Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des crédits du ministère des
Communications
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame et
messieurs! Nous allons commencer les travaux de la commission élue
permanente des communications, qui a le mandat d'étudier et d'adopter
les crédits des communications.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Bertrand (Vanier), M. Blank (Saint-Louis) remplacé, je suppose, par
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Godin (Mercier), M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Michaud (Laprairie), M. O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Fallu (Terrebonne), M. Goulet (Bellechasse), M. Laurin
(Bourget), M. Lazure (Chambly), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Hier, au moment où nous avons ajourné les travaux de la
commission, nous avions adopté le programme 8. Nous sommes donc rendus
au programme 9. J'appelle donc le programme 9. Office de
radio-télédiffusion du Québec. Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Avant de débuter, pour ne pas enlever la
parole au ministre, je trouve regrettable qu'au moment où on
étudie les crédits de Radio-Québec, on nous envoie dans
une salle, dans un coin perdu, où le public pourrait difficilement nous
retrouver, alors que c'est un sujet d'une extrême importance et d'une
très grande actualité. C'est tout simplement une remarque que je
voulais faire au point de départ.
Le Président (M. Dussault): Puisque, d'une certaine
façon, c'est la présidence et le secrétariat des
commissions qui sont en cause, je dois vous rappeler que nous n'avons pas le
choix, puisque, ce matin, trois commissions siègent et que nous ne
pouvons utiliser le salon rouge, où il y a une rencontre internationale
sur l'éducation, question qui vous préoccupe, je pense.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis d'accord avec
vous, j'étais au courant de ceci. Mais il y a quand même deux
autres salles, 81 et 91, et je ne vous demandais pas que nous occupions le
salon rouge. Ce n'était pas le sens de ma remarque. Mais je pense qu'il
y aura peu de gens qui seront au courant qu'il y a une commission parlementaire
qui se déroule ici.
Le Président (M. Dussault): Je voudrais ajouter, Mme le
député, si vous le permettez, que, au moment où le leader
du gouvernement a fait la motion pour faire siéger la commission, il
l'avait fait d'une façon conditionnelle, puisqu'il croyait, je pense,
que cette commission n'aurait pas à continuer ce matin, ce qui fait que
les deux autres salles avaient été assignées aux deux
autres commissions qui auront à siéger ce matin, et pendant
plusieurs heures, dans les prochains jours. Je pense que cela explique que nous
ayons été reconduits de cette façon dans la salle
101B.
M. Forget: Je crois que, dans les calendriers sur les
séances des commissions parlementaires qui nous ont été
transmis depuis plusieurs semaines déjà, la séance de ce
matin sur les Communications était prévue.
Le Président (M. Dussault): Mon impuissance commence
à ce moment-ci, messieurs et madame, comme président de la
commission.
Le programme 9 est appelé. M. le ministre.
Office de radio-télédiffusion du
Québec
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais d'abord signaler
la présence à mes côtés de M. Gilbert Buzaré,
vice-président à l'administration à Radio-Québec;
M. Jean Fortier, directeur adjoint à la programmation; M. Denis Bachand,
directeur des finances; M. Claude Bédard, directeur des
communications.
Mme Lavoie-Roux: Le président n'est pas là?
M. O'Neill: Le président est absent dans le moment.
Je voudrais deuxièmement donner la précision
suivante...
Mme Lavoie-Roux: II va arriver plus tard?
M. O'Neill: Je crois qu'il n'est pas de retour de Cannes encore,
de MIP-TV, je pense. Est-ce qu'il est de retour?
Une Voix: Non, pas avant la semaine prochaine.
M. O'Neill: Je voudrais établir quelques distinctions de
départ au sujet de cette commission, en nous rappelant le consensus
auquel tout le monde est arrivé l'an dernier, en nous rappelant
l'expérience de l'an dernier, à savoir que, d'une part, en plus
de cette commission parlementaire qui porte sur les crédits en
général et leur adoption, il y aura aussi une commission
parlementaire qui va se réunir à un moment donné pour que
tous les membres de la commission puissent communiquer avec la direction de
Radio-Québec, interroger cette direction, et, en même temps,
recevoir un éclairage de cette direction sur le fonctionnement de cette
société d'Etat. Il y aura également un débat,
à la suite de la présentation d'un projet de loi apportant des
amendements à la Loi de Radio-Québec. (10 h 15)
Pour ma part, ce matin, je pense qu'il serait important de s'en tenir
d'une façon particulière à des problèmes
techniques, des problèmes de crédits. A ce point de
vue-là, chaque fois que cela portera sur ces questions-là, nous
apporterons volontiers les réponses. Il va de soi que si cela porte sur
des politiques internes, ce qui relève de l'autonomie de
Radio-Québec, nous appliquerons donc la formule sur laquelle on
s'était entendu depuis l'an dernier, à savoir que nous
réserverons ces questions au moment où le PDG de
Radio-Québec comparaîtra devant la commission parlementaire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Bien sûr que je comprends les remarques du
ministre. Nous n'avons pas intérêt à examiner la
comptabilité de Radio-Québec. Nous imaginons que le
Vérificateur général s'en occupe. Quant aux questions que
nous allons poser, je ne sais pas dans quel sens le ministre nous dit que c'est
sur les crédits. Si nous ne pouvons questionner autre chose que les
chiffres, il est évident que cette commission parlementaire n'a aucun
sens. Il faut bien voir ce qu'il y a derrière les budgets, les chiffres
en question. Quant à moi, c'est là-dessus que j'ai l'intention de
faire porter les questions et non pas de savoir pourquoi il y a eu les
ajustements mécaniques, etc. Je connais assez la façon dont les
budgets sont faits, je n'ai même pas besoin de poser des questions
là-dessus.
Il faut s'entendre au départ, quelles que soient les promesses
que le ministre ait pu faire et qu'il n'a pas tenues jusqu'à maintenant,
et qu'il ne s'est pas engagé, au début de nos travaux, cette
semaine, à tenir dans un délai fixe, délai que nous
considérons utile, c'est-à-dire avant l'adoption d'un amendement
à la charte de Radio-Québec, nous ne sommes pas liés
autrement que par notre bonne volonté quant à la nature des
questions que nous allons poser en commission parlementaire.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous comprendrez
facilement, si vous présidiez cette commission l'an dernier, je ne me
souviens pas, que j'appuie les remarques de mon collègue de
Saint-Laurent. On recommence le même scénario que l'an dernier.
Même au moment où il y a eu une commission parlementaire, alors
que Radio-Québec s'est présenté pour des fins tout
à fait particulières, on s'est toujours dérobé
derrière cette fameuse question des crédits pour ne pas
répondre aux questions et éviter la discussion des
problèmes réels de Radio-Québec. Je pense que si on doit
aller dans le même sens, cette année, on peut même se
demander à quoi sert la convocation, sauf à peut-être poser
quelques questions techniques, à savoir l'échéancier des
dépenses du développement de Radio-Québec, mais les ques-
tions de fond demeureront sans réponse. Je veux appuyer les propos de
mon collègue.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, c'est
précisément pour éviter d'ailleurs des
ambiguïtés, des difficultés auxquelles fait allusion le
député de L'Acadie qu'il a été entendu
d'ailleurs cela a été approuvé par le Conseil des
ministres que Radio-Québec, comme société d'Etat,
parmi d'autres sociétés d'Etat, devait comparaître une fois
par année devant la commission parlementaire. Cela s'est produit l'an
dernier.
Ici, je dis, contrairement à ce que dit Mme le
député de L'Acadie: Les membres de cette commission ont pu poser
beaucoup de questions à la direction de Radio-Québec. Je crois
que sa mémoire lui fait défaut.
Mme Lavoie-Roux: On n'a jamais pu vous en poser, M. le
ministre.
M. O'Neill: Deuxièmement, ce à quoi on est
arrivé, c'est ceci. Nous avons tenu beaucoup vous le savez
à ne pas confondre la direction de Radio-Québec avec le
ministère, surtout le ministre des Communications, c'est-à-dire
ce qui relève de Radio-Québec relève de
Radio-Québec, ce qui relève du gouvernement relève du
gouvernement. Ce qui relève du gouvernement la synthèse du
mémoire qui a été adopté au Conseil des ministres a
été remis à la presse il y a maintenant plusieurs mois
a été l'annonce du plan de développement de
Radio-Québec, le mandat de Radio-Québec quant à la
régionalisation. Vous avez donc également, évidemment, le
projet de loi comme tel que nous aurons l'occasion de discuter à
l'Assemblée nationale.
Je pense que, là-dessus, on peut aussi poser des questions,
rappelant aux personnes qui sont ici, par exemple, que lors du débat en
deuxième lecture du projet de loi, on aura une bonne occasion de
discuter de tous ces problèmes. Il est certain que ce serait aller en
arrière que de devoir revenir à cette formule équivoque,
qui avait préséance jusqu'à l'an dernier et à
laquelle nous avons mis fin, qui faisait en sorte qu'à cause même
du système de rapport qui s'effectue ici dans une commission, ce qui est
exprimé comme point de vue par un expert ou un fonctionnaire devient le
point de vue du ministre. Quand il s'agit d'une société d'Etat
comme Radio-Québec, il faut bien faire la distinction. Je pense que
c'est finalement ce que tout le monde avait trouvé l'an dernier comme
étant une chose souhaitable. C'est d'ailleurs à la suite de cette
rencontre, à l'occasion de la défense des crédits, qu'il a
été décidé d'avoir cette commission
parlementaire.
Maintenant, au sujet du moment où on pourrait avoir la commission
parlementaire je ne relèverai pas les propos aimables comme
toujours du député de Saint-Laurent à mon géard,
mais je veux simplement dire que si la chose était possible... Remarquez
que je demeure convaincu que
l'idéal serait d'abord qu'on puisse discuter des amendements
à la loi qui clarifient, par voie législative, le nouveau mandat
de Radio-Québec et qu'ensuite on puisse entendre la direction de
Radio-Québec en commission parlementaire. Si c'était possible
qu'on puisse procéder simultanément ou à peu près,
je ne m'opposerais nullement à le faire. Il faudra, d'une part, à
ce point de vue, consulter le leader parlementaire et, d'autre part,
finalement, prendre les arrangements nécessaires avec la direction de
Radio-Québec.
Quoi qu'il en soit de ce point, il demeure qu'ici, ce matin, nous avons
à faire l'analyse et l'adoption du budget, en gros, de
Radio-Québec, quitte à remettre à plus tard certaines
questions qui s'adressent de façon très spécifique
à la direction de Radio-Québec.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, dois-je conclure,
d'après les paroles du ministre, qu'il y a possibilité que cette
commission parlementaire siège avant que la loi ne soit proposée
en deuxième lecture à l'Assemblée nationale?
M. O'Neill: Si c'est possible, oui. Je demeure, encore une fois,
toujours convaincu que ce serait idéal qu'on puisse clarifier à
l'Assemblée nationale le mandat de Radio-Québec, le
reconnaître dans des lois, mais, pour ce qui est de la vie interne de
Radio-Québec, ce sont deux choses différentes. Ce n'est pas le
gouvernement qui en dirige la programmation. Ce n'est pas le gouvernement qui
fait le choix des programmes, le choix des invités et tout ce genre de
question. C'est Radio-Québec qui décide. Le gouvernement donne
une direction à Radio-Québec, et, après cela, il lui
confie le soin de faire fonctionner Radio-Québec, tout comme la SGF,
tout comme SIDBEC, etc. Il y a des questions qu'on ne doit pas adresser au
gouvernement, mais à Radio-Québec. On fournit l'occasion aux gens
d'adresser ces questions à Radio-Québec.
Le projet de loi, d'autre part, concerne le gouvernement. Je dis:
Réglons d'abord le projet de loi et, ensuite, on entendra
Radio-Québec. Si les gens estiment que cela irait mieux, que ce serait
plus profitable d'avoir les deux en même temps, je ferai mon possible
pour obtenir de la part du leader un temps nécessaire, à
l'occasion de la discussion sur le projet de loi, et si possible, comme vous le
dites, avant la deuxième lecture, pour qu'on puisse tenir la
séance de la commission parlementaire prévue avec la direction de
Radio-Québec et aborder l'ensemble de questions que les gens voudraient
aborder avec cette direction.
M. Le Moignan: Les grandes politiques, en somme, de
Radio-Québec sont définies un peu par le gouvernement. Je laisse
de côté l'administration de la régie interne. Actuellement,
Radio-Québec fait rapport au ministre des Communications comme tel et,
avec les modifications qu'il annonce au projet de loi, cela ira à la
Régie des services publics. Je pense que ce sont là les
modifications qu'il apporte.
M. O'Neill: La régie, c'est un rôle qu'elle aura de
l'application des normes concernant surtout la programmation éducative,
à savoir si Radio-Québec, dans son mandat, se conforme à
ces normes. C'est une régie de réglementation, les politiques
générales étant définies par le gouvernement, mais
confiées dans leur application à la responsabilité d'une
société d'Etat.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, les
participants sur cette question qui a été débattue
jusqu'à maintenant, se sont adressés au président et je
crois comprendre qu'on attend, d'une certaine façon, un éclairage
du président sur la question qui a été débattue. Si
ce n'est pas le cas, je voudrais que vous me le disiez immédiatement. Si
vous attendez un éclairage du président, je vais rappeler
certaines choses.
D'abord, je pense qu'il est fondamental de rappeler que l'étude
des crédits des Communications, c'est véritablement l'objet qui
nous réunit ce matin. Je pense que c'est important. Ce sont les
crédits dont le ministre des Communications est responsable. Je pense
qu'on peut avancer, sans risque de se tromper, que le mandat de cette
commission n'est pas d'entendre Radio-Canada... Je m'excuse,
Radio-Québec. C'est un très mauvais lapsus, je suppose.
M. O'Neill: C'est intéressant.
Le Président (M. Dussault): Je pense que
Radio-Québec peut quand même, dans le cadre de notre commission,
répondre à des questions qui engagent la responsabilité du
ministre et c'est à cause de cela que la personne qui répond pour
Radio-Québec ne le fait pas en son nom propre, mais le fait au nom du
ministre et, au journal des Débats, ses propos sont toujours
consignés sous le nom du ministre.
Dans cette optique, je pense que il serait peut-être
difficile de le définir très clairement ça
réduit quand même assez considérablement la portée
des questions qui peuvent être posées lors de nos travaux de
commission.
M. le ministre, particulièrement, a fait allusion je le
dis sous toutes réserves à une certaine convention qui
aurait été établie l'an passé lors des travaux de
cette commission. Je n'étais pas...
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez...
M. Forget: ... soulever une question de règlement.
Le Président (M. Dussault): ... M. le député
de Saint-Laurent, je voudrais terminer quand mê-
me avant que vous souleviez votre question de règlement. C'est
pour ça que j'ai dit "avec toutes réserves", et je l'aurais mis
entre guillemets si j'avais pu l'écrire...
M. Forget: Vous êtes sur un terrain glissant, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, je vais
quand même continuer. Si ce qui s'est passé l'an dernier, ce que
M. le ministre appelle, semble-t-il, une "convention", devait être
déterminant pour nos travaux, je me devrai de suspendre les travaux de
la commission pour quelques minutes, de façon à vraiment pouvoir
me procurer le journal des Débats de cette commission de l'an
dernier...
M. Forget: II n'y a pas eu d'amendement au règlement, M.
le Président...
Le Président (M. Dussault): Bon! M. Forget: ... ce
qui compte...
Le Président (M. Dussault): Bon! C'est à ça
que je voulais en venir, M. le député de Saint-Laurent. Si,
effectivement, ce qui s'est passé l'an dernier n'engageait pas la
présidence et le fonctionnement de la commission, je me devrai vraiment
de ne pas tenir compte de cet argument. C'est ce que je voulais dire
là-dessus.
M. O'Neill: M. le Président, pour rendre les choses
très simples, je vous dis simplement que, l'an dernier, ce qui est
arrivé, c'est une conclusion et non pas une convention.
Une Voix: Oui.
M. O'Neill: On avait abouti à une commission
parlementaire...
M. Forget: ... question...
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que j'aurais le droit
d'avoir la parole, s'il vous plaît?
Simplement, c'est parce que je sais très bien que M. le
député de Saint-Laurent aime beaucoup m'adresser des propos
polis, une fois de plus, et il en aura sûrement encore l'occasion, il ne
s'en privera pas. Je voudrais simplement rappeler ceci: L'an dernier, il a
été décidé, à la suite de cette
expérience, qu'il y aurait cette défense des crédits et
que, là aussi, à un moment donné, on pourrait, une
journée, avec des arrangements avec le Conseil du trésor et des
arrangements administratifs qui pourraient également être
discutés... C'est fort possible... On commence à en discuter ici
et, d'autre part, on sait qu'il y a une commission parlementaire.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, je crois que vous saisissez
très bien les choses. Ce sera à moi, au moment où on me
posera les questions, au fond, d'estimer si cette question est une question
à laquelle je dois répondre ou si c'est une question à
laquelle la direction de Radio-Québec devra répondre. Je me
chargerai de faire la distinction en conséquence.
Une Voix: Ah bon!
M. Le Moignan: Si vous permettez, M. le Président, l'an
dernier, quand nous avions ajourné...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé, si vous permettez, M. le député de Saint-Laurent
avait quand même invoqué une question de règlement et je
voudrais savoir...
M. Le Moignan: Ah, très bien!
Le Président (M. Dussault): ... s'il tient toujours
à la faire.
M. Forget: Tout à l'heure, je n'ai pas d'objection...
Le Président (M. Dussault): D'accord. M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: C'est sur la même question, M. le
Président. L'an dernier, quand nous avions ajourné les travaux,
au mois d'avril, nous en étions au programme 9, concernant
Radio-Québec. Nous avons été convoqués à
nouveau, je pense, le 3 mai, pour terminer la discussion avec le
président de Radio-Québec cette fois-là, qui avait droit
de parole le 3 mai, mais qui n'avait pas droit de parole à la
dernière séance du mois d'avril. Je pense que c'est à peu
près dans le sens que le ministre nous le laisse entendre. Les
crédits et ensuite les aspects d'orientations ou de politiques de
Radio-Québec qui sont venus dans un deuxième temps. (10 h 30)
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je vais passer tout de suite au travail qui nous
régit ici plutôt qu'à des dissertations oiseuses sur la
philosophie des commissions parlementaires dont d'autres comités ont
à s'occuper.
Le ministre, dans sa déclaration du 19 février, a dit que
Radio-Québec a une mission éducative, en première page de
son communiqué intitulé "La politique de développement de
Radio-Québec". M. le ministre, si Radio-Québec a une mission
éducative, j'aimerais savoir comment vous conciliez cette affirmation
avec la présente dans le programme de 1978/79 de Radio-Québec
d'au moins quatre périodes régulières, hebdomadaires, pour
la diffusion de films qui semblent n'avoir aucune orientation
particulièrement éducative? Il s'agit, comme on le trouve dans la
programmation de la plupart des stations de télévision
commerciales ou autres, de périodes de temps où on diffuse des
films de fiction. Cela occupe d'ailleurs plusieurs heures à
l'horaire.
Est-ce qu'il s'agit là d'un héritage de la direction
antérieure et de l'orientation antérieure de Radio-Québec
ou si cette présence importante de télédiffusion de films
à l'horaire de Radio-Québec correspond à votre
définition d'une mission éducative?
M. O'Neill: Ce qui correspond à la définition d'une
émission éducative, M. le Président, c'est sûrement
le retour aux films comme tels qui peuvent être des
procédés dits de télévision socio-éducative,
quant à la valeur de chacun de ces films et à leur... je dis que
pour ce qui est d'utiliser des films comme tels dans le secteur
éducatif, ça va de soi, ça entre sûrement dans le
type d'activités qu'on peut avoir lorsqu'il s'agit de
télévision socio-éducative.
M. Forget: N'importe quel film?
M. O'Neill: Pour ce qui est du choix, il relève de la
direction de Radio-Québec. Vous pourrez lui poser la question à
savoir comment elle légitime les choix qu'elle a faits, je ne pose pas
de jugement à cet égard.
M. Forget: Comment faut-il comprendre votre déclaration
sur la mission éducative? Cela veut dire que n'importe quoi que choisit
la direction correspond à la mission éducative? Ce qui veut dire
que, dans le fond, on perd notre temps à regarder votre
déclaration sur la réorientation de Radio-Québec puisque
vous n'avez pas de définition opérationnelle, vous vous en
remettez, pour définir ce que cela veut dire, à la direction de
Radio-Québec.
M. O'Neill: On s'en remet, d'une part, à la direction de
Radio-Québec et, dans la loi, avec la loi de Radio-Québec, on
s'en remet à la Régie des services publics, qui sera l'instance
à laquelle les gens pourront faire appel. Tout comme, actuellement,
lorsque des gens ne sont pas contents de la programmation de Radio-Canada, ils
ne se réfèrent pas au ministre fédéral des
Communications ni au secrétaire d'Etat, ils se réfèrent au
CRTC. A ce moment-là, c'est à la Régie des services
publics de porter jugement et de rappeler, s'il y a lieu, à
Radio-Québec certaines exigences concernant l'application de son mandat.
Autrement, cela voudrait dire que, de la part du gouvernement, il y aurait
intervention à l'intérieur même de la programmation de
Radio-Québec, ce qui n'empêche pas de transmettre à
Radio-Québec, comme d'autres peuvent le faire, des doléances que
nous recevons des gens à l'occasion ou des suggestions que nous recevons
des gens. Mais n'oublions pas que les décisions, dans ce domaine,
relèvent de la société d'Etat et que l'instance qui verra
à évaluer le bien-fondé de ces décisions sera la
Régie des services publics.
M. Forget: Jésuitisme mis à part, M. le
Président, est-ce que le ministre peut nous dire ce que lui comprend par
télévision éducative de Radio-
Québec? Il se borne à nous dire que d'autres que lui
peuvent avoir leurs opinions là-dessus, que ce soit une régie qui
n'a d'ailleurs pas ce mandat actuellement, ou que ce soit la direction de
Radio-Québec. Fort bien. Mais il s'est donné la peine,
présumément parce qu'il avait quelque chose à dire,
d'émettre un communiqué le 19 février dernier sur une
prétendue mission éducative.
Il n'est pas sans intérêt, étant donné que
c'est le communiqué d'un ministre du gouvernement du Québec, de
savoir si cedit ministre du gouvernement du Québec a une notion quelque
peu précise de ce que lui comprend par une mission éducative et
si, dans cette compréhension ministérielle de la mission
éducative, on peut faire place pour quatre périodes hebdomadaires
de cinéma de fiction, dans la programmation d'une
télévision éducative. Est-ce que c'est compatible, selon
lui?
Je ne lui demande pas de prendre des sanctions, de mettre en prison qui
que ce soit, si jamais la direction de Radio-Québec n'était pas
d'accord avec sa définition. Encore serait-il utile de savoir, dans un
régime démocratique, si le gouvernement a une notion quelconque
sur le sujet. S'il n'en a pas, qu'il nous le dise. Cela sera aussi utile de le
savoir. Mais, dans le moment, ce qu'il nous dit, c'est qu'il a peut-être
une idée là-dessus, qu'il n'en a peut-être pas, mais que,
de toute façon, c'est à d'autres que revient le soin de prendre
des décisions et le soin de porter des jugements. Il me semble que cela
n'est pas le rôle d'un ministre des Communications, qui est malgré
tout le ministre de tutelle de Radio-Québec, qui a un rôle dans la
sélection du président-directeur général, comme
actionnaire principal de Radio-Québec, qui doit donc porter des
jugements de toutes sortes de façons. Nous en viendrons aux
répercussions budgétaires dans un instant. Il y en a aussi et,
là-dessus aussi, le ministre est obligé à tous les ans de
porter des jugements. Je voudrais savoir sur quoi il se base.
M. O'Neill: Par télévision éducative, si on
se réfère, par exemple, au rapport Rocher, également aux
définitions de l'UNESCO, on peut comprendre à la fois une
télévision scolaire à l'occasion, une
télévision qui vise à l'éducation permanente et
ensuite ce qu'on appelle une éducation au sens large. L'UNESCO inclut
tous ces éléments dans l'idée d'une radio, d'une
télévision éducatives. Une programmation éducative,
dans ce sens, en gros, favorise l'exercice du droit des citoyens à
l'éducation en présentant des émissions qui peuvent
correspondre à des besoins spécifiques de la population, de
certains groupes et des émissions qui, dans certains cas, pourront
même conduire, éventuellement, à l'obtention de
diplômes, ou encore justement des émissions qui répondent
à ce qu'on appelle des besoins d'éducation permanente. Entre
aussi dans la télévision éducative tout ce qui favorise,
par exemple, l'intérêt envers le patrimoine culturel, ce qui
reflète la vie des régions, ce qui reflète les
problèmes d'une société, que ce soient les
problèmes économiques, sociopolitiques, le caractère
éducatif se manifes-
tant dans la façon même d'aborder ces questions. Est
éducatif également ce qui favorise l'exercice du droit des
citoyens à la liberté d'expression, à l'information.
Notamment, par exemple, en encourageant des discussions sur des
problèmes d'intérêt général, en tentant de
faire valoir toutes les dimensions des problèmes, en favorisant donc un
juste équilibre entre les expressions, parmi les diverses expressions et
les divers points de vue qui sont exprimés. C'est à partir de
cela que des gens responsables d'une télévision éducative
prennent leurs décisions. Pour répondre à la question de
savoir si X ou Y films correspondent à cette définition, il
faudrait que, dans chaque cas, j'en aie fait l'analyse. Je comprends que l'on
peut me dire que je peux me fier au jugement du député de
Saint-Laurent pour dire qu'ils n'étaient pas éducatifs. Vous me
permettrez de ne pas me fier à ce jugement.
Quoi qu'il en soit, s'il a des inquiétudes sur la valeur des
quatre films en question, il aura l'occasion de poser cette question ou
d'exprimer ses inquiétudes lorsque nous tiendrons la commission
parlementaire; le président-directeur général de
Radio-Québec sera présent.
M. Forget: Le ministre aurait mieux fait, dans son
communiqué, de nous citer l'UNESCO, en disant qu'il adoptait la
définition de l'UNESCO de la télévision éducative.
Cela aurait été un communiqué assez amusant de la part
d'un ministre, en disant: Voici, on va réorganiser, réorienter
Radio-Québec en s'inspirant de l'UNESCO.
Je vais lui faire une autre lecture qui émane quand même de
quelqu'un d'un peu plus près peut-être du milieu de
Radio-Québec et de la télévision éducative au
Québec.
C'est une opinion qui vaut probablement celle du ministre sur le sujet
puisqu'elle émane de quelqu'un qui vient du milieu qui disait l'an
dernier mais je pense qu'il n'a pas reçu beaucoup de
réponse, du moins pas par le ministre ce matin et je cite, c'est
dans le Quotidien du 15 juillet 1978, c'est dû à la plume de M.
Guy Messier qui fut responsable du projet TEVEC, télévision
éducative au Saguenay-Lac-Saint-Jean de 1967 à 1970. Ce dernier
conclut à la faillite de Radio-Québec qui devait être le
prolongement de ce projet pilote mené dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean: "A moins que le gouvernement ne force
Radio-Québec à déboucher sur une définition
fonctionnelle et concrète de télévision éducative,
nous continuerons à y engouffrer, sans grand résultat, million
après million. D'où l'importance budgétaire de la
question, et la régionalisation de Radio-Québec souvent vue ces
temps-ci, comme une sorte de panacée témoin le
communiqué du ministre en février aux maux qui affligent
cette bonne société, n'y changera rien. Les bribes d'information
glanées ici et là dans les journaux, portent d'ailleurs à
croire que le rapport Rocher ne fait que proposer un lamentable statu quo
régionalisé, dont le Dr Laurin dit qu'il ne restera pas lettre
morte. Quant à moi, l'élargissement à tout l'espace
québécois ne fera jamais d'un mauvais un bon mandat".
Et un peu plus loin il dit: "Mais, si on a en tête un certain
souci d'être fonctionnel, soit côté éducation, soit
côté culture, Radio-Québec apparaît alors comme une
institution flottante pleine de querelles, sans souci de productivité,
une sorte de jouet dispendieux qui ne rend aucun service précis, mais
qui se trouve là, quelque part dans le paysage électronique
québécois au bénéfice de quelques-uns qui regardent
ces émissions à l'occasion. Au plan éducatif, pas
étonnant que Radio-Québec ait échoué, ce n'est
même pas de sa juridiction".
M. le Président, devant une interrogation c'est le moins
qu'on puisse dire c'est un cri d'alarme, le ministre et peut-être
plus la direction de Radio-Québec diront: C'est un mécontent,
c'est un déçu, c'est un frustré, etc. Il reste que pour le
citoyen qui paie la note de $26 millions cette année, je pense qu'il a
droit de la part du ministre à autre chose qu'une citation d'un document
de l'UNESCO pour répondre à ces interrogations-là,
à autre chose qu'à cette affirmation
répétée, soit qu'il s'en lave les mains, qu'il y a des
gens qui sont là, nommés à Radio-Québec et que
c'est à eux de prendre des décisions.
Non, M. le Président, ce n'est pas à eux de prendre des
décisions. Essentiellement, les orientations de Radio-Québec sont
une donnée de la politique gouvernementale et c'est au gouvernement
qu'il appartient de préciser de façon fonctionnelle, pas de
façon philosophique et jésuitique, des orientations, pour qu'on
sache de quoi on parle.
Le ministre refuse de le faire, il se refuse à jouer son
rôle, malgré qu'il ait été tenté de le faire
puisqu'il a eu cette velléité d'énoncer une orientation
dans un communiqué au mois de février.
Je lui dis comme exemple d'une interrogation, s'il n'aime pas
celle-là, il peut en prendre une autre, que dans une
télévision éducative on se demande un peu ce que vient
faire dans un programme hebdomadaire, quatre périodes de projection de
films de fiction. Après tout, les gens en ont beaucoup de films, ils ont
ceux de Télé-Métropole, ceux de Radio-Canada. Ils en ont
dans tous les postes de télévision qui veulent
présumément réduire leurs coûts de production. C'est
sans aucun doute moins cher d'acheter des films et de les passer sur la petite
boite magique que de produire des émissions.
Alors là c'est une autre question que j'aimerais poser: Quel est
le coût de production horaire par rapport au coût de production ou
d'acquisition, lorsqu'on achète des films? On aura peut-être au
moins là un début de réponse à la raison pour
laquelle il semble que Radio-Québec s'oriente dans la direction de la
reproduction ou de la projection de films fabriqués par d'autres.
M. O'Neill: En ce qui concerne le coût horaire des
émissions produites par Radio-Québec, il est équivalent
à celui de Radio-Canada, soit à peu près $30 000 l'heure
en moyenne.
Les films que nous achetons nous coûtent environ $100 la minute,
à peu près $6000 l'heure. Nous les achetons tels que faits, nous
n'avons
aucun droit de parole dans le contenu ni dans la forme. Nous les
achetons tels quels. (10 h 45)
M. Forget: On peut probablement en déduire que, quelles
que soient les orientations de Radio-Québec, quel que soit son
désir de produire des émissions éducatives, c'est
largement pour des raisons budgétaires que Radio-Québec doit se
reposer, pour une proportion aussi importante de sa programmation, sur des
films.
M. O'Neill: Je laisserai à M. Barbin le soin de
répondre à cette question qui implique une
appréciation.
M. Forget: C'est une question budgétaire ou pas? De quelle
façon agissent les contraintes budgétaires?
Je vais formuler ma question d'une autre façon. J'imagine que
Radio-Québec, comme tous les autres organismes gouvernementaux et
para-gouvernementaux, souhaiterait avoir plus d'argent? Si Radio-Québec
avait plus d'argent, à quoi le consacrerait-il?
M. O'Neill: Cette année, les montants d'argent
supplémentaires que nous obtenons, nous les consacrons à la
fabrication des émissions de Radio-Québec, essentiellement. Nous
accroissons le volume des acquisitions parce que nous développons une
stratégie d'avoir moins de reprises à l'écran. Les
facilités de production de Radio-Québec, à l'heure
actuelle, sont limitées. Nous avons atteint à peu près la
capacité maximale, avec les studios que nous avons.
Où nous allons mettre l'accent, c'est sur le traitement des
émissions, les formules. Au lieu de faire des séries de 39
émissions, comme on pouvait le faire jusqu'à présent, on
va faire davantage des documents uniques, des séries plus courtes. Et
c'est dans cet accent, en mettant davantage des sommes sur la recherche, sur la
dramatisation, sur la simplification des émissions, que nous allons
mettre nos énergies.
M. Forget: Par rapport à la programmation de l'an dernier,
cet effort de produire davantage d'émissions originales se traduit plus
particulièrement dans quels secteurs? Emissions d'affaires publiques?
Emissions...? Je ne sais pas quelles sont les catégories que vous
utilisez pour canaliser votre orientation. J'imagine qu'il y a, d'une part, des
émissions de pur divertissement, des émissions d'affaires
publiques, des émissions éducatives, dans un sens plus
étroit, les émissions d'information peut-être, si on peut
les distinguer des affaires publiques.
Dans quelle direction allez-vous davantage insister?
M. O'Neill: Pour la partie qui vient de s'écouler,
à la reprise de la grille après le conflit, nous avons mis un
certain accent dans des émissions d'affaires publiques.
M. Forget: Affaires publiques.
M. O'Neill: Egalement, nous mettons un accent particulier sur la
dramatisation de certaines émissions qui touchent les problèmes
de la vie de tous les jours des gens. Nous avons des émissions
monologues, par exemple, où nous employons des comédiens. On a
mis un peu plus l'accent sur les émissions à caractère
public, qui font participer les gens à la vie du Québec. Mais,
également, on a des émissions qui se veulent plus faciles
d'accès aux gens, pour les écouter, en mettant l'accent sur la
dramatisation.
On peut dire que c'est cela, le souci qui nous anime. Egalement, c'est
la couverture de certains dossiers d'intérêt général
qui a pris une large place dans la programmation de Radio-Québec.
M. Forget: Du côté des heures d'antenne, mon
information est inexacte, mais il semble que la programmation de
l'après-midi ait été supprimée, par rapport
à une période antérieure.
M. O'Neill: Non.
M. Forget: J'ai ici la grille de diffusion de l'après-midi
du 27 septembre au 17 décembre et du 10 janvier au 31 mars 1977. On voit
ici qu'il y avait une programmation à compter de 13 h 30. Est-ce que
c'est toujours le cas?
M. O'Neill: Cela a même été élargi.
Les dates que vous venez d'indiquer sont les dates après la reprise des
activités de Rado-Québec. Graduellement, il a fallu que nous
réassurions la diffusion. Et cette diffusion s'est faite
progressivement. Aujourd'hui, au moment où nous nous parlons, nous
diffusons à partir de 10 heures le matin, pour le ministère de
l'Education, des émissions qui vont dans les écoles et
l'après-midi, nous avons également des émissions pour les
commissions scolaires, les écoles, qui rejoignent les
élèves. Et vers 15 h 30, à peu près, nous
commençons à rediffuser les émissions qui ont
été diffusées la veille. Nous les reprenons en
après-midi. Et à 18 h 30 commence la diffusion normale, comme
nous avions auparavant.
M. Forget: Est-ce que, dans cette programmation de
l'après-midi qui est destinée en partie aux écoles, etc.,
il y a une plus forte proportion de reprises que dans la programmation du
soir?
M. O'Neill: Dans l'après-midi, ce sont essentiellement des
reprises.
M. Forget: Essentiellement des reprises.
M. O'Neill: De la veille ou de l'avant-veille.
M. Forget: Dans ce domaine, vous considérez que ce n'est
pas une priorité d'investir des sommes nouvelles dans la production
d'émissions courantes?
M. O'Neill: M. Barbin se fera un plaisir de répondre
à cette dernière question.
M. Forget: Si on le voit un jour.
M. O'Neill: Espérez, vous verrez.
M. Forget: Dans la détermination des contrats, des normes
financières de contrats pour ceux qui interviennent dans la production
d'émissions à titre de pigistes ou d'occasionnels, pour employer
le terme habituel de la fonction publique, quels sont les normes que vous
utilisez habituellement? Est-ce que ce sont des normes
généralement reconnues dans le métier ou est-ce que ce
sont des normes élaborées en fonction de critères
internes?
M. O'Neill: C'est essentiellement, par exemple, selon le type
d'employés que nous devons recruter. Si, par exemple, nous prenons un
re-cherchiste, c'est à partir de la définition d'un mandat, cela
s'inscrit dans le processus de réalisation de Radio-Québec. Cette
personne doit répondre à des critères de connaissances
concernant le sujet qui sera traité.
Pour ce qui concerne la rémunération, elle s'inscrit dans
les conventions collectives que nous avons.
M. Forget: Toutes les rémunérations, même
pour les occasionnels?
M. O'Neill: Les employés occasionnels, oui. Ce sont des
occasionnels, si on prend les employés recherchistes, par exemple, ou
scénaristes, il font partie de la convention de la CSN et la
rémunération est déterminée suivant leur
expérience, suivant leur connaissance du sujet, à
l'intérieur des critères qui sont dans la convention...
M. Forget: Je vois.
M. O'Neill: ... moyennant naturellement des pourcentages. Vu que
ces gens n'ont pas d'avantages sociaux, il y a des pourcentages qui sont
prévus par la convention.
M. Forget: Je vois. Est-ce que vous avez des données plus
précises relativement aux honoraires qui sont versés aux
employés occasionnels, à ceux qui ne sont pas des
syndiqués à temps plein?
M. O'Neill: Vous ne parlez pas des artistes? M. Forget:
Non, pas des artistes.
M. O'Neill: Les artistes sont assujettis à une convention
que nous avons signée avec l'Union des artistes. Les occasionnels sont
assujettis aux salaires qui prévalent dans les conventions collectives.
Comme je vous dis, il y a une fourchette de traitements, par exemple, pour des
recherchistes, et les gens qui sont employés sur une base occasionnelle
doivent se situer à l'intérieur de cette fourchette.
M. Forget: Peut-on avoir des renseignements additionnels
écrits sur ce sujet?
M. O'Neill: Tout est dans la convention.
M. Forget: Tout est dans la convention. C'est la convention qui
détermine donc. Des informations que j'ai tendent à laisser
croire qu'un animateur et un recherchiste, pour une émission
hebdomadaire, et c'est l'émission hebdomadaire qui s'intitule "La vie
parlementaire dans la Vieille Capitale" reçoivent, pour cette
émission hebdomadaire d'une heure, je crois, un cachet, dans le cas de
l'animateur, de $700 par semaine et, dans le cas du recherchiste, de $400 par
semaine. Est-ce qu'il s'agit effectivement des taux que l'on paie à
Radio-Québec?
M. O'Neill: Dans le cas du recherchiste, cela me semble
raisonnable.
M. Forget: $400 par semaine.
M. O'Neill: Je ne peux pas vous certifier que c'est le montant
que nous payons à cette personne, je n'ai pas le contrat ici. Cela me
semble raisonnable.
M. Forget: En vertu de quoi?
M. O'Neill: Compte tenu... Attendez voir. Vous dites $400? Il se
peut que la personne... Il faudrait d'abord regarder le contrat. C'est
peut-être une personne qui est payée à forfait et qu'en
plus des travaux de recherche, elle fasse d'autres types de travaux. Il
faudrait vraiment regarder le détail du contrat, que je n'ai pas
ici.
M. Forget: Peut-on obtenir des renseignements plus
détaillés là-dessus?
M. O'Neill: Est-ce que vous avez le nom de la personne ou puis-je
vous communiquer ce renseignement par la suite?
M. Forget: Ecoutez, je vous donne le nom de l'émission. Je
ne pense pas que vous en ayez tellement qu'il soit impossible de les
découvrir.
M. O'Neill: D'accord.
M. Forget: Et dans le cas de l'animateur également.
M. O'Neill: Très bien.
M. Forget: Des honoraires de $700 par semaine, est-ce que ce sont
des honoraires qui, selon vos normes, sont habituels pour une émission
d'une heure?
M. O'Neill: Comme je vous le dis, il faut qu'on vérifie le
temps qu'il a à consacrer à la préparation de son
émission, les répétitions. Il faudrait que, vraiment, je
constate quel est le...
M. Forget: II ne doit pas y avoir beaucoup de
répétitions. C'est une émission qui est la revue des
activités parlementaires de la semaine. Cela se fait le vendredi.
Cela porte sur des choses qui s'étalent du mardi au jeudi de la
même semaine. Alors, ils ne sont sûrement pas en
répétition toute la semaine.
M. O'Neill: Je peux consulter un de mes confrères. On me
dit que l'animatrice est une animatrice maison, donc, une employée
permanente de Radio-Québec et qui est rémunérée
suivant la convention. Je ne vois pas pourquoi on paierait $400 pour Mme Lebel,
vu que c'est une employée permanente de Radio-Québec. Je pense
qu'il y a un peu de confusion.
De toute façon, au moment où vous faites cette
réponse... Si vous me permettez, on pourra reposer la question à
M. Barbin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais M. Barbin, on va le voir au moment de
la loi. C'est dans le budget.
M. O'Neill: ...
M. Forget: Je regrette. On va être responsable de ces
crédits. Il faut que vous répondiez. En vertu de la loi, M. le
ministre, vous ne pouvez pas vous réfugiez derrière M.
Barbin.
M. O'Neill: ... $400.
M. Forget: Vous êtes responsable du budget. Ces travaux
payés...
M. O'Neill: La question... deux choses...
M. Forget: II n'est pas question ici d'une société
d'Etat qui s'autofinance. Ce sont des crédits que vous dépensez
vous-même en vertu de CT que vous signez. Vous n'avez absolument aucune
excuse de vous réfugier derrière M. Barbin ou quelque
fonctionnaire que ce soit. Nous posons une question budgétaire lors de
l'examen de crédits du ministère des Communications. Nous avons
droit à une réponse détaillée et complète.
Ce n'est pas dans deux mois.
M. O'Neill: M. le Président, il y a une réponse qui
a été donnée, un chiffre de $700 et un chiffre de $400. On
a répondu également que, pour l'évaluation de ces
chiffres, on pourrait trouver certains détails plus tard. Pour ce qui a
trait aux dépenses...
M. Forget: Les chiffres ont été formulés par
moi, non pas par vous, M. le ministre. Nous voulons obtenir la confirmation et
la désignation des personnes qui les reçoivent et signent les
contrats.
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Laurent pourrait me laisser parler un peu. Je
sais que c'est difficile pour lui d'être poli, mais il pourrait
peut-être essayer.
M. Forget: Je suis poli quand on me répond
intelligemment.
M. O'Neill: Nous allons faire sortir ces contrats et fournir les
renseignements.
Nous ferons sortir les contrats et nous fournirons les renseignements.
Cela va peut-être éclairer le député de
Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: II y a seulement un petit problème, si
vous me permettez, c'est que la commission se termine à midi.
M. O'Neill: Oui, madame, elle se termine à midi.
M. Le Moignan: Elle se termine à midi.
M. O'Neill: Si vous avez un autre problème, madame, vous
aurez l'occasion de poser toutes ces questions à M. Barbin pour ce qui
est de l'évaluation, lorsque vous entrez dans des questions
d'appréciation.
Mme Lavoie-Roux: J'ai cru comprendre...
M. O'Neill: Je n'ai pas à imposer à M. Barbin des
appréciations là-dessus. C'est lui qui va les donner.
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai cru comprendre de la part du
ministre, c'est que, quand nous rencontrerons M. Barbin en commission
parlementaire corrigez-moi si je vous ai mal interprété
ce sera à l'occasion de la présentation du projet de loi
touchant la télévision éducative. Je ne crois pas
qu'à ce moment, d'une façon aussi précise qu'on peut le
faire aujourd'hui, on va aborder des rubriques budgétaires très
précises.
M. O'Neill: Non, M. le Président. Je crois que Mme le
député m'a mal compris. C'est à l'occasion de la rencontre
annuelle de la commission parlementaire sur Radio-Québec, donc, elle
pourra aborder, à ce moment, toutes les questions qu'elle voudra
poser.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas à l'occasion du projet de
loi.
M. O'Neill: Non, mais nous voulons le faire à peu
près en même temps que le projet de loi. C'est ce qui nous a
été demandé, c'est ce que vous nous avez demandé.
Je veux dire que nous allons essayer de faire en sorte que ce soit à peu
près dans la même période.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): J'allais rappeler que le droit
de parole de M. le député de Saint-Laurent a duré 44
minutes. Normalement, je devrais passer la parole à un autre parti.
Alors, vous avez la parole, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: L'an dernier, l'ex-président de
Radio-Québec manifestait ses doléances, du fait qu'il n'avait pas
assez d'argent. Je constate cette année qu'il y a une augmentation de $4
millions.
On vient de nous donner l'explication de l'augmentation de $4 millions.
Maintenant, je voudrais savoir combien vous avez d'employés à
Radio-Québec au siège national. C'est à Montréal
dans le moment.
M. O'Neill: Oui. 546 permanents.
M. Le Moignan: Est-ce que c'est sensiblement la même chose
que l'an dernier?
M. O'Neill: 527 l'an passé.
M. Le Moignan: Maintenant, dans les comités
régionaux, vous en avez à peu près une dizaine. (11
heures)
M. O'Neill: II y a du personnel dans les comités
régionaux qui sont des gens qui ne sont pas considérés
comme des employés, mais qui travaillent sur une base de jetons de
présence et nous avons, dans chaque bureau régional une personne,
un secrétaire, qui assure une certaine permanence et qui peut
s'adjoindre, à l'occasion, un personnel de secrétariat. La grosse
totalité des employés est à Montréal.
M. Le Moignan: En somme, ceux qui travaillent dans les
comités régionaux n'accomplissent pas tellement de besogne depuis
l'an dernier.
M. O'Neill: Non.
M. Le Moignan: Quand on les a rencontrés en commisson
parlementaire, c'était une de leurs craintes, justement, la peur de
disparaître étant donné qu'ils étaient là
simplement pour tenir le temps, pour poinçonner leur carte de temps, le
matin.
M. O'Neill: Ce qui est arrivé, M. Barbin est allé
les rencontrer tous, dans les régions, et a échangé avec
eux, mais, naturellement, la nature de ce qui va se faire en région sera
nettement influencée par le projet de loi.
M. Le Moignan: Parce que, actuellement, ça vous
coûte combien pour maintenir ces comités régionaux,
globalement?
M. O'Neill: Cela inclut les frais de voyages et de
déplacement de ces personnes. A peu près $150 000.
M. Le Moignan: Comme ça, tous les membres ou les
présidents, ou le titre que vous leur donnez, n'ont aucun pouvoir de
décision jusqu'à aujourd'hui, ils n'ont absolument rien. Est-ce
qu'ils ont des contacts avec la direction générale, des contacts
suivis ou des consultations?
M. O'Neill: Ils ont, depuis l'arrivée en poste de M.
Barbin, des contacts assez fréquents. Lorsque les décisions
gouvernementales nous ont été connues, ils sont entrés en
contact et les deux ou trois dernières semaines, M. Barbin a eu l'occa-
sion de les rencontrer dans les tournées régionales et
d'échanger sur la façon de fonctionner dans les
régions.
M. Le Moignan: Mais ça fait partie de vos
préoccupations de développer la mise en place dans les
comités régionaux, une facilité ou une attitude par
laquelle ces gens-là pourront déterminer eux-mêmes une
programmation régionale.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais simplement
ajouter que ce n'est pas simplement une préoccupation
générale. Cela va être déterminé en
détail, d'ailleurs, dans le projet de loi, et c'est déjà
d'ailleurs annoncé dans la décision qui a été prise
après les mémoires préparatoires au projet de loi, puisque
vous aurez, à ce moment-là, au lieu d'avoir simplement des sortes
de comités dits provisoires, quand même des comités
beaucoup mieux structurés et vous aurez une relation évidemment
directe et permanente entre ces comités et la Direction
générale de Radio-Québec.
M. Le Moignan: Parce que dans le mémoire
déposé, vous mentionnez justement que ces gens auront plus de
responsabilités, auront des pouvoirs de décision sur place et
qu'ils seront à même aussi d'établir une programmation
régionale de deux, trois ou quatre heures par semaine, selon le cas.
Est-ce que vous avez prévu des crédits ou est-ce que vos
études sont assez avancées pour que, dans telle région
donnée, on pourra cette année dépenser tel montant ou
réaliser tel programme de recherche ou mettre sur pied un film ou un
documentaire?
M. O'Neill: En fait, c'est déjà prévu dans
les crédits de Radio-Québec.
M. Le Moignan: Parce que je vois que vous avez $300 000, je
pense, pour...
M. O'Neill: Pour le départ, les premières
étapes, c'est ça.
M. Le Moignan: ... un départ.
Cette année, vous avez, dans vos régions
éloignées, l'Abitibi-Témiscamingue, qui fait partie de vos
priorités.
M. O'Neill: Cela, c'est pour l'implantation des antennes.
M. Le Moignan: Ce sont des antennes. Ensuite, vous avez le
Saguenay, Côte-Nord, Bas-Saint-Laurent...
M. O'Neill: C'est exact. M. Le Moignan: ... et...
M. O'Neill: Où on va procéder à des
études d'ingénierie.
M. Le Moignan: Vos études d'ingénierie,
jusqu'à aujourd'hui, sont-elles commencées ou si...
M. O'Neill: Cela commence, là. D'ailleurs, elles ont
débuté, c'est-à-dire que ça va prendre à peu
près de dix mois à un an pour les compléter et, ensuite,
on sera en mesure de voir comment le réseau pourrait fonctionner dans
les régions précitées.
M. Le Moignan: Mais quand on voit le titre d'un article de
journal qui mentionne qu'en 1980, Radio-Québec va desservir tout le
territoire du Québec, est-ce prématuré?
M. O'Neill: Oui, c'est prématuré, oui. M. Le
Moignan: C'est un article... M. O'Neill: En 1980, tout le
territoire?
M. Le Moignan: Radio-Québec aurait, en 1980, son
réseau national de radio.
M. O'Neill: M. le Président, je pense que vous faites une
certaine conclusion ici. Premièrement, c'est un article...
M. Le Moignan: Je n'ai pas dit le Canada, j'ai dit le
Québec.
M. O'Neill: Non, cet article porte non pas sur le
développement du réseau actuel de télévision, mais
sur...
M. Le Moignan: La radio.
M. O'Neill: ... l'éventuel développement d'un
réseau de radio...
M. Le Moignan: De radio.
M. O'Neill: ... au sujet duquel il n'y a aucune décision
de prise, puisque le comité Rocher, à qui le comité
ministériel permanent du développement culturel a confié
l'étude de cette question ne nous a pas encore remis son rapport. C'est
pour le moins prématuré d'annoncer une chose pareille dans un
journal.
M. Le Moignan: Quand on a parlé tout à l'heure
d'Abitibi-Témiscamingue, est-ce qu'il s'agit de télévision
ou de radio?
M. O'Neill: De télévision.
M. Le Moignan: Ah! Ce qui va s'étendre, d'ailleurs, ce
sera le réseau de télévision.
M. O'Neill: C'est ça.
M. Le Moignan: Mais vous voulez concurremment installer et la
radio et la télévision?
M. O'Neill: Le gouvernement n'a pas encore pris la
décision à ce sujet. Radio-Québec n'a pas reçu le
mandat, dans le moment, de développer un réseau de radio, c'est
une question qui va bientôt être soumise, d'ailleurs, à
l'attention du comité ministériel permanent de
développement culturel.
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez des demandes dans ce sens de
régions?
M. O'Neill: II y a eu, appelons cela des demandes. C'est une
chose qui a été assez fréquemment mentionnée dans
les tournées régionales, mais pas nécessairement toujours
sous l'angle de l'extension ou de l'installation d'un réseau de
diffusion comme tel. De la part de certains, par exemple, la demande portait
beaucoup plus du côté de la production, c'est-à-dire que
vous avez un problème dans les régions, vous avez un très
grand nombre de postes privés de radio; au Québec, on compte
à peu près une centaine de petits postes privés de radio.
Le problème dans ces stations de radio, c'est de produire des
émissions d'une certaine qualité; il y a des problèmes de
personnel, d'équipement et s'ils voulaient le moindrement rendre des
services dans le domaine de l'éducation ou d'une radio éducative,
ils n'auraient pas ce qu'il faut pour le faire.
L'autre hypothèse qui a été envisagée
et là-dessus, il n'y a pas de choix de fait c'est de savoir si
Radio-Québec ne pourrait pas, à un moment donné, rendre
service soit au plan national, soit dans les régions, en fournissant des
produits à ces stations de radio. C'est à l'étude, le
rapport ne nous a pas encore été remis.
M. Le Moignan: Vous n'avez pas eu de contact avec les postes de
radio privés à ce jour?
M. O'Neill: Je dois vous dire que c'est une question que j'ai
abordée avec le CRTF, l'association des radiodiffuseurs de langue
française et certains ont manifesté beaucoup
d'intérêt pour cela. D'ailleurs, certains ont justement dit qu'ils
envisageaient très bien que Radio-Québec puisse aussi accomplir
une mission au plan de la production.
M. Le Moignan: Toujours sur le plan éducatif?
M. O'Neill: Oui, au sens d'une radio éducative, au sens
large du thème, celui que vous retrouvez dans le rapport Rocher.
M. Le Moignan: Au sens large du terme...
M. O'Neill: Oui, éducation permanente et le reste.
M. Le Moignan: C'est dire que ce serait facile pour les radios
communautaires, à ce moment-là, même si elles sont
indépendantes dans la plupart des cas, de se joindre soit au
réseau de Radio-Québec ou de faire des ententes.
M. O'Neill: On pourrait même penser que les radios
communautaires manifesteraient plus d'in-
térêt pour ces produits culturels que ne pourraient le
faire un certain nombre de postes privés. Ce serait naturel de trouver
de l'intérêt du côté des radios communautaires qui
pourraient ainsi enrichir largement leur programmation.
M. Le Moignan: Le député de Saint-Laurent a
mentionné tout à l'heure les types de programmation. En ce qui a
trait aux comités régionaux, est-ce qu'ils auront des normes
à observer, toujours dans le sens d'une programmation éducative?
Quel sera leur rôle exact?
M. O'Neill: Ce qui est prévu dans le projet, c'est que
chaque comité régional ait une responsabilité directe
concernant une production régionale, concernant aussi
l'établissement d'une grille horaire pour la région et exerce un
rôle consultatif concernant la programmation dite nationale, le tout sous
la responsabilité du conseil d'administration de Radio-Québec et
du directeur-général.
M. Le Moignan: Qui fera partie des conseils régionaux?
Seront-ils désignés par le gouvernement ou s'ils seront
nommés par les instances locales?
M. O'Neill: Je n'aurais pas objection à répondre
à cela, M. le Président, sauf que vous entrez dans les articles
du projet de loi, dans le moment. Si vous voulez attendre seulement quelques
jours, on va reprendre le même débat.
M. Le Moignan: Seulement quelques jours? On va patienter quelques
jours.
M. O'Neill: C'est déjà là.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le
député de Gaspé a terminé?
M. Le Moignan: Non. Radio-Québec je pense que le
sujet a été abordé l'an dernier n'accepte aucune
publicité.
M. O'Neill: Non.
M. Le Moignan: Jamais?
M. O'Neill: Non, pas de publicité.
M. Le Moignan: Donc, c'est l'Etat qui, à 100%, assume tous
les frais de Radio-Québec. Est-ce que cela fait partie de
possibilités futures?
M. O'Neill: II reste qu'on pourrait dire qu'on a commencé
à élaborer les commandites de prestige. Justement, on est en
train à l'heure actuelle d'avoir peut-être notre premier contrat
de commandite de prestige. Mais c'est encore extrêmement limité
dans les ressources financières qui nous sont disponibles. Nous avons
des revenus de distribution de nos documents qui sont de l'ordre d'à peu
près $350 000 à $400 000 par an, pour la distribution de
documents aux commissions sco- laires. L'ordre des revenus est d'à peu
près $500 000 par an.
Quand je parle de publicité, il faut s'entendre, étant
donné que c'est éducatif, on n'ira pas annoncer de la
bière, on n'ira pas annoncer des choses du genre. Cette commandite de
prestige est un programme qui est en marche mais sur lequel on est en train
de...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas...
M. Le Moignan: II y a des programmes gouvernementaux, il y a
peut-être des programmes de compagnies mais c'est très
sérieux, cela ne répugne pas qu'un jour, Radio-Québec
veuille se développer et s'il reçoit des millions de
publicité, de bonne publicité toujours, Radio-Québec
refuse cette publicité.
M. O'Neill: J'aimerais là-dessus que vous demandiez les
critères envisagés concernant la publicité de prestige
dont vous parlait M. Buzaré.
M. Le Moignan: Depuis la transmission des débats à
l'Assemblée nationale, l'an dernier, la cote d'écoute de
Radio-Québec ne semblait pas tellement prestigieuse, on parlait de 3% ou
4% peut-être. Avez-vous fait des études, des sondages
dernièrement, excepté ceux qui sont sortis dès les
débuts de la session d'octobre.
M. O'Neill: Nous avons présentement une étude qui
va avoir pour but d'examiner la nouvelle grille. La nouvelle grille a
commencé effectivement à partir de janvier, la diffusion de
Radio-Québec a vraiment commencé à partir de janvier. Nous
avons un certain nombre d'émissions qui sont à l'antenne
présentement, donc parmi les premières des émissions de
Radio-Québec, et qui vont chercher une cote d'écoute de 5%
à 6%.
M. Le Moignan: Mais...
M. O'Neill: C'est d'après un rapport du BBM qui a
été publié en janvier. Nous sommes en train d'obtenir des
données plus récentes, mais il y a une tendance
générale à une grimpée de la cote
d'écoute.
M. Le Moignan: Quelles sont les principales émissions qui
jouissent de la faveur du public? Avez-vous une idée?
M. O'Neill: L'Envers du décor, qui est une émission
de Radio-Québec, et l'émission de Keith Speicer, les
invités de Keith Speicer, les deux de Studio 1. Parmi les six
premières émissions, il y a quatre émissions de
Radio-Québec, ensuite deux acquisitions. Les quatre émissions qui
connaissent le plus de succès sont celles que je vous ai
mentionnées tantôt.
M. Le Moignan: Mais la cote d'écoute pour
l'Assemblée nationale, comme telle?
M. O'Neill: Comme telle, c'est 2%. M. Le Moignan: 2%?
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: Seulement. C'est vrai que vous couvrez trois ou
quatre centres dans la province, mais je croyais que cela avait fait monter de
beaucoup la cote.
M. O'Neill: On a eu des périodes au début de 4%
à 5%, mais maintenant cela s'est stabilisé à 2% à
peu près.
M. Le Moignan: Mais vos émissions scolaires sont-elles
données dans les écoles? Est-ce qu'il y a une heure
précise pour...
M. O'Neill: A partir de 10 heures le matin, maintenant,
jusqu'à environ 15 heures l'après-midi, les émissions qui
nous sont fournies par le ministère rejoignent les commissions
scolaires, sont diffusées à ce moment justement pour atteindre la
clientèle scolaire. Cela part de 10 heures le matin jusqu'à 15
heures l'après-midi, comme je vous le dis.
M. Le Moignan: Actuellement, vous donnez environ 12 heures de
programmation par...
M. O'Neill: Par jour? M. Le Moignan: Par jour.
M. O'Neill: Oui, de 10 heures le matin jusqu'à 22 h 30 le
soir, soit 12 heures, 12 heures et demie. Parfois, cela peut s'étendre
après 22 h 30.
M. Le Moignan: Si vous n'en donnez pas plus, est-ce que vous
jugez que votre clientèle, que les heures de pointe, que tout cela est
couvert, entre les deux extrêmes, entre les limites, ou bien avez-vous
l'intention de prolonger l'horaire avec le temps?
M. O'Neill: Vous poserez cette question à M. Barbin.
M. Le Moignan: Toujours à M. Barbin.
M. O'Neill: Oui. C'est M. Barbin qui est juge dans ces cas.
M. Le Moignan: Est-ce une question d'argent? Est-ce une question
de budget?
M. O'Neill: C'est tout cela en même temps...
M. Le Moignan:... 12 heures, 15 heures ou 20 heures, cela va
être...
M. O'Neill: M. Barbin se fera un plaisir de répondre
à votre question, M. le député. (11 h 15)
M. Forget: II va peut-être juger que ces budgets...
M. O'Neill: ... cette année.
M. Le Moignan: Est-ce que la région s'intéresse
réellement à la régionalisation comme telle? Avez-vous des
instances, de façon générale? Est-ce qu'on réclame
Radio-Québec...
M. O'Neill: Les nouvelles que j'ai eues, par exemple, de la
dernière tournée de M. Barbin sont extrêmement
encourageantes de ce côté-là. Il y a une grande
satisfaction devant l'annonce de la régionalisation. Je dois vous dire
que, dans les tournées précédentes qu'avait faites, d'une
part, M. Labonté, l'ancien président-directeur
général, et dans les tournées que j'avais faites
moi-même, les demandes au sujet de Radio-Québec étaient
nombreuses et l'intérêt au sujet de Radio-Québec
était régulier. D'ailleurs, cela m'avait frappé, dans les
rencontres avec ce qu'on appelait les groupes culturels en région, que
le cas de Radio-Québec revenait toujours dans les débats. A ce
point de vue, je pense que la réponse va être extrêmement
positive dans les régions. La seule réticence que j'ai entendue
relative à la régionalisation est venue de Montréal, de
certains groupes qui ont manifesté certains doutes, estimant qu'à
leur point de vue, les régions n'avaient pas les ressources
nécessaires pour se lancer dans une telle entreprise. Mais c'est un
point de vue montréalais. Nous croyons que les régions sont
capables d'apporter une contribution de plus en plus grande aux
activités de Radio-Québec.
M. Le Moignan: Par rapport aux autres postes, soit Radio-Canada
ou Télémétropole, est-ce qu'on juge que la qualité
de ce que vous donnez est comparable, inférieure ou supérieure?
Avez-vous des réactions en ce sens-là?
M. O'Neill: Pour ce qui est des réactions proprement dites
de Radio-Québec, vous pourrez le demander...
M. Le Moignan: ... à M. Barbin encore.
M. O'Neill: Quant aux miennes, celles qui me sont parvenues, oui,
les gens font vraiment la distinction. Il y a parfois des critiques qui ont
été faites, par exemple, concernant le caractère un peu
sévère de certaines émissions. J'ai dit qu'à
Radio-Québec, on était conscient de ça. D'ailleurs, dans
le mandat de Radio-Québec, vous remarquerez aussi qu'on parle, à
un moment donné, de demander d'accomplir un effort dans le domaine de ce
qu'on appelle la pédagogie populaire, c'est-à-dire faire en sorte
que ce qui est éducatif soit en même temps intéressant et
captivant le plus possible. Cela est justement venu à la suite des
doléances entendues ici et là. Autrement dit, il y a des gens qui
aiment beaucoup Radio-Québec et qui voudraient que ce soit encore
meilleur.
Pour ma part, je pense que la cote... On parle souvent de la cote
d'écoute de Radio-Québec qui
est croissante, mais qui va lentement; c'est une cote d'amour aussi.
C'est sûrement un outil culturel extrêmement, hautement
apprécié en région. Cela ne fait aucun doute. C'est pour
ça que les gens veulent l'avoir.
M. Le Moignan: Dans la ville de Montréal... M. Barbin
n'est peut-être pas prêt à nous donner cela la prochaine
fois, mais, comparées à Radio-Canada et aux autres, les cotes
d'écoute, la qualité des émissions, etc.,
peut-être...
M. O'Neill: Pour les cotes d'écoute, ce sont les chiffres
qui vous ont été fournis tout à l'heure. Ce sont à
peu près les mêmes que celles que vous retrouveriez en
région.
M. Le Moignan: Qu'on retrouverait pour les autres postes de
Montréal, par exemple, Radio-Canada ou les autres réseaux?
M. O'Neill: J'ai ici certains renseignements que
Radio-Québec a compilés en fonction d'un certain nombre
d'émissions. Il y en a pour Montréal, Québec et Hull, il
n'y en a pas pour les endroits où Radio-Québec est rejoint par le
câble, par exemple.
M. Le Moignan: Oui, je ne parle pas de régions
éloignées.
M. O'Neill: Par le câble, vous avez simplement trois
régions dans le moment. J'ai ici, par exemple, comme cotes
d'écoute: Québec, les cotes d'écoute atteignent un maximum
de 5% à l'automne, variant de 0 à 4%, atteignant un maximum de
5%. A Montréal, une seule série voit sa cote d'écoute
maximale dépasser 3% alors qu'à Québec, cinq séries
différentes réussissent à obtenir une cote de 4 à
5%.
Si vous me posez la question, à comparer à Radio-Canada ou
CBF, c'est nettement inférieur, il n'y a aucun doute là-dessus.
Aux Etats-Unis et en Ontario, on estime que la cote d'écoute normale, on
dit normale, mais satisfaisante cela ne veut pas dire que l'on ne doit
pas faire beaucoup d'efforts pour la dépasser d'une radio ou
télévision éducative est située aux environs de 3%
à peu près, dans l'ensemble des réseaux.
Je pense qu'il ne s'agit pas de se contenter de cela. Il faut
espérer avoir plus que cela. Mais on estime que c'est à peu
près cela qui...
Mme Lavoie-Roux: Quant aux pourcentages...
M. O'Neill: Dans les pourcentages ici, il y a eu des maximums qui
sont allés jusqu'à 5% par instants, 4%, 3% et d'autres, en bas de
3%.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la moyenne? Quand les radios
américaines établissent une moyenne, il faut dire le pourcentage
en termes de moyenne.
M. O'Neill: La moyenne serait à peu près de 3% dans
le moment, alors que l'an dernier, si je ne m'abuse, elle était de
1%.
Les chiffres ici remontent à janvier. On me signale qu'avant que
Radio-Québec lance sa nouvelle programmation, sa programmation maison
on est en train de faire d'autres sondages on s'attend à
pouvoir inscrire des cotes d'écoute plus élevées
encore.
M. Le Moignan: Quand vous avez une cote d'écoute de 1% sur
un programme, est-ce que cela suscite chez vous des inquiétudes? Ou
peut-être est-il bon de discontinuer ou non le programme en question?
M. O'Neill: Tout dépend des objectifs. Vous poserez la
question à M. Labonté, ou plutôt à M. Barbin.
M. Le Moignan: M. Barbin, très bien.
J'aurais une dernière question au sujet du plan triennal. Je
pense que cela couvre les années... Est-ce que le plan suit son cours
normal? Est-ce qu'il y a des retards? Est-ce que vous en prévoyez?
M. O'Neill: II est remplacé pour nous par le plan de
développement qui démarre cette année, d'un
côté, par l'accroissement de la production régionale, et
d'autre part, par l'extension des antennes, avec un plan adopté
déjà pour les deux premières années. C'est celui
qui a été adopté cette année. Ensuite, un
accroissement normal chaque année. Nous ne parlons plus de plan
triennal. Ce qui a été adopté, en principe, c'est
l'extension générale du réseau de Radio-Québec et
dans le concret, au plan budgétaire, l'adoption pour les deux
premières années.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir très brièvement sur la cote d'écoute. Est-ce qu'on
a établi une distinction entre le pourcentage d'écoute des
débats de l'Assemblée nationale et fait une moyenne en
soustrayant l'écoute des débats de l'Assemblée nationale,
pour le reste des émissions?
M. O'Neill: Excusez-moi, je n'ai pas saisi la question.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous établissez la cote
d'écoute, est-ce que vous établissez votre moyenne
générale à 3%? Ma question précise est celle-ci:
Est-ce que vous avez établi une moyenne générale, en
soustrayant la cote d'écoute des débats de l'Assemblée
nationale et une moyenne générale pour les émissions qui
sont d'un autre ordre que les débats de l'Assemblée
nationale?
M. O'Neill: C'est spécifiquement pour l'Assemblée
nationale. La moyenne générale...
Mme La voie-Roux: Elle n'est pas incluse dans la cote
d'écoute générale? C'est cela ma question. Les
débats de l'Assemblée nationale...
M. O'Neill: Sont inclus.
Mme Lavoie-Roux:... sont inclus dans la cote
générale.
M. O'Neill: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ma question précise est: Est-ce que vous
avez tenté de faire la distinction, d'établir deux moyennes, en
d'autres termes, une qui toucherait les autres émissions que les
débats de l'Assemblée nationale et une qui touche
évidemment vous l'avez probablement les débats de
l'Assemblée nationale uniquement?
M. O'Neill: On a l'information sur les émissions. Les
rapports nous sont fournis par émission, c'est-à-dire pour
chacune des émissions qui s'inscrivent dans le rapport du BBM, nous
avons les détails. Plutôt que la moyenne générale
qui est très globale, nous marchons par type d'émission, ce qui
nous indique, premièrement, si l'émission fonctionne, si elle
atteint les objectifs que l'on veut. C'est surtout aux titres des
émissions que nous regardons spécifiquement la moyenne. Si on
prend les émissions que Radio-Québec produit et diffuse, si on a
pu, par exemple, se fixer un objectif de 4% ou 5%, si on l'atteint, tout en
respectant les objectifs visés dans la programmation...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de vous interrompre, ce n'est pas...
Je ne dois évidemment pas m'exprimer très clairement. C'est que
je pense qu'il y a peut-être une influence dans la hausse de la cote
d'écoute des émissions de Radio-Québec à cause des
émissions des débats télévisés. Là,
je comprends que vous essayiez d'évaluer chacune de vos émissions
en fonction de la cote d'écoute.
M. O'Neill: On prend chacune des émissions.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que vous fassiez le partage, d'une
part, entre les émissions qui ne sont pas des débats
télévisés de l'Assemblée nationale et les autres
qui toucheraient uniquement les débats télévisés de
l'Assemblée nationale pour voir si...
M. O'Neill: La moyenne générale est de l'ordre de
3%, l'Assemblée nationale n'est que de 2%.
Mme Lavoie-Roux: Seulement 2%, celles de l'Assemblée.
M. O'Neill: Ce serait plutôt un élément qui
aurait tendance à baisser la moyenne et non pas un élément
pour augmenter la moyenne.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ici...
M. O'Neill: II faut toujours savoir de quel moment on parle. Si
c'est en janvier, c'est évident que l'Assemblée nationale a
été l'émission la plus écoutée. Nous
redémarrions à ce moment-là, Radio-Québec
redémarrait.
Mme Lavoie-Roux: Ici, on a devant nous un tableau du pourcentage
de l'auditoire du Québec, de novembre 1977, du CRTC, Rapport
spécial sur la diffusion au Canada, mars 1979, où le pourcentage
d'écoute de Radio-Québec est de 0,94%.
M. O'Neill: En 1977?
Mme Lavoie-Roux: En 1977. C'est le dernier que nous ayons. Vous
autres, c'est officiel vos 3,2%?
M. O'Neill: C'est basé, comme je vous l'ai
mentionné, sur des rapports qui nous proviennent de BBM. émission
par émission, plutôt. Là, nous nous estimons à 3,5%.
Nous sommes à procéder à une évaluation
complète, à faire un sondage complet. Là, nous serons
davantage en mesure d'apprécier exactement où se situe la cote
d'écoute de façon globale en incluant ou en excluant
l'Assemblée nationale. C'est là où nous la situons
présentement.
Nous avons des émissions, par exemple, sur lesquelles nous avons
mis un certain accent, où nous sommes heureux de constater qu'on a des
cotes d'écoute de 5% à 6%.
Mme Lavoie-Roux: Mais, à tout événement, la
réponse que je voulais savoir, je l'ai eue, parce que je me demandais,
étant donné que les débats télévisés
sont censés avoir une cote d'écoute très haute, si cela
avait eu une influence sur la cote d'écoute des autres émissions.
Au contraire, cela pourrait avoir un effet négatif.
Ce serait intéressant quand même d'examiner cela de plus
près. Je pense que vous le faites à l'état
d'hypothèse.
M. O'Neill: On en tient compte dans le plan de programmation de
l'automne prochain.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que c'est... Ce n'était pas
là ma question principale. M. le ministre tout à l'heure semblait
souscrire en tout cas à la définition de l'UNESCO touchant la
télévision éducative en disant que cela peut être de
la télévision scolaire, de la télévision pour les
adultes, etc. Ma question précise est la suivante: Quels sont les liens
qui sont établis entre le ministère des Communications et le
ministère de l'Education, parce que, si on veut parler de
télévision éducative, cela me semble extrêmement
important? Je vais la situer d'une façon un peu plus précise
encore, en fonction de l'éducation des adultes et de l'éducation
populaire. Je pense que le ministre et certainement d'autres membres, d'autres
députés qui sont ici ont lu dans les journaux et ont reçu
des représentations fréquen-
tes, cette année, de la part des organismes d'éducation
populaire et également de la part de certains organismes qui se
préoccupent d'éducation populaire, de l'éducation des
adultes. On sait que le ministère de l'Education,
particulièrement à l'égard des organismes
d'éducation populaire, a coupé les fonds d'une façon assez
brutale et, au même moment, on voit le ministre des Communications qui
nous dit ou le gouvernement qui nous dit que Radio-Québec veut
développer sa mission éducative ou la mission éducative de
Radio-Québec et y investir de l'argent. Mais les gens qui regardent cela
de l'autre côté de la clôture et qui ne vivent pas dans
l'enceinte des discussions gouvernementales se posent des questions très
sérieuses. (11 h 30)
Comment peut-on, d'une part, investir à ce moment-ci davantage du
côté de l'éducation, ce qui, forcément, va toucher
à l'éducation des adultes ou à l'éducation
populaire, sans qu'on ait d'abord, au préalable, établi une
politique touchant tout ce secteur de l'éducation des adultes, soit
l'éducation populaire aux adultes ou l'éducation permanente.
Enfin, on ne se disputera pas sur les termes. On sait ce dont on veut parler.
Cela m'apparaît comme des décisions touchant Radio-Québec
qui ne reposent pas sur une politique fondamentale de l'éducation des
adultes.
Alors, il y a deux questions: Quels sont les ponts? Deuxièmement,
comment pouvez-vous procéder à investir davantage dans la
télévision éducative quand vous n'avez même pas au
point de départ une politique d'éducation aux adultes
cohérente?
M. O'Neill: Dans la préparation du projet de loi, il y a
eu une excellente collaboration du ministère de l'Education et
évidemment de Radio-Québec, les deux ensemble. En un sens, cela
mettait fin j'espère que cela met fin à une
période de mauvais rapports. Je pense que c'est assez bien connu que les
rapports étaient passablement difficiles entre Radio-Québec et le
ministère de l'Education, particulièrement ce qu'on appelle le
Service général des moyens d'enseignement. Je n'ai pas à
faire ici le procès de qui que ce soit, mais cela fait en sorte
qu'à chaque fois... Il y avait des comités, et, il existait une
sorte de comité de programmation mixte entre Education et Communications
pour tenter un peu de déterminer les normes de la
télévision éducative à Radio-Québec, les
normes générales. Cela n'a jamais très bien
fonctionné. D'ailleurs, c'est une, parmi d'autres raisons, qui nous a
incités à dire: Confions donc cela à une instance qui ira
chercher des experts, une instance séparée de l'appareil
gouvernemental, ce sera la Régie des services publics qui appliquera
cela, qui verra à l'application de ces normes.
Il y a eu une période difficile. Nous pensons qu'actuellement, il
y a moyen de franchir une étape nouvelle. Il est déjà
prévu que dans la désignation des nouveaux membres du conseil
d'administration de Radio-Québec, dans le cas de la désignation
de deux membres, entre autres, cela se fera après consultation avec le
ministre de l'Education. Il est prévu que dans les comités
régionaux, il devra y avoir des représentants des milieux de
l'éducation, pour essayer de rapprocher Radio-Québec des milieux
de l'éducation, tout en lui laissant son autonomie. Avec ce genre de
mesure, on devrait en arriver à une collaboration plus facile. Nous
avons d'ailleurs indiqué, dans le mandat donné à
Radio-Québec, que c'était aussi un de ses devoirs que d'apprendre
à travailler en coopération plus étroite avec le
ministère de l'Education. Ce disant, je ne voudrais pas porter un
jugement, ce qui s'est fait l'an passé, comme si c'était
Radio-Québec qui avait tous les torts dans cela.
Mme La voie-Roux: Non, je ne pensais même pas à
Radio-Québec en posant ma question.
M. O'Neill: Les rapports ont été difficiles, c'est
bien connu.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Nous pensons qu'au moment où on essaie
d'améliorer cela, d'avoir une entreprise plus dynamique et tout, il faut
une collaboration plus étroite aussi avec le ministère de
l'Education.
Mme Lavoie-Roux: Ma deuxième question qui, à mon
point de vue, est plus fondamentale, c'est: Comment le gouvernement
explique-t-il qu'à ce moment, il est à mettre des millions de
dollars supplémentaires à la disposition de Radio-Québec
qui, normalement, devraient aller toucher tout le secteur de l'éducation
des adultes, l'éducation populaire et qu'il n'y ait pas d'abord une
politique de base d'établie dans ce secteur, qui fasse la coordination
entre toutes les ressources qui existent ou qui devraient exister, touchant
l'éducation des adultes ou l'éducation populaire? J'ai
l'impression que la main droite ignore ce que la main gauche fait.
M. O'Neill: Vous voulez dire ce qui se fait au ministère
de l'Education?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas à moi à
déterminer où est la responsabilité, mais il n'y a pas de
politique d'éducation aux adultes. Alors, on parle ici d'un
réseau d'éducation. On va nous faire voter, je ne sais pas...
Vous avez dit: Dans quelques jours, on va nous arriver avec un nouveau projet
de loi où on va discuter de télévision éducative.
La pierre d'assise n'est même pas là.
M. O'Neill: Ce qu'il y a comme mesure politique sur
l'éducation des adultes au ministère de l'Education, je n'ai pas
de réponse à vous donner.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que vous allez faire cela
séparément.
M. O'Neill: Non, au contraire. Nous avons dit que
Radio-Québec, dans son organisation... D'ail-
leurs, c'est pour cela qu'il y aura même des gens de nommés
sur les conseils régionaux, qui viennent du ministère. C'est que
Radio-Québec, au lieu de travailler un peu trop séparément
je ne dis pas du tout que c'est la faute à Radio-Québec,
mais c'est comme cela que cela s'est passé devra, à ce
moment, travailler en collaboration plus étroite avec le
ministère de l'Education pour trouver réponse à ces
questions. C'est pour cela qu'on demande que même l'administration de
Radio-Québec dans les comités régionaux...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre est conscient qu'il
n'existe pas de politique d'éducation des adultes?
M. O'Neill: Au ministère de l'Education? M. Forget:
Nulle part au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Nulle part au Québec. Chacun va
cahin-caha. Il se fait d'excellent travail, remarquez bien. Il peut s'en faire
d'excellent aussi à...
M. O'Neill: II ne se fait peut-être pas quelque chose de
coordonné mais il se fait un excellent travail...
Mme Lavoie-Roux: Oui, il se fait de l'excellent travail, mais il
faut quand même tenir compte de là où l'argent va.
M. O'Neill: Je viens d'une université où se
faisaient des choses.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne dis pas... Ne me faites pas dire ce
que je n'ai pas dit...
M. O'Neill: En tout cas, il travaillera avec ce qui se fait
déjà.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, c'est simple, il n'y a pas de
réponse. On va...
M. O'Neill: Non, tout ce que je sais, c'est que la
responsabilité de faire la coordination dans l'éducation des
adultes, je pense bien, ne relève pas de mon ministère,
j'imagine. Radio-Québec va le faire avec le ministère de
l'Education, d'accord!
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce que Radio-Québec peut nous
dire, est-ce que ces gens sont appelés à collaborer à un
comité qui, présentement, examine tout ce secteur de
l'éducation des adultes, de l'éducation populaire? On peut
demander ça...
M. O'Neill: Vous poserez la question à M. Bar-bin.
M. Forget: Ah! Une chance qu'on a un ministre des
Communications.
Mme Lavoie-Roux: Mais ça...
M. Forget: Cela fait une belle jambe... M. O'Neill: II
vous donnerait...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais ce n'est pas politique, cette
question, quand même.
M. O'Neill: Vous lui poserez la question. M. Forget: ...
les réponses...
M. O'Neill: De notre côté à nous, encore une
fois, ce que nous avons fait, c'est dans la loi. Nous avons
déterminé des premiers liens dans la loi avec le ministère
de l'Education et Radio-Québec. C'est ce que nous faisons.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, j'attendrai M.
Barbin.
Je voudrais poser une autre question à laquelle, j'espère,
les gens de Radio-Québec qui sont ici pourront peut-être me
répondre, si le ministre n'est pas au courant.
Je suis certaine que, pour Radio-Québec, qui se préoccupe
d'éducation, on est au courant qu'il existe, dans la province, environ
200 000 analphabètes. Quels sont les efforts de Radio-Québec pour
rejoindre cette population qui, je pense, réagirait probablement
très positivement à des initiatives de Radio-Québec, alors
qu'il est peut-être même difficile pour des adultes
analphabètes de se présenter à une commission scolaire?
Qu'est-ce qui se fait à Radio-Québec dans ce domaine?
M. O'Neill: On me communique qu'au ministère de
l'Education, il y a un comité qui s'occupe de ce problème
justement et que Radio-Québec aura des contacts avec ce comité
pour voir, dans la prochaine programmation, comment il pourrait aider dans ce
problème.
Mme Lavoie-Roux: Actuellement, il ne se fait rien.
M. O'Neill: Présentement, non.
Mme Lavoie-Roux: Cela faisait trois ans que j'en parlais au
ministère de l'Education, sans réponse. Alors, j'espérais
que j'en aurais peut-être du côté de
Radio-Québec.
M. O'Neill: Non...
Mme Lavoie-Roux: Vous attendez le ministère de
l'Education. Bon! D'accord.
Je pense que, très sérieusement, vis-à-vis de ce
groupe d'individus, ça m'apparaît comme une priorité et je
pense qu'un contexte de radio éducative et peut-être davantage de
télévision éducative pourrait être extrêmement
intéressant et bénéfique pour cette clientèle
particulière.
Une autre question, M. le Président. Je pense que le ministre
saura certainement éclairer mon ignorance ou la confusion dans laquelle
je me trouve.
Je vois dans son texte, "Politiques de développement de
Radio-Québec", à la page 2, que la nouvelle structure de
Radio-Québec reflétera la participation régionale à
deux paliers. D'une part, des comités seront implantés
progressivement, dans chacune des régions, selon un plan mis au point
par le conseil d'administration de Radio-Québec.
Le ministre se souviendra comme moi que, l'an dernier, au moment de la
commission parlementaire de Radio-Québec, un mémoire a
été présenté par les porte-parole de
l'assemblée des comités régionaux. Est-ce que ces
comités sont disparus, puisque le ministre veut en créer
d'autres?
M. O'Neill: C'étaient des comités provisoires, vous
vous rappelez?
Mme Lavoie-Roux: Ils sont morts de leur belle mort.
M. O'Neill: C'est-à-dire que les comités qui seront
désormais créés par la loi pourront faire en sorte que ces
comités provisoires qui existent puissent avoir un statut légal.
Mais c'étaient des comités provisoires. Cela ne veut pas dire
qu'on les détruit, sauf qu'actuellement, ce que fait la loi 7, c'est
qu'elle les reconnaît officiellement. Elle reconnaît officiellement
des comités régionaux. Il y aura le problème de
l'ajustement de la composition telle que prévue par la loi, et de la
composition actuelle de ces comités provisoires.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, dans le communiqué du
ministre...
M. O'Neill: ... dans la loi actuellement...
Mme Lavoie-Roux: Non, il aurait fallu dire que les comités
provisoires, normalement, acquerront un statut de comité permanent.
Enfin, c'est dans cet esprit qu'il faut le lire.
M. O'Neill: Oui, mais attention! Je n'irais pas jusque-là
pour la raison suivante. Il y aura des comités qui seront,
d'après la loi, nommés, désignés après
consultation du milieu et il peut très bien arriver que ce soient les
mêmes personnes qui en fassent partie, mais ça va dépendre
des critères de composition des comités. Je donne comme exemple:
Si des gens doivent représenter, non pas les milieux socioculturels,
mais les milieux éducatifs, supposons qu'on arrive au cas d'un
comité je dis ça par hypothèse, parce que je n'ai
pas en mémoire la composition de chacun de ces comités pour
savoir ce que chaque personne fait il faudra faire les ajustements
nécessaires pour que le comité corresponde aussi aux normes
telles que prévues dans la loi.
Ce qu'il y a de plus, c'est que nous passons finalement du stade de
l'expérimentation au stade de la reconnaissance officielle.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je dois comprendre du ministre que ces
comités provisoires existent encore et pourront être
modifiés dans leur composition, mais ils existent encore.
M. O'Neill: Sauf qu'ils changent radicalement de statut, parce
que là, ils font partie d'une structure définie dans une loi.
C'est un petit peu comme... Ce n'est pas parce que c'est le mot "provisoire"
qui disparaît... Quelqu'un pourrait me dire que, légalement, ils
n'existeraient plus, en ce sens qu'ils changent complètement de statut,
c'est tout.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre se souviendra que...
M. O'Neill: ... toujours les mêmes personnes.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le ministre se souviendra que ces
comités ont eu passablement de doléances à faire à
la commission parlementaire sur la qualité ou le manque de
qualité de leurs relations avec Radio-Québec à
Montréal. A quoi ces gens se sont-ils occupés? Est-ce qu'ils ont
été complètement démobilisés? Dans les
faits, qu'est-il advenu de ces personnes qui s'étaient impliquées
depuis assez longtemps d'une façon très intensive pour essayer
d'avoir, dans leurs régions, des services appropriés?
M. O'Neill: Je sais qu'après sa nomination comme
président-directeur général, M. Barbin a repris contact
avec ces comités et, au moins dans certains cas, les choses se sont
très bien passées. Est-ce qu'il y a eu des difficultés,
est-ce que certains ont été démobilisés dans
d'autres cas? Il faudrait le lui demander. J'ai eu les premiers rapports sur
certains cas de rencontres avec les comités régionaux et les
choses se sont très bien passées et les gens ont repris
intérêt.
Effectivement, des comités ont été
démobilisés et, après les rencontres avec M. Barbin, les
comités sont encore associés à l'identification des
besoins de programmation dans les régions et aux productions que nous
faisons avec les gens des régions. On continue de faire douze heures
avec les gens dans les régions.
Je sais, d'autre part, que dans quelques cas, des gens qui faisaient
partie de comités provisoires avaient été partiellement
déçus par le fait que le projet qui avait été
annoncé n'allait pas aussi loin qu'ils le désiraient concernant
l'autonomie des structures régionales, ce qui ne veut pas dire qu'ils
n'étaient pas satisfaits de cette approbation d'une politique de
régionalisation, sauf qu'ils auraient souhaité qu'on aille plus
vite et qu'on aille plus loin.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre a deviné ma question
suivante. Dans la nouvelle structure qu'il prévoit, quel sera le
degré d'autonomie des régions par rapport à
Radio-Québec?
M. O'Neill: Dans la structure qui sera détaillée
dans le projet de loi, on pourrait parler d'une autonomie que j'appellerais
mitoyenne, mitigée. Ce n'est pas une structure totalement
centralisée,
c'est vraiment un effort de régionalisation, mais ce n'est pas
une structure qui pourrait ressembler de quelque façon à une
structure comme celle à laquelle nous pensons de l'Université du
Québec. La responsabilité fondamentale demeure celle du Conseil
national d'administration où vont siéger un minimum de dix
représentants des régions.
Mme Lavoie-Roux: Sur un total de combien? M. O'Neill: Sur
un total de 23.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question que j'aimerais
poser, pour le moment. On nous a dit, tout à l'heure, que 546 personnes
étaient employées de façon régulière et
permanente à Radio-Québec. Est-ce qu'on pourrait connaître
la proportion d'hommes et de femmes dans ce personnel, non seulement y a-t-il
cette première division à faire, mais compte tenu des
responsabilités et du statut de ces personnes? Si ma mémoire est
bonne je le dis sous toutes réserves, je n'ai pas eu le temps de
vérifier je pense qu'on a adressé certains reproches
à Radio-Québec à cet égard, que peut-être il
y avait un certain "chauvinisme" mâle qui existait.
M. O'Neill: Sur 546 personnes... je n'ai pas la liste de
l'effectif, j'ai la liste de l'effectif par groupe d'employés, mais je
ne l'ai pas par sexe; je pourrai toutefois l'obtenir. Sur 546, on pourrait
détailler, en d'autres termes, dans les cadres supérieurs,
combien il y a de femmes.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais le savoir pour chaque
catégorie.
M. O'Neill: Dans les cadres intermédiaires et dans les
diverses catégories d'emplois, combien il y a d'hommes et de femmes.
C'est une information possible à obtenir, que je n'ai pas ici,
présentement, mais que je pourrais obtenir sans aucun
problème.
Mme Lavoie-Roux: Alors...
M. O'Neill: Cela prendrait quand même un certain temps pour
compiler ces informations.
On pourrait au moins vous donner la réponse pour une
catégorie, mais je ne pense pas cela vous donne le profil exact de
Radio-Québec dans son ensemble. Dans la catégorie des
employés de Radio-Québec travaillant en région, ce sont
toutes des femmes, sauf deux, c'est une majorité écrasante. (11 h
45)
Mme Lavoie-Roux: Mais elle sont combien en région?
M. O'Neill: Elles sont douze, je pense. Mme Lavoie-Roux:
Sur 546.
M. O'Neill: II y a peut-être une chose qui peut être
ajoutée. C'est que le PDG est un homme, les deux vice-présidents
sont des hommes.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être interprété
d'une autre façon, M. le ministre. Faites attention, c'est
peut-être relié aussi à l'importance que l'on donne aux
régions. Excusez-moi monsieur.
M. O'Neill: Au niveau des directeurs, il y a maintenant dix
directeurs, le directeur des ressources humaines est une femme. C'est un point
sur lequel nous avons parlé. Je n'ai malheureusement pas de statistique,
mais vous pouvez être assurée qu'elle va voir à ce que cet
équilibre soit respecté. Seulement au niveau de la direction
supérieure, il y a une femme parmi dix directeurs. Au niveau des chefs
de service, c'est le palier immédiatement après,...
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez je ne veux quand même
pas... vous ne les avez pas. J'apprécierais beaucoup que dans des
délais assez brefs, vous puissiez nous les faire parvenir.
M. O'Neill: II est fort possible que l'image d'ensemble ne
corresponde pas à cette image régionale.
Mme Lavoie-Roux: C'est facile à expliquer. M. O'Neill:
II y a beaucoup de femmes rejetées.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: II a été question tout à l'heure
de l'équilibre dans la programmation entre production originale,
reprises et acquisitions. J'aimerais qu'on puisse nous donner les pourcentages
respectifs pour 1979/80. On nous a dit qu'on envisageait d'augmenter la
représentation, l'importance relative des productions originales. Est-ce
qu'on pourrait nous donner des chiffres soit en nombre d'heures, soit en
pourcentage du total?
M. O'Neill: La proportion des productions originales n'augmentera
pas tellement en termes d'heures. C'est-à-dire le mélange, la
répartition va être différente. Parce que nous avons deux
studios présentement et avec deux studios nous ne pouvons produire qu'un
certain nombre d'émissions. On peut dire déjà que pour
l'année prochaine, 1980, et pour un an ou deux, dans le plan il est
prévu que la production sera stabilisée à 400 heures. Mais
la production elle-même, le type des émissions, la façon
d'organiser la production, tout ceci va être réexaminé. On
n'accroîtra pas le volume de production.
M. Forget: Ah bon! pour ce qui est du reste, les reprises par
rapport aux acquisitions, est-ce que cela demeure également à peu
près la même chose?
M. O'Neill: Nous allons mettre un accent particulier
l'année prochaine dans des acquisitions, mais surtout ajouter des
documents québécois, des films québécois. Nous
aurons probablement à l'automne je ne veux pas qu'on ait un scoop
mais nous aurons certainement une série faite à partir de
films québécois.
On peut dire que c'est dans le secteur des acquisitions du film
plutôt québécois que nous allons mettre les accents.
Egalement, en termes de co-productions, nous faisons également des
coproductions avec les producteurs. Une co-produc-tion est un document que l'on
produit avec d'autres partenaires et sur lequel un mandat est défini et
pour lequel nous avons, au niveau de la production, un mot à dire.
Dans les acquisitions, nous les achetons produits tels quels et nous
allons mettre davantage des accents dans le secteur de la co-production avec
des producteurs.
M. Forget: Est-ce que c'est comptabilisé comme production
originale?
M. O'Neill: Non, c'est une co-production. M. Forget: C'est
une nouvelle catégorie? M. O'Neill: C'est la catégorie de
co-production... M. Forget: Qui représentera combien
d'heures?
M. O'Neill: Présentement, nous avons dix heures.
L'année prochaine, nous aurons doublé. Ce sera 20 heures.
M. Forget: Au plan des reprises, ce sera toujours environ au
total quelque 850 à 900 heures et un peu la même chose pour les
acquisitions?
M. O'Neill: Oui, il faut y aller graduellement, on ne peut pas
réduire totalement le niveau des reprises. Il y a des
disponibilités budgétaires qui nous rétractent.
Cela ira au fur et à mesure des disponibilités
budgétaires.
M. Forget: On est en face d'un organisme unique au Québec,
dont on ne peut pas, contrairement à d'autres organismes, facilement en
évaluer la performance, mais, étant donné qu'il y a eu un
certain nombre de jugements assez sévères qui ont
été portés sur l'efficacité de Radio-Québec,
sur une propension que certains découvrent à Radio-Québec
de privilégier l'équipement peut-être excessif, trop lourd,
aux dépens des budgets de production, etc., est-ce que, comme tout
organisme professionnel, on a procédé à
Radio-Québec à une évaluation d'un certain nombre de
paramètres fonctionnels? On a donné tout à l'heure, de
façon très sommaire, le coût par heure de production, mais,
à ce niveau-là ou au niveau du nombre d'employés par heure
de production, du nombre d'employés par rapport aux heures totales de
diffusion, est-ce qu'il y a certaines comparaisons avec d'autres organismes qui
s'occupent de télévision, soit dans le secteur privé ou
public au Québec, soit dans le domaine de la télédiffusion
éducative en Ontario, dans d'autres provinces ou dans les Etats
américains, qui nous permettraient d'évaluer au moins, de
circonscrire peut-être un peu plus facilement où peuvent se
trouver les problèmes de rendement ou de performance et où, par
contre, on peut observer des performances supérieures ou égales
à la moyenne des autres établissements analogues?
M. O'Neill: En ce qui concerne la répartition,
l'allocation des ressources, à l'intérieur d'un budget
donné, nous avons introduit cette année à
Radio-Québec une nouvelle façon de présenter le budget,
c'est-à-dire un budget-programme qui va introduire les dimensions de
ZBB, qui sont des techniques assez connues en terme de gestion
financière.
Par exemple, en termes de budget, sur les $26.4 millions que nous avons,
tout ce qui touche la production et les acquisitions de documents
représente 65% du budget. Lorsque nous nous comparons à
Radio-Canada, par exemple, ou à d'autres institutions, nous arrivons
à peu près aux mêmes chiffres. Toutefois, ce sont des
comparaisons assez générales, et nous voulons de plus en plus
entrer un peu dans le fin détail de certaines choses.
Ainsi, au niveau de la gestion, Radio-Québec est en train
d'implanter un système de prix de revient qui s'apparente un peu au
système de prix de revient qu'on peut retrouver dans des industries,
mais naturellement appliqué à la radio et à la
télévision. Dès septembre, Radio-Québec sera en
mesure de connaître avec davantage de précision, ces secteurs de
dépenses, la performance des ressources humaines, l'utilisation des
ressources techniques, etc., qui vont se dégager par ce système.
Simultanément à ce travail d'implantation sur le plan des moyens
de gestion, nous avons amorcé une étude comparative avec la
télévision du secteur éducatif PBS et aussi en Ontario et,
à certains égards, avec Radio-Canada.
Ce sont toutes des données qui sont en marche présentement
pour permettre une meilleure rationalisation dans le choix budgétaire.
Ce qui a été fait cette année, c'est la
méthodologie, la méthode, et là, nous sommes en train de
développer les moyens, les techniques pour capturer l'information
nécessaire à cette gestion.
M. Forget: Vous n'avez donc pas à l'heure actuelle
d'analyse qui soit disponible?
M. O'Neill: Très générale, en comparaison
avec Radio-Canada, mais je pense qu'il faut aller au-delà de
ça.
M. Forget: Est-ce que ces analyses peuvent nous être
communiquées?
M. O'Neill: Oui, ce qui pourrait vous être
communiqué... Radio-Québec a rencontré des gens de
Radio-Canada pour discuter par exemple des coûts horaires, pour voir les
éléments divers qui entraient dans la confection d'un coût
horaire. En ayant les mêmes ingrédients qui entrent dans la
confection du coût horaire, nous avons pu faire des comparaisons avec
eux, mais ça s'est tenu présentement à ce
niveau-là. Radio-Québec veut
davantage aller dans le fin détail de cette opération.
Ceci est en marche, des sommes sont d'ailleurs prévues dans le budget
actuel pour développer des systèmes de gestion...
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, monsieur, je me
dois, comme président, vous dire que votre temps est expiré. Je
voudrais le rappeler aussi à madame le député de L'Acadie.
Il resterait sept minutes à M. le député de
Gaspé.
M. Forget: M. le Président, je pense qu'on a
fonctionné, cette année, dans l'étude des crédits,
de manière à déterminer des enveloppes de temps et des
périodes, parce que, comme vous le savez, si on se fie strictement
à notre règlement, il est possible d'occuper beaucoup plus de
temps que nous ne l'avons fait. Et non seulement nous sommes tenus, à
l'intérieur de l'enveloppe, mais, comme vous le savez, nous n'avons pas
eu de séance, contrairement aux prévisions, mardi
après-midi. Je pense que la règle... Une Voix: ... mais
oui...
M. Forget: Je m'excuse, c'est juste. Mais, de toute façon,
nous sommes bien à l'intérieur de la période de temps qui
a été prévue par les leaders parlementaires pour la
discussion de ces crédits.
Je pense que, s'il y a des difficultés, il faudrait les signaler
tout de suite, puisque nous devrons en tenir compte dans le reste des
crédits, jusqu'à la fin de l'année. Il est bien sûr
que les ententes qui sont intervenues ne tiennent que dans la mesure où
elles sont interprétées largement.
Le Président (M. Dussault): Je comprends votre point de
vue, M. le député. Je pense que votre point de vue s'applique
davantage à la partie des travaux de la commission où on parlait,
d'une façon générale, de l'ensemble des crédits. A
partir du moment où il est question des programmes, les uns après
les autres, le président se doit et c'est son rôle
de rappeler que le temps d'un intervenant est expiré. Cela ne veut pas
dire pour autant que cela vous enlève votre droit de parole, si la
commission consent à vous laisser continuer. Mais c'est mon devoir de
vous rappeler que votre temps est écoulé, de même que celui
de Mme le député de L'Acadie.
Je pense qu'étant donné que le député de
Gaspé tient à nouveau à prendre la parole je
l'avais vérifié expressément avant de vous couper
je vais donner la parole à M. le député de Gaspé.
Si la commission consent à vous donner la parole à nouveau par la
suite, je ne m'y opposerai pas, bien sûr.
M. Forget: Sur cette question de règlement, M. le
Président, je dois dire que l'application habituelle de nos
règlements est suspendue. C'est la seule façon dont on peut
comprendre les ententes dans lesquelles l'Opposition est entrée.
Bien sûr, pour des fins d'alternance, je peux comprendre que les
20 minutes sont calculées de façon que la même personne
n'accapare pas tout le temps. Mais il est clair que nous avons accepté
de participer aux crédits selon un calendrier fixe, dans la mesure
où les règlements étaient plus ou moins mis de
côté quant au formalisme et aux questions précises de droit
de parole.
Si ce n'est pas le cas, nous allons retrouver notre liberté et
nous pourrons, comme vous le savez, passer des semaines sur les crédits
du même ministère, parce qu'il est possible, en utilisant le
règlement, de passer plusieurs jours de suite sur un seul programme d'un
seul ministère.
Le Président (M. Dussault): II est exact, M. le
député de Saint-Laurent, que la convention établie
entraîne les conséquences que vous dites. Nous aurions
terminé nos travaux puisque la convention établie était de
mettre 11 heures de travaux sur ces crédits.
M. Forget: Je note avec regret que, si on interprète cela
de cette façon, on va avoir beaucoup plus de difficultés, on va
créer beaucoup plus de problèmes qu'on en résout.
Le Président (M. Dussault): C'est pour cela que je tiens
à faire ces précisions, parce que les interprétations que
j'ai entendues de part et d'autre sur cette convention me font penser qu'il est
du devoir du président de rappeler les limites du règlement. Je
les ai rappelées. Je le dis. Je le fais en vertu de l'article 160 de
notre règlement. J'ai été large. Je vous préviens,
j'ai été large dans le calcul du temps. M. le
député de Saint-Laurent a pris 31 minutes et Mme le
député de L'Acadie a pris 30 minutes. J'aurais pu dire,
après 20 minutes, que le temps était expiré.
Si on veut parler de souplesse, pour ma part, dans ma fonction, je pense
que j'en ai fait preuve. M. le député de Gaspé. Oui, Mme
le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être très court. Je ne veux
nullement enlever le droit de parole au député de Gaspé.
Mais je pense que ce qui est généralement convenu, c'est qu'on a
un droit de parole de 20 minutes. Et je pense qu'on l'a eu à tour de
rôle. M. le député de Gaspé a même
probablement dépassé un peu 20 minutes. Il n'est pas allé
jusqu'à 30 minutes.
M. Le Moignan: Non.
Le Président (M. Dussault): II a eu 23 minutes.
Mme Lavoie-Roux: II est allé au-delà de ses 20
minutes. Ordinairement, on recommence un tour.
Le Président (M. Dussault): J'essaie de fixer la
même règle pour tous. Je vous ai laissé filer
jusqu'à 30 minutes, j'ai laissé filer M. le député
de Saint-Laurent jusqu'à 31 minutes et là, je pense, puisque le
député de Gaspé veut avoir la parole et que le temps de
parole est expiré pour vous deux, en toute justice, je dois lui donner
la parole. (12 heures)
M. Le Moignan: D'ailleurs, si nous avions deux intervenants, nous
aurions pris chacun nos 20 minutes ou si les membres...
Mme Lavoie-Roux: Si on en avait quatre aussi, on aurait pris 80
minutes.
M. Le Moignan: Les membres du parti ministériel auraient
pu prendre également 20 minutes, selon la loi de l'alternance et ils ne
l'ont pas fait.
M. O'Neill: Sans vouloir vous enlever votre temps, M. le
député de Gaspé, est-ce que vous me permettriez d'ajouter
une information à tout ce qui a été demandé
précédemment?
M. Le Moignan: Oui, allez-y.
M. O'Neill: Ce sera très court. Concernant la
réalisation de l'émission de la semaine parlementaire, je voulais
simplement préciser certains chiffres. Pour l'animateur, c'est $700 par
document/semaine, il y a une animatrice qui fait le travail à même
son salaire d'employé permanent de Radio-Québec et il y a une
recherchiste qui reçoit $507.87 par document. Cela correspond à
peu près au minimum qui est requis dans la convention de la
Société générale des employés de
Radio-Québec.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'ai un seul point à aborder, M. le
Président, qui n'a pas été touché ce matin,
concernant Radio-Québec et les communautés ethniques. On nous dit
qu'il y aura avec le temps des programmes pour les Grecs, les Italiens, les
Espagnols, les Inuit et les Amérindiens. Actuellement, je crois qu'au
point de vue positif, rien n'a été élaboré. C'est
la question que je vous pose. Avez-vous des études en cours?
M. O'Neill: Sur ce qui s'en vient si on faisait le bilan
de ce qui a été fait ce serait un bilan plutôt
modestecela a été inscrit dans le mandat de
Radio-Québec de faire une place aux communautés ethniques.
Actuellement, à Montréal, il y a simplement un poste privé
bilingue un poste anglais qui accorde du temps à des
communautés ethniques. C'est dans le mandat de Radio-Québec
d'avoir... Il y a deux types de programmation, il y en a une qui peut
être la programmation qui fait connaître les communautés
ethniques comme telles et l'autre où les communautés ethniques
s'expriment aussi dans leur langue. Cela est prévu dans le mandat de
Radio-Québec.
M. Le Moignan: Si on regarde la question de la langue à
Montréal, il y a près de 800 000...
M. O'Neill: C'est là-dessus que M. Barbin pourra vous
donner des détails encore plus précis sur des projets qui sont
actuellement à l'étude.
M. Le Moignan: A ce jour, vous n'avez pas de projets qui sont
concrétisés. Le tout est à l'étude.
M. O'Neill: Oui et il faut dire en passant que ça n 'avait
jamais été inscrit comme mandat précis dans la Loi de
Radio-Québec. Cela vient d'être inscrit dans son mandat par le
Conseil des ministres. Il faut également comprendre que
Radio-Québec a commencé par le commencement. C'est-à-dire
qu'il a surmonté ses premières difficultés, fait son
extension et il a voulu servir la collectivité dans son ensemble.
Maintenant, il veut justement prévoir une place pour les
minorités culturelles.
M. Le Moignan: Vous le mentionnez dans votre politique de
développement...
M. O'Neill: C'est cela.
M. Le Moignan: Je voulais savoir où en étaient les
études et si vous avez prévu un budget pour ça aussi.
M. O'Neill: C'est un mandat qui est conforme au livre blanc sur
le développement culturel.
Le Président (M. Dussault): Vous avez terminé M. le
député de Gaspé. M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: M. le Président, je note avec joie que selon
son mandat, Radio-Québec s'intéressera dorénavant aux
communautés ethniques, spécialement, je l'espère, de la
communauté italienne, puisque dans mon comté, il y a une forte
proportion de gens de cette origine et j'espère que Radio-Québec
pourra leur accorder une attention spéciale et leur permettre non
seulement de les faire connaître, mais, aussi, de s'exprimer.
J'aurais aimé poser une autre question. Elle porte sur une
politique antérieure de Radio-Québec. Cet office préparait
et vendait des documents au ministère de l'Education, à la suite
d'une entente, et, à ma connaissance, cette entente a été
plus ou moins discontinuée il y a quelques années. Est-ce que
dans l'augmentation de la programmation future, Radio-Québec
prévoit préparer des documents ou regarder l'orientation de la
préparation de ces documents en vue d'en faire une vente ou une
collaboration non seulement avec l'éducation, mais avec l'ensemble des
pays francophones. Au niveau d'échanges culturels, est-ce que
Radio-Québec s'oriente à préparer des documents
éducatifs, ou même de faire connaître le Québec et
essayer de vendre ces documents à l'étranger, dans les autres
pays francophones?
M. O'Neill: Effectivement, Radio-Québec voudrait davantage
faire connaître Radio-Québec à l'étranger, de vendre
ses documents et, par le fait même, accroître ses recettes.
Radio-Québec examine, dans son plan de programmation, la
possibilité d'avoir un certain nombre d'émissions qui pourraient
servir cet objectif. En d'autres termes, ce que Radio-Québec doit faire,
c'est s'assurer que tous les aspects de distribution, de libération de
droits soient absolument respectés pour que Radio-Québec puisse
faire cette distribution. Dans le prochain plan, il y aura effecti-
vement des programmes ou de petites émissions ou des
séries qui tiendront compte de cette volonté.
M. Laberge: Merci beaucoup. Quant aux autres questions que
j'aurais pu poser, je pense qu'elles s'adresseraient plus directement à
la politique interne de Radio-Québec. Je profiterai de la prochaine
commission parlementaire, où nous pourrons entendre le PDG, pour poser
peut-être certaines questions précises sur les
améliorations administratives que j'ai pu percevoir par des canaux
particuliers. J'ai même à ce moment-ci des renseignements qui me
disent qu'à l'intérieur de ce qu'il est convenu d'appeler la
boîte, il semble que cela fonctionne beaucoup mieux. Je me
réserverai, à ce moment, devant le président de
Radio-Québec, évidemment, certains commentaires et
peut-être aussi certaines félicitations, ainsi qu'à toute
la haute direction. Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Si M. le député
de Saint-Laurent veut toujours continuer à prendre la parole, je
voudrais d'abord demander s'il y a consentement de la commission.
M. O'Neill: Pas pour plusieurs heures, si c'est possible, mais
jusqu'à 12 h 30.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Vous avez la parole,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Etant donné que le ministre a donné des
précisions, à la suite de ma question relativement à cette
émission sur "La semaine à l'Assemblée nationale", il a
mentionné un montant d'honoraire par document, si ce qu'on me rapporte
est exact, ce qui veut dire essentiellement par émission.
M. O'Neill: C'est une émission hebdomadaire. M. Forget:
C'est une émission hebdomadaire. M. O'Neill: C'est cela.
M. Forget: Est-ce qu'on pourrait avoir l'identité de ces
personnes?
M. O'Neill: Dans le cas de l'animateur, c'est M. Jean-Claude
Picard, et, dans le cas de la recher-chiste, c'est Mme Hélène
Lévesque; l'animatrice, qui est une employée
régulière, c'est Mme Lise Lebel.
M. Forget: Est-ce que, face à ces chiffres, le ministre
est encore d'avis qu'il s'agit là d'une rémunération
ordinaire et habituelle pour l'animateur d'une émission d'une heure, qui
dispose donc des services de recherchistes, qui demande très peu de
préparation, qui est une émission d'actualité? Des
honoraires de $700 pour une émission d'une heure est-ce que c'est
là la norme généralement reconnue et pratiquée?
M. O'Neill: On m'a dit que, pour ce genre d'émission, pour
la taille, les contrats de travail peuvent varier de $600 à $2000.
M. Forget: $2000 pour une émission d'une heure.
M. O'Neill: Oui, de ce genre, qui est de $600 à $2000, qui
peuvent être payés à quelqu'un qui fait une émission
de ce genre.
M. Forget: Par Radio-Québec?
M. O'Neill: Oui, et dans le milieu de travail, en
général.
Qui pourraient être payés à l'intérieur de la
convention qu'on a signée avec l'Union des artistes.
M. Forget: Ah bon!
M. O'Neill: Ces $600 étant à peu près le
minimum et $2000 le maximum, cela peut varier entre cela.
M. Forget: Le choix de ces personnes se fait par la direction de
Radio-Québec sans aucun doute. On peut se poser des questions,
étant donné l'énormité de ce cachet par rapport
à d'autres cachets qui, selon mes informations, sont versés
à d'autres personnes qui font des tâches analogues. Il y a un
élément d'incitation important. On s'adresse, par exemple,
à un journaliste ici, M. Picard. Il est évident que cette
rémunération il est employé à temps plein
comme journaliste au Devoir et comme courriériste parlementaire en plus
que ces $700 par semaine représentent probablement plus que la
rémunération qu'il gagne comme journaliste au Devoir ou un
montant comparable du moins. Est-ce que je pose ma question de
façon interrogative, mais je dois préciser tout de suite qu'il
n'y a guère de doute dans mon esprit il n'y a pas un
problème sérieux causé par un cachet aussi important
versé à une personne qui est choisie d'une façon assez
discrétionnaire par un organisme gouvernemental à un journaliste
dont la fonction est de couvrir l'activité parlementaire?
En termes très clairs, si jamais ce que je viens de dire
n'était pas clair, est-ce qu'il ne s'agit pas de la possibilité
que, par un tel cachet, on cherche à influencer un journaliste dans son
travail de courriériste parlementaire, étant donné qu'il
n'y a absolument aucune garantie, malgré les affirmations du ministre,
qu'il n'y ait pas des conversations, de temps à autre, entre le ministre
et le président-directeur général de Radio-Québec,
que des noms peuvent être suggérés? Puisque les gens
peuvent se parler, ils peuvent parler de certaines personnes comme étant
des candidats intéressants pour telle ou telle émission. Un tel
doute est certainement présent, une telle hypothèse est
certainement présente à l'esprit de M. Picard ou de toute autre
personne qui pourrait être considé-
rée, et ceci risque fortement d'influencer son jugement dans la
façon dont il parle de ce qu'il voit à l'Assemblée
nationale pour son journal. N'y a-t-il pas des règles d'éthique,
autrement dit, que le ministre devrait songer à élaborer de
manière à éviter que l'on ne fasse cette déduction
qui est très naturelle et très normale et qui, encore
d'après mes informations, est présente non pas seulement à
l'esprit maladivement paranoïaque de l'Opposition, mais qui est même
présente à l'esprit de certains autres journalistes qui oeuvrent
à Québec, dans ce cas précis?
M. O'Neill: II vient d'être dit, M. le Président,
que, dans cet arrangement entre Radio-Québec je souligne
Radio-Québec et non pas le gouvernement et l'animateur en
question, on a respecté les normes habituelles dans ce genre de contrat;
non seulement on les a respectées, mais on se tient tout près du
marché.
Je sais que le député de Saint-Laurent regarde cela comme
une chose énorme. Si je regarde les chiffres qui sont là, je
pense bien que les gens du milieu des artistes, de l'Union des artistes, n'ont
pas l'air de considérer cela comme énorme, puisque, dans ce genre
de contrat, on peut aller jusqu'à $2000. C'est ma première
remarque.
Ma deuxième remarque est la suivante: On pourrait faire beaucoup
de commentaires sur le genre d'interrogation en fait qui constitue tout
simplement ici un procès d'intention à l'adresse de la direction
de Radio-Québec, à savoir que Radio-Québec aurait
accordé un contrat de ce genre en choisissant ce journaliste dans
l'espérance qu'il se conformerait à telle ou telle façon
de penser. Je trouve cela assez vicieux comme reproche, comme procès
d'intention, et je laisse tout simplement à M. le député
de Saint-Laurent de poser la question à M. Barbin. On verra la
réponse qu'il recevra. (12 h 15)
Troisièmement, M. le Président, je n'ai jamais dit que je
n'ai jamais de conversations avec M. Barbin. La loi m'impose d'en avoir. J'ai
des conversations avec M. Barbin, c'est une chose évidente. J'ai dit
à deux reprises, depuis hier, que, dans la préparation du projet
de loi, par exemple, nous avons eu plusieurs rencontres avec
Radio-Québec. Si cela peut rassurer M. le député de
Saint-Laurent, au cas où il y aurait encore beaucoup d'inquiétude
et d'angoisse, je n'ai jamais eu de conversation sur ce point et je dois lui
dire que je n'ai jamais remarqué, ce qui va l'étonner
peut-être va-t-il trouver que je ne suis pas toujours un bon auditeur de
Radio-Québec avant ce matin, que l'animateur en question portait
ce nom.
Pour ce qui est du procès d'intention, je réfère
tout cela à la commission parlementaire où M. le
député de Saint-Laurent aura l'occasion de formuler de nouveau,
s'il le désire, son procès d'intention à l'adresse de
Radio-Québec.
M. Forget: Nous aimerions avoir copie du contrat en question qui
est, bien entendu, un document public. Nous l'aurons?
M. O'Neill: Vous poserez la question à
Radio-Québec.
M. Forget: Le ministre refuse...
M. O'Neill: Vous poserez la question à M. Barbin. S'il dit
qu'il n'y a aucune objection sur le plan légal et administratif... Je
veux être sûr, avant, qu'il s'agit bien de quelque chose qui se
rend public, comme tel.
M. Forget: Vous allez lui demander la permission?
M. O'Neill: Je respecte la direction de Radio-Québec.
M. Forget: Je respecte aussi les contribuables qui paient ces
sommes, ces sommes sont payées en vertu d'un CT, elles sont
approuvées par le Conseil du trésor, il n'y a absolument aucune
raison pour qu'un ministre du gouvernement nous refuse un document comme
celui-là et il le sait très bien. Il espère qu'on va
oublier, peut-être.
M. O'Neill: M. le Président...
M. Forget: On n'oubliera pas de la lui redemander s'il ne veut
pas le donner aujourd'hui.
M. O'Neill: M. le Président, j'ai dit que, si tout cela
est bien conforme aux normes de l'administration publique et de la loi, la
copie de ce contrat sera remise au député de Saint-Laurent, il
l'aura. C'est simplement ce que je lui dis, pas plus et pas moins que cela.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent, si vous permettez, M. le député de Mercier a
demandé la parole.
M. Godin: A cause d'un principe assez fondamental dans le travail
des journalistes, la question que vient de soulever le député de
Saint-Laurent qui, une fois de plus, n'hésite pas à se faire le
tireur de poux de ce gouvernement, c'est assez étonnant de sa part,
d'ailleurs...
Est-ce que c'est le montant du cachet qui fatigue le
député de Saint-Laurent? Si c'est le montant, qu'il le dise, la
réponse est venue: C'est même inférieur au coût moyen
dans ce genre d'émissions. Est-ce que c'est le fait qu'il y a une
émission là-dessus? Est-ce que c'est la crainte qu'un journaliste
ne soit pas assez objectif pour être à la fois objectif à
Radio-Québec et au Devoir? A ce moment-là, vous pourriez
peut-être me poser la question; puisque je collabore au STAR, est-ce que
cela ne prouve pas que je suis devenu un partisan du Freedom of Choice Party ou
du Parti libéral, qui est généralement appuyé par
le Montreal Star, puisque, encore hier, il recommandait de voter contre le
Parti québécois aux élections partielles?
Est-ce que cela fait de moi, comme journaliste collaborant au Montreal
Star, un traître à mon
gouvernement ou le contraire? Est-ce que cela ferait du tort à un
journal péquiste? Je trouve que c'est absolument aberrant de poser une
telle question parce que, dans aucune des questions que vous avez
posées, il n'y a la moindre apparence d'irrégularité, ni
sur le cachet, ni sur le fait qu'il y a une émission de ce type qui est
faite par Radio-Québec, ni sur le fait que la personne travaille en
même temps dans un journal.
Là où il pourrait y avoir une cause, effectivement, ce
serait si un journaliste de Radio-Québec travaillait pour le Parti
québécois, à un titre ou à un autre; je
comprendrais votre inquiétude et elle serait peut-être
justifiable, en théorie du moins; encore faudrait-il juger sur
pièce le comportement de la personne. Au niveau des principes, ce serait
justifiable qu'un employé d'un cabinet de ministre travaille pour
Radio-Québec. Pour avoir été professeur
d'université, vous connaissez très bien l'existence d'un code
d'éthique pour ce genre de pratique et ça me surprend de voir que
vous feignez, ce matin, d'ignorer les règles les plus
élémentaires d'un comportement relatif à ce genre
d'opération.
M. Forget: Ce n'est pas moi qui l'ignore, c'est le ministre.
M. Godin: Non, le ministre... C'est vous qui posez la question et
qui laissez planer des soupçons sur un journaliste et sur
l'objectivité de Radio-Québec.
M. Forget: Pas sur le journaliste.
M. Godin: C'est ce que vous faites, vous laissez planer des
soupçons sur l'objectivité de Radio-Québec.
M. O'Neill: Et sans aucun fondement, de façon absolument
vicieuse, essayant de jeter de l'ombre, de jeter du discrédit sur des
gens qui font très bien leur travail et essayant de jeter du
discrédit sur une institution aussi importante qu'est
Radio-Québec.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier, est-ce que vous avez terminé votre intervention?
M. Godin: Pour l'instant, j'ai terminé.
M. O'Neill: M. le Président, vous me permettrez de faire
remarquer, quand même qu'il faudrait penser à adopter ce
programme.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que je dois comprendre
qu'il n'y a plus de consentement pour dépasser le temps alloué
normalement à...
M. O'Neill:... adopter avant 12 h 30, oui, M. le
Président, mais il faudrait quand même y penser.
Le Président (M. Dussault): Donc, il n'y a plus de
consentement pour dépasser les limites prévues par l'article 160
du règlement. Oui, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, il a été
prévu par l'Assemblée nationale et le leader du gouvernement que
nous siégions jusqu'à 12 h 30. Alors, je ne vois pas en vertu de
quoi nous pouvons arrêter nos travaux maintenant s'il y a encore des
membres de la commission qui ont des interventions à faire.
Le Président (M. Dussault): Jusqu'à maintenant, si
j'applique le règlement, tel qu'il existe, il y a M. le
député de Gaspé qui pourrait parler sans le consentement
de la commission.
M. Forget: M. le Président, vous me forcez à en
venir à la conclusion qu'on cherche du côté du ministre,
avec un peu l'appui de la présidence, à mettre fin le plus
rapidement possible à une discussion qu'on n'aime pas du tout du
côté des ministériels et qu'on a donc...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent, je vous arrête, je m'excuse, mais vous avez dit quelque
chose que vous ne devriez pas dire, parce que le président fait son
devoir comme il l'a toujours fait. Il doit appliquer le règlement. Les
limites des travaux des commissions sont prévues par le règlement
et si je n'avais pas fait appliquer la règle de l'article 160, M. le
député de...
M. Forget: C'est la première fois que vous appliquez ce
soi-disant règlement.
Le Président (M. Dussault): Vous m'avez...
M. O'Neill: Vous n'êtes pas capable de respecter la
présidence?
Le Président (M. Dussault): Je voudrais pouvoir terminer,
M. le député de Saint-Laurent. Je tiens à vous
préciser que si je n'avais pas fait appliquer le règlement
relativement à l'article 160, M. le député de Mercier
n'aurait pas pu prendre la parole, ni M. le député de
Jeanne-Mance.
Cela dit, puisqu'il n'y a pas consentement pour que des membres de la
commission outrepassent leur temps de parole, M. le député de
Gaspé...
Mme Lavoie-Roux: On vous a donné le consentement tout
à l'heure.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, il n'y a plus consentement.
M. Le Moignan: Je n'ai pas de question.
Mme Lavoie-Roux: On change cela comme ça. Si on n'aime pas
le sujet on...
M. O'Neill: Non, je veux simplement savoir si on...
Le Président (M. Dussault): II n'y a plus consentement, il
n'y a plus d'intervenant et je demande maintenant si le programme 9 des
crédits des Communications est adopté.
M. Forget: Un vote enregistré.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous allons le mettre
aux voix. Je demande donc aux membres de la commission de dire s'ils sont pour
ou contre l'adoption du programme 9.
M. le député d'Iberville?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier?
M. Godin: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jeanne-Mance?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre?
M. O'Neill: Pour.
Le Président (M. Dussault): II y a donc: Pour 5, Contre 2.
Le programme 9 est adopté. Est-ce que les crédits du
ministère des Communications sont adoptés?
Une Voix: Adopté.
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur
division.
Puisque le mandat de cette commission est rempli, il n'y a pas d'autre
intervenant, j'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Fin de la séance à 12 h 25