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Projet de loi no 5
(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît.
La commission des communications se réunit pour étudier le
projet de loi no 5, Loi modifiant la Loi de l'office de la
radio-télédiffusion du Québec article par article. Membres
de cette commission: M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand (Vanier), M.
Blank (Saint-Louis), remplacé par M. Rivest (Jean-Talon), M. Godin
(Mercier), M. Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Raynauld
(Outremont), M. Laberge (Jeanne-Mance), remplacé par M. Guay
(Taschereau), M. Le Moignan (Gaspé), M. Michaud (Laprairie), M. O'Neill
(Chauveau). Intervenants: M. Ciaccia (Mont-Royal), remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. de Belle-feuille (Deux-Montagnes), M.
Dussault (Châteauguay), M. Fallu (Terrebonne), M. Goulet (Bellechasse),
M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) remplacé par M. Blank
(Saint-Louis), M. Lazure (Chambly), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Maintenant, je voudrais que vous me proposiez un rapporteur, s'il vous
plaît.
M. Godin: J'ai bien envie d'avoir des postes importants. Je suis
très ambitieux de nature.
Le Président (M. Laplante): M. Godin (Mercier) comme
rapporteur. J'espère que vous allez aimer cela, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Je l'ai déjà été. J'adore
cela.
Le Président (M. Laplante): Rapporteur officiel de la
commission. Maintenant, M. le ministre...
M. Rivest: Est-ce que cela prend des expertises
particulières pour être rapporteur?
Remarques préliminaires
Le Président (M. Laplante): Des explications à
exprimer ou à donner avant d'appeler l'article 1.
M. O'Neill: Non, M. le Président, je pense que tout a
été donné hier et si on tient compte en même temps
de l'énorme perte de temps qu'on nous a imposée pour
l'étude de l'autre projet de loi, j'aimerais bien qu'on se mette au
travail immédiatement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je trouve que le ministre commence d'une façon
maladroite l'étude de cette commission parlementaire. Mon Dieu, quel
ton! Je vais prendre un ton qui va être plus familier au ministre. Je
vais parler de l'honorable M. Maurice Duplessis auquel le ministre a fait une
référence admirative.
M. O'Neill: II y a l'honorable Alexandre Taschereau, il y a
l'honorable Robert Bourassa, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Guay: On ne parle jamais de l'honorable Adélard
Godbout, voulez-vous me dire pourquoi?
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on va
commencer sur un bon pied cette commission. S'il vous plaît, M. le
député de Taschereau, j'aimerais bien que cela commence sur un
bon pied. Ecoutez, c'est une loi qui a eu l'unanimité de la Chambre et
lorsqu'un intervenant a la parole, j'aimerais bien qu'il puisse l'avoir sans
être interrompu pour la bonne marche des travaux. M. le
député de Jean-Talon. (11 h 45)
M. Rivest: Est-ce que j'ai la parole? C'était un
départ pour le moins raté.
M. le Président, je voudrais au début de cette commission
faire quelques remarques d'ordre général et dire au ministre des
Communications, d'abord, qu'il est absolument inexact et exagéré
d'affirmer, comme le ministre vient de le faire dans les remarques
préliminaires laconiques qu'il a faites, que l'Assemblée
nationale avait d'une façon ou de l'autre perdu du temps, a-t-il dit,
lors de l'étude des projets de loi nos 4 et 5 dans la mesure même
où le ministre a tenu d'une façon assez raisonnable à
répliquer à tous et chacun des arguments qui ont
été apportés par l'Opposition officielle ainsi que par
notre collègue de Gaspé, ce qui veut dire que les interventions
n'étaient pas sans signification comme l'a laissé entendre le
ministre au début de nos travaux.
Pour bien montrer que ce n'étaient pas des remarques superflues,
au début des travaux, de façon qu'on sache exactement dans quel
cadre on entend procéder au niveau de la commission, je voudrais
rappeler simplement les grands principes que l'Opposition officielle a
défendus au niveau de l'Assemblée nationale lors de
l'étude des projets de loi en deuxième lecture. Tout d'abord, je
pense qu'on a reconnu de part et d'autre, et le vote en deuxième lecture
en témoigne, la nécessité de maintenir une institution
comme Radio-Québec en raison même des services qu'elle a rendus
à la collectivité et des services qu'elle est susceptible de
rendre dans l'avenir dans la mesure, bien sûr, où on pourra sur la
base des propositions du ministre travailler ici au niveau de la commission en
précisant davantage les orientations à venir de
Radio-Québec dans un sens qui aille dans une concrétisation
vraiment réelle de la vocation éducative de Radio-Québec.
C'est dans ce sens, tel que nous l'avons indiqué, tel que le chef de
l'Opposition officielle l'a indiqué, que nous allons chercher à
présenter à la commission une série d'amendements pour
que, dans le projet de loi, il soit clairement établi que la vocation
première de Radio-Québec est une vocation éducative,
c'est-à-dire qu'elle s'inscrit dans le prolongement des activités
d'éducation propre au ministère de l'Education.
Je sais qu'au cours du débat en deuxième lecture, du
côté du gouvernement, on a semblé laisser entendre, en
guise de réplique et d'une façon probablement à faire
dévier le débat, que l'Opposition officielle n'avait pas la
volonté d'affirmer la compétence constitutionnelle du
Québec en matière de télévision éducative.
On a sorti tous les spectres d'une défense que l'Opposition officielle
aurait faite du CRTC alors qu'il n'en est aucunement question, et
moi-même et d'autres de mes collègues, en particulier, le chef de
l'Opposition officielle, ont, je pense, clairement établi que sur ce
plan l'Opposition officielle entendait continuer d'affirmer, comme elle l'a
fait dans le passé, la nécessité de bien reconnaître
et d'appuyer la compétence constitutionnelle du Québec en ce qui
concerne la radio-télédiffusion éducative.
Les amendements qu'on a l'intention de proposer au ministre au cours de
l'étude de ce projet de loi ont donc, premièrement, pour objet de
bien marquer dans le texte même du projet de loi sur Radio-Québec
le rôle proprement éducatif de Radio-Québec. A cette fin,
nous allons certainement proposer que soit clairement reconnu et marqué
d'une façon formelle, dans le corps du projet de loi, le rôle du
ministère de l'Education du Québec par rapport à
Radio-Québec en tant que tel. Nous allons insister sur la
présence de cette dimension éducative à différents
niveaux dans le projet de loi de Radio-Québec, dimension qui, pour nous,
est la première, non pas exclusive, comme l'a laissé entendre le
député de Taschereau, mais que nous entrevoyons dans la vocation
de Radio-Québec, une vocation éducative, une vocation
d'éducation, mais qui n'exclut pas la possibilité
d'étendre ou d'élargir les horizons de Radio-Québec
à d'autres perspectives... Pardon?
Une Voix: Je parlais au ministre...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Laplante): Vous avez la parole.
M. Rivest: Merci, M. le Président. Je disais donc que nous
allons marquer cette vocation éducative de Radio-Québec sous
divers aspects. Premièrement, au niveau du conseil d'administration, la
marquer bien davantage qu'elle ne l'était dans la loi actuelle de
Radio-Québec, mais la marquer également davantage que celle que
le présent projet de loi reconnaît au monde de l'éducation
au sein d'un conseil d'administration de Radio-Québec. Deux
représentants sur 23 qui viendraient des milieux d'enseignement, sur le
plan strictement objectif, nous paraît toujours, malgré
l'argumentation dans le temps du député de Taschereau, beaucoup
trop faible comme représentation du monde de l'enseignement. En second
lieu, au niveau des pouvoirs du conseil d'administration, ce soir, nous verrons
à présenter également des amendements au niveau des
pouvoirs réglementaires du conseil d'administration de façon
à marquer cette vocation encore une fois éducative de
Radio-Québec. Que ce soit au niveau des normes de programmation,
peut-être même au niveau du comité exécutif, au
niveau même des comités de programmation ou des autres
comités que le conseil d'administration de Radio-Québec est
appelé à former, on va essayer de faire quelque chose de ce
côté. Egalement, au niveau des comités régionaux,
dans la mesure où ces comités auront une quelconque
efficacité, où le ministère des Communications aura les
budgets, les ressources à mettre à la disposition de
Radio-Québec pour vraiment rendre pratique non seulement l'existence,
mais le fonctionnement de ces comités régionaux, on va s'assurer
qu'ils s'inscriront aussi dans cette perspective première de
Radio-Québec, perspective d'éducation, et cela, au niveau des
fonctions mêmes des comités régionaux, au niveau de leurs
membres et au niveau également des mandats des directeurs
régionaux qui joueront, au niveau régional, un rôle
extrêmement important; au niveau du rapport également, nous
verrons à apporter des amendements dans ce sens.
Sur l'objet général de Radio-Québec, pour la
radio-télédiffusion éducative, nous verrons ce que nous
ferons, encore là, toujours dans la même perspective. Au sujet de
la Régie des services publics, nous allons certainement exiger du
ministre qu'il nous indique d'une façon beaucoup plus claire qu'il ne
l'a fait lors du débat de deuxième lecture les moyens, les
ressources, les expertises et les connaissances particulières que la
Régie des services publics a ou aura pour s'acquitter de la tâche
qu'on lui confie d'être l'organisme qui déclarera une
programmation comme étant une programmation éducative.
En somme, nous allons chercher à voir, à travers la
série d'amendements que nous présenterons au ministre, si
vraiment, dans l'intention du gouvernement et dans ce qu'il entend faire de
Radio-Québec éventuellement, il conçoit
Radio-Québec comme un organisme d'éducation, au sens strict du
terme. Ensuite, on pourra peut-être mieux évaluer, ou situer, ou
juger même et apprécier les perspectives socio-culturelles qui
semblent être les perspectives vers lesquelles le gouvernement veut
orienter Radio-Québec à l'avenir. Pour l'instant, cela nous
paraît devoir se faire ou, enfin, le gouvernement semble vouloir le faire
au détriment de la vocation proprement éducative de
Radio-Québec.
Bien sûr, tout au cours de ce projet de loi, on va devoir en
discuter, et il faut regretter que nous nous retrouvions en commission
parlementaire, alors même que le projet de loi no 4 n'a pas encore, sauf
erreur, franchi l'étape de la deuxième lecture, alors qu'on sait
que tout le contenu, au fond, et toute la signification du projet de loi 5 se
trouvent à être déterminés par le projet de loi 4.
C'est une procédure qui nous apparaît quelque peu saugrenue, et
qui, évidemment, est probablement dic-
tée par les aléas d'une fin de session où, encore
une fois, le gouvernement, malgré toutes ses promesses, arrive avec des
projets de loi très importants qui doivent être
étudiés malheureusement à la sauvette.
Sur la vocation plus large c'est la deuxième partie des
remarques préliminaires que je voulais faire, la première, c'est
clair: On va faire en sorte que Radio-Québec soit un instrument
éducatif d'abord. Sur l'élargissement des horizons de
Radio-Québec, on va exiger que le texte du projet de loi 4, enfin, on va
essayer d'obtenir à ce moment des précisions sur les vocations ou
les critères fixés à l'intérieur de la loi 4,
critères auxquels doit satisfaire une programmation éducative,
faire des programmes d'éducation menant à l'obtention d'un
diplôme dans le domaine de l'éducation permanente, cela va de soi.
On va essayer d'obtenir des précisions beaucoup plus concrètes au
titre de la mention au projet de loi 4 voulant que la programmation
éducative doive favoriser l'accès au patrimoine culturel, y
inclus les questions liées à l'intégration ou à
l'apport des communautés ethniques aux problèmes régionaux
également; troisièmement, au niveau aussi de ce qu'on entend
réellement par la liberté d'expression et la liberté
d'information en regard de la discussion des enjeux collectifs ou des questions
d'intérêt général.
Nous allons devoir parler de ces choses à l'intérieur du
projet de loi 5, même si, comme je l'ai signalé, toutes ces
questions devront être décidées, on ne sait trop quand, par
l'Assemblée nationale au niveau du projet de loi 4.
Nous avons l'intention également de demander au ministre de nous
établir ici, à la commission, toujours dans la perspective de
l'élargissement des préoccupations socio-culturelles et
même politiques de Radio-Québec, la signification que cela a par
rapport au réseau de Radio-Canada, ainsi que par rapport aux
réseaux privés de télévision. (12 heures)
Au niveau de la structure administrative de Radio-Québec, nous
allons chercher comme l'a demandé le chef de l'Opposition officielle au
ministre, à faire en sorte de savoir si ce conseil d'administration,
c'est vraiment la bonne formule, nous allons essayer d'éviter, dans la
mesure où nous le pourrons, ou enfin que le ministre, à tout le
moins, justifie l'argument que nous avons amené voulant que la
composition elle-même du conseil d'administration de Radio-Québec
ne tourne pas à des arbitrages d'intérêts entre le niveau
national et le niveau régional, dans la mesure où c'est
là, vraiment, la structure de base de la composition du conseil
d'administration.
Nous allons nous préoccuper également, peut-être, de
renforcer quelque peu la représentation au niveau des employés.
Nous verrons cela, de toute façon, un peu plus tard.
Sur le plan de la régionalisation, encore là, s'il y avait
un problème de très lourdes structures, nous essaierions
d'obtenir de la part du ministre de plus amples renseignements sur les raisons
qui ont amené le gouvernement à choisir cette formule, les
formules alternatives que le gouvernement a envisagées, formules
alternatives qu'il a dû retenir, qu'il a dû rejeter ou mettre de
côté pour adopter une formule de régionalisation qui est
extrêmement lourde.
Nous allons, bien sûr, nous intéresser aussi aux
problèmes des pouvoirs des conseils régionaux, essayer d'obtenir
de la part du ministre qu'il nous donne des explications sur la façon ou
sur l'échéancier que le conseil d'administration devra suivre
pour, effectivement, mettre en vigueur ces comités régionaux.
Quant aux pouvoirs des comités régionaux, nous allons en parler
aussi.
Il y a une chose aussi sur laquelle j'invite dès maintenant le
ministre à réfléchir, c'est le problème de
l'expropriation, pouvoir qui est accordé au conseil d'administration de
Radio-Québec, à l'article 10, et les raisons pour lesquelles ce
pouvoir d'expropriation à l'avenir, devra s'exercer simplement par
l'exercice d'un pouvoir de règlement, ou enfin, un arrêté
en conseil du lieutenant-gouverneur, alors qu'auparavant, ce pouvoir
d'expropriation était soumis à une décision affirmative de
la part du l'Assemblée nationale. Nous allons essayer d'obtenir du
ministre les explications qui l'ont amené à faire ce changement,
et si ce changement, tel que je l'exprime à première vue, est
aussi significatif que je le crois, et ce qu'il entend faire exactement.
Le Président (M. Laplante): S'il y a possibilité de
conclure, M. le député de Jean-Talon. Les vingt minutes sont
terminées, s'il vous plaît!
M. Rivest: J'en aurais encore pour trois minutes à peu
près.
Le Président (M. Laplante): Oui, seulement, pour
vous...
M. Rivest: Combien me reste-t-il de temps?
Le Président (M. Laplante): II ne vous en reste plus, mais
vous pouvez conclure.
M. Rivest: Je ferai une conclusion un peu plus... Est-ce que je
peux conclure dans une phrase?
Le Président (M. Laplante): On peut donner une bonne
minute.
M. Rivest: Concluons. Vous voyez un peu l'orientation. Ce qu'on
veut faire, c'est étudier sérieusement le projet de loi. On est
un peu embarrassé par l'espèce de passe, en ce sens que le projet
de loi 4 est toujours devant l'Assemblée nationale. On ne sait pas
encore, et on ne le saura malheureusement pas, ce qu'est la programmation
éducative, qui constitue l'essentiel du mandat de Radio-Québec,
parce que le projet de loi 4 n'a pas franchi l'étape de la
deuxième lecture.
Quant au reste, à partir des remarques que le chef de
l'Opposition et que les autres intervenants de l'Opposition officielle ont
faites, et celles que je viens de résumer brièvement, nous allons
présenter au ministre des amendements dans le sens que
nous l'avons indiqué. Nous allons exiger sur certains points,
sans nécessairement présenter des amendements formels, au moins
obtenir des renseignements à certains égards ou des intentions
futures pour la mise en oeuvre des dispositions d'un projet de loi qui a
été adopté à l'unanimité de
l'Assemblée nationale, il y a quelques instants.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, étant donné
que le débat d'hier est encore frais à notre mémoire, et
que nous avons abordé les points principaux concernant ce projet de loi
no 5, je sais gré au député de Jean-Talon de rappeler la
mémoire de l'honorable Duplessis qui a...
M. Rivest: M. Duplessis.
M. Le Moignan:... sonné le réveil, qui a
sonné le cri d'alarme du côté de la
télévision éducative. Grâce à Duplessis, et
grâce, aussi, à l'Union Nationale, en 1969, le peuple du
Québec jouit depuis deux ans du privilège d'une radio et d'une
télévision éducatives. A ce moment, je pense que nous
avons accompli un très grand progrès. L'idée de Duplessis,
de l'Union Nationale, de Jean-Jacques Bertrand, ce n'était pas d'avoir
un organisme parallèle qui devait entrer en lutte avec Radio-Canada,
mais bien de donner au peuple du Québec un instrument qui devait l'aider
un peu dans l'éducation, que ce soit l'éducation des jeunes,
l'éducation des masses, l'éducation permanente.
Si nous sommes réunis encore ce matin, c'est pour étudier
les différents points, les différents articles. Je ne veux pas
les énumérer. Il suffirait de reprendre ce que j'ai dit hier
soir, ce serait très facile, mais je vais m'en tenir à
l'étude article par article. Je pense que je vais abréger mes
commentaires si on a l'intention de passer immédiatement à
l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Gaspé. Vous voulez répondre tout de
suite, M. le ministre.
M. O'Neill: Rapidement, M. le Président, parce qu'il y
avait un point que le député de Taschereau aurait voulu
également mentionner en guise de réponse. Je voudrais simplement
apporter une précision au départ, cela pourra nous guider,
concernant l'attitude à prendre face à d'éventuels
amendements. Il est très clair...
M. Rivest: Excusez-moi, vous n'avez aucun amendement à
nous donner au début, de votre côté...
M. O'Neill: II est très clair, dans la présentation
qui est faite du projet sur les plans de développement de
Radio-Québec, c'est ce que nous avons appelé son cheminement dans
une deuxième étape, que nous voulons que ce soit un organisme
éducatif au sens défini dans les articles 2 et 3 du projet de loi
4, et qu'il est évidemment très loin de nos intentions de
transformer Radio-Québec de quelque façon en annexe du
ministère de l'Education. D'ailleurs, ceux qui ont fait la loi de
Radio-Québec en 1969, ceux qui l'ont modifiée en 1972
c'est-à-dire à ce moment, le gouvernement Bourassa n'ont
pas jugé bon d'agir de cette manière. Il est encore moins
opportun de croire qu'on pourrait agir de cette manière au moment
où l'office, maintenant la société, est devenu une
institution à rayonnement universel au sein de la société
québécoise.
Nous avons déjà prévu, d'autre part, un rôle
que pourrait jouer le ministère de l'Education du Québec. Nous
avons même accentué ce rôle, non seulement un rôle
à jouer par le ministère de l'Education, mais aussi par les
milieux d'enseignement, parce que pour nous, l'éducation, cela ne se
réduit pas à la structure administrative
représentée par le ministère de l'Education. Par
conséquent, l'Education est représenté lorsque
déjà deux membres sont nommés au Conseil national de
l'administration, à la suite d'une recommandation du ministre de
l'Education. L'Education est également représenté dans les
comités régionaux, encore là, deux membres qui
représentent les milieux d'enseignement.
Donc, il y a deux points de repère fondamentaux ici qui vont nous
guider d'une part à atteindre cet objectif qui est de réaliser
une radiotélévision éducative au sens où la chose a
été définie dans les articles 2 et 3 du projet de loi 4,
d'autre part aussi, et cela, pour des raisons d'efficacité, pour
permettre à Radio-Québec de bien atteindre ses objectifs, de bien
réaliser sa mission, donc une autonomie de Radio-Québec qui doit
être telle qu'on ne puisse pas de quelque façon, réduire
cette institution au rôle d'annexe, de service d'un ministère
quelconque du gouvernement.
La loi prévoit l'autonomie de Radio-Québec, non seulement
face au ministère des Communications et au ministre, mais aussi face
à l'appareil gouvernemental en général. C'est d'ailleurs
un point sur lequel on peut dire que les gens qui ont été
consultés au sujet de l'avenir de Radio-Québec sont très
généralement d'accord. Tout simplement, encore une fois, nous
recevrons avec attention les amendements qui peuvent nous être
présentés, mais il va de soi que nous ne pourrions pas accepter
les amendements qui porteraient atteinte à la substance même du
projet de loi que nous étudions.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Rivest: Est-ce que je peux... C'est simplement à la
suite de la question. C'est purement formel.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez poser une
question et que le ministre veuille y répondre, il est libre de le
faire.
M. Rivest: Oui, c'est cela, seulement à titre de
renseignement. Le ministre a-t-il objection à nous transmettre
maintenant certains amendements de concordance ou d'autres amendements qu'il a
en vue? On pourrait les étudier pendant l'heure du dîner, cela
pourrait accélérer les travaux.
M. O'Neill: Dès qu'on aura fini la... M. Rivest: La
rédaction.
M. O'Neill: ... dernière rédaction. Ce sont des
choses mineures.
M. Rivest: Oui, c'est cela.
M. O'Neill: Dans certains cas, ils nous ont d'ailleurs
été suggérés lors de la commission parlementaire.
Il s'agit de voir un peu comment les rédiger.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voulais simplement
résumer à très grands traits et rapidement,
brièvement, les objectifs que nous voulons poursuivre ici en commission
parlementaire. Sur la nature du mandat et la notion de télévision
éducative, le ministre vient de répondre qu'il faut éviter
de faire de Radio-Québec une annexe ou un service simplement du
ministère de l'Education. Je voudrais lui dire que, pour ce qui me
concerne, je suis entièrement d'accord là-dessus, mais la
différence et c'est cela qui est toujours embarrassant dans ces
discussions-là c'est qu'on dirait qu'on n'est pas capable de
parler de façon un peu concrète. Il me semble que ce qui va faire
la différence entre une société comme Radio-Québec
qui serait une annexe ou un service du ministère de l'Education et une
société qui n'en serait pas une, mais qui s'occuperait quand
même d'éducation, c'est de savoir si elle est productrice
d'émissions ou diffuseur. C'est simple, c'est concret, c'est clair. Nous
sommes en faveur que Radio-Québec produise des émissions
éducatives et, dans la mesure où elle produit des
émissions, à ce moment-là, ce n'est pas un service annexe,
ce n'est pas simplement une excroissance du ministère de l'Education.
C'est cela la différence.
Je le dis tout de suite, je suis en faveur que Radio-Québec
produise des émissions en matière éducative. Le
problème que j'ai, c'est de savoir ce qu'est l'éducation. Quand
on se réfère et il faudra, je pense, le faire dans le
projet de loi no 5 de façon plus claire que ce n'est le cas à
l'heure actuelle aux articles 2 et 3 du projet de loi no 4, l'article 2
me convient entièrement, mais je vois l'article 3 comme une extension
à peu près indéfinie de ce qu'on a essayé de
définir à l'article 2. C'est cela qui est mon problème. Je
voulais savoir si c'est l'article 2 ou l'article 3...
M. O'Neill: Vous parlez de quel projet de loi? M. Guay: Le
projet de loi 4.
M. Raynauld: Le projet de loi 4 qui définit en fait ce que
Radio-Québec devra faire. Je voudrais une référence
très nette pour savoir quel est le mandat qu'on donne à
Radio-Québec. La difficulté que j'ai... Lorsque je lis l'article
2, je trouve que cela va très bien. Il y a un consensus
général d'ailleurs là-dessus. J'ai le rapport Rocher ici
qui indique très clairement ce qu'est une télévision ou
une programmation éducative.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, voulez-vous, on va se mettre d'accord pour la bonne conduite des
travaux? En faisant vos remarques préliminaires, essayez de ne pas
entrer dans les textes. D'accord?
M. Raynauld: Très bien. J'essaie simplement de
préciser. En fait, c'est pour essayer d'accélérer les
choses. J'essaie de préciser de façon plus concrète les
problèmes que nous avons. Sur le mandat de Radio-Québec, je dis
tout de suite qu'une référence à l'article 2 du projet de
loi 4 qui servirait de mandat à Radio-Québec me conviendrait
parfaitement tandis que, lorsqu'on se rapporte à l'article 3, j'ai
beaucoup plus de difficulté. C'est dans ce sens que nous voudrons des
précisions sur la nature de la programmation éducative. (12 h
15)
Le deuxième point je l'ai mentionné, mais je
voudrais y revenir de façon encore plus claire nous voudrions
avoir plus de garanties et d'assurance quant à l'indépendance de
Radio-Québec à l'égard du gouvernement et du pouvoir
politique. J'ai dit en deuxième lecture que je ne savais pas exactement
comment on pouvait faire cela, mais j'aimerais que le ministre qui
sûrement partage le point de vue que je donne à l'heure actuelle
fasse un effort. Il a des techniciens, des gens qui sont autour de lui qui
peuvent l'aider à cela, mais je trouve que les assurances qui existent
à l'heure actuelle dans le projet de loi ne sont pas suffisantes. Si on
est d'accord sur l'objectif, il devrait être possible de trouver les
façons de donner ces assurances en proposant les amendements
appropriés et, sinon, de notre côté, nous allons essayer de
proposer des amendements sur ce sujet-là.
Le troisième point: la structure administrative. La structure
administrative en particulier en relation avec la production locale ou
régionale avec laquelle nous sommes d'accord mais dont la transposition
sur le plan administratif nous paraît inefficace, nous paraît
conduire éventuellement à des conflits interminables et à
une paralysie de l'institution. Si on dit cela ce n'est pas pour paraître
négatif, c'est pour s'assurer que Radio-Québec sera capable de
remplir les fonctions qu'on veut lui donner.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Outremont. M. le député de Taschereau.
M. Guay: Oui, M. le Président, je veux simplement dire
quelques mots. Hier, en deuxième lecture sur le projet de loi no 5, j'ai
eu l'occasion de souligner la contradiction qu'il y avait au sein du Parti
libéral entre la position énoncée par le
député d'Argenteuil et chef de l'Opposition officielle et la
position énoncée par le député de Jean-Talon. Le
député de Jean-Talon, de toute évidence et c'est
clair aujourd'hui, du moins c'était clair dans la première partie
de son exposé veut faire de Radio-Québec un
télédiffuseur éducatif presque au sens d'un
téléviseur scolaire, c'est-à-dire réduire...
M. Rivest: Question de règlement.
M. Guay: II n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. Rivest: Non, je tiens à préciser.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'ai dit qu'effectivement, à mon avis, la
vocation première se rapprochait de ce qu'il vient de dire, mais qu'il
n'était...
M. Guay: Si le député de Jean-Talon veut me laisser
finir...
M. Rivest: Non, mais je tiens à...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, si vous voulez, après son court...
Une Voix: Question de règlement, M. le
Président...
M. Guay: M. le Président, c'est une question de...
Le Président (M. Laplante):... exposé, si vous avez
des faits à rectifier, par l'article 96, je vous en donnerai
l'autorisation. D'accord?
M. Rivest: C'est parce que, M. le Président, si j'attends
après, il va y en avoir tellement que je vais en oublier.
M. Guay:... règlement de la part du député
de Jean-Talon qui est en fait une question de privilège
déguisée, laquelle n'existe pas en commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau, veuillez continuer s'il vous plaît.
M. Guay: Oui, M. le Président, avec grand plaisir.
M. Rivest: M. le Président, il risque de faire partir la
commission sur un très mauvais pied.
Le Président (M. Laplante): J'y verrai, M. le
député de Jean-Talon. Je surveille de très
près.
M. Rivest: Non, c'est parce que vous aviez...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: J'ai passé outre par déférence
pour le ministre sur certaines remarques qu'il a faites, mais j'en aurai moins
pour le député de Taschereau.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Taschereau.
M. Rivest: Je vous trouve assez sympathique.
M. Guay: Je vous avoue, M. le Président, que la
déférence du député de Jean-Talon...
M. Rivest: C'est gradué, dans mon esprit, c'est
gradué.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
député de Taschereau, veuillez revenir aux travaux de
préparation avant l'appel article par article.
M. Guay: Si le député de Jean-Talon veut bien se
taire, je ne demande pas mieux.
M. Rivest: Vous allez dire...
Le Président (M. Laplante): Veuillez continuer s'il vous
plaît.
M. Guay: Je vous dirai que la déférence du
député de Jean-Talon, je n'en ai rien à faire.
M. Rivest: Non, elle s'adresse au député de
Deux-Montagnes.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon, s'il vous plaît!
M. Rivest: C'est fin pour...
M. Guay: M. le Président, on a trouvé au cours de
la nuit...
M. Rivest: Je suis un électeur du
député...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît!
M. Rivest: Franchement!
Le Président (M. Laplante): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président. Après
l'intervention faite en Chambre hier par le chef du Parti libéral, on a
donc trouvé une formule de compromis entre la position du chef du Parti
libéral et la position du député de Jean-Talon qui est
maintenant ce que j'appellerais une solution quasi étapiste,
c'est-à-dire que, dans un premier temps, c'est la position du
député de Jean-Talon,
dans un deuxième temps, c'est la position du député
d'Argenteuil, le tout se situant dans le temps. J'avoue que le sophisme est
assez beau en pratique, personne n'est dupe de la manoeuvre. En fait, ce que
nous disent les gens d'en face encore ce matin, comme ils l'ont dit hier, c'est
qu'ils entendent bien ramener la notion de télévision
éducative à sa plus restreinte expression, réduire la
juridiction du Québec dans le domaine à ce qu'il y a de plus
étroit, de plus restreint, de plus simple.
Je vous dis tout de suite, M. le Président, que nous n'entendons
pas être dupes d'une telle manoeuvre. Nous entendons, au contraire, faire
en sorte que Radio-Québec, comme télédiffuseur
éducatif, prenne tout le champ possible d'intervention de la
télévision éducative au sens le plus large du terme. Nous
n'entendons pas réduire l'éducation au seul concept de
télévision scolaire, loin de là et, au contraire, nous
allons tout faire et c'est d'ailleurs ce que dit le projet de loi et ce
que dit aussi le projet de loi no 4 nous allons investir ce champ de
juridiction provinciale, comme nous en avons le mandat comme bon gouvernement
provincial et, si l'Opposition libérale veut réduire le champ de
juridiction du Québec dans le domaine de la télévision
scolaire, mon Dieu, elle en portera l'odieux devant la population du
Québec et devant l'histoire! De toute façon, ce sera un autre
fleuron négatif à sa marque de commerce.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. Guay: Je n'ai pas terminé, M. le Président, si
vous me permettez.
J'ai entendu presque l'émotion du député de
Jean-Talon et j'ai entendu les remarques du député d'Outremont
sur la programmation éducative, c'est-à-dire la
référence faite au projet de loi no 4. M. le Président, ce
n'est pas la faute du parti ministériel si le projet de loi no 4 n'est
pas en commission ce matin. C'est...
Le Président (M. Laplante): Revenez à la pertinence
du projet de loi no 5.
M. Guay: M. le Président, je suis sur la pertinence du
débat, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Du projet de loi no 5, s'il
vous plaît!
M. Guay: Je m'excuse, mais je suis sur la pertinence du
débat. Les deux députés d'en face ont pu parler du projet
de loi no 4, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas leur donner la
réplique.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau, vous ferez vos remarques lors de l'étude article par article
sur le projet de loi no 4 ou à l'Assemblée nationale où le
projet de loi est encore à l'étude. Je vous demande de revenir au
projet de loi no 5.
M. Guay: Bien, M. le Président. Le projet de loi no 5 fait
référence à la programmation éducative.
M. O'Neill: Si vous permettez, M. le Président... Ce n'est
pas dans le règlement, mais j'aimerais bien que cette règle
s'applique à nos intervenants d'en face qui ont parlé du projet
de loi no 4.
Le Président (M. Laplante): Elle va s'appliquer pour tout
le monde, M. le ministre.
M. Guay: Comme elle ne peut pas s'appliquer
rétroactivement...
Le Président (M. Laplante): II y a peut-être une
façon d'en parler, mais pas de la façon dont le
député de Taschereau l'a abordé.
M. Rivest: Et surtout le ton!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon!
M. Guay: Puisque le projet de loi no 5 fait
référence à la notion de programmation
éducative...
M. Rivest: On ne peut pas porter de jugement sur le fond,
franchement!
M. Guay: M. le Président, allez-vous accepter longtemps,
passivement, que le député de Jean-Talon intervienne
impunément, à tout moment, pour faire des remarques le moins que
l'on puisse dire frivoles et désinvoltes?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau, veuillez continuer, s'il vous plaît!
M. Guay: Selon sa nature d'ailleurs.
Le projet de loi no 5 fait référence, comme vous le savez,
à la notion de programmation éducative. Vous savez
également que ce n'est pas dans le projet de loi no 5 qu'est contenue
comme telle la définition de la programmation éducative, mais
dans un autre projet de loi qui est à l'étude devant
l'Assemblée. Je veux bien que l'on puisse étudier ce qu'est la
programmation éducative à laquelle Radio-Québec, selon le
projet de loi no 5, viendra se soumettre, mais il faut bien dire que ce n'est
quand même pas la faute de ce parti-ci, de ce gouvernement si nous
commençons par le projet de loi no 5 plutôt que par le projet de
loi no 4. Ce n'est quand même pas nous qui avons passé toute la
nuit à discourir sur le projet de loi no 4.
M. Rivest: Vous n'étiez pas là?
M. Guay: M. le Président, si l'Opposition veut absolument
que nous commencions par le projet de loi no 4 sur la programmation
éducative plutôt que sur le projet de loi no 5, comme c'est le cas
à l'heure actuelle, je veux bien. Nous n'avons qu'à
l'adopter en deuxième lecture et à commencer tout de suite
par le projet de loi no 4 sur la programmation éducative afin
d'éclairer la lanterne du député d'Outremont qui semble en
pleine nébulosité variable à ce sujet.
M. Rivest: ... par le projet de loi no 4, vous allez voir.
M. Guay: Ce sont les remarques préliminaires que je
voulais faire, M. le Président, mais je vous répète tout
de suite que, dans la mesure où les amendements que le Parti
libéral veut apporter au projet de loi no 5 visent, selon la tradition
du Parti libéral, depuis le temps de l'honorable M. Godbout
jusqu'à l'honorable M. Bourassa dont M. Ryan est un digne successeur,
à réduire la portée de la notion de
télévision éducative et visent à empêcher le
Québec d'exercer sa pleine juridiction dans cette matière
à la faveur de l'exercice de ce champ de juridiction par le gouvernement
d'Ottawa, nous allons nous y opposer fermement et formellement.
M. Rivest: II y a quelque chose à l'article 96.
Le Président (M. Laplante): Article 96. Vous voulez
rectifier les faits.
M. Rivest: Vous l'avez. 1) Ce que le député de
Taschereau a dit sur cette espèce de volonté ou je ne sais trop
de restreindre la juridiction du Québec ou des trucs comme cela, c'est
faux, c'est complètement faux, c'est complètement inexact. On a
très bien dit qu'on parlerait d'éducation, premièrement,
et après cela qu'on regarderait la deuxième vocation de
Radio-Québec, 1, 2. C'est facile, il y en a deux. Le
député de Taschereau, je pense bien, n'est pas justifié de
dire que nous prétendons qu'il n'y en a qu'une.
Deuxièmement, nous entendons autant que lui, autant que son parti
d'ailleurs, le passé l'a démontré et, s'il y en a
qui devrait le savoir, c'est le député de Taschereau nous
sommes autant intéressés que lui à affirmer la juridiction
du Québec dans le domaine de la télévision
éducative et télévision éducative entendue
contrairement à ce qu'il a dit, dans ses deux dimensions: une dimension
proprement éducative, l'éducation, à laquelle nous allons
nous employer à donner une signification très concrète et,
deuxièmement, une vocation élargie au domaine socio-culturel.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voulais simplement
relever cette équivoque historique à laquelle le
député de Taschereau se réfère de nouveau en
essayant de poser tous les problèmes que nous voulons discuter en termes
de juridiction québécoise vis-à-vis du gouvernement
fédéral. Autant nous voulons que le Québec exerce sa
juridiction, autant je voudrais dire et affirmer avec vigueur que, si on pose
toujours les problèmes en termes de juridiction, c'est pour tâcher
d'amener tous ceux qui veulent soulever la moindre interrogation c'est
ce que nous faisons c'est pour tâcher de réduire cela
à des querelles politiques, à des attitudes de servilité
vis-à-vis d'un gouvernement étranger.
Je n'ai jamais pensé qu'il faille faire des choses stupides parce
que nous voulons affirmer la présence du Québec. Ce n'est pas
nécessaire du tout de faire des choses stupides. Dans la mesure
où on voudrait discuter de la façon dont le Québec va
exercer cette juridiction, nous sommes en plein dans nos droits, nous voulons
servir également les meilleurs intérêts de la
collectivité québécoise et ce n'est pas parce qu'on veut
poser des questions et qu'on veut essayer de faire quelque chose d'intelligent
avec Radio-Québec qu'à ce moment-là on refuse d'exercer
une juridiction par rapport au gouvernement fédéral. Je pense que
c'est vraiment réduire le débat à des choses absolument
élémentaires, primaires pour tâcher de réduire
l'Opposition au silence, en essayant de la faire passer pour ce que le
gouvernement aime bien dire, pour de la servilité, pour servir des
intérêts étrangers ou des choses comme
celles-là.
Le député de Taschereau vient de répéter
cette même ânerie qui est continuellement toujours
répétée, parce qu'à ce moment-là, cela
réduit l'Opposition. On essaie, à ce moment-là, de dire:
Si vous posez une question, vous êtes un traître, vous êtes
un vendu, vous servez les intérêts des autres. Mais, quand on
exerce cette juridiction-là, cela ne veut pas dire qu'on peut l'exercer
de n'importe quelle façon, qu'on peut faire n'importe quelle chose
stupide et qu'on peut transformer cette société-là en
société totalitaire. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas parce qu'on
veut affirmer la juridiction du Québec qu'il faille absolument que ce
soit l'Etat qui s'occupe de tout et que ce soit des mesures indiscutables qu'on
n'a même pas le droit de mettre en doute sous prétexte qu'à
ce moment-là on ne servirait pas, on n'affirmerait pas la
présence du Québec en termes de juridiction
constitutionnelle.
Je trouve que c'est absolument réduire les débats encore
une fois à des évidences vraiment primaires et
élémentaires et j'aimerais qu'on soit capable de dépasser
ce stade-là. Ce n'est pas une question d'affirmer la juridiction du
Québec dans ce cas-ci; on la reconnaît la juridiction du
Québec. Elle est reconnue par tout le monde. Il n'y a personne qui s'y
oppose, absolument personne qui s'y oppose. Pourquoi voulez-vous en faire un
cheval de bataille? Il n'y a rien là, il n'y a pas de débat
là-dessus. On est tous d'accord. La constitution le dit, les
applications ont été faites, les initiatives ont
été prises par des gouvernements antérieurs. Le
gouvernement fédéral la reconnaît, les ministres de
l'éducation l'ont reconnue dans le passé. C'est une affaire
acquise. Le Québec peut exercer une juridiction en matière
éducative. Bon Dieu! Qu'est-ce qu'il y a là? Pourquoi faudrait-il
que vous reveniez encore là-dessus pour dire: Ah! il faut affirmer la
présence du Québec en matière éducative. C'est fait
depuis longtemps.
Le problème n'est pas là. On dit: Une fois que cela est
acquis, on a le droit de le faire, comme on le fait déjà depuis
des années au Québec, comment va-t-on faire cela pour servir les
meilleurs intérêts des Québécois? Comment va-t-on le
faire? C'est cela le problème. Il me semble qu'il serait possible qu'on
soit capable de dépasser ce stade-là de toujours ramener le
problème en terme constitutionnel, en termes de relations, de conflits
appréhendés avec le gouvernement fédéral. On
voudrait toujours nous ramener à cela. (12 h 30)
C'est une tactique qui est extraordinaire. C'est une tactique qui permet
justement au gouvernement de dire: Regardez, l'Opposition n'est même pas
capable de discuter de quoi que ce soit. Elle ne veut pas servir les
intérêts du Québec, elle sert les intérêts
d'un gouvernement étranger. C'est facile de dire des choses comme
celles-là. C'est de la démagogie. J'aimerais qu'on puisse en
arriver à discuter du fond et des méthodes par lesquelles on va
faire cela, ce que cela va faire, où on veut aller avec cela, et essayer
de faire cela le mieux possible.
M. Guay: M. le Président, le même article...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Vous pouvez inviter le député de
Jean-Talon à lire son règlement.
M. O'Neill: ... une référence au
règlement.
M. Guay: II faudrait peut-être dire au député
de Jean-Talon que l'Assemblée est régie par un règlement
qui contient un certain nombre d'articles. Il ne sait pas ce que c'est.
M. Rivest: Je pensais que c'était l'article de la
constitution canadienne vous n'arrêtez pas de parler de
constitution l'article 96, sur les tribunaux judiciaires.
M. Guay: Je voulais simplement souligner, en vertu de l'article
96, contrairement à ce que dit le député d'Outremont qui
affirme que ce n'est pas un problème de juridiction, que la Commission
de la radio-télévision et des télécommunications
canadiennes s'est ingérée déjà dans la
dernière audience sur Radio-Québec dans le contenu de la
radio-télévision éducative, et que c'est une des raisons
pour lesquelles ce projet de loi et le projet de loi 4 sont
déposé; c'est afin d'affirmer bien clairement que le CRTC n'a pas
d'affaire dans ce domaine et que le fédéral n'a pas d'affaire
dans ce domaine. D'autre part j'agis au nom de mes collègues
je prends bonne note de l'affirmation du député
d'Outremont, selon ses propres termes, qu'il n'est pas servile
d'intérêts ou de gouvernements étrangers...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je pense que le
député de Taschereau a apporté les clarifications
nécessaires. J'aurais voulu voir dans l'intervention du
député d'Outremont une profession de bonne volonté.
J'aurais préféré qu'elle ne s'accompagne pas d'un certain
vocabulaire, incluant le mot "ânerie et le mot "démagogie" dont
l'emploi n'est pas conforme à notre règlement. J'allais poser
sous forme de question essentiellement ce que le curé, ou plutôt
le député de Taschereau vient de dire. C'est l'influence du
député de Gaspé qui...
M. Le Moignan: Vous voulez dire qu'il a raté sa
vocation.
M. de Bellefeuille: ... imprègne nos
préoccupations.
M. Rivest: Je veux bien l'accepter comme député,
mais pas comme curé.
M. de Bellefeuille: Revenons à nos moutons. Je voulais
poser cela sous forme de question au député d'Outremont, à
savoir s'il reconnaît qu'effectivement, certaines questions d'ordre de
partage des pouvoirs se posent, puisque, comme l'a rappelé le
député de Taschereau, le CRTC cherche à envahir le domaine
de la radio-télévision éducative.
M. Raynauld: Si c'est une question, je ne voudrais pas entrer
dans toutes les complexités de la constitution canadienne. Je voudrais
simplement me reporter à la définition qui est utilisée
à l'article 2 et qui provient, si le rapport Rocher est exact, du
conseil des ministres de l'Education du Canada, qui a été
entérinée ensuite par un arrêté en conseil du
gouvernement fédéral, qui a été donnée au
CRTC pour définir la télévision éducative, en 1972,
par le gouvernement canadien. Celui-ci reconnut alors aux Etats provinciaux,
l'autorisation de créer des sociétés indépendantes,
susceptibles de détenir des permis de radiodiffusion éducative.
Un arrêté en conseil du cabinet fédéral du 13
juillet 1972, donnait des directives en ce sens au CRTC. C'est cela que
j'endosse. Je ne voudrais pas aller plus loin que cela pour l'instant. Je
trouve que là-dessus, si le gouvernement fédéral est
d'accord et que nous sommes disposés à reproduire, à peu
près textuellement, la même définition de
radio-télévision éducative, comme c'est le cas dans
l'article 2 du projet de loi no 4, je dis qu'il n'y a pas de conflit, qu'il n'y
a pas de problème. J'aimerais mieux m'en tenir à ça. C'est
bien sûr qu'il va y avoir encore des interprétations, il va y
avoir encore toutes sortes de possibilités de conflits, mais je dis,
qu'au départ, il n'y en a pas. C'est adopté. Cela a
été reconnu par le gouvernement fédéral, cela a
été reconnu par toutes les provinces, et c'est reconnu par nous
aussi. C'est dans ce sens que je disais qu'il n'y a pas de conflit, au moins au
point de départ. (12 h 35)
M. le Président, si le député d'Outremont me le
permet, est-ce que je dois comprendre que dans
la mesure où le gouvernement fédéral a
entériné la définition de la télévision
éducative, ce qui n'est même pas de ses affaires, le
député d'Outremont y souscrit, mais que, dès lors, il
s'agit pour le Québec d'avoir une définition plus précise
dans le domaine qui est de sa juridiction, à ce moment-là, ce
n'est plus la même chose. Il faut le nihil obstat du gouvernement
fédéral pour que le député d'Outremont y
concoure?
M. Raynauld: Pas du tout. Je trouve simplement que c'est enfantin
d'essayer de créer des conflits là où il n'y en a pas. Je
ne dis pas qu'il fallait avoir le nihil obstat du gouvernement
fédéral. Cela a été d'abord approuvé par
l'ensemble des ministres de l'Education des provinces, cette définition.
Bon! Je dis simplement que, comme preuve qu'il n'y a pas de conflit, c'est que,
pour une fois tout le monde est d'accord... J'ai dit: Le gouvernement
fédéral lui-même est d'accord. Il nous l'a montré
dans ce cas-là. Ce n'est pas un nihil obstat qu'on exige. Je
présente ça justement comme le meilleur témoignage. On
dit: II n'y a pas de conflit. Tout le monde est d'accord là-dessus.
Pourquoi soulever une question de juridiction à ce stade-ci? Il n'y a
pas de conflit. Pour une fois qu'il n'y en a pas, grand Dieu, allons-y et
essayons de voir ce qu'on va faire; de quelle façon on va remplir ce
mandat que nous voulons donner d'une programmation éducative!
Je dis maintenant: On va discuter des modalités. Cela nous
regarde. C'est pour ça qu'on est ici. C'est pour ça qu'il y a
deux projets de loi nos 4 et 5. Ce n'est pas un problème de juridiction.
C'est un problème de savoir comment on va appliquer ça. A ce
moment-là, bien sûr, si le gouvernement arrive à
élargir la notion de télévision éducative comme
apparemment la pratique l'a permis, puisque, si je comprends bien,
Radio-Québec maintenant fait des émissions d'une durée de
sept heures sur neuf en matières socioculturelles, à ce
moment-là, c'est là qu'est la possibilité de
difficulté. Là, j'espère que dans cette commission-ci, on
va examiner ces questions. Y a-t-il moyen de trouver, si vous voulez, un mandat
qui ne soulèvera pas automatiquement et simplement, pour le plaisir de
la chose, des conflits éventuels? Je dis: C'est ça. Pour
l'instant, au point de départ, on s'entend tous sur la
télévision éducative. Je dis: Très bien,
allons-y!
M. Guay: Si le député le permet, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Ecoutez, là... M.
Guay: Non...
Le Président (M. Laplante): ... je ne voudrais pas que
ça devienne un dialogue entre deux membres de la commission...
M. Guay: Non, non...
Le Président (M. Laplante): ... parce que ça fait
déjà huit minutes actuellement de questions et réponses
entre deux membres de la commission et...
M. Guay: Une dernière, si le député
d'Outremont me permet: Dois-je comprendre que dans son esprit, compte tenu de
ce qu'il vient de dire, les affirmations qu'il a dites sur la juridiction des
provinces et du Québec notamment et l'accord entre les provinces,
entériné, c'est vrai, par Ottawa, mais d'abord l'accord entre les
provinces sur la télévision éducative, qu'à ses
yeux, en conséquence, l'organisme fédéral de
réglementation de la radio-télévision n'a pas d'affaire
à se mêler de la radio-télévision
éducative.
M. Raynauld: M. le Président, là encore, il n'y a
pas de conflit. Le CRTC ne s'occupe pas de télévision
éducative. Mais tout dépend de la définition qu'on va
donner de ça. Si le CRTC suit ce que le gouvernement
fédéral lui a donné comme mandat et comme
définition, comme directive par arrêté en conseil, je dis:
Si le CRTC suit ça, il ne devrait pas y avoir de difficulté.
Maintenant, vous me dites: Est-ce que le CRTC a affaire là-dedans? Il
n'a pas d'affaire là-dedans dans la mesure où on s'en tient
à cette définition.
Maintenant, si on s'amuse à dire: Là, nous, maintenant
qu'on va exercer cette juridiction, on va se mettre à élargir
tout ça, élargir et élargir, au point où on fait de
la télévision générale au nom de
l'éducation, il est bien évident qu'on va avoir un
problème, à un moment donné. Cela, vous le savez
très bien. A ce moment-là, ce que vous voudrez soulever, ce ne
sera plus la télévision éducative. Ce sera: Est-ce que le
gouvernement fédéral a quelque chose à faire en
télévision? Est-ce qu'il devrait y avoir une
Société Radio-Canada? C'est ça, la logique de la position
que vous défendez. Est-ce que le gouvernement fédéral...
Je pense que c'est ça, l'aboutissement logique... Je ne veux pas vous
faire dire des choses...
Le Président (M. Laplante): Je crois que les
réponses...
M. Raynauld: ... mais je pense que c'est ça,
l'aboutissement logique.
Le Président (M. Laplante): ... sont pas mal
données.
Le député de Saint-Louis.
M. Blank: Avant qu'on commence avec l'article 1, je vais faire
une motion. Voyant qu'on discute ici du projet de loi no 5 et que la base a
l'air d'être le système de télévision
éducative, je veux faire motion pour que cette commission invite le
ministre de l'Education à assister et à participer à
toutes les séances de la commission relativement à l'étude
du projet de loi no 5.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous pourriez me
passer le texte, s'il vous plaît? Avez-vous des copies pour les
membres?
M. Blank: Non.
Le Président (M. Laplante): Prenez l'habitude de faire
préparer...
M. Rivest: Oui, mais on n'a pas l'habitude...
Le Président (M. Laplante): Que cette commission invite le
ministre de l'Education à assister et à participer à
toutes les séances de la commission, relativement à
l'étude du projet de loi no 5.
Une Voix: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): 5. Sur la recevabilité,
monsieur? C'est parce que je voudrais, avant de la juger recevable... Il est
d'habitude, il est arrivé très souvent à
différentes commissions, qu'on invite des gens au moment de
l'étude d'un projet de loi. La motion est jugée recevable. Qui
veut parler sur la motion?
M. Guay: Est-ce que je pourrais avoir le texte de la motion, une
seconde, si vous me permettez?
Le Président (M. Laplante): Oui, vous voulez...
M. Guay: Je voudrais comprendre le but noble et
généreux qui a motivé le député de
Saint-Louis à vouloir inviter le ministre de l'Education à
participer aux séances de la commission, mais je pense qu'il s'agit
là d'une prérogative, en définitive, qu'il appartient au
ministre de l'Education d'évaluer. C'est pourquoi je proposerais un
amendement à cette motion, afin d'ajouter "après le ministre de
l'Education", les mots "s'il le désire", et ensuire à continuer
"à assister et à participer". Que cette commission invile le
ministre de l'Education, s'il le désire, à assister et à
participer à toutes les séances de la commission.
Une Voix: M. le Président, est-ce que je peux parler sur
la recevabilité de cet amendement?
M. Blank: Comme proposeur de cette motion, je suis prêt
à accepter votre amendement, à ce moment...
Le Président (M. Laplante): Ecoutez... Sur la
recevabilité de l'amendement?
M. Rivest: Est-ce que je peux dire un mot sur la
recevabilité du sous-amendement? Simplement, je crois que cela va de
soi, puisqu'on ne fait que l'inviter, on ne le convoque pas. Si le
député connaissait un peu sa procédure parlementaire, il
constaterait que c'est également l'habitude de ne pas mettre ce vocable,
ou enfin, cette expression "s'il le désire", parce que cela va de soi.
Je sais que le député dit souvent des choses qui vont de soi.
Cela Lui permet de parler. Je pense que cela ne lui permet pas
nécessairement de présenter des sous-amendements inutiles.
Le Président (M. Laplante): C'est sur la
recevabilité que vous voulez parler? Son amendement est recevable,
à mon avis, parce qu'il ne détruit en rien la première
invitation que vous avez lancée dans la motion initiale. Pour la bonne
marche des travaux, si je peux vous suggérer quelque chose aussi qui
s'est déjà fait lors d'une commission antérieure, comme
sur la Loi de l'amiante, c'est qu'on a invité à ce moment un
ministre aussi, et le parti ministériel a accepté la motion parce
que c'était un voeu, mais auparavant avant d'accepter la motion, les
deux oppositions et le parti ministériel se sont consultés sur
les articles pour lesquels vous voudriez avoir la visite du ministre. Si cette
suggestion vous plaît...
M. Guay: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ... on va débattre la
motion. D'accord? M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Je pense que M. le ministre vous a demandé la
parole.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre?
M. O'Neill: Je comprends très bien le sens de l'amendement
proposé par mon collègue, le député de Taschereau.
D'abord, c'est pour éviter toute impression de convocation. C'est
d'autre part aussi, je pense, pour bien indiquer que tout en estimant que sa
présence puisse être souhaitable, comme c'est normal, parce que
c'est un homme d'une remarquable compétence et qu'aussi, le
ministère de l'Education est intéressé à cette loi,
il ne faudrait pas non plus donner l'impression que, de quelque façon
que ce soit, cela puisse être un projet de loi qui soit rattaché
au ministère de l'Education.
Deuxièmement, c'est peut-être bon d'exprimer cette
liberté que doit ressentir le ministre de l'Education, vu que
déjà, dans un très grand nombre de séances
antérieures, il a participé aux discussions sur ce projet de loi,
comme il l'a fait sur le projet de loi no 4, et aussi que ses fonctionnaires,
les représentants de son ministère ont participé
activement aux travaux qui ont conduit à la publication du rapport
Rocher. Ce que veut nous dire ici le député de Taschereau, c'est
tout simplement que d'une part, cette invitation peut répondre à
une certaine convenance, mais il faudrait éviter d'autre part de donner
quelque impression que ce soit, où, je dirais, il ne serait pas possible
de faire une étude exhaustive de ce projet de loi sans une
présence immédiate et de chaque instant du ministre de
l'Education. C'est donc, je crois, M. le Président, un amendement qui ne
modifie aucunement la proposition principale. Elle a l'avantage ici,
d'indiquer, je dirais, une certaine nuance, une certaine délicatesse,
une certaine réserve dans l'invitation. (12 h 45)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, j'ai beaucoup d'admiration
pour le ministre de l'Education. Je sais que ses lumières pourraient
nous être d'un
précieux secours. Il n'y a aucun doute là-dedans. La
proposition part certainement d'un très bon naturel. Mais, d'un autre
côté, il me semble que le ministre de l'Education siège, en
ce moment, à une autre commission et, personnellement, j'aurais
aimé pratiquer la bilocation ce matin, parce que je suis censé
être à la commission de l'éducation et à cette
commission-ci. A ce moment-là, il suffirait qu'on déplace les
membres de cette commission à l'éducation ou qu'on déplace
une ou deux commissions. Mais, je sais très bien que personnellement,
à ce moment-ci, je ne souscris pas du tout à la proposition,
parce qu'on n'a même pas commencé et on ne commencera pas d'ici 13
heures. Pourquoi aller déranger le ministre de l'Education, qui a
déjà ses propres problèmes avec ses amendements,
j'imagine, et qui a hâte de commencer l'étude de son projet de
loi? Personnellement, je me refuse à la présence du ministre de
l'Education d'ici à 13 heures au moins.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest:... cette motion du député de
Saint-Louis... C'est parce que le problème premier, finalement, de ce
projet de loi et de la situation, d'ailleurs, du ministre des Communications,
c'est qu'il y a un ministre qui est en aval et un ministre qui est en amont du
ministre des Communications. Le ministre qui est en aval, évidemment,
c'est la première vocation de Radio-Québec, une vocation
proprement éducative, c'est-à-dire que c'est un problème
d'éducation. Je vais parler là-dessus. Mais il y a aussi le
ministre d'Etat... C'est pour ça qu'on a demandé la convocation
du ministre de l'Education, et je vais expliquer pourquoi. La deuxième,
c'est le ministre d'Etat au développement culturel, dans la mesure
même où, dans le livre blanc de la politique de
développement culturel du gouvernement, on consacre trois ou quatre
pages à Radio-Québec et on situe le rôle de
Radio-Québec dans le cadre de la politique de développement
culturel du Québec. Il y a donc deux dimensions, comme on l'a toujours
dit au cours de ce débat, à ce projet de loi.
Or, le ministre d'Etat au développement culturel
également, pourrait certainement venir nous dire comment il envisage, ou
expliciter comment il envisage le rôle de Radio-Québec dans le
cadre de la politique de développement culturel du présent
gouvernement et, au départ, le député de Saint-Louis
propose une motion pour demander au ministre de l'Education de venir nous dire
ce qu'il attend de Radio-Québec. Ce sont là les deux rôles
que le ministre nous a exposés, avec le député de
Taschereau, et nous avons acquiescé à cette conception de
Radio-Québec. Il faut quand même avoir les paramètres de
base du problème que nous étudions, c'est-à-dire
Radio-Québec en tant que tel. Et pourquoi, plus spécifiquement,
le ministre de l'Education? Parce qu'on sait très bien que ce projet de
loi le député de Taschereau, quant à lui, est
certainement très au courant c'est que ce projet de loi, dont le
ministre a évoqué l'historicité, a une historicité
lointaine, les anciens premiers ministres et tout ça, le problème
juridictionnel, mais il y a aussi, à l'intérieur du gouvernement
du Québec, depuis fort longtemps, un conflit qui existe entre le
ministère des Communications et le ministère de l'Education quant
à la production de documents audiovisuels ou
radio-télévisés dans le domaine de l'éducation.
Or, les projets de loi 4 et 5 du gouvernement, manifestement, sont, au
fond, le résultat des arbitrages que le ministre des Communications et
le ministre de l'Education ont eu à faire, et c'est un long contentieux,
non seulement Ottawa-Québec, mais proprement interne du gouvernement du
Québec et, dans ce sens-là, au moins, il y a certainement un
mérite, c'est que, finalement, on voit qu'il y a une solution. On peut
critiquer la solution, mais, tout de même...
Mais, pour nous, à la commission, pour l'opinion publique, pour
les gens qui veulent savoir quel va être le rôle éducatif de
Radio-Québec, il est très important... Je pense que le meilleur
témoin, comme on dit en droit, c'est le ministre de l'Education, qui
peut venir nous dire, en regard, justement, des remarques du
député d'Outremont, si Radio-Québec est dans le domaine de
l'éducation plus un producteur qu'un diffuseur. Dans la mesure où
il est producteur, il faut à tout prix savoir de la part du ministre de
l'Education, comment il voit le rôle de Radio-Québec en tant que
producteur dans le domaine proprement de la télévision scolaire,
pour réduire cela à cette stricte dimension. Quels sont les
objectifs que le ministre de l'Education a en tête et que le
ministère de l'Education a en tête, compte tenu des besoins du
milieu? Qu'est-ce qu'il attend de Radio-Québec dans ce domaine?
Le ministre des Communications peut très bien nous dire que le
ministre de l'Education lui a dit cela, mais, de toute façon, dans son
exposé il n'en a nullement traité. Je pense que c'est très
légitime, au début des travaux d'une commission comme celle-ci
qu'on puisse avoir cela, parce que c'est un problème important. Je sais
que le ministre des Communications ne niera pas que c'est un problème
important. Cela fait dix ans, cinq ans, ou je ne sais combien de temps qu'on
parle de cela à l'intérieur même du gouvernement du
Québec. Le ministre de l'Education pourrait nous dire ce qu'il attend de
Radio-Québec dans le domaine de la production de documents audiovisuels
ou de radio-télévision, en regard des objectifs mêmes de
l'éducation. Ceci est simplement au niveau des objectifs.
Deuxièmement, il y a, dans le réseau actuel du
système d'éducation, des ressources humaines, des techniciens,
des créateurs, qui ont une expertise particulière. Il faudrait
que le ministre de l'Education vienne nous expliquer ce qu'il entend offrir au
ministre des Communications ou à Radio-Québec dans ce domaine,
quelles sont les ressources qu'il y a.
Troisièmement, on sait que dans tout le réseau, il y a des
techniques. Les collèges, les
écoles, les universités ont un équipement
audiovisuel considérable. Comment cela s'intègre-t-il de
façon que l'utilisation de ces équipements soit absolument
productive en regard des équipements techniques propres à
Radio-Québec?
Quatrièmement, qu'est-ce que le ministère de l'Education
attend de Radio-Québec sur le plan de l'apport de tous ces moyens
audio-visuels sur le plan de la pédagogie, telle qu'elle se pratique?
Surtout, et c'est là que le ministre de l'Education doit venir nous
expliquer cela, parce que c'est très important, il faut quand même
que le gouvernement soit cohérent. Il a valorisé, avec beaucoup
de raison, une des choses qu'il a entreprises depuis deux ans et demi. C'est la
réforme du système de l'éducation, la remise à
jour, le deuxième souffle de la réforme de l'éducation. On
a eu des documents élaborés sur l'enseignement
élémentaire et secondaire par des livres blancs qui ont
été déposés. On a même des projets de loi sur
l'enseignement collégial qui sont devant la Chambre. On en a eu
récemment encore sur le problème des universités. On en
attend dans un domaine clef et primordial pour Radio-Québec, le domaine
de l'éducation des adultes, l'éducation permanente.
Je pense que le ministre de l'Education est le premier responsable de
cette dimension de Radio-Québec, d'une des fonctions de
Radio-Québec. Il a des choses drôlement importantes à dire
à la commission ici pour nous indiquer quels sont les besoins du milieu,
quels service précis Radio-Québec peut rendre au ministère
de l'Education, premièrement; deuxièmement, comment l'arrimage de
l'activité de Radio-Québec et du service des moyens techniques du
ministère de l'Education je ne me rappelle pas la
désignation exacte comment cet arrimage va se faire. C'est en
dehors complètement des représentants du conseil
d'administration, de ce qu'il y a dans la loi. Je pense qu'on doit avoir cette
perspective.
Troisièmement, qu'est-ce que le ministère de l'Education
va exiger de Radio-Québec ou, enfin, va essayer d'obtenir de
Radio-Québec pour mettre en oeuvre... quelle va être la place des
moyens audio-visuels dans la deuxième réforme ou le
deuxième souffle de la réforme de l'éducation que le
ministre de l'Education entreprend dans le domaine de l'enseignement
élémentaire, secondaire, collégial et universitaire?
Autrement dit, on ne veut pas qu'il vienne nous expliquer les
modalités, à savoir s'il aime mieux avoir trois ou quatre
représentants au conseil d'administration ou des choses comme cela. Je
pense qu'on est capable d'en discuter. On pourrait prendre son point de vue.
Mais je pense qu'il y a un prérequis absolument fondamental: c'est qu'on
sache, dans la mesure où Radio-Québec peut rendre service au
monde de l'éducation du Québec... je pense que le ministre a
indiqué que Radio-Québec entendait prendre ses
responsabilités à ce titre. Je sais que d'une façon
interne le gouvernement et les gens de Radio-Québec ont eu des
discussions, des rencontres; on en a sans doute parlé.
Mais la commission parlementaire et l'opinion publique ne sont nullement
informés des projets précis du gouvernement du Québec en
regard des services ou du rôle que Radio-Québec en tant que tel va
rendre au ministère de l'Education qui, derrière lui, a toutes
les clientèles et tous les réseaux, tant les niveaux
élémentaire, secondaire, collégial qu'universitaire. Ce
milieu ne sait pas non plus les arbitrages qui ont été faits, la
nature précise des arbitrages que le gouvernement... Ces gens-là
sont intéressés à savoir exactement ce qu'ils peuvent
attendre de Radio-Québec. Cette dimension n'a jamais été,
depuis le début de ce débat, non plus d'ailleurs qu'en commission
parlementaire, il n'en a absolument pas été question, parce que
le ministre n'a invité personne du milieu propre de
l'éducation... Quand le ministre a entendu les témoins en
commission parlementaire, il me semble que-Peut-être que le ministre va
me dire: Vous auriez dû l'inviter. Sans doute. Peut-être qu'on
aurait dû l'inviter à la commission parlementaire. Mais, de fait,
il n'a pas été invité, à tort ou à
raison.
Je pense que le ministre de l'Education, ou un fonctionnaire
peut-être... la motion du député de Saint-Louis parle du
ministre de l'Education, mais si le ministre de l'Education ne veut pas venir,
que quelqu'un je n'en ferai pas d'amendement formel du
ministère de l'Education vienne nous dire et nous placer, au
début de l'étude de cette commission, vraiment la perspective
éducative première de Radio-Québec. Quel est le rôle
de Radio-Québec en regard du ministère de l'Education? Je sais
que le ministre pourra me donner à peu près toutes les
explications usuelles pour écarter cette motion. Je signale au ministre
que cela pourrait drôlement accélérer l'étude
article par article du projet de loi, étude qu'on a déjà
indiqué que nous ferions dans le sens d'une présence beaucoup
plus articulée et beaucoup plus formelle, dans le texte même du
projet de loi de Radio-Québec, pour bien marquer sa vocation
éducative.
Ultérieurement, je dis au ministre qu'en amont il y a la
politique du développement culturel aussi. Ce serait bien
intéressant de savoir ce que le ministre d'Etat au développement
culturel entend... Quelle est sa conception du rôle de
Radio-Québec en regard de la politique de développement culturel?
Comment Radio-Québec se situe-t-il par rapport à la politique de
développement culturel du présent gouvernement? Je pense que si
on avait ces deux paramètres au départ, très rapidement,
on pourrait, d'une façon très utile, passer à
l'étude article par article et faire les corrections qui nous
paraîtraient pertinentes à partir du témoignage de deux
personnes qui sont quand même en autorité. Ces deux personnes,
autant au niveau du développement culturel qu'au niveau de
l'éducation, ont probablement convenu de confier au ministre des
Communications la responsabilité de Radio-Québec, cette
responsabilité du développement culturel et cette
responsabilité de l'éducation. Très bien, nous en
convenons, mais on veut avoir ce témoignage. S'il n'y a pas de
témoignage du minis-
tre de l'Education ou du ministre d'Etat au développement
culturel, qu'on nous donne des personnes en autorité, ou bien que le
ministre nous le dise, mais qu'il prenne le temps de nous le dire. C'est le
sens de la motion.
Le Président (M. Laplante): Merci. Sur ce, les travaux
sont suspendus jusqu'à quinze heures.
Suspension de la séance à 12 h 59
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission permanente des communications en
vue d'étudier le projet de loi 5, Loi modifiant la Loi de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec.
Au moment de la suspension, la parole était au
député de Jean-Talon et il lui restait six minutes sur la motion
d'amendement.
M. Rivest: M. le Président, au cours des quelques minutes
qu'il me reste, je voudrais simplement résumer brièvement
l'argumentation que j'ai faite à l'effet de demander au ministre de
l'Education de venir nous donner les éléments de base de la
discussion que nous allons avoir ici concernant le développement de
Radio-Québec en tant que radio-télévision
éducative, nous dire quelles sont les intentions du ministère de
l'Education à l'égard de Radio-Québec, surtout qu'est-ce
que le ministère de l'Education attend de Radio-Québec, et
peut-être, si le ministre est en verve, pourra-t-il nous dire la nature
des discussions qu'il a sans doute eues avec son collègue de l'Education
dans la préparation de ce projet de loi. On sait que ce projet de loi a
été présenté une première fois en 1978 et
qu'il est resté en place; j'imagine que les arbitrages pour
employer un euphémisme parce que, d'après ce qu'on m'a
dit, cela a été assez sérieux comme discussion, parfois
c'étaient des discussions viriles et rigoureuses entre le
ministère des Communications et le ministère de l'Education... De
toute façon, l'arbitrage, on le voit dans le texte du projet de loi,
mais on ne sent absolument pas ce que sont devenues les préoccupations
du ministère de l'Education à l'endroit de
Radio-Québec.
C'est la question au fond que je pose au ministre, je ne veux pas en
faire un sujet absolument... S'il croit que le ministre de l'Education ne peut
absolument pas venir, pour ne pas que le ministre des Communications reprenne
ses discussions avec le ministre de l'Education, à tout le moins
ce sera au moins un minimum à l'occasion de la présentation de
cette motion je veux que le ministre des Communications nous dise
très clairement ceci: Premièrement, quelles sont les vues du
ministère de l'Education en regard du rôle de Radio-Québec,
rôle éducatif dans le sens restreint, cette fois-ci?
Deuxièmement, comment le ministère des Communications,
Radio-Québec et le ministère de l'Education vont-ils
réaliser la jonction, l'intégration des moyens techniques
disponibles on sait qu'il en existe dans les collèges, il y a une
direction ou un service au ministère de l'Education qui peut faire la
même chose que Radio-Québec, à certains égards
comment ce contentieux a-t-il été réglé au
niveau des ressources humaines et au niveau des fonctions pédagogiques
que Radio-Québec peut aider à remplir en regard des besoins du
ministère de l'Education? Finalement, nous dire comment le ministre ou
le ministère de l'Education envisage le rôle de
Radio-Québec dans le cadre général de la réforme ou
de la mise à jour du système d'éducation du Québec,
réforme mise à jour que le présent gouvernement a
amorcée, qui est déjà en route et qui touche autant les
niveaux élémentaire, secondaire, collégial et
universitaire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous tenez à
répondre tout de suite, M. le ministre ou si le député de
Taschereau...
M. O'Neill: Je voudrais d'abord dire un mot, M. le
Président, sur une proposition qui a été faite à
savoir que cette commission invite le ministre de l'Education, s'il le
désire c'est la motion à assister et à
participer aux séances de la commission relativement à
l'étude du projet de loi 5. En principe, je pense qu'il n'y a pas lieu
d'être tellement contre cela, quoiqu'on puisse se demander si c'est utile
ou non. Mon collègue, le député de Gaspé, a au
moins mis en doute l'utilité de cette proposition.
M. Le Moignan: Je n'ai pas eu le temps de terminer mon
argumentation, je pourrai revenir plus tard. (15 h 15)
M. O'Neill: Vous terminerez, d'accord? Je dis qu'en soi il n'y a
aucun problème de ce côté-là, sauf que si cela
voulait dire qu'on fait appel au ministre de l'Education parce que, selon
certains, Radio-Québec devrait dépendre du ministère de
l'Education, à ce moment-là, ce serait absolument fautif, mais il
y a une chose qui est très claire pour le Conseil des ministres, c'est
que Radio-Québec relève, comme société d'Etat
autonome, quand même, mais relève au plan gouvernemental, du
ministère des Communications. Il peut y avoir des querelles entre
fonctionnaires cela arrive dans tous les ministères mais
les fonctionnaires jouent un rôle important, fournissent leur expertise,
mais n'ont pas le dernier mot. Le dernier mot appartient à ceux qui sont
élus, et le comité ministériel permanent du
développement culturel, dont fait partie le ministre de l'Education, a
réglé ce conflit, a réglé ces tensions qui
pouvaient exister entre fonctionnaires. Radio-Québec est défini
d'abord comme un organisme de communication, comme une institution de
communication tout comme Radio-Canada, une institution qui s'occupe de
communications, de transmission
massive d'information, de produit culturel, et ce n'est pas le fait
qu'il y ait un aspect éducatif, qui change, à ce point de vue le
caractère spécifique de Radio-Québec. D'ailleurs, ici, on
pourrait faire de longs débats sur ce terme, éducation. Je pense
que certains le définissent comme une sorte de terme analogue; si on
poussait ce raisonnement jusqu'au bout, le ministère de l'Education
engloberait une multitude d'activités gouvernementales, et ce
ministère qui souffre déjà d'embonpoint, à un
moment donné, deviendrait un monstre et, finalement, serait
lui-même handicapé dans son propre fonctionnement. Donc, le choix
du Conseil des ministres, le choix du CNPDC antérieurement, a
été absolument le même avec l'accord complet du ministre
des Communications.
Je voudrais vous signaler, M. le Président, qu'en fait, depuis
que ces décisions ont été prises, des rapports nouveaux se
sont établis entre le ministère de l'Education et
Radio-Québec. D'ailleurs, nous parlons de rapports un peu difficiles
dans le passé. Il faudrait faire attention avant d'attribuer toute la
responsabilité à la direction de Radio-Québec. Il y aura,
par exemple, la semaine prochaine... M. le député de Jean-Talon a
une question à poser?
M. Rivest: C'est simplement parce que le ministre parle des
rapports qui se sont établis entre Radio-Québec et le
ministère de l'Education. Je me rappelle, à la commission
parlementaire, le président de Radio-Québec, en réponse
à une question du député de L'Acadie, avait dit qu'il n'y
avait eu absolument aucune conclusion d'entente précise entre
Radio-Québec et le ministère de l'Education, et que tout cela
était encore dans une situation absolument floue, et c'est
fondamentalement la question que pose ma motion.
M. O'Neill: J'allais justement dire, M. le Président, que
dès la semaine prochaine, il y aura une rencontre entre des
fonctionnaires du ministère de l'Education et les cadres de l'ORTQ, de
Radio-Québec, pour définir, avec un ordre du jour précis,
la collaboration qui existera au cours de la prochaine année, pour la
définition d'une programmation en matière éducative. On y
parlera, par exemple, du rôle du ministère de l'Education
concernant la programmation éducative, on y parlera aussi du rôle
du ministère de l'Education dans les émissions d'éducation
des adultes ou des émissions qui sont de l'ordre de l'éducation
permanente. Donc, de ce côté-là les nouvelles sont
excellentes et, tout simplement, il y a un esprit de collaboration qui s'est
installé au lieu d'un esprit de confrontation. Il fallait simplement
qu'au départ, certaines gens réalisent que Radio-Québec ne
pouvait pas devenir, de quelque façon, une sorte d'annexe du
ministère de l'Education, et pour le comité ministériel
permanent du développement culturel et le Conseil des ministres, il
s'agit là d'une position très claire et définitive que
partage entièrement le ministre de l'Education.
Je me permets, M. le Président, une dernière observation
très brève concernant les propos tenus par le
député d'Outremont qui s'est plaint, à un moment
donné, que dans certains de ces débats, on utilise parfois un
vocabulaire qui serait inconvenant à l'adresse de ceux qui s'opposent
aux positions tenues actuellement par le gouvernement du Québec. Je
signale d'abord au député d'Outremont que s'il avait
été présent à l'ensemble des débats, surtout
depuis hier, il aurait vu que la tenue de propos inconvenants n'est pas propre
au parti ministériel et que là-dessus, le parti
ministériel n'a vraiment pas de leçon à recevoir de
l'Opposition officielle.
M. Rivest: Question de règlement. J'invoque une question
de règlement.
M. O'Neill: J'ajoute...
M. Rivest: II y a une motion qui est en discussion et je pense
que c'est un problème sérieux qui est soulevé, celui des
rapports du ministère de l'Education et de Radio-Québec. C'est un
problème qui est vécu depuis fort longtemps à
l'intérieur du gouvernement. Le ministre nous dit qu'on a
réglé ce contentieux interne. Je lui ai demandé dans mon
intervention de nous dire en quoi, sur le plan technique, sur le plan des
ressources humaines, comment. Il n'a pas encore répondu, et il commence
à bifurquer pour faire dévier le débat, à se lancer
dans des considérations plus ou moins...
M. O'Neill: Une question de règlement, M. le
Président...
M. Rivest: Mais je n'ai pas terminé ma question de
règlement.
M. O'Neill: Ce n'est pas le député de Jean-Talon,
M. le Président, qui va m'imposer ce que je dois dire ici.
Le Président (M. Laplante): II va finir sa question de
règlement et si vous voulez parler le suivant...
M. Rivest: Non, mais le règlement va vous imposer, le
règlement vous impose, figurez-vous et même, les règles
premières de l'exercice que nous faisons, vous imposent de subir,
puisque c'est votre conception...
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que le
député de Jean-Talon est le seul à avoir droit de parole
ici? J'aurais le droit de parole et je le garde.
M. Rivest: J'ai invoqué une question de règlement
et j'ai l'intention de l'exprimer.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, le député de Jean-Talon.
M. O'Neill: Oh là, là! que ça nous
impressionne! Les colères de M. Bourassa qui reviennent à la
surface. Ha! ha! ha! Quel spectacle! Quels souvenirs du passé! Quel
spectacle!
M. Rivest: Est-ce que le ministre...
Le Président (M. Laplante): Vous avez fini votre question
de règlement?
M. Rivest: Non, j'ai l'intention de parler beaucoup plus
longtemps sur la question de règlement...
M. O'Neill: Les fantômes du passé qui nous
reviennent!
M. Rivest: Vous allez voir, le ministre aura besoin d'être
patient et il va l'être. Il reste encore neuf jours, trois heures le
matin, trois heures l'après-midi et trois heures le soir.
M. O'Neill: Nous sommes capables d'être très
patients, M. le député pour supporter quelqu'un comme vous...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre s'il vous
plaît!
M. Guay: Est-ce qu'on peut faire une pause ad hoc, M. le
Président!
Le Président (M. Laplante): Vous finissez votre question
de règlement.
M. Rivest: Ma question de règlement est la suivante. J'ai
demandé au ministre et la motion qui est en discussion selon laquelle le
ministre des Communications qui manifestement ne connaît à peu
près rien là-dedans, parce que ce n'est pas lui qui a
réglé ça... On sait que c'est le ministre de l'Education
et le ministre d'Etat au développement culturel...
Le Président (M. Laplante): Quelle est votre question de
règlement?
M. Rivest: Ma question de règlement c'est que la motion
qui est sur la table à savoir que le ministre des Communications invite
son collègue, ou enfin, la commission invite son collègue, le
ministre de l'Education, à venir devant la commission nous dire
très clairement, de façon précise pas dans les
généralités banales et naïves du ministre des
Communications exactement comment va se faire l'arrimage entre le
ministre de l'Education et...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, c'est la pertinence du débat que vous réclamez...
M. Rivest: Un instant, M. le Président, j'arrive à
ma question de règlement.
Le Président (M. Laplante): ... alors concernant votre
question de règlement, je me sens assez renseigné actuellement
sur la question que vous posez.
M. Rivest: Mon Dieu! Vous vous sentez renseigné
rapidement, M. le Président! Vous avez un flair.
Le Président (M. Laplante): C'est justement un pouvoir
conféré à un président de commission. Lorsqu'il se
dit assez renseigné, il peut donner tout de suite la directive. Ce que
je vous demanderais de part et d'autre, c'est d'essayer de vous en tenir le
plus près possible à la motion d'amendement du
député de Taschereau, à l'amendement, à la motion
du député de Jean-Talon. L'amendement du député de
Taschereau est que cette commission invite le ministère de l'Education
et le député de Taschereau a ajouté: "s'il le
désire", à assister et participer à toutes les
séances de la commission relativement à l'étude du projet
de loi 5. La parole est au député de Chauveau. M. le
ministre.
M. Guay: Correction, M. le Président. Vous avez bien dit
le ministre, non pas le ministère?
Le Président (M. Laplante): Pardon? M. Guay: ...
invite le ministre.
Le Président (M. Laplante): Le ministre, c'est
ça.
M. O'Neill: M. le Président je voudrais d'abord dire que
je pense qu'au moment où vous avez permis dans l'ordre de la
présentation de cette motion à l'Opposition de formuler certains
commentaires, j'ai donc le droit également de faire des remarques sur
ses commentaires. C'est ce que j'étais en train de faire.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, il n'est pas
de coutume...
M. Rivest: J'ai parlé d'éducation, je n'ai pas
parlé de constitution.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, je vous demanderai un minimum de coopération, s'il vous
plaît. Il est coutume, lorsqu'une décision est rendue sur une
question de règlement, d'essayer de s'en tenir autant que
possible...
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
commenter les propos du député d'Outremont?
Le Président (M. Laplante): Pas à ce moment, M. le
ministre. Vous allez avoir à étudier article par article,
à un moment donné. Je crois que le moment...
M. O'Neill: Alors, le député d'Outremont a le droit
de dire n'importe quoi. Il peut tout commenter, c'est ça?
Le Président (M. Laplante): Non, M. le ministre.
M. Rivest: II a tout le temps parlé sur la motion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon. A un moment donné, vous allez trouver à
l'intérieur d'un article de loi l'occasion de dire des choses et vous
allez trouver les réponses à donner aux autres
députés là-dessus. Mais actuellement, c'est sur la
motion.
M. O'Neill: J'aurai d'autres occasions de dire au
député d'Outremont ce que je pense de cette attitude
scandalisée qu'il a eue ce matin, de lui dire que, quand certaines
épithètes lui sont adressées, c'est peut-être qu'il
les mérite.
M. Rivest: Question de règlement, M. le Président.
Le ministre n'a pas le droit de faire indirectement ce que le règlement
ne lui permet pas de faire directement.
M. O'Neill: Alors, on va laisser au député
d'Outremont le droit de faire ce qu'il veut et je vais parler d'autre chose. Je
dis simplement et je le répète que cette motion qui
a été présentée, à savoir qu'on puisse
inviter le ministre de l'Education à venir se présenter ici s'il
le désire, ne pose pour nous aucun problème. Si elle avait comme
intention de nous faire croire que Radio-Québec puisse relever du
ministre de l'Education, à ce moment-là, nous ne serions pas
d'accord. Cela ne correspond pas aux faits, cela ne correspond pas à la
décision du comité ministériel permanent du
développement culturel, cela ne correspond pas à la
décision du Conseil des ministres.
J'ai tout simplement ajouté, à part cela, qu'actuellement,
pour ce qui est de l'effort de rapprochement et de meilleure coopération
entre le ministère de l'Education et Radio-Québec, des
démarches sont déjà amorcées et le climat est
nettement meilleur qu'avant. Pour ce qui est de ces définitions de
programmation éducative et de collaboration qui peut exister entre les
deux organismes, nous estimons que les personnes nommées sauront
très bien s'acquitter de leurs tâches et nous pensons que ces
rencontres donneront des résultats favorables.
Je me limite à ceci pour le moment, M. le Président, et
j'attends l'occasion que vous me donnerez d'avoir le droit de dire autre
chose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Depuis ce
matin...
Le Président (M. Laplante):... M. le député
de Gaspé.
M. Le Moignan: Vous êtes bien aimable, M. le
Président. Après cette motion du député de
Saint-Louis qui a été déposée dans le but d'activer
les travaux de cette commission, je pense qu'il n'y a aucun doute à ce
sujet autour de cette table. Je comprends très bien que la
présence du ministre de l'Education, si elle est requise, c'est parce
que le ministre, étant donné l'aspect éducatif de
Radio-Québec, va nous apporter beaucoup de lumière, beaucoup
d'éclairage. Parfois, on accuse le ministre de l'Education d'être
d'un tempérament trop dirigiste. J'ai certaines craintes à
l'occasion de conflits qui pourraient survenir autour de cette table entre le
ministre des Communications et le ministre de l'Education.
Si on veut être complet et si on veut être logique dans
cette motion, il faudra nécessairement inviter cela pourra
revenir comme deuxième motion plus tard le ministre d'Etat au
développement culturel. Je voyais un groupe de jeunes tout à
l'heure dans cette salle. Radio-Québec aura un rôle à jouer
avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche; cela
pourra être l'objet d'une troisième motion qui viendra tout
à l'heure, si on veut réellement apporter une collaboration
positive, si on veut travailler dans la joie, dans la
sérénité, surtout si on veut éviter de travailler
dans le stress. Il n'y a rien de pire qu'une atmosphère stressante en
commission parlementaire.
Je comprends que si les libéraux nous présentent des
motions, leur unique souci, c'est d'en finir au plus vite, c'est de bonifier ce
projet de loi. Il n'y a pas de doute là-dessus; d'ici 18 heures,
d'ailleurs, ils vont nous en fournir d'autres preuves. C'est la raison pour
laquelle je suis d'accord avec eux. Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, c'est important pour la programmation de Radio-Québec,
et le député de Taschereau est d'accord avec moi. Qu'on ait un
bon film éducatif, par exemple, sur le zoo de Granby. On pourrait
inviter certains personnages à venir donner une conférence aux
jeunes et le ministre des Communications pourrait décider quels membres
de la commission parlementaire iraient rencontrer les jeunes à cet
endroit. (15 h 30)
Si on veut être complet, si on veut faire un travail vraiment
productif, il faudrait absolument que le Conseil supérieur de
l'éducation soit avisé de nos démarches, qu'il soit
consulté et qu'il soit invité à venir comparaître.
On peut avoir quatre ou cinq motions, M. le Président, comme le Conseil
du statut de la femme, mais il y en a beaucoup d'autres; je sais que le
député d'Outremont va certainement avoir des sujets de
préoccupation beaucoup plus approfondis, beaucoup plus creux, oui, dans
le sens de bonnes racines solides, pour aider le ministre. Mais comme on disait
ce matin, c'est regrettable que le ministre de l'Education soit pris ailleurs.
Je suis sûr que s'il était ici, il répondrait aux questions
de mes amis de droite qui ont beaucoup de questions à lui poser, et
c'est une des raisons pour lesquelles je déplore tellement son
absence.
Le député de Saint-Louis, en faisant cette motion,
je sais qu'il est très sérieux tient au
développement de l'éducation, il tient beaucoup à
Radio-Québec. Pour toutes ces raisons, je
crois qu'il faudrait se demander si on va suspendre nos travaux en
attendant que le ministre de l'Education puisse se libérer ou si nous
allons continuer à progresser, comme nous le faisons en ce moment. Si
nous continuons dans la même veine, à ce moment-là, je suis
tout à fait d'accord, et je suis même prêt, pour le moment,
à céder la parole au député de Taschereau,
étant donné qu'en 1929, non pas son grand-père, mais
l'illustre premier ministre, qui a laissé le nom au comté que le
député représente ici, Louis-Alexandre Taschereau... Pour
cette raison très sérieuse, je crois que le député
actuel sera certainement d'accord avec moi, surtout sur le sérieux des
propos que je viens d'évoquer.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Je voudrais, M. le Président, avant de parler sur
le fond, vous demander un détail. Quand le député de
Saint-Louis a fait sa proposition et quand j'ai proposé cet amendement,
"s'il le désire", le député de Saint-Louis, si ma
mémoire est bonne, a accepté et l'a incorporé dans sa
proposition.
Le Président (M. Laplante): II n'y a rien, actuellement,
qui me donne une opinion formelle. C'est une motion qui appartenait au
député de Saint-Louis, et vous avez ajouté un amendement
à la motion du député de Saint-Louis. Il n'y a pas de
motion qui dit, à un moment donné: J'accepte, d'un commun accord,
que l'amendement soit inclus dans la motion principale.
M. Guay: Le député de Saint-Louis a très
clairement dit cela ce matin.
M. Rivest: On peut faire une chose. On peut peut-être
suspendre et demander au député de Saint-Louis.
M. Guay: Je comprends que tout est prétexte à
"filibuster".
M. O'Neill: C'est une façon comme une autre de tuer le
temps.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez une
opinion là-dessus, M. le député de Laprairie?
M. Michaud: M. le Président, le député de
Saint-Louis a dit textuellement qu'il incorporait cet amendement dans sa
motion.
Le Président (M. Laplante): Je ferai appel au journal des
Débats. Pourriez-vous avoir la transcription, s'il vous plaît?
M. Guay: D'ailleurs, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez suspendre votre
question...
M. Guay: D'accord. D'ailleurs, je vous signale, M. le
Président, que là-dessus, à la suite de cela...
Une Voix: Ce n'est pas nécessaire de suspendre la
séance.
M. Guay: ... la motion qui nous a été
distribuée par le député de Saint-Louis, incluait les mots
"s'il le désire" sans faire la moindre distinction.
Le Président (M. Laplante): C'est pour cela que dans la
lecture, tout à l'heure, j'ai fait exception, j'ai fait la pause qu'il
fallait, pour signifier que c'étaient les mots "s'il le désire"
qui faisaient partie de l'amendement de la motion. C'est pourquoi je l'ai fait
à ce moment-là.
M. Guay: C'est ce qui m'a étonné, M. le
Président, compte tenu des propos du député de Saint-Louis
qui...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on reviendra
au député de Saint-Louis aussitôt que j'aurai la
transcription.
M. Beauséjour: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Beauséjour: Dans un certain sens, avant que vous ne
rendiez une décision, j'aimerais quand même que vous
vérifiiez. Je crois que cela prend le consentement unanime pour que ce
soit intégré, même si le député de...
M. Le Moignan: Je n'ai pas d'objection. Il a
délégué ses pouvoirs à ses confrères.
Une Voix: C'est tout un problème.
M. Guay: Mais non. Je cherche simplement à clarifier les
choses selon la procédure, parce que j'ai été
étonné tantôt quand le président a mentionné
amendement à la motion, alors qu'il me semblait qu'il n'y avait qu'une
motion. Parce que, techniquement, on devrait ne parler que si, effectivement,
c'est un amendement en bonne et due forme, qui n'a pas été
incorporé. On ne devrait parler que des mots "s'il le désire",
alors que...
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas d'objection. On
peut régler la chose tout de suite, et que ce soit la motion principale
du député de Saint-Louis. D'accord, il n'y aura pas d'amendement.
Ce sera une motion principale.
M. Raynauld: On est tous d'accord. Allons-y.
Le Président (M. Laplante): Que ce soit la motion
principale du député de Saint-Louis, d'accord. Il n'y aura pas
d'amendement, ce sera une motion principale, M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, ces choses étant
clarifiées, je voudrais faire les commentaires suivants. Quand le
député de Saint-Louis a fait cette motion, comme je l'ai dit, et
comme l'a dit le ministre, il procédait, croyions-nous et croyons-nous
toujours d'ailleurs, le député de Saint-Louis pourra nous
confirmer la chose, puisque le voici ...
M. O'Neill: S'il le désire, est-ce que vous incluez cela
dans votre proposition?
M. Guay: Vous avez bien dit...
Le Président (M. Laplante): Je crois que c'est
réglé actuellement, vu qu'il y a eu consentement unanime.
M. Guay: C'est réglé. De toute façon, on a
le consentement unanime. La motion du député de Saint-Louis,
comme on l'a souligné, partait, croyions-nous et croyons-nous toujours,
d'un bon motif, d'un motif noble, généreux. Le
député de Jean-Talon l'a toutefois, dans son intervention,
interprété d'une façon bien particulière. Il
semblait laisser entendre d'abord qu'il y avait conflit au sein du
gouvernement, au sein de l'appareil administratif de l'Etat, entre le ministre
des Communications et le ministre de l'Education. Il se peut que dans le
passé, sous le régime précédent, que de tels
conflits aient eu lieu, tant le vacuum au sommet de l'Etat était grand
et qu'entre l'ancien ministre de l'Education, M. Cloutier, dont on
connaît le caractère, et le ministre des Communications qui,
évidemment, tenait à son dossier, il se peut qu'il y ait eu
effectivement des conflits. Seulement, pour le bénéfice du
député de Jean-Talon, les choses ont changé. Il y a un
nouveau gouvernement qui a été élu en novembre 1976, si
bien que ces questions sont maintenant choses du passé, et les conflits
d'antan ne seront plus nécessairement choses du présent. Nous
avons réglé un certain nombre de choses depuis notre
élection. Celles-là font partie des choses qui ont
été réglées.
Le projet de loi no 5 est présenté au nom du gouvernement
par le ministre des Communications. Il ne s'agit pas d'un livre vert. Il s'agit
d'un projet de loi qui a fait l'objet d'un débat au Conseil des
ministres, d'une décision du Conseil des ministres, qui est donc
présenté conjointement et solidairement par l'ensemble du
gouvernement et, plus précisément, par le ministre des
Communications. C'est donc dire que dans la mesure où les propos du
député de Jean-Talon laissaient ou pouvaient laisser croire qu'il
y avait conflit, que ce projet de loi n'était pas présenté
d'une manière unanime, de ce fait, tout cela est évidemment faux.
Il n'y a rien de tout cela qui pourrait être fondé, à
supposer que telle ait été l'intention et dans la mesure
où le député de Jean-Talon interprète la motion du
député de Saint-Louis, comme impliquant que Radio-Québec,
en fait, devrait relever, comme l'a souligné le chef du Parti
libéral hier, du ministre de l'Education, plutôt que du ministre
des
Communications, parce que, hier en Chambre, le chef du Parti
libéral a bien dit, il a cité à titre d'exemple, la Loi de
l'Ontario sur l'"Ontario Educationnal Television Authority", en tout cas, la
télévision ontarienne, disant texte à l'appui qu'en
Ontario, cette loi relève du ministre de l'Education; ceci est
partiellement vrai, mais non pas complètement vrai en Ontario. Ici, ce
n'est pas le cas.
Ce n'est pas le cas à la suite d'une décision du
gouvernement qui nous a précédé, car si je me
réfère au chapitre 17 des lois du Québec de 1969,
c'est-à-dire à l'époque de l'Union Nationale, l'article 35
disait: "Le premier ministre ou tout membre du Conseil exécutif qu'il
désigne est chargé de l'application de la présente loi."
Or, en 1972, le gouvernement qui nous a précédé a
précisément modifié cet article de la loi pour dire bien
clairement, bien explicitement, sans l'ombre d'un doute: "Le ministre des
Communications est chargé de l'application de la présente loi",
de la Loi de l'Office de radio-télévision du Québec. C'est
donc dire que dans la mesure où on voudrait interpréter la motion
qui laisse au ministre de l'Education, si cela lui chante, s'il trouve cela
nécessaire, s'il trouve cela utile, s'il a envie de venir, la
possibilité de le faire, ce qu'il avait, de toute façon, à
titre de député, dans la mesure où cela se limite à
cela, nous n'y voyons pas d'objection.
Dans la mesure où on interprète la motion comme voulant
dire que c'est plutôt du ministre de l'Education que relèverait ou
que devrait relever Radio-Québec, à ce moment, je dis que le
Parti libéral est en contradiction flagrante avec la position qu'il
adoptait en 1972, alors qu'il a fait modifier la Loi de Radio-Québec
pour faire relever très explicitement du ministre des Communications
l'Office de radio-télévision du Québec, l'ORTQ, en ce sens
qu'il est normal que non seulement ce soit la commission de l'éducation,
mais qu'il est normal que ce soit le ministre des Communications, la commission
des communications, et le ministre des Communications qui soit ici, que ce
projet de loi soit présenté par le ministre des Communications.
La présence du ministre de l'Education est facultative, et comme le dit
le député de Gaspé: Quant à cela, pourquoi pas
n'importe quel autre membre du Conseil des ministres? Il n'a pas plus à
voir avec cela comme tel. C'est une radio-télévision
éducative qui relève explicitement, en vertu d'un amendement du
gouvernement libéral, du ministre des Communications, et quand le
ministre des Communications présente un projet de loi, il le
présente au nom du gouvernement, c'est-à-dire l'unanimité
des membres du Conseil des ministres.
En ce sens, et pour clarifier la chose une fois pour toutes, et pour
éviter qu'on passe tous les membres du Conseil des ministres les uns
après les autres, y inclus le lieutenant-gouverneur, si le
député de Jean-Talon en avait l'intention, je proposerais
à la motion telle qu'elle existe, un amendement qui réglera le
problème. On ne fera pas le coup de passer chaque ministre en revue pour
perdre du temps, si perdre le temps de cette
commission est également le but du député de
Jean-Talon et, en tout cas, chose certaine, il l'utilise à fond. Je ne
dis pas qu'il le perd; je dis qu'il l'utilise complètement,
jusqu'à maintenant. Alors, M. le Président, je proposerais que
l'amendement se lise ainsi: "Que cette commission invite le ministre de
l'Education ou tout autre ministre, s'ils le désirent, à assister
et participer à toutes les séances de la commission,
relativement..."
De cette façon, M. le Président, on va régler le
problème tout de suite. L'Opposition ne devrait pas avoir d'objection.
S'il y a des ministres qui veulent venir assister, eh bien, mon Dieu! ils
viendront assister! De toute façon, ils en ont déjà la
possibilité à titre de députés, et il n'y a rien
qui les empêche de venir comme intervenants.
Le Président (M. Laplante): Je vais la juger recevable
tout de suite. Oui, elle est recevable, parce qu'elle n'a pas pour effet de
détruire la motion principale. Elle ajoute des
éléments...
M. Rivest: M. le Président... votre décision est
juste... Je pense que... C'est vrai que ça pourrait peut-être
donner ouverture aux commentaires du député, mais, tout de
même, le fond de la motion, ce n'était pas la personnalité
de l'un et de l'autre. Le fond de la motion, c'étaient les
problèmes concrets du ministère de l'Education,
c'est-à-dire les besoins du ministère de l'Education en regard de
Radio-Québec, les services que Radio-Québec peut offrir...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous discutez
sur...
M. Rivest: On n'a pas eu de réponse là-dessus.
C'est ça la question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon...
M. O'Neill: Oui, vous en avez eu.
Le Président (M. Laplante):... est-ce que vous discutez
sur la motion d'amendement actuellement?
M. Rivest: Non, c'est simplement une remarque qui vaà
l'encontre du règlement.
M. Raynauld: Moi, je voudrais discuter sur la motion...
Le Président (M. Laplante): D'accord, oui. M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Je voudrais discuter sur la motion, parce que je
pense que c'est une motion qui n'est pas sérieuse. C'est une motion qui
vise simplement à nous faire perdre notre temps. Non, la motion
d'amendement. Ce n'est pas nous qui l'avons présentée. C'est vous
qui...
M. Rivest: Vous avez fait deux amendements...
M. Raynauld: ... venez de la présenter... M. Rivest:
... faire perdre le temps.
M. Raynauld: ... la motion d'amendement. C'est une motion, donc,
qui est absolument dérogatoire. M. le Président, vous n'auriez
pas dû l'accepter, parce qu'à sa face même...
Une Voix: Oh! Oh!
M. Raynauld: ... c'est une motion.
M. Michaud: ... M. le Président...
M. Raynauld: Non, M. le Président, je juge la motion
d'amendement qui est présentée. Je dis que c'est une motion qui
n'est pas sérieuse.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, ce n'est pas un jugement sur la décision rendue par la
présidence.
M. Raynauld: Non, pas du tout, M. le Président, au
contraire.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Raynauld: Au contraire, je ne fais jamais de jugement sur la
façon dont vous conduisez les travaux. C'est sûr que sur un plan
littéral, la motion d'amendement pouvait être acceptée. Je
dis que sur le fond de cette motion d'amendement, il est clair que le
député de Taschereau veut simplement ridiculiser les travaux de
cette commission, parce qu'il n'était pas question dans la motion
principale de faire venir n'importe quel ministre. Il n'était pas
question non plus... et là, le député de Taschereau nous
impute des motifs, M. le Président, qu'on aurait pu relever; on a
à peine commencé la discussion du projet de loi en commission
que, déjà, on nous dit qu'on fait des "filibusters". La question
que je me poserais là-dessus, M. le Président, ce serait la
suivante: Si les travaux dépassent cinq minutes, une heure, deux heures,
à quel moment ce gouvernement va-t-il trouver que nous faisons de
l'obstruction systématique? On n'a pas sitôt commencé que,
déjà, on nous dit qu'on fait de l'obstruction. Or, ce
problème-Une Voix: Cela fait trois jours.
M. Raynauld: Non, les travaux de cette commission sur ce projet
de loi ont commencé ce matin. Cela ne fait pas trois jours. C'est ce
matin que ça a commencé. Pourquoi dites-vous des sottises
pareilles? Il y a quand même des limites.
M. Guay: Cela fait trois jours que vous faites perdre le temps de
la Chambre.
M. Raynauld: Respectez donc un peu...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Raynauld: Respectez quand même...
Le Président (M. Laplante): II faudrait revenir à
la pertinence de l'amendement.
M. Raynauld: Je voudrais bien m'en tenir à la pertinence
du débat, M. le Président, mais le député de
Taschereau dit sans arrêt toutes sortes de sottises. C'est
épouvantable de ne pas respecter davantage des choses absolument
élémentaires. Ce projet de loi a été discuté
pendant quatre heures en deuxième lecture. On nous a dit qu'on faisait
de l'obstruction. Le projet de loi s'en vient en commission parlementaire. Cela
ne fait pas deux heures qu'on a commencé, qu'on nous dit que c'est de
l'obstruction.
M. Rivest: Ils ne sont pas capables...
M. Raynauld: Cela dépasse les bornes. (15 h 45)
Je voulais dire que cette motion d'amendement, M. le Président,
est une motion d'amendement qui ne prend pas au sérieux la motion
principale. La motion principale, c'était une motion qui disait qu'il y
avait des relations à établir et des relations indispensables et
nécessaires, étant donné que Radio-Québec est
censé faire de la télévision éducative, entre le
ministère de l'Education en ce qui concerne Radio-Québec, et le
ministère des Communications.
Ce n'est pas aller chercher de midi à quatorze heures une motion
que de penser que le ministre de l'Education pourrait peut-être apporter
à nos travaux des éclairages utiles, étant donné,
encore une fois, que Radio-Québec est censé s'occuper de
télévision éducative. Je ne prétends pas non plus
que Radio-Québec devrait relever du ministère de l'Education,
pour cela. Pourquoi faudrait-il que cela relève du ministère de
l'Education, parce qu'on propose une motion demandant que le ministère
de l'Education soit ici? J'ai participé à d'autres commissions
parlementaires, en ce qui concerne l'amiante en particulier, où on a
demandé que le ministre des Finances vienne, même si ce n'est pas
lui qui était responsable du projet de loi. Et le ministre des Finances
est venu. Il a répondu à nos questions.
Pourquoi proposer un amendement qui dit: Quant à faire, invitez
donc tout le monde et son père. Invitez donc tous les ministres. C'est
cela qui est l'amendement. Ce n'est pas sérieux. Je pense que nous
voulions, et nous voulons encore, être capables d'avoir des
réponses sur l'harmonisation que vous entendez faire entre la
société d'Etat Radio-Québec, et le ministère de
l'Education. Est-ce que c'est quelque chose qui est répréhensible
que de proposer une chose comme celle-là? Il n'y a rien de
répréhensible là-dedans.
Et pour indiquer le genre de préoccupation que nous avons
à cet égard, j'aimerais demander au ministre des Communications
comment il entend faire cette harmonisation avec le ministère de
l'Education? Est-ce qu'il y a une harmonisation à faire, selon lui? De
quelle nature est-elle? Tout ce qu'il nous a dit, jusqu'à maintenant,
c'est: II y a des comités qui se réunissent, ils vont se
rencontrer. Cela va bien. Les travaux sont en marche et s'il y avait des
conflits autrefois, il n'y en aura plus. Je veux bien. Mais cela ne me
satisfait pas de dire simplement qu'il n'y a pas de conflit. Tant mieux s'il
n'y a pas de conflit. Mais ce n'est pas cela qui m'intéresse. Ce qui
m'intéresse, c'est de savoir comment on va brancher à la fois les
activités du ministère de l'Education et Radio-Québec,
puisque l'un est supposé être complémentaire de l'autre.
Est-ce qu'on entend établir des comités permanents?
M. Beauséjour: Question de règlement. M.
Raynauld: C'est cela la question.
M. Beauséjour: J'essaie de suivre l'argumentation
invoquée par le député d'Outremont et je me demande si on
doit discuter de l'amendement ou s'il y a un accord pour qu'on discute des deux
ensemble. C'est pour être capable de me situer un peu dans la
discussion.
Le Président (M. Laplante): ... il n'y a pas eu d'accord
encore.
M. Raynauld: Je pourrais peut-être aider le
député à comprendre. Il y a une motion d'amendement qui
est proposée pour inviter tous les ministres. Je suis opposé
à cet amendement. Il suffirait d'inviter le ministre de l'Education.
C'est ce que j'essaie de faire. C'est tout à fait pertinent. J'essaie de
démontrer que c'est plus important d'inviter le ministre de l'Education
que d'inviter d'autres ministres. J'essaie de démontrer pourquoi c'est
important d'inviter le ministre de l'Education. Radio-Québec est
censé faire de la télévision éducative. C'est cela
qui est marqué, télévision éducative. Je voudrais
savoir suivant quelles modalités le ministre de l'Education il a
sûrement pensé au problème il va y avoir...
Le Président (M. Laplante): Vous feriez un bon
président.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas voulu prendre
votre place. Je n'aurais plus le droit de parler. Ce serait terrible. Je sais
bien que cela ne vous fait rien.
Le Président (M. Laplante): ...
M. Raynauld: Je le prends comme tel.
Je pense que c'est une question importante quand même qui est
soulevée. On a dit: Quelles sont les modalités suivant lesquelles
cette collaboration va s'établir? Est-ce qu'il y a eu déjà
des directives ou des orientations données. Est-ce que, par exemple, la
société Radio-Québec va produire des émissions
éducatives? Est-ce que cela va être lié au programme
scolaire dans la partie éducation, au sens strict du terme? Si c'est
lié à des programmes scolaires, est-ce que le
ministère de l'Education va être partie prenante à
la fabrication d'émissions de Radio-Québec ou non? Est-ce que les
cloisons sont tellement étan-ches, parce que Radio-Québec
relève du ministère des Communications, qu'il ne sera pas
possible au ministère de l'Education d'avoir son mot à dire dans
le genre d'émissions qui pourront être produites? Est-ce que le
ministère va continuer à produire des émissions, va les
donner à Radio-Québec pour les faire diffuser sur le
réseau? Est-ce que ces programmes vont être organisés de
façon que le ministère de l'Education puisse reconnaître le
contenu des cours qui pourront être donnés, soit à
l'éducation permanente, soit aux programmes réguliers? S'il y a
des diplômes qui sont donnés au bout, comment va-t-on organiser la
vérification? De quelle façon va-t-on procéder pour noter
les usagers et les spectateurs qui vont suivre ces cours à la
télévision? C'est le genre de questions qu'il me semble tout
à fait pertinent de soulever à ce stade, lorsqu'on
présente une motion d'amendement pour nous dire: Invitez donc n'importe
qui. J'ai beaucoup de respect pour le député de Gaspé, qui
dit: Peut-être qu'il y aurait aussi un ministre au développement
économique qui pourrait avoir quelque chose à dire.
Peut-être qu'il pourrait avoir quelque chose à dire, mais on
admettra que le lien est un peu plus ténu qu'entre le ministre de
l'Education et Radio-Québec, puisque ces deux institutions doivent
travailler la main dans la main s'il s'agit d'éducation
éducative.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Là-dessus, comme dirait le ministre de
l'Education, dans la foulée de l'argument du député
d'Outremont, je voudrais dire ceci, et je sais que le ministre ne sera
peut-être pas d'accord, mais il y a quand même des problèmes
très concrets. Je lui en pose un: Pourquoi, simplement, le ministre de
l'Education? Parce que c'est lui, par exemple... Le ministre a parlé, je
sais que c'est réel, je suis d'accord avec lui quand il parle des
tensions ou des conflits au niveau des fonctionnaires, je sais qu'ils ont
existé, et que cela se règle au niveau politique; je prends la
parole du ministre qu'ils ont réglé cela. Le texte même du
projet de loi le démontre, puisque, comme le disait le
député de Taschereau, c'est le projet de loi du gouvernement. On
a fait des arbitrages au niveau politique. Il n'y a rien de dirigé
contre le ministre dans cette motion, mais il y a des problèmes. Je
pense qu'il faut parler des problèmes concrets. Le ministère de
l'Education a un service qui s'appelle le service des moyens d'enseignement,
sauf erreur. Il y a des gens qui travaillent là. Pardon?
M. O'Neill: Le service général des moyens
d'enseignement.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Il y a des gens qui travaillent
là. Il y a des gens qui travaillent dans le domaine de l'audio-visuel.
Radio-Québec a des gens qui travaillent, qui ont une expérience
et qui ont déjà fait des productions du même ordre. Ce
qu'on aimerait, concrètement, que le ministre de l'Education vienne nous
dire, ou à son défaut, le ministre des Communications, c'est
ceci: Comment ces arrimages vont-ils se faire? Est-ce qu'il va y avoir
duplication? C'est un point très concret, premièrement, au niveau
des moyens, au niveau des ressources humaines; deuxièmement, au niveau
technique, c'est-à-dire des instruments, des appareils, on sait qu'il y
a une duplication; troisièmement, on sait qu'au ministère de
l'Education, les collèges, pour prendre cet exemple, d'enseignement
général et professionnel ont des moyens techniques. On sait
qu'ils sont peut-être trop équipés. Certains ont
prétendu que c'était trop. Il y a de l'argent, en fait, qui est
là. Ce sont des problèmes concrets comme cela. Un conseil
d'administration dans un collège a une certaine autonomie face au
ministère de l'Education pour placer ses commandes et les
développer. Comment les collèges d'enseignement
général et professionnel vont-ils pouvoir communiquer avec
Radio-Québec? Quels services Radio-Québec va-t-il être en
mesure de leur donner concrètement? Jusqu'où va la
responsabilité du ministre des Communications face à
Radio-Québec? Je pense que cela doit être une préoccupation
du ministre des Communications de faire en sorte qu'il n'ait pas, avec son
collègue de l'Education, une perte financière, une perte
d'énergie, de façon à ce que les arrimages, à ces
différents niveaux, puissent se faire d'une façon convenable.
C'est le sens de la motion. C'est pour cela qu'on demande au ministre de
l'Education parce qu'on pensait on pouvait légitimement le penser
que pour la fin propre du ministère de l'Education,
c'était la personne au niveau politique qui pouvait peut-être
mieux nous informer là-dessus.
Si, comme l'a mentionné le député d'Outremont... On
sait qu'il y a des raisons pratiques. Aujourd'hui, le ministre de l'Education
ne peut pas venir. Au moins, que le... A moins que le ministre des
Communications nous donne ce genre d'information. S'il ne le peut pas ou,
enfin, s'il croit que son collègue peut le faire mieux que lui, au
moins, qu'il convienne tout simplement, comme ça s'est fait, je pense,
dans le cas de l'amiante, que sur l'expertise particulière...
M. Raynauld: Convenu...
M. Rivest:... le ministre des Finances, sur un aspect
particulier, c'est-à-dire l'aspect qui l'intéressait comme
ministre des Finances, est venu dire: Voici l'état des
négociations, j'imagine, dans l'expropriation.
Alors, qu'il convienne simplement que le ministre ou que quelqu'un du
ministère de l'Education vienne nous le dire. Quelqu'un, par exemple, je
pense... Si le ministre ne peut pas venir, qu'un fonctionnaire du service des
moyens d'enseignement, très rapidement... Je promets même au
ministre que ça ne durera pas plus qu'une heure. Je pourrais même
convenir de ça avec le ministre. Si on avait le ministre de l'Education
ou le fonc-
tionnaire qui est responsable du service général... Il
n'est pas question de bloquer, c'est question d'avoir la base. Je suis
même prêt à lui promettre que ça ne durera pas... On
peut s'entendre à la commission qu'une demi-heure, si vous voulez...
Qu'il nous dise: Voici, les systèmes sont en place. Voici telle
façon... On aurait convenu d'une heure, si vous voulez. Je suis
prêt à ça, mais je veux avoir, au fond, sur la table
c'est le sens de ma proposition les données de base qu'on n'a pas
eues, parce que le ministre des Communications a d'autres
préoccupations, bien sûr. Sa préoccupation première,
c'est Radio-Québec envisagé au sens large, comme
radio-télévision éducative, au sens où il l'a
défini, mais il faut quand même avoir les éléments
de base pour porter un jugement... C'est le rôle de l'Opposition,
à part ça. Au moins, pour... parce que c'est un problème
qui est réel, au moins pour essayer, face à l'opinion publique et
dans le cadre de nos travaux parlementaires, de signifier que ça, c'est
important et de nous faire dire on va prendre la parole du ministre
que, dans ce sens-là, sur le plan d'une saine gestion de cette
jonction entre le ministère des Communications et celui de l'Education,
il y a une volonté politique sérieuse. Je présume qu'elle
existe, mais on voudrait qu'elle soit simplement un peu étayée.
Ce n'est pas plus malin que ça.
Une Voix: Adopté.
M. O'Neill: M. le Président, écoutez, il y a deux
choses, je pense, que les gens sont en train de confondre. Il y a, d'une part,
une proposition. Moi, j'aimerais bien qu'on passe à la proposition,
qu'on règle ce cas-là. Ensuite, on me pose un certain nombre de
questions, auxquelles je répondrai, en temps et lieu, mais je pense
qu'il faut d'abord regarder la proposition.
Les gens disent qu'ils veulent avoir ici le ministre de l'Education,
s'il le désire. On ajoute: Et même tout autre ministre. On
pourrait penser au ministre d'Etat au développement culturel, par
exemple. Je ne vois pas le problème. Je n'ai pas besoin qu'on
débatte ça longtemps. Après ça, si vous voulez,
nous pourrions parler de ces questions plus concrètes, à savoir
ce qui se passe dans le moment au point de vue déjà de la
coordination entre le ministère de l'Education et Radio-Québec.
Mais je pense que la question sur la table qui a été
posée, c'est de savoir si, oui ou non, on invitait le ministre de
l'Education, s'il le désire, ou tout autre ministre. C'est ça, la
question?
Là-dessus, je n'ai aucun problème, M. le Président.
S'ils veulent qu'on adopte ça immédiatement...
M. Guay: Adopté.
M. O'Neill: ... aucun problème. Réglons ça
d'abord.
M. Rivest: Mais, est-ce que le ministre va... A moins que mon
collègue ait quelque chose à ajouter.
M. Raynauld: Je voudrais demander, sur le plan de la
procédure, si le ministre ne répond pas aux questions maintenant
en ce qui concerne l'Education, si la motion est adoptée. Après
ça, on passe à autre chose.
M. Rivest: Oui, c'est ça. M. Raynauld: Le
ministre...
M. O'Neill: Je répondrai aux questions, mais question de
procédure, M. le Président, il y a une motion sur la table,
à savoir si on invite le ministre de l'Education ou tout autre
ministre?
M. Raynauld: D'habitude, à l'intérieur d'une...
M. Rivest: M. le ministre...
M. O'Neill: C'est ça, la motion?
M. Rivest: ... à l'intérieur de la motion...
M. O'Neill: C'est ça qu'on règle.
M. Rivest:... vous pourriez dire: Voici, ce n'est pas
nécessaire...
M. O'Neill: J'ai simplement dit, M. le Président, que
c'était une motion fort intéressante.
M. Rivest: Oui, mais là, vous vous cantonnez exactement
dans le...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
député. En commission, ce genre de motion arrive assez souvent.
Souvent à l'intérieur de la motion, il y a aussi une entente qui
peut se faire entre les deux groupes. Je suis même prêt à
suspendre, si vous voulez, trois ou quatre minutes pour que vous puissiez
prendre les informations voulues, pour donner une réponse avant le vote
sur la motion. Cela arrive régulièrement qu'on vote sur la
motion, mais sur un accord entre le ministre et l'Opposition, en disant: Oui,
il y a une partie de votre proposition, de votre motion qui m'intéresse.
Peut-être que le ministre pourrait venir ici 45 minutes, une heure. Le
ministre peut s'engager à en parler à l'autre ministre.
Je pense que c'est dans ce sens-là, avant le vote, qu'il voudrait
avoir une opinion. C'est ce qui se fait régulièrement dans les
motions préliminaires présentées à l'étude
d'un projet de loi. (16 heures)
M. Guay: La motion de la commission, M. le Président, si
elle est adoptée, sera transmise aux personnes qu'elle vise. Et si elles
le jugent à propos, puisqu'il est bien marqué dans la motion "si
elles le désirent", elles viendront quand bon leur semblera.
M. Raynauld: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Le député de Taschereau n'a
peut-être pas compris ou voulu comprendre. Si on dispose de la motion, le
ministre n'aura plus l'occasion de parler d'éducation et de
répondre aux questions qu'on a posées. Est-ce que, d'un commun
accord, on pourrait s'entendre pour qu'il puisse répondre à ces
questions à l'intérieur de cette motion? Ensuite on disposera de
la motion.
M. Guay: M. le Président, je voudrais quand même
faire remarquer aux membres de cette commission que nous sommes à
étudier une motion qui vise à inviter le ministre de l'Education,
s'il le désire, ou tout autre ministre, à venir faire un tour
à la commission, s'ils le jugent à propos. C'est le sens de la
motion. S'ils le jugent à propos, ils viendront. Si la commission adopte
cette motion, je ne vois pas très bien... Là, on entre dans un
tout autre débat. On voudrait presque faire une étude des
crédits de Radio-Québec pour poser un tas de questions afin de
savoir comment fonctionne Radio-Québec de manière organique,
quels sont les budgets qu'il dépense, comment c'est alloué, quels
sont ses liens avec le ministère de l'Education, etc.
M. le Président, je vous fais remarquer respectueusement que
l'Opposition a amplement eu la possibilité de le faire lorsque le
président-directeur général de Radio-Québec a
comparu en commission parlementaire sur ce projet de loi, qui était en
même temps l'occasion pour l'Opposition, et cela avait été
convenu, d'étudier les crédits de Radio-Québec. Et Dieu
sait que le député de L'Acadie s'est permis un après-midi
complet de questions au PDG de Radio-Québec. J'invite les
députés de l'Opposition à relire le témoignage de
M. Barbin et les questions du député de L'Acadie.
M. Rivest: M. Barbin a dit, comme je l'ai signalé au
ministre, que ce n'était pas réglé. C'est dans le journal
des Débats, j'étais là, en commission. Je l'ai relu encore
hier soir. Il y a quand même des choses élémentaires. Il
n'y a pas de piège là-dedans. Vous semblez être partis avec
l'idée...
M. Guay: M. le Président...
M. Rivest: Le cinq, cela a pris trois ou quatre heures en
deuxième lecture. J'ai les amendements ici, jusqu'à l'article 24.
Je suis prêt à les discuter très sobrement. Il n'y aura pas
d'interventions, on est prêt à adopter le cinq.
M. Guay: Adoptons-le, c'est pour cela que nous sommes ici.
M. Rivest: Mais on veut avoir des éléments de base.
Essayez donc, au lieu de vous cantonner, en craignant des "filibusters"...
Le Président (M. Laplante): Je suspens les travaux trois
minutes afin d'obtenir une directive.
M. le député de Jean-Talon, vous aviez la parole.
M. Rivest: J'avais la parole, mais j'ai une autre parole qui
risque d'être beaucoup plus productive que celle que j'adresse au
ministre.
M. Guay: Avez-vous une cassette?
M. Rivest: Je crois que j'ai de meilleurs moyens de
communicationque le ministre et tout son ministère. C'est plus efficace.
Simplement deux personnes derrière moi sont plus efficaces que
l'ensemble du ministère.
M. Guay: ... pour les fonctionnaires.
M. O'Neill: C'est très aimable pour les fonctionnaires du
ministère. Je vous remercie beaucoup. Ils vont apprécier ce
cadeau. On va leur transmettre le compliment.
M. Guay: On va leur transmettre les bons voeux du
député libéral de Jean-Talon.
M. Rivest: Vous leur enverrez le cadeau et mes excuses en
même temps. Je le regrette profondément.
Ce que je veux dire au ministre, c'est qu'il me semble un peu
craintif...
M. O'Neill: Du tout, sauf qu'on vous voit tellement prendre
toutes sorte de moyens pour faire perdre le temps du monde qu'à un
moment donné... C'est tout.
M. Rivest: Non, absolument pas, je vous l'ai dit.
M. O'Neill: Du baratin. Allez quand même.
Le Président (M. Laplante): Parlez sur la motion.
M. Rivest: La seule chose que je demande, trois ou quatre
questions, les éléments que j'ai demandés, on peut y
répondre en cinq minutes. Si vous n'avez pas les informations,
dites-nous simplement ici: Ecoutez, je n'ai pas les informations
précises. Convenons qu'à six heures, je vais m'informer, je
prendrai cinq ou dix minutes de la commission, je les fournirai à la
commission. Ce ne sera pas plus compliqué que cela. On va passer
à l'article 1. Et j'ai une autre question à vous poser à
l'endroit du ministre d'Etat au développement culturel. Cela peut
prendre cinq minutes. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Si vous ne
les avez pas, si vous ne pouvez pas me dire ce qui arrive des moyens
d'enseignement au ministère de l'Education, c'est cela qui compte...
Comment les collèges vont-ils arriver? Quelle est la perspective, les
intentions du ministère de l'Education à l'égard de
Radio-Québec? Dites-moi cela simplement. Si vous voulez me le dire tout
de suite, on va passer immédiatement à l'article 1. Ce n'est pas
plus compliqué que cela.
M. O'Neill: M. le Président, j'ai les réponses qui
devraient être satisfaisantes aux questions qui
ont été posées. Je demande simplement qu'on
procède avec ordre. Je ne vois pas que le député de
Jean-Talon puisse avoir le droit d'imposer sa procédure. Il y a une
motion sur la table, elle est très claire. On peut la voter
immédiatement et passer aux questions. C'est simplement cela que je veux
dire. Je ne vois pas au nom de quoi le député de Jean-Talon a le
droit d'imposer sa procédure. C'est tout ce que je dis.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous êtes
prêts à voter sur l'amendement et la motion principale?
M. Raynauld: M. le Président, je note tout de même
qu'il ne s'agissait pas d'imposer une procédure, il s'agissait de savoir
si on pouvait s'entendre sur la procédure, ce qui est bien
différent. Le ministre ne semble pas voir la différence entre les
deux. Comme il ne veut pas s'entendre sur une procédure qui aurait
peut-être pu être un peu plus flexible et un peu plus positive, on
va passer effectivement au vote et on se reprendra sur une autre motion. Il y
aura plus de motions.
Le Président (M. Laplante): J'appelle la motion
d'amendement du député de Taschereau. Après "que cette
commission invite le ministre de l'Education", que les mots "ou tout autre
ministre, s'il le désire" au pluriel ...
M. O'Neill: Non, c'est au singulier. Au point de vue du
français, cela va être bien au singulier.
Le Président (M. Laplante): ... à assister et
participer à toutes les séances de la commission relativement
à l'étude du projet de loi no 5. Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Guay: Adopté.
M. Raynauld: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division, M.
le député d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, sur division.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, la motion
principale: Que cette commission invite le ministre de l'Education ou tout
autre ministre, s'il le désire, à assister et à participer
à toutes les séances de la commission, relativement à
l'étude du projet de loi 5. Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Raynauld: Adopté, on fait rire de nous, mais cela ne
fait rien.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Guay: Ce n'est pas la première fois que cela vous
arrive, ni la dernière.
Le Président (M. Laplante): Est-ce les mem- bres de cette
commission sont prêts à faire appeler l'article 1 ?
Discussion générale
M. O'Neill: Est-ce que je pourrais fournir des
renseignements?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le ministre.
M. O'Neill: Je veux d'abord rappeler que ce que nous avons
d'abord réussi dans ce dossier et qui n'avait pas été
réussi auparavant, cela a été précisément
d'amorcer une meilleure collaboration entre le ministère de l'Education,
et plus particulièrement, le service général des moyens
d'enseignement et Radio-Québec. Qu'il ait existé des tensions
entre ces deux organismes, c'est un fait connu.
La première étape de collaboration a pris forme au moment
de la préparation du rapport Rocher. Tout au long des longues
discussions qui ont eu lieu en vue de la préparation de ce rapport, il y
a eu des échanges réguliers entre le ministère de
l'Education et Radio-Québec. Cela continue. Au moment de préciser
le mandat de Radio-Québec, le Conseil des ministres avait
précisément souligné la nécessité
d'établir une meilleure collaboration entre le ministère de
l'Education et Radio-Québec. Les deux groupes ont vraiment pris cette
directive au sérieux. Je vous signalais, par exemple, justement que
dès la semaine prochaine, il y aura une rencontre où on va
essayer de définir les mécanismes essentiels de collaboration
entre les deux organismes, de devoir répondre justement à des
questions comme celles qui ont été posées: Quelle sera la
collaboration du ministère de l'Education? La collaboration
également des milieux éducatifs dans les régions?
D'ailleurs, c'est déjà prévu dans le texte de loi, dans la
composition même des comités régionaux.
Il a également été prévu que deux membres du
conseil d'administration seraient nommés sur recommandation du ministre
de l'Education. Alors, c'est ce mandat que nous avons donné. Il reste
maintenant à ceux qui sont spécialisés en éducation
et en télévision éducative de continuer le travail qui est
maintenant amorcé.
Encore une fois, M. le Président, c'était justement une
des premières difficultés auxquelles nous avons dû faire
face quand nous avons abordé le dossier de Radio-Québec. Nous
trouvions anormal qu'il existe des tensions pareilles entre des gens qui,
normalement, auraient dû collaborer de façon
régulière. Je vous signale, par exemple, que même au
comité Rocher siégeait un des principaux représentants du
service général des moyens d'enseignement, M. Réal
Michaud, et un représentant plus personnel du ministre de l'Education,
M. Jacques, qui suivait également les travaux de ce comité.
Je trouve tout à fait légitime, d'une certaine
façon, que l'on s'inquiète, vu ce qui a été fait,
ce qui s'est produit dans le passé, de l'avenir de la
collaboration qui pourra exister entre le ministère de
l'Education et Radio-Québec. Ce sont des problèmes que nous avons
nous-mêmes abordés avec le ministre de l'Education au
Comité ministériel permanent du développement culturel.
Sur le plan politique, nous avons clairement défini les mandats,
défini les responsabilités et il y a tout lieu de croire que,
maintenant, les représentants de Radio-Québec et les
fonctionnaires concernés du ministère de l'Education respecteront
le mandat qui leur est donné. Nous avons d'ailleurs justement cet indice
que ce travail de collaboration est actuellement bien amorcé.
M. Rivest: Juste une question. Est-ce que la réponse du
ministre... Je comprends que, d'après lui, dans la mesure où il
doit parler un peu au nom du ministère de l'Education... Dans
l'état actuel du problème que le ministre et ses collègues
ont eu à régler, est-ce que le ministère de l'Education et
plus particulièrement le service des moyens d'enseignement ont paru
satisfaits de la place qui était accordée au ministère de
l'Education, c'est-à-dire à ses représentants, dans la
structure que propose le projet de loi no 5 pour Radio-Québec?
M. O'Neill: Le ministre de l'Education...
M. Rivest: Non, pas le ministre... Oui, le ministre...
M. O'Neill:... a été pleinement satisfait. Quant au
sentiment personnel de chacun de ses fonctionnaires concernés, je ne le
connais pas.
M. Rivest: Non, mais... Oui, je comprends...
M. O'Neill: Je ne crois pas que ce soit ma tâche de sonder
les reins et les coeurs pour savoir ce que les gens pensent
individuellement.
M. Rivest: Je comprends, mais est-ce que vous croyez,
étant donné la nature des problèmes dont vous avez fait
état, que sur le plan de la collaboration je vois qu'il y a des
efforts qui sont faits il y a des chances que cela fonctionne dans la
mesure où les résistances du milieu je ne parle pas
d'individus en particulier ont fait que dans le passé, à
tort ou à raison, il y a eu un manque de collaboration? Est-ce que le
ministre, sur ce plan, est satisfait ou, enfin...
M. O'Neill: Oui, je suis très confiant, M. le
Président. Mais s'il arrivait que tel ou tel fonctionnaire s'estime
insatisfait des décisions qui ont été prises, ce serait
à lui de prendre sa décision...
M. Rivest: Non, individuellement, il n'y a pas de
problème.
M. O'Neill:... pour savoir s'il peut continuer à
travailler à cet endroit.
M. Rivest: Non, d'accord.
Une autre courte question, si vous permettez.
On parle du ministère de l'Education. Du côté de la
politique, de la structure sur le plan de développement culturel entendu
dans un sens large, il y a un comité ministériel, etc. Quelles
sont les idées du ministre, s'il peut parler au nom du comité ou
plutôt au nom du responsable qui serait le Dr Laurin, le ministre d'Etat,
la façon dont il entrevoit ou pense pouvoir appliquer, faire une place,
à l'intérieur de la politique générale de
développement culturel, faire une place à Radio-Québec,
cette place qu'il définit dans le deuxième volume de son livre
blanc. (16 h 15)
M. O'Neill: Vous faites allusion à quoi de façon
plus précise?
M. Rivest: Je fais allusion... Radio-Québec est un
instrument de la politique générale de développement
culturel du Québec; il y a un Conseil des ministres qui regroupe, sous
la direction du ministre d'Etat... Est-ce que Radio-Québec est inscrit
dans les travaux normaux de ce comité ou si Radio-Québec va
devoir passer par le ministre des Communications, par exemple, pour faire
valoir... Est-ce que c'est le ministre de l'Education qui va placer les
commandes du comité interministériel du développement
culturel à Radio-Québec, si Radio-Québec, sur ce plan, va
avoir une autonomie d'action? Comment cela va-t-il s'intégrer?
M. O'Neill: Dans le cas des travaux qui ont été
menés au sujet de la vocation de Radio-Québec, nous avions une
entente au CNPDC pour confier à un comité relevant du Dr Laurin
le soin de définir ce mandat de Radio-Québec, comme,
actuellement, vous avez un sous-comité qui traite de façon assez
particulière, de la radio. Est-ce que Radio-Québec doit, oui ou
non, s'occuper de radio? Nous attendons d'ailleurs pour bientôt, je
l'espère, le rapport de ce comité.
Dans l'étape suivante, quand il s'agit d'établir les
contacts avec Radio-Québec, ces contacts se font par le ministre des
Communications.
M. Rivest: D'accord. J'ai juste une autre question.
M. Raynauld: Je voudrais poser des questions aussi.
Le Président (M. Laplante): Attendez. Vous avez
terminé vos questions, M...?
M. Rivest: J'ai juste une question pratique. Je sais qu'il y a le
rapport Rocher. Est-ce qu'il n'y a pas eu des sous-comités
également de ce rapport, des sous-comités créés au
comité Rocher?
M. O'Neill: II y a eu des travaux préparatoires au rapport
Rocher.
M. Rivest: J'ai vu juste un document, entre autres, la
télévision éducative dans le monde, ou quelque chose comme
cela.
Une Voix: La radio éducative.
M. Rivest: La radio éducative, pardon. C'est
intéressant, parce qu'il y a beaucoup d'éléments
d'information. Est-ce que ces documents sont disponibles, publics, ou s'ils ont
été distribués, ou des sous-comités du
rapport...?
M. O'Neill: Ce qui sera disponible, ce sera le travail de
synthèse qui devra nous être présenté bientôt,
qui s'en vient au...
M. Rivest: Qui n'est pas encore fait. Et à ce
moment-là, après que le comité interministériel en
aura pris connaissance, cela suivra la voie, vous le déposerez à
un moment donné à l'Assemblée nationale.
M. O'Neill: Comme nous avons fait pour le rapport Rocher.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je faisais simplement
allusion aux questions que j'avais posées également et qui
avaient davantage trait au fond du problème qu'aux structures. Je
voulais savoir si le ministre était en mesure de répondre
à cette question à ce stade-ci, s'il avait déjà des
vues et si Radio-Québec avait déjà statué sur un
certain nombre d'activités qu'il aurait ou qu'il n'aurait pas, en termes
de production d'émissions éducatives, en termes de liaison avec
des programmes d'enseignement, avec les diplômes, en ce qui concerne
l'éducation permanente par rapport à l'éducation
traditionnelle. Je voulais savoir de la part du ministre si ces questions ont
déjà reçu un début de réponse.
M. O'Neill: Actuellement, c'est précisément ce que
le sous-comité de coordination est en train de faire,
c'est-à-dire la place à la télévision scolaire,
à l'éducation permanente, à ce qu'on a appelé la
télévision éducative au sens large. Je pense qu'à
ce point de vue, on conviendra qu'il faut s'en remettre à la
responsabilité propre de l'organisme concerné. Lorsque nous
arrivons, nous nous trouvons à pénétrer dans la
responsabilité interne de Radio-Québec. Le mandat qui a
été donné à Radio-Québec est un mandat
beaucoup plus général que celui-là. Ce n'est pas nous qui
allons établir à leur place, les grilles de programmation, la
répartition du temps. Ce n'est aucunement notre intention. Confier une
responsabilité à une société d'Etat, surtout dans
ce domaine, je pense que cela veut dire lui confier un espace assez large
d'autonomie parce que ce sont ces gens qui devront prendre les décisions
et effectuer, par exemple, les répartitions convenables de temps devant
être consacré à telle ou telle activité. Dans le
mandat que nous avons donné à Radio-Québec, nous n'allons
pas dans ces détails.
M. Raynauld: Dans le mandat qui a été donné
à Radio-Québec pour vous, ce mandat est clair quand
on dit télévision éducative, les gens savent ce que cela
veut dire.
M. O'Neill: Oui, mais remarquez que dans le mandat nous avons
quand même ajouté des précisions quand nous avons dit: Vous
devez également travailler en collaboration avec le ministère de
l'Education pour tenir compte et de ses points de vue, et de ses exigences dans
le domaine de la télévision scolaire et de l'éducation
permanente. Vous avez un certain nombre de balises et de points de
repère. Je pense que ce n'est pas le rôle de l'instance politique
d'aller dans le détail de ce mandat.
M. Raynauld: Parce que ce que je trouve...
M. O'Neill: J'ai l'impression que si nous faisions cela, il y a
quelqu'un, à quelque part, qui nous accuserait d'une certaine tendance
au dirigisme culturel.
M. Raynauld: Je ne pensais pas à des...
M. Rivest: Vous êtes soupçonneux, M. le
ministre.
M. Raynauld: ... programmes particuliers. Je pensais qu'à
l'occasion de la préparation d'un projet de loi comme celui-là,
on aurait tenu à préciser un certain nombre de choses parce que
on l'a soulevé en deuxième lecture, on l'a soulevé
à nouveau ce matin quand on lit le projet de loi, de
l'extérieur je n'en fais pas une histoire politique et partisane
quand je soulève cela il apparaît que ce mandat est
très vague et très flou. La télévision
éducative, cela peut vouloir dire autant des joutes de hockey que la
télévision scolaire. Dans le document que j'ai passé
à mon collègue sur la politique québécoise du
développement culturel, vous admettrez que la culture est définie
dans un sens extrêmement vaste, que tout est culture. Dans un certain
sens, quand on dit que tout est culture, qu'on retrouve dans un projet de loi
la télévision éducative et qu'on appelle cela du
socio-culturel, vous admettrez avec moi que socio-culturel et culture, c'est
proche.
Ensuite, il y a la pratique de Radio-Québec qui, sauf erreur
j'ai pris cela dans le rapport Rocher produit déjà
des émissions dans le socio-culturel qui comprennent même des
shows musicaux, des chanteurs, de la poésie, des entrevues, le
compte-rendu ou les revues de la semaine sur le plan politique, toutes sortes
de choses qui ne sont sûrement pas comprises dans un sens étroit
du mot "éducation". Donc, c'est visiblement un sens très large
qui est donné au mot "éducation". A ce moment-là, je me
demande s'il n'y aurait pas d'autres balises, qui ont été
élaborées à l'occasion de la préparation de ces
deux projets de loi dont l'un est très proche de l'autre, qui nous
permettraient de savoir davantage où Radio-Québec va
s'arrêter, à cause de cette notion très' extensive de
culture, de socio-culturel et d'éduca-
tion. Est-ce que Radio-Québec va occuper tout le champ de toutes
les émissions d'une télévision normale. C'est là
qu'est le problème et c'est là que je pensais, en toute
honnêteté, en toute franchise, que le problème se posait:
savoir jusqu'où cela va.
Je prends l'exemple des joutes de hockey parce que c'est un exemple
extrême, mais on se rappellera, M. le ministre, que le Carnaval de
Québec, pour vous, c'était une expression culturelle et vous
n'aimiez pas cette expression culturelle; il y a deux ans, vous n'aimiez pas le
genre de carnaval qu'on faisait à Québec. Pour vous,
c'était un élément, une manifestation de la culture, une
manifestation d'une activité culturelle, tout au moins, qui devait
refléter autre chose que ce qu'elle reflétait. Mon exemple de
joute de hockey n'est pas tellement extrême dans ce contexte. C'est cela,
il me semble, qu'on serait en droit de savoir, jusqu'où cela va,
Radio-Québec.
Est-ce qu'il y a eu des balises supplémentaires à celles
qui sont données ici? J'ai remarqué que même dans le
rapport Rocher on ne s'étend pas longuement sur le contenu. Très
vite, on passe à des balises qui sont plus de nature régionales:
participation de la population ou balises exprimées en termes de
structures administratives, etc. Mais on ne va pas loin en restant sur le
contenu et en disant: C'est quoi la télévision éducative?
Là, on a une page et après ça on s'en va. Ensuite, on dit:
Le développement de Radio-Québec devra se faire suivant une
certaine structure, suivant une certaine participation de la population, des
comités régionaux, etc. Mais vous admettrez qu'on a
déplacé la façon de restreindre l'activité ou la
façon de l'organiser. On n'est plus en termes de ce qu'est la
télévision éducative.
C'est dans ce sens que je posais mes questions.
M. Guay: Si je peux me permettre, M. le Président, puisque
le député d'Outremont soulevait un cas ad hoc qui a
été soulevé précisément en commission
parlementaire lorsque le président-directeur général de
Radio-Québec a comparu. Je serais porté a inviter le
député d'Outremont à relire le journal des Débats
de cette commission, puisque le cas de la partie de hockey que vous avez
évoqué a justement été soulevé. Je pense que
c'est le député de L'Acadie ou le député de
Jean-Talon, en tout cas, un député de l'Opposition, qui a
soulevé cette hypothèse: Est-ce que Radio-Québec pourrait
téléviser les matches de hockey? Le président-directeur
général a dit: Non, bien sûr, en ce qui a trait au hockey
professionnel. Mais, par contre, lorsqu'il s'agit de hockey amateur et qu'il
peut y avoir une valeur éducative pour la jeunesse, parce que le sport
amateur a une valeur éducative quant au comportement en
général... Quant au sport lui-même, l'activité
physique, et quant à l'attitude générale à adopter
quand on fait du sport, c'est très distinct de faire du sport amateur
que de faire du sport professionnel. Dans une hypothèse comme
celle-là, il n'est pas nécessairement exclu, bien sûr,
qu'une télévision éducative fasse était d'un match
quelconque de sport amateur dans la mesure où ça peut avoir une
valeur éducative. J'en conviens, c'est de l'éducation au sens
large. Mais un téléviseur éducatif, à moins
d'être un téléviseur scolaire, peut difficili-ment se
restreindre à ne transmettre que des cours magistraux. Le cas a
été soulevé très spécifiquement et je
pensais que ça intéresserait le député
d'Outremont.
M. O'Neill: Je voudrais ajouter ceci, M. le Président: En
s'inspirant du rapport Rocher, il est sûr que nous avons choisi le mandat
large; c'est clair. Les deux balises qui définissent ce mandat large, on
les trouve aux articles 2 et 3 de la loi 4. Je pense que nous aurons l'occasion
de reparler de ces questions. On peut dire qu'en essence tout est dans la
manière. On a soulevé des questions lors de l'étude des
crédits, à savoir à quel moment la présentation
d'un film relève d'une télévision éducative. Quand
on a posé la question à M. Laurin, il a dit: On peut prendre
certaines définitions et les étudier mais, finalement, c'est une
question de bon sens et d'expérience.
Alors, tout est dans la manière et c'est assez bien décrit
à l'article 2 de la loi 4; quant aux objectifs devant intéresser
la télévision éducative, ils sont largement décrits
à l'article 3. A partir de là, le mandat est confié
à la direction de Radio-Québec qui devra rendre compte de ce
mandat à l'occasion devant les députés et répondre
aux questions de gens qui eux, représentant la population, exprimeront
leur satisfaction ou leur désaccord par rapport au mandat.
C'est sûrement un mandat large, tel que proposé d'ailleurs
dans le rapport Rocher. C'est ce qui a été choisi pour
Radio-Québec. Autrement dit, c'est tout à fait hors de notre
intention d'imposer une sorte de corset à Radio-Québec. Il s'agit
de donner à cette institution beaucoup de latitude et à faire
confiance à ceux de l'intérieur qui s'y connaissent en
éducation et en télévision. En même temps, il leur
est demandé de faire appel à des expertises de
l'extérieur, dont celles du ministère de l'Education.
Le Président (M. Laplante): On va attendre. Quelqu'un va
venir nous le dire. Je ne sais pas si c'est un vote.
M. Rivest: Une question juste pour compléter la
réponse. Malheureusement, je ne veux pas qu'on entre dans la loi 4
puisqu'on va passer à l'étude article par article
parce que ça pourrait être plus long. Je voulais vérifier
dans le texte, le ministre a sûrement un pouvoir de réglementation
quelque part dans la loi 4. (16 h 30)
M. O'Neill: C'est à l'article 10.
M. Rivest: Non, pas pour les subventions... Une Voix:
C'est une autre affaire.
M. Rivest: ... de cadrer d'une façon
générale. La question je voulais vérifier avant de
la po-
ser c'est: Est-ce que, dans les pouvoirs de réglementation
que le ministre a, qui toucheraient les articles 2 et 3 de la loi 4... Sur ce
plan, le ministre vient de dire je n'ai pas l'intention d'imposer un
carcan ou un corset très rigide... je ne suis pas sûr, d'ailleurs,
je m'avance sur un terrain glissant. En vertu de la Loi du ministère des
Communications, le ministre a un pouvoir général de
réglementation qui s'applique... déterminé, mais il
réserve à la Loi de l'Office de
radio-télédiffusion, les normes de production, etc. C'est
plutôt technique.
Nulle part dans la loi, le ministre n'a un pouvoir de
réglementation qui lui permettrait de réglementer d'une
façon un peu plus précise que peut le faire le cadre normal d'une
loi, une loi ne peut pas aller dans les moindres détails. Est-ce que le
ministre s'est réservé en quelque part, dans les deux lois
malheureusement, je ne peux pas le retrouver un pouvoir de
réglementation qui lui permettrait de limiter les fonctions au
besoin?
Une Voix: L'article 10 de la loi...
M. Rivest: L'article 10.25 qui dit: "La société
exerce les pouvoirs qui lui sont conférés par le deuxième
alinéa de l'article 23 et par l'article 24 dans la mesure et aux
conditions déterminées par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil." Ce sont plutôt des fonctions
administratives. Cela n'existe nulle part.
M. Guay: Si cela existait le député d'Outremont
aurait davantage raison de se soucier du contrôle politique sur une
société d'Etat comme Radio-Québec.
M. Rivest: C'est dans ce sens, aussi, que je pose la
question.
M. O'Neill: II faut réaliser, suite à votre
question, que la latitude de Radio-Québec est fort grande. D'ailleurs,
je crois que c'est une norme d'action sur laquelle il est facile d'en arriver
à un consensus.
M. Rivest: C'est dans ce sens, d'ailleurs... pour
référer à une autre remarque préliminaire du
ministre dans sa dernière réponse, si ce pouvoir je vais
vérifier s'il existe vraiment, mais je ne pense pas, parce que personne
ne le trouve, s'il existe... A propos de la fonction proprement
éducative, est-ce que c'est le même esprit qui a animé le
ministre ou le gouvernement lorsque, auparavant, il y avait des commandes qui
pouvaient être placées à Radio-Québec? On disait: A
la demande du ministre des Communications, Radio-Québec doit produire
des documents que requièrent ou dont ont besoin des ministères et
des services gouvernementaux. Je crois que c'est dans l'article constitutif, en
quelque part, à l'article 21. Cette prescription, même pour des
fins strictement scolaires, dans le sens d'une télévision
scolaire, c'est l'article 9 de la loi, l'article 21.
M. O'Neill: Je me permettrais de signaler, M. le ministre...
M. Rivest: On va revenir là-dessus.
M. O'Neill: Est-ce que votre intérêt ne porterait
pas sur l'article 13?
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer une
chose, M. le député de Jean-Talon.
M. O'Neill: Pas celui-là?
Le Président (M. Laplante): C'est qu'on est presque dans
l'étude du projet de loi article par article, actuellement. D'accord?
Vous n'avez pas d'objection. Je ne voudrais pas...
M. Rivest: II y a l'article 21 qui dit: "De plus, à la
demande du ministre des Communications, il prépare pour des fins
éducatives on voit que c'est un peu plus dans le sens scolaire,
dans le contexte des documents audio-visuels et des émissions de
radiodiffusion et de télédiffusion pour et en collaboration avec
les autres ministères et les organismes qui relèvent du
gouvernement." Or, dans le projet de loi 5, le mandat de Radio-Québec
est beaucoup plus laconique en ce sens que, maintenant, on enlève ce qui
était un genre de pouvoir de réquisition bienveillante, sans
doute, qui était exercé avec beaucoup de bienveillance par le
ministre des Communications, mais il n'y a plus de jonction entre le
gouvernement, comme tel, et Radio-Québec, sur le plan du placement des
commandes de production audio-visuelle et comment va se faire cet arrimage
entre le gouvernement et le ministère de l'Education? On parle du
ministère de l'Education. Au moins, le ministère de l'Education,
pour ses fins propres, les fins scolaires j'entends, en termes de
production, par exemple avait, auparavant dans l'ancienne loi, le canal
du ministre des Communications qui, de par la loi, était autorisé
à s'adresser à Radio-Québec et maintenant plus personne ne
peut parler à Radio-Québec. Vous l'avez changé; il y a
sans doute une raison.
M. Guay: C'était, si je ne m'abuse, M. le
Président, une des sources possibles et même réelles de
conflit, parce que si on lit l'article 21, tel que rédigé
à l'heure actuelle, à la demande du ministère des
Communications, on prépare des documents audio-visuels pour et en
collaboration avec les autres ministères, c'est-à-dire qu'on fait
obligation, au fond, à Radio-Québec de le faire. Or,
Radio-Québec se trouvait dans une situation parce qu'il faut
qu'il s'assure de la production d'une maison pour la diffusion en
soirée, essentiellement pour l'instant, enfin, il n'est pas dit
qu'éventuellement cela ne s'étendra pas à une plus grande
partie de la journée où il y avait un problème
d'équipement de studio ou de capacité tout simplement de produire
ces documents. Alors, il devait répondre à qui en
priorité? Au
ministère qui plaçait une commande? Que ce soit
l'Education ou un autre, ça pouvait aussi bien être je ne
sais pas on a mentionné le Tourisme, ce qui n'en était pas
exclu. Là, on dit: Radio-Québec est d'abord et avant tout un
diffuseur, un "broadcaster". Il fait la télévision
éducative par ondes hertziennes que peuvent retransmettre les
câblodistributeurs par ailleurs.
Cela n'exclut pas... Si on lit bien l'article 21, on dit: "La
société a pour objet d'établir, posséder et
exploiter un service de production et de documents audio-visuels". Si
Radio-Québec estime qu'il a la capacité technique de
répondre à une demande du ministère ou d'un
ministère, rien ne l'empêche de s'acquitter de cette demande. On
ne peut pas non plus faire en même temps obligation de faire deux choses
qui peuvent devenir contradictoires techniquement.
M. O'Neill: Le député de Taschereau parlait des
difficultés du côté de Radio-Québec; il y a eu
également des difficultés du côté du
ministère de l'Education qui, à un moment donné aussi,
voulait être beaucoup plus libre face à Radio-Québec. Vous
avez comme exemple de ça, ce qui s'est produit dans les commandes qui
ont été données pour les productions d'émissions de
télévision éducative, à d'autres organismes
qu'à Radio-Québec. Je pense que l'exemple le plus connu, c'est le
cas de Passe-partout.
M. Rivest: Oui, je le sais. Mais pour revenir à... C'est
exact ce que le ministre dit, mais je ne sais si j'interprète mal: je
comprends la réponse du député de Taschereau que sur ce
plan, ça laisse à Radio-Québec, au conseil
d'administration de Radio-Québec, une plus grande liberté
d'établir lui-même ses priorités ou son "pattern"
général de production et de diffusion. C'est-à-dire que
s'ils décident qu'ils font plus de diffusion des émissions pour
le réseau, ils vont dire: Ils sont plus libres vis-à-vis le
gouvernement de dire: Non, on n'a pas le temps de faire ça, etc. C'est
un aspect. Mais je signale au ministre et on pourra peut-être en
discuter, si vous le voulez, quand on arrivera à l'étude article
par article que ça aussi peut être une indication
très ferme, enfin très claire ou très nette d'un choix
politique qu'on peut apprécier chacun selon nos
préférences ou nos goûts d'un éloignement
considérable de la vocation première de Radio-Québec, que
certains veulent plus près de la notion éducative dans le sens
limité, parce que Radio-Québec maintenant, n'aura plus ce lien
que lui imposait l'article 21.
Maintenant, Radio-Québec, lorsque le ministère de
l'Education s'adressera à Radio-Québec ou à un autre
ministère du gouvernement pour des fins éducatives dans un sens
assez restreint pour les fins propres, mettons, du ministère de
l'Education, Radio-Québec dira, comme le député de
Taschereau l'a signalé: Oui, c'est intéressant, votre chose, mais
vous savez, on a tel ou tel type de production dans l'ordre socioculturel.
Voici les budgets que nous avons, les ressources techniques, humaines et
financières disponibles. Mais cette année, nous ne pouvons pas. A
ce moment, le ministère de l'Education qui, lui, n'a pas inventé
ces besoins de façon gratuite ces besoins existent va
devoir les faire lui-même, via peut-être les services techniques
qu'ils a, ou bien s'adresser à d'autres personnes.
Dans ce sens, pour Radio-Québec, sur la signification du
rôle éducatif de Radio-Québec, enfin, je sais qu'il y a
plus de liberté, mais je sais aussi je pense que le ministre en
est conscient que ça risque de... Si le conseil d'administration
décide de s'éloigner beaucoup de la fonction éducative, il
peut avoir peu de fonctions éducatives, éducatives entendu dans
le sens restreint.
M. O'Neill: Ce qu'on peut savoir aussi, c'est que s'il
s'instaure, comme c'est bien cela qui semble devoir se produire, des rapports
beaucoup plus harmonieux entre le ministère de l'Education et
Radio-Québec, on va peut-être arriver dans les faits à des
réalisations communes qui seront finalement nettement meilleures, plus
importantes que ce qui a été réussi sous l'ancien
régime.
M. Guay: Je me permets de faire remarquer au député
que ce que son intervention peut porter à laisser croire, c'est qu'au
départ, Radio-Québec aura été établi dans un
premier temps et ayant comme premier but de faire des documents audiovisuels
pour les ministères du gouvernement, et d'abord et avant tout, le
ministère de l'Education, et, accessoirement, pour être un service
de radiodiffusion.
M. Rivest: Est-ce que le député me permet? Je ne
voudrais pas ouvrir un autre de nos célèbres débats, mais
je pense que la justification historique de Radio-Québec, j'introduis la
dimension constitutionnelle, c'est évident qu'au départ, peu
importent les intentions politiques qui ont présidé à la
fondation de Radio-Québec, la justification ou la base constitutionnelle
était de partir d'une notion d'éducation au sens de celle qui est
reconnue comme étant une juridiction exclusive des provinces et, partant
de là, on a dit: L'éducation, aujourd'hui, cela se fait avec des
moyens audiovisuels, donc, on va se donner un instrument. C'est parti de cela
et c'est dans ce sens-là que je dis que la fonction première
était scolaire, dans un sens non péjoratif, mais là, on
l'a étendue et on s'éloigne encore beaucoup de cela. On risque de
perdre la justification constitutionnelle si on va trop loin.
M. Guay: On pourrait faire un vaste débat
là-dessus.
M. Rivest: Non, je ne le veux pas, mais je signale cela.
M. Guay: Effectivement, on n'en fera pas un si vous n'avez pas
d'objection, mais, au départ, effectivement, sur le plan
constitutionnel, on a dit: Aujourd'hui, l'éducation implique des
moyens
audio-visuels, mais cela n'implique pas uniquement la production de
documents audio-visuels au sens scolaire, cela implique la diffusion
d'émissions de télévision ou de radio à
caractère éducatif. Là, il y a une nuance
singulièrement importante. Si on relit la loi de Radio-Québec, de
1969, avant qu'elle n'ait été amendée, celle que le
gouvernement Bertrand, si ma mémoire est bonne, avait fait adopter,
l'article 21, à cette époque, se lisait tout simplement... Il n'y
avait pas le deuxième paragraphe qu'on retrouve aujourd'hui. On dit tout
simplement: L'Office a pour objet d'établir, posséder et
exploiter un service de radio-télévision, ainsi que de production
et de diffusion de documents audio-visuels désignés sous le nom
de Radio-Québec, en quelque sorte, il y a "ainsi que" qui peut
être une équation, mais on peut aussi dire que dans un premier
temps, la première chose qu'on a marquée dans l'article, c'est un
service de radio-télévision, ensuite on a dit "aussi", mais
"aussi" faire de la production. Ensuite, pour des raisons que le
député de Jean-Talon sait probablement mieux que nous, en 1972,
on a modifié le premier paragraphe de l'article 21. Il y a eu des
modifications de termes, mais pour l'essentiel, il est resté le
même...
M. Rivest: Je dois dire que je ne le sais pas,
honnêtement.
M. Guay: Ce qui est curieux, c'est que le deuxième
paragraphe de l'article 21, tel qu'il est actuellement, était, en fait,
le premier paragraphe de l'article 22 dans la loi de 1969. Oui, il était
déjà dedans. On disait ensuite, dans l'article 22; Les
principales fonctions de l'office sont les suivantes: Préparer pour des
fins éducatives, obtenir et utiliser pour la réduction de ses
fonctions... Coordonner la production, conseiller toute personne, etc. On
disait bien clairement, au départ, que Radio-Québec
n'était pas justement le service général des moyens
d'enseignement, ce n'était pas un producteur de documents audio-visuels
pour le ministère de l'Education, c'était un radio-diffuseur
à caractère éducatif qui, par ailleurs, pouvait
effectivement servir de boîte de production pour le gouvernement, dans la
mesure où il n'y avait pas de conflit entre les deux. Mais, à un
moment donné, s'il faut payer des gens à temps double parce
qu'à temps simple, ils sont pris à faire de la production
normale, et qu'il faut les payer à temps double pour faire de la
production pour le gouvernement, alors que le gouvernement peut s'adresser
à une firme privée pour les avoir à temps simple, à
ce moment-là, il y a aussi des fonds publics qui seraient mal
utilisés si on forçait Radio-Québec à
répondre aux deux commandes simultanées et à payer plus
cher, par le fait même, pour ces commandes. On ne s'éloigne pas
pour autant de la notion de radiodiffusion et de télévision
éducative.
M. Rivest: Je pense que c'est assez fondamental sur le mandat et
l'évolution. Je comprends le truc, mais quand on arrive avec ce projet
de loi, on dégage encore davantage le caractère un peu producteur
de documents audio-visuels... C'est cela. Ce serait moins contraignant dans ce
sens-là et on va plus du côté de cela, on y va même
à tous azimuts dans la mesure où, par l'article 10, dont on
reparlera, le ministre des Communications, pour des fins de production, de
programmation éducative, sous réserve de ce que cela finira par
être dans la loi à l'intérieur de la loi 4, cela va
jusqu'à dire le choix que le gouvernement a fait, indépendamment
de l'existence de Radio-Québec, indépendamment de l'existence des
moyens techniques qui existent au niveau du ministère de l'Education, on
pourra aller s'adresser à M. Giguè-re au canal 10 à
Montréal, il aura produit un document et on pourra s'en servir. (16 h
45)
Donc, pour ses fins propres, pour les fins de l'éducation, le
gouvernement pourra placer ses commandes auprès de l'ensemble des
radiodiffu-seurs, y compris même la société Radio-Canada,
j'imagine. C'est un choix, mais...
M. Guay: Si vous me permettez, on parle de l'article 10 du projet
de loi.
M. Rivest: Cela prend...
M. Guay: On parle de l'article 10 du projet de loi 4, si je
comprends bien.
M. Rivest: Déjà?
M. Guay: Selon l'article 10 du projet de loi 4, ce n'est pas
tellement que le ministère de l'Education peut s'adresser à TVA,
c'est qu'en fait...
M. Rivest: On va reconnaître...
M. Guay: Cela existe déjà. Il y a eu le cas de
TVC-4 à Saint-Jérôme dont la programmation communautaire a
été reconnue éducative par le comité conjoint des
deux ministres ce qui, par ailleurs, comme elle était également
communautaire, si ma mémoire est bonne, permettait au ministère
des Communications de subventionner à titre de media communautaire. Je
pense que c'est le cas, aussi, de la radio communautaire à
Trois-Rivières, de l'Université du Québec. Ce sont des
choses qui existent déjà. On dit simplement que cela peut se
reproduire et plutôt que de...
M. Rivest: ... des émissions, je comprends pour la radio
communautaire, mais pour des émissions de postes privés comme
tels?
M. O'Neill: Que voulez-vous dire par postes privés?
M. Rivest: Supposons, par exemple, une émission du
réseau TVA qui aurait pu avoir un intérêt sur le plan
proprement éducatif, ou une émission de radio. Est-ce que le
gouvernement a déjà donné des subventions?
M. O'Neill: Ce qui s'est fait, ce sont les subventions...
M. Rivest: S'ils se font reconnaître, s'ils se font
déclarer émission... Admettons que Réal Gi-guère
finit par être éducatif...
M. O'Neill: Dans le cadre du projet de loi 4 ou dans l'esprit du
projet de loi 4, ce qui s'est fait à un moment donné, c'est que
le ministère a accordé un appui ou technique, ou financier, ou
les deux, par exemple, à des câblodistributeurs qui, à un
moment donné, transmettaient la production éducative de
Radio-Québec. C'est exactement ce que vise l'article 10 du projet de loi
4, c'est exactement cela, surtout dans des régions où
Radio-Québec ne va pas et où il était demandé.
D'ailleurs, souvent, cela a même été demandé par la
régie à des câblodistributeurs de transmettre la production
de Radio-Québec. Comme, à un moment donné, il s'agissait
de petits câblodistributeurs, que cela leur imposait des frais
supplémentaires ne serait-ce que parce qu'ils n'avaient pas
l'équipement nécessaire, à plusieurs reprises, ils ont eu
une aide technique ou financière pour qu'ils puissent diffuser cette
production.
Ce que le Service général des moyens d'enseignement a
fait, c'est que dans le cas de la production de la télévision
éducative, il a fait appel à d'autres institutions, à
d'autres organismes que Radio-Québec, c'est bien connu.
M. Rivest: Je veux seulement conclure là-dessus parce que
je veux bien cerner cet élément. Là, on est parti avec
l'historique de l'affaire; on a vu comment cela s'est élargi. On pose la
question et j'aimerais entendre la remarque spontanée du ministre. En
termes concrets, si on prend le rôle de Radio-Québec dans son sens
scolaire non dans un sens péjoratif, mais dans ce sens
concrètement, pour remplir la première fonction du paragraphe a)
de l'article 3 du projet de loi 4, l'exercice du droit à
l'éducation, concrètement qu'est-ce qui risque de rester à
Radio-Québec, indépendamment de ce que pourra décider,
bien sûr, le conseil d'administration de Radio-Québec, dans
l'esprit du ministre, pour les fins propres du gouvernement, ou du
ministère de l'Education plus spécifiquement, pour restreindre la
notion d'éducation? Qu'est-ce que le ministère de l'Education ou
le gouvernement attend ou souhaite que Radio-Québec fasse sur le plan de
la production ou de la diffusion des émissions éducatives,
entendu dans un sens scolaire non péjoratif?
Autrement, cela s'est étendu et je veux savoir ce qui risque de
rester, en pratique, sous réserve de la liberté du conseil
d'administration. Le conseil d'administration pourrait-il,
théoriquement, dire: On n'en fait plus? Non parce que la loi lui impose
d'en faire, bien sûr, mais qu'est-ce qui va rester comme fonction
éducative dans un sens restreint à Radio-Québec, en
pratique?
M. O'Neill: Au sens scolaire, vous dites. M. Rivest: Oui,
au sens scolaire.
M. O'Neill: C'est d'ailleurs cela qui va ressortir du travail du
comité de coordination. C'est là que le ministère de
l'Education lui-même va présenter ses exigences. Il va falloir
qu'il y ait un arrimage entre les exigences du ministère de l'Education
et Radio-Québec. Je disais tout à l'heure que c'est sur ce point
que nous pensons qu'il pourrait y avoir des résultats meilleurs que ceux
qu'on a obtenus jusqu'ici, comme il faudrait souhaiter...
M. Rivest: Dans le sens de la qualité?
M. O'Neill: Non, meilleurs dans le sens d'une production faite en
commun où Radio-Québec, par exemple, sera en mesure de fournir au
ministère de l'Education l'expertise qu'il possède. D'ailleurs,
vous savez sans doute qu'une des raisons du conflit était
celle-là. C'était un conflit entre experts, c'est-à-dire
que chacun s'estimant meilleur que l'autre...
M. Rivest: Et ils avaient les théories
pédagogiques.
M. O'Neill: Oui, c'est ça, chacun s'estimant meilleur que
l'autre, les gens ne réussissaient pas à travailler ensemble.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que ça
complète...
M. Raynauld: Je voudrais revenir au point de départ de mon
collègue. J'ai pensé que son point de départ,
c'était de savoir si, en vertu de cette loi, il y avait des
règlements. Il y a un article qu'on n'a pas encore tiré au clair
à cet égard, au point de vue de l'existence des
règlements, c'est l'article 13 qui amende la Loi du ministère des
Communications.
Le Président (M. Laplante): ... parce qu'actuellement je
pense qu'on s'aventure dans un précédent, ce qui peut être
dangereux...
M. Rivest: Mettons qu'on convient que ce ne sera pas plus de cinq
ou six minutes encore.
Le Président (M. Laplante): ... pour d'autres
présidents. C'est pour ça que ce qu'on fait comme travail, je ne
voudrais pas qu'on crée un précédent qui permettre d'aller
aussi loin que ça à l'intérieur de préliminaires.
D'accord?
M. Rivest: On ne le leur dira pas. Je n'ai pas d'objection, M. le
Président.
Si vous préférez qu'on attende.
M. Le Moignan: M. le Président, sauf tout le respect que
je vous dois, on est en train d'étudier tous les articles. Dans quelques
heures, une heure peut-être, on approuvera en bloc tout le projet de
loi.
Le Président (M. Laplante): C'est la raison pour laquelle
j'ai laissé aller aussi loin que ça.
M. Le Moignan: II ne resque que quelques articles qui n'ont pas
été touchés. Il s'agirait d'approuver en bloc à 18
heures.
Le Président (M. Laplante): Vous avez deviné ma
pensée, vous!
Une Voix: II ne faut pas préjuger.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai une question. Je l'ai
peut-être mal posée. On se demandait s'il y avait des
règlements qui étaient édictés en vertu de cette
loi et on ne les a pas trouvés. Je me demande si l'article 13 n'est pas
celui qui donne des pouvoirs au ministre de faire des règlements et la
question que je pose, c'est: Est-ce qu'il existe des règlements à
l'heure actuelle? Je m'excuse de mon ignorance. Est-ce qu'il existe des
règlements en vertu de la loi actuelle? On dit: Le lieutenant-gouverneur
en conseil peut faire des règlements pour déterminer les normes
de production, d'acquisition et de diffusion d'émission de
radiodiffusion et de télédiffusion et de documents audiovisuels.
Alors, est-ce qu'il y a des règlements de faits? Là, on amende
cet article pour dire que et c'est simplement le paragraphe d)
pour déterminer les normes de production, d'acquisition et de diffusion
d'émissions de radiodiffusion et de télévision et de
documents audio-visuels par les ministères du gouvernement et les
organismes publics tels que définis à l'article 3.
C'est sur l'existence des règlements qu'est ma question.
M. O'Neill: II n'y a aucun règlement là-dessus.
M. Raynauld: II n'y en a pas. Il n'y a aucun règlement
là-dessus. Très bien.
M. O'Neill: Non, mais l'article que vous citez est celui qui a
été rédigé pour une concordance avec les deux
autres articles qui sont dans le projet de loi actuel, l'article 5 et l'article
10. C'est-à-dire que vous avez une série de règlements qui
vont être approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil mais
qui vont être proposés par le conseil d'administration à
l'intérieur de Radio-Québec.
M. Raynauld: D'accord, ça va. M. Rivest: A ce
moment...
M. O'Neill: Mais ce n'est pas nous qui allons faire le
règlement.
M. Rivest: Non, mais il va être approuvé par le
lieutenant... c'est-à-dire qu'au moins le lieutenant-gouverneur en
conseil a un pouvoir de non-approbation du règlement si ça ne
rencontre pas... je pense bien qu'on ne peut pas...
M. O'Neill: Je vais vous donner un exemple. Cela permettra, si
vous...
M. Rivest: ... trop vite dans la régionalisation.
M. O'Neill: ... prenez cinq, la modification de l'article 12,
lorsqu'on arrive à un comité de programmation, on peut s'assurer
que le comité de programmation fera une place au ministère de
l'Education.
M. Rivest: Oui, je pense que là, on l'a. M. O'Neill:
C'est notre intention, d'ailleurs.
M. Rivest: Oui, à part ça, c'est... Jusqu'à
maintenant, je voudrais simplement demander au ministre s'il y a, vu les
discussions dont il nous a parlé, sur ce point spécifique comme
probablement sur les autres, un projet de règlements précis. Vous
allez laisser au conseil d'administration le soin de prendre place, de voir ce
qu'il a à vous proposer d'abord et vous verrez par la suite...
M. O'Neill: C'est cela. Quand on va arriver à un article
comme e), on va voir si le ministère de l'Education est présent.
C'est au moment de l'approbation du règlement qu'on pourra modifier la
proposition s'il y a lieu.
M. Guay: En fait, ce sera encore une plus grande autonomie pour
le conseil d'administration qu'il n'en avait.
M. Rivest: Ne tirez pas trop vite les conclusions. On vous ouvre
des portes, et je trouve que vous les fermez, vous mettez la clef dans la
serrure aussitôt qu'on vous donne une porte pour dire que le gouvernement
garde une très large autonomie, ce en quoi vous aviez raison sur des
points particuliers, mais nous portons notre jugement sur l'ensemble.
M. Guay: J'avoue que je ne saisis pas le...
M. O'Neill: En fait, ce qui est bien pensé dans cet
article, c'est que, d'une part, on s'en remet à Radio-Québec pour
élaborer le règlement et on s'en remet à ceux qui
travaillent à l'intérieur, sauf qu'on a le droit de regard pour
savoir si cela comprend au mandat qui a été confié
à l'office.
M. Rivest: Est-ce que cela veut dire qu'il n'y aura pas de
règlement? Je n'ai pas regardé la rédaction, mais il n'y a
pas de règlement tous azimuts, au sens de... Non? Il y a des pouvoirs
réglementaires généraux à l'intérieur...
Supposons que le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des
règlements pour l'application de la présente loi. Si on avait
cela dans le projet de loi 4, on pourrait faire des règlements, ce qui
permettrait au lieutenant-gouverneur en conseil de préciser ce qu'il ne
peut probablement pas faire à l'intérieur d'un texte de loi, ce
qu'il entend par télévision éducative, etc., par
programmation...
M. O'Neill: D'ailleurs, j'imagine que si on regardait les textes
de loi qui régissent l'activité des
sociétés d'Etat, on retrouverait quelque chose qui
ressemble à cela.
M. Rivest: Oui.
M. Guay: En fait, si on regarde l'article 3.1 de la loi du
ministère des Communications, au paragraphe e), ce pouvoir qui
appartient au lieutenant-gouverneur, donc au ministre, est envoyé au
conseil d'administration. Donc, en fait...
M. O'Neill: C'est cela. C'est une question de concordance.
M. Guay: Oui, mais on pouvait toujours dire qu'en vertu de la loi
actuelle, le gouvernement pouvait toujours peut-être, à la faveur
des normes d'implantation et d'exploitation de
radiodiffusion-télévision de l'ORTQ, se mettre le nez dans la
boîte. On envoie cela au conseil d'administration.
M. Raynauld: C'est justement ce que j'avais compris de la loi
existante. C'est pour cela que j'ai demandé s'il y avait eu des
règlements faits en fonction de cette loi, parce que je suis d'accord
avec vous que le gouvernement pouvait le faire, comme c'était
écrit. Cela me satisfait.
M. O'Neill: D'autre part, il faut conserver l'article 13, parce
qu'il faut penser à d'autres secteurs de production, à savoir la
Direction générale du cinéma de l'audiovisuel...
M. Rivest: Qui est...
M. O'Neill: C'est cela, qui est rattachée au
ministère. Il faut garder...
M. Rivest: Eux, comment s'incorporent-ils dans tout cela?
M. O'Neill: ... à ce moment un pouvoir de
réglementation par rapport à l'ensemble de la production, surtout
les produits audiovisuels qui peuvent être fournis par les
ministères. L'article reste là pour cela, mais en fait,
Radio-Québec se donnera sa propre réglementation. Cette
réglementation sera approuvée par le lieutenant-gouverneur.
M. Rivest: C'est au ministère des Communications.
J'imagine que c'est une préoccupation... Je trouve qu'il y en a beaucoup
qui font cela. Il y en a dans les ministères il y en a au
ministère des Communications, à Radio-Québec, dans les
collèges, dans l'ensemble du réseau public et parapublic. Il y en
a des moyens audiovisuels qui...
M. O'Neill: II y a une énorme quincaillerie, M. le
député.
M. Rivest: Je n'ai pas saisi. Sans doute que le gouvernement se
préoccupe de savoir un peu ce qu'il y a et si c'est bien arrimé
les uns aux autres, s'il y a de la duplication... Il doit y avoir des...
M. O'Neill: C'est pour cela que nous avons demandé
à Radio-Québec, avant d'implanter une nouvelle quincaillerie dans
quelque région que ce soit, de procéder à l'inventaire des
équipements.
M. Rivest: Oui. Vous allez avoir les comités
régionaux qui vont vous arriver avec toutes sortes d'histoires
M. O'Neill: Oui.
M. Raynauld: Je pourrais raconter à cet
égard...
M. O'Neill: Le goût s'est fortement
développé...
M. Rivest: Est-ce qu'il y a un inventaire? Est-ce que le
gouvernement, sans doute cela relève peut-être de votre
responsabilité, est-ce qu'au ministère, vous avez un inventaire
de tout ce qu'il y a partout, non?
M. O'Neill: Non, je ne pourrais pas dire que c'est exhaustif.
Cela a commencé comme ceci: En fait, c'est surtout au moment des
tournées régionales qu'on a tout à coup découvert
l'importance de ces équipements, les installations tout à fait
surprenantes pas seulement dans certains CEGEP, mais dans les polyvalentes, peu
utilisées finalement. C'est à partir de cette constatation,
d'ailleurs, qu'on s'était dit: Au moins, Radio-Québec ne viendra
pas doubler inutilement cet équipement. Nous autres, nous pensons qu'il
y a une économie considérable à réaliser de ce
côté.
M. Rivest: Au départ, Radio-Québec s'est
équipé drôlement. Il y a eu une période où
même l'équipement technique de Radio-Québec était
nettement sous-utilisé, ce qui était peut-être normal, je
sais qu'on a souvent dit cela... J'entendais dire cela... (17 heures)
M. O'Neill: Mais l'équipement de la maison mère est
considéré comme étant de haute qualité. Il y a
même eu, d'ailleurs, certaines critiques, les gens estimaient qu'on en
avait mis un peu trop sur l'équipement. Il s'agira maintenant de bien
l'utiliser.
M. Rivest: Mais là, vous allez faire attention à
vos comités régionaux de ce côté.
M. O'Neill: Oui.
M. Rivest: II faudra le leur dire.
M. Raynauld: ... lorsque j'ai travaillé au Conseil
économique du Canada, on avait découvert qu'il y avait, dans les
ministères fédéraux, cinq studios de
télévision qui avaient coûté chacun $1 million; il y
en avait cinq.
M. Rivest: Au gouvernement fédéral?
M. Raynauld: Au gouvernement fédéral. M. Rivest:
Cela m'étonne. M. Raynauld: Cinq.
M. Guay: C'est pour ça que le député de
Jean-Talon s'est Immédiatement érigé en censeur de la
chose.
Radio-Québec
Le Président (M. Laplanfe): On revient avant de
s'écarter. J'appelle maintenant l'article 1 du projet de loi no 5, Loi
modifiant la Loi de l'Office de radio-télévision du
Québec, article 1, M. le ministre.
M. O'Neill: Ici, M. le Président, je pense qu'il y a peu
de choses à dire, sinon que c'est pour une question de linguistique que
ce changement a été apporté.
Le Président (M. Laplante): Vous annoncez un
amendement?
M. O'Neill: Non. Je signale simplement la raison de l'article,
c'est tout, à savoir qu'il a été constaté que
c'était mieux de l'appeler une société tout en gardant
l'expression Radio-Québec.
M. Rivest: Je fais simplement la remarque au ministre, je ne sais
pas si on a des linguistes dans le service de recherche, je vous livre
ça comme ça, mais également, dans la perspective de la
réforme administrative qui existe quelque part au gouvernement, il y a
probablement des gens qui se préoccupent de ça, la classification
des offices, régies, commissions, sociétés et tout ce que
vous voudrez. Je sais qu'il y avait des préoccupations, du temps, c'est
une des raisons...
M. O'Neill: C'est ça.
M. Rivest: On me dit qu'une société est un groupe
organisé et permanent institué dans un but précis,
c'est-à-dire la relation entre des personnes qui ont eu ou qui mettent
quelque chose en commun en vue de réaliser un objectif, alors qu'un
office est un service doté de la personnalité morale, de
l'autonomie financière et confié à un organisme
spécial. Je n'atteste pas l'orthodoxie administrative ou linguistique de
mes définitions, on me les a données, je les trouve charmantes et
on a conclu qu'il valait peut-être mieux, au lieu de
société, de choisir le mot office, comme c'était, cela
s'appelait comme ça avant.
M. O'Neill: ORTQ.
M. Rivest: Mais pourquoi lavez-vous changé?
M. O'Neill: Parce qu'on nous a dit que c'était, au point
de vue de la précision linguistique, mieux de décrire ça
comme une société.
M. Rivest: Cela identifie plus à la Société
Radio-Canada, pour se rapprocher de cette notion.
M. O'Neill: Je ne sais pas si cétait pour rapprocher,
c'est peut-être un rapprochement avec Radio-Canada.
M. Guay: Sans vouloir l'affirmer, je soupçonne que le
sous-ministre de la Justice a déjà écrit un...
M. Rivest: ... Dussault.
M. Guay:... recueil, je crois, sur le droit administratif et la
différence qu'il y a entre les régies des offices et des
sociétés d'Etat, ainsi de suite. Malheureusement, dans le
passé, on avait tendance à faire une espèce de salade de
tout ça, la régie des alcools qui n'était pas une
régie... bon...
M. Rivest: C'était d'ailleurs le sens de ma question:
Est-ce qu'il y a encore quelque part, au niveau du gouvernement, sauf au niveau
du comité de législation ou dans ce coin-là, quelqu'un,
parce que je sais que cela avait commencé avant 1976, qui arrivait
toujours avec la sémantique et, qui nous la servait à chaque fois
pour toutes sortes de raisons, quelquefois, on passait à
côté, mais le gouvernement actuel est beaucoup plus
discipliné, plus servile à l'égard de la linguistique et
des préoccupations... servile dans un sens non péjoratif ou
docile, comme l'a dit récemment quelqu'un à l'Assemblée
nationale.
M. Guay: Evidemment. Non, nous sommes respectueux de sa
majesté la langue française.
M. Rivest: Oui, d'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 1. Adopté.
M. Rivest: Non...
M. Raynauld: ...
M. Rivest: Deuxièmement...
M. Guay: On vous laisse celle au nom de laquelle la loi est
faite.
M. Rivest:... l'article 1, je ne veux pas en faire un
débat immense, mais Société de
radio-télévision du Québec, Société de
radio-télévision éducative du Québec, pour marquer
la vocation, pour donner une correspondance avec la loi 4 qui définit...
éducative, je ne veux pas refaire le débat de la loi 4, mais
pourquoi pas éducative, cela enlèverait du souffle, de
l'âme et des perspectives...
M. O'Neill: C'est peut-être parce que ce serait trop
long.
M. Rivest: Non, pourquoi pas?
M. O'Neill: Je vous avoue que l'expression Société
de radio-télévision du Québec me paraît très
bien.
M. Guay: Dans la loi actuelle, telle qu'elle a été
votée par l'Union Nationale et amendée par le Parti
libéral, lorsqu'il était au pouvoir, non seulement ça ne
l'est pas, mais on ne précise même pas que le mandat est
éducatif. L'article 21, tel qu'il est à l'heure actuelle, si vous
le lisez, fait de Radio-Québec un diffuseur d'ordre
général. C'est dans les faits qu'il est un diffuseur
éducatif. Je trouve étonnant qu'on veuille le restreindre.
Effectivement, en pratique, tout le monde sait qu'il est éducatif, c'est
entendu. Il va se soumettre à la Régie des services publics pour
la programmation éducative, mais je ne vois pas pourquoi on voudrait,
dans le nom, restreindre la portée de l'actuelle loi.
M. O'Neill: Par comparaison, il faudrait parler de la
société généraliste Radio-Canada ou quelque chose
comme ça. Ce n'est pas très élégant...
M. Rivest: ... société nationale.
M. Guay: Elle l'est par sa naissance.
M. Rivest: Pourquoi l'avez-vous mis dans la Société
nationale de l'amiante?
M. O'Neill: C'est une question intéressante, il faudrait
demander ça au ministre.
M. Rivest: Je ne vous propose pas de mettre le mot "nationale"
mais je vous demande où est la logique de ce gouvernement?
M. Guay: Si ma mémoire... j'essaie de me souvenir...
M. Rivest: M. le Président, c'est dommage que le journal
des Débats n'enregistre pas les hésitations du
député de Taschereau à me répondre.
M. Guay: J'essaie de me souvenir, dans le cas de la
Société nationale de l'amiante s'il s'agit de la
Société nationale de l'amiante du Québec ou simplement la
SNA. Je crois que c'est Société nationale de l'amiante. Si on met
Société nationale de radio-télévision, il faudrait
enlever du Québec, parce que c'est un pléonasme jusqu'à un
certain point. Le Québec étant une nation...
M. Rivest: Ah non.
M. Guay: J'invite le député de Jean-Talon à
relire les écrits...
M. Rivest: Une partie des Québécois. M. Guay:
... et les propos de son chef...
M. Rivest: Non, il n'a jamais dit que le Québec
était une nation. Le Québec est un espace
géographique.
M. Guay:... qui a écrit et qui a dit que le Québec
était...
M. Rivest:... les personnes qui vivent au Québec, une
partie de ces personnes fait partie, au point de vue sociologique, de ce qu'on
peut appeler une nation avec d'ailleurs leurs compatriotes de Sudbury, de Moose
Jaw et de Kapuskasing.
Le Président (M. Laplante): Je sens que vous touchez un
sujet qui peut vous amener...
M. Guay: Je veux simplement terminer ma phrase, si vous me le
permettez. Le député d'Argenteuil a bien écrit et dit que
le Québec a toutes les caractéristiques d'une
société nationale.
M. Rivest: Dans le sens que j'entends.
M. Guay: Dans le sens que, lui, l'entend, et je vous
suggère que vous êtes mieux de l'entendre dans le sens qu'il
l'entend et non pas dans le sens que vous l'entendez, parce que...
M. Rivest: Absolument pas, il parle de communauté
nationale, des deux nations au Canada...
M. Guay: Vous savez ce qui est arrivé au
député...
M. Rivest: ... je suis d'accord avec ça, communauté
nationale au Québec francophone...
M. Guay: Faites attention, je vous dis ça à titre
amical.
M. Rivest: ... communauté nationale anglophone, parce
qu'il y a des anglophones au Québec.
M. Guay: Je vous le dis à titre amical, faites bien
attention de bien traiter les choses comme le député d'Argenteuil
l'entend, pas comme vous l'entendez.
M. Rivest: Vous n'avez pas entendu la phrase du
député d'Argenteuil...
M. Guay: Le député de Portneuf, au congrès,
a interprété des choses comme il l'entendait et il a
appuyé l'adversaire du député d'Argenteuil et c'est depuis
ce temps-là qu'il est en pénitence.
M. Rivest: Le ministre a écouté... j'allais dire
religieusement le chef de l'Opposition.
M. O'Neill: II écoute toujours religueusement.
M. Rivest: Le chef de l'Opposition a parlé, je ne sais pas
si vous avez entendu, cela n'a pas dû vous frapper, étant
donné que vous n'avez pas ce même droit, de la grande
liberté qui existait à l'intérieur du Parti
libéral.
M. Guay: Oui, j'ai remarqué. J'invite quand
même...
M. O'Neill: ... l'étude de l'article 1.
M. Guay: ... mon bon ami le député de Jean-Talon
à être circonspect quant à l'usage qu'il en fait.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on peut revenir
à l'article 1 ?
M. O'Neill: Je pense que la remarque du député de
Taschereau est tout à fait pertinente, en ce sens que si on ajoutait la
Société nationale de radio-télévision, il faudrait
enlever du Québec. Je n'ai pas l'impression qu'on est... c'est une
partie cruciale du projet de loi...
M. Rivest: Sous réserve de vérifier...
M. O'Neill: ... j'aime, pour ma part, très bien cette
expression, Société de radio-télévision du
Québec et d'autre part, je sais qu'on va continuer d'appeler ça
Radio-Québec.
M. Rivest: En fait, c'est ce qui va arriver.
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a une différence entre
Société de radio-télévision ou de
radio-télédiffusion?
M. Rivest: Cela a changé, d'ailleurs, entre le projet de
loi 109...
M. O'Neill: Oui.
M. Guay: En bon français, c'est
radio-télévision.
M. O'Neill: Même à l'origine, le mot radiodiffusion,
dans certains textes de loi du fédéral, c'est vraiment une
autorité que je vous cite...
M. Rivest: Adressez-vous au député d'Outremont.
M. O'Neill: ... radiodiffusion comme comprenant les deux. La
télévision est à considérer comme un
prolongement...
M. Rivest: On peut régler ça...
M. O'Neill: ... de la radio, je dirais pour les gens en
général. Je dirais que l'expression radiotélévision
est assez claire et c'est une expression simple.
M. Rivest: C'est à l'article 4. Vous avez fait des
changements, radiodiffusion, avec un trait d'union, cela me faisait penser,
à certains endroits, quand je regardais le projet de loi, à la
souveraineté-association. Radiodiffusion à un moment donné
est écrit en un mot, d'autres fois en deux mots, d'autres fois, c'est
radio-télédiffusion ou je ne sais pas quoi. C'est l'intervention
des linguistes, je suppose.
M. O'Neill: C'est télédiffusion qui devient
radio... C'est ça.
M. Rivest: C'est dans le projet de loi 5 ou 4?
M. O'Neill: ... qui devient radio-télévision du
Québec.
M. Rivest: D'accord. Vous voyez le grand esprit de collaboration.
On vient d'adopter un article.
M. O'Neill: C'est tout à fait remarquable.
Le Président (M. Laplante): Article 1, adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Guay: Concordance. M. O'Neill: Concordance.
M. Rivest: Article 2, un instant! Oui, c'est cela. C'est la
clause bidon, etc.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
Concordance.
Une Voix: Adopté.
Administration de la société
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 3. Est-ce
que vous l'étudiez en bloc ou paragraphe par paragraphe?
M. Rivest: J'ai des amendements, mais je ne sais pas lequel je
vais présenter, ou même si j'en présenterai un. On en a
parlé, d'ailleurs le ministre s'est référé à
cela. Je pense que c'est un article important.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous répondu
à ma question?
M. Rivest: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Quelle
préférence avez-vous?
M. Rivest: Je veux faire une remarque générale. Je
pense qu'on va pouvoir régler le conseil d'administration par des
remarques générales.
Le Président (M. Laplante): D'accord. C'est
intéressant pour moi de le savoir.
M. O'Neill:... va faire l'objet d'une étude
particulière, de toute façon.
M. Rivest: Oui, c'est cela.
M. O'Neill: En tout cas, on va laisser d'abord le
député se démener.
M. Rivest: J'ai souligné le problème qu'on a eu,
qu'on vit actuellement à l'intérieur des CEGEP
sur ce type de conseil d'administration. J'ai trois ou quatre remarques.
J'aimerais simplement entendre le ministre, d'abord, sur l'ampleur du conseil
d'administration. Je comprends qu'on a le pouvoir de former un comité
exécutif, mais 23, c'est du monde!
M. O'Neill: Oui, mais à partir du moment où on
décidait d'assurer aux régions une représentation
significative, il fallait accepter d'avoir un conseil d'administration un peu
considérable. Là où la réduction a
été faite, c'est de bloquer cela à dix,
c'est-à-dire que cela peut être moins de dix. Il y a deux raisons:
d'abord, la question de garder un certain équilibre, et surtout une
certaine proportion; deuxièmement, le fait que dans l'avenir, il sera
difficile de dire combien il y aura de régions et comment
Radio-Québec lui-même s'implantera en régions et comment il
définira sa région. C'est une solution de compromis, le maximum,
dix, représentant les régions. Vous avez, si je me rappelle bien,
un article un peu plus loin où c'est le conseil d'administration qui
détermine. Le paragraphe f) de l'article 12 dit: Détermine le
mode de désignation des présidents des comités
régionaux au conseil d'administration lorsque leur nombre excède
dix. Evidemment, c'est un premier bloc, mais, là, on a vraiment une
représentation régionale significative au sein du conseil
d'administration.
Pour les autres membres, je pense que cela va de soi; le
président et le président directeur général sont
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Ensuite, les
représentants viennent former un certain équilibre par rapport
à la représentation des régions au sein du conseil
national d'administration et une personne est nommée parmi les
employés de la société. Pour les autres, je crois
que...
M. Rivest: Sur le nombre, est-ce qu'il y a d'autres
sociétés d'Etat qui ont un conseil d'administration, sauf le
Conseil des ministres, et Dieu sait que c'est lourd?
M. O'Neill: Radio-Québec, son opinion est qu'il y a moyen
de fonctionner de cette façon. On convient que le conseil
d'administration ne se réunira pas tous les jours.
M. Rivest: Non. Sur le plan de la représentation
régionale, il n'était pas possible, le ministre a sans doute
consulté les régions, il connaît les demandes des
régions, etc. Il n'y avait pas moyen de réduire cela quelque peu?
Non? C'étaient dix vraiment, cela a été un arbitrage
pratique. On pouvait faire n'importe quelle théorie.
M. O'Neill: Oui, c'est purement pratique, parce qu'il y a des
régions qui ne se sentiront pas représentées à un
moment donné, même avec ce nombre de dix.
M. Rivest: Oui. Une autre question: A ce moment, est-ce que cela
ne devient pas... Enfin, il y a certainement un côté artificiel.
Je comprends la volonté de régionalisation, de le manifester au
ni- veau du conseil d'administration et sans doute de répondre à
des demandes légitimes et pressantes des régions. Cela ne
devient-il pas artificiel d'apporter ainsi en bloc, parce que cela a l'air de
cela, pour être très franc avec le ministre, un nombre égal
qui est nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil? C'est mon premier
élément de question. Oui, répondez donc à
ça. Vous vous êtes sûrement posé la question. (17 h
15)
M. O'Neill: D'abord, ils vont être nommés
progressivement, à mesure que Radio-Québec va s'implanter dans
chacune des régions. La difficulté, je pense, qu'on pourrait
prévoir, ce n'est pas tellement... Vous dites: nommés en bloc, ou
qui représentent un bloc. La difficulté, c'est de penser qu'ils
vont nécessairement représenter un bloc, c'est en sens
inverse.
M. Rivest: Je l'ai soulevé dans mon intervention. C'est
ça, ma question. C'est le...
M. O'Neill: C'est ça. C'est le défi.
M. Rivest: ... problème des arbitrages ou, enfin, de la
gestion, un peu, finalement, que votre collègue de l'Education appelle
la gestion partici-patoire à l'intérieur des CEGEP.
M. O'Neill: C'est ça.
M. Rivest: Vous faites une gestion participa-toire...
M. O'Neill: C'est ça.
M. Rivest: Le chef de l'Opposition a signalé des
problèmes. Je comprends que ce n'est pas aussi articulé que les
problèmes qui sont survenus dans l'Outaouais, mais, tout de même,
l'expérience des collèges le démontre drôlement.
M. O'Neill: Oui, on sait que dans le cas des CEGEP, cela a
donné lieu à des problèmes, dans un certain nombre
d'institutions. Il n'y a pas de quoi à nous étonner tellement,
surtout quand on pense à la jeunesse des institutions. Moi, je crois que
c'est tout simplement un défi qu'il faut relever et les gens de
Radio-Québec, eux, n'ont pas l'air de s'inquiéter de
ça.
M. Rivest: Mais dans les CEGEP, M. le ministre, c'est vrai que
vous dites: Un certain nombre, mais, à la commission parlementaire sur
les projets de loi nos 24 et 25 où on réforme les CEGEP, en fait,
il faut être très honnête avec vous. Evidemment, les
étudiants et les enseignants qui ont des intérêts un peu
plus particuliers veulent avoir ce type, bien sûr, par contre, les
parents, enfin, étaient très sceptiques, très
déçus de cette formule et signalaient les problèmes,
à savoir que ça devenait des arbitrages, ce qui
décourageait les parents de participer. Ensuite, les présidents
directeurs généraux, évidemment, eux aussi trouvaient que
c'était absolument... C'est le point
majeur de la contestation des projets de loi nos 24 et 25 du ministre de
l'Education.
Quant aux institutions, je conviens qu'elles sont jeunes et n'ont
peut-être pas de tradition, mais, est-ce que le ministre est conscient
qu'en choisissant cette formule, qui est un choix politique, au fond, une
formule de gestion de participation comme celle-là, il risque de ne pas
faire en sorte que la direction de Radio-Québec soit une direction faite
en fonction uniquement des gens qui y siègent, faite en fonction
uniquement des intérêts de Radio-Québec, de son existence,
de son progrès, de son développement et qu'il n'y a pas un
arbitrage? Surtout, ensuite, on va voir... Je reparlerai également de la
représentation puisqu'on embarque dans cette logique des
gens du ministère de l'Education. Les autres, que le
lieutenant-gouverneur va nommer, d'où vont-ils venir? Le ministre,
probablement du ministère des Communications sans doute, a-t-il
des...
M. O'Neill: II y avait jusqu'ici, dans la composition du conseil,
un choix qui était imposé venant du ministère des
Communications. Remarquez que ça pourrait se continuer. Mais là,
ce qui est précis dans la loi, ce qui est demeuré précis,
c'est le choix de deux représentants du milieu de l'Education.
Maintenant, tout à l'heure, quand vous disiez: II s'agit d'un choix
politique. C'est un choix qui fait confiance, c'est sûr, à
certaines valeurs, c'est-à-dire, d'abord ce que vous appelez la gestion
participative ou participatoire. Ensuite, nous pensons que ce serait
peut-être la meilleure façon de désamorcer des tensions
entre les régions et le conseil d'administration. Vous savez que, dans
la première phase d'implantation des comités provisoires, ces
tensions sont extrêmement nombreuses.
Les gens des régions vont sûrement refléter les
intérêts ou les aspirations des régions. Mais, en
même temps, siégeant au conseil national d'administration, ils
vont peut-être aider les gens dans les régions à comprendre
aussi les exigences d'une gestion nationale, parce que dans les remarques qui
nous ont été faites dans diverses consultations il y avait, entre
autres, l'inquiétude suivante qui s'était manifestée,
à savoir si on en arriverait à une sorte de
fédération de Radio-Québec.
Il y avait aussi l'inquiétude concernant ce qu'on appelait
l'excellence. C'est-à-dire que dans le cas d'une société
comme Radio-Québec, nous tenons beaucoup à ce que
Radio-Québec fasse des choses de qualité en région, mais
je pense que tout le monde est conscient aussi d'une image nationale de
Radio-Québec au point de vue de la qualité et de
l'excellence.
Alors, je pense qu'il est assez important que les gens qui
représentent les régions soient là, à la fois pour
bien refléter les intérêts ou les demandes des
régions, mais en même temps aussi pour un peu véhiculer
dans les régions des exigences d'une société nationale qui
doit affronter, entre autres, ce défi de la qualité au plan
national. C'est donc une formule qui n'est pas dépourvue de risques,
mais je pense qu'il vaut vraiment la peine de l'essayer.
M. Raynauld: Le président n'est pas à temps plein,
je pense?
M. O'Neill: Non, le président du conseil d'administration,
non. C'est le président-directeur général qui est à
temps plein.
M. Raynauld: C'est le PDG qui est...
M. Rivest: Dans cette voie-là, est-ce que vous entendez
répondre je ne veux pas en faire un amendement, mais je pourrais
en faire un je dirais dans la voie participatoire ou participative... Je
pense que ce sont les gens du syndicat qui ont demandé que
l'employé, enfin une personne nommée par le lieutenant-gouverneur
en conseil parmi les employés de la société soit non pas
un employé cadre mais bien plutôt un employé
syndiqué.
M. O'Neill: Remarquez que j'ai moi-même soulevé
cette difficulté-là quand on a procédé à la
rédaction du projet de loi. Quand on m'a présenté cette
rédaction finale, on m'a donné l'argument suivant qui m'a
convaincu, à savoir que dans les faits, étant donné le
nombre élevé d'employés non cadres et syndiqués, la
logique voulait qu'en pratique ce représentant des employés soit
un travailleur syndiqué. D'ailleurs, c'est ce qui a inspiré...
Non, il y en a trois ou quatre. Il y a le syndicat des employés de
Radio-Québec, le syndicat des techniciens, le syndicat des
réalisateurs et l'Union des artistes.
M. Rivest: Comment allez-vous faire l'arbitrage entre tout ce
monde?
M. O'Neill: Ils feront l'arbitrage.
M. Rivest: Ce sont eux?
M. O'Neill: Bien oui.
M. Rivest: Ils ont une structure...
M. O'Neill: C'est ça, une personne nommée par le
lieutenant-gouverneur en conseil, parmi les employés de la
société, sur la recommandation de ces derniers. Historiquement,
on peut dire que cet article-là, c'est un résultat de la
grève à Radio-Québec d'une certaine manière. En
fait, la première demande était d'être
représentés au comité de programmation. Finalement, on est
arrivé à l'idée, toujours dans cet esprit de gestion, ou
participative ou participatoire, suivante: Pourquoi ne seraient-ils pas
représentés au conseil d'administration? C'est une
première étape parce que pourquoi un et pourquoi pas deux? Vous
allez me dire que c'est de l'étapisme. Oui, c'est-à-dire qu'on
commence par ça, c'est un... Je pense que c'est très
intéressant comme expérience. Remarquez, quand même, qu'il
ne faudrait pas voir ça comme quelque chose d'extrêmement
avant-gardiste parce que si vous regardez la composition des conseils des
universités, on est beaucoup plus avancé que ça. Vous avez
un très grand nombre de représentants élus par les
professeurs qui siè-
gent au conseil d'administration. A l'Université Laval, entre
autres...
M. Rivest: Oui, on sait les problèmes que ça
pose.
M. O'Neill: J'ai siégé au conseil de
l'Université Laval...
M. Rivest: Vous ne posez pas de problèmes...
M. O'Neill: ... en tant que représentant des professeurs.
La caractéristique d'un conseil comme celui-là c'est de donner
une image de calme et de sérénité, je ne dis pas
d'ennui...
M. Rivest: II faut lire la prose...
M. O'Neill: II fallait faire un grand effort pour déceler
les tensions.
M. Rivest: ... du professeur Dion. Le professeur Dion en a
trouvé. Où n'en trouverait-il pas? Non...
M. O'Neill: II y avait des tensions qui s'expliqueraient beaucop
plus par les tempéraments ou peut-être par les
idéologies.
M. Rivest: Très bien. M. le Président, fermez-vous
les yeux pour que ça ne crée pas de précédent, je
ne passe pas encore à l'article 6, mais je vous amène à
parler du comité exécutif. N'est-ce pas, que le conseil
d'administration va faire à l'article... je ne sais plus... On est
à l'article 3, je passe à l'article 5 qui amende l'article 12:
"Le conseil d'administration peut, par règlement..."
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on peut en
parler juste à ce moment-là.
M. Rivest: C'est simplement pour parler des structures. Ce sera
réglé après. C'est le paragraphe d) "Constituer un
comité exécutif, en déterminer les fonctions et pouvoirs,
etc." Cela veut dire qu'au sein du comité exécutif, étant
donné l'importance du conseil d'administration, le comité
exécutif risque d'être assez important et là,
évidemment, vous laissez, sous réserve, bien sûr, des
règlements du ministre... Il y en a... Est-ce que le ministre a
l'intention... Non? Ils sont aprouvés par le ministre.
M. Guay: Pas ceux-là.
M. Rivest: Les règlements de la société
adoptés en vertu du paragraphe a), b), ah! mon Dieu! ils ont
échappé le paragraphe d). Très bien, vous laissez
ça complètement au conseil d'administration. Cela veut dire qu'il
pourra ne pas y avoir de représentants, le ministre est
indifférent à ce qu'il y ait un représentant des
employés, à ce qu'il y ait un représentant des
régions au niveau du comité exécutif il est
indifférent pas lui personnellement, mais le gouvernement
à ce qu'il y ait un représentant du ministère de
l'Education.
M. O'Neill: ... au conseil d'administration.
Le Président (M. Laplante): On va aller à l'article
5 pour en parler. Là, vous parlez de la composition, de toutes ces
choses-là.
M. Rivest: C'est le conseil exécutif. Cela reste... Le
Président (M. Laplante): Justement, c'est ce qu'on donne.
M. Rivest: Ce que je veux dire, je prends ça simplement
pour illustrer...
Le Président (M. Laplante): Si vous parliez des relations
qu'il y a entre le conseil d'administration et le conseil exécutif,
ça marche.
M. O'Neill: ... dont jouit Radio-Québec.
M. Rivest: C'est pour illustrer la timidité du ministre
sur le plan de la gestion participatoire dans la mesure où... C'est
ça, le principe de l'article 3.
M. O'Neill: Cela reflète mon tempérament
conservateur, ça doit être ça.
M. Rivest: Ah, tiens! je n'avais pas remarqué. M. O'Neill:
Je procède par étape.
M. Rivest: Ce que je veux dire, c'est que c'est un choix, parce
qu'on est au conseil d'administration, dans les fonctions. C'est un choix qui
me semble conscient et délibéré, de laisser tout ça
entre les mains du conseil d'administration.
M. Guay: Si on me permet, M. le Président, la nature
humaine étant ce qu'elle est, ce conseil d'administration étant
composé, comme il va l'être, la simple logique
élémentaire fait que le comité exécutif sera
vraisemblablement composé de représentants des différentes
composantes au conseil d'administration pour assurer cet équilibre. Cela
me semble aller tellement de soi que je vous dis que le conseil
d'administration règle ça par lui-même...
M. Rivest: Vous pouvez dire, convaincre les employés que
le représentant des employés...
M. Guay: On n'est pas obligé...
M. Rivest: ... au conseil d'administration va siéger au
conseil exécutif.
M. Guay: Ecoutez, si la société veut s'assurer le
meilleur fonctionnement possible, ce sera à elle de déterminer
s'il est à propos, dans ce cas spécifique, que le
représentant des employés y siège, ce serait sa sagesse
administrative à elle, il ne faut quand même... on ne peut pas
faire des règlements pour lui dire de quelle couleur peinturer les murs,
et quelle sorte de poignées de porte poser.
M. Rivest: Non.
M. O'Neill: Je reprends mon point de comparaison tout à
l'heure, au comité exécutif de l'Université Laval, il doit
y avoir encore actuellement, j'imagine, un représentant des professeurs
et, quand j'étais là, il y avait également un
représentant du personnel de soutien, si je me rappelle bien. On se fie,
je dirais, au bon sens du monde.
M. Rivest: D'accord, je voudrais revenir à l'article 3, M.
le Président, pour suivre vos directives. Paragraphe d), "de personnes
en nombre égal à celui des présidents visés au
paragraphe c)", on a parlé des raisons, le ministre nous a
expliqué... "nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil dont
deux représentant les milieux de l'éducation, sur la
recommandation du ministre de l'Education..." C'est dix personnes.
M. O'Neill: Oui.
M. Rivest: Première question, je vais demander au ministre
quel genre, quel type de personnes le gouvernement entend nommer. D'où
ces personnes, à première vue, dans ses intentions, parce qu'il
va être obligé d'exercer ça, vont-elles venir? C'est la
première question. Deuxièmement, je voudrais lui demander s'il
n'envisagerait pas, j'ai un amendement, je ne sais pas si je le ferai...
M. Guay: Chaque fois, le député de
Jean-Talon...
M. Rivest: J'exerce une pression, je suis obligé d'exercer
une pression sur le conservatisme du ministre, parce qu'il ne marche que par
étapes. Faites attention, parce que je peux l'exécuter.
M. Guay: Cela va bien.
M. Rivest: Deux représentants... D'abord, d'où ces
gens vont-ils venir? Est-ce que ça lui paraît suffisant, deux
représentants seulement du ministère de l'Education? Est-ce qu'il
ne pourrait pas y en avoir plus, trois, quatre? C'est arbitraire...
M. O'Neill: Le ministre de l'Education a trouvé que
c'était suffisant.
M. Rivest: Ah! mais lui, je n'ai pas autant confiance au ministre
de l'Education qu'au ministre des Communications. D'ailleurs, ce n'est pas pour
rien qu'ils vous ont donné la responsabilité de cette loi. Je ne
veux pas revenir là-dessus, il y a des gens qui disent et qui pensent,
d'après le député de Taschereau, je ne le dirais pas, que
ça pourrait soulever un débat. Vous croyez que c'est suffisant,
deux personnes? (17 h 30)
Je vais vous dire pourquoi je verrais trois personnes. Je ne veux pas
faire le débat, il y a quand même des niveaux dans l'enseignement,
il y a quand même des priorités, des besoins auxquels
Radio-Québec peut répondre sur le plan prioritaire, par
exemple l'éducation des adultes. Je pense que ce serait
intéressant, à première vue, d'avoir cela, les
collèges, l'éducation des adultes. S'il y en avait trois, il me
semble que cela donnerait plus de marge de façon à
présenter vraiment les préoccupations prioritaires du
réseau d'éducation du conseil d'administration. Cela donnerait
plus de marge.
M. O'Neill: Dans la pratique, il y en aura probablement trois.
Voici comment on les choisit. Je crois que vous avez posé la question,
à savoir comment on les choisirait. Evidemment, nous n'aurons plus cette
préoccupation de nommer des gens des régions. Ils sont
déjà nommés. Jusqu'ici, on l'avait. A un moment
donné, il y avait quelqu'un de l'Outaouais. On a essayé d'avoir
quelqu'un du Bas-du-Fleuve, le président lui-même venant de la
région de Sherbrooke. Dans les nominations les plus récentes,
parce qu'il y a des gens qui étaient là avant que nous arrivions,
à un moment donné, nous avons choisi un professeur de
l'Université de Montréal qui, en même temps, avait fait
beaucoup de travail en télévision, M. Martucci qui, en même
temps, à nos yeux, représentait ce que j'appelle une tendance
plus philosophique d'une certaine préoccupation, d'un certain nombre de
valeurs, théologie en même temps. Et nous avons nommé un
autre représentant de la région de Québec, on a fait un
choix tout à fait différent. On a choisi un administrateur. Ce
sont des sortes d'équilibre que nous avons tenté
d'établir.
Là, il va falloir avoir moins cette préoccupation de
nommer des gens dans les régions et surtout penser à apporter des
éléments nouveaux, des éléments variés. On
peut penser à des gens qui ont déjà beaucoup
d'expérience ailleurs dans le domaine de la radio et de la
télévision, des gens qui représentent le milieu
universitaire; il ne faut pas oublier cela. Cela peut être aussi des gens
qui représentent ce qu'on appelle les groupements populaires.
M. Rivest: Je voulais en venir à cela parce que, au fond,
le problème qui se pose, c'est quand vous dites: Dont deux
représentants du milieu de l'éducation. Le milieu de
l'éducation, tel qu'il est écrit, est-ce que cela comprend
essentiellement, est-ce que cela vise essentiellement le ministère de
l'Education ou si cela vise... A ce moment-là, cela devient un peu
inutile, dans la mesure où le ministre dit: Moi, j'ai l'intention de
prendre quelqu'un qui vient de l'université... et je voulais aussi
et je pense que la demande était faite pour les milieux
d'éducation populaire. Ils ont un sigle particulier, les OVNI ou...
M. O'Neill: OVNI?
M. Rivest: Les OVNI, ces objets non identifiés. On m'a
donné le sigle, mais je ne me le rappelle plus. Il y a des groupes
organisés de ce côté-là qui ont demandé
d'être représentés. Et là, je trouve que, quand on
dit deux représentants du milieu de
l'éducation, il ne faut pas oublier la fonction éducative
de Radio-Québec là-dedans. On en a parlé beaucoup. Deux
représentants du ministre de l'Education, est-ce que c'est le
ministère? Est-ce que c'est le réseau? Est-ce que c'est exclusif?
Les huit autres personnes qui viennent de tous les azimuts peuvent aussi
être du milieu de l'éducation. A ce moment-là, pourquoi en
garantir deux? Est-ce que c'est la seule raison?
M. O'Neill: C'est une formule très large qui permet au
ministre de l'Education, puisque c'est lui qui fait la recommandation, qui lui
permettra de choisir là où il veut.
M. Rivest: Les deux? M. O'Neill: Oui.
M. Rivest: II n'y en aura pas plus de deux qui viendront du
milieu de l'éducation?
M. O'Neill: Non. Il y en aura au moins deux. C'est cela que cela
veut dire.
M. Rivest: Au moins deux.
M. O'Neill: Au moins deux. Le ministère de l'Education va
choisir deux représentants venant des milieux de l'éducation et
ensuite il sera toujours possible d'en ajouter d'autres. Je pense que la
pratique veut qu'il y en aura d'autres ajoutés. Il y en a deux qui sont
nommés par le ministre. Mais je pense que ce ne sera pas mauvais qu'il y
ait des gens qui soient nommés, qui viennent de milieux de
l'éducation et qui peuvent être nommés à partir de
d'autres critères. Cela donne de l'oxygène, de
l'aération.
M. Rivest: Je comprends les intentions du ministre.
Une Voix: Adopté?
M. Rivest: La procédure de tout cela... Etant donné
qu'il y a seulement le ministre de l'Education qui peut faire des
recommandations, il y a les employés également, comment
procédez-vous pour la liste? Comment procédez-vous pour les
nommer? Pour celle des employés, est-ce que, dans l'esprit du ministre,
vous vous attendez que les différents représentants des
employés vous donnent un nom ou accepterez-vous qu'ils vous proposent
une liste et que vous choisissiez à l'intérieur de cette
liste?
M. O'Neill: J'ai l'intention là-dessus de demander l'avis
du président directeur général. Je pense à une
formule que nous utilisons actuellement quand nous nommons les gens qui doivent
siéger au conseil d'administration de l'Institut du cinéma. A un
moment donné, nous leur envoyons un avis en disant: II y a un poste
libre. Nous vous demandons de nous envoyer, par exemple, trois noms; ce serait
une formule comme celle-là. Mais, avant de mettre la formule au point,
j'ai l'intention de discuter de cette question avec la direction de
Radio-Québec. On n'a pas prévu de choses plus précises que
cela dans le moment.
M. Raynauld: M. le Président...
M. O'Neill: Excusez-moi, c'est simplement pour dire que, dans le
cas de l'Institut du cinéma, cette formule s'applique bien.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai beaucoup de
réserve sur cette structure administrative de la société.
Je l'ai dit à l'occasion de la deuxième lecture. Je suis bien
prêt à laisser au gouvernement sa chance, mais je voudrais quand
même répéter ici, à l'occasion de cette étude
particulière, qu'une structure comme celle-là, avec la
présence de plein droit des présidents des comités
régionaux au sein du conseil d'administration, avec la
conséquence que cela implique, c'est-à-dire un très gros
conseil d'administration, 23 membres... Je rappellerai que j'ai
déjà été membre du conseil d'administration de la
Société Radio-Canada ce n'est pas nécessairement
une référence mais on était douze, et
c'était déjà beaucoup. Là, il y en a 23. J'ai
l'impression que c'est une structure beaucoup trop lourde. Plus il y a de
membres au conseil d'administration, plus il est difficile d'en arriver
à un consensus, d'en arriver à des décisions. Ce ne sont
pas des commissions royales avec la possibilité de marquer sa dissidence
ici ou là, c'est un conseil d'administration. Mais je n'ai pas
l'intention de pousser cette opposition et d'en faire une question de principe.
C'est une question administrative, mais je veux dire ici que je ne pense pas
que ce soit une structure qui conduise à des résultats sur le
plan de l'efficacité, sur le plan de la bonne marche administrative de
la société.
Je pense que les intentions sont bonnes, mais il me semble qu'il aurait
été fort préférable d'avoir une structure beaucoup
plus légère avec, par exemple, un comité consultatif se
rapportant au conseil d'administration de la société où
les directeurs, les présidents des comités régionaux, dans
la mesure où on pense qu'il faut leur donner ce titre-là,
auraient pu siéger au conseil d'administration et lui donner leur avis
sur toutes les questions qui relèvent d'eux, mais ils n'auraient pas eu
de pouvoir décisionnel au sein du conseil d'administration. Quoi qu'il
en soit, ceci dit, je ne peux pas me substituer au gouvernement
là-dedans. Si le gouvernement pense que c'est la formule qu'il veut
adopter, s'il pense que c'est la meilleure, qu'il en prenne la
responsabilité, qu'il en tire les conséquences.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je voudrais seulement noter que les
observations du député d'Outremont méritent au moins un
bref commentaire. Peut-être que la composition du conseil
d'administration de la société, c'est le prix qu'il faut payer
pour réali-
ser la régionalisation et que nous en ferons l'expérience.
Par ailleurs je voudrais rappeler au député d'Outremont que,
selon l'article 5, le conseil d'administration peut constituer un comité
exécutif, en déterminer les fonctions et pouvoirs, et fixer la
durée du mandat de ses membres, ce qui correspond presque à ce
qu'il évoquait, la possibilité de deux conseils, un
d'administration et l'autre de consultation ou d'orientation. De toute
façon, il y a deux organismes, dont un s'occupe des affaires courantes,
et l'autre s'occupe d'établir les politiques et d'assurer la haute
direction de la société.
M. Rivest: Je veux poser une dernière question. Oui,
allez-y!
M. O'Neill: Premièrement, je pense que cela vaut la peine
de faire cet essai au moment où on décide d'axer cette loi avant
tout sur la régionalisation. Deuxièmement, après tout ce
qui s'est dit dans les régions, après aussi tout ce que la
direction de Radio-Québec pendant des années a dit dans les
régions et après aussi les espoirs qu'avaient répandus mes
prédécesseurs dans les régions, je pense que c'est le
moins ici qu'on puisse accorder. Je crois que c'est une formule quand
même originale qu'il vaut la peine d'essayer. Il y aura toujours moyen,
à un moment donné, à la lumière de
l'expérience, de voir s'il y a lieu de la modifier.
M. Raynauld: J'aimerais ajouter que j'espère que cela va
fonctionner. Je ne suis pas opposé à une formule comme
celle-là sur le fond. Si elle fonctionne, tant mieux. J'en serai
très heureux, mais j'ai voulu exprimer les craintes que j'ai à
l'heure actuelle sur la sagesse d'une structure comme celle-là.
Le Président (M. Laplante): II y a des modifications
à faire, M. le ministre, sur l'article 3.
M. Rivest: Seulement une dernière remarque rapide. C'est
parce qu'on a parlé des tensions région-national, si vous
voulez...
M. O'Neill: ... créatrices.
M. Rivest: Créatrices, oui. Dans quelle mesure il ne
risque pas d'y avoir de tension destructrice...
M. O'Neill: Je pense que...
M. Rivest: Je parle des relations inter-régio-nales, dans
la mesure où il est question que Radio-Québec prenne de
l'expansion, ne pourrait pas tout couvrir en même temps. Le ministre a
lui-même indiqué ses préoccupations pour les régions
les plus défavorisées, l'Abitibi-Témiscamin-gue, etc. Il y
a des projets concrets. Je sais que dans le réseau communautaire, il
existe de ces choses, en Estrie, etc. On se plaint, même si c'est une
région qui peut être assez bien couverte au point de vue des
communications... Est-ce qu'au niveau des demandes qui ont été
faites de Radio-
Québec, il y en a qui poussent davantage? Si vous mettez tout ce
monde dans un organisme, tout ce monde, par hypothèse, doit avoir
l'intérêt de l'organisme en vue, il va y avoir une tension
région-national. Entre les régions, je comprends qu'à ce
moment, cela risque de soulever des problèmes, la première
dimension des problèmes, puisque les régions vont se diviser les
unes contre les autres... Vous trouvez cela?
M. O'Neill: II va sûrement y avoir de ces tensions. Il y en
a déjà une, on peut dire, qui était exprimée dans
un des rapports qui nous ont été présentés, venant
des représentants de l'Estrie qui se demandaient d'où venait ce
choix de régions lointaines, pourquoi on avait choisi telle ou telle
région à la place d'une autre. C'est certain. D'autre part, il y
a une tension qui va probablement s'estomper, disparaître, qui venait du
fait que jusqu'ici les gens qui représentaient les régions
avaient si peu de pouvoirs, d'outils de travail que finalement cela
créait des frustrations. Là, ils vont vraiment se sentir bien
représentés. On pourra, au contraire, à ce point de vue
assister à une harmonie qui n'existait pas auparavant.
Le Président (M. Laplante): Si les membres de cette
commission veulent adopter l'article 3, on suspendrait les travaux
jusqu'à 20 heures, pour ne pas revenir ici pour cinq minutes. Etes-vous
d'accord? Article 3, adopté?
M. Guay: II peut être adopté, l'article 4 aussi.
M. Rivest: Adopté, avec des souhaits de bonne chance au
conseil d'administration.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. Guay:
Conflits d'intérêts...
Le Président (M. Laplante): Les travaux de cette
commission sont suspendus jusqu'à 20 heures.
M. Guay: L'article 4, M. le Président...
L'Opposition...
M. Rivest: A 20 heures. Il faut réfléchir sur
l'article 4.
M. O'Neill: II faut toujours réfléchir, M. le
député.
Suspension de la séance à 17 h 44
Reprise de la séance à 20 h 24
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission des communications pour
étudier le projet de loi no 5,
Loi modifiant la Loi de l'Office de radio-télédiffusion du
Québec.
Je pense qu'il y aurait une permission à demander pour le
député de Mont-Royal qui veut avoir la parole. Par qui le
remplaceriez-vous? Voulez-vous le laisser comme intervenant, quoi?
M. Raynauld: M. Harry Blank...
M. Ciaccia: Je ne suis pas un intervenant à cette
commission?
Le Président (M. Laplante): Oui, vous êtes
intervenant et êtes remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys). Si vous voulez, on va dire que M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) ne sera pas ici ce soir et vous réintégrez
votre poste comme intervenant, si les membres de cette commission veulent
accepter, parce qu'on est encore à la même séance.
M. Ciaccia: Est-ce que M. Harry Blank... Le Président
(M. Laplante): II est membre. M. Ciaccia: Est-ce que je
pourrais...
Le Président (M. Laplante): Non, il a été
changé pour intervenant, à la place de Mme Lavoie-Roux.
M. Beauséjour: Est-ce que le député de
Jean-Talon doit venir?
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais remplacer M. Blank?
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Ciaccia remplace
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)...
M. Ciaccia: Non, non.
Le Président (M. Laplante): ... ou M. Blank (Saint-Louis),
qui était déjà inscrit à la place de Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie).
M. Ciaccia: Bon! Très bien!
M. Le Moignan: II est capable de remplacer...
Le Président (M. Laplante): D'accord? Adopté?
M. O'Neill: Si je comprends bien, M. le Président, les
interventions éclairantes du député de Jean-Talon seront
remplacées par les interventions éclairantes du
député de Mont-Royal. C'est ça?
M. Raynauld: Illuminantes.
Le Président (M. Laplante): Non, de Saint-Louis...
M. Ciaccia: Bienvenue à vous aussi, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 4.
M. Raynauld: M. le Président, je ne sais pas si vous nous
permettriez d'examiner les autres paragraphes de l'article 3, par exemple,
l'article 7...
Le Président (M. Laplante): Une minute! Vous me demandez
si, à l'article 3, vu qu'il est adopté, vous pouvez avoir un
regard sur l'article 7, à titre d'information, mais de là, par
exemple, je ne pourrais pas vous laisser faire de motion à l'article 7.
Si c'est de l'information, je suis d'accord pour vous donner quelques minutes,
pour autant que les membres de la commission disent oui eux aussi. Il arrive
assez souvent qu'on soit obligé de revenir à un article, parfois,
pour quelque information.
M. Raynauld: Parce que, M. le Président, ce n'était
pas clair qu'on approuvait tous les paragraphes...
Le Président (M. Laplante): Permission
accordée?
M. O'Neill: Oui, enfin, je crois que nous avons
approuvé... Il s'agissait, pour les gens qui étaient ici, de
savoir ce qu'ils faisaient quand ils approuvaient. Cela a bien
été approuvé. Maintenant, si vous croyez, M. le
Président, que c'est pour permettre de fournir de l'information
supplémentaire...
Le Président (M. Laplante): Non, la décision
appartient aux membres. Ce n'est pas illégal et il n'y a pas de
précédent à créer. Cela arrive assez souvent
à l'intérieur d'une loi qu'une explication additionnelle soit
demandée, même si un article est adopté.
M. O'Neill: ... il ne faudrait pas recommencer le
débat.
M. Beauséjour: C'est juste pour éclairer le
député de Mont-Royal, j'imagine, les autres...
M. O'Neill: Si c'est pour éclairer le député
de Mont-Royal, je suis prêt à faire certains efforts.
Le Président (M. Laplante): Je crois qu'il faut surtout
éclairer le débat.
M. Ciaccia: Je ne sais pas si les efforts vont vraiment
être assez...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. O'Neill: Cela prend beaucoup... Je me demande parfois si ce
n'est pas...
M. Ciaccia: Je ne sais pas si vous avez la capacité de le
faire, cet effort-là.
M. O'Neill: ... ah! avec le secours de l'Esprit saint on pourrait
peut-être réussir quelque chose avec vous.
Le Président (M. Laplante): On y va!
M. Raynauld: M. le Président, je vais laisser au
député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Pourquoi le ministre est-il tellement agressif ce
soir envers le député de Mont-Royal? Qu'est-ce que je vous ai
fait aujourd'hui?
M. O'Neill: Pas du tout. Au contraire, votre présence
même me réjouit. Je ne dis pas qu'elle nous amuse, mais elle nous
réjouit.
M. Ciaccia: Vous me provoquez, pourtant je suis venu ici de bonne
foi...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, est-ce que vous voulez de l'information sur...
M. Ciaccia: S'il vous plaît, oui, M. le Président.
Merci.
M. O'Neill: M. le Président, si le député de
Mont-Royal veut de l'information, nous sommes tout oreilles.
Le Président (M. Laplante): Septième paragraphe. M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est que je voudrais
certaines informations sur l'article 7. Franchement, j'étais sous
l'impression que le paragraphe 7 de l'article 3 n'avait pas encore
été adopté, mais je n'ai pas eu la bonne information sur
cet article. Ma question au ministre ou les renseignements additionnels que le
ministre pourrait me donner, c'est sur les mots "les autres conditions de
travail des administrateurs". Il semble y avoir plusieurs administrateurs, de
différentes régions, de différents milieux. Est-ce que la
façon dont l'article 7 est rédigé laisse entendre que
peut-être les conditions de travail pourraient être
différentes pour différentes catégories d'administrateurs?
Ce serait le lieutenant-gouverneur en conseil qui fixerait ces
différentes conditions? Ce ne serait pas égal pour tous les
administrateurs? Est-ce là l'intention du ministre ou l'intention du
législateur dans ce projet de loi de laisser la porte ouverte, ou est-ce
plutôt et cette intention n'est peut-être pas traduite dans
le libellé de l'article lui-même son intention que les
conditions de travail devraient être égales pour tous les
administrateurs, pour qu'il n'y ait pas de différence ou de moyens de
créer certains conflits ou certains problèmes par le gouvernement
vis-à-vis de ces administrateurs? (20 h 30)
J'aurais cru que si le libellé avait été un peu
différent, en spécifiant que les conditions de travail devraient
être égales, à ce moment-là, cela aurait rendu le
texte plus explicite et cela aurait peut-être évité
certains conflits possibles dans ce milieu parce qu'on ne peut pas toujours
prévoir les problèmes qui peuvent se produire au niveau d'un
conseil d'administration. Je crois que même pour aider le ministre, pour
aider l'administration de cette loi, il ne faudrait pas créer la
situation où certains administrateurs pourraient avoir des conditions de
travail et certains autres avoir d'autres conditions. Cela créerait des
pressions sur le gouvernement, sur le ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je pense qu'il faudrait être clair tous les deux. On a
accordé un retour au 7e paragraphe, non pas pour une discussion de fond,
mais pour quelques questions que vous auriez à poser au ministre. Je
voudrais bien avoir les questions et les réponses que le ministre pourra
vous donner, parce qu'on ne pourra pas passer beaucoup de temps sur le
paragraphe no 7.
M. Ciaccia: J'en avais posé quelques-unes. Est-ce que
c'est l'intention d'avoir différentes conditions de travail pour les
différents administrateurs ou est-ce que c'était vraiment
l'intention du ministre que ce soit égal pour tous les administrateurs?
Si cela était le cas est-ce que cela n'aurait pas été
préférable d'avoir le libellé de l'article assez clair
pour ne pas ouvrir la porte à des conflits possibles?
M. O'Neill: M. le Président, je pense qu'il s'agit ici
d'une sorte de formule exhaustive, c'est-à-dire qu'il s'agit de
prévoir un ensemble de normes qui visent "la rémunération,
les avantages sociaux et les autres conditions de travail des administrateurs",
tout ce qui peut être lié à une sorte de
rémunération ou de compensation particulière. D'ailleurs,
le député d'Outremont pourrait peut-être nous
éclairer là-dessus. Je pense qu'il s'agit d'une formule assez
générale dans ces cas-là. Cela ne vise pas du tout la
question de conditions de travail qui puissent avantager ou désavantager
quelqu'un. C'est simplement de dire que, dans le cas où à
ce point de vue, je dirais que les mots importants, sont "le
lieutenant-gouverneur en conseil" on décide d'accorder certains
avantages, de quelque nature que ce soit... Je suppose, par exemple, que le
conseil d'administration décide de se réunir ailleurs qu'à
Montréal, ou des choses comme celle-là. Il s'agit de
prévoir, par une formule exhaustive, certaines clauses qui pourraient
être introduites et qui sont, à ce moment-là,
approuvées par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Cela n'a pas, à mon avis, d'autre sens que celui-là et
ça ne vise pas le problème que vous mentionnez. C'est simplement
que quand une société d'Etat à ce point de
vue-là, c'est pourquoi je faisais appel un peu au député
de Mont-Royal fixe des conditions de travail comme ça, on pense
qu'il doit y avoir un certain nombre de paramètres, de balises. Les gens
doivent avoir droit à un certain nombre d'avantages convenables
par rapport à la fonction qu'ils exercent et, en même
temps, il y a un certain nombre de limites à respecter. Cela n'a pas
d'autre sens. Autrement dit, ça veut dire qu'ils ne pourraient pas
décider, tout à coup, de s'accorder telle ou telle forme de
compensation de façon illimitée, quelle qu'elle soit. C'est une
sorte de petite barrière qui est à l'adresse des
administrateurs.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, il y aura 23 membres au nouveau
conseil d'administration. Je présume que ce n'est pas l'intention du
ministre d'avoir 23 différentes conditions de travail pour chacun de ces
membres.
M. O'Neill: Ni d'avoir 23 limousines, par exemple.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ça que j'avais à
l'idée. Ce n'est pas mon style de poser des questions sur ce genre de
choses. C'est juste pour éviter des conflits possibles, parce
qu'à ces niveaux, on veut promouvoir la coopération, on veut
éviter que l'un puisse faire certaines demandes que l'autre a
oublié de faire, et une fois qu'ils viennent de l'apprendre, ça
peut causer...
M. O'Neill: Ce que j'ai remarqué, M. le Président,
c'est que, lorsqu'on fait des nominations pour les sociétés
d'Etat, on fait cela par arrêté en conseil, il y a toujours un
certain nombre de clauses sur le type d'avantages ou de compensations auxquels
les personnes ont droit. Cela ne va pas dans ce cas-là, mais on peut
penser à des clauses sur le déménagement, un tas de choses
comme celle-là. C'est simplement que le conseil d'administration peut
les déterminer, mais, à un moment donné, on établit
un certain nombre de balises pour que ce soient des choses raisonnables qui
soient accordées. Mais cela ne vise pas telle personne par rapport
à telle autre personne. Ce sont des règles du jeu qui sont
vérifiées et approuvées.
M. Ciaccia: On doit faire des distinctions entre les
représentants régionaux, les représentants du milieu
éducatif?
M. O'Neill: On peut penser par exemple que si, tout à
coup, on introduit une clause sur les voyages, si vous avez un
représentant qui vient de Gaspé siéger à
Montréal, on aura une clause qui permettra qu'il ne soit pas
défavorisé par rapport à d'autres. C'est la règle
générale dans les sociétés d'Etat.
M. Guay: Je ferais remarquer au député de
Mont-Royal que l'article, tel qu'il est, dans la loi actuelle, dit que le
lieutenant-gouverneur en conseil fixe le traitement additionnel des honoraires
et des allocations de chacun des membres du conseil d'administration. L'abus
possible qu'il voit il faut vraiment de l'imagination pour voir des abus
pourrait théoriquement exister, en vertu de la loi actuelle, qui
a été adoptée par l'Union Nationale et modifiée par
le Parti libéral. Le libellé que nous proposons, il me semble,
est un libellé qui, à moins d'avoir une imagination telle qu'on
voit des bibites partout, ne devrait pas... Je ne comprends pas ce qui provoque
chez le député de Mont-Royal une telle réaction.
M. Ciaccia: M. le Président, quand on se
réfère à la loi antérieure, on essaie de bonifier
la loi, s'il y avait des erreurs dans le passé. L'autre
différence entre la loi antérieure et celle-ci, c'est que vous
augmentez assez considérablement le nombre d'administrateurs.
Le Président (M. Laplante): On ne provoquera pas un
débat sur ma décision. Messieurs, je refuse un débat sur
l'article.
M. Ciaccia: Ce n'est pas un débat.
Le Président (M. Laplante): Cela s'en va vers un
débat et je ne veux pas en permettre.
M. Ciaccia: Je ne fais pas de motion de changement.
Le Président (M. Laplante): Ce ne sont pas des motions de
changement non plus, mais il y a un débat qui s'engage sur le paragraphe
7. Vous m'avez demandé de poser quelques questions au ministre. Je vous
les ai accordées.
M. Ciaccia: C'est le député de Taschereau qui
m'avait apporté certaines clauses de la loi antérieure par
rapport à la loi actuelle. Cela va être la loi antérieure
après que celle-ci...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous auriez
d'autres questions à poser au ministre?
M. O'Neill: Les frais de déplacement.
M. Ciaccia: Ce ne sont pas des conditions de travail
différentes. Si quelqu'un habite plus loin, c'est standard; si quelqu'un
n'a pas besoin de voyager, ce n'est pas cela
M. Raynauld: M. le Président, question de clarification,
il faut dire que ceci se rapporte non pas à des cas
généraux, mais à chaque nomination
particulière.
M. Ciaccia: C'est cela ma question.
M. Raynauld: Cela porte là-dessus, sur l'article 23. Le
lieutenant-gouverneur ne nomme pas dix personnes. Il nomme une personne et il
fixe la rémunération de cette personne, les avantages sociaux et
les autres conditions de travail. J'ai toujours compris que les autres
conditions de travail, ce n'était pas nécessairement une question
de rémunération encore, mais que c'était par exemple qu'on
s'attend que ces gens vont travailler une journée par semaine, une
journée par mois ou une journée par six mois.
M. O'Neill: Présence aux réunions du conseil.
M. Raynauld: Présence aux réunions du conseil ou
des choses semblables. C'était cela. Je ne peux pas dire si cette
expression "autres conditions de travail" est partout dans les autres
sociétés d'Etat. Franchement, je ne m'en souviens pas.
Le Président (M. Laplante): Vous avez satisfaction?
Auriez-vous encore une remarque?
M. Ciaccia: Si j'avais eu l'occasion d'être ici cet
après-midi j'avais d'autres travaux malheureusement
j'aurais peut-être suggéré une autre formule ou d'autres
mots, pour rendre cela un peu plus spécifique. Malheureusement,
l'article a été adopté, je dois me satisfaire des
réponses que le ministre m'a données et je le remercie pour ses
réponses.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 4. M. le
ministre, est-ce que vous avez des commentaires sur l'article 4?
Conflits d'intérêts
M. O'Neill: Un seul, M. le Président, vous voyez que la
norme ici portant aussi sur les conflits d'intérêts est
évidemment beaucoup plus stricte pour le président-directeur
général, comme cela convient, je pense, que pour les autres
administrateurs. Dans le cas des autres administrateurs, on leur demande
simplement de révéler par écrit au président... de
s'abstenir de participer à toute délibération, à
toute décision portant sur l'entreprise dans laquelle ils ont un
intérêt, tandis que le président-directeur
général est là en permanence, il doit se soumettre
à des règles quand même plus strictes.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voulais simplement
demander la raison pour laquelle on change cela. Est-ce un changement conforme
à d'autres changements qu'on a faits dans d'autres lois depuis quelque
temps? C'est seulement une question d'information, parce qu'auparavant, que les
gens soient à temps plein ou simplement membres d'un conseil
d'administration à temps partiel, il semblait que la règle du
conflit d'intérêts fût la même.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. O'Neill: C'est simplement parce que, dans le cas des autres
membres du conseil d'administration, la situation ne peut être
qu'occasionnelle. C'est cela, c'est une espèce d'adaptation à la
réalité, tandis que, dans le cas du président-directeur
général, il faut être beaucoup plus rigoureux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé, des questions?
M. Le Moignan: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Article 4, adopté? M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si je comprends, bien, mon collègue
d'Outremont a demandé le pourquoi de la formulation de la loi actuelle.
Est-ce pour préciser?
M. Raynauld: Dans la loi actuelle, tout membre de l'office, qu'il
soit à temps partiel ou pas, est soumis à la même
règle. C'est une règle plus sévère que celle que
vous adoptez actuellement.
M. Ciaccia: C'est...
M. O'Neill: C'est cela, nous estimons que la situation de celui
qui est membre d'un conseil d'administration où il n'intervient
qu'occasionnellement dans la vie de la société n'est pas la
même que celle de celui qui est là de façon permanente et
quotidienne. C'est la nuance, en fait, que nous avons introduite ici dans la
nouvelle version. Je vais vous donner un exemple. Nous pouvons tout à
coup faire appel au conseil d'administration à quelqu'un qui est dans le
secteur de l'enseignement. Il peut tout à coup avoir à tenir
compte d'activités reliées à la
radio-télévision. Nous pouvons également faire appel
à un moment donné à une personne qui pourrait même
appartenir au secteur privé et qui viendrait à titre de
conseiller. Nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de se priver des services de
cette personne sous prétexte qu'elle est dans un secteur
apparenté concurrentiel. Il suffit que cette personne, si elle est tout
à coup placée en conflit d'intérêts
révèle ce conflit d'intérêts. En mettant une
règle extrêmement stricte, nous pourrions risquer de nous priver
en fait de contributions importantes. Je vous signale surtout ce cas de
l'utilité qu'il y aurait de faire appel, par exemple, à des gens
qui ont une très bonne expérience du secteur privé qui
voisine la radio-télévision et qui, tout à coup, parce
qu'ils seraient en conflit d'intérêts appréhendé, ne
pourraient pas apporter ici leur contribution à Radio-Québec. Je
trouve cela une nuance sage. Cela demeure suffisamment prudent et cela nous
permet de faire appel à des gens qui, autrement, ne pourraient pas,
à cause d'un éventuel conflit d'intérêts
appréhendé, fournir une contribution à la direction de
Radio-Québec. C'est tout.
M. Ciaccia: M. le Président, il me semble qu'il y a une
distinction à apporter avec un conflit d'intérêts touchant
de façon directe un membre de l'office. La loi antérieure disait
clairement qu'aucun membre de l'office ne pouvait avoir un intérêt
direct ou indirect. Le ministre ne croit-il pas que, dans la formulation
actuelle, il y aurait deux points? Premièrement, croit-il que c'est
suffisant de dire que, si cette personne a un conflit
d'intérêts, elle doit s'abstenir de participer à
toute délibération et à toute décision portant sur
l'entreprise dans laquelle elle a un intérêt? Parfois, ce n'est
pas seulement le fait qu'une personne ne prend pas la décision, n'a pas
le droit de vote, le droit de délibérer sur ces aspects, mais sa
présence seule, le fait qu'elle soit là, peut exercer un genre,
je ne dirais pas de pression, mais les autres membres du conseil prennent cela
en considération et cela peut avoir une certaine influence. (20 h
45)
Je ne sais pas je voudrais avoir la réaction du ministre
s'il pense que c'est suffisant de dire: Ecoutez, si M. X, qui est membre
du conseil, a un intérêt, quand on en viendra à discuter de
cet aspect, il n'aura pas le droit de délibérer. La
présence seule, selon la personnalité de la personne
impliquée, va certainement avoir une influence sur les autres
administrateurs. Je me demande si cela peut être suffisant pour arriver
aux objectifs que la loi actuelle s'est fixés. Ce serait ma
première question.
Deuxièmement, le ministre croit-il que l'administrateur, ayant un
intérêt, doit révéler, avant qu'il soit
nommé, les intérêts et les conflits possibles? A ce
moment-là, la décision pourrait être prise. Est-ce qu'il ne
devrait pas y avoir une obligation, de la part de l'administrateur, non
seulement de s'abstenir ou de révéler son intérêt au
président, au moment où la délibération sera prise
sur un sujet particulier, mais est-ce qu'il ne devrait pas dévoiler tous
ses intérêts avant d'être nommé au conseil
d'administration?
M. O'Neill: Dans la pratique, M. le Président je
pense à certains cas c'est probablement ce qui arriverait. Je
vais vous donner un exemple, qui aurait pu avoir un fondement historique. Je
suppose, à un moment donné, qu'on estime qu'il serait avantageux
pour Radio-Québec de faire appel à l'expertise d'un
radiodiffuseur privé, qui a déjà donné de bonnes
preuves de bonne gestion, qui sait ce qu'on fait avec de l'argent, etc., et
qui, d'autre part, ne travaille que dans une région; il est bien connu
dans sa région, il connaît beaucoup de succès, il est
vraiment reconnu comme une sorte d'autorité en matière
administrative dans le domaine de la radio-télévision. Nous
pourrions penser, à ce moment-là, que cette personne rendrait de
grands services à Radio-Québec en faisant partie du conseil
d'administration. Cette personne devra s'abstenir de toute décision
concernant sa région.
En fait, ce qui se passerait à ce moment-là serait
très simple. Au moment même où nous ferions la nomination,
nous le saurions déjà. C'est un cas qui n'est quand même
pas purement hypothétique. Pensons, par exemple, qu'actuellement, on
fait des calculs sur le coût d'heure ou de demi-heure d'une
émission. On compare Radio-Canada, Radio-Québec, TVA, et on dit:
II y aurait peut-être moyen de rétrécir la marge. Qui est
le plus apte, dans ce domaine, à nous dire comment on peut
rétrécir la marge? Ce sont des gens, très souvent, qui
travaillent dans l'entreprise privée. On pourrait, à ce
moment-là, profiter de leurs conseils, ne pas se priver de leurs
services simplement parce que, dans un cas, dans le cas d'une région,
ces gens risqueraient d'être en conflit d'intérêts. Une
clause comme celle-là m'apparaît suffisamment étanche pour
nous permettre de faire appel à leurs services sans prendre le risque
qu'éclate un véritable conflit d'intérêts.
C'est simplement le sens de cette nuance introduite dans le
deuxième paragraphe. Evidemment, il y a des gens à qui on fait
appel et pour qui ne se poseront jamais de conflits d'intérêts,
à cause même du métier qu'ils remplissent. En
général, les professeurs d'université soulèvent
très peu de cas de conflits d'intérêts. Mais dès que
vous faites appel à des gens qui sont dans le milieu des affaires, c'est
plus difficile. Le problème, c'est que si vous mettez une clause trop
stricte, vous risquez de vous priver des services de ces gens. Je pense que,
dans les sociétés d'Etat, il y a des gens qui travaillent dans le
secteur privé et qui pourraient nous faire profiter de leurs conseils.
Il ne faudrait pas qu'on s'en prive simplement parce qu'on introduit une clause
tellement rigoureuse, et qui leur cause tellement d'inconvénients qu'ils
disent: Je ne suis pas vraiment intéressé à vous faire
profiter de mes services à l'occasion d'une réunion par mois ou
par deux mois.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que, dans le cas que
le ministre vient de souligner, il voudrait faire appel à une certaine
expertise du milieu des affaires? Est-ce que, dans ce cas-là, il serait
nécessaire, essentiel, pour le ministre, de nommer ces gens au conseil
d'administration ou est-ce qu'il ne serait pas possible, pour le ministre, pour
éviter certains conflits d'intérêts au sein de
l'administration, de faire appel aux services de ces gens à titre de
consultants? Si le ministre sait que, dans une certaine région, un
certain milieu, il y a de l'expertise et que le ministre voudrait avoir le
bénéfice de cette expertise pour Radio-Québec, est-ce
nécessaire de les nommer au conseil d'administration? Ne pourrait-il pas
simplement les nommer consultants? Je crois bien que le ministre pourrait bien
voir plusieurs cas où, en nommant certaines personnes au conseil
d'administration, cela pourrait, avoir certaines répercussions, car, au
conseil d'administration, cela fait partie de l'administration même de
Radio-Québec et de la société, tandis que si c'est
seulement pour obtenir une expertise et si on sait que des conflits
d'intérêts pourraient être assez sérieux ou
prêter à certaines critiques, on pourrait éviter cette
critique en les nommant consultants et on pourrait aussi éviter les
problèmes qu'un conflit d'intérêts pourrait causer.
M. O'Neill: C'est une formule, M. le Président, mais je ne
voudrais pas que nous nous privions de la possibilité de faire appel
à des gens comme cela en les nommant à un conseil
d'administration aussi.
Il faudrait surtout penser qu'il y a des gens je l'ai vu
d'ailleurs dans le passé qui appré-
ciaient très favorablement le fait d'être nommés au
conseil d'administration, s'en réjouissaient et voulaient contribuer de
leur mieux au bon fonctionnement de Radio-Québec. Au moment où on
trouve une formule qui évite les conflits d'intérêts, une
formule efficace, mais qui ne soit pas inutilement restrictive, je ne vois pas
pourquoi se priver de cet adoucissement qui a été introduit dans
le projet de loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je suis d'accord avec le
besoin d'avoir assez de souplesse pour pouvoir nommer au conseil
d'administration des gens qui peuvent avoir certains intérêts dans
l'industrie où ils travaillent. Je me demande si le ministre accepterait
seulement de resserrer un peu ce paragraphe en ajoutant quelques mots. Ce qui
m'embarrasse ici, c'est que le paragraphe pourrait être
interprété de façon qu'on nomme quelqu'un ayant des
intérêts dans une entreprise de radio-diffusion, par exemple, et
que le gouvernement ne le sache pas au moment où il a été
nommé. Il peut être propriétaire d'une entreprise et qu'on
ne le sache pas, et que le paragraphe soit interprété par celui
qui est nommé comme l'obligeant à révéler par
écrit au président cet intérêt, seulement dans le
cas où l'entreprise pourrait être soulevée comme cas de
conflit. N'y aurait-il pas lieu d'ajouter quelques mots comme, par exemple,
révéler... Mon collègue a dit soit le
révéler par avance, soit le révéler par
écrit au président au moment de sa nomination, de sorte
qu'à ce moment-là, il soit clair pour tout le monde, que les gens
sachent qu'au moment de sa nomination... Il me semble que cela réglerait
ce cas. Les règles du jeu seraient bien connues et il n'y aurait pas de
difficulté. Je suis convaincu qu'avec une telle formulation,
l'administrateur, avant d'être nommé par le gouvernement,
révélerait...
M. O'Neill: M. le Président, je propose que nous gardions
en suspens, simplement pour vérification auprès du comité
de législation, le deuxième paragraphe de l'article 11, où
on propose ainsi les mots "au moment de sa nomination".
M. Ciaccia: Si je pouvais seulement...
Le Président (M. Laplante): Le deuxième paragraphe
de l'article 11.
M. O'Neill: Quand vous avez parlé, M. le
député d'Outremont, je pensais surtout à des cas possibles
et aussi autres que ceux-là. C'est que c'est tout le domaine aussi de la
fabrication, où c'est beaucoup moins connu. La fabrication d'appareils
électroniques, par exemple, des choses comme celle-là...
M. Ciaccia: Oui, oui.
M. O'Neill: A ce moment, celui qui est nommé, à qui
on propose la nomination, tout à coup peut nous dire: Oui, mais un
instant, j'ai tel ou tel intérêt dans une entreprise de
fabrication qui fournit des produits à Radio-Québec. Si c'est
connu "au moment de sa nomination", je suis passablement favorable à
cette proposition, on la garde en suspens et on la vérifiera.
Le Président (M. Laplante): En attendant que les
légistes...
M. Ciaccia: Si vous me permettez...
M. O'Neill: Je pense que cela ne devrait pas soulever de
problème.
M. Ciaccia: Seulement une autre raison en faveur de la suggestion
que le député d'Outremont a faite pour que le ministre puisse en
prendre considération. Je crois que si un tel changement était
apporté à cet article, je pense que cela protégerait
à la fois le ministre, parce qu'il le saurait d'avance et cela
protégerait aussi l'individu parce que cela l'obligerait... il ne
pourrait pas dire: Si j'avais su que j'avais l'obligation, je l'aurais dit. Je
crois que cela éviterait beaucoup de conflits.
M. O'Neill: II ne serait pas venu. M. Ciaccia:
Exactement.
Le Président (M. Laplante): J'ai une motion pour suspendre
l'article 4.
M. O'Neill: Le deuxième paragraphe.
Le Président (M. Laplante): Non, l'article 4 au complet,
on l'adoptera après que votre...
M. O'Neill: D'accord, entendu.
Le Président (M. Laplante): On passe à l'article 5,
M. le ministre.
M. Ciaccia: On n'est pas ici seulement pour détruire des
projets de loi; on est ici pour les bonifier, aider le ministre...
M. O'Neill: Cela vous surprend.
M. Ciaccia: Cela vous surprend vous...
M. O'Neill: Absolument pas, on est d'accord.
M. Ciaccia: Souvent le ministre ne peut pas penser à tous
les problèmes individuels...
Le Président (M. Laplante): Je crois que cela fait partie
du rôle du député et d'une commission parlementaire de
bonifier un projet de loi qui lui est présenté.
M. Ciaccia: Les suggestions que nous avons apportées
à l'article 4, c'est vraiment pour la protection de tous ceux qui sont
concernés dans l'application de la loi.
Le Président (M. Laplante): L'article 5, M. le
ministre.
M. O'Neill: Les générations futures
apprécieront l'apport constructif du député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'espère qu'ils liront le journal des
Débats et qu'ils verront vraiment que ce soir, le 13 juin,
c'était un soir positif.
M. O'Neill: A 20 h 45.
M. Ciaccia: Oui, je ne peux pas garantir pour le reste de la
soirée, mais pour le moment.
Règlements
M. O'Neill: Je n'ai pas de commentaire, peut-être un
commentaire très général à savoir que c'est une
remise au conseil d'administration d'un ensemble de responsabilités et
je souligne aussi, pour ce qui est des trois premiers paragraphes, qu'il devra
y avoir approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, nous avons
déjà discuté de façon un peu
générale...
Le Président (M. Laplante): C'est le vote... M.
Ciaccia: Cela peut être le vote.
Le Président (M. Laplante): Faites-vous partie de la
commission?
M. Ciaccia: On va envoyer le ministre pour faire le quorum.
M. Raynauld: II y a d'abord des problèmes techniques
apparemment qui ont été portés à mon attention, des
problèmes légaux. Comme je ne suis pas un grand
spécialiste de ces choses, je vais vous lire le commentaire...
M. O'Neill: Excusez-moi, seulement un éclaircissement, au
sujet du paragraphe e). J'avais dit cet après-midi qu'au sujet de la
composition du comité de la programmation, il serait entendu que
seraient membres de ce comité de programmation, dans les faits, les
représentants du ministère de l'Education. Or, vous remarquez
qu'on prévoit que simplement les paragraphes a), b) et c) pour entrer en
vigueur, doivent être approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Donc le paragraphe e) n'est pas contenu dans cela. (21 heures)
On vient de me dire qu'en fait, cette modification a été
introduite avec l'approbation du ministère de l'Education.
C'est-à-dire que ce qui avait été prévu, c'est une
autre forme de participation du ministère de l'Education; être
nécessairement présent aux comités de program- mation. Je
viens d'avoir l'information à savoir, qu'après une entente avec
le ministère de l'Education, on n'a pas inclus le paragraphe e) dans les
paragraphes devant faire l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Cela n'interdit pas, sauf que nous avons moins de certitude qu'il y soit,
là. Mais apparemment, le ministère de l'Education est d'accord
avec ça, parce que nous supposons qu'ils vont en nommer, tandis que la
première intention était de les obliger. Mais dans le moment,
nous les laissons libres de faire leur choix. C'est ça la
différence.
Comme le ministère de l'Education est d'accord avec la
deuxième formule, je la laisse telle quelle.
M. Raynauld: M. le Président, sur ce point, avant de
l'oublier, il me semble qu'en contre-partie du fait que ce paragraphe ne doit
pas être approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil, il
aurait peut-être fallu être plus explicite dans la loi
elle-même, si en effet, le gouvernement ou le ministre pense qu'une
présence du ministère de l'Education du Québec est
nécessaire ou souhaitable, dans ce paragraphe, à ce comité
de programmation. Ou bien, s'il est soumis au lieutenant-gouverneur en conseil,
c'est moins nécessaire, puisqu'il peut toujours, lorsque le
règlement vient pour approbation, le modifier, au besoin.
M. Ciaccia: Je crois, M. le Président, que la façon
dont le paragraphe 12 est rédigé, l'article e) n'a pas besoin
d'être autorisé, approuvé par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Raynauld: C'est ce que je dis, mais s'il n'est pas
approuvé ici et qu'on veut avoir le ministère ici, il faudrait
peut-être l'écrire. Sinon, si on ne veut pas l'écrire
là, peut-être qu'on pourrait le soumettre à l'approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. O'Neill: Apparemment, M. le Président, la formule sur
laquelle serait intervenu un compromis, c'est qu'on serait tous d'accord pour
qu'il y ait des représentants du milieu de l'Education au comité
de programmation, mais que ce ne soit pas nécessairement des
représentants nommés par le ministère de l'Education, ce
qui expliquerait cette formule qui est restée générale et
où on exclut l'obligation de l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil, le paragraphe e).
M. Ciaccia: Mais il n'y a aucun règlement, M. le
Président, dans le paragraphe e), tel que rédigé, qu'il y
ait des représentants du milieu de l'éducation à ce
comité de programmation. Ne croyez-vous pas, M. le ministre, comme vous
l'avez vous-même souligné, que ce serait important d'avoir de tels
représentants? Si la loi doit être appliquée à
l'avenir de façon rigoureuse et exacte et que le conseil
d'administration doit connaître les limitations des pouvoirs qu'il a,
qu'il doit non seulement les prendre en considération, mais qu'il doit
nommer de tels représentants, ne croyez-vous pas
que ce serait important de le spécifier dans la loi
elle-même. Autrement, on laisse ça totalement à leur
discrétion...
M. O'Neill: Au jugement du conseil d'administration.
M. Ciaccia: Oui, mais ils pourraient oublier que c'était
votre intention, que c'est l'intention de tous ceux qui sont ici, et qu'il y
ait des représentants. Il faut mettre certaines contraintes, pas les
lier d'avance de façon qu'ils ne puissent pas agir, mais au moins
certains critères, certaines contraintes, et il me semble que ce serait
une contrainte assez importante qu'au comité de programmation, il y ait
des représentants.
J'aurais été plus loin peut-être. J'aurais fait
référence plutôt au ministère de l'Education. Au
moins, si on ne fait pas référence au ministère de
l'Education, qu'on fasse référence au fait que, parmi les membres
de ce comité, il y ait des représentants du milieu de
l'éducation.
M. O'Neill: Oui, mais ce qui m'embarrasse, M. le
Président, c'est qu'apparemment le ministère de l'Education s'est
déclaré satisfait de cette formulation.
M. Ciaccia: Peut-être qu'il s'est déclaré
satisfait parce que la loi vient à la fin de la session quand ils sont
tous bien préoccupés de faire adopter toutes les lois. Dans leur
hâte, ils ont dit: II nous reste seulement huit, dix jours.
Peut-être que, parfois, il faut les rappeler à leurs
responsabilités.
M. O'Neill: M. le Président, sous réserve de
vérification ultérieure, je me demande si la solution la plus
simple ne serait pas-----donc, à ce moment, je proposerais ceci -----
d'ajouter tout simplement: "Les règlements de la société
adoptés en vertu des paragraphes a), b), c) et e) de l'article 10
doivent pour entrer en vigueur, être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Evidemment, je me demande si le raisonnement n'aurait pas
été le suivant: c'est-à-dire que le bon sens même
veut qu'à un comité de programmation de télévision
éducative doivent être présents des gens qui
représentent le milieu de l'éducation. Je ne veux pas
comment dirais-je me porter à la défense quoique
ça me fait plaisir de le faire du ministère de
l'Education. Ce que je veux dire, c'est que, si eux, qui, quand même,
sont très conscients de leur responsabilité en éducation
sont satisfaits de cette décision, est-ce que cela ne vient pas du fait
qu'ils se sont dit: Le conseil d'administration, avec son sens commun, va
nécessairement nommer des gens qui représentent les milieux de
l'enseignement?
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'à la
réflexion le ministre ne devrait pas soumettre le paragraphe e) à
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil parce qu'il y a l'autre
expression à côté: "Tout autre comité pour l'examen
des questions qu'il détermine". Cela peut vouloir dire un comité
d'étude pour six mois. Franchement, ce serait très lourd
d'apporter ça au lieutenant-gouverneur en conseil, quand je pense,
à côté, que le comité exécutif lui-même
n'est même pas soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil. Il me semble que, s'il y avait lieu de changer ce paragraphe e), ce
serait peut-être mieux de penser à une formulation qui dirait de
constituer un comité de programmation qui reflète les principaux
intervenants ou quelque chose du genre, les principaux intervenants du milieu.
Il me semble que, si on voulait préciser, ce serait dans cette veine
qu'on devrait réfléchir plutôt que de soumettre ça
au lieutenant-gouverneur en conseil. Personnellement, si on nomme un conseil
d'administration, je trouve qu'il faut le laisser administrer.
M. O'Neill: Comme il y a déjà deux personnes
nommées sur la recommandation du ministre...
M. Raynauld: Par le ministère. Par le ministre de
l'Education en plus.
M. O'Neill: ... de l'Education, j'imagine que ces deux personnes
vont veiller au grain. Elles vont voir à ce qu'on compose de
façon normale, de façon tout à fait logique ces
comités de programmation. J'essaie simplement de voir comment ils ont pu
raisonner. Encore une fois, je vous avoue que, dans la première version,
j'étais plutôt favorable à cette idée qu'on puisse y
veiller de près. Maintenant, si le ministère lui-même
estime qu'avec ses deux représentants sur place il serait assuré
que ce comité de programmation soit bien constitué, pourquoi pas,
comme le dit M. le député d'Outremont, lui passer tout simplement
ses responsabilités?
M. Ciaccia: M. le Président, je ne pense pas que je serais
satisfait de dire: Bien, si le ministère de l'Education est satisfait,
on devrait laisser l'article tel quel. Parfois, il arrive qu'il faut rappeler
différents ministères à leur devoir, à leurs
responsabilités. Ils ne prévoient pas certains problèmes
que nous voyons dans une autre optique. Vous avez référé
au fait qu'il y a deux administrateurs du ministère.
M. O'Neill: Du ministre.
M. Ciaccia: Du ministre, oui. Mais c'est deux sur combien? Sur
23.
M. O'Neill: Ils ne sont ni sourds, ni muets quand même.
M. Ciaccia: Je comprends, mais c'est encore deux sur 23. Si nous
prenons comme exemple cette commission parlementaire, nous sommes sept à
deux. Quand le vote est pris, deux sur 23, c'est deux sur 23. Je pense qu'on ne
devrait pas se fier totalement sur le fait que le ministre va
nommer deux administrateurs. Peut-être que, dans son esprit, il
tient pour acquis que, du fait qu'il va nommer deux administrateurs les choses
vont se dérouler d'une façon normalement raisonnable et qu'il va
y avoir des représentants du milieu de l'éducation sur ce
comité. Mais je crois que la loi devrait refléter cet aspect,
parce que c'est un aspect important.
M. O'Neill: Je ne voudrais que signaler que nous avons une autre
façon qui nous est donnée d'intervenir. Quand, l'an prochain, le
président de Radio-Québec viendra en commission parlementaire, ce
sera l'occasion de lui poser des questions sur la façon dont il a
constitué son comité de programmation. A ce moment, toutes les
questions sont bienvenues et permises et on pourra voir la façon dont
cela a été fait et lui faire des suggestions pertinentes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Si on se met à faire des classes
différentes d'administrateurs, si les administrateurs venant du monde de
l'éducation doivent aller à tel comité, les
administrateurs venant des présidents de régionales à tel
autre, ainsi de suite, je pense qu'on est en train de prendre la place du
conseil d'administration. Je crois qu'il faut leur faire confiance, comme le
dirait le député d'Outremont. Ce sont des gens du milieu. D'autre
part, comme le ministre le dit, le PDG va venir ici avec probablement son
exécutif et il y aura toujours lieu de poser des questions.
M. Raynauld: Je comprends que ce comité de programmation
est un comité du conseil d'administration; donc, ils sont choisis
à même les membres du conseil d'administration. C'est cela?
M. O'Neill: C'est cela.
M. Raynauld: Ils sont choisis parmi les membres du conseil
d'administration.
M. O'Neill: Non.
M. Raynauld: Non, pas du tout.
M. O'Neill: Ils peuvent aller chercher un professeur à
telle place, quelqu'un qui est au service général des moyens
d'enseignement, des spécialistes de la télévision. Il n'y
a rien dans le texte qui exclut cela.
M. Raynauld: C'est que le comité exécutif, non
plus, il n'y a rien qui exclut cela. Mais c'est bien clair...
M. O'Neill: Oui, mais la nature d'un comité
exécutif, c'est d'être formé à même les
membres du conseil d'administration. Je crois que c'est différent.
M. Raynauld: Parce que j'allais dire que, si cela avait
été clair que c'étaient les membres du conseil
d'administration, j'aurais été bien disposé à
laisser cela tel quel en ce qui me concerne. Mais, si ce sont les
comités extérieurs, c'est un petit peu plus... Enfin, je ne veux
pas insister.
M. Ciaccia: Si vous me permettez pour répondre...
M. O'Neill: Qu'est-ce qui vous prouve que c'est un comité
de l'extérieur? Avec un conseil d'administration de 23 membres,
sûrement on va former divers comités pour étudier certains
sujets ou certains problèmes et ces comités vont faire rapport au
conseil d'administration.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. O'Neill: Ils peuvent aller se chercher de l'expertise à
l'extérieur.
M. Ciaccia:... je crois que l'interprétation que le
ministre a donnée à l'article 12 est l'interprétation
exacte. La formation d'un comité de programmation n'est pas
limitée, d'après le paragraphe 12, aux membres du conseil
d'administration. Si c'est l'intention de le faire, de limiter ce
comité, je ne pense pas que cela le soit et je ne pense pas que cela
doit l'être, non plus. Vous voulez donner au conseil d'administration la
latitude d'aller chercher des membres pour former ce comité. Pour cette
raison, je pense que cela répond aux remarques du député
de Laprairie quand il dit que, si ceux qui forment le comité sont
choisis parmi les membres du conseil d'administration, naturellement ils vont
avoir un représentant du milieu de l'éducation. Mais cela ne
l'est pas et je pense que la loi dit clairement, de la façon dont elle
est rédigée, que cela n'est pas limitatif. (21 h 15)
Ce comité peut être formé de gens de
l'extérieur du conseil d'administration. C'est pour cette raison que je
crois qu'il serait important de spécifier que ce comité de
programmation doit inclure, sans limiter le nombre ou sans dire que cela doit
former la majorité, en laissant une latitude, je crois que c'est
dans l'intention du ministre et dans l'esprit du projet de loi des
représentants du milieu de l'éducation. Je crois qu'il faudrait
le spécifier.
Le ministre a mentionné tantôt que le président de
Radio-Québec viendrait devant la commission parlementaire. C'est vrai,
il va venir devant la commission et on pourra lui poser des questions, mais
l'expérience que j'ai eue, c'est qu'il va pouvoir justifier la formation
de son comité pour diverses raisons. Une des raisons qu'il va invoquer
si on lui fait des reproches qu'il n'a pas nommé de gens du milieu,
c'est: La loi ne m'oblige pas à nommer un membre du milieu de
l'éducation et pour telle ou telle raison. Il va invoquer toutes les
raisons qu'il avait lors de la constitution de ce comité pour justifier
qu'il n'y ait pas de membre du milieu de l'éducation.
Je crois que cela éviterait des critiques. Je peux rappeler au
ministre qu'une des critiques lors de la deuxième lecture du projet de
loi 4, c'est qu'on ne mentionne pas le ministre de l'Education, on ne
l'implique pas, etc. Ce ne sont pas des critiques personnelles contre le
ministre des Communications; ce sont des critiques du projet de loi. Cela
éviterait beaucoup de paroles inutiles, beaucoup de procès
d'intention, cela éviterait des erreurs, c'est pour la bonne
administration de la loi.
Si c'est l'intention et je crois que cela l'est ou que cela
devrait l'être que ce comité contienne des
représentants du milieu scolaire ou du milieu de l'éducation,
qu'on le dise clairement dans le projet de loi. C'est cela, le rôle du
législateur, d'essayer d'être aussi précis que possible
sans restreindre indûment le conseil d'administration dans la
constitution de ce comité. Je crois que je serais d'accord en disant que
ce n'est pas suffisant et que cela ne réglerait pas le problème
de placer sous l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil l'article e);
cela ne répond pas à la préoccupation parce que,
même si le comité de programmation n'inclut pas les
représentants du milieu de l'éducation, le lieutenant-gouverneur
en conseil pourrait approuver le règlement de la société
à cet effet et cela n'obligerait pas le lieutenant-gouverneur en conseil
à refuser son approbation pour le seul motif qu'il n'y a pas de
représentant du milieu de l'éducation. Je crois que, quant
à l'administration de ce paragraphe e), vous ne voulez pas constamment
référer toutes les décisions du conseil d'administration
au lieutenant-gouverneur en conseil; je pense que cela rendrait la loi un peu
trop lourde à administrer.
Je crois qu'il y aurait une souplesse dans la loi; vous laisseriez une
latitude au conseil d'administration, une discrétion et la seule
restriction serait que, dans la formation de ce comité, il y ait un
représentant du ministre de l'Education. Je suggérerais
pour le moment, je n'en ferais pas une motion d'amendement formelle tout
simplement d'ajouter après "constituer un comité de
programmation", les mots "qui doit inclure parmi ses membres des
représentants du milieu de l'éducation" et continuer avec le
reste du paragraphe. Je pense que cela répondrait aux
préoccupations que nous avons. Cela répondrait aux intentions du
ministre et je crois que cela permettrait au conseil d'administration d'agir
sans restriction, sans trop de restrictions, mais en respectant un peu l'esprit
de la loi les intentions que le ministre a dans ce projet de loi et de la
constitution de ce comité.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. O'Neill: Je pars du principe suivant, à savoir qu'il ne
faut pas être plus catholique que le pape. Dans la discussion qui s'est
faite entre...
M. Raynauld: Cela dépend du pape.
M. Ciaccia: II y a des papes qui sont bien catholiques.
M. O'Neill:... notre ministère et le ministère de
l'Education, dans une première étape, on semblait tenir beaucoup
à cette présence explicite de représentants des milieux de
l'éducation. Mais, dans une deuxième étape, on a surtout
souligné la nécessité de mentionner dans la loi
l'existence d'un comité de programmation et non pas simplement que ce
soit un comité de programmation ad hoc créé comme tel par
le conseil d'administration et dont les gens ne soupçonneraient
peut-être même pas l'existence. Je dis ceci, M. le
Président: Le ministère de l'Education est satisfait de cette
nouvelle version, ne tient plus à l'ancienne version, se fiant sans
doute au bon sens du conseil d'administration. Je crois qu'à ce
moment-là c'est aussi bien, à partir du principe qu'il ne faut
pas être plus catholique que le pape, de se fier à leur
décision, étant donné qu'il est assez bien connu que ce
n'est pas dans les habitudes intellectuelles du ministère de l'Education
d'abandonner ses prérogatives. Alors, puisque ce ministère est
heureux de cette version, pourquoi ne pas la conserver? Je propose donc, M. le
Président, que nous acceptions cette formule et nous aurons l'occasion,
au moment de la commission parlementaire, de demander au
président-directeur général comment il a formé son
comité de programmation.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: En écoutant toutes les remarques qui se
font et en regardant un peu le libellé de l'article 5, puisqu'on parle
d'éducation, de programmation éducative, qu'on dit qu'on doit
constituer un comité de programmation, j'ai bien l'impression
qu'à ce moment-là et cela découle de la nature
même des choses si on doit établir une programmation, on va
faire appel à des spécialistes, à des gens qui sont dans
le milieu. Je ne vois pas comment un conseil d'administration, même s'il
n'y a que deux représentants des milieux de l'éducation, puisse
établir un comité de programmation en faisant abstraction de
psychologues, de directeurs d'écoles, de professeurs, de directeurs
pédagogiques. Il me semble que l'article en lui-même l'implique.
Quand le ministre nous dit que le ministre de l'Education en a pris
connaissance, je crois que ce serait superflu de l'ajouter quand on parle de
programmation, qu'on est dans une télévision ou une radio
éducative, parce que normalement on va faire appel à des
spécialistes avant d'aller faire appel à des plombiers ou
à des électriciens ou à des chauffeurs d'autobus.
M. O'Neill: C'est superfétatoire, dit le ministre d'Etat
au développement culturel.
M. Le Moignan: Superfétatoire. C'est un terme
médical, docteur? Non.
M. Laurin: Non, c'est un terme philosophique. M. Le Moignan:
Je l'ai déjà entendu.
Le Président (M. Laplante): L'article 5 est
adopté?
M. Raynauld: Un instant.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'avais pas commencé à faire mes
commentaires sur l'ensemble de l'article 5. Il y a d'abord un problème
légal qui est posé parce qu'à l'article 5, lorsqu'on dit:
"Les articles 12, 13 et 14 de la loi..." il s'agit de la loi de 1969. Ces
articles ont déjà été remplacés par la loi
de 1972. Par conséquent, on ne peut pas laisser, sur un plan purement
formel, le libellé de cette manière-là. La suggestion
qu'on m'a faite ce n'est pas moi qui ai trouvé cela tout seul,
évidemment c'est qu'il faudrait que l'article 5 se lise comme
suit, seulement pour tenir compte de cet aspect des choses: "L'article 12 de
ladite loi, remplacé par l'article 4 du chapitre 58 des Lois de 1972,
est remplacé de nouveau par le suivant: L'article 12 de ladite loi,
remplacé par l'article 4 du chapitre 58 des lois de 1972...
M. O'Neill: Apparemment, nous avons un avocat à Hawaii et
un autre à Paris; on va finir par en trouver un qui est ici.
M. Raynauld: L'article 12 de ladite loi remplacé par
l'article 4 du chapitre 58 des lois de 1972 est remplacé de nouveau par
le suivant. C'est la même formulation qu'à l'article 4, si vous
voulez vous rassurer, M. le ministre; l'article 4, c'est exactement la
même chose: "L'article 11 de ladite loi, modifié par l'article 3
du chapitre 58 des lois de 1972, est remplacé de nouveau par le
suivant." C'est la même formulation qui est aodptée ici. Cela
tient compte d'un article, comme on l'aura noté. Il faut ensuite ajouter
un autre paragraphe: "Les articles 13 et 14 de ladite loi, remplacés
respectivement par les articles 5 et 6 du chapitre 58 des lois de 1972, sont
abrogés."
M. O'Neill: Où faudrait-il mettre cela? M. Raynauld:
Au tout début. M. O'Neill: Toujours en haut. M. Raynauld:
Oui, à l'article 5.
M. Beauséjour: A la place des articles 12, 13 et 14.
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous le texte de cela, M.
le député d'Outremont?
M. Raynauld: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Parce qu'on pourrait passer
cela au légiste, actuellement, pour qu'il puisse faire la
vérification. Etes-vous d'accord qu'on suspende l'article 5, et qu'on y
revienne un peu plus tard après la vérification du légiste
pour ne pas se tromper à notre tour?
M. Raynauld: M. le Président, c'est seulement un aspect,
j'en ai d'autres.
Le Président (M. Laplante): Vous en avez d'autres?
M. Raynauld: Pour détailler un peu là-dessus, on me
dit que la disparition de l'actuel article 12 qui décrétait que
le poste de président-directeur général est un poste
exclusif est possible puisqu'on le retrouve dans l'article 8.4; c'est pourquoi
il est proposé de l'abroger. Quant à l'actuel article 13, il est
repris dans le deuxième alinéa de l'article 12
proposé.
M. O'Neill: En haut de la page 11.
M. Raynauld: Oui, c'est cela. En fait, on n'en a pas besoin.
On me souligne, toujours dans cette perspective de rédaction des
articles, que si on abroge l'article 14 il n'y a plus de quorum indiqué
pour le conseil d'administration. L'avis juridique que j'ai reçu dit: Ce
n'est pas absolument indispensable que la loi stipule le quorum du conseil
d'administration, mais tout de même, ce n'est pas la pratique habituelle.
Je laisse à vos légistes le soin de l'examiner.
M. O'Neill: C'est couvert par le paragraphe g).
M. Raynauld: C'est cela. Ce serait fait par un règlement
de régie inerne; quand même, l'avis que j'ai, c'est que ce n'est
pas pratique habituelle dans les lois que nous avons. Il faudrait
peut-être quand même y réfléchir un peu pour savoir
si ce ne serait pas mieux qu'on indique dans la loi quel serait le quorum du
conseil d'administration. Personnellement, j'attache une certaine importance
à ce quorum étant donné la façon dont le conseil
d'administration est composé. Peut-être qu'on voudra à ce
moment-là, stipuler un quorum particulier pour que ce ne soit pas un
quorum, même de sept membres mais si les dix présidents des
comités régionaux ne sont pas là, peut-être qu'on
dira que les réunions du conseil d'administration ne sont pas
très représentatives. Il y aurait lieu d'y penser. Il me semble
que c'est une question qui a une certaine importance dans les circonstances,
compte tenu du genre de conseil d'administration, parce qu'il y a un endroit
où il aurait été utile de stipuler dans la loi que le
quorum est peut-être celui-ci. (21 h 30)
C'est sur une question de libellé, de rédaction. Le
deuxième problème est un problème de fond que je voudrais
soulever. Nous avons déjà exprimé, à plusieurs
reprises, depuis le début de ce débat sur ce projet de loi, notre
préoccupation de restreindre dans une certaine mesure la
portée
des activités de Radio-Québec. Nous avons dit à
plusieurs reprises que nous étions d'accord pour que Radio-Québec
se développe et prenne toute l'expansion souhaitable dans la mesure
où il s'agit de télévision éducative. Bien marquer
la nature du mandat que nous donnons à Radio-Québec, il me semble
que nous avons dans cet article l'occasion de l'indiquer plus clairement que ce
n'est le cas à l'heure actuelle dans le projet de loi. Pour ne pas faire
un débat trop long là-dessus, la suggestion que je voudrais faire
au ministre est la suivante: Après le mot "programmation", dans le
paragraphe b) et le paragraphe e), on ajoute le mot "éducative".
Autrement dit, le paragraphe b) se lirait: "Etablir des normes d'implantation
et d'exploitation des installations de radio-télévision et des
normes de programmation éducative, de production et de diffusion". De
même, le paragraphe e) se lirait comme suit: "Constituer un comité
de programmation éducative ou tout autre comité pour l'examen des
questions qu'il détermine", l'intention étant de bien marquer,
chaque fois qu'on en a l'occasion, qu'il s'agit d'un mandat de
radio-télévision éducative. Ceci, il me semble, rendrait
compte des préoccupations que nous avons à ce propos et, à
l'intérieur de cela, il me semble qu'on a toute la latitude voulue et
que cela donnerait un cadre plus conforme à l'intention qui est
exprimée d'ailleurs par le gouvernement et qui est indiquée dans
le projet de loi no 4, mais qu'on ne voit pas dans le projet de loi no 5. Ce
serait une façon de spécifier davantage le mandat qui est
donné à Radio-Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. O'Neill: Je pense, M. le Président, pour reprendre une
expression du ministre d'Etat au développement culturel, que c'est
superfétatoire puisque nous allons retrouver l'affirmation très
clairement à l'article 9 qui reprend l'ancien article 21 où on
parle de l'entreprise de radio-télévision éducative.
Evidemment, il faut aussi tenir compte de ce qui est ou de ce qui sera contenu
dans la loi 4. Remarquez que je peux faire vérifier par le comité
de législation, mais je crois que cela va être la réponse
qui va nous être donnée. C'est simplement que c'est superflu.
Autrement dit, c'est déjà à l'intérieur d'un
contexte défini et il n'est donc pas nécessaire de
redéfinir chaque fois ce qui est déterminé comme mission
générale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, ce n'est pas une motion que vous avez faite.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas une motion, c'est une suggestion
pour le moment.
M. Raynauld: C'est une suggestion pour le moment.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, toujours en fonction du no 12, j'aimerais
avoir une précision. Quand on regarde a): délimiter des
régions et constituer, pour chacune d'elles, un comité
régional; ... plus bas, à l'article f), on parle aussi de
déterminer le mode de désignation des présidents des
comités lorsque leur nombre excède 10. C'est donc dire que dans
le moment, il y aurait dix régions d'établies ou encore
potentielles. Il y en a peut-être plus de dix. C'est donc dire que, quand
le nombre va excéder dix, on va déterminer de quelle
façon. Mais combien ont réellement un embryon d'organisation? Il
y en a quatre ou cinq?
M. O'Neill: C'est en voie de constitution, dans le moment... En
fait, je ne sais pas si vous vous rappelez la commission parlementaire. Il me
semble que c'est à ce moment-là que le président-directeur
général nous avait parlé des contacts qu'il avait
entrepris avec les comités régionaux provisoires. Il travaillait
avec eux à la formation de comités régionaux qui
deviendraient, avec la loi, des comités régionaux permanents. Il
n'y en a pas, à ma connaissance, dix dans le moment. On va
sûrement donner une priorité aux régions où le
Québec doit intervenir de façon plus directe dans
l'immédiat. Ce qui est prévu ici c'est qu'au moment où on
excédera le nombre de dix, il faudra prévoir un mécanisme
de représentation des régions, soit de la rotation, etc. Nous
confions à la direction de Radio-Québec le soin de
déterminer ces mécanismes.
M. Le Moignan: Etant donné qu'on fait une première
détermination, si, après expérience, on juge que cela en
prend douze ou quinze, qu'il faut déterminer, délimiter des
territoires, cela fera partie de leur mandat.
M. O'Neill: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Messieurs les membres de la
commission, est-ce que je pourrais obtenir votre consentement pour suspendre
l'article 5? On me dit qu'on ne pourra pas, avant demain, faire la
vérification, parce qu'ils veulent être certains, faire une double
vérification, pour essayer... Effectivement, on trouve quelque chose,
mais on ne peut pas nous le confirmer. On suspendrait l'article 5 et on
prendrait l'article 6.
M. Ciaccia: Avant de suspendre, je voudrais que le ministre
prenne en considération les remarques suivantes sur la suggestion du
député d'Outremont.
Une Voix: Pour le mot "éducative".
M. Ciaccia: Educative. Premièrement, est-ce que vous
pourriez prendre en considération le fait que si on dit que c'est
superflu, ou, si vous voulez utiliser le mot préféré du
ministre d'Etat au développement culturel, que c'est
superfétatoire je
l'ai entendue assez souvent, cette parole; cela me sortait par les
oreilles pendant l'été 1977 lors de l'étude du bill 101
...
M. O'Neill: ... que nous entendons souvent.
M. Ciaccia: Pas autant, je ne pense pas, mais le fait que...
Premièrement, je ne suis pas d'accord que dans ce cas-ci ce soit
superfétatoire. Mais même si ça l'était, le fait de
le dire encore, ou de le spécifier, enlèverait seulement une
ambiguïté possible ou une interprétation autre que celle que
le ministre veut lui donner.
Deuxièmement, le ministre s'est référé
à l'article 9 pour dire que ce n'est pas nécessaire d'inclure le
mot "éducative" dans l'article 12, parce que d'après l'article 9,
paragraphe 21, il y a déjà une limitation de la programmation
éducative ou une indication que la société doit faire une
programmation éducative. Je voudrais souligner au ministre que l'article
21 dit seulement que la société doit soumettre à la
Régie des services publics l'ensemble de la programmation
éducative.
M. O'Neill: C'est l'article 9, remplaçant l'article 21,
qui dit, au deuxième paragraphe de ce dernier: "La société
a principalement pour objet d'établir et d'exploiter une entreprise de
radio-télévision éducative sur l'ensemble du territoire
québécois."
M. Ciaccia: "Principalement", ce n'est pas exclusivement. Alors
si on suspend l'article 5, je pense que le ministre va prendre en
considération la suggestion du député d'Outremont, parce
que même dans l'article 21 cela n'est pas un objectif exclusif, cela
n'est pas le seul objectif, c'est le principal. Il dit: II pourrait en voir
d'autres. Si c'est son intention de lui donner d'autres objectifs, disons-le.
Je ne pense pas qu'il ait cette intention, parce que dans les notes
explicatives vous dites: "Le projet de loi précise que
Radio-Québec a pour mission d'établir et d'exploiter une
entreprise de radio-télévision éducative sur l'ensemble du
territoire québécois." Vous dites cela dans les notes
explicatives, mais on ne retrouve pas cela dans le projet de loi. Parce que
même à l'article 21, cela n'est pas exclusif, c'est principal. Je
vais limiter mes remarques à ces deux points, pour le moment. J'y
reviendrai quand on reprendra l'étude de l'article 5.
Le Président (M. Laplante): L'article 5 sera
débattable au même niveau où on l'a laissé.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président.
M. Raynauld: Pour nourrir la réflexion du ministre sur ce
plan, avant qu'il déclare de façon définitive que c'est
superfétatoire, je voudrais peut-être souligner que dans le cas de
l'article 12, cela s'adresse aux régions aussi. La
société, à l'article 21, a "principalement" pour objet de
faire cela. Cela peut peut-être être superfétatoire, mais je
pense que lorsqu'il s'agit d'établir des comités régionaux
et d'établir des normes d'implantation et d'exploitation des
installations dans les régions, cela serait bon de rappeler aux
comités régionaux, qui vont avoir une certaine autonomie, qui
vont produire des programmes, qu'il s'agit de programmation éducative.
Je pense que ce serait une protection considérable pour la
société. Il faut se rappeler comment cela va fonctionner, en
pratique, ces choses. A l'article 21, on dit: "La société a
principalement pour objet...", mais lorsque le conseil d'administration va
établir des normes de production et qu'il va adresser cela à un
comité régional dans une région quelque part et que dans
cette région on voudra élargir les affaires et dire: Vous savez,
l'éducation c'est très large, etc., cela ne sera peut-être
pas mauvais de rappeler à ces comités qu'il s'agit de
programmation éducative. Dans ce sens, il me semble que cela ne serait
pas complètement inutile, si vous me comprenez...
M. O'Neill: Que de prudence et de précaution...
M. Raynauld: Oui, mais je pense que la dynamique interne de cette
société je pense que vous en êtes très
conscient fera que cela ne serait pas mauvais qu'il y ait quelques
petites balises, des orientations un peu plus précises qui vont
être données à ces comités régionaux en
particulier.
Enfin c'est ce que je suggère. Je pense que c'est une suggestion
qui vaudrait la peine d'être examinée. Comme nous suspendons cet
article, peut-être n'est-ce pas la peine d'aller plus loin pour
l'instant.
M. O'Neill: Je rappelle simplement que l'article est suspendu et
qu'il y aura une réflexion qui portera sur trois points.
Le Président (M. Laplante): D'accord, article 5,
suspendu.
Exercice financier
J'appelle l'article 6. M. le ministre.
M. O'Neill: Cela n'est pas un article très inspirant.
M. Raynauld: J'aimerais que vous nous expliquiez la raison pour
laquelle vous changez l'exercice financier.
M. O'Neill: Parce que c'est ajusté à la
programmation. Dans le domaine de la radio-télévision, la saison
ouvre avec septembre.
M. Ciaccia: Pour tous les ministères, l'année
fiscale se termine le 31 mars. Quelle est la raison de l'ajuster à la
programmation? Est-ce qu'il y a une raison spécifique?
M. O'Neill: La saison commence au début de septembre.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle je le demande...
M. O'Neill: Dans le domaine de la radio-télévision,
l'entrée se fait l'automne.
M. Ciaccia:... c'est que je pense à l'étude des
crédits. On aimerait être en mesure, quand on va étudier
les crédits du ministère des Communications, de pouvoir en
même temps vous poser certaines questions sur la société
Radio-Québec, l'Office de radio-télédiffusion du
Québec. (21 h 45)
A ce moment-là, je me pose la question: Si l'année
financière n'est pas la même que l'année financière
de votre ministère, est-ce que cela va nous causer des problèmes
quant à l'étude des crédits? Je sais que ce n'est pas
entièrement la même, mais au moins on peut toujours soulever
certaines questions. Je me place dans l'étude des crédits de
l'année prochaine alors qu'on va vouloir soulever certaines questions
sur le fonctionnement de Radio-Québec et je me vois non pas me faire
dire que c'est superfétatoire, mais me faire dire: Ecoutez, on ne peut
pas l'étudier parce que l'année financière est
différente, on n'a pas toutes les données.
Pour nous aider et nous permettre de faire une étude des
crédits, je me demande s'il ne serait pas préférable de
laisser l'exercice financier se terminer tel que l'article 18 de la loi
actuelle le spécifie, c'est-à-dire, le 31 mars de chaque
année.
M. O'Neill: Je vous signale que l'exercice financier des
universités se termine le 31 mai. Il s'agit simplement d'une adaptation
au type de fonctionnement de cette société, adaptation avec
laquelle le Conseil du trésor est tout à fait d'accord. Cela ne
changera pas du tout les chiffres qui vous seront fournis au moment de
l'étude des crédits. Ils seront là en bloc et on pourra
quand même en discuter.
M. Ciaccia: Quand vous dites que le 31 août, c'est pour se
conformer à la période de programmation, c'est la pratique. Il
n'y a rien dans le projet de loi qui dise: La période de
programmation...
M. O'Neill: Je vais vérifier, mais ce sont les moeurs du
milieu.
M. Raynauld: Ce serait à vérifier, M. le
Président, pour la Société Radio-Canada. Je ne pense
pas.
M. O'Neill: On vérifiera.
M. Raynauld: C'est un fait que c'est plus embarrassant pour les
parlementaires et c'est sûrement plus embarrassant pour toutes les
études qu'on pourra en faire. Si c'est absolument indispensable pour les
activités de la société, peut-être qu'il faut se
soumettre à ces exigences...
M. O'Neill: Je vous dis que le Conseil du trésor a
trouvé que c'était une très bonne suggestion. Je ne crois
pas que ce soit une décision qui engage beaucoup la mission et le mandat
de Radio-Québec. Je suis porté à faire confiance...
M. Rivest: Sur l'exercice, je n'ai pas eu le temps de
récupérer... l'année financière... Est-ce qu'on a
souligné... Le fait de modifier l'année financière, est-ce
que cela veut dire. Qu'est-ce qui arrive pour le dépôt du rapport
annuel de Radio-Québec à l'Assemblée nationale? Est-ce
qu'en reportant cela au 31 mars, cela veut dire que le rapport annuel ne pourra
pas être déposé, au point de vue mécanique et tout
cela, avant le mois de juin? Quand arrivera l'étude des crédits,
on l'aura quand?
M. O'Neill: Je suppose qu'il va être déposé
un peu en retard comme tous les rapports annuels.
M. Rivest: Quel laxisme! Vous acceptez cela! C'est d'un
défaitisme incroyable, c'est vrai, mais je pensais que ce gouvernement
avait suffisamment de nerf et de corps pour modifier...
M. O'Neill: M. le Président, c'est une tradition dont je
constate de visu le prolongement.
M. Rivest: On ne sent pas dans le ton du ministre une
volonté de changer ces choses et de respecter l'autorité et la
souveraineté de l'Assemblée nationale.
M. O'Neill: On change progressivement, étape par
étape, M. le Président.
M. Rivest: II est aussi conservateur que lorsque je l'ai
laissé à 18 heures.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: De toute façon, les rapports annuels des
sociétés d'Etat qui terminent le 31 mars, on ne les a pas pour
l'étude des crédits au mois de mai, ni au mois de juin...
M. Rivest: C'est dommage! M. Michaud: C'est dommage.
Une Voix: Oui, et on s'en plaint. M. Michaud: Mais
ceux-là...
M. Rivest: Je pense que cela crée un problème.
M. Michaud: Cette société ayant choisi le 1er
septembre, on va sûrement l'avoir pour l'étude des
crédits.
M. Raynauld: On va toujours être un an en retard.
M. Michaud: De toute façon, il est... M. Ciaccia: Cela va
être trop tard.
M. Michaud: Là, on va être sûr de l'avoir
avant.
M. Rivest: C'est important qu'on l'ait. Je viens de faire une
ligne ouverte pendant une heure et demie et je n'ai pas eu une question sur les
projets de loi 4 et 5.
M. O'Neill: Quand il y a l'unanimité dans la population,
cela ne soulève pas de questions dans les lignes ouvertes.
M. Rivest: Pourtant, c'était dans un organisme de
télévision communautaire. J'ai essayé de leur vendre
l'idée et de les intéresser aux politiques et aux discours du
ministre, mais je n'ai pas trouvé de preneur.
M. Ciaccia: ... dans le milieu de la nuit.
M. O'Neill: Actuellement, le seul endroit connu sur l'ensemble du
territoire où il y a des gens qui ont des réserves concernant la
loi 4, c'est ici, pour un certain nombre de personnes à
l'Assemblée nationale. Pour le reste, c'est l'unanimité.
M. Rivest: On avait l'air indifférent. Je suis d'accord
avec le ministre, on n'avait pas l'air contre, on avait l'air
indifférent.
M. Ciaccia: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, que la raison
pour laquelle il n'y a pas eu de question c'est parce que la motion a
été faite dans le milieu de la nuit? Les gens dorment à
deux heures du matin. Ils ne peuvent pas prendre connaissance des discussions
qui se produisent à l'Assemblée nationale. C'est pour cela qu'il
n'y a pas eu de question.
M. O'Neill: La loi a été présentée en
plein jour.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ce petit moment de détente a fait du bien, c'est vrai, mais
je vous rappellerais qu'on est à l'article 6.
M. Rivest: Je suis un peu déçu parce que je croyais
arriver et que ce serait terminé. Je m'aperçois qu'on n'a pas
avancé.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 6
pourrait être adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
M. O'Neill: C'est parce que dans une optique d'éducation
permanente, j'ai voulu répondre à toutes les questions du
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Laplante): Article 7. M. le ministre,
avez-vous des commentaires sur cet article.
M. O'Neill: Non, M. le Président. Je pense qu'il n'y a
là rien de révolutionnaire, c'est tout à fait normal.
Le Président (M. Laplante): Qui se considère en
charge du dossier chez vous?
M. Rivest: On va accélérer les choses. Une Voix:
Adopté.
M. Rivest: Non, j'ai une question sur "les autres conditions de
travail..."
M. Raynauld: C'est fini ça.
Le Président (M. Laplante): L'autre page.
M. Rivest: Vous avez adopté tout ça? C'est du
délire.
M. O'Neill: Non, c'est de l'efficacité, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 7 est adopté?
L'article 7 est adopté.
M. Ciaccia: Un instant.
Le Président (M. Laplante): Ecoutez, entendez-vous.
M. Ciaccia: Oui, mais ce n'est pas adopté encore. M. le
Président, franchement...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont me dit: Adopté. Je ne sais plus qui est le
représentant officiel.
M. Ciaccia: Le député d'Outremont expliquait au
député de Jean-Talon le sous-paragraphe 7 de l'article 3.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez des
questions, M. le député de Jean-Talon, sur l'article 7?
M. Rivest: J'ai des questions sur ma... Voilà que le
gouvernement... J'ai des questions.
M. O'Neill: Article 7 ou article 8?
M. Rivest: Article 7. Il n'est pas adopté,
celui-là, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): II a été
adopté, mais on va y revenir, parce qu'il n'y a pas eu de question
posée là-dessus. D'accord, posez vos questions.
M. Rivest: J'en ai sur l'article 7 et l'article 8. Je pourrai
peut-être en reparler plus tard, mais je voudrais simplement... Vous
savez que le gouvernement actuel a une préoccupation qui est tout
à fait louable et que j'endosse pleinement. Il y en a au moins une.
M. O'Neill: Vous allez parler de son projet politique
général?
M. Rivest: Non d'ailleurs c'est dans la continuité
de l'ancien gouvernement c'est de demander aux sociétés
d'Etat à caractère industriel et commercial de soumettre leurs
plans de développement à un regard un peu plus consistant que
dans le passé, d'une part au niveau du Conseil des ministres et d'autre
part au niveau de l'Assemblée nationale en particulier. Là, je
constate que finalement, à l'article 7, on va déposer le rapport
prosaïque et habituel forcément en retard. Je comprends que
Radio-Québec... Par contre, Radio-Québec devrait normalement,
produisant comme elle produit, faire ses frais à un moment donné,
mais peu importe, je comprends qu'il y a une différence de nature, mais
j'aimerais quand même entendre le ministre, et mon collègue
d'Outremont qui est un spécialiste en la matière pourra donner
des techniques au ministre... Au niveau de l'Assemblée nationale, ce
qu'on a fait, par exemple, pour SIDBEC...
M. Raynauld: SIDBEC, Marine, la SGF.
M. Rivest: J'ai posé la question et mon collègue
d'Outremont va y répondre si le ministre n'y répond pas d'une
façon satisfaisante.
M. O'Neill: C'est gentil comme tout. M. le Président, je
pense que le député de Jean-Talon trouverait la réponse
à l'article 5, remplacé par l'article 12, paragraphe b), qui
remplace l'ancien article 12. Allez au paragraphe b): "Etablir des normes
d'implantation et d'exploitation des installations de
radio-télévision et des normes de programmation, production et de
diffusion", le tout soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur.
M. Rivest: J'en trouve, effectivement, la moitié, parce
que les normes...
M. O'Neill: Quelle est la moitié qui vous manque?
M. Rivest: Une fois que les normes auront été
établies, Radio-Québec va être au courant, pour cela le
ministre a raison, mais l'autre moitié c'est le suivi, c'est le
contrôle de savoir si effectivement ces normes ont été
acceptées, etc. Deuxièmement, surtout, le plan d'expansion ou le
plan de développement, dans le même sens qu'on l'a envisagé
dans le cas de SIDBEC...
M. Raynauld: SIDBEC, Marine...
M. Rivest:... Marine Industrie, où même là on
est allé beaucoup plus loin, parce que par un amendement de l'Opposition
libérale, je pense que c'est du député de Saint-Laurent,
on a même obligé à faire passer je crois que le
Conseil des ministres l'a ce plan, avant d'engager des fonds
là-dedans, par l'Assemblée nationale avant même qu'une
dépense... Les détails, c'est M. le député
d'Outremont. Moi, c'est le principe.
M. Raynauld: II ne faudrait pas se mêler.
Premièrement, je dirais que cela n'a aucun rapport avec l'article
précédent. Il ne s'agit pas d'établir des normes, il
s'agit de présenter...
M. Rivest: ... pour le ministre et moi.
M. Raynauld: Vous aviez l'air d'être d'accord, mais cela
n'a rien à voir. Il s'agit d'un programme d'implantation et de
développement et ce sont des plans à moyen terme, qui ont
été exigés dans le cas de la SGF... J'ai dit non à
mon collègue tout à l'heure, parce qu'il a dit que c'était
un plan de développement qui est présenté à
l'Assemblée nationale avant d'être approuvé, ce qui n'est
pas le cas. Après avoir été approuvé par le
gouvernement, il y a une discussion à l'Assemblée nationale, et
la semaine dernière, justement, on a examiné le plan de
développement de Marine Industrie. Ces plans sont devenus une politique
du gouvernement. Il n'y a pas seulement Marine, il y a un plan de
développement qui a aussi été exigé de SIDBEC,
à la suite, d'ailleurs, de l'ancien gouvernement qui avait fait la
même chose, les sommes étant considérables. Mais le
gouvernement actuel en a fait une politique. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce, le ministre des Finances, au moins ces deux-là, ont
affirmé à plusieurs reprises, devant moi, à plusieurs
occasions, pour plusieurs sociétés, qu'on exigeait des plans de
développement pour ne pas être confronté, comme
gouvernement, pour une société dont on veut respecter
l'autonomie, tout à coup à une obligation financière
considérable parce que le gouvernement n'aurait pas été au
courant, soit des projets, des plans de la société, soit des
difficultés auxquelles la société peut être
confrontée elle-même dans le cours des choses. Je pense que c'est
une excellente idée, en ce qui me concerne, de forcer les
sociétés à soumettre des plans de développement.
Sur la base de l'expérience qu'on a eue la semaine dernière avec
Marine Industrie, ce qui m'a frappé le plus là-dedans, c'est
qu'on nous a dit qu'à la société Marine, du fait d'avoir
été soumis à l'obligation de préparer un plan, il a
fallu, à l'intérieur de la société, qu'ils
réfléchissent à leurs affaires, il a fallu qu'ils
impliquent, par exemple, le syndicat dans leurs affaires; autrement, cela
n'aurait pas fonctionné. Alors, cela a été une occasion de
prise de conscience, à l'intérieur de la société,
de toutes les contraintes, de toutes les difficultés, de tous les
problèmes à venir dans l'industrie dans laquelle ils sont. Je
crois que cela aurait été bon que dans ce projet de loi.
étant donné qu'on examine une autre société, il y
ait un article disant qu'on doit... Je ne me souviens pas exactement des
articles correspondants qui existent dans Marine ou dans la SGF; je pense que
dans la SGF, il y a un article spécifique qui fait
référence à cela, où on dit: La
société doit soumettre un plan de développement
cela s'appelle ainsi de trois ans, cinq ans, je ne me souviens pas
exactement. Je pense que cela aurait été bon et il serait encore
temps je pense que cela ne sera quand même pas adopté ce
soir que le ministre voie s'il y
aurait lieu de suivre cet exemple qui a déjà
été appliqué à l'égard d'autres
sociétés d'Etat et d'inclure un article semblable dans
celui-ci.
M. O'Neill: M. le Président, je reviens quand même
à l'article 12b et à la décision qui a été
prise au Conseil des ministres et qui est tout à fait dans cet
esprit-là. Radio-Québec a dû présenter un plan pour
deux ans et, au bout de deux ans, doit revenir devant le Conseil des
ministres.
M. Rivest: II y a un règlement à cet effet? (22
heures)
M. O'Neill: Oui, ils doivent venir au bout de deux ans et
soumettre... Sans compter que, contrairement à d'autres
sociétés d'Etat, ils reviennent chaque année devant le
Conseil du trésor c'est cela la différence pour
l'ensemble de leur budget et leurs dépenses. Je pense qu'à ce
point de vue cela fournit l'équivalent du contrôle qui est
établi dans d'autres sociétés d'Etat qui, finalement,
fonctionnent, dans la pratique, au plan financier, d'une façon beaucoup
plus indépendante que Radio-Québec.
M. Rivest: J'ai un argument...
M. O'Neill: Radio-Québec a une grande autonomie dans le
domaine de la programmation et de ses activités internes.
M. Rivest: A moyen terme.
M. O'Neill: Sur le plan financier, c'est une
société d'Etat qui est soumise à une surveillance qui est
tout au moins aussi grande et, en fait, je pense, plus grande que celle des
autres sociétés d'Etat.
Le Président (M. Laplante): Ne croyez-vous pas que votre
suggestion pourrait aller à l'article 8?
M. Rivest: Non, mais on peut régler cela, de toute
façon. Est-ce que le ministre...
M. O'Neill: Je comprends très bien votre
inquiétude. Je vais vous donner un exemple. Quand le débat s'est
fait à la suite des propositions du rapport Rocher et qu'il avait
été question de cette espèce de plan de dix ans
vous vous rappelez cela? qui était une des hypothèses, le
Conseil des ministres a dit: Deux ans. Cela ne voulait pas dire qu'il rejetait
le développement progressif, mais le Conseil des ministres s'est
réservé le droit de dire: Au bout de deux ans, on va regarder
où cela va.
M. Rivest: Je comprends que c'est une décision; le
ministre a référé, je pense, à l'existence d'un
règlement qui est le véhicule juridique pour amener, justement,
Radio-Québec à aller devant le Conseil des minisres. Est-ce qu'il
existe un règlement ou si c'est plutôt les rapports informels que
le ministre des Communications a avec le conseil d'administration de
Radio-Québec qui font qu'on dit: Oui, il y a un plan de
dévelopement, il faut que j'aille au Conseil des ministres avec cela?
Est-ce qu'il y a un règlement qui...
M. O'Neill: C'est-à-dire que le Conseil des ministres a
décidé dans une décision, d'ailleurs, qui a
été rendue publique en février qu'au bout de deux
ans Radio-Québec devait revenir pour faire approuver une nouvelle
étape de développement, sans compter que Radio-Québec doit
se rapporter au Conseil du trésor tous les ans. Il s'agit de
contrôles qui sont sûrement aussi rigoureux et même plus
rigoureux que ceux qui sont imposés à d'autres
sociétés d'Etat.
Je reviens aussi à cet article; quand je regarde cela,
Radio-Québec ne peut pas mettre en pratique le paragraphe b) sans
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Donc, cela touche les normes
d'implantation et d'exploitation des installations de
radio-télévision et les normes de programmation, de production et
de diffusion.
M. Rivest: Est-ce que les règlements de l'article 5.12 ont
été déposés et publiés dans la Gazette
officielle?
M. O'Neill: Pas actuellement.
M. Rivest: Par contre, il y a quand même un
élément je vais prendre le ministre par son bon
côté que le député a souligné au sujet
de la nécessité, non pas juridique, mais morale, si vous voulez,
du conseil d'administration d'impliquer les travailleurs de Radio-Québec
ou de l'institution, au niveau de Marine Industrie, de façon à
s'assurer que, effectivement, il va avoir la collaboration de tout le monde.
Cela, c'est de la participation non pas simplement formelle, comme le propose
le projet de loi du ministre, par un représentant au sein du conseil
d'administration, mais c'est une participation réelle. Ce sont des
contraintes pratiques beaucoup plus que des contraintes juridiques et cela peut
être beaucoup plus riche, en termes de participation. Le ministre, avec
raison parce que tout le monde l'avait oublié et tout le monde
l'oublie toujours a souligné la contribution des employés
on fait de grands discours sur les conseils d'administration en
examinant les projets de loi de Radio-Québec. Dans tout le cadre
de son projet de loi, il a parlé des employés parce qu'une
personne va aller siéger; c'est très faible. Et une des
premières conclusions que le député d'Outremont, qui est
familier avec ces questions, a soulignée, c'est qu'un plan de
développement dans le sens...
Je pense que le ministre comprend la chose et pourrait peut-être,
éventuellement, voir... D'ailleurs, je pense que ce n'est pas tout
à fait à terme, cette politique au niveau du Conseil des
ministres pour l'ensemble des sociétés; il y a certaines
expériences qui ont été entreprises, mais je ne pense pas
que le dossier soit arrivé à terme. On pourra peut-être
voir, compte tenu de ce que le ministre a dit, avec la contrainte du Conseil du
trésor que j'accepte, s'il n'y aurait pas moyen d'insérer
d'une
façon ou d'une autre Radio-Québec dans ce cadre. Je pense
que cela pourrait être profitable autant pour le gouvernement que pour
l'institution, et surtout penser qu'à l'Assemblée nationale il y
a des gens qui pourraient avoir des choses à dire, surtout quand on
considère la dimension régionale.
Je sais que quand nous en avons discuté, il y a des
députés, le député de Bonaventure, par exemple, qui
étaient très intéressés à l'aspect
régionalisation de Radio-Québec, parce que dans leur
région, semble-t-il, il y a des demandes, chose que j'imaginais,
évidemment, mais je ne savais pas que...
M. Guay: Le député de Gaspé en a abondamment
parlé à plusieurs reprises en Chambre, pour défendre les
intérêts de la Gaspésie.
M. Rivest: Oui, et cette dimension là aussi. Vous savez,
à l'Assemblée nationale, on fait un projet de loi, on prend le
temps qu'il faut. Je pense qu'on le prouve dans les jours que nous vivons. En
dehors de cet aspect un peu conjoncturel, il reste qu'il y a des choses que les
députés sont intéressés à connaître et
à discuter, pas seulement sur le plan des grands principes, des grandes
orientations, sur le plan régional, et si les plans de
développement de Radio-Québec étaient formulés et
pouvaient être discutés d'une façon ou de l'autre, par les
membres de l'Assemblée nationale, je pense que des deux
côtés de la Chambre ce ne serait pas l'espèce d'allure,
Opposition-gouvernement, mais je suis convaincu qu'il y aurait des
députés ministériels qui diraient: Dans notre
région... Vous avez même eu le discours du député de
Rouyn-Noranda qui historiquement me semble ne pas tellement porter sur des
choses... mais qui a manifesté un intérêt qui m'a paru
extrêmement significatif...
M. O'Neill: II va avoir son réseau à l'automne.
Cela se comprend.
M. Rivest: ... compréhensible, parce qu'il est dans sa
région. Quand on parle de contrôle de l'Assemblée
nationale, il faut sortir à un moment donné, il faut le faire,
gouvernement-Opposition, mais il y a des choses et je trouve que, si on croit
vraiment à Radio-Québec, et surtout à la
régionalisation, il pourrait peut-être y avoir des formules un peu
plus articulées que le dépôt annuel. On sait ce que cela
donne finalement.
M. O'Neill: N'oubliez pas la commission parlementaire.
M. Rivest: Oui, il y a cela, la commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Article 7 adopté?
M. Raynauld: Ici encore, comme suggestion, je soumets à la
réflexion du ministre qu'il y a peut-être une façon simple
de donner suite un peu à ces préoccupations que nous semblons
partager de part et d'autre. A l'article 19, à la fin du premier
paragraphe, on demande à la société de soumettre un
rapport. Il doit aussi contenir tous les renseignements que le ministre peut
prescrire. On pourrait ajouter: Eu égard à la mise en oeuvre des
plans de développement de la société, quelque chose comme
cela.
M. O'Neill: Mais c'était peut-être eu égard
à autre chose.
M. Raynauld: Notamment, on soulève le problème des
plans de développement et encore une fois, je ne connais pas, je ne me
souviens pas exactement de la formule qui est utilisée ailleurs, mais
cela n'engage pas à grand-chose. Peut-être que ce serait une
formule facile. Vous pourriez peut-être consulter vos spécialistes
dans ces questions, et à ce moment-là, cela résoudrait, je
pense, le problème que nous soulevons.
M. O'Neill: Voulez-vous reprendre votre formulation, s'il vous
plaît?
M. Raynauld: Notamment... M. O'Neill: Eu
égard...
M. Raynauld: Là, notamment eu égard... Notamment
quant à la mise en oeuvre...
M. O'Neill: Ce n'est pas très beau, mais c'est clair.
M. Raynauld: ... du plan de développement à moyen
terme de la société. Moyen terme c'est un peu fort, mais...
M. Guay: Je n'ai pas d'objection, je trouve l'intention louable,
mais j'ai l'impression que c'est... L'idée est bonne, mais de toute
façon ce genre de question peut toujours se poser. C'est évident
que dans la mesure ou du côté du gouvernement, c'est
évident que cela intéresse le gouvernement, et du
côté de l'Opposition, ces questions sont soulevées. C'est
évident que si ce n'est pas dans le rapport annuel, cela va être
dans un document à part, mais cela va se faire.
M. Rivest: Pour être très franc, il y a une
critique, je ne veux pas l'endosser à plein parce que je sais qu'elle
est peut-être un peu simple, mais il y a certainement dans l'opinion
publique une partie de l'opinion publique qui dit: Radio-Québec
coûte cher, c'est un luxe, etc. Cela existe. Dans l'opinion publique il y
a des gens qui portent ce type de jugement-là sur Radio-Québec
depuis ses origines, depuis le début, quand l'Union Nationale l'a fait,
quand on a continué et le député de Taschereau est bien au
courant que s'il avait fallu céder...
M. Guay: Un député sur les 102...
M. Rivest: II sait de quoi je parle. S'il avait fallu
céder aux pressions, on aurait mis la clé dans la porte et cela
aurait été vraiment dommage, mais c'est cela. Il y a une partie
de l'opinion publique qui pense ces choses-là. Je pense que la
façon de contrer ce genre de réflexe, au fond, c'est presque des
réflexes anti, c'est de donner de l'information et montrer qu'il y a une
volonté, que c'est sérieux, etc. d'articuler bien davantage. Cela
a coûté beaucoup plus cher ce qui est arrivé avec les
sociétés d'Etat à caractère industriel et
commercial. Après qu'on eût investi, tout le monde est parti en
guerre contre les sociétés d'Etat, une partie du monde. Alors, je
pense que c'est une façon responsable de faire en sorte qu'on ouvre un
peu, pas tellement en termes de contrôle et surtout dans le
domaine de Radio-Québec, on doit avoir une préoccupation
d'autonomie mais au moins qu'il y ait un contrôle large,
généreux, ouvert.
Je ne demande pas au ministre et je pense que ce n'est pas le
sens de la remarque du député d'Outremont, de s'engager sur un
texte, ce soir, et même pas à l'intérieur de... mais
de reparler au Conseil des ministres lorsque tout le problème des
sociétés d'Etat et des plans de développement arrivera, je
lui demande au moins de souligner et de voir s'il n'y a pas moyen, compte tenu
des contrôles du Conseil du trésor et tout cela, et de la
pratique, de ce qui se fait déjà à Radio-Québec,
par le truchement du Conseil des ministres, de dire: Ecoutez,
Radio-Québec, c'est une institution, c'est une société
d'Etat, il y a des plans de développement. Est-ce qu'il y a moyen de
nous insérer dans le cadre de cette politique? Au moment où j'ai
eu moins d'accès que j'en ai déjà eu, sernble-t-il, aux
dossiers gouvernementaux, je ne pense pas que Radio-Québec, quand on a
commencé à élaborer la politique de contrôle des
sociétés d'Etat, ait jamais été inscrit
là-dedans. On pensait beaucoup plus à la SGF, à Marine,
à des organismes...
M. Guay: Sous l'ancien gouvernement?
M. Rivest: Oui, c'est la politique de contrôle des
sociétés d'Etat.
M. Guay: II faut dire, comme vous l'avez souligné
vous-même, qu'à cette époque, le débat ne portait
pas tellement sur les plans de développement, mais surtout à
savoir si oui ou non...
M. Rivest: Non, pour l'information du député, c'est
quand Guy Coulombe est arrivé comme secrétaire de
l'exécutif, les premières réunions ont commencé au
début de 1976, tous les présidents, les PDG de toutes les
sociétés... Je sais que la Société des Alcools
était là. Peut-être que Radio-Québec y était
aussi, mais je n'en ai pas de souvenir précis. C'est cela qui a
été l'amorce des critères de performance de toute la
politique qui s'est traduite de façon un peu
accélérée, en raison d'un problème
particulièrement chaud, qui a été celui de Marine
Industrie, lors de la poussée...
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais ajouter un autre point, M. le
Président? Plus j'y pense, plus je trouve que la suggestion est bonne.
Je vais vous dire pourquoi. Peut-être que le ministre...
M. O'Neill: Cela s'appelle de l'autosatisfaction.
M. Raynauld: C'est ça, l'autosatisfaction. C'est rare que
j'en ai, alors, je le souligne. Mais lorsque...
M. Guay: Ne perdez pas votre tour.
M. Raynauld: Dans ce cas... ne gâtez pas les choses.
M. Rivest: On pourrait retrouver...
M. Raynauld: Le ministre des Communications pourrait
peut-être innover à cet égard. Il y a un autre aspect,
c'est celui du contenu des rapports annuels qu'on reçoit des
sociétés. Ce sont des rapports purement financiers que nous
recevons, qui sont très difficiles à analyser et qui ne
soulèvent pas beaucoup d'intérêt. Vous ne pensez pas que ce
serait tellement plus intéressant si un ministre décidait de leur
suggérer, avec la formulation que j'ai suggérée, c'est
laissé à la discrétion du ministre, il pourrait
très bien le dire, de nous parler aussi dans leurs rapports annuels, de
leurs plans de développement? Peut-être que ce serait un exemple
qui serait suivi à l'avenir par bien d'autres sociétés qui
ne parleraient pas seulement du nombre d'employés qu'elles ont eus
l'année passée, mais qui parleraient également dans leur
rapport annuel de ce vers quoi elles s'en vont, quelle sorte de plan de
développement il existe? Elles nous feraient un résumé de
cinq pages. C'est ce genre de préoccupation qu'on a et qui tend à
élargir un peu le contenu de tous ces documents plus ou moins officiels
que personne ne lit, parce que ça n'intéresse personne. Si on
parlait des plans de développement, de la façon dont les choses
vont se passer d'ici deux à trois ans, si elles daignaient faire rapport
de ce qu'elles ont fait l'année précédente, par rapport
à ces plans de développement, je pense que ça ajouterait
à la qualité de l'information qui nous est fournie, pas seulement
à nous les parlementaires, mais à l'ensemble de la
population.
Encore une fois, ça ne vous engage pas beaucoup, la suggestion
que j'ai faite. C'est laissé à la discrétion du ministre,
qui peut prescrire que le rapport doit contenir certains renseignements. Le
ministre pourra y songer.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais faire une
réserve. Je me demande, encore là, si ce n'est pas un petit peu
superflu, quoique vous me donnerez un instant pour réfléchir sur
cette proposition. D'abord, dans le cas de Radio-Québec, les budgets
sont déterminés d'avance. Les sociétés d'Etat,
ça se fait aller. Je veux dire que certaines sociétés
d'Etat, à un moment donné, font preuve
d'imagination ou d'audace et parfois, enfin, vont un peu loin. Mais,
dans le cas de Radio-Québec, il y a un budget qui est accordé,
parce que le financement vient de l'Etat. C'est tant, mettons $26 millions par
année. Au moment même où il a été
accordé, chaque élément du budget a été
vérifié, contrôlé par le Conseil du trésor.
D'autre part, en plus, ces projets de développement doivent
déjà avoir été approuvés
antérieurement, tandis que... (22 h 15)
Enfin, je connais moins les autres sociétés d'Etat, du
moins si on en juge par certains bilans ou certaines difficultés, on a
l'impression qu'elles ont pu se faire aller dans le paysage assez facilement et
c'est simplement que, à un moment donné, les gens
commençaient à se poser des questions, parce que tout à
coup ça menait à des bilans financiers assez inquiétants.
C'est peut-être pour ça qu'on a senti la nécessité,
dans ces cas, d'introduire ces mesures. En soi, je trouve cette proposition
tout à fait légitime, sauf que je me demande si, dans le cas de
Radio-Québec, cela répond à une nécessité
tellement il y a déjà des balises bien définies.
M. Raynauld: C'est une perspective de contrôle financier,
parce que vous avez entièrement raison. Dans le cas de
Radio-Québec, aussi longtemps qu'il n'aura pas des revenus autonomes, le
problème, en termes de contrôle financier, ne se pose pas. C'est
plutôt en termes de dynamique d'une société. On dit: Quand
vous faites un rapport annuel, ne nous dites pas seulement que vous avez
reçu $26 millions du Conseil du trésor et que le tout est
conforme. Dites-nous donc quelque chose. Je ne sais pas; la
Société de développement de la baie James, par exemple, a
un rapport qui est beaucoup plus intéressant que d'autres; je l'ai lu
hier et on y parle de ses plans de développement, etc.
M. Rivest: C'est l'ancien gouvernement, je crois, qui a fait
cela.
M. Raynauld: Je ne le sais pas. Le rapport annuel est celui de
cette année et j'ai trouvé que ce rapport débordait le
cadre purement financier; c'est laissé à la discrétion des
sociétés d'ailleurs...
M. Guay: C'est Paul Desrochers, je pense, qui...
M. Rivest: Bourassa.
M. Raynauld: Qu'on encourage ça et je pense que ça
ira mieux.
M. O'Neill: En fait, c'est une façon d'expliciter le
contenu de la phrase qui dit: "Ce rapport doit aussi contenir tous les
renseignements que le ministre peut prescrire."
M. Raynauld: Oui.
M. O'Neill: C'est une façon de dire: Vous de- vriez, entre
autres, prescrire à la société d'Etat de nous fournir des
renseignements sur la façon dont elle réalise son plan de
développement. C'est ça, n'est-ce pas?
M. Raynauld: C'est ça. M. O'Neill: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 7 est-il
adopté?
M. Rivest: Non, il y a un autre... C'est que j'étais pris
avec la baie James. Il y a un nommé Bourassa, je pense, qui a
été mêlé à ça.
M. Guay: La mise en scène de Paul Desrochers au
Colisée, cela a coûté cher quand même.
M. Rivest: Un de ses anciens conseillers aussi, je pense, a
été responsable de la baie James et il a été
élu récemment dans le comté de Jean-Talon. Je ne sais pas
si vous êtes au courant.
Non, je veux revenir aux renseignements.
M. Guay: Je me demande si la pratique des olympiques s'est
appliquée à la baie James.
M. Rivest: Je pense que le ministre va y repenser, enfin, il
verra, compte tenu de la nature du plan de développement, ce qu'il
pourra faire. Egalement, sur les renseignements... Je ne sais pas comment le
mettre; je pourrais faire des amendements, mais je ne perds pas de vue ma
perspective scolaire, que le député de Taschereau a
qualifiée de vision ratatinée de Radio-Québec...
M. Guay: Jusqu'à ce que votre chef vous dise de
l'élargir pour la rendre conforme à la sienne.
M. O'Neill: Au lieu de "ratatinée ", on pourrait mettre
"restreinte".
M. Rivest: II a employé le terme "ratatinée".
M. Guay: J'ai invité, hier, dans mon discours, le
député de Jean-Talon à élargir ses horizons.
M. Rivest: Oui, mais, dans les renseignements, on sait qu'il y a
une vision d'éducation qui est maintenue à Radio-Québec et
il y a toute la perspective avec le ministère de l'Education; enfin, il
y a la vision socio-culturelle. J'espère... je ne veux pas en faire un
amendement parce que ce rapport doit aussi contenir tous les renseignements que
le ministre peut prescrire. Ce sont des formules qui existent chez les
légistes que je connais bien; ça revient tout le temps, on ne
remet jamais ça en question, mais il faudra bien marquer...
M. O'Neill: C'est d'ailleurs une reprise de l'ancien texte.
M. Rivest: Oui, absolument, je suis convaincu que c'est une
redite et c'est probablement le con-
servatisme avoué du ministre qui a fait qu'il l'a pris comme
ça...
M. O'Neill: C'est ça.
M. Rivest: ... par étapes. J'imagine qu'il va y être
amené, mais dans les prochaines qu'il franchira.
Je voudrais, autrement dit, que la vocation éducative de
Radio-Québec, dans son rapport annuel, soit clairement établie,
qu'il nous dise les choses qu'il fait avec le ministère de l'Education
au lieu de s'en tenir aux prosaïques rapports qu'on connait, la vocation
socio-culturelle, etc. Qu'il y ait de la chair là-dedans; je veux
simplement demander au ministre de nous donner des renseignements, de faire un
rapport qui ne soit pas juste un design absolument magnifique qui
caractérise... Pendant que j'ai le ministre des Communications, voici
une de mes protestations. Depuis que je suis élu député,
je suis enterré de rapports; c'est épouvantable ce qu'on publie.
C'est bien présenté, mais ça reste dans les tiroirs des
députés. D'une façon générale, je pense que
vous vous êtes préoccupé de ça.
M. O'Neill: Oui, nous avons établi des normes que
l'éditeur fait appliquer.
M. Rivest: C'est épouvantable.
M. O'Neill: Maintenant, ces normes s'appliquent simplement aux
ministères et à un certain nombre d'organismes, oui.
M. Rivest: Cela commence à être moins luxueux que
dans le temps? Bravo! Je félicite le ministre. Mais les
renseignements...
M. O'Neill: II y a plus de modération dans les photos, par
exemple, on en met moins, des choses comme cela.
M. Rivest: Eh bien! Il y avait des exagérations comme
cela?
M. O'Neill: II y avait des choses étonnantes qu'on a
trouvées, oui.
M. Rivest: Les renseignements...
M. O'Neill: En remontant assez loin, remarquez.
M. Rivest: Ce que je veux simplement obtenir du ministre, c'est
que les renseignements, tendent à nous donner un rapport qui a de
l'allure, qui nous dise exactement ce que Radio-Québec fait et ce qu'il
a l'intention de faire, un peu dans la perspective de ce que le
député d'Outremont nous dit.
M. O'Neill: Je retiens cette suggestion, M. le
Président.
M. Guay: Adopté?
M. Raynauld: Est-ce que le ministre suspend l'application de 7
pour penser à cela ou s'il l'écarte?
M. O'Neill: Je l'ai interprété comme une suggestion
que vous me faites pour ma gouverne personnelle. Est-ce que cela va?
M. Rivest: Quel acte de foi!
M. Guay: Ce que disait le député d'Outremont, M. le
Président, à mon avis, est pertinent. Je suis d'accord avec lui.
Cela n'arrive pas souvent, on est aussi bien d'en profiter pendant que
ça passe. Mais je pense que, plutôt que d'introduire cette
idée à la faveur d'un projet de loi sur une société
d'Etat, ce serait beaucoup mieux de l'introduire d'une manière globale
dans la discussion et l'aboutissement éventuel de la discussion qui
porte sur le contrôle par l'Assemblée des activités des
sociétés d'Etat. Je pense que c'est une chose qui devrait
s'appliquer à toutes les sociétés d'Etat. On ne devrait
pas l'introduire à la pièce au fur et à mesure que, par
hasard, au fil des années, des lois modifiant les lois des
sociétés d'Etat peuvent être ainsi amendées, parce
que là, il y en a qui l'ont fait, d'autres pas, aussi bien l'introduire
tout d'un coup.
M. Raynauld: Votre idée est bonne, mais elle n'est pas
opérationnelle, malheureusement, car cela ne peut pas se faire comme
cela d'une façon globale, parce qu'il n'y a pas de véhicule, il
n'y a pas de mécanisme, il n'y a rien.
M. Guay: II n'y a rien qui dit, à un moment donné,
qu'il ne peut pas y avoir une loi-cadre.
M. Raynauld: Oui, mais elle n'est pas venue. S'il y en avait une,
cela irait, mais cela fait un an.
M. Guay: Ecoutez, vous conviendrez avec moi que vous nous
reprochez d'avoir trop de législation. On fait ce qu'on peut. C'est
déjà beaucoup.
M. Raynauld: II avait été question de cela il y a
un an, mais j'ai l'impression que l'idée est abandonnée d'avoir
une loi-cadre pour les sociétés d'Etat, parce que je pense que ce
n'est pas pratique.
M. Guay: Ecoutez, il est question d'une commission parlementaire
sur les sociétés d'Etat. Il y a des idées dans l'air.
C'est évident que c'est au centre d'un débat qui va visiblement
aboutir à quelque chose et cela pourra notamment être retenu
à ce moment-là.
M. O'Neill: M. le Président, ce que je propose, c'est que
nous suspendions cet article 19, que nous reverrons et, à ce
moment-là, je dirai si j'ai retenu cela comme proposition ou comme voeu,
j'entends la suspension de la proposition du député d'Outremont.
D'accord?
M. Raynauld: D'accord. M. O'Neill: Article 8.
Le Président (M. Laplante): L'article 7 est suspendu.
Article 8?
M. Rivest: Que se passe-t-il à l'article 8? M. le
député de Gaspé, vous n'avez pas remarqué
que...
M. Raynauld: On remplace le Vérificateur
général par un autre vérificateur.
M. Rivest: Oui.
M. Raynauld: Quelle est la raison de cela?
M. Rivest: On va changer de ton un peu. Est-ce qu'il y a des
vérificateurs ou des comptables ou je ne sais pas ou des firmes de
comptables qui annonceraient dans les journaux du Parti
québécois...
M. Guay: Le député de Jean-Talon sait fort bien
que, maintenant, qu'ils annoncent ou qu'ils n'annoncent pas, il faut passer par
le fichier central.
M. Rivest: Mais quelle est la raison, M. le ministre, d'enlever
le Vérificateur général de la province, qui n'est plus
l'auditeur, je pense, au sens de l'ancien texte, pour le remplacer par des
vérificateurs désignés par le lieutenant-gouverneur en
conseil?
M. O'Neill: C'est une demande de Radio-Québec venant
surtout, je pense, de la disponibilité, à un moment donné,
du Vérificateur général pour faire ce travail. Mais il
pourrait fort bien arriver que ce vérificateur désigné
soit le Vérificateur général. Cela ne l'exclut pas du
tout.
M. Rivest: Pourquoi nommer un vérificateur? Est-ce que ce
n'est pas un acte d'administration normal et régulier d'un conseil
d'administration, et pourquoi est-ce le lieutenant-gouverneur en conseil qui le
nomme? Auparavant, c'était le vérificateur de la province, mais
là, si on nomme à tout azimut, j'aurai compris que, si la demande
vient de Radio-Québec, on aura permis au conseil d'administration de
Radio-Québec de nommer son vérificateur?
M. O'Neill: La formule qui a été acceptée,
est celle-là. Que ce soit le vérificateur nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, étant donné les sources
financières de Radio-Québec, je crois que c'est normal que ce
soit le gouvernement qui fasse cela. Le problème, je pense, c'est
surtout de savoir pourquoi ce n'est pas nécessairement le
Vérificateur général, sans exclure que ce soit lui. C'est
surtout cela, la question.
M. Rivest: Ma question principale est la suivante: En principe,
le ministre a dit qu'il n'est pas exclu que ce soit le Vérificateur
général. De la façon dont il disait cela, je pense que,
normalement, si le Vérificateur général est disponible, il
sera le premier à qui le ministre pensera. C'est important, parce qu'on
a parlé tantôt d'un article précédent et le
ministre, par l'approbation des budgets de Radio-Québec, a parlé
de cette espèce d'intervention avant le fait, mais la
vérification se fait après le fait; cela intéresse
également le contrôle parlementaire dans l'optique de l'Opposition
et du gouvernement. Le Vérificateur général de la province
a une procédure, a une pratique qui permet de déceler, parce que
ce sont quand même des fonds publics et c'est un point important, le
ministre l'a souligné, de déceler des irrégularités
ou des vices de gestion qui sont étalés en public dans le rapport
du Vérificateur général. Ce sont des choses auxquelles,
à l'Assemblée nationale, me plaçant plutôt dans
l'angle parlementaire, on doit avoir accès et si ce n'est pas le
Vérificateur général, si c'est un vérificateur
privé, celui-ci va faire une vérification comptable purement,
mais le Vérificateur général a d'autres perspectives que
la stricte comptabilité. Il peut faire des recommandations au niveau de
la gestion, faire des comparaisons à l'intérieur de
l'administration publique et je ne comprends pas du tout pourquoi on a
enlevé le vérificateur de cette boîte.
M. O'Neill: Est-ce que cela pourrait vous satisfaire qu'on
remette le Vérificateur général?
M. Raynauld: Oui, je pense. Je voudrais simplement ajouter une
pièce d'information. Il y a à peu près deux semaines, j'ai
soulevé cette question auprès du ministre des Finances, parce
qu'il y a à peu près une dizaine d'organismes qui ne sont pas
vérifiés par le Vérificateur général. La
réponse du ministre des Finances a été: Oui, je sais qu'il
faut examiner cela, cette histoire, c'est un fouillis. Je ne sais pas pourquoi
des organismes ne sont pas sujets à la vérification du
Vérificateur général et que d'autres le sont. Il m'a dit:
Cela a été la pratique et chacun a fait un peu ce qu'il a voulu,
mais, visiblement, il était un peu préoccupé par cela.
S'il n'y a pas de raison spéciale autre que de dire: Peut-être que
le Vérificateur général ne produira pas son rapport assez
vite, il me semble qu'on aurait intérêt à laisser le
Vérificateur de la province.
M. O'Neill: Je n'ai aucune objection.
M. Guay: Est-ce que l'Opposition serait d'accord avec la
formulation suivante: Les livres et comptes de la société sont
vérifiés chaque année et chaque fois que le
décrète le lieutenant-gouverneur en conseil par le
Vérificateur général. Ce rapport doit accompagner le
rapport annuel de la société. Cela va?
M. O'Neill: Cela va? M. Guay: Adopté?
M. Raynauld: C'est cela. Cela va.
Le Président (M. Laplante): Quels sont les
amendements?
M. Guay: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Non, je vous laisse
parler.
M. Rivest: Cela vous surprend? C'est le premier amendement qu'on
réussit...
M. Raynauld: Non, on en a eu avant que... M. Rivest: Pour
moi, c'est le premier. M. Raynauld: Quand vous n'êtes pas
là...
M. Beauséjour: Oui, mais il y a beaucoup d'idées
qui ont circulé avant votre arrivée.
M. Guay: On fêtera cela tantôt. M. Rivest:
J'ai l'impression que...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez faire
ce qui se fait ordinairement dans une commission, écrire l'amendement
sur un papier et me le donner, s'il vous plaît?
M. Guay: Je vous donne le rapport.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que je remets cela
à mon secrétaire.
Une Voix: Le secrétaire n'est pas là de toute
façon.
M. O'Neill: Est-ce que vous vous entendez sur le texte avant?
M. Guay: Je réécris l'article tel qu'il serait
modifié. C'est cela?
Le Président (M. Laplante): Oui, modifier l'article 8,
paragraphe 20. C'est ça que vous modifiez?
M. Guay: Bon, l'Hydro qui va s'en mêler. Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Est-ce que l'article
8 serait adopté avec l'amendement, dans son entier?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 9.
M. Raynauld: Attendez un peu, l'article 8. M. Rivest: Vous
allez vite.
Le Président (M. Laplante): C'est que j'ai demandé
en entier. J'ai bien ajouté cela.
M. Raynauld: Non.
M. Rivest: On n'avait pas vu qu'il y avait des...
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe 20 amendé
de l'article 8 est adopté. C'est cela?
M. Raynauld: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. O'Neill: On a adopté simplement l'article 8, mentionnez
le paragraphe 20.
M. Raynauld: C'est cela.
Les comités régionaux
Le Président (M. Laplante): J'appelle 20.1 de l'article
8.
M. O'Neill: Je n'ai aucun commentaire ici, M. le
Président. Cela me semble fort bien. (22 h 30)
M. Rivest: La chose m'étonne. Le ministre n'a rien
à dire sur la régionalisation de Radio-Québec.
M. O'Neill: Je trouve simplement que ce qui est inscrit dans le
texte de loi est très bien. D'ailleurs ce n'est pas pour rien que cette
loi fait l'objet d'une approbation aussi générale.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai déjà
indiqué un certain nombre de réserves en ce qui concerne la place
que les comités régionaux occupent dans le conseil
d'administration de la société. Si je comprends bien, le ministre
me corrigera si j'interprète mal la stratégie
générale du projet de loi...
M. le Président si je peux parler pendant que tous les
autres parlent si je comprends bien l'économie
générale du projet de loi, le conseil de la société
délimite des régions, établit des normes et une fois que
ceci est fait, il y a un comité régional qui est
constitué, et le comité régional a les pouvoirs
établis par l'article que nous étudions actuellement,
c'est-à-dire l'article 20.1, et c'est le comité régional,
à toutes fins utiles, qui exerce des fonctions au lieu et place de la
société. Le comité régional devient une composante
qui reçoit de la société le pouvoir, un pouvoir
délégué, mais une fois qu'il a reçu ce pouvoir,
c'est le comité qui établit la programmation, assure la
production des émissions, donc fait de la production, assure la gestion
des ressources humaines et matérielles et ensuite produit des
émissions et peut en plus recevoir toute autre affectation que lui
confie le conseil d'administration.
M. O'Neill: Et exerce ces fonctions conformément aux
règlements de la société.
M. Raynauld: Conformément aux règlements de la
société, mais c'est lui qui exécute. Les règlements
sont des règlements généraux, si je comprends bien. Donc,
c'est comme si c'était une usine, un établissement au sein d'une
entreprise
générale. L'entreprise a un conseil d'administration qui
dit: Dans cette usine vous devez fabriquer tel et tel produit, et cette usine a
un comité de gestion de sept membres, si je comprends bien, le
comité régional, qui assure en fait toute l'exécution des
programmes qui viendront de cette région. Je ne peux pas
m'empêcher de penser qu'on est très proche d'une notion à
laquelle le ministre fait allusion à ma grande surprise, je dois dire,
quand il a parlé qu'on avait discuté de la possibilité de
transformer la société Radio-Québec en une espèce
de fédération de sociétés.
Je sais bien que cela a été rejeté, comme
idée, puisque ce n'est pas de cela qu'il est question ici, mais il reste
que ces comités régionaux ont toute l'apparence d'une
société chargée par un conseil d'administration
général, suivant des normes générales
d'exécuter pour la région l'ensemble de l'activité de la
société. Je trouve que c'est beaucoup pour assurer la
participation de la population au niveau local ou régional, pour
s'assurer que la région va pouvoir exprimer des réalités
de la région. Je trouve que c'est donner à ces comités
régionaux une très grande autonomie. Je suppose, par exemple, sur
le plan financier, si je suis les articles précédents sur la
formation de ces comités, qu'on va donner une espèce d'enveloppe
financière et que le comité régional va être
responsable de l'appropriation particulière de ces ressources-là.
Au total, je trouve que ce projet de loi va très loin dans cette
reconnaissance des réalités régionales au Québec.
J'ai beaucoup d'hésitations à accepter un tel schéma de
développement. J'ai beaucoup de difficulté à me convaincre
moi-même que c'est la formule qu'il faut encourager. Dans cette
perspective, je voudrais poser un certain nombre de questions au ministre.
Est-ce que, par exemple, ces comités régionaux vont
être formés par étapes, puisque le ministre a l'air
d'être un adepte également de l'étapisme? Est-ce qu'on va
procéder à quelques comités régionaux pour
commencer, un, deux, trois ou est-ce que les pressions du milieu sont tellement
fortes qu'il va falloir en créer une dizaine d'un coup? Comment cela
va-t-il se passer dans le concret? Est-ce qu'on va avoir quelques
expériences à partir desquelles on pourra bâtir
progressivement une expertise et faire du même coup une certaine
évaluation ou est-ce qu'on est confronté dès le
départ avec une réalité assez grosse, même si cela
peut avoir beaucoup d'aspects positifs et emballants? Mais est-ce qu'on fait
une expérience de ces choses-là ou est-ce qu'on se lance en grand
avec une dizaine de comités régionaux en partant, avec un pattern
de développement où la société devra consacrer
d'immenses ressources à ces comités régionaux? Il y a une
sous-question qui me vient à l'esprit en disant cela. Quelle est, par
exemple, la proportion du budget total de la société à
l'heure actuelle qui a été envisagée pour les
comités régionaux? Est-ce que c'est 10%, 15%, 20%, 50% du budget
général de la société? Je m'excuse, peut-être
que ces questions ont été posées à la commission
parlementaire où je n'étais pas et peut-être que les
réponses ont été fournies. Je m'en excuse si je les
demande de nouveau.
M. O'Neill: Quand je lis cet article, je le lis d'abord en
relation avec un article précédent que nous avons regardé,
l'article 12, où on parle de constituer pour chacune d'elles un
comité régional; évidemment, cela va être
progressivement. Dans un premier projet, nous avions pensé fixer des
délais à la société pour l'implantation des
comités régionaux et finalement nous avons retiré cela du
texte pensant que cela risquait d'être imprudent et qu'il valait mieux
s'en remettre au conseil d'administration parce qu'à un moment
donné il pourrait y avoir des délais plus grands que ceux
prévus.
Le modèle est mitoyen. Il ne correspond pas tout à fait
à ce qu'auraient souhaité certains comités provisoires
dans les régions et il va plus loin que ce que d'autres auraient
souhaité quant aux pouvoirs du conseil d'administration. C'est entre les
deux. Je dirais ceci comme point de comparaison remarquez que toute
comparaison, ici, peut être boiteuse le modèle
extrême serait le modèle des constituantes de l'Université
du Québec. L'autre modèle, à l'autre limite, serait le
modèle de Radio-Canada, qui est un modèle plus centralisé;
les activités des postes de Radio-Canada en régions
dépendent, même dans le détail quotidien, de
décisions qui se prennent à la boîte centrale.
Alors, ici, c'est une sorte de modèle mitoyen. Vous avez, par
exemple, le directeur régional qui, lui, dépend directement du
conseil d'administration, qui travaille en contact avec le comité
régional. C'est cette image, je pense, qui décrit le mieux la
réalité.
Le député d'Outremont dit: C'est un modèle qui
comporte certains risques; oui, mais est-ce que ça va très loin?
Cela ne va pas aussi loin que certaines attentes et pourquoi ça ne va
pas aussi loin que certaines attentes, c'est précisément parce
qu'on voulait que l'expérience de régionalisation se fasse avec
un minimum de garantie de succès. D'autre part, que les gens ne disent
pas: C'est une apparence de régionalisation, ce n'est pas exactement ce
que les gens attendaient.
Alors, ça dépend un peu de la façon dont on regarde
les choses. Je voudrais quand même dire ceci: Les gens qui ont
plutôt la mentalité métropolitaine on trouve
ça même chez certains artistes de Radio-Québec ou certaines
gens qui sont habitués à voir les choses du point de vue
montréalais estiment que c'est faire trop confiance aux
régions.
D'autre part, quand vous allez dans les régions, vous rencontrez
des gens très régionalistes qui, eux, probablement estiment que
nous n'allons pas assez vite.
Alors, on s'est arrêté à ce modèle; ça
se situe entre deux modèles, le modèle qui aurait
été très décentralisé et le modèle
vraiment centralisé. C'est avec ça que l'on pense que
Radio-Québec est capable de fonctionner.
Quand nous avons posé la question parce que toutes ces
questions, nous les avons posées à
la direction de Radio-Québec la réponse que nous
avons eue a été: Nous sommes capables de fonctionner avec
ça et nous croyons assez à la régionalisation pour faire
ça.
En même temps, il ne faudrait pas oublier que le conseil
d'administration demeure le premier responsable de l'ensemble de
l'administration. C'est une chose qu'il faut retenir et qui, je pense, est
assez clairement indiquée dans le texte de la loi.
M. Raynauld: Au point de vue budgétaire?
M. O'Neill: Au point de vue budgétaire, en 1979-1980, il y
a $300 000 supplémentaires par rapport à cette année. Le
montant de cette année, c'est... Enfin, à peu de chose,
c'étaient les fameuses trois demi-heures par année, donc $300
000. Pour 1980-1981, $2 900 000; alors, que le nombre d'heures en 1978-1979,
c'était douze.
M. Rivest: II y a $300 000 là?
M. O'Neill: II y a $300 000 pour 1979-1980, ajoutés aux
douze heures qu'on fait actuellement et, pour 1980-1981, $2 900 000. Ce qui
veut dire, comme production régionale, par conséquent, en
1978-1979, douze heures; 1979-1980, 18 heures et pour 1980-1981: 125 heures.
(22 h 45)
M. Rivest: On a le projet de loi, le ministre a parlé de
comité provisoire, etc. Il y a déjà une petite
expérimentation, mais qu'est-ce qui existe concrètement sur le
terrain? Il y a dix régions, en exceptant Montréal,
Québec. Premièrement, en Abitibi, il y a les problèmes
d'antennes; réglons ça. La priorité, c'est l'Abitibi?
M. O'Neill: Oui, c'est ça. M. Rivest: Ensuite?
M. O'Neill: Ensuite ce sont trois régions qui sont
déclarées prioritaires: Bas-du-Fleuve-Gaspésie, avec
centre de production Gaspé l'émetteur principal
étant à Carleton, ce qui explique peut-être
l'intérêt particulier du député de Bonaventure,
parce que Radio-Québec sera là également dans sa
région Côte-Nord au complet et Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce
sont...
M. Rivest: Pour mieux comprendre, peut-être, est-ce que le
ministre aurait objection, à moins qu'il ne l'ait fait dans les
crédits; je dis ça sous toute réserve... Ma
préoccupation de départ, pour examiner ça rapidement, je
comprends un peu la philosophie, les discussions dans le rapport Rocher... mais
est-ce que le ministre aurait objection à demander à ses
collaborateurs de nous donner ce qu'il a et les éléments de
budget, ce qui se fait actuellement, les éléments de budget et,
peut-être pour les régions il ne s'agit pas de faire une
thèse une petite monographie afin qu'on sache où on en est
et où on veut aller, sans détailler.
M. O'Neill: Nous pourrions peut-être mettre à jour
les renseignements qui avaient déjà été fournis au
moment de la défense des crédits.
M. Rivest: Est-ce que ces renseignements ont été
fournis?
M. O'Neill: Oui et il en a été question au moment
de la commission parlementaire.
M. Rivest: Simplement deux ou trois feuilles, pour qu'on puisse
voir un peu où ça mène.
Le Président (M. Laplante): Selon l'ordre de
l'Assemblée nationale, les travaux de cette commission sont
ajournés sine die.
Fin de la séance à 22 h 47