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Etude du projet de loi no 4
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente des communications est réunie pour
étudier le projet de loi no 4, Loi sur la programmation
éducative.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont M.
Beauséjour (Iberville); M. Bertrand (Vanier); M. Rivest (Jean-Talon) qui
remplace M. Blank (Saint-Louis); M. Godin (Mercier); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)
qui remplace M. Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le
Moignan (Gaspé); M. Guay (Taschereau) qui remplace M. Michaud
(Laprairie); M. O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Fallu (Terrebonne), M.
Goulet (Bellechasse), M. Laurin (Bourget); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)
remplace Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Lazure (Chambly), M. Samson
(Rouyn-Noranda). (10 h 15)
M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires
généraux à faire?
M. O'Neill: M. le Président, il me paraît...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y aurait lieu
maintenant de nommer un rapporteur à cette commission parlementaire?
Une Voix: Le député d'Iberville.
Le Président (M. Lacoste): Le député
d'Iberville.
M. Guay: Un rapporteur d'expérience, chevronné.
M. Rivest: Le député de Vanier n'est pas mauvais
également comme rapporteur.
Le Président (M. Lacoste): Donc...
M. Rivest: Est-ce que je peux suggérer le
député de Vanier.
M. Bertrand: ...
M. Rivest: II faut trouver un rôle au député
de Vanier.
Le Président (M. Lacoste): Une motion débat-table,
M. le député.
M. Rivest: Je vais me rallier au député
d'Iberville, à bien y penser.
Le Président (M. Lacoste): Le député
d'Iberville sera donc le rapporteur de la commission. Adopté?
M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacerait M. Godin (Mercier), est-ce
qu'il y a consentement?
M. Rivest: Est-ce qu'il a pris des vacances, M. le
député de Sainte-Marie?
S'il ne s'est pas reposé, j'hésite à accepter qu'il
remplace le député de Mercier. Je vais l'accepter, vu que c'est
un bon garçon.
M. Guay: ... pour que votre poids lourd vienne siéger
tantôt.
Le Président (M. Lacoste): M. Bisaillon (Sainte-Marie)
remplace M. Godin (Mercier).
M. Rivest: Mme Chaput-Rolland n'est pas membre de la
commission?
Une Voix: Non, pas encore.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
M. le ministre, pour les commentaires généraux.
Remarques générales M. Louis
O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, il peut être opportun,
au début de cette séance de travail, de revenir un peu sur le
débat de deuxième lecture, pas sur toutes les choses qui se sont
dites, mais sur le coeur du problème en rappelant les intentions du
législateur et l'économie de la loi.
Il y aurait aussi des commentaires qui pourraient être faits sur
un certain nombre d'objections qui ont déjà été
formulées, mais j'attendrai plus tard pour formuler ces commentaires si
des objections similaires sont de nouveau formulées. De toute
façon, j'estime qu'il serait assez vain de vouloir relever toutes et
chacune des objections. La raison principale en est que l'opposition au projet
de loi no 4 n'a pas d'abord porté sur la substance du projet, mais sur
des à-côtés.
Comme on le sait, ce débat a finalement servi de prétexte
à un procès d'intention contre le gouvernement. Je crois qu'on ne
peut pas contrer en soi un procès d'intention en multipliant des
explications qui seraient relatives au bien-fondé d'un texte
législatif.
Pour faire suite aux recommandations du rapport Rocher, le projet de loi
no 4, il est bon de le rappeler, affirme en fait la volonté du
gouvernement du Québec d'assumer ses responsabilités en
radio-télévision en attribuant une responsabilité ou une
tâche nouvelle à la Régie des services publics, un
organisme quasi judiciaire qui est appelé à devenir sans doute de
plus en plus une sorte de régie spécialisée dans les
communications. La Régie des services publics, selon le projet de loi,
assumera la tâche qui était, jusqu'ici, remplie par un
comité conjoint du ministère des Communications, du
ministère de l'Education, comité mal ha-
bilité, selon le rapport Rocher, pour accomplir une tâche
de ce genre. Le gouvernement assume donc une responsabilité
québécoise, car nous estimons incongru qu'on puisse confier une
telle tâche à un organisme fédéral, le CRTC, qui
relève d'un gouvernement qui n'a aucune compétence en
matière d'éducation.
Il est vrai aussi que le gouvernement désire, par le truchement
du projet de loi no 4, encourager le développement qualitatif de la
radio et de la télévision privées. Ce manque de
qualité, dû soit à l'indifférence ou à une
pénurie de moyens, est fréquemment souligné par divers
observateurs.
A titre d'exemple, je me permets de mentionner l'opinion du professeur
Babe qui, dans une étude préparée par le Conseil
économique du Canada vous voyez que c'est une bonne source
conclut que le CRTC a connu un échec complet dans la partie du mandat
qui lui a été confié par le gouvernement du Canada,
puisqu'il n'a pas réussi à faire concilier les objectifs
culturels avec les objectifs financiers, dans le secteur privé de la
radio-télédiffusion canadienne. C'est la fin de la citation. Le
professeur Babe se demande s'il existe des moyens pour aider le secteur
privé à adopter une conduite plus conforme à la
performance que l'on attend du système. Ici, il va faire une suggestion
qu'on peut discuter, mais remarquez qu'il fait penser à certaines choses
que propose ici le projet de loi. Il dit: Les efforts en ce sens, qu'on peut
lire dans le rapport, peuvent être faits à deux niveaux. Le
conseil de réglementation peut choisir de laisser intacte la structure
de base du système et élaborer des politiques pour
récompenser ou pénaliser selon le cas un bon ou un mauvais
rendement. La principale lacune de la réglementation actuelle,
ajoute-t-il, c'est justement cette absence de récompense et de sanction.
L'autre solution pourrait être de modifier la structure du système
de façon à pouvoir mettre l'accent sur ces stimulants et
pénalités.
Cette préoccupation au sujet des performances de la
radio-télévision privée, partagée par des milliers
de citoyens, rejoint la dimension de service public de la radio et de la
télévision. On insiste souvent sur le rôle qualitatif de
Radio-Canada et de Radio-Québec, mais, en vertu de quel principe, la
radio-télévision privée n'aurait-elle pas de
responsabilité à assumer en matière de qualité?
Pourquoi l'entreprise privée, à qui on attribue tant de vertus,
jouirait-elle, en matière de radio ou de télévision, du
droit à la médiocrité? Il faut noter aussi que le projet
de loi situe la radio ou la télévision dans la
réalité spécifique des media électroniques de masse
et se refuse à la considérer comme un simple prolongement du
secteur éducatif au sens conventionnel. Il y a là une
façon de voir les choses qui s'appuie sur l'histoire et
l'expérience. On a, lors du débat, critiqué la
définition et les objectifs de la programmation éducative. On a
souligné les dangers d'une définition qui serait trop
élastique, mais on n'a pas parlé, d'autre part, des dangers d'une
définition qui serait trop restreinte. Pensons, par exemple, à ce
qu'il adviendrait du développement de Radio-Québec si on
soumettait notre société d'Etat québécoise à
une définition étroite de la télévision
éducative. En fait, il faut faire une lecture conjointe des articles 2
et 3 du projet de loi, définition d'une part et objectifs de l'autre, et
se rappeler, comme le soulignait en commission parlementaire le
président-directeur général de Radio-Québec que,
somme toute, "la télévision éducative est une affaire de
bon sens et d'expérience."
Tout en s'inquiétant de l'usage qu'on pourrait faire de la
définition qui est mentionnée dans le projet de loi, le chef de
l'Opposition officielle s'est d'autre part déclaré favorable,
quant à lui: "à ce que le champ d'action de Radio-Québec
s'élargisse éventuellement pour qu'il puisse devenir un organisme
de radio-télévision comme de nombreux autres que nous comptons au
pays". Il s'agit, dans le contexte fédéral actuel, d'une
proposition irréaliste. C'est du fédéralisme que je
qualifierais d'académique ou de théorique, si vous voulez. Quoi
qu'il en soit, si on est prêt à un tel élargissement,
comment ne pas accepter ce qui est plus restreint, mais d'autre part
réalisable dans les faits, à savoir un concept d'une
radio-télévision éducative au sens large? La Régie
des services publics, dont il fut fréquemment question dans nos
rencontres précédentes, est un organisme quasi judiciaire
indépendant qui jouit d'une grande renommée et je cherche encore
à comprendre pourquoi on lui préfère le CRTC, organisme de
réglementation fédéral dont les décisions sont
soumises au bon vouloir du prince. Chaque fois que la Régie des services
publics se voit confier un mandat nouveau, elle doit s'appuyer sur l'expertise
nécessaire et c'est ce qu'elle fera dès qu'on lui aura
confié le secteur de la programmation éducative.
Ici, M. le Président, étant donné qu'il est apparu,
au cours des débats, qu'un certain nombre de nos collègues ne
semblaient pas se faire une idée tout à fait exacte de la
Régie des services publics, j'ai pensé mettre à la
disposition des membres de cette commission un document qui décrit
à la fois l'histoire et les tâches assumées par la
Régie des services publics et qui parle en même temps de son mode
de fonctionnement.
M. Rivest: Est-ce que c'est le même texte qui a
été publié dans le rapport annuel de la Régie des
services publics de 1977/78, où on donnait l'historique?
M. O'Neill: Je ne sais pas. C'est un texte que la régie
nous a fourni. M. le Président, il deviendra facile de comprendre aussi
le bien-fondé de l'article 10 dont nous parlerons plus tard si, par
exemple, on fait le compte de l'expérience actuelle du ministère
des Communications dans des programmes d'aide aux media communautaires et aux
réseaux de communication.
Ici, M. le Président, je voudrais mettre à la disposition
des membres de cette commission un document qui donne un certain nombre
d'exemples de la façon dont jusqu'ici le ministère s'est
acquitté de sa tâche d'aide à la diffusion dans les
secteurs de programmation éducative, en aidant
particulièrement les câblodistributeurs à rendre
plus facilement accessible la programmation de Radio-Québec. Je voudrais
que ce document soit également distribué s'il vous
plaît.
Le projet de réglementation qui sera soumis au Conseil des
ministres s'appuie sur cette expérience et propose l'instauration d'un
mécanisme léger adapté aux besoins et aux demandes
actuellement prévisibles. Je veux mettre à la disposition de
cette assemblée le projet de réglementation qui sera soumis, une
fois le projet de loi adopté, à l'attention du Conseil des
ministres.
Dans l'économie de la loi, le projet d'accorder des subventions
demeure, ne l'oublions pas, une mesure accessoire. La véritable
stimulation, surtout pour les media les plus nantis, devrait être de la
conscience d'exercer une activité comportant une dimension de services
publics, la possibilité d'utiliser à l'avantage de la
collectivité dans ses besoins sociaux et culturels ces outils si
importants d'identification, d'information et de cons-cientisation que sont les
media de masse. Autrement dit, je pense qu'il faut bien voir que cette
idée ou cette intention de stimuler une diffusion de produits
éducatifs, qui rejoignent d'une certaine manière un peu l'optique
du professeur Babe qui, lui, y voyait peut-être une façon
d'améliorer la radio et la télévision privées, que
tout cela ne constitue en fait que quelque chose, finalement, d'accessoire dans
la loi, l'essentiel étant, encore une fois, de clarifier le secteur de
responsabilités particulières aux gouvernements provinciaux,
d'encourager en gros le développement d'un secteur de radio et de
télévision privées, en fait, à ce point de vue,
évidemment, de fournir un apport nouveau au développement
culturel du Québec. C'est globalement et simplement, l'intention de la
loi.
Remarquez que si, d'autre part, il y a besoin un peu plus tard, dans cet
échange, de parler de nouveau non pas de l'intention de la loi, mais des
intentions que l'on prête à un gouvernement ou à des hommes
politiques, à ce moment, nous reviendrons sur le débat et nous
ferons les commentaires que nous estimons nécessaires sur des
interrogations formulées par plusieurs représentants de
l'Opposition officielle, interrogations qui, je crois, ont reçu leur
réponse. Mais si elles se renouvellent, nous tenterons de nouveau de
leur fournir des réponses qui les satisferont, nous l'espérons,
et qui du moins nous pensons bien, satisferont la population.
Ce sont là les remarques préliminaires que j'estimais
formuler, M. le Président, au début de cette réunion de
travail.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Jean-Talon aurait des remarques préliminaires
à faire?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je pense qu'au début
des travaux de cette commission, il n'est peut-être pas inutile... Je
remercie, en passant, le ministre d'avoir pris la peine d'apporter certaines
précisions quant aux objectifs du projet de loi no 4, de même que
de nous avoir fourni un certain nombre de documents qui, sans doute, seront
utiles aux travaux de la commission, et en particulier le projet
document de travail, puisque le Conseil des ministres ne l'a évidemment
pas encore adopté le projet de règlements relatif à
l'assistance financière et technique aux entreprises de radio et
télévision et de câblodistribution. (10 h 30)
Au début de ses remarques, le ministre a insisté de
nouveau pour dire qu'il s'agissait, pour le gouvernement du Québec,
fondamentalement, d'affirmer sa juridiction dans le domaine de la
télévision éducative. Là-dessus, rappelant
simplement les interventions des membres de l'Opposition officielle, je pense
que, lors de l'étude en deuxième lecture du projet de loi no 4,
personne n'a contesté, bien au contraire, le droit ou même la
responsabilité du gouvernement du Québec, quel qu'il soit,
d'affirmer, dans le domaine de la télévision éducative, la
juridiction du gouvernement du Québec. Là-dessus, nous ne
chicanons pas le ministre, bien au contraire, nous l'appuierons, du moins au
niveau des intentions, dans la mesure où le recours à la radio ou
à la télévision, pour des fins d'éducation, se
situe dans le prolongement normal des attributions des gouvernements
provinciaux en matière d'éducation. D'ail leurs, c'est une
position traditionnelle de tous les gouvernements passés. Affirmer une
juridiction, c'est une chose, bien sûr, et cela en est, par contre, une
autre quand on regarde la façon dont on s'y prend pour le faire et quand
on considère également les moyens qu'on se donne, par le projet
de loi no 4, pour l'exercer de la façon la plus judicieuse possible,
dans le sens de la réalisation des objectifs que l'on veut
atteindre.
Il y a un problème fondamental au départ que le ministre
n'a pas évoqué ce matin, mais peut-être qu'on aura
l'occasion d'y revenir au cours de ce débat. Il reste que le
Québec a déjà un passé dans le domaine de la
radiodiffusion éducative, de la télédiffusion
éducative et, avant de chercher à proposer des voies
d'amélioration sans doute nécessaires, je pense qu'un ministre
responsable ou un gouvernement qui est conscient de ses responsabilités
doit établir publiquement l'état du dossier
québécois, de la pratique québécoise dans le
domaine, de façon que l'on puisse se faire une idée
précise de ce qui se fait, de ce qu'il y a de bon. Il y a de bonnes
choses qui se font et des choses que l'on doit chercher à corriger, et
des objectifs nouveaux que l'on doit atteindre. Je comprends, dans une certaine
mesure, que le ministre des Communications ne puisse peut-être pas
être dans l'impossibilité, mais puisse être assez
embarrassé de ne pouvoir fournir l'état du
dossier québécois dans le domaine de la
radiotélévision éducative, dans la mesure même
où il n'est pas le ministre de l'Education.
Cependant, à l'occasion de l'étude en commission,
j'aimerais bien que, d'une façon ou d'une autre, on puisse avoir les
expertises nécessaires pour prendre au moins une connaissance
concrète du dossier de l'état de la pratique
québécoise dans le domaine de la radio-diffusion
éducative, de manière que l'on puisse convenir ensemble des
orientations futures que l'on doit prendre en regard des pratiques existantes
et surtout en regard des besoins du Québec, des besoins de l'ensemble du
réseau scolaire dans le domaine de la radio-télévision
éducative. Cela implique un énoncé des choses qui se font,
une évaluation, la détermination d'objectifs clairs et
précis, la question de budget également qu'on entend consacrer
à cela et tout cela situé dans le cadre de la réforme de
l'éducation, le second souffle, si vous voulez, de la réforme de
l'éducation que le ministre de l'Education a déjà
entreprise par la publication de livres blancs ou verts aux niveaux
élémentaire, secondaire, collégial et même
universitaire.
On voudrait savoir comment le projet de loi no 4 se situe dans ce cadre.
Là-dessus, malgré nos demandes répétées,
lors de l'étude en deuxième lecture, on n'a pas eu,
jusqu'à maintenant, de réponse tout à fait précise,
ni du ministre des Communications, pour des raisons évidentes, non plus
que du ministre de l'Education, qui a simplement fait une brève
intervention à l'Assemblée nationale, pour dire qu'il endossait
le projet de loi no 4. Le contraire nous eût surpris...
Mme Lavoie-Roux: A 4 heures du matin.
Une Voix: II nous a fallu parler fort tard, certains soirs.
Mme Lavoie-Roux: Nous n'avions pas le choix, tandis que le
ministre de l'Education, quand il le fait, il le fait
délibérément.
M. Guay: Mais ce sont des choses dont il ne faut pas parler
devant une salle vide.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Merci, M. le Président. Cet
élément premier du dossier, c'est la notion première de la
télévision éducative dans le sens restreint du terme,
c'est-à-dire qu'il y a des fonctions proprement d'éducation.
Là-dessus, nous restons dans le vague le plus complet. C'est le premier
élément que je voudrais rappeler au ministre et je tiens à
insister de nouveau sur ce sujet, parce que c'est quand même
l'élément de base. C'est cela qui justifie le ministre et
là-dessus je lui ai donné raison de faire toutes les
affirmations sans doute judicieuses qu'il fait sur la nécessité
d'affirmer la juridiction du gouvernement du Québec en matière de
radio-télédiffusion éducative, fonction première
d'éducation. Quel est l'état du dossier? Quelles sont les choses
qui se font? Quelles sont les choses que l'on doit corriger? Quels sont les
objectifs que le gouvernement poursuit? Quels sont les moyens, les ressources,
en termes techniques, en termes financiers, qu'il entend consacrer pour
résoudre ou améliorer la radio-télédiffusion
éducative au Québec? C'est la première question de fond.
Le ministre a parlé des questions accessoires que pouvait soulever
à l'occasion l'Opposition. Il y en a une fondamentale, c'est dans la
première de toutes qu'il y a cela, mais, malheureusement, le ministre,
qui dit s'intéresser aux questions principales, a négligé
complètement de traiter de cet élément premier.
C'est dans la mesure où on aura la réponse à cette
première interrogation que l'on pourra, par la suite, examiner avec
beaucoup plus d'information, disposant de beaucoup plus d'information, la
volonté du gouvernement légitime également
d'élargir, d'ouvrir à des horizons plus larges que des fins
strictement scolaires la notion de télévision éducative
pour la faire déboucher sur des horizons d'ordre culturel ou d'ordre
d'information comme en fait état le projet de loi no 4. Parce que, sur
ce deuxième point également, l'Opposition officielle n'a
nullement contesté non plus la nécessité d'élargir,
de faire dépasser la portée du projet de loi no 4,
c'est-à-dire de lui permettre de dépasser des fins strictement
scolaires.
A l'occasion de l'étude entre autres du projet de loi no 5, sur
Radio-Québec, je pense que cette chose a été clairement
établie.
On a manifesté, bien sûr, des réserves au titre du
recours à la Régie des services publics, un organisme quasi
judiciaire, pour déterminer le contenu ou le caractère
éducatif d'une programmation, non pas que nous contestions en aucune
manière la compétence professionnelle que peut avoir la
Régie des services publics, mais nous nous interrogeons, je pense,
à juste titre, pour savoir si les membres de la Régie des
services publics ont une expertise ou une connaissance particulière des
questions d'éducation en tant que telles. Dans quelle mesure ces gens
peuvent-ils eux-mêmes déterminer le caractère
éducatif d'une programmation, alors que, sous réserve des
informations additionnelles que nous a fournies ce matin le ministre, au sujet
de la Régie des services publics, alors même qu'il nous
apparaît que la pratique de cette régie est beaucoup plus
liée à des questions techniques qu'à des questions de
contenu.
Autant le CRTC à Ottawa peut être dépourvu lorsqu'il
s'agit de décider de questions d'éducation, autant il nous
semble, à première vue, en tout cas, que la Régie des
services publics n'apparaît pas être le lieu premier pour
déterminer le caractère éducatif d'une programmation.
Il nous aurait semblé beaucoup plus logique et beaucoup plus
normal que l'on ait recours à un organisme travaillant, oeuvrant dans le
domaine de l'éducation. En particulier, on pourrait penser
immédiatement à un organisme comme le Conseil supérieur de
l'éducation ou un organisme de ce genre, qui connaît les questions
d'éducation, qui
s'intéresse au contenu puisque c'est un problème de
contenu des questions, des matières dans le domaine de
l'éducation, de l'enseignement, etc.
Nous allons prendre connaissance du document de la Régie des
services publics et nous allons surtout demander au ministre les moyens, les
dispositions qu'il entend prendre, si le ministre s'obstine à confier
une nouvelle responsabilité à la Régie des services
publics, pour faire en sorte qu'il y ait un arrimage quelconque entre la
Régie des services publics et le ministère de l'Education, parce
qu'il s'agit, fondamentalement, à l'intérieur du projet de loi 4,
d'un problème d'éducation.
Ce matin, le ministre a eu un élan de prudence après avoir
défendu, à l'Assemblée nationale, en deuxième
lecture, de toutes ses forces, de toute son énergie, la disposition
prévoyant que le ministre des Communications pouvait verser des
subventions discrétionnaires aux entreprises dans le domaine de la
télévision éducative, le ministre a dit ce matin: Vous
savez, c'est une disposition très accessoire. Or, cette disposition si
accessoire, on a eu l'impression que le ministre voulait un peu en diminuer
l'importance ou l'atténuer.
Peu importe que le ministre ait raison ou non. Dans la mesure où
cette disposition demeure dans le projet de loi, nous allons être
forcés de lui en parler et de lui demander comment il entend exercer ce
pouvoir qu'il demande à l'Assemblée nationale. Nous allons
prendre connaissance du règlement qu'il nous a présenté ce
matin et nous aurons sans doute des questions à lui poser ou à
essayer d'obtenir des informations additionnelles. Nous devrons de notre
côté, essayer de faire en sorte d'aider le ministre afin que son
pouvoir discrétionnaire ne verse pas, par une pratique que l'on voit de
plus en plus générale dans ce gouvernement, dans
l'arbitraire.
D'ailleurs, je signale là-dessus au ministre que la question du
versement des subventions discrétionnaires des ministres du gouvernement
est une question complexe, qui n'est pas le propre du ministre des
Communications. Il n'a qu'à penser aux réformes de bon aloi,
à mon avis, que son collègue des Affaires municipales a
entreprises justement pour limiter le caractère discrétionnaire
qui est donné au pouvoir d'un ministre de verser des subventions. A
l'égard des municipalités, son collègue des Affaires
municipales a vu, dans cette pratique traditionnelle qui se faisait, qu'il y
avait un problème réel dans l'octroi à un ministre d'un
pouvoir de verser des subventions discrétionnaires à des
entreprises ou à des organismes. Il y a déjà une
volonté dans ce gouvernement d'essayer de corriger, d'essayer de cadrer
davantage ou de donner des critères précis quant à
l'exercice de cette discrétion ministérielle et nous allons
essayer de travailler avec le ministre des Communications, de manière
qu'on puisse retrouver cette même volonté, de façon
à éviter des abus possibles. (10 h 45)
Le ministre dit qu'à ce moment-là on se trouve à
faire des procès d'intention au ministre. Sans doute; évidemment,
dans la mesure où la loi n'est pas adoptée, on ne peut pas juger
de la façon que le ministre, sur des faits précis, va exercer
cette discrétion, mais néanmoins je pense que c'est
l'élémentaire prudence et sans doute l'élémentaire
responsabilité de l'Opposition officielle de souligner et de soulever
cette question, de façon à amener le ministre à nous
donner un certain nombre d'assurances ou à tout le moins à nous
indiquer la façon dont il entend exercer ce pouvoir. Déjà,
les discours de l'Opposition ont trouvé certains échos. Le
ministre semble les avoir entendus dans la mesure où il a pris
lui-même, ce matin, l'initiative de déposer un document de travail
dont je n'ai pas eu le temps de prendre connaissance à ce moment-ci,
mais qui, sans doute, va nous fournir une base de discussion qui va nous
permettre de connaître la façon dont le ministre entend exercer ce
pouvoir discrétionnaire. Nous allons y revenir au moment où nous
allons arriver à l'étude de cette disposition particulière
du projet de loi, qui est peut-être accessoire dans l'esprit du ministre,
mais, comme elle fait partie intégrante du projet de loi, nous allons
bien devoir lui en parler de nouveau.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
de...
M. Rivest: M. le Président, j'ai encore quelques remarques
préliminaires, si vous le permettez. J'ai donc indiqué au
départ qu'il fallait établir clairement que la
radio-télévision éducative devait répondre à
des besoins précis dans le domaine de l'éducation au sens strict
du terme. On se référait plutôt à la dimension
scolaire que comporte ce projet de loi et qui est d'ailleurs inscrite à
l'article 3, au paragraphe a). Il y a un élargissement des perspectives
ou des horizons de ce projet de loi, des ambitions de ce projet de loi, au
domaine culturel et au domaine de l'information. Là-dessus, dans l'ordre
des priorités, dans la mesure où il y aura un organisme
quelconque, la Régie des services publics ou un organisme du
ministère de l'Education on verra cela qui aura à
déterminer le caractère éducatif d'une programmation, il
est bien clair que l'article 3 du projet de loi no 4 devra faire l'objet d'un
examen très attentif, dans la mesure où c'est sur la base de
l'article 3 que l'organisme que nous désignerons devra s'appuyer pour
déterminer le caractère éducatif d'une programmation.
Là-dessus, je l'ai dit au ministre et je le répète,
l'article 3, qui comporte un élargissement de la notion de programmation
éducative... Je trouve que les critères établis par
l'article 3 ne me paraissent pas correspondre à un ordre de
priorités qui répond aux besoins réels de la
société québécoise. On valorise, pour des raisons
évidentes et qui tiennent sans doute au projet politique du parti qui
est le gouvernement en ce moment, d'une façon excessive la dimension
culturelle du rôle de la programmation éducative alors que,
à mon point de vue, une programmation éducative doit
répondre à des besoins d'éducation dans le sens scolaire,
premièrement, et, si on veut l'élargir à d'autres
horizons, je pense que le premier élément, celui qui compte pour
les gens d'ici,
devrait être, comme deuxième ordre de priorités, une
dimension beaucoup plus économique et beaucoup plus sociale et
simplement, en troisième lieu, une dimension liée au patrimoine
culturel.
Je pense que si une programmation éducative doit pouvoir rendre
service à la population, elle doit pouvoir permettre aux gens d'ici, aux
hommes, aux femmes qui y vivent, surtout ceux-là qui sont les plus
défavorisés, d'avoir un moyen additionnel de rattraper les
autres, un moyen additionnel d'assurer leur promotion sociale et leur promotion
économique.
J'aurais, pour ma part, aimé retrouver dans un tel projet de loi
une telle affirmation d'un tel ordre de priorités de la part d'un
gouvernement qui répète à gauche et à droite que sa
grande priorité, ce sont les questions économiques et les
questions liées à la justice sociale. En particulier, nous aurons
des amendements précis dans ce sens de façon à
reconnaître cette priorité qui est complètement absente.
Nulle part il n'en est question dans le projet de loi 4.
Nous irons même plus loin; nous aurons des amendements qui
forceront l'organisme qui déterminera la programmation, le contenu, le
caractère éducatif d'une programmation, à s'adresser
à certaines clientèles cibles qui ont plus besoin que d'autres de
moyens que peut leur fournir l'Etat pour assurer leur promotion
économique et sociale. Je pense en particulier à des
clientèles comme les gens qui vivent dans des situations
économiques et sociales défavorisées; nous allons, de ce
côté-là, proposer des amendements précis de
façon que l'organisme qui déterminera le caractère
éducatif d'une programmation puisse tenir compte des besoins
prioritaires du milieu québécois et surtout des gens qui y
vivent.
Enfin, bien sûr, nous ne contesterons nullement la
nécessité ou l'opportunité, pour une programmation
éducative, de s'intéresser aux questions d'ordre culturel. Je
répète que nous affirmerons sans doute avec le ministre et
probablement tous les autres membres de la commission la
nécessité de valoriser, de chercher à promouvoir
l'accès du citoyen au patrimoine culturel, très bien.
Je répète que nous placerons avant, dans un ordre de
priorités, l'accès des citoyens au bien-être
économique et social, avant l'accès au patrimoine culturel. Nous
chercherons également à obtenir du ministre des précisions
quant à la signification réelle des termes qu'il emploie à
l'article 3, pour déterminer d'une façon impérative, si on
regarde le texte de l'article 3, le contenu que doit avoir une programmation
pour être déclarée éducative.
Quant à l'autre dimension, une quatrième dimension, celle
liée au droit du citoyen à la liberté d'expression et
d'information, je pense que personne ne peut être contre cela, et sans
doute que n'importe quelle programmation éducative, qu'elle soit dans le
sens scolaire proprement dit, dans le sens des objectifs sociaux ou des
objectifs économiques, ou même dans le sens des objectifs
culturels, constitue enfin un moyen, donne aux gens un nouveau moyen d'avoir
une meilleure information. Je trouve le paragraphe c) quelque peu redondant
à ce titre-là.
Nous avons par ailleurs exprimé notre réserve, et c'est
surtout là-dessus qu'on a fait un procès d'intention et il faut
le faire, il faut soulever la question lorsqu'on le permet, étant
donné qu'il va y avoir des subventions ministérielles, lorsque
l'on dit qu'une programmation éducative doit favoriser l'exercice du
droit des citoyens à la liberté d'expression, notamment en
encourageant la discussion des questions d'intérêt
général. Le ministre nous a dit que l'on faisait un procès
d'intention, mais il est quand même étonnant de constater, il faut
quand même rappeler à la commission que le ministre a pris la
précaution de changer la discussion des enjeux collectifs qui
étaient trop liés au contexte référendaire, qui
donnaient trop ouverture. Il a cherché à camoufler ou enfin
à atteindre les mêmes objectifs qu'on lui prête, qu'on doit
lui prêter, qu'on ne peut que lui prêter, en modifiant son texte,
en enlevant l'expression: "enjeu collectif" pour la remplacer par
l'euphémisme "la discussion des questions d'intérêt
général".
Au Québec il y a des media d'information comme la radio ou la
télévision, des media d'information écrite ou
parlée, dans le contexte référendaire, dans le cadre du
prochain référendum, qui peuvent très bien satisfaire
à l'expression des deux opinions qui seront sur la table lors du
référendum. Les Québécois disposent de mille et un
moyens pour s'informer. Ils n'ont nullement besoin que la programmation
éducative, que la radio-télévision éducative aborde
également ces questions et qu'elle les traite. Le ministre a besoin de
nous fournir de très bons arguments pour nous convaincre que c'est
absolument essentiel, que c'est absolument inhérent à une
programmation éducative que de permettre que l'on se serve de la
programmation éducative pour, entre autres je ne veux pas dire
que c'est une façon exclusive débattre des questions
liées à l'avenir constitutionnel du Québec. Je trouve cela
assez superflu et, dans la mesure où le ministre a lui-même
changé le terme "enjeu collectif" par "la question
d'intérêt général", cela prouve que pas seulement
l'Opposition officielle d'ailleurs, d'autres également parmi les media
d'information ont souligné les dangers qu'il y avait d'accepter un texte
rédigé d'une façon aussi large dans le contexte
référendaire actuel, surtout que l'on connaît
déjà la pratique et les habitudes de propagande
préréférendaire de ce gouvernement. Je n'insisterai
pas...
Une Voix: Non, insistez donc un peu. M. Guay: Elaborez
donc!
M. Rivest: II n'y a qu'à voir les 349 drapeaux du
Québec que j'ai reçus à mon bureau, les 424 petites
enseignes, les crayons, les patentes, je ne sais pas trop, je trouve cela
ridicule. Combien cette boîte de carton a-t-elle coûté au
Québec, les drapeaux dont vous nous avez inondés...
M. Guay: Retournez-les au gouvernement. M. Bertrand: Passez-les
à vos collègues...
M. Guay: Pour ce qui est des feuilles d'érable, il faut
s'adresser à Ottawa.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Nous
sommes actuellement à l'étude du projet de loi no 4.
M. Bisaillon: La candidate dans Prévost a dit exactement
le contraire de vous.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Jean-Talon a terminé son exposé?
M. Rivest: Ce serait dommage de terminer sur une telle note.
M. O'Neill: Sur une apothéose pareille.
M. Rivest: Est-ce que vous avez reçu... Non, je n'ai pas
eu celui-là. Vous ne me l'avez pas envoyé. Est-ce que vous
boycottez... Non plus d'ailleurs que le petit truc de plastique qu'arbore le
ministre. Qu'est-ce que c'est?
M. O'Neill: C'est un artiste qui a fait cela pour moi, mais je
vais lui demander s'il n'en ferait pas un pour vous.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous savez, M. le Président, il y a
mieux que cela. Dans certains bureaux du gouvernement à
l'extérieur de Montréal, quand on attend la visite d'un ministre,
on fait la distribution générale, à tous les
fonctionnaires, de ces petits drapeaux, c'est systématique.
Une Voix: Excellent.
Le Président (M. Lacoste): Commentaires
généraux sur le projet de loi no 4. M. le député de
Jean-Talon.
M. Guay: Le recherchiste du parti l'arbore fièrement,
lui.
Une Voix: Le député de Jean-Talon a terminé,
M. le Président.
M. Rivest: Non, je n'ai pas terminé.
M. Guay: II a dépassé son temps de toute
façon depuis longtemps.
M. Rivest: Non, cela va aller plus vite.
M. Guay: Le député de Jacques-Cartier attend son
tour impatiemment pour parler de philosophie...
M. Rivest: M. le Président, pour conclure ce débat,
je promets de livrer la moitié de la boîte que le ministre m'a
envoyée. Combien est-ce que cela a coûté, cette
histoire-là? C'est ridicule.
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes actuellement aux
commentaires généraux sur le projet de loi no 4.
M. O'Neill: Pas très cher, parce que notre budget
étant restreint, on n'a pas pu faire autant qu'on voulait. Nous aurions
aimé faire beaucoup plus, M. le député, mais nous
manquions de budget.
M. Rivest: Ridicule.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: On en a de toutes les grandeurs. On a des drapeaux
grands, trois pieds sur quatre, tous les diminutifs, quatre par six...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Guay: Si vous me le permettez, M. le Président, la
fleur de lis...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que c'est une
question...
M. Guay: C'est une question de règlement, justement, parce
que la fleur de lis, le petit carré à fleur de lis qui va
à la boutonnière a été mis au point sous le
gouvernement Bourassa et distribué initialement par ce gouvernement dont
le député de Jean-Talon était un fier et proche
conseiller. (11 heures)
M. Rivest: On n'a pas inondé de 639 petits boutons, de 69
drapeaux... Ma secrétaire a fait la comptabilité; ça lui a
pris trois jours, une immense boîte. C'est ridicule! On avait
envoyé cela à tous les députés; c'est ridicule!
Mme Lavoie-Roux: ... il vous en a manqué. M. Guay: ...
compter jusqu'à 69. Une Voix: On n'a pas eu assez...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre messieurs! M. le
député de Jean-Talon, sur le projet de loi no 4, vos commentaires
généraux.
Une Voix: ...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! A l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela ne vous a pas aidé
beaucoup dans Jean-Talon.
Une Voix: ... drapeaux du Québec.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, M. le député de Vanier, la parole est au
député de Jean-Talon sur le projet de loi no 4, Loi sur la
programmation éducative.
M. Rivest: Pour être très honnête à
l'égard... oui, je vais répondre à la question du
député très rapidement. J'ai reçu d'une dame Roy,
de Berniè-res, une demande de drapeaux du Québec, parce qu'elle
voulait avoir le drapeau du Québec à l'occasion de la fête
du Canada. Je lui ai donné deux drapeaux; un d'une grandeur maximale,
que vous nous aviez donné, et l'autre. C'est la seule demande que j'ai
eue. Les autres sont encore à mon bureau.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Guay: ... on va s'en occuper.
M. Rivest: Bien, on m'a entraîné, M. le
Président, dans un débat sur les drapeaux.
M. Le Moignan: II avait annoncé sa conclusion, il y a
déjà...
M. Bertrand: M. le Président, est-ce que le
député de Jean-Talon pourrait envoyer sa caisse à mon
bureau?
M. Rivest: Certainement, vous allez l'avoir. M. Bertrand:
344. M. Rivest: Très bien.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, je disais il me semble
que j'avais été absolument... quelle a été la
phrase qui a...
M. Bisaillon: Vous avez perdu le fil de votre idée.
M. Laberge: Vous pouvez réserver le temps qu'il vous reste
pour plus tard.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Jean-Talon. Commencez.
M. Rivest: Si je les avais distribués à la
convention à Saint-Georges-de-Beauce, je n'en aurais pas eu assez.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, je n'en aurais pas eu assez; par contre, j'en
aurais eu trop pour la convention du Parti québécois.
M. Bertrand: Vous auriez dû les apporter...
M. Rivest: Ecoutez, si je me mettais en train de les distribuer
aux candidats du Parti québécois, je me demande si j'en
trouverais pour pouvoir les distribuer. Je n'en trouverais pas de candidats
dans les partielles.
M. Bertrand: Peut-être que la vérité serait
que les militants libéraux n'accepteraient pas de les porter. La simple
vérité, c'est que les militants libéraux n'accepteraient
pas de les porter.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Est-ce que je peux
conclure, M. le député de Jean-Talon...
M. Rivest: Quand je pense que mon amie Louise Beaudoin s'est
laissée prendre à être candidate pour le Parti
québécois. Pauvre elle! Les autres ont eu leur leçon.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, est-ce que je peux conclure que vos commentaires
généraux sont...
M. Rivest: Non, M. le Président, je conclus. Alors, en
dehors de ce qui a été dit depuis cinq minutes, ce que j'ai dit
auparavant fera l'objet des discussions de cette commission parlementaire et je
résume très simplement: télévision,
radio-télévision éducative, fonction d'éducation.
Premièrement, quel est l'état du dossier? C'est la question qu'on
pose au ministre.
Deuxièmement, on est d'accord pour dire que ce projet de loi est
nécessaire dans la mesure où il affirme la juridiction du
Québec en matière de radio-télévision
éducative. Nous sommes pleinement d'accord là-dessus.
Troisièmement, nous sommes d'accord pour élargir à
des horizons autres que scolaires la notion de radio-télévision
éducative et nous allons insister pour que ce soient des fonctions
d'éducation qui répondent aux besoins socio-économiques
des gens d'abord et ensuite, seulement qui s'ouvrent à des horizons
d'ordre culturel ou liés à des questions de patrimoine
culturel.
Quatrièmement, quant à la Régie des services
publics, nous allons chercher à savoir si elle a l'expertise
nécessaire, si c'est le lieu privilégié ou enfin, si c'est
là, en tout cas, que doit être déterminé si elle a
la compétence, l'expertise nécessaire pour déterminer le
caractère éducatif d'une programmation, quelle est son expertise
en termes de contenu. On aurait préféré que ce soit un
organisme ou des instances qui ont une expertise ou des connaissances
particulières dans le domaine de l'éducation, puisqu'il s'agit
d'éducation.
Enfin, nous allons également chercher à limiter ou
à donner des critères, les critères les plus précis
possible, bien sûr, en étudiant le document de travail que le
ministre nous a remis ce matin, de façon à limiter et à
restreindre le caractère discrétionnaire de l'octroi des
subventions que le ministre des Communications va pouvoir donner si le projet
de loi est adopté dans sa forme actuelle, de façon grosse. Ce
sont là les quatre ou cinq thèmes principaux, les quatre ou cinq
questions principales qu'à notre avis soulève ce projet de
loi.
On n'a pas été les seuls, d'ailleurs, à soulever
cet ordre de questions, dans la mesure où je n'ai pas encore le texte.
Il y a eu des éditoriaux dans les journaux qui ont pleinement
endossé, à tout le
moins au niveau de l'interrogation, au niveau de leur aspect
interrogatif, les quatre ou cinq questions que je viens de poser, parce qu'on a
dit dans les milieux de presse et dans d'autres milieux que c'étaient
là des questions pertinentes que l'Opposition était pleinement
justifiée de poser sur la base du projet de loi no 4 et que le ministre
des Communications devait fournir, au niveau de l'étude article par
article, les réponses les plus précises, parce que ce sont des
réponses et des interrogations qui sont tout à fait
sérieuses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je ne poursuivrai
pas la guerre des drapeaux parce que, si ma mémoire est bonne, c'est en
1948 que Maurice Duplessis, premier ministre et chef de l'Union Nationale, dans
une journée très célèbre et très historique,
avait donné à la province de Québec le drapeau que les
péquistes répandent aujourd'hui. On blâme les
péquistes de le répandre, mais ce n'est pas un drapeau
péquiste, c'est un drapeau de la province de Québec.
M. Bertrand: C'est bien évident!
M. Le Moignan: Ce drapeau-là, d'ailleurs, même sous
le régime libéral, avait déjà fait son apparition
sur les dernières années. On en avait commencé
également la distribution. Quand je porte le drapeau du Québec,
je n'ai pas l'impression d'être un péquiste. Je suis un
Québécois et, quand je porte le drapeau du Canada, j'ai
l'impression d'être un Canadien à ce moment-là
également. Je pense que cette bataille des drapeaux, nous la comprenons
très bien.
M. Rivest: M. le député de Gaspé, en portant
le drapeau du Canada, vous êtes Québécois aussi.
M. Le Moignan: Je suis Québécois, Gaspésien
et Canadien. Je suis tout à la fois et je n'entreprendrai pas de...
Mme Lavoie-Roux: C'est presque la Sainte-Trinité.
M. Le Moignan: ... bataille spéciale. Nous avons
déjà parlé, M. le Président, pendant de nombreuses
heures...
Une Voix: Vous revenez d'un voyage en Europe.
Mme Lavoie-Roux: Y êtes-vous allé?
Une Voix: On en a entendu parler, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Y êtes-vous allé?
M. Le Moignan: Avez-vous de mauvais échos? Une
Voix: Ah!
M. Le Moignan: Nous avons pourtant travaillé
sérieusement là-bas.
Mme Lavoie-Roux: Vous y êtes allé!
M. Le Moignan: Cinq jours de suite sans arrêt. La
commission culturelle a travaillé très fort. M. le
Président, pour revenir...
Le Président (M. Lacoste): Sur le projet de loi...
M. Le Moignan:... au projet de loi no 4, si le
député de Jean-Talon veut nous laisser la paix pour quelques
instants, il aura l'occasion de revenir au cours de la journée
d'ailleurs.
M. Rivest: Que la paix soit avec vous!
M. Le Moignan: Nous avons déjà consacré
plusieurs heures au mois de juin à l'office de Radio-Québec,
à cette programmation éducative. Si on nous convoque au mois
d'août, surtout pour une période qui s'annonce assez longue,
pendant deux semaines, je crois que notre rôle, notre mission sera de
considérer bien sérieusement ce projet de loi, ce qu'il comporte.
Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de lire les derniers documents que le
ministre vient de nous remettre au début de cette séance. Je
crois qu'il y a là-dedans des aspects que nous allons
nécessairement regarder et envisager.
On a mentionné tout à l'heure la question de la
définition, mais il y a certains termes là-dedans. Quand on parle
de programmation éducative, on sait très bien que toute
télévision par déformation est nécessairement
éducative. La télévision peut être très
accaparante à cause des valeurs qu'elle véhicule, à cause
de certaines façons de penser et de certaines attitudes. Je crois que
toutes les images qui nous sont données, que ce soit par
Radio-Québec, Radio-Canada ou les stations privées, comportent,
chacune d'elles, une leçon à tirer, que ce soit dans le vrai sens
de l'éducation ou que ce soit encore dans le sens de la
déformation.
On sait, si on veut remonter encore au cours des années, que
l'Union Nationale avait déjà voté un projet de loi pour
établir Radio-Québec. A ce moment-là, on critiquait parce
qu'on disait que c'était une entreprise d'Etat. Quand c'est une
entreprise d'Etat, on craint toujours le rôle que cet Etat pourrait
jouer. On a toujours peur que l'Etat en profite pour étendre une
publicité peut-être un peu trop partisane.
Quand on pense à Radio-Québec, je crois qu'il ne faudrait
pas s'arrêter seulement à cet aspect-là. On a
déjà mentionné cet aspect éducatif. On a vu
l'aspect éducatif. Je me souviens d'avoir lu certains articles. On a
insisté beaucoup sur l'aspect
scolaire. Je comprends qu'il y a un aspect scolaire là-dedans et
un aspect de programmes, mais si on songe à la formation et à
l'information, je crois qu'à ce moment-là Radio-Québec
dans sa programmation éducative doit être un peu le reflet de la
culture dans laquelle nous vivons.
Je crois qu'il serait bon, aussi, non seulement de s'en tenir à
l'aspect éducatif strictement, mais qu'on songe à élargir
un peu cette mission éducative de Radio-Québec. On
découvre beaucoup de vices parce qu'on dit qu'il y a là un mandat
culturel qui semble être trop prononcé. On a réclamé
cet outil depuis des années. On voulait avoir un outil additionnel qui
soit en même temps le témoin de notre culture
québécoise.
Je comprends que le rôle de l'Opposition est de surveiller le
gouvernement. Si une programmation éducative, c'est un moyen moderne
d'éducation, nous avons reçu ce matin certains règlements
et il faut penser, dans tout cela, aux droits des citoyens. Les citoyens, on
l'a mentionné à deux ou trois reprises depuis le début de
cette séance, ont droit à l'éducation et à
l'information. Je pense que personne ne conteste cela. Si les citoyens du
Québec réclament Radio-Québec, c'est qu'ils ont droit
aussi, en même temps, d'être informés. Je pense que c'est
bien difficile de fixer des cloisons étanches entre ce qu'on va appeler
un véritable programme éducatif, qui sera peut-être
à 40%, 50% ou 60% dans une semaine et, ensuite, les autres heures qui
seront destinées à cette programmation.
Je pense que c'est à l'article 3 qu'on parle d'acquisition et
d'enrichissement des connaissances, on parle de champ de perception, je crois
qu'il faut regarder un peu ailleurs. Il y a Radio-Canada qui joue certainement
un rôle éducatif, mais Radio-Canada s'infiltre dans de nombreux
domaines et, souvent, personne ne songe à critiquer parce qu'il y a eu
telle ou telle émission portant sur tel et tel aspect de la vie
politique, non seulement au Canada mais aussi de la vie politique
québécoise.
On sait très bien qu'à la veille d'un
référendum, on peut avoir certaines craintes. On se demande si
Radio-Québec ne servira pas d'instrument de propagande. Comme on sait
que le gouvernement n'est pas toujours très rapide dans
l'exécution de ses beaux plans, on le voit par la
décentralisation des pêches maritimes promises pour 1980 et,
apparemment...
Mme Lavoie-Roux: C'est moins important que le
référendum.
M. Le Moignan: Tout de même, cela va prendre trois ans,
madame...
Mme Lavoie-Roux: Ils peuvent être plus rapides pour
l'autre.
M. Le Moignan: Ils ne sont pas rapides... Je me dis: S'ils sont
tellement rapides, ils vont être obligés de hâter aussi les
procédures dans les autres ministères, dans les autres
domaines.
Quand on va regarder un peu plus loin, quand on parle de
télévision éducative, le ministre des Communications nous
a déjà fait part du rôle qu'il entendait jouer. Il nous a
mentionné un peu, aussi, le rôle de la régie, mais il a
été plutôt discret quant au rôle que le ministre de
l'Education et le ministère sont appelés à jouer dans la
programmation éducative. Le ministre a fait une brève
intervention à l'Assemblée nationale, mais le ministre n'est pas
venu, si ma mémoire est bonne, devant cette commission pour discuter
avec nous de certaines implications, pour essayer de nous donner un peu plus de
lumière sur la programmation que le ministère de l'Education
entend développer de concert avec le ministre des Communications.
Je crois que cette semaine ou la semaine prochaine, ce serait important
que nous ayons ici cette présence du ministre de l'Education. Si le
ministre de l'Education ne vient pas discuter avec nous, on voit que c'est le
ministre des Communications, c'est la régie qui seront donc les seuls
maîtres d'oeuvre dans toute cette entreprise.
Quand on touchera à l'aspect financier, on pourra se demander
aussi ce que réserve l'Etat aux télévisions
communautaires, aux radios-télévisions privées qui,
également, devraient monter sur le bateau et devraient jouer un
rôle dans le domaine de l'éducation. Je crois que dans le partage
des deniers publics, ceci devrait nous être précisé afin
que nous sachions, au moins dans les grandes lignes, où on doit
s'aventurer. (11 h 15)
Si on cherche à trop restreindre le champ de Radio-Québec,
c'est là que j'ai un point d'interrogation. J'enlève l'aspect de
propagande, de référendum et de tout ce qu'on veut, mais il
faudrait tout de même que Radio-Québec puisse être
accessible à toutes les classes de notre société.
Il y a quelque chose dans le document qu'on m'a remis ce matin, c'est
quand on parle de diffusion et de forme de publicité. Ici encore, le
projet de loi ne comprend pas grand-chose. Je comprends que le règlement
vient l'expliciter un peu, mais je crois que ça devrait aussi être
rattaché au projet de loi, afin qu'on sache exactement qui peut et qui
doit financer Radio-Québec en cours de route. On dit qu'il n'y a pas de
publicité là-dedans, mais, je pense qu'on l'a mentionné au
mois de juin, si le Québec veut s'étendre et que son budget est
trop limité, il devra nécessairement faire appel à
l'entreprise privée ou à d'autres groupes pour lui aider dans
cette diffusion.
M. le Président, quand nous allons analyser le projet de loi
article par article, il y a quatre ou cinq articles qui vont demander une
considération plus attentive de la part de l'Opposition. Le ministre et
les députés d'en face ont beau nous dire qu'il n'y a pas trop de
danger d'infiltration, de propagande, de publicité là-dedans, on
voit et on sait que le gouvernement a déjà commencé et va
continuer, avec ces moyens publicitaires modernes, d'essayer d'influencer
l'opinion publique par tous les moyens.
Si le député de Jean-Talon a dit que cela a pris trois
jours pour compter chacun des drapeaux, moi, je ne les ai pas comptés,
parce qu'il y
avait une feuille dans ma boîte où on nous disait qu'il y
avait telle, telle ou telle chose, alors je n'ai pas eu besoin de faire le
compte, je me suis fié à cette feuille; il y avait 300 drapeaux
d'une sorte, 200 insignes d'une autre, 10 drapeaux d'une autre sorte. On a
laissé cette feuille dans ma boîte et j'ai fait confiance à
ceux qui ont déposé ce petit document. Il y avait peut-être
une erreur de trois ou quatre boutons sur 300, alors je n'ai pas voulu en faire
un grief contre le gouvernement. Les députés libéraux ont
été gâtés, ils ont peut-être reçu plus
de drapeaux que l'Union Nationale n'en a reçus, nous n'en avons
reçu qu'une petite boîte. Je m'en sers généreusement
et je n'ai pas honte de m'en servir, mais je dis que c'est le drapeau de
l'Union Nationale, je ne dis pas que c'est le drapeau péquiste.
Une Voix: Vous avez parfaitement raison.
M. Le Moignan: Toute la différence est là; je
refais un appel historique.
M. le Président, je termine ces quelques remarques pour le moment
et je cède la parole à un autre.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M. Louis
O'Neill
M. O'Neill: Quelques remarques brèves, M. le
Président. D'abord, au sujet de la première question qui est
posée sur l'état de la pratique québécoise dans le
domaine de la radio-télévision éducative, c'est difficile
de répondre dans tous les détails, immédiatement, à
cette question. Il faudrait d'abord voir et connaître en détail un
certain nombre de choses qui se font au ministère de l'Education, tout
ce qui se fait dans le secteur de l'éducation permanente, par exemple,
pour être sûr qu'on n'en oublie pas. Il y a des choses que tout le
monde connaît; les émissions scolaires, par exemple, tout le monde
connaît ces émissions qui passent à Radio-Canada, à
TVA, en collaboration avec le ministère de l'Education du Québec
et pour lesquelles, d'ailleurs, il y a un budget assez considérable.
Il y a évidemment tout le développement de l'ORTQ, auquel
s'intéresse de près le ministère de l'Education. Le
ministère de l'Education, en passant, dont on parle tant, était
présent à la préparation de tous ces travaux, il
était présent au comité Rocher, il ne faudrait pas oublier
ça. Il était également présent par son ministre, au
moment où le projet de loi a été soumis au Conseil des
ministres.
Vous aviez, avant ça, le règlement sur la
câblodistribution, sur la programmation, qui a été
d'ailleurs, on peut dire, en grande partie, mis au point par des gens du
ministère de l'Education, en collaboration avec des fonctionnaires du
ministère des Communications. Vous avez eu de l'aide qui a
été fournie à certains radiodiffuseurs, vous avez ensuite
des expériences comme TVC-4, Saint-Jérôme,
Téléduc, Trois-Rivières. Vous avez le travail qui a
été fait par le comité conjoint dont nous parlons et que
remplace, dans le projet de loi, la Régie des services publics, le
travail qui a donc été fait par le comité conjoint du
ministère de l'Education et du ministère des Communications.
Encore une fois, tous les travaux préliminaires, toutes les
recherches qui ont été faites, toutes les discussions ont
toujours impliqué cette présence du ministère de
l'Education, et tout le monde sait qu'en vertu de la loi no 5, le
ministère de l'Education et le milieu de l'éducation aussi seront
plus présents qu'ils n'étaient dans le passé dans le
fonctionnement de Radio-Québec. Evidemment, il y a aussi cette Loi de la
programmation éducative, loi qui relève du ministère des
Communications dans sa présentation et dans son fonctionnement. C'est un
choix qui a été fait, c'est un choix fondé sur
l'expérience, sur la nature même des media électroniques.
On pourra revenir là-dessus, si on veut, mais il est sûr que, pour
nous, il ne s'agit pas ici d'établir un plan d'action qui soit un
prolongement de ce qui se fait, une sorte de prolongement scolaire du
ministère de l'Education.
C'est un autre choix que d'autres pourraient faire. Ce n'est pas le
choix que nous avons fait. D'ailleurs, je pense que le choix que nous avons
fait est un choix qui correspond à la réalité. C'est le
choix d'ailleurs avec lequel le ministre de l'Education est tout à fait
d'accord lui aussi.
M. Rivest: Dans la mesure de ce que vous dites, ce que vous venez
de dire, comment, à ce moment, pouvez-vous faire le lien, parce que vous
affirmez, par ailleurs, qu'il le faut, que ce projet de loi est
nécessaire, vu que c'est un prolongement des compétences du
Québec en matière de l'éducation.
M. O'Neill: Et dans un secteur technologique
différent.
M. Rivest: A ce moment...
M. O'Neill: C'est cela que vous avez de la difficulté
à reconnaître.
M. Rivest: Non, je le reconnais, dans la mesure où c'est
un prolongement. Vous venez de dire qu'il ne faut pas regarder cela comme un
prolongement du ministère de l'Education.
M. O'Neill: Un prolongement du scolaire...
M. Rivest: Vous avez deux types de langage. Quand il s'agit
d'affirmer la juridiction, vous dites: C'est éducatif, c'est de
l'éducation. Dans la pratique, vous perdez votre point de départ.
C'est simplement cela.
M. O'Neill: M. le Président, en fait, nous nous trouvons
à reprendre un débat qui a été très long au
sein même des comités, des sous-comités qui ont
préparé le rapport Rocher. A un moment donné, on a reconnu
que cela devenait difficile et
délicat de concilier l'aspect éducatif au sens restreint
et au sens large de l'aspect culturel. On ressent cela aussi, il faut le
reconnaître, on peut le dire, tant dans le fonctionnement de
Radio-Québec que dans la loi actuelle. Je pense que c'est bien clair.
D'autre part, c'est le fait même, je pense, de la dimension
spécifique de la télévision comme telle et de la radio
comme telle qui constitue pour nous ce qu'on pourrait appeler
l'élément premier, ce qui n'exclut pas l'élément
éducatif, mais ce n'est pas le prolongement au sens d'une sorte d'annexe
qu'on pourrait faire d'une activité d'éducation au sens restreint
du terme. Mais il y avait une conciliation à faire. D'ailleurs, les gens
qui ont travaillé au sein des comités, du comité du
rapport Rocher, ont reconnu eux-mêmes que ce n'était pas facile de
réaliser cette conciliation. On reparlera un peu plus loin,
peut-être, de la Régie des services publics et de son expertise.
Je vous ai remis, d'ailleurs, là-dessus, un document de travail qui, je
pense, pourrait aider un peu à bien voir la question.
Ce choix de la régie, encore une fois, a été fait;
il en est question même dans le rapport Rocher, vous l'avez dans les
recommandations du rapport Rocher à la page 57 du texte du rapport. En
fait, nous pensons tout simplement qu'un organisme de cette nature,
indépendant, impartial, quasi judiciaire, doué, muni de
l'expertise nécessaire, pourra bien accomplir ce travail. Nous
reparlerons de cette histoire des subventions discrétionnaires qu'il
faudrait distinguer d'arbitraires, ce qui n'est pas la même chose, et on
verra, je pense, avec le projet de réglementation, qu'il s'agit d'une
procédure simple et qui peut être appliquée efficacement.
Nous nous sommes, en fait, inspirés en bonne partie des
procédures déjà mises en pratique, il faut le dire, par le
gouvernement précédent dans le domaine surtout des media
communautaires et, jusqu'ici, on n'a pas affronté encore de
difficulté majeure. Je vous signale qu'il est arrivé une fois,
entre autres, à ma connaissance, une seule fois, dans le cas du
gouvernement précédent, où il y a eu une intervention qui,
en fait, a mal tourné, puisque cela a fini devant le Protecteur du
citoyen. Finalement, il a fallu reprendre la première
décision.
C'est donc qu'ils prennent un cas d'exception au sein d'un gouvernement
qui, peut être, pouvait, lui, avoir, comme n'importe qui, certaines
tentations, j'imagine, et qui a bien respecté cette
réglementation, en général, d'après ce que nous
savons. C'est dans la pratique, finalement, des jurys formés de
fonctionnaires, des gens de l'extérieur qui prennent les
décisions que les ministres entérinent.
On reparlera de propositions qui, paraît-il, seront
formulées concernant des précisions à apporter moins
à la définition qu'aux objectifs de la programmation
éducative. Nous les évaluerons en temps et lieu. Je signale
simplement le risque qu'il y aurait, à un moment donné, au plan
politique, de vouloir définir des corridors trop rigoureux. Nous
risquons, à un moment donné je pense surtout au cas de
Radio-Québec, parce que c'est là qu'est le gros morceau de
nuire au fonctionnement de Radio-Québec. Il ne faudrait pas oublier
ça. Il faudrait s'assurer, encore une fois, que les balises soient
suffisamment larges et faire confiance aux gens qu'on met en place, quitte,
à un moment donné, à leur dire qu'ils font des choses qui
peuvent nous déplaire et nous aurons, une fois par année,
l'occasion, au moment de la commission parlementaire, de leur dire ces
choses.
L'avantage des descriptions d'objectifs qui soient larges, c'est
d'inclure beaucoup de choses, ce n'est pas de les exclure. A un moment
donné, il faudrait dire: Vous allez parler de ci et parler de ça.
Les énumérations peuvent devenir extrêmement longues.
Un texte de loi aussi doit essayer de dire des choses de la façon
la plus brève et condensée possible. On a redit une chose qui m'a
un peu étonné. Cela avait été dit au moment du
débat par le député de Robert Baldwin qui avait dit: Nous
avons assez de media d'information au Québec. D'ailleurs, j'avais cette
citation. Il disait ceci: "Est-ce qu'on a vraiment besoin aujourd'hui dans la
province de Québec d'autres sources d'éducation et d'information?
Je pense que le public va être d'accord avec moi qu'on est très
bien servi."
Je m'aperçois que, ce matin, le député de
Jean-Talon a repris substantiellement la même chose. Seulement, dans le
cas du député de Robert -Baldwin, il pouvait avoir d'autant plus
l'impression d'être servi qu'il est dans une région où,
dans le domaine électronique, il y a même plus de media
anglophones que francophones.
Alors, il est sûrement très bien servi. D'autres gens
peuvent s'estimer très bien servis parce qu'en fait la plupart des media
d'information appartiennent à leurs amis. Alors, à ce
moment-là, on est très bien servi.
Mais il reste quand même qu'on doit se poser la question...
M. Rivest: Vous parlez du journal Le Jour?
M. O'Neill: On pourrait nommer à peu près la
plupart des journaux du Québec, M. le député de
Jean-Talon, et vous retrouveriez vos amis là. Nous vivons avec
ça.
M. Rivest: Ah, une attaque du ministre des Communications contre
les media! C'est ça. Vous êtes nos amis.
M. O'Neill: Je note, en passant, aussi, d'ailleurs, que c'est
vrai qu'on a trouvé dans ces media des gens qui sont fortement
inquiétés concernant la liberté d'expression, la
propagande, etc. Ce qui me frappe, c'est qu'on a découvert, à un
moment donné, qu'en même temps qu'un de ces media faisait des
remarques de ce genre-là, il fournissait des fonds pour la fondation
Pro-Canada, ce qui révélait évidemment son
dégagement et son impartialité.
Mais je relis cette question: Avons-nous trop de moyens pour s'informer?
Quand on regarde les
régions, les besoins des régions et quand on regarde les
difficultés de la radio privée particulièrement et de la
télévision aussi, les interrogations des gens qui en demandent
plus, je crois que c'est vraiment aboutir à une conclusion hâtive
de dire que les Québécois ont mille et un moyens pour s'informer
et qu'on n'a pas besoin de penser que, par exemple, Radio-Québec puisse
tout d'un coup faire un travail d'information.
Je pense qu'il faudra que Radio-Québec, conformément
à son mandat, fasse un travail d'information qui a un caractère
particulier, qui ait un caractère éducatif. Ce sera aux gens de
Radio-Québec de trouver la formule. Ce n'est pas à nous. Nous
pouvons leur dire: Trouvez la formule. Ce sera à eux de la trouver et
non pas à nous.
On a dit que ce qui prouvait qu'il y avait anguille sous roche dans ce
projet de loi, c'est que des mots ont été modifiés. Par
exemple, on avait "enjeux collectifs", et c'est devenu problèmes
d'intérêt général, "questions d'intérêt
général". C'est une formulation, c'est vrai, qui est plus
générale. La première a été fournie par le
rapport Rocher, inspirée directement par lui. Nous l'avons
corrigée parce que nous pensons, de toute façon, que "questions
d'intérêt général" est une formule plus
générale et qui inclut, d'ailleurs, enjeux collectifs. Cela ne
l'exclut pas, il faut bien voir ça. (11 h 30)
M. le député de Gaspé nous a parlé du
rôle du ministère de l'Education en programmation
éducative. On pourra s'en parler au moment où nous regarderons le
texte de l'article 9 et a formulé une dernière question
je termine là-dessus. Finalement, il a posé des questions
apparemment concernant la publicité. Je crois qu'il s'est
Inquiété du fait que, dans le projet de réglementation, on
exclue dans la période même dite de programmation éducative
toute publicité, ce qui m'apparaît d'ailleurs assez sage. La
station de radio-télévision se financera autrement et,
d'ailleurs, ils savent très bien se financer. Il a soulevé la
question, il a dit: Mais qui donc finance Radio-Québec? C'est l'Etat qui
finance Radio-Québec comme je le signale en passant c'est
l'Etat qui finance totalement Radio-Canada, radio. Si je ne m'abuse, on a fait
disparaître toute publicité de ce côté-là.
Donc, il y a des fois où c'est comme cela d'ailleurs. En passant, ce
n'est pas inconciliable avec la qualité, M. le député de
Gaspé, puisque je pense que c'est un avis général que dans
ce domaine, Radio-Canada et Radio-Québec peuvent évidemment
servir de stimulant qualitatif à la radio et à la
télévision privée et ce n'est pas le fait qu'ils vivent en
totalité ou en partie de fonds publics, ce n'est pas cela qui les
empêche de bien remplir leur mission.
Pour le moment, M. le Président, c'étaient les remarques
générales que je voulais faire comme commentaires à la
suite de l'Introduction de M. le député de Jean-Talon et M. le
député de Gaspé. Js garde d'autres remarques au moment
où nous aborderons l'étude article par article.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons main- tenant
procéder à l'étude article par article du projet de loi no
4. J'appelle donc l'article no 1.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais soulever un point
de règlement. J'ai également des collègues qui auraient
aimé faire des considérations générales. Si vous le
permettez à M. le député de Jacques-Cartier, il faudra le
permettre, entre autres...
Le Président (M. Lacoste): Normalement... M. O'Neill:
... à M. le député de Taschereau.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, selon la procédure normale en commission parlementaire, lors
des commentaires généraux, on donne la parole aux
députés de l'Opposition...
M. Rivest: Quand le député de Taschereau parle, il
parle en mon nom, c'est mon député.
Le Président (M. Lacoste):... et ensuite aux... M.
Laberge: Tous les députés peuvent parler.
Le Président (M. Lacoste): On était rendu
maintenant à la réplique du ministre et...
M. Saint-Germain: II me semble qu'il était entendu que
tous les députés avaient le droit de parole lors de
l'introduction.
M. Rivest: II y a consentement, de toute façon, M. le
Président.
M. O'Neill: M. le Président, encore une fois, si vous
donnez la parole au député de Jacques-Cartier, il faudra la
donner à tous ceux qui veulent la prendre. A ce moment-là, tout
le monde devra profiter des règles du jeu.
M. Rivest: Le député de Vanier s'occupe du
problème du transport en commun.
M. O'Neill: II est fort possible que M. le député
de Vanier ait quelque chose à dire comme M. le député de
Jeanne-Mance, possiblement qu'il a des commentaires à formuler. Je ne
serais pas surpris que M. le député de Sainte-Marie, quand il
sera de retour ici, ait également des propos à formuler et M. le
député de Rouville également.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Guay: Si le député de Vanier avait un bon
député à l'Assemblée nationale pour le
représenter, la situation ne serait pas ce qu'elle est.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: M. le Président, si je vous demande le
droit de parole, ce n'est pas que je veuille qu'il me soit exclusif. Je croyais
simplement
que tous les députés de l'Opposition et du gouvernement
avaient le droit de parole lors du début de nos travaux. Je voudrais
dire tout de même, M. le Président, que ce projet de loi
crée certaines inquiétudes, non pas par ses principes
mêmes; le fait que l'on veuille, par l'entremise de la radio et de la
télévision, concourir à l'éducation du
Québec et améliorer l'éducation surtout aux adultes, c'est
un principe valable et qui est facile, je crois bien, à défendre.
Ce qui inquiète l'Opposition officielle, ce sont ses modalités
d'application. On a vu dans les faits d'ailleurs... D'ailleurs, ce n'est pas le
premier gouvernement qui s'intéresse à la
télévision et à la radio. On a vu, entre autres...
M. Guay: Les propos du député n'intéressent
pas les media d'information.
M. Rivest: Non, mais c'est parce qu'on a annoncé
l'intervention du député de Taschereau.
M. Guay: Ah bon! mais c'est pour cet après-midi.
M. Saint-Germain: Le gouvernement fédéral entre
autres, M. le Président, a une longue expérience dans le domaine
de la radio et de la télévision avec la fondation de Radio-Canada
et on a vu que même si le gouvernement fédéral a voulu
rendre Radio-Canada tout à fait indépendante des pouvoirs
politiques, on a souvent entendu mille et une critiques relativement à
la qualité des émissions et à celle de l'information qui
était transmise.
Bien que le gouvernement ait voulu que Radio-Canada, en principe, soit
au service de l'unité canadienne, on a entendu des
fédéralistes et les porte-parole de divers partis
fédéralistes au pays comme dans cette province faire de violentes
critiques relativement à la qualité de l'information de
Radio-Canada et on a même accusé Radio-Canada d'être un
foyer de propagande au parti qui a formé le gouvernement actuel du
Québec.
Voilà qu'on a, surtout depuis certains mois, entendu des
porte-parole du gouvernement du Québec, et même son chef,
transmettre à la population leurs frustrations vis-à-vis du
comportement de la même société. C'est donc dire qu'il est
extrêmement difficile d'établir un équilibre dans
l'information et qu'il est facile, selon nos principes, selon nos
préjugés ou selon nos opinions, d'avoir dans la transmission des
nouvelles une vérité qui est faussée, bien qu'il faille,
tout de même, admettre que le gouvernement d'Ottawa a voulu que les
politiques de Radio-Canada soient établies par la société
elle-même et que cette société soit le plus possible
indépendante des pouvoirs politiques.
Voilà qu'on ne retrouve pas au niveau de cette législation
la même garantie. Il va sans dire que dans une société
démocratique on est extrêmement sensibilisé au fait que
certains domaines, par exemple les domaines de l'information, soient absolument
indépendants des pouvoirs publics. Il est facile d'admettre qu'un
gouvernement qui contrôlerait d'autorité tout le système de
l'éducation, qui contrôlerait la presse, la radio, la
télévision et qui, par le biais de ces media d'information,
pourrait contrôler, si vous voulez, les opinions émises par les
milieux artistiques, toucherait un champ d'activités où il peut y
avoir des abus terribles de propagande, abus qui pourraient être
préjudiciables à la population et préjudiciables au
système démocratique dans lequel nous vivons.
Premièrement, il reste tout de même, malgré les
explications du ministre, qu'il est tout à fait surprenant de constater
que cette loi est apportée par le ministère des Communications.
Pour bien des gens, le ministère des Communications est le
ministère le plus apte à transmettre la propagande du
gouvernement ou du parti qui le forme, et c'est humain. C'est pourquoi,
d'ailleurs, la population a toujours une certaine méfiance d'un
ministère des Communications et on admet que la propagande issue d'un
tel ministère puisse être marquée par les philosophies
politiques du parti qui forme le gouvernement.
Voilà que l'on fait tomber tout ce domaine de la radio et de la
télévision québécoise sous l'autorité du
gouvernement du Québec, d'une façon où on sent très
bien que le gouvernement, que les hommes politiques peuvent se servir de leur
autorité pour en influencer la programmation et les divers
règlements qui soutiendront une telle programmation.
On a parlé de l'état du dossier. Il aurait certainement
été valable, M. le Président, qu'on puisse connaître
dans les détails quel est le dossier de Radio-Québec, de la
télévision et de la radio dans cette province. Il aurait
été aussi valable de comparer les divers dossiers au point de vue
de l'éducation, c'est évident.
Une chose qui nous frappe, c'est qu'on sait que, au niveau du
ministère de l'Education, depuis quelques années, on a
négligé d'enseigner l'histoire; on a mis l'histoire de
côté. C'est assez aberrant, c'est surprenant. Il aurait
été quand même intéressant de savoir ce qui a
motivé les autorités du ministère de l'Education du temps
à éliminer l'histoire de la programmation dans nos écoles.
Je crois sincèrement que, aujourd'hui, cette négligence ou cette
omission, si vous voulez, a réellement été au
détriment de la jeunesse. Il est tout à fait surprenant de voir
nos jeunes de 18, 19 et 20 ans et de constater jusqu'à quel point ils
ignorent l'histoire québécoise, l'histoire canadienne et
l'histoire mondiale. C'est une lacune terrible et on en constate tellement les
mauvais résultats qu'on a décidé de rétablir
l'histoire au programme d'éducation.
Voilà que, ici...
M. Rivest: Vous savez comment les étudiants appellent le
nouveau cours d'histoire, des données de civilisation
québécoise? La Fédération des étudiants nous
a appris ça. PQ-1, PQ-2, ce sont les numéros du cours.
M. Guay: C'est quand même mieux que de ne pas avoir de
cours du tout, comme le gouver-
nement Bourassa l'avait fait en abolissant les cours d'histoire
obligatoires. On voudrait bien pouvoir l'appeler Bourassa-1, mais il n'y avait
rien là.
M. Saint-Germain: Voilà, M. le Président, que, dans
cette programmation éducative qu'on lit à la section 2 de la loi,
on fait une priorité de promouvoir l'accès des citoyens à
leur patrimoine culturel. Là, on revient à la priorité qui
existait antérieurement au ministère de l'Education. On sait
pertinemment que le patrimoine culturel est le résultat ou presque un
synonyme, si vous voulez, de cours d'histoire, puisque l'on voit dans le
patrimoine culturel le résultat, des oeuvres ou des objets d'art qui
reflètent l'échelle des valeurs de nos aïeux, des citoyens
du passé, qui reflètent leur façon de vivre, leur
échelle de valeurs, leur philosophie, leur culture. Alors, pourquoi
passer d'un extrême à l'autre? Il aurait été
intéressant, je crois, de savoir pour quelles raisons, au
ministère de l'Education, on a pris la décision d'exempter les
élèves de cours d'histoire et que, soudainement, on en fait, dans
cette loi, une priorité.
On sait, M. le Président, que ce gouvernement est très
efficace, il faut bien l'admettre, au point de vue relations publiques et au
point de vue propagande. Je ne sais pas qui est responsable, au niveau du
gouvernement, des relations publiques et de la propagande, mais elle est
très bien faite, elle est très efficace et, ce qui nous rend
craintifs...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait vous poser des questions.
M. Rivest: Elle n'est pas efficace, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. le Président, question de règlement. Le
député de Jacques-Cartier n'a pas le droit d'induire la
commission en erreur; la propagande gouvernementale n'est pas efficace,
contrairement à ce qu'il dit. La meilleure preuve, c'est qu'ils ne
réussissent pas à se trouver de candidats à des
élections.
M. Saint-Germain: Contrairement à ce que vous dites, je
suis obligé de soutenir qu'elle est très efficace, M. le
Président, car, avec le genre d'administration qu'on donne, s'il n'y
avait pas cette propagande pour soutenir le gouvernement, il y a longtemps que
le gouvernement aurait été renversé, à mon avis.
Mais, de toute façon, si on continue...
M. Rivest: On a la liberté d'expression chez nous.
Une Voix: On va faire une campagne là-dessus. (11 h
45)
M. Saint-Germain:... à parler de cette priorité, je
crois qu'il y a là porte ouverte à la propagande gouvernementale.
D'autant plus, M. le Président, que, contrairement à Radio-Canada
et au gouvernement fédéral, si vous voulez, où on vote un
budget global administré par la radio d'Etat et la
télévision d'Etat, voilà qu'ici on peut
sélectivement subventionner une programmation qu'on aura définie
comme étant culturelle, éducative. C'est un outil
extrêmement dangereux car on sait pertinemment que ceux qui auront la
responsabilité d'évaluer si une programmation est culturelle ou
non... C'est très subjectif. Les personnes ne peuvent pas se
désincarner, si vous voulez; on jugera selon sa propre façon de
voir, selon sa propre échelle des valeurs, selon ses propres
préjugés, bien souvent, et cela laisse la porte ouverte, comme
j'ai dit, aux pires abus. Comme nous allons vivre, comme ce gouvernement
terminera cet automne déjà trois ans de son mandat et qu'on aura
le référendum au printemps, en plus, il y a là un outil
dans les mains du gouvernement et je ne doute pas, par l'expérience
passée dont ce gouvernement a fait preuve, qu'on s'en servira.
On laissera croire aux gens que la priorité, actuellement, c'est
le patrimoine culturel, c'est le nationalisme québécois et qu'on
peut trouver là, à titre de Québécois, une solution
à tous nos problèmes et on sait pertinemment tout de même
que, si le passé, M. le Président, est très
intéressant et doit être étudié pour nous servir de
leçon, dans cette société en constante transformation, le
passé et les leçons passées ne peuvent nous servir
exclusivement que pour mieux solutionner nos problèmes actuels et nos
problèmes futurs; nos problèmes actuels sont nombreux et nos
problèmes futurs le seront aussi. Il est assez surprenant de constater
que cette transformation profonde de la société
québécoise dans le passé, cette transformation qu'on vit
aujourd'hui, cette transformation qui se continuera, n'est pas une
priorité dans le système d'éducation qu'on veut
transmettre par la radio ou la télévision. Mais le passé
qu'on ne peut pas modifier, d'ailleurs, et qui peut simplement servir de
leçon, cela devient d'une importance primordiale. C'est assez aberrant
et cela laisse des doutes à ceux qui sont très sensibles à
la liberté de l'information.
On parle aussi de donner aux citoyens ce droit à la
liberté d'expression et à l'information. Je ne dis pas, M. le
Président, qu'il n'y a pas là, dans cette province, des
améliorations à faire, mais il faut tout de même admettre
que là n'est pas notre faiblesse. Nous sommes à la pointe du
développement, de l'information et de la liberté dans cette
province actuellement. Quel pays, quel groupe d'hommes peut se piquer
d'être aussi libre et d'avoir accès à toute forme
d'expression et d'information? Même, il y a peut-être des abus
à certains points de vue. On n'a qu'à ouvrir la radio pour
entendre des programmes de ligne ouverte d'une façon continue. N'importe
quel citoyen dans son petit village a le moyen de faire passer son message et
d'avoir des milliers d'électeurs à l'écoute, des milliers
de citoyens à l'écoute. Qu'on travaille à
l'amélioration de cette information, j'en suis. Il faudrait tout de
même travailler surtout à la qualité de l'information.
Peut-être que, s'il y a une faiblesse, elle est là. Ce n'est
certainement pas dans la quantité d'information. Les citoyens du
Québec peuvent lire les journaux, les revues, les livres,
écouter la radio qu'ils veulent, la télévision qu'ils
veulent, bien que, dans certaines régions éloignées, les
services de radio et de télévision puissent être plus
rares, mais cela ne veut pas dire nécessairement que ces gens sont
privés d'information, du moins pour ceux qui veulent connaître et
savoir dans le sens large du mot.
Cette loi me laisse très inquiet et l'on donne à la
Régie des services publics une autorité pour définir...
Pourquoi? On peut se le demander. On a tellement de difficultés en ce
qui concerne la qualité de l'éducation au Québec, au
moins, ceux qui sont au service du ministère de l'Education qui ont une
longue expérience en éducation sont beaucoup mieux
qualifiés pour juger ce qu'est un programme éducatif et ce qui ne
l'est pas. On arrive avec des services, des régies publiques. Pour
quelle raison est-ce qu'on ne se poserait pas de questions? Je crois que
n'importe quel citoyen le moindrement intelligent peut se poser des questions
à ce sujet-là. Je laisse la parole à un autre, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Non, le député de L'Acadie a encore des
choses...
M. Rivest: II faudra rappeler les journalistes, M. le
Président. Le député de Taschereau n'interviendra pas.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce qu'il renonce à son droit
de parole?
M. Guay: Je n'ai jamais dit cela. Je n'ai jamais demandé
la parole.
M. Bertrand: C'est un défi trop grand à ce
moment-là...
M. Rivest: Qu'on rappelle les journalistes, M. le
Président.
M. Guay: Le ministre a laissé entrevoir la
possibilité que j'intervienne. C'est une possibilité, mais je
jugerai du moment.
M. Rivest: Qu'on rappelle les journalistes, M. le
Président, on peut suspendre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, M. le Président,
je n'ai pas l'intention d'utiliser les 20 minutes de mon droit de parole, mais
je voudrais simplement rappeler certaines choses que j'ai dites au moment du
discours de deuxième lecture. Le gouvernement a fait un choix en
présentant ce projet de loi touchant la soi-disant programmation
éducative et en lui accordant un sens très large qui couvre
à peu près tout. D'ailleurs, on se souviendra, je pense, que
c'est le président de
Radio-Québec qui, en réponse à des questions que
nous lui posions, lorsqu'il est venu en commission parlementaire, disait: Cela
exclut peut-être les grands matchs sportifs de baseball ou de football,
mais cela inclut à peu près tout ce qui reste, le Jeux du
Québec. C'est un choix que le gouvernement a fait. Est-ce que c'est un
bon choix? En ce qui me concerne, je pense qu'il va s'engouffrer au moins
quelque $80 millions dans tout le développement qu'on prévoit
pour Radio-Québec qui, à mon point de vue, ne serviront pas les
meilleurs intérêts et ne répondront pas le mieux aux
besoins de la population du Québec.
Il y a une raison pour laquelle le gouvernement décide de donner
un sens très large au terme de télévision
éducative. On peut penser qu'il s'agit évidemment d'un choix
politique. Pour quelle fin? Je n'essaierai pas de sonder ses intentions
profondes, mais ce que je regrette le plus, c'est qu'on n'ait pas
profité de cette occasion pour faire de Radio-Québec une
télévision qui soit vraiment éducative et qui
réponde vraiment à des besoins très considérables
dans la population. Quand les gens parlent de télévision
éducative, on a souvent l'habitude de l'associer uniquement au
réseau scolaire. Le réseau scolaire est évidemment une
dimension de la télévision éducative, mais ce n'est
peut-être pas la plus importante. Je pense que ce qui a davantage
d'importance, c'est toute l'éducation des adultes, l'éducation
permanente sous toutes ses facettes et qui doit atteindre le plus grand nombre
possible de citoyens et répondre le mieux possible aux besoins de
formulation, de recyclage, de mise à jour des connaissances des
citoyens. Par la décision que le gouvernement prend, à l'heure
actuelle, de dire: La télévision éducative, c'est à
peu près tout ce dont le monde voudra parler à la
télévision, je pense qu'on n'utilise pas un outil qui aurait
été extrêmement utile pour la promotion, le
développement et l'enrichissement véritable de la population du
Québec.
Mes collègues me taquinent souvent quand je parle des
analphabètes. Ils disent que c'est une de mes marottes que les
analphabètes, alors, je vais faire plaisir au député de
Jean-Talon. Je prends cela comme exemple, parce que c'est peut-être celui
qui est le plus frappant, mais, quand on réalise qu'il y a à peu
près 100 000 personnes qui sont analphabètes au Québec,
pour quelque raison que ce soit, que ce soient des raisons culturelles, que ce
soient des raisons d'immigration, que ce soient des raisons de tous ordres, il
reste que ceci indique, hors de tout doute, que, dans le domaine proprement
éducatif, il y a des besoins immenses à combler et qui ne le sont
pas.
Il y a sans doute à Radio-Québec certaines
émissions touchant la consommation. Sont-elles suffisantes? Je pense que
cela pourrait être structuré beaucoup mieux que ça ne l'est
présentement. Cela pourrait toucher, prendre une plus grande partie de
la programmation.
Il y a une foule de sujets qui, au plan éducatif, pourraient
davantage rendre service à la population et j'ai peur qu'à ce
moment-ci, avec ce qui est
retenu comme définition de télévision
éducative, on touche à peu près à tout.
Je ne veux pas dire que la qualité des émissions ne sera
pas bonne. Il y a d'excellentes émissions à Radio-Québec,
mais est-ce vraiment là l'outil que le gouvernement veut mettre à
la disposition de la population et est-ce là la meilleure façon
d'utiliser les fonds publics quand on sait que, de toute évidence, les
fonds que l'on peut mettre à la disposition de la
télévision au Québec, c'est-à-dire par le
gouvernement du Québec, sont fort restreints surtout quand on songe aux
sommes qu'il faudra également engager pour la régionalisation et
le développement d'un réseau qui couvre l'ensemble du
Québec, ce avec quoi nous nous sommes dits, d'accord, je pense, au
moment de la lecture, au moment de la discussion de la loi no 5.
C'est un premier point. Quel est le meilleur usage qu'on peut faire des
sommes qui sont à la disponibilité de l'Etat? Quels sont les
moyens qu'on a pris pour évaluer cela? Quels sont les besoins les plus
pressants et qui devraient retenir l'attention immédiate de l'Etat, s'il
veut mettre une télévision éducative à la
disposition des citoyens?
Au troisième point, que j'avais d'ailleurs
développé au moment du discours de deuxième lecture,
ç'a été touché par mes deux collègues, de
Jean-Talon et de Jacques-Cartier et même, je pense, par le
député de Gaspé, on n'a pas eu de réponse claire et
nette sur le rôle que va jouer le ministère de l'Education dans
tout ce développement de la télévision
éducative.
Sans aucun doute, tout à l'heure, j'entendais le ministre qui
nous rassurait en disant: II aura plus de participation au niveau de la
région ou au moment de la régionalisation qu'il n'en a eu dans le
passé.
Si ma mémoire est bonne, parce que je n'en ai pas eu le temps, je
n'ai pas relu la loi 5 d'hier, mais je pense que, à un conseil
d'administration d'une vingtaine de personnes, il y aura deux
représentants du monde de l'éducation. Je pense que c'est la
même chose pour le conseil d'administration de Radio-Québec. Je ne
me trompe pas, le ministre me dit que c'est exact.
Evidemment, c'est un peu un secret...
M. O'Neill: Ils sont nommés, dans le cas du conseil
national d'administration, sur recommandation du ministre.
Mme Lavoie-Roux: De l'Education, et dans les régions, sur
recommandation...
M. O'Neill: Des milieux de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce sont quand même deux personnes sur
un ensemble de 20 personnes, et c'est un peu un secret de polichinelle que
c'est ultime concession que le ministère de l'Education, ou le ministre
de l'Education, a fini par arracher pour qu'il puisse venir dire publiquement
à 1 heure du matin qu'il était d'accord avec ce grand projet de
la télévision éducative.
Je me permettrais, M. le Président, de relire un extrait du
rapport Rocher auquel on a fait allusion tout à l'heure et je cite au
texte: "Pourquoi le rapport Rocher a-t-il décidé de s'en tenir
à cette définition de la télévision
éducative?" Ceci est ma question. Il nous donne une réponse
à la page 17 du fameux rapport et je cite: "Le comité de travail
est d'avis qu'on ne doive pas confiner aux émissions scolaires le seul
médium dont dispose le gouvernement du Québec pour
répondre à l'ensemble des besoins de développement
culturel et social de la population québécoise." D'ailleurs, je
l'ai dit au point de départ, en ce qui touche le réseau scolaire,
c'est une dimension de la télévision éducative ou du champ
que devrait toucher la télévision éducative.
Là-dessus, je suis d'accord. Mais je continue et je cite de nouveau: "De
plus, cet accroissement du caractère éducatif requerrait une
présence constante du ministère de l'Education au sein de
Radio-Québec. N'y a-t-il pas lieu de craindre l'aggravation des
complications de fonctionnement qu'a déjà connue
Radio-Québec ainsi que l'intensification du mécontentement entre
ces deux organismes. " C'est le rapport Rocher qui dit ceci. (12 heures)
Quand on dit que tout ne tourne pas rond entre le ministère des
Communications et le ministère de l'Education, quant à la
vocation finale que le gouvernement veut donner à ce projet de
programmation éducative pour Radio-Québec, on ne fait pas la
chasse aux sorcières, M. le Président. Ce n'est pas moi qui le
fais et, d'ailleurs, plusieurs des membres du côté
ministériel, lors du discours de deuxième lecture, nous avaient
même reproché de ne pas avoir lu le rapport Rocher et de parler un
peu à travers notre chapeau. Mais, quand on regarde le rapport Rocher,
il est clair et net que la situation est loin d'être limpide entre les
deux ministères et c'est pour cette raison que, dans ce sens, le choix
du gouvernement de donner ou de retenir comme définition de la
télévision éducative, de lui accorder un sens aussi large
est un choix strictement politique pour des motifs qu'il est difficile
d'évaluer à ce moment-ci, mais l'avenir nous le dira. Je suis
extrêmement déçue qu'en dépit des interventions qui
ont été faites de la part de l'Opposition au moment de la
discussion du projet de loi en deuxième lecture, le ministre ne nous
arrive pas aujourd'hui au moins avec certains amendements. Je suis
arrivée en retard, M. le Président. Peut-être a-t-il, dans
ses notes préliminaires, fait état de...
Une Voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: ... certains amendements qu'il allait
déposer?
M. Rivest: Aucun.
M. O'Neill: Ah! peut-être. Il y en aura sûrement un,
peut-être deux.
Mme Lavoie-Roux: Des...
M. Rivest: Des bons? Ah! toute la question est là.
Mme La voie-Roux: Mais je pense que, si l'Opposition officielle
je ne voudrais pas minimiser ce que l'Union Nationale a fait, mais
j'étais prise à ce moment-là, vous vous en souvenez, M. le
député de Gaspé, par d'autres occupations du
côté de l'Opposition officielle, si nous avons fait une lutte au
sujet du projet de loi no 4, c'est que nous nous posions des questions
très sérieuses. Je n'y reviendrai pas. Je pense que j'ai
essayé d'en donner les principaux éléments dans cette
courte intervention. J'aurais cru que le gouvernement aurait été
sensible à ces arguments qui ne sont pas tous, comme les
ministériels aiment souvent le dire, pour faire de la chasse aux
sorcières. Il reste que sa position n'est pas limpide, n'est pas claire,
n'est pas transparente quant à ses intentions et, une fois de plus, on
n'utilise pas des deniers publics, à mon point de vue, pour
répondre aux besoins les plus pressants et les plus urgents qui sont mal
comblés et auxquels on ne répond pas dans le système
général de l'éducation, que ce soit l'éducation au
niveau scolaire, collégial et universitaire et bien davantage au niveau
de l'éducation permanente. D'ailleurs, ceci s'explique parce que c'est
aussi la querelle à l'intérieur du gouvernement, à savoir
ce qu'est cette fameuse éducation permanente, si bien qu'on n'a pas
encore de politique définie. On finira peut-être par accoucher
d'une politique avant le référendum ou après le
référendum. Je ne sais pas où les efforts les plus
importants du gouvernement se portent à l'heure actuelle, mais, une fois
de plus, j'aurais souhaité que le ministre puisse nous expliquer
pourquoi il a fait ce choix politique d'une télévision
éducative qui est, à toutes fins utiles, un système
parallèle à celui de Radio-Canada et qu'il persiste dans cette
idée avec des fonds quand même restreints et, de plus, maintient,
quant à Radio-Québec, le statu quo d'une façon globale, un
statu quo qui, à maints égards, a loin d'avoir toujours
été heureux. Sans jeter de blâme à qui que ce soit,
au gouvernement actuel, à l'ancien gouvernement ou aux fonctionnaires de
Radio-Québec ou à l'ex-prési-dent ou au président
actuel, on sait fort bien que Radio-Québec a fonctionné de crise
en crise et, alors qu'on se prépare à régionaliser, qu'on
s'arrête pour vraiment examiner ou tenter ou au moins qu'on aurait pu
supposer qu'on veuille tenter d'examiner sérieusement le fonctionnement
de Radio-Québec, non seulement on maintient le statu quo, mais on y
investit des sommes encore plus considérables pour son maintien avec les
programmes qu'il présente actuellement et dans l'esprit qu'on lui
connaît présentement.
M. le Président, je termine ici mes remarques et j'aurai
l'occasion d'intervenir au moment de l'étude du projet de loi article
par article.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Rivest: Qu'on fasse sortir les journalistes.
M. Guay: M. le député de Jacques-Cartier s'est
déjà chargé de la chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. O'Neill: II y a déjà assez
d'Information-Québec pour cela.
M. Richard Guay
M. Guay: J'ai écouté les deux interventions de
l'Opposition officielle et aussi la première d'entre toutes, celle du
député de Jean-Talon. Du député de Jacques-Cartier
je dirais, M. le Président, qu'il s'est probablement trompé de
projet de loi. Il a surtout parlé du projet de loi no 5 sur la nature de
Radio-Québec, son indépendance par rapport au pouvoir politique
et ainsi de suite, alors qu'il n'est pas du tout question de cela ici. Le
projet de loi no 5 a été adopté, faut-il lui rappeler,
à la fin de l'ajournement d'été et à
l'unanimité, par surcroît, si bien que son parti, sinon
lui-même, y a concouru.
Il prétend voir dans le projet de loi no 4 le fait de faire
tomber la radio-télévision éducative sous la coupe du
gouvernement du Québec. Encore là, j'inviterais le
député de Jacques-Cartier à lire le projet de loi no 4,
puisque c'est précisément l'inverse que le projet de loi
prétend faire. A l'heure actuelle je le rappelle encore une fois,
cela a été dit en deuxième lecture, cela a
été répété abondamment, mais, apparemment,
ceux qui ne veulent pas entendre ne réussissent pas à entendre,
effectivement il s'agit de soustraire la programmation éducative
d'un comité formé de deux ministres, c'est-à-dire d'un
organisme on ne peut plus politique, le ministre de l'Education et le ministre
des Communications, de soustraire de ce comité ministériel la
programmation éducative pour la placer sous la juridiction d'un
organisme quasi judiciaire qui offre, en la matière, toutes les
garanties d'objectivité, de neutralité et d'impartialité.
Dire qu'on veut placer la programmation éducative sous la coupe du
gouvernement du Québec, c'est faire preuve de deux choses l'une: Ou bien
on n'a pas lu le projet de loi, auquel cas il serait avantageux qu'on le lise
avant d'intervenir de nouveau, ou alors on veut induire la population en erreur
par des interventions comme celle-là. Il est bien évident que
c'est exactement le contraire dont il s'agit.
Selon le député de Jacques-Cartier, Radio-Québec
n'offre pas les garanties d'indépendance de Radio-Canada. Encore une
fois, M. le Président, je réfère le député
de Jacques-Cartier à la loi no 5 qu'il a adoptée et pour laquelle
il a voté à la fin de l'ajournement d'été qui offre
toutes les garanties d'indépendance pour Radio-Québec face au
pouvoir politique, contrairement à ce qui prévalait auparavant en
vertu de la Loi de Radio-Québec telle que modifiée par le
gouvernement libéral en 1972, le gouvernement de M. Bourassa. A l'heure
actuelle, Radio-Québec a toutes les garanties d'indépendance face
au pouvoir politique et, comme je vous le disais, j'invite le
député de Jacques-Cartier à relire ce projet de loi.
Au surplus, M. le Président, Radio-Québec n'a fait,
à ma connaissance, qu'à une seule reprise l'objet d'une critique
publique venant d'un milieu politique. Vous vous souviendrez en effet qu'il y a
quelques années, sous l'ancien gouvernement, le whip en chef du
gouvernement de l'époque, le député des
Iles-de-la-Madeleine, M. Louis-Philippe Lacroix dont le député de
Jacques-Cartier se souvient sûrement, j'espère sans trop de
nostalgie, avait dénoncé, je pense, la présence de M.
Laurent Laplante comme animateur de Radio-Québec, si ma mémoire
est bonne. Je vous dis cela sous toutes réserves, parce que je devrais
sans doute revoir les journaux de l'époque...
M. Ri vest: Je pense que le député aurait
intérêt à revoir...
M. Guay: Je suis pas mal sûr de la chose. Je me souviens
que cela avait donné lieu à une intervention du ministre des
Communications d'alors.
M. Rivest: Contentez-vous d'affirmer les choses dont vous
êtes certain, c'est déjà suffisamment pénible comme
ça.
M. Guay: Je précise, M. le Président, pour la
mémoire du député de Jean-Talon qui, à
l'époque, était dans l'entourage immédiat du chef du
gouvernement et qui aurait dû je ne sais s'il l'a fait
être témoin de l'incident puisqu'il impliquait le whip en chef du
gouvernement, de ce gouvernement, et le ministre des Communications du
même gouvernement. Il se peut que dans l'entourage du premier ministre,
à l'époque, on semblait flotter dans un nuage qui était
désincarné de la réalité québécoise
comme les électeurs le lui ont fait constater le 15 novembre 1976.
M. Rivest: Le 30 avril 1979?
M. Guay: Toujours est-il, M. le Président...
M. Rivest: Quelle date, M. le député? Le 30 avril
1979?
M. Guay: Je n'ai pas interrompu le député de
Jean-Talon, M. le Président, lorsqu'il a longuement parlé...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous le provoquez continuellement.
M. Guay: Je ne le provoque pas.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Taschereau.
M. Guay: J'affirme ou je rappelle un certain nombre de choses.
Toujours est-il que, contrairement à Radio-Canada, qui a fait l'objet,
à maintes et maintes reprises, d'interventions à caractère
politique de la part de politiciens libéraux oeuvrant à Ottawa
je pense en particulier à M. André Ouellet, mais il y en a
eu d'autres aussi Radio-Québec n'a, à toutes fins utiles,
jamais fait l'objet d'intervention à caractère politique depuis
qu'il existe. C'est donc dire que...
Mme Lavoie-Roux: C'est dans le but de filmer notre vice-premier
ministre.
M. Guay: C'est donc dire, M. le Président, qu'il n'y a
jamais eu de...
M. Rivest: C'est important, à part ça, cela a
créé beaucoup d'emplois.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, la parole est au
député de Taschereau!
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président.
M. Guay: Je rappelle au député de L'Acadie qu'elle
non plus, je ne l'ai pas interrompue.
Mme Lavoie-Roux: C'est juste et je me suis excusée
d'ailleurs.
M. Guay: C'est ça, a posteriori; ce serait bon que vous le
fassiez par anticipation.
M. Rivest: Je m'excuse d'avance pour les deux ou trois que je
vous réserve d'ici la fin.
M. Guay: Les prochaines qui s'en viennent, oui!
Le député de Jean-Talon aurait intérêt
à relire, lorsque la copie sera disponible, la définition que le
député de Jacques-Cartier a donné du patrimoine culturel.
J'ai trouvé la chose fort intéressante, parce que le
député de Jean-Talon, dans son intervention, a reproché au
projet de loi no 4 de ne pas parler des enjeux socio-économiques et de
se pencher uniquement sur la culture. A la deuxième lecture, j'avais eu
l'occasion de lui signaler que la culture est un concept vaste, qui englobe
toutes les façons d'être et de vivre d'une collectivité. Je
suis heureux de voir que le député de Jacques-Cartier a souscrit
à cette façon de voir les choses et...
M. Rivest: Enlevez donc le premier élément du
paragraphe, mettez simplement la télévision culturelle; à
ce moment, ce sera bien plus simple.
M. Guay: ... j'invite le député de Jean-Talon,
dès lors qu'il aura eu la décence de se taire, à relire
la...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que je peux rappeler au
député de Jean-Talon l'article 100 de notre règlement?
M. Rivest: Je m'excuse, M. le Président, mais je suis un
nouveau député, je ne connais pas votre règlement.
M. Guay: Peut-être, M. le Président, pourriez-vous
lui lire l'article 100, étant donné que, si je ne m'abuse, le
député de L'Acadie a fait référence
tantôt aux analphabètes et que le député de
Jean-Talon semble en être.
M. Rivest: Est-ce que vous pourriez me le lire, s'il vous
plaît, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): L'article 100: "Tant qu'un
député a la parole, aucun député ne doit
l'interrompre, si ce n'est pour lui demander la permission de poser une
question ou de donner des explications, pour soulever une question de
règlement..."
M. Rivest: Ah, c'est bête!
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Taschereau.
M. Guay: Etant maintenant ainsi au courant de l'article
100...
M. Rivest: C'est sévère, votre
règlement!
M. Guay:... M. le Président, je présume que le
député de Jean-Talon va dorénavant avoir la politesse de
laisser les autres parler lorsqu'ils ont la parole, comme on a la politesse de
le laisser parler, tout ennuyant qu'il soit, lorsqu'il a la parole.
J'invite donc le député de Jean-Talon, ainsi que je le
disais, à lire la copie du discours prononcé par son
collègue, le député libéral à sa gauche, le
député de Jacques-Cartier, qui a défini le patrimoine
culturel comme étant à la fois la façon de vivre d'une
population, ses échelles de valeurs, sa philosophie terme qui est
cher au député et sa culture.
La culture, vous le noterez, est venue au quatrième rang. C'est
d'abord et avant tout, selon le député de Jacques-Cartier, sa
façon de vivre. Or, M. le Président, la façon de vivre
d'un peuple, la façon de vivre d'une collectivité, cela comporte
sa façon de vivre sur le plan économique, sa façon de
vivre sur le plan social et, bien sûr, sa façon de vivre sur le
plan culturel. C'est donc dire que, dans ce domaine, le projet de loi, tel
qu'il est, répond tout à fait aux ambitions du
député de Jean-Talon. Il n'a qu'à le lire à la
lueur des sages propos de son collègue, le député de
Jacques-Cartier, pour comprendre ce que veut dire le projet de loi no 4 et
cesser de le critiquer indûment sur cet aspect.
D'autre part, M. le Président, le député de
Jacques-Cartier a terminé en disant qu'il est très subjectif
d'évaluer une programmation éducative et que cela ouvre la porte
aux pires abus. Il a tout à fait raison; il est effectivement difficile
d'évaluer si une programmation est éducative et cela ouvre
effectivement la porte aux pires abus ou cela peut ouvrir la porte aux pires
abus. (12 h 15)
Dans ces circonstances, on penserait que le député de
Jacques-Cartier serait le premier à proposer, qu'il aurait même
déposé un projet de loi à l'Assemblée nationale, en
son propre nom, pour faire en sorte qu'on modifie l'organisme de régle-
mentation de la programmation éducative car, enfin, si c'est un
comité ministériel, comme c'est le cas à l'heure actuelle
depuis que l'ancien gouvernement libéral l'a institué, si c'est
un comité formé de deux ministres, il y a effectivement danger,
comme l'a dit le député de Jacques-Cartier, qu'il y ait des
éléments de subjectivité dans l'évaluation des
programmations éducatives et cela peut ouvrir la porte aux pires abus.
C'est pourquoi, il me semble qu'il aurait dû proposer il y a
déjà fort longtemps qu'on soumette la programmation
éducative à un organisme qui offre des garanties
d'impartialité et d'indépendance comme la Régie des
services publics. C'est ce que propose le projet de loi. Le Conseil
supérieur de l'éducation, puisque le député de
Jean-Talon y a fait allusion, n'est pas un organisme décisionnel, d'une
part. D'autre part, ce n'est pas un organisme qui est attribué à
recevoir des représentations tant de la part de l'Etat que de la part
des parties impliquées pour ensuite rendre un jugement comme un tribunal
ou un organisme quasi judiciaire peut le faire, comme le député
de Jean-Talon le sait très bien, lui qui est avocat de formation, si
bien que le Conseil supérieur de l'éducation, c'est vraiment
parce qu'on cherche un prétexte, on cherche n'importe quoi pour
critiquer le projet de loi. C'est une affirmation, c'est une proposition qui
est en soi frivole à sa face même, pour employer une expression
juridique que connaît le député de Jean-Talon.
Le député de L'Acadie semblait également avoir la
nostalagie du projet de loi no 5, parce qu'elle a longuement parlé de
Radio-Québec, de ce qui s'y fait, de ce qui pourrait s'y faire, de ce
qui devrait s'y faire, de ce qui ne s'y fait pas et de ce qui s'y est mal fait.
Radio-Québec a fait l'objet du projet de loi no 5 et fait maintenant
l'objet de la loi no 5. Nous sommes ici pour étudier le projet de loi no
4 sur la programmation éducative. Ce n'est pas du tout la même
chose.
Une Voix: C'est un prolongement.
M. Guay: La nature de la programmation éducative, le
député de L'Acadie affirme que c'est un choix que le gouvernement
a fait. M. le Président, dans la mesure où Radio-Québec
est un diffuseur éducatif, il l'est depuis plusieurs années, ce
n'est pas un choix que ce gouvernement-ci a fait, c'est un choix qui est fait
depuis un bon moment, que Radio-Québec soit un diffuseur éducatif
et qu'on donne à l'éducation au sens éducatif le sens
large qu'on lui a donné jusqu'à maintenant, ce qui fait que
Radio-Québec est un diffuseur éducatif, mais ne se cantonne pas
dans le domaine scolaire, ne s'est pas cantonné, ne s'est pas
réduit au rôle de diffuseur scolaire, comme le voudrait
l'Opposition libérale, du moins, quant à sa première
priorité, si je me souviens bien des propos du député de
Jean-Talon.
Le député de Jean-Talon a bien mentionné que sa
première priorité...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie soulève une question de règlement. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
d'interrompre le député de Taschereau, mais il ne semble pas
avoir écouté ce que j'ai dit. Je pense que j'ai dit très
clairement...
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le...
Mme Lavoie-Roux: ... que la télévision
éducative devait dépasser le réseau scolaire. Je l'ai dit
et répété. Il n'a rien compris.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Vanier, question de règlement
M. Bertrand: M. le Président, il y a à peu
près un an et demi, le député de L'Acadie avait appris
à connaître l'article 100. Je pense qu'il serait bon que, cette
année, elle puisse en connaître un deuxième, l'article 96.
Je pense qu'elle va se rappeler celui-là. L'article 100 défend
d'interrompre un collègue pendant qu'il parle, mais l'article 96 dit: Si
un collègue interprète des propos que j'ai tenus d'une
façon que je considère injuste parce qu'il les
"mésinterprète", je peux, à ce moment, après qu'il
a terminé son discours, revenir à la charge, invoquer l'article
96 et demander que l'interprétation que le député avait
faite de mes propos soit rectifiée. L'article 96.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si je retiens l'article 96, la lecture de
l'article 96, que vient de faire le député de Vanier, est-ce que
je dois conclure que ceci peut m'autoriser, après l'intervention du
député de Taschereau, à refaire une intervention de 20
minutes parce qu'il interprète depuis le début d'une façon
erronée les propos que j'ai tenus?
Le Président (M. Clair): ... sur la question de
règlement.
M. Guay: Si Mme le député de L'Acadie, M. le
Président, s'était bornée à écouter ce que
j'avais dit, je faisais allusion, en plus de ses paroles, mais au moment
où elle m'a interrompu, à des paroles qu'a prononcées le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, j'invoque le règlement,
l'article du député de Vanier, le même article que celui du
député de Vanier, l'article 96. Ce n'est pas une colle.
M. Guay: La frivolité s'empare des membres de l'Opposition
officielle...
Le Président (M. Clair): M. le député...
M. Rivest: Oui, mais, M. le Président, j'invoque l'article
96 pour dire...
Le Président (M. Clair): Question de règlement, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... que j'ai l'intention, après l'intervention
du député de Taschereau de me prévaloir des dispositions
de l'article 96 de votre règlement de façon Ah, je n'ai
pas le droit de le dire!
M. Bertrand: Vous n'avez pas besoin de le dire.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Taschereau.
M. le député de Taschereau.
M. Saint-Germain: On veut "filibuster " l'Opposition.
M. Bertrand: II y a un exemplaire gratuit...
M. Guay: Je ne sais pas où est passé le
député d'Argenteuil, mais il y aurait besoin d'un préfet
de discipline en face.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, vos commentaires sur le projet de loi no 4.
M. Guay: Oui, M. le Président. Le choix que le
gouvernement a fait, quant à la nature de la programmation
éducative ce sont bien les propos qu'a utilisés le
député de l'Acadie on nous dit: Le gouvernement a fait ce
choix-là. Nous ayons fait le choix de prolonger la notion de
télévision éducative, telle qu'elle existe, comme
Radio-Québec l'a utilisée jusqu'à maintenant, de la
préciser, mais de ne pas la restreindre et de ne pas la modifier, c'est
exact, parce que la modifier impliquerait forcément la restreindre.
C'est un peu, d'ailleurs, ce que nous a dit le député de
Jean-Talon. C'est ce que je disais tantôt au moment où le
député de L'Acadie s'est ému de la chose. Le
député de Jean-Talon nous a fait part des priorités, de la
façon dont il voyait les priorités du développement de la
télévision éducative et la première priorité
c'est la télévision scolaire. On aimerait bien cela, au fond, que
Radio-Québec fasse de la télévision scolaire.
Ensuite, il y avait d'autres priorités accessoires qui venaient
plus tard dans le temps et on nous dit: Bien sûr, il ne s'agit pas de
réduire la dimension de la télévision éducative,
sauf qu'en pratique toutes les propositions qu'on fait visent à
réduire précisément la portée de la
télévision éducative pour en faire soit un
téléviseur scolaire, soit un téléviseur qui vise
une clientèle spécifique comme les 100 000 analphabètes
qui peuvent exister au Québec. C'était un exemple, parmi
d'autres. Donc, à viser soit des clientèles précises et
restreintes ou alors faire de la télévision scolaire, dans les
deux cas on réduit singulièrement la portée de la notion
de télévision éducative, non seulement celle qui est dans
le projet de loi à l'heure actuelle, mais celle qui est appliquée
depuis déjà fort longtemps par Radio-Québec et
même sous l'ancien gouvernement, le gouvernement de M.
Bourassa.
Le député de L'Acadie nous dit qu'on n'a donc pas
profité de l'occasion pour faire de Radio-Québec un
véritable téléviseur éducatif, au sens où
elle entend ce que devrait être un téléviseur
éducatif. Il me semble, quant à moi, qu'au contraire, on consacre
une fois pour toutes le rôle éducatif de Radio-Québec et le
rôle éducatif de Radio-Québec, ce n'est pas de faire de la
télévision scolaire, ce n'est pas de faire de la
télévision uniquement pour des clientèles restreintes,
isolées, identifiées et qui ne constituent pas l'ensemble de la
population du Québec. La télévision...
Mme Lavoie-Roux: Le consommateur, est-ce que cela a
été...
M. Guay: Oui, alors parlons du consommateur. Justement, vous avez
dit: II se peut qu'il y ait...
Mme Lavoie-Roux: II y en a.
M. Guay: ... des émissions de telle ou telle nature;
notamment au sujet des consommateurs, sont-elles bonnes, sont-elles
suffisantes? On peut effectivement se poser la question. Il y aurait
probablement pas nécessairement dans ce domaine-là
des choses à changer à Radio-Québec, tout le monde est
d'accord là-dessus, y inclus le président-directeur
général, mais, à ce moment-là, je m'étonne
que les hommes politiques d'en face, les personnes politiques d'en face
veuillent en quelque sorte dire quelle va être plus spécifiquement
la programmation de Radio-Québec. Là, cela commence à
friser singulièrement l'immixtion du politique dans le domaine de la
programmation éducative. Au fond, ce que le Parti libéral est en
train de faire, c'est de vouloir dicter à Radio-Québec la nature
de sa programmation, le contenu spécifique de sa programmation. Or, le
contenu spécifique de sa programmation relève du conseil
d'administration de la société Radio-Québec. Si
d'aventure, aux prochaines élections, le député de
L'Acadie ne se présente pas ou mord la poussière, je serai
heureux de recommander au ministre des Communications, le député
de Chauveau, de le nommer au conseil d'administration de Radio-Québec
où il pourra faire valoir ses idées à la direction de
Radio-Québec, pour l'amélioration de la programmation de
Radio-Québec comme membre du conseil d'administration de
Radio-Québec, ce qui serait son rôle et le rôle du conseil
d'administration de Radio-Québec. Cependant, ce n'est pas le rôle
des députés de venir dire à Radio-Québec de passer
telle émission ou telle autre émission ou telle autre
émission, parce qu'à ce moment-là...
M. Rivest: Ce n'est pas ce qu'on dit du tout. Vous êtes
complètement dans les prunes.
Une Voix: A l'ordre!
M. Rivest: On ne dit pas cela.
M. Guay: On s'énerve, c'est effrayant, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Tâchez de ne pas tout déformer.
M. Rivest: Vous êtes énervant aussi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Le député de L'Acadie nous dit finalement
que le projet de loi n'est pas clair, n'est pas limpide, n'est pas transparent.
J'utilise ses propres termes. Y a-t-il, M. le Président, quelque chose
de plus clair, de plus limpide, de plus transparent que de soustraire un
comité de ministres, un comité éminemment politique, la
décision quant à la programmation éducative, pour la
confier à un organisme quasi judiciaire siégeant en public,
devant lequel l'Etat intervient comme partie et devant lequel les autres
parties peuvent intervenir comme devant n'importe quel autre tribunal et c'est
au tribunal, formé de gens indépendants d'esprit, formé de
gens... Est-ce que le député de Jean-Talon met en cause
l'impartialité de la Régie des services publics et de ses
membres?
M. Rivest: Réponse: Non.
M. Guay: Bien. Je suis heureux de l'entendre.
M. Rivest: II a le droit de me poser des questions?
M. Guay: Y a-t-il quelque chose de plus clair, de plus limpide,
de plus transparent que cela? Cela aurait dû être fait il y a
longtemps, sous l'ancien gouvernement, pour éviter toute
tentative...
M. Rivest: Vous étiez au ministère des
Communications pendant trois ans, vous n'avez rien fait. Vous étiez
là, vous étiez au ministère. Arrêtez donc de faire
passer tout cela sur le dos de l'ancien gouvernement. C'est vous qui
décidiez.
M. Guay: Ce n'est pas moi qui étais ministre de l'ancien
gouvernement, Dieu merci! Jamais je ne me serais ramassé dans ce
groupe-là.
M. Rivest: Vous avez travaillé pour l'ancien
gouvernement.
M. Guay: J'ai travaillé pour l'Etat, j'étais
fonctionnaire de l'Etat.
M. Rivest: Vous êtes lié à l'ancien
gouvernement.
M. Bertrand: Est-ce que vous voulez dire que les 65 000
fonctionnaires du gouvernement étaient liés au Parti
libéral?
M. Rivest: Bien oui, selon la nouvelle théorie politique
du premier ministre, qui dit que les fonctionnaires doivent épouser les
objectifs politiques du gouvernement en place.
M. Bertrand: Vous nous sortirez cela.
M. Rivest: Oui. Je m'excuse auprès du député
de Taschereau. D'ailleurs, le président est distrait, c'est pour cela
que j'en profite; il ne me rappelle pas au règlement.
M. Bisaillon: Nommez-en 65 000.
M. Guay: II faudrait peut-être relire l'article en
question.
M. Rivest: M. le Président, excusez, j'ai violé le
règlement. Vous n'avez rien vu, mais c'est vrai pareil.
Une Voix: On veut des preuves.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de...
Une Voix: De Taschereau.
Le Président (M. Lacoste): ... Taschereau.
M. Guay: Cette reconnaissance de viol de la part du
député de Jean-Talon étant chose faite, nous pouvons
maintenant poursuivre.
M. Bertrand: Ce n'est pas très beau.
M. Guay: Y a-t-il quelque chose de plus clair, de plus simple?
Peut-on concevoir, M. le Président, quelque chose de plus limpide que
l'idée de placer sous une autorité quasi judiciaire publique, et
non pas sous l'autorité de ministres siégeant à huis clos,
la décision de savoir si telle programmation est ou n'est pas
éducative, si bien que les reproches qu'on nous fait me paraissent
singulièrement mal fondés?
Evidemment, on nous accuse de faire un système parallèle
à Radio-Canada, comme s'il s'agissait là d'un sacrilège.
D'abord, première chose, Radio-Canada, à ce moment, devrait
être abolie aussi, parce qu'elle fait un système parallèle
à l'entreprise privée, à TVA. Je suis étonné
qu'on ne propose pas aussi l'abolition de Radio-Canada.
M. Rivest: Ce ne sont pas les fonds publics qui financent le
secteur privé.
M. Guay: Si l'Etat...
M. Rivest: Voyons donc!
Mme Lavoie-Roux: TVA est un système parallèle.
M. Guay: Les fonds publics défendent...
Mme Lavoie-Roux: Vous admettez que c'est un système
parallèle.
M. Guay: Bien sûr que TVA est un système
parallèle.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ne dites pas que c'est de la
télévision éducative strictement.
M. Rivest: C'est cela, exactement.
Mme Lavoie-Roux: Au moins, soyez honnête.
M. Guay: Est-ce que, oui ou non, lorsque vous regardez l'horaire
de télévision, vous avez devant vous des choix, des
réseaux qui fonctionnent en parallèle? Il y aTVA, l'entreprise
privée, Radio-Canada, entreprise puolique fédérale,
Radio-Québec, entreprise publique québécoise, en plus des
postes qui viennent de l'extérieur, mais je parle des réseaux
francophones accessibles aux Québécois. C'est bien sûr
qu'ils fonctionnent en parallèle. Tiensl la belle affaire que
voilà! C'est la trouvaille du siècle de la part du
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: En parallèle quant au contenu.
M. Guay: En parallèle à tout point de vue.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est une société d'Etat
que vous voulez créer.
M. Bertrand: M. le Président, ce n'est pas correct, il est
en train...
M. Guay: C'est une société d'Etat qui existe et qui
fait de la radio-télévision éducative en parallèle
à la télévision publique...
Mme Lavoie-Roux: Radio d'Etat. M. Guay: ...
commerciale.
Mme Lavoie-Roux: Radio d'Etat vers la séparation.
M. Bertrand: II est en train de s'établir un dialogue, M.
le Président, c'est très mauvais.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de Taschereau.
M. Guay: Dois-je comprendre, M. le Président, de la part
du député de L'Acadie, qu'il y aurait quelque chose
d'anticonstitutionnel à faire de la radio-télévision
éducative d'Etat au Québec?
Mme Lavoie-Roux: Radio-Canada n'a jamais prétendu que
c'était une télévision éducative. Vous, vous
prétendez que c'est de la télévision éducative.
C'est là la différence.
M. Guay: J'ai dit que Radio-Québec...
Mme Lavoie-Roux: Que Radio-Québec est de la
télévision éducative. Alors, ce n'est pas la même
chose.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Taschereau permet une question?
M. Guay: Est-ce que TVA fait la même chose que
Radio-Québec à tout point de vue ou si Radio-Québec ne
s'est pas donné une vocation de défendre et de promouvoir
l'unité canadienne?
Mme Lavoie-Roux: Vous venez de nous dire que c'était la
même chose que Radio-Canada.
M. Guay: Est-ce que Radio-Canada n'a pas une vocation
particulière, celle de la promotion de l'unité canadienne qu'on
ne retrouve pas chez TVA.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas au courant, monsieur.
M. Guay: Ah! ils ne sont pas au courant, tiens donc!
Alors, si le député de L'Acadie n'est pas au courant de ce
qui se passe dans le domaine de la radiodiffusion, il me paraît dangereux
qu'elle fasse des affirmations comme celle qu'elle vient de faire.
Donc, on nous accuse de faire un système parallèle
à Radio-Canada. Radio-Canada fait un système parallèle
à TVA. Chacun a sa façon de fonctionner, chacun a ses
priorités, chacun a sa façon de se développer et chacun a
sa programmation. Il n'y a rien là-dedans qui soit anormal, qui soit
épouvantable, si ce n'est... Est-ce que je te dérange?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, la parole est à vous. Je demanderais aux membres de la
commission de ne pas interrompre...
Mme Lavoie-Roux: Cela prendrait un peu de discipline du
côté des ministériels aussi.
M. Rivest: II faudrait dire au whip qu'il y a dissension,
querelle du côté ministériel.
Le Président (M. Lacoste): ... le député de
Taschereau.
M. le député de Taschereau.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait vingt minutes.
M. Rivest: II me semble que cela fait longtemps qu'il parle.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, c'est à vous la parole.
M. Guay: Je vais laisser les nerfs se calmer, se
détendre.
M. Rivest: M. le Président, il ne faudrait pas
interpréter cela.
M. Guay: Cela y est, il est encore nerveux.
M. Rivest: C'est l'intervention intempestive du
député de Vanier qui a soulevé la fureur du
député de Taschereau: qu'ils règlent leurs
problèmes et qu'ils ne nous mettent pas cela sur le dos.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, est-ce que c'est une question de règlement?
M. Rivest: Non, c'est une observation.
Le Président (M. Lacoste): D'accord, ce n'était pas
une question de règlement. M. le député de Taschereau.
M. Bertrand: Je voudrais m'excuser auprès du
député de Taschereau.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Rivest: Vous n'avez pas le droit; en vertu du
règlement, il faut le faire après l'intervention.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, c'est à vous la parole. M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Cela n'en a pas l'air. Bon! je pense que cela y est. (12
h 30)
Vous remarquerez, M. le Président, que je tiens à lui
rendre hommage. Le député de Jacques-Cartier, dans tout cela, a
été d'une sagesse exemplaire; le député de
Gaspé aussi.
Je terminais donc, M. le Président, avec l'argument du
député de L'Acadie selon lequel nous créons un
système parallèle. Le système parallèle existe
déjà, Radio-Québec existe déjà, cela n'a
rien de nouveau. Que les Québécois aient accès à un
plus grand choix, ce n'est rien non plus de malsain, bien au contraire. Dieu
sait que, dans bien des régions, cela peut être
singulièrement utile.
Au fond, M. le Président, l'Opposition du Parti libéral,
dans ce projet de loi, sous le couvert de tel article ou de telle
hypothèse ou de tel point-virgule, est une opposition de fond. On tourne
autour du pot, mais on n'ose pas dire pourquoi on s'y oppose. Parce que,
évidemment, c'est fâcheux de dire qu'on s'oppose à
l'affirmation de la juridiction du Québec dans le domaine de
l'éducation, surtout lorsqu'il s'agit de la
radio-télévision éducative, étant donné que
la radio-télévision est du domaine, pour l'instant, du
fédéral et que l'Opposition libérale semble beaucoup plus
se soucier de défendre jalousement la juridiction du gouvernement
fédéral dans le domaine que d'affirmer la juridiction du
Québec dans un domaine concurrent. Cela n'a rien de nouveau, cela fait
partie de la tradition séculaire du Parti libéral. Oui,
effectivement.
Une Voix: Qu'est-ce qu'on a fait encore?
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas capable de défendre son
projet de loi, alors il accuse le Parti libéral. C'est aussi simple que
cela.
M. Guay: M. le Président, est-ce qu'on pourrait...
M. Rivest: M. le Président, ne soyez pas distrait, il se
passe ici des choses épouvantables.
M. Guay: M. le Président, il existe, en vertu du
règlement, un appel à l'ordre et je me permets de vous inviter,
à l'endroit du député de Jean-Talon, à l'utiliser.
Il y a quand même des damnées limites à agir comme il agit.
S'il n'a aucun sens du protocole parlementaire, qu'il quitte la Chambre et
qu'il aille ailleurs.
Le Président (M. Lacoste): Pour tous les membres de la
commission parlementaire, je rappelle de nouveau l'article 100 de notre
règlement. Cela vaut pour tous les membres de la commission
parlementaire; donc la parole est au député de Taschereau. Est-ce
qu'il a terminé son exposé?
M. Guay: Si on veut bien me laisser terminer. Je disais donc, M.
le Président, que, dans ce domaine comme dans d'autres, le jupon du
Parti libéral commence à dépasser. On a eu un
échantillon, au cours de la fin de semaine, et c'est dans le journal de
ce matin, de ce que serait le fédéralisme renouvelé tel
que conçu par le chef du Parti libéral dans...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur une question de règlement.
M. Rivest: M. le Président, je pense que le
député doit parler selon la pertinence du débat et les
ressources naturelles n'ont rien à voir avec la télévision
éducative.
M. Guay: Je n'ai pas parlé des richesses naturelles. C'est
vous qui en parlez.
M. Bertrand: Vous saviez sur quoi on allait vous attaquer.
M. Guay: C'est curieux, vous le saviez déjà? Vous
présumiez que j'allais parler... C'est étonnant. Vous êtes
déjà chatouilleux sur la question.
M. Rivest: Je n'ai pas terminé, M. le Président,
sur la question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur une question de règlement.
M. Rivest: Le député se réfère
à un article de ce matin qui traite des richesses naturelles, dans le
journal, et ce n'est absolument pas pertinent. Je lui demande de respecter le
règlement. Il se fout du règlement depuis le début. C'est
inconcevable, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Sur la question de
règlement, M. le député de Jean-Talon, le Président
va bien écouter ce que le député de Taschereau va dire
dans son exposé et je le rappellerai à l'ordre s'il ne parle pas
sur le projet de loi no 4.
M. Guay: C'est remarquable, la prémonition du
député de Jean-Talon, de savoir que j'allais parler effectivement
de la déclaration du chef du Parti libéral, la déclaration
absolument invraisemblable et inadmissible, contraire à tout ce que le
gouvernement Godbout a même pu faire dans le temps.
M. Rivest: M. le Président, une question de
règlement.
M. Bisaillon: ... cela a marché pendant dix minutes. Le
député de Jean-Talon peut nous parler de sa secrétaire,
c'est dans l'ordre.
Le Président (M. Lacoste): Je vous rappelle que vous
faites vos commentaires sur le projet de loi.
M. Guay: Mais je le sais très bien, M. le
Président. Si le député de Jean-Talon veut me laisser
terminer, j'ai quand même le droit de faire référence
à autre chose en parallèle, à titre d'exemple, à ce
que je suis en train de souligner. Ils l'ont fait pendant une heure
tantôt et je ne vois pas pourquoi le règlement s'appliquerait de
façon différente de ce côté-ci de la table et de
l'autre côté.
Le Président (M. Lacoste): Tantôt, j'ai
rappelé à l'ordre les députés lorsqu'il y a eu la
question des drapeaux. Je pense que cela se fait pour l'ensemble des
députés, sur un autre sujet. J'aimerais que l'exposé se
rapporte directement au projet de loi no 4, Loi sur la programmation
éducative.
M. Guay: Fort bien, M. le Président, je me rends à
votre décision et je vous signale tout de suite que, dès qu'un
député de l'Opposition va parler d'autre chose, comme ils l'ont
fait amplement ce matin, je vais soulever une question de règlement. Je
vous donne tout de suite un préavis en la matière. Vous allez en
avoir beaucoup, d'après le nombre de fois qu'ils ont parlé de
tout autre chose ce matin que du projet de loi no 4.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement, le règlement 96.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, une question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Ce que le député de Taschereau
vient d'affirmer m'apparaît tout à fait inexact. A aucun moment je
ne suis sortie en dehors du débat touchant la programmation
éducative.
M. Guay: Toujours sur la question de règlement. Le
député de L'Acadie a abondamment
parlé du rôle, de la vocation, de la nature de
Radio-Québec, c'est la loi no 5. Nous sommes ici pour étudier la
télévision éducative. Il n'y a rien, dans le projet de loi
no 4... Le mot Radio-Québec n'est nullement mentionné, c'est
quand même assez étonnant qu'on en parle. Elle a parlé
pendant 20 minutes de Radio-Québec, alors qu'il est question de la
télévision éducative.
Mme Lavoie-Roux: Qui va la faire? C'est Radio-Québec.
Franchement, tâchez d'être un peu plus...
M. Guay: Si vous voulez niaiser, on va niaiser à deux.
M. Rivest: Avant qu'on n'aborde l'étude de l'article 1,
j'aurais une demande très brève à faire au ministre.
Est-ce que le ministre pourrait nous procurer la définition dont il a
fait état de la programmation éducative dont il dit s'être
inspiré, celle de l'UNESCO. J'avoue qu'on a fait des recherches
nous-mêmes et on ne l'a pas retracée. Est-ce que le ministre l'a
en sa possession ou si, au fil des discussions, on pourra la retrouver?
M. O'Neill: On pourra aborder cela au moment de l'étude de
l'article 2.
M. Rivest: Très bien. D'accord, M. le Président.
Avant qu'on n'aborde l'article 1...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... j'aurais une motion à faire. M. le
Président, une des fonctions premières de la
radio-télédiffusion éducative, première, et non
exclusive, est liée directement au problème de
l'éducation. J'ai eu l'occasion tantôt de demander au ministre
de...
M. Guay: Une question de règlement. Le Président
(M. Lacoste): M. le député.
M. Guay: Le député de Jean-Talon a parlé
pendant beaucoup plus longtemps que la période qui lui est normalement
allouée. Il n'a pas le droit de reprendre la parole, si je ne m'abuse,
une deuxième fois.
M. Rivest: J'ai le droit de faire une motion.
M. Guay: S'il veut faire une motion, qu'il lise sa motion, mais
il n'a pas le droit de faire un deuxième discours qui aboutirait
à une motion, étant donné qu'il a déjà
largement dépassé le temps qu'il avait.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Taschereau a parfaitement raison...
M. Rivest: Je trouve que l'intervention du député
de Taschereau est très pertinente. Je m'excuse, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je fais motion, pour répondre aux voeux du
règlement et à la suggestion de mon ami et collègue de
Taschereau, je fais la motion suivante: Que cette commission invite le ministre
de l'Education à être présent aux séances de cette
commission relativement à l'étude article par article du projet
de loi 4.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, une question de règlement?
M. Bertrand: Dans un premier temps, M. le Président, je
voudrais savoir comment il se fait qu'à ce moment-ci le
député de Jean-Talon intervient pour faire une telle motion. Il
me semble qu'il y a un principe admis selon lequel les membres présents
à la commission parlementaire sont amenés à faire un
certain nombre de commentaires généraux. Il me semble
qu'après cela on pourrait procéder au dépôt de
motions préliminaires, comme le veut la coutume, mais il faudrait
d'abord, je pense, permettre à chacun d'exprimer un point de vue.
M. Rivest: S'il y a d'autres intervenants avant, je n'ai pas
d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur les commentaires généraux?
M. Bertrand: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je voudrais demander la suspension des travaux, M.
le Président.
Le Président (M. Lacoste): La suspension des travaux.
C'est une motion débattable. Est-ce qu'il y a un accord?
M. Bertrand: II y avait un accord pour finir à 12 h
30.
M. Rivest: Un instant! D'accord. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Bertrand: Je voulais laisser le député de
Taschereau terminer.
Le Président (M. Lacoste): Jusqu'à 14 h 30?
M. Rivest: Le règlement est impératif, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): C'est cela. Nous allons
reprendre à 15 heures. Avec le consentement unanime, les travaux sont
suspendus à cet après-midi, 15 heures.
Suspension de la séance à 12 h 40
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Lacoste): Nous reprenons les travaux de
la commission permanente des communications sur le projet de loi no 2, Loi sur
la programmation éducative. Au moment de la suspension des travaux, la
parole était au député de Vanier.
M. Guay: Si mon collègue de Vanier le permet et si la
commission y consent, mon collègue, le député de
Laprairie, que je remplaçais ce matin, nous honore de sa présence
cet après-midi et sera avec nous ce soir, si bien que, si la commission
n'y voit pas d'objection, le député de Laprairie reprendrait son
droit de parole et son droit de vote à la commission et, pour ma part,
je serais simplement intervenant.
Le Président (M. Lacoste): Y a-t-il un accord pour que le
député de Taschereau remplace le député de
Deux-Montagnes, M. de Bellefeuille, comme intervenant et que M. le
député de Laprairie reprenne sa place comme membre élu?
D'accord?
Une Voix: D'accord. M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Lacoste): Donc, la parole est au
député de Vanier. (15 h 45)
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais émettre
un certain nombre de commentaires relativement à quelques exposés
qui ont été faits ce matin par mes collègues, que ce soit
de l'Opposition ou du côté ministériel. On semble
s'offusquer de retrouver dans ce projet de loi no 4 une définition de la
programmation éducative qui pourrait donner beaucoup trop d'emprise au
gouvernement du Québec dans la définition des grilles de
programmation de Radio-Québec ou de quelque télévision
communautaire que ce soit. Je pense qu'il est important de bien situer la
définition des objectifs tels que formulés dans le projet de loi
no 4 à la lumière des décisions qui ont été
prises antérieurement par d'autres gouvernements et même par
d'autres niveaux de gouvernement que celui du Québec et qui sont
reproduites presque textuellement dans le cadre du projet de loi no 4. D'abord,
je voudrais rendre hommage à l'Union Nationale, si on me le permet.
M. Le Moignan: Oui, oui. Allez-y. Soyez généreux.
Cela n'arrive pas souvent.
M. Bertrand: A celle des années 1960, si on me le permet
aussi...
Mme Lavoie-Roux: Une certaine nostalgie du député
de Vanier.
M. Bertrand:... surtout dans le cadre du projet de loi no 4
puisqu'on y parle de programmation éducative s'appliquant à
quelque entreprise de radio-télévision que ce soit ou à
quelque télévision communautaire que ce soit, de telle sorte
qu'il n'est même pas fait mention comme tel dans le projet de loi no 4 de
Radio-Québec, mais on a beaucoup parlé de Radio-Québec
depuis le début. Je pense que c'est important de rappeler que c'est, je
crois, sous un gouvernement libéral en 1929 ils ont
été au pouvoir tellement longtemps au début de la
Confédération qu'il me semble que c'était un gouvernement
libéral à ce moment-là que la première loi
québécoise relative à la radiodiffusion avait
été présentée au Parlement, qu'elle était
demeurée lettre morte, peut-être comme plusieurs des intentions
formulées par les gouvernements libéraux
antécédents et que ce n'est qu'en 1945, le 21 avril je ne
sais pas si à ce moment-là l'Union Nationale était revenue
au pouvoir ou si nous étions encore...
M. Le Moignan: C'étaient les belles années de
l'Union Nationale.
M. Bertrand: Vous étiez revenus au pouvoir après
l'interrègne de M. Godbout...
M. Le Moignan: De 1944 à 1960.
M. Bertrand: ... qui avait duré, je crois, jusqu'en 1944.
L'Union Nationale était revenue au pouvoir et, à ce
moment-là, elle avait adopté une nouvelle loi créant
l'Office de la radio du Québec, mais qui, encore là, était
demeurée, à toutes fins utiles, inopérante jusqu'en 1968
où, par un arrêté en conseil, le gouvernement de l'Union
Nationale de l'époque avait, à toutes fins utiles, rendu
opérante une loi antérieure votée en 1945.
En 1969, pour la première fois, on définissait de
façon plus précise les responsabilités de
Radio-Québec, en particulier quant à sa responsabilité de
télévision éducative. Je suis à peu près
convaincu que c'est une des raisons pour lesquelles l'Union Nationale,
aujourd'hui, ne trouve pas de problèmes à voter pour le projet de
loi no 4 et à nous appuyer, même si ces députés ont
l'intention, je crois, de formuler un certain nombre de remarques sur certains
articles en particulier. Dans l'ensemble, la philosophie...
M. Le Moignan: Nous l'avons indiqué en deuxième
lecture, d'ailleurs.
M. Bertrand: Vous l'avez indiqué en deuxième
lecture. La philosophie qui a présidé à la
préparation de la loi no 4 vous apparaît convenable, étant
donné les objectifs qui sont les vôtres. D'autant plus que la loi
de 1969 était beaucoup plus large, à mon point de vue, que ne
l'est le projet de loi no 4 sur la programmation éducative parce que, en
donnant les définitions de l'Office de radio-télédiffusion
du Québec, à ce moment-là, on n'explicitait pas de
façon très précise quels pou-
vaient être les fonctions, les responsabilités, les
objectifs poursuivis par l'ORTQ; on ne faisait que mentionner de façon
très générale que cela devait se situer dans le cadre de
la télévision éducative, sans même définir le
mot "éducation", et sans même définir, comme le fait le
projet de loi no 4, l'ensemble des objectifs qui doivent être poursuivis
dans le cadre de cette télévision éducative.
Ainsi, si on s'en reporte à l'esprit de la loi, je pense bien que
l'Union Nationale était prête, à toutes fins utiles,
à ce que Radio-Québec au-delà même de cette notion
de télévision éducative puisse assumer un certain nombre
de responsabilités qui sont un peu le prolongement de cette
responsabilité éducative que l'ORTQ avait.
M. Le Moignan: II n'y avait pas d'esprit partisan en 1969, c'est
pour cette raison que l'Union Nationale...
M. Bertrand: C'est là toute la différence. On n'a
qu'à lire, par exemple, un article comme l'article 22 de la loi de 1969
qui nous dit: Les principales fonctions de l'office sont les suivantes:
préparer pour des fins éducatives sans même
expliciter ce dont il s'agit des émissions de radiodiffusion, de
télédiffusion, des documents audio-visuels, en assurer la
diffusion à la demande des ministères et organismes du
gouvernement, et en collaboration avec eux, obtenir par achats, échanges
ou autrement, utiliser pour l'exécution de ses fonctions des documents
audiovisuels, des droits d'auteur, marques de commerce, etc., coordonner la
production et la diffusion de documents audiovisuels pour fins
éducatives... sans même développer davantage et essayer de
préciser quelle est cette notion, ce que renferme le mot
"éducatif" quand on l'utilise un peu partout.
Donc, on sent que déjà en 1968 et 1969 quand l'Union
Nationale, absolument, consacre les intentions qui avaient été
exprimées en 1945 et en 1929, le mot "éducatif",
déjà à cette époque, est introduit dans la Loi
créant l'ORTQ; bien plus, au départ, et admettons-le tous
ensemble, cela a été vrai aussi sous le gouvernement
libéral, pour ne pas créer de litige avec le gouvernement
fédéral et surtout pour permettre qu'à travers cette
notion d'éducation le Québec puisse, dans le domaine des
communications, jouer un rôle. Tout le monde là-dessus n'a jamais
été dupe. Je pense que les libéraux, là-dessus, ne
doivent pas tenter de jouer un rôle qui n'était certainement pas
le leur de 1970 à 1976, qu'eux aussi croyaient, croient encore que le
ministère des Communications a des responsabilités, que l'Office
de radio-télédiffusion du Québec est là pour rester
et que, malgré les différends qui nous opposent au gouvernement
fédéral sur la responsabilité en matière de
communications, le Québec, quant à lui, a l'intention d'aller de
l'avant, de continuer d'aller de l'avant et, par le biais de cette
responsabilité en matière d'éducation, utiliser les
instruments de communication que sont les télévisions
communautaires et qu'est aussi particulièrement l'Office de
radio-télédiffusion du Québec. D'autant plus que
même suite à un arrêté en conseil voté par le
gouvernement fédéral en 1972 qui définissait là
peut-être pour la première fois quels devaient être les
paramètres à l'intérieur desquels les Etats provinciaux
devaient fonctionner, même là, ni le gouvernement libéral
de l'époque, ni le nôtre n'ont senti le besoin de revenir sur des
décisions antérieures, et même se servant de
l'arrêté en conseil voté par le gouvernement
fédéral, l'ont incorporé dans leur propre décision.
Ils s'en inspirent encore aujourd'hui pour montrer que nous n'allons
certainement pas à rencontre de décisions qui ont
été prises par un autre niveau de gouvernement, mais que cela ne
va pas nous empêcher de prendre, nous, nos responsabilités.
Il est amusant de constater que la directive émise par le Conseil
des ministres du gouvernement fédéral en 1972, quant aux
responsabilités des réseaux de télédistribution, de
câblodistribu-tion en matière de programmation éducative,
se retrouve aujourd'hui dans nos projets de loi.
Je lis, par exemple, la directive qui avait été
envoyée au CRTC et qui se lisait de la façon suivante. On y dit
que les autorités provinciales et les organismes relevant de juridiction
provinciale, donc stations de télévision communautaire ou offices
ou entreprises de radio-télévision doivent avoir une
programmation conçue de façon à être
présentée soit dans un contexte susceptible de permettre aux
auditoires auxquels elle est destinée, la poursuite d'une formation par
l'acquisition ou par l'enrichissement des connaissances ou
l'élargissement du champ de la perception et dans des conditions telles
que cette acquisition et cet enrichissement des connaissances, ou cet
élargissement du champ de la perception puissent être
contrôlées ou appréciées par l'autorité
provinciale grâce à des moyens appropriés. Textuellement,
voilà ce que le gouvernement fédéral, par un
arrêté en conseil, demandait aux autorités provinciales de
respecter comme directive.
Il est intéressant de constater aussi que, dans un
arrêté en conseil qui a suivi cette décision du
gouvernement fédéral, soit en 1973, le gouvernement du
Québec reprend textuellement les mêmes termes que ceux qui avaient
été annoncés dans l'arrêté en conseil du
gouvernement libéral. Il est déploré, en
conséquence, "que la recommandation conjointe des ministres des
Communications et de l'Education, que la programmation éducative
signifie toute programmation ou production visuelle ou audio-visuelle reconnue
et approuvée par un comité formé conjointement du ministre
de l'Education et du ministre des Communications j'y reviendrai
tantôt conçu de façon et présenté
à la fois dans un contexte susceptible de permettre aux auditoires
auxquels elle est destinée la poursuite d'une formation, par
l'acquisition, par l'enrichissement des connaissances, ou
l'élargissement du champ de la perception, etc."
Textuellement, c'est la directive formulée par
arrêté en conseil, au niveau du gouvernement fédéral
et adressée au CRTC, et devant être appliquée dans chacune
des provinces du Canada. Aujourd'hui, on constate que l'actuel gouver-
nement, dans son projet de loi no 4, reprend, à toutes fins
utiles, textuellement, autant les termes mêmes contenus dans
l'arrêté en conseil du gouvernement libéral qui nous a
précédés, que dans l'arrêté en conseil
faisant office de directive au CRTC et présenté par le
gouvernement fédéral, c'est l'article 2. L'expression
"programmation éducative" désigne toute programmation ou toute
partie de programmation conçue de façon à être
présentée à la fois dans un contexte susceptible de
permettre aux auditoires auxquels elle est destinée la poursuite d'une
formation par l'acquisition ou par l'enrichissement des connaissances, etc.,
etc."
Donc, de 1968 ou 1969, loi permettant à l'ORTQ de jouer son
rôle jusqu'à cette directive du gouvernement
fédéral, en passant par un arrêté en conseil
voté sous le gouvernement libéral précédent et
renouvelé dans un projet de loi de l'actuel gouvernement, on retrouve
une continuité, une obéissance tout à fait correcte, face
à la répartition des pouvoirs, qui nous est, d'une certaine
façon, imposée dans le cadre constitutionnel actuel. Le moins
qu'on puisse dire, c'est que ça ne répond certainement pas aux
demandes traditionnellement répétées, autant par l'Union
Nationale que par le Parti libéral, que par le Parti
québécois, en ce qui a trait à la responsabilité
exclusive des Etats provinciaux en matière de communication ou au moins,
au minimum, en termes de définition des contenus des programmations sur
nos territoires respectifs.
Donc, à ce niveau, qu'on ne vienne pas dire que le projet de loi
no 4, en ce qui a trait aux définitions relatives à la
programmation éducative, fait fausse route, correspond à des
visées nationalistes exclusives au gouvernement du Parti
québécois, tout cela dans une visée de propagande, pour
faire en sorte que Radio-Québec ou toute autre télévision
communautaire ou entreprise de radio-télévision joue au cours des
prochains mois un rôle particulier dans un contexte particulier qui est
celui du référendum, tout cela évidemment voulu par le
machiavélisme de l'actuel gouvernement qui veut utiliser les ondes pour
faire valoir ses opinions au détriment de ceux qui ne pensent pas la
même chose.
M. le Président, le moins qu'on puisse dire, c'est que, quand on
regarde les faits et qu'on essaie de les situer dans leur contexte, le
procès d'intention que nous fait l'Opposition libérale est tout
à fait hors de proportion avec la réalité des choses.
Deuxièmement, la prudence qu'a l'actuel gouvernement de confier
à la Régie des services publics l'administration du projet de loi
no 4 et les décisions qui devront être prises à partir des
paramètres fixés dans le projet de loi no 4 est, à mon
avis, une protection que le législateur a mise, justement pour
empêcher que de tels procès d'intention puissent être faits.
Je trouve assez curieux que ces procès d'intention viennent du parti,
qui, au moment où il était le gouvernement, aurait eu la
possibilité de véritablement manifester qu'il ne voulait pas que
des décisions relatives à la programmation puissent être
accusées à quelque moment que ce soit, d'être
influencées par les officines politiques ou partisanes.
Or, quand on lit l'arrêté en conseil de 1973, on constate
justement que le parti qui a précédé le nôtre au
gouvernement n'avait pas eu la prudence de se placer à l'écart de
toute influence politique, quelle qu'elle soit. (15 h 30)
Effectivement, je relis le texte de cet arrêté en conseil
où il était dit: "II est déclaré, sous la
recommandation conjointe du ministre des Communications et du ministre de
l'Education, que la programmation éducative signifie..." tout ce que
j'ai dit tantôt et qu'on retrouve d'ailleurs à l'article 2 du
projet de loi no 4. Cependant, cela est dit en vertu d'une directive qui va
faire que cette définition de la programmation éducative sera non
seulement faite, mais aussi administrée, reconnue et approuvée
par un comité formé conjointement du ministre de l'Education et
du ministre des Communications. En d'autres mots, non seulement, à ce
moment, on n'avait pas l'élémentaire prudence de s'assurer qu'un
organisme quasi judiciaire, dont le moins qu'on puisse dire jusqu'à
maintenant, à l'expérience, sa façon d'administrer ses
responsabilités, de prendre en charge ses responsabilités a
été à l'abri de toute attaque, soit la Régie des
services publics, non seulement on n'a pas pris la précaution de faire
en sorte que ce soit un tel organisme qui prenne en charge la reconnaissance et
l'approbation de décisions relevant de la programmation
éducative, mais pire que ça, on disait textuellement dans cet
arrêté en conseil: "C'est un comité formé
conjointement...", pas par le ministre de l'Education ou par le ministre des
Communications, de gens qui pourraient leur servir de consultants, mais
formé du ministre de l'Education et du ministre des Communications qui,
comme personnages politiques, allaient avoir la responsabilité de
reconnaître et d'approuver ce qu'était la programmation
éducative.
Alors, quand ces gens viennent nous dire: Vous voulez, par le projet de
loi no 4, placer des stations de télévision communautaire, des
entreprises de radio-télévision ou des RTQ dans un contexte
d'influence politique, où c'est le Parti québécois qui,
à toutes fins utiles, va dicter à ces organismes le type de
programmation éducative à avoir, moi, je dis que ce n'est pas se
piquer des vers que de dire à ce gouvernement, qui demande à la
Régie des services publics de s'en occuper: Vous allez jouer un
rôle d'influenceur politique et, par cela, vous allez devenir des
propagandistes de votre option politique en utilisant les ondes et en utilisant
le projet de loi no 4.
Alors, à deux niveaux, M. le Président, autant au niveau
de la définition même des objectifs du projet de loi no 4 que des
modalités d'application de ce projet de loi, l'Opposition fait fausse
route, parce que, dans un premier temps, je peux démontrer que nous
sommes dans la stricte continuité des actes posés par le
gouvernement précédent et que nous obéissons à des
directives du gouver-
nement fédéral. En plus de ça, nous avons, nous,
l'élémentaire prudence de confier à un organisme au-dessus
de tout soupçon la Régie des services publics, l'application du
projet de loi no 4, une telle prudence que n'avait pas eue le gouvernement
précédent qui, lui à ce moment, je ne pense pas que
quelqu'un lui ait fait de procès d'intention, mais Dieu sait que nous
aurions été en droit de le faire confiait directement
à deux ministres politiques la responsabilité de voir à la
reconnaissance et à l'approbation des décisions qui
étaient prises en vertu de cette définition de la programmation
éducative.
Or, M. le Président, je pense que, sur ces deux points,
l'Opposition mériterait d'être silencieuse ou, en tout cas, de
retourner dans un passé pas tellement lointain pour voir quelles
étaient les décisions qui avaient été prises
à l'époque. J'ajouterai même que, quant à moi, aussi
restrictive que puisse être la définition de la programmation
éducative, je pense que, au-delà des litiges qui nous confrontent
au gouvernement fédéral, surtout sur le plan constitutionnel et
relativement aux communications, Radio-Québec ou toute entreprise de
radio-télévision ou toute télévision communautaire,
quelle qu'elle soit, doit, dans le contexte québécois, jouer le
rôle le plus large possible. Cela inclut l'ORTQ, parce que, dans mon
esprit, autant il est vrai que, par le biais de cette notion de
télévision éducative que l'Union Nationale de
l'époque avait retenue, que le Parti libéral a retenue entre 1970
et 1976 et que nous continuons de retenir depuis 1976, autant
déjà le biais éducatif nous permet de très larges
possibilités je pense que le projet de loi no 4 en fait
état autant je pense qu'un jour devra venir que ce soit
dans un contexte de souveraineté ou pas où on
débloquera ce dossier des responsabilités en matière de
communications. Je pense que ces organismes comme l'ORTQ, devront jouer un
rôle beaucoup plus large que celui qu'ils jouent à l'heure
actuelle.
Je suis content d'avoir comme principal appui en la matière celui
qui, je pense, au moins en face de nous, devrait être reconnu comme une
personne dont le jugement ne devrait pas faire défaut en matière
de responsabilité du Québec au niveau des communications, le chef
du Parti libéral. Je crois qu'au-delà des options partisanes,
au-delà même des conceptions qui restent à venir du
fédéralisme renouvelé, il a indiqué en
matière de communications, parlant plus précisément
d'Office de radio-télédiffusion du Québec, la voie qui
devrait être suivie dans les années à venir. Je cite
là-dessus, textuellement, les propos que lui-même a émis le
13 juin 1979 à l'Assemblée nationale cette année,
il n'y a pas tellement longtemps relativement à ce projet de loi
où il disait à un moment donné: "Deuxièmement, nous
sommes également favorables sans réserve à ce que le
gouvernement du Québec assume les responsabilités qui lui
incombent dans ce domaine." On parlait de la radio-télévision
éducative au Québec. "J'ajouterais moi-même que,
personnellement, c'est M. Ryan qui parle, je suis favorable à ce que le
champ d'action de Radio-Québec s'élargisse éventuellement
pour qu'il puisse devenir un organisme de radio-télévision comme
de nombreux autres que nous comptons au pays."
Cela veut dire quoi? Cela veut dire que le jour où, une fois pour
toutes, on aura réussi à faire comprendre au gouvernement
fédéral, que ce soit dans le cadre de l'accession à la
souveraineté ou pas, que dans le cadre d'une négociation de bonne
foi avec un gouvernement fédéral de bonne foi on pourrait arriver
peut-être à faire comprendre cela au moins dans le secteur des
communications. Là-dessus, tous les gouvernements ont été
d'accord. Il y a eu une unanimité autour de la table. Quoique je me
rappelle, par contre, qu'une fois, l'Union Nationale, au moment de
l'étude des crédits du ministère des Communications, avait
fait valoir que c'était une responsabilité du Québec. Je
me demande même si ce n'était pas une motion que j'avais
moi-même présentée et l'Union Nationale était
revenue à la charge plus tard dans le domaine de l'immigration. Je me
rappelle que les deux fois où on avait fait front commun
là-dessus pour dire que c'était une responsabilité
québécoise, chaque fois le Parti libéral s'était
absenté de la commission. Mais j'avoue qu'effectivement il avait
invoqué comme raison, comme prétexte que l'étude des
crédits, en commission parlementaire n'est pas l'occasion de
présenter des motions de fond et même aucune motion puisque c'est,
selon la tradition, une commission qui ne fait pas ce genre de travail.
D'ailleurs, il n'en demeure pas moins qu'on avait
présenté, autant dans le domaine de l'immigration que des
communications, des motions de fond relativement à la juridiction
québécoise dans ces matières. A ce moment, je crois qu'il
y avait une certaine unanimité qui se dégageait. Le chef du Parti
libéral, en indiquant qu'il verrait le rôle de Radio-Québec
étendu à l'ensemble des rôles qui sont dévolus aux
entreprises de radio-télévision qui oeuvrent au Québec,
m'apparaissait aller dans la bonne direction et je pense que c'est dans cette
direction que nous aimerions pouvoir aller si le litige
fédéral-provincial en matière de communications
était levé. Toujours est-il que, quant à moi, je pense
qu'au-delà même des obstacles que l'Opposition essaie de mettre
dans l'adoption du projet de loi no 4, quand on sait que nous sommes dans la
continuité des actions posées par les précédents
gouvernements, que nous n'allons pas à l'encontre des directives faites
par le gouvernement fédéral, que notre définition de la
programmation éducative ne diffère pas des définitions qui
ont été données par d'autres avant nous et que nous avons
la prudence élémentaire de ne pas en faire une chose politique au
niveau de l'application de la loi, mais que nous voulons que la Régie
des services publics soit le maître d'oeuvre, je dis qu'on ne devrait pas
tenter de faire obstruction en cette commission à l'adoption du projet
de loi no 4.
Je pense même que, M. le Président, si ce n'était
que de moi, je voudrais voir Radio-Québec prendre un certain nombre de
responsabilités que
d'autres entreprises de radio-télévision ne prennent pas
au Québec. Sans même être en dehors du sujet, je dirai que
si on parle de culture et si on parle d'éducation, la culture et
l'éducation c'est très large, on parle de patrimoine culturel,
j'oserais dire, M. le Président, que dans le domaine du patrimoine
culturel, il y a des choses qui tiennent à la culture des
Québécois qui sont de nature sportive, par exemple. Je pense que
les Jeux du Québec font maintenant partie de notre patrimoine culturel
comme Québécois. J'ai terminé? Si j'avais une minute ou
deux, M. le Président, je terminerais.
Le Président (M. Lacoste): Consentement. Consentement.
M. Bertrand: Je pense même que des événements
sportifs qui sont de nature culturelle, qui font partie de notre patrimoine
culturel, je ne verrais pas pourquoi Radio-Québec ne serait pas,
à un moment donné, le véhicule permettant d'utiliser
certains événements sportifs. Quand je constate que Radio-Canada,
par exemple, se fait en exclusivité le diffuseur des matches de hockey
des Canadiens de Montréal et qu'on voit la difficulté, par
exemple, des Nordiques de Québec à trouver un diffuseur alors
qu'ils viennent d'entrer dans la Ligue nationale qui est la même ligue
à laquelle appartiennent les Canadiens de Montréal, je me dis:
Pourquoi ne pourrait-on pas envisager que Radio-Québec puisse devenir ou
bien le diffuseur de matches de hockey des Nordiques de Québec, ou bien
celui qui servirait d'expert technique...
Comment appelle-t-on ça dans le langage, M. le ministre des
Communications, les gens qui fournissent tout le matériel technique
uniquement pour permettre à d'autres éventuellement d'être
les diffuseurs, le soutien technique des diffuseurs?
Une Voix: Des "carriers".
M. Bertrand: Des transporteurs qui permettraient à des
télévisions communautaires, peut-être, d'être les
diffuseurs de matches des Nordiques de Québec.
Voilà un exemple concret, précis, que nous avons à
vivre en ce moment, parce que nous savons que les Nordiques de Québec
cherchent un diffuseur pour leurs matches de hockey dans la région ici,
surtout à cause de dispositions dans le sport professionnel qui font
qu'il y a des droits d'exclusivité qui sont accordés à
certaines équipes de hockey.
Je pense que c'est tout à fait malheureux. La CRTC devrait
intervenir à ce niveau. Mais je dis: Pourquoi n'envisagerait-on pas
éventuellement que Radio-Québec puisse être ce diffuseur
pour les Nordiques de Québec?
En d'autres mots, M. le Président, je pense que l'Opposition
devrait voir que ses inquiétudes sont levées une fois que nous
avons la prudence de confier à la Régie des services publics
l'application de la loi, que ses inquiétudes sont levées quand
elle constate que nous sommes fidèles à des décisions
prises par d'autres gouvernements avant nous, venant de directives du
gouvernement fédéral, que ses inquiétudes sont
levées quand ils voient leur chef prendre les devants et demander que
Radio-Québec soit amenée à jouer éventuellement un
rôle beaucoup plus important. Dans un tel contexte, je me dis: Pourquoi
ne pas aller de l'avant et adopter rapidement un projet de loi qui, bien loin
de correspondre aux procès d'intention que l'Opposition libérale
nous fait, est, au contraire, un projet de loi qui ouvre enfin une porte
d'avenir pour les entreprises de télévision et de
radio-télévision du Québec et qui est bien loin
même, je dirais, de remplir le mandat très large que ces
entreprises devraient être amenées à remplir le jour
où nous aurons enfin levé le voile sur les ambiguïtés
qui persistent au niveau des responsabilités en matière de
communications.
M. Guay: M. le député de Vanier me permettrait-il
une question, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Taschereau.
M. Guay: ... si l'Opposition y consent?
Une Voix: II y a consentement, M. le Président.
M. Guay: Est-ce que je comprends bien la citation que le
député de Vanier a faite du chef du Parti libéral selon
laquelle le chef du Parti libéral dit être favorable à ce
que Radio-Québec élargisse éventuellement son champ
d'action pour qu'elle puisse devenir un organisme de
radio-télévision comme de nombreux autres que nous comptons au
pays? Dans ce contexte et dans le contexte actuel des choses, si je comprends
bien et c'est le sens de ma question cela voudrait dire, comme
les radiodiffuseurs au pays, en général, relèvent du
pouvoir central, du pouvoir fédéral, qu'il s'agirait là
d'un souhait, d'une possibilité ou d'une hypothèse que
Radio-Québec relève carrément du gouvernement
fédéral, un peu comme les richesses naturelles
s'apprêteraient à le faire si le chef du Parti libéral
arrive malheureusement, un jour, au pouvoir, selon la déclaration qu'il
a faite en fin de semaine où il serait prêt à céder
le contrôle des richesses naturelles au gouvernement
fédéral. Est-ce que c'est le sens de la citation que vous avez
utilisée dans le journal des Débats?
M. Bertrand: Loin de moi, M. le député de
Taschereau, l'intention de vouloir interpréter de quelque façon
que ce soit les propos du chef du Parti libéral. J'ai simplement pris la
citation au mot et je pense qu'il faudrait le convoquer éventuellement.
Il y aurait matière à débat parce que la question du
député de Taschereau est tout à fait valable. Il s'agit de
savoir si finalement ou bien le chef du Parti libéral reconnaît
que, même dans le contexte de la définition actuelle des
responsabilités de l'ORTQ, suite aux directives du gouvernement
fédéral, on pourrait quand même s'aventu-
rer à donner à Radio-Québec des mandats plus larges
que ceux qui nous sont remis par la volonté du gouvernement
fédéral, ou bien si on demande effectivement que
Radio-Québec relève du CRTC et du gouvernement
fédéral. Donc, dans un tel contexte, j'émettrais une
opinion personnelle qui ne serait pas celle du chef du Parti libéral.
Mais je pense qu'il serait préférable que vous posiez votre
question peut-être le 9 octobre prochain au chef du Parti libéral,
M. le député de Taschereau, en Chambre, d'une façon ou
d'une autre ou que nous fassions...
Mme Lavoie-Roux: II ne sera pas encore premier ministre,
mais...
M. Bertrand: Non, ça c'est une des grandes lacunes, je
trouve, de notre règlement à l'Assemblée nationale. C'est
que les députés ministériels ne peuvent pas poser de
questions aux députés de l'Opposition. On aurait souvent,
à l'occasion, beaucoup de questions à poser.
M. Rivest: C'est une autre illustration de l'inutilité de
certains députés ministériels.
M. Bertrand: Non, c'est une illustration de la faiblesse de nos
institutions politiques qui sont à sens unique et qui permettent des
questions uniquement dans un sens.
M. Guay: Remarquez que le député de Jean-Talon
parle de choses qu'il connaît bien. Ils en ont eu 102 parfaitement
inutiles pendant quatre ans. Alors, il est un expert en la matière, lui
qui contrôlait les inutiles. (15 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Vous autres, vous en avez 70 ou 71 ?
M. Le Moignan: 72.
M. Rivest: Non, ils n'en ont pas 72, ils en ont perdu deux
là.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Vanier a terminé ses commentaires
généraux?
M. Bertrand: Tout en regrettant de ne pas avoir eu la
possibilité de répondre avec la précision qu'aurait
souhaitée le député de Taschereau, je suis obligé
de m'en remettre au mot à mot de l'intervention du chef du Parti
libéral, à Saint-Georges, et qui m'inquiète
profondément, M. le Président. Dans un tel contexte, je serais
porté à penser que l'interprétation du
député de Taschereau pourrait être valable, mais je
préférerais attendre la réaction du chef du Parti
libéral à ses propos de Saint-Georges.
M. Rivest: Je comprends que...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: On peut continuer sur ce ton badin mais, ce
matin, il y a eu de grandes protestations sur la pertinence du
débat.
M. Bertrand: C'est sérieux, les richesses naturelles!
M. Guay: L'Hydro-Québec qui est placée sous
contrôle fédéral?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais Radio-Québec c'est...
M. Rivest: Le pétrole de l'Alberta, ça n'a pas
été...
Mme Lavoie-Roux: Ce serait intéressant de discuter plus
longtemps, mais je voudrais tout simplement savoir si tout le monde est
d'accord pour qu'on en discute, c'est tout. On peut peut-être
suspendre.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut suspendre de consentement ou bien
va-t-on vider cette question?
M. Bertrand: Une demi-heure, ce ne serait pas mal.
M. Guay: Le député de Jean-Talon est partisan des
thèses du député de Mont-Royal sur le prix du
pétrole?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Nous en sommes
toujours aux commentaires généraux sur le projet de loi no 4.
M. Bertrand: J'ai lu des éditoriaux de M. Ivan Guay, dans
la Presse, qui ne laissent aucun doute.
Mme Lavoie-Roux: Pour une fois qu'il ne s'attaque pas au PQ, vous
devriez être heureux.
M. Rivest: Vous voyez, la Presse n'est pas...
M. Guay: II est revenu à ses bonnes habitudes ce
matin.
M. Rivest: Oui, c'est peut-être pour ça que le
ministre des Communications a attaqué indirectement la Presse.
M. Bertrand: C'est parce que les propos du député
de Mont-Royal, vraiment...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, vous êtes hors du sujet.
Sur une question de règlement, Mme le député de
L'Acadie, vous aviez parfaitement raison.
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président, en vertu de 85. Mme le député de
L'Acadie dit que nous sommes en dehors du sujet; je voudrais faire
remarquer que, pendant mes 23 minutes, je n'ai jamais été
à l'écart du sujet.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes également juge et
partie.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Au moment où
le député de Jean-Talon, ce matin, avait permis au
député de Vanier de faire ses commentaires
généraux, il avait présenté une motion
préliminaire.
M. Rivest: M. le Président, il y a peut-être
d'autres députés qui voudraient intervenir.
Le Président (M. Lacoste): Non, il n'y a pas d'autre
député. Est-ce que le député de Jean-Talon pourrait
présenter sa motion à nouveau?
M. Rivest: Oui, mais juste auparavant, j'avais parlé au
ministre, qui a invoqué la définition de l'UNESCO de la
radio-télévision éducative; aurait-il objection à
nous en fournir une copie.
M. O'Neill: J'ai dit que j'aborderais cette question au moment de
l'étude de l'article 2. Cela va? On s'est entendu là-dessus.
M. Rivest: Vous ne l'avez pas encore trouvée?
M. O'Neill: C'est malheureux que je n'aie pas de réponse
pour vous, mais on s'est entendu. M. le Président, je pense qu'on
s'était entendu, ce matin, sur une procédure, j'aimerais bien
qu'on la respecte.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
Présentation de motions
Invitation au ministre de l'Education
M. Rivest: M. le Président, je fais motion que cette
commission invite le ministre de l'Education à être présent
aux séances de cette commission relativement à l'étude
article par article du projet de loi no 4. Il y a une question de
règlement ou je ne sais quoi.
Le Président (M. Lacoste): Sur la recevabilité de
cette motion, j'aimerais entendre un député de chaque parti; un
député de l'Opposition, du côté ministériel
et de l'Union Nationale.
M. Guay: Avant même la recevabilité, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): J'indique
particulièrement les mots "que cette commission invite le ministre...".
M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je vous dirai tout de suite que,
pour ce qui est du mot "invite", à supposer que la commission accepte la
motion, ce dont je parle, je n'ai pas d'objection à ce qu'on l'invite,
on peut également convoquer, mais je crois que, dans le cas d'un
ministre, ça ne se fait pas. Ce n'est même pas sur la pertinence
de la motion, c'est sur la possibilité qu'a le député de
Jean-Talon de faire une telle motion à cette étape-ci. Vous vous
souviendrez, M. le Président, que les députés de
Jean-Talon, de L'Acadie et de Jacques-Cartier ont tous trois
épuisé leur temps de parole à ce moment-ci. S'ils n'ont
pas...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas parlé 20 minutes.
M. Guay: Si, oh oui, madame!
Mme Lavoie-Roux: Non, je regrette.
M. Guay: Vous n'avez pas parlé 20 minutes?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai parlé que 15 minutes.
M. Guay: D'accord. Je me demandais simplement si un des trois
députés avait la possibilité de faire un telle motion,
étant donné qu'ils avaient...
M. Rivest: C'est une bonne idée que vous avez eue, mais
malheureusement c'est...
M. Guay: En ce qui vous concerne, vous avez parlé bien
trop longtemps, de toute façon. Mais j'aimerais savoir de vous, M. le
Président, si vous retenez ou acceptez la motion, quelles sont les
possibilités d'intervention des députés d'Opposition
à ce moment.
Le Président (M. Lacoste): Comme c'est une question de
directive que vous me demandez, je vais étudier la question et rendrai
une décision plus tard. M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que le règlement
ne permet pas à chacun des membres de cette commission d'intervenir,
durant une période de 20 minutes, sur une motion qui a été
reçue par la commission? Il me semble que...
M. Le Moignan: Une fois la motion acceptée, c'est 20
minutes.
M. Rivest: C'est 20 minutes, c'est ça. Il est vrai que je
connais peu le règlement.
M. Guay: Encore faut-il qu'elle soit acceptée.
M. Le Moignan: On peut parler 20 minutes sur la
recevabilité aussi.
M. Rivest: Oui, M. le député de Vanier, qui est
whip adjoint...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Sur une motion qui est reçue, on a le droit
à 20 minutes?
M. Beauséjour: Le président a rendu sa
décision, tantôt, quand il a indiqué, selon la coutume,
qu'il y a un intervenant par parti.
M. Rivest: Non, il n'a pas décidé ça du
tout, monsieur.
Le Président (M. Lacoste): J'ai invité chaque
représentant des partis à me dire dans quel but cette commission
invite le ministre...
M. Rivest: M. le Président, est-ce que vous n'avez pas
dit, à la demande du député de Taschereau, que vous
preniez en délibéré la demande de directive selon
laquelle...
Une Voix:...
M. Rivest: Attendez, là il dit: un député
par parti... chaque député, membre de la commission, avait le
droit d'intervenir sur une motion qui est déclarée recevable. Je
pense que c'est un principe important en commission parlementaire, parce que
chaque article d'un projet de loi est également une motion, alors tout
le monde a le droit d'intervenir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, là-dessus, je pense
que, pour éviter des débats vraiment inutiles, on ne commencera
pas à faire de la procédu-rite, pour le plaisir d'en faire, je
pense qu'il est effectivement reconnu que, chaque fois qu'une motion est
présentée, tout député peut se prononcer sur la
motion, durant les 20 minutes qui lui sont normalement accordées par le
règlement, ce qui veut dire que l'Opposition libérale a droit
à deux porte-parole, si ma mémoire est bonne.
M. Rivest: Trois.
Mme Lavoie-Roux: Quatre, s'il y en avait un quatrième.
M. Bertrand: Trois et nous, on a droit à sept. Mme
Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Le Moignan: Sur la recevabilité, combien de
membres?
M. Bertrand: Sur la motion...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité de la motion présentée par le
député de Jean-Talon, qui se lit comme suit: "Que cette
commission invite le ministre de l'Education à être présent
à toutes les séances de cette commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 4".
M. Le Moignan: Est-ce que vous l'avez déclarée
acceptable?
Le Président (M. Lacoste): Je ne l'ai pas
déclarée acceptable, nous discutons sur la
recevabilité.
M. Beauséjour: Non, pas encore.
M. Bertrand: Si le député d'Iberville a dit que,
sur la recevabilité, il y avait un porte-parole par parti, il avait
parfaitement raison.
M. Rivest: On est d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Parfois, M. le Président, il y a des
présidents qui sont un peu plus souples et nous permettent une
demi-seconde en plus de l'interprétation.
M. Rivest: Je vous trouve sévère.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne le dis pas méchamment.
Le Président (M. Lacoste): Sur la recevabilité, Mme
le député de L'Acadie, je n'ai pas encore entendu les arguments
que j'ai demandés, tantôt, sur le mot "invite". Quel est le sens
du mot "invite"?
M. Rivest: C'est l'expression d'un voeu.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que mon
collègue...
M. Bisaillon: Peu importe, M. le Président, qu'on discute
encore longtemps sur le nombre d'intervenants qui peuvent s'exprimer sur la
question de recevabilité, quant à moi, je pense que les
interventions sont possibles, tant et aussi longtemps que le président
n'a pas rendu sa décision. Alors, s'il la rendait immédiatement,
toute intervention serait coupée, y compris celles des partis qui ne se
seront pas prononcés. A partir du moment où le président
n'a pas rendu sa décision, tous les députés qui sont ici
peuvent se prononcer sur la recevabilité.
En ce qui a trait directement à la recevabilité de cette
motion, il faut se rappeler qu'on est en commission parlementaire pour
étudier article par article le projet de loi et que la seule chose que
la commission pourrait faire, c'est exiger la comparution de quelqu'un devant
la commission pour éclairer davantage la portée d'un des articles
qu'on a étudié.
Or, il faut se rendre compte que, au moment où on se parle, M. le
Président, les principes du projet de loi sont adoptés par
l'Assemblée nationale, nous devons bonifier le projet de loi dans son
contenu article par article, mais il ne nous appartient pas de jouer à
la commission d'enquête, à moins qu'on ne veuille le faire de
façon impérative.
La motion qui est là n'est qu'une façon
déguisée d'utiliser du temps de la commission puisque, si on la
déclarait recevable, on émettrait tout simplement, au bout de la
ligne, un voeu, mais un voeu qui permettrait à un bon nombre de
députés de jaser pendant vingt minutes, ce qui a
déjà été fait, à ma connaissance, M. le
Président, au moment où on a procédé à la
deuxième lecture du projet de loi. Je ne voudrais pas rappeler de
mauvais souvenirs. Mes camarades d'en face se souviendront qu'ils ont tour
à tour, en deuxième lecture, convoqué, prié le
ministre de l'Education de participer à la discussion en deuxième
lecture, ce qu'il a fait à la fin. Il me semble qu'au niveau de la
commission parlementaire on pourrait se contenter des participants qui sont ici
et que dans le sens et à la façon dont c'est formulé la
motion est irrecevable.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur le fond que le député de
Sainte-Marie se prononce.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie, vous étiez rendu sur le fond de la motion.
M. Bisaillon: Vous m'avez laissé aller, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): J'ai une question de
règlement aussi.
Mme Lavoie-Roux: Personne n'a parlé sur la
recevabilité, de notre côté.
Le Président (M. Lacoste): D'accord, Mme le
député de L'Acadie.
M. Guay: Le député de Jean-Talon aurait-il
épuisé ses arguments?
Une Voix: II n'en avait pas.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, sur la recevabilité de la motion.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
faire valoir que ceci n'est pas une première, que,
régulièrement, à l'étude des projets de loi article
par article, ce genre de motion a été présentée
soit par l'Opposition officielle, peut-être également par l'Union
Nationale. Si nous ne mettons pas "exiger", c'est justement pour
répondre à un des arguments du député de
Sainte-Marie; c'est un voeu qu'on peut faire et, du point de vue de la
recevabilité, si vous voulez même suspendre, M. le
Président, pour aller voir les précédents nombreux qui
existent dans ce sens, je pense que cette motion de souhait ou de voeu a
toujours été reçue. Un cas plus précis, c'est celui
du projet de loi sur l'amiante, la loi 121, où ce voeu avait
été exprimé pour que le ministre des Finances puisse
participer aux travaux. On a reçu la motion dans ce sens et, par la
suite, je pense, je n'y étais pas, mais on m'a dit qu'on avait
accepté de suspendre l'étude des articles pour qu'on puisse,
justement, discuter avec le ministre des Finances qui s'est
présenté, me dit-on, à la commission. Du point de vue de
la recevabilité, je pense que c'est bien davantage la tradition et
l'usage qui ont fait que ces motions ont été jugées
recevables.
M. Bisaillon: Donc, à ce moment-là, ce
n'était pas l'émission d'un voeu; c'était la suspension de
l'étude des travaux pour faire revenir...
M. Rivest: La motion a été déclarée
recevable.
Mme Lavoie-Roux: La motion avait d'abord été
déclarée recevable et, par la suite, on s'est entendu sur une
façon de procéder.
M. Rivest: Exactement.
Le Président (M. Lacoste): Sur la recevabilité de
la motion, je crois que les arguments du député de L'Acadie m'ont
convaincu puisqu'il s'agit bel et bien d'un voeu. Donc, en commission
parlementaire, les membres peuvent exprimer un voeu. Bien entendu, on
espère toujours que les ministres ou les députés
concernés entendront ce voeu. Je juge cette motion recevable. C'est aux
membres de la commission parlementaire de décider de l'accepter ou de la
rejeter.
Une Voix: Le vote!
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la motion.
M. Rivest: Oui, je voudrais intervenir sur la motion.
M. le Président, on a évoqué, autant dans le
débat en deuxième lecture qu'à la phase
préliminaire des travaux de cette commission, l'étendue de la
notion de radio-télédiffusion éducative. Tout le monde a
convenu qu'elle pouvait être large, enfin plus ou moins large. Tout le
monde a convenu qu'elle pouvait dépasser le champ traditionnel et
spécifique du domaine de l'éducation, mais il demeure que la
fonction première de la radio-télédiffusion
éducative est une fonction d'éducation au sens strict.
Donc, je crois, comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer
précédemment, que la fonction première du projet de loi 4
première, mais non pas exclusive, je le répète
c'est de fournir un soutien d'ordre technique dans le domaine de
l'audio-visuel, à la fonction d'éducation dévolue par la
loi au ministère de l'Education. (16 heures)
J'ai eu l'occasion de demander au ministre des Communications de nous
donner l'état actuel de ce qu'on appellera, pour les fins de discussion
de cette motion, la radio-télédiffusion d'ordre
scolaire, de façon qu'on sache exactement ce dont on parle
à ce moment-ci de l'étude du projet de loi no 4. Or, en
réplique ou dans les discussions préliminaires qu'on a eues, le
ministre des Communications nous a dit, très rapidement, du bout des
lèvres, qu'il existait de la radio-télédiffusion scolaire
au Québec depuis un certain temps, qu'il y avait des programmes,
etc.
C'est bien court comme information, dès lors que l'on
présente, que l'on prend la peine de présenter à
l'Assemblée nationale un texte de loi important portant sur le
problème de la radio-télédiffusion éducative.
M. le Président, je pense que, comme le disait tantôt le
député de Sainte-Marie, il s'agit pour nous, à ce
moment-ci, d'entreprendre l'étude, article par article, du projet de loi
et de prendre des décisions pour voir dans quelle mesure
l'Assemblée nationale peut améliorer la
radio-télédiffusion scolaire, pour les fins de la motion qui est
présentement en discussion. Il faut, pour pouvoir prendre des
décisions d'une façon éclairée, que tous les
membres de cette commission aient les éléments du dossier, non
seulement d'une façon descriptive, mais d'une façon analytique et
d'une façon qui puisse nous permettre de prendre des décisions,
de connaître les intentions du gouvernement en matière de
radio-télédiffusion scolaire en regard des besoins du milieu,
à la condition bien sûr que ces besoins nous soient connus.
L'état du dossier de la radio-télédiffusion
scolaire n'a malheureusement pas été fourni aux membres de cette
Assemblée, certainement pas au niveau de l'étude du projet de loi
en deuxième lecture, non plus d'ailleurs que dans les remarques
préliminaires que nous a fournies le ministre des Communications au
début de cette séance. Nous n'avons aucune espèce
d'élément concret du dossier. Et quand je parle du dossier, je
pense que les députés ont le droit, avant d'examiner les
éléments de ce projet de loi, de connaître, comme
éléments importants, les moyens que le gouvernement du
Québec, que ce soit au niveau des moyens d'enseignement du
ministère de l'Education, que ce soit même au niveau des autres
organismes et autres ministères du gouvernement qui font fonction
d'éducation, je pense par exemple au ministère du Tourisme ou au
ministère de l'Agriculture qui remplissent, à certains
égards, des fonctions d'éducation, il y a là des moyens,
dans l'ordre des instruments audio-visuel, des instruments d'éducation,
qui existent. Jamais les membres de cette commission, non plus peut-être,
d'ailleurs, que les membres de l'Assemblée nationale, n'ont eu
l'occasion de prendre connaissance de chacun des aspects de ce dossier, quels
sont les moyens concrets dont dispose l'Etat québécois pour
aider, dans l'ordre des moyens audio-visuel, le ministère de l'Education
à remplir adéquatement son rôle.
Parlant des moyens, il y a également les ressources qui y sont
consacrées je parle des ressources humaines qui sont disponibles
quel est actuellement le nombre de personnes, quelles sont leurs
fonctions, est-ce qu'il y a des programmes de formation de ces personnes de
façon que l'utilisation des moyens audio-visuels pour des fins scolaires
ou des fins d'éducation soit adéquate, toutes ces choses, au
fond, que le premier témoin... Je pense que mon collègue de
Taschereau, qui a fait quelques études en droit, celui qui peut nous
fournir la meilleure preuve ou qui peut nous donner le dossier, les
éléments pertinents du dossier que j'évoque, c'est
certainement le ministre de l'Education.
Je ne tiens pas rigueur au ministre des Communications de ne pas
pouvoir, à ce moment-ci, nous donner aussi en détail que je le
lui demande présentement, les éléments de ce dossier, dans
la mesure où il ne les connaît pas, dans la mesure où cette
dimension première du problème n'est pas de son ressort à
lui.
Je pense que c'est très important que le ministre de l'Education
vienne à cette commission. Il ne s'agit pas qu'il passe tout son temps
ici mais qu'il vienne simplement nous expliquer les éléments de
base du dossier; j'ai parlé des moyens, des ressources qui sont dans le
réseau, les cours. Sur les cours qui doivent être suivis, les
cours qui sont présentement donnés, il faudrait peut-être
s'interroger. C'est le moment de le faire sur les cours qui peuvent ou qui
peuvent mieux être donnés...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Je m'en veux, contrairement à mon collègue
d'en face, de l'interrompre, lui qui le faisait avec allégresse ce
matin, mais je me demande vraiment ce que tout cela a de pertinent avec le
projet de loi que nous étudions à l'heure actuelle. Nous
étudions un projet de loi sur la programmation éducative qui vise
à déterminer quelle sera l'autorité qui décidera si
une programmation est ou n'est pas éducative et qui précisera la
possibilité, pour le gouvernement, par le ministre de l'Education,
d'octroyer des sommes à certains organismes qui font de la programmation
ainsi reconnue.
Que l'on fasse une motion pour inviter le ministre de l'Education parce
qu'il s'agit de télévision éducative, jusque-là, je
veux bien croire que c'est pertinent, mais je ne vois pas très bien en
quoi, en vertu de nos règlements, l'étude, article par article,
de ce projet de loi, permettrait une enquête en profondeur sur les moyens
à la disposition de l'Etat dans le domaine des productions
audio-visuelles, comme semble le suggérer le député de
Jean-Talon.
Nous ne sommes pas ici à l'étude des crédits du
ministère de l'Education, du service général des moyens
d'enseignement ou de tout autre organisme relevant de quelque ministère
que ce soit.
Je déclare respectueusement que toute l'argumentation du
député de Jean-Talon, depuis plusieurs longues minutes, est
absolument non conforme au règlement et n'a absolument rien à
voir
avec l'étude article par article d'un projet de loi qui,
forcément, est soumis à des règles précises et qui
ne prévoit nullement, à quelque endroit que ce soit, la
possibilité d'aller faire une enquête en profondeur sur un sujet
quelconque de l'administration publique, fut-il connexe au sujet qui fait
l'objet du débat qui est au coeur du projet de loi.
M. Rivest: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je ne voudrais pas que mon temps soit imputé
sur le fond, je parle sur la question de règlement, d'accord? J'ai le
droit à combien de temps sur la question de règlement?
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jean-Talon, sur la question de règlement.
M. Rivest: Le député de Taschereau a dit que nous
étions à cette commission pour étudier le projet de loi
article par article. Là-dessus, nul ne le contestera, c'est le mandat
général de la commission. Cependant, en ce moment, pour
l'information du député de Taschereau, le mandat de la commission
n'est pas d'étudier le projet de loi, article par article, le mandat de
la commission est d'étudier une motion qui a été
déclarée recevable et qui a pour objet d'inviter le ministre de
l'Education à être présent aux séances de la
commission.
Ce que je dois établir, par mon argumentation, c'est simplement
en quoi la présence du ministre de l'Education peut-elle être
utile à la bonne conduite de nos travaux?
M. Guay: Je suis parfaitement d'accord avec vous, c'est ce que
vous ne faites pas.
M. Rivest: C'est ce que je fais, parce que j'établis, par
mon argumentation, l'expertise que seul peut nous apporter le ministre de
l'Education. Je pense que je suis absolument pertinent au débat de la
motion qui est présentement devant la commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, j'invite tous les intervenants à parler sur la motion que
vous avez présentée. Je vous redonne la parole sur la motion.
M. Rivest: Merci, M. le Président.
Le ministre de l'Education doit venir ou est invité à
venir devant cette commission, comme je le disais, parce qu'il est le seul ou
enfin le témoin le meilleur, la personne la plus autorisée qui
peut établir devant les membres de cette commission l'état du
dossier de la radio-télévision scolaire québécoise,
tel qu'il est présentement au niveau des moyens, au niveau des
ressources, des cours et du personnel. C'est quand même là la
donnée de base.
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Je voudrais savoir de vous, M. le Président,
à supposer que le ministre de l'Education soit effectivement
invité par la commission et qu'il vienne devant la commission, quand le
règlement qui régit cette commission, qui régit
l'étude article par article, permettrait-il...
Mme Lavoie-Roux: On verra ça après. M. Rivest:
On verra ça après.
M. Guay: Je ne sache pas que cette commission ait pour but de
modifier le règlement de l'Assemblée nationale. Etant
donné que nous sommes ici pour étudier le projet de loi article
par article, à quel moment est-il prévu un hypothétique
débat sur l'état de la question de la radiodiffusion scolaire et
des moyens mis à la disposition du gouvernement?
M. Rivest: Article 3, paragraphe a).
M. Guay: De quoi?
M. Rivest: De la loi 4.
M. Guay: Ce n'est pas un débat.
M. Bisaillon: Tu adoptes l'article ou tu l'amendes.
M. Rivest: On pourra faire le débat au complet et on va le
faire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, comme la motion a été jugée recevable, je
pense que le député de Jean-Talon peut expliquer en quoi la
présence du ministre de l'Education serait utile à cette
commission parlementaire. A ce stade-ci...
M. Guay: Est-ce qu'il ne faut pas que ce soit pertinent à
l'étude du projet de loi?
M. Rivest: C'est pertinent, article 3, paragraphe a).
Le Président (M. Lacoste): ... nous ne sommes pas à
l'étude article par article du projet de loi, ni à l'article 1,
ni à d'autres articles; c'est l'étape préliminaire.
M. Rivest: C'est ça.
M. O'Neill: Question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Vous avez rendu une décision ce matin à
l'encontre de certains propos que tenait le député de Taschereau
demandant qu'on s'en tienne à la pertinence du débat. Remarquez
alors que j'avais entendu auparavant des interventions qui y allaient
très largement avec cette pertinence du débat. Mais, à
partir de votre décision, je pense que le moins que vous puissiez
exiger, c'est qu'il y ait une pertinence relativement directe...
M. Rivest: Question de règlement.
M. O'Neill: ... entre ce que nous entendons et la loi 4.
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur une question de règlement.
M. Rivest: Je crois que vous avez rendu votre décision en
disant que j'avais le droit de poursuivre dans le sens de mes propos. Je ne
vois pas en quoi l'intervention du ministre des Communications est pertinente
ou peut être reçue dans la mesure où elle constitue un
appel de votre décision en vertu d'un article du règlement qui
interdit sans doute une telle pratique.
M. O'Neill: Alors, question de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre des
Communications.
M. O'Neill: Je voudrais savoir si vous avez l'intention de
continuer d'appliquer cet après-midi la norme que vous avez
établie ce matin face à une intervention du député
de Taschereau demandant qu'on s'en tienne à la pertinence du
débat.
M. Rivest: II parlait des richesses naturelles, franchement. Moi,
je parle d'éducation.
M. O'Neill: J'aimerais savoir si la règle va valoir pour
tout le monde.
Le Président (M. Lacoste): Selon le règlement, il
est bel et bien entendu que la discussion doit porter sur la motion
présentée par le député de Jean-Talon, qui se lit
comme suit: "Que cette commission invite le ministre de l'Education à
être présent à toutes les séances de cette
commission relativement à l'étude article par article du projet
de loi no 4." Il est bien évident qu'au niveau de la présidence
on doit avoir quand même l'esprit relativement large en commission
parlementaire. Les discussions sont plus larges en commission parlementaire,
par exemple, qu'en Chambre. Naturellement, le président de la commission
doit juger selon les circonstances. Je vais bien écouter les paroles du
député de Jean-Talon pour qu'il s'en tienne à la motion
présentée.
M. Rivest: Je vais, M. le Président, établir...
M. Guay: Je vous demande une directive.
M. Rivest: ... pourquoi le ministre de l'Education devrait
être présent à cette commission.
M. Guay: J'ai une demande de directive.
Le Président (M. Lacoste): Oh! Cette commission manque de
direction!
M. Guay: Voulez-vous, M. le Président, me dire si
l'élaboration d'une argumentation à la faveur d'une motion, en
l'occurrence la motion dont débat le député de Jean-Talon
à l'heure actuelle, ne doit pas se rapporter à la
possibilité concrète, en vertu du règlement, qu'à
supposer que la commission adopte cette motion ce qu'il évoque puisse
effectivement être soulevé? L'article 3a ne règle
absolument pas la question, c'est complètement impertinent (16 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
M. Guay: Est-ce que l'argumentation du député de
Jean-Talon ne doit pas porter sur là-propos que le ministre de
l'Education y soit pour participer au débat mais non pas pour faire
l'objet d'une enquête de la part de l'Opposition comme c'est le cas aux
crédits, d'une enquête...
M. Rivest: Pour établir le dossier, ce n'est pas une
enquête.
M. Guay: A quel moment, en d'autres mots, M. le Président,
est-il prévu...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, sur une question...
M. Guay: Je m'excuse, je suis déjà sur une question
de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Votre question de règlement est fort
longue.
M. Guay: A quel moment, M. le Président...
M. Bisaillon: M. le Président, il est déjà
sur une demande de directive; un fou à la fois, il y en a un qui va
finir et l'autre passera après. Il me semble...
M. Rivest: Le masculin l'emporte sur le féminin. Dans
l'expression "fou" le masculin l'emporte sur le féminin.
M. Guay: A quel moment, M. le Président, est-il
prévu dans nos règlements, en vertu de ce qui régit
l'adoption article par article en commission, qu'on puisse poser à un
ministre, que ce soit celui des
Communications ou celui de l'Education, une série de questions,
comme on le fait lors de l'étude des crédits, sur quelque choe
qui n'a pas directement rapport avec l'étude du projet de loi comme tel?
Nous sommes ici pour adopter des articles, les rejeter ou les adopter tels
qu'amendés, article par article, et non poser des questions à un
ministre sur l'ensemble d'un dossier, le dossier de l'équipement
audio-visuel dans les divers ministères du gouvernement. Quelle
espèce de rapport cela peut-il avoir avec l'adoption article par article
du projet de loi no 4?
M. Rivest: ... sur la table...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): En fait, il ne faudrait pas non
plus, j'aimerais bien le spécifier, que la présidence soit
toujours sur des questions de directive. C'est une façon de poser des
questions à la présidence lorsqu'on ne semble pas d'accord sur
l'argumentation formulée sur la motion. Je pense que chaque
député, que ce soit du côté ministériel ou de
l'Opposition, aura la possibilité de s'exprimer sur la motion telle que
présentée.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
L'Acadie, sur une question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais que la
tâche n'est pas facile pour vous; de la part de tous les
députés, les questions de règlement se multiplient. C'est
simplement une observation que je voulais faire. Ce matin, le
député de Taschereau...
Le Président (M. Lacoste): Votre question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, sur l'intervention du député
de Taschereau qui, ce matin, protestait à grands cris contre le
député de Jean-Talon...
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: ... qui, dit-il, l'interrompait constamment,
alors qu'il refait la même chose cet après-midi.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Mon point est fait, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Ce n'était pas une
question de règlement. Je donne la parole au député de
Jean-Talon sur la motion.
M. Le Moignan: M. le Président, j'aurais une petite
question de directive et de règlement, pour tout simplifier.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé, une question de règlement?
M. Le Moignan: Une question de règlement, M. le
Président. Vous avez mentionné au début que sur cette
motion, étant donné que vous en avez accepté la
recevabilité, que chacun des membres, tous ceux qui désireraient
s'exprimer pourraient le faire. Il y a un membre qui a droit à X
minutes, si on le laissait filer tout de suite, ensuite un autre parlerait, je
pense qu'on épargnerait beaucoup de temps. Autrement, si on
soulève des points...
Une Voix: ...
M. Le Moignan: Mais à la condition qu'il reste dans le
sujet de la motion en cours.
M. Rivest: Vous êtes le seul à avoir le pas dans
cette discussion avec le député de Taschereau.
Le Président (M. Lacoste): Donc, le député
de Jean-Talon, sur la motion telle que présentée.
M. Rivest: Nous avons douze minutes, selon mes calculs, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Je calcule votre temps, n'ayez
aucune crainte.
M. Rivest: Est-ce que vous êtes d'accord avec moi? Vous
pouvez m'en mettre quinze si vous voulez.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Alors, M. le Président, j'étais à
dire, il y a quelques instants, ou à tenter de convaincre notre
collègue le député de Taschereau des raisons qui devraient
amener le ministre de l'Education à venir devant cette commission pour
établir l'état du dossier de la
radio-télévision.
M. Bisaillon: Question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie, une question de règlement.
M. Bisaillon: M. le Président, la phrase que vient tout
juste de prononcer M. le député de Jean-Talon donne tout à
fait raison au député de Taschereau, il enfreint le
règlement et dans le sens suivant. La motion dit ceci: "Que cette
commission invite le ministre de l'Education à être présent
à toutes les séances de la commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 4." Ce que souhaite le
député de Jean-Talon il vient de le dire c'est que
le ministre de l'Education vienne pour faire l'état de tout le dossier
de la radio-télévision scolaire. Cela n'a rien à voir
avec
l'étude article par article du projet de loi. Il enfreint le
règlement.
M. Rivest: Non, article 3a.
M. Bisaillon: II enfreint le règlement. Cela fait la
démonstration que c'est encore une fois une motion dilatoire qui est
présentée pour passer du temps. D'ailleurs vous aurez
remarqué, M. le Président, que le député de
Jean-Talon tient fort compte et il vous pose souvent des questions sur le temps
durant lequel il peut parler. C'est beau parler, parler, mais il faudrait
peut-être qu'il soit dans le sujet. Il ne l'est pas dans le sujet, le
député de Taschereau avait parfaitement raison.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur une question de règlement.
M. Rivest: M. le Président, le dernier
élément de l'intervention du député de Sainte-Marie
est tout à fait impertinent.
M. Bisaillon: Question de règlement, M. le
Président, je voudrais savoir ce que vous en pensez?
M. Rivest: Bien attendez!
M. Bisaillon: Est-ce que oui ou non le député de
Jean-Talon enfreignait le règlement?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon a une autre question de règlement. Sur votre question de
règlement.
M. Bisaillon: S'il intervient sur ma question de
règlement, M. le Président, faites-le intervenir sur ma question
de règlement, non pas sur les propos que j'ai tenus. C'est autre
chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la question de règlement...
M. Rivest: Non pas sur les propos qu'il a tenus, c'est autre
chose.
Le Président (M. Lacoste): C'est une question de
règlement que vous avez soulevée au moment où le
député de Sainte-Marie parlait sur une question de
règlement.
M. Rivest: Je vous fais confiance M. le Président, je
n'interviendrai pas, il m'a tout mêlé lui.
M. Bisaillon: C'est un des objectifs qu'on avait. Une Voix:
II était déjà mêlé.
Le Président (M. Lacoste): Naturellement, la
présidence doit toujours inviter ceux qui font un exposé sur la
motion à revenir à la pertinence de la motion. Donc, j'invite le
député de Jean-Talon à revenir à la pertinence de
la motion telle que présentée: "Que cette commission invite le
ministre de l'Education, etc.".
M. Bisaillon: M. le Président, je sollicite une directive.
Est-ce que vous ne croyez pas, étant donné que cela fait
déjà quatre fois que vous utilisez la même formule pour
inviter non seulement le député de Jean-Talon mais tous les
députés de cette commission à respecter le
règlement et à demeurer dans le sujet, qu'il serait plus utile
d'indiquer immédiatement au député de Jean-Talon qu'il
enfreignait le règlement, que le discours qu'il tenait n'était
pas conforme à notre règlement? Si vous le lui disiez, M. le
Président, peut-être qu'il comprendrait; mais si vous lui dites
toujours de revenir à l'ordre, il vous a fait la démonstration
quatre fois depuis une heure qu'il est toujours...
M. Rivest: M. le Président, question de règlement.
Jamais vous ne m'avez rappelé à l'ordre sur la pertinence du
débat. Vous avez toujours rejeté les questions dilatoires de
règlement soulevées par le député de Taschereau et
son prolongement au bout de la table, le député de
Sainte-Marie.
Le Président (M. Lacoste): II est bien entendu, M. le
député de Jean-Talon...
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Rivest: M. le Président, je vais faire une affaire avec
vous, rappelez-moi donc si je déroge au règlement.
M. Bisaillon: Ce n'est pas une table de négociations.
M. Rivest: II va me rappeler à l'ordre et vous
écouterez. Il est correct, il est compétent.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Saint-Germain: M. le Président, j'avais soulevé
une question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): On n'en finira plus avec les
questions de règlement, M. le député.
Le député de Jacques-Cartier, question de
règlement.
M. Saint-Germain: La présence du ministre de l'Education
est tellement importante que même M. le ministre, lors de son discours en
deuxième lecture et même durant nos travaux...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Non, je veux dire, M. le Président, que
la présence du ministre de l'Education est très pertinente...
M. O'Neill: Pardon, le règlement! M. Rivest:
Question de règlement.
M. O'Neill: II enfreint le règlement, M. le
Président.
M. Rivest: Question de règlement...
Mme Lavoie-Roux: II y a combien de présidents dans cette
commission.
M. Rivest: M. le Président, le député de
Jacques-Cartier enfreint le règlement et je vous inviterais à le
faire respecter.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais, M. le
député de Jacques-Cartier que vous parliez strictement sur la
question de règlement.
M. Saint-Germain: C'est juste. Alors, je disais que la
présence du ministre de l'Education est tellement pertinente dans
l'application...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, vous n'êtes pas dans une question...
M. Saint-Germain: On est ici pour étudier les
modalités d'application article par article.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, ce n'est pas une question de règlement. A l'ordre!
M. le député de Jean-Talon sur la motion.
M. Rivest: M. le Président, j'étais à dire
les raisons qui militent en faveur de la présence ou qui justifient la
présence du ministre de l'Education devant cette commission, ou la
participation aux travaux de cette commission dont le mandat
général est l'étude article par article du projet de loi
no 4.
J'ai eu l'occasion d'établir que le ministre de l'Education
était le témoin privilégié de l'état du
dossier de la radio-télédiffusion scolaire au Québec. Il
connaît, enfin, il est un de ceux qui connaissent sans doute le mieux les
moyens, les ressources, la nature des cours et le personnel dans le domaine de
la radio-télévision scolaire. Dans un premier temps, le ministre
de l'Education pourrait établir l'état du dossier c'est la
base de façon que les membres de cette commission puissent
travailler d'une façon efficace à l'étude de ce projet de
loi, en prenant connaissance des éléments premiers du dossier.
C'était le premier point de mon intervention. En deuxième lieu,
le ministre de l'Education pourrait, à titre de ministre de l'Education,
lui qui est, en ce moment, le père d'une réforme de
l'éducation...
Mme Lavoie-Roux: Mais pas le Saint-Esprit.
M. Rivest: M. le Président!... autant au niveau
élémentaire que secondaire on sait qu'il y a eu un livre
blanc qu'au niveau collégial et même au niveau
universitaire, établir devant les membres de cette commission: Nous
avons au niveau élémentaire, au niveau collégial et au
niveau universitaire, également au niveau secondaire et au niveau de
l'éducation permanente qui est très importante, dans le cadre du
projet de loi no 4, tels moyens, telles ressources dans le domaine de la
radio-télévision scolaire. Il y a un tel type de
problèmes, toujours dans le domaine de la radiotélévision
scolaire. Il y a telles faiblesses au niveau élémentaire. La
radio-télévision scolaire doit être utilisée dans
telle direction plutôt qu'une autre. Qu'il nous fournisse une
évaluation critique des moyens dont dispose le Québec dans le
domaine de la radio-télévision scolaire et qu'il situe cette
utilisation des movens audio-visuels dans le cadre de la réforme ou du
second souffle de la réforme de l'éducation qui a
été entreprise au Québec. Cela, le ministre de l'Education
peut seul l'établir devant cette commission. C'est un
élément extrêmement important d'une étude
sérieuse du projet de loi no 4.
Malheureusement, non pas que je lui en fasse reproche, mais le ministre
des Communications n'a pas cette expertise, non plus qu'aucun membre de cette
commission, à l'exception peut-être de mon collègue, le
député de L'Acadie, qui connaît bien les questions
d'éducation.
Premièrement, le ministre de l'Education pourrait venir ici
établir le dossier; deuxièmement nous dire quels sont les
problèmes, quelles sont les perspectives dans lesquelles les moyens
audiovisuels pourraient être mieux utilisés dans le domaine de la
radio-télévision scolaire. C'est le ministre de l'Education qui
peut nous le dire.
Comme troisième élément c'est un
élément extrêmement important du dossier, qu'a
évoqué lui-même le ministre de l'Education lorsqu'il est
intervenu à l'Assemblée nationale, le 14 juin 1979, ainsi que le
ministre des Communications on sait, c'est connu depuis toujours, qu'au
sein même du gouvernement du Québec il y a eu dans le passé
pendant longtemps une très grande confusion entre la
responsabilité du ministère de l'Education et la
responsabilité du ministère des Communications quant à
l'utilisation des moyens audio-visuels à des fins scolaires. J'ai une
connaissance personnelle de ces problèmes. Le ministre des
Communications l'a évoqué, ainsi que le ministre de l'Education
lors du débat en deuxième lecture, disant qu'ils avaient
réglé le problème, mais la réalité de ce
problème a été évoquée par le rapport Rocher
même, à la page 18.
M. Guay: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, sur une question de règlement.
M. Guay: De nouveau, le député de Jean-Talon parle
du contenant des communications scolaires, c'est-à-dire de la
quincaillerie audiovisuelle qui peut exister au gouvernement. Le projet de loi
a pour but de discuter du contenu de la télévision
éducative.
M. Rivest: Je parle des cours. Les cours, c'est le contenant? (16
h 30)
M. Guay: Cela n'a rigoureusement rien à voir avec
l'argumentation du député de Jean-Talon. Tout ce dont il parle,
ce sont des questions qui peuvent faire l'objet d'un débat lors de
l'étude des crédits du ministère de l'Education, mais non
pas l'objet de l'étude article par article du projet de loi no 4, qui
fait l'objet spécifique du mandat de cette commission et qu'on retrouve
également, comme le soulignait avec pertinence le député
de Sainte-Marie, dans la motion du député de Jean-Talon. Je vous
prierais, une fois de plus, de rappeler le député de Jean-Talon
à l'ordre.
M. Rivest: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la question de règlement.
M. Rivest: Le député de Taschereau vous a soumis
que j'avais parlé ou que je parlais ou que je traitais du contenant et
non du contenu. Or, j'ai pris la peine, justement afin d'éviter cet
écueil qui aurait pu...
Mme Lavoie-Roux: II a une épée de Damoclès
au-dessus de la tête.
Une Voix: Une épée de Démosthène.
M. Rivest: Pour éviter cet écueil, M. le
Président, j'ai pris la peine de parler des cours. Quand on parle de
cours, dans le domaine de la radiotélévision scolaire, c'est
précisément le contenu. Les cours en fonction des besoins du
réseau. J'ai parlé de la réforme, le second souffle de la
réforme du système scolaire, bien cela c'est du contenu...
M. Guay: Pouvez-vous m'indiquer à quel endroit, dans le
projet de loi no 4...
M. Rivest: Ce n'est pas en l'air.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député...
M. Guay: A quel endroit, M. le Président, dans le projet
de loi no 4, est-il question...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Guay: ... de la réforme du système de
l'éducation?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Rivest: C'est quoi les moyens audiovisuels? C'est la
télévision éducative.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le député
de Jean-Talon, il vous reste une minute. Je vous demanderais de conclure
immédiatement sur la motion que vous avez présentée.
M. Rivest: J'aimerais auparavant que vous rendiez une
décision sur la question de règlement du député de
Taschereau.
Le Président (M. Lacoste): La question de règlement
est toujours difficile.
M. Bisaillon: Prenez une minute pour répéter encore
une fois ce que vous avez dit pendant 19 minutes.
M. Rivest: Non, mais il y a une question de règlement qui
est soulevée, il faut que le président rende une décision.
On ne peut pas avancer sans cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, il est bien évident que je demande au député,
et je le répète pour la nième fois, les mêmes
paroles, de toujours parler sur la motion telle que
présentée.
M. Rivest: Vous avez mon entière collaboration, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Naturellement les
députés ont toujours l'occasion de soulever des questions de
règlement.
M. Rivest: Vous en avez deux, le ministre des Communications et
le député de Vanier justement. Vous avez tous les deux
voté contre moi et cela n'a rien changé.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon pour la conclusion de votre exposé sur la motion.
M. Bertrand: M. le Président, question de
privilège...
M. Rivest: M. le Président, est-ce que j'aurais eu des
loups dans ma bergerie?
M. Bertrand: Je voudrais savoir du député de
Jean-Talon.
Le Président (M. Lacoste): C'est une question que vous
voulez poser?
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Jean-Talon permet une question?
M. Rivest: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Ce sera pris sur votre
temps.
M. Rivest: Non, M. le Président, dans ce cas, je ne veux
pas.
M. Bertrand: Je voudrais savoir comment il se fait que le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: Je ne veux pas.
M. Bertrand: ... violant le secret du vote, a pu trouver le moyen
de savoir dans quel sens avaient voté les députés de
Taschereau et de Vanier.
M. Rivest: De la même façon que je sais que les gens
de Prévost et de Beauce-Sud vont voter libéral.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, pour la conclusion.
M. Rivest: La conclusion, déjà?
M. le Président, compte tenu du contentieux qui a existé
depuis toujours et qui continue d'exister, d'après ce que je crois
comprendre ou d'après ce qu'on m'a dit dans certains milieux, entre le
ministère de l'Education et le ministère des Communications,
c'est très important que ce dossier soit mis sur la table ici. Et la
présence du ministre de l'Education est très importante, parce
qu'il va y avoir un gaspillage d'énergie et de ressources dans le
domaine de la radio-télévision scolaire qui a existé
depuis probablement 1963, au moment des premiers programmes de
radio-télévision scolaire. Ce n'est pas un problème en
l'air, c'est un problème concret qui coûte des sommes d'argent aux
contribuables québécois. Il serait totalement inadmissible que
l'Assemblée nationale adopte un projet de loi comme le projet de loi no
4 sans que ce vieux contentieux très important ne soit au moins
étalé publiquement pour que l'on puisse apprécier tous et
chacun des éléments du dossier portant sur la
radio-télévision scolaire qui est le premier
élément de l'article 3a que doit rencontrer une programmation
éducative, pour être déclarée programmation
éducative par la Régie des services publics et
bénéficier de la discrétion et peut-être de
l'arbitraire des subventions du ministre des Communications.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Vous allez parler après. Vous voulez faire
une longue intervention. D'accord, je vais vous donner dix secondes.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, ensuite le député de Gaspé.
M. Bertrand: Je vais faire mon intervention pour vous dire, M. le
Président, que je me sens suffisamment renseigné et que je serais
prêt à voter à ce moment-ci à la suite des
éclairages fournis par le député de Jean-Talon.
M. Le Moignan: Vous n'avez pas eu mes lumières encore.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je vais tenter
d'être le moins impertinent possible. Quand je regarde la motion que nous
avons ici, si on pèse chacun des mots, on peut dire que la formulation
est très polie: Que cette commission invite... Quand je reçois
une invitation à me rendre quelque part, je puis être très
heureux de recevoir l'invitation. C'est le premier élément. Que
cette commission invite le ministre de l'Education à être
présent à toutes les séances. Donc, il est libre
d'accepter ou de ne pas accepter. C'est là que c'est peut-être
moins invitant, il y a peut-être une espèce d'obligation. Tout de
même, cela signifie que le ministre de l'Education est libre. On peut
l'inviter à l'unanimité, tous les membres de cette commission
à venir siéger ici à toutes les séances, article
par article. Il est vrai que sa présence pourrait nous être d'un
précieux secours; je le déplorais, ce matin, quand j'ai
parlé du rôle du ministre des Communications et aussi du
rôle du ministre de l'Education, puisqu'on parle d'une programmation
éducative. Je comprends très bien, je ne veux pas entrer dans ces
détails. Il ne s'agit pas de déterminer combien d'heures, combien
de minutes vont relever directement du ministère des Communications, de
l'éducation permanente, de l'éducation universitaire, mais le
fait que le ministre soit invité et qu'il vienne nous apporter certaines
précisions, quand on regarde ce projet de réglementation, ce
document de travail que nous avons eu ce matin, il y a un aspect, je pense, sur
lequel le ministre pourrait nous éclairer.
On dit ici que le projet a reçu l'appui du milieu, soit par un
conseil de programmation représentatif de milieux éducatifs,
socio-culturels, économiques. Les milieux éducatifs, sans
être présent à chaque minute de nos
délibérations, je verrais bien la présence du ministre de
l'Education, parce que tel qu'on l'a lu il y a quelques instants sous la loi
des libéraux, ce qui rejoint un peu peut-être d'autres
gouvernements, c'est que cette programmation éducative sera
administrée conjointement c'est-à-dire qu'il y aura un conseil
des deux ministres qui auront à apporter là-dedans certainement
un appui très considérable si on veut que cette programmation
éducative remplisse vraiment sa mission. Encore une fois, le ministre
peut recevoir une invitation. On serait très heureux de le voir ici
parce que sa présence, tout de même, ne serait pas de nature
à nuire au travail de cette commission.
On a mentionné tout à l'heure une commission où le
ministre des Finances fut l'invité. De fait, il s'est rendu. Je crois
que tout le monde était très content de voir que ce ministre a
daigné répondre à leur invitation. On sait qu'il y a eu
des études de faites. Il y a eu des rapports soumis déjà
au premier ministre et on sait que la télévision éducative
n'est pas nécessairement l'unique moyen d'éducation qui existe.
On se plaît à décrire souvent toutes ses vertus, mais on
oublie aussi qu'il peut avoir peut-être des petits points qui sont plus
faibles. Je n'ai pas l'intention de faire une longue argumentation, mais je
suis favorable à cette motion, M. le Président, pour la bonne
raison
que la présence du ministre de l'Education pourrait apporter un
éclairage, pourrait répondre peut-être à des doutes,
à des hésitations, même si, encore une fois, le ministre
n'est pas ici de 10 heures à 22 heures.
M. Guay: Voilà, M. le Président, ce qu'est une
intervention pertinente.
M. Le Moignan: C'est vrai?
M. Guay: Contrairement à celle du député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Voici une intervention qui n'est pas pertinente, la
vôtre, à ce moment-là. On a deux beaux exemples.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Une Voix: Très bien, M. le député de
Gaspé. Je tiens à vous féliciter.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
M. le Président on croit sentir que les députés du
côté ministériel voient cette motion comme étant une
motion dilatoire. Je pense que le projet de loi que nous étudions
présentement est extrêmement sérieux. Je ne sais pas si
c'est le climat des vacances pour d'autres, pas pour nous autres, mais ce n'est
sûrement pas la raison pour laquelle, à l'heure actuelle, nous
faisons un débat que, quand même, je souhaiterais être
très sérieux. Je souhaiterais que le ministre des Communications
examine les arguments que l'Opposition fait valoir et ne voie pas tous ces
gestes comme si on pouvait s'occuper à autre chose qu'être ici
à discuter de programmation éducative et d'une façon
très constructive. Il reste que le point d'accrochage majeur, M. le
Président, entre le gouvernement et l'Opposition officielle touche
justement à cette définition de la programmation éducative
qui nous apparaît beaucoup trop large, beaucoup trop vague. La motion du
député de Jean-Talon pour que le ministre de l'Education soit
ici, participe et apporte un éclairage me semble une motion tout
à fait justifiée et inutile de vous dire que je l'appuie.
Evidemment, le député de Taschereau, en particulier
et loin de moi l'idée de le provoquer, surtout pas a
utilisé passablement du temps ou interrompu suffisamment le
député de Jean-Talon pour faire valoir qu'il n'était
jamais dans la pertinence du débat. Je voudrais simplement dire ici,
quand on parle du ministre de l'Education et de la nécessité ou
de l'utilité qu'il pourrait y avoir pour le ministre de l'Education
d'assister à ce débat, que, d'abord, le projet de loi no 4 porte
sur la programmation éducative.
Si vous lisez les notes explicatives, "le présent projet de loi a
pour objet de permettre à la Régie des services publics
j'en passe de déclarer éducative sa programmation en tout
ou en partie. Le présent projet de loi définit la programmation
éducative comme devant favoriser l'exercice du droit des citoyens
à l'éducation, promouvoir l'accès des citoyens à
leur patrimoine culturel et favoriser l'information". Je pense qu'il y a trois
paragraphes dans les notes explicatives. D'après les deux premiers
paragraphes il n'y a aucun doute là-dessus l'objet du
projet de loi, c'est vraiment la programmation éducative, ce qu'en
devrait être le contenu, quelles en devraient être les balises.
Peut-être le gouvernement aurait-il dû examiner d'une façon
plus soignée quels sont les besoins et de quelle façon ceci
devrait être pensé. C'est le sens de la motion du
député de Jean-Talon que le ministre de l'Education nous
apparaît comme la personne la mieux qualifiée pour répondre
à ces questions, au moins donner quelque lumière, nous donner au
moins sa conception d'une programmation éducative ou de ce que la
télévision devrait faire dans le domaine de
l'éducation.
Dans ce sens, je pense que la motion est tout à fait
justifiée. J'ai soulevé, ce matin, les problèmes de
communications qui m'apparaissaient exister entre le ministère des
Communications et le ministère de l'Education quant à tout ce
projet de loi sur la programmation éducative. J'ai même
cité une partie du rapport Rocher là-dessus et je dois dire
qu'alors que les députés d'en face, dans leurs répliques
finalement, cela a pris non pas le caractère d'une intervention,
mais vraiment le caractère de répliques aux interventions
des députés de l'Opposition officielle, ont essayé de
réfuter, et quelquefois par une certaine déformation des faits,
ce que nous avions dit. Mais il y a un argument auquel on n'a jamais
répondu et qui était celui que j'avais fait valoir, à
savoir que le ministère de l'Education avait été,
était absent de ce projet de loi.
Là-dessus, je pense que même, dans un éditorial
qu'il écrivait sur le projet de loi no 4, Michel Roy, du Devoir disait
qu'il était bien clair que, pour un projet de loi qui visait surtout de
la programmation éducative, le rôle du ministère de
l'Education était absolument mineur, pour ne pas dire absent. (16 h
45)
J'avais le texte, tout à l'heure, je ne le retrouve pas... enfin,
je pense que c'était l'esprit d'une partie de cet éditorial.
Egalement, on se souviendra qu'au moment où Radio-Québec est
venue devant la commission des communications, j'avais interrogé son
président, M. Barbin, et je lui avais demandé: "Est-ce qu'il y a
entente avec le ministère de l'Education, au moins dans les grandes
lignes, dans les grandes orientations sur ce que devrait être le contenu
de la télévision éducative. Pouvez-vous m'assurer de ceci,
M. le Président? Et M. Barbin, le président de
Radio-Québec, de répondre: "Non, madame, non, M. le
Président...
M. Rivest: C'est clair.
Mme Lavoie-Roux: ... mais espérant que l'on arrivera
à une sorte de compagnonnage créateur." C'est le président
de Radio-Québec qui parle. Je
continuais quand même en disant: "Une programmation
éducative devra normalement faire entrer, si on se réfère
aux modèles qui existent dans les autres pays, toute la dimension de
l'éducation des adultes débouchant sur l'éducation
permanente. ' Je savais que le gouvernement n'avais pas encore réussi
à définir une politique globale de l'éducation permanente,
et je lui demandais quelles réflexions lui-même avait
accordées sur cette dimension de l'éducation permanente dans la
programmation éducative. Le président de Radio-Québec, M.
Barbin, de me répondre, il s'adressait au président,
évidemment: "II serait prétentieux de dire qu'on a trouvé
toutes les solutions à Radio-Québec et mon mandat c'est
d'administrer Radio-Québec. En administrant Radio-Québec, c'est
administrer avec la loi qui existe. Il y a beaucoup de questions qui me sont
posées qui devraient être posées au ministre et au
ministère de l'Education. Evidemment, le représentant du
ministère de l'Education, c'est le ministre. Dans notre mandat,
M. le Président, nous avons à réaliser des choses qui sont
de plus en plus précises et nous sentons le besoin de le faire avec des
organismes comme le ministère de l'Education et des autres. Mais on ne
peut pas, à Radio-Québec, se prononcer sur des débats
comme ceux-là." Et il remettait la responsabilité des
réponses à ces questions précises touchant
l'éducation au ministère de l'Education ou au ministre de
l'Education.
M. le Président, qu'on veuille à ce moment-ci souhaiter la
présence du ministre de l'Education, je pense que ce n'est pas là
une idée tout à fait non pertinente au débat que nous
avons autour de cette table, ou au débat qu'on devrait avoir autour de
cette table. Je pense qu'il y aurait intérêt pour le ministre des
Communications, pour le gouvernement de peut-être recevoir ce souhait
d'une façon favorable. Je pense qu'on pourrait faire préciser des
choses que le ministre des Communications, non pas par mauvaise volonté,
j'en suis certaine, mais ne semble pas, à ce moment-ci, capable de
préciser ou ne désire pas préciser. Le point litigieux le
plus important est de savoir quel est le caractère propre de cette
programmation éducative. Et on nous dit: On vous donne la
définition canadienne de la télévision éducative.
Je pense que le député de Vanier y a fait
référence. Je ferai remarquer au député de Vanier
que sa réponse était simplement partielle. S'il est vrai
qu'à l'article 2 on retrouve cette définition qui a
été donnée par, je pense, l'ensemble des ministres de
l'Education du Canada qui avaient formulé cette définition, si on
la retrouve à l'article 2, quand nous touchons à l'article 3,
là l'esprit change passablement parce qu'alors qu'on donne une
définition de l'expression "programmation éducative ", dans
l'article 3, on dit: Une programmation éducative doit, a), b), et c), et
alors, la définition élaborée à l'article 2 devient
beaucoup plus large et beaucoup plus générale que l'esprit
même de la définition qui a été retenue par le
conseil des ministres de l'Education du Canada. D'autant plus que, comme le
fait remarquer mon collègue de Jean-Talon, cela devient
impératif: une program- mation éducative doit. M. le
Président, je pense qu'il y a là des raisons qui militent en
faveur de la motion du député de Jean-Talon.
Il y a un autre élément que je voudrais ajouter et je dois
vous dire qu'il n'est pas nouveau je l'ai soulevé à
plusieurs reprises et non seulement au moment du débat en
deuxième lecture de ce projet de loi, mais à d'autres occasions,
au moment de l'étude du budget, tant aux communications qu'à
l'éducation c'est qu'on est toujours devant l'absence d'une
politique globale d'éducation permanente, et le gouvernement se
prépare, à ce moment-ci, à investir des fonds importants
dans ce qu'il appelle la programmation éducative qui, à certains
égards, j'en suis certaine, aura des éléments
d'éducation. Je pense qu'il y a des gens qui s'inquiètent de voir
que ces sommes importantes vont maintenant être investies sans qu'on ait
une politique suffisamment globale de l'éducation permanente, et que des
fonds sont dépensés à droite et à gauche, dans un
ministère et dans l'autre sans qu'on ait tenté de faire la
synthèse, de faire le ménage dans ce foisonnement de ressources
qui sont mal intégrées les unes aux autres.
Je pense que la présence du ministre de l'Education ici
permettrait au moins de clarifier certains de ces points et ne serait pas du
temps perdu, au contraire, et permettrait peut-être même, aussi,
que nous avancions un peu plus vite dans tout ce débat. Je peux
difficilement comprendre que le côté ministériel
interprète comme étant dilatoire le désir d'avoir ici la
présence du ministre de l'Education.
M. Bertrand: II n'y a eu aucune intervention sur le fond,
jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: II y a le...
M. Rivest: Le député de Sainte-Marie en a fait
une.
M. Bisaillon: Question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! sur une question de
règlement.
M. Bisaillon: Mais vous ne perdez rien pour attendre.
Une Voix: Cela vaut un règlement de compte.
M. Rivest: Cela ne prendra pas des heures, il me semble que vous
vous obstinez pour rien, vous retardez les travaux.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais ajouter un autre point et j'en ai
d'ailleurs fait l'objet de mon intervention, ce matin. Quand je dis: On se
propose d'élargir une programmation éducative sans en avoir
identifié les principaux éléments, sauf à partir
d'une définition très générale, sans avoir
identifié
les besoins réels de la population en matière de
programmation éducative, sans s'arrêter un seul moment à
dire quelles sont les clientèles cibles qui devront être l'objet
de la télévision éducative, je pense que dans les pays
où on a la télévision éducative, et surtout ceux
qui ont une plus grande tradition, je pense à la Grande-Bretagne, en
particulier, c'est un premier geste qu'on pose. En fait, qui peut le mieux
identifier ces clientèles sinon le ministre de l'Education? C'est une
observation que chacun des membres, autour de la table, peut faire. Il y a des
populations qui sont vraiment très mal desservies. Je pense que le
Conseil supérieur de l'éducation a parlé du
problème, il a parlé, par exemple, des clientèles non
atteintes ou peu atteintes, il a parlé des peu ou non scolarisés,
il a parlé des peu ou non organisés, des groupes mal
structurés ou laissés pour compte. Il a parlé des femmes,
il a parlé des jeunes en chômage, il a parlé des personnes
âgées.
Quand j'entends et ce matin, j'entendais certains
députés du côté ministériel dire: On
veut limiter cela au réseau scolaire. Loin de vouloir limiter un
réseau scolaire, je pense que les préoccupations du ministre de
l'Education doivent comprendre l'ensemble des besoins en éducation de la
population. Evidemment, je pourrais continuer la liste beaucoup plus
longuement.
Est-ce qu'on a répondu à tous ces besoins qui sont des
besoins primordiaux? Il me semble que le député de Sainte-Marie
devrait être sensible à ceci avant de dire: On s'en va à
droite, on s'en va à gauche. Sans aucun doute, les gens de l'autre
côté ont dit: Vous avez laissé faire Radio-Québec
comme cela, on fait simplement continuer, c'est le statu quo. On sait fort bien
que ce statu quo a créé des problèmes, ce que justement on
a déploré. Vous vous souviendrez, M. le Président, que
dans une commission parlementaire, l'an dernier, alors que nous avons entendu
des revendications des syndicats de Radio-Québec, plusieurs
déploraient, justement...
Une Voix: La pertinence.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que j'essaie de
démontrer, c'est qu'avant d'investir les crédits sont
votés, alors c'est évident que l'argent sera investi avant
de parler de programmation éducative, il faut savoir de quelle
façon on va utiliser l'argent, essayer de l'utiliser le mieux possible
et selon les besoins les plus urgents et les plus importants à
rencontrer parmi la population, et au plan éducatif.
Evidemment, si ce n'est pas de la programmation éducative qu'on
fait, c'est une autre affaire, mais la loi s'appelle Loi sur la programmation
éducative. Si cela ne l'est pas, qu'on le dise et qu'on change le titre
du projet de loi. Mais, tant et aussi longtemps que c'est ça, il faut
essayer d'utiliser l'argent pour que vraiment il serve à des fins
d'éducation.
La personne la mieux qualifiée pour nous dire quels sont les
besoins en éducation, de quelle façon on pourrait faire la
coordination de toutes les ressources en éducation pour que la
télévision éducative atteigne vraiment ses objectifs,
c'est le ministre de l'Education.
J'arrête ici mes propos, M. le Président, et
réitère le souhait qu'a fait mon collègue de Jean-Talon
pour que le ministre de l'Education soit invité à participer aux
débats de cette commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, s'il est présent, il va
participer, voyons donc! On ne va quand même pas se chicaner pour
ça.
M. Saint-Germain: M. le Président, ce qui...
Mme Lavoie-Roux: On ne le veut pas comme décoration. Il en
serait fort malheureux.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, ce qui nous frappe en
lisant ce projet de loi, c'est que dans chacun de ses articles on ne parle de
la qualité de la programmation éducative. Je crois qu'il y a
là un point très important et une lacune extrêmement
importante.
Une Voix: La pertinence!
M. Saint-Germain: Cette déclaration que je fais est
très pertinente, M. le Président, car, si le ministre de
l'Education était avec nous, par ses déclarations et son
expérience, il pourrait nous faire ressentir jusqu'à quel point
cette lacune est importante. On donne, par ce projet de loi, à la
Régie des travaux publics la responsabilité des services publics,
la responsabilité de déterminer si une programmation est
éducative ou non. Mais on ne lui donne aucune autorité ou aucun
devoir de juger de la qualité de cette programmation. Après que
la régie aura déterminé qu'une programmation est
éducative, il appartiendra au ministre et au cabinet de
déterminer les sommes qui serviront de subventions pour soutenir la
radio-télévision et les programmes qui devront transmettre le
contenu de cette programmation à la population.
Qu'est-ce que le ministre des Communications aura comme
expérience, comme personnel pour déterminer la qualité de
la programmation? Car, si on veut dépenser adéquatement ces
millions qu'on sera appelé à voter...
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, question de règlement?
M. Guay: Oui. Ce que le député de Jacques-Cartier
est en train de nous dire, c'est qu'il faudrait amender le projet de loi
à l'article pertinent pour que la loi relève du ministre de
l'Education et non pas du ministre des Communications. Je veux bien
qu'il fasse une telle motion en son temps et à sa place. Pour
l'instant, cela n'a aucune espèce de rapport avec la motion que le
député de Jean-Talon a présentée à cette
commission et qui vise simplement à ce que le ministre de l'Education
soit présent pour l'étude article par article.
M. Rivest: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la question de règlement.
M. O'Neill: N'essayez pas de défendre le
député de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur une question de règlement.
M. Rivest: Je pense que le député de Taschereau, si
c'était ce que le député de Jacques-Cartier avait dit ou
avait soutenu, aurait probablement raison.
M. Guay: Le député de Jean-Talon est un
exégète du député de Jacques-Cartier.
M. Rivest: M. le Président, je crois que le
député de Jacques-Cartier n'a évoqué cette
hypothèse que pour illustrer, dans les propos qu'il a tenus
précédemment et dans ceux qui vont suivre, la
nécessité, pour le ministre de l'Education, d'être
présent et de participer à nos travaux. Ce n'est pas plus que
ça. Si le député de Taschereau cessait ses questions de
règlement inutiles, je pense qu'on pourrait travailler beaucoup plus
sereinement et qu'on pourrait progresser.
M. Guay: Vous pourriez dire n'importe quoi sur n'importe quel
sujet, n'importe quand, c'est ça?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier sur la motion.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. ( 17 heures)
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Taschereau se permet
un langage... Il dit qu'on peut dire n'importe quoi, n'importe quand, n'importe
comment. Je pense que c'est absolument faux, M. le Président.
M. Guay: Ils sont...
M. O'Neill: ... en deuxième lecture, de toute
façon.
M. Rivest: Voyons donc! Le président de
Radio-Québec a dit exactement la même chose que nous...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vous ai cité le président
de Radio-Québec.
M. Rivest: ... et les gens du ministère de l'Education
répètent cela à hue et à dia. Ne venez donc pas
nous...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de...
M. O'Neill: M. le Président, sur la question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. Barbin, je vous l'ai cité.
M. O'Neill: Avez-vous rendu votre décision sur la question
de règlement, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Pas encore. M. le ministre, sur
la question de règlement.
M. O'Neill: Ecoutez, je n'ai pas objection à ce que le
député de Jacques-Cartier remplisse sa mission de noyer vingt
minutes de temps, mais si c'était possible de le faire en tenant compte
de la pertinence du débat, je trouve que ce serait
préférable.
M. Rivest: M. le Président, question de règlement.
Le député de Jacques-Cartier...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, question de règlement, article 100.
M. Rivest: ... a parfaitement le droit d'utiliser son droit de
parole. Le ministre des Communications n'a pas le droit de lui imputer des
motifs. Article 100.
M. O'Neill: M. le Président, je fais une constatation.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Sur la
question...
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement.
M. O'Neill: Oh! oui, je la fais.
M. Saint-Germain: Mon argumentation, si vous vouliez bien
m'écouter, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Juste un instant! Je vais... Un
instant, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... et je parle sur cette question de
règlement. Il y a une motion ici qui demande...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier!
M. Saint-Germain:... à la commission d'inviter le ministre
de l'Education et...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, à l'ordre! M. le député de
Jacques-Cartier, à l'ordre!
M. Saint-Germain: ... et j'essaie, M. le Président, de
vous faire comprendre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, à l'ordre!
M. Saint-Germain: ... M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Lorsqu'un député
veut prendre la parole sur une question de règlement, il s'adresse
d'abord au président et le président lui donne la parole. Lorsque
le président a la parole, je pense que les membres de la commission ne
peuvent pas interrompre le président à ce moment-là. Au
départ, sur la question de règlement, sur la première
question de règlement soulevée par le député de
Jean-Talon et soulevée par le député de L'Acadie de
même que par le ministre et de même que par le député
de Taschereau, il est bien évident que tous les députés
doivent discuter sur la motion telle que présentée par le
député de Jean-Talon. Je relis la motion: "Que cette commission
invite le ministre de l'Education à être présent à
toutes les séances de cette commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 4". C'est la motion
telle que présentée par le député de Jean-Talon. La
parole était au député de Jacques-Cartier sur une question
de règlement, sur une autre question de règlement.
M. Saint-Germain: J'aimerais soutenir, M. le Président,
que je suis complètement dans l'ordre. Cette motion d'invitation au
ministre de l'Education n'est pas folichonne. Il y a une raison. C'est parce
qu'on croit que le ministre de l'Education peut nous éclairer dans
l'application de cette loi article par article et c'est ce que j'essayais, M.
le Président, de vous faire comprendre. Quant aux impressions du
ministre des Communications sur la qualité de mon intervention, veuillez
croire que je m'en fous comme de l'an quarante. Je ne parle pas pour lui. J'ai
l'impression qu'il ne comprend absolument rien. Il a une idée bien dans
la tête de s'emparer de ce domaine et il a tous les pouvoirs pour le
faire.
M. O'Neill: Vous avez bien raison. C'est très dur à
comprendre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, sur... Vous m'avez demandé une question de
règlement.
M. O'Neill: Allez! Tuez le temps. Allez!
Ml. Saint-Germain: Je parle, M. le Président, pour la
population.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, votre première partie était bel et bien une
question de règlement, tandis que la deuxème était une
argumentation. Donc, j'invite le député de Jacques-Cartier
à parler sur la motion du député de Jean-Talon. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je disais bien calmement, M. le
Président, avant qu'on m'interrompe, que la détermination de la
qualité de la programmation éducative était très
importante, car je ne vois pas comment le ministre et le cabinet pourraient
faire la distribution des sommes qui s'accumuleront et qui seront très
importantes et subventionner cette programmation sans avoir les moyens d'en
apprécier la qualité. Je crois qu'à ce point de vue, le
ministre de l'Education aurait bien des choses à nous dire car c'est lui
qui est responsable de l'éducation au Québec et qui
possède le personnel et les instruments voulus pour être capable
d'apprécier au point de vue pédagogique ou autrement la
qualité d'une programmation. Ce qui est important là-dedans, M.
le Président, c'est qu'une programmation donnée, même si
elle est qualifiée par la régie d'éducative, peut
comporter des éléments de propagande politique et de propagande
gouvernementale. C'est absolument évident. Et par ses qualificatifs qui
font qu'une telle programmation ne sera pas nécessairement de
qualité, mais qu'elle pourrait être et devenir, surtout avec le
référendum qui s'en vient, extrêmement importante...
M. Bertrand: Laissez donc le référendum de
côté.
M. Saint-Germain: ... au point de vue de la propagande.
M. Bertrand: La programmation de 1979/80 est faite; elle est
déjà fixée en avril de l'année
précédente.
M. Saint-Germain: II pourrait arriver que le ministre et le
cabinet décident...
Le Président (M. Lacoste): Juste un instant, M. le
député de Jacques-Cartier. J'aimerais vous inviter, en ce moment,
à la pertinence de la motion présentée par le
député de Jean-Talon.
M. Saint-Germain: Et je suis, M. le Président, tout
à fait dans l'ordre. J'essaie de vous expliquer jusqu'à quel
point le ministre de l'Education pourrait nous être utile dans
l'évaluation de la qualité de la programmation que le
gouvernement sera amené à subventionner. On en a vu d'autres,
savez-vous, et depuis que je suis député, on a vu jusqu'à
quel point des hommes soi-disant bien intentionnés pouvaient abuser de
l'autorité, de leur autorité lorsque leur intérêt
politique pouvait être en danger.
M. Bertrand: C'est vrai.
M. Guay: Les Jeux olympiques.
M. Saint-Germain: II y a aussi, M. le Président, un autre
point important: Qui déterminera, dans ces programmes éducatifs,
les besoins de la population et la priorité des divers champs
d'éducation? Qui va le déterminer? Il n'y a personne, à
mon avis, au niveau du ministère des Communications, qui a cette
compétence voulue pour déterminer les priorités que ces
programmes d'éducation devraient essayer d'atteindre.
On a parlé, ce matin, par exemple, de l'enseignement de
l'histoire qui a été négligé au Québec.
Peut-être devrons-nous appuyer là-dessus dans la programmation
éducative.
M. Guay: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député, sur
une question de règlement.
M. Guay: Pouvez-vous m'expliquer ce que l'enseignement de
l'histoire et sa qualité a à voir avec la motion qui veut que le
ministre de l'Education puisse venir assister aux travaux de cette
commission?
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est simple, si vous
me le permettez. Le ministre de l'Education est celui qui, au niveau du
gouvernement, est en autorité et a l'expertise voulue pour en parler
d'une façon pratique et intelligente.
M. Bertrand: On va donner les cours d'histoire, on va les ramener
dans les écoles.
M. Saint-Germain: C'est la raison pour laquelle on croit que
cette motion devrait être acceptée. Je disais puisqu'on
m'oblige à répéter qu'on a dit ce matin que
l'enseignement de l'histoire a été négligé dans
notre système scolaire. Peut-être pourrait-on, par la voie de la
radio-télévision, compenser pour ces lacunes. On a longuement
insisté sur le fait que les francophones du Québec...
M. Guay: On va apporter un amendement pour permettre
l'enseignement de l'histoire à l'article 6 ou 7.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, sur la pertinence du débat, sur la motion
présentée par le député de Jean-Talon. J'aimerais
que vous reveniez à la motion.
M. Saint-Germain: C'est justement ce que je fais, M. le
Président, ne vous laissez pas impressionner par les objections.
J'essaie de faire ressortir l'importance qu'il y a de voir le ministre de
l'Education participer à nos travaux. Qui est autorisé et qui a
l'expertise voulue pour établir ces priorités, si ce n'est pas le
ministère de l'Education? Y a-t-il des besoins régionaux? Le
ministère de l'Education a une expérience relativement aux
besoins en éducation de certaines régions du Québec. On
enseigne, par exemple, les techniques du lait dans une région
donnée, on va enseigner les pêcheries dans une autre
région. Est-ce qu'il y a, au niveau du ministère qui va
être responsable de cette loi, des personnes qui sont qualifiées
pour ce faire? L'éducation, c'est complexe et on exclut, par la teneur
de ce projet de loi, tous ceux qui, en autorité, ont une
expérience pratique dans ce domaine et on donne cela à un
ministère qui n'a aucune expérience et qui en fait un
ministère qui souvent, dans le passé, a été
taché de par-tisanerie.
C'est très dangereux et je crois que la population a le droit de
savoir, par l'entremise du ministère de l'Education et du ministre,
quelle est la portée réelle de cette loi car, à notre
avis, c'est une loi extrêmement dangereuse. Le ministre de l'Education
pourrait nous renseigner aussi sur l'importance du Conseil supérieur de
l'éducation, par exemple, qu'on néglige complètement dans
cette loi parce qu'on parle d'éducation dans le projet de loi.
M. Guay: A l'ordre! M. le Président, l'Office des
autoroutes...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau...
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lacoste):... sur une question de
règlement.
M. Guay: L'Office des autoroutes n'est pas, non plus,
mentionné dans le projet de loi, pas plus que la Société
des alcools du Québec, pas plus que la Régie des marchés
agricoles et ce n'est pas une raison pour autant d'inviter le ministre des
Transports, le ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre de
l'Agriculture.
M. Saint-Germain: On charrie, M. le Président! On veut
simplement m'empêcher de parler.
Le Président (M. Lacoste): Sur la question de
règlement...
M. Saint-Germain: On parle d'éducation et pourquoi veut-on
nous empêcher de parler du ministère de l'Education du
Québec qui est responsable de l'éducation? Pourquoi assimiler
cela ou faire des comparaisons entre le ministre des Transports, la
Société des alcools et le Conseil supérieur de
l'éducation dans un domaine comme celui dont on discute
présentement? Je crois qu'on montre, au gouvernement, de la mauvaise
volonté et de l'intolérance, M. le Président.
M. Guay: De ce côté-là, vous êtes
passés experts.
M. Saint-Germain: Je crois, M. le Président, que la
population se sentirait beaucoup plus en sécurité si dans son
application article par article on prenait soin d'impliquer, de donner une
cer-
taine autorité et une certaine responsabilité au ministre
de l'Education dans ce projet de loi. D'ailleurs, c'est tellement fondé,
ce que je vous dis, que le ministre en deuxième lecture, aussi bien que
ce matin, a longuement parlé des discussions qu'il y a eu entre les deux
ministères et de la soi-disant collaboration qui devrait exister. C'est
bien beau, c'est bien gentil de dire: On l'a fait, mais on vit en
démocratie, si je ne m'abuse. Si le gouvernement et le ministre sont si
transparents, pourquoi ne pas faire ces discussions en public? Pourquoi nous
taire ce que le ministre de l'Education a à dire relativement à
cette loi? Il a quelque chose à dire puisqu'on a pris soin de demander
son avis. Mais pourquoi ne peut-il le faire qu'en cercle fermé?
M. Guay: II l'a déjà dit...
M. Bertrand: II l'a dit en deuxième lecture.
M. Guay: ... en deuxième lecture. C'est au journal des
Débats.
M. Bertrand: Avez-vous lu cela, vous? Etiez-vous là?
M. Saint-Germain: Mais on sait qu'il y a, M. le Président,
une grande différence entre un discours en deuxième
lecture...
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas d'accord avec cela.
M. Saint-Germain: ... et les travaux qu'on fait actuellement en
commission.
Une Voix: La lumière aveugle.
M. Saint-Germain: C'est cela, M. le Président, qui nous
fait craindre. Les députés du gouvernement comme ce matin
essaient de laisser croire à la population que du fait que c'est la
Régie des services publics qui aura la responsabilité de
définir si une programmation est éducative ou non, il y a
là une sécurité, mais c'est faux, M. le Président.
Comme je voulais vous le mentionner, lorsqu'on aura déterminé
qu'une programmation est éducative, le gouvernement n'est pas
nécessairement obligé de subventionner cette programmation. Il
peut la subventionner d'après l'article 10 ou il peut refuser de la
subventionner. S'il décide de subventionner une programmation
donnée, il a l'entière liberté d'établir les sommes
qu'il croit approprié de dépenser pour subventionner une telle
programmation. On peut être extrêmement discriminatoire. On nous a
remis ce matin les règlements. Malheureusement, on a eu une
assemblée et je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance, mais on
remarque tout de même que, même si les règlements actuels
peuvent être convenables, le gouvernement a le droit de les changer dans
un mois. C'est bien éphémère. C'est sur toutes ces choses,
M. le Président, que les gens de l'Education pour- raient nous donner
leur point de vue et ce serait très important. (17 h 15)
Je me demande pourquoi on n'accepterait pas du côté
gouvernemental cette invitation. Il est très possible, il est même
probable que la radio-télédiffusion prendra de plus en plus
d'importance au niveau éducationnel. Pourquoi s'acharne-t-on à
oublier tout le ministère de l'Education dans ce projet de loi? Ce sont
des questions sérieuses qu'un homme sérieux doit se poser. On
pourrait peut-être dire qu'au ministère de l'Education on est
surchargé. Le budget est considérable et les problèmes
sont très nombreux. Mais il y a le haut-commissariat, par exemple, qui
est sous l'autorité du ministère de l'Education. Ne croyez-vous
pas qu'il serait plus logique d'avoir la Loi sur la programmation
éducative sous la responsabilité du ministère de
l'Education que d'avoir, par exemple, le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports sous l'autorité de ce même
ministère?
Le gouvernement ne nous a apporté aucune raison sérieuse
de nous priver de l'expérience et du savoir-faire du ministère de
l'Education. C'est inquiétant. C'est la raison pour laquelle
j'appuierai, M. le Président, cette motion et, si elle était
acceptée par cette commission, il est raisonnable de croire que le
ministre de l'Education se ferait un plaisir d'y assister. Je crois que sa
présence pourrait énormément nous aider à
travailler d'une façon plus intelligente. Sa présence pourrait
aussi mieux faire comprendre à la population les inconvénients et
les abus de pouvoir auxquels la loi qu'on étudie présentement
pourrait donner lieu. Si cette loi n'est pas modifiée, il y aura des
abus, M. le Président, certainement et auprès du public, à
part cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne pense pas que je
parlerai très longtemps sur cette motion puisque j'ai clairement
indiqué tantôt quels objectifs je pensais que l'Opposition
poursuivait avec ce type de motion. D'autant plus, M. le Président, que
j'ai assisté, comme plusieurs des membres ici présents, à
la commission parlementaire qui s'est tenue avant la deuxième lecture
sur les projets de loi nos 4 et 5. C'était le temps, avec la population
qui venait présenter son opinion sur le projet de loi, de susciter ces
grands débats, de ramener le Conseil supérieur de
l'éducation et de demander la présence du ministre de
l'Education. Non, à ce moment, M. le Président, les membres de
l'Opposition officielle n'ont jamais soulevé cette question.
C'était l'époque où il fallait le faire.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bisaillon: Ce n'est pas une question de règlement qu'il
va faire; c'est une question de
privilège et c'est interdit en commission parlementaire.
Le Président (M. Lacoste): Sur une question de
règlement, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Le député de Sainte-Marie induit en ce
moment la commission en erreur. Le député de L'Acadie a
précédemment dit qu'elle avait posé la question au
président de Radio-Québec et qu'il avait dit qu'effectivement on
aurait avantage à entendre le ministre de l'Education et qu'il restait
énormément de questions auxquelles lui seul pouvait
répondre.
M. Bisaillon: M. le Président, c'était tout
à fait interdit de faire ce qu'il vient de faire là. C'est en
Chambre qu'il fera cela et quand ce sera le temps.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: En deuxième lecture, M. le Président,
on se souviendra aussi de l'attitude qu'ils ont adoptée. On se
souviendra aussi que le ministre de l'Education a parlé. J'ai
été, moi, M. le Président, intéressé par les
propos du député de L'Acadie. Il me semble qu'il y avait des
éléments dans ce que le député de L'Acadie nous a
dit qui méritaient d'être étudiés,
spécialement au moment où on étudie, et qu'on veut le
faire sérieusement, un projet de loi sur la programmation
éducative. Il me semble que c'est au moment où la question se
pose dans le projet de loi, par exemple, à l'article 3a si on veut
parler de la définition, que la question aurait pu se poser si le
débat n'a pas été fait totalement.
M. le Président, je rappelle, encore une fois, aux membres de
cette commission qu'il y a eu une commission parlementaire avant la
deuxième lecture qui a duré quand même passablement de
temps, qu'il y a eu la deuxième lecture en Chambre avec une motion de
report qui a permis à tout le monde de revenir deux fois et d'expliquer
son point de vue sur les projets de loi 4 et 5. Je rappelle aussi que, lors de
l'étude de la loi 5 article par article, on a assisté à la
même présentation de motions et aux mêmes discours de
l'Opposition officielle.
Je n'ai pas d'objection, M. le Président, à ce qu'on aille
un peu plus au fond d'un article et qu'on essaie de voir ce que cela va donner,
si on a tous les outils nécessaires et si effectivement
l'éventail de la population qu'on veut rejoindre lorsqu'on parle de
programmation éducative, la définition qu'on en donne, si cela
rejoint, si cela répond à l'ensemble des besoins de la
population.
Je n'ai aucune objection à faire ce genre de débat, mais
là où il va devoir se faire, c'est à l'article 3. Il me
semble, M. le Président, que si on voulait travailler
sérieusement, c'est ce qu'on ferait. On prendrait le projet de loi
article par article et, aux articles sur lesquels on peut poser des questions,
sur lesquels on peut avoir des choses additionnelles à apporter, c'est
là qu'on devrait le faire plutôt que d'allonger le temps,
d'allonger les travaux de cette commission et d'en arriver aux mêmes
résultats.
Compte tenu de l'attitude de l'Opposition officielle, au moment de la
deuxième lecture, en commission parlementaire, avant la deuxième
lecture et encore cet après-midi, je pense qu'il y a eu suffisamment
d'éléments qui nous ont été apportés, que la
lumière a été suffisamment faite sur les motifs profonds
invoqués par l'Opposition officielle face à la motion qui nous
est présentée, je demanderais qu'on passe immédiatement au
vote seulement pour nous permettre de voir immédiatement quelle est la
deuxième motion dilatoire que l'Opposition officielle nous aura
préparée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le
député de Sainte-Marie me permettrait une question?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que M. le
député de Sainte-Marie permet une question?
M. Bisaillon: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai entendu le député de
Sainte-Marie dire: On a eu amplement de temps à la commission
parlementaire lorsqu'on a entendu Radio-Québec et autres organismes. Si
le député de Sainte-Marie était présent
constamment, il devrait se rappeler, du mieux que j'ai pu le faire, que j'ai
essayé d'avoir des spécifications sur le contenu d'une
programmation éducative, selon la conception que pouvaient s'en faire
les responsables de Radio-Québec. Je ne pense pas déformer les
faits en disant qu'à quelques reprises au moins ils sont restés
sans réponse. Je vous en ai cité deux extraits. Ce n'est pas
parce que l'Opposition officielle, n'a pas essayé d'avoir des
réponses un peu plus spécifiques, mais quand le président
de Radio-Québec me répond: Moi, mon rôle, c'est
d'administrer une loi, c'est d'administrer Radio-Québec, ces questions
devraient être posées au ministre de l'Education, peut-être
que le député de Sainte-Marie conviendra que ce n'est pas par
manque d'intérêt, bien au contraire. On a quand même
poussé, appelons-le l'interrogatoire, avec tout ce que cela peut avoir
de péjoratif, mais dans le sens d'avoir des réponses un peu plus
précises et on ne les a pas obtenues.
M. Bisaillon: M. le Président, je pense que la question a
permis au député de L'Acadie d'apporter le commentaire qu'il
voulait apporter. Ce n'était pas tellement une question quand il dit "je
pensais que".
M. le Président et Mme le député de L'Acadie, le
projet de loi ne couvre pas que Radio-Québec. On ne parle que de
Radio-Québec. La programmation éducative, cela vise dans le
projet de loi à couvrir beaucoup plus que Radio-Québec. Dans ce
sens, il ne faut pas remettre uniquement dans
les mains du conseil d'administration de Radio-Québec le fait de
déterminer ce que doit être la programmation éducative.
Mme Lavoie-Roux: C'est lui qui va jouer le plus grand rôle
quand même, même si on tient compte que d'autres
câblodiffuseurs vont s'y joindre.
M. Bisaillon: M. le Président, je pense qu'on entre
justement dans l'analyse intéressante du projet de loi, que je suis
prêt à faire aux articles où on parlera, par exemple du
rôle de la régie. C'est à ce moment qu'on pourra faire le
débat qu'on fait actuellement, mais il me semble que pour l'instant on
devrait se prononcer rapidement sur la présente motion et voir si dans
les goussets de l'Opposition officielle, il n'y en a pas déjà
deux ou trois autres motions qui nous empêcheraient de commencer
l'étude de l'article 1 du projet de loi ce soir.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Je comprends l'impatience de mon collègue, le
député de Sainte-Marie, de vouloir que nous passions au vote tout
de suite, mais je pense qu'il ne serait pas superflu ici d'ajouter quelques
commentaires concernant cette motion, apparemment innocente. Il s'agit d'une
sorte de voeu général, voeu qu'on aurait pu étendre,
d'ailleurs. On aurait pu dire: Ce serait intéressant de savoir ce que le
ministre des Affaires culturelles pense au sujet du patrimoine culturel, ce que
le ministre d'Etat au développement social pense-On a parlé de
questions économiques, etc. Ce qu'on oublie, c'est que toutes ces
personnes se sont déjà penchées, M. le Président,
sur le projet de loi.
En fait, remarquez que c'est une façon comme une autre de faire
continuer des débats. On a assisté à un grand spectacle au
moment de la loi 2 et du débat en deuxième lecture sur la loi 4.
C'est une reprise, je dirais en théâtre d'été, une
sorte de "filibuster" estival. On ne peut pas défendre aux gens de faire
cela; c'est un droit qu'ils ont. Mais, il faudrait quand même aller au
fond des choses et regarder, finalement, de quoi il s'agit. Il existe des
défenses de crédits pour le ministère de l'Education; on
l'a signalé, il y a un rapport annuel du ministère. Pour ceux qui
estiment qu'ils sont insu-fisamment renseignés, il y a des
renseignements qui auraient pu être demandés depuis juin au
ministère de l'Education. Il s'agit de savoir si c'est bien une loi du
ministère de l'Education ou si c'est une loi du ministère des
Communications.
Je pense simplement, M. le Président, qu'en fait il peut y avoir,
dans cette motion, une façon de tenter de faire reconnaître
indirectement ce qu'on n'a pas pu faire reconnaître directement,
c'est-à-dire d'en arriver à une sorte de télévision
éducative qui serait une sorte de prolongement d'une
télévision scolaire ou encore de vouloir ramener tout ce secteur
à quelque chose qui dépendra plus ou moins directement du
ministère de l'Education. Ce n'est pas le choix que le gouvernement a
fait et ce que le gouvernement nous a demandé, et même
l'Assemblée nationale, après la deuxième lecture, c'est de
prendre ce projet, de le confier à la commission parlementaire des
communications et, tout simplement, de l'analyser.
Le ministère de l'Education je voudrais simplement le
rappeler était présent dans tout le comité
préparatoire au rapport Rocher, était présent au CMPDC,
était présent au Conseil des ministres, était
présent à l'Assemblée nationale. Je voudrais simplement
citer le ministre de l'Education dans certains propos qu'il a tenus à
l'Assemblée nationale lors du débat sur la loi 4. Le ministre a
dit ceci: "D'aucuns ont laissé entendre à ce qu'on m'a
répété, puisque j'étais en commission parlementaire
que la programmation éducative relevait du ministère de
l'Education et non pas du ministère des Communications. Il existe dans
de nombreux ministères, autres que le ministère de l'Education,
des programmes d'enseignement, des programmations éducatives, si je puis
employer l'expression, qu'on trouve dans ce projet de loi. Bien sûr, la
question intéresse le ministre et le ministère de l'Education
comme, par exemple, dans le cas où il se donne des enseignements qui
relèvent du ministère de l'Agriculture, dans des écoles
qui sont affiliées directement à ce ministère, comme c'est
le cas, par exemple, dans les écoles qui relèvent du
ministère du Tourisme. Ce n'est pas parce que c'est de l'enseignement
que cela doit nécessairement relever du ministère de l'Education
proprement dit. Toutefois, il faut reconnaître que cela intéresse
le ministère de l'Education. "A ce titre, le ministère tient
à être associé aux démarches qui consistent à
définir le contenu de la programmation éducative. C'est ainsi,
par exemple, que je dois établir constamment des contacts avec mon
collègue de l'Agriculture pour ce qui est de l'Ecole d'agriculture de
Sainte-Croix et pour d'autres établissements du même genre. Il en
sera de même, mais sur une bien plus vaste échelle, à
l'égard de ce projet de loi. Nous devons reconnaître qu'il y a
nécessité de concertation entre le ministère des
Communications et le ministère de l'Education, mais nous l'avons
déjà prévue."
Autrement dit, on s'inquiète à la place du ministre de
l'Education qui, lui, ne s'inquiète pas du tout et qui, d'ailleurs, a
donné son accord sur ce projet de loi et, encore une fois, qui a eu
l'occasion de le regarder en détail tant au Comité
ministériel permanent du développement culturel qu'au moment
où le projet de loi a été étudié au Conseil
des ministres et d'ailleurs, il a donné son opinion aussi à
l'Assemblée nationale.
Je crois, M. le Président, encore une fois, quand j'entends les
arguments qui nous ont été servis ici, qui reprennent plus ou
moins des choses qu'on a entendues lors du débat en deuxième
lecture... Et que de choses nous avons entendues! Mme le député
de L'Acadie dit: Vous n'avez pas tenu compte des arguments de l'Opposition.
J'ai envie de dire: Lesquels? Dans le déluge
verbal que nous avons subi, qu'est-ce qu'il aurait fallu choisir? Nous
avons quand même tout écouté.
M. Rivest: Dans l'éditorial de Michel Roy, vous auriez pu
voir...
M. O'Neill: Nous l'avons également lu et nous pensons que
M. Michel Roy, il y a peut-être des choses qu'il n'a pas, lui non plus,
tout à fait comprises dans ce projet de loi, et il a le droit.
M. Rivest: II ne peut pas comprendre, comme d'habitude.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes les seuls à
comprendre.
M. O'Neill: M. le Président, il s'agit, en bref, d'un
projet de loi voté en deuxième lecture, confié à la
commission parlementaire des communications, au sujet duquel le ministre de
l'Education s'est déjà prononcé, dans lequel, d'ailleurs,
on trouvera certaines mesures qui concernent le ministre de l'Education sur
lesquelles il est d'accord. Il s'agit donc de quelque chose qui relève
des Communications. Ce choix a été fait, cela a été
décidé. Deuxièmement, quand je tiens compte du genre
d'arguments que vous m'avez servis, cette façon de vouloir, en somme,
obtenir indirectement ce qu'on n'a pas obtenu directement, de jeter une
certaine confusion sur ce qu'est ce projet de loi sur la programmation
éducative, suite à cela, je propose le rejet de cette motion que
j'estime superflue et j'espère qu'on se mettra, maintenant,
sérieusement à l'étude du projet de loi article par
article. (17 h 30)
M. Guay: Ce ne sera pas trop tôt!
Le Président (M. Lacoste): La motion
présentée par le député de Jean-Talon qui se lit
comme suit: "Que cette commission invite le ministre de l'Education à
être présent à toutes les séances de cette
commission relativement à l'étude article par article du projet
de loi no 4." est-elle adoptée?
Une Voix: Non.
M. Rivest: Appel nominal, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal.
Le Président (M. Lacoste): Appel nominal. J'invite donc
les membres de cette commission à se prononcer sur la motion
présentée par le député de Jean-Talon.
M. Beauséjour (Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Violemment contre, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Bisaillon
(Sainte-Marie).
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Lacoste): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. Michaud (Laprairie).
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. O'Neill (Chauveau).
M. O'Neill: Contre. Mme Lavoie-Roux: Filial.
Le Président (M. Lacoste): La motion
présentée par le député de Jean-Talon est donc
rejetée six, trois. J'appelle donc...
M. Rivest: M. le Président, avant l'étude de
l'article 1...
Une Voix: Ce n'est pas une autre motion, cela? Je vous l'avais
dit, n'est-ce pas?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: II ne veut rien comprendre.
M. Guay: C'est sage. Il vaut mieux ne pas dire qu'on va voter non
à l'avance. Quand on dit qu'on va voter non à la
réponse...
Une Voix: Sans même qu'on connaisse la question.
M. Guay: C'est cela. Je trouve qu'il faut être un
peu...
M. Bertrand: M. le Président, j'aimerais connaître
le texte.
Mme Lavoie-Roux: Comme il faut voter oui au
référendum sans connaître la question.
M. Bertrand: Je n'ai jamais dit de quel bord je voterais,
moi.
M. Beauséjour: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Est-ce que cela veut dire que nous en
sommes à l'introduction générale?
Le Président (M. Lacoste): Nous en sommes maintenant aux
motions préliminaires.
Mme Lavoie-Roux: II veut encore faire... M. Rivest: On
vous expliquera.
Mme Lavoie-Roux: On peut vous le permettre, si vous le
voulez.
M. Beauséjour: Non, c'est parce que je voulais à ce
moment-là savoir le temps qu'il restait au député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: II recommence... Une Voix: II recommence
à zéro.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, il existe...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: II est possible de faire quelques commentaires
avant... Pas de 20 minutes, mais cela comptera sur son temps, tout
simplement.
M. Guay: Mais il fera son commentaire à l'issue de la
lecture de sa motion. Il aura droit aux 20 minutes.
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc! Quel règlement
inventez-vous?
M. Bertrand: Cela ne peut pas compter sur son temps parce que si
elle n'est pas recevable...
Le Président (M. Lacoste): J'invite le
député de Jean-Talon à présenter sa motion.
Invitation au Service général des moyens
d'enseignement
M. Rivest: M. le Président, il existe au ministère
de l'Education le Service général des moyens d'enseignement qui
s'occupe justement de la production de documents audio-visuels en
matière d'éducation et qui a charge, d'ailleurs,
d'élaborer les politiques nécessaires à la
réalisation d'une intégration optimale des moyens d'enseignement
et de la technologie appliquée à l'éducation, aux
activités et aux tâches éducatives. Est-ce que j'ai la
parole, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
Une Voix: Votre motion.
M. Rivest: J'y arrive, M. le Président. Je fais motion que
cette commission invite les représentants du Service
général des moyens d'enseignement du ministère de
l'Education à se faire entendre devant cette commission le mardi 14
août 1979 à 15 heures afin de renseigner les membres et
intervenants de cette commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité de la motion.
Une Voix: Sur l'irrecevabilité.
M. Bertrand: Je vais vous dire en quoi je la juge irrecevable
cette motion, M. le Président. Il y a deux raisons. La première
tient au mandat de cette commission, mandat qui lui a été
donné par l'Assemblée nationale. Après l'adoption du
projet de loi no 4 en deuxième lecture, le leader parlementaire du
gouvernement s'est levé et a fait motion pour que le projet de loi no 4
soit déféré à la commission parlementaire
permanente des communications pour l'étude article par article du projet
de loi no 4.
Nous sommes ici, M. le Président, bien sûr après
avoir disposé de certaines motions préliminaires, dont la
précédente était recevable, pour maintenant aborder
l'étude du projet de loi, article par article, en commençant par
l'article 1 et en terminant très rapidement par l'article 14.
Le mandat de cette commission ne doit pas, M. le Président, nous
confondre avec un autre type d'analyse qui a déjà
été effectuée auparavant. Voilà le deuxième
point de mon argumentation. Si cette motion avait pu être recevable, cela
aurait été dans le contexte où la commission aurait
travaillé à entendre des groupes, à recevoir des
mémoires et à faire témoigner un certain nombre de
personnes qui lui apparaissaient pouvoir donner des avis qui seraient en mesure
d'éclairer les membres de la commission sur l'étude en
deuxième lecture de la loi no 4. Cela a été fait, M. le
Président. Il y a eu une commission parlementaire qui a
siégé pour entendre des groupes, recevoir des mémoires et
permettre à ces gens venant de différents milieux, autant de
milieux du secteur parapublic...
Mme Lavoie-Roux: C'était sur invitation.
M. Bertrand: Mais ce sont exactement je vais ajouter, M.
le Président des gens venant de
différents milieux, et la commission était tout à
fait libre à cette époque, dans le contexte du mandat qui lui
avait été donné, lequel mandat à l'époque
correspondait à celui qu'on voudrait maintenant voir donné
à la commission, qui serait d'entendre des représentants du
Service général des moyens d'enseignement du ministère de
l'Education. C'était à l'époque, je pense, dans le
contexte où la commission travaillait, le mandat qu'elle avait. Tout
à fait recevable. Non pas que nécessairement la commission aurait
dit: Oui, on va les inviter. Mais la motion était recevable pour
être débattue, discutée, et votée à cette
commission parlementaire, parce que c'était son mandat de faire cela. Et
elle a rempli son mandat. Savez-vous qu'il y a des commissions parlementaires
qui ne siègent pas avant la deuxième lecture? C'est assez rare
les occasions où après qu'un projet de loi a été
déposé en première lecture, le leader du gouvernement dit:
Le projet de loi est maintenant déféré en commission
parlementaire pour être étudié, c'est-à-dire, pour
entendre des groupes, recevoir des mémoires, et inviter, si
l'assemblée, la commission y consent, différents témoins
à venir devant la commission.
C'est possible. C'est recevable comme motion. Je ne dis pas que cela va
être adopté. C'est recevable comme motion, parce que c'est le
mandat de la commission. Je voudrais aussi indiquer qu'il ne s'agit pas du
même type de motion que celui de tout à l'heure. Tout à
l'heure, il s'agissait d'inviter un député de l'Assemblée
nationale, donc qui est théoriquement membre à part
entière d'une commission parlementaire, dès lors qu'il est
habilité à venir y siéger et non pas des groupes
extérieurs. Ce travail a été fait, M. le Président.
Je fais donc valoir très respectueusement qu'à cause,
premièrement, du mandat de la présente commission et,
deuxièmement, à cause surtout du fait que cette commission
parlementaire des communications a déjà reçu dans le
passé le mandat de recevoir des groupes et pouvait à cette
époque discuter de motions qui auraient été recevables
pour faire entendre des services du gouvernement du Québec comme
celui-ci, je dis que pour ces deux raisons, la présente motion, dans le
contexte actuel, est tout à fait irrecevable. Je pense qu'effectivement
il est assez difficile, même pour un parlementaire de l'Opposition rouge,
de faire valoir qu'ils n'auraient pas eu la possibilité auparavant de
présenter une motion pour faire entendre le Service
général des moyens d'enseignement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la recevabilité.
M. Rivest: M. le Président, c'est à un nouveau venu
à l'Assemblée nationale d'attirer l'attention de celui qui occupe
la fonction de leader parlementaire adjoint du gouvernement, sur le
règlement de cette Assemblée qu'il ne connaît manifestement
pas, du moins d'après la dernière intervention qu'il vient de
faire. Le député de Vanier a soulevé essentiellement deux
points: Le premier, c'est qu'on ne peut, à l'occasion d'une commis- sion
élue qui étudie un projet de loi article par article, inviter des
gens à se faire entendre. Or, M. le Président, sur ce point
précis, il existe dans le règlement de cette Assemblée un
article dont le numéro m'apparaît être 154, paragraphe 1,
qui dit ceci: En commission plénière ce n'est pas le cas
ici ou élue c'est le cas ici après la
deuxième lecture c'est le cas ici on ne peut discuter que
les détails d'un projet de loi il n'en est pas question, sur
cela, on est d'accord et il ne peut y avoir audition publique que devant
une commission élue comme c'est le cas présentement,
pourvu que celle-ci, c'est-à-dire la commission, y consente par voie
d'une motion présentée. Donc, la motion que j'ai
présentée, sur ce plan-là, est tout à fait
recevable. Le deuxième argument invoqué par le
député de Vanier...
M. Bertrand: Cette commission a déjà
siégé. M. Rivest: Non, non.
M. Bertrand: Cette commission élue a déjà
siégé.
M. Rivest: Le deuxième argument, c'est qu'il ne s'agissait
pas, contrairement à la motion précédente, d'un
député. Or, non seulement le leader parlementaire adjoint du
gouvernement ignore aujourd'hui je présume que c'est le retour de
vacances un article écrit de notre règlement, mais, M. le
Président, le leader parlementaire adjoint du gouvernement ignore
à son retour de vacances, je présume, les
précédents qui font partie intégrante de notre
règlement. Or, le 16 mars 1978, lors d'une séance de la
commission des richesses naturelles, sur une motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, on a effectivement déclaré recevable la
motion qui invitait des gens qui n'étaient pas membres de
l'Assemblée nationale, qui n'étaient pas députés.
C'est à la page B-482, journal des Débats, 16 mars 1978.
Cette motion à laquelle je me réfère était
libellée de la façon suivante: "Que cette commission invite les
représentants de l'Association des mines d'amiante à se faire
entendre le 21 mars 1978, à 20 heures, devant cette commission afin de
renseigner les membres et intervenants de cette commission". La décision
de l'excellent vice-président de l'Assemblée nationale, le
député de Jonquière, était la suivante et je le
cite: "Je déclare la motion recevable". Or, que je sache, un membre de
la fonction publique ne jouit aucunement d'un privilège quelconque, pas
d'un privilège, mais enfin n'est pas empêché de venir
témoigner, de venir se faire entendre devant la commission
parlementaire. C'est clair et net. Cela a été établi.
Pour les deux arguments du député de Vanier, il y a
d'abord l'article 154, paragraphe 1 qui dit: "II ne peut y avoir audition
publique que devant une commission élue, pourvu que celle-ci y
consente", et une commission ne peut consentir que par motion. Et je fais la
motion. Qu'il y ait eu, avant ou après ou pendant, d'autres auditions
publiques
n'est absolument pas pertinent à l'article 154, paragraphe 1, qui
est très clair. Deuxièmement, quant à convoquer ou
à inviter une personne qui n'est pas membre de l'Assemblée
nationale, je vous réfère et il y en a probablement
d'autres au précédent du 16 mars 1978, alors que le
député de Jonquière, aujourd'hui vice-président de
l'Assemblée nationale, a déclaré recevable une motion
libellée exactement dans la forme de la motion que je viens de
présenter. Je vous invite, M. le Président, dans quelques
minutes, à employer les mêmes termes que votre collègue de
Jonquière et à nous dire dans les plus brefs délais, sans
autres arguments tellement la cause est claire: Je déclare la motion du
député de Jean-Talon recevable.
M. Bisaillon: M. le Président, question de
règlement...
M. Bertrand: En vertu de l'article 96, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Une question de
règlement par le député de Sainte-Marie auparavant.
M. Bisaillon:... qui va devenir, M. le Président, une
demande de directive. D'ailleurs, j'ai laissé continuer le
député de Jean-Talon parce qu'il parlait sur la
recevabilité. Je ne voulais pas l'interrompre. Cela, c'est fait
maintenant. Quant à moi, je ne veux pas parler sur la
recevabilité de la motion telle quelle, mais je me pose des questions et
je vous en pose, M. le Président. J'aimerais que vous tranchiez cette
question, à notre retour, de la possibilité pour le
député de Jean-Talon de présenter cette motion. Si je
regarde le règlement, une motion doit être présentée
à l'intérieur du temps dont dispose le député. Dans
notre fonctionnement, M. le Président, il n'y a pas de période
prévue qui s'appelle motions non annoncées. Je demanderais... Je
n'ai pas interrompu le député de Jean-Talon et j'ai
été très gentil d'ailleurs. C'était une question de
règlement. J'aurais pu le faire et je ne l'ai pas fait. (17 h 45)
M. Rivest: Mme Lavoie-Roux, il nous reste du temps, si jamais
cela posait un problème.
M. Bisaillon: On ne nomme jamais un député par son
nom.
M. Rivest: Mme le député de L'Acadie.
Excusez-moi.
M. Bisaillon: M. le Président, selon quel article de notre
règlement, selon quelles dispositions de notre règlement le
député de Jean-Talon s'est-il permis de proposer cette motion? Je
comprends que cela pourrait être le député de L'Acadie. Je
veux bien, mais je veux faire disposer de cette question parce que cela
voudrait dire aussi que, quand le député de L'Acadie aurait
épuisé ses 20 premières minutes sur les commentaires
généraux, il n'y aura plus de temps non plus.
M. Rivest: Me permet-on une précision? M. Bisaillon:
Non.
M. Rivest: Nous ne sommes pas sur les commentaires
généraux.
M. Bisaillon: Pour l'instant, j'adresse une demande de directive
au président et je veux que ma demande de directive, M. le
Président, soit très claire, pour que vous puissiez en disposer.
On a convenu de prendre les débuts de la période avant l'article
1 pour faire des commentaires généraux. A l'intérieur de
ces commentaires généraux et à l'intérieur du temps
dont chaque député dispose, je prétends qu'il peut
présenter une motion. Si son temps auquel on avait consenti est
épuisé, il ne peut plus revenir pour formuler une motion sinon au
moment de l'étude de l'article 1 qui devient une motion d'amendement
à l'article 1. M. le Président, je voudrais que vous puissiez
disposer de cette question. Si vous ne pouvez le faire immédiatement, je
pense que, compte tenu de l'heure, il serait préférable qu'on
ajourne pour vous laisser le temps d'étudier cette question et de nous
donner vos directives au retour.
M. Rivest: Directives qui se situent un peu dans le même
sens que celles du député de Jean-Talon. Est-ce que cela voudrait
dire, compte tenu de l'argumentation du député de Sainte-Marie,
que je n'aurais pas eu le droit de présenter la motion invitant le
ministre de l'Education? Je pense que vous avez déjà
réglé la question. Dans la mesure où j'avais
épuisé mon temps sur les remarques préliminaires, je me
trouve exactement dans la situation où je me trouvais lorsque j'ai fait
la motion invitant le ministre de l'Education. Je vous invite
sérieusement à voir les précédents sur cette
question.
M. Bisaillon: Ce n'est pas parce qu'on a violé le
règlement une fois qu'il faut le violer cinq fois.
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, sur la question de la recevabilité de la motion.
M. Guay: Oui, sur la recevabilité, mais je vous dirai tout
d'abord, à la suite de la demande de directives du...
Le Président (M. Lacoste): Je prends en
délibéré la demande de directive du député
de Sainte-Marie. Je pense que cela répond à la question pour
l'immédiat.
M. Guay: Je voudrais seulement vous préciser, au sujet de
la demande de directive du député de Sainte-Marie,
qu'effectivement, tantôt, au moment où le député de
Jean-Talon a fait sa motion, qui a depuis lors été
rejetée, j'avais évoqué la question du temps qu'il n'avait
plus à sa disposi-
tion. Mais comme le député de L'Acadie, à ce qu'on
m'avait dit, avait encore du temps à sa disposition...
Une Voix: Ah non!
M. Guay: Oui, oui. Je m'excuse, mais c'est dans le journal des
Débats.
M. Rivest: Seulement une précision.
M. Guay: Comme le député de L'Acadie avait encore
du temps à sa disposition, je n'ai pas insisté, me disant que
finalement cela faisait bonnet blanc, blanc bonnet.
M. Rivest: Si la question a été
évoquée, M. le Président, c'est réglé. Cela
veut dire que j'avais le droit. Oui, parce que le président doit
rappeler d'office quelqu'un qui viole le règlement.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Guay: Pas du tout. J'ai posé la question. Il n'y a pas
eu de décision. Quant à la recevabilité, M. le
Président, je vous soumets respectueusement que cette motion est
irrecevable pour les raisons suivantes. Elle diffère fondamentalement de
la motion du député de Marguerite-Bourgeoys devant la commission
parlementaire des richesses naturelles en ceci que le député de
Marguerite-Bourgeoys a fait une motion, qui a été reçue,
pour convoquer un organisme extérieur au gouvernement, un organisme qui
jouit de la personnalité juridique distincte. Le Service
général des moyens d'enseignement ne jouit pas de la
personnalité juridique distincte. Ce n'est pas une société
d'Etat au sens de l'Hydro-Québec, de Radio-Québec, de la
Société des alcools, de l'Office des autoroutes. Le Service
général des moyens d'enseignement est une direction ou un service
à l'intérieur d'une entité qui s'appelle le
ministère de l'Education. Comme nous venons de rejeter une motion visant
à inviter le chef de ce ministère et je vous
réfère au texte juridique qui appelle les ministres les chefs des
ministères; le chef du ministère de l'Education, c'est le
ministre de l'Education, et le Service général des moyens
d'enseignement, comme tous les services de direction générale
à l'intérieur du ministère de l'Education, n'a qu'un
porte-parole qui est le porte-parole qui est à son sommet, qui est son
chef, qui est le ministre de l'Education en ce sens, cette commission ne
peut pas inviter une entité purement administrative, mais ne jouissant
pas de personnalité juridique à l'intérieur d'un
ministère à comparaître, surtout lorsqu'elle vient de
rejeter une motion visant à inviter le chef et porte-parole de ce
ministère à comparaître devant elle.
M. Rivest: Sur le dernier argument invoqué par le
député de Taschereau...
Le Président (M. Lacoste): Donc, c'est une question
de...
M. Rivest: Seulement sur le dernier argument invoqué par
le député de Taschereau...
M. Bertrand: Article 96, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Un instant, M. le
député de...
M. Rivest: ... je vous inviterais à...
Le Président (M. Lacoste): Un instant, M. le
député de Jean-Talon!
Mme Lavoie-Roux: Le député de Sainte-Marie a
demandé de lever la séance tantôt.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Taschereau était sur la recevabilité de la motion
présentée. Maintenant, j'ai reconnu le député de
Vanier sur la recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai entendu le député de
Sainte-Marie demander qu'on suspende les travaux de la commission et sa demande
est restée sans réponse. Je ne sais pas comment on
procède, mais...
M. Bisaillon: Effectivement, M. le Président, je vous
avais demandé une directive. Je vous demandais de la prendre en
délibéré et je vous demandais de suspendre
immédiatement les travaux pour pouvoir nous donner votre décision
au retour à la reprise des travaux. Là, pour l'instant, je ne
parle pas au député de Jean-Talon. Je parle au président
de la commission. Si vous voulez, laissez travailler le président de la
commission et ainsi on aura peut-être moins de problèmes. J'ai
demandé, M. le Président, une suspension des travaux.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Comme c'est
demandé dans la forme parfaitement réglementaire, est-ce
que...
M. Rivest: Une demande de directive. Est-ce que je peux demander
une directive là-dessus?
Le Président (M. Lacoste): Un instant! Il y a une motion
sur la suspension des travaux, une motion débattable. Est-ce que vous
voulez parler sur la motion présentée par le député
de...
M. Rivest: Si vous voulez et sous la forme d'une directive. Ce
sera très court.
Le Président (M. Lacoste): Non, non. Sur là motion
présentée...
M. Rivest: Oui. Est-ce que la motion de suspension je me
pose la question tout haut si je
n'ai pas le droit de vous la poser je me le demande, parlant sur
la motion de suspension des travaux du député de Sainte-Marie, si
cette demande de suspension implique dans la mesure où elle a
été faite que les membres de cette commission seraient
privés du droit d'ajouter des arguments additionnels sur la
recevabilité...
M. Bisaillon: Mais non!
M. Rivest: Non, on n'avait pas plaidé sur la
recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. On le fera à la reprise.
M. Bisaillon: Quand on va reprendre les travaux.
M. Rivest: Oui, mais je demande au président... C'est
à lui à décider.
Le Président (M. Lacoste): Non, non. Je n'ai pas pris en
délibéré... Au moment où la motion est
présentée, il y a une motion de suspension. Cela n'implique
absolument rien sur la motion présentée par...
Une Voix: ... déclarée irrecevable.
Le Président (M. Lacoste): Si elle n'est pas
déclarée...
M. Bisaillon: La motion est irrecevable en l'entendant.
Le Président (M. Lacoste): Un instant! A l'ordre,
messieurs! Si le président décide, se juge suffisamment
informé, à ce moment-là, toute discussion
s'arrête.
M. Rivest: M. le Président, à combien de temps
ai-je droit sur la motion de suspension?
Une Voix: Vous n'avez pas le droit de...
M. Rivest: Elle est débattable, la motion de
suspension.
Une Voix: Elle est débattable.
M. Rivest: Alors, M. le Président, je voudrais simplement
vous dire qu'au cas où la motion parce qu'il faut parler des
conséquences de la motion de suspension du député de
Sainte-Marie pourrait empêcher un membre de la commission
d'argumenter sur la recevabilité au cas où vous vous formeriez
une opinion durant la suspension sur la recevabilité elle-même, il
pourrait se trouver un député qui voudrait dire à la
présidence ou signaler à la présidence, si cette motion de
suspension était immédiatement acceptée, qu'une motion
demandant la convocation du Conseil supérieur de l'éducation qui
est un organisme du gouvernement a été déclarée
recevable...
Le Président (M. Lacoste): La motion de suspension
est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Donc, les
travaux de la commission des communications sont suspendus jusqu'à 20
heures.
Suspension de la séance à 17 h 55
Reprise de la séance à 20 h 13
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Reprise du débat sur le projet de loi no 4, Loi sur la
programmation éducative. Lors de la suspension des travaux, il y avait
une demande de directive faite par le député de Sainte-Marie. Je
dois dire que nous sommes encore en délibération au sujet de
cette directive; nous continuons à nous pencher là-dessus et la
décision sera rendue demain.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il pouvait présenter la
motion?
Le Président (M. Lacoste): Maintenant, sur la motion du
député de Jean-Talon: "Que cette commission invite les
représentants du Service général des moyens d'enseignement
du ministère de l'Education à se faire entendre devant cette
commission, le mardi 14 août 1979, à 15 heures, afin de renseigner
les membres et intervenants de cette commission". M. le député de
Jean-Talon, sur la recevabilité de cette motion.
M. Bisaillon: M. le Président, si je comprends bien, vous
prenez encore la question que je vous ai posée en
délibéré, mais, entre-temps, est-ce que vous ne pensez pas
qu'il serait plus prudent de reporter la motion qui a été
présentée au nom du député de L'Acadie? Cela
simplifierait les choses.
M. Rivest: Laissez la chance au coureur; c'est moi qui cours!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. O'Neill: M. le Président, vous suspendez votre
décision et dans la pratique...
Le Président (M. Lacoste): Sur la demande de directive. Il
faut bien rappeler que le député de Sainte-Marie n'a pas
soulevé une question de règlement, mais simplement une demande de
directive au président. Dans les demandes de directive, il faut que le
président fasse attention pour ne pas donner une opinion sur un sujet
particulier. C'est simplement une demande de directive. Donc, je
retiens, pour l'instant, sa demande de directive. M. le
député de Jean-Talon.
M. O'Neill: En attendant, le député continue?
Le Président (M. Lacoste): Oui, il n'y a pas eu de
question de règlement là-dessus. (20 h 15)
M. Guay: En attendant, si je ne m'abuse, M. le Président,
sur la recevabilité, le député de Jean-Talon peut
parler.
M. Rivest: C'est ça.
M. Guay: Sur le fond de la question, le député de
Jean-Talon ne peut plus parler, sauf si...
M. Rivest:... la motion est déclarée recevable.
C'est ça, exactement.
M. Guay: .. la motion est reçue. Mais, sur le fond
même, sur le projet de loi lui-même, c'est trop; il a
épuisé son temps.
M. Rivest: Oui, c'est ça, c'est dommage. Le
député l'a dit sur un ton, avec l'air de regretter que le
député de Jean-Talon ait épuisé son temps.
M. Guay: Non, j'avoue que les propos du député de
Jean-Talon sont toujours placés au point, à tout le moins, du
persiflage, ce qui les rend intéressants.
M. Rivest: Pardon, du...
M. Guay: Du persiflage. Ne pas confondre avec le persil.
M. Rivest: L'herbe fine qui rehausse la saveur du débat?
C'est cela, oui?
M. Guay: Mais je dois dire qu'il a encore beaucoup à
apprendre du député de Jacques-Cartier pour ce qui est de la
sagesse des propos.
M. Bertrand: Qui est beaucoup plus expérimenté que
lui, d'ailleurs.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur la recevabilité de la motion, je vous indique
immédiatement que je me sens actuellement pas mal informé
sur...
M. Rivest: Seulement quelques éléments additionnels
d'information.
Le Président (M. Lacoste):... l'argument qui a
été donné.
M. Rivest: Oui, je pense, M. le Président, que vous avez
sans doute, à leur face même, prima facie, rejeté les deux
arguments...
Mme Lavoie-Roux: Fanatiques.
M. Rivest: Non. Il n'y avait pas de mauvaises intentions. Vous
avez rejeté les deux arguments du député de Vanier qui
avait sans doute, à la faveur de la canicule, oublié les
dispositions du règlement ainsi que la jurisprudence, à savoir
l'interprétation de l'article 154, paragraphe 1 de notre
règlement ainsi que la décision de l'excellent
vice-président de l'Assemblée nationale, le député
de Jonquière, la décision du 16 mars 1978. J'ajoute, M. le
Président, qu'on a souligné je crois que c'est le
député de Taschereau qu'il s'agissait de fonctionnaires et
que cela, c'était une chose absolument terrible, qu'en date du 4 avril,
exactement un an et 26 jours avant le 30 avril 1979, plus
précisément le 4 avril 1978 le 30 avril 1979, pour
l'information des membres de la commission, c'était l'élection de
Jean-Talon...
M. Guay: C'était le lendemain du neuvième
anniversaire de la victoire de Robert Bourassa en 1970.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, c'est sur la recevabilité de la motion.
M. Rivest: Oui, je m'excuse, M. le Président. J'avais
complètement oublié cela. Je reviens. Il y a eu l'excellente
décision du non moins excellent président de commission à
l'époque, le député de Jonquière, M. Vaillancourt,
qui, rendant une deuxième décision, a déclaré,
selon la page B-723 du journal des Débats, et je cite, M. le
Président, en vous invitant à emprunter les mêmes termes et
à suivre la même voie que le député de
Jonquière: "Je déclare cette motion recevable telle que
rédigée." disait-il. Et quelle était la motion, M. le
Président? La motion était la suivante, à la page B-722 du
journal des Débats du 4 avril 1978: "Que cette commission il
s'agissait en l'occurrence de la commission des richesses naturelles, une fois
encore invite le groupe de travail sur l'amiante qui était
composée de gens de la fonction publique du ministère des
Richesses naturelles à se faire entendre le 4 avril 1978 à 16
heures afin de renseigner les membres et intervenants de cette commission." M.
le Président, je vous invite à remarquer que la rédaction
de cette motion est exactement dans la même forme, que le
président l'a déclarée recevable. Simplement pour votre
information, un très court paragraphe. Le président Vaillancourt,
à l'époque, disait, en parlant de cette motion qui est exactement
celle qui fait l'objet de nos discussions: "Je pense disait le
président Vaillancourt, député de Jonquière
qu'elle entre dans le cadre des motions préliminaires possibles."
J'aimerais également faire ici une distinction, que j'ai faite souvent,
entre une invitation à quelqu'un de se présenter et une
réquisition ou une convocation je dis cela à l'intention
du député de Sainte-Marie à quelqu'un de se
présenter en vertu de l'article 153, etc.
Je pense, M. le Président, pour ne pas allonger inutilement les
débats, de façon que nous puissions entreprendre l'étude
article par article
de ce projet de loi le plus rapidement possible, après avoir
entendu les gens du Service général des moyens d'enseignement du
ministère de l'Education que, je pense que vous pouvez, à la
lumière de mes arguments, qui m'apparaissent à tout le moins
attirer votre attention, sinon votre intérêt, avant que vous nous
disiez que vous acquiescez à mon argumentation, bref, M. le
Président, je vous invite à reprendre la formule du
député de Jonquière et à déclarer cette
motion rece-vable, afin que nous puissions en débattre à son
mérite.
Le Président (M. Lacoste): II est bien évident que
la motion présentée par le député de Jean-Talon
suscite un intérêt particulier pour le président.
M. Rivest: C'est mauvais signe, ça!
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais quand même, en
toute prudence, bien regarder toute l'argumentation à la fois du
député de Jean-Talon, du député de Vanier ainsi que
du député de Taschereau.
Comme vous le savez, le président peut prendre en
délibéré une motion. La prudence me dicte de garder cette
motion en délibéré pour que je puisse étudier toute
l'argumentation des trois députés et, demain matin, je rendrai ma
décision sur la motion présentée par le
député de Jean-Talon.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Un instant. J'aimerais aussi
rappeler qu'il est quand même difficile pour le président, dans
cet esprit... On sait qu'il y a des cas de jurisprudence; d'autres
présidents, avant moi, ont fait de la jurisprudence et d'autres aussi
disaient que, selon l'économie de notre règlement et selon la
tradition parlementaire, il semble très clair que le seul mandat d'une
commission élue, après la deuxième lecture, c'est
l'étude du projet de loi article par article.
Sans me prononcer, sur le fond, c'est toute cette argumentation que je
vais étudier, ce soir, après l'ajournement de nos travaux,
jusqu'à demain matin et je vais rendre ma décision demain, au
moment de la reprise de nos travaux à la commission parlementaire.
M. Rivest: M. le Président, j'aurais une demande de
directive.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Vous nous indiquez que vous prenez la question en
délibéré, cependant c'est votre privilège
remarquez et je respecte votre décision cette décision
nous place dans une situation extrêmement difficile, dans la mesure
où, autant pour la première motion qu'on a faite et qui a
malheureusement été rejetée par la commission, que
celle-ci, même si ce ne sont pas des motions identiques, l'intention qui
les anime est quand même analogue. En nous invitant à entreprendre
l'étude article par article, à ce moment-ci, en prenant la motion
en délibéré, notre prétention est que nous devrions
entendre le ministre de l'Education, comme on doit entendre les gens du Service
général des moyens d'enseignement, de manière à
être suffisamment informés sur les éléments du
dossier de la radiodiffusion et télédiffusion scolaire ou
éducative, ou la programmation éducative, vous nous invitez
à adopter un article de ce projet de loi, alors même qu'on n'a pas
les informations, à notre point de vue, à tout le moins on
verra ce que la commission décidera de la motion et c'est notre
argument, justement, pour faire cette motion préliminaire.
Alors, comment voulez-vous... Je pense que vous nous placez dans la
situation où, à toutes fins utiles, vous rendez caduc le fait
qu'il n'y aurait plus d'intérêt à entendre les gens du
Service général des moyens d'enseignement, puisqu'on aurait
déjà commencé et on peut peut-être adopter cinq,
six, sept ou dix articles ce soir, alors qu'on n'aura pas pu les entendre et
notre prétention est que, avant d'étudier le projet de loi, il
faut entendre ces gens.
J'aimerais, M. le Président, vous entendre là-dessus, je
pense que l'Opposition peut certainement et légitimement souligner cet
aspect de la question à votre attention.
M. Guay: M. le Président, sur la demande de directive.
Le Président (M. Lacoste): Je veux simplement
répondre à la première demande de directive. Il est bien
difficile au président de prévoir le déroulement de nos
travaux. Ce n'est pas mon rôle, non plus. C'est que je dois voir le
déroulement des travaux selon ce qui se passe à l'instant et non
dans le futur. Pour moi, d'une certaine façon, ce n'est qu'une question
hypothétique et je ne puis donner de directive là-dessus.
M. Rivest: Est-ce que vous constatez dans quelle situation on se
trouve placé?
M. Guay: M. le Président...
M. Bertrand: On ne peut pas faire de "filibuster" pour vous
autres, quand même!
Mme Lavoie-Roux: C'est au président qu'on parle.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais simplement attirer votre attention sur le fait que la motion du
député de Jean-Talon est prise en délibéré
quant à sa recevabilité, ce qui, paraît-il, pose des
problèmes cornéliens et raciniens au député de
Jean-Talon et à ses collègues qui sont déchirés,
n'est-ce pas, entre la
possibilité que la commission, un jour, entende le directeur du
SGME et la nécessité, en quelque sorte, dans les heures qui
viennent d'adopter les articles ou, en tout cas, d'en discuter. Je fais
remarquer, M. le Président, que la motion telle que libellée par
le député de Jean-Talon prévoit que le directeur du SGME
ou les représentants du SGME comparaîtraient mardi prochain
à 15 heures, c'est-à-dire que, d'ici là, nous avons la
séance de ce soir, de demain matin, de demain après-midi, de
jeudi matin, de jeudi après-midi, de jeudi soir et de mardi matin.
Est-ce que nous devons comprendre des propos du député de
Jean-Talon que le "filibuster" libéral est déjà
organisé pour aller jusqu'à mardi après-midi, le 14
août, à 15 heures, d'où l'angoisse du député
de Jean-Talon?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau...
M. Rivest: Non, c'est parce que je peux répondre à
la question du député, brièvement.
M. Guay: En d'autres mots, l'argumentation, de deux choses
l'une...
Le Président (M. Lacoste): Votre demande de directive, M.
le député de Taschereau, est plutôt, quant à moi,
une question ou un semblant de débat.
M. Guay: M. le Président, je voudrais attirer votre
attention sur le fait que la demande de directive du député de
Jean-Talon n'est pas vraiment une demande de directive et est mal fondée
à tout point de vue. De deux choses l'une: ou bien ces gens
prévoyaient étudier les articles du projet de loi avant mardi
prochain 15 heures, même si les représentants du SGME venaient
devant la commission, ou alors ils ne prévoyaient pas, de toute
façon, les étudier avant mardi prochain, 15 heures. C'est qu'ils
ont prévu un "filibuster" avec toute une série de motions
dilatoires qui vont durer jusqu'à mardi prochain, 15 heures.
M. Rivest: Question de règlement, M. le Président.
Le député de Taschereau parle de "filibuster" ou d'obstruction,
je ne sais pas trop. Il n'en est nullement question, M. le Président,
absolument pas question. Je pense que le député n'a pas le droit
de nous imputer des motifs ou ce qui serait, dans les circonstances...
M. Guay: Ce ne sont pas des motifs; je constate.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aurais une demande de directive.
M. Bertrand: M. le Président, quand une personne fait une
demande de directive, il n'y a pas de débat sur les demandes de
directives?
M. Guay: Non, la demande de directive était
impertinente.
Mme Lavoie-Roux: Mais, quel rôle jouez-vous?
M. Bertrand: Leader parlementaire adjoint du gouvernement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Les députés du gouvernement ont
dit, il y a quelques instants, qu'il n'était pas de votre
responsabilité de prévoir le déroulement des travaux et
voilà que le député de Taschereau vient de baser une
argumentation sur la prévision des travaux qui vont se dérouler
dans les jours qui viennent. M. le Président, je voudrais vous faire
remarquer que vous connaissez comme nous le Service général des
moyens d'enseignement. Vous connaissez son budget, son personnel.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre. M. le
député de Jacques-Cartier, en fait, ce n'est pas une directive
que vous demandez. J'aimerais, pour le bon déroulement de nos travaux,
que nous revenions à l'étude du projet de loi no 4. J'ai dit
tantôt que je prenais en délibéré la motion
d'amendement faite par le député de Jean-Talon. La
décision sera rendue, je l'espère du moins, demain matin au
moment de l'ouverture de nos travaux. Pour le bon déroulement
maintenant, j'appellerai donc l'article... (20 h 30)
Demande d'ajournement
M. Rivest: Avant que vous appelliez l'article 1, M. le
Président, je voudrais faire une motion en vertu de l'article 157-1. "En
commission élue, un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux." La motion est-elle recevable?
Le Président (M. Lacoste): C'est une motion recevable,
débattable.
M. Guay: Voilà le chat qui sort du sac. Une Voix:
Voilà notre "filibuster" estival.
M. Rivest: M. le Président, il n'y a pas de contestation
sur la recevabilité de ma motion?
M. Bertrand: Elle est tout à fait recevable, M. le
Président. Chaque parti a dix minutes pour parler et ensuite, on
vote.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la motion.
M. Rivest: ... si je propose à ce moment-ci cette motion,
c'est que, effectivement, à la suite de l'argumentation du
député de Taschereau qui m'a
convaincu de présenter cette motion, je crois que la commission,
par votre décision, que nous respectons, de prendre en
délibéré la recevabilité de la motion
précédente que j'ai faite, la commission se trouve en quelque
sorte placée dans l'impasse, à tout le moins pour ce qui est ou
en regard des droits de l'Opposition, de présenter des motions
préliminaires droit qui est reconnu dans notre règlement
et qui a un objet très précis, à savoir que
l'Opposition a le droit de présenter des motions pour permettre aux
membres de la commission parlementaire d'être suffisamment
informés en vue d'étudier article par article le projet de loi 4.
Or, M. le Président, comme l'a signalé le député de
Taschereau et moi-même antérieurement au député de
Taschereau, lorsque je vous signalais dans quelle situation nous plaçait
votre décision de prendre en délibéré la
recevabilité de la motion dans la mesure où nous aurions à
étudier immédiatement les articles du projet de loi 4 sans avoir
eu l'occasion d'entendre les gens du Service général des moyens
d'enseignement, nous nous devons, je pense, au nom même des droits de
l'Opposition et du rôle que l'Opposition joue à l'occasion de
l'étude d'un projet de loi, de proposer à ce moment-ci une motion
d'ajournement, qui n'est nullement une catastrophe ni une motion dilatoire,
dans la mesure où cette motion, bien sûr, retarderait quelque peu
les travaux de la commission. Elle les retarderait simplement de quelque 90
minutes puisqu'il ne reste plus que 90 ou 85 minutes de travaux à cette
commission aujourd'hui.
Dès demain matin, à 10 heures, au moment où vous
aurez l'occasion de rendre votre décision, qu'elle aille dans un sens ou
dans l'autre, à ce moment-là, la commission parlementaire
pourrait reprendre ses travaux d'une façon normale. C'est la raison pour
laquelle il m'apparaît impératif de présenter cette motion
en vertu de l'article 157 qui dit: "En commission plénière, un
député peut proposer de rapporter à l'Assemblée que
la commission n'a pas fini de délibérer et qu'elle demande la
permission de siéger à nouveau." Cette phrase ne s'applique pas
à ce moment-ci puisque nous ne sommes pas en commission
plénière, mais que nous sommes en commission élue. Je
poursuis la lecture de l'article. On y trouve la phrase suivante: "En
commission élue, un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux. " dis-je, M. le Président. C'est le sens de la
proposition. Je ne sais pas si les collègues vont concourir à
cette motion. Suivant la procédure, M. le Président, je suppose
que vous allez appeler aux voix cette motion aussitôt que j'aurai fini
mon argumentation. Une directive, M. le Président: Cette motion est-elle
amendable?
Une Voix: Non.
Le Président (M. Lacoste): Elle n'est pas amendable.
M. Rivest: Cette motion n'est pas amendable. C'est regrettable,
M. le Président. Ce sont là...
M. Guay: Le député de Jean-Talon veut-il amender sa
propre motion?
M. Rivest: Non, mais c'est parce que... M. le Président,
question de règlement.
Une Voix: Lequel?
M. Rivest: C'est pour réserver les...
M. Bertrand: Ce serait une question de privilège
normalement. Vous n'avez pas le droit. Il n'y a pas d'article qui
prévoit une question de...
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Jean-Talon sur la motion.
M. Rivest: Non, pas sur la motion. J'ai soulevé une
question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement.
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, si je demandais cela,
c'était pour protéger les droits de tous les membres de cette
commission et je pense que...
Une Voix: II n'y a pas de question de règlement.
M. Rivest: Non? Enfin. M. le Président, c'est le
privilège du président de décider qu'il ne rend une
décision que le lendemain du jour où le problème se pose,
mais il me semblait qu'en raison des précédents qu'on vous a
cités, je vous inviterais en terminant ce court exposé sur cette
motion d'ajournement, à réviser votre décision de prendre
en délibéré...
M. Bertrand: M. le Président...
M. Rivest: ... compte tenu de l'impasse dans laquelle cette
commission est maintenant...
M. Bertrand: C'est un manque de respect à l'égard
de la présidence. C'est de l'arrogance.
M. Rivest: Non, je l'ai invité très poliment. Je
pense que j'avais le droit de faire cela. Je l'inviterais, ce qui rendrait ma
motion, hélas! caduque, mais tout de même, je pense que nous
pourrions normalement, à ce moment, entreprendre nos travaux. Ce sont
les raisons que je viens d'invoquer qui m'ont incité à
présenter une motion pour que la commission ajourne ses travaux à
demain matin, 10 heures, et il n'y aurait pas de catastrophe, comme je l'ai
indiqué, puisqu'il n'y aurait qu'à peine 77 minutes de travaux
que cette commission n'aurait pu effectuer.
Des Voix: Vote.
Le Président (M. Lacoste): L'appel nominal. Est-ce que la
motion d'ajournement présentée par le député de
Jean-Talon est adoptée?
Une Voix: Appel nominal.
Le Président (M. Lacoste): Appel nominal. M.
Beauséjour (Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Violemment contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. Bisaillon
(Sainte-Marie).
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Lacoste): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: On devait travailler ce soir.
Le Président (M. Lacoste): M. Michaud (Laprairie).
M. Michaud: Contre.
M. Bertrand: Vous êtes contre l'ajournement.
M. Rivest: Pourquoi voulez-vous faire changer le vote d'un
député?
M. Le Moignan: J'ai dit que j'étais contre
l'ajournement.
Une Voix: Question de règlement.
M. Le Moignan: Vous êtes "dur de comprenure".
Le Président (M. Lacoste): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: J'ai dit contre l'ajournement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. Michaud (Laprairie).
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. O'Neill (Chauveau).
M. O'Neill: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): La motion est donc
rejetée 7 à 2.
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Demande de distribution de documents
Mme Lavoie-Roux: Non, elle sera très brève et je
n'ai pas l'intention de la plaider très longtemps. Je suis convaincue
que le ministre des Communications va accéder à cette demande
élémentaire. Il y a eu des études qui ont
été faites sur la radio éducative par le comité
CMPDC, comité ministériel permanent de développement
culturel. Il y a eu quatre volumes de publiés. J'ai obtenu les volumes 3
et 4; le volume 3 portait sur les sondages qui avaient été faits
touchant la télévision éducative. Le quatrième que
j'ai trouvé fort intéressant est intitulé: La radio
éducative dans le monde. Malheureusement, lorsque j'ai communiqué
au mois de juin avec le ministère pour obtenir les volumes 1 et 2, on
m'a dit qu'on ne les rendait pas disponibles.
Comme il s'agit quand même, j'imagine, d'études qui doivent
être reliées de très près, si on en juge par les
volumes 2 et 4 au projet de loi, à la programmation éducative et
toutes les discussions de fond que nous aurons lors de l'étude article
par article, à moins que le ministre ne puisse invoquer des raisons
d'Etat ou des secrets d'Etat ce que je ne crois pas puisqu'on a
déjà 3 et 4 si on veut vraiment faire la lumière
sur tout, j'aimerais que le ministre rende disponibles les volumes 1 et 2 du
rapport du sous-comité no 2 sur la radio éducative.
Alors, c'est pour ça que je fais la motion suivante, M. le
Président; elle se lit comme suit: "Que cette commission invite le
ministre des Communications à distribuer aux membres et intervenants de
cette commission les volumes 1 et 2 du rapport du sous-comité no 2 sur
la radio éducative." Comme vous le voyez, c'est une motion très
simple.
Une Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, c'est parfait. J'ai dit que
ça pouvait aller...
Une Voix: Avec 3 et 4?
Mme Lavoie-Roux: Non, 3 et 4, on les a eus; en tout cas, moi, je
les ai eus.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que je pourrais demander
à Mme le député de me donner la motion?
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement. Mais je voudrais quand
même, M. le Président, pour suivre une certaine
procédure...
M. Bisaillon: Est-ce que vous me permettez, Mme le
député, juste de poser une question au président?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que le président nous dise si
c'est recevable.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Avant de savoir si c'est recevable, M. le
Président, je voulais juste vous demander, étant donné que
le ministre vient d'annoncer qu'il est effectivement d'accord pour
déposer les documents, s'il y a utilité d'une motion. C'est un
voeu exprimé par un membre de la commission auquel le ministre se range,
semble-t-il.
Mme Lavoie-Roux: Dans ces conditions, si j'ai une réponse
du ministre, je suis prête à retirer la motion, si ça
simplifie toute la procédure.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, Mme le député
de L'Acadie fait allusion à deux documents de travail qui ont
été faits et mis au service du comité; c'est pour
ça qu'ils n'avaient pas été rendus publics, parce qu'ils
étaient à l'intention même du comité de travail.
Mais il n'y a pas d'objection de principe. Habituellement, il y a un certain
nombre de documents de la sorte qui sont ce que j'appellerais de régie
interne. Mais, quant à moi, je n'y vois pas de difficulté; il
s'agira tout simplement de les trouver. On pourra les trouver et vous les faire
parvenir demain matin. Il s'agit, non pas de documents de travail du
comité Rocher, mais de documents de travail d'un sous-comité qui
prépare les textes pour le comité Rocher. Donc, on ne trouvera
pas là, nécessairement, l'opinion du comité Rocher; mais
il n'y a aucun problème.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'apprécie la
bonne volonté du ministre qui me dit que, dès qu'on les aura
trouvés, on les aura. Je voudrais savoir si la recherche sera
très longue et je tiendrais quand même, pour que ceci reste au
journal des Débats, à maintenir ma motion. Je pense qu'il n'est
pas nécessaire de la discuter très longtemps dans les
circonstances, mais je voudrais quand même la conserver et qu'on l'adopte
ou pas.
M. Guay: Les propos que vous venez de tenir et ceux du ministre
sont au journal des Débats. Il n'est pas nécessaire d'avoir de
motion dans ce cas.
Mme Lavoie-Roux: Je préférerais garder ma
motion.
M. Guay: Pour que le député de Jean-Talon puisse
parler inutilement?
Le Président (M. Lacoste): La motion
présentée par le député de L'Acadie se lit comme
suit: "Que cette commission invite le ministre des Communications à
distribuer aux membres et intervenants de cette commission les volumes 1 et 2
du rapport du sous-comité no 2 sur la radio éducative." Le
député de Sainte-Marie m'a demandé la parole sur la
recevabilité de cette motion.
M. Bisaillon: Je n'ai pas demandé la parole sur la
recevabilité au départ, M. le Président. J'ai
demandé la parole pour réitérer le fait que, à
partir du moment où un voeu est exprimé par un membre d'une
commission, compte tenu du fait qu'on sait fort bien que, dans une commission
parlementaire, il n'y a pas de dépôt de documents et qu'une
commission parlementaire, selon notre règlement, ne peut exiger de
dépôt de documents, la procédure habituelle et la coutume
dans nos commissions parlementaires fait en sorte que, quand un membre
désire ou souhaite obtenir un document, il en fait la demande au
ministre; mais ça ne doit pas faire l'objet d'une motion, puisque c'est
interdit en commission parlementaire. Le dépôt de documents n'est
pas reconnu en commission parlementaire.
Ce que je disais, M. le Président, c'est que, étant
donné que le député de L'Acadie a besoin de documents,
qu'elle en fait la demande au ministre, que le ministre acquiesce à sa
demande et qu'il dit que les documents vont être distribués, le
fait de vouloir conserver la motion permettrait seulement à cinq ou six
députés de s'exprimer pendant 20 minutes, donc d'atteindre
indirectement...
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Bisaillon: Demandez à votre collègue de
Jean-Talon et vous allez voir que c'est ça.
M. Rivest: Pas du tout.
M. Bisaillon: ... ce qu'il n'a pu atteindre directement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... constamment on impute des motifs qui ne sont
pas exacts. J'ai donné ma parole que je préférais que la
motion reste là; je vous ai averti avant même de la
présenter que ce serait très court et je ne crois pas que j'aie
été très longue. J'aurais pu parler pendant 18 ou 20
minutes avant de la présenter; j'ai parlé pendant trois minutes.
(10 h 45)
M. Rivest: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: N'exagérez pas quand même.
M. Rivest: Et moi, M. le Président, j'invoquerais...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... d'abord cela va durer deux secondes
deux choses. La première, j'invoque une question de règlement
parce que le député de Sainte-Marie nous a encore une fois
imputé des motifs d'obstruction...
M. Guay: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Rivest: D'après l'article 100, un député
n'a pas le droit d'imputer des motifs.
M. Guay: Ce n'est pas un motif. C'est une question de
privilège qui n'existe pas en commission.
M. Rivest: On me dit, M. le Président, que c'est l'article
99. De toute façon, je tiens à l'invoquer. Deuxièmement,
je préfère effectivement que la motion existe dans la mesure
où cette motion, une fois adoptée, constitue tout de même
une demande formelle au ministre parce que je crains, compte tenu de la nature
du document demandé par ma collègue de L'Acadie, que demain
matin, le ministre s'informant auprès de ses fonctionnaires de la nature
des documents requis par...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur...
M. Rivest: M. le Président, je disais donc, avant
d'être interrompu par des conversations, que je
préférerais, quant à moi, que la motion soit
adoptée par la commission. Il m'apparaît évident que,
compte tenu de la nature des documents demandés par le
député de L'Acadie, qui sont des documents qu'on appelle
communément, dans le milieu parlementaire, des documents de régie
interne du ministère, qu'il y ait au moins non pas un ordre de
dépôt dans la mesure où on ne pourrait le faire au niveau
d'une commission parlementaire, mais tout de même, il y aura, une fois
que cette motion sera adoptée, une invitation formelle de la commission
faite au ministre de déposer de tels documents.
Parlant de la nature de ces documents qui sont des documents de
régie interne, je crains fort que, lorsque le ministre se sera
informé de la nature de ces documents, pour des raisons qui peuvent
être valables, des membres de son personnel ou du personnel du
ministère des Communications attirent l'attention du ministre sur un
certain nombre d'inconvénients qu'il y aurait à ce moment-ci
à rendre publics des documents qui sont des documents de régie
interne. Je veux simplement que le ministre, qui a consenti à
déposer ces documents, soit en face d'une motion formelle de la
commission l'invitant à le faire de façon qu'il ne tire pas
prétexte... J'espère que le ministre qui s'est engagé
à déposer ces documents en pleine connaissance de cause ne nous
arrivera pas demain matin en disant: On a attiré mon attention sur tel
aspect. Il y aurait tel inconvénient. Je préfère
effectivement que la motion soit adoptée par la commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: J'ajouterai une seule chose, M. le Président.
Le député de Jean-Talon peut vouloir maintenir sa motion...
M. Rivest: Ce n'est pas la mienne. C'est celle du
député de L'Acadie.
M. Bertrand: ... la motion de son parti c'est la motion
déposée par Mme le député de L'Acadie mais
il n'en demeure pas moins que le texte de la motion, même s'il est
adopté par l'ensemble des membres de la commission unanimement, ne fait
pas obligation au ministre de déposer un document. Le ministre demeure
toujours libre. S'il arrivait, à cause même des raisons que vous
avez invoquées tout à l'heure, à savoir que l'analyse du
document et la nature des documents de régie interne qui étaient
préparés par un groupe de travail devant conseiller un autre
groupe de travail à l'intérieur du CMPDC, s'il arrivait que le
ministre juge, pour toutes sortes de raisons, qu'il ne doit pas déposer
ces documents, il n'a pas à le faire parce que la commission ne peut pas
l'enjoindre de déposer des documents. On l'invite. C'est un voeu
exprimé unanimement par les membres de la commission. Le ministre
recevant la motion peut, par la suite, répondre favorablement ou
défavorablement à l'invitation. C'est sa responsabilité
comme ministre et je pense qu'on doit lui laisser cette responsabilité,
comme c'est la responsabilité de la commission de l'inviter unanimement
à le faire.
Le Président (M. Lacoste): Je juge cette motion de Mme le
député de L'Acadie recevable. Justement, la commission peut
exprimer des voeux qui invitent le ministre des Communications à
déposer aux membres et intervenants à cette commission les
volumes 1 et 2. Pour moi, c'est un voeu.
Des Voix: Adopté.
M. Le Moignan: M. le Président, j'aimerais savoir, pour
les numéros 3 et 4, j'ai fouillé attentivement ma
bibliothèque et je n'ai jamais vu ce "Radio éducative dans le
monde".
Mme Lavoie-Roux: En fait, M. le Président, je pense...
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes maintenant rendus
sur la motion de...
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela va être très...
M. Le Moignan: Je m'éloigne de la motion, mais j'avais
posé une question au ministre.
M. O'Neill: Ils sont disponibles au service des communications au
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Je réalise fort bien que le ministre
demeure juge de distribuer ou pas ce document. Je souhaiterais quand
même, s'il se prépare à le distribuer, qu'on l'ait le plus
rapidement possible, parce que s'il a une utilité quelconque, c'est au
moment de l'étude et non pas après l'étude du projet de
loi qu'on pourra s'en servir.
M. O'Neill: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que M. le
député de Gaspé veut exprimer lui aussi un voeu sur 1, 2,
3 et 4. Est-ce que vous incluez cela dans votre...
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'apparemment j'ai dû
être privilégiée, j'ai eu le 4. J'ignore comment il se fait
que je l'ai eu.
M. O'Neill: M. le Président, les 3 et 4, ils peuvent les
trouver au service des communications du ministère. S'ils ne veulent pas
y aller, on va leur en envoyer.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, on l'a demandé et on a
demandé d'autres exemplaires et ils nous les ont envoyés.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion
présentée par le député de L'Acadie est
adoptée? Appel nominal?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Nous appelons maintenant la
motion présentée par le député de L'Acadie. A
l'ordre, M. le député de Sainte-Marie. L'appel nominal est
maintenant demandé. Est-ce que la motion présentée par le
député de L'Acadie est adoptée? M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: En faveur.
Le Président (M. Lacoste): M. Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: En faveur.
Le Président (M. Lacoste): M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: En faveur.
Le Président (M. Lacoste): M. Bisaillon
(Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Lacoste): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: En faveur.
Le Président (M. Lacoste): M. Michaud (Laprairie)?
M. O'Neill (Chauveau)?
M. O'Neill: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): La motion est adoptée.
Pour: 8 Contre: 0.
M. Guay: M. le Président, la prochaine fois que les
vierges offensées d'en face crieront au meurtre quand on parle de
"filibuster" venant de leur part, on a un très bon exemple de ce genre
de perte de temps qui vient du député de Jean-Talon.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! J'appelle
donc...
M. O'Neill: M. le Président, excusez-moi, mais on me dit
que la procédure...
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article...
M. O'Neill: Excusez-moi, M. le Président, une question de
règlement. Il y a un vice de forme, M. le Président.
M. Rivest: II y a un vice de forme dans l'appel nominal.
M. O'Neill: Apparemment, je ne dois pas voter
là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): Pourquoi?
M. O'Neill: Parce que cela s'adresse à vous.
M. Rivest: Peut-être que le ministre a un point.
M. O'Neill: Apparemment je ne peux pas, paraît-il, parce
que cela s'adresse...
M. Bertrand: Le ministre peut facilement s'abstenir sur la
question.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a un
consentement pour...
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, on a convenu que si le
ministre trouvait qu'il n'était pas opportun...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour revenir à l'abstention?
M. Rivest: D'accord, consentement, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Pour modifier son vote, d'accord.
M. Bertrand: Abstention.
M. Saint-Germain: Tu avais raison de demander le vote.
Le Président (M. Lacoste): Pour: 7 Abstention:
1.
M. Rivest: Vous voyez la raison que j'avais de demander le vote
d'appel nominal, parce que je trouvais que le ministre se plaçait
peut-être dans une situation difficile.
Une Voix: Je suis sûr que vous aviez prévu tout
cela.
Le Président (M. Lacoste): Nous appelons maintenant...
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... j'hésite à présenter une
motion, et ce chaque fois. Cela fait des "i" et des "a" du côté
de... L'Opposition a des droits dans cette commission parlementaire.
Une Voix: La motion.
M. Guay: ... les vierges offensées.
M. Rivest: M. le Président, le 11 juin 1979, à la
page 1935, le ministre des Communications a dit, textuellement parlant
de la définition de la programmation éducative, qui est le coeur
même du projet de loi a déclaré cette très
courte phrase que je cite avant de présenter ma motion. Cette courte
phrase se lit comme suit: Cette définition... parlant de la
définition de la programmation éducative que l'on voit à
1935, et parlant de la définition de programmation éducative dans
le projet de loi no 4 Cette définition, disait le ministre,
s'inspire de celle qui a été adoptée par l'UNESCO.
M. le Président, avant d'adopter article par article le projet de
loi no 4, je voudrais faire motion dans la mesure où le problème
de la définition de la programmation éducative est au coeur
même du débat que nous allons avoir aussitôt que nous aurons
disposé de ces quelques motions préliminaires. Je voudrais faire
la motion suivante, étant donné que ce document est quand
même absolument déterminant. On a fait des recherches de notre
côté pour retracer cette fameuse définition qui aurait
été adoptée, au dire du ministre, par l'UNESCO, et dont le
ministre se serait inspiré pour inventer la définition qu'il
donne à l'article 3.
M. Guay: M. le Président, le député de
Jean-Talon n'a pas le droit de parole. Il a épuisé son temps de
parole. Il parle actuellement sur le fond de la question. Il enfreint le
règlement.
M. Rivest: M. le Président, je concours avec le
député de Taschereau.
Le Président (M. Lacoste): M. le... Votre motion.
M. Rivest: Le député de Taschereau a parfaitement
raison. Je m'en excuse, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Vos secondes
s'écoulent.
M. Rivest: Je formule la motion à la demande du
député de Taschereau et surtout à la demande du
règlement, je pense, qui m'interdisait peut-être d'allonger
inutilement mes remarques préliminaires. Ma motion, M. le
Président, se lit comme suit: "Que cette commission invite le ministre
des Communications à distribuer aux membres et intervenants de cette
commission la définition de la programmation éducative de
l'UNESCO dont le ministre déclare s'être inspiré pour la
définition proposée dans le projet de loi no 4." La motion
est-elle recevable, M. le Président?
M. Bisaillon: M. le Président... M. O'Neill: M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): Un instant! La motion
présentée par le député de Jean-Talon se lit comme
suit: "Que cette commission invite le ministre des Communications à
distribuer aux membres et intervenants de cette commission la définition
de la programmation éducative de l'UNESCO dont le ministre
déclare s'être inspiré pour la définition
proposée dans le projet de loi no 4." ... M. le député de
Sainte-Marie. M. le ministre auparavant.
M. Bisaillon: M. le Président, vous nous posez des
problèmes.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie sur la recevabilité.
M. Bisaillon: Ce n'est pas sur la recevabilité pour
l'instant comme telle du fond de la question, c'est sur la recevabilité
d'une motion présentée pour l'instant par le député
de Jean-Talon au moment où vous avez pris en
délibéré la question...
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'ai le droit à une question de
règlement, je pense, moi aussi. Je n'ai pas le droit?
M. Bisaillon: M. le Président, une question de
règlement à la fois. Je n'ai pas terminé la mienne. C'est
ce que je fais, moi. Question de règlement et je n'ai pas
terminé.
M. Rivest: Ah bon! Excusez-moi.
M. Bisaillon: M. le Président, ma question de directive
est la suivante: Comment pouvez-vous, après avoir pris en
délibéré la première question de règlement
que je vous avais posée avant la suspension de 18 heures, posant les
questions à savoir que le député de Jean-Talon, selon moi,
n'avait plus de temps de parole donc, parce qu'il n'avait plus de temps
de parole, il n'avait plus la possibilité de faire des motions si
on se met à discuter cette motion du député de Jean-Talon
sans que je puisse me prononcer sur le bien-fondé de la
résolution ni sur sa recevabilité, mais si on discute la motion
ou la recevabilité de la motion du député de Jean-Talon,
on se trouve par le fait même à reconnaître qu'il avait le
droit... Comme vous avez suspendu cette décision, ne serait-il pas plus
sage, M. le Président, de suspendre cette motion-là aussi pour
pouvoir discuter le tout au moment où vous rendrez votre décision
sur la première question que je vous avais posée. Il me semble
que c'est conséquent.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur la question de règlement.
M. Rivest: Sur la question de règlement du
député de Sainte-Marie, M. le Président, la question
finalement que pose la question de règlement soulevée par le
député de Sainte-Marie est pertinente, sauf que je pense qu'un
droit existe autant dans le monde parlementaire à l'égard du
droit parlementaire que dans le droit, tant et aussi longtemps que ce droit
n'est pas nié sur une base juridique quelconque. Dans la mesure
où le président a suspendu la décision qu'il doit rendre
à savoir si le député de Jean-Talon a le droit de
présenter des motions préliminaires, dans la mesure où il
a utilisé ou épuisé son temps de parole, je crois que ce
droit existe tant et aussi longtemps que le président n'aura pas rendu
une décision à l'effet contraire, et c'est un principe de droit
absolument reconnu parce que la prise en délibéré n'a pas
valeur d'une injonction interlocutoire, absolument pas. On est dans un vacuum
juridique et le député de Jean-Talon en est l'heureux
bénéficiaire. (21 heures)
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, sur une question de
règlement. Je vais soulever un point parce que, au point de vue de la
procédure il s'agit d'une question qui se réfère
à l'article 2 est-ce qu'on ne mêle pas les débats
généraux et l'étude article par article? Est-ce que ce
n'est pas là qu'il faut apporter les éclaircissement
nécessaires?
M. Rivest: Sur la question de règlement soulevée
par le ministre des Communications.
M. O'Neill: Cela vise directement l'article 2.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur la question de règlement.
M. Rivest: Est-ce que le ministre je pose la question,
s'il veut répondre, il répondra, mais je la formule selon la
forme interrogative se rend compte, si son argument devait être
retenu, quels articles du projet de loi sont visés par la motion
précédente qui a été adoptée, demandant la
production de documents précis qui doivent certainement se rapporter
à l'un ou l'autre des articles de ce projet de loi?
M. O'Neill: Ce sont des études
générales.
M. Rivest: Voilà, si ce sont des études
générales, M. le Président, je vais prendre le projet de
loi, sur la question de règlement du ministre de l'Education, pour vous
démontrer que, si telle définition de l'UNESCO existe, je pense
que...
Le Président (M. Lacoste): Je ne veux pas non plus que
nous nous lancions immédiatement dans l'argumentation...
M. Rivest: Non, mais je parlais sur la question de
règlement du ministre des Communications.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais, M. le
député de Jean-Talon, que vous vous en teniez à la
question de règlement.
M. Rivest: Oui, à savoir que la motion ne serait pas
recevable parce qu'elle se rapporterait à un article spécifique
du projet de loi, on me répond, invoquant le précédent de
la motion précédente, que, si ça se rapportait à
l'ensemble du projet de loi, l'argument du ministre tomberait, bien que, pour
ma part, je ne pense pas que l'argument du ministre soit valable, en
lui-même, pour empêcher une motion préliminaire parce que,
quand même, cette motion a pour but d'informer les membres de la
commission qui doivent préparer leur travail dans le but de
l'étudier article par article. C'est à ce titre que l'on demande
la production de la définition de l'UNESCO qu'a invoquée le
ministre et dont il dit s'être inspiré.
Mais, à tous égards, je comprends que la définition
de l'UNESCO peut se rapporter plus directement au projet de loi no 3, mais
sûrement que, dans la définition de l'UNESCO de la programmation
éducative où l'on définit et où l'on
détermine ce qu'est une entreprise de radio-télédiffusion,
dont on parle à l'article 1, ce qu'est une programmation, dont on parle
à l'article 1, je pense que, dans la définition de l'UNESCO, dont
dit s'être inspiré le ministre et dont, sans doute, ont dû
s'inspirer si telle définition existe les ministres de
l'Education du Canada qui ont défini, à l'article 2, ce
qu'était une programmation éducative, qui devait être
conçue de façon à être présentée dans
un contexte etc., cela intéresse directement l'article 3.
Je conviens que, pour ce qui est des fonctions de la régie,
peut-être que, à ce titre, la définition de l'UNESCO n'a
pas de rapport direct mais, tout de même, je pense que j'ai
évoqué deux ou trois articles, pour vous indiquer que selon
l'argument du ministre, étant donné que cette définition
se rapporterait à un article spécifique, la motion serait
irrecevable. J'insiste que le but de cette motion, c'est de fournir, comme la
motion précédente de ma collègue de L'Acadie, aux
députés, membres de la commission, des instruments
nécessaires. Au début des séances de cette commission, le
ministre des Communications, nous a fourni des documents précis au sujet
de la Régie des services publics, ainsi que le projet de
règlements sur la façon dont il va utiliser son pouvoir de
versements de subventions. Tout ça se rapporte à des articles
spécifiques. Le ministre l'a fait, précisément et
on lui en est reconnaissant pour permettre aux membres de la commission
d'examiner même si ça se rapportait à des articles
spécifiques des éléments additionnels
d'information, de faire l'étude article par article du projet de loi
4.
C'est exactement le sens de la motion présentée par mon
collègue de L'Acadie et également le sens de la motion que j'ai
présentée au sujet de la définition de programmation
éducative ou de la télédiffusion éducative qui
existerait, aux dires du ministre, et qui aurait été
adoptée par l'UNESCO, le ministre nous disant, pour justifier la valeur
de sa définition, dans son projet de loi, qu'il s'était
inspiré de la définition que l'UNESCO aurait adoptée.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité de la motion présentée par le
député de Jean-Talon.
M. Bertrand: Sur la recevabilité, M. le Président,
je dirai simplement un certain nombre de choses très brèves.
Premièrement, la motion présentée par le
député de Jean-Talon prouve bien une chose. C'est
qu'effectivement notre mandat est d'étudier le projet de loi article par
article. Il vient d'en faire la preuve lui-même en disant: Moi, je veux
savoir à partir de quoi le ministre des Communications peut
rédiger un article 2 qui définisse la programmation
éducative dans les termes où elle a été
définie. Et je pense que, selon l'économie de nos
procédures, de nos travaux, M. le Président, il convient qu'au
moment où un article est appelé, que le ministre explique le sens
de l'article. Lorsque vous allez appeler l'article 1 tout à l'heure, M.
le Président, le ministre va avoir la parole pour dire: Voici ce que
signifie l'article 1. Avez-vous des questions? Les députés de
l'Opposition vont adresser un certain nombre de questions au ministre. Pourquoi
avez-vous écrit cela comme cela? Qu'avez-vous voulu dire par telle
expression? Pourquoi avez-vous ajouté tel paragraphe? Pourquoi
n'avez-vous pas dit telle chose? Et même, si nécessaire, faire
motion pour que soient enlevés des mots ou ajoutés des mots,
retranché un paragraphe ou tout simplement pour que soit battu
l'ensemble de l'article parce que c'est leur responsabilité ici de
décider s'ils sont favorables ou défavorables à un
article.
La motion du député de Jean-Talon pour reprendre
l'économie de nos travaux, M. le Président, s'attache directement
à l'article 2 qui est un article de définition de la
programmation éducative, l'article 2. Et cet article 2, lorsqu'il sera
appelé après l'article 1, M. le Président et il
faudrait peut-être commencer par cela, appeler l'article 1 le
ministre va intervenir. Il va expliquer pourquoi l'article 2 est
rédigé comme il est rédigé, pourquoi cette
définition a été retenue, quels sont les documents qui ont
servi d'inspiration au ministre des Communications pour rédiger
l'article 2 ainsi, quelles ont été ses sources d'inspiration,
etc. Là-dessus, le député de Jean-Talon va s'adresser au
ministre des Communications en lui disant: M. le ministre, vous aviez
prétendu en deuxième lecture que l'UNESCO avait été
une de vos sources d'inspiration pour la rédaction de l'article 2, pour
la définition de la programmation éducative. En quoi l'UNESCO
vous a-t-elle inspiré, etc.? En d'autres mots, dès que nous
allons entreprendre nos travaux, M. le Président, la réalisation
de notre mandat, l'étude de nos articles un par un, nous allons à
un moment donné arriver à l'article 2, la préoccupation du
député de Jean-Talon sera inscrite à notre ordre du jour
à ce moment-là, et le député de Jean-Talon, sans
même avoir à se servir de motion parce que dans le fond, sa
motion, qu'est-ce qu'elle dit? Elle dit qu'à toutes fins utiles, le
service de recherche du Parti libéral a de la difficulté à
retrouver des documents publics. C'est ce que cela veut dire.
M. Rivest: Demandez au ministre si à son service de
recherche et à son ministère, ils savent trouver...
M. Bertrand: C'est ce que cela veut dire. Et si le
député de Jean-Talon joue bien son rôle de
député de l'Opposition au moment de l'étude de l'article
2...
M. Rivest: Etes-vous sûr qu'elle existe, cette
définition-là?
M. Bertrand: ... il va poser des questions au ministre. Il va
s'interroger devant le ministre pour savoir en quoi l'UNESCO l'a inspiré
pour la rédaction de l'article 2, où il a pris cette
rédaction de l'article 2. On va sans doute remonter à des
documents du fédéral, d'ailleurs. Ce sera intéressant. Je
dis qu'étant donné l'économie de nos travaux, M. le
Président, et étant donné notre mandat, il serait temps
que des motions préliminaires de ce type-là qui ne sont
finalement pas des motions préliminaires, mais des motions qui nous
empêchent d'aborder l'examen des articles, lequel examen des articles
nous permettrait de répondre à des questions comme
celles-là, là je pense, M. le Président, qu'on serait dans
l'ordre.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: Je dis que c'est irrecevable. Ce sera discutable au
moment où nous en serons à l'article 2.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement!
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Vanier ne parle plus sur la recevabilité. Il fait une grande
démonstration pour nous dire qu'il y aura un autre moment où on
peut l'avoir et je ne vois pas sur...
M. Bertrand: C'est pour dire que c'est irrecevable à ce
moment-ci.
M. Rivest: Parce que le ministre ne s'est effectivement pas
inspiré de la définition de l'UNESCO c'est là le
problème contrairement à ce qu'il a dit en Chambre.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Saint-Germain: Sur cette question de règlement, M. le
Président.
M. Rivest: Contrairement à ce qu'il a dit pour se
justifier...
Le Président (M. Lacoste): Sur cette question de
règlement du député de L'Acadie?
M. Saint-Germain: Oui, oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, sur la question de règlement du député de
L'Acadie.
M. Saint-Germain: Je crois que cette question de
définition, M. le Président, est excessivement importante et ce
n'est pas facile de la relier exclusivement à un article ou à un
autre. C'est tellement vrai que dans l'article 1, lorsqu'on va passer...
M. Bertrand: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement. Je m'excuse. Ou bien vous dites qu'il y a plusieurs
porte-parole sur la recevabilité, ou bien il y en a un par parti, mais
ce n'est pas une question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: C'est une opinion exprimée sur... Le
Président (M. Lacoste): Je dois... M. Bertrand: ... la
recevabilité.
Le Président (M. Lacoste): ... dire, M. le
député de Vanier, que le président invite tous les membres
de la commission parlementaire à lui prodiguer des conseils jusqu'au
moment où le président se sentira suffisamment
informé.
M. Bertrand: Ah bon! D'accord.
Le Président (M. Lacoste): C'est le privilège du
président d'arrêter à un moment donné, de dire qu'il
est suffisamment informé pour rendre sa décision.
M. Saint-Germain: C'est juste...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, sur la question de règlement.
M. Saint-Germain: C'est ça; c'est que je voulais
simplement, M. le Président, réfuter l'argumentation que le
député de Vanier vient de faire. Il a argumenté que cette
définition ne concernait exclusivement que l'article 2.
Je suis d'opinion que c'est faux, car l'article 2 sous-tend c'est
l'article principal...
Le Président (M. Lacoste): Je dois vous interrompre, M. le
député de Jacques-Cartier. Vous êtes présentement,
non sur une question de règlement, mais sur la recevabilité de la
motion du député de Jean-Talon; ce n'est pas une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Saint-Germain: C'est ça. Le député de
Vanier a essayé de vous prouver, M. le Président, que cette
motion n'était pas recevable et j'essaie de prouver que le
député de Vanier avait émis une fausse opinion et une
fausse argumentation. J'essaie de réfuter cette opinion qu'il a
émise. Il a soutenu que cette question de définition
n'était valable et ne pouvait être utile à la commission
qu'à l'article 2.
Moi, je dis que cette question de définition concerne et
sous-tend le projet de loi dans son entier. Selon la définition ou
l'interprétation des définitions qu'on donne à l'article
2, le projet de loi, dans son entier, peut prendre un sens
différent.
C'est tellement vrai que, à la première section, on dit:
"interprétation", dans l'article 1.
Dans la présente loi, à moins que le contexte n'indique un
sens différent; alors, même au tout début, dans
l'interprétation, on est obligé de revenir au contexte pour
définir les a), b), c) et d) de l'article 1. C'est la raison pour
laquelle il me semble évident que cette définition le
ministre a dit dans son discours en deuxième lecture qu'il s'en
était inspiré peut modifier le contexte et peut même
donner une interprétation différente à l'article 1.
Alors je crois, vu l'importance de cette définition et vu que le
ministre, à notre avis, a erré dans
sa déclaration en deuxième lecture, et je dirais
même qu'il est possible qu'il ait trompé la Chambre je ne
dis pas qu'il l'a fait sciemment je crois qu'il est important d'avoir ce
document, pour que notre interprétation même de l'article 1 soit
valable et qu'on puisse aller, dans la discussion de cet article, au fond des
choses. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Je me sens, actuellement,
suffisamment informé.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment, on peut se faire boycotter
n'importe quand!
M. Guay: J'invoque le règlement. Le Président
(M. Lacoste): A l'ordre!
M. O'Neill: M. le Président, il y a un certain nombre de
faussetés, assez grossières, qui viennent d'être dites.
J'aimerais bien savoir si on a le droit oui ou non de les relever.
M. Guay: Est-ce que le ministre n'a pas un droit de parole
prioritaire devant cette commission?
Le Président (M. Lacoste): Oui, sur une question de
règlement; actuellement, nous sommes sur la recevabilité de la
motion présentée par le député de Jean-Talon.
La présidence, actuellement, se...
M. Guay: Oui, mais que vous ne disiez ça, M. le
Président, est-ce que vous ne croiriez pas, tout en étant
passablement informé, peut-être presque tout à fait
informé, qu'il serait de bon ton et de bon aloi que la présidence
entende ce que le ministre peut avoir à dire sur la recevabilité,
pour être aussi complètement informée qu'elle pourrait
l'être?
M. Rivest: Le député de L'Acadie
également.
M. Guay: Mme le député de L'Acadie n'est pas encore
ministre et elle n'est pas à la veille de l'être!
M. Rivest: Le ministre n'a pas plus le droit qu'un membre de
cette commision.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! C'est que le
ministre n'avait pas demandé la parole sur la question de
recevabilité de la motion, mais tout simplement pour répondre
à l'argumentation faite par l'Opposition. Actuellement, nous sommes sur
la recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous sentez suffisamment informé?
Alors allez-y.
Le Président (M. Lacoste): Alors, on y va. Il faut voir,
dans la motion d'amendement présentée par le député
de Jean-Talon, qui se lit comme suit: "Que cette commission invite le ministre
des Communications à distribuer, aux membres et intervenants de cette
commission, la définition de la programmation éducative de
l'UNESCO, dont le ministre déclare s'être inspiré pour la
définition proposée dans le projet de loi no 4".
Naturellement, ce document, actuellement, est un document public; s'il
existe.
M. Rivest: On veut simplement vérifier l'affirmation du
ministre, c'est ça l'objet de la motion.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais, toujours pour
être sûr dans mon argumentation et de bien étudier ce que le
député de L'Acadie, ce que le député de Jean-Talon
ainsi que le député de Jacques-Cartier...
Mme Lavoie-Roux: Mais je n'ai rien dit! On ne m'a même pas
donné le droit de parole.
Le Président (M. Lacoste):... et le député
de Vanier, prendre en délibéré pour cinq minutes cette
motion. Je suspends donc les travaux pour cinq minutes.
Suspension à 21 h 15
Reprise à 21 h 36
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Au moment
de la suspension, j'étais en délibération sur la motion
présentée par le député de Jean-Talon.
M. Rivest: C'est encore moi qui vous ai causé un
problème, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Encore le député
de Jean-Talon. Je dois dire, sur la motion du député de
Jean-Talon, que la définition de l'UNESCO est un document public,
d'autant plus que dans votre motion, vous dites: "de la programmation
éducative de l'UNESCO, dont le ministre déclare s'être
inspiré pour la définition proposée dans le projet de loi
no 4." Comme c'est un document public dont le ministre s'est inspiré,
que tous les membres de cette commission peuvent s'en inspirer aussi, presque
exactement ce que le député de Vanier a dit tout à
l'heure, donc, c'est une motion.
Mme Lavoie-Roux: Superfétatoire.
Le Président (M. Lacoste): ... superfétatoire; je
la juge irrecevable.
M. Rivest: M. le Président, je n'ai pas le droit de parler
sur la motion.
Le Président (M. Lacoste): Non. M. Rivest: C'est
embêtant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais vous demander
une directive.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, sur une demande de directive.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'accepte votre verdict.
Il reste que j'aimerais simplement faire une demande au ministre des
Communications, ce n'est pas une motion. Je pense qu'il peut comprendre
l'intérêt que nous portons à connaître cette
définition. Je peux vous dire qu'en toute sincérité, on a
fait des recherches intensives pour retrouver cette définition. Ce n'est
pas la première fois que le ministre des Communications y faisait
allusion. Il s'en souviendra, au moment de l'étude des crédits du
ministère des Communications, nous avions abordé ce sujet et vous
avez probablement dit la même chose qu'en deuxième lecture,
à peu de choses près.
S'il faut avouer notre impuissance à trouver la fameuse
définition, est-ce que ce serait trop demander si c'est si public
que ça, si le ministère des Communications l'a et il semble
l'avoir est-ce que ce serait possible qu'on en obtienne une copie? Il me
semble qu'on ne demande pas une chose impossible, il me semble qu'on demande
quelque chose de très simple. Je vous dis, on a fait des recherches
intensives; on ne la trouve pas. Il me semble que si vous l'avez entre les
mains, je peux vous assurer que si je l'avais, je vous la remettrais. Il me
semble que...
M. Guay: Si vous l'aviez, vous ne la demanderiez pas.
Mme Lavoie-Roux: La première des choses. Si vous me
l'aviez demandée, si vous ne l'aviez pas eue, je vous l'aurais remise
avec plaisir. C'est le sens de la demande que j'adresse au ministre des
Communications, M. le Président.
M. O'Neill: M. le Président, je suis...
Le Président (M. Lacoste): C'est une directive qui
s'adressait au président, via le ministre des Communications...
M. O'Neill: Je vais répondre la même chose, M. le
Président, Je suis fortement intéressé à ce que
nous fassions l'étude du projet de loi article par article. J'aimerais
que nous abordions cette question au moment de l'étude de l'article 2,
sinon, on va être dans les propositions générales
jusqu'à je ne sais quelle heure.
M. Rivest: ...
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes maintenant à
l'étude article par article du projet de loi 4...
M. Rivest: Un instant, M. le Président. Le
Président (M. Lacoste): Question de...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... par votre entremise, encore une fois. Je
m'explique mal... évidemment, je sais que le ministre peut prendre les
décisions qu'il veut, mais je m'explique mal qu'il dise: Non, c'est
impossible, on ne peut pas vous la remettre, il faut qu'on étudie
article par article. Est-ce que c'est si mystérieux que ça, cette
définition?
M. O'Neill: Ce qui n'est pas mystérieux du tout, c'est
d'étirer tout ce débat par une série de propositions
générales. Ce qui serait important et l'Opposition veut
visiblement, semble-t-il, la retarder le plus possible c'est
l'étude article par article. J'ai dit, on parlera de ça au moment
de l'étude de l'article 2.
M. Rivest: Vous avez déposé très gentiment
des documents, on a apprécié ça; on n'aurait pas besoin de
faire des motions si on avait un peu de collaboration.
M. Guay: La motion est irrecevable.
M. Rivest: On va essayer de la rendre recevable.
Le Président (M. Lacoste): II semble maintenant...
Mme Lavoie-Roux: C'est de l'entêtement. M. Rivest:
Non, M. le Président, justement...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur une motion.
M. O'Neill: C'est exactement ça...
M. Guay: ... entêtement. M. O'Neill: C'est
ça.
M. Rivest: M. le Président, l'entêtement du ministre
nous oblige, à regret, croyez-le...
M. O'Neill: A étirer.
M. Rivest: Vous l'avez drôlement étirée, la
définition de l'UNESCO...
M. Guay: Vous n'avez pas trouvé comment cela finit.
M. Rivest: ... pour introduire votre patrimoine culturel et tout
votre fla-fla.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le
député de Jean-Talon, sur une motion...
M. O'Neill: Vous mêlez les articles 2 et 3, je crois.
Le Président (M. Lacoste): ... préliminaire, pour
la bonne marche de nos travaux.
M. Rivest: Pardon?
Le Président (M. Lacoste): Vous faites une motion
préliminaire pour le bon fonctionnement de nos travaux.
M. Rivest: Oui, M. le Président.
Non, le lancer est courbe, la motion n'est jamais courbe. C'est
ridicule, ce que vous dites. Les lancers sont des courbes, les motions ne sont
jamais courbes. Ce n'est pas le lanceur qui part. Le lanceur fait la motion,
c'est la trajectoire de la balle qui est une courbe.
Mme Lavoie-Roux: A qui faites-vous le lancer?
Le Président (M. Lacoste): Je ne vois pas la pertinence du
débat sur le projet de loi no 4.
M. Rivest: Le receveur, le ministre, est absolument impassible.
Il est allé à l'école du Dr Laurin.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont tous passés par le comité
permanent du développement culturel.
M. Rivest: Le Dr Laurin a une influence... Une Voix: La
pertinence.
M. Rivest:... remarquable sur le tempérament du
ministre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, mais vous m'avez entraîné dans un
sport américain alors qu'il s'agit du patrimoine culturel.
M. Bertrand: ... Expos de Montréal.
M. Guay: Le député est contre les Expos.
M. Bertrand: Les Expos de Montréal sont en territoire
québécois et canadien.
M. Rivest: Non, mais votre parti a vertement critiqué le
maire Drapeau d'avoir amené les Expos à Montréal.
M. Bertrand: Jamais, jamais de la vie.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
M. Bertrand: M. le Président, je proteste avec
véhémence contre les propos... et le ministre
délégué au Haut-Commissariat pourrait protester.
Le Président (M. Lacoste): Je demande au
député de Jean-Talon de revenir à la pertinence du
débat, sur le projet de loi no 4.
Une Voix: Faites votre motion.
M. Rivest: II était question que je présente une
motion?
Le Président (M. Lacoste): Vous avez demandé la
parole.
M. Rivest: Si on cessait de m'interrompre, M. le
Président, de l'autre côté, il y aurait longtemps que
j'aurais présenté cette motion, on a perdu encore trois minutes,
trente-quatre secondes.
M. le Président, simplement une petite remarque. Ce matin, le
ministre, dans ses remarques préliminaires, a parlé du rapport
Rocher qui lui avait suggéré de proposer, dans le projet de loi
4, que ce soit la Régie des services publics qui décide du
contenu éducatif d'une programmation. Or, le rapport Rocher ne donne
aucune espèce de justification, ne motive aucunement sa proposition, tel
que nous l'a rapporté fort justement le ministre, à l'effet que
la Régie des services publics soit l'organisme ou l'instance,
peut-être la mieux appropriée, pour décider du contenu
éducatif, du caractère éducatif d'une programmation.
Alors, M. le Président, le ministre, par ailleurs...
Une Voix: Question de règlement... M. Guay: ... M.
le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Iberville, sur une question de règlement.
M. Beauséjour: Selon l'article 94, j'ai l'impression que
le député de Jean-Talon a déjà
dépassé ses vingt minutes et j'aimerais qu'on fasse...
M. Rivest: Non, c'est en délibéré,
ça.
M. Beauséjour: Non. Actuellement, ce n'est pas sur une
motion...
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes actuellement sur
les motions...
M. Beauséjour:... il est en train d'intervenir et je suis
certain qu'il dépasse ses vingt minutes.
M. Rivest: M. le Président, je m'apprête à
proposer une motion.
M. Beauséjour: Qu'il la présente et il fera ses
remarques après.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon a une motion préliminaire à présenter.
M. Beauséjour: Selon le règlement.
M. Rivest: Pardon?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur votre motion préliminaire.
M. Rivest: Vous avez rendu... M. Beauséjour: II n'y
en a pas.
M. Rivest:... votre décision sur la question de
règlement du député d'Iberville?
M. Bertrand: Oui, c'est que vous devez lire votre motion.
M. Rivest: Ah bon! excusez-moi, M. le Président.
Comme le règlement m'y oblige, je dois lire, sans commentaire
additionnel, la motion que j'ai l'intention de présenter. Cette motion
se lit comme suit... (21 h 45)
Une Voix: Deux points.
Mme Lavoie-Roux: Ouvrez la parenthèse.
Le Président (M. Lacoste): Ouvrez les guillemets.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Lacoste): Vous avez la parole.
M. Rivest: Voulez-vous rappeler à l'ordre le
député de Vanier qui ne cesse de m'interrompre?
Une Voix: Biaisage.
M. Guay:... les représentants de la Régie des
services publics à se faire entendre, le mardi 14 août, afin de
renseigner les membres et intervenants de cette commission. Est-ce qu'il s'agit
là de la motion que le député de Jean-Talon
s'apprête à faire?
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président... M. O'Neill: ...
Invitation à la Régie des services
publics
M. Rivest: ... je voudrais présenter la motion suivante:
"Que cette commission invite les représentants de la Régie des
services publics à se faire entendre devant cette commission, le mardi
14 août 1979, à 10 heures, afin de renseigner les membres et
intervenants de cette commission." Est-ce que cette motion est recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, sur la recevabilité.
M. Guay: Je vous dirai tout de suite, M. le Président, que
j'ai des doutes, à sa face même, quant à sa
recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: II y a même un souffleur, M. le
Président.
M. Guay: Mes doutes portent sur le fait que la Régie des
services publics est un organisme quasi judiciaire. Je serais extrêmement
surpris... Evidemment, un organisme quasi judiciaire est un organisme qui, par
définition, a une certaine ambiguïté mais qui est d'abord et
avant tout présidé par un juge de la Cour provinciale et qui a un
caractère judiciaire, puisqu'il est quasi judiciaire. Dans ces
circonstances, est-ce que le pouvoir législatif, compte tenu de la
séparation des pouvoirs qui existe dans les démocraties
occidentales, l'Assemblée nationale, une commission de
l'Assemblée nationale, peut inviter un président de tribunal, un
juge de la Cour provinciale, compte tenu qu'il fait partie évidemment du
pouvoir judiciaire, lequel est indépendant du pouvoir législatif,
est-ce qu'il est recevable qu'une commission invite un juge de la Cour
provinciale, à venir comparaître devant elle?
Oui, le juge Côté est un juge de la Cour provinciale.
M. Rivest: Le juge Prévost qui est à la Commission
des transports comparaît ce soir devant la commission des transports.
Voyons donc!
M. Beauséjour: Question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): Le député
d'Iberville, sur une question de règlement.
M. Beauséjour: J'aimerais que le député de
Jean-Talon se conforme au règlement et s'adresse à la
présidence quand il veut intervenir.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que vous allez donner le
même conseil à vos collègues.
Le Président (M. Lacoste): En fait, M. le
député d'Iberville a parfaitement raison, chaque membre de la
commission parlementaire doit s'adresser d'abord au président pour
demander la parole. Mme le député de L'Acadie, sur la même
question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est sur la recevabilité, ou le
député de Taschereau n'a pas complété?
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Taschereau n'a pas complété sur la recevabilité.
M. Guay: Oui, pour l'instant, quitte à revenir.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
L'Acadie, sur la recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que cette
motion est, dans sa forme, tout à fait recevable, puisqu'il s'agit d'une
invitation à la Régie des services publics qui demeure toujours
libre de venir ou de ne pas venir. J'ai entendu l'argument du
député de Taschereau disant qu'il s'agit d'un organisme quasi
judiciaire et qu'il ne faudrait pas ingérer le législatif dans le
judiciaire, ce avec quoi je suis parfaitement d'accord. Je pense que tel serait
le cas si on faisait venir devant nous la Régie des services publics
pour essayer d'infléchir ou de justifier une décision qu'ils
auraient prise et avec laquelle on ne serait pas d'accord, en tout cas, quelles
que soient les modalités qui pourraient survenir, des circonstances qui
pourraient survenir.
Dans ce cas-ci, si on demande à la Régie des services
publics de venir devant nous, c'est qu'il paraît de toute évidence
que, jusqu'à maintenant, la Régie des services publics, dans les
fonctions qu'elle a eu à remplir n'a pas eu à se prononcer sur
des sujets de nature éducative ou culturelle, ne serait-ce que pour
savoir de la Régie des services publics quels sont les outils dont elle
devra se doter pour remplir ce nouveau rôle qui, probablement deviendra
le sien. Je pense qu'il s'agit là, non pas d'une intervention du
législatif dans le judiciaire, absolument pas. C'est simplement pour de
l'information, pour se familiariser avec son rôle et voir dans quelle
mesure ce nouveau rôle, qui pourrait à l'avenir lui incomber,
pourrait être rendu par la Régie des services publics.
Je pense qu'il ne faudrait pas essayer de... Je suis sûre que le
député de Taschereau l'a fait de bonne foi, mais je ne pense pas
qu'il s'agisse d'une intervention du législatif dans le judiciaire. Il
n'est nullement question de ceci à ce moment-ci. Je pense que cette
motion, dans sa forme, dans l'invitation qu'elle formule, répond tout
à fait aux exigences de notre règlement, M. le Président.
C'est ce que je voulais faire valoir.
M. Guay: J'invoque l'article 96, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): En vertu de l'article 96, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Deux choses, très brièvement. M.
Rivest: J'avais demandé la parole.
M. Guay: En vertu de l'article 96, c'est prioritaire. Pour ce qui
est de l'affirmation suivant laquelle la régie n'a jamais eu à
jouer un rôle culturel, c'est inexact parce que le Québec a eu des
prétentions sous l'ancien gouvernement et le présent
gouvernement, jusqu'à ce que la Cour suprême en décide
autrement. A la prétention de juridiction sur les entreprises de
cablôdistribution, il y avait un contenu culturel là-dedans et la
régie a joué ce rôle. Premièrement. Mais surtout, ce
à quoi je faisais référence lorsque je parlais de la
séparation du législatif et du judiciaire, M. le Président
d'où les doutes qui viennent à mon esprit je vous
réfère respectueusement à la dé- cision, à
la lettre que le président de l'Assemblée nationale a lue en
Chambre, mais je ne pourrais pas me souvenir de la date exacte, du moment
où le secrétaire général de l'Assemblée
était convoqué devant un tribunal dans une cause...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je me souviens.
M. Guay: ... encore une fois, je ne me souviens pas de la nature,
mais je me souviens très bien de la lettre du président de
l'Assemblée nationale au juge présidant ce tribunal ou au juge en
chef de ce tribunal la loi 45, c'est exact de la lettre du
président de l'Assemblée nationale refusant respectueusement au
juge que le secrétaire général de l'Assemblée
comparaisse devant ce tribunal. Si ça vaut dans un sens, ça me
semble valoir réellement dans l'autre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Sur une question de
règlement?
Mme Lavoie-Roux: Je pense...
Le Président (M. Lacoste): Sur une question de
règlement, Mme le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Non, sur la recevabilité. Le
Président (M. Lacoste): Sur la recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que le député de
Jacques-Cartier... En fait, il avait demandé la parole avant moi; je
pourrai revenir après lui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Je reconnaîtrai d'abord
le député de Vanier qui avait demandé la parole avant le
député de Jacques-Cartier.
M. Bertrand: M. le Président, le député de
Jean-Talon pourrait encore nous faire valoir l'article 154 qui dit qu'en
commission plénière ou élue, après la
deuxième lecture, on ne peut discuter que les détails d'un projet
de loi et il ne peut y avoir audience publique que devant une commission
élue pourvu que celle-ci consente. Il faut donc justifier la
présentation de sa motion en disant que le règlement ne
défend pas à la commission d'entendre quelque organisme que ce
soit.
M. Rivest: Quel article?
M. Bertrand: Article 154, celui que vous avez cité tout
à l'heure.
M. Rivest: Ah! vous vous en êtes souvenu.
M. Guay: II y a aussi l'article 100 dont vous ne vous souvenez
pas.
M. Bertrand: Je le connaissais, mais je reviens au cas de cette
motion, exactement à la même argumentation que pour l'autre motion
qui avait été
présentée par le député de Jean-Talon,
demandant à faire comparaître les représentants du service,
comment l'appelez-vous déjà?
M. Rivest: Les moyens d'enseignement.
M. Bertrand: Les moyens d'enseignement du ministère de
l'Education, et à ce moment-là, j'avais dit ceci et j'y reviens
en ajoutant un autre appui nouveau qui va s'appliquer peut-être à
l'autre motion que vous avez prise en délibéré.
M. Rivest: Vous n'avez pas le droit... question de
règlement, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas le droit d'influencer.
M. Bertrand: C'est pour celle-ci qui va s'appliquer à
l'autre.
M. Rivest: Question de règlement. Le député
de Vanier n'a pas le droit de plaider, d'ajouter quoi que ce soit qui pourrait
influencer votre délibéré sur une décision que vous
avez à rendre, M. le Président.
M. Bertrand: C'est pour celle-ci.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit qu'elle pourrait s'appliquer
à l'autre.
M. Bertrand: C'était un pourrait conditionnel.
M. Rivest: Ah! il faut être prudent, il faut respecter
l'indépendance de la présidence.
Mme Lavoie-Roux: C'est une influence.
M. Bertrand: Je respecte toutes les indépendances.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité de cette motion.
M. Rivest: Oui, on s'en doute.
M. Bertrand: M. le Président, je rappelle encore une fois
que des commissions élues c'est ce dont parle l'article 154,
paragraphe 1 ont des mandats qu'elles reçoivent de
l'Assemblée nationale. Il y a des motions présentées par
le leader en Chambre qui disent: Je demande, M. le Président, que telle
commission siège pour faire telle chose, je demande que telle autre
commission siège pour faire telle autre chose. Or, la commission des
communications a siégé, jusqu'à maintenant, à deux
occasions. La première fois, sur la base d'un mandat demandé par
le leader du gouvernement pour entendre des groupes et recevoir des
mémoires et, la deuxième fois, pour venir étudier un
projet de loi, article par article.
La première fois, la commission a siégé, elle a
entendu des groupes, elle a reçu des mémoires et voulez-vous que
j'ajoute quelque chose? Je ne l'avais pas dit tout à l'heure, j'ai le
droit de le dire maintenant, à l'occasion de cette motion, c'est que
c'est vrai qu'il y avait eu des invitations faites par le gouvernement à
certains groupes pour venir devant la commission. Mais ce que le
député de Jean-Talon n'a pas dit, c'est que l'Opposition aussi
avait été invitée à indiquer...
M. Rivest: C'est complètement en dehors du
règlement, M. le Président.
M. Bertrand: Je m'excuse, je m'excuse.
M. Rivest: Ce sont des gentlemen's agreements.
M. Bertrand: L'Opposition avait eu le droit à ce
moment-là d'indiquer quels étaient les groupes qu'elle voulait
avoir devant la commission.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: II n'y a pas de question de règlement, je
suis en train de plaider sur la recevabilité de cette motion.
M. Rivest: Question de règlement.
M. Bertrand: C'est fondamental ce que je suis en train de dire,
M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier...
M. Rivest: C'est fondamentalement impertinent.
M. Bertrand: ... l'Opposition pouvait demander à la
Régie des services publics de se faire entendre, à ce
moment-là, et elle ne l'a pas demandé. Elle pouvait demander au
service des moyens pédagogiques de se faire entendre, elle ne l'a pas
fait.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, il y a une question de règlement...
M. Bertrand: C'est un mandat de la commission d'entendre des
groupes. Elle avait la liberté de demander à des groupes...
Le Président (M. Lacoste):... soulevée par le
député de Jean-Talon. M. le député de Vanier. M. le
député de Jean-Talon a soulevé une question de
règlement. M. le député de Jean-Talon, votre question de
règlement.
M. Rivest: M. le Président, l'article 154 qu'invoque le
député, au paragraphe 1 dit très bien, lorsqu'il parle des
auditions qui ont eu lieu avant la deuxième lecture, je pense, l'article
dit: "II ne peut y avoir, en commission plénière ou élue,
après la deuxième lecture." L'article 154 ne s'applique nullement
avant la deuxième lecture. "En
commission plénière ou élue, après la
deuxième lecture, on ne peut discuter, etc, il ne peut y avoir
d'auditions publiques". Alors, le député de Vanier, en
référant à tout ce qui s'est passé avant l'adoption
de la deuxième lecture, n'est absolument pas pertinent aux débats
et aux plaidoyers sur la recevabilité. L'article 154-1 qu'il invoque ne
réfère qu'à des circonstances qui peuvent se produire ou
qu'à des circonstances qui peuvent arriver après la
deuxième lecture, c'est la lettre même de l'article 154,
paragraphe 1.
M. Bertrand: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Vanier, la même question de règlement.
M. Bertrand: Sur la question de règlement, je vous dirai
que le député de Jean-Talon erre, je vais vous dire pourquoi.
Parce que justement, sur ce qu'il vient de dire à propos de l'article
154-1, c'est la question de règlement qu'il a soulevée, il a dit:
En vertu de l'article 154-1, c'est dit que c'est après la
deuxième lecture...
M. Rivest: C'est ça.
M. Bertrand: ... qu'il ne peut y avoir d'auditions publiques,
tandis que justement, avant la deuxième lecture, il y a eu auditions
publiques. Il y a eu auditions publiques.
M. Rivest: Oui, mais pourvu... Il ne peut y avoir d'auditions
publiques que devant une commission élue, pourvu que celle-ci y
consente. Or, elle peut y consentir par une motion et c'est l'objet de la
motion que j'ai faite. Voyons donc!
M. Bertrand: C'est évident. A ce moment-là, s'il ne
peut pas y avoir d'auditions publiques, c'est uniquement si la commission y
consent que vous pouvez faire venir quelqu'un.
M. Rivest: Voyons donc! Il faut faire une motion.
M. Bertrand: Sauf que c'est là toute mon argumentation,
c'est qu'avant la deuxième lecture, ce n'est pas ça l'article
154, il ne parle pas d'avant la deuxième lecture, il parle
d'après. Mais avant la deuxième lecture, la commission est au
courant, elle a ces informations, ce sont des faits connus, nous le savons. Les
membres de cette commission ont siégé avant la deuxième
lecture, sur le projet de loi no 4, pour entendre des groupes, pour des
auditions publiques et les groupes étaient invités, pas seulement
par le gouvernement, par l'Opposition. Ils n'ont pas invité la
Régie des services publics, ils n'ont pas invité le service des
moyens pédagogiques. Je dis donc qu'à ce moment-là ils
pouvaient faire ce travail d'invitation pour que des groupes viennent se faire
entendre; ils ne l'ont pas fait. C'était le mandat de la commission.
Je dis qu'aujourd'hui, maintenant que le mandat est d'étudier le
projet de loi article par article, mal venue est l'Opposition de faire
aujourd'hui le travail qu'elle aurait dû faire à l'époque.
Je dis que dans un tel contexte, au minimum, il faudrait, comme l'autre motion,
prendre celle-ci en délibéré, quant à moi, juger
celle-ci comme l'autre, irrecevable, étant donné le mandat de
l'actuelle commission et étant donné le travail qu'a fait la
commission avant la deuxième lecture, à savoir entendre des
groupes.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, sur une question de règlement?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Saint-Germain: J'ai soulevé une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier, sur une question de règlement.
M. Saint-Germain: Je ne comprends pas très bien pour
quelle raison on veut laisser entendre que les auditions, après la
première lecture, sont tout à fait semblables à celles qui
peuvent avoir lieu après la deuxième lecture. En première
lecture, les groupes sont invités à discuter du principe du
projet de loi et on veut les écouter sur le principe du projet de loi.
Il me semblerait un peu inopportun que la Régie des services publics
vienne discuter du principe du projet de loi.
Mais lorsqu'on arrive, après la deuxième lecture, nous
sommes dans les modalités d'application et c'est là, à mon
avis, qu'il serait important, puisque la Régie des services publics est
impliquée au point de vue des principes, de l'entendre sur des sujets,
sur les différents articles où elle est impliquée, le
rôle qu'elle a à jouer et sur l'application, exclusivement, des
articles du projet de loi. Il y a toute une différence. (22 heures)
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès des
membres de la commission, il est maintenant 22 heures. Nous ajournons nos
travaux à demain matin.
M. Rivest: On pourra continuer à plaider la
recevabilité demain matin, j'ai des arguments assez sérieux
à vous faire valoir. Il m'a dit qu'on pourrait continur demain
matin.
Le Président (M. Lacoste): Ecoutez, à moins que le
président soit suffisamment informé.
M. Rivest: Vous m'avez dit oui. M. Guay: C'est toujours le
cas.
M. Bertrand: II va le prendre en délibéré
jusqu'à 10 heures demain.
M. Guay: C'est toujours le cas.
M. Rivest: II ne l'a pas pris en
délibéré.
M. Bertrand: II ne l'a pas pris en délibéré
parce que ce n'est pas nécessaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai demandé la
parole pour intervenir sur une question de règlement...
M. Rivest: Vous avez accordé la parole au
député.
Le Président (M. Lacoste): Demain matin, Mme le
député de L'Acadie, nous poursuivrons nos travaux. Je tiens bien
en note que vous étiez sur une question de règlement. Nous
ajournons les travaux jusqu'à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 1