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Etude des crédits du ministère de
l'Education
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'éducation est réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Education pour
l'année budgétaire 1979/80.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Goldbloom
(D'Arcy McGee), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marquis
(Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Picotte
(Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount).
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président. Je vois que
vous ne voulez pas qu'on vous interrompe, mais quand vous avez parlé de
M. Picotte (Maskinongé) comme intervenant, je voudrais qu'on lui
substitue M. Rivest (Jean-Talon).
Le Président (M. Boucher): M. Rivest (Jean-Talon),
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Un autre intervenant possible, M. Forget
(Saint-Laurent).
Le Président (M. Boucher): Quant aux autres intervenants,
on n'a pas besoin de les noter à la commission parlementaire portant sur
l'étude des crédits, n'importe quel député peut
venir prendre la parole.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce n'est pas nécessaire de les
noter.
Le Président (M. Boucher): II n'y a absolument aucune
obligation.
A l'ajournement d'hier, nous avions adopté le programme 4. Ce
matin, nous entreprenons le programme 5, l'enseignement collégial. M. le
ministre.
Enseignement collégial public
M. Morin (Sauvé): Merci, M. le Président. Nous
abordons l'enseignement collégial, ce matin. Permettez-moi de dire
quelques mots pour servir d'introduction aux discussions que nous aurons sur
cette partie si importante de l'enseignement québécois.
Lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Education, l'an dernier, j'avais eu l'occasion de vous annoncer la
publication, pour l'automne 1978, d'un document d'orientation sur
l'enseignement collégial de nature à assurer au réseau des
CEGEP un renouveau pédagogique marqué au coin des aspirations des
jeunes et des moins jeunes. Je puis déclarer, non sans une certaine
fierté, que nous avons respecté nos échéances. Ce
document d'orientation a reçu de la part des intéressés un
accueil plus que favorable. Mon propos n'est donc pas de vous le résumer
dans ses parties les plus importantes, puisque la majorité d'entre vous
avez sûrement eu la possibilité d'analyser son contenu. Comme
cette commission parlementaire aura sous peu à se prononcer sur des
réformes législatives nécessitées par ce projet
gouvernemental, je ne voudrais pas en traiter au cours de l'analyse des
crédits de l'enseignement collégial. Si j'insiste sur ce document
d'orientation qui constitue vraiment le projet du gouvernement, c'est parce que
j'ai la conviction qu'il va permettre de consolider l'activité
pédagogique du réseau d'enseignement collégial public.
J'ai demandé au responsable de l'enseignement collégial au
ministère d'accélérer les travaux en vue de
concrétiser les mesures déjà ébauchées et
celles qui pourraient être implantées à brève
échéance. (10 h 15)
Dans l'implantation de ce renouveau, le gouvernement veut agir
résolument, mais aussi avec discernement. Diverses consultations seront
nécessaires pour mener à terme les changements qui s'imposent.
Pour ma part, je considère que ces modifications doivent s'effectuer
graduellement et que les collèges doivent prendre part, dans toute la
mesure du possible, à la définition détaillée de
plusieurs projets. Pour ces raisons, l'échéancier de notre plan
d'action est établi sur une période de quelques
années.
S'il faut éviter une précipitation inutile, il n'en reste
pas moins qu'il est contre-indiqué de se cantonner dans l'immobilisme.
En raison de l'accueil favorable reçu par le projet gouvernemental, nous
nous sommes mis résolument à la tâche en concertation, cela
va sans dire, avec le réseau de l'enseignement collégial. Je
tiens donc à vous faire part des initiatives que nous entendons prendre
dès 1979-1980 et, en premier lieu, je dirai quelques mots du renouveau
pédagogique.
Qu'il me soit permis de rappeler que les éléments
clés du projet gouvernemental à l'endroit des CEGEP sont le
renouvellement de la pédagogie et l'accent particulier sur la formation
fondamentale. Le dynamisme du réseau collégial qui, de fait,
s'est rarement démenti, sera largement mis à contribution.
En plus d'être associés, comme les années
précédentes, à l'analyse, à l'élaboration,
à l'expérimentation et à l'évaluation des
programmes par leur participation à 85 comités
pédagogiques, les collèges seront, de plus, appelés
à collaborer, durant l'année qui vient, à la mise en
oeuvre d'un certain nombre de mesures relatives au régime
pédagogique.
Premièrement, les collèges seront appelés à
fournir au ministère de l'Education des propositions de nouveaux cours
de mathématiques adap-
tés aux orientations des étudiants et à leur
formation antérieure.
Deuxièmement, il en sera de même pour les nouveaux cours
d'économie du Québec et de civilisation québécoise
que le projet gouvernemental rend obligatoires.
En troisième lieu, tel que prévu, c'est au cours de
l'année qui vient que les contenus des cours de philosophie seront
révisés en profondeur.
Enfin, quatrièmement, les collèges participeront aussi
à la définition du savoir commun qui doit faire partie de chacune
des concentrations et à partir duquel les programmes universitaires
seront établis.
En outre, les collèges amorceront cette année
l'implantation de la politique de l'enseignement du français,
après avoir collaboré à son élaboration au cours de
1978/79. Ils auront notamment à se prononcer sur la structure du
programme, sur le plan des cours, sur les objectifs et le contenu
spécifique des cours obligatoires. Enfin, le plan d'intervention pour la
production de matériel didactique en français continuera
d'être appliqué cette année. Huit collèges
participeront à l'élaboration d'une quinzaine de documents dans
six domaines différents. Les professeurs de l'enseignement
collégial seront aussi appelés à élaborer une
vingtaine de guides pédagogiques et à améliorer ceux qui
sont déjà publiés.
Je voudrais ici ouvrir une parenthèse pour souligner l'excellente
qualité des documents produits par le réseau collégial au
cours des années passées, excellence qui fonde nos espoirs dans
le renouveau pédagogique que nous visons et qui s'appuie sur une solide
tradition de recherche et d'innovations pédagogiques. Cette tradition de
recherche et d'innovations, nous entendons permettre qu'elle s'accentue en
1979/80 en prenant les mesures suivantes. Premièrement, l'organisation
d'une vingtaine de colloques pour les professeurs en vue de continuer
l'animation et la réflexion pédagogique déjà
amorcée l'an dernier. En second lieu, le soutien financier à plus
de vingt projets d'innovations pédagogiques soumis par les
collèges ayant pour but d'améliorer la qualité de
l'enseignement dans les programmes professionnels, les langues ainsi que les
sciences pures et appliquées. En troisième lieu, la participation
de 180 professeurs à des stages de perfectionnement en France, dans le
cadre du programme de francisation des enseignements technologiques et dans le
cadre du programme de développement de ces enseignants. En
quatrième lieu, la participation de 150 personnes à des projets
de coopération avec l'Ontario et de vingt personnes provenant de dix
collèges à des projets similaires aux Etats-Unis.
Il existe également d'autres mesures découlant du projet
du gouvernement à l'endroit du CEGEP auxquelles je voudrais faire
allusion. S'il est vrai que les principales mesures que nous entendons mettre
en oeuvre pour donner suite à cette politique concernent principalement
la formation fondamentale, il n'en reste pas moins que nous entreprendrons, au
cours de 1979/80, des travaux d'envergure conformément à d'autres
pro- positions majeures contenues dans ce document d'orientation sur
l'enseignement collégial.
Parlons d'abord de la formation professionnelle. A ce chapitre, nous
entendons poursuivre les actions qui suivent au cours de l'année qui
vient. Premièrement, les collèges seront associés à
une démarche de restructuration de l'enseignement professionnel dans le
réseau. A la lumière des prévisions démographiques,
de l'état du développement de chaque programme et des
études sur les régions desservies par chaque collège, les
hypothèses de réaménagement seront définies et
soumises à la consultation des collèges.
Notre intention est de favoriser les ententes entre collèges en
vue d'une meilleure répartition des spécialités
professionnelles. En second lieu, je ferai observer que déjà des
travaux conjoints, auxquels participent des collèges et le
ministère de l'Education, sont en oeuvre et visent à
déterminer les critères à partir desquels le
ministère reconnaîtra un statut particulier à certains
centres spécialisés et définira les conditions
particulières qui seront faites aux CEGEP qui les accueilleront.
Troisièmement, en vue de stimuler l'intérêt des
étudiants pour certains programmes où les inscriptions sont
inférieures aux possibilités d'emploi, nous prévoyons
mettre sur pied, dès 1979-1980 et en conformité de notre
énoncé de politique, un programme spécial de bourses
d'incitation.
Quatrièmement, seize programmes professionnels feront l'objet
d'une évaluation l'an prochain, j'entends en 1979-1980, et douze autres
programmes seront révisés, tant en ce qui concerne les objectifs
que les contenus de formation.
Cinquièmement, nous entendons enfin terminer la politique des
stages de formation professionnelle par l'élaboration et la mise au
point de guides de stages et par la révision des ententes entre les
ministères de l'Education et des Affaires sociales. Le ministère
de l'Education publiera aussi, durant l'année qui vient, des
modèles de conventions de stages entre les institutions scolaires et les
milieux de travail. Dans les programmes professionnels où l'existence
d'un stage n'est pas strictement nécessaire, on introduira un projet de
fin d'études.
Sixièmement, à l'intérieur de la politique globale
de formation, de perfectionnement et de recyclage des enseignants, dont j'ai
précédemment décrit les grandes lignes, nous accorderons,
au cours de l'année qui vient, une importance particulière
à l'organisation de stages en milieu de travail à l'intention des
professeurs de l'enseignement professionnel. En plus des renouveaux proprement
pédagogiques et des actions nouvelles en matière de formation
professionnelle, nous pensons également aborder graduellement l'objectif
d'une plus grande accessibilité des adultes aux études
professionnelles collégiales, objectif inscrit dans le projet du
gouvernement à l'endroit des CEGEP. Dès 1979-1980, le champ de la
gratuité scolaire sera élargi pour s'appliquer également
aux étudiants âgés de 19 ans et plus qui s'inscriront
à temps partiel à certains programmes ou
cours officiels dispensés par les collèges. Cette mesure
trouvera son complément nécessaire dans la mise sur pied d'un
encadrement pédagogique et administratif approprié aux besoins de
la clientèle adulte.
Les collèges seront, de plus, invités à participer
à l'élaboration d'une politique de développement des
affaires étudiantes. Cette politique portera sur la nature des services
à assurer en prenant en considération les besoins des
clientèles identifiées par des études psychosociales. Les
collèges devront aussi adopter, durant l'année qui vient, des
règlements internes portant, d'une part, sur les exigences
spécifiques et les conditions particulières d'admission à
chacun de leurs programmes d'étude et, d'autre part, sur le
déroulement normal de leurs activités et sur le comportement
général de l'étudiant au collège.
M. le Président, je pourrais m'étendre encore longtemps.
J'essaierai maintenant de résumer encore quelques mesures qui me
paraissent importantes avant de terminer.
Quelques mots au sujet de la qualité des services. Les
collèges, conformément au projet gouvernemental, devront
commencer à implanter une politique d'évaluation
institutionnelle. A ces fins, des ressources supplémentaires leur seront
consenties dès l'année qui vient, en vue d'assurer aux moindres
coûts, de meilleurs services à la clientèle. Les
collèges seront incités à mettre ou à conserver en
commun certaines de leurs ressources; en particulier, nous encouragerons la
création de services régionaux d'admission, à l'instar de
ceux qui existent déjà et qui donnent d'ailleurs entière
satisfaction.
Les mêmes préoccupations de maintien de services communs
devront inspirer les collèges régionaux qui ont l'intention de
remettre en cause leurs structures actuelles. Nous veillerons à ce
qu'aucun démembrement ne puisse se faire sans que ne soit
préservé le maintien des services régionaux dont les
avantages ont été reconnus.
Ces mesures, loin d'épuiser les actions que nous entendons
favoriser en 1979-1980, en vue de concrétiser le projet du gouvernement
à l'endroit des CEGEP, vous indiquent bien toutefois que la
priorité est maintenant à l'action. D'ailleurs, cette commission
parlementaire aura d'ici peu à apporter une contribution qui,
j'espère, sera substantielle à ce renouveau en procédant
à l'étude de deux projets de loi, l'un apportant des
aménagements à l'actuelle Loi des collèges et l'autre
favorisant la création du conseil des collèges.
En terminant ce rapide coup d'oeil sur le plan d'action, je m'en
voudrais de laisser croire qu'il s'agit là des seules interventions du
réseau des collèges ou de la direction générale de
l'enseignement collégial. Le dossier qui vous a été remis
vous donnera une meilleure idée de l'ampleur des travaux que nous
entendons réaliser en 1979-1980. Permettez-moi toutefois de vous
indiquer qu'en plus de l'implantation des mesures prévues au projet du
gouvernement, le réseau des collèges sera appelé, au cours
de l'an prochain, à prêter une attention toute particulière
aux suites qu'il convient de donner à la politique
québécoise de développement culturel. Et, parmi les
mesures annoncées dans cette politique, et auxquelles les
collèges doivent apporter leur collaboration, je retiens quatre ou cinq
points qui vous donneront une idée du travail à accomplir.
Premièrement, l'accroissement de l'importance accordée
à l'enseignement des arts. Deuxièmement, une attention
particulière apportée aux personnes handicapées.
Troisièmement, des mesures pour assurer une meilleure transition entre
les études collégiales et le milieu du travail.
Quatrièmement, la mise à la disposition de la population des
gymnases et des auditoriums des collèges. Et, enfin,
cinquièmement, l'aide nécessaire à la rédaction de
manuels didactiques français de qualité.
Voilà, M. le Président, et par manière
d'introduction, les projets du ministère de l'Education et les projets
du réseau des collèges pour l'année qui vient.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord relever une réflexion du ministre qui dit qu'il a
rencontré l'échéancier qu'il avait prévu pour la
production du document touchant les collèges. Je pense qu'il conviendra
que c'est avec au moins un an de retard il nous avait été
promis pour 1977, on l'a eu en 1978 qu'il est arrivé à
tout événement. Je voudrais aussi corriger une autre impression
qu'il avait créée lors de ses propos préliminaires,
à savoir que le rapport Nadeau avait été
déposé en 1974. Après vérification, j'ai vu qu'il
avait été déposé en 1975. Il avait
été suivi d'un rapport, qui est resté quand même de
nature interne, si je ne m'abuse, le GTX. Le ministre veut toujours faire
croire que le néant existait avant la venue du Parti
québécois au pouvoir, mais il y a plusieurs recommandations que
l'on retrouve dans le livre blanc sur les collèges qui étaient
déjà dans, soit le rapport Nadeau ou le rapport GTX.
A tout événement, je pense que c'est normal que le
ministre nous fasse part des grands projets du gouvernement pour mettre en
application les recommandations contenues dans le livre blanc touchant
l'enseignement collégial. (10 h 30)
Cependant, je pense qu'on ne peut pas laisser de côté les
préoccupations profondes et ne pas mentionner les malaises profonds qui
subsistent encore à l'intérieur des CEGEP. Je citerai simplement
ici quelques lignes d'une étude qui a été faite ou d'un
sondage qui a été fait par la Fédération des
associations de parents de CEGEP auprès des CEGEP le printemps dernier
et qui disait: "Le climat social et politique du CEGEP actuel inquiète
la majorité des parents interrogés. Près des deux tiers
estiment que les débrayages ou les revendications de professeurs sont
trop nombreux et que les syndicats occupent dans les collèges une place
encore trop importante. Envi-
ron la moitié des parents en fait, j'en passe
critiquent les professeurs pour l'utilisation des cours à certaines fins
partisanes, etc."
Surtout, on déplorait également la difficulté
d'accessibilité pour l'ensemble de la population à l'enseignement
collégial et également les difficultés financières
que les parents éprouvaient puisque la majorité d'entre eux, en
dépit des prêts et bourses, devaient assumer des
responsabilités financières pour les étudiants.
Tout ceci pour dire que des problèmes existent dans les CEGEP.
Evidemment, je veux bien féliciter le ministre pour ce qui m'est apparu
à la lecture très attentive du document touchant l'enseignement
collégial: la poursuite de la production de devis pédagogiques,
d'instrumentation, etc. C'est je pense, une chose normale, une chose
souhaitable, mais je pense qu'il ne faudrait pas essayer de minimiser les
difficultés que l'enseignement collégial connaît encore.
Cette année, je pense que le gouvernement y a échappé
belle. Le printemps dernier, les CEGEP avaient connu une perturbation avec la
question du non-renouvellement des contrats, mais on a connu en décembre
la grève des étudiants due au problème des prêts et
bourses.
Sans vouloir avancer d'une façon certaine que c'est annuel c'est
presque annuellement, je pense, que les CEGEP ou un certain nombre de CEGEP
connaissent des perturbations. Ceci a valu, je pense, une certaine
discréditation dans l'opinion publique à l'apport des CEGEP
à la scolarisation de la population du Québec. Je ne veux pas
remettre cet apport en doute, mais les CEGEP ont de plus en plus de
difficultés et il est de plus en plus urgent de les corriger. Il ne
faudrait pas tenter de faire croire que tout est beau dans le meilleur des
mondes, les problèmes sont nombreux et je pense qu'il est urgent que le
gouvernement agisse.
Je voudrais d'abord souligner que, si je ne m'abuse, selon les livres
qui nous ont été remis ou les données qui nous ont
été remises, il n'y a pas, au niveau collégial,
d'indexation des dépenses générales. C'est pour la
deuxième année consécutive. Il y a eu, en 1977/78, 4%
d'indexation accordée. Il n'y en avait pas eu en 1976/77. A toutes fins
utiles, les CEGEP se retrouvent dans la même situation que les
commissions scolaires en regard de l'indexation, avec ce que tout ceci cause de
compression au plan des services à l'intérieur des CEGEP. Ce
n'est pas sans raison. Là-dessus, je m'associe aux revendications de la
Fédération des CEGEP, des syndicats d'enseignants, que ce soit au
niveau des commissions scolaires ou des CEGEP, à savoir qu'encore une
fois, on peut faire des beaux plans, etc., mais il faut aussi consentir
à mettre les ressources et au moins à maintenir des ressources
financières qui soient équivalentes, compte tenu de l'inflation.
Le même problème se pose ici au niveau des CEGEP, mais
peut-être d'une façon plus restreinte, puisque chaque CEGEP
fonctionne comme entité propre, alors que, dans une commission scolaire,
cela demande une compression peut-être plus grande, compte tenu du nombre
d'élèves ou d'écoles qu'une commission scolaire peut
desservir.
Un autre point sur lequel je voudrais attirer l'attention du ministre
dès le départ, c'est qu'il a complètement gardé le
silence, sauf qu'à un moment donné, il a dit:
éventuellement. Est-ce que ce sera la prochaine année ou une
autre année? Il y aura des bourses d'incitation, si j'ai bien compris.
Je crois comprendre que c'est probablement dans le sens de permettre un plus
grand accès des étudiants au niveau du CEGEP. Je pense qu'il
s'agissait des étudiants, si je ne m'abuse, quand vous avez parlé
de bourses d'incitation.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est cela. C'est pour
l'année qui vient. Ce n'est pas l'an prochain.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on ne peut pas passer sous silence
le fait que l'accessibilité au CEGEP est encore limitée à
un petit nombre d'étudiants, si on tient compte de l'ensemble, et
surtout qu'il existe une disparité extrêmement grande entre
l'accessibilité pour les étudiants qui viennent de milieux
sociaux économiquement faibles et ceux qui viennent de classes moyennes
ou de milieux plus favorisés. C'est une observation qui a
été reprise plusieurs fois durant l'année. Je pense que le
gouvernement devrait nous indiquer ici, en dehors d'une campagne de
publicité pour nous dire que le CEGEP, c'est faisable, quels sont les
moyens concrets qu'il entend prendre pour remédier à cette
situation. Cela fait assez longtemps qu'il nous dit: On a construit, on a mis
des briques, on a mis du ciment; il faut s'occuper de la qualité de
l'enseignement. Je pense qu'il faut aussi essayer d'arriver à une
véritable démocratisation de l'enseignement. C'est évident
qu'il y en a eu avec l'avènement des CEGEP, puisque la scolarisation
s'est étendue, mais il reste qu'elle garde encore à
l'écart un trop grand nombre de jeunes de milieux sociaux
économiquement faibles, et aussi de certains autres milieux; il faudrait
entrer dans tout le problème des décrocheurs au niveau
secondaire, problème que nous n'avons pas eu le temps d'aborder
hier.
Le ministre sait fort bien que ce problème d'accessibilité
au CEGEP ne prend pas nécessairement origine au moment où
l'étudiant arrive au CEGEP, mais bien avant le CEGEP, que ce soit au
niveau primaire ou au niveau secondaire. Comme nous n'avons pas eu le temps de
le développer et que j'ai dit hier que j'y reviendrais aujourd'hui, si
on considère le peu de vigueur, pour ne pas dire l'indifférence
quasi totale, si on tient compte des budgets qui sont prévus et de
l'augmentation des budgets dans les milieux défavorisés, qui est
quand même un moyen, non pas le seul moyen, mais un moyen d'arriver
à corriger cette différence qui existe dans le nombre d'enfants
ou d'étudiants qui accèdent au CEGEP selon les différences
des milieux socio-économiques... Je pense qu'il faut dire aussi que le
ministère de l'Education prévoit pour l'année prochaine $8
millions pour les initiatives ou les travaux en milieux
défavorisés, alors que l'île de Montréal, qui
constitue 22% de la population, en prévoit, à elle seule
$5 200 000. Inutile de dire que c'est la population de Montréal,
à même sa surtaxe, qui va d'ailleurs financer plus de $4 millions
de ces $5 200 000, mais pour l'ensemble de la province, l'effort du
gouvernement est un maigre $8 millions, ce qui représente moins de 1% du
budget total de l'Education. Je pense que c'est un problème auquel le
gouvernement doit s'attaquer immédiatement. Sans doute, des bourses
d'incitation peuvent aider, mais c'est loin d'être suffisant pour
apporter un correctif plus important à ce problème fondamental de
l'accessibilité au CEGEP. C'est assez étonnant que le ministre le
passe presque totalement sous silence, sauf pour nous mentionner, à un
moment donné, la question des bourses d'incitation.
Je parlais tout à l'heure de la non-indexation. On sait qu'un
autre problème relié à la non-accessibilité au
CEGEP est relié à la question d'orientation. J'ai dit hier que
quand on refusait d'indexer, au niveau secondaire, les dépenses
courantes, les écoles se trouvaient pénalisées parce que,
finalement, souvent le personnel qu'on en retranchait était celui de
l'orientation. Le gouvernement devrait s'interroger sérieusement
là-dessus. J'avais un télégramme, que le ministre a sans
doute reçu; cela a dû lui être adressé et non pas
à moi, ou c'était plutôt un communiqué de presse du
25 avril 1979, qui se lit comme suit: "Le contenu du nouveau budget de votre
gouvernement, ainsi que "L'école québécoise" lancé
par voire ministère, ont provoqué une réaction chez les
commissions scolaires de fermeture de postes de professionnels non enseignants
dont des conseillers d'orientation" C'est ce que j'ai voulu souligner au
gouvernement depuis quelques jours. On en voit maintenant les
conséquences au niveau du CEGEP.
Il y a aussi, à part les conditions socio-économiques qui
jouent fortement dans l'accessibilité au CEGEP, tout ce problème
d'orientation. Des efforts considérables devraient être faits dans
ce domaine. Mais les mesures budgétaires prises par le gouvernement vont
exactement à l'encontre de tels correctifs qui s'imposent de toute
évidence.
M. le Président, on pourrait revenir et j'y reviendrai
sur le livre blanc sur les CEGEP au fur et à mesure des
questions. J'aurais quelques questions précises à poser au
ministre de l'Education à ce moment-ci. Quel est le taux de
persévérance des étudiants qui accèdent au CEGEP?
Quel est le taux de réorientation des étudiants à
l'intérieur du CEGEP, une fois qu'ils y ont accédé? Ce
seraient les premières questions que j'aimerais poser au ministre.
D'abord, le taux d'accession au CEGEP, je pense que c'est environ 50%,
selon ce qu'on retrouve à l'intérieur de votre document et ce, en
y ajoutant les étudiants des conservatoires et les étudiants du
monde agricole, tout cela dans l'ensemble, les écoles techniques, en
fait, qui sont considérées partie du niveau collégial.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député de L'Acadie a soulevé un grand nombre de questions,
je vais tenter d'y répondre le plus systématiquement possible et
de n'oublier aucune des questions majeures qu'elle a soulevées.
Tout d'abord, je voudrais rassurer Mme le député s'il est
possible. Loin de moi l'idée de dire que tout va pour le mieux dans le
réseau des collèges. D'ailleurs, si tout allait pour le mieux,
nous n'aurions pas pris la peine de consacrer deux ans à la
rédaction d'un énoncé de politique sur les
collèges. Nous n'aurions pas consacré des efforts comme l'ont
fait les fonctionnaires du ministère pendant des mois et comme l'a fait
l'entourage du ministre, nous n'aurions pas passé de longues fins de
semaine à préparer cet énoncé de politique si tout
avait été pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Nous sommes bien conscients qu'il y a des problèmes dans nos
collèges, autant d'ordre pédagogique qu'au plan de
l'organisation. Il est exact que certains malaises subsistent dans nos CEGEP et
il est exact que beaucoup de personnes, surtout chez les parents,
s'inquiètent de l'avenir de leurs enfants et de la formation qui est
donnée dans les CEGEP. D'un autre côté, il ne faut pas
ignorer ce qui se fait de bon dans nos collèges. J'ai voulu que Mme le
député s'étende un peu là-dessus et ne contribue
pas trop à ternir l'image de nos collèges plus qu'il n'est
besoin.
Mme Lavoie-Roux: C'est reconnu, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de vous l'entendre dire
parce que si on se donne la peine de rendre visite à nos
collèges, d'aller parler avec les jeunes qui y travaillent, avec les
enseignants, on se rend compte que dans plusieurs collèges et dans bon
nombre de départements, la vie pédagogique est active,
l'enseignement est de qualité et les jeunes qui en sortent sont
relativement bien préparés pour la vie. (10 h 45)
Le collège québécois, dans son ensemble, est une
institution valable qui répond aux besoins auxquels il est
destiné. Evidemment, la grande réforme de l'enseignement, dont le
CEGEP est une clef, un aspect majeur, n'a pas encore donné tous les
fruits qu'on en attendait. Ce n'est peut-être pas cependant au
gouvernement actuel qu'il faut en faire le reproche. Nous avons
hérité d'une situation dont nous reconnaissons que tout n'y est
pas négatif et nous tentons de faire en sorte que la situation que nous
laisserons derrière nous dans plusieurs années soit meilleure que
celle que nous aurons trouvée en 1976.
Mme Lavoie-Roux: Ne soyez pas trop optimiste, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Pour les CEGEP, je voudrais
l'être, je crois qu'il faut travailler à l'être.
Mme Lavoie-Roux: Je parle du gouvernement, je ne parle pas des
CEGEP.
M. Morin (Sauvé): J'imagine que les CEGEP eux-mêmes
reconnaissent que, depuis le 15 novembre 1976, il s'est fait un effort
considérable pour tenter de répondre aux difficultés, aux
lacunes, aux carences que l'on peut observer en dépit du fait que le
collège soit une contribution considérable depuis dix ou onze
ans, maintenant, à l'avenir du Québec.
Mme le député a fait allusion aux rapports que nous avons
trouvés sur les tablettes en entrant au ministère. Il est exact
que le rapport Nadeau se trouvait déjà devant mes
prédécesseurs depuis 1975.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous aviez dit 1974, c'est ce que je
voulais rectifier.
M. Morin (Sauvé): C'est fin 1974, je crois, et
officiellement, c'est probablement en 1975. Il est exact qu'au sein du
ministère il y avait également un mystérieux rapport
appelé GTX, comme si d'aucuns, comme si certains eussent voulu faire
peur au monde en employant des sigles mystérieux.
Mme Lavoie-Roux: Cela semble être une tradition qui se
perpétue, de toute façon.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député, je tiens à vous dire que ces documents, s'ils ont
fait partie de l'arsenal que nous avons consulté, n'ont pas
été déterminants. Il suffit de lire l'énoncé
de politique du gouvernement à l'endroit des CEGEP pour savoir que nous
n'avons pu utiliser ni le rapport Nadeau ni le rapport GTX autant que certains
l'auraient souhaité. Il nous a fallu, dans une large mesure, refaire la
problématique et, forcément, la problématique étant
différente de celle qu'on trouve dans ces rapports, énoncer des
solutions autres.
Je puis dire, et je crois que je dois le dire en toute reconnaissance
à l'endroit des fonctionnaires qui ont travaillé sur ces
documents, que nous avons dû reprendre la problématique presque
à zéro.
D'ailleurs, le gouvernement arrivait avec des idées sur les
collèges. Dans le temps où j'étais moi-même dans
l'Opposition, et même à l'époque où j'étais
universitaire, je n'ai pu éviter de me faire ma propre idée sur
les problèmes des CEGEP. Forcément, tout cela est entré
dans l'élaboration de cette nouvelle politique.
Ces choses étant dites, je voudrais maintenant répondre
à quelques-unes des questions spécifiques soulevées par
Mme le député de L'Acadie. D'abord, pour ce qui est de la
compression ou, disons, pour être plus exact, de la stabilisation des
dépenses générales du niveau collégial. Il est vrai
que nous sommes devant un problème de diminution de clientèle qui
tient évidemment à l'évolution démographique du
Québec et qui est fort préoccupant, en ce sens que nous avons
observé, en dépit de nos efforts, une diminution de
clientè- le de l'ordre de 4,6%. Forcément, cela, automatiquement,
par le jeu des règles de financement, a un effet sur les montants qui
sont consacrés aux collèges pour l'année qui vient, ne
serait-ce que par le jeu des formules mathématiques selon lesquelles,
depuis fort longtemps, sont calculées les subventions aux
collèges.
On aurait pu alors s'attendre que le budget diminue d'autant. Or, ce
n'est pas ce qui s'est produit. Le budget, si on calcule les choses à la
lumière des coûts de système, a augmenté entre
l'année qui se termine et l'année qui vient. En 1977/78, le
coût révisé était de l'ordre de $398 millions. En
1978/79, il était de $463 millions. Donc, on voit une augmentation
considérable qui était causée par le fait que la
clientèle a atteint je crois que c'est par le jeu de la double
promotion cette année-là, son sommet. Cette année,
il y a eu un léger recul parce que la double promotion est du
passé, on ne peut pas avoir tous les ans une double promotion. En
dépit de cela, le coût estimé pour 1979/80, en termes de
coût de système, est de $486 millions, c'est-à-dire qu'il
comporte une augmentation de l'ordre de 4%.
Donc, avec une diminution de clientèle de l'ordre de 4,6%, on
observe une augmentation de budget de l'ordre de 4%. La situation n'est donc
pas aussi catastrophique que Mme le député voudrait le laisser
entendre. En période de contraintes budgétaires, en
période de difficultés financières et de
difficultés économiques comme celle que traversent en ce moment,
non seulement le Québec, mais tout l'Occident, et sûrement toute
l'Amérique du Nord en tout cas, je pense qu'il faut savoir gré au
gouvernement d'avoir consenti une augmentation de cet ordre, en dépit du
recul démographique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
M. Morin (Sauvé): Me permettez-vous de continuer? Je
n'avais pas terminé mon intervention.
Le Président (M. Boucher): Question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Morin (Sauvé): Oui, je le veux bien; je n'avais pas
terminé mon exposé, mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est directement relié à ce que
vous dites. Vous dites qu'il y a une augmentation de 4%. Est-ce que le ministre
peut me dire si cette augmentation est reliée à l'indexation des
salaires de tout le personnel de l'enseignement collégial? Si tel est le
cas, les gens vont gagner davantage, c'est prévu par les conventions
collectives. Mais est-ce qu'on peut considérer ça comme l'ajout
neuf ou collégial?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, cela
dépend comment on définit le mot "ajout" ou encore "argent neuf".
Il y a une partie de ces 4% ou de
ces $23 millions qui est causée par l'augmentation des salaires.
Mais l'augmentation des salaires constitue également une contribution
à la qualité de l'enseignement. Il est tout de même
étonnant qu'avec une diminution de clientèle de l'ordre de 4,6%,
nous...
Mme Lavoie-Roux: 5,2%.
M. Morin (Sauvé): ... tenions tout de même à
continuer d'augmenter les salaires. Deuxièmement, il n'y a pas que cet
élément dans l'augmentation de $23 millions. Il y a
également près de $5 millions, je crois, consacrés par le
gouvernement spécifiquement à la gratuité de
l'enseignement pour les adultes.
Mme Lavoie-Roux: $3 800 000, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Non, tout compte fait, je crois que
c'est plus que ça, $4 300 000.
Mme Lavoie-Roux: II y avait $3 800 000.
M. Morin (Sauvé): En année scolaire.
Mme Lavoie-Roux: En année scolaire, mais c'est $3 800 000
pour...
M. Morin (Sauvé): En année budgétaire, en
année financière.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
M. Morin (Sauvé): C'est une nouvelle politique du
gouvernement qui a pour objet de rendre gratuit l'enseignement aux adultes. Il
y a donc là une amélioration assez nette à l'enseignement
collégial. Mme le député fait allusion à un autre
aspect qui me paraît important, c'est le taux d'accès du
secondaire au collégial. Quelles sortes de mesures pouvons-nous mettre
en oeuvre pour faciliter le passage des jeunes au niveau collégial?
Remarquez bien que la diminution de 4,6%, bien qu'elle nous tracasse, n'est pas
d'ordre à causer une inquiétude fondamentale, parce que nous
savons qu'il y a là un phénomène dû à la
double promotion. Nous avions vraiment le sommet de la crête l'an
dernier. Nous le savions. D'ailleurs, nous en avions parlé lors de
l'étude des crédits l'an dernier. Cette année, cela devait
inévitablement fléchir un peu. Ce qu'il faudrait éviter,
c'est que le fléchissement continue, ou encore, s'accentue. Et c'est la
raison pour laquelle, dans l'énoncé de politique, nous avons
prévu, particulièrement un secteur professionnel parce que
c'est de ce côté que se pose le plus grand nombre de
problèmes un certain nombre de mesures qui tendent à faire
monter le plus possible de jeunes du secondaire vers le collège.
Par exemple, nous voulons, dans le secteur professionnel, ouvrir un
certain nombre de nouvelles options. Nous voulons favoriser le passage du
secondaire au collégial professionnel et du secondaire professionnel au
collège général. C'est ce qu'on pourrait appeler le
décloisonnement de l'enseignement collégial dont j'ai
déjà parlé l'an dernier.
Enfin, comme je l'ai indiqué il y a un instant, il y a
également la gratuité aux adultes, qui va s'appliquer surtout
dans certains secteurs professionnels. Et il y a aussi l'information scolaire,
où nous nous préparons à faire un effort spécial au
niveau secondaire. Tout cela pour tenter de faire en sorte qu'il y ait, au
niveau collégial, un meilleur équilibre entre l'enseignement
général et l'enseignement professionnel. Nous pensons que le taux
de passage, du côté général, pourrait, bien
sûr, s'améliorer, mais ce n'est pas là que se trouve le
gros du problème. L'essentiel de notre effort doit porter sur le
côté professionnel. C'est là que le Québec
éprouve les plus grands besoins. Nous avons, pour le
développement de l'économie québécoise, pour
l'expansion de l'économie québécoise, un très vif
besoin de diplômés compétents de niveau collégial,
dans le secteur professionnel. Et c'est pourquoi nos efforts portent avant tout
là-dessus, compte tenu de l'exiguïté des ressources
financières qui sont à la disposition du gouvernement.
Mme le député m'a également posé des
questions sur le taux de persévérance des étudiants qui
accèdent au CEGEP, ou le taux de réorientation au sein du CEGEP,
je ne sais pas si on a pris le temps de faire les calculs, mais je peux vous
dire que nous avons ces chiffres; il suffit de les retracer et je pourrai en
faire part à Mme le député aujourd'hui même.
Je vais demander qu'on ajoute encore quelques détails à ce
que je viens de dire, pour ce qui est de l'accessibilité au
collège.
En plus des moyens énumérés par M. le ministre, il
faut signaler la préparation de guides dans lesquels on trouve des
grilles de passage de l'enseignement secondaire à l'enseignement
collégial. Le fait que certains programmes de l'enseignement
professionnel qui étaient contingentés ne le seront plus, nous
passons de quinze à onze, notre attitude générale est de
diminuer le nombre de programmes dont l'accès est limité, compte
tenu de l'état du marché du travail et de son évolution,
et de l'effort important qu'on fait en faveur de l'information la plus rapide
possible auprès des jeunes qui sont dans les écoles secondaires,
par des conseillers en orientation. Dans la foulée puisque c'est
ainsi qu'on le dit maintenant de l'énoncé de politique,
nous prévoyons faciliter aux conseillers en orientation dans les
collèges, la pratique de stages dans les écoles secondaires, pour
qu'ils soient mieux au fait de l'état des besoins et des aptitudes des
étudiants de ce niveau. (11 heures)
II est sûr, cependant, que c'est souvent au niveau primaire, et
très tôt à l'école secondaire, que le jeune prend
son orientation et, finalement, je parlais, la semaine dernière, au
directeur d'une école de l'est de Montréal qui me disait que les
psychologues ont fait un sondage auprès des jeunes de secondaire I et II
et, déjà ils s'étaient convaincus qu'ils n'iraient pas au
CEGEP. Il faut agir très tôt pour changer ces attitudes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me permettez, je
vais vous dire pourquoi je suis intéressée à la question
de la réorientation et de la persévérance. Je me
réfère ici au rapport du Conseil supérieur de
l'éducation, en page 47, où on parle de l'enseignement des
sciences au collège: "L'enseignement des sciences au collège
connaît aussi des malaises. Les taux d'échecs et d'abandon,
surtout en première année, doivent inquiéter. Ils
dénotent soit des programmes ou des enseignements inadéquats,
soit une préparation insuffisante des professeurs, soit une mauvaise
orientation des étudiants, soit encore une trop faible autonomie des
finissants de l'école secondaire."
Ma question, puisqu'on est dans l'orientation... Je voudrais quand
même laisser la parole au député de Gaspé
après... D'ailleurs, le ministre ne m'a jamais comment dit-on?
contredit là-dessus, que la non-indexation des dépenses
des commissions scolaires se reflétait, pour une part, comme le
signalait le télégramme des conseillers d'orientation, par une
diminution des conseillers d'orientation. Je sais que le ministre peut
rétorquer: II y a une diminution de population, il doit y avoir une
diminution de conseillers d'orientation. J'ai déjà eu cette
réponse-là.
M. Morin (Sauvé): C'est le choix des commissions
scolaires, elles n'ont pas nécessairement à couper
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais que doivent faire les commissions
scolaires, si elles n'ont pas d'argent pour chauffer, pour payer les
téléphones, pour payer l'entretien, etc.?
Ml. Morin (Sauvé): Je vais vous démontrer plus
tard, Mme le député, parce que j'ai fait la recherche à la
suite de votre question d'avant-hier, que les commissions scolaires ont
beaucoup de surplus en ce moment et que peut-être une partie de cet
argent pourrait aller là-dessus justement. La compression de certaines
dépenses de la part du gouvernement n'est pas faite au hasard. S'il n'y
avait pas tous ces surplus, ce serait peut-être autre chose, mais, vous
le savez comme moi, beaucoup de commissions scolaires ont des surplus.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je suis contente. Evidemment, il y
a seulement le ministre qui a raison et toutes les commissions scolaires et
tous les administrateurs scolaires ont tort dans ce qu'ils avancent et ce
qu'ils affirment. Vous venez de...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas ce que j'ai dit, mais nous
savons bien qu'il y a une propension de tous les administrateurs, de tous les
niveaux et dans toutes les activités humaines, à déplorer
l'absence de ressources et c'est bien normal qu'il en soit ainsi, surtout en
période de contraction budgétaire et de difficulté
financière.
Mme Lavoie-Roux: II y a l'absence de ressources, mais il faut
voir où l'absence de res- sources fait mal. Je vous le
répète et vous avez ceci à témoin. Vous nous dites,
M. le sous-ministre nous indique qu'il faut qu'il y ait un effort particulier
de fait du côté de l'orientation et les commissions scolaires...
J'aimerais que vous fassiez le dénombrement des coupures touchant les
conseillers d'orientation dans les commissions scolaires depuis deux ou trois
ans. Vous allez voir. La première des choses, y en avait-il assez au
départ? C'est d'abord une question qu'il faut se poser.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que Mme le député
entend par là nous dire que nous devrions fixer des normes pour les
conseillers en orientation ou bien s'il faut là-dessus reconnaître
la compétence des commissions scolaires dans un esprit de saine
décentralisation? Nous pourrions donner le nombre de conseillers
pédagogiques, de conseillers en orientation, par commission scolaire, en
fonction du nombre d'élèves. Si c'est cela que Mme le
député de L'Acadie désire, elle n'a qu'à me le dire
et je vais y réfléchir.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre peut continuer ses sophismes pour
essayer de cacher le fait ou de faire oublier le fait que le gouvernement
à ce moment-ci, coupe dans les budgets d'enseignement à des
endroits où cela fait mal. On en a un exemple à ce moment-ci
touchant les conseillers en orientation. On dit: II faut évidemment, si
on veut augmenter, rendre plus accessible vous venez de le dire
les CEGEP, mettre des ressources au niveau de l'orientation des
élèves qui déjà, en secondaire I et II, ont
décidé qu'ils n'allaient pas au CEGEP, etc. Je pense que ce
point-là est important. On a beau dire: On a des contraintes
budgétaires, etc., je suis d'accord avec le ministre de l'Education,
mais je voudrais au moins qu'en contrepartie, il admette que cela fait mal et
que cela fait mal dans la qualité des services, que cela fait mal quant
à l'accessibilité des étudiants aux différents
niveaux d'enseignement. On ne peut pas le cacher indéfiniment. Le
ministre pourra se cacher derrière tous les sophismes dont on le sait
fort capable, mais la réalité des faits est là.
M. Morin (Sauvé): Un surplus n'est pas un sophisme. Les
commissions scolaires qui font des surplus ont des fonds avec lesquels elles
pourraient régler ces problèmes. Vous savez, Mme le
député, je n'ai même pas à vous mentionner le nom
des commissions scolaires, dont certaines sont fort importantes et vous sont
bien connues, qui font des surplus considérables. Je tiens à le
dire, les surplus et le fait qu'une commission scolaire peut toujours, bien
sûr, imposer l'impôt qui lui paraît nécessaire sur le
plan foncier, pour aller chercher des montants qu'elle estime nécessaire
à la création de postes de conseillers d'orientation, tout cela
fait que le ministère doit respecter l'autonomie des commissions
scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Pour répondre à votre question,
s'il y a quelques commissions scolaires qui ont des surplus, tant mieux.
Comment elles les
utiliseront, ceci leur revient. Je sais à quelles commissions
scolaires vous faites allusion. Vous vous retenez pour ne pas le mentionner, je
le sens. Il reste qu'il faudrait que vous m'assuriez là où
justement il y a la possibilité pour la population de surtaxer, d'une
façon adéquate, pour donner ces services aux étudiants, ce
sont peut-être justement les commissions scolaires qui n'ont pas de
surplus, et aussi les commissions scolaires où les populations sont le
moins capables financièrement d'augmenter leur surtaxe. En tout cas, on
pourrait en discuter jusqu'à demain matin, mais le fait reste que je
maintiens toujours que le gouvernement devrait s'interroger sérieusement
sur ses coupures budgétaires, non pas pour créer des nouveaux
services, j'en conviens avec le ministre, mais au moins assurer la
qualité des services qui existent présentement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que je
peux poser une question à Mme le député?
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas ministre, mais si vous voulez
m'en poser une, je vais répondre.
M. Morin (Sauvé): Je pense que c'est une question
importante. Je ne voudrais pas vous donner l'impression, Mme le
député, que cette question ne nous tracasse pas. Nous constatons
qu'il y a des surplus. Nous constatons que les commissions scolaires peuvent
choisir de couper ici plutôt que là. Elles choisissent souvent de
couper chez les conseillers en orientation ou d'autres conseillers
pédagogiques, par exemple. Est-ce que vous seriez favorable à ce
que nous imposions des normes aux commissions scolaires pour ce qui est des
conseillers en orientation, par exemple? Est-ce que vous pensez qu'on pourrait
imposer une norme, par exemple, que tant d'élèves donnent tant de
conseillers?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puisque le ministre m'a
posé une question, cela me fait extrêmement plaisir de lui
répondre, non, je ne le crois pas. Je pense que, de plus en plus, les
commissions scolaires doivent être responsables financièrement
vis-à-vis de leur population, à condition qu'on leur donne les
moyens d'être responsable financièrement vis-à-vis de leur
population, mais c'est un autre point. Le rôle du ministère de
l'Education, à ce moment, est peut-être de sensibiliser la
population à ces besoins que les commissions scolaires devraient
remplir, à condition toujours qu'elles aient les ressources. Si une
commission scolaire ou des commissaires ne s'en occupent pas d'une façon
adéquate, toujours si elles avaient les ressources à leur
disposition, ce serait à la population de faire un autre choix à
l'élection suivante. Ne me faites pas dire que je veux qu'on impose des
normes partout. J'ai assez protesté contre les normes. Je peux penser
que, dans un milieu donné, on a peut-être plus besoin de
conseillers d'orientation que dans un autre. Alors, d'essayer d'établir
une norme d'un conseiller d'orientation par 1000, 2000 ou 500
élèves, peu importe, je pense que ce n'est pas une formule
à retenir.
M. Morin (Sauvé): Nous sommes d'accord.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement sur les ressources que nous ne
sommes pas d'accord.
M. Morin (Sauvé): Ah cela! j'ai fait l'expérience
de l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la marge des commissions scolaires?
Ne rions pas!
M. Morin (Sauvé): ... suffisamment longtemps pour savoir
que les choses paraissent toujours plus faciles de ce côté et que
l'argent n'est jamais un problème, tandis que, par les temps qui
courent, il faut savoir choisir ses priorités et il faut savoir choisir
les points sur lesquels on fera porter l'effort financier. Je suis heureux de
voir que nous sommes d'accord au moins sur l'idée qu'on doit respecter
l'autonomie des commissions scolaires pour ce qui est...
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir d'entendre que le ministre
est aussi de cet avis. C'est une déclaration officielle.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais cela ne va pas à
l'encontre de toutes nos déclarations officielles
antérieures.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que ça se vivra dans les
faits, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Assurément.
M. le Président, je voudrais informer Mme le député
que, pour ce qui est du taux de persévérance, au sujet de la
question qu'elle me posait il y a un instant, nous avons des données
disponibles par programmes et par niveaux et, comme ce sont des données
assez complètes, je ne sais pas laquelle des questions
l'intéresse particulièrement?
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce qu'on pourrait avoir une copie de
ceci?
M. Morin (Sauvé): Oui, on peut. Mais, ce qui vous
intéresse, c'est davantage par niveaux ou par programmes?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'était par niveaux. M. Morin
(Sauvé): Par niveaux.
Mme Lavoie-Roux: II y aurait peut-être aussi ce
serait intéressant mais là, je n'entrerai pas
là-dedans ce matin, parce qu'on pourrait continuer jusqu'à 12 h
30, ce serait par programmes. Ce serait peut-être intéressant
aussi de voir, par exemple, du côté professionnel, du
côté général, etc., et ça répondrait
à ma question de
réorientation du côté des sciences que j'ai
posée d'une façon plus précise.
M. Morin (Sauvé): Nous allons aligner les chiffres et,
pour ce qui est de la réorientation au sein du CEGEP la seconde
question que vous me posiez tout à l'heure nous avons des
données disponibles pour quatre collèges seulement, mais
ça pourra peut-être vous donner une idée, à tout le
moins, ça pourra vous donner une idée des taux en question pour
l'ensemble du réseau. Malheureusement, nous n'en avons pas davantage.
Alors, nous allons faire en sorte que vous ayez ces chiffres cet
après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Oui...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, M. le Président. Au cours de la
journée de mardi, j'avais posé une question précise
concernant le passage des jeunes du secondaire vers le collégial et du
collégial vers l'université, et le sous-ministre m'avait
assuré que, dans les prochains jours pendant cette commission, il nous
déposerait des chiffres. Quand je regarde votre document de travail "Les
collèges du Québec", à la page 38, dans la grosse
édition, plus épaisse, il y a des chiffres qui sont
intéressants, quand on mentionne l' évolution du taux de passage
du secondaire V, concernant le public et le privé, au collège I.
Nous avons des chiffres pour 1971-1972. Nous en avons pour 1973-1974 et
1975-1976. Mais je suis convaincu que, depuis cette époque, les chiffres
ont certainement varié et les chiffres sont à la "reverse",
à la renverse, très probablement.
M. Morin (Sauvé): A la quoi?
M. Le Moignan: A la "reverse", M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est un idiome gaspésien?
M. Le Moignan: Vous avez employé hier, vous,
également, quelques anglicismes. C'est pour ça que je me permets
de...
M. Morin (Sauvé): J'aimerais que vous me les signaliez au
passage.
M. Le Moignan: Vous avez cité quelques petits mots en
anglais. A la renverse. Sur les bateaux, on dit: "à la reverse".
Il y avait quelque chose d'intéressant à ce
moment-là, M. le Président. Les chiffres de 1971-1972 donnaient
48,2% je parle de la région Gaspésie-Bas-Saint-Laurent,
mais on peut continuer sur toute l'échelle et, en 1975-1976, pour
notre région, 58,6%. Si on regarde plus loin dans le même
document, quand on regarde les prévisions du nombre d'étudiants
à temps plein pour les prochaines années, nous passons, à
ce moment-là, en 1977, à 118 000 élèves et les
prévisions de 1985, 87 000. C'est donc dire qu'il y aurait une
diminution de 30 000 élèves dans les prochaines années.
C'est donc dire que, depuis trois ans, depuis votre dernier rapport de 1976, la
diminution se fait déjà sentir, en dépit de l'année
où on a eu une double entrée au niveau secondaire.
M. Morin (Sauvé): Vous avez terminé, M. le
député?
M. Le Moignan: Vous pouvez peut-être y répondre tout
de suite. J'aurai d'autres questions.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais, si vous le voulez bien,
revenir sur votre question importante du taux de passage. Je crois que Mme le
député de L'Acadie y avait fait allusion également.
Il y a eu, de 1977-1978 à l'année suivante, une
légère régression dans le taux de passage du secondaire au
collégial. Les chiffres se trouvent d'ailleurs à la page B-09 du
cahier que je vous ai fait remettre.
Le taux de passage, c'est-à-dire le rapport entre le nombre
d'étudiants de la première année du collégial au
secteur public, puisque nous parlons du secteur public, pour une année
donnée et celui de l'ensemble des élèves du secondaire V,
c'est-à-dire secteurs public et privé pour l'année
précédente, a connu l'évolution suivante: En 1975-1976, un
taux de passage de 43,9%; en 1976-1977, 45,1%; en 1977-1978, nous avons connu
ce qu'il faut appeler un sommet, enfin, nous espérons bien y revenir un
jour, mais cela a été un sommet dans l'évolution
récente puisque nous sommes passés à 47,6% et nous avons
eu, en 1978-1979, un léger retrait qui est toutefois encore
supérieur à l'année 1976-1977 qui demeure donc la seconde
meilleure année, à ce jour, et le taux est de 46,4%. (11 h
15)
Bien sûr, cela ne laisse pas de nous poser des questions. Nous
nous demandons comment on peut améliorer ce taux de passage, et j'en ai
traité, il y a un instant, surtout pour ce qui est du secteur
professionnel. Toutefois, il ne faut pas non plus être pris de panique,
d'abord parce que nous avons de beaucoup amélioré ce taux de
passage depuis quelques années, il reste relativement fort, mais surtout
parce que lorsque nous comparons nos résultats avec ceux des autres pays
de l'OCDE, il y a là-dessus des études internationales, nous
demeurons parmi les pays qui sont dans le peloton de tête pour
l'accessibilité à ce niveau d'étude. Je demanderai tout
à l'heure qu'on donne des détails complémentaires le cas
échéant.
Il n'empêche que nous n'en sommes pas satisfaits; étant
donné le retard historique du Québec pour ce qui est de ce niveau
et d'ailleurs pour ce qui est du secondaire aussi, il nous faut sans cesse
tenter d'améliorer les choses. Le fait que la clientèle totale
ait néanmoins augmenté de 2% dû à l'excédent
du nombre de nouveaux inscrits au niveau collégial par rapport à
celui des étudiants qui ont quitté ce niveau d'étude est
également à signaler; c'est ce que nous faisons à la page
D-9.
Si on tient compte de la clientèle des institutions
privées, maintenant, de niveau collégial et de celle des
institutions publiques qui ne relèvent
pas du ministère de l'Education comme les conservatoires, les
instituts agricoles, on constate que le pourcentage de jeunes
Québécois qui accèdent au niveau collégial a
été supérieur. Il est de 51,3% à l'automne 1975, de
52,5% à l'automne 1976 et de 54,4% à l'automne 1977. Nos
données préliminaires ne sont pas définitives et laissent
prévoir un taux de l'ordre de 53,1% pour l'automne 1978. Avec ces
chiffres, cela nous met désormais vraiment parmi les Etats les plus en
avance au sein des membres de l'OCDE, par exemple.
Donc, il faut corriger la perspective selon qu'on parle seulement du
secteur public ou si on y ajoute le secteur privé. Je vous avoue que ce
qui nous préoccupe le plus, cependant, c'est le secteur public; c'est
là qu'il faut améliorer le taux de passage.
M. Le Moignan: On peut donc dire que depuis environ dix ou douze
ans, il s'est fait un effort considérable. Si on parle de 1966 à
1968 comparativement à là où nous en sommes...
M. Morin (Sauvé): Depuis que les CEGEP ont
été créés, M. le député il n'y a pas
de comparaison.
M. Le Moignan: Non, je le sais, mais...
M. Morin (Sauvé): Pensez qu'on est passé de l'ordre
d'à peu près 15 000 étudiants en 1967 à 120 000,
environ, aujourd'hui.
M. Le Moignan: C'est parce que...
M. Morin (Sauvé): Enfin, à 116 000 pour être
précis.
M. Le Moignan: Dans les provinces anglaises, on avait tout de
même, avant nous, cette réforme ou on avait déjà
ce... Quand vous avez dit tout à l'heure que nous avions atteint dans
l'OCDE, cela se compare aux provinces anglophones si...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les autres ont ce système
collégial qui est absolument équivalent au nôtre? Je pense
qu'il y a une certaine approximation qui doit être faite parce que ce
n'est pas exactement la même chose.
M. Morin (Sauvé): II faut redresser les calculs et il faut
souvent tenir compte de la première année d'université des
institutions francophones, parce qu'on accède plus tard à
l'université dans le système anglophone. C'est faisable, on n'a
qu'à faire les calculs en transposant et cela nous donne une idée
assez exacte des taux de passage.
M. Le Moignan: II y a un certain nombre qui vont au "college",
ils prennent une avance avant d'aller à l'université,
comparativement à notre système.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais avant d'ajouter quelques
détails, je voudrais vous dire que nous n'avons pas été
insensibles à cette diminution et, d'ores et déjà, nous
avons organisé deux campagnes de publicité pour sensibiliser les
jeunes du secondaire à l'importance des études
collégiales, d'autant que nous savons, par les taux de chômage,
que les jeunes du collégial connaissent un taux de chômage qui est
à peu près la moitié de celui des jeunes qui sortent du
secondaire.
Comme je l'ai dit au cours de notre première séance
d'étude des crédits, plus on prolonge ses études, plus on
a de chances de n'être pas en chômage. Donc, il est dans
l'intérêt du Québec, comme dans celui des jeunes
eux-mêmes, qu'ils aillent au collège et pour ça,
évidemment, il faut vaincre des préjugés tenaces.
Beaucoup de jeunes pensent qu'ils ne sont pas faits pour les
études collégiales, en particulier du côté
professionnel. Beaucoup pensent que pour aller au collège, il faut avoir
des dispositions tellement spéciales que cela les écarte
automatiquement. Ce n'est pas vrai et nous tentons d'exercer une sorte de
persuasion auprès des jeunes pour les amener à prolonger leurs
études.
Il faut aussi que la campagne porte sur les parents. Il y a beaucoup de
parents qui découragent leurs jeunes de poursuivre leurs études
au niveau collégial. Croyez-le ou non, les parents sont souvent un
facteur de découragement pour les jeunes sur ce plan. Tout le monde a
entendu dans son milieu des parents qui disent aux jeunes: A quoi cela va-t-il
te servir? Va donc tout de suite sur le marché du travail. Va donc
gagner ta vie. Alors que s'ils savaient les chances que cela donne au jeune de
poursuivre ses études pendant deux ou trois ans au niveau
collégial, je pense que les parents n'agiraient pas de la sorte.
D'où les campagnes de publicité qui ont été
réalisées pour inciter les jeunes à entreprendre des
études collégiales, particulièrement du côté
professionnel.
M. Le Moignan: Dans mes remarques préliminaires de mardi,
j'avais attiré l'attention du ministre sur le nombre de jeunes qui sont
en chômage. Je comprends que si on les garde trois années de plus
aux études et, dans certains cas, les jeunes ne réussissent pas
à se placer, ils ont terminé au collège, ils vont
recommencer dans une autre option, cela devient dramatique parce que certaines
options sont plus populaires que d'autres. Supposons, par exemple, les
diététiciennes. J'en connais qui ont terminé il y a deux
ou trois ans, qui n'ont jamais réussi à se placer et je me
demande si les collèges continuent encore de donner l'option.
C'est la même chose du côté des infirmières.
Dans certains collèges, 70 infirmières finissent leur cours et
peut-être dix seulement d'entre elles réussissent à se
placer dans la région.
Je me demande ce que vous faites dans votre politique pour essayer
Mme le député de L'Acadie a mentionné tout à
l'heure la question de l'orientation de dire aux jeunes qui entrent dans
les CEGEP: Telle carrière est vraiment encombrée, tu n'as pas de
chance là-dedans.
Je comprends qu'il y a la liberté du jeune, garçon ou
fille, qu'on doit respecter, mais, tout de même... J'en connais qui, dans
certaines régions,
pour se placer, doivent absolument quitter et, même à
l'extérieur, ils n'entrent pas facilement sur le marché du
travail. C'est là qu'ils vont préférer ajouter trois
années d'études; ça diminue peut-être le taux de
chômage, mais c'est quand même une situation alarmante parce que
des jeunes terminent... On a parlé de 5% de chômage cette semaine
chez les finissants de l'université, beaucoup plus chez les finissants
du collégial, mais le fait est là, il est patent, il est toujours
existant. M. le sous-ministre, je pense que vous aviez quelque chose à
dire à ce sujet?
M. Morin (Sauvé): On a plusieurs moyens pour orienter les
étudiants. Il y a tout d'abord l'information scolaire, mais il y a
surtout l'opération relance qui est menée par le ministère
depuis maintenant plusieurs années et qui nous indique à quel
rythme les étudiants diplômés du CEGEP se placent sur le
marché du travail, soit dans le secteur dans lequel ils ont
étudié, soit dans un secteur différent.
A partir de ces résultats scientifiques, la Direction
générale de l'enseignement collégial, avec chacun des
CEGEP de la province, décide des options qui seront contingentées
et du nombre d'étudiants qui seront admis dans chacune des options. De
telle sorte que, chaque année, on voit le nombre des programmes
contingentés diminuer ou augmenter, mais varier, et le nombre des CEGEP
appelés à dispenser ces options professionnelles diminuer ou
augmenter. Donc, à la question que vous posez, la réponse
précise c'est: Par l'opération relance, la direction
générale est à même de déterminer le nombre
d'étudiants qui doivent être admis dans chacune des options
professionnelles.
M. Le Moignan: Mais, dans les options professionnelles, il y a
des jeunes qui terminent en électricité, par exemple. Ils vont
quitter notre région, ils vont aller à Mont-Joli ou ailleurs, ils
vont ajouter un cours en électronique. Ils sortent et sont prêts
à entrer sur le marché du travail. Vous savez une chose,
aujourd'hui, pour entrer, ils doivent être acceptés par un
entrepreneur électricien, et le reste, travailler au moins trois
semaines pour avoir droit à un carnet d'apprenti. Je connais des jeunes
qui ne sont pas embauchés, qui sont pris, ils ont terminé leurs
études, mais on leur demande de l'expérience. Vous avez
probablement eu des cas semblables, mais quelle est la réponse à
leur donner? Qu'est-ce que le ministère peut faire avec la relation
école-travail à ce moment-là? Cela devient tragique
aussi.
M. Morin (Sauvé): C'est une question qui préoccupe
le ministère et, précisément, nous sommes à
développer une politique de la formation professionnelle pour assurer le
décloisonnement entre les niveaux secondaire et collégial. A ce
propos, je voudrais citer un chiffre qui est intéressant et qui
paraît à la page B-10 du cahier. C'est que 7,4% des
étudiants du secondaire professionnel ont accédé au
collégial au cours de la dernière année, ce qui est une
croissance remarquable, puisqu'on est passé de 4,22% en 1974, à
7,4% de 1977 à 1978. De ces 7,4% des étudiants qui passent, 31%
s'inscrivent au général et 69% au professionnel. C'est donc dire
que la volonté de décloisonner les deux niveaux a donné
des résultats. Mais il faut poursuivre l'étude pour voir quelles
sont les possibilités entre le collégial et l'universitaire et il
faut également poursuivre l'étude pour tenter de vérifier
quelles sont les possibilités d'entente avec le marché du
travail.
On pourrait même songer à ce qu'on appelle la formation en
alternance qui ferait que l'étudiant, au moment même où il
est au secondaire ou au collégial, pourrait aller en stage dans l'une ou
l'autre des entreprises ou des sociétés commerciales du secteur
professionnel dans lequel il est inscrit. C'est un document qui est
actuellement en élaboration au ministère.
M. Le Moignan: Facile...
M. Paquette: Est-ce que le député de Gaspé
me permettrait une question sur le même sujet?
M. Le Moignan: Allez-y.
M. Paquette: Concernant le problème du chômage des
jeunes, on a, dans le budget de cette année, une somme de $25 millions
qui a été annoncée par le ministre des Finances et qui est
destinée à procurer des emplois aux jeunes. Est-ce que le
ministère de l'Education est impliqué dans l'utilisation de ces
fonds? Je pense à des choses assez précises. Le
député de Gaspé mentionnait tantôt la
difficulté des techniciennes en diététique de se placer
sur le marché du travail. Est-ce que, par exemple, une partie de ces $25
millions ne pourrait pas être orientée vers la création de
postes que ce soit dans le réseau de l'éducation lui-même
ou dans le réseau des affaires sociales, dans le secteur privé,
de façon, en même temps, à contribuer, aux objectifs de
prévention sur le plan de la santé? C'est un exemple que je donne
et on pourrait regarder chacune des spécialités professionnelles,
surtout celles où le taux de placement des finissants du CEGEP
s'avère le plus faible et obtenir une orientation de ces fonds
qui...
M. Morin (Sauvé): Les fonds n'étaient pas
destinés à l'éducation. Ils étaient destinés
en partie au placement étudiant, qui relève du ministère
du Travail et, en partie, à d'autres ministères. Ce que nous
pouvons faire pour tenter de remédier au travail des jeunes, ce que
l'éducation peut faire, c'est évidemment un travail de longue
haleine, c'est-à-dire mieux préparer les jeunes, leur donner une
formation plus solide, parce qu'on observe que plus les jeunes ont de
formation, moins ils sont en chômage.
J'ai donné les chiffres il y a deux jours et on se rend compte
que les universitaires connaissent trois fois moins de chômage que les
jeunes du secondaire, et ceux qui sortent du collège, deux
fois moins de chômage que ceux du secondaire. Donc, c'est
ça notre contribution, c'est de pousser les jeunes à poursuivre
leurs études le plus longtemps possible, à devenir le plus
compétents possible.
M. Paquette: M. le ministre, je suis bien conscient que les fonds
n'ont pas été mis à la disposition du ministère de
l'Education, ma préoccupation est de savoir si ces fonds vont être
orientés en fonction des diplômés des CEGEP, dans les
options où les possibilités de placement s'avèrent
actuellement les plus faibles. Est-ce qu'il y a une coordination qui se fait ou
qui va se faire dans ce domaine? (11 h 30)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je puis tenter
d'avoir une réponse exacte à la question du député
pour cet après-midi. Je n'ai pas la réponse en ce moment.
M. Le Moignan: M. le Président, je comprends que c'est une
vérité de La Palice que le ministre vient de nous énoncer,
quand il dit qu'un finissant de l'université a plus de chance d'entrer
sur le marché du travail qu'un finissant du secondaire.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas une vérité de
La Palice. Il y a des pays où c'est le contraire. Il y a plus de
chômage chez les universitaires que chez les finissants des techniques du
secondaire. Ce n'est pas une vérité de La Palice, c'est une
constatation statistique.
M. Le Moignan: C'est parce que l'enseignement,
l'éducation, est trop poussée? Est-ce que les gens doivent mettre
un frein dans ces pays?
M. Morin (Sauvé): II y a des pays où ils ont
si l'on peut s'exprimer ainsi trop de diplômés de niveau
universitaire par rapport aux besoins.
Mme Lavoie-Roux: ... de mettre à la disposition de tous
les niveaux et des familles les moyens d'accéder, dans notre
société à nous, à ce niveau supérieur.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que le problème de
l'accessibilité demeure un problème majeur.
M. Morin (Sauvé): Cela reste un problème non
seulement scolaire, mais un problème social.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Cela s'adonne qu'au Québec, nous
avons besoin de gens compétents, de haut niveau. Nous n'en avons pas
suffisamment pour que le développement économique et social du
Québec s'effectue à un rythme satisfaisant, par rapport à
nos voisins, notamment.
Donc, il y a de la place pour beaucoup d'amélioration et pour des
taux de passage supérieurs. Mais il viendra peut-être un moment,
si nous ne planifions pas l'avenir correctement, où nous aurons, comme
d'autres pays, du chômage de très haut niveau.
M. Le Moignan:... des statistiques concernant les
différentes branches du savoir. Quand les jeunes sortent de
l'école, quels sont les domaines où ils ont le plus de
facilité à se procurer du travail? Peut-être que les jeunes
sont renseignés dans les collèges.
M. Morin (Sauvé): Nous avons, chaque année, ce que
nous appelons l'opération relance, qui nous permet, après une
intervention auprès de tous les diplômés, de savoir s'ils
ont trouvé du travail, combien de temps cela leur a pris pour trouver du
travail, dans quel secteur ils se trouvent et nous avons une très bonne
idée des secteurs où il y a encore de la place pour l'expansion.
Et nous avons aussi une très bonne idée des secteurs où il
y a une surpopulation, où il y a trop de gens compétents.
C'est d'ailleurs ce qui nous conduit, selon les années, à
contingenter ou à décontingenter certains programmes. Par
exemple, on s'est rendu compte que, dans l'informatique, il n'y a plus de
raisons de contingenter, il y a un besoin. C'est la raison pour laquelle nous
décontingentons les programmes d'informatique. De même pour les
techniques judiciaires et correctionnelles. De même pour la cartographie,
la géodésie. Mais il se peut, par exemple, que les techniques
médicales, elles, connaissent des difficultés d'emploi. Il a
fallu contingenter. C'est un nouveau contingent.
Mais je voudrais ajouter que nous contingentons le moins possible, parce
que cela comporte toujours, en dépit de tous nos efforts, une injustice
pour certains jeunes qui pourraient espérer obtenir cette formation et
qui se voient refuser l'accès au collège, qui sont obligés
de s'orienter différemment de ce qu'ils avaient choisi
spontanément.
Le contingentement est souvent impossible à éviter, mais
ce n'est pas satisfaisant sur le plan social, ni sur le plan du
développement personnel de chaque individu.
M. Le Moignan: Pour permettre aux jeunes d'accéder au
collège ou à l'université, puisque nous parlons des
collèges, le ministre a mentionné cette semaine qu'il y aurait
une révision à faire dans l'octroi des bourses d'étude. On
retrouve beaucoup de problèmes, beaucoup de difficultés en somme
dans les cas d'espèce qui nous sont soumis.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire au niveau des
prêts-bourses, M. le député?
M. Le Moignan: Au niveau des prêts-bourses, pour les
collèges on parle des collèges en ce moment mais
cela vaut aussi pour l'université.
Quelle est la politique exacte? Vous avez une documentation qui est
distribuée.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Le Moignan: On voit les normes. Les normes sont difficiles
à comprendre, quand on voit les catégories
d'élèves, selon le salaire qu'ils ont reçu pendant les
vacances, selon le salaire des parents, comparées à d'autres qui
gagnent beaucoup plus d'argent, qui sont en excellente position
financière.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je veux bien
anticiper sur le programme d'aide financière aux étudiants, en
vous disant, de manière très générale pour
l'instant, on pourra y revenir...
Mme Lavoie-Roux: On a des questions sérieuses à
vous poser, M. le ministre. Je ne voudrais pas qu'on escamote cela
rapidement.
M. Morin (Sauvé): Je suis d'accord avec Mme le
député de L'Acadie.
M. Le Moignan: On peut la réserver.
M. Morin (Sauvé): Je me contenterai d'une réponse
très générale à M. le député de
Gaspé. Le système des prêts-bourses, c'est fait pour aider
ceux qui en ont le plus besoin. Etant donné son coût, le
gouvernement estime qu'il doit évaluer les besoins de ce secteur par
rapport aux autres priorités socio-économiques. Pour
l'année qui vient de s'écouler, il y en a eu pour $116 millions,
je crois, ce qui est un budget considérable. C'est le budget de deux ou
trois ministères autres que le ministère de l'Education.
Si le député a des cas particuliers à nous
soumettre, je voudrais lui dire que, constamment, nous traitons de cas
particuliers au ministère. Par exemple, je prends le cas particulier
typique. Nous tenons compte, dans le calcul du prêt-bourse, des revenus
des parents. Or, voici qu'un étudiant est en rupture de ban avec ses
parents. Il a quitté la maison. Il ne s'entend plus avec ses parents. Il
a laissé la maison et il est seul. Nous en tenons compte, non pas que
nous ayons tendance à ne pas appliquer nos normes, parce que, si on ne
le faisait pas, les désertions se multiplieraient à l'infini, il
suffirait de quitter la maison paternelle pour avoir droit à des
montants supplémentaires.
M. Le Moignan: Cela existe.
M. Morin (Sauvé): Donc, il faut faire très
attention, parce que cela se passe dans les faits.
M. Le Moignan: II y a beaucoup de théâtre, de
comédie dans cela aussi de la part des étudiants qui font
semblant d'être en rupture avec leurs parents.
M. Morin (Sauvé): D'un autre côté, le
ministère ne peut pas non plus sonder les reins et les coeurs pour
savoir si c'est sincère ou non...
M. Le Moignan: Ce n'est pas facile. Je sais que ce n'est pas
facile pour vous.
M. Morin (Sauvé):... mais je sais que c'est une
difficulté que nous avons.
M. Le Moignan: Ce n'est pas facile.
M. Morin (Sauvé): Cependant, nous sommes obligés
d'aider certains étudiants, parce que, si on ne tenait pas compte de
cette dimension-là, il y aurait peut-être des cas d'abandon
scolaire et nous ne voulons pas favoriser l'abandon scolaire, cela va de soi.
On pourra revenir sur la question, M. le député, plus loin, si
vous le désirez.
M. Le Moignan: J'ai une autre question. Je ne sais pas si c'est
présentement le moment ou non, c'est plutôt une question d'ordre
général. Les employés de soutien de nombreux
collèges nous écrivent et ils aimeraient participer au conseil
d'administration, avoir droit de vote au même titre que les autres
groupes qui travaillent dans le collège. Est-ce le moment de poser une
telle question?
M. Morin (Sauvé): Le choix qu'a fait le gouvernement dans
son énoncé de politique est négatif à cet
égard. Nous pensons que, pour faire partie du conseil d'administration
d'un collège, il faut avoir une certaine préparation
pédagogique pour la chose et nous pensons que, déjà, ces
conseils d'orientation qui comportent 19 personnes sont déjà trop
nombreux. Nous avons donc, après mûre réflexion je
dois dire que nous avons considéré la chose; nous avons
reçu également des télégrammes, comme tout le monde
choisi de ne pas assurer la représentation des employés de
soutien au conseil d'administration des collèges. Il eut fallu
déplacer un enseignant ou un responsable des services aux
étudiants ou encore un parent et cela ne nous a pas paru
souhaitable.
M. Le Moignan: Vous avez mentionné la possibilité,
avec les années évidemment, d'en arriver à la
gratuité scolaire. Quand on parle des cours aux adultes, dans quel
secteur avez-vous commencé ou vous proposez-vous de donner la
gratuité?
M. Morin (Sauvé): Etant donné
l'exiguïté des moyens financiers, nous avons décidé
d'échelonner la gratuité de l'enseignement aux adultes au niveau
collégial sur quelques années; enfin on va essayer sur deux ou
trois ans. Nous avons dû faire un choix pour savoir quel était le
secteur qu'il fallait favoriser au départ. Nous avons choisi le secteur
professionnel, parce que c'est de ce côté que les besoins sont les
plus criants.
Il est possible également qu'on puisse rendre gratuits des cours
qui sont inscrits dans des programmes de formation générale, mais
ce ne sera probablement pas possible d'ouvrir tous les cours et de les offrir
gratuitement aux adultes dans le domaine de la formation
générale. Il y a des cours aussi, comme les cours
d'éducation
physique. On se demande si on ouvrirait ces cours aux adultes par le
biais de la gratuité. Nous sommes en train de compléter nos
études pour préparer la règle que nous...
Une Voix: Pour pouvoir jouer dehors.
M. Morin (Sauvé): ... quoique, de toute façon, les
équipements sportifs sont assez largement accessibles aux adultes
à l'heure actuelle.
M. Le Moignan: Mes autres questions s'appliquent plutôt
à d'autres programmes plus tard.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de Rosemont,
vous aviez demandé la parole.
M. Paquette: M. le Président, dans l'énoncé
politique concernant les collèges, on constate des modifications quant
à la répartition entre les cours obligatoires, les cours de
spécialité et les cours complémentaires. Je pense que
l'adjonction, aux cours obligatoires, d'un cours de civilisation
québécoise et d'un cours d'économie du Québec est
très certainement une amélioration. La question que...
M. Morin (Sauvé): Les mathématiques aussi, M. le
député.
M. Paquette: Oui, pour les spécialités qui n'en ont
pas également.
M. Morin (Sauvé): Je pensais que ce serait de nature
à vous intéresser particulièrement.
M. Paquette: Oui. Cela m'intéresse tellement que je me
demande pourquoi maintenir quand même cette prépondérance
des cours de philosophie, de langue et de littérature parmi les cours de
formation générale, qui sont destinés à permettre
aux étudiants de poursuivre leur formation générale. Je
soutiens et je ne pense pas être le seul que toutes les
matières sont porteuses de formation générale. Je
comprends qu'il y a des problèmes liés à l'affectation du
personnel, il y a toutes sortes de problèmes pratiques qui peuvent
expliquer qu'on ne puisse pas changer brusquement la répartition des
matières au collégial. Cependant, il est quand même
surprenant de voir que des concentrations en langue et littérature
comportent des cours de spécialité en langue et
littérature et des cours de culture générale en langue et
littérature. C'est la même chose au niveau de la philosophie. Je
me demande ce qui a amené le ministère, tout en améliorant
les choses, à mettre encore, à mon avis, trop peu de
diversité dans les cours de formation générale. Il me
semble qu'il pourrait y avoir également des cours à option dans
les cours de formation générale.
M. Morin (Sauvé): Oui, le ministère n'a pas pris
ces décisions tout seul. Il a beaucoup consulté des
pédagogues dans les collèges, afin de savoir s'il devait refaire
entièrement la liste des cours obligatoires et le poids respectif de
chacun de ces enseignements. Vous savez que l'enseignement de la philosophie,
notamment, avait fait l'objet de mouvements divers depuis un an ou deux et que,
dans certains secteurs, on réclamait la diminution de l'enseignement de
la philosophie ou, en tout cas, un examen du contenu des programmes de
philosophie. La question était donc posée clairement quand nous
avons dû effectuer nos choix.
Nous en sommes venus à la conclusion que les cours de philosophie
et de langue et littérature devaient comporter le même nombre de
crédits ou d'heures qu'auparavant. Je vais tenter d'expliquer pourquoi.
Néanmoins, nous avons, comme l'a signalé le député,
ajouté l'économie, la civilisation québécoise et
les mathématiques pour ceux qui n'en reçoivent pas d'une autre
manière. Nous avons donc voulu renforcer la partie obligatoire. Il nous
a paru que cela ne devait pas être au détriment de l'enseignement
de la philosophie ou de la langue et de la littérature, parce que ces
cours obligatoires, qui s'appliquent aussi bien aux jeunes qui vont du
côté professionnel qu'à ceux du côté
général, sont vraiment, pour plusieurs d'entre eux, la seule
formation humaniste qu'ils vont recevoir durant toute leur vie.
Si nous avions diminué, par exemple, l'enseignement de la langue
et de la littérature auquel nous allons consacrer huit crédits,
selon l'énoncé de politique, ou l'enseignement de la philosophie
et des humanités auquel également huit crédits sont
accordés, nous aurions eu le sentiment de dévaluer la formation
générale des jeunes. Nous pensons que tant ceux du secteur
professionnel que ceux du secteur général ont droit d'être
mis devant les divers systèmes philosophiques et ont droit à
cette formation. C'est un choix social. Je dirais même qu'à la
limite, cela comporte un certain choix politique. C'est un choix de
gouvernement. C'est comme cela que nous l'avons conçu en tout cas. (11 h
45)
On peut, évidemment, le remettre en question. On peut dire que
nous avons eu tort, mais, après consultation avec pas mal
d'éducateurs et de pédagogues, cela a été ma
conclusion personnelle, comme ministre de l'Education, qu'on ne devait pas
diminuer ces crédits, autrement dit, qu'on devait continuer d'accorder
aux humanités autant d'importance que par le passé.
Peut-être y a-t-il là-dedans une bonne dose de choix personnel, en
définitive, mais j'ai estimé là-dessus, j'ai
été appuyé par le gouvernement et par le CMPDC le
Comité interministériel, développement culturel que
nous ne devions pas remettre cela en question et diminuer les heures
consacrées à ces enseignements.
M. Paquette: M. le Président, concernant toujours ce
problème de la formation générale et, je pense, de la
nécessité d'une certaine diversité, de faire en sorte que
chaque étudiant puisse puiser dans différentes disciplines pour
parfaire sa formation générale, il y a également le bloc
de
cours complémentaires qui peut jouer cette fonction. Le bloc de
cours complémentaires passe de huit à quatre crédits, ce
qui réduit singulièrement le choix des étudiants. D'autre
part, il y a le problème que, souvent, ces cours complémentaires
doivent être puisés à même la banque des cours qui
sont offerts en concentration à d'autres étudiants, ce qui
conditionne le choix des étudiants.
Un étudiant ne prendra pas de cours de sciences parmi son bloc
complémentaire lorsqu'il est en humanités, parce qu'il sait qu'il
sera dans les mêmes classes que des étudiants qui sont en
spécialité. Il n'a peut-être pas les
antécédents nécessaires et il peut appréhender un
échec dans ce genre de cours et, donc, ne pas le choisir.
Est-ce qu'il y aura un effort de fait pour que... Personnellement,
j'aurais souhaité qu'on regroupe les cours de formation
générale et les cours complémentaires en un seul bloc et
qu'on offre des options à l'intérieur de ce bloc et que chaque
discipline soit amenée à développer des cours de formation
générale dans sa discipline, distincts des cours qu'il offre en
spécialisation. Je pense quand même que l'énoncé de
politique est là. Est-ce que les départements vont être
incités à développer, dans leurs disciplines respectives,
des cours destinés spécifiquement à des gens qui ne se
dirigent pas vers cette spécialité? Je pense que ça
s'applique également, par exemple, aux cours de mathématiques qui
vont être offerts dans certaines options. Il ne faudrait pas qu'on donne
les cours de mathématiques qu'on donne aux étudiants en sciences.
Il faudrait faire un cours de mathématiques axé sur la formation
générale. La même chose pour les cours de sciences. On
pourrait demander aux départements de sciences de développer non
pas un cours de physique, un cours de chimie, mais un cours destiné
peut-être à la compréhension approfondie de la
méthode scientifique. Il y a toutes sortes de possibilités.
Ma question est pour savoir si les départements vont être
amenés à développer des cours spécifiquement
destinés au bloc de cours complémentaires et distincts des cours
de spécialisation offerts par les mêmes départements.
M. Morin (Sauvé): M. le député, un premier
élément de réponse vous intéressera sans doute.
Dans le cas des mathématiques, déjà, le comité
pédagogique rattaché à la Direction générale
de l'enseignement collégial a proposé à la direction,
à titre d'hypothèse, une gamme de cours de mathématiques
qui seraient un peu taillés sur mesure, qui seraient adaptés aux
besoins de diverses catégories d'étudiants, de sorte que les
mathématiciens eux-mêmes qui, je pense, se sont réjouis de
la décision du gouvernement, ont vite senti le besoin de l'adapter aux
différentes catégories d'étudiants, selon qu'on s'adresse
à une future infirmière, à un futur sociologue ou à
d'autres catégories en fonction des destinations; on peut donc concevoir
des cours qui ne seraient pas uniformes, cela va de soi; donc, c'est
engagé.
Un deuxième élément de réponse, c'est que,
dans la nouvelle maquette de cours, à l'intérieur des
concentrations et des spécialités, on introduit des cours
à option, huit crédits dans le cas des concentrations, dix dans
le cas des spécialisations. Les départements auront des marges de
manoeuvre pour permettre d'offrir aux étudiants des choix qui leur
permettront de continuer à se définir un programme qui est mieux
taillé sur leurs propres aspirations, leurs propres aptitudes
également, ce qui va peut-être compenser un peu pour la perte des
cours complémentaires.
Enfin, la pratique actuelle pourra continuer, celle qui fait que des
collèges se donnent des cours institutionnels, des cours qui leur sont
propres et qui sont offerts aux étudiants comme complément de
formation. Voilà brièvement les trois réponses que
j'apporterais à votre question.
J'ajouterais un autre élément qui est important et qui est
d'ailleurs indiqué à l'énoncé de politique. Les
étudiants qui, jusqu'ici, devaient choisir leurs cours
complémentaires dans des disciplines autres que celles qui figuraient
déjà dans le programme de leur concentration ou de leur
spécialité ne seront plus tenus à cette obligation. A
l'avenir, ils pourront parfaire leur formation selon leurs goûts
personnels, à l'intérieur comme à l'extérieur de
leur spécialité. Nous avons été forcés de
diminuer le nombre de cours complémentaires à cause du nombre de
cours obligatoires, mais nous y avons apporté cet assouplissement qui
permet à l'étudiant d'exercer un choix plus libre parmi les
matières. C'est une compensation qui vaut ce qu'elle vaut, mais, si le
souci du député, comme j'ai cru le comprendre, était la
souplesse, je pense qu'il y a là un élément important de
réponse.
M. Paquette: M. le Président, concernant
l'éducation des adultes...
Mme Lavoie-Roux: ... programme. M. Paquette: Non, au
CEGEP.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on va le traiter tout ensemble
ou...
M. Paquette: M. le Président, c'est parce que je fais
toujours référence à l'énoncé de politique
concernant les collèges.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que...
M. Morin (Sauvé): On pourrait faire la distinction
suivante.
M. Paquette: Ah! comme vous voulez.
M. Morin (Sauvé): S'il s'agit du financement, on y verra
au moment du programme sur l'éducation des adultes...
M. Paquette: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a toute la philosophie de
l'éducation des adultes.
M. Morin (Sauvé): S'il s'agit des questions de principe
dans le livre blanc, dans l'énoncé de politique...
M. Paquette: Je pense que...
M. Morin (Sauvé): ... alors, on pourrait en discuter
maintenant.
Mme Lavoie-Roux: On a assez de misère à
passer...
M. Paquette: Je peux subdiviser mes deux questions suivant ce
schéma, M. le ministre. Je vais garder celle qui est liée de plus
près au réseau de l'enseignement collégial. Cela concerne
cette pratique qui, à mon avis, devrait disparaître, concernant
les cours aux adultes dans les CEGEP, où des professeurs de
l'enseignement régulier se voient offrir en priorité les cours
aux adultes, de sorte qu'il est extrêmement difficile de mettre sur pied
un corps professoral spécialisé dans l'enseignement aux adultes,
et qui peut donc développer des méthodes pédagogiques qui
sont nécessaires dans le cas des adultes. Actuellement, quelle est la
situation à ce niveau? Quel pourcentage approximatif des cours aux
adultes sont donnés par des professeurs réguliers ou qui donnent
des cours de jour aux étudiants réguliers?
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons tenter de vous donner des
chiffres là-dessus. Nous ne les avons pas au bout des doigts, mais nous
pourrions, cet après-midi, dans la mesure où c'est disponible,
dans la mesure où nous avons des rapports des divers collèges,
faire état de cela.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Paquette: Remarquez bien que vous avez raison.
M. Morin (Sauvé): Je tiens à faire remarquer au
député, qui le sait sûrement mieux que tout autre, que la
question est liée aux conventions collectives...
M. Paquette: Bien oui.
M. Morin (Sauvé): ... et qu'il y a là ce qu'on
pourrait appeler quelquefois des empêchements qui ne sont pas toujours
dirimants, mais qui sont quelquefois très importants.
M. Paquette: Oui. Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, concernant les services aux étudiants et plus
généralement les rapports entre les directions des CEGEP et les
associations étudiantes. Nous avons eu l'année dernière un
certain nombre de difficultés, de conflits, d'oppositions dans certains
CEGEP particulièrement au CEGEP de Rosemont qui se trouve dans mon
comté. Il y avait dans certains CEGEP trois ou quatre à ma
connaissance des protocoles d'entente entre l'association
étudiante et la di- rection du CEGEP concernant l'utilisation des frais
d'inscription des élèves qui devaient être mis à la
disposition des associations étudiantes pour l'organisation de la vie
étudiante. Dans ce dossier, j'avais entendu parler, l'année
dernière, d'une politique en préparation au ministère.
Où en sommes-nous dans ce domaine et jusqu'à quel point le
ministère entend-il favoriser une certaine autonomie, que je souhaite la
plus large possible, des associations étudiantes?
M. Morin (Sauvé): Me permettra-t-on, à l'occasion
de cette question, d'élargir légèrement l'aire du
débat et de parler des associations étudiantes par rapport aux
collèges? Dans le projet du gouvernement à l'endroit des CEGEP,
nous disons que des associations étudiantes, organisées en
corporation, existent déjà dans la plupart des collèges,
c'est une constatation. Un protocole intervenu entre la direction et
l'association précise les rapports entre les deux parties. Même si
l'histoire des CEGEP est relativement courte, puisqu'elle n'a que onze ans, la
présence continue d'étudiants pendant les périodes de deux
ou trois ans, ne dépassant pas quatre ans au maximum, occasionne
évidemment un roulement de clientèle très imposant,
très important.
De ce fait, la continuité au niveau des organismes
étudiants est quasiment absente et cela pose un problème pour
l'organisation des associations étudiantes et des services
étudiants gérés pas des associations
étudiantes.
Même si légalement la continuité théorique
semble être acquise au niveau des associations étudiantes par leur
constitution en corporation, selon la Loi des compagnies, on peut bien se
retrouver à un moment donné avec plus d'une association,
prétendant chacune posséder le privilège de
représenter l'ensemble des étudiants. Il y a un cas que vous
connaissez sûrement, M. le député, celui du collège
du Vieux-Montréal, qui a été porté à notre
attention. Il y avait trois associations étudiantes actives,
légalement parlant, sans négliger d'ailleurs, une
quatrième dont la demande demeure en suspens au ministère des
Consommateurs, des Coopératives et des Institutions
financières.
Voilà le genre de difficultés auxquelles nous nous
heurtons à cause du caractère transitoire du séjour des
jeunes dans nos collèges. Si on place en parallèle d'abord
l'obligation pour les collèges de conclure avec leurs associations
d'étudiants des protocoles d'ententes et, en second lieu, la
présence possible de militants de plus d'une association dans le
même collège et qui toutes, prétendent représenter
l'ensemble des étudiants, on imagine assez facilement les
difficultés auxquelles nous pouvons nous heurter à l'occasion. Si
les collèges ne se donnent pas, de concert avec le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, des
critères de reconnaissance des associations étudiantes, je pense
qu'on peut prévoir qu'il y aura des remous dans les collèges.
C'est pourquoi je vois là une question à ouvrir avec
l'appui de la DIGEC qui pourrait être utile à certains
collèges. Donc, ce sont des problèmes sur lesquels nous
commençons à nous pencher, étant donné les remous
auxquels cela donne lieu à gauche et à droite.
Pour ce qui est maintenant des services aux étudiants et des
ententes entre certaines associations et les collèges, je vais tenter de
vous apporter quelques autres éclaircissements.
Les éclaircissements seront très brefs puis-qu'au fond,
nous sommes à préparer, à la Direction
générale de l'enseignement collégial, à l'heure
actuelle, une position générale à ce sujet. Je ne pense
pas qu'on puisse ajouter quoi que ce soit, sinon de poser le problème
tel qu'il vient d'être posé. (12 heures)
M. Paquette: C'est une position que vous comptez rendre publique
cette année?
M. Morin (Sauvé): Au début de l'automne.
M. Paquette: Au début de l'automne, d'accord merci. Une
dernière question. On constate, dans l'énoncé de
politique, l'emphase que le ministère veut mettre sur les services
d'aide pédagogique dans les collèges et dans les services d'aide
pédagogique aux enseignants, chose qui me paraît extrêmement
importante, qui pourrait être le lieu d'une animation pédagogique
plus grande au niveau des départements, de soutien aux projets de
recherche d'aide pédagogique, d'activités de perfectionnement des
enseignants.
Est-ce que les collèges ont la possibilité
financière d'aller très loin dans ce domaine actuellement et
est-ce qu'il y a de nouveaux fonds qui vont être mis à la
disposition, dans la foulée de l'énoncé de politique par
le ministère, à l'intention des services d'aide
pédagogique dans les collèges?
M. Morin (Sauvé): Un certain nombre de mesures sont
prévues et soutenues par des crédits nouveaux pour appuyer des
actions pédagogiques. C'est le cas, par exemple, des stages que seraient
invités à faire certains professeurs de l'enseignement
professionnel pour se retremper dans les milieux de travail sur lesquels ils
donnent des enseignements.
On augmente également les moyens qui sont proposés aux
professeurs dans le domaine des rencontres professionnelles, des colloques, on
forme des équipes pour concevoir les guides pédagogiques pour les
étudiants ou, au-delà des guides, des instruments didactiques de
base pour les étudiants. De la même façon, il y aura
d'autres moyens qui seront dégagés dans chacun des
collèges pour faciliter les travaux d'évaluation dont on a
reconnu l'importance, de manière que cela se fasse le plus près
possible de la réalité que vivent les professeurs, de sorte
qu'auprès des directions pédagogiques serait
dégagée au moins une personne qui travaillerait avec les
départements pour s'attaquer, encore une fois, à ce
problème très complexe qu'est l'évaluation des programmes
ou l'évaluation des enseignements et de ses résultats dans chacun
des collèges.
Ce sont les mesures qui me viennent à l'esprit à l'heure
actuelle, qui, encore une fois, touchent les moyens didactiques, le
perfectionnement des professeurs, l'évaluation de l'enseignement, la
présence d'un certain nombre d'enseignants dans les milieux de travail
pour des séjours d'une certaine durée.
Ajoutons, je ne sais pas si le détail peut être pertinent,
le soutien financier à plus de vingt projets d'innovation
pédagogique soumis par les collèges, qui viennent
évidemment du monde de l'enseignement proprement dit, en vue
d'améliorer la qualité de l'enseignement dans les programmes
professionnels et aussi dans les langues et les sciences pures et
appliquées.
Il y a aussi l'organisation d'une vingtaine de colloques par les
professeurs, en vue de continuer l'animation, la réflexion
pédagogique que nous avions amorcée l'an dernier grâce
à des colloques qui ont connu un très grand succès. Il y a
aussi je l'ai mentionné tout à l'heure dans mon
exposé liminaire, la participation de 180 professeurs à des
stages de perfectionnement en France, dans le cadre des programmes de
francisation du côté professionnel, du côté des
enseignements technologiques.
M. Paquette: Dernière question, très brève,
M. le Président. Est-ce que les comités pédagogiques de
matières, qui existent dans la plupart des disciplines de l'enseignement
collégial, sont orientés surtout vers la redéfinition des
programmes ou si on peut dire que, vraiment, ils sont orientés vers
l'amélioration de la pédagogie, vers l'innovation
pédagogique? Quelle est la tendance générale, selon...
M. Morin (Sauvé): Selon les disciplines, vous l'imaginez,
on peut dire que dans le cas de l'enseignement de la philosophie, il y a
là une situation qui fera qu'au cours de l'année qui vient, on
procédera à une révision très sérieuse des
programmes actuels et des cours actuels. Le colloque organisé par
l'Association des professeurs de philosophie des collèges à
l'automne a montré que l'ensemble des professeurs de philosophie sont
conscients des problèmes posés par l'enseignement de la
philosophie dans les collèges et nous abordons la phase où nous
reviendrons sur les objectifs initiaux pour les définir de façon
plus nette, avec des consensus plus larges.
D'autres comités pédagogiques sont, à l'heure
actuelle, en train de participer, dans le cadre d'équipes
multidisciplinaires, à l'élaboration des cours nouveaux que le
gouvernement a décidé d'introduire dans les collèges.
D'autres comités sont rendus à l'étape de la mise en
oeuvre ou la conception, au fond, de guides pédagogiques. L'accent, dans
plusieurs comités pédagogiques, porte sur le développement
d'instruments pédagogiques appropriés, ce qui donne lieu parfois
à des productions très originales, qui sont proprement
québécoises et qui, dans plusieurs cas, vont tenir lieu
d'instruments de base dans l'enseignement, et ces instruments seront dans les
mains des étudiants.
D'autres comités vont participer, d'une façon plus
formelle, à la production de manuels dans cinq ou six champs
d'enseignement qui sont identifiés à l'heure actuelle. C'est un
programme qui sera pluriannuel.
Dans l'ensemble, encore une fois, si on devait donner une dominante,
c'est qu'on a franchi l'étape de la conception des programmes et on s'en
va de plus en plus vers une étape d'évaluation de programmes et
de production de documents de didactique de base, pour l'ensemble des
professeurs d'abord, et également, éventuellement, pour les
étudiants.
M. le Président, puis-je espérer qu'à la suite de
ce débat qui nous a permis de faire le tour de plusieurs aspects
importants de l'enseignement collégial, nous procédions assez
rapidement à l'adoption du programme, puisqu'il nous reste
énormément de terrain à couvrir, ne serait-ce que
l'enseignement universitaire, l'éducation des adultes, l'aide
financière aux étudiants, l'enseignement privé, la
planification.
Si c'était possible d'aborder au début de
l'après-midi, après la période des questions,
l'enseignement universitaire, je m'en réjouirais beaucoup. Je ne
voudrais pas que le temps que nous avons consacré au primaire et
secondaire, et maintenant au collégial, nous empêche de rendre
justice aux autres niveaux, notamment à l'enseignement
universitaire.
Je note la présence de Mme la Présidente du Conseil des
universités parmi nous. Je salue sa présence. J'ose
espérer que nous allons pouvoir avoir une discussion en profondeur sur
ce niveau d'enseignement. Si nous ne terminons pas l'enseignement
collégial ce matin, je pense qu'il faudra dire adieu à
l'étude sérieuse des autres chapitres de l'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, mais il me semble tout à
fait impossible qu'on puisse terminer l'enseignement collégial ce matin.
Il faudrait que quelqu'un prenne le temps des réponses qui sont
données et qui n'en finissent plus.
M. Morin (Sauvé): II faut répondre aux
questions.
Mme Lavoie-Roux: On peut répondre aux questions. Vous
auriez pu avoir votre petite conversation au ministère de l'Education,
à tel point qu'on se demande ce que l'Opposition fait dans tout cela.
Finalement, le temps devient tellement restreint que je me demande si cela vaut
même la peine de revenir.
Si vous me posez la question, je ne suis certainement pas prête
à adopter ce programme à 12 h 30. J'ai une foule de questions
encore à vous poser.
M. Morin (Sauvé): Allons-y tout de suite, parce que vous
êtes consciente, Mme le député, qu'à la suite de
l'entente qui est intervenue entre-Le Président (M. Boucher): Le
député de Jean-Talon avait demandé la parole.
M. Paquette: M. le Président, je veux simplement dire un
mot là-dessus. Il n'est pas toujours possible d'organiser des
rencontres. Et je pense que tous les députés ont des droits
égaux dans cette Chambre. J'ai l'impression que les questions que j'ai
posées sont tout aussi pertinentes que celles du député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce n'est pas sur la
pertinence des questions du député de Rosemont que j'en ai. Mais
c'est quand, tout à coup, le ministre répond, ses sous-ministres
répondent, et finalement... Vous avez posé à peu
près cinq questions. Mais cela a duré à peu près 40
minutes. Qu'est-ce que vous voulez?
Le Président (M. Boucher): Je regrette. Le
député de Rosemont a pris exactement 20 minutes. M. le
député de Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: II a commencé à 11 h 40, et
il est 12 h 10, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Moins quart. Mme
Lavoie-Roux: On l'a noté.
M. Rivest: Cela va? Seulement une question très simple, je
pense, qui appellerait une réponse courte de la part du ministre. Je
remarque cela, moi aussi, comme nouvel observateur. C'est la première
fois que je viens ici à une commission parlementaire et je trouve que
les réponses sont effectivement très longues. Je voudrais...
M. Morin (Sauvé): C'est peut-être votre habitude,
l'ancien gouvernement, qui faisait que vous tourniez les coins ronds.
M. Rivest: Oui! Avec quelle rondeur les avez-vous tournés,
le 30 avril, dans Jean-Talon?
M. Morin (Sauvé): Posez... Je suis heureux de souhaiter la
bienvenue au député...
M. Rivest: Merci.
M. Morin (Sauvé): ... sûrement, et de le
féliciter, mais qu'il pose sa question et nous verrons si elle appelle
une réponse courte ou longue. Cela dépendra.
M. Rivest: Ah! très bien. Je voudrais simplement attirer
l'attention du ministre sur le CEGEP
de Limoilou. Le ministre se rappellera que, le 26 avril 1978, il
constituait un groupe de trois personnes pour étudier la
pédagogie utilisée au CEGEP de Limoilou. Je lui ai demandé
simplement un rapport. Je crois comprendre que le rapport M. Tremblay,
je pense, était là n'a pas encore été
déposé au ministère. Est-ce qu'il y a eu des rapports
d'étape? Quand peut-on attendre des nouvelles concrètes à
ce sujet?
Mme Lavoie-Roux: Vous nous l'aviez promis pour le mois de
février!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement,
les trois personnes qui ont été nommées ont poursuivi une
étude en profondeur. Elles ont rencontré les enseignants, les
étudiants et elles se sont donné beaucoup de mal pour pouvoir
nous donner des rapports.
Cependant, l'étude a été demandée avant tout
par le conseil d'administration du CEGEP et c'est à ce conseil
d'administration qu'ont été déposées les
considérations préliminaires. Je puis, si cela intéresse
le député, les obtenir. Je pense que ce ne serait pas trop
difficile de les obtenir. Le rapport définitif dont le ministère
aura copie est attendu au début du mois de juin. On m'a demandé
s'il était possible de prolonger, parce que les difficultés, les
problèmes étaient peut-être plus profonds que nous ne le
pensions au CEGEP de Limoilou. Les trois personnes ont voulu vraiment faire un
travail en profondeur, ce qui explique que cela fait déjà deux
mois que j'attends le rapport et que je vais devoir attendre encore quelques
semaines, mais on nous a promis que ce serait pour juin et cela, c'est vraiment
le dernier délai.
M. Rivest: Quand le ministre dit que les problèmes
étaient plus profonds, à quoi se réfère-t-il?
M. Morin (Sauvé): Aux problèmes d'ordre
pédagogique.
M. Rivest: Uniquement pédagogiques, strictement d'ordre
pédagogique.
M. Morin (Sauvé): II se peut qu'il y ait aussi des
considérations portant sur l'organisation de la vie
départementale, de l'organisation du collège proprement dit, mais
je ne peux pas en dire plus long pour l'instant, parce que je n'ai pas vu le
rapport.
M. Rivest: Très bien, merci.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tout à l'heure,
le ministre nous a dit que son rapport sur l'enseignement collégial
avait été reçu avec beaucoup de sympathie. Ce n'est
peut-être pas le terme qu'il a utilisé, mais je pense que cela
traduit ce qu'il a dit. Enfin, peut-être que c'est vrai jusqu'à un
certain point, mais il y a quand même eu passa- blement de restrictions
qui ont été exprimées à l'égard du projet du
livre blanc. Voici ma question précise: J'avais cru comprendre que le
ministre convoquerait une commission parlementaire pour que le livre blanc soit
discuté. Le ministre nous dit: Cela a été discuté
au niveau du comité interministériel sur le développement
culturel, mais c'est quand même ce que je pensais être la bonne
chose.
D'ailleurs, c'est son droit, au ministre. Il a reçu l'accord de
son gouvernement, etc., mais je trouve quand même extrêmement
dommage qu'à ce niveau d'enseignement je ne reviendrai pas sur
les problèmes qui ont été signalés la
population, que ce soient les parents, les éducateurs, les
administrateurs ou la population en général, personne n'ait eu
l'occasion de se faire entendre ici, en commission parlementaire. J'avais cru
que le ministre s'était engagé à une commission
parlementaire sur le livre blanc. (12 h 15)
M. Morin (Sauvé): Oui. Mme le député a
parfaitement raison. C'est la raison pour laquelle nous allons tenir une
commission parlementaire sur les projets de loi découlant du livre
blanc. Je ne me suis jamais engagé, je tiens à le
préciser, à tenir une commission parlementaire sur l'ensemble du
livre blanc. Cependant, il est clair que lorsqu'on va se pencher sur le projet
de loi portant création du Conseil des collèges, lorsque nous
allons examiner les modifications à la Loi des collèges, nous
allons parler du contenu de l'énoncé de politique. C'est
inévitable. La commission parlementaire est convoquée pour le 28
mai et le 4 juin. Je le signale à Mme le député, cela
vient d'être décidé tout récemment, cela lui
permettra d'organiser son travail en conséquence, si c'est elle qui doit
représenter l'Opposition officielle au cours des débats qui
porteront sur ces deux projets de loi. J'ose penser que les deux projets de loi
viendront concurremment devant l'Assemblée, puis devant la commission
parlementaire, de sorte que nous pourrons traiter de toute la question
collégiale en même temps. C'est une des raisons pour lesquelles,
d'ailleurs, je pensais qu'on pourrait éviter de s'éterniser sur
le niveau collégial aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je pense que c'est une bonne raison
pour aller plus rapidement. Vous dites que deux jours seront suffisants pour
entendre les représentations en commission parlementaire.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous avons déjà
reçu des mémoires. Nous avons contacté le milieu pour
savoir qui était intéressé à venir...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une commission parlementaire avec
invitation publique?
M. Morin (Sauvé): Non, nous tenons compte de ceux qui ont
exprimé un intérêt. Nous voulons, cependant, que tous les
agents actifs dans les collèges, qu'il s'agisse des enseignants et de
leurs
associations, qu'il s'agisse des parents, qu'il s'agisse des conseils
d'administration, qu'il s'agisse des directeurs généraux, qu'il
s'agisse des étudiants, soient représentés au cours de ces
audiences, et ils le seront, à moins qu'ils ne refusent de venir.
Demain, nous allons inviter les conseils. Je pense que c'est très
important qu'ils viennent nous faire part de leurs réflexions sur
l'énoncé de politique. Nous allons donc inviter le Conseil
supérieur de l'éducation et le Conseil des universités,
notamment, à venir devant la commission parlementaire, s'ils le veulent
bien.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve quand même dommage que cette
commission parlementaire, que tout le monde attendait depuis longtemps, soit
déjà restreinte au départ et que ce ne soit pas une
commission parlementaire ouverte à tous les citoyens qui, quand
même, paient des taxes pour le fonctionnement de l'enseignement
collégial, compte tenu que c'est un problème qui perdure depuis
longtemps, sur lequel la population en général se pose beaucoup
de questions.
M. Morin (Sauvé): Je tiens à dire à Mme le
député que tous les milieux seront représentés et
que nous ferons le tour j'en ai l'impression, d'après les
mémoires que nous avons reçus déjà des
problèmes au cours de ces deux journées. Il faut éviter,
étant donné toute la législation qui encombre
l'Assemblée nationale en ce moment, de multiplier les commissions
parlementaires. Le travail législatif est si abondant qu'on nous a
demandé de nous limiter.
Nous avons préféré faire cela plutôt que de
retarder la législation à l'automne prochain ou peut-être
même aux calendes grecques. D'ailleurs, encore une fois, les deux projets
de loi qui vont être devant nous n'épuisent pas la politique du
gouvernement telle qu'énoncée dans le livre blanc.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser une question touchant le plan
d'action, enfin, je l'appelle le plan d'action par une mauvaise habitude que
j'ai acquise dans les deux dernières journées...
M. Morin (Sauvé): C'est, en même temps, un plan
d'action.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
Qu'est-ce que vous prévoyez touchant les droits des
étudiants? Il en est fait mention ici dans le livre blanc. Est-ce que,
par exemple, vous avez songé à une charte des droits des
étudiants? Tout à l'heure... Cela rejoint un peu la
préoccupation qui a été formulée d'une autre
façon par le député de Rosemont, mais je pense qu'il y a
quand même des droits fondamentaux qu'on devrait assurer, parce qu'on
risque, à ce moment-ci... On l'a vu au CEGEP Maisonneuve, quelles que
soient les motivations dont on pourra accuser les étudiants à
tort ou à raison, peu importe, il y a un problème. Je pense qu'il
y a une base qui devrait être assurée, parce que ce qui a fait
échec, ou posé une difficulté au CEGEP Maisonneuve, c'est
qu'on a eu l'impression qu'on leur imposait un règlement et, selon ce
que j'ai vu je ne pourrais pas donner la rérérence exacte
dans le livre des crédits, vous-mêmes, vous proposez de
rendre public ou, enfin, vous proposez aux collèges un modèle. Ne
croyez-vous pas que, au point de départ, si on veut que
l'opération soit fructueuse, il y a un minimum de droits qui devraient
être accordés dans ce qui pourrait être une charte des
droits de l'étudiant et ça vaudrait même
peut-être pour d'autres niveaux d'enseignement et non seulement pour le
niveau collégial?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je dois dire que
cette question a été évoquée durant le longs mois
où nous avons rédigé cet énoncé de politique
et au moment où il a été abordé par le CMPDC et le
Conseil des ministres.
La solution se trouve dans l'énoncé de politique
lui-même. Il y a, page après page, un certain nombre de droits des
étudiants qui sont reconnus. Nous n'en avons pas fait une charte, mais,
d'une certaine façon, l'énoncé de politique constitue une
charte de l'enseignement collégial et des droits des étudiants.
Je vais donner quelques exemples.
Quand nous traitons de l'admission au collège, quand nous
traitons de la pédagogie et des droits pédagogiques des
étudiants, ou encore de l'évaluation et du droit d'appel de
l'étudiant par rapport à telle ou telle évaluation dont il
a fait l'objet, je pense qu'il s'agit là effectivement de droits que
nous reconnaissons aux étudiants.
En d'autres termes, si on veut bien lire cet énoncé de
politique avec attention, il s'y trouve, à presque toutes les pages, des
droits qui sont énoncés au profit des étudiants. Cela nous
a paru suffisant comme énoncé formel.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir sur le problème de
l'enseignement des mathématiques. Je pense qu'il me semble de toute
évidence que le lit du gouvernement est fait là-dessus. J'aurais
aimé quand même que le député de Rosemont soit
encore là, parce qu'il est professeur de mathématiques et sans
doute que ça réjouit les professeurs de mathématiques. Les
professeurs sont toujours pour qu'on enseigne leurs matières, etc.
Mais, à mon point de vue, cela peut présenter un
écueil quant à ce désir d'une accessibilité plus
grande au niveau du CEGEP. Le ministre pourra s'informer il le sait
probablement, d'ailleurs une des difficultés ou une des raisons
il y a une foule de raisons de l'orientation au moment où
il y avait une voie moyenne ou une voie allégée à
l'enseignement secondaire, c'était le service d'enseignement des
mathématiques ou l'obligation de prendre des cours de
mathématiques. Dès le secondaire, les élèves
l'écartaient peut-être trop facilement, mais il y avait
certainement cette tendance.
Je ne sais pas si le ministre voit des jeunes, mais cela apparaît
déjà même chez des jeunes qui se préparaient
à aller au CEGEP, l'idée qu'il y
aurait des mathématiques au CEGEP, je comprends qu'il peut y
avoir un blocage émotif, on n'entrera pas dans ces détails... Je
me demande si l'accent ne devrait pas être davantage mis pour assurer
c'est d'ailleurs dans le plan d'action au niveau
secondaire...
Je ne suis pas sûre que... Finalement, au niveau du CEGEP, si vous
ne voulez pas décourager un certain nombre d'étudiants, ce que
vous allez faire, vous allez donner un cours de mathématiques de niveau
secondaire. Est-ce que vous vous proposez, plus concrètement, de
modifier le programme d'enseignement des mathématiques au secondaire et
de prolonger, somme toute, l'enseignement des mathématiques du
secondaire au CEGEP? Ma préoccupation, c'est que je pense qu'il faut
être extrêmement prudent avant de rendre obligatoires les
mathématiques pour tout le monde au niveau collégial.
Je sais que cela part d'un grand principe, tout le monde dit: Cela donne
de la rigueur, cela donne un esprit logique, on peut sortir toutes ces choses.
Il reste que cela peut présenter un écueil quant à la
motivation d'un certain nombre d'étudiants pour prolonger leurs
études au niveau du CEGEP.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, en
pédagogie, comme, sans doute, dans la vie courante, on est souvent
placé devant de grands inconvénients. Les choix se
résument à opter entre de grands inconvénients. Doit-on,
parce que les mathématiques sont exigeantes, comme le sont d'ailleurs
certaines autres matières, décider de les mettre de
côté pour favoriser une plus grande accessibilité au
collège ou au secondaire? Doit-on, au contraire, considérer que
la pédagogie, l'enseignement, consiste à former les enfants, les
élèves, les étudiants et à choisir la formation qui
doit leur être inculquée en fonction des exigences de la vie
qu'ils vont devoir, tôt ou tard, affronter.
Nous avons pesé cela longuement et le moindre inconvénient
nous a paru être de donner un minimum de formation mathématique
à tous les jeunes passant par le collège. Nous regretterions que
cela en écarte quelques-uns, même si ceux qui seraient
écartés pour ces considérations ne seraient
peut-être pas ceux qui iraient spontanément au collège de
toute façon.
Nous nous sommes dit: Comment faire en sorte de faire tomber les
barrières psychologiques qui font que certains étudiants
considèrent que les mathématiques, c'est un obstacle
insurmontable? Nous avons répondu à cela dans le plan d'action
pour les niveaux primaire et secondaire. J'espère qu'on ne m'accusera
pas d'être long dans cette réponse, mais ce n'est pas une question
simple, c'est une question compliquée.
Nous avons décidé que les mathématiques seraient
désormais obligatoires à tous les niveaux du secondaire. Il n'y
en avait plus en secondaire V. Effectivement, on pouvait traverser toutes les
études après le secondaire IV sans jamais refaire de
mathématiques et arriver ensuite dans la vie pour découvrir qu'on
ne pouvait pas obtenir tel emploi parce qu'on avait une formation au rabais sur
le plan des mathématiques et sur le plan des sciences.
Il faut aussi songer à la vie réelle et il faut songer aux
exigences du marché du travail à l'égard des jeunes qui
termineront le collège ou l'université. Tout ça pris en
ligne de compte, nous avons pensé qu'il fallait donc qu'il y ait
obligatoirement des mathématiques en secondaire V et qu'il y en ait
également un minimum au niveau du collège. Nous pensons que
l'obligation des mathématiques au secondaire va amener les jeunes
pourvu que cet enseignement soit évidemment valorisé, pourvu
qu'il soit de qualité à ne plus avoir le sentiment qu'il
s'agit là d'un obstacle insurmontable. Autrement dit, un meilleur
enseignement des mathématiques, avec de meilleurs programmes, de
meilleurs manuels, de meilleurs guides pédagogiques et des enseignants
qui auraient accès au perfectionnement, comme c'est le cas, nous pensons
qu'un enseignement comme celui-là va encourager plus de jeunes à
s'orienter vers les carrières scientifiques et, en tout cas, pour le
moins, à ne plus avoir cette panique devant les mathématiques.
Nous pensons que c'est de cette façon-là qu'il faut traiter le
problème et non pas en disant: Les jeunes ont peur de cet enseignement,
donc il faut les en dispenser. Voilà le choix que nous avons fait. Tout
à l'heure, nous avons, en réponse au député de
Rosemont, donné une indication sur le contenu des mathématiques
au collège et sur la souplesse que nous allons tenter d'introduire dans
cet enseignement; peut-être convient-il de revenir sur cette question
pour plus d'éclaircissement.
Nous sommes en pleine période de conception, Mme le
député, de ces cours nouveaux, vous le comprendrez. Le
comité pédagogique responsable de l'enseignement des
mathématiques s'est rapidement mis à l'oeuvre pour nous faire des
propositions. Ce qu'il faudrait sans doute éviter, c'est que des jeunes
professeurs issus des universités tentent d'imposer à tous les
jeunes de l'enseignement collégial des connaissances
mathématiques d'un niveau trop élevé et par
conséquent, que les mathématiques deviennent un instrument de
sélection tel que ça rebute les jeunes. Il y aurait là une
certaine injustice.
Il faut chercher à trouver le niveau qui soit propre à
l'enseignement collégial, mais en même temps adapté aux
situations de chaque catégorie d'étudiants. Nous mettrons le
temps qu'il faut, c'est-à-dire encore au moins six mois, avec de larges
consultations, pour éviter d'en arriver à ce qu'on pourrait
craindre, à savoir que les mathématiques deviennent un instrument
de sélection, et ce n'est pas le but recherché.
Mme Lavoie-Roux: Je suis quand même très heureuse de
voir que le sous-ministre reconnaît que l'obligation de prendre les
mathématiques au collégial peut devenir, si ce n'est pas fait
avec extrêmement de prudence, un instrument de sélection. C'est ce
point qu'il est extrêmement important de retenir, parce qu'on s'est
gargarisé de la nécessité d'accroître
l'accessibilité, je pense
qu'il ne faudrait pas commencer à mettre des
barrières.
Je voudrais demander au ministre, il y a passablement d'échanges
prévus avec la France, avec les Etats-Unis...
Une Voix: Avec l'Ontario. (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux:... avec une foule d'autres milieux, s'il peut
nous donner d'abord le coût de ces échanges et l'évaluation
qui en est faite. Parce qu'évidemment, le voyage forme la jeunesse,
c'est ce qu'on disait, mais il reste que cela implique des coûts
passablement considérables, parce que vous avez la même chose au
niveau élémentaire, secondaire, ainsi de suite. Je voudrais avoir
une idée des coûts que cela implique, des objectifs très
précis qu'on poursuit, dans tous ces échanges.
M. Morin (Sauvé): Mme le député est
consciente du fait que ça relève de la coopération, donc
pas seulement du ministère de l'Education. Je vais tenter de lui donner
ces chiffres aujourd'hui même.
Je voudrais ajouter qu'il existe, aux niveaux primaire et secondaire, au
niveau collégial et au niveau universitaire, un comité technique
au ministère de l'Education, au ministère des Affaires
intergouvernementales, qui, chaque année, évalue les
différents programmes d'échanges qui existent. C'est à
partir de cette évaluation que le programme est maintenu, réduit
ou augmenté. Mais c'est fait sur une base permanente et, dans le cas des
échanges avec la France, c'est fait avant la commission permanente. Dans
le cas des échanges avec la Belgique, c'est la même chose et dans
le cas des échanges avec l'Ontario, puisque nous avons deux
réunions par année, c'est fait à ce moment-là. On
pourrait dresser la liste du coût des programmes de ceux qui ont
été éliminés et de ceux qui sont prévus.
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Boucher): Je regrette, Mme le
député de L'Acadie, nous sommes à l'heure de
l'ajournement. La commission ajourne ses travaux sine die, étant
donné que nous attendrons l'heure...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je demander
s'il y a encore de nombreuses questions ou si nous pourrons passer assez
rapidement à l'enseignement universitaire cet après-midi?
Mme Lavoie-Roux: On va certainement passer à
l'enseignement universitaire cet après-midi, mais je ne peux pas vous
garantir l'heure, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Bien.
Le Président (M. Boucher): II reste que la commission doit
terminer ses travaux demain midi. Il y a eu une entente formelle entre les
leaders. Je vous prierais d'essayer de respecter le temps, parce qu'on va en
manquer. La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 32
Reprise de la séance à 16 h 15
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, madame,
messieurs!
La commission de l'éducation est réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Education pour
l'année 1979/80.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau), M.
Goldbloorn (D'Arcy McGee), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marquis
(Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Belle-feuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Rivest (Jean-Talon)
remplace M. Picotte (Maskinongé); M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Springa-te (Westmount).
A la séance de ce matin nous en étions toujours au
programme 5. M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'aimerais
apporter quelques réponses aux questions qui m'ont été
posées par les membres de cette commission et notamment, par le
député de L'Acadie. J'aimerais déposer devant cette
commission d'abord le plan quinquennal des investissements universitaires pour
la période 1978-1983, de même que le plan d'équipement pour
les secteurs primaire et secondaire avec les chiffres complets. Peut-être
pourra-t-on en faire faire des copies à l'usage des membres de la
commission.
Pour ce qui est du secteur collégial, je me trouvais devant un
dilemme parce que plusieurs projets qui sont proposés par le
ministère vont bientôt faire l'objet d'appels d'offres. Je ne
pouvais donc pas indiquer des montants parce que cela aurait pu compromettre
l'appel d'offres. Je dépose donc un document intitulé "Projet en
phase d'exécution des travaux" c'est-à-dire qui comporte des
chiffres précis sur le coût des travaux, et ceci pour la
période de trois ans, lorsque les chiffres, évidemment, sont
connus.
Mme Lavoie-Roux: Mais même sans les chiffres, M. le
Président, je comprends votre objection. Est-ce que vous pouvez, par
exemple, indiquer...
M. Morin (Sauvé): Quels sont les projets?
Mme Lavoie-Roux: Non, les projets vont sûrement être
indiqués, mais est-ce que c'est étendu
sur deux ans, est-ce que c'est étendu sur trois ans, est-ce que
c'est le tiers des montants, dans le cas d'un CEGEP qui est indiqué la
première année? Le nombre d'années sur lequel il
s'étend.
M. Morin (Sauvé): Oui. C'est indiqué sur trois ans.
Je pense que si vous consultez le document, vous pourrez le constater. Si vous
avez des questions, après en avoir pris connaissance, tenant compte
aussi qu'il y a beaucoup de renseignements sur nos projets, dans le cahier.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Ce que je voulais savoir c'était la
dépense capitale par année pour les trois prochaines
années.
M. Morin (Sauvé): Lorsque nous sommes fixés sur la
question, parce qu'il y a eu appel d'offres et qu'il y a eu des offres...
Mme Lavoie-Roux: Vous me les donnez pour
l'élémentaire et le secondaire de toute façon, et pour les
universités. Il ne reste que le collège qui n'est pas...
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Il y avait le niveau
collégial où cela posait quelques petites difficultés.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la
coopération, je serai en mesure de déposer, demain matin, la
liste des programmes. Cependant, pour le budget, c'est beaucoup plus
délicat puisqu'il s'agit, en fait, d'un budget qui relève des
Affaires intergouvernementales. Je préférerais, si Mme le
député n'y voit pas d'objection, qu'elle fasse la demande aux
Affaires intergouvernementales. Ces gens sont beaucoup plus au fait de ces
questions que je ne puis l'être.
Pour ce qui est des programmes de placement des étudiants, j'ai
une observation du même ordre à faire. La plupart des montants en
question vont aller, sous forme de subventions, aux entreprises qui vont
accueillir un certain nombre de jeunes qui ont de la difficulté à
se placer au sortir de leurs études. C'est un budget qui relève
du ministère d'Etat au développement économique. Pour la
même raison, je préférerais que la question leur fût
adressée.
Enfin, pour ce qui est du taux de persévérance des
étudiants du collégial, et du taux de réorientation, j'ai
demandé qu'on fasse les recherches et qu'on établisse les
chiffres. On me dit que les ordinateurs ne seront pas en mesure de rendre gorge
avant une semaine ou deux. Aussitôt qu'ils l'auront fait, je m'engage
à remettre une copie de ces documents à Mme le
député de L'Acadie qui m'a posé la question.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je réitère une demande. Tout
à l'heure, on s'apprêtait à me fournir des données
démographiques pour les années 1978 à 1983 dans le domaine
scolaire. J'aimerais s'il y avait moyen, les avoir. Selon ce qu'on m'a dit,
c'est par commission scolaire. Je voudrais les avoir selon la division
linguistique également. C'est l'élément qu'on a
soulevé.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je vais
m'enquérir pour savoir s'il est possible d'avoir ces chiffres selon les
lignes linguistiques, je n'en suis pas sûr. Si la chose est possible, je
puis vous assurer que vous aurez les chiffres.
Mme Lavoie-Roux: Que la réponse ne soit pas livrée
immédiatement me surprend quand même un peu, compte tenu de
l'argumentation qui a été faite hier; le ministre était
sûr de ces données, il disait que c'était une diminution
égale dans les prévisions à venir. A peu près
égale, parce que vous n'avez pas dit "égale". Cela
m'étonne que vous n'ayez pas déjà, peut-être pas
sur-le-champ, ces prévisions selon la division linguistique. Mais
enfin...
M. Morin (Sauvé): Ce sont des études statistiques,
comme Mme le député le sait. Si elle regarde l'évolution
de la diminution, puisque c'est cela qu'elle a à l'esprit depuis
quelques années, elle verra que les tendances sont très nettes,
en ce sens que cela ne prête pas beaucoup à interprétation.
Les chiffres sont clairs et, à notre avis, depuis deux ans, alors qu'on
eut pu s'attendre à une chute tout à fait dramatique comme
d'aucuns nous la prédisaient d'ailleurs dans la
fréquentation des écoles anglophones, ce n'est pas ce qui s'est
produit. Bien sûr, tous ceux qui voudraient montrer que la Charte de la
langue française a été une catastrophe sans nom pour les
minorités, en particulier pour la minorité anglophone, voudraient
bien nous faire prédire les pires catastrophes pour l'avenir. Mais ce
n'est pas ce que démontrent les tendances.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas qu'on
reparte sur ce débat parce qu'on est même hors d'ordre, je pense,
M. le ministre et moi-même. Il reste que déjà la tendance
est à la baisse; on a constaté une diminution un peu plus grande
du côté anglophone et ce n'est que pour l'année 1977/78. Ce
que je vous demande, puisqu'on m'assure qu'il ne se passera rien, c'est qu'on
me donne les données démographiques. Normalement, elles doivent
exister quelque part. D'ici 1985, parce qu'on peut faire les prévisions
démographiques on les fait d'ailleurs pour la population
scolaire. Je m'arrête ici mais...
M. Morin (Sauvé): Je vais faire faire la recherche, M. le
Président, et Mme le député de L'Acadie aura le
résultat.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, revenons au programme 5.
Est-ce que vous avez d'autres questions?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
CEGEP Dawson
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais demander au ministre de l'Education
s'il peut faire le point sur le CEGEP Dawson et s'il a eu l'autorisation
officielle du Conseil du trésor pour la construction ou le
réaménagement du CEGEP et quels sont les montants qui sont
prévus?
M. Morin (Sauvé): Oui. Mme le député me pose
une question courte mais qui demande tout de même une réponse
nuancée. Pour une fois, la question est courte mais la réponse ne
le sera peut-être pas. En effet, il faut remonter, pour bien comprendre
ce qui s'est passé au collège Dawson, à l'époque de
l'ancien gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: Je sais tout cela.
M. Morin (Sauvé): ... plus précisément au
1er mars 1974, alors que le collège Dawson présentait un devis
pédagogique fondé sur une clientèle d'environ 5000
étudiants, lequel a été examiné par le service de
la recherche et du développement de la DIGEC qui l'a approuvé en
1974. Fin octobre 1974, la DIGEC préparait un programme technique de
construction, un programme théorique de construction, à la suite
des recommandations du service de la recherche et du développement. Ce
programme théorique totalisait 532 420 pieds carrés bruts et il a
été accepté par le collège en 1975. Puis, rien ne
s'est produit. De sorte que d'un seul bond dans le temps, nous arrivons
à mars 1977; entre-temps, il y avait eu, évidemment, un
changement de gouvernement.
Avec l'aide d'une firme de consultants spécialisés dans
l'étude des coûts, le collège Dawson a
élaboré un certain nombre d'hypothèses quant à la
localisation définitive de ces équipements. Au terme de cette
étude, le collège retenait l'une des hypothèses,
c'est-à-dire la construction intégrale d'un édifice pour
regrouper sous un même toit l'ensemble des activités du
collège. C'était évidemment une hypothèse fort
coûteuse, surtout si l'on considère que le collège est
logé à l'heure actuelle dans un certain nombre de
bâtiments, qu'il s'agisse de l'édifice Selby, qu'il s'agisse du
bâtiment de l'ancienne Ecole des Hautes études commerciales, qui
se trouve au Carré Viger. Le ministère a voulu réexaminer
les hypothèses du collège, et le ministre c'était
moi, à l'époque n'a pas accepté les conclusions du
collège.
A ma demande, la DIGEC a fait parvenir au collège une lettre dans
laquelle elle proposait une alternative pour localiser les équipements
à partir des facteurs suivants: premièrement, conservation
à long terme du pavillon Selby, qui serait rénové et
réaménagé; deuxièmement, acquisition du pavillon
Viger, qui serait également rénové et
réaménagé; enfin, location d'un ou de plusieurs
édifices à long terme pour combler l'écart de superficie
spécifié au programme technique.
Le collège était autorisé à se procurer
à long terme des locaux d'éducation physique et de sports dont il
a besoin selon les modalités qui, à vrai dire, restent à
discuter entre le collège et la DIGEC mais qui peuvent aller, compte
tenu des coûts et des autres facteurs impliqués, jusqu'à la
construction pure et simple des édifices en question.
Le collège, de son côté, a privilégié
une autre hypothèse, qui est la suivante: la rénovation du
pavillon Viger, la rénovation du pavillon Selby et la construction d'un
nouveau pavillon pour des locaux académiques destinés à
accueillir 1600 étudiants. En février 1978, donc, l'an dernier,
le collège présentait à la DIGEC quatre
possibilités en vue de régler la question de la localisation de
ces équipements physiques.
Je n'en ai retenu aucune et j'ai proposé dans le cas du plan
d'équipement 1978-1981 l'hypothèse suivante: premièrement,
réaménagement du pavillon Selby et du pavillon Viger;
deuxièmement, acquisition et réaménagement du High School
de Montréal, the Montreal High School; enfin, construction d'un bloc
sportif pour accueillir 1500 étudiants.
En juillet 1978, à l'étape de l'approbation du plan
d'équipement triennal, le Conseil du Trésor n'a pas
contesté le besoin de loger convenablement le collège Dawson,
mais il a estimé que des solutions moins coûteuses que celles
retenues par le ministre de l'Education et qui comportaient des
déboursés de $24 400 000 devaient être envisagées.
La réinscription d'un projet dans le plan d'équipement triennal
en vue de loger le collège devrait être accompagnée d'une
étude précise sur les coûts des différentes options
en présence. Il appartiendrait par la suite, toujours selon ce
qu'estimait le Trésor, avec la connaissance des coûts, au Conseil
des ministres de décider de la solution à retenir si le
ministère désirait toujours poursuivre le projet soumis.
Le collège Dawson a été informé par
moi-même de cette décision du Conseil du trésor et la
DIGEC, en octobre dernier, répondait à la demande de ce dernier
en élaborant neuf hypothèses pour la localisation du
collège Dawson.
Vous voyez que ce n'est pas une histoire bien courte. Nous avons cette
fois voulu épuiser toutes les possibilités. L'étude
comprenait à la fois les coûts des immobilisations et l'impact sur
le budget. Elle a été communiquée au collège lors
d'une réunion en novembre 1978.
Dans la lettre du 27 novembre 1978, M. Pro-novost, qui est le directeur
général de la DIGEC, a informé le collège qu'il
avait reçu instruction de moi-même de préparer, à
l'intention du Conseil du Trésor et du Conseil des ministres, un
mémoire qui recommanderait, à titre de solution, la localisation
l'hypothèse 6, pour être plus précis
de l'étude de la DIGEC. Cette hypothèse est fondée
sur une clientèle de 4000 étudiants à long terme, bien
sûr, ce qui n'exclut pas qu'il y ait un peu plus d'étudiants en
attendant le déclin qui, forcément, guette toutes les
clientèles collégiales dans quelques années, ce qui
n'exclut pas qu'il y ait des locations entre-temps.
L'hypothèse est la suivante: Premièrement,
rénovation du campus Selby; construction d'un bloc sportif de 1500
places-étudiants qui serait immédiatement adjacent à
Selby; rénovation du campus Viger et, troisièmement, achat et
rénovation du High School de Montréal. (16 h 30)
Cette hypothèse, si elle est retenue par les autorités
gouvernementales, entraînera des déboursés d'environ $24
700 000 courant étalés sur un échéancier
prévisible de cinq ans.
Le mémoire a été envoyé, il y a
déjà de cela, ma foi, deux mois au moins au Conseil du
trésor. Sur les entrefaites, parce que les choses n'allaient pas
suffisamment vite au gré du collège Dawson, ils se sont dit qu'un
petit peu de torsion de bras ne nuirait pas.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas les blâmer, M. le ministre.
Après avoir écouté le cheminement du projet et
paraît-il que vous avez été exonéré...
M. Morin (Sauvé): Depuis 1974...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez, mais cela fait quand même
trois ans que vous êtes là. Vous les avez quand même
exonérés, a-t-on lu dans les journaux. Il a été
prouvé qu'ils n'avaient pas abusé des fameux fonds.
M. Morin (Sauvé): C'est qu'ils ont décidé de
prendre l'argent sur un fonds qui n'était pas celui d'où ils le
tiraient à l'origine.
Mme Lavoie-Roux: Vous leur avez donné l'absolution
maintenant.
M. Morin (Sauvé): Ils ont été absolus...
Mme Lavoie-Roux: La suite, maintenant.
M. Morin (Sauvé): ... et le projet est retourné au
trésor.
Mme Lavoie-Roux: Absous.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je les ai absous absolument. A
ce jour, le mémoire relatif à l'obtention de
l'arrêté en conseil qu'autorise le collège Dawson à
prendre les mesures préparatoires nécessaires pour
réaménager certains édifices et construire des locaux
d'éducation physique se trouve au Conseil du trésor pour analyse.
Depuis, cela va faire maintenant, étant donné que j'ai dû
retirer le projet pendant quelques semaines, cela doit faire environ un mois
que c'est retourné au Conseil du trésor, environ un mois.
M. Rivest: Je voulais vérifier. Le rythme est environ le
même que peu avant 1976.
M. Morin (Sauvé): II faut dire que de 1974 à 1976,
l'ancien gouvernement avait tout lieu, s'il avait voulu, de consentir à
ce projet, mais il n'était pas au point et, sur ce plan, je suis
prêt à absoudre également l'ancien gouvernement. Le
projet...
Mme Lavoie-Roux: Quelle générosité.
M. Morin (Sauvé): Parce que, voyez-vous, on ne peut pas
laisser des équipements vides et construire à neuf alors que nous
disposons de bâtiments qui pourraient être rénovés
à un coût moindre. Le Conseil du trésor étudie
à l'heure actuelle le projet que nous lui avons soumis qui est de $24
700 000 et, s'il y a lieu, le plan d'équipement triennal 1979-1982 qui
est en préparation à l'ADJEQ contiendra les sommes requises pour
la réalisation du projet.
Mme Lavoie-Roux: Ma question était, comme vous aviez dit
vous-même, très courte; il n'y a pas encore eu acceptation par le
Conseil du trésor de ce projet.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Il y a eu acceptation par
le ministère de l'Education pour le montant que j'ai indiqué,
mais le Conseil du trésor procède maintenant à scruter de
très près, comme il le fait toujours, les clientèles et
les possibilités qu'il pourrait y avoir de résoudre les
problèmes de locaux du collège Dawson d'une manière
différente. Nous pensons cependant que notre dossier est bien fait et
que nous avons épuisé toutes les hypothèses. Songez que
nous en avons élaboré neuf.
Mme Lavoie-Roux: Plus les premières, cela fait quinze.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que non, nous avons
repris les premières.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui se répétaient. M.
Morin (Sauvé): II y en a qui se répétaient.
Mme Lavoie-Roux: Quel délai le ministre prévoit-il
pour que le Conseil du trésor puisse finir ou terminer sa
réflexion?
M. Morin (Sauvé): J'engage le député de
L'Acadie à pose;' la question au ministre des Finances à la
période des questions en Chambre.
Mme Lavoie-Roux: Merci. J'aurais le goût de répondre
au ministre, mais peut-être que le ministre... J'espère que dans
le dossier qu'il a envoyé au Conseil du trésor, le ministre a
inclus aussi un compte rendu d'une visite que le Conseil supérieur de
l'éducation faisait les 24 et 25 novem-
bre 1977 dans lequel on dit je ne lirai qu'une phrase
"Tous les membres de la commission au Conseil supérieur de
l'éducation ont été à même de constater la
situation physique très pénible dans laquelle l'administrateur,
pédagogues, personnel de soutien et l'administrateur doivent accomplir
leurs tâches respectives." En 1977, à l'étude des
crédits, le ministre était d'accord mais je n'avais pas ce
document à ce moment sur cette évaluation et il ne le
pouvait pas en 1977 la visite ayant été faite au mois de
novembre mais je pense que c'était connu et, en 1978 la
même chose; on est rendu en 1979. C'est tout ce que je veux dire
là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je veux bien convenir avec Mme
le député et avec le Conseil supérieur de
l'éducation que la situation du collège Dawson ne saurait
perdurer. Nous avons réglé le cas de deux autres CEGEP
anglophones, au cours des deux dernières années, et il n'y a pas
de raison que nous ne réglions pas ce cas également, surtout que
c'est certainement et de loin le plus mal logé. Il faut donc
prévoir de rénover au moins les édifices Selby et de la
place Viger et il faut également prévoir ce qu'il faut pour les
équipements sportifs, puisque l'éducation physique est
obligatoire au niveau des CEGEP.
Comment un CEGEP peut-il remplir sa mission s'il n'a pas les
équipements? C'est la raison pour laquelle nous avons accepté de
faire un programme de $24 millions et quelques cent mille dollars, mais,
évidemment, il est de la responsabilité du Conseil du
trésor de s'assurer que le ministère de l'Education a bien
épuisé toutes les hypothèses et qu'il n'y a pas de moyen,
peut-être, de financer à meilleur compte des constructions ou des
locations.
Autres collèges
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question sur le dossier des
collèges que vous venez de nous remettre. Je comprends que vous ne
pouviez pas mettre les montants pour les raisons que vous nous avez
données. Mais, dans le cas de Sorel-Tracy, est-ce qu'il n'est pas
là à cause de cette question de la confidentialité ou il
n'est pas là, tout simplement?
M. Morin (Sauvé): C'est tout simplement parce qu'il n'y a
pas encore eu d'appel d'offres. Les plans ont été faits et
refaits, Dieu sait, et, en ce moment, nous tentons, à la suite d'une
réévaluation des clientèles, d'obtenir que le
collège construise 98 000 pieds carrés et non 147 000 comme il
avait été prévu. Ceci, évidemment, ne fait pas
l'affaire d'un certain nombre d'administrateurs du CEGEP Bourgchemin d'autant
que ces normes sont, d'ailleurs, suffisamment larges pour, en fait, être
plus généreuses que les normes accordées aux
universités. Ces normes serviraient évidemment à la
construction des autres CEGEP de l'avenir, dont celui, sans doute, du CEGEP
Bourgchemin et du CEGEP de Drummondville, qui relève également
.du CEGEP Bourgchemin. Le gouvernement, d'un autre côté, ne peut
pas ignorer que dans le cas du CEGEP de Saint-Hyacinthe, des erreurs
grossières se sont glissées dans les calculs
démographiques et dans le calcul des pieds carrés, avec le
résultat que le CEGEP de Saint-Hyacinthe est en partie vide aujourd'hui.
Or, on sait que ce CEGEP se retrouve précisément au sein du
même collège régional Bourgchemin. Le Conseil du
trésor est donc obligé de se montrer strict. Il ne veut pas
répéter des expériences comme celles qui ont
été faites sous l'ancien gouvernement avec le CEGEP de
Saint-Hyacinthe.
Mme Lavoie-Roux: Au moins, ils ont construit quelques CEGEP. Il
faut peut-être leur pardonner quelques erreurs.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais on aimerait mieux ne pas les
répéter dans l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez si peu à construire et cela
va si lentement, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je conteste
cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous contestez cela.
M. Morin (Sauvé): Nous avons, au contraire, donné
le feu vert à de nombreux équipements au niveau des CEGEP depuis
deux ans.
Mme Lavoie-Roux: Des CEGEP nouveaux?
M. Morin (Sauvé): II n'y en a plus de nouveaux. Il s'agit
surtout de compléter...
Mme Lavoie-Roux: Sorel-Tracy, est-ce qu'il s'agit...
M. Morin (Sauvé): Sorel-Tracy n'est pas un nouveau CEGEP.
Ils habitent en ce moment des locaux qui ne sont pas satisfaisants.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. A ce moment, vous construisez un
CEGEP pour eux. Il ne s'agit pas d'un ajout d'un équipement sportif, ni
d'un complexe sportif.
M. Morin (Sauvé): C'est la même chose pour John
Abbott.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela!
M. Morin (Sauvé): C'était la même chose pour
Vanier, et pour deux ou trois autres CEGEP.
Mme Lavoie-Roux: Vanier, d'ailleurs, avait été
autorisé, si je ne m'abuse, sous l'ancien gouvernement.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est exact. M. Rivest:
Très bien.
M. Morin (Sauvé): De temps à autre, il vous
arrivait de prendre des décisions convenables sous la pression de...
Mme Lavoie-Roux: A peu près tout le réseau des
CEGEP. Si vous les accusez ainsi d'avoir fait du béton et de la brique,
au moins, reconnaissez qu'ils les ont construits.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Le Moignan: Commencé sous l'Union Nationale en
1968.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, l'Union Nationale...
M. Le Moignan: Ils ont tous été commencés
à ce moment-là, presque tous, ne l'oubliez pas.
Mme Lavoie-Roux: Bien, cela, il faudrait le vérifier.
Une Voix: De là les problèmes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, pour Sorel-Tracy, quand
prévoyez-vous le début de la construction, parce que vous
êtes là à me dire que vous réaménagez les
pieds, je n'ai pas d'objection, vous ferez ce que vous voudrez, mais, dans les
faits, quand cela va-t-il commencer?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez! Nous sommes en discussion avec
le conseil d'administration du collège. Nous tentons de trouver un
terrain d'entente. Nous sommes prêts, nous, à nous mettre à
table aussitôt que le conseil d'administration sera prêt.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous me dites c'est que le retard
provient du conseil d'administration.
M. Morin (Sauvé): A l'heure actuelle, oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela provient du conseil d'administration
à l'heure actuelle.
M. Morin (Sauvé): Oui. Mme Lavoie-Roux:
D'accord!
M. Morin (Sauvé): A l'heure actuelle, nous sommes
prêts, nous, et j'ai dit et redit aux administrateurs du CEGEP que nous
étions prêts à nous occuper des plans incessamment,
aussitôt qu'on pourra régler la question du devis
pédagogique et que la construction j'ai dit cela,
évidemment, il y a quelques mois, quand je suis allé à
Sorel rencontrer les intéressés la construction aurait pu
commencer ce printemps même.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Aussitôt que nous pourrons
débloquer sur le devis pédagogique, nous procéderons
à revoir les plans, nous procéderons à la
construction.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Morin (Sauvé): Je n'attends que le feu vert du conseil
d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Celui de Drummondville est-ce que c'est...
M. Morin (Sauvé): Celui de Drummondville n'est pas encore
au stade des plans. Si vous voulez bien regarder à la page B-40, vous y
aurez tous les projets dans le domaine des collèges. Commençons
à la page B-38, il y a des projets qui viennent d'être
terminés à Trois-Rivières, à Vanier, à
Rimouski, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et à Maisonneuve.
Mme Lavoie-Roux: J'ai lu cela, M. le ministre. Je m'informais
particulièrement de Drummondville et c'est...
M. Morin (Sauvé): A la page B-40 vous verrez que
Bourgchemin, Drummondville, est prévu pour 1981.
Mme Lavoie-Roux: Tiens, le cas de la Gaspésie, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: C'est quoi le réaménagement? Ce sont
des travaux intérieurs.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas du CEGEP de la
Gaspésie?
M. Le Moignan: Du CEGEP de la Gaspésie, oui.
M. Morin (Sauvé): Oui, je crois qu'il y a des
équipements qui manquent à ce CEGEP. Je vais essayer de vous dire
exactement lesquels.
M. Le Moignan: Mais la construction est parfaite.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, je pense que
je...
M. Morin (Sauvé): C'est la vieille partie du
collège qui doit être rénovée.
Mme Lavoie-Roux: Comment se fait-il que dans le cas de
Drummondville il est question... Vous vous souviendrez de la visite du
député de Drummond, l'an dernier?
M. Morin (Sauvé): Je m'en souviens comme si c'était
hier.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi... qui avait fait une apparition
d'ailleurs, c'est tout à fait
légitime pour défendre les intérêts de
son comté et ça fait plusieurs années, ça aussi,
que ça traîne. Même si ça traîne depuis
l'ancien gouvernement, ça ne fait rien, mais ça traîne
encore.
M. Morin (Sauvé): Ce sont évidemment des projets
qui sont liés à ceux de Sorel-Tracy, parce que, naturellement, au
sein d'un même collège régional, nous devons tenir compte
de la clientèle globale et voir à ce qu'elle soit bien
répartie entre les trois établissements, entre les trois campus,
comme nous disons.
Pour ce qui est de Bourgchemin, nous prévoyons la fin des travaux
pour 1981, c'est-à-dire que les mesures préparatoires doivent
être effectuées dès l'année qui vient, dès
1979-1980.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Programme 5 adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Morin (Sauvé): Ce serait trop beau.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vu que nous sommes dans le domaine des
constructions, je voudrais prendre des informations au sujet des soumissions
qui ont été faites pour les équipements du CEGEP
Bois-de-Boulogne.
Apparemment, et là, je le dis sous toutes réserves, mais
c'est quand même un problème que je me dois de souligner ou
d'apporter à votre attention. Je le dis sous toutes réserves
parce qu'évidemment les cas que j'ai devant moi, c'est un cas... mais
des gens ont fait des représentations selon lesquelles au service de
l'équipement du ministère de l'Education, les gens étaient
presque toujours assurés que le plus bas soumissionnaire
évidemment, il faut respecter toutes les conditions était
rarement accepté, au point...
M. Morin (Sauvé): Le plus bas conforme. (16 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Oui, au point où ceci décourageait
certains de soumissionner pour le ministère de l'Education, alors que
ceci ne se passerait pas dans les autres ministères. Je vous dis
ça, sous toute réserve. Ce n'est pas un jugement que moi, je
pense, mais c'est une...
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux que ce soit sous toute
réserve.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est une question que je me dois de vous
poser.
Dans le cas du CEGEP Bois-de-Boulogne, sur les appels d'offres pour la
bibliothèque et l'audiovisuel, on a accepté, je pense, le
septième soumissionnaire. Alors, évidemment, ça faisait
beaucoup de soumissionnaires qui étaient non-conformes. Est-ce qu'il y
aura moyen d'avoir les raisons pour lesquelles les autres n'étaient pas
conformes?
Enfin, quels sont les motifs qui ont été invoqués,
et je pense aux différents entrepreneurs, parce que dans le cas du CEGEP
Bois-de-Boulogne, cela ne m'est pas venu uniquement d'un soumissionnaire, mais
de trois à qui on dit: Nous vous remercions d'avoir investi temps et
argent dans la préparation de vos soumissions et espérons avoir
un jour l'occasion de travailler avec vous. On ne donne aucune raison pour la
non conformité de la soumission. Je pense que ce serait normal, quand
les gens ont des frais de temps, d'argent, comme il est souligné dans la
lettre, qu'au moins on indique pourquoi ils ne sont pas conformes. Je peux
même vous lire la lettre complète: Attendu que le service
juridique du ministère de l'Education a déclaré que la
plus basse soumission conforme aux documents d'appel d'offres relatif à
notre projet de bibliothèque était celle de la compagnie de
construction J. H. Dupuis Ltée, que le Conseil du trésor, par sa
résolution, a entérinée... Nous vous retournons votre
cautionnement de soumission. Je pense que c'est un peu insatisfaisant qu'on ne
leur dise pas au moins quelle était la raison de la non
conformité de leur soumission.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, en 1963-1964 a
été adopté un décret gouvernemental, un
arrêté en conseil, comme on dit, qui porte le no 2380 de fatidique
mémoire. Cet arrêté en conseil définit de
façon extrêmement précise les conditions auxquelles les
soumissionnaires doivent se soumettre s'ils veulent que leur soumission soit
jugée recevable. Dans le cas qui nous intéresse,
c'est-à-dire le collège Bois-de-Boulogne, en février 1979,
ce collège a procédé à l'ouverture de 19
soumissions qui avaient été reçues pour le projet
d'agrandissement et de réaménagement de ses édifices,
particulièrement pour ce qui est de la bibliothèque et de
l'audio-visuel.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites qu'il y en avait 19.
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Le service juridique du
ministère a étudié les soumissions et a conclu, le 2 mars
1979, que les six plus basses n'étaient pas conformes à
l'arrêté en conseil 2380, et ne pouvaient donc pas être
retenues. Selon l'avis du service juridique, c'était le septième
plus bas soumissionnaire qui devenait le plus bas conforme.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Cependant, nous avons voulu être
bien sûr que cet avis du service juridique était correct, parce
que nous savons bien qu'on pourrait facilement accuser le ministère de
ci ou de ça, si ce n'était pas confirmé. Nous nous sommes
tournés vers le ministère de la Justice et nous lui avons soumis
le cas. Avons-nous raison de penser que ces six premières soumissions ne
sont pas conformes à 2380?
Réponse nous a été communiquée le 19 mars
confirmant l'opinion des juristes du ministère de
l'Education, concluant que le septième était celui qui
remplissait de façon intégrale toutes les conditions requises des
documents de l'appel d'offres. Le 28 mars 1979, le collège choisit
d'octroyer le contrat au septième plus bas soumissionnaire, sous
réserve, bien sûr, de l'approbation par le lieutenant-gouverneur
en conseil conformément à l'article 6 de la Loi des
collèges d'enseignement général et professionnel. Le 3
avril 1979, tout récemment, la DGEC transmit un mémoire demandant
l'autorisation au collège d'entreprendre les travaux. La période
de validité de la soumission expirait le 6 avril 1979.
Il y a eu des retards à cause de tout cet imbroglio sur le plus
bas soumissionnaire et le collège Bois-de-Boulogne a demandé
à l'entrepreneur, qui avait été choisi, une
première prolongation de sa soumission jusqu'au 4 mai et une seconde
jusqu'au 4 juin. C'est là que nous en sommes à l'heure actuelle.
Je crois que l'entrepreneur a consenti à accorder ces prolongations et
le collège Bois-de-Boulogne attend l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Rivest: En deux mots, quels étaient les
problèmes juridiques qui existaient? Vous nous avez dit que les gens
avaient décidé, les contentieux respectifs... Qu'est-ce que
c'était?
M. Morin (Sauvé): C'était très variable d'un
soumissionnaire à l'autre. De temps à autre il manquait un
élément essentiel de la soumission. Je peux peut-être
demander qu'on nous donne plus de détails sur chaque
soumissionnaire.
Je ne serais pas en mesure, sans consulter le dossier...
M. Rivest: Non.
M. Morin (Sauvé): ... de commenter chacune des six
soumissions refusées. Dans certains cas il manquait des documents, dans
d'autres cas il y avait des ratures et le tout ne se conformait pas aux
demandes du collège.
M. Rivest: Ce sont des irrégularités usuelles qui
entraînent l'application de l'arrêté.
M. Morin (Sauvé): Des irrégularités,
nettement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, même si le
ministre nous a dit que c'est à la suite d'un arrêté en
conseil de telle année, etc., est-ce que ce ne serait pas convenable
que, quand on refuse une soumission, on dise: Vous n'êtes pas conforme
parce que vous n'avez pas inclus, par exemple, votre chèque... A la
lettre que je viens de vous lire, c'est la seule réponse et il n'y a
aucune raison. Je vous l'ai lue au complet: On vous remercie d'avoir investi
votre temps et votre argent, mais le contrat a été accordé
au plus bas soumissionnaire et il ne semble pas qu'on n'ait donné aucun
motif pour le refus de la soumission. Il me semble que c'est
élémentaire qu'on indique aux gens pourquoi une soumission
n'était pas conforme.
M. Morin (Sauvé): M. le Président,
évidemment, c'est le collège qui, en principe, donne les raisons.
Je crois qu'effectivement il s'en est expliqué avec les
soumissionnaires, peut-être pas dans la lettre, peut-être pas par
écrit, mais je crois que les soumissionnaires ont su ce qui n'allait pas
dans leur soumission. De toute façon je vais m'en enquérir et je
suis d'accord avec le député de L'Acadie que le soumissionnaire a
le droit de savoir ce qui n'allait pas dans sa soumission. Mais souvent, je
pense que cela sautait aux yeux.
Mme Lavoie-Roux: Si cela saute aux yeux, ça va être
facile de leur expliquer.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je crois que cela a
été fait, je crois effectivement que cela a été
fait.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. le Président, M. le ministre peut-il nous dire quels ont
été les plans de récupération des jours de
grève qu'ont subis les CEGEP à la suite du débrayage
massif des étudiants en décembre dernier? Je lui en avais
touché mot d'ailleurs à l'Assemblée nationale. Je lui ai
mentionné privément un CEGEP. Est-ce que le ministère de
l'Education exige du CEGEP que soit déposé le plan de
récupération prévu pour les jours de grève?
Serait-il possible d'obtenir copie de ces plans de
récupération?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement,
à la suite des événements qu'on sait dans certains
collèges, l'automne dernier, mais non dans l'ensemble, certains
collèges avaient perdu jusqu'à une vingtaine de journées,
d'autres dix, d'autres cinq, d'autres trois, d'autres une demi-journée.
La situation était donc très variable. J'ai devant moi,
d'ailleurs, la liste des jours perturbés et je puis vous donner une
idée de la variété. Au collège d'Ahuntsic, six
jours ont été perturbés. A André-Laurendeau, aucun.
A Bois-de-Boulogne, quatre. A Drummondville, 18. A Champlain, une
journée, et ainsi de suite.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas l'intention de descendre
toute la liste; c'était pour vous donner une idée de la
variété. Nous allons publier le tableau que j'ai devant moi ou
quelque chose d'équivalent dans Informeq pour que tout le monde sache
exactement combien de jours ont été perturbés dans chaque
collège. Donc, ça va d'une journée jusqu'à plus de
vingt. Par exemple, le collège du nord-ouest et le collège de
Rivière-du-Loup ont été lourdement frappés par les
débrayages étudiants. D'autres, ils sont nombreux, n'ont rien eu.
Nous avons demandé aux collèges, d'ailleurs ceux-ci avaient
prévu de le faire par eux-mêmes, des plans de
récupération.
Nous avions le souci que les diplômes octroyés non
seulement par le collège, mais par le ministre et portant la griffe du
ministère, ne soient pas dévalués par ce genre d'exercice.
Effectivement, on a, à l'heure actuelle, dans presque tous
les collèges, procédé à organiser la
récupération. Pas toujours cependant avec le même bonheur.
Par exemple, je prends le cas de Drummondville, on a
récupéré 11 jours sur 18 jours, parce qu'on n'a pas
été capable de récupérer l'ensemble. A Bourgchemin,
Sorel, Tracy, la récupération s'est faite sur cinq samedis, six
mercredis après-midi et du 8 au 17 janvier. Dans ce cas-là, on a
rattrapé presque tout le temps qui avait été perdu.
Je pourrais faire état de chaque collège, mais ce serait
peut-être un peu long.
Mme Lavoie-Roux: C'est pourquoi, M. le Président, j'avais
demandé au ministre s'il était possible qu'il dépose ces
plans de récupération?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Le problème que je vous avais d'ailleurs
souligné un peu plus privément, c'est que c'est vrai que
ça se fait d'une façon inégale. Par exemple, dans certains
CEGEP, et ce, je suis certaine de ce que j'avance, pas nécessairement
pour tous les programmes, il se peut que dans les sciences de la santé,
on ait rappelé les étudiants à l'intérieur du
CEGEP. Dans d'autres cas, c'est une espèce d'arrangement maison
où on cerne un peu quel sera l'objet de l'examen, quel sera l'objet de
l'étude ou des travaux et on dit à l'étudiant: Va chez
vous et tu reviendras le 22. Même à l'intérieur d'un
même CEGEP, selon les programmes, ça peut varier aussi.
M. Morin (Sauvé): Si Mme le député le
désire, je pourrais déposer en Chambre, lorsque nous aurons tous
les chiffres et je ne pense pas que ce soit avant la fin effective de
l'année, laquelle ne se termine pas à la même date pour
tous les collèges un compte rendu factuel de ce qui s'est
passé dans chaque collège. Déjà, je pourrais vous
donner une idée, mais ce serait une liste un peu longue, parce qu'il y a
47 établissements, mais peut-être un ou deux exemples. De 80
à 82 jours avaient été prévus pour la session
d'automne de chaque collège. Prenons Ahuntsic: quand tout est dit, ils
ont eu 75 jours sur 81; à André-Laurendeau, 82 sur 82; à
Bois-de-Boulogne, 78 sur 80.
Donc, il s'est fait de la récupération.
Mme Lavoie-Roux: ... à Bois-de-Boulogne ou à peu
près.
M. Morin (Sauvé): II y avait tout de même quatre
jours de perdus, à Bois-de-Boulogne. C'est moins grave quand cela
n'atteint pas une semaine. Dès que cela dépasse une semaine, dix
jours, cela devient beaucoup plus problématique et il faut parler de
récupération.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement que le ministre me dise,
quand on dit qu'il y a eu trois semaines de récupération, disons
du 1er janvier au 21 janvier, comment ces trois semaines ont été
occupées. Ont-elles été occupées à
l'intérieur du collège ou ont-elles été
occupées à domicile? Si on peut faire faire des études
à domicile, à ce moment-là, je demanderais au ministre de
ne plus construire de CEGEP. On pourra faire cela à la
télévision ou dans des milieux beaucoup plus restreints. Je pense
qu'il faut faire la différence entre les deux.
M. Morin (Sauvé): Oui. Je crois que la question est tout
à fait légitime, M. le Président. D'ailleurs, me
permettez-vous un commentaire? Cette question touche à
l'évaluation du travail qui se fait dans nos CEGEP, elle touche à
la qualité de l'enseignement qui y est dispensé et elle va
intéresser, au premier chef, j'imagine, le Conseil des collèges
que nous voulons former, justement pour suivre ces questions et pour se mettre
à la disposition des collèges qui ont des difficultés de
l'ordre de celles que nous avons mentionnées cet après-midi. (17
heures)
Le ministère est, bien sûr, en mesure de vous donner des
statistiques, de vous donner des chiffres. Mais le ministère est
peut-être mal placé pour évaluer la signification
réelle d'une méthode ou de l'autre de récupération,
tandis qu'un Conseil des collèges, lui, qui pourrait se pencher sur ces
questions à temps plein, pour ainsi dire, serait en mesure de nous dire,
dans son rapport annuel: Voici la situation telle qu'elle s'est produite, voici
les carences du système, voici la récupération telle
qu'elle a été effectuée dans les faits, et nous donnons
avis à l'Assemblée nationale et au gouvernement que telle
méthode de récupération est valable, telle autre
méthode n'est pas valable. C'est une des raisons pour lesquelles nous
disons dans le livre blanc, dans l'énoncé de politique, qu'il
nous faut créer un Conseil des collèges.
Mme Lavoie-Roux: Vous m'entraînez sur le terrain de la
création du Conseil des collèges. Je vais vous poser une toute
petite question, si vous pouvez répondre aussi brièvement... M.
le ministre, vous nous dites: La semaine prochaine ou dans dix jours, on
étudiera un projet de loi prévoyant la création d'un
Conseil des collèges, mais, dans un souffle antérieur de quelques
heures, vous nous disiez: Je n'ai pas encore mis de côté le
Conseil supérieur de l'éducation. Je veux faire un peu de
consultation. Cela me semble quand même un peu difficile de concevoir
qu'on va établir par une loi le Conseil des collèges et que ceci
n'affectera pas éventuellement le Conseil supérieur.
C'est-à-dire qu'on va déterminer tout l'encadrement du Conseil
des collèges et on n'a pas encore pris la décision sur le Conseil
supérieur de l'éducation.
M. Morin (Sauvé): Les deux choses ne sont pas
entièrement liées, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Elles le sont quand même un peu.
M. Morin (Sauvé): Elles le sont un peu. D'ailleurs, je ne
voudrais pas laisser passer ce que vous venez de dire...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé):... en laissant entendre qu'il pourrait y
avoir suppression du Conseil supérieur, il n'en a jamais
été question. Tout ce que j'ai dit, c'est qu'il fallait
réexaminer, à la lumière de la création du Conseil
des collèges, le rôle exact du Conseil supérieur. Une
hypothèse de travail, c'est que nous ne touchions à rien et que
le Conseil supérieur continue d'exercer ses compétences comme il
le fait actuellement. Cela n'empêcherait pas la création du
Conseil des collèges, cela vaudrait dire tout simplement et cela
est accepté à ma connaissance par le Conseil supérieur
que celui-ci abolirait sa propre Commission des études
collégiales, mais cela ne pose pas de difficulté.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous me dites, M. le ministre, c'est
qu'il est entendu que le Conseil supérieur de l'éducation va
continuer, va survivre.
M. Morin (Sauvé): Oui, le Conseil supérieur de
l'éducation, sous une forme ou sous une autre, nous en avons besoin.
Mme Lavoie-Roux: Mais non pas réduit, par exemple,
à un conseil de l'élémentaire et du secondaire?
M. Morin (Sauvé): J'ai indiqué, l'autre jour, que
nous avions plusieurs hypothèses de travail et que j'attends un avis du
Conseil supérieur sur deux hypothèses dont nous avons
discuté il y a deux semaines lors d'une rencontre que j'ai eue avec lui.
L'une des hypothèses, c'est que le Conseil supérieur chapeaute un
ensemble constitué de trois conseils pour les trois niveaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): L'autre hypothèse, c'est qu'il y
ait effectivement la création d'un conseil pour les niveaux primaire et
secondaire et que la réunion des trois conseils forme par exemple le
Conseil supérieur ou un organisme dont le nom reste à
déterminer. J'attends l'avis du Conseil supérieur et je dois
également consulter madame la présidente du Conseil des
universités.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire... Et cela pourra l'entraîner sur la question dont je
lui avais parlé et qu'on pourrait peut-être discuter cet
après-midi. Qu'arrive-t-il du problème du non-renouvellement des
contrats au niveau collégial? Je sais que, cette année,
finalement, après une émeute d'une demi-journée, les
choses sont rentrées dans l'ordre. On se souvient que, l'an dernier, le
problème avait quand même créé plus de
difficultés dans les collèges. Est-ce que vous avez
réexaminé ce dossier? Où en est-il rendu?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans les faits, combien d'enseignants, cette
année, sont touchés par ce problème de non-renouvellement
de contrats au niveau collégial?
M. Morin (Sauvé): Votre question porte bien sur les
non-renouvellements de contrats...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): ... des enseignants au 1er avril.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Là-dessus, je puis vous donner
des éclaircissements et vous expliquer l'enjeu du litige. Sauf le cas
des professeurs remplaçants, les clauses de la convention collective
touchent les professeurs engagés à temps partiel.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas brusquer le ministre, mais
toute la mécanique, je la connais.
M. Morin (Sauvé): II est rare que les femmes me fassent
violence.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux dire, c'est que toute la
mécanique, je la connais, mais il y avait un correctif à apporter
puisque chaque année, cela crée un point difficile. C'est pour
cela que je vous entraîne sur tout le problème. J'imagine que cela
va revenir à la prochaine ronde de négociations, et c'est
probablement déjà sur la table. Vous pouvez peut-être me
répondre pour qu'on ne fasse pas le chemin deux fois. Pouvez-vous me
faire le point sur la situation des négociations pour les prochaines
conventions collectives, et peut-être y inclure les offres que vous avez
faites à ce moment pour corriger ce problème qui renaît
à chaque année?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr. Si vous voulez que je
vous explique les solutions possibles et celles que nous avons tenté
d'appliquer cette année, il faut que je vous décrive un petit peu
le problème.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas une question simple que
vous avez soulevée, madame. Je ne me sens pas brusqué du tout par
vous. Je vais tenter de vous répondre pleinement. Il y a donc des
professeurs qui, pour diverses raisons, sont à temps partiel, mais qui
sont réputés à temps complet parce que, comme le
spécifient certains articles des conventions collectives, ils ont les
mêmes droits que les professeurs à temps complet. Cependant, comme
ces professeurs ne sont pas des employés permanents, ils n'ont pas
obtenu la permanence aux termes de la convention collective.
Les collèges, conformément d'ailleurs aux dispositions des
conventions collectives, ne doivent pas renouveler leur contrat pour une autre
année. Conformément aux conventions collectives, donc, le 1er
avril, les collèges font parvenir à certaines catégories
de professeurs, des avis de non-renouvellement de contrat, mais ce ne sont pas
des professeurs permanents et ils n'ont donc pas la sécurité
d'emploi.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour ça...
M. Morin (Sauvé): II faut que cela soit bien clair. On
retrouve parmi ces derniers quatre catégories d'enseignants.
Premièrement, celui qui a été engagé pour la
première session, avec une pleine charge d'enseignement et à qui
le collège a pu offrir un autre contrat analogue pour la deuxième
session. Dans cette catégorie, au 1er avril 1979, on retrouvait 85
enseignants.
En second lieu, il y avait l'enseignant qui, bien qu'étant
à temps partiel, a rempli une tâche moyenne annuelle de 75% ou
plus de celle d'un enseignant à temps complet. Dans cette
catégorie, il y avait 113 enseignants.
Enfin, il y a l'enseignant qui a été engagé pour
une période déterminée en remplacement d'un enseignant
absent, qui est en congé autorisé, bien sûr, pour cause de
maladie, de perfectionnement, de maternité ou encore en raison d'un
congé syndical. Dans cette catégorie, il y avait 277
enseignants.
Dans les avis de non-renouvellement de contrat qu'ils ont
adressés à ces professeurs non-permanents, les collèges
ont indiqué, sauf pour les remplaçants, qu'ils ne pouvaient
procéder à leur réengagement sans changer la nature du
poste qu'ils occupaient, c'est-à-dire transformer un poste à
temps partiel en un poste à temps complet.
Or, comme l'exigent les conventions collectives, ces postes, lorsqu'ils
deviennent à temps complet, doivent être comblés en passant
par l'intermédiaire du bureau de placement du secteur de
l'éducation, de façon qu'ils puissent être offerts aux
professeurs permanents en disponibilité, qui sont en attente d'un poste
et ce, en vertu du chapitre qui est relatif à la sécurité
d'emploi dans la convention collective et qui porte sur les professeurs
permanents, cette fois.
J'achève mon explication, M. le Président. Si les
collèges n'avaient pas avisé ces professeurs permanents du
non-renouvellement de leur contrat au 1er avril, ceux-ci, quoique
non-permanents, auraient eu la priorité sur les permanents, en
dépit du fait qu'ils ne sont pas permanents, mis en disponibilité
dans les autres collèges.
M. Rivest: Voulez-vous reprendre? C'est intéressant.
M. Morin (Sauvé): Pour M. le député de
Jean-Talon, je suis prêt à me répéter, M. le
Président. C'est parce qu'il arrive à l'Assemblée et que,
sans doute, il n'a pas encore...
Mme LavOie-Roux: II n'a jamais entendu la réponse.
M. Rivest: Je trouve le ministre absolument étonnant.
M. Morin (Sauvé): II est neuf et ces choses ne lui ont pas
encore été répétées plusieurs fois comme
c'est le cas pour Mme le député de L'Acadie qui,
néanmoins, pose à nouveau la question cette année.
Etat des négociations
Mme Lavoie-Roux: Ce que je vous ai demandé, c'est: Comment
allez-vous le corriger dans la prochaine négociation? Faites-nous le
point sur la prochaine négociation. C'est cela que je vous ai
demandé. Je m'en suis servi comme introduction à la discussion
sur l'état actuel des négociations.
M. Morin (Sauvé): II y a deux réponses à
faire à cela. Premièrement, il est très difficile
d'améliorer ce système, j'entends pour les non-permanents. Il est
beaucoup plus facile d'améliorer la sécurité d'emploi des
permanents, c'est-à-dire de ceux dont la mise en disponibilité
peut être décrétée le 1er mai. Pour ce qui est des
non-permanents, c'est-à-dire ceux qu'on engage à temps partiel ou
pour remplacer d'autres professeurs, il est bien entendu j'espère
que vous me suivez bien, Mme le député... M. le
député de Jean-Talon, vous avez l'air distrait. Pour
m'éviter d'avoir à le répéter, j'aimerais bien
avoir toute votre attention.
M. Rivest: C'est mon collègue de Gaspé qui me
dérange.
M. Morin (Sauvé): II vous distrayait?
M. Le Moignan: Non, je n'ai pas dérangé du tout. Je
ne lui parlais même pas, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: On m'a dit, M. le Président, que le
député de Jean-Talon était un ancien élève
du ministre; alors, retournez à l'école.
M. Morin (Sauvé): Est-ce possible?
M. Rivest: J'ai eu vous et M. Wagner également;
j'hésite entre les deux.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Rivest: C'est d'ailleurs ce qui m'a donné des
distractions.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais savoir à quel sujet
vous hésitez entre les deux, mais je préfère que nous
parlions de cela dans le couloir.
Le Président (M. Boucher): Fin de la
récréation. S'il vous plaît!
M. Morin (Sauvé): Vous avez bien raison, M. le
Président, ce n'est guère sérieux de notre part.
Puisque j'ai à nouveau l'attention de mon ancien étudiant,
je voudrais simplement dire que si on me demande comment améliorer la
sécurité d'emploi de professeurs qui ne sont pas permanents, on
me demande presque la quadrature du cercle. Il est évident qu'on peut
améliorer la sécurité d'emploi des permanents, mais pour
ceux qui n'ont pas de poste permanent, ils n'ont pas encore vraiment d'emploi
stable de la part d'un collège; donc, ce n'est pas facile.
Deuxièmement, à supposer que nous puissions faire du
progrès au sujet des mises à pied du 1er avril, ce serait
à la table de négociation, et non pas devant cette commission
parlementaire. Si, cependant, les députés ont des suggestions
à me faire, je suis tout ouïe.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas de
suggestion à faire. Vous avez tout votre appareil de négociation,
les experts, etc. Mais il reste que, depuis deux ans et même
peut-être davantage, je me souviens seulement des deux dernières
années, le problème resurgit annuellement. Je ne sais pas quelle
parenté il peut avoir, même d'une façon très
éloignée, avec celui des chargés de cours dans les
universités, sauf qu'ils peuvent espérer un jour devenir
permanents. Alors que les autres... C'est peut-être plus long dans le cas
des chargés de cours des universités, mais il y a une certaine
analogie entre l'insécurité de ces deux groupes.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, j'imagine
que vous êtes consciente du fait que lorsqu'un enseignant accepte d'en
remplacer un autre, il ne s'attend pas que son poste soit déclaré
permanent. Il sait, en acceptant le poste, que c'est temporairement. Il est
heureux d'accepter ce travail temporaire qui lui permet au moins de gagner sa
vie pendant un certain nombre de mois. Donc, cela n'est pas du tout la
même problématique que pour les permanents ou alors, c'est
beaucoup plus grave, parce que, en raison de la diminution des
clientèles, qui est de 5660 cette année, un certain nombre de
professeurs permanents sont mis en disponibilité le 1er mai. Cette
année, si ma mémoire est bonne, quand on fait le total...
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux que les permanents. C'est dans votre
livre, je m'excuse.
M. Morin: C'était 415, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: Cela fait du monde.
M. Morin (Sauvé): A notre connaissance, 304 conserveront
leur poste en vertu de la permanence...
Mme Lavoie-Roux: C'est une centaine alors.
M. Morin (Sauvé): ... qui leur est acquise et qui leur
donne la garantie d'emploi à vie cette fois. Cela n'est pas le cas pour
le niveau primaire, secondaire. Mais, dans le niveau collégial, nous
avons un système de sécurité d'emploi...
Mme Lavoie-Roux: Semblable à celui des
universités?
M. Morin (Sauvé): Non, c'est encore autre chose. Il est
meilleur que celui des universités.
Mme Lavoie-Roux: Qu'arrive-t-il aux 100 disponibles? Disons qu'on
ne peut pas les relocaliser, qu'est-ce que c'est, leur sécurité
d'emploi, vous les mettez en surplus ou quoi?
M. Morin (Sauvé): Les 111 n'étaient pas permanents,
ils sont mis à pied.
Mme Lavoie-Roux: Les 300... M. Morin (Sauvé): Les
304...
Mme Lavoie-Roux: II y en avait 300 qui étaient permanents,
qui sont mis en disponibilité. (17 h 15)
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Ils vont être rengagés.
M. Morin (Sauvé): Non, ils gardent leur emploi. Ils ne
sont pas rengagés.
Mme Lavoie-Roux: S'il n'y a pas d'élèves, ils
gardent leur emploi encore.
M. Morin (Sauvé): Ils gardent leur emploi. Cela est-il de
nature à vous satisfaire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela m'inquiétait aussi,
monsieur.
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez faire un exposé
contre la permanence au niveau des collèges, je vous écoute. Mais
ceci est un acquis des conventions collectives.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais. Mais il reste que, le fait demeure,
ils sont privilégiés à ce moment, les collèges, par
rapport à l'enseignement élémentaire. Je le demandais
parce que ce seront des professeurs de plus dans le réseau.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, je ne veux pas entrer dans
les négociations.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Seulement, je puis vous dire que nous
nous proposons d'améliorer sensiblement la sécurité
d'emploi au niveau primaire et secondaire. Vous savez que cette
sécurité d'emploi comporte un mécanisme...
Mme Lavoie-Roux: Au niveau provincial et vous voulez mettre au
niveau régional.
M. Morin (Sauvé): Au niveau national, madame, au niveau
national.
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est un point de vue, on n'entrera pas
là-dedans.
M. Morin (Sauvé): Tandis que, désormais, nous
songeons à organiser une sécurité d'emploi
régionale, ce qui est beaucoup plus avantageux pour les enseignants.
Enfin, c'est ce qui est sur la table de négociation à l'heure
actuelle; comme c'est public, je n'ai pas d'objection à le dire devant
cette commission. C'est public, mais, apparemment, beaucoup d'enseignants ne le
savent pas encore, cela ne s'est pas rendu jusqu'à la base. Nous
espérons que les enseignants vont savoir d'ici peu ce que nous
proposons, qui est fort avantageux.
Puis-je me permettre de vous souligner, Mme le député, que
les régimes de sécurité d'emploi pour les enseignants des
collèges et ceux des commissions scolaires sont de même nature,
même si la mécanique...
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que c'était identique. Les
autres sont remis dans le réseau et récupérés,
repêchés.
M. Morin (Sauvé): II existe, ce mécanisme, pour les
enseignants des collèges.
Mme Lavoie-Roux: Mais s'ils ne sont pas repêchés au
niveau collégial, parce qu'il n'y a pas suffisamment d'étudiants,
est-ce qu'ils restent encore dans les collèges?
M. Morin (Sauvé): Ils restent.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, dans le scolaire, ils ne restent pas,
ils s'en vont à la fonction publique, par exemple.
M. Morin (Sauvé): Non, je ne crois pas. Le système
de sécurité d'emploi est à l'intérieur du
réseau primaire et secondaire.
C'est la même formule et les professeurs au primaire ou au
secondaire peuvent être utilisés pour des tâches
d'encadrement ou des postes de conseillers. C'est également ce qu'on
tente de faire dans le réseau collégial. Le système de
sécurité d'emploi est vraiment le même au primaire et au
secondaire et au collégial. Ce qui était différent dans
les non-renouvellements du 1er mai, c'était l'assurance-clientèle
qui existe dans le réseau collégial et qui n'existe pas dans le
réseau primaire et secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Comment se déroulent les
négociations, M. le ministre, sans entrer dans le secret des dieux?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, en ce moment, on négocie
à presque toutes les tables, je pense qu'on peut dire ça; on ne
négocie pas très fort, malheureusement. Je crois qu'avec la CEQ,
ce doit être deux jours par semaine. Si vous voulez le fond de ma
pensée, ce n'est pas très satisfaisant, ce n'est pas une
véritable négociation, on se pose des questions de part et
d'autre.
Il semble y avoir une stratégie pour retarder les
véritables négociations jusqu'à l'automne, mais le
gouvernement est tout à fait résolu, de son côté,
à négocier dès maintenant, et tout l'été
s'il le faut. Nous sommes prêts à négocier sept jours par
semaine, d'ores et déjà, et nous négocierons. Il ne
faudrait pas qu'il y ait des vacances, parce que je ne m'expliquerais pas qu'on
prenne des vacances alors que la rentrée scolaire risquerait
d'être le moindrement perturbée. Nous en sommes là.
Du côté des collèges, avec la FNEQ de la CSN, on
négocie en ce moment de façon suivie. Voilà le rapport que
je peux vous faire à l'heure actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Une seule question, parce que je sais que les
offres que vous avez faites, ce doit être quand même assez
officiel, j'imagine; j'aimerais qu'on ait les offres du gouvernement, parce
que, si elles ont été déposées à la table
syndicale, elles doivent être rendues dans la province.
M. Morin (Sauvé): C'est un document qui, à toutes
fins utiles, est public. Je suis tout à fait prêt à le
déposer devant cette commission. Evidemment, je n'en ai pas de nombreux
exemplaires et si vous voulez le faire reproduire pour les fins de Mme le
député, M. le Président, je vous y engage. Je
dépose donc les offres de la partie dite patronale.
Mme Lavoie-Roux: Quel est le mécanisme que vous
prévoyez? M. le Président, c'est la seule question précise
que je veux poser au ministre. Quel est le mécanisme que vous offrez ou
prévoyez, pour adapter la tâche des enseignants à la
nouvelle grille horaire qui prévoit, par exemple, des blocs de trois
à la place des blocs de cinq, qui fait que si on multiplie, cela fait
trois fois six dix-huit, au lieu de... qui oblige à avoir un plus grand
nombre d'étudiants, dans les matières où ce sont des blocs
de trois...
M. Morin (Sauvé): Vous nous ramenez au secondaire?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous vous souvenez? J'avais dit: On
discutera de toute la négociation. Une chose à la fois.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Je voudrais demander ce que Mme Lavoie-Roux veut, parce que celle que
j'ai en main, c'est celle qui s'applique uniquement aux enseignants de CEGEP,
CSN.
Mme Lavoie-Roux: Je veux les deux.
M. Morin (Sauvé): II y en a une CEQ, et il y en a trois
autres, de la même envergure, pour le primaire et le secondaire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, c'est ce que je veux. Je veux les deux
niveaux, si c'est possible, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Oui, certainement. Cela veut dire
plusieurs centaines de pages, mais je n'ai
pas d'objection. Si vous désirez les avoir. M. le
député de Gaspé désire-t-il recevoir la même
brique?
M. Le Moignan: Oui, la documentation, oui.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre comprendra qu'à un moment
donné, il va y avoir des points d'accrochage. Ce sera utile d'avoir ces
bouquins de référence.
M. Morin (Sauvé): C'est parfaitement légitime.
M. Lacoste: Est-ce que je pourrais en avoir une copie?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 5 est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Je pense, M. le Président, que
nous allons être obligés d'envisager une édition de la
chose.
M. Le Moignan: Une édition spéciale.
M. Morin (Sauvé): II va certainement y avoir plusieurs
députés qui vont être intéressés à
l'avoir. Je vais voir si d'ici demain, on ne peut pas...
Mme Lavoie-Roux: Je n'en ai pas besoin pour demain, à la
condition qu'on me l'envoie d'ici...
M. Morin (Sauvé): Je pense que plutôt que de
demander aux fonctionnaires des commissions parlementaires de faire la
reproduction...
Mme Lavoie-Roux: En toute honnêteté, je peux vous
dire que je ne le lirai pas en fin de semaine, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Non? Vous me décevez
énormément. Moi qui vous croyais consciencieuse.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pas jusqu'à...
M. Le Moignan: On a d'autres chats à fouetter en fin de
semaine.
Le Président (M. Boucher): Le programme 5 est-il
adopté?
M. Le Moignan: Je n'ai pas de questions sur le programme 5.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 6.
M. Morin (Sauvé): Adopté. Nous passons maintenant
au programme 6, M. le Président, c'est-à-dire celui qui porte sur
l'enseignement universitaire.
Le Président (M. Boucher): Pour respecter l'ordre des
travaux, M. le ministre, ce serait le programme 7. Non, c'est le programme 6.
D'accord.
M. Morin (Sauvé): M. le Président,
permettez-moi...
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas adopté le programme 6
encore.
M. Morin (Sauvé): C'était le programme no 5 et nous
nous tournons vers le programme no 6.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Le Président (M. Boucher):
Programme 6. Enseignement universitaire
M. Morin (Sauvé): Bien. M. le Président, je ne
m'étendrai pas sur tous les aspects des crédits cqnsacrés
à l'enseignement universitaire. Je voudrais simplement revenir sur une
ou deux questions qui ont fait l'objet de débats, dans cette commission
parlementaire, au cours des années passées, notamment dire deux
mots du programme de formation des chercheurs et d'action
concertée...
Mme Lavoie-Roux: Oui, on a eu un long débat à cet
égard.
M. Morin (Sauvé):... puisque, on s'en souviendra, nous
avons même eu une question avec débat...
Mme Lavoie-Roux: La première.
M. Morin (Sauvé): La toute première dans cette
Assemblée, qui portait précisément sur ce sujet.
Vous vous rappellerez que c'était en novembre 1977, lors d'une
réunion spéciale de cette commission, j'avais eu l'occasion
d'annoncer une relance de ce programme, dont l'état plus ou moins
satisfaisant exigeait des actions correctives.
Plus récemment, je vous entretenais, lors de l'étude des
crédits de l'an dernier, de certaines mesures que j'entendais prendre
à court terme. Cette année, je suis à même de
déclarer, non sans une certaine satisfaction, que les redressements
nécessaires ont été accomplis et que l'année
1979-1980 constitue, de fait, l'année de la relance de ce programme.
Nous avons d'ailleurs diffusé il y a quelques mois une brochure
explicative qui faisait état de ce redressement et des orientations de
chacun des sept volets qui composent ce programme. Permettez-moi de rappeler
les modifications qui ont été apportées aux quatre volets
qui ont fait l'objet d'un redressement.
Premièrement, en ce qui concerne le volet Equipes et
séminaires, les critères d'évaluation des demandes ont
été précisés. Puisque le programme FCAC constitue
la seule source de financement de la recherche dans plusieurs
secteurs des sciences humaines, des dispositions spéciales ont
été élaborées afin que soient jugées
admissibles des demandes présentées par un chercheur seul
encadrant des étudiants ou des assistants.
De plus, le comité-conseil et les divers comités
d'appréciation ont pris les mesures nécessaires en vue
d'éviter la saupoudrage des ressources et ont aussi haussé de
façon significative le niveau de la subvention moyenne de 15%, assurant
de la sorte le développement des équipes
subventionnées.
Mentionnons également que certaines équipes peuvent
désormais présumer du renouvellement de leur subvention sans
avoir à soumettre de nouvelles demandes, car des subventions peuvent
être accordées pour des périodes de deux ou même de
trois ans.
Enfin, les conditions d'admissibilité et les critères
d'évaluation des demandes relatives à des séminaires, des
congrès et des colloques de recherche ont été
précisés.
En second lieu, le volet Centres de recherche précise les
critères devant servir à l'évaluation des demandes de
renouvellement des subventions. Le ministère de l'Education maintient le
moratoire qui avait été décrété en janvier
1975 sur l'admissibilité de nouveaux centres et poursuivra
l'évaluation approfondie de ceux dont les subventions arrivent à
échéance. Au terme de leur plan triennal déjà
accepté par le ministère, ces centres devront, pour être
admissibles à de nouvelles subventions, soumettre une programmation
scientifique pour une période de trois ans. Les critères
d'évaluation des centres de recherche ont été revus et
précisés en vue de mettre davantage l'accent sur la programmation
des recherches.
Disons maintenant deux mots des programmes majeurs de recherche. On sait
l'importance de ce volet. Ces programmes sont présentés dans un
autre volet et conservent leur caractère expérimental pour
l'exercice 1979/80. Le ministère continuera de suivre de très
près leur évolution. A la suite du rapport du comité
formé pour l'évaluation des demandes présentées, le
ministère présentera les critères d'application de ces
programmes. Lorsque l'analyse des recommandations du comité
chargé d'évaluer le volet Programmes majeurs sera
terminée, nous verrons à consentir, s'il y a lieu, des
crédits additionnels en vue de procéder à un nouvel appel
d'offres.
Enfin, pour la partie du programme qui traite des organismes de services
à la recherche les objectifs, les critères et le mode de
financement des organismes ont été revus de manière
à répondre davantage aux besoins des utilisateurs.
Par ailleurs, le calendrier des opérations a été
révisé afin de le rendre plus compatible avec celui des
activités universitaires. En dépit des retards accumulés,
les subventions aux équipes et séminaires, en 1978-1979, ont pu
être annoncées en mai, plutôt qu'au mois de juin. Les
décisions concernant les centres de recherche ont été
communiquées aux intéressés en juillet. En outre, sur de
nombreux points, les règles de fonctionnement des comités
d'appréciation ont été clarifiées et, à la
suite de la demande que j'ai adressée au sous-ministre, on a pu, au
terme de leurs travaux, se livrer à une réflexion critique.
De plus, comme vous pourrez le constater lors de l'étude
détaillée des crédits, les montants des subventions pour
ce programme ont été augmentés de $500 000 en 1979/80 et
nous ajouterons encore $200 000 pour l'aide à l'édition des
traités scientifiques en langue française. (17 h 30)
Enfin, permettez-moi d'indiquer que les effectifs du service de la
recherche universitaire et de la formation des chercheurs ont été
considérablement augmentés pour accomplir efficacement les
tâches dévolues à ce service. On se souviendra qu'une des
faiblesses de ces programmes était due au manque d'effectif au service
de la recherche universitaire. Il nous faudra d'ailleurs prévoir encore
d'autres améliorations à ce programme à l'avenir, puisque
le livre vert sur la recherche scientifique qui vient de paraître en
traite abondamment. Cependant, nous attendrons de connaître les
résultats de la consultation à laquelle le Dr Camille Laurin,
ministre d'Etat au développement culturel, a convié les divers
établissements scientifiques et les universités, consultation
à laquelle je participerai moi-même.
M. le Président, permettez-moi de déposer le document
intitulé "Les subventions de formation de chercheurs et d'action
concertée", crédits alloués aux équipes et aux
séminaires pour l'année 1979-1980. Cela en dira beaucoup plus
long que je ne pourrais le faire durant ces brèves minutes.
M. le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que
vous en avez des copies pour l'ensemble des membres de la commission?
M. Morin (Sauvé): Nous en avons suffisamment
d'exemplaires, oui. Si on veut bien les remettre aux divers membres de la
commission.
Mme Lavoie-Roux: ... apporter cela... Je ne me souvenais pas
qu'il y avait eu un moratoire sur ce programme. Oui?
M. Morin (Sauvé): Cela date de l'ancien gouvernement,
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Nous l'avons maintenu parce que, vous le
savez, on nous a demandé de le faire, d'ailleurs. Il fallait
procéder à un réexamen complet de ce volet, programme
majeur de recherche.
Mme Lavoie-Roux: Tous les problèmes qui avaient surgi
quant au choix du jury, l'établissement des critères, à ce
moment, vous avez l'impression que tout cela est contrôlé.
M. Morin (Sauvé): Assurément. Pour ce qui est du
choix des jurys, je crois...
Mme Lavoie-Roux: II n'y avait peut-être pas eu des
accusations c'est un grand mot de portées mais il y avait
eu des contestations, mais toutes ces choses...
M. Morin (Sauvé): Oui, il y avait eu de l'insatisfaction,
c'est certain, dans le réseau. Je pense que nous avons réussi
à corriger cela. De toute façon, si vous le désirez, je
peux déposer un volumineux rapport sur la question. Le rapport du
comité conseil est disponible, en effet.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela peut être
intéressant, parce qu'il va falloir revenir pour discuter de vos projets
sur le livre vert sur la recherche scientifique, de toute façon.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais ajouter que nous aurons
bientôt l'avis du Conseil des universités sur le rapport du
comité-conseil.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie le ministre. Je voudrais dire
quelques mots sur le budget général des universités. Je
voudrais, en particulier, me référer au document qui était
inclus dans le plan des investissements que le ministre a déposé
en Chambre il y a environ trois semaines ou un mois, si je ne m'abuse, et dans
lequel les universités posent des questions très sérieuses
au ministère de l'Education. Il semble vraiment qu'il existe
passablement d'insatisfaction au niveau des universités, touchant la
politique générale du gouvernement, à l'égard de
l'enseignement supérieur ou de l'enseignement universitaire, de cette
partie de l'enseignement supérieur. Je ne voudrais pas que le ministre
je vais citer certains points fasse comme il a fait la
première journée, se porter à la défense de ses
fonctionnaires et dire: Mes fonctionnaires sont les meilleurs, ils travaillent
bien, etc. Je pense que tous les ministres font cela.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de voir que vous le
reconnaissez.
Mme Lavoie-Roux: Je ne le mets pas en doute. C'était une
digression habile du ministre de contourner les reproches qu'on fait au
gouvernement. Je pense qu'à ce moment, ce n'étaient pas des
reproches à ses fonctionnaires, je profite de cette occasion pour le
dire. Les fonctionnaires font ce que le gouvernement leur dit de faire. Ils
travaillent avec les moyens que le gouvernement leur donne. C'était
peut-être habile de la part du ministre de dire: Ecoutez, j'ai de bien
bons fonctionnaires, etc., ce dont nous ne doutons pas. Ce n'est pas là
le point. D'ailleurs, je pense que les fonctionnaires ont un double
mérite, quand ils n'ont pas de ressources, parce que là, leur
métier ou leur...
M. Morin (Sauvé): Comment? Pas de ressources. $732
millions.
Mme Lavoie-Roux: Je ne parle pas de ceci. Je parle des budgets
des universités. Les universités ne sont pas satisfaites, M. le
ministre. Cela, il faut bien le dire. D'abord, vous arrivez en retard.
Laissez-moi finir. De toute façon, ce que je disais, c'est que je trouve
que les fonctionnaires ont doublement de mérite quand il faut qu'ils
fassent avaler aux administrateurs, de quelque niveau d'éducation que ce
soit, enfin, presque des couleuvres, sans que les gens soient censés
s'en rendre compte. Je ne voudrais pas que le ministre se défende en
venant à la défense de ses fonctionnaires.
Vous avez ici les commentaires généraux sur la politique
des investissements en milieu universitaire et je lis: "Le Conseil des
universités déplore cependant que le ministère de
l'Education, contrairement au ministre des Finances devant les six centrales
syndicales, ne se soit pas adressé aux universités en ces termes,
à savoir qu'il veut réduire les budgets alloués aux
universités à ce moment-ci, compte tenu des priorités que
le gouvernement veut..."
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous dites que nous avons
réduit les budgets des universités?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je dis, c'est que vous ne les augmentez
pas en fonction des besoins...
M. Morin (Sauvé): Mais...
Mme Lavoie-Roux: ... et que, du point de vue de... Ecoutez, je
vous cite ici l'avis au ministre de l'Education sur le plan quinquennal
1978-1983. Ce n'est pas ma composition.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais attention, là. Nous
parlons de deux choses. Vous me citez un avis sur les investissements...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ça fait quand même
partie, l'avis des universités...
M. Morin (Sauvé): ... et votre question portait, il y a un
instant, sur les fonds qui sont alloués pour le fonctionnement annuel.
Alors, sur quoi porte votre question exactement?
Mme Lavoie-Roux: Ma question porte sur les deux. Elle porte
d'abord sur les investissements annuels, les investissements de fonctionnement.
Quelle est, par exemple l'indexation que vous avez donnée aux
universités pour leur budget cette année? Vous leur avez
donné, si je ne m'abuse, une indexation qui équivaut à peu
près à 6,5%.
M. Morin (Sauvé): Non, je regrette, 8,9%. C'est à
la page C-51 de vos documents.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Quelles sont les obligations des
universités quant à l'application de leurs conventions
collectives, au niveau salarial? De quel ordre, est-ce?
M. Morin (Sauvé): Contrairement aux autres niveaux
d'enseignement, pour ce qui est de l'enseignement universitaire, c'est une
augmentation globale qui est donnée aux universités.
Mme Lavoie-Roux: II y a aussi une augmentation du nombre
d'étudiants.
M. Morin (Sauvé): Donc, l'augmentation de 8,9%, pour ce
qui est du réseau universitaire, couvre l'ensemble des besoins des
universités, c'est-à-dire l'augmentation de clientèle, les
autres coûts, les budgets d'enseignement, et un montant également
suffisant pour qu'elles puissent faire face aux prochaines conventions
collectives.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, pour l'indexation des salaires pour
cette année, quoiqu'on commence à négocier en septembre
prochain et qu'à ce moment-là... Quand finissent les conventions,
par exemple, des enseignants de l'Université de Montréal, des
professeurs? En juin?
M. Morin (Sauvé): C'est en juin 1979.
Mme Lavoie-Roux: Alors, qu'est-ce que vous avez prévu
comme montant pour l'indexation dans la prochaine convention?
M. Morin (Sauvé): Je répète ce que je viens
de dire. Il n'y a pas d'augmentation spécifique prévue au titre
des conventions collectives dans le cas des universités. C'est un
montant global de la masse des subventions qui est, pour 1979/80, de l'ordre de
8,9% et qui est une augmentation totale du budget des universités qui
doit leur permettre de faire face à l'augmentation des conventions
collectives; pour ce qui est de l'année en cours, 1978/79, l'indexation
apportée l'an dernier doit leur permettre de faire face également
aux indexations prévues à l'intérieur de leurs conventions
collectives.
En d'autres termes, la façon dont l'Etat procède, c'est de
voir quelles ressources globales il peut dégager pour les
universités. Naturellement, il a beaucoup d'autres priorités. Ce
n'est pas qu'il veuille négliger les universités, mais il y a
aussi les Affaires sociales et enfin tous les ministères, comme Mme le
député le sait.
Or, en l'occurrence, il a jugé qu'une augmentation de l'ordre de
10% devrait suffire aux universités pour faire face à la musique.
Les universités, avec cette augmentation, puisqu'elles sont autonomes,
peuvent en disposer à leur guise pour faire face aux divers besoins qui
se révèlent en cours d'année.
Mme Lavoie-Roux: Reprenons vos 8,8% avec lesquels ils devront
fonctionner en 1979/80. Ceci, me dites-vous, devra couvrir à la fois les
dépenses d'indexation je ne parle pas des salaires les
dépenses courantes, que ce soit du matériel, de
l'équipement de laboratoire, tout ce que vous voudrez. Il faut
également qu'ils trouvent là l'argent suffisant pour faire face
aux prochaines négocia- tions. Le taux d'inflation pour 1979/80 est un
taux qu'on prévoit de 9%, 10%?
M. Morin (Sauvé): Cela dépend des chiffres, les
évaluations varient selon les économistes, cela pourrait
être de l'ordre de 7% ou 8%.
Mme Lavoie-Roux: Vous les mettez quand même à
l'intérieur d'un certain montant pour la négociation.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que si les
universités...
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire à l'intérieur
de certaines balises.
M. Morin (Sauvé): Si les universités donnent plus
pour les salaires, elles devront donner moins pour certains équipements
de laboratoire ou elles devront sacrifier autre chose. C'est leur autonomie
dont elles sont fort jalouses, d'ailleurs, qui nous invite à leur donner
une masse dont elles disposent au meilleur de leur jugement. Nous pensons
qu'avec 8,9%, c'est-à-dire, en gros, 9%, les universités se
tirent fort bien d'affaires par rapport au reste de la société
québécoise. C'est un jugement politique de cet ordre qui
intervient lorsque l'Etat décide d'augmenter les budgets des
universités et de les faire passer de $618 millions, l'an dernier,
à $673 millions l'an prochain.
D'ailleurs, on me signale, pour que ma réponse soit
complète, qu'il y a des surplus; il y a aussi quelques déficits,
il y en a même un qui est presque historique à Sherbrooke, mais il
serait bon que vous jetiez un coup d'oeil sur la page C-48 pour constater qu'il
y a eu, cette année, des surplus accumulés importants, à
Laval, de l'ordre de $11 millions; à Montréal, de l'ordre de $8
millions; à Polytechnique, de l'ordre d'un peu plus de $2 millions et
aux HEC, de $2 500 000, environ. A côté de cela, il y a des
déficits, comme à l'Université Bishop, un déficit
accumulé de $336 000, il y a le déficit de l'Université du
Québec de $1 437 000 que nous tentons d'ailleurs de corriger par nos
règles budgétaires, cette année, et il y a le
déficit, dont Mme le député se souviendra, il est fort
ancien et en voie de résorption, de l'Université de Sherbrooke,
pour $4 millions environ.
Au total, les surplus accumulés sont, dans nos
universités, de l'ordre de $18 659 000. Ne serait-ce que pour l'exercice
terminé récemment, le 31 mai 1978, les surplus sont de $5 120
000, de sorte que nous ne pensons pas qu'avec une augmentation de l'ordre 9%,
les universités soient réduites à la mendicité.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut-il nous dire, dans ces 8,8% qui
sont quand même limités, quelle est la place pour le
développement des universités?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire: Qu'est-ce qui est
prévu pour tenir compte d'une croissance de clientèle?
Mme Lavoie-Roux: Pas seulement la croissance de clientèle,
croissance de services, la croissance du développement...
M. Morin (Sauvé): Investissements immobiliers, par
exemple.
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement, mais du point de vue
du développement de nouveaux programmes et ainsi de suite. Est-ce qu'il
y a de la place? (17 h 45)
M. Morin (Sauvé): II faut dire d'abord, Mme le
député, que ce que nous avons décidé de faire cette
année, contrairement aux autres réseaux d'enseignement, c'est
d'indexer l'ensemble des masses salariales et autres dépenses de 6,7%. A
l'intérieur de ces masses indexées...
Mme Lavoie-Roux: C'est de 6,7% et non plus de 8%.
M. Morin (Sauvé): Attendez, si vous me permettez. Nous
indexons cette année, pour la première fois, l'ensemble des
quatre masses salariales et autres dépenses de 6,7%. Chaque
université devra faire ses propres choix quant à l'affectation de
ces masses indexées entre les différentes masses salariales et
autres dépenses. Dans le cas des autres réseaux, nous ne donnions
pas d'indexation à titre des autres dépenses, c'est 0%. Dans le
cas des universités, nous indexons les quatre masses mais d'un taux
égal de 6,7%. Nous ne faisons pas, à la place des
universités, des choix que seules elles peuvent faire. Pour faire face
à l'augmentation de la clientèle qui reste réelle dans les
universités l'an prochain, nous avons choisi d'emprunter une technique
différente pour tenir compte du fait que cette année la
subvention est définitive. C'est-à-dire que, contrairement aux
années dernières, nous ne recompterons pas les étudiants,
ce qui cette année, à cause du recomptage, a porté la base
à partir de laquelle on a calculé la subvention de 1979/80 de
$573 millions à $620 millions. A l'avenir, nous ne recompterons plus les
étudiants, mais nous appuierons sur le taux moyen de croissance des
trois années observées précédemment pour fixer le
taux de croissance de chaque université. Mais nous dégageons en
crédits neufs $10 millions et en crédits réalloués
$5 millions, donc $15 millions pour faire face à la croissance de
clientèle, parce que la double promotion arrive à
l'université en septembre qui vient. Ces $15 millions sont cependant
répartis d'une façon différente que dans les années
précédentes. C'est-à-dire que, selon que le taux de
croissance est entre 0% et 4%, 4% et 8% ou au-delà de 8%, nous
financerons les nouveaux étudiants en raison de 25%, 50% ou 75% du
coût moyen. Ce qui permettra à une université dont le taux
de croissance est très fort, comme l'Université du Québec,
de recevoir dans ces $15 millions une part plus considérable parce
qu'elle subit une croissance plus forte, alors que des universités qui
sont en état de stabilisation, dont le taux est entre 0% et 4%,
recevront moins, parce qu'ils sont dans un état de croissance moindre.
Nous avons, en d'autres termes, orienté les crédits de
développement en fonction du niveau de croissance, du taux de croissance
de chaque université.
Je voudrais ajouter qu'en 1979/80, c'est un peu une année record,
nous allons mettre en oeuvre 18 nouveaux programmes dans les
universités, dont six vont recevoir, en plus du financement
régulier, un financement spécial, ce qu'on pourrait appeler une
subvention de démarrage, parce que ces programmes ont obtenu une haute
priorité. Cela se trouve aux pages C-24 et je ne vais pas vous imposer
l'énumération des 18 nouveaux programmes. Je me contenterai de
ceux qui sont jugés prioritaires et qui obtiendront une subvention
spéciale. Je les prends à titre d'exemple pour montrer le
développement des universités. Il y aura un doctorat en
génie nucléaire, à l'Ecole polytechnique, qui est
rattaché à l'Université de Montréal, une
maîtrise en art dramatique à l'Université du Québec
à Montréal, une maîtrise en biophysique à
l'Université du Québec à Trois-Rivières, un
baccalauréat en statistiques à l'Université Laval, en
musique à l'Université de Sherbrooke, et un baccalauréat
en économie, à l'Université du Québec à
Rimouski.
On voit la variété de ces nouveaux programmes et nous
comptons, bien sûr, leur accorder ces subventions spéciales pour
les aider à partir sur un bon pied.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les montants qui sont indiqués en
haut? Non, ça, c'est pour d'autres programmes. Quel est le montant
global qui sera accordé?
M. Morin (Sauvé): Pour l'an prochain, nous faisons passer
les crédits pour les nouveaux programmes...
Mme Lavoie-Roux: Oui, de démarrage.
M. Morin (Sauvé): De $200 000 à $1 250 000, mais,
dans ce montant, nous prévoyons des actions non pas de soutien aux
nouveaux programmes seulement, mais des actions de soutien dans le cas de
révision de programmes existants, ce qui commence à être
une tendance lourde chez le Conseil des universités, de revoir certains
programmes existants et de soutenir des programmes de conversion de programmes
existants, lorsqu'ils ne sont plus adaptés. Egalement, nous incluons,
à même cette somme de $1 250 000, les sommes que nous accordions
de façon automatique pour le développement des études de
troisième cycle, parce que nous pensons qu'il faut revoir la politique
du développement des études de troisième cycle pour la
réorienter.
Je pense que le rapport de la commission d'étude sur l'avenir des
universités nous aidera dans cette réorientation.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même revenir à
vos 6,7% dont vous avez parlé tout à
l'heure. Je n'ai pas encore saisi, cela peut être fort
probablement ma faute, je ne comprends pas, vous dites 6,7%, vous me dites
8,8%.
M. Morin (Sauvé): Le montant de 6,7% est appliqué
aux quatre masses salariales. Le montant de 8,9% tient compte à la fois
de ces indexations sur les quatre masses salariales, mais des indexations pour
tenir compte de la croissance des clientèles et des autres budgets
spécifiques comme celui du programme de la formation des chercheurs et
d'action concertée. En les additionnant tous, on arrive à une
augmentation des subventions de 8,9%.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je vous disais au point de départ,
quand vous prévoyez 6,7% sur les quatre masses salariales, est-ce que
les obligations des universités, en termes de conventions collectives,
n'iront pas au-delà de 6,7%?
M. Morin (Sauvé): C'est là qu'on doit revenir au
chiffre de 8,9%, parce que la subvention des universités...
Mme Lavoie-Roux: Vous venez de me dire que ça va
être pour l'augmentation de la clientèle et pour une partie de la
recherche.
M. Morin (Sauvé): Les sommes qui sont données pour
les augmentations de clientèle aux universités servent bien
sûr au paiement des professeurs, à l'engagement de nouveaux
professeurs et peuvent également servir à l'indexation ou
à l'augmentation des salaires des professeurs, sauf pour des budgets
réservés comme celui du programme FCAC bien sûr. Celui de
la croissance des clientèles peut servir à ces fins.
Mme Lavoie-Roux: Mais ceux de l'augmentation de la
clientèle, supposons qu'il y a 1000 étudiants, une
clientèle de 1000 de plus, vous leur accordez combien pour
l'augmentation de 1000? Cela peut correspondre à un certain nombre
d'enseignants, mais cela ne correspond pas à la totalité des
enseignants dont le salaire devrait être indexé.
M. Morin (Sauvé): Là, vous faites appel à la
notion du coût de l'étudiant additionnel. Quel est le coût
marginal...
Mme Lavoie-Roux: Parce que vous me dites que dans vos 2%, une
partie de la différence entre le 6% et le 8%, est affectée
à cette clientèle supplémentaire.
M. Morin (Sauvé): On peut se demander quel coût
marginal résulte, pour une université, de l'addition d'un ou de
plusieurs étudiants. Le principe que nous avons retenu cette
année est le suivant: la proportion d'augmentation donnée varie
suivant l'augmentation de clientèle qu'a l'université. Une
université qui a une croissance de clientèle entre 0% et 4%,
recevra 25%, une entre 4% et 8% recevra 50% ou davantage.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, je ne demeure pas
convaincue, au contraire, que l'université va avoir vraiment toutes les
ressources pour indexer les salaires ou prévoir une augmentation de
salaire de l'ordre de 8,8%.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il faut bien
comprendre que le gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: A décidé que c'était en bas
de cela.
M. Morin (Sauvé): ... a une stratégie globale de
négociation.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Et que, bien sûr, celle-ci
s'applique aux universités, comme elle s'applique aux collèges,
comme elle s'applique aux niveaux primaire et secondaire. Les enseignants
universitaires sont assujettis aux mêmes contraintes et les
difficultés financières que traverse le Québec ne doivent
pas être portées que par les enseignants du niveau
collégial et des niveaux primaire et secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien ce que le ministre vient de
nous dire, M. le Président, c'est que les offres qui sont faites
à l'ensemble de la fonction publique ou parapublique vont s'appliquer,
peut-être pas d'une façon aussi directe par le gouvernement, mais
c'est le même ordre de grandeur qui est prévu pour les professeurs
d'université?
M. Morin (Sauvé): La réponse serait oui.
Mme Lavoie-Roux: II faut voir que le pouvoir rend le ministre de
l'Education fort réaliste, parce que j'aimerais citer ce qu'il
disait...
M. Morin (Sauvé): Mais, encore une fois, attention!
Mme Lavoie-Roux: ... en conférence de presse quand il
était chef de l'Opposition. Voulez-vous que je vous cite, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): Cela m'intéresse
énormément sur le plan historique, mais j'aimerais vous dire que
les universités ont tout de même une certaine marge de manoeuvre
et que nous n'entendons pas pour autant entamer leur autonomie. Si elles
consentent plus que le gouvernement ne prévoit, naturellement, c'est
leur liberté, leur autonomie qui joue.
Mme Lavoie-Roux: C'est leurs services qui en souffrent à
ce moment-là.
M. Morin (Sauvé): Seulement, l'Etat pense que les
universités peuvent globalement, si on compare ce secteur avec les
autres secteurs sociaux, se contenter, cette année, d'une augmentation
quand même considérable de 8,9%.
Mme Lavoie-Roux: C'est extraordinaire, M. le Président,
comme le pouvoir change les perspectives. Vous me permettrez de citer le
ministre de l'Education alors qu'il était chef de l'Opposition.
M. Rivest: II s'adressait à l'ancien gouvernement à
l'époque.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Inutile de vous dire, M. le
Président, que j'ai noté, chemin faisant, toutes les questions et
les déclarations du député de L'Acadie. Cela pourra servir
dans dix ou quinze ans.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous remarquerez, M. le Président,
que le député de L'Acadie... D'ailleurs, j'aimerais, à ce
moment-là, me référer au chef de l'Opposition officielle.
Si on prend, entre autres exemples, la question des prêts et bourses, je
ne pense pas avoir fait la démagogie que le ministre de l'Education se
permettait quand il était ici à cette table et qu'il disait au
ministre de l'Education: Mais, $45 millions pour la gratuité scolaire,
mais qu'est-ce que c'est? Dans l'immense budget du ministère de
l'Education, c'était une goutte d'eau. Mais laissez-moi vous citer,
c'est trop beau.
M. Le Moignan: Lisez-moi cette citation, j'ai hâte de
l'entendre.
M. Morin (Sauvé): Minute! M. le Président,
j'aimerais bien que le député de L'Acadie sorte la citation
précise. Il verrait le contexte dans lequel ce débat avait lieu
et il verrait que j'avais raison.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'étonnerait bien que vous puissiez
croire un seul moment que jamais vous ayez tort.
M. Le Moignan: ... cette perle rare.
Mme Lavoie-Roux: C'était au cours d'une entrevue que le
ministre de l'Education, quand il était chef de l'Opposition
officielle...
M. Le Moignan: Aspirant ministre.
Mme Lavoie-Roux: ... aspirant ministre de l'Education, je
l'ignore donnait pour commenter le budget qui avait été
présenté par l'ancien ministre des Finances. Evidemment, il
faisait son rôle d'Opposition. On me dit que, parfois, il
exagérait quelque peu.
M. Rivest: Vous êtes généreuse!
Mme Lavoie-Roux: C'était un programme de Radio-Canada
intitulé "La question, 15 mai 1976". Apparemment, cela lui a servi, il a
été élu après. On lui demande des suggestions
touchant les négociations, la politique salariale du gouvernement. Le
chef de l'Opposition d'alors répond: "II faudrait, par exemple, que les
syndiqués puissent compter sur une augmentation de salaire qui
corresponde au moins à la perte de leur pouvoir d'achat. S'ils n'ont pas
cela et qu'ils voient leur pouvoir d'achat leur filer entre les doigts comme du
sable sec vous reconnaissez le style comment voulez-vous que cela
ne crée pas de l'instabilité sociale? Tout le monde peut
comprendre cela. Tout le monde veut garder son pouvoir d'achat. Je crois que la
collectivité peut se permettre, à condition d'avoir une bonne
gestion des fonds publics." On peut se demander si le gouvernement actuel ne
fait pas une bonne gestion des fonds publics, puisqu'il n'accorde pas une
indexation totale.
Malheureusement, ce n'est pas tout à fait cela. De plus, il
faudrait également qu'il y ait une augmentation qui corresponde à
l'enrichissement collectif. Je pense qu'on devra offrir aux travailleurs
clairement une politique salariale de cet ordre. Quand on arrivait dans le
domaine de l'éducation je me souviens, je ne sais pas si c'est
à cette émission ou une autre, de l'avoir entendu à la
télévision, alors que j'occupais un autre poste, et j'avais
été assez estomaquée quand on discutait de ratio. En
parlant d'éducation, il disait: "C'est une question beaucoup plus vaste
que la simple fiscalité. Un enseignant qui est pris avec trente
étudiants devant lui, trente élèves devant lui, ne peut
leur donner l'attention qu'ils méritent". Il y a encore de ces classes
dans les écoles de la province. Il ajoutait je ne veux quand
même pas prolonger inutilement: "C'est une question beaucoup plus vaste
que la simple fiscalité, c'est la question de la qualité de
l'enseignement à dispenser à nos enfants, c'est la question de
l'avenir du Québec. Donc, là-dessus, je pense que le gouvernement
fait fausse route en voulant se montrer parcimonieux." C'est cela. Il ne faut
pas dire de choses imprudentes, parce que...
M. Morin (Sauvé): Je répéterais
aujourd'hui... Evidemment, quand on est dans un contexte
d'austérité financière...
Mme Lavoie-Roux: II est bon pour vous, le contexte
d'austérité financière.
M. Rivest: M. le Président, je m'excuse auprès de
l'ancien chef de l'Opposition, mais il est 18 heures.
M. Morin (Sauvé): Je pense que depuis cette époque,
la situation économique du Québec et du monde occidental n'est
pas la même. Il faudrait se référer au contexte
sûrement. J'ai manqué l'observation.
M. Rivest: Je regrette, M. l'ex-chef de l'Opposition, il est 18
heures. Malheureusement, vous ne pourrez pas répliquer. Vous aurez toute
la soirée pour relire vos anciens textes.
Le Président (M. Boucher): II est l'heure, effectivement,
de suspendre nos débats jusqu'à 20 heures. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
M. Morin (Sauvé): C'était dit fort
élégamment, vous en conviendrez!
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je l'ai même
souligné!
M. Rivest: C'était dans le cadre de
l'émission...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas de pêcheurs dans votre
comté? Ce n'est pas enregistré, ça?
Le Président (M. Boucher): Oui. A la suspension de 18
heures, nous en étions toujours au programme 6. Mme le
député de L'Acadie, vous aviez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir, si vous me le permettez, M.
le Président, pas pour que ce soit long, mais parce que je veux que ce
soit clair, sur les augmentations qui sont prévues pour les
universités. M. le ministre ou son porte-parole m'a dit que
c'était 8,8% ou 8,9% d'augmentation. Mais ça, c'est
l'augmentation globale pour toutes les universités. C'est bien
ça, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Alors, quand vous me parlez de 6,7%, ça,
c'est la base de départ. Chacune des universités recevra au moins
6,7%.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire sur le plan salarial?
C'est ça que vous voulez dire?
Mme Lavoie-Roux: Non, sur le plan de l'augmentation des
budgets.
M. Morin (Sauvé): Non, il y a des universités qui
vont recevoir un peu moins que ça, parce que leur clientèle est
soit stabilisée, soit en régression.
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le ministre, je pense que la division va
se faire entre les 6,7% et les 8,8%, si je ne m'abuse. Est-ce que ce n'est pas
ça?
M. Morin (Sauvé): Enfin, écoutez, je ne sais pas si
on parle de la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous demander... Ce que j'ai compris,
c'est que les 8,8% sont une augmentation globale.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: De 6,7% tout le monde est assuré, mais la
différence entre les 6,7% et les 8,8% sera répartie à un
certain prorata, selon que la population augmente de 0 à 4 ou de 4
à 8 vous avez donné les pourcentages qui
s'échelonnera de 25%, 50%, 75%. Alors, toutes les universités ne
recevront pas nécessairement 8,8%.
M. Morin (Sauvé): C'est exact...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est exact, ce que je dis?
M. Morin (Sauvé): ... mais elles ne recevront pas non plus
nécessairement 6,7%.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elles peuvent recevoir même
moins?
M. Morin (Sauvé): Parce que 6,7%, Mme le
député, c'est le chiffre qui a servi de base pour le calcul de
l'augmentation de ce qu'on appelle les quatre masses salariales. Si vous voulez
savoir maintenant ce que va recevoir chaque université au point de vue
du taux d'augmentation, je vous réfère à la page C-51.
Là, vous avez toute la colonne et vous allez vous rendre compte que
certaines universités, comme l'Université du Québec, vont
toucher plus, vont toucher presque 10% tandis que d'autres vont toucher... Vous
voyez, l'Université McGill est à 2,7%. Pourquoi? Parce qu'elle
est en stabilisation de clientèle, sinon même en diminution de
clientèle, enfin, une légère diminution et, en plus de
cela, avec la ponction que nous avons effectuée, la ponction de $15
millions, réaffectée dans l'ensemble du système, cela
donne ces taux d'augmentation.
Mme Lavoie-Roux: Dans ces taux d'augmentation est prévue
l'indexation des dépenses courantes, ce qui porte sur la masse des
dépenses courantes, ce qui correspond probablement à 25% d'un
budget d'université. Est-ce que je me trompe? A peu près 25%.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est de cet ordre.
Mme Lavoie-Roux: II y a également l'indexation de la masse
salariale, ce qui veut dire que la marge de manoeuvre pour négocier une
prochaine convention sera même encore moindre que celle que j'avais
prévue avant le souper, enfin, d'après ce que j'avais compris,
parce qu'à ce moment-là, je pensais qu'au moins, toutes les
universités avaient reçu 6,7% et que les 2% se diviseraient selon
l'augmentation de clientèle. Ce qu'on me dit, ce n'est pas cela. Cela
veut dire que, pour une université comme l'Université Laval qui a
4,8%, il y a une partie qui va être affectée à l'indexation
de la masse des dépenses de fonctionnement et le reste sera pour une
convention qu'elle négociera. (20 h 15)
Dans une université, n'est-il pas normal de prévoir au
moins 3% pour le vieillissement, pour la promotion, par exemple, de professeurs
titulaires et même de professeurs adjoints, etc.? Je pense qu'il y a
déjà 3% qu'il faut prévoir strictement pour cette
augmentation. Cela veut dire, quand vous regardez de plus près, qu'il y
a des universités... Je pense que cela favorise probablement des
universités, je ne veux pas dire que cela les favorise beaucoup, mais,
par rapport à d'autres, celles qui sont en progression.
M. Morin (Sauvé): En croissance de clientèle.
Mme Lavoie-Roux: En croissance de clientèle, mais pour les
autres, cela va vouloir dire M. le ministre, je ne vois pas comment vous
allez me convaincre du contraire qu'on va être obligé de
faire des réaménagements ou des coupures
nécessairement.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous les mettez en période de compression
budgétaire.
M. Morin (Sauvé): Oui, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je voulais dire depuis le
début, et je pense que cela s'avère assez vrai.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est exact. Cela ne sert à
rien de se le cacher. Il y a déjà une augmentation de $618
millions à $673 millions.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. Morin (Sauvé): Le gouvernement estime que par rapport
à toutes ses autres priorités, c'est déjà une
croissance énorme.
Mme Lavoie-Roux: Cela étant dit, est-ce que le
gouvernement ne croit pas qu'il soit encore nécessaire pour les
universités de faire un certain rattrapage en fonction des autres
universités, compte tenu, par exemple j'y ai fait
référence la première journée dans mes notes
préliminaires du fait que déjà les
universités francophones sont nettement en retard, en dépit du
progrès qui a été accompli, par rapport à
l'ensemble des universités canadiennes, même à
l'intérieur du Québec, les universités francophones par
rapport aux universités anglophones, compte tenu du nombre de
diplômés qui sortent de différentes universités.
C'est de cela que je m'inquiète, M. le ministre, c'est qu'on
procède à la compression budgétaire, alors que normalement
les universités du Québec devraient être encore en
développement, si on tient compte du reste du Canada, et même
évidemment des Etats-Unis. On peut peut-être les mettre de
côté, mais je ne parlerai pas de l'Europe, je ne connais pas les
circonstances.
M. Morin (Sauvé): Je ne refuserais pas une comparaison
avec l'Ontario...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... qui a des traditions universitaires
peut-être un peu plus anciennes, généralement
parlant...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...qui a certainement des taux de
scolarisation plus élevés que les nôtres sur ce plan et, si
vous voulez, on pourrait peut-être faire la comparaison et vous verriez
que la subvention per capita est supérieure au Québec à ce
qu'elle est dans l'Ontario. Effectivement, nous continuons d'effectuer du
rattrapage. Désirez-vous que nous entrions dans les détails de
cette affaire?
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, j'ai aussi un rapport qui a
été préparé par l'Institut de recherche CD. Howe
qui indique qu'en 1977/78 j'essaie de retrouver la page, M. le ministre,
si vous voulez me donner une seconde!
M. Morin (Sauvé): Volontiers.
Mme Lavoie-Roux: Je l'avais, mais je ne l'ai plus.
En 1977/78, la distribution de dépenses de l'Ontario, au point de
vue universitaire, était supérieure aux dépenses du
Québec, non pas aux autres niveaux, mais au niveau universitaire.
M. Morin (Sauvé): Peut-être que je devrais vous
donner une idée du renversement de situation dont nous sommes
témoins entre l'Ontario et le Québec depuis deux ou trois ans.
L'écart entre le taux de fréquentation du Québec et celui
qu'on pouvait constater en Ontario a évolué de 11% qu'il
était en faveur de l'Ontario, en 1974-1975, à 21% en faveur du
Québec en 1979-1980. Cette évolution reflète les
clientèles globales des réseaux observés par rapport
à la population cible des 18-19 ans. C'est un renversement de situation
assez spectaculaire dont je vous parle et c'est attribuable à un rapide
déclin du taux de fréquentation observé et prévu en
Ontario qui est combiné avec une croissance poursuivie au
Québec.
Donc, nous avons réussi, en très peu d'années,
à renverser la tendance. Mais ceci, parce que, justement, la subvention
per capita est plus élevée au Québec qu'en Ontario.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que là on pourrait entrer dans
une guerre des comptes économiques, mais je vais vous donner les
chiffres que j'ai devant moi. Pour 1977/78...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais les façons de calculer
de CD. Howe ne sont peut-être pas celles qu'on accepterait, parce que
c'est très difficile d'établir des comparaisons.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, on l'indique particulièrement
pour le niveau collégial et on admet... Il y a des corrections qui ne
sont pas absolument exactes, c'est ce qu'on signalait ce matin.
Mais quand on arrive aux dépenses universitaires pour 1977/78...
c'est pour cela que vous
dites que ce n'est peut-être pas la même façon de
calculer et que je faisais allusion aux comptes économiques. Il ne
faudrait pas entrer dans ce genre de bataille. Alors qu'au niveau
post-secondaire non universitaire, la distribution des dépenses du
Québec est de 12%, celle de l'Ontario n'est que de 7%; quand vous
arrivez au niveau universitaire, celle du Québec est de 18% et celle de
l'Ontario est de 23%.
Comme je vous le dis, il ne s'agit peut-être pas... Même en
dépit de cela, je pense qu'il faut quand même réaliser
qu'on est en retard encore, peut-être pas du point de vue de la
scolarité, à ce niveau, de la population...
M. Morin (Sauvé): Nous avons du terrain à
reprendre.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Un retard à rattraper. Mais
regardez bien ce qui se passe depuis quelques années. Je ne sais pas si
vous m'avez suivi il y a un instant.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Nous avions un taux de
fréquentation de 11% inférieur, il y a, en somme, quatre ou cinq
ans, en faveur de l'Ontario. Et aujourd'hui, en ce court espace de temps, nous
avons maintenant un taux de fréquentation, pour la population cible de
18-19 ans, de 21% supérieur à l'Ontario. Evidemment, cela veut
dire que nous consacrons aussi plus d'argent que l'Ontario. D'ailleurs, Mme le
député, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de parler
à des universitaires ontariens, mais si vous voulez savoir ce que c'est
que des coupures budgétaires et une politique restrictive, allez voir le
traitement qui est administré aux universités de l'Ontario. C'est
croissance zéro.
Mme Lavoie-Roux: C'est fort possible, M. le ministre, et je ne
mets pas votre parole en doute. Mais est-ce qu'on est rendu à un point
de comparaison tel avec l'Ontario, du point de vue de la scolarisation, de
l'obtention des diplômes de deuxième cycle et troisième
cycle, pour penser qu'on puisse prendre un rythme qui soit même
comparable à celui de l'Ontario?
M. Morin (Sauvé): Mais, enfin, Mme le
député, ce ne sont pas des questions qui se règlent en
trois coups de cuillère à pot.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): J'observe qu'à l'époque
où le gouvernement Bourassa était en place, nous avions un taux
de croissance de 11% inférieur à celui de l'Ontario. J'observe
qu'aujourd'hui, il est de 21% supérieur à celui de l'Ontario.
Cela fait deux ans qu'on fait des bonds considérables dans notre
façon de subventionner les universités. Cette année, le
ministre des Finances a décidé que ce serait un petit peu moins,
parce que c'est ce que nous pouvons nous permettre.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il me fait plaisir d'entendre et je
pense que cela peut mettre un terme à tous nos échanges sur ce
point c'est que les universités se trouvent, de par la
décision évidemment du ministre des Finances... On va dire le
gouvernement, mais je soupçonne davantage le ministre des Finances.
D'ailleurs, c'est son rôle...
M. Morin (Sauvé): C'est une décision
gouvernementale dont je suis solidaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est une période de compression.
M. Morin (Sauvé): C'est une période
d'austérité pour tous les ministères.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela se traduit quand même par
une période de compression et, quand les prochaines conventions seront
signées et que vous octroierez... Je vous remercie de m'avoir
signalé la page. Je l'avais regardée. Je l'ai fait un peu vite,
elle m'avait échappé. Quand on voit les taux qui seront
accordés, c'est évident qu'il y a des universités qui vont
se sentir pressées. C'est tout ce que je voulais savoir, parce qu'au
début de tout ce débat-là, j'avais l'impression que je
m'étais trompée et que, finalement, c'était une grande
progression pour les universités. Je suis prête à admettre
que cela l'est davantage pour l'Université du Québec, quoique,
là encore, elle n'ait pas de quoi faire bombance, mais, quand
même, cela peut être considéré raisonnable. Mais il y
a d'autres universités où je vous assure que c'est... Laval,
entre autres, Montréal, McGill et Polytechnique. Enfin, je pense que
cela...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je peux vous signaler un
petit fait qui est quand même éloquent...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... et que va mettre les choses en
perspective? Pour assurer le niveau de financement dont nous parlons depuis
quelques heures, le Québec va consacrer, pour l'année qui vient,
une proportion de sa richesse collective, de son produit intérieur brut,
qui est de 55% plus élevée que ne le fait l'Ontario, de
façon à contrebalancer les autres facteurs
socio-économiques qui lui sont défavorables. Par exemple, on a un
fardeau démographique des 18-29 ans qui est plus lourd de 6,3%. La
richesse par habitant est évidemment de 17,4% moins
élevée. Compte tenu de tout cela, c'est un effort
considérable de la collectivité québécoise en
faveur de son enseignement supérieur. Comme le ministre des Finances
veut également baisser les taxes, comme il a effectivement baissé
les taxes, le gouvernement ne peut pas tout faire à la fois. J'estime
que dans les
circonstances, l'enseignement supérieur s'en tire fort bien.
Mme Lavoie-Roux: Cela dit, évidemment, le ministre
continuera jusqu'à la fin de défendre... Je pense que c'est vrai
que la collectivité québécoise a fait de gros efforts en
éducation. Je vous le concède. On est dans une phase de
ralentissement. Je regrette, mais...
M. Morin (Sauvé): Ralentissement démographique
d'abord qui conditionne...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ralentissement au point de vue
financier.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, je ne pense pas qu'on puisse
parler d'un ralentissement de l'effort des Québécois, quand on
voit que la proportion du produit intérieur brut qu'ils consacrent
à l'enseignement supérieur est de 55% plus élevé
qu'en Ontario. Allez en parler aux universités de l'Ontario, madame, et
après cela, nous pourrons peut-être renouer le dialogue sur la
question.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être qu'on peut clore sur ce point.
Si on me le permet, je voudrais quand même accorder la parole au
député de Gaspé, mais une toute petite question:
Pourriez-vous me dire comment va se faire le partage global par
université des $10 millions qui sont consacrés à la
recherche? C'est parce que vous avez le partage global par université
pour 1979/80, mais on ne sait pas à quelles universités ou de
quelle façon ce montant sera attribué à chacune des
universités.
M. Morin (Sauvé): Vous avez la réponse,
université par université, à la page C-49. Tout est
là, total: $10 185 000.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, c'est 1978/79. Je vous demande pour
1979/80.
M. Morin (Sauvé): Ah! Très bien. On va essayer de
vous sortir les chiffres.
Mme Lavoie-Roux: Les chiffres y sont globalement par programme,
mais ils n'y sont pas par université. Malheureusement, je ne retrouve
pas la page. (20 h 30)
M. Morin (Sauvé): Pour 1979/80, on ne peut pas encore le
savoir, puisqu'on est au niveau de la recherche universitaire et que cela
dépend des résultats des différents jurys qui
siègent pour accorder les montants aux différentes équipes
de chercheurs, de même qu'aux différents centres de recherche. On
retrouve une partie des recommandations et des montants dans le document qui a
été distribué plus tôt à la commission
parlementaire et dans d'autres documents qui sont actuellement devant le
Conseil des universités.
Mme Lavoie-Roux: A quel point en êtes-vous dans l'examen de
tous les projets ce n'est pas vous autres nécessairement
des demandes qui vous sont faites par université, parce qu'on est quand
même rendu au mois de pas juillet, il ne faudrait pas que
j'inverse cela, c'est un souhait juin...
M. Morin (Sauvé): Vous anticipez.
Mme Lavoie-Roux: Oui. ... pour que, finalement, ces sommes
puissent être dépensées, parce qu'un des reproches qu'on
avait fait dans les années antérieures, et c'était
peut-être là, je l'admets, M. le ministre autant
à l'ancien gouvernement qu'à celui-ci, c'est que tout ça
était tellement en retard que, même si les sommes sont
disponibles, il faut quand même que les projets arrivent suffisamment
à temps pour que les sommes soient dépensées.
M. Morin (Sauvé): Pour les subventions...
Mme Lavoie-Roux: Vous comprendrez bien que je n'ai pas lu le
volume bleu pendant le souper.
M. Morin (Sauvé): ... de formation de chercheurs et
d'action concertée, on est un mois en avance sur l'an dernier et trois
mois en avance par rapport à l'année antérieure. C'est le
document qui a été distribué tantôt. Pour ce qui est
des centres de recherche et des subventions majeures, c'est dans le document
qui est actuellement devant le Conseil des universités et à
propos duquel le conseil devra donner un avis avant la fin du mois de mai, de
telle sorte que l'échéancier qui avait été
présenté en commission parlementaire il y a un an et demi a
été respecté et que d'ici la fin du mois de juin, les
universités devraient connaître la quasi-totalité de leurs
subventions au titre de la recherche.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Parfait! Merci.
M. Morin (Sauvé): A certains égards, je pense que
nous devançons même le calendrier.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan:... je ne voudrais pas dire que l'arrivée du
député de Jean-Talon m'intimide au point que j'ai absorbé
et la distance et le silence au cours de cette journée. C'est que,
parfois, on est partagé entre de nombreux problèmes du
comté et nos préoccupations malheureusement, mais j'ai
essayé de me limiter à 6% pour aujourd'hui.
M. Rivest: Cela m'apparaît raisonnable.
M. Le Moignan: Non, j'ai dit que ça ne m'intimidait pas,
mais on a touché tellement d'aspects cet après-midi au sujet du
collégial et de l'université, beaucoup d'aspects, d'ailleurs, qui
ont
été traités en 1977 et en 1978. Quand on regarde
les questions au journal des Débats, ça se ressemble beaucoup. Du
côté de l'enseignement universitaire, il y a un idéal
à atteindre dans tous les pays après le passage du collège
à l'université. Je ne sais si ma mémoire est bonne, mais,
il y a quelques années, j'avais lu qu'un des pays parmi les plus
cultivés, si vous voulez, la France, avait un objectif de 20% de sa
clientèle qui pourrait possiblement atteindre l'université. Il y
a environ 120 000 étudiants dans les universités. Qu'est-ce que
ça peut représenter dans le pourcentage global de tous nos
étudiants ici, au Québec?
M. Morin (Sauvé): Je me souviens avoir vu des chiffres
semblables pour divers pays d'Europe qui se fixaient des objectifs de cet
ordre. Je ne pense pas que la France en soit tout à fait encore à
un chiffre aussi élevé.
M. Le Moignan: Elle ne l'avait pas atteint, mais est-ce que c'est
une norme...
M. Morin (Sauvé): Elle ne l'avait pas atteint. Vous avez
dû voir ça dans des documents de l'OCDE publiés, si ma
mémoire est bonne, il y a quatre ou cinq ans.
M. Le Moignan: Oui, ça fait déjà des
années que...
M. Morin (Sauvé): Oui. Au Québec, je pense que,
grosso modo, nous en sommes à peu près à 14%. Nous sommes,
avec ces 14%, dans le peloton de tête de la fréquentation. Cela ne
veut pas dire que nous en soyons satisfaits, que le député de
Gaspé me comprenne bien. Il faut continuer d'augmenter les taux pour les
raisons que j'indiquais ce matin, parce que plus nos jeunes atteignent un haut
niveau de compétence, plus le développement social,
économique et culturel du Québec peut être
accéléré.
Si on tient compte que les Etats-Unis se situent assez près des
20%, le Canada aussi est dans le peloton de tête avec ses
universités je ne connais pas le taux, mais cela ne doit pas
être tellement loin de celui des Etats-Unis le Québec vient
ensuite, peut-être avec quelques pays européens. Notre situation
n'est donc pas idéale, mais nous ne sommes pas parmi les pays qui
traînent de la patte ou qui sont, comme on dit, en voie de
développement.
M. Le Moignan: Je sais qu'on n'en est pas là, je sais
qu'on a fait du progrès, mais il y a un idéal à atteindre
qu'on ne peut pas atteindre du jour au lendemain.
M. Morin (Sauvé): Un idéal, dans cet ordre de
chose, n'existe pas dans l'abstrait. On pourrait cependant souhaiter être
au même niveau que notre grand voisin américain, d'abord parce que
nous en sommes voisins et que cela nous influence, ensuite parce que le taux de
scolarisation américain fait que ce pays peut exercer un très
grand rayonnement par ses hommes et ses femmes à travers le monde,
à plus forte raison sur l'ensemble de l'Amérique du Nord. Pour
tenir notre rang, pour que le Québec tienne son rang et ne soit pas un
pays à la remorque il l'est déjà beaucoup trop sur
le plan économique pour regagner le terrain et pour ne pas
être à la remorque de qui que ce soit, ni d'ailleurs du Canada
anglais, je crois qu'il faudrait viser à atteindre des taux au moins
égaux à ceux du reste de l'Amérique du Nord.
Il s'agit non seulement de tenir notre rang dans le monde, il s'agit de
tenir notre rang en Amérique du Nord. De ce point de vue, je dirais que
nous fixer des objectifs de l'ordre de 18% à 20%, ce ne serait pas
impensable.
Quand on parle de taux de scolarisation, il faut tenir compte aussi des
tranches d'âge. Si on prend le groupe des 18 à 29 ans, le groupe
le plus scolarisé, on constate qu'à l'heure actuelle, chez la
population plus jeune du Québec, on dépasse le taux ontarien de
20%.
M. Le Moignan: Là...
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, la population plus
âgée est peut-être moins scolarisée, mais chez les
jeunes générations de Québécois, on dépasse
de 20% le taux de fréquentation universitaire qui existe en Ontario.
M. Le Moignan: Là, vous nous donnez une enveloppe globale
pour le Québec. Si dans le Québec on distingue les deux groupes,
francophones et anglophones, je suis presque assuré malheureusement, que
les anglophones nous dépassent parce qu'ils sont moins nombreux, ils ont
peut-être plus d'avantages.
M. Morin (Sauvé): Encore qu'il faille faire la
différence au sein même des universités anglophones entre
les étudiants francophones qui les fréquentent et les
étudiants étrangers qui les fréquentent et qui sont en
plus grand nombre du côté des universités anglophones que
du côté des universités francophones, de sorte que cette
avance des anglophones dans les universités anglophones est
peut-être moins considérable qu'autrefois.
M. Le Moignan: L'an dernier, je crois que nous avons
mentionné qu'il y avait environ 6000 étrangers qui étaient
inscrits dans les universités anglophones.
M. Morin (Sauvé): Non, 10 000. M. Le Moignan: 10
000? M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Le Moignan: Qui venaient de l'extérieur. Je
m'arrête surtout aux anglophones du Québec parce que...
M. Morin (Sauvé): Dans les universités anglophones,
ce n'est pas 10 000. 10 000 est le chiffre global d'étudiants
étrangers.
M. Le Moignan: Je pense que 65% se dirigeaient vers les
universités anglophones.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle, récemment, nous avons annoncé un programme de
bourses pour les étudiants des pays en voie de développement et
c'est aussi la raison pour laquelle, sachant que des stagiaires de recherche,
des stagiaires post-doctoraux chinois allaient être envoyés au
Canada au cours des années qui viennent, j'ai voulu m'assurer qu'un
pourcentage important de ces Chinois viennent dans nos institutions
francophones parce que nous n'avons pas à envier les universités
anglophones quant à la qualité de l'enseignement qui est
dispensé dans nos institutions. Nous sommes donc tout aussi aptes
à accueillir des étrangers que les universités
anglophones.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord, M. le ministre.
M. Le Moignan: Vous parlez de votre politique de bourses aux
étrangers. On avait mentionné l'an dernier les frais de
scolarité pour permettre aux étrangers d'acquitter les
mêmes frais que les nôtres. Est-ce que ceci a changé
beaucoup ou cela a-t-il apporté des changements majeurs?
M. Morin (Sauvé): Non, cela n'a pas eu d'influence
majeure, c'est négligeable. Autrement dit, l'imposition des frais de
scolarité a touché avant tout des étudiants qui pouvaient
payer, notamment des étudiants américains qui viennent faire des
études à bon compte dans les universités anglophones du
Québec ou encore des étudiants en provenance des familles
à l'aise de Hong Kong ou des Antilles anglaises. Ceux qui ont eu des
difficultés, nous avions des montants prévus pour les
dépanner.
M. Le Moignan: Parce que vous maintenez toujours notre politique
d'aide aux étudiants des pays sous-développés qui viennent
ici. C'est légitime aussi.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le député, le
gouvernement a décidé, il y a de cela environ six semaines, de
consacrer un peu plus de $1 million, je pense que le chiffre exact, c'est $1
089 000, à un programme de bourses destinées avant tout au pays
en voie de développement. De sorte que seront créées une
cinquantaine de bourses complètes et 250 bourses partielles de l'ordre
de $2000. Il y aura également quelques bourses destinées à
certains pays d'Europe et à la Chine.
M. Le Moignan: Est-ce que le gouvernement du Canada, dans ses
politiques, favorise, par l'octroi de bourses, l'arrivée des
étudiants étran- gers dont les dépenses seraient
défrayées par le Canada et qui viendront étudier au
Québec?
M. Morin (Sauvé): Assurément, par exemple, vous
connaissez sûrement l'organisme qui s'appelle l'ACDI.
M. Le Moignan: L'ACDI, oui.
M. Morin (Sauvé): Vous savez qu'il existe également
des conseils fédéraux de subvention comme le Conseil des arts, le
Conseil canadien de la recherche médicale. Il y a plusieurs conseils de
cet ordre qui distribuent des sommes d'argent impressionnantes à travers
le monde et qui font venir des étudiants dans les universités
canadiennes et évidemment dans les université
québécoises. Je dois vous dire qu'il y a même des
organismes fédéraux, des ministères fédéraux
qui, sans consulter les provinces, sans consulter les institutions
d'enseignement, décident d'offrir des postes à des
étudiants étrangers. C'est ainsi qu'on a vu, il y a quelques
mois, l'an dernier plus précisément, le ministère
fédéral de l'Industrie et du Commerce offrir au Nigeria, à
l'intérieur d'un accord commercial, d'accepter 500 étudiants
nigériens au Canada. Nous avons hérité d'une partie de ces
étudiants et nous n'en avions même pas été
informés. Autrement dit, les Québécois peuvent être
appelés, sans même le savoir quelquefois, à payer pour des
étudiants qui sont recrutés par le gouvernement
fédéral. J'aime autant vous dire que le Conseil canadien des
ministres de l'Education, dont j'étais le président à ce
moment, n'a pas laissé passer la chose. Nous avons protesté et
nous avons demandé que le Conseil des ministres de l'Education soit dans
le coup. De sorte que, lorsque s'est présenté le cas des
étudiants chinois, cette fois, nous étions dans le tableau. Nous
avons exigé que ce soit le Conseil des ministres de l'Education qui soit
le maître d'oeuvre de la venue de ces étudiants chinois au Canada,
et en particulier au Québec. Bien sûr, ce Conseil des ministres de
l'Education, vous le savez, M. le député, n'est pas un organism*
fédéral-provincial. C'est un organisme interprovincial qui a pour
politique d'écarter le plus possible les interventions
fédérales dans le domaine de l'éducation.
M. Le Moignan: On parle des étudiants étrangers qui
viennent ici au Québec; je connais quelques Québécois qui
vont parfaire leurs études universitaires à l'extérieur,
soit en France, soit aux Etats-Unis, dans le domaine de la médecine, du
génie ou autre chose.
M. Morin (Sauvé): C'est fréquent.
M. Le Moignan: Mais est-ce que cela représente une infime
portion de notre population? Vous n'avez pas de statistiques à ce
sujet.
M. Morin (Sauvé): On n'a pas de chiffres précis
à ce sujet. Ah! c'est...
M. Le Moignan: Je ne parle pas d'études
postuniversitaires. Ils vont faire directement leur cours
d'université.
M. Morin (Sauvé): Cela représente quand même
quelques milliers d'étudiants bon an mal an. Rien qu'en France, je vous
assure qu'il doit bien y avoir 2000 étudiants
québécois.
M. Le Moignan: C'est autant que cela?
M. Morin (Sauvé): Oh! oui, et aux Etats-Unis, je ne
connais absolument pas le chiffre, parce que vous comprenez que ce sont des
décisions individuelles, soit parce que c'est l'organisme
américain ou l'université américaine qui offre la bourse
ou l'Etat américain qui offre la bourse, et le ministère de
l'Education n'a pas de chiffre là-dessus, il faudrait faire une
enquête considérable pour arriver à déterminer des
chiffres qui soient un tant soit peu exacts. (20 h 45)
Mais sachez je ne pense pas me tromper que nous avons
certainement plusieurs centaines d'étudiants aux Etats-Unis, c'est de
l'ordre de plusieurs centaines.
M. Le Moignan: J'ai une autre question. On a parlé cet
après-midi de perfectionnement des maîtres du côté
universitaire, à ce sujet, est-ce qu'il y a des progrès? Vous
avez mentionné cet après-midi certains chiffres, on a plus de
professeurs chez nous qui s'avancent vers les maîtrises, les doctorats,
c'est une proportion constante, une évolution permanente.
Je veux ajouter ceci, M. le ministre. Est-ce qu'on est obligé de
faire appel souvent à la compétence de grands spécialistes
étrangers pour l'enseignement universitaire ou est-ce que nous tendons
à les former chez nous, nous les avons déjà passablement
formés?
M. Morin (Sauvé): Je comprends le sens de la question.
Beaucoup moins qu'avant, mais néanmoins les universités
québécoises ne peuvent pas se fermer entièrement aux
enseignants étrangers. Je crois que c'est un apport important et
même le jour où on aurait tous les Québécois qu'il
faut, nous approchons de ce moment-là, il faudrait encore qu'il y ait
des Québécois qui aillent enseigner à l'étranger et
que des étrangers viennent enseigner au Québec.
M. Le Moignan: C'est un échange qui se continue, on a des
Québécois qui vont enseigner en France, donner des cours, des
stages de littérature ou autres...
M. Morin (Sauvé): Oui. Nous avons même des
Québécois qui enseignent dans les universités
françaises et aussi dans certains autres pays d'Europe. Ils ne sont pas
nombreux cependant. Ce sont des échanges prévus en vertu de
programmes de coopération, notamment avec la France. J'ai eu
l'impression que votre question portait sur le perfectionnement des
maîtres de niveau universitaire?
M. Le Moignan: Oui.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que c'était le sens de
votre question?
M. Le Moignan: La première partie, oui.
M. Morin (Sauvé): On peut dire qu'à l'heure
actuelle, environ 60% des professeurs d'université du Québec
détiennent un doctorat ou un Ph.D. ce qui est une proportion qui se
compare très avantageusement avec ce qu'on observe ailleurs, dans les
autres Etats canadiens. Il est quand même remarquable de constater que
l'Université du Québec a été créée en
1968 et qu'après dix ans, elle est devenue celle où on trouve le
plus grand nombre d'étudiants dans toutes les universités
québécoises et la proportion de professeurs étrangers
n'est pas plus forte qu'ailleurs. On a pu former en dix ans un nombre de
professeurs qualifiés dans les universités ici même au
Québec.
M. Le Moignan: Dans le domaine de la recherche, de la publication
de recherche, est-ce que le Québec se maintient à un niveau
égal?
M. Morin (Sauvé): Là-dessus, il y a eu un
rattrapage certain au cours des dernières années. Le programme
FCAC a été mis sur pied pour favoriser les jeunes chercheurs
québécois pour leur permettre d'atteindre un niveau de
compétence équivalent à ceux que l'on trouvait dans les
autres universités canadiennes. Il y a des chiffres dans ce document que
l'on pourrait retrouver, qui démontrent que la proportion de chercheurs
québécois, allant chercher des subventions substantielles
auprès des grands organismes de subvention des chercheurs, a
augmenté considérablement au cours des dernières
années et se situe à un niveau presque comparable
désormais à celui de l'Ontario.
M. Le Moignan: Est-ce que votre gouvernement, comme la pratique
existe dans les milieux anglophones, reçoit de l'argent de grandes
compagnies, de sociétés, des subventions, des legs, des dons qui
sont faits à nos universités, pas directement au
gouvernement?
M. Morin (Sauvé): Non, le gouvernement comme tel n'en
reçoit pas, les universités en reçoivent.
M. Le Moignan: Oui, les universités.
M. Morin (Sauvé): Traditionnellement, les
universités anglophones recevaient des fonds considérables. On
pense à ce qu'ils appellent les "endowments" qui pouvaient
représenter plusieurs dizaines de millions de dollars dont les revenus
sont affectés à de la recherche ou à toutes sortes de fins
universitaires. Cela a beau-
coup diminué. Les chiffres qu'on pourrait vous donner sont
à peu près $100 millions à McGill et cela s'est
stabilisé depuis quelques années, parce qu'on vient de me donner
ce chiffre, mais c'est le même qu'il y a plusieurs années, alors
que j'avais pris connaissance, pour la première fois, de ce chiffre. A
l'Université de Montréal, c'est de l'ordre de $20 millions.
Donc, les universités francophones ont fait du rattrapage, mais
je dois dire que les traditions ne sont pas encore très solides chez
nous, pour ce qui est des contributions privées au développement
des universités. Cela tend, cependant, à prendre de
l'ampleur.
M. Le Moignan: Du côté anglophone, que ce soit dans
le domaine des arts, des musées, des bibliothèques, cela fait
longtemps que la pratique existe. Ce n'est peut-être pas le rôle du
gouvernement d'inciter, nos compagnies canadiennes-françaises,
peut-être, de les inviter, par une publicité, à contribuer
davantage à ce développement de nos universités. Je sais
que cela se faisait beaucoup dans le milieu anglophone anciennement, même
par l'initiative du gouvernement.
M. Morin (Sauvé): M. le député, puis-je me
permettre de vous signaler, sans pouvoir répondre directement à
votre question, qu'un des signes de la vigueur du corps scientifique
québécois est sans doute la présence de plus en plus forte
des chercheurs québécois dans les organismes subventionnaires
fédéraux, dans les comités d'appréciation et la
part du gâteau des subventions que l'on va chercher maintenant est de
plus en plus importante. Dans certains champs de recherche, en science
médicale, par exemple, en sciences de la santé, d'une
façon générale, et en sciences sociales et en
humanités, je pense qu'on n'a pas à rougir, au contraire. Nos
équipes sont très fortes dans ce domaine. On n'a qu'à
voir, par exemple, puis-je vous citer les travaux du professeur Delongchamps
qui montrent jusqu'à quel point nous sommes reconnus à
l'échelle internationale dans ce domaine.
Il y a des signes évidents d'une vigueur beaucoup plus
considérable qu'autrefois et c'est attribuable en partie, je crois qu'on
peut le dire, au programme d'aide à la formation de chercheurs. On a
quand même maintenant 2000 chercheurs qui participent au programme FCAC,
dans le cadre du volet Equipes et séminaires. Il y avait sept revues
scientifiques qui sont appuyées dans le cadre de ce projet et dans
lesquelles les chercheurs québécois peuvent publier, de sorte
que, globalement, je pense qu'on peut voir des signes d'une certaine vigueur,
dans le corps scientifique, qu'il faut encourager.
M. Le Moignan: Ceci veut dire que la création de
l'Université du Québec, avec ses nombreuses facultés, soit
à Chicoutimi, Trois-Rivières, etc., a ouvert la porte plus grande
aux chercheurs et aux spécialistes...
M. Morin (Sauvé): J'en suis persuadé, M. le
député, parce que je pense que cela élargit le corps de
ceux qui étaient demandeurs de subventions. Cela a élargi le
bassin des chercheurs québécois qui ont pu obtenir des
subventions soit du gouvernement du Québec, soit du gouvernement
d'Ottawa et certaines de ces jeunes universités se défendent fort
bien auprès d'organismes dont les standards sont très
élevés.
M. Le Moignan: Ces jeunes universités travaillent en
collaboration avec l'Université McGill, l'Université de
Montréal et l'Université Laval, avec les grandes...
M. Morin (Sauvé): De plus en plus, dans certains domaines
précis, les équipes se compénè-trent et travaillent
en collaboration. Pouvons-nous citer votre région? On pense à
Rimouski, à toute l'équipe interuniversitaire en
océanographie. Ce sont des entreprises semblables qu'il faut susciter et
encourager.
Est-ce que je pourrais me permettre de vous signaler quelques chiffres
qui sont particulièrement éloquents, quant aux progrès du
Québec, dans le domaine de la recherche, notamment, grâce au
programme FCAC dont on a parlé plus tôt, mais je n'ai pas
mentionné de chiffres?
Nous savons que le volet Equipes et séminaires a contribué
à la formation de plus de 2000 chercheurs au sein de 415 équipes
de recherche. Ce sont des réalisations importantes. Cela a
été appuyé par tous les gouvernements qui se sont
succédé au Québec, je dois dire. Ceci fait qu'on a eu des
nombres d'équipes impressionnants. Prenez, par exemple, dans les
connaissances mathématiques, 22 équipes; dans les connaissances
de la matière et du rayonnement, 34 équipes; 53 équipes
dans la connaissance des organismes vivants. C'est vraiment la science
pure.
Si on se tourne maintenant vers les recherches qui correspondent
davantage aux besoins du Québec, qui sont axées sur le
développement du Québec, les ressources naturelles, 37
équipes; la technologie, 46 équipes; les sciences de
l'éducation, 77 équipes vous allez dire qu'on en a
beaucoup besoin, c'est vrai l'administration et le droit public, 16
équipes. En plus de cela, vous parliez tout à l'heure du
mouvement intellectuel, de la recherche, eh bien!, quand on songe que les fonds
que nous avons distribués servent à l'heure actuelle à
publier des travaux, des résultats de recherche dans 27 revues
universitaires... dans les arts et les lettres, 7 revues; dans le droit et les
études internationales, 6 revues; dans le développement
économique et l'aménagement du territoire, 5 revues; dans le
développement social, 6 revues. Vous voyez, il y a tout un mouvement
relié à la recherche, aux choses de l'esprit qui prend forme
depuis quelques années au Québec. Si on maintient ce
rythme-là, je vous assure que d'ici quelques années nous n'aurons
plus grand-chose à envier à qui que ce soit.
M. Le Moignan: Deo gratias.
M. Morin (Sauvé): C'était la conclusion qui
convenait de la part d'un clerc, M. le Président.
M. Le Moignan: Je suis sincère.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Seulement une précision. Est-ce que cela ne
veut pas dire que, dans le passé, quand on a eu certainement un manque
à gagner, entre autres, au niveau du gouvernement fédéral,
c'était justement à cause de l'inexistence de chercheurs? Cette
raison-là était certainement déterminante et non pas
l'espèce de mauvaise foi qu'on évoque parfois dans des
emportements.
M. Morin (Sauvé): La situation est plus nuancée que
cela, M. le député.
M. Rivest: Non, je veux dire un des éléments, M. le
ministre. Je ne veux pas insister, ce n'est pas là-dessus que je veux
vous interroger, j'ai une autre question, si vous permettez.
M. Morin (Sauvé): Non, mais je veux quand même
ajouter une phrase là-dessus, si vous permettez. Dans ce
domaine-là, comme dans tant d'autres, on ne prêtait qu'aux riches,
c'est-à-dire que, si vous étiez en retard, on ne vous donnait pas
de chance de vous rattraper.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Sauvé): II a fallu que nous fassions
nous-mêmes un immense effort de rattrapage et, depuis lors, on nous fait
confiance.
M. Rivest: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Vous voyez, c'est plus
nuancé.
M. Rivest: Oui. Seulement une...
M. Morin (Sauvé): Maintenant, nous allons chercher notre
part, mais c'est une part de nos taxes aussi, il ne faut pas l'oublier.
M. Rivest: En effet. Seulement une précision.
Tantôt, vous avez évoqué la conférence des ministres
de l'Education...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: ... en parlant, entre autres, des interventions du
gouvernement fédéral à l'occasion d'accords commerciaux.
Vous avez parlé d'un accord avec la Chine, je crois. Est-ce que c'est
une intervention simplement ad hoc ou, maintenant, au niveau de la
conférence des ministres de l'Education, avez-vous un protocole
d'entente avec le gouvernement fédéral et ces organis- mes pour
éviter justement ces arrivées un peu imprévues
d'étudiants étrangers?
M. Morin (Sauvé): Je dois dire que nous traitons du cas
chinois à l'heure actuelle, mais nous n'avons pas encore trouvé
le terrain d'entente que nous souhaiterions avec les fédéraux. Ce
n'est pas réglé. Justement, le sous-ministre, M. Girard,
était à Toronto, il y a deux ou trois jours, pour tenter de faire
avancer le dossier. C'est un peu un cas-type, cependant. Si nous réglons
le cas chinois, cela pourra servir de modèle pour d'autres pays par la
suite.
M. Rivest: Et d'autres types d'interventions qui peuvent venir
aussi dans le domaine de la recherche. Je vous le rappelle, à plusieurs
reprises il y a eu des actions du gouvernement fédéral qui
donnait des bourses ou des programmes de recherche à certains modules,
par exemple, de l'Université du Québec, qui finissaient par
dénaturer un peu la vocation que le ministère de l'Education
fixait. Est-ce que ce problème-là existe encore, les
interventions unilatérales du gouvernement fédéral qui
donne des bourses à des professeurs, par exemple?
M. Morin (Sauvé): M. le député, vous avez
été très occupé récemment, mais je vous
inviterais à lire le livre vert sur la recherche au Québec qui
traite précisément de cela, non seulement pour la recherche
universitaire, mais la recherche gouvernementale et la recherche industrielle.
Le malheur, c'est que les deux gouvernements ont chacun leur politique et que
c'est rarement concerté. Récemment, nous avons pu arracher
d'Ottawa dans un ou deux cas qu'il consulte le Québec et, notamment, le
ministère de l'Education. Je pense à un cas en particulier, mais
je vous assure que cela laisse encore beaucoup à désirer, parce
que le gouvernement d'Ottawa estime qu'il est chez lui et qu'il fera bien ce
qu'il entend et qu'il n'a pas à répondre de ses actes au
gouvernement québécois. C'est un problème que vous
connaissiez bien.
M. Rivest: Oui, c'est pour cela que je l'évoque, c'est
parce que je sais que c'est un problème qui est vraiment...
M. Morin (Sauvé): Oui, et dont nous avons
hérité et qui n'est pas réglé, qui ne le sera
peut-être pas avant certains événements qui pointent
à l'horizon. (21 heures)
M. Rivest: A quoi vous référez-vous? Est-ce qu'il y
a une conférence prochaine des ministres de l'Education?
M. Morin (Sauvé): Non, je pensais à un
événement plus important que cela pour l'avenir du
Québec.
M. Le Moignan: Le 22 mai?
M. Morin (Sauvé): Remarquez que cela ne pourrait
peut-être pas nuire.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez peut-être nous dire pour
quand est le référendum. On saurait après cela quand va
venir le dénouement.
M. Morin (Sauvé): C'est pour cela que j'ai
enveloppé ma phrase volontairement d'un certain voile...
M. Rivest: De mystère.
M. Morin (Sauvé): ... de mystère, parce que je ne
connais pas la date du référendum.
M. Le Moignan: Vous avez déjà indiqué une
date.
M. Morin (Sauvé): Mme le député de L'Acadie
avait deviné juste. Je pensais à cet événement.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour septembre ou octobre, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): Je voudrais bien le savoir, madame.
M. Le Moignan: Vous avez déjà risqué une
date, M. le ministre, il y a quelques mois.
Mme Lavoie-Roux: Oui? Le 12 novembre?
M. Le Moignan: Le 12 ou le 13 novembre. Je n'ai pas la
journée exacte.
M. Morin (Sauvé): Point du tout.
Le Président (M. Boucher): Revenons à nos
crédits.
Investissements immobiliers
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais maintenant passer à l'avis du
Conseil des universités au ministre de l'Education, touchant les
investissements à l'immobilisation pour les universités. Nul
doute que le ministre en a pris connaissance. C'est un document qui est
passablement critique et même très critique à
l'égard du ministère de l'Education. Je suis sûre que le
ministre va sans doute tenter de rejeter ceci, mais, à ce moment, il
s'expose à ce que je lui lise tous les passages où on
déplore la façon dont les calculs sont faits pour...
M. Morin (Sauvé): Vous parlez de l'avis sur les
investissements immobiliers?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Vous voyez ce que je veux dire. Une
question très précise, parce qu'on pourrait aller dans une foule
de détails. Est-ce qu'à votre point de vue, les protestations du
Conseil des universités ou les représentations du Conseil des
universités, selon lesquelles votre base de calcul pour
l'évaluation des futures clien- tèles, enfin jusqu'à l'an
2000... Cela ne semble pas, à son point de vue, adéquat, parce
que vous vous basez sur le niveau ontarien de 1976, si je comprends bien et,
à partir de cela, vous faites un exercice, une projection jusqu'à
l'an 2000. D'après le conseil, même si vous faisiez cela... Et
j'aimerais simplement lire ce paragraphe qui n'est pas très long. Voici
pourquoi il le conteste: "Tout d'abord, malgré qu'il soit plus
élevé que celui du Québec pour la même année,
le niveau ontarien de 1976 ne peut être considéré comme un
objectif réaliste pour le Québec de l'an 2000, alors que les
anglophones du Québec, sans parler des Américains, ont
déjà, en 1976, des taux de fréquentation de 100%
supérieurs à ceux de l'Ontario pour certains groupes d'âge.
Dans un premier exercice utilisant l'objectif à atteindre pour le
Québec en l'an 2000, le taux de participation, des anglophones du
Québec en 1975 a été rejeté, sans doute parce qu'il
permettait d'entrevoir des besoins d'espaces beaucoup plus
élevés."
Enfin, l'interprétation que ces gens ont faite, le point de
référence que vous avez utilisé est vu dans une
perspective d'économie et de développement insuffisant d'espaces
dans les universités. "Or une telle comparaison, ajoute-t-il, ne
supposait rien de plus que le Québec ait atteint, dans vingt ans, un
niveau de participation universitaire analogue à celui qui est
présentement observé aujourd'hui aux Etats-Unis par des groupes
d'âge comparables" alors que, tout à l'heure, le ministre
faisait des comparaisons avec les Etats-Unis "alors que le niveau de
scolarisation universitaire de l'ensemble de la province de ce pays est presque
deux fois plus élevé que celui de la population canadienne en
général, qui a elle-même un taux de scolarité
d'environ 25% plus élevé que celui de la population du
Québec."
Je passe le reste. Ce document se réfère... Je n'ai
malheureusement pas eu le temps de l'examiner. Il faudrait que j'aie quelques
moments de tranquillité au moins. Ce sont les calculs du taux
d'évolution par rapport à 1976, qui proviennent du MEQ, des
clientèles universitaires québécoises en 1981,1989 et
ainsi de suite jusqu'à l'an 2000. C'est sur ceci qu'on se base.
Je vais vous poser tout de suite ma question précise. Un autre
reproche que l'on fait au ministère, c'est le fait qu'on ne veuille pas
tenir compte, dans cette projection de besoin d'espace, des étudiants
à temps partiel, parce que des étudiants à temps partiel,
ça peut être aussi des étudiants de jour et non pas
nécessairement de soir. Alors, ce n'est pas nécessairement une
population qui se remplace dans les institutions.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne voudrais
pas, le moindrement, être insensible à l'avis du Conseil des
universités. Au contraire, nous l'avons lu au ministère avec
beaucoup d'attention parce qu'il nous paraissait, sur certains points,
fondé. Evidemment, il reflète une certaine situation
idéale vers laquelle on voudrait tendre.
La situation idéale peut très bien devenir autre en
période d'austérité financière. Je vais vous en
donner un exemple radical. En Ontario, on a décidé, il y a
trois ans, que les constructions, c'était fini et, en fait de
contribution aux immobilisations, cela a été zéro,
zéro, zéro.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais les gens se scolarisaient davantage au
niveau universitaire en Ontario.
M. Morin (Sauvé): Pendant ce temps-là, au
Québec, nous allons, pour la période quinquennale 1978-1983,
dépenser, comme contribution, $288 millions et, si on tient compte des
années précédentes, on atteint le chiffre pour les
années récentes de $381 millions. C'est beaucoup d'argent
pour un gouvernement qui a d'autres priorités socio-économiques.
C'est un premier point, mais ce n'est pas le seul.
En second lieu, nos chiffres de clientèle sont fondés sur
le point le plus bas de la courbe, et c'est à dessein que nous avons
fait cela, parce que nous ne voulons pas construire d'immeubles
inutilement.
Mais il va de soi, troisième point, que si les clientèles
sont supérieures avant le point le plus bas de la courbe et
après, nous louons des espaces. Personne n'est dans la rue. En tout cas,
je n'ai pas entendu parler de cas d'étudiants dans la rue, sauf pour des
manifestations, mais ça, c'est une autre affaire.
Si vous pouvez m'indiquer un département universitaire qui n'est
pas logé à l'heure actuelle, je serai prêt à me
pencher sur le problème. Mais ce n'est pas le cas, parce que lorsque
nous manquons d'espace en propriété, nous louons. J'aime autant
vous dire que les locations, d'ailleurs, nous coûtent assez cher par
année. De temps à autre, nous décidons qu'il vaut mieux
construire, parce que ça nous coûterait moins cher que de louer
et, souvent, les calculs se font à la marge, justement, pour savoir si
on doit construire ou non. Dans le cas... On parlait du collège Dawson
cet après-midi. Je sais bien que ce n'est pas le niveau universitaire.
Maintenant, quand on compare ce que la location coûterait par rapport
à la construction...
Mme Lavoie-Roux: J'ai connu ça, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... on s'aperçoit que c'est
quasiment la même chose et, finalement, on va au moins améliorer
les espaces en propriété et même peut-être construire
pour le gymnase, vous voyez, parce qu'on s'est rendu compte que ça ne
coûtait pas plus cher. La même chose au plan universitaire.
Enfin, pour terminer il y aura peut-être d'autres
considérations qu'on voudra faire valoir le conseil nous fera un
nouvel avis en juin sur le sujet et je l'attends avec intérêt.
Mme Lavoie-Roux: La question est toujours sur la table, si je
comprends bien. Elle n'est pas finale dans le sens que l'idée du
gouvernement est inébranlable là-dessus. Il y a de la place pour
de la révision de la question.
M. Morin (Sauvé): Ah! je dirais constamment et,
d'ailleurs, je viens justement, récemment, d'ouvrir un nouveau dossier
parce qu'on m'a fait valoir un besoin urgent, parce qu'il y a un
déplacement d'étudiants et ça va créer la
nécessité, sans doute, d'acheter un nouveau bâtiment. Nous
le ferons probablement.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Vous voyez? Donc, nous ne sommes pas
fermés sur ce dossier, mais attention, il faut qu'on reste à
l'intérieur d'un montant raisonnable parce que, là encore, comme
pour les subventions de fonctionnement, le Québec peut se permettre
certains montants, mais pas plus parce que ce qu'il mettrait dans des
constructions universitaires, il ne le mettrait pas sur autre chose,
peut-être sur une usine de transformation de l'amiante, est-ce que je
sais?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pour le...
M. Morin (Sauvé): Pour être dans
l'actualité.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à maintenant, cela ne vous
coûte pas cher.
M. Morin (Sauvé): Elle est excellente comme justification,
on vient de savoir que si on résiste à la vente ou à
l'expropriation, c'est parce que le marché de l'amiante s'avère
brillant pour les années à venir.
Mme Lavoie-Roux: On verra cela en temps et lieu.
M. Morin (Sauvé): Je suis prêt à engager la
polémique là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, je pense qu'il
était convenable que j'apporte ce rapport du Conseil des
universités qui pose des questions sérieuses quant à la
planification des équipements. Si le ministre me dit: On est ouvert,
évidemment, à tout cela, il y a un échéancier, je
le comprends fort bien, mais il y avait certaines universités qui
avaient l'impression que tout cela était...
Bibliothèque de Concordia
Pour rester dans les équipements et finir dans les
équipements, peut-on me dire quels sont les plans là, je
vois le ministre faire sa chronologie et dire: Cela remonte jusqu'à
l'ancien... cela pourrait peut-être remonter jusqu'à l'Union
Nationale, je ne suis pas sûr concernant la bibliothèque de
Concordia.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ne me faites pas tout l'historique, juste un peu
de détails.
M. Morin (Sauvé): Vous êtes sûre que cela ne
vous intéresse pas de connaître les origines de ce
problème?
Mme Lavoie-Roux: Je les ai données, M. le ministre, et
vous n'écoutiez pas.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas de la bibliothèque de
Concordia, cela fait deux ans que ce dossier est sur nos bureaux et que nous le
considérons sous tous les angles. Nous nous rendons compte qu'il y a,
tout près, dans une autre université anglophone, des espaces
disponibles pour la consultation. Nous tentons d'amener les deux institutions
à s'entendre. Nous ne voulons pas construire un grand nombre de pieds
carrés pour une clientèle qui est appelée à se
stabiliser, sinon à diminuer légèrement, alors qu'il
existe des places disponibles. Je sais bien que c'est difficile pour deux
institutions ayant chacune leurs traditions, pour ne pas dire leur
mentalité, de s'entendre. A notre avis, c'est la solution rationnelle de
ce problème.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je serais peut-être en
partie d'accord avec vous s'il n'y avait pas le fait que Concordia a au moins
deux campus, un qui est situé dans la partie extrême ouest de
Montréal et qui dessert quand même une population qui pourrait
aller jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue, si on veut vraiment penser
à la population de l'ouest de Montréal. Même les CEGEP de
l'ouest pourraient l'utiliser au besoin. McGill est dans la partie centre et
peut desservir une autre partie de la population. S'il y avait un seul campus
à Concordia, je ne vous dis pas que je serais d'accord,
nécessairement, cela demande plus de considération, mais le fait
qu'il y ait deux campus et que vous ayez toute la population dans l'ouest de la
ville...
M. Morin (Sauvé): Mme le député, les
institutions anglophones sont déjà, à l'heure actuelle,
suréquipées par rapport aux institutions francophones. Si nous
allons...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est le cas de Concordia?
M. Morin (Sauvé): Globalement, je n'ai pas dit Concordia,
c'est le cas de l'ensemble des institutions anglophones qui sont
suréquipées par rapport au côté francophone. Si nous
allons ajouter encore des pieds carrés et du rayonnage d'une
bibliothèque à Concordia, nous allons encore accentuer
l'écart entre francophones et anglophones et nous pensons que ce n'est
pas une priorité pour le gouvernement d'agir de la sorte.
Des deux bibliothèques de l'université, la mieux
logée et la mieux équipée est celle du campus Loyola. Ce
que l'université Concordia nous proposait, c'était
l'aménagement d'une bibliothèque pour le campus centre-ville.
C'est précisément en raison de cette proposition qu'on pense que
des relations plus étroites avec McGill pourraient être une
solution.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous rejetteriez, par exemple, la
possibilité d'un agrandissement de la bibliothèque si
c'était nécessaire?
M. Morin (Sauvé): Je ne crois pas que le problème
soit de ce côté-là. Le problème, disons-le, est
à l'ancien Sir George Williams devenu une partie intégrante de
Concordia. (21 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Sur le campus de Loyola, l'espace est suffisant
pour une bibliothèque qui devrait desservir l'ensemble de Concordia.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, notre raisonnement est le
suivant. Les institutions francophones sont sous-équipées. Si on
a de l'argent à mettre dans les bibliothèques, on va plutôt
équiper celles qui sont sous-équipées d'abord.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a quand même des besoins. Elle a
des facultés, elle a des besoins. Votre raisonnement, je le suis
jusqu'à un certain point. Mais il y a aussi les besoins des
étudiants, quels qu'ils soient, qu'ils soient Français, Chinois,
Anglais ou Grecs. Si vous me dites: On n'a qu'à se rendre à
Loyola, elle est très bien équipée pour les
facultés qu'elle a. Je vous dis: Je suis pleinement d'accord avec
vous.
M. Morin (Sauvé): Soyons francs, la situation n'est pas
idéale à Concordia.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Mais, mon Dieu, quand on compare ce qui
a cours du côté anglophone avec la situation qui règne du
côté francophone, on se dit: Commençons par essayer de
remonter un peu les francophones qui n'ont pas de bibliothèque bien
souvent.
Mme Lavoie-Roux: L'Université de Montréal a...
M. Morin (Sauvé): Ou des bibliothèques
insuffisantes. L'Université de Montréal a une
bibliothèque, mais...
Mme Lavoie-Roux: L'Université du Québec?
M. Morin (Sauvé): ... elle n'a pas tout ce qu'elle devrait
avoir comme volumes. Elle passe son temps à nous faire remarquer que sa
bibliothèque n'est pas dans les normes internationales.
Mme Lavoie-Roux: Alors, les compressions budgétaires ne
sont pas très bonnes.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai! il faut l'admettre. Mme
Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Mais c'est la limite de ce que nous
pouvons faire. Avant d'aller construire une bibliothèque du
côté de Concordia, nous allons attendre le rapport sur les
bibliothèques et l'avis du Conseil des universités qui doit
porter là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas là-dedans, je crois.
M. Morin (Sauvé): Non. Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que nous allons recevoir au
mois de juin, sernble-t-il.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on va l'attendre.
M. le Président, peut-on me dire ce qui va advenir des surplus
que les universités ont présentement? D'abord, je pense qu'il
faut expliquer que ces surplus, elles les ont parce que les subsides arrivant
plus tard ne sont pas dépensés. C'est comme cela que les
universités expliquent les surplus. Du moins, c'est leur
rationalisation. Estelle juste? L'an dernier, de toute façon, vous avez
récupéré de façon indirecte ces surplus en faisant
une coupure générale de $12 400 000 dans les crédits
destinés aux universités. $12400 000 ou $14 millions, je vous dis
cela de mémoire, c'est de cet ordre-là. Cette année, c'est
votre intention de laisser les surplus aux universités.
M. Morin (Sauvé): Les surplus sont laissés aux
universités depuis au moins trois ou quatre ans. Cela n'est pas une
politique nouvelle. Les universités ont la libre utilisation des surplus
qu'elles accumulent. Elles ont la seule obligation suivante, c'est d'informer
le ministère de la façon dont ils ont été
utilisés.
Mme Lavoie-Roux: Mais l'an dernier, quand vous avez fait une
coupure, cela a quand même affecté les surplus d'une façon
indirecte.
M. Morin (Sauvé): Est-ce qu'on peut signaler, Mme le
député...
Mme Lavoie-Roux: C'est dans ce sens. Vous les avez
peut-être officiellement laissés, mais vous avez fait une coupure
dans les prévisions budgétaires.
M. Morin (Sauvé): Bien oui, mais cela a peut-être
comprimé un peu les surplus.
Mme Lavoie-Roux: On dit la même chose, M. le ministre. Mais
cette année, il n'en est pas question, nous dit-on. Vous ne ferez pas de
coupure.
Une autre question, l'Université du Québec à
Montréal a eu une grève de près de deux mois cette
année. Si ma mémoire est bonne, l'an dernier ou l'année
précédente vous aviez prévu une subvention de compensation
à cette grève qui était de l'ordre d'environ $1 million;
je parle vraiment de mémoire. Est-ce que cette année encore vous
allez prévoir une subvention de compensation à la
grève?
M. Morin (Sauvé): Non, parce que les conditions sont
différentes de ce qu'elles étaient au moment de la grève
antérieure de l'Université du Québec et, fort
heureusement, la rentrée qui s'est effectuée à
l'Université du Québec immédiatement après
Pâques permet à l'université de terminer sa deuxième
session de façon régulière en la prolongeant, mais permet
surtout à l'université de tenir sa session d'été.
De cette façon l'université n'encourra vraisemblablement pas de
déficit, suite à la grève.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, ce...
M. Morin (Sauvé): Elle n'a pas perdu sa clientèle
non plus, semble-t-il. Ce qui est encourageant, parce que dans le passé
les grèves ont entraîné des pertes de clientèle
assez sensibles.
Mme Lavoie-Roux: Deux dernières questions. La
première: Quelles sont les suites que vous entendez donner au rapport
qui sera produit par la commission d'étude sur les universités?
Vous ne l'avez pas, vous allez dire: Je ne peux pas dire quelle suite on va y
donner. Je m'explique. Est-ce qu'à ce moment-là, une fois le
rapport remis, il y aura publication d'un livre blanc, est-ce qu'il y aura
commission parlementaire, est-ce que vous avez envisagé
différentes étapes?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je dois vous confesser que je
ne suis pas encore tout à fait fixé sur la façon dont nous
allons procéder. J'attends de voir le contenu du rapport de la CEU et de
voir si ses recommandations sont très concrètes ou d'ordre
très général. Il se peut d'ailleurs qu'il existe des
recommandations des deux sortes. Probablement devrons-nous, en tant que
gouvernement... Nous parlons bien du rapport de la commission d'étude
sur les universités...
Mme Lavoie-Roux: ... d'étude sur les
universités.
M. Morin (Sauvé): Probablement devrons-nous, comme
gouvernement, décider, point par point, ce que nous allons faire des
recommandations de la CEU, tout comme le gouvernement des années 1960
à 1964 a dû prendre position par rapport au rapport Parent. Est-ce
que ça prendra la forme d'un énoncé de politique, d'un
livre blanc, selon le vocabulaire qu'on voudra adopter, ou encore d'un livre
vert, s'il fallait consulter la population? Je ne le sais pas encore. Je suis
enclin à penser que le gouvernement devra, de toute façon,
annoncer ses couleurs et prendre position par rapport au rapport de la CEU. Il
serait prématuré cependant de vous dire de quelle
façon.
Chose certaine, s'il devait découler de ce rapport des
conclusions concrètes, des conséquences concrètes comme
des projets de loi, eh bien, cela viendrait devant cette commission et nous
entendrions probablement les intéressés. Je pense que nous
pourrions nous dispenser de l'étape du livre vert, parce que la CEU
elle-même est un vaste processus de consultation.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Une toute petite question. En
décembre 1978, le ministère de l'Education a engagé une
somme de $32 000 pour une étude réalisée par
l'Université de Montréal sur la condition de vie des
étudiants universitaires. Est-ce que cette étude est
complétée? Si elle ne l'est pas, quand prévoyez-vous
l'obtenir?
M. Morin (Sauvé): Je crois me rappeler, Mme le
député, que cette étude a été confiée
à la commission d'étude sur l'avenir des universités, que
les résultats de l'étude sont connus maintenant par les membres
de la commission et qu'ils seront remis en même temps que le rapport
même de la commission. Est-ce que je dois...
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à accepter votre
réponse, sauf qu'il y a eu un montant engagé aux engagements
financiers de décembre de l'ordre de $32 000. Est-ce que ce serait comme
un supplément qui aurait été accordé à la
commission d'étude sur les universités? Est-ce que ce n'est pas
quelque chose d'indépendant, puisque cela a fait l'objet d'un engagement
financier particulier?
M. Morin (Sauvé): Le budget de la commission fait partie
du budget de la Direction générale de l'enseignement
supérieur, de sorte que c'est apparu ainsi aux comptes.
Mme Lavoie-Roux: D'une façon générale ou
d'une façon plutôt occasionnelle, est-ce que vous avez eu à
engager des sommes supplémentaires pour appuyer ou épauler la
commission d'étude sur les universités? Si tel est le cas, est-ce
qu'on pourrait avoir la liste de ces engagements supplémentaires, avec
l'objet de l'utilisation des crédits?
M. Morin (Sauvé): Certainement.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question sur les
universités, M. le ministre. Vous pouvez me répondre: On attend
le rapport des universités, mais il reste quand même que le
gouvernement doit avoir certaines idées quant à la façon
ou quant aux perspectives dans lesquelles il envisage le développement
des universités au Québec. Je vais donner quelques exemples
concrets. Est-ce que c'est dans une perspective de
complémentarité ou dans une certaine
complémentarité, est-ce que c'est dans une perspective d'accent
sur le développement régional par rapport au développement
urbain ou d'autres perspectives? Je donne ça pour...
M. Morin (Sauvé): Oui. Mais votre question porte
précisément sur les sujets que nous avons à coeur. Tout
d'abord, depuis quelques années, ce n'est pas nouveau, notre
gouvernement a endossé des idées qui ont cours au Québec
depuis déjà quelque temps. Nous pensons que les programmes des
universités doivent être coordonnés. C'est l'une des
raisons pour lesquelles le Conseil des universités a été
créé. Il y a d'autres organismes, comme la CREPUQ, qui traite
également de ces problèmes.
Autrement dit, les universités doivent être
coordonnées et elles ne doivent pas toutes se lancer tête
baissée dans tous les projets et dans tous les programmes. Il faudrait
également, dans toute la mesure du possible, qu'on voie émerger,
peut-être, ce qu'on appelle quelquefois, faute d'une expression plus
exacte, des centres d'excellence. Nous aimerions que certaines
universités aient des points forts, et qu'émergent, peu à
peu, des facultés qui soient...
Mme Lavoie-Roux: Qui rayonnent internationalement.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est cela, qui soient d'une telle
qualité, qu'elles rayonnent sur tout le Québec et
internationalement, pourquoi pas?
Deuxième point important, c'est celui du développement des
universités régionales, et en particulier des constituantes de
l'Université du Québec installées dans des régions
autres que les grands centres. Je pense à Trois-Rivières,
à Chicoutimi, à Rimouski, à Hull, peut-être encore
à deux ou trois endroits.
L'option du gouvernement, à l'heure actuelle, cela est plus
récent, ce n'est pas une option, un choix aussi ancien que l'autre,
c'est de favoriser le développement des universités
régionales. Par exemple, c'est dans cette perspective que,
récemment, nous avons pris la décision de parachever la
construction de l'Université du Québec à Chicoutimi. La
décision a été annoncée il y a quelques semaines.
C'est vraiment parce que nous avons un penchant régional et nous pensons
que ces universités doivent se développer et, autant que
possible, garder les populations dans les régions. Quand un jeune quitte
sa région pour aller faire des études, on ne sait pas trop s'il
reviendra ou pas, ce qui est fort nuisible pour le développement d'une
région.
Notre tendance, c'est de favoriser l'implantation de plus en plus forte,
d'institutions régionales. Si vous combinez les deux facteurs,
l'excellence et l'accent sur le régionalisme, vous verrez se dessiner
des politiques pour que dans les régions, on voie émerger
également des points forts.
Mme Lavoie-Roux: Une toute petite dernière question, M. le
Président. On sait, par exemple que l'Université de Rimouski...
je parle de Rimouski, parce que je sais qu'elle se déplace vers
Bonaventure et ailleurs, je ne sais pas comment on appelle cette fonction
particulière d'une université, est-ce que c'est une
université ambulante?
Comment l'appelez-vous? En tout cas, vous savez ce à quoi je
réfère.
Des statistiques, je suis certaine qu'on en retrouverait à
l'intérieur du rapport annuel de l'Université du Québec.
Mais est-ce qu'il y a des évaluations qui sont faites quant aux
résultats et au suivi des études où les étudiants
s'inscrivent, par exemple à Bonaventure? Parce que je sais qu'ils vont
quelque part par là. Est-ce que cela a une influence sur la promotion au
travail, une influence sur le développement social de la
communauté? Est-ce qu'il y a une étude ou si ce sera contenu dans
le rapport des universités?
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si cela sera contenu dans
le rapport de la commission. Je sais que c'est une préoccupation
persistante à l'Université du Québec, puisque c'est
surtout là que le phénomène joue.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Et cela joue dans la région de
l'Outaouais, de l'Abitibi, de la Côte-Nord, de la Gaspésie, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a un très grand nombre de ce qu'on appelle
des sous-centres d'enseignement, qui ont permis de rendre accessibles, entre
autres, à un très grand nombre d'enseignants, des cours auxquels,
autrement, ils n'auraient pas eu droit, en pratique, de sorte que, pour les
enseignants, sûrement que cela a présenté des avantages
réels. (21 h 30)
La préoccupation de l'université porte surtout sur la
qualité de l'encadrement des étudiants. Je pense que, si cela
s'est développé rapidement cette formule-là, on passe
maintenant à l'étape où l'université s'interroge
sur la qualité des services offerts à l'étudiant et
à la qualité de l'encadrement d'une façon
générale, entre autres, et des gens qui offrent ces
cours-là. Je sais que cela existe dans chaque université,
l'Université du Québec à Chicoutimi, à Rimouski,
à la DEUOQ au CEUOQ plutôt maintenant. Elles ont fait leurs
études propres sur cette question. Cela a contribué à
resserrer davantage l'organisation des cours, parce que souvent on en ouvrait
un peu facilement peut-être...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): ... et peut-être que maintenant on
est plus exigeant.
Mme Lavoie-Roux: En termes plus concrets, ce serait
intéressant s'il y avait une relance, un peu comme on fait pour les
finissants des universités, des étudiants qui sont inscrits
à ces cours-là dans les diverses régions.
Autre question: Quelles sont les ressources en bibliothèque pour
les personnes, enfin les étudiants de ces régions
éloignées qui suivent quand même des études à
un niveau supérieur? je sais qu'il y a des expériences
probablement assez intéressantes ou qu'il y a un "know-how" qui est
peut-être plus développé ailleurs, même dans
certaines provinces et probablement dans d'autres pays je pense à
l'Australie, là je n'ai pas idée qu'ici. Quel souci a-t-on
dans ce domaine-là?
M. Morin (Sauvé): Le ministère a mis sur pied un
comité composé de trois personnes, il y a maintenant un an et
demi, qui vient tout juste de nous remettre son rapport sur l'état de
fonctionnement des bibliothèques et sur l'état des
différentes bibliothèques des différentes
universités et, en particulier, de l'Université du Québec
qui, à plusieurs reprises, nous a fait valoir l'état
particulièrement plus pauvre de ses bibliothèques.
Le rapport nous fait des recommandations précises il
pourrait d'ailleurs être déposé mais il nous
recommande la mise en commun des ressources de bibliothèques à
travers le Québec. Il nous suggère même la mise en place
d'un système de transmission informatisée des ressources de
chacune des bibliothèques. Cela peut donc être une solution pour
ces bibliothèques que l'on trouve dans les régions, mais le
rapport vient tout juste de nous parvenir et on tente de voir quelle suite on
pourrait y donner.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il serait intéressant que
vous examiniez ce qui se fait ailleurs là-dessus. Je pense que
même McGill a peut-être déjà une expérience,
parce qu'au point de vue anglophone, elle a été obligée de
rayonner ailleurs aussi.
M. Morin (Sauvé): Oui, Montréal également.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous faites allusion sûrement au
système des prêts interbibliothèques qui, cependant,
coûte très cher.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): C'est un peu différent de ce que
propose le rapport.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vois. En tout cas, s'il y avait un
rapport, quand vous l'aurez, si vous voulez le déposer. Merci.
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons le déposer
maintenant, madame, si cela vous intéresse.
Mme Lavoie-Roux: Pour augmenter ma bibliothèque.
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions même déposer
deux rapports, puisque nous avons effectivement une opération relance
à l'université qui pourrait vous intéresser.
Mme Lavoie-Roux: Ah! cela, ça m'intéresse.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je dépose
le rapport intitulé Education et emploi, la relance à
l'université qui est du mois d'août 1978, pour
l'édification de Mme le député. Je dépose
également le rapport du Comité technique de l'évaluation
des bibliothèques universitaires québécoises ainsi que
l'annexe. C'est d'ailleurs dans ce rapport, si je ne me trompe pas, que vous
trouverez la recommandation de conjuguer les ressources des universités
anglophones du centre-ville de Montréal.
M. Le Moignan: En avez-vous en réserve pour
l'édification des autres députés aussi?
M. Morin (Sauvé): Si nous ne les avons pas sur place ici,
nous en aurons d'autres exemplaires pour le député de
Gaspé qui manque de lecture ces temps-ci.
M. Le Moignan: C'est vrai cela.
M. Morin (Sauvé): C'est parce que, hélas, les
clercs ne lisent plus leur bréviaire.
M. Le Moignan: Comment pouvez-vous conclure que je ne lis pas le
mien.
M. Morin (Sauvé): Vous semblez vouloir de la lecture.
M. Le Moignan: J'en ai trop, M. le ministre, avec tout ce que je
reçois chaque jour.
Mme Lavoie-Roux: Avec le sous-ministre maintenant, il peut se
servir de cela comme bréviaire.
M. Le Moignan: Avec tout ce qu'on reçoit chaque jour, si
on pouvait lire tout ce qui nous passe entre les mains.
M. Morin (Sauvé): Hélas!
M. Le Moignan: C'est incroyable!
Le Président (M. Boucher): Le programme 6 est-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): Le programme 6 est adopté, M. le
Président.
Formation des adultes
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 7,
Education des adultes.
M. Morin (Sauvé): Permettez-moi de me réjouir de ce
progrès, nous avançons!
Mme Lavoie-Roux: On a quand même couvert tous les niveaux
d'enseignement, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être un peu moins rapidement pour
l'université que l'an dernier.
M. Morin (Sauvé): Nous abordons maintenant une question
qui chevauche les niveaux d'enseignement, qui est celle de l'éducation
des adultes. L'an dernier, lors de la présentation des crédits
devant cette commission, je vous faisais part des orientations que nous
entendions prendre dans ce vaste domaine de l'éducation des adultes.
J'indiquais alors que l'approche privilégiée consisterait non pas
à développer en premier lieu une politique d'ensemble plus ou
moins théorique, mais plutôt à procéder tranche par
tranche selon un processus qui permettrait de faire l'analyse successive de
chacun des programmes.
Mme Lavoie-Roux: C'est la partie de hockey, M. le ministre, ils
se sauvent tous!
M. Morin (Sauvé): Les députés sont autour de
cette table, Mme le député, je ne vois pas...
Mme Lavoie-Roux: On vous abandonne, M. le ministre.
M. Rivest: Quand on les voit partir, cela nous
inquiète.
M. Morin (Sauvé): Je dois dire que ceux qui étaient
responsables...
Mme Lavoie-Roux: Allez-y!
M. Morin (Sauvé): ... les fonctionnaires qui
étaient responsables de l'enseignement universitaire nous quittent
maintenant je crois que c'est tout à fait légitime de leur
part pour se livrer à des préoccupations intellectuelles
d'un autre ordre.
Mme Lavoie-Roux: Ils s'en vont lire d'autres rapports.
M. Morin (Sauvé): Rassurez-vous, les fonctionnaires
responsables de l'éducation des adultes vont rester parmi nous.
Je voudrais reprendre là où j'ai été
interrompu et vous dire que l'an dernier j'avais indiqué que nous
voulions procéder selon un processus qui permettrait de faire l'analyse
successive de chacun des programmes et dégager les orientations de
chacun des secteurs d'activités. Cet effort de consolidation devait, il
va de soi, s'inspirer des documents d'orientation du gouvernement, des livres
verts, des énoncés de politique et des plans d'action. Je
voudrais donc faire le point sur ces questions en vous rendant compte des
travaux accomplis et des suites que nous entendons leur donner pour
l'année qui vient.
Tout d'abord, deux mots au sujet de l'éducation des adultes et du
développement culturel, après quoi, je parlerai de la condition
féminine et de l'éducation économique.
Mme Lavoie-Roux: On va souligner cela, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je savais que cela pourrait
intéresser Mme le député. L'important document
diffusé par mon collègue, le ministre d'Etat au
développement culturel, devait fonder une partie de nos orientations et
de nos réalisations. La politique québécoise du
développement culturel contient une foule de propositions qui, pour la
plupart, font déjà partie de nos préoccupations
quotidiennes, qu'il s'agisse de la formation générale et
socio-culturelle ou de la formation professionnelle. Etablir la liste de toutes
nos contributions m'apparaît assez peu approprié, compte tenu du
peu de temps dont nous disposons. Je ne ferai que vous en citer quelques
unes.
Par exemple, les derniers mois ont permis de relever chez nos
concitoyens anglophones et chez les nouveaux Québécois un
désir manifeste d'apprendre le français. Environ 35 commissions
scolaires ont organisé des programmes spéciaux pour permettre
l'apprentissage du français comme langue seconde. Les cours sont surtout
dispensés sous forme d'un enseignement intensif ou encore par
immersion.
En second lieu, nous ayons aussi organisé des cours à
l'intention des Amérindiens adultes. Ceux-ci peuvent maintenant
bénéficier d'une formation générale axée
principalement sur l'apprentissage du français, de l'anglais et des
mathématiques. Environ 400 stagiaires sont annuellement visés par
ce programme.
Troisièmement, nous avons collaboré avec le
ministère de l'Environnement pour développer des programmes en
vue de sensibiliser la population à l'importance de la sauvegarde de
l'environnement québécois.
Quatrièmement, nous avons aussi élaboré des cours
sur la nutrition, le conditionnement physique, la préparation à
la retraite et sur les institutions politiques québécoises.
Enfin, il nous faut souligner que, grâce à la formation
socio-culturelle, nous contribuons activement au rayonnement de la culture
québécoise, puisque 47% des inscriptions dans ce champ de
formation se font dans la catégorie "Art et culture".
Quelques mots maintenant au sujet de la condition féminine
auxquels Mme le député de L'Acadie ne devrait pas demeurer
insensible.
Plusieurs programmes de formation socioculturelle et d'animation
communautaire se proposent directement d'améliorer la condition
féminine. Il est toutefois un préjugé qui règne
depuis quelques années et contre lequel je voudrais maintenant
m'élever. C'est celui qui voudrait faire croire que seuls certains cours
d'éducation aux adultes sont destinés aux femmes. Je ne vous
citerai que quelques statistiques pour vous prouver que, si cette situation
était réelle il y a à peine quelques années, elle
s'est considérablement améliorée. En effet, même si
les femmes s'inscrivent de préférence à des cours de
formation socioculturelle où elles représentent 82% de la
clientèle, elles restent cependant intéressées par
d'autres domaines de formation où le pourcentage d'inscriptions
féminines varie entre 40% et 59%.
La participation féminine représente au total plus de 65%
des inscriptions en éducation des adultes et se répartit comme
suit, selon les domaines de formation: 56% en formation générale
à temps plein; 59% dans la même formation, mais à temps
partiel; 40% en formation professionnelle à temps plein; 46% en
formation professionnelle à temps partiel; 82% en formation
socioculturelle et 46% en animation communautaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être l'heure, M. le ministre,
mais je prenais tous vos pourcentages. Vous avez dit: Elles constituent 65% de
la population adulte et là, des 65%, j'additionne ça et ça
me fait 300%.
M. Morin (Sauvé): Oui, si vous prenez les 65% et vous en
faites 100%...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... les chiffres que je vous ai
donnés par la suite sont le pourcentage par rapport à ces 100%.
Est-ce que je me fais comprendre?
Mme Lavoie-Roux: Excusez... M. Rivest: Revenez...
M. Morin (Sauvé): 65% des inscriptions aux adultes...
Mme Lavoie-Roux: Oui, ça va, ce sont des femmes.
M. Morin (Sauvé): Sont des femmes.
Mme Lavoie-Roux: Cela va. Cela, il n'y a pas de
problème.
M. Morin (Sauvé): Sur ces 65%...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... il y en a...
Mme Lavoie-Roux: 56% en formation générale à
temps plein...
M. Morin (Sauvé): C'est par programme.
Mme Lavoie-Roux: 59% en formation générale à
temps partiel; 40% en formation professionnelle; 46% en je ne sais trop et 82%
en socioculturel.
M. Morin (Sauvé): C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Rivest: Cela fait plus que 100%.
Mme Lavoie-Roux: II me semble que ça fait beaucoup de
monde.
M. Morin (Sauvé): Mais non, c'est par programme.
Mme Lavoie-Roux: Tout ça additionné...
M. Morin (Sauvé): Non, je pense qu'il faut reprendre
l'explication.
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui...
M. Morin (Sauvé): Si je comprends bien, c'est le
pourcentage de fréquentation dans chaque programme. C'est bien
ça?
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! C'est parce que je partais
toujours...
M. Morin (Sauvé): Non, on ne peut pas additionner
ça, parce qu'on arriverait facilement à 300%.
Mme Lavoie-Roux: A 300%, c'est ça.
M. Morin (Sauvé): Comme le laissent présager ces
statistiques, nous continuerons à faire tous les efforts pour que les
besoins de formation, nombreux et variés, exprimés par les
Québécoises soient pris en considération par les diverses
activités qui font partie de l'éducation des adultes. Je quitte
ce sujet de prédilection pour parler maintenant de l'éducation
économique.
Mme Lavoie-Roux: A cette heure tardive.
M. Morin (Sauvé): S'il est un domaine auquel nous nous
sommes tous particulièrement intéressés au cours des
derniers mois, c'est bien celui de l'éducation économique. C'est
une priorité que nous avons inscrite dans l'énoncé de
politique, dans le plan d'action et dans le projet du gouvernement à
l'endroit des CEGEP, en rendant obligatoires les cours d'économie au
niveau secondaire et au niveau collégial. Cela constitue
également un champ de développement majeur au niveau de
l'éducation des adultes qui avait déjà de l'avance dans ce
domaine.
Plusieurs réalisations ont été accomplies au cours
des derniers mois. Je n'en signalerai que deux, notamment le
développement et l'adaptation d'une série de jeux sur
l'initiation à l'économie et, en second lieu, la diffusion
à l'échelle du Québec de programmes d'initiation à
l'économie par les media écrits.
Nous poursuivrons notre action, l'an prochain, en assurant la formation
d'animateurs pour l'utilisation des jeux économiques et en apportant un
soutien accru aux organismes et institutions du secondaire et du
collégial pour étendre l'implantation de ces jeux
économiques à la presque totalité de ces institutions.
Permettez-moi de vous rappeler, enfin, que ces iniatives ont reçu un
accueil plus que favorable des participants au sommet économique qui
s'est tenu, récemment, à Montebello. Nous avons été
encouragés à poursuivre ces initiatives par la plupart des
participants à ce sommet. (21 h 45)
Quelques mots maintenant sur l'éducation des adultes et sur les
documents d'orientation en éducation. Au cours de l'année qui
vient, la Direction générale de l'éducation des adultes
sera appelée à poursuivre sa collaboration à deux
documents d'orientation que nous diffuserons l'an prochain. Le plan de
développement des interventions éducatives en milieu
défavorisé promis par "L'école québécoise"
comportera un chapitre important sur l'éducation des adultes en milieu
défavorisé. D'importants travaux en vue de combattre
l'analphabétisme sont déjà expérimentés
à l'heure actuelle dans une douzaine de commissions scolaires et feront
notamment partie des interventions que nous entendons favoriser à
l'intention des adultes issus de milieux défavorisés.
J'aurai l'occasion, au cours de l'année prochaine de publier un
plan de développement de la formation professionnelle qui donnera suite
aux orientations contenues dans l'énoncé de politique et le plan
d'action ainsi que dans le projet du gouvernement à l'endroit des CEGEP.
La Direction générale de l'éducation des adultes
poursuivra la collaboration amorcée l'an dernier, durant l'année
qui se termine, à l'élaboration de ce document qui concernera
l'ensemble des réseaux d'enseignement.
Je passe maintenant à la formation professionnelle des adultes.
En plus de cette contribution qui se situe à un plan
général de la formation professionnelle, les travaux entrepris en
collaboration avec le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et
avec le comité ministériel permanent du développement
social seront accélérés au cours de l'an prochain pour
définir un véritable programme de formation de la main-d'oeuvre
québécoise.
Je n'ai pas l'intention de m'attarder longtemps sur la
nécessité impérieuse de développer un programme
propre à satisfaire les véritables besoins du Québec en ce
qui concerne la formation de la main-d'oeuvre. Je pense que vous connaissez,
à ce sujet, les divers aspects du contentieux Québec-Canada qui a
d'ailleurs toujours présenté des difficultés aux
gouvernements antérieurs. On sait qu'il y a, autour de cette table, des
députés qui ont été frottés à ces
difficultés.
Prétendre que le programme de formation de la main-d'oeuvre
canadienne ne répond en rien aux besoins du Québec serait sans
doute inexact. Affirmer, par ailleurs, que ce programme nous laisse, quant
à la formation et au perfectionnement professionnel, la latitude que
nous souhaitons avoir pour définir des politiques précises et
surtout pour coordonner nos actions ministérielles en fonction des
priorités propres au Québec serait tout à fait
inexact.
C'est près de $8 millions provenant des de'niers publics que le
Québec a dû utiliser pour combler les lacunes du programme de
formation de la main-d'oeuvre canadienne et pour pallier les besoins les plus
urgents de la main-d'oeuvre québécoise. Les actions conduites
à partir de ce maigre budget ne peuvent apparemment rivaliser avec le
programme canadien et ses $80 millions dans le domaine de
l'éducation.
Pourtant, il est étonnant de constater l'impact significatif de
cette contribution faible en valeur absolue j'ai dit qu'elle
était de $8 millions lorsqu'on la replace dans son contexte. Il
n'est qu'à considérer l'accueil réservé au
programme de formation en milieu industriel, aux interventions auprès
des propriétaires, aux gérants de petites et moyennes entreprises
ou aux mesures visant à améliorer la sécurité au
travail, pour se convaincre du bien-fondé et de l'urgence d'adopter un
véritable programme québécois de formation de la
main-d'oeuvre. Il n'est que de penser à tout ce que nous poumons faire
avec ces $80 millions, si vraiment nous en disposions pleinement, selon nos
besoins véritables pour penser que ce serait dix fois plus que ce que
nous faisons avec le maigre budget que nous y consacrons.
Deux mots, en terminant, des organismes volontaires d'éducation
populaire je sais que c'est un sujet qui intéresse Mme le
député de L'Acadie et la formation syndicale. S'il est un
domaine où les besoins sont nombreux et variés, c'est bien celui
de l'éducation populaire et de la formation syndicale. Au chapitre des
subventions à accorder aux organismes volontaires, dans le budget, nous
avons considérablement accru les montants pour tenir compte des besoins
nouveaux. Ainsi, aux $2 millions versés l'an passé en subventions
qui étaient déjà bien supérieurs à ceux de
l'année précédente, nous ajouterons cette année
$800 000, c'est-à-dire une hausse de 38,8%. Mme le député
me suit-elle?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Une hausse de 38,8% cette année
pour les OVEP.
Mme Lavoie-Roux: Seulement pour la formation syndicale?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Pas sur l'ensemble de votre budget.
M. Morin (Sauvé): Strictement pour les OVEP, pour les
organismes volontaires d'éducation populaire.
Mme Lavoie-Roux: Ne se trouve-t-il pas à
l'intérieur de la formation générale et socioculturelle,
au programme 7 élément 1 ? Je m'excuse de vous interrompre. Quand
on calcule ceci cela donne 9,8% d'augmentation.
M. Morin (Sauvé): Non, l'an dernier vous ne devez
pas avoir le bon chiffre il était de $2 millions; cette
année il est de $2 800 000. Cela fait bien une hausse de 38,8%.
Mme Lavoie-Roux: C'est à l'intérieur de la
formation générale et socioculturelle.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est pris sur une rubrique
particulière.
M. Morin (Sauvé): Exactement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, un sous-élément,
d'accord.
M. Morin (Sauvé): Je me tourne maintenant vers la
formation syndicale qui est un élément distinct. En 1978/79, nous
avons alloué un budget de 571 700 réparti principalement entre
les centrales syndicales pour satisfaire les besoins de formation de leurs
membres. A même ce budget, $50 000 ont été accordés
à des syndicats non affiliés. Compte tenu des besoins accrus dans
ce domaine, le budget de la formation syndicale sera porté, en 1979/80,
à $800 000, ce qui représente une augmentation de 40% cette
fois-là.
M. Rivest: ... dans les négociations.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas, ce n'est pas du tout
fait pour cela, c'est tout simplement parce qu'il y a de véritables
besoins de formation syndicale.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, si on le fait bien, je suis
d'accord avec vous, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je crois que ce sera bien
utilisé, nous en avons...
Mme Lavoie-Roux: Je vous donne même le bénifice du
doute, vous ne le faites pas du tout à des fins politiques.
Sincèrement.
M. Morin (Sauvé): Je l'espère, je l'espère,
parce que je crois que l'éducation syndicale est un besoin au
Québec. Vous savez que nous n'avons pas les plus hauts taux de
syndicalisation dans le monde.
M. Rivest: Vous aviez dans le programme du Parti
québécois des éléments extrêmement
intéressants pour favoriser ou promouvoir la syndicalisation.
Jusqu'à maintenant, je pense que les milieux syndicaux ont
été très sceptiques et très réservés
sur votre action depuis au-delà...
M. Morin (Sauvé): Vous voyez, voilà un moyen que
nous mettons à leur disposition de faire de l'éducation
syndicale. Votre scepticisme doit être atténué.
M. Rivest: Non, je parlais du scepticisme des milieux syndicaux,
mais je concours tout à fait à la remarque et à
l'enthousiasme du député de L'Acadie, je vous
félicite.
M. Morin (Sauvé): Merci. J'apprécie d'autant plus
les félicitations que le gouvernement antérieur avait
supprimé ces subventions.
En terminant cette revue des principales orientations en
éducation des adultes...
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous, les choses évoluent.
M. Rivest: Voyez-vous, ça change.
Mme Lavoie-Roux: Cela change. C'est pour ça, faites bien
attention, si ça change trop...
M. Rivest: C'était pour vous donner l'occasion de les
promouvoir.
M. Morin (Sauvé): M. le député sait que
certains mots me tapent sur les nerfs et ça doit être à
dessein qu'il les utilise. Je dirai donc...
Mme Lavoie-Roux: Comptez sur lui.
M. Morin (Sauvé): Je terminerai donc cette revue des
principales orientations dans ce domaine en vous indiquant que les
précisions apportées à chacun des programmes et la liaison
que nous voulons maintenir avec l'ensemble des priorités
gouvernementales nous amèneront à définir une
véritable politique de l'éducation des adultes qui s'appuiera sur
les acquis concrets des expériences diversifiées et à
obtenir la nécessaire cohérence qui doit caractériser
toute véritable politique d'ensemble.
M. le Président, Mme le député m'a posé des
questions au sujet des OVEP. Cependant, plutôt que de lui donner
immédiatement une longue réponse, je la laisserai commenter ce
que je viens de dire et si elle a besoin de plus de détails, je les lui
donnerai avec plaisir.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant que ne
débute cette séance, j'avais dit au ministre de l'Education que
je ne serais pas longue sur l'éducation des adultes, pour la bonne et
simple raison que je pense qu'il y a une carence fondamentale. On n'a pas
encore abouti à une politique générale ou officielle de
l'éducation des adultes et on pense encore à l'éducation
des adultes en termes ponctuels, ce qui n'est pas mauvais en soi. Je pense que
si 56% ou 100% des personnes, un certain nombre de personnes suivent des cours
en formation générale, en éducation économique,
tout cela, c'est bon, en termes de gestes ponctuels, pour répondre
à des besoins immédiats.
Je ne sais pas si le ministre a lu l'article dans Prospectives. S'il n'a
pas lu Prospectives de février, ce serait peut-être
intéressant pour lui de la lire au complet. C'est "Où va ce
gouvernement en éducation?" Il y a un article qui est intitulé...
Je l'avais avec moi avant la séance de seize heures. J'éparpille
mes documents.
Il y a un article qui est intitulé: "On continue de rêver
à l'éducation permanente...
M. Morin (Sauvé): C'est l'article de M. Daoust.
Mme Lavoie-Roux:... "mais on fonctionne toujours avec
l'éducation des adultes." Cela se peut que ce ne soit pas exactement
cela. Je pense que, dès 1975/76 c'est une de mes vieilles
marottes il faut définitivement s'orienter vers une politi- que
d'éducation des adultes qui se situe dans une continuité qui soit
beaucoup mieux articulée que celle que nous connaissons
présentement.
Je ne peux pas dire que ce qui est fait là est mauvais en soi.
C'est bon. Cela répond à des besoins. Mais on reste toujours
fondamentalement sans politique vraiment cohérente de l'éducation
des adultes. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit les autres
années, le chevauchement du scolaire au CEGEP, du CEGEP aux
universités. J'y ajouterais même un élément cette
année, qui accentue peut-être le problème dans son
ensemble.
C'est le fait que, dans quelques jours ou quelques semaines, on se
prononcera sur un projet de loi pour la télévision
éducative.
M. Morin (Sauvé): Programmation éducative. Mme
Lavoie-Roux: Programmation éducative. M. Morin (Sauvé):
Qui vient d'être déposé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela, cela va impliquer
nécessairement une mise de fonds considérable que d'ailleurs, je
pense, déjà, le gouvernement a accepté de mettre à
la disposition de Radio-Québec peut-être selon un certain
échéancier, mais ceci est quand même, à mon point de
vue un élément pas tout à fait nouveau, mais qui va se
développer et qui est un élément extrêmement
important de toute l'éducation des adultes.
M. Morin (Sauvé): Et de l'éducation tout court.
Mme Lavoie-Roux: Oui, de l'éducation permanente. Enfin, on
ne se chicanera pas sur les mots, mais c'est dans ce sens-là que je me
dis que c'est quand même... Vu qu'il est 22 heures, je ne dirai pas que
je vais dénoncer, je vais dire: Je regrette encore une fois qu'on pose
à la pièce des morceaux d'éducation des adultes sans
réellement avoir... Je sais qu'on y travaille. Je sais que ce n'est pas
facile, sans avoir une politique globale...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais...
Mme Lavoie-Roux: ... surtout au moment où on
s'apprête à investir davantage dans Radio-Québec à
ces fins-là. Je peux seulement réitérer, avec moins de
force, comme je le disais tout à l'heure, parce qu'il est 22 heures,
cette constatation déplorable ou regrettable que ce geste n'ait pas
abouti au moins en 1978/79.
Ce sont les seules remarques que j'avais à faire. Je pourrais
bien vous commencer un tas de sous-questions, même s'il y a une
conversion je ne sais pas si elle est très profonde du
moins en apparence du ministre de l'Education à la cause féminine
et que cela devrait beaucoup me réjouir après presque trois ans
de combat; il reste qu'il y aurait là aussi énormément de
questions à poser. Par exemple, les statistiques que vous nous avez
données, à quel niveau sont-elles? Est-ce que c'est au niveau
élémentaire, secondaire ou collégial? (22 heures)
Au niveau collégial, M. le ministre, je peux vous donner... Je ne
la nommerai pas, je n'aime
pas identifier une institution, quoiqu'il n'y ait pas de journaliste,
mais c'est dans le journal des Débats, après cela, les gens
disent: Telle institution, c'est comme cela. Ce n'est pas nuancé... Il
existe une institution qui est probablement un de nos meilleurs CEGEP,
où des femmes qui se recyclent suivent des cours; presque
automatiquement, on ne veut pas leur offrir de cours de mathématiques
cela va vous intéresser, M. le ministre parce que ce sera
trop difficile pour elles. Ce sont des femmes qui ont quand même fait des
études... Enfin, ce ne sont pas des femmes non scolarisées, au
contraire, mais elles ont eu une autre carrière pendant un certain
temps.
Il existe encore énormément de... Je ne veux pas entrer
dans tous ces détails, mais il y a encore énormément de
carences, même du côté des efforts que le ministre veut bien
mentionner. Le problème fondamental, c'est: Comment le ministre peut-il
justifier qu'il n'y ait pas cette politique globale?
Un dernier mot, je veux revenir sur les OVEP. Le ministre nous dit: Nous
passons de $2 millions...
M. Morin (Sauvé): A $2 800 000. Mme Lavoie-Roux:
... à $2 100 000. M. Morin (Sauvé): $2800
000.
Mme Lavoie-Roux: $2 800 000. C'est une augmentation; vous avez
donné le pourcentage, de...
M. Morin (Sauvé): 38,8%.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il faut réaliser, c'est que dans sa
réponse à mes remarques préliminaires de mardi matin,
évidemment, il a dénoncé ma dénonciation en disant:
Ecoutez, cela augmente, cela a augmenté d'un tel pourcentage depuis
1976. C'est normal que cela augmente et c'est souhaitable que cela augmente. Il
faudrait peut-être penser, avec toute l'animation qui se fait, à
des budgets plus considérables.
M. Morin (Sauvé): Avant 1976, cela avait plutôt
tendance à diminuer et même à aller jusqu'à
zéro dans le cas de la formation syndicale.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas quelle foi il faut accorder
à cet article qui a été écrit par le conseil
d'administration de l'Institut canadien d'éducation des adultes
et même si cela s'appelle "canadien", je ne sache pas qu'ils soient tous
des libéraux inconditionnels. Ce n'est pas un appui qu'il nous donnait.
Je pense que c'est une constatation.
M. Morin (Sauvé): C'est un organisme très
respectable et très dynamique.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est justement. Je vous lis
simplement quelques passages: "De peu reluisante qu'elle était..." Je
vais vous le lire au complet, parce que, parfois, on lit des petits bouts qu'on
aime.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: "De peu reluisante qu'elle était,
cependant, cette situation financière a maintenant nettement
dépassé le seuil critique. 31% seulement des besoins
exprimés ont été satisfaits. Plus de deux tiers des
activités d'éducation populaire autonome servent à un
refus de financement de la part du ministère de M. Morin. Le programme
présenté étant comme un programme de développement
de l'éducation populaire, dans la réalité, il s'agit
plutôt d'un étouffement progressif des organismes issus du milieu
et qui répondent aux besoins de ce milieu mieux que ne peut
réussir à le faire tout organisme contrôlé de
l'extérieur, comme en témoignent plusieurs rapports tant
québécois qu'internationaux. Nette détérioration de
la situation." J'aimerais que le ministre ne soit pas trop distrait.
Le Président (M. Boucher): Mme le député,
puis-je vous demander si vous en avez encore pour longtemps? Vous savez qu'il
est 22 heures, qu'il passe 22 heures. Je voudrais demander aux membres de la
commission, à ce moment, s'ils veulent dépasser l'heure de
l'ajournement.
M. Le Moignan: Combien de minutes? M. Morin (Sauvé):
J'y consens volontiers.
Mme Lavoie-Roux: Pour finir le programme de la formation des
adultes.
M. Morin (Sauvé): On pourrait peut-être finir le
programme de la formation des adultes.
Mme Lavoie-Roux: Je n'en ai pas pour très longtemps.
M. Morin (Sauvé): Moi non plus.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Lavoie-Roux: Alors, je continue ma lecture. "... nette
détérioration de la situation. Après avoir, en 1974-1975,
sous le ministre Clou-tier, manifesté une volonté réelle
d'améliorer les choses, 100% des projets financiers de participation des
OVEP au mécanisme d'approbation des projets, le ministère n'a
cessé de reculer quant au montant global alloué et quant aux
conditions d'obtention de ces fonds, c'est-à-dire aux normes et
critères. Depuis trois ans, la disproportion déjà
inacceptable entre les besoins exprimés et les montants accordés
s'est accrue à un rythme alarmant comme en fait foi le tableau qui
suit".
Je vous passe les chiffres. C'est l'article du Devoir du 7 avril
1979.
M. Morin (Sauvé): Nommez les chiffres, parce que ça
va vous...
Mme Lavoie-Roux: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): ... montrer qu'il y a une telle
croissance de la demande qu'on n'arrive pas à y faire face. C'est
ça le problème. C'est trop populaire.
Mme Lavoie-Roux: "En 1976/77, les demandes étaient de $3
093 000, il y a eu une réponse aux demandes de 56%. En 1977/78, $5 000
000... " mais il y a un astérisque, je ne sais pas pour quelle raison.
Peu importe, on va le prendre tel quel. Il est entre parenthèses. On a
accédé ou répondu à 48% des demandes."
M. Morin (Sauvé): Oui, mais... les chiffres aussi.
Mme Lavoie-Roux: Oui. "En 1978/79" d'accord, je vous les
donne "pour des demandes de $8 551 099, on a une réponse de $2
662 700 et on ne répond plus maintenant qu'à 31% des demandes."
L'astérisque voulait dire approximativement. "En deux ans, le
ministère a réduit de moitié sa capacité de
financement de l'éducation populaire autonome dans les syndicats et les
OVEP. Dans l'établissement de l'enveloppe budgétaire, il ne tient
compte que de l'augmentation moyenne accordée aux programmes qui
relèvent de son autorité, non de la réalité de
l'accroissement des besoins. "Encore une telle attitude..." Ecoutez, j'en
passe, non pas que je veuille cacher quoi que ce soit, je ne sais même
pas... Il faudrait que je le relise. "Encore une telle attitude du
ministère de l'Education serait-elle à la limite
compréhensible si ses décisions, quant aux montants
alloués, en dépendaient étroitement. Il s'agit là
uniquement d'une manifestation de bureaucratisme crasse, puisque la grille que
les fonctionnaires se sont donnée arbitrairement pour rendre leurs
décisions n'a aucun lien quel qu'il soit avec ces calculs ou même
avec les normes et critères officiels du programme. Cette grille est
basée exclusivement sur la taille des organismes et sur l'étendue
géographique de leur action, sauf exception. Les "petits" obtiennent
entre 40% et 50% du montant demandé et les "gros" 25% à 33%.
"Conséquences désastreuses", dernier paragraphe, M. le ministre.
"Les OVEP ont eux-mêmes souligné les conséquences
désastreuses des coupures faites par le ministère de l'Education
dans leur demande d'aide financière. Certains d'entre eux ont dû
fermer définitivement leurs portes. C'est le cas de l'Institut de
protection des intérêts du consommateur, l'IPIC." Là, sur
ce point particulier, je pense qu'il y a eu d'autres éléments que
celui-là, uniquement... enfin, d'après ce que j'ai lu. "D'autres
ont dû cesser temporairement leurs opérations". Cela, je trouve
ça dommage. "Carrefour des associations de familles monoparentales du
Québec et un grand nombre ont mis à pied une partie de leur
personnel permanent déjà limité et surchargé". Cela
aussi, c'est dommage. "L'Association coopérative d'économie
familiale, le Carre- four populaire Saint-Michel. Dans tous les cas, les
activités éducatives ont été
considérablement réduites."
Je pense que j'en ai lu assez long pour dire que je pense que la
situation doit être soulignée. Même si le ministre dit: On
fait des efforts supplémentaires, mais les demandes sont tellement
grandes, il reste que ça demeure des demandes qui sont importantes et,
somme toute, les augmentations, même si on les considère en termes
de pourcentage, 31% d'augmentation, ce sont quand même des sommes minimes
parce qu'on parle de $1 million, $2 millions, $3 millions. Compte tenu des
besoins et de toute la population rejointe par ces organismes volontaires
d'éducation populaire, il faudrait peut-être y accorder une
priorité un peu plus grande.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, en dépit
de l'heure tardive, je vais tenter d'apaiser le dragon fatigué qui
habite Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ne me provoquez pas! Je pourrais devenir
plus...
M. Morin (Sauvé): II est vrai que nous n'avons pas pu
répondre à toutes les demandes, tant s'en faut! C'est d'ailleurs
la raison pour laquelle nous augmentons le programme de 40% cette année.
Même ce montant augmenté de 40% ne...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): Vous avez raison, c'est de 38,8%.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que c'est mon enthousiasme qui vous
donne de l'élan comme cela.
M. Morin (Sauvé): Les 40% sont applicables à
l'éducation syndicale. Cette augmentation de 38% ou 39% sera bien
suffisante pour répondre à des demandes qui ne cessent
d'augmenter. En deux ans, les demandes sont passées de $3 093 000
à $8 551 000. Il n'est pas possible d'arriver à répondre
à toutes ces demandes. Nous faisons de notre mieux. Nous avons, en deux
ans, augmenté la contribution gouvernementale de $1 735 000 à $2
662 000. Enfin, l'an prochain, le montant sera encore plus élevé.
Cela va demeurer insuffisant, je le confesse volontiers.
Voulons-nous, pour autant, étouffer l'éducation populaire?
Pas du tout. Il est bien clair que nous faisons tout ce que nous pouvons
puisque nous augmentons les montants chaque année. Il semble que les
organismes croient que le gouvernement va pouvoir y mettre des millions et des
millions, mais ce n'est pas possible: la demande augmente constamment. On nous
accuse d'avoir resserré ou d'avoir changé les critères
qu'on pourrait appeler pédagogiques.
Effectivement, nous avons dû le faire, puisque le nombre des
demandes augmentait sans cesse. Nous avons dû resserrer les
critères financiers,
nous avons dû resserrer les critères pédagogiques et
nous avons dû également resserrer le contrôle financier,
pour être sûrs de déceler toujours les meilleurs projets. Ce
qui signifie que certains projets ont dû être écartés
même s'ils étaient financés dans le passé parce que
de meilleurs projets ont été présentés et que, vous
le savez, ces programmes des OVEP ne donnent aucune garantie d'un financement
perpétuel. Nous devons exercer un choix, chaque année. Nous le
faisons en fonction des critères qui nous paraissent, il faut le dire,
de plus en plus exigeants. Bien sûr, le seul fait d'aligner une demande
n'entraîne pas un financement automatique. Nous devons, en fonction des
montants qui nous sont consentis par le Trésor et le gouvernement,
exercer des choix. Ce ne sont pas des choix faciles. Je pense que vous n'aurez
aucune difficulté à me croire là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, deux petites questions.
Est-ce qu'il serait possible que le ministre dépose la liste des
critères...
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... qui sont utilisés pour
décider...
M. Morin (Sauvé): Sûrement, peut-être
même les avons-nous...
Mme Lavoie-Roux: ... du choix des subventions.
M. Morin (Sauvé): ... sous la main. M. le
Président, j'ai l'honneur de déposer les normes et
critères du programme, pour avril 1979; de la lecture de chevet
additionnelle pour Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Ceux-là, je vous garantis que je vais les
lire.
L'autre question, c'est un vieux problème que j'ai soulevé
depuis 1976 et que comme quelqu'un disait: Quand il y aura quelque chose de
fait, on n'aura pas à le soulever. C'est la question des
analphabètes. Je pense que là-dessus, le ministre de l'Education
s'est sensibilisé d'année en année. La première
année il était surpris. La deuxième année il
reconnaissait qu'il y en avait, mais il ne pensait pas que c'était des
gens qui étaient déjà allés à l'école
et qui étaient redevenus analphabètes. Heureuse coïncidence,
il y a quelques mois on a déposé un rapport sur les
analphabètes. Plus sérieusement, on les évalue à
environ 200 000. Je ne pourrais même pas vous dire si c'est pour
Montréal ou pour l'ensemble du Québec. Seulement à
Montréal, 200 000, ah boni Cela peut peut-être être plus. Je
pense que, d'ailleurs c'est ce qui a été signalé par le
Conseil supérieur de l'éducation dans son rapport ou ses
recommandations sur l'éducation des adultes...
Est-ce que le ministère de l'Education je n'ai pas pris
moi-même connaissance de ce rapport, sauf que je sais qu'il a
été publié, je l'ai vu annoncé dans le
répertoire des nouvelles publications entrevoit une action
particulière? Vous allez peut-être me répondre: Par les
projets des milieux défavorisés, mais, encore là, ils
seront peut-être quand même restreints à certains quartiers,
à certains milieux, mais que, d'une façon générale,
il y ait un effort d'atteindre le plus grand nombre de ces analphabètes
où qu'ils se trouvent dans la province.
Je lui ferai une suggestion; je pense que la télévision
éducative de Radio-Québec serait peut-être un des moyens,
parce que ce serait peut-être moins difficile pour des
analphabètes d'étudier à la télévision que
de se retrouver dans une classe. C'est une impression que j'ai.
M. Morin (Sauvé): II y a eu effectivement, depuis l'an
dernier, deux rapports importants sur l'analphabétisme au Québec.
C'est peut-être de ces rapports que Mme le député a
tiré certains chiffres qu'elle a mentionnés. Il y a eu le rapport
Hautecoeur et plus récemment peut-être, ce qu'on appelle le
rapport du séminaire Alpha sur ce grave problème du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas unique au Québec.
M. Morin (Sauvé): Non et il est beaucoup plus grave
ailleurs qu'au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire en Amérique du Nord.
M. Morin (Sauvé): Non, en Amérique du Nord,
l'analphabétisme, surtout aux Etats-Unis, est un phénomène
non pas répandu, mais un phénomène qui reste important.
(22 h 15)
Dans la politique des milieux défavorisés dont nous avons
parlé, il y aura un chapitre sur les adultes et une proposition de
programme, sorte de plan d'action à l'intention des analphabètes.
Je note la suggestion qui m'a été faite par Mme le
député au sujet de l'utilisation de la télévision.
En effet, j'aurais pu dire tout à l'heure, mais je n'ai pas eu
l'occasion de le faire, à la suite de sa question sur le réseau
de Radio-Québec, que le ministère de l'Education,
désormais, sera consulté pour ce qui est de la programmation
éducative. Auparavant, depuis des années, il n'y avait aucune
consultation véritable entre Radio-Québec et le ministère
de l'Education pour ce qui était d'une partie très importante de
la programmation à Radio-Québec, tout ce qui touche à
l'éducation.
Désormais, aussi bien au centre, dans les mécanismes
centraux d'administration de Radio-Québec, que dans chaque
région, il y aura une présence de l'éducation, soit du
ministère, au centre, soit des instances décentralisées,
dans les régions, à la programmation éducative. Et nous
pourrons donc agir pour régler des problèmes comme
ceux-là, ou en tout cas pour faire entrer ce genre de
préoccupation dans les programmes de Radio-Québec.
Je ne m'engage pas à poser de gestes précis, sauf à
saisir mon collègue des Communications de ce problème.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je l'ai déjà saisi,
si ma mémoire est bonne. Je lui en ai déjà parlé.
Cela m'apparaît peut-être un médium plus facile, pour un
certain nombre d'entre eux.
M. Morin (Sauvé): Je prends bonne note de la
suggestion.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que vous allez promouvoir...
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez favoriser le calme du
ministre de l'Education, vous n'utiliserez pas ce vocabulaire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 7 est
adopté?
M. Rivest: Sur l'éducation économique, j'aimerais
avoir les éléments de programme, simplement à titre
d'information. Si on pouvait me faire parvenir les jeux, etc., le contenu
vraiment de ce que cela donne.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous pouvons même vous faire
parvenir les jeux, cela vous tiendra occupé en Chambre.
M. Rivest: Non, les jeux, je n'en ai pas besoin, mais les
éléments concrets, ce qu'on donne exactement comme contenu.
M. Morin (Sauvé): II y a eu une publication, dans un
quotidien de Québec, dans le Soleil plus précisément,
toute une série d'articles, qui avait été faite dans ce
cadre-ci, qui avait été rédigée dans le cadre de
l'éducation aux adultes. Et dans tous les hebdos aussi; je
l'ignorais.
Le Président (M. Boucher): Le programme 7 est-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): II est adopté, M. le
Président, avec plaisir.
Je voudrais simplement ajouter une chose, si vous me le permettez, mais
cela sera très court. J'ai indiqué tout à l'heure,
à la fin de mon exposé initial, que nous préparions
maintenant une politique de l'éducation des adultes. Je ne sais pas
combien de temps nous allons y consacrer, mais nous venons de donner le coup
d'envoi à la rédaction d'un éventuel livre vert sur
l'éducation des adultes.
Avant d'en venir là, j'ai voulu, et c'est explicable, que nous
traitions de l'école primaire et secondaire dans le plan d'action, que
nous traitions des collèges dans l'énoncé de politique.
J'ai voulu que nous recevions le rapport de la CEU dans le domaine
universitaire. Maintenant, nous allons passer à deux autres dossiers au
ministère, la formation professionnelle et l'éducation des
adultes.
Dans l'éducation des adultes, les éléments de notre
politique seront justement plusieurs des éléments dont nous avons
discuté ce soir je termine là-dessus les OVEP, la
formation syndicale, le PFMQ, l'accueil et références dans les
commissions scolaires, la gratuité scolaire à I é-gard de
certains adultes dans les CEGEP, enfin d'autres éléments qui nous
permettront, j'ose l'espérer, d'ici l'an prochain, de rédiger, ou
en tout cas d'entamer largement la rédaction d'une politique de
l'éducation des adultes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous pouvez terminer.
J'aurai une question après cela à poser au ministre.
Le Président (M. Boucher): D'accord. La commission ajourne
ses travaux à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 20