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Etude des crédits du ministère des
Communications
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre s'il vous plaît! La reprise des travaux de la commission
élue permanente des communications chargée d'étudier les
crédits du ministère des Communications. Les membres de la
commission pour la présente séance sont M. Beauséjour
(Iberville); M. Bertrand (Vanier); M. Blank (Saint-Louis); M. Godin (Mercier);
M. Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M.
Laberge (Jeanne-Mance); M. Le Moignan (Gaspé); M. Michaud (Laprairie) et
M. O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal); M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes); M. Dussault (Châteauguay); M. Fallu (Terrebonne); M.
Goulet (Bellechasse); M. Laurin (Bourget); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M.
Lazure (Chambly) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Or, hier, la commission a discuté des points à la fin du
programme 3. Je ne fais que présumer. Est-ce que effectivement le
programme 3 sera adopté et s'il y aurait d'autres questions?
M. Forget: J'aurais une autre question, M. le
Président.
M. Le Moignan: M. le Président, j'aurais une directive
à vous demander. Etant donné qu'il y a neuf programmes à
voir je ne veux pas brimer les droits de qui que ce soit ce n'est pas ce
que je veux dire selon la tradition, quand on commence un programme, on
alterne à tous les vingt minutes: Supposons un membre du Parti
libéral, l'Union Nationale, ou un membre du Parti
québécois s'il désire prendre la parole et, le tour
recommence ensuite. Je ne sais pas si les membres de la commission sont
d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
plus qu'une tradition, M. le député, c'est le règlement,
habituellement.
M. Le Moignan: C'est le 160 je pense.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sauf que
dans l'étude des crédits on a l'habitude de faire preuve de
souplesse. Effectivement vous avez raison, l'article 160 le précise.
M. Le Moignan: Vous avez été très souple
hier à notre endroit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très souple à votre endroit et à l'endroit du
député de Saint-Laurent, puisque s'il avait fallu limiter chaque
intervention à 20 minutes, je pense que le programme 2 ou 3 aurait
été adopté beaucoup plus rapidement. J'ai fait preuve de
souplesse.
Vous avez raison, en vertu du règlement, on parle de 20 minutes
pour tous les députés sauf pour les ministres qui ont un droit de
parole illimité. De toute façon, je pense que tout le monde va
prendre note de votre remarque. J'insisterais auprès de tous les
députés afin qu'ils respectent ce droit de parole de 20 minutes,
puisqu'il est bien évident que si je ne le fais pas respecter, toutes
les questions qui pourraient échoir à l'Union Nationale
pourraient même être posées par le représentant de
l'Opposition officielle. Dans ce sens, je vous comprends un peu.
Edition gouvernementale (suite)
M. Forget: Je n'ai qu'une question, ce sera très bref M.
le Président. C'est relativement à la documentation
administrative, à la page 23 du cahier que nous a remis le ministre. On
dit qu'il s'agit d'un ensemble d'activités qui fournit l'information
documentaire requise par le personnel de la fonction publique qui exploite les
bibliothèques administratives des édifices G et H, ainsi qu'un
centre de documentation.
On dépouille des journaux, il s'agit, j'imagine, des revues de
presse qui sont préparées par le ministère des
Communications. On dit qu'on dépouille 6547 journaux, montage de
coupures de presse, 33 420, diffusion des coupures de presse, 110 465,
publications analysées et indexées, 606, documents de presse,
copies diffusées, 11 700. Alors, j'aimerais savoir de quel service on
parle, est-ce que, là encore, c'est le service fourni par le
ministère des Communications comme tel, à l'exclusion des
services des ministères?
M. O'Neill: Dans le cas de la documentation administrative, en ce
qui regarde les coupures de presse, il s'agit de coupures
généralement mensuelles. Il ne s'agit pas de coupures qu'on peut
appeler hebdomadaires et qu'habituellement chaque ministère a, dont la
responsabilité relève habituellement du service des
communications. Le ministère des Communications fait paraître
aussi chaque jour ses coupures de presse, ce n'est pas de ça dont on
parle ici. Ici, on parle des coupures de presse spécialisées, par
exemple, on parle des revues en administration. A chaque mois ou à
chaque trois mois selon les sujets, les différents périodiques
qui sont publiés et reçus par la bibliothèque
administrative sont compilés et mis à la disposition c'est
généralement la première page qui donne le contenu d'une
partie des fonctionnaires, c'est-à-dire ceux qui sont dans ce secteur et
qui en font la demande.
C'est un service disponible pour l'ensemble des fonctionnaires, et,
évidemment, les membres de l'Assemblée nationale, disons
disponible pour l'ensemble de l'appareil gouvernemental.
M. Forget: Pouvez-vous me donner des exemples? Est-ce qu'il
s'agit, par exemple, des cahiers de presse que les députés
reçoivent relativement à la visite du premier ministre Barre?
M. O'Neill: Non.
M. Forget: Non, il ne s'agit pas de ça.
M. O'Neill: II pourrait s'agir de cette chose, s'il y avait une
demande particulière, mais généralement, il s'agit de...
je prends l'exemple de l'administration, ceux qui sont intéressés
à la gestion des entreprises publiques. La bibliothèque
administrative est abonnée à un ensemble de périodiques;
ces périodiques arrivent à tous les mois, tous les deux ou trois
mois, la page qui donne le contenu, les titres et les auteurs est
photocopiée et distribuée à ceux qui en font la demande.
La même chose dans d'autres secteurs.
M. Forget: Cela fonctionne strictement sur demande.
M. O'Neill: C'est sur demande.
M. Forget: Sur demande.
Je ne sais pas si on se rend compte, au ministère des
Communications, de la quantité de chevauchement qui existe dans le
domaine des services de coupures de presse, et du fait que, par exemple, le
personnel de l'Assemblée nationale, en particulier celui de la
bibliothèque de l'Assemblée nationale, se livre à des
activités comme celles-là. Il y a un service qui peut
également faire sur demande ce genre d'activités. Il y a, dans
les ministères également, des activités de
dépouillement de journaux et de périodiques.
Je me demande si tout cela, c'est une bonne utilisation des fonds
publics, parce qu'il semble y avoir énormément de choses qui se
font en double et peut-être même en triple, dans un certain nombre
de cas.
Est-ce qu'on pourrait savoir le coût de ce service de
documentation administrative?
M. O'Neill: Le nôtre ou...
M. Forget: Oui, le vôtre. Commencez par le vôtre.
M. O'Neill: ... si vous parlez des autres services auxquels vous
avez fait allusion?
Pour ce qui est de la question des duplicata, je pense bien qu'il y a
des choses parfois inévitables. Je remarque par exemple qu'il arrive des
cas où l'Argus reproduira, à un moment donné, des coupures
qu'on retrouve dans la revue du ministère, occasionnellement. Vous avez,
d'autre part, des coupures tellement spécialisées que ce n'est
que la revue du ministère qui en tient compte.
Actuellement, au service des media, notre service d'information, on
essaie justement de voir cette question. Il y aura, je crois, ne serait-ce
qu'à cause du besoin que chaque ministère a de faire son propre
relevé, une partie du travail où on trouvera un minimum de
duplicata. Ceci ne veut pas dire qu'il ne faille pas regarder de plus
près ce problème et voir quelle sorte d'économie on
pourrait réaliser. (10 h 15)
M. Forget: Alors, le coût du service de documentation
administrative est de combien?
M. O'Neill: Je ne peux pas vous le donner maintenant. On va le
faire sortir et, dès qu'on l'aura, on vous le communiquera.
M. Forget: Dans les ministères, il y a des services
d'information. Je ne sais pas si c'est un sujet qui a fait l'objet des travaux.
Il ne semble pas que cela ait été mentionné dans les
travaux du conseil des directeurs d'information. Il y a également des
services d'analyse, de dépouillement des publications, sur une base
quotidienne, dans plusieurs ministères, sur une base hebdomadaire dans
d'autres. Est-ce qu'il y a des politiques générales qui sont
suggérées aux ministères, dans la distribution de ces
analyses de la presse écrite?
M. O'Neill: C'est exactement ce que je vous disais tout à
l'heure, c'est-à-dire que nous étions en train de le regarder
pour voir, entre autres, s'il y avait possibilité de coordonner cela et
peut-être de pratiquer certaines économies. Nous nous y sommes
rendus simplement.
M. Forget: II y a l'aspect de l'économie...
M. O'Neill: Je vous signale que, dans une partie, il serait
inévitable qu'il y ait un peu de doublage.
M. Forget: Oui, sans doute, il y a une partie qui est
inévitable, mais, sur le plan, par exemple, de la distribution, de
l'accessibilité à ces coupures de presse, y a-t-il des directives
générales, y a-t-il des lignes directrices relativement à
la distribution? En fait-on la distribution automatique à tous les
fonctionnaires des ministères? Je ne pense pas. Ces choses-là
sont-elles accessibles aux membres de l'Assemblée nationale, de
façon générale? Sont-elles même accessibles au
public qui pourrait être intéressé, à un public
spécialisé qui voudrait avoir ce service, peut-être
même contre paiement?
M. O'Neill: Je peux vous donner une réponse pour les
coupures de presse quotidiennes du ministère des Communications qui sont
distribuées, à l'intérieur du ministère, aux
gestionnaires supérieurs, un exemplaire chacun; dans les services,
à moins que ce ne soit un service qui fasse une demande spéciale
et ce sera étudié et déterminé, dans le cas des
services, il y a un exemplaire pour le service. Il est distribué de
façon interne à l'intérieur du service.
Exceptionnellement aussi, le ministère des Communications
reçoit des demandes de l'extérieur et fait la distribution. Par
exemple, cela pourrait être une demande de l'Ecole de journalisme et
d'information de l'Université Laval.
M. Forget: Je vois. C'est donc dire que c'est
considéré comme des documents essentiellement publics, même
si leur distribution n'est pas faite généralement. Le ministre
pourrait-il préciser
qu'effectivement, selon lui, ces documents-là devraient, par
exemple, être accessibles aux membres de l'Assemblée
nationale?
M. O'Neill: Je n'y vois aucune objection. Je ne vois aucune
objection à ce qu'en fait, un député les reçoive.
Le député qui le demande pourrait les recevoir. Il s'agirait de
109 exemplaires de plus.
M. Forget: Oui. Je ne parle même pas de 109 exemplaires,
mais si un...
M. O'Neill: Si quelqu'un les demande, c'est sûr...
M. Forget:... député membre d'une formation de
l'Opposition veut suivre, par exemple, tout ce qui se fait dans le monde des
communications et également l'impact, l'écho que cela peut avoir
dans le public, il vous apparaît normal que cela puisse être obtenu
à un exemplaire ou deux exemplaires, s'il y en a deux.
M. O'Neill: J'ai même le sentiment, M. le Président,
que cela se fait déjà.
M. Forget: Je vois. Je pose la question, ce n'est pas tout
à fait gratuit. C'est que mon expérience, depuis deux ans dans
l'Opposition, va dans le sens que les collègues du ministre des
Communications je ne prétends pas avoir fait la demande
auprès du ministre des Communications les collègues, du
moins, dans d'autres ministères, se sont systématiquement
dérobés à des demandes répétées de
donner communication des analyses de presse qui sont faites dans leur
ministère, à même les fonds publics.
Etant donné que ce sont, à l'origine, des documents
publics puisque ce sont des coupures de journaux, cela me semble une attitude
assez curieuse. C'est pour cette raison que je pose la question au ministre des
Communications, puisqu'il me semble qu'il devrait y avoir une ligne directrice
généralement suivie par tous les ministères.
M. O'Neill: M. le Président, j'ai même l'impression
qu'il n'est pas besoin de ligne directrice, quant à moi. Je ne sais pas
à quel ministère le député fait
référence, de toute façon. Quant à moi, cela
m'apparaît une chose tout à fait normale.
M. Forget: Je peux mentionner, par exemple, le ministère
des Affaires sociales, le ministère de l'Education, le ministère
du Travail qui, dans les trois cas, ont dit: Oui, on va vous les communiquer.
On a eu beau appeler et même écrire à plusieurs reprises,
cela ne s'est jamais fait.
M. O'Neill: Ils avaient un problème de coordination,
j'imagine, plus qu'un problème de bonne volonté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, est-ce que vous avez des questions sur le
programme 3?
M. Le Moignan: Oui, j'aurais quelques questions sur le programme
3.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui?
M. Le Moignan: On a parlé beaucoup d'édition hier
soir. J'aimerais savoir du ministre si, en parlant de l'aide à
l'édition, il existe un programme de coédition. J'entends ici des
publications qui seraient subventionnées par le gouvernement du
Québec avec des éditeurs autochtones québécois ou
encore avec des maisons étrangères.
M. O'Neill: Vous avez quelques exemples mentionnés
à la page 27, pour l'année.
M. Le Moignan: Pour l'an passé?
M. O'Neill: Oui. Vous remarquerez que vous avez reçu une
note de correction pour l'exemple no 8 et no 10. Ce n'était pas
mentionné avec exactitude; mais vous avez comme exemple le 6 qui peut
vous intéresser particulièrement: une coproduction avec
Beauchemin, les tomes 1 et 2 du Guide sur la Gaspésie. Vous avez le
numéro 7 dans la série 15 également...
M. Le Moignan: Quand il s'agit de coédition, est-ce que le
gouvernement investit 50%, ou si cela dépend du genre d'édition
ou de la clientèle?
M. O'Neill: Cela dépend des titres d'ouvrages...
Généralement, ce que nous cherchons à faire,
surtout quand il s'agit de coédition, ce sont des textes ou des oeuvres
qui sont d'intérêt pour l'industrie privée de
l'édition et qui, pour certaines raisons dans ces cas, on estime
qu'il est souhaitable que nous intervenions ne pourraient être
rendus disponibles par l'éditeur privé. Comme on juge qu'il y a
un besoin gouvernemental, tout en satisfaisant une demande de l'industrie
privée, nous faisons une entente de coédition. C'est toujours
dans cette optique que nous ne faisons pas concurrence à l'industrie
privée. Le genre de publication que nous faisons ne devrait pas
être le genre de publication que l'industrie ou les éditeurs
privés publient et vendent.
M. Le Moignan: Maintenant, après un certain temps, deux,
trois ou quatre ans, si les stocks ne sont pas écoulés, est-ce
que vous faites des ventes à rabais ou est-ce que vous trouvez des
moyens d'écouler vos produits? J'imagine que, dans certains cas, il y a
des oeuvres de valeur importante qui peuvent demeurer sur les tablettes.
Qu'est-ce qui se produit à ce moment-là?
M. O'Neill: Nous ne faisons pas de vente à rabais. Nous
n'avons jamais fait de vente à rabais.
M. Forget: On les envoie au pilon.
M. Le Moignan: Je ne sais pas si cela a été
abordé. Combien de publications sont imprimées.
par exemple, au cours d'une année, aux frais de l'Etat dans les
différents ministères ou organismes? Le député de
Saint-Laurent faisait allusion hier soir à tout ce que l'on peut
recevoir. Cela représenterait combien à peu près?
M. O'Neill: On va en faire le calcul.
M. Le Moignan: Vous n'avez pas le calcul...
M. O'Neill: Non.
M. Le Moignan: Vous n'avez pas une idée non plus du
coût?
M. O'Neill: C'est une recherche intéressante à
faire, ça, en regardant les budgets que chaque ministère consacre
à des publications de rapports, de documents de travail, de livres
verts, etc.
M. Le Moignan: Ensuite, il y a peut-être la question du
tirage également. Evidemment, quand il s'agit de la Justice, quand il
s'agit des Transports, on devine un peu le genre de clientèle, mais vous
en avez qui sont peut-être encore plus spécialisés dans
d'autres domaines.
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: Y a-t-il des publications qui sont
éditées, par exemple, par des entreprises privées en
dehors de la coédition que j'ai mentionnée et qui seraient
subventionnées par le gouvernement pour certaines revues ou certaines
publications, cartes ou dépliants?
M. O'Neill: Vous avez des cas aux Affaires culturelles, l'aide
à l'édition. Cela relève des Affaires culturelles.
C'est-à-dire que lorsque vous avez un auteur qui publie, qui
présente un ouvrage à un éditeur et que l'éditeur
veut, à un moment donné, offrir cet ouvrage au public à
des coûts abordables, à ce moment-là, il se
réfère à l'aide à l'édition, ce qui permet,
par exemple, d'offrir cet ouvrage à un prix modéré. C'est
un des programmes du ministère des Affaires culturelles.
M. Le Moignan: A la page 117, vous avez, dans votre
documentation, l'intention de publier 21 titres et vous allez faire un choix
parmi la liste qui nous est proposée. Maintenant, est-ce que c'est
commandé par des ministères ou encore par des agences
extérieures aux ministères et dans quel ordre allez-vous
procéder, cette année, pour établir des priorités
sur la liste mentionnée?
M. O'Neill: Ce que je sais de ce genre de programmes et de
projets M. le Président, c'est que les choix se font par
l'éditeur et, ensuite, dépendent souvent de projets qui lui sont
soumis. Ce ne sont pas nécessairement, comme vous dites des
ministères qui, comme tels, imposent un choix; c'est l'éditeur
lui-même, cela fait d'ailleurs partie de ses responsabilités, des
décisions qu'il doit prendre. Pour savoir, dans chaque cas, quels sont
les critères qu'il va utiliser, il faudrait se référer
à sa propre expertise.
M. Le Moignan: En somme, c'est l'Editeur du Québec qui va
faire son choix, qui décide.
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: II y a un autre point qui m'intéresse
beaucoup, c'est la question de la traduction. Je vois que, l'an dernier, vous
avez fait des traductions provenant d'une soixantaine de langues. Quelle serait
la nature de ces... ce sont plutôt des publications, j'imagine, de
moindre importance ou des publications plus importantes?
M. O'Neill: Cela dépend énormément des cas;
parfois, c'est tout à fait par exception. Vous aimeriez avoir des
détails concernant la quantité? C'est cela?
M. Le Moignan: En somme, si on parle d'une soixantaine de
langues, ce sont donc des publications étrangères ou des
publications qui émaneraient du Québec en différentes
langues, ou du Canada, et qui intéresseraient le Québec. Est-ce
que c'est cela, le but de la traduction?
M. O'Neill: M. le Président, dans le cas de la traduction,
il y a deux types de demandes qui surviennent; ce sont par exemple des demandes
de fonctionnaire pour avoir accès, en vertu de leurs
responsabilités, à des travaux en langues
étrangères, par exemple, un article qui est écrit en
suédois et qu'un fonctionnaire voudrait avoir, il peut s'adresser au
service de la traduction et ce service le fait traduire.
Généralement, quand la quantité de mots n'est pas
suffisante, nous faisons affaires avec des pigistes qui sont payés au
mot, selon la langue.
Le même cas peut survenir pour des besoins de traduction du
français à une autre langue pour des buts de promotion, par
exemple, ou, dans certains cas, pour des gens qui vont à
l'extérieur, en mission, et qui ont besoin de textes qu'ils ont en
français et qu'ils veulent faire traduire dans la langue du pays
où ils vont en mission.
Vous avez des cas tout à fait circonscrits. Par exemple,
lorsqu'il s'agit d'écrire à des responsables de
communautés inuit, nous leur écrivons un texte français et
un texte inuit. A ce moment-là, on fait appel à un expert qui
nous aide à réaliser cette traduction.
Souvent, dans des cas similaires, vous avez un besoin comme
celui-là sur le moment; d'autres, c'est beaucoup plus régulier.
Quand il s'agit de l'anglais, c'est fondamental.
M. Le Moignan: Le gouvernement n'a pas son propre service de
traducteurs ici, vous faites appel à des...
M. O'Neill: II y a quand même un personnel. Le personnel
relié au service de traducteurs...
Nous avons un service de traduction qui a ses propres traducteurs, en
particulier pour le français à l'anglais ou pour l'anglais au
français.
M. Le Moignan: Oui, c'est facile. Maintenant, est-ce que c'est un
service qui est regroupé ou si cela dépend encore des
ministères?
M. O'Neill: C'est un service qui est regroupé, qui est
ensemble et qui est situé sur le boulevard Charest, dans les locaux de
la Direction générale de l'édition gouvernementale. Il a
son service de secrétariat et ainsi de suite.
On va vous donner le nombre de fonctionnaires qui, de façon
permanente, travaillent à ce service. Le service au complet comprend 45
personnes.
M. Le Moignan: Parce que je constate que vous allez, cette
année, dépenser beaucoup d'argent pour traduire des jugements
prononcés en anglais dans les tribunaux, etc. Est-ce que l'inverse se
produit? Pour la communauté anglophone du Québec, est-ce qu'il se
fait beaucoup de traduction? Je sais qu'on a déploré le fait,
dans certains ministères, que, pour certains documents importants
au ministère des Transports, par exemple, cela a été
mentionné à l'Assemblée nationale on ne pouvait se
procurer de formules ou de guides le guide du conducteur ou le guide de
l'automobiliste, je ne sais pas comment on l'appelle est-ce qu'il s'en
fait beaucoup aussi de ce côté ou si vous tendez à
ramener... Evidemment, c'est le français qui est le plus en demande
auprès de vos recherchistes. (10 h 30)
M. O'Neill: Non, chez nous, par exemple, pour ce qui
relève du ministère, c'est la Gazette officielle, vous avez
l'impression en anglais toutes les deux semaines de Laws and Regulations, en un
certain nombre d'exemplaires pour la clientèle de langue anglaise. C'est
ce qui relève de notre service. Qu'est-ce qu'on fait dans d'autres
ministères là-dessus? Il faudrait vérifier.
M. Le Moignan: C'est...
M. O'Neill: C'est en fonction des besoins, des demandes.
M. Le Moignan: Quand vous parlez de la commercialisation, vous
parlez ici d'un système d'information permettant de mieux gérer
les stocks. Est-ce qu'il y a un système d'informatique pour
diriger...
M. O'Neill: II s'agit d'un réseau qu'on est en voie
d'implanter actuellement. On en a commencé l'implantation.
M. Le Moignan: Est-ce que cela se rattache au fichier
central?
M. O'Neill: Non, non.
M. Le Moignan: Ou si c'est tout à fait...
M. O'Neill: C'est un système de gestion financière
et d'inventaire.
M. Le Moignan: Mais les buts là-dedans? Vous
prévoyez une hausse de 10% des ventes, parce que, tout de suite
après, vous parlez de la consignation. Vous mentionnez que vous voulez
ouvrir de nouveaux coins, environ 30. C'est donc dire qu'il en existe
actuellement dans les principaux centres. En dehors des grands centres, est-ce
que vous vous éloignez beaucoup de Québec, Montréal,
Sherbrooke? Parce que là, vous mentionnez Sept-lles, Baie-Comeau,
Hauterive, Gran-by.
M. O'Neill: Pour ce qui est des dépôts actuellement
en consignation, vous avez les chiffres à la page 25 du document, on
mentionne vingt points de dépôt au Québec, il y en a
même en Ontario, Manitoba, Alberta, Colombie-Britannique,
Nou-veau-Brunswick; vous avez le chiffre des ventes effectuées par le
truchement de ces dépôts et vous avez le projet de l'ouverture de
trente nouveaux points de consignation. Quelques noms sont mentionnés
justement. Vous aimeriez peut-être savoir s'il y en a à
Gaspé?
M. Le Moignan: A Gaspé, ça me surprendrait.
M. O'Neill: Qu'il y en ait ou qu'il n'y en ait pas?
M. Le Moignan: Je pense qu'il n'y en a pas, à moins que ce
soit récent.
M. O'Neill: On va souhaiter qu'il y en ait un.
M. Le Moignan: Je souhaiterais qu'il y en ait un, oui.
M. O'Neill: Nous allons transmettre votre requête à
l'éditeur.
M. Le Moignan: II y a le service postal, mais il faut penser aux
endroits éloignés. On vient à mon bureau et on voit
certaines publications, on me dit: Où peut-on se les procurer?
Quelquefois, je les laisse là. Je pense que ce serait de la bonne
publicité, de la bonne information.
M. O'Neill: Un détail qu'il faudrait ajouter ici M. le
Président, vous avez quand même un consignataire à la
librairie de la Place Jacques-Cartier, à Gaspé.
M. Le Moignan: C'est assez récent.
M. O'Neill: C'est un bon endroit, c'est bien.
M. Le Moignan: Oui, très bel endroit, beaucoup de monde y
circule de toute façon.
M. O'Neill: II faudrait ajouter, concernant le service postal,
que ce n'est pas parfait, mais selon ce que le ministère nous dit
souvent, il s'agit de service passablement efficace, surtout quand on envoie
des offres à une série d'abonnés, une liste de gens qui
sont habituellement intéressés aux achats de l'Editeur officiel,
la proportion de réponses favorables, généralement, est
passablement élevée.
M. Le Moignan: Hier, on mentionnait le rôle des hebdos,
c'est là que dans les régions éloignées, où
l'information gouvernementale aura son rôle à jouer, surtout pour
les publications d'intérêt public, comme je voyais ce matin,
députés québécois, des choses du genre... Je ne
sais pas si c'est celui-là qui va être lancé aujourd'hui ou
un autre. Mais ça renseigne le public et ce n'est pas tellement
dispendieux.
La campagne du drapeau québécois, où est-il
fabriqué? Taiwan, non?
M. O'Neill: Non, il est fabriqué à un endroit qui a
un nom anglais, bien au Québec, c'est Sherbrooke, à l'usine Bruck
Mills... c'est Cowansvil-le? En tout cas, c'est bien fabriqué au
Québec.
M. Le Moignan: Est-ce que vous en vendez beaucoup, vous en
distribuez beaucoup en un an? Les gens trouvent qu'il coûte fort cher,
quand ils doivent l'acheter.
M. O'Neill: C'est un fait que le budget que nous consacrons
à cette promotion du drapeau est sûrement beaucoup moins important
que celui qu'on consacre ailleurs, à la promotion du drapeau du Canada,
cela explique qu'on ne puisse pas y aller avec autant de
générosité. Enfin, il faut accepter la modestie de ses
moyens, en souhaitant qu'il y ait quand même des gens qui, par esprit
patriotique, malgré tout, feront certains efforts, même si on ne
peut pas le donner à tout le monde.
Pour ce qui est des ventes du drapeau, pour l'an dernier, lors de la
campagne du drapeau, elles se chiffrent par $171 000.
Il faudrait ajouter à cela des ventes d'une série de
produits comme les boutonnières, drapeaux de table, etc., tout ce qui
accompagne. Et ensuite, il y a un certain nombre de drapeaux également
qui sont distribués.
M. Le Moignan: Le ministre mentionne le drapeau du Canada. Je
comprends que cela va d'un océan à l'autre, donc la
quantité produite est plus grande. Si le Québec en produisait
plus, le coût de revient en serait diminué d'autant et la
promotion serait...
M. O'Neill: La raison de la production en quantité ne
vient pas nécessairement de cela. Cela dépend tout simplement de
l'argent qu'on a décidé d'investir là-bas, dans cette
promotion du drapeau qui, pour reprendre les termes que vous avez
utilisés hier, ressemble un peu à de la propagande. Il y a
parfois des régions où des drapeaux du Canada, on s'enfarge
dedans tellement on est généreux à les mettre à
notre disposition.
M. Le Moignan: On le voit partout, mais le drapeau du
Québec, on le voit moins.
M. O'Neill: Quand même, il est de plus en plus visible.
M. Le Moignan: On aimerait le voir de plus en plus
également.
M. O'Neill: Comme il y a de plus en plus de gens qui ont le
goût du Québec, on voit de plus en plus de drapeaux du
Québec, c'est bien normal. Pour ce qui est de la question du prix de
revient, c'est sûr que même quand vous parlez de prix de revient,
de coût, cela suppose un investissement d'argent, parce que ce n'est pas
nécessairement vendu à un prix tel que vous pourriez couvrir tous
les frais, et encore moins enregistrer des profits.
M. Le Moignan: On dépense tellement d'argent pour stimuler
la fierté nationale, la fierté québécoise, qu'il y
aurait peut-être des coupures qu'on pourrait faire dans certains de ces
domaines. Je reçois des demandes, comme les autres
députés, de la part de beaucoup d'organismes, que ce soit de
l'âge d'or, ou de chambres de commerce, et on voudrait, à
l'occasion de telle fête ou d'un anniversaire, arborer le drapeau du
Québec. On me le demande. C'est gênant. Quelquefois, je
l'achète et je leur envoie. Mais je ne peux pas faire cela
continuellement. Vous en donnez combien aux députés par
année?
M. O'Neill: Pour ce qui est de cette année, nous projetons
de mettre à la disposition de chaque député et le
député lui-même en disposera à son gré, selon
son bon jugement dix drapeaux de pavoisement. Ce ne sont pas les
drapeaux très très grands, mais bien ceux de 4' X 6', de
pavoisement, 100 drapeaux de table 6 " X 9" et 100 drapeaux de table 4" X 6",
100 boutonnières en métal avec fleur de lys, 500
boutonnières en métal avec le drapeau, 1000 épingles en
plastique et 500 décalques du drapeau.
Cela permet au député quand il fait le tour de son
comté, quand il va aux fêtes nationales ou ailleurs, rencontrer
des groupes, de faire plaisir à bien du monde. Il y a aussi des choses
qui pourraient être utilisées lorsque le député rend
visite à des écoliers.
Avec le budget dont nous disposons cette année, c'est la
répartition que nous avons déterminée. Et justement, nous
avons voulu favoriser de façon particulière les
députés qui voulaient, à ce moment-là, pouvoir
distribuer des drapeaux, des effigies du drapeau, lorsqu'ils sont en visite
dans leur comté ou ailleurs.
M. Le Moignan: En parlant du drapeau je sais que ce n'est
pas de votre compétence le ministre de l'Education, dans ses
tournées aux commissions scolaires, visites des écoles, est
surpris de voir qu'il n'y a pas de drapeau du Québec. Et tout de
suite, le président de la commission scolaire nous envoie une lettre qui
dit: Le ministre nous a conseillé telle et telle chose. Envoyez-nous
donc le drapeau du Québec. Il n'y a pas d'entente entre les deux
ministères pour que, à ce moment-là, je vous transmette la
lettre et que vous envoyiez le drapeau à l'école
concernée?
M. O'Neill: Selon l'arrêté en conseil de 1948, le 21
janvier 1948, les commissions scolaires doivent arborer le drapeau, de
même que les institutions qui font partie du réseau hospitalier.
Il serait logique également qu'on le trouve arboré devant les
hôtels de ville. Je sais qu'à des endroits, à ce
moment-là, on retourne la lettre au député. Je vais vous
donner mon sentiment là-dessus, je trouve cela inconvenant. Je trouve
inconvenant, quand on connaît quand même le budget dont une
commission dispose et certaines choses qu'elle se permet, que la commission
scolaire ne règle pas seule un problème de drapeau. On ne fait
pas appel à un député pour régler un
problème de drapeau, quand on est une commission scolaire. Je comprends
cela pour une association, qu'un club de l'âge d'or dise au
député: Vous savez, nos moyens ne nous permettent pas vraiment
d'acheter ce drapeau à $10 disons, quelque chose comme cela, je le
comprends. Mais une commission scolaire qui vous envoie une lettre pour vous
embarrasser avec cela, mon sentiment, c'est de l'inconvenance. Je dis que cela
manque vraiment, c'est un manque aux bonnes manières.
M. Le Moignan: Non, mais tout de même...
M. O'Neill: C'est embêtant pour nous, comme
députés, de leur dire cela, parce que, comme
députés, on n'est pas portés à dire de ces
choses-là, mais on...
M. Le Moignan: Non mais ce qui est embarrassant, c'est que le
député fédéral visite le comté et, dans son
automobile, il en a des drapeaux.
M. O'Neill: Je sais.
M. Le Moignan: II n'y a pas de question.
M. O'Neill: II inonde les gens avec les drapeaux, d'accord, mais
il faut vivre avec cela. Cela ne m'impressionne pas vraiment d'ailleurs, vous
le savez.
M. Laberge: II y en a beaucoup qui restent dans les tiroirs.
M. Le Moignan: Le drapeau du Québec ne vous impressionne
pas?
M. O'Neill: Non, cela ne m'impressionne pas, cette inondation
d'un drapeau étranger...
M. Le Moignan: Ah oui!
M. O'Neill: ... parce qu'à la longue, les gens, ayant le
goût du Québec, vont choisir le drapeau
québécois.
M. Le Moignan: Si on inonde le Québec de drapeaux
québécois.
M. O'Neill: Cela ne m'impressionne pas. On ne peut pas
fonctionner avec le même budget, que voulez-vous. Là-bas, on
gaspille comme on veut, comme cela, l'argent, mais on n'a pas ces
budgets-là. Je crois qu'ici, la conviction des gens fera en sorte que
les gens vont mettre de l'argent, vont faire leur part. On va le donner
d'ailleurs. C'est pour cela que nous en donnons aux députés, pour
que vous puissiez en distribuer. Nous espérons que vous en distribuiez
à des gens à la fois méritants et qui n'ont de ressources,
qui n'ont pas les moyens de se le payer, mais, pour le reste...
M. Le Moignan: Je ne peux même pas m'en garder un pour
moi.
M. O'Neill: ... pour ce qui est de l'autre drapeau, que
voulez-vous, c'est un peu comme feuille au vent, et je dirais qu'il se
distribue un peu comme on distribue les graines de pissenlit, au printemps,
mais on n'y peut rien. Mais je crois qu'il y a actuellement une attention
particulière, de plus en plus grande, dans différentes
régions du Québec. Cela me fait plaisir aussi d'en voir dans les
régions qui ne sont pas nécessairement des régions, par
exemple, représentées par des députés
péquistes, pas du tout. J'ai été frappé
l'été dernier de voir comment, dans un comté comme celui
de Charlevoix, on voyait fréquemment et fièrement arboré
le drapeau du Québec, mais, encore une fois, la question, c'est la
façon dont on utilise l'argent ici. J'avoue que nous y allons
modestement, modérément dans ce domaine. Il y aura une campagne
du drapeau. Il y a des cas, n'est-ce pas, où le drapeau sera vendu et
des cas où il sera distribué. Nous ne pensons pas, si vous
voulez, que, pour développer l'amour du Québec ou le goût
du Québec, il faille y aller en submergeant les gens. D'ailleurs, si on
le faisait, j'imagine que peut-être certaines gens nous diraient que nous
sommes en train de verser dans notre propagande.
M. Le Moignan: Ah non!
M. O'Neill: C'est loin d'être notre intention, vous le
savez bien.
M. Le Moignan: Pas de faux prétextes. Une dernière
question, M. le Président, parce que j'ai parlé de vingt minutes
et je réalise que vous me regardez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Vous voyez que c'est difficile à respecter, n'est-ce pas?
M. Le Moignan: Oui et je vois que vous me regardez en même
temps. Je vois qu'il y a un
contrat de publicité avec la maison Watier au sujet de la
publicité postale sortie d'un catalogue général.
Pourriez-vous seulement nous donner une explication sommaire?
M. O'Neill: Le genre de publicité que fait la maison de
l'Editeur officiel, chaque année je crois qu'il n'y a pas de
différence dans ce type de publicité, cette année
c'est pour faire connaître les produits de l'Editeur, où acheter,
comment se servir du service postal. C'est une publicité qui reprend
d'une année à l'autre, pour mieux faire connaître ces
services au public.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci.
M. Forget: Je n'avais aucune autre question. Je voudrais
simplement rappeler au ministre certains renseignements qu'il nous a promis,
tout simplement pour ne pas qu'on les oublie. Il y a d'abord la question des
économies...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On
pourrait adopter auparavant le programme 3. Adopté?
M. Forget: C'est parce que ce sont toutes des choses qui sont
venues dans le programme 3. Je fais seulement le résumé des
questions, des demandes de renseignements qui sont censées nous venir un
peu plus tard.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, je pensais que c'était dans le programme 2.
M. Forget: II y avait la question des économies qui
résultent de la standardisation, si l'on veut, des rapports annuels des
ministères, en comparant deux années successives, avant et
après les nouvelles normes.
Il y a également la liste des périodiques avec leur
périodicité, leur coût, leur tirage et les frais
d'impression et de distribution de chacun. (10 h 45)
J'ajouterais, si le ministre me le permet, étant donné
qu'il en a été question, la question des prix de revient pour les
éditions relativement aux livres blancs et aux Uvres verts, les
documents gouvernementaux publiés par l'Editeur officiel depuis le
début de 1977, le prix de revient de même que le prix de vente,
ainsi que le nombre d'exemplaires vendus et le nombre d'exemplaires
distribués gratuitement. C'est tout. Je suis prêt à adopter
le programme no 3.
M. O'Neill: Un instant, s'il vous plaît! Il y a
déjà des réponses qui nous sont parvenues et que nous
avons déjà données.
M. Forget: Ah bon!
M. O'Neill: Vous avez demandé, pour le centre de
documentation, le budget de même que le nombre d'employés. En
1978/79, il était de $192 300, douze employés; en 1979/80, il
sera de $221 500, douze employés également, la différence
étant principalement causée par l'augmentation des traitements
qui représente $31 200. J'ai ici quelques exemplaires de
différentes coupures de presse qui sont faites par le centre de
documentation. Il y en a une, par exemple, sur le sommet sur les industries
culturelles, qui a été distribuée à tous les
participants. Ce sont les coupures de presse des différents journaux qui
ont donné les articles; un sur l'information et les communications. Ce
sont aussi des coupures de presse sur des sujets spécifiques. Vous en
avez une autre ici sur la baie James. Souvent, ces sujets nous sont
donnés ou demandés par les ministères clients. Vous en
avez d'autres ici qui sont un bulletin analytique des publications
gouvernementales du Québec. C'est le genre de produit qui sort du centre
de documentation.
M. Forget: Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 3, adopté. Programme 4, gestion interne et soutien.
M. Forget: Adopté.
Bureau central de l'informatique
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 5, bureau central de l'informatique.
M. Forget: J'aimerais savoir si le ministère des
Communications, relativement au service d'informatique, particulièrement
le bureau central de l'informatique, a développé une politique
générale des services d'informatique pour le gouvernement ou s'il
se borne à être simplement un fournisseur de services face
à des demandes ponctuelles d'un certain nombre de ministères qui
n'ont pas leur propre service d'informatique ou dont les services sont,
à l'occasion, peut-être débordés. Est-ce qu'il y a
une politique générale ou si c'est simplement une question de
fournir les services?
M. O'Neill: J'ai rappelé hier là-dessus qu'une des
activités du BCI, c'est de jouer le rôle d'organisme-conseil dans
le domaine de l'informatique auprès des autres ministères et
également auprès du Conseil du trésor, c'est-à-dire
que le Conseil du trésor tient compte de l'expertise du bureau face
à des demandes des autres ministères, particulièrement
quand il s'agit de cas d'achat ou de location de matériel. C'est un
domaine, vous le savez, où les coûts peuvent, à un moment
donné, être passablement élevés.
M. Forget: Ce sont donc à la fois des services
d'informatique et d'expertise technique. Cela ne dépasse pas cela.
M. O'Neill: Au service des autres ministères et, dans le
moment, au service du Conseil du trésor, ce qui correspond au mandat qui
lui avait été donné en 1976.
M. Forget: Je vois. Comme tel, le ministère des
Communications n'a pas de politique générale quant au service
d'informatique au gouvernement. Ce que je veux dire par cela en particulier,
c'est qu'en s'inspirant de ce qui se passe dans la plupart des gouvernements,
au Canada ou aux Etats-Unis, on a été amené à
réfléchir sur la place de services gouvernementaux par opposition
aux services de l'industrie privée. Etant donné que les
organismes gouvernementaux sont des grands utilisateurs des services
d'informatique, peut-être les plus considérables utilisateurs des
services d'informatique, dans la perspective de développement d'une
industrie de petite et moyenne entreprise de services d'informatique, plusieurs
gouvernements ont pris consciemment la décision de confier une part
prédéterminée des services d'informatique à
l'entreprise privée, de manière à stimuler par cette
demande de services de développement, même la naissance
d'industries d'informatique qui, plus tard, peuvent faire
bénéficier de leur expertise des petites entreprises dans le
secteur privé, les industries de service, etc.
Je pense que c'est une stratégie qui s'inscrit très bien
dans une politique économique de développement de la petite et
moyenne entreprise, de développement de technologie de pointe
également, d'emplois quand même assez spécialisés.
Est-ce que le ministère a développé, relativement à
ces questions, par exemple, une attitude générale et des
objectifs clairement définis?
M. O'Neill: Dans les rencontres du comité
interministériel où le BCI joue un rôle important, c'est le
genre de problèmes, d'ailleurs, qui sont abordés. Lorsqu'on
arrive à la question des achats, actuellement, ou comme attitude
à l'égard de toute mesure pouvant favoriser une entreprise
québécoise qui commence en informatique, lorsque les prix sont
acceptables, c'est une attitude qui est courante actuellement au BCI. Cela fait
partie des normes de ce qui est considéré comme devant être
privilégié, ce qu'on appelle aussi justement une politique de
faire faire, par opposition au système où nous aurions
nous-mêmes c'est ça que vous voulez dire? un
système complet de parcs d'informatique, d'appareils dont nous serions
possesseurs et qui nous permettraient de couvrir tous les domaines dans
lesquels nous aurions des besoins en informatique. Mais, actuellement, ce n'est
pas l'attitude du BCI.
M. Forget: Quelle est l'attitude du gouvernement du Québec
et, en particulier, du ministère des Communications relativement
justement à la portion des services d'informatique que le gouvernement
doit se procurer lui-même, doit se fournir à lui-même et la
proportion qu'il doit fournir, qu'il doit trouver et qu'il devrait trouver
à l'extérieur?
M. O'Neill: Si vous voulez attendre seulement un instant, M.
Beauséjour pourra vous donner exactement les chiffres actuels, ce
à quoi on vise dans les proportions par rapport à ce qui doit
être couvert par un système gouvernemental et par rapport à
ce qui est couvert par l'extérieur. Ce ne sera pas long, nous l'aurons
en chiffres tout à l'heure.
M. Forget: C'est la seule question que j'ai dans ce programme.
Peut-être que le député de Gaspé peut
enchaîner.
M. Le Moignan: J'aurais peut-être une seule question
également. Quand vous mentionnez les améliorations des
communications avec le milieu par contact direct, par dépliants ou
encore quand vous parlez de concrétisation du rôle du Bureau
central d'information, vous voulez l'améliorer, vous procédez en
ce moment à des études, à des recherches n'est-ce pas?
M. O'Neill: Vous parlez de ce qui est indiqué à la
page 74, en haut, troisième paragraphe, c'est ça?
M. Le Moignan: Page 74, oui.
M. O'Neill: Concrétisation du rôle du BCI sur le
plan de la normalisation?
M. Le Moignan: Oui. Par rapport à ce qui se faisait
antérieurement, avez-vous progressé?
M. O'Neill: M. Gaston Beauséjour, sous-ministre adjoint,
secteur des techniques d'information. Il y avait deux questions, M.
Beauséjour. La première, tout à l'heure, qui a
été posée, concerne les chiffres relatifs à la
politique de ce que j'appellerais de l'achat chez nous en matière
d'informatique, l'aide aux petites entreprises, le pourcentage actuel que
ça représente; deuxièmement, la concrétisation du
rôle du BCI sur le plan de la normalisation. C'étaient, je pense,
les deux questions. Cela va?
M. Forget: La première, vous l'avez reformulée dans
un sens un peu différent, mais, de toute façon, on va
écouter la première réponse.
M. O'Neill: Cela correspond à peu près à
ça.
M. Forget: Grossièrement à ça.
M. O'Neill: ... vous nous demandez simplement si de façon
habituelle, on essaie de prendre des mesures au BCI ou, dans l'ensemble, en
fait, de l'appareil gouvernemental pouvant favoriser, dans ce secteur, la
petite et la moyenne entreprise.
M. Forget: Pas tout à fait. Je ne m'interroge pas
tellement sur vos habitudes que sur vos objectifs. Je me demande s'il y en a,
quels sont-ils?
M. O'Neill: Si vous voulez la réponse
générale, dans l'objectif de l'aide aux petites et moyennes
entreprises, de façon générale, c'est une attitude
du gouvernement du Québec d'avoir une politique, d'ailleurs, que vous
connaissez bien, de favoriser le développement des petites et moyennes
entreprises; on n'est pas différent sur ce point d'ailleurs. La question
qui intervient, à ce moment-là, c'est de savoir dans quelle
proportion, actuellement, cela se fait.
M. Forget: Ecoutons la réponse, j'aurai d'autres
questions.
M. O'Neill: Le secteur public a recours à l'entreprise
privée pour l'acquisition de services informatiques. Bien sûr, les
biens d'informatique sont tous obtenus à partir de l'entreprise
privée. Les chiffres de l'exercice financier d'il y a deux ans, 1976/77,
indiquaient que nous y avions recours pour un total d'à peu près
$4 millions par année, soit environ 6,5% du budget total d'informatique
du secteur public. L'année suivante, ce chiffre est passé
à environ $5 millions, soit 7,5%, c'est-à-dire une augmentation
brute de 20% à 22% et, en pourcentage du budget total d'informatique,
cela a dû monter à environ 7,5% ou 7,7%.
Pour l'exercice financier qui vient de se terminer il s'est
terminé il y a quelques jours ou quelques semaines, seulement
nous n'avons pas les chiffres précis des déboursés
réels de l'entreprise privée. Les budgets étaient de
l'ordre de $6 500 000, donc une augmentation de 30% par rapport à
l'exercice précédent et on passait à près de 10% du
budget d'informatique des ministères qui avaient recours à
l'entreprise privée. C'est donc, en absolu, un encouragement
substantiel; en relatif, c'est également une augmentation substantielle
au cours des trois derniers exercices si la réalité a
confirmé les budgets, et nos informations sont à cet effet. C'est
aussi fort, en encouragement à l'entreprise privée, que ce qu'on
constate chez les autres gouvernements provinciaux canadiens et le gouvernement
fédéral dans la réalité. Même si le
fédéral a une politique écrite pour promouvoir le recours
à l'entreprise privée dans une proportion de 20% à 30%, il
ne le fait pas encore.
Nous sommes donc tout à fait à l'avant-garde ou au
même niveau que les autres provinces dans cette matière.
M. Forget: il y a donc eu une croissance de la proportion des
services d'informatique que vous obtenez de l'entreprise privée. Est-ce
que vous visez un objectif particulier, soit en pourcentage, soit quant au type
de service dans un monde idéal, compte tenu du fait que, sur un certain
nombre d'années, certains équipements vont devenir
désuets, vous allez devoir faire face à la décision de
remplacer ou de ne pas remplacer, etc.? Est-ce que vous visez un objectif
particulier dans ce secteur ou si, dans le fond, cela évolue tout seul,
dans un certain sens?
M. O'Neill: II y a un objectif, mais il n'est pas articulé
en termes quantitatifs, et c'est là qu'on rejoint l'aspect
normalisation. Ce que le BCI cherche et réussit à obtenir avec
l'accord des autres ministères, c'est que chaque fois qu'un nouveau
travail doit être exécuté ou qu'un mode interne
d'utilisation des ressources doit être repensé, la question est
posée à savoir: Est-il plus avantageux de faire ou de faire
faire? A ce moment-là, à chaque occasion, l'apport de
l'entreprise privée est comparé au coût interne, au
gouvernement, et la décision est prise ad hoc: Est-ce qu'on a recours
à l'entreprise privée ou si on le fait à
l'intérieur du gouvernement?
Si la réalité en est une d'avoir des décisions ad
hoc, c'est quand même le résultat d'une politique d'ensemble de
toujours se demander: Est-il plus économique pour le payeur de taxes,
pour le gouvernement, de recourir à l'entreprise privée ou de
recourir au gouvernement? Nous avons débattu cette question avec les
ministères depuis deux ans. ( 11 heures)
Y a-t-il avantage à fixer un objectif quantitatif pour le recours
à l'entreprise privée, 5%, 10% ou 20%? Mais nous n'avons jamais
pu obtenir de réponse entre nous, entre fonctionnaires, et donc, nous
n'avons jamais pu proposer au niveau politique d'arguments sérieux pour
dire: Ce qu'il faut, c'est 20%. Pourquoi 20% et non pas 15% et non pas 25%?
Finalement, la question devait toujours se ramener aux résultats
des discussions. Cela dépend du coût réel pour le
gouvernement, donc pour le contribuable, des services à obtenir de
l'extérieur. C'est pour cela que si même le recours à
l'entreprise privée a augmenté au cours des trois
dernières années, il y a des types de services de l'entreprise
privée qui sont moins requis par le gouvernement maintenant qu'il y a
trois ans, et d'autres types qui le sont davantage.
Il n'est pas possible, à l'heure actuelle, de prévoir si
cela va continuer ou si, dans deux ans, ce premier type de services qui
était populaire il y a trois ans et qui l'est moins aujourd'hui ne le
deviendra pas dans deux ans à cause de l'économie, des conditions
du marché.
Il ne nous apparaît pas encore possible, en tout cas on n'a pas pu
trouver de recette qui nous permette de dire: Pour le recours au service de ta
machine, ce qu'on appelle les bureaux de service en informatique, il est plus
avantageux d'aller à l'extérieur que de le faire à
l'intérieur du gouvernement, ou on devrait recourir à ce genre de
service à 15% du budget total.
Cela n'est pas possible, parce que les conditions du marché et
les conditions financières selon lesquelles le gouvernement peut
acquérir des équipements varient trop. La politique, qui en est
une de normalisation, est plutôt d'étudier, chaque fois qu'il y a
changement majeur qui doit survenir, par exemple chaque fois qu'un
ministère doit, pense devoir augmenter la puissance de son
ordinateur.
Cela se fait toujours par escalier. A ce moment, la question doit
être posée: Est-ce que l'on doit vraiment augmenter la puissance
de cet ordi-
nateur ou est-ce que l'on peut obtenir à meilleur coût une
partie de cette puissance à l'extérieur, dans les bureaux de
services?
M. Forget: D'accord, c'est très clair. Donc, vous dites:
Nous avons un critère financier, si l'on veut, de gestion interne qui
nous permet de prendre ces décisions. La résultante a
été un léger accroissement du pourcentage des services qui
sont obtenus de l'entreprise privée. Il est évidemment impossible
de prédire ce à quoi cela va mener au cours d'une période
de cinq ou dix ans, parce que tout dépend de la balance des coûts
dans les deux régimes. Je n'entrerai pas dans le détail à
savoir si vous faites vraiment une imputation totale des coûts dans le
secteur public, y compris les loyers, etc.
M. O'Neill: Ce que nous avons commencé à faire,
nous avons établi et nous en sommes actuellement à commencer le
deuxième cycle annuel de la production de rapports annuels informatiques
par chaque ministère. Cela aussi est une "anormalisation" et chaque
ministère, chaque gestionnaire de l'informatique a à
répondre à son sous-ministre et à son ministre des gestes
et des coûts d'informatique. Cela inclut les coûts imputés.
Nous avons donc maintenant des tableaux qui parlent des coûts
budgétaires d'informatique et des coûts intégraux qui nous
permettront, quand l'appareil sera rodé bien sûr, c'est la
première année, chaque ministère n'est pas tout à
fait confiant dans la qualité des chiffres qu'il a déjà
fournis, mais d'ici un an ou deux, au deuxième ou troisième
cycle, cela nous sera suffisant pour être très confiants de la
qualité des chiffres et cela inclut dans chaque cas les coûts
budgétaires et les coûts intégraux de l'informatique
justement pour pouvoir comparer de façon raisonnable avec le
privé.
M. Forget: Mais le ministère des Communications n'est pas
seulement un organisme de services, il n'est pas seulement un organisme qui
produit des services d'informatique. C'est également un organisme, parce
qu'il est un ministère des Communications. J'imagine, parce qu'il se
voit un rôle dans ce domaine de l'informatique en particulier, qu'il est
probablement appelé à porter un jugement sur la santé, si
l'on veut, ou la croissance réelle ou souhaitable de l'industrie
informatique, comme il pose des jugements sur la santé et la croissance
des réseaux des communications.
Ce n'est pas un critère financier interne au gouvernement; c'est
un critère beaucoup plus largement défini, à savoir est-ce
que, dans l'opinion du ministère des Communications, notre industrie
privée de traitement de données c'est quand même un
secteur fort important dans toutes les économies modernes est
suffisamment saine, vigoureuse, connaît une croissance suffisante pour
que le gouvernement se désintéresse de l'impact de ses
décisions sur ce secteur et se borne à faire ses calculs
strictement sur une base financière, en regardant son
intérêt à lui, sur un plan strictement économique,
lorsque chaque décision est prise de faire ou de faire faire? Autrement
dit, est-ce que vous êtes satisfait et que vous pouvez laisser de
côté l'impact de toutes ces décisions sur le secteur
privé et avoir une industrie québécoise de
l'informatique?
Je ne parle pas, bien sûr, de l'équipement parce qu'on n'en
produit pas beaucoup, je pense surtout à la programmation, au
développement d'une capacité de traitement des données;
est-ce que c'est suffisamment fort pour qu'on ait pas besoin de s'en
préoccuper?
M. O'Neill: Je pense que la réponse qu'on a donnée
montre qu'on tient compte des deux critères.
M. Forget: Non, mais non. On vient de nous dire qu'on regarde
s'il est avantageux, financièrement, pour le ministère, de le
faire lui-même ou de le faire faire. C'est le seul critère qui
vient d'être mentionné. On n'a pas dit: Même s'il
était désavantageux, en termes économiques, pour le
ministère, de le faire faire, on va quand même le faire faire
à l'extérieur parce qu'une telle décision est susceptible
d'avoir un effet d'entraînement et d'aider l'industrie à atteindre
un seuil de rentabilité, par exemple. Ce n'est pas l'explication qu'on
m'a donnée, on a dit: On regarde nos coûts à nous.
M. O'Neill: II y a certaines limites dont il faut tenir compte
dans les ressources que le ministère, dans une telle politique, pourrait
investir.
M. Forget: On n'en est pas aux limites, parce que vous n'en tenez
pas compte. L'explication qui vient d'être donnée, à moins
qu'on ne la corrige, ne laisse aucune place à des considérations
extérieures, à un calcul comptable des avantages pour le
trésor public, dans son sens le plus large, pas seulement les
coûts budgétaires au ministère, puisque, évidemment,
vous n'avez pas à vous préoccuper de vos loyers, des choses dans
ce genre, mais c'est un calcul, une pure rationalité budgétaire
pour le Conseil du trésor. Est-ce qu'on a intérêt, en
termes financiers, à... S'il n'y a pas d'autres critères, c'est
donc dire que vous vous désintéressez de l'impact de vos
décisions sur le secteur privé.
M. O'Neill: Je crois qu'il y a effectivement lieu de
compléter, non pas corriger, mais compléter l'exposé que
j'ai fait tantôt, parce que la réalité est la suivante. Ces
questions sont débattues au comité consultatif du BCI, qui est un
comité pluridisciplinaire composé de gestionnaires non
informaticiens et de gestionnaires informaticiens de l'informatique au
gouvernement. L'une des questions qui a été débattue avec
le plus d'intensité, si je peux m'exprimer ainsi, au cours des derniers
18 mois, a été celle de la politique du faire ou du faire faire.
Cette politique est pratiquée sans qu'il y ait un texte formel qui soit
encore arrêté ou défini.
Justement, cette politique du faire ou du faire faire a
été discutée et s'ébauche selon deux volets. Ce que
le BCI est à recommander et pour lequel il n'a pas reçu
d'approbation de l'ensemble des ministères actuellement est qu'il y a
deux types de critères, l'un qui est, autrement dit, une politique
d'impartition des travaux d'informatique...
M. Forget: Une politique de...
M. O'Neill: ... d'impartition, c'est-à-dire du choix, un
terme employé...
M. Forget: C'est nouveau, un néologisme.
M. O'Neill: ... dans le jargon du métier, à savoir
le choix intrinsèque, est-ce qu'on le fait à l'extérieur
ou à l'intérieur, considérant strictement les conditions
économiques. L'autre en est un de soutien à l'entreprise
privée, à savoir, nonobstant la conclusion à laquelle on
en est arrivé à la lumière du premier exercice, est-ce
que, même si c'est plus cher à l'intérieur, il y a lieu de
confier telle tâche à l'extérieur, comme soutien?
M. Forget: Même si c'est plus cher à
l'extérieur.
M. O'Neill: Même si c'est plus cher à
l'extérieur, parce que, dans ce cas-là, ce serait une application
importante de soutien à l'entreprise privée. Autrement dit, ce
que l'on peut appeler l'ensemble de la politique du faire ou du faire faire, ce
qui est proposé actuellement, c'est selon deux volets; une politique du
choix économique et une politique de soutien.
Toutefois, il nous apparaît, à la suite de discussions avec
les autres ministères, que cette question du soutien ou de
l'évaluation de la santé du secteur privé ne relève
pas uniquement, ne relève peut-être même pas surtout du
ministère des Communications, mais plutôt du ministère de
l'Industrie et du Commerce. Et c'est à cet égard que les
discussions et les recommandations qui apparaissent à l'heure actuelle
sont que cette évaluation de la santé et cette coordination du
deuxième volet de la politique du faire faire soit davantage sous la
tutelle du ministère de l'Industrie et du Commerce que du
ministère des Communications, puisque c'est une question de soutien
à l'entreprise privée, avec l'aide du Service
général des achats et du ministère des Communications.
Nous ne refilons pas un ballon à un autre ministère. J'essaie
simplement de vous expliquer que ce deuxième volet de soutien à
l'entreprise privée doit être mis en application, non pas par un
seul ministère, mais par concertation avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce et le Service général des achats.
Mais cette question est à être...
M. Forget: Je pense que vous précédez un peu les
événements en parlant de mise en application, parce que vous
êtes encore à des discussions, afin de savoir si cela devrait se
faire et selon quels critères. Si je comprends bien, vous en êtes
à une étape très préliminaire dans
l'élaboration de cette politique.
M. O'Neill: Peut-être pas préliminaire, mais ce
n'est pas complété. Nous discutons depuis longtemps avec les
autres ministères quant à l'articulation précise d'une
politique du faire faire, selon ces deux volets. Je complète
l'explication précédente en disant seulement que cet
élément de soutien à l'entreprise privée, le
gouvernement y réfléchit déjà, mais n'a pas eu
l'occasion de l'appliquer une fois encore.
M. Forget: Je vois. Maintenant, la question de savoir quels
ministères l'appliquent, c'est, à mon avis, très
secondaire. Mais il reste que, comme ministère des Communications,
à moins que vous puissiez nous dire que ce n'est pas du tout de votre
ressort, que c'est une simple question industrielle et que, dans le fond, cela
n'a pas d'intérêt pour le ministère des Communications,
à mon avis, le ministère des Communications doit être
aujourd'hui en mesure de porter un jugement sur la santé de ce secteur
de notre industrie. Quand même, l'informatique est devenue une industrie
de service. C'est un secteur industriel important, qui emploie des milliers de
personnes, qui est peut-être un de ceux qui est susceptible de payer de
bons revenus aux Québécois. Donc, on doit, comme gouvernement,
s'intéresser à la santé de ce secteur. Et comme le
gouvernement est probablement le plus gros acheteur de services, ou même
producteur, dans certains cas, il ne peut pas se désintéresser de
cela. Avant même de pouvoir formuler une politique, avant même de
pouvoir dire: On va donner ou non une certaine préférence
à au moins certaines catégories de services d'informatique dans
l'industrie privée plutôt qu'à l'intérieur de nos
murs, il va falloir que vous portiez un jugement sur la santé du
secteur. M faut d'abord connaître le problème avant d'y proposer
une solution. Or, vous êtes le ministère qui est censé
être capable de porter ce diagnostic.
Est-ce que notre industrie d'informatique est en bonne santé?
Est-ce que vous en êtes satisfait? Sinon, quels sont ses
problèmes? Et quel genre de solutions vous apparaissent susceptibles
d'apporter des réponses à ces problèmes?
Je pense que c'est de là que vous devez partir, avant de vous
poser des questions à savoir si c'est le ministère de l'Industrie
et du Commerce, ou le ministère des Communications qui devra appliquer
une politique? Je pense qu'avant de savoir dans quel hôpital on va aller
se faire traiter, il faut savoir si on est malade ou non, et de quelle maladie
on souffre. Essentiellement, c'est ce que je vous dis.
J'aimerais savoir de la part du ministre quel jugement vous portez sur
cette industrie. Il y a eu des difficultés dans le passé, je
pense que comme vous êtes dans ce secteur, vous êtes sensible au
fait qu'il y a eu une période d'euphorie, de croissance euphorique,
quand c'était nouveau, etc. Et il y a eu des épisodes de
succès. Et il y a eu une
espèce d'affaissement après un certain temps. Est-ce
qu'aujourd'hui, on peut se montrer confiant? (11 h 15)
Ce n'est pas tout de s'occuper de l'industrie textile, de l'industrie du
meuble et de la chaussure. Je comprends que ce sont des industries qui sont
bien connues et qu'on en parle depuis longtemps, mais l'industrie de
l'informatique a aussi ses problèmes. Ce serait rassurant au moins de
savoir qu'il y a un ministère qui s'en occupe, qui est au courant de ces
problèmes-là et qui peut porter un jugement, quitte à ce
que d'autres disent que son jugement n'est pas bon, mais, au moins, on aurait
un élément pour partir.
M. O'Neill: Effectivement, le ministère des Communications
a dressé un bilan du secteur privé de l'informatique. Il l'a fait
dans le livre bleu, Vers une politique de l'informatique, déjà en
1976. Il a donc fait un examen de la situation, en est arrivé à
certaines conclusions qui ont amené à poser certains gestes
justement depuis 1977 et 1978, ce qui est une des raisons pratiques pour
lesquelles le recours à l'entreprise privée a augmenté.
C'est-à-dire que suite à cette étude, n'est pas sortie
forcément une loi ou une grande politique écrite, mais sont
sortis des gestes pratiques, suite à cet examen de santé. Cet
examen-là s'est poursuivi, pas de façon aussi formelle, mais de
façon pratique, au cours des années subséquentes et,
même maintenant, on peut examiner et faire certains diagnostics sur la
santé de notre entreprise privée au Québec en
matière d'informatique, sauf qu'il serait...
M. Forget: C'est quoi le jugement?
M. O'Neill: Peut-être une réponse d'informaticien,
cela dépend, c'est difficile à dire. Certains secteurs sont en
santé, d'autres le sont moins et nous sommes absents là où
nous pourrions et devrions être plus présents à l'avenir.
Je vais chercher, si vous voulez, à répondre en deux minutes
à une question aussi complexe, en faisant un peu l'historique du monde
de l'informatique.
Les ordinateurs ont été inventés par les
Américains dans les années cinquante. Les Canadiens ont
été absents dans la fabrication des ordinateurs. Petit à
petit, vers les années soixante, les Américains fournissaient, en
même temps que du matériel d'ordinateur, des logiciels, des
programmes très compliqués qui faisaient fonctionner leurs
ordinateurs. Ils fabriquaient eux-mêmes ces logiciels, les
Américains, les constructeurs d'ordinateurs, et fournissaient ces
logiciels gratuitement avec l'équipement, avec la quincaillerie. Cette
gratuité camouflée a empêché qu'une industrie du
logiciel se développe tôt par d'autres que des constructeurs, donc
par d'autres que les Américains. Autrement dit, dans les années
cinquante et soixante, les Canadiens et les Québécois ont
été absents de la fourniture de biens d'informatique, les biens
étant de la quincaillerie et des logiciels.
Je mentionne cela, parce qu'auparavant, la quincaillerie
représentait 90% ou 95% du produit qu'on appelle un ordinateur;
aujourd'hui, c'est moins de 50%. Le logiciel est encore le produit de la
matière grise et déjà plus de la moitié de ce qu'on
appelle un ordinateur. Cela peut avoir un impact chez nous. J'y reviendrai
tantôt.
Il y a deux autres secteurs qu'on peut qualifier de fourniture de
services d'informatique. Tantôt, c'étaient les deux types de biens
en informatique. Les deux types de services, cela a commencé à se
développer à la fin des années soixante. On est parti, au
Canada et au Québec, en même temps que les Américains, avec
des services de programmation, de développement de systèmes. On
louait des hommes et, pour les services de traitement des données, on
louait du temps-machine. Cela devenait quelque chose de "vendable", parce
qu'à ce moment-là, un ordinateur trois fois plus puissant
coûtait seulement deux fois plus cher. Autrement dit, on se disait: Je
vais acheter un gros ordinateur. Je vais le faire partager par un tas
d'usagers. Parce que le gros coûte moins cher que trois petits, je vais
être capable de faire de l'argent.
Quand on parle d'entreprises privées d'informatique au
Québec, on parle habituellement des entreprises de services, parce que
nous ne fabriquons pas d'ordinateurs, nous ne fabriquons pas de logiciels ou
très peu. On commence seulement.
On parle donc de nos industries du service. Les services de location de
temps-machine ont commencé en grande au Québec et avec
succès à peu près en même temps que les services de
location d'hommes. Le temps-machine, cela a été prospère,
cela a été peu prospère et on ne sait pas ce que sera
l'avenir de cela. La location de temps d'homme, c'est parti assez lentement,
mais cela va bien.
Donc, au Québec, l'industrie des services de temps-machine n'est
pas en santé actuellement. Il n'est pas clair, à l'heure
actuelle, que cela vaille la peine d'être encouragé, parce qu'il
n'est pas clair que cela ait vraiment de l'avenir. Le service de temps d'homme
est en santé, et, au Québec, au moins autant, sinon plus,
d'ailleurs au Canada. La plus grosse firme de services de temps d'homme, DMR,
est Ducros, Meilleur et Roy, c'est une firme québécoise. Nous
avons été les premiers au Québec, à la fin des
années soixante, à avoir des firmes en santé, en services
de temps d'homme.
Dans la production d'ordinateurs, nous sommes absents. Nous devrions
être moins absents à l'avenir, parce que les équipements
sont plus petits et il est possible, dorénavant, de fabriquer et de
vendre des terminaux, de fabriquer et de vendre des mini-ordinateurs. Nous
avons quelques compagnies qui existent au Québec, La Tortue, Compton,
etc. C'est un secteur à surveiller pour l'avenir. Nous sommes à y
réfléchir.
La fabrication de logiciels aussi a beaucoup d'avenir. Nous avons la
matière grise pour entrer dans ce secteur. Le bilan est donc qu'il y a
un des quatre secteurs où nous sommes présents, mais en mauvaise
santé, celui-là crie fort. Nous ne voyons pas comment l'aider,
parce qu'il est possible que ce soit son produit intrinsèquement qui ne
soit pas rentable à cause de la venue des mini-
ordinateurs sur le marché, qu'on ne puisse pas faire grand-chose
pour lui. C'est justement ce type de services pour lequel il y a eu une baisse
de contrats en provenance du gouvernement au cours des deux dernières
années, et qui n'est pas déjà en bonne santé. Donc,
c'est difficile.
M. Forget: Est-ce qu'il y a des consultations avec l'industrie
pour voir comment va évoluer tout cela, et voir de quelle façon
justement les politiques gouvernementales, quand elles seront formulées
et seront appliquées, peuvent le plus contribuer à donner
à certaines entreprises québécoises peut-être une
base domestique très forte à partir de laquelle elles pourraient
rayonner et peut-être même vendre à l'étranger?
M. O'Neill: II n'y a pas eu de consultation formelle, de
mini-sommet de ce type ou de ce genre. Il n'y a pas eu de consultation
formelle, il y en a beaucoup de non formelle, parce que nous sommes au BCI dans
les ministères, en contact avec les entreprises privées. On ne
peut pas dire qu'on a fait un livre vert ou qu'on a fait le point avec les
entreprises privées pour ce type, parce qu'il ne nous est pas apparu
encore urgent de le faire.
Je voudrais seulement ajouter ici un point pour préciser ce qui a
été dit antérieurement sur les décisions à
la pièce. Il a été dit que, selon tel ou tel cas, on
regarde ce que cela nous coûte de le faire, ce que cela nous coûte
de le faire faire et quel impact cela peut avoir sur l'entreprise. Ce que j'ai
remarqué, c'est que, de façon générale, il y a
toujours trois questions qui reviennent quand le dossier nous est
présenté. D'ailleurs, venant du BCI sur ces questions, on pose la
question du coût, la question de l'entreprise, c'est-à-dire
où elle est, si c'est une entreprise québécoise, et la
question de l'impact sur l'entreprise. C'est exactement le même genre de
question qu'on se pose quand il s'agit de l'attribution de contrats dans le cas
des services techniques; pensez aux radios-mobiles ou des choses comme cela.
C'est exactement le même genre de contrat, avec toujours la même
interrogation: Qu'est-ce qui doit guider l'intervention gouvernementale?
Où doit se situer le plafond? Quelle est l'élasticité
qu'on peut se permettre?
M. le député de Saint-Laurent disait tout à l'heure
que le gouvernement était un gros client, était un acheteur,
etc., et que ce qu'il décide peut avoir une forte influence sur la
stimulation des entreprises privées, sauf qu'il reste qu'étant
donné qu'il s'agit de fonds publics, il faut vraiment se poser des
questions au point de vue de la rationalité. On peut également se
demander jusqu'à quel point une entreprise de cette nature doit compter
aussi sur le gouvernement, dans l'ensemble de ses activités, parce que
si, à un moment donné, elle ne vit pas autrement, cela va
ressembler à une sorte de subvention qui ressemble à du
bien-être social d'entreprise.
Il y a donc actuellement ce genre de balise Quand nous disons que nous
prenons les cas à la pièce, il est certain que, derrière
cela, il y a toujours comme préoccupation de voir en quoi cela peut
être une stimulation pour l'entreprise dans ce secteur. On ne peut pas y
aller vannes ouvertes sous prétexte que cela va tout à coup faire
démarrer ou progresser une entreprise québécoise. Il y a
des limites à cela.
M. Forget: M. le Président, le ministre est en train de
noyer le poisson. On avait eu des réponses de son collaborateur qui sont
très claires. On n'était pas sur le point de s'indigner en disant
que les coffres de l'Etat étaient pour se vider au profit des
sociétés privées d'informatique. Ce n'était pas du
tout le genre d'approche que nous avons. Il faudrait quand même que le
ministre se rende compte qu'on vit en 1979; on ne vit pas en 1879, et les
industries dont il faut se préoccuper, ce ne sont pas seulement les
industries du XIXe siècle. Ce sont aussi les industries du XXe et du
XXIe siècle, dans la mesure où l'on peut savoir ce que ce sera.
L'industrie de l'informatique en est une.
M. O'Neill: Tout le monde est d'accord avec vous
là-dessus.
M. Forget: II ne faudrait quand même pas que le
gouvernement passe son temps à des sommets sur le textile et à
des choses de ce genre, où la concurrence des pays
sous-développés, inévitablement... Et on devrait
même, si on a un peu de coeur et si on souhaite un peu que ces pays se
développent, leur ouvrir nos marchés ou voir aussi des
possibilités de leur ouvrir nos marchés sur une certaine
période de temps, mais encore faudrait-il avoir des choses pour les
remplacer. Il est remarquable qu'au-delà de toutes les questions
auxquelles le ministre a fait allusion, il dit: On se pose bien des questions
quand on regarde les décisions une à une. Cela ne
m'intéresse pas, le nombre de questions que le ministre se pose. C'est
le genre de réponses qu'il donne qui sont importantes. Cela n'est pas de
la philosophie. Quand vous donnez un contrat, ce qu'on nous a dit, c'est
qu'actuellement, on le fait sur une base économique. Par ailleurs, on a
commencé à s'intéresser à la situation, à la
santé de l'industrie de l'informatique et on espère qu'au cours
des mois et des années qui viennent, on pourra appliquer des politiques
qui vont au-delà d'un simple calcul de rationalité
budgétaire gouvernementale, mais qui s'intéressent à
l'impact sur l'économie des décisions gouvernementales.
On a aussi très bien dit que jamais, jusqu'à maintenant,
une décision n'avait été influencée par des
facteurs autres qu'étroitement budgétaires, dans le sens du
gouvernement dans son ensemble et pas nécessairement dans le sens du
ministère des Communications.
Bon! Cela, c'est une précision qui est utile.
M. O'Neill: Ce que je dis, M. le Président...
M. Forget: II ne faut pas essayer de noyer le poisson...
M. O'Neill: Excusez-moi, M. le Président, mais...
M. Forget:... en disant qu'on pense à bien des
choses...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: ... quand on prend des décisions
budgétaires.
M. O'Neill:... M. le Président, étant donné
que M. le député déforme des paroles, vous me permettez de
préciser...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. O'Neill: Etant donné qu'il déforme des paroles,
si vous me permettez de préciser. On a dit: Non, à chaque fois,
on se pose des questions, ne serait-ce que la question de savoir où est
située l'entreprise, au Québec ou non.
M. Forget: Ce n'est pas important, les questions que vous vous
posez.
M. O'Neill: L'expression...
M. Forget: Ce qui est important, ce sont les réponses.
M. O'Neill: ... "se poser des questions" veut dire ceci, M. le
Président, c'est que, chaque fois qu'on a un dossier, nous regardons,
par exemple, la nature de l'entreprise, d'où elle vient, en quoi cela
peut encourager cette entreprise et la décision est prise à la
pièce à partir de ces critères, mais nous tenons compte de
choses, c'est absolument évident, des ressources gouvernementales et des
normes de saine gestion de fonds publics, cela va de soi. Il n'est pas question
pour nous de se lancer dans un système qui ferait que, sous
prétexte qu'il faut de nouvelles entreprises, à un moment
donné, l'attribution de contrat tourne à l'aide sociale. Il n'a
jamais été question de ça. Nous nous posons les
questions...
M. Forget: Alors, que le ministre nous donne un cas.
M. O'Neill: ... et je peux dire...
M. Forget: Que le ministre nous donne, nous mentionne une
décision et qu'il nous démontre qu'effectivement, c'est autre
chose qu'un calcul économique qui a été utilisé et,
à ce moment-là, qu'il nous démontre qu'effectivement, il
s'est préoccupé de l'impact de cette décision sur le
développement d'industries. Qu'il nous en montre un, parce que son
collaborateur vient de nous dire que ça ne se fait pas encore parce
qu'on n'a pas encore mis au point, justement, les moyens d'une politique pour
encourager l'essor de l'industrie de l'informatique...
M. O'Neill: Ce que je dis, M. le Président...
M. Forget: Ce n'est pas une critique, remarquez, que je fais. Je
fais simplement observer que c'est un problème difficile, sur lequel le
gouvernement n'a pas encore suffisamment réfléchi et donc il ne
peut pas passer aux actes avant d'avoir arrêté une politique. Le
ministre nous dit: On pense à tout ça. Peu importe à quoi
vous pensez. Donnez-nous un cas où vous l'avez fait et on va l'analyser
au mérite, mais vous êtes bien incapable de le faire.
M. O'Neill: Ce que je dis, M. le Président, c'est que,
chaque fois qu'un dossier m'a été soumis concernant et venant du
BCI, nous avons toujours posé les mêmes questions, nous avons
toujours regardé à la fois les avantages d'accorder ce contrat,
la question de savoir si ça devait être une activité qui
devait être réalisée à l'extérieur ou non, la
nature de l'entreprise, le lieu de l'entreprise, le tout, évidemment,
comme il vient d'être dit, avec une connaissance de l'ensemble de la
situation des entreprises d'informatique qui est peut-être incomplet,
mais nous nous sommes toujours posé les questions, sauf que, comme ce
qui a été dit, il va falloir avancer encore plus que ça
dans cette analyse et voir, dans ce secteur, sous quelles formes, en fait,
l'encouragement doit être donné, si c'est sous forme, si vous
voulez, de ce que vous appeliez, tout à l'heure, la quincaillerie ou
sous forme de ce qui est appelé investissement en termes de services
spécialisés d'experts. (11 h 30)
Le fait que, dans le moment, l'exploration n'est pas complète ne
veut pas dire que ce genre de questions, nous ne nous les posons pas au moment
de prendre une décision, ce qui est tout à fait différent
de ce qui vient d'être dit par le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre est un
incorrigible littérateur. Il s'imagine qu'en alignant des mots, il va se
donner l'équivalent d'une réponse intelligente. Ce n'est pas une
réponse intelligente qu'il nous donne. Il nous dit que son état
d'âme, lorsqu'on lui soumet des recommandations, c'est de penser à
toutes sortes de choses. La belle affaire! Qu'il nous donne un cas où la
décision qu'il a prise diffère d'une recommandation strictement
budgétaire et on verra s'il a vraiment une politique. Mais il devient de
plus en plus clair, plus il parle, d'ailleurs, qu'il n'en a aucune, qu'il
comprend à peine de quoi il est question et même qu'il est en
train de faire ses classes dans le moment. Qu'il ne vienne pas nous dire qu'il
pense à ceci ou à cela pendant qu'il prend des décisions,
qu'il nous donne une démonstration de ce qu'il cherche à faire
par les décisions qu'il a prises, à ce moment-là, on sera
convaincu.
M. O'Neill: Pourrait-on...
M. Forget: A ce moment-ci, tout ce qu'on peut dire, c'est que,
effectivement, des recherches vont
être faites, des études vont être faites, il y a
peut-être des consultations, il n'en est même pas rendu là,
et que peut-être, un jour, il va conclure. On le lui souhaite bien, s'il
est toujours ministre, parce que ça a l'air que ça va lui prendre
un certain temps. Il est là depuis deux ans et il est à peine au
courant du problème.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière réplique puisque le droit de parole de vingt minutes est
largement dépassé.
M. O'Neill: Je ne peux pas empêcher le député
de Saint-Laurent de dire des grossièretés, c'est un droit qui est
reconnu en démocratie et il l'utilise généreusement,
largement. C'est son affaire. Je rappelle simplement ce qui a été
dit tout à l'heure. Chaque décision qui nous a été
soumise au cabinet, nous avons, à chaque fois, reposé les
mêmes questions...
M. Forget: Nommez-en une seule.
M. O'Neill: Je signe des CT dans le domaine de l'informatique
à peu près toutes les semaines, M. le député de
Saint-Laurent, je ne suis pas ordinateur moi-même pour retenir cela.
M. Forget: C'est cela, vous signez sur la ligne
pointillée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. O'Neill: Encore une fois, je ne peux pas empêcher le
député de Saint-Laurent de dire des grossièretés,
il a le droit de le faire, s'il peut me permettre de dire encore quelques
mots...
M. Forget: Ce ne sont pas des grossièretés, on
n'est quand même pas imbécile, on se rend compte de la
réalité.
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Laurent est le seul qui a le droit de parler
ici?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Vous êtes le premier à interrompre.
M. O'Neill: De toute façon, je pense qu'il n'est
même pas intéressé.
M. Forget: Le ministre est le premier à interrompre puis
il se plaint.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, s'il vous plaît, à
l'ordre!
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Laurent pourrait me laisser parler?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez la parole, M. le ministre.
M. O'Neill: Vous pourriez lui demander de respecter mon droit de
parole?
Encore une fois, c'est exactement ce que j'ai signalé tout
à l'heure, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas lieu, comme il a
été dit également, de voir de quelle façon
appliquer une politique, à l'avenir, qui, de manière plus
efficace, puisse aider les industries qui travaillent dans ce secteur, compte
tenu je pense que tout le monde sera d'accord là-dessus
des exigences normales de bonne gestion budgétaire. Il ne faut pas
confondre un service des communications qui fait appel à l'aide d'une
entreprise, avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, ni avec une
sorte de service d'aide sociale, ce n'est pas la même chose du tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme 5 sera adopté?
M. Forget: Occupez-vous de Tricofil. Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
programme 5 est adopté.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle le programme 6, Régie des services publics. Là,
j'insiste...
M. O'Neill: M. le Président, au cas où cela
intéresserait vraiment le député de Saint-Laurent, parce
qu'il dit toujours qu'il n'y a pas de cas, je réponds que nous posons
des questions dans chaque cas; s'il est intéressé à avoir
des cas très précis, on pourrait lui en énumérer
deux ou trois à titre d'exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Etant
donné que nos travaux, selon les ententes entre les différents
partis politiques, doivent se terminer à 12 h 30, j'aimerais dire...
M. O'Neill: Sinon, on peut passer à autre chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! J'aimerais dire qu'à l'avenir... il nous reste 4
programmes à étudier, il y en a peut-être qui sont plus
importants pour certains politiciens que d'autres; certains ont peut-être
d'autres priorités. J'avise les deux députés de
l'Opposition, à ma gauche, que je vais, à l'avenir, autant que
possible, faire respecter les vingt minutes puisque je vous ai laissé
dépasser largement vos vingt minutes. Par contre, le
député de Gaspé aurait-il des priorités dans
d'autres programmes qui...
M. Forget: Remarquez que le programme 4 a été
très expéditif.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
j'ai remarqué.
Programme 6, Régie des services publics.
Régie des services publics
M. O'Neill: Pour l'analyse de ce programme, M. le
Président, je serai assisté de l'adjoint parlementaire au
président, M. Pierre Piché.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Cela sera bref, M. le Président. Ce que je
demanderais au ministre pour abréger encore plus, ce serait sa
collaboration et la collaboration de la Régie des services publics.
C'est peut-être d'ailleurs un document public. Je m'excuse de ne pas en
être vraiment au courant, mais j'ai lu à la fois le rapport annuel
qui m'est parvenu ces jours derniers et le document que le ministre a
déposé. Je crois que la situation est assez simple relativement
à la Régie des services publics. Ma seule question concerne les
normes tarifaires qui sont édictées par la Régie des
services publics. Il serait peut-être possible que la régie ou le
ministre nous fasse parvenir ces normes tarifaires et les études qui les
sous-tendent s'il en est. C'est essentiellement la seule question que j'ai
relativement à cela. Comme il s'agit d'une question peut-être un
peu technique, cela pourrait se faire par transmission de documents, cela me
satisferait totalement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Sur ce programme, M. le Président, je n'ai
pas de question précise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
alors le programme 6 adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
programme 6 adopté.
Développement des communications et des
politiques
Le programme 7: Développement des communications et des
politiques. M. le ministre.
M. O'Neill: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Attendez un peu que je trouve mes papiers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Forget: Je remarque que ce programme est consacré
à financer une réflexion en profondeur et je m'en réjouis,
M. le Président. C'est rafraîchissant de voir qu'on
réfléchit en profondeur et ce qu'on aimerait connaître,
c'est le fruit de cette réflexion en profondeur. En particulier, le
programme de recherches universitaires, on dit qu'on a identifié des
secteurs prioritaires, quels sont-ils? Deuxièmement, on dit que
près d'une trentaine d'études ont été
amorcées, nous serions fort intéressés à
connaître la liste de ces études, leur sujet ainsi que les noms
des organismes et chercheurs qui ont reçu ce mandat de recherche ou ces
contrats de recherche. Si je comprends bien, il s'agit de recherches
commanditées à des universitaires.
M. O'Neill: Concernant la recherche, il est exact qu'il s'agit de
contrats passés avec les universités sous deux formes. Dans la
première forme, il s'agit de besoins identifiés par le
ministère selon ses secteurs d'activités spécifiques et,
à ce moment, des appels d'offres sont lancés aux
universités à peu près de la même façon qu'il
est fait pour d'autres types de biens que le ministère peut
désirer.
Dans le second cas, il s'agit de ce que nous appelons les appels non
sollicités. Ce sont les universités ou des universitaires
mais nous faisons toujours affaires avec les universités qui,
à ce moment, nous mentionnent qu'il serait intéressant pour le
secteur des communications au Québec de faire des études sur
telle ou telle activité. Nous les analysons en fonction de leur sujet
propre et en fonction de nos activités et nous déterminons si oui
ou non il est pertinent de les aider ou de leur donner un contrat de recherche
dans ce secteur.
Pour ce qui est des secteurs déterminés prioritaires que
nous avons identifiés jusqu'à maintenant, il y en a un qui est
mentionné et qui est précis, c'est celui de la
câblodistribution, où une action concertée a
émané actuellement. Nous en serons, en 1979/80, au
troisième volet de ce programme de trois ans et qui a identifié
ce secteur comme étant un secteur prioritaire au niveau des
universités. Nous avons publié un texte dans lequel nous faisions
mention de nos préoccupations et les universitaires ou les
universités répondent à ces préoccupations en nous
faisant des projets de recherche que nous analysons conjointement avec le
ministère de l'Education et pour lesquels des sommes sont
versées, la moitié par le ministère de l'Education et la
moitié par le ministère des Communications.
Le deuxième secteur dans lequel nous avons
déterminé une priorité, c'est celui de la
radiotélévision. Dans le cas de la radiotélévision,
différentes facettes sont également étudiées ou le
seront au cours de l'année 1979/80. On pense, par exemple, à
l'inventaire de ce qui existe au niveau de la radio au Québec; on pense
aussi à la programmation suivant certaines catégories,
divertissement, information, ainsi de suite.
On pense aussi au type de service qui est reçu dans les
différentes régions, par exemple le nombre de signaux dit
généralistes, dans certains cas, des signaux qui sont aussi
éducatifs; ainsi, il y a une station de radio éducative à
Trois-Rivières qui s'appelle Téléduque. Il y a
évidemment, au niveau de la télévision,
Radio-Québec, qui est présent directement par les airs dans
certaines régions.
Pour ce qui est de la liste, nous l'avons et nous allons vous la donner,
de même que les sujets et les montants.
M. Forget: Dans le domaine de la câblodis-tribution,
pourquoi voyez-vous là un domaine prioritaire de recherche et quel est
votre problème vis-à-vis de la câblodistribution?
M. O'Neill: Au niveau de la câblodistribution, ce que nous
avons défini au Québec, c'est d'abord de le reconnaître en
mettant un service public au même titre que la téléphonie
et au même titre que la radiotélévision. La
radiotélévision... pardon, la câblodistribution, au niveau
de la quantité de programmation rendue disponible au citoyen, nous a
paru importante sur le développement culturel du Québec et
à ce moment-là, nous avons déterminé ou nous avons
essayé de déterminer comment ce secteur devrait se
développer.
A un certain moment, le Québec avait compétence en
matière de câblodistribution, il y a eu un règlement
adopté et ce règlement a été déclaré
anticonstitutionnel ou inconstitutionnel, comme vous le savez, en nombre
1977.
Cela n'a pas empêché le Québec de se
préoccuper de l'importance de la programmation véhiculée
par les câblodistributeurs ou les entreprises de câblodistribution
auprès des citoyens, de même parce que nous appelons les services
futurs. Vous savez qu'au niveau de la câblodistribution, il y a une
quantité de canaux disponibles qui est énorme, c'est
généralement dans les nouveaux réseaux, il s'agit de
quarante, et ces canaux pourraient être distribués aux domiciles,
soit au niveau de signaux de télévision qui sont retransmis, soit
au niveau de toute programmation audiovisuelle autre qui pourrait être
accessible sur demande, soit au niveau de services, tel le
télémagasinage, le journal à domicile, via le câble
et l'accès à des ordinateurs, soit la surveillance à
distance, ainsi de suite.
Le développement de ces services nous préoccupe, d'une
part, de même que les services eux-mêmes et, d'autre part, le
développement de la câblodistribution, à l'extérieur
des grands centres, puisque les grands centres sont déjà assez
bien pourvus de ce côté. Cela aussi nous préoccupe.
M. Forget: Je ne comprends pas vraiment je comprends que
ce sont des sujets intéressants quels sont vos objectifs de
recherche. Vous cherchez à résoudre quel problème? Ou
s'agit-il simplement d'affirmer une présence par la recherche, comme on
ne peut plus le faire par la réglementation? Je peux, comprendre cela.
Dans le fond, c'est une motivation politique. Mais est-ce que vous avez
à l'esprit un objectif de réglementation future? Vous trouvez que
le développement est trop rapide ou pas suffisamment rapide, que
certains services devraient être réservés à certains
usages prioritaires. Quelles sont vos préoccupations?
M. O'Neill: Nous pensons que ça demeure aussi fondamental
que nous le pensions avant et que le gouvernement le pensait aussi, en
matière culturelle et sociale, et qu'à ce moment-là, il
est très normal que nous nous tenions au courant des
développements ou des problèmes de câblodistribution et que
nous soyons en état, quand tout le secteur sera rapatrié, de le
gérer, ou enfin, de faire face à une augmentation qui tiendra
compte des besoins de la réalité, de tout le développement
technologique. (11 h 45)
II ne faut pas se mettre dans l'idée que c'est quelque chose qui
est perdu pour toujours, la câblodistribution. Et, d'autre part, je pense
bien que c'est reconnu comme une chose très importante.
M. Forget: C'est l'élément présence. Mais ce
n'est pas de la recherche; c'est de la documentation sur les problèmes
qu'éprouve l'industrie ou son potentiel de développement. Ce
n'est pas vraiment de la recherche. C'est une espèce de documentation
pour que vous soyez au courant de ce qui se passe dans ce secteur. Est-ce que
je comprends bien? C'est cela votre préoccupation?
M. O'Neill: Non, c'est la recherche au sens strict, dans ce sens
que le développement de la câblodistribution, sur l'ensemble du
territoire au Québec, va certainement être un facteur
déterminant sur la quantité et la qualité de programmes de
communication que recevront les citoyens. Et, à ce titre, nous cherchons
à déterminer comment ce développement devrait être
fait pour le mieux-être des Québécois.
L'objectif, c'est essentiellement de déterminer l'importance que
la câblodistribution aura dans les services de communication que
recevront les citoyens à court, moyen et long terme, de même que
ce que j'appellerais la technologie qui sera utilisée et la
quantité des services qui pourraient être disponibles, de
même que la spécificité de ces services.
M. Forget: Par exemple, vous ne cherchez pas à stimuler le
développement de nouvelles technologies dans ce secteur.
M. O'Neill: Non.
M. Forget: Ce n'est pas de la recherche, dans ce
sens-là.
M. O'Neill: Ce n'est pas de la recherche appliquée au sens
technologique. C'est de la recherche beaucoup plus au niveau des contenus,
la programmation. On entend donc par programmation les services dont je
parlais tantôt.
M. Forget: Dans un but éventuellement
réglementaire, d'imposer un certain contenu, des choses dans ce
genre-là.
M. O'Neill: Nous ne nous sommes pas penchés de
façon spécifique sur des règlements qui pourraient
être préparés à court terme. Nous n'y pensons pas
non plus, mais il reste que nous avons tous les outils; si jamais la
compétence revenait au Québec dans ce secteur, on pourrait y
parvenir assez rapidement.
M. Forget: Alors, vous essayez de prévoir la demande pour
les services de câblodistribution.
M. O'Neill: On essaie de déterminer l'impact de la
câblodistribution dans les années qui viendront, à court,
moyen et long terme et, selon l'impact et la place qu'aura la
câblodistribution, de déterminer les meilleurs mécanismes
qui feront que ce développement servira au mieux-être des
Québécois.
M. Forget: C'est de la prospective. Vous demandez à des
gens d'essayer de projeter dans l'avenir un certain nombre d'hypothèses
sur ce développement.
M. O'Neill: Dans certains cas, il s'agit effectivement de
scénarios de développement du secteur des communications et en
particulier de la câblodistribution. Dans certains autres cas, c'est
beaucoup plus à court terme. Il pourrait, par exemple, être
menée une étude, pour vous donner un cas précis, sur le
développement de la câblodistribution dans la Gaspésie,
où les secteurs sont particulièrement difficiles pour la
réception en ondes directes de stations de télévision, par
exemple.
M. Forget: Une fois que vous savez cela dans le fond,
c'est presque de la recherche d'implantation industrielle est-ce que
vous n'assumez pas des coûts qui sont des coûts que devrait assumer
une entreprise qui se demande: Est-ce que je peux faire mes frais en installant
un réseau dans le Bas-du-Fleuve, étant donné la faible
densité de la population? Ce n'est pas vraiment de la recherche
universitaire, c'est un peu de marketing.
M. O'Neill: Pas nécessairement. Ce n'est certainement pas
du marketing, c'est évident.
M. Forget: C'est de la recherche en vue du marketing, non?
M. O'Neill: Non, absolument pas. Dans le cas du Bas-du-Fleuve ou
de la Gaspésie, comme je vous le mentionnais tantôt, les
études que nous menons, par exemple, nous ont fait avancer dans une
hypothèse que nous analysons toujours, qui est celle, pour le
câble, de donner l'ensemble des services, la téléphonie, la
radiotélévision et ce qu'on appelle communément la
câblodistribution, parce que les secteurs, dans ce coin du pays, sont
particulièrement difficiles au niveau de la réception de signaux
en ondes ouvertes.
M. Forget: Je vois. Je comprends que, dans la liste que vous
allez nous communiquer, il y a des études spécifiques qui
s'attachent à cette première priorité.
M. O'Neill: La première étude, c'est justement ce
sujet. C'est la modélisation de réseaux polyvalents de
communication au Québec, c'est la phase II, la polyvalence du
câble. Et quand on parle de polyvalence du câble, c'est un
câble qui donnerait les trois services publics que je vous ai
donnés tantôt: le téléphone, la
câblodistribution et la radiotélévision. On peut le rendre,
on peut le distribuer...
M. Forget: Oui. Est-ce que cela existe quelque part? Supposons
que cette étude j'imagine qu'elle est terminée
conclut que, en effet, c'est une chose intéressante, qu'est-ce que vous
faites après?
M. O'Neill: Selon évidemment les résultats. Dans ce
cas-là, par exemple, il y a des discussions avec les entreprises
concernées, par exemple Radio-Canada qui distribue son signal de radio
ou de télévision, l'entreprise téléphonique
Québec Téléphone et certaines entreprises de
câblodistribution qui sont souvent, dans le cas de la Gaspésie en
tout cas, de propriété différente, de propriétaire
différent.
M. Forget: Je vois. Si je comprends bien, on va avoir la liste.
Parfait.
Dans les cas des contrats sollicités, vous avez une douzaine de
contrats reliés directement au besoin des unités administratives.
Est-ce que, dans ce cas-là aussi, on pourrait avoir la liste des sujets
et des consultants ainsi que les montants des contrats?
M. O'Neill: C'est la liste des contrats sollicités que
nous vous donnons maintenant.
M. Forget: Ah bon! Je pensais qu'on parlait tantôt de ce
que vous appelez: a) le programme de recherche universitaire. Des secteurs
prioritaires et près d'une trentaine d'études ont
été amorcées. C'est parce que vous faites allusion
à deux listes d'études, des études universitaires, une
trentaine, et douze contrats reliés aux besoins des unités
administratives.
M. O'Neill: Je vais vous faire sortir cette liste d'une trentaine
d'études qui concernent plus particulièrement la recherche
universitaire.
M. Forget: J'imagine que les propos que vous venez de tenir sont
inspirés directement par le
document intitulé: "La recherche au ministère des
Communications du Québec, bilan et principe d'orientation" document, si
je comprends bien, que le ministère a préparé dans la
perspective de contribuer à l'élaboration du livre vert sur la
politique de la recherche scientifique.
M. O'Neill: Ce document n'a pas été
préparé spécifiquement pour les travaux qui avaient cours
sur le livre vert sur la recherche scientifique. Il s'est adonné que les
réflexions que nous faisions sur la place de la recherche au
ministère des Communications, sur la place de la recherche en
communication au Québec ont été faites
simultanément avec les travaux qui étaient faits par le ministre
d'Etat au développement culturel sur la recherche scientifique au
Québec. Nous avons donc collaboré à ce secteur-là,
mais les réflexions sur lesquelles nous nous sommes penchés se
sont limitées évidemment au secteur du ministère des
Communications. C'est la brochure que j'ai devant moi dans laquelle vous allez
retrouver la liste des contrats, des 25 études qui ont été
faites dans ce secteur-là avec les universités.
M. Forget: Si je comprends bien alors, parmi les secteurs
prioritaires, vous en avez identifié deux: la câblodistribution et
la radiotélévision.
M. O'Neill: C'est cela.
M. Forget: Ce sont les deux secteurs prioritaires de recherche
pour le ministère des Communications?
M. O'Neill: Oui, on comprend que cela n'exclut pas d'autres
recherches qui sont faites, par exemple, au niveau des media écrits.
Vous êtes au courant de certaines études qui ont été
rendues publiques d'ailleurs l'année dernière, en 1978/79, une
sur l'agence de presse et l'autre sur la distribution des journaux et
périodiques au Québec.
M. Forget: Je m'étonne un peu justement de l'ordre de
priorités. Quand on dit: La câblodistribution, c'est une
priorité pour de la recherche pour le ministère des
Communications, pour un avenir indéterminé dans le temps, il
semble qu'il n'y a pas de capacité d'action dans ce secteur-là du
ministère. D'un autre côté, il y a un certain nombre de
problèmes qui ont été soulevés et qui sont de la
compétence présumément du ministère des
Communications. Le problème de la concentration des organes de presse,
par exemple, ce n'est pas une recherche prioritaire. Le problème de
l'impact sur l'éducation, l'éducation des adultes,
l'éducation populaire, de la radiotélévision, cela aussi
pourrait être jugé prioritaire, étant donné les
problèmes d'orientation de Radio-Québec.
Il semble que les priorités sont assez curieusement
définies. Je me demande ce qui vous a fait préférer la
câblodistribution, par exemple, à la presse écrite,
étant donné justement qu'il y a de ce côté un long
débat qui est resté un peu suspendu entre ciel et terre, depuis
un certain temps. Il ne semble pas y avoir, du côté de la
recherche, un effort fait pour éclairer davantage la situation.
Peut-être a-t-on toutes les réponses? C'est peut-être cela
la raison.
M. O'Neill: Pour ce qui est de la câblodistribution, je
vous ai dit tantôt que c'était un programme conjoint avec le
ministère de l'Education, programme de trois ans, dont la
dernière année sera 1979/80.
M. Forget: La câblodistribution, c'est conjoint avec le
ministère de l'Education.
M. O'Neill: Oui, c'est cela. C'est l'action concertée.
Cette décision d'avoir une action concertée avec le
ministère de l'Education a été prise à la fin de
1976, début 1977, de sorte qu'on couvre les années 1977/78,
1978/79 et 1979/80. A ce moment, nous avions juridiction là-dessus et
nous estimions que le développement massif de la
câblodistribution, à moyen et à long terme, au
Québec était pour avoir un impact considérable sur la
culture québécoise. Nous estimons toujours aujourd'hui que c'est
le cas, et même si nous n'en avons plus la juridiction, en fonction de la
responsabilité du ministère des Communications de voir au
développement ordonné et cohérent des moyens de
communication au Québec, nous nous y intéressons toujours et nous
croyons toujours que ce secteur aura un impact considérable. D'ailleurs,
les développements technologiques qui ont cours maintenant et qui sont
sujets à des expériences dans certaines régions, la fibre
optique, par exemple, nous donnent raison sur l'identification de ce
secteur.
M. Forget: C'est un peu étonnant, mais enfin, je suppose
que c'est une question bien personnelle. Cela fait quand même plusieurs
années qu'il y a la télévision par câble dans
certains centres. Personnellement, je n'ai pas observé que cela avait un
très grand impact sur la culture populaire. Sur quoi vous basez-vous
pour faire une affirmation comme celle-là? Est-ce qu'il y a des
sociétés occidentales qui nous précéderaient sous
ce rapport et qui auraient éprouvé justement des transformations
profondes, à la suite de l'introduction de la
câblodistribution?
M. O'Neill: Pour ce qui est de l'évaluation de l'influence
de la câblodistribution, je pense simplement à un exemple
remarquez que c'est une conviction répandue en Amérique du Nord.
Vous allez me dire: Est-ce qu'elle est fondée sur des faits?
Là-dessus, vous avez simplement à prendre l'évaluation
même du rapport Clyne, c'est-à-dire qu'on reconnaît que pour
le Canada et pour le Québec aussi, cela pose un problème culturel
important, à cause de l'influence même de la
télévision dans la vie des gens. Je suis rendu aujourd'hui
à ce que j'appelle l'état de constatations
généralement admises. Quand vous pensez simplement à chez
nous, il y a des problèmes
particuliers comme le problème linguistique dans la
répartition des canaux ou des choses comme celles-là. La
pénétration actuelle de la câblodistri-bution dans
l'ensemble des foyers du Québec, c'est de 40% et on sait, par d'autres
données, que présentement il y a des enfants qui passent plus de
temps devant la télévision qu'ils n'en passent à
l'école. On a au moins raison de soupçonner que cela a une
influence sociale et culturelle importante.
Les rapports qui ont été faits là-dessus...
M. Forget: Oui, mais ce n'est pas propre à la
câblodistribution. C'est la télévision.
M. O'Neill: Oui, mais elle pénètre. Comment
rejoint-elle les gens, cette télévision? Elle rejoint en ville,
dans beaucoup de secteurs, par la câblodistribution qui apporte en plus
de cela la télévision américaine.
M. Forget: Si vous continuiez à avoir la juridiction dans
ce domaine, quelles seraient vos priorités au niveau de la
réglementation, de la législation?
M. O'Neill: On pourrait repasser un petit peu... Il faudrait
revoir la réglementation qui avait déjà été
proposée. Il est sûr qu'il y aurait des priorités qui
ressemblent un peu à celles que le CRTC a formulées mais qui
toucheraient plus, par exemple, soit le contenu québécois, le
nombre de canaux de langue française, les canaux locaux. Vous avez une
partie qui va relever le taux de programmation, comme c'est déjà
en activité dans certains secteurs du Québec. Vous avez ensuite
la place qu'on doit accorder à la télévision
communautaire, aux groupes communautaires qui veulent faire une
télévision d'un type particulier dans leur coin, dans leur ville
ou leur village... (12 heures)
M. Forget: Est-ce que, actuellement, les groupes qui veulent
faire de la télévision communautaire via le câble, dans le
fond, sont dans une situation où ils sont incapables d'avoir
accès à la distribution par câble?
M. O'Neill: Ils ont des difficultés. Ils peuvent avoir
accès, mais ils ont des difficultés dans le sens qu'ils doivent
respecter certaines contraintes des câblodistributeurs. Je dis que ce
sont des contraintes, parce que, pour les télévisions
communautaires, être soumis à un droit de regard, par exemple, sur
la programmation qu'ils produisent et qu'ils demandent aux
câblodistributeurs de distribuer, pour eux, c'est une contrainte majeure.
Ils ont évidemment aussi des contraintes financières.
M. Forget: Mais j'imagine qu'il y a un problème de
responsabilité légale, même en fonction du Code civil. Si
vous êtes un câblodistributeur, vous êtes tenu à une
certaine responsabilité vis-à-vis des contenus. Mais ça,
ça pourrait se régler par un amendement au Code civil, si le
gouvernement du Québec y tenait beaucoup.
M. O'Neill: Dans le cas des diffuseurs communautaires, l'ancien
règlement, le règlement qui n'est plus en application,
prévoyait, en fait, leur reconnaissait une place. De toute façon,
dans la pratique, nous n'avons pas de cas présentement où des
diffuseurs communautaires se seraient vu refuser le droit de diffuser.
Maintenant, pour le problème de la question de la responsabilité
civile et pénale à l'égard de la production qui est faite
par les câblodistributeurs communautaires, je ne sais pas si,
concrètement, il y a des cas qui ont été soumis à
la régie là-dessus.
Non, sauf que les travaux passés et les démarches que nous
avons eues jusqu'à maintenant sur ce cas nous ont fait buter à
une difficulté qui est d'ordre fédéral ou de juridiction
fédérale. C'est le Code criminel au niveau du libelle, qui
dépend du fédéral, et non pas le Code civil, qui
dépendrait du Québec. C'est la responsabilité au niveau du
libelle.
M. Forget: Oui, de toute façon, écoutez, je pense
bien que, quel que soit le régime, ils vont avoir des droits de libelle.
On ne permet pas aux gens sur les ondes...
M. O'Neill: Non, ce que je voulais...
M. Forget: ... de toute façon, d'insulter n'importe qui
impunément.
M. O'Neill: Non, mais dans le contexte...
M. Forget: Je pense que c'est presque une règle
fondamentale.
M. O'Neill: je voulais seulement donner une explication en disant
que la responsabilité de modifications législatives, si elle
était recherchée, serait d'un autre ordre de gouvernement. Donc,
on pourrait avoir des objectifs qui seraient d'un ordre spécifique,
alors que les moyens législatifs ne nous appartiendraient pas.
M. Forget: C'est théoriquement possible. Enfin, la
question semble être et la réponse que, dans le moment, il ne
semble pas y avoir de problèmes particuliers.
M. O'Neill: Mais il reste donc que, dans un autre contexte
politique c'était le sens de votre question il faudra
prévoir, à ce moment-là, puisque ce ne sera plus le
fédéral, quand même quelque chose au plan légal
concernant le cas précis ou quelque chose comme ça.
M. Forget: Oui, une loi sur le libelle, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: En parlant de câblodistribution et depuis le
jugement de la Cour suprême, est-ce que le Québec a réussi
à conclure des en-
tentes en ce domaine pour l'élargissement, pour l'implantation de
nouveaux systèmes de câblodif-fusion ou en est-on toujours au
statu quo?
M. O'Neill: Que voulez-vous dire par de nouveaux systèmes
de câblodiffusion?
M. Le Moignan: II y avait eu le problème du
Bas-Saint-Laurent, le jugement qui interdisait... C'est de juridiction...
M. O'Neill: Non, présentement, c'est sous la
compétence du CRTC, dans les faits...
M. le Moignan: Oui.
M. O'Neill: ... c'est un jugement à la Cour suprême.
Maintenant, pour ce qui est de ce que vous appelez des ententes, par exemple,
comme pour délégation de pouvoirs, des choses comme
celle-là, il n'y a pas eu d'entente, non, c'est-à-dire qu'il en
avait été question, dans certaines discussions qu'on avait eues
avec le ministère fédéral. D'abord, il y avait eu la
proposition de la formule Saint-Laurent, qui était ce qu'on appelait une
délégation oblique. Cela n'a pas été
accepté, et on nous avait laissé entendre, d'un autre
côté, que, peut-être, enfin, par hypothèse, on serait
prêt à envisager l'idée d'une délégation qui
porterait sur les tarifs, le territoire, les permis, sauf que cela ne
toucherait jamais à la programmation. C'est resté là et,
à partir de septembre, c'est passé, ça fait partie du
dossier des rencontres constitutionnelles, et vous vous rappelez qu'il en a
été question à la rencontre du 5 février à
Ottawa... Actuellement, c'est l'impasse dans ce dossier.
M. Le Moignan: Quand vous parlez de télévision
communautaire, je prends un exemple précis, la télévision
communautaire de Grande-Rivière qui ne reçoit pas de subvention
du gouvernement parce que ce groupe ne répond pas à vos normes au
point de vue de la télévision éducative. Ces gens sont
tout de même régis par une réglementation spéciale
qui est certainement différente de celle des autres endroits où
ils ont le câble; c'est cela que je ne comprends pas bien. C'est reconnu
comme télévision communautaire et on ne reçoit pas de
subvention parce qu'on n'a peut-être pas les ressources, les
employés ou les spécialistes pour faire de la vraie
télévision communautaire éducative.
M. O'Neill: Que voulez-vous dire quand vous dites que c'est
reconnu comme télévision communautaire?
M. Le Moignan: Dès que c'est reconnu...
M. O'Neill: Si cela n'a pas été reconnu dans notre
programme de soutien, ce n'est pas reconnu ici.
M. Le Moignan: Tout de même, cette TV donne des services
à une population. Actuelle- ment, elle transmet les débats de
l'Assemblée nationale. Vous voulez étendre le
réseau...
M. O'Neill: Ce n'est pas une TV communautaire, c'est le
câblodistributeur lui-même qui fait cette
télévision.
M. Le Moignan: C'est lui qui le fait. Est-ce que, dans...
M. O'Neill: Comme entrepreneur.
M. Le Moignan: Est-ce que c'est dans votre intention
d'étendre le réseau, de le multiplier vous avez
mentionné cela tout à l'heure aux régions
périphériques, par exemple, qui n'ont pas tellement accès
à la radio et à la TV, comme on en a des coins chez nous?
M. O'Neill: Dans les cas de télévision
communautaire, nous répondons à des demandes, c'est-à-dire
que ce sont des initiatives du milieu.
M. Le Moignan: Ce sont des industries privées.
M. O'Neill: Du milieu, de groupes dit communautaires qui
s'occupent de faire de la télévision une ou plusieurs fois par
semaine. Nous avons un budget d'à peu près $1 million qui leur
sera réservé cette année; ils doivent répondre
à certaines normes. Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre
à toutes les demandes. Il y a des cas où cela ne correspond pas
aux normes; évidemment, la réponse est négative. Mais il
n'est même pas certain que nous pourrons répondre à toutes
les demandes bien fondées, à cause de l'austérité
budgétaire. Nous aurions souhaité obtenir un budget plus
élevé là-dessus pour répondre aux demandes qui
correspondent aux normes qui ont été établies.
M. Le Moignan: Je sais qu'on le verra plus tard quand on parlera
du réseau de Radio-Québec, on n'en discute pas tout de suite,
mais, déjà, on peut se poser le problème. Si des agences
privées sollicitaient l'aide du gouvernement, vous avez un budget
prévu pour les aider à cette implantation de câble.
M. O'Neill: Ce qui est prévu comme soutien, c'est un
soutien qui s'adresse à des groupes qui font de la
télévision communautaire. Nous leur apportons une part de
financement qui ne doit dépasser, dans aucun cas, 60%. Ils doivent
trouver leurs ressources du milieu, ils doivent puiser à d'autres
sources et nous les aidons à faire leur travail, à fonctionner.
Cela demeure évidemment très limité parce qu'il est
certain que si les ressources étaient plus grandes, ils pourraient faire
beaucoup plus de télévision. Souvent, le reproche qu'on fait
à ces groupes, c'est que les gens disent: Vous n'êtes pas souvent
à l'écran. Alors, les gens n'acquièrent pas l'habitude,
dans bien des cas, de les regarder. Je reconnais que ce serait souhaitable
qu'on puisse aider davantage.
D'autre part, il faut également retenir comme critère
important le fait que la collectivité locale doit aussi apporter,
à la mesure de ses moyens, une contribution. Je pense que ce serait
malsain si les télévisions communautaires dépendaient trop
substantiellement ou presque exclusivement de l'apport gouvernemental.
M. Le Moignan: Celle que je connais est financée
localement.
M. O'Neill: Oui, par le câblodistributeur.
M. Le Moignan: Le câblodistributeur et les
abonnés.
M. O'Neill: C'est cela. Mais il faut distinguer cela de la
télévision communautaire telle que nous l'entendons dans notre
programme.
M. Le Moignan: Vous parlez des Inuit et des Amérindiens,
je n'ai aucune objection mais, l'an dernier, on avait mentionné que des
études étaient en cours ou des programmes de développement
et je vois que, cette année, vous dites: "Nous procéderons
à divers travaux d'étude." Est-ce dire que, depuis un an, vous
n'avez pas fait d'étude du tout dans ce domaine?
M. O'Neill: Notre action, l'année dernière, au
niveau des Inuit et des Amérindiens, a été et demeurera
toujours, au niveau de 1979/80, de répondre à des demandes qui
venaient de leur part et pour lesquelles nous pourrions fournir une assistance
technique ou une assistance-conseil dans certains cas.
Contrairement à d'autres endroits au Québec, nous ne
tentons pas de définir des solutions à des besoins que nous
pourrions avoir identifiés. Dans le cas des Amérindiens et des
Inuit les besoins doivent venir d'eux et c'est avec ces derniers que nous
identifions les solutions. C'est dans ce sens que nous faisons des
études qu'on peut appeler constantes avec eux. Quoique, en 1979/80, il y
a maintenant un mécanisme de coordination au sein du gouvernement du
Québec qui est le SAGMAI, Secrétariat des affaires
gouvernementales en milieu amérindien et inuit, qui est au niveau du
Conseil exécutif et qui coordonne les activités des
différents ministères ou des différentes interventions des
ministères dans ces deux catégories de citoyens.
M. Le Moignan: Mais ces gens sont toujours au stade
d'étude, ils n'ont rien de concret d'implanté.
M. O'Neill: Non, non.
M. Le Moignan: Ils ont déjà... cela
représente plusieurs groupes qui ont la télévision
là-bas, au sens où vous l'entendez.
M. O'Neill: En ce qui concerne la population inuit, qui vit au
Nouveau-Québec proprement dit, il y a une station de radio qui a
été installée il y a plusieurs années, entre autres
avec l'aide du ministère, à Povungnituk et il y a plusieurs
autres projets qui sont en marche pour développer la radio. En ce qui
concerne la télévision, il y a quelques villages seulement du
Nouveau-Québec, actuellement, qui ont accès à la
télévision. Les études en cours avec l'organisation qui
les représente, qui s'appelle Taqramiut Nipingat, vont dans les
prochaines années amener la télévision, soit par le
système de câblodistribution localement, soit directement par un
petit émetteur, c'est là-dessus qu'on travaille avec eux cette
année. Aussi les populations amérindiennes qui vivent plus au sud
sont dispersées, elles ont accès aux signaux de radio et de
télévision au même titre que les Blancs en règle
générale, avec bien sûr la restriction que très
souvent ils vivent dans une région éloignée, donc elles
ont moins accès à des services.
Pour l'année 1978/79, le rapport que j'ai ici fait état de
six subventions, je les mentionne rapidement. Au groupe d'abord des Taqramiut
Nipingat, subvention de fonctionnement de $30 000; l'Association des femmes
autochtones du Québec, subvention à l'organisation d'un colloque,
$2700; encore les Taqramiut Nipingat, subvention à la mise sur pied d'un
centre de production radio pour les Inuit; ensuite subvention pour la radio
communautaire de Povungnituk, subvention de prêt d'équipement de
studio, $10 000; ensuite une subvention au conseil Attikamek-Montagnais,
prêt d'équipement de studio pour mettre sur pied une radio
montagnaise sur la Basse-Côte-Nord, subvention de $21 000, ce qui fait un
total de $90 100.
M. Le Moignan: C'est donc dire qu'on pourrait peut-être
conseiller à certains de nos gens de s'assimiler aux Amérindiens
pour avoir des études pour l'implantation et le développement
d'un système de radio communautaire ou de télévision
communautaire.
M. O'Neill: Oui, quoique pour le coût des subventions, le
total des subventions ne dépasse pas, si je me rappelle bien, celui qui
a été accordé venant de sources différentes pour
l'installation de Radio-Gaspésie; donc je pense que je n'ai pas besoin
de vous assimiler aux Inuit pour avoir de l'aide.
M. Le Moignan: Radio-Gaspésie est un cas spécial,
cela rend bien service. Parce que le ministère est très conscient
que cela traînait depuis longtemps et il n'y avait aucun signal qui
pénétrait à peu près au point de vue de la
radio.
On parle depuis longtemps d'une agence de presse, j'ai vu que
c'était mentionné qu'il y avait des études, mais l'agence
de presse comme telle, est-ce que c'est du concret ou si c'est encore à
venir?
M. O'Neill: Vous vous rappelez qu'une étude avait
été déposée à l'Assemblée nationale
sur l'utilité et l'opportunité d'instaurer une agence de
presse et il y avait une certainne évaluation des coûts.
Par la suite, nous avons soumis cette étude aux diffuseurs, à
l'association des journalistes, à tous les groupes
intéressés qui travaillent dans le secteur de la presse. Nous
avions, à ce moment-là, deux critères qui nous guidaient.
D'abord nous l'avions bien mentionné au moment même du
dépôt de l'étude qu'un projet comme celui-là,
exigeait pour sa réalisation un appui, une contribution, un
intérêt des diffuseurs eux-mêmes et, deuxièmement,
que nous n'étions pas favorables à l'idée d'une agence de
presse qui, à toutes fins utiles, aurait été très
largement subventionnée par l'Etat. (12 h 15)
Nous savons qu'il y a des pays des pays occidentaux j'entends, je
ne fais pas allusion à des pays qui appartiennent à d'autres
types de régime politique où il y a des formules qui
permettent une contribution considérable de l'Etat. Nous savons que
c'est arrivé, même dans le cas de la Presse Canadienne à
l'origine, mais quant à nous, nous estimions et nous estimons encore que
pousser plus loin un tel projet supposait cet appui, cette contribution.
En fait, les réponses que nous avons eues montrent que
l'intérêt des diffuseurs est loin de nous convaincre que nous
pourrions compter sur leur collaboration. Nous avons même remarqué
que des diffuseurs qui, au moment même de l'enquête qui avait
été faite, disaient: Oui, nous sommes très
intéressés, par la suite, ont mis la pédale douce à
leur intérêt.
Il faudrait noter d'autre part que ce qui a été
intéressant et qu'a révélé l'enquête, ce
rapport que vous avez à votre disposition, c'est que dans le cas de la
Presse Canadienne parce que tout ce débat venait, en partie, de
cette idée... même des journalistes disaient: La Presse Canadienne
contrôle l'information, des choses comme ça. Dans le cas de la
Presse Canadienne, il fallait être beaucoup plus nuancé que
certains ne l'étaient, quant à l'influence qu'elle pouvait
exercer sur l'information, c'est-à-dire qu'elle n'est pas la seule
institution qui joue le rôle d'agence. Pensez simplement à
Radio-Canada qui, à ce point de vue, joue un rôle propre,
constitue un service propre.
Deuxièmement, la Presse Canadienne, dans ses activités au
Québec, entre autres, est largement dépendante des media
existants, c'est-à-dire que la Presse Canadienne est formée d'une
équipe relativement modeste au Québec et qui, dans bien des cas,
a comme rôle de ce que j'appellerais recuisiner ou recuire la nouvelle
qui a été produite par le Devoir, entre autres, le Soleil ou la
Presse, lui donner une facture particulière qui la rende absorbable,
même lorsque traduite en anglais, dans ce cas-ci, et distriuée de
Halifax à Vancouver.
C'est ce qui nous mène assez loin de l'image d'une Presse
canadienne qui jouerait le rôle d'une sorte de monopole dans le domaine
de l'information. C'est inexact. Cela ne correspond pas aux faits.
Il y a un autre problème qui a été également
mis en relief au moment de cette étude et celui-là nous
préoccupe considérablement. C'est le problème de
l'information, de l'accessibilité de l'information dans les
régions, et aussi de toute la diffusion de l'information
régionale, et du passage de l'information d'une région à
l'autre. Certains, là-dessus, manifestaient de l'intérêt,
des media manifestaient leur intérêt pour une formule qui aurait
permis de l'amélioration dans ce sens-là, mais ce n'est pas par
le modèle d'agence de presse qui nous avait été
proposé qu'on pourrait particulièrement répondre à
ce besoin.
Les choses en sont là actuellement et nous maintenons
l'idée, quant à nous, que l'Etat d'ailleurs, c'est
l'idée que vous retrouvez dans le livre blanc sur le
développement culturel dans la création d'une agence de
presse, n'est pas disposé, et, à notre avis, ne doit pas jouer le
rôle d'agent premier, c'est-à-dire qu'il peut jouer un rôle
d'encouragement si les gens intéressés à l'information,
les gens qui travaillent dans l'information, qui oeuvrent dans l'information,
sont intéressés à ce que cela existe.
Dans le moment, c'est loin d'être senti comme tel, de façon
générale, dans ces milieux.
M. Le Moignan: En parlant de l'accessibilité à
l'information régionale, lors de l'étude des crédits il y
a déjà deux ans, quand nous avions mentionné la question
des quotidiens, des périodiques, je vous disais qu'en Gaspésie,
on lit les journaux deux jours après, parce qu'ils nous arrivent par
train, etc. Si on les reçoit le jour même, par avion, le Soleil
qui, à Québec, coûte $0.25, on le paie $0.50 à
Gaspé. On l'a l'après-midi. Le Québécois qui se
trouve à Miami, en Floride, va lire le même journal,
l'après-midi également, à quatre heures, et il va le payer
$0.50.
Est-ce que votre ministère peut faire des études dans ce
domaine, soit pour aider au transport des journaux, soit encore pour permettre
une réduction du prix? Si le journal nous arrive par avion, il faut que
le tabagiste en défraie le coût du transport. Vous m'aviez
mentionné à ce moment-là que vous étudieriez cette
question.
M. O'Neill: Le rapport de cette étude a été
déposé à l'Assemblée nationale en mars, c'est
l'étude Sorecom, j'y ai fait allusion hier, d'ailleurs, qui fait une
analyse assez attentive de tous les problèmes des régions qu'on
appelle périphériques. Cela inclut entre autres le Bas-du-Fleuve,
la Gaspésie, la Côte-Nord, le Nord-Ouest québécois
et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'imagine que l'expression
périphérique pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean serait
peut-être mal vue, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le parc
des Laurentides. Le Lac-Saint-Jean serait mal vu. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
c'est mieux vu.
M. O'Neill: Nous avons un certain nombre de contacts avec
l'Association des quotidiens, pour voir comment on pourrait résoudre
certains problèmes particuliers. Vous avez mentionné celui de
Gaspé, vous pourriez mentionner aussi celui des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Le Moignan: Oui, je vous donne un exemple, celui de l'Abitibi
peut-être.
M. O'Neill: Les gens sont même privés de quotidiens,
je pense, depuis deux mois, à moins que la distribution ne soit reprise.
C'est un problème sérieux. Je disais hier que ce qui
m'ap-paraissait une faiblesse du rapport SORECOM, c'est un postulat de base qui
a inspiré un certain nombre d'observations et de conclusions, à
savoir qu'il fallait partir en utilisant le critère de la demande par
rapport à l'offre, alors que, dans les secteurs du livre, des
périodiques et des quotidiens, ce n'est pas un critère qui vaut,
c'est-à-dire, au contraire, que c'est souvent quand vous assurez l'offre
que vous avez la demande. L'étude en question, c'est celle qui vous a
été remise il y a quelques semaines.
M. Le Moignan: On reçoit tellement d'études, M. le
ministre, toutes plus intéressantes les unes que les autres, que je dois
regretter parfois de ne pas avoir le temps de les consulter.
J'aurais une dernière question au sujet de la TV payante.
Avez-vous publié des règlements à ce sujet-là?
Est-ce que c'est toujours au stade d'étude ou est-ce que cela
existe?
M. O'Neill: Le règlement a été
promulgué au cours de l'année 1978 et c'est la Régie des
services publics qui a la responsabilité de l'appliquer.
M. Le Moignan: De l'appliquer où et comment?
M. O'Neill: Où? Sur le territoire du Québec. M.
Le Moignan: Oui, mais où?
M. O'Neill: Lorsqu'il y a une demande, lorsque se
présentent des demandes. Je vais vérifier pour savoir si on a ici
des listes.
Il n'y a pas de demandes présentées actuellement, au
moment où nous nous parlons, à la Régie des services
publics. Il y en une qui s'en vient.
M. Le Moignan: C'est parce que c'est une implantation qui me
semble assez difficile. Cela devrait commencer certainement dans les grands
centres, pour que ce soit rentable.
M. O'Neill: Oui. La position que nous avons prise pour la
télévision payante, celle qui a d'ailleurs été
formulée dans un document qui a été rendu public en
août 1977, si je me rappelle bien, a précédé
d'ailleurs le document du CRTC, lequel reprenait en partie certaines
conclusions de notre document. C'est peut-être une coïncidence.
C'est que nous ne situons pas la télévision payante, nous ne la
considérons pas comme un service public au même rang que la
télévision conventionnelle ou la radio, etc.
D'autre part, il ne fallait pas non plus être insensible aux
retombées culturelles d'une télévision payante, du fait
que des pressions nombreuses s'exerçaient pour qu'elle prenne finalement
place sur le territoire québécois comme sur le reste du
territoire canadien. Nous savions que le CRTC regardait également la
chose de près. Vous vous rappelez que le CRTC avait pris comme position
de dire: En principe, ce n'est pas le temps, mais nous serions prêts
à considérer des expériences limitées, ce qui se
passe dans la pratique. Je crois que le CRTC vient d'ailleurs d'accorder un
permis de télévision payante en Colombie-Britannique, entre
autres. Vous avez des réseaux très limités de
télévision payante dans certains services hôteliers,
particulièrement en Ontario.
Ce qui nous a semblé clair d'ailleurs et ce qui semble aussi
assez reconnu, c'est qu'il s'agit évidemment de quelque chose qui,
à cause de sa nature même sur le plan technique, de sa nature de
télévision qu'on peut considérer en circuit
fermé... A ce moment-là, il s'agit bien d'une activité de
télévision qui relève finalement du Québec. C'est
pourquoi nous avons promulgué ce règlement qui est là et
qui sera appliqué lorsque des demandes seront formulées.
Maintenant, quand vous disiez que cela commencerait par les grands
centres, c'est un peu inévitable, parce qu'il y a un facteur
économique très important qui se trouve dans la
télévision payante. Si le règlement est promulgué,
ce n'est pas parce que nous estimions qu'il s'agissait en soi d'une
activité prioritaire dans le domaine de la
radiotélévision, mais tout simplement, c'est que devant les
faits, devant l'évolution, nous pensions que c'était mieux de
promulguer un règlement que de se faire dire après qu'on n'avait
rien prévu, qu'on aurait été placé finalement
devant des états de fait.
M. Le Moignan: Comment se fait-il qu'il n'y ait pas plus de
demandes? Est-ce que ce n'est pas populaire? Pourtant, aux Etats-Unis, cela
existe sur une haute échelle.
M. O'Neill: II faudrait voir pourquoi il n'y a pas plus de
demandes dans le moment. Si on voit ce qui se produit ailleurs, il est bien
possible que cela aboutisse à un moment donné. Est-ce que notre
réglementation fait en sorte que les gens vont y penser deux fois avant
de s'engager dans cela? Certains pourraient peut-être penser que c'est la
raison, mais enfin, il faudrait voir quelles sont les raisons pour lesquelles
ceux qui veulent investir dans ce domaine ne le font pas plus vite.
Peut-être qu'ils font eux-mêmes leur évaluation du
marché. Ils veulent s'assurer que l'argent qu'ils vont mettre dans ce
secteur leur rapportera quelque chose.
M. Le Moignan: Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai une question. Les deux listes qui nous ont
été communiquées montrent des contrats sollicités
et la recherche non sollicitée avec des universités. Il s'agit
essentiellement d'études dont les rapports sont mis à la
disposition de toute personne intéressée, si je comprends bien.
Il n'y a rien de confidentiel là-dedans.
M. O'Neill: C'est cela.
M. Forget: II n'y a aucune indication dans le cas de la
première liste, celle des contrats non sollicités, de
l'université ou du chercheur ou même de la date à laquelle
on s'attend que l'étude soit terminée. J'imagine que ce ne sont
pas toutes des études terminées. Par exemple, pour
répondre au député de Gaspé, il y a une
étude sur l'attitude du consommateur québécois francophone
de zone urbaine face à l'utilisation future de la
télévision à péage. Il pourrait peut-être la
consulter si elle est disponible. Il va trouver là des réponses
à la question qu'il posait au ministre. Je pense bien qu'elle ne doit
pas être complétée, puisque le ministre lui-même
était embarrassé pour répondre à la question
à savoir, pourquoi il n'y a pas de demande. C'est peut-être parce
que les consommateurs au Québec sont essentiellement réfractaires
à l'idée de payer pour quelque chose qu'ils peuvent obtenir
gratuitement par ailleurs, ce qui ne serait pas illogique.
A tout événement, il y a un point de détail que
j'aimerais souligner. Il y a un contrat donné à un M. Sielberman,
en Allemagne, par le service de la recherche sur les communications en Italie,
en Suisse et en Allemagne. Je voudrais savoir deux choses: D'abord, quel est
l'intérêt de cette recherche? Est-ce que c'est simplement se
documenter sur ces pays, et pourquoi ceux-là plutôt que d'autres?
Comment se fait-il que le montant qui est cité, de $28 000, ne concorde
pas avec le montant des engagements financiers qui fait apparaître ce
contrat pour un montant de $32 000?
M. O'Neill: Pour la deuxième partie de votre question, je
vais vérifier cet élément. Peut-être qu'un peu plus
tard, on pourra vous donner la réponse. (12 h 30)
Sur la première partie de votre question, le Dr Sielberman dirige
en Allemagne un centre de recherche réputé internationalement.
Nous avons eu des contacts avec ce centre de recherche, je crois, il y a deux
ans, et nous avions eu des échanges de correspondance auparavant. Dans
l'effort que nous poursuivons pour déterminer le meilleur
développement que devrait avoir la radiotélévision au
Québec on peut penser non seulement à la partie technique,
mais à la partie contenu ou programmation il nous a semblé
intéressant d'aller voir ce qui se faisait ailleurs et on aurait pu s'y
prendre de différentes façons. On aurait pu, par exemple,
déléguer des missions et y rester de façon assez longue
pour déterminer comment ça se passe dans d'autres pays. Avec les
échanges que nous avons eus avec le centre de recherche du Dr
Sielberman, il nous est apparu qu'il serait beaucoup plus économique et
plus pertinent au niveau des résultats que ce centre de recherche fasse
cette étude pour nous dans les pays qui lui sont particulièrement
connus, qui sont l'Allemagne, la Suisse et, si je me rappelle bien,
c'est...
M. Forget: L'Italie.
M. O'Neill:... l'Italie. C'est ça, oui. Le contrat a donc
été passé par le ministère des Communications avec
ce centre de recherche dans ce but.
M. Forget: Cela fait un peu penser à l'anecdote de l'homme
ivre qui cherche sa clé en-dessous du lampadaire, même s'il l'a
perdue ailleurs. On a un peu l'impression que vous faites faire une recherche
sur ces trois pays-là parce qu'il y a un institut qui est
intéressé à un contrat pour faire des recherches sur ces
pays. Pourquoi ceux-là plutôt que l'Angleterre, le Japon ou
l'Espagne? Cela ne semble pas crever les yeux.
M. O'Neill: J'aimerais vous dire que votre information n'est pas
exacte. Ce n'est pas l'institut qui nous a proposé un contrat, c'est
nous qui avons proposé à l'institut un contrat. Nous recherchons
aussi des données sur les pays que vous avez mentionnés. Nous
avons des données sur ces pays, d'ailleurs, qui ont été
récupérées par des missions, par des études qui ont
été publiées dans ces pays, sauf que dans le cas de ces
trois pays-là, il y avait un institut qui pouvait faire ça
à meilleur coût et de façon plus efficace.
M. Forget: C'est ça. C'est le lampadaire auquel je
pensais.
Il me semble que, pour conclure sur cette question de recherche, bien
que le ministère affirme qu'il y a des secteurs prioritaires, il y a
énormément de gratuité dans la sélection des
sujets; on ne semble pas avoir une stratégie très claire,
l'éclairage nécessaire à des recherches bien
spécifiques. On fait une espèce de "smorgasbord ", de buffet, si
vous voulez, de toutes sortes de sujets qui peuvent être
intéressants pour une ou deux personnes, mais qu'on a du mal à
relier à l'ensemble peut-être pas à l'ensemble des
responsabilités, parce que ça, c'est tellement vague mais
qu'on a de la misère à relier à l'élaboration d'une
politique ou de décisions bien précises du ministère.
C'est peut-être inévitable que les ministères se livrent
à une certaine exploration non dirigée de toutes sortes de
domaines, mais il me semble que ce n'est pas très convaincant si on le
regarde du point de vue de l'affectation des crédits. Mais, enfin, je ne
veux pas faire de reproches au ministère pour faire des recherches. Il y
a tellement de questions qu'on lui a posées où il semblait un peu
perdu que je serais le dernier à vouloir lui faire ce genre de
reproche.
Le ministre a fait allusion au rapport Sorecom, relativement à la
question de la distribution des journaux et des périodiques au
Québec, mais il n'a pas dit, avec plus de détails, ce qu'il
ferait avec les conclusions de cette étude.
II y a eu, évidemment, un long exposé sur les agences de
presse, est-ce que ce sont les agences dans le sens de l'agence de la Presse
canadienne? Les analogies qu'il a tirées étaient de cette nature
ou est-ce l'agence de presse dans le sens européen du mot, l'agence de
distribution, autrement dit, du côté de la distribution des
journaux et du côté de la concentration de la presse? Ce sont deux
volets de la même question, dans le fond, est-ce qu'on s'oriente vers des
décisions de la part du ministre et du gouvernement?
Effectivement, le problème de la concentration de la presse dans
une ville est peut-être insoluble, à moins qu'on ait le moyen de
faire pénétrer le marché de lecteurs dans une ville
donnée par des journaux publiés dans d'autres villes. Ce serait
une façon de contrer la concentration de la presse. Si on en vient
à une situation telle que, sur un plan économique, par exemple,
la ville de Québec ne pourrait faire vivre qu'un seul quotidien;
après tout, c'est plausible, étant donné ce qu'on voit
dans la plupart des sociétés, des grandes villes, des
métropoles de la taille de Québec. On peut se tordre les mains
bien longtemps sur la concentration de la presse; il reste que la vraie
solution, c'est de permettre à des quotidiens venant de Montréal,
de Chicoutimi ou de Sherbrooke de parvenir aux lecteurs de la ville de
Québec le même jour, de manière à obtenir la
diversité par ce moyen. Ce sont deux façons d'atteindre les
mêmes objectifs.
Est-ce que le gouvernement, quant au premier volet, la concentration de
la presse, et quant au deuxième, la distribution des journaux et des
périodiques, va, un jour ou l'autre, à une date qu'il pourrait
entrevoir maintenant et préciser peut-être, déboucher sur
des conclusions?
M. O'Neill: M. le Président, il faut d'abord distinguer la
question de l'agence et la question de la distribution, l'agence bien
particulière, celle dont on a parlé tout à l'heure,
l'agence qui fait la cueillette et la distribution de la nouvelle à des
média; c'est une chose. Le deuxième problème, c'est celui
de la distribution et de l'accessibilité; c'est celui dont il est
question dans le rapport SORECOM. Les côtés intéressants du
rapport étaient peut-être l'analyse qu'il faisait de la situation,
la description de situations dans des régions où le besoin
était le plus sérieux et où l'information était la
moins diversifiée, plus difficile d'accessibilité.
Dans cette question, ce que nous faisons, c'est que nous travaillons
avec entre autres l'Association des hebdos et l'Association des quotidiens pour
voir s'il y aurait des techniques de décision plus efficaces que celles
qui existent, surtout pour ne pas en arriver à des situations comme
celles qui sont vécues aux Iles-de-la-Madeleine et en
Gaspésie.
La concentration est également un problème
complètement différent; c'est un problème à part.
Sur la concentration, ce que j'ai mentionné hier, dans le rapport, c'est
que nous sommes en train d'étudier un projet qui serait le suivant: une
possibilité d'apporter un amendement à la loi de la régie,
de façon que la loi de la régie puisse examiner de façon
générale les cas de transfert de propriété, tout
comme il y a une loi qui le prévoit déjà dans le cas d'un
journal au Québec, dans le cas de la Presse.
Deuxièmement, je suis d'accord avec les remarques que vous faites
sur la nuance qu'il faut apporter au problème de la concentration,
c'est-à-dire que, d'abord, ce n'est pas un problème qui nous est
propre, c'est un problème occidental, c'est un problème
causé en grande partie par des exigences d'ordre financier à
cause, évidemment, du coût de production des grands quotidiens.
Mais on peut penser à une mesure.
D'ailleurs, c'est peut-être la seule mesure sur laquelle tous les
intervenants, c'est-à-dire les journalistes en général ou
ceux qui sont intéressés dans le domaine de la presse, sur
laquelle il y a une sorte de consensus, à savoir qu'on pourrait tenter
une intervention et la faire par un mécanisme qui soit non
gouvernemental, de façon à toujours garder cette distance entre
le monde de la presse et le monde gouvernemental.
Il y a peut-être un dernier point que je voudrais souligner. C'est
quand vous disiez, tout à l'heure: Au fond, peut-être que le seul
problème, c'est d'assurer la diffusion des quotidiens déjà
existants dans d'autres régions. Notre analyse, actuellement, des hebdos
au Québec nous incite quand même à regarder une autre
hypothèse possible. C'est-à-dire que si nous comparons la
situation du Québec à celle de l'Ontario, nous notons un nombre
beaucoup plus restreint de quotidiens régionaux. Vous savez qu'il y a
actuellement des quotidiens régionaux qui, quand même, se tirent
bien d'affaire financièrement, jouent un rôle assez important dans
la collectivité régionale. Nous nous demandons si, en fait, dans
l'avenir, on ne verra pas la transformation de certains hebdos qui sont
très forts, considérables, qui ont les reins solides, en
quotidiens régionaux. Ce qui serait intéressant de deux
façons: premièrement, c'est que cela contrebalance un peu ce
mouvement de concentration qu'est la presse; deuxièmement,
évidemment, cela permet aussi aux régions d'être bien
informées directement par un organe qui reflète mieux leur coin.
Encore une fois, je veux bien distinguer, le problème de l'agence, le
problème de la distribution et le problème de la concentration:
trois problèmes différents.
M. Forget: Oui, ceci est bien joli, mais il reste qu'il y a aussi
une autre dimension qu'il ne faudrait pas oublier, c'est celle de la
qualité des publications périodiques. Cette dimension n'est pas
indépendante de la concentration et de la distribution, en ce sens que
la qualité n'est pas simplement une dimension mystique, c'est une chose
qui est le produit d'une certaine capacité d'un journal d'avoir une
équipe rédactionnelle suffisamment riche, suffisamment nombreuse.
Il est clair que, par une loi, le législateur peut empêcher la
concentration, forcer la multiplication, en
quelque sorte, des quotidiens, mais qui sont tous au bord de la
subsistance, au bord donc de la disparition et qui ne sont jamais capables
d'avoir des ressources suffisantes pour véritablement augmenter la
qualité de leurs produits. Quand on regarde, ce qui d'ailleurs a
été bien présenté par le ministère des
Communications, le faible taux de lecteurs au Québec, lecteurs de
journaux quotidiens, il faut se poser des questions. C'est très joli de
n'avoir aucune concentration de journaux que personne ne lit, mais est-ce qu'on
a réalisé une grande chose en ayant une multiplicité de
quotidiens perpétuellement au bord de la faillite, qui ne sont lus par
personne, parce que personne ne les prend au sérieux, étant
donné que le même chroniqueur doit couvrir les sports sont
privilégiés, ils ont des gens à temps plein pour
tout le reste, on a affaire à des gens qui doivent couvrir un domaine
tellement grand de questions qu'ils sont continuellement un peu perdus? Ils ne
se rendent pas compte de la signification des nouvelles, dans le fond, parce
qu'ils sont étrangers au domaine qu'ils doivent couvrir, parce que ce
sont des choses qui se multiplient.
Enfin, il y a la période des vacances, il y a les absences, etc.,
comme dans n'importe quelle entreprise. Il faut donc des équipes de
rédaction très fortes.. L'élément qualitatif me
semble absent dans toutes ces discussions, on s'étonne que les gens ne
lisent pas les journaux. Franchement, entre nous, il y a tout de suite une
explication qui nous vient à l'esprit, dans un grand nombre de cas, on
se demande un peu pourquoi les gens les liraient d'ailleurs, souvent. Tout
simplement parce qu'ils n'ont pas, du côté rédactionnel, la
capacité de susciter un intérêt chez un lecteur ou
d'éveiller une certaine confiance chez leurs lecteurs démontrant
que l'article est écrit par quelqu'un qui a vraiment une certaine
connaissance.
Le niveau d'éducation s'est élevé plus rapidement
chez les lecteurs que dans les salles de rédaction, du moins dans un
certain nombre, un nombre trop grand de nos journaux. Alors, je peux bien
suivre le ministre lorsqu'il dit que la question de la concentration, la
question de la distribution, ce sont deux questions bien différentes;
peut-être que c'est différent, si on met de côté la
question de qualité. A ce moment-là, elles ne sont
peut-être plus aussi différentes que ça.
On n'a pas de journal national, véritablement national au
Québec, contrairement à la plupart des autres
sociétés occidentales où il y a quand même un
certain nombre de publications, très limitées, mais qui se
détachent et qui sont lues par tout le monde, parce qu'on leur
reconnaît une certaine autorité, une certaine stature
intellectuelle. Le Devoir joue peut-être un peu ce rôle; encore
là, les problèmes de distribution sont tels qu'il ne peut pas
vraiment le jouer, sa distribution s'en ressentant, ses revenus s'en ressentent
et même la qualité de cette publication s'en ressent.
Lorsque le ministre nous dit qu'il va confier à la Régie
des services publics, un droit de surveillance sur les transferts de
propriété, est-ce que le critère va être strictement
un critère de savoir si ceux qui achètent sont les mêmes
que ceux qui sont déjà propriétaires d'autres journaux ou
est-ce que ce sont d'autres critères qui pourraient être
utilisés?
M. O'Neill: Je ne pourrais pas répondre actuellement
à cette question, parce que tout simplement, nous sommes en train de
procéder à la rédaction du projet et nous ne sommes pas
arrivés à des conclusions précises sur chacun des
éléments. C'est évident, par exemple pour le cas que vous
donnez, que dans un cas de transfert de propriété, un
critère qui serait regardé je pense que ça va de
soi c'est de savoir si le transfert de propriété aboutit
ou non à une concentration. Deuxièmement, ce n'est pas non
plus... il ne faut pas non plus penser à l'idée d'une
réglementation qui serait, à tout prix, opposée à
de la concentration puisque à ce moment-là, il faudrait tenir
compte d'autres critères. (12 h 45)
Vous venez de mentionner ce critère de qualité. Pensons
à l'idée de la concentration de trois hebdos, des choses comme
ça, qui peut être avantageuse dans une région, surtout les
trois parfois se recouvrent. Donc, je ne fais pas de lien en disant:
concentration égale qualité ou encore, une concentration serait
nécessairement mauvaise. Ce n'est pas dans ce sens qu'il faut regarder
la chose. Simplement l'idée, puisqu'il existe, au fond, une
législation qui surveille les transferts de propriété,
dans le cas des entreprises dites de services publics, pensons à la
téléphonie. On ne peut pas vendre son entreprise de
téléphone au Québec sans une permission, qui peut
être accordée selon telle ou telle condition. On pourrait
peut-être considérer que dans l'optique d'une meilleure assurance
du droit à l'information, d'une aide à l'information, dire
à des gens, quand vous travaillez dans le secteur de l'information, vous
avez investi, etc., pour voir si la collectivité sera bien servie, tout
simplement vous demandez une permission, quand vous procédez à un
transfert de propriété.
Mais il ne faudrait pas que ce soit et je suis d'accord avec vous
avec cette idée que ce qui devrait nous préoccuper comme
tel c'est d'être contre la concentration. Ce n'est pas cela. Je pense que
la chose qui va nous préoccuper, c'est la possibilité d'une
meilleure information. Je suis d'accord avec vous quand vous dites, par
exemple, que, parce que les journaux disposent actuellement
d'équipements nettement supérieurs, se donnent des services, des
équipes considérables de journalistes de qualité,
s'assurent de bons services de distribution, etc., sont abonnés à
plusieurs agences, ce qui suppose d'énormes sommes d'argent, ces
journaux, évidemment, fournissent au public un meilleur service
d'information. Mais il ne faut pas se cacher non plus et je pense que
tout le monde sent cela qu'en même temps, par le fait même,
vous vous trouvez à concentrer un pouvoir en information. Cela pose
comme tel un problème, tout avec la réserve suivante qu'il ne
faudrait pas oublier, quand on
parle concentration, qu'il existe autre chose qu'une presse
écrite et que, avec la radio et la télévision, vous
déconcentrez déjà. Et si vous prenez une place comme
Montréal en plus, non seulement il y a plusieurs quotidiens, mais il y a
la radio et la télévision, et de langue française et de
langue anglaise. Là, vous avez une diversité qui apporte un
éclairage fort différent sur les problèmes de
concentration.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: Une question que j'aimerais poser au ministre. C'est
à propos d'une certaine préoccupation. Il y a évidemment
au Québec, dans un CEGEP, une école de formation de journalistes,
ou de formation en journalisme, à Jonquière, je crois.
M. O'Neill: En communications.
M. Laberge: En communications et spécialement en
journalisme. Est-ce que les études du ministère tiennent compte
actuellement de toute cette difficulté, selon ce que le
député de Saint-Laurent disait, à savoir que pour avoir
une meilleure qualité de rédaction, certains journaux ont
pensé à apporter une certaine concentration? Est-ce qu'on tient
compte aussi de la disponibilité de jeunes qui voudraient se lancer dans
la carrière et qui, peut-être, ne trouvent pas de
débouchés? Et est-ce que des études ont été
aussi faites à savoir que des jeunes qui sortent du CEGEP avec des
études en journalisme, un diplôme, un DEC en formation
journalistique ou en communications, est-ce qu'ils ont une certaine
difficulté à se trouver de l'emploi? Quel est le taux de
non-emploi de ces jeunes par rapport au problème de concentration de
presse? Est-ce que des études ont été faites dans le
domaine?
M. O'Neill: II y a eu des études qui ont été
faites sous la direction de l'école de journalisme, ce qui est
aujourd'hui le secteur journalisme et information de l'Université Laval,
au cours des dernières années, sur l'ensemble du personnel
affecté à des fonctions d'information dans les entreprises du
Québec, que ce soit de la radio, de la télévision ou de la
presse écrite quotidienne ou hebdomadaire. Cela donne, dans l'ensemble,
un assez bon portrait de l'offre d'emploi qui avait cours à ce
moment-là, dans les années 1975-1980, par rapport au
marché ou à la demande pour les jeunes qui veulent se
spécialiser. Effectivement, l'école que vous mentionnez, comme le
secteur journalisme et information de l'Université Laval, contingente,
en quelque sorte, l'arrivée, parce qu'il y a beaucoup plus de gens qui
se sentent appelés par la fonction journalistique que d'élus
potentiels dans les entreprises. Néanmoins, la situation, entre autres
de la presse hebdomadaire, a passablement changé au cours des
dernières années et, de plus en plus, il y a des emplois qui sont
créés dans le secteur de la presse hebdo- madaire, il y a des
stages de formation pratique pour ces journalistes, comme dans les stations
privées de radio, d'ailleurs, qui, par la suite, "graduent" et vont
travailler dans la grande presse quotidienne ou dans les grandes entreprises de
presse de radio-télévision, à Montréal.
On a effectivement passablement d'information pour répondre
à votre question et ces informations sont disponibles sur l'état
de l'offre et de la demande dans le secteur de l'emploi. Le ministère
travaille en collaboration d'ailleurs avec le ministère de l'Education
sur des programmes d'information spécialisée pour le secteur du
journalisme.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pourrais-je avoir le
consentement des députés de l'Opposition? C'est un
problème qui m'intéresse particulièrement. Je ne pensais
pas que le sujet serait abordé aujourd'hui, lors de cette commission. M.
le ministre, j'aurais une question à vous poser, à la suite de la
réponse...
M. Forget: Sans doute, M. le Président. Je voudrais
même dire que non seulement on donne notre consentement, mais on aurait
même donné notre consentement si le président avait
gardé son siège de président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vous remercie beaucoup.
Cela me répugne un peu de faire cela mais, devant l'importance du
problème... Si j'ai bien compris votre réponse, il y a des
chiffres au ministère sur l'étude du marché actuel dans le
domaine de la presse écrite et parlée au Québec.
M. O'Neill: Je n'ai pas parlé d'une étude que le
ministère avait conduite, mais d'une étude que le groupe du
professeur De Guise avait conduite dans les années soixante-quinze ou
quatre-vingt sur l'offre et la demande de l'emploi dans le secteur information
au Québec.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le ministère est-il en
possession de cette étude?
M. O'Neill: Absolument, cela a été rendu
public.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le ministère
pourrait-il la déposer à la commission parlementaire?
J'aurais une autre question à vous poser. A votre connaissance...
On sait qu'actuellement il y a au Québec un CEGEP qui s'appelle le CEGEP
de Jonquière, qui s'est vu accorder l'exclusivité du cours
Enseignement de l'art et de la technologie des media, soit presse écrite
et parlée, en 1975. Actuellement, certaines pressions sont dans le sens
d'enlever cette exclusivité au CEGEP de Jonquière pour former ces
mêmes gens à l'extérieur de Jonquière. Comment
pouvez-vous concilier que le gouvernement envisage de donner une
deuxième option à un deuxième CEGEP pour former des
journalistes en presse écrite et parlée alors qu'on
sait pertinemment qu'actuellement, certains journalistes du
Montréal-Matin sont encore en grève après plusieurs mois
de fermeture?
M. O'Neill: Le problème que vous soulevez actuellement est
un problème qui a été porté à l'attention du
ministère de l'Education évidemment, comme il se doit, puisque
c'est de sa responsabilité. Dans ce cas, le ministère de
l'Education nous a consultés pour avoir certaines données, pour
avoir aussi certaines expertises que nous lui avons données, mais nous
ne participons pas plus que cela à la décision qui sera prise et
je croyais même qu'elle était déjà prise.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non. Le député
de Jonquière travaille très fort. Le ministère des
Communications a-t-il donné au ministère de l'Education du
Québec tous les renseignements que celui-ci lui avait demandés?
Même si le ministère des Communications ne participe pas aux
décisions, effectivement, les données nécessaires
ont-elles été acheminées au ministère de
l'Education?
M. O'Neill: Toutes les données que le ministère de
l'Education nous a demandées sur ce problème et que nous avions
à ma connaissance, nous les avions toutes lui ont
été communiquées.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que effectivement,
vous avez vous-même, le ministère des Communications, des
études sur le cas particulier de la presse écrite? J'ai appris
pertinemment et j'ai reçu de nombreuses prises de position
unanimes de la part de fédérations de journalistes
là-dessus de façon évidente, que plusieurs
journalistes de Montréal-Matin étaient encore en grève, en
chômage, après plusieurs mois de fermeture. Je sais
également que le collège de Jonquière n'est pas capable de
placer les 160 étudiants en presse écrite et parlée qu'il
forme actuellement. A partir de ces chiffres je sais qu'on en place
environ 120 sur les 160 qu'on forme comment peut-on envisager
l'ouverture ou la formation d'autres professionnels du journalisme, alors
qu'aujourd'hui, on forme des électriciens et des plombiers, des
menuisiers, alors qu'il y a des pères de famille qui ont des cartes A et
qui sont en train d'écouter la télévision au moment
où on se parle, qui sont en chômage? C'est un petit peu toute la
maladie du système. On forme des gens dans toutes sortes de
métiers. Dans la construction, ils ne travaillent pas. Là, on
veut former d'autres journalistes de la presse écrite et parlée,
alors que des études démontrent que ces gens ne sont pas capables
de se placer. Comment concevoir aussi une telle politique avec une politique de
développement régional?
M. O'Neill: II nous est très difficile de répondre
à votre question, puisque c'est une responsabilité qui
relève du ministère de l'Education. Je pense que certains des
éléments que vous appor- tez appuient certains des
éléments que nous avons portés à l'attention du
ministère de l'Education et que nous pourrons certainement, lorsque
l'occasion se présentera, si elle se présente à nouveau,
faire part de l'attitude que vous témoignez aujourd'hui.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai une question à
poser directement au ministre. Est-ce que le ministre des Communications,
à la suite des données qui ont été
acheminées au ministre de l'Education, serait en mesure, compte tenu
qu'il dirige un ministère qui s'appelle le ministère des
Communications, d'émettre son opinion, en tant que ministre des
Communications, sur la possibilité qu'envisage le ministère de
l'Education d'ouvrir une deuxième option dans l'enseignement des arts et
technologies des media au Québec? C'est une question que je pose au
ministre, personnellement.
M. O'Neill: Si on est en mesure de dire actuellement si on est
favorable ou non favorable à cette deuxième option? Non. Il
faudrait que je regarde le dossier plus en détail pour dire au ministre
de l'Education ce que j'en pense, parce que je crois que ce serait imprudent,
étant donné que le ministre de l'Education a là-dessus un
certain nombre de données que nous n'avons point ici.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le ministre des
Communications est disposé à demander au ministre de l'Education
de suspendre l'étude de ce dossier tant et aussi longtemps que le
ministère des Communications n'aura pas fait parvenir au
ministère de l'Education ses conclusions à la suite des
études qu'il mènera sur ce dossier bien précis?
En fait, on dit que c'est un dossier local, mais ce n'est pas un dossier
local, c'est un dossier national, puisque c'est une option exclusive. Elle a
été accordée à Jonquière. Elle aurait pu
être accordée à un autre CEGEP. 85% des étudiants
qui fréquentent cette institution dans ce domaine bien précis
viennent de l'extérieur. C'est un apport économique
extrêmement valable non seulement pour la ville de Jonquière, mais
pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean et, d'autre part, je suis assuré que les
citoyens du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de Jonquière en particulier
n'auraient aucune objection qu'un autre CEGEP donne ce même cours,
à la condition que des études sérieuses du marché
actuel et futur démontrent qu'effectivement la demande est telle qu'il
nous faut absolument procéder dans cette voie. Mais, les études
ne vont pas dans ce sens-là, que je sache.
M. O'Neill: Si j'ai bien compris, M. le Président, le
député de Jonquière estime qu'actuellement le ministre de
l'Education n'a pas en main toutes les données pertinentes pour prendre
une décision correcte dans ce secteur et il me demande de m'assurer,
auprès de lui, qu'aucune décision ne sera prise avant que
l'étude soit faite de toutes ces données...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est bien ça.
M. O'Neill: Je trouve ça tout à fait logique, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Parce que j'estime que le
ministère des Communications doit jouer un rôle de conseiller
auprès du ministère de l'Education dans ce domaine, comme le
ministère d'Etat au développement culturel qui chapeaute le
ministère de l'Education, en fin de compte, devrait également
avoir son mot à dire pour qu'une étude objective soit faite non
pas sur les demandes, parce qu'on a beau avoir 450 demandes de jeunes qui
veulent aller dans ce domaine, s'il y a 120 emplois par année, à
ce moment-là, on crée 300 chômeurs, d'accord?
M. O'Neill: D'accord. Donc, je suis d'accord pour faire cette
demande auprès du ministre de l'Education.
Vous me permettez simplement de donner un avis personnel sur un point de
ce dossier.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. O'Neill: Cela revient souvent dans les débats sur
l'Education, mais enfin, puisque vous l'apportez ici, je veux le mentionner. Il
m'est toujours apparu difficile, dans une société
libérale, de prendre des décisions en matière
d'éducation en fonction simplement de calcul de marché, surtout
à court terme. Ce n'est pas dans la nature même de nos
sociétés. Nous supposons, par exemple, à un moment
donné, que des individus prennent telle ou telle option à
l'université, mais nous ne leur garantissons pas nécessairement
le travail. Nous supposons d'ailleurs qu'ils vont finalement trouver le travail
par eux-mêmes et que le marché est élastique et peut
évoluer. Je vous signale simplement ça, par rapport à
votre position. A mon avis, je mettrais une sourdine sur le lien que vous
faites dans votre argumentation entre telle évaluation de marché
et tel permis qui peut être donné à quelqu'un de poursuivre
telle carrière, parce qu'il y a aussi des individus dans une
société qui acceptent le risque de prendre une carrière
parce que ça les intéresse et espérant aussi qu'un jour
ils trouveront du travail. Vous en avez même dans le droit, par exemple,
des gens qui vont vous dire: Moi, le droit, j'aime ça beaucoup. Il y a
beaucoup d'avocats. Il y a une inondation, mais ça ne fait rien. C'est
bon pour moi.
Cette façon de planifier des études ou des permissions
d'étude en fonction d'un marché, je vous signale que c'est un
critère qui, à mon point de vue je vous dis cela
exigerait une certaine nuance. Je ne voudrais pas élargir le
débat, m'étendre trop longtemps là-dessus, mais je dis
simplement cela comme une première impression.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je remercie les membres de la
commission et je prends bonne note, M. le ministre, des engagements que vous
avez pris.
M. O'Neill: Nous parlerons au ministre de l'Education.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, je crois que,
d'après la cloche, un vote doit être demandé en
Chambre.
M. O'Neill: Je voudrais seulement en terminant, M. le
Président, si vous le permettez et si les membres de la commission le
permettent, déposer deux dossiers concernant des renseignements qui ont
été demandés, des dossiers qui ont été
remis, l'un sur la répartition de l'effectif par région dans les
bureaux de Communication-Québec. Vous avez une répartition de
tout le personnel, les catégories, leur statut, il manque le budget par
bureau régional, nous ne l'avons pas encore. (13 heures)
Le deuxième dossier, c'est la liste des actualités
filmées pour l'année 1978 c'est un dossier qui a
été demandé hier la liste des 40 actualités
filmées avec le ministère concerné et le thème qui
a été développé dans cette actualité
filmée.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, est-ce que le
programme 7 sera adopté?
M. Forget: J'aurais encore des questions, M. le Président,
je suggérerais que nous suspendions.
Le Président (M. Laberge): Si vous avez d'autres
questions, nous allons ajourner sine die et nous recevrons probablement un
ordre de la Chambre, cet après-midi, pour revenir.
La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 13 h 1
Reprise de la séance à 16 h 25
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des communications qui a le mandat de faire
l'étude et d'adopter les crédits des communications reprend ses
travaux.
Les membres de la commission sont M. Beau-séjour (Iberville), M.
Bertrand (Vanier), M. Blank (Saint-Louis), M. Godin (Mercier), M. Forget
(Saint-Laurent) en remplacement de M. Goldbloom (D'Ar-cy McGee), M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), M. Michaud (Laprairie) et M.
O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Fallu (Terrebonne), M. Goulet (Bellechasse), M. Laurin
(Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Quand le Président a ajourné les travaux cet avant-midi,
la commission avait adopté, m'a-t-on dit, le programme 6 et on
était rendu au programme 7.
M. Forget: M. le Président, est-ce que vous pourriez
remplacer M. Blank (Saint-Louis) par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) comme membre
plutôt qu'intervenant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): D'accord, Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie) remplacera M. Blank (Saint-Louis).
M. le Président qui m'a précédé cet
avant-midi s'excuse auprès de la commission de devoir se faire remplacer
puisqu'il est retenu ailleurs cet après-midi.
Qui avait la parole?
M. Forget: Personne en particulier, M. le Président,
c'était un dialogue entre le député de Jonquière et
le ministre qui était terminé, je crois, au moment où on a
levé la séance.
J'aurais quelques questions encore à poser au ministre
relativement au programme 7. La première vise l'arrêté en
conseil qui a créé, le 12 juillet 1978, le poste et la
tâche de M. Laurin. On retrouve, dans le texte de cet arrêté
en conseil, on souligne l'absence d'un système intégré de
ré-troinformation, de consultation et de participation du public. Le
devoir de M. Laurin est d'assurer la rétroinformation par l'entremise de
sondages permettant d'évaluer rapidement l'impact des programmes.
J'aimerais savoir combien de sondages ont été
réalisés dans l'exécution de ce mandat? Evidemment,
j'aimerais connaître quels sont ces sondages; sur quel sujet ils
portaient respectivement?
M. O'Neill: II y en a un qui est bien connu, le sondage qui a
été fait par CROP sur l'analyse de la publicité
gouvernementale et son efficacité.
M. Forget: De la politique, quoi!
M. O'Neill: Le sondage qui a été fait par CROP sur
la publicité gouvernementale et son efficacité, c'est ce document
qui a été déposé à l'Assemblée
nationale. Je sais aussi qu'il y a des vérifications qui ont
été faites je ne sais pas à combien de reprises;
d'ailleurs ce fait a été mentionné ici hier
concernant un peu l'efficacité des bureaux de
Communication-Québec dans leur rapport avec la population. Ce sont deux
cas que j'ai à l'esprit. Il faudrait voir s'il y a d'autres
activités du genre à part de ces deux catégories.
M. Forget: Est-ce qu'il y en a d'autres effectivement?
M. O'Neill: Tout ce que je peux vous mentionner, c'est une
activité qui est administrative et continue, celle qu'on a
mentionnée hier, lorsque des citoyens demandent des renseignements
à Communication-Québec. Communication-Québec s'informe
auprès de ces gens à savoir s'ils ont eu l'information requise
lorsqu'ils ont été référés à des
tiers, s'ils sont satisfaits ou insatisfaits et s'ils sont insatisfaits,
pourquoi? S'ils sont satisfaits, pourquoi aussi. C'est une fiche de
rétroaction.
M. Forget: Mais ce ne sont pas des sondages. On parle de sondages
dans l'arrêté en conseil. Je vais répéter ma
question: II y a eu des sondages; on m'en a mentionné deux; y en a-t-il
eu d'autres?
M. O'Neill: Non.
M. Forget: II n'y en a eu aucun autre.
M. O'Neill: Non. De toute façon, on pourrait
vérifier. La question que vous posez se rapporte au programme 2 mais,
actuellement, je ne connais que les deux cas qui ont été
mentionnés tout à l'heure. Dans le deuxième cas, dans le
cas où on essaie de mesurer l'efficacité des bureaux de
Communication-Québec ce sont des vérifications qui se
répètent; ce n'est pas une seule fois. (16 h 30)
M. Forget: Je remarque que les deux exemples qui ont
été cités se retrouvent dans la liste des programmes
contrats sollicités. Par exemple, analyse globale des campagnes de
publicité du gouvernement du Québec $14 950, CROP janvier 1979.
J'ai remarqué qu'il y avait également dans une des listes
je ne retarderai pas la commission qui nous ont été
données comme étant des programmes de recherche sous des
activités de recherche financées sous le programme 7. Est-ce que
cela veut dire que toutes les activités envisagées par
l'arrêté en conseil 78-239, dans la mesure où elles se
traduisent par des recherches, des sondages, vont se retrouver ainsi
comptabilisées au programme 7?
M. O'Neill: Pas nécessairement, pour une raison qui est
technique dans le sens que le service de la recherche en 1979/80 apparaît
ou apparaîtra au programme 4. Le service de la recherche, lorsqu'il
s'agit d'expertises techniques, par exemple, pour écrire les devis ou
des choses comme ça, est consulté et, dans certains cas, s'il
s'agit d'un élément dans une recherche qui pourrait être
plus longue, c'est également le service de la recherche qui en assume
les coûts. C'est pour cette raison que vous retrouvez ce sondage à
l'intérieur de la liste que vous avez.
M. Forget: Est-ce qu'il y a du personnel au ministère des
Communications qui s'occupe directement de faire des sondages?
M. O'Neill: Non, aucun.
M. Forget: II n'y a personne qui s'occupe de cette
activité-là au sein du ministère. Quand un sondage est
fait, il est toujours donné sous forme de contrat à des
organismes de sondage?
M. O'Neill: Pas nécessairement. M. Forget: Ou
à des universitaires.
M. O'Neill: Pas nécessairement, parce que dans le
deuxième cas qui a été mentionné tantôt,
celui sur la recherche sur le renseignement... les numéros... non, ce
n'est pas un sondage au sens où on l'entend, mais c'est une
évaluation.
M. Forget: Une évaluation, oui, bien sûr.
M. O'Neill: C'est ça. Cela a été fait par
des employés du ministère, à ce moment-là.
M. Forget: C'est ça, quand il s'agit d'une
évaluation des services du ministère, c'est fait par le
ministère, mais s'il s'agit de rétroaction dans les vocabulaires,
pour employer le vocabulaire de cet arrêté en conseil, la
rétroinformation par l'entremise de sondages permettant d'évaluer
rapidement l'impact des programmes et la consultation et la participation du
public dans la conception des programmes, à ce moment-là, il
s'agit toujours là-dessus vous êtes positif
d'activités qui sont données à contrat, en quelque
sorte.
M. O'Neill: A l'extérieur, jusqu'à maintenant.
Dès que ça fait appel à une expertise à un ensemble
de techniques, d'équipement que le ministère ne possède
pas, c'est normal, de toute manière, de le faire à
l'extérieur. Cela fait aussi partie de cette politique de faire faire
les choses.
M. Forget: D'accord. Les deux exemples que vous m'avez
donnés ne sont pas nécessairement les seuls. Vous allez
vérifier, vous allez nous donner une indication catégorique
à savoir quels étaient les autres sondages, s'il en est, qui ont
été faits.
Vous avez fait une étude en 1978 pour une somme de près de
$30 000 sur l'industrie québécoise de l'imprimerie. C'est la
direction générale des études, je suppose, la DGEG. C'est
ordonné à Lamb et Guay, une entreprise. C'est censé
être terminé ce mois-ci, avril 1979. On est presque rendu à
la fin du mois d'avril. De quoi s'agit-il? Quelles sont les
préoccupations du ministère des Communications face à
l'industrie de l'imprimerie au Québec?
M. O'Neill: II y avait deux aspects particuliers. Un aspect
majeur, qui portait sur la capacité de l'industrie
québécoise de l'imprimerie, de répondre aux besoins de
publication du gouvernement et de l'éditeur en particulier. L'autre
volet, plus accessoire par rapport à la recherche principale, mais quand
même important, c'étaient les activités portant sur
l'imprimerie de presse. Quelles sont les imprimeries qui... De quelle
manière sont-elles équipées? Comment envisagent-elles les
changements technologiques pour répondre aux besoins de l'imprimerie de
presse?
M. Forget: Le ministère avait des raisons de croire que
l'industrie de l'imprimerie était incapable de faire face à la
demande, en particulier, du gouvernement pour des impressions.
M. O'Neill: Je ne pense pas que cela faisait partie en soi de la
problématique, mais les imprimeries en général sont aux
prises avec des changements technologiques extrêmement rapides, que ce
soit l'introduction de l'ordinateur dans ce secteur comme l'exigence de plus en
plus de la clientèle pour des produits sophistiqués. Ce qu'il
s'agissait de voir c'est: Est-ce que l'Etat lorsqu'il veut publier, comme
lorsque le journal veut être publié, peut faire appel à une
industrie québécoise qui va rester concurrentielle, oui ou non,
et comment?
M. Forget: Et la réponse à cette interrogation est
positive ou négative?
M. O'Neill: Quand le rapport sera déposé... M.
Forget: II n'est pas produit encore. M. O'Neill: II n'est pas
complété.
M. Forget: Je vois.
Est-ce que le ministère des Communications fournit une aide
financière ou technique à des média communautaires, postes
de radio ou de télévision?
M. O'Neill: Oui, dans le programme d'aide aux média
communautaires.
M. Forget: Oui, il y a un programme pour cela, mais ce sont des
subventions essentiellement.
M. O'Neill: Pour l'aide technique, cela arrive, par exemple, dans
les cas... C'est arrivé dans le cas de Radio-Gaspésie, dans le
cas de Radio-Pontiac, surtout pour la radio, l'aide technique.
M. Forget: Oui.
M. O'Neill: Radio-Gaspésie, Radio-Pontiac, les trois
villes du nord, Téléduc Trois-Rivières, Châteauguay,
Rouyn-Noranda.
M. Forget: C'est dans ce contexte qu'il faut interpréter
le contrat de $13 000 environ donné pour examiner la rentabilité
de la radio communautaire à Rimouski. C'est afin d'éclairer le
problème et faciliter l'implantation d'une radio communautaire.
M. O'Neill: Oui et voir si le projet est viable et voir
exactement les gens qu'il peut atteindre. C'est le genre d'aide technique qu'on
peut fournir.
M. Forget: Oui.
M. O'Neill: Dans le cas de Radio-Gaspésie, cela portait
sur la question technique de l'installation, à l'endroit, à cause
du circuit de montagnes qu'il y a là. C'est le genre d'aide que nous
fournissons.
M. Forget: Est-ce que la définition de media
communautaires rejoint, par exemple, les media en milieu étudiant, soit
les postes de radio étudiants ou des journaux étudiants?
M. O'Neill: En fait, on pourrait peut-être inclure dans
cela, à ce point de vue, le cas de
CKRL-Laval, mais c'est surtout sur la façon dont le medium
fonctionne, c'est-à-dire qu'il s'adresse à une communauté
précise avec la participation des membres de cette communauté:
Participation financière, à la programmation aussi. Alors, dans
le programme actuel, les cas qui ont été subventionnés, il
y a... Vous ne parlez pas simplement de la radio, vous parlez de la TV
aussi.
M. Forget: Oui, enfin je ne sais pas s'il y a de la
télévision étudiante mais à supposer qu'il y en
ait.
M. O'Neill: II y a le cas du campus Laval, FM CKRL-Laval.
M. Forget: Autrement dit, la façon dont vous
définissez médium communautaire n'empêche pas des organes
qui fonctionnent pour les milieux étudiants de s'adresser pour recevoir
de l'aide technique ou financière au ministère? Cela ne les
exclut pas? Même si, effectivement, il n'y en a pas beaucoup qui vous en
ont fait la demande?
M. O'Neill: Non, pas a priori. Quand il y a des demandes qui
arrivent de toute façon, jusqu'ici, c'était un jury de
l'extérieur qui faisait l'évaluation. Ils font une
évaluation tenant compte un peu de la structure, de la façon dont
les gens s'organisaient, à savoir, par exemple, si cela s'adresse
vraiment à une certaine collectivité. Est-ce que les gens
participent ou si c'est simplement l'initiative de quelques individus? Des
choses comme cela. C'est à partir d'un certain nombre de critères
de ce genre que les décisions se prennent.
M. Forget: Mais cela semble correspondre assez bien au
phénomène de media étudiants qui, ordinairement,
entraînent une assez large participation et qui s'adressent à une
communauté bien identifiée aussi, même si elle est
plutôt particulière, en ce sens qu'elle n'atteindra pas les
vieillards...
M. O'Neill: Dans le cas des projets qui ont été
retenus, je regarde la liste, il n'y en a aucun.
M. Forget: II semble donc que les critères qui sont
utilisés ont pour effet de mettre ces demandes de côté,
s'il y en a.
M. O'Neill: Ce n'est pas a priori, cela dépend de la
façon que le projet est présenté.
Le seul que j'ai en mémoire, c'est un projet
spécialisé, c'est celui de la Faculté des sciences
appliquées, la Faculté des sciences et sciences appliquées
de l'Université de Sherbrooke qui était une radio très
spécifique à leurs deux facultés, qui était par
câble plutôt qu'en ondes ouvertes. Ce n'est pas le fait que
c'était par câble ou en ondes ouvertes qui a
nécessité ou qui a amené une décision
négative dans notre rapport, c'est le fait que c'était
limité à eux, c'était pour des besoins très
spécialisés.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que Radio-Québec ne met pas ces
services techniques à la disposition, par exemple, de certains CEGEP,
même d'écoles secondaires ou autres, qui voudraient justement, au
plan de la télévision, faire une production quelconque? Est-ce
qu'il n'y a pas un tel service de la part de Radio-Québec?
M. O'Neill: On posera la question à Radio-Québec
tout à l'heure. Le mandat qu'on a donné à
Radio-Québec, c'est de faire appel à l'inverse, dans les
régions, aux services déjà existants dans les CEGEP, par
exemple, et les universités, de façon à ne pas, autant que
possible, doubler inutilement l'installation d'équipements. Pour le cas
inverse, nous pourrons poser la question à Radio-Québec.
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions relativement au
programme 7.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il un autre intervenant
sur le programme?
Est-ce que le programme 7 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle le
programme 8.
Mme le député de L'Acadie.
Cinéma et audio-visuel
Mme Lavoie-Roux: Le ministre des Communications se souviendra que
lors de l'étude des crédits du ministère des
Communications l'an dernier, nous avions, à un moment donné,
introduit le problème de Radio-Québec. Finalement, nous n'avions
pas terminé l'étude des crédits des Communications et le
ministre m'avait dit de ne pas m'en désoler puisque fort probablement,
à l'automne, la commission parlementaire des communications se
réunirait à nouveau pour étudier le problème du
cinéma. On approche maintenant de l'automne suivant et j'ai l'impression
qu'il n'y a pas encore grand signe de vie.
Je voudrais demander au ministre des Communications où il en est
rendu dans sa consultation à la suite de son livre bleu sur le
cinéma. A quel moment entend-il prendre action pour présenter un
projet de loi?
M. O'Neill: A la suite de la présentation du document de
travail qui a été faite en décembre, nous avons
amorcé une série de consultations qui sont à peu
près terminées. Il nous reste actuellement à rencontrer
des représentants des régions. Cela va se faire incessamment,
nous avons, je crois, une première rencontre cette semaine, vendredi, et
ce sera donc la dernière étape de consultation. Mon intention est
de faire rapport dès que le mémoire, qui résume les
consultations, sera terminé et le mémoire s'inspire des
consultations de faire rapport, le plus vite possible,
après cela, au comité ministériel permanent de
développement culturel. A partir de là, nous serons en mesure
d'énoncer les points fondamentaux que nous retenons en matière de
politique du cinéma.
J'ai déjà signalé hier, quand j'ai fait rapport,
qu'il y avait un certain nombre de points qui se dégageaient des
consultations, lesquelles ont été, à mon avis, d'ailleurs
fort utiles même s'il y avait eu une série de consultations faites
antérieurement. Par exemple, on peut dire que notre idée
était faite sur ce choix de privilégier le développement
d'une cinématographie proprement québécoise. (76 h 45)
Ce n'est pas entièrement nouveau, d'une façon, puisque
quand vous regardez le mandat de l'institut, dans la loi 75, vous retrouvez
déjà cette idée. Mais ce qui est, on peut dire,
différent par rapport à ce qui était contenu comme
proposition dans le document de travail, c'est que dans ce document, tout en
mettant l'accent sur la priorité, sur la primauté d'une
cinématographie québécoise ou nationale, on
présentait une problématique qui pouvait sembler, d'une certaine
façon, mettre sur le même pied toutes les formes
d'activités cinématrographiques. Ce qui, d'ailleurs, était
assez bien exprimé par le titre qui disait: Vers une politique du
cinéma au Québec. C'est plutôt l'idée que nous
retenons actuellement, à la suite de ces consultations, c'est
plutôt de remplacer cette expression "vers une politique
cinématographique au Québec" par "une politique du cinéma
québécois" comme tel. C'est-à-dire que dans un secteur
où vous avez, donc, une très grande diversité dans le
domaine cinématographique, c'est-à-dire des productions d'ici qui
viennent d'ailleurs, des productions qui sont de très près
rattachées à notre culture et d'autres qui le sont moins,
où les gens peuvent faire des choix.
Nous pensons qu'il y a un de ces choix qu'il faudra privilégier,
tout en laissant d'autres gens ou d'autres intérêts favoriser
d'autres choix. Dans ce sens, ce choix, pour nous, c'est vraiment le
développement avant tout ce qui veut dire en même temps des
facilités au plan du financement et de la diffusion de ce que
nous qualifions de cinéma québécois. Par
conséquent, il s'ensuit, dans la pratique, quoique ce choix ait
été fait qu'il faudra faire des ajustements
nécessaires. C'est-à-dire que, par exemple, il faudra que ce soit
cette même politique qui guide l'institut du cinéma et
également cela suppose aussi une mise au point de moyens qui rendront ce
cinéma accessible. J'avais l'occasion de souligner, récemment, le
caractère un peu paradoxal de ce qui s'est passé lorsque nous
avons eu sur l'ensemble du territoire, le mois dernier,
l'événement de ce qu'on a appelé la semaine du
cinéma québécois, Montréal, Québec et quatre
autres endroits dans les régions. Il serait normal de dire qu'on fasse
au Québec, je ne sais pas trop, la semaine du cinéma italien ou
la semaine du cinéma chinois. Mais qu'on soit obligé d'organiser
la semaine du cinéma québécois indique quand même
justement un certain malaise. Le fait que les gens doivent, dans certains cas,
attendre en pratique l'organisation d'une telle semaine pour pouvoir visionner
des films faits au Québec.
Dans le même domaine, un problème qu'il va falloir revoir
c'est celui de l'aide financière indirecte qui prend la forme
d'abattements fiscaux et qui peut atteindre des montants considérables.
Parce que dans l'aide au cinéma, vous avez donc une aide qui peut
être directe venant du gouvernement, venant de la DGCA, vous avez aussi
une aide qui peut venir, lorsque par exemple une entreprise comme Radio-Canada,
une institution comme Radio-Canada ou Radio-Québec commande des films ou
achète des films, ou encore I'ASDIC à Ottawa, là, dans
l'ensemble, cela finit par constituer des montants assez impressionnants. Pour
ce qui relève de nous, nous pensons que nous devons regarder cela de
plus près et faire en sorte qu'il y ait une sorte de lien logique entre
ce que nous affirmons vouloir favoriser et, évidemment, l'aide
financière qui suit en conséquence.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si je comprends bien le
ministre, suite à ses consultations, il rédigera ou
présentera certains principes de base sous-jacents à une
politique du cinéma. Ma question précise c'est que des
politiques, on peut en rédiger et, souvent, il y en a qui restent mortes
et qui deviennent plus ou moins opérationnelles. Mais je pense que tant
dans la politique québécoise du développement culturel que
dans les propos que le ministre lui-même a tenus à diverses
occasions je pense que c'était peut-être même
à l'occasion de la semaine du cinéma...
M. O'Neill: Du cinéma.
Mme Lavoie-Roux: ... québécois. Vous avez
parlé d'une loi sur le cinéma. Ma question précise est la
suivante: Pour quand prévoyez-vous cette loi? Vous n'avez pas fini vos
consultations. Il y aura d'abord l'élaboration d'une politique et
j'imagine que c'est après qu'une loi suivra. Est-ce que, à ce
moment-là, on se reporte à 1981 ou à 1982?
M. O'Neill: Non, si les choses se déroulent comme nous le
souhaitons, si les choses vont bien, s'il n'y a pas de retard imprévu,
j'espère pouvoir présenter un projet, un mémoire, en
somme, qui sera la base d'un projet de loi au Conseil des ministres, à
peu près à l'automne. Remarquez que dans cela, il y a des mesures
qui n'exigent pas des changements à la loi, mais il y en a d'autres qui
en exigent.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Par exemple, si la proposition qui nous a
été faite de la politique du visa était retenue, vous
devez procéder par changement à la loi. Vous avez
également émis une proposition qui a été
soulevée au moment du sommet concernant un nouveau mandat, un mandat
élargi, qui pour-
rait être donné à l'Institut de cinéma. C'est
d'ailleurs la proposition dont vous trouvez le document de travail. Je ne suis
pas encore assuré qu'on puisse retenir cette proposition parce que,
d'une part, il y a beaucoup de gens qui travaillent dans le milieu du
cinéma actuellement et qui ne sont pas certains que cela serait
bénéfique pour l'orientation même de cet institut qu'on lui
donne un mandat élargi, c'est-à-dire qu'un mandat élargi
semble quelque chose de très intéressant au départ. Mais
ce que beaucoup de gens du milieu craignent, c'est que le fait, par exemple, de
s'embarquer dans un type du genre entreprise comme telle, puisse faire en sorte
que l'institut néglige sa première préoccupation qui est
de stimuler le développement cinématographique comme tel,
c'est-à-dire ce que j'appellerais le côté même oeuvre
d'art.
A ce point de vue, on n'est pas arrivé à une
décision là-dessus. C'est une affaire que nous allons regarder de
près et même si la proposition était dans le document de
travail de toute façon, nous considérons que c'est un
document de travail qui ne nous lie pas par définition à
la suite de beaucoup de remarques qui nous ont été faites, de
mises en garde qui nous ont été adressées, nous allons y
penser deux fois avant d'élargir ce mandat et nous demander s'il n'y a
pas d'autres façons d'atteindre les objectifs qui étaient voulus
et proposés dans le document de travail à ce sujet,
c'est-à-dire voir s'il n'y a pas d'autres moyens d'atteindre, encore une
fois, ces mêmes objectifs.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je dois comprendre, parce que...
M. O'Neill: Vous vous rappelez, c'est qu'il y avait...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce que je...
M. O'Neill: Juste pour vous rappeler ceci. Actuellement, dans
l'institut, vous avez la fonction, par exemple, de l'aide à la
production, l'aide à la distribution. Vous n'aviez pas comme fonction,
par exemple, ce qu'on peut appeler l'aide à l'entreprise comme
telle...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: ... de production cinématographique. Vous
savez, ce qu'on a appelé, ce que les gens appelaient la SDI du
cinéma. Vous vous souvenez, d'ailleurs, de ce débat qui a
été soulevé au moment de la présentation de la loi
105...
Mme Lavoie-Roux: La présentation sur le
développement des industries culturelles.
M. O'Neill: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, Claude?
M. O'Neill: L'impression qu'on avait au début, la
première, nous, on se disait: Les gens qui travaillent dans le milieu du
cinéma vont probablement se réjouir du fait que l'institut auquel
ils accordent beaucoup d'importance d'ailleurs, je pense qu'il est bien
apprécié puisse avoir ainsi un mandat élargi. Mais
ils nous ont manifesté à plusieurs reprises la crainte que cela
pourrait avoir un effet contraire, c'est-à-dire que la
préoccupation que j'appellerais d'art, mais qu'eux autres appellent de
création, soit peut-être mise en veilleuse dans les
décisions de l'institut. C'est pour cela qu'ils nous ont plutôt
suggéré de trouver une autre solution. Si c'était cette
solution qui était retenue, supposons qu'on garde cette solution
d'élargir le mandat de l'institut, à ce moment-là, cela ne
pourrait pas se faire sans changer la loi.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je pense que je dois
conclure que tout cela est encore à l'état de projet et que
même des modifications à la loi enfin, on ne sait pas pour
quel moment ce sera demeurent très vagues. Mais vous avez
mentionné tout à l'heure le sommet pour la création de la
société des industries culturelles. On se souviendra qu'à
ce moment-là, les représentants du monde du cinéma ont
exprimé des dissidences et ont été un peu je dirais
la voix dissidente de ce sommet-là. Dans quelle mesure je
pense que vous y avez un peu touché, mais j'ai mal saisi
pourront-ils faire appel à la Société de
développement des industries culturelles pour promouvoir la
production?
M. O'Neill: D'ailleurs, c'est cela...
Mme Lavoie-Roux: Ils peuvent avoir recours à la
Société de développement des industries culturelles ou
non, les gens du cinéma?
M. O'Neill: II faudrait voir comment on interprète dans la
loi l'article 4, si je me rappelle bien, où on énumère
à un moment donné les secteurs où cette
société peut intervenir.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Entre autres, on avait laissé dans ce secteur
le matériel audio-visuel et magnétoscopique, si je me rappelle
bien. On avait enlevé le mot "cinéma" comme tel. Donc, le mot
"cinéma" comme tel n'existe pas dans la loi; le mot
"rnagné-toscopie" existe et le mot "secteur audio-visuel" existe.
Là, la frontière n'est pas très claire. Mais dans
l'intention de la loi, enfin de la façon dont cela a été
rédigé, on n'incluait pas le cinéma. On estimait que
l'aide au cinéma devait venir d'ailleurs. Est-ce qu'à partir de
la façon dont l'article 4 est rédigé la
Société de développement des industries culturelles
pourrait, elle, décider qu'elle puisse intervenir, donc que les gens de
cinéma puissent faire appel à deux endroits différents?
C'est peut-être possible. Mais il est sûr que le mot
"cinéma" comme tel vous ne le trouvez pas dans le texte de loi, sauf que
vous trouvez des mots très voisins.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, si on se
réfère à la société elle-même, c'est
que pour
l'année qui vient il y a $1 million de prévu en
capital-action dans la Société de développement des
industries culturelles. Est-ce que je me trompe ou si c'est cela, au
budget?
M. O'Neill: Dix.
Mme Lavoie-Roux: $10 millions, mais pour l'année qui va
venir, c'est combien?
M. O'Neill: Je ne me souviens pas. $1 million?
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela veut dire que même si le
cinéma voulait tendre la main de ce côté, ce ne serait pas
très généreux.
M. O'Neill: C'est cela justement. Vous avez déjà $4
millions pour l'institut et si on était capable de mettre au point une
politique de visa, on pourrait aller en chercher plus.
Mme Lavoie-Roux: Une politique de quoi?
M. O'Neill: De visa. Ensuite, si on ajoute à cela la
possibilité de réajuster la politique dans le secteur les
mesures qui existent de la part du ministère du Revenu des
abattements fiscaux, on arriverait à des domaines beaucoup plus
importants.
D'ailleurs, je reviens toujours à ce sommet de l'industrie
culturelle. Vous vous souvenez qu'il y avait des gens aussi qui relevaient
d'autres secteurs, qui appartenaient au secteur du livre ou de l'artisanat et
qui voyaient d'un oeil inquiet l'arrivée du cinéma dans le
secteur parce qu'ils savent bien que le cinéma aurait été
capable théoriquement de bouffer à peu près tout ce qu'il
y avait là. Les montants sont très différents quand on est
dans le domaine de l'artisanat ou dans le domaine du cinéma.
Eux-mêmes pouvaient facilement penser qu'avec surtout un fonds aussi
minime au début le danger de laisser le cinéma, si vous voulez,
puiser à cette source déjà modeste aurait pu leur poser
des problèmes.
Il demeure que si on ne retenait pas la proposition de modifier le
statut de l'institut, il va falloir se reposer des questions sur le mandat qui
sera confié à ce moment-là à la
Société de développement de l'industrie culturelle. Mais
si on se pose des questions sur son mandat, il va falloir aussi se poser des
questions sur les sommes d'argent qu'il faudra lui confier par le fait
même.
Mme Lavoie-Roux: Le budget de l'Institut du cinéma n'a pas
augmenté depuis deux ans. Est-ce que je me trompe? En 1977/78, il y
avait eu $2 millions officiellement accordés au budget et je pense que,
par la suite, vous étiez allé chercher $2 millions; ce que vous
nous aviez expliqué. Mais depuis ce temps, c'est stable. Cela reste
à $4 millions?
M. O'Neill: Oui, cela reste à $4 millions cette
année.
Mme Lavoie-Roux: Bon. On avait discuté assez longuement,
lors des années antérieures, des limites de ce montant. J'imagine
que l'inflation doit jouer là-dedans comme dans d'autres domaines,
certainement pour une partie du matériel, des choses comme cela? Est-ce
que vous croyez que c'est suffisant à ce moment-ci? Je sais que vous
êtes désolé et à juste titre...
M. O'Neill: On aurait souhaité...
Mme Lavoie-Roux:... au moment de la semaine du cinéma du
Québec de l'état, un peu le marasme dans lequel se trouvait le
cinéma québécois et j'ai l'impression que le gouvernement,
simplement, laisse courir les choses et n'est pas décidé à
agir. Je comprends qu'il veuille se donner des bonnes lumières, agir
dans la bonne direction, je suis d'accord avec vous. Mais il ne semble pas y
avoir beaucoup d'autre volonté concrète de vouloir augmenter ce
qui est mis à la disposition du monde du cinéma. (17 heures)
M. O'Neill: Nous avons essayé d'obtenir plus que $4
millions et...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre du "Trésor" s'est fait tirer
les oreilles?
M. O'Neill: Oui, sauf qu'ici, je voudrais dire ceci à la
défense du ministre des Finances. Il faudrait peut-être comprendre
son attitude, je crois qu'elle est défendable même si cela peut
avoir déçu les gens du cinéma. D'ailleurs, il l'a
exprimée au moment du discours qu'il a fait au sommet culturel quand il
a dit: Dans le domaine des arts, à un moment donné, il faut
peut-être attendre faire une évaluation pour savoir
où on va que les gens fassent leurs preuves, etc.
C'est peut-être prudent, même si tout le monde est d'accord
avec l'idée de stimuler la cinématographie, quoique, encore une
fois, le problème d'argent n'est peut-être pas le seul ni le
premier problème. Vous avez cette statistique dans le document de
travail qui dit que quand on tient compte de toutes les sommes versées
pour l'encouragement du cinéma au Québec, on arrive à une
moyenne de $4 par tête. J'inclus dans cela l'ONF et l'ACDIF, ce qui est
la plus haute moyenne en Occident. Donc, il y a sûrement des
problèmes d'argent, mais il n'y a pas que cela. J'ai l'impression tout
simplement que ce que le ministre des Finances attend de nous, c'est que tout
à coup on puisse par des réussites, par des performances
intéressantes on ne peut pas juger cela à une
première année ou à une deuxième, mais
peut-être après une troisième en arriver à la
conclusion qu'il faut maintenant donner le grand coup. Ce sera à nous,
ce sera au monde du cinéma d'en faire la preuve.
Je vous signale, deuxièmement, que dans ces montants, il faut
parler aussi de retour de montants. Vous avez des prêts, dans cela. Vous
allez me dire, évidemment, que les films qui rapportent
beaucoup d'argent sont rares, mais ce n'est pas nécessairement
à fonds perdus. Il va falloir aussi, à partir de cette
année, faire le calcul des retombées qu'on doit attendre de la
production, de la distribution de certains films.
Mme Lavoie-Roux: Un problème sur lequel je voulais revenir
et que j'avais abordé au moment de l'étude des crédits en
1977/78 parce qu'on n'est pas revenu là-dessus l'an dernier,
j'avais également posé la question au premier ministre à
la suite de son retour d'un voyage officiel qu'il avait fait en France; ce doit
être l'an dernier puisque cette année c'est M. Barre qui est venu
est la question du doublage des films. Je pense que c'est un
problème dont tout le monde est très conscient. Je le vois ici
encore, dans le livre du ministre d'Etat au développement culturel: "Le
gouvernement du Québec aura soin de faire en sorte qu'une proportion
substantielle des films doublés qui passent sur nos écrans le
soient au Québec; le gouvernement intensifiera les négociations
à ce propos notamment avec la France." C'était un problème
qui devait être abordé au moment du voyage du premier ministre en
France. On se souviendra qu'à ce moment-là les Français
avaient fait une sorte de grève justement comme pression morale pour que
le problème ne soit pas discuté là-bas. Ce problème
du doublage des films, vous vous souvenez...
M. O'Neill: C'est-à-dire qu'il s'était fait servir
une grève là-bas même antérieurement à son
arrivée...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui...
M. O'Neill:... de façon à influencer le
gouvernement français, oui.
Mme Lavoie-Roux: ... et ils l'avaient certainement poursuivie
tout le long du séjour du premier ministre pour que justement on
évite d'en discuter. Le problème reste aigu et important pour les
gens du Québec. Où en êtes-vous dans ces
négociations? Si elles n'ont pu se poursuivre durant le séjour du
premier ministre, je peux comprendre les circonstances, mais cela fait
déjà plus d'un an. Où êtes-vous? Sommes-nous
toujours dans la même situation où, à moins que les films
ne soient doublés en France, un film ou même une traduction ne
peut être reproduite ailleurs, ni aux Etats-Unis, ni en France?
M. O'Neill: C'est cela, c'est-à-dire que nous pouvons
toujours doubler tout ce que nous voulons ici, mais...
Mme Lavoie-Roux: Mais les films ne peuvent pas...
M. O'Neill:... ils ne peuvent pas être
présentés en France...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. O'Neill: ... en vertu d'un règlement qui existe
là-bas. Il y a eu des négociations entre fonctionnaires, il y a
eu des négociations au niveau politique. J'ai participé, quant
à moi, à certaines d'entre elles aussi, spécialement lors
du séjour de M. Lecat, les deux séjours, c'est-à-dire un
qu'il a fait en juin 1978, au moment de la Saint-Jean, et l'autre qu'il a fait
en février, parce qu'il accompagnait M. Barre.
Je pourrais vous résumer ceci par une note qui décrit
ainsi le cheminement de ce dossier: les quatre étapes, à savoir
l'étape dite l'étape optimisme; la deuxième étape
piétinement; la troisième, durcissement et la quatrième,
cul-de-sac.
Mme Lavoie-Roux: Dans la quatrième?
M. O'Neill: Oui, oui c'est bien cela. On nous a dit des choses
aussi claires que celles-ci, par exemple dire à un moment donné:
Si vous êtes capables, vous autres, de trouver un moyen de
répondre à ce problème de votre côté en
utilisant les moyens de pression que vous avez, vous pouvez toujours vous en
servir. La position qui nous a été servie de l'autre
côté c'était souvent de nous dire: Nous, dans ce domaine,
avons à tenir compte de la puissance du monde syndical qui travaille
dans le cinéma et la télévision en France. Pour eux,
à ce moment, ils ne voyaient pas de solution possible. Ce qu'il y a
comme doublage, en fait, il y a une activité de doublage qui se fait au
Québec pour certaines séries télévisées,
mais le problème n'est pas celui-là. Le problème vient des
grands films américains qui passent par la France et qui nous reviennent
ici.
Mme Lavoie-Roux: Ceux présentés à
Radio-Québec, par exemple, sont-ils doublés par les
Français ou par les Québécois quand ils passent à
l'écran de Radio-Québec?
M. O'Neill: Je ne sais pas s'il y en a. Je sais qu'il y a des
séries qui sont doublées au Québec...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Pour ce qui est de Radio-Québec, on leur
posera la question combien y en a-t-il qui sont doublées au
Québec, là je ne pourrais pas me prononcer. Mais...
Mme Lavoie-Roux: Parce que...
M. O'Neill: ... il y en a sûrement qui sont doublées
en France. Dans certains cas, certaines séries sont doublées au
Québec. D'ailleurs on le reconnaît non seulement par l'indicatif
au moment du générique, mais on le reconnaît aussi par
certaines voix qui reviennent tout le temps. Mais dans l'ensemble c'est donc un
problème sur lequel la solution du côté de la
coopération ou de l'entente semble lointaine. Quand il y a eu
l'hypothèse, deuxièmement, du visa la question du visa qui
a été soulevée depuis notre travail cela avait,
entre autres, on y voyait entre autres une
possibilité de trouver une solution de ce côté au
sens où si vous avantagez considérablement le film qui est
doublé par certains avantages financiers et que c'est très lourd,
si vous voulez, et que cela devient plus coûteux d'avoir un visa quand
c'est un film qui est doublé à l'extérieur du
Québec, là, pour des motifs économiques, des entreprises
de distribution peuvent avoir intérêt à faire appel
à un doublage de film au Québec. Cela serait une façon
indirecte d'arriver au même effet. Mais là-dessus on n'a pas
encore tous les calculs qui montreraient que cela soit suffisamment efficace
justement pour obtenir ce résultat.
Mme Lavoie-Roux: Alors c'est une négociation qui, somme
toute, est dans un cul-de-sac et qui a échoué.
M. O'Neill: Quant à moi, ce que je crois, mon sentiment
dans le moment, si vous voulez, mon impression c'est qu'il va falloir recourir
à... comment dirais-je cela? Ne compter que sur nos propres moyens dans
ce domaine du cinéma. Autant la coopération
franco-québécoise va très bien dans des domaines comme
l'information scientifique et technique et autant elle semble aboutir
bientôt à des résultats intéressants dans le domaine
de la câblodistribution, autant dans ce domaine les choses semblent avoir
abouti à une impasse.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que...
M. O'Neill: Je ne mets pas en doute là-dessus la
volonté du gouvernement français, comme telle. C'est que, selon
ce qu'ils nous disent et je crois qu'il faut vraiment prendre leur parole
là-dessus, ils estiment qu'ils sont incapables d'obtenir de la
coopération nécessaire du côté des milieux
artistiques concernés, en France.
M. Forget: Combien représente le marché francophone
du film international, la partie québécoise de ce marché?
Est-ce que cela n'est pas de l'ordre d'entre 25% et 30% des recettes
tirées des versions françaises de films qui sont dans les
circuits internationaux?
M. O'Neill: Le marché du Québec à
l'intérieur du marché français?
M. Forget: Oui.
M. O'Neill: Le Québec est le premier marché
extérieur de la France en matière de cinématographie et la
France retire de ce marché approximativement $6 millions par
année.
M. Forget: Est-ce que cela n'est pas un pouvoir de marchandage
suffisamment important pour que le gouvernement et le ministre ne se
résignent pas tout simplement à plier la tête devant les
pouvoirs des centrales syndicales françaises dans ce milieu qui sont,
sans aucun doute, importantes mais qui ne pourraient pas manquer d'être
sensibilisées au fait que si ce marché était en question,
était en doute il faudrait bien faire des compromis quelque part.
M. O'Neill: II ne faudrait pas oublier autre chose; c'est qu'il y
a un autre problème concernant l'article 39. C'est un problème
qui est le nôtre et cela explique aussi pourquoi nous cherchons
actuellement, dans le cadre actuel, d'autres solutions. C'est que cet article
n'a pas été promulgué lors de l'adoption de la loi en
1975, et, à cause de la façon dont il est rédigé,
selon les vérifications que nous avons fait faire, il s'agirait d'un
article qui pourrait être considéré comme ultra vires. Il y
a une opinion...
M. Forget: Enfin...
M. O'Neill: ... des opinions qui nous ont été
transmises là-dessus, il n'y en a qu'une seule selon laquelle ce ne
serait pas cela. Remarquez évidemment que vous pourriez quand même
dire ceci: Bien, allez-y quand même et le temps...
M. Forget: Bien, c'est cela.
M. O'Neill: ... que cela prend avant que la Cour suprême se
prononce, vous avez le temps d'en arriver à des mesures efficaces.
M. Forget: Justement.
M. O'Neill: Vous seriez porté à nous conseiller
cette façon de procéder?
M. Forget: Bien, écoutez. Il va falloir négocier
cela d'une façon ou d'une autre. Utilisez les moyens que vous avez,
même s'ils ne sont pas à toute épreuve. Il reste que
simplement le fardeau judiciaire...
M. O'Neill: C'est cela.
M. Forget: ... pour les distributeurs français, les frais
de cours et autres, ce sont quand même des choses aussi qui vont les
faire réfléchir, et s'ils veulent se rendre jusqu'à la
Cour suprême, je suis sûr que le gouvernement du Québec a
les moyens de le faire sans trop grever son budget alors que, pour n'importe
qui d'autre, cela va représenter quand même un problème
sérieux qui va peut-être les amener à
réfléchir. C'est quand même incroyable qu'on soit en somme
perdant des deux côtés parce que les mêmes distributeurs de
films américains ont aussi, du côté anglophone au
Québec, une partie du marché; ils ont donc intérêt
à s'entendre et à faire doubler leurs films ici plutôt
qu'en France puisqu'ils n'ont pas seulement le marché de la traduction
ou du doublage français, mais ils ont aussi une partie de leur
marché en langue originale. Il me semble qu'on a, de part et d'autre,
les moyens de persuader les gens de réviser leurs positions et il
faudrait que l'on sente, du côté des interlocuteurs du
gouvernement du Québec, une assez grande volonté de mettre fin
à
une situation qui n'est vraiment pas acceptable si le Québec
représente une part importante du marché francophone des films
non seulement français mais des films disons à distribution
internationale. Il serait temps qu'il s'y affirme; autrement, on sera
porté à douter de la capacité du gouvernement actuel du
Québec de négocier une association quelconque avec qui que ce
soit puisque c'est un très beau cas de négociation d'égal
à égal. N'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Forget: II semble que, du côté du gouvernement
actuel, quand on vient dans une situation comme celle-là, on se
résigne à une objection qui vient d'un milieu syndical dans un
pays étranger. Imaginez que ce n'est pas rassurant pour l'avenir si
l'avenir devait se dessiner comme vous le souhaitez.
M. O'Neill: Sauf que si on pouvait trouver d'autres moyens
d'arriver exactement à nos fins...
M. Forget: Oui mais vous n'utiliserez jamais...
Mme Lavoie-Roux: Cela faisait dix ans que vous attendiez. Cela
fait trois ans maintenant.
M. Forget: Je pense bien que même un pays
indépendant n'utilisera jamais les canonnières sur la
scène pour avoir le doublage. Même un Etat indépendant
devrait utiliser des moyens, dans le fond, du bord et je pense que vous les
avez presque tous entre les mains déjà.
M. O'Neill: Dans le mémoire qui suivra, qui sera
consécutif à la période des consultations, il serait
normal que vous trouviez à ce moment-là à proposer des
moyens pour faire face à cette situation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent, si vous permettez, nous ne respectons pas le principe de
l'alternance et je me rends compte que M. le député de
Gaspé en souffre; du moins cela semble paraître dans son
visage.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais juste dire ceci,
que ce problème de doublage est beaucoup plus vaste qu'on serait
porté à le croire, parce que nous avons appris que les Anglais
ont des problèmes de doublage également quand il s'agit de
présenter des films aux Etats-Unis. Ils doivent les faire doubler en
américain, sinon, ils ont de la misère au niveau de la
distribution.
Le Président (M. Dussault): Je vois, M. le ministre, que
vous vous adressez au président, comme il est prévu au
règlement, sauf que je pense que votre message ne s'est pas rendu.
M. Le Moignan: Oui, M. le Président, je m'adresse...
Le Président (M. Dussault): Pour vous, M. le
député de Gaspé, je constate... (17 h 15)
Je voudrais quand même, avant de vous laisser la parole, M. le
député de Gaspé, faire remarquer à la commission
que selon l'entente établie entre les parties au niveau du partage du
temps, à 18 heures, au moment où nous mettrons fin aux travaux de
la commission, nous aurons atteint le nombre d'heures de travail suivant:
c'est-à-dire onze heures et six minutes. Il est présentement 17 h
15. M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je crois qu'un vote sera
appelé vers 17 h 45.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison.
M. Le Moignan: Mon impatience va être
atténuée un peu parce que le député de L'Acadie ne
m'a rien dérobé, mais elle a touché à des points
que je voulais moi-même aborder. Pour ne pas faire de doublure ou de
doublage, je ne reprendrai pas les mêmes thèmes, les mêmes
questions. J'aurais d'autres petits points à toucher
brièvement.
Au sujet de la loi du cinéma, au sujet... Je vois que ce n'est
pas seulement un jeu de sémantique quand le ministre nous ait dit ce
matin qu'il voulait changer pour une politique du cinéma
québécois. D'après ce que je viens d'entendre, je pense
que vous sentez le besoin d'un raffermissement, d'un redressement, pour donner
au Québec un véritable cinéma québécois.
Maintenant, je remarque qu'il y a des audiences publiques vendredi.
Quels sont les groupes qui seront convoqués à ce
moment-là? Est-ce que ce sont les cinéastes, les producteurs, le
monde du cinéma?
M. O'Neill: C'est le représentant des régions ici
à Québec.
M. Le Moignan: C'est une audience publique en même
temps?
M. O'Neill: Oui, c'est public en même temps. M. Le
Moignan: C'est public.
M. O'Neill: Ah oui, vous êtes invité.
M. Le Moignan: Merci. Il y a un point qui m'intéresse
beaucoup: la cinémathèque provinciale qui a des films de toutes
catégories et beaucoup de films intéressants sur le
Québec. Est-ce qu'à la grandeur du Québec, soit dans les
écoles, soit dans les salles, soit dans les groupes je sais qu'il
y a des statistiques que j'ai vues au début de votre programme la
cinémathèque joue le rôle qu'elle devrait jouer? Cela peut
représenter quel pourcentage concernant la quantité de films
québécois que vous avez en main?
M. O'Neill: Je ne sais pas si j'ai des chiffres. Un instant! Vous
voulez avoir des chiffres sur les acquisitions ou les
fréquentations?
M. Le Moignan: J'ai vu au début que vous aviez des
chiffres sur les acquisitions nouvelles, mais c'est plutôt sur
l'utilisation que le public fait de la cinémathèque.
M. O'Neill: Le seul élément d'information qu'on a
ici, sujet à obtenir d'autres renseignements, c'est que depuis leur
naissance, les cinémathèques de Québec et de
Montréal ont effectué 49 274 prêts gratuits de leurs
documents audiovisuels. C'est depuis leur origine jusqu'à maintenant.
Pour l'année 1978/79, il faudrait aller les chercher si vous voulez
avoir les renseignements.
M. Le Moignan: Ce serait peut-être intéressant de
savoir si réellement la cinémathèque joue le rôle
qu'elle devrait jouer. Il y a des films très intéressants qui
concernent le Québec. En même temps, vous savez que l'Office
national du film a également de très beaux films qui concernent
le Québec. Comme la pratique est courante du côté des
archives nationales, soit du Québec ou d'Ottawa, est-ce que le
Québec a l'ambition de rapatrier c'est peut-être un grand
mot ou de se procurer une copie de tout ce qui existe à l'Office
national du film ou bien est-ce que c'est quelque chose qui est en voie
d'acheminement? Avez-vous songé à des choses comme ça?
M. O'Neill: Oui et pas simplement rapatrier cela, mais aussi il y
a le problème je l'ai mentionné hier de la question
de l'attribution des fonds. Vous pouvez joindre à ça le
problème qui est posé par l'ACDIF. Comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, aller dire comme ça: On va privilégier une
cinématographie québécoise et, en même temps, si
l'argent ne suit pas, ou qu'ailleurs on prend des décisions en sens
contraire, ça pose un problème. Il y a des contraintes politiques
dans ça parce que l'ACDIF ne nous appartient pas. C'est sûr que
dans le domaine culturel d'ailleurs c'est une étude
générale du gouvernement, vous avez des choses dans le livre
blanc sur ce point-là il serait normal que ces outils de
développement culturel soient entre nos mains. C'est cela qui serait
normal, comme ce serait normal dans le domaine de la radio et de la
télévision.
M. Le Moignan: Je pense que ce serait moins dispendieux s'il y
avait un système d'échanges, par exemple, soit un très
beau film; on a 100 films qui intéressent le Canada et il y a
également des films des autres provinces qui peuvent intéresser
le Québec. Je crois que le Québec a intérêt à
monter sa bibliothèque, sa filmathèque.
M. O'Neill: II y a souvent des arrangements pratiques qui se
font, par exemple, même la DGCA. Il est arrivé qu'il y a des films
même qui ont été prêtés lorsqu'il y avait des
expositions, des présentations de films à l'extérieur
comme aux
Etats-Unis et qui n'étaient pas organisées par le
Québec, qui étaient organisées par Ottawa et nous avons
collaboré à ces présentations, dans le cas de documents
qui étaient en notre possession.
M. Le Moignan: Je vois que vous avez fait l'acquisition de la
collection de Maurice Proulx. Est-ce que vous avez la collection
complète ou est-ce qu'il vous manque des films? Vous ne le savez
pas?
M. O'Neill: Je pense qu'on a tout. C'est bien la collection qu'il
nous a donnée enfin, qu'il nous a vendue à un prix... Je
pense que c'est la collection complète qu'il a donnée.
M. Le Moignan: J'en connais trois ou quatre que vous n'avez
peut-être pas. Ils ont été tournés à
l'occasion des congrès de vocation. Ce n'est pas l'aspect vocation qui
est dans les films; c'est l'aspect pittoresque des processions de bateaux, des
paysages. Maintenant, les films ne sont pas synchronisés. On a des
cassettes à côté qu'il faut essayer de...
M. O'Neill: Vous êtes sûr qu'on n'en a pas... Il
faudrait faire refaire une copie.
M. Le Moignan: Je ne suis pas certain. Si vous l'avez tant mieux,
si vous ne l'avez pas, je vous préviens parce qu'au point de vue
paysages, au point de vue beauté de la nature...
M. O'Neill: Nous vérifierons mais je crois que c'est
complet.
M. Le Moignan: Si c'est complet, tant mieux pour vous parce que
cela vaut la peine de posséder cela dans votre collection.
Pour développer le film québécois, quels sont les
moyens que vous entrevoyez à court et à moyen termes pour essayer
de placer l'accent... parce qu'actuellement, est-ce qu'il s'en produit
tellement des films québécois?
M. O'Neill: Pendant qu'on va chercher les statistiques sur le
nombre de films produits, je vous donne juste un chiffre par exemple, je sais
qu'il s'en vient, cette année, je crois, un total de 24 longs
métrages simplement de films qui ont été produits
grâce à une aide financière de l'institut. Je vais vous
donner les chiffres de 1977/78. Pour 1977/78, j'arrive à un total de 24
dans le cas des longs métrages de fiction, 10 longs métrages
documentaires, 10 moyens métrages à fiction, un peu plus de 25
moyens métrages documentaires. Il faut distinguer. Je ne vous donne pas
les chiffres sur la production totale qui se fait au Québec,
c'est-à-dire que je n'inclus donc pas les gens qui, de leur propre
initiative et par leurs propres moyens, ont produit soit des longs
métrages, des courts métrages, des documentaires ou des films de
fiction. Ce que je vous donne, ce sont simplement les films qui ont
été produits grâce à la collaboration et à
l'appui de l'institut.
Je pense que ce que vous voulez avoir serait le chiffre total. Je me
demande si vous n'avez pas déjà cela dans le document de
travail.
M. Le Moignan: Non, pas nécessairement le chiffre total.
Je voudrais savoir aussi s'il y aurait une certaine planification du
côté de l'institut pour commander des films qui traiteraient de
divers aspects de la vie québécoise, que ce soit du domaine de
l'histoire, du domaine géographique, du domaine du folklore; est-ce
qu'il y a des études qui se font en ce sens?
M. O'Neill: Ce n'est pas comme cela qu'agit l'institut.
M. Le Moignan: L'institut ou la politique du ministère des
Communications voulant doter le Québec de quelque chose qui va donner
une image du Québec avec les années.
M. O'Neill: Je vais vous donner un exemple. Dans le cas de la
Direction générale du cinéma, de l'audio-visuel,
actuellement, ce qu'on devrait commencer à réaliser cette
année d'ailleurs, je crois que vous avez une prévision
budgétaire pour cela c'est ce qu'on appelle les productions
panministérielles. Il s'agit de films dont le projet est proposé
par un ministère et qui peuvent, à un moment donné, avoir
justement comme but de présenter ce que vous appelez cette image du
Québec dans tel ou tel secteur déterminé. Cela va
être en fonction évidemment des ressources dont nous allons
disposer, compte tenu du coût de chacun des projets. Du côté
de la DGCA, c'est ce que vous trouvez. Du côté de l'institut,
c'est la contribution financière partielle à la production de
films où des gens de leur côté également
investissent.
Il faudrait ajouter à cela aussi les commandes qui sont faites
d'abord dans tous les secteurs de la télévision, il ne faudrait
pas oublier cela, et les commandes qui sont faites de films, de métrages
du côté de Radio-Canada, pour autant que vous pouvez
considérer quand même Radio-Canada comme une institution
québécoise, au moins dans sa partie francophone, et dans le cas
de Radio-Québec, là-dessus, j'aimerais que vous posiez la
question quand ses délégués seront présents.
Alors, il faut ajouter à tout cela les maisons privées,
toutes les entreprises privées de production de films, et
évidemment tout ce qui est produit d'autres part à cause des
contributions de l'ACDIF.
M. Le Moignan: C'est parce que je pensais aux CEGEP, aux
universités, qui sont déjà équipés et qui
pourraient contribuer avec votre ministère, à ce moment,
pour...
M. O'Neill: II ne faudrait pas, encore une fois, tout en
étant bien conscient de l'importance de la contribution
financière, je ne suis pas sûr d'ailleurs, encore une fois, suite
aux consultations, suite aux études qui ont été faites,
réduire ce problème du cinéma québécois
simplement à un problème financier. C'est-à-dire qu'il y a
autre chose. Prenez par exemple le problème de la distribution que je
vous donnais, quand vous êtes obligé de faire une semaine du
cinéma québécois, c'est qu'il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas quelque part.
M. Le Moignan: Puis là, on fait une semaine du livre, une
semaine de n'importe quoi.
M. O'Neill: C'est parce que, normalement, vous devriez avoir
accès au cinéma québécois, par exemple, que
quelqu'un qui est en Gaspésie puisse y avoir accès aussi et qu'on
ne soit pas obligé ailleurs d'organiser cette même semaine du
cinéma, comme on l'a fait à Rimouski pour que les gens de la
région puissent avoir accès à ces films. Il n'y a pas
simplement le problème de l'investissement, et même des gens nous
ont dit au moment de la consultation qu'à leur avis, le problème
premier est un problème de distribution et d'accessibilité, tant
dans les réseaux commerciaux que dans les réseaux
institutionnels. Prenons le réseau institutionnel par exemple, le cas de
CEGEP où vous avez ce qu'on appelle des ciné-clubs et qui, dans
certains cas, ne présentent que très rarement des films
québécois. C'est un problème que nous avons l'intention
d'aborder avec le ministère de l'Education et ces institutions.
M. Le Moignan: C'est dans ce sens... M. O'Neill: Non,
c'est cela.
M. Le Moignan: Ma première question allait un peu dans ce
sens.
M. O'Neill: C'est cela, vous le voyez bien, c'est le
problème de l'accessibilité de la distribution, qui est
extrêmement important.
M. Le Moignan: Pour le faire pénétrer, le faire
connaître, le faire aimer.
M. O'Neill: Oui, et donner... habituer à une certaine
facture du film québécois, parce qu'il y a des habitudes qui se
prennent dans le domaine du cinéma, c'est bien reconnu.
M. Le Moignan: Si on produit le film et qu'il demeure sur les
tablettes, ce n'est pas utile, c'est de trouver les moyens de le faire
passer.
M. O'Neill: Oui, et je suis de plus en plus convaincu,
après voir entendu et rencontré beaucoup de gens en consultation,
que c'est loin de se ramener, de se réduire d'abord à un
problème financier.
M. Le Moignan: J'ai terminé, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela va finir par arriver un jour, je me le fais
dire trop souvent.
M. Le Moignan: Ils vont changer le monde de votre
comté.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Il va falloir attendre de mourir
pour cela. Vous parliez, M. le ministre, des difficultés de la
distribution. C'est un problème que vous avez abordé lors de la
semaine du cinéma. Il y a des suggestions que M. Brûlé, qui
est à votre ministère, je pense, M. Michel
Brûlé...
M. O'Neill: II est directeur général de la
Direction générale du cinéma de l'audio-visuel.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. O'Neill: Malheureusement, il n'est pas ici aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les solutions que vous envisagez?
Je sais que M. Brûlé a parlé de quelques-unes. Il y en a
d'ailleurs dans le livre bleu, je l'ai regardé à ce moment, mais,
concrètement, est-ce que ce problème demeure entier? (17 h
30)
M. O'Neill: Alors, je vais vous donner deux cas, deux exemples,
deux choses que nous sommes en train d'étudier. L'une, c'est, par
exemple, la question de l'introduction dans la programmation des courts
métrages québécois.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Cela en est une. L'autre, si elle est applicable,
c'est une politique de visa qui encourage financièrement les
distributeurs et les exploitants lorsqu'il s'agit de films
québécois, de films produits au Québec ou des films
doublés au Québec. C'est le genre de mesures qu'actuellement nous
sommes en train d'étudier après avoir fait notre cueillette.
L'objection qui nous a été servie je pense que
c'est bon de souligner cela quand nous avons rencontré, par
exemple, l'Association canadienne des distributeurs, c'est qu'on nous a
affirmé et qu'on nous a dit: Tout ce que nous faisons, nous
répondons à la demande. Mais quand nous écoutons la
version, entre autres, des cinéastes, nous pensons qu'il y a lieu de
regarder cela de beaucoup plus près. Prenez les cas, par exemple,
où, à un moment donné, vous avez des exploitants qui vont
demander un film. A ce moment-là, il leur est accordé à la
condition qu'ils en prennent dix autres qui leur sont imposés.
L'exploitant est supposé, à ce moment-là, les rentrer dans
ses frais ou faire de l'argent avec cet ensemble-là. Alors, ce n'est pas
une réponse à une demande, à ce moment-là. C'est
quand même une demande qui est guidée. Vous avez probablement
vous-même pu vérifier ce qui se passe dans certains endroits
où vous aviez les auditoires captifs, c'est-à-dire une seule
salle de cinéma dans des petites villes en province, et vous avez tout
au cours de l'année une série de films.
Quand on voit la liste, on est un peu étonné que ce soit
vraiment quelque chose qui ait été choisi en fonction d'une
présumée demande ou attente d'une population. Cela nous
apparaît beaucoup plus comme un système de marketing qui fait
qu'on impose aux gens, à un moment donné, une certaine
catégorie de films parce que les gens n'ont pas le choix de toute
manière et parce que l'exploitant iui-même, dans bien des cas, n'a
pas le choix. Ayant voulu se procurer tel ou tel film, il a dû...
M. Forget: C'est un plaidoyer, ce n'est pas un exposé face
à la situation.
M. O'Neill: ... louer les autres. Il nous a été
même confirmé que ce même système avait
été appliqué même dans le cas des réseaux
qu'on appelle institutionnels, c'est-à-dire où vous avez, par
exemple, des groupes étudiants qui ont voulu avoir un film. Ils ont dit:
Oui, mais on va vous en passer d'autres; voici la liste qui suivra à
l'avenir. Dans certains cas, c'est même un peu une question de paresse,
c'est-à-dire qu'il apparaissait beaucoup plus simple à des gens
de se faire donner le programme complet pour des mois à venir par le
distributeur. Tout simplement, eux ' autres s'en tiraient avec cela, soit
présenter ces films aux gens et, dans certains cas, c'étaient des
gens qui avaient à choisir soit entre ne pas aller au cinéma,
soit voir ce film-là qu'on leur présentait. Nous pensons que les
arguments qui nous ont été présentés par les
distributeurs sont beaucoup moins je dirais étanches ou
beaucoup moins forts que cela peut donner l'impression à prime abord. A
prime abord, on pourrait penser qu'une personne, encore une fois, qui veut
faire de l'argent dans le domaine du cinéma, a intérêt
à présenter ce qui devrait normalement attirer le plus le public,
mais il arrive aussi qu'on habitue un public à un moment donné ou
qu'un public se résigne à certaines séries de films,
à certains genres de films tout simplement parce que c'est la seule
chose qu'il a devant lui. Vous avez des gens qui vont au cinéma par
habitude...
Mme Lavoie-Roux: Mais concrètement...
M. O'Neill: ... par tradition et d'autres par choix.
Mme Lavoie-Roux: ... est-ce que vous avez l'intention, par
exemple, d'obliger qu'il y ait, comme partie du programme, un court
métrage québécois? Quelles sont les solutions?
M. O'Neill: C'est une solution que nous étudions et nous
allons peut-être retenir celle-là comme une...
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Forget: Et quoi d'autre? M.
O'Neill: Pardon?
M. Forget: Quoi d'autre?
M. O'Neill: Pourquoi d'autres?
M. Forget: Quoi d'autre en plus de celle-là?
M. O'Neill: L'autre, c'est celle que je vous mentionnais tout
à l'heure. C'est que nous essayons de voir si, par des incitations, des
encouragements financiers, on ne pourrait pas, à un moment donné,
favoriser une meilleure distribution de films québécois. C'est
cela qui a inspiré la proposition d'une politique de visa.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Forget: Sur l'ancien mode de distribution.
M. O'Neill: Mais avant d'aller proposer, il faut quand même
vérifier pour savoir jusqu'à quel point elle est applicable,
jusqu'à quel point elle va produire les effets prévus.
Je vais vous donner simplement un cas particulier: Quelle est la limite
que vous pouvez vous permettre dans le cas d'une politique de visa et qui
n'affecte pas le coût des billets? C'est quand même très
important. C'est devenu quand même assez coûteux d'aller au
cinéma. Vous multipliez le coût d'un billet par deux et vous
multipliez les dépenses qui s'ajoutent à ça, par exemple,
pour un couple qui fait garder ses enfants, etc., ça peut devenir une
soirée assez coûteuse. Alors, on ne peut pas jouer
indéfiniment là-dessus non plus. On peut en arriver à
avoir exactement l'effet contraire à ce que l'on cherche. Cela fait
partie des mesures que nous avons retenues pour étude.
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours à l'étude?
M. O'Neill: Oui. M. le Président, pourquoi est-ce à
l'état d'étude? Parce que nous nous sommes donné comme
norme de travail, celle-ci: nous pensons qu'il vaut mieux se donner quelques
mois de plus pour arriver à quelque chose d'efficace que d'aller trop
vite et peut-être connaître l'aventure que nos
prédécesseurs ont connue, c'est-à-dire une loi du
cinéma où 40 articles n'ont pas été
promulgués parce que non applicables ou dangereux.
Je pense qu'après tout ce qui s'est passé, après
les déceptions qui ont été vécues et, encore une
fois, je ne mets pas en doute les bonnes intentions de ceux qui ont
tenté le coup avant nous, parce que je pense que c'est un secteur
extrêmement difficile et pour ceux qui ont connu l'atmosphère qui
régnait à ce moment-là, les tensions du milieu au moment
où la loi a été adoptée, je crois que leur bon
vouloir était excellent, très bon; ils voulaient vraiment en
arriver à répondre aux attentes du milieu des cinéastes,
des producteurs et faire quelque chose d'efficace.
On découvre après coup que ce n'est pas ce qui s'est
produit en partie, sauf, par exemple, pour le cas de l'institut qui, quand
même, au moment de sa création, était très
critiqué et ensuite les gens se sont mis à dire que
c'était bon.
Je préfère, à ce point de vue là, en arriver
au point où nous aurons vraiment l'assurance que ce qui sera
présenté comme mesure, soit quelque chose qui va atteindre son
but et je préfère que nous nous donnions quand même le
temps qu'il faut, sans nous donner un temps indéfini. Je crois que si
l'échéancier se réalisait, qui nous permettrait d'arriver
à quelque chose de très clair, de précis et d'efficace en
même temps pour l'automne, je pense que vraiment, ce ne serait pas un
excès de temps. Le dossier en vaut la peine.
Mme Lavoie-Roux: Si ça marchait à l'automne, alors
on ne peut que faire des souhaits à ce moment-ci au ministre.
M. O'Neill: Oui, je suis content que vous fassiez des souhaits
là-dessus et j'en fais aussi. Ce que je veux dire, encore une fois,
c'est que lorsqu'on arrivera avec la présentation d'un projet, nous le
ferons avec la conviction que c'est quelque chose qui marche vraiment.
Mme Lavoie-Roux: Sans vouloir être méchante, M. le
Président-Une Voix: Vous avez du temps pour disserter.
Mme Lavoie-Roux:... c'est la troisième année qu'on
étudie les crédits, l'an prochain ce sera la quatrième et
ensuite, ce sera la fin de votre mandat. Je voulais simplement vous rappeler
ça.
M. O'Neill: D'accord.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais, avec votre
permission et celle du ministre, revenir très brièvement sur deux
aspects. Je pense qu'on aura terminé le programme 8 mais je me suis
rendu compte, en consultant mes notes parce qu'on fait ça souvent
que j'ai oublié deux questions.
Une Voix: Sur le programme 8.
M. Forget: Non, pas sur le programme 8, sur les programmes
antérieurs. Sur le programme 8 nous avons terminé.
Le Président (M. Dussault): Bon, alors je vais...
M. Beauséjour: M. le Président, est-ce que je
pourrais revenir sur le programme 8, j'aurais juste une question.
Le Président (M. Oussault): Oui.
M. Beauséjour: Je voudrais savoir du ministre on
voit à la page 50, il est question du Bureau de surveillance du
cinéma du Québec et dans leur mandat il est question que le
bureau doive examiner tous les films et voir à ce qu'ils ne portent pas
atteinte à l'ordre public et aux bonnes moeurs jusqu'où le
bureau peut-il aller dans les critères de permissibilité en
regard des films pornos?
M. O'Neill: Voulez-vous dire actuellement ou dans une autre
étape? Jusqu'où ils vont ou jusqu'où ils voudraient
aller?
M. Beauséjour: Ce serait peut-être bon de savoir les
deux, M. le ministre.
M. O'Neill: Dans le moment, formellement et légalement, on
ne présente pas au Québec de films dits pornograhiques au sens
où le Bureau de surveillance interprète la loi,
c'est-à-dire... Non, je dis bien au sens où le Bureau de
surveillance interprète la loi.
M. Forget: Formidable! Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre?
D'accord.
M. O'Neill: Je vous dirai, après cela, ce que je pense. Je
vous le dis bien formellement. J'ai la nette impression, moins à la
suite d'une expérience directe qu'à la suite de ce que les gens
d'expérience nous disent, à la suite de ce que des clients
d'expérience nous disent, qu'il s'en présente. Strictement, selon
les critères qu'ils appliquent, ils ne présentent pas de films
pornographiques, ce qui explique une proposition qui a été faite
par le bureau de surveillance à savoir qu'on devrait ajouter, permettre
une catégorie additionnelle de salles qu'ils appellent salles X pour des
films X.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire des salles pornographiques?
M. O'Neill: Cela s'appelle des salles X pour des films X, dans
leur langage. Le problème a été soulevé dans le
mémoire du Conseil du statut de la femme où on a signalé
qu'on devrait défendre au Québec la publicité au sujet des
films pornographiques. A ce point de vue, une réponse leur a
été donnée leur disant qu'il n'y avait pas lieu de
défendre cette publicité qui n'existait pas puisqu'il n'y avait
pas de films pornographiques au Québec.
Dans le langage des experts je vous donne les choses telles qu'on
les dit dans ce domaine, on appelle cela de l'érotisme explicite.
On voudrait, dans la proposition...
Mme Lavoie-Roux: Vous voyez comme il y a une façon de tout
sanctifier, M. le curé?
M. O'Neill: C'est bien dit, n'est-ce pas? Il y a des formules
comme celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Vous souvenez-vous de l'université
Laval?
M. O'Neill: C'est un peu comme les modifications qu'on veut
proposer dans le Code criminel au fédéral où le viol
deviendrait non pas une atteinte, mais... Cela ne s'appellerait plus ce que
c'est.
Une proposition a été faite là-dessus. Il n'y a pas
de proposition là-dessus dans le document de travail, mais il y en a une
qui a été faite par le bureau de surveillance. Lors des
consultations, l'Office des communications sociales nous a souligné
qu'à leur point de vue, ce qu'on appellerait la zone de
permissivité dans ce domaine était suffisamment large; il
estimait qu'on devait s'en tenir à cela et c'est également mon
sentiment. Je n'ai pas l'intention de retenir cette proposition du bureau de
surveillance. On doit donc s'en tenir actuellement au statu quo. Si vraiment
des gens ne sont pas satisfaits, s'ils estiment que pour leur goût
artistique ils doivent avoir plus que cela, il est toujours possible...
Une Voix: Ils voyageront.
M. O'Neill: ... de voyager, d'aller ailleurs.
M. Forget: Ils feront un script.
M- O'Neill: De toute façon, dans nos projets
développement d'une société que nous voulons à la
fois vivante, dynamique et saine, ce sont surtout d'autres secteurs que
celui-là qu'il faut explorer. Je crois qu'il y a d'autres domaines
où la créativité peut se faire sentir.
M. Forget: A moins que ce soit une façon d'attirer les
touristes étrangers au lieu du casino!
M. O'Neill: Pour ma part, je crois qu'il faut retenir ici le
point de vue de l'Office de communications sociales et retenir aussi la
recommandation du Conseil du statut de la femme qui demande qu'on regarde
d'assez près ce problème au moins concernant la question de la
publicité.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le programme 8 est
adopté?
M. Forget: Adopté, avec la réserve que j'aimerais,
même si on a terminé jusqu'au programme 8, ouvrir très
brièvement la porte sur deux aspects, des questions brèves...
Le Président (M. Dussault): Sur des programmes
déjà adoptés?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que j'ai le
consentement de la commission?
M. Forget: II s'agit, dans le programme 7...
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, est-ce que j'ai
le consentement de la commission?
M. O'Neill: Oui, oui.
Le Président (M. Dussault): Oui. Vous pouvez le faire, M.
le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Dans le programme 7, il y a une mention, au milieu de
la page 46, que j'avais notée en marge et qui m'a échappé
quand on a étudié ce programme. Il s'agit de l'assistance
technique ou
financière à l'Association des consommateurs du Canada,
section Québec...
M. O'Neill: Section Québec.
M. Forget:... pour la présentation et la
préparation surtout de mémoires lors des audiences du CRTC qui
examine les demandes d'augmentation ou de modification de tarif de la compagnie
Bell Canada et qui, selon les informations que j'ai eues, a
bénéficié l'année passée, pour la
première fois, d'une assistance technique plutôt que d'une
assistance financière. Je ne sais pas si mon information est absolument
exacte, mais il semblerait que le ministère des Communications ait mis
fin aux subventions qui permettaient à cet organisme de préparer
un mémoire. On lui aurait offert des conseillers plutôt que de lui
offrir des sommes d'argent. Est-ce exact? (17 h 45)
M. O'Neill: Dans le cas de la requête de Bell Canada devant
le CRTC, ils ont eu une expertise technique et ils ont également eu une
subvention.
M. Forget: Est-ce qu'elle était du même montant que
dans les années antérieures, cette subvention?
M. O'Neill: C'était la première année que
nous donnions une subvention...
M. Forget: Comme telle.
M. O'Neill: ... à l'Association canadienne des
consommateurs, section Québec et je peux vous dire le montant de la
subvention: $2500.
M. Forget: $2500.
M. O'Neill: Elle a eu droit aussi à une expertise
technique $2000 pardon de la part d'économistes ou
d'ingénieurs du ministère sur l'interprétation de
données comptables ou de données techniques qui étaient
fournies dans les mémoires des intervenants auprès du CRTC.
M. Forget: Est-ce qu'il y avait d'autres groupes, je ne sais pas,
l'ACEF ou d'autres groupes de consommateurs qui reçoivent l'appui du
ministère pour la présentation de mémoires aux audiences
du CRTC dans ces cas?
Il me semble qu'il s'est produit quelque chose. Je ne sais pas si c'est
l'interruption par le ministère fédéral des consommateurs.
Il y a eu, sur le plan des organismes de consommateurs, soit de la part du
gouvernement du Québec vous me dites que vous avez donné
des fonds pour la première fois alors c'est peut-être du
côté du gouvernement fédéral, interruption de
subventions, ce qui a causé pour ces organismes des difficultés
sérieuses et une perte d'efficacité dans ce domaine
précis. Une perte d'efficacité, dans le fond, dans la
présentation de mémoires qui sont inévitablement des
mémoires techniques pour lesquels une expertise considérable est
nécessaire et il se peut c'est pour cela que je vous dis que mon
information n'est peut-être pas complètement à point, je
n'ai pas eu le temps de faire la recherche sur ce point précis
qu'une interruption de subventions fédérales soit en cause. Si
c'était le cas, il serait important, pour les consommateurs du
Québec, qu'au moins le gouvernement du Québec prenne la
relève, parce qu'autrement, il n'y a plus personne, sauf la compagnie
Bell Téléphone, qui représente le consommateur devant le
CRTC. Bien sûr, il y a le gouvernement du Québec qui peut
présenter lui-même des mémoires, mais il n'a pas
nécessairement la même perspective que ces groupes qui tiennent
à avoir leur propre voix devant le CRTC et qui devraient l'avoir, je
pense. C'est important.
M. O'Neill: En fait, ce sont trois organismes qui ont fait appel
à nous. C'est ça?...
Ecoutez, je dis cela de mémoire, c'est parce que ce
problème avait été abordé à
l'Assemblée nationale, me semble-t-il...
M. Forget: J'ai posé la question, me semble-t-il.
M. O'Neill: II me semble que nous avions mentionné le nom
de trois organismes, à ce moment, dont l'Association des consommateurs
canadiens, section Québec. Il me semble qu'il y en avait deux autres.
Ici, sur un document que j'ai en main, on mentionne une autre subvention, mais
celle-là c'est au comité téléphonique du haut du
comté de Rivière-du-Loup. Cela devait être dans le cas des
demandes de hausses tarifaires de Québec Téléphone, cela
n'est pas pour Bell Canada.
M. Forget: Mais dans le cas des plus petites compagnies de
téléphone, les demandes d'augmentation tarifaire sont plus
faciles à analyser. Dans le cas de Bell Canada, il s'agit
évidemment d'un travail monumental et je dirais même que
peut-être une subvention en bas de $15 000 ou $20 000 pour
préparer un mémoire vraiment sérieux n'est pas vraiment
satisfaisant, parce que dans le fond, cela ne permet que de faire une
étude extrêmement amateur. Cela ne fait pas le poids devant un
tribunal administratif comme le CRTC et je vois que vous n'avez peut-être
pas et je ne vous en fais pas le reproche...
M. O'Neill: Mais je vous dis cela de mémoire, parce que
vous vous rappelez, nous avions abordé cela à l'Assemblée
nationale...
M. Forget: Oui, oui.
M. O'Neill:... et il me semble qu'à ce moment, on en avait
mentionné trois.
M. Forget: C'était un petit peu en suspens, me
semble-t-il, parce que cela n'était pas entièrement
finalisé au moment où j'ai posé la question. Je pense que
l'Association des consommateurs du Canada, section Québec, avait
à l'esprit une sub-
vention même assez importante de l'ordre de $50 000 pour lui
permettre vraiment de faire un travail sérieux et qu'elle a
été finalement frustrée dans ses espoirs; encore une fois,
il y avait un problème d'absence de continuité. C'est bien
d'accord qu'elle ait eu $2000, mais si elle a vraiment besoin de quelque chose
comme $50 000, $2000, ce n'est pas une solution.
M. O'Neill: C'est une consolation mais ce n'est pas une
solution.
M. Forget: Oui, tout au plus.
M. O'Neill: Donc, sur la liste, j'ai: Subvention de $2000
à l'Institut de promotion des intérêts du consommateur et
l'autre, $4350 à l'Association des consommateurs du Canada, section
Québec, Inc. Mais le souvenir que j'ai, quand nous avons abordé
cette question, il me semble qu'il y en avait une troisième mais le nom
n'est pas inscrit ici sur la liste.
M. Forget: La deuxième question que j'ai est relative
à la composition du personnel et au niveau de rémunération
des membres du cabinet du ministre. Pour ce qui est de la composition, il y a
deux choses qui sont frappantes, c'est le nombre élevé de membres
du cabinet: 5. C'est beaucoup de monde dans un cabinet de ministre; c'est un
ministère qui est, somme toute, modeste par ses dimensions. J'ai pu
pendant trois ans, personnellement, dans un ministère qui
représente 40% ou presque du budget du gouvernement du Québec et
qui reçoit 35 000 pièces de courrier par année, me
débrouiller avec un nombre identique de secrétaires particuliers
et de secrétaires particuliers adjoints. Je m'étonne donc qu'il y
en ait cinq; ma collègue s'étonne également qu'il n'y ait
aucune femme dans le cabinet du ministre des Communications et je m'en
étonne aussi.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez une attachée de presse mais pas
d'autre.
M. Forget: Pas d'autre.
Mme Lavoie-Roux: Votre misogynie n'a pas évolué
durant l'année. Vous êtes en bonne compagnie avec le ministre de
l'Education.
M. O'Neill: J'en ai une quand même.
Mme Lavoie-Roux: Vous trouvez que c'est bien, une? C'est
suffisant?
M. O'Neill: Bien, écoutez. Je ne m'oppose pas à ce
qu'il y en ait plus. Les choses sont arrivées comme cela. Mais remarquez
qu'il pourrait peut-être y en avoir une deuxième parce que nous
avons le droit à six et nous n'en avons que cinq. J'y penserai,
madame.
M. Forget: Cela pose de façon plus aiguë la question
du nombre. Remarquez que tout ce que je peux faire ici c'est de dire que c'est
un nombre qui me paraît excessif. Le ministre va sûrement dire
qu'ils sont très occupés et qu'ils travaillent toute la
journée.
M. O'Neill: Oui, c'est de même.
M. Forget: Je pense qu'on ne peut pas faire autrement que
s'entendre pour être en désaccord là-dessus. Ce sur quoi
j'aimerais cependant attirer l'attention, c'est le niveau extrêmement
élevé des rémunérations. Il y a trois personnes
dans ce cabinet qui gagnent plus de $35 000 et...
M. O'Neill: C'est cela.
M. Forget: ... ce qui semble assez surprenant c'est que deux,
à part le chef de cabinet, gagnent un montant comparable ou
supérieur à celui d'un chef de cabinet. Cela nous semble une
pratique que je constate pour la première fois, dans quelque cabinet de
ministre que ce soit. Je trouve cela fort étonnant qu'un chef de cabinet
l'accepte, premièrement, mais c'est sans doute un homme
généreux qui n'en veut à personne. Il reste qu'au point de
vue, en chiffres absolus, des rémunérations de $35 800 et de $36
700 pour des gens qui ne sont pas chefs de cabinet, ce sont des
rémunérations qui paraissent clairement excessives. Il serait
fort intéressant de voir quel saut on leur a fait effectuer dans le
niveau de rémunération au moment de leur entrée au
cabinet. Cela m'apparaît à première vue qu'il doit y avoir
là un phénomène de promotion sociale fort rapide.
M. O'Neill: Voici, justement, c'est qu'il n'y a pas eu de saut.
C'est déterminé après consultation de la fonction publique
qui évalue un peu leur statut. D'ailleurs, dans deux des cas des membres
de ce cabinet, c'étaient des gens qui étaient dans la fonction
publique et après approbation du côté du bureau du premier
ministre.
M. Forget: Oh! oui, c'est toujours bien approuvé, bien
sûr.
M. O'Neill: Dans un cas...
M. Forget: II n'y a pas de problème, ils ne seraient pas
engagés autrement.
M. O'Neill: ... l'autre cas, c'est une rémunération
pour celui d'un membre du cabinet qui a été recruté
à l'extérieur, qui travaillait et donc qui est en congé
sans solde de IBM Québec, c'est un niveau de rémunération
je crois qui est égal ou peut-être légèrement
inférieur à ce qu'il avait. C'est une entente que nous avons
faite là-dessus. C'est comme cela que les choses sont arrivées.
Vous allez dire peut-être que j'ai une tendance à aller chercher
des gens de haute qualité, mais évidemment cela donne les
services en conséquence.
M. Forget: On aimerait le constater au moment où on pose
des questions en commission
parlementaire, ce qui n'est pas toujours le cas, M. le ministre.
M. O'Neill: Evidemment, je ne peux pas vous enlever cette
impression, M. le député, mais quant à nous, nous pensons
que nous avons donné les renseignements pertinents et convenables. Je
crois que de nouvelles normes font que, de toute façon, il y a un
plafonnement concernant le rôle, c'est-à-dire le titre ou le
statut de ce qu'on appelle secrétaire particulier adjoint. Dans notre
cas, tout simplement nous conservons le droit acquis. Il est possible que, si
vous regardez d'autres ministères, d'autres cabinets politiques, il y
ait un nombre moins grand de secrétaires particuliers adjoints...
M. Forget: Est-ce que nous pourrions avoir... M. O'Neill:
... que dans notre cas.
M. Forget: ... relativement au traitement, la ventilation entre
la rémunération de base et la rémunération
additionnelle? Parce que, comme vous le savez, les membres des cabinets ont
droit à une rémunération additionnelle lorsqu'ils sont
engagés à un niveau qui dépasse celui dans lequel ils sont
classés par la fonction publique. Est-ce qu'il serait possible d'avoir
cette ventilation-là?
M. O'Neill: Ecoutez! Je crois que c'est 15%. C'est cela?
M. Forget: Non, pas du tout.
M. O'Neill: L'écart, c'est de 15%. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Forget: Pas nécessairement, M. le ministre, pas
nécessairement.
M. O'Neill: II me semble que c'est cela. Mais dans un cas que je
vous donne, ce n'est même pas cela; c'est exactement le revenu, qui est
donc le salaire que la personne gagnait avant, et peut-être un peu
moins.
M. Forget: Mais je répète ma question. Est-ce qu'il
serait possible peut-être demain d'avoir la ventilation
entre ces deux composantes?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Très brièvement,
nous sommes appelés pour un vote.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est très bien. J'aimerais
demander...
M. O'Neill: Aucun problème là-dessus. Pas du tout,
c'est tout à fait public.
Mme Lavoie-Roux: Comme le signalait le député de
Saint-Laurent, je m'inquiétais de l'absence de femmes dans le cabinet du
ministre. Pourrait-il...
M. O'Neill: II y en a une...
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y en a une; tant mieux.
M. O'Neill: ... très compétente.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux lui demander je vois
que les sous-ministres sont des messieurs parmi les chefs de bureaux ou
chez les différents directeurs de services, s'il y a des femmes?
M. O'Neill: Deux? C'est très masculin comme tableau
d'ensemble. Lors de la rencontre de l'ensemble des chefs de services que nous
avons tenue au Château Bonne Entente, il y avait, dans la salle,
exactement deux femmes.
Mme Lavoie-Roux: Sur combien? M. O'Neill: Sur 70
personnes.
Mme Lavoie-Roux: Sur 70 personnes. C'était
l'administration supérieure du ministère.
M. O'Neill: C'est évidemment ce qu'on appelle une
minorité.
Mme Lavoie-Roux: Où étaient-elles les femmes? Quels
postes ces femmes occupaient-elles?
M. O'Neill: D'après leur titre, c'est quoi?
Il y en a une qui est adjointe au cadre supérieur et l'autre est
adjointe exécutive au bureau du sous-ministre.
Le Président (M. Dussault): Alors, je regrette...
M. Forget: Ah bon! Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. O'Neill: Alors, autrement dit, madame, nous avons beaucoup de
chemin à faire.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Parfait. Merci.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous ajournons les
travaux de la commission jusqu'à demain matin, 10 heures, et nous
serons, à ce moment-là, à la salle 101-B.
Fin de la séance à 17 h 58