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(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je déclare la séance ouverte. Je demanderais au
secrétaire de faire part des remplacements, s'il y a lieu.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Cusano
(Viau) remplace M. Bradet (Charlevoix).
Le Président (M. Thérien): Je rappelle donc le
mandat... Pardon? M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais indiquer le remplacement de Mme Vermette
(Marie-Victorin), qui sera probablement des nôtres après que la
commission parlementaire étudiant la Loi modifiant la Loi sur la
sécurité dans les sports aura terminé ses travaux.
D'après l'information qu'on a du leader du gouvernement - mais ce sont
des choses qu'on ne contrôle pas - cela pourrait être assez court.
Je voudrais la faire remplacer par M. Boulerice (Saint-Jacques), mais tout
dépendant de la longueur des travaux. En termes clairs, ce que je
demande encore une fois - et je voudrais avoir la compréhension des
ministériels - c'est qu'à partir du moment où il y a des
travaux qui exigent que des membres de la commission soient ailleurs, qu'il y
ait consentement pour avoir une personne qui remplace Mme la
députée de Marie-Victorin, mais pour des moments dont j'ignore la
durée, jusqu'à ce soir.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Cusano: Oui, M. le Président. II y a consentement,
encore pour faire preuve de notre esprit très libéral.
M. Gendron: Un esprit très libéral pour la demande
que je vous ai faite. Ailleurs, j'ai des problèmes parfois. Mais pour ce
que je vous demande, je reconnais votre esprit libéral.
Le Président (M. Thérien): M. le
député d'Abitibi-Ouest, la demande était sur le
remplacement.
Je rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 58, Loi sur
l'admissibilité à l'enseignement en anglais de certains
enfants.
Décision du président relativement au
droit de parole
Aux membres de la commission, avant de reprendre nos travaux ce matin,
j'aimerais faire part d'une décision concernant une question de
règlement qui a été soulevée hier soir, juste avant
l'ajournement de la séance. Alors que je m'apprêtais à
mettre aux voix une motion de sous-amendement, le député de
Verchères m'a signalé qu'il désirait intervenir
après les votes, sur les motions de sous-amendement, d'amendement et sur
la motion présentée en vertu de l'article 244. Je lui ai alors
signalé que le député de Viau m'avait demandé la
parole et que cette demande avait été faite il y a au moins une
heure et qu'elle avait été répétée depuis ce
temps. J'ai sorti, tel que souhaité, les minutes, les galées.
En vertu de l'article 33 de notre règlement, le
député qui désire faire une intervention doit se lever et
demander la parole au président. Cette règle s'applique
également aux travaux des commissions, mais la pratique qui s'est
développée au cours des ans veut que le député
n'ait pas à se lever en commission pour demander la parole. De
façon générale, la demande d'un temps de parole en
commission se fait de façon très informelle. Cependant, comme
l'ont mentionné les députés de l'Opposition, il est bien
évident que le président ne peut pas inscrire la demande d'un
député plusieurs heures à l'avance.
Comme le précisait le président de la commission du budget
et de l'administration dans une décision rendue le 12 avril 1984, le
choix d'accorder la parole à tel ou tel député
relève de l'entière discrétion du président qui
devra néanmoins distribuer des droits de parole en toute
équité. De plus, M. Arthur Beauchesne, dans son traité de
jurisprudence parlementaire, écrit à la page 99 que l'ordre des
interventions est laissé entièrement à la
discrétion de l'Orateur qu'est le président.
Les députés ministériels ont invoqué le
principe d'alternance pour motiver le fait que la parole devait être
accordée au député de Viau. Dans le cas présent,
cependant, je vois mal comment cette règle pourrait être
appliquée, puisque l'alternance veut que l'on accorde la parole à
un député en faveur d'une motion et ensuite à un
député qui s'y
oppose. Puisque la commission n'étudie présentement aucune
motion, je ne peux pas déterminer qui est pour et qui est contre.
Considérant le fait qu'en commission, la demande au
président d'un droit de parole se fait habituellement de façon
informelle, considérant le fait que le président doit accorder
les droits de parole en toute équité pour tous les membres de
cette commission et qu'il est le seul juge à cet effet,
considérant le fait que depuis le début de nos travaux, les
députés de l'Opposition ont eu l'occasion de présenter une
motion préliminaire ainsi que plusieurs motions d'amendement et de
sous-amendements, considérant le fait que le député de
Viau m'a demandé la parole à plusieurs reprises, y compris
quelques minutes avant que le député de Verchères fasse sa
propre demande - je l'ai même signalé au député
d'Abitibi-Ouest lorsque nous nous étions entretenus quelques instants
avant son intention j'estime donc qu'en toute équité, le
député de Viau peut maintenant prendre la parole.
Je cède maintenant la parole au député de Viau.
M. Cusano: Je vous remercie, M. le Président.
Nous avons écouté depuis le début des travaux de
cette commission, venant de l'autre côté des arguments sur le fait
qu'ils désiraient entendre certains organismes. Je dois
interpréter les gestes qui ont été posés comme
justement une obstruction systématique de la part de l'Opposition.
M. Jolivet: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de...
M. Jolivet: Comment, en vertu du règlement, le
député peut-il interpréter nos actions et le faire de
cette façon? II n'a pas le droit d'insinuer quoi que ce soit pour le
travail que nous avons fait comme Opposition. Je n'accepte pas qu'il insinue
des choses qui n'ont pas exactement la teneur qu'il dit.
Le Président (M. Thérien): Donc, M. le
député de...
M. Cusano: M. le Président, je vais retirer mes
propos.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Viau, je vous inviterais à avoir des propos
moins cyniques.
Motion proposant de procéder
immédiatement à l'étude détaillée
M. William Cusano
M. Cusano: C'est bien! Alors, M. le Président, pour ne pas
retarder les travaux de la commission, j'aimerais à ce moment-ci
présenter une motion. Elle se lit comme suit: Que l'on passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 58.
Le Président (M. Thérien): Oui. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je vous demande la parole sur
la recevabilité de cette motion, à moins que vous ne vouliez
prendre quelques minutes...
Le Président (M. Thérien): Je demanderais juste, au
préalable, d'en avoir une copie et de prendre deux minutes pour
l'examiner.
M. Gendron: En tout cas, je vais vous indiquer que je veux
plaider sur la recevabilité de cette motion. Je suis prêt à
vous laisser vos deux minutes. Vous me direz à quel moment vous serez
prêt à me laisser le droit de parole et il me fera plaisir de
l'exercer.
Le Président (M. Thérien): Â l'ordre, s'il
vous plaît! Nous allons maintenant reprendre nos travaux. Je
céderai la parole au député d'Abitibi-Ouest. Avant, je
voudrais dire que j'accepterai quelques faits pour expliquer et mieux
comprendre la motion, mais qu'on ne s'éternisera pas là-dessus.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
Débat sur la recevabilité
M. François Gendron
M. Gendron: Je suis d'accord, je ne m'éterniserai pas. Je
veux tout simplement vous indiquer...
M. Jolivet: Juste un instant!
M. Cusano: Je suis prêt à écouter le
député d'Abitibi-Ouest, mais j'aurai aussi des commentaires
à faire sur la recevabilité de la motion.
M. Gendron: D'accord. Je pense que la motion qui est
présentée par le député de Viau à ce
moment-ci est une motion irrecevable dans la pratique de nos travaux. Pourquoi
j'ai cette prétention? C'est ce que je veux plaider sur
l'irrecevabilité. Il est clair, pour n'importe qui a assisté
à nos travaux, d'ailleurs, dans les premiers commentaires du
député de Viau, lorsque vous l'avez rappelé à
l'ordre, que c'était pour utiliser l'argument que, nous, nous aurions
utilisé des motions pour faire une obstruction systématique
à l'étude détaillée
de l'article 1 et du projet de loi. Donc, le but de la motion
présentée par le député de Viau est on ne peut plus
clair, c'est de limiter certains députés dans leur désir
de voir la commission procéder à des consultations
particulières et, en conséquence, il fait motion pour limiter le
point de vue de l'Opposition de procéder à des consultations
particulières.
C'est une motion tout à fait irrecevable, parce qu'elle tend
à limiter le droit de parole, elle tend à limiter le droit
d'expression dans l'exercice de nos fonctions. Pourtant, s'il y a un droit qui
est largement reconnu en vertu de la pratique et de nos règlements,
c'est bien celui de la libre expression du député et c'est un
privilège du droit du député au sens juridique du terme de
pouvoir s'exprimer le temps qu'il le désire. D'ailleurs, ce principe a
été consacré tant par la Loi sur l'Assemblée
nationale que par les règles de procédure, les usages et les
coutumes. Le règlement ne prévoit - et je veux attirer votre
attention là-dessus -aucunement le type de motion que le
député de Viau vient de présenter. Dans le
règlement, il n'y a aucun article qui stipule qu'on peut limiter le
droit de parole d'un député et, si oui, et c'est là
l'intention claire du député de Viau, il y a des dispositions
précises dans le règlement pour aller dans le sens
souhaité par le député de Viau, mais non pas par une
motion, comme il vient de l'énoncer.
Si le député de Viau veut tout de suite utiliser l'article
251 du règlement, libre à lui de le faire, mais il faudrait qu'il
présente une motion spécifique là-dessus disant: Nous,
comme ministériels, on a décidé de limiter et de faire
arrêter tout de suite la possibilité pour les membres de
l'Opposition de continuer ce qui nous paraissait nécessaire,
c'est-à-dire des motions pour des consultations particulières
parce que nous sommes toujours convaincus que l'ensemble des motions que nous
avons présentées pour procéder à des consultations
particulières auraient au moins eu le mérite d'éclairer
davantage le débat et la question, et il appartient à
l'Opposition de décider à quel moment l'Opposition peut cesser le
fait de tenir des consultations particulières.
Là, par la motion qui nous est présentée par le
député de Viau, d'aucune façon on n'utilise un article
prévu au règlement. On fait tout simplement motion pour limiter
le droit de parole des membres de l'Opposition en procédant à
l'étude détaillée du projet de loi. En conséquence,
je pense que c'est une motion irrecevable et, nous, on pense que le seul moyen
qui existe pour donner suite à l'intention manifestée par le
député de Viau, c'est clairement la motion de clôture, et
la motion de clôture est prévue à l'article 251. Si le
député de Viau veut imposer à ce moment-ci une motion de
clôture, qu'il le fasse directement, mais je pense qu'il ne peut pas,
à ce moment-ci, limiter le droit de parole et d'expression des membres
de l'Opposition sur la nécessité d'entendre des consultations
particulières. (11 h 45)
Le Président (M. Thérien): Je vais accorder le
droit de parole en alternance sur la recevabilité de cette motion mais,
comme je l'ai dit, je vais quand même limiter le nombre d'intervenants.
M. le député de Viau.
M. William Cusano
M. Cusano: Pour tenter de vous éclairer, M. le
Président, je voudrais vous référer à une
décision qui a été rendue en décembre 1984 par un
président de commission, M. Leduc (Fabre). Je pense que le contexte
était un peu similaire aux travaux de cette commission. La motion avait
été présentée par M. Leduc (Fabre) pour qu'on passe
immédiatement à l'étude de l'article 1 et des articles
suivants du projet de loi en question. Le président de cette commission,
M. Tremblay - je corrige ce que j'ai dit tout à l'heure, la motion a
été faîte par M. Leduc et la décision rendue par le
président, M. Tremblay - disait ce qui suit. Je vous la lis pour vous
permettre d'en prendre connaissance: "Messieurs, la commission est libre de ses
travaux, elle peut décider majoritairement de procéder
immédiatement à l'article 1 ou elle pourrait décider de ne
pas procéder immédiatement à l'étude du projet
article par article. Dans ce sens, je pense que la proposition du
député de Fabre est recevable." Merci.
Le Président (M. Thérien): Je vais maintenant
céder la parole au député de La-violette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Votre décision
de permettre des interventions sur la recevabilité en les limitant, je
la trouve très sage, en passant. On pourra passer à la motion
comme telle à la suite de nos représentations. J'aimerais savoir,
si vous limitez le nombre d'intervenants, quel est le temps dont je peux
disposer.
Le Président (M. Thérien): Un maximum de cinq ou
six minutes.
M. Jolivet: Cinq minutes? Parfait. Il y a, dans le
règlement, des articles prévus aux fins d'entendre des gens en
consultations particulières, l'article 244. Il est évident que
l'article 244 permet à tout membre de l'Opposition d'essayer de
convaincre les ministériels par l'intermédiaire de rencontres
particulières, d'invitations particulières devant cette
commission; le règlement le
prévoit comme tel. S'il le prévoit comme tel, il est
évident que j'ai, comme membre de l'Opposition, le loisir de faire
toutes les représentations qui s'imposent. Si le gouvernement
décide de refuser chacune des motions que je fais, malgré toutes
les représentations faites par l'Opposition, libre à lui de le
faire, mais est-ce qu'il peut interdire, au moyen de la motion qui est devant
nous, la possibilité de présenter des motions? Je pense que non.
Le règlement est clair, il dit: Avant de commencer l'étude
détaillée du projet de loi, il peut y avoir des motions qui ont
pour but que des gens puissent être consultés. La commission est
libre et c'est par vote majoritaire que ses décisions se prennent.
Jusqu'à maintenant, nous avons essayé de faire comprendre
au gouvernement qu'il aurait intérêt à faire entendre des
gens; pour le moment, il ne le désire pas, puisque l'ensemble de nos
motions ont été battues: motions d'amendement, de sous-amendement
ou principale. Comme le disait mon collègue, le leader adjoint de
l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest, le leader du gouvernement
en Chambre peut présenter une motion qui a pour but de restreindre la
discussion ici, à cette commission. Libre à ce gouvernement d'en
prendre la décision mais pas ici, en commission. Ce n'est pas parce que
des décisions ont été rendues dans le passé,
à la suite de représentations que l'Opposition avait
décriées à l'époque, alors que le
député de Viau et les autres étaient membres de
l'Opposition, que l'on doit aujourd'hui imposer ce qui a été
imposé alors, semblerait-il, d'après ce qu'il nous a dit tout a
l'heure.
D'un autre côté, cet article 251 permet des
représentations de part et d'autre et indique pourquoi c'est une
mauvaise décision de l'utiliser. Si on le fait quand même, le
gouvernement portera le poids de cette décision. Il est évident
que le président lui-même ne peut pas restreindre le débat
plus que le règlement le permet. Le président d'une commission ne
peut en aucune façon restreindre un débat, pas plus, je pense,
les moyens que vous voulez utiliser pour nous empêcher de parler, de
mettre un bâillon que l'article 251 du règlement certifie comme
étant très clair.
D'un autre côté, un argument que je voudrais apporter et
qui permet peut-être à la partie ministérielle de
réviser sa position, c'est ce qui s'est passé à
l'Assemblée nationale et ici à cette même Assemblée
lors d'une rencontre que nous avons eue sur le projet de loi 30 qui abroge la
commission scolaire du Nouveau-Québec. Nous avions profité des
vérifications que nous avions faites pour demander à M. le
ministre une consultation particulière. Nous l'avons demandé au
président de la commission qui siège actuellement comme membre de
la commission et qui avait accepté notre posi- tion; les deux leaders
ont discuté de la question et finalement le leader en Chambre a
proposé, alors que nous en étions à l'étape de
l'adoption du principe, de revenir entre la première et la
deuxième lecture pour entendre la commission scolaire de
Joutel-Matagami. Le résultat - et c'est ce que je veux bien faire
comprendre - à savoir pourquoi nous avons proposé plusieurs
motions pour entendre des gens qui ont de près ou de loin une
connaissance pleine et entière dans certains cas et partielle dans
d'autres mais connaissant quand même l'ensemble du dossier des
"illégaux", amènerait peut-être un éclairage qui
permettrait à cette commission de mieux étudier l'ensemble du
projet de loi article par article de façon détaillée comme
le prévoit le règlement.
 l'époque, le ministre avait accepté dans le cas de
la commission scolaire de Joutel-Matagami. Le résultat c'est que le
ministre a compris; il pourra se vanter, il a le droit de le faire, qu'il est
un homme libéral, un homme capable de prendre les idées des
autres, de les intégrer et d'en faire un nouveau projet de loi. De notre
côté, on pourrait dire comme membres de l'Opposition, et ce serait
normal, que grâce à l'intervention que nous avons faite, nous
avons permis au ministre de réviser sa position, d'arriver avec un
nouveau projet de loi réimprimé. Nous étions d'accord et
on le sera encore pour lui permettre de le déposer sans avoir un
débat à n'en plus finir sur le projet de loi 30, parce qu'il
avait compris.
Nos motions étaient dans ce sens et l'article 244 nous permet de
faire des motions pour les convaincre, pour prendre le temps qu'il faut pour
convaincre le parti ministériel qui semble avoir la tête dure sur
ce point-là, malgré toutes les interventions que nous avons
faites. Dans ce sens-là j'aimerais que vous déclariez irrecevable
la motion du député de Viau. Dans l'hypothèse où
vous accepteriez la proposition nous allons, comme membres du Parlement,
accepter votre décision, qu'elle fasse notre affaire ou pas mais en
l'acceptant nous continuerons quand même à prendre les moyens que
nous avons comme Opposition pour faire comprendre à la population que
nous ne voulons en aucune façon du projet de loi 58.
Le Président (M. Thérien): Je rappelle juste aux
membres de la commission que c'est à ma discrétion que j'accorde
un droit de parole sur la recevabilité ou pas, ce n'est pas sur la
motion.
Je cède maintenant la parole au ministre de l'Éducation et
député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan M. Ryan: M. le Président je veux
plaider pour la recevabilité évidente à mon sens de
la motion. Je suis étonné de voir que l'Opposition essaie encore
de gagner du temps en cherchant à s'attarder sur ce point particulier.
Le précédent qu'a cité le député de Viau est
assez éloquent. Il l'est d'autant plus pour moi que j'étais
assis, à l'époque, du même côté que les
représentants du Parti québécois sont aujourd'hui et que
j'ai soutenu à l'époque la thèse qu'ils défendent
aujourd'hui. C'était un cheminement assez semblable. Je me souviens
très bien que le président de la commission, qui était M.
Tremblay, ancien député de Chambly, avait tranché la
question très nettement dans le sens qu'a rappelé tantôt le
député de Viau. Il n'a pas permis un débat interminable.
Tout cela tient dans trois pages de compte rendu des débats de
l'Assemblée nationale.
Vous constaterez que selon son habitude le député
d'Argenteuil avait été clair mais bref mais, dans ce
cas-là, malheureusement peu convaincant. Le président avait rendu
une décision contraire aux intérêts que nous croyions
évidents de l'Opposition et nous avions accepté la
décision, comme c'est notre devoir de le faire, sans discussion. Nous
sommes passés immédiatement après la décision du
président à l'étude du projet de loi du temps article par
article. C'est tout ce que demande la proposition du député de
Viau, à ma connaissance.
Maintenant, je voudrais rappeler une chose. Comme il y aura des
tendances à crier au martyr à mesure que le caractère
dilatoire de la position adoptée par les députés de
l'autre côté va se manifester avec plus de clarté, je pense
qu'il n'est pas mauvais de rappeler qu'au début des travaux de cette
commission, nous n'étions pas obligés d'endurer, endurer au sens
tout à fait positif du terme...
Une voix: ...
M. Ryan: ...d'accepter, nous n'étions pas obligés
d'accepter le débat prolongé que nous avons eu ensemble.
L'article 247 de notre règlement dit ceci: "Lorsque le principe d'un
projet de loi a été adopté sans débat, chaque
membre de la commission peut, au début de ses travaux, s'exprimer sur
son principe et sa teneur générale." À ce
moment-là, on nous a demandé: Avez-vous objection à ce
qu'il y ait des déclarations générales? Nous avons dit,
dans notre esprit libéral, même si nous n'y étions
aucunement tenus par le règlement, bien au contraire, mais croyant
à la bonne foi de l'Opposition, à son désir de faire
avancer les travaux parlementaires: Nous allons consentir à ce que
chacun exprime librement ses opinions et à ce qu'on fasse un très
bon tour de table.
Une voix: Quel article?
M. Ryan: C'est l'article 247, M. le Président. Nous avons
consenti. Par conséquent, nous sommes d'autant plus justifiés
à ce moment-ci, après trois journées complètes de
débat sur des motions dilatoires qui découlent directement du
libéralisme dont nous avons fait preuve au début de nos travaux,
de demander en tout bon sens, en tout réalisme, en tout souci de bien
servir nos concitoyens, que la commission aborde enfin l'article 1 du projet de
loi. C'est ce que dit la motion du député de Viau et je crois
qu'elle est recevable.
Le Président (M. Thérien): Je donnerai maintenant
la parole au député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, en droit, un mauvais
jugement ne fait pas nécessairement jurisprudence. Ce n'est pas parce
qu'un président aurait erré dans une décision
qu'automatiquement, ce jugement s'inscrit dans la jurisprudence et doit faire
que, dorénavant, telle est la ligne de conduite que nous devons
adopter.
Le Président (M. Thérien): Jugement Tremblay.
M, Charbonneau: Pardon?
Le Président (M. Thérien): Vous faites allusion au
jugement Tremblay.
M. Charbonneau: Exactement. Je le dis d'autant plus qu'à
la face même - je vous invite à relire les débats qui ont
eu lieu à ce moment-là - il n'y a à peu près pas eu
d'argumentation présentée avant que la décision du
président Tremblay soit rendue.
D'autre part, si on accepte le principe, on pourrait le pousser
jusqu'à l'absurde, c'est-à-dire qu'à ce moment-ci, avant
qu'on entreprenne l'étude détaillée en commençant
par l'article 1, si jamais vous rendiez une décision dans le sens de
l'amendement du député de Viau, cela pourrait vouloir dire que,
dorénavant, n'importe quel député ministériel
demande la parole le premier et immédiatement présente une motion
du type de celle du député de Viau, ce qui aurait pour effet de
priver les membres de la commission...
M. Tremblay (Rimouski): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): La pertinence des propos n'est pas
là.
Une voix: Voyons donc!
M. Tremblay (Rimouski): Nous n'avons pas a discuter de la
décision que vous avez rendue. Nous avons à discuter de la
recevabilité d'un amendement.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Rirnouski, le député de Verchères
ne discute pas la décision que j'ai rendue au préalable. Il est
en train d'orienter la décision que je rendrai tout à
l'heure.
M. Charbonneau: Je vous invite à suivre, M. le
député. Donc, je répète mon argument: Si vous
acceptiez les prétentions du député de Viau, cela pourrait
vouloir dire que, dorénavant, les députés
ministériels pourraient empêcher toute discussion, toute demande
en commission parlementaire, avant l'étude détaillée d'un
projet de loi, d'entendre des personnes et des organismes. Je crois qu'il y a
une procédure qui doit être suivie. Il y a un droit reconnu dans
le règlement qui donne à l'Opposition, quelle qu'elle soit, le
pouvoir de faire différentes motions pour entendre des personnes et des
organismes avant l'étude détaillée. (12 heures)
De deux choses l'une: ou on accepte ces demandes ou on les refuse. Quand
elles sont épuisées, on passe à l'article. Quand elles ne
sont pas épuisées, il n'y a qu'une façon d'empêcher
l'Opposition de poursuivre ses demandes, c'est d'invoquer l'article qu'a
signalé mon collègue d'Abitibi-Ouest. Je crois que M. le
député d'Abitibi-Ouest a mentionné l'article 251. Je crois
que cet article s'applique à la Chambre et aux commissions.
Autrement dit, si le parti ministériel veut mettre fin aux
demandes de l'Opposition qui se font dans un moment particulier,
c'est-à-dire avant l'étude détaillée, dans une
période prévue à cet effet, il faut qu'il utilise
l'article prévu au règlement et nécessaire à cette
fin. Je répète mon argument et je vous invite à
vérifier ce que cela pourrait avoir comme conséquence de donner
raison au député de Viau; autrement, cela pourrait vouloir dire
que dorénavant on empêcherait n'importe quelle opposition de
présenter... Il ne suffirait que de présenter cette motion au
départ, en étant plus rapide que l'autre pour demander la parole,
pour que cela ne soit plus possible de présenter des demandes d'audition
d'organismes ou de personnes et cela va complètement à l'encontre
de l'esprit et de la lettre du règlement.
Le Président (M. Thérien): Je vais
reconnaître maintenant Mme la députée de Groulx.
Mme Madeleine Bleau
Mme Bleau: M. le Président, je crois que la motion du
député de Viau est recevable. J'y vois deux raisons principales.
Depuis vendredi, on est assis ici à la commission de l'éducation
pour étudier le projet de loi 58, article par article. C'était
très important qu'on puisse le faire. Hélas! Nous n'avons
même pas regardé un seul article depuis trois jours. L'Opposition,
systématiquement, nous présente motion sur motion en vue de
retarder l'étude du projet de loi. Deuxièmement, la session
s'achève et il y a d'autres projets de loi à étudier qui
sont très importants. Pour ces deux raisons, j'aimerais qu'on
déclare recevable la motion du député de Viau.
Le Président (M. Thérien): Je prendrai comme
dernière intervention, étant donné que ma
discrétion est allée aussi loin que de donner la parole à
tous les membres de l'Opposition, celle de Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je plaide contre la
motion qui a été présentée. En pratique, elle est
irrecevable. Ce que l'Opposition tente de faire par la motion qui est
actuellement à l'étude, c'est d'essayer d'amener ce gouvernement,
le ministre de l'Éducation et cette commission, à entendre
différentes personnes liées directement à la question qui
est examinée ici. Vouloir, à ce moment-ci, empêcher cette
démarche, limiter ces débats, il me semble que c'est ne pas tenir
compte de la pratique antérieure et de l'argumentation et de la
défense que faisait le présent gouvernement alors qu'il
était dans l'opposition. Ce qui me fait répéter ce que je
disais hier, il semble qu'on soit tout à fait à l'aise de tenir
deux discours: un discours lorsqu'on est dans l'opposition sur la vertu de
certaines réglementations et un discours lorsqu'on est au pouvoir.
À présent, M. le Président, au sujet de la
recevabilité de cette motion, a mon avis elle est irrecevable. Elle
tente de limiter le droit de parole, le droit de s'exprimer dans l'exercice de
nos fonctions. Je dirais que c'est quasiment le seul droit de l'Opposition.
Lorsqu'on tente de bâillonner l'Opposition, alors qu'on sait qu'on a une
majorité écrasante, je n'en vois vraiment pas
l'intérêt, juste en matière de démocratie. Alors, M.
le Président, je voterai contre cette motion.
Le Président (M. Thérien): Je vais donc suspendre
les travaux pour cinq minutes. Je rendrai ma décision par la suite.
(Suspension de la séance à 12 h 5)
(Reprise à 12 h 17)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. J'inviterais les gens à
reprendre leur siège, s'il vous plaît!
En ce qui a trait à la décision relative à la
recevabilité ou non de la motion, voici ma décision. Ayant pris
connaissance du précédent qu'on mentionnait tantôt, soit
une motion presque identique présentée le 5 décembre 1984,
je vous lirai deux passages et j'interviendrai par la suite sur l'article
251.
Le président d'alors, M. Tremblay, nous disait, le 5
décembre 1984: "Messieurs, la commission est libre de ses travaux. Elle
peut décider majoritairement de procéder immédiatement
à l'article 1 ou elle pourrait décider de ne pas procéder
immédiatement à l'étude article par article. Dans ce sens,
je pense que la proposition du député de Fabre est recevable.
Maintenant, il y aura lieu, lors du débat, de convaincre les membres de
la commission qu'il ne faut pas adopter cette résolution, puisqu'il y a
une autre proposition sur la table que vous voudriez déposer".
Par la suite, le même président Tremblay disait: "À
mon point de vue, puisque la commission, je le répète, est
maîtresse de ses travaux, il peut venir une motion visant à
entreprendre une étude ou même à dire: On passe à
l'article 25 immédiatement. La commission pourrait décider cela.
Elle pourrait décider: On commence à l'article 60 ou à
l'article 70. Dans ce sens-là, mon rôle à moi est de
recevoir cette proposition et de faire en sorte qu'elle puisse être
débattue".
Maintenant, il appartient aux membres de la commission de convaincre
leurs collègues qu'il n'est pas opportun de commencer
immédiatement l'étude de l'article 1, ce qui a trait à la
motion identique présentée le 5 décembre 1984. Quant
à l'article 251 évoqué par le député
d'Abitibi-Ouest et le député de Verchères, cet article a
pour objectif de clore les débats. La motion présentée par
le député de Viau n'est pas de clore les débats, mais
plutôt de passer à une autre étape de l'étude de la
loi.
En ce qui a trait à ce qu'a évoqué le
député de Verchères quant au droit de parole, à
savoir si c'est le premier qui s'est manifesté qui l'obtient, je tiens
à lui dire que cela dépend beaucoup du contexte. Dans le contexte
actuel, je pense, ma première décision a été
d'accorder le droit de parole au député de Viau, car cettte
même décision a été rendue le 5 décembre
1984, presque à la fin de la première journée de
débat. Je tiens à vous rappeler que nous sommes sur les
débats depuis trois jours, 17 heures 55 minutes, et je pense que
l'Opposition a eu tout le temps d'apporter des sous-amendements et des
amendements.
Donc, à titre de conclusion, je trouve recevable cette motion
présentée par le député de Viau. Nous allons
maintenant débattre cette motion.
M. Jolivet: Avant de débattre, compte tenu de votre
décision que nous allons respecter, j'aurais une question de directive.
D'après ce que vous venez de dire, j'ai bien compris qu'une fois que la
motion aura été débattue... Ne préjugeons pas du
résultat, peu importe le résultat. Cela veut dire que, dans le
même contexte, après avoir regardé l'ensemble des motions
que nous avons proposées à partir de ma motion principale
-c'était la première motion, il ne faut pas oublier cela -
à côté de cette première motion, vous avez
jugé bon de donner le droit de parole au député de Viau,
comme étant l'alternance. Dois-je comprendre que vous me
reconnaîtrez ensuite, en alternance, sur cette motion, une fois que la
décision aura été prise sur la motion en discussion?
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette, j'ai dit dans mon premier jugement que ce
n'était pas la coutume de demander la parole longtemps d'avance. Je
tiendrai pour acquis que vous l'avez demandée et en toute
équité, comme on en a parlé, on verra après cette
motion débattue.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Thérien): Tel que les
règles le stipulent, M. le député de Viau.
Débat sur la motion M. William Cusano
M. Cusano: Merci. Je crois qu'en votant pour cette motion que
j'ai présentée, on sera des deux côtés de cette
table, mieux éclairés, pas par une "flash-Hght", mais
plutôt par une personne qui connaît très bien son dossier,
M. le député d'Argenteuil, ministre de l'Éducation. J'ai
bien dit: Pas par une "flash-light". Les discours qui ont été
tenus jusqu'à maintenant par l'Opposition portaient justement sur la
convocation de certains groupes, pour leur demander de venir ici et
témoigner sur certains aspects. Je suis convaincu, premièrement,
que le ministre de l'Éducation possède très bien le
dossier. Il pourrait répondre à toutes les questions
précises et à toutes les inquiétudes que l'Opposition peut
avoir. Aussi, je dois dire, d'après mon expérience parlementaire,
que normalement, lorsqu'il y a des groupes qui veulent se faire entendre, ils
ont l'habitude d'écrire aux membres de la commission et même
à la commission même. À ma connaissance, on n'a rien
reçu à cet effet, soit que des groupes voulaient se faire
entendre.
Je pense que pour le bon fonctionnement de cette commission, on doit
procéder à l'étude des articles. Je crois que toutes les
interrogations... Justement, je vous en cite une, celle particulièrement
de la députée de Chicoutimi. Elle était
préoccupée par le recommencement d'un tel système. Je
pense que le ministre doit être en mesure d'expliquer exactement,
à l'article 11 du projet de loi, les mesures qui sont prises et les
moyens que lui, en tant que ministre, entend prendre. Alors, sans plus
d'argumentation, je pense qu'on a eu beaucoup de questions qui ont
été posées. Le ministre est en possession du dossier et il
pourra répondre à toutes les interventions des
députés de l'Opposition. Merci.
Le Président (M. Thérien): Merci, M. le
député de Viau. Je donne maintenant la parole au
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Comme responsable de
l'Opposition, critique du ministre de l'Éducation au niveau primaire et
secondaire, j'ai donc, comme vous me le dites, la période de trente
minutes pour essayer de convaincre, encore une dernière fois avant
l'adoption de cette motion, les gens de l'opposition.
J'ai écouté avec attention le peu d'arguments
apportés par le député de Viau, qui, sait dit en passant,
était membre du comité Rondeau, membre politique que le ministre
avait délégué pour lui donner, à partir d'un mandat
bien spécifique, une réponse aussi, à mon avis,
très spécifique sur un sujet, vous allez bien le comprendre,
aussi très spécifique. Le député de Viau a
peut-être dépassé sa pensée. Je ne veux lui imputer
aucun motif. Il a dit: Nous ne vouions pas être éclairés
à cette commission par des "flash-light". J'ai donc dû comprendre
que fort probablement, il voulait qu'on soit éclairé par un
"spotlight". Le problème que j'ai c'est: est-ce que le ministre est le
"spotlight" nécessaire?
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je crois comprendre que l'on considère tous
les gens que nous avons demandés, incluant M. Rondeau, que je
considérerais maintenant comme une "flashlight"... Je m'excuse, je n'ai
pas dérangé.
Une voix: Parlez pas d'une veilleuse.
Le Président (M. Thérien): S'il vous plaît!
Ce n'est surtout pas aux membres qui sont hors commission à faire des
commentaires.
M. Jolivet: Donc, je vais utiliser mes trente minutes de
façon plus précise si on continue à m'interrompre de cette
façon.
Le Président (M. Thérien): S'il vous
plaîtl
M. Jolivet: Peut-être que je ne prendrai pas trente minutes
si on cesse de m'interrompre.
M. Khelfa: M. le Président, c'est le leader de
l'Opposition qui dérange.
Une voix: II n'a pas dit un mot.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Richelieu, ce n'est pas un point de règlement.
Nous allons continuer. On demanderait à tous ceux qui sont là de
garder le respect de ceux qui parlent. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Comme ce sont, dans bien des cas, de jeunes
députés, jeunes, non pas en âge, mais du point de vue de
l'expérience en cette Assemblée nationale, je dois dire que le
leader de l'Opposition, tout comme le leader du gouvernement, a des droits en
vertu des règlements et que s'il est ici, le leader de l'Opposition y
est de son plein droit.
Ce que j'étais en train de dire, c'est qu'on vient de me dire que
M. Rondeau était une "flash-light", que les gens que nous avons
convoqués à cette commission, la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, c'était des
"flash-lights". Quand nous avons invité le conseil scolaire de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, je dois donc
comprendre de la part du député de Viau qui était
même membre de cette commission scolaire, comme directeur d'école,
en plus d'être membre du comité Rondeau, que ce sont des
veilleuses, des petites lumières. Je regarde: on avait convoqué
le Collège Dawson. Je pense que quand les gens liront nos écrits,
ils seront très surpris, eux qui sont des gens de bonne connaissance, et
des gens qui sont de bonne expérience, d'être traités de
veilleuses. Me François Aquin, vous pouvez vous imaginer. Me
François Aquin. Un homme aussi respectable, aussi respecté,
connaissant vraiment l'ensemble du sujet pour avoir proposé au ministre,
à l'époque, Camille Laurin, une façon de régler le
problème des "illégaux".
Léon Dion. Vous vous imaginez une personne qui a
été la conscience du Parti libéral, être une
veilleuse. Imaginez-vous. Personnellement, j'en suis abasourdi,
sidéré.
Charles Castonguay, le mathématicien qu'on connaît que vous
nommez démographe, être une personne qui est une lumière
après toutes les études qu'il a présentées
comme
universitaire. Vous vous imaginez la poignée que m'a
donnée le député de Viau pour essayer de vous convaincre
que tout cela ensemble, petites veilleuses, une à côté de
l'autre, aurait pu faire une lumière beaucoup plus grande que la simple
lumière appelée "spotlight", qui est votre ministre de
l'Éducation. Je pense que l'accumulation de chandelles dans le principe
lumineux amène une luminosité - je n'en reviens pas - par rapport
à une petite chose appelée "spotlight". (12 h 30)
M. Parent (Sauvé): Le député en
arrière, c'est un "flood" et ce n'est pas un "floodlight".
M. Jolivet: Cela m'a tellement fait rire, la proposition du
député de Viau, que je ne pouvais pas ne pas m'en servir. Pensons
à l'Alliance de Montréal, à la CEQ, imaginez-vous, la
PAPT. S'il fallait que je parle à M. Doby de la PACT...
Une voix: ...
M. Jolivet: Je l'ai connu. Quand on a dit qu'on inviterait la
PACT, j'espérais qu'ayant vécu le problème, les gens de la
PACT auraient demandé son éclairage pour répondre de la
meilleure façon à l'ensemble des membres de cette commission.
Imaginez-vousi le député de Viau, membre associé comme
directeur d'école de la PACT et fort probablement encore en congé
sans traitement, qui dénigre sa fédération et son
organisme en le traitant de petite veilleuse. Moi, j'aimerais bien que vous
regardiez le problème autrement, que vous examiniez cela autrement. Il a
dit: On devrait faire comparaître le ministre... Ce n'était pas
tout à fait de cette façon, mais j'ai cru comprendre que le
ministre pourrait nous éclairer. Nous n'avons pas demandé au
ministre de comparaître, nous avons dit: Vous allez répondre aux
questions de votre projet de loi basé sur un rapport qui, lui, est
partisan. Ce n'est pas comme demander à des gens qui n'ont aucune
attache à ce projet de loi, autre que d'avoir exprimé leur
opinion, de venir nous dire ce qu'ils ont à dire, si le projet de loi
est bon ou mauvais, selon leur opinion. Je n'ai pas de préjugé
sur leur opinion.
Quand je regarde tout cela bien honnêtement, je dois dire qu'on
nous sert, en contrepartie de tous éléments, une personne: le
ministre de l'Éducation. J'ai toujours considéré que dans
cette personne, en même temps, il y avait deux personnages et je vais
vous expliquer. D'abord, comme éditorialiste, c'est un homme
moralisateur, capable de prendre le consensus des gens et de l'exprimer dans un
écrit, noir sur blanc; en même temps, directeur du journal Le
Devoir et, là, un peu plus autoritaire, un homme respecté,
semblait-il, à l'époque, mais toujours autoritaire, faisant
même autorité. Donc, à l'époque du Devoir, deux
personnalités: autoritaire, comme directeur du Devoir, et moralisatrice
et consensuelle, comme il l'a dit souvent, dans ses écrits.
"Consensuelle" est un très beau mot français que le ministre
emploie souventefois tout comme "circonvolution".
Une voix: "Circonvulatoire".
M. Jolivet: "Circonvulatoire". Le ministre pourra me corriger,
mais je me souviens qu'en Chambre il avait utilisé un très beau
mot. Il a par la suite été nommé député,
chef de parti et puis à nouveau député et maintenant
ministre. Ce personnage, dans l'Opposition, était, comme lorsqu'il
était éditorialiste, moralisateur, capable de prendre les
consensus et de les exprimer pour forcer, inviter le gouvernement à
changer d'opinion. Nombre d'écrits pourraient être repris de ces
commissions parlementaires interminables que nous avons vécues comme
gouvernement à l'époque et, mot, comme président - le
ministre s'en souvient - j'avais la même patience et, j'espère, la
même sagesse que le président de séance actuel de prendre
les meilleures décisions pour la bonne conduite de nos commissions.
Devenu ministre, ce n'est pas la même chose et vous l'avez
vécu comme chef. Il n'était pas comme lorsqu'il était
simple député, hein? Il avait une forme d'autorité plus
forte, il contrôlait. Il connaissait tout, il nous l'a dit: J'ai
vérifié, j'ai analysé, j'ai regardé et j'ai
décidé. Maintenant que la décision est prise, je ne veux
plus rien savoir des autres, c'est ma décision. Ce qu'on essaie de
faire, c'est de le convaincre, de l'amener à corriger sa
pensée.
Un exemple: II est arrivé comme ministre, tout
dernièrement, et à partir de ce qu'il était, il a
regardé, avec ses collaborateurs immédiats, les sous-ministres,
le projet de loi 30. Je pense qu'il vaut même la peine de chercher la
copie pour lire le titre exact afin de ne pas vous donner un mauvais titre:
Projet de loi 30, Loi abrogeant la Loi concernant la Commission scolaire du
Nouveau-Québec. M. le ministre présente ce projet de loi
inoffensif, tout petit: quatre articles, le premier disant que la commission
est abrogée; le dernier, le quatrième, disant à quel
moment il entre en vigueur. Il y a deux articles entre les deux et je vais vous
expliquer pourquoi je ramène cela - je suis pertinent et vous allez voir
pourquoi.
Le Président (M. Thérien): M. le
député, je veux vous rappeler que l'objet, c'est le projet de loi
58 mais non le projet de loi 30. Si cela mène à la pertinence,
on
vous écoute.
M. Jolivet: Je dis simplement que ce pourquoi j'amène
cette chose, c'est que nous proposons actuellement d'entendre des gens qui
viendraient convaincre le ministre, le "spotlight" de la commission, de changer
d'idée? Voire sur le principe même du projet de loi 58 dont je
cherche encore le titre, car il y a peut-être des discussions sur le
titre - on ne sait jamais ce qui peut se produire. Juste un instant! je vais le
retrouver... Loi sur l'admissibilité à l'enseignement à
l'anglais de certains enfants. Quand on regarde ça, on peut vous dire
une chose bien importante, on peut vous dire que des gens auraient
peut-être l'intention de le convaincre, comme on a réussi à
le convaincre lors d'une consultation particulière qui a eu lieu sur le
projet de loi 30, de changer son projet de loi. Les articles 2 et 3 de celui-ci
montraient des problèmes, le ministre en a convenu avec nous. Mme la
députée de Groulx était présente. Le
président de la commission, qui est membre de la commission
d'aujourd'hui était présent, le député
d'Arthabaska, alors qu'il n'avait pas de "fan club", était
présent, le député de Rimouski était
présent...
M. Tremblay (Rimouski): Vous avez l'air d'en avoir un.
M. Jolivet: Non, non, je ne les connais pas, ce sont des gens qui
sont venus assister à nos débats parce qu'ils trouvent qu'ils
sont intéressants. Je dois vous dire que le projet de loi 30 a
été effectivement corrigé. Il sera
représenté à l'Assemblée nationale demain,
réimprimé avec l'accord de l'Opposition, sans aucune obstruction.
Pourquoi ne serait-il pas possible de faire la même chose avec le projet
de loi 58? Pourquoi? C'est là que nous croyons que les autres petites
lumières additionnées les unes aux autres pourraient nous
être utiles. Je vous donne des exemples. Je donne exactement ce que
disait le député -j'ai toujours de la difficulté à
trouver son nom - de Sauvé: l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec - quand il parlait de la commission scolaire
protestante du Grand-Montréal, il m'avait corrigé et je l'avais
remercié de l'avoir fait - pourquoi la commission scolaire protestante
de Québec ne pourrait-elle pas être entendue et additionner sa
petite chandelle, sa petite lumière? Pourquoi le Conseil scolaire de
l'île de Montréal que nous n'avons pas encore invité ne
pourrait-il pas venir? Pourquoi la commission scolaire
Jérôme-LeRoyer qui a accepté des "illégaux" ne
pourrait-elle pas venir devant cette Assemblée?
Je pourrais en ajouter. On pourrait parler de Sault-Saint-Louis,
Sainte-Croix, Lake Shore - Mme la députée de Jacques-Cartier
connaît très bien ce secteur
Baldwin-Cartier, Verdun. Pourquoi des commissions scolaires de Greater
Quebec, Eastern Townships, Laurentian, Greenfield Park, Châteauguay
Valley, Orrnstown, Lake Saint Louis-Châteauguay, le district de Bedford
dans les Cantons de l'Est, South Shore, South Central, Richelieu Valley
-j'expliquais au député de Richelieu que j'étais
même un résident de longue date de la ville de Richelieu - ne
pourrait-on pas en parler un peu, St. Lawrence, Eastern Quebec, Greater Hull,
Northwestern Quebec, Pontiac?
Pour les cégeps, pourquoi la fédération
n'aurait-elle pas été invitée pour ajouter sa petite
chandelle à cet éclairage important?
Je pense que le député de Sauvé pourrait nous
parler énormément, puisqu'il a été président
de commission scolaire à la Commission des écoles catholiques de
Montréal, du service régional des admissions de Montréal.
Quel a été le rôle de cet organisme? Pourquoi ne
pourrait-il pas venir donner son impression? À ce collège de
Dawson, on aurait pu ajouter le collège de Vanier, le collège de
Champlain, John Abbott. Pourquoi pas?
Je n'avais pas l'intention de convoquer les individus dans ce sens:
J'aurais pensé que le député de Viau, de lui-même,
aurait dit: Je suis prêt à venir témoigner devant cette
commission pour dire quel a été mon rôle dans le
comité Rondeau. Â celui-là, on aurait pu ajouter Jeff
Polenz, qui était secrétaire du groupe de travail mais
attaché politique du ministre de l'Éducation. Pourquoi
n'aurait-on pas pu demander à Gérald Brown, qui est directeur des
services aux anglophones au ministère de l'Éducation, un homme
qui a une bonne compétence, qui connaît l'ensemble du secteur, de
nous dire ce qu'il en était de ce comité? M. Macchiagodena, le
directeur général adjoint du secteur anglais de la CECM, vous
vous souvenez? C'est l'une des parties importantes de notre argumentation quand
on dit que le secteur anglais de la CECM, avec la PACT, les directeurs
d'école associés à l'intérieur de la PACT... Pour
ceux qui ne la connaissent pas, c'est la Provincial Association of Catholic
Teachers. Enfin, je l'ai eu!
Il y a d'autres gens aussi qui sont intéressés par ce
projet de loi. Le député de Viau dit: On n'a eu aucune demande.
II n'y a personne qui s'est poussé dans le métro à
Montréal pour nous dire qu'ils voulaient être entendus. Voyons
donc! II y a des gens qui ont été en désaccord. À
la CEQ, on en a fait mention. L'Alliance des professeurs de Montréal a
dit: Cela n'a pas de bon sens, l'amnistie générale, sans au moins
avoir les moyens de contraindre les individus à ne plus jamais
recommencer et à s'intégrer dans le secteur francophone. Pourquoi
n'aurait-on pas l'occasion de faire venir un groupe, tels le Mouvement
Québec français, le Mouvement
national des Québécois, la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui est vraiment touchée par les
problèmes qui existent actuellement dans l'ouest de Montréal, rue
Sainte-Catherine? Pourquoi pas Alliance Québec, tant qu'à y
être? Parmi les gens qui pourraient venir nous informer? Un autre
organisme que le député de Viau doit certainement
connaître: le Congrès national des Italo-Canadiens, région
de Québec.
M. Cusano: J'en suis membre.
M. Jolivet: Bon, vous êtes membre de cela? Ces gens
auraient pu nous donner un éclairage différent du vôtre.
Cela ne veut pas dire que, parce qu'ils font partie de votre communauté,
ils sont nécessairement d'accord avec vous. Peut-être qu'on aurait
pu les entendre. Non, le député de Viau, dans la motion qu'il
nous présente, dit: Non, non, on en a assez. On le sait, nous. On a tout
décidé. Il n'est pas question qu'on en entende d'autres,
même pas les gens de ma propre communauté.
L'Association des Portugais. J'ai jasé avec ces gens pour voir
comment ils voyaient le problème, quelles solutions ils proposaient. La
communauté hellénique de Montréal... Je pense
qu'effectivement on aurait l'occasion dans les heures qui viennent de les
convoquer, de demander au secrétaire de la commission de leur envoyer un
télégramme et de faire un appel téléphonique
additionnel pour s'assurer qu'ils ont été convoqués, leur
donner le temps de se préparer et venir ici à cette
assemblée, même si, déjà, les gens sont prêts
à venir d'eux-mêmes, malgré le fait que le
député de Viau dise: Voyons donc! Ces gens-là n'ont pas
manifesté le désir d'être entendus. L'Alliance des
professeurs de Montréal, la CEQ, qui a présenté des choses
à son conseil général. Cela nous permettrait d'entendre
vraiment leur opinion. Au lieu de l'avoir dans le bureau du cabinet du
ministre, au lieu de l'avoir dans de petites réunions entre les gens de
l'Opposition et... Nous, les membres de l'Opposition, les membres de la
commission, on n'aurait pas le droit de les questionner? On n'a pas le droit de
leur poser des questions nous permettant de nous éclairer avec leur
petite chandelle? Voyons donc! Je dis que vis-à-vis de cela l'Opposition
se sent un peu "bulldozée" par le gouvernement qui l'empêche
d'être éclairée par une commission parlementaire publique.
On pourra même inviter les caméras de télévision,
comme on l'a déjà fait. Le ministre s'en souvient, j'étais
président de cette assemblée, il y avait une rencontre
télévisée avec la CEQ. Vous vous en souvenez? Une
rencontre télévisée. Le ministre, qui était dans
l'Opposition, a pu se permettre de passer tous les messages qu'il voulait
à la population qui l'écoutait. Je sais que cette commission
parlementaire a été très écoutée. Elle a eu
un impact important. Pourquoi ne le permettrait-on pas au lieu de faire ce que
le député de Viau nous propose, c'est-à-dire nous dire:
Faites-nous confiance, nous, on connaît tout, nous sommes la voie, la
vérité et la vie?
M. Gendron: C'est cela.
M. Jolivet: C'est un peu cela. On nous demande d'être un
peu comme à l'époque des croisés dont la devise
était: Prie, communie, sacrifie-toi, sois apôtre. Je pense que ce
qu'on nous propose, c'est de le croire sur parole en disant: Moi, M. le
ministre, je suis la voie, la vérité et la vie. On pourrait
revenir aux premiers propos de notre commission parlementaire quand le ministre
disait: De ma grandeur solennelle, voici ce que je vous propose et
écoutez-nous. Mon fils, écoutez-nous!
Une voix: C'est cela.
M. Jolivet: Je pense qu'il y aurait d'autres gens dans le groupe
des cadres scolaires - je n'ai pas parlé de la CSN, de la FTQ - les
professionnels des commissions scolaires qui ont vraiment décrié
la Commission des écoles catholiques de Montréal tout
récemment sur sa façon d'agir. Je ne vous ferai pas mention des
télégrammes, des télex qu'on a reçus aujourd'hui,
je vous en fais grâce, mais je les ai ici. On parle de la commission de
l'éducation et des problèmes qui existent actuellement et qui...
Je vais même vous les sortir. Je les ai quelque part. Je les ai eus ce
matin.
Une voix: II est difficile de les retrouver, n'est-ce pas? (12 h
45)
M. Jolivet: Non, non. Vous allez voir. Écoutez, je ne
parle jamais à travers mon chapeau. J'ai les textes.
La CECS, qui est la Commission des enseignants des commissions
scolaires, dénonce les abus des employeurs dans la détermination
des surplus du personnel enseignant. Peut-être que si la PACT
était venue avec les gens de l'Alliance - vous allez voir que c'est
pertinent - on aurait posé des questions à cette association.
Pourquoi a-t-elle fait le boycottage? L'a-t-elle fait pour préserver des
postes d'enseignants? J'ai entendu un oui et je pense que c'est vrai ce qu'on
me dit là. La CEQ aurait pu dire que c'est elle qui a perdu ces postes,
dans le secteur francophone, postes prévus par la loi 101 que les gens
respectaient.
Je pense que c'est important. La PACT aurait pu nous dire:
Effectivement, en ayant 1600 élèves de plus dans le secteur
anglophone, on a pu préserver dix, quinze jobs. Mais pendant ce
temps, les enseignants des niveaux primaire et secondaire du secteur
francophone ont perdu ces jobs. On aurait pu poser la question à la
PACT. Mais non. Les gens nous disent non. Et on aurait pu inviter les cadres
scolaires, les directeurs généraux, pour voir ce qui s'est
passé.
M. Rondeau qui a été directeur général de la
CECM aurait pu nous dire, quand il a pris la relève, avant de quitter
pour être un conseiller spécial du ministre, les
difficultés qu'il a eues avec les décisions administratives
prises par ia Commission des écoles catholiques de Montréal. On
aurait pu inviter les directeurs d'écoles anglaises et on aurait pu dire
au député de Viau: Vous êtes un ancien directeur d'une
école anglaise qui est une très belle école d'ailleurs,
Saint Rita d'Amos, à Montréal...
M. Cusano: Ce n'est pas Saint Rita d'Amos.
M. Jolivet: Non? Mais c'est Saint. Rita, d'abord.
M. Cusano: Sainte Rita. M. Jolivet: Sainte Rita.
Le Président (M. Thérien): Sainte Rita et Amos
M. Jolivet: Ah! Vous avez été à Sainte Rita
et à Amos.
M. Cusano: Oui. Et à d'autres écoles aussi.
M. Jolivet: Ah bon! Celle-là, Amos, je la connais.
D'accord. Donc Sainte Rita et Amos sont deux édifices différents
l'un de l'autre, mais ce sont deux écoles anglaises de Montréal
au niveau italophone. Non?
M. Cusano: Bien, c'est...
M. Jolivet: C'était pour les Italiens, non?
M. Cusano: Pardon?
M. Jolivet: Ce n'était pas...
Une voix: Ne parlez pas à travers votre chapeau!
M. Cusano: Non, les Italiens sont en Italie.
M. Jolivet: D'accord. Parfait. Donc, c'étaient les
anglophones de Montréal. Le député est en train de nous
redire la difficulté d'associer l'enfant en Italie et les parents au
Québec.
Le Président (M. Thérien): Question de
règlement, M. le ministre.
M. Ryan: Pour éviter toute confusion, j'ai l'impression
que le député n'a pas bien compris ce qu'a dit le
député de Viau, que les Italiens étaient en Italie.
M. Jolivet: Oui, oui, j'ai compris.
M. Ryan: Et qu'au Québec, ce sont tous des
Québécois.
M. Jolivet: Oui, oui, oui. J'ai compris. J'ai parlé du
secteur.
M. Ryan: Ah bon!
M. Jolivet: Je n'ai pas fait de distinction en disant ces choses.
J'ai parlé du secteur, un secteur anglophone où les Italiens...
C'est ce que j'ai posé comme question, à savoir si cela
était dans un secteur où il y a beaucoup d'Italiens.
M. Cusano: Les Italiens sont...
M. Jolivet: Ils sont en Italie.
M. Cusano: ...dans des écoles en Italie.
M. Jolivet: Parfait. Ensuite, pour les autres intervenants, on
aurait pu faire appel à la commission d'appel - on en a fait mention
lors de nos motions - et au Bureau d'admissibilité à
l'école anglaise. On aurait même pu demander l'avis du Conseil
supérieur de l'éducation. Le ministre, qui est un homme soucieux
des consultations, des vérifications et des consensus...
Une voix: Jadis.
M. Jolivet: Jadis? Oui, c'est vrai, jadis. Il pourrait
peut-être nous parler du Conseil supérieur de l'éducation
et l'inviter ici pour qu'il nous dise comment il a vu le problème. Il y
a aussi le Conseil de la langue française. En fait, il y en a bien
d'autres. Je pourrais en ajouter d'autres. J'en ai pris quelques-uns parmi tous
les organismes qu'on aurait pu inviter à cette commission pour
additionner leurs petites lumières, leurs petites chandelles et former
vraiment une lumière très éclairante sur les travaux de
notre commission avant, comme le prévoit l'article 244 du
règlement, d'entreprendre l'étude article par article du projet
de loi comme tel.
Mais qu'est-ce que je comprends? Je comprends que les gens qui sont en
face de nous sont encore traumatisés par le non. Ils sont un
comité du non. Non à la loi 58 pour consultation. Non à la
loi 61 pour Radio-Québec; consultation particulière. Non à
la loi qui est débattue à l'Assemblée nationale,
la loi 19. Non.
M. Gendron: Non merci.
M. Jolivet: Non merci. Je comprends le député
d'Arthabaska. Selon l'expression bien québécoise, il est
"strike". Il est directement "strike" sur le non. Non merci. Non merci, nous
sommes la voie, la vérité et la vie. Nous connaissons tout. Nous
n'avons pas besoin des éclairages des gens de l'extérieur.
Une voix: Le ministre de l'Éducation est
"striké"!
M. Jolivet: Je vous pose une autre question qui est bien
importante. C'est que moi, personnellement, vis-à-vis de cela, comme
membre de l'Opposition quel est donc mon pouvoir si on est
considéré comme des gens qui n'étudient rien, qui ne
connaissent rien, qui n'ont pas la moindre idée? Tout à l'heure,
des gens nous disaient que nous avions perdu du temps. On n'a pas perdu de
temps. On a essayé de vous convaincre, mais vous êtes têtus.
C'est cela le problème. On a essayé de vous convaincre. C'est
sûr qu'on a pu passer jusqu'à maintenant 17,5 heures, maintenant
près de 18 ou 19 heures à vous convaincre. On va essayer de le
faire jusqu'à la limite permise par le règlement. Le
président, dans sa sagesse, nous a permis de le faire en nous disant: Je
vais examiner votre proposition et après cela, je déciderai. Je
pense qu'il a pris des décisions éclairées à la
suite de notre position et de la vôtre. Il a pris une décision que
nous respectons.
Mais cela n'empêche pas que nous voulions encore vous convaincre.
Il me reste peut-être encore cinq minutes pour vous convaincre. Je vais
essayer de le faire parce que c'est important. Pas pour nous autres mais pour
ce que le projet de loi 58 représente. Voici un bel exemple, et je vais
être pertinent, à l'article 1 du projet de loi: La date de ce
projet de loi c'est le 15 avril. Vous avez une copie? Passez-moi une copie. On
dit: L'enfant qui, le 15 avril 1986, recevait l'enseignement en anglais au
Québec dans une classe maternelle - attention maternelle - ou à
l'école primaire ou secondaire sans y être admissible peut
être admis à l'enseignement en anglais, aux conditions suivantes
et on donne les conditions. Écoutez bien cela. Le ministre nous a dit
qu'il y avait eu des formes de rétroactivité dans la loi 101
parce que la date d'inscription en vertu des demandes faites par les parents
c'est au mois de mars de l'année qui précède
l'année scolaire. Mais la date finale d'inscription, on s'en souvient,
en vertu de l'ensemble des conventions collectives, c'est le 30 septembre.
Dépassé le 30 septembre, si la commission scolaire accepte des
gens elle n'est pas admissible aux subventions gouvernementales. Entre cela,
elle est admissible.
Là cela crée des problèmes qu'on aurait pu vous
expliquer: quelqu'un qui part du secteur public et qui s'en va au secteur
privé et que le secteur privé, le 30 septembre au soir, le
lendemain, le 1er octobre décide de retourner au secteur public, cela
fait que le secteur public se retrouve avec des enfants sans aucune subvention
gouvernementale pendant que le secteur privé, lui, profite de la
subvention gouvernementale. Ce sont des problèmes qu'on aurait pu
expliquer. Mais le 15 avril, cela veut dire quoi? Peut-être que
l'Alliance des professeurs de Montréal aurait pu nous dire qu'ils sont
contre cela. Cela n'a pas de bon sens.
Pourquoi la date arbitraire du 15 avril sinon pour amener, d'une
certaine façon, dans les derniers moments de l'inscription, dans
l'année qui vient, au mois de mars, des gens qui, profitant du fait que
le Parti libéral avait été élu avec le but de
s'engager à corriger le cas des "illégaux" se retrouvent à
avoir transféré l'inscription à ce moment.
Étes-vous capables de me prouver qu'il n'y en a pas eu, vous autres?
Êtes-vous capables de me prouver que la loi qui est devant nous ne
permettrait pas à des enfants de s'inscrire et d'être
déjà inscrits sur la liste pour l'année prochaine et qui
fait que la meilleure date pourrait plutôt être le 30 septembre
1985? Quelles sont les garanties que le chiffre de 1500 ou 1600 dont on parle
n'est pas rendu à 2000 ou à 2500? Qui me donne ces garanties? II
y a une dette électorale qui est en train de se payer - ce n'est pas moi
qui le dis. Il y a du monde qui l'a dit - avec la date du 15 avril. À
moins que le ministre...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît. Question de
règlement, M. le député de Viau.
M. Jolivet: C'était trop bon, n'est-ce pas?
M. Cusano: Le député a cité l'article 1 et
on ne parle pas d'inscription. On parle d'avoir reçu l'éducation.
On dit "recevait l'éducation". On ne parle pas d'inscription.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Viau, ce n'était pas une question de
règlement.
M. Jolivet: Cela veut dire qu'il y a peut-être des gens qui
reçoivent à ce moment. Moi j'espère qu'on va avoir de
bonnes explications.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette, je vous inviterais...
M. Jolivet: Ce que je veux dire...
Le Président (M. Thérien): S'il vous plaît,
je ne permettrai pas de dialogue,
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Thérien): Il vous reste une minute
pour conclure.
M. Jolivet: C'est ce que je suis en train de faire. Tout ce que
j'ai voulu dire, c'est que l'accumulation de petites lumières qui
auraient pu être ici, aurait formé un éclairage meilleur
qu'un "spotlight" qui peut malheureusement manquer de lumière ou de
batterie en cours de route. Merci.
Des voix: Bravo.
Le Président (M. Thérien): Étant
donné que le droit d'intervention est de dix minutes, je
reconnaîtrai le député de Sauvé au retour. Les
travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je rappelle le mandat de
cette commission à ces membres.
Une voix: M. le Président?
Le Président (M. Thérien): Oui, je vais
tantôt... Est-ce qu'il y a une question de règlement.
Je rappelle donc le mandat. C'est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 58. Loi sur
l'admissibilité à l'enseignement en anglais de certains
enfants.
Concernant les remplacements, je pense que le député de
Saint-Jacques (M. Boulerice) remplace la députée de
Marie-Victorin (Mme Vermette). C'est bien cela?
M. Boulerice: C'est bien cela, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Avec la souplesse...
M. Gendron: Avec la souplesse et pour la raison suivante
toujours: le projet de loi qui est censé être appelé en
commission parlementaire et qui requiert la présence de la
députée de Marie-Victorin, je ne contrôle pas le moment
où elle sera appelée en commission.
Le Président (M. Thérien): C'est l'un ou
l'autre.
M. Gendron: C'est cela. M. Cusano: M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Cusano: C'est seulement pour redire ce que j'ai dit ce matin.
Il y a consentement de notre côté. Il n'y a aucun
problème.
M. Gendron: Merci, M. le député de Viau.
Le Président (M. Thérien): Si on revient à
la séance de ce matin, je vais attribuer la parole au
député de Sauvé.
M. Marcel Parent
M. Parent (Sauvé): Merci, M. le Président. Je
voudrais me prononcer sur la motion du député de Viau pour que
cette commission parlementaire, qui siège depuis déjà
près de vingt heures, commence l'étude de l'article 1 et
l'étude de l'ensemble de la loi, article par article.
Je pense que c'est très légitime de la part du
député de Viau de demander aux membres de cette commission
parlementaire de faire leurs devoirs, de faire ce pourquoi ils ont
été nommés à une commission parlementaire et
à ce stade-ci, de faire ce pourquoi nous sommes ici, c'est-à-dire
étudier le projet de loi 58 qui a pour objet de rendre admissibles
certains étudiants à l'école anglaise.
M. le Président, depuis vendredi, nous discutons motions,
amendements, sous-amendements, à savoir si nous devrions faire
comparaître devant cette commission une foule d'organismes et
d'individus. Je voudrais vous rappeler que l'objectif premier de cette
commission parlementaire est d'étudier article par article le projet de
loi 58 et non pas d'entendre différents organismes ou différents
individus.
Si les membres de l'Opposition veulent écouter et aller se
renseigner dans certains milieux, ils n'ont qu'à le faire. Nous, on a
rencontré certains organismes. Par exemple, le 21 février, les
députés ministériels rencontraient l'Alliance des
professeurs de Montréal. L'Alliance des professeurs de Montréal
voulait entretenir les députés ministériels sur les
négociations et en même temps, leur faire connaître son
point de vue et ses appréhensions concernant le projet de loi 58.
Par un bel après-midi du mois de février, les
députés ministériels ne se sont pas sacrifiés, ils
se sont fait un plaisir, ils se sont fait un devoir d'aller au devant de cette
instance importante qu'est l'Alliance des professeurs de Montréal pour
l'écouter et discuter avec elle des possibilités d'application,
des effets et des répercussions
du projet de loi 58. Nous l'avons fait, nous. Comment se fait-il que
l'alliance - vous êtes-vous interrogé, M. le Président -
n'a pas contacté les députés de l'Opposition pour les
entendre? L'alliance n'a jamais demandé non plus de venir se faire
entendre ici en commission parlementaire. Eux, ils sont le porte-parole de
l'alliance; l'alliance ne vous a même pas contacté, elle a
contacté par contre les députés ministériels. Elle
est venue nous rencontrer et nous faire part de ses inquiétudes. Je
trouve que vous parlez au nom de l'alliance. Si elle avait été
intéressée, elle aurait fait connaître au président
de la commission son intérêt à venir comparaître ici.
Si la CECM l'avait voulu, elle aurait fait la même chose. Si le
comité Rondeau l'avait voulu, ce que vous appelez le comité
Rondeau aurait vu le ministre et lui aurait dit: M. le ministre, pensez-vous
qu'il est valable pour nous que nous venions ici comparaître devant cette
commission parlementaire? Mais, non!
Par contre, je ne blâme pas l'Opposition, M. le
Président... ils ont fait ce qu'ils croyaient honnête et juste de
faire. Mais je veux leur faire remarquer que pour cela et en insistant
lourdement ou en insistant fortement, ils ont agi de telle sorte que nous en
sommes rendus aujourd'hui à la vingtième heure et que nous
n'avons pas encore commencé l'ouvrage. Nous ne nous sommes pas encore
penchés sur le métier pour lequel nous sommes ici réunis.
Cela est difficilement acceptable de la part d'un organisme responsable comme
la commission parlementaire sur l'éducation. Je pense qu'il y a un
effort à faire. On s'est à peu près tout dit ce qu'on
avait à se dire. Vous avez réalisé cela: le parti au
pouvoir, le parti ministériel qui est, malheureusement pour vous et
heureusement pour l'ensemble du Québec, majoritaire ici à cette
table, vous a fait comprendre de différentes façons qu'il
n'était pas question de faire venir ici en commission parlementaire
quelque personne ou quelque organisme que ce soit, parce que nous avons la
conviction que la loi 58 répond aux aspirations d'une grande partie de
la population.
On nous a dit, pendant les débats à cette commission
parlementaire: Les libéraux, vous allez payer une dette
électorale! Mais non, on remplit un engagement électoral! Il y a
une nuance. Dans notre programme électoral qui était public, on a
dit: On va régler le cas des "illégaux". Aujourd'hui, on
tâche de régler le cas des "illégaux". Contrairement
à ce qui s'est dit ici, je n'ai jamais dit de l'Opposition qu'elle avait
laissé pourrir le cas des "illégaux", je n'ai jamais dit que
l'Opposition n'avait pas fait d'efforts. Par contre, ils n'ont pas fait les
bons efforts. Ils n'avaient pas les bons moyens. Ils n'avaient pas les bons
outils. Oui il y en avait un outil, c'était le projet de loi 58, mais
ils l'ont refusé. Alors, qu'ils arrêtent aujourd'hui! Ils ont
refusé d'utiliser un projet de loi similaire du temps ou ils
étaient au pouvoir. Aujourd'hui, le parti qui est au pouvoir, lui, de
par ses principes, de par son idéologie, de par son esprit
libéral, de par sa grande compréhension, veut aider tout le
monde, veut aider surtout une petite partie de la population qui a
été déclarée marginale à un certain moment
pour des raisons pour lesquelles vous n'êtes pas plus responsables que
moi. C'est pour cela qu'il est temps que chacun commence immédiatement
à étudier ce projet de loi.
Tout à l'heure, vous nous avez dit, pour tâcher de refuser
la motion de mon collègue, le député de Viau, vous nous
avez dit: II y avait d'autres moyens que d'arriver avec un avis de motion comme
cela. Vous laissiez sous-entendre qu'on voulait vous empêcher de parler.
Non, on ne veut pas vous empêcher de parler. Je ne laisse pas
sous-entendre que vous avez sciemment étendu les débats, que vous
avez sciemment retardé le début de l'étude. Je ne vous
accuse pas de cela. Par contre, je suis sceptique lorsqu'un
député de l'Opposition - je ne me souviens pas si c'est le
député d'Abitibi-Ouest ou le député de Laviolette -
nous a dit: II y avait d'autres moyens, il y avait un article qui vous
permettait d'arrêter les débats, qui était le
règlement de clôture. Mais non, M. le Président, le parti
ministériel n'est pas prêt immédiatement à parler de
règlement de clôture, parce qu'on a encore confiance en
l'Opposition. On pense encore que l'Opposition va faire son devoir et qu'elle
va commencer à travailler avec nous à étudier ce projet de
loi article par article. M. le Président, je remets la parole à
l'Opposition et j'attends ses réflexions.
Le Président (M. Thérien): Merci pour ce discours
enflammé. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, un peu plus calmement que
vient de le faire le député de Sauvé, je voudrais indiquer
aux membres de cette commission, ainsi qu'à vous, d'ailleurs, qui nous y
avez invités, puisque vous avez rendu une décision qu'on respecte
- c'est vous qui avez la responsabilité de diriger nos travaux - en ce
sens qu'il appartenait aux membres de la commission de convaincre les membres
ministériels qui ont fait valoir la motion qui est sur la table qu'il
était inopportun, non approprié pour le moment de passer tout de
suite comme ils le prétendent, à l'article 1 tant que nous
n'avons pas fini d'entendre nos consultations particulières.
Je voudrais juste faire un rappel de quelques événements
et je reviendrai sur les
propos du député de Sauvé qui viennent d'être
énoncés. Le député , de Viau, qui a
présenté la motion, dans le fond - vous l'avez entendu comme nous
- n'avait aucun, mais aucun argument pour justifier la présentation de
sa motion, il l'a dit lui-même. Tout simplement, il nous a laissé
voir qu'il était tanné de l'attitude de l'Opposition et puisque,
vous, vous nous avez invités, vous nous avez dit qu'il nous appartenait
de faire la preuve et d'essayer de convaincre les ministériels que, oui,
il y avait lieu de poursuivre le débat en vous appuyant sur la
décision d'un de nos anciens collègues qui présidait cette
commission, je le cite au texte: "Maintenant, il y aurait lieu, lors du
débat, de convaincre les membres de la commission qu'il ne faut pas
adopter cette résolution, puisqu'il y a une autre proposition sur la
table que vous voulez déposer." Je lisais ce sur quoi il s'était
appuyé.
Le député de Viau a mentionné qu'il n'y avait
personne qui avait demandé d'être entendu en consultation
particulière et cela a été repris par le
député de Sauvé. Je voudrais juste illustrer que c'est
faux, que c'est inexact. C'est complètement faux. Que ces gens-là
nous disent qu'ils ont rencontré les intervenants
intéressés par cette question en février, alors que le
comité Rondeau n'avait pas produit son rapport, que la décision
du ministre de l'Éducation n'était pas prise, qu'on ne savait pas
dans quel sens il irait... On pensait, nous autres, qu'il les rencontrait
justement pour les écouter, les entendre. Ce n'est qu'après la
production de son projet de loi qu'on se rend compte qu'il n'a tenu compte
d'aucun argument qui lui a été soumis, puisque son idée
était faite sur l'analyse du projet de loi: II n'y a pas d'autre
solution, puisque j'ai trouvé la solution, et la solution, c'est
l'amnistie pure et simple. On efface l'ardoise et on recommence.
On aurait eu beau, nous aussi, entendre les arguments qui ont
été évoqués par l'alliance, la CEQ, tous les
groupes qu'on a entendus, M. le Président, probablement qu'on aurait
fait face au même point de vue qu'ils ont fait valoir et avec pas plus de
capacité d'infléchir l'orientation déjà prise par
le ministre de l'Éducation, à savoir qu'indépendamment des
arguments qui lui ont été soumis dans le rapport du comité
Rondeau, indépendamment des avantages et des inconvénients de
chacune des solutions, puisque le mandat qu'ils ont reçu était
d'amener ces gens-là à prendre une direction qui avait comme
conséquence d'effacer complètement la problématique des
"illégaux", c'est celle qui a été choisie par le ministre
de l'Éducation. (15 h 30)
Au contraire de ce qui a été mentionné tout autant
par le député de Sauvé que par le député de
Viau, j'ai ici une lettre, j'ai ici également un communiqué de
presse public, pas des convocations en catimini parce que, juste un
aparté avant de les citer: je trouve curieux que des gens qui ont le
souci et le respect des institutions parlementaires nous disent: Bien
écoutez, toutes vos consultations particulières, vous aviez juste
à les tenir. Personne vous empêchait de rencontrer ces
intervenants. Vous avez raison, sauf que depuis quand fait-on ce type de
consultations en dehors de ce que j'appelle les institutions parlementaires qui
les régissent? Si nous avions tort, M. le Président, comment se
fait-il qu'à l'intérieur même de notre règlement
cela soit prévu très clairement? Et vous l'avez cité ce
matin: Avant l'étude détaillée, la commission peut
procéder à des consultations particulières. Ce n'est pas
moi qui ai inventé cela. C'est dans notre règlement. Mais on peut
procéder à des consultations particulières à quelle
place et de quelle façon? À l'intérieur des institutions
parlementaires qui nous régissent, soit l'Assemblée nationale ou
dans les commissions parlementaires.
C'est exactement ce qu'on a voulu faire à l'intérieur des
dispositions prévues dans notre règlement: procéder
à des consultations particulières, mais au vu et au su de tout le
monde, dans la confrontation positive de points de vue différents qui
ont comme conséquence, en règle générale, de faire
évoluer un débat; et non pas en privé. Je veux bien
rencontrer l'alliance en privé. Si on a tous les deux le même
point vue, à savoir que régler le problème des
"illégaux" par une loi n'est pas la solution, la rencontre ne sera
longue. La nécessité de discuter pendant des heures n'existe pas.
Mais faire venir ces gens devant nous en commission parlementaire et être
capable de confronter leurs points de vue avec la théorie de
l'Opposition et celle des ministériels, cela est un débat
démocratique qui peut faire progresser des idées et faire avancer
des causes. C'est dans ce sens que nous voulions tenir des audiences
particulières, afin que les gens viennent s'exprimer ici à
l'intérieur de nos institutions parlementaires.
J'entendais le député de Sauvé dire: On n'a pas eu
de demande. L'alliance n'a pas fait de demande. C'est complètement faux.
Ici, dans un communiqué public, non pas privé: "Nous sommes
disposés à discuter d'autres solutions que la nôtre." Eux,
ils n'ont jamais prétendu qu'ils avaient le monopole de la
vérité comme le ministre de l'Éducation. Ils ne disent pas
qu'ils ont trouvé "la" solution. Le ministre de l'Éducation a
trouvé qu'il n'y avait pas d'autres solutions que la sienne. C'est
écrit comme cela: J'ai "la" solution à ce problème.
L'alliance, qui a un peu plus de modestie, dit: Nous, on est d'accord pour
discuter d'autre chose que notre solution. On ne l'appelle pas notre solution,
on l'appelle une
des solutions. Et voilà ce qu'ils disent très
concrètement - et j'aimerais ça avoir l'attention du
député de Sauvé: "Nous sommes disposés à
discuter de d'autres solutions - a déclaré la présidence
de l'alliance - mais dans la mesure où celles-ci respectent les
principes que nous mettrons de l'avant. Et nous réitérons -
écoutez bien leur conclusion - notre volonté d'être
associés -non pas d'être écartés - à toute
discussion relative à ce dossier."
Que faisons-nous maintenant, M. le Président? Nous sommes en
train de débattre un projet de loi qui ratifie une
illégalité par une loi en disant: Ce n'est pas grave, on passe
l'éponge et on efface l'ardoise. L'alliance nous dit: Écoutez, a
toutes les phases et à toutes les étapes, on vous indique qu'on
aimerait cela être dans le coup. Cela nous intéresse cette
question et on voudrait en parler avec vous. On est très
intéressés par cette question. M. le Président, c'est ce
qu'ils nous disent. Si ce n'est pas là une demande! Ce n'est
peut-être pas avec le même caractère formel qu'on est
habitué de voir, comme une lettre officielle au président, parce
qu'il n'y a pas juste cette formule. Lorsqu'une commission parlementaire a
décidé de tenir des consultations particulières et de
faire venir certains organismes, il se peut que ce soit à la demande des
membres d'une commission parlementaire. C'est notre responsabilité
d'avoir le meilleur éclairage possible. On a le droit de demander
à ces gens de venir témoigner pour éclairer nos lanternes
collectives. Pas si on est assis sur la vérité. C'est sûr
qu'à ce moment-là, on ferme les livres. On sent très bien
que c'est ce que les ministériels veulent faire. Le gouvernement veut
fermer les livres sur cette question en disant: C'est assez, nous on a la
vérité, peu importe qui on regarderait, peu importe qui on
entendrait, nous on veut procéder. On veut procéder pour se
fermer. On n'entendra pas un mot de ces gens, M. le Président. C'est
cela qui est étonnant. Ils n'ont strictement rien à dire.
Ils veulent procéder, mais dans la voie, la vie, et la
vérité du ministre de l'Éducation qui a trouvé
l'unique et la seule solution. Pensez-vous qu'on va marcher dans cela, M. le
Président? Non. Nous ne marcherons pas dans cela. C'est ce que je
voulais signaler dans mon droit de parole. C'est une motion qui arrive d'une
façon inopportune, à ce moment-ci, parce qu'il y a d'autres
intervenants qu'on aurait aimé entendre. Il y a d'autres intervenants
qui nous auraient donné un éclairage qui nous auraient permis de
nous acquitter plus professionnellement de nos responsabilités. Dans ce
sens-là, M. le Président, c'est pourquoi nous avons
manifesté notre désaccord avec la proposition du
député de Viau parce que nous étions en train d'essayer de
vous convaincre de la nécessité d'entendre d'autres intervenants
qui auraient effectivement donné plus d'éclairage, parce que ce
sont des gens qui ont toujours été préoccupés par
ces questions et qui se sont exprimés sur ces questions, question qui
est fondamentale, parce qu'elle regarde, elle touche les droits
linguistiques.
Motion d'amendement
En conséquence, M. le Président, avant de terminer, je
ferai la motion suivante... J'amenderais la proposition du député
de Viau en présentant l'amendement suivant, M. le Président: Que
la motion du député de Viau soit modifiée en
remplaçant les termes: "...de l'article 1 et des articles suivants du
projet de loi 58" par les suivants: "...du projet de loi 58 en débutant
par l'étude du titre du projet de loi. Je vous soumets respectueusement
cet amendement.
Le Président (M. Thérien): Je vais prendre la
question en délibéré.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le député de Rimouski, je vous ai comme intervenant
possible dans l'avenir. Avant de rendre ma décision et dans le but
d'être éclairé le mieux possible, j'aimerais qu'un
intervenant du côté de l'Opposition et un intervenant du
côté ministériel, s'ils le veulent bien, s'expriment sur la
recevabilité de cet amendement de la motion. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, comme je suis le parrain de
l'amendement, je voudrais prendre quelques minutes pour exposer les motifs sur
lesquels je me suis appuyé pour proposer cet amendement. Tout le monde
sait qu'il n'y a à peu près aucun projet de loi qui a
été déposé qui ne fait pas l'objet d'un titre
particulier. Tous les projets de loi sont titrés. À partir du
moment où, dans une décision antérieure, vous vous
êtes appuyé sur la décision de notre ex-collègue, M.
Tremblay, qui alléguait, comme président de commission, que la
commission est maîtresse de ses travaux... Il appartient à chacune
des commissions, dans le fond, de prendre les orientations qu'elle veut bien,
comme commission, eu égard à la responsabilité qui lui a
été dévolue par le leader du gouvernement de faire
l'étude et l'analyse détaillées d'un projet de loi. Or,
c'est absolument manifeste que le titre fait partie, sûrement, de
l'étude détaillée d'un projet de loi. Je ne me souviens
pas de commissions parle-
mentaires où on n'a pas discouru pendant quelques minutes sur le
titre du projet de loi, à savoir s'il y avait des parlementaires qui
avaient des opinions à émettre sur le titre du projet de loi. Je
ne pense pas qu'un seul parlementaire, et sûrement pas plus vous, aurait
un point de vue différent, à savoir que nous n'avons pas à
apprécier et qu'on n'a pas la capacité réglementaire, en
vertu de nos institutions, de discuter du titre d'un projet de loi. Je
m'arrête là tout de suite parce que je pense que ce point est
très bien fait et très bien établi en termes de
jurisprudence.
Certains pourraient alléguer qu'il y a la question de
l'ordonnancement de la conduite de nos travaux puisque, effectivement, dans
certaines décisions rendues, il y a des commissions parlementaires qui
ont traité de cette question à la fin de l'adoption de chacun des
articles, mais d'autres l'ont traitée au début. Je me
réfère là spécifiquement à la
décision rendue par l'ex-président Tremblay, député
de Chambly, dans laquelle il prétendait que, comme la commission est
maîtresse de ses travaux, une motion peut venir visant à
entreprendre l'étude d'un projet de loi à l'article 25
immédiatement. La commission pourrait suspendre certains articles,
entreprendre l'étude d'autres articles qui ne sont pas
nécessairement dans l'ordre présenté dans le projet de
loi. Il en est de même du préambule puisqu'il y a certains projets
de loi qui comportent un préambule. Tous les projets de loi comportent
à tout le moins un titre. À partir du moment où le
principe de la conduite des travaux d'une commission parlementaire a
été très bien établi, M. le Président, je
suis convaincu que, si un parlementaire membre d'une commission présente
une motion afin que nous débutions nos travaux par l'étude du
titre du projet de loi, cela fait partie intégrante de la conduite de
nos travaux en commission. Toujours sur le principe d'être
complètement maître de la façon de le faire, je pense que
je pouvais m'appuyer sur ces précédents pour présenter
l'amendement pour commencer l'étude de ce projet de loi par le
titre.
Une autre raison qui est très importante et que j'aimerais que
vous analysiez, c'est que, règle générale, pourquoi
fait-on un titre à un projet de loi? C'est pour lui donner rapidement un
cadre et un critère de référence. Il est clair que le
titre d'un projet de loi permet à toutes sortes d'intervenants dans
l'avenir, pour des recherches, pour des références, d'être
capables de se référer rapidement à un titre de projet de
loi et d'y trouver là, par le titre, la signification la plus globale
possible des débats, des discussions et de la démarche qui ont
entouré un projet de loi. Si un membre du côté
ministériel peut proposer de commencer par l'article 1 parce que dans sa
vision des choses il prétend que c'est là qu'il faut commencer,
il est sûrement tout aussi normal de proposer, dans la vision d'un autre
parlementaire, de commencer par le titre. En conséquence, c'est juste
parce que je vous ai indiqué que c'était là notre
préférence, mais il m'apparaît que c'est on ne peut plus
clair que cette motion est parfaitement justifiée, justifiable et
recevable puisqu'elle est conforme à nos traditions parlementaires et
elle s'inscrit véritablement dans cette responsabilité
parlementaire que nous avons à l'intérieur d'une commission de
décider nous-mêmes de la façon d'aborder nos travaux.
Merci.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'il y a un
député du côté ministériel? Oui, M. le
député de Sauvé.
M. Parent (Sauvé): Une question de directive, M. le
Président. Est-ce que nous sommes en discussion sur l'amendement? Vous
avez une décision à rendre, n'est-ce pas?
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Parent (Sauvé): Alors, je vous laisse rendre votre
décision.
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Parent (Sauvé): Par contre, je reprendrai la parole
immédiatement après, avec votre permission.
M. Jolivet: Sur l'amendement?
Le Président (M. Thérien): Non, sur la
recevabilité de l'amendement.
M. Jolivet: D'accord, mais je veux juste savoir... Comme le
député de Sauvé a parlé, il n'aurait pas droit de
parler si vous déclariez l'amendement irrecevable.
Le Président (M. Thérien): II m'a posé une
question de règlement, à savoir si on était sur l'un ou
l'autre des...
M. Jolivet: D'accord, parfait!
M. Parent (Sauvé): J'ai demandé si on était
sur la discussion de l'amendement du député de... Je l'ai
informé que je prendrais la parole après.
Décision du président
Le Président (M. Thérien): Justement, étant
donné que je dois rendre ma décision, ma décision est la
suivante: Étant donné qu'on parle de coutumes, si on se
réfère au règlement de l'Assemblée
législative, qui est quand même un livre qui date d'un bout de
temps, celui de Geoffrion, on retrouve en septièmement le titre.
Si on se fie aussi à l'aide-mémoire qui est publié, qui
n'est quand même pas de la jurisprudence, mais un aide-mémoire qui
est publié pour l'étude des projets de loi publics - on le
retrouve en treizième - la question qu'on pourrait se poser est la
suivante: Est-ce que le titre, c'est un article? Quand même, vous avez
cité tantôt la décision de M. Tremblay qui était ma
citation préalablement à ma décision. Étant
donné aussi que le titre vient chapeauter les discussions des
différents articles des projets de loi, si ces articles sont
amendés, cela viendrait changer possiblement le titre. Donc, me fiant
à diverses considérations que je viens de nommer, étant
donné que le titre n'est pas nécessairement un article et que le
titre dans les coutumes et les habitudes est traité vers la fin par
respect des amendements qui y sont apportés, je jugerai l'amendement
irrecevable.
On continue donc la...
M. Gendron: Je désire vous poser une question de
directive: Comment pouvez-vous - j'aimerais que cela soit analysé -
prétendre qu'à partir du moment où le titre d'un projet de
loi, règle générale, vient conférer le principe
d'un projet de loi et que des amendements ne peuvent pas altérer le
principe du projet de loi... Vous me suivez?
Le Président (M. Thérien): Non, je ne vous suis
pas. Si vous voulez répéter.
M. Gendron: Vous avez évoqué dans votre
décision le fait que le titre d'un projet de loi, en termes
d'ordonnancement des travaux, n'arrive pas nécessairement au rang
où on vient de le placer, nous, en alléguant qu'une des raisons
logiques de procéder ainsi est qu'il se pourrait que les membres d'une
commission modifient par certains amendements des articles du projet de loi et
qu'en modifiant par des amendements des articles du projet de loi on soit
obligé de modifier le titre du projet de loi.
Une voix: ...
M. Gendron: Voici la directive que je vous demande: À
partir du moment où les amendements à un projet de loi
étudié article par article ne peuvent pas modifier le principe
adopté en deuxième lecture et que le titre d'un projet de loi
doit refléter le principe du projet de loi et non pas l'article 7 ou
l'article 5, par suite de modifications à un article, comment
prétendre è l'obligation ou à la justification de modifier
le titre d'un projet de loi? Je n'ai jamais vu cela. On modifierait le projet
de loi à la suite de modification apportées en deuxième
lecture au principe d'un projet de loi que je serais d'accord avec vous, mais
nous sommes en commission parlementaire pour étudier article par article
un projet de loi. L'ensemble des modifications qui pourraient être
apportées à un article du projet de loi ne pourraient jamais
contrevenir au principe même du projet de loi qui a déjà
été adopté en deuxième lecture. Je ne suis pas
capable de concilier sur quoi vous vous êtes appuyé dans votre
argumentation pour soutenir la thèse que la logique de votre
décision repose sur le fait qu'on étudie le titre du projet de
loi après l'étude article par article sachant très bien
que jamais dans l'étude article par article, nous ne pouvons contrevenir
au principe qui a été adopté ou altérer le principe
qui a été adopté en deuxième lecture. Là, je
ne vous comprends pas.
Le Président (M. Thérien): De toute façon,
pour répondre à votre première interrogation... Si je
comprends bien, c'est dans le but de m'éclairer et non de contester ma
décision surtout...
M. Gendron: Oui.
M. Jolivet: Surtout vous éclairer.
Le Président (M. Thérien): Oui. Je pense que,
lorsqu'on modifie un titre, on ne modifie pas nécessairement le principe
du projet de loi. Lorsque le titre est modifié au début de
l'étude, on est obligé de se conformer dans cette étude
aux principes des articles. Donc, il est préférable... La coutume
dans cette enceinte est d'étudier article par article le projet de loi
pour en modifier ensuite le titre, s'il y a lieu, par certains amendements
auxquels les gens de l'Assemblée nationale et membres de la commission
auront consenti.
Donc, j'ai jugé irrecevable l'amendement sur la motion.
M. Jolivet: Est-ce que je peux faire une nouvelle demande de
directive, M. le Président?
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Jolivet: J'ai un peu de peine à suivre. Vous avez dit
tout à l'heure que vous ne compreniez pas ce que le député
d'Abitibi-Ouest disait.
Le Président (M. Thérien): Je lui ai demandé
de répéter pour que je comprenne mieux.
M. Jolivet: D'accord. C'est aussi ce que je veux demander. Je ne
veux pas plaider et mettre votre décision en cause. J'aurais aimé
que vous la regardiez de plus près. Mon problème est le suivant.
Vous prétendez au départ que le but de la motion qui est
réglementaire a pour effet de changer le titre. Ce n'était
pas le but de notre motion. Le but était de discuter du projet de loi
à partir du titre. Dans ce contexte, la commission étant reine et
maîtresse de ses travaux et la motion étant
présentée, il s'agît maintenant de discuter et de dire si
les gens sont d'accord ou non. C'est à eux maintenant de nous convaincre
qu'on ne doit pas commencer par le titre. Je ne vois pas en quoi
l'argumentation que vous m'apportez est différente de celle que vous
m'avez apportée ce matin pour accepter celle du député de
Viau. C'est simplement ce que je ne comprends pas.
Le Président (M. Thérien): L'argumentation de cet
après-midi n'est quand même pas différente. La question que
j'ai mise en veilleuse était à savoir si, premièrement, le
titre est un article. Si je me fie aussi à l'article 180: "Au besoin, la
procédure est déterminée en tenant compte des
précédents et usages de l'Assemblée", les
précédents et usages de l'Assemblée sont d'étudier
le titre à la fin de l'étude. Ce n'est pas une décision
nouvelle, c'est une décision qu'on rencontre même dans les
orientations suggérées.
M. Jolivet: Est-ce que je peux poser une question, M. le
Président?
Le Président (M. Thérien): Oui, M. le
député.
M. Jolivet: Si j'amenais, à la fin du débat - je
pose une question - une motion pour discuter du titre, est-ce que vous
l'accepteriez?
Le Président (M. Thérien): Vous me demandez cela au
moment où le débat ne s'est pas fait.
M. Jolivet: Non, je vous pose une question. Dans n'importe quel
projet de loi...
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Jolivet: ...si j'arrive à la fin, à la
dernière motion, le président demande: Est-ce que vous acceptez
le titre du projet de loi? Je vous dis: Je veux une motion pour changer le
titre du projet de loi. Non, mais, écoutez, c'est une question de
directive. J'ai le droit de poser ma question. C'est la question que je pose au
président. Est-ce que, à ce moment-là, vous
l'accepteriez?
Le Président (M. Thérien): Oui, je
l'accepterais.
M. Jolivet: Bon, si vous l'acceptiez, pourquoi, nous qui voulons
l'étudier en commençant, n'en avons-nous pas le droit? Si on a le
droit de l'étudier à la fin, pourquoi n'avons-nous pas le droit
de l'étudier au début? Comme c'est une motion que nous faisons;
cette motion doit être débattue, débattons-la!
Le Président (M. Thérien): Je pense que ce sera la
dernière réponse que je donnerai, car ma décision a
été rendue. Ma décision était appuyée tout
simplement sur la coutume et l'usage, comme je l'ai dit tantôt. La raison
pourrait être à l'inverse aussi. Vous me demandez pourquoi on
l'accepterait à la fin et qu'on ne l'accepterait pas au début?
Présentement, je ne l'accepte pas au début, parce qu'on
l'acceptera à la fin tout simplement.
M. Jolivet: On va contester cela quelque part.
M. Gendron: M. le Président, écoutez, si vous me le
permettez, sur une question de directive très importante, il me semble
que, comme président...
Le Président CM. Thérien): Oui, mais j'ai bien dit
tantôt, dans mon argumentation, que le titre venait chapeauter s'il y
avait des amendements possibles. C'est évident, ce que le
député de Laviolette vient de dire. Il vient de me dire une
situation où, possiblement, j'accepterais quelque chose. Quelles sont
les raisons que je vous donne? II n'y a pas plus de raisons. La raison, je vous
l'ai donnée. Je ne l'ai pas déclarée recevable tout
simplement parce que, s'il y a des amendements qui viennent changer les
articles, cela pourra possiblement changer le titre, et c'est la coutume
d'étudier le titre è la fin.
M. Gendron: Est-ce que vous ne convenez pas M. le
Président, que vous n'avez pas du tout statué sur la
recevabilité? Juste une seconde. Vous l'avez dit dans vos propos,
vous-même, à trois reprises.
Une voix: M. le Président.
M. Gendron: Juste une seconde. Vous avez statué sur
l'opportunité de faire quelque chose avant ou après et - une
seconde -vous nous le dites dans votre argumentation. C'est vous qui parle2, M.
le Président, vous l'avez dit tantôt dans la justification de
votre décision: J'ai toujours - et c'est vous qui parlez - pensé
qu'il serait préférable que nous discutions de la question du
titre d'un projet de loi à la fin plutôt qu'au début. C'est
votre argumentation. À ce moment, quand vous faites cela, vous discutez
de l'opportunité et non de la recevabilité. Comme
président de cette séance, vous avez à recevoir et
à juger de la recevabilité d'une motion et non de son
caractère
d'opportunité.
Une voix: C'est cela. Sur la forme et non sur le fond.
Une voix: II brise la neutralité. Il n'est plus
neutre.
M. Gendron: C'est très sérieux, très
très sérieux.
M. Cusano: M. le Président.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Viau. (16 heures)
M. Cusano: Excusez-moi, M. le Président. Si vous me
permettez une petite remarque. L'Opposition est en train de faire indirectement
ce qu'elle ne peut pas faire directement. Vous avez rendu votre décision
et on se doit de la respecter.
M. Jolivet: Un président doit être neutre et ne pas
entrer sur le fond de la question. Il est entré sur le fond de la
question.
Le Président (M. Thérien): Je ne suis pas
entré sur le fond de la question. J'ai tout simplement...
M. Jolivet: L'opportunité, c'est le fond.
Le Président (M. Thérien):
L'opportunité...
M. Ryan: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Thérien): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pense que le député de Laviolette vient
de laisser tomber des propos qui sont complètement inacceptables de la
part d'un député à la suite d'une décision rendue
par le président. Je m'en scandalise.
M. Jolivet: M. le Président.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Ryan: J'espère que le député de
Laviolette va me laisser compléter mon intervention, à tout le
moins. Si le député de Laviolette a des représentations
à faire, il sait très bien ce qu'il a à faire, mais ce
n'est pas l'endroit, ici, une fois que la décision a été
rendue, pour faire ce qui a été fait tantôt.
M. Gendron: Sur la question de règlement, M. le
Président, je voudrais juste vous indiquer que, pour nous, il n'est pas
question de contester votre décision, sauf que, de tout temps,
après qu'une décision a été rendue, si on n'est pas
en mesure, comme parlementaires, de comprendre les motifs sur lesquels le
président s'est appuyé, on a le droit non pas de contester sa
décision, mais au moins d'avoir un éclairage qui nous permette de
la comprendre, même si nous ne la partageons pas. Ce qu'on n'a pas le
droit de contester, c'est une décision rendue. Il faut la prendre,
autrement dit. Nous comprenons cela, M. le Président, sauf que ce que
j'ai voulu faire valoir, c'est en termes de compréhension, puisque, dans
vos propres propos pour argumenter sur ce que vous avez rendu comme
décision, vous m'avez toujours parlé d'opportunité et non
de recevabilité en disant: Moi, je pense que c'est plus opportun - vous
m'avez même donné des arguments pour justifier votre
décision - s'il advenait que dans l'échange on modifie des
articles et qu'on soit obligé de changer le titre - c'est toujours vous
qui parliez. Vous expliquez, quand vous utilisez cet argument, le
caractère de non-opportunité, de commencer par le titre, selon
vous.
Or, moi, j'ai toujours appris qu'un président de séance
doit statuer sur la recevabilité d'une motion et non sur
l'opportunité. Ce n'est pas de s'amuser; ce sont des questions
fondamentales et vous connaissez le sens des mots. Nous, on a plaidé une
motion et on est convaincu qu'elle est recevable. Vous nous dites non pour des
motifs d'opportunité. Ce que vous me demandez de faire tout de suite,
vous le ferez plus tard. C'est votre décision, M. le Président,
et vous vous servez de cet argument pour rendre la décision que vous me
dites sur la recevabilité. Comment voulez-vous que je comprenne quelque
chose puisqu'elle ne porte que sur l'opportunité?
Je dis, M. le Président, vous n'avez pas exercé votre
responsabilité comme président de séance de décider
sur la recevabilité ou la non-recevabilité de ma motion. Que ma
motion soit non recevable, je vais en convenir rapidement et on va passer
à autre chose. Mais il faut que je sois capable de comprendre dans votre
jugement sur quel motif vous vous êtes appuyé pour la juger non
recevable. Dans toutes les explications que vous nous avez données, pas
un mot sur la non-recevabilité. Beaucoup de mots et c'était votre
droit d'utiliser ces mots mais je pense que c'est le mien d'essayer de
comprendre. Tout le vocabulaire que vous avez utilisé dans votre
décision portait sur des motifs de non-opportunité à ce
moment-ci.
Donc, je me dis: Quand est-ce que je vais vous entendre sur la
recevabilité, puisque c'est votre "job", c'est votre
responsabilité et votre mandat? Il n'est pas
question de contester votre décision, mais si, comme
président, vous êtes capable de vous appuyer tout autant sur la
jurisprudence que sur des articles précis du règlement pour dire:
M. Gendron, votre motion est carrément irrecevable en vertu de tel
article du règlement, en vertu de tel élément de
jurisprudence, je vais me rasseoir et je ne dirai plus un mot là-dessus
et on va continuer les débats sur autre chose, parce qu'on va ratifier
votre décision.
Mais, là, vous ne m'avez pas dit un mot sur la
recevabilité. Vous m'avez parlé une couple de minutes sur la non
opportunité à ce moment de faire ce que je suggérais qu'on
fasse. Alors, il n'est pas question de contester votre décision. Mais,
si je ne comprends pas les décisions que vous rendez, j'ai un
problème comme parlementaire. C'est pourquoi je vous demande d'essayer
de m'éclairer davantage.
M. Jolivet: Sur la question de règlement, M. le
Président, simplement pour bien situer le problème. Je n'ai dit,
en aucune façon, qu'une décision n'avait pas été
rendue. Ce que je veux dire - c'est bien important, mon collègue l'a dit
- c'est que peut-être vous devriez prendre quelques instants pour aller
vérifier. Je vous pose la question: Si, immédiatement, on avait
accepté, de part et d'autre, de commencer à discuter
l'amendement, vous l'auriez présidé, premièrement.
Deuxièmement, vous dites que si on l'avait apporté
à la fin - je pense que c'est Ça qui est important - vous
l'auriez jugé recevable. Je vous pose la question. Et je me souviens,
vous pouvez allez vérifier dans les livres. J'étais
vice-président à cette époque-là. II y a eu un
problème semblable. Le président dit: Je vous déclare dans
le moment que la motion est recevable, mais je vous dis que je n'accepte pas
qu'elle soit discutée maintenant, elle sera discutée plus tard.
Est-ce cela que vous vouliez nous dire? C'est cela que je veux comprendre. Si
vous me dites à moi: La motion, pour le moment, est recevable mais on ne
peut en discuter pour le moment parce qu'elle doit venir à la fin ou au
milieu plutôt qu'au début, ce serait différent pour moi.
Mais vous me dites qu'elle est irrecevable. Si elle est irrecevable maintenant,
elle va devenir, pour moi, irrecevable à la fin. Donc, ce n'est pas la
recevabilité. Je voudrais que vous alliez vérifier. Si vous me
dites qu'elle est recevable, vous avez le droit, comme président, de
dire que nous ne la discuterons pas maintenant. Vous pourrez reporter votre
décision de discussion à plus tard. C'est autre chose. Prenez le
temps de réfléchir. On va vous le laisser. Mais je suis sûr
que c'est ce que vous vouliez nous dire et ce que j'aimerais entendre.
Le Président (M. Thérien): Je vais y
réfléchir, mais je vous signale que, lorsque vous m'avez
posé cette question-là, je vous ai dit au départ que, le
débat n'étant pas fait, je préférais ne pas vous
répondre. C'est après que vous m'avez, je ne dirais pas
acculé, c'est votre rôle de le faire... Mais je vais aller
vérifier les articles de loi et je reviens.
M. Jolivet: Parfait. (Suspension de la séance à 16
h 7)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît! Nous reprenons la séance. Ma décision est la
suivante: La décision que j'ai rendue demeure la même. Je n'ai pas
jugé sur l'opportunité, mais bien sur les règles et
coutumes en vigueur. L'amendement à la motion présentée
n'a pas été présenté au moment opportun pour les
raisons que j'ai mentionnées. Elle est donc irrecevable. En vertu de
l'article 41, la décision du président ne peut être
discutée. Je donne donc la parole au député de Groulx.
M. Tremblay (Rimouski): Je vous avais informé que je
demanderais la parole immédiatement après. Alors, je demande
simplement le vote sur la motion du député de Viau s'il n'y a pas
d'autres intervenants.
M. Jolivet: Excusez-moi, M. le Président, là je
vais m'opposer à cela parce que le député a
déjà parlé sur la motion et en conséquence il n'a
pas le droit de demander...
Le Président (M. Thérien): J'ai d'ailleurs des noms
d'indiqués.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Thérien): J'avais le
député de Rimouski avant celui de Groulx, mais le
député de Rimouski vient de faire son entrée. Je reconnais
donc le député de Rimouski.
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, il me fait
plaisir de vous faire connaître mon point de vue sur l'avis de motion
présenté par le député de Viau. Vous comprendrez
que je suis d'accord avec cet avis de motion, compte tenu du temps que nous
avons déjà consacré à l'Opposition pour faire
valoir son argumentation à faire entendre différents organismes.
Nous avons
fait la consultation. Nous l'avons faite depuis de nombreux mois et vous
avez eu neuf ans pour faire cette consultation. Vous avez même
dépensé beaucoup d'argent, vous avez même 3 600 000 $ de
dépensés par M. Aquin pour arriver à des résultats
qui étaient tout de même à mon sens très faibles et
cela n'a pas donné les résultats escomptés. Il faut bien
comprendre que ce comité qui était présidé par M.
Aquin a fait une consultation, et une large consultation. Nous avons fait une
consultation aussi; M. Rondeau et son comité a consulté tout le
monde, toutes les personnes ou tous les organismes impliqués par le cas
de ces "illégaux". Je pense que nous avons fait la consultation et
largement. Nous n'avons pas dit non à vos préoccupations à
savoir d'entendre les représentants de la CEQ, les représentants
de la CECM ou encore des cégeps. Nous n'avons pas refusé. Nous
avons dit que ces gens-là ont eu la chance ou ont eu l'occasion
d'être consultés antérieurement. Par conséquent nous
n'avons pas de reproches à nous faire en vous refusant, à ce
stade-ci, d'entendre encore une fois ces organismes venir parler sur le
bien-fondé de la loi qui est présentement devant nous.
Nous avons, nous, du Parti libéral, présenté un
projet de loi qui est le projet de loi 58 à l'intérieur duquel
vous trouvez tous les arguments ou toutes les dispositions nécessaires
pour régler un problème qui est latent, un problème qu'il
faut régler une fois pour toutes. Vous avez devant vous un projet de loi
qu'on vous demande d'étudier article par article de façon qu'on
puisse avancer. Â ce moment-là, vous pourrez peut-être
proposer des amendements et si, à nos yeux, ils sont recevables, nous
pourrons les corriger. Cela n'est pas exclu. Mais de grâce, s'il vous
plaît; essayez donc devant cette commission de faire vos devoirs,
à savoir d'étudier article par article tous les règlements
qui sont dans le projet de loi. Présentement, vous ne faîtes que
retarder et vous ne faites pas votre devoir parce que vous ne voulez pas
prendre connaissance des dispositions de la présente loi. Cette loi a
été drôlement pensée. La consultation a
été très large et nous sommes en mesure de vous la
proposer parce qu'elle veut régler, une fois pour toutes, le
problème des "illégaux".
J'entendais l'ex-ministre de l'Éducation, le député
d'Abitibi-Ouest, dire: Laissez donc faire cela. Cela va peut-être se
régler. Avec le temps, cela va se régler. En d'autres termes,
laissez perdurer et laissez encore des "illégaux" entrer dans le
système et jamais on ne réglera. Nous, du Parti libéral,
ce qu'on veut, on veut absolument le régler une fois pour toutes et on
ne veut plus en entendre parler. C'est pourquoi, M. le Président, il me
fera plaisir d'appuyer la motion du député de Viau et je suis
d'accord avec cette motion de façon qu'on puisse étudier article
par article les dispositions du projet de loi 58. On pourra y apporter des
amendements, s'il le faut, parce que nous connaissons cela, la consultation. On
peut tenir compte des préoccupations de l'Opposition. Si elles sont
justes et valables, à ce moment-là, vous pouvez être
certain que nous apporterons des amendements, s'il y a lieu.
M. le Président, cela m'a fait plaisir de vous faire
connaître mon point de vue là-dessus et je voterai pour la
motion.
Le Président (M. Thérien): Je reconnais maintenant
la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. On a, il est vrai,
entendu ici de tout. Mais ce qui surprend de la part des gens qui viennent tout
juste d'être élus - six mois, c'est relativement court - c'est que
déjà ils nous affirment du haut de leur pouvoir n'avoir besoin
d'entendre personne ici, n'avoir besoin d'aucune consultation. On nous dit: De
toute façon, vous n'aviez qu'à faire comme nous, on a
consulté. Vous êtes partis avec une hypothèse et non pas un
projet de loi, je présume, et vous avez rencontré quelques
groupes, dont l'Alliance des professeurs de Montréal. Est-ce ce qu'on
appelle une consultation au sens où, généralement, on
l'entend en cette Chambre? Lorsqu'on parle d'une consultation ici, on parle
généralement de quelque chose de beaucoup plus structuré,
fait sur invitation, et le président, le député de
Sauvé, président de cette commission le sait, puisqu'on
procédera à une commission parlementaire à l'automne, au
cours de laquelle il y aura effectivement consultation. Alors, ce n'est pas
faute de savoir à quoi ça sert une consultation et comment
ça se déroule, comment on procède et comment on fait une
consultation. Qu'il vienne nous dire que sa consultation, la consultation qu'il
a faite avec ses collègues ou les rencontres qu'ils ont faites à
leurs bureaux, est suffisante pour déclarer aujourd'hui qu'ils ont fait
le tour de la question et qu'ils ont trouvé la solution, je trouve cela
un peu fort! Je dirais qu'autant on a dans ce projet de loi une attitude, je le
répète, méprisante à l'endroit de ceux qui ont
respecté la loi, autant, il me semble, on a une attitude
méprisante à l'endroit de ceux qui voudraient être
entendus. Il s'agit quand même d'une loi. Ce n'est pas une loi mineure
qu'on est en train d'adopter là. On est en train, par
législation, de blanchir des gens, d'amnistier des gens qui se sont
placés dans l'illégalité pendant neuf ans. Et là,
je ne parle pas juste des enfants. Je parle des personnes qui les ont
aidés.
J'entendais hier le député de Viau nous
dire: Oui, le précédent gouvernement n'a-t-il pas blanchi
les travailleurs de la CEG au lendemain d'une grève? Je me dis d'abord
que ce n'est pas vraiment en son honneur que d'apporter cela et de comparer la
situation des jeunes "illégaux" d'aujourd'hui à la
désobéissance d'un syndicat. Tout d'abord, il me semble que ce
n'est pas tout à fait du même ordre. Par ailleurs, le fait de
lever les poursuites à l'endroit d'un membre d'un syndicat n'autorise
jamais, mais jamais, ses enfants ou lui-même à recommencer l'acte.
Cela ne lui confère pas de droits. Ce n'est pas parce qu'on a
levé les poursuites à l'endroit d'une personne que ça
autorisera son fils à commettre les mêmes méfaits. Il me
semble donc que là on n'est pas tout à fait dans le même
ordre d'idées.
Il serait important d'entendre ces personnes-là et de voir
différents groupes. Le ministre de l'Éducation me disait, au
cours d'une conversation, que peu de gens s'étaient élevés
contre le fait qu'ils se trouvaient être pénalisés pour
avoir obéi à la loi, à l'exception, me dit-il, cependant,
d'un cadre d'une commission scolaire qui estime avoir été
floué dans l'exercice et qui, furieux, dit: Moi, j'ai Tespecté la
loi, je me retrouve avec moins d'élèves. J'estime que ces
personnes-là devraient avoir les mêmes droits que ceux que vous
allez reconnaître à ceux qui ont désobéi, qui ont
résisté entre un et neuf ans.
Pour ces raisons-là, il me semble qu'il aurait été
important qu'on entende, ici, différents groupes. Il me semble, au cours
de ces échanges qui pour certains ont pu paraître longs, qu'on a
déjà appris un certain nombre de choses que, peut-être,
vous saviez déjà tous. Vous y avez tous réfléchi.
Vous avez peut-être regardé ce problème-là sous tous
ses angles. Cela n'était certainement pas le fait, d'abord de
l'Opposition, non plus que du public en général. Le public n'est
pas informé de ce que j'appellerais tous les dessous de cette
affaire-là. D'ailleurs, le discours du gouvernement là-dessus a
eu tendance à tromper la population et il continue comme dans la
remarque du député de Rimouski qui nous dit: Vous avez eu neuf
ans. Vous avez laissé pourir la situation. Eh bien! II ne fait pas
état des tentatives extrêmement sérieuses qui ont
été faites par le gouvernement en 1981, à la suite du
dépôt du rapport de Me François Aquin. Je pense que le
député de Sauvé est en mesure d'appuyer ma remarque, s'il
y avait eu, dans certains milieux, la collaboration à laquelle on
pouvait s'attendre, la proposition qui a été faite par le Dr
Laurin, alors qu'il était ministre de l'Éducation, à la
fin de 1981, aurait normalement dû résoudre tous ces
problèmes-là. Il ne l'a pas fait pour deux raisons, parce qu'il y
a eu une résistance organisée dans le milieu et, je le rappelle,
la complicité était haute. Il ne l'a pas réussi non plus,
il faut se le rappeler, parce qu'il n'avait pas, je dirais, dans ce dossier la
crédibilité auprès des milieux anglophones dont jouit
l'actuel ministre de l'Éducation. On peut même penser, M. le
Président -c'est l'hypothèse qui a été
avancée - que les propositions de solutions qui ont été
avancées par Me Aquin auraient probablement trouvé une autre
oreille aujourd'hui en reprenant quasiment les mêmes recommandations,
parce que neuf ans ont passé et parce que la résistance commence
à se fatiguer et aussi parce que ce gouvernement a un
préjugé plus favorable, retrouve un préjugé plus
favorable dans ces milieux.
Pour ces raisons, il me semble que couper court sous prétexte
qu'on est tanné -parce que je me dis, dans le fond, si on est
tanné, certainement que vous n'étiez pas ici au moment où
il y a eu le long débat; on me parle de quelque 184 heures sur la loi
101. Il me semble que, comme parlementaires, je m'en excuse, mais c'est notre
travail. Je rappellerai les remarques à cet effet du ministre de
l'Éducation, alors qu'il était dans l'Opposition, il disait, je
le répète: L'Opposition a comme devoir de mener une opposition
implacable, rigoureuse, extrêmement sévère. Il disait:
C'est vraiment la fonction et c'est la responsabilité d'une Opposition.
Alors, ce que nous faisons ici aujourd'hui et ce qu'on a fait au cours des
derniers jours, c'est essayer de vous amener à comprendre qu'on aurait
tous intérêt à entendre des groupes ici. Le
président de la commission, le député de Sauvé,
devrait être de notre avis, d'autant plus qu'il a été
témoin d'une décision qui a été prise par la
commission d'entendre un groupe sur la loi 30, sur ce qu'on appelle la
commission scolaire de Joutel-Matagami.
On a demandé de rencontrer un groupe et de tenir une audience
là-dessus. On l'a fait et vous savez ce que cela a donné. Pour
ceux et celles qui l'ignorent ici, c'était certainement utile, parce
qu'il y a eu réécriture de la loi. Cela veut donc dire que ce
ministre est également susceptible d'erreur, heureusement. C'est
rassurant, des fois. Sauf que c'est rassurant dans la mesure où on peut,
par le biais d'une consultation particulière, s'assurer qu'on met en
place un train de consultations qui nous permette d'éviter l'erreur qui
aurait été celle qu'on aurait commise à l'endroit de la
commission scolaire de Joutel-Matagami, si jamais on avait accepté le
projet de loi tel que déposé. Qu'est-ce qui a amené le
ministre à le modifier? C'est vraiment à la suite de l'audition
du directeur général et du président de la commission
scolaire de Joutel-Matagami, d'où l'importance - malgré qu'on se
trouve bien bon - d'entendre des personnes. Vous savez, c'est un projet de loi
majeur, qui pourra au cours des années avoir une influence
considérable à la fois sur notre projet - ce que j'appelle notre
paysage
linguistique - de même que sur les attitudes des gens à
vouloir ou non respecter les lois du Québec.
Motion proposant d'étudier l'opportunité
d'intégrer un préambule au projet de loi
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je voudrais
amender la motion du député de Viau. Je fais la proposition
suivante: Que la motion du député de Viau soit modifiée en
remplaçant les termes "de l'article 1 et des articles suivants du projet
de loi 58" par les suivants: "en débutant l'étude par
l'opportunité d'intégrer un préambule à ceprojet". Je dépose la motion d'amendement.
Une voix: Vous connaissez cela.
Mme Blackburn: "Nonobstant", vous êtes en train de le
réintroduire, mes chers messieurs. Il n'y a pas de loi qui traîne
quelque part dans nos cahiers dans laquelle on n'a pas trouvé utile de
le remplacer.
Des voix: ...
Le Président (M. Thérien): S'il vous plaît!
Vous l'avez déposée. Merci, Mme la députée. Je vais
suspendre les travaux quelques instants.
M. Jolivet: Est-ce que je peux avoir, avant que vous ne preniez
une décision finale, l'occasion de plaider sur la recevabilité,
Parce que c'est ce que vous allez avoir à discuter?
Le Président (M. Thérien): J'ai l'habitude de
demander de l'éclairage, comme vous avez pu le constater.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Thérien): Je demanderais aux
intéressés de plaider dans le but d'avoir le meilleur
éclairage possible et j'ajournerai pour prendre ma décision par
la suite.
M. Jolivet: M. le Président, je pourrais commencer le
premier. Excusez-moi, est-ce que la députée de Chicoutimi
voudrait commencer?
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait en avoir des copies par courtoisie
élémentaire?
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette, le délai pour les copies, est-ce que
cela se fait rapidement?
M. Jolivet: Ah oui!
Le Président (M. Thérien): Oui. On va attendre la
copie.
M. Jolivet: D'accord.
Une voix: On n'est pas pressé. (Suspension de la
séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 35)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre! On est
en train de distribuer la motion d'amendement présentée par la
députée de Chicoutimi.
Une voix: ...recevable.
Débat sur la recevabilité
Le Président (M. Thérien): Sur la
recevabilité. Juste dans le but d'éclairer la décision
qu'on va prendre tantôt...
M. Jolivet: J'avais demandé la parole, M. le
Président. Mais je vais...
Le Président (M. Thérien): Oui, c'est cela.
J'allais justement demander si c'était la députée de
Chicoutimi...
M. Jolivet: Oui, ce sera la députée qui
commencera.
Mme Blackburn: M. le Président, je vais
brièvement...
Le Président (M. Thérien): Je m'excuse, Mme la
députée, on va attendre un petit peu. Voulez-vous prendre vos
places, s'il vous plaît, ceux qui...
Une voix: On n'a pas le texte de l'amendement.
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Ryan: Ce serait bien utile de l'avoir, parce qu'il est assez
déroutant.
Le Président (M. Thérien): II y en a qui ont eu des
copies. Est-ce qu'on en avait suffisamment pour tous? On pourrait quand
même commencer la première argumentation, parce que j'imagine que
je vais en accepter quelques-unes. Mme la députée de Chicoutimi,
s'il vous plaît.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il me semble
important - c'est l'objet de la motion que j'ai présentée - que
cette loi soit précédée d'un préambule. Pour
reprendre les paroles du ministre de l'Éducation au moment où il
déposait sa loi, il nous disait:
Voilà une loi d'exception.
Effectivement, cela n'est pas la coutume dans nos traditions.
Généralement, on ne se voit pas contraint d'adopter une loi qui a
comme effet non seulement d'amnistier un certain nombre de personnes qui n'ont
pas respecté une loi, mais qui a également comme effet de
conférer un certain nombre de droits.
Dans cet esprit, il nous disait: Cette loi est exceptionnelle. Elle est
exceptionnelle dans la mesure où non seulement elle vient amnistier
mais, en plus, pour des gens qui se sont placés dans
l'illégalité, cette loi vient conférer des droits. Il est
dans la coutume, dans la tradition parlementaire, lorsqu'il s'agit de lois
à caractère exceptionnel ou solennel - ici, c'est davantage
exeptionnel que solennel, soit dit en passant - de bien cadrer le projet de
loi, de bien expliquer pourquoi un Parlement est en train de prendre une telle
mesure. Qu'est-ce qui justifie qu'on soit en train, comme parlementaires,
d'adopter une loi qui aura tantôt comme effet non seulement d'amnistier
des "illégaux", tant les personnes qui se trouvent dans les
écoles que ceux qui les ont aidés à y rester, à s'y
inscrire et à y demeurer pendant neuf ans, mais qui plus est vient leur
accorder des droits?
II est important, M. le Président, dans ce préambule, quel
que soit le lecteur tantôt, qu'il puisse bien camper la loi, qu'il puisse
bien comprendre pourquoi on a pris cette mesure et qu'il puisse bien comprendre
qu'elle est exceptionnelle, parce que, tantôt, il y a des gens qui vont
réclamer parce qu'on a accordé des droits exceptionnels à
des personnes qui s'étaient placées dans
l'illégalité. Ils pourraient être amenés,
tantôt, à réclamer les mêmes droits, parce qu'ils ont
respecté la loi, ou les mêmes droits pour ceux qui ne sont plus
dans les écoles. Alors, il me semble qu'il devient extrêment
important, dans ce projet de loi, pour une meilleure compréhension, pour
expliquer l'acte exceptionnel qu'on est en train de faire au moment où
on s'apprête à adopter cette loi, qu'il y ait d'abord un
préambule qui explique les raisons qui amènent ce Parlement
à nous proposer et à adopter éventuellement ce projet de
loi. Je ne voudrais pas aller beaucoup plus loin. Je pense que mes
collègues pourront toujours y ajouter quelque chose.
Le Président (M, Thérien): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le ministre de
l'Éducation et député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, l'Opposition, comme elle le fait
généralement depuis le début de la présente
session, baigne dans l'improvisation. Elle est en train de sombrer dans la
confusion et l'imprécision. Si la députée de Chicoutimi
avait été sérieuse, elle aurait soumis un texte avec sa
motion d'amendement et elle aurait dit: Voici, je veux qu'on modifie la
proposition en décidant d'étudier en priorité les lignes
suivantes que nous proposons d'introduire en guise de préambule.
Nous n'avons rien de cela. On veut qu'on débute par
l'étude de l'opportunité d'intégrer un préambule
à ce projet. C'est évidemment du non-être. Un
non-être, c'est quelque chose qui ne nous dit absolument rien. Cela
confirme le caractère dilatoire de tout ce qui a été
entendu du point de vue de l'Opposition, du côté de l'Opposition,
depuis le début de nos débats, il y a maintenant quatre jours,
vendredi dernier.
Il serait absolument contre-indiqué d'accorder le moindre
crédit à cette proposition d'amendement et, si la
députée avait été sérieuse, il y a bien
longtemps qu'elle aurait fait part de cette idée. C'est la
dernière trouvaille mécanique qu'on a pu inventer pour essayer de
retarder l'examen article par article du projet de loi. On a peur d'examiner le
projet de loi article par article. Je n'ai jamais vu une crainte comme
celle-là et on dirait qu'ils ont peur de cela comme de leur ombrage. Ce
n'est pas compliqué. L'article 1 dit des choses très simples et
on vous demande de dire ce que vous en pensez, si vous êtes pour ou
contre, mais ce n'est pas avec vos simagrées et votre tournage autour
que vous allez impressionner le moindre observateur sérieux. Je
comprends très bien que le député de Laviolette se soit
éclaté de rire en écoutant ces choses, parce qu'il sait
très bien le caractère assez ridicule de ce qui se fait depuis le
début de nos procédures et, en particulier, depuis le
début de la présente journée.
La motion est bien simple et, d'ailleurs, comme on l'a dit à
plusieurs reprises, le gouvernement a fait montre d'une courtoisie
exceptionnelle, à laquelle il n'était pas du tout tenu par le
règlement, en acceptant qu'un débat de caractère
général se fasse avant l'étude article par article, parce
que le mandat que vous avez reçu comme nous, c'est d'examiner le projet
de loi article par article et vous refusez de vous acquitter du mandat que vous
a donné la Chambre. C'est cela votre esprit démocratique. Pour
que le Parlement fonctionne, il faut que les commissions, qui sont des
créatures de la Chambre, qui sont des émanations de la Chambre et
qui rendent compte à la Chambre, commencent par exécuter les
volontés qu'a définies la Chambre dans l'attribution des
mandats,
M. le Président, le mandat que nous avons, et je termine
là-dessus, c'est le mandat d'étudier article par article.
Nous
aurions pu l'imposer dès le début. Étant
donné qu'il y avait eu débat de l'autre côté, nous
avons accepté de faire exception à l'article 247 de notre
règlement et nous l'avons fait par gentillesse et par respect de
l'opinion de l'autre, mais là je voudrais que l'on sache clairement du
côté de l'Opposition que l'on ne peut continuer à s'amuser
et à jouer avec la démocratie comme on le fait. C'est de la
caricature de la démocratie; c'est ce qui dénature la
démocratie: le refus de faire face aux échéances et le
refus de faire face aux questions véritables et essentielles. Si
l'Opposition continue de faire cela, elle va se discréditer
elle-même et je lui rappelle une chose: tout ce qui se passe ici sera
connu dans les différents milieux du Québec, en particulier dans
les communautés ethniques et, quand elles verront comment, du
côté de l'Opposition, on a voulu jouer au football avec elles et
se servir d'elles comme d'un ballon politique, elles vont amèrement le
regretter et elles s'en souviendront très longtemps. Elles seront
parfaitement justifiées de le faire.
L'Opposition a encore une chance de revenir à la raison, "to come
back to its senses", comme on dit, de revenir au bon sens, et on ne l'oblige
pas à voter comme le gouvernement; je pense que le bon sens le
suggérerait fortement, mais chacun garde sa liberté. Il n'est pas
question de...
M. Jolivet: M. le Président, ai-je le droit d'invoquer le
règlement?
M. Ryan: Je conclus, M. le Président. M. Jolivet:
Oui.
M. Ryan: M. le Président, je veux vous épargner
toute décision marginale, je conclus en disant que c'est
l'évidence même, cette proposition d'amendement m'apparaît
complètement farfelue.
M. Jolivet: M. le Président, d'abord j'aimerais faire
remarquer...
Le Président (M. Thérien): J'aimerais vous
reconnaître d'abord, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: D'accord, M. le Président, on ne jouera pas
aux fous cependant, je voulais juste invoquer le règlement. J'accepte
cela difficilement et rarement en commission parlementaire a-t-on vu pareils
applaudissements comme on en a vu de l'autre côté. Mais je veux
tout simplement dire que c'est normal. Si l'on avait des gens dans
l'assistance, ils seraient amenés à applaudir de la même
façon que vous autres et on aurait du désordre dans cette
salle.
Le Président (M. Thérien): Si cela venait à
se reproduire, j'avertirai. M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: D'accord. Je vous remercie beaucoup. Maintenant, on a
entendu le ministre parler sur beaucoup de choses et j'aurai l'occasion d'y
revenir, mais sur la recevabilité de l'amendement proposé par ma
collègue, parce que c'est sur cela que vous allez avoir à porter
jugement... M. le ministre dit qu'à cause d'une courtoisie de la partie
ministérielle on a eu droit à des motions qui avaient comme
caractère de faire en sorte de discuter de l'ensemble du projet de loi.
Ce n'est pas la première fois -j'ai eu l'occasion de présider -
que des commissions parlementaires pour faire une étude plus
élaborée d'un projet de loi demandent de part et d'autre des
interventions et acceptent que ces interventions aient lieu. Le
président avait rendu une décision en ce sens-là que je
trouvais tout à fait logique et conforme à la tradition. Mais,
justement parce qu'on parlait de tradition dans la motion qui a
été refusée tout à l'heure et qu'on ne veut pas
parler de celle-là, je trouve qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
À un moment donné, la tradition devrait servir tout le monde de
la même façon ou elle ne sert en aucune façon. Je vous dis
que la tradition veut que cela ait existé.
Quand le ministre parle des mesures que nous avons prises pour montrer
notre désaccord profond avec le projet de loi, je voudrais lui faire
remarquer que sur le débat qui a eu lieu en cette assemblée,
à la cinquième session de la 32e Législature, sur
l'étude détaillée du projet de loi 3, il y a eu des
motions pour entendre des organismes, comme on l'a fait. On n'a pas posé
de questions, on l'a fait et qu'est-il arrivé comme décision?
C'est celle que vous avez rendue ce matin. Au moment où cela a
été rendu, immédiatement, on est allé vers
l'étude détaillée, sauf que nous avons le droit de poser
les conditions dans lesquelles ces études vont se faire. Nous avons
proposé - ma collègue l'a fait - une motion qui a pour but... Je
dis bien, les termes sont là, ils sont choisis. Sur la motion que vous
allez devoir regarder comme recevable ou irrecevable, j'aimerais que vous
portiez attention à cette argumentation que je vais apporter. C'est de
faire motion pour commencer l'étude du projet de loi en regardant
l'opportunité d'intégrer un préambule au projet de loi.
Donc, l'opportunité d'intégrer un préambule au projet de
loi, cela veut dire que... Si je regarde la décision que vous nous avez
transmise au courant de la journée, elle dit: À mon point de vue,
oui, puisque la commission, je le répète, est maîtresse de
ses travaux, il peut venir une motion visant
à entreprendre une étude.
Je dois vous dire que, parce que le principe est là, qu'il est
inscrit, la commission est reine et maîtresse de ses travaux. Cela veut
dire qu'une motion qui est présentée et qui a pour but de
commencer l'étude en présentant un préambule et en
demandant l'opportunité d'au moins intégrer ce préambule
fait totalement référence à cette décision qu'a
rendue le président lors de cette commission parlementaire et qui a pour
but, justement, de simplement amender, quand on regarde l'article des
amendements, qui a pour but d'ajouter ou de retrancher des mots, mais qui n'a
pas pour but de changer le sens.
Est-ce que la motion qui est présentée change le sens de
la motion présentée par le député de Viau? Non.
Elle vient ajouter un élément nouveau qui est d'étudier
l'opportunité de mettre un préambule. Quand M. le ministre accuse
ma collègue de présenter une motion qui est
prématurée ou qui est mal préparée, qui est mal
foutue, et qu'il nous envoie quasiment aux limbes en disant: Vous seriez mieux
de retourner aux limbes, vous n'avez pas d'idée, je dois vous dire qu'il
parlait, selon l'expression bien québécoise, à travers son
chapeau. Effectivement, la motion ne dit pas: Nous voulons intégrer un
préambule, mais nous voulons étudier l'opportunité
d'intégrer un préambule. La preuve en est que, si jamais cette
motion était jugée recevable, qu'elle était
discutée et adoptée, nous avons un préambule à
proposer qui se lit comme suit... Je veux juste vous montrer que cela n'est pas
préparé à la sauvette et à la dernière
minute, comme certains projets de loi l'ont été de la part des
gens d'en face.
Le préambule se lirait comme suit: Le projet de loi 58, Loi sur
l'admissibilité à l'enseignement en anglais de certains enfants,
est modifié par l'insertion, après le titre, du préambule
suivant: Attendu que depuis l'entrée en vigueur en 1977 de la Charte de
la langue française certains élèves ont été
admis à recevoir l'enseignement en langue anglaise et ce, en
contravention avec les dispositions de celle-ci; attendu que le gouvernement du
Québec a tenté sans succès au cours des années de
mettre de l'avant diverses formules afin de favoriser l'inscription
légale de ces élèves à l'enseignement en langue
française; attendu que diverses déclarations et promesses ont
suscité des attentes auprès des personnes visées rendant
inapplicable l'application de toute formule favorisant le transfert de ces
élèves au secteur francophone; attendu que seule une amnistie
totale des gestes posés dans le passé peut permettre la
régularisation du statut légal de ces élèves, le
ministre de l'Éducation propose la loi suivante, articles 1, 2, 3, 4, 5
et 6.
Donc, on a un préambule de préparé, mais ce n'est
pas de cela qu'on discute. On aura l'occasion, si vous acceptez notre motion et
que vous permettez le préambule, de discuter de chacun des paragraphes
du préambule. Je pense qu'effectivement M. le ministre, sur la question
qui est ici, a mal lu la proposition de ma collègue. C'est sur
l'opportunité d'intégrer un préambule à ce projet.
Dans ce contexte, M. le Président, comme cette motion vient ajouter
à la motion du député de Viau sans en changer le sens, tel
que prévu par nos règlements, vous n'avez pas, à mon avis,
d'autre possibilité que de déclarer recevable cet amendement.
Le Président (M. Thérien): Donc, étant
donné que le temps est è la discrétion, je vais suspendre
pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 17 h 9)
Le Président (M. Thérien}: À l'ordre, s'il
vous plaît!
Décision du président
Nous reprenons la séance et je vais rendre mon jugement. Avant
d'apporter mon jugement, j'aimerais lire la motion et l'amendement pour
rappeler à tout le monde l'encadrement.
Le député de Viau a fait une motion pour que l'on passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 58. L'amendement à
la motion proposé par la députée de Chicoutimi se lisait
ainsi: "En remplacement des termes de l'article 1 du projet de loi 58 par les
suivants: en débutant l'étude de l'opportunité
d'intégrer un préambule à ce projet." Après
vérification de certaines jurisprudences, certaines autres étant
malheureusement inexistantes... À l'article 197, on peut lire: " Les
amendements doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent
aller à rencontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots." Donc, je juge l'amendement
recevable, car cela ne va pas à l'encontre des principes de la motion
principale. La motion vise donc à remplacer ou à ajouter des mots
qui n'enlèvent aucunement l'esprit de la motion déposée
par le député de Viau.
Je céderai la parole sur l'amendement à la motion à
la députée de Chicoutimi.
Débat sur la motion d'amendement Mme Jeanne L.
Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais tenter de
vous convaincre de la
nécessité - si on ne peut le faire, à tout le moins
de modifier la loi - de faire précéder l'article 1 d'un
préambule.
Peut-être est-il utile ici, en guise d'information, de vous
resituer dans le temps par rapport aux règles concernant ce genre de
loi, par rapport aux traditions, à quel moment cela se fait, dans
quelles circonstances et pourquoi.
Vous allez me permettre brièvement de faire un peu le tour de la
situation et de vous expliquer pourquoi, à mon avis, on devrait
retrouver dans le projet de loi 58 un tel préambule. Je disais tout
à l'heure que le caractère... On retrouve un préambule
dans deux types de loi: les lois à caractère exceptionnel, donc
d'exception, qui dérogent aux règles générales et
les lois à caractère solennel. Brièvement, pour se
rappeler les lois à caractère solennel pour lesquelles on a un
préambule, il y a la charte canadienne, par exemple, la Charte de la
langue française, la déclaration des droits de la personne. Tous
ces actes légaux sont précédés d'un
préambule.
Je pense bien que cela devrait rappeler des choses aux
députés libéraux. On sait l'attachement, Je souci et
l'intérêt que porte l'actuel premier ministre à l'effet
d'introduire un préambule à la charte canadienne et on se
rappelle pourquoi. Les principales raisons évoquées par le
premier ministre sont les suivantes: Un préambule permet au juriste qui
a à porter un jugement en vertu de la charte de situer son action, de
l'encadrer, de la comprendre et de l'interpréter. Les articles ne sont
pas des articles de la loi, mais cependant le préambule a comme effet
d'encadrer son interprétation. Or, le premier ministre du Québec
nous dit: II serait suffisant qu'on introduise dans le préambule un
texte tel: la reconnaissance du Québec comme société
distincte. À son avis - je pense que c'est sûrement aussi votre
avis - il doit avoir une connaissance suffisante de ces questions pour penser
qu'il a raison, qu'avec le texte, le préambule de la charte canadienne
ainsi libellé, les juristes devraient pouvoir mieux encadrer leur
jugement. Peut-être effectivement éviterions-nous que la tour
penche toujours du même côté. C'était tout simplement
pour un peu camper la nécessité et le rôle que jouent les
préambules dans des lois à caractère exceptionnel ou
à caractère solennel.
On va parler maintenant des lois à caractère exceptionnel.
Tout è l'heure, je faisais une remarque au ministre de
l'Éducation. Je rappelle ici une loi qui a été
adoptée en cette Chambre, c'est le chapitre 61, Loi concernant un
jugement rendu par la Cour suprême du Canada le 13 décembre 1979
sur la langue de la législation et de la justice au Québec,
sanctionnée le 14 décembre 1979. Il y avait le préambule
qui suit et que je vous lis. "Considérant que, le 26 août 1977,
l'Assemblée nationale du Québec adoptait la Charte de la langue
française sanctionnée cette même date; "Considérant
que le chapitre III de cette loi édicté que le français
est la langue de la législation et de la justice au Québec;
"Considérant que la Cour suprême du Canada dans un jugement rendu
le 13 décembre 1979 dans la cause du Procureur général de
la province du Québec c. Peter M. Blaikie et autres a
déclaré ce chapitre inconstitutionnel; "Sa Majesté, de
l'avis et du consentement de l'Assemblée nationale du Québec,
décrète ce qui suit..."
Suivait le projet de loi. Il s'agissait là évidemment
d'une modification importante et exceptionnelle.
Est-ce que la loi qu'on examine a un caractère suffisamment
exceptionnel pour qu'il soit nécessaire d'y inclure un préambule?
Je pense que si on devait en douter ou si on en doute encore, c'est
probablement qu'on n'a pas écouté ce qui s'est dit à ce
sujet en cette Chambre. Une loi qui vient non seulement amnistier des personnes
qui se sont placées délibérément dans
l'illégalité - je le rappelle, je ne parle pas des enfants qui
sont actuellement dans les écoles - une loi qui vient amnistier des
actes illégaux, une loi qui vient conférer à ceux qui ont
désobéi à cette loi des droits qui ne seront pas reconnus
à d'autres personnes, il me semble qu'une telle loi doit être
précédée d'un préambule.
En effet, si on ne cadre pas parfaitement cette loi, si on n'explique
pas sommairement, dans un court préambule, les raisons qui justifient
que ce Parlement adopte cette loi d'exception, on pourrait faire une
interprétation tantôt qui dépasse largement les vues et les
objectifs de ce projet de loi et de cette loi.
Le préambule, pour cette raison, m'apparaît non seulement
utile, mais, à mon humble avis, indispensable. Il faut bien qu'on
comprenne que le préambule de cette loi devrait permettre à tout
juriste, si jamais il y avait une demande d'un citoyen du Québec de se
prévaloir des droits reconnus aux personnes qui sont là, de
comprendre cette loi dans son contexte. Le contexte, on nous l'a
rappelé, c'est qu'au lendemain de l'adoption de la loi 101 plusieurs
jeunes - on estime qu'à l'époque ils étaient entre 200 000
et 300 000 - allophones qui, aux termes de la loi, n'auraient pas eu le droit
de fréquenter les écoles anglaises y sont demeurés. Il est
peut-être important de rappeler qu'ils n'y sont pas demeurés
exclusivement parce qu'ils avaient la volonté d'y demeurer, ils y sont
demeurés avec la complicité active d'un certain nombre de
personnes, ils y sont demeurés avec la complicité des directeurs
d'école, ils y sont
demeurés avec la complicité des professeurs, ils y sont
demeurés avec des complicités -on l'a vu hier dans les propos
tenus par la PACT - qui se situaient un peu partout au Canada, et aussi
haut...
Mme Bleau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Thérien): Question de
règlement, Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: J'aime beaucoup entendre les propos de Mme la
députée de Chicoutimi à chaque occasion, mais elle est en
dehors du sujet complètement dans le moment. On parle seulement de votre
projet de préambule. Je pense que vous n'avez pas besoin de nous
répéter tout ce qu'on sait déjà. Pourquoi
voulez-vous mettre un préambule? C'est seulement cela.
M. Gendron: Sur la question de règlement, M. le
Président. D'abord, ce n'est manifestement pas une question de
règlement.
Le Président (M. Thérien): Elle parlait de la
pertinence.
M. Gendron: Je sais. Je veux justement vous indiquer que, sur la
pertinence, il doit être sûrement difficile pour la
députée de Groulx de prétendre que les propos de ma
collègue ne sont pas pertinents. Justement, il n'est pas pertinent de
parler sur le préambule, lequel a été explicité
très succinctement par mon collègue, le député de
Laviolette. Donc, elle ne connaît pas le préambule qu'on pense
qu'il devrait y avoir dans le projet de loi. Prétendre qu'il n'est pas
pertinent d'en parler, je pense que c'est inopportun à ce moment-ci, M.
le Président.
Le Président (M. Thérien): De toute façon,
je...
Mme Bleau: Question de règlement, monsieur. Si je l'ai
bien appris, un préambule, ce sont quelques lignes qui...
Le Président (M. Thérien): Non. Je pense que
l'amendement à la motion...
Mme Bleau: On ne pourrait pas tout mettre cela?
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée, l'amendement à la motion a été
reconnu comme étant recevable et le débat porte sur la pertinence
d'avoir un préambule et ce que peut comporter ce préambule. Donc,
allez-y, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
M. Boulerice: Je voudrais venir à la rescousse de ma
collègue qui se demandait ce que c'était un préambule.
Le Président (M. Thérien): Non, non. Je pense que
c'est inutile. Pour le moment, votre collègue n'a pas besoin que vous
vous portiez à sa rescousse. En temps opportun, vous viendrez à
sa rescousse.
Une voix: On lui fait confiance à votre
collègue.
Mme Blackburn: M. le Président. Peut-être
brièvement, pour un peu expliquer parce que je crois à la bonne
foi de la députée de Groulx, ce que je suis en train d'essayer de
faire, c'est de bien situer les raisons qui me font penser qu'on doit
introduire un préambule et pour bien se rappeler tou9 ensemble pourquoi,
aujourd'hui, on se retrouve dans cette situation et pourquoi on est en train
d'adopter une législation qui vise à corriger cette
situation.
Je dis donc et je disais donc que ces jeunes se retrouvent dans des
écoles au lendemain de l'adoption de la loi 101 alors que normalement,
ils n'y auraient pas droit. Ils s'y retrouvent parce qu'on a organisé de
façon délibérée la désobéissance. On
a organisé la désobéissance non pas exclusivement pour
servir les intérêts de ces jeunes qui se retrouvaient dans les
écoles. Il m'arrive de penser que cet intérêt
n'était vraiment pas au premier chef des préoccupations de ceux
et celles qui ont organisé la désobéissance.
Souvent, on a organisé la désobéissance parce que -
on le sentait tantôt - de l'avis même de la députée
de Jacques-Cartier, une étude les a amenés à constater
qu'aux termes de la loi les effets seraient les suivants: dans sa commission
scolaire, dix ans plus tard, il ne resterait que le tiers des
élèves qu'on y retrouve actuellement. D'où, nous dit-elle,
des conséquences sur les administrateurs et sur les professeurs. Doit-on
comprendre de l'intervention de la députée de Jacques-Cartier que
les gens qui ont organisé la résistance, qui ont même fait
des levées de fonds et des collectes auprès des professeurs
à travers le Canada, n'avaient pas nécessairement en vue de
protéger les intérêts des jeunes? On a davantage tendance
à penser qu'ils étaient inquiets par rapport à leur propre
avenir professionnel.
Il est important de rappeler ces choses. Il est important de bien situer
brièvement le cadre général de cette loi. Il ne s'agit pas
que cette loi vienne reconnaître de fait que ces élèves se
retrouvent dans l'école. Non, on vient reconnaître de droit... Une
loi qui confère des droits è la suite d'un acte
d'illégalité, vous admettrez avec moi que c'est une loi à
caractère particulièrement
exceptionnel. S'il n'y a pas un minimum de préambule pour nous
expliquer dans quelles circonstances on a pu, dans un Parlement, adopter une
telle loi, je trouve cela préoccupant. Ne serait-ce que dans dix,
quinze, vingt ou cinquante ans, quand on voudra se rappeler un peu l'histoire
et qu'on regardera ce projet de loi 58 que vous avez en main pour se demander
dans quelles circonstances on a pu imaginer ou obliger un Parlement à
adopter une loi qui non seulement vient amnistier des personnes qui se sont
placées délibérément en situation
d'illégalité mais encore, confère à ces personnes
des droits qui ne seront pas reconnus à ceux qui ont respecté la
loi; des droits qui ne seront pas reconnus à ceux qui ont terminé
leurs études et qui ne sont plus dans le réseau...
Par rapport à cette dernière dimension, est-ce que
tantôt on reconnaîtra les droits de ceux qui ont terminé
leurs études? Par l'évaluation qui a été faite
hier, on estime qu'il y en aurait environ 2000; 2000 élèves qui
sont sortis du réseau, c'est 3500 au total avec les 1500 qui sont
actuellement dans les écoles. Donc, on peut estimer qu'il y en a 2000
qui ne sont plus dans le réseau. Il n'y a rien qui nous assure que les
2000 personnes qui ont terminé leurs études dans les
écoles anglaises et ce, illégalement, ne viendront pas
tantôt, en s'appuyant sur la loi 58, réclamer les mêmes
droits et les mêmes privilèges que la loi confère à
ceux qui y sont actuellement.
Si on vient me dire que ce ne sont pas des motifs suffisants, des motifs
d'une importance suffisante pour justifier qu'on encadre mieux et qu'on
explique dans un court préambule avec trois ou quatre "attendu", cinq
peut-être, à la fois pour limiter la portée de cette loi et
l'expliquer, il me semble que c'est mal comprendre le rôle que doit jouer
ce genre de loi à caractère tout à fait spécial; je
le rappelle, caractère spécial qui a été
souligné et sur lequel le ministre de l'Éducation a attiré
notre attention.
Que pourrait contenir un tel préambule? Tout à l'heure, le
ministre de l'Éducation nous a accusé, m'a accusée, -
parce que c'est moi qui ai apporté la motion d'amendement - de faire de
l'improvisation. Il me disait: Si cela avait été sérieux,
vous auriez déposé votre projet. Non seulement avons-nous un
projet en main, mais j'estime que c'est une amélioration
considérable que d'ajouter un préambule à ce projet de
loi.
Comment, dans le futur, expliquer la portée de cette loi?
Comment, dans le futur, pour de futurs législateurs, pour des causes
qu'on aurait éventuellement à entendre, comprendre le sens de
cette loi? Comment comprendre sa portée? Il me semble que les membres de
ce gouvernement devraient être les premiers à souscrire à
cette motion d'amendement, ne serait-ce, je le rappelle, que pour
reconnaître en cela la valeur qu'attache à ce genre de
préambule leur chef et premier ministre.
Le premier ministre a bien compris -et c'est ce qu'il défend avec
la dernière des énergies - qu'il ne s'agit pas de mettre un
nombre X d'exceptions à l'intérieur d'une loi. Il s'agit de se
donner un préambule qui assure une lecture à la loi, qui encadre
cette lecture. Il serait peut-être important dans ce préambule
qu'il y ait un rappel, pas très long, mais un rappel des raisons qui
amènent le Parlement à accepter un tel projet de loi. Par
exemple, qu'on puisse rappeler dans quelles circonstances et,
brièvement, pour quels motifs on a retrouvé - cela s'est
perpétué pendant neuf ans - des enfants dans les écoles
anglaises alors qu'en vertu de la loi 101, ils n'auraient pas été
admissibles.
Il serait important de se rappeler et de rappeler le caractère
exceptionnel de cette loi, puisqu'elle confère à des enfants des
droits que ces derniers n'auraient même pas en vertu de l'article 23 de
la Charte canadienne des droits et libertés. Il faut se rappeler que la
loi qu'on est en train d'examiner ici et qui sera possiblement - je ne sens pas
qu'il y ait une volonté du gouvernement de céder là-dessus
- adoptée avant la fin de la session, fait une brèche importante
dans la loi 101. Non seulement va-t-elle plus loin que la loi 101, mais elle va
encore plus loin que ce qu'autorise l'article 23 de la Charte canadienne des
droits et libertés. (17 h 30)
Dans ce sens, je me dis que la députée de Jacques-Cartier
doit se réjouir de cette situation, puisqu'elle nous disait, ici, - cela
ne cesse pas de me préoccuper - que la situation de ces enfants
était pénible et qu'elle l'était aussi pour les parents.
Elle s'exprimait en ces termes: J'estime, j'estimais et je penserais et je
pense toujours que les choix des parents en matière d'éducation
des enfants doivent toujours être primordiaux. Si je comprends bien la
députée de Jacques-Cartier, cela s'appelle le libre choix de la
langue d'enseignement. Le moment où elle nous fait cette remarque au
cours de sa présentation - c'est vendredi si ma mémoire est
fidèle - vient immédiatement après qu'elle nous ait
raconté un événement qu'elle avait vécu alors que
les parents lui imputaient la responsabilité du fait que leurs enfants
ne pouvaient plus fréquenter l'école anglaise. Elle trouvait
cette situation déplorable, puisqu'elle nous dit: Les choix des parents
en matière d'éducation doivent être primordiaux. Cela veut
donc dire - si j'ai bien compris la députée de Jacques-Cartier -
qu'elle favorise et est toujours pour le libre choix de la langue
d'enseignement. J'aurais aimé ici entendre un peu des gens du parti
ministériel
réagir à cette affirmation. Qu'on nous dise que la
situation a quelque chose de rassurant, je trouve cela particulièrement
préoccupant quand on pense qu'il y a encore des personnes dans ce
Parlement qui estiment que la loi 101 en matière de langue
d'enseignement, même si depuis l'adoption de la Charte canadienne des
droits et libertés on tient compte de la clause Canada, va encore trop
loin et qui voudraient revenir au libre choix, je trouve cette situation
particulièrement préoccupante!
À présent, dans ce préambule, comme il serait
important de resituer brièvement les événements qui ont
mené à la situation, il pourrait être également
important de rappeler, comme vous nous l'avez dit ici, qu'il n'y avait pas
d'autre façon de résoudre ce problème. Vous nous avez dit
ici: Le gouvernement précédent a laissé pourrir la
situation, comme si ce gouvernement était responsable du fait que les
enfants étaient dans les écoles anglaises alors qu'ils n'y
avaient pas droit. On a oublié de dire qu'ils y étaient avec la
complicité - je le rappelle - d'un certain nombre de personnes. De
l'avis même de l'Association des professeurs anglo-catholiques, il ne
fallait pas trop s'inquiéter; ça ne posait pas de
problèmes parce que, de toute façon, ces enfants, une fois leurs
classes terminées, auraient accès aux études
collégiales, non seulement au Québec mais également dans
les neuf provinces canadiennes, et ce évidemment avec le consentement
des neuf ministres canadiens de l'Éducation. Entendre cela et ne pas
être préoccupés de la confiance que le ministre actuel de
l'Éducation semble vouloir mettre dans la bonne volonté de ces
personnes, ne pas laisser le Québec prendre sa place, il y a là
quelque chose d'inquiétant. Entendre cela et ne pas être
préoccupés du fait qu'on ne veuille pas accorder, au
Québec, les mêmes droits linguistiques à des commissions
scolaires pour les francophones, alors qu'on sait que c'est reconnu dans les
autres provinces canadiennes, entendre cela, il me semble, y avoir de quoi
être préoccupés.
Il serait important effectivement qu'on rappelle que cette loi a un
caractère exceptionnel et qu'on se voit contraint de l'adopter parce
que, comme nous dit le ministre, il n'y avait pas d'autre solution. Les autres
solutions qui, contrairement à ce qui a été dit ici, ont
été proposées par le gouvernement précédent,
je le rappelle, non seulement le ministre de l'Éducation, le Dr Camille
Laurin, a-t-il consenti un budget de 3 600 000 $ pour aider à
l'intégration des jeunes dans les écoles françaises, mais
en plus le ministre Laurin assurait les personnes qui avaient été
acteurs ou complices de ce geste de désobéissance - appelez-les
comme vous voulez - celles qui avaient organisé la résistance, il
les avaient assurées qu'il n'y aurait pas de poursuite. Donc,
l'équivalent de ce que. reconnaît ce projet de loi, et cette offre
a été faite à la fin de l'année 1981. On
connaît les résultats, la résistance a continué de
s'organiser, d'autant plus que, pour certains, il faut se l'avouer,
c'était encore payant.
Alors, il est important de se rappeler qu'il y a eu des tentatives -
cela donne un éclairage bien meilleur au caractère exceptionnel
de cette loi - pour corriger cette situation, mais ces tentatives n'ont pas
porté de fruits. Cela veut donc dire qu'il faut adopter une loi à
caractère exceptionnel. Celle que vous nous proposez, vous estimez que
c'est la seule capable de le faire. Alors, si telle est la situation, cela
s'explique mieux. Il semble que, dans le préambule, avant de passer
à une loi qui a comme effet de récompenser la
désobéissance, de donner une prime à la
désobéissance, pour bien faire comprendre aux futurs lecteurs que
c'était une nécessité, il serait intéressant qu'on
rappelle qu'il y a eu des tentatives de faites qui n'ont pas porté
fruits. C'est ce que pourrait contenir un préambule.
Qu'est-ce que pourrait contenir un préambule? On pourrait
rappeler, pour le bénéfice du lecteur, pour celui qui aura
éventuellement à faire une interprétation en vertu de
cette loi, pour un juriste, il serait important de rappeler que les personnes
qui ont été abusées... Je n'utilise pas un terme qui m'est
propre, je prends une déclaration qui nous vient de la communauté
italienne de la région de Montréal qui reconnaît avoir
été abusée. Je le rappelle ici. C'est un article de la
Presse du 29 septembre 1981. Je lis: Selon les organismes concernés, les
parents d'enfants inscrits dans les écoles anglaises en violation de la
loi 101 ont été abusés à la fois par certains
éléments de la communauté italienne et par les
Anglo-Saxons. Mais on ne doit pas pour autant pénaliser les
élèves, prétendent-ils. Ce n'est pas moi qui l'invente, je
ne reprends que ce qui a été déclaré par ces
personnes.
Il me semble qu'il serait important, pour bien comprendre que la
responsabilité n'incombe pas exclusivement aux personnes qui se sont
placées dans cette situation d'illégalité,
particulièrement les parents et les enfants, je pense qu'il serait
important de rappeler dans ce préambule que c'est en vertu de pressions
et de promesses qui ont été faites par des groupes autres.
Située ainsi, la loi, qui, pour autant, m'apparaît aller
beaucoup trop loin, demeure, à mon avis, inacceptable parce qu'elle
confère à des personnes, je le rappelle, qui se sont
placées dans l'illégalité des droits qu'on ne
reconnaîtra pas aux autres. Il me semble que la situer dans le cadre d'un
préambule, au moins pour les générations futures, pourrait
un peu faire comprendre comment un Parlement a pu
adopter une loi qui vient récompenser et sanctionner la
désobéissance.
Il serait également important, disais-je, dans le prémbule
d'introduire un "attendu"qui limite la portée de cette loi.
Je suis toujours préoccupée par ces personnes qui tantôt,
et de bon droit, pourraient réclamer en allant en cour qu'on leur
reconnaisse les mêmes droits que les élèves qu'on
s'apprête aujourd'hui à amnistier. Les 2000 élèves
qui ont fréquenté illégalement les écoles anglaises
et qui en sont sortis tout à l'heure voudront probablement aussi - et
cela ne m'étonnerait pas - réclamer le même droit pour
leurs enfants. Il me semble qu'un préambule qui vient limiter et
circonscrire un peu ce projet de loi aurait le mérite de nous
rassurer.
À présent, qu'en est-il de ceux et celles qui ont
obéi à la loi? Comme je le rappelais tout à l'heure au
ministre de l'Éducation, celui-ci me disait: II n'y a effectivement pas
eu beaucoup de personnes qui se sont manifestées pour dénoncer le
fait qu'elles se trouvent pénalisées parce que, ayant
respecté la loi, elles n'auront pas ce droit de choisir leur langue
d'enseignement. J'ai quand même eu un cadre d'une commission scolaire qui
a fait une telle représentation.
M. le Président, je conclus. Ce que je veux dire par rapport
à ce préambule, c'est: Non seulement faudrait-il que l'on puisse
la circonscrire par rapport aux personnes qui ont poursuivi leurs études
en anglais et qui ne sont plus dans les écoles, mais encore faudrait-il
pouvoir penser à ceux et celles qui pourraient réclamer les
mêmes droits, même si elles ont respecté la loi.
Là-dessus, j'espère avoir convaincu cette Assemblée que
l'introduction d'un préambule à cette loi à
caractère tout à fait exceptionnel est non seulement souhaitable,
mais de mon avis indispensable. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): II y a deux questions de
règlement. Je vais passer la parole à Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Ce n'est pas une question de règlement, M.
le Président. J'aimerais dire deux mots pour rétablir les faits
de la situation...
Le Président (M. Thérien): Si vous me le permettez,
je vais passer à une question de règlement, puis je vous donnerai
le droit de parole auquel le parti ministériel a droit.
M. Tremblay (Rimouski): J'ai une question à poser à
la députée de Chicoutimi, à savoir si elle est d'accord
pour ajouter l'attendu suivant: Attendu l'échec du Parti
québécois de pouvoir régler antérieurement...
Le Président (M. Thérien): M. le
député, il faut qu'il y ait consentement. Est-ce une question de
règlement? Voulez-vous poser une question à la
députée de Chicoutimi?
M. Tremblay (Rimouski): Je vais poser une question à la
députée de Chicoutimi, si elle y consent...
Le Président (M. Thérien): Elle n'y consent pas.
Donc, je vais passer la parole pour dix minutes, si elle le veut bien, è
la députée de Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: M. le Président, je ne veux pas dix
minutes, je veux deux minutes. La députée de Chicoutimi a
longuement parlé de son interprétation de ce que j'ai dit lors de
l'ouverture de cette commission. Selon la députée de Chicoutimi,
j'ai appuyé le choix de la langue de l'éducation des parents. Ce
n'est pas du tout ce que j'ai dit, j'ai dit que j'ai toujours respecté
les voeux des parents comme étant quelque chose de primordial. Ce que je
veux dire et ce que j'ai dit lors de mon intervention, c'est que ce que les
parents réclamaient à l'époque du débat sur la loi
101 et qu'ils réclament encore aujourd'hui, c'est une éducation
bilingue, ce n'est pas du tout une éducation anglaise ou une
éducation française; le choix est faux. Ce que les immigrants
réclament, les immigrants dont j'ai parlé, surtout les Grecs dont
j'ai parlé dans l'histoire que j'ai racontée au PSBGM, c'est une
éducation bilingue, peut-être en grec, trilingue pour
reconnaître leur propre culture et leur propre langue. Je n'ai pas
parlé du libre choix et l'interprétation de la
députée de Chicoutimi de ce que j'ai dit est tout à fait
fausse. (17 h 45)
M. Jolivet: M. le Président. Compte tenu de
l'intervention, est-ce que je peux avoir le droit de parole, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Thérien): Je vais vous
l'accorder.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. La motion devant nous,
présentée par la députée de Chicoutimi, vise
à introduire un amendement qui a pour but de procéder a
l'étude du projet de loi par l'insertion possible d'un
préambule.
Donc, la question posée par la motion présentée par
ma collègue a pour but de savoir si les membres de cette commission sont
prêts à ajouter un préambule au projet de loi 58, lequel
pourrait faire l'objet d'une discussion par les membres de cette commission.
Comme le député de Rimouski a
tenté de le faire, il n'y aurait aucune difficulté
à ce qu'il propose un amendement au préambule, mais il faudrait
d'abord que ce préambule soit accepté, en fait, non pas que le
préambule soit accepté, mais qu'on accepte de discuter du
préambule.
J'ai bien aimé l'intervention du député de
Rimouski, intervention qui a cependant avorté, car la
députée de Chicoutimi n'était pas prête à
répondre à sa question, n'ayant pas devant elle, d'aucune
façon, un préambule sur lequel elle pouvait porter son attention.
Donc, si le député de Rimouski voulait faire cette motion,
lorsque les gens d'en face auront accepté la motion de Mme la
députée de Chicoutimi, nous serons en mesure de présenter
un préambule auquel il pourra ajouter un autre paragraphe de son
cru.
Pour ce faire, faut-il encore que nous ayons la capacité
légale de le dicter ce fameux préambule. Comment ce
préambule pourrait-il être placé dans le projet de loi?
Quels sont les éléments qu'il pourrait contenir? Ma
collègue en a fait mention et j'aimerais y revenir pour que vous vous
prépariez déjà à en ajouter d'autres, si vous
voulez en ajouter, ou à en modifier, si vous le voulez. Puisqu'on aura
l'occasion de se revoir ici pendant un bon bout de temps, les galées
vous seront donc utiles. Elles vous permettront d'aller chercher la
transcription des débats de la commission et, à partir d'elle, de
pouvoir l'amender.
On pourrait aussi faire mieux que cela. Au lieu de vous dire: Attendez
donc à demain matin d'avoir la transcription, on pourrait, si vous
l'acceptiez, vous présenter le préambule, suspendre durant
quelques instants à l'heure du souper, et, ensuite y apporter les
amendements que vous jugeriez à propos. Pour bien vous le situer, le
préambule que nous aimerions voir inclus dans le projet de loi est
basé sur quatre attendus.
Nous croyons que le préambule doit faire l'objet d'un historique
pour que les gens comprennent bien pourquoi la loi est adoptée. 11 est
évident que, légalement, on ne se fie pas, pour porter un
jugement, sur un préambule. Les juges et les avocats vont se fier aux
articles du projet de loi. Le préambule, cependant, s'il indique une
volonté d'un gouvernement d'avoir adopté une telle loi, n'a pas
effet de loi. Mais, si les articles de la loi allaient è ('encontre du
préambule, peut-être pourrait-on considérer que les
articles du projet de loi sont contraires à ce qu'on pensait et
totalement contraires à la pensée qu'avait le gouvernement qui
adopte ce projet de loi.
Un des attendus que nous aimerions voir - et je pense que c'est logique
- se lirait comme suit: Attendu que, depuis l'entrée en vigueur, en 1977
- donc on pourrait même ajouter comme amendement le 26 août 1977,
puisque, effectivement, cela a été le 26 août 1977, et,
comme je l'expliquais, trois jours après ma fête - de la Charte de
la langue française, certains élèves ont été
admis à recevoir l'enseignement en langue anglaise et ce, en
contravention avec les dispositions de celle-ci." Quelqu'un, s'il le voulait,
pourrait apporter un amendement disant: ont été admis, à
la suite d'un système organisé de collaboration par les
directeurs d'école, dont faisait partie le député de Viau
et par les dirigeants de la commission scolaire dont faisait partie le
député de Sauvé. On pourrait en ajouter
énormément.
Une voix: Oui.
M. Jolivet: Mais, pour ce faire, faudrait-il encore que
l'amendement soit adopté. Le deuxième attendu qu'on pourrait voir
installé se lirait comme suit: Attendu que le gouvernement du
Québec a tenté sans succès au cours des années de
mettre de l'avant diverses formules afin de favoriser l'inscription
légale de ces élèves à l'enseignement de la langue
française. Là, on pourrait parler du rapport Aquin. Quelqu'un
pourrait parler de la tentative faite par Me Aquin dans le rapport. D'autres
pourraient dire qu'une nouvelle tentative... Ils pourraient dire: Attendu que
cette nouvelle tentative a pour but de... En fait, on pourrait ajouter
énormément d'amendements.
Mme Bleau: Ce sont tous les noms des enfants "illégaux"
que j'aimerais voir dans cela.
M. Jolivet: Mais pour ce faire, il faudrait que le
député de Viau, qui semble en connaître plus que nous, nous
fournisse les noms. Que la commission scolaire... Le député de
Sauvé qui était président de la commission scolaire devait
certainement en connaître, à l'époque, des noms. Il nous
fait signe de la tête que non. Mais certainement que des officiers
à l'intérieur de la commission scolaire... Si le président
de la Commission scolaire des écoles catholiques de Montréal,
à l'époque, ne connaît pas les "illégaux", cela
m'inquiète un peu. Il y a certainement des noms qu'il connaît. Il
a fallu qu'il y ait une enquête. Si les directeurs d'écoles ont
refusé, c'est que lui, comme président...
M. Parent (Sauvé): Question de privilège.
M. Jolivet: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire, M. le Président.
Vous prendrez votre droit de parole après. Je continue donc.
M. Parent (Sauvé): M. le Président, ce n'est pas
lui qui est président.
M. Jolivet: Mais effectivement, il n'a pas droit à des
questions de privilège en commission parlementaire.
M. Parent (Sauvé): C'est à lui à le
dire.
Le Président (M. Thérien): S'il vous
plaît!
M. Parent (Sauvé): M. le Président, je m'adresse
à vous pour une question de privilège...
Le Président (M. Thérien): Je pense que... Question
de règlement ou question de...
M. Jolivet: Privilège.
M. Parent (Sauvé): Je pourrais invoquer le
règlement, mais c'est le privilège que je veux invoquer, M. le
Président.
M. Jolivet: Mais il n'y en a pas en commission parlementaire.
M. Parent (Sauvé): M. le Président va me
répondre.
Le Président (M. Thérien): Disons que c'est une
question de règlement privilégié.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président, j'aurai
l'occasion... Non, non, on ne le fait pas et le président n'a pas le
droit de donner indirectement ce qui n'est pas permis directement. Dans le
règlement, il n'y a pas de question de privilège en commission
parlementaire.
Le Président (M. Thérien): Le député
de Sauvé a indiqué qu'il pouvait signaler une question de
règlement. Est-ce que c'est une question de règlement?
M, Parent (Sauvé): Étant donné, M. le
Président, que je n'ai pas droit à une question de
privilège, après l'énoncé du député
de Laviolette, j'utiliserai mon droit de parole pour rectifier certaines
choses. Merci, M. le Président.
M. Jolivet: Parfait.
M. Parent (Sauvé): M. le député de
Laviolette, je vous écoute.
Le Président (M. Thérien): Toutefois, j'inviterais
tous les parlementaires au calme, car H reste quand même huit
minutes.
M. Jolivet: Je suis très calme, M. le Président. La
seule chose, c'est que je suis très respectueux des droits des autres.
J'accepte vos décisions et je voudrais qu'on fasse la même chose
pour moi.
Ce que je voulais juste dire, c'est que si le gouvernement, à
l'époque, n'a pas pu demander aux commissions scolaires de faire des
gestes - là, le deuxième attendu est la -c'est parce que des gens
avaient refusé de le faire. Si le président de la commission
scolaire de l'époque ne connaît pas les noms, c'est parce que des
gens ont refusé de lui en fournir. Il y a eu des tentatives de la
Commission scolaire des écoles catholiques de Montréal de
demander les noms et comme président, il ne les a pas eus. Mais quelles
ont été les sanctions qu'il a prises auprès des directeurs
d'écoles, des cadres scolaires, des enseignants qui ne lui ont pas
fourni les noms? Aucune. Je reprends la question du ministre quand il demandait
au ministre de l'Éducation d'alors: Quels sont les moyens que vous avez
pris, M. le député d'Abitibi-Ouest, quand vous étiez
ministre de l'Éducation? Le député a dit: Aucun autre que
celui de la persuasion. Donc, les deux sont équivalents. À ce
moment-là, au lieu de vouloir tirer des roches à tout le monde,
on devait regarder dans notre miroir à nous pour éviter qu'il
soit cassé.
Comme troisième possibilité on pourrait avoir: Attendu que
diverses déclarations et promesses ont suscité des attentes de la
part des personnes visées. On pourrait dire: Promesses en 1981, lors de
l'élection du 13 avril 1981; promesses faites pendant la campagne
électorale de 1985, et là, on aurait raison de parler,
après cela, de ce qu'on a dit un peu dans les journaux: Les
libéraux remplissent des promesses électorales, c'est donc un
engagement qu'ils ont pris, comme ils disaient. Peu importe qu'ils en prennent,
mais ils sont en train de donner exactement, par la loi, le résultat de
leurs promesses. Et là il faudrait peut-être demander au
député de Rimouski s'il va tenir sa promesse de 150 000 000 $ sur
la route entre Rivière-du-Loup et Rimouski. En fait, je pense que...
Des voix: Ce n'est pas pertinent.
M. Jolivet: Ce n'est pas pertinent, d'accord.
Le Président (M. Thérien): J'allais signaler, M. le
député de Laviolette, la non-pertinence du dernier propos.
M. Jolivet: D'accord, alors je me plie à votre
décision, M. le Président. Je n'en n'ai pas parlé.
Donc, on dit: Rendant inapplicable l'application de toute formule
favorisant le transfert de ces élèves au secteur francophone. Il
y a des promesses qui ont
été faites et cela a pour but de passer outre à la
loi 101 et même d'en donner plus. En vertu de l'article 23 de la charte
canadienne, qui est devant nous, on en donne plus par la loi, parce qu'on va
permettre une utilisation plus forte de l'article 23 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique amendé par la loi
constitutionnelle de 1982.
Il me reste une minute. Donc, en dernier: Attendu que seule une amnistie
totale des gestes posés dans le passé peut permettre la
régularisation du statut illégal de ces élèves, le
ministre propose le projet de loi. Même si le ministre n'aime pas le mot
amnistie, même le rapport Rondeau en parle, même le
député de Viau, même Jean-Claude Rondeau, son propre
spécialiste des choses, en parlent, ils parlent d'amnistie. C'est bien
de valeur, le ministre n'accepte pas le terme, mais il est là. Il serait
bon que les gens sachent que la loi a pour but d'amnistier tous ceux qui ont
été illégaux et qu'en conséquence il n'y a plus de
pénalité pour personne. Au contraire, ce sont des droits plus
forts qu'à ceux qui ont obéi à la loi qu'on leur donne.
C'est dans ce sens que j'appuie avec beaucoup d'intensité la proposition
importante posée et présentée par ma collègue de
Chicoutimi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Donc pour les quelques
minutes qui restent, je reconnaitrai le député de
Sauvé.
M. Marcel Parent
M. Parent (Sauvé): M. le Président, le
député veut seulement faire une mise au point. C'est sur ce que
le député de Sauvé a déclaré, ici, à
la première séance de cette commission parlementaire quand on
avait laissé sous-entendre qu'au moment où il était
commissaire d'école et président à une certaine
époque de la commission scolaire catholique de Montréal, il
était au courant qu'il y avait des "illégaux". Il est vrai que
comme n'importe quel citoyen, j'étais conscient qu'il existait des
"illégaux", mais je peux sur mon honneur de député vous
dire que je n'en ai jamais connu aucun, je ne pourrais jamais en identifier un.
Quand on affirme qu'il est incroyable de penser que le président de la
CÉCM ne puisse pas connaître au moins un "illégal", je
pense qu'il faut être conscient dans quel milieu social et de la CECM...
Je vais répéter ici, pour le bénéfice de tout le
monde, que la CECM est la plus grosse commission scolaire francophone
catholique en Amérique du Nord avec 185 000 élèves.
Une voix: Nommez-les.
M. Parent (Sauvé): Comment voulez-vous que le
président s'il n'est pas stupide...
J'ai su, j'ai toujours su que le problème existait, même
avant d'être commissaire d'écoles. Je pense à la situation
dans laquelle il était tenu; l'administration scolaire de
Montréal et des autres commissions scolaires de ce moment-là a
été bien décrite par différents membres de
l'Opposition. Il serait injuste, je pense - je ne me sens pas plus visé
qu'un autre, il y en a eu d'autres présidents de la CECM, il y en a
encore un, il y en a eu un avant moi; lors du rapport Aquin, ce n'est pas moi
qui présidait la CECM; après cela, je l'ai été
pendant exactement une période d'un an, jour pour jour - Je me porte ici
à la défense des administrateurs scolaires de Montréal.
Entre 1977 et aujourd'hui, je n'étais pas là, j'ai
été là quatre ans en tout et c'est beaucoup plus grand. Il
était pratiquement impossible pour eux de contrôler cette
situation.
C'est la mise au point que je voulais faire, je ne voulais pas en faire
une guerre, mais je trouvais malheureux qu'on laisse planer l'impression que
l'on connaissait les "illégaux", qu'on pouvait les identifier et que
l'on pouvait facilement remédier à la situation. C'était
beaucoup plus complexe qu'on a pu le laisser entendre.
Je veux enchaîner, vu qu'il me reste quelques minutes, M. le
Président, sur la question du préambule. Je pense qu'on ne peut
pas admettre que l'on puisse amener un préambule à l'article, et
ce avant l'étude de l'article 1 dans ce projet de loi. Ce n'est pas une
question technique, c'est une question de bon sens. C'est une question de
logique. Cela paraît si visible que ce sont des motifs dilatoires pour
essayer de retarder l'adoption de ce projet de loi. J'ai cru, au début,
lorsqu'on a commencé à faire des motions pour faire entendre des
personnes, pour faire entendre des organismes, que l'on essayait
réellement de trouver un moyen pour améliorer ce projet de loi -
d'ailleurs, c'est le rôle de l'Opposition de trouver des moyens...
M. Boulerice: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Quel est le temps normalement attribué
pour...
Le Président (M. Thérien): Dix minutes. M.
Boulerice: Dix minutes!
Le Président (M. Thérien): Dix minutes par
intervenant.
M. Boulerice: Cela fait que cela va me priver hors de tout doute
de mon droit. Donc!
M. Parent (Sauvé): Je regrette, M. le Président,
mais...
Le Président (M, Thérien): Ce n'est pas une
question de règlement, excusez.
M. Parent (Sauvé): On a beaucoup retardé l'adoption
du projet de loi, mais il ne faudrait quand même pas que l'on retarde,
que l'on me coupe mon temps d'intervention, j'y ai droit. J'ai l'impression que
c'est ce que le député de Saint-Jacques essaie de faire
actuellement: C'est de bonne guerre, je lui reconnais ce droit, il l'exerce
d'une façon tempérée et pondérée, mais il
l'excerce quand même.
M. le Président, iI me reste encore au moins trente secondes pour
vous dire qu'il est temps de mettre un terme à ces amendements, à
ces motions, à ces sous-amendements et de commencer à
étudier d'une façon sérieuse l'article 1 d'un projet de
loi qui n'en comporte quand même pas beaucoup.
Une voix: Fini les folies!
M. Boulerice: M. le Président.
M. Parent (Sauvé): Sur ce, M. le Président,
étant donné qu'il est 18 heures, je vous demande d'ajourner.
Le Président (M. Thérien): Excusez-moi, M. le
député de Sauvé. Il y a une question de règlement.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Comme nous devons ajourner à 18 heures, M.
le Président, il serait intéressant que le député
de Sauvé puisse poursuivre à 20 heures.
M. Boulerice: Qu'il puisse poursuivre après.
M. Parent (Sauvé): M. le Président, c'est mon
privilège d'utiliser dix minutes, comme c'est mon privilège de ne
pas les utiliser. Je verrai à 20 heures.
Le Président (M. Thérien): Je suspends ces travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Chers collègues, veuillez prendre place. Veuillez prendre
place, MM. les députés ministériels, s'il vous
plaît. Je constate qu'il y a quorum pour poursuivre les travaux de la
commission de l'éducation. Je rappelle le mandat reçu de
l'Assemblée nationale qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 58, Loi sur l'admissibilité
à l'enseignement en anglais de certains enfants. Est-ce que quelqu'un a
demandé la parole sur l'amendement de la députée de
Chicoutimi? M. le député de Verchères.
M. Parent (Sauvé): M. le Président. Le
Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Parent (Sauvé): Lors de la suspension de nos travaux,
à 18 heures, j'avais la parole et je n'avais pas épuisé
les dix minutes auxquelles le règlement me donne droit comme
réplique à la proposition d'amendement...
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Parent (Sauvé): ...qui nous a été
présenté par...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, avant que le
député de Sauvé entreprenne son propos, je voudrais vous
demander si l'on pourrait avoir le consentement... Le député de
Laviolette ne peut pas être ici ce soir et le député de
Terrebonne...
Le Président (M. Bissonnet): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Charbonneau: Je comprends, mais...
Le Président (M. Bissonnet): Le député de
Sauvé me pose une question de règlement sur l'intervention qu'il
a faite avant la suspension de cette séance. Je vous reconnaîtrai
a cet effet avant que l'on recommence les travaux.
M. Charbonneau: Parfait! Merci, M. le Président.
M. Parent (Sauvé): M. le Président, comme je le
disais, étant donné que j'avais la parole au moment de la
suspension des débats, à 18 heures pile, et que la
députée de Chicoutimi avait exprimé le désir que je
continue à argumenter sur son amendement à la motion du
député de Viau, je vais quand même céder mon droit
de parole à l'Opposition parce que je suis convaincu, M. le
Président, que les commissions parlementaires sont encore l'endroit
privilégié, pour l'Opposition, pour critiquer les projets de loi
afin de les bonifier.
Le Président (M. Bissonnet): Très bien, M. le
député.
M. Parent (Sauvé): Je leur fais encore confiance et je n'y
laisserai pas mon droit de parole.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Verchères, vous avez une question à poser au
président.
M. Charbonneau: Oui. M. le Président, je voudrais vous
demander si nous pourrions avoir le consentement pour que le
député de Terrebonne remplace le député de
Laviolette, ce soir, parce que le député de Laviolette ne pourra
pas être ici.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a ie
consentement des membres de cette commission? M. le député de
Viau.
M. Cusano: M. le Président, toujours dans notre esprit
très libéral et connaissant le député de
Terrebonne, je suis sûr que ses interventions seront excellentes, d'ici
à minuit. Alors, je donne mon consentement.
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a consentement? Il y a consentement. M. le
député de Terrebonne remplace le député de
Laviolette. Nous vous souhaitons la bienvenue, M. le député.
M. Biais: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au
député de...
M. Charbonneau: II y a une mutinerie, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a un
député qui veut intervenir? M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: J'avais demandé d'intervenir, mais je pense
qu'on est assez informé. Je pense qu'on pourrait passer au vote sur
l'amendement. Je demande donc le vote.
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le Président, j'avais
demandé mon temps d'intervention. Mais, comme nous arrivions à 18
heures, le président a ajourné, m'assurant que j'aurais, au
retour...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Terrebonne, s'il vous plaît! Nous n'avons qu'une seule réunion, je
m'excuse. Comme le député de Saint-Jacques a demandé la
parole au président qui présidait avant 18 heures, selon ce qu'il
me dit et je le crois de bonne foi, alors je vais lui accorder la parole; vous
aurez la parole quand le député de Saint-Jacques aura
terminé.
M. Gardner: J'avais demandé la parole avant le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): Je ne pourrais pas vous
dire...
M. Boulerice: ...si vous parlez de bonne foi - vous le savez car
nous nous connaissons depuis de nombreuses années...
Le Président (M. Bissonnet): Non, vous êtes tous les
deux de bonne foi.
M. Boulerice: Ah! Il y a des fois que c'est à des
degrés divers et, quant à mon degré, vous le connaissez
depuis de nombreuses années.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Saint-Jacques, je vous donne la parole.
M. Boulerice: M. le Président, je vous en remercie.
Le Président (M. Bissonnet): Votre temps commence
déjà.
M. Boulerice: Voilà, 29 minutes 56 secondes.
Le Président (M. Bissonnet): Vous avez dix minutes.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, il va de soi que je vais
appuyer... Il va de soi que je vais appuyer... M. le Président, je pense
que vous m'avez accordé dix minutes, mais il y a une perturbation
très nette!
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Saint-Jacques, vous avez raison. MM. les membres de la députation
ministérielle, je vous demanderais d'écouter religieusement le
député de Saint-Jacques dans son intervention sur le projet
d'amendement de la députée de Chicoutimi. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Rimouski, s'il vous plaît!
M. Boulerice: M. le Président, il va de soi que j'appuie
l'amendement qui est proposé par ma collègue, la
députée de Chicoutimi, quant à l'inclusion au projet
de
loi qui nous est présenté par l'ancien chef du Parti
libéral, l'actuel ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science, le député d'Argenteuil...
Il va de soi que rien n'est plus justifiable que de mettre un
préambule. D'ailleurs, si je consulte le dictionnaire,
"préambule", du latin "praeambulus", qui vient d'ailleurs de
"praeambulare", c'est-à-dire marcher devant, c'est-à-dire: "Ce
dont on fait précéder un texte de loi pour en exposer les motifs,
les buts." Donc, il s'agit d'un préalable à la loi. Pour le
"préalable" -je consulte, d'ailleurs, un dictionnaire que vous ne pouvez
rejeter, il s'agit du "Petit Robert"...
M. Parent (Sauvé): J'aurais préféré
le grand!
M. Boulerice: ...et quant à "petit", je suis certain de ne
pas me tromper - on dit bien: "Qui a lieu, se fait ou se dit avant autre chose,
dans une suite de faits liés entre eux."
Donc, il est tout à fait normal que nous y ajoutions un
préambule, puisque si le titre de la loi comme tel a son importance,
parce que c'est justement une partie importante de la loi, c'est la partie qui
est la plus visible pour le juriste, pour le chercheur, pour les intervenants
spécialisés, pour les citoyens, c'est également la
référence écrite qu'on retrouve automatiquement dans les
index, des status refondus et des recueils annuels de la loi, par contre, le
préambule situe bien le contexte et l'esprit dans lequel on a
établi et l'on veut bien appliquer cette loi. À cet égard,
ma collègue, Mme la députée de Chicoutimi, a donné
des exemples on ne peut plus éloquents sur des lois fondamentales qui
ont un préambule. Elle vous faisait d'ailleurs remarquer à juste
titre que l'actuel chef du Parti libéral, le député de
Saint-Laurent, l'ancien député de Bertrand, a demandé que
des droits fondamentaux pour le Québec soient inscrits dans un
préambule, qui est le préambule de la charte canadienne, celle de
1982, qui a été adoptée par le Parlement canadien sous
l'inspiration du gouvernement libérai fédéral de
l'époque.
Donc, je verrais très mal venu un gouvernement issu du même
parti que ce parti fédéral rejeter cette offre de
préambule sur lequel nous aurons d'ailleurs une motion très
précise à vous présenter tantôt. Un préambule
permet de bien placer la loi dans son contexte. Le ministre, dans un mouvement
d'humeur inhabituel, nous a dit tantôt que nous étions pour
baigner dans l'imprécision; je lui dis que nous allions
présenter, après l'adoption du préambule, un texte
très précis de préambule. Cela m'amène à lui
dire qu'il y a utilité de placer dans son contexte une loi aussi
fondamentale que celle-là par un préambule, parce qu'au danger de
baigner dans l'imprécision, il existe un autre péril qui serait
celui de nager dans la précipitation, comme malheureusement il le fait,
et dans une loi aussi fondamentale que celle-là et une loi qui est aussi
une loi d'exception. Ciel! que l'actuel député d'Argenteuil,
lorsqu'il professait un autre métier, l'a souvent écrit que dans
les lois d'exception, on devait pratiquer une réserve, une retenue
exemplaire et que l'on devait bien situer ce qui s'en est fait.
C'est vrai que dans un autre mouvement d'humeur, il a parlé de
caricature de la démocratie. Mais il faut bien faire attention; il est
important d'avoir un préambule dans une loi qui, à mon point de
vue, récompense l'illégalité, bafoue le droit et
ridiculise la justice. Dans cet autre mouvement intempestif que je ne lui
connaissais pas, - Mais il faut croire qu'à la lumière de cette
commission et qu'au "spot" qu'on y a ajouté, paraît-il,
précédemment, la vraie lumière se fait et le vrai visage
se présente devant nous - il est allé jusqu'à des menaces
en disant: Vous verrez! Les communautés ethniques vont lire cela. Eh
bien, permettez-moi de vous dire que j'ai bien hâte en effet que les
communautés ethniques lisent à la fois la transcription des
séances de cette commission et surtout le préambule. Je n'aurai
aucune gêne. Tout au contraire, j'aurai même beaucoup de
fierté et un très grand plaisir à présenter cela
aux communautés latino-américaines du comté de
Saint-Jacques, celles du Chili, du Pérou, de la Bolivie, du Salvador,
elles qui ont été tellement respectueuses de la loi 101, qui ont
inscrit leurs enfants à l'école française et qui ne se
sont pas laissés guider par une main illégale qui les incitait
à transgresser les lois fondamentales de ce pays. Comme j'aurai
d'ailleurs beaucoup de plaisir à montrer le préambule que nous
allons adopter, mais pour la loi c'est bien entendu, j'ai bien peur qu'elle va
être adoptée, à montrer cela également aux
communautés vietnamiennes, cambodgiennes, et enfin à ces
communautés indo-chinoises qui habitent le comté de Saint-Jacques
et qui, elles aussi d'ailleurs depuis des siècles, ont toujours
pratiqué un respect de l'autorité et des lois. Je serai
très à l'aise de présenter le préambule et la loi
qui sera adoptée à ces gens-là pour bien leur faire
comprendre qu'il y a maintenant deux catégories de citoyens au
Québec: ceux qui transgressent les lois, ceux qui prêchent
l'innocence. On a vu dans certains procès célèbres aux
alentours des années quarante-cinq des gens qui disaient: Je
n'étais pas au courant. Je ne savais pas. Ces gens-là vont
être intéressés de connaître qu'il existe dans ce
pays deux catégories de citoyens: des gens qui appliquent les lois, les
respectent, ont pour le législateur et pour
l'Assemblée nationale le respect qu'ils méritent et
d'autres qui ne le font pas, d'autres qui d'ailleurs vivent dans la plus grande
impunité. Je me permets de citer à nouveau ce que Mme la
députée de Jacques-Cartier disait en commission - c'est pratique
les transcriptions - : "En 1977, nous avions constaté que dix ans plus
tard il n'y aurait plus qu'un tiers des enfants admissibles à
l'école anglaise en vertu de la loi 101. Les autres seraient dans les
écoles françaises. Nous étions donc en face d'une
évolution forcée qui aurait un énorme impact sur notre
corps professoral, nos administrateurs et sur tous nos parents, etc." On
comprend très bien quels étaient les motifs qui ont poussé
des gens non seulement à pratiquer l'illégalité, mais en
plus à inciter à l'illégalité dans ce pays.
Quand ils auront eux-mêmes voté des lois, parce que cela
fait quand même une décennie qu'ils n'en ont pas voté au
Québec - et Dieu nous préserve, nous sommes encore comme cela -
j'ai bien hâte de voir, si quelqu'un les incite à
l'illégalité, ce qu'ils feront. Sauf que, comme il n'est pas
question pour nous de sanctionner cette illégalité, le minimum
que l'on espère obtenir est un préambule à la loi qui va
permettre d'expliciter qu'il ne s'agit pas d'une loi de récompense de
l'illégalité, mais qu'il s'agit bien d'une loi que le Parlement
du Québec va voter parce qu'il a eu des engagements électoraux
manifestes et qu'on connaît également tout le poids et la
puissance du lobby West Island dans ce parti gouvernemental.
Il s'agit pour nous, dans ce préambule, de bien expliciter qu'il
s'agit non pas d'un projet de loi unique, mais d'un projet de loi qui, de
nouveau, conséquemment à ce qu'on appellerait en bon
québécois "la belle job de bras" qu'a faite le gouvernement
libéral de Trudeau, vient encore une fois charcuter cette Charte de la
langue française que le Québec s'était donnée au
mois d'août 1977. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Arthabaska.
Motion de mise aux voix immédiate
M. Gardner: Oui, M. le Président, je suis très
heureux que le député de Saint-Jacques ait pu parler avant moi.
Il me manquait beaucoup de choses avant que je puisse voter. Comme je suis
très renseigné, et je pense que de ce côté-ci on est
très renseigné sur la chose, j'aimerais qu'on passe au vote,
selon l'article 202, sur l'amendement de la députée de Chicoutimi
sur la motion du député de Viau.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que c'est sur...
M. Blais: Concernant l'article 202, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Avant de vous céder la
parole, M. le député de Terrebonne, je vais vous permettre quand
même... Je suis prêt à prendre position, à indiquer
à la commission quelle décision je prendrai à la suite de
la demande du député d'Arthabaska, mais j'aimerais quand
même vous entendre avant de prendre ma décision.
M. le député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, l'article 202 se lit comme
suit: "Si aucun amendement n'est proposé è une motion, tout
député qui a la parole peut proposer qu'elle soit
immédiatement mise aux voix". M. le Président, je ne voudrais pas
que la mise aux voix soit demandée parce que j'ai un sous-amendement
à apporter à l'amendement que nous discutons. Je ne voudrais pas
que vous demandiez la mise aux voix.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'un
député... du côté ministériel?
M. Cusano: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Je vais permettre une
deuxième remarque sur la recevabilité de la demande de vote du
député d'Arthabaska.
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, nous avons ici un
amendement sur une proposition principale qui a été
présentée par, je crois, le député de Viau. Il y a
eu quelques interventions de notre côté sur l'amendement que nous
avons présenté. J'aurais pu comprendre la proposition du
député d'Arthabaska s'il s'agissait d'une motion de l'Opposition,
mais c'est une motion qui a été présentée par le
parti ministériel.
Je pense, sincèrement, que, à l'égard de la
tradition - vous conviendrez avec moi que c'est un guide important pour
l'ensemble des membres de la commission - on n'invoque pas la question
préalable si rapidement dans une discussion. (20 h 30)
J'ai été, M. le Président, témoin du
début de la présentation de la motion principale du
député de Viau et je crois que le temps qui s'est
écoulé, d'abord sur la discussion de la motion principale et par
la suite sur l'amendement qui a été présenté de
notre côté, n'est pas suffisant pour que, selon notre tradition et
les règles parlementaires, elle soit recevable à ce moment-ci. M.
le Président, elle est d'autant plus inacceptable, cette proposition,
qu'elle arrive
au moment où nous apprenons qu'à l'Assemblée
nationale, le gouvernement vient de déposer une motion de clôture
de nos travaux et qu'on veut nous bâillonner alors qu'il nous reste
quelques heures ce soir. Je pense que le minimum que le côté
ministériel devrait faire à ce moment-ci, c'est de ne pas nous
empêcher de parler sur une motion qui est d'ailleurs
présentée par lui-même.
Je reviendrai probablement un peu plus tard tantôt, mais j'ai
devant mot, les propos que mon bon ami le ministre de l'Éducation
tenait, le 9 février 1984, au sujet d'une motion de censure.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Verchères, veuillez vous en tenir à la recevabilité selon
l'article 202. Si vous avez des propos à tenir à
l'Assemblée nationale, vous le ferez en temps et lieu.
M. Charbonneau: C'est pour cela, M. le Président, que j'ai
invoqué cette question en vous disant que j'y reviendrais un peu plus
tard ce soir.
Sur la recevabilité, je crois qu'il y a un guide important et
.probablement le guide le plus important: on ne peut pas poser la question
préalable avant une certaine période. Je crois qu'il n'y a pas eu
plusieurs amendements, il n'y en a eu à ma connaissance qu'un seul. M.
le Président, je suis un membre en règle de cette commission et
je n'ai même pas eu l'occasion d'intervenir sur l'amendement. Je ne vois
pas comment je serais privé de mon droit de parole sur cet amendement
parce qu'à un moment donné le député d'Arthabaska,
je ne sais pas trop pourquoi, est pressé d'en finir et veut nous mettre
le bâillon. Un bâillon demain, M. le Président, cela va
suffire, mais, ce soir, je pense qu'on pourrait donner au moins à chacun
des membres de la commission l'occasion d'intervenir.
Le Président (M. Bissonnet): Je vous remercie beaucoup, M.
le député de Verchères. Vous m'avez demandé la
parole, Mme la députée de Chicoutimi, mais je veux prendre ma
décision. Si vous voulez intervenir, je peux quand même vous
entendre.
Mme Blackburn: Si vous êtes en train de nous dire, M. le
Président, qu'elle va être favorable, je n'aurai pas besoin de
parler.
Le Président (M. Bissonnet): Je ne vous ai pas dit du tout
la teneur de ma décision, mais je tiens à vous dire que je peux
rendre ma décision de façon très facile et je vous permets
d'intervenir.
Mme Blackburn: D'accord, si vous permettez. Brièvement, M.
le Président, je voudrais juste rappeler l'article 203. "Le
Président peut d'office rejeter une telle motion, s'il estime que le
débat sur la motion de fond ne s'est pas indûment
prolongé..."
À la suite des propos, des commentaires et des remarques faites
par le député de Verchères, la motion d'amendement a
été déposée à 17 h 15
précisément parce que c'est moi qui l'ai faite et on a eu, tout
juste avec les interventions des députés ministériels, 45
minutes d'intervention et un quinze minutes additionnel.
Je ne pense pas que sur une motion aussi importante...
Il s'agit de l'opportunité d'introduire un préambule
à la loi, c'est là une question d'une extrême importance.
Il me semble, M. le Président, que compte tenu de l'importance du
sous-amendement, on ne peut pas considérer que le débat se soit
indûment prolongé.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, mes chers membres de
la commission...
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que je pourrais
ajouter un élément là-dessus?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, je
vais vous le permettre, mais je suis prêt à rendre ma
décision depuis très longtemps.
M. Charbonneau: M. le Président, selon la jurisprudence,
le Président peut accepter une telle motion dans la mesure où il
considérerait que les débats se sont prolongés
indûment. Comment les débats peuvent-ils s'être
prolongés indûment alors que tous les membres de la commission
n'ont même pas pu s'exprimer sur l'amendement en discussion?
M. Gardner: M. le Président, est-ce que moi aussi je
pourrais ajouter? M. le Président, je ne veux pas bâillonner
l'Opposition, au contraire. Ce que je veux, c'est qu'on passe au premier
article et qu'on commence à étudier ce "mosus" de projet de loi
qu'on veut adopter. J'ai hâte qu'on commence. Ce n'est pas parce que je
ne veux pas qu'ils parlent.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, la présidence
rend la décision suivante sur la demande de mise aux voix faite par le
député d'Arthabaska: La présidence doit, compte tenu du
libellé de l'article 202, interpréter de façon restrictive
le texte de cet article. Le texte de cet article se lit comme suit: "Si aucun
amendement n'est proposé à une motion..." Comme il y a une
motion principale et que nous en sommes à un amendement, il est
impossible à quelque député que ce soit de demander le
vote lorsqu'il y a un amendement à une motion. J'en fais une
interprétation restrictive, mais je pense que le règlement
devrait être modifié à cet égard. C'est une
suggestion que je fais à ceux qui étudieront les règles de
procédure dans l'avenir. S'il y a une restriction, à savoir qu'on
ne fait pas de mise aux voix pour un amendement et qu'on peut en faire une pour
une motion, à ce moment-là, il n'y a pas d'égalité
entre les deux. Je pense que la motion principale est aussi importante qu'une
motion d'amendement. On peut le faire sur une motion principale, alors qu'on ne
peut pas sur une motion d'amendement. Quant à l'article 203, s'il
s'agissait d'une motion, le président aurait le loisir de la recevoir ou
non, compte tenu des débats qu'il y aurait eu à ce
moment-là.
La parole est au député du comté de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
Mme Blackburn: C'était au député de
Terrebonne.
Le Président (M. Bissonnet): Le député de
Verchères. Quant à vous, M. le député de
Terrebonne, je pourrai vous reconnaître s'il y a consentement, car le
député que vous remplacez a déjà utilisé son
droit de parole sur l'amendement. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, d'abord, je sais qu'on ne
doit pas remercier la présidence parce qu'elle ne fait qu'appliquer le
règlement, mais je crois que vous avez rendu une sage décision.
Je suis d'accord avec le député d'Arthabaska, il s'agit d'une
décision à la Salomon qui vous honore, M. le
Président.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
Le Président (M. Bissonnet): Messieurs, s'il vous
plaît! Le député de Verchères a la parole et je lui
demande de continuer son intervention. Je demande au député
d'Arthabaska de ne pas nuire à l'intervention brillante du
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Je vous remercie doublement, M. le
Président, pour vos propos fort judicieux, en toute humilité
d'ailleurs. L'amendement qui est devant nous a comme objectif de proposer que
nous puissions ajouter, avant de passer à l'étude article par
article, un préambule au texte du projet de loi. Plusieurs personnes,
sans doute les députés, les ministériels, pourraient nous
dire: Écoutez, la procédure législative qui est en vigueur
au Québec depuis un certain nombre d'années a eu tendance
à réduire l'utilisation des préambules, parce que sans
doute abusait-on à une certaine époque de l'utilisation des
préambules et qu'il y avait confusion également dans leur valeur
législative. Il n'était pas toujours évident que les
interprétations qu'on faisait des textes de loi donnaient justice aux
préambules que les législateurs avaient voulu introduire. Parfois
même, à moins que je ne me trompe, on tendait à trouver des
contradictions entre le préambule et les textes législatifs.
Cependant, cette motion est importante parce que la pratique
législative n'a pas complètement écarté
l'introduction des préambules dans nos textes de loi. En fait,
l'utilisation de préambules a été conservée dans
des cas particuliers, exceptionnels. Je crois qu'il s'agit d'un de ces cas car
il concerne une des lois les plus importantes que nous ayons au Québec,
c'est-à-dire la Charte de la langue française. Je crois qu'il est
normal, qu'il est même souhaitable qu'un projet de loi comme celui qui
est présenté par le gouvernement puisse être suffisamment
compris et interprété. À cet égard, il paraît
important et sans doute probablement essentiel que l'on puisse retrouver dans
le texte de loi un préambule qui donne plus de sens aux articles que
l'on va adopter et que l'on va retrouver, de toute façon, dans le texte
de loi, quelle que soit notre volonté, semble-t-il. Je crois que les
citoyens du Québec et l'histoire de ce projet de loi nous obligent d'une
certaine façon à accepter qu'il faille donner suffisamment
d'explications et situer le mieux possible le texte législatif. Quoi de
mieux pour le faire que le préambule même du projet de loi?
Mon collègue de Saint-Jacques, homme lettré s'il en est,
nous a cité le Petit Robert. Même si cela en a fait sourire
quelques-uns, je crois qu'il y avait néanmoins dans la définition
même... M. le Président, ne me faites pas rire. Il y avait dans la
définition même du préambule l'explication et la
justification de l'introduction d'un préambule.
D'ailleurs, quand on enseigne des textes aux enfants à
l'école et quand on leur donne un sujet à composer, on leur
recommande généralement de faire un préambule pour situer
un peu le problème, pour que les gens voient bien finalement l'ensemble
de la problématique résumé, "contexte" - un autre mot que
le député d'Arthabaska voudra sans doute vérifier - afin
que l'on puisse évaluer la suite. Or, quand on regarde le texte du
projet de loi qui nous est présenté par le ministre de
l'Éducation, le ministre lui-même, qui a toujours
affectionné les
explications, les points sur les "i", reconnaîtra que ce n'est pas
dans le texte des articles qu'il nous présente que le citoyen, profane
devant des lois, va pouvoir se retrouver. Il y a des textes qui amendent
d'autres textes de loi, etc. Quand on lit cela, M. le Président, on s'y
retrouve assez difficilement. Le minimum serait qu'on ait au moins quelque
chose qui serait utile au profane, c'est-à-dire un préambule dans
le projet de loi qui situe les intentions du gouvernement, qui exprime le
contexte dans lequel se situe le projet de loi et donne un sens à des
articles qui vont paraître assez rébarbatifs pour le commun des
mortels, finalement. Ils ne sont pas avocats ni législateurs depuis de
nombreuses années. Je suis même convaincu que le
député d'Arthabaska ou que la députée de Groulx,
qui sont des nouveaux députés - je ne dirai pas des jeunes
députés - encore pleins de vigueur d'ailleurs...
Une voix: ...
M. Charbonneau: Oh! Madame, je n'ai point osé aborder ce
sujet délicat! (20 h 45)
Enfin, je suis convaincu que ces nouveaux députés, en
regardant le projet de loi du ministre de l'Éducation, n'y ont rien
compris. Il a fallu des explications du ministre au caucus sans doute pour
comprendre la portée du projet de loi et toute son importance à
ses yeux. Souvent j'ai entendu le député d'Argenteuil dire qu'il
se méfie des légistes et des avocats. Je le sais parce qu'il nous
l'a dit souvent. Je le comprends d'autant mieux que je ne suis pas avocat non
plus. Il aurait préféré dans son for intérieur, lui
qui a une formation journalistique et qui est habitué de livrer
l'essentiel aux gens et de leur donner finalement les moyens de comprendre un
texte et de bien le rendre... J'ai souvent entendu le député
d'Argenteuil qui déplorait que l'on ne puisse pas trouver un vocabulaire
plus clair, plus précis et plus limpide dans nos textes
législatifs. On a beau chaque fois déplorer cette situation et on
a beau changer de gouvernement, on se rend compte que les légistes
demeurent si les législateurs changent parfois et on se retrouve
toujours avec des textes de loi relativement nébuleux, bons pour les
avocasseries, mais difficilement compréhensibles pour le commun des
mortels.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, M.
le député.
M. Charbonneau: M. le Président, ma conclusion est que je
crois que la motion qui nous est présentée est une motion qui
vise à clarifier le projet de loi, les intentions du ministre de
l'Éducation et du gouvernement et qui vise à situer ce projet de
loi pour que l'ensemble de nos concitoyens et que les historiens
également qui liront nos lois et ce projet de loi, qui deviendra sans
doute une loi, malgré notre opposition farouche, aient au moins le
nécessaire pour bien l'interpréter et bien la situer dans son
contexte. Je crois que nos collègues ministériels devraient
reconnaître que notre amendement ne fait qu'enrichir la proposition du
député de Viau qui va nous permettre d'aborder l'étude
article par article d'une façon plus éclairée. Merci, M.
le Président.
M. Gardner: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Arthabaska, oui, je vous écoute.
M. Gardner: Si vous me le permettez et si le député
de Verchères me permet une question...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Verchères, permettez-vous que votre collègue, le
député d'Arthabaska, vous pose une question?
M. Charbonneau: Bien sûr.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Arthabaska, vous pouvez procéder.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Le
député de Verchères a insinué que, parce que je
suis un jeune député, je n'aurais peut-être pas compris le
texte de la loi. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour lui prouver que j'ai
bel et bien compris le titre, la loi et que je suis en mesure comme
député d'un comté du Québec de voter sur cette
loi?
M. Charbonneau: M. le Président, je crois que le
député d'Arthabaska a ma! compris. Ce que j'ai dit, c'est que,
lorsque le projet de loi lui a été présenté pour la
première fois... Aujourd'hui, je ne doute point qu'il comprend les
tenants et aboutissants de ce projet de loi, mais par expérience - et je
ne demande même pas au député d'Arthabaska de me
répondre - je gagerais beaucoup si j'étais très
fortuné que le député d'Arthabaska à la
première lecture n'avait pas saisi toute la portée du projet de
loi et que les explications sans doute très savantes et très
élaborées du ministre de l'Éducation au caucus de son
parti lui ont permis de mieux le saisir. Il n'a qu'à lire le texte du
projet de loi pour humblement reconnaître que c'est un projet de loi qui,
comme tous les projets de loi, souvent, quand on les regarde, est fait pour les
avocats, ce n'est pas fait pour le monde ordinaire.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Ryan: Tout le monde apprécie l'effort de gymnastique
apparemment intellectuel qui vient de nous être présenté.
Les résultats sont loin d'être concluants.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Claude Ryan
M. Ryan: Tout d'abord, je dois dire au député de
Verchères, violant ainsi un secret d'office, que je n'ai pas eu besoin
de fournir de longues explications aux membres du caucus ministériel
pour qu'ils saisissent rapidement et sans difficulté la portée du
projet de loi 58. Il suffit de bonne volonté et d'ouverture d'esprit,
mais j'admets que, dans les circonstances où nous sommes, ce sont deux
qualités qu'il est très périlleux d'exiger de
l'Opposition.
Par conséquent, je vais rassurer le député de
Verchères sur ce point-ià. Il eût été tout
à fait superflu de fournir des explications infinitésimales,
parce que la chose était claire. Cela me rappelle un reproche que l'on
adressait hier au député de Viau, ou plutôt aujourd'hui,
d'une manière tout à fait injustifiée, à mon point
de vue. On lui reprochait d'avoir été bref quand il a
justifié la motion qu'il a déposée pour nous inviter
à aborder l'article 1. Un vieux principe de logique que vous connaissez
bien, c'est que les choses les plus difficiles a démontrer sont les
choses évidentes. C'est tellement vrai que le grand saint Thomas
d'Aquin, lorsqu'il était saisi d'un problème de la nature de
celui que nous avait créé de toutes pièces l'Opposition,
avait coutume de répondre, à la suite du non moins grand
Aristote, par deux mots: Evidentia patet, cela saute aux yeux pour tout esprit
intelligent, traduction libre. La vrai traduction, évidemment, serait:
Cela saute aux yeux par l'évidence même; cela s'impose par
l'évidence. Je pense que c'était là le problème
qu'éprouvait le député de Viau. S'il avait voulu
être verbeux comme on l'a été de l'autre côté
depuis plusieurs jours, je pense qu'il eût pu s'étendre à
l'infini. Il y aurait diverses considérations, mais le plus fort de
l'affaire: Evidentia patet. Je pense qu'on va très bien se rappeler
cela.
Un autre point que je voudrais souligner à l'attention du
député de Verchères et de ses collègues, c'est que
le gouvernement précédent a adopté plusieurs lois
très importantes. Il a adopté la loi 3 sur la réforme des
structures de l'enseignement. À ma souvenance, il n'y a pas de
préambule dans la loi 3. Vous n'en avez jamais demandé. C'est une
loi bien plus importante que celle que nous discutons maintenant. Il n'y avait
pas de préambule. La Loi régissant le financement des partis
politiques, une autre loi très importante, ne contient pas de
préambule, à ma connaissance. Le Code de la route est une loi
très importante qui nous a été présentée par
le gouvernement précédent, une nouvelle Lot sur la santé
et la sécurité du travail...
M. Cusano: Oui, la loi 42 avec tous les articles et tous les
principes.
M. Ryan: C'est la loi qui a nécessité le travail le
plus long en commission parlementaire. Combien d'heures? 140?
M. Cusano: 158.
M. Ryan: 158 heures? Elle n'avait pas de préambule non
plus. C'est un chose qui est tombée en désuétude, je pense
que le député de Verchères l'a mentionné dans ses
remarques. Les derniers souvenirs que nous avons de tels préambules, je
pense, remontent à la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation. Pardon? Il y en a eu quelques autres après?
Peut-être, mais, en tout cas, c'est tellement peu signifiant qu'on ne se
le rappelle pas. Faites le bilan de toutes les lois qui ont été
adoptées. Dieu sait s'il y avait des sermoneux et des disserteurs, de
l'autre côté, dans l'ancien gouvernement. Je n'ai pas besoin de
les nommer, vous les connaissez comme moi. Si cela avait été une
chose le moindrement pertinente, le moindrement "relevant", comme on dit en
anglais, c'est sûr qu'ils y auraient pensé parce que, chaque fois
qu'ils pouvaient mettre une page où il y a plus de mots que
d'idées, ils se spécialisaient là-dedans. Je pense que la
cause est entendue. L'idée est peut-être généreuse,
dans la meilleure des hypothèses, mais la preuve et les fondements sont
tellement ténus que cela nous fait penser à l'histoire du roi
Canut.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que le
député pourrait éclairer ma lanterne d'inculte? Je ne
connais pas cette histoire.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous terminé
votre intervention?
M. Ryan: Je peux la donner au député, M. le
Président.
M. Boulerice: Saint-Canut, c'est dans son comté.
M. Ryan: Cela va prendre seulement une minute.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous avez
terminé votre intervention, M. le ministre?
M. Ryan: Ce roi dont je parle, c'est un roi qui avait des
vêtements tellement minces que, à un moment donné, il s'est
aperçu qu'il
n'en avait pas.
M. Boulerice: Saint-Canut, c'est dans le comté
d'Argenteuit, à ma mémoire.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais intervenir sur cette motion...
Le Président (M. Bissonnet): Vous aimeriez intervenir?
M. Blais: ...mais avec la permission de M. le ministre.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement, M. le ministre?
M. Ryan: Volontiers.
Le Président (M. Bissonnet): Volontiers?
M. Ryan: Volontiers, pour un bon ami de Terrebonne, que ne
ferait-on point?
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
de Terrebonne, je constate qu'il y a consentement. Vous avez un droit de parole
de dix minutes sur l'amendement.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, je suis excessivement heureux
de la compréhension du ministre. Je crois beaucoup qu'il se doit d'avoir
un préambule à cette loi. Ce préambule, Mme la
députée de Jacques-Cartier, devrait être basé sur la
grandeur et la tolérance du peuple québécois. Ce serait
une base qui ne serait pas écrite, mais les paroles la sous-tendraient
dans ce préambule. Ce préambule porterait sur les devoirs de la
majorité et sur ceux de la minorité du Québec, ainsi que
sur leurs droits réciproques. Donc, dans ce préambule, nous
aurions les devoirs et les droits de la majorité, ainsi que les devoirs
et les droits d'une minorité. Dans cette charte, j'insisterais sur les
devoirs de la minorité devant la majorité. Ceci devrait, dans
cette loi, être enchâssé, comme la Charte des droits et
libertés est enchâssée dans la constitution canadienne. La
Charte des droits et libertés dans la constitution canadienne est une
chose a laquelle vous tenez comme à la prunelle de vos yeux; vous
trouvez cela important. Eh bien, dans l'éducation, les droits et les
devoirs des minorités et des majorités, c'est une chose qui
devrait tenir au coeur, à l'âme et à l'intellect de chaque
être, comme les droits et libertés de la personne dans une charte
constitutionnelle. C'est très simple; on pourrait en parler durant
très longtemps. Mais je n'ai que dix minutes. Je vais essayer
d'être le plus bref possible. Certainement que je ne serai pas complet;
la chose est trop importante pour être complet, sur un sujet aussi vaste,
dans dix petites minutes.
Cependant, parlons des droits principaux. Premièrement, chaque
groupe a droit a ses institutions éducatives, autant le groupe
majoritaire que le groupe minoritaire. Deuxièmement, chacun des deux
groupes a droit à un appui financier de l'État
québécois; il a droit à ses institutions comme
majorité; il a droit à ses institutions comme minorité.
Dans chacun des deux cas, ces institutions devraient être
financées par l'État. Je pense que cela devrait entrer en
préambule dans une loi sur l'éducation aussi importante que
celle-là.
Voyons les devoirs maintenant. Chacun des groupes doit veiller à
l'épanouissement culturel de son groupe par l'éducation;
deuxièmement, ils doivent favoriser la plus grande qualité
possible de l'éducation et, troisièmement - c'est sur ce point
que j'aimerais insister durant les quelques minutes - chacun des groupes doit
respecter l'autre. Ceci veut dire que le groupe majoritaire doit respecter le
groupe minoritaire, mais que l'inverse est aussi vrai, que le groupe
minoritaire doit respecter le groupe majoritaire et ceci, dans un
préambule, devrait être la base de tout système
éducatif le moindrement rationnel. Sachant pertinemment que le peuple du
Québec, à grande majorité francophone, est cité
à travers le monde comme le peuple qui a le plus de tolérance
pour sa minorité, c'est là, dans ce préambule, qu'on
pourrait une autre fois l'écrire, le voter et en être fier.
J'ai dit et je le répète: Je fais partie de ce groupe
majoritaire. Je fais partie du groupe qui constitue 81 % de la population du
Québec. Ce groupe, je l'aime, je l'adore et je le défends. Je
l'aime davantage au Québec, parce que c'est un groupe qui respecte, sous
tous les volets, toutes les facettes de la vie, la minorité qui cohabite
avec lui sur ce territoire. C'est pour cela que je suis fier de mon groupe.
Je voudrais, sous toutes les facettes aussi, être fier de la
minorité. Je voudrais que sous toutes les facettes la minorité
respecte le groupe majoritaire dont je fais partie. Devant ce projet de loi 58,
ce serait très bon d'indiquer que la minorité, si elle veut que
la majorité continue à la respecter, respecte cette
majorité. Ce projet de loi, après en avoir étudié
le préambule, serait automatiquement rejeté, article par article,
par tous les gens autour de cette table. On voterait avec joie et tout de go ce
préambule; c'est sûr. Mais, seulement, ce projet de loi est fait
parce que justement la minorité ne respecte pas la majorité. Un
groupe minoritaire de la minorité ne respecte pas la majorité.
Est-ce que c'est clair? Un
groupe minoritaire de la minorité ne respecte pas la
majorité au Québec. C'est pour cela que l'on fait ce projet de
loi. Si on mettait un préambule pour faire comprendre à la
minorité qu'elle se doit de respecter la majorité, comme la
majorité dont je fais partie respecte la minorité, ce projet de
loi ne pourrait plus être là. C'est donc un préambule d'une
importance capitale. Cela se tient très bien. Je peux le
répéter en anglais, si vous voulez mieux le comprendre. (21
heures)
Je fais partie d'une majorité qui est la majorité
francophone. Cette majorité francophone respecte, sous toutes ses
facettes, la minorité anglophone du Québec; et, si le groupe dont
je fais partie ne respectait pas cette minorité, je
démissionnerais. Moi, faisant partie d'une majorité, je respecte
la minorité, mais je demanderais tout simplement à la
minorité d'en faire autant envers la majorité dont je fais
partie. Donc, de respecter nos lois, etc. C'est tout ce que je demande. Cette
loi est faite parce que la minorité n'a pas voulu respecter la loi faite
par la majorité. C'est pour cela qu'on en arrive à ce dilemme.
Ceux qui ont respecté la loi ne sont pas concernés par ce projet
de loi 58.
M. le Président, il faudrait absolument enchâsser en
préambule dans ce projet de loi, par la grandeur et la tolérance
de son contenu, cette noblesse qui habite le coeur de la majorité
québécoise qui respecte... Je ne sais pas combien il me reste de
temps, M. le Président?
M. Gendron: En masse.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que Mme la
secrétaire peut me l'indiquer pour le député? Vous avez
trois minutes.
M. Blais: Merci. Je voulais seulement savoir comment
conclure.
Tout simplement, ce préambule devrait être là. Mme
la députée de Jacques-Cartier, je vous vois sourire. Vous qui
avez toujours prôné le libre choix indépendamment des
droits de la majorité, j'aimerais beaucoup que vous
m'écoutassiez. J'aimerais beaucoup que vous ouvriez votre ouïe et
que vous me regardiez de vos yeux. J'aimerais beaucoup qu'ensemble,
après cette commission, nous dansions une farandole de bonne entente.
Mme la députée de Jacques-Cartier, au nom de la grandeur
d'âme du peuple québécois, au nom de cette tolérance
réciproque que nous demandons, vu que nous, majoritaires, nous avons ce
respect intrinsèque de la minorité, je suis persuadé que
vous allez me dire oui. J'aimerais que vous, de votre côté, qui
faites partie de la minorité, vous demandiez aux vôtres de
respecter la majorité dont je fais partie, comme moi je demande aux
miens de respecter la minorité dont vous êtes.
Ce préambule devrait enchâsser cela dans ce projet de loi
et nous serions heureux après, tous ensemble, que nous venions de
n'importe quelle partie du monde. Moi, je viens de la France. Ce n'est pas ma
faute. C'est un accident de naissance. J'habite maintenant le Québec. Il
y en a d'autres, comme accident de naissance, qui viennent d'Italie, d'autres
qui viennent probablement d'Angleterre ou d'autres de "Ketchupville". M. Hains,
je ne sais pas d'où vous venez? Je ne sais pas si ce pays existe, du
moins le pays de la tomate.
Des voix: Ha! Ha!
M. Blais: Je ne sais d'où il vient. Chacun de nous vient
d'un pays...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Question de règlement, M. le
Président.
Des voix: Allez-y! Allez-y!
M. Hains: Je ne parle pas souvent, M. le député,
mais je trouve que ce soir vous êtes complètement irrespectueux.
Vous ne respectez pas ma minorité... de mon nom. J'en suis tout à
fait insulté. Je vous demande de retirer votre "Ketchupville".
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Terrebonne, je vous demande de retirer les paroles que vous avez dites à
l'endroit de notre collègue de Saint-Henri.
M. Blais: Je m'excuse. Je croyais que la ville de "Ketchupville"
existait. Je le retire, M. le Président. Mais, vu que vous dites "ma
minorité", j'aimerais que vous retiriez ma... Non, laissez faire!
Je veux que cette tolérance paraisse dans le préambule du
projet de loi au nom de ce respect réciproque que nous devons avoir.
M. le Président, sur cela je vous remercie, ainsi que le groupe
de la majorité, d'avoir écouté le groupe minoritaire
parlementaire dont je fais partie.
M. Parent (Sauvé): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Question de règlement,
M. le député de Sauvé.
M. Parent (Sauvé): C'est une directive que je veux avoir,
M. le Président. Au moment où on va danser la farandole, est-ce
que je peux choisir à qui je vais donner la main?
M. Gardner: M. le Président, j'aurais une question...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: J'aurais une question à poser au
député de Terrebonne, s'il ne part pas.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
de Terrebonne, est-ce que vous permettez à votre collègue
député d'Arthabaska de vous poser une brève question?
M. Blais: Avec grand plaisir.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Comment le
député de Terrebonne peut-il concilier les belles phrases qu'il
vient de dire avec les phrases de son chef qui sont citées dans le
Soleil...
M. Blais: Quel chef?
M. Gardner: De votre chef.
M. Blais: Quel chef et de quelle époque?
M. Gardner: Votre chef actuel. M. Blais: Actuel?
M. Gardner: Oui, M. Pierre Marc Johnson.
M. Blais: D'accord.
M. Parent (Sauvé): Un des deux.
M. Gardner: II est cité et cela ne date pas de longtemps.
Il a souligné qu'il faudrait s'attaquer à détruire les
mythes de l'immigrant, voleur de "job" ou de la dénatalité, fin
du chômage. Et il continue. M Johnson a souligné aussi que son
parti se devait d'être plus accueillant encore à l'endroit des
communautés culturelles. Comment conciliez-vous ces paroles de votre
chef et les paroles que vous venez de dire, que vous êtes très
accueillant, alors que votre chef vous dit d'être plus accueillant? Il
disait cela aux membres du Parti québécois lors de votre conseil
national.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Avec plaisir. Vous savez, monsieur, même la
douceur dans votre question aurait pu être encore plus tendre. Je ne peux
pas vous qualifier d'être un homme qui m'attaquiez et qui
êtes...
M. Gardner: Je ne vous attaque pas, je vous pose la question.
M. Blais: Vous ne m'attaquez pas du tout, mais vous pourriez
être encore plus doux dans votre présentation et, nous, nous
sommes très doux devant les étrangers qui arrivent, mais cette
douceur peut toujours être améliorée. Voilà ma
réponse.
Le Président (M. Bissonnet): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Boulerice: On est accueillant envers ceux qui respectent les
lois.
M. Gendron: Oui, M. le Président. J'ai la parole, je
voudrais l'utiliser et le faire sérieusement, parce que, si ma
collègue, la députée de Chicoutimi, a
présenté un amendement à la motion du député
de Viau, c'est que nous sommes convaincus qu'un projet de loi...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
de Sauvé! M. le député d'Abitibi-Ouest ne peut pas
poursuivre.
M. François Gendron
M. Gendron: Nous sommes convaincus qu'un projet de loi de cette
importance, de cette nature, mérite d'être
précédé d'un préambule parce que, normalement, un
préambule à un projet de loi permet de le "contexter", cela
permet de lui donner un caractère d'une très grande
particularité. Cela a été reconnu par d'autres et c'est
cela qui est un peu étonnant de tomber dans la bouffonnerie comme on est
obligé de le faire parce qu'on a affaire à un gouvernement
complètement irrespectueux de la démocratie, et. j'aurai
l'occasion d'y revenir tantôt. On demande è des gens de poursuivre
en commission parlementaire alors qu'on sait qu'on a une épée de
Damoclès au-dessus de la tête. Pire que cela, on a
carrément une motion de bâillon, une motion de clôture
après quelque 20 heures de débat, quand on sait que ces
gens-là dans l'Opposition nous ont fait faire des 145, des 135 heures
-j'aurai l'occasion de revenir là-dessus - c'est carrément
irrespectueux de la démocratie. C'est un peu avec amertume que je vais
poursuivre mes propos sur l'amendement proposé par ma collègue,
la députée de Chicoutimi. Si on avait une once de respect pour
les institutions, on aurait mis fin immédiatement à la commission
parlementaire. Cela ne fait pas sérieux, quand on sait qu'il y a une
motion de clôture, de bâillon, de demander aux gens de la
commission de continuer, comme si de rien n'était. C'est du jamais
vu.
Aujourd'hui, on propose comme amendement qu'il y ait un
préambule, parce qu'il
s'agit d'un projet de loi qui, pour la première fois, sanctionne
l'illégalité, d'une part, et, d'autre part, va consacrer le
principe dorénavant par loi - c'est cela qui est grave - que
l'illégalité peut être source de droit. Je ne suis pas
avocat, mais je n'ai jamais accepté cela et je n'accepterai jamais que
l'illégalité puisse être source de droit. Quand on
procède par voie législative et qu'on demande de sanctionner
l'illégalité, peu importent les motifs, par un projet de loi, il
me semble qu'à tout le moins, si on avait encore un peu de respect pour
les institutions démocratiques, on accepterait d'emblée de faire
précéder ce projet de loi d'un préambule pour l'expliquer
dans le futur. Un texte de loi, cela sert aux archivistes, à toutes
sortes d'historiens, à toutes sortes de personnes qui, un jour, voudront
"recontexter" un événement, voudront refaire, non pas les
débats, mais refaire complètement l'historique d'une question de
fond, d'une question d'envergure, d'une question majeure.
Le dictionnaire, ce n'est pas moi qui l'ai inventé, a
été on ne peut plus clair. Qu'est-ce que la définition
d'un préambule? C'est ce dont on fait précéder un texte de
loi. Est-ce que la loi qu'on a à débattre en deuxième
lecture, ici, en commission parlementaire, est un projet de loi? Bien
sûr. Tout le monde va convenir que la loi 58 est un projet de loi.
Deuxièmement, dans la définition, on dit: C'est ce dont on fait
précéder un texte de loi pour en exposer les motifs, les buts.
Est-ce que vous ne pensez pas, M. le Président, que si un projet de loi
mérite un tant soit peu d'être on ne peut plus explicite pour
l'histoire, pour la postérité sur les buts et les objectifs qu'il
poursuit en sanctionnant l'illégalité... Si des historiens vont
vouloir se référer à des projets de loi dans le futur, il
serait important qu'ils aient un peu plus d'éclairage que des notes
explicatives. Règle générale, la portée et le sens
d'un préambule, c'est justement quand il s'agit de donner à une
loi un caractère exceptionnel. Cela fait dix ans que je vis dans cette
Chambre et on n'a pas abusé comme gouvernement des
préambules.
On disait: La Loi sur la santé et la sécurité du
travail, il n'y a pas de préambule. Je ne le dirai pas comment je le
pense, mais je n'en reviens pas qu'on porte un jugement comme cela. Ce n'est
pas une loi de même nature. Des lois à portée
administrative, des lois - un instant, je n'ai pas fini ma phrase - pour
régulariser des secteurs, des lois d'orientation, cela n'a pas le
caractère d'une loi exceptionnelle qui, pour la première fois,
dit a l'ensemble du Québec et à la face du Québec: Le
Parlement, quand il a adopté l'autre loi, il a fait une erreur. Il a
fait une erreur parce qu'il aurait dû prévoir des dispositions
pour les gens qui contournent la loi. Ce n'est pas grave. Mon raisonnement doit
être vrai et je le répète pour ceux qui, de temps en temps,
se donnent la peine d'écouter: Comment se fait-il que l'Alliance et la
CEQ demandent que, si on est capable de voter une loi pour amnistier les
"illégaux", pourquoi on ne le fait pas pour ceux qui ont
défié la loi 111, la loi 70 et une série d'autres lois? Le
geste est exactement le même, M. le Président. Une loi
adoptée par le Parlement a été défiée, a
été contournée; on s'est systématiquement
organisé pour défier ces lois, et l'Alliance et la CEQ ont vu
cela. Ils ont dit: Écoutez, si on peut amnistier les "illégaux",
pourquoi vous ne nous amnistiez pas? Nous, on a posé le même
geste. On a défié une loi du Parlement.
Si, au moins, on avait la décence dans un préambule
d'expliquer le contexte. Moi, je trouve qu'il n'y a pas d'explication quand on
veut effacer l'ardoise, à moins qu'on ait une dette à payer,
à moins d'avoir pris un engagement complètement irresponsable, en
dehors des principes démocratiques d'un Parlement. Malgré tout
cela, on persiste à croire que la vérité appartient a un
seul homme parce qu'il a reçu un mandat. Il est la voie, la
vérité, la vie, j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs
reprises. Du haut de sa personne, il va demander aux autres d'être
gentils, ouverts, d'avoir une générosité sans pareil alors
qu'il nous demande de continuer à discourir sur un projet de loi quand
son propre gouvernement vient de décider au Conseil des ministres de
nous bâillonner, d'adopter une motion de clôture. Continuez, causez
mes lapins, il n'y a pas de problème. Nous, on légifère
indépendamment de la démocratie, indépendamment des us et
coutumes de ce Parlement.
On essaie de leur faire comprendre le bon sens, la logique d'un
préambule à une loi d'exception comme celle-là et on a
tombé, on a versé dans la bouffonnerie, dans la loufoquerie parce
que ces gens-là, cela ne les intéresse pas de discuter
sérieusement d'un projet de loi. Ils n'ont rien dit d'intéressant
sur le projet de loi. C'est le silence total. Quand c'est plus léger,
ils ont le goût de participer, ils ont le goût de s'impliquer dans
la conversation.
M. le Président, un projet de loi qui confère des sources
de droit au niveau de l'illégalité, c'est inacceptable. Si vous
aviez le courage d'expliquer votre geste - c'est le vôtre, ce n'est pas
le nôtre, c'est vous qui avez décidé de sanctionner
l'illégalité - et si c'était expliqué par un
préambule, à ce moment-là cela conférerait ce
caractère d'exceptionnalité, ce caractère de
particularité très grande. Il n'y a que des grandes lois, des
grandes causes à caractère très universel qui ont
été précédées d'un préambule.
Également, dans le dictionnaire on ajoute: Un préambule c'est de
faire un exposé d'intentions préalable à un écrit.
Pensez-vous que le projet de loi que nous
discutons ne mériterait pas de faire l'objet d'un exposé
préalable d'intentions parce qu'il y a effectivement beaucoup
d'intentions dans ce projet de loi, M. le Président? Les intentions ne
sont pas toujours louables. En ce qui nous concerne, nous pensons que ce sont
des intentions absolument inqualifiables, qui auraient au moins le
mérite d'être inscrites dans un préambule pour
l'histoire.
Ce n'est pas par l'article 1 qui dit que c'est le 15 avril plutôt
que telle date qu'on va trouver le contexte historique dans lequel s'est
inscrit ce projet de loi. Ce n'est sûrement pas à l'article 8
où on donne un pouvoir discrétionnaire au ministre de
l'Éducation qu'on va comprendre le contexte de ce projet de loi. Si on
se donnait la peine de rédiger un préambule en bonne et due
forme, peut-être que ceux qui se référeront à ce
projet de loi à l'avenir auront au moins l'explication, pas plus
légitime et satisfaisante, parce que sanctionner
l'illégalité par un préambule ou ailleurs c'est le
même résultat, M. le Président... Au moins, cela aurait le
mérite de donner le contexte, de donner un peu plus
d'éléments d'analyse, d'éléments d'intentions,
comme dit la définition pour être capable de porter un jugement et
d'analyser Un peu plus ce qui aurait bien pu guider ce gouvernement pour
adopter une loi sans précédent qui va sûrement marquer
l'histoire parce que c'est la première fois qu'un Parlement se
détruit lui-même. (21 h 15)
Le Président (M. Bissonnet): Voulez-vous conclure, M. le
député?
M. Gendron: C'est ce que cela veut dire, adopter une loi pour
dire: Celle qu'on a adoptée, ce n'était pas la bonne. Moi, je
n'ai jamais vu cela. C'est une renonciation de droits.
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député, si vous voulez conclure.
M. Gendron: Oui, en conclusion. Je pense qu'un préambule
qui expliquerait que leur intention c'était de légiférer
pour récompenser la désobéissance, ce serait important
d'avoir cela dans nos documents officiels historiques. C'est pourquoi je vais
appuyer la motion d'amendement proposée par ma collègue, la
députée de Chicoutimi.
M. Cusano: M. le Président, le vote, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Bissonnet): En n'ayant pas d'autres
interventions qui me sont demandées sur l'amendement, est-ce que la
motion d'amendement est adoptée?
M. Cusano: Rejeté.
M. Boulerice: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): J'ai très bien
compris, M. le député de Saint-Jacques, L'appel nominal est
demandé par le député d'Abitibi-Ouest. Je demanderais au
secrétaire de faire l'appel des membres de cette commission.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous voulez relire
l'amendement? Je vais le relire.
Il est proposé par la députée de Chicoutimi que la
motion du député de Viau soit modifiée en
remplaçant les termes "de l'article 1 et des articles suivants du projet
de loi 58" par les suivants: "...du projet de loi 58 en débutant par
l'étude de l'opportunité d'intégrer un préambule
à ce projet".
M. le secrétaire, si vous voulez faire l'appel des membres de
cette commission.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Gendron (Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
lorsqu'il y a un vote, aucun commentaire.
M. Blais: Pour.
Le Secrétaire: M. Boulerice (Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dougherty (Jacques-Cartier)?
Mme Dougherty: Contre.
Le Secrétaire: M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Contre.
Le Secrétaire: M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains Contre.
Le Secrétaire: M. Parent (Sauvé)?
M. Parent (Sauvé): Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rirnouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Bissonnet): La motion est rejetée
par 9 voix contre 4. Nous en sommes maintenant à la motion principale,
la motion du député de Viau. Est-ce qu'il y a des personnes qui
veulent intervenir sur cette motion?
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Boulerice: Est-ce que vous auriez la gentillesse, M. le
Président, de me la relire pour que je puisse bien m'en
imprégner?
Le Président (M. Bissonnet): Nous allons relire la motion.
M. le secrétaire, pourriez-vous nous dire qui n'a pas parlé sur
cette motion?
Le Secrétaire: M. Boulerice et M. Charbonneau.
Le Président (M. Bissonnet): Bon. La motion se lit comme
ceci: Le député de Viau fait motion pour "que l'on passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 58". M. le
député de Saint-Jacques, vous avez la parole puisque vous l'avez
demandée.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Je n'avais pas vu la petite lumière rouge
allumée. Là, cela m'indique effectivement...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'elle est maintenant
allumée?
M. Boulerice: Elle est maintenant allumée, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Parfait.
M. Boulerice: C'est vrai que cela va s'éteindre un jour,
cette lumière rouge, mais je vais quand même...
Le Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez parler
de la motion principale, M. le député.
M. Boulerice: ...en profiter. M. le Président, il est un
peu décevant au départ de voir qu'on ait refusé d'entendre
des intervenants à cette commission.
M. Cusano: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Viau.
M. Cusano: S'il vous plaît, la pertinence.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Saint-Jacques, si vous voulez parler de la motion pour passer à
l'étude des articles 1 et suivants de la loi.
M. Boulerice: M. le Président, comment M. le
député de Viau peut-il présumer de la pertinence quand il
n'y avait que quatre mots de dits dans une phrase?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Alors, je vous demanderais d'être un petit
peu plus patient.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Saint-Jacques, c'est le privilège du député de Viau; il a
fait sa motion et c'est à lui de décider s'il a à parler
plus longtemps qu'il ne l'a fait. M. le député de Saint-Jacques,
vous avez la parole sur la motion principale.
M. Gendron: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, une question de
règlement, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je veux juste vous signaler que le
député de Saint-Jacques n'a pas évoqué que le
député de Viau n'avait pas parlé longuement sur sa motion.
Quand vous l'avez repris pour des propos hors d'ordre, il a simplement
mentionné: comment le député de Viau peut-il
prétexter que je suis hors d'ordre dans le sens non pertinent par
rapport à votre motion, en parlant au député de Viau alors
qu'il avait quatre mots de dits, lui, comme intervenant.
M. Cusano: Je peux même les répéter, M. le
Président.
M. Gendron: Mais il me semble que c'est une nuance
importante.
Le Président (M. Bissonnet): J'ai peut-être mal
compris le sens de son intervention, M. le député. M. le
député de Saint-Jacques, si vous voulez poursuivre.
M. Boulerice: Je repars à 20, M. le Président,
parce que les tactiques de l'autre bord sont évidentes. 11 s'agit de ne
pas nous laisser parler. Il m'apparaît important que l'on parle de cette
loi article par article. Je vous disais qu'il m'apparaît important,
puisque c'est probablement la seule alternative qu'il nous reste actuellement,
vu que le gouvernement, la partie ministérielle et surtout le ministre
responsable s'est complètement refusé à recevoir à
cette commission tout groupe, tout individu, tout organisme qui aurait pu nous
apporter un certain éclairage quant aux motifs de la loi et même
des modifications à la loi.
Cela m'apparaît d'autant plus étonnant que c'est une
pratique qu'a respectée d'une façon très éloquente
le gouvernement précédent. Quand l'Opposition, face à loi
101, a une crise...
M. Parent (Sauvé): M. le Président, question au
règlement. M. le Président, on est en train d'étudier la
motion du député de Viau qui demande que l'on passe
immédiatement à l'étude de l'article 1. Actuellement, le
député de Saint-Jacques est en train de faire le procès
d'un amendement et de sous-amendements qui ont déjà
été battus. Écoutez, on ne peut pas revenir sur la
pertinence d'écouter ou de ne pas écouter des gens. On est en
train de discuter sur la pertinence de passer à l'article 1 et qu'on
s'en tienne à cela.
M. Boulerice: M. le Président.
M. Gendron: M. le Président, il est évident que
dans l'argumentation le député de Saint-Jacques a tout à
fait le loisir de se servir des éléments que nous avons
vécus à cette commission pour dire que justement, nous, on
n'était pas prêt à passer à l'article 1. Il me
semble que c'est on ne peut plus pertinent. Quand on prend la peine d'amender
et de sous-amender, il me semble que c'est faire la preuve que, de ce
côté de la Chambre, il est évident que nous pensions
pouvoir poursuivre les considérations particulières.
Il est en train d'illustrer que, parce qu'on a fait toutes ces
étapes, on ne peut pas être d'accord avec la motion
présentée par le député de Viau, de commencer tout
suite à l'article 1. Si on avait été d'accord, on n'aurait
pas présenté des amendements et des sous-amendements. Il s'en
sert comme exemple pour illustrer ses propos et c'est tout à fait
pertinent.
Le Président (M. Hamel): M. te député de
Saint-Jacques, si vous voulez continuer, s'il vous plaît!
M. Parent (Sauvé): Ma question de règlement, M. le
Président, j'y tiens encore et je ne cherche pas de problème. Le
député de Saint-Jacques n'est absolument pas pertinent en ce qui
regarde la motion.
M. Blais: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Parent (Sauvé): II passe a côté
complètement. Il fait une argumentation sur des choses qui sont
votées.
M. Gendron: M. le Président.
M. Parent (Sauvé): C'est malheureux. Je comprends
très bien le député d'Abitibi-Ouest. Il dit:
Écoutez, cela nous prend des exemples. Il dit: II faut revenir sur...
C'est fini, M. le député d'Abitibi-Ouest, je regrette.
M. Gendron: M. le Président, un instant! Sur la question
de règlement.
M. Parent (Sauvé): On a voté et vous avez perdu.
Allez-vous faire un débat? Je serais prêt.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Sauvé, avez-vous terminé?
M. Gendron: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît, si vous voulez reprendre dans le sens de
la pertinence du débat actuel.
M. Boulerice: Elle était pertinente. Je remarque une
courtoisie de surface dont fait preuve le député de Sauvé,
mais sur le plan de la tolérance je pense que la surface est très
mince. Je pense que mon propos est extrêmement pertinent. Je suis contre
l'étude point par point et je vous dis que je suis contre l'étude
point par point, M. le Président, immédiatement, parce que je
privilégiais, au départ, qu'il y ait des auditions à cette
commission, que le gouvernement actuel, que nos amis d'en face... C'est
l'expression consacrée. Je ne dirais pas que je partage ce
sentiment.
Une voix: C'est réciproque.
M. Boulerice: Vous m'en voyez ravi, parce que je pratique la
seule chose qui vous reste dans votre programme et qui est
l'équité. Je suis contre l'étude immédiate
article par article, parce que je favorise une attitude différente qui
est l'attitude adoptée par le gouvernement précédent. Je
vous disais: Lorsque l'Opposition d'alors...
M. Cusano: Donnez-nous des exemples,
M. Boulerice: ...réclamait sur la loi 101, après
une crise d'urticaire aiguë où elle voyait des irritants partout
dans la loi 101, la Charte de la langue française, eh bien nous avons
tenu audience. J'ai eu d'ailleurs le plaisir de croiser le fer avec l'ancien
chef de l'Opposition et maintenant ministre de l'Éducation. Nous avons
eu là un exemple de tolérance de la part du gouvernement qui,
dans une loi aussi fondamentale... Je me permets d'ajouter que le projet de loi
que le ministre dépose n'est pas un amendement à une loi
quelconque, c'est une loi qui vient amender la seule loi au Québec qui
porte le titre de Charte de la langue française.
Quand on dit que mon propos est impertinent, je dirai que ce qui est
impertinent - et je vous prierais de le répéter au
député de Sauvé - c'est de refuser d'entendre les gens.
Nous avons invité des gens à participer à une commission
parlementaire qui a duré je ne sais combien d'heures; si je parle de la
commission sur la loi 40 à l'époque, 166 heures, si je pense aux
amendements sur la loi 101, cela a pris cinq semaines d'audience. On a
écouté tout le monde; on a même écouté des
groupes qui sont venus spontanément, après votre demande de
participer, dans le plus grand respect des propos qu'ils pouvaient tenir. Alors
que l'on agisse comme cela, cela me révolte. Mais il semble que ce soit
une règle très fixe qu'a décidé de se donner le
parti ministériel, puisqu'en commission parlementaire sur les communica-
tions le ministre a refusé avec le même mépris des
audiences...
Le Président (M. Hamel): S'il vous plaît, la
pertinence!
M. Boulerice: ...et le plaisir d'entendre des intervenants
sérieux du milieu. Et Dieu seul sait qu'on n'avait pas
suggéré des deux de pique, M. le Président. On avait
suggéré des organismes et des individus qui, dans ce pays, sont
reconnus pour leur engagement social, leur engagement culturel, leur engagement
politique, leur engagement économique, des organismes qui ont fait
preuve jusqu'à maintenant d'une grande pertinence dans leurs propos, des
organismes prestigieux: la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal, 140 ans au service de la nation...
Le Président (M. Hamel): S'il vous plaît! Si vous
voulez...
M. Boulerice: Alors, M. le Président, on assiste au
même mépris que le ministre des Communications a eu, mais il y
aura par contre une commission parlementaire sur l'alimentation des porcins ou
des animaux, je ne sais trop quoi.
Le Président (M. Hamel): S'il vous plaît, la
pertinence!
M. Boulerice: Pour cela, on juge bon d'avoir une commission
parlementaire. Mais sur un droit fondamental qui est la Charte de la langue
française, sur l'amnistie des élèves, des parents, des
administrateurs scolaires et des dirigeants de commission scolaire qui ont
bafoué la première loi du Québec - elle s'appelle la loi
101, mais elle devait s'appeler la loi 1 - on ne trouve pas pertinent
d'écouter des gens, d'entendre leurs propos. Nous, par contre, on n'a
pas hésité à ouvrir nos livres, à ouvrir les portes
et à mettre les caméras de télévision.
C'était télédiffusé, M. le Président, par la
radiotélévision de l'Assemblée nationale. De l'autre
côté, par exemple, c'est non. Mais il y en aura effectivement une
sur l'alimentation de je ne sais trop quel animal. Comprenez que je ne peux pas
accepter cela. Je ne pense pas que ce soit le type de démocratie que
j'aie le goût de vivre pendant les quatre prochaines années au
Québec quand, sur des sujets d'importance, on refuse quelque commission
parlementaire que ce soit où l'on puisse entendre des individus. On
ferme des villes comme Schefferville, mais on refuse une commission pour
écouter les gens. On nous dit qu'on a consulté le maire. Je suis
bien d'accord qu'on ait consulté le maire. Mais ce n'est pas le maire
qui fait la ville, M. le Président... (21 h 30)
Le Président (M. Hamel): Le débat sur la ville de
Schefferville, M. le député de Saint-Jacques, est d'un autre
domaine.
M. Boulerice: ...ce sont les citoyens. Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Hamel): Si vous voulez revenir à
notre sujet.
M. Boulerice: Alors, M. le Président...
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Hamel): Oui, M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Merci. La pertinence du sujet permet certainement
à quelqu'un de faire une analogie, fût-elle de quinze ou de trente
secondes. Quand même! On n'est pas pour toujours dire éducation,
école, professeur. On
a le droit de faire des comparaisons. Il fait une comparaison entre le
bâillon sur le débat sur Scheffer ville et celui que vous voulez
nous mettre ici. Quand même! La langue française n'a pas que
quatre mots: loi 58, élève, professeur et commission scolaire. H
faut au moins laisser aller un peu.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Saint-Jacques, si vous voulez poursuivre, s'il vous plaît!
M. Boulerice: J'étais contre et je suis toujours contre,
M. le Président, l'étude article par article parce que je crois
encore fondamentalement qu'il nous faut entendre des gens qui, dans ce pays,
ont des mots à dire sur une modification importante de la loi 101. On
s'empresse, on va avec précipitation régler le cas des
"illégaux" et de gens qui ont incité à
l'illégalité, quand il y aurait des choses bien plus importantes
à régler si le ministre voulait faire diligence. S'il voulait
faire diligence, la première chose qu'il ferait, ce serait de s'arranger
pour que la minorité franco-québécoise au Canada ait des
garanties égales à la minorité
anglo-québécoise au Québec, parce qu'en vertu de l'article
23, paragraphe 3, alinéa b de la Loi constitutionnelle de 1982
promulguée par le gouvernement fédéral libéral de
l'époque, les Anglo-Québécois ont des droits
constitutionnels afin de recevoir un enseignement en anglais dans des
commissions scolaires de langue anglaise. Or, la minorité
franco-québécoise n'a aucune garantie équivalente.
S'il y avait précipitation, ce serait bien de corriger des choses
comme celles-là qui ont été faites par un gouvernement
frère du gouvernement actuel et non pas de régler, comme il se
produit actuellement, une situation qui - entre parenthèses - s'amenuise
de jour en jour. Dieu seul sait que la situation de ces "illégaux", n'a
surtout pas jusqu'à maintenant fait verser de sang, ne m'a pas fait
verser de larmes. On sait pertinemment que plusieurs d'entre eux sont
déjà à l'université, s'ils ne sont pas
déjà sur le marché du travail. Qu'ils sont
déjà au niveau secondaire. Donc, on aurait besoin avant de
regarder article par article... Pardon?
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Saint-Jacques, il vous reste 40 secondes.
M. Boulerice: II me reste beaucoup plus que 30 secondes, si je
calcule...
Le Président (M. Hamel): Je vous ai déjà
signalé qu'il vous restait une minute.
M. Boulerice: ...les interruptions discourtoises qui sont venues
de l'autre côté.
M. Parent (Sauvé): Je vous ferai remarquer, M. le
Président, que le député de Saint-Jacques n'est pas
autorisé à contester une décision du président. Je
pense que le temps est enregistré par le technicien prêté
par l'Assemblée nationale et la période exacte de temps est
déterminée par ce technicien de l'Assemblée nationale. Je
comprends que le député de Saint-Jacques voudrait avoir beaucoup
plus de temps, qu'il est très volubile et qu'il est même
très intéressant, mais cela n'excuse pas...
Le Président (M. Hamel): II vous reste environ une minute.
À l'ordre, s'il vous plaît! Il vous reste une minute, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je ne pensais jamais que 2
décembre pourrait être synonyme de totalitarisme au Québec.
Je m'en rends bien compte, mais cela se fait au vu et au su de la population et
cela se répercutera.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Hamel): M. le ministre de
l'Éducation a demandé la parole.
M. Claude Ryan
M. Ryan: J'aimerais, comme vient de le mentionner le
député, que nos discussions soient
télévisées parce que nos concitoyens pourraient se rendre
compte du peu de sérieux de l'Opposition. Nous venons d'en avoir encore
un exemple avec l'invervention du député. Sérieusement,
vous venez nous dire, après 22 ou 23 heures de
délibérations de la commission jusqu'à maintenant, que
nous ne sommes pas prêts à aborder l'article 1, alors que la
nature même du mandat qui nous a été donné par
l'Assemblée nationale nous invite à l'examen article par article
du projet de loi. Et si on ne commence pas par l'article 1, que va-t-on
faire?
M. Boulerice: Comme proposé tantôt, M. le
Président...
M. Ryan: Non, non. Regardez, cela fait quatre jours que vous
tournez autour du pot, comme on dit. Les gens vous observent. Nous disons que
vous avez le droit d'avoir une opinion différente de celle du
gouvernement. Nous respectons ce droit, nous respectons votre opinion, nous
respectons vos personnes et nous respectons votre parti, mais nous ne pouvons
pas respecter la manière dont vous vous comportez, manière peu
sérieuse et très peu édifiante pour la démocratie.
La démocratie postule que l'Opposition doit avoir ses droits, mais que
la majorité doit gouverner. Si on suivait jusqu'au bout la logique dans
laquelle vous vous êtes embarqués, où est-ce qu'elle nous
conduirait?
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
M. Ryan: Et, M. le Président...
M. Gendron: Un instant! Question de règlement.
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: Je ne veux pas être déplaisant
auprès du ministre de l'Education, mais j'aimerais que, comme
président, vous nous indiquiez en vertu de quoi le ministre de
l'Éducation parle actuellement. Je ne l'ai pas entendu prononcer une
question de règlement.
M. Ryan: C'est mon droit de parole.
M. Gendron: C'est votre droit de parole?
Le Président (M. Hamel): C'est son droit de parole en
vertu...
M. Gendron: C'est cela, c'est ce que je veux que le
président nous dise. Donc, M. le ministre est en train d'exercer son
droit de parole sur la motion principale du député de Viau.
Est-ce bien cela?
Le Président (M. Hamel): Absolument, exactement.
M. Gendron: Parfait!
Le Président (M. Hamel): Selon la règle de
l'alternance, c'est au tour du ministre de l'Éducation.
M. Gendron: Oui, il a le droit de parole.
M. Ryan: Evidentia patet. Une voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Hamel): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je pense que, lorsqu'on n'est
même pas prêt à aborder le premier article d'un projet de
loi, on montre qu'on n'est pas sérieux dans son opposition. Vous avez
mentionné d'autres exemples sur lesquels j'aurais quelques
précisions à apporter. On a parlé de la loi 40. Le projet
de loi 40 a donné lieu à des audiences publiques. C'était
un projet entièrement différent de celui dont nous discutons ici.
Ce projet visait à une réorganisation fondamentale des structures
scolaires au Québec. Nous avons tenu des audiences pendant 166 heures,
si mes souvenirs sont bons. À la fin, le gouvernement
précédent, représenté par votre parti, avait mis la
clôture d'une manière assez brutale, hélas!
Deuxièmement, les audiences avaient ensuite fait la preuve que le
projet de loi 40 était indéfendable. Le gouvernement a
été obligé de le récrire. Il a
présenté le projet de loi 3. Nous avons abordé le projet
de loi 3 en commission parlementaire. Savez-vous qu'après une douzaine
d'heures de travaux le gouvernement a mis le bâillon sur un projet qui
comportait 655 articles? Après une douzaine d'heures, il y a mis le
bâillon. Savez-vous à quel numéro l'Opposition était
rendue, malgré les mauvais comportements qu'on nous avait imputés
à ce moment-là?Nous étions rendus à
l'article 23 ou 24, et les premiers articles étaient des articles
fondamentaux. Nous avions quand même progressé. J'ajoute, pour
l'éclairage du député d'Abitibi-Ouest, que le soir
où il s'est produit la même chose que ce soir nous avons
siégé jusqu'à minuit et nous avons continué
à progresser. Dans les trois ou quatre heures qu'il restait, nous avions
progressé sur quelques articles additionnels. Nous étions bien
plus avancés que vous ne l'êtes après quatre jours et demi
de "niaisage".
Je vous invite, il reste encore deux heures et demie, si vous êtes
prêts à faire un bon "sprint", je pense qu'on pourrait passer
à travers ces articles - c'est environ dix articles que comporte le
projet de loi -rapidement. Si vous ne le voulez pas et si vous vous
entêtez dans vos tactiques d'obstruction, je pense que la volonté
de la majorité devra s'exprimer par les moyens que lui confère
notre règlement.
Par conséquent, je trouve la proposition du député
de Viau de bon sens élémentaire, de réalisme absolument
indéniable et je l'appuie avec toute la fermeté dont je suis
capable.
Le Président (M. Hamel): Avez-vous terminé, M. le
ministre? Merci, M. le ministre. Oui? Je reconnais maintenant le
député de Verchères.
M. Gendron: Un instant, M. le Président! J'aimerais qu'on
permette au député de Terrebonne de prendre ses dix minutes sur
l'amendement, bien sûr, si on a le consentement des membres
ministériels. Le député de Terrebonne n'a pas eu
l'occasion de s'exprimer sur la motion principale du député de
Viau qui est sur la table.
M. Ryan: Sur l'amendement, il n'en est pas question.
M. Gendron: Pas sur l'amendement, c'est fini, il a parlé.
Sur la motion principale du député de Viau.
Mme Bleau: Je m'excuse, M. Ryan...
M. Boulerice: Excusez-vous auprès de la présidence,
madame.
Le Président (M. Hamel): Une seconde, madame, s'il vous
plaît!
M. Blais Avec la permission de M. le ministre, M. le
Président, je demande mon droit de parole.
Mme Bleau: ...
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Groulx, s'il vous plaît, si vous voulez attendre une seconde, je
demandais de ce côté-ci s'il y avait consentement.
M. Cusan M. le Président.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Je crois qu'on a consenti en ce sens que le
député de Terrebonne remplace le député de
Joliette...
Une voix: Laviolette.
M. Cusano: Laviolette. On pourra vérifier, mais il me
semble que le député de Laviolette s'est déjà
exprimé sur la motion.
M. Gendron: C'est exact, M. le Président, c'est pourquoi
je demandais le consentement des ministériels parce que le
député de Terrebonne n'a pas parlé sur la motion
principale. J'ai demandé au président s'il voulait demander aux
ministériels le consentement unanime. Si nous l'avons... C'est votre
décision que j'attends. Si nous ne l'avons pas, je suis d'accord.
Le Président (M. Hamel): M. le député
d'Abitibi-Ouest...
M. Cusano: C'est clair, c'est non.
Le Président (M. Hamel): ... c'est clair, on n'a pas le
consentement de la partie ministérielle...
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Hamel): ... donc, je reconnaîtrais
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Blais M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Hamel): Un instant, s'il vous
plaît, une question de règlement. M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je remercie quand même les membres du
gouvernement. Ce sera un autre bâillon à votre crédit de ne
pas me donner mon droit de parole sur la motion principale.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Verchères, s'il vous plaît!
M. Ryan: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Hamel): Une question derèglement, M. le ministre.
M. Ryan: Le député n'avait pas le droit de parole.
Nous avons consenti de nombreuses exceptions au règlement depuis cinq
jours. Présentement, à deux heures de la fin, nous allons suivre
le règlement sans plus. Pour les résultats que cela a
donné, vous ne méritez pas autre chose.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Verchères, s'il vous plaît! M. le député de
Verchères, vous avez la parole.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, si je ne connaissais pas
le ministre de l'Éducation, son air m'impressionnerait beaucoup, mais
comme je le connais bien... Je sais qu'il a le don et cette capacité de
se choquer ou d'avoir un faciès très dramatique alors que, dans
le fond, il sait que tout est relatif dans le parlementarisme britannique et
qu'il faut prendre cela avec souvent un peu d'humour et de détente.
Mais néanmoins la proposition du député de Viau qui
est devant nous, c'est une proposition qui, pour nous, à ce moment-ci,
est inacceptable. Je crois que plusieurs de mes collègues ont eu
l'occasion de le dire et je l'ai dit à l'Assemblée nationale dans
mon intervention en deuxième lecture, je l'ai dit dans mes remarques
préliminaires, ce projet de loi n'est pas un projet de loi mineur. C'est
un projet de loi important. D'ailleurs, la façon même dont les
médias d'information ont traité ce projet de loi, témoigne
de l'importance qu'il a pour notre société.
À cet égard, il n'y a pas beaucoup de
précédents à l'Assemblée nationale où un
projet de loi de cette importance à l'égard des principes... M.
le Président, l'importance d'un projet de loi ne se mesure pas au nombre
d'articles. Tantôt, j'entendais le ministre de l'Éducation,
très sérieusement, nous rappeler un projet de loi qui avait
quelque 600 articles et c'était épouvantable, on était
rendu au 23°, mais l'Opposition du temps était une brillante
Opposition, l'Opposition libérale, parce qu'elle avait passé
beaucoup de temps sur des articles majeurs. Sur des articles majeurs, alors
qu'il y avait eu une consultation à ce moment et
alors qu'on avait pris le temps nécessaire pour entendre des
organismes et les individus. Si le ministre de l'Éducation veut nous
faire la leçon, je pourrais poursuivre dans ce que j'avais
commencé tantôt, lui rappeler que le 9 février 1984, alors
que la commission parlementaire faisait face à la même
décision gouvernementale qui nous attend actuellement,
c'est-à-dire un bâillon pour mettre fin à l'étude du
projet de loi et pour nous ramener à l'Assemblée nationale,
à ce moment, le député d'Argenteuil, ministre de
l'Éducation aujourd'hui, avait fait tout un plat alors qu'on avait
entendu des organismes. On en avait entendu une quantité incroyable,
d'autant plus incroyable si on la compare avec le nombre de personnes qu'on a
entendues ici, c'est-à-dire personne.
Présentement, ce qu'on a demandé, c'est d'entendre un
certain nombre d'organismes. Pour la compréhension des gens qui nous
écoutent, ceux qui sont ici dans la salle et ceux qui nous liront pour
la postérité par le Journal des débats, je vais vous
rappeler, M. le député de Viau, les organismes qu'on a
demandé à entendre. Aucun de ces organismes n'est un organisme
farfelu, aucun de ces organismes ne peut être considéré
comme un organisme qui n'est pas concerné par le projet de loi qui est
devant nous. La Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec, l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec, le Conseil scolaire du l'île de Montréal...
Une voix: M. le Président, question de
règlement.
M. Cusano: II me semble que j'ai entendu le même discours
par un autre député.
M. Charbonneau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez poursuivre, M.
le député.
M. Charbonneau: Si vous l'avez entendu, entendez-le encore une
fois parce vous n'avez pas l'air d'avoir compris. Les organismes comme la
Commission des écoles catholiques de Montréal qu'a
présidée pendant un certain temps le député de
Sauvé, qui nous a avoué qu'il y avait des "illégaux" dans
sa commission scolaire du temps qu'il était président et qui nous
a avoué candidement qu'il ne savait pas où étaient les
"illégaux". Il y en avait dans sa commission scolaire, mais il ne savait
pas où ils étaient. On aurait aimé entendre la Commission
des écoles catholiques de Montréal, la commission scolaire
Jérôme-Le Royer et les autres commissions scolaires de l'île
de Montréal. M. le Président, je pourrais faire la liste,
j'évite cela au député de Viau qui les connaît aussi
bien que moi. On aurait aimé entendre les commissions scolaires hors de
Montréal qui sont concernées; dans l'Outaouais il y a un certain
nombre de commissions scolaires qui sont concernées par le
problème des "illégaux". Pourquoi ne pas accepter de les entendre
nous expliquer les problèmes qu'elles vivent et peut-être aussi
les solutions qu'elles trouvent, la façon dont on se prend pour
contourner la loi depuis un certain nombre d'années et peut-être
expliquer, comment dans une société où les valeurs de
démocratie et de respect de la loi sont mises sur un piédestal
chaque fois qu'on a la chance de le faire, comment on a toléré et
encouragé du côté du Parti libéral
l'illégalité pendant des années? Cela serait
intéressant d'entendre des gens nous expliquer comment ils ont
contourné la loi et comment, finalement, ils ont été
encouragés par des discours libéraux et des attitudes du Parti
libéral qui leur donnaient bonne conscience et, entre autres, qui leur
disaient: Attendez qu'on reprenne le pouvoir et on va régler votre
problème.
La Fédération des cégeps, le collège Dawson
que la députée de Chicoutimi voulait entendre, elle qui a
été pendant un certain temps, plusieurs années,
présidente du Conseil des collèges du Québec et qui nous a
expliqué comment, contrairement aux prétentions du gouvernement,
on pouvait aller à l'école, au collège, même si on
n'a pas de diplôme d'études secondaires et qu'on est un
"illégal", alors que le gouvernement prétend qu'il a un drame
actuellement, qu'il y a une urgence à adopter ce projet de loi. Pourquoi
y aurait-il une urgence? Imaginez-vous, c'est parce que ces pauvres enfants
n'ont pas de diplôme d'études secondaires et ne sont pas capables
de poursuivre leurs études! Ce qui est complètement faux. C'est
cela, la réalité.
On voulait entendre des collèges et on nous dit non. On nous dit
que ce n'est pas pertinent, on nous dit qu'on est trop pressé, alors que
des commentateurs sérieux du côté francophone comme du
côté anglophone ont fait la démonstration qu'il n'y a pas
de caractère d'urgence, qu'il y a juste une dette électorale que
le Parti libéral doit rembourser. Une dette qui, d'ailleurs, a permis
à ce parti d'encourager l'illégalité pendant plusieurs
années. On voulait entendre François Aquin, on voulait entendre
Jean-Claude Rondeau. Est-ce que c'est épouvantable de vouloir entendre
Jean-Claude Rondeau? C'est le fonctionnaire que le ministre a engagé
à son cabinet politique pour faire le rapport sur lequel le ministre de
l'Éducation nous dit qu'il s'est appuyé totalement. Le ministre
de l'Éducation nous a même dit qu'il avait une opinion avant ce
rapport et que, voyant le rapport qui lui a été
présenté par M. Rondeau qui est ici en
arrière, il avait changé d'opinion.
J'aurais aimé entendre M. Rondeau donner aux membres de la
commission toutes les explications en long et en large qu'il a données
au ministre de l'Éducation. On n'a pas eu la chance de faire cela ici,
à cette commission. On voulait entendre M. Castonguay, un des
démographes les plus réputés, mathématicien, qui
nous a expliqué, il y a è peine une semaine, que, contrairement
à ce que les gens pensent au Québec, la loi 101 n'a pas eu
l'effet qu'on avait voulu en ce qui concerne l'attraction des nouveaux
arrivants et que la langue anglaise au Québec continue d'avoir trois
fois plus de force d'attraction que le français auprès des
immigrants et des nouveaux arrivants. On a devant nous un projet de loi qui,
justement, s'adresse aux nouveaux arrivants, s'adresse à leurs enfants,
à des nouveaux immigrants qui ont choisi, après quelques
années au Québec, l'illégalité encouragée
par le Parti libéral qui forme le gouvernement aujoud'hui. On ne veut
pas entendre des gens comme M. Rondeau qui a fait un rapport sur la situation,
non plus qu'on ne veut entendre François Aquin qui, avant M. Rondeau,
lui aussi a mis de nombreuses heures à étudier le problème
et à faire des recommandations. De nombreuses heures. Je pense que ces
gens, dans un cas comme dans l'autre, ont fait un travail sérieux. On
n'est pas obligé de partager d'un côté comme de l'autre
leurs conclusions mais ce qui était clair et ce qui est clair c'est que
ce sont des gens qui sont au coeur des solutions et du débat actuel. Un
débat important, un débat fondamental parce qu'on s'adresse
à des principes et on voudrait nous faire la morale et nous dire
qu'à cause de l'Opposition cela fait trois jours qu'on perd notre temps
ici? Cela fait trois jours qu'on vous dit de faire venir du monde qui est au
coeur du débat. Du monde qui est concerné. C'est important de le
faire. On ne comprend pas que le gouvernement ne comprenne pas. On va venir se
faire faire la leçon ici ce soir lorsque de l'autre côté il
y a une motion pour clôturer nos travaux, pour nous empêcher de
continuer? M. le Président, cela n'a pas de bon sens. Je ne comprends
pas l'attitude du gouvernement, du Parti libéral. Je ne comprends pas
non plus l'entêtement du député de Viau à
présenter sa motion puisque, lorsqu'il était principal
d'école, lui-même nous a raconté qu'il y avait des
"illégaux" dans les classes de son école.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, M.
le député.
M. Charbonneau: M. le Président, nous n'acceptons pas de
ce côté la proposition du député de Viau. On pense
qu'il aurait été important d'entendre un certain nombre d'autres
personnes. D'ailleurs, on ne comprend pas comment cela se fait que la vice
première-ministre responsable de l'application de la loi 101, n'ait pas
daigné se présenter une seule fois devant la commission. C'est la
raison pour laquelle je vais faire une proposition d'amendement à la
proposition du député de Viau.
Motion proposant que la
vice-première ministre participe
aux travaux de la commission
M. le Président, je fais motion pour que la motion du
député de Viau soit modifiée en ajoutant à la fin
les termes: "et que la députée de Chornedey, vice
première-ministre et ministre responsable des organismes relevant de la
Charte de la langue française, participe à nos travaux et
qu'à cette fin un droit de parole lui soit accordé sans droit de
vote", puisqu'elle n'est pas membre permanente de la commission
parlementaire.
Voilà, M. le Président, la motion d'amendement.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous pourriez me
transmettre le tout par écrit?
M. Charbonneau: Cela me fera plaisir de vous le transmettre, M.
le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Motion écrite. Je vais
suspendre cette séance pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 50)
(Reprise à 21 h 58)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Tous les membres de la commission, messieurs, mesdames... Je m'excuse,
Mme la députée de Chicoutimi.
Une voix: Le député de Terrebonne nous
dérange.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre vos
places, s'il vous plaît!
Alors, sur la motion d'amendement, en conformité de l'article
197, je déclare recevable cet amendement et je cède la parole au
député de Verchères. Je tiens à lui souligner qu'il
a 30 minutes pour intervenir sur cette motion.
M. Boulerice: II va nous gronder encore.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau M. Charbonneau: Merci, M. le
Prési-
dent. Cela va, madame?
M. le Président, étant donné que la
députée de Jacques-Cartier vient de me donner le feu vert
après vous, je ne veux pas hésiter, je vais y aller.
M. le Président, j'ai fait motion pour que la
vice-première ministre et ministre responsable de l'application de la
Charte de la langue française soit devant nous. J'ai dit, juste avant de
présenter cette motion, que nous trouvions assez curieux, ou pour le
moins déplacé, que la vice-première ministre n'ait pas
daigné nous honorer de sa présence à une seule occasion
depuis les travaux de cette commission.
M. le Président, nous avons devant nous un projet de loi qui
affecte au coeur même de son identité la Charte de la langue
française. Ce projet de loi touche la langue d'enseignement. Or, c'est
exactement cela, M. le député, vous l'avez dit, c'est le vif du
sujet. La Charte de la langue française a été faite, entre
autres, pour faire en sorte que dorénavant, au Québec, nous
parlions français et que les nouveaux arrivants s'intégrent
à la communauté francophone.
M. le Président, dans la mesure où le projet de loi qui
est devant nous va, d'une certaine façon, confirmer qu'on a eu raison de
prendre à la légère ce message de la population du
Québec, je crois que le minimum qu'on puisse faire à cette
commission est de demander à la vice-première ministre et
à la ministre responsable de la politique linguistique de ce
gouvernement de venir devant nous s'expliquer et nous indiquer un peu, M. le
Président, quelle est la politique du gouvernement dans le domaine
linguistique. Peut-être serions-nous un peu plus enclins à croire
certains membres du gouvernement, le ministre de l'Éducation en
tête, quand ils nous disent que ce projet de loi, somme toute, est
mineur, pour régler le cas d'un certain nombre d'élèves et
que cela ne remet pas en cause la francisation du Québec et la
volonté des Québécois de faire du Québec une terre
francophone.
Mais le problème, M. le Président, c'est qu'on a un un
projet de loi qui nous est présenté, comme je l'ai dit à
quelques reprises, par un gouvernement qui, depuis qu'il est en fonction, pose
des gestes qui sont, chacun d'entre eux, des messages aux communautés
ethniques du Québec, dans le sens que le gouvernement n'a pas de
politique linguistique et qu'il n'est pas attaché à la
francisation du Québec. Pour lui, ce n'est pas un sujet majeur. Ce n'est
pas une préoccupation fondamentale. Ce n'est pas une question
d'intérêt national primordial. C'est un sujet d'importance
mineure. Même est-ce un sujet d'importance tout court pour le
gouvernement? On voudrait que, de ce côté-ci de l'Assemblée
nationale, de ce côté-ci de la Chambre, on laisse passer ce projet
de loi sans faire d'obstruction, sans faire une bataille rangée et sans
qu'on demande des explications au gouvernement.
Le parti qui forme aujourd'hui le gouvernement a encouragé,
pendant qu'il était dans l'Opposition, l'illégalité. Ce
parti, depuis qu'il est au pouvoir, è l'égard de la question
linguistique, continue d'encourager l'illégalité. Il continue
d'encourager l'illégalité à l'égard de la langue
d'enseignement, parce qu'à ce qu'on sache la langue d'enseignement,
celle de la Charte de la langue française, n'a pas été
modifiée. Le projet de loi qui est devant nous ne l'a pas
modifiée. Ce gouvernement a encouragé et continue à
encourager l'illégalité à l'égard de la langue
d'affichage, également. Son attitude est autant de messages à un
certain nombre de personnes au Québec, de commerçants, entre
autres, de la région de Montréal, de l'île de
Montréal et de la région de l'Outaouais, dans le sens suivant:
Vous savez. Allez-y! Le gouvernement n'a pas l'intention de sévir. Vous
pouvez contrevenir aux dispositions de l'affichage, vous pouvez afficher en
anglais uniquement si vous le voulez; le gouvernement, dans le fond, ne vous
poursuivra pas. Le gouvernement va vous amnistier en temps et lieu. Le
gouvernement ne tient pas à la francisation du Québec. Le
gouvernement considère que ce Québec devrait être comme
l'Ontario, une province bilingue. C'est cela, dans le for intérieur de
beaucoup de députés libéraux, la position qui devrait
être la politique du gouvernement du Québec et de l'État
québécois.
Ils n'ont pas le courage de le dire. La députée de
Jacques-Cartier, dans son for intérieur, ce qu'elle souhaite et ce
qu'elle désire, ce qu'elle réclame, c'est un Québec
bilingue, officiellement bilingue, tout ce qui est de plus bilingue dans toutes
ses manifestations extérieures. C'est ça que l'on réclame,
et l'on ne voudrait pas qu'on remette en question la politique linguistique au
moment où on fait un débat sur la langue. On voudrait nous faire
croire que ce projet de loi est un petit projet de loi mineur, qui ne
mérite pas l'intérêt et l'attention de la
vice-première ministre responsable de la langue française, de la
Charte de la langue française. On voudrait nous faire croire que ce
petit projet ne mérite pas l'intérêt et l'attention du
premier ministre, également, qui, pourtant, à une émission
de radio, s'est mis les deux pieds dans le plat quand il a livré le fond
de sa pensée alors que les micros étaient encore ouverts et que
l'enregistreuse continuait de fonctionner. Il a dit à son bon ami Pierre
Bourgault: Bien, écoute, Pierre, c'est un sacré casse-tête,
la langue. Je suis "poigné" avec cela. Sans doute, un peu plus tard,
quand ils étaient dans l'ascenceur et que son bon ami le
reconduisait à la porte, il a dû ajouter: Je suis "poigné"
avec des gens dans mon caucus qui veulent un Québec bilingue, qui ont
beaucoup d'influence dans mon caucus, à qui je dois probablement une
bonne partie de ma majorité ministérielle et qui ont
été pendant dix ans dans l'Opposition parce qu'eux ont des
comtés sûrs et qui étaient fortement
représentés dans la quarantaine de députés de
l'équipe libérale de l'Opposition. Je ne peux pas faire autrement
que de tenir compte de leur opinion, de leur volonté et des espoirs
qu'ils entretiennent depuis tant d'années.
À cet égard, M. le Président, ce qu'on pense, c'est
que le premier ministre et la vice-première ministre, doivent venir
à cette commission, au minimum la vice-première ministre parce
que c'est elle qui est responsable de l'application de la Charte de la langue
française, nous dire quelle est maintenant la politique linguistique
officielle du gouvernement libéral du Québec, Bourrassa II, du
gouvernement Bourrassa version II, M. le Président. Quelle est la
politique de ce gouvernement en matière linguistique? Pourquoi
l'Opposition officielle, l'Opposition du Parti québécois
accepterait-elle de bonne grâce le projet de loi qui nous est
présenté par le ministre de l'Éducation? Pourquoi?
Pourquoi l'accepterait-on alors qu'on n'a même pas de balises claires
à l'égard des intentions du gouvernement en matière
linguistique? On ne sait pas où le gouvernement veut aller. On s'en
doute et on craint...
Une voix: Nous autres, on le sait.
M. Charbonneau: Vous n'avez pas l'air de le savoir, M. le
Président, et, si vous le savez et si c'est dans le sens qu'on
appréhende, vous allez nous donner encore plus d'énergie pour
faire la bataille rangée qu'on vous livre depuis quelques jours. M. le
Président, cette bataille rangée est au coeur de nos engagements
politiques. Il n'y a probablement aucun d'entre nous de ce côté-ci
de la table qui serait en politique avec autant de passion et
d'intérêt si cette question n'était pas au coeur de nos
engagements comme parti politique et comme Québécois.
M. le Président, on voudrait que l'on fasse au ministre de
l'Éducation un tapis rouge de facilité pour adopter ce projet de
loi, qu'on ne fasse aucune obstruction, qu'on ne lui demande d'entendre
personne, qu'on bâcle l'adoption de ce projet de loi en deux temps, trois
mouvements, qu'on se contente de prendre la parole du ministre sans entendre
les conseillers qui lui ont fait un rapport détaillé, sans
entendre les commissions scolaires qui sont partie prenante depuis des
années à ce système d'illégalité et de
désobéissance civile, sans entendre les gens qui ont fait des
études sur la situation linguistique du Québec.
M. le Président, trouvez-vous cela normal? Est-ce normal? M. le
Président, si j'étais le moindrement vicieux, le moindrement
vicieux, je vous rappellerais certains de vos propres discours - il n'y a pas
si longtemps, vous n'êtes pas tellement vieux -je vous rappellerais vos
propres discours, M. le Président, qui vous feraient rougir -maintenant
une couleur qui vous va mieux qu'à une certaine époque - et je
suis convaincu, M. le Président, que, cette rougeur, vous ne l'aimeriez
pas tellement. Des discours qui ressemblaient étrangement à ceux
que je tiens ce soir, qui étaient des discours de conviction autour de
la Charte de la langue française, de l'importance de cette charte, de
l'importance aussi de donner des messages clairs à l'ensemble de la
population du Québec et en particulier de donner des messages clairs aux
nouveaux Québécois, aux nouveaux concitoyens et concitoyennes qui
arrivent ici et qui choisissent de faire leur vie ici. Nous voulons que ces
gens comprennent que c'est en français que cela se passe. C'était
le message de la loi 101. Le problème, M. le Président, c'est que
le projet de loi qui est devant nous affaiblit ce message, tout comme les
comportements que j'ai dénoncés et que je vais continuer de
dénoncer parce qu'ils sont tellement aberrants, comportements qui, M. le
Président, sont également autant de messages d'une absence de
volonté du gouvernement libéral de faire du Québec une
terre française, de protéger aussi le sol québécois
et la patrie québécoise et de lui conserver ce caractère
français. On est 5 % en Amérique du Nord. Est-ce trop demander
que, quelles que soient les formations politiques au Québec, au moins,
on s'entende sur le problème que nous aurons toujours et que nous avons
toujours eu de la situation délicate de notre langue et de notre
identité culturelle et nationale parce que c'est cela, une nation? C'est
un groupe humain qui a une culture, une langue propre, des valeurs, des
traditions, des moeurs. C'est cela, M. le Président, un peuple et c'est
ce que nous sommes au Québec, très majoritairement. Le seul
endroit au monde où on est majoritaire, c'est au Québec. Non
seulement c'est le seul endroit au monde où on est majoritaire, mais
nous sommes, M. le Président, et nous existons dans un territoire
continental où on est en minorité et très fortement en
minorité.
On ne voudrait pas, M. le Président, que l'on fasse la bataille
que l'on fait. On ne voudrait pas aujourd'hui entendre la vice-première
ministre, elle qui est, avec le premier ministre du Québec,
l'autorité suprême, majeure du gouvernement à
l'égard de la politique linguistique.
Je remercie le député, M. le Président, de
m'entretenir, de m'aider finalement à développer mon
argumentation, mais je peux le rassurer. La passion qui m'anime à
l'égard de la question linguistique et de la question nationale - je
pourrais me passer de ses soufflements - je peux lui garantir que je l'aurais
des semaines durant avec autant de conviction que j'en mets pour essayer de
convaincre, si c'est possible de le faire, les députés
libéraux de l'importance et de la valeur de la motion d'amendement que
je présente.
M. le Président, cette motion que je présente, c'est la
dernière chance que le gouvernement a de donner des explications plus
complètes que celles que le ministre de l'Éducation nous a
données. C'est d'autant plus la dernière chance qu'on vient de
nous informer que nous avons au-dessus de notre tête une
épée de Damoclès qui va tomber demain et qui va nous
empêcher de poursuivre l'étude complète et
détaillée du projet de loi 58. On voudrait, avant l'adoption de
ce projet de loi, nous empêcher d'entendre le gouvernement sur l'ensemble
de ses orientations à l'égard de la question linguistique. Cela
n'a aucun bon sens. Cela n'a strictement aucun bon sens. On pourrait penser
que, finalement, toute la parlotte que l'on fait, tous les propos que l'on
tient ici ne sont simplement que des propos qui sont tenus dans le cadre d'une
tactique parlementaire. M. le Président, on ne se cache pas
qu'actuellement, on mène une bataille rangée contre le
gouvernement et on utilise tous les moyens qui sont à notre disposition
pour empêcher le projet de loi d'être adopté et pour amener
le gouvernement à la raison. Néanmoins, dans les arguments qu'on
utilise, dans les motions qu'on a présentées et qu'on
présente actuellement, aucune de ces motions n'est une motion sans
valeur avec le projet de loi qui est devant nous. Aucune de ces motions ne peut
être qualifiée de motion mineure, sans signification, sans valeur,
sans rapport avec le projet de loi.
Au contraire, nous avons pris la précaution et nous nous sommes
faits un point d'honneur, M. le Président, de présenter des
motions d'amendement, des motions principales, des motions de sous-amendements
qui toutes, les unes comme les autres, étaient non seulement
pertinentes, mais fondées à l'égard de la stricte morale
politique. (22 h 15)
Je sais que le ministre de l'Éducation affectionne ce genre de
discours, ce genre de propos, lui qui a une haute moralité et pour qui
la chose politique est sérieuse, importante et fondamentale. Comment
penser que le ministre de l'Éducation accepte de bâillonner
l'Opposition sur un projet de loi aussi fondamental sans qu'on ait eu
l'occasion d'entendre un seul organisme concerné, sans qu'on ait eu
l'occasion d'entendre même les conseillers qui lui ont fait le rapport
qu'il nous a présenté, qu'on a maintenant avec nous, sans qu'on
ait eu la possibilité de faire ce que lui a fait, c'est-à-dire
aller plus loin dans la discussion avec l'auteur ou les auteurs du rapport?
Je ne peux comprendre que le ministre de l'Éducation va voter, va
parler demain, de l'autre côté, en nous empêchant d'entendre
la vice-première ministre et en nous empêchant de savoir du
gouvernement quelle est sa politique linguistique. A quoi doit-on s'attendre
après avoir adopté le projet de loi 58 en matière
linguistique? Qu'est-ce qui va nous arriver, de ce gouvernement? Quel autre
projet de loi va nous arriver à l'égard de la Charte de la langue
française? Mme la députée de Groulx vient de me dire:
Rien. Si c'était vrai, si on avait la certitude que c'est vrai... Ce
qu'on pense, c'est qu'à l'automne on va nous arriver avec un autre
projet de loi, celui-là, pour modifier la Charte de la langue
française à l'égard de l'affichage.
Bientôt, on nous introduira d'autres modifications pour introduire
la clause Canada, pour modifier encore une fois la Charte de la langue
française à l'égard de la politique sur la langue
d'enseignement et la députée de Groulx, naîve sans doute,
parce que nouvelle même à l'intérieur du Parti
libéral...
Mme Bleau: Cela fait vingt ans que je fais de la politique!
M. Charbonneau: Naïve... Malheureusement, je ne peux pas
voir comment on peut qualifier autrement la députée de Groulx qui
vient de nous dire qu'après ce projet de loi il n'y aura rien d'autre.
Voyons donc! On n'a qu'à relire les déclarations de ses
collègues députés et de ses collègues ministres
pour savoir qu'il y a au moins deux autres projets de loi qui nous pendent au
bout du nez et qui vont tomber, à un moment donné, de cette
chaire gouvernementale qu'est le Parti libéral au pouvoir, version II,
du gouvernement Bourassa. Et on va nous arriver avec d'autres projets de loi en
matière linguistique.
Ce qu'on veut, c'est une idée claire de la politique linguistique
globale. Quelle est l'orientation du Parti libéral? Qu'est-ce qui nous
attend au cours des prochaines années comme Québécois et
Québécoises en matière linguistique? On ne veut pas une
politique linguistique livrée au compte-gouttes, selon les sondages et
en laissant les Québécois croire qu'il n'y a pas de
problème à l'égard de la francisation. Je ne suis pas
surpris que les gens nous disent dans les sondages qu'ils seraient prêts
maintenant à revenir à des situations qui existaient avant la loi
101. Les gens, au Québec, ont l'impression qu'il n'y a
plus de problème et que la sécurité de la langue
française est assurée. C'est la raison pour laquelle on voulait
entendre des spécialistes, pour savoir si c'est si vrai que cela et pour
savoir si cette situation de dangerosité è l'égard de
notre langue...
Une voix: Ce n'est pas français, dangerosité.
M. Charbonneau: Oui, c'est français.
Une voix: Non, cherche dans le dictionnaire.
M. Charbonneau: ... pour savoir si cette situation de
dangerosité qui affecte, selon notre prétention, notre langue au
Québec, la langue principale, la langue officielle, si cette situation
justifie que le gouvernement nous présente le projet de loi qu'il nous
présente et si cette situation justifie le gouvernement de nous arriver,
dans quelques mois, avec d'autres projets de loi en matière
linguistique.
Je pense que la motion que je vous ai présentée et qui a
été acceptée, non seulement doit être Teçue
pour discussion, mais elle doit être reçue par le gouvernement
avec ouverture d'esprit, avec compréhension, avec la conviction du
côté ministériel qu'il est normal que l'on donne des
explications à l'ensemble des Québécois en le faisant
publiquement, è l'occasion d'une commission parlementaire où le
gouvernement, la vice-première ministre pourra nous donner plus
d'éléments d'information sur les intentions du gouvernement.
M. le Président, je pense que cette demande, je le rappelle... Je
voudrais demander à la députée de Groulx de ne pas trop me
perturber. Quand il est 22 h 20 et que l'on fait la bataille que l'on fait, qui
est difficile, il faut avoir un minimum de concentration. Une bonne tactique,
qu'elle a rapidement comprise, la députée de Groulx, c'est
d'essayer de déconcentrer ses vis-à-vis mais mes dix
années d'expérience vont jouer en ma faveur et ne permettront pas
à la députée de Groulx d'arriver à me
déconcentrer suffisamment pour ne pas lui dire qu'elle est maintenant,
elle qui se vantait d'être dans le Parti libéral et de faire de la
politique depuis 20 ans, qu'elle est dans un parti qui a encouragé
l'illégalité et qui continue de l'encourager à
l'égard de la langue d'affichage.
Je voudrais que le ministre de l'Éducation soit assis à
son siège pour que je lui rappelle que les interventions de la
députée de Jacques-Cartier dans son comté, dans les
comtés du West Island de Montréal ont eu comme résultat
clair et net de donner des messages pendant des années et des
années aux gens qui étaient tentés d'emprunter
l'illégalité. Écoutez il n'y a pas de problème,
allez-y! Contournez la loi. Quand on sera au pouvoir on va vous amnistier.
M. Ryan: Question de règlement.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Verchères, question de règlement.
M. Ryan: Je ne pense pas qu'il soit dans les moeurs de cette
Assemblée de laisser se propager des actes de dénigrement
collectif. Je suis sûr que le député de Verchères
sera de mon avis qu'il attaque toute une collectivité, le West Island.
J'ai des nouvelles pour lui. Les "illégaux", c'est beaucoup plus dans le
Nord-Est de Montréal que dans le West Island. D'accord?
Le Président (M. Thérien): M. le
député, je voudrais...
M. Charbonneau: M. le Président, c'est la raison pour
laquelle... Et le ministre...
M. Ryan: Vous autres, vous ne savez pas où ils sont, vous
avez été neuf ans et vous n'avez jamais été
capables de les trouver.
M. Charbonneau: J'ai déjà été dans le
West Island et je passe régulièrement par le West Island pour
aller même plus loin vers l'Outaouais où réside ma
belle-famille.
M. le Président, le ministre, par sa brève intervention,
vient de nous confirmer que nous avions raison de demander aux commissions
scolaires du West Island de venir devant nous, peut-être pour nous
expliquer que le problème était moins grave dans leur commission
scolaire. Oui. Mais encore aurait-il fallu que nous les entendions, ces
commissions scolaires et ces représentants du West Island.
M. Ryan: On peut tout vous dire ça.
M. Charbonneau: Oui, mais je préfère que les
principaux intéressés viennent nous le dire eux-mêmes. Le
député d'Argenteuil, alors que j'étais un peu plus jeune,
que j'avais moins d'expérience, alors qu'il avait devant lui un jeune
homme encore relativement vert sur bien des sujets, lui a appris à se
méfier. C'est le député d'Argenteuil qui m'a appris
à me méfier, lui qui a corrigé de nombreux de mes textes,
avec lequel j'ai dû négocier, parfois à la virgule
près, pour que mes articles puissent être publiés le plus
intégralement possible dans le Devoir. Il me faisait souvent le
reproche: Sur tel élément vous n'avez pas assez
vérifié. Vous auriez dû aller aux sources plus que
ça. Je reprenais mon papier, je retournais faire mes devoirs de jeune
journaliste.
Aujourd'hui ce qu'on dit au ministre,
c'est qu'il se comporte comme le député de
Verchères lorsqu'il était jeune journaliste, c'est-à-dire
pas toujours en allant faire toutes les vérifications qui s'imposent.
C'est pour ça qu'on voulait, au cours des derniers jours, lui offrir
l'occasion d'entendre toutes les questions de la bouche des principaux
intéressés.
Je voudrais faire un dernier appel au ministre de l'Éducation. Il
a le pouvoir politique actuellement de faire en sorte que nous puissions
entendre la vice-première ministre et responsable de la Charte de la
langue française. J'ai de la suite dans les idées, vous voyez, je
ne perds pas mon fil. Ah! je ne l'avais pas oublié. Je ne l'avais
d'autant moins oublié, M. le Président, que je sais l'influence
qu'a le député d'Argenteuil dans le gouvernement. Peut-être
pas autant qu'il aurait voulu en avoir mais il lui en reste encore
suffisamment...
Une voix: N'en mets pas plus que le client en demandel
M. Charbonneau: ...pour convaincre la vice-première
ministre de se joindre à nous. Si elle acceptait, peut-être
serions-nous tentés de lui donner le droit de vote que la motion ne lui
donne pas. Peut-être qu'un de mes collègues serait prêt
à faire un amendement à ma proposition pour lui donner le droit
de vote, M. le Président. Mais ce que nous voulons surtout lui donner,
c'est le droit de parole autour de cette table. Nous voulons lui donner
l'occasion, et je le redis très sérieusement au ministre de
l'Éducation, elle qui parle au nom du premier ministre, elle qui est
responsable de la Charte de la langue française, de nous dire où
s'en va le gouvernement en matière linguistique. Nous voulons lui donner
l'occasion de nous situer dans son contexte d'intentions politiques le projet
de loi 58. Nous voulons lui donner l'occasion de nous donner des assurances ou
encore de confirmer nos doutes, nos craintes. Je ne crois pas que cette demande
soit exagérée. Je le crois d'autant moins que le ministre de
l'Éducation a usé de son influence pour que ses collègues
refusent toutes les demandes que nous avons présentées
jusqu'à maintenant. Si le ministre avait été le
moindrement sérieux, s'il avait relu les discours qu'il nous tenait
lorsqu'il était dans l'Opposition... Je me rappelle le faciès que
le député d'Argenteuil avait lorsqu'il nous faisait la morale,
lorsqu'il était de ce côté-ci. Il avait à peu
près le même faciès que tout à l'heure lorsqu'il
s'est laissé aller à l'un de ses penchants naturels qui est
d'embarquer avec passion dans la discussion. Je me rappelle de ce faciès
moralisateur qui...
Une voix: Purpurin!
M. Charbonneau: ...faisait la leçon au gouvernement et qui
disait: Écoutez, c'est complètement inacceptable. Inacceptable!
Et le député, avec la mimique qu'on lui connaît bien,
disait: C'est complètement inacceptable et je vais défendre cela
avec toute la vigueur que je puis avoir, toute la vigueur et c'est
même-Des voix: Bravo! Bravo!
M. Charbonneau: M. le Président, je vais vous lire la
phrase que le député d'Argenteuil nous livrait...
Une voix: ...
M. Charbonneau: Je n'en demandais pas tant du côté
ministériel.
M. Ryan: Non, mais...
M. Charbonneau: Je demande au ministre de m'écouter, parce
que je vais le citer au texte: Nous allons contester cette motion
vigoureusement, même genre de motion que nous avons de l'autre
côté, au salon bleu, qui nous attend demain, M. le
Président.
M. le Président, vous me faites signe qu'il me reste uniquement
deux minutes. C'est dommage. Je crois que j'aurais encore besoin d'au moins une
autre demi-heure.
Une voix: Ah non!
M. Charbonneau: Une autre demi-heure...
Des voix: Hal Ha!
M. Charbonneau: ...pour rappeler au député
d'Argenteuil, moralisateur s'il en est un... Je n'ai rien contre la morale ni
contre ceux qui la font ou qui l'invoquent. Mais, en politique, non seulement
faut-il être moralisateur, mais il faut être moral lorsqu'on se
trouve en position d'agir avec le pouvoir. Je demande simplement au ministre de
l'Éducation de relire sa prose, de relire ses interventions, de se
rappeler le contexte dans lequel il les faisait, la passion qu'il mettait pour
les présenter et les défendre, les arguments qu'il invoquait. Je
suis convaincu que, dans son for intérieur, de deux choses l'une, ou le
député d'Argenteuil jouait habilement la comédie - ce qui
m'étonnerait fort - ou bien...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je vais conclure, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): J'ai
mentionné deux minutes et non cinq.
M. Charbonneau: II ne m'en reste presque plus, si je comprends
bien.
Le Président (M. Thérien): C'est cela. (22 h
30)
M. Charbonneau: Donc, je conclus en disant: Le
député d'Argenteuil, ministre de l'Éducation, en faisant
cet exercice, j'en suis convaincu, aura mal à sa conscience et,
peut-être saura-t-il trouver dans cette conscience suffisamment
d'énergie pour se motiver lui-même d'abord, puis motiver ses
collègues d'accepter la motion tout plein de bon sens que je lui
présente, pour laquelle je plaide depuis maintenant 30 minutes et pour
laquelle je pourrais plaider encore très longtemps si le
règlement me le permettait. M. le Président, merci.
Le Président (M. Thérien): Je céderai
maintenant la parole au député de Sauvé.
M. Parent (Sauvé): Une question de directive, M. le
Président. Étant donné l'envolée grandiloquente du
député de Verchères, je serais prêt à lui
céder mon dix minutes s'il veut continuer. Si c'est permis, M. le
Président, généreusement je vais offrir au
député de Verchères qu'il utilise mon temps de dix minutes
et je m'abstiendrai d'intervenir.
M. Charbonneau: Est-ce une offre que je ne peux pas refuser?
M. Parent (Sauvé): On n'est pas dans la pègre, nous
autres.
Le Président (M. Thérien): Je reconnais maintenant
le député de Terrebonne.
Une voix: Ah! mon Dieu. M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Appelez-moi
député de Terrebonne et non "mon Dieu". Comme tout le monde.
M. le Président, cette motion devant nous... Mais avant, j'aurais
tout simplement une petite remarque à faire sur certaines remarques du
ministre de l'Éducation qui nous accuse d'être peu sérieux,
en invoquant que nous voulons recevoir des gens ici, que nous voulons faire
éclairer la commission tout entière par des spécialistes,
et qui dit être immédiatement prêt à passer à
l'article 1.
Nous ne sommes pas, nous, en fait, pour ce projet de loi. C'est pour
cela que si vous nous demandez de faire complètement volte-face,
laissez-nous au moins inviter des gens qui pourraient plaider en faveur de cet
article 1 que vous voulez tellement étudier. Peut-être des
spécialistes venant, accepterions-nous de passer à l'article 1.
C'est parce que nous sommes sérieux, justement, que nous demandons que
des gens viennent ici, des spécialistes, soit de la commission scolaire
soit d'ailleurs.
Nous réclamons Mme la vice-première ministre qui, dans les
circonstances, pourrait être un atout formidable pour nous
éclairer. Autant j'ai confiance à la qualité
intellectuelle du ministre de l'Éducation, jusqu'à preuve du
contraire, j'ai une grande confiance envers la vice-première ministre.
Comme cette confiance existe, j'aimerais bien qu'elle vienne à cette
commission nous éclairer, parce qu'on a beaucoup de questions à
lui poser. C'est une personne pour laquelle vous ne me direz pas qu'elle ne
prend pas ses responsabilités. Je reconnais cette dame comme une femme
très intelligente; on m'accuse souvent, à l'Opposition, de parler
des grandes qualités des gens au pouvoir ou du temps où ils
étaient dans l'Opposition. Je le fais comme cela parce que j'y crois.
Cette dame, la vice-première ministre, que je respecte
intellectuellement et qui prend ses responsabilités, à cause de
ces deux choses, j'aimerais qu'elle vienne ici pour nous dire - avec ces deux
grandes qualités que nous lui reconnaissons - si, vis-à-vis le
Conseil de la langue française qui est sous sa juridiction, qui
dépend de son autorité, elle approuve ou désapprouve les
positions que le Conseil de la langue française prend devant l'amnistie
des "illégaux", amnistie que nous nous apprêterions à faire
si nous tombions immédiatement à l'article 1. Comme c'est elle,
Mme la vice-première ministre qui est responsable du Conseil de la
langue française, on sait que le président du Conseil de la
langue française, M. Jean Martucci considère mauvaise
l'idée proposée par le comité Rondeau et endossée
par le ministre de l'Éducation voulant que l'on accorde l'amnistie aux
élèves illégaux et clandestins. Comme Mme la
députée de Chomedey est la supérieure de ce M. Jean
Martucci, président du Conseil de la langue française, j'aimerais
bien voir si elle approuve ce que cet homme dit ou si elle le
désapprouve. Quand un Parlement ou un gouvernement nomme des gens pour
conseiller le gouvernement sur la langue française, c'est que,
normalement, on croit à l'honnêteté intellectuelle de ces
gens que l'on nomme comme conseillers.
Le Conseil de la langue française est certainement un conseil qui
a sa place au Québec et les avis que le Conseil de la langue
française donne autant au gouvernement et à l'Opposition
qu'à l'ensemble de la population, ce sont des conseils qui doivent
être écoutés et pris au sérieux.
Comme la vice-première ministre est la supérieure
immédiate des gens du Conseil de la langue française, j'aimerais
qu'elle vienne
nous dire si elle partage ce que le Conseil de la langue
française nous dit au sujet du projet de loi qu'on est sur le point
d'étudier. Cela prend là toute l'importance. Voyez l'importance
de la demande de recevoir Mme la vice-première ministre.
Deuxièmement, le comité de travail Rondeau mis sur pied
par le ministre de l'Éducation, M. Claude Ryan, suggère
d'accorder aux "illégaux", à leurs frères et soeurs et
descendants, le droit de fréquenter l'école anglaise. Le
président nous dit: Je suis assez gêné. Le président
du Conseil de la langue française est celui qui conseille le
gouvernement sur les actes qu'il a à poser, actes qui concernent la
langue française. Cette loi que nous faisons regarde, je crois, la
langue française.
Donc, la vice-première ministre étant la supérieure
du Conseil de la langue française, est-ce qu'elle se sentirait aussi
gênée? Son absence de cette commission, son absence
remarquée d'ailleurs, ne signifierait-elle pas - excusez-moi,
j'espère que les gens qui écrivent cela en bas... - que cette
dame est gênée de cette loi ou devant cette loi, ou qu'elle est
prise entre l'arbre et l'écorce? Le comité qui lui conseille ses
agissements devant la langue française et la loi que le ministre de
l'Education met devant elle, il y a incompatibilité entre les deux
parties avec qui elle travaille. Prise entre deux feux, la solidarité
ministérielle et son autorité devant le Conseil de la langue
française qui lui dit qu'elle ne devrait pas approuver ce projet de loi,
cela la met dans une situation qui expliquerait son absence devant cette
commission. Ou, par solidarité ministérielle, elle n'ose pas
venir nous dire ici qu'elle est contre, qu'elle est plutôt en faveur des
conseils que lui dictent ceux qui ont été nommés
spécifiquement par le gouvernement pour conseiller ledit gouvernement
dans ses agissements.
M. Martucci dit: Je suis assez gêné que les
descendants des "illégaux" profitent aussi de l'amnistie
accordée. On descend toujours de quelqu'un. Je me pique à dire
que je remonte des Français. J'aime mieux remonter de quelqu'un que de
descendre. C'est entendu que cela fait plus noble. On dit: Vaut mieux remonter
d'un forgeron que de descendre d'un roi. Je sais cela. Je pense que c'est
même Victor Hugo qui, il était environ 7 h 10 un matin, s'est
levé et a dit! Je ne suis pas invité à la cour parce que
je ne descends pas d'un noble, ni d'un baron, ni d'une baronne, mais je suis
heureux d'être dans ma cour et de remonter d'un forgeron. Vous voyez,
c'est beaucoup plus noble parfois de remonter que de descendre de quelqu'un.
C'est terrible, on remonte tous de quelqu'un quand on veut et on vient tous de
l'extérieur. Je disais tantôt: Je viens de France, d'autres
viennent... Cela fait longtemps que je suis arrivé. Il y en a qui
viennent, cela ne fait pas longtemps qu'ils sont arrivés. Le peuple
québécois est tellement accueillant que beaucoup de ces nouveaux
arrivés sont déjà députés. Je ne sais pas si
je m'en allais en Hollande, ou en Angleterre, ou en Italie et si, dix ou quinze
jours après...
Le Président (M. Thérien): Je vous inviterais, M.
le député, à conclure, s'il vous plaît!
M. Blais: ...je serais élu député. Je ne
sais pas.
Le Président (M. Thérien): M. te
député de Terrebonne, il vous reste une minute, je vous
inviterais à conclure.
M. Blais: Juste une minute?
Le Président (M. Thérien): Oui. Vous avez un droit
de parole de dix minutes.
M. Blais: C'est que le temps passe vite. Il ne me reste qu'une
minute!
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Est-ce que c'est une
question de règlement?
M. Khelfa: Oui, M. le Président. J'aimerais que le
député de, je ne sais pas quel comté il est...
M. Blais: Terrebonne.
M. Khelfa: Terrebonne, j'espère que la terre est bonne
chez vous. J'espère que vous pouvez expliquer ce que vous venez de dire,
l'insinuation que vous avez mentionnée pour...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Richelieu...
M. Khelfa: C'est une question de privilège.
Le Président (M. Thérien): ...ce n'est pas une
question de règlement.
M. Khelfa: II n'y en a pas. Merci.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, j'espère que personne a
pris cela comme une insinuation malveillante. Je dis tout simplement que le
peuple québécois est très accueillant et que, après
quelques années ici, quelqu'un peut même être élu
député par une majorité dans un comté. N'est-ce pas
une preuve évidente que nous sommes loin de la xénophobie que
vous me prêtez en m'attribuant une
insinuation? Je ne veux pas. Je dis que nous remontons tous de quelqu'un
et que nous ne descendons de personne. Je ne voudrais pas qu'on descende les
paroles que j'ai dites, mais qu'on les remonte au niveau où je voulais
que vous les comprissiez. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Thérien): Merci, M. le
député de Terrebonne. Du côté des
ministériels, est-ce que quelqu'un a l'intention de s'exprimer? Non. Je
reconnais maintenant le député de Saint-Jacques pour dix
minutes.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je suis heureux que mon
collègue de Verchères ait parlé avant moi puisqu'il a une
connaissance de notre interlocuteur principal que, malheureusement, je n'ai
pas, mais qui va par contre me servir de guide sans aucun doute dans les
échanges futurs que j'aurai avec lui.
Entendu que je me suis laissé prendre moi aussi au piège
des yeux méchants du doigt accusateur, de la phrase assassine qu'il sait
pratiquer avec un art consommé, un verbe très haut d'ailleurs. Le
ministre auquel je fais allusion et cela, c'est un premier ministre qui le
disait: II n'y a qu'un ministre et c'est le premier ministre. Bien entendu, il
ne faut quand même pas rêver en couleur. Même si on a de la
naïveté, Mme la députée de Groulx, j'ai toujours dit
qu'il fallait conserver un peu de naïveté sinon on risquait de
devenir complètement vicieux.
Donc, sans garder de la naïveté, M. le Président, je
sais que le premier ministre ne viendra pas...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Saint-Jacques, s'il vous plaît, je vous
inviterais, si possible, à parler de la pertinence de l'amendement
plutôt que de parler des autres...
M. Boulerice: Si vous m'aviez laissé continuer, M. le
Président...
Le Président (M. Thérien): Je vais vous laisser
continuer, mais je vous mets en garde. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...vous auriez vu que, de toute évidence,
j'étais, M. le Président, dans la pertinence parce que je disais:
Je n'ai pas la naïveté de croire que le principal responsable, le
premier ministre, viendra. Il préfère faire ses
déclarations par cassette, sauf que j'appuie cette proposition en ce
sens de faire venir la vice-première ministre. Nonobstant le respect
craintif que veut m'inculquer le ministre de l'Éducation avec -comme je
le disais - son oeil méchant, son doigt accusateur, sa phrase assassine,
son verbe haut, il n'est responsable que d'un seul volet de la loi, M. le
Président. Il y a bien d'autres volets de la loi qui existent, la langue
des tribunaux, la langue de l'administration, la langue de la
législation et tout, la langue du travail, la langue de l'affichage.
Cette partie que nous étudions ce soir n'est qu'une partie d'un tout qui
s'appelle la charte.
Il aurait été normal pour nous d'entendre la
vice-première ministre, principale responsable de la Charte de la langue
française, venir en quelque sorte nous donner des garanties et
peut-être même des espoirs. Parce que cette loi, comprenez notre
inquiétude, c'est la première loi du Québec. Sans vouloir
amplifier, mais tout en étant quand même près de la
vérité, c'est notre Magna Carta, cette Charte de la langue
française au Québec. (22 h 45)
J'aurais aimé, dans des perspectives générales,
puisque nous sommes au particulier avec celle-là, avant de
considérer la particulière, pouvoir aborder, avec la ministre
responsable de l'application de la Charte de langue française des
perspectives générales qui sont les suivantes: Est-ce que, dans
le cadre de l'État canadien qui reconnaît l'égalité
formelle des langues anglaise et française, il convient de promouvoir le
principe suivant - et le ministre m'écoute attentivement, j'en suis
certain - que le français doit, dans les faits, acquérir au
Québec le même statut juridique, économique et sociologique
que l'anglais dans le reste du Canada? De promouvoir l'égalité
des droits et des chances pour l'unilingue français au Québec
comme pour l'unilingue anglais au Canada? De promouvoir la reconnaissance, par
les lois fédérales et québécoises, que les
francophones québécois constituent une minorité
linguistique qui a le droit, y compris par des droits linguistiques
constitutionnels, d'être protégée comme telle dans le cadre
canadien et nord-américain, compte tenu, d'ailleurs, de notre
fragilité démographique?
J'aurais aimé l'entendre avancer le principe que la
minorité franco-québécoise doit recevoir, au Canada, au
moins les mêmes garanties constitutionnelles que les autres
minorités francophones dans le monde, à l'exemple de la Belgique
et de la Suisse. Avant de regarder le particulier, peut-être
m'aurait-elle permis de voir dans quelle mesure elle va promouvoir une
révision des lois québécoises et canadiennes en
général et ceci, en faveur d'un usage exclusif ou non du
français au Québec et sa volonté d'intervenir sur tout
projet de loi ou sur toute entente internationale ou le statut de la langue
française est en cause et bien d'autres perspectives
générales dont la dernière, d'ailleurs, de faire
prévaloir que les droits
linguistiques des Franco-Québécois ne sont pas
contradictoires par rapport aux droits individuels traditionnels, que, au
contraire, ceux-ci doivent pouvoir être utilisés pour la
défense des usagers du français. Par contre, les droits
linguistiques des Franco-Québécois doivent avoir un statut
spécial par rapport à la charte québécoise des
droits et libertés, tout comme les droits linguistiques des
Anglo-Québécois ont un statut spécial par rapport aux
droits individuels, dans la charte canadienne des droits.
C'est malheureux, je n'aie pas autant de temps que mon collègue,
je n'ai pas les trente minutes, à moins qu'un de mes collègues ne
m'en sorte. Je suis également, M. le Président, de cette
génération de Québécois qui commencent à en
avoir ras le bol d'être accusés d'à peu près tous
les maux parce que, dans ce propre pays, après avoir vécu des
années de mépris, on s'est finalement donné une loi qui
protège notre langue, on s'est donné des droits et on demande
qu'ils soient respectés. On nous traite d'à peu près
n'importe quoi. Mon collègue, député de Richelieu, a
failli tomber dans l'excès de traiter de raciste... J'aimerais vous
donner, M. le député de Richelieu, un petit cours d'histoire.
Ce fut, dans le Parlement du Québec, le premier Parlement de type
britannique, que fut élu un Québécois de religion juive et
le Gouverneur général anglais de l'époque l'a fait
destituer trois fois parce qu'il ne voulait pas de député juif
dans le Parlement québécois qui est un Parlement de type
britannique. C'est grâce à l'obstination de ces bons "canayens"
pure laine de Trois-Rivières que Samuel Hart a pu finalement
siéger au Parlement québécois. II y a d'ailleurs une
plaque qui nous le rappelle. Alors, quant à la tolérance des
Québécois face aux étrangers, on va repasser avant de me
faire des leçons là-dessus, monsieur. Ma famille, d'ailleurs, en
est également un autre exemple éloquent. D'ailleurs, nos deux
familles politiques accueillent - n'est-ce-pas? - des Johnson. C'est une autre
preuve que cette chose-là peut être. Ce que je n'accepte pas, par
contre, M. le Président, c'est quand je vois que les gens qu'on
accueille ici viennent transgresser les lois que nous nous sommes
données. Je lis Rodolfo Amedeo qui était le président de
l'Association italienne des travailleurs immigrés et familles qui
disait: La communauté anglaise, mais aussi les notables de la
communauté italienne locale, nous ont manipulés. On encourageait
les parents à défier la loi, prétendant que tout
changerait avec les libéraux au pouvoir. Mais la
réélection du Parti québécois est venue brouiller
les cartes. C'était pour 1981. Là, on est en train de retasser
les cartes peut-être en les descendant. Je m'excuse, oui?
M. Cusano: Est-ce que je peux vous demander le nom de la personne
que vous avez citée. Je ne vous ai pas entendu.
M. Boulerice: Rodolpho Amedeo. M. Cusano: D'accord.
Le Président (M. Thérien): Je vous demanderais de
conclure, M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: D'accord. Je conclus, M. le Président, en
disant que, nonbostant le respect que j'ai pour le ministre, amusé de
retrouver quelquefois des comportements de ce bon vieux préfet de
discipline, avec qui j'ai conservé d'excellentes relations en ma
période de collège, qui me réprimandait de la même
façon, j'aimerais entendre la vice-première ministre responsable
de l'application de cette entité qui est la Charte de la langue
française et, avant qu'on aille dans le particulier, comme je vous le
disais, qu'elle nous indique, de façon précise, quelles sont les
orientations générales que ce gouvernement entend
imprégner - peu importe le terme, à 22 h 25 - à cette
Charte de la langue française au Québec.
Vous devez comprendre la méfiance que nous avons de vouloir
traiter un sujet comme celui-là à la pièce. Si vous deviez
aller...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je termine, M. le Président...
Le Président (M. Thérien): C'est la deuxième
reprise.
M. Boulerice: ...à votre invitation. Le
Président (M. Thérien): Oui, oui.
M. Boulerice: Si vous deviez aller à un affaiblissement de
la charte, je vous rappelle que déjà, en si peu de mois, en six
mois d'élection, trois fois le peuple s'est retrouvé aux portes
du Parlement, et il reviendra, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Merci de votre
complaisance à conclure. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. À la suite
de mon collègue de Saint-Jacques, je vais appuyer la motion d'amendement
présentée par le député de Verchères
à savoir que la vice-première ministre et ministre responsable
des organismes de surveillance de la loi 101, comme députée
de
Chornedey, participe à cette commission.
En effet, le parti ministériel s'est refusé, de
façon systématique, à entendre quelque organisme que ce
soit. J'ai eu l'occasion de le dire à quelques reprises, mais il semble
important de le rappeler devant la menace de clôture des travaux de cette
commission, qu'au moment où cette commission étudiait une loi, en
février 1984, mes collègues ont rappelé quelques remarques
plutôt sévères de la part du ministre qui reprochait au
gouvernement de bâillonner cette commission parlementaire qui, au moment
où elle a mis fin à ses travaux, avait siégé
exactement 166 heures.
Mais, écoutez bien ce qui s'était passé. Il dit: II
y a plusieurs jours que se succèdent ici les organismes qu'il a
été obligé de convoquer parce qu'on a fait des pressions
de toutes sortes. II a accepté - il parle du gouvernement - d'entendre
pendant une semaine. Il a choisi à peu près tout ce qu'il pouvait
trouver de favorable dans les quatre premières semaines. Ce qu'on lit
ici, finalement, c'est que c'est cinq semaines au cours desquelles cette
commission a pu, sur un projet de loi, entendre des groupes.
Le ministre, un peu plus loin, nous dit - et je trouve cela
intéressant, il était alors critique: Franchement, il n'y a pas
eu une commission parlementaire qui a fonctionné aussi bien que celle-ci
depuis des années. Toutefois, ils en voulaient davantage. Ils
convoquaient à nouveau d'autres organismes et, non contents de cela, ils
voulaient s'assurer que tout le monde intervienne durant ses 20 minutes sur
chacune des présentations, ce qui, à un moment donné, a
forcé le gouvernement à proposer une motion de clôture des
travaux.
Les propos qu'il tenait alors étaient d'une extrême
sévérité. C'était important. Je me rappelle avoir
lu un extrait du Journal des débats dans lequel le ministre de
l'Éducation d'alors, M. Bérubé, disait ceci en commentant
les propos tenus par le critique de l'Opposition: "On pourrait trouver cela
drôle à entendre, un tel discours dévastateur, si l'actuel
député d'Argenteuil pensait être dans l'Opposition pendant
500 ans. On comprendra que tantôt, il n'aura pas l'occasion qu'on lui
serve les propos qu'il est en train, aujourd'hui, de nous servir."
Je me permets de rappeler la nature des propos que le ministre a tenus
à différentes commissions parlementaires et à celle-ci,
pour faire un parallèle entre ce qu'il disait là, après
cinq semaines d'audience sur un projet de loi, et le discours qu'il nous tient
ici: "Encore une fois, je l'affirme avec toute la vigueur possible, cette
motion d'ajournement prématurée - remarquons, cinq semaines
d'audience - est profondément arbitraire, autoritaire,
injustifiée, antidémocratique et contraire aux règles les
plus élémentaires de la courtoisie, ni plus ni moins. Mais nous
sommes absolument dégoûtés de ce genre de
procédure." Voilà les propos qui étaient tenus par
l'actuel ministre de l'Éducation alors qu'il était dans
l'Opposition.
Il me semble - j'ai eu l'occasion de le dire - qu'on a deux hommes:
celui qui parle lorsqu'il est dans l'Opposition et celui qui, une fois qu'il a
le pouvoir, décide qu'il est le seul maître à bord et que
des conseils, il n'en a besoin de personne. D'ailleurs, on entend souvent dans
son propos: Je n'ai pas de leçon à recevoir de personne.
Évidemment, même pas de ceux qui pourraient venir apporter un
certain éclairage sur ce projet de loi. Pourtant, on lui a
démontré ici, en cette commission, qu'un certain éclairage
pouvait être intéressant, puisqu'on est en train - le
gouvernement, le ministre - de faire réécrire le projet de loi 30
sur la commission scolaire Joutel-Matagami.
Il serait important qu'on entende ici la députée de
Chomedey, Mme Bacon, parce qu'elle est responsable des organismes de
surveillance de la Charte de la langue française, la loi 101. Modifier
la loi 101, adopter le projet de loi 58, c'est ce qu'on appelle une
pièce législative majeure au Québec. Faire cela sans
aucune forme de consultation, sauf un comité de travail ou des
rencontres privées, ce n'est pas ce que j'appellerais de la
transparence; et le faire à ce moment-ci, c'est inquiétant. Je
vais essayer de l'exprimer, peut-être pour la troisième,
quatrième ou cinquième fois, je ne le sais plus. Mais pour
comprendre ce que le projet de loi 58 peut vouloir dire, il faut le situer dans
le contexte de ce que j'appellerais le paysage linguistique d'aujourd'hui.
Qu'est-ce qu'on a aujourd'hui? D'abord, depuis l'élection de ce
gouvernement, une mollesse évidente quant aux poursuites à
l'endroit des contrevenants dans l'affichage, mollesse évidente et
laisser-faire. Qu'est-ce qu'on a? La vice-première ministre et ministre
responsable des organismes de surveillance de la Charte de la langue
française nous annonce qu'elle va restructurer ces organismes en vue
d'une plus grande rationalisation. On ne sait pas où on s'en va avec
cela! On ne connaît pas ce qui va être fait avec ces organismes! On
ne sait pas la nature du mandat qui va leur être confié. Comme on
est en train de voir ce qui se passe avec la Commission des droits de la
personne et le Comité de la protection de la jeunesse, on peut
être inquiet.
Qu'est-ce qui se passe dans notre paysage linguistique? La loi 58.
Qu'est-ce qui se passe? Là, je ne l'invente pas, c'est un article qui
est signé par Michel David et qui paraissait dans le Soleil du 31 mai
dernier: "Le relâchement atteint les usines, la francisation marque le
pas". Il disait: "Après
une réelle amélioration de la situation du français
dans les entreprises québécoises à la fin des
années soixante-dix, un véritable relâchement est en train
de s'installer dans nos usines. Et la venue d'un gouvernement qui ne cache pas
sa tiédeur à l'endroit de la loi 101 semble avoir accentué
cette tendance."
Michel David brosse un tableau inquiétant de la situation. C'est
cela, le paysage linguistique d'aujourd'hui. Et la loi qu'on s'apprête
à adopter s'inscrit à l'intérieur de ce paysage
linguistique. (23 heures)
Pour continuer, la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration répondait aujourd'hui à une question du
député de Mercier qui l'interrogeait è savoir si on
s'était assuré que les femmes immigrantes auraient accès
à des cours de français, selon les engagements pris par ce
gouvernement. C'est demandé et c'est réclamé par ces
femmes. Il faut comprendre que souvent elles arrivent ici ne parlant ni
l'anglais, ni le français. Comme de préférence elles vont
être obligées de s'inscrire, selon les termes de la loi, dans les
écoles françaises, ce qu'elles exigent et ce qu'elles demandent
donc, ce sont des cours de français. On sait que le gouvernement
fédéral, sans prévenir, a décidé qu'elles
n'avaient plus accès aux programmes de COFI. Alors, toutes les femmes
immigrantes qui sont parrainées soit par leur conjoint soit par leur
famille n'ont plus accès aux cours de français. Il me semble que
pour un gouvernement un peu soucieux d'accueillir et de recevoir dans la
communauté francophone ces femmes immigrantes, il serait
extrêmement important de leur offrir des cours de français. Non,
on a un petit cours dans une garderie, nous dit-on, qui va permettre d'en
accueillir quelques-unes. Voilà tout le programme!
Un dernier élément qui n'est probablement pas majeur
à l'intérieur d'une politique de la langue. Cependant le ministre
doit savoir de quoi je parle: on a aboli un programme d'aide à
l'édition scientifique en français. C'est cela le paysage
linguistique actuel.
Ainsi, on s'inquiète de voir adopter sans aucune consultation un
projet de loi de cette importance, sans que les personnes aient pu, ici et de
façon publique devant la presse, au vu et au su de tous, être
entendues sur la perception qu'elles avaient des effets qu'aurait l'adoption de
ce projet de loi. Quand on s'apprête à adopter ce projet de loi
sans faire aucune consultation, il me semble que le moins qu'on puisse faire,
ce serait d'entendre la ministre députée de Chomedey, responsable
des organismes d'application de la Charte de la langue française.
M. le Président, je conclus sur cela.
Face à certains membres du côté ministériel
et sans vouloir prendre de tels propos à à légère,
je trouve cela extrêmement inquiétant. Inquiétant parce
que, si c'est comme cela qu'ils entendent traiter de toutes les questions
linguistiques au Québec, dans trois ans, le paysage va être beau!
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Je reconnais maintenant
le député d'Argenteuil, ministre de l'Éducation.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais rappeler à la
députée de Chicoutimi que l'objet du projet de loi 58, c'est la
régularisation du statut des élèves qui sont à
l'école anglaise sans y être autorisés en vertu de la loi
101 et non pas la politique linguistique générale du
gouvernement. C'est pourquoi la proposition, visant à faire venir ici,
à la toute dernière heure, comme si le feu était à
la maison, la vice-première ministre qui est en charge de l'application
de la Charte de la langue française sauf le chapitre sur la langue
d'enseignement, m'apparaît impertinente et injustifiée.
À ce moment, nous avons eu un certain nombre de discussions sur
le fond. Je voudrais simplement faire quelques corrections dans les souvenirs
qu'a voulu évoquer la députée de Chicoutimi. Si elle
voulait se donner la peine de lire au complet les comptes rendus, je vois
qu'elle a fait un travail louable pour se familiariser avec les travaux
antérieurs des commissions, mais elle a probablement sauté des
pages, parce que des choses lui échappent.
Quand il y a eu la commission sur le projet de loi 40, la
députée parlait tantôt comme si on avait invité du
côté de l'Opposition une quantité d'organismes et que nous
n'étions jamais satisfaits. J'ai des nouvelles pour la
députée: c'est le gouvernement qui invite les organismes qui
viennent témoigner devant une commission, ce n'est pas l'Opposition.
Tous les organismes qui avaient été invités autour du
projet de loi 40 l'avaient été par le gouvernement. Ce qui est
arrivé de disgracieux à la fin des travaux, c'est qu'il y avait
un soir - je me souviens très bien - les représentants de la
commission scolaire régionale de l'Estrie - le député de
Sherbrooke se souviendra sans doute de cet incident - qui avait
été convoquée par le ministre et par le Secrétariat
de la commission sur l'instruction du gouvernement. Ils se sont fait dire au
moment où ils allaient se présenter à la table que
c'était fini. Ils sont partis furieux, parce qu'ils étaient venus
de Sherbrooke et attendaient depuis deux ou trois jours pour comparaître.
On leur a dit: C'est fini, on en a assez. Le ministre est suffisamment
instruit. C'est cela qui est arrivé. Je ne voudrais pas que Mme
la députée de Chicoutimi continue à se nourrir de faux
souvenirs. Cela est l'histoire véridique.
À propos du projet de loi 3, une chose pourrait être
intéressante pour l'Opposition. On était rendu à un stade
où on avait déjà fait toute l'étape du projet de
loi 40. Il y avait une nouvelle version qui sortait. II n'était pas
question de recommencer les audiences à partir de zéro. Alors,
nous avons dit au gouvernement: II faudrait quand même entendre un
certain nombre d'organismes, les plus importants. Nous avons
négocié, le gouvernement et l'Opposition, et nous nous sommes
entendus sur une liste, finalement. Si Cela n'avait été d'un bris
de parole de la part du gouvernement, à ce moment, la liste aurait
été établie, mais il a changé le cours des choses
un certain midi où le ministre ne s'entendait pas avec le
député qui était porte-parole du groupe
ministériel. Cela a engendré des complications. Mais, si cela
n'avait pas été de ça, nous aurions établi une
liste avec le gouvernement, qui était limitée. Cela comportait
une douzaine d'organismes en tout. Nous savions et acceptions très bien
qu'à ce stade de tout le travail il ne pouvait pas être question
de recommencer le travail à zéro. Mais les organismes...
Mme Blackburn: Après cinq semaines d'audiences?
M. Ryan: Non, c'est une autre commission, celle-là,
madame. II y a eu deux commissions. Il y a eu celle sur le projet de loi 40 et
ensuite, il y a eu celle sur le projet de loi 3. Celle sur le projet de loi 40,
cela a été au début de l'année 1985, si mes
souvenirs sont bons, et même 1984. Je crois que celle sur le projet de
loi 3, cela a été au mois de décembre 1984, la même
année. Il s'est écoulé au moins dix mois entre les deux.
On n'a pas demandé de tout recommencer, cela ne tenait pas debout. On
s'est entendu. Si le gouvernement avait été fidèle
à ce qui avait été discuté, il n'y aurait eu aucune
complication à ce point de vue et les choses auraient marché.
Mais le gouvernement voulait imposer à l'Opposition... C'était un
projet de loi de 655 articles que le ministre lui-même n'était pas
capable d'expliquer, pauvre lui; il était nouveau dans le domaine de
l'instruction publique. On lui demandait des explications, il était
toujours obligé de se faire souffler les réponses par les
fonctionnaires. On lui avait dit: Tu ne peux pas nous faire étudier cela
en trois ou quatre jours, cela n'a pas de bon sens. Le député de
Terrebonne était là, il s'en souvient très bien. On lui
avait dit: Cela va prendre au moins deux, trois ou quatre semaines pour
étudier un projet de loi de 655 articles. Mais, téméraire
comme il était, esprit géométrique par excellence, il a
décidé qu'il fallait que ce soit étudié en trois ou
quatre jours. Vous vous souvenez de ce ministre. Il a adopté son projet
de loi; on l'avait averti que ce n'était pas conforme à la
constitution du Canada. Il nous a dit: Vous ne connaissez rien
là-dedans, vous. Nous, on connaît cela. Finalement, les tribunaux
nous ont malheureusement donné raison. Aujourd'hui, on a une belle loi
qui nous a fait perdre un temps énorme et qui est sur les tablettes. On
a décidé nous-mêmes, il y a deux semaines, qu'elle
deviendrait en vigueur quand on déciderait de l'appliquer. C'est le
résultat de toute l'opération qui a été faite dans
le temps.
Nous, nous faisons un travail sérieux. Nous avons
vérifié notre loi sous toutes les coutures. D'ailleurs, vous
n'avez pas été capables de la mettre en doute au point de vue
légal et constitutionnel. Vous savez très bien qu'au point de vue
légal et constitutionnel, c'est une loi qui se tient et qui se tient
fort, à part cela. Il n'y a pas de couture qui craque là-dedans.
Vous trouvez peut-être même que c'est trop fort, trop serré.
Les choses se tiennent très bien. C'est pour cela qu'on n'a pas besoin
de préambule. Franchement, la députée de Chomedey, qui est
vice-première ministre, va être très heureuse, j'en suis
convaincu, de témoigner devant une commission parlementaire à
l'automne, quand le gouvernement présentera son programme d'ajustement
de la politique linguistique dans les différents secteurs. Je pense
qu'elle va être très heureuse de le faire. Mais il a
été décidé pour ce printemps que nous agissions sur
le problème le plus urgent, celui qui demandait une solution
immédiate, et que le reste serait reporté à plus tard. Par
conséquent, donner suite à la demande de l'Opposition serait
anticiper sur les événements et agir prématurément.
Il n'y a pas de mauvaise volonté là-dedans de notre
côté. Je pense que Mme Bacon sera extrêment heureuse de
venir en temps utile devant la commission appropriée. Je ne sais pas si
ce sera celle-ci ou une autre. Mais, devant cette commission, le ministre qui a
été chargé par le gouvernement de faire le travail, c'est
le ministre de l'Éducation, comme cela découle de la
responsabilité qui lui a été donnée de
l'application de la loi 101 dans son chapitre sur la langue d'enseignement.
Cela résume toute l'affaire et je pense que pour l'Opposition,
finir par cette proposition... Si vous aviez au moins commencé par cette
proposition, si vous aviez dit, au tout début: On voudrait avoir une vue
d'ensemble, peut-être que c'est une chose qui aurait pu être
considérée, mais, à ce stade tardif, rendu à 23
heures et après cinq jours de débat, je pense que c'est la plus
belle preuve du caractère improvisé de la démarche que
vous faites. Vous trouvez
une nouvelle idée toutes les deux heures à peu près
pour embarrasser le gouvernement et retarder...
M. Blais: Vous êtes...
Le Président (M. Thérien): Avez-vous une question
de règlement, M. le député de Terrebonne, sur la
pertinence?
M. Blais: Sur la pertinence.
M. Ryan: Oui, très bien, mats, là, je suis
exactement sur la question, par exemple...
Le Président (M. Thérien): C'est cela. Je pense
qu'il pariait justement de l'amendement.
M. Ryan: Mais, si le président voulait me dire que j'ai
terminé mon temps de parole, je pense que je serais obligé de
m'incliner.
Le Président (M. Thérien): II vous reste une
minute, si vous voulez conclure.
M. Ryan: Merci. Ma conclusion est bien simple. Au point où
nous en sommes, j'implore de nouveau, comme je le ferai jusqu'à minuit,
l'Opposition d'accepter de se mettre à l'étude du projet de loi.
Je suis sûr qu'avec toutes les explications qu'elle a cueillies par la
bande, je suis sûr que par-delà l'effort dilatoire, louable mais
perdu, malheureusement, qu'elle poursuit depuis quelques jours, il lui est
arrivé d'écouter quelques-unes des choses qui ont
été dites et de comprendre beaucoup mieux qu'elle n'affecte de le
faire la portée véritable de ce projet de loi. Je lui dis encore
une fois qu'on va le faire jusqu'à la fin parce que c'est notre devoir.
Si elle voulait se mettre à table, comme on le dit, et aborder l'article
1 qui est bien simple...
Le premier mot de cette loi a été mis là à
dessein, c'est le mot "l'enfant". Dans tout ce qu'on a entendu ce soir, il
n'est plus question des enfants et ce sont des enfants qui sont
concernés par cette loi. Nous vous l'avons dit au tout début et
nous vous le répétons maintenant, ce n'est pas la Charte de la
langue française, ce n'est pas Mme la présidente de la
Société Saint-Jean-Baptiste, ce n'est pas le président de
la ligue de ceci ou de cela, ce n'est pas M. Léon Dion, ce n'est pas le
mathématicien Charles Castonguay, c'est cet enfant qui est dans une
école dans des circonstances extrêmement pénibles...
Le Président (M. Thérien): M. le ministre...
M. Ryan: ...dont il n'est pas responsable et c'est en pensant
à lui, et à personne d'autre, que nous présentons ce
projet de loi pour régulariser une situation et pouvoir ensuite, tous
ensemble, nous mettre à l'application exemplaire de la Charte de la
langue française dans son chapitre qui traite de la langue
d'enseignement, pas d'autres choses.
Le Président (M. Thérien): Merci. Je céderai
maintenant la parole à M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, très simplement,
je vais être plus court que prévu.
Une voix: Ah! Cela se ramollit.
M. Gendron: Non, ça ne se ramollit pas mais à
entendre à peu près toujours la même explication, je
voulais simplement dire que je suis complètement d'accord avec la motion
d'amendement, que la ministre responsable de la langue française,
à titre de députée de Chomedey, puisse participer à
nos travaux et qu'à cette fin un droit de parole lui soit
accordé. J'appuie l'amendement et je ne voudrais qu'ajouter deux choses
sur l'amendement. Contrairement à ce qui a été
affirmé par le ministre de l'Éducation et même si nous ne
comprenons rien, même si on saute des pages, qu'on ne dit rien
d'intelligible, que c'est uniquement l'improvisation qui nous guide, nous
sommes habitués de recevoir des leçons du haut de sa personne,
toujours moralisateur... Nous ne savons rien faire, nous ne sommes pas capables
de nous acquitter de notre mandat d'Opposition responsable.
Ce que je veux dire, contrairement à ce qu'il a affirmé,
c'est que nous pensions que la responsable des questions linguistiques
était sûrement concernée par une loi qui, à tout le
moins, est très connexe, près de toutes les questions concernant
la langue. À partir du moment où ces gens ont défié
une disposition de la loi 101, il me semble que c'est on ne peut plus clair que
la ministre responsable aurait pu au moins venir nous dire: Oui, c'est vrai, on
n'a pas de politique linguistique, oui, c'est vrai, on est en train de regarder
cela, oui, c'est vrai, cela pose un problème au premier ministre.
Je veux m'arrêter quant à l'amendement et dire: C'est
certain que quand on a un seul discours, de ce côté-ci, c'est de
l'improvisation, de l'autre côté, c'est la rigueur dans
l'illégalité, c'est très difficile, M. le
Président, de se faire entendre et de se faire comprendre. Dans ces
conditions, je n'ai pas à exercer mon droit de parole plus longuement
sur l'amendement et je pose la question préalable sur l'amendement.
J'ai
posé la question préalable.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut demander une suspension, M. le
Président? Une petite suspension?
Le Président (M. Thérien): Oui, cinq minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 15)
(Reprise à 23 h 19)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît! Voici le jugement. Je le juge irrecevable en vertu de
l'article 202: "Si aucun amendement n'est proposé à une motion,
tout député qui a la parole peut proposer qu'elle soit
immédiatement mise aux voix. Cette motion ne peut être
amendée." Donc, je demanderais au député s'il veut
compléter son intervention. Sinon, je le mets aux voix
immédiatement.
M. Gendron: Je veux que vous le mettiez aux voix
immédiatement. Je ne veux pas compléter mon intervention. C'est
vous qui présidez le débat, ce n'est pas moi.
Le Président (M. Thérien): Parfait. Donc, je mets
aux voix immédiatement l'amendement. Est-ce que l'amendement est
accepté ou rejeté?
M. Gendron: Rejeté.
Le Président (M. Thérien): Un vote nominal est...
Non. Est rejeté.
M. Gendron: Rejeté.
Une voix: Un vote nominal a été demandé, M.
le Président.
Le Président (M. Thérien): Non, non, non. J'ai
demandé préalablement si c'était accepté ou
rejeté. Maintenant...
M. Cusano: M. le Président, on aimerait avoir le vote
nominal, s'il vous plaîtï On a le droit.
Le Président (M. Thérien): Le vote nominal est
demandé, M. le secrétaire.
C'est cela. En fait, on souhaitait que la vice-première ministre
vienne en commission parlementaire. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Gendron (Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Secrétaire: M. Boulerice (Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'il y aconsentement pour que M. Charbonneau ait...
Des voix: Non. Des voix: Oui. Le Président (M.
Thérien): Oui.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchè-res)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: Mme Cardinal (Château-guay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dougherty (Jacques-Cartier)?
Mme Dougherty: Contre.
Le Secrétaire: M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Contre.
Le Secrétaire: M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Secrétaire: M. Parent (Sauvé)?
M. Parent (Sauvé): Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Contre. Le Secrétaire: M.
Ryan (Argenteuil)? M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Thérien): Donc, l'amendement est
rejeté par 11 voix contre 5. Nous sommes maintenant sur la proposition
principale du député de Viau. Je pense qu'il y a des gens qui
souhaiteraient intervenir du côté ministériel sur la
proposition. Est-ce qu'il y a des gens qui veulent intervenir? Il n'y apersonne qui veut intervenir? Oui.
M. Ryan: II y en a plusieurs.
Le Président (M. Thérien): Je voudrais qu'on...
Est-ce que le député d'Arthabaska souhaite intervenir sur la
proposition principale?
M. Gardner: Peut-être pas tout de suite parce que mes
papiers sont tous là. Mais est-ce qu'on peut revenir après?
Non?
Le Président (M. Thérien): Non.
M. Gendron: On n'a pas d'autre droit de parole. La question
préalable sur la motion principale.
Une voix; C'est cela.
M. Gendron: On n'a pas d'autre intervenant à faire
entendre sur la motion principale.
Le Président (M. Thérien): S'il n'y a pas
d'intervention...
M. Gardner: D'accord. Moi je suis prêt à voter, de
toute façon.
Le Président (M. Thérien): ...j'appellerais le
vote. Est-ce que la proposition du député de Viau est
acceptée ou rejetée?
Une voix: Acceptée, bien oui.
Le Président (M. Thérien): Je demande si la motion
est acceptée ou rejetée.
M. Charbonneau: Vote enregistré, M. le
Président.
M. Ryan: Acceptée par l'Opposition.
Une voix: Acceptée.
Une voix: On commence cet article-là?
M. Ryan: C'est de valeur, ils sont cinq jours en retard.
Le Président (M. Thérien): Adopté. Nous
commençons le débat de l'article 1.
Une voix: On recommencel
M. Cusano: Je répète, M. le Président. M. le
Président.
Le Président (M. Thérien): Oui.
M. Cusano: Je veux seulement répéter qu'il ne
fallait pas avoir une boule de crystal pour deviner la suite.
Étude détaillée
Le Président (M. Thérien): S'il vous plaît,
à l'heure tardive. J'appelle l'article 1 du projet de loi.
M. Ryan: L'article 1. Je pense que j'avais demandé la
parole.
Le Président (M. Thérien): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Si vous voulez bien me l'accorder pour que j'en
explique... Pardon?
M. Gendron: Un instant, M. le ministre, je m'excuse auprès
de vous. Est-ce que le président peut indiquer - puisqu'il est de
coutume quand l'article 1 est appelé que vous le demandiez à
l'intervenant - si le ministre de l'Éducation va, dans son droit de
parole, s'exprimer sur la totalité de l'article 1 ou s'il va parler
spécifiquement sur l'alinéa 1 de l'article 1? Entend-il
également s'exprimer sur le paragraphe 1 de l'article 1 et le paragraphe
2 ou s'il veut faire une présentation dans son droit de parole de
l'ensemble de l'article 1? C'est la coutume normalement. Le président
indique de quelle façon le parti ministériel a l'intention de
présenter son droit de parole sur l'article 1. J'aimerais que le
ministre puisse préciser s'il y va de ces nuances qui sont
habituellement requises en commission ou s'il parle globalement sur l'ensemble
de l'article 1?
Le Président (M. Thérien): M. le ministre, je n'ai
pas le goût de répéter ce qu'a dit le député
d'Abitibi-Ouest, mais je pense qu'il avait raison. Je demanderais au ministre
s'il a l'idée d'intervenir sur la globalité ou article par
article?
M. Ryan: Sur la globalité et sur chacun des trois
alinéas.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre.
M. Gendron: J'ai compris.
Le Président (M. Thérien): Oui? Est-ce
que vous avez compris?
M. Ryan: M. le Président, j'entends intervenir sur
l'ensemble de l'article 1 et j'expliquerai également chacun des
alinéas comme il convient à un bon professeur.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre.
M. Ryan: Alors, le but de l'article 1 est celui même du
projet de loi. Il s'agit de permettre qu'un enfant qui, à la date du 15
avril 1986, recevait de fait l'enseignement en anglais au Québec dans
une classe maternelle ou à l'école primaire ou secondaire, sans y
être admissible en vertu de la Charte de la langue française,
puisse être admis de manière régulière à cet
enseignement qu'il recevait déjà, c'est-à-dire qu'il
puisse voir son statut déjà existant, à toutes fins
utiles, dans certains cas depuis sept ou huit ans et même neuf ans,
normalisé, régularisé. Il ne s'agit pas de prendre des
enfants dans des écoles françaises et de les transférer
dans des écoles anglaises, sous prétexte que leurs parents
auraient des vues capricieuses ou voudraient changer le cours des choses. Il
s'agit d'enfants qui ont été parqués dans des
écoles anglaises, en grande partie par l'impuissance et l'inaction du
gouvernement précédent.
Nous ne créons pas cette situation, nous en héritons. Nous
ne créons pas l'illégalité, nous voulons y mettre fin.
L'illégalité est là, dans la situation que nous a
transmise le gouvernement précédent. Quand j'entends des
députés de l'Opposition feindre de se scandaliser, je m'en
étonne profondément, parce qu'ils ont baigné dans
l'illégalité. Ce sont eux qui sont responsables de cette
situation comme gouvernement. Ils avaient la responsabilité d'y mettre
fin; ils avaient la majorité à l'Assemblée nationale; ils
avaient la plénitude des pouvoirs exécutifs comme gouvernement;
ils avaient tout ce qu'il fallait pour régler cette situation. Ils ont
été indifférents. Ils l'ont prise avec le bout de la
pôle, comme disait naguère un ancien premier ministre
péquiste. Ils n'ont pas voulu y toucher, parce que cela ne les
intéressait pas trop. C'est cela qu'était la situation.
Nous, devant le problème... D'abord, nous avions
été saisis du problème bien avant d'être au pouvoir.
Il ne fallait pas être un phénix pour en être saisi, il
suffisait de lire les journaux. Puis quand il y avait un article qui vous
racontait une situation, il suffisait d'aller voir ce qui en était. Il
est arrivé à plusieurs d'entre nous d'aller se mettre le nez sur
le problème, bien avant que nous soyons au pouvoir. Nous avons pu
constater de visu, concrètement, avec nos yeux, la situation
véritable qui était faite à ces enfants et nous avons pu
conclure, il y a longtemps, que cela ne pouvait être enduré, que
cela ne pouvait pas continuer et que cela ne pouvait pas se régler
seulement par des phrases pieuses. Cela prenait des gestes concrets. Alors, que
faisons-nous? Nous disons que ces enfants, dont je donnerai un peu
l'idée quant au nombre tantôt, pourront être admis à
l'enseignement en anglais aux conditions suivantes:
Premièrement, le contenu de l'enseignement qu'ils ont reçu
devra être conforme aux règlements et aux programmes
d'études édictés ou approuvés par le ministre de
l'Éducation ou le gouvernement. Nous ne voudrions pour rien au monde
donner la moindre consécration à des études
frelatées. Nous voulons régulariser des études qui ont
été faites en conformité avec les programmes
d'études et les règlements édictés ou
approuvés par le gouvernement ou par le ministre de l'Éducation.
Par conséquent, nous ne voulons pas créer de privilèges
spéciaux. Ouvrons-nous les yeux une minute; ces enfants ont fait leurs
études tout comme les autres dans les écoles où ils sont
placés. Ils ont suivi les cours. Même je crois que le
député de Viau nous a dit que dans certains cas ils ne savaient
même pas eux-mêmes qu'ils étaient des élèves
"illégaux". Dans d'autres cas, ils le savaient très bien. Je sais
que cela fait sourire le député de Saint-Jacques, mais moi, cela
m'a fait pleurer. Cela m'a vraiment impressionné. Je me suis dit que je
n'avais pas le droit d'être complice d'une situation comme
celle-là et de la laisser se perpétuer. C'est aussi simple que
cela. Alors, ils ont suivi des études sérieuses au même
titre que les autres... (23 h 30)
II y a une chose que je voudrais préciser. Je pense qu'elle n'est
pas comprise du côté de l'Opposition, même si ces gens
étaient responsables de cette situation lorsqu'ils étaient au
pouvoir. Le gouvernement précédent avait vraiment
créé l'opinion que le statut fait à ces enfants
n'entraînait pas d'autre conséquence que la suppression des
subventions. On semblait dire: On va gagner de l'argent avec ces enfants, on ne
paie rien pour eux, on serait bien fous de s'en faire, qu'ils restent
là. Si leurs parents veulent les laisser là, dans ces conditions,
qu'ils restent là. Cela a été votre attitude. Pire que
cela, vous nous avez dit à maintes reprises, depuis le début du
débat, que vous aimeriez que cela continue. Vous nous avez dit: II n'y a
pas de nécessité, il n'y a pas d'urgence, il n'y a pas de motif
impérieux.
Une voix: S'ils ne sont pas contents...
M. Ryan: S'ils ne sont pas contents, qu'ils foutent le camp
ailleurs! C'est cela, votre attitude. Nous disons, s'ils ont fait
leurs études sérieusement, s'ils ont appris les
mêmes choses que des condisciples qui ont accès à un statut
régulier, on va leur donner le même statut. On aurait infiniment
préféré qu'ils aillent à l'école
française et nous allons prendre toutes les mesures pour que ceux de
l'avenir ne soient pas parqués dans une telle situation. Je regrette que
le député de Verchères ne soit pas ici, mais avec toute la
vigueur dont je suis capable, si les sanctions prévues à un
article ultérieur du projet de loi ne devaient pas être
suffisantes à notre jugement, nous verrions à les rendre encore
plus lourdes au besoin. Il faut que la loi 101 soit appliquée, il faut
qu'elle soit respectée par tout le monde, mais pas sur le dos de ces
enfants. Cela, c'est "another matter", c'est une autre question. Il y a un
héritage qui est là et il faut en disposer. Je vous assure que,
pour l'avenir, c'est notre conviction.
L'autre condition que nous établissons n'est pas
compliquée. Nous disons que les parents de cet enfant devront, avant le
15 juillet 1986, avoir soumis une demande d'admission à une commission
scolaire ayant compétence sur le territoire où ils
résident. On ne veut pas que cela se prolonge indéfiniment, on
n'ouvre pas une digue illimitée, n'oubliez pas cela, on dit: II faudra
que vous veniez vous présenter avant le 15 juillet 1986. Avec les
retards qui sont survenus, je me demande si le 15 juillet ne devrait pas
devenir le 31 juillet. On en décidera au cours des prochains jours.
De toute façon, c'est à l'été 1986 que cela
se passe, c'est à l'été 1986 que cela se règle.
Cela ne traînera pas au-delà de l'été 1986. Celui
qui nous arriverait le 31 octobre 1986 avec une demande de
régularisation se fera dire: Ta date, c'était le 15 juillet ou le
31 juillet et, à moins que ce ne soit pour des motifs graves et
exceptionnels d'ordre humanitaire ou familial qui auraient pu être
portés à l'attention du ministre de l'Éducation par la
commission d'appel, le ministre de l'Éducation n'aura pas le droit de se
saisir du cas de son voisin, de son cousin ou des enfants de ses amis et de
dire: J'ai regardé cela, je vous donne un petit permis en-dessous de la
table. Il faudra que le dossier lui soit envoyé sur initiative de la
commission d'appel, accompagné d'une recommandation précise
demandant qu'il y ait une décision spéciale dans ce
cas-là.
Quand nous arriverons à cet article, si le temps nous en est
donné, je pense que nos amis comprendront facilement le
bien-fondé d'une clause comme celle-là dont j'avais
déjà souligné la nécessité dès le
rapport de l'étude que j'avais fait sur la question des enfants
illégaux, en 1983. Je pense que cela résume l'article 1. Pourquoi
a-t-on choisi le 15 avril 1986?
Une voix: II s'inscrit le 15 juillet 1986...
M. Ryan: Pardon? Ce sera la date de vérification. Il
faudra qu'on fasse la preuve que l'enfant était présent à
l'école le 15 avril 1986. Nous avons choisi cette date pour deux
raisons. D'abord, il fallait choisir une date assez éloignée de
la date où serait déposé puis adopté le projet de
loi pour éviter que des gens se disent: J'ai encore deux semaines, mais
je vais essayer de m'aboucher avec une école quelque part pour y faire
entrer mon enfant. On a déposé le projet de loi le 15 mai en
mettant un mois auparavant. On tenait compte de toutes les situations qui
avaient pu exister. Nous avions l'assurance qu'entre le 30 septembre - c'est la
date qui sert de base pour déterminer les subventions auxquelles la
commission scolaire aura droit - et le 15 avril, les effectifs scolaires n'ont
pratiquement pas changé. II était plus facile de prendre une date
plus rapprochée, parce que cela peut tenir compte de certains cas
particuliers qu'on n'aura pas voulu voir s'accumuler, dû à des
changements, des déménagements, des mortalités, des
maladies parfois, des classes spéciales, des choses comme
celles-là. On s'est dit: Cela va permettre de tenir compte de ces
cas-là, vu que nous avions comme objet de régler
complètement le problème.
Il fallait prendre toutes les mesures nécessaires pour
éviter qu'il reste des résidus - parce qu'il n'y a rien de pire
qu'un résidu dans une situation comme celle-là - parce que si
nous avions laissé un résidu, il y avait danger qu'il forme des
petits à son tour. Il ne fallait pas que cette possibilité
existe. C'est pour cela que le 15 avril nous est apparu comme la date la plus
vraisemblable. Si nous avions pu étudier le projet de loi dans des
circonstances normales, je pense que c'est une date qui aurait pu très
bien se discuter: le 15 avril, le 1er avril, le 15 mars, il n'y a rien de
biblique là-dedans, il n'y a rien de sacré. Je pense bien que
c'est un jugement pratique qui est posé qui est fort discutable,
très relatif aussi. Pour les raisons que j'ai mentionnées, le 15
avril nous est apparu meilleur comme date, assez éloigné de la
date de dépôt et d'adoption du projet de loi et assez proche,
également, pour que les vérifications soient relativement plus
faciles et surtout qu'on puisse tenir compte de tous les accidents ou
développements qui ont pu se produire au cours de l'année
scolaire qui fait quand même partie de l'histoire de ces
enfants-là.
On m'a demandé à plusieurs reprises pendant les
discussions que nous avons eues combien cela implique d'enfants. Je crois
devoir répéter ce que j'ai déjà dit, à
savoir que des enfants "illégaux" - entre guillemets, parce qu'à
mon point de vue, cela reste plutôt obscur au point de vue légal -
dans trois des commissions scolaires pour
catholiques qui sont principalement concernées, il y en a
à peu près 1000. Cela va chercher entre 950 et 1000 dont à
peu près 780, si mes souvenirs sont bons, à la Commission des
écoles catholiques de Montréal. Nous en mettons quelques
centaines au plus pour les autres commissions scolaires. Les autres commissions
scolaires catholiques, il n'y a pratiquement rien. Les commissions scolaires
protestantes, je dois dire à leur crédit qu'une fois qu'elles se
furent rendu compte que le gouvernement n'accepterait pas de faire de compromis
avec elles sur la question des subventions à ces enfants,
décidèrent en dedans d'un an, après le commencement du
phénomène, de revenir à la légalité, de se
soumettre à la loi.
On a dit bien des choses au sujet de certains propos qui avaient
été attribués, je pense, par erreur ou par mauvaise
interprétation, à la députée de Jacques-Cartier. On
doit reconnaître qu'à ce moment-là, elle jouait un
rôle très important au sein de la Commission des écoles
protestantes du Grand Montréal, et qu'avec ce respect profond de la loi
qui la caractérise, elle a insisté pour que la commission
scolaire protestante se situe en pleine légalité et a pu,
heureusement, compter sur les collaborations dont elle avait besoin pour que ce
projet se réalise. La situation ne s'est pas présentée de
la même manière dans les commissions scolaires pour catholiques
dont nous parlons. C'est un fait d'histoire. On peut bien refaire l'histoire et
dire: Ces fameux parents, ces fameux directeurs, ces fameux professeurs, ces
fameux cadres, ces fameux commissaires... On a eu neuf ans pour faire cela. Le
temps des procès d'intention est terminé. Je pense que c'est le
temps du recommencement aujourd'hui. C'est cela le sens profond de la loi.
Disons que dans les commissions scolaires pour protestants, si ce
n'était du phénomène de Western Québec dont j'ai
déjà parlé, je pense que le contingent serait d'au plus
200 - j'aurai les chiffres définitifs ces jours-ci - d'après les
relevés que nous avons au ministère. Je pense que le ministre de
l'Éducation d'avant décembre dernier, le député
d'Abitibi-Ouest, se souvient très bien que, par les rapports que nous
exigeons des commissions scolaires, nous avons toutes les précisions
nécessaires au sujet des contingents d'élèves. Dans le cas
des commissions scolaires protestantes, nous possédons, avec une
précision presque mathématique, le nombre d'effectifs soi-disant
illégaux qu'elles ont dans leurs murs. On m'assurait, ces jours derniers
- j'ai vérifié auprès du secrétariat de
l'Association des commissions scolaires protestantes - qu'il n'y aurait pas de
changement dans ce nombre par rapport à ceux qui sont déjà
sur nos listes. Tant mieux!
Il reste le cas de Western Québec; c'est un cas un peu plus
difficile, mais que nous allons aborder de front aussi, que je déplore
profondément. Je comprends la réaction de la commission scolaire
pour catholiques de Hull, qui ayant vécu ce problème de plus
près, a plus de difficultés à comprendre ce qui se passe.
Il faut qu'elle comprenne que c'est une solution que nous abordons pour
l'ensemble du Québec et qu'on ne peut pas commencer à faire un
régime d'exception pour un district en particulier, mais c'est celui
qui, personnellement, me paraît le plus épineux par rapport
à la perspective où nous nous situons. C'est malheureusement une
situation qui découle, d'après les renseignements que j'ai
obtenus, de la politique du gouvernement fédéral, pas celui
d'aujourd'hui, mais l'ancien. Il avait pris sur lui de verser des subventions
à cette commission scolaire pour lui permettre d'accueillir dans ses
murs des enfants qui n'auraient pas eu le droit d'y être suivant les
dispositions de la loi 101.
Je pense que le gouvernement fédéral a agi
là-dedans en croyant se faire l'interprète, il s'arrogeait le
pouvoir d'être l'interprète de facto de la Charte canadienne des
droits et libertés. Il aurait dû laisser cela aux tribunaux et ne
pas se mettre le nez là-dedans. Ce qu'il y a de plus odieux, c'est
qu'après avoir versé des subventions pendant deux ou trois ans il
a décidé de les retirer ensuite. Ces enfants sont parqués
dans ces écoles. Ce n'est pas leur faute, eux non plus. J'espère
qu'il y en a un certain nombre qui ont été
réorientés du côté des écoles
françaises, avec le libre consentement de leurs parents. On ne peut pas
les exclure d'une mesure comme celle-ci, s'il devait y en avoir qui vont se
présenter, mais je ne suis pas en mesure de fournir un rapport. C'est le
seul point sur lequel nous n'avons pas un portrait très précis de
la situation à laquelle nous faisons face.
Je pense que ces explications résument très bien la
portée de l'article 1 du projet de loi. C'est un article qui est concis.
Je pense qu'il donne tout ce qui doit se trouver dans cet article, sans rien
dire de plus. Je n'ai pas autre chose à ajouter là-dessus, sinon
pour souhaiter qu'il soit adopté dans les meilleurs délais par
notre commission.
Le Président (M. Thérien): Donc, je reconnais le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je pense que le moment
où on a l'occasion d'aborder l'article 1 du projet de loi concernant
l'admissibilité à l'enseignement en anglais de certains enfants,
est également celui, comme le ministre de l'Éducation a eu
l'occasion de le faire, d'expliquer pourquoi le ministre de l'Éducation
a la prétention, comme il l'a dit à plusieurs reprises, que le
temps était venu
de rendre admissibles des jeunes, des "illégaux" qui, peu importe
leur niveau d'étude, qu'ils soient à la maternelle, au primaire
ou au secondaire, puisqu'on prend la peine d'indiquer à l'article 1
"sans y être admissibles"... Le projet de loi a comme objectif de rendre
dorénavant admissibles ces jeunes à l'enseignement en anglais
comme s'ils avaient procédé correctement et qu'il n'y avait pas
eu un cadre différent de celui que nous connaissons.
Le ministre de l'Éducation, comme cela a été son
habitude depuis les 25 heures, en portant des jugements sur notre attitude,
notre discours, en disant que nous voudrions que cela continue, que cela ne
nous a jamais intéressés, que tout ce qui était important
pour nous, c'était d'épargner des piastres, a même
ajouté: Le temps des procès est terminé, le temps de
prêter des intentions est terminé. (23 h 45)
Je voudrais tout simplement rappeler que, depuis le début de
l'étude de ce projet de loi, si on a voulu par des motions
préliminaires prévues à nos règlements entendre
différents intervenants sur cette question, c'est qu'il y a d'autres
intervenants au Québec qui ont, effectivement, fa prétention
qu'on peut vouloir, tout comme le ministre de l'Éducation, régler
le problème dit des "illégaux" sans nécessairement
procéder par voie législative, qui ont - pour tous ceux qui ont
écrit là-dessus, qui ne partagent pas le point de vue du ministre
de l'Éducation et de la majorité ministérielle -la
prétention que c'est quand même odieux pour un Parlement, de
sanctionner par voie législative l'irrespect d'une loi adoptée
par un Parlement dûment autorisé.
Je veux bien qu'on nous fasse la morale sur les jeunes qui ont eu
à subir cette étiquette d'"illégaux". On sait nous aussi
qu'ils ont fait leurs études. On sait nous aussi qu'ils ont suivi des
cours, c'est évident, M. le Président. C'est cela le
problème qu'on discute depuis vingt-cinq heures. Ils ont suivi des cours
ailleurs que là où le contexte législatif le leur
permettait.
On a eu droit à des explications sur le fait que, d'aucune
façon, il ne fallait être revanchards ou vindicatifs envers ces
jeunes. Ils n'est pas question de pénaliser les jeunes. N'importe qui
dans une société démocratique sait que lorsqu'on
procède dans un contexte d'illégalité, il y a des
contraintes. Pour des gens qui ont défié une législation
peu importe sur les conseils de qui - on a eu l'occasion de l'illustrer - que
ce soit des administrateurs scolaires qui les ont encouragés, que ce
soit une association de professeurs comme PACT qui a fait le tour du Canada
pour amasser des fonds pour contester non seulement sur le plan juridique, mais
organiser ce qu'on appelle une résistance systématique, on dit,
à ce moment, que le défi à une loi, peu importe par qui il
est posé, doit s'exercer quand même dans un contexte minimum de
contraintes.
Par les diverses motions qu'on a voulu présenter pour entendre
les intervenants, que ce soit l'Alliance des professeurs de Montréal,
que ce soit la CEQ, le Mouvement Québec français, peu importe,
des opinions d'individus dans la société, un conseil de
commissaires dans la région de l'Outaouais, tous disent qu'il faut
régler le problème, mais que pour régler celui-ci, il n'y
a pas qu'une seule voie et ce n'est pas uniquement la voie tracée par
celui qui nous a indiqué qu'il avait trouvé la solution, compte
tenu de son expérience, compte tenu de l'analyse qu'il a faite de cette
question par son comité politique partisan, en disant: La solution,
c'est l'amnistie totale, générale, sans nuance.
J'ai déjà indiqué en deuxième lecture et
également dans les débats, que d'autres ont
préconisé une solution non seulement pour régulariser ceux
qui sont sortis du système, mais également pour fermer
l'entonnoir, parce qu'on ne se met pas un bandeau sur les yeux aujourd'hui en
ce sens que le problème n'est pas réel. M. le ministre nous
disait au tout début de ses explications sur l'article 1: On n'encourage
pas l'illégalité. Il y a une situation de fait que des gens sont
placés dans une situation d'illégalité.
On le reconnaît. Si notre raisonnement était si
erroné, comment se fait-il qu'il y en a d'autres qui pensent qu'en
procédant par voie législative, la conséquence peut
être que dorénavant, à des lois où le motif des
contrevenants pourrait être invoqué par rapport à la
légitimité de la législation comme les lois 70, 105,
111... J'ai déjà indiqué qu'il y a des gens qui pensent
que ces lois étaient illégitimes, souvent encouragées par
les gens qui aujourd'hui forment le gouvernement actuel, qui étaient
dans l'Opposition et qui tenaient ce discours, que c'étaient des lois
irrespectueuses, que c'était des lois qui pouvaient être
défiées parce qu'elles étaient illégitimes. Elles
étaient légales, mais illégitimes.
On ne peut pas avoir un système parlementaire de sanction
législative de deux ordres. Quand cela fait notre affaire, on peut
contourner, défier des législations, ce n'est pas grave, à
un moment donné il y aura un gouvernement qui a des dettes envers ces
personnes et il sanctionnera l'illégalité, il effacera
l'ardoise.
À l'article 1, le ministre de l'Éducation nous dit: Je
veux dorénavant présumer que l'admissibilité de ces jeunes
est correcte et conforme au régime du Québec, selon les condition
suivantes: au paragraphe 1, on indique quelques balises; même chose au
paragraphe 2. Mais sur le principe, le
résultat est toujours le même: c'est que le ministre de
l'Éducation - comme il l'a répété à
plusieurs reprises, parce que la question des "illégaux" l'a
impressionné, dit-il - veut mettre fin à cette situation par voie
législative en disant: On efface complètement l'ardoise.
J'ai eu beau être très attentif. Je croyais qu'il
profiterait de l'article 1 pour exposer davantage certaines
considérations qui nous paraissent absolument inacceptables et
inopportunes. Je voudrais seulement dire à titre d'exemple: On a beau se
forcer, se triturer les méninges, il n'y a personne de ce
côté-ci de la table - accompagné d'autres, ils sont plus
nombreux qu'on pense, qui peut comprendre, entre autres, la logique qui peut
comprendre, entre autres, la logique de fixer comme date le 15 avril 1986 dans
ce projet de loi.
Je n'ai sûrement pas - je l'ai dit à plusieurs reprises -
l'expérience du ministre de l'Éducation mais j'en ai assez, pour
avoir enseigné pendant une dizaine d'années, pour connaître
ce milieu et le connaître très bien - parce que j'ai encore
plusieurs amis dans le monde de l'éducation et j'ai également
plusieurs parents dans ce milieu - pour savoir que la date de
référence qui a toujours prévalu pour à peu
près n'importe quelle situation a toujours été le 30
septembre, soit au début de l'année scolaire. S'il n'y avait pas
de motif caché, s'il n'y avait pas des raisons que la raison ignore
jusqu'ici, pour essayer de justifier le 15 avril, on aurait beau regarder cela
dans tous les sens: L'Alliance des professeurs de Montréal, en plus
d'être en désaccord, dit: II y a quand même des dispositions
du projet de loi 58 qui sont complètement aberrantes,
complètement inacceptables et inquiétantes. Par hasard, elle en
cite une et c'est précisément celle sur laquelle je suis en train
de discourir. L'Alliance des professeurs de Montréal dit: On aurait pu
s'attendre que seuls les "illégaux" au 30 septembre 1985 - on peut
être en désaccord mais, au pire, à supposer qu'après
avoir exprimé largement notre désaccord, on réussisse nous
aussi à finir par comprendre que même si cela n'a pas de bon sens
d'effacer l'ardoise, on s'attendrait au moins à ce que la date sur
l'ardoise soit celle qui est de commune renommée, de commune
référence, qui est ce qu'on appelle la date normale d'inscription
pour les élèves.
L'alliance des professeurs dit ceci: Nous aurions pu nous attendre que
seuls les "illégaux" au 30 septembre 1985, selon la date de
référence normale pour l'inscription des élèves
depuis probablement des millénaires... Ce n'est pas le 15 avril 1986. Le
ministre de l'Éducation englobe, ce faisant, ceux qui auront
interprété... Ce n'est pas une prétention de celui qui
vous parle. C'est une réalité. En mettant cette date, ce qu'on
veut faire carrément, pour tous ceux qui l'ont interprété
ainsi, c'est qu'avec les libéraux au pouvoir, enfin pour eux, il n'est
pas grave de continuer à défier une loi, parce qu'on va
régler cela en effaçant l'ardoise. En conséquence, il est
fort probable que nous avions un phénomène qui
s'éteignait, qui diminuait, contrairement encore là aux mensonges
évoqués par le ministre de l'Éducation qui disait que nous
souhaitions, nous, que cela continue. On n'a jamais souhaité que cela
continue.
Les gens concernés que j'ai entendus là-dessus, y compris
celui qui vous parle, ont dit que le phénomène était en
régression, qu'il n'avait plus l'ampleur qu'il avait déjà
connue. Dans ce sens-là, la mesure à préconiser ne
nécessitait sûrement pas l'envergure qu'on lui donne par voie
législative. Je répète que ce point de vue est
partagé par plusieurs personnes. Quand on regarde la date choisie, la
présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal disait: Le
choix du 15 avril est totalement arbitraire. Quelquefois, dans ses moments de
franchise, parce qu'il lui arrive d'en avoir, le ministre de l'Éducation
nous l'a d'ailleurs confirmé tantôt - je veux bien que les
perroquets répètent autre chose - mais il nous a dit
carrément: J'ai dit cela, parce que c'était la date qui nous
apparaissait la plus vraisemblable. Je le cite textuellement. On a choisi une
date qui devait être un peu loin de l'acceptation du projet de loi. C'est
encore cité textuellement: Donc, à peu près le 15 avril ou
le 15 mars, cela a du bon sens, parce que cela va être adopté
probablement vers la fin de la session.
Mais, par rapport à des critères de
référence généralement admis dans un système
qu'il connaît bien, il y a quand même du monde qui s'attendait que
la date se rapproche de celle qui est presque universellement reconnue comme
une date à laquelle nous pouvons effectuer des références
dites normales.
L'alliance s'inquiète au plus haut point des pouvoirs que le
ministre s'arroge en décidant arbitrairement que ce sera le 15 avril
plutôt qu'une autre date. Tout en étant contre l'amnistie, on
aurait pu au moins présumer qu'on commencerait cette situation d'effacer
l'ardoise à une date de référence où,
habituellement, c'est là que les inscriptions se font.
Au moment où on se parle, est-ce un temps fort d'inscription dans
les écoles soit anglaises ou françaises? Tout le monde convient
que non. Ce n'est pas un temps fort d'inscription dans les écoles.
Après le début de l'année scolaire, tout ce qui peut
arriver, ce sont des situations particulières ou spécifiques
qu'il aurait pu régler par le pouvoir discrétionnaire dont il
s'arroge à un article subséquent.
Les articles 7 et 8, on aurait pu les voir un jour, si on n'avait pas
une motion de
clôture sur la tête. Si on n'avait pas une menace de
bâillon, on aurait pu regarder ça. On aurait pu prendre le temps
de regarder ça. Là, on aurait vu que le ministre se donne un
pouvoir discrétionnaire pour régler les cas frontières ou
les cas limites, comme un déménagement urgent pour toutes sortes
de situations.
Mais même pas cela! En plus du pouvoir discrétionnaire
qu'il se donne, d'une façon arbitraire, il dit: Je veux couvrir tous
ceux qu'on aurait encouragés à s'embarquer dans
l'illégalité et je vais leur donner plus que ce qu'il y avait
déjà sur le tableau de bord. Pour être certain qu'effacer
l'ardoise signifie encore plus, on va en ajouter. Si on est dans l'erreur, si
nos motifs ne sont pas bons, qu'il nous dise exactement quelle est sa
motivation à choisir cette date.
Comment se fait-il qu'on serait les seuls, M. le Président,
à comprendre de travers ce qui a été bien compris par tous
ceux qui s'opposent à l'amnistie sans nuance? Tous ceux qui s'opposent
à l'amnistie sans nuance ont vu exactement la même chose que nous.
Cela n'a pas de bon sens cette date, parce que, d'aucune façon, on ne
peut y trouver une once de rationnel; d'aucune façon, on ne peut y
trouver quelque chose de logique, de palpable qui nous permettrait de dire:
Nous, cela ne répond pas à nos objectifs, mais on est capable
d'expliquer cela. On est capable de se promener à l'intérieur du
Québec, de rencontrer des institutions scolaires, de rencontrer des gens
qui auraient un autre point de vue, mais qui pourraient comprendre qu'il y a
une logique dans le choix de cette date.
On s'est fait accuser faussement lorsqu'on a porté le jugement
que pour n'importe quelle récompense à
l'illégalité, îl y a un prix à payer et qu'il y
aurait peut-être là une dette électorale pour certains. On
s'est fait crier toutes sortes de noms -on est habitué - toutes sortes
de jugements, parce que je vous l'ai dit tantôt, nous, on saute des
pages, on ne comprend rien, on ne dit rien d'intelligible et c'est
l'improvisation qui nous guide.
Mais pour des gens qui sont guidés par l'improvisation, on peut,
de temps en temps, suivre les traces de d'autres qui ne sont pas des
parlementaires, qui sont des citoyens et des citoyennes à statut
corporatif ou à statut individuel. C'est drôle, ils ont exactement
le même point de vue que nous là-dessus!
Motion proposant de remplacer "le 15 avril
1986"
par "le 30 septembre 1985"
Dans ce sens, M. le Président, sur le premier paragraphe de
l'article 1, je voudrais déposer a ce moment un amendement que je vous
lis tout de suite - nous, nous pensons que c'est un amendement majeur et
important. L'amendement qu'on veut au moins proposer à l'article 1, M.
le Président, est le suivant: L'article 1 du projet de loi 58, qui
s'intitule: "Loi sur l'admissibilité à l'enseignement en anglais
de certains enfants", est modifié, au paragraphe 1, par le remplacement
à la première ligne des mots "le 15 avril 1986" par les mots le
"30 septembre 1985".
Le Président (M. Thérien): M. le
député, je vais prendre l'amendement en
délibéré et je vais ajourner les travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)