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Étude des projets de loi nos 4 et 5
(Quatorze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Le porte-parole est le député de
Jean-Talon et il doit être ici d'une minute à l'autre.
Le Président (M. Jolivet): Nous allons attendre encore un
peu. On va faire l'appel des noms et présenter les gens.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): La commission des
communications est maintenant ouverte pour étudier les mémoires
concernant les projets de loi no 4 et no 5 du ministère des
Communications. Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour
(Iberville) remplacé par M. Gosselin (Sherbrooke), M. Bertrand (Vanier),
M. Blank (Saint-Louis) remplacé par M. Rivest (Jean-Talon), M. Godin
(Mercier) remplacé par M. Guay (Taschereau), M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Le Moi-gnan (Gaspé), M. Michaud (Laprairie) remplacé par M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. O'Neill (Chauveau).
Je vais donner l'ordre de présentation des mémoires pour
vérifier si les gens sont arrivés dans la salle. J'aimerais que
quelqu'un du groupe m'en fasse part. LORTQ, M. Gérard Barbin; il est
ici. Les comités régionaux de Radio-Québec, un groupe des
régions: centre du Québec, Est du Québec, Estrie,
Saguenay-Lac-Saint-Jean et Côte-Nord, il y a un représentant?
Merci. Comité régional d'implantation de Radio-Québec en
Abitibi-Témiscamingue; merci. Syndicat général des
employés de Radio-Québec; oui, merci. Association des
réalisateurs de Radio-Québec; merci. L'Union des artistes; on
nous a dit qu'ils arriveraient après 20 heures ce soir, ses
représentants ont averti en conséquence. Syndicat des
employés en radio-télédiffusion; Association des
directeurs techniques; Institut canadien d'éducation des adultes;
Regroupement des organismes communautaires de communication; Association des
réalisateurs de films du Québec.
Les cinq derniers organismes avaient fait mention qu'ils étaient
intéressés à être convoqués mais, pour le
moment, il n'y a aucun mémoire qui a été reçu de
leur part. Quelques-uns parmi ceux-là ont dit qu'ils voulaient
simplement déposer un mémoire et ne faire aucune autre
intervention; donc, nous considérons qu'ils seront écoutés
à la suite des organismes qui sont ici présents, incluant l'Union
des artistes qui sera ici après 20 heures.
Oui, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, M. le Président,
les organismes que vous avez mentionnés sont ceux qui ont
été convoqués soit pour aujourd'hui ou pour demain?
Le Président (M. Jolivet): Non, c'étaient les gens
qui... Je prends les sept premiers qui sont ici présents, sauf l'Union
des artistes qui sera ici ce soir. Ce sont ceux qui ont présenté
des mémoires et qui sont ici présents, dans la majorité
des cas. Ils ont donc été convoqués pour aujourd'hui. Dans
l'autre cas, il y a des gens, individuellement, qui avaient fait mention
et j'ai parlé des cinq derniers organismes qui ont aussi
été convoqués pour aujourd'hui mais qui, dans ces cas,
avaient dit qu'ils présenteraient seulement un mémoire mais
presque pas d'autre sorte de présentation. Pour le moment, ces cinq
organismes ont été convoqués, mais aucun mémoire
n'a été reçu jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'Opposition officielle
avait donné les noms de deux personnes qui seraient peut-être
venues présenter un mémoire conjointement, remarquez bien
de l'Université Concordia, du département des communications.
À moins que j'aie été distraite, les noms ne se trouvent
pas là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Ce sera probablement demain
soir puisqu'il y en a d'autres qui ont été convoqués pour
demain soir, mais je n'ai pas la liste des gens actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Ah! bon. D'accord. Ce n'est pas exact, cette
liste.
Le Président (M. Jolivet): C'est pour aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): Nous demandons un rapporteur
pour la commission, M. Laberge de Jeanne-Mance?
M. Laberge: J'accepte.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous avons actuellement
de la part du ministre une petite introduction que je peux permettre à
M. le ministre de faire.
Remarques préliminaires
M. Louis
O'Neill
M. O'Neill: M. le président, je veux d'abord souhaiter la
bienvenue aux représentants des différents organismes qui
s'intéressent aux projets de loi 4 et 5, projet de loi 4 sur la
programmation éducative et projet de loi 5 qui apporte quelques
amendements à la Loi de Radio-Québec.
Le but de la commission parlementaire il est peut-être bon
de le rappeler c'est d'abord d'écouter différentes
remarques, différentes recommandations de groupes qui
s'intéressent au développement de la
radio-télévision éducative au Québec et de
façon particulière, au développement de
Radio-Québec. Parmi ces groupes, je pense qu'il va de soi qu'on
reconnaisse une sorte
de priorité de Radio-Québec même qui, lui, est
invité ici à rencontrer des représentants de la commission
parlementaire dans le cadre de sa comparution annuelle.
Je rappelle que, pour le projet de loi 4, ce qui a retenu principalement
l'attention et sans doute j'imagine ce qui fera l'objet d'un
certain nombre de commentaires, c'est la notion même de
télévision ou de programmation éducative, le projet
d'encadrer cette programmation éducative et de fournir un encadrement
pour tous les diffuseurs tant en radio qu'en télévision sur
l'ensemble du territoire du Québec. Le projet de loi prévoit
aussi un rôle particulier devant être exercé par la
Régie des services publics qui sera chargée d'évaluer
cette authenticité de la programmation éducative, qu'elle soit
éducative en tout ou en partie.
On trouve aussi dans le projet de loi une possibilité reconnue,
dans des cas qu'il reste encore à établir, c'est-à-dire
où il reste à établir des normes, d'une aide qui pourrait
être, à un moment donné, fournie pour la diffusion de
programmation éducative par des diffuseurs, soit dans le secteur de la
radio ou dans celui de la télévision.
Ce qui a retenu et ce qui retient, je pense, de façon
particulière, l'attention dans le projet de loi de Radio-Québec,
c'est la connaissance du principe même de la régionalisation,
cette consécration de la régionalisation de Radio-Québec
par l'établissement de comités régionaux. La loi
prévoit la composition de ces comités régionaux de
même qu'elle prévoit aussi la présence de
représentants des régions sur le conseil d'administration de
Radio-Québec. Elle prévoit également que
Radio-Québec devra, comme les autres diffuseurs, faire reconnaître
sa programmation éducative par la Régie des services publics.
Ces amendements qui sont apportés à la Loi de
Radio-Québec suivent aussi un certain nombre de décisions du
Conseil des ministres concernant le mandat de Radio-Québec, concernant
le principe même de l'extension des antennes, la mise en application de
ce programme du développement de l'implantation des antennes sur
l'ensemble du territoire et, ensuite, un certain nombre d'autres mandats plus
circonscrits qui ont été donnés à
Radio-Québec, ne serait-ce que, par exemple, de l'attention devant
être portée aux groupes culturels minoritaires.
Alors, le but de cette commission, c'est avant tout de donner la parole
aux représentants du public et des milieux spécialisés
avant les débats en deuxième lecture. Quant à nous, quant
à ceux qui sont membres de la commission, je suis certain que chacun
d'entre eux voudra écouter avec attention chacune des propositions qui
nous sera soumise. Nous pensons que ces propositions nous aideront encore, dans
certains cas, peut-être même à perfectionner les deux
projets de loi en question.
Encore une fois, nous estimons que cet échange sera fort utile,
et je tiens, une fois de plus, à remercier ceux qui manifestent si
concrètement leur collaboration en nous envoyant des mémoires et
en venant dialoguer ici avec nous aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je voudrais, au nom de notre
groupe parlementaire, souhaiter la bienvenue à tous les un
drôle de micro participants à cette commission. Nous
entendons, bien sûr, apporter notre collaboration à la bonne
marche des audiences de cette commission tout en regrettant cependant... Sur le
plan parlementaire, c'est certainement une attitude qui soulève de
nombreuses interrogations dans la mesure où, plus souvent qu'à
son tour, le gouvernement, depuis quelque temps, procède aux commissions
parlementaires strictement sur invitation. Bien sûr,
généralement, ce sont les gens les premiers
intéressés aux divers projets de loi qui sont ainsi
invités, mais, néanmoins, je pense que dans le processus normal
de fonctionnement d'une commission parlementaire il serait hautement
préférable qu'on laisse les commissions parlementaires ouvertes
et qu'on redonne sa signification première à cette institution
qui s'appelle la commission parlementaire et qui, comme on le sait est
largement utilisée ici, à l'Assemblée nationale.
Très simplement, pour ne pas retarder indûment les travaux
de la commission, au nom de notre groupe parlementaire, je veux simplement
souhaiter la bienvenue et assurer tous les participants, tous les
invités à cette commission, de notre intérêt pour
les propos qu'ils apporteront sur les projets de loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais abonder dans
le même sens et souhaiter également la plus cordiale bienvenue
à tous ceux qui viendront nous soumettre leur point de vue sur la
programmation éducative et, en même temps, nous donner leurs
commentaires sur tout l'ensemble du problème de Radio-Québec.
Nous avons eu l'occasion, l'an dernier, de travailler sur cette question et je
crois qu'il est très sage de consacrer quelques heures à
l'audition de ces mémoires. (14 h 30)
Comme vient de l'indiquer le ministre, si les projets de loi 4 et 5 que
nous désirons veulent donner la plus grande satisfaction possible
à l'ensemble du Québec, il est bien normal que nous
écoutions les principaux intéressés dans la
matière, ceux qui travaillent déjà, qui oeuvrent dans le
champ de la radio, de la télévision, de la publicité,
etc., et qu'ensuite, à l'aide de leurs commentaires, des réponses
à nos questions, ceci puisse éclairer la commission et travailler
dans le sens de tout projet de loi, qui est de mieux servir les
intérêts du public.
Le Président (M. Jolivet): Le premier organisme
invité est l'Office de radio-télédiffusion du
Québec, M. Gérard Barbin, s'il vous plaît. Pour les
besoins du journal des Débats, je vous demanderais de présenter
vos collaborateurs.
Office de radio-télédiffusion du
Québec
M. Barbin (Gérard): En plus des documents, nous avons
surtout des collaborateurs. J'ai, à ma droite, le vice-président
à l'exploitation, M. Claude Caron et, à ma gauche, M. Gilbert
Buzaré, le vice-président à l'administration.
Derrière moi, il y a un certain nombre de personnes en partant de la
programmation, M. Sylvestre qui est directeur des programmes et son adjoint, M.
Fortier, notre directeur du contentieux, M. Benoit ainsi que M. Bachand. J'en
oublie sans doute, mais c'est un bon nombre de collaborateurs prêts
à répondre à toutes les questions que vous et les membres
de la commission aurez à nous poser.
Je vous remercie de l'invitation que vous nous avez transmise et, dans
un premier temps, j'imagine que je devrais faire lecture de ce court
mémoire que nous avons préparé. Sans le résumer,
comme il est court, je pourrai quand même sauter quelques pages puisque
vous l'avez en main depuis un certain temps. Comme il est court, tout de
même, je pense que je vais le lire assez intégralement.
M. le Président, nous n'étonnerons personne en affirmant
que nous nous réjouissons du mandat clair qui a été
confié à Radio-Québec, au plan de la programmation
éducative et du développement régional, dans les projets
de loi 4 et 5, mandat qui nous permet, après une période
d'incertitude dont vous avez été témoin,
particulièrement au cours de la dernière année, de jouer
véritablement le rôle qu'on attend de nous.
Jusqu'à tout récemment, l'ORTQ a dû, pour diverses
raisons, fonctionner en zone grise, sans être jamais sûr ni de ses
arrières ni de ce qui l'attendait dans l'avenir. Cela s'est
révélé paralysant et a provoqué un certain nombre
de crises.
Malgré cette situation précaire, Radio-Québec a
continué de susciter de l'intérêt et de l'espoir chez les
Québécois, que ce soit au plan national ou au plan
régional. Ce phénomène à lui seul suffit pour
démontrer la nécessité absolue d'un organisme comme
Radio-Québec et à justifier les précisions
apportées dans les projets de loi qui sont déposés devant
l'Assemblée nationale. Ces projets de loi sont indispensables au
développement de Radio-Québec.
Pour avoir participé aux diverses étapes conduisant au
dépôt de ces projets de loi, au niveau interne et au niveau de
notre conseil d'administration, nous croyons sérieusement que nous y
retrouvons, notamment au plan de la programmation éducative et de la
régionalisation, ainsi que des structures et des activités, les
ingrédients nécessaires et les orientations précises
permettant à Radio-Québec de devenir un véritable
instrument de développement et de communication de la
société québécoise, par l'établissement d'un
réseau de radiotélévision éducative qui devra
couvrir tout le territoire et rejoindre plus de 95% des
Québécois et, en même temps, permettre aux
régions et aux diverses communautés qui constituent notre
société de s'exprimer et de communiquer entre elles.
Il faut bien comprendre, en effet, que Radio-Québec n'est pas un
luxe que se paient les Québécois, à côté de
Radio-Canada ou de la télévision commerciale francophone ou
anglophone. D'autres provinces canadiennes, d'autres pays ont
déjà mis sur pied des télévisions éducatives
et ont senti le besoin de développer des réseaux du même
genre.
Nous avons, à cet égard, une spécificité
importante qui réside dans chacun des termes du mandat qui nous est
tracé dans ces projets de loi et qui peuvent se résumer en deux
mots: Un projet collectif. Car Radio-Québec c'est sa nature
même doit fonder son développement sur la consultation et
la participation à tous les niveaux. Ces efforts d'ouverture devront
être soutenus quotidiennement par des mécanismes qui nous aideront
à mieux sentir le pouls de la population ainsi desservie.
Il faut c'est le sens du projet de développement
régional compris dans le projet de loi no 5 que le milieu puisse
influencer Radio-Québec de façon que nous qualifierons
d'organique. Grâce à la mise en place de structures
régionales, M. le Président, les citoyens seront plus près
du centre d'influence dans l'élaboration des contenus d'émissions
proprement régionales et des activités connexes.
Ils disposeront ainsi de porte-parole qui feront connaître leurs
besoins en matière de programmation nationale et chaque région
aura son représentant au sein du conseil d'administration.
Nous croyons fermement que c'est la population qui doit inspirer notre
programmation et nous le disons non pas en fonction des cotes d'écoute,
mais par rapport aux services que nous devons rendre aux divers groupes de la
société, ceux qui sont traditionnellement influents, mais aussi
ceux qui sont habituellement laissés pour compte.
La tournée que nous avons terminée récemment des
diverses régions nous démontre clairement cette unanimité
au plan du développement régional, mais je ne voudrais pas
déborder sur ceux qui auront à vous communiquer leur opinion au
nom des régions.
Nous notons tout de même une certaine impatience face à la
cadence d'implantation des stations nécessaires à
compléter notre réseau sur le plan de la production et de la
diffusion. Car, s'il doit survivre et se développer, Radio-Québec
doit devenir un instrument professionnel de diffusion culturelle et
éducative spécifique pour les Québécois,
adhérant à leur structure et à leur réalité.
En même temps, sa justification vient du fait qu'il constitue un
instrument de communication entre les Québécois de toutes les
régions. Et c'est graduellement que ces deux objectifs seront atteints,
au fur et à mesure de la capacité de payer des
Québécois, et en tenant compte, évidemment, de la
qualité nécessaire pour une télévision de cette
nature.
II n'est évidemment pas question de créer 8, 10 ou 12
Radio-Québec régionaux. Il nous faut disposer d'un centre
national fort, qui ne craint cependant pas d'associer à son orientation
et à sa gestion des représentants de tous les milieux et de
toutes les régions, et qui délègue une part de
responsabilités à des conseils régionaux qui assureront la
production régionale. Ce qui est important, c'est
qu'éventuellement, toutes les régions puissent être
interreliées dans tous les sens du mot.
Démocratique par rapport aux citoyens de diverses régions,
Radio-Québec entend également l'être dans ses relations
avec l'autorité publique. Il devra ainsi rendre des comptes à
l'Assemblée nationale et à la Régie des services publics.
Son autonomie la plus totale devra, en ce sens, être respectée.
L'analyse des projets de loi nous confirme à ce propos, que le
gouvernement reconnaît à l'ORTQ la liberté d'action et
d'expression qui lui est nécessaire. Sa seule obligation sera
d'exploiter une radiotélévision éducative respectueuse de
ses auditeurs.
Voilà l'orientation fondamentale de Radio-Québec que
tracent ces projets de loi pour les années à venir. Nous
acceptons cette orientation avec satisfaction, et même avec
enthousiasme.
L'assainissement du climat des relations entre les diverses
constituantes de Radio-Québec nous permet d'ailleurs de croire que les
précisions apportées à notre mandat constituent des
éléments essentiels à l'instauration graduelle d'un climat
positif de travail car ils tiennent compte du vécu de l'organisme qui
compte cette année dix années d'existence laborieuses. Dans le
cadre de la commission parlementaire, en mai 1978, les employés de
Radio-Québec présentaient un mémoire dans lequel ils
souhaitaient, et je cite: "Qu'une harmonie nouvelle s'installe à
Radio-Québec où pourraient s'exercer les bonnes volontés
du début et où cesseront les stérilisations des talents et
des énergies". Je ferme les guillemets.
Les projets de loi nos 4 et 5 nous permettent d'envisager avec
réalisme, sérénité et confiance la
réalisation de tels objectifs qui rejoignent ceux retenus et je
le rappelle, M. le Président par tous les gouvernements qui se
sont succédé depuis les débuts de Radio-Québec, une
société d'État oeuvrant dans le domaine de la
radiotélévision éducative à l'intention de tous les
Québécois. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je vais commencer par une
première question brève et je laisserai la parole à
d'autres, quitte à revenir plus tard avec d'autres questions.
Ma première question va porter sur le rôle de
Radio-Québec à l'égard des communautés culturelles.
Dans le mandat qui a été confié à
Radio-Québec par le Conseil des ministres, on parle à un moment
donné d'une responsabilité que devra assumer de plus en plus
je dis bien de plus en plus parce que nous ne croyons pas que Radio-
Québec se soit désintéressé de cette
question Radio-Québec à l'égard des
communautés culturelles. Depuis ce temps, certains représentants
de ces communautés nous ont posé des questions et il est fort
possible que nous nous en fassions poser d'autres bientôt
là-dessus.
J'aimerais entendre de M. le président son point de vue, la
façon dont il envisage cette activité et cette
responsabilité de Radio-Québec à l'égard des
communautés culturelles? Comment voit-il l'avenir de ce
côté? Est-ce que Radio-Québec a déjà des
projets? Quelle sera la nature de ces projets?
M. Barbin: M. le Président, je vais essayer au cours de
cette réunion, et vous me direz si mes réponses sont assez
explicites; je préférerais répondre plus
brièvement, quitte à ce que vous me demandiez des explications
parce que le temps est court et je sais qu'il y a beaucoup de points qui
demeurent en suspens ou qui ont besoin d'être éclairés.
Pour répondre à votre question, je vous dirai que nous avons eu
comme mandat...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'entends le président de
Radio-Québec dire que le temps est limité. C'est évident
que le temps est limité mais nous n'avons pas convenu du temps qui
serait mis à la disposition des différents organismes. Ce serait
peut-être important de s'entendre là-dessus avant de
débuter. Je m'excuse de vous avoir interrompu, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Nous ne l'avons pas fait;
simplement, on s'est entendu sur la possibilité de prendre à peu
près la valeur d'une demi-heure par organisme qui est ici, compte tenu
du nombre de personnes qui sont à entendre d'ici ce soir mais on peut le
faire officiellement si vous voulez, quitte à donner un peu plus de
temps à Radio-Québec au niveau de sa présentation et de
ses questions, à moins que vous proposiez autre chose.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'étais
abstenue de faire la remarque au départ; j'avais laissé à
mon collègue le soin de le faire mais comme il n'était pas ici
quand vous avez énuméré la liste des organismes que nous
devons entendre, cela explique pourquoi il n'a pas soulevé le
problème. Mais je ne me souviens pas qu'on ait eu une commission
parlementaire où on ait limité à une demi-heure la
présentation et la discussion. Je pense qu'on se retrouve encore
vis-à-vis du même problème. Si on a convoqué trop
d'organismes pour la journée, je pense que ce n'est pas une raison pour
précipiter les présentations et les discussions. Il s'agit de
deux projets de loi qui auront des implications considérables au
plan
financier, au plan de l'orientation de Radio-Québec et de toute
la population que Radio-Québec va toucher dans ses nouvelles
orientations. Je m'étonne qu'on nous annonce que, sauf pour
Radio-Québec où on serait peut-être un peu plus large, nous
allons être limités à une demi-heure. Je souhaiterais, sans
faire de proposition précise, qu'on ne soit pas encadrés d'une
façon aussi rigide. Je ne m'oppose à ce qu'il y ait un organisme
qui prenne 20 minutes, mais je n'aime pas qu'une demi-heure... Il est
déjà 14 h 45. Il y a cinq organismes convoqués pour
aujourd'hui? (14 h 45)
Le Président (M. Jolivet): Sept.
Mme Lavoie-Roux: Sept.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Taschereau.
M. Guay: Sur la question de règlement, vous avez bien
indiqué que cela faisait peut-être une moyenne d'une demi-heure,
mais il n'y a pas d'ordre de la Chambre ou d'ordre de la commission, de
décision de la commission de limiter qui que ce soit à une
demi-heure. On verra comment cela se présentera. Il n'y a pas du tout
de... C'est simplement une moyenne mathématique sans plus. On verra
rendu à 22 heures ce soir ce que cela donne.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, M. le Président, on
prend des risques sérieux quand on invite sept organismes à une
commission parlementaire qui débute à 14 h 30, en admettant qu'il
y ait eu dix minutes qui aient été de notre faute je suis
prêt à l'admettre à se faire entendre dans ce cours
laps de temps.
M. Guay: En toute amitié pour le député de
L'Acadie, qu'on entende les parties plutôt que discuter entre nous.
Mme Lavoie-Roux: Allez-vous payer leur coucher à
Québec ce soir?
M. Guay: C'est un problème qui relève du Conseil du
trésor et non de la commission.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, au niveau de l'ensemble, on s'était parlé tout à
l'heure en se donnant cette ligne de direction, tout en étant assez
larges dans l'ensemble comme on le fait toujours au niveau de la commission,
à moins qu'on ne s'entende sur un temps limite.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis d'accord qu'on
procède de cette façon plus souple ou plus flexible, mais
à la condition qu'à la fin de la soirée, comme on le fait
trop souvent, on ne tienne pas les partis d'Opposition responsables du fait que
peut-être deux ou trois organismes s'ils peuvent tous être
entendus, tant mieux mais dans l'hypothèse ou deux ou trois ne
pourraient pas être entendus, que le gouvernement en prenne la
responsabilité.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Donc, nous
continuons, Monsieur.
M. Barbin: Quant à nous de Radio-Québec, nous
n'avons aucune limite de temps. Alors, vous nous direz si nous sommes trop
longs.
Pour la question qui vient de nous être posée, nous avons
reçu, évidemment en recevant notre budget, un mandat du
gouvernement nous demandant de traiter d'une façon particulière
les groupes ethniques et, de plus, les populations inuit et
amérindiennes. Aussitôt que le mandat a été
reçu, en février et mars dernier, nous sommes entrés en
communication avec les organismes gouvernementaux qui assurent la coordination
de ces activités, que ce soit au Conseil exécutif, au
ministère des Communications ou au ministère de l'Immigration.
Pour ce qui est du milieu ethnique, de concert avec le ministère de
l'Immigration, nous avons formé un comité bipartite
composé de représentants du ministère des Communications
ainsi que de notre service de la programmation j'ai des
réminiscences de ministère qui ont établi un
échéancier et des modalités. Nous avons des rencontres,
il y en a ces jours-ci et nous essayons d'éviter que ce
que nous prônons par la participation soit contredit par les gestes que
nous posions. Nous ne voulons pas intervenir en fabriquant des émissions
pour les groupes ethniques, mais nous voulons les faire avec eux.
Voilà pourquoi ces groupes de travail sont en place et on peut
prévoir déjà que, d'ici un certain temps, d'ici l'automne,
une période d'environ une heure et demie sera consacrée, soit le
samedi, soit le dimanche, en matinée ou en après-midi, à
la diffusion de programmes destinés aux groupes ethniques. Les
modalités ne sont pas encore définies. Nous continuons à
multiplier les contacts et nous aurons affecté deux employés de
Radio-Québec, qui sont des Néo-Québécois et qui
comprennent mieux peut-être les problèmes des groupes ethniques,
même s'ils sont Québécois depuis très longtemps.
Deux employés sont donc affectés à ces dossiers.
Pour ce qui est des Inuit, nous sommes rendus à des choses
très concrètes à la suite de rencontres que nous avons
eues avec l'Association des communicateurs inuit, présidée par M.
Josepi Padlayat, et nous avons convenu déjà de mettre sur pied,
d'ici quelques semaines, des équipes pour les aider à entretenir
des postes de radio et à former des techniciens. Nous agissons comme
conseil pour l'implantation d'un studio de télévision. Nous
allons assurer avec eux c'est modeste, ce sont quelques personnes, mais
c'est un départ des équipes de production et nous allons
être associés à la programmation de de qu'ils veulent faire
dans le Nouveau-Québec, mais nous le faisons dans le même esprit,
c'est-à-dire en étant à
leur disposition sans leur dicter le contenu dont ils doivent être
responsables.
Pour ce qui est des Amérindiens, c'est un peu plus complexe,
parce qu'ils sont répartis à travers tout le territoire.
Là, nous participons à un groupe de travail formé de
communicateurs des divers ministères et Radio-Québec y est
associé. Ce n'est pas avant la fin de l'été ou le
début de l'automne que nous aurons des choses plus précises sur
la façon d'intervenir avec les populations amérindiennes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, M. le Président. Comme première,
évidemment, c'est une question qui est large, mais j'aimerais quand
même vous entendre à ce sujet. C'est au sujet du mandat
spécifique confié à Radio-Québec. Je remarque que,
dans votre texte, vous vous référez par rapport sans doute au
mandat de la loi organique, la loi consécutive, à cette
espèce de situation de zone grise dans laquelle a plus ou moins
fonctionné Radio-Québec dans le passé. Je remarque que,
dans votre texte je sais que le projet de loi apporte certaines
précisions, mais c'est au sujet de la notion de programmation
éducative comme telle sur lequel j'aimerais vous entendre vous
parlez, par exemple, à la page 2, d'un instrument de
développement et de communication de la société
québécoise par l'établissement d'un réseau de
radiotélévision. Au sens large, vous avez modifié vos
termes, en cours de route, vous avez abandonné ce terme au sens large en
disant télévision éducative au moment où vous avez
donné votre mémoire.
M. Barbin: C'est écrit.
M. Rivest: Deuxièmement, je remarque que, par ailleurs,
à d'autres occasions, vous parlez un peu plus loin d'un instrument
professionnel de diffusion culturelle et éducative. Finalement, vous
parlez également de radio-télédiffusion éducative.
Tout cela pour dire que, compte tenu de l'ancienne rédaction de la loi
consécutive, l'article 21, de même que la nouvelle version,
à l'article 9, et également de l'article 3, qui définit
programmation éducative, j'aimerais vous poser la question suivante: Par
rapport au système de télévision, soit privé ou
même de la Société Radio-Canada, comment, très
concrètement, Radio-Québec va-t-il se définir à
l'avenir, à votre point de vue?
M. Barbin: M. le Président, c'est une question majeure et
c'est évidemment celle sur laquelle Radio-Québec est le plus
soucieux d'essayer de trouver des réponses non pas uniquement dans des
mots, mais dans une programmation de télévision. Il est
évident que lorsqu'on dit télévision éducative au
sens large, on inclut, en plus, évidemment, de la
télévision scolaire, tout ce qui peut s'appeler une
télévision. Je n'entrerai pas dans de grandes discussions sur
l'éducation permanente, l'éducation des adultes et des choses du
genre, quitte à ce que nous puissions échanger là-dessus,
si vous le désirez. Je vais essayer de vous donner des grandes lignes
sur la façon dont on conçoit cela, comment on veut faire cela
dans la réalité et comment on peut se comparer à d'autres
télévisions, en particulier, Radio-Canada, comme vous le
dites.
Ce que nous essayons de viser, c'est une télévision qui
diffuse à des heures d'écoute de première importance,
qu'on appelle le "prime time", une télévision qui est
différente, qui est une alternative, en quelque sorte, essentielle
à ce que la télévision commerciale, qu'elle soit publique
comme Radio-Canada ou qu'elle soit privée comme les autres
réseaux, diffuse en fonction des commanditaires. Je pense qu'on
reconnaît facilement que ceux qui dictent le choix des émissions
à cette période de "prime time", d'heures d'écoute
maximales, à compter de 18 heures jusqu'en fin de soirée, ce sont
ceux qui décident de commanditer des émissions qui rejoignent le
plus d'auditeurs possible, et c'est normal. C'est une télévision
commerciale, je répète, qu'elle soit publique ou
privée.
Radio-Québec a comme mandat, sans recevoir de revenus de
commandites, donc, sans commerciaux, en choisissant
délibérément lui-même des émissions de
caractère culturel, de caractère informatif, qui traitent
d'affaires publiques, que ce soit dans le sens d'une éducation scolaire
ou d'une éducation permanente, appelons cela l'éducation au sens
large, de présenter une gamme d'émissions qui répondent
aux besoins de l'ensemble des Québécois, qu'ils soient des
régions ou qu'ils soient de l'ensemble des grandes agglomérations
montréalaises. Donc, c'est une télévision essentielle et
non pas uniquement une télévision d'alternative qui vient mettre
à côté de ce qui se fait, des choses qui sont un peu
superflues. C'est une télévision qui vient placer, aux meilleures
heures d'écoute, des émissions d'enrichissement. On exclut donc,
au départ, un certain nombre d'émissions qui sont de
caractère sportif professionnel, ce qui ne veut pas dire qu'on ne ferait
pas des émissions sportives mais de caractère plus
éducatif, amateur, etc., qui excluent actuellement ce qu'on peut appeler
l'information salle de nouvelles qui est déjà faite par d'autres
réseaux, qui excluent aussi les variétés comme telles ou
les téléromans comme tels, ce qui ne nous empêche pas
d'utiliser ces formules pour agrémenter des émissions d'affaires
publiques, pour les rendre plus légères, plus digestibles, ou
d'agrémenter aussi certaines émissions plus sérieuses,
plus culturelles.
En gros, ce serait ma première réponse, M. le
Président, à la question qu'on vient de me poser. Je sais bien
que c'est insatisfaisant. Si on veut aller plus loin, il faudrait que je vous
donne un aperçu de notre conception des priorités dans le domaine
de l'éducation des diverses clientèles que nous voulons atteindre
et quels sont les sujets prioritaires que nous voulons développer, que
ce soit avec les ministères parce qu'il y a eu, dans le passé une
sorte d'hiatus entre les organismes
d'éducation je sais que cette question a
préoccupé à un certain moment les membres de cette
commission entre le ministère de l'Éducation et
Radio-Québec, entre les universités, et je pense à
Télé-université de l'Université du Québec et
Radio-Québec. Je pense qu'on a fonctionné un peu en vase clos et
je pense que Radio-Québec doit être ce lieu où on essaie de
se coordonner pour être à la fois un diffuseur scolaire à
de bonnes périodes de la journée, un diffuseur éducatif
pour les parties de la soirée où il y a un bon public à
l'écoute qui veut autre chose que la télévision
commerciale et aussi rejoindre des populations spécialisées qui
veulent se former dans un contexte plus strict d'éducation permanente,
c'est-à-dire, avec un certain nombre de diplômes.
Je pense à l'Université du Québec. J'oublie l'autre
clientèle qui est celle un peu spéciale des groupes ethniques
dont j'ai parlé tout à l'heure, les Amérindiens et les
Inuit.
M. Rivest: Dans ce sens, quelle est votre fonction à
Radio-Québec sur la possibilité pour le gouvernement je
comprends que vous voulez faire, dans le sens que vous l'avez défini, le
lieu par excellence en matière de télédiffusion
éducative, que ce soit Radio-Québec la possibilité
pour le ministre des Communications d'accorder à d'autres entreprises
je pense bien qu'on ne peut pas s'y opposer de radiodiffusion et
de câblodiffusion, une assistance financière pour des fins de
programmation éducative. Quelle est la réaction? Est-ce que
Radio-Québec, dans la perspective nouvelle dans laquelle les projets de
loi vont nécessairement l'inscrire, s'attend de la part du ministre
à un certain nombre de critères ou un peu dans le sens que vous
avez signalé pour la télévision de
Radio-Québec?
M. Barbin: Nous n'avons pas l'ambition d'être un organisme
qui a le monopole de la télévision, de la
radio-télévision éducative au Québec. Nous avons un
mandat du gouvernement qui est clair et si l'Assemblée nationale
approuve les projets de loi, nous aurons un statut encore plus précis et
un cadre de travail qui peut quand même se contrôler par des
mécanismes où on nous obligera de rendre des comptes, que ce soit
la Régie des services publics avec tous les groupes qui pourront venir
donner leur opinion et évaluer la programmation de Radio-Québec,
ou l'Assemblée nationale où on aura à justifier les fonds
qui nous sont confiés.
Nous n'avons pas, donc, cette intention de monopoliser quoi que ce soit.
Je crois que ce serait mauvais. Je crois qu'il y a au Québec et
je le sais pour y avoir été associé avant d'être
associé à Radio-Québec beaucoup d'énergies
créatrices qui utilisent de petits moyens financiers pour
développer des moyens de communication, qu'on appelle la
télévision communautaire, la radio communautaire ou d'autres
organismes qui, au Québec, animent notre milieu. Il ne faudrait pas que
Radio-Québec avale ces organismes dans cette télévision
professionnelle qui coûte cher parce qu'on a choisi cette voie de
travailler dans un milieu où il nous faut être en concurrence avec
le milieu professionnel, parce que nous sommes normalisés et nos
syndicats qui sont associés à la vie de Radio-Québec
défendent les intérêts professionnels de leurs membres et
on ne peut pas contester cela. (15 heures)
Ce type de télévision professionnelle est coûteux et
nécessaire, mais il ne doit pas paralyser les autres énergies et
voilà pourquoi tous les groupes qui, au Québec, sont dans les
moyens de communication, radio-télévision, se doivent d'avoir une
aide. Radio-Québec souhaite collaborer avec ces organismes quand c'est
possible de faire les arrimages entre ce qu'ils produisent et ce type de
télévision que nous faisons.
Il y a quelques années, on a reproché à
Radio-Québec j'espère que ce n'est pas trop long, M. le
Président d'être trop sophistiqué dans son
équipement et d'avoir des choses qui ne s'arrimaient pas avec ce qu'on
pouvait faire en région. La technique s'est développée. Il
y a moyen d'avoir des équipements plus légers et il y a moyen de
faire les concordances avec ce que font des télévisions
communautaires, qui expriment des besoins d'un milieu à un niveau
parfois régional, mais parfois sous-régional. C'est impensable
pour Radio-Québec de faire du développement régional si on
ne veut pas s'associer à ceux qui ont une expertise régionale et
ce sont les groupes dont vous parlez qui ont besoin d'aide.
M. Rivest: Dans ce sens-là, pour la dimension
régionale, la programmation régionale de Radio-Québec, on
voit que vous allez mettre l'accent de ce côté-là.
J'aimerais que vous explicitiez un peu la nature des rapports, justement, que
vous avez évoqués en votre fin de réponse, de la
collaboration en termes d'équipement technique ou autre où
Radio-Québec pourrait, étant donné ses moyens, ses
ressources, agir, en quelque sorte, comme soutien à la
télévision proprement locale ou régionale,
c'est-à-dire la télévision communautaire. C'est le premier
aspect et, dans le sens contraire également, est-ce que
Radio-Québec compte inscrire ce dynamisme, qui est souvent très
local, à sa propre définition de sa programmation au niveau des
régions?
M. Barbin: M. le Président, je vais vous donner de bonnes
intentions. C'est une question à laquelle la réponse est facile,
avec les intentions que nous avons de vraiment décentraliser et
collaborer au niveau des régions. Je suis bien conscient quand je le dis
que ce sont de bonnes intentions et que ce n'est pas facile; ceux qui viennent
des régions et qui ont connu des rapports avec Radio-Québec ou
d'autres organismes gouvernementaux depuis un certain nombre d'années
savent qu'il y a loin, souvent, de la coupe aux lèvres. Je ne voudrais
pas, non plus, contredire ce que nous voulons faire avec les gens des
régions, parce que nous ne voulons pas faire la télévision
à leur place et nous voulons qu'eux-mêmes créent leur
propre dynamisme.
Ce qui est indiqué dans le projet de loi, s'il est adopté,
c'est que les régions auront des comités régionaux
qu'elles choisiront elles-mêmes parmi leurs propres réseaux,
socioculturel, socio-économique, maisons d'enseignement et
représentants aussi des employés de Radio-Québec. Ce
groupe de personnes, puisqu'il sera choisi par les régions et
nommé par le gouvernement, aura à définir des modes de
collaboration.
Il est certain vous pourrez poser la question aux
représentants des régions que les gens vont s'opposer
à ce que Radio-Québec s'installe dans leur région de la
même façon que la télévision traditionnelle: des
bâtiments, des équipements, une structure, des personnes choisies
par le national et quelques heures d'émission à peine, je ne dis
pas, par semaine, par mois, en provenance de la région. Toutes ces
énergies régionales se doivent d'être canalisées par
les comités régionaux. Il nous faudra enfin essayer de nous
ajuster à ceux qui ont des studios dans les régions. Il y a des
écoles secondaires, il y a des cégeps qui ont de bons studios.
Avec peu de transformation, ça pourrait devenir des studios
professionnels. Il nous faut nous associer pour développer, à
travers le Québec, des réseaux de production, parce que je suis
convaincu que nous n'aurons pas les fonds, si nous sommes exigeants en termes
financiers, pour développer un appareillage sophistiqué. Mais il
nous faut quand même faire de la télévision professionnelle
et c'est là notre défi, M. le Président, d'être
capables de faire ces ajustements. Les techniques nouvelles et la
créativité des gens des régions et, de notre
côté, une certaine souplesse, parce que c'est notre avenir, la
régionalisation, je pense qu'il va falloir trouver nous-mêmes les
réponses à cela.
Je ne sais pas si j'ai couvert les deux aspects de votre question, M. le
Président.
M. Rivest: Oui, d'accord. Je voudrais maintenant, M. le
Président, si vous permettez, sans abuser et céder la parole par
la suite à mes collègues, vous ramener à la
rédaction de l'article 3 d'une façon plus spécifique du
projet sur la programmation éducative.
Sur l'éducation et sur sa fonction, l'accès au patrimoine
culturel, je pense, en gros, que ça exprime les réalités
régionales dont vous avez parlé.
Je voudrais parler d'un sujet un peu plus délicat, mais, tout de
même, qui doit faire l'objet des préoccupations de cette
commission. Comment, à Radio-Québec, interprétez-vous
cette disposition de la loi, dans la mesure même où vous avez
vous-même employé dans votre texte, l'expression "projets
collectifs", lorsque, à l'égard de l'exercice du droit des
citoyens à la liberté d'expression et d'information, notamment
je comprends que ce n'est pas exclusif la discussion des enjeux
collectifs, comment, sur cet aspect, à Radio-Québec, dans votre
conception, dans la conception du conseil d'administration, avez-vous
l'intention d'interpréter cette disposition de la loi?
M. Barbin: Encore là, M. le Président, c'est une
question qui est difficile. Je me permets, et sans agressivité de
dire, que, parfois, on est méfiant vis-à-vis de
Radio-Québec. Je ne dis pas cela parce que je sens de la méfiance
dans votre question, mais je le dis parce que je le sens dans plusieurs
réactions qui nous viennent du milieu québécois, à
partir du moment où on doit traiter de questions qui sont
délicates, appelons cela le référendum, appelons cela des
débats politiques majeurs, à Radio-Québec, on doute qu'on
puisse être objectif.
Et je le dis parce que c'est une réalité.
Radio-Québec a plus de liberté que Radio-Canada sur ce plan,
parce que la société Radio-Canada, dans son mandat, est
obligée de favoriser l'unité nationale. Et cela l'oblige à
prendre une orientation. Radio-Québec n'a pas de mandat de
défendre l'autonomie provinciale ni de défendre un aspect ou
l'autre du débat politique.
Radio-Québec a la responsabilité d'être objectif. On
nous jugera à nos gestes. Il est important, de plus en plus, que nous
précisions nos politiques, et je pourrais les rendre publiques,
éventuellement, lorsque nous aurons complété ce travail.
Radio-Québec, dans le domaine des affaires publiques, en est à
des opérations plus récentes que les télévisions
plus expérimentées. Et je le dis humblement.
Voilà pourquoi nous sentons le besoin d'avoir avec nous, à
l'interne, au niveau du personnel, et aussi dans notre personnel de soutien,
c'est-à-dire ceux qui feront les émissions, des gens
compétents, reconnus comme objectifs, et on espère qu'ils le
sont. Et s'ils ne le sont pas, on sera jugé par ce que l'on fera et on
devra se corriger. On se doit d'être ceux qui présenteront tous
les aspects des problèmes, qui devront donner le temps d'antenne, de
façon équitable, à tous ceux qui ont des choses à
dire, et, en particulier, le droit de réplique.
Là-dessus encore, je ne peux que vous déclarer que ce que
nous avons, dans notre réglementation interne, dans notre éthique
professionnelle, répond à ce que je peux appeler une
objectivité souhaitée. Et si, là-dessus, il y a des choses
à changer, M. le Président, je voudrais qu'on me le rappelle,
parce que nous avons une liberté complète vis-à-vis du
pouvoir politique, qui peut nous couper les vivres, qui peut nous couper des
nominations, qui peut changer les membres du conseil d'administration, mais qui
ne peut pas intervenir dans le contenu de la programmation de
Radio-Québec.
M. Rivest: Pour compléter cette partie de réponse,
j'adresserais peut-être ma question au ministre, étant
donné le caractère un peu plus précis de cette question,
si le ministre me le permet.
Dans la mesure où Radio-Québec définit son mandat
au niveau de la programmation éducative, dans le projet de loi, comme
des fonctions d'éducation, d'accès au patrimoine, de l'expression
des
régions, de la liberté d'expression et d'information en
tant que telle, je voudrais demander au ministre d'où vient la
nécessité pour le gouvernement, dans le projet de loi, d'avoir
inscrit spécifiquement cette mention, cette référence
directe qui a été faite aux enjeux collectifs, comme le
mandat...
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute. Je vais
répondre à cette question. Au départ, si c'est pour y
revenir lors de l'étude article par article, nous y reviendrons lors de
l'étude article par article. Le ministre n'est pas obligé de
répondre, s'il ne le désire pas.
M. Rivest: Je ne veux pas en faire un débat. C'est
simplement pour faire suite à la réponse du président de
Radio-Québec. Est-ce que c'était absolument nécessaire de
faire une référence directe à celle-là, dans la
mesure où le président de Radio-Québec lui-même
vient de dire, d'une façon assez claire, que Radio-Québec jouit
d'une liberté sur le choix des émissions?
M. Guay: Encore là, M. le Président,
inévitablement, par le genre de questions posées, si on se met
à poser des questions au ministre et à partir des débats
de part et d'autre, on va justement prendre le temps précieux de la
commission, comme Mme le député de L'Acadie l'a bien dit
tantôt. On pourra y revenir.
M. Rivest: Si M. le ministre ne veut pas y répondre tout
de suite, on reviendra là-dessus.
M. O'Neill: M. le Président, si vous êtes d'accord,
cela risque d'être long, j'aimerais autant qu'on continue comme cela, et
on va se revoir en commission parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que je mentionnais;
c'est qu'à l'étude article par article, nous pourrons avoir les
questions en conséquence.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je pense que M. Barbin a
mentionné lui-même tout à l'heure, peut-être
indirectement, que lors de la commission parlementaire de l'an dernier, on
sentait ici beaucoup de tension, beaucoup de méfiance. Vous avez
mentionné, dans vos propres paroles, que vous vouliez établir un
climat d'harmonie. Je pense que c'est sage. Pour ce qui est du passé, on
peut ensevelir les morts et on peut peut-être regarder l'avenir avec un
peu plus d'optimisme.
Ma première question, quand vous avez mentionné que vous
aviez des relations avec les différents ministères, dont le
ministère de l'Éducation, par exemple, vous avez mentionné
qu'il y a eu certaines tentatives. Dans votre programmation future, est-ce
qu'il y a des pourparlers qui nous permettent de conclure déjà
que la collaboration pourrait s'établir de façon très
intime, très étroite entre votre organisme et surtout le
ministère de l'Éducation et, inévitablement, d'autres
ministères qui peuvent être concernés?
M. Barbin: M. le Président, c'est un problème
majeur. Dès mon entrée à Radio-Québec, j'ai pris
contact avec le ministre de l'Éducation et avec le sous-ministre de
l'Éducation pour essayer de nous asseoir le plus rapidement possible
à une table, au plus haut niveau possible, afin de mettre sur papier
toutes les questions où nous nous devons de collaborer ensemble. Une des
premières collaborations et je le dis parce que c'est un fait
important c'est que le ministère de l'Éducation nous a
prêté une période de deux ans le directeur des
Communications du ministère de l'Éducation, M. Bédard, qui
est devenu directeur des communications à Radio-Québec et c'est
déjà une intention avouée de se rapprocher de ce
ministère qui est notre premier interlocuteur après,
évidemment, le ministère des Communications.
Nous aurons bientôt une rencontre au sommet pour discuter avec le
ministère des Communications de tout un ordre du jour dont je vous donne
quelques points: l'étude des projets de loi, les comités de
programmation, les nominations des représentants du ministère de
l'Éducation au conseil d'administration, la délimitation des
normes, les projets de radio éducative qui peuvent survenir, le
problème de l'éducation des adultes versus l'éducation
permanente, le perfectionnement des maîtres, le droit d'auteur, etc. Je
pense répondre par cette rencontre qui, pour nous, est majeure, à
ce désir de coordination avec ce ministère important. Il en va
aussi pour les autres ministères; je pense aux universités et je
pense à tous ceux qui, dans le grand réseau de l'éducation
au Québec, ont quelque chose à dire. Pour nous, c'est majeur.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je me demande s'il
n'y a pas eu un lapsus dans l'intervention que vient de faire le
président de Radio-Québec. Il a parlé de l'ordre du jour
d'une rencontre à venir avec le ministère des Communications.
M. Barbin: Je m'excuse, de l'Éducation.
M. de Bellefeuille: Je pense qu'il voulait dire le
ministère de l'Éducation.
M. Barbin: Merci, je m'excuse.
M. Le Moignan: Pour demeurer peut-être dans le même
secteur, vous avez mentionné les heures de pointe, à partir de 18
heures. On sait qu'il y a beaucoup de postes privés, de postes de
télévision et de radio; à ce moment-là, les gens
sont passablement partagés et dispersés. J'aimerais savoir
comment vous pouvez concilier une certaine programmation éducative qui
se donne également par des postes privés. Est-ce que c'est un
sujet de discussion à venir, est-ce qu'il y a des ententes possibles
dans ce domaine?
M. Barbin: Si nous regardons l'horaire d'une soirée, on
s'aperçoit qu'il y a on n'a pas le mo-
nopole de l'éducation à Radio-Québec
d'autres émissions que nous souhaitons voir écoutées aussi
par les auditeurs québécois à d'autres postes. Nous ne
sommes pas un poste de télévision de concurrence sur ce plan et
nous essayons, autant que possible, de répartir nos émissions
pour éviter qu'elles soient en concurrence avec des émissions
éducatives. Il a pu arriver dans le passé que des
émissions de même nature aient passé aux mêmes
heures. Parfois ce n'est pas simple parce que notre programmation d'automne
n'est pas complétée, celle des autres diffuseurs non plus. Je
sais que notre direction des programmes est en relation étroite avec les
autres postes de télévision pour éviter ces doubles
emplois. (15 h 15)
M. Le Moignan: Vous avez parlé de la consultation, de la
participation. Il y a déjà eu une vaste consultation dans le
passé. Il y a eu le rapport Rocher. Vous tenez compte,
évidemment, de toutes ces consultations ou avez-vous l'intention de
recommencer encore? Non?
M. Barbin: M. le Président, j'ai le goût de dire que
ce ne sont pas les rapports qui ont manqué à Radio-Québec.
Quand j'ai occupé ce poste en décembre dernier, mon bureau
était rempli de rapports fort bien faits sans doute par beaucoup
de gens et qui ont inspiré beaucoup de solutions qui ont
été trouvées à l'orientation de
Radio-Québec. Je ne pense pas qu'on passe le temps, à
Radio-Québec, à faire des rapports, sinon des rapports
d'écoute pour être sûrs qu'on rejoint les gens. Mais je
pense qu'on a la responsabilité de mettre en pratique ce qui a
été convenu par une espèce de consensus des
Québécois pour qu'on fasse de la télévision
à Radio-Québec et c'est ce qu'on a l'intention de faire. Quand on
parle de régionalisation, on ne parle pas d'études. On parle de
mise en place de structures de participation réelle avec un pouvoir
entre les mains des régions, avec des antennes et non pas avec des
rapports sur des antennes. On pense à un réseau qui va couvrir le
Québec. Espérons, si on a les fonds, qu'on couvrira tout le
Québec d'ici cinq ans. On parle de choses concrètes, et
j'espère qu'on pourra réaliser tout ce qui a été
écrit à Radio-Québec.
M. Le Moignan: Cela me fait plaisir de vous entendre dire que
vous allez beaucoup tenir compte des régions. Anciennement, il y avait
une tendance à tout ramener au pouvoir central, et les plaintes
formulées par les régions, l'an dernier, étaient qu'elles
avaient l'impression qu'on voulait les éliminer. C'est peut-être
une mauvaise impression, mais c'est l'impression qu'elles nous ont
donnée, ici, en commission parlementaire. Je sais très bien que
dans les régions, ce n'est pas tellement facile, mais il faut tout de
même que vous laissiez les pouvoirs de décision, de façon
qu'elles travaillent en collaboration avec vous. Quand vous mentionnez de
couvrir le territoire du Québec à 95%, là, je n'ai aucune
crainte pour les villes de Montréal, Québec et l'Outaouais, je
crois, qui sont déjà organisées. Je pense à
l'ensemble du territoi- re québécois. Vous dites que d'ici cinq
ans, vous prévoyez... Je sais qu'il y a déjà des projets
pour l'Abitibi, la Côte-Nord, le Bas Saint-Laurent, dans un avenir, d'ici
un an ou deux, ou... je ne suis pas trop certain.
M. Barbin: Ce que je dis là, M. le Président, c'est
une façon indirecte de faire pression sur le gouvernement pour le
convaincre qu'un plan de dix ans qui nous a été tracé pour
couvrir l'ensemble du Québec pourrait être raccourci parce que les
régions vont d'ailleurs vous en parler. Les antennes que nous avons
actuellement sont situées à Montréal, Québec,
l'Outaouais et, d'ici l'automne, l'Ouest québécois, en plus de
quelques projets de réémetteurs. Ce que le gouvernement du
Québec nous a demandé de couvrir comme prioritaires, ce sont les
régions de la Gaspésie et du Bas Saint-Laurent et les
régions de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac Saint-Jean. Il reste
à couvrir deux régions au centre du Québec, la Mauricie et
l'Estrie, qui sont censées venir dans un deuxième temps. Nous
croyons que nous pourrions plus rapidement couvrir l'ensemble du Québec
parce que les régions de la Mauricie et de l'Estrie sont pratiquement
faciles à couvrir en termes financiers. Par contre, les régions
éloignées sont plus coûteuses, mais c'est une question de
justice on l'a déjà dit que de permettre à
tous les Québécois de retrouver Radio-Québec en ondes
ouvertes et non pas par le cablodistributeur, alors qu'ils sont obligés
de payer. Quels seront les fonds disponibles pour pouvoir planter nos antennes
non pas uniquement dans la région de Rimouski, mais aussi à
travers la Gaspésie, et je pense aux Îles-de-la-Madeleine,
où les gens nous le demandent? Je pense à la Côte-Nord et
non pas uniquement à Sept-Îles, mais je pense aussi aux villes
nordiques. Il y a la côte jusqu'à Blanc Sablon. Il y a la
région de Baie-Comeau. Quand on pense au Saguenay-Lac Saint-Jean, il ne
faut pas oublier aussi la région de Chibougamau. Pour nous, c'est
important que Radio-Québec rejoigne tous les Québécois,
mais l'argent, nous ne le créons pas. Nous n'avons d'autres revenus que
nos subventions gouvernementales et les quelques revenus de placement qui nous
restent lorsqu'on ne dépense pas tous les fonds rapidement. Nous
attendons les fonds pour pouvoir répondre à notre mandat qui est
de rejoindre tous les Québécois le plus tôt possible.
M. Le Moignan: C'est bien consolant de voir que vous connaissez
votre géographie aussi bien, mais vous comptez beaucoup, je crois, sur
le travail des députés, sur les crédits à
l'Assemblée nationale pour vous aider. Sinon, cela pourrait
traîner, comme vous le dites, dix ans et peut-être plus que dix
ans.
M. Barbin: M. le Président, je n'ai pas dit que cela
traînerait dix ans.
M. Le Moignan: Non, non. J'ai...
M. Barbin: J'ai dit que le plan prévoyait dix ans.
M. Le Moignan: Le plan, mais nous autres, on pense que cela peut
traîner. Ce n'est pas vous qui l'avez dit, là. On sait qu'avec le
gouvernement, ce n'est pas toujours tellement rapide. Quand vous avez
parlé de justice, je crois que les contribuables de tout le
Québec aimeraient bien en profiter et être servis
là-dedans.
J'aurais une autre question. La programmation éducative comme
telle, est-ce que c'est vraiment clair? Est-ce que c'est quelque chose qu'il
faut réellement inventer? Est-ce qu'on est bien situé sur cette
programmation à l'heure actuelle?
M. Barbin: Je le pense, M. le Président. Je ne veux pas
avoir l'air prétentieux en disant cela. Dans le fond, tous s'entendent
sur ce que c'est que de la télévision éducative. Il s'agit
de regarder les émissions. Prenons la question des films c'est
une question qui a été posée. Est-ce de la
télévision éducative que de présenter de bons
films? Là-dessus, j'ai déjà dit que, lorsqu'on
présentait des films à l'école ou au collège
plusieurs ici en ont l'expérience on ne demandait pas aux
étudiants de se retirer, on leur présentait des films comme un
instrument culturel. À Radio-Québec, dans le passé,
lorsqu'on présentait un film, on avait l'impression parfois qu'il
fallait s'excuser et faire avant une espèce de ciné-club plat.
L'on croit qu'on peut présenter de bons films, à condition que ce
soient de bons films, mais si on en présente de mauvais, on remplit mal
notre rôle, on choisit mal nos films et on peut se le faire reprocher. Si
on inclut les films, les émissions d'affaires publiques, l'information,
les émissions générales, je pense qu'on sait de
façon générale ce que peut être une
télévision à caractère éducatif au sens
large. Là où on aurait des problèmes à nous
justifier on le sent bien c'est si on présentait les
joutes de hockey du Canadien. Mais si on présente des joutes de hockey
pendant des concours d'amateurs ou des concours sportifs pour faire
l'éducation des jeunes, c'est différent. Je pense qu'on a un bon
instinct de cela. Je pense que les définitions sont utiles pour pouvoir
couvrir l'ensemble de la télévision éducative et avoir des
modes de référence. On sait bien ce qu'est la
télévision scolaire. Ce qui est important, c'est de diffuser ces
émissions sans avoir de directives, en terme commercial, pour les placer
aux meilleures heures d'écoute. C'est cela qui est important. Quand on
diffuse les débats de l'Assemblée nationale, M. le
Président, on sait bien que c'est éducatif et c'est de
l'information en même temps. Personne ne nous a contesté cela.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que vous pourriez
élaborer votre idée sur votre sourire?
M. Barbin: Pardon? Non, j'essaie de faire des blagues et parfois
on manque son coup.
M. Le Moignan: Tout le monde est d'accord avec vous. Les
débats, c'est très éducatif et très formateur, de
très haut style.
Mme Lavoie-Roux: À formateur, je me permets de...
M. Le Moignan: De très haut style aussi, très
souvent. Tout cela et entre guillemets. Maintenant, j'aurais une
dernière question. Je me souviens d'avoir lu un article, M. Barbin, l'an
dernier; malheureusement, je n'ai pas la référence. On mettait
Radio-Québec en garde contre les régions, parce qu'on nous dit
que les régions vont nous sortir toutes sortes de choses, elles n'ont
pas de spécialistes, elles sont mal équipées, elles vont
nous présenter des programmes à l'eau de rose. Je crois tout de
même qu'il y aura une entente possible et il y a tout de même
certains spécialistes en communication, en audio-visuel, qui ont des
maîtrises, dans certaines régions du Québec. Cette crainte
qu'on fait ressortir, on voudrait que tout soit centralisé, soit
à Montréal, par exemple, et que les régions n'aient pas un
mot à dire ou encore qu'elles présentent de petits programmes
insignifiants. Vous avez tendance, j'imagine, à amener vos
spécialistes ou les spécialistes des régions à
constituer quelque chose de valable vous avez parlé
d'inter-régions qui puisse servir à droite et à
gauche.
M. Barbin: M. le Président, là-dessus je dis
souvent, en réponse à des questions qui me sont posées,
que ceux qui font la télévision dans les grands centres viennent
souvent des régions. Les régions ont de l'expérience dans
le domaine de la production. Elles n'ont peut-être pas autant d'occasions
que d'autres télévisions des grandes villes de mettre en
pratique, dans une télévision professionnelle, ce qu'elles
connaissent. Mais il est sûr qu'on ne peut pas, du jour au lendemain,
trouver, dans les territoires des régions, tout le personnel
compétent parce que, souvent, il est parti et il travaille ailleurs. Il
va falloir soit les rapatrier ceux qui veulent retourner travailler en
région soit former ceux qui veulent se perfectionner. La
décision que nous avons prise de régionaliser
Radio-Québec, et si c'est rendu conforme par l'adoption de ces projets
de loi, ce sera de remettre sur pied le service des stages à
Radio-Québec qui permettait à tout le personnel interne
cela a été demandé par nos syndicats et à
tout le personnel aussi des régions d'avoir une connaissance
professionnelle de la télévision. Tous ces employés en
région feront partie des mêmes unités syndicales que celle
de la centrale et nos syndicats seront aussi exigeants pour les qualités
professionnelles, de même que Radio-Québec, qu'on l'est pour la
production au niveau national.
Il est sûr qu'il faut avoir confiance aux régions. À
ceux qui le pensent, comme vous l'avez dit, vous leur poserez la question. Nous
ne croyons pas cela et nous avons confiance que, dans un avenir
rapproché, avec l'utilisation et la formation de nos équipes
régionales, on pourra avoir en région des gens qui feront d'aussi
bonnes émissions qu'au national. C'est ce qu'on vise.
M. Le Moignan: Ma dernière question: Cela fait
peut-être deux ans que vous avez des représentants dans les
régions, je n'en suis pas trop certain. Qu'est-ce que cela a
donné? Qu'est-ce que cela a produit? Très peu peut-être ou
si vous voulez relancer, repenser votre formule?
M. Barbin: Cela a donné le projet de loi actuel parce que
tous les efforts qui ont été investis par ceux qui, dans des
moments difficiles suite à la première consultation que
Radio-Québec a eue il y a trois ans... Les premières audiences
publiques ont donné naissance à des comités
régionaux qui, contre vents et marées, malgré toutes les
indécisions quant à l'orientation de Radio-Québec, ont
tenu ferme; dans certains cas, les gens se sont découragés;
d'autres ont maintenu les comités en place. En plus d'aider
Radio-Québec au niveau du développement régional par la
distribution d'émissions, de cassettes et l'animation du milieu, ces
comités ont produit des émissions régionales qui ont
été diffusées sur le national parce que cela se fait
depuis quelques années, des productions régionales
diffusées par le national et réalisées grâce
à la collaboration de nos comités régionaux. Ces
comités existent pour la plupart ils vont vous présenter
un mémoire et pourront répondre à vos questions; je ne
veux pas parler en leur nom et auront pour mandat d'assurer la mutation
entre le comité provisoire qu'ils ont maintenant et les comités
permanents qui découlent de la nouvelle loi.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'aurais deux questions. La
première: Vous avez semblé exclure tantôt, au niveau des
principes, la possibilité que Radio-Québec ne fasse jamais de
l'information dite de salle de nouvelles. Je comprends que faire de
l'information dite de salle de nouvelles est un exercice extrêmement
onéreux et que les budgets de Radio-Québec ne sont pas suffisants
à l'heure actuelle ni dans un avenir prévisible d'autant plus que
vous avez comme priorité de couvrir l'ensemble du territoire
québécois. Je suis bien d'accord avec vous là-dessus.
Il n'en demeure pas moins que l'information
télévisée brute, l'information dite de salle de nouvelles
au Québec souffre, dans certains cas, de sérieuses carences et le
fait de dire que d'autres la font justifie qu'on ne la fasse pas, qu'au plan
des principes en tout cas, cela me semble étonnant en ce sens que
d'une part, bien sûr, Radio-Canada avec des moyens considérables
en fait mais à l'intérieur d'un mandat que vous avez
vous-même évoqué inévitablement, plus souvent
qu'autrement, plutôt que de savoir ce qui se passe dans les
régions du Québec, on a tendance à nous dire ce qui se
passe dans des régions du Canada qui sont, pour les
Québécois dans certains cas, d'un intérêt moindre.
Je ne dis pas que c'est par manque complet d'intérêt mais
seulement, un incendie à Regina n'est certainement pas plus
intéressant qu'un incendie à Chicoutimi, au contraire.
D'autre part, dans le cas de TVA, on a vu récemment ce que les
journalistes de la station mère de Montréal ont eu à dire
sur les pratiques d'information à tort ou à raison, je ne
l'ai pas vérifié mais, chose certaine, malgré des
profits considérables, on ne met pas l'accent, comme on pourrait le
faire, sur l'information à ce réseau et en particulier à
Télé-Métropole à Montréal si bien que je
voudrais bien m'assurer que, sur le plan des principes, on ne fait pas une
distinction entre l'information dite d'affaires publiques et l'information dite
de salle des nouvelles, qu'éventuellement il n'est pas
nécessairement exclu et que cela peut entrer à l'intérieur
du mandat éducatif de Radio-Québec de renseigner la population
sur les faits bruts qui se sont passés au cours d'une journée
pour lui permettre d'être mieux à même ensuite de porter des
jugements que toute population doit porter épisodiquement sur les
orientations locales, régionales ou nationales.
M. Barbin: M. le Président, je ne dirai pas que j'ai
été mal cité; je dirai que je me suis mal exprimé
parce qu'il est évident que, sur le plan des principes, on ne peut pas
exclure l'information de type quoditien avec toutes les équipes
professionnelles appropriées. J'ai dit que, pour le moment, nous ne
faisions pas concurrence dans ce domaine à ceux qui étaient
déjà équipés. Je ne porte pas de jugement
là-dessus. Par rapport aux fonds qui étaient disponibles et par
rapport aux coûts qu'implique la constitution de salles de nouvelles,
nous n'avons pas mis sur pied actuellement de service d'information comme tel
mais nous n'excluons pas qu'à un moment donné, suite aux
décisions du conseil d'administration et aux besoins du moment, nous
puissions intervenir dans ce secteur. (15 h 30)
M. Guay: Ma deuxième question...
M. Barbin: Mais je voudrais ajouter, M. le Président, un
autre élément. Il se peut très bien, cependant, que les
régions, les conseils, les comités régionaux
décident que pour répondre à des besoins dans leurs
régions, ils ont, eux, des priorités plus grandes qu'au niveau
national sur le plan des couvertures d'information. Il y aura cette
possibilité, parce que ce n'est pas une question de principe, c'est une
question d'opportunité, de financement, de priorités, de
stratégie et il se pourrait très bien que les régions
développent des systèmes d'information avant le national.
M. Guay: Ma deuxième question est d'un
intérêt plus local, si vous voulez. Radio-Québec a
actuellement une antenne de diffusion dans la capitale, ici à
Québec, mais n'a pas de studio de production. Est-ce qu'on
prévoit effectivement l'implantation de moyens de production dans la
capitale et à quel moment est-ce que c'est prévu dans
l'échéancier?
M. Barbin: Toute cette question de la production a
été posée par le rapport Rocher qui a inspiré la
décision gouvernementale de nous donner ce mandat de développer
notre réseau d'antennes, dans un premier temps, dans les trois
régions prioritaires dont j'ai parlé tout à l'heure, dans
l'Est et au Saguenay-Lac-Saint-Jean et on nous dit en même temps que nous
devons commencer immédiatement les études qui nous permettraient
d'implanter à côté de chaque antenne des studios de
production. Québec fait partie du groupe de régions où il
y a déjà des antennes. Donc, nos études nous permettront
de répondre de façon plus précise à la question qui
m'est posée, M. le Président, lorsque nous les aurons
complétées pour la préparation de nos prochaines demandes
budgétaires. Je pourrais difficilement mettre une date et ce ne sera
certainement pas avant deux ans.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mon collègue...
Le Président (M. Jolivet): Oui. M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais avoir votre commentaire, M. le
Président, avant de donner la parole, très brièvement, sur
l'ensemble du mandat, défini autant dans la loi 109 que dans cette
nouvelle loi sur la programmation éducative. Est-ce que vous n'avez pas
l'impression que le projet de loi tel que rédigé je sais
qu'en pratique vous pourrez, à l'intérieur de votre
programmation, faire écho à ce type de préoccupation
dans l'ensemble du mandat qu'on confie à Radio-Québec au
titre de la programmation éducative, ignore complètement ou,
enfin il me semble ignorer complètement toute espèce de
préoccupation économique et sociale et que l'ensemble du mandat
est un mandat globalement politique, dans le sens non péjoratif du
terme, et un mandat culturel. J'en veux simplement comme illustration que le
seul moment, dans la définition de programmation éducative,
où on parle des problèmes régionaux, c'est au titre de
l'accès des citoyens à leur patrimoine culturel. Or, tout le
monde sait qu'il y a, au niveau du public et des citoyens en
général, un immense besoin de connaissances et d'information sur
les réalités proprement sociales et, également, sur les
réalités économiques. Cette dimension, dans l'ensemble des
deux projets de loi, m'apparaît complètement écartée
et dès lors que vous entrez au niveau des régions, sans doute que
dans les consultations que vous avez menées ou celles mêmes que le
ministère des Communications a menées, le type de
préoccupation qu'on vous aurait signalé parce que ce sont
les informations que tous ceux qui se promènent en province recueillent
c'est que les questions économiques et les questions sociales
sont aussi extrêmement importantes.
Dans la rédaction de l'article 3, la nouvelle rédaction,
je comprends qu'on a essayé d'écarter l'expression "enjeu
collectif" par l'euphémisme "questions d'intérêt
général" et que vous pouvez me dire que les questions
économiques et sociales vont être couvertes par cela, mais on sent
manifestement qu'il y a la pression de Radio-Québec, la
définition de Radio-Québec est beaucoup plus dans l'ordre
culturel, ordre culturel et politique entendus dans un sens restreint, ce qui
semble ignorer les réalités économiques et sociales qui
sont tout de même l'objet des premières préoccupations d'un
très grand nombre de citoyens.
M. Barbin: M. le Président, nous n'avons pas senti
à Radio-Québec, ni au niveau interne, ni au niveau du conseil
d'administration, que cette définition qui est inspirée de la
définition de l'éducation de l'UNESCO n'était pas
englobante et si jamais ce que vous dites ne découlait pas de ce qui est
là, j'ai l'impression qu'il faudrait le mettre, parce que, dans les
orientations de Radio-Québec, on voudrait davantage coller à
cette réalité québécoise où les
problèmes économiques sont importants. Je pense à beaucoup
d'émissions que je pourrais vous donner en exemple sur lesquelles on
réfléchit pour la prochaine année, où on veut
s'interroger sur le secteur économique, pouvoir couvrir l'ensemble de
l'éventail des préoccupations des Québécois dans
tous les grands secteurs de l'éducation. Je ne l'ai pas senti
jusqu'à présent, ni au niveau de notre conseil d'administration.
On a travaillé sur plusieurs documents et ce sont toujours des documents
qui sont assez englobants et ça nous permet, nous, de réaliser
les grands objectifs de programmation qui collent à ces besoins que vous
avez signalés et qui sont, à notre point de vue, exacts.
M. Rivest: Je pense que vous avez raison. D'ailleurs, vous avez
retransmis le sommet économique. On voit qu'il y a une
préoccupation de Radio-Québec de cet ordre, mais, en tout cas...
Simplement pour conclure, je pense qu'éventuellement, au niveau de
l'étude article par article, il y aura peut-être moyen
d'introduire cette dimension.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je dois vous dire
que je suis assez surprise de lire votre mémoire. C'est la
première fois qu'à une commission parlementaire, j'ai conscience
de la nature d'un tel mémoire.
Vous arrivez ici et vous n'avez aucune critique sur les deux projets de
loi qui sont devant l'Assemblée nationale. Ordinairement, quand des
organismes se présentent, ils peuvent être en faveur d'un projet
de loi et le supporter abondamment. Mais, à aucun moment, je ne vous ai
entendu exprimer quelque restriction ou quelque critique que ce soit à
l'égard de ces projets de loi, si bien que j'avais presque je
suis sûre que je me trompe l'impression que vous aviez
préparé les projets de loi
et que c'étaient les projets de Radio-Québec et non pas
les projets de loi du gouvernement.
Enfin, est-ce que tout vous convient dans les deux projets de loi qui
sont devant l'Assemblée nationale?
M. Barbin: M. le Président, nous n'avons pas
préparé les projets de loi.
Mme Lavoie-Roux: J'ai bien l'impression que je me trompe,
oui.
M. Barbin: Nous avons critiqué les projets de loi sous
forme de documents de travail et j'aurais une pile de dossiers de toutes les
remarques que nous avons faites au niveau de notre conseil d'administration
pour arriver à une rédaction qui puisse satisfaire
Radio-Québec, puisqu'il est le premier concerné par ce projet de
loi.
On me glisse un papier. Il y a eu 31 projets, avant celui-ci, qui ont
circulé depuis un an et où ces documents ont été
étudiés par le contentieux de Radio-Québec, par le
personnel interne, par celui des communications, par celui du conseil
exécutif, par les comités de législation, et
Radio-Québec se doit de reconnaître aujourd'hui que les projets de
loi, tels qu'ils sont présentés, ont été
modifiés pour correspondre à l'essentiel de la marge de manoeuvre
que nous souhaitions et des critiques que nous avions faites, ce qui explique
que notre mémoire reconnaît l'utilité des projets de
loi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, sur aucun article, à aucun moment,
vous n'avez de recommandation à nous faire.
M. Barbin: À ce moment-ci, non, M. le Président, et
je ne vous parle pas en mon nom. Je vous parle au nom du conseil
d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Bon! C'est quand même assez
étonnant. Je n'ai jamais vu ça à une commission
parlementaire, mais je suppose qu'il y a un début à tout.
Je voudrais revenir quand même... Est-ce que votre
définition de la télévision éducative est la
même que celle qui nous a été donnée par le
ministre, qui est extrêmement englobante, celle de l'UNESCO? Est-ce que
c'est ça, votre définition de la télévision
éducative?
M. Barbin: Celle qui a été retenue après
plusieurs études, c'est celle de l'UNESCO, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Alors, elle vous permet d'aller un peu dans
toutes les directions parce que tout peut être interprété
comme étant éducatif.
M. Barbin: Parce que ce que tout ce qui est éducatif est
possible à Radio-Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui... Vous disiez tout à l'heure, dans
votre mémoire, à la page 2, qu'il faut bien comprendre que
Radio-Québec n'est pas un luxe que se paient les
Québécois, à côté de Radio-Canada et de la
télévision commerciale francophone ou anglophone. Vous donniez
comme exemple qu'il y en avait une, entre autres, en Ontario. J'imagine aussi
qu'il y en a aux États-Unis et en Angleterre.
Mais parlons de celle de l'Ontario. Vous ajoutez: Nous avons, à
cet égard, une spécificité importante qui réside
dans chacun des termes du mandat qui nous est tracé dans ces projets de
loi et qui peuvent se résumer en deux mots: un projet collectif.
Je voudrais que vous explicitiez votre pensée là-dessus.
Vous parlez de la justification pour que le Québec ait aussi une
télévision éducative, ce sur quoi je suis totalement
d'accord. C'est l'exemple de l'Ontario. Mais vous y ajoutez une
spécificité importante, que vous appelez le projet collectif.
Quelle est la différence entre une télévision
éducative en Ontario et une télévision éducative au
Québec, compte tenu que je reconnais, dans l'élément b) de
la programmation éducative, qu'évidemment, il y a une
spécificité au Québec, au point de vue culturel. Je suis
d'accord avec cela. Votre projet collectif, pourriez-vous me définir
cela? Qu'est-ce que cela englobe?
M. Barbin: La différence, M. le Président, entre la
télévision éducative de Radio-Québec, si le projet
de loi est adopté, et la télévision de l'Ontario ou de
Radio-Canada, c'est que, pour la première fois, dans les moyens de
communication nationaux ou de grande envergure, il y a une
décentralisation des pouvoirs au niveau des régions. Pas une
décentralisation au niveau de comités consultatifs, comme cela
existe ailleurs, pas une décentralisation en envoyant du personnel
gérer en région, mais une décentralisation
réelle.
Si je prends le Devoir d'aujourd'hui, je vois que Radio-Canada dit non
à une demande d'autonomie de L'Acadie. Il n'y a pas de rapport...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Barbin: Je continue, si vous le permettez, M. le
Président. J'ai l'air de partir de loin, mais c'est le problème
majeur. Par le nouveau projet de loi, Radio-Québec donne aux
régions une autonomie réelle de gestion, confirmée par un
projet de loi, de gestion administrative et financière, de gestion aussi
du personnel et de gestion de la programmation.
Ceci veut donc dire qu'en région, il y aura un pouvoir
réel des gens pour décider, dans le cadre d'un budget qui sera
alloué par le national, ce que veulent faire comme
télévision les représentants des régions, et,
automatiquement, le président du conseil d'administration de la
région, sera membre du conseil d'administration de
Radio-Québec.
Lorsqu'on parle d'un projet collectif, on veut dire que les gens des
régions sont représentés véritablement, ont un
pouvoir régional et peuvent participer, d'autorité, au niveau
national. Peut-être que le mot de projet collectif est un peu gros.
C'est une façon, pour nous, de transmettre cette idée.
En Ontario, il n'y a pas de décentralisation, ni à
Radio-Canada, ni dans d'autres stations. C'est la première fois que
cette expérience est faite et, dans ce sens-là, elle est positive
à ce point que nous croyons que Radio-Québec devient vraiment
l'affaire de tous les Québécois, non pas uniquement en termes de
diffusion, mais aussi en termes de production et en termes politiques.
Mme Lavoie-Roux: Je suis contente que vous admettiez que le terme
soit un peu gros, parce que ce que vous venez de me décrire, c'est une
question de structure. Au lieu d'avoir une structure centralisée, on
semble vouloir s'efforcer d'avoir une structure décentralisée,
quoique, là encore, on puisse même se poser des questions sur les
explications que vous venez de donner. Quand on voit, au paragraphe c) de
l'article 5, que le conseil d'administration de Radio-Québec va
établir des normes de gestion financière, c'est vous qui
établissez les normes de gestion financière. Que vous
établissiez des enveloppes globales pour chaque région, cela
irait encore, mais quand vous dites que vous allez établir des normes de
gestion financière... Ce n'est pas vous, c'est le projet de loi, je
m'excuse. Mais vous comprenez, j'ai un peu de difficulté à faire
la différence entre vous et le gouvernement, dans ceci.
M. Guay: Regardez donc la composition du conseil
d'administration, c'est intéressant.
Mme Lavoie-Roux: On y reviendra. M. Guay: C'est la somme
des régions. Le Président (M. Jolivet): M. le
député.
M. Barbin: M. le Président, est-ce que je peux ajouter une
chose? Quand nous parlons du niveau national à Radio-Québec, du
conseil d'administration national, nous parlons d'un conseil d'administration
qui est formé, avec un nombre très important de gens des
régions. (15 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Dix sur 23, vous êtes majoritaires.
M. Barbin: Un maximum de dix sur 23.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous demeurez majoritaires dans ce conseil
d'administration.
M. Barbin: C'est-à-dire ceux qui demeurent majoritaires...
je ne comprends pas, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire que
Radio-Québec...
M. Barbin: Qui est majoritaire?
Mme Lavoie-Roux:... l'organisation nationale, comme vous
l'appelez, demeure majoritaire par rapport aux régions.
M. Barbin: Si on oppose à ceux qui ne sont pas des
régions, ceux qui sont des régions. Mais on ne connaît pas
la composition du conseil d'administration, on ne peut pas dire qu'il y a deux
blocs. Ce qu'il est important de dire pour moi, M. le Président, c'est
qu'il y aura dix représentants des régions qui vont fonctionner
avec des mandats de leur région pour défendre les
intérêts des régions au conseil d'administration de
Radio-Québec.
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir à la programmation
éducative, je reviens sur les remarques de mon collègue de
Jean-Talon, en ce qui touche a et b, je pense que je n'ai pas, à
première vue, de réticence; mais en ce qui touche c, notamment la
discussion des questions d'intérêt général, il est
fort clair qu'on a remplacé le mot "enjeu collectif" par le mot
"question d'ordre général" parce que ceci avait soulevé un
certain remous. À votre point de vue, dans quelle mesure peut-on
déborder à ce moment-là des questions qui sont strictement
d'information dans un sens éducatif et, finalement, toucher à des
questions qui sont d'ordre politique et qui pourraient facilement glisser, non
plus sur une télévision éducative, mais sur une
télévision qui pourrait avoir un certain caractère de
propagande? Bien, c'est ce que je pense, je vais le dire, M. le
Président.
M. O'Neill: C'est Radio-Canada qui vous fait penser à
cela?
M. Guay: Vous avez dit ce que vous pensiez.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être, peut-être,
peut-être. Mais Radio-Canada ne se cache pas derrière une
télévision...
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je peux faire une
réflexion, c'est moi qui ai le droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que je pensais que
c'était à M. le président de Radio-Québec de
répondre.
Mme Lavoie-Roux: Mais comme on m'a interrompue...
Le Président (M. Jolivet): J'ai demandé qu'on
arrête cette chose.
M. Rivest: C'est une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas pareil. J'ai voulu
interrompre toute conversation entre les membres de la table et reprendre vers
la personne...
Mme Lavoie-Roux: Je ferai la remarque après, si vous ne
voulez pas que je la fasse avant. D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez toujours le droit de
la faire après. M. le président de Radio-Québec.
M. Barbin: M. le Président, il est impensable qu'un
organisme de télévision qui a une mission éducative ne
puisse aborder tous les sujets dont ceux qui sont politiques, ceux qui sont
d'intérêt général ou appelons cela les grands
enjeux, c'est une question de mots. Ce qui est important pour nous, c'est
d'être présent à la communauté
québécoise comme instrument de diffusion; on se doit d'être
objectif et on devra exiger à nos oeuvres et si on se trompe et
si on est partisan, on se devra de nous contester. Tout ce que j'ai dit
jusqu'à présent et toute la liberté d'action dont dispose
Radio-Québec, et le conseil d'administration a scruté ses
dossiers là-dessus, nous croyons que nous avons la liberté de
manoeuvre et une grande liberté pour être objectif.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que je voulais dire
et non pas à l'adresse du président c'est que
Radio-Canada ne prétend pas être uniquement une
télévision éducative alors que le rôle de
Radio-Québec est d'être une télévision
éducative. Je pense qu'il y a là une énorme
différence. Cela n'excuse pas, de toute façon, Radio-Canada,
même si elle n'est pas uniquement une télévision
éducative, de faire de la propagande dans un sens ou dans l'autre.
Là-dessus, je suis d'accord.
M. Guay: ... l'entendre dire.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous certains critères que vous avez
établis pour, justement, nous assurer qu'en encourageant les
discussions, les questions d'intérêt général, vous
resteriez bien dans votre rôle de
télévision-éducative? Quelles sont les balises que vous
vous donnez pour, justement... Je pense qu'il est évident qu'on peut
facilement glisser quand on réfère à une notion aussi
vaste que la discussion des questions d'ordre général; est-ce que
vous avez certaines balises, certains critères dont vous pouvez nous
faire part?
M. Barbin: M. le Président, vous me permettez de demander
au directeur des programmes, M. Sylvestre, de répondre à cette
question? Est-ce que vous permettez, Mme le député?
Mme Lavoie-Roux: Allez.
M. Barbin: M. Claude Sylvestre.
M. Sylvestre (Claude): M. le Président, madame, nous
avons, à Radio-Québec, rédigé attentivement une
politique des programmes qui, justement, veut nous donner d'une façon
interne des balises assez précises sur l'éthique professionnelle
qui doit nous régir quand nous faisons de l'information au sens large,
quand nous abordons des questions qu'on appelle d'affaires publiques. Il nous
est apparu évident que Radio-Québec ne pouvait pas se mettre
à diffuser des émissions éducatives au sens large et des
émissions culturelles en dehors du temps, un peu comme en circuit
fermé, sans aucune prise sur la réalité, sans être
le miroir de ce qui se passe d'important pour la collectivité
québécoise. C'est dans ce sens-là qu'on a
développé une politique d'affaires publiques.
Vous nous demandez quels sont les critères, qu'est-ce qui nous
fait juger si un événement a une importance collective.
Évidemment, c'est l'expérience et le bon sens. Je pense que
l'opinion publique, l'Assemblée nationale, les journalistes sont garants
du reflet du miroir démocratique que doit être Radio-Québec
quand Radio-Québec décide de couvrir ou de ne pas couvrir un
événement. Voilà des décisions aux programmes qui
sont prises coup par coup, mais dans un éclairage de fonctionnement qui
relève d'une éthique, des politiques de programmes qui sont
rédigées article par article et qui sont une sorte de petit code
interne, mais qui sont garants de notre procédure interne.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, par exemple, la discussion des
institutions politiques canadiennes pourrait faire partie de l'information
à la population québécoise, dans un esprit
éducatif?
M. Sylvestre: Absolument. Si, en période
préréférendaire ou référendaire, le
débat politique sur l'avenir du Québec à
l'intérieur de la Confédération devenait un enjeu majeur
pour la collectivité québécoise, il nous
apparaîtrait tout à fait artificiel d'éviter de parler,
d'analyser, de confronter les opinions.
Mme Lavoie-Roux: Là, vous me parlez d'une situation prise
dans un contexte de référendum, mais dans une période qui
se situe à l'extérieur du référendum, est-ce que
cela fait encore partie de...
M. Sylvestre: On peut bien imaginer qu'à
l'intérieur... Je vous donne un tout petit exemple. Nous avons à
l'horaire une émission qui s'appelle Studio 1 qui, deux fois par
semaine, fait appel à des invités qui représentent une
actualité assez immédiate. Il est tout à fait pensable
qu'à Studio 1, on ait un homme politique de la scène
fédérale qui vienne expliquer ce qui s'est passé quant
à lui dans l'enjeu des dernières élections
fédérales. Il n'y a vraiment pas une exclusion. La vie, elle est
fédérale et provinciale. Elle est éducative et culturelle
pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Rivest: M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): II y en a d'autres qui ont
demandé la parole. Le mieux est de continuer.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question est la suivante. Pouvez-vous me
dire quelle a été la con-
certation? Vous en avez parlé, mais très
brièvement. Vous avez l'intention de vous rencontrer prochainement et
vous avez rencontré dans le passé les représentants du
ministère de l'Éducation. Quel est le poids que devrait avoir le
ministère de l'Éducation dans une télévision qui se
dit éducative? Quel est le poids, le rôle que devrait jouer, selon
vous, le ministère de l'Éducation dans une telle
télévision? En Ontario, je pense que la part du ministère
de l'Éducation je ne sais pas exactement l'articulation
est très lourde. Est-ce que même cela ne relèverait pas du
ministère de l'Éducation? Je peux me tromper. Je vous le demande
comme information.
M. Barbin: On me dit, M. le Président, que la subvention
passe par le ministère de l'Éducation, mais il y a une autonomie
assez complète en Ontario. Pour nous, il est bien clair que le
ministère de l'Éducation a un rôle important à jouer
dans toutes les activités de Radio-Québec, mais,
évidemment, beaucoup plus dans toutes les activités de domaine
scolaire où là, c'est un rôle majeur. Nous ne sommes pour
ce secteur-là de nos activités que des diffuseurs et la
responsabilité du contenu d'une bonne partie de notre production dite
scolaire qui est importante, qui se situe aux alentours de 20% de la diffusion
relève du ministère de l'Éducation. On doit lui donner des
heures qui lui conviennent et on doit travailler avec lui pour répondre
à ses besoins.
Du côté de l'éducation permanente aussi, appelons
cela l'éducation un peu plus formelle, nous croyons que les maisons
d'enseignement et le ministère de l'Éducation ont un rôle
important à jouer. C'est un secteur privilégié que nous
avons comme clientèle. Pour ce qui est de la partie plus
d'éducation au sens large, Radio-Québec se doit d'être
maître d'oeuvre et responsable, ce qui ne veut pas dire que nous ne
devons pas mettre en discussion un certain nombre de choses. La rencontre que
nous avons avec le ministère de l'Éducation vient justement
préciser ce type de collaboration. Je serai plus en mesure de vous
répondre, M. le Président, dans quelque temps, lorsque nous
aurons eu ces rencontres et lorsque nous aurons créé les
mécanismes appropriés. La nouvelle loi prévoit la
nomination par le ministre, sur la recommandation du ministre de
l'Éducation, de deux représentants au conseil d'administration
national. Elle prévoit aussi, au niveau régional, la
représentation de deux maisons d'enseignement régionales de
façon à nous rapprocher davantage au niveau entre
guillemets "des structures" d'une collaboration organique. Je pourrais
difficilement, à ce stade-ci, aller plus loin dans des choses
très concrètes.
Mme Lavoie-Roux: II reste que c'est un peu surprenant que cette
chose-là ne soit pas articulée entre Radio-Québec et le
ministère de l'Éducation avant qu'on adopte un projet de loi sur
la télévision éducative. Il me semble que cela aurait
dû être fait antérieurement plutôt que
postérieurement. Mais on sait que...
M. Barbin: M. le Président. Est-ce que vous me permettez,
madame, un commentaire là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement.
M. Barbin: Dans les études qui ont été
faites et auxquelles je n'ai pas participé, mais dont j'ai eu les
résultats, le contenu, il y a eu beaucoup d'hypothèses qui ont
été faites où Radio-Québec aurait pu devenir autre
chose que ce qu'il était et ce qu'il deviendrait par le nouveau projet
de loi. Ces hypothèses ont été analysées et on est
arrivé à la conclusion que Radio-Québec se devait de
continuer dans les structures actuelles. Ces discussions ont eu lieu au cours
des dernières années, et principalement l'année
dernière, particulièrement au comité Rocher.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous entendez avec le ministère de
l'Éducation, au moins dans les grandes lignes ou dans les grandes
orientations, sur ce que devrait être le contenu de la
télévision éducative. Pouvez-vous m'assurer de cela?
M. Barbin: Non, madame. Non, M. le Président. Mais
espérons que l'on arrivera à une sorte de compagnonnage
créateur.
Mme Lavoie-Roux: On vit d'espoir. On sait que le gouvernement n'a
pas réussi encore à définir une politique globale
d'éducation permanente et d'éducation des adultes. Est-ce que,
à Radio-Québec, on a réussi à faire ce coup de
maître? En fait, la raison de ma question, c'est que je m'étonne,
à ce moment-ci, qu'on soit prêt à débloquer des
crédits importants pour la télévision éducative
alors que ceci, à mon point de vue, demeure une question fondamentale
non seulement à l'égard de Radio-Québec, mais à
l'égard de l'élaboration d'une politique générale
de l'éducation permanente et de l'éducation des adultes.
M. Barbin: M. le Président, je serais prétentieux
de dire qu'on a trouvé toutes les solutions à Radio-Québec
et mon mandat, c'est d'administrer Radio-Québec, et, en administrant
Radio-Québec, le faire avec la loi qui existe. Il y a beaucoup de
questions qui me sont posées qui pourraient être posées au
ministère de l'Éducation. Dans notre mandat, M. le
Président, nous avons à réaliser des choses qui sont de
plus en plus précises et nous sentons le besoin de le faire avec des
organismes comme le ministère de l'Éducation et les autres. Mais
on ne peut pas, à Radio-Québec, se prononcer sur des
débats comme ceux-là. Je me sens incapable de le faire
aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: C'est quand même une question qui
m'apparaît fondamentale devant une radio qui a pour objectif et raison de
vivre, raison fondamentale d'exister, l'éducation. Ces
questions-là ne sont pas encore résolues et peut-être
qu'essayer de les résoudre totalement, c'est difficile, mais que vous ne
soyez pas plus avancé dans
ce cheminement, je trouve cela quand même un peu surprenant.
Vu qu'on a le directeur de la programmation, une dernière
question... (16 heures)
Le Président (M. Jolivet): Je me posais la question. On
s'est donné un large moment; vos 20 minutes s'écoulent.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais bien; c'est cela que je
réalise.
Le Président (M. Jolivet): Dans ce contexte, si on me dit
qu'il n'y a pas de problème et que vous pouvez continuer à poser
les questions qu'il vous reste, je vais vous laisser aller.
M. Guay: Non, cela ne déborde pas
démesurément.
M. O'Neill: J'ai une petite question. Le Président
(M. Jolivet): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement rappeler au ministre des
Communications qu'au moment de l'étude des crédits du
ministère des Communications...
Le Président (M. Jolivet): II n'a pas dit une petite
question; c'est lui qui a une petite question à poser.
M. O'Neill: J'attends que vous terminiez pour poser ma
question.
Mme Lavoie-Roux: Au moment de l'étude des crédits
du ministère des Communications le ministre s'en rappellera
sûrement il nous avait assurés que nous aurions l'occasion
de lui poser toutes les questions que nous voudrions au moment de la commission
parlementaire sur les projets de loi 4 et 5; est-ce exact?
M. O'Neill: Au président de Radio-Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ou au président de
Radio-Québec.
M. O'Neill: D'accord, allez.
Mme Lavoie-Roux: Une question que je voudrais demander au
directeur de la programmation pour revenir sur cette question des politiques ou
du contenu politique ou éducatif: Pouvez-vous nous dire quel programme
existe ou a existé à Radio-Québec en regard de
l'information ou de la connaissance des institutions politiques existantes?
M. Sylvestre: II y a eu, il y a trois ans, une série
d'émissions qui ont parlé directement du fonctionnement de
l'Assemblée nationale mais nous avons actuellement à l'horaire de
Radio-Québec une émission hebdomadaire qui s'appelle "La vie
parlementaire dans la vieille capitale" où nous résumons les
principales questions de l'Assemblée nationale, les principaux sujets
des débats et aussi, nous faisons écho aux commissions
parlementaires. En plus de faire écho et de résumer, nous
expliquons aussi dans quel contexte les projets de loi ont été
débattus, dans quel contexte les commissions parlementaires ont
siégé. Voilà, à notre avis, une émission
hebdomadaire comme exemple qui explique et qui éclaire le
téléspectateur québécois sur le fonctionnement des
organismes qui sont la base de la vie démocratique.
Mme Lavoie-Roux: Sur les institutions parlementaires canadiennes,
il n'y a jamais rien eu. Cela ne fait pas partie de la réalité du
Québec?
M. Sylvestre: Actuellement, non, madame.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne fait pas partie de la
réalité du Québec?
M. Sylvestre: De la grille, pardon, j'ai mal compris. Cela fait
partie de la réalité, oui, mais à Radio-Québec,
nous diffusons quatre heures et demie d'émissions par jour que nous
rediffusons le lendemain après-midi. Évidemment, avec les moyens
que nous avons et l'éventail de la grille-horaire qui nous permettent de
porter nos différents objectifs, il est évident que
l'éventail total de nos objectifs n'est pas atteint.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous; vous retransmettez
les débats de l'Assemblée nationale une partie en direct
et une partie qui est retransmise cela couvre l'Assemblée
nationale du Québec. Évidemment, je ne vous demande pas de
couvrir les débats de la Chambre des communes mais je vous demande
précisément si dans votre programmation éducative,
informative, il y a eu des sujets portant sur l'ensemble des institutions
canadiennes qui font aussi partie de la réalité de la vie du
Québec?
M. Sylvestre: Non, madame, pas comme tels.
Mme Lavoie-Roux: Je vais laisser la parole à d'autres; je
reviendrai parce que j'ai plusieurs autres questions.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je voudrais faire préciser. J'ai
parlé tout à l'heure des régions et M. Barbin a
mentionné que la province était divisée en dix
régions. Je sais que l'an dernier...
M. Barbin: J'ai parlé de dix régions... M. Le
Moignan: Existantes ou à prévoir?
M. Barbin:... qui existaient suite à la mise sur pied des
comités régionaux et des consultations que nous avions eues. Je
parlais des régions
administratives. Il se pourrait et il existe sans doute plusieurs
régions au Québec; il pourrait y en avoir, suivant notre
façon de calculer, un plus grand nombre. Je ne me suis pas
prononcé là-dessus. J'ai référé aux dix
régions administratives, et, dans le projet de loi, on limite le nombre
des représentants des régions à dix au cas où, si
jamais on créait 20 régions, on se retrouve avec un conseil
d'administration formé de 35 personnes.
M. Le Moignan: Si je vous pose cette question, ce n'est pas
tellement le chiffre 10 qui me paralyse en ce moment, c'est que l'an dernier,
évidemment, j'avais insisté comme d'autres sur les régions
périphériques. Un de mes amis de Montréal m'avait
appelé pour me dire: Oublies-tu que Montréal, c'est une
région; ceux qui vivent au centre-ville de Montréal ont
peut-être toutes les facilités, mais en dehors, on est à
peu près situé comme en Gaspésie ou ailleurs. Dans votre
idée de région, est-ce que Montréal est une région,
Québec, une région, je parle des villes qui ont
déjà plus de facilités, alors qu'à
l'intérieur des mêmes régions, des gens sont
peut-être défavorisés aussi?
M. Barbin: C'est une grande question, M. le Président,
celle-là. On a fait l'hypothèse qu'on commencerait par les
régions administratives actuelles, mais il est sûr que ce
débat, il va nous falloir l'avoir. On a même demandé
conseil à un certain nombre d'organismes dont l'Institut canadien
d'éducation des adultes. Nous demanderons conseil à d'autres
organismes qui ont réfléchi à toutes ces questions. Il est
sûr qu'il n'est pas facile de parler de Montréal comme d'une
région. On sait et on a eu des consultations tout autour de la ville de
Montréal, même chose pour la région de Québec. Quand
on prend les régions, il y a la Gaspésie, il y a la région
du Bas-Saint-Laurent, Rivière-du-Loup constitue une région
d'après ceux qui nous ont écrit et qui voudraient collaborer avec
Radio-Québec, de même que la Beauce. Il y a tout un débat.
Il va falloir qu'on arrive à définir les régions et cela
se fera sur une période donnée. Au préalable, nous faisons
l'hypothèse que nous pourrions commencer par les régions
administratives de façon à démarrer, quitte à ce
que cette discussion et toutes les précisions viennent ensuite.
M. Le Moignan: Comme il y a d'autres groupes qui attendent, c'est
ma dernière question. Je vous ai posé une question au sujet de
votre collaboration avec le ministère de l'Éducation. Mme le
député de L'Acadie est revenue sur le même sujet. Je me
souviens qu'il y a quelque temps, lors de l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation, on semblait vouloir restreindre aux
organismes, par exemple, l'OVEP, l'éducation populaire. À ce
moment, si le ministère de l'Éducation vous comprime de plus en
plus, c'est là que je vois une collaboration plus difficile, le
ministère de l'Éducation qui cumule déjà des
budgets énormes à comparer peut-être à $25 millions,
je ne me souviens pas, pour votre ministère. À ce moment, vous
allez être obligés de tirer sur le ministre de l'Éducation
pour qu'il vous passe un petit peu d'argent, je ne sais trop.
M. Barbin: C'est le genre de discussion que nous aurons avec le
ministère de l'Éducation, mais le ministère de
l'Éducation, lorsqu'il prépare et lorsqu'il a des budgets pour
toute la programmation, la production scolaire, cela n'émarge pas au
budget de Radio-Québec. C'est en plus des $26 millions. Ce que nous
faisons, nous sommes diffuseurs pour le ministère de l'Éducation
et le ministère de l'Éducation, dans le cadre de son budget, peut
développer davantage l'éducation par la télévision,
l'éducation scolaire suivant les politiques qu'il définira et
c'est ce genre de discussion que nous aurons avec eux bientôt, mais ce
sont des problèmes qui ne sont pas faciles, je le reconnais.
M. O'Neill: Une brève question, M. le Président.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, l'an dernier, lors de la commission
parlementaire, vous vous rappelez qu'il y avait une atmosphère assez
tendue à cause du conflit de travail, de relations de travail
plutôt difficiles entre la direction de Radio-Québec et les
employés et, depuis ce temps, les choses semblent, vues de
l'extérieur, être au beau fixe. Je veux simplement vous demander
de confirmer cela ou de corriger peut-être. Est-ce qu'on peut dire
qu'actuellement, au plan de relations de travail, les choses se
déroulent de façon extrêmement positives à
Radio-Québec? Est-ce que vous pourriez peut-être nous parler un
peu d'efforts qui sont accomplis des deux côtés dans ce sens, afin
qu'il y ait à l'intérieur de l'institution un climat beaucoup
plus favorable pour le travail d'équipe?
M. Barbin: M. le Président, cette question, j'aimerais
mieux qu'on la pose aux syndicats qui auront à présenter des
mémoires. Quant à nous, à Radio-Québec, nous
essayons de transformer un climat de confrontation en un climat davantage de
collaboration. Nous essayons de mettre en place des mécanismes
appropriés et nous croyons que tout n'est pas réglé. Il y
a un bon nombre de problèmes qui ont été
réglés. Ce qui est important, c'est qu'il n'y ait pas
d'arrêt de travail à Radio-Québec et qu'on puisse produire
de la télévision à la satisfaction de nos employés
et du public. Il y a des associations à voir. Nous sommes en
négociation actuellement avec l'association des réalisateurs.
On ne peut pas conclure que tout est réglé à
Radio-Québec. Il y a des choses qui sont en discussion et que je peux
difficilement commenter. Nous aurons à recommencer à
négocier l'année prochaine, parce que nos conventions avec nos
techniciens et avec le Syndicat général des employés
seront échues l'année prochaine. Nous commençons
déjà à réfléchir, avant de déposer
des offres patronales, à des modes de collaboration, à des modes
de relations de travail d'un type qu'on voudrait plus positif de part et
d'autre. Je
crois que c'est dans ce climat, qui est positif actuellement, que nous
travaillons. Mais il faudrait quant aux autres aspects, poser les questions aux
intéressés qui sont représentés ici.
M. O'Neill: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui. Je voudrais revenir à la question de Mme
le député de L'Acadie. Tantôt, au début de ses
remarques, le président a fait écho à certaines critiques
sur le plan politique qui étaient adressées à
Radio-Québec. Sans porter de jugement de valeur sur la nature de ces
critiques, je pense que, pour les fins de ma question et de la discussion, on
peut tenir pour acquis qu'elles existent, sans savoir qui a raison ou non.
Pour ma part, j'ai été assez étonné
d'entendre M. Sylvestre dire qu'il n'y avait pas eu, ou, enfin,
peut-être, il y a trois ans, un programme quelconque qui concernait
spécifiquement les institutions ou la réalité canadienne
comme partie de la réalité québécoise.
Cela m'amène à poser une question au président de
Radio-Québec. Vous avez parlé tantôt des priorités.
Il y a, bien sûr, le rapport Rocher, etc. Il y a le projet de loi qui a
réfléchi là-dessus. Vos priorités doivent
correspondre à une demande que vous recueillez non seulement sur la
dimension régionale des choses, mais une demande que le
téléspectateur, sur une base individuelle, vous adresse. Or, s'il
est vrai que plusieurs Québécois ont certaines réticences,
dès lors qu'il s'agit de commenter l'ensemble de la programmation de
Radio-Québec en regard des questions politiques en tant que telles, cela
m'amène à vous demander quelles sont les réactions du
conseil d'administration face à cette réalité
première? C'est la première question. Est-ce que vous
réagissez, d'une façon concrète, non pas d'une
façon politique, en disant: Non, c'est exagéré? Pour
ça, vous pouvez avoir raison, mais, d'une façon, au niveau de la
programmation.
Deuxièmement, si la définition de l'UNESCO sur les fins de
l'éducation... Cela veut dire quoi, l'éducation? Cela veut dire
faire de la télévision éducative, etc. Il y a quand
même des dispositions... Cela touche un peu, finalement, à la
liberté. Il y a quand même, dans la définition de
programmation éducative du projet de loi, le gouvernement et, enfin,
l'Assemblée nationale, éventuellement, vous imposent certaines
notions qui ont cours dans le contexte politique actuel autour du patrimoine
culturel, etc. Il y a toute une charge politique que le projet de loi vous
transmet.
Je voudrais savoir quelle est la réaction de Radio-Québec
au niveau de sa programmation en tant que telle face à cette
réalité, parce que, dans bien des horizons, je pense qu'on
passerait pas mal à côté du sujet si, au moins, on ne vous
posait pas la question et si on ne faisait pas écho à ce que
plusieurs, autant ici, au niveau de l'Assemblée nationale, mais
également dans le public et même au niveau de l'Assemblée
nationale, mais également dans le public et même au niveau des
cotes d'écoute, certains transmettent ça à ce niveau, vous
adressent là-dessus. C'est un sujet délicat j'en suis bien
conscient mais je voudrais quand même que ce soit assez clair,
parce que, comme je vous l'ai dit tantôt, au niveau du mandat de la
programmation éducative, quand on met, au niveau de la lettre,
complètement de côté les questions économiques, les
questions sociales et qu'à cela s'ajoute, au niveau de la programmation,
une absence assez large de programmes d'information pour améliorer la
connaissance sur les institutions existantes et qu'on a de la
considération pour les enjeux collectifs à venir,
c'est-à-dire strictement dans un cadre référendaire, ce
dont on a discuté, je me dis que, au niveau du conseil d'administration,
il y a certainement là des éléments de réflexion
sur votre liberté réelle en tant que radio-diffuseurs.
M. Barbin: M. le Président, les définitions
auxquelles on s'est référé et qui provenaient de l'UNESCO,
ce sont des définitions qui ont été acceptées par
ceux qui, au pays, font de la télévision ou de la
télévision éducative, que ce soit le fédéral
on m'a donné l'information tout à l'heure pour le confirmer
l'Ontario, I'Alberta, le Québec.
Les télévisions éducatives, à cause de la
réglementation fédérale qui donne la liberté de la
responsabilité du contenu aux provinces, se sont entendues sur la
définition de l'UNESCO, et les mécanismes appropriés ont
été développés dans chaque province pour se
prononcer sur le contenu dont ils sont responsables.
Nous n'avons pas senti les contraintes dont on me parle ici. Et je ne
dis pas que ce genre de débat, on ne l'aura pas au conseil
d'administration, à un moment donné. Est-ce qu'il est normal que
Radio-Québec diffuse les débats de l'Assemblée nationale
et pas ceux de la Chambre des communes? Je pense que là-dessus, on
s'entend tous. Est-ce qu'il est normal que Radio-Québec ne diffuse pas
beaucoup d'émissions parlant du Canada, a exclu ce genre de
programmation je ne dis pas d'une façon systématique
au cours des dernières années, n'a pas mis la
priorité là-dessus? Est-ce que c'est normal? Ce sont des
discussions, sans doute, que le conseil d'administration se devra d'avoir. Le
conseil a demandé de s'intéresser davantage à
l'orientation de la programmation. Et ce sont des dossiers qui sont en cours
actuellement. Le débat n'est pas terminé là-dessus. Si le
président du conseil d'administration de Radio-Québec
était ici, il vous confirmerait que le débat n'est pas clos.
Mais pour le moment, comme je l'ai dit tout à l'heure, ce
n'était pas dans nos priorités de faire de l'information à
Radio-Québec, au sens de l'information, salle de nouvelles
régulière. De la même façon, cela n'a pas
été reconnu comme prioritaire de faire, par exemple, des
émissions de langue anglaise, autres que pour l'enseignement de la
langue, et en collaboration avec TV-Ontario, avec qui, d'ailleurs, nous avons
des ententes et
avec les autres postes de télévision éducative
canadiens, avec qui nous échangeons des émissions à
l'occasion, avec qui nous faisons des coproductions. On en a fait dans le
passé sur le pays, sur le Canada. Mais cela a été plus ou
moins réussi, non pas parce qu'on parlait du Canada, mais parce que
c'est une coproduction qui a un peu achoppé. Mais c'était un
effort dans le passé. Comment s'appelait cette série? À
l'ombre de Liberty. C'était une coproduction Ontario-Québec. Il
n'y a pas exclusion à tout cela. Mais ce n'est pas dans nos
priorités actuellement et ce n'est pas un débat qui est
tranché par le conseil d'administration. Je répète que
nous ne sentons pas de contrainte, par la loi actuelle, parce que d'autres
provinces ont des contraintes semblables.
M. Rivest: Est-ce que vous sentez une demande de la part du
public québécois à ce que vous traitiez davantage des
institutions canadiennes?
M. Barbin: II faudrait poser la question à M. Sylvestre ou
à M. Caron.
M. Sylvestre: Non, on ne ressent pas cela. Avant de
prévoir les thèmes que la programmation va aborder pour une
saison à venir, avec l'aide du service de la recherche de
Radio-Québec, nous avons des consultations à l'extérieur
de Radio-Québec et nous avons eu aussi cette année des
consultations avec les employés de Radio-Québec. Nous avons aussi
des comités directement rattachés à la direction des
programmes, qui ont pour but de bien sentir les thèmes principaux. Et on
fait une programmation qui, avec nos moyens, semble répondre à
des besoins prioritaires. On peut évidemment avoir des opinions
différentes pour certaines priorités, mais comme, par exemple, on
s'est aperçu de toute évidence que le citoyen
québécois était celui qui avait les habitudes alimentaires
les plus néfastes en Occident, on pense que c'est vraiment
nécessaire que Radio-Québec s'occupe de la question de
l'alimentation.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a une demande très grande? S'il
n'y a pas de demande pour les institutions canadiennes, est-ce qu'il y a une
demande très grande pour l'accès, l'information du citoyen
à son patrimoine culturel.
M. Sylvestre: Oui, sûrement. Cela nous apparaît, en
plus, être une évidence qui provient de la mission même de
Radio-Québec. Radio-Québec doit être, comme
télévision éducative au sens large, le miroir de la
culture. On doit exprimer, dans nos émissions, les racines, expliquer ce
qui nous a faits tels que nous sommes aujourd'hui. On y porte une attention
particulière.
Évidemment...
M. Rivest: Est-ce que, dans ces racines, la filière
canadienne est présente?
M. Sylvestre: Nous avons déjà fait une
émission il y a un an et demi, qui s'appelait "Les
Anglais sont arrivés" et qui expliquait le contexte historique du
Québec. Justement, nous voulons, au début de l'an prochain,
prévoir une série qui va parler de l'histoire du Québec,
évidemment, dans le contexte nord-américain. Ce n'est pas
vraiment exclu.
M. Rivest: Je conclus ici. Je pense que le président a
répondu que le conseil d'administration était sensible à
ces préoccupations. Et je pense, pour un, contrairement à ce que
M. Sylvestre a laissé entendre, qu'effectivement, un des
éléments critiques majeurs, en tout cas dans les milieux que nous
fréquentons, pour ne rien vous cacher...
Des voix: Ah, ah!
M. Rivest: ... mais ce sont des milieux qui représentent
pour me restreindre, par exemple, à la seule circonscription de
Jean-Talon j'ai senti cela. Très sérieusement, je suis
convaincu que, dans l'opinion publique, je ne sais pas comment vous pourriez
réussir au niveau de la programmation à traduire cela, je
comprends les difficultés du conseil d'administration, mais c'est un
problème. Je vous dis en second lieu, que la nature même du projet
de loi tel que défini j'ai parlé, encore une fois et
j'insiste là-dessus, parce que, pour moi c'est aussi important, les
questions économiques et les questions sociales cela donne une
fonction très culturelle à Radio-Québec et qui est mise en
cause, culturelle s'entendant dans un sens très particulier, il me
semble, par une partie importante de la population, pour ne pas soulever de
débat.
Le Président (M. Jolivet): Mme la député de
L'Acadie.
Mme La voie-Roux: Je vois que les choses évoluent, le
président nous appelle "la" député maintenant. C'est pour
le mieux.
M. Guay:... cela aussi, c'est de l'évolution positive.
Mme Lavoie-Roux: Je le signale comme étant une
évolution positive.
M. Guay: Vous êtes pour cela? Mme Lavoie-Roux: Oui,
absolument.
M. Guay: Je pensais que vous étiez contre toute
évolution.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser une question au
président quant à la composition qui est prévue pour les
comités régionaux. Est-ce que cela vous apparaît
satisfaisant pour l'ensemble des régions, c'est-à-dire prises
séparément?
M. Barbin: II y a eu beaucoup de discussions là-dessus, M.
le Président, à l'occasion des consultations. Il y a d'ailleurs
des divergences d'opinion;
il y a des groupes qui vont comparaître aujourd'hui et qui ne
pensent pas la même chose. Il nous semble que c'est un compromis
acceptable à ce moment-ci, mais il y a d'autres hypothèses qu'on
aurait pu faire. Parmi les hypothèses, c'était d'essayer
d'élargir l'assiette de ceux qui ont à choisir des
délégués régionaux, mais on cherchait le mode
d'élection et on a pensé que c'était
préférable de regrouper, comme cela s'est fait dans bien d'autres
organisations semblables, les corps intermédiaires pour arriver à
déléguer des gens à Radio-Québec. Ce n'est pas
facile. Il nous semble que l'équilibre de nommer quatre
représentants des groupes socio-économiques et culturels d'une
région, deux représentants des maisons d'enseignement, de
façon à maintenir un équilibre entre ceux qui sont pour
l'enseignement plus formel et ceux qui ont moins d'obligations du
côté de l'éducation permanente proprement dite et qui sont
préoccupés par l'éducation au sens large, cela nous
semblait un équilibre intéressant, en insérant de plus la
représentation d'un employé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand vous dites que
c'est un compromis, c'est un compromis entre qui?
M. Barbin: Entre, par exemple, une élection au suffrage
universel dans la région et le choix par délégation.
Mme Lavoie-Roux: Ouais. Mais la discussion s'est faite entre qui?
Est-ce qu'elle s'est faite entre Radio-Québec central et
Radio-Québec régional?
M. Barbin: Cela s'est fait au cours des années; cela s'est
fait au cours de tournées que j'ai faites dès mon arrivée
en poste l'automne dernier; cela s'est fait par des consultations du
ministère des Communications, et j'en passe. Ces débats durent
depuis deux ans. La régionalisation, je l'ai dit tout à l'heure
en répondant à une question, ce n'est pas de la
génération spontanée qui arrive à ce moment-ci,
cela date de trois ans, au moment où un autre gouvernement avait fait
organiser une consultation provinciale à la demande de l'Institut
canadien de l'éducation des adultes qui contestait la centralisation de
Radio-Québec. De là est né ce désir des
régions de se structurer en étant autre chose que des gens
consultés et en ayant une partie du pouvoir de Radio-Québec, sans
aller jusqu'à la création d'unités complètement
autonomes, fédérées dans un Radio-Québec national.
C'est ce genre de compromis qui arrive dans le projet de loi et qui est
réalisable maintenant à la satisfaction, semble-t-il, de la
majorité des régionaux.
Mme Lavoie-Roux: Je vois, par exemple, quatre personnes sur la
recommandation des organismes socio-économiques et culturels de la
région. Ensuite, vous avez les deux personnes de l'enseignement et la
personne employée par la société. Je pense que dans une
région qui est plus peuplée, où les institutions sont
moins dispersées et représentent même, à
l'intérieur d'une région, des intérêts passablement
dispersés, ce qui ne serait pas le cas, par exemple, pour la
région de Montréal, la région de Québec,
probablement la région de Sherbrooke où... Et quand on arrive
dans des régions beaucoup plus éloignées des grands
centres, est-ce que ceci vous apparaît suffisant, d'autant plus que le
projet de loi joint des organismes socio-économiques et culturels? Si
déjà on avait divisé le domaine socio-économique et
le domaine culturel, on aurait peut-être eu une chance d'élargir
un peu l'éventail et risquer moins que, finalement, les deux deviennent
synonymes à cause, comme je le disais tout à l'heure, de la
grandeur des régions et peut-être aussi à cause du nombre
plus restreint des groupes socio-économiques et culturels d'où on
pourra tirer les personnes.
M. Barbin: M. le Président, c'est une hypothèse de
travail qui nous semblait plausible et basée sur l'expérience de
certains groupes qui ont eu en région à s'organiser de la
même manière. C'est une expérience qu'on doit tenter et si
ce n'était pas suffisant, il faudrait la modifier, mais je n'ai pas
d'argument pour vous dire que c'est la seule formule, qu'elle est
réfléchie et qu'elle est mathématique. C'est une
hypothèse de travail plausible, bâtie à la suite d'un
certain nombre de consultations.
Mme Lavoie-Roux: Croyez-vous que, par exemple, si cette
composition est conservée telle que dans le projet de loi, la population
sera vraiment représentée? Ceci m'apparaît
particulièrement important dans les régions
éloignées. Aura-t-on vraiment le pouls, la représentation,
le sentiment de la population ou des groupes populaires, si je peux m'exprimer
ainsi?
M. Barbin: Encore là, c'est difficile de répondre,
M. le Président, mais l'expérience passée de
Radio-Québec a été la suivante au niveau de la
régionalisation: II y a eu des audiences publiques où on a fait
appel à tous les groupes intéressés et à toute la
population par des annonces dans les journaux. Un certain nombre de personnes
se sont manifestées, et des individus et des groupes. À la suite
des consultations, on a convoqué de nouveau les mêmes personnes
encore par des annonces dans les journaux. Un certain nombre de personnes se
sont réunies et ont choisi des représentants qui constituent
aujourd'hui une bonne partie des délégués qui forment les
comités régionaux provisoires. Il y a des gens qui ont
été nommés par cooptation. On se dit qu'avec la formule
où on élargit, on oblige à consulter tous les groupes
socio-économiques, tous les groupes culturels et toutes les maisons
d'enseignement, c'est déjà une amélioration très
grande sur ce qui se faisait dans le passé avec des moyens assez
limités. Il est sûr qu'on pourrait subdiviser davantage. Il est
sûr qu'on aura des problèmes dans des régions comme
Montréal et Québec où, sans doute, on aura à
créer des sous-régions. Il y aura toute une mécanique.
C'est pour cette raison que je dis que c'est
une hypothèse plausible qu'il nous faudra peut-être ajuster
dans quelque temps.
Mme Lavoie-Roux: Je devrais peut-être poser cette question
au ministre, mais vous pouvez peut-être y répondre. Pourquoi se
limiter à sept membres? Radio-Québec aura 23 membres
siégeant à son conseil d'administration. Je ne vous
suggère pas 23 membres. C'est beaucoup de monde, mais entre 7 et 23, il
me semble que...
M. Barbin: M. le Président, je vais retourner la politesse
au ministre. Comme il m'a référé beaucoup de questions
quand j'ai été absent récemment, je proposerais que M. le
ministre réponde à celle-là.
M. O'Neill: On pourra la reprendre lors de l'étude en
deuxième lecture, mais je vais vous dire tout de suite ceci: C'est une
sorte de calcul, de pondération. On aurait pu mettre onze.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous n'avez pas pour utiliser
l'expression à la mode à l'Assemblée nationale les
pieds dans le béton pour cela?
M. O'Neill: Non, on préfère partir avec ce que
j'appellerais une artillerie légère, une machine
légère plutôt que de commencer tout de suite à
mettre sur pied une grosse machine.
Mme Lavoie-Roux: Non. Ma seule préoccupation, ce n'est pas
de grossir. Je sais que c'est plus compliqué. Mais c'est du point de vue
d'assurer une représentativité qui soit satisfaisante pour la
population.
M. O'Neill: C'est le genre de problème que la direction
aura d'ailleurs à discuter avec les comités régionaux au
moment de leur implantation, à savoir si les gens sont capables de
fonctionner normalement à ce nombre-là. (16 h 30)
M. Barbin: M. le Président, il y a des groupes
régionaux qui vont participer tout à l'heure. Il y aura une bonne
question à leur poser, parce que nous ne sommes pas non plus, à
Radio-Québec, fermes là-dessus. On parle d'une hypothèse
de travail; c'est intéressant pour partir.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi a-t-on changé le titre de
l'Office de Radio-Québec en Société de
Radio-Québec? C'est peut-être au ministre que je devrais demander
cela.
M. O'Neill: Oui. Encore là, si vous commencez à me
poser une série de questions, je vais vous répondre que c'est une
exigence de linguistique tout simplement, parce que c'est plus une
société qu'un office, tout en gardant le terme "office" dans
l'usage courant. Cela ne veut pas dire que les gens vont cesser d'appeler cela
l'Office de Radio-Québec ou Radio-Québec comme tel. Mais cela se
définit au plan linguistique comme étant une
société.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais quelques autres questions qui sont
davantage rattachées au fonctionnement de Radio-Québec, tel qu'on
en avait convenu au moment de l'étude des crédits. Est-ce que
vous pourriez nous dire quelle est la cote d'écoute à l'heure
actuelle à Radio-Québec, selon le type d'émissions, en
mettant à part les débats de l'Assemblée nationale qui
constituent quand même un programme...
M. Barbin: M. le Président, pour parler de cote
d'écoute et être vraiment bien compris, il y a toutes sortes de
façons de parler de cote d'écoute...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Barbin: ... ou de mesure de l'auditoire.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a quand même des mesures...
M. Barbin: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... qui sont de...
M. Barbin: Mais je pourrais vous donner des mesures qui touchent
la portée de Radio-Québec. Même si on se
réfère à la firme qui s'appelle BBM...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Barbin: ... et qui prend ces mesures. Il y a trois
façons de calculer les cotes d'écoute. On peut parler de la
portée. Si on parle de la portée, on peut parler de la
portée générale ou de la portée francophone. Comme
on ne diffuse qu'en français, on parle de portée francophone. La
portée de Radio-Québec, c'est le nombre de personnes qui
écoutent Radio-Québec ou une émission quinze minutes par
semaine. Si on prend cette portée comme mesure, je vous
répondrais qu'à Montréal on vient de recevoir les
derniers sondages du BBM il y a 23% de l'auditoire qui écoutent
Radio-Québec, à Québec il y en a 20% cela comprend
tout, cela inclut les débats de l'Assemblée nationale; on n'a pas
les cotes séparément, c'est-à-dire qu'on ne peut donner
des cotes séparées pour chaque émission. Ce que je donne
là, M. le Président, c'est global et à Hull, il y
en a 13%.
L'autre façon de calculer l'écoute, c'est en prenant la
part du marché. La part du marché, c est le nombre d'auditeurs
c'est toujours par les mêmes spécialistes que je vous fais
ces nuances dont l'appareil est ouvert au moment où
l'émission qui est étudiée passe. En d'autres mots, on
sait qu'à telle heure, le samedi soir, il y a plus d auditeurs qu'en
pleine nuit. Si on prenait une cote d'écoute en pleine nuit et que seul
Radio-Québec ait une émission nocturne, on aurait, comme part du
marché 100%. Alors, il faut faire des nuances. La part du marché
de Radio-Québec, de façon générale, à
Montréal, c'est 9%, à Québec, c'est 13% et à Hull,
c'est 1%. Si on parle de cote
d'écoute maintenant, la cote d'écoute, c'est le nombre
global de téléviseurs dans un endroit donné ou le nombre
global de spectateurs. Si on prend la région de Montréal, c'est
la région couverte par une antenne, cela nous est assez difficile de
faire des comparaisons. Mais on peut dire que, de façon
générale, dans une ville comme Montréal, les auditeurs
sont sollicités par beaucoup de gens. Donc, le nombre des auditeurs qui
se répartissent les émissions est beaucoup plus petit. Par
exemple, une émission très populaire va chercher à peine
30% de la cote d'écoute totale. Ce sont les grandes émissions
alors que la portée et la part du marché, c'est
différent.
Pour ce qui est de la cote d'écoute de Radio-Québec, en
moyenne, cela varie de 15 000 à 200 000 téléspectateurs,
ce qui veut dire entre 1% et 5%. La cote d'écoute maximale qu'on peut
avoir pour une émission, qu'on pourrait avoir, si on était
écouté par un grand nombre de personnes, ce serait aux alentours
de 30% ou 40%.
Disons que ce sont des chiffres qui sont vérifiés par des
maisons qui font ce genre de télévision comme nous, que ce soit
l'Ontario, que ce soit PBS aux États-Unis, le grand réseau
américain de télévision éducative publique, quand
une télévision éducative rejoint en termes de cote
d'écoute aux alentours de 5% on s'est rendu jusqu'à 7%
dans la région de Québec, à un moment donné, avec
l'émission de Keith Spicer cela varie suivant les
émissions, parfois ce sont des films, parfois ce sont des
émissions produites par Radio-Québec. Quand on atteint 5%, on
justifie la rentabilité de ce type de télévision. Nous
faisons actuellement tous les efforts pour essayer d'atteindre en moyenne ces
5% de façon à pouvoir justifier des productions qui rejoignent
des publics restreints mais qui sont nécessaires en éducation
permanente et les équilibrer avec des émissions qui vont
rejoindre davantage l'auditeur pour que notre programmation soit maintenue. Je
ne sais si ce que je vous ai dit est exact; j'ai des collègues ici qui
sont beaucoup plus spécialisés que moi qui suis nouveau dans le
métier. Si ce que j'ai dit n'est pas exact, je leur demanderais de le
corriger parce que ce sont des questions qui nous sont souvent posées et
je ne voudrais pas vous induire en erreur.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que quelqu'un voudrait ajouter quelque
chose? Non? Est-ce que cette évaluation de 5% de la cote d'écoute
faite par les firmes expertes est la même ou moindre pour la
télévision éducative en Ontario? Vous n'avez pas les
données pour l'Ontario?
M. Barbin: Oui. M. le Président, dans la
préparation que nous avons faite de cette rencontre, et suite aux
questions qui ont été posées et que nous avons lues lors
de la dernière commission, on a pu vérifier ce genre de choses et
on peut dire qu'en moyenne, aux États-Unis, on joue aux alentours de 5%,
ce qui ne veut pas dire que les meilleures émissions du réseau
américain ne sont pas plus élevées que 5%. Quant à
la télévision de l'Ontario, la moyenne est à peu
près semblable; je n'ai pas le détail des émissions
cependant. Ce ne sont pas les cotes d'écoute; je vous
réfère à ce que j'ai dit tout à l'heure, nous
parlons de portée, donc, le nombre d'auditeurs qui regardent quinze
minutes par semaine; ce n'est pas ce qu'il y a de plus complet mais cela donne
quand même une bonne idée de l'habitude d'écoute.
Radio-Québec comparé à l'OACA, la télévision
éducative ontarienne, la portée de télévision
Ontario pour la région métropolitaine de Toronto est de 24% au
printemps 1979, 19% à l'automne 1978; la portée réelle
francophone on doit faire l'ajustement ici de Radio-Québec
à Montréal est de 23%.
Mme Lavoie-Roux: En fait, c'est à peu près la
même.
M. Barbin: II faut considérer que Radio-Québec a
été arrêté pendant sept mois l'année
dernière; c'était donc une reprise d'activités. Pour nous,
Radio-Québec connaît un nouveau départ et on espère
pouvoir encore augmenter notre public.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu quand même les débats de
l'Assemblée nationale qui ont dû vous donner un coup de pouce pour
repartir.
M. Barbin: Cela nous a sauvés au départ et cela
nous aide encore à rejoindre beaucoup de public parce que c'est une
émission populaire.
Permettez-moi, M. le Président, de faire une mise au point sur ce
que j'ai dit tout à l'heure concernant la télévision
éducative de l'Ontario. J'ai mentionné que la
télévision éducative de l'Ontario était
financée par le ministère de l'Éducation, mais ce n'est
pas exact; c'est une partie de la subvention; le reste provient du
ministère de la Culture et de la Récréation.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous, je ne veux pas que vous les
énumériez tous, me dire quel est le programme qui a la plus haute
cote d'écoute à Québec, au printemps 1979?
M. Barbin: Je vais me faire aider, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que M. Sylvestre a la
réponse.
M. Barbin: M. Fortier est adjoint de M. Sylvestre.
M. Sylvestre: Si vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Sylvestre: La part de marché pour l'antenne de
Québec, la plus forte que Radio-Québec ait eue, a
été une part de marché de 11% pour l'émission "Les
invités de Keith Spicer".
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le programme est encore en cours
ou...
M. Sylvestre: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela reste toujours le programme avec la
plus haute cote d'écoute?
M. Barbin: À Québec. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Barbin: Cela varie entre Québec, Montréal ou
l'Outaouais.
Mme Lavoie-Roux: À Montréal, c'est lequel?
M. Sylvestre: Les cinq meilleures émissions à
Montréal...
Mme Lavoie-Roux: Je veux seulement la première à
Québec, Montréal et Hull.
M. Sylvestre: Le monde en guerre est une série qui a une
égale percée d'auditoire et à Montréal et à
Québec. Ensuite, le cinéma du mardi et le cinéma du
vendredi.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous me dire quelle est la partie de
votre programmation qui est réservée à la
présentation de films actuellement, le pourcentage?
M. Barbin: M. le Président, j'ai fait ces calculs et nous
parlons de longs métrages ou de films parce que là cela devient
très difficile car il y a des acquisitions, films produits...
Mme Lavoie-Roux: Parlons donc de longs métrages et ensuite
on pourra parler de documentaires, si vous voulez.
M. Barbin: D'accord. Si nous parlons de longs métrages sur
la diffusion annuelle totale en heures d'écoute qui est de 3056, nous
comptons 6% de cette diffusion totale en longs métrages ce qui
équivaut, à peu près, à deux longs métrages
par semaine.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous tombez dans le documentaire,
évidemment, le documentaire a plus de chances d'être de nature
vraiment éducative.
M. Barbin: Si nous parlons d'acquisitions, c'est une question qui
avait été posée par rapport à la production maison,
nous avons 30% à peu près de notre diffusion annuelle incluant
les reprises, 29% qui sont des acquisitions.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question. Il y avait eu des critiques
formulées l'an dernier au cours des auditions que nous avions eues avec
le président de Radio-Québec d'alors sur les dépenses ou
enfin sur les acquisitions d'équipement qui apparaissaient... enfin,
qu'on a critiquées comme étant trop considérables du point
de vue des coûts et aussi l'acquisition d'un équipement qui
était trop coûteux par rapport à d'autres
équipements qui auraient été beaucoup moins coûteux
et qui auraient pu tout aussi bien servir. Enfin, c'est les
représentations qu'on nous faisait. Je ne suis pas une
spécialiste de ce type d'équipement. Mais il y avait eu plusieurs
critiques exprimées à ce sujet. Est-ce qu'il y a eu un
renversement de la situation? Où en êtes-vous à
l'égard de ce problème?
M. Barbin: Je peux vous dire, M. le Président, que
l'année dernière, il y a eu $400 000 d'investissement dans
l'équipement. Il n'y a pas actuellement à Radio-Québec de
besoin majeur d'équipement. L'équipement que nous avons, nous
l'utilisons et nous pourrons vous dire de façon très
précise, d'ici six mois, ce que cela peuvent signifier à
Radio-Québec le coût de production et toutes les immobilisations
en termes de prix de revient, et tous ces calculs sont disponibles pour
répondre à toutes les questions de l'Assemblée
nationale.
Ce que l'on peut dire, actuellement, à la défense un peu
de tous ceux qui ont oeuvré à Radio-Québec depuis un bon
nombre d'années, c'est que lorsqu'on compare les coûts horaires de
production avec des concurrents, que ce soit Radio-Canada français, que
ce soit l'OACA... Nous avons aussi envoyé quelqu'un récemment
à Washington chercher des chiffres pour répondre à ces
questions. Ce sont des chiffres préliminaires qui devront être
complétés par des études beaucoup plus spécifiques
mais sans le besoin de justifier l'argent qui est investi à
Radio-Québec, et on n'a pas le droit de faire des choses qui ne se
comparent pas avantageusement ou au moins qui ne se comparent pas normalement
avec ce qui se fait ailleurs. Si on compare donc en coût horaire,
à Radio-Québec on arrive à une moyenne en 1977/78 de $30
000.70, $30 000 de coût/horaire de production, environ une moyenne
générale. Pour Radio-Canada française, évidemment,
si on compare avec les émissions de même nature là
ce sont des indicatifs et on pourrait en discuter plus longuement et je tiens
à mettre ces nuances on arrive à $44 000, mais on a exclu
de cela les émissions sportives, les émissions qui sont de
coût de production moins élevé. Si on compare avec l'OACA,
ils ont la meilleure cote avec $25 000 de moyenne. (16 h 45)
II y a un problème là-bas, c'est qu'on produit en anglais
et en français, ce qui augmente les heures et réduit les
coûts de production. Quant à la télévision
américaine, c'est $46 000.
Ce sont des indicatifs d'autres coûts horaires quant aux
acquisitions. Parfois, c'est avantageux, parfois, ça ne l'est pas, mais
on se doit d'être là-dessus et c'est par des études plus
complètes, dont mon vice-président à l'administration a
déjà parlé à cette commission, par des
études de prix de revient, qu'on pourra être beaucoup plus
précis avec vous, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a une chose qui m'a
échappé. Comment expliquez-vous
que le fait que l'Ontario produise des émissions en anglais et en
français, ce soit moins coûteux que de les produire uniquement
dans une langue?
M. Barbin: Parce que souvent je répète ce
qu'on m'a dit ce sont... M. Caron va vous expliquer, M. le
Président.
M. Caron (Claude): C'est tout simplement que ce sont des
émissions qui sont doublées. Obligatoirement, les
émissions originales en anglais, qu'on double en français,
ça ne coûte pas le même prix pour les produire.
L'émission est déjà produite. Donc, il s'agit seulement de
compter peut-être $3000, $3500 pour faire une version française
et, comme ils sont bilingues, ils doublent presque toutes les
émissions.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce toujours l'intention de
Radio-Québec de ne pas produire d'émissions en anglais? Un
instantl Je comprends qu'il ne s'agit pas de mettre le poids du
côté de productions ou d'émissions en langue anglaise.
Mais, selon les objectifs qui sont décrits dans la programmation
éducative, si on prend le B, par exemple, et aussi même le A, il
me semble qu'il y aurait peut-être lieu d'examiner ceci.
Évidemment, dans le raisonnement, on s'est dit: Ils sont bien pourvus du
côté anglais et ça n'a pas été fait avec
mauvaise volonté. Je pense que, comme premier réflexe, ça
pourrait sembler logique.
Mais il reste que, dans des émissions qui sont retransmises ou
produites aux États-Unis ou produites dans les autres provinces, je
pense que la communauté anglaise du Québec, tant au niveau
scolaire qu'à d'autres niveaux, a peut-être aussi des traits qui
lui sont particuliers. Est-ce que c'est simplement à court terme que,
pour le moment, vous n'avez pas eu le temps de vous pencher sur ce
problème ou si, au plan... même à plus long terme, vous
rejetez, vous mettez de côté cette idée?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre...
M. O'Neill: Je veux simplement dire, M. le Président, que
ça n'a pas été inclus dans le mandat actuel de
Radio-Québec, c'est vrai. Nous ne l'avons pas inclus pour la raison, au
fond, que vous avez mentionnée, c'est-à-dire que, étant
donné le fait que la communauté anglophone, surtout à
Montréal, dispose d'un nombre aussi élevé de media
d'expression, tant à la radio qu'à la télévision,
étant donné qu'il serait possible aussi, en vertu de la loi 4, de
se voir conférer pour une partie de programmation le statut de
radiotélévision éducative, il nous a semblé que
ça ne devenait pas, dans le cadre actuel, une urgence, tout simplement.
C'est pour ça que ce n'est pas inclus dans le mandat actuel de
Radio-Québec. Cela ne veut pas dire que, tout à coup, on ne
pourrait pas envisager ce que vous mentionnez comme une chose utile, mais,
encore une fois, cela a été jugé comme non prioritaire
dans le moment.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, quand on parle de
spécificité, peut-être que les anglophones de
Montréal, on peut, jusqu'à un certain point seulement, les
identifier aux anglophones de Toronto, mais il faudrait y mettre bien des
nuances. Mais vous avez quand même des communautés anglophones
dans les régions, du côté de la Gaspésie, du
côté des Cantons de l'Est, qui, je pense, ont quand même un
patrimoine qui leur est propre. Enfin, ce n'est pas un plaidoyer que je veux
faire pour elles, mais si on veut suivre le raisonnement qu'on semble faire ici
en disant: II faut promouvoir l'accès à leur patrimoine culturel,
il faut leur donner l'information, etc., je pose la question, mais il semble
bien que ce n'est pas prévu.
M. O'Neill: Non, rien n'empêche les comités
régionaux d'étudier la question et de tenir compte des besoins de
chaque région. Je pense, par exemple, à ce qui pourrait se passer
dans la Basse-Côte-Nord où vous avez beaucoup de
communautés anglophones qui sont isolées le long du littoral.
Mais ce problème est évidemment très différent de
celui qui se pose à Montréal, tandis que, pour ce qui est de
Montréal, nous avons plutôt pensé à ce qu'on appelle
les communautés culturelles minoritaires.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Barbin: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose au nom de
Radio-Québec?
Il est sûr que nous recevons le mandat du gouvernement et les
fonds sont affectés à des grandes orientations. Il n'est pas
impensable que Radio-Québec, dans tous les contacts qu'il aura
bientôt avec les groupes ethniques, et à la suite de l'analyse des
situations pour répondre mieux aux besoins des régions, en
particulier des régions qui vont s'animer, puisse, de ce
côté-là, s'intéresser à faire des
propositions ou à faire remarquer que cela répondrait
peut-être à un besoin.
Là-dessus, Radio-Québec n'a pas fermé son dossier.
C'est un dossier sur lequel nous refléchissons.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question, M. le Président.
Quelle est présentement la part faite, dans votre programmation, aux
problèmes régionaux ou aux questions régionales? C'est une
plainte, je comprends que... Mais quelle est exactement la part de la
programmation que vous accordez à la production régionale?
M. Barbin: M. Sylvestre va répondre.
M. Sylvestre: M. le Président, nous avons consacré
une émission hebdomadaire, dans notre saison régulière,
à une série faite par les régions, qui s'appelle "Chacun
son tour". Nous avons aussi une émission hebdomadaire, qui est une sorte
de magazine culturel, dont le gros du contenu fait le relevé des
événements artistiques
et culturels, importants et significatifs, dans les régions.
Voilà vraiment les deux seules émissions qui, directement,
parlent des régions: une faite entièrement par les régions
et l'autre fabriquée à Montréal, mais avec des
collaborateurs régionaux. Ceci fait un modeste pourcentage, autout de 1%
de la programmation de Radio-Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ma question n'est peut-être pas
pertinente, mais je la pose comme information. On sait que le
développement ou la régionalisation doit s'étendre sur une
période de X années. On parle de dix ans, si c'est moins long,
peu importe. Entre-temps, est-ce que Radio-Québec entend quand
même augmenter ce pourcentage de la production régionale, compte
tenu du fait que, même si les projets de loi sont adoptés demain
et que les crédits sont débloqués à la fin juillet,
il y a toute cette période de dix ans? Entre-temps, qu'est-ce que
Radio-Québec a l'intention de faire?
M. Barbin: M. le Président, de ce
côté-là, le mandat que nous a confié le gouvernement
est explicite quant à l'utilisation des fonds. On nous demande, sur une
période d'un certain nombre d'années, d'arriver à une
parité entre la production nationale et la production régionale.
Évidemment, il va falloir mettre en place toute l'infrastructure de
production, mais on nous donne déjà des indications dans la
façon de dépenser nos fonds. On nous demande de stabiliser la
production nationale à 400 heures et on nous demande de produire, au
niveau régional national, parce qu'il n'y a pas d'antenne pour diffuser
en dehors du réseau actuellement. Il n'y a qu'un seul grand
réseau national et nous n'aurons des antennes régionales, avec
des studios de production régionale, que dans deux ou trois ans. On nous
demande tout de même d'augmenter la production régionale nationale
à 18 heures en 1979/80, 25 heures, etc., en augmentant jusqu'à
plusieurs centaines d'heures dans plusieurs années. On nous demande
aussi de produire en région, d'ici deux ou trois ans il nous faut
faire les études appropriées 125 heures par année,
la première année de notre diffusion avec production
régionale, pour arriver à une parité ou à une
diffusion régionale supérieure d'ici cinq ou six ans.
Ce que l'on nous demande, au niveau du gouvernement, c'est
d'équilibrer cette production et même d'augmenter la production
régionale, c'est-à-dire diffusée en région.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question, M. le
Président, c'est au point de vue budgétaire. Tout à
l'heure, vous avez expliqué qu'il y avait déjà des
équipements en région qui, avec un peu de développement,
pourraient peut-être satisfaire les besoins, quoique j'étais fort
étonnée d'entendre dire qu'il y en avait dans les écoles
secondaires. Dans les cégeps il y en a, mais dans les écoles
secondaires, il ne doit pas y en avoir beaucoup, s'il y en a. Quels sont les
budgets que vous prévoyez justement, à moyen et à long
terme, pour ce plan de développement régional? Et quel est celui
qui vous est accordé dans cette première année pour
réaliser une partie de l'objectif à long terme?
M. Barbin: M. le Président, je demanderais au
vice-président aux finances de répondre à cette
question.
M. Buzaré (Gilbert): La première année et la
deuxième année du plan, nous allons procéder uniquement
à des études d'ingénierie, c'est-à-dire pour voir
ce qui est disponible en région. Donc, il n'y a pas de capital qui est
inscrit au budget de Radio-Québec. Ce sont simplement des
dépenses de fonctionnement que nous utiliserons pour faire un inventaire
complet de ce qui est disponible en région. Le plan prévoit avec
les années, naturellement selon ce qui est disponible en région,
des équipements et des installations de l'ordre de $2 500 000 dans
chaque région. Mais ce sont des budgets encore à négocier
avec les années futures.
Mme Lavoie-Roux: Cela c'est touchant uniquement
l'équipement?
M. Buzaré: Touchant l'équipement uniquement.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, touchant le personnel, comment
prévoyez-vous l'échéancier au point de vue
budgétaire?
M. Buzaré: II faudra, dépendamment des
installations qui seront là, avoir de l'équipement de
création, de l'équipement technique, du personnel technique pour
produire les émissions et il pourrait arriver dans le temps qu'une
région robot, par exemple, ait à peu près une centaine de
personnes en production. Je parle d'ici dix ans à peu près.
Mme Lavoie-Roux: D'ici dix ans. M. Buzaré: D'ici dix
ans.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, le président de Radio-Québec et le directeur des
programmes ont tous les deux fait allusion à l'émission qui est
animée par M. Keith Spicer et lorsque je vous ai demandé la
parole, il y a déjà longtemps, c'était avant ces deux
allusions, au moment où les député de Jean-Talon et de
L'Acadie étaient en train de "freaker" à propos d'expressions
comme "grands enjeux", et "projet collectif" et où ils cherchaient
à nous convaincre tous que Radio-Québec devrait faire de
l'éducation fédéraliste. Cela m'a tout de suite fait
penser à Keith Spicer.
Je pense que personne ne peut nier que Keith Spicer est un des plus
ardents fédéralistes qui
soient au Canada, quels que soient par ailleurs ses talents que je ne
nie pas. Une de ses caractéristiques, c'est qu'il est un très
ardent fédéraliste. J'ai eu l'occasion de causer de cela avec
lui, alors que nous avons fait ensemble un long voyage en avion et il
conçoit son rôle dans la vie comme la défense,
l'illustration, le soutien contre vents et marées de la cause
fédéraliste canadienne. Ceci m'amène à vous
demander à tous les deux, M. le président de Radio-Québec
et M. le directeur des programmes, si le conseil d'administration et la
direction des programmes considèrent que M. Spi-cer a mis de
côté cette croisade personnelle qu'il a entreprise à la
défense du fédéralisme canadien, s'il s'est
comporté avec l'objectivité indispensable, s'il a
évité de présenter de la réalité une vision
faussée? J'ai remarqué, par exemple, qu'un de ses invités
était M. Gérard Pelletier; je trouvais que c'était se
donner beaucoup de mal que d'aller à Paris pour interviewer un
personnage qui était peut-être dans l'actualité il y a une
quinzaine d'années mais qui est aujourd'hui un peu oublié. Ce ne
sont pas des critiques formelles que je voudrais faire mais il me semble que la
question se pose. Voilà ce croisé du fédéralisme
canadien qui est animateur de l'émission de Radio-Québec qui a,
on vient de nous dire, la plus grosse cote d'écoute. N'y a-t-il pas
là un danger et est-ce que ce danger a été
contourné?
M. Barbin: M. le Président, je n'ai pas beaucoup de
commentaires à faire là-dessus. On n'a pas eu non plus de
critiques s'il y a eu abus. Je me suis fait donner la liste des invités
de Keith Spicer, il y en a cinq pages. Ils n'ont pas tous accepté,
certains ont retardé de venir, d'autres n'y sont pas allés. La
gamme est très variée; cela passe par le président de
Radio-Québec aussi qui a été interviewé. J'ai
l'impression que M. Spicer fait un travail professionnel que tout le monde
n'aime pas. Il est critiqué mais certains le trouvent excellent puisque
sa cote d'écoute est bonne. Je n'ai pas d'autres commentaires à
faire là-dessus. M. Sylvestre? (17 heures)
Le Président (M. Jolivet): N'ayant pas d'autres
questions...
M. Barbin: M. le Président, M. Sylvestre voudrait
peut-être compléter ma...
Le Président (M. Jolivet): Oui. Allez, M. Sylvestre.
M. Sylvestre: Oui, M. le Président. Nous sommes
particulièrement attentifs à la direction des programmes, de
regarder vraiment si la démarche de M. Spicer dans la série qu'il
anime est vraiment objective et ne sert pas de tremplin politique. Nous avons
justement exclu M. Spicer de la couverture d'invités qui seraient
directement rattachés à une actualité politique. Pour
nous, Spicer ne fait pas une émission d'affaires publiques justement
parce que ses idées, d'autre part, sont connues. Il fait des entretiens
humanistes avec des invités extrê- mement variés. Il y a M.
Gérard Pelletier, mais il y a aussi Mme Pauline Julien qui font partie
de ses invités. Nous sommes attentifs à voir si M. Spicer ne se
sert pas de son émission pour faire de la propagande et nous sommes
convaincus que non.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je reviens là-dessus et c'est ma toute
dernière question. Nous avons parlé de programmation
éducative. Vous avez mentionné la définition de l'UNESCO.
Évidemment, je ne la connais pas par coeur. Je dois avouer mon ignorance
là-dedans, mais vous avez parlé et dans le rapport Rocher,
on en parle aussi de sens élargi. Ce n'est pas seulement
scolaire. C'est culturel. C'est de l'éducation permanente. Pourrait-on
avoir cette définition de l'UNESCO, non pas séance tenante, mais
à un autre moment ou dans quelle publication pourrait-on la
retrouver?
M. Barbin: Cela peut être déposé. Notre
conseiller juridique nous dit que c'est l'article 3 de la loi.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme La voie-Roux: C'est seulement une remarque que je veux faire.
Je ne voudrais pas soulever une question de règlement. Je voudrais
simplement vous faire remarquer, M. le Président, qu'on n'a pas
demandé à Radio-Québec de défendre la cause du
fédéralisme. Nous avons simplement demandé si à tel
programme éducatif, on avait prévu à un moment ou à
un autre, de parler des institutions politiques canadiennes. Je pense qu'il y a
une très large différence entre parler de défendre la
cause fédéraliste, comme le disait le député de
Deux-Montagnes, et la question que nous avons posée. Mais j'en profite
pour remercier les gens de Radio-Québec qui ont répondu à
nos questions avec beaucoup de patience.
M. Barbin: M. le Président, lors de la dernière
commission, on nous avait demandé de déposer un document
concernant la répartition des effectifs permanents par catégories
d'emplois et selon le sexe...
Mme Lavoie-Roux: Ah! oui, c'est vrai!
M. Barbin:... ce que nous faisons avec plaisir. Notre pourcentage
est meilleur que les ministères où j'ai déjà
oeuvré, ce qui ne veut pas dire qu'il est élevé. Je
dépose ce document.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, pour
terminer.
M. O'Neill: Je voudrais simplement, M. le Président,
à mon tour, remercier le président directeur
général de Radio-Québec et ceux qui l'accompagnent pour
leur excellente collaboration et
les féliciter aussi pour le nouveau départ de
Radio-Québec. Les cotes d'écoute sont là qui indiquent que
c'est un succès et aussi un grand nombre d'appréciations de la
part des critiques de journalistes. Je pense que nous avons tous raison de nous
réjouir. Il s'agit d'une institution québécoise qui est en
plein essor, que nous devons en grande partie à l'équipe de
direction actuelle et aussi aux travailleurs de Radio-Québec, aux
représentants des syndicats, à chaque travailleur. Je pense qu'il
y a maintenant là un esprit d'équipe qui est extrêmement
intéressant et qui est un signe de grand encouragement pour l'avenir.
Encore une fois, merci pour le travail que vous faites et merci de votre
excellente collaboration dans cette étude des projets de loi 4 et 5.
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'inviterais donc, en
conséquence, les comités régionaux de Radio-Québec
des régions mentionnées tout à l'heure.
Je crois comprendre que c'est M. Édouard Gagnon qui est le
porte-parole.
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Vous allez présenter vos
autres adjoints des régions.
Comités régionaux de
Radio-Québec
M. Gagnon (Édouard): M. le Président, je vais
être le porte-parole de cinq comités régionaux,
l'Abitibi-Témiscamingue ayant décidé de présenter
son propre mémoire.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Gagnon (Édouard): Alors, les cinq comités que je
présente sont ceux identifiés dans le document. Il s'agit des
régions de la Côte-Nord, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de l'Estrie,
de l'Est du Québec et du Centre du Québec.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Gagnon (Édouard): Les présidents sont là
et, par la suite, s'il y a des questions, tous ensemble, nous serons à
la disposition des membres pour répondre aux questions qui pourront
être posées.
Le Président (M. Jolivet): Je crois comprendre que les
personnes sont: M. Christian Gagnon pour la Côte-Nord.
M. Gagnon (Édouard): Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. André Bouchard pour
le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Gagnon (Édouard): Exactement.
Le Président (M. Jolivet): M. Jean Chouinard pour
l'Estrie. M. Nelson Dumais pour l'Est du Qué- bec et M. Édouard
Gagnon pour le Centre du Québec.
M. Gagnon (Édouard): Oui. En plus, j'ai, à mes
côtés, M. Dubuc qui fait partie du comité du Centre du
Québec. Selon les questions qui seront posées, nous avons une
personne pouvant répondre à des questions techniques auxquelles
je ne suis pas capable de répondre moi-même. Elle sera
présente, si nécessaire.
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
M. Gagnon (Édouard): M. le Président, depuis la
tenue d'audiences publiques, au cours de 1975, sur l'avenir de la
radio-télévision éducative au Québec, les voix des
régions n'ont jamais cessé de se faire entendre pour exprimer les
attentes et les besoins de leurs citoyens face à
Radio-Québec.
Sans vouloir imposer aux membres de cette commission le rappel un peu
fastidieux des revendications qu'ils ont sans doute déjà eu
l'occasion d'entendre et d'assimiler, nous désirons néanmoins
évoquer brièvement une dernière fois les objectifs et la
perspective qui ont guidé les actions des dernières
années. Car si nous partageons l'esprit des projets de loi 4 et 5 et
considérons que leur adoption marquera une étape essentielle et
significative eu égard à la démarche des comités
régionaux de Radio-Québec depuis quatre ans, nous demeurons aussi
fermement d'avis que les régions devront continuer, même à
l'avenir, à se montrer vigilantes et combatives dans la mise en oeuvre
du projet de régionalisation.
En 1975, sans qu'il y ait eu de concertation préalable entre les
organismes et les citoyens des différentes régions qui ont
décidé de se faire entendre sur l'avenir de Radio-Québec,
c'est tout de même avec une certaine unanimité qu'ont
été exprimés les besoins des régions en
matière de radio-télévision éducative. Depuis, lors
de leur création les comités régionaux, mandatés
par leur population respective, ont pu préciser les véritables
dénominateurs communs de ces besoins et définir la base
jugée indispensable à une régionalisation effective des
services de Radio-Québec.
Essentiellement, les comités régionaux ont
réclamé le droit pour chaque région de prendre en charge,
totalement et sans interférence, la radiotélévision
éducative sur son territoire. C'est donc que cette
radio-télévision éducative doit pouvoir s'adapter, tant
dans sa forme, sa programmation, la production et la diffusion de ses
émissions, à la réalité différente des
régions. Une semblable perspective ne rejette pas l'importance d'une
conception aussi nationale de Radio-Québec, mais elle suggère
simplement que les régions doivent posséder les moyens
nécessaires de réaliser et de diffuser chez elles des
émissions répondant aux attentes des gens de chez eux.
Dans le contexte national de Radio-Québec, il va de soi que les
régions doivent, encore là, avoir droit au chapitre. Il serait
autrement extrêmement difficile de concilier les intérêts
nationaux et régionaux de ce qui est appelé à devenir la
Société de
radio-télévision du Québec. C'est donc dans une
participation réelle à l'administration de Radio-Québec
que les régions ont trouvé le seul moyen d'exercer leur influence
sur la distribution des ressources, la programmation nationale, la conduite en
somme des affaires de Radio-Québec.
Face à l'orientation générale définie par
les comités régionaux, le gouvernement propose aujourd'hui deux
projets de loi qui ont le mérite de donner pour la première fois
un sens et une portée véritables à la
régionalisation de Radio-Québec. Un peu tardivement sans doute,
si on considère que l'élaboration du projet de
décentralisation est en route depuis 1975, les régions ont
l'impression de se retrouver maintenant face à de nouvelles propositions
de travail qui soulèvent leur espoir.
Nous ne voudrions pas cependant laisser croire au législateur que
le projet de loi sur la programmation éducative et l'autre modifiant la
Loi de l'Office de radio-télédiffusion du Québec
répondent aux moindres attentes exprimées par les régions
depuis 1975. Nous affirmons uniquement que les projets de loi mentionnés
ouvrent la porte à la réalisation d'un projet de
régionalisation qui finit par correspondre plus intimement à ces
attentes.
Le projet de loi no 5, par exemple, consacre un chapitre entier à
la définition des éventuelles structures régionales et la
place qu'elles doivent tenir dans l'organisation. L'intention du ministre des
Communications qu'on y décèle nous satisfait dans la mesure
où elle est porteuse de promesses d'avenir. Dans le contexte
proposé, les comités régionaux sont disposés
à apporter leur aide et leur coopération à réaliser
la future Société de radio-télévision du
Québec.
Néanmoins, les comités régionaux ont appris au
cours des quatre dernières années qu'ils avaient besoin de porter
une attention vigilante et constante au cheminement du projet de
régionalisation. Même si les projets de loi 4 et 5 nourrissent
certains espoirs, les comités régionaux ont la très ferme
intention de ne pas relâcher leur surveillance et de s'impliquer
très activement dans le déroulement des étapes futures de
changement à Radio-Québec. L'Assemblée nationale aura,
nous l'espérons, dans une échéance très
rapprochée, posé la base sur laquelle il faudra construire le
nouveau Radio-Québec. Les comités régionaux y seront
ouvriers et surveillants de chantier.
En ce qui a trait à l'extension du réseau d'antennes,
évidemment, deux régions et peut-être deux régions
et demie, à ce qu'on me dit, sont intéressées parce
qu'elles auront peut-être à souffrir d'un manque d'antennes pour
un certain nombre d'années. L'extension du réseau d'antennes
représente sans l'ombre d'un doute une dimension essentielle de la
régionalisation de Radio-Québec, même si nous sommes aussi
d'avis que la réalisation de ce seul aspect ne saurait satisfaire les
profondes aspirations des régions en termes de prise en charge
réelle du médium.
Le 19 février dernier, lorsque le ministre des Communications
définissait publiquement les orientations du développement de
Radio-Québec, il n'hésitait pas à affirmer que "dans
l'optique gouvernementale, la régionalisation apparaît comme un
critère majeur d'un développement culturel authentique". Il en
reconnaissait du même coup la nécessité et décidait
d'en consacrer le rythme progressif de croissance en annonçant
premièrement l'approbation de l'extension du réseau
d'antennes.
Nous nous sommes, bien sûr, réjouis de cette
décision, en pensant qu'il était indispensable que la
programmation de Radio-Québec soit accessible à toute la
population de chacune de nos régions. Nous attachons de fait une
importance considérable à l'extension du réseau
d'antennes, sans laquelle la régionalisation ne saurait avoir ni de sens
ni de portée véritables.
C'est pourquoi l'implantation sélective d'antennes dans les
régions, telle qu'annoncée par le ministre Louis O'Neill, suscite
d'énormes déceptions dans les régions du Centre du
Québec et de l'Estrie. Nous nous sommes interrogés depuis le 19
février sur les raisons qui pouvaient justifier le choix des
régions prioritaires effectué par le conseil d'administration de
Radio-Québec et entériné par le gouvernement.
Malheureusement, nous n'avons trouvé nulle part de motifs sérieux
et valables d'empêcher que la régionalisation s'engage partout au
même rythme.
Dans la région du Centre du Québec, le comité
régional a tenté, malgré ses faibles moyens, d'explorer
différentes solutions à l'implantation d'antennes pouvant
desservir son territoire. Il était d'autant plus convaincu du
bien-fondé de ses démarches que les autorités de
Radio-Québec et du gouvernement avaient affirmé que les raisons
d'un développement sélectif n'étaient nullement d'ordre
économique. Elles sont plutôt, semble-t-il, de nature "technique",
vu le manque de disponibilité de ressources compétentes pour
réaliser les études d'ingénierie nécessaires.
Or, des recherches très sommaires ont vite fait de nous assurer
du contraire. Le comité régional du Centre du Québec
soutient en outre qu'il est possible de desservir son bassin de 425 000
personnes par des moyens et dans des délais raisonnables. Des
installations déjà existantes sur le mont Carmel pourraient par
exemple recevoir un émetteur diffusant des fréquences soit UHF,
soit VHF. Les recherches exploratoires menées permettent aussi de croire
qu'il serait possible d'utiliser la bande 3 pour une station VHF, ou les canaux
37 et 69 en UHF.
Les régions du Centre du Québec et de l'Estrie sont sans
doute assez bien desservies par les réseaux de câblodistribution,
mais ce fait ne peut non plus empêcher d'entreprendre maintenant les
études d'ingénierie requises pour l'implantation d'autres moyens
de diffusion. La câblodistribution possède en effet une dimension
antisociale inacceptable dans la perspective d'une
radio-télévision éducative s'adressant à tous les
Québécois. Elle n'existe à toutes fins utiles qu'en milieu
urbain, laissant pour compte la population des zones moins densément
peuplées.
En conséquence, nous réclamons du gouvernement qu'il
autorise le plus tôt possible la réalisation des études
d'ingénierie nécessaires à l'implantation d'antennes en
Estrie et au Centre du Québec. Les comités régionaux sont
disposés à offrir toute leur collaboration pour que ces
études s'effectuent dans les meilleurs délais et avec l'aide des
compétences techniques et professionnelles qui sont disponibles à
l'heure actuelle.
Cela complète le document, M. le Président. Comme je l'ai
dit tantôt, mes collègues présidents de cinq régions
sont là et sont prêts à répondre avec moi, au
meilleur de notre connaissance, aux questions qui pourront nous être
posées.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. (17 h 15)
M. O'Neill: M. le Président, pour la première
partie du mémoire, je n'ai vraiment pas de commentaire, en ce sens que
nous sommes vraiment sur la même longueur d'onde. À partir du
moment où vous traitez du problème d'extension de l'antenne,
peut-être qu'on peut soulever certaines questions. La première
raison du choix qui a été proposé par le conseil
d'administration avec lequel nous étions bien d'accord, c'était
de donner une priorité à des régions qui, dans le domaine
des communications, avaient peu ou n'avaient rien et, en ce sens, c'est
sûr que les régions Abitibi-Témiscamingue, Bas-du-Fleuve,
Gaspésie, Côte-Nord, Saguenay-Lac-Saint-Jean nous ont
semblé devoir faire l'objet d'une attention prioritaire.
Deuxièmement, je suis un petit peu perplexe devant une
affirmation qui est à la page 7, disant que les raisons d'un
développement sélectif n'étaient nullement d'ordre
économique. Il reste que quand vous faites la répartition d'un
budget sur plusieurs années, c'est un peu d'ordre économique
aussi, c'est-à-dire, que c'est sûr que cela implique moins de
dépenses la première année.
Je signale en passant, par exemple, ceci. On a fait allusion tout
à l'heure à l'idée que cela ne veut pas dire que les gens
sont pris dans un plan de développement de dix ans. Ce qui a
été adopté au Conseil des ministres, c'est une politique
précise sur deux ans, quitte à être révisée
et peut-être accélérée par la suite. Il nous a
semblé que ce qui avait été proposé dans un premier
jet d'un plan sur dix ans, en s'inspirant du rapport Rocher, demeurait quand
même, étant donné un certain nombre d'imprécisions
et d'incertitudes au plan du développement technologique, quelque chose
de trop vague pour être accepté en bloc, c'est-à-dire que
cela peut donc être moins de dix ans. Cela veut dire simplement qu'au
bout de deux ans, il y aura une réévaluation et possiblement une
accélération. Maintenant, je comprends moi aussi la raison de
votre frustration et c'est une chose, de toute façon, que nous
l'examinerons de nouveau. Je sais, d'ailleurs, qu'à Radio-Québec
aussi on regarde à nouveau cette question à savoir si, pour des
régions qui ont actuellement accès, toutes proportions
gardées, à un nombre plus élevé de moyens de
transmission, un effort spécial ne devra pas être fait dans un
proche avenir.
Quand vous dites, à un moment donné, par exemple: La
câblodistribution possède une dimension inacceptable. Il reste
que, de fait, quand vous regardez la façon dont les populations sont
servies concrètement, soit par ondes ouvertes, soit par
câblodistribution, il y a des régions actuellement mieux servies
que d'autres. Il y en a vraiment où tout manque. C'est comme cela que le
raisonnement s'est fait et une fois le principe général
d'extension des antennes sur l'ensemble du territoire adopté, il est
certain que là où ce sera possible, on pourra aussi tenter de
donner le service à des régions qui, tout en ayant, encore une
fois, une meilleure couverture que d'autres, ont bien le droit d'avoir une
couverture globale, complète.
M. Gagnon (Édouard): Si vous le permettez, M. le
Président, seulement deux remarques.
M. O'Neill: La seule phrase que je n'ai pas tout à fait
comprise, c'est quand vous dites que les raisons d'un développement
sélectif n'étaient nullement d'ordre économique. Vous
dites: Le gouvernement a dit cela des autorités de Radio-Québec.
Je ne suis... Il reste quand même qu'en fonction d'un budget des deux
premières années, oui, il y a un élément d'ordre
économique aussi.
M. Gagnon (Édouard): II y a quelque chose que je voudrais
relever d'abord. Lorsqu'on dit que la région du centre du Québec
et l'Estrie sont des régions bien servies et on dit même,
à certaines occasions, que ce sont des régions
surmédiatisées évidemment, si on installe une
antenne dans sa cour avec une tour de 150 pieds, on prend tous les postes
américains. Par le fait même, je ne crois pas que, parce qu'on
prend des postes américains, on est des régions
surmédiatisées. Au contraire. Cela peut vouloir dire autre
chose.
D'autre part, on nous avait dit que le gros problème était
d'ordre technique; ce n'était pas tellement un problème
économique parce que, dans la région de la Mauricie, plus
particulièrement, il y a déjà une antenne sur le mont
Carmel qui dessert le poste CKTM. Ce serait, semble-t-il, une des
régions les moins dispendieuses pour s'organiser de façon
à desservir toute la région. Ce serait moins dispendieux, de
toute façon, que les régions éloignées comme la
Côte-Nord, le Bas-du-Fleuve et d'autres régions. Si ce sont des
régions économiques, cela me surprend un peu qu'on ait choisi les
régions les moins dispendieuses pour ne pas installer d'antenne avant
quelques années. On s'est posé des questions
là-dessus.
Si ce sont des raisons techniques, on pense qu'elles n'existent pas,
qu'il serait possible de faire les études d'ingénierie dans le
Centre du Québec et l'Estrie en même temps que dans le reste de la
province et du territoire et, par le fait même, avoir des antennes en
même temps que les autres. Vous comprendrez que pour un comité
régional quel qu'il soit, après l'adoption des projets de loi nos
4 et 5, il y aura certainement un
nouveau comité régional, ce ne sera peut-être pas
nous qui serons là, se limiter à faire des émissions,
trois ou quatre par année, pour un comité régional,
pendant quatre, cinq ou six ans, c'est plutôt ennuyeux et c'est
plutôt décourageant.
Pour nous, il nous semble que, quant à établir un
réseau d'antennes et permettre à toute la population
l'accès à Radio-Québec, on ne sait pas pourquoi le Centre
du Québec et l'Estrie pourraient être privés pendant
quelques années, alors que tout le monde l'a. On dit: On a
commencé par les régions les plus éloignées. Mais,
à ce moment-là, il aurait fallu enlever Radio-Québec
à Montréal et à Québec et commencer sur la
Côte-Nord et en Abitibi.
M. O'Neill: Je pense que votre deuxième suggestion est
moins bien fondée.
M. Gagnon (Édouard): Elle vaut ce qu'elle vaut, mais
l'autre argument aussi.
M. O'Neill: Quant à moi, selon les renseignements que j'ai
de Radio-Québec, il n'y a pas de raisons techniques, comme on parle. Au
contraire, il y a parties de l'Estrie où il y a même des
facilités techniques dans le sens d'installations ici d'un réseau
d'ondes ouvertes.
Ce qui pouvait être économique, c'était de faire
à la fois et ça et les régions lointaines. C'est sûr
que, quand vous nous dites: II en coûterait moins cher de couvrir notre
région. Le problème n'est pas celui-là. C'est de savoir
si, couvrant et cette région et d'autres régions
considérées comme prioritaires, à un moment donné,
on ne doit pas répartir sur une année ou deux années de
plus. Ce n'est pas parce qu'on a dit que ça coûtait plus cher dans
le Centre du Québec que sur la Côte-Nord, pas du tout. Mais c'est
quand vous mettez les deux ensemble, à partir du principe que
Radio-Québec a décidé de privilégier des
régions qui, jusqu'ici, avaient peu d'accès aux moyens de
communication en général, avaient moins de services que d'autres
et des régions mêmes qui ne possèdent pas
Radio-Québec ou très peu, sont mal desservies. On a pensé
qu'en même temps il fallait leur accorder une attention
particulière, ce qui ne veut pas dire que nous estimons que vous
êtes dans une situation idéale. Mais, entre une situation
idéale, si vous voulez, et rien du tout, il y a parfois un milieu en
quelque part.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
remercier les présidents des comités régionaux qui
participent à cette commission parlementaire.
Avant de poser des questions, je dois dire que, personnellement, et je
ne voudrais pas être injuste envers les autres régions, je serais
sympathique à l'Estrie, qui est souvent enterrée par la
télévision américaine, non seulement la
télévision, mais à la radio, et quand vous ouvrez votre
appareil le samedi soir, surtout la radio, je pense qu'au moins à la
télévision, vous avez Radio-Canada, mais, à la radio, les
ondes sont vraiment brouillées. Mais ceci est une parenthèse et,
comme je le dis, je connais moins la situation des autres régions.
Alors, je ne voudrais pas faire un plaidoyer en faveur d'une plutôt que
des autres. Je ne connais pas suffisamment les conditions
particulières.
En page 2 de votre mémoire, vous réclamez, pour chaque
région, la prise en charge totale de la radio-télévision
éducative dans la région. La structure proposée à
l'article 12 du projet de loi no 5 veut que le conseil d'administration de
Radio-Québec définisse les régions et les normes
budgétaires. Ne vous apparaît-elle pas comme une contrainte quand
même assez sérieuse?
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec la
situation des commissions scolaires qui, finalement, ayant eu des normes
définies par un centre ou un organisme central quand elles ont voulu
développer des services qui leur soient propres, qui répondent
vraiment à leurs besoins, ou innover, se trouvent dans des situations
difficiles. Enfin, est-ce que ça vous apparaît comme une
contrainte ou est-ce que ça vous satisfait? Je l'ai soulevé tout
à l'heure avec Radio-Québec, qui, évidemment, n'y voit pas
de problème, mais, vous autres, vous pouvez peut-être vous placer
dans une optique différente.
M. Gagnon (Édouard): Je pense que mes camarades auront
peut-être quelque chose à ajouter, mais, en ce qui a trait
à cet aspect de la loi, nous y avons évidemment pensé et
nous en avons discuté, mais nous nous fions beaucoup à
l'interprétation assez généreuse qu'en fait actuellement
la direction de Radio-Québec. Dans le corps de la loi actuelle, au
moins, nous sommes prêts à jouer le jeu et à l'essayer.
Nous pensons que les régions pourront jouer un rôle primordial
dans l'orientation de la programmation et dans l'orientation de la
télévision éducative, dans chacune des régions,
dans le corps de la loi actuelle. Mais, comme on l'a dit plus tôt, dans
le mémoire, quant à nous, nous sommes là et nous resterons
vraiment les chiens de garde de l'application de cette loi.
Mme Lavoie-Roux: Quelquefois, c'est plus difficile après
qu'avant, vous savez, de corriger des choses. Est-ce que les autres partagent
cette opinion?
M. Chouinard (Jean): Radio-Québec nous a plus ou moins
promis qu'il y aurait un rattrappage qui se ferait et qu'éventuellement
la production d'émissions régionales va équilibrer la
production nationale. À notre avis, cela suppose automatiquement que le
budget va suivre une évolution qui devrait être normale pour nous.
C'est la chose, comme Édouard vient de le mentionner, qu'il va falloir
surveiller. Il va falloir voir si l'évolution est normale, et en autant
que cela se tienne, dans le domaine concret, c'est-à-dire qu'on puisse
voir une évolution qui tende vers l'équilibre des deux
productions, nationale et régionale, on est satisfaits.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins du journal des
Débats, si vous intervenez pour une première fois, voulez-vous
indiquer votre nom?
M. Chouinard (Jean): Jean Chouinard.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je voudrais simplement porter à
votre attention, c'est le fait qu'aux normes sont attachées des
exigences. On peut faire une part généreuse, en disant: Vous
aurez X milliers de dollars, avec des exigences très
particulières. Je pense que ma comparaison avec les commissions
scolaires n'est peut-être pas si mauvaise que cela, après tout.
À un moment donné, si vous ne respectez pas ce type de norme,
vous n'avez pas accès à l'argent. Ou encore, ces normes peuvent
vous imposer un carcan du point de vue de votre propre conception ou de vos
propres priorités. C'est là le sens de ma question.
M. Chouinard: À toutes fins utiles, on a noté,
jusqu'à maintenant, une nette amélioration à
Radio-Québec national, par rapport au régional. Il y a peu de
temps, ce n'était pas drôle et finalement, on voit qu'il y a cette
espèce de rapprochement.
Ce qui est pour nous une garantie, c'est un peu l'idée du conseil
d'administration. Comme vous le mentionniez tantôt, on suppose dix
personnes au conseil d'administration sur 23. C'est vrai que lors d'un vote, si
jamais il y a un vote serré à prendre, la motion va être
défaite. Mais, d'un autre côté, le fait qu'il y ait dix
personnes au conseil d'administration, je pense que pour nous c'est une
garantie qui est quand même très tangible.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si cela ne vous inquiète pas, on y
verra peut-être, nous autres. Mais l'expérience, quelquefois, nous
a enseigné des choses un peu différentes.
Comme vous réclamez la prise en charge de la
télévision éducative pour la région, pourriez-vous
me dire quels liens vous entendez entretenir avec les télévisions
communautaires existantes? Et également, quelle part comptez-vous
accorder aux organismes volontaires d'éducation populaire?
M. Chouinard: Naturellement, dans chacune des régions, il
va y avoir un comité de programmation qui va voir à
répartir le nombre d'heures de production à travers le spectre
des demandes qui vont venir de tous les milieux. C'est une chose qui est
réelle. Ce seront des choses ad hoc, d'une région à
l'autre.
Pour ce qui est des relations avec les autres qui produisent des
émissions de télévision, il y a toutes sortes de
possibilités qui sont offertes et qui sont très concrètes.
Par exemple, une région va devenir un diffuseur en soi et, durant les
heures possibles ou potentielles de diffusion, il y aura une partie de la
diffusion qui aura trait au national, une autre partie qui sera
régionale, et il restera des heures de diffusion qui serviront aux
autres organismes de la région; que ce soient des gens de
l'éducation ou des gens du développement culturel, peu importe.
Donc, il y a cette espèce de répartition des heures de diffusion
qui est possible à travers les régions qui seront, chacune
d'elles, diffuseurs en soi. (17 h 30)
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas dans vos intentions j'aurais
dû poser la question à Radio-Québec de faire
main-mise sur les équipements des télévisions
communautaires existantes, là où il y en a?
M. Gagnon (Édouard): Actuellement, nous ne croyons pas que
Radio-Québec régional soit en compétition avec les
télévisions communautaires. J'ai eu l'occasion de rencontrer des
personnes de télévisions communautaires dans la région
où je demeure, le centre du Québec, et, après discussions,
il semble qu'il puisse s'établir de la collaboration entre ces deux
groupes. Évidemment, la télévision communautaire
étant bien intégrée dans une ville je pourrais
nommer celle de Victoria-ville par exemple elle connaît les
problèmes de la région et de la ville et cela peut être
d'une grande utilité pour le comité régional de
Radio-Québec. Je pense que cela pourrait se compléter, bien que
certaines télévisions communautaires pensent encore que cela
pourrait devenir une compétition entre les deux, mais je pense que ce
sont des appréhensions qui sont fausses au départ.
Mme Lavoie-Roux: Et ce n'est pas dans vos intentions de vous
substituer à la télévision communautaire?
M. Gagnon (Édouard): Pas au niveau des comités
régionaux, certainement pas.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Maintenant, à ma question: Quelle
est la part que vous voulez accorder aux organismes volontaires
d'éducation populaire, est-ce que c'est un problème sur lequel
vous vous êtes penchés?
M. Gagnon (Édouard): Évidemment, cela n'a pas
été défini très très clairement. Ce qu'on a
devant nous, ce sont deux projets de loi et comme tous les projets de loi, il
faut en attendre l'application et l'interprétation pour savoir de quelle
façon nous pourrons évoluer là-dedans. Il est
évident qu'aux comités régionaux il est prévu qu'il
y aura deux personnes qui viennent des institutions éducatives et il y
aura des personnes qui viendront des groupements socio-économiques.
Alors, je vois un certain problème, mais qu'il faudra bien
résoudre. Je ne vois pas du tout aux comités des gens qui soient
représentatifs en même temps d'une chambre de commerce et du
mouvement syndical. Pourtant, ils sont tous deux considérés comme
des groupes socioéconomiques. Il faudra faire en sorte que, lorsqu'il y
aura des élections pour élire
un comité régional, la distribution des membres du
comité soit tellement représentative que ces problèmes
puissent être discutés au sein même des comités
régionaux, lorsqu'ils surviendront.
Mme Lavoie-Roux: J'ai peut-être mal exprimé ma
question, je m'en excuse. Quand je parlais du taux de participation, parce que,
évidemment, des organismes d'éducation populaire il y en a
beaucoup, c'était au niveau de la programmation sur le plan
régional.
M. Gagnon (Édouard): Actuellement, ce qui a
été fait pour les quelques émissions qui ont
été réalisées dans les régions, dans la
plupart des régions je parle de celle du centre du Québec
parce que c'est celle que je connais le plus il y a eu consultation des
organismes et les thèmes d'émissions qui ont été
sélectionnés par le comité étaient les
thèmes d'émissions qui avaient été soumis par des
groupes socio-économiques, culturels et autres. Lorsqu'un thème
d'émission revient souvent chez différents groupes, on y est plus
sensible et il est possible qu'on choisisse ces émissions. Actuellement,
cela a été fait comme cela, mais on espère qu'avec
l'avènement de nouveaux comités régionaux mieux
structurés, ayant un budget, la consultation sera encore plus
démocratique et plus complète et permettra à un plus grand
nombre de groupes et d'individus de s'exprimer et d'avoir l'influence
nécessaire sur le comité. Il y aura peut-être un
comité de programmation également qui aidera le comité
régional à choisir les thèmes d'émissions.
Mme Lavoie-Roux: Dans le projet de loi no 4, à l'article
3, on décrit la programmation, on en a parlé auparavant. Quelles
sont vos priorités? Je comprends qu'elles peuvent être
différentes de l'une à l'autre, mais quelles sont vos
priorités au point de vue de la télévision
éducative?
M. Chouinard: Voyez-vous, cela rejoint un peu votre
précédente question. Dans chacune des régions, il y aura
un comité de programmation qui va se satisfaire en tenant compte de la
région. Donc, région par région, la priorité sera
mise là où il est souhaitable qu'elle le soit. C'est pour cela
que je ne crois pas qu'il existe de règles par lesquelles on puisse
forcer ou fortement suggérer aux régions d'aller de ce
côté plutôt que de l'autre. Ce sera vraiment une affaire
régionale.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous déjà identifié
des besoins dans vos régions respectives?
M. Chouinard: Bon Dieu, oui! On a fait faire toutes sortes
d'études. On a fait des études nous aussi. Par exemple, si on
parle de l'Estrie, pour vous donner un cas précis, l'année
dernière, notre priorité, c'étaient les problèmes
reliés aux villes mono-industrielles parce qu'on vivait ce
problème très intensément dans l'Estrie à ce
moment-là. Mais cela n'empêche pas du tout qu'aujourd'hui on
puisse avoir d'autres genres de priorités. C'est une chose qui va suivre
l'évolution de la vie des gens. Les priorités ne sont pas fermes.
Les priorités deviennent très élastiques d'après
les événements qui se passent dans la région ou qui sont
reliés à la politique, etc.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous identifié des besoins
d'éducation que j'appellerais plus formels, tenant compte, par exemple,
du nombre d'analphabètes qui peuvent se retrouver dans vos
régions? Avez-vous pensé à des initiatives de ce
type-là?
M. Chouinard: Non. Le genre de pensée qu'on a pu avoir en
comité régional a été beaucoup plus de discuter de
ce problème avec les personnes concernées plus tard.
Actuellement, la production qu'on pouvait faire en région,
c'étaient trois émissions par année dans chacune des
régions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais cela.
M. Chouinard: II n'était pas question pour nous de
penser...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je l'admets bien.
M. Chouinard: ... d'ensemble ou de programmes comme cela. D'un
autre côté, on voit des rapprochements, en prenant Sherbrooke
comme exemple, avec l'Université de Sherbrooke au niveau de
l'éducation permanente pour faire une programmation qui rejoigne ces
besoins, mais ce sera fait à ce moment-là. Nous, cela veut dire
à peu près dans cinq ans. Tant qu'on ne sera pas
équipés en moyens de diffusion, cela posera un problème
aussi.
M. Gagnon (Édouard): II faut retenir le fait que les
comités régionaux ont été des comités
provisoires sans beaucoup de moyens, sans budget et les recherches qu'on peut
faire pour l'avenir sont limitées. Si les deux projets de loi sont
adoptés, on pense qu'on aura des moyens plus concrets à notre
disposition pour inventorier et aller chercher les informations requises pour
répondre aux aspirations de la région.
Mme Lavoie-Roux: La composition du conseil d'administration des
régions qui est suggérée dans le projet de loi, la
trouvez-vous satisfaisante?
M. Gagnon (Édouard): Ce sera dans la pratique.
Peut-être bien que l'an prochain on reviendra devant une commission
parlementaire pour dire que ce n'est pas satisfaisant, mais, comme il n'y a pas
eu beaucoup d'expériences jusqu'à maintenant les seules
expériences qu'on a, ce sont celles que nous avons acquises depuis deux
ou trois ans aux comités régionaux provisoires ce qui nous
est présenté là pour le moment nous satisfait
jusqu'à un certain point. On verra dans l'avenir et dans la pratique si
cela demeure satisfaisant. C'est très difficile de vous répondre
pour l'avenir. On aura un comité régional avec des
assises réelles, un budget et une certaine autonomie qui nous
permettra de tenter de rendre cela valable. Mais je pense que c'est seulement
l'expérience de l'avenir qui nous le dira.
Mme Lavoie-Roux: Je veux seulement vous faire une petite mise en
garde. Ne comptez pas trop revenir en commission parlementaire l'an prochain
pour faire modifier une loi. Ordinairement, elles sont en vigueur pour un bout
de temps, à moins qu'il y ait des problèmes extrêmement
sérieux qui surviennent. C'est pour cette raison que je vous demandais
s'il vous convient tel quel cette année. N'oubliez pas que ces gens
seront nommés par le gouvernement après consultation. Ils ne sont
pas élus dans les régions. C'est aussi une considération
quant à la représentativité possible.
M. Gagnon (Édouard): À moins qu'on soit dans
l'erreur nous-mêmes, on pense que les régions pourront
élire leurs membres qui seront nommés par la suite par le
gouvernement, suivant la recommandation des structures régionales, je
suppose.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que la loi dit.
M. Gagnon (Édouard): Je pense que...
Mme Lavoie-Roux: "Un comité régional se compose de
sept membres nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil".
M. Gagnon (Édouard): Oui, mais l'interprétation
qu'on nous a donnée de ce texte...
Mme Lavoie-Roux: Sur recommandation.
M. Gagnon (Édouard): ... sur recommandation, oui... serait
que les assises régionales, les organismes régionaux pourraient
décider des personnes qui siégeront au comité
régional et ce serait entériné ou suivant notre
recommandation elles seraient nommées par le gouvernement, par la
suite.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Je vais passer pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, l'an dernier nous avons eu
le bonheur de vous rencontrer en certaines circonstances. Il y a un point que
j'aimerais voir précisé. Ici, vous représentez la
Côte-Nord. Très bien, c'est un vaste territoire. Le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est peut-être mieux défini dans mon
esprit, l'Estrie également, le Centre du Québec encore mieux.
Quant à l'Est du Québec, vous êtes inquiets et vous vous
posez des questions, à savoir pourquoi implanter des antennes de
Radio-Québec dans des régions aussi éloi- gnées.
Alors, si cela se fait dans la Gaspésie, par exemple, dans l'Est, ce
sera une très grande première. Cela ne s'est jamais produit dans
le passé; on arrive toujours 20 ans après les autres, tout le
monde sait cela. Je ne veux pas vous priver de vos demandes et des statistiques
que vous apportez.
Quand on parle de régions, j'aimerais bien savoir sur quoi le
gouvernement se base pour dire qu'il y a dix ou douze régions. La
région de l'Est du Québec n'est pas une région, c'est un
pays. De Sainte-Anne-de-la-Pocatière à Gaspé, il y a 400
milles. Cela prend une heure d'avion pour aller aux Îles-de-la-Madeleine.
C'est cela qu'on appelle une région. La région de
Montréal, c'est simple à comprendre. D'autres régions sont
peut-être faciles à situer. Quand on voit qu'il y a tellement de
problèmes au centre de ces régions-là, cela me cause une
certaine inquiétude. Je comprends qu'un réseau d'antennes, c'est
facile à implanter. Ce n'est pas pire de commencer par les Cantons de
l'Est, le Centre du Québec, la Côte-Nord, c'est de la technique,
c'est de l'ingénierie. Cela n'est pas tellement malin.
L'an dernier, quand vous êtes venus ici, vous aviez certaines
inquiétudes. Quand je regarde votre mémoire, même si cela
n'est pas dit clairement, il y a encore des nuages. Cela ressemble à la
température extérieure. Vous parlez de beaucoup de vigilance de
la part des comités régionaux. C'est vrai que vous avez besoin
d'être très vigilants. Alors, il y a cette question de ces
régions qui m'inquiète, qui me chicote. Comment sont-elles
réparties? Est-ce que des changements vont être apportés
plus tard? L'an passé vous le demandez encore cette année
vous aviez demandé cette mise sur pied de mécanismes
opérationnels et décisionnels. L'autre groupe qui vous a
précédés aborde timidement la question. On vous dit: Oui,
il y a une heure, il y aura un certain temps, il y aura certaines
émissions, on va y aller progressivement, alors que vous demandez de
produire plus, d'avoir de l'équipement léger, et non pas d'avoir
seulement de l'équipement lourd, qui vous permettrait d'agir et de
fonctionner selon vos besoins.
En même temps, l'an dernier, vous aviez lutté contre
l'uniformisation culturelle. Vous aviez surtout insisté sur le
rôle que chacune des régions devrait jouer, Radio-Québec
devait être un outil culturel au développement même d'une
région donnée. Je ne sais pas si ces préoccupations vous
animent toujours et dans quel sens avez-vous l'intention de les faire
valoir?
M. Gagnon (Christian): Christian Gagnon, Côte-Nord. Il est
sûr que ces préoccupations nous animent toujours. Le sens de notre
intervention aujourd'hui est surtout de signifier que le projet de loi, tel
qu'il est proposé, nous donne des garanties satisfaisantes.
En même temps, je pourrais répondre un peu à la
dernière question de Mme Lavoie-Roux lorsqu'elle nous demande si nous
sommes satisfaits du nombre de représentants et de la façon
dont
les prochains comités régionaux seront nommés, Je
pense qu'on peut dire qu'on est satisfait, parce qu'il appartiendra aux
comités régionaux actuels de définir avec
Radio-Québec et avec le conseil d'administration de Radio-Québec
comment et quels seront les mécanismes qui vont permettre la nomination
des représentants des régions, donc des représentants de
l'ensemble des gens selon les secteurs socioéconomiques ou
socioculturels. (17 h 45)
Dans cette mesure, au niveau de chacun des conseils régionaux, il
est certain que, dans le cas des régions je vais parler pour la
Côte-Nord, qui connaît une situation semblable à celle du
Québec, c'est-à-dire que c'est une région qui est immense,
qui va de Tadoussac jusqu'à Blanc-Sablon, en couvrant les villes
nordiques de Gagnon et Schefferville, nous ne croyons pas que le prochain
comité régional qui va voir au développement de la
société dans cette région aura le mandat réel de
rejoindre l'ensemble de toute cette population.
Il est fort possible qu'éventuellement, à partir du moment
où la machine va commencer à être en marche, des demandes
de division de cette immense région apparaissent, mais, dans un premier
temps, c'est une première étape et on en est vraiment au
début de ce projet, et nous croyons que les limites qui sont
données à l'intérieur du projet nous permettent
d'espérer et de ne pas oublier, bien sûr, ces appréhensions
que nous avions. Il ne faut pas oublier que le prochain conseil
d'administration de Radio-Québec va avoir le pouvoir de rediviser les
régions, et bien sûr, ce pouvoir de rediviser les régions
va se faire à la demande de ses propres membres dont près de la
moitié vont provenir des régions.
M. Le Moignan: Dans vos relations futures avec la maison
mère, dont le siège social sera à Montréal
évidemment, supposons qu'il y ait dix membres des comités
régionaux, dix représentants, est-ce que vous allez avoir le
poids voulu pour faire peser dans la balance des décisions qui seront
prises? On pourra certainement vous consulter à l'occasion, mais, quand
on regarde ce qui se faisait dans le passé, les relations, les
consultations étaient assez minces, je crois. Ne craignez-vous pas pour
l'avenir que toutes les décisions soient prises et qu'à un moment
donné, vous serez en minorité et que vous serez appelés
pour entériner, peut-être, des choses que vous ne partagez pas, ou
bien pensez-vous que vous aurez assez de poids pour influer sur les
décisions?
M. Gagnon (Christian): Au point de départ, c'est sûr
que, sur 23, nous avons, de façon très officielle, dix
représentants qui vont provenir spécifiquement des
régions, mais il demeure que, parmi les treize autres, ce ne sont pas
des Martiens, ce sont des gens qui vont quand même provenir d'un certain
nombre de régions et qui vont être nommés bien sûr,
selon leurs qualités et selon les ministères qu'ils vont
représenter, dans le cas, en tout cas, des représentants du monde
de l'éducation. Ceci fait que, dans le fond, ce conseil
d'administration, avec les pouvoirs qu'il a, devrait normalement bien
sûr, on peut difficilement projeter dans l'avenir respecter les
aspirations des régions.
M. Le Moignan: Je suis d'accord avec vous. Je ne parle pas des
dix contre treize, je ne vois pas cela parce qu'il y aurait tout de même
des gens parmi les treize qui sont natifs, qui comprennent le problème
de la région également. Dans vos concertations à
l'intérieur de vos régions, intra-ré-gions, est-ce que
déjà vous songez à élaborer des politiques que vous
aurez à soumettre à ce conseil suprême? Je crois que c'est
très important. Quelles seront d'après vous vos
préoccupations du centre de l'Est rie, de la Côte-Nord, parce
qu'à un moment, vous allez conjuguer tous vos efforts pour en arriver
à un certain consensus afin d'éviter le rnéli-mélo
dans une politique régionale, provinciale et nationale. Je pense que
c'est très important et ce sont des points sur lesquels vous vous
êtes probablement déjà penchés parce qu'il faut bien
dire que le national va dominer dans des antennes, je suis tout à fait
d'accord avec cela.
Il y a des émissions pour tout le peuple du Québec.
Maintenant, il y a des émissions qui peuvent être bâties en
régions qui vont nous servir très bien, qui vont
intéresser et agrémenter les populations d'autres régions.
C'est comme cela que les régions du Québec auront l'occasion de
se faire mieux connaître. Est-ce que déjà vous avez des
mécanismes sur place pour essayer de prévoir votre propre
programmation même si elle n'était que de douze heures pendant
l'année?
M. Gagnon (Christian): Actuellement, honnêtement, on ne
peut pas dire qu'on a ce type de mécanismes puisque les comités
régionaux actuels sont des comités provisoires qui avaient
spécifiquement deux objectifs: un premier provenant de par la nature
même de ses comités qui était de voir à la
production de trois demi-heures par année et un deuxième
objectif, bien sûr, qui fait que nous sommes devant vous aujourd'hui, qui
était d'assurer l'implantation régionale de Radio-Québec.
Le fond de la lutte des comités régionaux a été
d'amener spécifiquement des assurances quant à ce type
d'implantation. Quant à prévoir les modalités
d'application des prochains comités régionaux dont nous aurons
à travailler à la mise sur pied, nous n'avions ni les moyens, ni
le temps de mettre en marche de telles prospectives. Cependant, il est certain
je pense qu'il est naturel de le croire que les prochains
comités régionaux auront spécifiquement dès leur
nomination à voir à établir semblable concertation.
M. Gagnon (Édouard): M. le Président, nous partons
de loin. Nous n'étions pas là. Comme mon camarade vient de le
dire, on était des comités provisoires avec des mandats bien
précis et bien restreints, sans aucun pouvoir au conseil d'admi-
nistration, sauf celui de se parler et de crier fort de temps en temps.
On peut vous assurer que les dix qui seront là, auront la voix de dix et
sauront, en temps et lieu, si cela ne se déroule pas comme, nous, nous
le prévoyons et l'espérons, le dire non seulement à la
population mais aux autorités gouvernementales. On l'a dit: On veut
surveiller de près le déroulement du développement
régional de Radio-Québec tout particulièrement. Il est
certain que les comités qui seront là, encore une fois ce
ne sera peut-être pas nous qui serons là dans quelques mois, ce
seront d'autres personnes auront certainement cette
responsabilité et le fait qu'on part de rien et qu'on se réveille
avec au conseil d'administration, même si c'est dix sur 23, pour nous,
c'est déjà un pied dans l'étrier et c'est
déjà une voix que nous n'avions pas auparavant.
M. Le Moignan: ...
Le Président (M. Jolivet): Un instant! Il y avait un
monsieur qui voulait ajouter quelque chose, je pense.
M. Bouchard (André R.): Mon nom est André R.
Bouchard, du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je pense qu'un des premiers sauts que
fera le prochain comité permanent, ce sera une question de partage des
pouvoirs. Il est évident que ce qu'on veut dans les régions,
quand on parlait d'autonomie, c'est un instrument de travail pour qu'on puisse
fonctionner en dehors de la lourdeur administrative du national. Je pense qu'un
des premiers points qu'on aura à clarifier, ce sera les instruments
régionaux qu'on aura pour pouvoir fonctionner d'une façon, je
dirais, beaucoup plus légère que nationale ou qu'on ne
traîne pas trop le national dans les régions.
M. Le Moignan: Quant à moi, je vous souhaite le temps,
l'argent, les disponibilités, les moyens pour bien vous entendre et,
surtout, travailler au progrès de Radio-Québec dans vos milieux
respectifs.
M. Gosselin: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Oui, je connais un peu la laborieuse histoire de
l'implantation dans les régions de Radio-Québec et j'avoue
qu'à un moment donné, j'ai trouvé ça tellement
pénible que j'ai été quasiment tenté de cesser d'y
croire.
Le projet de loi consacre des garanties quant à la
représentation, quant à la formation des comités
régionaux, etc. Par ailleurs, il ne me semble pas clair encore
peut-être que ça l'est davantage à vos yeux, de quelle
manière on va vraiment réussir à utiliser au maximum les
traditions et les collaborations dans les milieux. En tout cas, un des dilemmes
qui m'apparaissaient, c'est que Radio-Québec étant une
boîte centrale, ultracentralisatrice, partant d'un noyau très
fort, comme toute boîte gouvernementale, a de la misère à
se déconcentrer, d'accord? Et la structure ou la manière dont
elle se déconcentre, c'est qu'elle tient toujours la région ou
les régions en otage, parce qu'elle a les moyens; c'est elle qui
approuve les CT, les dépenses, etc. Alors, c'est toujours dans une sorte
de relation de quémandage, où il faut constamment faire des
rapports de force et, évidemment, la pression, on essaie de l'engendrer
au niveau régional, mais on se bat contre une grosse machine.
Évidemment, le projet de loi, ouvrant la participation beaucoup plus
large au niveau du conseil d'administration de la société
d'État, ça donne des garanties que les régionaux, les dix,
mais aussi les autres qui, j'espère, épouseront la cause des
régionaux vers une véritable déconcentration de
Radio-Québec, pousseront dans la même direction.
Mais il y a quand même le problème des traditions des
milieux, des équipements des milieux et de la manière dont on va
réussir à faire bouger Radio-Québec excusez-moi si
je tiens ce langage dans le sens d'utiliser le milieu et de collaborer
carrément avec le milieu, y compris pour les productions,
possiblement.
L'impression que je me suis faite, à suivre un peu
l'évolution dans ma région, c'est qu'à un moment
donné, Radio-Québec prenait une décision, le comité
provisoire poussait fort. À un moment donné, on décidait
d'engager un recher-chiste. On engageait quelqu'un sur le pif pour six mois,
huit mois, pour faire un bout de travail. Après cela, c'était
encore en suspens, il fallait recommencer.
Par ailleurs, il y a des organismes, dans des régions, qui ont
déjà des traditions en communications, et il y a des
équipements très lourds qui sont éparpillés dans
les institutions. Évidemment, on ne peut peut-être pas
réutiliser tout cela, mais, ce que je veux dire, c'est jusqu'à
quel point y a-t-il moyen d'affirmer, soit dans la loi ou dans les
règlements... Je vous impute des réserves quant au projet de loi.
Je suis quasiment en train de vous en imputer. Peut-être que cela ne peut
pas être défini par la loi. Mais ce que je veux dire, c'est que je
me demande si on a des moyens, actuellement, et si la philosophie de
Radio-Québec est suffisamment claire pour les régionaux que vous
êtes, que vous pourrez, dorénavant, confier des commandites pour
bâtir des émissions, qui, au CRD de sa région... Au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a un regroupement des organismes volontaires qui
est très significatif dans le domaine de l'éducation et il s'y
regroupe des coopératives également.
Est-ce qu'il serait concevable, pour les régionaux que vous
êtes, que la fabrication, dans toutes les phases de l'émission que
cela peut supposer, soit commandée par des contrats de services, aux
OVEP régionaux, dans ma région à moi, au CRD ou tout
cela?
M. Chouinard: Naturellement, dans ce qui anime les
régions, il y a une chose qu'il ne faut pas oublier. La plupart de nous,
ici, nous sommes des vieux de la régionalisation. On date de plu-
sieurs années. Ce qui nous anime actuellement, c'est un esprit
très positif. Si on était encore à l'époque
où on comparait la régionalisation à une véranda
par rapport à une cuisine qu'on va démolir pour construire la
véranda, c'est bien sûr qu'on ne serait même pas ici pour
vous parler. On ne pourrait pas être animé positivement. On serait
animé très négativement, par rapport à
Radio-Québec.
Ce qui fait qu'on a l'air pleins d'espoir, qu'on a l'air euphorique un
peu, jusqu'à un certain point, c'est qu'on est très positifs, on
y croit vraiment. On croit à Radio-Québec, on les croit
sincères dans ce qu'ils ont avancé.
On a déjà fait des tentatives, particulièrement
dans l'Estrie, de co-production ou de confier à une autre maison le soin
de produire une émission pour nous selon des mandats bien précis
qu'on aurait élaborés mais, à ce moment-là, cela ne
s'est pas avéré possible, pour toutes sortes de raisons
techniques. Depuis ce temps-là, je fais allusion à la
période de la véranda, la technique aussi était à
la période de la véranda, mais, aujourd'hui, on croit que cela a
vraiment changé et que ce sera possible. C'est là-dessus qu'on
croit au développement de Radio-Québec. Cela va sûrement
coûter beaucoup moins cher de produire dans le sens que vous le proposez,
ou que vous le laissez entendre, que de produire avec une machine très
alourdie par Radio-Québec national.
Donc, pour nous, les régionaux, quand on parle de production
régionale, on la voit de façon très flexible, très
facile, très détendue. C'est à peu près la seule
façon qu'on va pouvoir vraiment produire en région, tout en
maintenant naturellement une qualité qui va se devoir de rencontrer des
normes techniques bien précises.
Ce qui nous anime, ce qui nous maintient encore en poste, c'est qu'on a
le goût de continuer. Vraiment, actuellement, on croit beaucoup à
Radio-Québec et d'une façon très très positive.
Donc, si on reculait seulement d'une année ou de deux ans, on ne
pourrait pas du tout avoir ce langage qu'on a aujourd'hui.
M. Gosselin: Je veux simplement dire qu'il m'apparaît
essentiel que les régionaux s'affirment très fort au sein du
ponseil d'administration en vertu des dispositions que la loi leur donne et
qu'ils puissent déblayer une plateforme vis-à-vis de
Radio-Québec, qui consisterait à vraiment formuler que là
où il existe des ressources sensément potables pour
réaliser des productions locales, des expertises aussi et des
traditions, on tente de procéder par association de ces groupes à
réaliser les productions requises. Cela fera peut-être l'objet
d'un manifeste que vous aurez à écrire ou que vous avez
déjà en partie écrit, j'imagine, mais je dois dire que si
on se revoit en commission parlementaire, il me fera plaisir de voir où
les choses en sont et d'espérer avec vous qu'on réussira cette
trame très fondamentale de la régionalisation. (18 heures)
M. Chouinard: Si vous permettez, pour reprendre les paroles de M.
Barbin, tantôt, qui disait que les représentants des
régions au conseil d'administration seront là pour
défendre le point de vue des régions, c'est bien sûr que
les gens des régions vont savoir élire les bonnes personnes
à ce conseil d'administration puisque, je pense, c'est le
président de la région qui siégera au conseil
d'administration, le président étant élu d'abord comme
membre du comité et ensuite élu par ses pairs comme
président; il faut faire confiance à ce mécanisme pour que
le président soit vraiment quelqu'un qui soit considéré
comme convenant à la région.
Le Président (M. Jolivet): Pour permettre que le
comité ici présent finisse, on s'est entendu et on
l'annonce pour les besoins du journal des Débats pour continuer
un peu plus tard que 18 heures. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à la page 3 du
mémoire, vous suggérez que les régions possèdent
les moyens nécessaires de réaliser et de diffuser chez elles des
émissions répondant aux attentes des gens de chez elles. Dois-je
en déduire que, selon vous, chaque région devra avoir son studio
de production?
M. Chouinard: Un studio de production, cela veut dire beaucoup de
choses, si on pense à un studio de production lourd. Normalement, quand
on parle d'un studio de production, on pense à un studio de production
lourd. Je ne crois pas qu'à ce moment-ci ce soit dans l'esprit des
régions. Mais c'est sûr qu'en télévision vous avez
toujours besoin d'un studio, ne serait-ce que pour faire les titres de votre
émission. Vous avez toujours besoin d'un endroit qui soit quelque part
où il y ait moyen de faire quelque chose. Mais dans l'esprit des
régions, la télévision, étant donné qu'on
doit couvrir de si grands territoires et toute la diversité des besoins
d'une population, va se vouloir très mobile. De là toute la
problématique de la mobilité des équipements pour les
régions. C'est sûr qu'il va falloir, en plus d'être mobile,
un pied-à-terre quelque part qui nous permette de faire des choses en
studio, mais je ne crois pas qu'il faille donner à la définition
de studio le sens péjoratif d'un gros studio de télévision
très lourd qui coûte $500 000 en soi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord pour le genre d'équipement que
vous aurez, qu'il y ait de l'équipement léger pour circuler, pour
être plus mobile, etc., mais dans votre idée à vous, est-ce
que ce sont des équipements qui appartiendront en totalité
à la région ou, par exemple, verriez-vous que Radio-Québec
central puisse aller dans vos régions répondre aux devis que vous
auriez préparés ou si... Qu'ils soient légers la
nature des équipements, je ne connais pas cela, mais je peux au moins
imaginer ce que c'est... Est-ce que vous jugez que chaque région devra
avoir tous les
équipements dont elle a besoin, quelle qu'en soit la nature, pour
les fins de ses programmes?
M. Chouinard: Dans chacune des régions, il y a un
équipement de base qui va nécessairement résider en
région, mais à l'occasion d'événements
exceptionnels prenons, par exemple, les Jeux du Québec ou, enfin,
des choses exceptionnelles c'est bien sûr qu'il va y avoir
là, pour une raison ou pour une autre, des renforts de Montréal
qui vont venir. Mais la région devra être munie d'un ensemble
d'appareils qui lui permettront d'assurer une production mobile en
région. De ce fait-là, elle est tout à fait
indépendante en soi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, sauf pour des choses, comme vous le disiez
tout à l'heure, comme les Jeux olympiques, qui feront déplacer,
de toute façon, d'autres équipements que ceux de
Radio-Québec, probablement ceux de Radio-Canada ou autres.
M. Chouinard: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous pensez qu'une région devrait
être autosuffisante en termes d'équipements.
M. Chouinard: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous jugez qu'au conseil
d'administration de Radio-Québec deux représentants du
ministère de l'Éducation, pour une télévision qui
se dit être télévision éducative, vous apparaissent
suffisants?
M. Gagnon (Édouard): II faut dire que le fait qu'au sein
des comités régionaux il y aura deux personnes qui proviennent
des institutions éducatives, il est fort possible que de
celles-là il y en a qui iront siéger au conseil d'administration
à Montréal, qui pourront être élues à la
présidence et qui, automatiquement, iront siéger. On ne sait pas
combien parmi celles-là. On sait, de toute façon, que dans les
comités régionaux, il y en aura deux. Maintenant, si vous nous
demandez si cela sera suffisant, il faudrait voir la composition du
comité quand cela sera terminé. On est certain qu'au niveau
régional il y aura deux personnes qui viendront des institutions
éducatives.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on parle d'une
télévision éducative. C'est la raison d'être de
Radio-Québec. Au conseil d'administration central, pour le distinguer
des régions, en fait il n'y a que deux personnes de l'Éducation
qui sont assurées d'être présentes. Par un hasard de
circonstances, il se peut qu'il y en ait deux autres qui s'ajoutent, mais cela
m'étonnerait que tous les présidents des comités
régionaux soient des gens émanant de l'Éducation. Cela
serait une curieuse de coïncidence. Cela serait peut-être une
coïncidence souhaitable, remarquez bien, à mon point de vue.
M. Chouinard: J'aimerais seulement attirer votre attention sur un
point. Si Radio-Québec était une télévision
scolaire, je serais d'accord avec vous. Mais ce n'est pas une
télévision scolaire ou académique comme telle. C'est une
télévision éducative et le contenu scolaire en soi ne sera
pas prédominant en termes d'heures de production.
C'est plutôt dans le sens plus large du mot éducation, tel
que défini plus tôt, que Radio-Québec va se situer. C'est
pour cela que le ministère de l'Éducation devrait avoir une
certaine influence mais qu'il ne devrait pas aller plus loin qu'un certain
point, puisque ce n'est vraiment pas scolaire en soi; exclusivement, je veux
dire.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous me semblez dire, c'est que le
contenu scolaire il faudrait s'entendre peut être du
contenu à tous les niveaux parce que scolaire, c'est
l'élémentaire et le secondaire, mais vous avez aussi, dans un
contexte comme l'éducation permanente...
M. Chouinard: J'ai dit académique.
Mme Lavoie-Roux: .. il peut y avoir beaucoup plus de contenu
académique que strictement au niveau scolaire. Ce que vous me dites,
c'est que cela serait une proportion peut-être pas infime mais assez
limitée de l'ensemble de la programmation éducative. Quels moyens
d'évaluation allez-vous mettre en place? J'aurais peut-être
dû demander cela à Radio-Québec plutôt qu'à
vous mais prévoyez-vous mettre en place, quant aux objectifs que vous
allez tenter d'atteindre... Si on parle de télévision
éducative, il faut quand même se fixer des objectifs; cela
deviendra peut-être assez difficile de les mesurer si cela demeure une
télévision éducative dans un contexte très large.
Est-ce que vous avez songé à cette question
d'évaluation?
M. Chouinard: C'est ce qu'il y a de formidable dans la loi qu'on
nous propose; chacune des régions va avoir cette liberté de
répondre aux besoins propres d'une région ou d'une autre. On ne
pourra pas avoir des règles pour définir: Vous en faites assez ou
vous n'en faites pas assez. C'est beaucoup plus en termes de réponses
à des besoins. Il s'agit, pour le comité, et c'est là
qu'il va y avoir le défi pour le comité d'une région
donnée, de rejoindre ces désirs de la population. C'est là
qu'est tout le défi pour nous d'arriver à temporiser ou d'arriver
à contrebalancer, à l'intérieur du mot "éducatif",
le contenu académique par rapport au contenu éducatif en soi.
Mais, chacune des régions va avoir cette espèce de liberté
d'action pour répondre sur place à cette
préoccupation.
Mme Lavoie-Roux: On peut répondre à des besoins
mais il reste que dans un organisme comme Radio-Québec, même au
niveau régional, il devrait y avoir des objectifs et il devrait y avoir
moyen d'évaluer les objectifs. Est-ce que vous vous êtes
penchés sur ce problème d'évaluation
des objectifs que vous poursuivrez ou des demandes auxquelles vous
répondrez?
M. Chouinard: On ne peut pas dire qu'on se soit penché
vraiment sur une évaluation pure, mais on s'est penché sur des
moyens. Comme on disait tantôt, les heures de diffusion vont être
réparties à l'intérieur de Radio-Québec et aussi
pour desservir d'autres moyens comme, par exemple, des commissions scolaires ou
d'autres institutions qui font des documents éducatifs qui vont pouvoir
être diffusés sur les antennes de Radio-Québec. Donc, on
s'est beaucoup plus penché sur les moyens que sur la mesure
d'évaluation en soi. Ce serait une chose à définir,
région par région, parce qu'on est tellement différent
d'une région à l'autre, les besoins sont tellement
différents, sont presque à l'opposé souvent, que ce serait
une chose vraiment régionale, pour répondre à cette
question. C'est une chose régionale qui va se produire.
Mme Lavoie-Roux: Je soulève le problème parce que
je pense que c'est une préoccupation que vous devriez avoir, mais la
grande question devrait être posée au ministre lui-même
quand on arrivera à la discussion plus en avant. Je vous remercie,
messieurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je serais bien mal
placé pour ne pas me réjouir d'un mémoire pareil. Au fond,
il y a deux questions qu'on pouvait se poser sur la régionalisation.
L'une était de savoir si le projet de loi fait une place suffisante
à la régionalisation et, d'après votre évaluation,
il semble bien que la réponse soit oui. Je sais qu'il y a des groupes
qui auraient souhaité encore plus, mais je pense que comme étape,
on peut dire, d'implantation première, j'ai l'impression qu'on se
rejoint et qu'on est d'accord pour cela.
Deuxièmement, vous avez dit, à un moment donné, que
vous faisiez passablement confiance à la direction actuelle de
Radio-Québec pour ce qui est de la régionalisation,
c'est-à-dire qu'il s'agit d'une direction d'un conseil d'administration
qui prend cela au sérieux. J'ai exactement le même sentiment que
vous; il y a une loi et il y a la façon de l'appliquer et, moi aussi,
j'ai le même sentiment que vous tous. Je suis content d'avoir votre
réaction là-dessus. Sur ce point aussi je dois me réjouir.
Encore une fois, merci d'être venus, merci de votre collaboration.
Le Président (M. Jolivet): Merci. L'ajournement
jusqu'à 20 heures environ. Le Comité régional
d'implantation de Radio-Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais mieux qu'on
dise 20 h 15 pour ne pas les faire attendre.
Le Président (M. Jolivet): 20 h 15. Allons-y pour 20 h
15.
Suspension de la séance à 18 h 13
Reprise de la séance à 20 h 20
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des communications reprend ses travaux où
elle les avait laissés à la fermeture, à 18 h 15 environ.
Le Comité régional d'implantation de Radio-Québec en
Abitibi-Témiscamingue, Mme Pauline Trépanier.
Comité régional d'implantation de
Radio-Québec en Abitibi-Témiscamingue
Mme Blais (Joanne): Joanne... Le Président (M.
Jolivet): Joanne? Mme Blais: Blais. Le Président (M.
Jolivet): Blais. Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Le
Président (M. Jolivet): Oui.
Mme Lavoie-Roux:... est-ce qu'on me permettrait d'adresser une
demande au ministre. Est-ce qu'il serait possible d'avoir le nouvel
organigramme qui est prévu pour Radio-Québec? J'imagine que,
compte tenu qu'on a rédigé les projets de loi, qu'il y a
certaines dispositions, cet organigramme doit exister.
M. O'Neill: Si je vois M. Barbin ce soir ou demain, je vais lui
demander de...
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez nous le remettre?
M. O'Neill: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Le plus tôt possible?
M. O'Neill: Vous voulez dire l'organigramme qui inclut toute la
structure régionale.
Mme Lavoie-Roux: Oui, toute la restructuration de
Radio-Québec.
M. O'Neill: Écoutez, je ne sais pas s'il y a quelqu'un de
Radio-Québec ici pour nous répondre. M. Buzaré,
peut-être?
M. Buzaré: Oui.
M. O'Neill: Est-ce que vous avez déjà mis au point
l'organigramme qui représente toute la structure de Radio-Québec,
incluant la représentation régionale?
M. Buzaré: À venir? On a un organigramme à
l'heure actuelle qui représente la structure présente...
M. O'Neill: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Buzaré: ... mais on n'a pas un organigramme qui
représente la structure déconcentrée. On va le produire
très bientôt. Est-ce que c'est celui-ci que vous
désirez?
Mme Lavoie-Roux: Pour le moment, je vais devoir me contenter de
l'organigramme de la structure présente, mais dès que l'autre
sera prêt... L'autre sera prêt dans combien de semaines?
M. Buzaré: Je dirais, selon la loi et tout ça, la
mise en place des comités régionaux, à ce
moment-là, nous allons formuler un organigramme officiel.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous avez quand même dû
simuler un organigramme...
M. Buzaré: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... en prévision de la prochaine loi?
M. Buzaré: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Celui-là, est-ce qu'il y a moyen de
l'avoir?
M. Buzaré: Oui, il est toujours à l'état de
projet, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Oui, à l'état de projet. Cela me
satisferait.
M. Buzaré: On ne l'a pas ici. On pourrait vous en faire
parvenir copie par la suite.
Mme Lavoie-Roux: J'apprécierais beaucoup. M.
Buzaré: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on tient pour acquis que
les membres de la commission en recevront une copie.
Madame Blais, la parole est à vous.
Mme Blais: Merci, M. le Président.
Pour commencer, comme le temps nous presse, j'aimerais apporter une
toute petite spécification. Lorsqu'on parle d'antennes chez nous, ce
sont des antennes seulement en Abitibi et non au Témiscamingue; je
tiendrais à le souligner.
Comme, aussi, il y a d'autres intervenants après moi, j'aimerais
peut-être faire un résumé de l'étude qu'on a faite
et vous souligner les articles que nous, en Abitibi-Témiscamingue, on
trouve les plus importants.
Au niveau du projet de loi no 4, Loi sur la programmation
éducative, la section I, interprétation, article 2, 1er
paragraphe, se lit comme suit: "Pour les fins de la présente loi,
l'expression "programmation éducative" désigne toute
programmation ou toute partie de programmation."
Ce qu'on propose, nous, ce serait: "Pour les fins de la présente
loi, l'expression "program- mation éducative" désigne toute
programmation." On supprime "ou toute partie". Notre commentaire va être
en concordance avec nos propositions d'amendement des articles 6 et 7 du
présent projet de loi.
L'article 2a se lit comme suit: "Conçue de façon à
être présentée à la fois dans un contexte
susceptible de permettre aux auditoires auxquels elle est destinée, la
poursuite d'une formation par l'acquisition ou par l'enrichissement des
connaissances ou l'élargissement du champ de la perception, et dans des
conditions telles que cette acquisition ou cet enrichissement des connaissances
ou cet élargissement du champ de la perception puisse être
surveillé ou évalué."
Nous, on dit: "Ou cet élargissement du champ de la perception
puisse et doive être surveillé ou évalué."
Le comité considère très important que ces
activités soient surveillées et évaluées.
À l'article 3b: "Promouvoir l'accès des concitoyens
à leur patrimoine culturel, notamment en reflétant la vie des
différentes régions et des différentes communautés
ethniques, en favorisant les échanges interrégionaux et
interculturels, en encourageant la création et la diffusion de
productions sonores, visuelles ou audiovisuelles québécoises, ou
en privilégiant, d'une façon générale, la culture
québécoise."
On propose de supprimer "québécoise ou en
privilégiant, d'une façon générale, la culture
québécoise." On trouve que la formulation actuelle est
restrictive pour les autres communautés ethniques.
Dans les pouvoirs de la régie, l'article 4 se lit comme suit: "La
régie peut, à la requête d'une entreprise de
radiotélévision ou de câblodistribu-tion, déclarer
éducative une programmation ou une partie de programmation qui lui est
soumise."
Ce qu'on propose: "La régie peut, à la requête d'une
entreprise de radiotélévision ou de câblodis-tribution,
déclarer éducative une programmation qui lui est soumise." C'est
aussi en concordance avec les propositions d'amendement des articles 6 et
7.
À l'article 5: "Une entreprise de radiotélévision
ou de câblodistribution qui entend modifier substantiellement une
programmation déclarée éducative doit, par requête,
soumettre cette modification à l'approbation préalable de la
régie." Notre proposition: "Une entreprise de
radiotélévision ou de câblodistribution qui entend modifier
on supprime le mot "substantiellement" une programmation
déclarée éducative doit, par requête soumettre cette
modification à l'approbation préalable de la régie." Nous
croyons que toute modification à la programmation déclarée
éducative est importante.
L'article 6 se lit comme suit: "Une entreprise de
radiotélévision ne peut se désigner comme entreprise de
radiotélévision éducative à moins que sa
programmation n'ait été, en tout ou en partie,
déclarée éducative par la régie." On devrait lire,
ce qu'on propose: "Une entreprise de radiotélévision ne peut se
désigner comme une entreprise tie
radiotélévision éducative à moins que sa
programmation n'ait été, en tout ou à la très
grande majorité, déclarée éducative par la
régie." Nous considérons l'expression "en partie" trop vague; une
entreprise de radiotélévision devrait être
désignée éducative lorsque sa programmation comporte plus
de 50% d'émissions jugées éducatives.
L'article 7: "Une entreprise de câblodistribu-tion ne peut
désigner l'un de ses canaux comme canal éducatif de
câblodistribution à moins que la programmation qu'elle distribue
pas ce canal n'ait été, en tout ou en partie,
déclarée éducative par la régie." Le même
processus que pour l'article 6 et les mêmes commentaires aussi.
Pour le projet de loi no 5, si vous me permettez à cause du
temps, on pourrait passer tout de suite au niveau des comités
régionaux, ce qui nous tient le plus à coeur. L'article 20.1c,
premier paragraphe, se lit comme suit: "D'assurer la gestion des ressources
humaines et matérielles affectées à la programmation et
à la production d'émissions pour cette région." Ce que
nous proposons: "D'assurer la gestion des ressources humaines,
matérielles et financières affectées à la
programmation et à la production d'émissions pour cette
région." Dans le mémoire présenté par notre
comité, rappel des positions du Comité d'implantation de
Radio-Québec en Abitibi-Témiscamingue, nous avons tenu à
rappeler l'importance que nous accordons à l'administration par les
régions de leur enveloppe budgétaire. Sans ce pouvoir, toute
décentralisation devient illusoire.
Il est fort possible que lorsqu'on parle de gestion des ressources
matérielles, qu'il soit sous-entendu que ce soient les ressources
financières, mais on aimerait se le faire préciser. "Le
comité régional exerce en outre toute autre fonction que peut lui
attribuer le conseil d'administration de la société." Ce qu'on
propose: "Le comité régional exerce en outre toute autre fonction
que peut lui attribuer le conseil d'administration de la société.
La société doit veiller à ne pas surcharger les
tâches des comités participants par des mandats secondaires." (10
h 30)
Nous sommes d'accord avec la position prise par le Regroupement
populaire des usagers des moyens de communication de
l'Abitibi-Témiscamingue dans son avis adressé au président
de Radio-Québec lors de sa visite, le 9 avril, où il est dit:
"Radio-Québec doit veiller à ne pas surcharger les tâches
des comités participants par des mandats secondaires. C'est une tactique
bureaucratique trop facile pour rendre indigeste toute participation. Que les
tâches du comité soient en priorité consacrées au
développement régional et que la nationale soit au service des
régions et non les régions au service du national." On implique
là-dedans aussi surtout la production, c'est-à-dire qu'on ne
voudrait pas qu'à un moment donné, Radio-Québec se serve
de ces régions pour faire de la grosse production nationale qui
épuise nos ressources humaines et tout cela. "Un comité
régional se compose de sept membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil." Je n'ai pas besoin de vous
répéter comment c'est proposé. Ce qu'on propose, nous: "Un
comité régional se compose de sept membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, dont deux personnes sur la recommandation des
organismes socio-économiques de la région, deux personnes sur la
recommandation des organismes socio-culturels de la région, deux
personnes sur la recommandation des groupements populaires de la région,
une personne qui est un des employés de la société dans la
région, sur la recommandation de ces derniers." Pour que le
comité régional soit vraiment représentatif de sa
population selon l'esprit de la loi, nous avons tenu à en
préciser la composition afin qu'elle corresponde aux
réalités régionales. "Tout membre d'un comité
régional ayant un intérêt dans une entreprise doit, sous
peine de déchéance de sa charge, le révéler par
écrit au président et s'abstenir de participer à toute
délibération et à toute décision portant sur
l'entreprise dans laquelle il a un intérêt." Ce qu'on propose:
"Tout membre d'un comité régional ne peut, sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt au
niveau de l'intérêt, on parle d'intérêt financier
dans une entreprise de télévision, radio privée ou
câblodistribution direct ou indirect dans toute entreprise mettant
en conflit son intérêt personnel et celui de la
société. Toutefois, cette déchéance n'a pas lieu,
etc.".
C'est un problème qu'on a vécu, nous, en région. On
sait ce que cela peut impliquer si cela reste comme cela. Nous croyons que les
modifications proposées par notre Comité régional
d'implantation de Radio-Québec en Abitibi-Témiscamingue sont
pertinentes et nécessaires à une saine
régionalisation.
Le comité croit important de souligner l'article 20-8,
paragraphes 1 et 2, en insistant pour que les recommandations régionales
ne servent pas de paravent à des décisions venant du
national.
Telles sont donc nos propositions d'amendement pour ces deux projets de
loi issues de l'accord unanime des cinq membres du Comité
régional d'implantation de Radio-Québec en
Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: Ma première question, M. le Président,
c'est sur la programmation éducative, lorsqu'il est question d'une
programmation éducative qui le soit en partie ou qui le soit
substantiellement par opposition à "en grande partie ou
majoritairement". Pourriez-vous fournir quelques explications
supplémentaires au sujet de cette proposition, s'il vous
plaît?
Mme Blais: Oui, notre inquiétude vient des notes
explicatives au projet de loi 4 qui disent: "Le ministre des Communications
pourra accorder aux entreprises de radiotélévision ou de
câblodistribution, dont la programmation a été
déclarée éducative par la régie, une assistance
financière et technique suivant les normes et modalités
fixées par règlement du gouvernement."
Les règlements, évidemment, on ne les connaît pas.
La programmation, une fois qu'elle a été déclarée
éducative: ici, on ne dit pas que, pour recevoir une subvention, il faut
que la programmation ait été déclarée
majoritairement ou toute éducative. Alors, on se dit qu'au niveau des
entreprises privées, si elles décident de faire une demi-heure
d'émission éducative justement parce que le mot
"éducative", c'est large, au sens large du mot, elles peuvent avoir des
subventions et cela pourrait enlever des cents aux radios communautaires ou aux
télévisions communautaires ou aux câblodistributeurs qui,
eux, seraient prêts à fonctionner en canal majoritairement
éducatif. Alors, on veut avoir plus de précisions sur la
quantité. Avant d'avoir une programmation éducative, on veut
s'assurer d'une certaine quantité. Il se peut que ce soient des
modalités fixées par règlement, mais on aimerait qu'on
tienne compte de nos réglementations, si ce n'est pas au niveau du
projet de loi, que ce soit, au moins, au niveau des règlements
d'application. On ne veut vraiment pas que tout le monde déclare, demain
matin, faire de la télévision éducative parce qu'on
produit une demi-heure de télévision éducative par
semaine, pas plus qu'au niveau des câblodiffuseurs.
M. O'Neill: Je comprends un peu votre sentiment. Je voudrais
simplement vous présenter l'hypothèse suivante, par exemple, dans
le cas de la radiodiffusion. Il y a, sur le territoire québécois,
en gros, une centaine de postes privés de toutes sortes, dont certains
ne disposent que de ressources au plan culturel et humain qui sont plutôt
limitées, plutôt modestes. À un moment donné, il
pourrait arriver que, dans certains secteurs, parfois dans des régions
périphériques, ces gens soient intéressés quand
même à améliorer leur programmation en y introduisant une
partie de programmation éducative qui ne sera pas une partie majoritaire
évidemment; ce qui ne veut pas dire nécessairement qu'il y aurait
à ce moment-là une subvention; mais si c'est une porte ouverte
à des subventions, cela ne veut pas dire que c'est mécanique,
mais est-ce que cela ne vaut pas la peine de reconnaître cet effort,
surtout quand on sait comment, dans certaines régions, la radiophonie ne
se distingue pas toujours par sa qualité culturelle et éducative,
qu'il y ait un certain encouragement au moins en reconnaissant cet effort?
Mais, encore une fois, une effort qui, compte tenu de l'ensemble de la grille
de programmation, ne concerne qu'une partie mineure de la programmation? Je ne
sais pas ce que vous pensez de cette hypothèse.
Mme Blais: Disons que l'expérience qu'on a eue en
région avec les télédiffuseurs privés nous a
montré que ces gens font cela pour faire de l'argent; en fait, pour eux,
tous les moyens sont bons. Si on leur ouvre une porte en disant que s'ils
produisent une demi-heure de télévision éducative par
semaine, il auront des subventions, c'est officiel qu'ils vont le faire.
Maintenant, si vous pensez que...
M. O'Neill: Quant à moi, je ne fais pas un lien direct
entre un effort de programmation éducative et une subvention, surtout
qu'il y a des gens qui sont capables de s'autosubventionner ou de
s'autofinancer. Je comprends votre réticence, vous voyez le danger d'un
prétexte pour absorber une partie des fonds publics qui pourraient
être avantageusement accordés à d'autres groupes beaucoup
plus méritants comme les télévisions communautaires, par
exemple, je comprends cela.
Mme Blais: Oui, les cégeps, les universités et tout
cela.
M. O'Neill: Et ce serait à retenir dans votre
démarche. Je suis prêt à retenir cela aussi.
Mme Blais: Oui, c'est pour cela que je disais que les
recommandations qu'on fait peuvent très bien servir pour le
règlement d'application de la loi aussi, mais on avait envie de vous en
faire part. C'était une des inquiétudes qu'on ressentait parce
qu'on a vécu des expériences aussi.
M. O'Neill: Très bien, mais vous comprenez, en revanche,
que si on pouvait en arriver à ce qu'en certains endroits, on puisse
hausser un petit peu cette qualité, je pense surtout à la
radiophonie.
Mme Blais: Bien sûr qu'on est d'accord avec cela aussi. On
est d'accord avec cela...
M. O'Neill: Un stimulant qui aide à la pratique de la
vertu, si vous voulez.
Mme Blais: Ce qu'on demande, c'est que la réglementation
soit assez sévère pour ne pas permettre à ceux qui ont les
cents d'aller chercher des subventions parce qu'ils font une petite demi-heure
de télévision éducative par semaine.
M. O'Neill: Maintenant, je voudrais vous donner une
deuxième précision concernant une autre suggestion ou
recommandation que vous faites concernant l'expression "qui doive être
évalué." J'essaie de la retrouver un instant dans
le texte. Donc, c'est l'article 2, la fin du paragraphe a), "que... cet
élargissement du champ de la perception puisse être
surveillé ou évalué." Il s'agit ici d'un certain nombre
d'activités, par exemple, cela peut être la
télévision scolaire qui soit évaluée en ce sens
qu'elle soit soumise à l'évaluation du ministère de
l'Éducation. Si vous mettez "doive être évalué", je
trouve que c'est un peu embarrassant parce qu'il peut y avoir quand même
beaucoup d'émissions de caractère éducatif, au sens
étroit et au sens large, qui ne se prêtent pas toujours à
une évaluation. Le sens de doive, de puisse ici, c'est de laisser la
place à une évaluation possible dans le cas où on
reconnaîtrait, par exemple, des cours; cela pourrait être des cours
télévisés. Quand vous mettez "doive", vous en
réduisez assez considérablement, me semble-t-il, la
possibilité. Il me semble enfin que
vous dressez des balises assez sévères pour ceux qui vont
faire la programmation éducative. Je voulais simplement vous signaler
cela.
Mme Blais: C'est toujours notre crainte. L'esprit de notre
crainte est de voir n'importe qui faire de la télévision
éducative.
M. O'Neill: J'ai retenu votre remarque concernant une sorte de
caractère privilégié de la culture
québécoise. Nous relirons le texte à la lumière de
votre recommandation. Dans notre esprit, dans l'esprit de ceux qui ont
rédigé ce texte, la culture québécoise n'exclut pas
des apports culturels de groupes minoritaires parce que cela fait
également partie de la culture québécoise, ce sont
même des enrichissements de la culture québécoise. Quant
à nous, il faudra voir la façon dont cela a été
formulé. Pour nous, cela n'a pas été formulé comme
étant soit l'un, soit l'autre, mais l'un et l'autre.
Mme Blais: II faudrait peut-être changer la formulation,
parce que cela porte à confusion.
M. O'Neill: II faudrait regarder cela de près parce que,
même lorsque nous avons demandé à Radio-Québec
d'accorder de l'attention à la culture des groupes qu'on dit
minoritaires... Nous ne considérons pas ceux-ci comme étrangers
à la culture québécoise, mais comme des
éléments d'enrichissement à la culture
québécoise. Je sens ici votre inquiétude. Ce serait
de...
Mme Blais: On a fait l'étude du projet de loi no 4 pas
seulement en fonction de Radio-Québec.
M. O'Neill: Oui.
Mme Blais: On a fait l'étude du projet de loi en fonction
de tout ce qui s'appelle radio et télévision dans la province.
C'est pour ça que... C'est sûr qu'on est persuadé que
Radio-Québec a un mandat très précis et qu'il va le
suivre, mais on parle aussi pour les autres radios et les autres
télévisions et, à ce moment-là, la façon
dont c'est formulé, peut prêter à confusion.
M. O'Neill: D'accord. Mais, à partir de l'idée que
l'expression "culture québécoise" inclut tous les champs
d'expression culturelle qui se font à l'intérieur de ce pays
d'ici, à ce moment-là, si on envisage les choses de cette
façon, vous seriez moins inquiète, par exemple, devant la
proposition.
Mme Blais: Ah oui.
M. O'Neill: D'accord. Mais, de toute façon, je retiens
votre remarque là-dessus, pour être bien certain que l'expression
"culture québécoise" n'exclut, d'aucune façon, dans sa
formulation ici, l'apport de ces cultures minoritaires.
Mme Blais: Oui, il faudrait le spécifier.
M. O'Neill: Un instant! Au sujet de... Vous avez dit "le danger
de confier à des comités régionaux toute autre fonction
qu'il jugerait bon de leur confier". Là, évidemment, on est
devant le problème du bon jugement de la direction de
Radio-Québec. Il reste qu'on peut voir le sens suivant la proposition:
C'est qu'à mesure que les comités seront bien implantés,
assumeront les tâches qui leur seront confiées, il faut
prévoir aussi qu'on puisse élargir l'éventail de ces
tâches, c'est-à-dire une sorte de progression dans la
responsabilité régionale. L'idée n'était
sûrement pas de les écraser avec toutes sortes de tâches
diverses qui les empêcheraient de s'occuper de ce dont ils doivent
s'occuper, mais l'idée, c'est simplement qu'à un moment
donné, à mesure que l'expérience s'avérera un
succès, il sera possible, à ce moment-là, au conseil
d'administration de déléguer des choses et d'en arriver à
une étape où ces comités régionaux seront aptes
à assumer beaucoup de tâches nouvelles qui leur conviennent, qui
sont conformes à leur mandat, mais ce n'était évidemment
pas dans notre esprit de les noyer dans un certain nombre de tâches
onéreuses quotidiennes qui les empêcheraient de faire leur travail
principal.
Mme Blais: Je pense que dans mon commentaire aussi, j'ai surtout
insisté... Je parlais au niveau de la production et je pense que si
c'est comme ça que tout le monde l'interprète, il n'y aura pas de
problème à ce qu'on ajoute "que les tâches du comité
soient en priorité consacrées au développement
régional." Si tout le monde l'entend comme ça, il n'y aura pas de
problèmes à l'ajouter et ce sera plus clair.
M. O'Neill: Leur crainte, j'imagine, c'est qu'on leur confie un
tas de tâches que j'oserais appeler de cuisine, en un sens,
c'est-à-dire qui les empêcheraient...
Mme Blais: Oui, c'est ça.
M. O'Neill: ... de jouer le rôle pour lequel ils ont
été créés.
Une dernière remarque. Je reviendrai peut-être plus tard,
parce que je ne voudrais pas en priver d'autres de leur temps
d'intervention.
Vous nous proposez que, dans la composition des comités
régionaux, on exclue les représentants des milieux
d'enseignement. Je vous avoue que cela avait été inscrit
là pour manifester toutes nos bonnes intentions, nos bons sentiments
à l'égard du ministère de l'Éducation et des
milieux de l'enseignement. Je ne sais pas ce que notre collègue, le
député de L'Acadie va en penser. Vous nous dites qu'en fait,
ça correspond mieux à l'esprit de la loi. "Pour que le
comité régional soit vraiment représentatif de sa
population, selon l'esprit de la loi, nous avons tenu à en
préciser la composition, afin qu'elle corresponde aux
réalités régionales." (20 h 45)
Ce que nous n'aurions pas accepté, cela aurait été
des gens représentant le milieu de l'enseignement et nommés par
le ministre. Cela aurait été de pousser vraiment un peu loin le
paternalisme. Mais que les milieux de l'enseignement des régions soient
représentés, quand on sait l'importance de ces institutions en
région, je vous avoue que cela nous est apparu comme une chose assez
logique. Vous nous proposez, en somme, de les éliminer. Ils ne seraient
pas nécessairement éliminés, parce qu'ils pourraient
entrer dans les groupes socio-culturels. Et vous nous proposez des groupements
populaires.
Je vous pose successivement les questions suivantes: 1 - Pourquoi votre
proposition est-elle plus conforme à l'esprit de la loi, ce qui est
possible? 2 - Pourquoi éliminer les milieux de l'enseignement? 3 - Qui
seraient ces gens des groupements populaires?
Je vous laisse avec ces trois questions.
Mme Blais: Encore au niveau des expériences
régionales, ces quatre personnes représentant les organismes
socio-économiques, deux personnes des institutions de l'enseignement et
une personne des employés, pour nous, ce n'était vraiment pas
représentatif. On voulait aussi avoir des spécifications.
Nous sommes d'accord qu'au niveau d'organismes socio-économiques
et culturels de la région, il pourrait y avoir, avec pas mal de chance,
un représentant des groupements populaires. Mais on sait fort bien
l'expérience l'a prouvé que la majorité des
groupements populaires est noyée dans les groupements
socio-économiques, au niveau des régions. On voulait leur assurer
une représentativité.
Le moyen qu'on a trouvé, on avait sept membres. Il fallait jouer
avec cela. On a eu envie d'en mettre neuf. On a dit: On va rester avec sept
membres. On va faire la répartition autrement. Deux personnes sur les
organismes socio-économiques, on pense que cela va être vraiment
représentatif pour ces groupes. Deux personnes sur la recommandation des
organismes socio-culturels, on peut retrouver les maisons d'enseignement
là-dedans, il n'y a vraiment pas de problème. Et on ouvre la
porte à nos groupements populaires. Les groupements populaires, cela
peut être les comités de citoyens, cela peut être les
télévisions communautaires ou les radios communautaires, enfin,
tout ce qui touche au niveau vraiment populaire et qui n'est pas reconnu, comme
les chambres de commerce, les CRD, les conseils régionaux de la culture,
les jeunes chambres de commerce, tout ce qui a un beau nom, qui porte le nom
d'incorporé au bout, qui va être vraiment représentatif de
la population. Et Radio-Québec, de la façon que nous le concevons
en région, s'adresse aussi à ces gens-là, et surtout
à ces gens-là. Ce sont eux qui en ont besoin de
Radio-Québec, dans un premier temps. Nous autres aussi, mais eux autres
en premier. Il faudrait quand même leur laisser la chance de venir nous
dire ce qu'ils veulent, à Radio-Québec, comment ils le veulent
Radio-Québec, quelle sorte d'émissions ils veulent, pour eux.
Cet après-midi, on discutait: Quelles sont vos priorités
dans les régions? Si on ne leur laisse jamais la chance de les exprimer,
leurs priorités, on ne le saura pas. On ne sera jamais une région
qui va présenter une réalité régionale. C'est pour
cela qu'on demande des changements sur la formation des comités, qu'on
demande des spécifications. On veut laisser une porte ouverte aux
groupements populaires.
M. O'Neill: Mais permettez-moi de vous signaler que l'expression
"groupement populaire" est assez difficile à cerner. Tout à
l'heure, vous nous avez donné deux exemples. Vous nous avez donné
l'exemple des chambres de commerce. Cela m'apparaît faire partie des
organismes socio-économiques.
Mme Blais: Oui.
M. O'Neill: Vous avez donné l'exemple des conseils
régionaux de la culture qui, à mon avis, peuvent faire partie des
organismes socio-culturels.
Mme Blais: Socio-culturels. Oui, c'est pour cela...
M. O'Neill: Vous reconnaissez que l'expression pourtant
populaire, tout en rejoignant une réalité, est un peu plus
difficile à cerner.
Mme Blais: Dans l'original, ce sont quatre personnes des
organismes socio-économiques et culturels. À ce moment-là,
c'est là qu'on retrouve les chambres de commerce, les CRD, les conseils
de la culture et qu'on ne rejoint pas les groupements populaires.
M. O'Neill: Ah! Vous ne les incluez pas dans les groupements
populaires?
Mme Blais: Non, non, non, non.
M. O'Neill: J'ai cru comprendre que vous mettiez les chambres de
commerce dans les groupements populaires.
Mme Blais: Non, pas du tout.
M. O'Neill: Ce ne sont pas des groupes populaires. Ce seraient
surtout des groupes comme les associations de consommateurs, supposons, vous
m'avez parlé de télévision communautaire, de
coopératives...
Mme Blais: Les coopératives, oui, pour leur laisser la
chance aussi, parce que ce sont des organismes...
M. O'Neill: ... les comités de citoyens. En somme, vous
seriez bien plus à l'aise si on mettait
neuf membres au lieu de sept. Et là, vous accepteriez deux
représentants des milieux d'enseignement.
Mme Blais: Ah! oui.
M. O'Neill: J'ai terminé pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Mme "la" député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier d'une façon particulière le Comité
régional de l'Abitibi-Témiscamingue pour la qualité de son
mémoire. Je pense que c'est le premier mémoire où on fait
vraiment une étude des deux projets de loi article par article et
où on apporte des suggestions que le gouvernement acceptera ou
n'acceptera pas mais qui, je pense, méritent réflexion,
méritent qu'on s'y arrête.
Comme on nous avait dit qu'on avait demandé à tous les
comités régionaux de présenter un mémoire commun,
j'étais un petit peu surprise de voir que vous aviez
décidé ou choisi de présenter votre propre rapport.
À tout événement, j'en suis fort aise parce que je pense
que cela nous donne l'occasion d'avoir un mémoire qui, comme je le
disais, fait des suggestions et a vraiment examiné sérieusement
le projet de loi. Je comprends que le groupe qui vous a
précédé était tellement emballé qu'il voyait
seulement de belles choses dans le projet de loi, mais il reste qu'il n'y a pas
de projet de loi, à ma connaissance, qui ne mérite pas quelques
améliorations et, dans le cas des deux qui sont devant nous,
peut-être plusieurs améliorations.
Je regrette avec vous aussi que vous ayez eu aussi peu de temps pour
vous préparer et, encore une fois, devant des projets de loi aussi
importants que ceux-là, qu'on ait convoqué une commission
parlementaire qui soit limitée quant au nombre de gens qui peuvent s'y
présenter, qui ne soit pas ouverte à l'ensemble de la population.
J'aurais presque vraiment cru que ceci avait été fait à
dessein, si je m'en rapporte au premier mémoire en particulier, en me
demandant si le gouvernement convoque seulement les gens qui sont d'accord avec
lui. Je me sens tout à fait rassurée parce que je vois qu'il y en
a d'autres qui semblent, d'une façon très constructive
d'ailleurs, prendre leur distance face au gouvernement vis-à-vis de ces
projets de loi.
Plus concrètement, votre recommandation concernant l'article 2
est très explicite et je voudrais savoir si je vous interprète
mal en croyant que, d'une certaine façon, vous voulez restreindre le
sens très large donné aux termes "programmation
éducative". Pourriez-vous expliquer un petit peu plus votre
pensée là-dessus? Est-ce que vous trouvez, par exemple, que les
trois paragraphes sur la programmation éducative devraient être
restreints, sont peut-être trop ouverts? Enfin, si vous pouviez
expliciter davantage vos intentions ou vos objectifs.
Mme Blais: On les trouvait très ouverts mais, en
même temps, c'était une définition qui nous convenait assez
bien. Là où on a voulu limiter, je l'ai expliqué
tantôt, c'est au niveau des entreprises privées. On veut qu'au
niveau de la réglementation on soit plus restrictif, face à la
programmation, quant aux quantités parce que la programmation
éducative, pour nous, représente beaucoup de choses. Il y a
cependant des choses que cela ne représente pas, comme au niveau des
échanges culturels; on est bien persuadé qu'une émission
de "western" venant de Mont-Laurier à Val-d'Or, pour nous ce n'est
vraiment pas un échange culturel. Pour d'autres, cela peut l'être.
Mais si on ne met pas de réglementation sévère, justement,
on va être obligé de dire: Oui, c'est culturel. C'est la
même chose au niveau de la programmation éducative. On demande une
réglementation plus sévère pour éviter les abus et
pour éviter qu'on joue avec la définition du mot
"éducative"; par contre, on est d'accord avec la définition du
mot "éducative", il faut quand même se laisser des portes
ouvertes, cela peut englober beaucoup de choses. C'est au niveau de la
réglementation qu'on demande que cela soit plus
sévère.
Mme Lavoie-Roux: Dans nos échanges avec le ministre, je
vous ai entendu dire ou du moins, j'ai cru entendre dire que vous seriez
satisfaite que ce pourcentage de réglementation ou cette exigence d'un
certain pourcentage touchant le domaine éducatif soit contenue dans les
règlements. Ne croyez-vous pas que ce serait préférable
que ce soit précisé dans la loi elle-même?
Mme Blais: Non. Je pense qu'au niveau de la
réglementation, ce serait très bien.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait très bien? Mme Blais:
Oui.
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'une réglementation, cela se
modifie beaucoup plus facilement qu'une loi.
Mme Blais: Oui, mais les projets de loi aussi, du toute
façon. Cela fait que...
Mme Lavoie-Roux: Un projet de loi moins facilement. C'est plus
long.
J'ai noté votre excellente suggestion concernant l'article 3b. En
tout cas le ministre en a parlé il y a certainement lieu
de l'examiner parce que même si et je veux attirer votre attention
là-dessus on parle de communautés ethniques dans le
même paragraphe, après avoir parlé des communautés
ethniques, on dit: "... en privilégiant d'une façon
générale la culture québécoise." Il me semble y
avoir un peu... En tout cas, on pourrait l'interpréter comme une
certaine contradiction au niveau des bonnes intentions. On dit oui et, ensuite,
on semble venir le restreindre. Il y aurait probablement lieu de
réexaminer cette formulation pour que, justement, personne ne se
sente exclu. Je pense que le gouvernement se rappellera qu'il a
déjà eu certains déboires quand il a voulu trop insister
sur le "québécois" de ses projets de loi. On ne rappellera pas le
projet de loi no 1 ou le projet de loi no 101.
M. Guay: Êtes-vous en train de dire comme cela a
été dit au congrès du Parti libéral
récemment, au conseil du Parti libéral, que cela n'existait pas,
la culture québécoise?
M. Bertrand: Ils n'ont pas dit cela?
M. Guay: II y a quelqu'un qui a dit cela.
Mme La voie-Roux: Quelqu'un a dit cela?
M. Guay: Quelqu'un a dit cela. J'espère que ce n'est pas
ce que vous êtes en train de dire.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je pense que, quand on l'utilise, il
faut l'utiliser avec toute la prudence que ceci appelle. Comme l'a
signalé le porte-parole du groupe de l'Abitibi, à ce moment-ci,
cela pourrait devenir exclusif de communautés ethniques et je pense que,
dans ce sens, il y a lieu de l'examiner de plus près, M. le
député de...
Une voix: Taschereau.
Mme Lavoie-Roux: ... Taschereau.
M. Guay: C'est une interprétation bien restrictive.
Taschereau, c'est bien cela.
Mme Lavoie-Roux: Concernant l'article 2 de la Loi de
Radio-Québec, vous exigez que tout le monde soit sur le même pied
dans le cas de conflits d'intérêts. Au niveau des intentions, je
suis prête à vous suivre là-dessus, mais ne croyez-vous pas
que ceci pourrait peut-être éliminer certaines personnes qui
pourraient s'avérer utiles à Radio-Québec? Vous avez fait
allusion à certains problèmes que vous avez connus dans votre
région à cet égard. C'est trop difficile d'entrer dans des
exemples précis dans une commission parlementaire dont les propos sont
quand même publics. Est-ce que les cas que vous avez connus sont
suffisamment sérieux pour que, vraiment, on doive insister pour que
cette exigence s'applique à l'égard de tous les membres du
conseil d'administration au plan régional?
Mme Blais: Au plan régional, oui. Oui, je pense que
l'expérience qu'on a connue justifie amplement notre recommandation
parce qu'au niveau d'une région il y a seulement sept membres
siégeant au comité les influences se font très
facilement, le trafic d'influences aussi. Même si la personne en question
n'est pas là au moment où on discute de son entreprise, elle
réussit quand même à faire passer son idée.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 20-1c, vous vous
inquiétez, je pense, quant à la spécification des normes
financières. Pourriez-vous élaborer votre pensée un peu
là-dessus? Quelle est votre inquiétude exactement à
l'article 20-1c?
Mme Blais: 20-1c, c'est le premier paragraphe?
Mme Lavoie-Roux: Touchant les normes budgétaires.
Mme Blais: Ah bon! Dans les négociations avec
Radio-Québec pour les régions, cela a toujours été
une question bien importante que les régions aient leur enveloppe et
administrent leur enveloppe budgétaire. On trouve qu'assurer la gestion
des ressources humaines et matérielles, cela ne spécifie pas
assez. On a besoin de se sentir sécurisé à ce niveau. Nous
sommes des gens très méfiants en Abitibi. (21 heures)
On veut absolument que le terme "financier" soit là. À ce
moment-là, on va se sentir en sécurité, on va savoir que
notre région va avoir ses budgets pour s'occuper de l'administration, de
la production, bien sûr, en concordance avec la grosse boîte qui
est Radio-Québec sur les mêmes principes aussi, mais au moins que
cela se passe en région, que ce soit nous qui nous occupions de
l'administration. On veut en être sûr.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce sens-là, votre opinion semble
différente de celle qui a été exprimée cet
après-midi alors qu'on semblait moins inquiet du fait que les normes
étaient établies par Radio-Québec, central par opposition
à régional.
Mme Blais: C'est parce que, en Abitibi, on doit souffrir d'un
gros manque de sécurité. On a besoin d'en avoir.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, relativement à la composition
des comités régionaux, je pense que je rejoignais votre
préoccupation. Je l'ai soulevée cet après-midi. Je pense
qu'il y a tous les comités de citoyens, qu'il y a tous les organismes
d'éducation populaire qui, si on se réfère à
certains gestes restrictifs, volontairement ou non, sont posés par le
gouvernement à leur endroit... Si je regarde, par exemple, la
façon dont les budgets des OVEP au ministère de
l'Éducation ont été coupés cette année, ils
ont été difficiles à obtenir, et également les
subventions pour les ADDS, l'Association pour la défense des droits
sociaux, etc. Je pense que c'est important qu'on les signale comme groupes,
comme entités, les groupes populaires, parce que je craindrais qu'on les
épargne et que, finalement, on retrouve, comme représentants dans
les comités régionaux, davantage de gens provenant des groupes
socio-économiques auxquels vous avez fait référence ou
encore les groupes, le comité régional de la culture, etc., qui
sont des groupes déjà très officiels; enfin, des groupes
qui sont peut-être...
Mme Blais: Officiels et favorisés.
Mme Lavoie-Roux: Oui, là-dessus, on pourrait
peut-être aussi examiner cela de plus près, mais je pense que vous
avez vraiment une préoccupation pour que la population, la base ait son
mot à dire.
Mme Blais: Oui. Cela nous semble très important si
Radio-Québec veut remplir un vrai mandat régional.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Maintenant, une dernière
réponse qu'il m'intéresserait de savoir puisqu'on a la chance
d'avoir l'Abitibi qui présente un mémoire séparé.
Qu'est-ce qui vous apparaît comme étant les priorités,
à ce moment-ci, en Abitibi, touchant la télévision
éducative? Disons que demain, tout serait en place et que vous pourriez
démarrer. Quelles sont les priorités que vous avez
identifiées au point de vue de la télévision
éducative chez vous?
Mme Blais: L'Abitibi-Témiscamingue a déjà
dix ans d'expérience au niveau de la télévision
régionale avec le groupe Multi-Media. Les priorités pour le
Comité régional d'implantation sont justement de faire une
étude et de faire l'inventaire de ce qui a été fait,
d'établir des structures de participation et, par ces structures de
participation, aller chercher les priorités. En tant que comité
d'implantation, on n'avait ni les budgets, ni le temps, parce qu'on
n'était pas à Radio-Québec à plein temps pour le
faire et pour vous les sortir. Les seules que je pourrais vous donner ce soir
serait les priorités du comité et cela ne serait pas
représentatif. Mais on a pensé, par exemple, à une
façon d'aller les chercher, c'est-à-dire établir des
structures de participation par zones et aller chercher nos priorités
là-bas. C'est aux gens de la région à les
déterminer; ce n'est vraiment pas à nous. C'est là aussi
qu'il arrive qu'on dise: II faut des représentants de partout, des
groupements populaires. Il faut faire cela tous ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je comprends que dans votre groupe se
retrouve le comité régional qui existait l'an dernier et qui est
venu devant cette commission. Vous avez encore un peu les mêmes membres.
Votre comité est loin de s'être disloqué après la
présentation de l'an dernier.
Mme Blais: II en reste deux de l'ancien comité.
Mme Lavoie-Roux: Seulement deux.
Mme Blais: Au moment où il s'est présenté en
commission, il y avait Pauline et moi. Les trois autres sont nouveaux.
Mme Lavoie-Roux: Les trois autres sont nouveaux.
Mme Blais: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'était prévu par élection
ou ont-ils démissionné?
Mme Blais: Les autres ont démissionné. Mme
Lavoie-Roux: Ils ont démissionné. Mme Blais: Cela a
été dur à Radio-Québec. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Mme Blais: Tant qu'on n'avait pas de projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Je suis heureuse aussi de voir que vous semblez
travailler de très près avec la télévision
communautaire. Ce sont des relations que vous semblez vouloir
privilégier et conserver dans les milieux respectifs; est-ce que je me
trompe?
Mme Blais: Non, c'est surtout avec les groupements de radio parce
qu'on n'a pas encore de télévision communautaire.
Mme Lavoie-Roux: Nulle part? Mme Blais: Non.
Mme Lavoie-Roux: C'est de la radio communautaire.
Mme Blais: C'est de la radio communautaire qu'on a chez nous.
C'est certain qu'on veut privilégier cette démarche et c'est
certain qu'on a envie que Radio-Québec soit au service de tous les gens
qui font une démarche constructive et auxquels Radio-Québec
pourrait apporter quelque chose.
Mme Lavoie-Roux: Vous parlez de votre inquiétude de voir
Radio-Québec vous donner des mandats même si vous êtes un
peu marginaux par rapport à l'ensemble de votre action. Est-ce que vous
avez quelque chose de précis en tête qui pourrait vous être
demandé?
Mme Blais: Notre inquiétude est surtout au niveau, comme
on le disait, de la production, que les régions deviennent les
fournisseurs de la production nationale et qu'à ce moment-là on
soit obligé de négliger notre production régionale. Il ne
faudrait pas non plus que le comité régional perde comme
priorité le fait qu'il faut développer Radio-Québec en
région. C'est bien important. Chez nous, les seuls qui écoutent
Radio-Québec sont ceux qui ont le câble; c'est une
minorité, mais cela s'en vient. À l'automne, l'Abitibi va
être couverte par les antennes de Radio-Québec, mais il y a un
gros travail à faire pour dire que cela existe Radio-Québec, que
c'est là, à quoi cela sert et ce que cela fait, par qui
Radio-Québec est fait et comment on peut prendre part à
Radio-Québec. Il faut que cela devienne vraiment pour les gens quelque
chose qui leur appartient et que par consultation on puisse connaître
leurs priorités.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie de votre mémoire. Encore
une fois, je vous félicite.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
L'Acadie excusez de Gaspé. Je me suis trompé de
bout; c'était le début de l'Acadie.
M. Le Moignan: Vous vouliez lui redonner la parole.
Le Président (M. Jolivet): Non, je pensais que le berceau
était l'Acadie.
M. Le Moignan: L'Acadie nous touche de près chez nous
aussi. Je voudrais également féliciter le porte-parole de la
région de l'Abitibi-Témiscamin-gue. Si votre mémoire est
différent je l'avais également noté je crois
que c'est très heureux et que les autres groupes qui vous suivront vont
voir le projet de loi sous un angle tout à fait différent. Je
crois que ceci donne aux membres de la commission un meilleur éclairage.
J'avais une question au sujet de la programmation éducative. Comme elle
vient d'être posée, je vais la laisser de côté. Mme
le député a très bien réussi à
connaître votre point de vue, étant donné que les groupes
précédents avaient également manifesté leur opinion
en ce sens.
Je voudrais me limiter à deux ou trois points. Il y a d'abord
l'article 2a du projet de loi no 4; je ne veux pas relire tout l'article ici,
mais on dit que la programmation éducative doit être conçue
de façon à être présentée, etc....."et dans
des conditions telles que cette acquisition ou cet enrichissement des
connaissances, ou cet élargissement du champ de la perception puisse
être surveillé ou évalué." D'abord,
là-dedans, il y a un jugement qui semble assez vague; il semble y avoir
un manque de précision. Si on revient aux conditions, d'après
vous, quelles sont ces conditions? Qui va déterminer ces conditions?
Quelles sont les conditions prioritaires de tout cela? Est-ce que vous vous
êtes arrêtés sur cette formulation?
Mme Blais: Non, vu le peu de temps dont on a disposé pour
faire l'étude du projet de loi. Les recommandations que nous avons
faites sur ces articles sont toujours en fonction des subventions; on
était d'accord avec la définition de la télévision
éducative, mais on s'est dit: Oui, c'est vrai, la définition est
bonne, il faut trouver un moyen pour limiter et fermer la porte aux abus.
Lorsqu'on a vu que le niveau du champ de la perception peut être
surveillé ou évalué, on a dit; peut et doit être
évalué. On mettait une autre condition aux
câblodistributeurs, aux télédiffuseurs avant de devenir une
télévision éducative. C'est qu'en plus d'avoir le nom, il
y avait aussi quand même des critères à remplir, entre
autres qu'au niveau de sa programmation et au niveau de toute cette paperasse,
il devait, il ne devait pas seulement pouvoir, mais il devait être
surveillé ou évalué.
Maintenant, comme M. le ministre l'a expliqué tantôt, cela
peut représenter des problèmes au niveau du ministère de
l'Éducation. On n'a vraiment pas eu le temps et on n'est vraiment pas
spécialistes dans toutes les questions de projets de loi non plus pour
savoir toute la portée d'un tel projet de loi. On s'est
rencontrés trois fois. On voulait exprimer nos inquiétudes. C'est
ce qu'on fait.
On pense qu'il va être possible de trouver une
réglementation qui va répondre à nos inquiétudes,
qui va nous dire: Non, les gens qui font de la télévision
privée ou les câblodistributeurs ne pourront pas avoir des
subventions comme ils veulent et ils ne pourront pas être
déclarés, la programmation ne pourra pas être
déclarée éducative comme ils vont vouloir. Cela va
être plus sévère que cela. C'est dans ce sens qu'on a fait
notre intervention et on s'est servi de tous les articles parce qu'on voulait
vraiment que personne ne passe à côté.
M. Le Moignan: Je voulais justement vous parler de
critères de surveillance ou d'évaluation. On voit un peu plus
loin à l'article 13 que le ministre des Communications est chargé
de l'application de cette loi. Je pense bien que ceci est tout à fait
normal, mais à ce moment, est-ce que les critères vont être
déterminés par le ministre uniquement, n'y a-t-il pas un danger
là-dedans qu'il y ait trop de pouvoirs, trop de centralisation? Le
ministre pourrait peut-être répondre à cela. Je pose la
question à madame, je ne sais pas si elle a des impressions.
M. O'Neill: Non, en fait, c'est la régie qui elle, va
appliquer la loi concrètement. Vous parlez surtout, d'ailleurs dans le
cas des deux lois, mais surtout la Loi de la programmation éducative. Le
principe général que ce soit le ministre qui veille à
l'application de la loi, cela, je pense que cela va de soi, mais c'est la
régie qui va faire les évaluations, qui va, par exemple, dans le
domaine de la programmation éducative, porter jugement sur la
programmation qui lui est soumise. Je pense que cela est important, parce que
je crois qu'il y a lieu de ne pas confier cela à une instance politique,
mais à une régie.
M. Le Moignan: J'aurais une autre question au sujet du projet de
loi no 5, à l'article 20, je pense, quand vous parlez de la constitution
des organismes régionaux. Dans le projet de loi, on nous dit ceci:
"Quatre personnes sur la recommandation des organismes socio-économiques
et culturels de la région" et vous revenez, évidemment, vous
conservez la même idée, mais vous le subdivisez. Vous dites: Deux
personnes sur la recommandation des organismes socio-économiques et,
deuxièmement, recommandation des organismes socio-culturels. Je me
demande si dans le premier paragraphe de la loi actuelle, si ce n'est pas
sous-entendu, recommandation des organismes socio-économiques et
socio-culturels tel que vous le définissez dans votre proposition.
Est-ce que cela serait un oubli ou est-ce qu'on parle de
socio-économique et ensuite de culturel, puisque le groupe ici a
jugé bon de préciser? On a ça à la page 4...
M. O'Neill: Je crois qu'on aurait avantage à revoir le
paragraphe pour être plus sûr de la
distinction entre socio-économique et culturel ou encore
socio-culturel.
M. Le Moignan: La recommandation. Oui, je pense que c'est
très juste d'apporter une telle précision.
M. O'Neill: Ensuite, elle ajoute une autre représentation
qui s'appelle les groupements populaires.
M. Le Moignan: Je crois que c'est juste de préciser ce
premier point. Si on se fie au texte de la loi comme tel, on peut avoir quatre
représentants d'organismes socio-économiques seulement, ou bien
quatre culturels. Je pense que vous avez voulu prévenir cette chose. (21
h 15)
M. O'Neill: Oui, mais je vous signale, M. le député
de Gaspé, qu'au moment où les recommandations nous sont faites,
c'est à nous, à ce moment, je dirais, d'être attentifs pour
voir si vraiment les deux secteurs sont bien représentés, sauf
que ce serait peut-être plus avantageux de clarifier cela dans le
texte.
M. Le Moignan: Je sais que vous allez être attentif, M. le
ministre. Je n'ai aucun doute.
M. O'Neill: Si on nous arrive avec quatre... Je ne sais pas moi,
le président, le vice-président, le secrétaire et le
trésorier de la chambre de commerce, on va trouver que ça fait
non seulement socio-économique, mais un peu trop centré au
même endroit. Mais vous avez quand même ces genres de
catégories dans la composition des conseils d'administration des
cégeps, par exemple, et, habituellement, ce que je peux en savoir, on
essaie d'assurer cette variation, par exemple, socio-économique, il faut
penser aux syndicats. Ce serait assez malséant qu'à un moment
donné, le milieu syndical ne soit pas représenté.
Peut-être qu'il y aura lieu, dans la formulation, d'être encore un
peu plus précis pour être plus certain que les objectifs de la loi
sont atteints.
M. Le Moignan: Oui, je crois que ce serait très sage et je
pense qu'il faut retenir votre suggestion. Je vous remercie. Je n'ai pas autre
chose, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, s'il n'y a pas d'autres
questions... M. le ministre?
M. O'Neill: Une dernière remarque. D'abord, je crois aussi
que c'est un mémoire extrêmement bien structuré et bien
intéressant.
Je voulais simplement vous signaler, au sujet de votre remarque
concernant ce que vous avez appelé une convocation hâtive, qu'il
ne faudrait pas oublier que ça fait trois ans ou moins, pour ne pas dire
quatre ans, que les gens sont consultés surtout au sujet de
Radio-Québec et il y a des milieux où les gens commencent
à être fatigués d'être consultés. Il ne s'agit
pas d'une unique étape de consultation, mais une toute dernière,
et il y avait en même temps la hâte que le projet de loi soit
adopté, et il y avait le fait, c'est sûr, qu'entre le recours
à ce mécanisme d'invitation de commission, avec gens
invités, et l'autre qui tiendrait compte d'un long délai avant
que les mémoires soient reçus, il y avait quand même une
différence. On est arrivé à cette formule de compromis, et
si on tient compte de tout ce qui a été fait avant, je pense
qu'on doit vraiment dire que la population a été consultée
au sujet de Radio-Québec.
Quant à moi, je regarde toutes les tournées qui ont
été faites. Quand j'ai fait les tournées régionales
en 1976 et en 1977, je n'étais pas le premier à faire des
tournées. Les gens me parlaient des tournées, à ce
moment-là, que M. Barbin avait déjà faites, que M.
L'Allier avait faites, que M. Labonté avait faites. C'était
tournée sur tournée. Là, nous sommes rendus, je pense
bien, à une étape où les gens aimeraient bien que nous
cessions de tourner et que, finalement, nous arrivions à un projet de
loi.
Je suis prêt à réévaluer votre remarque
concernant les conflits d'intérêts. Je vous signale quand
même ceci. Il y a toute une différence entre quelqu'un qui est
à temps plein au service d'une entreprise et quelqu'un qui est là
à un conseil d'administration ou à un comité de
programmation. C'est quand même très différent comme
situation.
Il faudrait aussi retenir le fait que s'il y avait moyen de concilier
cela avec, dans certains cas, ce que je n'appellerais peut-être pas une
rareté, mais, enfin, une étendue un peu modeste des ressources
dans un milieu, il ne faudrait pas non plus se priver parfois de ressources
précieuses, et ce n'est pas parce que quelqu'un appartient à
l'entreprise privée qu'il est nécessairement malsonnant, si vous
voulez. Il peut aussi nous aider.
Moi, je retiens votre remarque sur la composition des comités
régionaux, à savoir qu'au fond, si on modifiait le nombre, ou si
on l'étendait légèrement, on pourrait, à ce
moment-là, à la fois, garder une représentation des
milieux d'enseignement et, d'autre part, faire place à ces groupements
populaires dont vous nous avez parlé.
J'ai relu, à la suite de votre exposé, le texte du
paragraphe b) de l'article 3 et je dois simplement vous dire que je le relirai
encore, mais je ne suis pas encore convaincu qu'il puisse y avoir une
contradiction entre cet accueil, cette ouverture aux cultures des groupes
minoritaires et le fait de privilégier la culture
québécoise. Pour moi, l'un est une composante de l'autre,
puisque, dans notre esprit, une culture québécoise, c'est une
culture qui s'ouvre à toutes les composantes d'une culture de groupes
culturels sur un territoire. Je relirai encore ce texte. Je comprends votre
inquiétude, votre préoccupation. J'ai, jusqu'à ce jour, le
sentiment, quand même, que le paragraphe b), tel que
rédigé, me semble-t-il, répond quand même à
votre préoccupation. Mais nous le regarderons encore attentivement, vous
savez.
Encore une fois, un grand merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Le Syndicat
général des employés de Radio-Québec, avec M.
Richard L'Ecuyer comme porte-parole.
Si vous voulez faire la présentation des gens qui vous
accompagnent.
Syndicat général des employés de
Radio-Québec
M. L'Ecuyer (Richard): Je vais vous présenter ceux qui
m'accompagnent. À ma droite, Marc Aras, responsable du comité de
griefs et membre du comité d'orientation; Philippe Gariépy, notre
représentant au comité des programmes et membre du comité
d'orientation; Manon Forget, responsable de l'information au syndicat, membre
de l'exécutif et membre du comité d'orientation; Pierre
Daigneault, membre du comité d'orientation.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. L'Ecuyer: M. le Président. Depuis plusieurs
années maintenant, le Syndicat général des employés
de Radio-Québec s'intéresse vivement au problème de la
télévision éducative et de ses orientations et ce,
malgré les conflits de travail qui l'ont opposé à son
employeur.
Durant la grève de quatre mois et demi, en 1973, le SGERQ,
conjointement avec un autre syndicat de Radio-Québec, avait
étudié le problème de l'orientation de la
télévision éducative et du développement de
Radio-Québec. Cette étude avait mené à la
publication du document intitulé "Opération 300" qui se voulait
la réponse des employés de l'office au plan triennal de
développement de Radio-Québec, élaboré alors par la
direction de l'office, sans aucune consultation auprès de ses
employés syndiqués.
Plus près de nous, au cours du lock-out de huit mois dont les
membres du SGERQ ont été victimes lock-out qui,
croyons-nous, fut tout de même porteur de changements positifs majeurs
pour Radio-Québec nous avons continué à
démontrer notre intérêt en nous présentant à
la commission parlementaire sur Radio-Québec et en y posant un
diagnostic, croyons-nous, assez juste des problèmes de l'office.
Enfin, en réponse au comité Rocher, le SGERQ a
présenté un mémoire détaillé sur ses
réactions face aux orientations qui y étaient
suggérées pour la télévision éducative de
Radio-Québec.
C'est donc dans un esprit d'intérêt soutenu pour la
question que le SGERQ se présente aujourd'hui devant cette commission
pour livrer ses réactions aux projets de loi nos 4 et 5.
Les positions du SGERQ face à l'orientation de la
télévision éducative et au développement de
Radio-Québec ont toujours été claires. Elles peuvent
être résumées dans les termes suivants: Une vocation
éducative et culturelle; Démocratisation et
décentralisation des structures de Radio-Québec;
Participation des employés syndiqués et de la population du
Québec à l'élaboration de la programmation
éducative de Radio-Québec; Régionalisation de
Radio-Québec et prise en charge par les régionaux de la
programmation régionale; Accessibilité de
Radio-Québec à l'ampleur du territoire habité.
C'est à la lumière de ces principes et de leurs
corollaires déjà longuement explicités par nous que nous
avons lu les projets de loi à l'étude et que nous vous livrons
aujourd'hui nos réactions.
Globalement, le SGERQ est très heureux de constater la relation
directe entre les thèmes majeurs de ses revendications face à
l'orientation de Radio-Québec et les thèmes majeurs des projets
de loi nos 4 et 5. Il nous semble, à première vue, se
dégager une volonté d'apporter des solutions importantes aux
principaux problèmes qu'a vécus la télévision
éducative du Québec durant ses dix dernières années
d'existence.
Évidemment, et c'est une caractéristique probablement
inévitable de tout projet de loi, certains points demeurent ou certaines
parties demeurent vagues et confuses et, même, vont en contradiction avec
les objectifs déclarés de la loi. Nous nous permettons donc
d'apporter des remarques qui, nous l'espérons, permettront de clarifier
et d'améliorer les projets de loi présentement à
l'étude.
Le projet de loi no 4. Loi sur la programmation éducative.
Section I, article 2: Nous trouvons intéressante la
définition d'une programmation éducative, particulièrement
au niveau de la place qu'on fait à l'évaluation de l'impact de
cette programmation.
Notons toutefois l'imprécision de l'expression "permettre aux
auditoires auxquels elle est destinée." Cette imprécision,
croyons-nous, laisse porte ouverte à une conception de la
télévision uniquement orientée vers la culture de masse
qui est en contradiction avec une réelle démarche
éducative. Nous l'avons déjà dit, une
télévision éducative doit procéder à une
segmentation de l'auditoire en faisant l'identification des besoins de segments
précis de la population et en concevant et produisant des
émissions de télévision qui s'adressent prioritairement
à ces segments de la population.
Nous insistons énormément sur ce point, car la direction
de Radio-Québec est toujours demeurée et demeure
réfractaire à cette orientation pour favoriser une orientation de
télévision culturelle de masse qui ne colle en rien à une
démarche éducative. À ce niveau, nous
référons la présente commission aux plans de programmation
des années passées et, principalement, à celui des deux
prochaines années récemment publié par la direction des
programmes à Radio-Québec, dans lequel on constate un
renforcement aux niveaux culture et affaires publiques.
Nous ne sommes pas opposés à la télévision
culturelle de masse, loin de là. Nous croyons simplement qu'un juste
partage des deux orientations fait partie intégrale de la vocation de
Radio-
Québec; d'ailleurs, cette vision de la télévision
existe dans plusieurs réseaux éducatifs à travers le
monde.
Enfin, la définition présentée au paragraphe 2 ne
fait pas mention de l'expérimentation, concept selon nous directement
relié à la télévision éducative.
Section II, article 3: En concordance avec ce qui précède,
nous suggérons que l'expression "répondant à des besoins
spécifiques de la population" fasse place à l'expression
"répondant à des besoins spécifiques de la population
et/ou des segments spécifiques de la population".
Section III: Le SGERQ est extrêmement réticent aux pouvoirs
de la Régie des services publics face à Radio-Québec. Nous
vous livrons en vrac ces réticences: le fait pour Radio-Québec
d'avoir à se présenter annuellement devant la régie
crée selon nous une municipalité des contrôles qui risque
d'encarcanner les opérations de Radio-Québec; il serait
déplorable que le développement harmonieux de Radio-Québec
soit remis en cause par des querelles politiques de juridictions on fait
référence ici au CRTC; il n'est pas clair si Radio-Québec
doit faire approuver annuellement sa programmation à venir. Si tel est
le cas, la liberté de presse et l'autonomie de Radio-Québec nous
semblent gravement menacées. Depuis toujours, l'autonomie de l'office
face au contenu de ses émissions nous est apparue comme essentielle
à la qualité et à la survie de notre
télévision éducative. Nous croyons que les contrôles
prévus par ailleurs dans le projet de loi no 5 sont amplement suffisants
pour garantir la qualité de la mission éducative de
Radio-Québec.
Le projet de loi no 5, Loi modifiant la Loi de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec. Section IA, paragraphe 6.
Nous notons avec joie l'effort de démocratisation du conseil
d'administration de la société. Toutefois, les remarques
suivantes nous semblent appropriées. Au sous-paragraphe d), mis à
part les deux représentants du milieu de l'éducation,
l'imprécision quant aux autres membres est totale. Pourquoi pas des
représentants des divers milieux populaires nommés sur la
recommandation de groupements représentatifs de ces milieux.
Au sous-paragraphe e), le terme "employé" de la
société est vague; pourrait-il être un
employé-cadre? De toute façon, le nombre suggéré
nous paraît insuffisant. À Radio-Québec, il existe quatre
groupes précis d'employés: les cadres, les réalisateurs,
les employés syndiqués SERT et les employés
syndiqués du SGERQ. Nous laisserons les employés non
syndiqués parler pour eux, mais nous croyons que la loi devrait
prévoir deux employés syndiqués au sein de conseil
d'administration de Radio-Québec. Pourquoi le président ne
serait-il pas désigné par les membres du conseil d'administration
ou sur la recommandation des membres du conseil d'administration?
Paragraphe 8-4. Le conseil d'administration est, croyons-nous,
l'instance privilégiée pour prévoir un remplaçant
au président-directeur général en cas de vacance ou en cas
d'incapacité d'agir. Nous suggérons donc que la nomination s'ef-
fectue sur la recommandation du conseil d'administration.
Section 1B. Nous constatons avec plaisir l'autonomie relative des
comités régionaux et nous nous en réjouissons. Nous
laissons aux représentants des régions le soin d'apporter les
remarques particulières qu'ils jugeront pertinentes.
Paragraphe 21-1. Nous tenons à répéter ici nos
craintes face à la régie, particulièrement celles
concernant la possibilité de devoir soumettre annuellement sa
programmation future à un organisme de contrôle tel que la
régie. Ce processus ouvre la porte à des ingérences graves
qui vont, selon nous, à l'encontre des principes de liberté
d'expression. De plus, la régie risque de neutraliser l'esprit
démocratique qui émane du conseil d'administration.
En guise de conclusion, nous voudrions souligner que le problème
de l'orientation de Radio-Québec déborde largement le cadre d'une
simple loi. Le législateur élaborera une loi, la plus parfaite
soit-elle, ses efforts seront vains si les instances chargées de la
mettre en application n'adhèrent pas aux principes et aux orientations
fondamentaux liés à cette loi, particulièrement les
dirigeants de la société.
Nous sentons un vent nouveau souffler dans les murs de
Radio-Québec: un nouveau président-directeur
général est nommé. Déjà, plusieurs
problèmes sont disparus, plusieurs autres se sont amenuisés. Il
en reste toutefois plusieurs qui nous portent à nous interroger sur les
orientations profondes de certains dirigeants de la société:
notons principalement la faiblesse chronique de Radio-Québec face aux
orientations sociales et à sa capacité historique
d'établir des relations de travail avec des organismes ou groupements
sociaux extérieurs; la pratique de la production qui connaît
toujours beaucoup de problèmes autant avec les administrateurs qu'avec
certains animateurs vedettes que la direction semble vouloir de plus en plus
faire entrer dans nos murs; la faiblesse des plans de programmation qui
privilégient toujours plus l'orientation culturelle de masse au
détriment d'une véritable démarche éducative;
l'absence des employés syndiqués et de la population au sein des
comités stratégiques et décisionnels de programmation et
de la majorité des autres comités où l'orientation de
Radio-Québec est en cause. (21 h 30)
Néanmoins, nous nous plaisons à retenir surtout la
direction nouvelle que semblent prendre le développement et
l'orientation de Radio-Québec. Espérons que les problèmes
qui subsistent ne sont que l'héritage d'un passé obscur et non
pas une vision du futur.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: Je tiens d'abord à vous remercier de votre
mémoire qui est à la fois très substantiel,
extrêmement intéressant et bien articulé. Je voudrais
d'abord poser une première question sur ce qui est écrit à
la page 4 du mémoire concernant la
Loi sur la programmation éducative. J'aimerais que vous nous
donniez des explications supplémentaires sur cette notion de
segmentation qui serait plus étroitement reliée à une
télévision éducative. De même, j'aimerais avoir des
explications sur ce qui est écrit en haut de la page 5 sur la notion
d'expérimentation, quand vous dites que la définition ne fait pas
mention de l'expérimentation, "concept, selon nous, directement
relié à la télévision éducative".
Pourrais-je avoir un peu plus d'explications sur ces deux points?
M. L'Ecuyer: Oui. Au sujet de la programmation, je vais
céder la parole à Philippe Gariépy, qui est notre
représentant au comité des programmes. Pour l'orientation, je
pense que ce sera Pierre Daigneault qui s'occupera de vous répondre.
M. Gariépy (Philippe): Évidemment, ce qui est au
coeur, c'est la notion de programme éducatif. On en a déjà
parlé tout l'après-midi. On en parlera encore ce soir. Tout ce
qu'on peut dire ici, c'est que dans notre mémoire on est assez clair.
D'un côté, on dit bien à la page 4 que nous ne sommes pas
opposés à la télévision culturelle de masse et que
nous croyons à un juste partage des deux orientations qui font partie
intégrante de la vocation de Radio-Québec. Au fond, nous
insistons en faisant intervenir un concept qui s'appelle la segmentation
cela a l'air d'être un peu du charabia mais on insiste beaucoup
sur la notion de public spécialisé. On croit qu'à l'heure
actuelle Radio-Québec ne met pas l'accent sur ce qu'on appelle, nous, la
segmentation ou sur ce qu'on pourrait appeler le volet éducation
permanente ou le volet proprement éducatif de Radio-Québec.
Cette question de la programmation éducative est une question
assez difficile. Je ne pense pas qu'on pourra régler cette question ce
soir. C'est une question extrêmement complexe. Tout ce qu'on dit, nous,
c'est que, quand on prend la définition de l'UNESCO, c'est une
définition assez générale avec laquelle, je pense, tout le
monde est assez d'accord. Ce qui nous intéresse dans le projet de loi,
ce sont les trois objectifs qu'on fixe à la télévision
éducative, en d'autres mots, les trois parties du projet de loi qui
parlent du domaine culturel, de l'information, qui peuvent même se
traduire dans les affaires publiques, et qui parlent aussi du domaine
éducatif au sens de l'éducation permanente. On est d'accord avec
cela parce que c'est "opérationnalisable".
Dans le fond, on trouve que le projet de loi est assez précis sur
le plan des trois grands objectifs qui peuvent se traduire dans des cadres
très précis à Radio-Québec. On trouve cela
intéressant, mais on insiste sur le volet public précis, public
cible en relation avec l'éducation permanente parce qu'on croit qu'on ne
renforce pas ce côté-là. Ce côté-là est
problématique. Quand on parle de segments précis ou de publics
cibles précis, c'est assez difficile de définir quels sont les
publics qui auraient besoin de la télévision et qui auraient
besoin d'entrer dans un concept d'éducation permanente. Quand on parle
de segments précis de publics, on pourrait en déterminer deux ou
trois. Par exemple, on ne parle jamais du public des jeunes travailleurs. On ne
parle jamais des jeunes travailleurs du Québec, de leurs besoins et de
ce que pourrait faire la télévision éducative de ce
côté-là. Quand on lit, par exemple, ce qui se passe en
éducation permanente, quand on lit ce qui se passe du côté
du Conseil supérieur de l'éducation qui a identifié au
moins deux ou trois publics cibles on pense, par exemple, aux femmes,
aux jeunes travailleurs.
À Radio-Québec, on n'en parle jamais. Nous, quand on parle
de segmentation, c'est à cela qu'on fait référence:
à un public-cible comme les femmes ou à un public-cible comme les
jeunes travailleurs, de même qu'à un public-cible qui pourrait
être suggéré par une étude qui a été
faite récemment au niveau de l'éducation des adultes et qui porte
sur l'analphabétisme au Québec. On ne parle jamais de cela. Quand
on insiste sur la segmentation, on insiste vraiment en référence
à ce concept de public-cible.
Un autre point sur lequel on pourrait peut-être insister, c'est
qu'on n'a peut-être pas fini de se chicaner sur le concept de
télévision éducative. Au fond, d'un côté, on
se réfère à la télévision et la
télévision n'est peut-être pas essentiellement et
prioritairement éducative au sens strict du mot. C'est d'abord un organe
d'information. C'est une question difficile qui se profile en plus sur une
toile de fond au Québec, où tout ce qui s'appelle
éducation permanente, télévision éducative avec
Multi-Media, est là, a été réalisé. Au fond,
c'est une toile de fond qui reste quand même un peu problématique.
Ce qui fait que, quand on parle de ce concept de télévision
éducative, c'est compliqué et je ne pense pas que ce soit
à la commission... Autrement dit, c'est une question qui est à
fouiller encore. Mais je pense que, si je résume notre pensée
là-dessus, c'est que, d'un côté, on dit: Le projet de loi
est opérationnalisable; il est très précis. Par contre, on
met l'accent sur la segmentation ou sur les publics-cibles en sachant que
je pense aussi que la direction de Radio-Québec est assez
consciente tout ce qui s'appelle éducation permanente et
télévision ou éducation populaire et
télévision, actuellement, n'est pas assez
développé.
Quant à l'expérimentation, je vais laisser mon
collègue Daigneault répondre à cela.
M. Daigneault (Pierre): En ce qui concerne le concept
d'expérimentation, en fait, il aurait peut-être été
plus juste de parler d'innovation et d'expérimentation. Depuis plusieurs
années déjà, notre syndicat prétend qu'une
télévision ou un medium, qui a une vocation éducative,
demeure un terrain particulièrement privilégié à la
recherche de nouvelles formes ou de nouvelles formules en
télévision et de vérification d'impact de ces nouvelles
formules ou de nouvelles utilisations du medium face à une
démarche éducative auprès de groupes précis
à l'intérieur de la population. Dans ce sens-là, il nous
semble que la télévision éducative devrait avoir, de par
sa définition même, le
concept d'innovation et d'expérimentation à
l'intérieur même de la définition pour permettre justement
l'avancement de la démarche éducative dans son ensemble. Il nous
semble que c'est actuellement absent de la définition formelle, telle
que proposée dans la loi, et même de la démarche pratique,
telle qu'elle est pratiquée à Radio-Québec. On a toujours
revendiqué que cette expérimentation et que l'innovation, la
recherche de nouvelles formules ou de nouvelles démarches avec
évaluation... C'est dans ce sens-là qu'on disait, non pas dans
les termes de la partie scolaire de la programmation de Radio-Québec,
mais bien dans le sens de la télévision qui s'adresse à la
population où on était content et où on disait que la
démarche devait être évaluée. On était
content de cette présence de la démarche de l'évaluation
où on croit que l'innovation, l'expérimentation et
l'évaluation de ces expériences demeuraient des concepts qui,
selon nous, sont extrêmement liés à la
télévision éducative. On constate qu'ils sont absents et
c'est dans ce sens-là qu'on aimerait qu'ils soient inclus à
l'intérieur de la loi.
M. O'Neill: Écoutez! Je retiens ces deux remarques. Je
formule simplement la question suivante à savoir que, si cela doit
être dans la loi ou doit être compris comme faisant partie du
mandat de ceux qui, à Radio-Québec, ont à appliquer la
loi, en somme, si vous voulez, quelque chose qui est à
l'intérieur même de leurs tâches... Je sais que la limite ou
la frontière entre ce qui est dans un texte de loi et ce que les gens
doivent faire après cela, dans la pratique, n'est peut-être pas
toujours facile à délimiter. Mais remarquez que j'aimerais bien
savoir ce qu'on pense dans le moment à Radio-Québec sur ces deux
propositions. Mais il me semble qu'un mandat donné par une loi ne doit
pas non plus trop aller dans les détails, surtout que vous avez quand
même une évolution là-dessus. Vous parlez, par exemple, de
groupes; vous dites, en principe, qu'il faut se préoccuper de certains
groupes particuliers qui ne sont pas représentés. Vous
mentionniez tout à l'heure le groupe des travailleurs. Je me dis
qu'à Radio-Québec, logiquement, les gens doivent penser à
cela. Généralement, quand on les choisit, on les choisit parce
qu'ils sont censés être capables de penser à beaucoup de
choses.
J'ajoute cela comme première réaction, l'interrogation qui
m'est présente à l'esprit à savoir si on doit
dépasser dans une loi les énoncés généraux
que l'on trouve ici dans le projet de loi no 4, article 3a, b) et c) ou si on
doit aller plus dans le détail que cela, surtout que ce que vous avez
dans l'article 3 du projet de loi no 4 ne vise pas seulement
Radio-Québec, il ne faudrait pas l'oublier; cela peut rejoindre d'autres
diffuseurs aussi. Je trouve votre préoccupation fondée,
très légitime, mais la question que je vous pose c'est si cela
doit vraiment faire partie de la composante même, de la structure
même d'une loi comme telle ou si cela ne fait pas partie de ce qu'on peut
appeler le mandat que, normalement, la lumière de la loi doit mettre en
application, ceux à qui on confie la responsabilité de
réaliser la télévision éducative au sein d'une
entreprise, d'une institution comme celle de Radio-Québec.
J'ai une autre question sur ce que vous dites aussi à la page 5,
concernant votre inquiétude au sujet de la Régie des services
publics face à Radio-Québec. En vous entendant, je me suis
posé des questions à savoir si vous aviez les mêmes
inquiétudes vis-à-vis du CRTC qui, quand même, pose des
questions au moment où les diffuseurs, télédiffuseurs ou
radio-diffuseurs comparaissent devant le CRTC. On admet qu'il existe au plan
fédéral un organisme qui, tout à coup, s'interroge sur le
fonctionnement, le contenu des organismes de radio-télévision;
est-ce que cela pose des problèmes différents à partir du
moment où cet organisme de réglementation, quasi judiciaire
d'ailleurs ici, est québécois? Est-ce que c'est la
présence même d'un organisme comme celui-là qui pose des
problèmes, parce que j'imagine que vous avez les mêmes
interrogations à l'égard du CRTC, ou bien, est-ce que vous avez
des interrogations différentes parce qu'il s'agit ici de la Régie
des services publics?
M. L'Ecuyer: Je ne pense pas que ce soit nécessairement
parce que c'est un organisme québécois. J'aimerais laisser Marc
Aras répondre à votre question parce que c'est lui qui fait
mention principalement des réticences, en ce qui a trait à la
régie. Je pense qu'il a aussi des réticences en ce qui a trait au
CRTC. Je ne crois pas que ce soit parce que c'est un organisme uniquement
québécois, loin de là.
M. Aras: Pour répondre, M. le Président, le
problème du CRTC et de la régie, nous l'avons soulevé
depuis au-delà d'un an lorsque le Comité permanent de
développement culturel a sorti son rapport, dit rapport Rocher. Nous
avions remarqué à l'époque qu'effectivement, il pouvait y
avoir certains problèmes quant à la régie et au CRTC.
Pourquoi le mentionnons-nous? Parce que nous savons qu'actuellement,
Radio-Québec doit demander un permis d'antenne au CRTC et, souvent,
lorsque Radio-Québec est présent devant le CRTC, il a des
recommandations. Si je prends la dernière recommandation du CRTC, il y a
eu deux faits qui ont été soulevés.
Premièrement, le CRTC ne voyait pas la nécessité
d'avoir une commandite de prestige et, deuxièmement, le CRTC se
demandait pourquoi Radio-Québec n'avait pas de programmation
éducative en anglais. Pour cette raison, effectivement, il me semble que
si, par exemple, la régie demandait à Radio-Québec de ne
pas faire de télévision éducative en anglais et que,
d'autre part, le CRTC nous le demandait, nous nous trouverions vraiment pris
dans un dilemme. Ce dilemme pourrait causer de très graves
problèmes au niveau de Radio-Québec, à notre avis. Je sais
que dans un projet de loi, on ne se retrouve pas tout à fait au niveau
du problème. Je pense que le problème est un problème de
fond qui dépasse la loi elle-même, mais il reste qu'à notre
avis, il serait important que
ce problème se clarifie le plus vite possible de telle sorte que
Radio-Québec ne se retrouve pas devant ce dilemme. C'est pour cela que
nous avons insisté, plus d'une fois justement, sur ce problème de
la régie face au CRTC. Je pense que j'ai terminé.
M. Guay: Si vous me permettez, M. le Président, j'aimerais
simplement savoir en vertu de quoi ou de quels pouvoirs le CRTC pourrait
demander ou imposer à Radio-Québec de faire de la programmation
de quelque manière que ce soit, puisqu'il s'agit d'une programmation
éducative qui relève de la compétence des provinces? (21 h
45)
M. Aras: Oui, effectivement, sauf que le CRTC a fait cette
recommandation la dernière fois. C'est ce que nous avons
retrouvé, et justement parce que nous sommes dans une zone grise, nous
aimerions que ce soit clarifié effectivement, qu'une fois pour toutes,
on sache quelles sont les limites de l'un et quelles sont les limites de
l'autre, ou qu'il y en ait un qui disparaisse derrière le tableau et que
l'autre demeure. Mais, à se retrouver comme on l'est actuellement, il
n'en reste pas moins que le CRTC pourrait à un certain moment
empêcher que Radio-Québec diffuse l'année suivante.
Face à ce problème, nous nous demandons comment
Radio-Québec pourrait s'en sortir. C'est pour cela que ce sont vraiment
des questions qu'on se pose. Nous n'avons pas de réponse, mais je pense
que le législateur devrait se les poser assez rapidement avant que des
problèmes de ce genre puissent apparaître.
M. Guay: Si tous les projets de loi qui sont justement devant
l'Assemblée nationale ne viennent pas clarifier toute
ambiguïté et si tant est qu'il y avait ambiguïté, il se
peut que le CRTC se prononce sur des sujets qui ne sont pas de sa
compétence. À ce moment, cela devient simplement l'opinion des
membres du CRTC, mais cela n'a aucune espèce de force.
M. Aras: En fait, c'est le seul espoir que le législateur
québécois peut avoir effectivement face à ces
problèmes, mais il demeure qu'à notre avis, il restera quand
même des cas types qui se présenteront peut-être à un
moment donné. On aimerait savoir si, effectivement, cette loi aura
préséance sur la loi du CRTC face aux
télécommunications au Canada.
M. O'Neill: Évidemment, M. le Président, une
façon de clarifier la zone grise, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait
pas deux organismes de réglementation qui s'occupent de la même
chose. Évidemment, c'est le problème, comme vous le disiez tout
à l'heure, qui dépasse ce projet de loi, un problème
politique plus vaste. C'est un problème que nous réglerons un de
ces jours. Il demeure qu'à ce moment-ci, dans ce cas-ci, lorsqu'il
s'agit de télévision éducative, je pense que le doute
n'est pas très grand. Il s'agit bien de quelque chose qui, tout comme
l'éducation en général dans le régime actuel,
relève de la Confédération, relève des États
provinciaux. Je comprends, d'autre part, votre inquiétude. Vous dites
que vous êtes pris un peu dans cette situation. Oui, nous sommes tous
pris dans cette situation. Il faut vivre avec elle encore un certain temps.
J'aurais une autre question. Vous avez votre proposition qu'il y ait
deux employés plutôt qu'un au conseil d'administration. Remarquez,
nous avions pensé que de passer de zéro à un,
c'était déjà un certain progrès. Vous parlez de un
à deux. Actuellement, enfin, du côté de la direction de
Radio-Québec, on accepte cette idée. C'est un domaine où
on peut y aller progressivement, par étapes, mais, enfin, je note votre
suggestion tout en vous soulignant qu'on peut se demander si on ne doit pas
commencer par, si vous voulez, une étape qui est de passer de
zéro à un, mais je la note ici.
Au sujet de la nomination du président-directeur
général, du fait qu'il soit nommé par le gouvernement, je
pense qu'ici, si je ne m'abuse, il s'agit d'une habitude générale
dans les organismes du genre, et cela pas seulement au Québec, mais
également au fédéral. Personnellement, je ne saisis pas
trop les raisons pour lesquelles il y aurait lieu dans le moment de modifier
cela, à savoir que, devant l'importance de cette société
d'État qui, d'autre part, fonctionne de façon extrêmement
autonome, au moins pour ce qui est de cette nomination d'un
président-directeur général, elle continue d'être
faite de la même façon. Ici, on est dans des opinions...
M. Daigneault: M. le ministre, il s'agit du président du
CA et non pas du président-directeur général.
M. O'Neill: Je croyais qu'il s'agissait du
président-directeur général.
M. Daigneault: Non. C'est le président du conseil
d'administration.
M. O'Neill: Enfin, on est prêt à regarder cette
proposition, mais, dans le moment, j'avoue que c'est nommé... Remarquez
que ce n'est jamais nommé sans un grand nombre de consultations. Par
exemple, ce n'est pas du tout nommé de façon arbitraire comme
cela, mais on regarde autour pour savoir si vraiment la nomination est celle
qui serait attendue des gens immédiatement concernés.
M. Daigneault: Je m'excuse, un instant, si vous me permettez de
revenir sur la première de vos remarques. Premièrement, je dis
que dans le rapport on notait avec joie l'effort de démocratisation du
conseil. Pour revenir à un employé, il n'était pas
nécessairement question de deux plutôt qu'un dans notre
revendication. On notait que le mot employé était vague. On ne
savait pas quel groupe exactement était inclus dans le mot
"employé". On aimerait, si possible, avoir des précisions quant
à l'esprit de la loi à ce niveau.
Deuxièmement, on notait aussi qu'on désirait avoir,
à cause de la nature même des divers groupes d'employés
présents actuellement à Radio-Québec et des
problèmes pratiques d'ailleurs que pourraient poser les modes de
nomination d'un seul employé, on désirait avoir deux
employés syndiqués au conseil d'administration et on
spécifiait aussi qu'on laissait les autres groupes d'employés
revendiquer pour eux-mêmes, ce qui pouvait laisser la porte ouverte
à un ou deux autres représentants également.
M. O'Neill: Dans l'esprit de ceux qui ont fait la première
rédaction du projet de loi, "employé" ne désigne pas
"employé cadre". C'est le mot qui a été retenu par le
comité de législation. Je pourrais faire les vérifications
nécessaires pour bien m'assurer que le mot, tel qu'utilisé,
désigne bien quelqu'un qui n'est pas employé cadre, pour vous
rassurer là-dessus.
Vous savez, cette suggestion vient en fait de vous autres, d'une
certaine façon. Cela vient de l'an dernier, des débats qui ont eu
lieu l'an dernier concernant la composition du conseil d'administration de
Radio-Québec. Mais nous ferons la vérification nécessaire
auprès du comité de législation pour être certains
que le mot tel qu'utilisé ici désigne bien un employé qui
n'est pas un employé cadre.
Le Président (M. Jolivet): Avant de passer la parole
à Mme le député de L'Acadie, j'aimerais d'abord avoir le
consentement pour continuer au moins avec ce groupe jusqu'à la fin des
questions qui seront posées. Si j'ai ce consentement de part et d'autre,
on pourra continuer au moins jusqu'à 22 h 30, maximum à
réviser à ce moment-là, s'il le faut.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis bien prête
à faire une concession jusqu'à 22 h 15, mais j'ai d'autres
obligations qui m'attendent et je trouverais difficile d'aller au-delà
de 22 h 15. Je vais essayer d'être aussi brève que possible dans
mes questions, mais...
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Il restait trois
groupes ce soir. Je suis malheureusement obligé de dire qu'on ne pourra
pas les entendre ce soir: l'Association des réalisateurs de
Radio-Québec; l'Union des artistes, ainsi que, parmi les organismes
convoqués mais dont aucun mémoire n'a été
reçu jusqu'à maintenant, le Regroupement des organismes
communautaires des communications.
Demain soir sont retenus les groupes suivants: l'Association des groupes
ethniques du monde de la radio et de la télévision du
Québec; Father O'Brien et Dennis Murphy, du département des
communications de l'Université Concordia, et Mme Michèle Jean, de
l'éducation des adultes du cégep de Bois-de-Boulogne. Ce sont les
trois organismes à comparaître demain de 20 heures à 22
heures. Nous devrons vérifier, en conséquence, avec le leader de
la Chambre à quel moment on pourra entendre les autres groupes et on les
avisera en conséquence. Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que vous avez dit
que l'Institut canadien pour l'éducation des adultes venait ou ne venait
pas? Il a été invité, n'est-ce pas?
Le Président (M. Jolivet): Oui. Il a été
invité pour aujourd'hui, sauf qu'on n'a pas eu, jusqu'à
maintenant, de représentants dans la salle.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il a envoyé un
mémoire?
Le Président (M. Jolivet): Non, pas pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. le Président, je pense que j'ai la parole?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord remercier les
représentants du Syndicat général des employés de
Radio-Québec d'être venus une fois de plus à la commission
parlementaire des communications discuter des projets de loi touchant
Radio-Québec.
Je voudrais simplement reprendre pas tellement la remarque du ministre
qu'une observation que M. Aras faisait. Il disait que vous aviez eu une
recommandation du CRTC disant que vous devriez avoir une programmation bilingue
ou, enfin, offrir des programmes en anglais.
Est-ce que ceci n'était pas dû au fait, justement, qu'il
n'était pas très clair dans les statuts de Radio-Québec
que c'était une télévision éducative? Le projet de
loi actuel ne doit-il pas régler ce problème, s'il existe?
M. Aras: Nous espérons effectivement que le projet de loi
clarifiera ce problème, mais nous avons quand même je le
répète voulu le soulever pour que le législateur
puisse effectivement clarifier ce problème le plus vite possible, de
telle sorte qu'effectivement, on ne se retrouve pas avec plusieurs personnes
à qui nous devons rendre des comptes.
C'est pour ces raisons, effectivement, qu'il nous semblait important,
depuis un bout de temps et, comme nous n'avons pas eu de réponse
jusqu'à présent à ce sujet, nous avons pensé le
soulever encore cette fois-ci en commission parlementaire de telle sorte qu'on
puisse peut-être avoir une réponse de la part des
législateurs.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, on parle de
télévision éducative dans un sens extrêmement large,
mais je pense que si on peut établir que c'est de la
télévision éducative, le ministre n'aura pas besoin de
faire de souhait ultérieur pour une éventuelle solution
constitutionnelle. Je pense qu'en soi, si vraiment Radio-Québec
fonctionne
comme une télévision éducative, c'est du ressort
provincial. Il n'a pas besoin de...
Mais comme le ministre faisait allusion, selon ses bonnes habitudes,
à ce qui arrivera dans le futur et à ce qui, à mon point
de vue, n'arrivera peut-être pas, je pense qu'il faut quand même
espérer...
M. Guay: Remarquez, Mme le député, si vous le
permettez, qu'on a déjà prétendu l'ancien
gouvernement et le nôtre que nous avions juridiction sur le
câble. Et six juges anglophones de la Cour suprême contre trois
québécois nous ont dit que nous avions tort. Il faut se
méfier un peu des institutions fédérales qui penchent
toujours du même bord.
Mme La voie-Roux: On a déjà vu d'autres choses
aussi.
À tout événement, je suis contente que vous
signaliez, ou que vous fassiez un effort pour dire: Une
télévision éducative, cela doit quand même avoir des
populations cibles. Sans cela, toutes les télévisions
éducatives, ou à peu près toutes... Les populations cibles
que vous avez soulignées sont des populations qui ont été
signalées, à plusieurs reprises, par le Conseil supérieur
de l'éducation. Le ministre de l'Éducation et le ministre des
Communications, à qui j'avais suggéré que
Radio-Québec soit utilisé pour atteindre la population des
analphabètes ou le groupe des analphabètes, se sont dits
réceptifs à cette suggestion, parce que je pense que, pour des
analphabètes, ce serait peut-être plus facile par la
télévision que s'inscrire à des cours réguliers,
enfin pour un certain nombre d'entre eux.
Je pense que les efforts faits dans ce sens-là pour rejoindre les
populations particulières me convaincraient peut-être davantage,
qu'on n'essaie pas de tout noyer, à peu près tout, dans ce qui
est décrit comme programmation éducative, particulièrement
dans le paragraphe c).
Mes questions plus précises. Vous soulevez, en page 2, la
participation des employés syndiqués c'est dans vos
remarques générales et de la population du Québec,
à l'élaboration de la programmation éducative de
Radio-Québec. C'est un problème que vous souleviez l'an dernier,
lorsque vous êtes venus discuter de tous les problèmes touchant
les conflits à Radio-Québec. À la suite du
règlement de ce conflit, est-ce que, de ce côté-là,
il y a amélioration ou quels sont les mécanismes de participation
qu'on a mis à votre disposition? Ou si, somme toute, la situation est
à peu près identique à celle que vous nous
décriviez l'an dernier.
M. L'Ecuyer: Non. Là, il faut dire qu'il y a eu
amélioration. Au retour du travail, quelques mois après le retour
au travail, il y a eu une consultation auprès des employés, sur
le plan de programmation 15-A qui, il faut l'avouer, n'a pas donné des
succès retentissants parce que la majorité des employés,
depuis dix ans ont vu des problèmes, n'ont pas eu l'habitude
d'être consultés et se sont dit, quand ils ont vu apparaître
cela: Cela ne donne rien.
Donc, ils n'ont pas répondu en grand nombre. Aussi, on a
accepté lors du règlement qu'il y ait un représentant du
syndicat au comité des programmes; on en a discuté avec M. Barbin
et, là aussi, il y a des problèmes parce qu'on sent, on a
l'impression que c'est un comité où on reçoit de
l'information; on a eu l'impression que c'est un comité qui avait
été créé, où on avait accepté qu'il y
ait un représentant de notre syndicat uniquement pour qu'on se la ferme.
Là, on a discuté de cela avec M. Barbin et on va en discuter
encore; on nous a promis qu'on en discuterait, pour essayer de rendre ce
comité un peu plus décisionnel, pour qu'il puisse être plus
représentatif. On sent que les personnes qui sont autour de ce
comité sont souvent les mêmes personnes qui décident avant.
Elles prennent les décisions avant et on sent que l'information nous est
transmise après pour, peut-être, qu'on soit content d'avoir un
comité des programmes, mais c'est un problème qui a
été soulevé lors de notre dernière rencontre avec
M. Barbin; je pense qu'il a été très sensible à
cette demande et il nous a promis qu'on en rediscuterait. (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: En fait, ce que vous me dites, le
mécanisme a été mis en place pour vous assurer une
meilleure participation mais pour des raisons, soit du côté des
syndiqués, soit du côté de la direction
générale, cela ne fonctionne pas aussi bien que cela devrait
fonctionner. D'un côté, les syndiqués ne sont
peut-être pas habitués, de l'autre côté, vous
n'êtes pas sûrs de la motivation profonde des gens. Je pense que
c'est cela.
M. L'Ecuyer: C'est cela.
Mme La vole-Roux: D'accord. Une autre question que je voulais
vous poser concerne la conclusion. "La faiblesse chronique de
Radio-Québec face aux orientations sociales et à sa
capacité historique d'établir des relations de travail avec les
organismes ou groupements sociaux extérieurs". Pourriez-vous
préciser un peu cela, me donner des exemples?
M. L'Ecuyer: Je vais demander à Philippe Gariépy de
donner cette précision.
M. Gariépy: Là-dessus, évidemment, je ne
suis pas à Radio-Québec depuis assez longtemps pour faire un
historique des relations houleuses entre Radio-Québec et des organismes
d'éducation, que ce soit la CECM que vous connaissez bien, ou que ce
soient d'autres organismes. Tout ce que je sais et là,
peut-être que M. Daigneault pourrait aller plus loin avec moi et vous
rapporter des faits tout ce que je constate, moi, c'est qu'au fond,
à Radio-Québec, on est resté assez traumatisé du
genre de relations établies entre la maison et des organismes
extérieurs qui sont des organismes d'éducation, que ce soit
d'éducation populaire ou d'éducation formelle. C'est le constat
que je fais;
on est resté traumatisé avec cela. Cela ne veut pas dire
qu'on ne peut pas repartir. Je n'ai pas de faits à vous apporter d'une
façon très précise, sinon que la dernière entente
qu'on avait eue entre Radio-Québec et la CECM a été
annulée, mais le constat que je fais, c'est qu'on a quand même
été assez traumatisé, ces relations ont quand même
créé un certain problème et, en fin de compte, tout est
à refaire actuellement dans les relations entre l'organisme qui
s'appelle Radio-Québec et le ministère de l'Éducation, la
CECM, ou des organismes d'éducation populaire; l'impression que j'en
garde, comme quelqu'un qui vient quand même d'arriver à
Radio-Québec, c'est qu'il faut refaire, il faut repartir en sachant
quand même que c'est une zone très difficile, les relations
à établir, disons, entre un organisme de télévision
et des milieux d'éducation.
Des expériences sans doute positives ont été faites
dans le passé, mais je pense que ce sont surtout des expériences
négatives qui ont primé, de sorte qu'à l'heure actuelle il
faut reprendre le tout. Je pense que c'est un peu dans cette direction qu'on
s'organise lentement, péniblement, quand on établira
bientôt les relations entre Radio-Québec et le ministère de
l'Éducation, sauf qu'on en reste peut-être trop actuellement dans
des relations entre sous-ministres et directeurs haut gradés à
Radio-Québec. On n'est pas rendu, je pense, beaucoup plus bas à
l'heure actuelle. Peut-être que Pierre pourrait ajouter des choses en
termes de faits passés.
M. Daigneault: Je n'ai pas envie non plus de faire un historique
à ce niveau-là.
Mme Lavoie-Roux: On vous demande des faits précis dans la
vie.
M. Daigneault: Peut-être que le cas le plus
général à ce niveau, c'étaient les collaborations
qu'il y avait entre le SGME et Radio-Québec où, par exemple, on
faisait pour le compte du SGME des productions audio-visuelles qui se devaient
d'être éducatives. Je me souviens que, par exemple, les
pédagogues qui étaient attachés à ces productions
étaient beaucoup plus perçus comme des empêcheurs de
tourner en rond que des aides qui devaient amener Radio-Québec à
déterminer une démarche éducative qui soit plus
précise. Remarquez que cela allait peut-être aussi dans les deux
sens. Les pédagogues avaient peut-être aussi des réticences
face aux producteurs de Radio-Québec, mais je me souviens que les
relations à ce niveau étaient relativement tendues. Je pense
qu'il n'est pas nécessaire de donner une longue série d'exemples.
Il s'agit tout simplement de relever le fait et de s'orienter vers le futur
où il nous apparaît que l'ouverture ou la capacité de
Radio-Québec de travailler avec des organismes ou des groupes
extérieurs à l'éducation nous apparaîtra comme un
indice extrêmement fiable, en tout cas, de la volonté de
Radio-Québec de se lancer dans une démarche réellement
éducative à partir du médium de la
télévision.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je suis d'accord avec vous. Je
pense que c'est une mesure, en tout cas. Vous faisiez allusion tout à
l'heure à des organismes d'éducation populaire. Il y en a
peut-être davantage maintenant, mais à ma connaissance, il y avait
au moins quatre centres d'éducation populaire. Par exemple, il y en
avait un à Pointe-Saint-Charles; il y en avait un dans
Hochelaga-Maisonneuve. Les autres m'échappent. Ces gens-là
ont-ils des contacts avec vous? Établissez-vous des relations avec eux
ou s'il n'y a pas de demande de leur part?
M. Daigneault: Évidemment, c'est une question qui
déborde le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, mais on a questionné tout
à l'heure Radio-Québec sur des questions qui débordaient
le projet de loi et vous venez...
M. Daigneault: Pour répondre franchement, je pense que
c'est le directeur des programmes qui pourrait le mieux répondre
à cette question. Moi, évidemment, je suis représentant au
comité des programmes. C'est clair qu'on n'a pas discuté de cette
question à l'heure actuelle. À l'heure actuelle, il y a des
orientations assez précises touchant le développement de certains
secteurs de Radio-Québec très clairement identifiés, mais
je pense que dans ce qu'on appelle le secteur de l'éducation permanente
ou de l'éducation populaire, on est actuellement au stade de la
recherche. On est au niveau des contacts préliminaires à l'heure
actuelle. Ce serait ma réponse. Très préliminaires.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans un autre paragraphe
de la page 8, vous indiquez qu'il y a certains problèmes, non pas qui
surviennent apparemment, vous les connaissez toujours, c'est votre
expression mais "la pratique de la production qui connaît toujours
des problèmes autant avec les administrateurs qu'avec certains
animateurs-vedettes que la direction semble vouloir de plus en plus faire
entrer dans nos murs." Il y avait eu l'an dernier un problème que j'ai
soulevé si je me souviens bien justement des gens qu'on
prenait à la pige et d'autres qui constituaient un personnel permanent
de Radio-Québec. Quand vous parlez des animateurs-vedettes, est-ce que
c'est du même problème que vous parlez ou si c'est une nouvelle
tendance de Radio-Québec?
M. L'Ecuyer: Disons que c'est un nouveau problème parce
que, à Radio-Québec, on n'avait pas l'habitude de travailler avec
des animateurs-vedettes. Maintenant, on semble vouloir en approcher
quelques-uns. Il a été question de Simon Durivage, de Pierre
Nadeau. Il y a Keith Spicer. En tout cas, on a peur de cela. On a peur que ces
animateurs-vedettes arrivent à Radio-Québec et briment les
équipes de production, qu'on ne donne pas un mandat clair à ces
animateurs-vedettes et qu'on ne définisse pas leur rôle
précisément. Cela aussi est un problème qu'on a
soulevé dernièrement avec la direction de Radio-Québec. On
nous a promis un comité conjoint pour discuter de ces problèmes.
On a demandé que ce soit un comité qui puisse en arriver à
des solutions et non pas un comité d'information seulement. On est
à le mettre sur pied. On devrait avoir des propositions là-dessus
cette semaine, mais on fait mention qu'on avait peur de ces
animateurs-vedettes, peur que ces animateurs arrivent sans mandat
précis, qu'ils aient le droit de faire à peu près ce
qu'ils voulaient avec leur émission et que ce soient les équipes
de production qui en subissent les conséquences.
On a réagi à cela quand on a vu ces gros noms arriver. On
en a fait part et on nous a promis un comité conjoint pour
étudier le problème. Mais il reste qu'on en est là.
Mme Lavoie-Roux: Cela répond à quelle orientation?
Peut-être aurais-je dû poser la question au
président-directeur général de Radio-Québec?
À quelle orientation nouvelle de Radio-Québec cela
répond-il que d'aller vers l'extérieur comme cela pour chercher
des animateurs-vedettes pour utiliser votre expression?
M. Gariépy: Quand on parle de télévision
éducative, il ne faut pas trop mettre l'accent sur l'éducatif. On
se leurre un peu. Il faut d'abord mettre l'accent sur le concept
télévision. Qui dit télévision dit "show", dit
divertissement, dit information avant éducation prise dans un sens
très restreint comme on l'entend dans les milieux d'éducation.
Dans une optique où on sait très bien que Radio-Québec
n'est pas écouté par le monde, dans une optique où on sait
que Radio-Québec n'est pas regardé, il faut faire des efforts
pour aller chercher des noms qui sont populaires, qui vont faire en sorte que
Radio-Québec soit plus écouté, soit plus visionné.
Je pense qu'actuellement, du côté de la direction, on fait cet
effort.
Mais vous savez que le monde de la télévision, c'est un
monde petit; on passe facilement de Radio-Québec à Radio-Canada
ou de Radio-Canada à Radio-Québec. C'est un monde très
petit de sorte qu'en termes d'orientation vous demandez à quelle
orientation cela correspond? Premièrement, le choix d'aller chercher des
animateurs-vedettes, je pense que cela se défend dans une certaine
optique. On comprend que la télévision, c'est d'abord du
divertissement et de l'information. Dans l'optique où on veut renforcer
ce côté, faire en sorte que Radio-Québec soit
écouté et visionné, je pense que cela correspond à
cette orientation que d'aller chercher des gens qui sont connus. C'est la
première orientation. La deuxième orientation correspond, disons,
à la volonté de renforcer ce qu'on appelle à
Radio-Québec un secteur qui s'appelle le secteur des affaires publiques,
qui est aussi un secteur d'éducation auquel on n'est peut-être pas
habitué, ou auquel on est habitué quand on regarde Radio-Canada.
Je pense qu'à Radio-Québec on essaie de développer un
nouveau secteur des affaires publiques qui soit un petit peu différent
de celui de Radio-Canada. Malheureusement, on est obligé d'aller
chercher encore des vedettes à Radio-Canada pour faire en sorte que
Radio-Québec soit écouté. Je ne sais pas si je
réponds à votre question mais je pense que cela correspond
à ces deux orientations: aller chercher la population et,
deuxièmement, tenir compte de l'expérience et de l'expertise de
gens qui connaissent cela pour renforcer un secteur qui est quand même
nouveau à Radio-Québec actuellement et qui s'inscrit dans une
optique d'éducation.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais revenir sur votre conception de la
télévision éducative. Vous venez de dire que la
télévision éducative n'était pas dans le sens
où l'entendent généralement les milieux de
l'éducation; je suis d'accord avec vous. Tout à l'heure, on
parlait de groupes-cibles. Si vous vous adressez aux femmes, si vous vous
adressez aux jeunes travailleurs, si vous vous adressez aux jeunes
décrocheurs, si vous vous adressez aux jeunes chômeurs, vous ne
leur donnerez pas un cours formel de mathématiques à la
télévision, mais vous allez quand même essayer de parler de
problèmes qui les concernent, vous allez essayer de faire un travail
d'orientation ou je ne sais quoi exactement. Mais quand vous arrivez avec des
animateurs comme ceux-là, est-ce qu'il n'y a pas le risque que,
même si la télévision éducative doit être
entendue dans un sens plus large que l'éducation formelle, stricte,
finalement on dilue passablement la vocation éducative d'une
société comme Radio-Québec?
Mme Forget (Manon): Si je peux me permettre, notre principale
préoccupation, c'est cela dans le fond. On n'a rien en principe contre
les animateurs-vedettes, mais notre principal souci se situe à ce
niveau. On a peur qu'on engage des animateurs-vedettes qui vont probablement
hausser notre cote d'écoute, parce que cela a été un des
objectifs de Radio-Québec à la rentrée du dernier conflit,
mais en se souciant moins du mandat éducatif ou alors, en faisant le
mandat éducatif en fonction de l'animateur-vedette, et non pas
l'inverse. Je ne sais pas si je m'explique assez clairement, mais notre
préoccupation se situe là, non pas...
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, ce qui me préoccupe, c'est
que tout à l'heure... Je vais prendre un exemple qui va faire plaisir au
député de Deux-Montagnes; je vais le prendre du
côté, comme il disait tout à l'heure,
fédéraliste. Que Keith Spicer interviewe Gérard Pelletier,
je n'ai rien contre cela. Mais je me demande ce qu'il y a de différent,
pour une télévision éducative, entre Keith Spicer qui
interviewe Gérard Pelletier à Radio-Québec et Keith Spicer
qui interviewe Gérard Pelletier à Radio-Canada. Je me demande si
justement, à ce moment, on ne s'éloigne pas... C'est
intéressant, on peut toujours apprendre quelque chose quand quelqu'un
interviewe un autre, surtout quelqu'un qui occupe un poste qui,
enfin, que ce soit au plan scientifique, au plan international, etc.,
peut avoir plusieurs aspects; c'est intéressant. Mais, est-ce
qu'à ce moment, justement, on fait de la télévision
je dirais, ce que Radio-Québec a comme objectif de la
télévision éducative. Finalement, une
société qui ne se distingue pas tellement, du moins dans ces
programmes, de Radio-Canada qui a probablement certains objectifs
éducatifs, mais dont les objectifs sont beaucoup plus globaux que
Radio-Québec.
M. Daigneault: Je pense que nous sommes d'accord avec ce que vous
venez de dire. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on a fait des
représentations au début du projet de loi 4 en terme de
segmentation de l'histoire où on reconnaissait que ce que vous
déterminez comme ce qui nous apparaît à nous comme la
télévision culturelle de masse, nous apparaît faire partie
du mandat de Radio-Québec, mais si cela devenait uniquement cela, je
pense qu'on ne pourrait plus parler tellement de télévision
éducative. (22 h 15)
L'expression télévision éducative au sens large est
une expression qui nous apparaît très dangereuse. À ce
moment, comme on l'a dit, elle nous semble ouvrir la porte uniquement à
la télévision qu'on pourrait appeler culturelle de masse qui se
rapproche de ce que fait déjà, en tout cas en partie,
Radio-Canada et c'est pour cela que pour nous, l'approche à propos de
groupes, auprès de groupes spécifiques, nous apparaissait
essentielle. Effectivement, c'est à partir des craintes que vous avez
mentionnées qu'on partage, qu'on demande que la loi spécifie que
la vocation éducative s'adresse à des segments spécifiques
de la population, concernant des problèmes spécifiques et non pas
uniquement à la population dans le sens large du terme.
Je pense qu'il serait assez malaisé de revendiquer uniquement
cette orientation pour Radio-Québec qui, comme le disait Philippe
tantôt, est quand même une maison de télévision qui
doit aussi fonctionner, servir dans une bonne partie de sa programmation...
essayer de représenter le patrimoine culturel, etc. Donc, il faut qu'il
y ait des émissions de culture de masse, mais je pense que les deux
doivent cela ne nous apparaît pas contradictoire essayer de
coexister. Par contre, il serait dangereux que ça tourne simplement d'un
côté, comme vous le dites.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que j'interprète mal en disant que
votre recommandation à l'égard des segments de population rejoint
peut-être, d'une certaine façon, la recommandation qui a
été faite par le porte-parole du groupe qui vous a
précédés et qui, en d'autres mots, disait: II faudrait
qu'il y ait un pourcentage de 50% pour qu'une télévision soit
dite éducative ou soit reconnue comme étant éducative?
Est-ce que c'est...
M. Daigneault: À ce moment-là on revient au
problème fondamental de la définition. Il faudrait exclure de la
définition de la télévision éducative tout ce qui
ne serait pas segmentation de l'auditoire et ça m'apparaît
dangereux comme revendication. La position de compromis qui nous apparaît
à nous la plus viable, c'est celle de la coexistence des deux à
l'intérieur même de la définition de la programmation
éducative.
Mme Lavoie-Roux: Mais il faut qu'il y ait un équilibre
raisonnable entre les deux.
Une dernière question parce que ce ne sera plus vrai que
je devais partir à 22 h 15 relativement aux animateurs-vedettes.
Quand ces personnes sont engagées, le sont-elles selon des conditions
analogues quant aux... même si c'est une base d'un an, disons, je ne sais
pas quelle est la durée du mandat ou du contrat, est-ce qu'elles sont
engagées sur le plan du salaire sur des bases qui se comparent, par
exemple, aux vôtres ou aux responsables de programmation,
d'émissions, aux syndiqués?
M. Daigneault: Je pense qu'il faudrait poser la question aux
représentants de Radio-Québec. Je ne crois pas que cette question
s'adresse à nous.
Mme Forget: On n'a pas... ce genre de dossier.
Mme Lavoie-Roux: ... je ne les ai plus devant moi. C'est pour
ça que je m'adresse à vous autres.
En tout cas, je vous remercie, parce que c'est quand même
intéressant d'avoir pu pousser un petit peu plus loin, quoique bien
superficiellement encore, quand même! Cette notion de
télévision éducative nous prendrait beaucoup plus de temps
que cette commission parlementaire. Vous-mêmes, vous êtes en
recherche vis-à-vis de l'éducation permanente, vis-à-vis
de l'éducation des adultes.
Le problème reste assez entier, somme toute. Je pense que
même le ministère de l'Éducation est en recherche
vis-à-vis de ces notions, et même le ministre d'État au
développement culturel. C'est une question extrêmement importante,
quand on pense aux besoins du Québec. La culture de masse, cela va, mais
on a encore tellement de besoins auxquels il faut répondre et auxquels
on répond si mal. La télévision pourrait être un
media important pour pallier certaines situations qui m'apparaissent encore
déplorables pour l'ensemble de la population, enfin, des segments
particuliers, et je pense que c'est important qu'on y réfléchisse
encore longtemps et plus en profondeur. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je vous remercie. Vous êtes tellement
intéressants et convaincus que c'est regrettable de voir les minutes
s'envoler aussi rapidement. Je voudrais aborder avec vous quelques points. Je
suis l'avocat du diable. Je voudrais que vous me donniez raison quant à
vos réticences, j'en prends une en particulier. Vous mention-
nez le fait que Radio-Québec doive se présenter
annuellement devant la régie, et vous trouvez que c'est encarcané
un peu.
Moi, ma réflexion est que Radio-Québec a tout de
même des comptes à rendre à la régie et,
personnellement, je verrais d'un bon oeil Radio-Québec se
présenter. Maintenant, je voudrais que vous me convainquiez du
contraire. C'est tout.
M. L'Ecuyer: Marc Aras va faire cela.
M. Aras: Ce que nous voulions soulever, M. le Président,
c'est non pas que la régie est superflue, loin de là notre
pensée, mais, par les projets de loi 4 et 5, on s'aperçoit qu'au
niveau des intervenants auprès de Radio-Québec, il existe la
régie, une commission parlementaire annuelle sur les budgets, il existe
certains pouvoirs du ministre des Communications et certains pouvoirs indirects
du ministre de l'Éducation. Cet ensemble, plus le CRTC, dont on parlait
plus tôt, cet ensemble de groupes nous fait peur, non pas tellement parce
que, effectivement, il existe des problèmes à l'heure actuelle,
mais il se pourrait, à un moment donné, qu'il y ait des conflits
entre plusieurs groupes.
Disons que c'est en raison de la liberté d'expression ou de la
liberté de presse que nous avons voulu soulever ce problème. Que
la régie existe, oui, nous sommes d'accord mais qu'on multiplie le
problème par quatre et cinq en ayant plusieurs intervenant auprès
de Radio-Québec, il me semble qu'à ce moment-là
Radio-Québec n'aurait pas toute la liberté nécessaire pour
faire son travail.
Nous avons essayé, depuis très longtemps, dans tous nos
mémoires, tous nos rapports auprès des différents
organismes, que ce soit auprès de la direction de Radio-Québec ou
devant la commission parlementaire, de privilégier la participation du
public, la démocratisation de Radio-Québec et il nous semblait
qu'avec ces points, plus peut-être un contrôle minimal du
gouvernement du Québec, on pouvait arriver effectivement à donner
un produit qui soit très acceptable par le plus grand segment de la
population possible. C'est en regard de cela que nous voulons soulever quand
même le danger des différents articles de loi qui pourraient
effectivement nous empêcher de fonctionner pleinement.
On retrouve, par exemple, dans un des articles le fait que le conseil
d'administration sera nommé souvent, si c'est au niveau des
régions, par les comités régionaux, par recommandation des
comités régionaux, que ce soit l'employé à
Radio-Québec et aussi par recommandation de l'ensemble des
employés. Nous pensons qu'avec tous ces mécanismes, on a une
certaine garantie effectivement que Radio-Québec puisse fonctionner
proprement, je pense. En plus de cela, le fait de devoir rendre compte
annuellement, devant la régie, devant la commission parlementaire au
niveau des budgets, et devant l'Assemblée nationale, il semble
qu'effectivement on a tellement de contrôle que je vois difficilement
Radio-Québec pouvoir s'écarter véritablement de son but
qui est de fournir le service à la plus grande partie de la population
possible.
C'est en regard de cela que nous nous posons des questions. Nous n'avons
pas voulu présenter, suggérer effectivement des changements au
niveau du projet de loi mais nous avons voulu simplement soulever ces
problèmes.
M. Le Moignan: Je retiens vos remarques et le ministre
également; c'est lui qui aura le dernier mot. Maintenant, ma
deuxième question qui est très brève, c'est que le but de
tout poste de radio, de télévision, évidemment, c'est de
hausser sa cote d'écoute; c'est tout à fait normal, autrement on
travaille dans le vide. Comment, quand vous avez parlé de
catégories de segmentation, déterminer ces catégories pour
répondre en même temps aux objectifs de Radio-Québec qui
est d'atteindre tout de même une bonne cote d'écoute dans tous les
domaines? Est-ce que vous avez des domaines privilégiés ou bien
un vaste éventail?
M. Daigneault: Je m'excuse, pouvez-vous préciser votre
question, s'il vous plaît?
M. Le Moignan: On dit que la télévision
éducative veut hausser sa cote d'écoute. C'est son but. Si on
fonctionne à 1%, si personne ne vous écoute, ce n'est pas
très intéressant. Vous avez parlé tout à l'heure de
segmentation. On parle de la clientèle cible, que ce soient de jeunes
travailleurs, que ce soient des adultes, que ce soient des chômeurs, vos
objectifs précis dans ce domaine, c'est quoi?
M. Daigneault: Je vais essayer de donner une réponse.
Votre question implique quand même plusieurs choses. On disait
tantôt que l'objectif d'un poste de télévision était
d'augmenter sa cote d'écoute. D'un certain côté, oui, c'est
vrai. Je tiens quand même à préciser que la cote
d'écoute ou la portée actuelle de Radio-Québec n'est pas
mauvaise du tout, qu'elle se compare à ce qui nous apparaît, nous,
au syndicat, comme ses vrais, entre guillemets, "concurrents" ou ses proches,
c'est-à-dire la télévision éducative
d'Amérique du Nord, que ce soit en Ontario ou aux États-Unis.
Évidemment, on espère toujours rejoindre le plus grand nombre de
gens possible et dans une perspective de segmentation, à ce moment
précis, ce qu'on espérait rejoindre... L'objectif,
évidemment, serait de rejoindre ce segment précis pour lequel
l'émission a été faite. Il ne demeure pas moins que
l'ensemble de l'auditoire de la station est constitué de l'ensemble des
gens qui regardent une émission ou qui regardent plus d'une
émission durant une semaine. À ce moment-là, il reste
quand même beaucoup d'émissions qui peuvent être faites pour
l'ensemble de la population et beaucoup d'autres émissions sont faites
pour des segments précis.
L'ensemble de l'auditoire est la somme de tous ces gens-là. Mais
je ne pense pas que dans une perspective de télévision
éducative, le seul
objectif de la télévision soit d'augmenter sa cote
d'écoute. Je pense qu'il faut aussi dire qu'un autre objectif est de
rendre des services à la population. Si, à un moment
donné, un service est identifié à un groupe
supposons les femmes ce qui implique la moitié, grosso modo, de
la population, je ne pense pas que cela handicape, de faire des
émissions pour des segments de la population, la somme des individus
qui, au bout d'une semaine ou au bout d'une période de temps, peuvent
avoir bénéficié des services de la
télévision éducative.
M. Le Moignan: J'ai une dernière question. Tous les
groupes ont eu à se prononcer sur une définition d'une
programmation éducative. L'an dernier, on nous a présenté
un mémoire qui servira un jour à ceux qui feront l'histoire de
Radio-Québec. Je ne veux pas entrer dans les détails de votre
mémoire; quand on le relit après coup, c'est très
intéressant. Mais vous avez tout de même posé une question.
Le titre: "Radio-Québec, une télévision éducative
à réinventer." J'ai posé la même question à
d'autres groupes. Depuis un an, avez-vous constaté certains changements,
certains progrès ou votre attitude est-elle encore la même?
M. Gariépy: C'est une question difficile. C'est une
question difficile. Ce que je veux dire, c'est qu'actuellement
Radio-Québec n'a pas toutes les réponses; vous l'avez vu. C'est
bien beau mettre dans un mémoire qu'une télévision
éducative est à réinventer. Depuis un an, je pense que des
efforts ont été faits. En fin de compte, on a essayé,
à Radio-Québec, de repartir tranquillement et on est reparti
simplement depuis le mois de janvier. Alors, repartir et demander une
évaluation depuis un an, c'est quand même assez court. Je ne pense
pas qu'on puisse juger de la trajectoire de Radio-Québec simplement sur
une période, en fin de compte, de sept mois. Je me demande si cela fait
sept mois qu'on est reparti. Je pense que votre question est une bonne
question, mais essayer d'évaluer, disons, l'impact de
Radio-Québec depuis que c'est reparti, je pense que c'est trop
tôt. Il va falloir juger Radio-Québec sur une période de
trois ans.
À ce jour, je pense qu'on a essayé, dans le domaine
culturel, du côté du secteur culturel, d'offrir aux
Québécois des choses qui soient au moins intéressantes. Je
pense que du côté du secteur des affaires publiques, il y a eu des
choses intéressantes aussi de proposées. Ce n'est vraiment pas
parfait et je pense qu'actuellement on est en train de tout réviser ce
domaine-là, en particulier le côté des affaires publiques.
Du côté de l'éducation permanente et de l'éducation
populaire, il y a quelques petites choses de faites, mais cela ne va pas
très loin. C'est seulement sur une période de sept mois.
On sait qu'un organisme de télévision, c'est gros, c'est
lourd, cela coûte cher. J'ai l'impression qu'on sera mieux à
même de juger, disons, de l'impact éducatif de Radio-Québec
sur une période de trois ans. C'est tout ce que je peux répondre
à la question. Je ne sais pas si mes collègues ont d'autre chose
à ajouter, mais je ne peux pas aller beaucoup plus loin, à moins
que vous ayez des sous-questions. (22 h 30)
M. Le Moignan: Alors, mon souhait le plus ardent, c'est que, dans
trois ans, votre groupe et moi-même soyons présents et je vous
reposerai la même question. Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Vu l'heure, M. le Président, je serai
bref. C'est que je ne voulais pas rater l'occasion de faire un échange
de bons procédés avec Mme le député de L'Acadie qui
a repris, tout à l'heure, une question que j'avais soulevée cet
après-midi. Alors, je voudrais maintenant soulever de nouveau une
question qu'elle-même a soulevée. Il s'agit de la
répartition des effectifs permanents par catégories et selon le
sexe.
Le document qu'on nous a remis aujourd'hui montre que la
représentation féminine dans le personnel de Radio-Québec
est de l'ordre de 30%, ce qui est très peu si l'on tient compte du fait
que les femmes sont surreprésentées dans les catégories
d'employés de bureau, ce qui veut dire que chez les cadres et plusieurs
autres catégories, les femmes sont sous-représentées. Je
sais, évidemment, que cette question relève au premier chef de la
direction de Radio-Québec; je sais par ailleurs que Radio-Québec
n'est pas le seul organisme dans ce cas, mais c'est, je pense, une aspiration
assez répandue que de faire en sorte que les femmes puissent
améliorer leur condition, parvenir à des postes plus
intéressants et ne soient plus cantonnées dans des postes
subalternes. Comme par ailleurs, les syndicats, comme organismes
démocratiques, ont souvent tendance à épouser les bonnes
causes je le dis sans ironie je me demande si votre syndicat
s'intéresse à cette question, s'il a pris position
là-dessus. S'il a pris position, qu'est-ce qu'il a fait pour faire
valoir sa position et s'il n'a pas pris position, est-ce qu'il envisage de le
faire, l'objectif étant d'assurer une meilleure représentation
des femmes aux divers paliers de responsabilité dans les diverses
catégories d'emplois à Radio-Québec?
M. L'Écuyer: Je ne pense pas qu'on ait encore pris une
position ferme là-dessus. Tout ce qu'on peut faire, c'est le demander.
Ce n'est pas nous qui disposons de tout cela. Ce qu'on peut dire, c'est que
dans le moment on est en train d'étudier, aux ressources humaines, les
lignes de promotion, les modes de perfectionnement, les reclassifications de
postes, etc. Peut-être que lorsque cette étude sera
complétée, c'est-à-dire d'ici à janvier 1980, on
s'apercevra qu'il y a beaucoup d'employés de bureau qui pourraient
accéder à des emplois différents. On l'espère; je
ne pense pas qu'on ait jamais pris de position ferme là-dessus, mais
avec tout ce qui se présente devant nous, on espère que cela
pourra permettre aux employés de
bureau qui sont représentés majoritairement par des femmes
d'accéder à d'autres postes plus importants à
Radio-Québec.
Mme Forget: Ce que je voudrais dire, puisque c'est une question
qui concerne les femmes et que je suis la seule à cette table, c'est
qu'au sein du syndicat, la représentation des femmes est très
bonne, il n'y a pas de problème à ce niveau-là. Je pense
que globalement, à Radio-Québec, il y a beaucoup
d'amélioration à faire à la direction, à tous les
niveaux de la production un peu partout. C'est aussi beaucoup l'affaire des
femmes, d'abord, et il faut que les femmes s'en mêlent, qu'on
décide de foncer et qu'on décide de faire quelque chose. Je pense
que c'est aux deux parties de se décider et de faire quelque chose.
Effectivement, on n'a pas de décision là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: Très brièvement, M. le
Président. D'abord, au sujet de la Régie des services publics et
du rôle qu'elle joue face à la programmation éducative,
j'ai relu l'article 21-1 du projet de loi et je n'ai pas trouvé le mot
"annuellement". J'ai l'impression qu'on a peut-être confondu cela avec la
comparution devant la commission parlementaire. Donc, il relève de ce
qu'on appellerait la régie interne et de la régie de savoir selon
quel échéancier, selon quel rythme, en fait, un groupe de
radio-diffuseurs doit comparaître pour faire approuver sa programmation
éducative. Il ne faudrait donc peut-être pas y voir là un
contrôle aussi rigide que celui que vous avez cru voir. Je vous signale
aussi que l'article 6, au sujet de l'employé, de la façon dont le
texte est rédigé, cela se lit comme suit: "Une personne
nommée par le lieutenant-gouverneur en conseil parmi les employés
de la société sur la recommandation de ces derniers." On imagine
que les employés n'iront pas recommander un cadre, à moins qu'ils
l'aiment beaucoup. Si vous estimez que ce n'est pas encore assez précis
comme cela, on pourra voir s'il y aura moyen de trouver une autre
formulation.
On suppose aisément que les employés, encore une fois,
n'iront pas recommander un cadre supérieur pour les représenter
au sein du conseil d'administration. Ce n'est pas exclu, mais ce n'est pas ce
qu'on attendrait.
M. Daigneault: Le problème était par rapport
à la définition du terme "employé", si, les
employés nommaient leurs représentants, les cadres étaient
inclus dans ce groupe, si les cadres étaient des employés,
autrement dit.
M. O'Neill: C'est-à-dire, dans mon esprit, selon l'esprit
de la loi, en tout cas, ici, c'est non, mais surtout selon la formulation, la
recommandation de ces derniers, je veux dire, est-ce qu'ils vont recommander,
je ne sais pas, le secrétaire général, le directeur
général de la programmation, je ne sais pas trop? Cela
m'apparaîtrait plutôt improbable. J'ai l'impression que cette
recommanda- tion, cette formulation est suffisante, parce que ce sont vraiment
les employés et les syndiqués qui vont faire les recommandations.
On pourra voir quand même s'il n'y a pas lieu d'en trouver une encore
plus précise, plus étanche que celle-là. D'accord?
M. Daigneault: Vous venez de dire que ce sont les employés
syndiqués, M. le ministre, qui vont faire la recommandation. Est-ce que
le terme "syndiqué" pourrait être ajouté à la
loi?
M. O'Neill: Étant donné que les employés en
général, syndiqués ou peut-être même non
syndiqués qui n'appartiennent pas aux cadres, sont en très grande
majorité, on peut supposer que c'est leur recommandation qui va
l'emporter inévitablement et qu'ils vont choisir l'un des leurs. En tout
cas, vous relirez, si vous voulez, l'article 6, paragraphe c) et si ce n'est
pas suffisant, on pourra voir si on peut trouver une meilleure formulation.
M. le Président, je termine également en formulant mes
remerciements et en disant aussi la satisfaction que nous avons de retrouver
cette année un Syndicat des employés de Radio-Québec qui,
après de longues luttes méritoires, vient ici et nous offre sa
collaboration. Je ne vous cache pas que nous espérons beaucoup,
évidemment, que, dans les mois qui vont suivre, étant
donné tout ce que nous avons comme projets, tout ce que
Radio-Québec a comme projets, et je dirais tout ce que les
employés de Radio-Québec ont comme projets, tous les défis
qui nous attendent, enfin, ce que nous envisageons comme mission, comme
rôle très important de Radio-Québec à l'avenir.
Il y a des gens qui, jusqu'ici, regardaient parfois avec condescendance
Radio-Québec, estimant que, quand on regardait Radio-Québec
à côté de Radio-Canada, aucune comparaison n'était
possible. Déjà, actuellement, il y a des gens qui commencent
à dire: Eh bien, il y a peut-être des comparaisons possibles. Je
pense évidemment que ces défis seront beaucoup plus faciles
à affronter, ces objectifs beaucoup plus faciles à atteindre,
maintenant que certaines difficultés sont disparues, se sont
estompées, et nous pouvons maintenant faire un travail d'équipe,
ce qui n'empêche pas, à l'occasion, la confrontation et même
cela est très souhaitable aussi et souvent fructueux
l'expression de points de vue différents.
Je dois vous avouer que, tout en reconnaissant la
légitimité de tous ces affrontements qui ont eu lieu dans le
passé, du fait de nous retrouver cette année dans cette
atmosphère, je pense qu'il y a quelque chose d'extrêmement
encourageant et de réjouissant pour chacun des groupes
représentés.
Encore une fois, merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'ajourne les travaux de
la commission sine die, sachant très bien qu'on aura un ordre de la
Chambre pour demain, 20 heures.
Fin de la séance à 22 h 39