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Etude du projet de loi no 4
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Reprise
des travaux de la Commission permanente des communications sur le projet de loi
no 4, Loi sur la programmation éducative.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand (Vanier); M. Rivest (Jean-Talon)
remplace M. Blank (Saint-Louis); M. Bisaillon (Sainte-Marie), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), M. Michaud
(Laprairie), M. O'Neill (Chauveau).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Guay (Taschereau)
remplace M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Dussault (Châteauguay),
M. Fallu (Terrebonne), M. Goulet (Bellechasse), M. Laurin (Bourget); M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplace Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Lazure
(Chambly), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Programmation éducative (suite)
Au moment de l'ajournement de nos travaux d'hier soir, il y avait la
motion suivante du député de Jean-Talon: Que le paragraphe a) de
l'article 3 soit modifié en ajoutant à la cinquième ligne
après le mot "permanente", les mots "le tout conformément aux
besoins prioritaires préalablement définis par le ministre de
l'Education". La parole était, à ce moment-là, au
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, mon amendement était
d'ajouter après le mot "permanente" les mots "le tout
conformément aux besoins prioritaires préalablement
définis par le ministre de l'Education". Alors, il y a des raisons pour
présenter cet amendement et très brièvement ce sont les
suivantes. Nous avons manifesté une inquiétude ou une grande
réserve au sujet du projet de loi no 4 à savoir qu'il devait
s'agir d'éducation, puisqu'on parlait de programmation éducative,
et nous avons déjà indiqué notre volonté de faire
en sorte que le ministère de l'Education, en tant que tel, ou enfin les
politiques de l'éducation en tant que telles du gouvernement du
Québec seraient présentes, non seulement présentes, mais
seraient pleinement reconnues dans l'éventuelle politique de
programmation éducative, au sens large, qui sera sous la
responsabilité du ministre des Communications en vertu du projet de loi
no 4. Nous convenons volontiers qu'il ne s'agit pas de restreindre à des
fins strictement scolaires la programmation éducative, mais puisque nous
sommes à l'article 3, paragraphe a) où là, vraiment, le
problème est d'ordre scolaire, c'est-à-dire qui touche
directement les programmes du ministère de l'Education et les objectifs
du ministère de l'Education, il nous apparaît nécessaire
d'ajouter aux critères impératifs de l'article 3
critères qui doivent être satisfaits pour qu'une programmation
soit déclarée ou reconnue éducative par la Régie
des services publics il nous est apparu nécessaire de nous
assurer que les priorités du ministère de l'Education soient
pleinement respectées.
Comme on le sait, M. le Président, chaque année
enfin je pense que c'est chaque année le ministre de l'Education
annonce des priorités pour l'année qui vient, bien sûr, des
priorités qui témoignent de la volonté du ministère
de s'attacher d'une façon particulière à certains
problèmes précis ou plus urgents du milieu de l'éducation.
Ainsi, par exemple, je crois que cette année ou dans les années
passées, il a été question des défavorisés,
de l'éducation en milieu défavorisé. Cette année,
je crois que le ministre de l'Education a parlé du problème des
handicapés. Enfin, il peut y avoir toute une série de
problèmes. J'en ai dit un mot à la fin de la séance au
ministre des Communications, le problème majeur que nous essayons de
régler par notre amendement, c'est qu'on croit que la programmation
éducative d'une année, qui sera révisée
périodiquement par la Régie des services publics, doit
correspondre aux priorités du ministère de l'Education dans le
cadre restreint du paragraphe a) de l'article 3. Il serait pour le moins
invraisemblable que les priorités du ministère de l'Education ne
puissent pas s'appuyer, ne puissent pas trouver leur prolongement dans le
contenu de la programmation éducative qui sera diffusée au cours
de l'année. L'un et l'autre doivent marcher ensemble, doivent
correspondre, la programmation éducative, le recours aux moyens
audio-visuels, doivent appuyer les priorités définies par le
ministère de l'Education en matière de télévision
scolaire. Je pense que c'est la base, ce sont les prémisses, c'est
l'objectif fondamental.
Or, dans le projet de loi no 3, il y a une chose qui m'inquiète
à ce titre-là, c'est qu'on confie à la Régie des
services publics un pouvoir décisionnel au titre de la
détermination du caractère éducatif d'une programmation.
Bien sûr, on reconnaît, en vertu de l'article 9, M. le
Président, strictement à titre de référence et non
pour en discuter le mérite, que lorsqu'une requête sera
présentée devant la Régie des services publics, le
ministre de l'Education et le ministre des Communications, probablement,
peuvent participer à l'enquête. Alors, la situation qui risque de
se produire, si on ne fait pas obligation à la Régie des services
publics de respecter les priorités du ministère de l'Education,
c'est que nous allons voir le ministre des Communications, ou enfin l'un de ses
représentants, comparaître devant la Régie des services
publics pour amener la Régie des services publics à
reconnaître, d'une façon prioritaire, une programmation
éducative, par exemple, s'adressant aux handicapés dans la mesure
où cette priorité aura été reconnue par le
ministère de l'Education. Or, nous savons que ces enquêtes sont
publiques et qu'un groupe de citoyens, par exemple, de milieu
défavorisé, pourra aller devant la Régie des
services publics plaider ou faire une demande pour dire à la
Régie des services publics: Sans doute le ministre de l'Education est-il
habilité à décréter que c'est le problème
des handicapés qui doit faire l'objet d'une programmation
éducative, c'est une priorité, mais nous parlant d'un
groupe de citoyens qui contesterait un élément de la
requête ou des représentations du ministère de l'Education
nous croyons plutôt que le ministère de l'Education doit
poursuivre ses efforts dans le domaine de l'éducation en milieu
défavorisé et à cette fin prévoir la diffusion
d'une programmation éducative pour milieu défavorisé, ce
qui aura pour conséquence de faire, de la Régie des services
publics, l'arbitre, celui qui risque de décider, non pas de l'ensemble
des priorités du ministère de l'Education, mais à tout le
moins de décider, à un moment donné, du contenu
prioritaire de la programmation éducative.
Alors que le ministre de l'Education dit: Pour l'année prochaine
cela va être les handicapés, le comité des citoyens dit: On
veut que la programmation éducative touche les handicapés et on
vous demande de retenir cela comme priorité; le ministre de l'Education
n'ira pas pour rien devant la régie, c'est cela qu'il va aller dire. Il
va essayer de faire passer les vues et les priorités du ministère
de l'Education. Comme ces requêtes sont sujettes à débat
dans la mesure où c'est une instance quasi judiciaire, un autre groupe
ou d'autres intervenants pourront contester les éléments des
représentations du ministre de l'Education.
Je ne veux pas dire que cela va arriver nécessairement; je ne
veux pas dire qu'il y a là un problème absolument insurmontable;
je n'en ferai pas un débat, mais je signale le caractère à
tout le moins saugrenu que la procédure prévue par le projet de
loi no 4 risque d'avoir en regard des priorités du ministère de
l'Education. Personnellement, je pense qu'il appartient au ministre de
l'Education et au ministre de l'Education seul de déterminer les
priorités en matière d'éducation. Je pense que personne ne
peut contester cela. Cela existe bien sûr pour les fins propres du
ministère de l'Education, mais cela doit trouver aussi, dans la mesure
où le recours aux moyens audio-visuels est normal, peut être
extrêmement utile, cela doit aller jusqu'au contenu de la programmation
éducative qui sera à un moment donné ou l'autre reconnu
par la Régie des services publics.
Encore là, le ministre des Communications pourra me
répondre, me rassurer, etc., mais je trouve que sur les faits, sur la
réalité de ce qui risque d'arriver je pense bien que ce
n'est pas une hypothèse farfelue que je souligne il y a là
un danger, une chose qui m'apparaît inadmissible dans ce sens que des
tiers ou un organisme autre risque d'être amené, en remplissant
normalement les fonctions qui lui seront dévolues par la loi, à
arbitrer des décisions dont le seul arbitre doit être le ministre
de l'Education. En inscrivant dans le paragraphe a) de l'article 3 une
disposition qui dirait qu'une programmation éducative qui est
impérative à la Régie des services publics, "une
programmation éducative doit favoriser l'exercice du citoyen à
l'éducation, notamment, etc., en présentant des émissions
répondant aux besoins spécifiques de la population, conduisant
à un diplôme ou répondant à des besoins..., le tout
conformément aux besoins prioritaires préalablement
définis par le ministre de l'Education", à ce moment-là
je pense, qu'on pourra peut-être voir la terminologie de cet
amendement mais je pense que la Régie des services publics ne
pourra pas contester, ne pourra pas reconnaître comme étant
éducative, une programmation prioritaire autre que celle qui
correspondra aux priorités préalablement
déterminées par le ministre de l'Education.
Autrement dit, le but de mon amendement c'est de faire en sorte que le
ministre de l'Education conserve d'une façon entière et pleine sa
responsabilité de "définisseur" premier et exclusif des
politiques et des priorités dans le domaine de l'éducation au
Québec. Je pense que c'est très important. J'ai parlé des
priorités, je ne veux pas allonger inutilement mon argument. J'ai
parlé des handicapés, j'ai parlé des priorités pour
les handicapés, les défavorisés. Je sais qu'il y a eu de
l'éducation physique, dans le passé, qui avait été
reconnue prioritaire. Ma collègue de L'Acadie, hier, a jugé...
Parce que cela peut aller plus loin que des catégories
spécifiques. Cela peut être l'ensemble, tout l'ensemble,
l'état de l'éducation dans la province, qui peut faire l'objet
d'un débat à l'occasion de la requête sur la programmation
éducative. Quand on sait, par exemple, que le ministère de
l'Education a des programmes généraux, mais quand même
l'évolution de l'éducation, le degré de scolarisation de
la population, des différentes catégories de la population
constitue, pour le ministère de l'Education, des éléments
de base sur lesquels s'appuient sa politique.
Comme ma collègue de L'Acadie l'a démontré hier,
d'après le recensement de 1971, il apparaît que 8.4% de la
population adulte n'avaient pas à cette époque un niveau de
scolarité dépassant quatre années. Je pense que le
ministère de l'Education va dire: On va se servir de la programmation
éducative ou de la radio-télévision scolaire pour essayer
de rattraper ces gens. C'est ce que le ministre de l'Education va venir dire
devant la Régie des services publics et, s'il reconnaît que c'est
l'éducation des adultes qui est la priorité, qu'il voudrait qu'on
se serve surtout de la programmation éducative ou des moyens
audio-visuels pour des fins d'éducation aux adultes parce qu'on est
vraiment en retard dans ce domaine, d'autres groupes parce que ces
requêtes sont débatta-bles, si vous me permettez l'expression
pourront aller dire: Non, ce n'est pas cela; il faudrait faire ceci, il
faudrait faire cela. (10 h 30)
Ils pourront dire, par exemple: Bien, il y a 33,9% des gens qui ne
possédaient qu'une scolarité de cinq à huit années
et, à cause de la courbe d'âge de ces gens... Peut-être que
d'autres personnes des milieux d'enseignants, ou des parents, ou des
étudiants pourront aller devant la Régie des
services publics dire: Non, l'accent doit être cela, on doit
commencer par la base, à ceux qui ont une base ou ceux qui ne sont pas
du tout scolarisés, etc. Il pourra y avoir un débat qui risque de
s'ouvrir pour savoir quel type, face à deux types de programmation
éducative, laquelle la régie devra reconnaître ou favoriser
par rapport à une autre.
Je trouve que sur le plan de la structure, à tout le moins, du
projet de loi no 4, je pense que c'est un point fondamental quand on va parler
tantôt du recours à une instance quasi judiciaire pour arbitrer
des priorités dans le domaine de l'éducation, toujours dans le
cadre de la programmation éducative, ou bien établir simplement
des modalités de recours aux services d'appoint que peuvent fournir les
techniques audio-visuelles aux politiques générales de
l'éducation. Ce sur quoi j'en ai, c'est qu'il risque d'y avoir un
arbitrage quasi judiciaire sur les priorités des politiques de
l'éducation au Québec, du moins dans leurs dimensions-recours aux
moyens techniques audio-visuels.
Je trouve le procédé vraiment étrange, et surtout
quand on sait que dans le monde de l'éducation je pense que ma
collègue de L'Acadie qui est très familière avec ces
problèmes il n'y a pas unanimité de vues sur les besoins
et sur les priorités. On a eu récemment l'étude au niveau
des collèges. On a vu comment les administrateurs des collèges
avaient un point de vue, les enseignants avaient leur point de vue, les
étudiants avaient leur point de vue, et c'est la responsabilité
du ministre de l'Education d'arbitrer ces points de vue différents.
Mme Lavoie-Roux: ... avaient tous le même point de vue en
l'occurrence, il divergeait avec celui du gouvernement.
M. Rivest: Oui, c'est cela. C'est la responsabilité du
ministre de l'Education d'arbitrer, de concilier ces points de vue et je trouve
que la procédure proposée par le projet de loi no 4 risque
à tout le moins, en ce qui concerne bien sûr je ne veux pas
d'une façon générale le recours aux moyens
audio-visuels, c'est-à-dire dans le domaine de la programmation
éducative, risque de remettre cette question à une autre instance
décisionnelle qui est d'ordre quasi judiciaire et sans
référer pour le moment à l'expertise ou à la
connaissance ou à savoir si la Régie des services publics peut
être le lieu ou si elle va être équipée pour pouvoir
faire cela. Simplement, avant d'arriver là, on doit s'interroger sur
l'opportunité ou enfin le risque qu'on crée de dépouiller
le ministre de l'Education d'une partie importante de ses
responsabilités.
Cet arbitrage se faisait auparavant à l'intérieur,
j'imagine, du Comité conjoint du ministre des Communications et du
ministre de l'Education. Vous allez me dire qu'il y en a déjà
existé, mais là quand même c'était au niveau
ministériel, mais ce n'était pas contesté, il n'y avait
pas un débat alors que devant la Régie des services publics il va
y avoir débat.
M. Guay: Etes-vous contre les débats publics?
M. Rivest: Non, je ne suis pas contre les débats publics,
mais je suis contre le fait qu'on place le ministre de l'Education sur le
même pied que, par exemple, la CEQ pour déterminer quelles vont
être les priorités dans le domaine de la programmation
éducative.
M. O'Neill: Dans un débat public?
M. Rivest: Non, non, dans un débat public qui va comporter
une décision. Cette décision, cela va être une instance
quasi judiciaire qui va la rendre et non le ministre de l'Education.
C'est au ministre de l'Education de décider que les
priorités sont pour les handicapés. C'est au ministre de
l'Education de décider que la priorité pour une année
scolaire ou pour deux ans, c'est l'éducation en milieu
défavorisé. Là on va aller contester cela, toujours dans
le cadre restreint, bien sûr, de la programmation éducative ou du
recours aux moyens audio-visuels, dans le cadre d'une instance quasi
judiciaire. Au bout de cela, on conteste ce programme à
l'intérieur d'une commission parlementaire dans le débat public,
bien sûr, mais là il va y avoir une décision prise au bout
de ligne par un tiers qui va dire: Non, M. le ministre de l'Education, on a
entendu les requérants. Savez-vous que, dans le domaine de la
programmation éducative, on croit que ce n'est pas l'éducation en
milieu défavorisé qui serait peut-être importante? On a
trouvé que l'éducation aux handicapés est plus importante.
Alors que toute la machine du ministère de l'Education, au niveau des
programmes, au niveau des directives qui seront données dans le
réseau, correspondra aux objectifs définis par le ministre de
l'Education, on aura une programmation éducative qui, par une
décision d'un tiers, qui, à mon avis n'a pas d'affaire à
décider des priorités dans le domaine de l'éducation,
c'est la responsabilité du ministre de l'Education...
Notre amendement ne paralyse pas non plus la Régie des services
publics, ne remet pas en cause l'économie du projet de loi no 4,
nullement. Il donne simplement, il tente de préserver...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, votre temps est expiré. Veuillez conclure.
M. Rivest: II permet simplement de préserver
l'autorité du ministre de l'Education, en ajoutant cette
précision que la Régie des services publics reconnaîtra
comme étant éducative, à un moment donné, une
programmation qui favorisera l'exercice du droit du citoyen à
l'éducation, notamment, etc., mais le tout conformément aux
besoins prioritaires préalablement définis par le ministre de
l'Education.
Je pense que, dans ce sens, on ne compromet nullement le recours
à la Régie des services publics ou à l'arbitre d'un tiers,
ou d'une instance quasi judiciaire, mais on préserve au moins une chose
c'est l'objet de mon amendement c'est
que le premier responsable du contenu des priorités et des
politiques dans le domaine de l'éducation et là on est
dans le cadre en plus de la télévision scolaire, c'est le
paragraphe a) c'est que c'est le ministre de l'Education qui est le
responsable de l'éducation au Québec.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Cette motion
d'amendement qui nous est proposée, je voudrais d'abord vous dire que
j'y souscris pour différentes raisons. Je me suis déjà
déclaré favorable au principe du projet de loi no 4 constituant
la programmation éducative.
Maintenant, on sait pour différentes raisons que, si le
Québec, il y a déjà nombre d'années, a
réussi à s'introduire dans le domaine des communications, il a
réussi à le faire par le biais de la télévision
éducative. Auparavant, les lois existantes du temps ne permettaient pas
au Québec d'avoir accès à des programmes de radio ou de
télévision générales.
Maintenant, ici on apporte un amendement qui, je crois, est essentiel,
qui fait partie même de l'article 3 et qui consacre, en
définitive, l'un des grands principes qui sous-tend tout ce projet de
loi, si on veut parler vraiment de programmation éducative, quand on
nous dit que le tout doit se faire conformément aux besoins prioritaires
qui sont préalablement définis par le ministre de l'Education.
Alors, quand on a mentionné cette semaine la nécessité ou
l'opportunité d'inviter le ministre à venir siéger ici, je
crois que l'invitation avait du poids puisqu'elle aurait permis au ministre,
à ce moment, de rassurer les membres de la commission parlementaire, et
je pense que le gros doute qui semble s'établir, du moins du
côté de l'Opposition officielle, c'est qu'on se demande quel
rôle, en fin de compte, est appelé à jouer le
ministère de l'Education.
Maintenant, cette programmation éducative doit correspondre aux
priorités du ministère de l'Education. Je crois que c'est la
base, c'est l'essentiel qu'il y a là-dedans. On sait qu'il y a cette
Régie des services publics qui doit veiller sur la programmation. C'est
peut-être un pas en avant, avec cette régie qui est un organisme
quasi judiciaire.
Nous sommes contents de saluer l'arrivée de notre
collègue.
Si c'est la Régie des services publics qui doit veiller sur la
programmation éducative, il est bon que cette programmation soit
préalablement définie et reconnue par le ministère de
l'Education. On a donné un exemple tout à l'heure de groupes
défavorisés; cela peut être d'autres groupes. L'accent peut
être placé pendant un an sur un sujet, sur un aspect, l'autre
année sur un autre aspect encore, et si la Régie des services
publics joue un rôle d'arbitre là-dedans, c'est qu'elle doit se
conformer aux objectifs généraux que doit poursuivre une
télévision éducative. Que ce soit Radio-Québec, que
ce soient des TV communautaires, que ce soient des postes privés, il y a
tout de même là-dedans une alliance, une entente qui doit
être conclue afin que tous puissent marcher dans la même
direction.
Quand on pense à la télévision éducative,
à cette programmation, cela déborde de beaucoup le cadre scolaire
et c'est là où le ministère de l'Education doit
préciser ses programmes et, si on se rend jusqu'à
l'éducation permanente, à ce moment, le rôle important que
le ministre de l'Education doit confier au ministère des Communications,
par le biais de l'article 4, par le biais de la programmation éducative,
on n'en est pas seulement sur le domaine académique; on doit
déborder et on doit aussi profiter des ressources de tous les organismes
qui vont oeuvrer d'une façon ou d'une autre dans le monde de
l'enseignement et dans le monde de l'éducation.
Je crois que cet amendement qui est proposé ici et qui parle de
besoins prioritaires et du ministère de l'Education comme on le verra
peut-être, et en vertu d'un arrêté en conseil qui a perdu
peut-être un peu de sa force où l'on mentionnait à
l'article 4 que jadis c'étaient les deux ministres qui devaient se
concerter pour une programmation, mais à présent que nous avons
ce projet de loi et que c'est la Régie des services publics qui aura la
haute main, la direction de toute la programmation, cette Régie des
services publics devra nécessairement travailler en étroite
collaboration, surtout avec le ministère de l'Education.
Si ce travail s'accomplit tel qu'on le voit, je crois que l'article 3
qui est tout de même la pierre d'achoppement qui résume tous les
grands objectifs de la programmation éducative, si on finit par
s'entendre autour de cette table, sur tous les points qui sont
mentionnés là-dedans, cette loi de programmation
éducative, même si en deuxième lecture nous avons
voté contre, avec certaines restrictions nous l'avions
indiqué à ce moment nous n'avions pas dit de quelle
façon nous voterions au moment de la troisième lecture. Si on
nous convoque en plein été au mois d'août, si on apporte
réellement une contribution, une collaboration valable et si le
gouvernement, de son côté, accepte certains amendements il
ne s'agit pas d'amender chacun des articles je me demande pourquoi
à la fin, si le projet de loi est clair, s'il est net, s'il bannit les
doutes qui peuvent surgir dans notre esprit dans le moment, peut-être
qu'à ce moment nous serions enclin à voter pour le projet de
loi.
Evidemment, je ne veux pas m'engager trop vite parce qu'il y a encore
certains articles qui sont un peu litigieux dans le projet de loi, et c'est
à ce moment que nous allons voir de quelle façon le ministre va
pencher d'un côté ou de l'autre.
Le rôle du ministère de l'Education, je ne voudrais pas
qu'il soit minimisé et, d'un autre côté, il ne faudrait pas
non plus que ce soit le ministre de l'Education qui ait la haute main sur la
programmation éducative, parce qu'il y aura une régie qui devra
coordonner et les efforts des communications et les efforts aussi du
ministère de l'Education. Si on veut rejoindre tout ce qu'il y
a dans le paragraphe a), quand on parle du droit des citoyens à
l'éducation, quand on a des émissions qui répondent
à des besoins spécifiques, ces besoins spécifiques de
quelle façon allons-nous les déterminer et qu'est-ce qu'on entend
exactement par un besoin spécifique? (10 h 45)
On a mentionné hier l'éducation permanente et, ici encore,
il y a beaucoup d'organismes qui oeuvrent dans ce domaine. Seront-ils
consultés? Est-ce qu'ils auront une certaine influence sur la
programmation éducative comme telle? Est-ce qu'ils seront invités
à collaborer réellement? Ce sont des doutes qui surgissent et je
crois que l'étude de l'article 3, une fois terminée, devrait nous
aider à mieux saisir certains mots qui appellent une double
interprétation. On le verra plus loin, en cours de route, et je pense
qu'il est bon de préciser immédiatement au paragraphe a) ce que
l'on entend par, non seulement les besoins, mais le rôle précis,
défini du ministère de l'Education et aussi du ministère
des Communications.
Avec tous ceux qui sont appelés à oeuvrer sous la
direction ou sous la gouverne de la Régie des services publics, on sera
plus en état, en temps et lieu, de savoir réellement ce que nous
réserve cette programmation éducative. Il y a certains dangers,
certains points faibles que nous allons voir encore un peu plus loin, je ne
veux pas les aborder pour le moment, mais je crois qu'il suffit de
préciser le rôle exact et les besoins que le ministère de
l'Education aura préalablement établis d'avance, si on veut
connaître l'orientation que cette programmation éducative, en
fait, devrait nous donner.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, je reconnaîtrai ensuite le député de
L'Acadie.
M. Guay: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt mon collègue de Jean-Talon et mon collègue
de Gaspé. J'ai bien perçu les motifs qui ont poussé le
député de Jean-Talon à proposer l'amendement qui nous est
soumis, à l'heure actuelle. Je n'ai pas reconnu, dans le sombre
scénario qu'il a dressé de ce qui se produirait si le projet de
loi était adopté tel quel, je n'y ai pas reconnu ce que le projet
de loi dit effectivement.
On semble nous dire que le ministre de l'Education serait
dépourvu, à toutes fins utiles, de tout pouvoir de décider
des orientations et des priorités de l'éducation en ce qui a
trait à l'audiovisuel. Je pense que, dans la mesure où on croit
réellement à cette argumentation, c'est qu'on a mal lu le projet
de loi ou on comprend mal le but du projet de loi.
Le projet de loi ne vise pas à faire en sorte que tout ce qui se
fait de documents audio-visuels, à caractère éducatif ou
scolaire au Québec, soient soumis à la juridiction de la
Régie des services publics. Ce que le projet de loi vise à faire,
c'est de confier à une autorité impartiale le soin de
décider si une programmation qui doit être diffusée par le
système québécois de radio-télévision ou par
les entreprises de câblodistribution, en d'autres mots, si des
émissions qui doivent être diffusées par ondes hertziennes
c'est-à-dire par radio ou par télévision ou par
câble, puisqu'en vertu d'un jugement de la Cour suprême, il semble
que le câble fasse partie intégrante du système canadien de
radio-télévision par ondes hertziennes, ce qui est assez aberrant
sur le plan technique; mais enfin, la Cour suprême en a
décidé ainsi si bien que le projet de loi vise donc
à faire en sorte que toute émission, tout document audio-visuel
diffusé par ou dans le système québécois de
radiodiffusion et de câblodistribution soit soumis à la
Régie des services publics si ce document doit être reconnu comme
étant à caractère éducatif. Cela empêche-t-il
le ministère de l'Education à exercer son rôle pour autant?
Absolument pas.
Le ministère de l'Education peut continuer à produire par
le Service général des moyens d'enseignement ou par tout autre
moyen qu'il a à sa disposition, qu'il peut être amené
à avoir à sa disposition, des documents audio-visuels qui peuvent
être diffusés dans des écoles, dans des collèges,
dans des universités. Au surplus, l'Université du Québec,
l'Université de Montréal, toutes les universités du
Québec qui ont des centres audio-visuels de taille respectable, de
même que les CEGEP qui en ont, et Dieu sait qu'il y a eu de ce
côté-là une orgie de dépenses publiques vers la fin
des années soixante et au début des années soixante-dix,
tout le monde qui est équipé peut produire des documents
audio-visuels à caractère scolaire, à caractère
éducatif pour diffusion interne dans les institutions scolaires ou
même pour diffusion en circuit fermé sans pour autant soumettre le
tout à la Régie des services publics. Il n'est pas question de
soumettre ces documents à la Régie des services publics, si bien
que le ministère de l'Education a tout à fait les moyens de
mettre ses priorités en place et de les faire respecter.
M. Rivest: Est-ce que le député me permet une
précision?
M. Guay: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Taschereau permet une question?
M. Rivest: Je suis pleinement d'accord avec cela. D'ailleurs,
j'imagine qu'il va arriver à cela. L'argumentation du
député donne toute la mesure de l'importance de ce projet de loi.
En le restreignant comme il le fait, il a parfaitement raison, mais il va y en
avoir une partie qui va aller là. J'ai hâte de l'entendre nous
dire pourquoi le ministre de l'Education, si ce n'est pas important...
M. Guay: J'y arrive.
M. Rivest: Je suis d'accord avec tout ce qu'il a dit. Il va
maintenant arriver à une partie où il va être obligé
de passer par la régie. Pourquoi le ministre de l'Education ira-t-il
devant la régie?
M. Guay: Je suis heureux de voir que le député de
Jean-Talon...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: ... est tout à fait d'accord avec mon
argumentation jusqu'à maintenant. J'espère qu'il sera d'accord
avec le reste de mon argumentation à l'issue de laquelle il pourra sans
doute retirer sa motion d'amendement.
M. Rivest: Si vous me convainquez, je le ferai volontiers.
M. Guay: Fort bien, j'en suis fort heureux.
M. Rivest: Mais je ne voudrais pas priver ma collègue de
L'Acadie de quelques précisions.
M. Guay: De son intervention ni de celle tant attendue du
député de Jacques-Cartier.
M. Rivest: Je ne sais pas. Allez-vous intervenir, M. le
député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Je vais attendre ce qu'il a à dire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, vous avez la parole.
M. O'Neill: A cinq secondes d'avis, il parle!
M. Guay: Donc, il s'agit de savoir qui, d'un organisme
ministériel agissant en vase clos, sans débat public comme c'est
le cas à l'heure actuelle, composé de deux ministres ou d'un
organisme quasi judiciaire offrant des garanties d'impartialité et
d'indépendance, agissant en public, créant par le fait même
un débat public que semblait craindre jusqu'à un certain point le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Guay:... lequel des deux organismes est le mieux
habilité à décréter qu'une programmation devant
être diffusée sur les ondes hertziennes ou par les entreprises de
câblodistribution est à caractère éducatif. Du
reste, même si une émission, devant être diffusée par
des entreprises de câblodistribution, de radio-télévision,
offre à sa face même un caractère éducatif, rien ne
l'oblige pour autant à solliciter l'autorisation de la Régie des
services publics. Certaines émissions de la société
Radio-Canada ont un caractère indéniablement éducatif au
sens large de la télévision éducative; je ne parle pas ici
de la télévision scolaire.
Jusqu'à maintenant, on n'a pas vu la société
Radio-Canada se soumettre au comité conjoint des ministres de
l'Education et des Communications et je doute fort que le gouvernement
fédéral, étant ce qu'il est, se plaçant au-dessus
des lois des provinces tant en ce qui a trait à ses services de police
qu'en ce qui a trait à tous les autres domaines, vienne se soumettre
spontanément à la Régie des services publics pour dire que
telle émission de Radio-Canada a un caractère
éducatif.
Au surplus, cela ne serait pas nécessairement très utile.
Il y a donc certaines émissions à caractère
éducatif qui vont continuer à être diffusées ou qui
seront créées et diffusées sans pour autant que la
régie les autorise ou qu'elle décrète que cette
programmation est à caractère éducatif, puisque du
côté de Radio-Canada on ne veut certainement pas se soumettre
à une autorité provinciale et on est tout à fait d'accord
pour se soumettre à l'autorité fédérale, au Conseil
de la radio-télévision et des télécommunications
canadiennes, que la programmation en soit une à caractère
général, à caractère de divertissement, à
caractère sportif ou à caractère éducatif ou
culturel.
Donc, ce n'est qu'un certain nombre d'émissions qui seront ainsi
soumises à l'autorité de la Régie des services publics
dans le but, au fond, de déterminer lequel des deux paliers de
gouvernement se trouve à avoir l'autorité et la compétence
sur ces émissions: la société Radio-Québec
évidemment, au premier chef puisque, par sa loi même que nous
venons de voter, la loi no 5, la société Radio-Québec,
plus que jamais, a un mandat de faire de la télévision
éducative. Il est donc évident que, si elle veut faire de la
télévision éducative, elle devra, en bonne logique, aller
soumettre sa programmation à la Régie des services publics et non
pas, ce qui par le fait même vient l'empêcher d'aller soumettre
cette programmation au Conseil de la radio-télévision et des
télécommunications canadiennes qui n'a pas juridiction sur la
télévision éducative.
M. Rivest: Très bien.
M. Guay: Ainsi, également, de toute entreprise de radio ou
de télévision ou de câblodistribution qui pourrait
être intéressée à soumettre une partie de sa
programmation à la Régie des services publics pour la faire
décréter éducative dans le but d'obtenir des subventions
de l'Etat pour ainsi favoriser ce genre d'émissions qui ne sont
peut-être pas vous vous rappellerez les propos du
député de Jacques-Cartier hier les émissions les
plus rentables, qui obtiennent les plus hautes cotes d'écoute, mais qui
sont néanmoins nécessaires dans une société,
à moins que tout le monde veuille sombrer au niveau culturel de
Télé Métropole... Donc, le nombre d'émissions qui
seront effectivement appelées à être chapeautées par
la régie, c'est d'abord la programmation de la société
Radio-Québec et puis des émissions de radio et de
télévision comme, par exemple, certaines programmations... Je
pense à Téléduc, à Trois-Rivières, mais il
peut y en avoir d'autres. On se souviendra que dans le passé le
comité conjoint des ministres des Communications et de l'Education,
à l'époque de l'ancien gouvernement, avait
décrété que la programmation de TVC-4 à
Saint-Jérôme, qui était en conflit avec Ottawa sur
la question des ondes hertziennes à savoir quel canal ils emploieraient
puisqu'ils voulaient téléviser par ondes ouvertes et qu'Ottawa
s'y refusait, Ottawa n'avait pas émis de permis, et comme par hasard,
cette programmation a été décrétée
éducative par les ministres Cloutier et L'Allier, la soustrayant ainsi
au contrôle d'Ottawa. Donc, ce genre de choses pourra se produire.
Pour revenir plus spécifiquement au paragraphe a) du
troisième article, en ce qui a trait aux émissions à
caractère plus scolaire, il y a là-dedans des émissions
qui sont à caractère éducatif sans pour autant qu'elles
doivent nécessairement correspondre aux priorités du
ministère de l'Education. Le ministère de l'Education a ses
priorités, c'est entendu; il a les moyens de l'implanter, c'est entendu.
Il pourrait intervenir devant la Régie des services publics pour dire:
Quant à nous, la programmation qui est soumise par l'organisme X, Y, Z
ne nous paraît pas prioritaire. Fort bien. Est-ce qu'elle cesse pour
autant d'être éducative? Pas pour autant. En d'autres mots, une
entreprise de radio ou de télévision peut fort bien diffuser une
émission ou une série d'émissions qui ne sont pas
nécessairement, qui ne cadrent pas dans des programmes du
ministère de l'Education, mais qui peuvent quand même être
à caractère éducatif et même à
caractère scolaire, si on entend par télévision scolaire
une télévision un peu plus magistrale et moins divertissante que
la télévision éducative au sens large et pouvant quand
même réussir à l'être tout en étant
éducative.
M. Rivest: Est-ce que le député me permet une
question? Je suis d'accord avec ce qu'il dit, avec le fait que cela ne demeure
pas éducatif, mais cela prouve que mon amendement n'a rien de
terrible.
M. Guay: Non, mais le tableau que peignait le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: Non, j'ai donné quelques exemples. Vous l'avez
réduit! Vous l'avez très bien réduit.
M. Guay: Le tableau qu'a peint le député de
Jean-Talon du ministre de l'Education presque dépourvu de ses moyens
d'action...
M. Rivest: Non, non.
M. Guay: ... était à tout le moins
exagéré. Je suis heureux de voir...
M. Rivest: Vous nous avez apporté des précisions
utiles, vous avez bien cadré.
M. Guay: ... que le député de Jean-Talon,
jusqu'à maintenant, continue à être d'accord avec
l'argumentation telle que je la mène.
M. Rivest: Oui.
M. Guay: Alors, pourquoi faudrait-il, à ce
moment-là, adopter cet amendement proposé par le
député de Jean-Talon? Si on lit le texte de l'article 3a on y
voit: Une programmation éducative doit favoriser l'exercice du droit des
citoyens à l'éducation. Là, on dit: Notamment...
Notamment, pas exclusivement, pas uniquement. On dit: Notamment, entre autres
choses, par ces moyens-là. Le député de Jean-Talon
voudrait ajouter à la fin: Le tout conformément aux besoins
prioritaires préalablement définis par le ministre de
l'Education. C'est-à-dire, en d'autres mots, favoriser l'exercice du
droit des citoyens à l'éducation et, puisqu'il s'agit de
"notamment", ce sont des exemples au fond, alors "le tout conformément
aux besoins prioritaires" ne fait pas allusion au "notamment en
présentant"; il fait allusion au premier membre de l'article.
En d'autres mots, on pourrait lire l'article sommairement en disant:
"Favoriser l'exercice du droit des citoyens à l'éducation, le
tout conformément aux besoins prioritaires préalablement
définis par le ministre de l'Education." C'est ainsi qu'un
tribunal...
M. Rivest: Je reviendrai sur 96.
M. Guay: C'est ainsi qu'un tribunal risquerait de lire
l'amendement... Oui, bien oui.
M. Rivest: Le "notamment" pourrait avoir dix autres... Est-ce
qu'on me permet une question?
M. Guay: Je signale...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Taschereau permet une question?
M. Guay: Non, là, vraiment...
M. Rivest: Après, je reviendrai à l'article 96.
J'apporterai la précision après.
M. Guay: Je veux bien être gentil, mais on commence un
débat à deux.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: L'amendement se lit bien ainsi. Après le mot
"permanent", les mots... Guillemets et on commence par une virgule... Le
député de Jean-Talon, qui a fait son cours de droit, sait fort
bien que tout ce qui suit la virgule, c'est-à-dire "le tout
conformément aux besoins prioritaires préalablement
définis par le ministre de l'Education" se rapporte à l'ensemble
de l'article et non pas spécifiquement au membre de phrase qui commence
par "notamment". (11 heures)
En d'autres mots, on risque fort, un tribunal risque fort de donner
comme interprétation à un article ainsi amendé qu'une
programmation éducative doit premièrement, "favoriser l'exercice
du
droit des citoyens à l'éducation, le tout
conformément aux besoins prioritaires préalablement
définis par le ministre de l'Education." A ce moment-là, qui va
définir ce qu'est une programmation éducative en vertu du
paragraphe a)? Au fond, ce n'est plus du tout la Régie des services
publics. La régie devra se soumettre à ce que le ministre dira,
énoncera comme étant prioritaire.
En pratique, ce qu'on vise à faire par un tel amendement, c'est
de passer d'un comité conjoint des ministres de l'Education et des
Communications à un comité conjoint du ministre de l'Education et
de la Régie des services publics, ce qui est un être à tout
le moins hybride puisqu'il réunit en son sein le pouvoir
exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire dans une
espèce de salade dont le résultat risque fort d'être
à tout le moins curieux. On ne peut pas ainsi mettre dans le même
bain, sur le même palier de décision la Régie des services
publics, organisme quasi judiciaire, et le ministre de l'Education d'autre
part. Nous disons, quant à nous, que c'est la Régie des services
publics qui doit avoir l'autorité pour trancher; cela ne veut pas dire
pour autant que les émissions décrétées
éducatives par la régie vont à rencontre des
priorités du ministère de l'Education. Le député de
Jean-Talon était d'accord pour admettre avec moi qu'une émission
peut fort bien correspondre à l'article 3a sans pour autant que le
ministre de l'Education en soit offusqué, il a simplement à dire:
Pour moi, ce n'est peut-être pas une priorité, mais cela
n'empêche pas l'émission d'être à caractère
éducatif. Il n'y a pas que le ministère de l'Education, au
Québec, qui a l'apanage de ce qui est éducatif; le ministre de
l'Education lui-même le reconnaissait dans son intervention en Chambre en
deuxième lecture lorsqu'il disait: II y a également
l'école d'agriculture qui relève du ministère de
l'Agriculture, l'Institut d'hôtellerie, qui relève du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, les
conservatoires, qui relèvent du ministère des Affaires
culturelles.
Il est parfaitement concevable qu'il y ait des émissions à
caractère scolaire sur la gestion des entreprises
hôtelières au moment où on cherche, en vertu des projets de
loi du ministère du Tourisme, à promouvoir le tourisme et
à améliorer l'infrastructure hôtelière,
l'infrastructure d'accueil du tourisme au Québec, ce n'est pas une
priorité du ministère de l'Education, ce n'est même pas de
ses affaires, au fond. Là, on dirait: Si le ministre de l'Education dit
que ce n'est pas une priorité, on n'a pas le droit, la régie n'a
pas le droit de décréter que cette programmation est
éducative. C'est abusif. La régie peut fort bien avoir le droit
de décréter que cette programmation soit éducative
même si le ministre de l'Education considère que ce n'est pas dans
ses priorités. Cela n'a pas à être dans ses
priorités, il n'est pas ministre du Tourisme.
On a parlé des handicapés. Le député de
Jean-Talon est revenu longuement, à plusieurs reprises, sur l'exemple
des handicapés. Les handicapés, c'est le ministère des
Affaires sociales qui s'en occupe prioritairement. L'Office des handi-
capés relève du ministre des Affaires sociales et non pas du
ministre de l'Education. Il peut fort bien y avoir des émissions
à destination des handicapés, ce que le ministère des
Affaires sociales trouve parfaitement normal, que l'Office des
handicapés a même pu solliciter, et le ministre de l'Education va
dire: Ce n'est pas dans mes priorités. Evidemment, ce n'est pas dans ses
priorités. Il peut avoir d'autres priorités, mais cela
n'empêche pas que des émissions, souhaitées par l'Office
des handicapés, sollicitées par le ministère des Affaires
sociales, approuvées par la Régie des services publics, soient
à caractère éducatif.
Si bien que l'amendement, tel qu'il nous est proposé, et qui
viserait à restreindre le pouvoir de la régie et à donner
au ministère de l'Education un pouvoir de contrôle sur
l'éducation qu'il n'a jamais eu dans le passé, qu'il n'a pas
à l'heure actuelle et qu'il n'est pas à la veille d'avoir, je
l'espère à ce moment-là, on risquerait fort
d'assister à une certaine sclérose de l'éducation au
Québec ce projet d'amendement déforme
singulièrement le projet de loi, vise à mettre sur un pied
d'égalité un ministre et un organisme quasi judiciaire et
empêche, à toutes fins utiles, toute initiative venant d'ailleurs
que du ministère de l'Education d'être reconnue par la
régie comme étant éducative, ce qui vise à
restreindre en quelque sorte la télévision scolaire aux seuls
desiderata du ministère de l'Education à l'exclusion de tous les
autres. En ce sens-là, un tel amendement est abusif et absolument
inacceptable.
M. Rivest: M. le Président, en vertu des dispositions de
l'article 96, je crois.
Le Président (M. Lacoste): En vertu des dispositions de
l'article 96, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Trois phrases.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, en vertu des dispositions de l'article 96, veut donner des
explications.
M. Rivest: Oui, sur mon intervention. Le député,
dans la première partie de son exposé, a bien réduit
c'est vrai qu'il s'en fait ailleurs, je ne niais pas cela pour les fins
dans le cadre de la Régie des services publics.
Dans le cadre de la Régie des services publics, il va y avoir
d'autres productions, je suis d'accord avec cela. Lorsque le
député se refuse...
M. Guay: Selon l'article 96, il doit rectifier des choses.
M. Rivest: Oui, oui. Le député a dit que j'avais
dit.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau...
M. Rivest: En présentant ça de cette façon,
ça va aller! Le député de Taschereau a dit que j'avais
dit que... Ce n'est pas exact, ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce que j'ai
dit, c'est... Est-ce que cela va?
Le Président (M. Lacoste): Allez, M. le
député.
M. Guay: Qu'est-ce que j'ai dit que vous avez dit et qui n'est
pas exact?
M. Rivest: Un instant, c'est la formule générale!
Le député a dit... Je ne suis plus capable de relire mes
notes!
M. Guay: On peut suspendre l'article 96, M. le
Président!
M. Le Moignan: On peut suspendre et on pourrait peut-être
voter.
M. Rivest: Le député a dit que j'avais dit que le
fait qu'il existe ailleurs d'autres besoins dans le domaine de
l'éducation, par exemple, dans les domaines de l'hôtellerie, de
l'agriculture. Par exemple, pour les menuisiers de formation professionnelle,
c'est sûr que l'office...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, je vous écoute et je me souviens très bien de votre
exposé je l'ai écouté d'une façon attentive
mais je ne crois pas que vous ayez parlé, dans votre
exposé, d'hôtellerie.
M. Rivest: C'est lui qui en a parlé, je vous donne des
exemples.
Le Président (M. Lacoste): Je vous rappelle tout
simplement l'article 96 du règlement.
M. Rivest: Ce sera très court. La seule chose que je veux
dire est que ce que j'ai voulu souligner par mon intervention, c'est qu'il n'y
avait absolument aucun inconvénient à ce qu'on fasse obligation
à la Régie des services publics de respecter les priorités
du ministère de l'Education dans la reconnaissance d'une programmation
éducative. Le député a dit que j'avais dit que le fait de
décider d'une programmation éducative... Je vais le dire, M. le
Président, et après je vais violer le règlement, mais
ça ne fait rien! Vous me mêlez, avec votre règlement.
Que la régie décide d'une programmation éducative,
c'est sa mission première. Je ne conteste pas cela; c'est l'objet du
projet de loi et je suis bien d'accord. Elle pourra décréter
n'importe quoi comme programmation éducative. Ce que j'ajoute comme
élément, c'est une contrainte à la régie de ne pas
décider, de ne pas permettre la diffusion d'une programmation
éducative qui serait incompatible avec des priorités
établies par le ministère de l'Education. C'est mon
idée.
M. Guay: Le député de Jean-Talon démontre
bien que mon argumentation était fondée. Les exemples que j'ai
donnés concernant l'hôtellerie, l'agriculture, les
handicapés et les commissions de formation professionnelle...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Rivest: M. le Président, en vertu de l'article 96.
M. Guay: Je n'avais pas pris mes 20 minutes et puisque vous avez
permis une argumentation additionnelle, si vous me le permettez, sommairement,
j'aimerais ajouter ceci.
Le Président (M. Lacoste): Pour compléter vos 20
minutes.
M. Guay: Le député de Jean-Talon est en train de
démontrer précisément le bien-fondé de ce que je
dis. Le but de son amendement est de faire en sorte que le ministre de
l'Education aura, en quelque sorte, un droit de veto. Je dis qu'il est abusif
de donner au ministre de l'Education un droit de veto dans des domaines qui ne
sont pas de son ressort même s'ils sont à caractère
éducatif. Comme je l'ai dit, il se peut et il est même tout
à fait normal que le ministère de l'Education n'ait pas comme
priorités la formation hôtelière, la formation
professionnelle, le sort des handicapés et l'agriculture; ce n'est pas
de son ressort. Mais de là à dire que, parce que ce n'est pas
dans ses priorités, par le fait même la régie ne peut pas
décréter cela éducatif, je trouve qu'on va beaucoup trop
loin. Je trouve qu'on donne des pouvoirs au ministre de l'Education qu'il n'a
jamais eus.
M. Rivest: En vertu de l'article 96.
Le Président (M. Lacoste): Votre temps est maintenant
écoulé.
M. Guay: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, en vertu de l'article 96.
M. Rivest: En vertu de l'article 96, parlant des
handicapés et des milieux défavorisés dont j'ai
parlé. Pour les handicapés, pour les milieux
défavorisés, c'est le ministère de l'Education qui fait
les programmes, n'est-ce pas?
M. Guay: II y a un office qui vient d'être
créé.
M. Rivest: Oui mais, qui fait les programmes? C'est le
ministère de l'Education. N'importe quelle profession, que ce soit le
Barreau ou une autre, c'est l'Office des professions qui l'administre. Pour les
mécaniciens et autres, c'est l'Office de la construction. Pour les
handicapés et les milieux défavorisés, ce que j'ai voulu
dire, c'est que c'est le ministère de l'Education qui fait les
programmes. Donc, il va demander à tout le monde...
M. Guay: Jusqu'à maintenant.
M. Rivest: ... au sein du ministère de l'Education de
travailler là-dessus...
M. Guay: Plus nécessairement.
M. Rivest: ... et si ce monde-là ce que j'ai voulu
dire par mon intervention une fois que tout aura été fait
à l'intérieur du ministère de l'Education et que des
négociations et des propositions auront été faites avec
des diffuseurs, leur demande de faire une programmation dans cet ordre et que
d'autres viennent contester le point de vue du ministère de l'Education
de la Régie des services publics, je dis qu'on l'enlève. Je ne
fais pas de catastrophe et je ne veux pas dire que le ministre de l'Education
va devenir inutile. Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'on enlève le
député a très bien restreint la vocation éducation
du projet de loi 4 qui est très restreinte un
élément de prérogative au ministre de l'Education et c'est
tout ce que je veux dire. Je veux qu'on respecte ça et ce n'est pas dans
le sens contraire, catastrophique, non plus.
M. Guay: M. le Président, est-ce que vous me permettriez
une question?
Le Président (M. Lacoste): Certainement.
M. Guay: Ici c'est ma question le ministère
de l'Education, à la suite de la création de l'Office des
handicapés, constatait existant maintenant un office des
handicapés qui a comme fonction spécialisée dans le
domaine qu'il n'a plus à s'occuper de ça, puisque l'office
s'en occupe et que le fait qu'il ne s'en occupe plus, puisqu'il y a un office
maintenant qui l'a pris en charge, fait que par le fait même ce n'est
plus dans ses priorités à titre de ministère de
l'Education. Est-ce que pour autant une émission à
caractère éducatif ou scolaire pour les handicapés,
sollicitée par l'Office des handicapés devant la Régie des
services publics devrait être interdite, parce que le ministère de
l'Education dirait tout simplement: Je n'ai rien contre, mais ce n'est pas dans
mes priorités et le fait que ce n'est pas dans mes priorités
selon votre amendement, fait que la régie ne veut pas dire que c'est
éducatif?
M. Rivest: Je vais répondre simplement à la
question des handicapés. L'Office des handicapés n'a pas de
responsabilités sur l'éducation ou la formation. Il s'occupe de
la promotion sociale ou de l'insertion sociale des handicapés. Le
ministère de l'Education n'a pas abdiqué ses
responsabilités en matière d'enseignement à l'endroit des
handicapés, voyons!
M. Guay: Ce n'est pas ma question. Prenez comme
hypothèse...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau...
M. Guay: Est-ce que je peux préciser ma question?
Le Président (M. Lacoste): Un instant, M. le
député de Taschereau, je dois rappeler que le temps du
député de Jean-Talon est terminé...
M. Guay: Je le sais...
Le Président (M. Lacoste): ... et votre temps aussi.
M. Guay: ... mais c'est parce qu'il a mal saisi ma question, M.
le Président. Est-ce que je peux la lui préciser?
Le Président (M. Lacoste): A moins qu'il y ait un
consentement.
M. Guay: Est-ce qu'on peut, seulement 30 secondes...
M. Rivest: Seulement finir ça?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Rivest: Consentement.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement. Allez, M.
le député de Taschereau.
M. Guay: A supposer que le député ait raison en ce
qui a trait aux responsabilités actuelles de l'office et du
ministère, si dans l'avenir on modifiait la loi de l'office dans
une pure hypothèse, mais qui est plausible et si on confiait
à l'office le soin de l'éducation des handicapés, on
l'enlevait par le fait même au ministère de l'éducation,
ça ne deviendrait plus une priorité du ministère de
l'Education parce que, par le fait même, n'étant pas une
priorité du ministère de l'Education, la régie devrait
interdire de déclarer programmation éducative une émission
de l'Office des handicapés, une émission à
caractère scolaire destinée aux handicapés.
M. Rivest: Si on retirait la responsabilité en
matière d'éducation au ministère de l'Education en ce qui
concerne les handicapés, le ministère de l'Education ne pourrait
plus faire de l'éducation des handicapés une de ses
priorités dans la mesure où il n'y aurait plus de pouvoir,
donc...
M. Guay: On ne pourrait pas...
M. Rivest: ... ça ne serait pas une priorité du
ministère de l'Education, auquel se référait mon
amendement.
M. Guay: Et le fait que ça n'en soit pas une, on ne
pourrait pas décréter la programmation éducative.
M. Rivest: Bien, oui, on pourrait; le ministère de
l'Education n'a rien à dire.
M. Guay: Bien non. Monsieur, ce n'est pas ma priorité.
M. Rivest: Ce sont les priorités du ministère de
l'Education dont parle mon amendement. Cela en ferait plus.
M. Guay: Justement... mais si ce n'est pas dedans!
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Jean-Talon et M. le député de Taschereau.
Est-ce que l'amendement proposé par le député de
Jean-Talon... M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Quand on lit très attentivement
je n'ai pas de formation juridique le paragraphe a), où on dit:
"favoriser l'exercice du droit des citoyens à l'éducation", il me
semble tout à fait évident, même si ce n'est pas un devoir
exclusif que c'est là la raison même de l'existence du
ministère de l'Education, c'est en somme le ministère de
l'Education qui est responsable de prodiguer aux citoyens ce droit à
l'éducation dans la très grande majorité des cas. Si on
continue, on dit: "Notamment en présentant des émissions
répondant à des besoins spécifiques de la population."
Alors, quel est le ministère ou quel est l'organisme, si vous voulez, le
plus apte et le plus compétent qui peut déterminer les besoins
spécifiques de la population en ce qui regarde l'éducation? Il me
semble qu'encore là, c'est le ministère de l'Education. Tout ceci
"conduisant éventuellement à l'obtention de diplômes". (11
h 15)
Si je ne m'abuse, M. le Président, les diplômes reconnus au
Québec sont en très grande majorité des diplômes
d'institutions qui oeuvrent sous la juridiction du ministère de
l'Education. En continuant, on dit: "... répondant à des besoins
d'éducation permanente." L'éducation permanente, si je ne
m'abuse, est la responsabilité du ministère de l'Education qui
oeuvre déjà dans le domaine de l'éducation permanente
depuis déjà plusieurs années. Il me semble évident
qu'à sa face même le paragraphe a) définit les besoins des
champs d'activité et des devoirs qui ont toujours appartenu, non pas
exclusivement, mais qui ont toujours, grosso modo, appartenu et qui ont
toujours été l'obligation et la responsabilité du
ministère de l'Education.
En ajoutant cet amendement, on confirme ce qui est une question de fait
à l'heure actuelle. Sans amendement, il me semble évident
qu'après avoir établi ses priorités, le ministère
de l'Education devra prouver à qui de droit, soit à la
régie ou à Radio-Québec si on veut passer par là,
il devra prouver à ces messieurs que cette priorité et ces
besoins de l'éducation permanente sont des priorités
réelles et il devra en faire la démonstration. Cela me semble un
peu aberrant. Je me demande bien qui au niveau de la Régie des services
publics ou des diffuseurs est le plus en moyen ou a le plus de
compétence pour déterminer quels sont ces besoins en
éducation permanente ou quels sont les besoins spécifiques de la
population au point de vue éducatif.
Ceci dit, M. le Président, lorsqu'on ajoute: "le tout
conformément aux besoins prioritaires préalablement
établis par le ministre de l'Education", je crois que l'on remet tout
simplement les choses à leur place et qu'on remet au ministère de
l'Education ce qui a toujours été ses responsabilités. Si
on ajoute cet amendement, cela peut-il être interprété
comme le dit le député de Taschereau de telle sorte
que cet amendement pourrait faire comme le démontraient des exemples
bien spécifiques, par exemple, à l'hôtellerie où le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche aurait la
priorité au point de vue éducation en ce qui concerne la
main-d'oeuvre au niveau de l'hôtellerie au Québec, est-ce que ce
ministère ne pourrait pas mettre en action son programme scolaire? Pas
du tout, parce qu'il faut tout de même admettre que s'il y a les
paragraphes b) et c) dans la définition de ce que doit être une
programmation éducative, les paragraphes b) et c) sont tellement larges
que le ministère du Tourisme, de la Chasse et le la Pêche peut
prouver à la régie, par les paragraphes b) et c), qu'il a un
droit et qu'il a une nécessité de donner ses cours, de les
modifier et de faire la même chose au niveau de Radio-Québec.
On dit même, pour bien expliciter ce que je veux dire, M. le
Président, au paragraphe c): "... favoriser l'exercice du droit des
citoyens à la liberté d'expression et de l'information". Le droit
à l'information, c'est vaste. Cela comprend presque tout. Alors, ce
n'est pas en acceptant cet amendement..., l'autorité ou la
priorité du ministère de l'Education ne devient absolument pas
exclusive parce que cela n'empêche pas de conserver comme tels les
paragraphes b) et c) qui resteront légaux. Je ne vois pas comment on
peut soutenir qu'en ajoutant cet amendement on donne des responsabilités
tout à fait exclusives au ministère de l'Education. D'ailleurs,
cela restera le statu quo dans les faits.
Tout le monde peut donner des cours, tout le monde peut décerner
des diplômes, même si ceux-ci ne sont pas acceptés par le
ministère de l'Education, ces diplômes auront une
crédibilité ou n'en auront pas, selon la valeur de l'enseignement
qui aura été donné, mais il n'y a rien d'exclusif
là-dedans, à mon avis, M. le Président. Je crois que
ça donnerait, au ministère de l'Education, une liberté
d'action qui serait bienvenue et qui serait dans l'intérêt de
toute la population.
Il n'y aurait aucun danger, de cette façon, de créer un
réseau d'éducation parallèle, c'est un réseau
d'éducation basé sur des techniques modernes, basé sur des
techniques nouvelles, qui prendront de plus en plus d'importance dans notre
système d'éducation et qui resteront la responsabilité du
ministère de l'Education. Je vous remercie, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux simplement ajouter quelques mots pour
appuyer la motion de mon collègue de Jean-Talon.
Je n'ai malheureusement entendu qu'une partie de l'intervention du
député de Taschereau, mais il semble en ressortir du
moins, de ce que j'ai entendu que le gouvernement ne s'apprête pas
à accepter cette motion.
Je voudrais quand même faire valoir, auprès du ministre,
que l'Opposition a fait cette motion, non pas dans le but de retarder la
discussion du projet de loi, mais bien dans un esprit constructif. C'est dans
cet esprit que je voudrais que le ministre reçoive cette motion et la
juge à son mérite.
Il est exact que, si on parle de programmation éducative,
je pense que, de part et d'autre, hier, on a reconnu que le paragraphe a)
toucherait particulièrement tout le domaine de l'éducation
peut-être un peu plus formelle, mais dans son sens un peu plus strict que
ne le prévoient les paragraphes b) et c) c'est simplement une
balise, une précaution que le député de Jean-Talon veut
ajouter et qui, je pense, ne vient d'aucune façon enlever des droits
à la Régie des services publics ou enlever des droits à
qui que ce soit. Je pense que, quel que soit le gouvernement ceci,
l'Opposition officielle le reconnaît fort volontiers le domaine de
l'éducation relève d'abord de la responsabilité du
ministre de l'Education et, en lui reconnaissant, dans le projet de loi, un
rôle en ce qui touche cet aspect particulier de la programmation
éducative au paragraphe a) je ne pense pas qu'on fausse le
projet de loi ou qu'on vienne enlever quoi que ce soit à quiconque. Au
contraire, je pense que ça clarifie les choses et que ça
prévient le développement de conflits inutiles, dans un domaine
qui, on le sait, fait souvent l'objet de contestations.
Le député de Jean-Talon faisait allusion aux
priorités que, chaque année, le ministère de l'Education
établit; cette année, on sait que c'est dans le domaine de
l'intégration de l'enfance exceptionnelle aux classes
régulières, avec un accent mis particulièrement sur les
enfants d'âge préscolaire et sur les adultes ou les jeunes adultes
handicapés.
A ce moment, si le ministre de l'Education jugeait que des efforts
devraient peut-être être faits du côté des moyens de
communications pour favoriser ce domaine, il faudrait quand même que sa
décision ou l'influence qu'il voudrait exercer ne soit contestée
d'aucune façon. Je vois très bien, par exemple, qu'une autre
année les objectifs du ministère de l'Education pourraient porter
sur l'enseignement professionnel ou sur l'information, l'orientation scolaire
ou l'orientation professionnelle parce que c'est un des problèmes qu'on
a notés comme étant extrêmement importants dans
l'état actuel de l'emploi et de la situation économique, etc., et
qui deviennent de plus en plus importants compte tenu de la scolarisation de
plus en plus grande des jeunes et de la nécessité de les orienter
pour répondre aux besoins de la société
québécoise.
Enfin, on pourrait énumérer une foule de priorités,
mais que d'une année à l'autre le ministère de l'Education
veuille que l'accent soit mis ou que la télévision ou que la
programmation éducative soit utilisée dans le sens du
développement et du soutien des objectifs qu'il met de l'avant, cela me
semble tout à fait naturel.
La seule raison, et là le ministre pourra nous dire que nous lui
imputons des intentions, mais je comprendrais mal le refus du ministre
d'inclure cet amendement sinon qu'on a énormément de
réticence à vouloir quand même reconnaître que de
toute façon la part importante de cette programmation éducative
devra porter sur la formation, le développement des connaissances,
l'élargissement du champ de la perception, pour utiliser la
définition même que contient l'article 2. Je pense qu'hier le
ministre a d'ailleurs reconnu avec nous que, pour un certain temps en tout cas,
il serait peut-être fort utile que l'accent soit mis sur le paragraphe
a), et ce dernier, qu'on le veuille ou non, reste quand même au tout
départ du ressort du ministère de l'Education ou du ministre de
l'Education, qui en a la responsabilité. Je le répète, M.
le ministre, je pense que ceci ajouterait beaucoup de crédibilité
quant aux intentions réelles et véritables du gouvernement dans
tout ce domaine de la programmation éducative et je m'expliquerais mal
un refus de la part du ministre d'accéder ou d'accepter cet amendement
quitte à ce qu'il le modifie quelque peu s'il peut trouver une
formulation plus heureuse que celle qui lui est soumise
présentement.
C'est tout ce que je veux dire sur le sujet, M. le Président, et
encore une fois, je réitère ma requête, à savoir que
le ministre reçoive cet amendement de la façon la plus ouverte
possible. Elle est faite dans un but constructif qui, je pense, n'enlève
rien à personne, mais situe quand même d'une façon plus
claire, d'abord, l'importance qu'on veut donner à la programmation
éducative dans son sens peut-être plus restreint, mais
également, la reconnaissance que l'on accorde au ministre de l'Education
ou à son ministère dans l'élaboration d'une programmation
éducative. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je vais d'abord faire passer
une impression que j'ai face à cette proposition, quand je la situe dans
l'ensemble du débat que nous avons eu dans la deuxième lecture.
J'ai un peu l'impression que l'Opposition officielle est fascinée par la
personne brillante de notre collègue, le ministre de l'Education.
M. Rivest: C'est la comparaison qui m'a fasciné. (11 h
30)
M. O'Neill: Je sais qu'il a un esprit très clair, qu'il
est un homme supérieur et j'avoue, en toute humilité, que
j'aimerais bien posséder la moitié des qualités qu'il a.
C'est une sorte de doctor angelicus de l'éducation, je pense, qui
apparaît à leurs yeux.
Mme Lavoie-Roux: On ne pensait pas à ce ministre en
particulier, on pensait à tout ministre de l'Education.
M. Rivest: M. le ministre, c'est parce qu'il a été
mon professeur!
M. O'Neill: Je dirais, un peu comme si le ministre de l'Education
était à peu près la seule personne instruite, dans ce
pays, à pouvoir parler d'éducation.
M. Rivest: C'est le plus vertueux des ministres!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît!
M. O'Neill: C'est sans doute dû à cette obsession
que, depuis le début, on essaie en somme de transformer
légèrement le projet de loi no 4 en une sorte de projet de loi du
ministère de l'Education.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, j'ai le sentiment que cet
amendement va tellement contre l'esprit même de l'ensemble de la loi et
de ses objectifs que, si, théoriquement, on recevait ces amendements, je
suis moralement certain que, surtout à l'endroit où est inscrit
3a, de descriptions d'objectifs généraux de programmation
éducative, je ne serais aucunement surpris qu'un comité de
législation le trouve non recevable à ce point de vue. C'est une
impression que je vous donne et je pense qu'elle serait passablement
fondée.
Je crois donc que, premièrement, l'amendement va contre l'esprit
même du texte dont il est question, que cet article 3a, qui est dans la
définition générale, c'est-à-dire comment on
définit une programmation éducative en général,
c'est ce qui est inscrit là. Le problème de principe, autrement
dit c'est le problème qui est envisagé là le
problème des situations concrètes, ça, c'est un
deuxième problème. A quel moment y a-t-il une priorité? De
quoi devrait-on s'occuper? Ce sont des questions concrètes qu'un
ministère a à régler et, là-dessus, le
ministère de l'Education en règle et le ministère de
l'Agriculture en règle, de son côté, dans le secteur de
l'agriculture; c'est comme ça que les choses se font. Il y a donc une
différence entre des définitions générales, des
objectifs généraux et des situations concrètes dont il
faut s'occuper. Une loi, par nature, n'est pas faite pour des situations
particulières, elle est faite pour des situations
générales, c'est ça la nature même d'une loi.
Deuxièmement, il y a une chose qui s'appelle l'esprit de toute
cette loi qui est de considérer l'ensemble de la radio et de la
télévision comme un secteur spécifique, distinct du
secteur, même dans sa partie éducative, distinct de ce qu'on
appelle l'appareil éducatif conventionnel. On trouvera des pays
où c'est très près l'un de l'autre en très grande
partie, parce que je pense aux pays en voie de développement
où les besoins sont tellement fantastiques et immédiats dans le
domaine de l'alphabétisation le peu qu'on possède en
télévision, quand on a, par exemple, un poste de
télévision et 5000 appareils dans le pays, qu'on le consacre
d'abord à l'alphabétisation et, à ce moment, la
différenciation est moins marquée que dans un pays
développé. Or, ici, nous sommes dans un pays
développé et il suffit de regarder comment...
Mme Lavoie-Roux: Ils ont dit qu'il n'était pas
développé à cause du fédéral.
M. Rivest: Oui, le fédéralisme n'a pas
exploité le Québec, il a développé le
Québec.
M. O'Neill: On peut se développer en dépit du
fédéral; oui, il y a un moyen de faire un certain nombre de
choses. C'est pour ça que nous pourrons, à partir de ce qui a
été fait, aller plus loin.
M. Rivest: C'est le gouvernement précédent qui a
développé le Québec?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est sûrement pas le gouvernement
actuel!
M. O'Neill: Finalement, l'esprit de l'amendement proposé
conscient ou inconscient, je ne parle pas de ça c'est
évidemment de revenir à un objectif qui a préoccupé
beaucoup l'Opposition; c'est, plus ou moins directement, ramener toute la
radio-télévision éducative au niveau d'une sorte d'annexe
du ministère de l'Education.
J'aimerais ajouter quelque chose concernant ce fameux concept de
l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Qu'y aurait-il de si mauvais à
ça?
M. Rivest: Oui, ça serait une bonne idée.
M. O'Neill: C'est qu'on peut avoir un concept analogue de
l'éducation et on peut avoir un concept univoque et globalisé.
C'est-à-dire que l'éducation, c'est beaucoup de choses; ce n'est
pas seulement l'école, on le sait. C'est un ministre, c'est un appareil
d'Etat, ce sont divers appareils d'Etat, comme l'Agriculture, les Affaires
sociales qui s'en occupent; ce sont les parents, ce sont des commissaires
d'école, ce sont les enseignants et la CEQ. On semblait, tout à
l'heure, considérer comme scandaleux qu'à un moment donné
la CEQ vienne devant la Régie des services publics à
côté du ministre de l'Education. C'est une chose tout à
fait normale.
M. Rivest: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
dit.
M. O'Neill: Les media en général, les media
communautaires, les universités...
M. Rivest: Là, vous voulez la guerre! Vous allez
l'avoir.
M. O'Neill:... etc. Autrement dit: II peut y avoir beaucoup de
monde qui, étant dans des situations concrètes en
démographie, peuvent intervenir et dire: D'après nous, à
tel moment, s'il s'agit de discuter de priorités, ce dont il n'est pas
question ici, on devrait accorder telle ou telle priorité.
J'ajoute une chose, M. le Président, la Régie des services
publics ne se prononcera pas non plus sur les priorités. Elle va
décrire des programmations éducatives, elle va dire si c'est
éducatif ou non. C'est ce que j'appelle, n'est-ce pas, une norme
générale.
On peut faire après cela un débat sur les
priorités, sur lesquelles priorités beaucoup de monde peut avoir
des avis, le ministère de l'Education et d'autres ministères, et
les avis d'autres personnes et les avis d'autres groupes peuvent être,
démocratiquement parlant, dans leur nature même également
aussi valables dans certains cas que ceux du ministère de l'Education.
D'ailleurs, tout le monde sait que, dans une société, si on veut
savoir simplement comment les choses se passent, souvent les meilleures
réformes en éducation ne sont pas commencées dans les
appareils officiels d'Etat. Elles sont venues d'ailleurs, et finalement on les
a intégrées. Dieu sait que si on avait attendu dans certains cas
que l'appareil bouge avant de découvrir une priorité et
d'admettre une priorité, on aurait attendu longtemps. C'est l'ordre des
choses, cela arrive très peu souvent; dans bien des cas, souvent c'est
sous forme de pressions et de prises de conscience qu'à un moment
donné les appareils officiels finissent par tout à coup admettre
quelque chose comme une priorité.
M. Rivest: Vote.
M. O'Neill: Donc, fondamentalement, M. le Président...
Est-ce que j'ai terminé mon temps, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Vous n'avez pas terminé
votre temps.
M. O'Neill: J'ai l'intention, M. le Président, de
l'utiliser. J'essaie de clarifier certaines choses. Ce n'est pas complet, mais
je veux clarifier certaines choses. Donc, M. le Président...
M. Rivest: Vote, M. le Président, on retarde.
M. O'Neill: ... les ambiguïtés qui existent depuis le
début... je n'ai pas l'ambition, là-dessus de modifier...
M. Rivest: Obstruction.
M. O'Neill: ... M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, je m'excuse. M.
le député de Jean-Talon, je vous rappelle l'article 100 de notre
règlement.
M. Rivest: Vous devriez me l'écrire, M. le
Président. Je l'oublie tout le temps, celui-là.
Une Voix: Vous avez raison, M. le Président, mettez-le
à l'ordre.
M. Rivest: Je m'excuse auprès du ministre.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. O'Neill: M. le Président, donc, dans cet amendement
vous avez toute une série de conceptions tout à fait univoques et
globalisantes de ce qu'est l'éducation, une conception
déphasée qui ne correspond pas à la réalité
et qui, d'ailleurs, si jamais elle était acceptée comme telle,
serait un facteur tout simplement de régression au plan social.
J'ajoute également ceci, M. le Président, c'est que
déjà les moyens sont prévus dans la loi, je le
répète, pour que le ministre de l'Education puisse faire
connaître son point de vue. Encore une fois, comme il vit dans une
société scolarisée, il a affaire à des organismes
avec gens compétents qui également savent lire, discuter et
penser; il pourra s'entretenir avec eux comme tout le monde. Il pourra aller
devant la régie comme nous pouvons nous-mêmes aller devant la
régie. Si on voulait mettre ici cet amendement quand même, je suis
convaincu qu'on ajouterait ici, qu'on alourdirait toute la procédure et
c'est étonnant à ce point de vue que la proposition vienne d'un
parti qui s'inquète toujours, n'est-ce pas, de la bureaucratisation.
On ajouterait une mécanique de plus qui ne donnerait absolument
rien et qui ne viendrait tout simplement que compliquer les choses.
M. Rivest: Vote, M. le Président.
M. O'Neill: Un autre point qui est important, il y aurait
là sûrement un facteur qui pourrait contribuer à maintenir
une ambiguïté, de la confusion quant au rôle
réciproque en programmation éducative qui doivent avoir, d'une
part, le ministre de l'Education, d'autre part, le ministère des
Communications responsable de la loi et ensuite la Régie des services
publics qui est évidemment l'organisme majeur chargé de
déterminer ce qu'est une radio et télévision
éducative, de déterminer les normes de son fonctionnement. Alors,
à ce point de vue, M. le Président, ce serait encore une fois
aller contre, on peut dire, l'économie générale de la loi,
compliquer inutilement les choses. Je pense que cet amendement n'apporte rien
du tout et qu'il s'inspire d'une conception, encore une fois, univo-que,
globalisante et déphasée de l'éducation, et je propose
donc à cette commission, M. le Président, de rejeter cet
amendement.
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: C'est avec une certaine surprise que j'ai
écouté le ministre nous dire que notre amendement brouillait les
choses. Je crois
que si cet amendement était accepté, contrairement aux
déclarations du ministre, on saurait dans cette province qui a la
responsabilité de favoriser l'exercice du droit des citoyens à
l'éducation une fois pour toutes. On saurait qui a l'autorité, la
compétence et la responsabilité d'établir les besoins
spécifiques de la population relativement à l'éducation.
On saurait qui donne les diplômes et on pourrait admettre facilement que
ces diplômes sont crédibles et on pourrait savoir qui est
responsable de l'éducation permanente.
Ce serait définitivement et clairement établi que c'est le
ministre de l'Education et le ministère de l'Education. On saurait cela
dans la province de Québec une fois pour toutes tandis qu'avec la teneur
de la loi on ne sait plus qui est responsable de l'éducation. On immisce
dans ce champ d'activité la Régie des services publics qui n'a
aucune responsabilité et n'a jamais eu de responsabilité à
ce point de vue. On immisce Radio-Québec là-dedans. C'est cela,
la confusion. C'est cela, la lourdeur administrative d'un gouvernement. C'est
exactement cela, M. le Président, le cloisonnement des divers
ministères. C'est cela les différents ministres qui veulent
garder leur pouvoir, leur prestige, leur autorité. C'est cela, la
confusion, tandis que cet amendement ne fait que clarifier une fois pour toutes
la situation.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il ne fait
plus de doute qu'on connaît maintenant les intentions réelles du
gouvernement avec ce projet de loi. Quand j'entends le ministre des
Communications dire que c'est une conception déphasée de
reconnaître une responsabilité particulière au
ministère de...
M. O'Neill: J'ai dit globale.
Mme Lavoie-Roux: II reste les paragraphes b) et c), M. le
Président. De toute façon, voulez-vous lui rappeler l'article
100, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, je vous
rappelle...
M. O'Neill: Qu'à me cite comme il faut tant qu'à me
citer!
Le Président (M. Lacoste):... l'article 100. M. Rivest:
Qu'à me... Quelle langue françaisel M. O'Neill: Tant
qu'à me citer. M. Rivest: Qu'à me cite.
M. O'Neill: Qu'elle me cite comme il faut tant qu'à me
citer. Cela va?
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, vous avez le droit de parole.
M. Guay: J'ai entendu le député de Jean-Talon
parler de familiarité avec le député de L'Acadie, il
serait mieux de vérifier cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau!
M. Rivest: Non. Jamais, M. le Président. Jamais.
M. Guay: Ne parlez pas "familière avec". C'est un
anglicisme, je m'excuse.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon! Mme le député de L'Acadie, à vous la
parole.
Mme Lavoie-Roux: II s'agit, M. le Président je
tiens à le rappeler du paragraphe a) "... favoriser l'exercice du
droit des citoyens à l'éducation, notamment en présentant
des émissions répondant à des besoins spécifiques
de la population, conduisant éventuellement à l'obtention de
diplômes ou répondant à des besoins d'éducation
permanente". Je ne sache pas que l'amendement du député de
Jean-Talon confère un pouvoir exclusif au ministre de l'Education. Tout
ce qu'il dit, c'est que, quand on fait de la programmation éducative
dans le sens où l'entend le paragraphe a), on respecte des besoins
prioritaires qui auraient été établis par le
ministère de l'Education. Que dans le domaine de l'éducation
permanente, on s'associe d'autres ressources, aucune espèce d'objection,
mais de dire que c'est déphaser de penser que c'est encore le
ministère de l'Education qui doit être le numéro un dans le
domaine de l'éducation permanente comme dans le domaine de
l'éducation en général, l'éducation permanente, M.
le Président, au cas où le ministre des Communications ne le
saurait pas est un processus continu qui part de l'élémentaire et
qui se continue jusqu'à l'âge adulte. Je pense que cela
relève encore du ministère de l'Education ou au moins il a un
rôle extrêmement important à y jouer.
Comme je le fais remarquer, c'est simplement que ne soient pas mis de
côté d'une façon arbitraire et non justifiée des
besoins prioritaires en éducation que normalement le ministère de
l'Education est le plus qualifié pour déterminer, compte tenu de
ses ressources, compte tenu de ses contacts avec tous les
éléments de la société dans le domaine de
l'éducation. Mais ce que je veux dire, M. le Président, c'est que
quand je vois le ministre des Communications sur la défensive quant
à cet amendement, il est fort clair que la programmation
éducative servira peu et très peu à l'éducation.
Elle servira très peu à répondre aux besoins réels
en éducation et on se cache derrière le terme programmation
éducative pour faire ce qu'on voudra bien faire au point de vue
propagande éventuelle. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Seulement un petit mot, M. le Président, pour
dire que nous ne sommes pas sur la défensive. Nous sommes opposés
à tout genre d'amendement qui viserait à saboter l'esprit et les
objectifs du projet de loi. C'est tout.
Mme La voie-Roux: Saboter la loi avec cet amendement-là?
Coudon! Quand même, ne charriez pas!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, en vertu de l'article 96.
M. Rivest: Je pense que nulle part dans les propos que j'ai tenus
et que mes collègues ont tenus de ce côté-ci, il n'a
été question...
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau sur une question de règlement.
M. Guay: L'article 96 doit être soulevé
immédiatement après la fin des paroles prononcées par le
ministre.
M. Rivest: II vient juste de parler. C'est à son sujet.
(11 h 45)
M. Guay: Non, il n'a pas parlé de vous. Les paroles vous
mettant en cause, alors le député de Jacques-Cartier et le
député de L'Acadie ont parlé tout ce temps et le
député de Jean-Talon enfreint le règlement.
M. Rivest: Vous pensez qu'il a raison?
Mme Lavoie-Roux: En vertu de quel règlement voulez-vous
parler?
Le Président (M. Lacoste): Je dois rappeler l'article
96.
Une Voix: ... l'article 96.
Mme Lavoie-Roux: C'est celui qui nous fait faire le salut?
Le Président (M. Lacoste): Les explications doivent
être brèves et ne doivent apporter aucun élément
nouveau dans la discussion. Elles ne peuvent engendrer un débat.
M. Rivest: M. le Président, je pense que je...
Le Président (M. Lacoste): Le député qui
prend la parole je vais le donner au complet pour bien faire comprendre
l'article 96 de notre règlement pour donner des explications sur
le discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé, à moins que
celui qui le prononçait ne consente à être interrompu.
M. Rivest: C'est exactement ça, M. le Président, je
suis correct jusqu'ici.
M. Guay: Pas vingt minutes après.
Le Président (M. Lacoste): Immédiatement. M. le
député de Jean-Talon, en vertu de l'article 96 de notre
règlement...
M. Rivest: M. le Président, je me ravise; je n'aurai que
la protestation du silence.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion
d'amendement du député de Jean-Talon qui se lit comme suit: "Que
le paragraphe a) de l'article 3 soit modifié en ajoutant à la
cinquième ligne après le mot "permanente", les mots, "le tout,
conformément aux besoins prioritaires préalablement
définis par le ministère de l'Education"... Est-ce que la motion
d'amendement du député de Jean-Talon est adoptée?
M. Rivest: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Appel nominal. M.
Beauséjour (Iberville).
Mme Lavoie-Roux: Absent.
M. Guay: II est contre quand même.
Une Voix: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Bertrand (Vanier).
M. Guay: Absent. Une Voix: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Bisaillon
(Sainte-Marie).
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Lacoste): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Laberge (Jeanne-Mance); M.
Le Moignan (Gaspé).
M. Le Moignan: ...
Le Président (M. Lacoste): M. Michaud (Laprairie).
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. O'Neill (Chauveau).
M. O'Neill: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): La motion est donc
rejetée quatre contre, trois pour.
M. Rivest: Si le ministre de l'Education avait été
ici, ça aurait été quatre, quatre.
Le Président (M. Lacoste): Nous revenons maintenant
à l'article 3, sous-paragraphe a).
M. Rivest: M. le Président, qu'est-ce que je fais...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: A a), il n'y a plus de...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: J'allais dire justement, comme l'amendement
proposé a été rejeté, conformément aux
articles 82 et 83 de notre règlement, maintenant j'appellerais le vote
sur le paragraphe a).
M. Rivest: Qu'est-ce que c'est, votre affaire?
Le Président (M. Lacoste): ... en vertu de notre
règlement, question préalable...
M. Laberge: Je demande le vote qu'on avait demandé tout
à l'heure, mais sur la question préalable, autrement dit, que je
ne pouvais poser, alors qu'il y avait un amendement. Mais l'amendement a
été rejeté maintenant. On peut voter sur la motion
principale et je demande le vote.
Le Président (M. Lacoste): ... est-ce que je peux poser
une question préalable? Est-ce que...
Une Voix: Un instant...
Le Président (M. Lacoste): L'article 82 de notre
règlement qui se lit comme suit: La question préalable a pour
objet d'obtenir un vote direct sur une motion principale en
délibération. Le paragraphe a). J'appelle donc le paragraphe a).
Est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Rivest: II paraît que oui.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe a),
adopté. Le paragraphe b).
M. Rivest: M. le Président, avant qu'on ne passe au
paragraphe b), je voudrais faire la motion suivante: Que l'article 3 soit
modifié, en ajoutant "après le paragraphe a) que nous venons
d'adop- ter, le paragraphe suivant: a)1. Enfin, on le renumérotera si
jamais il trouve... en ajoutant les mots suivants: a)1. "promouvoir
l'accès des citoyens au bien-être économique et social,
notamment en présentant des émissions répondant aux
besoins d'éducation et d'information économique et sociale de
certaines catégories de citoyens et, en particulier, de ceux qui sont
les plus défavorisés."
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité.
M. Bertrand: Je n'ai rien à dire, c'est tout à fait
recevable.
Le Président (M. Lacoste): La présidence accepte la
recevabilité de cet amendement.
M. Rivest: Maintenant que nous avons disposé du paragraphe
a) et que le ministre des Communications a finalement gagné sa bataille
contre le ministre de l'Education...
Mme Lavoie-Roux: Pas pour longtemps.
M. Rivest:... l'excluant, à toutes fins utiles, du domaine
de la programmation éducative, dans un geste, M. le Président,
qui surprendra ceux-là qui ont intérêt et qui ont à
coeur à ce que les programmes d'éducation soient les mieux
adaptés aux besoins de la population; je voudrais ainsi que je
l'ai indiqué, lors du débat en deuxième lecture, dans la
mesure où il a été convenu qu'il y avait lieu
d'étendre la notion de programmation éducative à des
domaines autres que le domaine scolaire par cet amendement, marquer un
élément qui m'apparaît extrêmement important dans le
domaine de la programmation éducative, mais qui n'est nullement
souligné et qui n'a pas semblé retenir l'attention du
gouvernement. Cet élément qui, à mon point de vue,
m'apparaît bien davantage prioritaire que les autres
éléments de l'article 3, cet élément, dis-je, c'est
la promotion de l'accès des citoyens au bien-être
économique et social.
M. le Président, c'est dommage que, dans la rédaction de
l'article 3e, qu'il n'y ait pas un ordre de priorités, dans le domaine
de la programmation éducative. S'il y avait eu une priorité, nous
aurions ainsi que nous l'avons indiqué antérieurement
certainement reconnu à la dimension scolaire ou à la
dimension d'éducation, au sens strict, la toute première vocation
de la programmation éducative, dans la mesure où c'est
certainement là que sont probablement les besoins les plus pressants et
dans la mesure, également, où c'est à partir des fonctions
strictement éducatives, des fonctions d'éducation de la
programmation éducative que se trouve à être fondée
l'affirmation de juridiction provinciale, sur le domaine de la programmation
éducative.
Le gouvernement a choisi comme d'ailleurs les gouvernements
antérieurs au Québec et d'autres gouvernements, sans doute, au
Canada d'étendre à d'autres domaines que
l'éducation,
au sens strict, le champ de la programmation éducative.
A cet égard, II est pour le moins surprenant en fait,
ça nous étonne de moins en moins qu'un gouvernement ayant,
soi-disant, un préjugé favorable aux travailleurs
préjugé dont on retrouve de moins en moins de trace, dans la
mesure où, dans le domaine des relations de travail, on voit
jusqu'à quel point les grèves se prolongent...
M. Bertrand: M. le Président, à l'ordre! Des
Voix: Ah!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, j'aimerais que vous rameniez quelque peu...
M. Rivest: Je parle de problèmes socio-économiques,
M. le Président.
Une Voix: 1332 jours...
M. Guay: 1661 cette année.
M. Bertrand: Quelle année, cela, 1976,
déjà?
M. Guay: L'année où ils étaient au pouvoir.
3204 en 1975...
M. Bertrand: Ah bon!
M. Guay: ... 2610 en 1974.
M. Bertrand: Ah bon!
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le
député de Taschereau!
M. Rivest: L'année 1979 n'est pas finie. Attendez que le
secteur public se mette en grève.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, vous avez la parole. M. le député de Taschereau!
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais poser une
question au député de Taschereau.
M. Rivest: Je ne le permets pas, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Non. M. le député
de Jean-Talon, c'est à vous la parole.
M. Rivest: Qu'est-ce qui arrive dans votre règlement quand
il se posent des questions comme cela et que c'est moi qui parle? Est-ce
à moi de dire si je permets les questions ou non?
Mme Lavoie-Roux: L'article 100, M. le Président.
M. Rivest: C'est très embêtant.
Le Président (M. Lacoste): L'article 100...
M. Rivest: II y a des failles dans ce règlement. Vous
devriez corriger cela.
Le Président (M. Lacoste): ... s'applique.
M. Rivest: M. le Président, autant nous aurions
aimé que la priorité première soit accordée
à des fonctions d'éducation, autant nous aurions aimé
retrouver chez ce gouvernement soi-disant social-démocrate la
manifestation d'un commencement de préoccupation ou
d'intérêt quelconque aux questions économiques et sociales
en particulier dans le domaine qui nous intéresse, en ce qui touche la
télévision éducative. Non, M. le Président.
M. Bertrand: On ne va pas le répéter dans chaque
projet de loi. C'est implicite partout.
M. Rivest: Ces gens-là n'ont que deux idées fixes
que l'on retrouve à l'article 3...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier, je dois vous rappeler l'article 100 de notre règlement. M. le
député de Jean-Talon.
M. Bertrand: Excusez-moi.
M. Rivest: Non, M. le Président. On ne retrouve à
l'article 3 que les deux obsessions de ce gouvernement: au paragraphe c),
"l'information" qu'il faut lire "propagande", au paragraphe b), "le patrimoine
culturel"...
M. Bertrand: Dites-le-moi sans rire.
M. Rivest: ... qu'il faut lire "visées
indépendantistes référendaires".
M. Bertrand: Redites-le-moi sans rire, s'il vous plaît.
M. Rivest: Questions économiques et sociales, se servir de
la programmation éducative pour favoriser la promotion économique
et sociale des Québécois, cela n'existe nulle part dans l'esprit
de ce gouvernement. Ce n'est pas là une préoccupation qu'ils
ont...
Mme Lavoie-Roux: II faut d'abord faire l'indépendance et
après cela...
M. Rivest: ... et on a simplement à voir la
réalité concrète au plan économique et social
présentement au Québec pour se rendre compte que c'est là
une, certainement une des raisons primordiales qui amènent ce
gouvernement dans la situation assez pénible dans laquelle il se trouve
au moment où nous nous parlons. Il y a, M. le Président, beaucoup
d'insatisfaction dans la population québécoise à l'endroit
de ce gouvernement et cette insatisfaction...
M. Bertrand: Avez-vous un sondage récent qui
démontre cela, vous?
M. Rivest: ... M. le Président, dans le domaine des
sondages...
Mme Lavoie-Roux: Le dernier sondage du PQ.
M. Rivest: Oui, mais ils ne sortent plus, les sondages du PQ. Les
petits copains ne transmettent plus cela maintenant.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre...
M. Bertrand: Non, non. CROP, Peacock, vos chums.
M. Rivest: Qui?
Le Président (M. Lacoste): ... M. le député
de Vanier! Je vous rappelle de nouveau le règlement à l'article
100.
M. Bertrand: ... moi, M. le Président. M. Rivest:
... M. le Président, nulle part.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Tout cela était tout près de mon temps.
Nulle part, M. le Président, on a trouvé dans l'article 3 auquel
le ministre des Communications attache la plus grande importance, selon ce
qu'il nous a dit il y a quelques instants, ne serait-ce que le commencement
d'un intérêt pour l'utilisation, le recours à la
programmation éducative afin d'assurer la promotion économique et
sociale des Québécois. Pourtant, M. le Président, comment
ne pourrions-nous pas songer, nous, au niveau de la commission parlementaire
puisque le gouvernement, lui, n'y a pas pensé dans sa négligence
chronique en ce qui concerne les questions économiques et sociales,
à tous ces avantages que pourraient apporter à la population
québécoise des institutions comme Radio-Québec, tout le
réseau de câblodistribution, etc. et tous les diffuseurs dans le
domaine de la programmation éducative pour, par exemple je donne
simplement des exemples permettre toujours dans le sens de la promotion
des conditions économiques et sociales des Québécois, par
exemple, pour faire en sorte qu'il y ait une programmation éducative,
des émissions d'ordre éducatif sur des questions de base aussi
élémentaires que les institutions économiques et sociales
de la société québécoise. (12 heures)
On sait que, traditionnellement, il y a eu des lacunes dans la diffusion
de l'information et de l'éducation, par exemple, en ce qui concerne les
entreprises. On connaît les difficultés des
Québécois, sur le plan de "l'entrepreneurship", leur
méconnaissance, souvent tragique dans certaines régions, du
fonctionnement d'une entreprise. Comment une programmation éducative
pourrait-elle ignorer cette dimension très importante de
l'activité d'une société, le rôle d'une entreprise
dans une société? De la même manière, les syndicats
jouent un rôle très important dans notre société.
Bien sûr, les travailleurs syndiqués connaissent les
mécanismes syndicaux, mais l'ensemble de la population aurait
certainement intérêt à avoir des émissions d'ordre
éducatif pour les familiariser avec le fonctionnement et le rôle
économique et social du syndicalisme au Québec.
Il y a là, M. le Président, des champs d'application d'une
programmation éducative qui m'apparaissent tout à fait
prioritaires, compte tenu des problèmes. Bien avant le patrimoine
culturel et la liberté d'information ou de propagande que le
gouvernement cherche à se donner, par ce projet de loi, dans le contexte
préréférendaire, bien avant cela, M. le Président,
il y a les réalités économiques et sociales. Comme le
disait à Saint-Georges-de-Beauce, dimanche dernier, devant quelque 5000
personnes, le candidat libéral et futur député de
Saint-Georges-de-Beauce, M. Herman Mathieu: "II faut chercher
l'indépendance politique, l'indépendance économique et
sociale des Québécois, bien avant l'indépendance
politique, qui devient de plus en plus inutile...
M. Bertrand: II veut donc l'indépendance politique!
M. Rivest: ... dans notre monde moderne.
M. Bertrand: On veut l'indépendance politique, mais
d'abord l'indépendance économique.
M. Rivest: M. le Président, je pense que...
M. Bertrand: On est rendu indépendantiste dans la
Beauce!
M. Rivest: M. le Président, il me semble que, faire en
sorte, par mon amendement, de faire obligation à la Régie des
services publics de reconnaître, comme étant éducative une
programmation qui s'intéresse au rôle économique et social
de l'entreprise et du syndicalisme, dans la société
québécoise, je pense que c'est là une donnée
fondamentale, première, et je ne cesserai jamais de dire jusqu'à
quel point le gouvernement a erré, en ignorant complètement cette
dimension première qui correspond tellement aux besoins des
Québécois et aux besoins de notre milieu.
De la même façon, M. le Président, on sait que, au
Québec, depuis un certain nombre d'années, dans des milieux
défavorisés, ou dans certaines régions, ou dans des
localités qui connaissent des problèmes particuliers, il y a
toute une pléiade d'animateurs sociaux qui ont joué un rôle
important. Comment, pour ces gens qui exercent auprès de la population
et dans des milieux restreints, ne pourrait-on pas permettre et
reconnaître la contribution qu'une programmation éducative que le
recours aux moyens audio-visuels pourraient leur ouvrir, comme action dans le
milieu, afin de répondre aux besoins socio-économiques des
Québé-
cois? Comment ne pourrions-nous pas chercher à appuyer le travail
d'animation économique et social par une programmation éducative,
dimension, qui, encore là, a été complètement
ignorée par ce gouvernement aux préjugés soi-disant
favorables aux travailleurs?
Troisièmement, M. le Président, il y a dans notre
société toujours parlant sur les questions...
Mme Lavoie-Roux: Au moins, il y a quelque chose à dire,
lui! Vous devriez faire la même chose.
M. Rivest: ... de bien-être économique et social,
certaines catégories de nos citoyens qui pourraient
bénéficier d'une programmation éducative qui favoriserait,
par la loi, d'une façon obligatoire et impérative, la promotion
de l'accès des citoyens au bien-être économique et social,
qui s'intéresserait, par exemple, au sort des personnes
âgées.
Pourquoi une programmation éducative qui appuyerait tous les
efforts de ceux qui travaillent pour améliorer les conditions des
personnes âgées, pourquoi cela devrait-il être exclu d'une
programmation éducative, du moins, si on adoptait l'article 3 de la
façon dont il est rédigé?
De la même manière, la condition féminine, on
connaît l'inaction irresponsable de ce gouvernement au titre de la
promotion féminine. Rien n'a été fait, rien, si ce n'est
un vague comité ministériel dont on cherche toujours la
tête et les membres. Rien n'a été fait par ce gouvernement
sur ce plan. Or, c'est certainement une priorité sociale dans notre
société.
Comment une programmation éducative, telle que nous le propose
l'article 3, devrait-elle ignorer une question comme la promotion de la
condition féminine pour favoriser plutôt comme choix c'est
un choix du gouvernement le patrimoine culturel ou les visées
référendaires ou de propagande de ce gouvernement?
M. le Président, comment refuser ou ne pas avoir pensé
qu'une programmation éducative ne pourrait pas servir à appuyer
les efforts, par exemple, du ministre de l'Immigration afin de réaliser
une meilleure intégration des immigrants dans notre
société? Au lieu de simplement... au paragraphe b) Les
émissions favorisant les échanges interculturels. M. le
Président, quel euphémisme! Pourquoi ne pas parler des choses
concrètes. Il s'agit d'appuyer des émissions qui soient
directement destinées aux immigrants, de façon à les
intégrer dans notre société. Ce serait un rôle
social qu'on ferait jouer à la commission dans tout le domaine de la
programmation éducative, rôle que le ministre des Communications a
complètement ignoré.
Une Voix: Ah non!
Mme Lavoie-Roux: Bonjour!
M. Rivest: II y a...
Une Voix: Le député de Mont-Royal s'en vient
aussi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, on sait qu'il y a le
problème des jeunes, par exemple, en particulier des jeunes
travailleurs. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas pensé pouvoir
utiliser le projet de loi no 4 sur la programmation éducative pour
essayer de constituer des émissions, faire une obligation en vertu de
l'article 3 pour favoriser l'accès des jeunes au marché du
travail, pour appuyer les efforts du ministère de l'Education qui essaie
d'orienter les jeunes diplômés afin qu'ils ne se retrouvent pas
sans emploi comme ça arrive constamment, comme c'est un des
problèmes économiques et sociaux majeurs du Québec?
Toute cette dimension, M. le Président, je pourrais parler des
milieux défavorisés, je pourrais parler même des
chômeurs, de l'éducation permanente, du recyclage, de l'insertion
au niveau du ministère du Travail. Je pourrais parler par exemple
simplement des conditions économiques des gens défavorisés
dont on a commencé très timidement à se préoccuper
sur le plan de la sécurité du revenu.
M. le Président, j'ai parlé des personnes
âgées, des femmes, des immigrants, des défavorisés,
des travailleurs qui sont en chômage, des jeunes diplômés,
des jeunes qui sont en chômage, de toutes ces questions sociales. Je
pourrais parler des handicapés, j'en ai dit un mot tantôt. Toutes
ces choses. J'ai parlé des besoins de l'animation, des animateurs
sociaux, des animateurs socio-économiques. Est-ce qu'ils vont avoir le
droit d'avoir des émissions à programmation éducative qui
va s'adresser à leurs préoccupations?
J'ai parlé du besoin d'éducation des
Québécois sur le plan de leurs institutions économiques et
sociales, du rôle de l'entreprise, du rôle du syndicalisme dans
notre société. Est-ce que toutes ces choses, ces
réalités ne devraient pas faire partie d'une programmation
éducative bien avant les questions de patrimoine culturel ou les
ambitions référendaires?
M. Bertrand: On s'en occupe déjà.
M. Rivest: Cela montre l'inutilité, si Radio-Québec
s'en occupe déjà. Cela montre l'inutilité de ce projet de
loi...
M. Bertrand: Bien non, la preuve...
M. Rivest:... que ce sont des mots et que c'est simplement un
prétexte pour permettre au ministre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Rivest: ... de faire de la programmation à
l'égard du référendum. Ce n'est même pas un
procès d'intention qu'on fait, on sait que c'est cela et quand on
l'examine, quand vous oubliez complètement toutes les dimensions
économiques et sociales.
M. Bertrand: Avez-vous une preuve?
M. Rivest: C'est épouvantable de la part d'un gouvernement
qui se dit avoir un préjugé favorable.
M. Bertrand: Cela peut aussi servir au référendum,
de l'information économique.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Disons
que je rappelle à nouveau l'article 100 au député de
Vanier et je demande au député de Jean-Talon de bien vouloir
s'adresser à la présidence. M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: II y a le livre blanc sur l'économie qui sort
à l'automne.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont encore avec un livre et ils n'ont
encore rien fait avec l'économie. Vous êtes...
Une Voix: Est-ce qu'on s'en servirait pour faire de la
propagande?
M. Rivest: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier. M. le député de Jean-Talon, c'est à vous la
parole.
Mme Lavoie-Roux: Cela sera certainement un livre rare qui va
sortir sur l'économique.
M. Rivest: Je pense que le livre le plus utile que le Parti
québécois devrait publier, c'est peut-être un livre pour
les candidats aux élections partielles. Comment devenir candidat
péquiste à une élection partielle? Cela ferait l'objet
d'un livre très intéressant.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, je vous rappelle notre règlement.
M. Rivest: Je vais revenir au règlement parce qu'ils ne
trouveraient pas de lecteurs. Personne n'est intéressé, M. le
Président, à être candidat pour ce parti. M. le
Président, je pense que le ministre va accepter ma proposition parce
qu'il va me dire qu'il va essayer de trouver, le ministre va vous faire son
petit discours après avoir littéralement exécuté
son collègue de l'Education, là il va dire: Voyez, paragraphe 3b,
je parle des régions. Dans les régions, il y a des personnes
âgées, dans les régions, il y a des jeunes, dans les
régions, il y a des gens, je ne sais pas quoi.
Mme Lavoie-Roux: Dans les régions, il y a des
élections partielles.
M. Rivest: Après cela, il va me dire, vous voyez, il y a
un petit mot qui est là et tout cela, c'est compris dans mon article et
tout cela c'est couvert au titre du patrimoine culturel. Le paragraphe b),
c'est: "promouvoir l'accès des citoyens à leur patrimoine
culturel, notamment..." Donc, il y a des questions culturelles. Mais je donne
cela à titre d'exemple, pour montrer que cela n'est pas dans l'article.
Le paragraphe b) c'est pour promouvoir le patrimoine culturel. Tout ce qui est
en dessous, quand on parle des régions, des communautés
ethniques, cela regarde la dimension culturelle. Assez, tout ce qui est en
dessous, les questions d'intérêt général, etc., des
dimensions, cela est en regard de la liberté d'information et
d'expression. D'une façon concrète, M. le Président
et c'est le point majeur et c'est la raison d'être de mon amendement
il n'y a absolument rien. Le ministre pourra changer la rédaction
de mon amendement si la rédaction ne lui plaît pas, mais je
l'invite à considérer sérieusement je pense que
cela n'enlèverait rien, cela ne dénaturerait pas son projet de
loi, je pense que cela le bonifierait de mettre, en tout cas, sous une
forme ou sous une autre je ne me battrai pas sur la forme un
paragraphe qui se modèle au libellé des autres paragraphes du
ministre, mais qui, en fait, serait impératif pour la Régie des
services publics, de reconnaître comme étant d'ordre
éducatif une programmation qui assurerait la promotion de l'accès
des citoyens au bien-être économique et social, notamment
j'emprunte la formule en présentant des émissions
répondant aux besoins d'éducation, d'information, on pourrait
même ajouter d'animation économique et sociale des
Québécois ou de certaines catégories de citoyens, en
particulier, les plus défavorisés. Il m'a interrompu, je veux
juste conclure.
M. le Président, comme on l'a indiqué en deuxième
lecture, si le ministre, si le gouvernement n'accepte pas un pareil amendement
qui m'apparaît je lui en ai fait reproche en tout cas, un
oubli, je sais que le ministre va probablement me dire comme il l'a
déjà indiqué, je pense, dans sa réplique,
peut-être qu'il pourrait accrocher des mots, j'en conviens, bien
sûr, mais il me semble que ce serait bonifier le projet de loi si le
ministre acceptait d'en faire un paragraphe spécifique qui ajouterait
une dimension importante et une dimension qui à mes yeux, je vais
essayer de le souligner, est prioritaire par rapport à d'autres
dimensions au titre du patrimoine culturel ou de la liberté
d'information. Cela correspondrait en tout cas à ce qu'on dit
être, et je pense que c'est la réalité, les
priorités premières du Québec et c'est dans ce sens, M. le
Président, que nous avons, ce matin, formulé cet amendement qui
est notre amendement majeur à l'article 3, parce que c'est là que
l'ordre des priorités et le ministre a lui-même indiqué,
dans une intervention antérieure, que c'était le coeur du projet
de loi no 4. C'est dans ce sens, M. le Président, qu'on a fait cet
amendement. Je pense que c'est un amendement qui est sérieux et qui
mérite d'être étudié sérieusement par le
gouvernement. (12 h 15)
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Non, je voudrais d'abord laisser, comme c'est la
tradition, M. le Président, à la formation de l'Union Nationale
le droit d'exercer son droit de...
M. Rivest: Vous êtes toujours extrêmement
traditionnaliste.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, M. le Président.
M. Bertrand: Mais très respectueux des règles, de
l'autorité, bien tolérant.
M. Rivest: Pas du règlement, en tout cas. M. Le
Moignan: M. le député de...
M. Rivest: Si j'avais eu le caractère du
député de Taschereau. Lui, il se fâche.
M. Bertrand: Je suis fort libéral dans mon approche de la
vie.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le
député de Jean-Talon!
M. Le Moignan: Le député de Vanier va se retirer
quelques instants.
M. Guay: Je vous rappelle la tradition du gouvernement du
Québec de ne rien céder sur les richesses naturelles.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Bon! C'est à moi, là? C'est
réglé? C'est final?
M. le Président, pendant l'intervention du député
de Jean-Talon, j'ai pris un malin plaisir à relire le rapport Rocher. Je
l'avais d'abord lu hier. L'article 3 résume, s'inspire de la page 15 du
rapport Rocher avec quelques petits ajouts, quelques additions. Le rapport
Rocher a été fait, je ne me souviens pas sous quel gouvernement,
mais il a été publié en 1978. Cette motion d'amendement,
je pense qu'elle peut se lire. Cela dépend des lunettes qu'on porte
à ce moment-ci. Je ne suis pas tellement d'accord et je vais vous en
donner les raisons.
M. Rivest: Avec moi?
M. Le Moignan: Je ne suis pas d'accord avec le
député de Jean-Talon. C'est exactement cela.
M. Rivest: Ah! mon Dieu!
M. Le Moignan: Je pouvais être d'accord sur la
motion...
M. Rivest: Vous allez avoir de la difficulté, vous aussi,
à vous trouver des candidats dans...
M. Le Moignan: Laissez-moi tranquille.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le
député de Jean-Talon!
M. Le Moignan: Des candidats, on en a à profusion.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: On a l'embarras du choix dans les candidats. La
preuve, c'est qu'à Gaspé, en 1976, les gens ont su
dénicher le bon candidat et le bon député.
M. Rivest: Le bon député, cela je trouve que
c'est...
Une Voix: Le bon candidat...
M. Le Moignan: Si ma mémoire est bonne, j'ai battu un
libéral.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé, sur la motion d'amendement.
M. Le Moignan: Je ne voudrais pas qu'on me fasse perdre le fil,
M. le Président.
Une Voix: Tricofil?
M. Le Moignan: M. le Président, si on veut revenir
à des choses sérieuses, quand on veut lire de façon
honnête et intelligente cette motion, on veut promouvoir l'accès
des citoyens au bien-être économique et social. Je n'ai aucune
objection à cela mais, si on regarde le paragraphe b) on ne peut tout de
même pas entrer, j'imagine, dans un projet de loi je n'ai rien
contre les immigrants, les handicapés, les chômeurs,
l'âge d'or, les jeunes travailleurs, la maternelle, les mères
célibataires...
Mme Lavoie-Roux:... les mères célibataires...
M. Le Moignan: ... s'il faut entrer tout cela dans un article
d'un projet de loi, on n'en finirait pas. Je sais qu'il y a peut-être une
série d'amendements qui s'en viennent dans ce sens-là. Quand on
dit au paragraphe b): "Promouvoir l'accès des citoyens à leur
patrimoine culturel." Oublions le mot "culturel". Mais quand on vient nous
dire: "... en reflétant la vie des différentes régions",
à ce moment-là, je crois qu'on peut s'intéresser de
façon très directe et très positive dans une programmation
éducative si on s'arrête à l'aspect économique d'une
région donnée. Supposons qu'on pense à l'industrie de la
pêche en Gaspésie, l'industrie du bois en Mauricie, l'aluminium
dans la région de Chicoutimi et le reste, on peut à ce
moment-là, je pense, construire des émissions qui vont
refléter l'aspect économique, l'aspect social,
et qui pourront atteindre aussi les plus défavorisés. Je
crois que dans le paragraphe b), tout cela est implicitement contenu.
Quand on parle des régions, des communautés ethniques, des
groupes quels qu'ils soient, je pense qu'à ce moment-là on peut
très bien rejoindre les objectifs qui sont dans une programmation
éducative et ce n'est pas exclu même si on insiste sur le mot
"culturel" dans le projet de loi, même si on parle de patrimoine, de
culture, je ne vois pas pourquoi une telle programmation n'explorerait pas les
aspects économiques et sociaux de nos différentes régions
de la province n'importe où, pas seulement dans les régions
éloignées, mais même dans les grands centres, dans les
villes. Je crois que c'est superflu, superfétatoire, comme on le dit
souvent, d'amener à ce moment-ci une telle motion.
Ce n'est pas que le projet de loi veuille exclure les
défavorisés, mais, si par le biais au paragraphe b) on veut
exploiter l'aspect économique, l'aspect social, si on veut
pénétrer dans les groupes, que ce soit l'Age d'or, que ce soient
les handicapés, les jeunes travailleurs, je crois qu'à ce moment
on pourrait très bien répondre, sans être obligé
d'ajouter cet alinéa a) 1 que l'on veut introduire. C'est très
facile de construire des émissions qui vont répondre aux besoins
d'éducation, d'information, que ce soit dans le domaine
économique ou social, et au paragraphe b) nous autorise et nous invite
à pénétrer, à visiter toutes les catégories
de citoyens quels qu'ils soient. Alors, je le vois dans ce sens et
personnellement, les clientèles cibles sont incluses dans le paragraphe
b), et j'imagine qu'il n'y a pas de discrimination même si les mots "des
plus défavorisés" ne se trouvent pas à cet article.
J'aime autant vous dire tout de suite, que je voterai contre cette
motion d'amendement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'aurais une motion pour obtenir le consentement.
Est-ce que la commission consentirait à ce que M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Guay: Non, je préférerais que M. Ciaccia
remplace M. Lalonde.
M. Rivest: M. le Président, on a donné notre
consentement antérieurement.
Mme Lavoie-Roux: ... on a donné notre consentement de
bonne grâce.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour que M. Lalonde...
M. Guay: Cela nous prive de la présence de M. Ciaccia dont
j'admire les qualités d'esprit et la rigueur qui se dégage de ses
argumentations.
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, à condition que la
commission accepte que le député de Taschereau puisse devenir
membre avec pleins droits, à savoir, droit de parole et droit de
vote...
Mme Lavoie-Roux: A la place de qui?
M. Bertrand:... à ma place ce soir, étant
donné que je serai absent pour cause de...
Mme Lavoie-Roux: Cela nous fait plaisir. Une Voix: Aucune
objection.
M. Rivest: Un instant, M. le Président, est-ce que c'est
débattable?
Une Voix: Qu'est-ce que vous allez faire ce soir?
M. Bertrand: M. le Président, réunion...
M. Rivest: A condition que le député de Vanier nous
dise où il va ce soir.
M. Bertrand: En vertu du projet de loi no 4,
réunion...
Mme Lavoie-Roux: II s'en va à... M. Rivest: ... au
référendum.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
à ce que M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Ciaccia
(Mont-Royal)? Il y a consentement.
Une Voix: Est-ce que ma condition est acceptée?
M. Guay: M. Ciaccia est irremplaçable. Une Voix: La
confiance règne.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la suggestion du
député de...
M. O'Neill: J'ai déjà vu des petites choses de ce
genre à l'Assemblée nationale, et que M. le député
de Taschereau soit membre de la commission à temps plein, ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez demandé avant-hier pour
quelqu'un d'autre et on vous a dit oui.
M. Rivest: C'est dommage, par exemple, très dommage.
Est-ce qu'on peut regretter ce changement de l'autre côté?
M. Bertrand: Non, il n'y a pas de regret à y avoir.
M. Rivest: Bien, il y en a un qui est... Mme Lavoie-Roux:
Non, je parle... Une Voix: Ah non!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion...
à l'ordre! Est-ce que la motion d'amendement du député de
Jean-Talon qui se lit comme suit "Que l'article 3 soit modifié, en
ajoutant après le paragraphe a) le paragraphe 1: "Promouvoir
l'accès des citoyens au bien-être économique et social,
notamment en présentant des émissions répondant aux
besoins d'éducation et d'information économique et sociale de
certaines catégories de citoyens et, en particulier, de ceux qui sont
les plus défavorisés"?
M. Bertrand: ... demandé le vote, si je comprends
bien?
Le Président (M. Lacoste): J'appelle l'article, à
moins que quelqu'un demande la parole.
Une Voix: Non, M. le Président, allez.
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que je peux faire une
motion de suspendre jusqu'à 14 heures 30?
Le Président (M. Lacoste): Jusqu'à 14 h 30. Il y a
consentement pour suspendre jusqu'à cet après-midi, 14 heures
30.
Une Voix: II y a consentement unanime.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement. Donc, nous
suspendons nos travaux jusqu'à cet après-midi, 14 heures 30.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
Reprise de la séance à 14 h 54
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Reprise
des travaux de la commission permanente des communications sur le projet de loi
no 4, Loi sur la programmation éducative. Au moment de l'ajournement de
nos travaux ce matin... A l'ordre, messieurs! Au moment de l'ajournement de nos
travaux ce matin, nous étions sur une motion d'amendement
présentée par le député de Jean-Talon. La parole
était au ministre. M. le ministre. M. le député de
Jacques-Cartier. Est-ce que la motion d'amendement à l'article 3
présentée...
M. Saint-Germain: Si le ministre ne veut pas parler, je vais
prendre la parole, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II est assez surprenant, si on regarde cet
article 3, que nulle part, M. le Président, on y voit le terme
"économique" et le terme "social". Si on lit le paragraphe b), on y
trouve trois fois le mot "culturel" soit "promouvoir l'accès des
citoyens à leur patrimoine culturel", favoriser "les échanges
interrégionaux et interculturels" pour terminer en disant: "ou en
privilégiant, d'une façon générale, la culture
québécoise." Ce n'est pas nécessairement surprenant, M. le
Président, car je crois que cet article 3 reflète bien la
philosophie du gouvernement et précisément aussi reflète
bien la philosophie du ministre des Communications, en ce sens qu'on semble
attacher une importance tout à fait exagérée aux choses
culturelles, comme si une culture et la culture québécoise en
particulier ne devait pas être soutenue par un réseau
d'institutions financières, industrielles et commerciales
appropriées. C'est d'autant plus surprenant, M. le Président,
aussi que depuis des années on parle, au niveau de l'éducation,
du manque, dans notre système d'enseignement, de programmes
économiques et de programmes financiers.
On est toujours surpris de constater que plusieurs finissants de nos
CEGEP et même je dirais certains finissants au niveau de
l'université, qui n'ont aucune notion ou très peu de notion au
point de vue financier et au point de vue économique. Ce serait une
bonne expérience, par exemple, de faire passer un examen très
élémentaire à nos finissants de CEGEP et
d'université pour savoir jusqu'à quel point ils ignorent par
exemple, toute cette question des transactions boursières, ce qui
sous-tend notre système monétaire, ce qu'on entend par le
déficit commercial et ce qu'on entend réellement par une
entreprise internationale, ce qu'on comprend par une définition du
commerce international et ainsi de suite, ce qui fait que notre argent peut
monter ou baisser, ce qu'est réellement un système
monétaire. Plusieurs de nos leaders, dans le monde économique et
financier, déplorent cette situation d'autant plus que dans ces domaines
donnés, les traditions familiales au Québec sont relativement
rares parce que, dans le passé, il semble que notre groupe n'ait pas
attaché l'importance voulue à notre système et à
notre développement financier et industriel.
Alors, il y aurait là, M. le Président, des
éléments très valables qui pourraient être
étudiés soit par la régie et par Radio-Québec et,
à ce point de vue, par la radio-télévision, on pourrait
certainement faire oeuvre utile. Voilà que dans ce projet de loi c'est
le silence complet, M. le Président, et je dois féliciter mon
collègue pour cette motion car je crois qu'elle est un reflet exact de
la situation, de l'image du Québec et qu'elle met l'accent sur ceux qui
sont responsables de l'application de cette loi, de l'importance d'une
éducation au point de vue économique dans notre pro-
vince, surtout que, comme on le sait, le chômage actuellement est
très élevé et il semble y avoir des départs
d'industriels, des départs de certaines institutions financières.
Je crois que nous devons, comme groupe, faire tous les efforts possibles
et le gouvernement aussi afin de mieux structurer votre système
de développement économique québécois. (15
heures)
Je crois ici qu'on fausse les perspectives dans cette loi en attachant
une importance primordiale et à mon avis exagérée des
affaires culturelles, non pas que les affaires culturelles, M. le
Président, n'ont aucune importance, mais je crois que comme je le disais
antérieurement, une culture forte, une culture qui doit demeurer, doit
être nécessairement soutenue par un réseau financier, un
réseau industriel valable, autrement on vit dans une situation
relativement dangereuse. Il est assez surprenant, M. le Président, que
nulle part dans l'article 3, on y trouve le mot social, bien que le
gouvernement ait, surtout dans l'Opposition, et même au début de
son terme, tellement parlé du social et des préjugés
favorables que ce gouvernement avait envers, par exemple, les syndicats, qui
ont comme charge de défendre les intérêts des travailleurs
et bien souvent les intérêts des plus démunis de la
société. Nulle part nous ne trouvons le terme "social".
Vous savez pertinemment que bien souvent ce qui est la cause de la
pauvreté de bien des familles c'est le manque de formation. Il arrive
que bien des familles, malgré les efforts que nous avons mis à
développer notre système d'éducation, pour des raisons
géographiques ou pour des raisons financières et pour toutes
sortes de raisons, dont les enfants actuellement et les adultes qui sont issus
de ces familles, sont très dépourvues au point de vue des
connaissances dans certains domaines. Je crois que cette loi devrait être
un instrument qui pourrait venir en aide d'une façon positive à
résoudre ces divers problèmes. On sait pertinemment, par exemple,
que les syndicats essaient de plus en plus de donner des cours à leurs
syndiqués relativement aux lois du travail et relativement aux
constitutions mêmes des syndicats. Il y aurait là, par exemple, un
autre moyen, avec la programmation éducative, de faire
l'éducation des syndiqués en portant à leur connaissance
leurs droits, les buts des syndicats, la constitution des syndicats, de
façon que le syndicat puisse devenir une arme beaucoup plus efficace,
plus démocratique et il ne serait pas exagéré de dire
aussi, peut-être une arme qui pourrait servir très utilement
à créer dans la population un meilleur équilibre
social.
Il y a là, M. le Président, des éléments
extrêmement importants et on n'a pas trouvé le moyen, tel que
l'article 3 est rédigé, de les mettre en valeur et de s'assurer
que ceux qui seront responsables de l'application de cette loi, que ces
fonctionnaires ou que ces membres de l'office ou de Radio-Québec, soient
bien sensibilisés au fait que le législateur n'a pas
oublié ces facteurs, qu'il y attache une grande importance et qu'on
aimerait, comme législateurs, que cette programmation éducative,
qui sera développée par cette législation, oeuvre dans les
champs d'activité qui sont énumérés ici, dans cette
motion. Cela est le désir du législateur, parce qu'actuellement,
tel que rédigé, ceux qui auront à appliquer cette loi se
demanderont bien si réellement le législateur a voulu qu'on parle
de questions économiques et sociales ou si le législateur n'a pas
voulu par cette loi faire une éducation surtout culturelle ou tout ce
qui regarde la langue, les traditions du Québec et ainsi de suite.
Je crois, M. le Président, qu'un peuple comme le nôtre a
des horizons beaucoup plus larges et que la culture, même si elle est un
élément important, il y a bien d'autres facteurs qui peuvent
permettre à un groupe de se développer et de regarder l'avenir en
toute sécurité, avec confiance et avec espoir. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'ai entendu avec
intérêt la motion du député de Jean-Talon. Nous y
sommes évidemment d'autant plus sensibles de ce côté-ci de
la table, pour ce qui est du bien-être économique et social des
citoyens, que rarement dans l'histoire du gouvernement du Québec a-t-on
vu un gouvernement intervenir aussi systématiquement, aussi massivement,
aussi progressivement dans le domaine économique comme dans le domaine
social...
Mme Lavoie-Roux: Aussi lentement.
M. Rivest: Aussi timidement, et aussi gauchement.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! La parole est au
député de Taschereau.
M. Rivest: Ces trois adverbes sont conjonctifs.
M. Saint-Germain: Et comme résultat de ces politiques, on
bat tous les records de... et de désertion.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Guay: On se souviendra, M. le Président, de la
situation économique que nous avons hérité en 1976...
M. Rivest: Hérité de...
M. Guay: Qu'est-ce que j'ai dit?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que je dois rappeler aux
députés...
Mme Lavoie-Roux: Que nous avons hérité de...
M. Guay: Je m'excuse, dont nous avons hérité.
M. Rivest: M. le député, quand même, notre
oreille. La langue française, M. le Président. La langue
française prime sur le règlement.
Mme Lavoie-Roux: La loi 101.
M. Lalonde: Un peu d'indulgence pour nos oreilles
françaises.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Je dois
rappeler aux députés le...
M. Guay: M. le Président, je reconnais tout à fait,
M. le Président, la pertinence des remarques et je remercie le
député de Jean-Talon. C'est sans doute après avoir entendu
le député de Jacques-Cartier pendant quinze minutes que mon
oreille s'est habituée à se déformer de la sorte. Il
l'admet d'ailleurs lui-même.
M. Saint-Germain: Pour moi qui suis un homme du peuple, ce serait
pardonnable, mais pour un avocat qui se croit un héros et un
génie, c'est inadmissible.
Mme Lavoie-Roux: Un zéro. M. Guay: Un quoi?
M. Saint-Germain: Je n'ai pas dit un zéro, j'ai dit un
héros.
M. Guay: Héros ou hérault?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Taschereau, la motion d'amendement à l'article
3.
M. Guay: J'invite les gens... Je dis cela entre
parenthèses pour le journal des Débats, à corriger le
"que" que j'ai pu prononcer malencontreusement pour un "dont" qui est tout
à fait pertinent.
Mme Lavoie-Roux: C'est un beau mot "malencontreusement".
M. Guay: Merci, Mme le député de L'Acadie.
M. Lalonde: Progressivement, cela vient avec tous les
"ments".
M. Guay: Je disais donc, M. le Président, qu'on se
souviendra de la situation dont on avait hérité...
Mme Lavoie-Roux: Dont nous avons hérité.
M. Guay:... au moment où le peuple a décidé
qu'il en avait assez du précédent gouvernement, chômage
chronique, situation sociale tendue à l'extrême, faillite du
gouvernement pour toutes fins utiles et, depuis ce temps-là, M. le
Président, en deux ans et demi, nous pouvons dire, avec une
légitime fierté, d'où notre préoccupation à
l'endroit de la motion du député de Jean-Talon, que nous avons
remis les finances de l'Etat en ordre, ce qui était un prérequis
pour la relance de l'économie, que nous nous sommes
préoccupés de situations que les anciens gouvernements laissaient
pourrir depuis dix ans, 20 ans, 25 ans. Qu'on pense à la fuite des
sièges sociaux de Montréal, par exemple, et
précisément, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux:... cette année, $2 milliards de
déficit.
M. Guay:... parce que nous nous soucions du bien-être
économique et social de la population, nous avons aussi mis fin aux
dépenses somptuai-res du genre olympique qui sont un fardeau...
Mme Lavoie-Roux: ... millions de publicité.
M. Guay:... inutilement lourd, $1 milliard pour un stade, madame,
pour la population, dans les circonstances actuelles et dans toutes
circonstances d'ailleurs. Nous nous soucions tellement de ce bien-être
économique et social dont le député de Jean-Talon veut
maintenant se faire, à notre remorque, un défenseur, que nous
avons, dans le domaine social, adopté des lois dont les
répercussions économiques seront considérables, je pense
par exemple, en vue d'inciter au travail, à la Loi sur le
supplément de revenu au travail qui vise à la fois le
bien-être économique et le bien-être social de la population
qui est visée par la motion du député de Jean-Talon.
Nous pourrions, M. le Président, faire une liste longue et
éloquente des lois qui ont été adoptées sous ce
gouvernement, des mesures qui ont été prises en vue
d'améliorer le bien-être...
M. Rivest: Consentement, M. le Président.
M. Guay:... économique et social de la population. Je
pense, par exemple, à l'effort considérable qui est enfin
consenti au chapitre de l'habitation alors que jadis, sous l'ancien
gouvernement, la Société d'habitation n'était qu'une usine
à patronage et qu'aujourd'hui, finalement, des logements sociaux sont
mis en chantier dans tout le Québec. Si bien, M. le Président,
que ce n'est pas uniquement en présentant des émissions sur le
bien-être économique et social qu'on améliore le
bien-être économique et social de la population, je dirais
même surtout que ce n'est pas par des émissions, mais par des
gestes concrets, par des actions, par des lois, par des mesures administratives
et dans ce domaine-là le gouvernement, ce gouvernement-ci n'a rien
à se reprocher, surtout quand on le compare à son
prédécesseur immédiat. Mais, évidemment, la
promotion des citoyens au bien-être économique et social, on
voudrait en faire une distinction. Le député de Jacques-Cartier,
qui semble être préoccupé par la dimension culturelle des
choses... Je m'excuse. Vous permettez, tant qu'à faire.
M. Rivest: ... de suspension.
M. Guay: C'est parce que je voulais participer à
l'échange qu'il y avait entre le député de Jean-Talon et
le député de Vanier. Je disais donc, M. le Président, que
le député de Jacques-Cartier semble se préoccuper
grandement du fait qu'il y a, à l'article suivant, la question du
patrimoine culturel interprétant la notion de patrimoine culturel au
sens le plus restreint du terme et c'est pourquoi il se déclare
favorable à la motion du député de Jean-Talon sur le
bien-être économique et social. Pourtant, M. le Président,
la notion de culture en est une qui est vaste, qui englobe toute les facettes
de la vie d'une société. C'est une facette du patrimoine culturel
québécois, par exemple, que ce réseau d'institutions
financières absolument exceptionnel que sont les caisses populaires, et
le député de Jacques-Cartier qui se souciait justement des
institutions financières tantôt puisqu'il a évoqué
ce réseau d'institutions financières, devrait être heureux
de voir que dans le projet de loi nous nous en sommes préoccupé
en l'incluant avec toutes les autres activités qui sont la
caractéristique d'une nation, activités économiques,
activités sociales, activités culturelles au sens plus restreint,
mais il est indéniable...
J'écoutais hier soir le téléjournal de langue
anglaise à Radio-Canada et j'entendais un reportage sur ce
phénomène très particulier au Québec qu'est ce
réseau remarquable, considérable des caisses populaires et la
contestation qui lui vient soudainement de cet autre phénomène
proprement québécois que sont les caisses d'entraide
économique. Voilà, M. le Président, des aspects de la vie
économique, des contributions au bien-être
économique...
M. Rivest: Hérité de l'ancien gouvernement, les
caisses d'entraide économique.
M. Guay: M. le Président, comme si l'ancien gouvernement
avait mis sur pied les caisses d'entraide économique.
M. Rivest: Oui, c'est la loi de l'ancien gouvernement qui a mis
sur pied les caisses d'entraide économique.
M. Guay: L'ancien gouvernement a mené le Québec
à la faillite économique rien d'autre.
M. Rivest: C'est une loi de l'ancien gouvernement, c'est de M.
Gagnon dans le Lac-Saint-Jean.
M. Guay: C'est de M. Gagnon, dans le Lac-Saint-Jean, comme l'a
dit mon collègue...
M. Rivest: ... développement coopératif, la
Société de développement industriel. C'est un rappel
historique.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, je rappelle de nouveau l'article 100.
Mme Lavoie-Roux: On a parlé du patrimoine.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Taschereau.
M. Guay: La triste performance économique de l'ancien
gouvernement n'a pas empêché effectivement des hommes, mus par
l'esprit d'initiative, dans leur région, comme les caisses d'entraide
économique, par exemple, à mettre sur pied ces institutions, je
dirais presque en dépit des performances économiques et des
politiques économiques de l'ancien gouvernement. C'est donc dire que les
caractéristiques économiques du Québec, celles, par
exemple, de la région de la Beauce où dans Beauce-Sud où
nous allons bientôt nous doter d'un nouveau député du Parti
québécois, un industriel...
M. Rivest: Un capitaliste. (15 h 15)
M. Guay:... un industriel qui, dans sa région et dans son
coin de pays... Entendez, M. le Président, les propos méprisants
qui viennent de l'Opposition, à l'endroit des gens de la petite et de la
moyenne entreprise. Ecoutez les railleries de ces gens qui représentent,
ici, le pouvoir de l'argent et de la haute finance contre les gens des petites
et moyennes entreprises; en Beauce, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans les
régions du Québec qui assurent, à l'heure actuelle,
l'expansion et le dynamisme économique du Québec, contrairement
à certaines institutions financières anglo-saxonnes de
Montréal.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, j'aimerais...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Guay: Je m'excuse, vous n'avez pas parlé, donc je ne
peux pas...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau, j'aimerais que...
M. Guay: Non, ça ne s'applique pas.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Taschereau, j'aimerais que vous reveniez à la
motion d'amendement de l'article 3.
M. Guay: Je ne demande pas mieux, M. le Président. Vous
comprendrez, toutefois, qu'il y avait provocation de la part de
l'Opposition.
Lorsque je parlais du bien-être économique et social de nos
concitoyens, qui est le but de la motion visé et que je parlais
justement de ce dynamisme économique que l'on constate dans nos
régions et, notamment, dans la Beauce et, notamment, chez cet
industriel, qui sera le prochain député de Beauce-Sud...
M. Rivest: Mme le député de L'Acadie avait une
question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, sur une question de règlement.
M. Guay: Non, elle ne fait que claquer des doigts!
Mme La voie-Roux: M. le Président, c'est pour vous
indiquer que je veux parler après le député de
Taschereau.
M. Guay: Mme le député de L'Acadie veut parler
après moi, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: J'ai le droit d'indiquer ça, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Rivest: Avez-vous terminé?
M. Guay: Absolument paa
M. Rivest: Ah! j'avais cru comprendre que...
M. Guay: C'est donc dire que, pour répondre au
député de Jacques-Cartier, je lui dirai que nos institutions
économiques, celles qui sont authentiquement québécoises,
sont, en bonne partie, le fruit du génie québécois, de la
spécificité québécoise et, à ce titre, font
partie de notre patrimoine culturel. Il en est de même pour nos
institutions sociales. Où ailleurs dans ce vaste Canada, dont nos
amis d'en face se réclament, au point de vouloir en dépendre
encore davantage a-t-on trouvé un réseau d'institutions
sociales...
M. Rivest: Grâce aux réformes sociales de l'ancien
gouvernement!
M. Guay: ... mises sur pied par un des éléments qui
est propre, en quelque sorte, en Amérique du Nord, à la nation
québécoise que sont les communautés religieuses et que
l'Etat a progressivement prises en main, au fur et à mesure des
mutations des années soixante? Ces choses font partie des
caractéristiques propres au Québec, elles font partie de notre
patrimoine culturel, si bien que, lorsqu'on veut mettre en opposition
comme veut le faire l'Opposition officielle lorsqu'on veut opposer,
comme le fait le député de Jacques-Cartier, le bien-être
social et économique d'une part et le bien-être ou le patrimoine
culturel d'autre part, on fait là un faux débat, parce que tout
ça fait partie du même ensemble. Si bien que, dans cette
perspective, la motion du député de Jean-Talon est
superfétatoire, elle est redondante; elle est redondante en ce sens que,
on trouve au paragraphe b) de l'article 3; auquel nous arriverons plus tard,
précisément le cadre général dans lequel se situent
les questions économiques, les questions sociales et les questions
culturelles, au sens plus restreint.
Cela étant dit, je suis heureux de voir la préoccupation
nouvelle que le Parti libéral a à l'endroit des questions
sociales et des questions économiques, et, ne voulant pas le frustrer de
cette volonté nouvellement affichée par son député
néophyte de Jean-Talon...
M. Rivest: Néophyte, c'est péjoratif je trouve!
M. Guay: Mais non!
M. Rivest: Pourquoi ne pas dire: Le nouveau
député?
M. Guay: Je vous dirai que, pour ma part, le principe même
de la motion du député de Jean-Talon ne me déplaît
pas. Qu'on précise, au-delà du cadre général,
c'est-à-dire au-delà du patrimoine culturel, qu'on ajoute cette
précision concernant le bien-être économique et le
bien-être social, je n'y vois aucune objection de principe: Je dirais
même que, si ça peut faire plaisir au député de
Jean-Talon de proposer un amendement à cet excellent projet de loi
pour pouvoir dire qu'il en a proposé un ma foi, à
la rigueur, je veux bien y souscrire; non que ça ajoute quoi que ce
soit, comme je vous l'ai indiqué, M. le Président, c'est
absolument redondant, mais ça devient probablement frustrant pour
l'Opposition, à longueur de journée, de proposer des amendements
inutiles et de se les faire refuser; il est bon, par moment, d'en accepter
quelques-uns, simplement pour la bonne harmonie de nos travaux.
M. Rivest: Est-ce que je dois remercier le
député?
M. Guay: Je parle à titre personnel!
Si le député de Jean-Talon n'y voyait pas d'objection, je
verrais bien son amendement intervenir après le paragraphe b) et non pas
avant puisque, en effet, le bien-être économique et le
bien-être social sont des catégories à l'intérieur
du patrimoine culturel, à mon avis...
M. Rivest: Oh! M. le député. Quel sens...
M. Guay:... et il me semble qu'il serait plus logique de
commencer par la catégorie générale quitte ensuite, pour
faire plaisir au député de Jean-Talon, à y inclure le
bien-être économique et social. J'ai un peu de difficulté
avec la formulation par contre de l'amendement du député de
Jean-Talon, non seulement quant à l'endroit où il se trouve, mais
quant à sa formulation même. "Promouvoir l'accès des
citoyens au bien-être économique et social." Je signale tout de
suite qu'un mauvais esprit pourrait toujours dire que promouvoir l'accès
des citoyens au bien-être social, ce n'est pas exactement une ambition de
grande envergure bien qu'effectivement les politiques économiques de
l'ancien gouvernement promouvaient l'accès des citoyens au
bien-être social en mettant davantage sur le bien-être social
plutôt que dans l'économie, plutôt que de les mettre au
travail. Mais enfin, je signale au député de Jean-
Talon cette difficulté de rédaction à laquelle de
mauvais esprits... Non, je... Fort bien. Je prends bonne note que le
député de Jean-Talon va régler cela rapidement,
c'est-à-dire qu'il va probablement proposer un amendement à son
amendement ou enfin une modification de style.
M. Rivest: L'amendement est là. Votez contre. Je n'en
ferai pas d'autre.
M. Guay: Ah! M. le Président, pour les fins du journal des
Débats, le député de Jean-Talon vient de nous indiquer que
son amendement est là et qu'il ne le modifiera en rien...
M. Rivest: C'est cela.
M. Guay:... et que nous voterons en faveur ou contre. Dans ces
circonstances, j'attire votre attention sur la rigidité de l'Opposition
et son absence élémentaire de flexibilité. Nous
étions prêts à négocier avec elle non seulement la
place de cet amendement dans l'ensemble, mais une rédaction
améliorée de cet amendement. Le député de
Jean-Talon vient de nous indiquer de la part de l'Opposition officielle que
c'est cela ou c'est rien.
M. Rivest: C'est à prendre ou à laisser.
M. Guay: C'est à prendre ou à laisser. Dans ces
circonstances, M. le Président, nous allons laisser l'amendement au
député de Jean-Talon. Pour ma part, compte tenu de ces
circonstances, compte tenu de sa rédaction, compte tenu de l'endroit
où il se trouve, je ne puis y souscrire et c'est malheureux parce qu'on
aurait pu donner satisfaction partielle au député de Jean-Talon,
mais là, il ne veut absolument ne rien comprendre. Dans ces
circonstances, comme je vous le disais précédemment, puisque ce
que vise le député de Jean-Talon par son amendement est
déjà inclus au paragraphe b), puisqu'il refuse toute modification
au texte tel qu'il l'a rédigé, puisqu'il refuse toute
modification à l'endroit où interviendrait cet amendement, dans
ces circonstances, il s'agit évidemment d'un amendement dilatoire et je
ne vois pas très bien pourquoi nous y souscririons.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de...
M. Saint-Germain: Si le député accepte l'amendement
et non pas la forme, pourquoi n'en rédige-t-il pas un lui-même
respectant le fond de la motion, mais rédigé d'après sa
propre forme?
M. Guay: Je veux bien, M. le député de
Jacques-Cartier mais M. le député de Jean-Talon vient de dire
vous l'avez entendu que l'amendement est à prendre ou
à laisser tel qu'il est, et tel qu'il est, quant à moi, je le
laisse.
M. Saint-Germain: Rien ne vous empêche d'en rédiger
un autre qui en respecterait le fond.
M. Guay: Rien ne m'empêche, une fois que cet amendement
aura effectivement été laissé, c'est-à-dire battu,
d'en rédiger un autre si bon me semble. On verra à ce
moment-là. Mais pour l'instant, dans la mesure où le
député de Jean-Talon nous indique une rigidité, une
inflexibilité de la part de l'Opposition officielle à l'endroit
de cet amendement, nous n'avons pas le choix.
M. Saint-Germain: De la part du député de
Jean-Talon.
M. Guay: Evidemment, je reconnais que tous les
députés de l'Opposition officielle n'ont pas cette attitude
regrettable et, s'il y a moyen d'en arriver à une entente, moi, je veux
bien; mais, pour l'instant, je me fie au proposeur. Le proposeur nous dit:
C'est cela, c'est à prendre ou à laisser. Moi, je le laisse.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez bien de la difficulté, M. le
Président. Je voudrais parler en faveur de l'amendement du
député de Jean-Talon. Je pense qu'il serait possible, comme nous
l'avons fait dans le cas des autres amendements qui ont été
proposés, si ceci le rendait plus acceptable aux yeux des
ministériels et aux yeux du ministre, de lui donner une formulation qui
soit peut-être plus simple, peut-être un peu moins longue, mais je
ne pense pas que... Je pense que, quand nous faisons des amendements, nous le
faisons dans cet esprit-là. Vous avez tout un comité de
législation à votre disposition. Il est ordinairement
peut-être plus simple pour vous autres, mais c'est vraiment l'esprit
qu'on essaie de vous communiquer. (15 h 15)
Je regrette. La, on ne sait pas si sur le fond vous êtes d'accord
ou non, c'est assez confus ce que le député de Taschereau nous a
dit. On a failli comprendre qu'il était pour et ensuite qu'il
était contre et que c'était pour nous faire plaisir, que
c'était pour avoir notre collaboration mais que, dans le fond, il n'y
croyait pas. A tout événement, je pense que la motion a
certainement un grand mérite, et vient préciser un peu les
préoccupations que le gouvernement devrait avoir.
Evidemment, le député de Taschereau nous a fait un grand
plaidoyer pour tenter de démontrer tous les efforts que le gouvernement
avait faits au plan social...
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Cela, je m'en doute avait fait au plan
économique etc. C'est un secret de polichinelle pour personne que la
situation économique au Québec est extrêmement difficile et
ce ne sont pas des politiciens qui le disent, mais des économistes et
des gens qui sont dans le domaine de la construction.
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Ils vous trouvent un peu moins arrogants
qu'avant. C'est un progrès, je l'admets.
Si ce n'était de la présence du projet de la baie James
que vous avez tellement décrié, à peu près tout le
monde de la construction serait présentement en chômage. Ce n'est
pas une appréciation d'un député de l'Opposition, c'est
une appréciation du monde de la construction. Alors, avant de nous
chanter les louanges des grandes initiatives économiques du
gouvernement, il faudrait peut-être au moins essayer d'examiner les
choses un peu plus objectivement. Si on veut un autre exemple, on se souviendra
du ministre au développement économique qui nous a annoncé
à maintes reprises des plans d'actions, par exemple, dans la
région de Montréal, pour la relance économique. On se
souviendra qu'à plusieurs reprises le député d'Outremont
le lui rappelait, et nous sommes rendus au mois d'août et je ne sache
pas, à moins que quelqu'un ait des nouvelles plus récentes, que
ce fameux plan de relance économique pour la région de
Montréal du ministre d'Etat au développement économique...
il est encore en...
M. Lalonde: II n'existe pas. Il a investi dans les compagnies de
déménagement.
Mme Lavoie-Roux: Je lui fais quand même le crédit de
ne pas l'avoir fait délibérément, mais il reste qu'on
parle beaucoup mais on fait peu. Alors si on veut parler du domaine culturel,
parlons de l'éducation où on coupe dans les budgets à tous
les niveaux, parlons du budget du ministère des Affaires culturelles
où il n'y a même pas eu d'augmentation cette année, ou si
minime.
M. Guay: Vous devez être contents, vous nous reprochez de
faire que du culturel.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non. Ne déplacez pas les
choses, M. le député.
Je reviens quand même à la motion. Si j'ai fait ces
remarques c'est parce que je trouvais que le député de Taschereau
y était allé un peu allègrement sur les vertus et les
mérites du gouvernement actuel. Quant à la motion
elle-même...
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: C'est fort possible.
Quant à la motion elle-même, je le répète, si
le gouvernement ou le ministre trouve une formulation plus adéquate, je
me chargerai de tenter de convaincre notre collègue de Jean-Talon tout
en retenant l'esprit, parce que je pense bien que c'est vraiment à
l'esprit de sa motion que le député tient, non? Je pense que ce
serait fort utile qu'on précise la dimension économique et
sociale que la programmation éducative devrait couvrir. Je ne reviendrai
pas sur une foule d'arguments. Ce serait facile de dire qu'au plan social il y
a plusieurs groupes qui ne sont pas atteints, plusieurs groupes qui pourraient
en profiter, qu'au plan écono- mique simplement de l'éducation
économique pour toutes les classes de la société, tous les
âges et tous les groupes, enfin personne ne peut être contre ceci,
c'est presque la vertu. Alors, je n'ajouterai rien, sauf pour dire, M. le
Président, que j'ose espérer que le ministre se montrera un peu
ouvert à cette motion, sinon, nous devrons conclure qu'on est ici un peu
à toutes fins utiles à faire quelque chose d'inutile. (15 h
30)
J'ai remarqué, depuis que je suis à l'Assemblée
nationale, qu'il y a deux types de ministres; il y a ceux qui ont suffisamment
de sécurité et d'autonomie pour pouvoir accepter des amendements
et vraiment les juger à leur mérite, mais il y en a d'autres qui,
justement, ne semblent pas beaucoup avoir cette sécurité
personnelle ou cette autonomie ou cette indépendance d'esprit qui leur
permette d'accepter des amendements. Qu'au début de la journée de
mardi vous ayez peut-être refusé certains amendements
préliminaires, j'en conviens, mais, après les amendements que
nous vous avons proposés aujourd'hui, celui de ce matin en particulier,
et celui-ci, je pense qu'il faudra conclure que le ministre est parti avec son
catéchisme et qu'il ne veut pas y déroger, sinon, il se sentirait
coupable d'hérésie et surtout il aurait peur d'avoir à
rendre des comptes et à expliquer quelque chose au Cabinet des
ministres.
C'est tout, M. le Président, ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, sur le fond même, on
pourrait parler longtemps. Ce qu'a dit là-dessus le député
de Taschereau, sur l'action actuelle aux plans économique et social du
gouvernement, était vrai, mais incomplet, parce qu'on pourrait dire
finalement beaucoup plus de choses que cela. Une chose qui m'a frappé en
participant aux séances du Conseil des ministres, c'est de voir comment
ce qui occupe avant tout le temps de façon régulière
et je n'ai rien contre cela, au contraire ce sont les
problèmes économiques.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les solutions que vous n'avez pas.
M. O'Neill: Cela dépend avec quels yeux on voit ça,
et il faut surtout penser que...
M. Rivest: C'est cela, cela prend une nouvelle...
M. O'Neill:... c'est le gouvernement qui le fait, qui a
réalisé beaucoup de choses au plan économique, le fait
seul dans un sens, parce que non seulement il n'a pas la collaboration d'un
autre gouvernement, mais il a parfois l'Opposition de l'autre gouvernement.
Mais, enfin, restons évidemment sur le fond, donc l'accord de
principe qu'il faut ici favoriser la promotion des citoyens au bien-être
économique et social. Le problème, c'est un problème de
forme
en un sens, par rapport au projet de loi. C'est que et,
là-dessus, le député de Gaspé a fait des remarques
fort pertinentes on peut le retrouver dans la phrase du paragraphe a)
quand on parle d'émissions qui répondent à des besoins
spécifiques de la population, on peut le retrouver dans le paragraphe b)
dans la façon même d'étendre, d'analyser ou de percevoir le
mot "culturel", ou encore quand on parle des échanges
interrégionaux interculturels. Il n'y a rien qui exclue dans cela des
éléments économiques et on peut évidemment aussi le
retrouver dans le paragraphe c), lorsqu'on parle de la discussion de questions
d'intérêt général. D'ailleurs, on le retrouve aussi
dans les faits, c'est-à-dire que tous ceux qui regardent des
émissions de télévision, qui en regardent à
Radio-Québec, en retrouvent aussi justement qui parlent de questions
économiques. La question n'est donc pas dans le fait que cela n'existe
pas dans le projet de loi, cela existe. La question, c'est de savoir si, je
dirais, on se fait plaisir nous-mêmes en le formulant de façon
explicite, tout en voyant qu'on pourrait évidemment élargir
encore cela et peut-être ajouter un paragraphe sur la promotion
féminine ou des choses comme cela et avoir finalement un article qui
soit d'une très grande longueur...
Mme Lavoie-Roux: Pour ce que cela vous préoccupe!
M. O'Neill: II paraît que quelqu'un a dit ce matin, je ne
sais pas comment Mme le député de L'Acadie a accepté cela,
qu'il incluait les groupes démunis, et qu'il avait pensé inclure
les femmes dans cela. Je pense que ce n'est pas tout à fait correct, et
il faudrait peut-être à ce moment que les gens pensent encore
à un paragraphe spécial. Mais là, vous avez tout le
problème de la formulation d'une loi, jusqu'où une loi
générale...
Mme Lavoie-Roux: Si les femmes sont dans les groupes
démunis, c'est par rapport aux hommes, si on tient compte des revenus,
des salaires payés et de la discrimination.
M. O'Neill: II y en a, mais il s'agit de savoir si on doit les
identifier dans les groupes démunis.
M. Guay: Vous êtes le groupe démuni d'en face!
M. O'Neill: Peut-être qu'il faudrait faire un autre
paragraphe. De toute façon, M. le Président, vous vous
rappellerez qu'au début, quand nous avons abordé l'étude
de cet article 3, nous avons mentionné justement que ce qui avait
été recherché dans la rédaction, c'était
quelque chose qui était suffisamment détaillé, sans
être trop détaillé non plus, c'est-à-dire des
balises qui guident mais qui, d'autre part, ne viennent pas trop compliquer non
plus l'interprétation de la loi.
Quoi qu'il en soit, on pourrait donc dire qu'on répond à
la demande qui est faite déjà dans le texte actuel. On pourrait
aussi y répondre en ajoutant un amendement. Là, j'ai un certain
embarras parce que le député de Jean-Talon a dit que son
amendement était intouchable. Même s'il nous a dit cela, je me
permettrai, à ce stade-ci, de faire un sous-amendement qui se lirait
ainsi. Est-ce que je pourrai, après l'avoir lu, donner des explications?
Le sous-amendement se lirait ainsi: Que l'article 3 soit modifié.
Qu'à la deuxième ligne, la moitié du paragraphe a)
devienne le paragraphe b). Donc, en ajoutant après le paragraphe b), et
non pas le paragraphe a). Deuxièmement, à la quatrième
ligne, enlever le mot "notamment" et remplacer, à la cinquième
ligne, les mots "répondant aux besoins d'éducation" par les mots
"qui répondent à leur besoin d'éducation économique
et sociale".
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, si vous le
voulez bien, auparavant, j'aimerais avoir le texte complet du
sous-amendement.
M. Guay: Vous voulez dire la motion sous-amendée.
Une Voix: La motion à l'amendement.
Le Président (M. Lacoste): La motion à
l'amendement, exactement.
M. Guay: C'est un sous-amendement.
M. O'Neill: C'est un sous-amendement, M. le Président.
M. Guay: Comment se lirait-elle une fois sous-amendée?
M. Rivest: Qu'est-ce que cela donnerait comme résultat
complet?
M. Guay: Cela donnerait ceci: Que l'article 3 soit modifié
en ajoutant, après le paragraphe b), le paragraphe suivant: paragraphe
c).
M. Rivest: Après le paragraphe b)?
M. Guay: Le paragraphe b). Deux points: "Paragraphe c):
Promouvoir l'accès des citoyens au bien-être économique et
social en présentant des émissions qui répondent à
leur besoin d'éducation économique et sociale; ou. " Le
paragraphe c) devenant le paragraphe d).
M. Lalonde: "Qui répondent à leur besoin...
M. Guay:... d'éducation économique et sociale; ou".
Fin du sous-amendement. Ensuite, l'actuel paragraphe c) devenant le paragraphe
d).
M. Lalonde: Pourquoi le mot "ou"?
M. Guay: Pour faire la distinction entre les paragraphes.
M. Lalonde: II n'y a pas de "ou" entre les paragraphes.
M. Guay: Non, on en ajoute un.
M. Rivest: C'est de cela que je veux débattre, de ce
"ou".
Mme Lavoie-Roux: On va en débattre longtemps!
M. O'Neill: Est-ce que je peux donner une explication sur les
trois modifications?
Le Président (M. Lacoste): Un instant!
M. Rivest: Je voudrais discuter de la recevabilité.
M. Guay: Si vous voulez me demander de faire des
catégorisations, on va entreprendre les "ou".
M. Lalonde: On n'en veut pas de "ou".
M. Guay: A ce moment-là, il n'y a pas d'amendement.
M. Lalonde: Quand même, il faut adopter le paragraphe b)
avant.
M. Guay: D'un commun accord, on peut suspendre l'étude du
paragraphe b), même si on ne l'a pas encore abordé. On est entre
le paragraphe a) et le paragraphe b), à l'heure actuelle.
M. Le Moignan: II faut l'interpréter au centre même
du paragraphe a) ou du paragraphe b).
Le Président (M. Lacoste): Si vous êtes d'accord,
avant d'être mêlé, on pourrait peut-être suspendre
pour cinq minutes. M. le député de Taschereau, on pourrait
suspendre pour cinq minutes afin de formuler le texte. La séance est
suspendue pour cinq minutes.
Suspension à 15 h 40
Reprise à 15 h 58
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
Il y a une motion de sous-amendement présentée par M. le
ministre que l'article 3 soit modifié en ajoutant après le
paragraphe b), le paragraphe suivant et modifié de cette façon:
"c) promouvoir l'accès des citoyens au bien-être économique
et social, en présentant des émissions qui répondent
à leurs besoins d'éducation économique et sociale; "ou le
paragraphe c) devenant d).
Mme Lavoie-Roux: C'est un beau...
M. Rivest: M. le Président sur la recevabilité.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la recevabilité.
M. Lalonde: Je m'excuse...
M. Rivest: On est au paragraphe a) et on est rendu qu'on amende
le paragraphe b). Où sommes-nous?
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes... Mme
Lavoie-Roux: Nous sommes à la salle 81. M. Rivest: C'est sur
la recevabilité que je parle.
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes entre a) et b).
Vous avez amendé le...
M. Rivest: Comment peut-on proposer de faire un paragraphe
après le paragraphe b), si nous sommes entre a) et b)?
Le Président (M. Lacoste): Vous avez fait une motion
d'amendement à l'article 3a).
M. Rivest: On est entre a) et b).
Or là, la proposition d'amendement qu'on nous soumet survient
après le paragraphe b) dont on n'a même pas abordé la
discussion.
M. Lalonde: A moins d'un consentement ce n'est pas recevable.
Le Président (M. Lacoste): Sur la
recevabilité...
M. Rivest: L'article 565 de l'ancien règlement qui fait
partie du règlement actuel en vertu de...
M. O'Neill: Je peux vous donner la raison.
M. Rivest: La raison, on est sur la recevabilité.
M. O'Neill: C'est de mettre un paragraphe plus
général au lieu d'un paragraphe particulier.
M. Guay: Lisez donc le paragraphe 565.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon sur la recevabilité.
M. Rivest: Je m'excuse, je me suis trompé de numéro
c'est 564 paragraphe 1) qui dit: Les articles sont considérés un
à un, ligne par ligne, suivant l'ordre dans lequel ils se lisent. (16
heures)
M. O'Neill: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. O'Neill: Je veux faire remarquer que le sous-amendement parle
du texte même de l'amendement. Je ne vois pas du tout le problème
que cela pose.
M. Guay: Effectivement, le ministre a raison...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau sur la recevabilité.
M. Guay: Ce n'est pas comme si le sous-amendement arrivait ex
nihilo, mais il se rattache à un projet d'amendement qui, lui,
intervenait au bon moment. A partir de là, on peut forcément
sous-amender un amendement qui intervient au bon moment. Ce n'est pas un
amendement que nous faisons entre l'article 3, paragraphes a) et b), nous
faisons un sous-amendement à un amendement qui, lui, venait s'intercaler
là, et qui vise notamment à intercaler l'article plus tard.
M. O'Neill: La raison est bien simple... M. Guay: Mais
c'est parfaitement légitime.
M. O'Neill: ... c'est que ce serait plus normal de mettre le
paragraphe général avant le paragraphe spécifique.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Iberville sur la recevabilité du sous-amendement.
M. Beauséjour: Selon moi, à moins qu'il n'y ait eu
consentement pour étudier paragraphe par paragraphe, si c'est le cas,
d'après moi, elle ne serait pas recevable à ce moment-ci. Si ce
n'était pas le cas, si on étudiait l'article au complet, il
faudrait probablement battre l'amendement et revenir ensuite avec un nouveau
texte. A moins qu'il n'y ait consentement unanime, ce qui serait plus
simple.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Consentement à une condition, soit qu'on puisse
revenir au paragraphe a) et que l'on puisse discuter éventuellement de
la question des "et" ou des "ou" après le paragraphe a).
M. O'Neill: Remarquez, au moment où votre amendement est
défait, on peut recommencer.
M. Lalonde: Si vous me le permettez, on peut soit défaire
l'amendement et, à ce moment, nous, on présenterait un amendement
pour ajouter le mot "et" après le paragraphe a) qui est exactement
l'endroit où nous sommes actuellement ou bien on peut, par voie de
consentement, pour accélérer les travaux, ce qui est une
préoccupation constante de l'Opposition officielle...
M. Rivest: II va sans dire.
M. Lalonde: Je ne veux pas interrompre la lecture sérieuse
du ministre. Ou bien on va discuter du sous-amendement du ministre avec un
accord qu'une fois accepté ce sous-amendement, ce qui reporte
l'amendement du député de Jean-Talon après le paragraphe
b), on puisse revenir et discuter de l'opportunité d'inclure un "et"
après le paragraphe a). Si vous êtes d'accord sur cela, cela va
aller plus rapidement.
M. Rivest: Molière eût ajouté: "Voilà
pourquoi votre fille est muette."
M. O'Neill: "Voilà pourquoi votre fille est muette".
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, l'effet du sous-amendement,
c'est de reporter l'amendement du député de Jean-Talon
après le paragraphe b) dont on n'est pas saisi encore. Ce serait donc
irrecevable si nous étions des procéduriers véreux.
M. Rivest: Péquistes.
M. Lalonde: Mais, étant donné qu'on veut aider le
gouvernement non pas à adopter ce projet de loi, mais à
l'améliorer, nous proposons d'accepter de discuter du sous-amendement
malgré l'irrégularité au point de vue de la
procédure, avec un accord maintenant qu'après l'adoption de cet
amendement on revienne entre le paragraphe a) et le paragraphe b) et qu'on ait
l'occasion, la chance de proposer un amendement pour ajouter le mot "et"
après le paragraphe a). C'est clair. La procédure alternative
serait de déclarer irrecevable le sous-amendement. Le gouvernement,
à ce moment, défait l'amendement. Nous sommes encore, à ce
moment, entre le paragraphe a) et le paragraphe b). On fait notre amendement
pour ajouter le mot "et". On procède à la discussion, à la
délibération et, lorsque le paragraphe b) est adopté, le
ministre peut revenir avec son amendement. On arrive au même.
M. Rivest: Ce serait peut-être plus simple, la
deuxième façon.
M. O'Neill: On ne revient pas au paragraphe a), dans le fond.
M. Rivest: On revient entre les deux.
M. Lalonde: Entre les deux. Est-ce que le paragraphe a) est
adopté?
M. Rivest: Oui, le paragraphe a) est adopté.
M. Lalonde: II est adopté. On ne revient pas au paragraphe
a), on revient entre les deux.
Le Président (M. Lacoste): Le président est
suffisamment...
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Le
président est suffisamment informé pour rendre une
décision sur la recevabilité du sous-amendement. Il faut bien
voir qu'au moment de l'amendement de M. le député de Jean-Talon,
qui fait motion d'amendement à l'article 3, le président a
considéré que c'était un amendement à l'article 3
du projet de loi no 4. Donc, le sous-amendement est toujours un sous-amendement
à l'amendement du député de Jean-Talon à
l'article
3 toujours, mais, cette fois, il se situe sous le paragraphe b).
M. Lalonde: M. le Président, on me permettra une question,
une directive.
Le Président (M. Lacoste): Une directive.
M. Lalonde: Si le président accepte cet amendement, est-ce
que cela aura pour résultat de nous faire escamoter le paragraphe
b)?
Le Président (M. Lacoste): Pas du tout. Ce matin, il faut
se rappeler que nous avons voté le paragraphe a) et il y a eu
l'amendement du député de Jean-Talon à l'article. C'est
pour cette raison que la présidence juge le sous-amendement
rece-vable.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous allez nous
permettre de revenir après le paragraphe a)?
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe a) est
adopté.
M. Lalonde: Après le paragraphe a).
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe a) est
adopté.
M. Lalonde: Vous allez nous permettre de revenir après le
paragraphe a)?
Le Président (M. Lacoste): Si vous faites un amendement
à l'article 3.
M. Lalonde: Très bien.
Une Voix: En d'autres mots, on est à l'article 3
encore.
M. Lalonde: C'est cela, bien oui. On n'est quand même pas
pour amender l'article 4.
M. Rivest: M. le Président, simplement sur la forme de la
rédaction, on peut parler de cela? Parce que je trouve...
M. O'Neill: Je peux fournir une explication sur le
sous-amendement.
M. Rivest: Non, je n'ai qu'une petite phrase à
intercaler.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Quand les historiens liront le sous-amendement
proposé par le ministre, je ne sais pas s'ils vont dire que le ministre
était devenu La Palisse de la législation, il dit: Promouvoir
l'accès des citoyens au bien-être économique et social en
présentant des émissions qui répondent à leurs
besoins économique et social. C'est redondant.
M. O'Neill: Remarquez que c'est plus simple que ce qu'il y avait
comme première formule. Toute la proposition, en un sens, est inutile
parce qu'à mon avis elle est dans le paragraphe a) et on en retrouve
déjà des éléments dans les paragraphes b) et c).
Qu'est-ce qu'elle contient? Elle contient une description d'objectifs et, dans
la deuxième partie de la phrase, elle reprend l'expression "par des
émissions", comme vous l'avez dans le paragraphe a): Favoriser
l'exercice du droit des citoyens à l'éducation. On pourrait
ajouter: "notamment en présentant des émissions." Il y a quelque
chose de redondant dans cela puisqu'il s'agit d'émissions de toute
façon, tout le temps. C'est la façon, si vous voulez, la plus
simple d'expliciter. Ce n'est pas le sommet de l'élégance, mais
c'est la même formule au fond et vous avez l'équivalent de cela
dans le paragraphe a). On dit: Ils vont faire cela par des émissions,
mais la proposition d'arrêter là et la formule: A leurs besoins
d'éducation économique et sociale" je pense que vous allez
reconnaître qu'elle est plus légère que celle que vous
aviez. Substantiellement, c'est la même chose, on pourrait
peut-être la condenser plus, mais celle qui nous a été
présentée comme pouvant être suffisante, pas trop
"bavardeuse" qui en disait assez et je copiais un peu sur le paragraphe
a) c'est celle-là. C'est simplement cela.
Je pourrais ajouter une explication également sur la question de
l'ordre des paragraphes. C'est la question. Vous allez dire que je me soumets
beaucoup aux experts du comité de législation, parce que je
trouve que ce sont eux qui connaissent la chose. A ce moment on garderait un
ordre entre un paragraphe plus général et un moins
général, plus spécifique. C'est simplement cela.
Le troisième élément, le "ou", c'est simplement
pour clarifier, expliciter le cas où, au lieu d'avoir une programmation
globale comme dans le cas de Radio-Québec, vous auriez, par exemple, une
série, pour que la régie ne soit pas aux prises avec un cadre
trop contraignant.
M. Rivest: Le "ou" se trouverait à favoriser
l'accès du droit à l'information.
M. O'Neill: II faut que la régie puisse appliquer la loi.
C'est elle qui l'applique. Le "ou" vaut de façon générale,
placé là. On n'a pas besoin de le mettre?
M. Rivest: On va le retrouver à chacun des
éléments.
M. O'Neill: Du moment que vous le trouvez à une place, il
est ailleurs. A la dernière place il couvre les autres. Il est superflu
dans les autres places.
M. Rivest: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: C'est cela le sens des trois?
M. O'Neill: II n'est pas essentiel, mais il clarifie mieux.
M. Rivest: M. le Président, parlant sur l'amendement du
ministre, je veux, pour les fins de l'histoire...
Une Voix: Quelle histoire?
Mme Lavoie-Roux: II le veut pour le patrimoine.
Une Voix: II veut un cours d'histoire. M. Guay: Une
émission éducative.
M. Rivest: Pour notre patrimoine parlementaire, je veux qu'il
soit inscrit au journal des Débats que, comme on l'avait dit en
deuxième lecture, ce gouvernement expression dans mon esprit
extrêmement péjorative avait complètement omis la
dimension économique et sociale que pouvait et que devait avoir une
programmation éducative. Il aura fallu que l'Opposition se batte en
deuxième lecture, comme au niveau de cette commission, pour que l'on
retrouve inscrite dans la lettre de ce projet de loi une telle dimension qui
nous paraît aussi importante.
Mme Lavoie-Roux: Fondamentale.
M. Rivest: Cette précision d'ordre historique étant
maintenant inscrite, nous n'irons pas plus loin en acceptant le
sous-amendement, enfin ce qu'on étudie, la proposition, à toutes
fins utiles, du ministre. Quant à moi, la décision
irrévocable que j'avais préalablement enregistrée au
journal des Débats, je la révoque volontiers.
M. Bertrand: Le mot "irrévocable" ne veut pas dire qu'on
ne reviendra pas sur sa décision.
M. Rivest: ... étant donné...
Une Voix: ... pas dans la même journée.
M. Rivest: ... la jurisprudence déjà établie
dans les cercles ou les milieux politiques québécois...
Une Voix: Le Club de réforme.
M. Rivest: M. !e Président, nous allons accepter la
proposition du ministre.
Le Président (M. Lacoste): Le sous-amendement du ministre
des Communications se lit comme suit: "Que l'article 3 soit modifié en
ajoutant après le paragraphe b) le paragraphe suivant: "c) promouvoir
l'accès des citoyens au bien-être économique et social en
présentant des émissions qui répondent à leurs
besoins d'éducation économique et sociale"; ou le paragraphe c)
devenant d). Est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le sous-amendement est donc
adopté. L'amendement du député de Jean-Talon
sous-amendé se lit maintenant comme suit: "Que l'article 3 soit
modifié en ajoutant après le paragraphe b) le paragraphe suivant:
c) promouvoir l'accès des citoyens au bien-être économique
et social en présentant des émissions qui répondent
à leurs besoins d'éducation économique et sociale"; ou le
paragraphe c) devenant le paragraphe d). Est-ce que l'amendement du
député de Jean-Talon est adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président. M. Lalonde:
Adopté.
Une Voix: Unanimement, bien entendu. (16 h 15)
M. Laberge: Est-ce que le sous-amendement devient un amendement?
C'est une question de procédure simplement; j'aurais plutôt
demandé si l'amendement proposé originellement par le
député de Jean-Talon était rejeté, du fait qu'on a
fait un nouvel article.
Le Président (M. Lacoste): Cela devient simplement...
M. Lalonde: On veut changer, mais ne pas en prendre la
paternité. C'est malheureux.
M. Laberge: D'accord.
M. Rivest: Le député de Jean-Talon passerait
à l'histoire.
M. Laberge: Parfait.
M. Rivest: Est-ce que M. le député de Gaspé
a concouru à tout cela?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Une Voix:
Dans l'allégresse. M. Lalonde: M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: ...
M. Le Moignan:... le député de Gaspé, si
vous en êtes rendu là.
M. Lalonde: Comme vous avez indiqué...
M. Rivest: Vous avez vu, vous avez appuyé le gouvernement
et le gouvernement nous a fait faux bond.
M. O'Neill: On revient au paragraphe b) maintenant?
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes à l'article
3.
M. Le Moignan: C'est ce que je voulais.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Le Moignan: J'ai pris un moyen détourné.
M. Lalonde: M. le Président, comme vous l'avez
indiqué...
M. Laberge: Le paragraphe b) reste b).
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président; comme vous l'avez
indiqué en réponse à une demande de directive, il y a
quelques minutes, nous revenons donc après le paragraphe a) de l'article
3 qui a été adopté et j'aurais un amendement à
proposer qui se lit comme suit: "Amender l'article 3 en ajoutant, après
le paragraphe a), le mot "et".
Cela devient un amendement entre le paragraphe a) et le paragraphe b),
comme l'amendement du député de Jean-Talon se voulait être
et qui avait déjà été reçu d'ailleurs avec
beaucoup de pertinence.
Le Président (M. Lacoste): Sur la recevabilité, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, cet amendement,
naturellement, doit se situer quelque part. Si vous voulez que je le change ou
si vous voulez le changer vous-même proprio motu, comme le
règlement vous le permet, en disant: "Ajouter avant le paragraphe b)" au
lieu de "après le paragraphe a)", il vous est loisible de le faire. Mais
je pense que, comme bon président de cette assemblée
délibérante, l'importance, c'est qu'on sache exactement ce qu'on
veut dire. Au fond, ce que je veux par cet amendement, c'est faire en sorte que
le critère énoncé au paragraphe a) soit toujours
présent lorsqu'on déterminera ce qu'est une programmation
éducative. Tout le reste, c'est de la cuisine de procédurier et
je sais que vous n'en êtes pas un. Vous recherchez simplement le
résultat efficace. De la même façon que vous avez
déclaré recevable la motion du député de Jean-Talon
tantôt, qui se voulait entre le paragraphe a) et le paragraphe b), de la
même façon, mon amendement se veut entre le paragraphe a) et le
paragraphe b), mais ce n'est qu'un petit mot plein de sens qui est le mot
"et".
Une Voix: Comment peut-on parler vingt minutes sur un "et".
M. Lalonde: Je te fais confiance. Parle sur le "et" ou autre
chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, le président est déjà prêt
à rendre sa décision. Il faut bien dire que, dans chaque
paragraphe, dans les faits, le mot "et" est implicite. Que ce soit dans les
paragraphes a), b) ou c) ou d).
M. Rivest: Non, il y a un "ou" à la fin.
M. Lalonde: II y a un "ou" à la fin. On vient d'ajouter un
"ou", donc il est présumé entre chaque paragraphe si on ne met
pas un "et".
C'est cela, on vient d'ajouter un "ou" entre les paragraphes c) et
d).
M. Rivest: II est implicite dans chaque paragraphe.
M. Lalonde: Cela veut dire que...
M. Rivest: C'est pour cette raison qu'on amène la
particule "et".
M. Lalonde: C'est pour cette raison qu'on ajoute maintenant cette
conjonction.
M. Rivest: II va demeurer implicite entre les deux, entre b) et
c), cela va demeurer un "ou".
M. Lalonde: Si on ne le met pas entre a) et b), c'est un "ou" qui
est sous-entendu puisqu'on a maintenant un "ou" entre c) et d).
M. Rivest: C'est cela.
M. Lalonde: Là, on pourrait discourir longuement sur le
sens d'une absence totale de "et" ou de "ou", mais on l'a évité
maintenant en ajoutant un "ou".
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense qu'il y a une erreur sur la façon d'agir
au niveau du président. Je vais prendre en délibéré
votre motion d'amendement. Je vais donc suspendre pour cinq minutes pour
réfléchir...
M. O'Neill: ... Radio-Québec.
Le Président (M. Lacoste): ... sur la
recevabilité...
M. Lalonde: Avant de suspendre, M. le Président,
peut-être pourrait-on se mettre d'accord sur une chose. Si le "et" est
ajouté entre le a) et le b), "ou" serait sous-entendu entre le b) et le
c)...
M. Rivest: Et entre le c) et le d).
M. Lalonde: Non, pas sous-entendu, parce qu'il existe
déjà, le c) ou d), mais il serait sous-entendu entre le b) et le
c). Est-on d'accord là-dessus?
M. O'Neill: M. le Président, il n'y a pas de
problème. Le "ou" ne remonte pas jusqu'à... En somme, si vous
mettez un plafond...
Le Président (M. Lacoste): Nous suspendons nos travaux
pour cinq minutes.
Suspension à 16 h 22
Reprise à 16 h 25
Le Président (M. Lacoste): Le président a pris en
délibéré la motion d'amendement du député de
à l'ordre, M. le député de Vanier
Marguerite-Bourgeoys.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, si je peux vous faire remarquer une
chose, lors de la discussion de la loi 30, M. le Président, quand on
accorde un observateur au conseil des commissaires sans droit de vote, on a
posé la question à savoir s'il pouvait faire des propositions. On
m'a dit: C'est exactement comme un député qui est intervenant.
C'est ce que le ministre de l'Education nous a répondu.
M. Bertrand: Allons donc!
Mme Lavoie-Roux: Non, non, blague à part. S'il est
intervenant à une commission parlementaire, il n'a pas le droit de vote,
mais il peut y faire des propositions.
M. Guay: Si le ministre de l'Education l'a dit!
Mme Lavoie-Roux: Ah! Sûrement! Vous êtes d'accord, M.
le ministre des Communications?
M. O'Neill: Nous le tenons tous en haute estime.
Mme Lavoie-Roux: C'est par directive qu'il a
procédé.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons suspendre à
nouveau pour quelques instants.
Suspension à 16 h 27
Reprise à 16 h 40
Le Président (M. Lacoste): Le règlement dit
à l'article 13, page 10: Par dérogation au paragraphe 1 de
l'article 148, peuvent se faire entendre d'une commission les
députés qui ont été désignés comme
intervenants auprès de cette commission par la commission de
l'Assemblée nationale suivant l'article 138. Les articles 142 et 160
s'appliquent aux députés désignés comme
intervenants et ceux-ci ont le droit de faire des motions.
Au sujet de l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys, j'aimerais être très certain, avant de
rendre une décision sur l'opportunité. Je vais aller consulter
les livres de jurisprudence de l'Assemblée nationale sur tout ce qui
s'est passé et je vais suspendre pour dix minutes, au moment où
je vais rendre ma décision.
M. Guay: M. le Président. Suspension à 16 h 42
Reprise à 16 h 53
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Au moment
de la suspension de nos travaux, j'étais en train de spécifier
l'article 13 du règlement sessionnel, comme quoi le député
de Marguerite-Bourgeoys a le même droit, à part le droit de
parole, de faire des motions.
La motion présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys se lisait comme suit: "Amender à l'article 3, en
ajoutant après le paragraphe a), le mot "et". La présidence la
juge recevable pour les fins de la discussion.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de votre
décision. En fait, pour essayer d'accélérer les travaux
on est déjà rendu à 16 h 55je pense qu'on a
déjà eu l'occasion, en dehors de ce débat officiel,
d'échanger des vues avec les membres du gouvernement, de la
majorité ministérielle, sur le propos de joindre le paragraphe a)
à l'un ou l'autre des autres paragraphes pour qu'une programmation soit
dite éducative dans le sens de la loi. C'est le but de l'amendement.
En fait, avant l'introduction du mot "ou" après le nouveau
paragraphe c), avant le paragraphe d), il y avait une situation peut-être
un peu de confusion, d'ambiguïté à savoir si ces
critères énoncés et définis dans les paragraphes
a), b) et c) sont conjonctifs ou s'ils sont séparés, s'ils sont
dis-jonctifs. Maintenant, depuis l'introduction du "ou" par le sous-amendement
du ministre, à la motion d'amendement du député de
Jean-Talon, il est évident que si on ne met rien, c'est disjoncti',
c'est-à-dire qu'une programmation pourrait être éducative
en remplissant les exigences de l'un ou l'autre des paragraphes.
Le but de mon amendement, c'est de faire en sorte que, dans chaque cas,
les exigences énoncées au paragraphe a) soient remplies, que les
critères de favoriser l'exercice du droit des citoyens à
l'éducation, notamment en présentant des émissions
conduisant éventuellement à l'obtention de diplômes ou
répondant à des besoins d'éducation permanente, soient
toujours présents dans la définition d'une programmation
éducative.
Pourquoi? Parce que nous croyons que déjà, que ce soit
à l'article 2 déjà adopté ou aux paragraphes a),
b), c) et d), c'est d'un libellé relativement général.
C'est vague et ça permet à peu près à n'importe
quoi d'être inclus dans une programmation éducative. Nous
voudrions resserrer un peu, imposer un peu de rigueur à cette
définition de programmation éducative, en faisant en sorte que
chaque cas, qui serait étudié par l'organisme habilité
à déterminer ce qu'est une programmation éducative, soit
tenu de tenir compte du critère du paragraphe a). Il me semble que c'est
simplement le bon sens et que le gouvernement devrait concourir à notre
amendement, devrait concourir à notre tentative de resserrer un peu cet
article 3, de sorte que l'organisme à qui on confiera le sort de
définir ce qu'est une programmation éducative ait quelque chose
à se mettre sous la dent, ait
quelque chose sur lequel il va poser son jugement.
Je ne veux pas en dire plus long. Je ne sais pas quelle sera la
réaction du gouvernement. Jusqu'à maintenant les gens d'en face
ont quand même accueilli avec assez de faveur, après un bon moment
de persuasion, mais quand même avec assez de faveur l'amendement du
député de Jean-Talon que nous avons fait pour tenter
d'améliorer l'article 3. Je pense qu'il serait bon, et cela ne
détruirait pas l'intention du gouvernement, dans ce projet de loi, que
le gouvernement collabore avec nous pour mettre un cadre un peu plus
défini dans ce qu'est une programmation éducative.
Je vais attendre d'abord d'avoir les réactions des autres membres
de cette commission, avant de tenter de les persuader davantage.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
M. Guay: ... du sort du député de
Jacques-Cartier.
M. Bertrand: Je pense qu'il est allé chercher une
bibliographie sur le "et".
M. Le Moignan: Non, je vous donne ma préférence sur
le "et", je suis pour le "et".
Mme Lavoie-Roux: II est pour le "et".
M. Le Moignan: C'est un petit mot...
M. Guay: Un petit mot, une petite intervention.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Pour le moment, je suis favorable, M. le
Président, je ne veux pas en parler davantage.
M. Guay: J'espère, M. le Président, que, si vous
m'accordez la parole, ce n'est que provisoire et que le député de
Gaspé, tout en maintenant un savant équilibre entre ses
votes...
M. Le Moignan: Au sujet du "et", c'est important, parce que cela
fait un trait d'union. Je suis pour les traits d'union.
M. Guay: Nous aussi, il y a souveraineté-association
justement qui a un trait d'union.
Pour revenir à la programmation éducative, M. le
Président.
Une Voix: C'est un trait de désunion. Le
Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Guay: J'ai entendu le député de
Marguerite-Bourgeoys et les raisons pour lesquelles il voudrait voir le
paragraphe a) relié aux autres paragraphes et donc devoir intervenir
à chaque fois qu'il est question de décider si une programmation
est ou non éducative. (17 heures)
A priori, quand le député de Marguerite-Bourgeoys a
évoqué cette possibilité, j'avoue que je n'y voyais pas
tellement d'objection, sauf qu'en cours de route, relisant l'article 2 et
l'article 3, je me suis aperçu que la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys posait de très sérieux problèmes. Je
donne, à titre d'exemple, le suivant: Le paragraphe a), tel qu'il est,
fait référence plus spécifiquement à la
télévision scolaire je pense qu'on est tous d'accord
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: L'éducation permanente n'est pas
scolaire.
M. Guay: Je dis que si l'on doit retrouver la
télévision scolaire dans l'article 3, c'est au paragraphe a)
qu'on y fait plus proprement référence, parce qu'on parle de
l'obtention d'un diplôme.
Mme Lavoie-Roux: Possiblement à l'obtention de
diplôme, mais pas nécessairement.
M. Guay: Je ne dis pas, Mme le député de L'Acadie,
que le paragraphe a) ne traite que de télévision scolaire, je dis
que si l'on cherche la télévision scolaire dans l'article 3,
c'est au paragraphe a) qu'on y fait référence.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord. Fort probablement.
M. Guay: Or, en ce sens, le paragraphe a) d'abord recoupe sous
cet aspect l'article 2 que nous avons déjà adopté, qui
parle de la poursuite d'une formation par l'acquisition ou l'enrichissement des
connaissances, l'élargissement du champ de perception, dans des
conditions où cet élargissement puisse être
surveillé ou évalué. C'est donc dire que l'article 2,
à mon avis, devrait rassurer le député de
Marguerite-Bourgeoys quant à la situation générale dans
laquelle une programmation est jugée éducative.
L'article 3a, si on doit le lier au paragraphe b) ou au paragraphe c) et
au paragraphe d), cela poserait des problèmes, notamment au niveau de la
télévision scolaire. Je donne l'exemple suivant: A supposer que
dans le cadre d'un cours disponible en vue de l'obtention de crédits,
pouvant donc mener à un diplôme, soit
télévisé un cours sur je reprends mon exemple
précédent la peinture flamande du XVIe siècle, que
ce soit Radio-Québec, le matin, ou que ce soit peut-être davantage
dans une région où Radio-Québec n'est pas encore rendue,
le câblodistributeur local, moyennant une subvention gouvernementale,
telle que prévue ailleurs dans le projet de loi no 4, mais pour
s'assurer que tous les Québécois ont accès à cette
émission, à ce cours télévisé,
Radio-Québec peut diffuser le matin, le câblodistributeur peut le
faire à un autre moment, sauf que ce câblodistributeur, pour
recevoir la subvention qui lui permet de le diffuser, doit être reconnu,
cette partie de sa pro-
grammation doit être reconnue comme éducative par la
Régie des services publics, sans quoi les fonds d'Etat ne lui sont pas
accessibles. Pour faire reconnaître programmation éducative par la
Régie des services publics, ce câblodistributeur fait
référence au paragraphe a), c'est-à-dire: Favoriser
l'exercice du droit des citoyens à l'éducation, notamment en
présentant des émissions correspondant à des besoins
spécifiques de la population, conduisant éventuellement à
l'obtention de diplômes... Voilà son argumentation. Mais si on
ajoute à cela que le câblodistributeur en question doit
également, de trois choses l'une, promouvoir l'accès des citoyens
à leur patrimoine culturel or il s'agit du patrimoine culturel
d'ailleurs, je parle de peinture flamande en l'occurrence et non pas de
peinture québécoise favoriser l'exercice du droit des
citoyens à la liberté d'expression et à
l'information...
M. Rivest: C'est cela.
M. Guay: Cela dépasse le sens qu'on donne à
l'information.
M. Rivest: C'est de l'intérêt général.
M. Guay: On donne un sens...
M. Lalonde: Une plus large connaissance sur le monde flamand.
M. Rivest: C'est cela, c'est textuel.
M. Guay: On donne au sens information un sens qu'il n'a pas
couramment. A ce moment, tout devient information. L'information,
généralement, s'entend plutôt d'émissions de
nouvelles ou d'affaires publiques. Mais lorsque...
M. Rivest: ... c'est ce que cela veut dire dans le paragraphe
b).
C'est de la propagande.
M. Guay: Lorsqu'on parle d'information, lorsqu'on élargit
le sens d'information aussi loin que d'inclure la peinture flamande au XVIe
siècle, vraiment ce n'est plus de l'information.
M. Rivest: Qu'est-ce que vous avez contre la peinture
flamande?
M. Guay: Ce sont des exemples de la façon de favoriser
l'exercice du droit des citoyens, à la liberté d'expression et
d'information. Je conteste, pour ma part, l'idée non pas de s'ouvrir sur
le monde, mais je conteste que l'information soit si large dans sa
définition qu'elle puisse englober des sujets comme celui que
j'évoquais.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Taschereau permet une question?
M. Guay: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous donnez comme exemple les
émissions sur la peinture flamande, est-ce que ce n'est pas là
une forme d'éducation sur l'histoire de l'art, par exemple? A mon avis,
cela entre dans le paragraphe a).
M. Guay: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, ils n'auront pas un diplôme au
bout, mais ce n'est pas essentiel qu'il y ait un diplôme au bout non
plus.
M. Guay: Cela entre dans le paragraphe a). Je suis d'accord avec
vous. Le problème avec l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est qu'on ajoute au paragraphe a) une autre condition.
Le paragraphe a) seul ne vaut plus. Comprenez-moi. Si le
câblodistributeur n'évoque que le paragraphe a) à l'appui
de sa demande et s'il ne relie pas aux paragraphes b), c) ou d), sa demande est
irrecevable par la Régie des services publics et cette programmation ne
pourra pas être déclarée programmation
éducative.
Une Voix: C'est vrai.
M. Guay: Parce que maintenant, en d'autres mots, ce qui veut dire
que dans la mesure où c'est au paragraphe a) que l'on trouve-Une
Voix: Mais...
M. Guay: Est-ce que je peux? Si vous me le permettez? Dans la
mesure où c'est au paragraphe a) que l'on trouve dans l'article 3 la
référence à la télévision scolaire, il n'y
aurait plus moyen maintenant que la télévision scolaire soit
reconnue éducative à moins qu'en plus de cela elle ne soit
rattachée aux paragraphes b) ou c) ou d), ce qui, à mon avis,
restreint la portée de la télévision scolaire et va
à l'encontre des arguments qu'on a entendus jusqu'à maintenant
par l'Opposition libérale qui visaient, entre autres choses, à
s'assurer que, dans la programmation éducative, il y aurait
effectivement une place de taille qui serait faite à la
télévision à caractère scolaire. Si bien que, dans
cette optique, il me semble qu'on doit faire une distinction entre les
paragraphes a) ou b), ou c), ou d) et qu'à partir du moment où on
commence à relier l'un à l'autre ou à mettre comme
condition que, pour avoir l'un, il doive également participer à
l'un ou l'autre paragraphe, on complique singulièrement la tâche
de tout éventuel téléviseur scolaire.
Je reviens à mon câblodistributeur qui pourrait
difficilement justifier devant la régie sa demande en vertu du
paragraphe a), puisqu'il ne pourra pas l'accrocher à b), puisqu'il ne
s'agit pas de notre patrimoine culturel; il ne pourra pas l'accrocher à
c), puisqu'il ne s'agit pas de questions sociales ou économiques et il
ne pourra pas l'accrocher à l'éventuel d), puisqu'il ne s'agit
pas du droit des citoyens à la liberté d'expression ou à
l'information. On a beau vouloir donner au mot "information" un sens
à 180 degrés, il ne faut quand même pas
exagérer. Les mots ont quand même un sens commun et le mot
"information" ne couvre pas la peinture flamande au 16e siècle.
Si bien que ce cours qui pourrait peut-être ailleurs au
Québec être diffusé par Radio-Québec en dehors des
périodes normales de diffusion de Radio-Québec, dans les endroits
où Radio-Québec n'irait pas encore, ne pourrait pas être
diffusé par ce câblodistributeur à la place de
Radio-Québec. Donc, la population de ce coin du Québec serait
privée de ce cours et donc des crédits et du diplôme
éventuel, parce qu'on aurait fait comme condition, pour que le
câblodistributeur obtienne des fonds publics lui permettant de diffuser
le cours, qu'il obtienne l'autorisation de la régie. Or, pour obtenir
l'autorisation de la régie, on lui dit que faire de la
télévision scolaire n'est pas en soi suffisant. Il faut faire
plus, soit b), soit c), soit d), ce qu'il ne fait pas. En l'occurrence, sa
programmation, assez paradoxalement, ne serait pas reconnue comme étant
éducative et il ne serait pas admissible aux subventions de l'Etat et
une partie de la population du Québec risquerait d'être
privée de ces cours.
M. Rivest: Est-ce que le député de Taschereau me
permet une question?
M. Guay: Oui.
M. Rivest: L'argumentation du député de Taschereau
est sérieuse, je le reconnais, sur l'information. Sur l'exemple que je
lui ai lancé un peu à travers son discours ce dont je
m'excuse je pense que peut-être le député de
Taschereau peut avoir raison en disant: C'est donner au mot "information" un
sens qui est pas mal long, qui est pas mal étiré. Mais, si, par
exemple, nous amendions simplement le paragraphe c) en disant: favoriser, par
exemple, l'exercice du droit des citoyens à la liberté
d'expression, à l'information et à la culture...
M. Lalonde: Bon.
M. Rivest: ... notamment en encourageant la discussion des
questions d'intérêt général, l'ouverture sur le
monde, etc., à ce moment, vous régleriez tout le problème
que vous soulevez.
Une Voix: Ce serait redondant.
M. Guay: Je remercie le député de Jean-Talon de son
intervention. Je trouve intéressante son argumentation, sauf qu'à
partir du moment où on fait cela il va falloir aller encore plus loin et
faire un joli paquet d'amendements.
Reprenons maintenant mon exemple de tantôt, enlevons la peinture
flamande et mettons l'éducation physique. L'éducation physique ne
fait pas partie comme telle de notre patrimoine culturel. Cela ne répond
pas à des besoins sociaux, au sens habituel du terme, ou
économique. Cela ne favorise pas le droit des citoyens à la
liberté d'expression, à l'information ou à la culture, si
vous ajoutiez la culture.
M. Rivest: Vous pouvez ajouter culture physique.
M. Guay: II faudrait donc, là encore, amender de nouveau
et on n'en finirait pas. Il faudrait couvrir tous les sujets qui font l'objet
de télévision scolaire ou qui peuvent faire l'objet de
télévision scolaire. Pas besoin de vous dire qu'on va avoir
besoin de pas mal plus de papier que les six pages que nous avons dans ce
projet de loi pour faire une énumération exhaustive sans risquer
de se tromper, pour être sûr que s'il s'agit de
télévision purement scolaire, la régie pourra donner un
permis de télévision éducative sans se sentir restreinte
par le "et" proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys
ce qui veut dire, par conséquent, trouver dans les pararaphes b), c) ou
d) la possibilité de greffer cela au paragraphe a). Mais pour greffer
b), c) ou d) à a), il faudra me faire une liste singulièrement
exhaustive et aller beaucoup plus loin que le droit des citoyens à la
liberté d'expression, à l'information et à la culture. Il
va falloir mettre le sport et ainsi de suite, la géographie, l'histoire,
le... Bon!
M. Lalonde: La culture physique fait partie de l'éducation
dans le sens large. Il y en a dans tous les programmes.
Une Voix: Oui.
M. Lalonde: Vous l'avez dans la première ligne du
paragraphe a): ... Favoriser l'exercice du droit des citoyens à
l'éducation et promouvoir l'accès aux citoyens, etc., favoriser
l'exercice du droit des citoyens à la liberté d'expression,
à l'information et à la culture. Vous pouvez ajouter la culture
physique, si vous le voulez.
M. Guay: On peut ajouter la culture physique après
culture. Après cela, on peut ainsi de suite continuer.
M. Lalonde: Oui, mais il y a un tas de choses à faire pour
améliorer ce projet de loi. Il ne faut pas se décourager tout de
suite. On a tout le temps.
M. Guay: Oui, sauf que la façon dont...
M. Lalonde: Le 9 octobre, c'est dans deux mois.
M. Guay: ... vous voulez l'améliorer est de le rendre
parfaitement ridicule au bout du compte.
M. Lalonde: S'il y a quelque chose de ridicule là-dedans,
c'est le départ.
M. Guay: Le député de Marguerite-Bourgeoys avouera
avec moi qu'à partir d'une phrase qui dit "favoriser l'exercice du droit
des citoyens à la liberté d'expression, à l'information",
on greffe "culture"...
M. Rivest: La culture physique, c'est cela, c'est la
liberté d'expression corporelle.
M. Guay: ... on greffe maintenant "culture physique" et des
exemples, on pourrait en trouver d'autres qu'il faudra greffer.
M. Rivest: Citez-moi un cas, un autre cas.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! M. le
député de Taschereau.
M. Rivest: Le député de Taschereau est à
court, n'est-ce pas?
M. Guay: Non, M. le Président. Je ne suis pas à
court. Parlons donc des structures politiques du Marché commun dont
l'ancien premier ministre se veut un expert. M. Bourassa...
Mme Lavoie-Roux: ... d'intérêt
général.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Un instant! Le traité de Rome de 1958 fait partie
du passé. Il fait partie de l'histoire. Il fait partie des structures
politiques. Non. Ce n'est plus de l'information à proprement parler. La
situation actuelle du Marché commun, son agrandissement à dix,
son évolution à la rigueur font partie de l'information, mais
quand le professeur Bourassa voit, dans les structures du traité de
Rome, des choses qu'il est le seul à voir d'ailleurs et qu'il voudrait,
par le fait même, pouvoir éduquer la population du Québec
à ces choses par le biais de la télévision scolaire en vue
de l'obtention de crédits ou de diplômes, j'ai de la
difficulté, encore là, à voir où on va le
greffer.
M. Rivest: Votre exemple est mal choisi.
M. Guay: Non. Au paragraphe c), il n'entre pas. Je m'excuse.
M. Rivest: La culture physique, vous aviez peut-être un
point, mais...
M. Lalonde: ... question d'intérêt
général, mais le traité de Rome n'est pas
d'intérêt général.
M. Guay: En d'autres mots, au paragraphe c), on va mettre
à peu près tout ce à quoi on peut penser de manière
à ne pas en oublier, mais il se peut aussi qu'au bout du chemin on en
oublie. Il se peut qu'un bon matin il y ait un câblodistri-buteur qui se
présente devant la Régie des services publics en vertu du
paragraphe a), qu'il dise ce qu'il a à dire de façon exhaustive,
et on n'a pas besoin de le greffer aux paragraphes b), c) ou d); en vertu du
paragraphe a), la régie va lire le paragraphe c), moult fois
amendé par l'Opposition pour y mettre à peu près tous les
sujets imaginables, et ne trouvera pas ce sujet-là dedans qui sera
pourtant de nature éducative et...
M. Lalonde: Je suis bien d'accord là-dessus.
M. Guay:... la régie va dire: En attendant que le
législateur amende le projet de loi pour mettre cette
catégorie-là dans l'article 3, paragraphe c), mon cher monsieur,
votre permis est refusé ou votre autorisation est refusée. Allons
donc! Un projet de loi comme celui-là doit prévoir des
catégories suffisamment générales pour être
sûr que tous ceux qui font de l'éducation... (17 h 15)
M. Lalonde: Tout le monde peut faire n'importe quoi.
Mme Lavoie-Roux: Tout le monde peut faire n'importe quoi,
n'importe quand.
M. Guay: ... pourront s'y retrouver et, à partir de
là...
Mme Lavoie-Roux: On sait qu'il ne s'en fera pas
d'éducation.
M. Guay: ... je comprends mal le député de
L'Acadie, qui insiste, et à bon droit, sur la télévision
scolaire c'est important...
Mme Lavoie-Roux: Faites attention. La
télévision...
M. Guay: Je n'ai pas dit exclusivement. Vous avez insisté,
je pense, d'abord, et sur l'éducation permanente.
Mme Lavoie-Roux: Surtout.
M. Guay: Je comprends mal qu'on veuille greffer au paragraphe a)
l'un ou l'autre des paragraphes suivants et en faire une condition pour
l'obtention de l'autorisation de la Régie des services publics
prévue à a), si c'est un téléviseur scolaire.
Pourquoi un téléviseur scolaire devrait-il justifier sa demande
par b) ou c) ou d) en plus de a)? Il me semble que a) en soi suffit, et on n'a
pas besoin d'aller plus loin et l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys vient restreindre singulièrement la portée
pratique de ceux qui pourraient faire de l'éducation au sens le plus
restreint du terme et, en plus de cela, il m'apparaît inutile dans la
mesure où on le lit à la lumière de l'article 2, qui a
déjà été adopté par cette commission.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest:... si je prenais l'intervention du
député de Taschereau a contrario et s'il n'y avait pas de
paragraphe e) rattachant l'ensemble de la production éducative à
l'exigence de favoriser l'exercice du droit des citoyens à
l'éducation et que les paragraphes, peu importe leur teneur, soient
dis-jonctifs, c'est-à-dire qu'à ce compte-là la question
que je pose au député de Taschereau et à la com-
mission est la suivante: Quelle programmation ne parlons pas de
Radio-Québec, mais d'un diffuseur plus modeste ou dont le champ
d'activité est beaucoup plus restreint quelles émissions,
quels programmes ne pourraient pas être déclarés
éducatifs?
M. Guay: La question s'adresse-t-elle à moi? M. Rivest:
Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question de base.
M. Guay: La question a été posée dans la
mesure où on essaie de dire c'est l'argumentation a contrario du
député de Jean-Talon quels programmes ou quelle
programmation ne pourront pas être déclarés
éducatifs. On entre évidemment dans le genre de distinction sur
lequel a achoppé, si ma mémoire est bonne, le Conseil des
ministres de l'Education du Canada, lorsqu'il a été question de
la fameuse définition de l'UNESCO qui a finalement été
approuvée par le fédéral et qui a fait l'objet de la
directive au CRTC. On a préféré finalement à ce
moment-là procéder autrement plutôt que d'essayer de
définir si telle chose est plus ou moins éducative, à 55%
éducative, à 45% de divertissement, ou comment ce qui est
à peu près impossible à évaluer parce que,
finalement, toute chose peut toujours à la rigueur, si on veut vraiment
le prendre au sens le plus large, comporter des éléments
éducatifs. Je ne dis pas que c'est pour autant une émission
éducative. Il y a des émissions dont les éléments
sont majoritairement éducatifs, mais, encore là, c'est
extrêmement difficile à évaluer. De toute façon,
pour ce qui est d'un radiodiffuseur, comme le député de
Jean-Talon, je pense, le reconnaît, dont l'ensemble de la programmation
est éducative et non pas de chaque cas d'espèce, de chaque
émission une par une, qui, par le fait même, vient distinguer ce
radiodiffuseur des radiodiffuseurs d'autre nature, si bien qu'on ne pourrait
pas reconnaître cela comme éducatif, je vous dirais que ce sont
des émissions dont les éléments ne semblent pas,
n'apparaissent pas majoritairement éducatifs, mais on peut avoir, vous
et moi, et tous les membres de la commission, des opinions tout à fait
divergentes à partir de la même émission sur combien
d'éléments...
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là...
M. Guay: Oui, oui, mais toute la difficulté avec la
télévision éducative vient de là. C'est à
partir de là que la définition qui est reprise et adoptée
au 2e paragraphe a été élaborée. On a
préféré y aller non pas par la vérification de
l'émission elle-même autant que la vérification, si on
veut, des conséquences, et ajouter que les émissions en question
peuvent faire l'objet d'une vérification, ce qui, manifestement, n'est
pas dans la nature des radiodiffuseurs conventionnels, mais c'est
évident qu'il peut être extrêmement difficile de faire une
distinction entre une émission à caractère éducatif
et une émission qui ne serait pas reconnue éducative.
Je prends, par exemple... Je ne sais pas si le député de
Jean-Talon a vu, à l'occasion c'était diffusé tant
par Radio-Canada que par Radio-Québec, c'est un bon exemple,
Radio-Canada l'a diffusée dans un premier temps et Radio-Québec
l'a reprise dans un deuxième temps la série "Les rois
maudits"...
M. Rivest: Oui.
M. Guay:... une production française qui était
très bien faite. Radio-Canada, qui n'est pas un diffuseur
éducatif par définition, l'a diffusée la première
fois. Radio-Québec l'a rediffusée l'été dernier,
sentant que "Les rois maudits" pouvait quand même entrer à
l'intérieur du temps à la programmation éducative et pour
cause, puisqu'il s'agit quand même de périodes de l'histoire de
France, quoique romancée, quand même... C'est instructif. C'est
éducatif. Est-ce une programmation éducative ou non? Moi, je
pense que oui, mais cela n'empêchait pas Radio-Canada de la diffuser dans
un premier temps. Donc, parfois, il y a des chevauchements inévitables.
Les émissions d'affaires publiques en sont un bon exemple. C'est
forcément éducatif, les affaires publiques, mais cela
n'empêche pas Radio-Canada d'en faire. Si bien que l'argument a contrario
est extrêmement délicat. Il y a sûrement certaines
émissions de variétés où on cherche en vain les
éléments éducatifs, encore qu'on ne sait jamais. Quelqu'un
pourrait y trouver quelque chose qui le renseigne, qui élargit son champ
de connaissance ou son champ de perception. Mais disons que,
généralement, le but premier de ces émissions n'est pas
cela. C'est donc extrêmement difficile de faire la distinction, à
partir d'une émission, de dire: Cette émission est-elle ou
n'est-elle pas éducative? Une émission qui manifestement est
scolaire peut être présumée a priori éducative. Le
problème, avec l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est qu'il faudrait qu'elle soit scolaire, mais, en plus
de cela, qu'elle comporte un des éléments des paragraphes b), c)
ou d), alors qu'il....
M. Lalonde: C'est cela.
M. Guay: ... me semble qu'en étant scolaire, elle devrait
par elle-même satisfaire, répondre aux critères d'une
programmation éducative et recevoir l'autorisation de la Régie
des services publics.
Le Président (M. Lacoste): Votre temps de parole
était justement expiré, M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Oui.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Riyest: ... dans l'argumentation, d'une façon
générale, c'est ce qui m'inquiète au fond et sans doute
qu'on ne réglera pas cela ici, au niveau de la commission parlementaire,
mais je tiens à le dire. On parle beaucoup de la définition
et avec raison que nous avons adoptée à l'article 2
et qui est devenue la définition où tout le monde se rallie. On
dit beaucoup que c'est très large, dans la mesure où il faut que
ce soit susceptible de la poursuite d'une formation par l'acquisition et
l'enrichissement des connaissances, l'élargissement du champ de la
perception, mais on oublie toujours, quand on part d'exemples précis
d'émissions, qu'il y a aussi, dans la définition que nous avons
adoptée au paragraphe a) de l'article 2, un deuxième
élément. Il n'y a pas que l'acquisition de connaissances. Il y a
également l'idée, avec un "et" justement et dans des conditions
telles, d'une surveillance ou d'une évaluation possible, mais elle est
nécessaire. Les deux sont nécessaires. L'idée, c'est
qu'une programmation éducative est celle qui est conçue pour
élargir les connaissances et, dans des conditions telles, que cette
acquisition, etc. puisse être; "puisse", c'est-à-dire que ce soit
possible de le faire. Or je prends l'argument a contrario quand
on parle d'une partie de hockey, mettons l'exemple des Nordiques, à mon
avis, dans ce cas, peu importe les critères impératifs qu'on
aurait déterminés dans l'article 3, ce ne serait pas possible que
ce soit reconnu programmation éducative à tous égards,
parce que l'acquisition des connaissances ne se ferait pas dans des conditions
telles que cette acquisition des connaissances, etc. puisse, par un
mécanisme ou par un autre, être surveillée et/ou
évaluée.
Vous comprenez, quand on regarde des exemples, comme si on avait une
émission qui donnait les prévisions de la météo.
Cela élargit les connaissances, d'accord, mais on ne pourrait pas dire
que ce serait une émission éducative, même si elle informe,
parce qu'on ne pourrait pas prévoir un mécanisme
d'évaluation et de surveillance qu'effectivement un type
d'émission comme celui-là, se fait dans des conditions telles que
cette acquisition et cet enrichissement de connaissance puisse
être...
Une Voix: Ce n'est pas vrai.
M. Guay: Dans le cas de la météo, ce sont
plutôt des auditeurs qui vérifient si le
météorologiste...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Jean-Talon permet une question au député
de Taschereau?
M. Rivest: Oui, il l'a posée.
M. Bertrand: Dans le cas d'un film qui a été
diffusé par Radio-Québec, c'est quoi la surveillance et
l'évaluation?
M. Rivest: Justement, c'est cela que je trouve. Le
problème est là, il est fondamental.
M. Bertrand: En d'autres mots le problème est là
uniquement pour une émission sportive.
M. Rivest: C'est que je crois, personnellement, et je pense que
d'autres l'ont dit, les éditorialistes l'ont souligné, le
ministre l'a même souligné, des intervenants de l'autre
côté également, la difficulté au fond de ce qu'on
appelle une programation éducative, c'est que c'est pratiquement
impossible, parce qu'on peut toujours trouver des exemples de mettre des
balises d'ordre juridique à cette notion. Pour ma part, ce que je
trouve, c'est que le fait que le gouvernement par choix a introduit l'article 3
en décrétant d'une façon impérative que la
définition reconnue par le Conseil des ministres de l'Education est
celle-là même que nous avons colligée, que nous avons
adoptée à l'article 2, je ne sais pas, je me suis informé
tantôt, alors que la commission suspendait ses travaux, mais j'aimerais
bien voir ailleurs où on a dit que cette définition doit
comporter d'une façon imperative tel ou tel élément. C'est
l'exercice auquel le projet de loi du ministre nous amène.
Peut-être qu'on est les premiers, je ne le sais, sauf erreur, à
faire cet exercice. Et en cours de discussion, on s'aperçoit que,
finalement, on est obligé de mettre des critères
impératifs tellement larges qu'on finit, peu importe les mots, on peut
achopper sur un mot ou sur un autre dans l'article 3, et dire que cela donne
ouverture à ceci ou à cela, au total, surtout si cela devient
disjonctif, c'est-à-dire si chaque paragraphe avec la liberté
d'information, la liberté d'expression, avec le patrimoine culturel au
sens qu'on peut donner à ce terme, avec même l'exercice du droit
des citoyens à l'éducation, parce que les "notamment" ne font
qu'illustrer... Au total, je crains que tout l'exercice qu'on fait au niveau de
l'article 3 n'ajoute finalement pas grand-chose aux éléments
constitutifs de la définition qu'on a adoptée à l'article
2. Deux éléments constitutifs, c'est-à-dire
l'élargissement des connaissances et l'idée d'évaluation
et de surveillance. C'est cela qui différencie. Parce que la
télévision généraliste, comme vous l'appelez,
l'autre télévision, pour les fins de la discussion, se satisfait
certainement de la première idée de la définition qu'on a
apportée dans l'élément 2, c'est-à-dire tous les
programmes d'ailleurs le député l'a lui-même dit
finalement de télévision, toutes les émissions de
télévision, on peut dire que chacune comme chacun peut y trouver
des éléments qui réalisent, enfin, qui permettent aux
individus ou aux citoyens la poursuite de leur formation par l'acquisition et
l'enrichissement de connaissances. N'importe quelle émission de
télévision. C'est la télévision, l'autre
télévision. Ce qui différencie la télévision
éducative, à mon sens, c'est l'idée d'une
évaluation et d'un contrôle qu'effectivement les citoyens ont
acquis une connaissance nouvelle au sens où c'est défini
là. (17 h 30)
Cela, à mon avis, est la caractéristique première
de la télévision éducative ou d'une programmation
éducative. C'est ce qui la différencie de l'autre. Cette
surveillance peut se faire, bien sûr, d'une façon restrictive au
titre de l'obtention d'un
diplôme; on parle alors de programmation éducative
scolaire. Ou bien on élargit un tant soit peu on peut
élargir à tous azimuts, bien sûr et on dit:
L'ensemble de la programmation de Radio-Québec contribue à
enrichir au titre du patrimoine culturel et on fixe à ce
moment-là un certain nombre, mais on ne permettrait pas, j'en suis
sûr, dans le contexte présent à tout le moins, à
moins que le gouvernement ne décide de faire de Radio-Québec un
réseau de télévision absolument parallèle et
identique à la télévision privée ou à
Radio-Canada... Le projet de loi est là pour cela et il y a le projet de
loi 5 que nous avons adopté et le ministre l'a
répété à plusieurs reprises: On cherche à
garder à Radio-Québec, tout en élargissant sa substance,
une différenciation en en faisant un instrument de
télévision éducative sans doute pour des raisons
constitutionnelles dans le contexte constitutionnel actuel. Mais je ne dis pas
qu'ultérieurement, soit par les solutions politiques qui seront
apportées au Québec ou par d'autres formes de remodelage ou de
renouvellement de l'organisation fédérale canadienne, on
n'arrivera pas à permettre aux provinces d'avoir cela. C'est une autre
question.
Ce qu'on vise avec le projet de loi, c'est à faire de la
programmation éducative. Si on met des critères disjonctifs aussi
larges je ne me battrai pas à tous crins pour cela, mais cela a
été soulevé et je pense que c'est une question
sérieuse avec les expressions qui ont été retenues
par le gouvernement et moi-même j'ai, au fond, contribué
à ce que je crains finalement en en ajoutant une autre plus
précise, soit "dans l'ordre économique et social", je trouve
qu'on n'avancera pas.
Finalement, s'il arrive remarquez que c'est probablement
hypothétique entre autres, que, sur le plan constitutionnel, il y
ait un débat quelconque qui se soulève et qu'on en arrive
à avoir une décision ou une précision sur ce plan, je
crains que l'article 3 soit assez secondaire dans la détermination de ce
qu'est ou de ce que n'est pas je ne sais pas comment la cour
procédera une télévision ou une radio
éducative. Je suis convaincu que les tribunaux se rattacheraient
beaucoup plus à l'article 2 qu'à l'article 3 si cela devient
disjonctif, tandis qu'en mettant le "et", à ce moment-là, ce
n'est pas limitatif, surtout, à part cela, que ce n'est, par chance,
scolaire. On dit: "Le droit des citoyens à l'éducation." C'est
très large. Educative et éducation, c'est quasiment la charrue
devant les boeufs, mais, enfin, c'est cela. Le "notamment pour l'obtention d'un
diplôme" est purement énumératif. Ce n'est pas limitatif.
Cela peut ne pas du tout avoir rapport avec des diplômes et le paragraphe
a) se tient par lui-même.
M. Guay: Si le député me le permet...
M. Rivest: A ce moment-là, en le rattachant à cela,
au moins, étant donné que le paragraphe a) a un contenu plus
scolaire comme tel, on se trouve à ne pas perdre de vue, à ne pas
échapper complètement le deuxième élément de
l'article 2 qui a deux éléments on l'oublie toujours
acquisi- tion de connaissances, mais également l'idée
d'une surveillance, d'un contrôle du caractère éducatif
pour savoir si effectivement les individus qui ont regardé cela ont
acquis des connaissances nouvelles.
M. Guay: Surveillance ou contrôle possible. Ce n'est pas
obligatoire.
M. Rivest: Non, ce sont des conditions.
Mme Lavoie-Roux: II faut que les conditions existent.
M. Rivest: II faut que les conditions existent. C'est ce que cela
veut dire.
M. Guay: Le député me permet-il une question?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon permet-il une question au député de Taschereau?
M. Rivest: Oui.
M. Guay: Le député de Jean-Talon semble
préoccupé par l'extension de la notion d'éducation telle
que l'article 3 la reconnaît. Le député n'est-il pas
d'accord puisqu'il faut poser une question qu'au fond, tel qu'il
est, l'article 3, au moment où ce projet de loi intervient,
c'est-à-dire en 1979, dix ans après la mise en place de
Radio-Québec comme téléviseur éducatif, donc
jouissant d'une expérience de dix ans quant à ce qu'est dans la
pratique, parce que finalement, c'est dans la pratique, c'est sur le temps que
cela se définit plus ou moins bien.
Une définition théorique comme on le soulignait
tantôt, cela devient extrêmement difficile. Donc, après dix
ans d'expérience de Radio-Québec, après dix ans
également d'expérience chez nos voisins en Ontario, l'OECA, et
quelques années d'expérience en Alberta à la
télévision éducation et, soit dit en passant, si vous
regardez la grille de programmation de l'OECA en Ontario, je vous jure que
Radio-Québec est drôlement éducatif en comparaison, au sens
plus restreint du mot éducation après ces
expériences, après ces dix années d'expérience, au
moment de remettre à un organisme quasi judiciaire le soin de
déterminer si une programmation est ou n'est pas éducative,
n'est-il pas opportun de compléter en quelque sorte l'article 2?
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il permet beaucoup de choses
à l'expérience acquise, l'article 3 qui vient dire à la
régie: Voilà les balises à l'intérieur desquelles
vous devrez prendre votre décision, comme tout projet de loi il
n'y a pas un projet de loi qui prévoit tous les cas, c'est pour cela que
les tribunaux existent ou que les régies existent, les tribunaux
administratifs en particulier voilà vos balises
générales, comme pour la Commission des transports et la
Régie du logement éventuellement. A l'intérieur de cela,
vous
devez décider, mais on ne peut pas prévoir tous les cas,
toutes les programmations, toutes les émissions individuelles qui vont
être soumises à titre éducatif...
M. Rivest: Et moi, je...
M. Guay: ... et dire à la régie: Dans tel cas,
ça l'est. Dans tel cas, ce ne l'est pas. Mais voilà trois
éléments qui vous permettent en quelque sorte, à la
lumière de l'article 2, d'essayer d'évaluer si oui ou non
ça l'est.
M. Rivest: II y aurait une autre... Au fond, c'est quoi,
l'article 3? Quelle a été l'intention du ministre, du
gouvernement en apportant l'article 3? C'est le choix, comme l'a
souligné le député de Vanier et le ministre dans son
discours, par rapport au comité conjoint si on fait un peu la
genèse. Ils ont dit finalement: Pour déterminer cela, on va
sortir cela d'un comité ministériel. On va prendre un organisme
indépendant pour déterminer ce qu'est une programmation
éducative. C'est le premier choix, la première décision
clé que vous avez prise lorsque vous avez préparé ce
projet de loi. La deuxième, vous avez je présume, mais je
pense que le résultat est là choisi l'organisme à
tort ou à raison, peu importe, et vous avez dit: On va quand même
donner à l'organisme un "guideline", si on me le permet, certaines
balises, certains critères qu'on aimerait. Evidemment, ce sont des
choix. Vous avez décidé de lui donner des balises pour l'aider,
au fond, à exercer le mandat que vous confiiez à ce
moment-là à la Régie des services publics et aussi pour
donner une directive, comme ministre des Communications, que vous vouliez que
la programmation éducative s'oriente dans tel ou tel sens. Ce sont les
choix qu'on trouve énumérés dans l'article 3. La
difficulté et la rigidité qu'on débat ici, au niveau de la
commission parlementaire, on essaie de trouver des cas. Le député
de Taschereau en a trouvé. Il y a deux façons finalement dans
cela. On peut rejeter la motion et prendre les "ou". Nous, on trouve que cela
fait trop large, mais enfin, cela ne nous empêchera pas de dormir.
M. Guay: Là-dessus, justement...
M. Rivest: Non. Je poursuis. C'est la première affaire.
C'est le premier choix. Nous, on dit: On met "et" et on rattache cela à
des questions d'éducation à la réflexion; à
l'occasion d'une commission parlementaire, il faudrait peut-être y
repenser davantage, mais le député de Taschereau nous a dit qu'il
y aurait peut-être des genres d'émissions qui nous
échapperaient. Il aurait pu en trouver d'autres. Mais si le gouvernement
avait choisi, étant donné qu'il veut simplement fournir des
balises, de ne pas rendre impératif, si l'article 3 était
libellé de la façon suivante: Une programmation éducative,
au lieu du "doit", ne pas mettre "peut", mais...
Une Voix: Doit tendre.
M. Rivest: ... "doit tendre à" ou enfin trouver une
formule: Doit favoriser, doit chercher à...
M. O'Neill: C'est cela que veut dire le "doit", je pense.
M. Guay:... ce qui est marqué. Doit chercher à
favoriser ou doit favoriser...
M. Rivest: Vous savez ce que je veux dire? C'est qu'on a
l'impression que c'est rigide et là, l'éducation physique ne
marche pas parce que c'est absolument impératif. Cela ne rentre pas dans
une des catégories.
M. Guay: Oui, cela marche, sauf si vous mettez "et".
M. Rivest: C'est cela. Et deuxièmement, l'autre solution
serait de dire qu'une programmation éducative doit favoriser mettons
l'exercice du droit des citoyens à l'éducation, on pourrait
prendre cette formule aussi, soit, en "promouvant" l'accès du citoyen
soit..." Le "soit" ne serait pas limitatif et exclusif. Vous comprenez? Si on
disait: Une programmation éducative doit favoriser l'exercice du droit
des citoyens à l'éducation, notamment on peut laisser les
"notamment" virgule cela changerait complètement la
rédaction soit en favorisant l'accès des citoyens à
leur patrimoine culturel, soit en c'est quoi sur
l'économie...
Mme Lavoie-Roux: Le droit à des émissions
répondant à des besoins...
M. Rivest: Soit en...
Mme Lavoie-Roux: C'est la première ligne qui...
M. Rivest: ... en favorisant l'accès des citoyens au
bien-être économique et social en présentant des
émissions... soit en favorisant l'accès des citoyens à la
liberté d'expression et d'information. Autrement dit, avec le "soit", il
y aurait des indications qui seraient données à la Régie
des services publics, il y en aurait trois, mais ce serait relié
à la notion d'éducation au sens large, et ce ne serait pas
limitatif, dans le sens qu'il pourrait y avoir quatre, cinq autres "soit"
regardant l'économie, que la Régie des services publics regardant
l'économie générale de l'article 3, c'est-à-dire
une vision large de la programmation éducative, considérant les
deux critères, les deux éléments constitutifs de la
définition de l'article 2, il me semble qu'un organisme, comme la
Régie des services publics, pourrait, à ce moment, rendre des
décisions sans blocage législatif.
Au fond, toute notre discussion cherche à éviter les
blocages. Notre amendement en a peut-être constitué un. Enfin, je
laisse cela à la réflexion du ministre et de la commission, sans
vouloir prolonger indûment le débat, mais peut-être qu'une
formule de rédaction comme celle-là, au lieu d'une programmation
éducative doit, poum! poum!
poum!.. Je ne veux pas dire simplement: Une programmation
éducative peut favoriser, mais ce serait un peu trop faible; je ne sais
pas, il y a moyen de trouver une formule, peut-être garder le "doit",
avec la formule des "soit".
Mme Lavoie-Roux: La première ligne devrait être
sortie. C'est le principe.
M. Rivest: Quant à moi, pour l'instant, on peut...
M. Guay: Est-ce qu'on ne trouve pas ce que souhaite le
député de Jean-Talon dans l'article 2? Il faut lire les deux
articles.
M. Rivest: L'article 2, je le trouve très important,
beaucoup plus important que l'article 3, mais je ne veux pas que l'article 3
crée des rigidités telles, mais soit à ce point
ouvert...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne pouvez pas le relier au 2.
M. Rivest:... que, à ce moment, il ne faut finalement pas
que cela donne lieu à n'importe quoi, et, deuxièmement, qu'on ne
puisse pas satisfaire au deuxième élément de la notion de
l'article 2, c'est-à-dire l'idée que tout cela doit se faire dans
des conditions au fond, c'est la personnalité même de
Radio-Québec telles qu'on sent qu'avec Radio-Québec, il y
a la possibilité d'une surveillance et d'une évaluation, et le
ministre nous a dit qu'effectivement c'était cela. Je suis convaincu
qu'il va voir à créer un mécanisme quelconque pour que
l'on conserve cette personnalité éducative à
Radio-Québec. Dans le contexte constitutionnel actuel, c'est très
important, et même éventuellement, dans un contexte où
Radio-Québec deviendrait un diffuseur comme Radio-Canada ou comme un
réseau privé, à ce moment, le problème ne se posera
plus. Peut-être qu'à ce moment on décidera de créer
même un système pour remplir des fonctions proprement
éducatives au Québec ou autrement. Mais cela est une autre chose,
on est rendu loin.
M. Guay: Si le député n'est pas d'accord... est-ce
qu'il me permettrait une question?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Est-ce que le député n'est pas d'accord
qu'il appartiendrait à la Régie des services publics de rendre
ces décisions tant en vertu de l'article 2 que de l'article 3? En
d'autres mots, n'est-il pas d'accord qu'il est impossible à la
régie de lire l'article 3 en faisant abstraction de l'article 2 et
qu'à partir de là, une programmation éducative doit
favoriser l'exercice du droit des citoyens à l'éducation?
L'article 2 le dit abondamment, quoique pas en tellement de termes, mais le dit
quand même abondamment et que si la régie autorise un
radiodiffuseur, un télédiffuseur ou un câblodistributeur et
reconnaît que sa programmation ou une partie de sa programmation est
éducative, disons en vertu de l'article 3b, ce ne sera pas uniquement en
vertu de l'article 3b mais également en vertu de l'article 2.
En d'autres mots, ce que souhaite le député de Jean-Talon,
c'est déjà dans le projet de loi. (17 h 45)
M. Laberge: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jeanne-Mance a une question à poser.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais avoir un
consentement quand même, parce que le député de Jean-Talon
a terminé son temps de parole. Est-ce qu'il y a un consentement?
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas question de prendre nos vingt
minutes.
M. Laberge: Je ne veux pas utiliser mes 20 minutes, M. le
Président, mais j'ai suivi avec intérêt le débat
toute la journée et, juste avant que le député de
Taschereau prenne la parole la dernière fois, c'est ce que je
m'apprêtais à dire. On ne peut pas dissocier l'article 3; tel
qu'il est fait, il n'est pas restrictif à un point qu'il permettrait
à la régie de porter un jugement. Si on remplaçait le mot
"notamment" par ce que le député de Jean-Talon suggérait,
enlever "notamment" et mettre une série de "soit",
automatiquement...
M. Rivest: C'est avant "notamment" que je le mets, entre chacun
des éléments.
M. Laberge: Oui.
M. Rivest: Si le député me permet, ce que je veux
dire...
Mme Lavoie-Roux: ... pour favoriser le droit...
M. Rivest: ... c'est qu'une programmation éducative doit
favoriser l'exercice du droit des citoyens, c'est une première phrase.
Après, le "notamment" vient, et je mets "soit en "promouvant"
l'accès au patrimoine culturel...
M. Laberge: Oui, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... soit en "promouvant" l'accès; enfin, on va
trouver un autre mot, "promouvant"...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Laberge: Le "soit" deviendrait évidemment très
compliqué. Si on mettait "soit" et aussi "notamment", parce que,
normalement, lorsqu'en rédaction, on met "soit", cela veut dire qu'on
donne une série de critères qui peuvent être suivis.
C'est pour cela que je trouvais que l'argumentation que vous employiez
était évidemment difficilement conciliable avec les "notamment"
qui laissent un peu d'ouverture ou les "soit" qui mettent une série de
barrières. Je n'étais pas capable d'être d'accord avec vous
là-dessus et je voulais justement y revenir. Aussi souvent qu'on dit,
dans l'article 3, que la télévision éducative doit
être une chose ou l'autre, ou l'autre, on revient toujours à la
définition de "télévision éducative" qui est
à l'article 2. Je me disais que tout notre débat, finalement,
nous avait peut-être éclairés. Je ne sais pas s'il
était éclairant nécessairement pour la
postérité, parce que je pense que les articles 2 et 3 se
complètent. Moi, je les accepte tels qu'ils sont présentement,
tout en ayant accepté votre amendement qui est devenu le paragraphe
c).
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai juste une question. Je prends un exemple
dans l'article 2. Si on dissocie l'article 2, de favoriser l'exercice du droit
des citoyens à l'éducation, qui doit quand même être
le grand principe qui sous-tend toutes les activités des paragraphes a),
b), c)... Je vais donner un exemple. On voit dans le 2: favoriser les
échanges interrégionaux et interculturels. Evidemment, l'exemple
que je vais donner va peut-être refléter certains
préjugés de ma part, mais enfin je m'en excuse. Il y a un club de
boxe ou de lutte dans la région de l'Abitibi et il y en a un autre dans
la région de Montréal; il y a un match entre les deux. Est-ce que
cela se classe, si on enlève toute notion, je fais la part de ce qui
peut être mes préjugés, si on fait abstraction du droit des
citoyens à l'éducation, est-ce qu'ils peuvent venir plaider qu'il
s'agit de favoriser des échanges interrégionaux au plan sportif?
Est-ce qu'il y a là-dedans quelque chose d'éducatif?
M. O'Neill: II faudrait demander l'avis du député
de Vanier. Il n'est pas possible qu'il écoute...
Mme Lavoie-Roux: La même chose pourrait se poser pour le
hockey, je regrette de le dire. L'équipe de hockey de Joliette et
l'équipe de hockey de Gaspé, est-ce que c'est vraiment...
M. Guay: Est-ce que, suivant Mme le député de
L'Acadie, Radio-Québec devrait s'abstenir de diffuser les Jeux du
Québec?
M. O'Neill: Elle le fait.
M. Guay: Elle le fait.
M. Bertrand: C'est du sport amateur.
M. Rivest: C'est culturel, c'est éducationnel.
M. Guay: Vous avez là des échanges
interrégionaux.
M. Bertrand: Des échanges interrégionaux.
M. Guay: Par définition, c'est cela, les Jeux du
Québec.
M. Bertrand: II y a la dimension culturelle rattachée aux
Jeux du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais est-ce qu'il y en a une à la
joute de hockey de Joliette et celle de Gaspé?
M. Bertrand: C'est de la bataille.
Mme Lavoie-Roux: Puis un combat de boxe entre les deux.
M. Guay: Est-ce que le député n'est pas d'accord
que, justement, à vouloir prévoir tous les cas d'espèce
comme cela...
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous faisiez tout à l'heure
pour réfuter le "et".
M. Guay: Non. Je prévois des cas d'espèce où
il y aurait problème, ou quelqu'un...
Mme Lavoie-Roux: Cela, je pense, peut présenter un cas de
conscience, mais allez-y...
M. Guay: Oui, mais il faut quand même...
Mme Lavoie-Roux: ... pour savoir si c'est éducatif ou
pas.
M. Guay: Là, ce que je faisais tantôt si le
député me le permet j'essayais d'indiquer des cas
où l'amendement proposé restreignait la reconnaissance que la
régie devrait normalement donner dans ce cas-là. Par contre, de
là à dire... L'argument a contrario on revient à
cela, évidemment, ce que le député de L'Acadie utilise
vise à déterminer à l'avance ce qui est et ce qui
n'est pas éducatif pour chaque cas d'espèce. Il y a tellement de
cas d'espèce. L'évaluation ne peut pas être prévue
dans le détail à l'avance. C'est pour cette raison que la
régie se voit confier ce mandat avec des balises
générales, mais il faut aussi faire confiance aux gens de la
régie de ne pas faire, de ne pas autoriser... A supposer que
Radio-Québec arrive avec une programmation qui soit celle de
Radio-Canada, c'est-à-dire un gavage de sports exceptionnel, tout le
monde, je pense bien, reconnaît que ces années-ci...
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'il y a une grosse part de
divertissements là-dedans.
M. Rivest: ... soi-disant éducative. C'est très
bon.
Mme Lavoie-Roux: Bien plus qu'éducative.
M. Guay: Oui, je suis d'accord avec vous, mais Radio-Canada ces
années-ci diffuse du sport en
quantité presque industrielle. Il se passe rarement une
journée... Bon, enfin...
Mme Lavoie-Roux: Ils ne prétendent pas être
éducatifs non plus.
M. Guay: Mais si Radio-Québec arrivait à la
régie avec une programmation identique à celle-là, je
pense qu'il faut faire confiance aux gens de la régie, qu'ils diraient:
C'est bien de valeur, mais votre programmation n'est pas, s'éloigne trop
de l'idée générale que l'on se fait, et des balises qui
sont indiquées dans la loi, s'éloigne trop de ce qu'est une
programmation éducative. Si Radio-Québec devait passer autant de
sport professionnel que Radio-Canada en passe, à ce moment-là, il
faut faire confiance à la régie. La régie dirait: En vertu
de l'article 2 ou de l'article 3, non, ce n'est pas éducatif. Non
seulement vous n'aurez pas de subvention, mais vous ne serez même pas
reconnus comme diffuseurs éducatifs, ce qui veut dire qu'on met la
clé dans la porte de Radio-Québec parce que Radio-Québec a
un mandat exclusif de faire de la télévision éducative. Si
la régie ne reconnaît pas sa programmation, c'est foutu.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: J'ai quelques commentaires rapides. Je comprends la
préoccupation derrière cela, c'est-à-dire de s'assurer
d'une place suffisamment vaste d'une conception de l'éducation, je
dirais, qui est mieux balisée. Je pense qu'on peut dire que c'est ce qui
est derrière cela. Là-dessus, j'ai l'impression qu'on est tous,
on est pas mal d'accord.
Je ne pense pas qu'on pourrait faire une argumentation rigoureuse,
métaphysique là-dessus. Le problème que je me pose, c'est:
Est-ce que c'est le moyen? Parce qu'en fait, d'abord, il faudrait voir... On
change un peu la nature de l'article, c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir un
certain nombre de descriptions d'activités en fait, c'est une
description d'activités, on peut dire en gros, de genres
d'activités possibles on en prend une et elle se transforme en
parapluie. C'est cela, en fait. Cela devient majeur...
Mme Lavoie-Roux: Ça devient un principe.
M. O'Neill: ... prioritaire. Cela devient un principe et en ce
sens-là, ne doit-on pas dire qu'à sa façon, elle
répète l'article 2 d'une certaine manière. C'est pour
cette raison que ma première remarque, je me demande, je suis
porté à dire: Est-ce que ce n'est pas un peu superflu, tout en
comprenant la préoccupation derrière cela? La deuxième, je
me demande si ce n'est pas imprudent, et c'est pour cette raison que je vous
dis, par exemple, que c'est un amendement que, par exemple, je n'accepterais
jamais sans savoir ce que Radio-Québec en pense. Cela va être
quoi, dans la pratique? Cela peut impliquer quelles contraintes? En somme,
c'est qu'à partir de... Au lieu d'avoir une énumération de
quatre secteurs comme cela, il y en a quatre vous avez donc un
parapluie et, finalement, trois secteurs, ce qui est différent.
Mme Lavoie-Roux: II y en aura toujours quatre.
M. O'Neill: Oui, mais le premier est différent. Il devient
une balise. C'est cela, l'affaire.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Seulement la première ligne du
premier.
M. O'Neill: Non, il devient une balise à cause de votre
"et". C'est cela, l'embarras du premier... Tout le premier paragraphe devient
une balise et regardez comment il est composé. Là, ma question,
c'est que je dis: Qu'est-ce que cela va donner dans la pratique? N'est-on pas
en train de mettre peut-être Radio-Québec dans une situation un
peu embarrassante? Même en supposant que dans l'avenir, qu'on le veuille
ou non, probablement que Radio-Québec va plus se rapprocher de certains
objectifs dont nous avons parlé* hier quand on a parlé
d'éducation permanente, que peut-être elle ne l'a fait jusqu'ici,
ne serait-ce que maintenant, elle est mieux balisée non seulement par
une, mais par deux lois. Comment la régie va-t-elle jouer dans cela? En
somme, avec une sorte de nouvelle balise qui vient s'ajouter à celle de
l'article précédent et dans l'état... Ce n'est pas une
conclusion que je veux formuler là-dessus. J'aimerais d'ailleurs qu'on
continue un peu à discuter là-dessus et que d'autres qui ne nous
ont pas donné leurs réflexions nous les donnent...
Mes deux remarques, c'est cela dans le moment. Je dirais que
premièrement, c'est sûr que cela modifie la nature de l'article.
Deuxièmement, il me semble que c'est superflu à cause de
l'article 2. Troisièmement, je me demande si ce n'est pas imprudent et
que, tout à coup, on risque d'être pris dans des situations
où ce sera difficilement applicable; du moins, si quelqu'un voulait
l'appliquer avec rigidité, on en arriverait à des situations
assez embêtantes à commencer par Radio-Québec. C'est
l'état de mes réflexions à ce stade-ci, M. le
Président. J'aimerais qu'on se donne peut-être un laps de temps et
comme je vous le dis, je n'en fais pas une... Mon problème, autrement
dit, c'est une cause à double effet. Pour revenir à des principes
généraux de philosophie, nous avons bien à mesurer si le
mauvais effet n'est pas en train de l'emporter sur le bon effet, sur lequel
nous sommes d'accord, c'est-à-dire assurer une place
privilégiée au fond, c'est cela, la même
préoccupation que nous avons eue hier une certaine place
privilégiée qui porte le nom en gros d'éducation
permanente et qui est formulée au paragraphe a).
Le Président (M. Lacoste): M. le député
Taschereau.
M. Guay: Est-ce qu'il y a un amendement...
Mme Lavoie-Roux: On peut peut-être suspendre et...
M. O'Neill: Quelqu'un veut demander la suspension?
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement pour
suspendre les débats jusqu'à ce soir, 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 58
(Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Lacoste): Reprise des travaux de la
commission permanente des communications sur le projet de loi no 4, Loi sur la
programmation éducative.
A l'ajournement des travaux nous en étions à un amendement
du député de Marguerite-Bourgeoys à l'article 3 qui se
lisait comme suit: "Amender l'article 3 en ajoutant après le paragraphe
a) le mot "et". Est-ce que cet amendement est adopté?
M. O'Neill: Est-ce que je peux ajouter une information
supplémentaire?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Un contact a été effectué avec
la direction de Radio-Québec et précisément avec le
président-directeur général. On peut avoir un avis en gros
comme cela. Il s'est réjoui d'une part de l'amendement modifié du
député de Jean-Talon...
M. Rivest: Vous l'en remercierez.
M. O'Neill: ... de nature économique et sociale. Il a
trouvé cela excellent.
M. Rivest: Cela a toujours été un de mes amis, M.
Barbin.
M. O'Neill: D'autre part, il s'inquiète des
conséquences qu'il y aurait à inclure l'autre amendement. Ce
qu'il craint, c'est qu'on en arrive à un moment donné à
chercher des mesures qui seraient à peu près identiques pour des
émissions éducatives non scolaires et générales et
des émissions qui se prêtent à des critères plus
précis qui sont plutôt représentées entre autres par
le paragraphe a). Ce qu'il craindrait dans l'application, c'est qu'on en
arriverait peut-être à des sortes de critères carcans qui
pourraient ressembler à des restrictions telles que ce serait
peut-être comme si à un moment donné on obligeait
Radio-Québec en pratique à faire reconnaître sa
programmation par le ministère de l'Education. C'est une impression
qu'il a donnée, cette sorte de crainte générale comme
celle que j'ai formulée ce soir. Je vous la communique comme cela.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys, à l'article 3, qui se lit
comme suit: en ajoutant après le paragraphe a) le mot "et", est-il
adopté?
M. Guay: II n'est pas adopté. M. Rivest: II n'est
pas adopté?
M. Guay: II le soumet au vote. Je dis qu'il est
rejeté.
M. Rivest: Ah! Il faut voir! M. Guay: Alors, voyons!
M. O'Neill: S'il y en a d'autres qui veulent intervenir...
Le Président (M. Lacoste): Rejeté sur division?
M. Rivest: M. le Président, je fais une petite demande
parce que je n'ai rien d'autre. J'accepte. Je n'accepte pas les remarques du
ministre. Je comprends que l'on a eu une discussion en fin d'après-midi
suffisamment large...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, juste pour... Question de procédure. Y a-t-il consentement
pour donner de nouveau la parole au député de Jean-Talon?
M. Rivest: Je suis prêt à ce qu'on prenne le vote
à ce moment-ci. La seule chose que je demanderais, par
délicatesse, c'est qu'on passe au prochain élément et
qu'on vote immédiatement lorsque le député de L'Acadie
sera arrivé, étant donné qu'elle a participé. Elle
va être ici d'une minute à l'autre. A moins que le
député de Gaspé n'ait des choses à dire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: En attendant, M. le Président, cet
après-midi, quand on a déposé cet amendement, j'avais
déclaré évidemment, je regarde les choses dans leur
ensemble; je n'ai jamais été un homme de détail, je ne
suis pas juriste que je voyais très bien les paragraphes a), b),
c) de l'article 3 et j'avais dit que c'était implicitement compris dans
un des paragraphes. Si on voulait le rendre plus explicite, quand on parle de
promouvoir l'accès au bien-être économique et social, je
pense qu'il y aurait moyen, en évitant les "ou" et les "et", de
l'introduire quelque part, après une des notions. Maintenant, je sais
que c'est fait, mais je pense que cela aurait été très
simple d'introduire cet amendement qu'il y avait ici à
l'intérieur même des articles. A ce moment-là, on aurait
évité les "ou", les "et" et toutes ces choses-là. Cela
aurait été très facile de l'introduire et on n'aurait
absolument rien changé là-dedans; on aurait ajou-
té "pour le bien-être économique et social". Tout
aurait été compris là-dedans.
M. Rivest: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Le Moignan: Oui.
M. Rivest: Je viens d'écouter ce que vous venez de dire.
Est-ce que vous avez soupé avec le député de
Jacques-Cartier?
M. Le Moignan: J'ai soupé tout seul. Le
député de Jacques-Cartier m'aurait embrouillé, mais je
comprends que le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Rivest: Non, c'est très sérieux. C'est parce que
c'était l'idée, effectivement, du député de
Jacques-Cartier, dont il nous a parlé auparavant.
M. Le Moignan: Le député de Marguerite-Bourgeoys,
qui est tout de même un avocat et un ancien ministre, a trouvé le
don de venir ici, d'introduire ces petites notions et de disparaître
après coup en nous laissant un héritage assez lourd qui,
semble-t-il, n'est pas tellement facile à démêler pour tout
le monde.
M. Guay: II a fui à l'anglaise.
M. Le Moignan: J'ai écouté le député
de Taschereau cet après-midi, il a fourni des arguments fort valables.
Quand on met un "et" au début et qu'ensuite on a des "ou", on voit les
implications du premier paragraphe sur tous les autres dans le concret. J'ai
mieux compris cela après coup. Je ne me suis pas nécessairement
prononcé contre, mais je dis qu'il y avait peut-être un moyen
d'introduire votre amendement ici à l'intérieur de a), b) ou c),
de le rendre plus explicite. Je pense qu'à ce moment-là on aurait
évité cette procédure par laquelle le député
de Marguerite-Bourgeoys, dans sa grande habileté, est venu placer la
commission dans l'eau bouillante. Il est peut-être trop tard pour le
faire, mais on aurait gagné énormément de temps si on
avait tout simplement repris cela et dit: On peut peut-être introduire
cela à l'intérieur des trois articles. Maintenant, comme il est
trop tard pour faire cela, je laisse tomber. Mais la logique, je pense, nous
aurait demandé d'agir dans ce sens et cela aurait tout
simplifié.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'aimerais qu'on suspende simplement le vote au moment
où le député de L'Acadie, et peut-être le
député de Jacques-Cartier seront arrivés et qu'on passe au
paragraphe b) devenu c). Est-ce qu'il est devenu c) en ce moment? Non pas
encore.
M. Guay: Non, il ne deviendra pas c).
M. Rivest: II reste b)?
M. Guay: C'est c) qui va devenir b).
Le Président (M. Lacoste): Question de procédure,
M. le député de Jean-Talon, cet après-midi nous avions dit
que le député de Taschereau remplacerait le député
de Vanier pour ce matin; il y a un accord là-dessus. Donc, le
député de Taschereau remplace le député de Vanier
et pour les intervenants, le député de Vanier remplace le
député de Taschereau. Comme membre de la commission, le
député de Taschereau remplace le député de Vanier
et comme intervenant le député de Va nier remplace le
député de Taschereau. (20 h 15)
M. Rivest: C'est dommage cela ferait trois contre deux.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Rivest: Oui, il y a consentement.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre l'amendement...
M. Rivest: Le vote sur l'amendement.
Le Président (M. Lacoste): Le vote sur l'amendement pour
que le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Guay: Est-ce que vous avez objection à suspendre le
vote?
M. O'Neill: Non.
M. Rivest: On peut faire b) tout de suite.
M. O'Neill: Pourvu qu'ils arrivent avant 22 heures.
M. Rivest: Oui, ne vous en faites pas, ne soyez pas inquiet.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle le paragraphe b). M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, très rapidement. Juste un instant. J'ai
seulement une question. Qu'est-ce que le ministre a en tête? Entre
autres, je m'intéresse peut-être davantage... Je comprends qu'il y
a deux dimensions là-dedans, la dimension des régions, la vie des
régions, les échanges interrégionaux. Qu'est-ce que le
ministre a en tête en favorisant les échanges
interrégionaux et interculturels? Qu'est-ce que cela ajoute de plus
à des émissions qui vont réfléter la vie des
différentes régions et des différentes communautés
ethniques?
M. O'Neill: Cela ajoute cela, M. le Président. Reprenons
l'exemple de Radio-Québec, les régions
qui font partie d'un même pays se connaissent mieux. C'est pour
cette raison qu'il est prévu, dans le cas de Radio-Québec, qu'il
y aura deux types d'émissions régionales, avec diffusion
régionale, émissions régionales avec diffusion nationale.
Le but c'est de faciliter la communication, sur le plan culturel, entre les
différentes régions.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Cela ne serait-il pas couvert par la volonté de
refléter la vie des différentes régions, des
différentes communautés ethniques?
M. O'Neill: Oui, une précision de plus, je pense.
M. Guay: La façon dont...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Taschereau.
M. Guay: ... je l'interprète, c'est qu'on assiste, au
Québec, comme d'ailleurs au Canada anglais, à un
phénomène, depuis déjà plusieurs années, de
centralisation culturelle et de centralisation de production audio-visuelle, de
telle sorte qu'au fond l'image que la télévision
québécoise reflète du Québec est essentiellement
une image montréalaise, de la même façon que l'image que la
télévision canadienne anglaise reflète du Canada anglais
est celle de Toronto, ce qui, fort légitimement, frustre les gens de la
Colombie-Britannique, essentiellement des extrêmes, mais de moins en
moins au fur et à mesure qu'on arrive vers Toronto.
La frustration est peut-être moins marquée au
Québec, mais on sent quand même un certain nivellement par le
phénomène du mass media qui part de Montréal et qui
applanit tout sur son passage, sans pour autant que les personnalités
régionales puissent se faire valoir. C'est d'ailleurs là une
très sérieuse lacune de Radio-Canada, soit dit en passant. Il
serait normal en plus que la vie régionale puisse se refléter
à elle-même par les moyens de communication, que du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie, on ne soit pas obligé de
passer par Montréal.
Ce qui veut dire, en d'autres mots, que non seulement on suscite la
vitalité de chaque région, mais que d'une région à
l'autre, il s'établisse des échanges sans pour autant que tout
passe toujours par Montréal, comme en France, tout doit toujours passer
par Paris, si on fait un appel de Marseille à Bordeaux, il semble bien,
c'est peut-être changé maintenant... mais dans le temps, si on
faisait un appel de Dakar à Abidjan, il fallait passer par Paris. C'est
aussi absurde que ça.
M. Le Moignan: Vous avez apporté un bon exemple, les
échanges interrégionaux. Si on regarde l'Est du Québec, il
y a quatre musées; si on regarde les sociétés d'histoire,
il pourrait y avoir un travail en commun qui pourrait être l'objet d'une
émission très intéressante; surtout si on les
réunit, les quatre musées de l'Est du Québec auraient des
choses à mettre en commun.
Je pense que, dans ce sens, on peut garder cette ligne; on le fait du
côté culturel, ça se fait chez nous, ça peut se
faire ailleurs, ça peut se faire dans d'autres domaines. On a des
compétitions sportives dans douze régions du Québec; qu'on
ait cinq ou six régions qui aient un débat oratoire important, je
pense que, à ce moment, on aurait quelque chose de culturel,
d'interculturel et d'interrégional à la fois. Il me semble qu'on
peut garder ça sans nuire du tout au premier aspect.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: En fait, M. le Président, la deuxième
partie de la phrase ajoute un élément actif; ce n'est pas
seulement reflété, c'est un élément actif
d'échange où les gens participent. Il me semble que c'est
ça que ça exprime le plus. C'est-à-dire que
Radio-Québec, à Montréal, pourrait refléter
à elle seule les différentes régions, mais
l'élément qui me semble exprimé le plus directement par
ça, c'est que les régions elles-mêmes vont participer
à des échanges.
M. Le Moignan: Oui, quand on pense à la
régionalisation sur laquelle on a tellement insisté, il faudrait
tout de même qu'on lui confie un rôle qui soit
précisé.
M. Rivest: A moins qu'il n'y ait d'autres interventions, M. le
Président, quant à moi, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe b) est
adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
maintenant le paragraphe d).
M. O'Neill: Le nouveau d).
Le Président (M. Lacoste): Le nouveau d).
M. Rivest: Qu'est-il advenu de c)? Ah, oui, le c) est maintenant
d).
M. Guay: C'est ton amendement qui s'intercale.
M. O'Neill: C'est social-économique qui vient se glisser
là, qu'on a adopté.
M. Guay: Vous tombez à sa place. M. O'Neill: Pas de
commentaire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pas de commentaire sur un aspect aussi important.
M. Le Moignan: Enfin, le député de Jean-Talon est
d'accord avec le projet de loi, alors qu'il y aurait tellement de choses
à discuter dans celui-là.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur le paragraphe d).
M. Rivest: Je voudrais que le ministre... Il s'agit, M. le
Président, ici, de programmation éducative. On veut faire de
l'éducation au sens large. Je suis bien d'accord qu'on veuille faire de
l'éducation au sens large. Juste un instant, je cherche un document.
M. Le Moignan: II cherche des arguments! M. Rivest: Un
document, pas des arguments. M. Le Moignan: J'ai mal compris à
distance.
M. Rivest: Je me demande l'utilité de ce paragraphe c)
devenu d). Il me semble que l'objectif, en tout cas, du paragraphe c) est dans
le corps même du mandat général du ministère des
Communications ou des services d'information du gouvernement et probablement du
mandat général qui est confié à Radio-Québec
de favoriser le droit des citoyens à la liberté d'expression et
d'information. Je me demande en quoi cela doit devenir ou peut devenir
l'élément qu'on veut impératif par la formulation de
l'article 3, un élément essentiel à une programmation
éducative. Au fond, en termes de programmation, étant
donné que dans le "notamment" on parle d'une façon
précise, on indique qu'il s'agit d'encourager la discussion des
questions d'intérêt général ou enjeu collectif dont
on a abondamment parlé antérieurement, en faisant valoir toutes
les dimensions et en encourageant une plus large ouverture sur le monde, etc.;
au fond ce qu'on veut faire, c'est qu'on veut reconnaître
éducative une modalité de production d'un document audio-visuel
dans le sens suivant, c'est qu'au lieu d'être simplement une
émission qui est conçue pour enrichir les connaissances, on veut
que ce soit sous la forme d'un débat ou d'une discussion.
C'est le seul élément additionnel finalement qu'apporte ce
paragraphe. On introduit ici une modalité, comme si Radio-Québec
ne l'avait pas, par ailleurs, ou n'importe quel autre media qui fera de la
télévision éducative, pour lui permettre de choisir
elle-même la forme de ses émissions. Si on parle on en a
parlé beaucoup de la question référendaire, par
exemple, de référendum informé ou enfin cela peut porter
sur le contenu du référendum. Il pourrait y avoir une
émission qui pourrait être reconnue d'ordre éducatif qui
n'épouserait pas, nécessairement, la forme d'une discussion ou
d'un débat qui ferait valoir toutes les dimensions d'une question comme
celle-là.
D'autant plus que la question de favoriser l'exercice du droit des
citoyens à la liberté d'expression et d'information je
n'ai pas le texte de loi du ministère des Communications est une
responsabilité première du ministère des Communications.
Ce paragraphe m'apparaît dans cette perspective finalement assez inutile
et peut-être même introduit-il... au fond, c'est la seule
résonance pratique qu'il a eue jusqu'à maintenant et qu'il
continuera probablement d'avoir, celle de soulever le fameux débat qui
ne plaît pas au ministre, mais qu'on est bien obligé
d'évoquer d'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à
l'avoir fait qui est dans l'ordre des procès d'intention, dans la
mesure où ce projet de loi se situe dans un contexte politique
donné.
De toute manière, ce paragraphe m'apparaît
superfétatoire, pour reprendre l'expression du ministre d'Etat au
développement culturel, dans I? mesure où ce n'est certainement
pas le propr d'une programmation éducative de permettre la discussion
des questions d'intérêt général, puisque cet
élément n'était certainement pas une
caractéristique d'une programmation éducative, puisqu'elle est
pratiquée d'une façon courante par tous les autres media
d'information, d'ailleurs, autant écrits que sonores ou visuels et que
c'est la responsabilité générale, au niveau du
gouvernement, du ministère des Communications.
En apportant cet élément additionnel et en en faisant un
critère, une programmation éducative doit satisfaire à un
pareil critère; je trouve que là, vraiment, ça peut ouvrir
la porte à à peu près n'importe quoi et que c'est
élargir considérablement la définition de programmation
éducative.
D'autant plus que si on regarde le paragraphe c) devenu d), en regard de
2, et qu'on pense à l'idée de surveillance et d'évaluation
qui est incluse dans la définition même d'une programmation
éducative, on risque de soulever de drôles de problèmes sur
la liberté des media de donner l'information qu'ils veulent bien donner
sur des questions d'intérêt général, des media qui
prétendront faire de la programmation éducative à ce
titre-là. Comment? Qui? J'ai bien hâte de voir. Le ministre a
parlé de mécanismes qui seront éventuellement mis en place
pour surveiller et évaluer, pour exercer les fonctions de surveillance
ou la dimension de surveillance et d'évaluation et, dans le contexte
parlons de cet exemple sans le dramatiser outre mesure
référendaire, j'ai bien hâte de voir qui va exercer, qui va
essayer de s'assurer, par des actions de surveillance ou d'évaluation
sur la question référendaire, une activité qui aurait pour
obje. de discuter d'une question d'intérêt général
et d'une question aussi importante et aussi hautement politique que la question
référendaire. (20 h 30)
Je comprends qu'il peut y avoir d'autres questions que celle-là,
mais je voudrais demander au ministre l'intérêt à
tout le moins dans un premier temps, quitte à y revenir par la suite
de ce paragraphe et si les inconvénients qui ont
déjà commencé, d'ailleurs, à paraître au
niveau du débat public ou du débat politique... Mais il n'y a pas
qu'au niveau parlementaire qu'on peut faire la part des choses et dire: C'est
de la politique. Il reste que des gens ont soulevé l'inquiétude.
Je pense à un éditorialiste qui a soulevé cette ques-
tion, qui a dit que, bien sûr, il est évident que plusieurs
arguments qui ont été invoqués par l'Opposition contre le
projet de loi peuvent être de l'ordre des procès d'intention,
mais, dans la mesure où on veut et je pense qu'on peut
là-dessus prêter également cette intention au ministre, au
gouvernement et au ministère des Communications que
Radio-Québec ou toute autre entreprise dans le secteur conserve son
autonomie et son indépendance, est-ce qu'on peut prêter cette
intention au ministre?
Je trouve, en tout cas, que cette mention, finalement, cette
référence, la discussion des intérêts
généraux, surtout dans le contexte
préréférendaire, comporte beaucoup plus
d'inconvénients. D'autant plus que, pour la période
référendaire elle-même, il va falloir que le ministre
regarde cela de très près. Je lui rappellerai que, dans le cadre
le la loi 92, durant la période référendaire
elle-même, il y a déjà des dispositions prévues dans
la loi 92, adoptée par l'Assemblée nationale, sur les
activités des entreprises de télévision ou de
radiodiffusion, portant spécifiquement sur le débat qui aura lieu
au moment du référendum. On me dira, bien sûr, qu'il n'y a
pas que le référendum. Il y a d'autres questions.
Mais, encore là, cela n'enlève pas la
responsabilité des diffuseurs, de ceux qui font la programmation, de
choisir la forme d'émission qu'ils veulent pour, par exemple, informer
les gens sur le syndicalisme. Pourquoi leur imposer, pour que leur
programmation soit éducative, que ce soit sous forme de discussion?
M. O'Neill: Notamment.
M. Rivest: Oui, notamment, peut-être, en encourageant,
aussi, en maintenant un juste équilibre; je trouve qu'on donne des
règles, on va peut-être trop loin dans les modalités de ce
paragraphe. Pourquoi tenez-vous à l'avoir inscrit dans la loi? C'est la
question, au fond, que je pose au ministre.
M. Guay: M. le Président, vous vous verriez, comme je vous
le dis souvent, enragé.
M. Rivest: Là, ce n'est pas le cas, on verra. Si on
l'enlève, on va peut-être faire cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je sais que mon
collègue, le député de Taschereau, a hâte
d'intervenir là-dessus, mais je voudrais quand même, auparavant,
faire quelques brèves remarques. Je vais partir, d'abord, d'une notion
éducative très à la mode et appliquée dans les
maisons d'enseignement, une notion utilisée fortement en
éducation, mise en application dans les maisons d'enseignement. Donc, si
on la trouve valable pour les jeunes, j'imagine qu'elle doit être valable
pour les adultes aussi. C'est ce concept de l'éducation par
participation qui a donné lieu, d'ailleurs, à des expressions
plus ou moins élégantes qui s'appellent le
"s'auto-éduquant", par exemple, ou des chose comme celle-là.
S'il y a un courant qui est constant dans Ie système
d'éducation du Québec depuis plusieurs années, à
tous les paliers, c'est celui de Ia participation et de l'expression,
c'est-à-dire Ia libération par la parole, si on veut que les gens
puissent eux-mêmes participer à leur éducatior puissent
s'exprimer, puissent débattre des choses Vous pouvez aller dans une
polyvalente et vou allez trouver ces choses, ici, qui vous inquiètent
l'usage du public en général, un public vaste et un public
d'adultes, vous allez déjà les trouver mis e application dans des
systèmes scolaires les plus orthodoxes qui soient et les plus
conventionnels qui soient.
Cette idée que vous trouvez là, c'est cette idée
que vous trouvez aussi déjà en application dans des groupes de
media communautaires, l'idée non seulement de l'expression, mais aussi
de la participation dans la création de l'oeuvre de communication. Le
citoyen qui n'est pas seulement comsommateur, le citoyen, aussi, qui peut
s'exprimer. Ce que, d'ailleurs, nous remarquons qui est intéressant dans
l'expérience des media communal taires, c'est précisément
cela; dans les régions, le gens trouvent le moyen un peu plus de
s'exprimer au lieu d'être ceux qui reçoivent la parole d'ail
leurs.
Je pense que c'est un élément tout à fait pro pre
à une démocratie en exercice, et j'ajouterais ceci, comme
exemple, qui m'apparaît élémentaire: Pensons, par exemple,
à l'éducation qui prend forme de colloque ou de symposium. C'est
quoi? Ce sont des débats. Vous l'avez là, vous pouvez avoir une
discussion générale, ce peuvent être des questions
très spécifiques, aussi.
Le problème que soulève le député de
Jean-Talon, il pense au référendum. Cette loi n'est pas faite
pour le référendum. Le référendum, on va le passer,
on va le régler et la loi va demeurer. Ce n'est pas la loi du
référendum qu'on fait là, c'est Ia loi de la programmation
éducative. Il y aura des situations délicates, c'est sûr.
D'ailleurs, vous-mêmes, vous disiez que, déjà, il y a des
choses prévues dans la façon d'utiliser les media publics.
Mais si on se représente aujourd'hui un organisme de cette nature
comme simplement un des media où les gens recevraient des choses, ils
seraient, en somme, consommateurs de produits culturels, je dirais que c'est
une image un peu dépassée. Comme je le dis, on serait même
en retard, dans un sens, sur ce qui se fait dans les paliers les plus
conventionnels de l'enseignement. Alors, c'est pour cela que c'est là.
La véritable cause d'étonnement, ce n'est pas que ce soit
là ce qui serait étonnant, c'est que ce ne soit pas
là.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Si cet article n'était pas là, il
faudrait presque l'ajouter. Je suis d'accord avec le ministre à ce
moment-là. Parce que le député de Jean-Talon a
mentionné le problème référendaire
On craint que le gouvernement ne se serve de la programmation
éducative, à Radio-Québec si on peut donner un exemple,
pour mousser ses fins de propagande. Si tel était le cas, j'imagine
qu'il y aurait des heures d'antenne qui seraient données aux gens qui
sont sous le parapluie du oui et à ceux qui voudront oeuvrer sous le
parapluie du non. Je ne sais pas si je me trompe, mais, si jamais la chose se
produisait, si on voulait renseigner, informer la population, on dirait: On
donne tant d'heures d'écoute aux partisans du oui et tant d'heures
d'écoute aux partisans du non. A ce moment-là, les deux parties
seraient protégées.
M. Guay: Si on invite le député de Gaspé, il
faudrait le mettre sous quel parapluie?
Une Voix: Sous les deux.
M. Le Moignan: J'ai dit l'an dernier que je me prononcerais en
temps et lieu, même si d'autres instances de mon parti...
M. Guay: Donc, le lac à l'Epaule, c'est...
M. Le Moignan: J'avais déclaré l'an dernier - cela
avait fait un petit émoi, un étonnement qu'en temps et
lieu, je verrais quelle décision prendre.
M. Guay: Cela me rassure.
M. Le Moignan: Cela ne presse pas, d'ailleurs.
M. Guay: Non.
M. Le Moignan: Vous autres mêmes, vous ne avez pas encore
comment vous allez vous prononcer.
M. Rivest: C'est le gouvernement des reports.
M. Guay: Parlant de reports, qu'est-ce qui est arrivé
à la position constitutionnelle du Parti libéral qui devait
être annoncée à l'automne?
M. Rivest: Elle a été reportée.
M. Guay: Ah bon! C'est ce qui me semblait.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je disais donc qu'il n'est
pas question ce soir de déclarer si on va répondre oui ou non au
référendum. Il ne s'agit pas de cela, mais je pense qu'ici, quand
on parle d'intérêt général, d'information, si
l'article n'y était pas, il y aurait un manque, il y aurait certainement
une lacune. A ce moment-là, on peut se demander quel est le juste
équilibre, des choses comme cela, mais, en général, je n'y
vois pas tellement d'objection et je serais prêt à l'accepter tel
quel.
M. Rivest: M. le Président, j'ai écouté le
député de Gaspé et...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... le ministre et...
M. Le Moignan: II était d'accord avec nous.
M. Rivest: ... si ce n'était pas enregistré au
journal des Débats, je dirais que je me suis écouté, mais
que je ne me suis pas convaincu et que le ministre et le député
de Gaspé m'ont davantage convaincu que ma propre intervention. Je
voudrais au moins que le ministre, pour ma satisfaction personnelle, convienne
de dire au journal des Débats que, malgré toutes les mauvaises
intentions qui lui ont été prêtées par
l'éditorialiste Michel Roy, il ne se rendra coupable d'aucune d'elles.
Si le ministre se rend à cette demande et à cette supplique,
peut-être bien, M. le Président, que je pourrais, en ajoutant une
autre précision au sujet du paragraphe d) c) devenu d)
passer à son adoption assez rapidement. M. le ministre, dites-nous que
vous n'avez pas de mauvaises intentions.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je pense que les intentions
du gouvernement ont déjà été bien exprimées,
tant lors du débat en deuxième lecture qu'au moment de
l'introduction. Cela aurait peut-être l'air prétentieux de dire
que nous n'avons que de bonnes intentions.
M. Rivest: Je ne vous demande pas ça, par exemple.
Simplement de nous dire que vous n'en avez pas de mauvaises.
M. O'Neill: Je pense encore une fois qu'il faudrait, pour
répondre à cette question, reprendre l'introduction qui a
été faite au débat, en deuxième lecture, et
l'introduction que j'ai faite ici, au moment où nous avons
commencé la discussion en commission parlementaire.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe c)
devenu le paragraphe d) est adopté?
M. Rivest: M. le député de Gaspé... non?
M. Le Moignan: ...
M. Rivest: Je voudrais simplement ajouter une précision,
surtout à la suite de la discussion qu'on a eue cet après-midi.
Je n'avais pas perçu le paragraphe b), qui est demeuré le
paragraphe b), si je ne m'abuse... Quand on parle de "leur patrimoine
culturel", il s'agit bien du patrimoine culturel québécois. Je me
demande si cela ne serait pas utile on peut en faire la proposition
d'ouvrir un peu plus, parce que, quand on parle de l'ouverture,
même d'une plus large ouverture sur le monde, je me demande si cela ne
serait pas utile... Je ne la formule pas formellement, mais je veux donner mon
idée, "favoriser l'exercice du droit des ci-
toyens à la liberté d'expression," je mettrais une virgule
et ensuite je dirais, "à l'information et à la culture", je ne
mettrais pas les mots "en général". Ceci, de façon
à permettre vraiment que puisse être reconnue comme étant
éducative une émission qui ouvrirait des horizons culturels
autres que ceux qui sont propres à la culture
québécoise.
M. Guay: II est sûr, M. le Président, qu'un
gouvernement comme le nôtre, préoccupé essentiellement de
questions économiques, peut avoir des négligences dans le secteur
de la culture et je suis heureux d'entendre le député de
Jean-Talon nous rappeler cette dimension des choses.
M. Rivest: Je pense que le ministre n'y verrait pas
d'inconvénient.
M. O'Neill: Ce n'est pas superflu, quand on dit à la fois
a) et b). Moi, vous savez, si vous me demandez ce qui entre dans mon patrimoine
culturel, il n'entre pas simplement des choses qui sont faites au Québec
par les Québécois.
M. Rivest: Oui, mais, quand on parle...
M. O'Neill: Quand je regarde un film... Il y a un
"notamment".
M. Rivest: C'est votre "notamment" qui risque d'être
interprété comme étant relié à des questions
simplement québécoises, parce qu'on parle de nos régions,
de nos communautés ethniques, etc., et même de la culture
québécoise à la fin.
Une Voix: "Leur patrimoine ", il s'agit des citoyens du
Québec.
M. O'Neill: La façon...
M. Rivest: Je pense que cela ne casserait rien, mais ça
pourrait peut-être donner un peu plus de perspective à
l'article.
M. Guay: II y a un problème...
M. O'Neill: Excusez-moi, juste une précision, M. le
Président. La façon de lire "patrimoine culturel"... Vous me
demandez ce qui fait partie de mon patrimoine culturel, ce ne sont pas
seulement des choses québécoises. Le latin fait partie de mon
patrimoine culturel et le grec aussi et un peu d'hébreu.
M. Rivest: Oui?
(20 h 45)
M. O'Neill: Alors, c'est tout cela. Sauf que vous avez un
"notamment" qui vient mettre l'accent sur une sorte de priorité qui
devrait être donnée à l'activité culturelle
québécoise, que l'on va retrouver, d'ailleurs, manifestée
d'une certaine façon, dans le projet de règlements, où on
veut que, dans la diffusion, il y ait un certain pourcentage d'oeuvres
culturelles qui soit des productions québécoises. Un certain
pourcentage, remarquez, pas tout. Si c'était limité, ici, un
patrimoine culturel au sens vraiment québécois,
géographique, notre projet de règlements, je crois, serait
incorrect et i faudrait mettre cent pour cent. Alors, je pense que le
pourcentage qu'on a mis, si je me rappelle est un minimum de 50%; donc, le
reste entre dans ça. Par exemple, ça peut être des
diffusions d'oeuvres culturelles étrangères. Quand
Radio-Québec donne des représentations de l'opéra Carmen,
par exemple, Carmen ce n'est pas québécois, mais ça fait
aussi partie de notre patrimoine culturel.
Je pense que le danger de lire, de façon restrictive, le mot
"culturel" dans l'expression "patrimoine culturel" vient qu'on le lit comme
étant limité par "notamment", alors que le "notamment" c'est un
accent, mais ça n'inclut pas tout. Je pense que le patrimoine culturel,
ici, c'est plus vaste que ça. Je crois que, pour chacun d'entre nous,
notre patrimoine culturel c'est beaucoup de choses qui ne sont pas
québécoises, mais que nous avons intégrées.
D'ailleurs, c'est la seule façon d'avoir une culture substantielle,
c'est-à-dire que c'est une culture que vous intégrez aux apports
extérieurs.
Alors, ce que vous demandez là me semble déjà
couvert par le b), sans compter que, dans l'usage, personne ne penserait
limiter Radio-Québec à des oeuvres québécoises.
D'ailleurs, si on faisait ça... dans le cas du cinéma, on a
demandé à Radio-Québec de mettre un peu l'accent sur le
cinéma québécois, mais s'il fallait qu'il se limite
à ça il manquerait un peu de documents.
M. Guay: II y aurait de grands espaces blancs.
M. O'Neill: Je pense que si on comprend bien l'expression
"patrimoine culturel", en ne le limitant pas à des productions, à
des activités culturelles québécoises, mais en acceptant
que l'accent soit mis là-dessus, ce qui est dit que le mot "notamment",
il me semble que, à ce moment, ce que vous demandez est
déjà dans le texte, parce que s'il n'y était pas, il
faudrait le mettre. Une culture québécoise qui ne puise pas d'une
culture universelle serait une culture québécoise qui finirait
par s'assécher assez rapidement. C'est pour ça que j'ai
l'impression, M. le Président, que la demande du député de
Jean-Talon a déjà été exhaussée par le
texte.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe c),
devenu d), est adopté?
M. Le Moignan: Adopté. M. Guay: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Le paragraphe
c), devenu d) est adopté.
M. O'Neill: II reste toujours le petit e), qui reste en suspens;
on attend toujours Mme le député de L'Acadie.
M. Rivest: Je ne sais pas où elle est passée.
M. O'Neill: Enfin, on peut attendre encore un peu.
M. Rivest: Enfin, adopté sur division. M. O'Neill: Mettez
donc sur division. M. Rivest: Oui, sur division. M. O'Neill: Non,
rejeté sur division.
M. Rivest: Non, vous avez dit: Adopté, M. le
président, il est adopté.
M. O'Neill: Non, ce qui a été adopté, c'est
ma demande de le rejeter.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
député de Jean-Talon qui se lisait comme suit: "Amender, à
l'article 3, en ajoutant après e paragraphe a) le mot "et"." Est-ce que
cet amendement du député de Jean-Talon est adopté?
M. Guay: De Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Lacoste): ... du député de
Marguerite-Bourgeoys est adopté?
M. Guay: Rejeté.
M. Rivest: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Appel nominal.
M. Guay: Mme le député, nous ne pouvions plus vous
attendre et nous allions voter sur le "et".
Le Président (M. Lacoste): J'invite donc les membres de la
commission à se prononcer.
M. O'Neill: Puisqu'il s'agit de vous, nous allons accepter une
entorse aux règles. Nous allons recommencer.
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'y a pas une entorse aux règles,
je viens d'arriver.
M. Guay: Le vote était pris et rejeté, mais l'appel
nominal a été demandé, in extremis.
Le Président (M. Lacoste): J'invite donc les membres de la
commission à se prononcer sur l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys. M. Beauséjour (Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Bisaillon (Sainte-Marie).
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Etant donné la confusion qui a
semblé régner dans mon esprit, je m'abstiens, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Abstention. M. Mi-chaud
(Laprairie).
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. O'Neill (Chauveau).
M. O'Neill: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): La motion d'amendement est donc
rejetée cinq contre, deux pour, une abstention. Est-ce que l'article 3
est adopté tel qu'amendé?
M. Rivest: Un instant, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: On a le droit de parler sur l'ensemble de
l'article. On a 20 minutes pour l'ensemble.
M. Rivest: Oui, M. le Président. C'est cela la
règle.
M. O'Neill: S'il se dégage de ces interventions quelque
lumière, je n'aurai que des raisons de me réjouir.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie, à l'article 3 tel qu'amendé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est simplement une
question que je voulais poser au ministre. Je n'ai pas l'intention de revenir
sur l'ensemble de l'article 3. Je pense qu'au moment du discours de
deuxième lecture, on a exprimé des réserves sur
l'élasticité, si je puis dire, de l'article 3 qui,
évidemment, dépendra de la façon dont sera
appliquée la définition ue l'article 2 et je pense que c'est par
la suite qu'on pourra juger des bonnes intentions que le ministre nous assure
avoir. J'avais quand même une préoccupation dans le b) quand on
dit: Promouvoir l'accès des citoyens à leur patrimoine culturel,
etc., et en privilégiant d'une façon générale la
culture québé-
coise. Je me demandais si ce n'était peut-être pas un peu
restrictif au point de vue du sens. D'abord, il va falloir définir ce
qu'est la culture québécoise et j'aimerais que le ministre nous
dise exactement ce qu'il entend par cela. Qu'est-ce que cela recouvre?
M. O'Neill: M. le Président, on venait d'aborder cette
question juste avant votre arrivée. Voici, je résume, c'est que
l'inquiétude est venue de la façon dont on pouvait
interpréter l'expression "patrimoine culturel" parce qu'à un
moment donné le député de Jean-Talon disait qu'il aurait
peut-être fallu ajouter à d) le mot "culturel" à une
formation, et à liberté d'expression. Je pense qu'il faut
interpréter le texte comme ceci, c'est que d'abord, un patrimoine
culturel, ce n'est pas simplement ce qui est produit comme tel par les gens
identifiés à une culture. C'est aussi ce qu'ils reçoivent.
Quand Radio-Québec, par exemple, télédiffuse
l'opéra Carmen, cela fait partie de mon patrimoine culturel, mais
personne dit que c'est une expression de la culture québécoise.
C'est une expression de la culture québécoise pour autant que
vous avez des Québécois qui l'expriment aussi à leur
façon, mais comme tel on dit: On va identifier cela plutôt
à un apport culturel extérieur. C'est pour cela que je disais
qu'il fallait donc voir notamment comme ne touchant pas l'ensemble d'une
production culturelle, je donne à titre d'exemple le fait que dans le
projet de règlements nous proposons une proportion d'oeuvres du secteur
culturel qui pourraient être de production québécoise, mais
seulement une proportion parce que si on l'interprétait comme
étant englobant, comme incluant tout, il faudrait dire 100%.
D'ailleurs, je pense qu'à ce moment ce serait une erreur
simplement au plan culturel si on agissait ainsi. Cela inclut donc, quand on
parle à ce moment ici de culture québécoise, je pense, en
passant, tous les éléments mentionnés, d'ailleurs,
à l'intérieur du "notamment", c'est-à-dire, la culture des
groupes ethniques, etc., identifiés à cette population, mais cela
n'exclut pas, d'autre part, comme patrimoine ce que nous recevons d'ailleurs.
Si on faisait cela, on ne ferait pas oeuvre culturelle, mais on ferait oeuvre
anticulturelle.
Mme Lavoie-Roux: Si un groupe artistique ou un groupe culturel
venait, disons, de la Bavière, pour prendre un exemple, et si
Radio-Québec décidait de le présenter sur l'écran
de télévision, est-ce que ça fait partie de notre
patrimoine? Cela serait peut-être un élargissement de nos
connaissances, mais ce ne ferait pas strictement partie du patrimoine
culturel.
M. O'Neill: Au moment où vous l'intégrez à
votre propre culture, ça devient quand même une partie de votre
patrimoine à ce moment.
Mme Lavoie-Roux: Oui, peut-être bien temporairement ou
d'une façon éphémère, mais de toute
façon...
M. O'Neill: Mais je vais vous donner un autre exemple de celui
que je vous donnais tout à l'heure, sur la question de cinéma.
Dans le cas de cinéma, par exemple, on demande à
Radio-Québec, d'ailleurs, qui a introduit ça dans sa
programmation, de faire une place au cinéma québécois. Il
y aurait deux choses qui seraient anormales. Cela serait qu'il n'y en ait pas
de cinéma québécois à Radio-Québec et ce
serait également anormal qu'il n'y ait que ça. Alors, ça
correspondrait à une conception extrêmement étroite et
sclérosante de la culture.
Alors, je trouve que le paragraphe 2, si on l'interprète en
donnant ce sens général à un patrimoine culturel, semble
inclure les deux éléments. A l'exemple que vous avez
donné, votre troupe de Bavière, c'est évident.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me permettez, parce que je pense qu'on
va probablement y revenir tout à l'heure, mais puisque le ministre a
fait allusion au règlement touchant le pourcentage de la production, du
contenu de la production, qu'il doit utiliser des ressources
québécoises, est-ce qu'en utilisant les pourcentages... Lors de
la discussion qui se fait à l'étude des crédits et
également lors de certaines déclarations du ministre d'Etat au
développement culturel, quand il a rencontré des groupes
minoritaires, par exemple, je ne sais pas si c'était sur la Côte
Nord ou ailleurs, il y avait des groupes anglophones. Supposons qu'une
production de nature culturelle peut-être particulièrement
éducative, dans son sens plus restreint serait donnée
à ces groupes éloignés et pourrait être produite en
Ontario à des coûts je ne sais pas si on loue ça ou
comment on procède est-ce qu'en faisant des restrictions de cet
ordre du 50... Je pense beaucoup à des productions du domaine de
l'éducation dans son sens plus restreint. Enfin, je vous dis ça,
mais on pourrait y revenir tout à l'heure.
M. O'Neill: II faudrait y penser. En tout cas, on en reparlera.
On a cherché un chiffre réaliste, quelque chose qui, d'une part,
encourage, disons, le câblodistributeur, par exemple, à faire
appel à des groupes de son milieu, disons, des groupes de média
communautaires d'une part et, d'autre part, évidemment, ne pas le
restreindre uniquement à ça. On a pensé que 50% pourraient
répondre aux deux objectifs... mais ça...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que dans les expressions culturelles
qui sont créées par les communautés elles-mêmes, le
problème ne se présenterait pas. Par exemple, dans le cas d'un
groupe...
M. O'Neill: Je vais vous donner un exemple...
Mme Lavoie-Roux: ... d'Amérindiens ou de quelqu'un qui
produirait quelque chose sur place, le programme serait retransmis. Mais quand
il s'agit de choses éducatives plus restreintes ou dans le sens le plus
restreint du terme...
M. O'Neill: Par exemple, ne pas priver une population, un groupe,
d'une série d'émissions éducatives, ce serait à
vérifier. Mais je signale d'autre part que seraient acceptables à
l'intérieur des normes un certain nombre d'émissions
qu'actuellement les groupes ethniques à Montréal produisent avec
le câblodistributeur, Câblovision nationale.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! je sais qu'elles sont produites ici.
M. O'Neill: Elles sont produites ici et, deuxièmement,
beaucoup d'entre elles sont nettement culturelles. J'en ai vu une série.
Alors, il n'y a pas de difficultés là-dessus. Supposons une
excellente série pour des jeunes, par exemple des jeunes qui ont tel ou
tel problème au plan éducatif, une excellente série qui
vient de l'extérieur, de France ou d'Angleterre et d'ailleurs et, ce que
vous voulez, ce serait d'empêcher qu'en mettant ce barème... vous
ne voudriez pas, en somme, que ce barème empêche qu'on en
profite.
Mme Lavoie-Roux: Non, ça pourrait être pour quelques
groupes. J'avais pensé aux minorités anglophones
éloignées et je pense même à quelques groupes
ethniques qui seraient dans la région de Montréal où, par
exemple, il peut y avoir une production intéressante sur eux qui
provient de leur pays ou qui est produite ailleurs qu'au Québec et qu'il
y aurait avantage pour eux dans cette perspective de maintien avec la culture
d'origine.
En tout cas, si vous voulez, aux règlements, on pourra
l'examiner, mais je pense qu'il faut peut-être avoir une... (21
heures)
M. O'Neill: ... le 50, si on pouvait... Si quelqu'un me faisait
la preuve...
Mme Lavoie-Roux: Et il pourrait peut-être même
arriver qu'il n'y en ait pas du tout, même pas 1% si vous pensez à
une série qui vienne de l'extérieur. Cela pourrait se
présenter.
M. O'Neill: Oui, mais c'est l'ensemble de la production, de la
programmation que réalise un câblodistributeur.
M. Rivest: N'oubliez pas, M. le ministre, que c'est dans le
règlement...
M. O'Neill: Oui, oui. C'est cela.
M. Rivest: ... ce qui est toujours plus facilement...
Mme Lavoie-Roux: ... s'adapter aux circonstances.
M. Rivest: ... maniable.
M. O'Neill: Si on s'aperçoit que c'était
irréaliste, on le corrigera.
M. Rivest: Vous savez qu'une loi ne passe pas aussi facilement
qu'un règlement.
M. O'Neill: Oui. C'est bien dit. Mme Lavoie-Roux: Bon!
D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Rivest: Seulement une remarque aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: On a beaucoup parlé de la culture je
tiens à l'enregistrer au journal des Débats proprement
québécoise et même universelle, mais je trouve que dans les
remarques du ministre, il semble que la culture québécoise, que
dans le patrimoine culturel des Québécois, il y a aussi une
dimension canadienne extrêmement importante. Evidemment, je ne ferai pas
un amendement pour l'inclure parce que lisant le paragraphe b), "leur
patrimoine culturel", je ne le lis pas, je ne l'interprète pas comme
étant strictement limité à la dimension proprement
québécoise au sens géographique du terme, puisque mes
horizons sont plus larges que ceux de nos amis d'en face et plus
généreux puisqu'ils participent à l'ensemble de la vie
canadienne et que pour nous, en tout cas, de ce côté ne
parlant pas encore pour le député de Gaspé lorsqu'il se
sera finalement branché nous considérons que tout ce qui
concerne la vie canadienne fait partie intégrante de notre patrimoine
culturel et que, comme le disait la candidate du Parti libéral dans le
comté de Prévost à Saint-Georges-de-Beauce dimanche
dernier, ce sont là des réalités dont nous pouvons
être fiers et pour lesquelles nous allons non pas nous battre, mais nous
allons simplement attendre que la population québécoise confirme
sa volonté de conserver cet élément absolument essentiel,
c'est-à-dire la dimension canadienne dans son patrimoine culturel parce
qu'elle y tient beaucoup, chose d'ailleurs que la population du comté de
Jean-Talon et d'Argenteuil ainsi que celle de Notre-Dame-de-Grâce a faite
d'une façon absolument péremptoire et a signifié son
intention au gouvernement de le faire.
M. le Président, cette précision étant
apportée, je suis prêt à ce que nous adoptions sous
réserve de... Je suis sûr de l'appui de mon collègue de
L'Acadie à mes dernières remarques et de mon collègue de
Jacques-Cartier. J'avais parlé pour lui.
M. O'Neill: C'était une précision ou du
brouillon?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je n'ai pas voulu soulever de question de
règlement...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il va se brancher?
M. Le Moignan: ... mais je vais répondre au
député de Jean-Talon par un éditorial. Il a cité
à plusieurs reprises aujourd'hui un éditorial
célèbre. Puisqu'on parle de culture québécoise et
de culture universelle, je comprends très bien les nuances qu'il y a
dans tout cela, mais le but d'une programmation éducative doit viser
d'abord, je pense, le territoire québécois et voici ce qu'on
écrivait dans le journal Le Droit d'Ottawa, en date du 18 juin. Je pense
que ce sera ma réponse. "Pourquoi enfin épierait-on cela
vient du verbe épier, alors je reprends ma phrase les vices
cachés de son mandat culturel? Qu'y a-t-il de pernicieux à ce
qu'une population donnée jouisse d'un outil additionnel pour
témoigner de sa culture? Dans le cas du Québec, tout le monde a
déjà reconnu la nécessité de préserver sa
particularité sur un continent culturellement nivelé. Rien ne
sert maintenant de lui retirer les instruments qui le servent." Je suis
Québécois. Cela ne m'empêche pas d'être Canadien,
mais de bien servir les intérêts culturels québécois
d'abord.
Le Président (M. Lacoste): ...
M. O'Neill: M. le Président, une petite remarque au
député de Jean-Talon. C'est au sujet des expressions qu'il
emploie. Il existe une culture québécoise que beaucoup de gens
appelaient jusqu'ici canadienne-française.
Il existe une culture anglo-canadienne, c'est sûr, mais tout le
monde n'est pas d'accord pour dire qu'il existe une culture canadienne. C'est
pour cela, d'ailleurs, qu'on a parlé longtemps de biculturalisme.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, suite aux remarques du
député de Jean-Talon, que j'endosse, je voudrais quand même
avoir et peut-être le ministre l'a-t-il déjà
affirmé, et c'est ce que j'ai cru comprendre dans les propos qu'il a
tenus après que j'ai eu fait ma première intervention...
Promouvoir l'accès des citoyens à leur patrimoine culturel, ceci
pourrait englober des émissions qui sont canadiennes.
M. O'Neill: Ecoutez, vietnamiennes, italiennes...
Mme Lavoie-Roux: Ou une sorte d'immigrants
d'à-côté.
M. O'Neill: Anglaise, française, c'est sûr, toutes
les cultures.
Mme Lavoie-Roux: Poser la question n'est pas superflu; je
m'éloigne peut-être de manifestations culturelles, mais vous vous
souviendrez que, lorsque nous avons eu les audiences avec Radio-
Québec, j'ai questionné le président de
Radio-Québec et lui ai demandé: Avez-vous déjà eu
des émissions qui traitaient des institutions canadiennes comme faisant
partie, aussi, de la vie québécoise? Il nous a répondu
qu'il n'en avait eu aucune. Je vous le dis sous toutes réserves mais
quelqu'un, par la suite, m'a déjà dit qu'on avait tenté
cela à Radio-Québec et que le projet avait avorté. C'est
quand même important de faire ces mises au point.
Une autre remarque que je voudrais faire, pour le journal des
Débats, c'est dans le paragraphe c), quand on parle d'un juste
équilibre entre les sujets traités, les intérêts en
cause et les opinions exprimées. Je ne mets nullement en doute
l'intention du ministre que ceci soit respecté mais, encore une fois,
lors des auditions de Radio-Québec, lorsque nous avons entendu, à
ce moment-là, non pas le président de Radio-Québec mais le
président de la programmation, M. Sylvain, il s'est
évertué à nous prouver que dans le cas des
émissions de Keith Spicer, on l'avait surveillé de très
près, on était constamment au garde-à-vous pour que cela
n'ait pas d'implication politique de quelque nature que ce soit. Tout ceci
s'est fait à l'égard de Keith Spicer dont on connaît les
opinions politiques qui sont certainement pour le maintien du Canada. Je
voudrais qu'on s'assure qu'on ait le même souci...
M. Guay: Y a-t-il quelqu'un qui veut abolir le Canada?
Mme Lavoie-Roux: Tel qu'on le connaît présentement.
Qu'on s'assure qu'on ait le même souci à l'égard d'autres
invités politiques qui, eux, peuvent avoir d'autres options.
C'était quand même presque amusant, vous vous en souviendrez, M.
le ministre, d'entendre la défense.
M. Rivest: Cela avait l'air d'une caution dans la
boîte.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. ... Cela fait plaisir, cela.
M. Rivest: ... M. Spicer.
M. Guay: Un jeune Québécois qui vous répond
ce qu'il pense de M. Spicer.
M. Rivest: Victime de... de la part des enfants dans le
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je fais ces remarques parce que, si on veut
parler d'équilibre, d'objectivité, je pense que les mêmes
mesures de "surveillance" qu'on semblait avoir à l'égard de
quelqu'un qui pouvait avoir des options politiques qui ne coïncident pas
avec les options politiques du gouvernement en place ou d'autres personnes qui
sont à Radio-Québec...
M. Guay: Je ferais remarquer à la faveur de cette
pause du citoyen qui proteste, et non sans
raisons au député de L'Acadie qu'elle est un petit
peu en dehors du sujet, dans ce sens qu'elle parle de Radio-Québec comme
si nous l'étudiions. Il s'agit de la régie qui aurait...
M. Rivest: C'est un moment pratique...
M. Guay: Non, mais l'administration quotidienne de
Radio-Québec sur sa programmation c'est une toute autre affaire. Je n'ai
pas d'objection. De toute façon, on se souvient que, sous l'ancien
gouvernement, le président du conseil d'administration qui avait
été nommé alors, avait, entre autres choses, comme
fonction officieuse de surveiller tous ces méchants grenouilleux
séparatistes, paraît-il, qui se trouvaient dans la boîte.
Alors, vous savez, tout le monde se surveille et cela fait partie
également du patrimoine québécois.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à un certain point vous avez
raison. Le député de Taschereau a raison, mais je tiens à
le dire ici. C'est vrai que cela fait partie du patrimoine...
M. Saint-Germain: Sur la même question, au paragraphe
c)...
M. Guay: II n'y a pas eu de question de règlement.
M. Saint-Germain: Oui, il dit que le député de
L'Acadie n'est pas dans l'ordre. C'est écrit ici: Favoriser l'exercice
du droit des citoyens à la liberté d'expression et à
l'information. Cela comprend tout. Il faut commencer par respecter le droit de
la liberté d'expression des députés premièrement.
C'est large. Elle est complètement dans le sujet.
M. Guay: Si on avait plus de temps, on pourrait également
aborder la question des dossiers d'information à Radio-Canada.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. O'Neill:
Si vous permettez...
Le Président (M. Lacoste): Un instant. Est-ce que Mme le
député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je me sens brimée dans mes droits.
Le Président (M. Lacoste):... accepte la question du
ministre des Communications?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Je crois deviner un peu la préoccupation
profonde de Mme le député de L'Acadie et je la partage, c'est la
suivante. C'est-à-dire que quelles que soient les situations politiques
ou les conflits ou les divergences, ce qui va toujours demeurer fondamental
c'est que les institutions, surtout celles qui ont trait à
l'information, ne soient pas touchées. C'est-à-dire qu'on ne veut
pas se réveiller avec des règnes d'Ayatollah, personne, parce que
ne serait-ce qu'au lendemain de ce référendum, nous allons vivre
ensemble. Je pense que c'est cela et, à ce point de vue-là, je
veux simplement me permettre de dire que cela a été une
inquiétude d'ailleurs que nous avons manifestée, à
quelques reprises, concernant certaines difficultés aussi que
connaissait Radio-Canada, parce qu'au delà, encore une fois, de tous ces
conflits, il y a l'institution elle-même qui est reconnue, qui est de
renommée et qui a joué un rôle énorme, très
important dans la vie du Québec. Alors, je dirais que c'est une chose
délicate à réaliser, mais possible et je pense que c'est
un signe de maturité démocratique et culturelle de pouvoir
arriver à cela. Autrement dit, ce sont des conflits vécus
démocratiquement que nous vivons et, à ce point de vue-là,
je crois qu'il faudra que les institutions puissent rester intactes à
travers cela dans leur fonctionnement, dans leur finalité. A ce point de
vue là, les deux dernières phrases, je pense ici, c'était
un guide pour la régie. La régie pourra utiliser cela et
empêcher de quelque façon que l'organisme ou l'institution, soit
déviée de sa fonction première. Je partage votre point de
vue là-dessus, absolument.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, c'est l'assurance que je voulais avoir
du ministre et je n'ai rien d'autre à ajouter, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 4.
Une Voix: Je trouve qu'il y a un peu de précipitation.
Pouvoirs de la régie
M. O'Neill: M. le Président, dans cette section 3, je vous
avoue qu'à mon avis, pour du moins les deux premiers articles, en tout
cas, commençons par quatre, il n'y a vraiment pas de commentaire. Je
crois que le texte parle par lui-même: La régie peut, à la
requête d'une entreprise de radiotélévision ou de
câblodistribution, déclarer éducative une programmation ou
une partie de programmation qui lui est soumise. Alors, on commence ici
à décrire le rôle de la régie. Une fois qu'il y a
les objectifs, que nous bénéficions des objectifs, nous arrivons
maintenant à l'instrument qui est la régie.
M. Rivest: Oui, juste une précision de procédure,
parce qu'étant donné qu'on a quand même manifesté
certains désaccords sur l'article 3, je voudrais qu'on lise votre
intervention précédente: Le 3 adopté sur division.
Parfait, merci.
Le Président (M. Lacoste):... Maintenant, une question de
procédure, l'article 3 est adopté sur division.
M. Guay: Quant à moi, je ne comprends pas, vous avez
adopté a), b), c) et d), et ensuite...
M. Rivest: On a voté contre. On voulait avoir le "et".
C'était très important. (21 h 15)
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, l'article
4...
M. Rivest: M. le ministre, je vais vous poser la question
première au sujet de la Régie des services publics. Il en a
été largement question dans les débats et dans certains
ébats parlementaires précédents et à travers tout
ça, faisant appel à mon éditorialiste favori, pour que
l'on ne m'impute pas de motifs indignes de l'Opposition, je voudrais dire au
ministre, parce que c'est une inquiétude que le député de
L'Acadie a soulignée de nouveau, je pense, à cette commission-ci,
que le choix n'est pas justifié dans le rapport Rocher, je ne veux pas
dire qu'il n'est pas justifiable, mais je veux dire que le rapport Rocher ne
fournit pas une argumentation étoffée pour avoir
décidé de recommander au gouvernement de recourir à la
Régie des services publics.
Par ailleurs, tout le monde connaît le rôle que la
Régie des services publics a joué au Québec depuis 1909.
Tout le monde sait qu'elle a une espèce d'habitude de recevoir
cela a été un peu son histoire au fil des ans et des
élans, des mandats qui lui sont arrivés un peu à gauche et
à droite comme ça. Elle les a toujours, je pense, bien
assumés dans le passé. Néanmoins, il reste que là,
il s'agit vraiment d'un nouveau domaine lié de très près
à des questions qui sont carrément, et d'une façon
très dense à tout le moins, d'ordre éduca-tionnel et
d'ordre culturel. On a bien sûr souligné que le ministre de
l'Education nous paraissait très loin de tout cela lorsqu'il se retrouva
comme un simple intervenant lors des auditions devant la Régie des
services publics.
Enfin, tous ces problèmes ont été abondamment
soulignés, surtout le caractère et la vocation, c'est le
résumé du document que le ministre nous a fourni. En
résumé, on constate que ça nous décrit assez bien
le rôle de la Régie des services publics, mais on constate
fondamentalement, pour couper court, que ce rôle a toujours
été d'abord d'ordre administratif, d'ordre financier et d'ordre
technique dans l'exécution des divers mandats qui sont confiés
aujourd'hui même, au moment où on se parle, à la
régie.
Là, on ouvre un nouveau champ à la régie qui est de
faire entrer dans le domaine, via la programmation éducative, de
l'éducation et de la culture au sens large, pour trouver une formule qui
résume l'ensemble de la portée du projet de loi 4.
Là-dessus, on voudrait certainement avant d'adopter l'article 4
et les autres qui suivent ne font finalement qu'établir la
mécanique ou la procédure qui sera celle que les entreprises
auront à suivre devant la Régie des services publics on
voudrait avoir des précisions de la part du ministre, à savoir
comment il entend fournir à la Régie des services publics.
D'abord quelles sont les ressources qui lui paraissent disponibles en ce
moment, au niveau de la Régie des services publics, et qui pourraient
être très facilement la chose est fort possible
consacrées à cette nouvelle fonction que l'on donne à la
Régie des services publics et quels sont les moyens et les mesures
d'assistance d'ordre technique ou d'ordre financier? Dans ce sens, je pense en
particulier, non pas tellement au nouveau budget qui sera octroyé
à la Régie des services publics, mais surtout au personnel et
à l'expertise, en matière de programmation éducative,
puisque c'est de cela qu'il sera question.
Cela nous apparaît très important; on l'a souligné
à maintes reprises, de part et d'autre et, enfin, je pense que c'est une
question qu'on se pose et au sujet de laquelle on voudrait avoir des
réponses. Autrement dit, M. le ministre, vous avez dû rencontrer,
j'imagine, déjà, la Régie des services publics et vous
avez dû discuter de ce type de problème avec elle. Si elle vous a
fait des représentations particulières, simplement pour
l'information non seulement des députés, mais aussi de ceux qui
s'intéressent à ces questions, de voir, ne serait-ce qu'une
question de délai, par exemple, quand la régie sera-t-elle en
mesure d'assumer, administrativement, ces nouvelles responsabilités avec
du personnel qualifié, qui est déjà chez elle et qui sera
affecté à ce nouveau mandat ou du personnel additionnel, enfin,
de l'expertise additionnelle? C'est la question fondamentale qu'on veut poser,
au moment où on aborde la section 3. Je pense que les autres questions
ont été soulevées. Les interrogations ont
été soulevées au cours du débat en deuxième
lecture, par moi-même et les collègues et, on en a même
parlé au cours des remarques préliminaires. C'est la question
clé pour l'étude de cette section 3. Une fois qu'on aura ces
informations ou ces assurances, on pourra, je pense, procéder assez
rapidement pour étudier la section 3.
M. O'Neill: M. le Président, pour répondre à
cet ensemble de questions, je veux d'abord m'inspirer du texte du document qui
a été déposé, simplement pour souligner
brièvement certaines parties.
Il faut d'abord porter l'attention sur la nature même de la
Régie des services publics, sorte d'organisme très particulier,
nord-américain on dit que c'est unique à l'Amérique
du Nord cette façon de procéder un organisme qui est un
peu à la charnière des pouvoirs judiciaires, politiques et de
l'administration et dont la caractéristique a été
pas simplement ici, mais ailleurs, ici, à partir de 1909, mais ailleurs
aussi d'assumer des mandats, selon les besoins, jusqu'au moment
où, en général, quand le mandat était trop gros, on
décroche le morceau et on l'envoie ailleurs. C'est ce qui fait qu'elle
donne naissance à d'autres régies, comme, par exemple, la
Régie du gaz et de l'électricité, la Régie des
transports et la régie de l'expropriation, qui s'appelle, en fait, le
Tribunal de l'expropriation.
Donc, vous avez toujours cette mobilité, ces changements, si vous
voulez, dans les tâches
accomplies par la régie. La régie accomplit ces
tâches, à la fois à titre de tribunal, comme dit le texte,
à titre d'organisme de surveillance et de contrôle, instrument et
source de réglementations, en fait, réglementations qui sont
approuvées et déterminées par le pouvoir politique, mais
qui sont appliquées par la régie et, en même temps, c'est
un organisme de consultation en vertu, chez nous, de l'article 25a.
C'est-à-dire que, par exemple, sur cette loi, la Régie des
services publics a été consultée, ne serait-ce que pour
poser la question: Etes-vous capable de travailler avec une loi pareille? C'est
quand même important, ça ne donne rien de faire une loi, si la
régie ne peut pas travailler, tout comme la loi que nous avons
adoptée, l'an dernier, concernant la compagnie de
téléphone Continental; c'est évident qu'il aurait
été absolument illusoire de présenter un texte de loi
comme celui-là, si d'abord, la régie n'avait pas
été d'accord.
M. Rivest: M. le ministre, me permettez-vous une question
là-dessus?
M. O'Neill: Oui.
M. Rivest: A la Régie des services publics, d'abord,
combien y a-t-il de régisseurs?
M. O'Neill: Si je peux donner rapidement l'image, il y en a
neuf.
M. Rivest: Est-ce que, parmi eux, il s'en trouve qui aient, dans
le passé ou autrement, une expérience ou une expertise avec les
questions de l'éducation ou est-ce qu'on prévoit ajouter un
régisseur ou si on prévoit plutôt fournir à la
régie des gens du ministère de l'Education ou établir,
avec la régie, un mécanisme quelconque de liaison avec le
ministère de l'Education, qui a une expertise dans ce domaine? C'est ce
type de problème que je veux que le ministre traite.
M. O'Neill: Là, je pense que vous avez vraiment la
réponse ici, exactement dans le texte. Je vais résumer,
après les mandats spécifiques, la question de l'expertise. La
régie est obligée d'avoir d'abord son personnel de soutien
spécialisé. Deuxièmement, elle peut toujours
utiliser...
M. Rivest: Est-ce que cela implique que la régie va devoir
engager du personnel additionnel?
M. O'Neill: Cela me paraît inévitable. D'ailleurs,
elle doit nous le demander, c'est-à-dire que la régie nous fait
part de ses besoins. Comme elle le fait au cours d'une audience et dans toute
autre cause, elle devra aussi faire appel aussi à une expertise
extérieure. D'ailleurs, vous remarquerez l'article 8 de la loi. Quand la
régie reçoit une demande, elle devra, à ce moment, avertir
le ministre des Communications et le ministre de l'Education à l'article
9.
M. Rivest: Oui.
M. O'Neill: C'est obligatoire. La régie ne peut pas
entendre une demande seule. Il faudra qu'elle avertisse ces deux
ministères et, à ce moment, nous pouvons décider d'envoyer
des gens pour témoigner, enfin, pour faire des représentations.
Du côté des commissaires eux-mêmes, l'expérience
qu'ils ont eue dans des domaines similaires jusqu'ici, cela a été
le cas de la câblodistribution et ils ont participé
également à l'élaboration de toute la
réglementation sur la télévision payante. Ce sont les deux
secteurs qui s'en approchent le plus. Il y a un autre secteur qui a une
certaine parenté aussi avec ce domaine à la fois des
communications et de la culture où il est déjà
actuellement prévu que la régie jouera un rôle, ce sera
dans le secteur du cinéma. La régie serait proposée, le
sera probablement à un moment donné au moment de la
législation sur le cinéma comme étant le tribunal d'appel
pour les décisions du Bureau de surveillance du cinéma. C'est un
organisme qui n'existe pas actuellement, c'est-à-dire que le bureau de
surveillance, en un sens, fait un peu ses propres appels, si vous voulez, pour
recevoir une demande une deuxième fois. Nous pensons que la régie
serait un organisme approprié. Encore là, évidemment, elle
devra se pourvoir de l'expertise nécessaire.
Maintenant, si on se sert de l'expérience actuelle, j'ai
mentionné deux secteurs où ces gens ont déjà eu
à travailler dans des secteurs qui s'apparentent aux communications avec
une sorte de dimension culturelle. D'autre part, si vous regardez les
régisseurs qui sont là dans le moment, en général,
leur expérience est du côté du droit. Je vais vous lire
rapidement la liste, peut-être.
M. Rivest: Non, ce n'est pas nécessaire. M. O'Neill:
Non.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais cela m'intéressait.
Vous pouvez nous la remettre peut-être.
M. Rivest: Sans mentionner les noms.
M. O'Neill: Vous avez, par exemple, dans un cas un professeur de
droit, professeur de l'Institut de coopération internationale. Vous
avez, dans le deuxième, un ingénieur. Dans le troisième,
c'est également un conseiller juridique. Il a été
conseiller auprès du ministère fédéral de la
Justice.
M. Rivest: C'est un bon point.
M. O'Neill: Un conseiller en matière de politique sociale
auprès du Conseil privé...
M. Rivest: Très bien.
M. O'Neill:... et il a été professeur à
l'Université d'Ottawa.
M. Rivest: Mon Dieu, très bien. La dimension canadienne
qui va entrer.
M. O'Neill: Voyez-vous! Evidemment, je ne peux pas passer sous
silence le fait que le président de la régie est à la fois
avocat, juge et homme polyvalent de grande culture. Je pense qu'il est du bon
côté. Vous avez ensuite ici un autre avocat, conseiller juridique
auprès du ministère des Affaires extérieures, conseiller
juridique auprès du CRTC...
M. Rivest: Très bien.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait beaucoup d'avocats, peu
d'éducateurs.
M. O'Neill:... et membre du conseil fédéral sur les
droits d'auteur.
M. Rivest: Le CRTC, entre parenthèses, M. le ministre,
vous avez parlé contre à plusieurs reprises. Vous avez vu sa
récente décision sur...
M. O'Neill: Fort intéressante.
M. Rivest: Fort intéressante. On va pouvoir avoir des
émissions françaises. Voilà pourquoi le CRTC ne joue pas
toujours contre les intérêts du Québec et de la culture
française.
M. Guay: Ce serait vraiment le restant des écus si le CRTC
s'était opposé à cela, vraiment.
M. Rivest: Alors vous, vous ne leur donnez aucune chance,
vraiment pas. Vous pourriez les féliciter, au moins. Poursuivez, M. le
ministre.
M. O'Neill: Egalement, une formation extrêmement
intéressante beaucoup plus directement dans le domaine des
communications; je ne donnerai pas son nom, d'ailleurs, vous ne pourriez pas
deviner de qui il s'agit. Vous avez un journaliste de carrière à
l'Action, au Devoir et au Jour, professeur à l'Université
Laval...
M. Rivest: Au qui? A quoi?
Mme Lavoie-Roux: Au journal Le Jour? Il doit être bon. (21
h 30)
M. Rivest: Au journal Le Jour.
Mme Lavoie-Roux: Cela doit faire...
M. Guay: Le député d'Argenteuil va faire une crise
cardiaque!
M. O'Neill: Une expérience particulière
placée dans le domaine de l'information, puisqu'il fut
déjà directeur général d'OIPQ au Québec et
commissaire de la commission d'enquête sur la justice, commission
Prévost.
Vous avez après ça, le suivant. Le suivant est d'origine
irlandaise. Vous voyez, donc il y a une ethnie qui est
représentée.
M. Rivest: Une chance qu'il va être là pour
surveiller l'autre d'avant.
M. O'Neill: Et membre de la fonction publique du Canada et il a
été membre du Conseil du trésor à Ottawa, bureau de
traduction juridique, ministère des Affaires extérieures,
etc.
Mme Lavoie-Roux: Ah mon Dieu!
M. O'Neill: II a déjà été au cabinet
du ministre des Communications à une période
précédente. L'autre après est spécialisé
dans le domaine de la radiodiffusion...
M. Guay: II est né aux Etats-Unis...
M. O'Neill:... expérience de 25 ans en radiodiffusion,
directeur de programmes, vice-président et président, etc. Le
dernier ça montre encore l'aspect de polyvalence culturelle
est natif d'Angleterre. Il vient de South Shields et détient un
baccalauréat en sciences appliquées de l'Université Laval,
expérience professionnelle au Centre de recherches ici de Valcartier et
spécialisé dans le secteur de la téléphonie. Alors,
je pense bien qu'il faudrait s'attendre que...
M. Rivest: Est-ce que vous avez l'intention d'ajouter un
commissaire ou un régisseur?
M. O'Neill: Là-dessus, il y en a trois qui arrivent
à peu près à la fin de leur mandat et remarquez qu'il y en
a deux là-dessus, ce sont des postes réservés à des
avocats.
M. Rivest: Cela me rassure. Il y a beaucoup d'avocats
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'inquiète, M. le Président.
Je pense que vous manquez un peu d'éducateurs dans tout ça.
M. Rivest: C'est vrai, par exemple.
M. O'Neill: Alors, il faudra, je pense, faire ajouter une double
expertise ici...
Mme Lavoie-Roux: Pas dans un sens restreint, mais quelqu'un qui
proviendrait de...
M. O'Neill: ... une du côté des régisseurs...
M. Guay:... un grand pédagogue...
Mme Lavoie-Roux: II y en a chez qui c'est inné.
M. Rivest: La remarque du député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne la fais pas pour badiner. Je trouve
que...
M. O'Neill: Je pense qu'il faudra ajouter du côté de
régisseurs, évidemment. Ensuite, c'est certain que la
régie va également s'équiper d'experts dans le secteur de
l'éducation et, encore une fois, n'oubliez pas toujours ce qui est
prévu, c'est la
possibilité d'arriver aux obligations, en pratique, finalement,
de faire appel à une expertise de l'extérieur.
Je voudrais juste ajouter un point sur l'expertise. L'expertise est
à la fois intérieure et extérieure. C'est entendu. Donc,
il doit y avoir une expertise intérieure, mais on fait aussi appel aux
gens de l'extérieur qui peuvent être au ministère des
Communications entre autres, au ministère de l'Education, dans les
universités, ils peuvent être dans le monde aussi. Ils peuvent
même faire appel à Radio-Québec, ou des choses comme
ça.
M. Rivest: J'évoquais tantôt la possibilité
que la régie ait quelques points d'arrimage avec le ministère de
l'Education. Cela va être assez difficile dans le mesure où, pour
la régie, le ministère de l'Education est un simple intervenant
en vertu de l'article 9.
M. O'Neill: Oui, d'ailleurs, c'est bien ça. Il s'agit de
sortir le lieu décisionnel...
M. Rivest: La régie demeure... c'est une instance quasi
judiciaire. Il va falloir qu'elle garde ses...
M. O'Neill: Oui, on prend le lieu décisionnel qui
autrefois était à l'intérieur de l'appareil politique
administratif et on le transfère en instance quasi judiciaire. Je
signale, M. le Président, que nous faisons et je dirais, en somme, ce
qui se fait au CRTC.
M. Rivest: J'ai deux choses précises.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Premièrement, c'est qu'en vertu de la loi
générale de la Régie des services publics, toute personne
peut adresser des plaintes. N'est-ce pas?
M. O'Neill: Oui, vous l'avez dans l'article 8 ici. Mme
Lavoie-Roux: A l'article 8.
M. Rivest: Porter plainte, d'accord. Deuxièmement, je ne
veux pas soulever de drame, mais la régie et les régisseurs
individuellement ont, en vertu de l'article 15 ou 16 je ne me rappelle
plus des pouvoirs d'enquête du chapitre XI, ce pouvoir autant pour
les fins du mandat qui lui est confié par la présente loi. Je ne
veux pas soulever de cas hypothétiques qu'il pourrait entraîner,
mais les gens, les entreprises de télévision ou de radiodiffusion
qui sont quand même très sensibles à leur autonomie, leur
indépendance, vont être assujettis à l'exercice des
pouvoirs d'enquête. On sait que ce sont des pouvoirs très
étendus en vertu de la loi des commissions d'enquête.
Je ne sais pas si les gens de Radio-Québec ou d'autres
cela peut être TVA, cela peut être un poste de radio, cela peut
être une entreprise de câblodistribution pour des fins de
programma- tion, si à un moment donné ces gens reçoivent
une plainte au sujet d'une émission qui ne plaît pas pour toutes
sortes de raisons cela peut être pour des raisons politiques, peu
importe je trouve que là-dessus... Je ne sais pas. Personne n'a
peut-être pas pensé à cet aspect des choses, mais je me
demande...
M. O'Neill: M. le Président, excusez-moi, mais
évidemment, ce serait un pouvoir d'enquête sur la matière
propre prévue dans la loi. La régie est obligée de se
renseigner. Déjà, la régie faisait cela jusqu'à
novembre 1977 dans le domaine de la câblodistribution. J'ai eu
connaissance de certains cas, par exemple. Lorsque arrivaient chez nous des
plaintes...
M. Rivest: Oui, mais là, vous allez...
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est sur la structure financière
qu'ils pouvaient faire des enquêtes, les livres, méthodes de
comptabilité, etc.
M. O'Neill: Oui, oui, mais là...
Mme Lavoie-Roux: Mais là, cela va dépasser
cela.
M. O'Neill: Mais non. Cela va se limiter à cela parce que
la loi prévoit cela, mais je reviens à mon exemple. C'est que par
exemple...
M. Rivest: M. le ministre, si vous me le permettez...
M. O'Neill: ... lorsqu'une plainte est formulée
c'est déjà arrivé laissez-moi donner l'exemple de
gens qui, par exemple... Je me rappelle à un moment donné qu'ils
ont eu des lettres de certaines régions du Québec. Je me souviens
de certaines lettres venant du Bas-du-Fleuve protestant contre la programmation
d'un câblodistribu-teur l'accusant d'avoir une programmation
érotique, etc., inacceptable, et la régie...
M. Rivest: Des films dont on a parlé, par exemple
érotiques, etc.
M. O'Neill: ... a fait enquête pour savoir si
c'était vrai, mais nous prenons...
M. Rivest: En vertu de ses pouvoirs de commissaire
d'enquête?
M. O'Neill: Nous avons pris, en vertu du mandat qu'avait à
ce moment-là la régie dans le domaine de la
câblodistribution... A ce moment-là, quand la plainte arrive au
gouvernement, elle est transmise à la régie qui s'en occupe. Nous
ne nous en occupons pas. Nous disons aux gens: La plainte est transmise et ils
s'en occuperont.
M. Rivest: On parle de cas hypothétiques, bien
sûr.
M. O'Neill: Non. Il s'agit de cas qui sont arrivés.
M. Rivest: Non, non. Dans le domaine de la
câblodistribution, j'imagine que cela a pu survenir, mais je me demande
en vertu de quoi la régie... parce que l'article 15 est quand même
assez limitatif. Le problème que je veux soulever, c'est que par exemple
TVA pour une raison ou pour une autre, demande qu'une partie évidemment
de sa programmation soit déclarée éducative. Elle va aller
devant la commission. A un moment donné, il arrive une plainte, mais la
régie va conserver, étant donné que TVA va tomber sous la
juridiction de la régie, l'article 15 qui dit que la régie, tout
régisseur désigné par le président ou toute
personne spécialement autorisée à ces fins par la
régie peut inventorier les biens de tout propriétaire d'une
entreprise publique ou de faire enquête. Attendez. Je vais poser la
question autrement qui va peut-être sur la plan juridique... Est-ce que
le fait pour une entreprise de faire déclarer sa programmation ou une
partie de sa programmation éducative en fait, au sens de la loi de la
Régie des services publics, une entreprise publique sur laquelle la
régie a autorité en vertu de sa loi?
Mme Lavoie-Roux: Une belle question.
M. Rivest: Entreprise publique telle que définie par
l'article 2, paragraphe 3. C'est cela le problème. C'est cela qui va
régler le problème. Si cela n'en fait pas une entreprise
publique, à ce moment-là, les pouvoirs d'enquête de la
régie, je comprendrais volontiers qu'ils sont strictement limités
à la programmation, mais enfin, je ne sais pas comment ils vont pouvoir
les exercer. Là, il y a un problème. Faites attention parce que
j'ai l'impression que les postes de radio privés, entre autres, ne
voudront pas risquer de tomber sous la juridiction non pas parce que ce
sont de mauvaises gens, mais enfin... de la Régie des services
publics.
M. O'Neill: C'est exact.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Je ne suis pas juriste, mais je tente de voir
l'interprétation. Ma première réaction, j'imagine que
lorsqu'il faut lire cela à la lumière de cela,
c'est-à-dire qu'il s'agit... Un mandat est confié à la
régie dans un secteur particulier dans ce domaine de la
radio-télévision qu'est la programmation éducative.
M. Rivest: M. le ministre, je comprends, mais... M. O'Neill:
Pour le reste...
M. Rivest: ... programmation éducative, cela n'existe pas.
C'est une notion juridique. Ce qui existe pour la régie, ce sont les
entreprises auxquelles elle s'adresse.
La question qui se pose sur les pouvoirs d'enquête, est-ce que le
fait pour une entreprise de télédiffusion de faire
déclarer... Est-ce que la Régie des services publics peut exercer
ses pou- voirs en vertu de l'article 15 sur un poste de radio comme CHRC, en ce
moment?
M. Guay: Si vous lisez l'article 2...
M. Rivest: Non, elle n'a pas juridiction là-dessus.
M. O'Neill: ...
M. Rivest: Est-ce qu'en vertu des...
M. Guay: Une entreprise publique la définition,
à l'article 2, paragraphe 3 est une entreprise ayant pour objet
principal ou accessoire l'émission, la transmission et la
réception de sons, d'images, de signes, de signaux, de données,
de messages par fils, câbles, ondes, tout moyen électrique,
électronique, magnétique, électromagnétique ou
optique. Elle l'a déjà.
M. Rivest: Je veux être certain.
M. O'Neill: M. le Président, juste une distinction...
M. Rivest: C'est possible, remarquez, je vous pose la
question.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Elle peut faire enquête sur les organismes qui
dépendent de sa juridiction, donc de celle du gouvernement du
Québec, non pas sur les organismes de juridiction
fédérale.
M. Rivest: Oui, mais que voulez-vous? M. O'Neill: A la
lumière de l'article 15.
M. Rivest: Pour prendre un exemple à Québec,
CHRC...
M. O'Neill: Sauf sur l'aspect programmation éducative.
M. Rivest: A ce moment-là, ce n'est pas la programmation
éducative qui va faire l'objet de l'enquête, cela n'existe pas
juridiquement. L'objet de l'enquête va s'adresser à l'entreprise
CHRC et, à ce moment-là, l'article 15 va s'appliquer tel quel.
Non? Oui, on fait une enquête sur l'entreprise, on ne fait pas une
enquête sur un programme.
M. Guay: Le député de Jean-Talon qui a une
formation juridique sait fort bien que les pouvoirs d'enquête de la
régie vont s'appliquer afin de vérifier, à
l'intérieur de l'entreprise, c'est-à-dire qu'on lui donne les
moyens; elle a déjà les moyens juridiques...
Mme Lavoie-Roux: Oui, elle peut entrer à n'importe quelle
heure.
M. Guay: Elle a déjà les moyens juridiques de
vérifier les choses qui sont pertinentes à l'enquête
qu'elle doit mener.
M. Rivest: C'est évident, mais il faut qu'elle entre.
M. Guay: Pertinentes à l'enquête qu'elle doit mener,
c'est l'enquête qu'elle doit mener dans le cadre de la Loi sur la...
M. Rivest: Je demanderais aux spécialistes... M. Guay:
... sur la programmation éducative.
M. Rivest: Est-ce que, en ce moment, le poste CHRC... Est-ce que
la Régie des services publics a une autorité quelconque sur le
poste CHRC? Absolument pas, c'est mon impression. A partir du moment où
le poste CHRC, par hypothèse, ferait reconnaître une partie de sa
programmation comme étant programmation éducative, la
régie ne s'adresse pas à une programmation et les pouvoirs
d'enquête de la régie s'exercent c'est le texte même
de l'article sur une entreprise publique, elle s'adresse à
l'entreprise.
M. O'Neill: Oui, mais ils ne peuvent porter que sur ce qui est
prévu dans la loi.
M. Rivest: A ce moment-là, CHRC va pouvoir tomber sous
l'article 15...
M. O'Neill: Non, non...
M. Rivest: ... par le canal de sa programmation
éducative.
M. O'Neill: M. le Président, écoutez... Le
Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Je pense que c'est limité par les articles 4
et 5...
M. Rivest: Je pose la question, on me fait signe que non,
derrière le ministre. Je suis prêt à vous croire,
mais...
M. O'Neill: ... c'est limité par cela, mais on peut faire
confirmer cela par un avocat de la régie. Cela m'apparaît
très clair que la régie ne peut pas poser des gestes, prendre des
décisions qui iraient au-delà du mandat qui lui est reconnu par
cette loi en matière de télévision et de radio
éducative. Sans cela, vous auriez un véritable conflit
constitutionnel. Quand vous arrivez dans le cas des entreprises de
téléphonie sous juridiction québécoise, votre
article 15 peut s'appliquer dans l'ensemble parce que c'est l'entreprise comme
telle, dans l'ensemble, qui est sous juridiction québécoise,
tandis que là, c'est un type d'activité au sujet duquel il est
demandé à la régie de porter un jugement sur une
programmation dite éducative ou qu'on veut faire déclarer
éducative. Je ne vois pas que des gestes puissent être
posés qui dépassent la loi.
M. Rivest: M. le ministre, dans la requête une
requête, vous avez déjà vu cela devant un organisme quasi
judiciaire je ne sais pas comment elle est formulée à la
Régie des services publics, cela ne sera pas programmation
éducative de CHRC, je ne sais pas quelle est la formule, la
requête s'adresse à la régie. Sur le papier, la
requête, la procédure, cela va être: CHRC, etc., entreprise,
avec le siège social, j'imagine, CHRC et cela s'adresse à la
Régie des services publics. C'est l'entreprise qui va se... C'est ce que
je veux dire. Peut-être que je m'exprime mal, mais il me semble qu'il y a
quelque chose là.
M. O'Neill: Oui, M. le Président, mais pas pour poser des
gestes autres que ceux qui sont prévus dans la loi, cette loi-ci. Ce
serait complètement...
M. Guay: Est-ce qu'il n'est pas normal...
Mme Lavoie-Roux: Supposons, M. le Président, que...
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... des subventions qui seraient
accordées à CHRC...
M. Rivest: Ont été détournées. (21 h
45)
Mme Lavoie-Roux: ... pour sa programmation éducative
n'aient été utilisées qu'en partie pour les frais de
ladite programmation, qu'une partie ait été utilisée pour
d'autres fins de l'entreprise...
M. Rivest: ...
Mme Lavoie-Roux: ... et que quelqu'un fasse rapport ou fasse une
requête, qu'est-ce qui arrive à ce moment-là?
M. Guay: Le député de Jean-Talon a raison à
ce moment-là.
M. Rivest: C'est cela que je veux dire.
M. Guay: L'entreprise tombe sous la juridiction de la
régie pour les fins de l'enquête. La régie possède
les pouvoirs qui lui sont nécessaires, qui lui ont été
conférés par la loi amendée notamment en 1972...
M. Rivest: Je ne sais pas, je ne connais pas le milieu de...
M. Guay: ... les pouvoirs nécessaires pour enquêter
dans un cas comme celui-là. Il est bien évident que, pour
enquêter dans un cas comme celui-là, il faut qu'elle ait
accès aux livres de la compagnie!
Mme Lavoie-Roux: Elle va avoir accès à l'ensemble
de l'entreprise.
M. Rivest: Alors, c'est cela.
M. Guay: Pour les fins de son enquête!
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Guay: Si elle s'en va enquêter dans la compagnie pour
des fins autres, à ce moment-là l'action même de la
régie, l'enquête même de la régie peut être
arrêtée par une requête en Cour supérieure soulevant
l'inconstitutionnalité de la chose.
M. Rivest: Là, vous allez tomber dans la
juridiction...
M. O'Neill: M. le Président, même dans l'exemple que
vous venez de donner, vous dites: Reçoit des subventions, et supposons
qu'elles n'aient pas été utilisées comme il faut.
Mme Lavoie-Roux: Oui, ou pas totalement.
M. O'Neill: Ce n'est pas la régie qui va faire
enquête, c'est le gouvernement qui a donné les subventions. La
régie n'a rien à faire dans cela.
M. Rivest: Je ne sais pas. La régie a...
M. O'Neill: Je ne suis pas juriste, mais ce serait vraiment
à ma grande surprise que la régie puisse aller plus loin. Je ne
dis pas qu'elle ne pourra pas un jour...
M. Rivest: Moi, je pense...
M. O'Neill: ... si à un moment donné la
constitution est changée, mais qu'elle puisse aller plus loin que la
limite du mandat conféré légalement, cela
m'apparaîtrait...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le ministre, je pose cette question en ayant
à l'esprit, parce que je pensais que c'était important de la
soulever à tout le moins, personne n'est un expert là-dedans,
probablement, mais la raison pour laquelle je me pose cette question, c'est que
je me demande dans quelle mesure, si on veut éviter ce genre
d'écueil, que la régie puisse s'immiscer dans les livres de
comptabilité, des trucs comme cela, dans quelle mesure peut-on
peut-être que cela s'est fait précédemment modifier
ou élargir le mandat de la Régie des services publics, simplement
de la technique législative, sans modifier la loi constitutive de la
Régie des services publics. A ce titre-là, je vais vous donner un
exemple. Lors de l'étude du projet de loi no 9 assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées, à cinq ou six reprises dans la
loi, il est dit que l'on peut interjeter appel à la Commission des
affaires sociales et que ladite commission peut rendre une décision. A
l'article 106 de ladite loi, on a pris soin de modifier la Loi de la commission
des affaires sociales pour donner effectivement à ladite commission le
pouvoir d'entendre un tel appel et de rendre une décision.
L'interrogation que je formule est donc de savoir si, sans modifier la Loi de
la Régie des services publics, on peut déléguer un pouvoir
à la régie, vous comprenez, et que si on avait
procédé en modifiant la Loi de la Régie des services
publics, à ce moment-là, on aurait pu dire: tel ou tel article de
la Loi de la Régie des services publics ne s'applique pas aux
entreprises dont une partie du programme a été reconnu
éducatif. Parce que c'est simplement un rôle qui
s'intéresse à la programmation. Autrement, on fait... Je ne le
plaiderais pas, parce que j'ai trouvé ça comme ça, je vous
le signale en lisant les notes du ministre. Je n'ai pas fouillé
ça plus que ça. Je pose simplement la question à savoir si
une entreprise qui fait reconnaître une partie de sa programmation comme
étant éducative par la Régie des services publics, si de
ce fait, elle ne tombe pas sous l'empire de la Loi de la Régie des
services publics, en particulier sur un aspect qui me frappe, qui est le
pouvoir d'enquête?
M. O'Neill: Non, il n'y a pas de mandat pour ça, la loi ne
la lui donne pas. Dans ce genre d'entreprise, la régie n'a pas le
mandat, je ne suis pas expert, mais je crois même qu'il serait
inconstitutionnel dans le moment que la loi leur donne ce mandat, me
semble-t-il, puisqu'il s'agit d'entreprises sous juridiction
fédérale. C'est pour ça que c'est limité...
M. Rivest: M. le ministre, on va faire...
M. O'Neill: ... juste à un point, ce point d'une
télévision ou d'une radio éducative ou d'une
câblodistribution éducative, simplement ce point. Même je
vous signalerais que pour l'exemple que vous avez donné tout à
l'heure, la régie ne pourrait pas intervenir dans le cas de l'usage
d'une subvention, c'est le ministère des Communications qui serait
obligé d'intervenir.
M. Rivest: M. le ministre, j'ai posé la question
là-dessus, ce qu'on peut convenir, pour ne pas retarder indûment,
parce que peut-être que les conseillers juridiques, avec les gens du
comité de législation...
Mme Lavoie-Roux: ... troisième lecture.
M. Rivest: ... vous pourriez examiner cette question.
M. O'Neill: Je voudrais répondre à votre question,
cela a été vérifié, l'hypothèse à
savoir, à ma connaissance, s'il fallait toucher, modifier la
régie pour celle-là. On va faire confirmer ça.
M. Rivest: Si possible. Sur l'affaire des commissions
d'enquête, peut-être que vous pourriez
demander à vos gens, d'ici à la troisième lecture
et s'il y avait une précision de texte ou même une
précaution de texte qu'il fallait prendre en troisième lecture,
à ce moment-là, vous nous le diriez et on l'acceptera.
M. O'Neill: Je vais peut-être avoir le renseignement tout
de suite, on a appelé le juge.
M. Guay: M. le Président, si le député de
Jean-Talon me le permet, j'attirerais son attention sur les deux premiers
articles de la Loi de la régie. Le premier qui dit tout simplement que
la présente loi s'applique aux matières
énumérées dans l'article 2 qui relève de la
juridiction de la province. L'article...
M. Rivest: C'est un article, j'ai siégé au
comité de législation, complètement inutile. Parce que
toutes les lois...
M. Guay: Pas nécessairement.
M. Rivest: ... ne s'appliquent qu'à la juridiction, on a
enlevé ça dans toutes les lois qui ont suivi.
M. Guay: Fort bien, admettons qu'il est inutile. Il est
tautologique effectivement, ça va de soi. Ensuite, on définit
entreprise publique. Les entreprises de radio-télévision et de
câblodistribution sont considérées comme des entreprises
publiques et elles sont soumises à la Régie des services publics
dans la mesure où il s'agit de question de juridiction provinciale. En
pratique, à l'heure actuelle, il n'y a aucune soumission de ces
entreprises à la Régie des services publics, parce que les
entreprises de communication, de radiocommunication et de
câblodistribution sont constitution-nellernent déclarées
relevant de l'autorité fédérale et non pas de
l'autorité provinciale. Donc, c'est caduc. Mais à l'époque
où il y a eu la prétention du Québec que les entreprises
de câblodistribution étaient de juridiction provinciale et, donc,
relevaient de la Régie des services publics, on n'a pas
été obligé de modifier la loi pour autant; c'était
déjà dans la loi. C'est resté dans la loi; seulement la
loi est inopérante en ce qui a trait à cela pour l'excellente
raison que la Cour suprême a décidé, un bon matin, que
c'était anticonstitutionnel et que ça relevait d'Ottawa.
Ce qui veut dire, en pratique, que, pour ce qui est de la programmation
éducative, qui, désormais, serait placée sous
l'autorité de la Régie des services publics, les entreprises
publiques que sont les entreprises de radio-télévision et de
câblodistribution, en vertu de l'article 3a, de la Loi de la
Régie, aux fins de la programmation éducative, relèvent de
la juridiction de la Régie des services publics, laquelle, pour les fins
de la Loi sur la programmation éducative, a les pouvoirs
d'enquête, à l'article 15, et seulement pour ces fins. Elle n'a
pas le pouvoir d'aller enquêter dans les entreprises de
radio-télévision ou de câblodistribution pour des questions
autres que les ques- tions de programmation éducative, dans la mesure
où ces entreprises se sont adressées à la régie
pour faire reconnaître ses programmations comme étant
éducatives. Il ne s'agit pas d'une chasse aux sorcières.
M. Rivest: Enfin...
M. O'Neill: On ne peut pas, à partir d'un mandat
restreint, poser des gestes qui supposeraient un mandat élargi.
M. Rivest: Attendez, vous tombez sous la juridiction d'un
organisme ou vous n'y êtes pas, l'un ou l'autre.
M. Guay: La régie est soumise à la Cour
supérieure ou à la Cour d'appel, je ne me souviens pas, mais, en
tout cas, il y a appel sur les questions de droit et il y a toujours
l'injonction pour inconstitutionnalité.
M. O'Neill: C'est intéressant.
M. Rivest: Enfin, je pose le problème, je ne veux pas
compliquer inutilement. En tout cas, pour l'instant, quant à moi,
l'article 4 peut être adopté, à moins que notre ami de
Gaspé ait quelque chose à ajouter.
Oh, attendez, oui, c'est vrai, le premier paragraphe, un autre aspect.
Mais avant de proposer un amendement, c'est que, quand il y aura une
requête, mon problème est le suivant, mais peut-être que la
loi ou les règlements de la Régie des services publics y
pourvoient, je ne sais pas. Est-ce qu'il ne serait pas utile, dans la mesure
où ces requêtes peuvent faire l'objet d'un débat, qu'il
soit prévu, à quelque endroit que ce soit, un avis quelconque de
l'audition d'une requête et de son objet?
M. O'Neill: Je pense que c'est dans la loi.
M. Rivest: Ne me dites pas que c'est dans la loi, parce que,
à ce moment, vous allez me dire que la Loi de la Régie des
services publics s'applique au complet à une entreprise de
radiodiffusion. Ne me dites pas que c'est dans la Loi des services publics,
parce qu'on revient à notre problème.
M. O'Neill: Dans les éléments qui regardent le
mandat, point. C'est dans le règlement.
M. Rivest: Alors, la Loi de la Régie des services publics
s'applique, n'est-ce pas?
M. Guay: Evidemment qu'elle s'applique.
M. O'Neill: Elle s'applique pour le mandat et pas plus, sans cela
elle dépasse... Je vais vous donner l'exemple...
M. Rivest: Est-ce que vous auriez objection à ajouter, par
exemple, je vous le demande comme
cela, avant d'entendre la requête, la régie doit, aux frais
du requérant, nous proposons cela, mais, publier 30 jours avant
l'audition un avis indiquant l'entreprise requérante et l'objet
précis de la requête dans tous les journaux régionaux. Lors
de l'audition de cette enquête, en aucun cas, le huis clos ne peut
être demandé.
M. O'Neill: M. le Président, je prendrais cela en
délibéré parce que je soupçonne que ce n'est pas
nécessaire parce que c'est déjà dans les procédures
de la régie.
M. Rivest: Jusqu'en troisième lecture, si vous croyez que
c'est nécessaire qu'on puisse... Non?
M. O'Neill: Non, on s'en reparlera mardi.
Le Président (M. Lacoste): On peut aller sur consentement.
Oui. Nous allons suspendre pour quelques minutes.
Suspension à 21 h 56
Reprise à 21 h 57
Le Président (M. Lacoste): Nous reprenons les travaux.
Nous en étions à l'article 4.
M. O'Neill:... L'article 4, on en prend le libellé en
délibéré dans le moment, on attend, parce que tout
simplement... Si, autrement dit, il n'y avait pas déjà dans la
réglementation de la régie quelque chose de prévu, il
faudrait le prévoir ici. Ce qui fait croire que ça existe, c'est
que j'imagine que la régie nous aurait avertis quand elle a fait
l'analyse du texte de loi que quelque chose manquait.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
que l'article 4 soit suspendu?
M. Rivest: M. le ministre, on ajoute un autre
élément, c'est qu'on disait que lors de l'audition, après
une disposition sur l'avis, on ajouterait un autre élément lors
de l'audition de cette requête la requête qui est
présentée à la régie en aucun cas, le huis
clos ne peut être demandé.
M. O'Neill: Je ne comprends pas l'affaire, mais... ça
inclut quoi? Cela contiendrait que tout à coup le juge demande le huis
clos? ... excusez-moi, dans les organismes quasi judiciaires...
Le Président (M. Lacoste): Nous suspendons la
séance pour quelques minutes.
Suspension à 21 h 58
Reprise à 22 heures
Le Président (M. Lacoste): Y a-t-il consentement pour
suspendre l'étude de l'article 4?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement. Y a-t-il
consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de 22 heures...
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Lacoste): ... jusqu'à...
M. Rivest: On ne mettra pas de limite, mais cela ne devrait pas
dépasser quant à nous 22 h 30, 22 h 45.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement. Le
consentement est donné. Consentement.
M. O'Neill: M. le Président, pour l'article 4, quand nous
aurons les renseignements requis, on verra.
Le Président (M. Lacoste): Article 5. Y a-t-il
consentement pour suspendre l'article 5?
M. O'Neill: A cause de l'avis? D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est donc suspendu.
Article 6.
M. O'Neill: Oui, sauf, excusez-moi, en ce qui concerne le
deuxième paragraphe de l'article 5. Celui-là est...
Le Président (M. Lacoste): Article 6? M. le
député de Jean-Talon, à l'article 6.
M. Rivest: A l'article 6, qu'est-ce que vous recherchez? En fait,
les articles 6 et 7. On arrivera à cela tantôt. A l'article 6,
qu'est-ce que vous visez exactement là-dedans? Vous ne voulez pas qu'un
poste de radio qui a une partie de sa programmation s'affiche comme
étant éducatif? Je suppose que c'est cela.
M. O'Neill: Oui, c'est-à-dire qu'on évite en somme
la fausse représentation d'organismes qui, par exemple, essaieraient
d'avoir une reconnaissance internationale en se donnant le titre d'organismes
de télévision éducative. Je trouve cela logique de...
M. Rivest: Oui, mais si vous le voyez avec votre... Etant
donné qu'on a eu la discussion sur "en partie" et qu'on n'a pas mis de
chiffre ou de proportion, le poste CHRC pour reprendre celui-là
qui aurait une émission, le dimanche matin, d'une demi-heure, qui
aurait été reconnue comme étant de la programmation
éducative, pourrait s'afficher, d'après l'article 6 tel que
rédigé, ou se désigner comme une radio éducative
dans la mesure où l'article 6 dit: "Une entreprise de
radio-télévision ne peut se désigner comme entreprise de
radio-télévision éducative à moins que sa
programmation n'ait été reconnue en tout ou en partie
déclarée éducative par la régie."
M. O'Neill: Je pense que le poste CHRC, en l'occurrence pourrait
dire que cette programmation, que ces émissions qu'il donne ont
été déclarées éducatives et
présentées de telle heure à telle heure.
M. Rivest: Mais dans sa publicité, le poste pourrait se
dire une entreprise de radio-télévision éducative. Bien
oui, "à moins que sa programmation n'ait été en tout ou en
partie déclarée éducative par la régie."
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: ...
M. Guay: Aussi étonnant que les choses puissent
paraître, je suis porté à être d'accord avec le
député de...
M. O'Neill: La régie s'arrangera avec. C'est son
problème.
M. Rivest: La régie n'a pas d'autorité
là-dessus. La régie n'a pas le pouvoir de déclarer qu'une
entreprise a le droit... Nulle part la régie n'a le pouvoir de
décréter la façon dont une entreprise de
radio-télévision doit se désigner. C'est pour cette raison
qu'on vous avait suggéré 50%. Il faut toujours essayer de
donner...
M. O'Neill: C'est la programmation. C'est la programmation qui
serait déclarée éducative.
M. Rivest: Non.
M. Guay: C'est l'entreprise qui est désignée.
M. O'Neill: Ah oui!
M. Rivest: II suffit qu'elle ait une demi-heure et elle peut se
désigner éducative.
M. Laberge: Si vous voulez le faire, spécifiez dans quelle
circonstance et pourquoi vous êtes une radio éducative, sinon...
Si vous avez une heure d'émission, comme le soulignait le
député de Gaspé, une heure d'émission
éducative par semaine et que vous vous prétendez une radio
éducative, mentionnez en plus pourquoi vous vous désignez comme
cela, à cause de telle émission que vous faites, les gens vont
comprendre. Cela évite des abus, que tout le monde se désigne
éducatif et...
M. O'Neill: Selon la formulation décidée par
celle-ci.
M. Rivest: Par celle-ci, la régie? M. O'Neill:
Oui.
M. Rivest: Est-ce que la régie a un pouvoir
réglementaire dans sa loi?
M. O'Neill: Oui.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut je n'aime pas bien
cela...
M. O'Neill: Mais elle doit faire approuver son
règlement.
M. Rivest: Est-ce qu'on pourrait rédiger un article
je parle tout haut, je ne le fais pas disant qu'une entreprise de
radio-télévision peut se désigner comme étant une
entreprise de radiotélévision éducative en se conformant
aux normes et modalités déterminées par la
régie?
M. O'Neill: Votre formule est meilleure que celle que j'avais,
mais c'est le même sens.
M. Rivest: Cela pourrait régler le problème. Ou
bien par le ministre des Communications.
M. Le Moignan: A ce moment-là, les articles 6 et 7...
M. Rivest: Pourquoi donner cela à la régie? M.
Le Moignan: ... c'est presque la même...
M. Rivest: Pourquoi ne vous donnez-vous pas le pouvoir de faire
cela?
Une Voix: Non, non, on en a assez de pouvoirs.
M. Rivest: M. le Président, j'ai assez peur que certaines
phrases de mon ami qui est à côté de moi me passent sur le
dos!
M. Le Moignan: L'article 7, c'est dans la même veine.
M. O'Neill: ... l'article 6, c'est comme une formule...
M. Rivest: Les articles 6 et 7, c'est le même
problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre l'article 6 et l'article 7?
M. Le Moignan: Les articles 6 et 7, c'est à peu
près la même chose.
M. O'Neill: Oui, parce qu'on va avoir une formule.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre les articles 6 et 7?
M. Le Moignan: Oui. M. Rivest: Oui.
M. Le Moignan: On peut continuer à l'article 8.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. On va suspendre
quelques minutes.
Suspension à 22 h 08
Reprise à 22 h 21
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! Lors de la suspension de nos travaux, nous étions rendus
à l'article 6. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'étude de l'article 6 et de l'article 7.
M. Saint-Germain: Oui, M. le Président. M. O'Neill:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement. L'article
6 est donc suspendu ainsi que l'article 7. Article 8.
M. Rivest: A l'article 8, M. le Président, il s'agit de
plaintes. La question que je pose au ministre est la suivante: II y a une
plainte devant la régie, concernant une infraction à la
présente loi ou une ordonnance de la régie, contre une entreprise
qui diffuse ou distribue une programmation déclarée
éducative par la régie. Comment et où trouve-t-on la
façon dont doit être conduite cette plainte devant la Régie
des services publics?
M. O'Neill: Ce sont les règles de pratique plus que le
règlement. Je connais une règle de pratique dans ce
domaine-là, c'est celle qui était en vigueur au moment où
la Régie des services publics avait compétence ou juridiction
reconnue dans le domaine de la câblodistribution.
M. Rivest: Les règles de pratique de la Régie des
services publics dont...
M. O'Neill: C'est-à-dire que la plainte pouvait être
adressée directement ou indirectement mais, de toute façon,
était toujours transférée à la régie.
M. Rivest: C'est cela. Le fondement juridique, j'imagine, de ces
règles de pratique, se trouve quelque part dans la loi constitutive de
la Régie des services publics. Le fondement juridique se trouve dans la
loi constitutive de la Régie des services publics.
M. O'Neill: Oui, dans sa nature même. M. Guay: Bien
sûr.
M. Rivest: C'est le seul commentaire que j'ai là-dessus,
sauf que je signale au passage que la Loi de la régie des services
publics s'applique aux entreprises...
M. O'Neill: A l'intérieur du mandat prévu dans la
loi ici.
M. Guay: Le député de Jean-Talon semble tout
à fait étonné.
M. O'Neill: Je suis tout à fait d'accord avec vous,
à l'intérieur du mandat, c'est vrai.
M. Rivest: S'applique à l'entreprise et non à la
programmation.
M. O'Neill: A l'entreprise quant à la programmation, et
non pas quant à son administration.
M. Rivest: Peut-être l'article 15.
M. Guay: Sûrement à mon avis.
M. Rivest: D'accord. Adopté, M. le Président.
M. Guay: Je comprends mal, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Le Moignan: Adopté, M. le président.
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 9.
M. O'Neill: Je pense, M. le Président, qu'on y a fait
allusion à beaucoup de reprises auparavant. Je crois que cela n'exige
pas de commentaires, sauf qu'il faut voir ici une des articulations qui
assurent le lien entre la régie, le ministre des Communications et le
ministre de l'Education. Quand on dit qu'ils peuvent participer à
l'enquête, à l'audition et faire les représentations qu'ils
jugent utiles, en fait, dans l'usage actuel, ils le font par des
représentants du ministère. Dans notre cas, c'est cela. Tout
simplement on envoie quelqu'un du ministère quand il s'agit d'une
demande ou d'une cause qui nous intéresse particulièrement, quand
nous avons des représentations à faire, le ministre de
l'Education, premièrement, doit être avisé, et
deuxièmement, je pense qu'il va être logique, dans chaque cas,
qu'il soit présent, parce que là, c'est très
important.
M. Rivest: D'accord, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 9 est adopté.
Article 10.
Pouvoirs du ministre
M. Rivest: Le ministre a un amendement.
M. O'Neill: Oui, j'en ai même deux. Il y en a un petit qui
m'a été suggéré dans la journée, si vous
permettez que je l'ajoute.
M. Rivest: On peut peut-être suivre la
procédure...
M. O'Neill: C'est, paraît-il, comme clarification. Le
premier amendement, c'est d'ajouter le mot...
M. Rivest: Je pense que vous devez le présenter pour qu'on
puisse...
M. O'Neill: Le deuxième aussi... Ce que nous vous
proposons, c'est ceci: "Le ministre des Communications peut, selon les
conditions, normes et modalités fixées par règlement du
gouvernement, accorder une assistance financière". Ici, la modification
serait, "ou technique". Donc, pas nécessairement l'un et l'autre,
ça peut être l'un et l'autre, mais pas nécessairement,
ça peut être l'un ou l'autre.
M. Rivest: Accorder une assistance financière ou
technique.
M. O'Neill: Ou technique.
M. Rivest: Le mot "ou" nous entraîne loin, vous savez.
M. O'Neill: Un autre petit "ou" qui intervient, "aux entreprises
de radio-télévision ou de câblo-distribution dont la
programmation a été déclarée éducative par
la régie".
M. Rivest: Juste avant que le ministre aille plus loin, ça
ne touche pas au corps de l'article, mais on l'a retrouvé dans l'article
précédent. Quand on dit "dont la programmation", est-ce que cela
implique, au point de vue juridique, partie de la programmation, oui? Parce
qu'on a eu ça dans l'article précédent et...
M. O'Neill: Qu'est-ce que c'est déjà?
Le Président (M. Lacoste): Question de procédure,
M. le député de Jean-Talon, est-ce qu'on peut considérer
l'amendement...
M. O'Neill: ... dont la programmation...
M. Rivest: Oui, on peut considérer l'amendement
reçu. Est-ce qu'on peut plaider sur la recevabilité, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): L'amendement du ministre
pourrait faire partie intégrale du projet aussi.
M. Rivest: L'amendement est recevable, il est reçu
même, non seulement recevable, mais il est reçu. Ce n'est pas
à moi de dire ça, mais je vais le dire.
Le Président (M. Lacoste): II est considéré
comme étant le nouvel article.
M. Rivest: Oui. Il est adopté, autrement dit.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
D'accord.
M. O'Neill: D'abord...
M. Rivest: On n'a pas adopté l'article.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, sur
l'amendement.
M. O'Neill: Une explication sur les conditions, c'est simplement
pour qu'il y ait une concordance entre l'article et le règlement dans
lequel on ne trouve pas seulement des normes et modalités, mais aussi
des conditions.
M. Rivest: C'est bien ça...
M. O'Neill: Le mot "ou", c'est une clarification pour que ce soit
bien net, bien clair que l'assistance n'est pas nécessairement en
même temps financière et technique. Elle peut l'être, mais
elle peut être l'une ou l'autre.
M. Rivest: D'accord, M. le ministre. J'ai hésité
à l'article précédent, peut-être que cela s'est
produit antérieurement, mais finalement, on y allait
allègrement.
M. O'Neill: Je pourrais peut-être ajouter une
dernière note.
M. Rivest: Non, ce n'est pas sur le fond de l'article.
M. O'Neill: C'est peut-être celle-là, c'est sur le
mot programmation?
M. Rivest: Non, ce n'est pas ça. A l'article 8 qu'on a
adopté, je ne veux pas revenir là-dessus, on dit: une infraction
commise par une entreprise qui diffuse ou distribue une programmation
déclarée éducative. J'ai hésité, mais on l'a
adopté et je retrouve la même formulation ici: "dont la
programmation". Une seule précision purement technique, avant qu'on
aborde le fond de l'article 10: est-ce qu'en disant "programmation" comme on le
fait, cela comprend toute la programmation ou simplement une partie de la
programmation? Tout au long du projet de loi, on a toujours eu la
précaution de dire: programmation ou partie de programmation.
Je me demande si ce ne serait pas plus prudent, quitte à ce que
les conseillers juridiques voient à faire les deux concordances à
ce titre.
M. O'Neill: Je vous signale...
M. Rivest: Ah non! M. le Président, je m'excuse, on me
fait signe derrière et je comprends le signe, c'est que quand on a
défini programmation éducative, on a...
M. O'Neill: Premier paragraphe de l'article 2.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 10, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Rivest: Une minute!
M. O'Neill: Pas de problème.
Le Président (M. Lacoste): L'article 10, tel
qu'amendé, est adopté?
M. O'Neill: Ce que je serais prêt à faire ici...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, sur l'article
10.
M. O'Neill: Je vais d'abord vous laisser faire vos commentaires
et, ensuite, j'aurai des questions à vous poser.
M. Rivest: Des questions?
M. O'Neill: J'aurais une proposition à vous faire, mais
j'aimerais d'abord entendre les commentaires du député de
Jean-Talon. (22 h 30)
M. Rivest: Les commentaires, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... je ne veux pas les répéter
longuement, mais tout de même je veux les faire. Je pense que, à
juste titre évidemment on est carrément dans l'ordre des
procès d'intention, mais il faut quand même les enregistrer
il faut s'inquiéter un peu de la façon dont le ministre va
utiliser son pouvoir discrétionnaire. Je comprends que les
règlements, les conditions, normes et modalités seront
fixés par règlements du gouvernement.
M. le Président, il arrive parfois que le ministre et le
gouvernement ne forment qu'une seule et même personne. Etant donné
que ça restera tout de même assez discrétionnaire,
d'aucuns, à juste titre, ont soulevé le problème de
l'usage de cette discrétion pour verser des subventions à des
entreprises de radio-télédiffusion qui auront eu la sagesse de
faire reconnaître leur programmation ou une partie de leur programmation
comme étant éducative. Mais cela n'emporte pas
nécessairement qu'une entreprise ayant fait reconnaître sa
programmation ou une partie de sa programmation éducative aura
néessairement une subvention. Elle pourra y avoir droit, mais ce n'est
pas sûr qu'elle l'ait. Effectivement, le ministre peut décider,
dans sa discrétion et dans sa sagesse ministérielle, de ne lui en
pas donner et, là-dessus, une entreprise l'aura ou ne l'aura pas. Je
sais qu'il y a une pratique établie depuis un certain nombre
d'années, particulièrement au niveau des media communautaires, de
l'usage d'une telle discrétion ministérielle, un usage, une
pratique. Enfin, le ministre nous l'a dit, je pense qu'il a raison, il ne
semble pas qu'il y ait eu de problème majeur dans l'exercice d'une telle
discrétion. Néanmoins, je veux simplement, ici,
réitérer les réserves qu'on avait et qu'on continue
d'avoir à ce titre, en regrettant que le ministre n'ait pas
trouvé d'autre façon de limiter davantage sa discrétion
que celle qu'il a retenue, c'est-à-dire de s'obliger à une
démarche que je sais et que l'on sait pour ceux qui ont connu
comment fonctionne un Conseil des ministres être une
démarche assez mécanique. Le ministre des Communications va
arriver avec son règlement et bien peu je ne prêterai pas
plus ou moins de vertu au présent Conseil des ministres qu'à ceux
qui l'ont précédé ou qui lui succéderont de
ministres examineront très attentivement dans les moindres
détails, étant donné qu'on sait que les conseils des
ministres s'intéressent surtout aux questions économiques et
sociales, un tel règlement. Si bien qu'en pratique, ce sera le
règlement du ministère des Communications et du ministre des
Communications qui sera finalement adopté, qui déterminera les
conditions, les normes, les modalités.
Néanmoins, M. le Président, je tiens à dire que le
projet de règlements que le ministre nous a soumis apporte, en tout cas,
un élément de réponse parce qu'on peut y trouver, je ne
veux pas en faire un examen exhaustif ce soir, des indications, de la part du
ministre. Et là, on pourrait peut-être lui faire un procès
d'intention, mais qui va lui plaire celui-là, on trouve des
éléments qui nous indiquent, en tout cas, à
première vue, que le ministre entend utiliser le pouvoir
discrétionnaire qui lui sera accordé à l'article 10 d'une
façon qui aille dans le meilleur intérêt de l'ensemble des
citoyens et des entreprises qui auront éventuellement droit aux
grâces ministérielles.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais dire d'abord que
les grâces seront modestes parce que le budget prévisible
s'annonce plutôt modeste. En vertu, donc, de la pratique qui existe
actuellement, je donne simplement les sommes pour cette année. C'est
quoi, le montant pour cette année, à peu près? Vous avez
la liste, d'ailleurs, qui vous a été distribuée.
M. Rivest: $54 000. Ce ne sera pas un déferlement de
propagande absolument insurmontable, si jamais le ministre sombrait dans la
tentation et la faiblesse de ce gouvernement.
M. O'Neill: Et vous pensez ici qu'il y a une barrière, que
vous connaissez tous, c'est celle du Conseil du trésor quand on
prépare les budgets. Nous sommes déjà en train de
commencer des négociations pour avoir un budget un peu plus
aéré.
M. Rivest: C'est à peine le coût d'un
panneau-réclame de la souveraineté-association.
M. O'Neill: Déjà nous essayons d'avoir un budget
plus aéré pour les media communautaires. Il y a les groupes comme
ceux-là, la radio communautaire, alors nous allons arriver dans tout ce
contexte. Il est sûr qu'ici, je souhaiterais un budget plus
considérable, mais je m'attends un petit peu à ce qu'il soit
plutôt modeste.
M. le Président, au départ ici, je voudrais vous fournir
un autre document parce qu'il donne l'exemple de ce que c'est également
ce type de subventions dans un mécanisme qui existe déjà.
C'est celui de l'aide aux media, de la politique d'aide aux media
communautaires. Je voudrais qu'on en distribue des exemplaires aux membres
de la commission: La politique de développement des media
communautaires et les programmes d'aide au développement des media
communautaires. Cela donne l'exemple. En fait, on s'est inspiré de cela
même dans le mode de composition du comité. C'est cela. C'est un
autre document que celui que vous avez.
M. Rivest: Non, c'est le livre, je l'ai.
M. O'Neill: Vous n'avez pas celui-ci, je pense. Vous l'avez
déjà?
M. Rivest: M. le ministre, il a été envoyé
à tous les députés.
M. O'Neill: II a été envoyé
déjà à tous les députés. Vous voyez, dans
notre souci de vous bien informer, on vous donne deux fois les mêmes
publications. Cela arrive comme cela. Vous voyez vraiment l'effet de nos bonnes
intentions.
M. Rivest: Mon Dieu, en parlant de ça, M. le ministre, on
a fait une motion et nous n'avons pas reçu la photocopie des documents 1
et 2 ou je ne sais trop, que le député de L'Acadie avait
demandés.
M. O'Neill: Dès qu'ils seront imprimés, vous allez
les avoir.
M. Rivest: Je vous remercie, et la définition de l'UNESCO
suivra par...
M. O'Neill: M. le Président, puisqu'on a parlé de
ça, je voudrais quand même leur donner un dernier détail
qui va peut-être leur plaire, c'est que selon d'autres renseignements que
nous avons eus, apparemment, le texte de cette définition, soit
emprunté à l'UNESCO ou inspiré de l'UNESCO, avait
été proposé, j'avais dit, je crois, au début, par
un fonctionnaire du Conseil des ministres de l'Education. Mais il me semble que
la version exacte, historiquement, c'est que ça a été
proposé par le ministre fédéral des Communications, M.
Gérard Pelletier.
M. Rivest: Lors d'une conférence de l'UNESCO?
M. O'Neill: Lors de la rencontre où la décision a
été prise, le 2 décembre 1969. Actuellement, le
ministère fédéral des Communications, dans un grand esprit
de collaboration, fait des recherches pour nous, pour savoir où M.
Pelletier a pris son texte.
Une Voix: II ne l'a pas pris à l'UNESCO?
M. Guay: C'est parti de Paris, je te le dis. Pelletier l'a dans
ses dossiers.
M. Rivest: Si vous me dites que M. Pelletier est dans le coup, ma
confiance renaît.
M.O'Neill:ll paraît qu'il y a un grand branle-bas à
Ottawa et on veut savoir où M. Pelletier a pris ce texte.
Si jamais, en passant, M. le Président, à la suite d'une
lecture peut-être encore plus attentive du projet de règlement,
vous aviez des suggestions à me faire, c'est le temps de les recevoir.
Je vous signale ça.
M. Rivest: Le député de L'Acadie vous a fait une
suggestion dont j'ai perdu le...
M. O'Neill: Oui, entre autres, dans la partie de l'assistance
financière, de voir si ce chiffre, 50%, est un chiffre réaliste.
On va faire de nouveau les vérifications, parce que le
député de L'Acadie s'inquiétait, à savoir si, dans
certains cas, ça n'empêcherait pas la diffusion de programmations
éducatives intéressantes.
Donc, s'il y avait d'autres suggestions de ce genre, nous pourrions les
recevoir. C'était simplement un premier projet de règlement. Il
n'est pas approuvé encore. Alors, vous avez le temps pour ça et
vous ne serez pas tellement occupés, de toute façon, d'ici le 9
octobre, je crois bien? Beaucoup d'ouvrage, oui?
M. Le Moignan: ...
M. Rivest: Nous avons une campagne de financement, le 18
septembre. Vous nous coûtez très cher.
M. O'Neill: Vous avez déjà tout
dépensé?
M. Guay:... d'avoir Régis Trudeau à portée
de main.
M. Le Moignan: II y en a seulement $5 millions.
M. O'Neill: Je voulais signaler que dans la composition du
comité consultatif, nous avons assuré une présence, nous
proposons une présence assez imposante du ministère de
l'Education. Il pourrait arriver que, là-dessus, nous ayons
peut-être, à un moment donné, des représentations,
par exemple, de plus qui, eux, s'estimeraient suffisamment
représentés. Mais je pense que ça marque bien l'intention
de mettre l'accent sur une programmation éducative. Quand je me
réfère aux inquiétudes du député de
L'Acadie, je me dis: Deux représentants du ministère de
l'Education pourront sûrement faire bien connaître le point de vue
du ministère sur cette question.
Pour le reste, tout simplement sur la proposition que je fais, M. le
Président, c'est que si, à un moment donné, les gens ont
des suggestions à faire, des corrections à nous proposer, nous
les accueillerons avec non seulement de la sympathie, mais beaucoup de respect
et d'attention, comme nous le faisons pour les propositions qui nous viennent
de l'Opposition.
Le Président (M. Lacoste): L'article 10, tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Rivest: Non. Non.
M. O'Neill: Non? Attention!
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'ai un amendement qui est le suivant. Je vais
l'expliquer brièvement. "Que l'article 10 soit modifié en
ajoutant à la fin l'alinéa suivant: Toute émission
subventionnée en vertu de l'alinéa précédent est
exonéré de droits d'auteur et peut sans obstacle être
enregistrée et reproduite." C'est inspiré de la
radio-télévision suédoise de façon que,
étant donné qu'il y a des fonds publics qui ont été
mis à la disposition d'une telle production, il ne serait que normal que
d'autres...
Une Voix: ... droits d'auteur.
M. Rivest: Oui, mais dans le cadre d'une loi qui concerne la
programmation éducative il faut affirmer la juridiction jusqu'au bout.
Cette mollesse...
M. Laberge: S'il s'agit d'une émission comme le
suggérait cet après-midi le député de L'Acadie, une
émission qui viendrait de l'extérieur, par exemple, pour une
émission qui viendrait d'Italie, est-ce qu'ils vont avoir les... On ne
pourrait pas, par une loi ici, priver les réalisateurs en Italie de
leurs droits d'auteur.
M. Guay: Le député de Jeanne-Mance, M. le
Président, apporte un argument très pertinent. Si le pilier du
Parti libéral... Je me souviens à un moment donné...
Le Président (M. Lacoste): Je reçois l'amendement.
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je me souviens, quand j'étais fonctionnaire au
ministère des Communications, d'avoir amorcé des
négociations avec la France dans le but de permettre à
Radio-Québec d'avoir un accès privilégié aux
émissions des chaînes françaises et aux banques
audio-visuelles des chaînes de télévision
françaises. Un des problèmes majeurs, à ce
moment-là, qui a été réglé depuis,
puisque Radio-Québec a effectivement eu cet accès
privilégié aux chaînes françaises
était précisément le problème des droits d'auteur
et lorsque Radio-Québec dont la programmation serait
déclarée éducative par la régie diffuserait une
émission produite dans un autre pays où les règlements
couvrant les droits d'auteur sont différents ou particuliers, un
amendement comme celui qui est proposé pourrait gêner
considérablement le travail d'un organisme comme Radio-Québec
plutôt que de l'aider. Cela vaut, à la rigueur, pour les
productions locales, mais...
Une Voix: On ne subventionnera pas Radio-Québec.
M. Guay: Comment, on ne subventionnera pas Radio-Québec?
On n'a fait que subventionner Radio-Québec. Enfin, cela vient des fonds
publics.
Le recherchiste du Parti libéral souligne que nous ne donnerons
pas de subventions à Radio-Québec, c'est on ne peut plus vrai,
d'autant plus que tous les fonds de Radio-Québec proviennent des fonds
publics.
M. Rivest: M. le Président, si le ministre et le
député de Taschereau ont... Ah! vous avez une proposition
à me faire à ce sujet-là, oui?
M. O'Neill: M. le Président, il est possible qu'au moment
où cette loi va être promulguée, nous serons probablement
avancés. Nous aurons reçu le rapport du comité
interministériel sur les droits d'auteur où on essaie de
régler le problème des droits d'auteur, d'abord,
gouvernementaux... (22 h 45)
M. Rivest: Québécois.
M. O'Neill: ... le problème des droits d'auteur dans le
cas de Radio-Québec. Le problème s'est posé dans le cas
des programmations françaises, on a eu exactement le même
problème. Nous allons couvrir cela doit normalement aboutir
à une loi tout ce secteur.
Une Voix:...
M. O'Neill: C'est cela. Deuxièmement, dans la
façon, aussi, de les acquitter. Je vois un article comme
celui-là, je pense à l'Association des droits d'auteur, CAPAC et
compagnie, ils vont lever haut comme cela.
M. Rivest: Ils vont trouver que ce n'est pas payé
cher.
M. O'Neill: Actuellement, cela se règle plutôt par
négociations. Radio-Québec le règle, dans certains cas,
par un montant forfaitaire. Nous voulons entre autres, M. le Président,
régler les cas suivants: les cas d'émissions, justement, qui ont
déjà été payées par l'Etat et, entre
autres... Comme préoccupation, c'est intéressant, cela touche les
émissions éducatives. Les émissions payées par
l'Etat où il y a ces droits de suite qui, à un moment
donné, peuvent s'accumuler, cela pose beaucoup de problèmes quand
il s'agit de les utiliser, par exemple, dans les maisons d'enseignement, parce
que cela fait partie de ce problème. Il n'y a pas simplement la passe
à payer à l'intérieur de l'entreprise de
câblodistribution et de télévision, il y a aussi le
problème qu'ils viennent tout de suite. Aujourd'hui, vous êtes
capable de prendre une émission, de la capter chez vous, de la
reprendre, comme font beaucoup d'enseignants dans les écoles, et
retourner à l'école et s'en servir de nouveau.
C'est cet ensemble de problèmes pour lesquels on essaie de
trouver des solutions pratiques. Nous avons un comité sur les droits
d'auteur qui siège sous la direction de l'Editeur officiel. Nous allons
normalement terminer.
Nous avons commencé à terminer cette
étude-là au comité ministériel de
développement culturel et j'ai l'impression que, peu de temps
après la
promulgation de cette loi-ci, nous devrions avoir trouvé les
moyens de régler le problème dans son ensemble, la partie la plus
délicate étant en fait la partie des produits culturels
électroniques. C'est d'abord celle où il y a le plus de pillage
et, deuxièmement, là où le problème est assez
délicat, c'est le fait que, si on ne trouve pas des mesures
réalistes, nous allons, pour des auditoires d'éducation, des
jeunes, être en train de payer indéfiniment des droits d'auteur
qui peuvent être considérables. Radio-Québec est
liée au problème, parce qu'à Radio-Québec c'est un
problème sérieux. Le problème, encore une fois, se pose
ici, comme je dis qu'il s'est posé pour la télévision, les
programmes français qui nous arrivent. Alors, je pense que, par ces
mesures qui s'en viennent, nous allons régler le problème que
vous avez soulevé à cet endroit-ci, qui est un problème
sérieux, d'autant plus qu'il est compliqué par un problème
de juridiction à cause du rôle fédéral dans la
matière.
M. Rivest: Compte tenu des explications du ministre et, au fond,
de cette précision extrêmement pertinente quant à
l'élaboration par le gouvernement d'une politique plus
générale dans le domaine des droits d'auteur, on peut convenir
très simplement que cet amendement puisse à ce moment-ci
être rejeté sur division.
M. O'Neill: Rejeté sur division, d'accord. M. Laberge:
Rejeté sur division, cela va.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
député de Jean-Talon est adopté?
M. Laberge: Non, rejeté.
Le Président (M. Lacoste): Rejeté, sur division.
Est-ce que...
M. O'Neill: On est rendu à 11? Est-ce que l'article 10 est
terminé?
Le Président (M. Lacoste): L'article 10, toujours. M. le
député de Jean-Talon, à l'article 10.
M. O'Neill: Non, je suis prêt à passer à
11.
M. Rivest: C'est une précision. L'article 10. Le ministre
nous a donné la liste des subventions. Je ne sais pas si elles
apparaissent quelque part ailleurs, mais on voudrait bien, sur le plan
parlementaire, avoir le suivi de l'exercice de ce pouvoir
discrétionnaire sous réserve des règlements qui ont
été adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je
voudrais proposer l'amendement suivant: Que l'article 10 soit modifié en
ajoutant à la fin les alinéas suivants: Le ministre des
Communications doit, dans les plus brefs délais, déposer à
l'Assemblée nationale toute autorisation d'aide financière ou
technique. Cette autorisation doit indiquer le nom du
bénéficiaire, le montant de l'aide financière et une
description détaillée de chaque émission
subventionnée.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est
reçu.
M. Rivest: Etant donné qu'on a tellement parlé de
ce fameux pouvoir du ministre, à l'article 10, pour avoir au moins le
suivi, je pense que ça peut... Parce que cela ne paraît pas nulle
part.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais comprendre le
texte, est-ce qu'il s'agit de déposer ça dans un rapport
général ou à la graine?
M. Rivest: Oui, à la pièce.
M. O'Neill: Remarquez que dans certains cas, c'est non
seulement... c'est même dans certains cas...
M. Rivest: Annuellement.
M. O'Neill:... c'est même fréquemment publié,
parce que la tendance dans ces choses est de publier un communiqué qui
dit: Nous avons envoyé, à telle entreprise, tant d'argent, etc.,
parce que la tendance des ministères, dans ces cas-là, ce n'est
pas de cacher ces choses, c'est de s'en vanter.
M. Rivest: Est-ce que je peux amender ma propre motion, en
disant: Le ministre des Communications doit, dans les plus brefs délais,
déposer annuellement, à l'Assemblée nationale, les
autorisations d'aide financière ou technique.
M. Guay: On peut vous proposer une meilleure formulation.
M. Rivest: Oui, d'accord.
M. Guay: Le ministre des Communications doit, dans le cadre du
rapport annuel de son ministère...
M. Rivest: Pardon?
M. Guay: Le ministre des Communications doit, dans le cadre du
rapport annuel du ministère, déposer à l'Assemblée
nationale...
M. Rivest: Ce qu'on vise, c'est que très souvent, à
l'Assemblée nationale, le ministre des Finances ou même le
ministre des Richesses naturelles dépose un document qui pourrait
éventuellement paraître dans le rapport annuel et dans le cas du
ministre des Finances, ce qui paraît dans la mesure où ce sont des
mandats spéciaux, mais il a obligation de les déposer. Le
ministre des Richesses naturelles le fait constamment à propos de je ne
me rappelle plus trop quoi...
M. O'Neill: Seulement sur un point, M. le Président, le
point que j'appellerais juridique, à savoir si on met ça dans la
loi?
M. Rivest: Oui.
M. O'Neill: C'est-à-dire que, pour le faire, on le fait,
parce que dans le cas des media communautaires, tout est public;
c'est-à-dire que nous publions tout et je ne vous cache pas qu'on le
fait, dans un sens, avec un certain intérêt. Cela fait toujours
plaisir de dire aux gens qu'on leur a envoyé quelque chose, ça
vient d'un bon naturel, ça se comprend.
Par exemple, dans le cas des media communautaires, dès que le
jury a déterminé les subventions, la liste est rendue publique le
plus tôt possible par un communiqué de presse. Cela est la
coutume. La question que je me pose et c'est là que j'avoue mon
ignorance au plan législatif, par rapport aux règlements
mêmes de l'Assemblée nationale est: Est-ce que c'est une
chose que l'on met dans une loi ou si c'est quelque chose qu'on met dans un
règlement? C'est ma seule question.
M. Rivest: Sur ça,M. le ministre, je peux vous
rassurer; je suis convaincu qu'il y en a et, deuxièmement, il y a un
élément additionnel, c'est que ce n'est pas simplement de dire:
On a donné $5000 à telle entreprise, mais, dans le
deuxième élément de l'amendement que je propose, c'est
qu'on doit indiquer le nom du bénéficiaire, le montant de l'aide
financière et une description détaillée de chaque
émission subventionnée.
M. Guay: Est-ce que le député de Jean-Talon aurait
objection à ce que ce rapport se place dans le cadre du rapport annuel
du ministère?
Une Voix: ...
M. Guay: Plus maintenant, ça s'améliore
beaucoup.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Mais, dans la mesure où c'est l'exercice d'un
pouvoir discrétionnaire. Aujourd'hui, le problème n'est pas
grave; il ne le sera peut-être pas non plus dans l'avenir, en raison des
sommes extrêmement modestes dont dispose le ministre des Communications.
Mais si les sommes devenaient très importantes ou si le ministre des
Communications pouvait avoir les budgets, parce que les besoins, j'imagine et
le ministre en est le premier conscient, sont considérables et, compte
tenu des ressources financières du gouvernement, à ce
moment-là on ne peut pas les satisfaire. A un moment donné, cela
va devenir des sommes très importantes. Enfin, je n'ai pas d'autre point
à ajouter.
M. O'Neill: M. le Président, j'ai une proposition à
faire. Est-ce qu'on s'entend pour dire d'abord annuellement ou quelque chose
comme cela?
M. Rivest: Oui, d'accord.
M. O'Neill: En fait, comme je vous dis, la coutume c'est de le
faire dès que tout est accordé. Quoique la différence,
dans le cas des media, c'est accordé massivement, c'est-à-dire
à une période donnée. Là, il faut le mettre
annuellement. Deuxièmement, au point de vue de la formulation: Le
montant de l'aide financière, une description détaillée
de... Il faudrait mettre: de la programmation subventionnée, je
pense.
M. Rivest: Oui, d'accord, parce qu'à ce moment-là
vous allez être obligé de détailler Radio-Québec,
cela va être une masse.
M. Guay: Radio-Québec n'est pas subventionnée comme
le recherchiste du Parti libéral l'a dit, non sans pertinence
tantôt.
M. O'Neill: Est-ce que ce ne serait pas suffisant de mettre...
J'essaie de voir ce que cela peut vouloir dire une aide technique, la
description d'une aide technique. Est-ce que ce ne serait pas plutôt
financière qu'il faut mettre?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, pour...
M. O'Neill: On peut mettre technique aussi, je n'ai pas
d'objection.
M. Rivest: Qu'est-ce que vous envisagez? Oui, financière.
Il n'y a pas de description...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon pour les fins du journal des Débats.
M. O'Neill: Câblodistributeurs, Saint-Félicien, aide
technique. On peut mettre cela. On lui a envoyé toute l'aide
technique...
M. Rivest: Ou analyse de clientèle, ou support à la
distribution, ou constitution d'une banque d'émissions. Au sens de votre
règlement.
M. O'Neill: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Pour les fins du journal des
Débats, est-ce que la suggestion du ministre qui, en fait, souhaitait du
moins biffer "chaque émission" par "la programmation"... M. le
député de Jean-Talon, le consentement pour inclure cela dans
votre amendement.
M. O'Neill: Au point de vue du français, M. le
Président, il faudrait mettre ici... Excusez-moi. Comme on a mis cette
autorisation pour indiquer le nom du bénéficiaire, le montant de
l'aide financière, une description détaillée, il faudrait
à ce moment au point de vue du français, parce qu'on a mis
"chaque" avant, mettre "de la programmation subventionnée" et non pas
"de chaque".
Le Président (M. Lacoste): Je vais relire la motion
d'amendement du député de Jean-Talon telle que modifiée:
"Que l'article...
M. O'Neill: Excusez, seulement une concordance, M. le
Président. Étant donné que le mot...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: ... utilisé ailleurs était le mot
"assistance", il ne faudrait pas mettre le mot "aide", mais remettre le mot
"assistance".
M. Rivest: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): II y a un accord? Est-ce que la
motion...
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Oui, M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour:... personnellement, je ne suis pas en
faveur de l'amendement qui est proposé puisque c'est si le
ministre veut écouter, peut-être que cela va éclairer
le genre de question qui peut être posée lors de
l'étude des crédits annuellement. Je ne vois pas ce que cela
vient ajouter ici, mettre cela dans une loi.
M. Rivest: A ce moment-là, c'est inutile de publier des
rapports annuels si toutes les questions peuvent être posées aux
crédits.
M. Beauséjour: Mais cela peut être inclus dans un
rapport annuel...
M. Rivest: Cela existe dans d'autres lois et cela ne peut
pas...
M. Beauséjour: ... comme cela peut venir à une
période...
M. Rivest: Non. Ecoutez, c'est un pouvoir discrétionnaire
qui a été abondamment discuté et certains ont plus ou
moins contesté vigoureusement. Je pense que c'est important. Le ministre
prend la peine de faire un règlement pour exercer ce pouvoir
discrétionnaire. Le Conseil des ministres s'y arrête. Sur le plan
parlementaire, on n'a pas grand moyen d'exercer notre responsabilité de
contrôle et de surveillance de l'exercice d'un pouvoir
discrétionnaire du ministre. Je pense que ce serait légitime
d'avoir au moins une fois par année la liste pour voir le suivi. Je
pense que l'amendement serait justifié.
M. O'Neill: Je propose de le tenir en réserve deux minutes
seulement pour confirmer.
M. Rivest: Deux minutes? D'accord. M. le Président, on
peut passer aux autres articles?
M. O'Neill: Oui. Moi, je suis soumis au comité de
législation. Alors...
Le Président (M. Lacoste): Je vais quand même, M. le
ministre, relire la motion d'amende- ment du député de Jean-Talon
pour les fins du journal des Débats, pour que ce soit bien clair: "Que
l'article 10 soit modifié en ajoutant à la fin l'alinéa
suivant: "Le ministre des Communications doit dans les plus brefs délais
déposer à l'Assemblée nationale...
M. O'Neill: Non, ce n'est pas cela.
Le Président (M. Lacoste): Non. "... déposer
annuellement..."
M. O'Neill: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Je vais relire. "Le ministre
des Communications doit dans les plus brefs délais...
M. O'Neill: Non. "... doit déposer annuellement..."
Une Voix: "... doit annuellement déposer..."
Le Président (M. Lacoste): Seulement un instant.
M. O'Neill: Doit déposer annuellement.
Le Président (M. Lacoste): Je relis. "Le ministre des
Communications doit déposer annuellement à l'Assemblée
nationale toute autorisation d'assistance financière ou technique. Cette
autorisation doit indiquer le nom du bénéficiaire, le montant de
l'aide financière, une description détaillée de la
programmation subventionnée ". C'est bien cela, M. le
député de Jean-Talon? (23 heures)
M. Rivest: Oui, M. le Président.
M. O'Neill: Sous réserve; dans deux ou trois minutes.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons suspendre l'article
10.
M. O'Neill: Sous réserve de l'avis du comité de
législation.
M. Rivest: Oui, et on passe à l'article...
M. O'Neill: Je voudrais juste ajouter une dernière note
à ce dossier. Il y a un mécanisme de contrôle qu'il ne
faudrait pas oublier et qui est important, c'est celui que j'appellerais un peu
de l'opinion publique. C'est-à-dire que ça s'adresse à des
réseaux; je me réfère toujours à
l'expérience des media communautaires qui, non seulement savent ce
qu'ils ont reçu ou ce qu'ils n'ont pas reçu, mais
également ce que d'autres ont reçu, parce que ces gens,
évidemment, communiquent entre eux. Alors je veux dire que...
M. Rivest: II y a déjà ça.
M. O'Neill: Oui, d'ailleurs, là-dessus, il y a une
occasion où mon prédécesseur a expérimenté
que ce réseau était très puissant.
M. Rivest: Oui, je sais; d'accord.
M. O'Neill: II pouvait faire entendre, s'il y avait lieu, ses
doléances.
Le Président (M. Lacoste): Y a-t-il consentement pour
suspendre l'étude de l'article 10?
M. O'Neill: Juste pour une vérification auprès du
comité.
Le Président (M. Lacoste): L'article 10 est suspendu;
l'article 11.
M. Rivest: Je ne fais pas d'amendement à l'article 11;
nous aurions, néanmoins, préféré que le
délai soit un peu plus long, de 90 jours, mais nous l'adoptons, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est adopté;
l'article 12.
Dispositions finales
M. Rivest: A l'article 12, M. le Président, j'aimerais
connaître, du ministre, la signification exacte de cette phrase qui
m'apparaît sibylline, de prime abord.
M. Guay: Cela veut dire que le gouvernement est soumis à
la loi.
M. Rivest: Oui, est-ce que cela voudrait dire que l'aide
technique ou financière, prévue à l'article 10, dans la
mesure où l'ensemble de la présente loi... Je vais poser la
question d'une façon générale: Est-ce qu'un autre ministre
du gouvernement ou un autre organisme du gouvernement pourrait subventionner
une entreprise de radiodiffusion dont la programmation aurait été
reconnue éducative? Autrement dit, prenons un exemple concret, celui de
l'amiante. Supposons que l'entreprise décide de faire une
émission d'ordre éducatif sur l'amiante, que la régie
reconnaîtrait comme éducative et que, ne s'adressant pas au
ministre des Communications, aille voir la Société nationale de
l'amiante pour obtenir une subvention, étant donné qu'elle a fait
une émission qui intéresse la société.
M. Guay: Je m'excuse, mais je n'ai pas saisi la dernière
partie de la question du député de Jean-Talon, mais je...
M. Rivest: A l'article 10, le ministre a le pouvoir de donner des
subventions financières ou techniques. Par exemple, si une entreprise de
radio, qui pourrait obtenir de l'aide financière et technique d'autres
organismes ou ministères du gouvernement, pour une programmation
éducative.
M. O'Neill: Je l'interprète comme ceci: dans le cadre de
cette loi, je crois que la réponse est non, mais j'essaie maintenant
d'imaginer des hypothè- ses pour ce qui est d'une aide qui porterait sur
autre chose. Je vais vous donner un exemple: le développement de
certaines radios communautaires reçoit une aide qui vient par
l'OPDQ.
M. Rivest: C'est ça que je veux savoir. Est-ce que le
ministre des Communications...
M. O'Neill: Cela existe, mais, à ce moment, ce n'est pas
dans le cadre de cette loi et pas pour les fins de cette loi.
M. Rivest: Je prends l'exemple de la Société
nationale de l'amiante. Est-ce que le ministre des Communications, en vertu des
pouvoirs qu'il a à l'article 10, peut se tourner de bord si vous
permettez l'expression aller voir la Société nationale de
l'amiante et dire: Voici, une entreprise a l'intention de faire une
programmation d'ordre éducatif concernant l'amiante; je vous demanderais
de lui fournir une aide technique ou même financière.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: J'allais dire, M. le Président, qu'il est en
train de nous donner une bonne idée; je n'y avais pas pensé! Avec
notre pauvre budget, vous êtes en train de nous donner une
idée.
M. Rivest: Remarquez que, si je soulève ce
problème, c'est le mot "mandataire" qui m'a lancé
là-dessus.
M. Guay: Le mot "mandataire", j'ai plutôt l'impression que
ça vise Radio-Québec.
M. Rivest: Oui, ça vise Radio-Québec, c'est la
formulation de ça, mais je me dis qu'à ce moment, si on a fait
toute une bataille pour dire qu'il fallait faire attention, qu'il fallait
utiliser ça prudemment, etc..
M. Guay: Radio-Québec est un organisme mandataire du
gouvernement.
M. Rivest: ... si on a essayé de réglementer
l'exercice de la discrétion du ministre et que d'autres instances
gouvernementales se lancent dans tous les azimuts et subventionnent des
émissions qui peuvent plaire au gouvernement j'ai pris l'exemple
de l'amiante à dessein, parce que c'est une politique gouvernementale
qui peut être contestée à ce moment...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Cela supposerait à ce moment-là que
ça passe par le ministre des Communications.
M. Rivest: A ce moment, est-ce que la fourniture d'aide technique
ou financière serait sujette aux conditions, normes et modalités
telles que définies à l'article 10?
M. O'Neill: II me semble. Le premier qui doit respecter la loi,
j'imagine que c'est celui qui est chargé de son application.
Mais, M. le Président, je voudrais juste avoir une
précision du député de Jean-Talon.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: Je ne suis pas légiste, mais je voudrais avoir
une précision. Il y a deux formes d'aide possible...
M. Rivest: Autrement dit, ma question, pour l'exposer
peut-être...
M. O'Neill: ... il y en aurait une qui porterait directement sur
la diffusion d'une programmation. On peut parler d'une assistance
financière qui touche une entreprise, mais pour autre chose. Je vous ai
donné, comme exemple, des fonds de l'OPDQ, quand il s'agit
d'immobilisations. Est-ce qu'on peut supposer que, dans le programme OSE, il y
aurait quelque chose de ce genre? Je ne sais pas, j'émets ça
comme idée.
Je lisais dans le journal, hier, qu'il y avait une subvention du
ministère du Travail pour l'organisation d'un secteur de loisirs, sous
le titre "création d'emplois", dans un endroit du Québec. A prime
abord, on aurait pensé que ça viendrait du Haut-Commissariat.
Alors, il y a un programme de ce genre qui existe, au ministère du
Travail. Est-ce qu'on peut supposer qu'il pourrait exister un programme qui
permettrait des assistances, mais pour autre chose que ça? Si ça
portait sur de la diffusion de programmation éducative, en vertu de la
loi, il faudrait que ça passe par le ministère des Communications
je suppose et ce serait soumis aux mêmes règlements,
si ça touchait ça.
M. Rivest: Je vais vous donner un exemple concret. Prenons la
Société de développement de la Baie James.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Radio-Québec a produit une émission, un
film sur la baie James. D'accord, il n'était pas question de la loi ou
de subvention, mais j'imagine que la Société de
développement de la Baie James a participé sur le plan
technique à tout le moins, peut-être sur le plan financier
à la production d'un programme de Radio-Québec sur la baie
James.
M. Guay: Cela dépend de ce dont vous parlez.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: D'abord, il ne faut pas oublier que, dans le cas de
Radio-Québec, les articles 10 et 11 n'ont aucun rapport, comme il a
été démontré antérieurement, puisque
Radio-Québec n'est pas subventionnée. Il s'agit donc d'autres
organismes qui sont couverts par les articles 10 et 11, mais...
M. Rivest: Si vous me permettez?
M. Guay: Oui, mais dans le cas de la baie James...
M. Rivest: Pour vous dire la crainte qu'on a brutalement,
je ne veux pas faire un débat il y a une mesure gouvernementale,
disons l'amiante j'ai choisi l'amiante à dessein qui est
contestée. D'aucun peuvent craindre ne parlons pas de
Radio-Québec, mais des autres media que le gouvernement, sachant
qu'une disposition comme celle-là est contestée, passe à
côté de la loi 4, en demandant tout simplement, à la
Société nationale de l'amiante, de subventionner ou de fournir de
l'aide technique à un réseau de câblodistributeurs pour
diffuser une émission qui informerait, enfin, qui pourrait avoir un
caractère éducatif, au sens que la régie
déterminerait, mais qui serait chargé d'un contenu politique ou,
enfin, qui pourrait aider le gouvernement à faire passer une politique
comme celle de l'amiante, où le gouvernement pourrait juger que la
politique passe plus ou moins mal.
Ce sont de telles initiatives qui risquent d'aboutir à ce que
cette loi, toutes les précautions et tous les débats qui ont
été faits, finalement... On peut échapper le morceau.
M. Guay: Là, le...
M. Laberge: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Laberge: Excusez.
M. Rivest: Je ne veux pas faire de débat sur la charge que
je fais, je ne prête pas d'intentions, mais j'évoque
l'hypothèse pour que vous en saisissiez bien la portée. Autrement
dit, je ne veux pas qu'on passe à côté de la loi.
M. Laberge: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: Lorsqu'on dit que le gouvernement, ses
ministères ou les organismes qui en sont mandataires, sont liés
par la présente loi, ma première interprétation a
été qu'ils ne pourraient justement pas passer, dans le cadre
d'une émission éducative, quelque chose qui ne serait pas
approuvé comme étant une émission éducative par la
régie. Donc, on vient d'empêcher que des abus ne se produisent,
parce que la régie aura à rendre une sanction à savoir si
c'est vraiment éducatif et le déclarer éducatif ou non.
Alors, il est certain que la Société nationale de l'amiante ne
pourrait pas produire une émission, essayer de la faire déclarer
éducative par la Régie des services publics et, après
ça, obtenir du financement du ministre des Communications pour que les
câblodistributeurs la passent gratuitement, parce que la régie va
l'arrêter. C'est là le sens de l'article.
M. Rivest: Qu'est-ce que veut dire l'article 12?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: De toute façon, la Société
nationale de l'amiante n'est pas, au sens de l'article 4, une entreprise
habilitée à solliciter, de la Régie des services publics,
un permis, en quelque sorte, suivant lequel elle ferait une programmation qui
serait, en l'occurrence, une seule émission éducative. C'est le
diffuseur...
M. Rivest: C'est ça.
M. Guay: ... et le diffuseur, ça pourrait toujours
être dans le cadre d'une seule et unique émission qu'il
obtiendrait d'abord la sanction de la régie pour ensuite solliciter des
subventions du ministère des Communications, mais on peut penser que
c'est plutôt dans le cadre d'une programmation, fût-elle de
quelques minutes par semaine, mais au moins une programmation qui
s'échelonne sur un certain temps; sans ça, ça ne vaut pas
vraiment le coup de faire toutes ces démarches, il me semble, du moins a
priori.
M. Rivest: C'est parce que...
M. Guay: Maintenant, est-ce que la Société
nationale de l'amiante peut ou non subventionner un film? Bien sûr
qu'elle le peut; la SNA, comme la Société de développement
de la Baie James, peut fort bien faire faire un film...
M. Rivest: M. le Président, j'ai de la misère
à formuler la question. Est-ce qu'on peut, de consentement, faire un
précédent et m'attribuer la question telle que formulée
brutalement; que mon ami, à mes côtés, pourrait formuler
à la commission directement?
M. Guay: Oui.
M. Rivest: Est-ce que M. Larivière pourrait poser la
question qu'il essaie de me faire poser et que je ne réussis pas
à formuler dans les termes simples et que ce me soit attribué, un
peu comme on le fait dans les crédits?
M. Guay: Oui, la permission est attribuée au
député de Jean-Talon.
M. O'Neill: Elle vous est attribuée, oui. M. Rivest: Les
paroles me sont attribuées.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement.
M. Rivest: En fait, ce que je veux savoir c'est: Est-ce que le
ministre des Communications, en vertu de l'article 10, pourrait dire: Moi, je
n'ai pas les moyens de subventionner cette émission parce que mon budget
est "pété"? Est-ce que le ministre pourrait dire à la
Société nationale de l'amiante, qui est un organisme mandataire
du gouvernement de par sa chartre constitutive: Fournissez l'aide technique qui
est indirectement une aide financière également? Parce que
l'article 12 dit: "La présente loi lie le gouvernement, ses
ministères et ses organismes qui en sont mandataires." Donc, est-ce que
vous pourriez, de cette façon, grossir indéfiniment votre budget?
Si oui, ça va très loin.
M. Guay: A mon avis, oui; si je peux donner mon opinion
là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. O'Neill: J'ai l'impression que oui, mais je ne sais pas.
M. Guay: Un instant. L'article 10 dit quoi? Il dit que s'il y a
un ministère, au gouvernement, au sein duquel il y a un programme
spécifiquement prévu, aux fins d'assistance technique et
financière à des organismes qui font de la
radio-télévision éducative. C'est ce que dit l'article
10.
M. O'Neill: Je ne sais pas; non...
M. Guay: Oui, c'est ce que je dis, le ministre "peut".
M. O'Neill: Oui, "peut".
M. Guay: D'abord, ce n'est pas exclusif, pour autant, au ministre
des Communications.
M. Rivest: C'est ça et, non seulement ça... (23 h
15)
M. Guay: Mais ça veut dire tout simplement qu'à
l'intérieur du gouvernement, dans le PPBS, il y a un programme de
subventions à des organismes qui font de la
radio-télévision éducative, là où, au sein
du gouvernement, de l'appareil de l'Etat, il y a un programme d'aide
financière et technique de prévu à des organismes qui font
de la radio-télévision éducative, tel que
déclaré par la Régie des services publics, l'endroit
où ce programme existe, c'est au ministère des Communications, et
c'est le ministre des Communications qui autorise le déboursé de
ces sommes. Cela ne veut pas dire que personne d'autre, dans le gouvernement,
ne peut, sur une base ad hoc, donner de l'aide financière et technique,
pour une programmation éducative.
M. Rivest: Si vous permettez, il y a deux choses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Cela complète, je pense, la réponse.
C'est que la question que j'ai posée est juste, mais, la première
chose c'est que, pour qu'une
Société nationale de l'amiante... D'abord, la
première chose qui est fondamentale, c'est que les
sociétés d'Etat, pour parler de celles-là, ainsi que les
ministères ont le droit de faire des productions audio-visuelles et ils
n'ont même pas l'obligation de faire des productions qui soient
éducatives, premièrement.
Deuxièmement cette loi ne peut pas se préoccuper de
ce deuxième type de problème c'est que la
Société nationale de l'amiante pourrait le faire, pour autant
qu'elle en a les pouvoirs dans sa loi constitutive. Par exemple, les
sociétés ont toutes, dans leurs pouvoirs, quelque chose qui les
autorise à faire de la promotion ou des relations publiques. C'est en
vertu de ça que, par exemple, l'Hydro-Québec produit, depuis fort
longtemps, des films qui peuvent, effectivement, avoir un caractère
éducatif. Je pense qu'un radiodiffuseur pourrait prendre un film de
l'Hydro-Québec, aller devant la régie et dire: Savez-vous,
ça, c'est éducatif, et il pourrait s'en servir dans sa
programmation. Il pourrait faire ça et ce serait l'Hydro-Québec
qui aurait complètement produit le film. Il pourrait même obtenir
une subvention, du ministre des Communications, pour diffuser un tel film. On
ne peut rien y faire.
M. Guay: Là, vous parlez d'émissions...
M. O'Neill: Dans le deuxième cas qui est donné, M.
le Président, pour ce qui touche la nature même de la
programmation, est-elle éducative ou non? Bien sûr que ça
tombe exclusivement sous cette loi.
M. Rivest: C'est ça, pour aller vous voir, il faut qu'il
passe par la régie.
M. O'Neill: L'autre cas. Quels sont les cas où on peut
prévoir qu'une entreprise recevrait de l'assistance financière,
en vertu d'autres programmes? Tout ce que je sais, c'est qu'il y a des domaines
où on fait des choses en vertu d'autres programmes. Dans le cas que je
mentionne chez nous, ça a été de l'aide pour
l'implantation des radios communautaires où on se sert, non pas des
fonds du ministère, mais où nous allons chercher les fonds
ailleurs. Autrement dit, la question est: Qu'est-ce que permet, finalement, la
loi générale de l'administration? Dans ce domaine, il faudrait
vérifier dans chaque cas, mais ça ne doit pas être
possible.
M. Rivest: Oui. Est-ce que, M. le ministre, vous...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... croyez que vous pouvez forcer un ministère,
un organisme ou une société d'Etat à fournir de l'aide
technique, ou même financière, je ne sais pas, mais à tout
le moins technique, à une entreprise qui aurait fait reconnaître
une programmation quelconque comme étant éduca- tive? Autrement
dit, est-ce que ce sont les seuls moyens dont vous disposez, au sein du
ministère des Communications, que vous pouvez mettre à la
disposition des entreprises, au sens de la loi 4, ou si, parce que la
présente loi lie le gouvernement, ses ministères et ses
organismes, cela vous confère une autorité sur l'ensemble du
gouvernement, ses ministères et ses organismes dans la fourniture des
services, de l'aide technique et financière? Vous comprenez? C'est
ça le point.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: A savoir que ça donnerait le pouvoir à
nos gens d'ordonner, si je comprends bien?
M. Rivest: Oui, parce que, en vertu de la présente loi,
regardez le point... En vertu de l'article 10, vous pouvez fournir de l'aide
financière et technique. D'accord? C'est votre pouvoir. C'est l'article
10: ... une assistance financière et technique suivant les normes et
modalités que vous fixez. Or, la présente loi, y compris
l'article 10, lie le gouvernement, ses ministères et les organismes qui
en sont mandataires. Est-ce que l'aide financière et technique, vous
avez le droit de ne la pas rechercher uniquement à même vos
moyens. Mais parce que le gouvernement, ses ministères et ses organismes
sont liés par la présente loi, allez-vous forcer d'autres
ressources techniques et financières du gouvernement à
subventionner? Vous comprenez?
Je pense que la loi constitutive du ministère des Communications
vous empêche probablement de faire ça.
M. Guay: Franchement, à 23 h 20, chercher des poux comme
ça! Voyons donc! Le député de Jean-Talon sait très
bien, pour avoir été au coeur même du gouvernement, qu'il
n'y a pas un ministre qui puisse ordonner à un autre ministre de faire
quoi que ce soit.
M. O'Neill: Suggérer, non pas ordonner.
M. Rivest: Non, c'est ça. Je pense que... D'accord,
adopté, M. le Président.
M. Guay: Tout de même!
M. O'Neill: C'est le mot "ordonner" qui m'apparaît
inacceptable; mais "suggérer" en vertu d'un programme d'un autre
ministère qui pourrait nous être avantageux; ça, j'imagine
que ça pourrait se faire, non pas ordonner. Ce qui me fait croire que le
mot "ordonner" ne peut pas s'appliquer, M. le Président, c'est que la
loi ne le permet pas; elle ne le dit pas.
M. Rivest: Je vais régler, simplement. M. le ministre,
quelle est la signification de l'article 12?
M. Guay: Cela me semble vouloir dire, a priori, que
Radio-Québec doit soumettre, à la Régie des
services publics, sa programmation. C'est un article de concordance.
M. O'Neill: C'est en vertu de la loi 5.
M. Rivest: Oui, c'est dans sa loi constitutive. Cela ne
réfère pas à grand-chose, si c'est un article de
concordance. Autrement dit, on s'est posé la question à savoir ce
que voulait dire cet article.
M. Guay: De plus, il faut dire que, de la même façon
que l'article 1 de la Loi de la Régie des services publics, qui parle de
juridiction provinciale, n'existe plus parce que c'est de la tautologie,
l'article 12 se retrouve maintenant dans tous les projets de loi, non pas par
tautologie, mais pour bien indiquer que le gouvernement n'entend pas être
au-dessus des lois. C'est un article de routine.
M. Rivest: M. le Président, je ne veux pas prolonger les
débats, mais j'aimerais obtenir la signification exacte de cet article.
Là, on a assez tourné autour du pot.
M. Guay: C'est dans la loi 5.
M. Rivest: Oui, mais on demande l'explication du fait qu'il est
aussi dans les autres. Cela veut dire, ça vise quoi?
M. O'Neill: Je ne dirais pas, M. le Président, que c'est
une formule rituelle, mais...
M. Rivest: Est-ce que ça existe, dans la loi 101, pour
justement forcer tous les gouvernements et les ministères à se
soumettre aux dispositions de la loi 101? Si on donne un pouvoir au ministre de
donner de l'aide financière et technique, par interprétation,
cela veut dire... Il y a un excellent juriste derrière nous; je vous
inviterais à recourir à ses services, M. Bard.
M. Guay: Que voulez-vous? Que le gouvernement, les
ministères et les organismes ne soient pas liés par la loi?
M. Rivest: On demande ce que ça veut dire
concrètement. On a le droit de demander ça; on le demande. On a
cherché à le savoir en tournant autour du pot pendant 20 minutes.
Dites-le-nous, c'est vous autres qui avez fait la loi.
M. O'Neill: II semblerait, M. le Président... Le
Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill:... que le mystère était plus facile
à dissiper qu'on ne l'aurait cru au départ. C'est que, en
principe, si on ne dit pas, dans une loi, que le gouvernement, les
ministères ou les organismes qui en sont mandataires sont liés,
comme tels, par la loi, c'est comme si la chose n'existait pas. Ici, ce qui
serait visé avant tout, ce seraient les organismes qui en sont
mandataires, donc visant particulièrement Radio-Québec.
M. Rivest: C'est dans la loi constitutive de
Radio-Québec.
M. O'Neill: Donc, on pourrait considérer ça, M. le
Président, comme étant une sorte d'article de concordance avec la
loi 5 tout simplement.
M. Guay: Enfin, quel est le sombre complot qu'il y a dans
l'article 12, bon Dieu?
M. O'Neill: Excusez-moi, M. le Président. Ou
peut-être...
M. Rivest: On ne voit pas de sombre complot...
M. Guay: S'il n'y a pas de sombre complot; adoptons-le.
M. O'Neill:... que ce serait superflu, vu que ça a
été rédigé...
M. Rivest: ... on veut savoir. Je pense que, quand on met un
article, la première chose est de savoir ce qu'il veut dire; vous ne
savez même pas ce que veut dire votre article.
M. Guay: C'est un article de concordance.
M. Rivest: C'est tragique; vous écrivez un article et vous
ne savez même pas ce qu'il veut dire. Ne vous fâchez pas!
M. Guay: Cela fait deux fois qu'on vous dit que c'est un article
de concordance.
M. O'Neill: M. le Président, je fais une
proposition...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le ministre.
M. Rivest: Qu'est-ce que ça dit, un article de
concordance?
M. Guay: Vous avez fait trois ans de droit, vous devez le savoir.
C'est l'article 21 de la loi 5.
M. O'Neill: En fait, c'est un article qui est devenu
désuet depuis qu'on a adopté la loi no 5. Si on découvrait
cela à un moment donné, est-ce qu'on pourrait accepter tout
simplement l'article sous cette réserve d'une évaluation par un
comité de législation? Est-ce que cela pourrait aller comme
cela?
M. Rivest: M. le ministre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest:... on va faire une chose très simple pour ne
pas impatienter le député de Taschereau qui commence à me
faire peur par ses grimaces et ses colères. Le ministre convient-il
d'aller peut-être davantage aux renseignements et, dans ses
courtes remarques, au moment où on étudiera la
troisième lecture, d'essayer en une phrase de nous donner
l'interprétation exacte de l'article 12? D'accord?
M. O'Neill: D'accord. M. le Président, je reviens quand
même...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill: ... est-ce qu'on est d'accord pour dire que si on
découvrait après une analyse plus poussée que...
M. Rivest: On fera les amendements nécessaires
à...
M. O'Neill: ... finalement, ce serait un article qu'on a
oublié d'enlever...
M. Rivest: On le fera en troisième lecture. On a le
droit.
M. O'Neill:... et qu'à ce moment-là, on peut le
faire. On a le droit en troisième lecture.
M. Rivest: Au moment de la prise en considération du
rapport, on y reviendra.
M. O'Neill: On a le droit de le faire à ce
moment-là.
M. Rivest: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article...
M. O'Neill: Si c'était tout simplement cela.
Le Président (M. Lacoste): L'article 12 est-il
adopté?
M. O'Neill: Avec toutes les réserves...
Le Président (M. Lacoste): L'article 12 est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 12 est
adopté.
M. O'Neill: Avec les réserves mentionnées. C'est
cela?
M. Rivest: Oui, oui. Enfin...
Le Président (M. Lacoste): Article 13.
M. O'Neill: L'article 13, M. le Président, je pense que
cela...
M. Guay: Je crois bien qu'il va y avoir... Vous savez ce que cela
veut dire "Le ministre des Communications est chargé de l'application de
la présente loi", ou s'il faut vous l'expliquer longuement?
M. Rivest: M. le Président, je vous avertis. Si le
député de Taschereau continue de nous assener ses états
d'âme que je ne saurais qualifier, je vais retirer mon consentement
à ce qu'on continue et il va revenir mardi.
M. Guay: Très bien. Parfait. Vous voulez faire cela?
Faites-le. Faites-le. Je vous mets au défi de le faire.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! J'appelle
donc...
M. Rivest: M. le Président, essayez de trouver une phrase
quelconque pour calmer parce que...
Le Président (M. Lacoste): Je dois rappeler au
député de Taschereau l'article 100 qu'on doit... Le droit de
parole de chaque député. Est-ce que...
M. Guay: II veut ajourner? Qu'il ajourne! Cela ne me
dérange pas.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le
député de Taschereau! M. le député de
Taschereau...
M. Guay: Envoie fort! Proposez-la, la suspension.
M. O'Neill: L'article 13...
Le Président (M. Lacoste):... je vous rappelle à
l'ordre!
M. Rivest: S'il n'y avait pas les fonctionnaires, vous pouvez
être sûr que c'est cela que je ferais.
M. Guay: Votre sollicitude est magnanime.
Le Président (M. Lacoste): L'article 13 est-il
adopté?
M. O'Neill: Adopté.
M. Rivest: M. le ministre, voulez-vous conduire la commission? Je
pense que cela va mieux avec vous. Je pense que le premier ministre a une
excellente attitude de maintenir le député de Taschereau dans des
fonctions d'adjoint.
Le Président (M. Lacoste): L'article 13 est-il
adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 13 est adopté.
Article 14. L'article 14 est-il adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 14 est
adopté.
M. O'Neill: II faut revenir, M. le Président, à...
On n'a pas terminé.
M. Guay: Je ferai remarquer aux recherchistes du Parti
libéral qu'on a été très généreux
jusqu'à maintenant quant au protocole autour de cette table.
M. Rivest: Bon! Bon! Bon! Prima donna, voyons donc!
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Rivest: Nono! Quand bien même tu travaillerais une
demi-heure de plus, franchement! Fatigant!
Pouvoirs de la régie (suite)
M. O'Neill: M. le Président, il faut revenir à
l'article 4.
Le Président (M. Lacoste): Nous avions suspendu l'article
4.
M. O'Neill: C'était pourquoi, déjà?
C'était quoi, M. le Président? J'essaie de me rappeler. L'article
4, c'était pourquoi, cela?
Le Président (M. Lacoste): "La régie peut à
requête... Il a été convenu qu'on était pour adopter
les pouvoirs de la régie, ensuite revenir à...
M. O'Neill: Nous pourrions, en fait, M. le Président,
adopter 1 d).
Le Président (M. Lacoste): A moins que vous soyez
prêt immédiatement à passer à 1b.
M. Rivest: Ah! oui. Excusez-moi. C'est cela 1d... Bon! Allons-y
allègrement.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article 1d. Le
paragraphe d) est-il adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 1 est adopté.
J'appelle donc l'article 4.
M. Rivest: Bon! Article 4.
M. O'Neill: C'était pourquoi, cela?
M. Rivest: L'article 4, M. le Président, c'est
qu'étant donné qu'il y a les auditions devant la régie,
différentes parties peuvent avoir différents
intérêts. Il y a un débat. C'était la question des
avis. (23 h 10)
M. O'Neill: Tout cela est la pratique régulière de
la régie. Il y a toujours des avis avant toute audition. Dès
qu'il y a une requête, il y a des avis. Le délai est quoi? Un
instant!
M. le Président, les modes de signification sont établis
par le président de la régie et les délais de
signification doivent être habituellement de dix jours, mais peuvent
être étendus sur une période plus longue selon le jugement
du président de la régie.
M. Rivest: Pardon?
M. O'Neill: Ces avis sont publiés... C'est cela. Lorsque
cela concerne le grand public, c'est publié dans les journaux. Donc,
cela concerne le grand public.
M. Rivest: Deuxièmement, est-ce que toutes les audiences
de la régie sont publiques?
M. O'Neill: Toutes les audiences de la régie sont
publiques.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut requérir le huis clos
à l'occasion? Non?
M. O'Neill: Apparemment, c'est un pouvoir que la régie
possède mais, selon le renseignement que j'ai, du moins pour ce qui est
des cinq dernières années, il semble que cela n'ait jamais
été utilisé.
M. Rivest: C'est cela. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4 est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4 est adopté.
Article 5.
M. O'Neill: Cela allait avec l'article 4.
M. Rivest: Non. La procédure, il faut respecter les
conventions de la commission. On avait dit qu'après l'article 4 on
adoptait l'article 1. Il a été adopté?
M. O'Neill: Oui, c'est cela.
M. Rivest: Alors, article 5. Je m'excuse, M. le
député de Taschereau.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est-il
adopté?
M. O'Neill: Article 5.
M. Rivest: L'article 5 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est
adopté.
M. O'Neill: Bon! Il reste les articles 6 et 7.
M. Rivest: Alors là, ce sont les nouveaux textes. On ne
peut pas accuser l'Opposition de retarder. Le texte est mal
rédigé.
M. O'Neill: L'Opposition a fait son devoir... M. Rivest:
Merci, M. le ministre.
M. O'Neill:... quant à ces deux articles tout au
moins.
Le Président (M. Lacoste): On suspend pour quelques
minutes.
Suspension à 23 h 33
Reprise à 23 h 38
Le Président (M. Lacoste): Reprise des travaux. Nous en
étions à l'article 6 au moment de la suspension de nos
travaux.
M. Rivest: Le ministre de la Justice, il y a le
député de Verchères, le ministre des Communications, le
député de Taschereau.
M. Guay: Robert Bourassa avait le député de
Jean-Talon.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, à
l'article 6.
M. O'Neill: M. le Président, je pense que nous avons ici
une formulation qui semblerait répondre aux critiques qui ont
été faites et comblerait ici... Il y a une obscurité qu'il
y avait, qui existait dans la formulation surtout de l'article 6. En somme, la
première possibilité, c'est ceci. C'est qu'on ne parlerait pas de
toute façon d'entreprises qui se désigneraient comme
éducatives parce que de toute façon, en vertu même de leur
permission qu'elles ont d'opérer qui ne vient pas du Québec, mais
qui vient d'Ottawa respectons les juridictions en attendant des
changements elles ne sont pas définies comme telles,
c'est-à-dire ce sont des entreprises généralistes. Donc,
nous n'allons pas poser un problème qui n'existe pas. Il reste donc le
problème de la programmation. C'est celui qui nous intéresse.
C'est celui qui est visé par la loi. Il nous semble qu'on pourrait, par
exemple, avoir la formulation 6 qui simplement dirait mieux, me semble-t-il, ce
qui est mal dit là et qui serait à peu près la suivante.
Je fais une première lecture. "Une entreprise de
radio-télévision ne peut désigner éducative sa
programmation en tout ou en partie à moins qu'elle ait été
en tout ou en partie déclarée éducative par la
régie". Donc, elle ne peut pas se désigner. Elle fait de la
fausse représentation de toute manière. Elle relève
à ce moment-là de l'Office de la protection du consommateur. Elle
ne peut pas et nous ne pouvons pas la désigner comme telle non plus,
nous. Bon! Donc, c'est la programmation et là, on est vraiment à
l'intérieur de la loi ici, du champ d'intérêt de cette
loi.
M. Rivest: Et... En fait...
M. O'Neill: Dans cette optique, ce serait pour l'article 6...
M. Rivest: L'article 6?
M. O'Neill: Oui. Touchons à l'article 6 d'abord.
M. Rivest: Si je comprends bien c'est ce que M. le
ministre nous avait indiqué précédemment il
s'inspire finalement de la rédaction de l'article 7 pour l'article
6.
M. O'Neill: C'est exactement cela. C'est l'article 6 qui a
été mal rédigé.
M. Rivest: D'accord. Oui, c'est cela.
M. O'Neill: Donc, une entreprise de radiotélévision
ne peut désigner éducative sa programmation en tout ou en partie
à moins qu'elle ait été en tout ou en partie
déclarée éducative par la régie. C'est ce que
voulait dire l'article 6 qui a été mal
rédigé...
M. Rivest: D'accord.
M. O'Neill:... et c'est exactement la substance de l'article.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, voulez-vous me
remettre l'amendement à l'article 6?
M. O'Neill: Et l'article 7, à ce moment-là,
pourrait demeurer le même.
Le Président (M. Lacoste): Je reçois l'amendement.
L'amendement du ministre est-il adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président. M. Le
Moignan: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement à l'article
6 est adopté. L'article 6 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 6 est donc
adopté. Article 7. L'article 7 est-il adopté?
M. O'Neill: Je pense que l'article 7 est convenable.
M. Rivest: Adopté.
Pouvoirs du ministre (suite)
Le Président (M. Lacoste): L'article 7 est adopté.
Nous avions suspendu l'article 10. Il y
avait une motion d'amendement à l'article 10 faite par le
député de Jean-Talon qui a été retouchée
à de nombreuses occasions que je vais relire: "Que l'article 10 soit
modifié en ajoutant à la fin les alinéas suivants: Le
ministre des Communications...
M. Rivest: M. le ministre, écoutez donc l'article 10 parce
que...
M. O'Neill: Allez. Excusez-moi. Oui. Allez.
Le Président (M. Lacoste): L'article 10 tel
qu'amendé par le député de Jean-Talon: "Le ministre des
Communications doit déposer annuellement à l'Assemblée
nationale toute autorisation d'assistance financière ou technique...
M. Rivest: M. le Président, seulement un détail
parce que "toute", cela risque d'être à la pièce. "... doit
déposer annuellement les autorisations..." A moins que... Je ne suis pas
sûr, là.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. O'Neill:... j'ai une petite proposition à faire qui
serait la suivante. Ce serait tout simplement de prendre, adopter une
rédaction qui se collerait de près à la lettre même
de l'article 12 de la loi du ministère...
M. Rivest: L'article 12, faites attention. Le chiffre n'est pas
chanceux.
M. O'Neill: ... et qui se lirait comme ceci s'il revient à
la même chose, donc à partir du texte de la loi no 12. "Dans les
six mois qui suivent la fin de chaque exercice financier, le ministre
dépose devant l'Assemblée nationale un rapport identifiant les
bénéficiaires de l'assistance financière, le montant de
cette assistance et indiquant la programmation éducative pour laquelle
l'assistance a été accordée."
M. Rivest: Très bien.
Le Président (M. Lacoste): Pour...
M. O'Neill: C'est simplement la loi du ministère
appliquée à cela.
M. Rivest: II faut la recevoir et...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jean-Talon désire-t-il retirer son amendement?
M. Rivest: Hum... Cela me tente bien de ne pas le retirer, mais
je vais le retirer, M. le Président.
M. O'Neill: C'est parce que c'est bon, n'est-ce pas?
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jean-Talon retire son amendement. Maintenant, c'est l'amendement proposé
par le ministre que je vais lire: "Que l'article 10 soit modifié en
ajoutant à la fin les alinéas suivants: Dans les six mois qui
suivent la fin de chaque exercice financier, le ministre dépose devant
l'Assemblée nationale un rapport identifiant les
bénéficiaires de l'assistance financière, le montant de
cette assistance et indiquant la programmation éducative pour laquelle
l'assistance a été accordée." C'est bien cela?
M. O'Neill: Oui.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement du ministre est-il
adopté? (23 h 45)
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
M. Le Moignan: Adopté, M. le Président.
M. O'Neill: Me serait-il permis de revenir seulement pour une
clarification, sur l'article 12?
Le Président (M. Lacoste): Consentement.
M. O'Neill: Simplement pour savoir si on s'est bien entendu que
l'article 12 a été adopté, donc, sous réserve des
vérifications à faire concernant, surtout si on découvrait
que c'est un article qu'on a oublié...
M. Rivest: C'est cela.
M. O'Neill: Oui. Deuxièmement, sinon, dans la
présentation en troisième lecture, je donnerai la signification
de cet article.
M. Rivest: Pendant que le ministre dit cela...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest:... je veux tout simplement conclure en deux mots.
Rappeler nos documents cela, j'imagine qu'ils vont suivre mais
surtout l'article 12 oui, c'est cela soit au moment du rapport
s'il y a des corrections à faire ou au moment de l'intervention du
ministre en troisième lecture, enfin, fournir une brève
explication de la signification, et également, M. le ministre, en tout
cas, certainement en troisième lecture, vous informer de la
portée des pouvoirs d'enquête. C'est la troisième chose.
J'ai noté, les pouvoirs d'enquête pour voir si, effectivement, on
en prend note, peut-être, dans l'intervention de troisième lecture
du ministre, l'article 12, et deuxièmement, le problème que j'ai
soulevé sur le plan juridique on n'est peut-être pas des
spécialistes dans le domaine au sujet des pouvoirs
d'enquête de la Régie des services publics sur les entreprises
dont la programmation aura été reconnue éducative. On
demanderait simplement une référence dans le
discours du ministre en troisième lecture à titre
d'information et si le ministre découvrait que cela pose un
problème, à ce moment, au moment du rapport, il pourra faire les
précisions, s'il trouvait que ces pouvoirs d'enquête n'ont pas
lieu de s'appliquer aux entreprises. Si techniquement ils s'appliquaient,
à ce moment, au moment du rapport, le ministre pourrait faire les
amendements qu'il jugera à propos d'apporter et on en discutera au
moment du rapport.
M. O'Neill: ... le sentiment personnel d'un profane, je n'ai pas
d'inquiétude parce qu'encore une fois "Qui potes minus non potes plus"
dans le sens que le mandat restreint ne permet pas de poser des actes qui
dépassent le mandat.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de loi no
4, Loi sur la programmation éducative est adopté tel
qu'amendé?
Des Voix: Adopté.
M. Rivest: Adopté sur division.
Le Président (M. Lacoste): La commission parlementaire des
communications ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 49