Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des crédits du ministère des
Communications
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Il s'agit de la commission parlementaire
élue des communications chargée d'étudier les
crédits du ministère des Communications.
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Beauséjour (Iberville); M. Dussault (Châteauguay) en
remplacement de M. Bertrand (Vanier); M. Blank (Saint-Louis), M. Go-din
(Mercier); M. Forget (Saint-Laurent) en remplacement de M. Goldbloom (D'Arcy
McGee); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), M. Michaud
(Laprairie), M. O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Fallu (Terrebonne), M. Goulet (Bellechasse), M. Laurin
(Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly) et M. Samson
(Rouyn-Noranda). Il y aurait lieu maintenant de désigner un rapporteur
pour la commission. Est-ce qu'il y aurait une proposition de la part d'un
membre de la commission?
M. Dussault: Je suggère M. le député
d'Iberville.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion serait adoptée?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est adoptée. M. le député d'Iberville, vous
êtes le rapporteur de la commission.
Conformément à une sorte de tradition qui s'est
implantée, je vais permettre, avant d'aborder le programme 1, au
ministre, de même qu'au représentant officiel de chacun des partis
de faire une déclaration d'ouverture. M. le ministre, je vous
cède la parole.
Remarques préliminaires M. Louis
O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, j'ai l'intention, dans cette
introduction, de procéder de la manière suivante. Je voudrais
d'abord souligner à l'attention des membres de cette commission certains
passages, certains points contenus dans le rapport qui nous a été
remis, intitulé "Etude des crédits pour 1979/80". J'ajouterai
à cela un certain nombre de remarques complémentaires. Vous avez
au début du rapport, d'abord, ce plan de présentation où
on indique comment on a divisé ce rapport, en parlant au départ
du mandat du ministère, ensuite de la structure administrative du
ministère, de la structure de programmes. On présente ensuite une
revue des principales activités pour l'année 1978/79 et, ensuite,
on énumère un certain nombre d'orientations proposées pour
l'exercice 1979/80.
Vous avez, à partir de la page 3 du rapport, la liste des
programmes d'ailleurs qui seront soumis à votre approbation, à
l'approbation des membres de cette commission au cours de cette séance
consacrée à l'étude des crédits. Vous avez cette
division des programmes; donc, en deux parties, ceux qui sont
administrés par le ministère même des Communications et
qui, sur le plan de l'administration, sont sous l'autorité du
sous-ministre des Communications, à savoir: Réseaux et
équipements gouvernementaux de communication, Communications
gouvernementales et renseignements, Edition gouvernementale en partie, soit la
partie de la direction générale, l'autre partie relevant
directement du ministre, celle qui concerne l'éditeur en tant que tel.
Vous avez le programme 4, Gestion interne et soutien; le programme 5 qui
concerne le Bureau central de l'informatique; le programme 7,
Développement des communications et des politiques; et le programme 8,
encore là dans une partie, Cinéma et audio-visuel,
c'est-à-dire la partie qui relève de la Direction
générale du cinéma et de l'audio-visuel.
Il y a au ministère un certain nombre de programmes
spécifiques qui sont administrés indépendamment du
ministère comme tel, c'est-à-dire dont les responsables
relèvent du ministre. Vous avez donc l'éditeur, la Régie
des services publics, l'Institut du cinéma québécois, le
Bureau de surveillance du cinéma québécois et l'Office de
radio-télédiffusion du Québec ou Radio-Québec. Je
voudrais souligner de façon particulière, dans la liste des
activités de 1978/79, certains qui méritent, je crois, d'attirer
l'attention par leur caractère de nouveauté ou encore qui,
peut-être, dans certains cas, pourraient vous inspirer un certain nombre
de questions ou d'observations. Vous avez, entre autres, de la page 10 à
14, une description générale des activités de la Direction
générale des services techniques du ministère concernant
les communications téléphoniques, communications écrites,
communications informatiques, les services intercentres et centrex,
systèmes sonores, radio mobile, audio-visuel,
radiotélévision, comptes ministériels. (10 h 15)
Vous avez, après cela, une évaluation des coûts sur
laquelle nous pourrons, au moment du programme, revenir parce qu'il y a un
certain nombre de chiffres ici qu'il faut préciser dans les montants qui
sont mentionnés à la page 14 du document que vous avez sous les
yeux. La section suivante, communications gouvernementales et renseignements a
déjà fait l'objet d'un certain nombre de discussions chez les
membres de l'Assemblée nationale et ensuite, c'est un secteur qui a
été témoin d'un certain nombre de changements importants
au cours de l'année. Cela est bien décrit à partir des
pages 15 et 18.
Donc, vous avez là quelques détails concernant le Conseil
des directeurs de communications, son secrétariat permanent ce
conseil a été mis sur pied cette année les
activités de ce conseil des directeurs des communications. On mentionne
également le Centre de services en communications du gouvernement du
Québec, qui a remplacé la Direction générale des
communications gouvernementales à la suite de la décision du
Conseil des ministres prise en juillet 1978. On mentionne par la suite les
activités de ce centre.
Vous avez une troisième partie où on fournit un certain
nombre de détails concernant la gestion publicitaire, la
publicité obligatoire, le programme de l'identification visuelle. Le
point qui m'apparaît avoir été omis ici lorsqu'on parle
d'identification visuelle je m'aperçois que cela n'a pas
été mentionné c'est un projet que nous avons et qui
est actuellement à l'étude concernant l'identification des
produits québécois. C'est un travail qui se fait en collaboration
avec les ministères du secteur économique. Cela nous
apparaît une étape qui est assez importante dans ses
conséquences. Donc, à la suite des campagnes qui ont
été faites visant l'achat au Québec, Achetez
Québécois, etc., il reste quand même que, du
côté du consommateur, il y a un problème sérieux.
C'est que le consommateur aimerait bien savoir comment on reconnaît un
produit québécois lorsqu'on va dans un centre commercial ou dans
un magasin. Alors, il y a donc ici une étape qui nous apparaît
nécessaire, complémentaire, c'est celle d'en arriver à des
formules d'identification visuelle des produits québécois.
Vous avez la section suivante, qui est consacrée aux
activités de Communication-Québec. Vous avez un certain nombre de
statistiques qui sont intéressantes et qui montrent comment ces
activités de Communication-Québec occupent une place croissante,
qui montrent bien qu'il s'agit de services qui sont fort utiles à la
population et qui expliquent... Je pense qu'il est légitime qu'on se
pose des questions d'ailleurs, vous verrez dans la deuxième
partie que nous nous en posons concernant l'extension possible de ce
service.
Nous pourrons, dans le détail, vous donner un certain nombre de
statistiques qui ont été compilées au sujet de ces
activités, des statistiques plus précises au sujet des
activités de Communication-Québec. Il y a peut-être un
détail qui peut vous intéresser plus particulièrement, et
c'est celui-ci. Dans les demandes de renseignements, le service gouvernemental
qui fait l'objet le plus fréquemment de demandes de renseignements,
c'est le ministère du Revenu, dans une proportion de 20%. Ici, il y a
quelque chose qui est assez paradoxal: le deuxième service, c'est le
gouvernement fédéral, c'est-à-dire que nos bureaux de
Communication-Québec servent, en deuxième lieu, à
répondre à des questions du public qui cherche des renseignements
concernant des activités du fédéral; ne trouvant pas ces
renseignements, il s'adresse à nos bureaux.
Vous avez ensuite une section qui est consacrée aux
activités de l'éditeur, aux pages 21 à 27.
Dans la section suivante, dans la revue du programme IV, il y a un
résumé des activités de la direction de ce secteur eu
égard aux relations intergouvernementales. On fait ici un rappel, par
exemple, de la conférence des ministres des Communications de
Charlottetown en mars 1978: la présentation par le gouvernement du
Québec de la formule Saint-Laurent qui fut par la suite l'objet d'une
réponse négative de la part du ministre fédéral des
Communications. On mentionne aussi un certain nombre d'autres rencontres qui
ont eu lieu entre des représentants du Québec et d'Ottawa au
cours de l'année sur ces même questions. Vous savez qu'en plus de
cela, au moment de ces conférences dites constitutionnelles, entre
autres celle qui a eu lieu en février, le problème des
communications était également à l'ordre du jour et vous
vous rappelez qu'il a fait l'objet d'un échange assez vigoureux entre le
premier ministre du Canada et celui du Québec.
Dans le domaine des relations internationales, sont mentionnés de
façon particulière les échanges qui se continuent toujours
avec la France, dans le domaine de l'utilisation du satellite Symphonie et
ensuite de ce projet qui n'est pas encore conduit à terme mais au sujet
duquel il y a eu énormément d'échanges, qui a d'ailleurs
fait l'objet d'un certain nombre d'échanges lors de la dernière
rencontre entre les premiers ministres Barre et Lévesque, soit le projet
de mettre à la disposition des câblodistributeurs ici, donc d'une
grande partie de la population québécoise, des produits de
télévision venant des chaînes françaises. Il s'agit
d'un matériel audiovisuel français qui serait destiné
à des fins de câblodistribution québécoise,
permettant ainsi à la population de disposer d'un canal de plus de
langue française.
Nous avons également, au cours de l'année, eu des
rencontres elles se continuent aussi avec les
câblodistributeurs et radiodiffuseurs de la Nouvelle-Angleterre qui
seraient intéressés par la distribution de produits francophones
québécois, tant télévisuels que
cinématographiques. Il y a toujours des liens entre la Direction
générale du cinéma et de l'audiovisuel et les
représentants de ces câblodistributeurs. Là, encore, au
plan des services, je pense qu'il y a quelque chose d'extrêmement
intéressant, c'est-à-dire qu'en un sens, nous pouvons rendre un
peu à la Nouvelle-Angleterre l'équivalent des services que la
France nous rend. Ils ont des canaux disponibles; d'ailleurs,
déjà, actuellement, une grande partie de la programmation faite
au Québec est accessible dans de larges portions, de vastes
régions de la Nouvelle-Angleterre où on trouve un très
grand nombre de gens qui parlent français et d'autres qui, sans le
parler, l'entendent, peuvent le comprendre. Je pense qu'au point de vue du
rayonnement du Québec, sous une forme, je dirais, de solidarité
avec la francophonie de la Nouvelle-Angleterre, il y a là un type
d'activités prometteuses pour l'avenir.
Dans les pages qui sont consacrées aux activités du bureau
central de l'informatique, pages 36 et suivantes, je voudrais attirer votre
attention sur des réalisations particulièrement
intéressantes. On ne trouve pas fréquemment de cas dans une
administration gouvernementale où, pour une amélioration de
services, on en arrive à une diminution des coûts. C'est un
phénomène plutôt rare et, à ce point de vue, le
bureau central de l'informatique a réalisé des performances
remarquables. Vous trouvez, à la page 36, ici, un certain nombre
d'exemples de la façon dont on s'y est pris pour réduire les
coûts et, en même temps, améliorer les services.
Dans les pages qui suivent, vous trouverez un certain nombre de
mentions, n'est-ce pas, de ce qui s'est fait dans le domaine de la recherche.
Vous verrez, en fait, que c'est à la fois, on peut dire,
intéressant, mais très limité et restreint. Pourquoi
est-ce restreint? Ce n'est pas parce que nous n'y croyons pas; c'est tout
simplement que nous devons avouer que notre budget dans ce secteur est tout
à fait limité. Il reste que, chaque fois que nous avons voulu
obtenir la contribution des universitaires ici dans le domaine de la recherche,
celle-ci nous a été facilement acquise et ce que je souhaite,
quant à moi, c'est qu'on puisse en faire beaucoup plus dans les
années qui suivront. Je vous mentionne à la page 42 c'est
un rappel simplement, n'est-ce pas qu'il y a eu cette année la
promulgation d'un règlement sur la télévision payante et
c'est ce règlement qui sera appliqué par la Régie des
services publics chaque fois que des entreprises reliées au secteur de
la télédistribution voudront s'engager dans des activités
dites de télévision payante.
Sur les réseaux de communications, aux pages 45 et suivantes, je
vous signale certaines activités qui ont été, si vous
voulez, menées par le ministère; d'abord, des interventions
auprès de la Régie des services publics concernant les
sociétés exploitantes de télécommunications. Par
exemple, des interventions se sont faites dans certains cas en aidant des
groupes de consommateurs à exprimer leur point de vue devant, par
exemple, le CRTC.
Vous avez ensuite l'assistance à des comités de citoyens.
Nous avons eu cette intervention au sujet également de la demande
d'augmentation de tarifs de Bell Canada et une intervention concernant
l'interconnexion des réseaux où, à l'inverse du cas
où Bell Canada était directement concernée, nous avons
plutôt, dans le cas d'interconnexion des réseaux, pris parti pour
Bell Canada face à CNCP, étant donné qu'il y avait
inégalité dans la concurrence ici, à savoir que dans le
cas où vous faites une interconnexion des réseaux CNCP, CNCP se
trouve, à notre point de vue, à profiter du réseau, de ce
qu'il y a de meilleur dans le réseau, sans investir dans les
infrastructures, ce que fait une compagnie téléphonique. Il
semblait donc, à ce moment, qu'il n'était pas équitable de
mettre sur le même pied CNCP et Bell Canada.
Il y a aussi une enquête sur les prix de revient des services et
des communications. Vous avez des réajustements concernant le fardeau
fiscal des entreprises de télécommunications. Cela a paru dans le
discours du budget de cette année.
Le dossier Bell Québec demeure toujours à l'étude
et progresse à petits pas de tortue, espérant qu'il progressera
un peu plus vite plus tard. Et ensuite, dans tout le domaine de philosophie et
de développement des communications, nous pensons que le temps est venu
de faire une sorte de bilan général. Je ne sais pas quel nom cela
prendra à un moment donné, ce sera un livre de telle ou telle
couleur. Enfin, cela fera un livre de plus. Cela aide toujours à voir
plus clair dans certaines questions. Nous pensons qu'après tout ce qui a
été fait dans les dernières années ici je ne
dis pas tout ce qui a été fait simplement depuis novembre 1976,
je pense évidemment à ce qui a été accompli
auparavant et qui est loin d'être dénué de valeur on
arrive à une étape ici où il sera temps de faire une
révision générale de la situation. Cela nous rendrait, je
pense, aptes à proposer des politiques générales, pas
seulement dans tel ou tel secteur comme nous serons bientôt en train de
le faire dans le domaine du cinéma, mais dans l'ensemble du secteur des
communications.
Vous avez également quelques remarques, en page 48, sur l'aide
aux organismes de défense des intérêts des usagers des
moyens de communications, et ensuite sur les communications en milieux
amérindien et inuit. Cela peut sembler loin pour certains d'entre nous,
mais en fait c'est extrêmement important. Cette année, en
collaboration avec d'autres groupes comme SAGMAI, nous espérons faire
beaucoup plus dans ce secteur, en collaboration avec les Amérindiens et
les Inuit pour qui les problèmes de communications sont
évidemment quelque chose d'assez fantastique, c'est-à-dire le cas
de la distance, le cas de l'accessibilité à la radio ou à
la télévision, de l'usage de la radio aussi pour les services
personnels, la radio mobile, etc.
Le problème est qu'il y a des questions de coût, il y a la
question du temps physique que cela prend pour les installations. Il reste que
dans notre intention nous voulons progresser et nous pensons que c'est une
façon de montrer à ces gens que nous ne les oublions pas et que
nous les traitons sur un pied d'égalité, comme citoyens, et
surtout, ne l'oublions pas, comme citoyens qui ont été les
premiers à développer ce pays.
Vous avez également quelques observations en page 49 sur
l'utilisation des terres publiques à des fins de communication.
Vous avez quelques remarques sur le cinéma. Si vous me le
permettez, j'y reviendrai un peu plus tard dans des notes additionnelles. Je
voudrais maintenant passer aux orientations proposées pour
l'année 1979/80 en vous signalant quelques points particuliers dans les
pages 62 et suivantes.
On mentionne, à la page 65, le projet de développement du
réseau de Communication-Québec. Ce projet sera soumis
bientôt à l'attention du Conseil des ministres. Donc, une
étape nouvelle que nous projetons est qu'il y ait des bureaux
sous-régionaux à Gaspé, Saint-Félicien,
Drummondville, Val-d'Or et Hauterive. Je mentionne aussi, au sujet de
Communication-Québec, qu'il y
a un contact permanent qui s'exerce entre la direction de ces bureaux et
les bureaux eux-mêmes, d'abord pour s'assurer que tous les gens qui
travaillent dans chacun de ces bureaux essaient de leur mieux de
répondre aux besoins de la population pour qu'elle puisse vraiment avoir
là, et dans un temps raisonnable, non pas après de longs
délais, les renseignements dont elle a besoin. (10 h 30)
On mentionne, à la page 69, que cette année nous
espérons pouvoir compléter les ententes avec la France, surtout
dans le domaine de la câblodistribution. Je vous mentionne, en passant,
qu'il y a d'autres secteurs où cette coopération
franco-québécoise va très bien, c'est le cas de
l'information scientifique et technique, par exemple.
A partir de la page 74, il y a une description des projets du Bureau
central de l'informatique, qui veut encore améliorer ses services et les
rendre plus efficaces sans nécessairement les rendre plus
coûteux.
A la page 75 de votre texte, vous avez des objectifs relatifs à
une politique intégrée de développement des
communications, je vous signale de façon particulière
l'accroissement du programme d'aide aux médias communautaires. Remarquez
quand même que c'est un accroissement modeste, il ne faudrait pas se
conter d'histoires. Ce montant de crédit de transfert de $1 million
implique, constitue un accroissement tangible par rapport à l'an
dernier, mais, il faut vraiment l'avouer, c'est nettement insuffisant par
rapport aux demandes qui nous sont soumises.
Vous avez ensuite quelques mentions concernant des projets qui demeurent
encore incomplets dans le domaine de la presse écrite: projection
générale sur les communications, scénario de
développement des communications d'ici les années 1990 et ensuite
l'intention exprimée de maintenir notre coopération avec les
milieux inuit et amérindiens.
Vous avez dans la section suivante des remarques additionnelles
concernant la politique du cinéma au Québec, la politique dite du
cinéma québécois. Dans un des documents d'appoint qui vous
ont été remis, vous avez des notes additionnelles au sujet de
Radio-Québec.
Vous avez également un autre document je pense que
ça vous a été également remis qui porte sur
les études des crédits de la Régie des services publics
pour l'année 1979-1980. Je pense, M. le Président, que tous les
membres de cette commission ont ces documents à leur disposition.
M. le Président, dans la deuxième partie de cette
présentation, je voudrais ajouter quelques observations concernant
certains points. Ces observations permettront, je pense, aux membres de cette
commission de mieux évaluer vers quelle direction nous nous orientons
dans le secteur des communications au gouvernement du Québec.
J'aurai six observations que je voudrais les plus brèves
possible, portant sur les points suivants: le cinéma,
Radio-Québec, les media com- munautaires, l'information, la
téléphonie et un dernier point sur l'avenir des
communications.
Au sujet du cinéma, vous avez, encore une fois, dans le document,
des notes qui font le bilan de l'action entreprise cette année. Je
voudrais simplement souligner qu'à notre avis, la deuxième ronde
de consultations qui a été entreprise, donc celle qui a suivi le
sommet culturel de décembre, a été extrêmement
fructueuse. Elle se terminera bientôt par des prises de contact
systématiques avec les représentants des régions. A la
suite de ces consultations, nous nous en allons, de façon bien
perceptible maintenant, vers un consensus, qui se situe dans la ligne de
pensée du livre blanc sur le développement culturel. Si bien que
je dirais ceci: S'il fallait écrire un autre document sur le
cinéma à ce stade où nous sommes rendus, au lieu d'avoir
comme titre "Vers une politique du cinéma au Québec", ce document
aurait comme titre "Pour une politique du cinéma
québécois".
Encore une fois, c'est le prolongement de nos réflexions à
la suite du sommet culturel, ces rencontres que nous avons eues avec les divers
intervenants des milieux cinématographiques qui nous ont conduits de
plus en plus, d'une façon de plus en plus précise, claire et
nette vers cette conclusion.
Nous savons tous, M. le Président, que le cinéma exprime
diverses formes d'art, divers courants et, s'il y a lieu, l'intervention aussi
de divers intérêts financiers. A travers cela, il faut choisir.
Une illusion qui pourrait être sérieuse dans le domaine
cinématographique, c'est de penser qu'on puisse arriver à un
consensus total. Il faut choisir, faire le choix qui nous semble le meilleur,
même si ce choix peut à un moment donné être
désapprouvé par certains. Les gouvernements doivent avancer comme
cela dans beaucoup de domaines. Pensons à ce qui s'est produit pour
l'assurance automobile. Le gouvernement a fait un choix. Des gens
étaient bien d'accord avec ce choix. D'autres étaient en
désaccord. C'est l'avenir qui nous dit après cela si ce choix a
été le meilleur. Je pense qu'il arrive comme cela que des
politiques sur le moment semblent faire l'objet de discussions chaudes et,
finalement, elles se révèlent des politiques excellentes dans
leur application.
Donc, dans un monde libre où les intervenants de divers milieux,
de divers pays représentant divers intérêts peuvent agir
dans le domaine du cinéma et peuvent le faire très librement, un
gouvernement peut se donner le droit d'agir d'une façon et pas
nécessairement avoir cette ambition d'agir de toutes les façons
et vouloir faire plaisir à tout le monde en même temps. Un
cinéma québécois authentique qui est l'expression des
modes de penser, des valeurs, des traditions de la culture
québécoise donnera naissance et donne actuellement naissance
et depuis d'ailleurs plusieurs années à divers
produits: des courts, des longs métrages, des documentaires, du
cinéma de fiction. Il peut aussi bien que n'importe quel autre
cinéma revêtir une dimension internationale.
Ici, il ne faudrait pas se laisser tromper par ce mot "international"
qui est un mot un peu ambigu qui recouvre, à mon avis, des
vérités différentes. Il peut aussi bien désigner,
d'une part, un cinéma national de qualité qui peut être
suédois, italien, québécois, français et qui
connaît une audience internationale. Il peut également
désigner un cinéma national américain qui, par ses
qualités ou simplement par suite de mesures économiques ou
politiques avantageuses, acquiert un statut universel. Mais c'est dû
à un phénomène de puissance. Encore une fois, cela peut
bien venir de la qualité du produit et aussi tout simplement de la
puissance dont peuvent profiter ceux qui distribuent le produit. On a tendance
aussi à parler de cinéma international en parlant d'une sorte de
cinéma que j'appellerais homogénéisé, qui est
adapté à une facture américaine et qu'on impose aux
auditoires grâce à des mesures efficaces de marketing et
grâce parfois à des contrôles, tout simplement à des
contrôles du marché.
Dans le cas de notre choix qui est un choix d'une cinématographie
nationale québécoise devant connaître le plus possible
nous l'espérons par ses qualités une audience
internationale, un tel choix entraîne des conséquences
précises. Par exemple, cela veut dire que, si on y croit, il faudra
favoriser l'accessibilité de ce cinéma et sa distribution. Il
faudra que l'institut dans ses interventions tienne compte de ce choix. Il
faudra procéder à une révision des normes relatives aux
abattements fiscaux, parce qu'une forme de subvention au cinéma
ne l'oublions pas ce sont les abattements fiscaux. Quand vous accordez
à quelqu'un un abattement fiscal, vous venez de faire payer la facture
par un autre. Donc, c'est également une contribution du public. Quand
vous dites que l'industrie du cinéma a un budget de $4 millions par
année, la DGCA a tel budget, Radio-Québec achète des
films, l'ONF également ou apporte une contribution, il faut ajouter
à tout cela cette contribution qui prend la forme d'abattements
fiscaux.
A ce point de vue, vous vous rappelez peut-être un chiffre assez
impressionnant qui était mentionné dans le document sur le
cinéma; on disait: "Alors qu'en Occident la moyenne de contribution
étatique dans le domaine du cinéma varie entre $1.50 et $2 par
habitant, au Québec, elle est de $4." J'inclus évidemment dans
cela, encore une fois, les sommes que la SDICC dépense, tantôt
bien tantôt moins bien, en évaluant que ces sommes proviennent
à 25% de source québécoise. Vous avez donc, à ce
moment-là, à tenir compte des mesures fiscales et à savoir
si ces mesures qui sont appliquées, ces encouragements vont dans le sens
d'une politique reconnue. Cela suppose aussi une politique de concordance qui
implique le rapatriement des sommes que la SDICC consacre à aider le
cinéma fait au Québec et cela suppose, finalement, une
intervention financière gouvernementale significative permettant au
cinéma québécois de prendre vraiment son essor dans des
conditions économiques qui se situent au-delà du palier de la
simple subsistance. Je pense qu'on peut dire ici que de même que les
Québécois ne se contentent plus de survivre, mais veulent vivre,
je pense que les cinéastes québécois désormais,
après avoir lutté pour survivre, demandent qu'on les aide
à vivre vraiment.
Dans l'optique de ces choix consistant à privilégier un
cinéma authentiquement québécois, nous envisageons la mise
sur pied d'une commission provisoire consultative permettant, dans nos milieux
cinématographiques, d'intervenir de plus près dans la
définition des politiques gouvernementales et la mise au point de
mesures favorables au développement du cinéma
québécois. Il appert, en effet, à la lumière de
l'expérience, que le travail de l'institut laisse peu de loisir pour
exercer la fonction conseil que lui reconnaît la loi actuelle du
cinéma.
Nous pensons, d'autre part, que le Bureau de surveillance du
cinéma devrait étudier avec soin certaines recommandations que
formulait, à son égard, le Conseil du statut de la femme. En
revanche, il n'est pas notre intention de retenir la suggestion du bureau de
rendre plus élastiques les critères de permissivité
actuellement en vigueur au Québec. Nous pensons, à l'instar de
l'Office des communications sociales, que ces critères sont
déjà suffisamment élastiques, ce qui n'exclut pas
certaines nuances dans l'application des normes déjà
existantes.
Au sujet de Radio-Québec, M. le Président, je me permets
simplement quelques remarques brèves. D'abord, je veux simplement
signaler que le projet de loi apportent des amendements à la Loi de
Radio-Québec et le projet de loi sur la programmation éducative
seront déposés très prochainement, c'est une question,
pour le moment, technique, je pense, ou d'imprimerie. Donc, nous aurons
l'occasion, à ce moment-là, de reparler de ces
problèmes-là. Le nouveau projet est dans la nouvelle politique de
développement de Radio-Québec. Ce qui est retenu
particulièrement à l'attention du public, cela a
été la régionalisation et je pense que c'est avec raison.
Je voudrais simplement dire ici, M. le Président, que notre insistance
sur la régionalisation ne relève pas du folklore ni du souci de
plaire à quelques élites isolées dans des territoires
périphériques. Nous croyons qu'un développement
authentique pour un pays implique l'activité culturelle des
régions, c'est-à-dire qu'il y a développement pas
simplement quand un centre se développe, mais quand l'ensemble d'une
collectivité se développe. On l'appelle le critère, en
idéologie de développement, si vous voulez, ou en science de
développement, d'indivisibilité.
Ce sont, en fait, les régions ne l'oublions pas qui
revitalisent les grands centres et qui les aident à se renouveler et
qui, parfois, je dirais, les empêchent de glisser vers une sorte
d'esthétisme sans fond et dans certains cas, vers une sorte de
"nombrilisme" aussi. Alors, il y a un élément de renouveau, de
rajeunissement qui vient des régions. Et pour que cet
élément se fasse sentir à l'avantage de toute la
collectivité, il faut permettre aux régions de créer et de
s'exprimer. Radio-
Québec, dans ce sens-là, va intervenir comme un outil
d'expression.
Ce développement de Radio-Québec se fera progressivement,
compte tenu des besoins et des ressources de chaque région. La
première région à avoir son réseau, pour ce qui est
de l'extension des antennes en plus de ce qui existe actuellement, comme vous
le savez, sera l'Abitibi-Témiscamingue. D'après les
dernières nouvelles que nous avons, il sera possible que tout cela soit
en pleine activité dès l'automne. Ce développement tient
compte aussi de la présence ou de la non-présence de Radio-Canada
dans certaines régions, Radio-Canada qui est appelée à
devenir un jour la deuxième chaîne de Radio-Québec ou
encore sa première chaîne généraliste, selon la
façon dont on voit les choses.
Il reste à déterminer, dans un avenir pas trop lointain,
la mission de Radio-Québec dans le secteur de la radiophonie. Nous
attendons, à ce sujet les suggestions d'un comité qui travaille
sous la responsabilité de M. Guy Rocher et qui analyse l'ensemble de la
question de la radio éducative au Québec. Ce comité doit
nous faire rapport bientôt.
M. le Président, je vais dire un mot au sujet des media
communautaires parce que les media communautaires sont très diversement
appréciés dans notre milieu, je dirais, chez nous. Ils font
l'objet d'une haute estime dans certains coins, dans certaines régions,
et parfois ils sont jugés, appréciés très
sévèrement ailleurs. Les media communautaires, aux yeux du
ministère, nous apparaissent beaucoup plus que comme des outils
régionaux. Ils sont cela, dans la plupart des cas et, quand on regarde
leur situation, ce sont surtout des outils qui permettent aux
collectivités une certaine appropriation des moyens d'expression. C'est
à notre point de vue, une façon de faire confiance au monde
ordinaire. C'est une façon de contrebalancer partiellement
l'appropriation des moyens de communication par des pouvoirs
économiques. Télévision, radio et media écrits, il
y a là trois outils différents dans le domaine des media
communautaires. Jusqu'ici, les expériences ont surtout pris forme dans
le secteur de la télévision, mais il y a de nouvelles
expériences du côté de la radio qui s'annoncent
particulièrement intéressantes. Certains ici penseraient à
Radio-Gaspésie, par exemple. A noter que, dans ces cas, leurs
critères communautaires s'appliquent avec certaines nuances. Les
animateurs, dans beaucoup de ces expériences, d'après les
renseignements que nous avons, les contacts que nous avons, les animateurs
responsables font preuve, en général, d'un sens aigu de la
communauté. (10 h 45)
Les media communautaires et les initiatives qui y ressemblent de
près ou de loin contribuent à faire connaître des points de
vue particuliers; ils sont susceptibles d'exercer une influence favorable sur
les media conventionnels et facilitent le passage d'une sorte d'attitude
purement de consommateur à une attitude de participant et de
créateur. Leur authenticité québécoise est à
signa- ler. Ils annoncent possiblement une ère nouvelle et, compte tenu
des ressources modestes dont ils disposent, les résultats obtenus par
ces media sont dans l'ensemble positifs et encourageants.
Sur l'information, vous aviez dans le document, M. le Président,
déjà quelques remarques concernant la façon dont fut
appliquée la décision du 12 juillet 1978, la
réorganisation de l'information gouvernementale, donc la création
de ce conseil des directeurs des communications, ce mécanisme de l'avis
préalable appliqué par nos services dans le domaine de la
publicité et, ensuite, cette transformation de la Direction
générale des communications du gouvernement en Centre de service
en communications du gouvernement du Québec.
J'ai signalé tout à l'heure l'extention que nous
envisageons pour Communication-Québec. Dans le domaine de la
publicité, nous aurons probablement l'occasion de s'en reparler, cela
semble être un sujet très populaire, je vous rappelle simplement
ce rapport CROP entre autres qui mentionne comment, dans ce secteur, nous
sommes arrivés à une publicité d'information et de
promotion aussi qui est sûrement de meilleure qualité, qui retient
l'attention du public et qui, dans l'ensemble, fait l'objet
d'appréciations fort positives.
Il y a un autre problème qui a été soulevé
au cours de l'année qui a été à peine
esquissé dans le document principal; je vais en dire quelques mots,
c'est le problème du droit à l'information qui, d'abord, se pose
dans le secteur de la diffusion, de l'accessibilité. Vous avez eu en
main le rapport SORECOM, que nous regardons; nous essayons d'en tirer le mieux
que nous pouvons. C'est un rapport qui a ses qualités. Je vous signale
quand même quelque chose qui nous est apparu un peu déficient dans
ce rapport. D'abord, une de ses qualités, c'est d'avoir quand même
accordé beaucoup d'attention aux problèmes de diffusion de
l'information des hebdos et des quotidiens dans les régions
éloignées là où vraiment les problèmes sont
plus sérieux. Son défaut, à mon point de vue, c'est son
postulat de base, c'est-à-dire que le rap-port tente une
évaluation des besoins de distribution à partir du principe d'une
tentative d'évaluation de la demande. En principe, dans beaucoup de
domaines reliés à la culture, ce n'est pas la demande qui
règle l'offre, c'est l'offre qui règle la demande. Si on part
avec l'idée qu'il faut attendre pour savoir... Je suppose que pour que
le Monde diplomatique soit rendu accessible à Gaspé on attende
qu'un Gaspésien demande: Avez-vous le Monde diplomatique? On peut
attendre un certain temps. Remarquez que M. Le Moignan, sûrement, le lit,
mais il doit l'acheter à Québec. En principe, de façon
générale, dans le domaine de la distribution, dans le domaine des
produits culturels, ne l'oublions pas, c'est l'offre qui crée la
demande. Tout le monde a vécu cette expérience d'être
allé chez le tabagiste; votre demande était d'acheter des
cigarettes mais, parce qu'il y a une offre de telle ou telle revue, vous avez
en même temps acheté la revue. C'est de l'offre qu'est née
votre demande quand vous étiez à l'intérieur de la
tabagie.
Là-dessus, SORECOM a un postulat de départ qu'on peut
discuter mais cela n'enlève pas la valeur d'un certain nombre de
renseignements qu'elle nous donne sur l'état actuel de la distribution
des périodiques et des quotidiens dans les régions.
Nous cherchons toujours, avec les intervenants du milieu, avec les
agents, ceux que j'appelle les intervenants directs dans l'information,
à trouver des formules qui permettraient de les aider sans se
mêler de leurs affaires. Il y a toujours un problème
délicat dans l'information, c'est comment s'assurer qu'elle fonctionne
bien, qu'elle soit accessible à tous, qu'elle assure la santé de
la démocratie et que, d'autre part, elle ne soit pas l'objet
d'interventions indues de quelque sorte, lesquelles interventions indues ne
viennent pas nécessairement de l'Etat; elle peuvent très bien
venir des pouvoirs économiques. Je signale cela en passant. Il y a des
gens qui, parfois, deviennent extrêmement nerveux chaque fois qu'ils
entendent parler de la possibilité d'une loi dans un secteur comme celui
de l'information et subissent tous les jours patiemment et parfois, je dirais,
cordialement... Ils sont témoins du poids qu'exercent les forces
économiques sur les moyens d'information, mais cela ne semble pas les
déranger.
Vous avez des problèmes d'éthique relatifs à
l'information sur lesquels les journalistes reviennent fréquemment et
dont ils se préoccupent. Il y a toujours ce fameux problème de la
concentration. Ce qui nous est apparu cette année, c'est ceci: De tous
les problèmes reliés à l'information, s'il en est un qui
fait l'objet d'un certain consensus, c'est celui de la concentration des media
écrits.
Autrement dit, vous pouvez, dans d'autres domaines, parler d'information
et de journalistes et, dans certains cas, vous aurez des gens absolument
favorables et d'autres défavorables, absolument opposés à
n'importe quelle forme d'intervention, mais on arrive à celui-là
et là on sent un certain consensus. Actuellement, nous avons à
l'étude un projet que nous avons l'intention de soumettre au CMPDC, dans
une première étape, concernant une possibilité de modifier
la Loi de la régie des services publics et permettant à la
Régie des services publics, une instance judiciaire non pas
politique au sens, je dirais, traditionnel, habituel du terme, non pas
gouvernementale, mais judiciaire de pouvoir, par exemple, suivre de
près les changements, les modifications, les transferts de
propriété dans le secteur des media écrits.
Je tiens à rappeler quand même aussi une
vérité qui est, je pense, bien admise généralement
dans les démocraties. Ce qui est très très important dans
ce domaine je dirais cela un peu comme une consolation pour les gens qui
trouvent que nous allons très lentement dans le domaine de
l'information, c'est-à-dire qu'à la fois les gens disent: N'y
allez pas, et d'autres disent: Vous allez beaucoup trop lentement c'est
que, sans doute, il peut arriver à un moment donné que des
interventions du pouvoir politique soient nécessaires pour assurer
l'accessibilité, l'aide, par exemple, favoriser l'accessibilité,
ensuite la diversité de l'information, etc., ou aussi empêcher la
concentration. Mais n'oublions pas que ce qui demeure quand même
fondamental, nonobstant la valeur de mesures comme celles-là qui peuvent
s'imposer à un moment donné à court terme, à moyen
ou à long terme, ce qui demeure fondamental, c'est le climat de vie
démocratique qui règne dans un pays. Ce climat n'est pas garanti
simplement comme tel par les media, qui jouent évidemment un rôle
très important dans l'instauration et le maintien d'un climat de vie
démocratique, mais c'est garanti aussi par la mentalité, par la
population elle-même, c'est-à-dire qu'une population qui a le sens
démocratique y contribue elle aussi, influe elle aussi, si vous voulez,
sur l'exercice de l'information pour que l'information respecte justement ces
exigences de vie démocratique.
La téléphonie, cette année... Je voudrais rappeler
certains points. Vous avez d'abord eu le cas de la Continental, que vous
connaissez bien. Il y a eu là-dessus, d'ailleurs, une modification
à la Loi de la régie des services publics pour aider à
régler ce cas qui est actuellement sub judice. Présentement, nous
avons commencé une étude sur l'avenir de la
téléphonie au Québec. Cela nous semble un problème
qui est très important, ce que j'appellerais l'avenir des PME de la
téléphonie, parce que, en téléphonie, il y a
évidemment des partenaires très inégaux. Tout le monde
n'est pas dans la Ligue nationale de hockey dans ce domaine. Il y a un club
à part qui est Bell Canada, et il y a d'autres clubs moyens et des
petits clubs. Evidemment, la question qui se pose c'est: Est-ce que, par
exemple, les petites entreprises de téléphonie en fait,
autres que Bell, il en reste 26 sont capables de faire face aux
nouvelles exigences technologiques et aux coûts de ce
développement technologique? Il faut, je pense, prévoir ou faire
en sorte que le cas de la Continental ne se répète pas. Je crois
que c'est quand même important. Ensuite, ce sont des entreprises de chez
nous qui rendent un service public. Ce sont donc des entreprises privées
exerçant une fonction, donnant un service public, entreprises qui, je
pense, relèvent de nous comme gouvernement pour les aider à
fonctionner normalement et les aider à se développer.
Dans le cas de Bell Canada, ici, on voit un peu le problème
particulier que cela pose. Bell Canada, dans le dossier du
téléphone, étant la seule entreprise échappant
à la juridiction du Québec c'est la seule arrive
ici un petit jeu, je dirais, comme une sorte d'éléphant dans un
parterre. C'est-à-dire qu'elle est là et échappe à
la compétence québécoise et, en même temps, il est
évident que cette entreprise est appelée à jouer un
rôle majeur dans le domaine de la téléphonie au
Québec. Dans ce domaine de la téléphonie, nous joignons
à ce dossier aussi, comme éléments que nous voulons
préciser, sur lesquels nous voulons en arriver à des politiques
plus précises, le plus tôt possible, le secteur de
l'interconnexion, le secteur aussi du lien qu'il faudra prévoir
bientôt entre toutes les formes de transmission de
télécommu-
nication, le lien entre téléphonie et
câblodistribution et, si vous voulez, la bidirectionalité,
la télévision individualisée, etc. Vous avez dans cela,
évidemment, des secteurs d'avenir extrêmement importants.
Je termine par cette remarque, d'ailleurs surtout cette remarque
M. le Président, qu'on est évidemment dans un secteur
très très important. Le ministère des Communications est,
dans l'ensemble des ministères du Québec, un des plus petits,
mais le secteur dont nous nous occupons est sûrement un des plus
importants.
Quand on parle de satellite, télématique, banque de
données, bidirectionalité, télévision
individualisée, la fibre optique, la coopération internationale
dans les domaines scientifique et technique telle qu'elle se pratique
actuellement avec la France, les échanges de produits
télévisés qui seront accessibles au public très
probablement dès cette année, ce qui frappe dans cela, c'est,
d'une part, le secteur de pointe au plan technologique, les nouvelles
possibilités extraordinaires, le passage... Déjà, nous
arrivons à 35 canaux de télévision et nous franchirons
dans peu de temps l'étape des 35 canaux, ce qui pose un problème
de contenu aussi; il faudra voir ce qu'on met dedans.
Vous avez donc ici une dimension sociale, culturelle absolument majeure.
Sans la maîtrise des communications ce qui n'exclut pas
l'association avec d'autres pays, ne l'oublions pas un pays cesse
d'être autonome et son identité est menacée. Je note en
passant que c'est bien ce qu'ont compris les auteurs du rapport Clyne. Le seul
problème, c'est que le rapport Clyne, évidemment, s'adressait au
gouvernement d'Ottawa. On pourrait rédiger un plaidoyer à peu
près identique, sauf sur des points mineurs évidemment sur
lesquels on pourrait être en désaccord, à l'endroit du
Québec.
En fait, la commission Clyne était cela sans du tout
mettre en doute la bonne foi de ceux qui y ont participé
finalement une sorte d'outil politique. On a travaillé à la
hâte dans l'espace de trois mois ou trois mois et demi pour bâtir
un rapport qui pouvait plaire au pouvoir fédéral et on s'est
même permis d'ignorer entièrement dans ce rapport des choses
déjà reconnues. Je pense, par exemple, à la juridiction
des Etats provinciaux en matière de télévision payante. On
a fait comme si cela n'existait pas. On a fait aussi comme si la formule
Saint-Laurent n'existait pas ou même comme si le rapport
Pépin-Robarts n'existait pas.
Quoi qu'il en soit il faut avancer; je mentionne ce fait
simplement parce qu'il est là, ce rapport, parce qu'il sera sans doute
relégué aux oubliettes bientôt pour les
Québécois, c'est-à-dire pour ceux qui s'estiment
liés par la loyauté au Québec et s'identifient à la
collectivité québécoise, il devient évident que la
problématique des communications ne peut se satisfaire de
demi-délégation de miettes de pouvoir. Les communications sont un
territoire occupé qu'il faut libérer. Les dimensions culturelles,
sociales et humaines des communications exigent cela. D'autre part, la
dimension internationale et le recours à des technologies
avancées invitent dans ce secteur à associer notre
souveraineté à d'autres souverainetés. Des
problèmes tels que l'interconnexion, les fréquences, l'usage des
satellites et la télématique requièrent, pour la mise au
point de solutions fonctionnelles, efficaces, une étroite collaboration
entre Etats souverains. Cette collaboration, le Québec souverain est
tout disposé à la mettre en pratique. Avec la France, c'est
déjà de plus en plus en usage. Il serait donc normal que cela
devienne un usage régulier et quotidien avec les citoyens du
Québec et aussi avec nos voisins nord-américains. Ainsi se
termine, M. le Président, mon introduction à cette étude
des crédits du ministère des Communications pour l'année
1979/80.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le ministre. M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, avant de commencer, je me
demande si le ministre accepterait d'identifier ses collaborateurs du
ministère, pour le bénéfice des membres de la commission
et du public.
M. O'Neill: Alors, j'ai à ma gauche, M. le
Président, le sous-ministre Pierre Deschênes; M. Adélard
Guillemette, qui est mon chef de cabinet; M. Picard, qui est directeur
général administratif et M. Michel Lavallée pour la
gestion financière. Viendront aussi, en cas de besoin, pour certains
dossiers, s'il y a lieu, à votre demande, les directeurs
généraux selon les programmes concernés, comme cela se
produira aussi dans le cas de la Régie des services publics, dont,
d'ailleurs, les représentants sont déjà sur place, et dans
le cas de Radio-Québec.
M. Forget: C'est la question que j'allais poser au ministre.
Etant donné qu'il annonçait il y a quelques semaines, qu'il
introduirait une tradition nouvelle, à savoir une comparution annuelle
des responsables de Radio-Québec devant la commission parlementaire des
communications, est-ce qu'il a l'intention de créer cette tradition
dès maintenant, à l'occasion de l'étude des
crédits? Il me semble que ce serait le moment le plus propice pour faire
le tour à la fin des orientations et des budgets de cet organisme. (11
heures)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, mais je veux dire, comme président de la commission
parlementaire, qu'il y a deux façons de procéder.
Généralement en tout cas, depuis le début de cette
année et les années passées également
c'étaient des discussions plutôt générales et, vers
la fin des heures qui nous sont allouées, on adopte ou non les
crédits. J'entends mener la commission de façon très
souple, tenir au début des discussions de façon
générale, sur des points généraux, et non pas aller
d'élément en élément parce qu'à ce
moment-là on est très cloisonné et cela devient
très formaliste.
M. le ministre, vous pouvez répondre à la question du
député de Saint-Laurent.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais retenir cette
suggestion du député de Saint-Laurent parmi d'autres suggestions.
Je vous avoue que là-dessus mon idée n'est pas faite; la raison
est très simple et c'est simple et c'est celle-ci. Je me suis
demandé s'il ne serait pas mieux qu'on ait d'abord tout le débat
sur Radio-Québec à l'Assemblée nationale, qu'on adopte la
loi et qu'après cela on fasse cette rencontre en commission
parlementaire, rencontre qui a un caractère particulier. C'est une
commission où le ou les représentants d'une société
d'Etat viennent un peu répondre aux questions des parlementaires et
rendre compte de leur mandat. Je vous avoue que là-dessus j'en suis
à l'étape de la réflexion. Je me suis demandé si
c'était mieux avant ou après. Actuellement, j'ai un peu le
sentiment que ce serait mieux que nous adoptions la loi d'abord et qu'ensuite
nous ayons cette rencontre avec Radio-Québec. Si on me fournissait des
arguments montrant que le procédé inverse serait plus fructueux,
je n'hésiterais pas à l'utiliser. Vraiment, je n'ai pas
d'idée arrêtée.
M. Forget: Dans ce contexte, le ministre est sans doute au
courant que lors de l'étude d'un projet de loi amendant les statuts de
Radio-Québec, les porte-parole de Radio-Québec ne pourront pas se
faire entendre puisque le processus législatif ne comporte pas de
période pendant laquelle ils peuvent être entendus et être
la cible de questions, d'interrogations. S'ils ne participent pas à nos
travaux en commission parlementaire au moment de l'étude des
crédits, cela veut dire que la Loi de Radio-Québec serait
modifiée sans le bénéfice de l'éclairage que peut
nous apporter une séance de quelques heures en présence des
dirigeants de Radio-Québec.
De la part de l'Opposition officielle et, quant à moi,
étant donné que le calendrier de nos travaux a été
déterminé d'avance, je serais d'accord pour qu'on réserve
d'avance, par exemple, la journée de demain pour entendre les
représentants de Radio-Québec puisque la séance du matin
de même que celle de l'après-midi sont prévues pour la fin,
en somme, de l'étude des crédits du ministère des
Communications.
M. O'Neill: J'aimerais distinguer deux choses. Il y a d'abord la
défense des crédits, il y a la Loi de Radio-Québec. Ce
sont quand même deux choses nettement différentes. Rien
n'empêche que des gens de Radio-Québec puissent être ici au
moment de la défense des crédits pour certains points techniques
ou des choses comme cela. Pour ce qui est, deuxièmement, de la
formulation, de l'élaboration dans le détail des politiques de
Radio-Québec, à ce moment-là, je renverrai cela à
la commission parlementaire.
L'autre point que vous signalez est vraiment différent quand vous
dites: L'élaboration de la loi va se faire sans Radio-Québec.
L'élaboration des amendements qui seront proposés à
l'Assemblée nationale seront des amendements qui sont la suite de trois
ans, au moins, de discussions et de consultations et ils ont déjà
été revus par Radio-
Québec. Je distinguerais quand même ce problème de
l'autre. A ce point de vue, pour ce qui est d'une présence
première en commission parlementaire, je serais favorable qu'on puisse
accorder quelques instants au cas de Radio-Québec sous l'angle purement
budgétaire en gros, quitte, après cela, à envoyer le reste
à la commission parlementaire où viendra comparaître
Radio-Québec. Encore une fois, pour ce qui est de la loi, je renverrais
cela pour étude à l'Assemblée nationale. Je reviens encore
une fois à ma remarque du début: Ne serait-ce pas plus profitable
que ladite commission parlementaire ait lieu une fois que Radio-Québec
se sera vu reconnaître, par voie législative, son nouveau mandat?
Il me semble que ce serait mieux ainsi. Là-dessus, je n'en fais pas un
absolu.
M. Forget: Comme le ministre se pose une question à savoir
si ce serait plus profitable après ou avant, il est bien évident,
d'après ces remarques, que c'est une question de point de vue. Il semble
que le ministre préférerait que l'on étudie son projet de
loi sans le bénéfice d'un examen des orientations
générales, des implications pour Radio-Québec de ce
changement de ses orientations actuelles, de sa performance, qu'on attende
après l'adoption du projet de loi. Je suppose qu'il présume que
l'adoption du projet de loi en serait facilitée si l'Opposition et le
public en général n'ont pas l'occasion d'un tel examen en
commission parlementaire avec Radio-Québec, mais c'est strictement une
question de point de vue. Il est bien clair que notre opinion là-dessus
est différente, que nous préférerions de beaucoup avoir
l'occasion de discuter avec Radio-Québec avant d'examiner sa loi, pour
des modifications possibles.
Mais je reviens avec ma question; ceci étant dit, est-ce que je
dois comprendre, des remarques du ministre, que Radio-Québec,
effectivement, ne sera pas ici ou que, si ses représentants sont ici,
ils seront ici pour répondre à des questions extrêmement
techniques et étroitement définies et que, quant au reste on nous
renvoie à plus tard? Si on nous renvoie effectivement à plus
tard, j'aimerais connaître du ministre à quelle date il envisage
de faire siéger cette commission parlementaire sur
Radio-Québec.
M. O'Neill: Je n'ai pas consulté le leader parlementaire
là-dessus, M. le Président, mais, dans mon esprit, ce serait
après l'adoption de la loi, si c'est possible, enfin le plus tôt
possible.
M. Forget: A l'automne. M. O'Neill: Ah non, non!
M. Forget: Ecoutez, les semaines nous sont comptées.
Après le mois de mai, nous entrons dans une période
d'activités intenses; je ne pense pas que le leader du gouvernement va
trouver beaucoup de moments, avec toute la législation qui accompagne
ordinairement une fin de session,
pour faire siéger une commission parlementaire sur
Radio-Québec. Une fois que la loi aura été adoptée,
le sentiment d'urgence va rapidement disparaître, au moins aux yeux du
leader du gouvernement, et on peut s'attendre très certainement à
ce qu'il nous dise: Peut-être au mois d'août et peut-être
à l'automne.
M. O'Neill: Quand vous parliez de commission parlementaire, vous
parliez de l'automne.
M. Forget: Non, pour la commission parlementaire.
M. O'Neill: Ah bon! On pourrait penser à
l'été aussi, ce serait agréable.
M. Forget: Oui, pendant les vacances de Radio-Québec, ils
ont tout le mois de juillet pour venir nous parler.
M. O'Neill: De toute façon, si, grâce à votre
bonne collaboration, on peut voter la loi assez vite, le reste va suivre.
M. Forget: Alors, si je comprends bien, Radio-Québec ne
viendra pas, pour l'instant; en dépit des annonces du ministre à
ce sujet, c'est remis pour un avenir indéfini et sur lequel il n'est pas
prêt à s'engager.
M. O'Neill: Je distingue deux choses, M. le Président.
D'une part, la défense des crédits qui, dans la
législation actuelle, est encore inscrite dans le cahier des
crédits du ministère des Communications les crédits
de Radio-Québec sur lesquels il serait bon que tous les membres
de cette commission puissent formuler un certain nombre de questions,
auxquelles ou je répondrai ou répondront les représentants
de Radio-Québec. Je signale en passant que, dans ce cas-là, de
toute façon, c'est officiellement légalement la même
réponse. Deuxièmement, quand il s'agira de ce qu'on appelle des
choses internes à Radio-Québec, c'est pour ça que je
renvoie le reste à la commission parlementaire et c'est pour ça
le député de Saint-Laurent doit sûrement se le
rappeler que la commission parlementaire a été
établie... Donc, je renvoie à cette commission parlementaire un
certain nombre de questions où ce sera à la direction de
Radio-Québec de fournir les réponses aux membres de la
commission. Peu importe ce que pourrait ou ne pourrait pas en penser le
ministre lui-même. Nous ne devons pas oublier que dans la
procédure actuelle, et c'est ce qui avait soulevé des
difficultés particulières l'an dernier, il reste que toutes les
réponses qui vous seraient données seraient identifiées
comme des réponses venant du ministre lui-même. Nous avons fait un
gain, l'an dernier, en distinguant les deux. J'aimerais bien que nous
conservions ce gain-là, maintenir tout simplement ici cette partie que
j'appellerais analyse purement technique des crédits et ensuite utiliser
le processus de la commission parlementaire, sur laquelle il y a eu un
consensus général l'an dernier, d'ailleurs, pour qu'à ce
moment-là les questions s'adressent vraiment à ceux qui sont
responsables du développement de Radio-Québec, responsables
immédiats, c'est-à-dire la direction actuelle de
Radio-Québec.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas objection à
faire le sacrifice d'une journée de nos procédures d'examen
technique des crédits pour permettre que la procédure que
suggère le ministre, d'une commission parlementaire pour entendre
Radio-Québec, soit faite dès demain, avec la procédure
qu'il voudra bien utiliser pour cette fin-là.
Je pense malgré tout que, dans ce budget des communications,
Radio-Québec est un poste important et on ne peut pas vraiment en
comprendre les implications à moins de faire porter le débat ou
les questions sur d'autres aspects que ceux comptables des crédits.
M. O'Neill: M. le Président, il faudrait que ce soit dans
le cadre d'une commission parlementaire tel que cela a été
défini l'an dernier, et je pense que cela doit se faire dans une
étape ultérieure...
M. Forget: Est-ce que cela veut dire qu'il faudra attendre...
M. O'Neill: ... et non pas à l'intérieur de ces
quelques heures.
M. Forget: ... l'amendement à nos règlements
sessionnels? Si je comprends bien, M. le Président, l'hypothèse
à laquelle le ministre fait allusion est une hypothèse en vertu
de laquelle un article de nos règlements décrète, je
crois, que lorsqu'un fonctionnaire membre d'un organisme gouvernemental
répond, sa réponse est consignée comme étant la
réponse du ministre. Cela est fait en vertu de nos règlements. Si
je comprends bien le ministre, il suggère donc que nos règlements
devront être amendés avant que la commission parlementaire des
communications siège pour entendre les représentants de
Radio-Québec parlant en leur nom propre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
pour compléter ce que vient de dire le député de
Saint-Laurent, effectivement, en vertu de nos règlements actuels, dans
le cadre de l'examen des crédits, toute réponse qui est
donnée par un fonctionnaire ou un sous-ministre est attribuée,
dans le journal des Débats, au ministre, alors que, dans une commission
parlementaire chargée d'entendre Radio-Québec, les
réponses données à des questions provenant des membres de
la commission ne sont pas les réponses du ministre, mais les
réponses des gens qui effectivement donnent ces réponses. Ce que
je peux dire, c'est qu'à moins qu'il y ait un consensus entre vous sur
la suggestion que vous faites, il faudra, s'il n'y a pas de consensus, se
diriger vers une autre direction ou adopter d'autres moyens. Je pense...
M. Forget: De notre part, il y a un consensus, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
d'accord, mais...
M. O'Neill: Je m'excuse, M. le Président, mais je pense
que nous sommes en train de faire un retour en arrière après
avoir franchi un pas en avant l'an dernier. On a mis de l'ordre dans cela l'an
dernier. C'est dans cette optique, cette année, que nous avons
fonctionné. D'ailleurs, c'est dans cette optique qu'a été
tracé le programme de cette commission, qu'on a décidé des
heures qui sont réservées à l'ensemble des programmes de
cette commission parlementaire. Je ne vois pas du tout qu'on puisse prendre un
nombre d'heures considérable, à ce point de vue, enlever cela
à l'étude des autres programmes pour le remplacer par une
commission parlementaire de façon formelle. M. le Président, mon
avis, je vous le dis tel que je vois les choses, c'est que nous allons
procéder ainsi. Je pense qu'il faut s'en ternir à respecter
l'ordre qui est prévu là, quitte à ce qu'il y ait plus
tard cette rencontre, cette commission parlementaire où la direction de
Radio-Québec viendra répondre à toutes les questions que
poseront les membres de cette commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
je peux dire ici, comme président, c'est que par consensus, on peut tout
faire. La commission est souveraine parce qu'elle est une émanation de
l'Assemblée nationale qui elle-même est souveraine, sauf qu'en
vertu du règlement, à défaut de consentement unanime ou
à défaut de consensus unanime, il est bien évident que je
ne pourrais même pas considérer et M. le
député de Saint-Laurent doit le savoir pertinemment comme
recevable une motion qui aurait pour but de transformer cette commission
chargée d'étudier les crédits en une commission
chargée d'interroger les gens de Radio-Québec, puisqu'on se
trouverait à trahir le mandat qui nous a été donné
par l'Assemblée nationale.
M. Forget: M. le Président, je crois que le ministre a
défini sa position qui est essentiellement de nous répondre par
la négative. C'est un non qui est fort difficile à comprendre. Il
a dit lui-même dans un document qu'il publiait en février qu'il
envisageait qu'une commission parlementaire siège pour entendre les
porte-parole de Radio-Québec. On sait que l'étude des
crédits constitue pour les députés en
général, et particulièrement pour ceux de l'Opposition,
une occasion de poser des questions au gouvernement. Nous disons: Voici! Une
partie, la moitié de ces deux journées qu'on va consacrer
à l'étude des crédits des Communications, nous proposons
au ministre puisque c'est un privilège que nous avons de nous en
prévaloir comme on le veut de l'utiliser justement pour lui
permettre de réaliser cet engagement qu'il annonçait au mois de
février, puisqu'il nous apparaît capital qu'une discussion avec
les représentants de Radio-Québec se fasse avant l'adoption d'une
loi modifiant la charte de cet organisme. Il nous répond que cela se
fera, mais éventuellement plus tard, à une date qu'il refuse de
préciser. Je pense que sa position est claire maintenant. Il ne souhaite
pas que cette commission parlementaire siège immédiatement. Bon!
Tout le monde le sait maintenant. On va pouvoir procéder à
l'étude des crédits conformément au règlement. (11
h 15)
M. O'Neill: M. le Président, je regrette un peu d'avoir
à prolonger ce débat. Ce que vient de dire M. le
député de Saint-Laurent est inexact. Ce n'est pas cela qui a
été dit. Ce qui s'est passé, c'est que nous l'avons fait,
d'ailleurs à la suite d'un consensus réalisé ici
même en commission parlementaire l'an dernier avec tous les membres de
cette commission, consensus selon lequel à l'avenir, pour ce qui est de
l'étude, de l'évaluation des politiques de Radio-Québec et
de leur application, on verrait à convoquer une commission
parlementaire...
M. Forget: Cela fait un an de cela.
M. O'Neill: ... particulière, M. le Président. Il y
en a eu une de convoquée. Je vous signale, M. le Président, que,
l'an dernier, il y en a eu une et qu'il y en aura une autre cette année.
M. le Président, nous sommes au mois d'avril; il reste quand même
huit mois. Mais, pour calmer l'impatience de M. le député de
Saint-Laurent, je peux l'assurer que cela sera avant le mois de
décembre. Alors, ce fut l'entente et ce qui reste, à notre avis,
ce qui doit se faire simplement ici, à titre on pourrait appeler
cela de formalité, mais enfin d'analyse des questions techniques
du budget pour son adoption, c'est une vue assez succincte, une analyse
succincte de ce qu'on appelle ici le budget de Radio-Québec. Le reste
correspond exactement non seulement à ce qui a été
annoncé en février, mais à ce qui a été
décidé ici même l'an dernier par cette commission
parlementaire. Je ne me rappelle pas si M. le député de
Saint-Laurent siégeait ici à ce moment-là, mais, s'il ne
siégeait pas, je pense qu'il aurait avantage à consulter ses
collègues qui étaient présents. C'est cette
décision que nous allons respecter, cet ordre que nous allons suivre.
Là où on pourrait se poser la question M. le Président,
c'est de savoir si...
M. Forget: Est-ce que je peux poser une question au ministre?
M. O'Neill: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. O'Neill: Là où on pourrait se poser cette
question, M. le Président, c'est de savoir si cette commission doit
être convoquée ou pourrait être convoquée avant ou
après l'adoption de la loi. Il y
a d'abord des questions techniques, il y a des questions d'horaire; il
faut savoir si on peut le faire avant. Je pense que, quant à moi, de
toute façon, il serait profitable qu'elle soit convoquée une fois
que les gens et tous les parlementaires auront eu l'occasion, s'ils le
désirent, de participer à un débat sur Radio-Québec
au moment de l'adoption de la loi apportant des amendements à la loi de
Radio-Québec.
M. Forget: M. le Président, que le ministre ne
s'étonne pas, au moment de la deuxième lecture de son projet de
loi qui, nous dit-il, sera déposé bientôt, s'il y a une
motion de l'Opposition pour en reporter l'étude à un mois pour
que nous ayons l'occasion d'entendre Radio-Québec avant de
légiférer sur Radio-Québec.
M. O'Neill: On est habitué à ce genre de motion, M.
le Président. L'Opposition fait cela depuis trois ans.
M. Forget: Oui, à cause d'attitudes comme la
vôtre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Voici.
L'an passé, il y a eu une entente. On n'est pas lié par les
ententes de l'an passé; c'est une nouvelle commission. Cette
année, il n'y a pas de consensus et je demanderais donc... M. le
député de Saint-Laurent, est-ce que vous aviez...
M. Le Moignan: Un instant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Forget: Non, le député de Gaspé pose une
question.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, M. le Président.
Le ministre a parlé des ententes. L'an dernier, j'ai assisté
à cette commission parlementaire. Nous avons eu Radio-Québec. Je
sais qu'une journée, alors que le président de
Radio-Québec était présent, sur les questions
d'orientations, sur les questions de politiques, le président a
été forcé de demeurer muet parce que le ministre a
répondu en son nom. Cela est très important; il ne faudrait pas
oublier cela cette année si on convoque une commission parlementaire.
Mais je suis de l'avis du député de Saint-Laurent qu'avant la loi
cela serait beaucoup plus simple. C'est bien beau de parler d'amendements
après la deuxième lecture, mais si nous pouvions rencontrer les
représentants de Radio-Québec avant d'adopter la loi, je pense
que cela simplifierait peut-être la formulation de la loi. Si on ne le
fait pas dans le cadre de cette commission, cela serait certainement facile de
trouver une journée on en perd tellement à
l'Assemblée nationale, de toute façon pour convoquer cette
commission parlementaire. C'est mon opinion. Je pense que ce serait sage et que
cela aiderait le ministre en même temps à nous présenter
une meilleure loi.
M. O'Neill: M. le Président, je vais répondre
à M. le député de Gaspé que j'y penserai. Je ne
promets rien, car je ne vois pas l'utilité de cette mesure. J'ai dit
tout simplement que j'y repenserai quand même. Chose certaine, nous
allons garder cette distinction, sur laquelle nous sommes tombés
d'accord l'an dernier, entre ce qui se fait ici et une commission parlementaire
à laquelle nous convoquons une société d'Etat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que nous avons plusieurs programmes à étudier. Oui, notre temps
est limité. Alors, j'aimerais savoir comment les membres de la
commission veulent fonctionner.
M. Le Moignan: Non, mais est-ce que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y a
différents programmes. Est-ce que vous avez des priorités?
M. Le Moignan: Non. Avant de tomber dans les programmes, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Le Moignan: ... j'aimerais prendre mon droit de parole.
M. Forget: Moi aussi, d'ailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
d'accord.
M. Le Moignan: Est-ce que le député de
Saint-Laurent a terminé son introduction?
M. Forget: Non, je n'ai même pas commencé, M. le
Président.
M. Le Moignan: Bon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, lorsque le contribuable
ordinaire regarde le budget du gouvernement, il lui vient nécessairement
à l'esprit un certain nombre de points d'interrogation qui ne sont pas
tous de même intensité, selon les ministères. Un
ministère qui est, sans aucun doute, difficile à expliquer, dont
la présence au sein des budgets gouvernementaux est difficile à
expliquer et à justifier, c'est sans aucun doute celui des
Communications. Je devrais dire que c'est ce doute qui existe dans les esprits
depuis un certain temps. Quant à l'utilité et à la raison
d'être d'un tel ministère, c'est encore plus aigu depuis que son
titulaire actuel est là, puisqu'on a assisté depuis quelques
années à toute une série de faux départs et de
ratés dans bien des domaines qui affectent le
ministère des Communications. Qu'il s'agisse des efforts assez
tragiques ou tragico-comiques relativement à la concentration de la
presse dont on n'a plus entendu parler depuis un certain temps après un
faux départ assez spectaculaire du ministre actuel, qu'il s'agisse des
orientations de Radio-Québec qui a fait l'objet d'un document aussi
mystérieux qu'il est possible d'en imaginer un quant aux orientations
d'un organisme public, au mois de février dernier, qu'il s'agisse
d'autres orientations gouvernementales, dans le domaine des communications, il
n'y a rien de très persuasif dans les efforts du ministre actuel. Je
pense, par exemple, à sa démarche relativement à la
politique sur le cinéma qui, de livre blanc en consultations et en
reconsultations, semble déboucher, dans l'esprit du ministre, sur un
doute, à savoir s'il a effectivement réalisé un consensus
ou non puisque dans ses remarques, tout à l'heure, il nous a
tantôt dit que cela débouchait sur un consensus et, après,
a longuement expliqué que les mesures qu'il entendait prendre, il
fallait bien s'attendre à ce qu'elles ne fassent pas l'affaire de tout
le monde.
Donc, on a de ce côté énormément de
vacillation, d'hésitation, d'ambiguïté et c'est un spectacle
qui est loin d'être réjouissant pour le contribuable qui se voit
en face d'un ministère qui, malgré tout, réussit à
absorber quelque $106 millions pour 1979/80 et dont les deux tiers c'est
peut-être une chose que le grand public ne sait pas, la plupart du temps
ne représentent pas autre chose effectivement, pour une large
part, du moins, que le compte téléphonique des ministères
du gouvernement et d'autres organismes publics et des dépenses de
caractère analogue qui ne réussissent pas à faire de cet
organisme qu'est le ministère des Communications un véritable
ministère. Relativement à ce premier volet, ces deux tiers des
dépenses et des activités du ministère des Communications,
il est évident que ce ministère n'est qu'une courroie de
transmission, n'est qu'une façon, en quelque sorte,
déguisée pour sous-estimer, faire apparaître moindres
qu'elles ne le sont les dépenses de différents ministères
au titre de l'informatique, au titre des communications, au titre des
publications mais que vis-à-vis l'ensemble de ces activités, le
ministère des Communications n'a pas réussi à
définir une orientation claire, une orientation qui en ferait
véritablement un élément de la politique soit
économique, soit culturelle du gouvernement du Québec.
Ces deux tiers que représentent les services de soutien
c'est le titre qu'on leur donne, le secteur services de soutien qui
représentent quelque $67 millions regroupent des activités
multiples. Il est fort possible que si l'on essaie d'en discuter chacun des
éléments, on se retrouve devant les objections du ministre qui
dira que, de toute façon, les décisions réelles
appartiennent au ministère. Dans les ministères sectoriels, on
dira: Cela appartient au budget du ministère des Communications et on
n'en est pas responsable non plus.
Un aspect qui a été soulevé je n'y
reviendrai pas, j'imagine que mon collègue de l'Union Nationale va le
faire c'est toute cette question des politiques gouvernementales dans le
domaine de la publicité gouvernementale, de l'utilisation des deniers
publics pour créer une image de marque gouvernementale associée
davantage au parti au pouvoir qu'aux véritables intérêts du
contribuable dans leur ensemble. Je laisserai cela de côté
puisque, encore une fois, cela a déjà été l'objet
de débats.
Il est ressorti très clairement que le ministre actuel n'a pas
une pensée très vigoureuse et très limpide dans ce domaine
et que le public a été choqué par le cynisme
évident que montre le gouvernement dans ce domaine. Au contraire,
j'aimerais aujourd'hui souligner un autre aspect de ces services de soutien
qui, dans une mesure variable et d'ailleurs impossible à
déterminer de l'exétieur, est également une source de
préoccupations. J'en donnerai un exemple, c'est tout le secteur des
publications de périodiques par les différents ministères
du gouvernement du Québec, publications de périodiques qui se
multiplient presque de mois en mois. On a assisté ces jours derniers au
lancement d'une nouvelle revue qui s'appelle la revue Justice, qui est une
publication périodique du ministère de la Justice du
Québec. C'est un magazine qui a tout à fait l'aspect des
magazines à circulation massive, c'est-à-dire sur papier
glacé en couleur, avec illustrations, photos, etc., et qui est offert
sans frais à toute personne au Québec qui s'intéresse aux
problèmes du ministère de la Justice et aux programmes du
ministère de la Justice.
Ce n'est pas là un précédent, même pour le
ministère de la Justice, puisque le même ministère publie
déjà une autre publication périodique, le Palatin, qui
celle-là est un peu moins luxueuse. C'est probablement parce qu'elle est
dans sa cinquième année de publication. Elle aussi contient des
photos, des graphiques, mais est faite en seulement deux couleurs. Il existe
ainsi un très grand nombre de publications gouvernementales, deux ou
trois par ministère, quand ce n'est pas davantage; dans le cas du
ministère de l'Education, il n'y a pas moins de huit périodiques
qui sont ainsi publiés. Ils sont distribués selon des pratiques
qui varient d'un ministère à l'autre, soit par abonnement sur
demande, soit par distribution gratuite dans certains milieux cibles. Mais ce
qui n'est pas évident, c'est qu'il existe au niveau gouvernemental une
politique qui permettrait de comprendre et de justifier les dépenses
publiques très considérables que ce soit le ministère des
Communications, soit les différents ministères sectoriels
engagent de ce côté.
On peut, en particulier, s'étonner que des publications à
caractère essentiellement professionnel soient ainsi offertes sans frais
pour les bénéficiaires. En effet, les personnes qui vont
souscrire souscrire est un euphémisme étant donné
qu'elles recevront la publication gratuitement qui vont demander de
recevoir la publication, par exemple Justice, on peut se demander si
elles ne seront pas essentiellement des juges, des avocats, des
administrateurs dans le système judiciaire, policier et autres. Ce sont
des gens à revenus fortement supérieurs à la moyenne, si
tant est qu'ils s'intéressent aux programmes du ministère de la
Justice; il me semble que ces personnes ont les moyens de souscrire à
une publication comme celle-là. En d'autres termes, si vous êtes
un professionnel de l'apiculture, vous élevez des abeilles, il me semble
qu'on n'est pas encore rendu à ce que le ministère de
l'Agriculture vous donne une souscription gratuite à une revue
québécoise ou étrangère sur l'apiculture.
Cependant, si vous êtes un avocat et que vous vous intéressez par
profession au ministère de la Justice et aux nouvelles du
ministère de la Justice, alors là vous avez droit à une
subvention du coût d'une abonnement normal à une revue de
caractère professionnel.
Il ne semble pas exister au niveau gouvernemental d'analyses du
marché, de pénétration de manière à savoir
quels sont véritablement les groupes cibles que l'on vise, si
effectivement on les vise effectivement. On ne semble pas du tout résolu
à considérer les solutions de rechange à de telles
publications que l'on fait à grands frais et qui ont, malgré
tout, une crédibilité fort limitée. Il est bien clair que
tous ceux qui lisent ces articles dans des revues publiées par le
gouvernement sont conscients au départ qu'ils représentent la
version officielle des choses et qu'ils sont largement dépourvus
d'esprit critique. Par conséquent, on va lire ces articles avec un grain
de sel, avec un certain degré de scepticisme. Ne serait-ce que pour
faire connaître les activités gouvernementales, il y a des
possibilités qui ne me semblent même pas avoir été
considérées par le ministère des Communications. (11 h
30)
II serait intéressant, M. le Président, et c'est une
demande que je formule au ministre, de nous communiquer la liste
complète et le coût de publication et de distribution de chacun de
ces périodiques publiés par les ministères du gouvernement
du Québec et par ses organismes et de nous communiquer les études
qui justifient sur un plan de rendement social les sommes considérables
qui y sont investies chaque année. Comment peut-on justifier les
publications en quatre ou cinq couleurs, l'abondance, le luxe des
photographies? Comment peut-on justifier l'accès gratuit, étant
donné les caractères socio-économiques des
clientèles visées? C'est autant de précisions que l'on
aimerait bien connaître. On s'attend un peu que les précisions
soient extrêmement concises de la part du ministre sur ce sujet, parce
qu'encore une fois tout ceci semble se développer un peu à la
va-comme-je-te-pousse, dans une espèce de concurrence pas tout à
fait explicable entre les ministères pour rivaliser de prestige et de
luxe dans leurs publications gouvernementales. A peu près les
mêmes propos pourraient être tenus d'ailleurs quant au luxe des
publications gouvernementales relativement au rapport annuel qui sont devenus
presque des concurrents sérieux au rapport annuel de certaines grandes
multinationales de prestige où on rivalise de couleur, d'encarts, de
toutes sortes de caractéristiques qui dépassent largement
l'intention du législateur lorsque, dans la loi constitutive d'un
ministère ou d'un organisme public, il lui fait l'obligation de
déposer annuellement le rapport de ses activités à
l'Assemblée nationale. C'est une chose qui pourrait être faite
très modestement et qui se fait de moins en moins modestement.
Malgré tout, laissant de côté d'autres applications
de ces politiques, il demeure que dans le domaine des périodiques on est
là, non pas dans le domaine d'une exigence légale, il n'y a
aucune loi qui oblige un ministère quelconque à publier des
périodiques, il s'agit là d'une décision purement
discrétionnaire de la part de l'administration publique et qui semble
irréversible puisque ces publications, une fois instituées, se
perpétuent presque indéfiniment et, s'il y a quelque chose, elles
s'améliorent sur le plan de leur qualité matérielle. Donc,
les budgets qui y sont consacrés sont en hausse continuelle.
J'aimerais aussi savoir du ministre en vertu de quelle directive ou en
vertu de quelle politique on voit de façon croissante, et certainement
constante maintenant, une multiplication de photographies qui ont certainement
pour effet d'assurer la publicité personnelle des ministres en cause. En
effet, il est impossible de consulter ces périodiques publiés par
le gouvernement sans tomber au moins sur une photographie de ministre. Il
s'agit là, M. le Président, de publicité qui n'est pas
toujours, loin de là, justifiée par le contenu des articles. On
va même jusqu'à le faire en quelque sorte de routine.
J'ai pris par hasard dans mon bureau des revues qui s'y trouvaient,
parce qu'on en reçoit une masse continuelle, et Dieu sait qu'on n'a pas
l'espace pour toutes les conserver, et on n'a même pas le temps de toutes
les lire, mais il est remarquable de constater que, parmi ces revues que j'ai
ramassées rapidement avant de descendre en commission parlementaire, il
n'y en a pas une qui ne comporte la photo du ministre. C'est une forme de
publicité personnelle, c'est une autre façon d'utiliser des fonds
gouvernementaux à des fins de publicité, dans le fond,
essentiellement partisanes, parce qu'il faut bien croire que cet aspect n'est
pas indifférent. Je regarde, par exemple, Le Palatin du mois d'avril
1979, 5e année, no 1, du ministère de la Justice. En
première page, photo du ministre de la Justice, mais il se retrouve
également à la page 4 et, pour une publication qui ne fait que
onze pages, deux photos pour ce mois, c'est un bon "score". Dans le domaine du
transport, ce mois-ci M. Lessard ne figure pas, mais je l'ai vu abondamment au
cours des mois précédents.
Evidemment, dans la deuxième publication du même
ministère de la Justice, le premier numéro de Justice, mars-avril
1979, volume I, no 1, on retrouve à la page 2 la photo du ministre. Je
ne sais pas si on la retrouve ailleurs, c'est fort possible, mais on retrouve
de belles photos cou-
leurs, des reproductions en couleur, etc., non, on ne retrouve plus
rien... Dans la revue Municipalité 1979, de février 1979, on
retrouve la photo de deux ministres, en page 3. Là-dessus aussi, il
s'agit d'une pratique constante.
Dans OSE, Opération solidarité économique, volume
I, no 6 de février 1979, il y a aussi la photo de deux ministres en page
4 et 5. Je ne sais pas s'il y en a plus loin, mais là aussi il s'agit
d'une caractéristique assez régulière.
Dans Carrefour, des Affaires sociales, volume I, no 2, on retrouve une
magnifique photo électorale du ministre Lazure, une photo qu'il va sans
aucun doute d'ailleurs vouloir acheter pour les fins de production d'un poster
à envoyer dans son comté puisqu'il pose de façon fort
touchante avec un bébé de quelques mois. C'est une magnifique
photo dans le cadre d'une opération de propagande puisqu'on voit
très bien qu'il s'agit d'un ministre humain qui s'occupe des enfants,
qui les a même sur ses genoux une grande partie de la journée
à son ministère, sans aucun doute!
Plaisanteries à part, on pourrait même passer sur la
question des photos de ministres s'ils ont une telle fatuité que c'est
là une chose qui les mets de bonne humeur et qui leur permet de mieux
fonctionner à l'intérieur de leur ministère alors que les
accueille une fois par mois sur leur pupitre une publication de leur
ministère où ils ont l'impression d'être vraiment au sommet
de la pyramide, tant mieux pour eux! Il demeure que le contribuable se pose des
questions. Il aimerait bien savoir ce qu'il en coûte pour distribuer des
revues spécialisées à une certaine partie de la bourgoisie
professionnelle du Québec qui s'intéresse soit à
l'administration de la justice, à l'administration des programmes
municipaux, aux édiles municipaux ou à d'autres, qui
reçoit gratuitement, aux frais du contribuable, des revues en couleur
agrémentées de photos pas toujours agréables, mais
malgré tout de photos qui valent plus que 10 000 mots, selon l'ancien
proverbe. Elles valent certainement plus de $10 000, de toute façon.
C'est ce qu'on aimerait savoir de la part du ministre.
Il paraît donc que dans tout ce secteur des services de soutien,
le ministère des Communications est une courroie de transmission. Il
paie les factures mensuelles de l'Hydro-Québec pour les services dont
bénéficient différents ministères. Il serait
tellement plus simple, plus vrai et plus transparent que le coût des
communications téléphoniques et télégraphiques, de
télex, soient à la charge budgétaire de chacun des
ministères utilisateurs et qu'on cesse cette prétention d'avoir
une politique de télécommunication simplement parce qu'on a
quelqu'un qui s'occupe de la comptabilité face à Bell
Téléphone. C'est un peu suranné comme façon de
procéder.
Le ministre s'est vanté tout à l'heure que, relativement
au service d'informatique, le service central d'informatique du gouvernement
avait réalisé des économies substantielles. C'est vraiment
se moquer du monde complètement. Tous ceux qui connaissent le service
central de traitement des données du gouvernement du Québec
savent que tous les ministères qui ont un peu de muscle essaient
d'éviter d'utiliser ce service comme on évite d'attraper la peste
parce que c'est un service dont l'inefficacité est connue et dont le
fonctionnement n'a jamais véritablement fait l'objet d'une analyse
sérieuse. Je ne parle pas simplement d'une analyse au niveau des
équipements, parce que tous les exemples d'économie qu'on nous a
cités sont des affirmations sans justification, on oublie
d'émettre les justifications. C'est un fait connu dans l'administration
publique que dès qu'un ministère a un peu de muscle, un peu
d'amour propre, il se dote de son propre service d'informatique et essaie
d'éviter cette espèce de cloaque administratif et bureaucratique
que représente un centre de traitement des données
centralisé.
Il est sûr de toute façon, au niveau de
l'équipement, au niveau de l'évolution des équipements,
que des économies peuvent être faites de façon quasiment
automatique, étant donné les progrès technologiques. Le
progrès n'est pas là. Le problème est de savoir encore une
fois, du côté du ministère des Communications, s'il a
véritablement une politique de l'informatique et des services
informatiques tels qu'utilisés par le gouvernement. Or, on se rend bien
compte qu'il n'en a pas.
Il ne se pose même pas la question de savoir s'il serait
avantageux, indépendamment de savoir si la question de la
décentralisation de ces services pour un certain nombre de
ministères est souhaitable; ceci n'a jamais été remis en
question de façon sérieuse. Il ne se pose même pas la
question de savoir jusqu'à quel point le gouvernement du Québec a
la responsabilité de stimuler le développement et l'essor des
petites et moyennes entreprises dans le domaine du traitement
électronique des données. Il faut savoir d'où vient le
traitement électronique et les services d'informatique. Au début
des années 1960 la question de l'équipement était
dominante. Les pratiques de partage du temps, par exemple, étaient fort
peu développées et pour avoir accès à des services
les utilisateurs devaient acheter de l'équipement.
On est bien loin de cette période-là, c'est
l'époque d'avant le déluge relativement aux services
d'informatique. Les gouvernements des années 1970 se sont, de
façon croissante, préoccupés de savoir si la concentration
d'équipements et de services de programmation, de traitement
électronique des données à l'intérieur des
gouvernements était véritablement souhaitable ou si ceci ne
devait pas être utilisé comme levier de développement
d'entreprises qui pourraient se spécialiser dans différents
aspects du traitement informatique et qui pourraient avoir accès
à des équipements de toutes sortes par des mécanismes de
location ou de colocation. Cela permettrait, dans le domaine des services,
l'éclosion dans le secteur privé d'un certain nombre
d'entreprises, augmentant ainsi la concurrence et pouvant faire
bénéficier également l'entreprise privée et
même la petite et moyenne entreprise de services d'informatique
accessibles et économiques, ce que la concentra-
tion gouvernementale actuelle évidemment ne permet pas
d'envisager. On aimerait savoir jusqu'où le ministère des
Communications a poussé ses réflexions de ce
côté-là, mais il ne semble pas évident qu'il les
aient même commencées.
Dans l'ensemble de ces services de soutien, encore une fois, on voit
l'incapacité de ce ministère à véritablement
assumer son rôle de définisseur de politiques. Il agit
passivement, se flatte de gérer des équipements et du personnel,
ce qu'un organisme de gestion non ministériel pourrait très bien
faire en imputant, en chargeant les coûts aux différents
ministères responsables sans se donner toute la superstructure et toutes
les prétentions coûteuses que l'érection, comme
ministère, avec les prétentions qu'il peut avoir à ce
sujet, entraîne au point de vue des dépenses publiques.
Les difficultés qu'on observe relativement au service de soutien
ne sont pas moins aiguës dans le domaine de Radio-Québec, qui
représente l'autre bloc important des crédits du ministère
des Communications.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
m'excuse, à moins d'un consentement je dois lire l'article 160
unanime, vous avez déjà dépassé votre temps.
On sait qu'en vertu de l'article 160, les paragraphes 1 et 2, lors de
l'étude des crédits, un député a un droit de parole
de 20 minutes, le ministre a un temps indéterminé. Vous avez
déjà dépassé votre temps de quatre minutes, je vous
ai laissé faire. Or, est-ce qu'il y a consentement pour permettre au
député de Saint-Laurent, de même qu'au député
de Gaspé, parce que je crois qu'il a droit à la même
chance... Comme je vous le dis, il n'y a pas trop de formalisme, l'article est
quand même là. Alors, est-ce qu'il y aurait consentement pour
laisser quelques minutes supplémentaires au député de
Saint-Laurent?
M. Le Moignan: Consentement de notre part.
M. Dussault: M. le Président, à partir du moment
où on emploie cette méthode plutôt que celle qui est plus
traditionnelle, il faut être plus large.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, vis-à-vis des
orientations de Radio-Québec, on se trouve devant les mêmes
balbutiements de la part du ministère. Il y a eu, au cours des douze
derniers mois, des critiques fort pertinentes qui ont été
adressées à Radio-Québec, à la conception
même de Radio-Québec, à sa vocation, à sa mission,
à sa performance dans l'exécution de sa mission. Comme toute
réponse à ces interrogations, à ces charges même
fort lourdes, qui sont le fait de personnes qui ont consacré leur vie
comme professionnels dans le cadre des services de radio et de
télévision, et en particulier au sein même de
Radio-Québec, on n'a eu comme réponse, encore une fois, qu'un
exposé de politique de quelques pages extrêmement sommaire,
extrêmement vague, publié par le ministre en janvier ou
février dernier, qui est un texte qui se prétend un programme ou
un plan de développement de Radio-Québec qui ne contient aucune
espèce de précision, aucune espèce de vue d'ensemble de
l'orientation et de ses implications qui sont envisagées pour l'avenir.
(11 h 45)
On émet quelques idées, encore une fois, très
générales, telles que, par exemple, qu'une législation va
venir préciser le caractère éducatif, la mission
éducative de Radio-Québec, mais on se garde bien en disant cela
d'écrire quelque autre conséquence que ce soit, sauf l'adoption
d'un texte législatif.
Or, que ce soit précisé dans la loi, c'est fort bien, mais
ce qui est particulièrement important, c'est d'avoir très
clairement à l'esprit les changements qu'une telle orientation implique
et à défaut de précisions à ce sujet, on est bien
forcé de constater le vide de la pensée du ministre
là-dessus. Il se borne à se faire l'écho d'un certain
nombre de critiques en disant: Oui, oui, on va amender la charte. Qu'est-ce que
cela veut dire en pratique? Qu'est-ce que cela veut dire au niveau de la
programmation, de l'équilibre de la programmation? Qu'est-ce que cela
veut dire au niveau des budgets envisagés? Qu'est-ce que cela veut dire
au niveau de l'équipement? Quel est le budget pro forma que le ministre
a établi pour la fin de la période de transition qu'il envisage?
Quelle est la longueur de cette période de transition? On n'a aucune
espèce d'indication là-dessus. On est abandonné à
des remarques philosophico-littérai-res sur la nécessité
de mieux refléter les différentes régions du Québec
et d'être un organe de développement de la culture et le reflet
des besoins dans le domaine de l'éducation populaire.
Encore là, les implications n'étant pas tracées,
chacun est libre d'imaginer les conséquences qui lui plaisent à
de telles orientations. Il ne semble pas q'on ait tranché le noeud de
l'orientation de Radio-Québec entre son rôle traditionnel, mal
défini, à cheval sur plusieurs vocations et une orientation qui
serait carrément et franchement de caractère éducatif.
S'il y a une raison d'être que l'on peut découvrir à
l'établissement par le Québec d'un réseau tel que celui de
Radio-Québec, c'est d'être un instrument d'éducation
populaire et ceci, de façon presque exclusive. On a pu déceler
je ne suis pas le premier à le dire, M. le Président
dans la programmation et l'orientation de Radio-Québec, un
désir de ne pas insister plus qu'il ne faut sur sa vocation
éducative, mais au contraire, de rassembler progressivement tous les
éléments d'un rôle qui rendrait Radio-Québec un
concurrent direct de Radio-Canada. On veut établir un réseau
d'Etat qui couvre toutes les orientations générales. On veut
faire de Radio-Québec un organe de communications à vocation
très générale et tout ce qu'on a pu dire sur le rôle
éducatif prend l'allure de voeux pieux en face de cette orientation
très profonde.
En outre, on a souvent critiqué Radio-Québec pour avoir
servi par son développement à assouvir
l'ambition de toutes sortes de vendeurs d'équipements
spécialisés dans le domaine et il semble que le projet de
régionalisation que le ministre met de l'avant peut très bien
servir parce que rien ne permet dans son texte d'écarter de tels
doutes, de telles possibilités à multiplier par un facteur
de quatre, cinq ou six, cette propension de Radio-Québec à se
suréquiper, à obéir aux dictées des vendeurs
d'équipements beaucoup plus qu'à une conception précise de
son rôle dans la société, de son rôle comme
véhicule d'éducation et de développement culturel.
Encore une fois, M. le Président, ce rôle de
définition de la vocation de Radio-Québec est un rôle qu'il
appartient au gouvernement de jouer à plein. Après deux ans et
demi, on est dans le vague comme on le l'a jamais été
malgré le fait que les problèmes ont été
placés sur la place publique par des professionnels des communications
et ceci à plus d'une reprise.
Or, si le gouvernement il n'a pas besoin pour cela de tout un
ministère puisque, apparemment, c'est par des consultations et par des
commissions spéciales qu'il s'attache à le faire et non par ses
ressources propres réussit un jour à définir
on espère que cela sera le plus tôt possible la vocation
propre à Radio-Québec, à ce moment-là, le
ministère des Communications sera un ministère doublement de
trop. Il est déjà de trop comme courroie de transmission de
budgets de soutien les comptes téléphoniques et autres
mais il est également de trop si jamais on réussit
à définir l'orientation de Radio-Québec, ce qui ne devrait
pas être impossible même si cela semble extrêmement difficile
pour le ministre actuel.
On pourra tout simplement laisser à Radio-Québec la
responsabilité justement de s'acquitter de cette vocation ainsi
définie, ainsi insérée dans sa loi constitutive. On n'a
aucun besoin d'une espèce de ministre de tutelle qui fait courir
à cet organisme le risque de partager les responsabilités, les
confondre et diminuer en quelque sorte les possibilités d'autonomie d'un
organisme qui doit être résolument à l'écart des
querelles partisanes, des querelles politiques, qui doit pour parler
très clair être extrêmement soucieux de ne pas se
faire l'instrument du pouvoir. Ce problème de l'autonomie des
sociétés d'Etat, dans le domaine des communications, est un
problème particulièrement sérieux, particulièrement
délicat dans tout pays démocratique. C'est un problème
qu'il serait possible de résoudre par une loi constitutive qui
définirait de façon claire les responsabilités de
Radio-Québec et qui confierait à un organisme de type judiciaire
ou quasi judiciaire l'examen de la performance relativement à la
vocation d'un organisme comme celui-là plutôt qu'à un
ministre.
Donc, dans un tel contexte d'une définition des rôles,
d'une indépendance de Radio-Québec et de l'existence d'un
organisme quasi-judiciaire pour en vérifier l'observance, le
ministère des Communications, à ce titre-là aussi, devient
inutile.
Enfin, M. le Président, dans le secteur du cinéma, je
pense que l'argumentation est facilement faite que cette activité, qui
est celle de soutien du cinéma, de définition d'une politique du
cinéma, si ce n'est un hasard anecdotique, appartiendrait depuis
toujours au ministère des Affaires culturelles plutôt qu'à
celui des Communications. On voit mal ce qu'il y a de commun entre les services
téléphoniques et le cinéma, si ce n'est que, de
façon presque philosophique ou métaphysique, on peut dire qu'il
s'agit de deux moyens de communication, mais c'est étirer le sens des
mots très loin. Il y a effectivement une politique culturelle qui doit
être définie beaucoup plus qu'une politique de communication. On
n'a pas de message particulier à passer par le cinéma. Il s'agit
simplement de le traiter comme une industrie culturelle. Il y a d'ailleurs une
Société de développement des industries culturelles qui a
été créée par le même gouvernement il y a
quelques mois. Comment se fait-il que le ministre semble envisager le
développement du cinéma presque en abstraction de la
donnée nouvelle que représente cette société de
développement culturel? Est-il vraiment besoin de deux séries de
politiques plus ou moins coordonnées, peut-être pas du tout,
entreprises, d'une part, par la société de développement
culturel et, d'autre part, par le ministère des Communications? Il me
semble que, dans la mesure où le gouvernement se porte acquéreur
de films, il peut le faire encore une fois par le biais des différents
ministères qui ont des messages à transmettre par voie
audio-visuelle. Il ne s'agit pas là d'une politique du cinéma. La
politique du cinéma appartient à un autre ministère.
Pour toutes ces raisons-là, M. le Président, je pense que
c'est avec assez d'impatience que le contribuable et même les
députés de l'Assemblée nationale peuvent se porter
à l'étude des crédits du ministère des
Communications. C'est un ministère qui est de trop. C'est un ministre
qui est de trop et qui est loin, depuis deux ans, d'avoir prouvé son
utilité comme membre de ce gouvernement.
C'est un ministère qui pose énormément de questions
qui n'y trouvent pas leurs réponses mais qui trouvent leurs
réponses dans les ministères sectoriels au service desquels ce
ministère se trouve et c'est un ministère qui, dans la mesure
où il peut exercer des orientations, serait mieux de conclure de son
travail à sa propre disparition soit en confiant à
Radio-Québec un mandat clair et le statut suffisant pour l'exercer en
veillant à ce que les organismes de contrôle judiciaires ou
parlementaires fassent leur travail ou en passant tout simplement aux
ministères plus appropriés et à la Société
de développement culturel les responsabilités qu'il a dans le
domaine du cinéma. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, je n'entrerai pas dans les
détails des programmes que nous
aurons l'occasion d'analyser en cours d'étude. Comme le
député de Saint-Laurent l'a mentionné, il m'ouvre une
porte avec un certain flair se doutant un peu que j'aborderais le
problème de l'information et de la publicité.
Avant d'entrer dans le vif de mes remarques, je voudrais citer une
phrase non pas de la Bible, non pas de saint Thomas d'Aquin, mais d'un grand
auteur très bien connu dans un volume qui remonte déjà
à quelques années et je voulais le prêter au ministre pour
qu'il le lise mais je pense qu'il l'a déjà lu avant moi et c'est
dans Le Chrétien en démocratie, à la page 80, que je
prends quelques lignes qui sous-tendent un peu toute la politique d'un
gouvernement en matière d'information et aussi en matière de
publicité.
Voici donc ce que ce grand auteur écrivait, il y a quelque 20 ans
ou plus, et je cite: "Ceux qui détiennent le pouvoir politique ou une
puissance économique peuvent se permettre d'orienter dans un sens ou
l'autre l'opinion publique. On vend les idées comme du savon à
force de slogans qui simplifient les problèmes et les dénaturent.
La propagande est un art raffiné que les manieurs de l'opinion publique
savent utiliser avec une efficacité redoutable. Par la suppression du
vrai et la suggestion du faux, on en arrive à créer et à
entretenir des mythes". C'est la fin de la citation et partant de cela, de ces
principes que ce philosophe donnait au gouvernement du temps, nous allons voir
si le ministre actuel les met lui-même en application.
Il y a quelques semaines, à l'Assemblée nationale, l'Union
Nationale avait rendu public un document préparé par son service
de recherches. Il est bien entendu que les questions suscitées à
ce moment-là et les commentaires soulevés à
l'Assemblée nationale avaient placé le gouvernement dans une
situation un peu embarrassante parce qu'il a jugé bon répondre,
quelques jours plus tard ou le lendemain, avec une certaine étude faite
par CROP et j'aurai l'occasion d'en parler un peu plus longuement tout à
l'heure. Le ministre, à ce moment-là, n'a jamais répondu
à la véritable question qui entoure ce débat et c'est la
raison pour laquelle je veux aujourd'hui soulever certains points fondamentaux
qui étaient formulés dans notre document.
Nous avons toujours la conviction, la persuasion, qu'une très
grande partie des fonds publics utilisés depuis plus de deux ans pour
véhiculer des messages ont servi, de manière très subtile,
surtout à des fins partisanes. Nous avons également la conviction
que très souvent, ce genre de publicité qu'on nous propose se
distingue particulièrement par son caractère émotif et par
la semence d'un message on l'a indiqué à
différentes reprises à l'Assemblée nationale
à saveur référendaire en vue de faire pousser le germe du
oui et, enfin, dans de trop nombreux cas également, il devient
évident que le gouvernement cherche à inculquer sur une base
régulière une conscientisation de masse envers un gouvernement
souverainiste c'est son droit dont la fin est
l'indépendance du Québec. Ce n'est pas à discuter dans le
moment. (12 heures)
Maintenant, nous sommes conscients que les ministériels sont
passés maîtres depuis deux ans dans l'art oratoire, dans la
façon de répondre aux questions et, suivant la citation que je
vous faisais au début, ce gouvernement sait très bien comment
utiliser sa propagande à des fins partisanes. Maintenant, on va nous
dire que la publicité, c'est nécessaire. Je suis d'accord puisque
dans toute société, et la population du Québec le sait
plus que toute autre, la publicité est un très grand moyen
d'influence. On le voit actuellement dans Jean-Talon, pour ne pas prendre
d'autre exemple, les différents partis politiques en présence
dans cette campagne savent que la propagande, la publicité, tous les
moyens de persuasion seront signes de défaite ou de victoire le 30 avril
prochain. On sait très bien que, quand une compagnie lance un nouveau
produit sur le marché, cela nécessite toujours une campagne bien
orchestrée pour attirer l'attention du public et passer sa
marchandise.
En d'autres termes, la philosophie publicitaire est tellement bien
enracinée dans nos moeurs et elle y joue un rôle tellement
important qu'inconsciemment nos gens finissent par acheter tel ou tel produit
ou encore par se plier à telle ou telle propagande ou publicité
gouvernementale. Maintenant, quand on parle de publicité, c'est
évident, il y a deux catégories: on parle de publicité
commerciale et on parle de publicité gouvernementale. Le premier aspect,
je n'ai pas à le traiter. Mais, du côté gouvernemental, il
y a tout de même une publicité qui est de mise. Quand le
gouvernement veut mettre en marché un programme spécifique, s'il
veut offrir au public une information découlant d'une législation
gouvernementale ou encore, de façon bien simple, si le gouvernement veut
indiquer sa position vis-à-vis d'un problème particulier, il fait
de la publicité, par exemple, sur les négociations, sur les
avantages de telle et telle loi, de telle et telle mesure sociale.
Malgré cette distinction, il faut reconnaître que ces deux formes
de publicité débouchent inévitablement sur le même
output final qui est celui d'influencer la population. Les agences
publicitaires qui utilisent aussi l'aspect émotif, que ce soit une
marque de savon, que ce soit un contrat pour vendre la personne avant toute
chose, les agences de publicité vont adopter le même principe.
Leur fonction principale, c'est de forcer soit la consommation d'un
produit commercial, soit de faire accepter une idée ou un programme
gouvernemental de telle sorte que le public en admette, et souvent de
façon très inconsciente, l'utilité ou encore le
bien-fondé. C'est peut-être intéressant pour nous de nous
attacher à la publicité commerciale, mais ce n'est pas là
le but de mes propos. La question qu'on doit se poser, c'est à quoi sert
la publicité gouvernementale ou, peut-être de façon plus
précise, à qui sert cette publicité gouvernementale. A
l'heure actuelle, le gouvernement nous laisse entendre que le parti
péquiste s'occupe de
nous, qu'il prend soin de notre personne, qu'il nous protège
constamment. En somme, que le gouvernement devient comme notre ange gardien et
c'est un peu le résumé de tous ces slogans quand on essaie de les
regarder. Dans de nombreux cas, cette publicité exploite subtilement la
fierté nationale. D'ailleurs, le ministre des Communications ne s'en
cache pas, il y a quelques semaines à l'Assemblée nationale, il
nous a bien avoué que cette publicité visait à nous donner
l'amour du Québec, l'amour de la patrie, mais nous sommes tous, nous
voulons tous l'amour du Québec. Nous sommes tous d'accord avec lui pour
l'amour de la patrie, mais il y a les moyens de nous inculquer cet amour.
Ce qui vous inquiète dans tout cela, c'est qu'à peine
quelques mois avant le référendum, le gouvernement
péquiste, à même les fonds publics, peut s'accaparer de la
publicité gouvernementale pour lancer des messages à saveur
référendaire dont le caractère émotif laisse
percevoir une action concertée à tous les échelons de
l'appareil gouvernemental. Nous sommes de plus en plus convaincus que, depuis
l'avènement du Parti québécois au pouvoir, la
publicité gouvernementale s'est vu octroyer une nouvelle fonction, on ne
se contente plus de polir l'image du parti au pouvoir, d'informer le public de
telle ou telle mesure gouvernementale, on cherche maintenant, par tous les
moyens, à forcer cette pénétration d'un message
carrément émotif, comme je l'ai indiqué, parce qu'il nous
faut susciter un mouvement de masse qui trouve sa force et sa raison
d'être dans son appartenance québécoise. C'est cette
appartenance que le Parti québécois peut exploiter à des
fins partisanes le moment voulu.
D'ailleurs, il faut se rendre à l'évidence que cette
semence commence déjà à porter ses fruits. On pourrait
peut-être s'opposer, mais le député vient de dire tout
à l'heure, vient d'admettre la nécessité d'une
publicité et le droit au public à l'information. Il n'y a aucun
doute là-dedans. Le gouvernement a le droit de faire de la
publicité. Je dirais même que c'est un devoir pour lui
comme je l'ai indiqué, il y a quelques semaines en commission
parlementaire du tourisme, de la chasse et de la pêche que l'on
fasse une publicité, que l'on vende le Québec aux
Québécois, aux Canadiens, aux Américains et aux
Européens et, à ce moment, cette publicité est très
bien placée, bien orchestrée parce qu'elle a pour mission de
faire mieux connaître le Québec, non seulement aux
Québécois, mais un peu à tout le monde.
Mais, il y a une distinction entre l'exercice d'un droit et l'abus de ce
même droit. Nous croyons qu'actuellement il y a nettement abus dans la
publicité à tel point que les messages ne sont prétexte
qu'à une propagande indue et inadmissible dans le contexte social
actuel, comme l'ont démontré à l'Assemblée
nationale, mes deux collègues au moment d'une période de
questions. Le ministre peut nous dire encore que s'il y a plus de
publicité actuellement, c'est que le gouvernement actuel a passé
de nombreuses lois depuis deux ans. Ce n'est pas un genre de réponse que
nous acceptons facilement, puisque notre crainte c'est la crainte
manifestée, non seulement par les députés, mais par les
différents média d'information, que cette propagande, cette
publicité, en d'autres mots, devienne une propagande partisane, et cela
sur le dos des contribuables québécois.
Je cite ici Lysiane Gagnon qui, dans le journal La Presse, disait le 24
mars 1979: "Entre l'information gouvernementale et la propagande, la marge est
si ténue que ceux qui la font marchent toujours sur des oeufs." Je crois
que ceci résume très bien ce que je viens de dire. Normand Girard
dans le Journal de Québec du 2 octobre, nous disait: "La
démarcation entre l'information et la propagande est souvent
imperceptible." Si elle est imperceptible pour les intellectuels, pour ceux qui
sont à même de saisir, alors pensons à Jean-Baptiste le
Canayen qui chez lui a longueur de journée entend les mêmes
messages et finit par les avaler, par les digérer, à tel point
qu'à ce moment c'est simplement le point de vue de la propagande qui va
lui rester ancré dans les entrailles.
Gilles Lesage, pour sa part, dans un article du journal Le Soleil du 10
mars disait ceci: "Qu'est-ce que cela prouve? Tout simplement que le
gouvernement actuel dépense des sommes énormes pour une
publicité qui est souvent peu informative et qui recourt sans vergogne
à une propagande à peine déguisée." Ce ne sont pas
des opinions de politiciens, ce sont des journalistes nécessairement
crédules, objectifs et qui ont pour mission de répandre la
vérité.
Vous voyez que nous ne sommes pas les seuls à nous
inquiéter, à nous poser des questions sur ce sujet. Ce sont des
observateurs très avertis, très respectés qui ont
écrit ces articles. Nous croyons, encore une fois, que le public a droit
à une information saine, où la valeur informative n'est pas
masquée, n'est pas voilée par la propagande, information qui
renseigne techniquement la population sur telle loi, comme je l'ai
mentionné, ou sur tel programme afin que les citoyens puissent en
bénéficier.
Quand on a lancé le programme d'isolation des maisons, par
exemple, il y avait tout de même un but là-dedans. On voulait
aider le citoyen, on voulait lui offrir des avantages même si ce
programme a coûté plus cher en publicité qu'il a
coûté en dépenses pour l'amélioration des maisons.
Le gouvernement est revenu à la charge, il nous apporte un autre
programme et cette fois-ci les effets de la publicité auront
certainement des résultats beaucoup plus appréciables.
On parle toujours d'information et de publicité. Lysiane Gagnon
nous donne encore un court extrait d'une entrevue avec une personne oeuvrant
dans la publicité gouvernementale, dans la Presse du 24 mars 1979. Cette
personne laisse entendre qu'il y aura plus de publicité à mesure
que le référendum approchera. Je cite: "Les ministres vont
prendre de plus en plus d'initiatives dans leur secteur respectif, c'est
normal. Ils vont vouloir que
cela se sache, ils vont vouloir aussi que les citoyens soient
informés sur ces nouvelles lois, sur ces nouvelles politiques.
L'information gouvernementale, c'est ça. Qu'en même temps,
indirectement, cela permette au gouvernement de montrer qu'il se conduit en bon
gouvernement, c'est normal." Lysiane Gagnon renchérit en disant: "C'est
d'ailleurs exactement pour cela que les partisans du référendum
au sein du Parti québécois ont réussi, en 1974, à
convaincre leurs troupes de l'avantage de cette stratégie. Comme
gouvernement, le Parti québécois allait alors avoir plus d'atouts
dans son jeu pour faire valoir ses thèses."
Tout cela nous démontre à quel point cette
stratégie est essentielle pour le gouvernement actuel. Ce dernier en est
tellement conscient qu'il a cru bon de mieux coordonner l'information
gouvernementale. Le ministre en a fait allusion dans ses remarques d'ouverture.
D'ailleurs, nous reviendrons sur cet aspect primordial de la publicité
gouvernementale dans quelques instants.
On a parlé du sondage CROP. A la suite des accusations
portées par l'un des députés de l'Union Nationale contre
le caractère peu informatif et trop propagandiste des campagnes de
publicité du gouvernement, le ministre des Communications brandissait le
lendemain, avec fierté, un sondage de la maison CROP sur la
prétendue satisfaction de la population québécoise des
campagnes de publicité du gouvernement au cours de l'année 1978,
je crois. Le ministre nous a révélé à cette
occasion que 73% des Québécois trouvent excellente la
publicité du gouvernement du Québec et 60% se disent mieux
informés. Quand on examine le sondage à tête reposée
et qu'on prend certains chiffres, on peut lui donner une interprétation
qui est loin d'être celle du ministre.
Ainsi, au début de cette étude, au chapitre de
l'évaluation du degré de connaissance des publicités
gouvernementales, après compilation, nous remarquons à l'article
"Connaissance du message" que 45.2% connaissent les messages et que 53.7% ne
les connaissent pas. Prenons un exemple: "La personne avant toute chose". On
évalue que 81% des gens trouvent que ce message publicitaire est bon,
mais, par contre, il n'y a que 49% des personnes interrogées qui
connaissent le message. Autrement dit, c'est 81% de 49%. Alors, je pense que
ça change un peu l'image, la perspective que l'on peut avoir de ce
sondage. Connaissez-vous "La personne avant toute chose"? C'est un point.
On ne veut pas contester la méthodologie de ce sondage, mais je
vourais souligner qu'il se pose des questions quant à savoir si les gens
ont répondu machinalement aux questions ou si, au contraire, ils ont
pris le temps de bien réfléchir avant de répondre. Quoi
qu'il en soit, une personne ressource très connaissante dans le domaine
des communications nous a affirmé qu'il y avait beaucoup de points
obscurs à l'intérieur de ce sondage et, en temps et lieu, je
pourrai en discuter avec le ministre, à part quelques points positifs
surtout quand il s'agit d'une opération marketing pour nous jeter de la
poudre aux yeux. (12 h 15)
Si on regarde le même sondage publié par le gouvernement,
à la page 65, on peut lire ceci: "Pour ce groupe de spécialistes,
le gouvernement est une entité administrative et un parti politique qui
devrait émettre uniquement de l'information objective. En ce moment, sa
publicité joue sur des valeurs émotives qui le favorisent et
elles semblent bien perçues par la population, mais il y a le risque de
saturation qui, étant associé au gouvernement, peut être
perçu comme de la persuasion à outrance et à l'inverse de
la publicité des entreprises privées, la publicité
gouvernementale est financée par les fonds publics. C'est un
élément dont il faut tenir compte." Fin de la citation. C'est le
sondage CROP. C'est extrait de votre livre, page 65, donc, fait par des
spécialistes de l'information.
Voilà encore d'autres affirmations qui s'ajoutent aux
commentaires de certains observateurs politiques et à ceux
formulés par l'Union Nationale. Nous ne sommes pas les seuls à
flairer cette stratégie partisane du Parti québécois.
De plus, nous ajoutons un autre élément à ce
dossier déjà complexe et qui confirme nos craintes à ce
moment-ci. Il s'agit de la récente transformation de la Direction
générale des communications gouvernementales en un centre de
service des communications du gouvernement, tel que décrit par
l'arrêté en conseil no 78-239 en date du 12 juillet 1978. A ce
moment-là, on peut se poser la question: Est-ce que ce ministère
des Communications est en train de devenir un véritable ministère
de la propagande?
Dans le sondage CROP soumis par le ministre des Communications à
l'Assemblée nationale, on peut lire un autre commentaire, à la
page 65: "Le groupe de personnes ressources a émis de nettes
réserves sur la publicité gouvernementale, parce qu'il y a trop
de danger de propagande politique. Avec l'ampleur et la fréquence des
publicités gouvernementales québécoises depuis deux ans,
ils appréhendent une concertation et une cohérence qui sont
à la limite de l'objectivité en affirmant que plus il y aura de
cohérence entre les différentes campagnes des ministères,
plus il y aura de feu politique, de propagande."
C'est la fin de la citation et cette citation, je crois, vaut la peine
d'être retenue.
Il va sans dire que nous partageons entièrement cette crainte
exprimée par des experts dont la compétence ne saurait être
mise en doute. Des faits récents nous portent à croire que nous
avons raison d'être inquiets et de surveiller de très près
les gestes posés par ce gouvernement bien connu pour son
habileté, pour ne pas dire son expertise dans le domaine des
communications. Dans un premier temps, nous avons dénoncé ce qui
nous apparaissait nettement comme des dépenses gouvernementales
excessives en matière de publicité. Je ne veux pas revenir sur
les chiffres. Je n'en ai pas le temps, d'ailleurs. Les chiffres ont
déjà été discutés à
l'Assemblée nationale. Par la suite, nous avons senti le besoin de
sensibiliser davantage l'opinion publique québécoise, comme le
sondage CROP l'indique, sur le caractère émotif et trop souvent
partisan de nombreux messages mis de l'avant par le gouvernement. Aujourd'hui,
nous
voulons alerter les Québécois concernant un danger
beaucoup plus grand et plus sérieux car il est impossible d'en mesurer
actuellement toutes les conséquences. Je fais allusion à la mise
sur pied de structures à l'intérieur du ministère des
Communications qui ont pour but cette meilleure coordination et, comme le
rapport CROP le disait, cette plus grande cohérence de l'information
gouvernementale.
Si, en date du 12 juillet, le ministre actuel a soumis au Conseil des
ministres des recommandations pour une nouvelle organisation de l'information
gouvernementale, on peut retenir de cela trois éléments:
premièrement, la création d'un centre des services de
communications du gouvernement du Québec qui succédera
progressivement à la direction générale des communications
gouvernementales et la définition des fonctions d'un sous-ministre
adjoint responsable à l'information gouvernementale. Dans ce document,
on peut lire différentes choses traitant des structures, traitant de
l'information et on retrouve tout cela dans les premières pages de
l'arrêté en conseil. Ce n'est donc qu'un début. Combien y
aura-t-il d'étapes dans ce réaménagement administratif?
Quelles seront la nature et l'importance des autres étapes à
venir? Comme le député de Saint-Laurent le mentionnait il y a
quelques instants, est-ce que Radio-Québec fera partie de ce plan de
coordination de l'information gouvernementale? Quel échéancier
a-t-on fixé pour la réalisation de chacune des ces étapes?
En termes d'argent, cela coûtera combien aux contribuables
québécois?
Ce sont des questions, je crois, que nous sommes en droit de nous poser
à ce moment de l'étude des crédits. Le sous-ministre qui
vient d'être nommé, M. Jean Laurin, est un chic bonhomme, un
excellent monsieur. Il est très compétent, il n'y a aucun doute
là-dedans, et je vais citer Lysiane Gagnon, dans la Presse du 26 mars,
qui donne un portrait très objectif de ce monsieur qui prouve qu'il va
très bien servir la cause gouvernementale pour laquelle il a
été embauché. C'est bien normal.
Voici ce que dit Mlle Gagnon: "M. Laurin vient d'un milieu où on
connaît le Québec comme la paume de sa main, celui des
hebdomadaires régionaux. L'homme incarne toutes les
ambiguïtés de ce qu'on appelle la publicité et l'information
gouvernementales. Il connaît aussi par coeur toutes les petites habitudes
politiques des Québécois. Il sait, par exemple, quel est le taux
de pénétration de telle publicité dans telle
région, mais aussi combien de comtés elle rejoint. Il a la
tête d'un expert et les deux pieds dans le terreau politique". Je ne dis
pas qu'il a la tête dans la lune. Le ministre s'est donc adjoint un homme
d'un choix excellent pour l'information partisane gouvernementale et je suis
content que le ministre soit d'accord avec moi sur ce point.
Cette description des caractères devient encore plus
intéressante lorsqu'on regarde les fonctions, si on veut analyser
peut-être de façon rapide les fonctions que le gouvernement va
confier à M. Laurin. Il aura les pouvoirs requis et nécessaires
pour conserver une vue d'ensemble sur tous les projets de communication par les
différents ministères et organismes. Il s'agit donc d'une mesure
de contrôle entre les mains d'une seule personne directement responsable
au ministre des Communications et au premier ministre lui-même, qui l'a
nommé.
Si, au niveau des media d'information, des phénomènes de
concentration et de centralisation sont perçus comme des menaces
à la liberté de la presse, ne faut-il pas craindre avec encore
plus d'appréhension l'apparition de ces mêmes
phénomènes au service d'hommes politiques dont le but
avoué est de tout mettre en oeuvre pour mener le Québec à
l'indépendance politique? N'y a-t-il pas, dans cette nouvelle mesure
administrative, un danger pour la liberté tout court, cette
liberté reconnue depuis longtemps aux citoyens d'avoir accès
à une information libre, complète et objective? Il y a juste une
faiblesse dans ce livre: il me manque une dédicace.
M. O'Neill: Je vous la donnerai tantôt.
M. Le Moignan: C'est "Le chrétien en démocratie",
M. le ministre; vous l'avez lu déjà avant moi.
M. O'Neill: Oui. C'est bien d'ailleurs.
M. Le Moignan: A la page 77, il y a un petit quelque chose que
j'aimerais vous rappeler. On ne révise pas souvent les choses et les
articles pour les livres que l'on écrit. Je cite donc le grand auteur du
grand ouvrage, le grand philosophe, "Le chrétien en démocratie":
"Les rapports officiels de l'Etat ne sont pas des instruments de propagande
destinés à voiler la vérité ou à la faire
apparaître sous un jour trompeur, et, à plus forte raison, les
détenteurs du pouvoir doivent-ils s'abstenir de monopoliser les sources
et les organes d'information?" Fin de la citation.
Vous êtes en train de monopoliser toutes les sources contrairement
à ce que cet auteur écrivait il y a déjà quelques
années. C'est notre devoir, aujourd'hui, face aux écrits du
ministre, face aux gestes qu'il pose en ce moment, de nous poser de telles
questions et ce devoir est d'autant plus impérieux compte tenu de
l'existence de deux autres facteurs attachés aux tâches
exercées par ce nouveau fonctionnaire nommé par le premier
ministre et qui se lisent comme suit: "Coordonner, sous tous leurs aspects, les
programmes de communication de tous les ministères ou organismes en
fonction des priorités." Si cela n'est pas un monopole, je me demande
comment on peut déterminer cela en d'autres mots.
Deuxièmement: "Assurer la liaison avec le secrétaire
général, les secrétaires généraux
associés du Conseil exécutif, les sous-ministres, les directions
ministérielles de communication, en vue de traduire les priorités
gouvernementales de très beaux mots, priorités
gouvernementales dans les programmes d'information et de fournir au
centre des services de communi-
cation du gouvernement du Québec le contenu nécessaire."
C'est ce contenu qui nous inquiète. C'est très bien, encore une
fois, d'informer mais de quelle façon?
Dans le contexte socio-politique actuel, cela veut dire quoi au juste
"coordonner en fonction des priorités gouvernementales"? Quelle est donc
la grande priorité du gouvernement en monopolisant, en
réorganisant tous les services d'information? Cela tire sur la fin, M.
le Président, ne vous découragez pas.
Quand une personne est appelée à traduire ces
priorités gouvernementales dans les programmes d'information et de
"fournir le contenu nécessaire" j'aimerais savoir où se situe la
marge entre l'information et la propagande? Qui va décider, en
définitive? Il me semble qu'à ce moment-là le ministre
pourra se laver les mains. Il donne à un homme dont je ne nie pas la
compétence, un homme que j'admire, un homme que je connais, des pouvoirs
extraordinaires. A ce moment-là, le ministre pourra nous dire: C'est un
peu comme Radio-Québec, les sociétés d'Etat, etc., le
gouvernement a un droit de contrôle mais très
éloigné alors, c'est le monsieur qui décide, donc, c'est
le monsieur qui prend toutes les initiatives, c'est lui qui fait tout.
Maintenant, ce même homme qui va présider le nouveau
conseil des directeurs des communications, cette table de concertation,
autrement dit, son mandat comprend une double tâche. Premièrement,
c'est élaborer une stratégie globale pour rendre cohérente
l'image du gouvernement. Je pense bien qu'il faut qu'elle soit cohérente
face aux événements qui ce préparent.
Deuxièmement, déterminer les opérations
c'est logique de coordination des programmes de communication en
fonction des priorités gouvernementales. On sait que la grande
priorité gouvernementale pour l'avenir, c'est surtout le
référendum qu'il faut gagner. A ce moment, un ministère
des Communications bien structuré le but c'est de communiquer
dans un ministère, surtout des Communications a pour but surtout
d'agencer la publicité de telle façon qu'on puisse endormir,
qu'on puisse sensibiliser les gens, qu'on fasse appel à leur
émotivité, comme le dit le rapport CROP. En somme, cette nouvelle
structure qui ne constitue qu'une première étape ne se limite
pas, malheureusement, au ministère des Communications. Elle trouve sa
source au bureau du premier ministre pour étendre par la suite ses
tentacules dans chacun des ministères où il existe tout de
même une direction des communications.
Alors, pour résumer, sous le couvert de la concertation, de la
cohérence, de la coordination, le gouvernement péquiste est en
train de se doter d'un système sans faille pour constamment alimenter,
maintenir et améliorer ce qu'il appelle lui-même son image, et
Dieu sait que dans notre société moderne, nous en avons la preuve
tous les jours, dans le secteur des communications l'image est souvent plus
importante que le message lui-même qu'on véhicule. Le gouvernement
doit se rendre compte que ce petit jeu de transparence tronquée ne
durera pas éternellement. Chose certaine, notre parti fera tout en son
pouvoir tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de
l'Assemblée nationale afin que les Québécois prennent
conscience de ce jeu machiavélique c'est un très grand
mot, cela fait peur au ministre auquel s'adonnent
systématiquement les autorités gouvernementales pour faire
accepter un idéal qui ne correspond pas aux désirs de la grande
majorité du peuple québécois. Les autres points, M. le
Président, je les réserve pour l'étude des programmes dans
les jours suivants.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Etant
donné l'heure, le ministre a le droit de réplique. Nous allons
ajourner nos travaux jusqu'à nouvel ordre de la Chambre. L'ordre de la
Chambre peut être présumé pour cet après-midi, mais
je sais qu'il y a des petits problèmes à l'horizon en ce qui
concerne le député de Saint-Laurent; il a des problèmes
d'agenda. Je tiens pour acquis que les personnes concernées
communiqueront avec le leader du gouvernement pour essayer d'avoir une entente
et nous attendrons le mandat de la Chambre pour recommencer nos travaux. Donc,
nous sommes ajournés sine die.
Fin de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 15 h 31
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont
M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand (Vanier) est remplacé par
M. Dussault (Châteauguay); M. Blank (Saint-Louis), M. Godin (Mercier), M.
Forget (Saint-Laurent) en remplacement de M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M.
Laber-ge (Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), M. Michaud (Laprairie)
et M. O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Fallu (Terrebonne), M. Goulet (Bellechasse), M. Laurin
(Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Conformément au règlement, je vais permettre au ministre
de faire la réplique et, par la suite, j'appellerai le programme 1. M.
le ministre.
Réplique du ministre
M. O'Neill: M. le Président, avant d'étudier le
budget et ses propositions programme par programme, je voudrais quand
même me permettre de formuler quelques commentaires suite à ce qui
a été dit ce matin.
Mon premier commentaire porte sur la question des périodiques.
Là-dessus, j'ai deux choses à dire? Premièrement, je suis
un peu étonné qu'on nous ait fait reproche de ne pas
contrôler soit la création, voire le contenu ou la distribution de
revues, de périodiques que des ministères peuvent
mettre sur pied. Il semble là qu'il y a quand même quelque
chose d'important qui est en jeu, à savoir une autonomie des
ministères. Je ne vois pas qu'un ministère des Communications
pourrait se faire attribuer le droit d'intervenir de façon aussi
précise et minutieuse dans l'activité d'un autre ministère
quand il s'agit d'une création, quand il s'agit d'articles, de
publications où chaque ministère, en faisant appel à ses
compétences propres essaie de mieux faire comprendre à une
clientèle ou à un public le pourquoi de son action ou encore les
mesures qui ont été prises.
On a également fait une remarque sur les rapports annuels nous
disant: Qu'est-ce que vous avez fait là-dessus? Je voudrais simplement
vous dire, M. le Président, qu'à la suite d'une directive du
Conseil du trésor qui date du 31 Janvier 1978, la division de
l'édition juridique au Service des publications officielles a
reçu le mandat de conseiller les ministères concernant la
publication des rapports annuels. Je vous signale, là-dessus, que sur un
nombre total de rapports considérés, à savoir, par
exemple, 55, dans l'évaluation, il y a eu un progrès
considérable dans ce domaine, par exemple, concernant les normes
à suivre dans la publication et l'utilisation des couleurs,
c'est-à-dire essayer d'en arriver à des rapports qui, d'un
ministère à l'autre, se ressemblent le plus possible et surtout
pour éviter, à un moment donné, certaines formes
d'excès parce que, comme on l'a bien signalé ce matin, un rapport
annuel, ce n'est pas ce qu'on appelle une lecture. Ce n'est pas, par nature,
une lecture universelle. Alors, il est bon d'introduire dans ce secteur une
certaine modération.
Dans l'étude qui a été faite, on nous signale qu'il
y a un certain nombre de rapports annuels qui se sont
révélés entièrement conformes aux normes, six; il y
a eu des dérogations mineures qui peuvent s'expliquer parfois du fait,
par exemple, qu'on veuille introduire une carte géographique, une photo
d'un certain style ou un graphique qui exige à un moment donné un
format un peu différent. Il y a eu aussi des dérogations
explicables par les mêmes raisons. Il y en a eu quatorze plus
importantes, mais dans l'ensemble, suite à l'analyse qui a
été faite, on nous signale que dans l'ensemble, il y a eu
collaboration des ministères. De plus, il y a des ministères qui,
n'ayant pas entièrement respecté les normes cette année,
nous ont dit qu'ils avaient bien l'intention de s'y mettre l'an prochain. On
nous a demandé d'autre part d'introduire une plus grande
variété dans les normes, par exemple, dans les caractères
de façon que, dans un ministère, on puisse avoir une marge de
manoeuvre un peu plus large, sans que le coût ne soit
nécessairement plus élevé. Cette suggestion a donc
été faite et pour l'emploi des caractères et aussi pour
l'emploi des couleurs.
C'est donc un secteur où il y a un travail d'amorcé. Je
pense que des résultats positifs ont été obtenus; il
s'agira maintenant d'aller dans le même sens cette année, surtout
que nous avons cette garantie qui nous a été accordée par
les ministères de collaborer à l'application de cette politique.
Parce qu'il faut bien noter ici qu'il ne s'agit pas de mesures qu'on puisse
imposer comme cela, il faut quand même la collaboration des
ministères.
Parlant du Bureau central d'informatique, on m'a signalé que cela
n'était qu'un service technique, qu'il n'embrassait pas toutes les
activités du traitement de l'information à l'ensemble de
l'appareil gouvernemental. Il y a des secteurs importants qui sont autonomes,
il demeure néanmoins que, d'une part, ce service, comme je l'ai dit ce
matin, qui a réalisé des économies sérieuses a
d'ailleurs fait l'objet d'une autre approbation du Conseil du trésor. Je
dois dire que cela n'est pas une tradition au Conseil du trésor
d'adresser des louanges à un service en disant: C'est remarquable
comment vous administrez bien, comment vous économisez, comment vous
faites bien les choses. Le Bureau central de l'informatique a été
l'objet de toutes ces louanges de la part du Conseil du trésor.
Deuxièmement, ce bureau sert également d'office conseil
pour chacun des ministères et pour le Conseil du trésor
lui-même. C'est-à-dire que dans le cas de commandes ou de CT qui
ne relèvent pas du BCI comme tel, il reste que le Conseil du
trésor consulte le BCI pour savoir quelle est la pertinence d'approuver
tel ou tel contrat, par exemple, telle ou telle location d'appareils.
C'est d'ailleurs, en passant, M. le Président, une politique dont
on a commencé la mise en application, avant même l'arrivée
de ce gouvernement, puisque c'est une mission, une tâche que le Conseil
du trésor avait confiée au ministère des Communications,
dès le printemps 1976. Je suis un peu surpris, ce matin, qu'on nous dise
que cela ne donnait pas satisfaction, je ne sais pas exactement à partir
de quoi on prétend affirmer ça, mais s'il y a lieu, s'il y a un
secteur, chez nous, qui a fait l'objet d'appréciations extrêmement
favorables et nombreuses, c'est celui du bureau central d'informatique.
Au sujet de Radio-Québec, on peut avoir des appréciations
différentes concernant le mémoire qui a été rendu
public et qui exprime la volonté du Conseil des ministres et concernant
la définition d'une politique de développement pour
Radio-Québec et dans laquelle on trouve des orientations concernant la
mission éducative, la régionalisation, l'attention
apportée aux minorités culturelles, l'invitation à faire
appel un peu plus à des méthodes plus efficaces de
pédagogie populaire, décisions quant à l'extension du
réseau des antennes, ensuite, demandant à Radio-Québec
d'essayer d'instaurer à l'intérieur de cette institution de
nouveaux types de relations de travail avec ses employés et ensuite
incitant Radio-Québec à améliorer ses rapports, sa
collaboration avec le ministère de l'Education.
Je dois vous dire que tout cela est apparu aux yeux de la direction de
Radio-Québec comme étant une politique suffisamment claire et
encourageante, tout comme le projet qui s'en vient, le projet d'amendement
à la Loi de Radio-Québec qui a été soumis à
l'attention de la direction de Radio-Québec. Nous n'avons jamais eu,
à aucun moment, la prétention de proposer des mesures
qui n'auraient pas été soumises, auparavant, à la
direction de Radio-Québec.
Actuellement, à Radio-Québec, on estime qu'avec le mandat
défini et accepté par le Conseil des ministres, il est possible
pour cette institution d'accomplir son travail et de vraiment franchir une
étape nouvelle dans son développement.
Je ne peux pas m'empêcher, M. le Président, après
ces remarques générales, de dire un mot concernant l'image que le
député de Saint-Laurent s'est faite du ministère des
Communications. Je regrette qu'il ne soit pas ici pour entendre ce que je veux
dire. Il pourra toujours le lire dans les rapports. Ce n'est pas qu'un
ministère de services, même si c'est, dans beaucoup de ses
activités, un ministère de services. C'est aussi un
ministère qui contribue à des définitions de politiques
dans le domaine des communications. Il n'est pas sans importance qu'il y ait,
quelque part au gouvernement, un centre où les gens s'intéressent
à des problèmes comme l'information, un service comme
Communications-Québec, le développement des media communautaires,
le développement de la radio ou de la télévision ou de
Radio-Québec, celui de la téléphonie.
Pensez à des mesures qui ont été appliquées
comme l'interfinancement, des mesures comme celles-là,
d'équipement, des mesures qui sont appliquées par la Régie
des services publics, et suite à une définition de politiques qui
vient du ministère des Communications, les mesures qui ont
été appliquées dans la publicité. Il y a vraiment
là des choses extrêmement importantes. Ce n'est pas un
ministère qui dispose d'un budget considérable, nous
souhaiterions qu'il soit plus considérable et si nous le comparons
à d'autres ministères, il est vraiment très modeste.
Mais je pense que les problèmes dont nous nous occupons, les
objectifs que nous poursuivons, les questions qui nous préoccupent et
dont nous avons à nous occuper, dont nous sommes responsables, ce sont
des problèmes majeurs, ce sont des questions majeures. Si vous ajoutez
à cela des questions comme celles, par exemple, du développement
technologique dans les communications, la question des satellites, de la
télématique, des banques de données, avec leurs incidences
culturelles considérables, des réalisations comme
informathèque, nous avons quand même contribué à
réaliser cette forme tout à fait efficace de coopération
entre la France et le Québec, l'attention qu'on doit porter aux media
écrits...
Quand j'écoutais M. le député de Saint-Laurent, en
l'entendant dire que tout cela, finalement, donnait l'impression que ce
n'était pas important, je me disais ceci: Si nous ne nous en occupons
pas, cela veut dire quoi? Est-ce que cela veut dire que c'est le gouvernement
fédéral qui doit s'en occuper? C'est quand même cela qui
est assez grave.
Le ministère des Communications, je pense que c'était une
création heureuse. Ceux qui l'ont créé ont fait preuve de
perspicacité. Ils avaient le sens de la prospective. Il ne faut pas
oublier que, s'il a connu un essor assez notable, ce ministère, il faut
bien en reconnaître le mérite à un de mes
prédécesseurs, particulièrement M. L'Allier. S'il y a chez
nous, au Québec, une pensée dans ce domaine, une pensée
politique, une préoccupation très québécoise, cela
ne date pas d'aujourd'hui. Cela vient du fait que des gens avant nous ont senti
cela. Et je suis un peu étonné aujourd'hui d'apprendre que c'est,
par exemple, un ancien collègue de M. L'Allier qui vient tout à
coup lever le nez, un peu comme cela, sur le ministère des
Communications, comme si c'était finalement quelque chose sans
importance, alors que, pour l'avenir de la culture au Québec, l'avenir
de la vie collective, il s'agit évidemment d'un centre d'action, d'un
centre de recherche, de pensée, d'audition extrêmement
important.
C'est évidemment un ministère qui est dépourvu de
pouvoirs, en partie. Nous travaillons dans un territoire occupé. Le
problème est celui-là: Est-ce que nous nous retirons? Est-ce que
nous laissons tout entre les mains d'Ottawa? Est-ce que nous développons
aussi une mentalité de succursale? Ou bien simplement, est-ce que nous
prenons les choses en main?
C'est en renforçant le ministère, en lui donnant les
moyens d'action, en étant bien conscient de l'importance qu'il joue dans
le développement de la société québécoise
que nous allons connaître des résultats positifs. Autrement, nous
allons être comme des colonisés dans le domaine des communications
et tous ceux qui savent aujourd'hui, qui sont conscients du lien
extrêmement étroit qu'il y a entre les communications et le
développement culturel, la cohésion sociale et l'identité
d'une nation, tous ceux-là aboutissent inévitablement à la
conclusion qu'il s'agit là d'un secteur absolument vital au sein de la
société québécoise.
J'ai été très étonné d'entendre les
remarques de ce matin là-dessus. Quel reproche peut-on lui faire? Ce
n'est pas qu'il existe au Québec un ministère des Communications,
mais il ne faudrait pas lui donner encore plus de moyens que ceux qu'il a.
Evidemment, il jouit, cette année, d'une certaine augmentation de budget
qui n'est pas très considérable. Elle est due d'ailleurs à
des dépenses qui augmentent d'une façon que je dirais un peu
automatique, un peu mécanique. On pourrait peut-être quand
même nous faire le reproche de ne pas avoir trouvé le moyen de lui
assurer des ressources encore plus importantes. Pensez simplement au secteur de
la recherche, de l'aide aux media communautaires, des secteurs comme
ceux-là où nous avons encore évidemment beaucup de projets
et, en un sens, les ressources ne suivent pas les projets.
C'était là, M. le Président, les quelques remarques
générales que je voulais faire suite à cette
période d'introduction. Pour ma part, je suis maintenant prêt
à aborder la question de l'analyse des programmes.
Questions générales
M. Blank: Avant qu'on arrive au programme 1, j'ai deux ou trois
questions d'ordre général. On pourrait appeler le programme
1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
n'entre pas dans le cadre d'un des neuf programmes?
M. Blank: C'est cela, c'est dans la politique
générale du ministère.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, allez-y immédiatement.
M. Blank: Ma première question. Suivant les renseignements
supplémentaires sur les crédits, le gouvernement aurait
périmé environ $2 500 000 au ministère des Communications.
Dans quel programme ces crédits ont-ils été
périmés?
M. O'Neill: $2 500 000.
M. Blank: $2 574 100. (15 h 45)
M. O'Neill: Je n'ai pas les chiffres en tête, mais, si vous
tenez compte que, par exemple, pour le compte téléphonique, un
seul mois de facturation peut représenter près de $2 millions et
peut-être même un peu plus, c'est assez difficile de
budgétiser d'une façon plus serrée que cela.
Particulièrement dans les programmes de services, le pourcentage des
crédits périmés est assez limité. Il est de l'ordre
de 1% à 2%. Sur la masse de liquidité dont il faut disposer pour
rencontrer les obligations envers les fournisseurs, un crédit
périmé de l'ordre de $2 millions sur l'ensemble du programme, ce
n'est pas aussi excessif que cela pourrait sembler l'être.
Quel pourcentage?
M. Blank: La question que je vous pose, c'est dans quel
programme? Vous me donnez l'exemple d'un compte téléphonique,
mais y a-t-il d'autres programmes où des crédits particuliers se
situent?
M. O'Neill: M. le Président, si le député de
Saint-Louis est d'accord, on pourrait faire le relevé avec le montant
exact dans chacun des programmes et vous remettre cela demain, si vous le
désirez, ou ce soir, parce qu'il y a neuf programmes et il faut quand
même faire le calcul.
M. Blank: Oui, mais vous me les trouvez pour les neuf programmes,
parce que je veux voir les détails dans chaque cas. On veut
savoir...
M. O'Neill: Tout à fait d'accord.
M. Blank: Deuxièmement, dans le Dimanche-Matin, au mois
d'avril 1977, le ministre a prétendu qu'il y avait trop de stations de
radio et de télévision de langue anglaise à
Montréal. Est-ce que c'est toujours l'intention du ministre d'essayer de
franciser certains postes de télévision et de radio de langue
anglaise? S'il veut que je lui pose la question en anglais, je la lui
répéterai en anglais.
M. O'Neill: Je la comprends déjà bien en
français. J'essaie de citer de mémoire, on compa- rait entre dix
et onze stations. Je crois qu'on arrivait au chiffre onze, pour les stations de
langue anglaise, et dix de langue française. Ce sont bien les chiffres
que vous avez sous les yeux, à moins que ce ne soit modifié
depuis ce temps, mais c'est à peu près cela.
M. Blank: II y avait neuf stations de radio de langue anglaise et
deux stations de télévision de langue anglaise. On compte huit
stations de radio de langue française et trois stations de
télévision de langue française. En plus, il y a une
station de radio communautaire multilingue, CFMB.
M. O'Neill: Oui, mais je demeure toujours convaincu qu'il ne
s'agit pas d'une proportion normale. Je pense bien que si vous tenez compte de
la proportion de population, vous allez être d'accord avec moi
là-dessus. Deuxièmement: Comment les choses peuvent-elles
changer?
M. Blank: C'est cela, ma deuxième question.
M. O'Neill: Dans le moment, vous savez que c'est un secteur
où ce n'est pas nous qui accordons les permis, de toute manière.
On peut penser aussi à une évolution sociale qui fait qu'à
un moment donné, les diffuseurs eux-mêmes sentiront le besoin d'en
arriver à un meilleur équilibre. Il reste que, dans le cas
actuel, ceux qui ont donné les permis ne sont pas ici, ils sont à
Ottawa. Vous allez me dire que cela peut peut-être s'expliquer
historiquement, les ressources économiques étant tellement plus
considérables d'un côté que de l'autre qu'on pouvait en
arriver à ce manque d'équilibre dans le nombre de stations. Je
pense qu'avec le temps, les choses vont se régulariser. Il ne faudrait
pas voir dans cela le fait que, en soi, dix stations, c'est trop. Quelqu'un
pourrait émettre la thèse que dans un pays, si on avait beaucoup
plus de stations que cela, ce serait encore idéal, mais une chose est
certaine, c'est qu'en langue française, il en manque.
M. Blank: A Montréal.
M. O'Neill: A Montréal, c'est sûr, il en manque.
M. Blank: Est-ce que c'est le même problème dans les
régions? Je ne pense pas.
M. O'Neill: Ah oui! Vous avez les services dans des
régions où Radio-Canada, par exemple, ne donne pas encore le
service complet, par exemple, Sherbrooke. Une raison pour laquelle nous avons
encouragé la mise sur pied de Radio-Gaspésie, c'est la
pauvreté des services là-bas. Nous avons toujours maintenu
l'idée qu'il devrait y avoir également, à travers tout le
territoire, ce qu'on appelait un minimum de deux services
généralistes de langue française et ça ne se
vérifie pas partout. Dans le cas de Radio-Gaspésie, il est
certain encore une fois qu'une des raisons pour lesquelles nous avons
encouragé le projet, nonobstant sa qualité en soi et le
sérieux de ceux qui
étaient à l'origine du projet, c'est aussi que cela jouait
une fonction de suppléance dans cette région, quand vous pensez
qu'il n'y a jamais eu, jusqu'à l'an dernier, de poste de radio à
Gaspé même. C'était la première fois.
M. Blank: Dernière question d'ordre général.
Le ministère verse-t-il une contribution technique ou financière
aux fêtes de la Saint-Jean cette année?
M. O'Neill: Technique? Non. M. Blank: Ou
financière?
M. O'Neill: Oui, c'est vrai. Tout ça dépend
maintenant d'un seul budget, qui est le budget des Fêtes nationales.
M. Blank: Aucun cent ne vient de votre ministère?
M. O'Neill: Non. Je me rappelle un cas, l'an dernier, de
contribution technique, je pense qu'il y en avait eu une, mais ce
n'était pas aux Fêtes nationales; c'était le cas du
Festival de Québec ou des activités comme celle-là. Mais,
pas dans le cas des Fêtes nationales.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord?
M. Le Moignan: J'aurais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si ce
sont des questions qui ne relèvent pas de programmes.
M. Le Moignan: ...
M. O'Neill: II y aurait peut-être un petit point que M. le
sous-ministre me signale. C'est celui-ci: Dans le cas des comités
régionaux des Fêtes nationales, ceux-ci vont se trouver à
participer à la vente de drapeaux québécois. A ce moment,
dans leur vente, ils retirent une commission. Si vous considérez
ça comme une forme de participation, je pense bien qu'elle est bien
méritée de leur part. C'est pour le travail qu'ils accomplissent
quand ils vendent le drapeau.
M. Blank: Est-ce que ces ventes rapportent un profit?
M. O'Neill: C'est-à-dire qu'eux, là-dessus... On
leur vend...
M. Blank: Eux, ils font un profit, mais le ministère
fait-il un profit?
M. O'Neill: Dans ce domaine, non. M. Blank: Non?
M. O'Neill: Je pense même qu'on devrait dire qu'on fait des
déficits.
M. Blank: Pourquoi ne donnez-vous pas les drapeaux gratuitement,
si vous perdez de l'argent?
M. O'Neill: Non, ça, on va le faire aussi pour certaines
clientèles, par exemple, nous en donnons beaucoup aux
députés, pour qu'ils les distribuent à leurs
électeurs.
M. Blank: Certainement. Le drapeau nous appartient à nous
dans l'Opposition, comme à vous du côté gouvernemental.
M. O'Neill: Ah! Je suis content de vous entendre dire
ça.
M. Blank: Ah oui! Ce n'est pas un drapeau qui appartient à
un parti en particulier.
M. O'Neill: Cela me réjouit de vous entendre dire
ça.
M. Blank: Cela a été conçu par l'Union
Nationale, pris par nous et, maintenant, cela vous est prêté pour
un certain temps, pas trop long.
M. Laberge: Ce n'est pas le drapeau d'un parti, c'est le drapeau
des Québécois.
M. Le Moignan:... une question d'ordre général. En
fait de drapeau, c'est vrai que le gouvernement du Québec est un peu
chiche comparé au gouvernement fédéral qui distribue les
drapeauxà la douzaine, parce qu'on n'en a pas beaucoup; on a beaucoup de
demandes pour le drapeau du Québec.
M. le ministre, en parlant de propagande, de publicité,
d'information, vous n'avez pas mentionné cela dans vos remarques, tout
à l'heure. Est-ce que vous attendez que nous abordions le programme 2
pour entrer dans les détails?
M. O'Neill: M. le député de Gaspé, d'accord,
je pense que nous aurons, à ce moment-là, réponse à
toutes ces interrogations et de quoi calmer toutes les inquiétudes.
M. Le Moignan: Très bien.
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle le programme 1, Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication.
M. le ministre, est-ce que vous avez quelque chose à dire sur ce
programme?
M. O'Neill: Non, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je constate, dans le livre des crédits que vous
nous avez donné, que vous dites à la page 12, à l'article
7: "En matière d'audio-visuel, le ministère était
responsable de l'implantation du système de télédiffusion
des débats de l'Assemblée nationale..." Je veux féliciter
le ministre pour
ses démarches parce que la qualité de l'émission
qu'on voit est très bonne, elle est même mieux que celle d'Ottawa.
Je voudrais savoir combien cela a coûté.
M. O'Neill: Notre contribution est une contribution technique,
avant tout, cela ne relève pas de notre budget.
M. Blank: C'est seulement technique? M. O'Neill: Oui.
M. Blank: Ce n'est pas le ministère qui a payé pour
l'équipement...
M. O'Neill: Non, c'est l'Assemblée nationale, mais c'est
nous qui avons fait en sorte que ça fonctionne bien. C'est quand
même un élément important parce que...
M. Blank: Oui, je vous ai déjà
félicité pour cela.
M. O'Neill: Lorsqu'il y a eu la phase de l'installation, il
aurait pu arriver que ça fonctionne moins bien, mais nous sommes
intervenus à temps.
M. Blank: Nonobstant que j'aie un problème pour voir les
couleurs, parce que je suis daltonien... Est-ce que le ministère sait
combien cela a coûté?
M. O'Neill: Je n'ai ai pas d'idée. Il faudrait demander
cela au moment où il y aura la défense des crédits de
l'Assemblée nationale.
M. Blank: Je parle de votre aide technique. Est-ce que...
M. O'Neill: Comptabilisé l'aide technique? Non.
M. Blank: ... vous avez muté certains de vos
employés à l'Assemblée nationale pour une période
de temps? Comment cela a-t-il fonctionné?
M. O'Neill: Le directeur des services techniques va
répondre à ces questions. D'accord?
M. Blank: D'accord!
M. O'Neill: M. Guy Doré.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au nom
du ministre.
M. Blank: Est-ce qu'il y aurait de vos techniciens qui
étaient à temps plein à l'Assemblée nationale pour
une durée de temps ou...
M. O'Neill: Dans le cas de la télédiffusion des
débats de l'Assemblée nationale, nous agissions en tant que
conseillers techniques. Nous avions des ingénieurs et des techniciens
qui ont fait les plans d'ingénierie, qui ont surveillé la mise en
place, qui ont fait des vérifications d'usage pour savoir si la
qualité était acceptable. Au moment où on a accepté
le système, il a été donné à
l'Assemblée nationale pour qu'il fonctionne.
M. Blank: Est-ce que vous avez encore des techniciens qui y
participent?
M. O'Neill: On n'a plus personne. Maintenant que le
système est en fonction, c'est l'Assemblée nationale qui en est
responsable entièrement.
M. Blank: Vous ne savez pas combien cela a coûté
pour préparer ces plans?
M. O'Neill: C'est principalement du temps de personnes, je dirais
qu'on a peut-être mis en tout trois hommes-année pour la
préparation de ces plans, en gros.
M. Blank: Est-ce que vous avez engagé des gens de
l'extérieur ou des conseillers spéciaux de l'extérieur
pour préparer ces plans?
M. O'Neill: Non, c'est nous qui avons préparé les
plans. Nous sommes allés en appel d'offres pour l'installation de ce
système.
Le Président (M. Vaillancourt-Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Vu que ceci relève des Communications, je
sais qu'on prépare quotidiennement des enregistrements qui sont
distribués dans toute la province ou dans plusieurs régions de la
province. Savez-vous ce que cela représente d'endroits où ces
"tapes", comme on les appelle en bon français, sont
distribués?
M. O'Neill: Effectivement, la distribution est assurée par
l'Assemblée nationale, cela relève exclusivement de
l'Assemblée nationale. Il y a 40 endroits où il y a
possibilité de mettre en disponibilité quarante cassettes pour
eux qui voudront les utiliser. Maintenant, je ne vourais pas m'aventurer trop
loin dans ce domaine, étant donné que c'est l'Assemblée
nationale qui en est entièrement responsable.
M. Le Moignan: Alors c'est donc dire que c'est l'Assemblée
nationale qui défraie le coût de transport...
M. O'Neill: Exactement.
M. Le Moignan: ... où le propriétaire là-bas
d'un poste de l'Assemblée nationale...
M. O'Neill: ... qui décide à qui elle va fournir
ces cassettes, de quelle modalité etc. Nous avons fourni
l'infrastructure technique et l'Assemblée nationale s'en sert selon ses
besoins.
M. Le Moignan: Au sujet de la cote d'écoute on a
déjà donné une première analyse, cela ne
relève pas de vous encore, mais de l'Assemblée nationale...
M. O'Neill: Oui, l'idée étant qu'on lui a
donné un système, à ce moment c'est elle qui l'utilise
selon les fins pour lesquelles il a été conçu.
M. Le Moignan: C'est la partie technique qui vous concerne, c'est
tout! (16 heures)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela va,
M. le député de Gaspé?
M. Le Moignan: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres questions de la part des membres de la commission sur le
programme 1?
M. O'Neill: J'ajouterai simplement que je pense que M. le
député de Gaspé doit être également satisfait
du travail de la direction des services techniques lors de l'installation du
poste Radio-Gaspésie, n'est-ce pas?
M. Le Moignan: Le ministre désire de l'encens?
M. O'Neill: Non, je parle du service.
M. Le Moignan: Du service? Oui, actuellement, je crois que les
gens sont très satisfaits. Ce n'est pas une expérience pilote,
cela existait ailleurs, mais pour notre région c'est une
expérience pilote qui semble fonctionner et les gens ont hâte de
recevoir un peu plus dans le domaine, comme les débats
télévisés ici, ça n'existe pas, excepté dans
la région de Chandler-Grande-Riviè-re, où il y a une
télévision communautaire. Ailleurs, on ne reçoit
absolument rien. On verra peut-être plus tard, en cours de route, si le
gouvernement a des projets dans ce sens, pour aider au développement,
même s'il y a une juridiction fédérale sur les
câblodiffuseurs.
Je pense que ça va...
M. O'Neill: C'est peut-être un cas d'association.
M. Blank: ... l'association des voisins, les Américains
sont des voisins aussi.
M. Le Moignan: Elle est déjà commencée,
l'association.
M. Blank: C'est de l'autre côté.
M. Le Moignan: On leur envoie tellement de capitaux et de
sièges sociaux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'autres
questions sur le programme 1 ?
M. Le Moignan: Programme 1, terminé.
M. Blank: A l'élément 3, il y a une augmentation
d'environ $4 millions, est-ce que c'est l'équipement, communications, de
quoi s'agit-il?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
dites, programme 1 ?
M. Blank: Programme 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1.
M. Blank: Sous-élément 3. Communications,
augmentation de $25 millions à $29 millions.
M. O'Neill: Vous l'avez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En page
14.
M. O'Neill: En page 14. A la page 14, ce sont les correctifs. Il
y a des chiffres qui ne marchent pas? Voulez-vous nous dire de quels chiffres
il s'agit, qui ne seraient pas corrects, selon vous?
M. Blank: Le total qu'on a ici, c'est $30 158 500. Dans le
budget, c'est $29 987 000, cela veut dire une différence de presque $500
000. C'est avec des correctifs?
M. O'Neill: Si vous le permettez, dans le budget que vous avez,
le chiffre que vous citez, c'est un chiffre de 1979/80. Il s'agit du bilan des
activités pour 1978/79. Les montants que vous avez là
représentent les dépenses qui ont été
effectuées en 1978/79.
M. Blank: Combien avez-vous dépensé au total, en
1978/79?
M. O'Neill: Vous avez le montant corrigé, qui est de $30
158 500.
M. Le Moignan: Les chiffres qui figurent ici vont jusqu'au 31
décembre. Est-ce que c'est cela? C'est, une fois les chiffres
corrigés, au 31 Mars?
M. O'Neill: Au 31 Mars.
M. Le Moignan: C'est toujours le 31 mars.
M. O'Neill: La raison pour laquelle ces chiffres avaient
été fournis, chiffres qu'il a fallu rectifier, c'est pour
expliquer cette augmentation qui est quand même de 26%. C'est la raison
pour laquelle vous les trouvez là.
M. Blank: Vous demandez une augmentation de $2 millions pour le
téléphone local. Comme vous l'avez expliqué avant, c'est
un des secteurs dont on ne connaît pas d'avance combien cela va
coûter. Vous avez augmenté le téléphone d'un montant
de $2 300 000.
M. O'Neill: C'est cela. L'augmentation pour le service
téléphonique est due à deux causes. Tout d'abord,
l'accroissement des services qui sont demandés par les différents
ministères, qui est ordinairement prévisible, à quelques
milliers de dollars près, puisque l'on connaît d'année en
année la façon dont l'appareil gouvernemental évolue. La
deuxième raison, c'est celle des hausses de tarifs. Dans le cas des
hausses de tarifs, il ne nous est pas possible de prévoir combien nous
affecterons, puisqu'on ne sait pas d'avance quelles sont les
sociétés de télécommunications qui en demanderont
et qui les auront. On peut seulement les calculer une fois qu'on les a eues.
C'est le cas de certaines sociétés, l'année
dernière, en particulier Bell Canada et Québec
Téléphone.
M. Blank: Sur la question des téléphones, je ne
sais pas si c'est encore vrai, mais, récemment, ici à
Québec, 643-2121, la ligne gouvernementale, était ouverte 24
heures par jour, sept jours par semaine. A Montréal, la
métropole, elle est ouverte de 9 heures le matin à 11 heures le
soir, cinq jours par semaine.
M. O'Neill: C'est la différence entre une métropole
et une capitale.
M. Blank: Exactement, la capitale se prend pour quelqu'un qu'elle
n'est pas. A Montréal, il y a 3 millions de personnes qui peuvent
utiliser la ligne et qui font affaires avec le gouvernement provincial le soir,
la nuit, les fins de semaine et il n'y a aucune communication directe, sauf par
l'interurbain. Ici à Québec, il y a 500 000 personnes pour le
Québec et ses environs. Je trouve que le coeur, le vrai coeur du
Québec, ce n'est pas la capitale, c'est la métropole. Je
m'excuse. Comme député de Montréal, j'ai agi deux
fois.
M. O'Neill: Sur les deux systèmes
téléphoniques, à savoir 873-3131 et 643-2121, il y a eu
des études de trafic, d'utilisation de ces lignes-là, des
téléphonistes qui sont en devoir à Montréal et
à Québec et, d'après les études, l'utilisation qui
était faite après les heures que vous avez mentionnées
tout à l'heure, à Montréal, était à peu
près nulle, ce qui fait qu'étant donné que le service
873-3131, à Montréal, est donné à contrat aux
téléphonistes de Bell, c'était plus avantageux, compte
tenu du nombre d'appels qui pouvaient peut-être être
acheminés de Montréal à destination soit de Québec
ou d'autres régions, de payer des frais d'interurbains que de payer des
frais de location des services des téléphonistes de
Montréal.
M. Blank: Cela est vrai pour les fonctionnaires et les
députés, mais si quelqu'un, un électeur, un citoyen veut
communiquer avec le gouvernement provincial, il ne peut pas communiquer du
tout.
M. O'Neill: Oui, mais il faut que je vous dise que le 873-3131,
c'est pour des fins administratives gouvernementales, c'est-à-dire des
fonctionnaires et, après 17 heures, les fonctionnaires, il n'y en a pas
beaucoup aux bureaux.
M. Blank: Oui, mais si quelqu'un veut avoir une information,
où doit-il téléphoner? Si quelqu'un veut avoir le poste
central de la police provinciale de telle place, il peut
téléphoner au réseau gouvernemental et on lui donne
l'information.
M. O'Neill: C'est-à-dire non, le réseau
gouvernemental ne donne pas d'information de cet ordre-là. Les
informations que vous rechechez, dans ces cas-là, peuvent provenir de
deux sources, soit le bottin téléphonique local, celui de
Montréal, par exemple, où les principaux services gouvernementaux
sont identifiés spécifiquement, ou soit
Communication-Québec. A peu près partout sur le territoire, il y
a un numéro de téléphone qui permet aux citoyens de
rejoindre Communication-Québec pour tous les services que donne le
gouvernement du Québec et pour lesquels ils ont une réponse
gratuitement.
M. Blank: Dans votre étude, n'a-t-on pas essayé de
savoir si on peut signaler 873-3131, à Montréal, après les
heures de fermeture, et être relié à 643-2121?
M. O'Neill: Non, c'est que 873-3131...
M. Blank: A Montréal, quand c'est fermé, je suis
certain qu'il y a un moyen technique de relier cet appel à Québec
à 643-2121 où il y a service 24 heures par jour. Cela ne
coûterait pas tellement cher.
M. O'Neill: Economiquement, c'est moins cher de prendre
l'interurbain que de trouver des moyens par lesquels il y a des moyens
techniques, je suis d'accord avec vous en signalant 3131, on puisse
arriver directement ici à Québec, sauf qu'au point de vue
économique, c'est préférable de passer par l'interurbain
pour rejoindre le numéro de Québec que vous voudriez
atteindre...
M. Blank: Pas nécessairement Québec. De
Montréal, parfois, je veux téléphoner à Sept-lles
pour des raisons sociales.
M. O'Neill: Québec ou n'importe où, compte tenu du
trafic. Vous savez, il y a plusieurs variables dans cela; il y a le trafic, il
y a l'utilisation de cela, il y a les distances qu vont être mises en
cause. Compte tenu de toutes ces variables, on a constaté que
c'était plus économique de le faire comme cela. C'est
strictement, une question d'économie.
M. Blank: Est-ce seulement à Québec qu'il y a un
service téléphonique 24 heures par jour?
M. O'Neill: A Québec exclusivement. M. Blank: A
Hull, Chicoutimi...
M. O'Neill: Non, il n'y a pas de téléphoniste du
tout, parce que le poste de Hull, par exemple, est acheminé vers
Montréal, mais les postes qui sont acheminés vers Québec
bénéficient des services de la téléphoniste 24
heures par jour.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, quand vous mentionnez que
cela coûte environ $2 millions, est-ce que cela comprend tous les
services du gouvernement ou simplement le ministère des
Communications?
M. O'Neill: $2 millions.
M. Le Moignan: Par année.
M. O'Neill: C'est plus que cela. C'est la hausse de tarif, mais
pour tout l'ensemble du gouvernement du Québec. (16 h 15)
M. Le Moignan: Est-ce que tout l'ensemble des services
téléphoniques revient au ministère des Communications ou
si chaque ministère est indépendant?
M. O'Neill: Non, l'ensemble des services est payé à
même les budgets que vous avez devant vous du programme 1. Tous les
services de communication du gouvernement sont payés à
l'intérieur du programme 1.
M. Le Moignan: Quand vous signez un contrat, supposons le
Centrex, Québec-Montréal, cela coûte tant par ligne ou tant
par jour ou tant par année. Il y a une différence si vous prenez
Québec-Sept-lles ou Québec-Rimouski ou Québec-Sherbrooke.
Est-ce que la différence du prix va jouer selon l'affluence, le nombre
des appels?
M. O'Neill: Si on parle du réseau intercentre, qui est le
réseau entre Québec et Montréal, avec ramifications sur
les périphéries, à savoir, par exemple, Gaspé ou
Rimouski, etc., on loue une certaine quantité de circuits d'une
façon constante, durant toute l'année. Le nombre de circuits est
analysé à chaque mois pour savoir si on doit augmenter ou
diminuer le nombre de circuits, selon le nombre d'interurbains qui se fait en
parallèle avec ce réseau. Donc, c'est toujours une balance
économique entre les deux. Par exemple, entre Québec et
Montréal, où on a quelque chose de l'ordre de 260 circuits, on
bénéficie d'une tarification spéciale à cause de la
grande quantité de circuits qu'on loue de façon permanente entre
Québec et Montréal. Je ne sais pas si cela répond à
votre question.
M. Le Moignan: Vous avez enlevé Gaspé du circuit.
C'est parce qu'on n'appelait pas assez souvent? On a manqué notre
coup.
M. Blank: Seulement une autre question dans la même
section. L'aide aux communications, à la section "loué", c'est
monté de $800 000 à $1 700 000. C'est pour des radios mobiles
pour les parcs.
M. O'Neill: Exactement, La principale augmentation à radio
mobile est due à l'implantation du réseau de radios mobiles pour
le ministère du Tourisme, Chasse et Pêche dans les parcs pour le
service des parcs.
M. Blank: Tout cet équipement était loué.
Etait-ce Bell Canada ou...
M. O'Neill: II y en a une partie qui est louée de
Québec Téléphone et de Bell Canada. Il y a une partie
également qui est propriété du ministère des
Communications.
M. Blank: L'autre partie de l'aide aux communications dont vous
restez propriétaire, c'est $1 012 000 cette année. C'est un autre
système de l'aide aux communications. Cela donne des corrections. Ici,
j'ai les services loués, $1 700 000, pour l'aide aux communications, et
autres services, je pense qu'ils ne sont pas loués, encore à
l'aide aux communications, $1 012 000.
M. O'Neill: Le ministère des Communications est
propriétaire d'une infrastructure de radios mobiles, qui est à
destination de l'ensemble des ministères. Il y a un contrat d'entretien.
C'est une de ces parties qui est comprise dans cela, qui sert à
l'entretien de l'ensemble de ce réseau. Ce réseau est la
propriété du ministère, mais à destination des
autres ministères, par exemple, le ministère de la Justice, le
ministère du Transport, et différents autres.
M. Blank: Cela veut dire que la Sûreté du
Québec est comprise dans cela.
M. O'Neill: Non, la Sûreté du Québec, c'est
un contrat à part qui est négocié par le ministère
de la Justice. Elle n'est pas incluse dans cela.
M. Blank: Les radios téléphones dans les voitures
des ministres, est-ce que cela tombe dans celui-là ou dans chaque
ministère?
M. O'Neill: C'est dans celui-là.
M. Blank: Est-ce que quelqu'un a fait une étude sur la
rentabilité des téléphones dans les voitures de
ministre?
M. O'Neill: C'est très rentable. M. Blank: C'est
très rentable. M. Le Moignan: Pour le ministre.
M. O'Neill: Non, c'est très rentable pour la population.
Cela permet au ministre de faire beaucoup plus de travail dans le même
temps. Tout le monde en profite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme 1 est adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 1, adopté. Programme 2, Communications gouvernementales et
renseignements. M. le ministre.
Communications gouvernementales et
renseignements
M. O'Neill: Je n'ai rien à ajouter pour le moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis. Oui?
M. O'Neill: Seulement pour signaler que M. Jean Laurin,
sous-ministre adjoint à l'information viendra prendre place près
de moi.
M. Blank: M. le ministre, je voudrais savoir, au sujet du centre
de décision de l'information gouvernementale, qui dirigerait ce
centre?
M. O'Neill: C'est le sous-ministre adjoint à l'information
gouvernementale.
M. Blank: Qui?
M. O'Neill: M. Laurin lui-même qui pourrait être
directeur du centre.
M. Blank: Comment êtes-vous choisi? M. O'Neill: Non,
je suis responsable.
M. Blank: Mais qui dirigeait vraiment... Il y avait une annonce
dans les journaux demandant un dirigeant. Est-ce qu'on a engagé
quelqu'un?
M. O'Neill: Oui, il y a eu un concours.
M. Blank: II y a eu un concours, mais qui a gagné ce
concours?
M. O'Neill: M. Jean-Philippe Gagnon. M. Blank:
Jean-Philippe? M. O'Neill: Gagnon.
M. Blank: Gagnon. Est-ce qu'il vient de Québec,
Montréal, Chicoutimi, Gaspé?
M. O'Neill: II est originaire de Montréal.
M. Blank: Est-ce qu'il y avait une annonce dans les journaux et
un concours régulier?
M. O'Neill: Oui.
M. Blank: Qui passait par la Fonction publique?
M. O'Neill: Oui.
M. Blank: Savez-vous à quelle date la liste
d'admissibilité des candidats a été connue?
M. O'Neill: Le 30 mars.
M. Blank: Le 30 mars de cette année?
M. O'Neill: Oui.
M. Blank: A quelle date a-t-il été
engagé?
M. O'Neill: Lundi.
M. Blank: Lundi passé?
M. O'Neill: Lundi...
M. Blank: Le 23.
M. O'Neill: ... le 23.
M. Blank: Avant hier.
M. O'Neill: Le 23 avril. Oui, avant hier.
M. Blank: Ah bien, je lui souhaite bonne chance.
Si je comprends bien, à un moment donné, cette annonce de
concours a été modifiée. Il y avait deux annonces. Il y
avait une annonce et, après, une modification. Pour quelle raison
a-t-elle été modifiée?
M. O'Neill: Parce que lors du premier concours qui s'est tenu,
aucun candidat n'avait été retenu par le jury.
M. Blank: Y a-t-il eu des candidats?
M. O'Neill: Oui, il y a eu une douzaine de candidats, mais il n'y
a eu aucun candidat qui se qualifiait au sens du jury pour occuper le
poste.
M. Blank: Et on avait une annonce modifiée. M. O'Neill:
Un deuxième concours.
M. Blank: Mais est-ce que dans la deuxième annonce, le
deuxième concours, les qualifications requises étaient exactement
les mêmes que pour le premier?
M. O'Neill: Les qualifications requises, oui...
M. Blank: Est-ce qu'il y a eu des changements?
M. O'Neill: II a pu y avoir des ajustements dans les dates, mais
la classification est la même. C'était la même description
de tâches ou sensiblement la même.
M. Blank: Est-ce que le ministre peut produire les listes
d'admissibilité de la première annonce et de la deuxième
annonce?
M. O'Neill: il n'y a pas eu de liste d'admissibilité pour
le premier concours.
M. Blank: Mais la liste des personnes qui ont participé au
concours.
M. O'Neill: Je crois, M. le Président, qu'il s'agit de
listes confidentielles. Lorsqu'ils ne sont pas sur la liste
d'admissibilité...
M. Blank: Confidentielles?
M. O'Neill: ... lorsque les candidatures n'ont pas
été retenues.
M. Blank: Confidentielles dans le sens de quelle loi?
M. O'Neill: C'est dans le sens de la Loi de la Fonction publique.
Les candidats qui se présentent à un concours, leur nom n'est
disponible que pour les membres du jury qui évalue les candidats, de
même que les candidats qui sont retenus, il y a une liste
d'admissibilité émise par la fonction publique et cette liste
n'est pas publique, non plus.
M. Blank: C'est-à-dire que nous, les
députés, ne pouvons pas savoir, d'après les listes, s'il y
a vraiment une raison pour une deuxième annonce ou non?
M. O'Neill: C'est-à-dire que ce que nous vous disons, dans
le premier concours...
M. Blank: Oui, je comprends. Vous dites qu'il n'y avait aucune
personne admissible selon votre description des qualifications, etc. Combien y
en avait-il sur la deuxième liste?
M. O'Neill: C'est-à-dire que cette information, nous ne
pouvons pas vous la donner, non plus, mais les candidats qui sont retenus, la
Commission de la fonction publique, qui est maintenant l'Office de recrutement
et de sélection, communique avec ces gens, leur disant: Votre
candidature a été retenue. Les procédures qui viennent par
la suite dépendent du rang où se sont classés ces
candidats. Maintenant, en fonction de la nouvelle Loi de la Fonction publique,
celui qui s'est classé premier doit nécessairement se voir offrir
le poste.
M. Blank: Mais...
M. O'Neill: Dans le cas précis, la liste est sortie avec
un rang.
M. Blank: Oui.
M. O'Neill: La liste du 30 mars est sortie avec un rang, un,
deux, trois, tel que l'exigeait la loi qui entrait en vigueur le 1er avril.
M. Blank: Savez-vous le nombre de personnes qui étaient
sur cette liste, qui étaient qualifiées avec un rang?
M. O'Neill: Sur la liste d'admissibilité émise par
la Fonction publique le 30 mars, il y avait cinq noms.
M. Blank: Cinq noms. Savez-vous si un de ces cinq était
candidat au premier concours?
M. O'Neill: Non. Je le sais. Aucun des cinq candidats sur la
liste d'admissibilité n'était participant au premier
concours.
M. Blank: Pouvez-vous nous dire pourquoi on a trouvé des
candidats très facilement après la deuxième annonce, qui
était exactement la même que la première? Est-ce qu'il y a
une raison particulière? Pouvez-vous nous donner votre opinion?
M. O'Neill: Oui, entre les deux concours, il y a eu certainement
la disparition du quotidien Montréal-Matin, qui a laissé sur le
marché un bassin impressionnant de candidats compétents.
M. Blank: Est-ce que M. Gagnon était un employé de
Montréal-Matin?
M. O'Neill: Oui, effectivement.
M. Blank: II doit y avoir un très bon groupe.
M. Le Moignan: C'est une bonne chose, on en engage
quelques-uns.
M. Blank: Je voudrais maintenant discuter...
M. O'Neill: Une précision. Il y avait cinq noms sur la
liste d'admissibilité; les cinq étaient dans l'ordre, 1, 2, 3, 4
et 5, et le ministère a retenu le premier, dans l'ordre.
M. Blank: C'est la loi, maintenant depuis le 1er avril.
M. O'Neill: Le 1er avril, mais la liste d'admissibilité
avait été remise le 30 mars.
M. Blank: Oui, le 30 mars.
M. O'Neill: On s'est soumis à la loi dès le lundi
suivant.
M. Blank: Je vais maintenant retourner vers les "blitz"
ministériels, un sujet très proche du ministre.
M. O'Neill: II faut croire qu'on attendait la question.
M. Blank: Ce qui est intéressant, c'est que vous dites que
vous attendiez cette question, que votre dossier est prêt. Ce que je
trouve très curieux, c'est le feuilleton de l'Assemblée
nationale. Depuis le 7 mars cela fait environ un mois et demi il
y a deux questions auxquelles on n'a pas encore répondu. Aujourd'hui,
vous êtes prêt, vous avez la réponse. Est-ce que je vous
fais plus de publicité aujourd'hui que si je vous le demandais à
l'Assemblée nationale? Est-ce qu'il y a une raison technique?
M. O'Neill: Non, c'est...
M. Blank: Une minute. Un des buts principaux de notre
système parlementaire, c'est que les questions écrites sont
faites principalement pour aider les députés de l'Opposition dans
l'étude des crédits; cela nous donne une chance de nous
préparer. Il y a beaucoup de gouvernements qui l'ont fait et le
présent gouvernement l'a appris des gouvernements
précédents, il fait exactement la même chose, il essaie de
nous donner une réponse après l'étude des crédits.
Je dois dire que quand on vient ici pour étudier les crédits,
c'est parfois un voyage de pêche, parce qu'on n'a pas les
matériaux en main, même quand on a demandé des
renseignements depuis presque deux mois, on n'a pas les réponses. Je
dois dire qu'aujourd'hui, on arrive avec une réponse, on n'a pas le
temps de la vérifier. Si quelqu'un a fait une erreur, je ne dis pas que
si les réponses ne sont pas exactes, c'est quelque chose de
malhonnête, des erreurs peuvent se glisser n'importe où, on n'aura
pas la chance de vérifier. Aujourd'hui, on arrive avec des faits qu'on
n'a pas le temps de vérifier, parce que le programme sera adopté
aujourd'hui. Est-ce qu'il y a une raison particulière pour laquelle on
ne nous a pas répondu avant ce jour?
M. O'Neill: Je vous signale que le document a été
prêt lundi de la semaine dernière, parce que c'est vrai que cela a
impliqué des recherches considérables. Cela arrive souvent,
d'ailleurs, dans le cas des questions au feuilleton; on est obligé de
faire le tour de tous les ministères pour finir par décrocher les
renseignements dont on a besoin.
M. Blank: C'est parce que je constate qu'une des questions sur ce
sujet était posée par le député de
Gaspé.
M. O'Neill: Oui, mais il faut calculer le temps que ça
prend pour faire le tour avant d'avoir tous les renseignements requis. Je suis
d'accord avec vous qu'il faut éviter, dans ce domaine, des délais
très considérables, mais...
M. Blank: Oui, mais cela nous aide pour l'étude...
M. O'Neill: Par expérience, chaque fois que j'ai transmis
au personnel du ministère des questions comme celle-là, les gens
ont fait vraiment tous les efforts nécessaires pour recueillir les
renseignements le plus vite possible.
M. Blank: Je voudrais savoir quelle est la participation exacte
des bureaux régionaux du ministère des Communications dans les
tournées ou les "blitz" ministériels. Que font ces bureaux
régionaux? (16 h 30)
M. O'Neill: En fait, ils contribuent à l'organisation de
la tournée en région, pour assurer ce que j'appellerais la
logistique, c'est-à-dire les rendez-vous, les lieux de rencontre, toute
la partie qui est strictement ministérielle, qui s'étend
habituellement de 9 heures le matin à peu près à 17 heures
l'après-midi. Dès qu'il s'agit d'un autre type d'activité
qui s'y ajoute et qui ne serait pas de la nature d'une tournée
ministérielle, la participation des bureaux cesse à ce moment.
Ils remplissent leur rôle pour toutes les tournées qui ont eu
lieu, que ce soit les tournées de consultations sur les livres verts,
par exemple, les tournées qui ont été faites sur les
livres blancs, le zonage agricole; ils remplissent le rôle qui est
attendu d'eux en région, une sorte de rôle de coordination pour
s'assurer, par exemple, de la location des lieux, de la rencontre avec les
gens, des différentes délibérations. Le travail leur
revient normalement.
M. Blank: Cela voudrait dire que le ministre se coupe en deux,
quand il se rend sur place. De 9 heures à 17 heures, il y a le
ministère; de 17 heures jusqu'au lendemain matin, il est politicien
partisan. C'est cela?
M. O'Neill: II agit dans un autre secteur, dans un type
d'activité selon ce qui est normal et selon son droit, c'est cela.
M. Blank: II utilise le fait qu'il soit là à des
fins partisanes.
M. O'Neill: II est là pour des fins ministérielles
et je verrais difficilement qu'à ce moment, il revienne à
Québec et retourne rapidement pour dire que, maintenant, il fait un
autre type d'activité. Je pense que c'est le bon sens.
M. Blank: Est-ce que cela n'est pas vrai que des gens qui
rencontrent le ministre... Je ne parle pas seulement pour étudier des
livres verts où on a des groupements qui viennent présenter des
mémoires ou des commentaires, mais quand le ministre fait des rencontres
ministérielles, disons de 9 heures à 17 heures, est-ce que c'est
le bureau régional du ministre qui arrange les choses, qui décide
qui va voir le ministre et qui est invité?
M. O'Neill: Vous parlez du soir ou de la journée?
M. Blank: Non, non.
M. O'Neill: Non, pour la journée, cela s'arrange avec le
ministère concerné et le bureau régional de
Communication-Québec. C'est normal, puisqu'ils font un travail de
coordination.
M. Blank: Mais c'est eux qui décident qui va rencontrer le
ministre.
M. O'Neill: Ecoutez, cela se décide aussi par le cabinet
du ministre.
M. Blank: Oui, le cabinet politique.
M. O'Neill: Ecoutez, quand je vais en région, j'ai un mot
à dire aussi. Remarquez, prenez en
exemple mes propres tournées, je fais confiance au personnel qui
est là pour que ce soit une tournée qui soit utile, qui soit
valable. Je prends comme exemple quand on visite des industries ou qu'on fait
des consultations, des choses comme celles-là, cela se fait en
collaboration.
M. Blank: Mais pensez-vous...
M. O'Neill: Mais si vous voulez dire que ce serait imposé
par le bureau régional...
M. Blank: Oui, mais ne pensez-vous pas que ce devrait être
le ministère qui devrait faire cela? Cela n'est pas votre bureau
régional qui... Pour moi, c'est une politique de votre
ministère.
M. O'Neill: Que voulez-vous dire?
M. Blank: Je dis qu'au lieu d'être vos bureaux
régionaux qui invitent des gens, est-ce que cela ne serait pas plus
logique que ce soit le ministère des Transports ou le ministère
de la Justice qui prenne les rendez-vous pour les rencontres?
M. O'Neill: Non, les bureaux régionaux, en fait, ne sont
pas seulement au service du ministère des Communications. C'est un
service d'information et de rétroinformation, c'est au service de
l'ensemble de l'appareil gouvernemental.
M. Blank: L'information, c'est une chose, mais des "shows"
politiques, les grands spectacles, c'est une autre chose.
M. O'Neill: Est-ce que vous parlez de ce qui se passe dans la
journée ou de ce qui se passe le soir?
M. Blank: Les deux, c'est exactement le même spectacle.
M. O'Neill: Non...
M. Blank: N'essayez pas de vous couper en deux, vous ne me
convaincrez pas.
M. O'Neill: Non, non, c'est quand même une activité
gouvernementale qui est utile, qui est, je pense, valable. J'ai même
l'impression que certains ont regretté de ne pas avoir eu cette
idée avant. C'est tout à fait dans la logique de mes fonctions;
à ce moment, les bureaux régionaux remplissent le rôle qui
leur revient. C'est conforme à leur mandat de faire en sorte que ces
tournées soient évidemment le plus efficaces possible. Que cela
puisse avoir comme avantage c'est peut-être cela que vous craignez
qu'en même temps, cela donne une bonne image du gouvernement, cela
n'est pas en soi une mauvaise chose.
M. Blank: Oui, mais si vous rencontrez des gens qui sont toujours
favorables à ce que vous dites, c'est facile de montrer un bon visage du
gouvernement. Mais c'est parce que c'est vous qui invitez les gens que vous
voulez sur l'estrade ou dans une foule. Cela va aux bureaux régionaux
qui donnent les invitations.
M. O'Neill: Mon expérience là-dessus, M. le
Président, c'est qu'il arrive, dans ces rencontres, que des gens de
toute allégeance, de tout milieu, qui ne sont pas nécessairement
favorables en profitent généralement pour nous soumettre leurs
problèmes, des suggestions, et souvent, leurs doléances. Ce que
nous faisons, nous transmettons au ministère concerné, les
requêtes des gens. Par exemple, je me souviens d'un cas où
j'étais allé dans un CLSC et nous avons eu une rencontre avec le
conseil d'administration; les gens en ont profité pour nous soumettre
une série de demandes. J'arrive ici à Québec et nous
transmettons la demande au ministère concerné.
Ce ne sont pas nécessairement des gens qui nous sont favorables.
D'ailleurs, le débat ne porte pas, dans ces choses, sur des questions
politiques. Quand vous allez, dans un CLSC, elles portent sur des questions de
santé. Vous allez rencontrer le personnel, la direction d'une
entreprise, je pense que la dernière expérience que j'ai
vécue, assez récente, en janvier, dans Mégantic-Compton,
à plusieurs reprises, on nous a soumis le problème qui est
très sérieux, dans toute cette région, de
l'approvisionnement du bois pour le fonctionnement des usines.
C'est un problème qui est commun à toute cette
région. Je ne sais pas si les gens qui nous ont soumis ces propositions
ou exprimé leurs doléances étaient des gens qui nous
étaient favorables, tout le temps. J'aurais de la misère à
croire ça. Cela voudrait dire que finalement, tout le monde serait
terriblement favorable. Remarquez que cela peut être réjouissant,
pour nous. Mais quand vous rencontrez des maires, quand vous rencontrez des
directeurs d'usine, avant la rencontre, vous ne leur demandez pas quelles sont
leur allégeance politique, c'est en tant que responsables de tel ou tel
secteur, ou responsables d'une garderie. A ce moment-là, les gens en
profitent pour prendre contact avec l'appareil gouvernemental.
Dans certains cas, cela a l'avantage d'accélérer
l'étude de dossiers, ils nous disent: Nous avons envoyé un
dossier à Québec, ça prend du temps, est-ce que vous ne
pourriez pas faire quelque chose? On essaie de faire en sorte que le
ministère concerné réponde un peu plus efficacement,
enfin, le plus efficacement possible, à leurs demandes. Je
réfère toujours à mon expérience, j'ai l'impression
que mes collègues diraient la même chose, ce ne sont pas des
échanges politiques comme tels.
Si on m'invite, après tout ça, à casser la
croûte ensemble, qu'on me demande de prendre la parole, il est bien
possible que je dise des choses qui correspondent à ma vision politique.
C'est bien normal, c'est sûr. On n'attendrait pas de moi, par exemple,
quand je vais dans une place, un plaidoyer sur la grandeur du
fédéralisme ou des choses comme ça. On serait un peu
surpris. Ce que je veux dire, c'est que dans l'ensemble...
M. Blank: Vous aurez beaucoup de surprises d'ici quelque
temps.
M. O'Neill: II faut bien voir que dans l'ensemble, ces rencontres
sont des rencontres qui portent sur des problèmes souvent très
concrets d'administration gouvernementale. Des gens ont envoyé un
dossier à Québec, il y a longtemps, et ils aimeraient avoir des
réponses. C'est souvent ainsi que ça se passe.
M. Blank: Après 17 heures, quand vous allez rencontrer
votre association du Parti québécois local, pour le ministre, qui
fait les arrangements, est-ce que ce sont les bureaux régionaux?
M. O'Neill: Non.
M. Blank: Le chargé de liaison du cabinet?
M. O'Neill: Non. Le bureau régional, dans sa fonction, il
y a même eu un protocole très précis là-dessus, ne
doit pas dépasser, ne doit pas aller au-delà de ses
responsabilités.
M. Blank: Est-ce que vous pouvez donner ces fonctions, en
général? Est-ce qu'il y a une copie pour nous?
M. O'Neill: Je vais vous lire ceci, par exemple, un mandat qui a
été précisé à l'occasion de certaines
tournées. Le bureau régional est responsable de l'organisation
technique des tournées, il élabore l'horaire des tournées;
selon la décision prise par le coordonnateur de la tournée, il
réserve les salles. Ensuite, il a l'exclusivité de la convocation
de citoyens ou de groupes, après arrangement avec le ministère.
En même temps, il fait une préparation des problèmes
régionaux qui seront discutés.
C'est lui également qui a l'exclusivité des relations avec
les media dans les régions et, en même temps, l'exclusivité
de l'annonce en région des tournées. C'est sa tâche et cela
porte toujours sur la tournée proprement dite. Cela ne touche pas la
partie politique.
M. Blank: Et le bureau régional a l'exclusivité
d'arranger les rencontres. Cela veut dire que c'est vous, le ministère
des Communications, qui dirigez tous les autres ministères du
gouvernement.
M. O'Neill: Non.
M. Blank: On décide qui le ministère des Transports
va voir, qui le ministère du Revenu va voir. C'est cela? Les bureaux
régionaux ont l'exclusivité.
M. O'Neill: Non. Cela se fait en collaboration avec les
ministères concernés.
M. Blank: Mais ce n'est pas dans votre directive?
M. O'Neill: Non. Cela se fait en collaboration avec les
ministères concernés, mais c'est nous qui, ayant l'appareil
d'information, ayant l'appareil de contact, de coordination et les
autres ministères n'ont pas cela mettons cet appareil au service
des ministères concernés pour les tournées.
M. Blank: Est-ce que le ministre vous donne une liste des gens
qu'il veut voir aussi?
M. O'Neill: Oui, dans certains cas. Je vais vous donner des
exemples de tournées. Dans le cas, par exemple, du livre vert sur
l'enseignement primaire et secondaire, à ce moment-là, le
ministre doit lui-même préciser quels groupes de citoyens il
désire rencontrer. C'est la même chose pour les audiences
publiques sur le zonage agricole.
M. Blank: Mais quand je parle des "blitz" des ministres, je ne
parle pas de ces choses-là. Deux ou trois fois par année, le
gouvernement annonce qu'il va y avoir un "blitz" des ministres qui vont se
promener partout dans la province. Je parle de ces "blitz "-là. Je ne
parle pas de ces affaires-là. Cela, c'est facile à comprendre ce
qui se passe.
Je parle du cas où trois ou quatre ministres disent: On va aller
en Gaspésie en fin de semaine. Arrangez-nous une tournée.
M. O'Neill: Cela se fait en collaboration avec le
ministère concerné. Mais ce n'est pas nous, ce n'est pas le
ministère des Communications.
M. Blank: Ce n'est pas le ministère des Communications qui
arrange cela?
M. O'Neill: Nos bureaux régionaux travaillent, mais il
faut que ce soit en collaboration avec le ministère concerné.
M. Blank: Mais pensez-vous que ce n'est pas un peu politique,
cette affaire-là? Des ministres qui se promènent en "blitz", pas
pour des raisons spéciales, en "blitz". J'utilise le mot que vous avez
inventé.
M. O'Neill: Cela dépend comment vous les jugez. Il est
certain que quelqu'un peut voir cela comme une tournée. Une
tournée, cela revêt un caractère politique. Un ministre,
c'est un personnage politique, comme un député, d'ailleurs. A ce
moment-là, cela a deux buts. C'est évident. L'un, c'est un but
d'information, mais l'autre but, qui est peut-être celui qui occupe la
plus grande place dans les tournées, si je m'en tiens à ma propre
expérience, c'est la rétroinformation, c'est-à-dire ce que
nous allons cueillir comme information. Je mets toujours à part la
partie du soir, qui a un caractère spécial.
M. Blank: C'est intéressant, on vous coupe à 17
heures, juste à l'heure du cocktail. Est-ce qu'on pourrait
déposer ou nous donner une copie de ce protocole de directives?
M. O'Neill: Oui, je n'y ai pas objection.
M. Blank: II n'y a pas de confidentialité dans cela?
M. O'Neill: Non, je n'ai pas de... J'ai ce texte-ci. Je pourrais
vous donner, d'une part... Vous avez deux choses. J'ai sous les yeux quelque
chose que je pourrais vous donner parce que cela a été
appliqué comme tel, le mandat qui a été
appliqué.
M. Blank: Mais est-ce que vous avez objection à
déposer tout le document, ses détails?
M. O'Neill: La deuxième partie, la seule chose qui est
peut-être un peu différente, ce n'est pas encore approuvé.
C'est le protocole d'entente qui a été remanié et qui
n'est pas encore approuvé.
M. Blank: Cela veut dire que dans toutes les tournées
effectuées jusqu'à maintenant, ce protocole n'était pas
appliqué? Est-ce qu'il y en avait un autre, ou s'il n'y avait rien du
tout?
M. O'Neill: Non. Vous avez la partie qui a déjà
servi, qui pourrait servir de document. L'autre, étant donné
qu'elle n'a pas encore été adoptée, il serait
peut-être mieux d'attendre. D'accord?
M. Blank: D'accord.
Sur un autre sujet, maintenant. C'est dommage que le
député de Saint-Laurent ne soit pas ici. Le député
de Saint-Laurent, qui est vraiment responsable de ce dossier, comme vous le
savez, est actuellement retenu à l'Assemblée nationale; il donne
un discours maintenant et finira peut-être dans une demi-heure. Quand il
reviendra, peut-être pourra-t-il avoir une ou deux questions
particulières sur des programmes qu'on a déjà
adoptés, pas en général, mais seulement une ou deux
questions peut-être que je n'avais pas en tête. Je ne sais pas si
le ministre pourrait lui permettre... (16 h 45)
Je vais couvrir un sujet qui tient à coeur au
député de Saint-Laurent. Je vais le couvrir en
général. C'est ce qu'on appelle en anglais "freedom of
information", l'accès à l'information gouvernementale. Il y a
longtemps que le ministre prétend qu'il faut rendre plus accessible
l'information gouvernementale. Je veux savoir quel geste concret le ministre a
prévu à cet effet dans le présent exercice financier.
M. O'Neill: Parmi les mesures qui correspondent à
l'amélioration de l'information gouvernementale...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, s'il vous plaît, avant de... Je vois que le
député de Gaspé me fait un petit signe.
M. O'Neill: Peut-être.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
qu'en vertu de notre règlement...
M. Blank: Je vais lui laisser la parole après cette
question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
d'accord, parce qu'il y a quand même un règlement qui
prévoit des minutes...
M. Blank: C'est d'accord. Après cette question, je vais me
reposer un peu. Ce sont des gestes concrets.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Dans le domaine de l'accessibilité à
l'information gouvernementale, remarquez qu'on pourrait peut-être
mentionner, au départ, les tournées ministérielles, parce
que c'est une excellente façon de diffuser l'information gouvernementale
et c'est surtout une excellente manière aussi de recevoir de
l'information de la part des citoyens.
Ce qui se fait, ce qui a été décidé et qui
est important cette année et qui va maintenant se continuer, se
perfectionner, c'est l'activité de coordination de l'information qui se
fait par le conseil des directeurs des communications, qui se fait aussi par le
centre de services en communications du gouvernement du Québec,
évidemment, qui se fait par la publicité, qui est une forme
d'information, et qui se fait aussi par le développement du
réseau Communication-Québec. Font partie également de
l'information tous les types d'activités, par exemple, comme celle
d'aujourd'hui, celle d'un dépôt de livre vert sur tel ou tel
problème en prévision de l'adoption d'une loi. C'est
également un secteur de l'information.
Dans les bureaux de Communication-Québec, que nous
espérons pouvoir augmenter, dont nous espérons pouvoir
accroître le nombre, tel que mentionné dans le document,
évidemment, ce que nous cherchons aussi, c'est même de nous
fournir de l'aide, si vous voulez, pour perfectionner le personnel pour qu'il
puisse rendre à la population de meilleurs services, lorsque la
population requiert des renseignements.
M. Blank: Je pense que le ministre...
M. O'Neill: Je ne sais pas si je devrais mentionner...
M. Blank: Ce n'est pas cette information, je suis certain que le
gouvernement a fait un progrès sur tous les gouvernements
antérieurs afin de rendre l'information comme on dit statutaire. Que
vais-je avoir pour mon enfant comme allocation familiale? Quel âge
dois-je avoir pour obtenir un permis de conduire? Je suis d'accord que vous
avez fait certains progrès sur cette information pour mieux informer le
public, mais je parle de l'information que le gouvernement ne veut pas donner.
Si, comme réclamant à la CAT, je veux voir mon dossier, c'est
cela dont je parle, des études commandées par le gouvernement
payées par les contribuables, les fonds publics, c'est là. Je
sais qu'aux Etats-Unis, le Congrès américain a
adopté une loi qui s'appelle le "Freedom of Information Act". Il
y en a une actuellement sur les tablettes à Ottawa en vue de... Non,
elle a été adoptée. Au fédéral, les gens ont
accès aux dossiers criminels, aux dossiers de santé, à
n'importe quel dossier. On peut même demander au gouvernement
fédéral toute l'information qu'il a sur moi. Il est obligé
de la donner, sauf en plaidant la sécurité de l'Etat. C'est la
seule raison ou l'intérêt public dans un sens particulier. C'est
cela que je demande. Quel geste posera le ministre pour donner une telle
occasion aux citoyens du Québec d'avoir cette information.
M. O'Neill: C'est-à-dire qu'à ce moment, la
question que vous posez, ce serait l'affirmation par voie législative
d'un droit à l'information. C'est cela que vous voulez, c'est cela?
M. Blank: Oui, ce serait un moyen. Ce serait peut-être
aussi un moyen par arrêté en conseil aussi.
M. O'Neill: Pour ce qui est d'utiliser ce processus, tout ce que
je peux vous répondre, c'est que c'est vraiment à
l'étude.
M. Blank: C'est à l'étude. Verrons-nous
renaître l'Office d'information du Québec ou un autre office,
à la suite du mandat confié au sous-ministre adjoint, Jean
Laurin, par la décision no 78-239, du 12 juillet 1978? C'est une
question.
M. O'Neill: Vous verrez ce que vous voyez, tout simplement. Vous
voyez une activité de coordination de l'information qui est très
différente de cet ex-office auquel vous faites allusion, qui
centralisait considérablement l'information. Disons que nous nous sommes
arrêtés à l'idée de coordination. Je souligne ce
mot. J'ai vu que, ce matin, M. le député de Gaspé
l'utilisait avec une certaine réserve. Autrement dit, nous laissons...
Le système prévoit le respect de l'autonomie de chacun des
ministères concernés, mais leur demande de travailler ensemble
par ce conseil des directeurs des communications. Nous mettons à leur
service une expertise technique qui est au centre des services des
communications. Pour ceux qui ont connu ce qui existait autrefois, je pense
qu'il s'agit de quelque chose qui est bien loin de cela. On pourrait dire que,
dans l'histoire du gouvernement, dans les récentes années, vous
avez eu, à un moment donné, cette centralisation qui a
duré quelques années. Après cela, on est arrivé
à une sorte de balkanisation complète dont personne n'est en
mesure d'évaluer les coûts et au sujet desquels on s'interrogeait
quant à l'efficacité. Ce qu'on a choisi comme méthode ici,
c'est une sorte de coordination qui suppose une collaboration de chacun des
ministères, c'est-à-dire une volonté de collaborer. A ce
point de vue, la première étape montre que cette volonté
de collaborer existe quand même et nous permet d'atteindre des
résultats assez intéressants.
M. Blank: Au conseil des directeurs des communications et au
secrétariat permanent, qu'est-ce qu'il advient de cette affaire? Combien
de personnes sont impliquées ou travaillent à ce dossier, les
gens qui sont dans le cabinet du ministre des Communications et les autres qui
viennent des autres ministères?
M. O'Neill: D'autres ministères, il n'y en a pas. Le
conseil des directeurs des communications qui est un organisme consultatif a un
secrétariat permanent qui lui fournit, par le ministère des
Communications, tel qu'il apparaît dans l'organigramme, avec un
secrétaire exécutif et deux professionnels ou un professionnel
à temps plein et un qui travaille à temps partiel... On pourrait
dire cet après-midi qu'il y a deux professionnels qui y travaillent et
un secrétaire exécutif.
M. Blank: Sur le même sujet encore, à la page 15, je
lis que vous avez quinze directeurs des communications pour les autres
ministères c'est le conseil de directeurs et six
directeurs des communications d'organismes gouvernementaux. Est-ce qu'on peut
avoir les noms de ces personnes? Vous nous fournirez la liste demain et la
liste des permanents.
M. O'Neill: II y a certainement les vingt-quatre des
ministères, plus les trois principales régies.
M. Blank: Vous avez six directeurs des communications...
M. O'Neill: Cela inclut la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, l'assurance automobile, la Régie des rentes du
Québec, l'Office de la langue française, le Conseil du statut de
la femme et l'OPDQ.
M. Blank: Ce sont les directeurs de chacun... Il n'y a pas de
remplacement?
M. O'Neill: S'ajoutera bientôt le directeur des
communications du nouvel office de recrutement. Cela fera sept.
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais revenir
à certaines questions générales posées ce matin.
L'une de ces questions... J'ai parlé avec beaucoup d'éloges de M.
Laurin, en citant un article de Mlle Lysiane Gagnon, qu'il a déjà
lu lui-même. Maintenant, j'ai parlé de monopole dans
l'information. Je crois que, dernièrement, il y a des agents de liaison
dans les divers cabinets qui ont été nommés. Ces agents de
liaison communiquent ou ont des relations avec le ministère des
Communications.
Est-ce que je m'exprime bien? Est-ce que ça existe comme
ça, des agents de liaison qui sont chargés d'informer les
ministres de toutes les activités politiques, extrapolitiques ou
n'importe quoi? C'est un projet ou ça n'existe pas dans le moment?
M. O'Neill: Ecoutez, pour les agents de liaison, c'est
peut-être récent le fait qu'on les appelle les agents de liaison,
mais c'est une vieille institution. On leur a donné un nom.
M. Le Moignan: Mais comment les appeliez-vous avant?
M. O'Neill: Je ne sais pas. Il faudrait demander à ceux
qui nous ont précédés s'ils leur donnaient un nom.
C'est-à-dire que ce sont des agents de coordination, entre autres, entre
les divers cabinets politiques. Ils ont des rencontres à l'occasion. Je
ne sais pas à quel rythme, mais ils font leur travail de membres d'un
personnel politique.
M. Le Moignan: Mais, ces agents, est-ce qu'ils ont accès
à toutes les informations qui entrent ou qui sortent des
ministères?
M. O'Neill: Ils font partie du cabinet politique du ministre.
M. Le Moignan: Du ministre, mais est-ce qu'ils sont en relation
avec les autres ministères en même temps pour coordonner
l'information, les communications? Parce que quand on a parlé de
monopole ce matin...
M. O'Neill: Non, ce n'est pas leur travail. C'est un travail
politique. Un agent de liaison, c'est un membre d'un cabinet politique. Alors,
il a accès aux informations auxquelles le ministre a accès, si le
ministre lui en parle. Habituellement, c'est ce qui arrive de toute
manière. Mais j'essaie de comprendre votre question. Ce ne sont pas des
directeurs des communications. Il s'agit bien de savoir...
M. Le Moignan: Non, ils sont plutôt des agents
politiques.
M. O'Neill: Oui, reliés au cabinet politique...
M. Le Moignan: Attachés...
M. O'Neill: C'est ça.
M. Le Moignan: ... au cabinet politique.
M. O'Neill: C'est ça. Ceux qui sont responsables de
l'information ailleurs, ce sont les directeurs des communications. Ces derniers
appartiennent à la Fonction publique et ce sont eux qui sont
regroupés dans ce Conseil des directeurs des communications. Cela
n'appartient pas au cabinet politique. Ces gens-là relèvent de la
fonction publique. Ce n'est pas la même chose.
M. Le Moignan: Mais les fonctions de M. Laurir, elles sont
nouvelles.
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: ... M. Laurin va chapeauter toute l'information,
les communications, M. Laurin va rendre compte au ministre des Communications
oui? Il n'y a aucun doute. Mais jusqu'où votre rôle va-t-il
s'étendre? Quelles sont vos attributions selon votre rôle?
M. O'Neill: Nous pourrions utiliser en fait l'organigramme qui
suit la page 6. Le directeur adjoint à l'information relève du
sous-ministre et est responsable, donc, ici, de tous les services liés
à l'information: le Service des media, le champ des communications
régionales, le Bureau de la gestion publicitaire, la Centrale de
renseignements, tout ce que vous avez dans la partie de gauche de
l'organigramme et, en même temps, donc, il coordonne les activités
du Conseil des directeurs des communications et dirige le secrétariat
permanent.
Il y aurait peut-être une précision qu'il faudrait ajouter.
Les directeurs des communications que vous voyez là, qui forment le
conseil, relèvent chacun de son ministère. Ils ne relèvent
pas du ministère des Communications. Tout ce que fait ici le
sous-ministre adjoint, il les réunit pour une action de coordination,
mais ils ne relèvent pas du ministère des Communications
proprement dit. Ils font leur travail chacun dans son ministère.
M. Le Moignan: On a parlé de fichier central. Le fichier
central, ça relève directement...
M. O'Neill: Quel fichier central? M. Le Moignan: Le
fichier central... M. O'Neill: Lequel?
M. Le Moignan: Celui du ministère des Communications,
celui qui concerne les contrats de publicité comme au ministère
des Transports ou d'autres ministères.
M. O'Neill: Ah! C'est le Service général des achats
qui administre tous les sept fichiers du gouvernement. La responsabilité
du ministère des Communications touche les directeurs concernant la
sélection des agences de publicité, le mode de sélection,
la constitution des jurys, etc. Le SGA est responsable de monter le fichier, de
le maintenir, de l'administrer et de fournir les noms au ministère
requérant lorsqu'il y a une réquisition de
présentée, le rôle et la responsabilité du
ministère des Communications et le mode de sélection des agences
de publicité par jury.
M. Blank: Est-ce que c'est par arrêté en conseil ou
si ce sont des directives qui viennent de vous?
M. O'Neill: Oui, du Conseil du trésor.
M. Blank: Du Conseil du trésor, recommandé par le
ministre des Communications? (17 heures)
M. O'Neill: C'est l'établissement du fichier qui a
été fait en...
M. Blank: Vous dites que les normes, c'est vous qui les
fixez?
M. O'Neill: Cela a été préparé avec
le Conseil du trésor; c'est le Conseil du trésor, d'ailleurs, qui
a donné la directive que vous avez, du 14 février 1978,
modifiée et refondue par un CT du 17 octobre 1978.
M. Le Moignan: A ce moment-là, si...
M. Blank: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de cela?
M. O'Neill: Cette copie a déjà été
déposée à l'Assemblée nationale.
M. Blank: Oui?
M. Le Moignan: Est-ce qu'une même agence peut entrer au
fichier sous des noms différents?
M. O'Neill: Une même agence sous des noms
différents?
M. Le Moignan: Oui, sous des noms différents; à ce
moment-là, elles ont des chances de faire sortir un contrat...
M. O'Neill: Ma réponse est à la fois non et oui.
Non, une même entité juridique ne peut se présenter sous
des noms différents, mais il est possible, pour une personne,
d'incorporer des compagnies différentes et si elle remplit les
critères d'admission, elle est admissible.
M. Le Moignan: On connaît des compagnies qui ont sept ou
huit filiales, mais, en somme, c'est la même compagnie qui fonctionne
à différents endroits. Au point de vue publicité, cela ne
fonctionnerait pas comme cela.
M. O'Neill: A ce que vous dites, sept ou huit filiales, je n'ai
pas d'exemple de cela au Québec.
M. Le Moignan: Je ne parle pas du domaine de la publicité,
je parle d'autres domaines.
M. O'Neill: Dans d'autres domaines, je ne le sais pas.
M. Le Moignan: Cela pourrait se produire en publicité et
une compagnie aurait plus d'avantages parce qu'elle porterait des noms
différents.
L'an dernier, quand on nous a donné des statistiques sur les
contrats octroyés, on a Con-ceptat à qui on a donné $34
825.30; quand on regarde, par ailleurs, les dépenses de publicité
pour la même compagnie, on arrive à $245 000. Je ne sais pas
si...
M. O'Neill: Si vous voulez que je vous donne une réponse
précise, il faudrait que ce soit beaucoup plus précis. Quand vous
dites: L'année passée, Conceptat...
M. Le Moignan: Pour 1978/79. Quand on donne la grande liste ici
et quand on arrive sur une autre feuille de dépenses de
publicité... C'est le ministère de l'énergie.
M. O'Neill: A quelle date se situe le contrat dont vous faites
mention?
M. Le Moignan: II y a des numéros d'autorisation, il n'y a
pas de date qui figure...
M. O'Neill: Quel est le numéro du CT?
M. Le Moignan: Décision du Conseil des ministres 79-73 du
4 avril 1979.
M. O'Neill: 4 avril 1979? Avril 1979? Je m'excuse, ce n'est pas
encore arrivé.
M. Le Moignan: On a seulement les numéros
d'autorisation.
M. O'Neill: Quel est le numéro d'autorisation?
M. Le Moignan: Le premier, c'est 11-01-13,11-15-50 et
11-22-22.
M. O'Neill: Si c'est avril 1979, l'étude a porté
sur l'année budgétaire d'avril à mars de cette
année.
M. Le Moignan: C'est pourtant indiqué "Dépenses de
publicité pour 1978/79 ".
M. O'Neill: II faudrait que vous me donniez plus de
précisions, parce que...
M. Le Moignan: Le 4 avril 1979, c'étaient les
prévisions de publicité pour 1979/80 pour la même
compagnie; cela n'inclut pas les chiffres que je vous ai donnés, $245
000. On pourra vous montrer cette feuille après. On va regarder cela
après.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Le Moignan: On a des montants pour 1978/79 sur la même
page également, pour $245 000, des montants pour 1979/80 que je n'ai pas
comptés dans les $245 000. On peut laisser tomber pour le moment.
M. O'Neill: Non, c'est...
M. Le Moignan: Vous voulez le clarifier tout de suite?
M. O'Neill: Si vous voulez, on va le clarifier, vous allez rester
sur votre appétit.
M. Le Moignan: Mais vous n'avez pas cette feuille, je peux vous
faire faire une photocopie et vous la donner. Je peux passer à autre
chose en attendant.
Le Président (M. Vaillancourt-Jonquière):
Oui, d'accord. M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Ce matin, M. le ministre, on a parlé de
l'organisation de l'information administrative au sein du gouvernement. Dans
votre document, on dit que c'est une première étape du
réaménagement de l'information gouvernementale. Je vous avais
demandé à ce moment quels seraient les autres étapes.
Est-ce que vous pouvez me fournir des explications à ce stade?
M. O'Neill: II y a deux choses dans le cas de l'information, on a
parlé tout à l'heure par exemple d'une mesure comme l'extension
du bureau de Communication-Québec. Si vous parlez du cas de la
publicité, ce à quoi nous pensons dans le moment
d'ailleurs, je crois que c'est mentionné dans le document c'est
de voir s'il n'y a pas lieu, maintenant que les choses sont pas mal
rodées, d'inviter d'autres organismes c'est peut-être le
cas de certaines sociétés d'Etat à également
suivre un peu les mêmes procédures pour en arriver à une
administration plus rigoureuse des fonds publics dans ce secteur. Ce n'est pas
dans le sens de la création de quelque chose de nouveau, on n'a pas cela
dans le moment comme objecif. C'est surtout de perfectionner le système,
le rendre encore plus efficace et ensuite lui donner une certaine expansion.
Remarquez qu'on ne peut pas avoir comme ambition de soumettre à ce
système des entreprises je pense au type de
l'Hydro-Québec, qui a sa propre loi et ses propres services dans le
domaine on n'aura pas la prétention d'intervenir dans cela. On
peut souhaiter, évidemment, que les mêmes types de
procédure utilisés soient utilisés partout, puisque si on
estime que c'est valable ici, cela devrait être valable ailleurs. Mais,
dans le moment, c'est ce qu'on a simplement, en vue, il n'y a pas autre chose
en vue, il s'agit de perfectionner ce système.
M. Le Moignan: J'ai insisté ce matin sur la propagande, la
publicité. Je ne sais pas si le ministre était d'accord avec moi
à ce moment. On a parlé d'informer le public qui a droit à
l'information. Quelle distinction le ministre fait-il entre la propagande
partisane et la véritable information?
M. O'Neill: Je pense que c'est un...
M. Le Moignan: Est-ce que cela n'est pas un point que vous
devriez réviser pour donner une meilleure information et non pas faire
simplement de la propagande? Est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose à
retoucher là-dedans?
M. O'Neill: Votre question présume, présuppose
qu'il y aurait propagande?
M. Le Moignan: Oui, oui, il y a propagande. M. O'Neill:
C'est vous qui le dites.
M. Le Moignan: Je l'admets.
M. O'Neill: Vous permettez que je vous laisse la paternité
de cette idée ou de cette affirmation. Je pourrais reprendre le
débat qui a eu lieu déjà. C'est de savoir quel type
d'information on doit donner aux gens. Quand vous avez une information qui
prend l'allure d'une promotion, essayer par exemple de modifier les
comportements, je pense à la publicité du ministère de la
Santé, j'appellerais cela une sorte de publicité, de promotion
d'une idée, ou celle du ministère des Loisirs, je n'emploierais
pas le mot "propagande". Vous allez reconnaître avec moi, de toute
façon, que c'est un mot assez élastique dans son
interprétation. Pour nous, il est sûr que la publicité est
une forme d'information.
M. Le Moignan: Oui, elle peut être une forme d'information.
Mais, comme on a dit ce matin et comme le rapport CROP le dit, vous profitez de
l'émotivité des gens. "On s'attache au Québec". Je n'ai
pas d'objection à m'attacher au Québec ou à m'attacher
à ma Gaspésie ou bien au Canada, mais "On s'attache au
Québec", à force d'entendre le même slogan,
répété tant de fois, cela peut avoir une grande
connotation, la sublimation, justement. Avec l'idée qu'on s'attache au
Québec, on en vient à force de l'entendre comme "la
personne avant toute chose" persuadé qu'il n'y a que le
Québec qui compte; on s'attache au Québec, donc on se
détache du Canada. C'est dans ce sens que je voudrais avoir plus
de...
M. Laberge: Cela peut aller jusque-là!
M. Le Moignan: Cela peut aller jusque-là, oui.
M. Laberge: M. le Président.
M. Le Moignan: Cela peut aller jusque-là, M. le ministre
le sait très bien, il suffit de le voir rire. On s'attache au
Québec, M. le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Le Moignan: Donc, on se détache, si on s'attache trop
fort.
M. O'Neill: Ecoutez, M. le Président, je dirais au
député de Gaspé que j'essaie toujours, depuis que je suis
marié, de bien m'attacher à ma femme. Mais je ne me
détache pas des autres citoyens, je veux dire que j'essaie de les aimer
convenablement, de façon chrétienne. Mais il n'y a pas
d'opposition.
J'ai l'impression, dans tout cela, qu'il y a un élément de
subjectivité considérable et il est certain que cette
publicité dont on a tellement parlé, On s'attache au
Québec, a plu beaucoup à certains et j'aimerais que ceux à
qui cela a déplu s'interrogent sur eux-mêmes; je crois qu'il y
aurait des questions à se poser.
Deuxièmement, nous n'avons rien inventé,
c'est-à-dire que les agences qui ont utilisé ces
slogans, finalement, n'ont rien inventé. On me donnait
récemment l'exemple de l'Ontario, une publicité disant que les
pommes de l'Ontario sont les meilleures du monde. Je ne sais pas, c'est
sûrement de la promotion, je n'appellerais pas ça de la
propagande, mais c'est tout à fait normal.
Ce qui m'intrigue dans ce débat que j'essaie d'ailleurs d'aborder
sereinement, c'est que, finalement, les agences mettent à la disposition
du gouvernement, dans des contrats, leur talent de com-municateurs comme elles
le font quand elles sont dans d'autres secteurs, comme elles le font quand
elles font des annonces pour le gouvernement fédéral, c'est la
même chose.
Je vois des annonces à la télévision où,
à un moment donné, je sens très bien la petite couleur. Je
pense à cette annonce du MEER dans tout le Québec; d'ailleurs,
semble-t-il, elle a été tellement ambiguë dans ses effets
que, paraît-il, on ne l'utilise plus. C'est tout à fait normal.
C'est de la publicité qui a une couleur et on veut convaincre des gens,
les intéresser, on veut développer chez eux certaines attitudes
dans tel ou tel domaine. Il se fait ici ce qui se fait ailleurs dans une
société vous le disiez vous-même ce matin
où la publicité occupe une place importante. Ce qui est
légitime pour tout le monde, c'est sûrement légitime pour
les Québécois aussi.
Si j'étais de ceux que ce type de publicité agace, je
m'interrogerais...
M. Le Moignan: Vous devriez vous interroger, comme ministre des
Communications.
M. O'Neill: ... parce que, vraiment, je crois qu'il n'y a pas de
problème là. C'est un élément de notre civilisation
occidentale d'utiliser la publicité, d'essayer de convaincre les gens.
Il est très normal que, quand c'est une publicité de
gouvernement, quand ça se fait au Québec, les thèmes
utilisés soient des thèmes qui disent quelque chose aux gens. Il
n'y a pas une agence qui a intérêt tout à coup à
proposer une campagne de publicité qui tomberait à l'eau. Ce ne
serait pas bon pour son bilan. On aime bien que cela ait des effets. J'imagine
que des agences qui vont voir le rapport CROP, dans certains cas, vont
être un peu déçues parce qu'elles s'aperçoivent que
certaines campagnes faites par d'autres agences ont bien réussi et que
la leur a moins bien réussi. C'est le propre d'une agence de
publicité de vouloir faire accepter un produit.
M. Le Moignan: Mais comment éliminer cette zone grise
entre une publicité propagandiste et une information vraiment
"publicisée"? Vous avez parlé de vos tournées
ministérielles. Vous voulez donner une meilleure image du gouvernement.
Il me semble que les gouvernements antérieurs n'avaient pas besoin de
ces tournées pour donner une image. Les gens avaient déjà
l'image.
M. O'Neill: Ils auraient peut-être dû en faire. M.
Le Moignan: Vous faites une tournée qui est à la fois une
tournée administrative et gouvernementale et vous combinez
évidemment l'aspect politique, parce qu'il y a des heures dans la
journée qui vous appartiennent. Vous avez des amis dans les
comtés et vous faites tout ça ensemble, mais avec la
publicité gouvernementale. Ces exemples sont faciles à trouver.
Je n'en donnerai pas, mais vous comprenez ce que je veux dire.
M. O'Neill: Pas votre dernière phrase, je ne comprends
pas; vous dites: Vous faites tout ça ensemble avec la
publicité.
M. Le Moignan: Un exemple, l'inauguration de
Radio-Gaspésie.
M. O'Neill: Cela a été agréable, j'ai bien
aimé ça. (17 h 15)
M. Le Moignan: Grâce à votre invitation, j'ai
voyagé avec le ministre qui a très bien rempli son rôle,
mais cela ne l'a pas empêché, et cela ne m'a pas
empêché non plus, d'un autre côté, d'aller rencontrer
quelques amis dans une salle. Et le ministre avait le droit de rencontrer
l'organisation ou l'exécutif du comté. Je ne dis pas qu'il l'a
fait. Il avait la possibilité de le faire. De fait, il ne l'a pas fait,
on n'a pas eu le temps. Mais le ministre avait toute la possibilité de
le faire.
M. O'Neill: Mais oui, il ne nous est pas défendu de
rencontrer les membres du PQ quand nous circulons en région.
M. Le Moignan: Mais à ce moment-là, quant à
votre publicité, vous combinez les deux. Un voyage pour le gouvernement
et, en même temps, vous faites une belle démonstration
péquiste, à côté.
M. O'Neill: Oui, parce qu'il s'adonne...
M. Le Moignan: C'est un concours de circonstances.
M. O'Neill: Oui, parce qu'il s'adonne que les ministres de ce
gouvernement, suite à une décision de la population, sont les
ministres qui sont membres d'un tel parti, ainsi la population en a voulu,
comme il s'adonnait autrefois que, quand un ministre circulait, les gens
disaient: C'est un ministre libéral. C'est la chose la plus ordinaire,
normale et régulière au monde. Et c'est ainsi sous tous les
gouvernements. M. Trudeau procède de cette façon-là. C'est
bien sûr que quand le ministre s'en va inaugurer Radio-Gaspésie,
il y va comme ministre du gouvernement. Les gens savent que c'est un
gouvernement du Parti québécois. C'est évident, ce que
vous constatez là. C'est une vérité de La Palice. Il n'y a
aucune difficulté. Je ne vois pas du tout le problème que cela
pose.
M. Le Moignan: Cela ne pose pas de problème, mais c'est
cela qu'on appelle une zone grise. Cela peut être très partisan et
en même temps,
cela peut être aussi administratif et gouvernemental. C'est
très facile de combiner les deux.
M. O'Neill: Oui. C'est la même personne qui est ministre,
qui est député, qui est membre d'un parti politique, c'est
certain. Mais il s'agit de savoir si, à ce moment-là, il
accomplit vraiment une fonction gouvernementale. Et dans le cas que vous
donnez, c'est un cas, me semble-t-il, qui illustre bien cela. Il s'agissait
d'accomplir une fonction gouvernementale, de s'unir à la population
locale parmi laquelle il y avait sans doute des représentants de tous
les partis politiques, entre autres l'Union Nationale...
M. Le Moignan: Très bien représentée.
M. O'Neill: Très bien représentée, comme
vous dites. Et c'est ainsi que cela s'est passé. C'est toujours ainsi
que cela se passe. J'essaie d'imaginer comment cela pourrait se passer
autrement? Je ne vois vraiment pas le problème. Je sais que cela peut
agacer, parce que si quelqu'un dit: Si ce ministre était libéral
ou membre de l'Union Nationale, cela me plairait davantage. Mais il s'adonne,
dans les faits, que depuis le 15 novembre, les choses ont changé. C'est
comme cela que cela se passe en démocratie.
M. Le Moignan: Et cela va changer encore. C'est la vie.
M. O'Neill: Cela peut arriver, des choses comme cela. Evidemment,
dans combien d'années?
M. Le Moignan: En parlant de communications, il y a un film
intitulé "Have we got a winter for you?". Est-ce que cela relève
du ministère des Communications ou du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche? C'est un film qui a été
préparé à l'intention des Anglais, des Américains,
j'imagine, et qui a coûté $70 000. Il aurait été
retiré du marché à cause d'une mauvaise qualité.
Est-ce vrai ou faux?
M. O'Neill: J'en sais vraiment rien. Cela n'a sûrement pas
été produit chez nous. Cela a toutes les chances d'avoir
été produit par le secteur du tourisme, j'imagine, si vous parlez
d'une publicité faite à l'étranger, pour attirer les
touristes, c'est cela?
M. Le Moignan: Oui. Mais cela ne relève pas directement de
votre ministère?
M. O'Neill: Non. Il faudrait poser la question au moment de la
défense des crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Le Moignan: C'est simplement pour savoir.
M. Beauséjour: J'aurais une explication pour
éclairer la zone grise du député de Gaspé. Ce que
je trouve curieux, c'est que lorsqu'il y a de la publicité comme "Tout
le monde s'attache au Québec", c'est comme si le mot "Québec" qui
vient dans la publicité, entrait dans votre zone grise. Le Québec
appartient à tout le monde au Québec que je sache. Je ne vois pas
pourquoi on ne l'utiliserait pas. Cela n'appartient pas au Parti
québécois. Si on disait: "On s'attache au Parti
québécois", d'accord, ce serait partisan. Mais le drapeau
fleurdelisé, vous l'avez à la boutonnière, il appartient
à tous les Québécois. Je ne vois pas pourquoi on ne ferait
pas une promotion de ce qui appartient à tout le monde.
Il y a deux attitudes. Il y a des publicités qui sont proprement
d'information, point. Et il y en a d'autres qui sont pour apporter une attitude
des citoyens qui vivent dans ce territoire. Et quand je vois "Au Québec,
on se tient en santé" ou quelque chose comme cela, c'est pour amener une
attitude des gens.
M. Le Moignan: II y a une chose, c'est l'utilisation. J'ai
protesté contre la mauvaise utilisation, parce que vous donnez
l'impression aux gens que le Québec appartient au Parti
québécois. Cela m'appartient aussi, mais c'est l'utilisation.
M. Beauséjour: C'est exact et, à la fin du message,
si vous remarquez bien, c'est bien inscrit: Message du ministère des
Communications du Québec. C'est comme s'il fallait, comme la peste,
faire disparaître qu'on existe au Québec. Cela appartient à
tout le monde. Je trouve qu'un gouvernement doit justement, dans sa
publicité c'est tout à fait normal en parler.
M. Le Moignan: C'est parce que vous voulez donner l'image. Comme
on a dit ce matin, c'est l'image du gouvernement...
M. Beauséjour: Même le député de
Beauce-Sud...
M. Le Moignan: Beauce-Sud, oui, je sais que c'est un de vos
grands amis.
M. Blank: Beauce-Sud... au fédéral.
M. Beauséjour: ... excusez-moi, de Gaspé, dans les
commissions...
M. Le Moignan: Vous le suivez par la pensée durant sa
campagne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre!
M. Blank: Vous êtes rendu créditiste maintenant.
M. Beauséjour: J'ai souvent eu le député de
Beauce-Sud, presque à toutes mes commissions. Je dirais au
député de Gaspé que, franchement, cela me fait presque
honte. Il faudrait qu'il regarde le passé de son parti. Il a
été quand même assez fier, historiquement, d'être un
gouvernement du Québec.
M. Le Moignan: Nous sommes encore fiers d'être un parti du
Québec, un parti québécois, l'Union Nationale. On ne veut
pas renoncer à cela.
M. Beauséjour: Autrefois, c'était l'Union
Nationale, aujourd'hui, je dirais que c'est plutôt la désunion
nationale.
M. Le Moignan: Voyons, on est plus uni que jamais.
M. Blank: Avec deux Biron!
M. Beauséjour: Je vois que cela reste quand même
dans la limite d'une publicité qui peut être de deux styles:
d'information propre ou bien de promotion, pour amener les citoyens à
une attitude. Quand on parle justement de "Au Québec, se tenir en
santé", c'est pour amener les gens à prendre une attitude dans ce
sens-là, soit sur la...
M. Le Moignan: Toutes les annonces ne sont pas faites dans ce
sens-là. C'est un bon exemple que vous donnez, mais il y en a d'autres
comme "Tout le monde s'attache au Québec" ou n'importe quoi. Cela peut
prendre un autre signification qui sera exploitée en temps et lieu, plus
tard.
M. Beauséjour: Je vais vous dire franchement que vous
m'avez fait faire une découverte, parce que je l'ai lue plus tôt
et j'ai vu une virgule au milieu de la phrase.
M. Le Moignan: II n'y a pas de virgule sur ce que j'ai lu
moi.
M. le ministre, on a parlé de films tout à l'heure. A la
page 64, au programme 2, j'aurais encore quelques questions. On parle de
centres de services en communications. Sur le plan de l'information
gouvernementale, nous comptons augmenter notre production de l'actualité
filmée, un objectif de 50 à 55 documents. J'aimerais avoir des
précisions sur...
M. O'Neill: II s'agit, M. le Président, d'activité
filmée d'ordre administratif. Il y en a eu, d'avril 1978 à
février 1979, par exemple, quarante. Je vais vous donner le cas des
ministères qui ont utilisé ces services, enfin les principaux
ministères, les Affaires intergouvernementales, l'Agriculture, les
Communications, l'Education qui en a plus que d'autres, quatre c'est
probablement à cause du livre vert, à des choses comme cela.
C'est strictement administratif l'environnement, l'Industrie et le
Commerce, la Justice, les Institutions financières, le programme OSE,
les Terres et Forêts, le Transport. Cela fait partie de l'information. Le
ministère des Finances a également utilisé ces services
pour le budget. Il y a eu douze activités filmées du
ministère des Finances. Aux Affaires culturelles, il y en a eu cinq.
M. Blank: C'est pour l'année passée?
M. O'Neill: Excusez-moi, il y a les activités
filmées et il y a le Telbec sonore. Dans les activités
filmées, ce que je vous ai donné c'est d'avril 1978 à
février 1979. Il y a une croissance qu'il faut prévoir dans ce
sens-là.
M. Blank: Sur le même sujet, avec la permission du
député de Gaspé, à la page 16, vous dites: La
production de l'actualité filmée, 40 unités pour 17
ministères, la production de bandes sonores pour 14 ministères
totalisant 50 unités. Pouvez-vous déposer la liste des films et
bandes sonores ainsi que les sujets et les ministères
impliqués?
M. O'Neill: Les sujets, il faudrait les... Ce que j'ai sous les
yeux, c'est la liste avec chaque ministère. Le chiffre 40...
M. Blank: On peut deviner le sujet de l'étude.
M. O'Neill: Je vais vous donner des exemples. Le ministère
des Terres et Forêts, à tous les ans, au mois de juillet demande
une actualité filmée sur la protection contre les incendies, les
moyens à prendre pour éviter les incendies. L'Agriculture, je
sais que c'est en relation avec le salon de l'agriculture. Je n'ai pas d'autres
exemples qui me viennent à l'esprit; le Revenu, dans le temps des
impôts, pour indiquer aux citoyens comment préparer ou acheminer
leur rapport. Bref, ce sont des renseignements administratifs, filmés,
que les stations de télévision acceptent de passer, et par
définition, puisqu'elles acceptent de les passer pendant les bulletins
de nouvelles, c'est que toute forme de publicité est absente.
M. Blank: Est-ce qu'on peut avoir la liste des films et des
bandes sonores? Les sujets ne sont pas inscrits sur la liste. Est-ce qu'on peut
avoir les sujets ce soir?
M. O'Neill: On va essayer de trouver cela pour ce soir...
M. Blank: Merci.
M. O'Neill: ... sinon, pour demain matin.
M. Blank: Sinon, demain matin.
M. Le Moignan: Le ministre a mentionné
Communication-Québec et il a donné Gaspé comme exemple.
Les bureaux que vous avez l'intention d'implanter, soit à Gaspé,
Saint-Félicien, Drummondville, Val-d'Or et Hauterive, est-ce que cela
fonctionne? Je sais que, pour Gaspé, cela ne fonctionne pas, je
pense.
M. O'Neill: Non, M. le Président, parce qu'il faut d'abord
avoir l'approbation du Conseil des ministres pour l'extension de ce service. Le
dossier est rendu au Conseil des ministres depuis un certain temps, mais il n'a
pas encore été approuvé. Après cela, nous allons
essayer d'y aller le plus vite possible pour que les gens puissent profiter de
ces services. Est-ce qu'on peut prévoir un délai? Quel sera le
délai raisonnable, en supposant que l'approbation nous serait
accordée bientôt?
Je pense qu'après l'approbation par le Conseil des ministres de
cette activité, il faudrait prévoir, par le ministère des
Travaux publics et Approvisionnements, un certain temps pour la recherche de
locaux et l'établissement de ces locaux selon les normes correspondant
à l'activité qu'on va y faire. Il faut penser à un minimum
de trois à quatre mois.
M. Le Moignan: Quel sera le rôle exact des officiers en
place dans une région comme la nôtre? Ce sont toutes des
régions un petit peu éloignées des centres. Quel va en
être le rôle au point de vue des communications?
M. O'Neill: Ce sont des agents d'information, des agents de
renseignement, qui vont faire le même travail à Gaspé quand
le nouveau bureau sera ouvert. C'est le même travail qu'ils accomplissent
ailleurs.
M. Le Moignan: Maintenant, M. Laurin, vous avez peut-être
eu cette feuille où je vous ai posé une question. Cette
différence des montants d'argent, comment l'expliquez-vous, au sujet des
dépenses de publicité?
M. O'Neill: C'est bien le document qui fait
référence à cela...
M. Le Moignan: Je fais référence au document qui a
été déposé à l'Assemblée nationale
par le ministre des Communications. On parle de la répartition des
dépenses publicitaires du 1er avril 1978 au 31 mars 1979.
M. O'Neill: C'est cela. D'accord.
Le ministère des Communications est responsable, comme je vous
l'ai indiqué tout à l'heure, de la sélection des agences,
des modes de sélection des agences de publicité. Dans le cas de
ce contrat, il a été accordé en janvier 1978, avant la
constitution et la mise en branle du fichier au 1er mai 1978. Il a fait l'objet
d'une première reconduction en mai 1978 par autorisation du Conseil du
trésor, que vous avez indiqué, le 110-113, une reconduction de
contrat, et la phase finale a été reconduite le 4 avril 1979.
C'est toute la campagne d'isolation des maisons. Le seul endroit où le
ministère des Communications est intervenu est sur la phase du 4 avril
1979, pour laquelle nous avons fourni un avis préalable le 20 octobre.
(17 h 30)
M. Le Moignan: Pour le moment...
M. O'Neill: Une remarque complémentaire, M. le
Président, concernant tout cet échange que nous avons eu sur la
publicité.
Je pense qu'il faudrait toujours bien distinguer, dans ce domaine, le
rôle du ministère des Communications, le rôle des autres
ministères et le rôle des agences.
Le rôle du ministère: II voit à la bonne utilisation
du fichier, à ce qu'on respecte les normes. Il s'occupe également
du travail du jury, donc de la composition des jurys et de leurs
activités et fait également un travail de coordination.
Les ministères, ce sont eux qui choisissent les devis, leurs
objectifs, leur clientèle. Ce sont eux qui disent ce qu'ils veulent et,
en même temps, ce sont eux qui disposent d'un budget. Il faut bien voir
ça. Ces budgets sont des budgets qui relèvent des
ministères. Le seul budget que nous ayons, nous, aux Communications,
pratiquement, la partie la plus importante, c'est simplement la
publicité obligatoire et les offres d'emploi, etc.
Les agences, elles, font le choix des messages, le choix des media.
C'est comme ça que le travail se répartit. Donc, le
travail, en somme, qui relève de nous, c'est ce travail de coordination,
faire en sorte qu'il y ait... Je dirais, par exemple, ne serait-ce que
d'éviter que des campagnes de publicité, à un moment, se
recoupent les unes les autres, des choses comme celle-là, et s'assurer,
encore une fois, qu'il y ait un bon fonctionnement du fichier, faire en sorte
que le fichier soit également vérifié,
c'est-à-dire... Par exemple, tout à l'heure, on a soulevé
la question d'entreprises bidons, des choses comme celles-là. C'est un
service du ministère qui s'occupe de ça. Mais il y a une partie,
évidemment, qui relève des autres ministères et il y a une
partie aussi qui relève des agences. Nous faisons, nous, le lien. Nous
fournissons, au fond, l'articulation principale dans le système, mais
nous ne couvrons pas, par nous-mêmes, l'ensemble du système.
M. Blank: Si je prends votre information, est-ce que je peux
comprendre qu'on demande au ministère ce qu'il veut; on trouve une
agence, par un moyen ou par un autre, qui va le faire, mais c'est le bureau de
M. Jean Laurin qui décide du contenu ou donne la ratification, à
savoir ça, c'est correct; ça, ce n'est pas correct. Qui prend
cette décision pour le contenu comme, par exemple, "Attachez-vous au
Québec" ou quelque chose comme ça? Qui prend cette
décision?
M. O'Neill: Le ministère détermine qu'il a un
besoin de publicité pour un objectif précis.
M. Blank: Oui.
M. O'Neill: II prépare un devis de campagne de
publicité en déterminant quel public cible il veut atteindre,
pour quel objectif et quel est l'acte de communication. Il indique
également la nature du budget, l'importance du budget. Ce devis
technique de publicité est soumis au ministère des Communications
où un avis préalable est donné quant à l'expertise
technique, et si l'avis préalable du ministère des Communications
est favorable, le dossier peut continuer son cheminement au Conseil du
trésor pour être approuvé.
Une fois que le dossier est approuvé...
M. Blank: A ce moment-là, le contenu n'est pas
décidé encore?
M. O'Neill: Du tout! Il n'y a que le devis technique qui a fait
l'objet d'une expertise technique par les fonctionnaires du ministère
des Communications et, lorsque le CT a été approuvé par la
suite, le ministère des Communications entre en jeu pour les
procédures de sélection, la constitution du jury, Rosalie, etc.
C'est seulement à ce moment-là, lorsque les trois agences ont
été retenues, que les agences de publicité sont
convoquées et on leur remet, la même journée, le même
document devis technique; elles posent toutes les questions et on répond
aux mêmes questions pour toutes les agences, de façon que pas une
n'ait une information que l'autre ne possède pas.
M. Blank: C'est-à-dire que les trois sont devant vous en
même temps.
M. O'Neill: Les trois sont ensemble la même journée.
Les agences retournent dans leur milieu respectif et elles ont
généralement de quinze à vingt jours pour le
ministère, c'est trois jours; pour les agences, elles veulent un mois
elles reviennent en présentation avec ce que chacune d'entre
elles a conçu comme création, comme plan pour les media et comme
stratégie. Le jury, composé de cinq personnes, entend les
présentations, a une grille...
M. Blank: Choisi par votre ministère.
M. O'Neill: Le jury?
M. Blank: Oui.
M. O'Neill: Non, les membres sont nommés...
M. Blank: Par le ministre des Communications.
M. O'Neill: Non, le sous-ministre des Communications; cinq
membres de jury. Le jury analyse les présentations avec une grille et la
meilleure présentation est retenue par le jury; la décision du
jury est entérinée par le sous-ministre des Communications et,
ensuite, cela s'en va dans le ministère client pour procéder.
M. Blank: Est-ce que le sous-ministre a un droit de veto sur le
choix des jurys?
M. O'Neill: Techniquement, je pense que le sous-ministre des
Communications a droit de veto, mais, en pratique, ce n'est jamais
arrivé.
M. Blank: Cela veut dire que les slogans viennent des agences,
ils ne viennent pas des plans, des spécifications, des choses comme
cela.
M. O'Neill: Depuis mon entrée au gouvernement, jamais.
M. Blank: C'est toujours les agences qui décident, qui
font des offres.
M. O'Neill: C'est exact. M. Blank: Quand...
M. O'Neill: J'ajouterais que je ne vois pas pourquoi on irait
prendre la place des agences; elles font bien leur travail.
M. Blank: Oui, je posais la question. Ces trois agences, pour le
même genre de publicité, est-ce que ce sont presque toujours les
mêmes trois agences ou si cela varie beaucoup?
M. O'Neill: Vous voulez dire à la présentation?
M. Blank: Oui,
M. O'Neill: Cela varie énormément.
M. Blank: Cela varie énormément?
M. O'Neill: Les "aléatoires" de Rosalie sont
extraordinaires dans ce domaine.
M. Blank: Parce que...
M. O'Neill: Personne ne peut prévoir les dix noms qui
sortent de Rosalie, c'est absolument impossible.
M. Blank: Oui, mais il arrive toujours, dans certaines occasions,
qu'on donne des soumissions publiques, où on a trois agences et on fait
des rotations, des choses comme cela. Je voudrais savoir s'il y a une
concertation d'un système de rotation.
M. O'Neill: Nous avions préparé, à
l'intention du ministre des Communications, un document sur la fréquence
de sélection des agences qui, je pense, a été
déposé...
M. Blank: Est-ce que cela a été
déposé en Chambre?
M. O'Neill: Oui, cela a été déposé
à l'Assemblée nationale, le nom des entreprises qui ont eu des
contrats et le nombre de fois qu'elles en ont eu.
Et la fréquence de sélection, également.
M. Blank: La fréquence dans laquelle les trois agences
font partie.
M. O'Neill: Chaque fois que Rosalie a sorti le nom, chaque fois
qu'il a été retenu par le jury, chaque fois qu'ils ont fait une
présentation.
M. Le Moignan: Cela veut dire que c'est comme au bingo; il y a
des numéros qui sortent plus souvent, qui sont plus chanceux que
d'autres.
M. O'Neill: Non.
M. Le Moignan: Pourquoi les millionnaires, ceux qui ont eu plus
de contrats, les cinq millionnaires comparés à beaucoup
d'autres?
M. O'Neill: Si un ministère détermine qu'il a un
besoin pour une campagne de $1 200 000, qu'il y a dix agences choisies par
Rosalie, que trois sont appelées à la présentation, qu'il
y a une gagnante, celle-là, automatiquement, entre dans le club des
millionnaires parce qu'elle a un contrat de $1 200 000. C'est peut-être
le seul qu'elle va avoir dans l'année.
M. Le Moignan: II y a des fois où elle va sortir souvent
dans l'année, c'est le hasard.
M. O'Neill: C'est le hasard.
Si vous regardez la liste qui a été déposée
à l'Assemblée nationale, vous verrez qu'il y a une
répartition.
Si mes souvenirs sont bons, je pense que trente agences
différentes se sont partagé 50 contrats.
Trente-trois.
Trente-trois agences se sont partagé 50 contrats.
Vous avez cela dans votre documentation.
M. Le Moignan: Oui, je l'ai précieusement
conservé.
M. Blank: Je ne sais pas si cette question est sur le même
sujet ou si on doit attendre les travaux publics et les achats
généraux. Est-ce possible pour un ministère de donner un
contrat sans passer par le fichier?
M. O'Neill: Depuis la nouvelle directive du mois d'octobre,
l'avis préalable du ministère des Communications est toujours
requis pour $2000 et plus. De $2000, et sans avis préalable qui
accompagne la réquisition au Service général des achats,
Rosalie est hors de service. Il faut absolument qu'il y ait un numéro
d'avis préalable pour les contrats au-dessous de $50000 pour que Rosalie
fournisse les noms pour ia sélection. De $50 000 en montant,
évidemment, c'est sujet à l'approbation du Conseil du
trésor. Les montants de $50 000 et plus, automatiquement... Vous me
demandez s'il est possible pour un ministère d'accorder un contrat de
quoi? Quel contrat?
M. Blank: De publicité.
M. O'Neill: Si vous parlez d'un contrat de
publicité...
M. Blank: Je ne parle pas de fournisseurs d'huile.
M. O'Neill: II est possible pour un ministère de
dépenser en publicité sans passer par le fichier. Il n'y a
absolument rien qui empêche un ministère de
téléphoner au journal Le Soleil et de dire: Demain matin, je
voudrais avoir une annonce de 100x3. Il n'y a pas d'agence, cela a
été fait par la régie interne, on publie l'annonce, on
envoie la facture au ministère si le sous-ministre a accepté le
projet. Dans ce sens, oui c'est possible. Il y a toujours certains cas
d'exception. Je vais vous en donner un. Une entente entre l'Ontario et le
Québec pour une publicité touristique, les deux provinces
conviennent de partager les frais, il y a déjà une campagne qui
est en marche et on dit: D'accord, on va collaborer avec l'Ontario pour un
montant de $80 000 ou, s'ils sont trois, chacun le tiers. Voilà, c'est
un contrat qui est négocié. Il n'y a pas de recours au fichier,
puisqu'il n'y a pas d'agence de sélectionnée. Mais dès
l'instant où il y a une agence de sélectionnée, où
on confie un contrat de publicité à une agence, là le
recours est obligatoire.
M. Blank: Selon ce que vous m'avez dit, tous les contrats
négociés ne passent pas par le fichier.
M. O'Neill: S'il s'agit d'agences de publicité,
normalement les contrats doivent passer, depuis le mois d'août 1978, par
l'avis préalable du ministère des Communications.
M. Blank: Vous dites: Normalement. Est-ce qu'à votre
connaissance il y a eu des contrats négociés depuis cette date
qui ne sont pas passés? C'est possible.
M. O'Neill: Si je me fie aux montants qu'on a réussi
à cueillir, actuellement sur la liste, les montants qui ont
été fournis, il semble bien qu'il n'y ait rien qui nous ait
échappé. De toute façon, le Conseil du trésor est
là à l'autre bout. Si quelqu'un se présente au Conseil du
trésor avec une demande d'approbation qui n'a pas été
présentée chez nous, au ministère des Communications, elle
est retournée. Il faut un avis préalable, alors vous avez quand
même le contrôle du Conseil du trésor si quelqu'un essayait
de passer à côté.
M. Blank: Quand le député de Laurier a
relevé l'affaire en Chambre où vous aviez montré $12
millions environ de publicité alors que les engagements financiers en
montraient $18 millions, d'où venaient les autres $6 millions?
M. O'Neill: On va vous expliquer cela.
M. Blank: C'est cela que je veux savoir, que mon ami André
veut savoir.
M. O'Neill: Parfois, on sent que certaines questions peuvent nous
être posées.
M. Blank: Oui.
M. O'Neill: La recherche au ministère avait indiqué
un montant de $12 600 000, chiffre fourni à l'Assemblée nationale
par le ministre des Communications.
Dans les engagements financiers, on retrouve, pour l'année
1978/79, $10 622 927 d'engagements publicitaires. Les engagements pour
l'année
1978/79 n'incluent pas et ne peuvent pas inclure les engagements pour
l'année 1979/80, les dépenses. Donc, il y en a pour
l'année prochaine $3 081 980. Il y avait un résidu de
l'année 1977/78 de $448 080. Effectivement, les engagements sont de $14
153 000 en publicité. Mais les engagements pour la période en
cours, c'est-à-dire la période qui est terminée, 1978/79,
étaient bien de $10 622 927. A cela, il faut ajouter, pour arriver au
chiffre que le ministre a fourni, une somme de $1 157 400 représentant
les investissements publicitaires de la Régie de l'assurance automobile.
Pourquoi les avons-nous ajoutés? Parce que, bien qu'elle ne soit pas
soumise aux procédures de sélection du répertoire de la
publicité, la régie, volontairement, a suivi les
procédures de sélection. Donc, en toute logique, il faut
l'ajouter aux dépenses publicitaires du gouvernement. (17 h 45)
II y a également, la publicité obligatoire, appels
d'offres, avis publics et offres d'emplois, pour un montant de $1 040 000. A
cela, nous avons ajouté, dans un deuxième temps, depuis le
dépôt en Chambre, parce que nous avons fait une recherche
complémentaire, tous les contrats de moins de $25 000 qui totalisent
$109 339 et également, en retraçant, en refouillant dans les
engagements financiers, trois contrats qui ne sont pas passés par le
ministère des Communications, soit: $85 000 engagés par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, dans le cadre
d'une entente avec l'Ontario et le gouvernement fédéral pour le
programme Route des pionniers, $85 000;
La reconduction d'un contrat accordé une première fois par
le ministère de l'Agriculture au montant de $116 540 pour la
deuxième campagne du lait dans les écoles, au mois d'octobre
dernier; finalement, un contrat octroyé avant l'entrée en vigueur
officielle des procédures du fichier du ministère des Richesses
naturelles, $96 000 pour une campagne sur les barrages au Québec;
lorsque les propriétaires riverains doivent construire, ils doivent
s'adresser au ministère des Richesses naturelles pour connaître
les règles du jeu.
Ces trois montants totalisent $298 000 que nous ajoutons aux $12 600 000
pour arriver à un nouveau total de $12 900 000, pour la période
s'étendant, grosso modo, d'avril à avril.
M. Blank: Mais, si je prends vos chiffres de $12 900 000 plus les
$3 millions de l'année prochaine et les $500 000 de l'an dernier, il
manque encore $2,5 millions.
M. O'Neill: Plus que cela.
M. Blank: Plus que cela. $3 500 000.
M. O'Neill: Je viens de vous donner, comme chiffres, $448 800,
pour les engagements 1977/78, $10 622 927 qui sont aux engagements, plus $3
millions pour l'année prochaine. D'accord?
M. Blank: Oui. Cela fait environ $13 millions...
M. O'Neill: $14 153 000. M. Blank: $14153 000.
M. O'Neill: Mais les engagements réels,
dépensés, ne sont pas de $14 millions.
M. Blank: Oui, je sais.
M. O'Neill: II faut que vous soustrayiez vos $3 millions. C'est
$12 900 000.
M. Blank: Mais on m'a dit qu'on a approuvé la liste des
engagements financiers de $18 millions. Où est l'autre montant de $4
millions?
M. O'Neill: Je les ai.
M. Blank: Excusez-moi. Je n'ai pas cinq cents dans ma poche, mais
je parle de millions de dollars.
M. O'Neill: Nous avons examiné, par exemple... Les
Affaires municipales ont conclu une entente avec
Télé-Université pour $30 000. Cela n'a rien à voir
avec la publicité, ce n'est pas de la publicité du tout. C'est
une entente pour des cours pédagogiques. Il y a le contrat de $140 000
accordé par le ministère des Communications à Telbec. Ce
n'est pas de la publicité, c'est le système Telbec que tout le
monde utilise pour la diffusion des communiqués. Il y a, au
ministère des Communications, $51 000 pour une recherche professionnelle
effectuée par SORECOM. Ce n'est pas encore de la publicité. Il y
a $57 000, au ministère des Communications, accordés à
Caisse et Char-tier. C'est le service d'écoute électronique
qu'utilisent tous les députés, les ministres et les
ministères depuis bien longtemps.
M. Blank: Pour quelles fins?
M. O'Neill: C'est un service de rétroaction. Au lieu
d'être des coupures de presse, ce sont les textes des informations
radiophoniques et télévisées qui sont transcrits par
écrit, de façon qu'on puisse les consulter, comme si
c'était une coupure de presse.
M. Blank: J'attends les mots écoute électronique,
je pense...
M. O'Neill: Ce sont les mots écoute électronique
qui sont troublants.
M. Blank: Oui.
M. O'Neill: Ce n'est donc pas de la publicité.
Le ministère des Communications, $40 000 pour la revue annuelle
et informatique Biro Inc., etc. Là-dedans, on trouve même les $60
000 payés à la dernière phase du contrat Jacques Guillon
et Associés qui ont fait le programme d'identification visuelle. On a
également la fabrication d'un kios-
que à une exposition. En bref, ces $4 millions
représentent des...
En fait, c'était un montant qui représentait beaucoup de
choses fort différentes.
M. Blank: J'ai une courte question sur ce programme. M. le
ministre, combien a coûté jusqu'ici le programme d'identification
visuelle du gouvernement, incluant les études préparatoires, la
conception et la mise en place du programme?
M. O'Neill: Jusqu'ici, je remonte donc à 1974, 1974-1979.
Pour 1974, première dépense, au départ, je vois le montant
de $50 000; en 1974/75, $12 450 et $25 000. Voulez-vous que je vous donne en
détail toutes les années après cela? Le total, c'est cela
qui vous intéresse peut-être?
M. Blank: Oui, le total.
M. O'Neill: $363 037, de 1974 à 1979. $363 037.
M. Blank: Cela inclut les études préparatoires, la
conception, tout?
M. O'Neill: C'est cela, composition typographique, vélox,
prototype, impression des normes préliminaires, impression de cahiers de
notes...
M. Blank: Combien de ce montant a été
dépensé depuis le 15 novembre 1976?
M. O'Neill: Je vais vous dire cela. Je prends l'année
1977/78, ce serait correct?
M. Blank: Oui.
M. O'Neill: 1977/78, j'ai ici deux montants, $46 000 plus $17
000; 1978/79, j'ai $23 000, $60 000 et $22 000 plus $4887.
Il y a une prévision pour 1979/80. Si cela vous intéresse,
je pourrais ajouter cela. L'impression des cahiers no 2 et 3, qui sont
prêts, $16 615. C'est marqué: Honoraires professionnels possibles,
$12 000. Cela se termine là.
M. Blank: Si vous pouviez nous donner la liste, peut-être
que...
M. O'Neill: Ce serait bien plus simple si on vous passait cela,
vous ne trouvez pas?
M. Blank: Maintenant, où le ministre en est-il dans sa
régionalisation?
M. O'Neill: Régionalisation de quoi?
M. Blank: De votre ministère. Peut-être que vous
avez des bureaux régionaux... Où en êtes-vous avec
cela?
M. O'Neill: En fait, vous avez cela dans la deuxième
partie, à la page 65. L'étape suivante qui est prévue pour
cette année, c'est l'établissement de bureaux
sous-régionaux, parce qu'il y a mainte- nant des bureaux dans chaque
région. D'ailleurs, on doit déjà parler de
l'établissement de deux bureaux sous-régionaux, à
Saint-Jérôme et à Saint-Jean. S'ajouteraient aux bureaux
sous-régionaux de Saint-Jérôme et de Saint-Jean, les
bureaux de Gaspé, de Saint-Félicien, de Drummondville, de
Val-d'Or et de Hauterive. Ce serait la prochaine étape.
M. Blank: Combien avez-vous dépensé l'année
passée pour cet élément?
M. O'Neill: Le budget total de Communication-Québec?
M. Blank: Oui, des bureaux régionaux.
M. O'Neill: 1978/79, pour les services régionaux, $3 289
000.
M. Blank: Combien y a-t-il de bureaux actuellement?
M. O'Neill: Onze.
M. Blank: Onze.
M. O'Neill: Cela fera seize.
M. Blank: Onze plus les sept...
M. O'Neill: Avec les cinq qui s'en viennent, cela fera seize
quand ils seront établis.
M. Blank: Oui, mais pour le moment, vous en avez onze. Est-ce que
vous pouvez fournir la liste des bureaux et le nombre de personnes qui sont
dans chaque bureau?
M. O'Neill: Demain, s'il vous plaît!
M. Blank: Si vous avez le "breakdown" pour chaque bureau, le
coût, l'avez-vous, oui ou non? Je vais l'avoir l'année
prochaine?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le programme no 2?
M. Le Moignan: Oui, j'aurais une dernière question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Le Moignan: ... concernant l'information gouvernementale. On
dit cette année qu'on va mettre l'accent un peu plus sur les hebdos
vous avez ça en page 64 et les communiqués
écrits. On veut une plus grande diffusion de l'information
gouvernementale. Dans quel sens cela se fera-t-il? Cela concerne les
différents ministères...
M. O'Neill: C'est une politique, en fait, qui avait
déjà été amorcée d'une façon
particulière au
moment des grèves que nous avions connues dans les grands
quotidiens et on a découvert d'ailleurs, à ce moment-là,
que, dans bien des cas, les hebdos étaient en mesure, dans des
régions données, des secteurs donnés de population, de
diffuser l'information de façon efficace. Une tendance
générale, en fait, c'est de faire appel surtout aux grands
quotidiens et aux grands media connus, mais nous, ce que nous découvrons
actuellement, c'est qu'il y a avantage, dans bien des cas, à utiliser
plus les hebdos. Remarquez d'ailleurs qu'il y a des cas où ça va
de soi, quand, par exemple, l'annonce concerne une région
déterminée. C'est dans ce sens que nous travaillons,
c'est-à-dire que nous considérons, en fait, qu'ils peuvent nous
rendre un bon service. Il est sûr que, en contrepartie, ça leur
rend aussi un service, c'est-à-dire que, lorsque vous placez de la
publicité dans un journal comme le Soleil, ça peut être
intéressant pour l'entreprise, mais ça n'a pas le même
intérêt, même si vous en placez très peu dans un
hebdo, parce que, dans le cas de l'hebdo, toute proportion gardée,
ça constitue évidemment un stimulant économique
intéressant pour lui, parce qu'il a moins de publicité finalement
que les gros quotidiens. (18 heures)
M. Le Moignan: M. Laurin, qui connaît très bien les
hebdos, sait que si le gouvernement place une annonce dans nos hebdos, on peut
dire que ça va à peu près dans chaque foyer de la
Gaspésie, parce qu'ils sont distribués gratuitement,
indépendamment de la valeur de l'hebdo. C'est payé par la
publicité. Bien sûr, il y a publicité et
publicité tandis que les quotidiens, il y a les abonnés.
Si on doit acheter le Devoir à Gaspé, on le paie $0.50. On double
le prix. Cela veut dire que les quotidiens sont moins lus et ils ne
pénètrent pas dans chacune des paroisses, excepté les
quelques abonnés, tandis que l'hebdo, lui, va aller dans chacun des
foyers. C'est pour cela que...
M. O'Neill: Au service des media, ce que j'essaie de faire, c'est
d'avoir un profil un peu plus précis des hebdos parce que c'est
extrêmement diversifié, ce qu'ils atteignent comme population.
Vous donnez le cas, vous dites que c'est distribué gratuitement; il
reste qu'il faut se demander quel est l'effet d'accessibilité à
la publicité ou à l'information qu'on donne. On essaie
présentement d'avoir un profil pour savoir, par exemple, si on veut
rejoindre telle région, à qui il faut s'adresser. Vous avez des
hebdos qui couvrent une partie d'une région, une partie de l'autre,
c'est un peu inégal.
Ce serait avantageux pour le gouvernement et, en même temps, nous
savons que c'est avantageux aussi pour l'hebdo en question. Comme vous le
signaliez tout à l'heure, il y a des gens qui sont beaucoup mieux
rejoints par les hebdos. Vous vous rappelez d'ailleurs, je pense, M. le
député de Gaspé, une enquête qui a été
faite au ministère des Communications et qui a été rendue
publique, d'ailleurs. Il y a des régions du Québec où le
seul journal que les gens lisent, c'est un hebdo. Vous trouvez le
phénomène dans toutes les régions; il y a des
régions du Québec où au moins 30% des gens ne lisent pas
de quotidien. A ce moment-là, les hebdos peuvent jouer un rôle
très important pour rejoindre des secteurs de population qu'autrement,
on rejoindrait beaucoup plus difficilement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, je voudrais savoir
du ministre quelle est la proportion de publicité qui a
été passée au Saguenay dans "Progrès-Dimanche" par
rapport à "Jonquière-Réveil "?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une question qui intéresse la présidence, M. le ministre.
M. O'Neill: Nous en prenons note, M. le Président, nous
allons essayer de trouver une réponse à cette question
plutôt d'intérêt régional.
Le seul chiffre qu'on pourrait fournir dans ce cas, c'est pour les
appels d'offres, avis publics et offres d'emplois. Mais, pour les campagnes de
publicité, le plan media retourne dans les ministères et il n'y a
aucun moyen de le savoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le programme 2?
M. Laberge: Je voulais simplement faire un commentaire sur le
programme 2 et sur la publicité payée dans les media, dans la
presse écrite.
Même si le ministre a dit tout à l'heure que son
désir était et il y a eu une amélioration
d'apporter plus de publicité dans les hebdos, je ferai remarquer que
l'an dernier déjà des remarques m'avaient été
faites à cet égard, régionalement dans le région de
Montréal, voulant qu'il n'y avait pas assez de publicité
gouvernementale dans les hebdos. J'endosse totalement la position du ministre
et même j'insiste pour qu'on fasse beaucoup mieux cette année que
les 4% qui ont été faits l'an dernier, qui avaient
été consacrés au...
M. O'Neill: L'an dernier, c'était 5%.
M. Laberge: 5%, j'espère qu'on doublera au moins cette
année.
M. O'Neill: J'ajouterai là-dessus, M. le Président,
je crois que cela va intéresser le député de la
région de Montréal, c'est la première fois que j'entends
parler de la région de Montréal comme région,
habituellement c'est une métropole.
M. Laberge: C'est une région...
M. O'Neill: De la région de Montréal, nous passons
ici aux hebdos qui s'adressent aux groupes ethniques.
M. Blank: Je voulais justement demander si les groupes ethniques
tombent dans le même...
M. O'Neill: Oui, il y a un projet qui s'en vient de ce
côté. M. le Président...
M. Blank: Cela ne me surprend pas qu'il y ait un projet qui s'en
vienne, projet très politisé je l'espère.
M. O'Neill: Non, non. Ce sera de la bonne information, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Cela sera sur la même base que notre colloque
pour les groupes ethniques, que les libéraux vont avoir au mois de mai.
C'est au même niveau.
M. O'Neill: Je pourrais peut-être profiter si vous
êtes... c'est-à-dire que cela porte sur une question plus
générale qui porte sur les crédits périmés.
Je peux la donner immédiatement si vous voulez, pour terminer
là-dessus.
On avait demandé des détails, le montant total des
crédits périmés pour le ministère, on avait dit que
c'était $3 025 000 incluant la régie de services publics et
Radio-Québec. Là-dessus je vous mentionne qu'il y avait la
Direction générale du service technique: $481 000,
j'enlève les cents; les communications $353 000; la Direction
générale de l'édition, $635 000; la Direction
générale de l'administration $137 000; la Direction
générale du développement des politiques $268 000; la
Direction générale du cinéma et de l'audio-visuel $585 000
seulement une petite précision, ce sont les chiffres 1977/78
parce que les autres ne sont pas arrivés et BCI $323 000, ce qui
donne $2 785 000 auxquels il faut ajouter, pour la régie des services
publics $237 000 et pour Radio-Québec c'est bien $1800, on est
allé au fond de la caisse ce qui donne $3 025 000 et quelques
dollars.
M. Blank: Merci, maintenant c'est le programme 2. J'ai encore une
question, mais j'aimerais que M. Forget, le député de
Saint-Laurent, la pose. Il ne reste qu'une minute. On suspend jusqu'à 20
h 15. J'espère que le député de Saint-Laurent me
remplacera et c'est lui qui va poser cette question au programme 2,
peut-être aussi d'autres questions qu'il aura personnellement.
M. O'Neill: Nous n'aurions aucune objection à continuer
avec le député de Saint-Louis, nous apprécions beaucoup sa
présence.
M. Blank: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 h 15.
Suspension de la séance à 18 h 8
Reprise de la séance à 20 h 23
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Il s'agit de la même commission parlementaire, puisque nous avions
suspendu à 18 heures. Nous étions à la fin de
l'étude du programme 2. Je cède la parole au député
de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vais tâcher de me mettre au courant des
travaux de l'après-midi, M. le Président. Il y a un point qui, je
crois, n'a pas été touché jusqu'à maintenant, dans
le programme 2, c'est celui qui est relatif à certaines activités
du Conseil des directeurs des communications.
Je note, aux pages 15 et 16 du document qui nous a été
remis par le ministre, une énumération des sujets qui ont fait
l'objet des travaux de ce Conseil des directeurs des communications. Dans
l'ensemble, il s'agit de sujets, de préoccupations carrément
bureaucratiques. Il s'agit de s'assurer de la mobilité du personnel et
de la distribution des tâches, des choses, dans le fond, qui n'ont un
intérêt que pour ceux qui sont les gestionnaires de ces
activités et qui ne méritent pas de retenir notre attention pour
ce qui est des travaux de l'Assemblée nationale.
Il y a un point qui est mentionné cependant, qui a une importance
de premier plan, c'est la question qui est décrite comme étant et
je cite "la clarification des notions d'information administrative et
d'information politique".
Deux choses me frappent dans cette mention. La première, c'est
que l'on confie à un Conseil de directeurs des communications la
tâche d'élaborer leur version à eux de ce que peut
être la distinction entre l'information politique et l'information
administrative. Je n'ai pas d'objection, ils ont sans aucun doute une opinion
là-dessus. Il serait intéressant de la connaître.
Mais il est clair que cela ne peut pas être le dernier mot sur la
question. Ils ont une perspective qui leur est particulière, mais ce
n'est qu'un point de vue sur le sujet. Il y en a d'autres qui sont
également ou même davantage pertinents.
Cependant, pour alimenter la réflexion de tout le monde sur le
sujet, il serait intéressant de savoir sur quelle conclusion a
débouché le Conseil des directeurs des communications
relativement à ce point de faire la distinction entre l'information
politique et l'administration administrative.
En même temps, puisque le ministre a communiqué à
mon collègue de Saint-Louis, cet après-midi le mandat de
Communication-Québec pour les tournées ministérielles, les
29 et 30 janvier et les 1er et 2 février 1979, je me demande s'il s'agit
là d'une autre directive ou d'un autre document interne publié
par d'autres instances du ministère des Communications ou s'il s'agit du
même document. De quelle façon faut-il interpréter ces
différentes contributions à la solution du même
problème, dans le fond?
M. O'Neill: En fait, dans la discussion que nous avons eue cet
après-midi, on s'est trouvé à aborder finalement deux
aspects de la notion
d'information dite politique. Un des sens politiques, je pense,
s'applique bien à Communication-Québec et un autre est exclu des
activités de Communication-Québec.
Au sens, par exemple, de l'annonce d'une politique nouvelle... Je
suppose que vous avez une tournée qui porte sur le zonage agricole. On
ne peut pas parler, à ce moment-là, d'un travail d'information de
type administratif, je pense qu'on va parler d'une information politique au
sens d'une politique du gouvernement.
On n'exclut, d'autre part, dans les activités de
Communication-Québec, l'activité politique qui prendrait la
couleur d'une activité qui serait partisane. C'est pour cela que nous
disons, par exemple, que, dans l'organisation des tournées, la
responsabilité de Communication-Québec va se limiter à
l'organisation de la tournée dans la partie proprement de
l'activité ministérielle au sens strict et ne va pas se prolonger
dans des activités qui pourraient survenir après, comme cela se
produit assez souvent, parce qu'à ce moment-là, le mot
"politique" revêtirait un sens beaucoup plus étroit. Je pense que
cet organisme doit, à ce moment-là, avoir à appliquer
comme norme que cela ne le concerne pas.
M. Forget: Bien sûr que j'ai compris le ministre. Le
premier élément de son illustration est cité à
l'exemple d'une politique sur le zonage agricole avant l'adoption de la
loi.
M. O'Neill: C'est cela.
M. Forget: Quant à lui, cela constitue bien une
démarche politique qui est en dehors du mandat de
Communication-Québec.
M. O'Neill: Non, dans ce cas-là, c'est à
l'intérieur, pardon.
M. Forget: Ah non?
M. O'Neill: C'est à l'intérieur. Quand vous avez
une tournée ministérielle qui annonce une politique du
gouvernement ou qui propose une politique...
M. Forget: Cela n'est pas partisan?
M. O'Neill: Bien non, c'est le cas d'une politique
gouvernementale que vous proposez aux gens.
M. Forget: Vous m'étonnez.
M. O'Neill: Non, c'est une politique gouvernementale du
gouvernement qui est en place. Ce gouvernement s'appuie sur un parti, si vous
voulez, mais il s'agit bien d'une politique qui est proposée à
l'Assemblée nationale comme telle, tandis que, dans le deuxième
cas, vous auriez une connotation partisane et ce type d'activité est
exclu des responsabilités de Communication-Québec. C'est pour
cela que...
M. Forget: Je vois qu'on ne s'entend pas du tout. Il est clair
que la définition très généreuse,
extraordinairement généreuse que le ministre adopte pour ce qui
est administratif ou ce qui est légitime comme occupation de
Communication-Québec, lui permet d'aborder sans réticence des
activités qui sont carrément des activités qui
s'inscrivent dans un débat politique, donc partisan, avant même
qu'une mesure législative soit adoptée par l'Assemblée
nationale.
Mon interprétation et l'interprétation d'un certain nombre
de fonctionnaires au sein de Communication-Québec est qu'au contraire,
avant l'adoption d'un projet de loi, il n'est même pas possible, dans une
publication gouvernementale, de faire allusion à un projet de loi. Il
n'est même pas possible d'en expliquer les termes dans une publication
gouvernementale si le projet de loi n'a pas été adopté,
et, par définition, tant qu'il demeure un projet de loi, il n'est pas
adopté. Je m'étonne, à plus forte raison, s'il n'y a
même pas de projet de loi de déposé, que le ministre aille
jusqu'à prétendre qu'une proposition, un projet, pratiquement une
promesse émise par un homme politique, donc un membre d'un parti
politique, devienne soudainement quelque chose d'administratif, un prolongement
de l'administration publique. On n'est pas du tout d'accord là-dessus.
J'aimerais savoir si cette interprétation s'appuie sur les travaux de
son Conseil des directeurs des communications, qui apparemment a eu une
rencontre ou des réunions sur un sujet qui, je pense bien, s'apparente
passablement, sous le bénéfice d'inventaire, évidemment,
à ce dont on discute actuellement. Est-ce qu'il y a un rapport? Est-ce
qu'il y a une recommandation dont le ministre pourrait faire état
relativement à cette question?
M. O'Neill: M. le Président, ce que j'essaie d'expliquer
à M. le député de Saint-Laurent, c'est qu'au moment
où vous avez une tournée, prenons le livre vert, prenons le plan
d'action sur la réforme de l'enseignement élémentaire et
secondaire, vous avez donc une politique gouvernementale au sujet de laquelle
on consulte la population. Je pense qu'il est erroné d'aller dire qu'il
s'agit là d'une politique partisane. C'est le gouvernement qui est au
pouvoir, qui a été élu, qui propose une politique. Ce
gouvernement, évidemment, est le gouvernement d'un parti, mais c'est en
tant que gouvernement qu'il entreprend cette démarche. Il y a une
distinction qui est reconnue par tout le monde dans ce cas. Vous avez donc une
activité de consultation qui se fait, qui se fait d'ailleurs couramment,
qu'on a faite couramment et qui s'est sûrement faite avant aussi.
M. Forget: Cela s'est fait couramment. C'est pourquoi je pose la
question. Je sais bien que ce n'est pas une question théorique.
M. O'Neill: Oui, et cela s'appelle une politique gouvernementale.
Je pense que le problème du député de Saint-Laurent, c'est
que...
M. Forget: Ce n'est pas mon problème, c'est votre
problème.
M. O'Neill: Ces gens ne se sont pas mis dans la tête qu'ils
ne sont pas au pouvoir. C'est un gouvernement qui est au pouvoir, et pour une
fois, ce n'est pas le gouvernement du Parti libéral.
M. Forget: Vous le savez très bien que vous êtes au
pouvoir. Vous êtes prêts à utiliser n'importe quel
moyen.
M. O'Neill: C'est que par la grâce de Dieu, ils ont
l'impression qu'il y a seulement les libéraux qui peuvent être au
pouvoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: On ne vous demande pas si vous êtes au pouvoir
ou non, on vous demande de justifier des attitudes qui ne sont pas acceptables
pour nous.
M. O'Neill: C'est une distinction élémentaire au
plan intellectuel. Le gouvernement qui est au pouvoir, malheureusement pour
eux, ce n'est pas un gouvernement libéral, mais c'est le gouvernement,
c'est lui qui a le pouvoir, c'est lui qui a l'autorité, c'est lui qui
présente les projets à la population. C'est une distinction
absolument élémentaire de sens commun en démocratie et
vous pouvez essayer de jeter la confusion là-dessus, mais, pour nous,
c'est très clair. Une politique gouvernementale, c'est une politique
gouvernementale d'un gouvernement élu par la population. Cela ne
s'appelle pas une politique partisane.
M. Forget: Bon! Ceci étant dit...
M. O'Neill: C'est comme ça que ça fonctionne en
démocratie.
M. Forget: Le ministre prend un ton indigné pour
répondre à une question qui est tout à fait
légitime et il sait très bien qu'il est sur un terrain
très glissant dans le moment.
M. O'Neill: Aucunement glissant.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas...
M. O'Neill: C'est parce que vous semez la confusion
volontairement et vous le savez très bien.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais bien que le
ministre, plutôt que de faire des plaidoyers...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. O'Neill: Vous le savez très bien.
M. Forget: ... il n'est plus en chaire, dans le moment, n'est-ce
pas? Il est à l'Assemblée nationale. Il doit accepter de se faire
poser des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: II doit accepter d'être contesté
puisqu'il ne détient pas la vérité absolue. Il devrait
plutôt nous dire s'il est prêt, oui ou non, à nous
communiquer le fruit des travaux d'un comité dont il annonce l'existence
et présumément le fonctionnement dans le document qu'il nous a
remis.
M. O'Neill: C'est exactement la distinction à laquelle
nous sommes arrivés. C'est cette distinction que je viens de faire et
c'est celle qui nous guide, d'ailleurs, dans ce type d'activités.
M. Forget: II n'y a pas de document qui consigne ça?
M. O'Neill: Pas dans le moment, mais le Conseil des directeurs
des communications, de son côté, parce qu'il a des mesures
pratiques à appliquer, parce qu'il a, si vous voulez, des mesures
à prendre, des activités à mener, doit lui-même sans
cesse vérifier pour être sûr, toujours, que ces distinctions
sont respectées.
M. Forget: Ce sont des distinctions qui sont basées sur
une naïveté incroyable. Vous regardez ce document je ne sais
pas quelle valeur lui donner c'est un document qui ne porte pas de
signature, ni de titre, ni de date. N'importe qui pourrait s'amuser à le
fabriquer. De quoi s'agit-il, le document qui a été
distribué? Est-ce un document officiel du ministre? Est-ce que c'est un
projet interne qui n'a aucune valeur? Comment faut-il traiter cette
espèce de torchon qui nous a été remis?
M. Beauséjour: C'est fort!
M. O'Neill: Ce que je réponds, M. le Président,
dans le moment, nous tenons compte de la distinction que j'ai mentionnée
tout à l'heure. Nous continuons de travailler cette question et quand il
y aura des choses plus complètes à communiquer, nous les
communiquerons.
M. Forget: Alors, ça n'a aucune valeur?
M. O'Neill: Pour nous, la question...
M. Forget: Ce document n'a aucune valeur?
M. O'Neill: Pour nous, la question fondamentale, la distinction
fondamentale que j'ai mentionnée tout à l'heure, nous y tenons,
nous la respectons et nous refusons cette confusion qu'on voudrait faire entre
une politique générale d'un gouvernement et une politique
partisane.
M. Forget: M. le Président, on remarque, dans ce texte,
qu'on fait des références à des tournées
particulières de ministres; ce sont des directives,
présumément, que le ministre a données à ses
fonctionnaires pour des tournées en janvier et en février de
l'année courante. Elles sont basées sur une distinction de pure
raison entre des tournées soi-disant administratives et d'autres qui
seraient partisanes. Si c'est tout ce que le ministre peut nous
présenter comme étant des lignes directrices dans
l'établissement d'une distinction opérationnelle dans le
fonctionnement de son ministère, je pense qu'il a beaucoup de travail
à faire pour nous convaincre du sérieux de ses prétentions
à l'objectivité pour le fonctionnement du ministère des
Communications.
J'aimerais savoir du ministre j'imagine que, au moins, il pourra
répondre à une pure question de fait quelles sont les
tournées qui appartiennent justement à la catégorie que
j'ai mentionnée tout à l'heure, c'est-à-dire des
tournées relatives à des projets gouvernementaux
antérieurs à l'adoption de projets de loi, qu'il s'agisse du
zonage agricole, qu'il s'agisse de l'assurance automobile, et ceci depuis
l'arrivée au pouvoir du Parti québécois non seulement
quelles sont les tournées en question, la liste des tournées,
mais également le nom des fonctionnaires qui ont participé
à ces tournées.
M. O'Neill: Pour ce qui est des tournées et de leur
nature, M. le Président, d'abord pour 1978/79, le réseau des
bureaux régionaux de Communication-Québec a organisé 104
activités impliquant la présence de ministres en régie.
Vous avez donc, pour ce qui est des activités certaines activités
qui ont, entre autres, pris les formes suivantes, justement celles qui sont
reliées à des politiques: par exemple, l'audience de consultation
sur le livre vert sur l'enseignement primaire et secondaire, le livre blanc sur
le développement culturel, des audiences publiques sur le zonage
agricole, le livre blanc sur l'énergie, le livre blanc sur la
santé et la sécurité au travail, le livre vert sur le
loisir et, ensuite, vous avez eu un grand nombre de tournées je
n'ai pas le nombre en détail des visites de consultation sur les
problèmes régionaux.
M. Forget: Depuis deux ans, c'est tout?
M. O'Neill: Je vous ai donné cela pour l'année
1978/79.
M. Forget: 104 événements reliés à
des projets qui n'étaient pas incorporés dans des projets de loi,
dans les lois adoptées par l'Assemblée nationale?
M. O'Neill: Non, dont certains étaient reliés
à la préparation de projets de loi.
M. Forget: Est-ce qu'on pourrait nous faire la distinction et
nous donner le nom des fonctionnaires qui ont participé à ces
tournées?
M. O'Neill: Pour ce qui est... Vous parlez des fonctionnaires du
bureau de Communication-Québec, c'est cela?
M. Forget: Tous, si vous pouvez, mais...
M. O'Neill: Alors, en général, il y a une chose
très simple...
M. Forget: ... j'imagine que ce sont ceux qui relèvent de
vous...
M. O'Neill: C'est très simple; en général,
quand vous allez dans une région, c'est un responsable du bureau de
Communication-Québec qui s'occupe de la tournée. C'est
automatique.
M. Forget: Oui, mais je peux m'imaginer cela. Je vous demande la
liste des personnes impliquées, la liste des tournées
impliquées; est-ce que c'est possible d'avoir cette information?
M. O'Neill: C'est très possible, on peut vous la donner si
vous le désirez.
M. Forget: Je la désire. M. O'Neill: Vous
l'aurez.
M. Forget: Merci. Il reste, M. le Président, qu'il est
clair qu'une pratique comme celle-là, par laquelle, par une
espèce de mécanisme de cooptation, un parti au pouvoir cherche
essentiellement à mousser une popularité ou à tester le
degré d'acceptation qu'il peut rencontrer dans la population pour un
projet politique et associe dans cet effort, en dehors des mécanismes
normaux prévus par l'Assemblée nationale, des fonctionnaires de
l'Etat qui sont payés non pas pour servir une cause politique ou une
autre, mais bien pour administrer les deniers de l'Etat et administrer les lois
qui sont adoptées par l'Assemblée nationale, se permet une
liberté qu'il est bien sûr capable de juger complètement
légitime de son point de vue. Je peux très bien comprendre que
cela n'empêche pas le ministre de dormir.
M. O'Neill: Pas du tout.
M. Forget: Mais il y a un autre aspect à cette question
auquel les fonctionnaires en question devraient peut-être être
sensibles, particulièrement dans le domaine des communications. Parce
que c'est un sujet qui, dans l'histoire relativement courte malgré tout
des activités de communication au sein du gouvernement du Québec,
a constamment fait l'objet de controverses, de débats. Ces
fonctionnaires doivent être au courant et conscients d'une dimension,
c'est que l'activité gouvernementale a cette particularité
malheureuse du point de vue d'un fonctionnaire permanent d'être
exposé aux aléas de la fortune électorale des
différents partis qui se succèdent au pouvoir. Il est absolument
capital, je pense, dans ce contexte,
que les fonctionnaires se rendent compte que leur participation à
des activités qu'une formation politique juge comme étant des
activités partisanes et ce sont des activités partisanes
que ces tournées qui s'inscrivent en marge de l'activité
législative de l'Assemblée nationale et qui anticipent sur ses
résultats que ces fonctionnaires qui se livrent à de
telles activités s'exposent évidemment à un jugement qui
ne peut pas faire autrement que d'être porté sur le
caractère de leur engagement.
Il est fort évident, je pense qu'on a des exemples nombreux, des
réorganisations qui ont été répétées
dans le domaine des communications au sein de ce ministère. S'il n'y a
pas une éthique absolument rigoureuse et étroitement
définie pour éviter ce genre d'implication, il ne faudra pas
s'étonner qu'une autre formation politique juge que ses moeurs ne sont
pas acceptables.
Je peux vous affirmer une chose, c'est que les pratiques actuelles du
gouvernement du Parti québécois, dans ce domaine, vont beaucoup
plus loin que celles dont j'ai été témoin au sein d'un
autre gouvernement, en particulier la publication dans des organes du
gouvernement du Québec, que ce soit des périodiques ou d'autres
types de publication, l'organisation de tournées, avant l'adoption de
projets de loi, sont des choses auxquelles, à ma connaissance, les
fonctionnaires ne se sont pas prêtés avant ce gouvernement, du
moins pas de façon systématique.
Le ministre peut bien, du haut de son calme olympien, nous dire qu'il
trouve ça très rigolo, que les fonctionnaires l'aident à
faire un travail essentiellement de vente de notions, d'orientations, que son
parti a plus ou moins testé, en dépit du caractère
grandiose de son programme électoral, il y a encore des choses dont il
n'est pas absolument sûr. Il veut en faire le test auprès de
l'opinion publique, lui et ses collègues, par des consultations, par des
rencontres, par des visites, par des documents, des ballons d'essai, qui
prennent le titre de livre blanc, de livre vert; il demeure que ces
différents exercices sont des exercices qui s'inscrivent dans un
débat, dans une dialectique partisane. La participation de
fonctionnaires ne peut pas être jugée autrement que dans ce
cadre.
Ceux qui pensent que, de toute façon, le risque en vaut la
chandelle, ils doivent le faire en ayant les yeux complètement ouverts
sur le genre d'engagement qu'ils prennent de cette façon, et ne pas
s'étonner si éventuellement, d'autres jugent qu'ils sont
allés décidément trop loin et que des réformes
profondes et des réorganisations profondes devront intervenir pour faire
cesser des pratiques condamnables. Il y a un mécanisme de débat
public dans une démocratie et ça s'appelle le Parlement. Je sais
que le ministre des Communications n'y brille pas particulièrement et je
peux le comprendre de vouloir préférer d'autres canaux de
communication.
Il demeure que ce mécanisme a une légitimité plus
grande que les tournées organisées par les bureaux
régionaux de Communication-Québec et que les tentatives pour
court-circuiter, par exemple, le mécanisme des commissions
parlementaires avant la première lecture, pratique qui est devenue
courante pour ce gouvernement, les faire précéder d'une
consultation beaucoup plus confortable en l'absence de toute opposition,
évidemment, avec des gens qui font partie du grand public et qu'il est
plus facile de convaincre, pour utiliser un mot poli, constituent un canal de
communication et d'action politique qui est préféré par le
gouvernement.
Mais de là à utiliser les institutions de l'Etat pour
avoir accès à une voie plus facile, alors qu'il existe une
façon légitime, reconnue dans la démocratie parlementaire,
pour débattre les idées il y a même la
possibilité de convoquer toutes sortes de groupes et d'entendre leur
mémoire, pour avoir un peu la chance d'entendre l'autre
côté, ou de voir l'autre côté de la médaille
je pense que cela ne peut pas faire autrement que de susciter, de notre
part, des interrogations et des objections les plus fortes.
On n'abandonnera pas ce point de vue parce qu'il ne fait pas plaisir au
ministre des Communications. Il est mieux de s'y habituer. C'est un point sur
lequel nous ne partageons pas du tout sa philosophie politique.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Je rappellerai brièvement que la distinction
que nous faisons entre la politique gouvernementale qui est expliquée
à la population et une action politique partisane est très claire
pour quelqu'un qui connaît les rouages d'une démocratie.
Le deuxième point que je me permets de souligner est que je
déplore cette menace qu'on se plaît ici à formuler à
l'endroit des fonctionnaires, menace dont l'effet sera probablement très
lointain. Je suppose que les gens qui formulent ces menaces seront un jour au
pouvoir, on verra bien ce qui arrivera. Mais je trouve cela assez regrettable
qu'ici, on formule des menaces à l'égard de gens qui ne font
qu'accomplir leur devoir.
La troisième chose que je remarque, M. le Président, c'est
ceci. Je fais cette remarque non seulement en rapport avec ce qui vient
d'être dit, mais avec beaucoup de choses que nous avons discutées
aujourd'hui. En fait, ce qu'on essaie de reprocher au gouvernement, c'est
d'avoir amélioré la communication avec la population. C'est
d'essayer de mieux informer. C'est de s'assurer d'une meilleure
rétroinformation. C'est l'oxygène même de la
démocratie! Ce que nous avons fait, nous avons perfectionné des
choses dans ce domaine-là, nous avons eu des initiatives que d'autres
n'ont pas eues auparavant, ou très peu. Je sais que c'est
déjà arrivé occasionnellement, lors de certaines
tournées; le ministre des Communications en a fait en 1973 pour son
livre "Le Québec maître-
d'oeuvre des communications sur son territoire". Mais enfin, ce
n'était pas une habitude à ce moment-là.
Ce sont des initiatives qui sont très appréciées
par la population, cela rend énormément service aussi au
gouvernement, parce que c'est sûr que cela l'aide à rectifier
certaines choses, à modifier parfois la présentation d'un projet
de loi, ou à recevoir une politique plus réaliste. C'est
sûr que le contact avec les gens sur le terrain aide à mettre en
pratique des politiques plus réalistes.
En gros, c'est toujours la même question. Il est certain qu'il a
déjà acquis un effort pour étendre l'information, la
rendre accessible, avoir des citoyens plus éclairés, plus au
courant de leurs droits et qui savent un peu mieux ce qui s'en vient, effort
qui était d'autant plus important que depuis que nous sommes là,
il y a quand même des lois très importantes que nous avons fait
adopter, certaines pièces de législation qu'on peut qualifier de
majeures.
Cela a pour effet, encore une fois, d'avoir une population plus
informée et plus consciente. Il y a des gens qui n'ont pas fait cet
effort auparavant. Ils regrettent peut-être de ne pas l'avoir fait. Nous
l'avons fait et nous pensons que c'est précieux pour le fonctionnement
de la démocratie au Québec, nous pensons que c'est conforme aux
principes de la démocratie et nous avons l'intention de continuer dans
ce sens, parce que nous croyons que c'est bénéfique pour la
population.
M. Forget: M. le Président, étant donné que
le ministre prend un ton paternaliste, je vais lui rappeler un certain nombre
de choses qu'il a probablement consciemment oubliées dans son
exposé. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les hommes politiques consultent
la population, c'est leur raison d'être essentiellement et je ne pense
pas que ce soit le ministre des Communications qui ait inventé cela non
plus. Je lui rappellerai des exemples qu'il aurait sûrement profit
à méditer. Lorsqu'il y a eu dans le domaine social, dans les
années soixante-dix sous le précédent gouvernement, des
actions je pense bien, qui sont aussi importantes par leur envergure et le
caractère des modifications qu'elles ont entraînées dans
nos institutions, il y a eu des tournées. Il y a eu des tournées
après l'adoption des projets de loi. Il y a eu trois tournées,
à ma connaissance, dont une que j'ai faite à titre de
fonctionnaire, en compagnie du ministre de l'époque, et une que j'ai
faite à titre de ministre, mais les tournées ne se faisaient pas
avant l'adoption du projet de loi pour essayer de prévenir les coups ou
de gouverner par sondage, en quelque sorte, comme c'est la marque de commerce
du gouvernement actuel, mais c'était après, pour veiller à
la bonne compréhension des textes qui avaient été
adoptés par l'Assemblée nationale.
Cependant, au moment de leur adoption, il y avait des commissions
parlementaires où le parti qui est maintenant le gouvernement avait
l'occasion de contre-interroger les groupes qui sont venus. Il y en a eu des
centaines qui sont venus en commission parlementaire. Le gouvernement actuel,
évidemment, modifie maintenant les mêmes lois. Il l'a fait encore
au mois de décembre dernier. Il s'est abstenu de convoquer qui que ce
soit. Il a fallu faire des pressions énormes pour qu'il accepte, pendant
une journée, une petite journée, avec des délais
très limités, des droits de parole très limités
pour tout le monde, de convoquer quelques groupes choisis par lui. Ce sont les
efforts pour parler aux gens et avoir, comme il l'appelle, la
rétroaction sur les projets gouvernementaux. On a bien peur de les
convoquer au Parlement, parce qu'on a bien peur d'être confronté
avec ses propres contradictions.
Evidemment, cela ne coûte pas cher de consulter les gens, surtout
si on prend soin de faire les invitations aux bonnes personnes dans un certain
nombre de comtés et d'inviter surtout les gens de l'organisation ou, par
hasard, de retrouver surtout les gens d'une organisation qui nous est
favorable. Mais il y a une différence essentielle dans le processus. Je
pense qu'il fallait mentionner cela, parce qu'il ne faut quand même pas
être trop tartufe. Il y a quand même des limites. La
vérité n'est quand même pas si lointaine qu'on puisse
complètement l'ignorer. Il y a quand même des différences
essentielles entre la façon dont on modifie les lois maintenant et
celles dont on les modifiait avant. On n'avait pas peur, avant, de faire face
à la musique en commission parlementaire. Maintenant, on trouve toutes
sortes de moyens pour passer à côté.
M. O'Neill: On a eu des commissions parlementaires pour la
consultation des gens. Il y en a eu pour la loi 101, il y en a eu pour
l'assurance automobile. On prend les deux moyens.
M. Forget: Ah oui! il y en a eu beaucoup. Il n'y en a pas eu dans
le domaine social, il n'y en a pas eu dans un tas de domaines quand il y avait
des groupes qui avaient des raisons nombreuses de contester les positions
gouvernementales, et vous le savez très bien.
M. O'Neill: Vous savez très bien pourquoi vous ne faisiez
pas de tournées vers la fin de votre régime, vous n'étiez
plus présentables, les gens ne voulaient même plus vous voir.
M. Forget: Au moment de l'élection, j'en faisais une.
M. O'Neill: Les gens ne voulaient même plus vous voir.
M. Forget: Arrêtez donc de parler à travers votre
chapeau.
M. O'Neill: Vous n'étiez pas montrables.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, dans le même ordre
d'idées. Ce matin, j'ai parlé également d'information, de
publicité, de propagande. Je suis revenu cet après-midi, j'ai
posé des questions au ministre. Evidemment, le ministre m'a
répondu sans trop répondre. Maintenant, je voudrais que le
ministre nous donne un type de publicité partisane, un exemple, une
image. Je ne dis pas une chose que vous avez faite, que vous employez au
gouvernement. Quelle serait la publicité partisane, d'après vous,
avec les slogans, avec tout ce qu'on a? Qu'est-ce que ce serait? J'aimerais que
vous m'en fournissiez...
M. Forget: La campagne de financement pour le Parti
québécois.
M. Le Moignan: Un bon exemple... Non, ils ne font pas cela, c'est
pour cela que l'exemple va être difficile à trouver. Un exemple
qui serait de la publicité partisane. Si vous étiez dans
l'Opposition et que vous voyiez quelque chose qui serait de la publicité
partisane, quel serait l'exemple?
M. O'Neill: II y a peut-être actuellement certaines
campagnes du fédéral qui nous font penser à cela.
M. Le Moignan: Non, restons au Québec, restons chez
nous.
M. O'Neill: Je vois cela à l'occasion dans les journaux,
les campagnes Canada, à même les fonds publics, d'ailleurs...
M. Le Moignan: II se passe souvent de fierté
québécoise...
M. O'Neill: Toute la documentation qui inonde les bureaux de
poste. On marche dedans, il y en a partout. C'est dans le genre. C'est
payé avec les fonds publics. J'espère que cela devrait vous
inquiéter.
M. Le Moignan: N'y aurait-il pas un contenu précis qui
entrerait dans la politique québécoise? On parle de
fierté...
M. O'Neill: Ecoutez, comme c'est un problème qui a l'air
de vous inquiéter beaucoup, de vous préoccuper, j'imagine qu'il y
a eu des choses qui ont dû ressembler à cela, à votre point
de vue. Vous pourriez peut-être nous donner des exemples. Il ne m'en
vient pas à l'esprit, j'entends de la publicité faite par le
gouvernement du Québec. Comme je vous dis, la seule chose qui me vient
à l'esprit actuellement quand je vous écoute, c'est que je pense
à certaines campagnes du fédéral.
M. Forget: Le programme OSE, par exemple.
M. Le Moignan: Si vous n'avez pas d'exemple, c'est donc signe
que, dans votre idée, il n'y a aucune publicité partisane chez
vous.
M. O'Neill: Si vous avez des exemples de publicité... Vous
entendez la publicité gouvernementale ou la publicité du
parti?
M. Le Moignan: Ah non! Gouvernementale; que ce soit le parti,
cela se comprend, mais gouvernementale déguisée...
M. O'Neill: Si M. le député de Gaspé estime
qu'il y en a, je trouve qu'il devrait nous donner des exemples, il ne m'en
vient pas à l'esprit. On pourrait regarder cela de près.
Remarquez, si jamais, à un moment donné, il y a une agence qui se
mêlait d'en faire, on pourrait examiner cela. Maintenant, si vous avez
des exemples, il serait intéressant que vous les donniez; sinon, c'est
de l'ordre des hypothèses.
M. Le Moignan: On a parlé de "On s'attache au
Québec". Le député là-bas avait un bon exemple
à donner.
M. Laberge: Vous dites la publicité partisane...
M. Le Moignan: Non, mais...
M. O'Neill: M. le député de Gaspé,
j'espère que, quand vous prenez l'exemple de "On s'attache au
Québec", vous n'identifiez pas le Québec au Parti
québécois. J'espère que vous-même, étant
Québécois, vous devez vous retrouver dans une affiche
publicitaire comme celle-là.
M. Le Moignan: C'est le danger que vous autres, à la
longue, vous forciez les gens, eux, à s'identifier au Parti
québécois. "On s'attache au Québec", donc on
s'attache...
M. O'Neill: Ce sont des brumes qui règnent dans votre
esprit. Si vous pouvez craindre de pareilles choses, je ne peux pas enlever
toutes les craintes à l'intérieur de votre esprit. Seulement,
quand on dit "On s'attache au Québec", c'est sûr que cela stimule
l'attachement au Québec, l'amour de son pays et de sa patrie. Vous
n'avez sûrement rien contre cela. Il faudrait me trouver d'autres
exemples. Ce sont toujours les mêmes exemples qu'on nous a
mentionnés. "Prenez le tour du Québec", on nous a
mentionné cela aussi. Oui, c'est intéressant comme slogan, pour
dire aux gens: Faites donc du tourisme intérieur. C'est excellent. C'est
même économiquement profitable. Si vous avez d'autres exemples,
j'aimerais bien que vous me les donniez. Est-ce que vous en avez à
l'esprit?
M. Le Moignan: Je vous ai posé une question.
M. O'Neill: Je n'en vois pas dans le moment. Il me semble, au
contraire, que ce que j'ai vu des campagnes organisées par
différents ministères, cela me semblait tout à fait
correct.
M. Forget: Si je comprends bien, M. le Président, le
ministre nous a distribué un document qui est un effort plus ou moins
sérieux pour faire une distinction entre les activités
d'information partisane et les activités d'information administrative.
Il nous dit qu'il a créé un Conseil des directeurs des
communications qui s'est attaché, entre autres sujets d'étude,
à faire une clarification des notions d'information administrative et
d'information politique. Ils me semblent très gratuits, ces efforts.
Pourquoi se donner tant de mal s'il ne peut nous citer aucun exemple depuis
deux ans et demi où l'application de ces règles auraient pu
créer un problème ou soulever des interrogations dans l'esprit de
ses collaborateurs?
M. O'Neill: Ecoutez!
M. Forget: Est-ce qu'ils perdent leur temps?
M. O'Neill: Non, c'est tout simplement que des normes comme
celles-là peuvent justement guider les gens, aider peut-être
à...
M. Forget: C'est strictement pour l'avenir. M. O'Neill:
... prévenir des erreurs. M. Forget: C'est de la
prévention, oui.
M. O'Neill: Vous êtes sûrement favorable à la
prévention.
M. Forget: C'est de la prévention. M. O'Neill:
Excellente chose!
M. Forget: Ils ont jugé que tout allait bien dans le
meilleur des mondes.
M. O'Neill: Non, c'est une chose très bonne, la
prévention, c'est sûr.
M. Forget: La prévention d'un mal qui ne s'est jamais
produit. Est-ce qu'on va le reconnaître quand on va le voir?
M. O'Neill: Ah! vous pouvez compter sur nous pour ça.
M. Forget: Oui, on voit. On est très impressionnés,
M. le Président, très impressionnés. On aimerait bien
croire à la sincérité du ministre, mais on n'est pas
impressionnés là-dessus.
La production de films, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Toujours
dans l'information? D'accord.
M. Forget: Toujours dans le même programme, oui. Ce n'est
pas la politique du cinéma.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas le cinéma, d'accord.
M. Forget: C'est la production cinématographique pour des
fins de publicité.
Si je comprends bien, la production de films par le ministère des
Communications émarge au budget du ministère des Communications.
Ce sont des films qui sont faits à la demande des ministères
sectoriels et qui sont réalisés, soit par le ministère des
Communications, soit en commandite, en quelque sorte et qui émargent au
budget du ministère.
M. O'Neill: M. le Président, nous allons redonner la
réponse là-dessus que nous avons donnée cet
après-midi.
Le ministère des Communications a signé un contrat de
services avec une firme qui s'appelle Kinéco, pour produire un certain
nombre de courts métrages de moins de trois minutes pour une somme
globale d'environ $35 000, ce qui fait, pour chacune des productions 40
par année environ $800, développement, tournage, mixage du
son, tout inclus...
M. Forget: Oui, d'accord.
M. O'Neill: ... ce qui est extrêmement bon marché
à l'unité.
Les sujets sont purement d'ordre administratif. L'exemple qu'on donnait
après-midi, c'est celui des Terres et Forêts qui, chaque
année, au mois de juillet, demande de produire un document de deux
minutes sur les moyens utilisés par le ministère des Terres et
Forêts pour se protéger contre les dangers d'incendie surtout en
période de pointe. On pourrait faire le tour de tous les documents.
C'est ce à quoi on s'est engagé, d'ailleurs, à remettre
demain la liste de chacun des sujets qui ont été
tournés.
M. Forget: Oui, d'accord. Ce n'est pas l'objet de ma question,
remarquez.
Je vais la répéter. Ces films sont réalisés,
donc, par le ministère des Communications, à la demande d'un
certain nombre de ministères sectoriels, mais figurent, émargent
au budget du ministère des Communications...
M. O'Neill: Comme un service offert aux autres ministères.
(21 heures)
M. Forget: Est-ce que les autres ministères peuvent, quant
à eux, obtenir des films directement en s'adressant à des
producteurs indépendants? Autrement dit, est-ce que vous êtes la
source exclusive de ces courts métrages pour les ministères ou si
les politiques gouvernementales permettent aux ministères de
s'approvisionner ailleurs, en quelque sorte, de placer des commandes pour de
tels films ailleurs qu'à Communication-Québec?
M. O'Neill: Les ministères sont bien libres de...
M. Forget: Alors, quel est l'avantage de ce service?
M. O'Neill: Le coût.
M. Forget: C'est strictement sur une base de coût.
M. O'Neill: Le coût puisqu'on...
M. Forget: Vous offrez vos services sur une base concurrentielle,
en quelque sorte.
M. O'Neill: Sur une base ponctuelle; peu de producteurs
pourraient tourner un film de moins de deux minutes, tout compris, pour le prix
qu'exige Kinéco, à $800, c'est très bon marché. Ce
qu'il est important de retenir, c'est le système de diffusion de ces
enregistrements de deux minutes aux 15 ou 17 stations de
télévision au Québec. Cela a un pourcentage d'utilisation
de plus de 80%; cela veut dire que c'est une denrée qui est attendue par
les stations de télévision, surtout lorsque les services du
ministère ont la sagesse de l'envoyer le vendredi après-midi dans
les stations.
M. Forget: Comme c'est une méthode si efficace de
communications, comment se fait-il que ce ne soit pas le mode exclusif retenu
par le ministère ou par le gouvernement pour la production de ses films?
Si je comprends bien, il y en a qui sont produits par d'autres canaux.
M. O'Neill: Je ne saisis pas votre question en relation avec ces
productions qui sont de moins de trois minutes; plus de trois minutes, elles
sont considérées comme des reportages et, à ce
moment-là...
M. Forget: On parle toujours des très courts
métrages de moins de trois minutes.
M. O'Neill: Les très courts métrages...
M. Forget: Vous avez dit: Les ministères ne sont pas
forcés de s'adresser à Communication-Québec, ils peuvent
le faire par leurs propres moyens. D'un autre côté, vous dites que
c'est extrêmement avantageux de le faire faire par
Communication-Québec.
M. O'Neill: Dans ce cas-là, dans le cas de ces très
courts métrages.
M. Forget: Toujours, c'est toujours de cela dont on parle,
d'ailleurs. Si l'efficacité ou l'économie de ce moyen de
même que son très bon impact sur le public sont constatés,
comment se fait-il que les ministères conservent le pouvoir de
s'adresser n'importe où?
M. O'Neill: Pour faire quoi?
M. Forget: Pour faire ces courts métrages.
IV. O'Neill: On a dit qu'ils n'avaient pas d'avantages à
en faire part ailleurs puisque c'est économique; je ne sais pas s'ils en
font faire ailleurs, il faudrait leur demander. Vous me posez une question par
rapport aux 40 qu'on fait, combien cela coûte, quels services on offre
aux ministères et, après cela, vous me demandez s'il y en a
d'autres qui en font; je n'en ai aucune idée.
M. Forget: Vous n'en avez aucune idée. Je croyais que le
ministère des Communications avait une vue d'ensemble des communications
et des moyens audio-visuels utilisés dans les différents
ministères. Vous avez bien des mécanismes de coordination?
M. O'Neill: Justement, M. le Président...
M. Forget: Vous n'êtes pas en mesure de juger de cela.
M. O'Neill: C'est un secteur dans lequel nous avons entrepris des
démarches pour arriver à obtenir la coordination pour les plus
longs métrages sous la responsabilité de la direction
générale du cinéma et de l'audio-visuel. Ces
démarches ne sont pas terminées parce qu'il faut de la
négociation pour en arriver à cela.
M. Forget: Oui, mais au moins sur le plan recherche de l'avantage
de se coordonner, j'imagine que par l'entremise des autorisations du Conseil du
trésor, de toute façon, il serait possible à votre
ministère, de savoir de quoi il en retourne assez facilement.
M. O'Neill: La distinction, c'est que là, actuellement, on
parle du programme 2, l'information gouvernementale. Vous parlez d'autres
productions cinématographiques, cela fait partie d'un autre programme du
ministère des Communications.
M. Forget: Je ne parle pas d'autres productions
cinématographiques, arrêtez donc de changer d'idée; je
parle des courts métrages de moins de trois minutes. Vous m'avez dit que
les ministères pouvaient s'adresser à n'importe qui. Vrai ou
faux? Je vous demande: A qui s'adressent-ils et quelle idée
générale avez-vous au ministère des Communications
là-dessus? Vous me dites: On ne le sait pas. C'est intéressant de
savoir que vous ne le savez pas, entre nous.
M. O'Neill: II est sûr, M. le Président, qu'il peut
fort bien arriver que nous ne sachions pas tout ce qui se passe au
ministère de l'Education qui a un énorme budget.
M. Forget: Vous êtes là pour cela, comme par
hasard.
M. O'Neill: Je trouve cela assez curieux de la part de gens qui
se vantent de vivre dans le Québec des libertés; cela fait deux
ou trois fois qu'on nous fait des reproches comme s'il fallait que le
ministère des Communications, sous pré-
texte de coordination des communications, en soit rendu à
contrôler à peu près tout ce qui se fait dans les
ministères.
M. Forget: On ne vous demande pas de contrôler quoi que ce
soit, on vous demande de savoir les réponses aux questions.
M. O'Neill: C'est cela, mais dans votre esprit, cela suppose
exactement ce genre de contrôle, le même genre de contrôle
que vous dénoncez quotidiennement.
M. Forget: Cela suppose de mettre fin à votre ignorance.
C'est tout! On ne vous demande pas de contrôler, c'est à peine si
vous êtes capable de contrôler votre ministère.
M. O'Neill: Cela suppose simplement votre mauvaise foi et votre
hypocrisie.
M. Forget: Vous pourriez être poli.
M. Beauséjour: Cela, c'est bon! Vous parlez de
politesse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Iberville, ne renchérissez point.
M. Forget: Vous, on ne vous parle pas, restez donc
tranquille.
M. O'Neill: Vous le savez très bien. M. le
Président, M. le député de Saint-Laurent sait très
bien que ce genre de contrôle n'existe pas de la part d'un
ministère à l'intérieur de l'ensemble d'un
ministère, de l'appareil gouvernemental, il le sait très
bien.
M. Forget: Je n'ai pas parlé de contrôle. Le
ministre s'acharne à répondre à côté de la
question, parce qu'il ne veut pas admettre que son ministère des
Communications, d'après sa loi constitutive, si je ne m'abuse, est
censé développer une vision d'ensemble des activités de
communications de l'ensemble des organismes et des ministères du
gouvernement. Je pense que c'est un peu cela sa mission, cela n'est pas
simplement de payer des comptes téléphoniques, me semble-t-il.
Donc, si c'est cela la mission du ministère des Communications, avant
même de songer à contrôler il est, je pense, légitime
M. le Président, je pense que vous pourriez l'admettre et toute
personne raisonnable aussi de demander au ministre des Communications
s'il a quelques vagues notions de ce qui se fait relativement aux politiques
d'achat ou de production du très court métrage, du "spot"
publicitaire, si vous voulez.
On nous dit: On sait ce que l'on fait, mais on ne sait pas ce que le
gouvernement fait en général. C'est utile à savoir. C'est
un élément dans notre dossier qui démontre en effet que
c'est un ministère qui n'a peut-être pas tout à fait sa
raison d'être.
M. O'Neill: M. le Président, on ne poursuivra pas
indéfiniment ce débat, on voit avec quel esprit le
député de Saint-Laurent l'a entrepris. Tout simplement, ce que
nous avons répondu, c'est que, pour un certain type d'activités
qui relèvent du ministère, nous pouvons donner là-dessus
la documentation; d'ailleurs nous y avons donné réponse cet
après-midi. Pour ce qui est de mener une enquête à
l'intérieur de l'ensemble de l'appareil gouvernemental pour savoir si
des gens font l'équivalent quelque part ou ne le font pas, nous
répondons actuellement qu'à notre connaissance ces choses ne se
font pas. Mais peut-être qu'avec une vaste enquête, M. le
Président, et en mettant le temps et le personnel, on arriverait
à donner une réponse à sa question. Si, par hasard, le
député de Saint-Laurent avait des indices montrant ce fait, nous
pourrions quand même vérifier exactement ces indices et voir s'il
n'y a pas lieu de développer dans ces secteurs aussi une sorte de
politique de coordination. Encore une fois, si la question est: Est-ce que vous
avez fait une enquête pour savoir ce qu'on se permet ou ce qu'on ne se
permet pas de faire dans l'ensemble des ministères du gouvernement, la
réponse c'est non.
M. Forget: II faudrait s'entendre, M. le Président. Tout
à l'heure, j'ai posé une question, on m'a dit: Oui, les autres
ministères peuvent se procurer et ils se procurent effectivement
ailleurs de courts métrages.
M. O'Neill: Je n'ai pas dit cela.
M. Forget: Ils peuvent tout simplement, théoriquement.
M. O'Neill: C'est cela. Il n'y a aucune contrainte qui les
empêche de...
M. Forget: Sur cela, je peux imaginer, je me demandais si vous
aviez une idée sur ce qui se faisait.
M. O'Neill: On a parlé de productions
cinématograhiques à caractère administratif et non pas
publicitaire. Vous avez mentionné le mot "publicitaire", parlé de
productions publicitaires. Là, on en reste à des documents
administratifs pour projection dans les stations de télévision
sur des sujets d'ordre administratif et on dit: On en fait 40 par
année.
M. Forget: Oui, le sujet est administratif, mais si on le
projette à la télévision, cela n'est pas pour administrer
quoi que ce soit. C'est pour faire connaître, donc publiciser, je pense
bien qu'on ne fendra pas les cheveux en quatre.
M. O'Neill: C'est de l'information administrative.
M. Forget: C'est de l'administration...
M. O'Neill: De l'information administrative, vous appelez cela
comment?
M. Forget: Mais cela n'est pas moi qui fends les cheveux en
quatre, c'est la réponse qu'on me donne.
M. O'Neill: Non, non, mais je vous dis cela. Vous avez dit que
cela n'était pas administratif.
M. Forget: Parce que j'ai parlé de publicité, c'est
effrayant, il n'y a rien de...
M. O'Neill: L'information administrative, cela s'appelle de
l'information administrative.
M. Forget: Oui, c'est pourquoi ma fille est muette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme 2 est adopté?
M. Forget: II y a deux questions que j'ai encore relativement
à ce programme. On fait mention des bureaux de
Communication-Québec dans les différentes régions:
Rimouski, Jonquière, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke,
Montréal, Saint-Jérôme, Saint-Jean, Hull, Rouyn, Sept-lles,
qui ont répondu à 334 000 demandes de renseignements, etc. C'est
impressionnant comme nombre, quoique cela ne soit pas tellement
élevé, je pense bien, compte tenu du nombre de demandes que
certains ministères ont à recevoir en quelque sorte, si on peut
employer l'expression. Je me demande si le ministère des Communications,
qui administre ce service donc là on reste dans sa cour a
fait une évaluation de l'efficacité ou du taux de sa-tisfact'on
des gens qui s'adressent à ces services.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'il est plausible que le
ministère des Communications réponde à beaucoup de
demandes, mais se borne à communiquer une information qui n'est pas
directement utilisable. On pourrait imaginer que Communication-Québec,
face à une demande relativement à l'obtention d'une carte de
compétence pour l'industrie de la construction dise: Ah oui, carte de
compétence, industrie de la construction, allez au ministère du
Travail. On ne court pas grand risque en disant ça, mais,
évidemment, l'information est à reprendre à une
étape subséquente.
Relativement à une demande d'information au sujet d'un
chèque d'allocations familiales qui a été perdu dans la
poste, on dit: C'est la Régie des rentes, adressez-vous à la
Régie des rentes. Cela peut faire beaucoup de réponses, sauf que
ce ne sont pas des réponses. L'expérience... On peut se dire
ça entre nous, on connaît un peu l'administration publique, on
sait que ça peut se passer très facilement.
M. O'Neill: Ce sont des réponses.
M. Forget: Non, ce ne sont pas des réponses.
M. O'Neill: Ils dépannent les gens.
M. Forget: II y a un peu plus que ça à donner,
parce que, quand on va appeler au ministère du Travail pour obtenir la
carte de compétence, on ne dira pas: Ecoutez, vous y êtes au
ministère du Travail, bravo, vous êtes rendus. On va
peut-être leur en donner un peu plus pour que ce soit utile. La
même chose quand quelqu'un va dire à la Régie des rentes:
J'ai perdu mon chèque d'allocations familiales, comment est-ce que je
fais pour en obtenir un nouveau? On ne lui dira pas: Ecoutez, vous êtes
à la Régie des rentes, bravo, vous êtes content, vous
devriez être content avec ça.
On va lui dire: On va vous envoyer tel formulaire, vous allez faire
telle démarche, vous allez au bureau local ou régional de la
Régie des rentes, s'il s'agit de quelqu'un à Montréal ou
Québec, c'est possible, vous pouvez le faire en y allant, vous pouvez le
faire en écrivant, vous allez faire telle et telle déclaration,
vous allez obtenir un deuxième chèque. Il y a toute une
procédure. C'est vraiment une information utile à l'usager.
L'autre information est un aiguillage qui est mieux qu'autre chose. Dans le
fond, ce n'est pas vraiment répondre à l'usager de façon
satisfaisante.
Une autre dimension des activités d'information gouvernementale,
c'est que les services gouvernementaux, la réglementation
gouvernementale évolue sans cesse. On a peine, même comme
législateur, à suivre l'accumulation de toutes sortes de
renseignements, de toutes sortes de nouveautés sur le plan des
règlements, de la définition de programmes,
d'accessibilité, etc. Il faut un système drôlement bien
rodé pour permettre aux agents d'information de se tenir raisonnablement
au courant d'une information utile, dans le sens d'utile à
l'utilisateur, pas simplement l'aiguillage.
Je me demande s'il y a une étude impartiale, systématique
qui a été faite sur l'efficacité de ces bureaux
d'information, étant donné qu'ils sont doublés, dans un
très grand nombre de cas, par les bureaux sectoriels. Je sais, quand
j'étais au ministère des Affaires sociales, pour donner un
exemple et être concret, que nous avons, malgré l'existence de ces
bureaux de Communication-Québec... Je sais, j'ai vu, dans le rapport du
ministère des Affaires sociales de cette année, que ça
n'avait fait que prendre de l'expansion depuis trois ou quatre ans, de toute
façon, qu'on répond non pas à 300 000 demandes, mais
à quelque chose qui va probablement chercher maintenant dans le million
de demandes d'information, dans des bureaux à Montréal et
Québec. Je sais qu'à Montréal, c'était rendu qu'il
y avait six téléphonistes à temps plein, il y avait des
gens qui se déplaçaient et, souvent, ce sont des gens qui sont
simplement référés par Communication-Québec.
Ce sont deux étapes dans le processus de cueillette d'information
pour le citoyen et on peut se poser la question: Est-ce que ça vaut la
peine? Est-ce qu'un mécanisme plus automatique, plus expéditif
pour aller vraiment à la source le plus
rapidement possible ne serait pas préférable? Il y a une
question d'analyse de bénéfices et de coûts respectifs des
deux formules. Je ne pense pas qu'on devrait dire qu'on maintient des bureaux
de Communication-Québec envers et contre tous, sans même faire
d'analyses pendant des années, si l'expérience se
révélait décevante.
Alors, c'est le but de la question, elle n'est pas
malintentionnée, je veux rassurer le ministre. C'est simplement de
savoir si le ministère des Communications s'est assuré de
l'efficacité de ce service, est-ce qu'il est prêt à le
remettre en cause constamment ou périodiquement, de manière
à s'assurer que l'argent qui est dépensé là-dessus
est dépensé de façon optimale? Si oui, est-ce qu'on
pourrait avoir une communication de ces études pour nous rassurer
nous-mêmes sur les conclusions auxquelles arrive le ministre? (21 h
15)
M. O'Neill: Le citoyen qui est face à l'appareil
gouvernemental sait où se diriger ou il ne le sait pas. S'il sait
où aller, il se dirige par téléphone, s'il y a lieu,
directement au service concerné, pour obtenir l'information qu'il
désire. S'il ne sait pas où aller, il va aboutir à
Communication-Québec. Il va exposer son problème et la
première tâche de l'agent de renseignement est de tenter
d'identifier précisément la nature du renseignement que veut
obtenir le citoyen.
Deux choses peuvent se produire. A l'aide de l'une ou l'autre des 3000
fiches qui ont été mises au point et constamment mises à
jour par l'équipe de la centrale de renseignements, l'agent de
renseignement va aller sélectionner la fiche correspondant au
problème du citoyen et va lui fournir: a) La réponse
précise. b) Si l'agent de renseignement de Communication-Québec
n'est pas en mesure de fournir immédiatement la réponse ou,
encore s'il s'agit d'un problème complexe, un cas personnel, un cas
spécifique, l'agent de renseignement du bureau de
Communication-Québec va compléter une fiche et va dire au citoyen
qu'un fonctionnaire compétent du ministère compétent va le
rappeler dans les 36 ou 48 heures.
Effectivement, 48 heures plus tard, le fonctionnaire de
Communication-Québec recommunique avec le citoyen, où qu'il soit
dans le territoire, pour lui demander si on a donné suite à sa
demande et s'il est satisfait du renseignement. C'est la technique
habituelle.
Il est vrai qu'un grand nombre de ministères et d'organismes ont
des services de renseignements, mais en dépit de cela, le nombre total
de demandes de renseignements adressées, en 1978/79, à l'un ou
l'autre des bureaux de Communication-Québec, a atteint 334 622. Cette
année, même s'il y a eu une diminution des appels provenant du
ministère du Revenu, durant la période de pointe de
février et mars parce que le ministère du Revenu s'est
doté d'un réseau de renseignements Zénith dans toute la
province en dépit d'une baisse de 50% des appels
téléphoniques qui nous arrivaient à
Communication-Québec, de la part de citoyens qui nous posaient des
questions à propos de leur rapport d'impôt ou de revenu, le total
des appels a augmenté cette année, à
Communication-Québec, en février, en mars et en avril.
Déjà, il y a une augmentation.
Il est également intéressant de noter qu'il est vrai que
la majorité des appels proviennent encore du citoyen concernant des
problèmes de revenu. Mais le deuxième client en importance,
à Communication-Québec, avec 24 500 appels par année,
c'est le gouvernement fédéral. Ce sont des citoyens qui appellent
Communication-Québec, pour avoir des informations concernant le
gouvernement fédéral.
Le troisième est la RAMQ, etc. Cela veut dire que nous sommes
obligés, pour fournir les services aux citoyens, de constamment faire la
mise à jour des différentes fiches, au nombre de 3000, dont
environ 1200 servent régulièrement. Ces dossiers sont constamment
envoyés dans toutes les régions. Et pour augmenter
l'efficacité du renseignement et multiplier le nombre, il y a une
expérience pilote qui est en cours avec les différents CLSC dans
la région de l'Outaouais. Et si cette expérience s'avère
concluante, chacun des CLSC aura le livre complet avec les 3000 fiches. C'est
évident que la mise à jour de ces fiches et du système va
nous conduire vers un autre moyen mécanique pour la mise à jour
et l'utilisation, dans l'ensemble du gouvernement, d'une centrale de
renseignements plus adaptée à la rapidité moderne.
Lorsque vous parlez de l'efficacité, nos études
révèlent que, présentement, les agents de renseignements
pour l'ensemble du réseau ont une moyenne quotidienne d'environ 45
appels téléphoniques individuels, alors que Bell Canada
considère que 35 est déjà une moyenne acceptable.
Là, il faut tenir compte du fait que ce sont des renseignements
spécifiques, dans la plupart des cas, aux citoyens.
Des études sont entreprises présentement pour
améliorer ce système-là, parce qu'on a constaté que
des citoyens entrent dans la machine gouvernementale en composant soit le 2121,
à Québec ou le 3131, à Montréal et que les
téléphonistes de 2121 et 3131 sont à contrat avec Bell
Canada et n'ont pas pour mission de renseigner le citoyen. Elles tentent de
l'orienter du mieux qu'elles peuvent dans la machine gouvernementale et on est
en train de prendre les dispositions de façon que, si le citoyen sait
où il veut aller, les téléphonistes vont l'orienter
directement à la bonne place. S'il ne sait pas où il peut obtenir
ses renseignements, d'une façon systématique, la
téléphoniste l'acheminera vers l'un ou l'autre des bureaux de
Communication-Québec.
D'autres travaux ont également été faits. Exemple:
Nous nous sommes préoccupés des différents annuaires
téléphoniques, principalement ceux de Montréal et de
Québec. Chaque fois qu'un ministère ou un organisme indique:
Renseignements, tel numéro de téléphone,
Communication-Québec a fait l'exercice de téléphoner
à chacun de ces endroits-là pour savoir ce qui se passait
exactement et constater la qualité du
répondant. Je peux vous donner un exemple qui va vous faire
sourire, le numéro des renseignements de l'Assemblée nationale:
"II n'y a pas de service au numéro que vous avez composé." C'est
rigoureusement exact. C'est pour vous dire que l'exercice que vous nous
proposez, on l'a fait, on est à la troisième phase de nos
recherches et je pense que, d'ici le mois de septembre ou octobre, on aura mis
en application la plupart des nouvelles recommandations ainsi que des
systèmes susceptibles d'améliorer cela. Sauf que le point de
saturation pour le réseau d'agents de renseignements pourrait être
atteint et dépassé très rapidement dès l'instant
où on provoquerait une demande par une campagne de publicité. 45
appels par jour, c'est presque un point de saturation. S'il fallait que l'on
intensifie la publicité, les téléphones seraient
débordés et le service deviendrait moins efficace. C'est une
lente progression, il faut y mettre le temps.
M. Forget: Vous avez mentionné que le ministère du
Revenu avait, cette année, adopté des numéros
zénith pour permettre l'accès direct à tous les
contribuables au ministère. Est-ce qu'il s'agit là d'un
précédent qui est susceptible de s'étendre à
d'autres ministères qui ont des relations directes avec un grand nombre
de citoyens ou est-ce que c'est un cas d'exception?
M. O'Neill: A ma connaissance, selon les discussions au Conseil
des directeurs des communications, il existe, au gouvernement, une dizaine de
réseaux zénith offerts par l'un ou l'autre des organismes
gouvernementaux, mais Communication-Québec, c'est évidemment la
porte privilégiée pour le renseignement aux citoyens, parce que
c'est le seul par lequel le citoyen, où qu'il soit sur le territoire,
peut communiquer avec l'un ou l'autre des bureaux de
Communication-Québec, sans frais, par zénith et c'est le seul qui
permet également au citoyen, s'il n'a pas une réponse directe,
d'être assuré qu'un fonctionnaire répondant,
compétent va communiquer à nouveau avec lui en utilisant le
système centrex dans les 36 ou 48 heures, sauf au mois de juillet.
M. Forget: Vous dites qu'il y a une étude que vous
êtes en train de terminer sur l'ensemble du système qui
amènera éventuellement des modifications possibles.
M. O'Neill: Des améliorations.
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président, sur le programme 2.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
programme 2 serait-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 2, adopté.
Edition gouvernementale
Programme 3, Edition gouvernementale. M. le ministre, avez-vous quelque
chose à dire sur le programme 3?
M. O'Neill: Non, M. le Président, tout a été
dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je remarque, à la première page du
programme 3, lorsqu'on parle de la gestion interne de l'édition, qu'on a
élaboré et commencé à implanter un système
de prix de revient de la production, de façon à mieux
évaluer la valeur marchande des publications et, en
général, le coût réel des services rendus. C'est
donc une chose sur laquelle on peut compter. Il y a un prix de revient pour
toutes les publications gouvernementales. C'est donc un renseignement
qu'à l'occasion, on peut demander sans créer de recherches et de
difficultés considérables. La comptabilité du coût
de revient est faite de façon routinière, si je comprends
bien.
M. O'Neill: C'est un système que nous commençons
à implanter maintenant. C'est une étude qui a été
faite conjointement par le ministère des Finances et le ministère
des Communications. Un mécanisme a été mis au point qui va
nous permettre à l'avenir, pour les publications de l'Editeur officiel
et les publications gouvernementales vendues, de déterminer le prix de
revient, c'est-à-dire les différentes étapes, d'identifier
les différentes étapes et le coût correspondant.
M. Forget: Quel est votre objectif dans la préparation de
ces renseignements?
M. O'Neill: C'est un objectif pour connaître exactement le
coût que représente pour le gouvernement une publication
gouvernementale qui est vendue et ensuite de déterminer si, pour
différentes raisons, le prix de vente en fonction du prix de revient
sera supérieur ou inférieur à quelque niveau que ce
soit.
M. Forget: Quel avantage croyez-vous en retirer pour la gestion
des fonds publics si vous n'êtes pas tenu à respecter une relation
quelconque entre le prix de vente et le prix de revient? Cela demeure une
décision arbitraire. Non?
M. O'Neill: Cela demeure une décision qui est basée
sur toutes les données possibles qu'il est permis de connaître
à ce moment, c'est-à-dire que, lorsqu'une décision sur la
vente d'une publication est prise, on sait, à ce moment, quel est le
prix qu'il a coûté au gouvernement et la décision est prise
en conséquence.
M. Forget: Quels sont les autres facteurs qui entrent en ligne de
compte?
M. O'Neill: II y a un autre facteur qui est important et qu'il
s'agit d'équilibrer par cette analyse sur le prix de vente. Dans le cas
de beaucoup de publications, c'est considéré comme des
publications qui, à la fois, sont utiles au public et, d'autre part,
seraient difficilement réalisables dans bien des cas par l'entreprise
privée. En revanche, si on ne fait pas cette analyse du prix de revient,
on se trouve à soulever finalement un problème
d'équité, parce que ce sont finalement certains citoyens qui se
trouvent à profiter à ce moment des objets, des marchandises ou
des éditions, des exemplaires qui sont mis à leur disposition. Je
pense qu'il est important, à ce moment, qu'on se pose la question,
à savoir quel est le genre, je ne dirais pas de faveurs, mais
d'avantages qu'on met à leur disposition, et, théoriquement,
à l'avantage de tous les citoyens, mais, dans la pratique, pour beaucoup
de choses, qui peuvent être produites à l'avantage surtout de
certains citoyens. C'est une sorte d'équilibre qu'on essaie
d'établir dans cela. On reconnaît, comme principe, et même
quand on rencontre les éditeurs privés, qu'il peut y avoir un
certain nombre de choses qui soient produites par l'éditeur et qui
soient finalement mises sur le marché à un prix extrêmement
avantageux. Encore une fois, je pense qu'il faut aller voir de plus
près, pour savoir exactement ce qui, dans cela, est payé
concrètement par le public et ce qui est payé par celui qui
achète. C'est cela qu'il s'agira d'équilibrer.
M. Forget: Je comprends mal. Est-ce qu'il y a une politique
générale, par exemple, qui départagerait différents
types de publications pour lesquelles on facture soit le prix de revient, soit
la moitié du prix de revient, soit les trois quarts du prix de revient
dans d'autres catégories? Est-ce qu'il y a une politique
générale ou si cela se fait au pif en quelque sorte? On regarde
la publication et on se dit: Celle-là, on va la vendre $2, même si
elle revient à $3.75; l'autre, on va la vendre $2.50, même si elle
coûte $3.25. Est-ce qu'il y a autre chose que l'intuition? Qu'est-ce que
c'est exactement? (21 h 30)
M. O'Neill: C'est le genre de question que j'ai
déjà posée à l'éditeur. Il y a beaucoup de
facteurs qui entrent en ligne de compte, ne serait-ce que ce que j'appellerais
la valeur apparemment objective ou commerciale de l'oeuvre, par exemple,
c'est-à-dire qu'il serait, par exemple, considéré comme
anormal dans ces normes qu'à un moment donné, il mette à
la disposition des gens un ouvrage à un prix scandaleusement bas.
D'autre part, il a comme objectif de rendre des ouvrages assez facilement
accessibles.
J'aurais évidemment aimé ça que M. Dubé soit
ici pour vous expliquer ça. Ce serait inexact de dire qu'il agit au pif,
mais il tient compte à la fois de ça, à la fois de
certaines évaluations qu'on peut faire sur le marché et, en
même temps, de l'idée qu'il a une sorte de service à rendre
et, d'autre part, encore une fois, le service, en pratique, il le rend plus
à certains citoyens qu'à d'autres citoyens, dans les faits. Quant
à nous, nous estimons qu'il faut évaluer la chose de plus
près.
M. Forget: Qui a l'autorité de déterminer le prix
des publications gouvernementales? Est-ce que c'est l'éditeur ou si
c'est comme toutes les décisions du ministère, c'est
essentiellement le sous-ministre ou le ministre, comme chef du ministère
qui, formellement, a cette responsabilité?
M. O'Neill: Non, on ne prend aucune décision de ce
côté. C'est l'éditeur...
M. Forget: C'est qui? C'est l'éditeur. M. O'Neill:
Lui-même qui assure la...
M. Forget: II a le pouvoir légal de déterminer les
prix.
M. O'Neill: C'est lui qui assure la commercialisation.
M. Forget: Est-ce que c'est fait en fonction d'une certaine
politique qui doit couvrir une certaine fraction de ces coûts ou si, de
toute façon, le ministère assume le déficit
d'opération, quel qu'il soit?
M. O'Neill: Non, l'éditeur doit quand même couvrir
une fraction importante des coûts. Il y a même...
M. Forget: Laquelle?
M. O'Neill: L'idéal, c'est quand il peut concilier tous
ces objectifs qu'il veut réaliser en même temps et rendre
l'ouvrage accessible, faire publier ce que d'autres n'auraient pas
publié et, d'autre part, à un coût qu'on appelle moyen et,
en même temps justement, en tenant compte de ce que ça coûte
aussi. C'est l'éditeur qui fait ça. Je remarque en passant que,
à ce point de vue, c'est un système qui fait l'objet de certaines
critiques de la part des éditeurs privés, même si ceux-ci
concèdent, reconnaissent que, pour le cas de certains ouvrages, il faut
admettre que l'éditeur a une fonction particulière à
remplir.
M. Forget: C'est une décision de l'Editeur officiel. D'un
autre côté, dans ce problème, on a utilisé des
ressources, une expertise comptable, etc., pour établir le prix de
revient. Comment se fait-il que c'est le ministère qui assume les
coûts d'établir les données comptables qui sont utiles pour
l'éditeur dans la détermination des prix? Est-ce que lui n'a pas
sa propre comptabilité? Est-ce qu'il n'a pas ses propres services de
comptabilité qui peuvent... Comment cela se fait-il que ce soit le
ministère qui fasse ça si ce n'est pas le ministère qui
décide?
M. O'Neill: Au niveau administratif, l'Editeur officiel a ses
budgets à l'intérieur du programme qui s'appelle "édition
gouvernementale". Ce programme a une caractéristique assez
singulière. On retrouve, à l'intérieur du même
programme, d'une part, l'Editeur officiel, qui relève directement du
ministre des Communications et, d'autre part, les activités
d'édition, qui est la Direction générale de
l'édition gouvernementale qui relève du sous-ministre.
Dans la majorité des cas, le sous-ministre, de concert avec
l'Editeur officiel, lorsqu'il s'agit de responsabilité qui
relèvent de l'Editeur officiel, prennent les décisions qui
apparaissent les plus appropriées pour les cas
considérés.
M. Forget: Oui, ce n'est pas très utile dans
l'étude des crédits, tout ça. J'espère que vous le
réalisez.
Dans le fond, vous ne nous avez strictement rien dit sur le
mécanisme de détermination des prix à l'édition
gouvernementale. Vous dites: Bon! on regarde ça. Il y a des affaires, et
on essaie de concilier tout ça. En tout cas, c'est ça. C'est
à peu près ça, le genre de raisonnement que vous nous
faites.
Est-ce qu'on est censé approuver des crédits les yeux
fermés, comme ça? Cela ne me semble pas très logique, ce
mécanisme.
M. O'Neill: Lorsque l'Editeur officiel publie un texte
quelconque, d'une part, ce texte ne doit pas être un texte qui entre en
concurrence avec l'industrie privée. Généralement, ce sont
des oeuvres que le gouvernement, en l'occurrence l'Editeur officiel, estime
nécessaires pour la conservation, par exemple, de certaines choses
prenons, par exemple, le patrimoine...
M. Forget: Oui.
M. O'Neill: ... et qui ne seraient pas prises en
considération par les éditeurs privés. Lorsque arrive le
moment de déterminer le prix de vente de certaines de ces oeuvres, ce
qui est considéré, c'est d'abord la clientèle qui est
visée, de même que ce qu'on peut appeler un prix abordable.
Dans certains cas, ces oeuvres sont vendues à un prix qui
correspond à tous les coûts directs et indirects. On prend un
chiffre qui est reconnu dans l'industrie de l'édition,
c'est-à-dire deux fois et demi le coût de production et c'est le
prix de vente qui est déterminé et l'éditeur le vend
à ce prix. Dans certains autres cas, ce prix pourrait être
prohibitif pour la clientèle visée et, après consultation
avec le sous-ministre et, dans certains cas, avec le ministre, un prix plus bas
peut être déterminé. Je pense qu'un exemple qu'on peut
considérer dans les oeuvres que l'Editeur officiel met à la
disposition du public, c'est le "Québec tel quel" qui se vend $3.75 ou
$3.95, ce qui est un coût deux fois et demi plus bas que le coût de
production.
M. Forget: II y a donc un certain nombre de documents qui sont
vendus à un taux inférieur à deux fois et demi le prix de
revient; on calcule le prix de revient, on multiplie par deux et demi et ce
sera le prix qui vous sera offert pour une collection sur l'art
québécois du musée du Québec ou quelque chose de ce
genre. Lorsqu'on en vient à des documents gouvernementaux, plus
strictement par exemple, des textes de loi, on adoptera un autre
multiplicateur, on demandera le prix de revient, pas plus.
M. O'Neill: Non. Dans le cas des textes de loi, ils sont vendus
$0.25 pièce et c'est une des activités les plus rentables de
l'Editeur officiel, parce que c'est toujours la même structure au niveau
de la pagination, de la rédaction et du graphique. C'est une
activité très intéressante et très lucrative pour
l'Editeur officiel.
M. Forget: Le facteur est plus que deux fois et demie dans ce
cas-là.
M. O'Neill: C'est cela. Dans certains autres cas, en fonction de
la clientèle visée, par exemple, si on veut je reprends
l'exemple du "Québec tel quel" rejoindre l'ensemble de la
population, pour certaines raisons, on peut déterminer que le coût
doit être de $3.75 plutôt que, par exemple, $6. $7 ou $8 pour
certaines publications.
M. Forget: Ce serait le cas, par exemple, d'un livre blanc du
gouvernement.
M. O'Neill: Cela pourrait être le cas d'un livre blanc,
cela pourrait être le cas d'un livre vert, mais les textes sont
considérés à la pièce.
M. Forget: II y a une espèce d'escompte de volume pour les
textes de politique gouvernementale.
M. O'Neill: II faudrait vérifier. M. Forget:
C'est...
M. O'Neill: De toute façon, ce que fait l'éditeur,
c'est qu'il applique l'article 137 de la Loi de la Législature qui lui
donne le droit de décider. Il fait le calcul de tous les facteurs et il
prend les décisions qui semblent...
M. Forget: Dans le cas des lois.
M. O'Neill: Dans l'ensemble des prix.
M. Forget: L'ensemble des prix, c'est l'article 137 de la Loi de
la Législature.
M. O'Neill: C'est l'ensemble des publications officielles.
C'est la Loi de la Législature qui lui donne le droit de fixer
les prix.
M. Forget: Les publications officielles, ce sont les projets de
loi et les textes de loi, la Gazette
officielle, les procès-verbaux de l'Assemblée nationale,
le journal des Débats.
M. O'Neill: A l'article 137: "Au sens de la présente loi,
publication comprend tous les documents imprimés et les documents
audio-visuels produits par le gouvernement, l'un de ses ministères, l'un
des organismes qui en relèvent ou à leur demande."
M. Forget: Tous les documents.
M. O'Neill: Oui, tous les documents imprimés et les
documents audio-visuels produits par le gouvernement, l'un de ses
ministères, l'un des organismes qui en relèvent ou à leur
demande.
M. Forget: L'Editeur officiel est libre de déterminer le
prix. Quand il s'agit du texte d'un livre vert, il fait un escompte.
M. O'Neill: II faudrait vérifier.
M. Forget: Si j'ai bien compris, c'est cela.
M. O'Neill: Je vous disais tout à l'heure que même
l'éditeur m'expliquait, par exemple, comment, dans certains cas, il doit
tenir compte de ce que les gens s'attendraient à payer pour un ouvrage.
C'est-à-dire que...
M. Forget: II n'y a pas de concurrence. Je comprends qu'un livre
d'art publié pour le ministère des Affaires culturelles sur les
trésors artistiques du musée ou un volume d'archéologie
sous-marine, ça peut très bien... il y a des compétiteurs,
des éditeurs privés qui peuvent offrir des produits comparables.
Quand il s'agit de produire des textes de loi, c'est un peu plus embêtant
pour un éditeur privé, il n'a pas le même accès
à la source. A ce moment-là, si je comprends bien, il y a une
marge sensiblement plus généreuse parce que, dans le fond, on
contrôle le marché. C'est un raisonnement commercial qui se
comprend assez de la part de l'éditeur qui veut quand même couvrir
ses frais le plus possible et qui est obligé de vendre en bas du prix de
revient dans un certain nombre de cas.
Ce qui est intéressant de la part de quelqu'un qui reçoit
ses pouvoirs de l'Assemblée nationale, comme vient de l'indiquer le
ministre, en vertu d'un article qui lui permet de déterminer les prix,
c'est que dans le cas de documents qui, encore une fois ne sont pas des
documents de l'Assemblée nationale, mais des documents gouvernementaux,
il consente des rabais substantiels sur des politiques de prix qu'il pratique
de façon générale quant aux autres documents officiels.
C'est intéressant comme constatation, parce que cela fait partie aussi
de toute cette question de savoir quelle est la place des organismes publics
dans le jeu politique. Je pense que c'est une très bonne illustration,
c'est probablement pour cela qu'on a vendu le livre blanc sur la politique
culturelle $2 alors que son volume physique aurait probablement justifié
de la part d'un éditeur privé un prix de $10. On voit que c'est
un escompte qui peut être très généreux dans
certains cas et qui est difficilement explicable par des critères
administratifs. Il ne s'agit pas du tout de critères administratifs, on
se comprend bien. Il s'agit de favoriser la diffusion de certains documents qui
émanent du gouvernement. Il y a même dans ce domaine, dans le
domaine de la détermination des prix, un certain rôle de
propagande. Cela devrait être clair, c'est un certain rôle de
propagande.
Une autre question, M. le Président, je salue votre retour. Le
ministre fait état des économies rendues possibles par une
nationalisation, une standardisation des rapports annuels des
ministères. Je le félicite de cette initiative. Il dit que le
coût passe de $2000 à $1200 pour un rapport de 100 pages, que la
normalisation du papier, en mettant un terme à l'emploi d'un papier de
luxe, permet d'économiser jusqu'à 50% du prix d'achat et que
l'utilisation de seulement deux couleurs au maximum apporte une économie
qui varie de 25% à 50%. C'est sans aucun doute une politique qui est
bien inspirée parce que les rapports annuels ne sont sûrement pas
destinés à enrichir la bibliothèque de la plupart des
gens. C'est vraiment un document qui est exigé par la loi, qui est
consulté à l'occasion par des chercheurs, des journalistes, des
gens qui veulent une information précise mais qui n'ont que faire des
illustrations en quatre couleurs. C'est sans aucun doute une bonne initiative.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est l'économie totale
escomptée sur la publication des rapports annuels des ministères
pour un exercice complet, c'est-à-dire pour deux exercices complets: un
qui serait le dernier où tous les rapports ont été
publiés avant la publication de ces nouvelles normes et un exercice qui
suivrait, probablement celui de 1979/80, l'adoption de ces normes. Quel est
l'ordre de grandeur de l'économie ainsi réalisée?
M. O'Neill: En prenant...
M. Forget: Pour tous, pour l'ensemble des rapports annuels.
M. O'Neill: ... l'ensemble des ministères, vous le voulez
en chiffres absolus?
M. Forget: Oui, c'est cela, $100 000, $1 million.
M. O'Neill: Cela ne sera pas long.
Vous avez la photocopie d'une réponse qui avait
déjà été donnée à cette question
à M. Ciaccia.
Dans la réponse qui avait déjà été
fournie le 24 octobre 1978 à une question inscrite au feuilleton par M.
Ciaccia, député de Mont-Royal: "Quelle somme prévoit-on
économiser?" Je vous dis: "La mise en application des normes graphiques
éditoriales par les ministères et organismes entraîne des
économies certaines mais difficiles à préciser à
cause des variations constantes des
contenus d'une année à l'autre. Mais ces économies
se retrouvent dans les aspects suivants: l'aspect graphisme, la composition
typographique, les matériaux, le tirage, l'impression." C'est la
réponse que j'ai ici. (21 h 45)
Le montant que vous voulez avoir, c'est le calcul en chiffres absolus.
Nous pourrions le demander à l'éditeur, parce que, dans les
documents que j'ai ici, ce n'est pas exprimé en chiffres absolus. Nous
pourrions vous trouver ça pour demain, si vous voulez.
M. Forget: Puisqu'on est en si bonne voie...
M. O'Neill: Je vous signale que vous avez, illustrées, les
économies possibles et d'autres indices que vous avez dans le texte de
la page 22. Il s'agirait de demander d'avoir le calcul en chiffres absolus pour
savoir ce que ça représente, en se rappelant le détail
mentionné par l'éditeur, à savoir que, s'il y a une
année où vous avez un rapport de 100 pages et une autre
année un rapport de 150 pages, il faudra faire le calcul à ce
moment-là pour savoir ce que ça représente, parce que les
rapports n'ont pas nécessairement toujours le même volume.
M. Forget: Dans l'ensemble du gouvernement, la masse des rapports
annuels, il y a des variations d'un ministère à l'autre, d'une
année à l'autre, mais, dans l'ensemble, je pense bien que
ça ne grossit pas, en volume, d'une année à l'autre, de
façon marquée, quant au total. On verra s'il y a effectivement
une économie, nous serons les premiers à nous en réjouir
et à féliciter le ministère des Communications.
Justement, comme on est en si bonne voie d'une rationalisation des
dépenses dans le domaine de l'édition gouvernementale, je me
reporte aux remarques que j'ai faites ce matin relativement aux
périodiques. Peut-être ne m'a-t-on pas donné la
transcription puisqu'elle n'est pas encore disponible, comme vous le savez,
à cette heure-ci. Tout ce que j'ai pu comprendre de la réponse du
ministre, c'était qu'il s'étonnait que je m'inquiète de
cette question. Mais, étonnement mis à part, je me demande si les
questions assez précises que je lui posais ce matin relativement
à la liste de ces périodiques, à leur tirage, au
coût de publication, aux politiques relativement à la distribution
gratuite ou non gratuite de ces publications, pourraient faire l'objet d'un
exposé un peu plus systématique, parce que j'ai l'impression
qu'on se trouve en face du même phénomène d'une
multiplication rapide de ces publications. J'étais dans mon bureau,
à la fin de l'après-midi, on n'a qu'à regarder son
courrier et on en trouve une accumulation constante. J'en ai trouvé
deux, seulement dans le courrier d'aujourd'hui, deux publications du
ministère, une de l'OPDQ et une autre de je ne sais pas trop qui. En
tout cas... Celle-ci est celle de l'OPDQ. Cela se multiplie gaiement. Encore
une fois, ce sont des publications... Celte de l'OPDQ est assez modeste,
remarquez, mais encore, elle est farcie d'illustra- tions d'ailleurs fort
idylliques du bétail le long d'une rivière. C'est très
joli.
Evidemment, je n'ai pas d'objection à cela. C'est très
joli. Mais on se demande un peu si c'est vraiment nécessaire, surtout
combien cela coûte. Si cela ne coûtait rien, encore que plus c'est
joli, mieux c'est. Mais si cela coûte des centaines de milliers de
dollars, qu'on les distribue gratuitement, encore une fois, pour des
intérêts professionnels de groupes de gens très
étroitement circonscrits, il serait peut-être temps que le
gouvernement ait des standards et des normes là-dessus, comme il l'a
fait pour les rapports annuels.
Si je comprends bien, le ministre des Communications n'a pas reçu
de protestations de ses collègues ministres. Cela semble avoir
été accepté, cette standardisation des rapports annuels.
Peut-être qu'une invitation je ne parle même pas de
directive à la modestie des lignes directrices dans les
publications périodiques et surtout dans la tarification, si jamais il
doit y en avoir une... Est-ce que les gens devraient avoir accès
à cela librement, sur demande? Cela coûte $0.14 pour poster ces
histoires-là. J'en reçois par courrier. Ils ont un tarif de
deuxième classe, je crois que c'est $0.14. Il y en a quelques-uns qu'on
reçoit, de toute façon, affranchis. Il y en a d'ailleurs
c'est assez remarquable, c'est pertinent à la politique de distribution
il y en a que je reçois en quatre exemplaires. Je n'ai jamais
compris pourquoi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
êtes privilégié.
M. Forget: J'en reçois à mon domicile, à
Montréal, j'en reçois à mon bureau de comté, j'en
reçois à mon bureau à l'Assemblée nationale. Ils
sont intéressants, mais de là à en lire trois exemplaires!
Et ils sont envoyés par la poste. Ceci veut dire qu'à moi seul,
comme c'est à six numéros par année, seulement en timbres,
cela coûte probablement au gouvernement quelque chose comme une dizaine
de dollars par année pour m'envoyer une revue. Je comprends qu'on ne
fait peut-être pas cela pour tout le monde. Mais il reste que je trouve
que c'est un peu trop. J'aimerais savoir du ministre si, à la suite de
mes remarques de ce matin, il peut nous éclairer là-dessus.
M. O'Neill: M. le Président, je partage en grande partie
le point de vue du député de Saint-Laurent, concernant
l'utilité qu'il y aurait de s'entendre sur un certain nombre de normes.
Ce que j'ai voulu signaler cet après-midi, c'est ceci: C'était
que cela devra se faire exclusivement par concertation, en ce sens qu'au moment
où vous intervenez dans un domaine comme celui-là, vous
intervenez vraiment dans un domaine où la décision se prend
à l'intérieur d'un ministère où des gens, en
fonction de ce qu'ils estiment de diffuser tel besoin d'information,
décident de publier telle ou telle chose.
En principe, je retiens cette suggestion, je suis d'accord. Je suis tout
à fait d'accord pour que le ministère des Communications essaie
d'obtenir
une sorte de coopération des autres ministères, qu'on
s'entende sur certaines normes, mais, encore une fois, cela ne peut pas se
faire par voie de contrôle. On peut tout de suite imaginer la
réaction surtout de certains ministères. Vous savez un peu
comment cela peut fonctionner. On aurait nettement le sentiment qu'on est en
train d'empiéter sur des droits qu'ils estiment quasiment sacrés
et absolus. Cette préoccupation est fondée. La preuve de cela:
L'exemple des rapports annuels montre ce qui peut être fait. L'exemple
qui a été fait dans la publication de la Gazette ofiicielle
où, en pratique, simplement en modifiant les modes de contrat, on
épargne, je crois, à peu près un million de dollars par
année, l'exemple des politiques appliquées par le bureau central
de l'informatique, cela montre qu'il y a des choses qui peuvent être
faites. Donc, pour les même services rendus, on peut procéder de
façon beaucoup plus économique. Je suis d'accord pour dire que
c'est une chose qui devrait être regardée de près.
M. Forget: En attendant, le ministre pourra-t-il nous communiquer
la liste des tirages, des coûts et des publications, comme je l'avais
demandé ce matin, non pas sur-le-champ mais disons demain ou jeudi?
M. O'Neill: Est-ce que vous vouliez ceux de l'Editeur ou ceux de
l'ensemble des périodiques du gouvernement?
M. Forget: Pour l'ensemble des périodiques
gouvernementaux, les coûts de chacun, les tirages et...
M. O'Neill: Pour l'ensemble des périodiques du
gouvernement, cela va prendre quand même un certain temps justement,
parce qu'il faut faire le tour. Etes-vous d'accord avec cela?
M. Forget: D'accord.
M. O'Neill: Remarquez que je signale en passant à M. le
député de Saint-Laurent que la question pourrait être
posée aussi dans chaque cas, chaque fois qu'un ministère se
présente pour la défense de ses crédits, lorsque le
programme qui concerne le domaine des publications est étudié. A
ce moment-là, ces questions aussi pourraient être
posées...
M. Forget: Oui.
M. O'Neill: ... ce qui ne nous empêche pas, quant à
nous, de recueillir ces renseignements-là.
D'ailleurs, de toute façon, si nous voulons en arriver à
proposer une mesure de rationalisation, il faudra obtenir également ces
renseignements.
M. Forget: M. le Président, brièvement sur la
question du rôle du ministère des Communications dans tout cela,
loin de moi l'idée de suggérer que le ministère des
Communications devrait devenir, à l'instar du Conseil du trésor
et du ministère de la Fonction publique, un troisième organisme
de contrôle centralisé. Justement, parce qu'il n'est pas opportun
qu'il le devienne, on peut s'interroger sur la raison d'être d'un
ministère pour accomplir des fonctions comme celles-là. A moins
et c'est la seule façon qu'on peut le justifier que ce
ministère développe non pas des directives et des
règlements, mais des politiques générales qui seront
utilisées pour inspirer les initiatives des ministères, pour
savoir jusqu'à quel point ils veulent se détacher d'une
suggestion ou d'une ligne d'orientation commune. Cela peut même
être utilisé au moins par le Conseil du trésor dans
l'analyse des demandes budgétaires des différents
ministères, à titre d'indications générales et non
nécessairement de prescriptions absolument liantes. Encore une fois,
c'est seulement dans les études, l'analyse des problèmes de
décision qui se posent dans chacun des ministères au titre des
communications qu'on peut trouver la raison d'être d'un ministère
des Communications. Autrement, on pourrait voir beaucoup plus facilement une
espèce de régie des services d'approvisionnement gouvernementaux
qui facturerait les différents ministères pour les services
rendus, laissant aux ministères non seulement le soin de prendre les
décisions, mais le soin aussi d'en justifier les crédits chacun
séparément.
C'est d'ailleurs un collègue du ministre des Communications qui,
aux Travaux publics, a soulevé la possibilité que, de
façon générale, l'approvisionnement, des ministères
provienne d'une régie publique plutôt que d'un ministère,
parce que qui dit ministère dit "a policy making", dit
détermination d'orientation et de politique. S'il s'agit simplement de
rendre des services de façon économique, on pourrait très
bien avoir une société d'Etat pour le faire. C'est la raison pour
laquelle j'ai soulevé cette question ce matin. Est-ce qu'il y a des
politiques ou est-ce qu'il s'agit simplement d'une espèce de canal, de
courroie de transmission, de mise en commun, pour des raisons techniques et
économiques, de certains services? A ce moment, il n'est pas
nécessaire d'avoir un ministère.
Il me semble que le ministère des Communications joue un peu sur
la clôture, se tient un peu sur la clôture. Par exemple, dans le
domaine des périodiques, il laisse les ministères
entièrement libres. Il n'a même pas jusqu'à
maintenant...
Je ne le dis pas dans le contexte d'une critique. On pourrait dire:
D'autres auraient pu le faire avant le ministre actuel. C'est tout à
fait vrai, mais il n'a pas de conception générale de ce que
devrait être la politique de publication de périodiques par des
ministères, il laisse donc ceux-ci entièrement libres de faire
à leur guise.
Par contre, dans l'acquisition de services téléphoniques,
tout ça est aux crédits du ministère des Communications et
les ministères n'ont donc aucune discrétion. Or, on se rend bien
compte que c'est l'envers du bon sens, parce que, comme il n'y a qu'une sorte
de service téléphonique, on ne peut pas avoir des
téléphones en or et il y a quand même des extravagances
qu'on ne peut pas se
permettre avec les services téléphoniques. Ordinairement,
quand il y a un téléphone par fonctionnaire, les gens sont
généralement satisfaits, on n'en demandera pas un doré sur
tranches. Alors, il n'y a pas beaucoup d'exubérance dont les
ministères peuvent faire preuve là-dedans et, malgré tout,
on ne leur confie pas cette responsabilité. Il y a donc probablement des
services téléphoniques qui sont utilisés peut-être
de façon plus que strictement nécessaire par les
ministères, parce que, fondamentalement, ça ne leur coûte
rien.
D'un autre côté, là où il peut y avoir des
extravagances dans l'édition gouvernementale de périodiques, de
programmes de publicité de toutes sortes, là, justement, on
laisse la liberté maximale. C'est le contraire du bon sens, à mon
sens. Il serait plus logique de dire: Ecoutez, payez vos comptes
téléphoniques et confiez-nous la politique sur la publication des
périodiques, parce que, là, on aurait au moins le début
d'une rationalisation.
Encore une fois, ce n'est pas ma suggestion, c'est simplement de dire
que le ministre des Communications, que son ministère élabore des
politiques qui serviront de "guide lines", de lignes directrices pour les
différents ministères ou, alors, qu'il dise carrément: Cet
effort est superflu, ou il peut être l'objet de "task forces" qu'on va
convoquer pour les fins de la cause. On va émettre une espèce de
série de recommandations et on n'a pas besoin d'un organisme
administratif pour ça. (22 heures)
Décentralisons, une fois pour toutes, toutes les
décisions, quitte à ce que certains services soient fournis en
commun par des régies gouvernementales. Mais on semble hésiter
entre ces différentes hypothèses, et le résultat, c'est
que je pense qu'on dépense inutilement des fonds pu- blics tant qu'on ne
s'est pas vraiment attaqué à ces choix.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Dernière remarque.
M. O'Neill: Mon commentaire, M. le Président. Il disait:
C'est la raison d'être du ministère. Comme vous avez parlé
tout à l'heure de cette rationalisation, je dis que c'est une des
raisons d'être, parce que je pense avoir bien exprimé cet
après-midi l'idée que ce qui caractérise le
ministère, ce n'est pas simplement d'abord cette question de services,
mais le fait aussi d'établir justement des politiques.
Le rôle joué par le ministère dans la
détermination d'une politique dans le secteur de la
téléphonie à l'échelle du territoire est quelque
chose de très important, de plus important que ce simple service
technique et rendu. C'est la même chose pour ce qui est de la
définition de politiques dans les domaines de la
câblodistribution, radio, télévision,
télévision payante, télématique, etc. C'est cela,
des déterminations de politiques et c'est cela, justement, qui
caractérise un ministère.
Je crois qu'il ne faudrait pas être trop obsédé par
cette idée, tout à coup, qu'une partie considérable du
budget est consacrée à assurer des services à l'ensemble
du réseau gouvernemental, mais il s'agit aussi de voir la place
occupée par la détermination et l'application de politiques.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup. Les travaux de la commission sont ajournés à demain
matin, 10 heures, dans la même salle.
Fin de la séance à 22 h 2