
le laisse en dehors de cette question. Il ne peut pas faire une ablation de
rein demain matin. Il faut qu'il se spécialise. Est-ce qu'il faut revoir
toute cette question-là et direr Quelqu'un qui est peut-être
très bon pour vendre une assurance sur une PME, est-ce qu'il est bon
pour lui d'aller se mettre dans un domaine spécialisé quelconque
ou faire de tout?
M. Parent (Réal): Le terme courtier étant tellement
général, tantôt on a parlé de médecin, le
consommateur sait que lorsqu'il s'adresse à un cardiologue il s'adresse
à un cardiologue, quand il s'adresse à un courtier d'assurances,
le consommateur ne sait pas s'il y a une personne compétente dans un tel
domaine. Quand on arrivera dans le décloisonnement il faudra que les
gens s'affichent avec leur compétence et il faudra trouver un
système pour qu'il y ait une compétence reconnue et que les gens
puissent dire: Moi, j'ai suivi tel cours, j'ai telle compétence, et que
le client le sache.
M. Lincoln: Mais est-ce que ce n'est pas cela, justement, le
noeud du problème auquel il faut nous attaquer? Est-ce que ce n'est pas
cela, la... Oui, je suis d'accord. On arrive et on dit: Bon, il faudrait des
compétences, mais en même temps, on dit: On va vendre des produits
financiers, on va ouvrir les champs de compétence, les gens de
l'assurance de dommages veulent vendre de l'assurance-vie et vice versa. On
voudrait faire un champ beaucoup plus large. Mais cela demandera des
compétences qui vont aller encore plus loin. Est-ce que c'est cela, le
problème fondamental, en fait? Appelez cela comme vous voudrez. Est-ce
que ce n'est pas cela qu'il faudrait? Est-ce que ce n'est pas là
où la recherche devrait se faire?
M. Parent (Réal): Je pense que c'est oui.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord sur le résultat du
diagnostic pour dire: Bon, il faut des compétences. Mais est-ce qu'il ne
faudrait pas essayer de voir comment on met tout cela en place?
M. Parent (Réal): Oui, parce qu'il faut quand
même... Présentement, tout le monde regarde, tout le monde veut
embarquer dans le champ de tout le monde et tout cela. Je pense que, dans
l'industrie, tout le monde sait qu'il n'y a personne, qu'il n'y a pas un
individu qui va pouvoir faire toutes ces choses. Tout le monde veut être
interrelié pour avoir la possibilité de le faire, soit
directement soit indirectement. Je pense que ce qui est important, c'est que
les gens qui vont travailler avec le public aient une compétence
précise.
M. Lincoln: Mais est-ce que, à un moment donné, il
faudra regarder la chose beaucoup plus en profondeur et dire: II y a
sûrement une différence entre quelqu'un qui vend de l'assurance de
personnes, comme vous l'avez dit, de l'assurance de dommages, de personnes, de
l'assurance... qui est un gestionnaire de risques. Il y a sûrement des
choses différentes. Pourtant, maintenant, on essaie d'englober tout cela
dans une espèce d'enveloppe et dire: Tout cela, c'est une personne, cela
pourrait être une personne.
Mme Roberge: Si vous me permettez, je pense qu'on peut traiter
d'un niveau de difficulté dans un acte à poser. On peut traiter
aussi d'actes diversifiés. Si on parle du niveau de difficulté,
il y a une connaissance minimale à acquérir pour agir. Si l'acte
à poser est plus difficile, dans n'importe quel champ professionnel,
vous allez retrouver le consommateur qui recherche la personne suffisamment
compétente pour agir dans une situation particulièrement
difficile. Qu'on pense à une cause à confier à un avocat
ou à une intervention chirurgicale ou à n'importe quel autre acte
professionnel, si la difficulté est considérée comme
exceptionnelle ou supérieure à la moyenne, il y aura probablement
une recherche de compétence aussi dans ce sens. Cependant, si on
parle
d'actes diversifiés, à ce moment-là, il faudrait
traiter de multidisciplinarité. Nous savons qu'il se fait un travail
à l'Office des professions de ce côté. Il y a une
thèse actuellement déposée. Je ne sais pas si elle est
officielle, mais il y a une thèse qui a été
déposée auprès de l'Office des professions sur la
multidisciplinarité dans l'exercice professionnel. Probablement que,
comme le dit l'association, il faudrait traiter de cette question dans une
réforme globale.
M. Lincoln: Cela veut dire qu'à un moment donné,
pour suivre la logique de ce que vous dites, il faudra séparer presque
l'individu qui agit comme individu d'une équipe multidisciplinaire,
parce que cela ne sera pas la même chose. Les critères sont tout
à fait différents. C'est-à-dire qu'on dira, à ce
moment-là: Pour être une équipe multidisciplinaire, il
faudra que vous ayez le contenu d'une équipe multidisciplinaire. Un
individu ne pourra pas être multidisciplinaire dans une chose qu'il ne
saura pas faire.
M. Parent (Réal): Si on mesure la compétence,
à ce moment-là, la question ne se pose pas. Si les gens ont la
compétence d'exercer, à ce moment-là, ils vont avoir
l'équipe multidisciplinaire.
M. Lincoln: Oui. Nous sommes entièrement d'accord. Il
pourra être une équipe multidisciplinaire individuelle presque.
Mais, à ce moment-là, il faudra justement établir ce champ
de compétence minimale.
M. Parent (Réal): Un peu comme il y en a
présentement qui font de l'assurance de personnes et de l'assurance de
dommages. Mais ils font cela juste à la base, comme vous le disiez. Ils
servent une personne, le cas n'est pas trop compliqué, c'est presque le
client lui-même qui établit son besoin. Il va prendre une
commande, il est capable de le faire.
M. Lincoln: Oui, mais comment est-ce que vous protégez le
citoyen qui va à quelqu'un qui est peut-être très
présentable, très beau parleur, qui se lance dans quelque chose
qui est au-dessus de sa compétence -pourtant, il a tous les moyens
légaux de transiger dedans - qui se lance dans quelque chose de
multidisciplinaire, qui est bien au-delà de ses compétences et
qui, à ce moment, se fourvoie et cause toutes sortes de
problèmes?
Comme vous le dites, le public peut définir très
facilement, par exemple, en médecine, c'est très clair de
l'établir; tandis qu'en assurance c'est tellement vaste et cela est
tellement confus pour le public qu'il ne voit pas la différence. En
fait, les compétences se jugent presque en pratique, n'est-ce pas?
M. Parent (Réal): C'est sûr. En assurance, si on
prend l'exemple à l'APAVQ, notre association, en assurance des
personnes, le membre en règle est une personne qui a continué
à étudier pendant deux ans après avoir obtenu son permis,
tandis que quelqu'un qui n'est pas sous notre juridiction, à ce moment,
n'est pas obligé de suivre ce cours de deux ans. À ce moment, en
étant membre de l'association, on s'assure que cette personne a quand
même une compétence plus forte.
M. Lincoln: Sauf que le membre du public va aussi, le type qui
n'est pas dans votre association, qui n'a pas fait les deux ans...
M. Parent (Réal): Les deux peuvent se présenter de
la même façon.
M. Lincoln: Oui.
M. Parent (Réal): Pour le public c'est difficile. C'est
pour cela que je crois qu'on doit avoir une distinction pour que les gens
puissent reconnaître les gens compétents.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: Une sous-question. Je ne sais pas si j'ai mal saisi
quand M. le ministre vous a posé tout à l'heure les questions au
sujet du fonds d'indemnisation. On remarque dans votre mémoire, à
la page 15, que les articles 6. 1 à 6. 4 qui prescrivent la
création d'un fonds d'indemnisation, vous ne semblez pas d'accord avec
cette formule. Vous dites: Le public doit exercer une prudence raisonnable.
Est-ce que vous pensez à quelque chose d'autre, une façon
différente d'indemniser la personne, elle, qui en toute confiance prend
une assurance et croit être protégée et se réveille
à un moment donné puis il n'y a rien du tout. Qu'est-ce que vous
préconisez par rapport à ce qu'il y a dans l'avant-projet de
loi?
Mme Roberge: L'association n'a pas fait de proposition pour
substituer au fonds d'indemnisation une autre forme de protection. Je pense que
cette question pourra être discutée comme les autres au
comité de travail qui examine actuellement la situation des
intermédiaires, parce que les courtiers d'assurances ne sont pas les
seuls dans cette situation. Nous pensons que la création d'un tel fonds
qui va, comme je le disais tantôt, jusqu'aux conséquences d'un
détournement de fonds - ce n'est pas seulement la somme
détournée, c'est la perte créée par le
détournement - peut représenter un fardeau qui à un moment
donné va être impossible à tenir. Alors, on n'indemnisera
peut-être pas plus les gens qu'on pense
indemniser si on n'est pas capable de le faire. On ne peut pas faire
partager à 5000 personnes des pertes de millions. Il faudra mettre des
plafonds, mettre des modalités qui vont réduire, de toute
façon, les possibilités d'indemnité.
Mme Juneau: Si je comprends bien, au moment où on se
parle, vous n'avez pas concrètement d'idée de faite. Vous
souhaitez en discuter avec les membres de votre association pour en venir
à...
Mme Roberge: En discuter avec tous les intervenants
intéressés à la situation de l'intermédiaire. Parce
que, comme je le mentionnais tantôt, ce n'est pas le fait qu'une personne
soit employée d'une institution qui garantit qu'il y aura
indemnité en cas de détournement de fonds. Alors, si vous avez un
intermédiaire indépendant, le degré d'autonomie fait qu'on
essaie de protéger le public contre les actes criminels qui pourraient
être posés par cette personne. Mais il reste qu'il y a beaucoup de
personnes qu'on appelle intermédiaires présentement qui sont
aussi des employés d'institution et où on ne prévoit pas
d'indemnité en cas de détournement de fonds par ces personnes. Et
l'institution n'en est pas toujours garante.
Mme Juneau: Merci. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Merci. Comme il n'y a pas
d'autres interventions, je remercie Mme Roberge et M. Parent pour leurs
propos.
Une voix:...
Le Président (M. Lachance): Le message est passé.
Oui, M. le ministre. Alors, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 20
heures, alors qu'à ce moment nous devrions entendre les
représentants des Instituts d'assurance du Canada, du Québec et
de l'Est du Québec. On me dit qu'ils devraient normalement être
disponibles. On leur a fait le message, à 20 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration va poursuivre ses travaux
ce soir pour l'audition du dernier mémoire. Auparavant, je voudrais
attirer l'attention des membres de la commission sur l'étude des
engagements financiers, pour les mois de janvier à juin 1985, qui
relèvent de la commission du budget et de l'administration.
Il y a eu une consultation de la part du secrétariat de la
commission auprès du ministre responsable, le président du
Conseil du trésor, le ministre délégué à
l'Administration; il est d'accord pour être présent le 17
septembre, mardi de la semaine prochaine, à compter de 15 heures
jusqu'à 18 heures. Il y a eu également consultation du
côté de l'Opposition, en particulier, des députés de
Vaudreuil-Soulanges et de Sainte-Anne. Il n'y a pas de problème non
plus.
Cela me prendrait une acceptation, un consentement unanime des membres
de la commission de façon que nous renoncions aux avis de convocation,
parce que le délai habituel est de quinze jours et on voit bien qu'on
n'entre pas dans ce délai.
M. Scowen: Est-ce que les députés de
Vaudreuil-Soulanges et de Sainte-Anne sont d'accord?
Le Président (M. Lachance): Oui, c'est ce que M. Chouinard
m'a dit; il n'y a pas lieu de douter de sa parole. Le mardi 17 septembre, de 15
heures à 18 heures. Ce sont les engagements financiers. C'est
l'étude des engagements financiers avec M. Michel Clair,
président du Conseil du trésor... De toute façon, M. le
ministre, je serai poli, je ne dirai pas qu'il n'a pas d'affaire
là-dedans... C'est son collègue, le président du Conseil
du trésor qui habituellement est demandé pour être entendu
ici.
M. Scowen: Adopté.
Une voix: Pour les engagements financiers.
Le Président (M. Lachance): Pour les engagements
financiers qui relèvent de la compétence de notre commission pour
les mois de janvier à juin 1985.
M. Gauthier: Est-ce que le ministre est d'accord?
Le Président (M. Lachance): Ah oui! M. le ministre est
d'accord, oui. Cela va? Très bien, on considère que cela va et
les avis, en conséquence, partiront demain.
Une voix: Mardi.
Le Président (M. Lachance): C'est mardi le 17 septembre de
15 heures à 18 heures, ici à la salle Louis-Joseph Papineau.
Nous entreprenons maintenant l'étude du mémoire des
Instituts d'assurance du Canada. J'inviterais les représentants à
bien vouloir prendre place à la table. Il y a l'Institut d'assurance du
Canada, l'Institut d'assurance du Québec et l'Institut d'assurance de
l'Est du Québec.
J'inviterais le porte-parole du groupe à bien vouloir
s'identifier et à nous faire connaître les personnes qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
Instituts d'assurance du Canada et du
Québec
Mme Laflamme (Diane): Merci, M. le Président. Je suis
Diane Laflamme, directrice régionale de l'Institut d'assurance du Canada
et directrice administrative de l'Institut d'assurance du Québec. Il me
fait plaisir de vous présenter les personnes qui m'accompagnent: M.
Marcel Asselin, président de l'Institut d'assurance de l'Est du
Québec; M. Guy Beaulieu, vice-président du conseil des
gouverneurs de l'Institut d'assurance du Canada et M. Jean-Pierre L'Heureux,
président de l'Institut d'assurance du Québec.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Nous vous
écoutons maintenant faire le résumé de votre
mémoire pendant les prochaines minutes avant de permettre le dialogue
entre les participants et les membres de la commission. (20 h 15)
Mme Laflamme: Merci, M. le Président. Je me permettrai
d'abord de vous expliquer un peu plus en détail qui nous sommes.
J'imagine que vous désirez savoir plus particulièrement quel
organisme vous fait siéger ce soir. Les instituts d'assurance du
Québec sont des organismes d'enseignement professionnel. Nos
préoccupations gravitent autour de la formation continue de toutes les
personnes qui oeuvrent dans le secteur des assurances IARD, qui pratiquent les
assurances IARD partout au Canada. Cette vocation des instituts d'assurance
remonte au début de la décennie, puisque c'est l'industrie des
assurances IARD elle-même qui s'est dotée de ce mécanisme
que sont les instituts d'assurance. Voilà donc qui nous sommes.
Nous existons depuis 1890. Il y a un institut d'assurance dans chacune
des provinces canadiennes qui s'occupe d'organiser nos programmes de cours
partout au pays et il y a un institut national, l'Institut d'assurance du
Canada qui est responsable d'établir la teneur des programmes de cours
et de décerner les diplômes.
Les deux diplômes que nous décernons sont le diplôme
d'associé de l'Institut d'assurance du Canada et de "fellow" de
l'Institut d'assurance du Canada. Je ne suis pas peu fière de vous
mentionner que les personnes qui m'accompagnent sont toutes des "fellows" de
l'Institut d'assurance du Canada et que, dans le secteur des assurances IARD au
Canada, vous trouverez nos diplômés dans absolument tous les
secteurs de l'industrie, que ce soit dans les compagnies d'assurances, dans les
bureaux d'experts en sinistres, dans les bureaux de courtiers, chez les agents
d'assurances, chez les gestionnaires de risques, à peu près tous
les secteurs de l'industrie. Voilà pour le contenu de nos
programmes.
Au Québec même, pour mettre ces programmes à la
disposition des étudiants, vous avez l'Institut d'assurance du
Québec, dont le bureau principal est à Montréal, qui
dessert Montréal et les environs ainsi que Saint-Hyacinthe, Sherbrooke,
Drummondville, Victoriaville, Hull, Rouyn-Noranda. Pour couvrir la
région de Québec, Chicoutimi, le Bas-du-Fleuve, la
Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, l'Institut d'assurance de l'Est du
Québec s'occupe d'organiser les cours et de mettre des animateurs
à la disposition de nos étudiants.
Vous seriez peut-être intéressés de savoir
d'où nous tirons notre financement. Nous sommes un organisme
créé volontairement par les instituts d'assurances et nos membres
souscripteurs sont les grosses compagnies d'assurances, les gros bureaux de
courtiers au palier national et au palier local, tous les organismes qui sont
d'accord avec nos objectifs de formation professionnelle.
Qui travaillent sur nos comités permanents? Des
bénévoles qui nous sont envoyés par nos membres
souscripteurs. Qui sont nos membres? Au total, pour l'ensemble du
Québec, 6000 personnes environ, en ce moment. À la fin de notre
année financière, au 31 mai, j'ose pouvoir espérer que le
chiffre sera encore plus étendu, d'autant plus que notre programme de
cours cette année, dans la région de Montréal seulement,
a, pour le mois de septembre, attiré environ 700 personnes. Je crois
donc que je puis être optimiste en ce qui concerne le nombre de nos
membres à la fin de l'année.
Quels sont les programmes de cours que nous offrons? Ce sont des
programmes de cours qui mènent, comme je vous le mentionnais tout
à l'heure, à deux titres professionnels. Il va sans dire que nous
nous préoccupons du rayonnement de ces titres professsionnels AIAC, FIAC
et vous pouvez considérer que notre présence devant vous ce soir
est liée à cette motivation.
Le programme de premier rang et le programme d'associé. Il
s'adresse, au risque de me répéter, à tous ceux qui
s'intéressent ou qui veulent faire carrière plutôt dans le
secteur des assurances IARD et il comporte un tronc commun de six cours. Nous
nous attendons que la personne, quel que soit son cheminement de
carrière, suive ce tronc commun de six cours, car nous
considérons qu'il s'agit d'un prérequis. L'ensemble du programme
couvre 400 heures, c'est-à-dire 36 heures de cours multiplié par
dix cours au total. Un de ces cours compte 45 heures; vous pouvez donc compter
dans l'ensemble
environ 400 heures de cours.
Si la personne désire se spécialiser dans le
règlement des sinistres, elle choisira ensuite nos options de
règlement des sinistres. Si elle désire se spécialiser
dans la distribution des assurances, elle choisira notre section de cours 71
qui s'adresse au producteur. Nous mettons les cours à la disposition des
étudiants et, selon leur cheminement, ils peuvent obtenir un
diplôme AIAC qui les préparera plutôt à l'expertise
de sinistres ou qui les préparera plutôt à la vente de
l'assurance ou qui les préparera plutôt au rôle de
rédacteur production chez un assureur.
Lorsque l'étudiant a complété ses 400 heures de
cours, nous l'encourageons fortement à aller chercher le diplôme
sénior de l'Institut d'assurance du Canada qui est le diplôme de
"fellow". Ce diplôme ne s'acquiert qu'en collaboration avec les
universités au Québec et il comprend au total dix cours. Ces
cours, encore une fois, comportent un tronc commun de trois cours seulement et
peuvent ensuite donner accès à quatre spécialisations en
gestion d'entreprise, en gestion des risques, en règlement des sinistres
ou en souscriptions. Encore une fois, nous ne choisissons pas le cheminement.
C'est l'étudiant qui, parmi les cours que nous mettons à sa
disposition, le choisit. Voilà donc la teneur de nos programmes et ce
à quoi nous nous occupons.
Maintenant que vous savez qui nous sommes et quel diplôme nous
offrons, pourquoi sommes-nous intéressés à prendre la
parole, ici, ce soir? Parce que nous avons déjà conclu avec le
service des assurances un protocole d'entente en ce qui concerne les examens
administrés aux candidats au certificat d'agent d'assurances
générales. En vertu de ce protocole d'entente, nous fournissons
le personnel, les locaux et nous nous occupons de l'administration, de la
supervision et de la correction des examens administrés aux candidats au
certificat d'agent d'assurances générales. Ces modalités
ont été mises en oeuvre tel que prévu dans le
règlement général d'application de la Loi sur les
assurances. Il va sans dire que nous nous intéressons à la
formation des personnes qui passent ces examens puisque notre objectif à
nous, les instituts d'assurances, c'est la formation continue. Le
règlement général en application de la Loi sur les
assurances dit bien, d'ailleurs, que sont exemptées de ces examens les
personnes qui détiennent un diplôme AIAC ou un diplôme FIAC.
Nos objectifs sont des objectifs de formation continue. Nous comprenons que
certaines personnes vont plutôt se présenter à l'examen.
Nous avons proposé des manuels de cours et nous collaborons à
l'administration de ces examens, mais nous espérons que la plupart des
personnes qui, à long terme, voudraient occuper les fonctions d'agent
d'assurances choisiraient plutôt l'exemption prévue à
l'article 181 du règlement général de la Loi sur les
assurances qui prévoit qu'il suffit d'obtenir un diplôme AIAC ou
FIAC pour ne pas avoir à passer ces examens.
Nous avons également, les instituts d'assurance, participé
au processus de révision du cadre de contrôle des
intermédiaires. Nous avons été invités à
siéger aux tables de travail. Nous avons également fourni des
services de secrétariat ainsi que nos propres locaux à
Montréal pour la tenue des réunions de ces comités de
travail. Nous avons apprécié le processus qui avait
été mis en branle et nous étions persuadés que le
processus que suivaient les comités de travail sur les experts en
sinistres et sur les courtiers amènerait l'élaboration d'une
solution viable en ce qui concerne la formation professionnelle et, surtout,
d'une solution qui aurait une envergure comparable à celle du
problème même que comporte la formation professionnelle.
Or, nous avons été surpris, après avoir
siégé de bonne foi à ces tables de concertation, de
constater qu'elles ne se réunissaient plus au moment où nous
croyions être rendus à l'étape de définition des
solutions. Nous sommes ici ce soir pour exprimer notre surprise et notre
préoccupation, puisque nous croyons que le problème de la
formation professionnelle de tous les intermédiaires de l'assurance en
particulier - puisque nous siégions également à la table
de concertation des experts en sinistres - que ce problème donc est un
problème d'envergure et que le mécanisme déjà mis
en branle semblait une voie qui s'ouvrirait sur des solutions à long
terme.
Lors de ces réunions des comités de travail, nous avions
également formulé des préoccupations. Nous les avons
rappelées dans notre mémoire. J'en omettrai la lecture ici. Qu'il
me soit permis uniquement de mentionner que ces préoccupations gravitent
autour de deux grands thèmes soit, encore une fois, rappeler nos
objectifs de formation continue et rappeler notre préoccupation quant au
rayonnement de nos deux titres professionnels AIAC et FIAC. Nous
considérons qu'il est nécessaire d'acquérir une formation
professionnelle dont la qualité est reconnue dans toute l'industrie.
Nous ne prétendons pas à l'exclusivité en ce qui concerne
le cheminement professionnel, mais les deux titres professionnels que
décerne l'Institut d'assurance ont été reconnus depuis des
années au sein de l'industrie. Nous croyons qu'il convient selon notre
mandat de le rappeler devant vous ce soir. Enfin, nous avons, bien sûr,
lu avec attention en quoi consistaient les modalités de formation
professionnelle prévues dans l'avant-projet de loi. Là je vous
avoue que l'étude a été
difficile puisque nous n'y avons trouvé que peu de chose.
D'abord, à l'article 3 de l'avant-projet de loi, on propose un nouveau
texte pour l'article 4 de la Loi sur les courtiers d'assurances, en mentionnant
que l'association peut adopter des règlements relatifs à la
détermination des conditions relatives à la formation requise
pour être courtier d'assurances. Voilà un des premiers
éléments que nous avons trouvé. Le deuxième se
trouve à l'article 10 où encore au paragraphe 3°, on parle
des membres de l'association qui ont reçu la formation requise aux
conditions prévues par les règlements.
Voilà ce que nous y avons trouvé. Nous ne sommes pas
juristes. Nous nous spécialisons plutôt en assurance. Nous nous
demandons si l'intention du législateur est d'accorder à cette
association une autorité première et exclusive pour
établir par la voie de ses propres règlements, puisque le texte
de loi ne mentionne que les règlements de cette association, quel
cheminement ou quel programme de cours, à l'exclusion de tout autre,
permettra au candidat d'acquérir les qualifications requises pour
effectuer l'acte de courtage d'assurances. Pour nous, il s'agit là d'une
préoccupation majeure. Nous ne sommes pas à la recherche d'une
exclusivité, mais nous désirons savoir si l'intention du
législateur est de donner cette exclusivité. Nos programmes de
cours abordent tous les aspects de la pratique des assurances IARD. Nous
considérons que c'est ce qui fait le succès de nos
diplômés.
Nous nous demandons également si le législateur laissera
plutôt une marge de manoeuvre suffisante pour que des ententes puissent
être négociées avec d'autres organismes qui donnent des
cours jugés eux aussi pertinents pour assurer la formation continue des
intermédiaires d'assurances. Comme je vous l'ai mentionné tout
à l'heure, nos diplômes AIAC et FIAC sont mentionnés comme
des équivalences dans le règlement général en
application de la Loi sur les assurances. Nous nous préoccupons donc de
savoir si ce projet de loi change quelque chose à ce statu quo. Nous
nous demandons également comment l'association dont il est question dans
l'avant-projet de loi pourrait être motivée à entreprendre
des négociations pour identifier des équivalences lorsque
l'avant-projet de loi prévoit, par ailleurs, que ladite association
pourrait elle-même établir par la voie de ses règlements
que ses propres programmes de cours seront les seuls jugés
pertinents.
Nous ne comprenons pas vraiment l'intention du législateur dans
cet article.
Toutes ces considérations nous ont amenés à
demander à cette commission s'il serait possible d'emprunter
plutôt le cheminement des tables de concertation et d'inviter les tables
de concertation à se rassembler à nouveau pour étudier le
problème dans toute son envergure. Nous n'avons pas pu trouver de
réponse à nos interrogations. Nous croyons qu'en tables de
concertation il y aurait possibilité d'en arriver à une
réponse à long terme. Merci.
Le Président (M. Lachance): Merci, Mme Laflamme. M. le
ministre des Finances.
M. Duhaime: Merci, madame. J'ai parcouru votre mémoire et
je pense qu'autant dans le mémoire que dans les listes d'appendice qui
en font partie, nous avons un bon éclairage sur les programmes de
formation que les trois instituts que vous représentez peuvent offrir.
On vous en sait gré. Je suis d'accord avec vous pour dire que
l'avant-projet de loi est peut-être un peu avare pour ce qui est de la
législation pertinente à la formation. Si vous me permettez de
vous rendre la politesse, vous êtes avares aussi dans le sens que, ce que
vous souhaitez, c'est que, plutôt que de travailler sur l'avant-projet de
loi à cette étape-ci, tout le monde retourne aux tables
techniques. (20 h 30)
Je voudrais, cependant, vous demander si vos instituts, qui offrent
actuellement la formation aux intermédiaires dans le secteur de
l'assurance, demandent une reconnaissance quelconque, une reconnaissance plus
soulignée, si je peux le dire ainsi, de la part du gouvernement ou si le
genre de formation que vous offrez et d'examens qui en résultent, qui
sont approuvés par l'inspecteur général... En lisant votre
mémoire, il me semble que, ce que vous craignez finalement, c'est que la
législation accorde un pouvoir réglementaire final à
l'association. Je vous rappelle - cela nous a été reproché
- que l'avant-projet de loi stipule que les règlements de l'association
devraient être approuvés par l'inspecteur général
des institutions. Ce qu'on nous a reproché aussi, c'est que l'inspecteur
général, dans le texte de l'avant-projet tel qu'il existe,
pourrait même les modifier. Est-ce que ce n'est pas là votre
police d'assurance en quelque sorte que ce ne soit pas seulement l'association
qui réglemente la qualité de la formation requise des
différents intermédiaires? Est-ce que cela n'est pas suffisant
pour vous?
Mme Laflamme: Je me permettrai d'abord de répondre
à la première partie de votre question qui mentionnait
l'hypothèse d'une demande de reconnaissance. Non, les instituts
d'assurance ne demandent pas au gouvernement du Québec de
reconnaître officiellement nos programmes de cours. Nous
considérons que nos programmes de cours doivent faire leurs preuves sur
le marché. Si nos diplômés réussissent dans le
secteur des assurances IARD, notre
confirmation sera obtenue. D'ailleurs, les examens dont il est question
dans le règlement général en application de la Loi sur les
assurances ne sont pas nos examens qui mènent aux diplômes AIAC et
FIAC, ils ne sont que des palliatifs, si vous voulez, et nous collaborons
à l'administration de ces examens, parce que nous désirons
faciliter les choses, mais nous préférerions que tous les
candidats puissent se prévaloir de l'exemption prévue à
l'article 181 qui dit qu'un associé ou un "fellow" n'a même pas
à passer ces examens.
La deuxième partie de votre question: Les instituts d'assurance
ont-ils une police d'assurance sous la forme de l'intervention de l'inspecteur
général? Vous remarquerez que, dans notre mémoire, nous ne
faisons que nous poser des questions. Nous nous demandons s'il y aura une
motivation de la part de l'association à négocier des
équivalences avec d'autres organismes comme nous, qui offrent des
programmes de cours. Il est fort possible qu'il y ait motivation. Nous
espérerions d'ailleurs que la seule réputation de nos programmes
de cours soit suffisante pour créer cette motivation.
Que voulez-vous! Quand on offre des cours, il faut recruter une
clientèle. Cette association préférera-t-elle recruter sa
clientèle et promouvoir ses seuls cours? Nous nous sommes
préoccupés de voir que, si elle le désirait, elle le
pourrait; elle pourrait énoncer que seuls ses programmes de cours seront
reconnus. Nous désirions simplement porter l'interrogation à
votre attention.
M. Duhaime: J'imagine que, dans la préparation des
programmes de formation de vos instituts, vous examinez d'abord les lois, les
règlements et la qualification exigée découlant des
règlements existants. Est-ce que, à l'heure actuelle, il y aurait
lieu d'augmenter les niveaux de formation, selon vous? Je pense, entre autres,
dans la perspective aussi... On restait dans le domaine des assurances, mais on
a beaucoup parlé, depuis deux jours, du phénomène de
décloisonnement qui s'est amorcé et passablement amorcé
dans les institutions et qui va se répercuter chez les
intermédiaires. Où vous situez-vous? Allez-vous vouloir rester
spécialisés dans le domaine des assurances ou si vous allez
élargir la gamme de la formation dans d'autres secteurs, d'autres
produits financiers, par exemple?
Mme Laflamme: Nous n'avons pas de projet à court terme ou
à long terme pour déborder le secteur des assurances IARD, mais
nos cours s'adressent aux personnes qui abordent toute la pratique des
assurances IARD, sans égard au fait qu'elles soient
rédacteurs-production, experts en sinistres, estimateurs, gestionnaires
de risques. Nos cours ne préparent pas à un permis de travail.
Nous pourrions comprendre qu'une association comme celle dont il est question
dans le projet de loi reçoive le pouvoir d'accorder un permis de
travail. La question du permis de travail ne nous concerne pas vraiment. Tout
ce que nous faisons, c'est offrir les cours qui donneront à la personne
la compétence professionnelle pour se mériter le permis de
travail.
M. Duhaime: Vous dites que vous offrez des cours, etc. Est-ce que
vous êtes en concurrence avec d'autres groupes qui offrent
également de la formation?
Mme Laflamme: Peut-être pas en concurrence directe, mais
nous avons, par exemple, dans le programme d'associé dont je vous
montrais le schéma tout à l'heure, toute une série de
cours qui s'appelle la série des cours 71, qui sont des cours optionnels
pour le producteur, pour la personne qui vend des assurances.
Nous pourrions concevoir que, pour pouvoir obtenir un permis de travail
pour la vente des assurances, ces cours soient reconnus comme une
équivalence ou que le fait d'obtenir un diplôme d'associé
de l'Institut d'assurance du Canada puisse être tenu en ligne de compte
lorsqu'une personne demande un permis d'assurances ou un permis de travail dans
un secteur des assurances à titre d'intermédiaire en
général, que ce soit expert en sinistres, estimateur, courtier ou
agent.
Si la personne a un titre professionnel AIAC ou FIAC, elle a un bagage
de 400 heures de cours pour l'AIAC et de 800 heures de cours pour le FIAC. Nous
sommes préoccupés de constater qu'une association pourrait
créer son propre petit cheminement de cours de 60 à 200 heures et
dire, peu importe si vous avez déjà un titre professionnel AIAC
ou FIAC, nous ne voulons même pas songer à négocier
d'équivalence parce que, au fond, nous n'avons pas de motivation
à le faire. Nous sommes uniquement préoccupés, nous
n'avons pas d'indication qu'il y ait concurrence acerbe.
M. Duhaime: Si je fais l'hypothèse que l'association que
vous craignez - je crois lire cela, mais je fais peut-être une mauvaise
évaluation - décidait de hausser les standards de qualité,
les standards de qualification, est-ce que, ce faisant, ce n'est pas ajouter de
l'eau à votre moulin en quelque sorte? Cela impliquerait
nécessairement une formation un peu plus poussée plutôt que
de voir les choses de la façon inverse.
Mme Laflamme: Voyez-vous, les personnes qui siègent dans
nos comités, qui établissent le contenu des programmes de cours,
nous sont envoyées par nos membres souscripteurs. Certains d'entre eux
sont des
courtiers, d'autres sont des experts en sinistres. Les programmes de
cours sont établis et constamment remis à jour par nos
comités permanents grâce aux interventions de toutes ces
personnes.
M. Duhaime: Vous avez trois instituts: L'Institut d'assurance du
Canada, du Québec et de l'est du Québec. Est-ce que ce sont des
standards canadiens qui sont appliqués par l'institut du Canada au
Québec mais que l'on retrouve également ailleurs dans d'autres
provinces canadiennes ou si c'est simplement une raison sociale, l'Institut
d'assurance du Canada?
Mme Laflamme: Non, c'est beaucoup plus qu'une raison sociale
parce que nos titres professionnels s'énoncent: Associé de
l'Institut d'assurance du Canada et "fellow" de l'Institut d'assurance du
Canada. Lorsque vous obtenez ce titre, il a donc une validité partout au
pays. Il a une validité partout au pays parce que les examens sont sous
la seule responsabilité de l'Institut d'assurance du Canada et qu'ils
ont lieu à la même date et à la même heure partout au
pays. Les instituts régionaux partout au pays également
organisent les cours et ont des comités qui recrutent des animateurs,
justement, pour donner la formation qui correspond aux besoins mais ce ne sont
pas les instituts régionaux qui rédigent ou organisent les
examens. Absolument pas. C'est l'Institut d'assurance du Canada qui s'occupe de
toute la fonction examen.
M. Duhaime: Pour ce qui est de l'Institut d'assurance du
Québec et de l'Institut d'assurance de l'Est du Québec, est-ce
que c'est une commodité géographique ou si ce sont deux
entités distinctes ou si c'est le même avec, je ne sais pas, une
sous-administration pour ce qui est de l'Est du Québec à cause de
l'éloignement géographique?
Mme Laflamme: Non, absolument pas. Ce sont deux entités
distinctes qui ont été créées pour mieux desservir
leurs membres et organiser, précisément, les cours le plus
possible dans toutes les régions. Les cours sont disponibles sous forme
de cours de soir ou sous forme de cours par correspondance. Je vous le disais:
Nous nous préoccupons de formation continue par des spécialistes
de l'industrie. C'est donc que les instituts sont bien placés sur le
palier local pour aller chercher comme animateurs de cours des gens qui ont
déjà le respect de leurs collègues parce qu'ils sont
considérés comme connaissant leur métier sur place
même. Ce n'est donc pas l'institut national qui va recruter les
animateurs ou organiser une classe à Chicoutimi. C'est l'Institut
d'assurance de l'Est du Québec qui est le mieux placé pour le
faire. Dans d'autres provinces, la structure est différente. En Ontario,
vous avez, par exemple, quelque chose comme cinq ou six chapitres. Dans chaque
province, vous avez, en tout cas, tout au moins, un institut local. Ici, au
Québec, deux instituts pour desservir 6000 membres, c'est
nécessaire.
M. Scowen: Est-ce que le contenu des trois cours est identique?
Est-ce que c'est standard?
Mme Laflamme: Les trois cours?
M. Scowen: Les trois cours que le ministre a
mentionnés.
M. Duhaime: Est-ce que le contenu des cours donnés par
l'un ou l'autre des trois instituts satisfait aux mêmes standards?
Mme Laflamme: Oui. Le contenu des cours satisfait aux mêmes
standards et les étudiants passent les mêmes examens.
M. Duhaime: Vous avez utilisé l'expression "membre
souscripteur" tout à l'heure. Sans aller dans tous les détails,
je tiendrais pour acquis que quelqu'un qui s'inscrit en formation à l'un
ou l'autre des cours donnés par l'un ou l'autre des trois instituts doit
sans aucun doute payer pour s'inscrire à ces cours suivant le nombre
d'heures suivies, etc. Ce serait, appelons-le un "étudiant" - entre
guillemets - mais quand vous parlez d'un "membre souscripteur", qu'est-ce que
c'est exactement?
Mme Laflamme: Bon. Si vous êtes un membre souscripteur,
vous êtes probablement un membre souscripteur de l'Institut d'assurance
du Canada, parce que l'Institut d'assurance du Canada, comme il n'existe que
pour administrer les examens et décerner les diplômes, n'a pas de
membres étudiants. Seuls les instituts régionaux ont des membres
étudiants. L'Institut d'assurance du Canada a des membres souscripteurs,
c'est-à-dire qu'il s'adresse à toutes les compagnies
d'assurances, à toutes les entreprises, à tous les experts en
sinistres, courtiers, agents, gestionnaires de risques, et il leur dit: Comme
nous offrons les services de formation professionnelle à l'ensemble de
l'industrie, nous vous demandons de contribuer volontairement pour nous
permettre de continuer à offrir ces services. Nous demandons à ce
moment-là une contribution pécuniaire qui est de un
cent-dixième de 1% des primes brutes dans le cas des assureurs, par
exemple.
Maintenant, au palier local, nous avons des membres qui ne sont pas des
membres souscripteurs mais qui sont des membres qui veulent suivre nos
programmes de cours ou
qui veulent participer à nos séminaires. Ces membres ont
une cotisation à payer de 25 $ par personne. C'est tout. Les instituts
locaux peuvent également avoir des membres souscripteurs, et ce sont,
à ce moment-là, les bureaux d'experts en sinistres, de courtiers
ou d'estimateurs qui n'existent que dans la région et qui vont
préférer souscrire à leur institut local plutôt que
de souscrire à l'institut national.
M. Duhaime: En fait, les souscripteurs, c'est ce qu'on
retrouve... Je crois que c'est l'appendice 1 du document au soutien de votre
mémoire. (20 h 45)
Mme Laflamme: Oui, je vous ai donné la liste de tous les
membres souscripteurs de l'Institut d'assurance du Canada et, à titre
d'exemple, la liste des membres souscripteurs de l'Institut d'assurance du
Québec pour que vous puissiez voir la différence d'amplitude.
Bien sûr, toutes ces souscriptions sont à titre volontaire. Par
exemple, si une compagnie, si un gros assureur refusait de souscrire, qu'il
nous envoyait un membre et que ce membre payait sa cotisation à
l'institut, à Montréal, il aurait accès à nos
cours. Mais le tout est fait sur une base volontaire et cela fonctionne. Nous
avons les fonds requis pour organiser les cours depuis le début du
siècle.
M. Duhaime: Est-ce qu'on peut dire, à cause du gros du
financement aux instituts, la mathématique aidant, à cause des
prorata versus les chiffres d'affaires, que ce sont les compagnies d'assurances
qui sont parmi les plus importants membres souscripteurs de vos instituts?
Mme Lafiamme: Pour l'Institut d'assurance du Canada, je n'ai pas
apporté de statistiques. Je serais assez mal placée pour vous en
parler. Au niveau local, bien sûr, nous n'avons, comme membres
souscripteurs, que des bureaux de courtiers et d'experts en sinistres. Nous
n'avons pas un seul assureur puisque tous les assureurs souscrivent au niveau
national.
M. Duhaime: Et ils contribuent au niveau de l'Institut
d'assurance du Canada, lequel institut j'imagine doit avoir ses
retombées financières un peu dans votre cour, si vous me
permettez l'expression.
Mme Lafiamme: C'est cela. C'est-à-dire que l'Institut
d'assurance du Canada nous envoie des fonds. Par exemple, l'Institut
d'assurance du Canada défraie tous les coûts de publication des
manuels de cours. Lorsque l'Institut d'assurance de l'Est du Québec ou
du Québec a besoin de manuels de cours, nous n'avons pas besoin de les
faire imprimer ou publier. Ils nous sont fournis automatiquement par l'Institut
d'assurance du Canada.
M. Duhaime: Cela va pour moi. Je vous remercie, Madame.
Le Président (M. Lachance): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui. J'ai deux questions. La première touche
les comités de travail convoqués par la direction des assurances
du gouvernement du Québec au printemps 1984.
Je pense que vous faites référence à un groupe de
travail, un comité auquel plusieurs autres ou au moins un autre
intervenant a fait référence hier et aujourd'hui. J'aimerais que
vous nous expliquiez un peu l'évolution de ce comité. On est un
peu étonné d'entendre que le ministre a décidé de
présenter un avant-projet de loi pendant que l'inspecteur
général avait en marche un comité d'étude pour
essayer d'arriver à quelque conclusion sur le même sujet. On a
posé la question au ministre ce matin, je pense. Il a répondu que
le comité allait trop lentement.
J'aimerais avoir votre opinion là-dessus parce que, si je vous
comprends bien, vous dites à la page 15: Les trois comités ont
franchi les premières étapes. La quatrième étape,
soit celle de l'énoncé des solutions, devrait être
amorcée à l'automne 1985, amorcée à peu près
maintenant. Si on avait suivi l'échéancier qui est établi
par l'inspecteur général ou par vous autres, on pouvait
s'attendre que d'ici à la fin de l'année probablement on sera
devant des recommandations de ce comité.
Alors le ministre a décidé, pour des raisons qu'il a
décrites ce matin - il était impatient, il voulait aller plus
vite - de mettre fin à toutes fins utiles à ce comité et
d'agir avec un avant-projet de loi. Je présume que vous étiez
membre de ce comité ou sous-comité, est-ce que vous êtes
d'accord pour dire que le comité ne faisait pas assez de progrès
et que le geste du ministre était justifié? Est-ce que vous
étiez dans un état soit de désarroi, de confusion ou de
conflit qui aurait rendu impossible une résolution et des
recommandations d'ici à la fin de l'année?
M. Beaulieu (Guy): Monsieur, je pense qu'on ne peut pas
présumer du fonctionnement des comités parce que nous
n'étions que des invités à ces tables. Même si nous
avons participé d'une façon très étroite, nous
avons collaboré en fournissant des services de secrétariat, des
services de bureau, d'échanges... Nous nous sommes assurés qu'il
y avait des représentants aux tables de concertation. Ce n'est pas nous
qui pouvons présumer à savoir si les tables de concertation
fonctionnaient au rythme voulu.
M. Scowen: Pour ceux qui sont à l'extérieur, c'est
un échec pour l'inspecteur
général, c'est un échec pour ce comité de se
voir arrêté dans vos travaux à peine quelques semaines
avant l'énoncé des solutions recommandées. On a un peu de
misère. Ce n'est pas quelque chose d'habituel. Normalement, les
gouvernements qui nomment ou qui permettent à l'inspecteur
général de nommer un comité de travail attendent les
conclusions à moins qu'il y ait une urgence nationale qui justifie un
geste comme celui que le ministre a posé. On essaie de comprendre les
véritables raisons de sa décision. Vous nous dites que vous
n'êtes pas capables de dire si vous seriez en mesure d'arriver à
des conclusions d'ici à la fin de l'année.
M. Beaulieu: Nous nous posons la même question que vous
vous posez. C'est ce qu'on pose dans notre mémoire.
M. Scowen: Oui, je pense que...
M. Beaulieu: On est surpris de voir que les tables ont
été...
M. Scowen: II y a beaucoup de monde qui se pose la question.
Probablement même l'inspecteur général. Je ne sais pas,
parce que c'est lui qui a convoqué le comité. C'est un
échec un peu pour tout le monde qui l'avait convoqué et pour ceux
qui y ont travaillé, je présume. Je ne sais pas si le ministre
veut l'expliquer davantage; s'il veut rester sur l'explication qu'il a
donnée, c'est un peu bizarre.
M. Duhaime: Je pense que j'ai donné les raisons ce matin.
Je vous sais gré de reconnaître des vertus à la fonction
d'Inspecteur général des institutions financières parce
que votre dernier discours en troisième lecture allait en sens contraire
lorsqu'on a parlé des mutuelles d'assurances. Je vous en sais gré
de sa part et je lui transmettrai vos propos.
M. Scowen: Vous dites que vous êtes d'accord avec ce que
j'ai dit en troisième lecture?
M. Duhaime: Vous relirez la réplique que j'ai faite
à votre discours et vous aurez votre réponse.
M. Scowen: Sérieusement, c'est inattendu, un tel geste; si
on pouvait l'expliquer par une raison extérieure, une menace, s'il y
avait une menace de faillite de quelques institutions qui nécessiterait
un changement dans la loi. Normalement, quand on nomme un groupe de travail
pour faire les recommandations, on attend qu'il fasse les recommandations. La
chose qui m'a poussé à soulever ce point une autre fois ce soir,
c'est que vous dites en noir sur blanc:
La quatrième étape, soit celle de l'énoncé
des solutions recommandées, devait être amorcée à
l'automne 1985. Si je comprends, vous étiez à la fin de vos
travaux.
M. Beaulieu: II restait la quatrième étape et on se
surprend qu'elle n'a pas été faite. C'est la question qu'on
pose.
M. Scowen: Je pense qu'il y en a plusieurs autres qui la posent
aussi. Laissez-moi vous poser une autre question. Si je comprends le projet de
loi, l'inspecteur général va garder le droit de nommer les
courtiers, effectivement. Si on regarde les articles 30 et 32, les personnes
qui peuvent agir comme courtier d'assurances sont les personnes nommées
par l'association et une personne titulaire d'un certificat d'agent
d'assurances émis par l'inspecteur général. Aujourd'hui,
est-ce que l'inspecteur général lui-même utilise vos
examens et votre diplôme pour décider s'il va émettre ou
non un certificat d'agent? C'est quoi? Est-ce que vous êtes
impliqué... Si le projet de loi est adopté, on va quand
même garder deux voix qu'un individu peut utiliser pour devenir un
courtier d'assurances, soit l'association, soit un certificat émis par
l'inspecteur général. Aujourd'hui, est-ce qu'il utilise votre
programme pour l'aider à décider s'il doit nommer ou non une
personne agent?
Mme Laflamme: En ce moment, notre intervention est régie
par le règlement général en application de la Loi sur les
assurances, plus précisément l'article 181. Dans ce
règlement de la Loi sur les assurances, on prévoit que, si une
personne a un diplôme AIAC ou un titre professionnel FIAC, soit
associée ou "fellow" de notre institut, elle est exemptée
automatiquement de passer cet examen d'agent. Voilà la situation
actuelle.
Lorsque nous lisons l'avant-projet de loi, nous venons poser à
cette commission la question suivante: Y a-t-il encore statu quo ou cet
avant-projet de loi vient-il chambarder toutes les données du
problème en modifiant les définitions? Parce que nous avons lu
dans cet avant-projet de loi la définition de "courtier" et nous l'avons
comparée à celle d'"agent". Nous ne sommes pas juristes. Nous ne
pouvons pas nous prononcer sur les technicités qui ont été
intégrées dans les définitions, mais nous ne sommes pas
sûrs qu'il n'y ait pas eu un élargissement de sens.
M. Scowen: C'est peut-être une question que je dois poser
au ministre, mais c'est à savoir si vous auriez, si l'avant-projet de
loi était adopté, deux clients potentiels pour vos services, soit
l'inspecteur général, soit l'association, parce que les deux vont
continuer d'émettre des permis pour les
personnes qui veulent agir comme courtier. Dans l'esprit de
l'avant-projet de loi, est-ce l'intention du ministre que l'inspecteur
général doive établir ses propres critères pour
l'émission des permis de courtier, en se basant sur certains cours et
sur un certain genre de formation et que l'association puisse avoir une autre
série de critères ou si l'inspecteur général va
obligatoirement suivre les critères établis par l'association ou
vice versa? Va-t-on avoir deux critères pour l'attribution d'un
permis?
M. Duhaime: Je pense que si vous avez bien lu l'avant-projet de
loi, il est dit que l'association a un pouvoir réglementaire. Ses
règlements sont assujettis à l'approbation de l'inspecteur
générai. Pour avoir eu des discussions avec l'association, je ne
sais pas ce que son mémoire contiendra lorsqu'elle viendra nous
rencontrer mais, quant à elle, elle avait même des réserves
sur le fait que l'inspecteur général pourrait même modifier
les règlements. Je pense qu'il en a été question. Il y a
d'autres intervenants qui se sont prononcés là-dessus. Il n'y a
pas de problème de ce côté-là. L'association
pourrait avoir ses règlements quant à l'admissibilité, la
qualification, le degré de professionnalisme, si on veut, mais, comme
cela se fait dans d'autres corps de profession, c'est sujet à
l'approbation de l'inspecteur général. Il n'y a pas de
contradiction entre les deux.
M. Scowen: Oui, mais ce n'est pas exactement la question.
M. Duhaime: Les instituts d'assurance se sont
spécialisés depuis fort longtemps, avant même ce
siècle. Si j'ai bien compris la réponse donnée par madame
tantôt, si les standards de l'association des courtiers, par
règlement, dans l'hypothèse où l'avant-projet de loi avait
ses suites, étaient augmentés, je tiendrais pour acquis que
l'Institut d'assurance du Québec et l'Institut d'assurance de l'Est du
Québec vont hausser en conséquence leur niveau de formation.
C'est dans ce sens qu'il n'y a pas de contradiction.
M. Scowen: Ce n'est pas exactement la question que je pose.
À l'article 32 de l'avant-projet de loi, on lit que le paragraphe a de
l'article 30 ne s'applique pas à une personne titulaire d'un certificat
d'agent d'assurances émis par l'inspecteur général et
agissant en vertu de ce certificat.
M. Duhaime: On parle d'un agent d'assurances.
M. Scowen: Oui, mais cette personne... M. Duhaime: Là, on
ne parle pas d'un courtier, on parle d'un autre animal, si vous me permettez
l'expression.
M. Scowen: Non, excusez-moi, on parle d'un courtier, parce que le
paragraphe a de l'article 30 parle d'une personne qui agit comme courtier
d'assurances. Donc, une personne titulaire d'un certificat d'agent d'assurances
peut agir comme courtier d'assurances. C'est clair.
M. Duhaime: Vous avez oublié de lire la première
ligne de l'article 32: Le paragraphe a de l'article 30 ne s'applique pas
à: 1°, 2°, 3°, 4°.
M. Scowen: C'est cela.
M. Duhaime: Ce sont les exclusions: un avocat, un notaire, un
actuaire et une personne titulaire d'un certificat d'agent d'assurances. Ce
n'est pas la même chose.
M. Scowen: Mais est-ce qu'un courtier d'assurances, dans le sens
de la loi, n'est pas un agent d'assurances? (21 heures)
M. Duhaime: Cela fait deux jours qu'on me dit le contraire, alors
je serais assez étonné de vous répondre oui.
M. Scowen: Un courtier, c'est un agent. Un courtier d'assurances
au sens de la loi est un agent d'assurances. Je pense que oui.
M. Duhaime: Je ne le sais pas.
M. Scowen: L'inspecteur général va détenir
le pouvoir en vertu de l'article 32. 2 de nommer les courtiers d'assurances, il
me semble. Non?
Une voix: Non. M. Scowen: Bon.
M. Duhaime: J'avoue ne pas être en mesure de
répondre à toutes vos propres interrogations, c'est certain. Si
vous lisez l'article 23 de l'avant-projet, concernant l'article 32 de la loi,
c'est un paragraphe d'exclusion. Si vous me dites aujourd'hui qu'un courtier
d'assurances, c'est la même chose qu'un agent d'assurances...
M. Scowen: Laissez-moi passer à la question de la
définition. Il est clair que l'inspecteur général aura le
droit d'émettre un certificat d'agent d'assurances. Est-ce l'intention
du ministre ou de l'inspecteur général d'établir des
critères de formation ou de diplôme ou d'examen pour un agent qui
seraient semblables à ceux qui existent pour un courtier ou si les deux
personnes par leur nature même auront une formation et une
préparation différente? Et la réponse est...
M. Duhaime: M. l'Inspecteur général des
institutions financières me dit ceci, ce qui va exactement dans le sens
de la réponse que je viens de vous formuler. On parle de deux choses
différentes. Lorsqu'on parle d'un courtier d'assurances... lorsqu'on
parle d'un agent d'assurances qui est titulaire d'un certificat qui a
été émis par l'inspecteur général, les
standards à respecter sont formulés par l'inspecteur
général, que ce soit un cours de 400 heures ou de 800 heures, et
ces cours de formation, de même que l'examen, je crois, sont
administrés par l'institut d'assurances.
Lorsqu'on parle maintenant d'un courtier d'assurances, au sens de
l'avant-projet de loi, ce sera une personne qui devra respecter la
réglementation que l'Association des courtiers d'assurances aura
adoptée et approuvée par l'inspecteur général. On
parle de deux choses différentes.
M. Scowen: Aujourd'hui, pour qu'une personne puisse recevoir un
certificat d'agent d'assurances, qu'est-ce que l'inspecteur
général exige d'une telle personne?
M. Duhaime: Naturellement, des cours de formation. L'inspecteur
général pourrait vous l'expliquer en détail beaucoup plus
que moi mais, après ce que vous avez dit à son sujet, je n'ose
même pas l'inviter à prendre place à côté de
nous pour vous le dire. Je vous conseillerais de prendre rendez-vous avec lui
et il pourra vous répondre en détail.
M. Scowen: Non, non. Le passé est le passé, c'est
ce que j'avais à dire au sujet du dernier projet de loi et je suis
entièrement libre de le dire.
M. Duhaime:... amende honorable.
M. Scowen: Vous avez rappelé que j'ai dit que
c'était la première fois et j'espérais que ce serait la
dernière fois qu'une telle situation arrive. Je le répète,
hier et aujourd'hui, le comportement du ministre et de l'inspecteur
général a été parfait, je n'ai pas à me
plaindre. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de rappeler le malheureux
passé devant des personnes qui ne comprennent absolument rien de ce
qu'on dit.
M. Duhaime: Oui, mais elles lisent vos discours, M. le
député. Vous êtes très modeste.
M. Scowen: Les questions que je pose ne sont pas
compliquées, je veux simplement avoir une idée des
critères que nous avons aujourd'hui et que nous aurons demain pour
pouvoir obtenir un certificat d'agent d'assurances. C'est tout ce que je veux
savoir.
M. Duhaime: La personne la plus qualifiée pour vous
répondre est sans doute Mme Laflamme qui s'est spécialisée
dans la formation des agents d'assurances.
Mme Laflamme: Je vais devoir, à ce moment-là, vous
donner le contenu de l'article 181 du règlement général en
application de la Loi sur les assurances: Pour obtenir un permis d'agent, il
faut passer un examen de l'inspecteur général. Sont
exemptés de l'examen ceux qui sont "fellow" de l'Institut canadien des
actuaires, ceux qui sont assureurs-vie agréés, ceux qui sont
"fellow" du Life Management Institute, ceux qui ont le titre CFAAV et - nous
voilà à l'article e) - ceux qui sont associés ou "fellow"
de l'Institut d'assurance du Canada. Ceux-là n'ont pas à passer
l'examen de l'inspecteur général.
M. Scowen: Dans les faits, est-ce que l'examen de l'inspecteur
général existe ou si, à toutes fins utiles, toutes les
personnes deviennent...
Mme Laflamme: Ah! mais il existe. Non seulement il existe, mais
le service des assurances a conclu un protocole d'entente avec nous, les
instituts d'assurances, pour que nous nous occupions de l'administration de cet
examen. Nous faisons passer cet examen dans nos propres locaux; nous corrigeons
et nous supervisons l'examen.
Maintenant, nous, nous sommes un organisme de formation continue. Ce
sont les examens pour l'obtention du certificat d'agent d'assurances. Nous
considérons qu'il y a lieu de collaborer avec le service des assurances
à cet effet. Mais, à long terme, nous considérons qu'il
est beaucoup mieux que les candidats puissent se prévaloir de
l'alinéa e, et qu'au lieu de se présenter tout simplement
à un examen éclair - nous l'avons mentionné dans notre
mémoire - ils soient détenteurs d'un titre professionnel.
M. Scowen: Vous nous dites que c'est vous qui corrigez les
examens. Qui rédige les examens?
Mme Laflamme: Les examens sont rédigés par le
service des assurances, par l'inspecteur général.
M. Scowen: Est-ce qu'ils ressemblent un peu à ceux que
vous exigez...
Mme Laflamme: Absolument pas. Ils ne donnent pas un crédit
dans le programme A1AC. Nous sommes beaucoup plus exigeants. Je suis
obligée de faire une précision.
M. Scowen: Non, non, on n'est pas contre.
Mme Laflamme: Nous sommes beaucoup plus exigeants que beaucoup de
monde, vous savez. Je suis obligée de faire une précision
à...
Une voix: À M. le ministre.
Mme Laflamme:... M. le ministre au sujet de la possibilité
qu'il a mentionnée tout à l'heure, à savoir que
l'association des courtiers rehausse ses standards. J'ai bien peur que ce
soit... Vous avez mentionné tout à l'heure: S'il arrivait que
l'association des courtiers rehausse ses standards, probablement que, nous
aussi, nous rehausserions les nôtres. Dans la situation de fait, nos
standards à l'institut sont en ce moment les plus élevés
en matière de formation professionnelle dans le secteur. Aux tables de
concertation, nous nous étonnions de constater dans cet alinéa e
que nos cours de 400 heures et de 800 heures sont suivis par une exemption
équivalente qui était accordée à l'association des
courtiers pour un cours de 60 heures. Vous comprenez pourquoi nous avons
formulé des préoccupations.
M. Scowen: Si je me permets de continuer sur les cours de
formation, est-ce que je peux vous demander quelle est la situation du
côté de l'association pour avoir un certificat de courtier?
Mme Laflamme: Pour avoir le titre de courtier associé, en
ce moment, il faut suivre un programme de formation de 60 heures de cours.
M. Scowen: C'est un cours de formation qui relève de
vous?
Mme Laflamme: Non. C'est un cours qui est établi par
l'Association des courtiers de la province de Québec.
M. Scowen: Par l'association!
Mme Laflamme: II est établi et administré
entièrement par eux, en dehors des instituts d'assurance.
M. Scowen: Est-ce que le cours de formation pour un courtier et
le cours de formation exigé par l'inspecteur général pour
le permis d'agent se ressemblent? Est-ce que l'un est plus exigeant que
l'autre?
Mme Laflamme: Voyez-vous, selon cet article 81, l'inspecteur
général exempte de son examen ceux qui ont les 60 heures de cours
qui donnent accès au titre de courtier associé de l'association
des courtiers et exempte aussi de l'examen ceux qui ont nos 400 heures de cours
et nos 800 heures de cours.
M. Scowen: Est-ce que les courtiers exemptent ceux qui ont
passé l'examen de l'inspecteur général pour le titre
d'agent?
Mme Laflamme: Les courtiers n'ont pas cette juridiction.
M. Scowen: Est-ce que, selon vous, les cours exigés par
l'association pour le permis de courtier sont plus exigeants que les cours
exigés par l'inspecteur général?
Mme Laflamme: L'inspecteur général n'exige pas de
cours. Il ne fait que faire passer un examen...
M. Scowen: Bon. D'accord. Mme Laflamme:... sans cours.
M. Scowen: Est-ce que l'examen... Je m'excuse, j'ai mal
posé la question. Est-ce que les examens de l'association sont plus
rigoureux que ceux de l'inspecteur général ou s'ils sont
équivalents?
Mme Laflamme: Je ne pourrais pas répondre à cette
question puisque les examens... Vous posez une question sur deux parties qui me
sont étrangères...
M. Scowen: Mais vous corrigez...
Mme Laflamme:... l'inspecteur général et
l'association des courtiers.
M. Scowen: Mais sur le plan...
Mme Laflamme: Vous savez, la correction est faite avec une
grille. C'est un processus administratif.
M. Scowen: Mais c'est là une question complexe sur le plan
de l'administration. Le consommateur s'intéresse à savoir si un
courtier est mieux préparé qu'un agent. C'est une question que le
consommateur peut poser. Je pensais que vous seriez peut-être en mesure
de répondre à un consommateur qui vous poserait la question.
M. Asselin (Marcel): J'aimerais peut-être ajouter ceci, M.
Scowen. Lorsque M. le ministre Duhaime fait allusion au fait que les standards
sont plus élevés au niveau des courtiers, il y a effectivement un
nouveau programme qui doit être en place au niveau des courtiers et qui
va certainement rehausser de beaucoup les standards actuels. Alors, pour autant
qu'on soit concerné, personne ne peut donner des équivalences
puisqu'on n'a pas vu ces cours. En ce qui nous concerne, c'est surtout le fait
que l'institut ne veut pas s'approprier tout le système de
l'éducation. On le fait déjà, à l'heure actuelle,
dans les autres provinces. Ici, au Québec, il serait très
possible
d'établir des équivalences.
J'aimerais peut-être revenir à ce qu'on disait tout
à l'heure, lorsqu'on parlait des instituts. On a mentionné
à un moment donné trois instituts. Selon ce que je voyais, on
semblait parler de trois instituts différents, alors qu'il existe un
programme d'éducation qui est supervisé par l'Institut
d'assurance du Canada. On le sait, que ce soit au Québec ou dans les
autres provinces, les assureurs, il y en a des États-Unis, il y en a
d'Angleterre, il y en a de toutes les parties du monde. Alors, l'assurance se
ressemble. Les différences qui peuvent exister reviennent surtout au
niveau des modes d'application. Un exemple: au Québec, nous avons un
programme d'assurance automobile qui est différent de celui des autres
provinces. Alors, il y a un cours concernant spécifiquement l'automobile
qui va dans cette direction.
Le troisième point que je voudrais aussi mentionner, c'est qu'on
a parlé du décloisonnement et on n'a pas été loin
là-dessus. C'est peut-être là, au niveau du
décloisonnement, lorsqu'on regarde le cours de "fellow" qui se donne
à l'heure actuelle, qui est donné par l'entremise des
universités... Les crédits sont émis par
l'université et non par l'Institut d'assurance du Canada. Autrement dit,
aujourd'hui, vous finissez votre cours d'associé - un exemple ici,
à Québec, puisque je suis à Québec - au
Cégep de Sainte-Foy. Vous avez des examens qui sont supervisés
par l'Institut d'assurance du Canada. Lorsque vous continuez au niveau du
"fellow", vous allez à l'université, vous vous conformez
exactement aux règlements de l'université. Alors, on parlait de
décloisonnement tout à l'heure, je me demande, au niveau de la
formation... Un type qui s'en va en gestion d'entreprise, qu'il soit du
côté de l'assurance-vie, qu'il soit du côté des
assurances IARD, qu'il soit dans n'importe quel secteur, il aura la formation
en conséquence.
Notre point, ici, ne se veut pas de façon définitive un
point politique. Ce n'est pas notre but. On ne veut pas accaparer non plus le
côté de l'éducation, mais que ce soit mentionné dans
la loi qu'il y a des équivalences qui peuvent s'établir entre les
différents organismes.
M. Scowen: Je pense que mon temps est épuisé. Je
vous remercie sincèrement.
Le Président (M. Lachance): En effet. Alors, merci
monsieur. Oui, M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Juste une question dans la
même voie. Je serais curieux de savoir combien, sur les 6000 membres que
vous avez au Québec - si je comprends bien, les deux instituts au
Québec ont 6000 membres, c'est ce qu'on indique ici - y en a qui sont
associés ou "fellow"? Quel pourcentage?
Mme Laflamme: Vous auriez à peu près le tiers, je
mettrais, qui sont des membres diplômés. Maintenant, ce n'est
vraiment qu'une évaluation.
M. Duhaime: Merci madame, merci messieurs. Quant à moi, je
n'aurai pas d'autres questions.
Le Président (M. Lachance): Très bien. Alors, merci
aux représentants des instituts d'assurance pour leur présence
à cette commission et leur éclairage.
Mémoire déposé
Je sollicite maintenant le consentement de la commission pour
déposer le mémoire qui avait été
préparé par l'Association des gestionnaires de risques et
d'assurances du Québec qui devait venir ici en commission, cet
après-midi, et qui ne l'a pas fait. Il pourra être
déposé aux archives de la commission. Nous n'avons pas eu de
communication de sa part.
Avant de terminer, je voudrais bien avoir, pour qu'on se comprenne bien,
un éclairage sur la suite des événements de cette
commission parce que, là, il y a un groupe important qui est dans les
airs, qui s'appelle l'Association des courtiers d'assurances du Québec,
qui semble être intéressé de faire valoir son point de vue
aux alentours du 7 ou du 8 octobre. Est-ce qu'on doit aller jusqu'à
préciser une chose comme celle-là ou si on s'en tient à
dire...
M. Scowen: J'aurais préféré que
l'association nous avise quand elle sera prête. À ce moment, on
pourra convoquer une courte réunion de la commission pour fixer une
date. On est devant une situation anormale, en ce qui concerne la session.
M. Duhaime: Ce n'est pas si anormal. J'aurais une suggestion. Le
8 octobre est un mardi. Je suggérerais, pro forma, que nous ajournions
au 8 octobre et, dans l'intervalle, l'association pourra communiquer avec le
secrétariat de la commission du budget et de l'administration et dire si
cette date du 8 octobre lui convient. Dans l'hypothèse où cette
date ne lui conviendrait pas, on pourrait, par le secrétariat, en tout
cas avec mes collègues ici et vous-mêmes, MM. Scowen et Johnson,
voir quelle est la date qui pourrait convenir à tout le monde. Je ne
voudrais pas ajourner sine die. J'aimerais mieux qu'on mette une date,
même si c'était pro forma, qui n'est pas une date contraignante,
remarquez. On viserait le 8 octobre pour entendre l'Association des
courtiers d'assurances. Cela m'apparatt majeur dans ce débat.
M. Scowen: Le 8 octobre, on va écouter seulement
l'association. Si on dit ce soir qu'on ajourne au 8 octobre, cela veut dire que
nous acceptons la date du 8 octobre. Je pense que cela va mieux...
M. Duhaime: Cela est pro forma. En fait, on vise le 8 octobre. Si
vous aimez mieux ne pas avoir de date, on va ajourner sine die. J'aimerais
mieux pouvoir dire à l'association - vous ferez de même vous aussi
si vous voulez être prêts pour le 8 octobre, nous pourrions
vous entendre, à moins que vous ne me disiez que, le 8, cela ne nous
convient pas. On peut parler du 9. On peut parler du 10. C'est pour cela qu'en
mettant pro forma le 8 personne n'est lié par cette date.
Le Président (M. Lachance): Évidemment, la
commission est maîtresse de ses travaux et, comme il s'agit...
M. Duhaime: Si vous aimez mieux on peut... Excusez, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Comme il s'agit, en fait, d'un
mandat d'initiative à cause de la procédure que nous avons
dû suivre, il y aurait une autre suggestion qui pourrait être
faite. La commission confierait au comité directeur de la commission,
qui est composé du président, du vice-président et du
secrétaire, le mandat, après consultation, de décider
d'une date qui conviendrait à l'ensemble des membres de la commission et
de l'association.
M. Duhaime: Cela me convient. On pourrait confier un mandat au
comité directeur de la commission, aux président,
vice-président et secrétaire, de communiquer avec l'Association
des courtiers d'assurances et, ensuite, on pourrait communiquer avec nos deux
formations politiques et voir quelle est la date qui convient le mieux, en
espérant que ce soit en octobre.
M. Scowen: Je préfère une telle solution qu'un
ajournement au 8 octobre, une date à laquelle personne n'est lié,
cela ne veut rien dire.
Le Président (M. Lachance): Cette motion est-elle
adoptée de confier ce mandat au comité directeur?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Lachance): Cela va. Cela dit, la
commission du budget et de l'administration - cela étant dit - vous
remercie, chers collègues, de votre participation. Cela a bien
été. Nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 20)