Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux,
toujours dans le cadre du mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale en juin dernier, à savoir de
procéder à une consultation générale sur les
orientations et le cadre de financement du réseau universitaire
québécois pour les années 1987-1988 et pour les
années ultérieures.
Comme je le disais hier, c'est probablement une journée
thématique pour nous puisque la commission accueille ce matin
l'Université du Québec à Chicoutimi et différents
organismes qui gravitent autour de cette université. Nous vous
souhaitons la bienvenue. Les membres de la commission et moi vous remercions
beaucoup d'avoir répondu à notre appel, de venir échanger
avec nous sur la problématique de l'orientation et du financement du
réseau universitaire québécois. La commission se penche
sur ce problème depuis la mi-septembre déjà, et les
informations et les renseignements que nous pourrons recueillir nous aideront
certainement, aideront le gouvernement à prendre position face à
ce problème qui perdure depuis nombre d'années.
C'est un très grand plaisir d'accueillir les gens de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, où nous comptons beaucoup
d'amis. Je dois dire aux gens de Chicoutimi que nous avons déjà
eu l'occasion de travailler en collaboration avec votre député.
Sentez-vous les bienvenus, sentez-vous bien à l'aise, tâchez de
mettre dans nos discussions l'esprit qui règne chez vous, cet esprit de
spontanéité que nous connaissons bien, de franchise et
d'échanges rigoureux, s'il le faut. Je pense que c'est de là que
sort la vérité et que sortent les idées qui font avancer
les choses.
Le porte-parole de l'université est M. Alphonse Riverin. M.
Riverin, nous vous invitons à nous présenter les gens qui vous
accompagnent.
Excusez-moi, est-ce qu'il y a des remplacements?
M. Jolivet: Oui, M. le Président, it y a quelques
remplacements ce matin. Le député de Dubuc, Hubert Desbiens,
remplace M. Jean-Pierre Charbonneau (Verchères). Le député
de Roberval, M. Michel Gauthier, remplacera, au cours de l'avant-midi, Mme
Cécile Vermette (Marie-Victorin). Je devrai vous quitter puisque je
participe à la commission parlementaire sur les forêts. Je dois
vous dire que les membres de l'Opposition auraient été heureux
d'être à Chicoutimi aujourd'hui, tel que nous l'avions
proposé, mais, malheureusement, cela n'a pas été
accepté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
M. le député de Laviolette. Vous allez nous manquer; vos
réparties, surtout, nous manqueront.
Du côté ministériel, y a-t-il des changements? Pas
de changement du côté ministériel. La commission
parlementaire est complète. Je dois souligner la présence
exceptionnelle du député de Lac-Saint-Jean. M. le
député, bienvenue.
M. Riverin, la commission a environ une heure et demie à
consacrer à l'université. Par la suite, à temps
égal, nous entendrons le Conseil régional de concertation et de
développement du Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi que la
Société d'électrolyse et de chimie Alcan Ltée. La
rencontre de ce matin avec votre groupe et les deux autres groupes doit se
terminer vers 13 heures. Il se peut que nous terminions avant, mais, s'il vous
faut plus de temps, soyez bien à l'aise, de façon qu'on puisse
avoir un échange enrichissant pour tout le monde.
M. Riverin, si vous voulez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et ensuite enchaîner avec la présentation. Encore une
fois, sentez-vous bien à votre aise.
Université du Québec à
Chicoutimi et un groupe
d'organismes de la région 02
M. Riverin (Alphonse): Merci beaucoup, M. le Président.
J'ai avec moi ce matin, à ma droite, le vice-recteur à
l'administration et aux finances, M. Lucien Gendron, à mon extrême
gauche, Mme Michèle Gauthier, secrétaire générale
de l'université, et, à ma gauche immédiate, M. Adam Nagy,
vice-recteur à l'enseignement et à la recherche. Vous aurez
remarqué aussi sans doute, comme à l'accoutumée, que la
région du Saguenay- Lac-Saint-Jean est très bien
représentée en arrière de moi. Je remercie
l'ensemble des organismes qui nous appuient très ouvertement
aujourd'hui.
M, le Président, M. le ministre de l'Éducation, madame la
porte-parole de l'Opposition, mesdames, messieurs membres de la commission.
C'est avec enthousiasme et intérêt que l'Université du
Québec à Chicoutimi se présente, aujourd'hui, devant la
commission de l'éducation convoquée pour étudier les
orientations et le cadre de financement du réseau universitaire
québécois pour Tannée 1987-1988 et pour les années
ultérieures.
Enthousiasme, puisqu'en accord avec les propos du ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science
l'Université du Québec à Chicoutimi croit, et je cite,
"que l'université est et doit devenir de plus en plus un rouage
essentiel dans le développement de la société
québécoise et que l'appui aux universités doit être
perçu comme une véritable obligation à laquelle un
gouvernement ne saurait se dérober sans faillir à sa
responsabilité". L'Université du Québec à
Chicoutimi est donc convaincue de la pertinence et de l'importance des
débats qui se déroulent à cette commission et tient
è féliciter M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science pour son initiative.
Intérêt aussi puisque l'Université du Québec
à Chicoutimi voit dans la tenue de cette commission une chance
inouïe de démontrer aux autorités supérieures,
croyons-nous, d'une part la pertinence et la qualité de ses actions dans
le domaine universitaire, actions qui, selon son avis, demeurent souvent
méconnues en dehors de son entourage immédiat.
Intérêt aussi, d'autre part, puisque l'Université du
Québec à Chicoutimi tient à souligner que le
présent mémoire soumis à l'attention de cette commission
n'est pas strictement le résultat de la réflexion de
gestionnaires universitaires mais bien la manifestation de la solidarité
d'une communauté régionale et de son université.
D'ailleurs, le nombre de représentants des différents organismes
qui nous accompagnent aujourd'hui reflète bien l'ensemble des
intérêts de la région et témoigne de cet appui
indispensable à notre université. Pour votre information, M. le
Président, permettez-moi de déposer immédiatement les
diverses résolutions des organismes régionaux appuyant
l'université dans sa démarche.
Dans cette présentation, vous nous demandez d'insister sur les
points importants véhiculés par notre mémoire. Vous nous
permettrez alors d'insister sur les deux éléments suivants qui
nous semblent les principes directeurs de notre document. En premier lieu,
l'Université du Québec à Chicoutimi est une
université et non une université régionale. En effet,
depuis quelques années, plusieurs intervenants sont tentés de
qualifier une université située en région
périphérique d'université régionale. Ce faisant,
ils oublient que la mission première d'un établissement
universitaire, peu importe l'endroit où il est situé, est
d'être un lieu privilégié de réflexion critique,
réflexion qui ne peut se borner à un cadre régional mais
qui doit tenter d'aboutir à l'universalité, c'est-à-dire
aux situations qui ont une incidence cosmique. Il est donc antinomique à
notre avis de parler d'universités régionales et
l'Université du Québec à Chicoutimi, au même titre
que les autres universités, affirme son statut d'université
à part entière.
D'ailleurs, dans cette ligne de pensée, toute la démarche
universitaire de notre institution est soumise aux mêmes critères
que celle des autres établissements d'enseignement supérieur.
Ainsi, au chapitre des programmes d'études, nos programmes de
baccalauréat, de maîtrise et de doctorat doivent, en outre de
notre approbation, recevoir celle du Conseil des études de
l'Université du Québec et l'assentiment du Conseil des
universités et, finalement, du ministère de l'Enseignement
supérieur.
Nous insisterons particulièrement sur cette démarche
puisque nous n'aimerions pas laisser l'impression que notre université
agit en vase clos. L'Université du Québec dans sa totalité
est avant tout une structure de concertation à laquelle notre propre
constituante est appelée à participer à part
entière, concertation dont le résultat est l'application de
règles communes et l'aboutissement d'une communauté scientifique
dont l'objectif premier est de s'assurer de la qualité des actions des
membres qui la composent. Il en est de même pour le Conseil des
universités dont le mandat confié par le législateur est
de s'assurer entre autres de la qualité des interventions universitaires
et de la coordination entre les établissements d'enseignement
supérieur. C'est donc dire que, lorsque cet organisme émet un
avis au sujet d'un programme d'études qui est porté à son
attention, il le fait en fonction de deux paramètres, la qualité
et l'opportunité.
Maintenant, au chapitre des projets de recherche, la situation est
identique, à savoir que nos demandes de subventions sont
adressées, de façon générale, aux mêmes
organismes que les demandes de subventions provenant des autres
établissements d'enseignement supérieur. En conséquence,
elles sont jugées par les pairs, selon des critères uniformes
visant à vérifier la qualité de la démarche
scientifique et l'opportunité des projets de recherche. Dans ce domaine,
la performance de notre université est certainement à
considérer puisqu'au cours du dernier exercice financier nos professeurs
ont
obtenu pour plus de 3 750 000 $ de subventions de recherche.
En second lieu, l'Université du Québec à Chicoutimi
est aussi une institution sociale. Qualifier d'institution sociale notre
université, c'est affirmer qu'elle doit répondre de façon
tangible aux besoins particuliers d'un espace géographique
déterminé, à savoir, dans le cas qui nous occupe, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Charlevoix et la Côte-Nord. En d'autres termes,
c'est affirmer que les services universitaires deviennent accessibles pour
cette région.
Accessibilité dans ce contexte veut dire, bien sûr, dans un
premier temps, rendre disponibles des programmes d'études universitaires
liés aux attentes du milieu et correspondant aux caractéristiques
de ce milieu. Accessibilité veut dire également, et nous
insisterons fortement sur cet aspect, rendre disponible à cette
même région une réflexion critique sur les problèmes
auxquels elle est confrontée, réflexion exercée par un
personnel qualifié. En regard de ce principe d'accessibilité, si
l'on observe les résultats de notre université depuis sa
fondation, c'est-à-dire depuis à peine dix-sept ans, vous nous
permettrez de vous affirmer qu'ils sont concluants.
C'est ainsi qu'au niveau de l'enseignement notre université
dispense des programmes originaux basés sur un caractère de
multidisciplinarité. À titre d'exemple, je vous citerai nos
programmes de maîtrise en gestion des petites et moyennes organisations,
de maîtrise en ressource des systèmes, de baccalauréat en
génie unifié et de baccalauréat en sciences sociales. Si
l'on regarde les retombées concrètes de l'ensemble de notre
programmation, nous sommes particulièrement fiers de constater que,
depuis la naissance de l'Université du Québec à
Chicoutimi, plus de 12 500 diplômés ont contribué à
freiner le phénomène qualifié d'exode des cerveaux.
On constate également que plusieurs catégories de
professionnels oeuvrant dans notre région sont des diplômés
de l'Université du Québec à Chicoutimi. C'est notamment le
cas pour les comptables agréés et les ingénieurs. Quant
à la recherche, il n'est pas surprenant de constater que plusieurs de
ces projets soient intimement liés à des problématiques
régionales, c'est-à-dire à la foresterie, aux mines,
à l'aluminium, à la population, etc. Par suite des compressions
budgétaires que nous avons suivies, je voudrais reprendre une boutade
que lançait notre vice-recteur à l'enseignement et à la
recherche: Nous vivons dans le bois, dans la forêt, mais nous ne sommes
pas sortis du bois. C'est dans ces actions que prend tout le sens de notre
responsabilité sociale, responsabilité partagée par notre
milieu puisqu'il s'associe aisément à la réalisation
desdits projets.
En outre, ces résultats nous convainquent que les sommes d'argent
consacrées à la mission universitaire dans notre milieu sont loin
d'être une dépense en soi, mais sont plutôt un
investissement dont notre mémoire essaie de tracer les grandes lignes en
matière de retombées sociales, économiques et culturelles.
Plusieurs études, d'ailleurs, confirment la rentabilité
élevée des sommes investies dans l'enseignement universitaire
supérieur et je ne voudrais en rapporter qu'une: au Royaume-Uni, en
particulier, un examen des dépenses effectuées conclut que les
crédits consacrés à l'enseignement supérieur
rapportent plus que les investissements dans tous les autres secteurs de
l'économie.
En résumé, M. le Président, notre mémoire
essaie de vous démontrer que, bien que notre université soit
intimement liée à son milieu, sa démarche vise
fondamentalement des solutions universelles à partir de
problématiques régionales pouvant bénéficier
à l'ensemble de la société québécoise et
nationale.
C'est pourquoi, en ce qui a trait aux modalités de financement,
nous vous proposons que les formules de financement qui seront
arrêtées par les autorités compétentes s'appuient,
en ce qui nous concerne, sur les principes suivants: 1. Reconnaître la
vocation générale de l'Université du Québec
à Chicoutimi; 2. Tenir compte des paramètres ou des
caractéristiques propres à notre université,
c'est-à-dire la taille, la densité démographique et
l'étendue du territoire; 3. Tenir compte de notre rôle
d'instrument essentiel de développement régional et nous
permettre de répondre à notre obligation de mission
d'enseignement sur l'ensemble du territoire que nous sommes appelés
à desservir; 4. Enfin, d'une manière plus spécifique, et
sur ce nous rejoignons l'ensemble des intervenants, que toute formule de
financement tienne compte des coûts reliés à la
recherche.
En terminant, M. le Président, nous vous remercions de votre
attention et nous sommes disposés à répondre à
l'une ou l'autre des questions que désirent formuler les membres de
cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. Riverin, de votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échanges avec les membres de la commission. Comme je
vous l'ai dit tout à l'heure, le temps qui nous reste sera
séparé également entre les deux formations politiques.
Je reconnais immédiatement le député d'Argenteuil,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
(10 h 30)
M. Ryan: M. le Président, c'est avec grand plaisir que
nous accueillons aujourd'hui à la commission parlementaire le recteur de
l'Université du Québec à Chicoutimi et ses
collègues et amis institutionnels qui l'accompagnent.
Nous sommes toujours très heureux à la commission
parlementaire d'accueillir une délégation nombreuse parce que
cela met de la vie dans nos réunions. Cela nous oblige, quoique je pense
que nous n'ayons point trop péché de ce
côté-là depuis le début, à monter le ton,
surtout nous autres du côté ministériel qui avons du
terrain à gagner chez vous. Il faut que nous nous montrions sous notre
meilleur jour.
J'ai oublié ma cravate bleue, ce matin, Mme la
députée de Chicoutimi, je m'en excuse. Je n'ai pas oublié,
je n'ai pas été capable de me résoudre à changer de
camp de manière aussi radicale.
Mme Blackburn: Je pensais que vous n'en aviez pas
trouvé.
M. Ryan: Je sais que les légendes ont parfois la vie
facile chez vous et je ne voulais pas en créer une de plus
aujourd'hui.
Je voudrais au début en dissiper une, justement. Dans des
articles de presse que j'ai lus ces derniers temps, j'ai vu que l'on
prêtait au gouvernement l'intention de réduire l'Université
du Québec à Chicoutimi en particulier, une sorte de
légende qui a circulé. C'est absolument faux. Je veux que cela
soit bien clair qu'il n'y a pas de projet dans les cartons gouvernementaux de
ce point de vue. Je ne sache point qu'il y ait eu des déclarations qui
auraient justifié de telles rumeurs. Je vais vous dire que nous prenons
les faits comme ils sont. Nous examinons le dossier de l'Université du
Québec à Chicoutimi avec toute la sympathie, la
compréhension et aussi la rigueur qui nous incombent dans nos fonctions.
Sur cette base, encore une fois, je souhaiterais vivement que tout malentendu
qui a pu naître d'interprétations données à des
propos tenus je ne sais trop par qui soit dissipé. Nous
apprécions le travail qui s'accomplit à l'Université du
Québec à Chicoutimi. J'ai eu l'occasion d'aller vous visiter il y
a quelque temps et je fus très heureux de l'accueil qu'on m'y a
réservé. Je sais depuis longtemps déjà, pour avoir
suivi votre travail de bien des manières, qu'il se fait d'excellentes
choses chez vous et j'espère que vous pourrez continuer à les
faire. Vous avez plaidé avec force dans votre mémoire, avec
l'appui, j'en suis sûr, de la presque totalité des organismes
régionaux, l'importance du rôle de l'Université du
Québec à Chicoutimi autant comme institution d'enseignement et de
recherche que comme instrument de développement culturel, social et
autre. Vous pouvez compter que sur ces orientations fondamentales il y a un
très large accord de notre part. Évidemment, ce sont toutes des
choses qui demandent à être interprétées. On peut
dire oui à la vocation générale de l'Université du
Québec à Chicoutimi. Cela ne veut pas dire qu'on veuille en faire
une copie carbone fidèle de l'Université Laval ou de
l'Université de Montréal. Je pense que le bon sens le plus
élémentaire indique qu'on ne peut pas envisager une
université de la même taille à Rimouski, à
Chicoutimi, à Rouyn-Noranda, à Hull qu'à Montréal
et à Québec. Si on ne peut pas envisager une université de
même taille et de même ampleur, cela veut dire qu'il y a des
limites quelque part qui sont inscrites dans la réalité. Il
s'agit de les identifier avec le plus de précision possible et avec le
plus de loyauté possible envers la réalité
également tout en veillant à assurer qu'il y ait un
éventail de programmes et de services assez large pour que le nom
d'université dont votre établissement se réclame à
juste titre soit de plus en plus justifié et fort aux yeux de vos
concitoyens et aux yeux de l'ensemble du Québec également. C'est
un point sur lequel je veux que les choses soient bien nettement
établies. Nous serons toujours heureux d'accueillir de nouvelles
initiatives. Cela ne veut pas dire que vous êtes gelés au point
où vous en êtes, pas du tout. Cela veut dire que nous examinerons
chaque projet, je dirais peut-être à la lumière de deux
ensembles de critères principaux. Il y a d'abord le critère de sa
valeur en soi, qui est celui dont s'est inspiré surtout et presque
exclusivement jusqu'à maintenant le Conseil des universités. Il y
a évidemment le critère de l'opportunité et de la
possibilité concrète également. Jusqu'à maintenant,
le Conseil des universités n'a pas été appelé
à se pencher beaucoup sur ce critère. On lui demandait:
Trouvez-vous que tel projet répond à des exigences
universitaires? Il disait oui ou non. Le reste du travail relevait du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. À
l'avenir, je serais assez heureux que le Conseil des universités pousse
sa démarche un peu plus loin et donne également un jugement
d'opportunité sur certains projets qui nous sont soumis. Cela aiderait
à assurer que les décisions soient prises dans un contexte
d'objectivité et en même temps de réalisme. Ceci dit, par
conséquent, pour les choses qui existent, personne ne peut dire que tout
ce qui existe est destiné à survivre éternellement. Il
peut arriver que certains programmes doivent être remis en question et
même abandonnés parce qu'ils auraient vieilli, parce qu'ils
n'auraient plus d'attrait auprès de la clientèle. Toutes sortes
de raisons peuvent justifier l'abandon d'un programme ou des modifications
importantes. On nous disait à l'Université du Québec
à
Trois-Rivières ces jours derniers qu'on a modifié
considérablement les programmes au cours des années par un
système d'évaluation très élaboré. C'est une
chose à laquelle nous souscrivons sans difficulté, j'en suis
sûr.
En même temps, pour l'avenir, je souhaite vivement que, dans
chaque établissement universitaire, on sente, du côté du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, une
attitude qui est a priori une attitude d'accueil et de sympathie envers tout ce
qui peut être progrès de la connaissance et développement
de la mission universitaire en conformité avec les possibilités
réelles de notre milieu. Je voudrais qu'on sente que notre premier
réflexe est un réflexe d'ouverture et non pas un réflexe
de freinage. À ce moment-là, je pense qu'on peut engager la
discussion et en venir à un examen objectif d'une proposition au terme
de laquelle doit intervenir une conclusion qui a l'obligation d'être la
plus juste et la plus réaliste possible. C'est l'approche, en tout cas,
que je voulais vous communiquer ce matin. Je suis bien content de la rencontre
que nous avons, je suis content des choses qui ont pu se dire depuis quelque
temps parce que cela nous invite à apporter des précisions
utiles.
En ce qui touche à la mission régionale de
l'université, j'avais l'occasion d'en toucher un mot à M. Riverin
à l'occasion d'une conversation impromptue que nous avons eue à
l'issue de l'une des séances de la commission hier. Je l'ai dit à
l'occasion d'une rencontre que nous avons eue hier avec une université -
je pense que c'est l'UQAM: Je souscris au concept de mission régionale
à condition que cela ne devienne pas un fourre-tout. Je parle pas mal ad
lib, comme on dit, sans trop de contraintes et je n'ai pas de note de mes
collaborateurs dans mes poches ou rien, mais je pense que c'est quelque chose
qu'il faut dire à un moment donné à l'occasion des travaux
de la commission.
Je vais vous donner une expérience bien simple. Je me souviens de
l'essor qu'ont connu les sciences sociales chez nous, il y a à peu
près une vingtaine d'années. Un politicologue, un sociologue, un
économiste, c'étaient les nouveaux évangélistes qui
avaient les vérités nouvelles sur à peu près tous
les sujets. Ils ont tellement prodigué leurs vérités qu'au
bout d'un certain temps je pense que l'attrait était devenu beaucoup
moins fort. Il y a eu un grand nombre de cas. On est allé trop loin dans
le sens d'un soi-disant service tous azimuts. Pendant ce temps, on les voyait
de plus en plus à la télévision, dans les journaux et dans
des commissions de ci et de ça.
Je me rappelle certains, parmi les meilleurs, qui me disaient:
Celui-là, il est fini pour "la grosse ouvrage"; il est trop souvent sur
la rue Sainte-Catherine et à
Radio-Canada. C'est la contrepartie. Je dois vous dire en toute
honnête - c'est un aspect que je surveille, en tout cas, et j'ai suivi
ces choses depuis 25 ans - que c'est une limite dont nous devons être
conscients.
J'ai également remarqué d'autre chose. Je pense que nous
avons tous la responsabiité, comme citoyens, de participer au
développement de la communauté. Ce n'est parce qu'un tel est
universitaire que nécessairement toute l'université est
embarquée là-dedans non plus. Il faut faire attention de ne pas
tirer la couverte trop fort non plus de ce côté, parce que pour
l'université elle-même cela peut devenir un problème avec
le temps. Je pense que sa crédibilité est au-delà des
modes passagères, au-delà de telle ou telle cause
particulière qui peut être très périssable.
Cela dit, je pense que le souci que vous avez de vous imbriquer dans la
vie et les problèmes de la région est très important.
Quand je vois l'insistance que vous mettez à développer des
programmes et des projets de recherche qui concernent les ressources naturelles
dont la région a été dotée, les
caractéristiques de votre population, les caractéristiques de
votre économie - je souligne au passage, nous aurons l'occasion de le
faire plus tard aujourd'hui, les rapports que vous avez
développés avec Alcan; je pense que là il y a toute une
série d'activités qui sont remarquablement intéressantes -
je veux vous assurer que, du côté du gouvernement, ce genre de
développement est vu avec une très grande sympathie, une
très grande réceptivité également.
Je pense avoir dit l'essentiel en ce qui touche ces propos
d'introduction. Je voudrais maintenant vous adresser quelques brèves
questions qui pourront éclairer davantage notre discussion. J'aimerais
que vous me disiez, au point de vue de projets de développement, quels
sont les projets que vous avez en tête actuellement pour les prochaines
années, les lignes de développement que vous entrevoyez pour
l'Université du Québec à Chicoutimi, en plus de celles que
vous avez déjà cultivées depuis quelques
années.
M. Riverin: Oui, M. le Président, M. le ministre. En
effet, si nous nous référons au plan de développement que
nous avons préparé de concertation avec l'ensemble du
réseau de l'Université du Québec pour 1985-1988, il y
avait trois objectifs très précis qui étaient dans ce plan
de développement: il y avait d'abord les études avancées
aux 2e et 3e cycles, et je pourrai m'exprimer tout à l'heure plus
amplement là-dessus; il y avait également la création de
centres de recherche, qui sont toujours en fonction des ressources que nous
retrouvons chez nous; et, en troisième lieu, il y avait la
création de
nouveaux programmes qui nous apparaissent correspondre à un
besoin essentiel de notre université, en ce qui concerne le
développement universitaire lui-même, mais également pour -
un phénomène qui est extrêmement important à mon
point de vue en termes de développement régional et nous l'avons
mentionné à plusieurs reprises - freiner l'exode des
cerveaux.
Quand on parle du développement des études avancées
et de la recherche, M. le ministre, il ne faut pas, encore une fois, nous
imaginer - ou que les gens s'imaginent - que l'Université du
Québec à Chicoutimi a l'intention d'aller partout dans tous les
domaines. Au contraire, nous avons des champs d'action qui ont
été délimités depuis fort longtemps, ce sont des
choix qui ont été faits au tout début de
l'université du Québec. Je pense aux ressources minérales,
je pense également à tout ce qui concerne le Moyen-Nord, notre
travail avec les Amérindiens - qu'est-ce que je pourrais encore
évoquer - et aussi la productivité vétégale.
Vous savez que chez nous, je le mentionnais tantôt, nous vivons
dans une région où la forêt demeure l'un des aspects les
plus importants. On connaît aussi tous ces programmes qui aujourd'hui,
provenant aussi bien du gouvernement québécois que du
gouvernement canadien, proposent la régénération de la
forêt québécoise. Nous croyons qu'il est de notre devoir de
nous immiscer dans ce domaine, ce qui a déjà été
fait chez nous par les recherches nombreuses qui ont été
poursuivies. Nous espérons pouvoir y greffer des programmes
d'études avancées. On ne peut pas laisser des chercheurs, si
brillants et si féconds soient-ils, sans qu'ils aient un enseignement
pour se créer des disciples qui pourront continuer par la suite les
actions qu'ils ont entreprises à un moment ou à un autre de
l'existence de notre région.
Vous avez donc ces deux aspects fondamentaux. Nous avons aussi
pensé qu'il était extrêmement important que nous
développions une expertise nouvelle dans le domaine de la transformation
de l'aluminium. Je pense bien qu'on peut, pour le moment, dire que la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est la capitale de la production de
l'aluminium et nous trouvons qu'il serait tout à fait normal que nous
puissions créer éventuellement un centre de recherche
extrêmement profitable pour tout le Québec qui nous permettrait de
trouver de nouvelles façons d'utiliser ce produit que, actuellement,
nous expédions surtout à l'étranger. Cela créerait
d'ailleurs des sources d'emploi extrêmement importantes.
Il y a un autre point qui nous intéresse
énormément, dans le domaine de la productivité
végétale, cette fois - je veux vous le rappeler brièvement
- c'est celui qu'on appelle les huiles essentielles. Je ne voudrais pas
créer de problèmes, mais notre expert dans le domaine et ses
collègues avaient l'habitude de parler de terpène. Cela m'a pris
deux ans à savoir que c'était la sève des arbres qui
pouvait servir à la fabrication de médicaments, de colorants, des
cosmétiques ou à toutes sortes d'autres utilités.
Depuis ce temps, j'ai su que le Canada a déjà
été le grand exportateur d'huiles essentielles dans le monde et
que, maintenant, il a été remplacé par un autre pays. Nous
sommes en train de faire des recherches très approfondies à
Chicoutimi pour déterminer quel genre d'entreprise nous pourrions
lancer, en vertu des recherches qui se font, afin de déterminer la
qualité des huiles essentielles que nous sommes capables de tirer
à partir non seulement des bois que nous connaissons, le bouleau,
l'épinette noire, l'épinette rouge ou n'importe quelle autre
essence végétale, mais également - c'est assez
étonnant et, au début, je croyais même que c'était
une boutade - les foins fous qui poussent le long de notre Saguenay. (10 h
45)
À ce moment, on a réussi à tirer des huiles
essentielles de ces herbages, ce foin fou qu'on appelait dans ma jeunesse, et
on s'aperçoit maintenant qu'on peut en tirer des huiles essentielles
extrêmement importantes qui ne coûteraient rien, dans le fond, en
termes de matière première. On n'a pas besoin de le remplacer
parce que ça pousse toujours tout seul, c'est comme du chiendent, et on
pourrait créer des entreprises extrêmement importantes
là-dedans. C'est un domaine, je crois, où il faut absolument nous
développer.
Il y a un autre domaine où nous devons... Je pense que c'est
notre devoir de le faire puisque nous avons une maîtrise en petites et
moyennes organisations à Chicoutimi qui est très originale. Vous
savez que j'ai été longtemps doyen ou vice-doyen de
facultés d'administration et, par conséquent, quand je suis
arrivé à Chicoutimi, j'ai trouvé que c'était un
programme fort original par rapport à ceux que j'avais connus et que
j'avais moi-même contribué à lancer. Ce programme
mériterait, à mon point de vue, d'être beaucoup mieux connu
à l'extérieur de notre région et nous avons donc un
programme pour le faire connaître à l'extérieur de la
région, mais aussi dans les pays en voie de développement. Nous
trouvons là une façon de nous développer qui permettrait
d'aider les pays en voie de développement et, en même temps, de
faire connaître notre université d'une façon
internationale.
Voilà les grandes lignes. Je pense que M. le vice-recteur Nagy
pourrait poursuivre là-dessus, ce serait intéressant. Ce sont
à peu près les grandes lignes de notre
développement futur. Je vous prierais, M. le ministre, de croire
que nous n'avons pas du tout l'intention, premièrement, de nous lancer
en médecine et, deuxièmement, même pas en droit. Nous avons
donc éliminé cela de notre champ d'action, mais nous voulons
créer des programmes qui correspondent à la fois à une
réalité régionale, mais aussi qu'il y ait une incidence un
peu plus provinciale ou québécoise.
M. Ryan: J'ai vu que, pour le développement des programmes
de 2e cycle, vous mettez beaucoup l'accent sur la collaboration avec d'autres
universités. Pourriez-vous nous donner des précisions
là-dessus?
M. Riverin: Oui. Je suis très heureux, M. le ministre, que
vous ayez posé cette question, parce que je trouve que c'est une action
que nous avons entreprise qui est extrêmement intéressante.
Prenons d'abord les ententes que nous avons avec diverses universités.
Il y a la maîtrise et le doctorat en sciences religieuses avec
l'Université de Montréal. L'Université de Montréal
a reconnu les cours que nous donnions chez nous, a accrédité les
cours que nous donnions chez nous en même temps que les professeurs. Nous
avons une maîtrise en linguistique avec l'Université Laval.
Là encore, le même phénomène s'est reproduit; ce
n'est pas une complémentarité, c'est une accréditation de
la part de l'Université Laval en regard de nos programmes et du corps
professoral qui est appelé à les dispenser. Nous avons
également le doctorat en ressources minérales avec l'UQAM, bien
sûr. Nous avons aussi un doctorat en sciences de la gestion avec
l'Université d'Aix-Marseille. Aix-Marseille a accepté certains
des cours que nous donnons chez nous et accrédité nos
professeurs. Maintenant, nos candidats peuvent aller passer un semestre
à l'Université d'Aix-Marseille et revenir chez nous pour
poursuivre leurs études de doctorat et terminer leur thèse. Nous
avons aussi une maîtrise en gestion des PMO - je vous le mentionnais tout
à l'heure - que nous avons étendue à l'Université
du Québec en Abitibi-Témiscamingue et il est question maintenant
que nous l'étendions à l'Université du Québec
à Rimouski. Nous avons enfin une maîtrise en études
littéraires qui se donne de concert avec l'UQTR et l'UQAR. Je voudrais
aussi mentionner, M, le ministre - de cela, nous étions très
fiers - le centre interuniversitaire en génétique des populations
qu'on appelle SOREP et qui a été créé en
collaboration avec l'Université McGill, l'Université Laval et
l'Université du Québec à Chicoutimi. Celle-ci, par
l'entremise du professeur Gérard Bouchard, avait établi un grand
nombre de données sur le problème des maladies
héréditaires qui se retrouvent dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean mais que l'on retrouve également dans l'ensemble
du Québec, ce qui a fort intéressé les chercheurs de
McGill et les chercheurs de Laval. Nous sommes très fiers, M. le
ministre, d'avoir trouvé chez nous cette compétence qui permet
à de grandes universités de s'allier à nous pour
créer un centre interuniversitaire qui a d'ailleurs été
reconnu par le ministère de l'Enseignement supérieur lorsqu'on
leur a accordé des actions structurantes. Ce que nous cherchons
véritablement, c'est une concertation non seulement avec les
constituantes du réseau de l'Université du Québec, mais
également avec l'ensemble des universités
québécoises qui peuvent nous aider à développer les
programmes que nous avons déjà ou que nous aimerions avoir.
M. Ryan: Pouvez-nous nous dire comment vous envisagez les
rapports avec les cégeps dans la région? Il y a quatre
cégeps dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'aimerais que
vous me disiez comment vous voyez la collaboration entre ces deux ordres
d'enseignement.
M. Riverin: II y a trois ans, lorsque je suis arrivé
à Chicoutimi, c'est l'une des premières questions que je me suis
posées et nous avons commencé à ce moment-là.
J'imagine qu'il y avait probablement déjà eu des tentatives avant
mon arrivée, je n'ai rien inventé, mais j'avais au moins
invité les quatre directeurs de nos quatre cégeps
régionaux à une rencontre préliminaire à
l'Université du Québec à Chicoutimi et nous avions convenu
qu'il était extrêmement important que les institutions
d'enseignement supérieur de la région travaillent en très
étroite collaboration.
Je pourrais vous mentionner deux points où nous avons
réussi cette collaboration, pas au degré où nous aimerions
qu'elle soit, mais, tout de même, je pense que des efforts
considérables ont été faits. D'abord, en
productivité végétale, le cégep de
Saint-Félicien et celui de Chicoutimi ont une option d'exploitation
forestière dans leurs cours professionnels. Le cégep de
Jonquière, dans le secteur professionnel, a une option
d'aménagement du territoire et le cégep d'Alma s'occupe surtout
de l'agro-alimentaire. Nous avions pensé que les quatre cégeps et
l'université pourraient s'allier pour créer un centre de
productivité végétale dans la région qui regroupe
l'ensemble des phénomènes reliés au domaine
végétal.
Là-dessus, je peux vous dire, M. le ministre, que nous avons eu
un accord de principe avec les quatre cégeps. Ce qui nous a
manqué jusqu'à ce moment-ci pour pouvoir mener cela plus loin,
c'est, bien sûr, l'argent. Je ne demande pas qu'on soit
financé là-dessus. Je pense qu'il faudra finir par
démontrer que notre équipe est assez solide et assez
multidisciplinaire pour pouvoir aller chercher des sommes, par exemple, au
FCAR. On n'appelle plus cela comme cela maintenant, je ne m'en souviens plus.
C'est peut-être comme cela qu'on l'appelle.
Il y a aussi un autre exemple fort important à notre point de
vue, M. le ministre. Il s'agit de notre entente avec le cégep de
Jonquière en ce qui concerne la conception assistée par
ordinateur et la fabrication assistée par ordinateur. Nous avions
signé cette entente l'année dernière, ce qui nous a permis
de partir du côté de ce qu'on appelle la CAO, la conception
assistée par ordinateur. Le cégep de Jonquière a la FAQ,
la fabrication assistée par ordinateur. C'est toujours axé vers
les besoins de l'entreprise régionale. Nous espérons bien...
Remarquez qu'il n'y a pas encore de résultats tangibles, cela ne fait
quand même qu'un an que ce centre fonctionne. Je pense que nous pourrons
très bientôt pouvoir donner à l'ensemble des entreprises
régionales des services qui pourraient être fort importants.
Et, bien sûr, CEQUIP. Nous avons eu, d'ailleurs, une subvention
extrêmement importante de la part de l'OPDQ il y a à peu
près deux mois, pour nous permettre d'acheter un ordinateur qui
correspondait aux besoins que nous avions dans le domaine de la conception
assistée par ordinateur. Nous avons également une subvention
prévue de la part de CEQUIP qui est l'organisme québécois
pour l'établissement de ces centres de conception et de fabrication
assistées par ordinateur. La subvention de CEQUIP nous a aussi
associés avec le cégep de Sherbrooke dans le domaine de la
fabrication assistée par ordinateur.
Nous avons un autre projet qui, à mon point de vue, est
extrêmement valable parce que vous savez sans doute que le cégep
de Jonquière est un des cégeps, sinon le cégep au
Québec, qui a la meilleure option en - ce n'est pas en journalisme -
arts techniques des médias. Nous avions pensé qu'il y aurait
avantage, à l'Université du Québec à Chicoutimi, de
créer un baccalauréat en communication qui partirait des assises
que l'on retrouve à Jonquière, qui sont des assises techniques
reconnues partout au Québec, et que nous pourrions construire
là-dessus un baccalauréat en communication qui serait fort
original et tout à fait différent de ce qu'on retrouve ailleurs
dans les autres universités.
Voilà en gros, M. le Président, les relations que nous
avons avec les cégeps. Je ne dis pas que ce sont des relations faciles
parce qu'on a toujours accusé les universités d'être dans
leur tour d'ivoire. Je ne suis pas très sûr que les
universités n'ont pas, à un certain moment, snobé les
cégeps, mais je pense que maintenant la plupart des universités
se rendent compte que les cégeps font partie comme nous de
l'enseignement supérieur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
Terminé? Je reconnais maintenant le porte-parole officiel de
l'Opposition en matière d'enseignement supérieur et de science,
votre députée, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. Vous comprendrez, mesdames, messieurs, que
je suis particulièrement heureuse aujourd'hui de vous recevoir, M. le
recteur et vos collaborateurs. Je me permettrai de souligner la présence
des députés de notre région. J'avais
déploré, au moment où une université
régionale s'était présentée ici, l'absence de
députés du gouvernement. Je dois dire que ce n'est pas le
reproche que je pourrais faire à mes collègues. Ils ont vraiment
fait des efforts pour venir vous rencontrer ici et témoigner de l'appui
indéfectible, je dirais, de la députation régionale
à l'endroit de l'Université du Québec à
Chicoutimi.
Je voudrais saluer les personnes qui vous accompagnent. Je ne les
nommerai pas toutes. MM. les maires, madame, MM. les présidents
d'organisme et d'association, votre présence dans la salle ici
témoigne, s'il fallait encore le faire, de la solidarité et du
dynamisme de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est un plaisir pour
moi de vous accueillir ici en tant que porte-parole de l'Opposition en
matière d'enseignement supérieur.
Écoutez, je vous vois ici et je me suis dit... Pas tout de suite,
dans trois ans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, évitez les interventions hypothétiques!
Mme Blackburn: Je me suis dit que cette commission avait
manqué une occasion d'aller visiter une des plus belles régions
du Québec en refusant de se déplacer pour aller entendre les
mémoires et les organismes dans les différentes régions.
Vous savez, on le sait, Chicoutimi, c'est toujours plus loin de Québec
que Québec de Chicoutimi. Alors, faute d'être allé chez
vous et d'être allé dans les autres régions
également, vous leur montrez qu'on est aussi capable de se
déplacer quand la nécessité se fait sentir.
Je suis heureuse de la mise au point qui vient d'être faite par le
ministre, à savoir qu'il n'a pas l'intention d'abonder dans le sens des
différents mémoires et des différents organismes de
réduire ou de ratatiner la mission des universités en
régions. Le ministre parle d'une légende qui voudrait que ce
gouvernement ait l'intention de réduire la mission des
universités en régions à l'enseignement du premier
cycle.
Je voudrais lui dire que la légende a été
plutôt entretenue par des actes et des gestes assez concrets au cours des
derniers mois. Je pense en particulier aux rapports et aux avis du Conseil des
universités. Le Conseil des universités jouit d'une grande estime
de la part du ministre. On peut penser que, si l'avis du Conseil des
universités était suivi, la mission des universités en
régions se trouverait considérablement réduite.
Par ailleurs, on ne peut pas non plus oublier que certains ténors
de ce gouvernement ont à l'endroit des régions posé des
gestes concrets qui ont eu comme effet de réduire le dynamisme et la
capacité d'intervention des régions. Je pense en particulier
à la recommandation qui touche le siège social de l'UQ. Je pense
aux CRCD, recommandation qu'on retrouve dans le rapport Gobeil, de même
qu'au sort qui a été réservé à
Radio-Québec. Je pense également qu'un des premiers gestes du
Conseil des ministres a été d'abroger une décision qui
avait été prise d'accorder aux universités en
régions 3 600 000 $ d'argent neuf pour contribuer au
développement de la mission régionale. Je n'appellerais pas cela
une légende fabriquée de toutes pièces, si légende
il y a. Elle repose sur des faits concrets qui nous laissaient voir que la
mission des universités en régions était
menacée.
Le ministre nous dit qu'il examinera tout nouveau projet de
développement en partant de deux critères: la valeur du projet en
soi et son opportunité. Qu'il applique aux régions et aux
universités régionales les mêmes exigences et avec la
même rigueur qu'il le fait à l'endroit des autres
universités, je suis d'avance convaincue que les universités en
régions et l'UQAC en particulier sauront tirer avantageusement leur
épingle du jeu. Les programmes d'enseignement et de recherche de
l'Université du Québec sont fortement axés sur les
particularités de la région. Je ne reviendrai pas sur
l'exposé que vient de nous faire à ce sujet le recteur de
l'Université du Québec à Chicoutimi. (11 heures)
Par ailleurs, parce qu'il court également d'autres
légendes et parce qu'aussi il y a des informations qu'on n'a pas
toujours de façon très certaine, j'aimerais poser un certain
nombre de questions à M. le recteur. Je ne les présenterai pas
nécessairement dans ce que je qualifierais d'un ordre d'importance, mais
cela nous permettra certainement d'apporter un peu plus d'éclairage sur
le coût de certaines interventions, de même que sur l'avenir de
certains programmes. Lorsque vous parlez de financement, vous indiquez un
certain nombre de paramètres dont on devrait tenir compte dans
l'allocation des ressources: l'enseignement aux 1er, 2e et 3e cycles, la
recherche, la taille, l'éloignement et la mission régionale. Je
me demandais si vous aviez évalué ce que pourrait
représenter en pourcentage ce volet ou ce paramètre de mission
régionale dans l'enveloppe de l'Université du Québec
à Chicoutimi.
M. Riverin: Mme la députée de Chicoutimi, c'est
extrêmement difficile d'établir un chiffre, mais nous pensons que
cela représente à peu près 4 % de notre budget de
fonctionnement. Alors, si notre budget de fonctionnement est de l'ordre de 30
000 000 $, on peut dire que c'est à peu près 1 000 000 $ par
année que nous sommes obligés d'accorder à la
région. Je voudrais en profiter ici pour dire, madame, que dans une
région comme la nôtre - cela me fait plaisir que cette question
soit posée, il y a trois ans je n'aurais pas eu la même
réaction. J'étais moi-même dans les grands centres et,
même lorsque j'ai été président de
l'Université du Québec, le problème des régions
était pour moi un problème abstrait. Mais lorsque vous êtes
dans une région, cela ne devient plus un problème abstrait, c'est
un problème concret. Ce que j'ai remarqué dans la région,
chez nous, et j'imagine que c'est la même chose pour les autres
constituantes de l'Université du Québec, c'est que
l'université est considérée comme une espèce
d'agent neutre où les divergences d'opinions, ou de vues, ou de
visées entre les différentes municipalités peuvent trouver
un certain terrain d'entente, ou au moins on croit que l'université peut
avoir un souci d'objectivité plus grand que l'on pourrait voir entre les
individus qui sont de municipalités différentes. C'est un premier
problème. C'est donc une constatation que j'ai faite, savoir que
l'ensemble de la région considère l'université comme un
agent neutre. Cela est extrêmement important qu'il y ait quelque part un
endroit où les gens se sentent en confiance.
La deuxième, est-ce un défaut de nos institutions?
qu'elles soient politiques, qu'elles soient administratives ou autres, nous
sommes constamment appelés à faire face à des
problèmes qui, normalement, ne devraient pas relever de nous, mais que
nous sommes obligés d'étudier parce qu'ils nous sont
présentés instamment. Je vais vous donner des exemples
très rapides. Par exemple, un maire de village va m'appeler pour me
dire: Chez nous, il y a un chômage chez les jeunes extrêmement
considérable. Nous sommes dans un endroit forestier, les gens
travaillent trois ou quatre mois en forêt et, ensuite, ils sont
bénéficiaires de l'assurance-chômage. Ils commencent
à fabriquer des meubles, de l'artisanat, bien sûr, mais on ne peut
pas trouver de débouché. Est-ce que vous ne pourriez pas nous
aider à créer une coopérative pour que nous puissions
éventuellement écouler ces produits que nos
jeunes peuvent et savent faire au cours de leurs moments libres? On peut
difficilement dire non à une telle demande. Vous avez un autre - je ne
mentionnerai pas les noms des villages, bien sûr - qui appelle un de mes
collègues, qui appelle à l'Université du Québec
à Chicoutimi, pour dire: Nos jeunes ne travaillent pas, il y a un
problème de drogue extrêmement pénible chez nous. Est-ce
qu'on ne doit pas, à ce moment, nous, par notre service à la
communauté et par notre service d'animation sociale, venir à la
rescousse de ces personnes qui ont besoin d'une aide quelconque? Malgré
qu'on leur dise qu'il existe d'autres instruments à leur disposition,
toujours par le fait qu'ils considèrent l'université comme un
agent neutre, ces gens croient que nous sommes mieux en mesure de les aider.
Vous avez des diminutions d'emploi considérables dans la région
par la grande entreprise - la grande entreprise l'a admis au sommet du mois de
mai 1984 - il y a un comité de survie de l'emploi qui est
créé où l'on regroupe les maires des municipalités,
les représentants politiques de la région, et on dit: II faut que
ce soit le recteur de l'université qui préside ce comité.
Pourquoi? Encore une fois, parce qu'on estime que l'université est
toujours l'agent neutre. C'est du temps que nous devons consacrer à
cette mission qui est fort importante.
Je parle du recteur, mais il faudrait parler de l'ensemble de la
communauté universitaire, aussi bien les professeurs que les
professionnels et que les autres personnes qui travaillent à tous ces
projets dont j'ai parlé.
Mme Blackburn: Bien. Vous avez parlé de la collaboration
étroite avec Alcan; vous avez parlé également de la
maîtrise en moyenne et petite organisation comme étant un
programme qui serait très exportable. Pourriez-vous nous parler un peu
de la collaboration de l'université avec les petites et moyennes
entreprises, les PME, au-delà de la maîtrise?
M. Riverin: Oui. On ne peut pas dire que c'est extrêmement
développé, mais ce sont des choses qui prennent un peu de temps
à se réaliser dans le concret. Il reste cependant que nous avons,
par exemple, dans notre département de génie, un atelier
mécanique; et vous avez maintenant ce que nous appelons dans la
région, et je pense que c'est probablement le meilleur terme que nous
puissions y consacrer, nous avons des patenteux, beaucoup de patenteux et des
gens qui ont besoin d'un support technique. Ces gens se présentent chez
nous, à notre département de génie unifié, à
notre atelier mécanique, et peuvent utiliser, grâce à
l'aide de nos techniciens et de nos professeurs, les instruments qui sont
à leur disposition pour pouvoir parfaire l'instrument qu'ils ont
inventé.
Nous avons également - vous êtes au courant sans aucun
doute parce que cela a fait la manchette des journaux relativement
récemment - la création de SOCCRENT, la Société en
commandite pour la création d'entreprises. Là encore, je pense
que la collaboration de l'université et de la petite et moyenne
entreprise va s'avérer... Et non seulement de l'université, mais
de l'ensemble des institutions d'enseignement supérieur de la
région, parce que tous les secteurs professionnels des cégeps
vont être appelés à collaborer à la mise sur pied de
ces entreprises. C'est une initiative qui est partie de l'université,
mais qui n'appartient pas à l'université, qui appartient à
la région. Il reste que nous sommes extrêmement
intéressés à ce que cette initiative se poursuive. II y
aura d'ailleurs une conférence de presse vendredi matin prochain pour
annoncer la première entreprise créée grâce à
SOCCRENT.
Vous avez également un grand nombre de cours qui sont
donnés à l'intention de la petite et de la moyenne entreprise.
Vous avez aussi le fait - je voudrais le mentionner parce que c'est fort
important - qu'à notre cours de génie les étudiants en
génie doivent faire trois projets au cours de leurs trois années
et demie d'études, mais des projets qui sont des solutions à
apporter à des problèmes techniques qu'a l'entreprise, la petite
ou la grande entreprise. Ces projets -nous l'avons remarqué d'ailleurs -
la plupart du temps auraient mérité un brevet, de sorte qu'on
pourrait en créer des entreprises. C'est ce qui nous a amenés
à créer ce que nous avons appelé le BITA, Bureau
d'innovation de technologie appliquée, non seulement en technologie,
mais en administration également.
Toutes ces choses-là constituent, croyons-nous, une relation qui
est très étroite avec la petite et la moyenne entreprise dans la
région. Et, bien sûr, nous avons les relations établies
avec Alcan et avec d'autres grandes entreprises qui nous ont beaucoup
aidés. Qu'on prenne simplement notre expertise que nous avons
développée dans l'utilisation de l'énergie gratuite, si
l'on veut, avec nos serres, en utilisant l'eau usée de Union Carbide que
nos experts transportent dans les serres; ils réchauffent ensuite les
serres avec l'eau usée et, finalement, renvoient l'eau à Union
Carbide une fois qu'elle est refroidie. À ce moment-là, nous
avons économisé toute l'électricité qui aurait
été nécessaire autrement pour faire ces cultures en
serre.
Voilà, madame, ce que je voulais vous dire en ce qui concerne les
petites et moyennes entreprises.
Mme Blackburn: M. le recteur, on a
fait souvent allusion ici au coût élevé de la
formation, particulièrement dans les sous-centres, de certaines
clientèles adultes. Par ailleurs, paradoxalement, on semble
extrêmement actif à développer ce genre d'activités
dans certaines universités. Pour moi, ça pose une contradiction,
Semble-t-il que ce ne seraient pas des activités très payantes,
mais il y a une volonté de développer ce secteur et certaines
universités parlent même de maraudage. Je voudrais que vous
fassiez un peu le point par rapport à ces pratiques et ce que cela
représente pour l'Université du Québec à
Chicoutimi.
M. Riverin: Dans les centres hors campus, je pense qu'il faut
distinguer deux secteurs dans notre région. Dans le
Saguenay~Lac-Saint-Jean, je ne crois pas que les centres que nous avons
à Aima et à Saint-Félicien puissent être
comparés aux centres que nous pouvons avoir, par exemple, à La
Malbaie ou sur la Côte-Nord. Ce sont des centres qui coûtent
beaucoup plus cher qu'ils ne nous rapportent. Autrement dit, non seulement ils
ne s'autofinancent pas, mais ils nous coûtent de l'argent chaque
année.
Les chiffres exacts? Je sais, par exemple, que l'année
dernière, notre intervention sur la Côte-Nord à
Sept-Îles nous a obligés à débourser environ 50 000
$ de plus que les subventions que nous recevions et les frais de
scolarité qui nous étaient impartis par les étudiants.
Alors, il est évident que, dans ces conditions, nous ne pouvons pas
continuer à développer ces centres.
J'étais très heureux hier d'assister à la
présentation du mémoire du Regroupement régional pour le
développement des services universitaires sur la Côte-Nord, parce
que j'estime en effet qu'ils ont besoin eux aussi d'enseignement universitaire
comme n'importe quelle autre région de la province. Mais il se pose un
problème particulier, c'est que nous, en deçà de 25
étudiants, nous sommes absolument incapables de donner un cours. Or,
quand vous avez une population comme à Sept-Îles qui a connu une
diminution considérable au cours des dernières années,
nous ne pouvons plus trouver le nombre suffisant d'étudiants, souvent,
pour pouvoir continuer à donner des cours. C'est un problème
extrêmement sérieux sur lequel, d'ailleurs, avec
l'Université du Québec à Rimouski et avec le regroupement
des intervenants de la Côte-Nord, nous nous penchons pour essayer de
trouver une solution. Je pense que nous avons une autre constituante ou un
autre organisme à l'Université du Québec qui pourrait
être fort utile là-dessus. C'est la
Télé-université. Il faudra donc que les trois institutions
- si le gouvernement le juge à propos - se regroupent pour
réussir à donner à la Côte-Nord les services
universitaires dont cette partie de notre province aurait besoin.
En ce qui concerne les centres hors campus, avec le système dp
transport que nous avons de Chicoutimi à Sept-Îles, par exemple...
Quand on peut y aller en voiture, ce n'est pas trop mal. Il faut du courage,
mais on peut y aller. Mais, en avion, c'est trois jours. C'est assez
étonnant de le dire. Il faut se rendre à Montréal, coucher
à Montréal, prendre un avion le matin, coucher à
Sept-îles et revenir, finalement, par Montréal toujours. Alors,
c'est extrêmement onéreux en termes de temps, mais
également onéreux en termes d'argent. C'est un problème
que nous ne pouvons pas nous-mêmes surmonter. Il faudrait que quelqu'un
d'autre y voie. Est-ce que ça répond à votre question,
madame?
Mme Blackburn: En partie seulement.
M. Riverin: Excusez-moi, vous parliez de maraudage.
Mme Blackburn: Oui.
M. Riverin: C'est une question qui m'intéresse beaucoup.
J'ai même vu dans quelques mémoires qu'on parlait de concurrence
sauvage.
Mme Blackburn: Oui, voilà.
M. Riverin: Cela m'a fait sourire, parce que les
universités qui nous accusent de concurrence sauvage à
l'Université du Québec - peut-être moins à
l'Université du Québec à Chicoutimi, mais l'ensemble du
réseau de l'Université du Québec - sont celles qui assez
curieusement se retrouvent particulièrement dans nos régions. Je
pourrais les nommer et je ne les nommerai pas. Il y a au moins trois grandes
universités qui enseignent très régulièrement au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a des certificats d'émis - certains
pouvant même mener au bac -par des universités à la fois de
la grande région de Montréal et d'autres régions du
Québec. Alors, le maraudage, je pense que c'est une question que nous
poumons étudier à fond. Je ne pense pas que ce soit
l'Université du Québec qui soit la plus coupable
là-dessus, surtout pas Chicoutimi. (11 h 15)
Mme Blackburn: M. le recteur, vous connaissez sans doute une des
recommandations du rapport Gobeil qui concerne l'avenir du siège social
de l'Université du Québec. J'aimerais que vous nous fassiez part
de vos réflexions par rapport à cette hypothèse d'abolir
le siège social de l'UQ. On pense que cela ferait autant
d'universités qu'il y a actuellement de constituantes.
M. Riverin: Je suis heureux que vous
posiez la question parce que je crois que la recommandation du rapport
dont vous parlez n'a pas été très bien saisie, soit par
les auteurs du rapport soit par ceux qui l'ont lue, je ne sais pas. Lorsque
vous parlez d'éliminer le siège social, cela veut dire que vous
éliminez, à toutes fins utiles, l'Université du
Québec. Car la loi constitutive de l'Université du Québec
c'est justement d'abord un siège social et ensuite des constituantes qui
viennent s'y greffer pour créer une assemblée des
gouverneurs.
Vous savez fort bien, comme tout le monde d'ailleurs, que
l'Université du Québec, par son assemblée des gouverneurs,
est un élément extrêmement important de concertation dans
le réseau. Je vous parlais tantôt des programmes que nous avons en
commun et des centres de recherche que nous avons développés en
commun parmi les constituantes de l'Université du Québec. S'il
n'y avait pas eu cette assemblée des gouverneurs, il est bien
évident que ces centres n'auraient pas vu le jour, de même que ces
programmes n'auraient pas été dispensés.
Quand on dit éliminer le siège social, à mon point
de vue c'est antinomique. À ce moment, cela veut dire qu'on
élimine également l'Université du Québec. Je vous
l'avoue, comme président-fondateur de l'Université du
Québec, je serais sans doute celui qui crierait le plus fort, parce que
je me suis donné assez de mal pour la mettre au monde et j'estime
qu'elle a assez rendu service au Québec pour qu'on ne puisse aujourd'hui
la remettre en cause d'aucune façon.
Mme Blackburn: On pourrait toujours envisager la
possibilité suivante: on abolit le siège social, mais on
crée des universités autonomes. Que représente pour vous
le siège social de l'UQ?
M. Riverin: Le siège social représente deux choses.
D'abord une concertation dans le domaine scientifique, et c'est
extrêmement important. Vous avez remarqué que l'ensemble des
constituantes ne donnent pas tous les programmes qui se donnent dans
l'université. Nous avons fait un choix et chacune des constituantes a
accepté de donner un certain nombre de programmes et de ne pas en donner
d'autres qui étaient donnés dans des constituantes plus ou moins
lointaines. Du point de vue de la concertation scientifique dans le domaine de
l'enseignement, cela est extrêmement important.
Dans le domaine de la recherche, on parle souvent, par exemple, de masse
critique. Lorsque nous n'avions pas la masse critique, nous avons
créé des centres que nous avons appelés
multirégionaux, par exemple, en foresterie, en éducation,
assistés par ordinateur. Je n'ai pas à l'esprit d'autres centres.
À ce moment, si nous n'avions pas la masse critique, nous jugions utile
de réunir des constituantes ensemble pour que celles-ci puissent
travailler à l'élaboration de recherches qui soient suffisamment
étoffées pour garantir le caractère scientifique de telles
recherches.
D'ailleurs, là-dessus, madame, je pense qu'on a beaucoup
parlé de masse critique. Je ne suis pas très sûr qu'on ne
doive pas aussi parler de critique de la masse. Parce que personne n'a jamais
défini ce qu'était une masse critique. On pourrait citer des
noms, et je vais les citer en dehors de l'Université du Québec
à Chicoutimî, mais j'en citerai un à l'Université du
Québec a Chicoutimi: Gérard Bouchard était seul au
départ, avec une équipe d'assistants. Pourtant, c'est un type qui
est mondialement reconnu comme un spécialiste de la démographie
des populations, de la génétique des populations et de
l'hérédité des populations. Je ne pense pas que ce soit
là une masse critique, c'est la valeur de la personne avec le groupe
avec lequel il était.
Vous avez des types comme Fernand Dumont qui n'ont jamais
été avec une masse critique. Fernand a toujours, je m'excuse de
dire Fernand parce que c'est un de mes collègues, M. Dumont a toujours
travaillé avec un ou deux assistants ou deux étudiants qui
étaient avec lui. C'est l'un de ceux qui ont le plus produit. On peut
aujourd'hui penser qu'il ne produit plus, et c'est fort possible, quoiqu'il me
disait dernièrement qu'il est en train de produire un livre sur la
théologie. On ne pourra pas dire que, malgré qu'il n'ait pas eu
la masse critique, il n'a pas touché à peu près à
tout dans le domaine de l'économique, des sciences sociales, de la
sociologie et même de la théologie.
Ce que j'ai remarqué - parce que vous savez que cela ne fait pas
très longtemps que je suis dans ce qu'on pourrait appeler une petite
université - j'ai été dans de grandes universités
pendant quinze ans, donc presque aussi longtemps qu'à
l'Université du Québec, et c'est pour cela que je dis: II
faudrait peut-être penser à faire une critique de la masse. Parce
qu'une masse trop forte a tendance à l'inertie aussi. Je pense que c'est
cela que nous avons retrouvé assez souvent, que moi j'ai pu reprocher
aux universités dans lesquelles j'ai oeuvré avant, avec autant
d'entousiasme qu'à l'Université du Québec, mais on se
bloquait toujours à une inertie qui nous empêchait d'avancer.
Je vais vous donner un exemple assez typique: en 1962, lorsque j'ai
présidé un groupe de travail à l'Université Laval
pour créer une maîtrise en administration des affaires, je me suis
bloqué à l'inertie de l'université. À ce
moment-là, il y avait une petite université au Québec, qui
s'appelait l'Université de Sherbrooke, où le recteur
m'avait dit: Venez donc faire à Sherbrooke ce que vous ne pouvez
faire à Laval. Effectivement, en un an, la maîtrise en
administration des affaires avait été créée
à Sherbrooke parce que, à ce moment-là, l'inertie
n'était pas existante.
Lorsqu'on parle de masse critique, j'ai été fort
étonné de voir dans le rapport du Conseil des universités
qu'il y avait de grandes universités de recherche au Québec, des
universités qui étaient grandes, mais surtout en termes
d'accessibilité, et les autres; j'avais bien aimé "les autres".
À ce moment-là, je pense qu'il faut faire attention à ce
phénomène de classer les grandes universités. Il ne faut
pas oublier que l'Université de Sherbrooke a 30 ans. Qu'on donne 30 ans
à l'Université du Québec à Chicoutimi et elle sera
aussi une grande université de recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Riverin.
Je reconnais maintenant le député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Est-ce que
j'ai...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez quelques
minutes, allez-y.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Trois minutes et deux
secondes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non.
M. Desbiens: Cela va? Je vous remercie beaucoup. Je voudrais
saluer M. Riverin, M. Gendron, M. Nagy et Mme Gauthier. Je voudrais faire deux
remarques et soulever une question qui m'apparaît importante. Je lis la
transcription de cette commission parlementaire ainsi que celle d'une autre
commission qui se déroule présentement dans nos murs et qui
touche un secteur important de l'activité de la vie du Québec,
soit les forêts. Je dois d'abord déplorer, le législateur
ayant toujours comme objectif d'adopter les lois les plus parfaites possible,
le fait que nous ne prenions pas suffisamment de temps. Je constate avec
bonheur que c'est peut-être un peu moins le cas dans cette commission. Il
reste que le temps, c'est ce qui permet de bien réfléchir et ce
qui permet d'entendre aussi des représentations et l'opinion de la
population pour laquelle ces lois sont adoptées. Je fais cette remarque
parce que j'ai déjà eu l'occasion d'entendre une
conférence de M. le recteur et je sais qu'il est sensible aux
institutions politiques et à leur fonctionnement.
Ma deuxième remarque serait, comme l'a très bien
souligné ma collègue de Chicoutimi tantôt - je crois qu'il
est important d'y revenir - pour me réjouir d'avoir entendu le ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science affirmer au début de
ses remarques qu'il n'avait pas du tout l'intention de réduire le nombre
d'organismes en régions, particulièrement l'université
régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cependant, comme l'a
souligné ma collègue, il a été en mesure de
constater que les inquiétudes manifestées dans notre milieu
avaient des bases réelles.
Je suis heureux également de l'avoir entendu parler des modes
passagères que peuvent constituer certains évangélistes
nouveaux ou autres qui se retrouvent à différentes époques
de la vie de la société. J'ai cru comprendre par ses paroles que
cette nouvelle mode du gouvernement comptable n'était aussi que
passagère; j'espère que ce sera le cas.
Ma question porte sur la forêt. Vous avez soulevé ce point
il y a quelques instants et je sais qu'il y a déjà de la
recherche qui se fait à l'Université du Québec à
Chicoutimi. J'aimerais toutefois, eu égard au nouveau régime
forestier qu'on est en train d'étudier et de tenter de mettre en
pratique au Québec pour un aménagement global de la forêt
québécoise tenant compte de sa polyvalence, savoir quels sont les
travaux de façon plus précise qui se font maintenant en recherche
à l'Université du Québec à Chicoutimi et quelles
seraient les possibilités pour l'université de pousser davantage,
toujours en regard de la forêt, et dans quel secteur particulier.
M. Riverin: M. le Président, je vais répondre
très brièvement et je laisserai mon collègue, M. Nagy,
vous parler plus amplement des recherches. Je pense qu'il y a une chose qui est
essentielle d'abord. Vous savez que nous avons un groupe de productivité
végétale qui est très actif, multidisciplinaire, qui
regroupe des géographes, des physiciens, des chimistes, des biologistes
et probablement d'autres personnes - je ne sais pas -qui travaillent
très fort dans le domaine de la production bleuetière, dans le
domaine de la télédétection, dans le domaine de la
régénération forestière de l'épinette noire,
qui est notre plus belle source d'essences au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais ce
qui sera fort important pour nous, en vertu des nouvelles politiques aussi bien
du gouvernement québécois que du gouvernement canadien, c'est que
nous ayons une entente très sérieuse avec une grande entreprise
papetière ou d'exploitation forestière qui nous permette d'aller
chercher des montants, parce que, désormais, vous savez que les
subventions sont davantage données lorsqu'il y a une collaboration
très étroite établie entre une entreprise et une
université. Aussi longtemps que nous n'aurons pas réussi cela, je
ne pense pas que nous ayons accès à des
sources de financement qui seraient extrêmement importantes pour
le développement de notre groupe de productivité
végétale. Je demanderais maintenant à mon collègue
Nagy d'expliquer où nous sommes rendus.
M. Nagy (Adam): M. le député de Dubuc, comme l'a
souligné M. Riverin à l'instant, l'approche que nous
préconisons au niveau des travaux est essentiellement
multidisciplinaire. En effet, on s'est aperçu que des
problématiques comme la forêt, que ce soit dans notre
région ou à l'échelle du Canada, demandent et
nécessitent des travaux multidisciplinaires débordant nettement
le cadre simple de ce qu'on peut appeler la foresterie dans un contexte plus
classique. Il se trouve qu'à l'Université du Québec
à Chicoutimi, depuis de nombreuses années, des chercheurs, qui
étaient d'horizons assez différents - on a cité les
géographes qui s'occupaient d'aménagement du territoire et de
télédétection, les biologistes qui s'occupaient de
façon plus ponctuelle soit de croissance et de productivité
végétale sauvage, soit de production en culture abritée,
les physiciens qui s'occupaient des problèmes climatiques,
microclimatiques et de transfert de chaleur - se trouvaient de par les
circonstances qu'impose notre région dans une situation où il
était relativement facile de les réunir sous forme de groupe de
recherche. Il faut aussi souligner que, lors de la création très
formelle de ce groupe reconnu par l'institution, le milieu nous a beaucoup
aidés, d'abord, au niveau d'une table de concertation, d'un
comité-conseil pour ce groupe de recherche qui inclut tous ceux qui
travaillent et vivent de la forêt; également, avec des gestes
très concrets - je souligne ici les montants qu'on a reçus - il a
eu la capacité de produire des projets qui pouvaient être ensuite
subventionnés par des organismes plus traditionnellement reconnus. Donc,
à l'aval, c'est quelque chose où l'université en mettant
son potentiel de recherche ensemble et appuyée par le milieu direct,
encore qu'il y aurait des développements, tel que le disait M. Riverin,
dans la grande entreprise... À l'amont, je pourrais dire qu'à
l'Université du Québec le centre multirégional de la
foresterie, où nous entrons à titre de partenaire avec toute
notre problématique, nous permet de fonctionner et de développer
des travaux, je le répète, dans un sens multi, voire
transdisciplinaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Nagy.
J'invite maintenant la députée de Chicoutimi à conclure au
nom de sa formation politique. (11 h 30)
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'aurais une
brève question avant de conclure. On a parlé beaucoup de la
rétention des diplômés dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean par la présence de l'université, d'une
part, par rapport aux diplômés de niveau collégial, mais,
de façon plus générale également, de
diplômés de l'université qui restaient dans la
région, soit au sein des entreprises de génie-conseil,
d'administration, de comptabilité ou à l'université
même. Voulez-vous brièvement nous dire de quel ordre de
grandeur?
M. Riverin: Là aussi, c'est extrêmement difficile
parce que c'est difficile de rejoindre l'ensemble de nos diplômés.
Ce que l'on sait pertinemment, cependant, c'est que, actuellement, dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean environ 60 % de ceux qui pratiquent la
comptabilité publique sont des diplômés de
l'Université du Québec à Chicoutimi. Cela a permis
l'établissement de très grands bureaux et la fusion de ces
bureaux avec des bureaux internationaux comme Touche, Ross et Cie, par exemple,
ou - j'ai toujours à l'idée RCMP - Raymond, Chabot, Martin et
Paré,
Dans le domaine du génie, c'est la même chose. Environ 65 %
des bureaux de consultation en génie dans l'entreprise sont maintenant
des diplômés de l'Université du Québec à
Chicoutimi. Il faudrait évidemment trouver ceux qui sont
diplômés en administration, par exemple, qui foisonnent partout
dans toutes les entreprises, y compris la presse, les entreprises commerciales,
industrielles, etc. Nous en rencontrons partout. Nous avons réussi
à garder chez nous maintenant un grand nombre de diplômés.
Nous n'avons malheureusement pas de chiffres. Il est extrêmement
difficile de créer une association des anciens qui soit forte avant un
certain nombre d'années. Je pense que toutes les universités ont
vécu ce phénomène. Nous sommes très jeunes et,
avant que l'on puisse retracer nos diplômés, je pense que cela
prendra encore une bonne dizaine d'années.
Mme Blackburn: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'excuse, Mme
la députée de Chicoutimi. J'ai une demande d'intervention du
côté ministériel qui vient d'arriver. Avec le
règlement de l'alternance, comme il lui reste encore du temps, je
reconnais le ministre.
M. Ryan: Merci. D'autant plus, M. le Président, que je
pense qu'il nous restait un peu de temps pour nos questions.
Je remarquais, en examinant les statistiques que vous avez
annexées à votre mémoire, M. Riverin, que, dans un nombre
relativement élevé de programmes, le nombre des
diplômés sur une base d'une quinzaine d'années n'est pas
très élevé. C'est particulièrement vrai au niveau
de la maîtrise et du doctorat, cela se comprend
plus facilement, mais il y en a un certain nombre aussi au niveau du
baccalauréat qui ne donnent pas, au bout de cette
période-là, un nombre de diplômés très
élevé. Je voudrais que vous nous disiez quelle est votre
politique devant ces cas-là. Il y a des cas, par exemple, où vous
avez 10 diplômés, d'autres 15, d'autres 25 ou 30 sur une
période d'une dizaine d'années. Quelle est votre politique?
Est-ce que vous laissez ces programmes continuer quand même ou s'il y en
a qui ne sont pas opérants actuellement? En avez-vous annulé sur
cette liste-là?
M. Riverin: Vous me permettrez, M. le ministre, de demander
à mon collègue, M. Nagy, de répondre à cette
question. Il est beaucoup plus ferré que moi dans le domaine.
M. Nagy: Du moins, je l'espère. Il y a deux
problématiques. Des programmes à productivité faible au
niveau du 1er cycle ne veulent pas dire nécessairement que ce soient des
programmes qu'on veuille éliminer, contrairement à l'approche
préconisée par Trois-Rivières où on a effectivement
éliminé des programmes. Depuis une dizaine d'années
maintenant et plus particulièrement au cours des cinq ou six
dernières années, notre politique est de rendre viables ces
programmes en termes d'étudiants dans les activités. Cela veut
dire qu'il faut qu'on puisse maintenir, pour un petit nombre, des programmes,
mais il faut que les candidats puissent fréquenter des activités
avec des étudiants qui viennent d'autres programmes. Donc, une
interpénétration des activités d'un programme à
l'autre. Avec cela, nous pouvons assurer un éventail. Nous avons fait
quand même quelques suspensions de programmes qui étaient
plutôt faibles.
Par ailleurs, au niveau des études avancées, il faut quand
même avouer que nous sommes très jeunes dans ces
domaines-là. Notre maîtrise maison la plus ancienne date d'une
dizaine d'années; la production est relativement comparable, donc
faible, à ce qui se fait à ce niveau à l'échelle du
Québec. Des maîtrises plus récentes, cinq ans, exception
faite du succès reconnu de petites et moyennes organisations dans les
secteurs scientifiques, montrent que c'est maintenant que nous allons produire
le nombre de diplômés nécessaires.
À votre question relative à l'avenir de ces programmes, ce
n'est pas uniquement en termes de diplômés que nous voulons jouer
l'avenir de ces programmes, mais en termes de capacité et de
rentabilité des activités qu'ils desservent à
côté des programmes extrêmement productifs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Nagy.
J'invite maintenant Mme la députée de Chicoutimi à
conclure rapidement au nom de sa formation politique.
Mme Blackburn: Merci. M. le recteur, je pense que vous avez
réussi avec facilité à faire la démonstration que
les programmes d'enseignement et de recherche à l'Université du
Québec à Chicoutimi étaient à la fois très
pertinents et très axés sur les particularités
régionales. Je pense en particulier, parce que je me permets de
m'étendre un peu là-dessus, au centre de recherche SOREP. On n'en
a pas parié beaucoup ici. En fait, je pense que le démarrage de
cette recherche aurait été, pour ainsi dire, impensable à
l'extérieur de la région parce qu'elle voulait répondre
à un besoin très particulier de la région en ce qui atrait aux maladies héréditaires. Ce centre universitaire de
recherche sur les populations, SOREP - Société de recherche sur
les populations - a une renommée internationale actuellement. C'est une
première en Amérique du Nord. Ce qui a déclenché
cette recherche qui donne, après quinze ans, une réputation
internationale à l'Université du Québec, c'est une
particularité qui est propre aux populations de notre région,
à celle de la Côte-Nord de façon générale.
C'est réalisé à l'aide d'un fichier de la population qui
permet de construire automatiquement les généalogies en combinant
diverses approches relevant de la démographie, de la biologie, de
l'histoire, de l'informatique et de l'épidémiologie. Avec ces
données, on pourra très rapidement éviter certaines
maladies transmises génétiquement. C'est un outil
extrêmement précieux, dont l'importance est reconnue par tout le
monde, et, d'ailleurs, par le Québec, puisqu'on a reconnu ce centre de
recherche, on l'a admis dans le programme des actions structurantes. Je
rappelle qu'il n'aurait pas été possible ou pensable de le faire
démarrer ailleurs parce que précisément la
problématique que cela posait était propre à une
région. Les programmes, je pense bien, de l'Université du
Québec à Chicoutimi, qu'il s'agisse de celui-là, qu'il
s'agisse de celui sur la foresterie, sur les ressources minérales, sur
les huiles essentielles à partir des plantes indigènes et des
arbres, je pense que ce sont des choses qui sont propres à la
région.
Le recteur a illustré l'importance que revêt
l'Université du Québec à Chicoutimi pour notre
région, mais le rôle de l'université a été
reconnu par tous les organismes socio-économiques qui se sont
présentés ici. Je pense à la Chambre de commerce du
Québec métropolitain qui estimait que l'importance de
l'Université Laval dans le développement de la grande
région de Québec était, pour ainsi dire, inestimable parce
que non seulement elle avait comme effet d'améliorer la
productivité et la qualité des entreprises, mais elle permettait
également de mettre en
place des capacités, un potentiel de réflexion...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: ...et d'imagination qui avait des effets sur le
développement social et économique de toute la région.
D'ailleurs, selon une analyse qui a été réalisée,
à ce que nous disait la chambre de commerce, par Techno police, on
estime que c'est la présence d'une université dans une
région donnée qui donne à cette région la
capacité de se développer dans de grands secteurs industriels
comme de faire de cette région un lieu...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous invite
à conclure, Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. On a jusqu'à
une heure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, je vous invite à conclure.
Mme Blackburn: Je vais conclure si vous ne m'interrompez pas. Je
vais le faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela fait trois
fois que je vous demande de conclure.
Mme Blackburn: ...qui constitue un facteur d'attirance important
lorsqu'il s'agit de faire du recrutement pour les grandes entreprises et pour
les maisons d'enseignement.
M. le recteur, madame, messieurs les collaborateurs, je vous remercie
infiniment de votre présentation et de votre collaboration aux travaux
de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Je vous remercie aussi de votre collaboration. M. le
ministre, je vous invite à conclure rapidement.
M. Ryan: Nous sommes habitués du côté
gouvernemental à subir avec docilité les foudres de la
présidence et nous allons le faire encore. Je voudrais vous remercier
des éclaircissements que vous avez apportés sur différents
aspects du rôle que joue l'Université du Québec dans la
région de Chicoutimi et du Lac-Saint-Jean. Je pense que beaucoup
d'aspects très intéressants ont été soulevés
à la fois dans votre mémoire et dans vos remarques et dans
l'échange de vues que nous avons pu avoir avec vous.
J'aurais bien aimé qu'on puisse discuter davantage de toute
l'affaire des programmes, mais c'est une chose qu'on aura l'occasion de faire
au cours des prochaines semaines. Je croîs qu'il y aurait lieu de pousser
beaucoup plus loin l'examen à l'aide de statistiques
détaillées comme celles que je vous remercie d'avoir
annexées à votre mémoire.
En conclusion, je voudrais traiter de deux thèmes. Tout d'abord,
les recommandations que vous avez faites à la fin de votre
mémoire. On n'en a point parlé beaucoup ce matin parce que la
discussion s'est engagée plutôt sur l'activité de
l'Université du Québec à Chicoutimi. Vous demandez
essentiellement que la formule de financement, c'est-à-dire la formule
qui sert au partage des subventions gouvernementales entre les
établissements universitaires, soit révisée de
manière à tenir compte davantage de certains critères que
vous soulignez dans vos recommandations, en particulier le financement des
coûts indirects de la recherche, le critère de la taille, le
critère de l'étendue du territoire, la densité de la
population et la contribution au développement régional et
l'activité que j'appellerais d'extension de l'université en
dehors de ses murs pour étendre ses services à la population
d'une région.
Je veux vous dire que tous ces facteurs seront considérés
avec beaucoup d'attention quand nous mettrons au point un projet de nouvelle
formule de financement. Dès que les travaux de la commission auront
été complétés, nous pourrons nous atteler à
cette tâche pour laquelle, d'ailleurs, beaucoup de travail a
déjà été accompli, comme vous le savez. Je ne sais
pas à quelle équation nous arriverons. Nous soumettrons un projet
aux milieux concernés, en particulier à la Conférence des
recteurs et des principaux. Je pense que nous pourrons travailler ensemble
à une nouvelle formule au cours des prochains mois.
Maintenant, il y a une grosse condition à cela dont ne traite
point votre mémoire. Je ne pense pas qu'on puisse facilement modifier la
formule de financement tant qu'on n'aura pas pris une option claire au sujet du
niveau de financement des universités parce qu'il y a des limites
à partager les ressources qui sont déjà très
limitées au départ. On crée des frustrations, on les
multiplie presque à dessein à ce moment. Je pense qu'il y a une
première option qui doit être prise sur le niveau de financement.
Quel devrait être le niveau de financement satisfaisant et compatible
avec les ressources de la collectivité québécoise et
capable d'assurer une plus grande stabilité et, je dirais même,
une plus grande sérénité à nos
établissements universitaires dans la conduite de leur
développement? C'est une question à laquelle n'a point
touché votre mémoire, mais qui nous préoccupe beaucoup.
J'aurais aimé que vous nous fassiez part de vos suggestions surtout dans
l'hypothèse d'un redressement du niveau de financement. J'aurais
aimé connaître vos suggestions quant
aux moyens d'assurer ce redressement.
Je vous laisse ces questions. Vous pourrez compléter votre
présentation par voie d'un supplément d'information, si vous le
voulez bien, c'est votre responsabilité, mais je vous dis cela pour que
vous ayez l'heure juste en ce qui touche le point actuel de l'évolution
des travaux de la commission. Je vous remercie pour tout ce que vous nous avez
apporté et j'espère que, sur les points qui relèvent plus
directement de notre responsabilité, vous allez continuer la recherche
avec nous. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
merci. Mme la porte-parole de l'Opposition, merci, M. Riverin, madame,
messieurs, je vous remercie beaucoup d'être venus nous rencontrer. La
commission parlementaire de l'éducation va suspendre ses travaux pour
quelques minutes seulement. Nous allons entendre immédiatement
après le Conseil régional de concertation et de
développement du Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau-Chapais, suivi de
la Société d'électrolyse et de chimie Alcan Ltée.
Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 45)
(Reprise à 11 h 51)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous accueillons
nos prochains invités. La commission permanente de l'éducation
poursuit ses travaux en accueillant le Conseil régional de concertation
et de développement du Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau-Chapais.
Conseil régional de concertation
et de développement du
Saguenay-Lac-Saint-Jean-
Chibougamau-Chapais
Avant de commencer ces audiences, je veux d'abord vous remercier,
messieurs, d'avoir accepté, à notre suggestion, de vous regrouper
pour venir témoigner devant la commission en même temps que
l'université. Vous nous avez aidés à équilibrer le
calendrier de travail de la commission et nous l'apprécions
beaucoup.
Le groupe devant nous est représenté par M. Gérard
Claveau, son président, et des présentations seront faites par
MM. Desjardins et Boivin, ainsi que par le président.
M. le président, nous vous souhaitons la bienvenue. Merci encore
une fois d'avoir répondu à l'appel de la commission. Nous avons
environ 45 minutes pour partager ensemble le temps de cet échange. Vous
jugerez de la façon dont vous voulez répartir le temps, si vous
voulez donner plus de temps à la présentation ou non; en fait,
cela va se faire d'une façon assez facile et informelle. Nous vous
écoutons.
M. Claveau (Gérard): M. le Président, messieurs et
madame de la commission, permettez-moi d'abord de vous présenter les
membres qui m'accompagnent, à savoir M. Rosaire Boivin, directeur
régional de la maison Charette, Fortier, représentant chez nous
le milieu des affaires et professionnel, plus particulièrement
relié aux petites et moyennes entreprises; M. Jean-Eudes Bergeron,
à ma gauche, directeur régional de la Fédération
des caisses populaires Desjardins; M. Éric Jacques, préfet et
maire de Sainte-Rose-du-Nord et, enfin, vous le verrez dans quelques secondes,
M. Serge Lemelin, président de la Confédération des
syndicats nationaux.
Je ne voudrais pas vous présenter le mémoire sans vous
énumérer la liste des personnes qui ont eu le courage - je dirais
bien le courage - de partir ce matin à 6 heures pour monter à la
capitale. Je vais vous énumérer rapidement quelques noms: M.
André Besner, de la Banque fédérale de
développement, M. Ulric Blackburn, de la ville de Chicoutimi; M. Lucien
Émond, de la compagnie Price; M. Éric Jacques, de la MRC du
Fjord; M. Alain Belley, du conseil régional; M. Serge Chiasson, du CRCD;
M. Roger Claveau, de la ville de La Baie; M. Robert Salette, de SECAL; M.
Robert Lavoie, M. Claude Tremblay, M. Johann Ellefson de SECAL; M. Jean-Eudes
Bergeron, de la Fédération des caisses populaires; M. Germain
Simard, de l'UPA; M. Rosaire Boivin, de Charette, Fortier; M. Clément
Vaillancourt, de l'ARCI, l'Association régionale des commissaires
industriels; Me François Godin, du cégep de
Saint-Félicien; M. Serge Lemelin, de la CSN; M. Arthur Bonneau, de la
Fédération des syndicats de l'Alcan; Mme Lucette Lessard, de
l'AFEAS; Mme Monique Morin, de l'AFEAS, ainsi que M. Gilles Marceau, de la
ville de Jonquière, sans oublier, évidemment, les gens de la
presse. Je ne voudrais surtout pas oublier Mme Josée Thibeault, de
Radio-Canada, M. Marcel Martel, du Réveil, M. Bertrand Tremblay, du
Quotidien, M. Claude Paradis, de la Rive nord, ainsi que M. Michel
Gagné, de Radio-Canada.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Claveau.
M. Claveau (Gérard): M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs de la commission, nous tenons, en tout premier
lieu, à vous remercier de l'opportunité qui nous est offerte, par
les travaux de cette commission, de venir exprimer le point de vue d'une
région sur une question qui la préoccupe à plus d'un titre
et qui concerne, dans une large mesure, l'avenir du réseau
universitaire québécois.
C'est donc un plaidoyer favorable au maintien et au développement
de ce réseau d'enseignement que nous entendons vous livrer aujourd'hui.
Comme beaucoup d'autres régions du Québec, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau-Chapais a cet avantage considérable
de pouvoir disposer de sa propre institution universitaire qui se
révèle être -nous tenterons de vous le démontrer
dans la courte intervention qui suivra - un élément
extrêmement important de notre vie régionale.
Afin de justifier cette intervention devant cette commission, vous me
permettrez de vous entretenir pendant quelques instants de la mission et de la
représentativité du Conseil régional de concertation et de
développement.
Comme l'a si bien reconnu le présent gouvernement, et nous y
souscrivons d'emblée, "il convient d'instaurer une forme de
régularité et de permanence à la concertation
gouvernement-régions... et c'est d'abord et avant tout la région,
par l'intermédiaire de ses représentants, qui est responsable de
la préparation et de la démarche". Citation du nouveau
gouvernement.
Issu d'une volonté régionale, unanimement partagée,
visant à doter la région d'un instrument efficace d'action et
d'intervention, conforme à la vision nouvelle du gouvernement du
Québec en matière de développement régional, le
CRCD s'est vu confier l'identification des grandes priorités
régionales, la promotion des intérêts régionaux
auprès des instances gouvernementales et la concertation des divers
partenaires influençant l'activité régionale.
Le CRCD devient, dans le cadre de cette relation
privilégiée établie par le gouvernement du Québec
avec les régions, un interlocuteur reconnu et habilité à
l'évaluation des attentes nouvelles de la société
régionale, à la négociation et à la signature
d'ententes-cadres de développement avec l'État et à
l'organisation des sommets régionaux permanents sur la base d'un
processus quadriennal. Ce partenariat État-région repose sur la
notion d'une concertation élargie et permanente où tous les
acteurs du développement, gouvernementaux et régionaux,
conviennent d'une stratégie unique d'intervention et assument, selon
leurs champs d'intérêts respectifs, les mandats et les
engagements.
Cette structure inédite favorise une meilleure vision d'ensemble
de la problématique régionale, une concertation optimale des
agents de développement et cadre parfaitement avec la philosophie
développée par le gouvernement du Québec qui appelle une
efficacité accrue des actions et une conscientisation sur le partage des
responsabilités en développement régional.
Le Conseil régional de concertation et de développement
repose sur la participation ' volontaire de plus de 150 membres corporatifs
représentant l'ensemble des composantes dynamiques de cette grande
région. Son conseil d'administration, composé d'une quarantaine
de délégués, reflète fidèlement cette
diversité régionale et assure un juste équilibre entre les
divers courants d'idées. Vous verrez en annexe la liste des membres.
L'UQAC, une présence essentielle, un partenaire de premier plan.
Le choix de ce titre, comme amorce à notre propos d'aujourd'hui, n'est
pas étranger a notre intention d'entraîner les travaux de cette
commission vers une perception nouvelle du rôle de l'université
dans une dynamique plus large où celle-ci devient davantage un
partenaire attentif aux réalités régionales et partie
prenante aux aspirations de la collectivité.
L'université de l'ère moderne ne peut plus se confiner
à une seule mission d'enseignement et cultiver un élitisme
à outrance, mais doit, bien au contraire, se rapprocher des vécus
quotidiens et participer pleinement à la vie régionale.
Nous sommes à même d'apprécier les efforts soutenus
de l'Université du Québec à Chicoutimi dans l'application
de ce précepte et les réussites concrètes qui en ont
jalonné le cheminement. Notre université régionale est
devenue rapidement un acteur présent et apprécié sur la
scène où se jouent les grands enjeux d'une région à
la recherche d'alternatives à son développement.
Sans délaisser pour autant sa mission d'enseignement, qu'elle
continue de prodiguer avec ferveur et excellence, l'UQAC a
démontré la justesse d'une relation permanente avec son milieu
qui lui procure une vision pragmatique et qui se traduit par le tissage de
liens étroits et sans cesse renouvelés avec notre
collectivité.
Aujourd'hui, notre région ne saurait accepter, ni se satisfaire
d'un relâchement de cette trame et encore moins d'un désengagement
auquel l'UQAC serait contrainte, face à ses responsabilités
sociales. Nous demandons avec force la réaffirmation et l'accentuation
de ce rôle qui contribue à une saine émulation parmi les
agents dynamisants oeuvrant en régions.
L'enseignement, un champ d'excellence. La régionalisation de
l'enseignement supérieur demeure le résultat le plus tangible et
le plus remarquable de l'évolution de la philosophie
éducationnelle du Québec en ce qu'elle a permis à toute
une population, disséminée sur un vaste territoire, un
accès relativement aisé aux centres de haut savoir.
Ainsi, la connaissance et sa diffusion franchissent les enceintes des
grandes métropoles et deviennent accessibles aux populations vivant dans
les régions
périphériques.
La qualité exceptionnelle de l'enseignement dispensé par
l'Université du Québec à Chicoutimi et
l'universalité de ses programmes, soutenus par des effectifs hautement
qualifiés, en ont vite fait une université populaire qui attire
depuis sa création une clientèle croissante.
Cet état de fait, qui doit être perçu comme la
conséquence d'une alternative aux choix traditionnels auxquels se
trouvaient confrontés les étudiants et les étudiantes de
la région, vient confirmer une part des arguments qui ont
présidé à la décision du gouvernement du
Québec d'établir un réseau universitaire sur la base d'une
répartition géographique équitable, arguments qui
laissaient entendre que l'accessibilité à la formation
universitaire relevait tout autant des capacités financières des
étudiants et des étudiantes que de leurs aptitudes
intellectuelles. Aussi, devons-nous reconnaître qu'en l'absence d'une
composante de ce réseau québécois, bon nombre de nos
diplômés actuels n'auraient eu d'autre choix que de mettre un
terme à leurs études sitôt franchi le seuil
collégial. Un des mérites de l'Université du Québec
à Chicoutimi n'est-il pas de permettre la concrétisation de ces
aspirations légitimes qui autrement relèveraient de
l'éphémère?
Celui qui connaît bien la dynamique propre aux régions
périphériques reconnaîtra que cette situation a
contribué à l'éclosion d'une volonté réelle
de prise en main par les collectivités locales de leur destinée.
En permettant aux régions concernées de freiner l'exode des
cerveaux en direction des grands centres et en favorisant la mise en place de
centres de formation mieux adaptés à leurs besoins et
spécificités, la démocratisation de l'enseignement a
entraîné dans son sillage le développement d'une nouvelle
conscience régionale.
La contribution de l'Université du Québec à
Chicoutimi, bien qu'elle ait fait sentir sa présence et son influence
dans un nombre grandissant de sphères d'activité
régionales, se mesure à sa juste valeur en ce qu'elle a
donné tout son sens et toute sa portée à la notion de
"mission régionale".
La formation dispensée à l'UQAC a vite fait de susciter de
nouvelles attentes chez sa clientèle et de créer des besoins
nouveaux qui ont entraîné celle-ci à offrir dans certaines
disciplines académiques une formation complémentaire de 2e et de
3e cycle dont la popularité vient confirmer l'existence d'un réel
besoin.
Nous ne saurions trop insister en réclamant de cette commission
de l'éducation la reconnaissance formelle de cette spécialisation
de l'enseignement universitaire à l'UQAC et des mesures incitatives
appropriées, ceci devant contribuer, à notre avis, à la
consolidation de ses assises et à lui assurer une constante
évolution adaptée à la progression de nos besoins
spécifiques en formation.
Une recherche universelle au service d'une dynamique régionale.
En adaptant ses programmes de recherche aux particularités
régionales, en y associant très étroitement les agents du
milieu et en contribuant de multiples manières au transfert des
connaissances et à leur application concrète, l'Université
du Québec à Chicoutimi a démontré de façon
éclatante le rationnel d'une collaboration soutenue dans ce domaine avec
le milieu des affaires.
Cette tendance régionaliste a contribué significativement
à l'essor économique et social de la région. Cette
affirmation trouve un écho favorable partout, pour peu qu'on se donne la
peine d'en vérifier l'exactitude.
Vous me permettrez d'ouvrir ici une parenthèse en
précisant, et cela nous apparaît important, que la recherche
universitaire menée par l'UQAC, même si elle cadre parfaitement
avec les spécificités régionales, n'en demeure pas moins
une recherche à caractère universel, exportable et applicable
ailleurs. Elle répond en tous points aux normes et critères
universellement reconnus et contribue ainsi à l'accroissement du savoir
humain.
Cette présence universitaire permet le maintien et l'expansion en
régions des activités de recherche, tant industrielles
qu'académiques, en créant un environnement propice et stimulant
et en mettant à la portée des entrepreneurs industrieux un
personnel scientifique de premier ordre et des laboratoires et
équipements à la fine pointe du développement.
La gamme étendue de ses champs de recherche, alliés
à la compétence des équipes pluridisciplinaires qui y
oeuvrent, permet l'accroissement des connaissances régionales et la
formulation de solutions pratiques aux problèmes spécifiques qui
confrontent la région. Que l'on cite les programmes de recherche sur les
maladies héréditaires, sur la productivité
végétale, en ressources minérales ou sur la transformation
de l'aluminium et combien d'autres où l'UQAC a fait montre d'excellence;
on y dénote des signes positifs des applications scientifiques et du
transfert technologique reliés aux problématiques
régionales. Qu'il s'agisse de l'accroissement de la productivité
de nos bleuetières, du développement d'essences
végétales adaptées à nos rigueurs climatiques, de
l'utilisation de techniques nouvelles en prospection minière, de la
compilation d'informations génétiques et médicales ou de
la conceptualisation pure et simple de nouveaux procédés
industriels développés en collaboration avec l'entreprise
privée, l'Université du Québec à Chicoutimi
démontre une préoccupation à saveur régionale.
Nous devons nous interroger sérieusement sur les capacités
de notre région à intéresser d'autres centres
universitaires à ses problématiques spécifiques si l'UQAC
devait délaisser son expertise en recherche faute de moyens
appropriés et se consacrer exclusivement è sa mission
d'enseignement. À cet égard, l'expérience vécue
préalablement à la venue de cette institution dans la
région apporte une réponse on ne peut plus décevante.
Il relève de la responsabilité de tous les intervenants
concernés d'assurer la poursuite et le développement de ce
secteur où l'université pose un jalon si profitable au
rapprochement des intérêts académiques des
réalités économiques. Car il faut bien reconnaître
que la recherche universitaire, outre sa contribution significative au
mieux-être de la collectivité, entraîne des retombées
économiques non négligeables et recèle un pouvoir
attractif certain en ce qu'elle permet le maintien des activités de
recherche en milieu privé et la consolidation des effectifs
professionnels qu'on y retrouve, permettant ainsi à la région de
sortir de l'anonymat et d'accéder au club restreint des régions
inscrites dans le virage technologique.
Cette vocation scientifique contribue aussi et surtout à
l'établissement de liens durables et complémentaires avec les
structures régionales d'enseignement collégial en favorisant un
partage des tâches de recherche et une collaboration permanente entre les
équipes de chercheurs de différents niveaux. Citons deux domaines
à l'appui de cette réalité, soit les travaux reliés
à la recherche sur la synthèse historique régionale et
ceux, plus récents, relevant des programmes FAO-CAO, deux secteurs parmi
tant d'autres qui appellent à une collaboration efficace où
l'Université du Québec à Chicoutimi a fait montre d'une
ouverture d'esprit remarquable en mettant à contribution des chercheurs
attitrés au secteur collégial. Il est important de bien
comprendre ici qu'il ne s'agit pas strictement d'événements
ponctuels, mais que ceci s'inscrit dans une orientation qu'entend
privilégier l'université dans son mode d'association avec les
intervenants régionaux.
Enfin, l'UQAC, un partenaire du développement régional.
Vous avez pu constater que j'ai lu assez rapidement puisqu'on m'a dit que le
temps était relativement court. L'Université du Québec
à Chicoutimi s'implique d'une manière tout aussi méritoire
dans tous les grands mouvements qui se dessinent dans la région.
Partenaire efficace et volontaire, l'UQAC demeure à bien des
égards la source de cristallisation des forces régionales et un
élément dynamisant. Sa participation exceptionnelle à
toutes les étapes préparatoires et exécutives du Sommet
sur le développement et l'économie de la région en 1984
apporte un témoignage concluant de ce rapprochement avec la
collectivité régionale et demeure l'une des causes du
succès phénoménal qu'a connu cet
événement.
Force nous est de reconnaître que, sans la participation de notre
université régionale, ce sommet n'aurait pu atteindre une
performance telle que ses effets sur le développement régional et
sur la conscientisation des agents du milieu se font toujours sentir et
maintiennent à son plus haut niveau une motivation sans
précédent des leaders régionaux.
À mesurer le grand nombre d'engagements issus de ce sommet
régional et qui concernent d'une manière ou d'une autre
l'Université du Québec à Chicoutimi, on se rend vite
compte de la place prépondérante qu'occupe celle-ci dans la
dynamique régionale. Bien intégrée au milieu,
réceptive aux demandes qu'il exprime et ouverte à la
collaboration avec un nombre grandissant de partenaires régionaux,
l'UQAC poursuit son implantation et affiche une maturité de plus en plus
évidente.
Donc, c'est un actif à développer. L'ensemble des
retombées qu'entraîne pour la région la présence
d'un centre universitaire justifie amplement sa raison d'être. En plus de
retombées économiques évidentes et considérables,
l'UQAC apporte aussi à la région une richesse sociale et
culturelle indéniable. L'image qu'elle projette, la diversité
intellectuelle qu'elle engendre, son encouragement â l'expression
artistique et sa contribution exemplaire au maintien d'une culture
régionale originale sont autant d'éléments qui contribuent
è créer un milieu de vie actif et valorisant apte à
intéresser toute la collectivité.
Veuillez croire, mesdames et messieurs de la commission de
l'éducation, que la communauté régionale apprécie
à sa juste valeur l'apport significatif de son université et
reconnaît la nécessité de lui voir attribuer des moyens
appropriés, tenant compte de sa relative jeunesse et de ses besoins
particuliers, afin de lui assurer des assises solides à partir
desquelles elle pourra poursuivre son développement et accroître
sa mission régionale.
Nous souhaitons que les travaux de cette commission sauront apporter des
garanties suffisantes quant à l'avenir de notre université
régionale, fleuron de notre culture et signe tangible de notre
vitalité.
Enfin, comme conclusion, la résolution adoptée par
l'ensemble de nos membres dont vous avez la liste: "Attendu que
l'Université du Québec à Chicoutimi contribue de
façon exemplaire par ses activités et programmes au maintien des
dynamismes régionaux; "Attendu que l'Université du Québec
à Chicoutimi s'est toujours impliquée volontairement et
efficacement dans les initiatives du milieu;
"Attendu que l'Université du Québec à
Chicoutîmi demeure un partenaire indispensable à la région
et indissociable à son avenir; "Attendu que l'Université du
Québec à Chicoutimi a démontré d'une manière
si tangible l'efficacité des programmes de recherche adaptés aux
problématiques locales; "Attendu que l'Université du
Québec à Chîcoutîmi souhaite maintenir et accentuer
sa mission régionale; "II est proposé, appuyé et
résolu à l'unanimité que le Conseil régional de
concertation et de développement du
Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougarnau-Chapais, région 02, demande au
gouvernement du Québec d'assurer à l'Université du
Québec à Chicoutimi les ressources nécessaires au maintien
et au développement de ses activités d'enseignement et de
recherche, de reconnaître à l'Université du Québec
à Chicoutimi, en accord avec ses objectifs et ses projets de
développement, une mission d'enseignement de premier, deuxième et
troisième cycles et de favoriser, en y consacrant le niveau requis de
ressources, le rayonnement de la mission régionale de
l'Université du Québec à Chicoutimi." Merci.
Le Président (M. Thérien): Merci beaucoup, M,
Claveau, d'avoir répondu aux voeux du président. Pour vous
permettre de reprendre votre souffle, nous allons passer à la
période des questions.
M. Claveau (Gérard): Si vous le permettez, cependant,
comme il y a avec moi deux personnes qui ont à livrer aussi deux
messages, je demanderais à M. Rosaire Boivin, représentant le
monde des affaires et professionnel relié à la petite et moyenne
entreprise, de bien vouloir présenter sa communication.
Le Président (M. Thérien): C'est avec plaisir que
je vous cède la parole.
M. Claveau (Gérard): Merci, M. le Président.
M. Boivin (Rosaire): M. le Président, mesdames et
messieurs les membres de la commission d'étude sur le financement du
réseau universitaire québécois, mesdames, messieurs, nous
avons exprimé le désir d'être entendus par cette commission
parce que nous nous préoccupons du financement des universités
régionales au Québec. C'est pourquoi notre intervention est un
appui au mémoire que l'Université du Québec à
Chicoutimi a présenté devant cette commission. Notre cabinet de
comptables agréés Charette, Fortier, Hawey, Touche, Ross, a
été le vérificateur de l'Université du
Québec à Chicoutimi depuis sa fondation.
Cette position privilégiée nous a permis d'assister
à toutes les péripéties de son développement, ainsi
qu'aux difficultés qu'elle a rencontrées au cours de son
existence. Cette expérience unique nous permet, à notre avis,
d'exprimer une opinion fondée concernant certaines valeurs de base qui
devraient être considérées pour évaluer l'importance
et l'influence d'une institution universitaire dans une région comme la
nôtre. (12 h 15)
Notre cabinet de comptables agréés, par ses huit bureaux
locaux situés au Saguenay-Lac-Saint-Jean, est présent dans toute
la région couverte par les activités de l'Université du
Québec a Chicoutimi. Nous croyons que cette présence
régionale nous permet d'exprimer une opinion valable au sujet de
l'importance des différents agents économiques qui contribuent
à maintenir et à développer cette grande région que
constituent le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord.
Nous avons voulu être entendus tout d'abord simplement par
reconnaissance pour notre université. En effet, notre cabinet, qui
compte dans la région plus de 91 professionnels, peut s'enorgueillir
d'avoir parmi ceux-ci plus de 60 % de diplômés de
l'Université du Québec à Chicoutimi. Ces professionnels
ont tous fréquenté l'Université du Québec à
Chicoutimi. Cela leur a permis de développer des connaissances
particulières et un intérêt marqué pour les
problèmes régionaux. Leur succès dans ce domaine a
attiré un cabinet de professionnels international qui s'est
associé à eux pour développer une unité de services
de vérification et de comptabilité qui dessert maintenant toute
la région.
La présence de l'université a certainement
contribué pour beaucoup dans l'établissement d'un service de
cette envergure en milieu régional. C'est encore cette présence
qui assure à notre cabinet une relève de qualité. Il faut
avoir vécu les années de recrutement difficile, alors qu'il
était particulièrement ardu d'attirer chez nous des
professionnels comptables, pour mieux comprendre le rôle que
l'Université du Québec à Chicoutimi a joué dans ce
développement formidable. D'ailleurs, les difficultés de
recrutement que la profession médicale vit lorsqu'il s'agit de desservir
les régions périphériques sont une illustration frappante
de ce qui peut arriver lorsqu'une discipline très poussée est
concentrée dans quelques grands centres.
Nous ne voulons pas nous immiscer dans les décisions des hommes
politiques et des gens qui ont comme tâche de distribuer les budgets du
Québec: ce n'est pas notre responsabilité et la population ne
nous a pas confié ce mandat. Nous désirons, cependant, affirmer
que le gouvernement de cette
province, même s'il est en droit de demander à
l'Université du Québec à Chicoutimi de performer d'une
façon concurrentielle en dépit des circonstances
particulières à la région, doit soutenir la croissance
normale de cette ressource irremplaçable qu'elle constitue dans notre
milieu.
Notre population a le droit de continuer d'avoir accès à
l'immense richesse que constitue ce réservoir de connaissances et de
haut savoir. En effet, dans une région comme la nôtre,
l'université est devenue l'une des conditions indispensables à la
poursuite du développement économique et socioculturel. Par le
corps professoral qui l'anime, par les étudiants qui la
fréquentent ou qui l'ont fréquentée, cette
université maintient dans notre milieu une activité
intellectuelle irremplaçable et à nulle autre comparable. Sans
une université, comment pourrions-nous prétendre d'une part
attirer ici des spécialistes, des chercheurs, des administrateurs
chevronnés et leur assurer une vie intellectuelle, un milieu de
développement acceptable pour eux et pour leur famille?
D'autre part, notre université produit chaque année des
diplômés qui, majoritairement, proviennent de notre milieu et qui
sont heureux d'y demeurer pour développer leur carrière.
Dans cette ligne d'intégration régionale, notre cabinet,
chaque année, retient les services de plusieurs diplômés.
Cette manne de cerveaux disponibles nous a permis d'intéresser un
cabinet international à s'établir dans notre région, de
sorte que maintenant on peut offrir aux gens d'affaires de chez nous des
services plus spécialisés.
Par ce processus de développement rendu possible par la
présence d'une université, nous pouvons maintenant offrir des
services qui, il y a quelques années, n'étaient disponibles que
dans les bureaux des grands centres urbains. Ces services
spécialisés contribuent au développement économique
de notre région et assurent une croissance plus ordonnée de notre
potentiel.
Mentionnons maintenant très brièvement l'apport
économique que peut constituer le budget annuel de l'université.
L'afflux de 30 000 000 $, par son effet multiplicateur, vient aider notre
économie régionale et n'est sûrement pas à
dédaigner. L'importance de cette contribution pécuniaire n'a pas
besoin d'être démontrée. Nous nous abstenons d'en faire une
mention plus détaillée car, à notre avis, l'apport le plus
important que notre université locale donne à la région ne
doit pas se mesurer seulement aux 30 000 000 $ que constitue son budget
annuel.
La présence d'une université dans une région comme
la nôtre permet à un plus grand nombre de cerveaux d'avoir
accès à un développement intellectuel plus avancé.
Cela permet la réalisation partielle du principe
généralement accepté de la nécessité de la
démocratisation des études universitaires. Sans cette
présence, ce développement deviendrait impossible pour plusieurs
à cause des coûts et des inconvénients que comporte
l'obligation de faire des études a l'extérieur. Qu'il nous
suffise de mentionner les cours aux adultes, ainsi que les cours aux
étudiants à temps partiel auxquels plusieurs adhèrent tout
en poursuivant leur vie régulière dans leur milieu.
Devant tous ces faits, nous avons la conviction que le budget de
l'université est un juste retour de nos taxes. Même si des calculs
savants venaient à démontrer que per capita ce service
coûte plus cher que s'il était offert uniquement dans les grands
centres, il faut maintenir et développer l'université. Nous
sommes d'avis que le gouvernement doit reconnaître que l'augmentation du
niveau de scolarité de toute une région est à long terme
l'un des investissements les plus rentables pour une société.
Souvent, le surplus per capita que le gouvernement est appelé à
débourser est économisé autrement par ceux qui suivent ces
cours sur place dans leur région.
Finalement, cette mécanique n'a qu'une résultante, c'est
que les régionaux peuvent avoir accès à un
développement égal à celui qui est accessible aux
résidents des grands centres. Lorsque c'est matériellement
possible et socialement nécessaire, les gouvernements ont l'obligation
de fournir à leur population cet accès aux études
avancées sans distinction de classe ou de région.
Dans une région comme la nôtre, l'université donne
plus encore. La contribution impondérable qu'elle fournit vient surtout
de l'intérêt que les chercheurs développent à
l'égard des problèmes régionaux. À titre d'exemple,
les recherches sur les maladies héréditaires spécifiques
à notre région et l'isolement des causes de ces maladies
permettront probablement d'éviter que notre population n'en soit plus
longtemps victime et ne devienne ainsi une charge financière
supplémentaire pour l'État. Nous pouvons aussi mentionner
l'importance pour notre région des travaux de recherche qui s'effectuent
sur les mines, les cultures en serre dans les milieux nordiques et surtout sur
le développement des produits d'aluminium. À toutes ces
recherches spécifiques s'ajoute une contribution sociale que notre
université a accepté de fournir avec un très grand
succès.
Parmi les nombreuses initiatives sociales de l'université depuis
sa fondation, nous devons mentionner l'une des toutes dernières, la
formation de SOCCRENT. Cette société en commandite pour la
création d'entreprises est quasi unique en son genre et des plus
prometteuses pour la région. Elle implique à la fois les grandes
industries et
les groupements d'affaires de la région, ainsi que les gens
d'affaires intéressés au développement de notre
économie. Seule la caution de l'Université du Québec
à Chicoutimi pouvait permettre la création et le soutien du
mouvement qui a conduit à la fondation de SOCCRENT. Dans une
région comme la nôtre, le rôle d'une institution très
engagée comme l'Université du Québec à Chicoutimi
est comparable en importance à celui que l'Église a joué
au Québec tout au long de son histoire. En effet, l'université
jouit d'une réputation d'intégrité, d'objectivité
intellectuelle et de capacité qu'on ne peut pas contester.
Pas une compagnie si importante soit-elle, pas un parti politique si
bien structuré puisse-t-il être, pas un regroupement de citoyens
ne pourra démontrer à la population autant de qualités et
de capacité pour la stimuler, l'enthousiasmer et la soutenir dans son
développement. Il faut se souvenir des problèmes qu'ont
vécus certaines régions pour comprendre que, sans la
présence d'institutions dynamiques pour les guider et pour regrouper
leurs forces vives, elles peuvent péricliter jusqu'à en mourir.
Mais avec les expériences heureuses que l'université a fait vivre
à notre région, nous sommes en mesure de croire que,
malgré le contexte économique extrêmement difficile que
nous vivons, nous réussirons à survivre parce que cette
institution de haut savoir assure le développement intellectuel de notre
population et s'implique dans la recherche de solutions adaptées
à nos problèmes.
Toutes ces contributions, recherches, expériences faites
spécifiquement pour nos besoins, adaptées à notre mode de
vie et aux contraintes que nous connaissons ne sauraient se réaliser
sans la présence et l'action de l'université. En effet, celle-ci
a développé un climat de confiance dans la région pour
l'amener à contribuer et à investir dans le développement
de la région.
De plus, une partie des régions nordiques du Québec compte
sur le maintien de nos institutions régionales afin d'avoir accès
à l'éventail de services qui assurent à leur population
une qualité de vie comparable à celle que connaissent les
citoyens des grands centres. L'Université du Québec à
Chicoutimi doit accroître sa présence dans ces milieux et, par
conséquent, obtenir les ressources indispensables pour répondre
pleinement à cette mission. Notre région a toujours reconnu la
valeur de notre université et appuyé ses objectifs et ses
actions. Lorsqu'il s'est agi de la soutenir et de combler une partie de ses
besoins qui ne pouvaient être pris en charge par l'État, la
région a créé la Fondation de l'Université du
Québec à Chicoutimi pour appuyer ses activités de
recherche, ainsi que la Fondation Sagamie pour ses besoins physiques. Les fonds
ont été recueillis à travers toute notre population parce
que tous étaient conscients de l'importance de cette institution de haut
savoir dans notre région. Cette réponse enthousiaste de toute une
région démontre sans l'ombre d'un doute l'appréciation de
la population envers son université régionale. Nous sommes d'avis
que, à la suite de ces résultats positifs obtenus par
l'Université du Québec à Chicoutimi, le gouvernement de
cette province doit faire en sorte que son développement se poursuive
sur tous les plans, ce qui démontrera sa volonté de soutenir le
développement des régions périphériques, ainsi que
son adhésion au principe de l'universalité de l'accès
à la connaissance, à la culture et à la science, ce
pourquoi précisément l'Université du Québec a
été fondée.
Nous espérons que les témoignages qui ont
été rendus devant cette commission confirmeront que le soutien
à une université comme la nôtre ne devrait pas être
considéré comme une activité marginale de la part de
l'État, mais comme une stricte obligation de justice envers sa
population. Il faut se rappeler que les millions investis dans le budget annuel
de l'université sont à la longue beaucoup plus rentables et plus
profitables pour l'ensemble de la population que certaines subventions
distribuées pour satisfaire des besoins à court terme.
Le financement des universités telles que la nôtre doit se
faire d'une façon rationnelle et avec beaucoup de compréhension
en tenant compte des circonstances particulières qu'entraîne le
maintien d'une institution de haut savoir dans une région
éloignée. Mais ce financement doit se faire aussi en appliquant
le principe de la justice distributive face au droit des personnes
d'accéder à un développement intellectuel
supérieur. Si souvent les régions périphériques
prennent naissance et se développent grâce à la
présence de richesses naturelles spécifiques à leur
milieu, cela ne doit pas les condamner à être privées des
autres richesses que constituent l'éducation, l'instruction et la
culture. Dans le tangage des gens de chez nous, il faut bien distinguer entre
accepter d'être éloignés et accepter d'être
reculés. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, monsieur. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? (12 h 30)
M. Bergeron (Jean-Eudes): Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Bergeron: M. le Président, M. le ministre et MM. les
membres de la commission, une réalité de notre région
périphérique qui est aux prises avec son développement
régional a fait en sorte que,
sur le plan régional, ont évolué un grand nombre de
coopératives, de PME coopératives qu'on peut appeler les
multi-Iocales du développement régional. Le monde de la
coopération de la région est à l'aise avec
l'Université du Québec à Chicoutimi parce que c'est une
université qui est près du milieu et qui sait écouter et
communiquer. Nos relations avec elle sont excellentes et on continue toujours
à développer cette relation et cette communication.
Notre région est riche en structures coopératives. Elle
regroupe sur le plan régional 160 000 coopérateurs, 1300
administrateurs élus et au-delà de 2000 employés et ce,
dans toutes les sphères d'activités, soit l'épargne et le
crédit, l'agriculture, la forêt, les coopératives
ouvrières de production, l'habitation, etc.
Le monde de la coopération et les PME coopératives font
face, comme les autres entreprises, au développement technologique et
les ressources humaines qui en font partie devront évoluer grandement
pour faire face à tous ces changements. Donc, tout cela ne pourra se
faire sans des efforts au niveau de la formation et de l'éducation de
nos ressources humaines.
Je tenais à mentionner, M. le Président et M. le ministre,
que, à l'Université du Québec à Chicoutimi -
d'ailleurs, le recteur en a fait mention tout à l'heure - il y a eu un
effort, à la suite de celui des PME régionales, pour se pencher
sur la gestion particulière des petites entreprises et c'est de
là que provient le programme de maîtrise en gestion des PMO qui
comprend les coopératives, tes petites entreprises et les organisations
diverses.
C'était un besoin d'accorder une attention particulière
à toute la dimension touchant à l'administration des entreprises
et particulièrement aux PME. Étant en périphérie,
on n'a pas le choix, il faut se débrouiller, il faut s'organiser, il
faut entreprendre si on veut créer des emplois et si on veut
développer notre région. Des efforts sont faits depuis longtemps.
On mentionnait tout à l'heure SOCCRENT. Je peux vous dire aussi qu'au
niveau du Mouvement des caisses populaires, tout récemment nous nous
sommes donné un fonds d'investissement pour la petite entreprise. Avec
cela, plus les efforts du milieu plus l'université, on devrait
être capables de franchir d'autres étapes dans notre
développement régional.
En plus de cet effort particulier qui est la maîtrise en PMO, il y
a quand même beaucoup d'échanges de services qui se font au niveau
de la formation, de la recherche et de l'animation. Il y a aussi du
donnant-donnant, en ce sens qu'il y a des dons, des souscriptions et des
commandites qui se font pour, justement, s'entraider et développer cette
région qui nous tient à coeur.
M. le Président, j'aimerais dire en terminant que le monde de la
coopération se sent complice avec l'université pour le
développement régional et nous en sommes très fiers. Vous
devez prendre tous les moyens pour que ce développement continue avec
cette attention particulière qu'accorde l'université à ce
monde de la PME et de la coopération. Merci.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Merci, M.
Bergeron. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup, messieurs, de cet appui
impressionnant et représentatif que vous venez apporter aux vues qui
nous ont été exprimées par les autorités de
l'Université du Québec à Chicoutimi.
J'ai parcouru les résolutions d'appui qui nous ont
été remises dans un cahier qui est un peu la synthèse de
toute la société du Saguenay-Lac-Saint-Jean. On trouve
là-dedans des commissions scolaires, des municipalités, des MRC -
dont plusieurs sont représentées ici aujourd'hui - des syndicats
ouvriers, affiliés tant à la CSN qu'à la FTQ, les chambres
de commerce, les caisses populaires - je pense que vous êtes du secteur
des caisses populaires - et d'autres mouvements coopératifs, les gens de
l'AFEAS, les grandes entreprises comme l'AIcan, Price, le cabinet des
comptables qu'on a entendu tantôt, Charette, Fortier, Hawey, Touche et
Ross.
C'est très important pour nous d'entendre tous ces points de vue
et nous les écoutons avec énormément de respect. Je
voudrais vous remercier de l'intérêt que vous portez au
développement de l'enseignement universitaire dans votre région.
Je pense qu'il est excellent que vous portiez cet intérêt au
développement de l'enseignement universitaire et je pense que, si dans
toutes les régions du Québec, tous les milieux s'associaient de
manière aussi active pour collaborer au développement de
l'enseignement universitaire, ce serait un acquis considérable pour
notre société.
J'aurais deux questions à vous poser si vous me le permettez.
Tout d'abord, vous dites à la page 6 - c'est peut-être un des
paragraphes les plus importants de votre présentation et je le cite -
"Nous ne saurions trop insister en réclamant de cette commission de
l'éducation la reconnaissance formelle, et des mesures incitatives
appropriées à cette spécialisation de l'enseignement
universitaire à l'Université du Québec à
Chicoutimi. Ceci devant contribuer, à notre avis, à la
consolidation de ses assises et à lui assurer une constante
évolution adaptée à la progression de nos besoins
spécifiques en formation."
Je voudrais me permettre juste quelques commentaires là-dessus
avec votre consentement. Ce sont des choses qui sont peut-être plus
faciles à dire qu'à faire. J'ai demandé qu'on me produise
une liste des projets qu'on nous a soumis au cours de la dernière
année en matière de développement des maîtrises et
des doctorats en particulier, et pour les baccalauréats aussi. Au niveau
des baccalauréats, nous n'avons aucun projet dans nos dossiers
actuellement, à moins que je ne me trompe. Il y en a peut-être qui
auraient été oubliés. J'avais eu connaissance d'un projet
de baccalauréat spécial en communications qui avait
été conçu en collaboration avec des cégeps de la
région. Cela avait été envoyé à la Direction
de l'enseignement collégial. Je crois que cela va prendre la
filière du Conseil des universités. Mais nous n'en avons pas
été saisis encore.
Il y avait un projet de doctorat en ressources minérales qui
avait été soumis à l'approbation du gouvernement, qui
avait été approuvé sous le régime
précédent et que nous serons heureux de contribuer à
mettre en marche avec le prochain exercice. Avec les règles
budgétaires de 1986-1987, nous prévoirons des dispositions devant
permettre la mise en route de ce programme de doctorat en ressources
minérales.
Un projet de doctorat en génie informatique a été
communiqué au Conseil des universités, il y a déjà
quelque temps. Le Conseil des universités est ent train d'en faire
l'étude et nous attendons l'avis du Conseil des universités pour
le début de la prochaine année. Je ne pense pas que le Conseil
des universités sera en mesure de se prononcer avant le mois de janvier
ou le mois de février.
Comme vous le savez, quand il s'agit de l'implantation d'un nouveau
programme, d'une durée de plus d'un an, de baccalauréat, de
maîtrise ou de doctorat, on doit d'abord recueillir l'avis du Conseil des
universités et, ensuite, le ministère décide sur la base
de l'opportunité, des possibilités de financement, etc. Par
conséquent, tant que le Conseil des universités ne s'est pas
prononcé, il est difficile pour nous d'agir.
Ensuite, il y a un projet de doctorat en éducation qui a
été soumis conjointement par plusieurs constituantes de
l'Universités du Québec, l'UQAM, l'Université du
Québec à Trois-Rivières, l'Université du
Québec en Abitibi-Témiscamingue également. Ce projet a
déjà reçu l'aval du Conseil des universités. Il est
à l'étude pour l'étape définitive au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science.
C'est une chose que nous regardons très attentivement, parce que
vous n'êtes pas sans savoir que, dans le domaine des sciences de
l'éducation, il n'y a pas pénurie d'activités actuellement
dans nos universités par rapport aux besoins de la société
québécoise.
J'étais agréablement étonné comme ministre
de l'Éducation de constater que l'éducation est une discipline
qui attire toujours beaucoup la jeunesse québécoise en voyant les
statistiques qui ont été publiées récemment sur les
inscriptions universitaires en septembre de cette année. Il faut bien se
dire que c'est un secteur qui est très occupé, très
achalandé actuellement, mais que les besoins du marché de
l'éducation se sont extrêmement rétrécis ces
dernières années à cause des contraintes
financières que nous connaissons tous, des diminutions de
clientèles qui se sont produites aux niveaux primaire et secondaire, et
dont l'effet va se faire sentir sur le niveau collégial et universitaire
au cours des années à venir.
Depuis quelques années, nous avons assisté à une
augmentation des effectifs aux niveaux collégial et universitaire, mais,
dans quelques années, il va se produire un mouvement dans l'autre sens.
Il faut que le gouvernement pense à tout cela avant de se lancer dans
une direction comme celle qui est proposée. Cela, c'est à
l'étude. Je peux vous assurer qu'on va l'étudier en tenant compte
de tout ce qui a été dit ce matin, en tenant compte
également des autres réalités qui sont pour nous
également impératives. Là-dessus, c'est la communication
que j'ai à vous faire. J'ai dit tantôt à M. Riverin que,
s'il y a d'autres projets, on peut toujours les examiner. C'est notre devoir de
le faire, on ne fait de faveur à personne en le faisant. On s'acquitte
d'un devoir élémentaire d'un gouvernement et on le fera avec
toute l'attention et la compréhension souhaitables.
Maintenant, je voudrais vous poser juste une brève question. Vous
avez parlé - je pense que c'est monsieur qui représente la firme
de comptables - de l'implication de l'Université du Québec dans
SOCCRENT, société pour le lancement de nouvelles entreprises.
J'aimerais que vous m'expliquiez de quelle manière l'Université
du Québec est impliquée là-dedans. Est-ce sous la forme de
mise de fonds?
M. Boivin: Cela a été, pourrait-on dire, une
contribution de prestige. L'idée a germé. Lors de
réunions, de sommets régionaux, il a fallu lancer l'idée
et, comme cela demandait l'implication de sommes importantes - entre
parenthèses, SOCCRENT va disposer d'un capital investi et payé de
10 000 000 $ au départ - les grandes industries se sont
impliquées fortement. Vous le verrez dans le mémoire qu'Alcan va
déposer tout à l'heure, je pense qu'elle le mentionne. Les
grandes industries se sont impliquées énormément et, pour
assurer le succès, les grandes industries ont demandé aux gens
d'affaires locaux de s'impliquer aussi financièrement, d'investir.
À ce moment, comme c'étaient des
sommes importantes - on parle de 10 000 000 $, je le
répète - l'université, principalement M. le recteur, a
joué le rôle de catalyseur ou de parrain pour mettre en marche le
mouvement qui a mené à la fondation de SOCCRENT, Cela prenait une
personnalité ou une institution compétente, indépendante,
dégagée et hors de tout soupçon ou de
velléité personnelle. L'université, à ce moment, a
joué un rôle vraiment formidable. Aujourd'hui, SOCCRENT est
lancée au moment où on se parle, elle va annoncer, probablement
cette semaine, la création de sa première industrie, sa
première réalisation. Juste un mot, M. le ministre,
l'université maintenant participe de moins en moins à SOCCRENT
parce que SOCCRENT est lancée.
M. Ryan: Je comprends très bien que M, le recteur ait pu
être invité à présider un comité au
début ou à donner son concours. Ce que je veux vous demander:
Est-ce qu'il incombe à l'université de se prononcer, comme
université, de prendre position sur des choses comme celles-là,
que des universitaires le fassent et que même le recteur, dans certaines
occasions, donne son concours? Est-ce que, d'après vous, il est dans la
mission de l'université de s'embarquer dans des projets, comme
université?
M. Boivin: Cela dépend si vous référez
à ce qu'on entendait par l'université traditionnelle ou à
une université qui peut être présente chez nous.
L'université traditionnelle, peut-être que des gens vont
prétendre que ce n'est pas son rôle, mais, si on parle du
rôle que l'université s'est efforcée de jouer dans notre
région, je croîs qu'elle joue parfaitement son rôle parce
qu'elle sert d'agent motivateur ou catalyseur.
M. Claveau (Gérard): Permettez-moi d'ajouter, M. le
ministre, que la création de SOCCRENT vient d'une idée
émise lors du sommet économique de 1984 et des interventions qui
se sont faites tout autour de cette question à savoir qui serait preneur
du ballon. On en arrive toujours à cela lorsqu'on participe à des
sommets. Et le preneur a été à la fois
l'université, par l'intermédiaire d'un chercheur, M. Lapointe, et
le milieu des affaires.
Voilà la contribution qu'on peut s'attendre d'avoir d'une
université dans certains types de dossiers. Je pense que cela a
été manifestement un bon actif. La preuve en est que c'est
maintenant lancé et ce n'est plus la responsabilité de
l'université. (12 h 45)
M. Bergeron: M. le Président, j'aimerais ajouter un point
là-dessus. Je pense que l'université a déclenché le
processus, mais elle y aura aussi contribué par ses ressources internes.
L'avantage d'avoir une université dans une région est que cela
amène dans la région énormément de matière
grise qui peut contribuer sous différentes formes à la recherche,
au marketing et à beaucoup d'autres choses. Cela n'est pas
négligeable.
Il y a aussi un lien qui se fait bien avec SOCCRENT. On parle de
l'annonce d'une première entreprise où SOCCRENT investira; ce
sera annoncé vendredi. Je trouve intéressant que ce soit un
finissant d'université maîtrise en PMO qui doit lancer
l'entreprise. Je sais que, dans quelques semaines, on donnera un mérite
régional à un autre Finissant en gestion de PMO qui, en fait,
excelle dans une jeune entreprise qu'il a créée
lui-même.
Ce programme de PMO, plus les étudiants ayant une formation en
administration, plus SOCCRENT, plus les efforts qu'on va fournir feront que la
région se prendra davantage en main.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
ministre... Mme la députée de Chicoutimi.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela vous fait
plaisir. Vous aimeriez avoir un ministre dans votre comté.
Une voix: Ce ne sera pas long. Ce ne sera pas long.
Mme Blackburn: M. le Président, je vois que le temps passe
rapidement. Je voudrais remercier le président du CRCD et les gens qui
l'accompagnent, M. Bergeron, M. Boivin, M. Jacques et M. Lemelin, de leur
participation aux travaux de cette commission. Je pense qu'il n'y avait pas de
meilleure façon d'illustrer de manière plus concrète le
rôle et l'importance d'une université dans le développement
économique et social d'une région.
Le ministre vous faisait remarquer que, si les populations
s'impliquaient de façon aussi assidue, aussi intensive dans le
développement des autres universités dans la province, cela
pourrait avoir des résultats heureux. Cela veut dire que c'est
probablement impossible dans certains centres quand les universités
n'ont pas cette préoccupation qui m'apparaît essentielle
d'être ouvertes et accessibles à toute la population. C'est
possible et réalisable parce qu'on est dans une région et parce
que cette région a décidé avec l'université qu'on
en tirerait le meilleur avantage possible et le plus grand
bénéfice.
Tout à l'heure, le ministre s'interrogeait sur le rôle
qu'avait joué l'université dans la création de SOCCRENT.
Ce qu'il est important de rappeler ici, c'est
que, comme l'a dit tout à l'heure le recteur, c'était le
lieu le plus neutre où on ne risquait pas de voir des organismes se
tirailler pour savoir qui aurait la paternité d'une telle
création. C'est pourquoi il était important que
l'université joue un rôle dans la création de SOCCRENT, Je
voudrais rappeler qu'elle n'a pas investi. Ce qui a été investi,
c'est un local et ce local a été fourni par la Fondation Sagamie.
Les salaires du chercheur étaient payés par une grande entreprise
de chez nous.
Ce rôle de catalyseur de l'Université du Québec
è Chicoutimi a été extrêmement important. Si le
ministre écoute un peu, je pourrais peut-être essayer d'expliquer
la différence qu'il y a entre le rôle d'une université dans
une région par rapport au rôle d'une université dans un
grand centre. Il existe dans les grands centres des lieux d'expertise et ils
sont multiples, alors que, dans les régions, le seul lieu d'expertise,
souvent, c'est l'université. C'est pourquoi il ne faut pas comparer
l'implication d'une université dans une région avec celle d'une
université dans un grand centre. Elles ont des rôles fort
distincts en raison, précisément, de la taille, des populations
et des niveaux de développement de ces régions.
Je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps, sauf que j'aurais une
question très générale. Elle s'adresserait probablement
à M. Boivin ou à M. Bergeron. M. Boivin a fait état tout
à l'heure de façon fort éloquente de l'importance de
l'université dans la région par rapport à sa propre
entreprise. Il nous a peu parlé, cependant, de la présence de
l'université dans une région par rapport aux besoins de
perfectionnement du personnel, mais il pourrait peut-être nous en parler
un peu tout à l'heure à la table ou à l'extérieur.
Ma question est la suivante: Le Conseil du patronat reconnaissait hier que le
Québec devait, s'il voulait être compétitif sur le plan
international, hausser le degré de scolarité au Québec.
Bien qu'on ait fait des progrès remarquables au cours des
dernières années, on n'a pas réussi à rattraper la
scolarité des autres provinces et des États-Unis pour une raison
fort simple: même si on a fait des progrès remarquables, les
autres ne se sont pas arrêtés pour nous attendre; on est encore en
période de rattrapage et on doit continuer à investir
là-dedans si on veut être compétitif. Vous connaissez les
difficultés que pose le financement des universités. Dans votre
mémoire, M. Boivin, vous dites que l'université doit
accroître sa présence dans le milieu et, conséquemment,
obtenir les ressources indispensables pour répondre pleinement à
cette mission. Estimez-vous que le gouvernement doive investir davantage?
M. Boivin: À mon avis, oui. On vient de publier certaines
statistiques. M. le recteur, d'ailleurs, dans son discours, y a
référé à juste titre. À long terme,
l'investissement le plus rentable pour une population, pour un pays, c'est
d'investir dans sa population, dans la matière grise, dans le
développement et dans l'instruction. On ne parle pas de grand
développement, mesdames, messieurs. On parle simplement de
développement d'études de 1er cycle, de 2e cycle et de 3e cycle.
On est loin d'être rendus là où certains pays sont rendus.
On ne parle pas de cela, on ne veut pas se rendre là ce matin. Comme
vous le disiez si bien, madame, on est encore loin du perfectionnement que
d'autres pays ont atteint et même que d'autres provinces ont atteint. Ce
dont on parle, c'est quasi un juste minimum pour rester parmi les gens qu'on
peut qualifier de relativement développés.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Madame.
Mme Blackburn: M. Bergeron.
M. Bergeron: J'aurais le goût de dire que le
perfectionnement est un besoin très grand dans une région comme
la nôtre, étant donné qu'il y a une université, mais
qui n'est quand même pas en plein centre de la région. Il n'est
pas toujours facile pour l'université, avec ses budgets, de pouvoir
s'approcher un peu plus près des besoins particuliers des
régions, par exemple du côté ouest du lac Saint-Jean. Il y
a justement des frais un peu trop onéreux de ce
côté-là. Quand on parle de perfectionnement, on parle des
adultes, des gens sur le marché du travail. Je pense que ce n'est pas
toujours facile pour ces personnes-là de prendre des cours du soir sans
que l'université s'approche un peu plus. Je pense qu'il faudra avoir des
subventions un peu plus généreuses pour permettre ce genre de
satisfaction des besoins.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On conclut.
Mme Blackburn: En concluant? Comme le temps passe vite! Le
recteur me faisait remarquer tout à l'heure que la période de
réchauffement prend toujours un peu de temps. On est meilleur quand le
temps est presque écoulé. Sûrement que vous aurez
l'occasion d'être entendus sur d'autres tribunes. Je voudrais vous
remercier de votre participation aux travaux de cette commission. Je voudrais
également adresser mes remerciements à tous ceux et celles qui
ont appuyé la démarche de l'université. Je voudrais
également vous remercier - le président l'a fait un peu tout
à l'heure -d'avoir accepté d'alléger un peu les travaux de
cette commission en vous regroupant. Je
pense bien que cela n'enlève pas la qualité
générale des interventions. La quantité serait simplement
venue répéter, je pense, le message initial, c'est-à-dire
que l'université joue un rôle vital dans le développement
économique et social de notre région.
Je ne pourrais terminer, cependant, sans revenir brièvement sur
un paragraphe du mémoire du CRCD, en page 2, où on cite les
propos du présent gouvernement qui dit: "II convient d'instaurer une
forme de régularité et de permanence à la concertation
gouvernement-régions, et c'est d'abord et avant tout la région,
par l'intermédiaire de ses représentants, qui est responsable de
la préparation de la démarche." Cela ne me semble pas très
cohérent avec la recommandation d'un certain rapport Gobeil qui
recommande l'abolition des conseils régionaux de concertation et de
développement, les CRCD. J'ajouterais que, sur cette question du
rôle des CRCD comme de l'avenir du siège social de l'UQ, comme de
la restructuration des organismes de recherche où l'on confond,
finalement, recherche fondamentale, recherche appliquée et recherche et
développement... Sur la tâche des professeurs, on règle
assez facilement le problème de financement des universités par
une équation mathématique. On dit tout simplement: Augmentons de
50 % la tâche des professeurs et on va avoir résolu une partie du
problème de financement. Cela illustre, je pense bien, que les personnes
qui ont préparé ce rapport ou ne connaissaient vraiment pas ce
dont elles parlaient ou, si elles le connaissaient le rationnel nous
échappe, ce qui me fait dire qu'il faudrait peut-être qu'elles
viennent nous l'expliquer. On finirait peut-être par comprendre, ce dont
je doute un peu.
Messieurs, je vous remercie infiniment de votre présence ici et
de votre participation aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Ryan: Je commencerai par apporter quelques précisions
faisant suite aux propos que vient de tenir la députée de
Chicoutimi sur la coordination du développement régional. Le
ministre responsable du Développement régional a rendu publique
ces temps derniers la politique du gouvernement en matière de
développement régional. Je pense que la députée de
Chicoutimi ferait bien de se mettre à l'heure d'aujourd'hui. Elle cite
des passages d'un document qui est déjà dépassé.
Sur ce point précis, le gouvernement a défini et
arrêté sa politique par voie d'arrêté
ministériel il y a déjà plusieurs semaines. Cela a
été communiqué par le ministre la semaine dernière.
Je pense qu'on pourrait au moins se mettre à l'heure de ces
développements. Cela veut dire que les sommets économiques et
sociaux continueront. Leur permanence et leur continuité seront
assurées par des organismes du genre du vôtre. Cela variera selon
les régions, je pense qu'on n'a pas de modèle uniforme.
Contrairement à ce que l'ancien gouvernement faisait, on tient compte
des diversités régionales et on fait preuve de souplesses. Par
conséquent, de ce côté, je pense qu'on aura quelque chose
de beaucoup mieux défini, de beaucoup plus clair que ce qu'on avait
auparavant.
J'ai des nouvelles à part cela. C'est que les
députés de l'Opposition pourront participer à la
préparation et à la réalisation des sommets, tandis que,
sous le gouvernement qui était celui de votre parti, ils étaient
exclus. Ils étaient gardés à l'extérieur. On aurait
eu l'air fin dans votre région, cinq députés de
l'Opposition, s'il avait fallu qu'il y ait une politique gouvernementale
disant: Les députés de l'Opposition ne participent pas. Mais, ce
n'était pas plus intéressant pour nous dans les Laurentides quand
c'était cela, la politique. Aujourd'hui, je peux vous dire qu'il y aura
beaucoup plus d'objectivité et de démocratie véritable.
Cela étant dit, vous pourrez continuer, par conséquent, de nous
appuyer de vos bons conseils et de vos représentations.
J'ai été à même de vérifier à
plusieurs reprises l'excellent travail qu'accomplit le Conseil régional
de concertation et de développement du
Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau-Chapais. J'ai eu de nombreux contacts avec
lui par le passé. Je suis très heureux, en conséquence,
que vous soyez venus présenter vos représentations à
l'appui des besoins que nous a fait valoir l'Université du Québec
à Chicoutimi. J'ajoute simplement une phrase par souci
d'honnêteté avec vous. Il est facile de définir l'objectif
que vous énonciez à la page 6 de votre mémoire et plus
difficile de le réaliser dans les faits. Cela va demander beaucoup de
discernement, beaucoup de réalisme, beaucoup de sens de la mesure
également et de collaboration entre tous les éléments de
votre région et les différents services du gouvernement qui
peuvent être impliqués. Je veux vous assurer, en ce qui nous
touche, que nous sommes prêts à regarder dans la voie que vous
avez définie. Nous ne mettons pas de balise ou d'obstacle au
départ. Nous serons obligés, par contre, d'exiger que chaque
développement qui sera proposé soit appuyé sur des
dossiers solides, des dossiers qui répondent à des besoins
véritables et qu'on ne veuille pas procéder à des
développements seulement pour le désir d'avoir une chose qui
serait absolument universelle. Vous convenez vous-mêmes que ce n'est pas
possible. Je pense que, sur cette
base, il sera très intéressant d'envisager au cours des
mois et, je l'espère bien, des années à venir une
collaboration fructueuse avec votre région. Merci d'être
venus.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, merci, Mme la députée; merci, M. Claveau. Messieurs, la
commission parlementaire de l'éducation suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures, alors qu'elle entendra la Société
d'électrolyse et de chimie Alcan Ltée.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 5)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation poursuit ses travaux et accueille la
Société d'éleetrolyse et de chimie Alcan Ltée, de
la région de Chicoutimi, c'est-à-dire de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ceci fait suite à la venue ce matin en
commission parlementaire de l'Université du Québec à
Chicoutimi. La société d'éleetrolyse fait partie du groupe
qui vient appuyer les demandes et les revendications et vient aussi justifier
les interventions de l'Université du Québec à
Chicoutimi.
Société d'électrolyse et de
chimie Alcan Ltée
Le groupe est représenté par M. Robert Salette qui est le
vice-président régional. M. Salette, bonjour, nous vous
souhaitons la bienvenue et nous vous remercions beaucoup d'avoir accepté
de venir rencontrer la commission parlementaire de l'éducation.
Je veux aussi vous remercier pour l'esprit avec lequel vous avez
accepté notre demande de décaler votre intervention à
cette commission parlementaire. D'habitude, on donne une heure et demie
à une université, et on s'était entendu pour un bloc de
trois heures environ. Par contre, les échanges ont été
tellement intéressants et enrichissants pour les deux parties qu'on n'a
pas pu se limiter à l'intérieur du cadre prévu. C'est la
raison pour laquelle nous avons dû décaler votre
témoignage. Nous avons beaucoup apprécié la façon
dont vous avez accepté de collaborer avec nous.
On a environ 45 minutes, donc jusqu'à 15 h 50 ou 15 h 55, pour
passer en revue votre intervention et aussi pour mettre en marche la
période d'échange ou de dialogue avec les membres de la
commission.
Si vous voulez bien, M. Salette, nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner avec votre présentation.
M. Salette (Robert): À ma droite, M. Robert Lavoie, qui
est directeur au complexe de Jonquière pour les services d'appui
technique. À mon extrême gauche, M. Claude Tremblay, coordonnateur
en formation du personnel, qui depuis 20 ans consacre beaucoup de
réflexion sur le sujet; et M. Nagy, que vous avez rencontré ce
matin lors de la présentation de l'université et qui pourra
peut-être enrichir nos réponses lorsque ce sera la période
des questions.
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission, mesdames et messieurs, permettez-moi d'abord de vous rappeler ce
que nous sommes et pourquoi nous sommes ici. Alcan, au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
c'est plus de 8000 personnes travaillant à produire de l'aluminium dans
près de 20 installations: centrales hydroélectriques, usine de
chimie, usines d'électrolyse, centres de coulée, centre de
recherche, usines de transformation, port de mer, compagnie de chemin de fer et
usines de services, toutes ces installations étant distribuées un
peu partout sur le territoire de cette grande région qu'est le
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Alcan, c'est aussi une communauté scientifique, tant à
l'intérieur de son centre de recherche que dans ses usines, qui ne
saurait vivre pleinement sans retrouver ses pairs dans son environnement.
Mon objectif, aujourd'hui, s'insère dans un prolongement logique
et dans un renforcement de liens déjà étroits entre
l'Université du Québec à Chicoutimi et notre
société industrielle car il nous faut bien le souligner, ces deux
organisations ne sont pas des inconnues l'une pour l'autre. Depuis la fondation
de l'UQAC, à la fin des années soixante, cette université
et Alcan ont en maintes occasions créé des liens par une
collaboration plutôt informelle au début et ce, grâce
à des gens avant-gardistes, peut-être plus convaincus que d'autres
des nécessités et de la pertinence des relations monde
universitaire-industrie. Depuis quelques années, cette collaboration
s'est étendue, officialisée et mieux structurée.
À plusieurs reprises, nous avons eu l'occasion de confier
à des professeurs ou à des équipes de l'UQAC,
spécialistes des communications organisationnelles, de la
santé-sécurité, des sciences appliquées, de la
physiologie du travail - et j'en passe - des projets de recherche relatifs
à des problèmes précis que nous rencontrions. Cette
collaboration a donné l'occasion à nos gestionnaires d'obtenir
l'avis d'experts en même temps qu'elle permettait aux professeurs et aux
étudiants de vérifier leurs approches théoriques et leurs
méthodes en milieu réel de travail.
De plus, Alcan a collaboré avec le module de génie
unifié à mettre sur pied un système de tutorat mixte
où l'on retrouve un professeur et un ingénieur d'Alcan qui,
conjointement, encadrent le projet d'un
étudiant de façon à lui donner une densité
plus concrète. De 1979 à 1985, on compte plus de 80 de ces
projets dont les sujets de recherche vont de l'étude d'un
matériel granulaire pour l'absorption des pertes d'huile autour des
transformateurs à la conception d'un échantillonneur automatique
d'alumine, en passant par l'étude d'un système pour mesurer le
solide liquide dans un décanteur et le développement d'un
appareil servant à mesurer le profil de gelée dans une cuve
électrolytique.
Ce ne sont là que quelques exemples qui ne donnent, nous le
savons bien, qu'un très faible aperçu de la collaboration
existante. Nous ne voudrions pas abuser du temps de cette commission en donnant
lecture d'une langue liste de projets à la terminologie fastidieuse.
Le 27 janvier dernier, des représentants d'AIcan International
dont dépend, entre autres, le Centre de recherche et de
développement Arvida, des représentants du Conseil de la
recherche en sciences naturelles et en génie et des représentants
de l'Université du Québec à Chicoutimi ont
procédé à la signature d'une convention tripartite de
recherche dans le cadre du programme conjoint
universités-industries.
Le projet d'envergure des fours de refonte et des fours de coulée
présente pour nous une importance primordiale puisque tout le
métal produit passe par là. Jusqu'à maintenant, nous en
avons une connaissance plutôt empirique, car nous les utilisons presque
constamment, mais de façon intermittente, ce qui entraîne, nous en
sommes a priori convaincus, des pertes d'énergie appréciables.
Auparavant, nous n'avions d'autre choix que l'expérience. Mais, depuis
quelques années, de nouvelles générations d'ordinateurs
permettent de modéliser ce qui s'y passe et de théoriquement
dégager les procédés d'opération les plus
efficaces, les plus rentables. C'est ce besoin que devrait combler le projet en
collaboration avec le Département des sciences appliquées et le
CRSNG, qui s'étendra de janvier 1986 à janvier 1989. Le
coût total de cette recherche équivaudra approximativement
à 500 000 $. C'est là une occasion pour les scientifiques de
notre centre de recherche et les scientifiques du Département des
sciences appliquées de collaborer étroitement à
l'intérieur de ce projet d'envergure.
Cependant, ce n'est pas là une première. Il y avait
déjà eu collaboration pour une recherche sur la
modélisation des opérations des fours à feux mobiles. Il
ne faudrait pas, non plus, oublier le projet conjoint UQAC-SECAL visant
à améliorer l'efficacité des épurateurs à
balles de façon à réduire encore davantage la
nocivité des émissions atmosphériques, surtout au niveau
des hydrocarbures aromatiques polycycliques.
Cette recherche dure depuis deux ans et entraînera pour l'Alcan
des déboursés de 250 000 $.
Il existe de nombreux autres petits projets que nous ne mentionnerons
pas ici, mais qui indiquent bien la persistance et le caractère
pragmatique de nos relations.
Outre les projets de recherche en commandite ou conjoints, Alcan et
l'UQAC collaborent de multiples autres façons, Alcan a contribué
financièrement pour un montant de 125 000 $ et indirectement, par
l'entremise de ses cadres qui ont siégé au conseil
d'administration, à la Fondation de l'Université du Québec
à Chicoutimi. Cette fondation est un organisme bienfaiteur dont
l'objectif principal est d'accorder des subventions à des chercheurs de
cette institution.
En ce qui a trait à la Fondation Sagamie, Alcan y a versé
une contribution de 100 000 $ et ses cadres ont également
siégé et siègent encore au conseil d'administration.
Alcan a également encouragé et encouragera les recherches
des 2e et 3e cycles par une bourse d'excellence annuelle de 10 000 $
s'adressant à des étudiants dont les travaux font preuve d'une
pertinence régionale dans les domaines de la socio-économie, des
sciences pures et des sciences économiques et administratives.
Un événement d'importance a eu lieu au
Saguenay-Lac-Saint-Jean en juin dernier -on y a référé ce
matin - il s'agit du lancement de la Société en commandite pour
la création d'entreprises (SQCCRENT) où, avec la collaboration
d'autres grandes entreprises et de divers agents du milieu, Alcan et l'UQAC ont
joué un rôle de catalyseurs. Cette société a comme
objectif de développer les PME et de combler les baisses d'emploi qu'une
modernisation inévitable entraînera dans la région. (15 h
15)
Nous nous en voudrions de passer sous silence une collaboration qui
démontre le souci grandissant qu'a l'Université du Québec
à Chicoutimi de coller aux besoins du milieu: il s'agit de la
préparation de séries de cours que l'on pourrait qualifier de
"sur mesure", avec le support, pour les employés d'Alcan à tous
les niveaux.
C'est ainsi qu'en janvier 1982 démarrait le certificat de 1er
cycle en gestion de l'entretien; nous devrions avoir maintenant près de
50 diplômés. Depuis le printemps 1982, existe le certificat en
études individualisées pour les formateurs industriels d'AIcan.
Quinze étudiants ont ou sont sur le point de terminer. On retrouve
également dans le même état d'esprit une maîtrise en
gestion de projets et le tout dernier-né, un cours
spécialisé en ergonomie; jusqu'à maintenant, 110
participants ont suivi ce cours. L'intéressant est que toutes ces
expériences pédagogiques peuvent par la suite
profiter à d'autres organisations du milieu.
M. le Président, mesdames et messieurs les commissaires, tout ce
que nous avons dît jusqu'à maintenant exprime que, comme grande
entreprise, Alcan considère l'UQAC comme de plus en plus
nécessaire et indispensable à l'équilibre du
système socio-économique régional. Avec le temps, cette
maison d'enseignement a appris, à notre avis, à mieux saisir les
besoins des autres éléments du système et,
conséquemment, à mieux les satisfaire. De la même
façon, nous avons appris à mieux communiquer et à mieux
puiser dans nos ressources réciproques par des relations
déjà fructueuses et qui deviendront de plus en plus de type
"partnership" à mesure que chez elle comme chez nous toute une
série de préjugés, hérités d'un autre
âge, tomberont.
C'est pourquoi nous vous prions respectueusement de bien examiner tous
les aspects du problème avant de recommander une diminution de la
capacité présente ou d'entraver le développement normal de
cette institution qui, en grande partie, fait que nous sommes passés du
statut de région périphérique à celui de
région semi-périphérique. Nous sommes donc d'opinion qu'il
serait extrêmement dommageable, à la fois pour cette maison
d'enseignement et pour le milieu, qu'elle soit réduite à
n'être plus qu'un prolongement du cours collégial par une
limitation de l'enseignement au 1er cycle.
Le professorat universitaire et la recherche se nourrissent
réciproquement. Nous nous retrouverions alors face à des cours de
1er cycle appauvris et à un corps professoral en transit et
démotivé.
C'est chez les chercheurs professeurs et étudiants du 2e et du 3e
cycle que les entreprises comme la nôtre et autres organisations de
l'environnement vont chercher l'expertise dont elles ont besoin.
Nous comprenons très bien que l'Université du
Québec à Chicoutimi ne peut se développer
inconsidérément et que les fonds gouvernementaux sont
limités, mais on devrait, cependant, lui assurer fermement des champs
où elle a déjà développé ou pourra
développer des activités de recherche à moyen et long
terme, et ainsi attirer des chercheurs qui feront son renom et provoqueront des
retombées économiques et intellectuelles profitables à la
communauté régionale dans son ensemble. Si on veut demeurer
réaliste dans la détermination de ces domaines
privilégiés pour l'UQAC, on ne saurait ignorer la présence
très importante pour l'économie régionale des industries
reliées au bois et à l'aluminium.
Les paramètres utilisés pour le financement universitaire
devraient, à notre avis, être révisés et tenir
compte de la très vaste étendue du territoire que
l'Université du Québec à Chicoutimi doit desservir, de
même que de la très faible densité démographique de
ce même territoire.
Dans toutes leurs transactions avec l'Université du Québec
à Chicoutimi, les divers paliers de gouvernement et les divers
organismes subventionnaires devraient prendre en considération que, dans
une région comme la nôtre, l'université, en plus de jouer
ses rôles traditionnels d'enseignement et de recherche, joue
également un rôle important de réflexion et d'action comme
moteur de développement économique et social, et que cette
dimension ne saurait être ignorée.
Il importe de bien saisir la nouvelle dynamique inscrite dans le
développement des communautés par l'apparition de la technologie
informatique. Le développement ne provient plus tant de l'amoncellement
de capitaux en un endroit donné que de l'amoncellement d'information et
de cerveaux possédant les capacités de traiter cette même
information. C'est pourquoi nous croyons qu'il serait superflu de distribuer
des subventions et d'élaborer des structures propres à susciter
de l'emploi si, d'autre part, on enlève à cette région son
principal noeud d'accumulation, de traitement et de distribution de
l'information.
Malgré les liens tangibles qui existent avec d'autres
universités, nous ne saurions nous passer de la proximité d'une
université suffisamment équipée de ressources humaines et
physiques pour favoriser la recherche-application nécessitant des
contacts quotidiens.
M. le Président, mesdames et messieurs les commissaires,
l'histoire a lié Alcan au Saguenay- Lac-Saint-Jean. Les
mentalités et les conditions socio-économiques s'étant
modifiées, nous devenons de moins en moins un gros bateau dans la mare
et de plus en plus un partenaire. Un partenaire d'importance, certes, mais tout
de même un des partenaires ayant partie prenante à
l'économie régionale et ayant intérêt à ce
que ses autres partenaires se portent bien.
C'est ce type de relations que nous avons développé et
développerons avec l'UQAC: des relations entre deux organisations
suffisamment grandes et complexes et possédant des expertises et des
objectifs d'excellence suffisamment semblables pour échanger
réciproquement et fructueusement des services. Nous ne pouvons
aujourd'hui que formuler un voeu: celui que l'Université du
Québec à Chicoutimi puisse conserver et développer les
moyens nécessaires à la continuité et à
l'amélioration de tels échanges. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. le vice-président. Je dois, à ce moment-ci, vous
faire part d'un message et vous demander d'excuser le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science qui est retenu
d'une façon tout à fait inattendue au Conseil des
ministres. Dans la mesure du passible, il se joindra à nous dans les
minutes qui suivent. Il s'en excuse et se dit très malheureux de la
situation. Ce sont souvent des obligations sur lesquelles on n'a aucun
contrôle.
Je reconnais l'adjointe parlementaire au ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Au nom du ministre,
j'aimerais d'abord vous remercier d'être présents aujourd'hui pour
témoigner en faveur du rôle très important que joue
l'Université du Québec à Chicoutimi et de partager avec
nous votre propre expérience en ce qui concerne vos liens qui sont,
évidemment, très étroits avec l'Université du
Québec à Chicoutimi. C'est évident que la présence
d'Alcan qui existe depuis longtemps et votre efficacité, surtout dans
vos efforts sur le plan de la recherche et du perfectionnement de vos
travailleurs, ont été grandement renforcées par la
présence de l'Université du Québec à
Chicoutimi.
Ma question porte sur la mission de l'université et surtout sur
l'avenir de l'Université du Québec. Comme le ministre l'a dit ce
matin, c'est évident que l'existence de l'université n'est pas
remise en question. Mais ce que nous cherchons comme gouvernement pour tout le
réseau universitaire au Québec, c'est peut-être quelque
consolidation, quelque rationalisation pour que le réseau soit plus
efficace, surtout peut-être sur le plan de la recherche. J'aimerais
savoir quelles sont les orientations que vous privilégeriez dans la
région pour l'université sur le plan de la recherche dans
l'avenir.
M. Salette: C'est un sujet, évidemment,
d'actualité. Nous avons un centre de recherche à
Jonquière. Il serait très malhabile d'utiliser
l'université pour faire des travaux de recherche qui feraient que
l'activité de ce centre de recherche en soit amoindrie. Par contre, pour
l'industrie de l'aluminium, pas simplement chez Alcan, mais un peu partout dans
le monde, il y a un créneau qui s'ouvre au niveau de la recherche
où des discussions intéressantes ont pris place avec
l'université depuis un certain temps, et même les protocoles
d'entente ont été signés il y a une semaine: c'est tout le
domaine de la fonderie. Comme dans toutes les activités de formation ou
de recherche qu'on fait avec l'université, une fois que les structures
sont en place, que le personnel est bien rodé et que l'université
est assurée de la qualité de son produit, on essaie toujours
d'ouvrir cette expertise à d'autres entreprises.
Dans le domaine de l'industrie de l'aluminium, vous savez tous qu'il y a
la compagnie Reynolds, vous savez tous qu'il y a maintenant la compagnie
Pechiney. Nous espérons qu'une fois que ce groupe de recherche sera mis
en place, une fois qu'il aura entrepris des projets venant de chez nous et
qu'il sera bien rodé, qu'il aura fait ses classes, M. le recteur et M.
Nagy s'assureront qu'aussi bien la compagnie Reynolds que la compagnie Pechiney
voient à lui donner des contrats en commandite. De ce côté,
nous voyons avec l'université dans le domaine de l'industrie de
l'aluminium un créneau très intéressant pour l'avenir.
Mme Dougherty: Si on considère l'ensemble des efforts de
l'université... Vous avez parlé des liens strictement avec Alcan,
mais je cherche une vue encore plus large des possibilités de la
recherche dans la région. Est-ce que la mission de l'université
sur le plan de la recherche doit être plutôt une mission de
recherche appliquée liée aux besoins évidents de la
région ou est-ce qu'elle a un rôle à jouer aussi dans la
recherche fondamentale?
M. Salette: Je pense que toute université, pour pouvoir
avoir au niveau de la recherche appliquée une qualité, doit aussi
enrichir son activité scientifique de recherche fondamentale.
Évidemment, la proportion entre l'effort consenti à la recherche
appliquée et l'effort consenti à la recherche purement
fondamentale doit être établie de façon adéquate.
C'est certain qu'avec la présence de la compagnie Alcan au Saguenay,
c'est certain qu'avec la haute concentration de l'industrie du papier et du
bois, ce sont deux créneaux où une recherche appliquée est
peut-être plus accessible à court terme, mais, à mon point
de vue, je crois qu'il faut aussi avoir une recherche fondamentale.
Mme Dougherty: Est-ce que la recherche que vous faites ou que
vous avez l'intention de faire conjointement avec l'Université du
Québec est unique au Québec et au monde même?
M. Salette: Non, c'est une approche qui est déjà
bien en place en Europe et dans certains secteurs américains. Au
Québec, nous devons apprendre et découvrir cette nouvelle
philosophie ou cette nouvelle façon de faire les choses. Du reste, nous
avons aussi d'autres projets de recherche qui ne sont pas avec
l'Université du Québec à Chicoutimi. Nous travaillons
beaucoup avec l'Université Laval dans le domaine des relations du
travail. Nous travaillons actuellement avec l'Université de Sherbrooke
dans le domaine des bétons. Nous travaillons avec l'Université
McGill dans le domaine de la santé. Donc, ce ne sont pas des
phénomènes nouveaux, sauf que la proximité de
l'Université du Québec à Chicoutimi et de nos
installations fait que nous pouvons nous attaquer à des projets beaucoup
plus nombreux. (15 h 30)
Mme Dougherty: Très bien, merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Je reconnais maintenant le
porte-parole officiel de l'Opposition en matière d'éducation
supérieure, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Salette, M. le
vice-président, messieurs, il me fait plaisir que vous ayez
accepté l'invitation qui vous a été faite de vous
présenter en commission parlementaire. Je dois ici rappeler que
l'invitation qui a été faite de se présenter en commission
parlementaire s'adressait à tous ceux et celles, à tous les
organismes qui estimaient important d'intervenir sur cette question. De
nombreux intervenants nous sont venus des régions et je dirais un peu
moins des grands centres. Cela illustre vraiment l'intérêt et
l'attachement que portent les organismes régionaux à leur
université.
Le temps court toujours rapidement et, même si cela fait
déjà quelques jours ou même plusieurs jours qu'on est en
commission parlementaire, on réalise que c'est presque à la fin
des interventions qu'on commence à sortir des choses importantes et
intéressantes. Je vais donc passer immédiatement aux questions.
Vous nous avez parlé de l'importance pour votre entreprise d'une
université dans la région, mais, par ailleurs, ce que je trouve
intéressant et à la fois un peu étonnant, c'est que vous
avez, vous, dans votre entreprise, un centre de recherche extrêmement
important en transformation de l'aluminium, probablement l'un des plus
importants au Canada. Comment l'Université du Québec, avec les
moyens qu'on lui connaît, peut-elle être utile à une
entreprise comme la vôtre qui possède déjà des
moyens considérables?
M. Salette: Elle est déjà utile seulement sur le
point de l'effervescence scientifique. Une université qui serait seule
dans le bois verrait aussi à péricliter assez rapidement et c'est
la même chose pour nos centres de recherche. Les chercheurs qu'on a chez
nous ont besoin d'être dans un milieu où ils peuvent
échanger, accroître leur performance, acrroître leurs
connaissances, pouvoir discuter avec d'autres personnes qui ont des doctorats
ou des maîtrises et, ce point-là, l'université le joue
très bien. Les liens entre le centre de recherche que nous avons
à Arvida, ou à Jonquière, et l'université
fonctionnent depuis déjà nombre d'années. Nous avons chez
nous, au centre de recherche à Arvida, 23 chercheurs au niveau du
doctorat; nous avons 18 chercheurs au niveau de la maîtrise et 20 au
niveau du baccalauréat. Tous ces gens ont évidemment besoin de
vivre dans un milieu qui leur permette de s'enrichir encore davantage.
Mme Blackburn: Au niveau des travaux de recherche proprement
dits, vous utilisez également l'expertise de l'Université du
Québec.
M. Salette: L'expertise de l'Université du Québec,
mais une recherche beaucoup plus appliquée sur nos opérations
qu'une recherche fondamentale.
Mme Blackburn: D'accord. On a parlé dans différents
documents au cours des dernières années, et quelques intervenants
ont un peu abordé la question ici mais ils l'ont plus effleurée
qu'approfondie, de toute la question de la collaboration entre
l'université et l'industrie, mais davantage sous l'angle des stages en
milieu de travail tant pour les étudiants que pour les professeurs. Vous
nous parlez d'une expérience qu'il y a chez vous. Y a-t-il
également cette possibilité d'échanges où des
chercheurs de votre centre de recherche pourraient aller, par exemple, donner
des cours à l'UQAC et la même chose pour les professeurs qui
pourraient à l'occasion tâter un peu plus le terrain en revenant
un peu dans l'industrie? Est-ce que cela se fait? Est-ce souhaitable?
M. Salette: C'est un désir que je partage avec M. le
recteur. Nous en parlons souvent, il nous reste maintenant à
l'actualiser. Les projets de commandite font évidemment que les
chercheurs ou les professeurs d'université, ou même les
étudiants qui font partie d'une équipe, viennent chez nous pour
travailler au projet, donc s'apprivoisent à l'industrie et aussi
viennent chercher des besoins qui ne sont peut-être pas toujours connus.
Cela leur permet de revenir avec les pieds sur terre. Là où on a
un peu plus de difficulté autre que celle des gens de chez nous qui
acceptent de donner des cours à l'université, c'est d'avoir un
échange un peu plus long, sur une période de deux ou trois mois
et même davantage, d'ingénieurs de chez nous. Mais en ce qui nous
concerne, nos portes sont ouvertes et tout professeur qui voudrait se greffer
à une équipe de travail ou même parfaire une recherche...
On a eu une recherche dans le domaine de la santé avec deux professeurs
de l'université, M. MacClean et M. Marcon, qui sont venus passer un
été chez nous. On voudrait que cela se fasse plus souvent.
Mme Blackburn: Vous savez que, dans
le mandat de la commission, il y a à la fois les orientations
dont on a plus longuement parlé avec les intervenants
précédents, mais aussi il y a toute la question du financement.
Quelques hypothèses - je ne dirais pas plusieurs - sont avancées.
Il y en a une qui parle des frais indirects de la recherche. Ce que l'on dit,
finalement, par rapport à cette question, c'est que les organismes
subventionnaires ne paient pas les frais indirects de la recherche et, dans
certains cas, cela peut s'élever entre 35 % et 50 % du coût de la
recherche. Je sais qu'il y a plusieurs projets de recherche en commandite avec
l'université. Est-ce que la pratique, chez vous, est de payer la
totalité des frais indirects? Comment cela se présente-t-il?
M. Salette: Cela peut prendre différentes formes.
Évidemment, si c'est quelqu'un de l'université qui vient frapper
à notre porte et qui nous dit: On aimerait bien faire une recherche dans
un certain domaine, à ce moment-là, nous nous servons beaucoup
plus des laboratoires et l'aide financière se limite à
très peu sauf le fait d'assigner souvent des ressources de chez nous
pour pouvoir mieux encadrer ou aider le chercheur qui est dans nos
installations.
Nous avons des projets qui sont une commande directe à
l'université. Le projet que nous avons actuellement, qui en est à
sa deuxième année, est pour améliorer la captation des gaz
sortant de nos épurateurs. Nous avons payé ce projet ou nous
allons le payer, comme n'importe quel autre projet qui serait fait par une
entreprise privée, c'est-à-dire que l'université nous dit:
Voici la facture, si vous voulez que l'on fasse votre recherche. La
première phase a coûté 100 000 $ et la deuxième en
coûte 150 000 $. On paie l'ensemble des coûts, à ce
moment-là.
Il y a des projets, aussi, de l'université et de l'entreprise
où, souvent, des fonds qui viennent du fédéral sont
impliqués. La norme fédérale exige qu'il y ait une
participation en biens et services ou en argent, venant de l'entreprise, qui va
chercher jusqu'à 38 %.
Mme Blackburn: Donc, ce n'est pas vraiment là que l'on
pourrait aller chercher des revenus additionnels pour les
universités.
M. Salette: Chez les autres entrepreneurs, je ne le sais pas.
Mme Blackburn: En tout cas, pas chez vous. Par ailleurs, hier, on
a rencontré le Conseil du patronat qui nous disait que, si le
Québec devait devenir et rester compétitif en matière de
développement économique, on devait hausser la scolarisation des
Québécois.
En même temps que le Conseil du patronat, différents
intervenants reconnaissent l'importance de la qualification des personnes dans
la capacité des entreprises à devenir performantes et à
faire des profits. Comme plusieurs intervenants invoquent le fait que la
personne qui tire le plus d'avantages de la scolarisation, c'est celle qui la
reçoit et, en même temps, l'entreprise qui l'embauche... Sur le
premier postulat, on dit: Étant donné que c'est l'étudiant
qui reçoit le plus d'avantages de sa formation à tous les points
de vue, il devrait donc davantage participer au financement de l'enseignement
supérieur. Comme le deuxième intervenant - c'est surtout
l'entreprise qui embauche ces personnes - en tire des avantages
considérables, est-ce qu'on peut penser - c'est une recommandation ou,
plutôt, une suggestion, une hypothèse qui est avancée dans
l'avis de l'École polytechnique est-ce qu'on peut penser que les
entreprises consentiraient... Est-ce qu'il serait souhaitable que l'on pense
à un impôt éducation dans les entreprises? En France, cela
se fait; évidemment, pas pour les mêmes raisons et avec d'autres
modèles. C'est 2 % du revenu, en France, pour la formation de la
main-d'oeuvre dans l'entreprise. Est-ce qu'on pourrait envisager un impôt
éducation dans les entreprises?
M. Salette: La formule est peut-être originale, mais avec
ce que je vous ai dit aujourd'hui, je n'ai pas fait le décompte, mais je
pense que les 2 % sont certainement dépassés avec l'approche que
nous préconisons. Ce n'est certainement pas une formule que nous allons
mettre de l'avant demain matin, ou que nous suggérerons demain matin.
Aussi, ce serait probablement difficile de gérer, de superviser et de
définir dans quel champ d'action ces fonds iraient. Évidemment,
si vous parlez à une entreprise, je ne pense pas que nous injecterons 2
% pour des cours en théologie ou en géographie. Ce serait dans un
créneau très étroit, et je ne sais pas si ce serait rendre
justice aux universités.
Mme Blackburn: On pourrait penser -brièvement, on
terminera là-dessus parce que mon temps est écoulé - que
ce que vous faîtes actuellement répond à des
intérêts très particuliers de votre entreprise et à
des fins propres à l'entreprise tandis que la scolarisation
répond à un besoin à la fois de la collectivité et
des entreprises. La collectivité paie sa part par nos impôts et
les entreprises, qui sont les deuxièmes bénéficiaires
après nos institutions, il serait peut-être envisageable qu'elles
puissent aussi contribuer de façon générale par un
impôt général. C'était le sens de la question. Cela
allait au-delà des projets ou des contrats de recherche.
M. Salette: II faudrait peut-être le demander à
l'université, mais je doute que
les fonds que nous versons à l'université pour
différents projets en commandite autres que pour la partie physique
où elle a à acheter l'équipement soient uniquement
utilisés pour les secteurs avec lesquels nous fonctionnons. Je suppose
que l'université, avec ces fonds, assure qu'il y a une redistribution
équitable pour les autres secteurs.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: II me fait plaisir de vous saluer. Je m'excuse de mon
retard, je devais participer à une réunion du Conseil des
ministres où j'ai été retenu pendant un certain temps.
J'ai pris connaissance avec intérêt de votre mémoire. Je
pense que j'ai eu l'occasion de signaler ce matin combien je me réjouis
des nombreux rapports qu'Alcan a établis avec le système
d'enseignement à différents paliers, non seulement au niveau de
l'université, mais aux autres niveaux également. Je pense que
c'est une expérience extrêmement intéressante pour nous
tous. Je me souviens que, quand nous avions mis au point certains chapitres du
programme du Parti libéral du Québec en matière
d'éducation, nous avions pris soin de nous renseigner auprès de
personnes de chez vous quant aux attentes d'une entreprise comme la vôtre
en matière d'éducation des adultes et les récits qu'on
nous avait donnés avaient été très utiles.
Une question me vient à l'esprit en écoutant vos
recommandations. Dans l'ensemble, je pense que nous sommes tous disposés
à souscrire à l'essentiel des recommandations que vous
présentez à la fin de votre mémoire. Évidemment, la
mise en oeuvre de ces recommandations nécessitera plus d'argent qu'il
n'y en a d'affecté présentement pour les universités. Je
voudrais vous demander comment, selon vous, cet argent devrait être
trouvé par le gouvernement. Est-ce que ce sera sous forme de taxes
accrues, de déficits aggravés, de dépenses réduites
des universités ou encore par d'autres sources que vous pourriez
indiquer?
M. Salette: Je pense que l'université pourrait profiter de
l'expérience que l'entreprise privée doit vivre. Alcan passe
actuellement par une phase de restructuration et tout est remis en cause. Il
serait peut-être sage pour les universités de faire un exercice
semblable. À ce moment-là, on regarde tous les aspects, et les
programmes qui n'ont pas la rentabilité voulue, évidemment, sont
peut-être mis de côté pour un certain temps. On regarde les
ressources humaines et physiques, on regarde la productivité de
l'entreprise, on regarde son financement, on se demande si le financement
venant de la clientèle devrait être majoré. Alors, il y a
peut-être toute une brochette de choses qui devraient être
regardées plutôt que de regarder uniquement les goussets du
gouvernement ou encore d'augmenter le déficit. Je pense qu'une
collaboration avec le gouvernement, la direction des entreprises et la
direction des universités serait peut-être une chose à
encourager. (15 h 45)
M. Ryan: D'après les observations que vous avez faites sur
le fonctionnement de l'Université du Québec à Chicoutimi,
est-ce qu'il y a des secteurs où vous envisageriez des exercices de
rationalisation possible, souhaitable?
M. Salette: Je n'ai pas fait l'analyse de tous les secteurs de
l'Université du Québec à Chicoutimi et ce serait malsain
de ma part de me prononcer dans un domaine que je ne connais pas. Mais il y a
peut-être un domaine que je connais plus, du moins où j'ai
remarqué davantage que l'Université du Québec à
Chicoutimi pouvait servir d'exemple à d'autres; c'est dans le domaine
des services, où le faire-faire est très présent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Salette.
Je reconnais maintenant pour une dernière intervention la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
à nouveau vous remercier pour votre participation aux travaux de cette
commission. Comme je vous le faisais remarquer un peu plus tôt, il y a
peu d'entreprises de la taille de la vôtre qui ont trouvé utile de
se présenter ici en commission parlementaire pour défendre
l'importance des universités et des travaux de recherche et
d'enseignement qui s'y font. Par ailleurs, je trouvais importante, pour une
autre raison, votre présence ici. On sait actuellement qu'il y a un
discours extrêmement comptable qui nous laisse penser qu'il y a un
écart considérable entre ce qui s'appelle la formation,
l'enseignement supérieur et les vues des entreprises. L'importance que
vous attachez d'abord à l'Université du Québec à
Chicoutimi mais, de façon générale, la
nécessité que vous ressentez d'un accroissement des
compétences de nos personnes trouveront, je le souhaite, des oreilles
attentives à des niveaux qui, on le sait, semblent moins disposés
à ouvrir les goussets. Le président du Conseil du trésor -
parce qu'à la toute fin je pense bien que c'est lui qui décide ce
qu'on donnera ou ne donnera pas aux universités - nous semble
particulièrement
sensible à un discours qui vient du monde des affaires et des
entreprises. À cet égard, je pense que votre présence ici
n'est pas négligeable.
Je m'en voudrais de terminer cette séance sans relever ce qui a
semblé être une affirmation tout à l'heure à la fin
de ta séance de ce matin concernant l'avenir des CRCD. Je dois faire en
partie amende honorable, mais en partie aussi rappeler que je n'avais pas tout
à fait tort: les CRCD seraient maintenus - le ministre responsable du
Développement régional l'a annoncé - sauf qu'on ne sait
pas dans quel état on va ramasser le moribond, et qu'on ne connaît
pas le mandat qui lui sera confié, non plus que le financement qui lui
sera assuré. Le ministre s'est empressé de me donner les
dernières nouvelles touchant son collègue ministre responsable du
Développement régional. J'aurais été
intéressée qu'il puisse nous dire également les distances
que lui-même entend prendre par rapport aux recommandations du même
ministre et du président du Conseil du trésor, M. Gobeil,
particulièrement en ce qui concerne l'avenir du siège social de
l'UQ.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
Mme Blackburn: Qu'il fasse état des distances que prend
son collègue, M. Côté, à l'endroit des
recommandations du rapport Gobeil, on est bien heureux de l'apprendre, mais
j'ai hâte également de connaître les distances que le
ministre entend prendre par rapport à certaines recommandations, je le
rappelle, particulièrement quant à l'avenir du siège
social de l'UQ. Messieurs, je vous remercie infiniment de votre participation
et au plaisir.
M. Salette: J'aimerais ajouter...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, monsieur.
M. Salette: ...une petite statistique... Le Président
(M. Parent, Sauvé): Allez!
M. Salette: ...qui n'est pas toujours connue. Vous avez vu, par
les projets et la relation que nous avons avec l'université et les
sommes que nous investissons, que nous considérons la qualité du
travail fait par l'université. Un autre produit de l'université,
évidemment, ce sont les gens qui reçoivent le diplôme. J'ai
des statistiques ici qui portent sur 1125 diplômés que nous avons
au Canada. Laval vient en tête avec 15 %, McGilI, 11 %, Montréal -
si on inclut Polytechnique et HEC - 14 % et l'Université du
Québec à Chicoutimi, 10 %, une université qui est encore
relativement jeune.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
Salette. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science.
M. Ryan: Je voudrais seulement préciser pour l'information
de la députée de Chicoutimi que les montants qui seront mis
è la disposition des organismes chargés d'assurer la
continuité des sommets socio-économiques ont été
bien indiqués par M. Marc-Yvan Côté. Si mes souvenirs sont
bons, ce sera 250 000 $ par année dans les années où il
n'y aura pas de sommet. Dans l'année qui précédera un
sommet, ce sera 100 000 $ de plus. La composition des organismes a
également été précisée. Il sera
désormais assuré qu'il y aura trois composantes principales: les
organismes économico-sociaux, les corps municipaux et les organismes du
gouvernement provincial. Il y aura peut-être un équilibre mieux
pondéré que ce qu'on a pu constater dans certains de ces
organismes-là au cours des années passées. On va chercher
un équilibre qui permettra davantage au sommet socio-économique
de se tenir en jonction avec les objectifs qu'on veut lui assigner et dont la
réalisation relève généralement de ces trois
paliers d'intervention. Je pense qu'avec cela on aura un cadre clair. S'il faut
l'ajuster, on l'ajustera, mais je pense que M. Côté a donné
l'essentiel.
Pour les autres recommandations qui sont, pour nos amis de l'Opposition,
objet de hantise, nous répondons qu'ils sont pour nous objet de
réflexion. En temps utile, sur chacune nous ferons connaître notre
opinion. Je veux assurer la députée de Chicoutimi qu'aucune de
ces recommandations ne nous empêche de dormir parce que nous savons
prendre les choses à leur mérite. S'il y a du bon nous le
retenons et s'il y avait un tir à rajuster nous demanderons qu'il soit
rajusté. Cela se fait dans l'excellent climat de discussion qui existe
au sein de notre gouvernement et de notre parti.
Je reviens à des choses plus pertinentes, M. le Président.
Je m'excuse de dire ces choses-là devant vous, mais il faut un petit peu
de discussion entre nous parce que, autrement, vous trouveriez cela
monotone.
M. Salette: Cela met un peu de piquant.
M. Ryan: Si on vous inonde uniquement de compliments pendant
toute la journée vous retournerez chez vous et, le lendemain, vous vous
demanderez ce que nous vous avons dit.
Je voudrais vous dire encore une fois que j'apprécie vivement
l'intérêt que votre société Alcan et ses composantes
et institutions annexées portent à l'éducation.
Je pense que nous l'avons signalé tantôt, c'est un actif
pour nous tous. Je suis content de voir comment cela se réalise dans la
région où vous êtes principalement implantés au
Québec. Je pense que c'est un exemple dont nous pouvons nous inspirer
pour beaucoup d'autres expériences.
Ma collègue, Mme Dougherty, la députée de
Jacques-Cartier, me disait tantôt à l'oreille qu'elle aimerait
bien connaître le texte de certaines ententes que vous avez
signées avec l'Université du Québec à Chicoutimi.
Je pense que, si vous pouviez nous adresser une documentation sur ces ententes
que vous avez, dans la mesure où ce n'est pas confidentiel,
évidemment, cela pourrait nous servir de modèle pour des
conversations que nous pourrions avoir avec d'autres entreprises et d'autres
universités également. La liaison universités-entreprises,
la liaison, je dirais plus largement, systèmes d'enseignement et
entreprises, est une dimension que nous avons amplement soulignée dans
notre programme politique et à laquelle nous entendons donner de
l'extension dans le respect de la mission propre de chacune. L'entreprise a sa
mission propre, le système d'enseignement également, mais je
pense que dans le respect de la mission de chacun il y a moyen de promouvoir
une liaison beaucoup plus efficace afin que le système d'enseignement
contribue davantage au développement de l'économie et de l'emploi
et qu'en retour les entreprises soient peut-être plus conscientes de
leurs responsabilités envers les milliers de jeunes que notre
système d'enseignement met chaque année sur la route du travail.
Merci infiniment et bonne chance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, M. Salette.
La commission parlementaire de l'éducation suspend ses travaux
pour quelques minutes. J'invite le Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Chicoutimi à prendre place
immédiatement de façon qu'on puisse récupérer le
retard que la commission accuse actuellement.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
(Reprise à 15 h 57)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaîti
J'inviterais les représentants du syndicat des professeurs
à prendre place à l'avant et à nous aider à
accélérer un peu le rythme de nos travaux de façon
à respecter notre échéancier et à respecter aussi
nos invités.
La commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux
dans le cadre du mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale, à savoir tenir une consultation
générale sur les orientations et le cadre de financement du
réseau universitaire québécois pour l'année
1987-1988 et pour les années ultérieures. La commission
parlementaire de l'éducation accueille maintenant le Syndicat des
professeurs de l'Université du Québec à Chicoutimi dont le
porte-parole est M. André Leblond.
M. Leblond, bienvenue. Je vous remercie beaucoup, au nom de tous les
membres de cette commission, d'avoir bien voulu accepter de venir nous
rencontrer pour nous aider dans notre recherche de solutions pour
améliorer le réseau universitaire québécois tant
sur le plan de ses orientations que sur le plan de son financement.
La commission parlementaire a prévu accorder à votre
organisme environ une heure. On m'informe que vous pourriez prendre environ
quinze minutes pour la présentation de votre exposé et, ensuite,
les quarante-cinq autres minutes seront réparties en parts égales
entre les deux formations politiques. C'est donc dire qu'à 16 h 50 je
donnerai la parole au représentant de l'Opposition, en l'occurrence la
députée de Chicoutimi, pour l'inviter à conclure au nom de
sa formation politique, et, normalement, à 16 h 55, je devrais
être en mesure de faire la pareille avec le ministre, de façon
à vous libérer pour 17 heures pour que nous puissions accueillir
vos étudiants.
M. le président, si vous voulez bien nous présenter les
gens qui vous accompagnent et enchaîner avec la présentation de
votre mémoire.
Syndicat des professeurs de l'Université du
Québec à Chicoutimi
M. Leblond (André): Merci, M. le Président. Le
Syndicat des professeurs de l'Université du Québec à
Chicoutimi est très heureux d'accepter votre invitation. Vous
retrouverez, à ma droite, Mme Marina Lessard, professeure en sciences de
l'éducation et membre du conseil d'administration de
l'université; M. Pasquale Puchella, vice-président
exécutif; à ma gauche, M. Marc Roberge, professeur et
secrétaire de notre syndicat; à ma gauche immédiate, M.
Sergieh Moussaly, professeur en sciences économiques et
administratives.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Madame et messieurs, bienvenue.
M. Leblond: M. Ryan n'étant pas là, Mme la
députée qui accompagne M. Ryan, Mme la députée de
Chicoutimi, et messieurs et mesdames les députés de cette
commission. Compte tenu du court délai donné pour réaliser
ce mémoire et considérant que notre syndicat est
déjà
associé au mémoire de l'Intersyndicale des professeurs des
universités du Québec, le Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Chicoutimi se bornera à
exposer le plus simplement possible quelques aspects spécifiques
à l'UQAC. Après un exposé liminaire, le document exposera
quelques études statistiques décrivant le vécu de l'UQAC
depuis le début des coupures budgétaires imposées aux
universités dès 1978.
La rationalisation des finances publiques pose une double contrainte aux
universités régionales relativement à leur capacité
d'ajustement. D'une part, elles doivent réévaluer leurs objectifs
et leurs modalités de fonctionnement interne en vue d'atteindre une
situation d'équilibre budgétaire dans les meilleurs délais
possible. D'autre part, elles doivent définir les normes et les
critères de choix qui permettront de minimiser les coûts effectifs
du processus de reconversion budgétaire.
Plus concrètement, à la différence des grandes
institutions universitaires qui disposent d'une latitude de continuité
assurée, les enjeux que posent les coupures budgétaires
s'expriment en termes de viabilité, de capacité de
développement et de potentiel d'adaptation. À cet égard,
il y a lieu de mettre en évidence les concepts opérationnels
suivants: a) la distinction entre le déficit global de l'UQAC et sa
rentabilité effective: ainsi la rentabilité effective se mesure
par les gains marginaux de productivité associant les coûts
directs de production du volume des activités ventilées par
catégories ou programmes; b) la notion de seuil d'encadrement
administratif (optimal) permet d'évaluer la surcharge en coûts
fixes (ou variables) que représentent la fonction administrative et son
évolution dans le temps; c) le déficit budgétaire global
de l'UQAC peut se ramener théoriquement à trois causes
principales: 1) une baisse de la productivité (activité
d'enseignement, par exempte) engendrant une détérioration des
rapports entre coûts fixes et coûts variables; 2) une hausse
inconsidérée ou non justifiée des coûts fixes
associés à la fonction administration ou à l'enseignement;
3) des coûts fixes imputables à une mauvaise allocation des
ressources, à l'orientation des programmes, è la capacité
d'attraction et... (coûts de défaillance).
Les propositions suivantes peuvent être démontrées.
Dans le cadre administratif actuel, considérant le mode effectif de
fonctionnement, toute coupure budgétaire procédant de
façon uniforme et radicale sera supportée principalement par la
fonction productive, c'est-à-dire enseignement, avec pour
conséquences directes d'abord la baisse de la qualité des
services, c'est-à-dire accroissement arbitraire de la charge
professorale; la baisse de la clientèle, conséquente à la
baisse de la qualité et de l'offre de services productifs;
troisièmement, la réduction des programmes et de l'offre des
activités; quatrièmement, surspécialisation vers des
programmes-outils, soit, un nivellement par le bas. Par exemple, citons les
programmes administration, informatique, comptabilité
spécialisée, etc., et bien d'autres.
Le mode de fonctionnement interne explique la surcharge en coûts
fixes et le coût de défaillance associé à la
fonction prévisionnelle de la planification du développement.
Réciproquement, des gains de productivité sont
réalisables si une des transformations suivantes surgit:
premièrement, modification du processus décisionnel interne
impliquant un contrôle plus serré du pouvoir
discrétionnaire de l'administration centrale de l'UQAC;
deuxièmement, un amendement de la loi régissant le fonctionnement
interne de l'UQ et ses constituantes.
En définitive, dans le cadre des structures et du mode de
fonctionnement interne de l'UQAC, toute rationalisation budgétaire
additionnelle met en cause la viabilité de cette institution et son
potentiel de développement.
Troisième partie. Répartition interne du budget et le
déficit. Le tableau 1 - qui suit tout de suite le document, qui n'est
pas annexé - nous montre l'évolution de la répartition
budgétaire interne selon deux grandes fonctions: la fonction
enseignement et recherche et la fonction support, elle-même
subdivisée en trois parties.
Au début des coupures budgétaires imposées par le
gouvernement du Québec, soit depuis 1978-1979, la fonction enseignement
et recherche recueillait près de 65 % du budget global.
En 1981-1982, les coupures budgétaires furent plus
sévères et un groupe de travail fut formé à l'UQAC
afin de soumettre des recommandations de coupures pour 1982-1983, 1983-1984,
1984-1985 (voir pour cela le tableau 2 qui donne une image de ces coupures).
Signalons que la plus permanente des recommandations de ce comité et de
ce groupe de travail fut la suppression au printemps 1982 de quinze postes de
professeur.
L'effet de ces coupures fut de ramener la part de l'enseignement et de
la recherche au niveau de 56,7 % en 1983-1984 (toujours au tableau 1), la
fonction support prenant alors une part plus importante, soit la
différence.
En 1984-1985, on assiste à un léger redressement, soit
61,3 %. Il semble que l'opération coupure laissera sa marque en
plafonnant la part de l'enseignement et de la recherche à environ 62 %
plutôt qu'au niveau de 65 % ou 66 % comme c'était le
cas auparavant à l'UQAC.
Le tableau 1 montre un autre effet des coupures "indiscriminées"
dans les budgets universitaires. L'UQAC est passée d'un surplus
accumulé de 2 017 000 $ en 1981-1982 à un déficit
accumulé de 1 846 000 $ au 31 mai 1987, comme il est prévu dans
le budget de cette année. Comment expliquer un tel revirement? N'y
a-t-il pas là un indice sérieux de sous-financement de notre
université régionale?
Quatrième partie. L'augmentation de la tâche d'enseignement
des professeurs. La tâche d'un professeur d'université
contrairement aux autres niveaux d'enseignement se subdivise selon les
composantes suivantes: enseignement, encadrement des étudiants, gestion
académique, recherche et service à la communauté- Le
Conseil supérieur de l'éducation (1982) a produit à ce
sujet un excellent document. Le mémoire des 18 syndicats et associations
déposé ici le 18 septembre dernier a très bien
décrit ce rôle.
Le tableau 3 contient les statistiques globales pour l'UQAC concernant
la seule tâche d'enseignement, soit la partie facilement quantifiable
c'est-à-dire les cours crédités. Ce tableau nous permet de
constater deux faits importants. D'abord, pour l'enseignement assuré par
les professeurs de carrière, le nombre d'activités d'enseignement
assuré par ces professeurs à temps plein a évolué
de 35,8 % à près de 40 % entre 1981 et 1984-1985. Ce qui signifie
qu'à l'UQAC plus de 60 % des cours sont assurés en appoint par
des professeurs, soit environ 10 %, et par les chargés de cours, soit
environ 50 %.
Serait-il imaginable qu'au primaire, au secondaire ou au
collégial un nombre si élevé d'activités soient
assurées par des surnuméraires? Avec un tel déficit de
professeurs il ne faut pas se surprendre que dans certains programmes ou
options les étudiants n'ont que peu de fois pu entrer en contact avec un
professeur de carrière. Est-ce que c'est normal?
La productivité du corps professoral. Certaines oreilles seraient
sûrement choquées dans notre milieu mais je pense qu'il faut le
prendre dans le contexte de ce mémoire. De 1980-1981 à 1984-1985
le tableau 3 nous révèle une "augmentation de
productivité" -entre guillemets - du corps professoral de 13,1 % pour
les activités d'enseignement comptabilisées. En 1985-1986, nous
estimons ce gain à 1,5 % et l'actuel budget de 1986-1987, en comprimant
le nombre d'activités à 1350 - en partant d'environ 1415 comme le
montre le tableau - forcera un gain de productivité de 5,1 % à
clientèle constante. Au total, de 1980-1981 à 1986-1987 la
productivité du corps professoral de l'UQAC aura grimpé de 19,7 %
au seul chapitre de l'enseignement comptabilisé. Cela revient à
dire qu'en moyenne les professeurs de l'UQAC assument virtuellement un
cinquième cours par rapport à la charge normale de quatre
cours-année sans que cela ne paraisse dans les rapports annuels de
l'institution ou du réseau UQ.
Enfin, l'effort de recherche à l'UQAC. Compte tenu de la
difficulté d'évaluer les résultats de la recherche,
c'est-à-dire en fonction de publications, articles, rapports, brevets,
etc., nous avons choisi le montant moyen de subvention de recherche comme
indicateur objectif de l'effort de recherche. Même si, pour certains cas
particuliers, le volume de subvention n'est pas important par rapport aux
résultats obtenus, il reste que, dans l'ensemble, le montant moyen de
subventions reçues est un excellent indicateur de la reconnaissance par
les organismes subventionnaires de la qualité de la recherche. Ajoutons
une réserve à cet énoncé: la comparaison d'une
constituante à l'autre ou d'une université à l'autre
devrait être pondérée par les fractions de professeurs
appartenant, en particulier, au secteur des sciences pures et appliquées
- on aurait pu ajouter la médecine, par exemple -lequel reçoit en
moyenne des montants plus importants à cause de la nature des recherches
réalisées.
La figure ci-jointe démontre - vous la voyez un peu plus loin -
que l'effort de recherche à l'UQAC est élevé et qu'il se
compare à celui de l'UQTR; que la progression de cet effort - parlons
entre guillemets de "productivité" - depuis cinq ans a augmenté
de 66 %.
Contrairement à ce que certains pourraient croire, une recherche
de qualité, même orientée, dans certains créneaux
est possible dans une université régionale. L'UQAC le prouve.
Gageons qu'aucune autre Université du Québec (et même
toutes ensemble) ne pourrait remplacer l'UQAC dans sa mission de recherche
orientée vers les besoins de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Enfin, l'effort de recherche est si important qu'il a
un impact non négligeable sur les coûts de fonctionnement de
l'UQAC. Comme la formule de financement des universités ne tient pas
compte du degré des efforts déployés au plan de la
recherche, l'UQAC est gravement pénalisée. À ce titre,
notre proposition est la suivante: Que l'État québécois
tienne compte de l'effort de recherche dans l'attribution du budget de
fonctionnement.
Les autres tâches du corps professoral, rapidement. La gestion
académique, l'encadrement des étudiants et le service à la
communauté interne et régional exigent un personnel
qualifié et à temps plein. Le pivot essentiel de ces tâches
est le corps professoral lui-même à temps plein. Plus il y a de
professeurs à temps plein dans une institution, moins l'effort moyen
pour exécuter ces autres tâches est grand, mais,
aussi, plus il y a de personnel pour exécuter ce service. Un
indice permettant de mesurer cet effort collectif ou encore cette tâche
collective autre que l'enseignement comptabilisé est de calculer le
rapport (R), c'est-à-dire le rapport des étudiants
équivalent temps complet par le nombre de professeurs à temps
plein. Le tableau 4 qui suit la figure montre l'évolution de ce ratio de
1980-1981 à 1984-1985. Ce ratio est à environ 21 presque pour
toutes les années et il se compare très bien avec le ratio moyen
tel qu'établi par le ministère en 1981-1982, lequel était
de 22 pour l'ensemble du Québec.
Dernier chapitre avant la conclusion. La Loi sur l'Université du
Québec. Cette loi de 1968 a permis de démocratiser l'enseignement
universitaire et de rendre plus réel le principe d'accessibilité
de l'université en régions et même dans une grande ville
comme Montréal; nous parlons de l'UQAM, entre autres. En
général, les professeurs sont satisfaits de cette loi, mais il
existe une lacune importante qui devrait être corrigée afin que
l'UQAC puisse revenir à l'esprit même de cette loi. (16 h 15)
II s'agit de son conseil d'administration dominé par la
toute-puissance des gestionnaires associés de fait avec les
représentants socio-économiques et souffrant de l'absence presque
systématique des étudiants et du trop faible nombre de
professeurs. À cet effet, notre proposition est la suivante: 1)
augmenter le nombre de professeurs au conseil d'administration de façon
qu'ils composent au moins 50 % de ce conseil; cette nouvelle composition
permettrait un rééquilibrage des forces en cause et un meilleur
éventail des compétences universitaires; deuxièmement,
rendre obligatoire la nomination des professeurs au conseil d'administration
dans un délai n'excédant pas un mois le moment de leur
élection démocratique par l'assemblée des professeurs;
troisièmement, régler au plus vite le différend qui oppose
les étudiants et l'UQAC sur la représentation étudiante
à cet organisme.
En conclusion, de nouvelles coupures budgétaires imposées
à l'UQAC auront pour conséquences de mettre son existence en jeu
et de bloquer, si ce n'est pas déjà fait, son potentiel de
développement. L'institution supporte déjà un
déficit accumulé dont le niveau avoisine 5 % du budget des
dépenses annuelles. De plus, notre université régionale,
éloignée des grands centres, doit aussi supporter les coûts
de l'étalement de la formation universitaire sur le territoire, tout en
ne bénéficiant pas des facteurs d'échelle pour ses autres
coûts au même titre qu'une grande université. De même,
le grand nombre d'activités de recherche impose des coûts
indirects importants qui ne sont pas considérés dans la formule
de financement des universités.
Le corps professoral a augmenté sa productivité de
près de 20 % pour ce qui est de la partie quantifiable de
l'enseignement, depuis 1980-1981, et de 66 % pour la recherche
subventionnée. Ce même corps professoral n'assure que 40 % de la
tâche totale d'enseignement et il doit supporter toutes les autres
tâches de l'institution: l'encadrement des étudiants, etc. Nous
croyons avoir fait plus que notre possible pour aider notre institution
à relever les défis qu'elle s'est donnés à la suite
des dures coupures budgétaires imposées par le gouvernement. Il
est urgent que l'État québécois réinjecte à
nouveau des sommes spécifiquement pour engager de nouveaux professeurs
afin d'augmenter notre capacité de développement régional
et de permettre le renouvellement d'une partie du corps professoral qui prendra
sa retraite dans les prochaines années.
Nous croyons également que la Loi sur l'Université du
Québec devrait être modifiée pour garantir une meilleure
représentation des professeurs au conseil d'administration, une plus
grande efficacité administrative et un retour à l'esprit de cette
loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Leblond. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie. II me fait
plaisir de saluer les représentants du Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Chicoutimi. J'ai eu l'occasion de
faire connaissance avec plusieurs d'entre vous lors d'une visite que j'ai faite
à Chicoutimi, il y a quelques mois. Vous m'aviez apporté des
éléments très intéressants autant au sujet de votre
travail que des problèmes de l'institution au sein de laquelle vous
oeuvrez. Cela augmente le plaisir que j'éprouve à vous retrouver
aujourd'hui avec mes collègues du côté ministériel.
Je ne parle pas de mes collègues du côté de l'Opposition
parce que, pour eux, un facteur additionnel vient s'ajouter au plaisir qu'ils
éprouvent sans doute, vu que vous êtes de la même
région. Vous n'avez pas encore compris, par conséquent, le
message que nous vous proposions lors de la dernière campagne, mais nous
acceptons le verdict sans récriminer. Sans récriminer, nous
l'acceptons joyeusement en sachant que l'avenir nous réserve des jours
meilleurs.
Mme la députée de Chicoutimi a suivi autant que moi sans
doute le développement de votre mémoire. Je ne sais pas si elle a
éprouvé les mêmes difficultés que moi à
propos de certains chiffres. Il y a des chiffres qui m'ont un peu
étonné. Je vous
dirais que c'est une question que je voudrais clarifier au
départ; cela va permettre de nettoyer le paysage.
Aux tableaux 3 et 4, vous avez fait mention, dans votre texte, d'une
augmentation de la productivité de l'ordre d'à peu près 20
% qui serait intervenue au cours des dernières années dans le
travail des professeurs. Si je prends les chiffres qui sont à la page 7,
à la première colonne, les activités données par
les professeurs à temps plein, et ensuite à la page 11,
première colonne, le nombre de professeurs à temps plein, si je
divise les activités données par ces professeurs par le nombre de
professeurs, en 1981 et ensuite en 1984-1985, j'arrive à une diminution
d'activités plutôt qu'à une augmentation. Je pense qu'il y
en a un parmi vous qui est sûrement mathématicien parce qu'il y a
beaucoup de chiffres et d'équations dans votre mémoire. Il y
avait une moyenne de trois activités par professeur en 1980-1981 et la
moyenne descendrait à 2,83 en 1984-1985.
De même, au niveau du ratio étudiants équivalent
temps complet et professeur plein temps - c'est la dernière colonne de
votre tableau de la page 11 - le ratio aurait été de 21,61 en
1980-1981 et il serait de 20,96 en 1984-1985, soit une diminution, alors que,
dans toutes les autres universités qui se sont présentées
devant la commission, on nous a indiqué une augmentation notable du
ratio. Je voudrais vous demander des précisions sur cette
difficulté qui m'est venue à l'esprit en vous en entendant faire
la lecture de votre texte.
M. Leblond: Quand on regarde le tableau 3, on parle
d'augmentation de productivité. C'est calculé à partir
d'activités d'enseignement effectivement données par un
professeur, c'est-à-dire le nombre d'étudiants moyen que
reçoit un professeur dans sa classe; il est passé de 23,88
à 27,02 et il a encore augmenté au cours des deux
dernières années. Il faut distinguer cela. Lorsque vous faites
des ratios de cours donnés dans une année par un professeur, cela
ne veut pas dire qu'un professeur a donné plus d'activités en
moyenne selon la convention collective. Le maximum qu'un professeur va donner,
c'est quatre cours.
Cependant, de ces quatre cours, au maximum, il existe des
dégagements à des fins de direction de départements et de
modules qu'il faut soustraire, ce qui fait qu'on descend en bas de la moyenne
de quatre. Il y a aussi les congés sabbatiques, les congés de
perfectionnement des professeurs qui font qu'il y a toujours des professeurs
enlevés du système pour ces différentes tâches. Il y
a quelques dégagements d'enseignement que l'institution assure pour la
recherche; l'institution a une politique et, par exemple, en 1984-1985, il y
avait six dégagements.
Toutes ces données, je pourrais vous les communiquer pour ces
mêmes années. Je ne sais pas si vous avez fait de mauvais calculs,
mais, si on regarde comme il faut, en 1980- 1981, les activités
assurées par professeur à temps complet, en tenant compte de tous
les professeurs qui ont un lien d'emploi, qu'ils soient en congé
sabbatique ou autre, qui ont été dégagés pour des
fonctions administratives, des centres de recherche, etc., il y avait 3,16
activités par professeur. Cela a évolué à 3,24
l'année suivante, à 3,26, à 3,30, et c'est revenu à
3,06 en 1984-1985 parce que plusieurs professeurs, cette
année-là, ont pris des congés sabbatiques et de
perfectionnement. Vous savez que dans les conventions de professeurs, tous les
six ans, un professeur a droit à un congé sabbatique. Durant
toutes ces années, plusieurs professeurs - je ne sais pas si c'est
à cause du contenu de la charge ou par difficulté
économique - avaient acquis le droit de partir en congé
sabbatique sans jamais le prendre et, en 1984-1985, on a reçu plus de
demandes pour un congé sabbatique. Je pourrais vous fournir, si vous le
désirez, un tableau qui décrit un peu mieux toute cette
problématique en fonction du nombre de professeurs effectivement en
fonction.
En ce qui concerne le ratio étudiants-professeur, c'est vrai
qu'à l'Université de Montréal, par exemple, il est
passé de 17 à 25. À l'UQAC, présentement, passer
à un ratio de 25, cela voudrait certainement dire l'élimination
de beaucoup d'activités et de plusieurs programmes. Passer de 21,6
à 21, ou à peu près, je pense que le ratio
étudiants-professeur a pratiquement été constant durant
toutes ces années. C'est dû à un facteur simple: la
clientèle a été pratiquement stagnante; elle a
augmenté de 5,6 % et le nombre de professeurs... En 1982, on a dit qu'il
y avait eu une coupure de quinze professeurs, mais il y a eu des tentatives de
rationalisation. Lorsque, en 1983-1984, on a demandé à tout le
monde un effort de rationalisation, certains départements - un en
particulier - ont demandé que l'effort de rationalisation s'accompagne
d'engagements de professeurs; donc, un échange en termes d'engagement de
professeurs. Donc, l'effet des coupures de quinze postes en 1982-1983 a
été annulé par une contribution volontaire des
professeurs, dans le but d'aider l'université, qui ont consenti à
prendre beaucoup plus d'étudiants dans leur classe, surtout là
où c'était possible, par exemple en sciences économiques,
ce qui fait que c'est simplement la division de deux colonnes qui donne une
augmentation sensible de huit professeurs et aussi le fait que, comme syndicat,
nous avions fait des pressions pour que les postes qui étaient
déjà prévus au budget soient
comblés. Ce qui fausse un peu le portrait, c'est que, durant
plusieurs années, là où on retrouve 181 professeurs, il y
avait toujours 20 ou 25 postes de professeurs non comblés. Il y a
donc eu un effort des départements et du syndicat pour que les
postes soient comblés. Ce qui fait que, si, effectivement, les postes
avaient été comblés, on aurait eu un ratio non pas de 21
mais un ratio qui se serait rapproché de celui de l'Université de
Montréal, c'est-à-dire autour de 17, probablement 18 plus que 17.
Ce qui explique le fait, c'est le grand nombre de postes non comblés
pendant plusieurs années et l'effort qu'il y a eu de combler des postes
et, en même temps, la conversion d'une partie de la rationalisation en
postes de professeurs.
M. Ryan: Cela veut dire qu'en fait il n'y aurait pas eu
d'économie véritable. On aurait laissé tomber des postes
qui étaient déjà vacants.
M. Leblond: On a...
M. Ryan: Le nombre de professeurs effectivement employés
est resté à peu près le même dans ces années
et, au cours de l'année 1983-1984 à 1984-1985, il a connu une
augmentation de 10 %.
M. Leblond: II y a eu une augmentation de 10 % qui est le
résultat en grande partie des huit postes qui avaient été
accordés en sciences économiques et administratives. Cela fluctue
beaucoup au cours d'une année. Ce sont des chiffres au 31 mai de chaque
année et, dans une même année, le chiffre de 199 a pu
varier de 191 à 203. Je pense qu'il faut réaliser qu'il y a un
mouvement de personnel également au cours de l'année. Ce n'est
pas un chiffre moyen annuel; c'est un chiffre à une date fixe de
l'année. C'est cela qui complique un peu l'étude des statistiques
dans ce domaine.
M. Ryan: Vous faites une équation que j'ai du mal à
comprendre. Vous dites: On est limité par la convention collective
à quatre cours par professeur et, en pratique, ils en ont donné
l'équivalent de cinq. Je ne suis pas absolument sûr de cela, parce
que j'ai l'impression qu'il y a une portion très important des cours qui
sont donnés par des chargés de cours. D'après ce que je
vois, c'est presque 60 %, sinon davantage. Je regarde les activités au
tableau 3: 60,27 % des cours sont donnés par des chargés de cours
et autres. Les professeurs, eux, en donnent 39,73 %. Êtes-vous sûr
que, de fait, il y a eu cinq cours donnés par l'ensemble des professeurs
plutôt que quatre ou si c'est juste un calcul abstrait qui vous a
conduit à cette conclusion?
M. Leblond: En fait, on dit virtuelle- ment un cinquième
cours. C'est que le fait d'accueillir 20 % plus d'élèves en
moyenne, c'est une augmentation de la tâche du professeur. Contrairement
à ce que le Conseil des universités a prétendu dans son
tableau 13 à la commission parlementaire, la tâche d'enseignement,
ce n'est pas une présence dans une classe à quatre
cours-année. Je pense que, dans l'équation de cette tâche,
il faut tenir compte du nombre de cours et de la charge réelle de cette
classe. Si vous avez une classe de 40 étudiants plutôt que de 30,
ce n'est pas la même chose. Est-ce qu'on se comprend là-dessus?
C'est dans ce sens que nous le faisons. En ce qui concerne les chargés
de cours, dans un document plus complet que je pourrais vous faire parvenir, le
nombre de chargés de cours en pourcentage a évolué
à 51 % au début de ces années; il a diminué en
1983-1984 à 48 % et il est revenu autour de 50 %. Ce qui fait qu'on peut
dire que les chargés de cours assument 50 % à 51 % des charges de
cours depuis cinq ans, cela a été constant; alors que les
professeurs, en cours d'appoint - les départements demandent aux
professeurs, lorsqu'ils ne trouvent pas de chargés de cours, d'assumer
un cours supplémentaire - donnent environ 10 % ou 11 % par année
de ces cours.
M. Ryan: J'ai une autre question à vous adresser.
J'apprécierai énormément tout envoi de documentation
additionnelle que vous voudrez nous faire sur les questions que nous venons de
discuter. Je pense que cela nous serait très utile que vous nous
envoyiez des suppléments d'information.
M. Leblond: D'accord. (16 h 30)
M. Ryan: Je voudrais vous poser une dernière question
à propos d'une recommandation que vous faites dans votre mémoire
concernant la représentation des professeurs au conseil d'administration
de l'université. Vous demandez que la Loi sur l'Université du
Québec soit modifiée de manière que les professeurs aient
la moitié des sièges - ai-je bien compris? - au sein du conseil
d'administration. Deux questions. D'abord, je pense que vous en avez deux
actuellement. Pourquoi cela ne marche-t-il pas? Deuxièmement, en quoi un
conseil d'administration formé de 50 % de professeurs serait-il plus
capable de prendre les décisions quand on sait la difficulté que
des professeurs - surtout des professeurs d'université - entre eux, ont
souvent à en venir à des conclusions étant donné
toutes les distinctions que leur science les amène à faire en
cours de discussion?
M. Leblond: II court des préjugés sur notre
façon de nous unir. Je pense que les professeurs en
général sont capables de faire
des consensus sur un certain nombre de sujets. Vous avez bien raison de
dire que sur certains points on est appelé à être assez
critique. C'est notre fonction, d'ailleurs cela déteint dans notre
quotidien. Ce n'est pas toujours facile.
En ce qui concerne la représentation des professeurs à 50
%, cette recommandation est pour mettre l'accent sur le problème du
droit de recours de l'assemblée des professeurs où des
professeurs, sur des décisions qui, à notre sens, sont prises au
conseil d'administration et qui, systématiquement écartent de
facto les professeurs... Cela est dû au fait que la loi prévoit
d'abord un certain nombre de membres de l'université et un certain
nombre de membres socio-économiques et la somme de ces membres donne
systématiquement un décompte en défaveur des professeurs.
Même si les professeurs membres du conseil d'administration, qui sont
cinq sur quatorze chez nous, créent une union presque sacrée, si
on veut, avec tous les directeurs de départements et de modules, etc.,
chez nous on connaît ce rapport de forces.
Une autre façon de régler cela, plutôt que de nommer
50 % de professeurs, serait que les professeurs ou l'assemblée des
professeurs aient un droit de recours ou un droit de veto sur des
décisions importantes comme le budget ou un droit de recours à
une instance supérieure qui a la responsabilité de faire la
coordination. Chez nous, c'est l'assemblée des gouverneurs au
réseau UQ qui a la responsabilité. Le réseau UQ a une
façon à lui de venir vérifier l'administration. Ce sont
ces fameux 5 % qu'il ne faut pas dépasser en termes de déficit
accumulé. Je pense que cela ne va pas plus loin que cela. Les
professeurs aimeraient avoir une voix qu'ils avaient traditionnellement,
anciennement. En France, avant la Loi Savary, les professeurs étaient
plus de 50 % aux conseils d'administration. Je pense qu'on devrait revenir
à cela étant donné l'impact tellement fort des
administrateurs qui ont toute l'information de l'université et qui, en
plus, ont le pouvoir.
À ce conseil d'administration il y a l'absence presque
systématique des étudiants qui sont là pour un an en
principe, nommés pour un an, élus au début de
l'année mais nommés souvent au mois de janvier. Si tu n'es pas un
étudiant permanent pendant plusieurs années et que tu n'es pas au
courant de tout, finalement l'efficacité est faible. Là-dessus,
je pense qu'il faudra avoir une rapidité exemplaire pour la nomination
des étudiants.
Je pense aussi qu'à l'exemple des collèges... La loi 24
des collèges nomme d'office le président du conseil
d'administration. C'est un socio-économique. Est-ce que ce ne serait pas
une voie à examiner? Est-ce que ce ne serait pas une façon
d'acquiescer un peu à la demande du Conseil des universités qui
proposait à cette commission que les socio-économiques jouent un
rôle plus grand, qu'ils soient peut-être encore plus
représentatifs du milieu? Je ne dis pas que les socio-économiques
ne le sont pas mais je pense que le gouvernement devrait prendre un soin encore
plus grand de ce côté-là et leur donner peut-être un
pouvoir plus grand en même temps que les professeurs en auraient un. Je
pense que ce serait peut-être une façon de
rééquilibrer les pouvoirs à l'université.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Leblond.
Je reconnais maintenant la porte-parole officielle en matière
d'enseignement supérieur et de science, la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: De l'Opposition. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): De
l'Opposition.
Mme Blackburn: Madame, messieurs, il me fait plaisirs
au nom de ma formation politique, de vous accueillir à cette commission.
On n'a pas souvent l'occasion de rencontrer ceux qui font les
universités. On a souvent tendance à l'oublier.
L'université, c'est fait pour les étudiants et c'est fait
beaucoup par les professeurs. Je ne ferai pas de long préambule parce
que j'ai plus le goût de vous entendre. Je dois dire que, même si
je ne partage pas toujours les avis du ministre et encore moins ses options
politiques, il m'arrive de faire une même lecture que lui de certaines
choses et j'éprouve certaines difficultés par rapport aux
chiffres que vous apportez.
J'ai deux questions très claires. Au total, je sais qu'il y a une
modulation de la tâche à la baisse. Si vous faites plus
d'administration, vous donnez moins de cours. Est-ce qu'il y a une modulation
à la hausse? J'ai de la difficulté à la voir. Par exemple,
quand vous dites que 10 % des cours sont en appoint par des professeurs
réguliers, est-ce que cela constitue une augmentation de la tâche,
de la charge d'enseignement, ou si c'est en plus, comme du temps
supplémentaire? Je voudrais que cela soit clair. Je dois dire que
j'éprouve de la difficulté à comprendre.
M. Leblond: Je pense que c'est essentiel. Dans toutes les
conventions collectives de professeurs - là où il y en a ou,
même là où il n'y en a pas, c'est de tradition - il y a une
tâche dite normale, une modulation qui existe. Lorsque le
département ou le décanat exige ou demande qu'un professeur,
à cause de ses qualifications particulières, donne un cours
supplémentaire, il reçoit une rémunération
elle-même supplémentaire qui correspond actuellement, selon la
convention, à 2400 $, ce qui est vraiment faible comme
rémunération. Comme syndicat, on ne se bat pas non plus pour la
faire augmenter. Nous considérons que le professeur doit se consacrer
à ses autres tâches et que cela doit être une mesure
exceptionnelle.
En ce qui concerne les chargés de cours, il y a des conventions
collectives à ce titre. Je vous dirai qu'actuellement les conventions
collectives des chargés de cours prévoient 3300 $ environ, 3200
$. Il y a une différence d'environ 900 $ entre les deux, pour la
même activité en appoint. Dans les conventions collectives, les
cours dits en appoint, c'est une clause spéciale qui les régit et
qui en spécifie la rémunération.
Mme Blackburn: Ma question est la suivante. Le maximum de quatre
cours, c'est arrêté par convention. Donc, on ne peut pas moduler
à la hausse. Quelqu'un qui, par exemple, s'adonne moins à la
recherche ne pourrait pas donner un cours de plus. C'est pourquoi j'ai de la
difficulté à comprendre que vous donniez effectivement, sans
contester et sans qu'il y ait de grief, cinq cours plutôt que quatre.
M. Leblond: Ce type de modulation n'existe pas. Il n'y aurait pas
de limite à cela, je pense. Si on voulait moduler à six, par
exemple, ce serait peut-être possible, mais, à ce
moment-là, il faudrait dire adieu à la recherche, à
certaines tâches d'administration, etc. Je pense qu'il y a là un
équilibre qui s'est établi entre un concept très objectif
et mathématique qui dit: Quatre cours au maximum... Ce n'est pas quatre
cours en moyenne, le ministre l'a bien souligné tout à l'heure.
Lorsqu'on prend le nombre de cours assumés vraiment par les professeurs
et qu'on le divise par le nombre de professeurs, on s'aperçoit que ce
ratio tombe à 3,10, 3,20. Dans certaines universités, il peut
tomber à 2,8. C'est selon le nombre d'activités autres qui,
elles, permettent des dégagements de tâches. Dans le
système québécois actuel de relations du travail avec les
professeurs, ce niveau est maintenant accepté et il se situe à un
maximum de quatre.
M. Puchella (Pasquale): J'aimerais apporter un complément
de réponse parce que je pense que la question que vous posez, c'est une
question de compréhension de texte. Lorsqu'on dit "virtuellement un
cinquième cours", cela ne veut pas effectivement dire qu'on donne un
cinquième cours, mais c'est tout comme si, effectivement, on donnait un
cinquième cours par le fait que le ratio étudiants-professeur a
augmenté depuis 1980-1981 à 1984-1985. Le fait d'accepter plus
d'étudiants a eu comme effet de diminuer les activités
d'enseignement. Si on avait gardé le même pourcentage
d'activités d'enseignement, il aurait fallu avoir beaucoup plus
d'activités d'enseignement. Dans ce sens-là, évidemment,
il aurait fallu avoir plus de chargés de cours, etc. La charge
d'enseignement qui est une charge normale de quatre cours pour un professeur,
c'est comme si on avait donné cinq cours, mais, en fait, on ne les a pas
donnés, parce que le nombre d'étudiants a augmenté dans
nos classes. Je pense que c'est un raisonnement qu'on retrouve très
souvent au niveau des conventions collectives du primaire, du secondaire et du
collégial et tout cela. L'augmentation du rapport
étudiants-professeur aurait eu comme effet... C'est comme si on avait
donné un cinquième cours. Toujours au niveau de la tâche
normale.
Mme Blackburn: D'accord. Je comprends votre calcul. Si je
reprends vos données sur les mêmes bases, cela veut dire que dans
les universités il y a une augmentation qui est passée de 17 a 27
étudiants et ils donneraient l'équivalent de six cours.
M. Puchella: Oui.
Mme Blackburn: Bien. Je voulais bien comprendre.
M. Leblond: Ce qu'il faut comprendre, Mme la
députée, peut-être un petit complément.
Contrairement à ce que le Conseil des universités - je me
répète - au tableau 13... C'est d'ailleurs pourquoi M. Ryan et
peut-être vous-même aviez demandé un complément
d'information sur la tâche des professeurs. C'est justement dû au
fait que la tâche d'enseignement, lorsqu'on prend seulement cette
composante, ne se réduit pas à un temps de présence
uniquement. Cela se réduit aussi à un facteur d'intensité,
qui est le nombre d'étudiants. Il faudrait presque parler, à ce
moment, d'une tâche en termes d'étudiants-crédits, en
multipliant le nombre d'étudiants dans une classe et les trois
crédits d'une activité d'enseignement. C'est pour cela que dans
le tableau 3 on voit la clientèle exprimée en
étudiants-crédits. C'est en fonction de ce critère qu'il
est plus facile, qu'il est plus logique, je pense, de calculer la tâche
d'enseignement, plutôt que simplement un nombre d'activités.
Mme Blackburn: Si je refais un autre petit calcul et vous me le
permettez... Vous nous tentez en nous fournissant des chiffres; on a le
goût de les examiner de plus près.
M. Leblond: Je comprends cela.
Mme Blackburn: Quand vous dites: Donner 10 % des cours en
appoint, cela veut
dire que 20 % de vos cours, comme professeur à temps complet,
sont donnés en appoint.
M. Leblond: En fait, je pense que votre conclusion est
passablement exacte.
Mme Blackburn: Je veux dire que vous comprenez que cela pose une
certaine difficulté lorsqu'on parle d'une tâche ensuite qui est
trop lourde. Vous me suivez, n'est-ce pas?
Est-ce que vous avez des données -j'aurais dû poser la
question tout à l'heure à M. le recteur - sur le taux de
diplomation?
M. Leblond: Sur le taux de diplomation, nous n'en avons pas. Je
pense que ce serait à l'université de fournir ces statistiques.
Les statistiques que nous vous présentons et que j'enverrai à la
commission, les autres, complémentaires, sont obtenues grâce
à l'une de nos clauses de la convention collective, qui est la clause
623. Si on n'avait pas cette clause, ce serait très difficile d'obtenir
des données. Heureusement, nous avons cette clause et cela nous permet
d'obtenir un certain nombre de statistiques.
En ce qui concerne les taux de diplomation, je vous réfère
au mémoire de l'intersyndicale des professeurs d'université,
lequel discutait de ces taux de fréquentation, des taux de diplomation
pour les 2e et 3e cycles.
Mme Blackburn: Je ne vous demanderai pas de vous prononcer sur
une modulation de la tâche qui aurait comme effet de fixer à
quatre, de moduler à la hausse. Je pense que vous êtes en
négociation. Il y a eu des négociations et de toute façon
c'est objet de négociation. J'aimerais revenir un peu sur la question
touchant la composition des conseils d'administration. Le Conseil des
universités va tout à fait dans l'autre direction. Probablement
avez-vous lu leur mémoire. Eux, ce qu'ils recommandent c'est de
renforcer les fonctions administratives, donc de probablement réduire -
si je me rappelle bien - la taille des conseils d'administration et de
renforcer la présence des socio-économiques. Â l'inverse,
vous recommandez 50 % de professeurs.
Est-ce que vous avez établi ce que serait une
représentation équitable d'étudiants?
M. Leblond: C'est difficile à fixer en ce qui concerne les
étudiants; je pense que c'est à eux de faire cette
évaluation. Je pense que la présence des étudiants est
importante. Il ne faut pas la négliger. C'est actuellement
négligé depuis deux ou trois ans à l'université
chez nous. Maintenant, la quantité c'est très difficile à
fixer. Je pense que le ministre se doit de consulter. On n'a pas fait de
réflexion, disons, sur la quantité et le nombre. En ce qui nous
concerne, nous croyons que le professeur d'université doit avoir un
rôle beaucoup plus important. Je ne sais pas. (16 h 45)
Je pense que les étudiants, quant à eux, ont beaucoup
d'intérêt à la commission des études et au conseil
des modules. Est-ce que pour eux c'est important d'avoir deux, trois ou quatre
étudiants? Je crois qu'un peu plus d'étudiants ce serait une
bonne chose, ne serait-ce que pour assurer une certaine continuité de la
représentation étudiante à cause du virement,
c'est-à-dire que la nomination est d'une seule année
comparativement à trois ans pour les professeurs et les agents
socio-économiques. Alors, le taux de roulement étant rapide et
les étudiants n'étant pas là très souvent
l'été, s'il y en avait un peu plus, peut-être qu'il y en
aurait un ou deux sur le groupe qui pourraient assister beaucoup plus
assidûment au conseil d'administration.
En ce qui concerne le Conseil des universités, si vous me
permettez, nous, les professeurs, cette augmentation de la rigidité et
du dirigisme des administrations universitaires va dans le sens contraire de ce
que les professeurs croient. Je pense que ce serait une erreur grave de donner
plus de pouvoirs qu'il n'y en a déjà. C'est justement le
contraire que nous voudrions voir. Nous voudrions que l'Université du
Québec et ses constituantes reviennent à l'esprit même de
cette loi, laquelle a permis un taux de concertation, une administration
concertée entre professeurs et administrateurs dans le passé, ce
qui était, à mon sens, beaucoup plus efficace et qui peut donner
des résultats beaucoup plus évidents. De même, je dois dire
que le Conseil des universités recommandait aussi un dirigisme beaucoup
plus grand à un niveau supérieur de la coordination.
Mme Blackburn: Vous avez quand même un lieu dans lequel
vous avez, je pense bien, le pouvoir ou la majorité, c'est à la
commission des études, quoique ce n'est pas tout à fait la
même structure dans les Universités du Québec. Vous dites
actuellement que cela a permis une action plus concertée, une
administration plus concertée, la présence des professeurs aux
conseils d'administration. Qu'est-ce que cela pourra avoir comme
conséquence si on donne - c'est un service public quand même,
l'enseignement universitaire - le pouvoir exclusivement ou majoritairement, et
très majoritairement, à l'interne? Vous avez les administrateurs
qui siègent, les membres de la direction, vous avez les professeurs
à 50 %, selon votre modèle, plus les étudiants; les agents
socio-économiques seraient réduits à une portion congrue,
finalement, au conseil d'admi-
nistration. Est-ce que vous trouvez que c'est la meilleure façon
de gérer un service public et est-ce qu'on pourrait penser que ce
modèle serait applicable, par exemple, dans un hôpital où
on mettrait majoritairement des médecins pour gérer un
hôpital?
M. Leblond: Lorsque l'université est subventionnée
à 80 % ou 90 %, cela cause sûrement certains problèmes
d'éthique. C'est pour cela qu'on a nuancé un peu notre
recommandation tout à l'heure en ce sens qu'à défaut d'une
représentation... Je sais que les politiciens auront une décision
à prendre, si jamais il y en a une qui est prise. Ce que nous voulons,
c'est une plus grande responsabilisation face aux pro- ' fesseurs. Plusieurs
moyens peuvent être utilisés. On peut revenir à une formule
qui a existé et qui pourrait exister encore, un modèle qui a
existé pendant des centaines d'années où les professeurs
étaient les principaux intervenants ou les principaux dirigeants, si on
peut dire, du devenir des universités. C'est ce que nous
réclamons, Nous croyons être en mesure de jouer ce rôle
efficacement et l'augmentation du nombre de professeurs aiderait
également à une meilleure représentation des intervenants
du milieu universitaire. Lorsque vous avez seulement cinq représentants
et que vous avez une vingtaine de modules qui proviennent de sept
départements, vous avez les centres de recherche et les groupes de
recherche, je crois que les intérêts ne sont pas tous bien
représentés dans le temps. Il faut pour ce faire une meilleure
représentation de la base de l'université. C'est une philosophie,
elle existe très bien dans des universités privées
américaines où ce sont les professeurs qui orientent, grâce
à leurs projets de recherche et leurs subventions, le devenir de
l'université. Il y aura peut-être un complément de
réponse de la part de M. Moussaly.
M. Moussaly (Sergieh): Mme Blackburn, j'aimerais ajouter une
petite remarque qui me paraît très pertinente concernant votre
question, c'est: Quel serait l'impact d'un changement de la composition du
pouvoir décisionnel au niveau de l'université? La loi
constitutive de l'Université du Québec a voulu justement la
répartition tripartite du pouvoir, c'est-à-dire que
l'administration, les professeurs et les étudiants plus le milieu
socio-économique soient présents à tous les
échelons depuis le module, la commission des études jusqu'au
conseil d'administration. C'était voulu afin d'éviter les
égarements des administrations. On n'a pas voulu que l'Université
du Québec fonctionne selon le modèle bureaucratique ou le
modèle conventionnel des universités traditionnelles. On a voulu
cette répartition pour pouvoir impliquer directement les producteurs, si
vous permettez ce terme, qui sont le corps professoral, pour qu'ils puissent
intervenir dans les décisions majeures qui concernent leurs
activités et le développement de leur institution.
Malheureusement, avec le temps, ceci a changé. Finalement, on est
arrivé à un fonctionnement de type bureaucratique où le
corps professoral, à toutes fins utiles, n'a plus d'emprise ni
même d'information complète pour pouvoir orienter et ajuster les
activités qui se font.
Tantôt, vous posiez une question concernant le ratio des
étudiants et l'évolution des charges. C'est l'un des exemples qui
démontrent que le changement dans l'offre des cours et des programmes a
forcé les professeurs à temps plein à assurer des charges
additionnelles pour pouvoir répondre à une politique qui
fonctionnait à deux vitesses. La première, c'était
d'augmenter le ratio des étudiants par classe, par effet de
rationalisation. La deuxième, c'était de créer des
activités qui sont des investissements, bien sûr, à long
terme, mais dont les ratios sont très faibles. C'est pour cette raison
que la participation des producteurs, c'est-à-dire le corps professoral,
au processus décisionnel, d'une façon effective, nous
apparaît comme l'un des moyens pour soutenir un développement
équilibré de l'université...
Le Président (M. Parent» Sauvé): Merci,
monsieur.
M. Moussaly: ...à moins de changer la loi
elle-même.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Continuez, je
m'excuse; je pensais que vous aviez terminé. Avez-vous
terminé?
M. Moussaly: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Moussaly. Je reconnais maintenant la députée de Chtcoutimi
pour conclure au nom de sa formation politique.
Mme Blackburn: Vous allez me permettre, M. le Président,
d'utiliser ce temps exclusivement pour une question et des salutations.
J'aurais voulu que vous m'entreteniez un peu de la situation qui constitue le
vieillissement du corps professoral. Avez-vous envisagé des moyens
concrets? Avez-vous pensé aux façons de résorber cela? On
connaît la situation actuelle et c'est un problème important.
M. Leblond: Beaucoup de professeurs ont été
engagés en 1969, quelques-uns étaient dans des écoles:
écoles normales, écoles de génie et commerce ou Grand
Séminaire. Plusieurs ont une carrière allant de 12 à 20-22
ans. On sait qu'une carrière
de professeur d'université est de 30-35 ans environ, compte tenu
de l'âge normal d'obtention d'un doctorat qui est autour de 26-28 ans. Je
pense que cela tombe à peu près dans cet ordre-là.
Actuellement, la moyenne d'âge des professeurs est d'environ 43
ans, ce qui n'est peut-être pas exagéré dans les
circonstances. Au départ, c'est sûr qu'on avait une moyenne
d'âge très basse. On a tous vieilli d'un an par année. Le
nombre de professeurs nouveaux n'augmente pas à un rythme
extrêmement rapide, de sorte qu'il y a un risque de
déséquilibre dans la structure d'âge. Cela est très
important. Je me souviens que lorsqu'on a créé cette
université nous étions tous jeunes. Il y avait très peu de
personnes d'un autre âge qui avaient cette expérience de la
recherche ou de la publication et qui avaient déjà des
entrées un peu partout dans les clubs de recherche, si vous voulez,
autant de façons d'obtenir des subventions. Nous étions tous
presque au même niveau. Le danger est de recommencer ce même
processus. Cela nuirait énormément au système
universitaire de ne pas tout de suite faire entrer des jeunes dans les
équipes et qui pourraient bénéficier de la présence
de gens plus âgés et plus expérimentés.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le président, madame
et messieurs qui vous accompagnent. Je dois dire qu'on n'est pas revenu
beaucoup, parce que cela semblait bien énoncé, sur l'appui que
vous accordez à l'université par rapport à
différents aspects de son développement, de même que
concernant son niveau de financement.
Je voudrais vous remercier au nom de ma formation politique de votre
participation aux travaux de cette commission et vous assurer que les
informations que vous nous avez communiquées, avec celles que vous
accepterez de nous communiquer ultérieurement et que vous
possédez, devraient nous permettre d'avoir un meilleur éclairage
quant à ce que constituent les questions sur la tâche
d'enseignement, de même que sur le développement de
différents programmes. Je vous remercie infiniment et je vous souhaite
un bon retour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. Je
reconnais le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je vous remercie, M. le président, ainsi que
madame et messieurs qui l'accompagnez, de votre présence parmi nous.
J'aurais souhaité que nous ayons davantage de temps pour pouvoir mieux
approfondir certains aspects de votre présentation, mais les
journées sont brèves et les organismes que nous devons rencontrer
sont nombreux.
Soyez assurés que nous avons pris bonne note des principaux
points soulevés dans votre mémoire et dans les réponses
que vous avez apportées à nos questions. Nous nous ferons un
devoir d'examiner toute cette matière attentivement. Nous
espérons surtout que, au-delà de tous les liens administratifs ou
politiques qui peuvent s'établir à l'occasion de discussions
publiques comme celles-ci, nous puissions établir des liens plus directs
et plus fréquents avec les membres du corps professoral dans nos
différentes universités. Je crois qu'il est très
différent de causer de nos universités avec ceux qui font le
travail immédiat qui est l'essentiel de la tâche universitaire,
c'est-à-dire le travail d'enseignement et de recherche, que de causer
avec les administrateurs ou avec ceux qui représentent les
superstructures nécessaires par ailleurs. C'est très important
pour nous, afin d'avoir l'heure juste, de pouvoir causer avec ceux et celles
qui sont au travail tous les jours dans les laboratoires, dans les salles de
cours et dans leurs bureaux d'étude. Soyez assurés qu'à
l'occasion des visites qu'il m'arrive de faire dans nos universités je
ne manque jamais de voir à cette dimension de m'assurer que des contacts
directs soient établis avec les membres du corps professoral.
J'espère que nous pourrons continuer de le faire.
Comme je le disais l'autre jour, nous allons entreprendre incessamment
un travail complémentaire à celui de la commission. Ce travail
sera entrepris par le ministère pour des fins d'efficacité parce
que c'est un travail qui demande une oeuvre de précision et de suivi
immédiat pendant tout le temps qu'il durera, afin de situer de
manière plus précise les problèmes relatifs au statut, au
rôle et à la tâche de travail du professeur
d'université. Nous aurons besoin de votre collaboration pour ce travail
qui sera un volet complémentaire de toute la démarche que nous
accomplissons ces temps-ci. J'espère que nous pourrons compter sur votre
collaboration, comme cela a été le cas pour le travail de la
commission parlementaire. Je vous remercie cordialement de votre participation
à nos travaux. Je vous souhaite bonne chance dans votre très
important travail.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, merci, M. Leblond. Madame, messieurs, encore une fois, merci beaucoup
d'avoir répondu à notre invitation.
La commission parlementaire de l'éducation suspend ses travaux
pour quelques minutes. Nous accueillerons immédiatement après les
représentants de l'Association générale étudiante
de l'Université du Québec à Chicoutimi, lesquels j'invite
à prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation reprend ses travaux et accueille l'Association
générale étudiante de l'Université du Québec
à Chicoutimi.
Association générale étudiante de
l'UQAC
L'association est représentée par son président, M.
Yvan Côté. M. Côté, nous vous saluons et vous
remercions beaucoup d'avoir accepté l'invitation de la commission de
venir dialoguer avec nous concernant la problématique du financement et
des orientations du réseau des universités du Québec.
En plus de vous remercier, je dois vous féliciter. Vous, les
principaux intéressés à l'université, êtes
les principaux intervenants parce que, si l'université existe, elle
existe pour vous. Pour vous être impliqués au point de
présenter un mémoire et d'être venus ici, chose qui n'est
quand même pas facile avec les moyens limités dont vous disposez,
pour être partis de votre région pour vous rendre ici à
l'Assemblée nationale et présenter votre mémoire, je dois
vous dire que vous avez l'admiration des membres de cette commission et,
personnellement, je vous félicite.
Nous avons une heure pour travailler ensemble. On m'a dit que vous avez
reçu une communication, le 23 septembre dernier, vous informant
qu'environ quinze minutes avaient été prévues pour la
présentation de votre mémoire et quarante-cinq minutes
d'échanges avec les membres de cette commission.
Si vous voulez bien, M. Côté, nous présenter les
gens qui vous accompagnent et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire; immédiatement après,
il y aura dialogue avec les gens de la commission. Nous vous
écoutons.
M. Côté (Yvan): Merci, M. le Président. Je
veux tout d'abord présenter mes collègues. À mon
extrême droite, M. Guy Gagnon, membre de l'exécutif à
l'association générale étudiante; à ma droite, M.
Raymond Bégin, membre du conseil d'administration et
délégué du module de physique au conseil d'administration.
À ma gauche, M. Wack Thiam, membre de l'exécutif aux affaires
externes.
D'abord, M. le Président, M. le ministre, Mme la
députée de l'Opposition, mesdames et messieurs, il nous fait
plaisir, au nom de l'Association générale étudiante de
l'Université du Québec à Chicoutimi, de participer
à cette commission afin de vous faire part de nos réflexions
concernant les orientations et le cadre de financement. Ces réflexions
ont été faites par les membres depuis dix ans, puisque c'est
notre dixième anniversaire de fonctionnement.
Pour mettre en situation et débattre la première partie de
notre mémoire, je passerai la parole à mon collègue, M.
Bégin, qui vous exposera les recommandations de la première
partie.
M. Bégin (Raymond): Messieurs de la commission, mesdames,
en effet, depuis quelque temps, les intervenants des milieux universitaire et
gouvernemental semblent unir leurs voix en prétendant qu'une hausse des
frais de scolarité est nécessaire. Nous entendons dénoncer
ce discours. Le problème des frais de scolarité est, en effet, un
faux problème. On tente de faire croire à la population que les
étudiants ont été choyés par un oubli du
gouvernement, à savoir que le gel des frais de scolarité fut, en
fait, quasi ignoré du gouvernement et que les étudiants ayant
bénéficié si longtemps d'un sursis n'ont maintenant
qu'à payer l'augmentation qui s'impose afin de réajuster leur
contribution au financement des universités.
En fait, il n'en est rien. Le gel des frais de scolarité est un
moyen que le Québec s'est donné afin de tendre progressivement
vers la gratuité scolaire qu'on ne pouvait se payer
immédiatement. On a choisi délibérément de laisser
se marginaliser lentement la contribution directe des étudiants au
financement des universités, tandis qu'on s'affairait à trouver
d'autres moyens et d'autres sources de financement pour combler le vide ainsi
créé petit à petit dans le financement des institutions
supérieures. Essayer de tendre vers la gratuité scolaire est un
choix de société qu'a fait le Québec, rappelons-le.
Si on se retrouve aujourd'hui sans mesure de remplacement, c'est qu'il y
a, au Québec, des gens qui en sont responsables, et ce ne sont certes
pas les étudiants du Québec, qui investissent déjà
énormément dans leur formation. Bien qu'on veuille laisser croire
que cet investissement se limite aux seuls frais de scolarité, il n'en
est rien.
Nous n'adhérons pas à l'analyse qui veut démontrer
que la hausse des frais de scolarité est nécessaire et
inévitable. Nous percevons plutôt, derrière ce discours qui
ne mène nulle part, une stratégie inventée par les
universités traditionnelles qui sont les seules à la
défendre et véhiculée par ce qu'il nous est permis
d'appeler la "ligue du vieux poêle" des universités
traditionnelles.
Nous considérons cette manoeuvre comme l'ultime effort contre le
réseau de l'Université du Québec qui, on en est bien
conscient, apparaît aujourd'hui beaucoup plus menaçant qu'on ne
l'aurait cru lors de sa
création dans les milieux universitaires traditionnels. Qu'il
soit bien clair que nous entendons défendre l'institution qu'est
l'Université du Québec, institution faisant partie de notre
patrimoine. Nous sommes bien conscients que cette volonté se traduit
directement dans la volonté annoncée de chercher à faire
disparaître le siège social de l'Université du
Québec. S'attaquer au siège social, lieu de coordination et de
planification de l'ensemble du réseau de l'Université du
Québec, est effectivement un choix judicieux pour ceux qui voudraient
voir disparaître l'Université du Québec ou tout simplement
voir les constituantes du réseau de l'Université du Québec
devenir lentement des Nordair Metro de CP des universités
traditionnelles, se limitant à certains programmes de 1er cycle afin
d'alimenter en étudiants le 2e cycle des universités
traditionnelles, laissant pour compte à la fois nos institutions et nos
régions.
Faire disparaître un siège social équivaut à
faire disparaître le moteur d'une automobile: en apparence, rien n'est
changé, mais point n'est besoin de s'étendre sur les
conséquences que cela implique. C'est pourquoi nous pensons qu'on a
choisi le siège social, centre névralgique de l'Université
du Québec, pour s'attaquer au réseau, choix politiquement plus
facile face à la population en général qui ne
réaliserait pas toute la portée du geste avant qu'il soit trop
tard, une sorte de bombe à retardement qui ferait éclater le
réseau, le menant lentement à sa perte. C'est pourquoi nous
recommandons le maintien du siège social du réseau de
l'Université du Québec.
Quant aux frais de scolarité, nous recommandons le maintien de
leur gel, respectant ainsi un choix de société que le
Québec a fait. Si le gouvernement venait à prêter l'oreille
de façon sérieuse aux discours visant à hausser les frais
de scolarité, nous le mettons en garde contre les effets néfastes
que cela aurait sur l'accessibilité. Plusieurs étudiants se
verraient retirés prématurément du système
d'éducation au même moment où le gouvernement cherche par
tous les moyens à y réintégrer ceux qui l'ont
quitté. Il ne faut pas croire, ni faire croire que le retrait
d'étudiants du système d'éducation est synonyme
d'économie pour la société. Il y a des coûts sociaux
importants associés au retrait de ceux-ci. On n'a qu'à penser
à ceux qui, justement, faute d'emploi ou de formation suffisante pour en
obtenir un ou en créer un, se retrouveront dans le système de
l'aide sociale, service qui n'est pas gratuit pour la société et
plus coûteux, il faut le dire, que les sommes investies dans
l'éducation pour le même individu.
Rappelons les propos de Concordia: Si vous pensez que l'éducation
coûte cher, essayez l'ignorance pour voir. On ne passerait sous silence
le proverbe qui dit:
Celui qui ouvre une école ferme une prison; celui qui ferme un
école ouvre une prison. Le message est éloquent, surtout quand on
sait que le budget de l'éducation supérieure au Québec est
d'environ 1 500 000 000 $ pour 210 000 étudiants, tandis que le budget
du système correctionnel canadien est de 1 300 000 000 $ pour environ 27
000 incarcérés. Il faut tenir compte des frais judiciaires qui ne
sont pas inclus ici et qui viennent grossir ce budget. On voit bien tout le
dilemme de fixer les priorités sociales en matière
d'activités qu'on privilégie. Si on persistait dans cette
direction, malgré ces arguments, il faudrait songer à ne pas
mettre tous les oeufs dans le même panier. À cet effet, nous
recommandons, le cas échéant, la création d'un
réseau public et d'un réseau d'institutions privées tels
que décrits dans notre mémoire aux pages 8, 9 et 10. Merci.
M. Côté (Yvan): J'aimerais compléter, M. le
Président, pour aborder les autres thèmes de notre
mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous êtes
maîtres de la façon dont vous voulez répartir votre droit
de parole et votre temps. Jugez-en. (17 h 15)
M. Côté (Yvan): Oui, d'accord. Comme
complément d'information, je vais terminer avec un petit passage sur la
gestion des ressources. Par la suite, on a une proposition, dans un document
qu'on vous a remis tantôt, concernant un système de ressources
financières pour les étudiants.
Face aux restrictions budgétaires, les administrations
universitaires se sont rabattues sur un moyen de fortune pour assurer un
enseignement à des clientèles étudiantes toujours
grandissantes: l'embauche des chargés de cours. Plusieurs avantages
économiques sont rattachés à cette décision:
salaires moins élevés, pas de bureau personnel à fournir,
pas de sécurité d'emploi à long terme. Certains avantages
pédagogiques peuvent aussi justifier la présence de
chargés de cours, par exemple, l'expérience qu'ils ont du
marché du travail et le "vent frais" de nouvelles idées qu'ils
peuvent amener. Enfin, on peut aussi dire qu'être chargé de cours
est un excellent moyen pour un étudiant gradué d'acquérir
de l'expérience et de réussir à boucler son budget.
Par contre, plusieurs problèmes en résultent
également: enseignants non disponibles entre les cours pour faire
l'encadrement des étudiants, surtout dans les cas trop souvent
fréquents où les chargés de cours viennent de
l'extérieur de la région; chargés de cours manquant de
pédagogie ou qui ne semblent pas utiliser le matériel disponible
pour le faire ou encore étudiants
en maîtrise mal préparés à enseigner.
Ce n'est pas la présence de chargés de cours que nous
critiquons ici, mais leur surabondance. On en est rendu au point où,
dans certaines universités, plus de 60 % des cours sont donnés
par eux. Pendant ce temps, on n'engage pas de nouveaux professeurs et le corps
professoral vieillit, étant donné le non-renouvellement de
celui-ci.
Face à cela, il nous semble anormal que plus d'un cours sur trois
soit donné par des chargés de cours, peu importe
l'économie que leur utilisation entraîne. Il faudrait qu'une
réglementation empêche les universités de dépasser
ce nombre, c'est-à-dire 33 %
Dans le cas des centres hors campus, la situation est encore plus
tragique: la presque totalité des cours sont donnés par des
chargés de cours. Mais il paraît presque impossible d'y trouver
une solution, sauf peut-être faire appel à la collaboration des
professeurs de la constituante mère ou du réseau de
l'Université du Québec, par une certaine mobilité.
Au niveau de la gestion des ressources humaines, la permanence des
professeurs fait en sorte que le corps professoral ne se renouvelle pas,
nécessairement. La moyenne d'âge d'un professeur universitaire est
maintenant rendue à 43 ans. Elle vieillit d'un an chaque année.
Donc, c'est une chose sur laquelle il faut se poser des questions.
Les universités québécoises ont un des ratios
étudiant équivalent temps complet par professeur les plus hauts
au pays. L'Université du Québec à Chicoutimi a un ratio de
22. C'est un des plus élevés au Québec; c'est deux fois le
ratio du cégep de Jonquière qui est à 11. C'est une
conséquence du grand nombre de chargés de cours et de la
stagnation du nombre de professeurs.
Pour régler ces problèmes, en particulier celui du
vieillissement du corps professoral, nous croyons que des mesures s'imposent
pour permettre à de jeunes professeurs d'accéder à
l'enseignement universitaire et de réduire ainsi le ratio
étudiant temps complet par professeur, soit que l'université
priorise un investissement massif du gouvernement pour engager de nouveaux
jeunes professeurs. Une certaine économie serait effectuée en
éliminant des chargés de cours, soit un investissement
gouvernemental dans une formule de préretraite et de remplacement du
personnel ainsi libéré.
Les professeurs et la recherche. Tout le monde sait qu'un professeur
d'université fait de l'enseignement et de la recherche. Tout le monde?
En fait, plusieurs professeurs ne font pas du tout de recherche et ne se
retrouvent qu'avec deux cours à donner par session. Certains sont,
d'ailleurs, tellement excédés par la ribambelle éternelle
de la recherche qu'ils se sont dits prêts à donner trois ou quatre
cours, selon les commentaires qu'on a reçus.
D'un autre côté, certains chercheurs ne donnent des cours
que parce qu'ils sont obligés d'en donner. Ils
préféreraient se consacrer entièrement à la
recherche et ainsi en faire profiter les étudiants
intéressés et l'institution. Ce sont les étudiants qui en
subissent les conséquences néfastes: des professeurs peu
intéressés.
Beaucoup, finalement, aiment le système actuel - je croîs
que c'est l'ensemble - qui marie bien l'enseignement et la recherche. Pour
améliorer la qualité de l'éducation dans nos
universités, tout en réduisant les coûts, nous
suggérons la création de quatre statuts de professeurs -vous en
avez trois dans le mémoire, et un sur l'erratum qu'on vous a
distribué - soît le professeur, celui qui ne fait pas de recherche
et qui se consacre à l'enseignement; le professeur-chercheur,
c'est-à-dire le statu quo par rapport à la situation actuelle; le
chercheur qui fait de la recherche à temps plein et encadre des
étudiants de 2e et 3e cycles; enfin, la quatrième
catégorie, les chercheurs émérites, les retraités.
Ils sont payés à même leur fonds de retraite, ils font de
la recherche ou gèrent celle-ci, et l'établissement leur fournit
bureau et services.
Il y a plus de professeurs qui optent pour l'enseignement à temps
plein plutôt que pour la recherche, se basant sur une étude
publiée l'an dernier par l'Université de Montréal. Il est
à noter que le choix est laissé au professeur également.
À cet effet, on comprend la réticence des professeurs à la
lumière des actions que les administrations ont posées dans le
passé et l'utilisation qu'elles pourraient être tentées de
faire par rapport au choix du professeur.
Si un professeur veut continuer de combiner l'enseignement et la
recherche, cette formule lui en laisse la possibilité. Des
critères d'évaluation de la recherche feront, cependant, en sorte
d'éliminer le problème des professeurs qui sont
présentement payés pour de la recherche qu'ils ne font pas. Les
chercheurs à temps plein pourront, grâce à leur
libération, se consacrer presque entièrement à leurs
recherches, faire croître la réputation de l'établissement
et contribuer activement à son développement.
La mobilité, du moins à l'intérieur du
réseau de l'UQ, étant donné le système de
communications privilégié entre les constituantes, devrait
être encouragée principalement dans les centres hors campus
où les chargés de cours sont présentement
omniprésents. Il ne coûte, d'ailleurs, pas plus cher pour une
constituante de l'Université du Québec en régions de faire
venir un professeur de l'UQAM qu'un chargé de cours
de Montréal. C'est évidemment un choix de gestion. On
pourrait ainsi économiser sur les coûts d'autres chargés de
cours et le professeur pourrait simultanément échanger avec
d'autres professeurs dans d'autres constituantes sur les différents
travaux de recherche en cours et sur leur développement.
La permanence et l'évaluation. Le problème le plus
important concernant les professeurs demeure le non-renouvellement du corps
professoral. En plus de la mise à la retraite de certains professeurs
énoncée plus haut, c'est-à-dire la préretraite,
nous demandons l'instauration d'un système d'évaluation des
professeurs et de leur enseignement. Ceux-ci se verraient offrir un contrat de
dix ans. Durant cette période, une évaluation progressive du
professeur et de son enseignement est faite sur la base de questionnaires
destinés aux étudiants à la fin de chaque session, de ses
travaux de recherche, s'il y a lieu, et de l'opinion de ses confrères,
c'est-à-dire de l'évaluation de ses confrères. Un
comité de coordination formé d'étudiants, de professeurs
et d'administrateurs est chargé d'assurer la bonne marche de
l'évaluation.
Si l'évaluation se révèle positive - je crois que
le barème sera déterminé en fonction de cette
évaluation - un nouveau contrat de dix ans lui est automatiquement
accordé; sinon, un contrat d'une durée de trois ans est
signé. Si la situation ne s'est pas améliorée à la
suite de l'évaluation de ces trois ans, le professeur est
congédié. Si la situation est corrigée, un nouveau contrat
de dix ans lui est accordé. Cela fait donc treize ans, plus la
possibilité de renouvellement automatique advenant une évaluation
positive.
Nous croyons que la durée de dix ans assure une certaine
sécurité d'emploi nécessaire à un bon climat de
travail. Elle permet aussi d'éviter le facteur émotionnel de
l'évaluation. Ainsi, un professeur qui serait affecté d'une
dépression pendant deux ans, par exemple, pour cause de divorce ou de
mortalité, ne verrait ce facteur n'influencer qu'un cinquième de
son évaluation.
C'est donc un système de quasi-permanence qui, dans un sens, ne
produira probablement pas beaucoup de mises à pied; le recyclage, ainsi
qu'une actualisation des méthodes d'enseignement sont importants.
À ce point de vue, nous trouvons important que les professeurs puissent
se recycler, au moins tous les dix ans, et que des sessions sabbatiques leur
soient payées en ce sens.
Les administrations. Le vrai problème de nos universités
en est un de gestion. Comme les trois petits singes, le gouvernement ne voit
rien, les conseils d'administration universitaires n'entendent rien et les
syndicats ne disent rien.
La gestion des universités au Québec est
présentement assumée par un groupe d'individus assez
fermé, considéré par la communauté universitaire
comme la mafia universitaire. Un tel système fermé fait en sorte
que, si une personne ne partage pas les points de vue du groupuscule au pouvoir
dans une université, ses chances de travailler efficacement sont presque
réduites à néant à la suite des pressions des
administrateurs. Il faut, en effet, se poser sérieusement des questions
quand on voit des doyens démissionner, comme c'est le cas à
l'UQAC.
C'est pourquoi nous demandons la tenue d'une commission d'enquête
sur l'administration universitaire. Cela entraînerait sûrement un
nettoyage des éléments négatifs du milieu universitaire et
ferait en sorte que les investissements futurs dans les universités
soient bien gérés.
Il y a également la problématique de la place des
étudiants dans la gestion. Â l'UQAC, c'est un
phénomème bien précis, c'est-à-dire que, depuis
novembre 1984, il n'y a aucun étudiant qui siège au conseil
d'administration. Cela fait maintenant deux ans. Donc, c'est une
problématique au niveau de la loi 32 qui vous est exprimée ici
dans le mémoire. Vous pourrez le lire.
Pour terminer, on a préparé une nouvelle recommandation,
la 24, qui est dans l'erratum. On recommande l'élaboration d'un nouveau
système d'aide financière basé sur la
réalité socio-économique actuelle du Québec et en
tenant compte des priorités sociales de l'accessibilité en
matière d'aide financière. À cet effet, M. Bégin va
expliquer le feuillet que vous avez reçu: À la recherche d'un
système idéal.
M. Bégin: J'essaierai d'être aussi bref que
possible.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Prenez le temps
qu'il vous faut pour bien nous expliquer cela. J'ai la réputation
d'encadrer le travail des députés; mais celui de nos
invités, jamais.
Une voix: Ha! Ha!
M. Begin: C'est bien. Lorsqu'un système informatique -
d'ailleurs, notre analyse se base là-dessus - a subi plus de 10 % de
modifications, il est souvent moins coûteux et plus efficace d'en faire
un nouveau plutôt que d'essayer de rajuster l'ancien. C'est le cas du
système de prêts et bourses* qui, depuis les années
soixante, a subi maintes et maintes modifications sans pour autant satisfaire
ses utilisateurs. Ce n'est pas surprenant, puisque celui-ci ne correspond plus
à la réalité socio-économique d'aujourd'hui. C'est
un système incompréhensible où même les
spécialistes sont incapables de se retrouver tant les
différentes réglementations s'enchevêtrent.
Il est grand temps de poser les vraies questions et de mettre sur pied
un nouveau système qui rejoint les préoccupations de ses
utilisateurs. Nous avons fait l'exercice et nous croyons avoir trouvé
une solution à tout le moins beaucoup plus simple et efficace. Dans un
premier temps, la première préoccupation en est une
d'accessibilité financière à l'éducation
postsecondaire. Dans un deuxième temps, une préoccupation
d'équité pour tous les utilisateurs. Nous rejoignons ces deux
préoccupations. Il faut dire que ce n'est pas tant l'endettement qui est
grave que les modalités de remboursement du présent
système.
Nous préconisons un nouveau mécanisme quant au
remboursement. Il ne faut pas, non plus, se leurrer concernant les bourses
actuelles qui, en fait, souvent ne sont pas aussi élevées que le
montant des intérêts que nous paierons lors du remboursement des
prêts qui nous sont consentis. C'est pourquoi nous favorisons la solution
des prêts sans intérêt, qui permet de connaître le
niveau d'endettement réel. Nous croyons que la société a
la responsabilité, dans son ensemble, de voir à maintenir pour
l'étudiant l'accessibilité financière. Du même coup,
les parents ont une responsabilité directe et se doivent alors de
contribuer spécifiquement au financement.
Le système actuel calcule une contribution des parents, mais ne
contient aucun mécanisme pour la vérifier. Nous entendons le
faire. Le système serait administré par le ministère du
Revenu et serait grandement simplifié, générant des
économies considérables au plan de la papeterie et du traitement
des demandes. Tout serait traité selon le niveau d'études,
collégial ou universitaire, de la même manière
indépendamment de la provenance familiale ou de quelque autre
critère quant à l'attribution de l'aide financière et du
montant consenti. Dès l'entrée à l'université ou au
collège, chaque étudiant se verrait remettre un premier
chèque d'une série de cinq correspondant à une fraction du
montant total de l'aide financière accordée pour le niveau
d'étude fréquenté. Il recevrait subséquemment les
autres tranches au cours de l'année scolaire, pour autant qu'il soit
toujours reconnu comme étudiant à temps complet de son
établissement d'enseignement. Ainsi de suite d'année en
année jusqu'à ce qu'il quitte pour le marché du travail.
Rappelons qu'il s'agit de prêts sans intérêt et que ceux-ci
seront assumés par l'État tant et aussi longtemps que le
prêt ne sera pas entièrement remboursé par
l'étudiant.
Source de financement du système. Le financement proviendra de
deux sources: du budget actuel des services de prêts et bourses, avec des
économies de papeterie, de formulaires de demande, de traitement des
demandes etc., et d'une contribution réelle des parents pour la
période d'études de leur enfant. Expliquons-nous. Il y aura une
contribution des parents, et nous insistons sur le "des" puisque le calcul
s'effectuerait sur la base des déclarations de revenu des deux parents,
le cas échéant, mariés ou non, à l'aide d'une table
de contributions incluse au rapport d'impôt pour fins de calcul et
après déductions admissibles. (17 h 30)
La contribution des parents se ferait au prorata des revenus de chacun,
mais serait, cependant, calculée sur la base de leurs revenus globaux
une fois ceux-ci jumelés. Ces contributions seraient, bien sûr,
déductibles d'impôt. Afin de permettre la planification d'une
telle contribution, il y aurait lieu de créer un programme
d'épargne-étude sur le modèle des programmes
d'épargne-logement. C'est là que le système rejoint notre
préoccupation de responsabilité spécifique des
parents.
Pour ce qui est de la responsabilité sociale, lorsque le calcul
de la contribution des parents sera inférieur au montant
prêté à l'étudiant, c'est l'État qui
financera la différence. À titre d'exemple, le couple,
père et mère, gagnant plus de 100 000 $ pourrait bien, en vertu
du régime, être appelé à fournir 100 % du montant
prêté à leur enfant par l'État, tandis que celui
gagnant 25 000 $ pourrait contribuer è 20 % et l'État assumerait
la différence. Maintenant, tout montant versé au ministère
du Revenu par les parents serait comptabilisé durant toute la
période d'études de leur enfant et, lorsque celui-ci sortirait du
système d'éducation, les parents se verraient rembourser par le
gouvernement par tranches réparties sur trois ou cinq ans le montant
total pour lequel ils ont contribué. Ces remboursements seraient,
évidemment, imposables une fois ajoutés à leur revenu.
Modalités de remboursement par l'étudiant. Quant à
l'étudiant, celui-ci se voit dans l'obligation de rembourser le
ministère du Revenu en fonction de son revenu après
déductions admissibles lors de la production de sa déclaration de
revenu suivant une table de remboursement et ce, même lorsque celui-ci
est encore aux études. Cette mesure existe afin que, si un
étudiant gagne un revenu important tandis qu'il est aux études,
l'État ne le finance pas en plus. Un étudiant n'ayant d'autres
revenus que le régime n'a aucune contribution de remboursement à
verser. Il y a lieu aussi de fixer un montant pouvant être gagné
durant les études sans pour autant qu'il y ait une contribution à
verser à titre de remboursement. Une fois sur le marché du
travail, une contribution de remboursement minimale fixée à 250 $
ou calculée en fonction de la table, le plus élevé des
deux, serait imposée à l'étudiant lors de sa
déclaration d'impôt sur le revenu.
De telie manière, un étudiant se retrouvant sans emploi
à sa sortie ne serait pas confronté à des remboursements
insurmontables et à une situation financière des plus difficiles,
tandis que celui gagnant un gros salaire se verrait appelé à un
remboursement rapide du montant mis à sa disposition. C'est ce que nous
appelons un système simple et équitable qui assure des
modalités de paiement qui font de l'endettement pour fins
d'études un moindre mal en attendant que notre société
puisse se permettre mieux encore dans sa recherche d'un système
idéal.
M. Côté (Yvan): Pour terminer au niveau de l'aide
financière, il est également mentionné dans le
mémoire, à la page 21, que, pour favoriser un cheminement normal
de l'étudiant, il existerait le remboursement d'un pourcentage de la
dette de l'étudiant ayant fait son baccalauréat, sa
maîtrise ou son doctorat dans les délais requis et ayant eu un
résultat supérieur à la moyenne. Donc, un pourcentage des
étudiants ayant fait leur baccalauréat en trois ans se verraient
ainsi réduire leur dette. Nous croyons que cette suggestion ferait
chuter le nombre d'abandons du 1er cycle et ferait grimper le nombre
d'étudiants à plein temps au détriment de ceux à
temps partiel.
Donc, c'est l'ensemble des 26 recommandations; vous pouvez les consulter
à la fin. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. le président, de votre exposé, ainsi que de celui de
votre collègue. On a commencé à vous entendre à 17
h 5. Nos règlements nous demandent de terminer à 18 heures,
à moins que je n'aie le consentement. Je sollicite immédiatement
le consentement des deux côtés, du côté
ministériel et du coté de l'Opposition, pour dépasser 18
heures, si on veut vous donner votre heure, jusqu'à 18 h 15 au maximum.
D'accord? Y-a-t-il consentement?
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a
consentement. M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: On m'a averti de bien des sources d'être le plus
aimable possible, ce que je pensais être toujours. Je veux vous dire que,
sans aucune recherche d'artifice, j'ai trouvé intéressant le
mémoire que vous nous avez soumis. D'abord, on voit que cela n'a pas
été écrit par un technocrate commandé et que c'est
votre réflexion à vous. C'est cela que nous voulons avoir quand
nous entendons des représentants d'organismes étudiants. On veut
avoir le fruit de la réflexion des personnes qu'ils représentent
et, de ce côté-là, le ton général du
mémoire, la facture du mémoire, l'indique assez bien. C'est
l'impression que j'ai eue et je vous le dis bien simplement.
Une chose que j'ai appréciée également: vous avez
réussi à dépasser ce que j'appellerais la tentation du
nombrilisme. Vous avez épousé le problème des
universités dans son ensemble. Vous auriez pu nous parler uniquement de
vos chicanes de représentation à l'Université du
Québec à Chicoutimi. Il y a un bref passage là-dessus. Je
vous remercie de nous avoir fait grâce des détails. C'est un
problème qui est devant les tribunaux, si je comprends bien, et que nous
suivons de très près, que nous regrettons, mais où il y a
des choses à "dirimer" de part et d'autre, si vous voulez en venir
à une solution. On pourra en parler tantôt. Mais je vous remercie
de ne pas nous avoir présenté ce problème comme votre
souci majeur. Ça l'est peut-être en pratique, mais votre
mémoire nous parle d'autre chose et il nous parle de choses qui nous
intéressent au plus haut point, ce dont je vous suis reconnaissant.
Je pense que c'est un mémoire qui nous apporte les questions les
plus radicales; d'un côté, on s'attend à cela. On a besoin
d'être interpellés à ce niveau-là. Cela ne veut pas
dire qu'on tombe d'accord sur tous les points, mais on est interpellé et
on est obligé de faire face à des problèmes qui nous sont
posés. C'est l'un des buts d'une commission parlementaire comme
celle-ci. J'ai bien apprécié surtout de ne pas avoir
trouvé dans votre mémoire la rhétorique facile qu'on
trouve assez souvent. Cela m'encourage énormément.
Vous avez posé au début le problème du cégep
par rapport à l'université. D'ailleurs, vous avez une
recommandation à la fin de votre liste de recommandations
là-dessus. Vous dites qu'il y a des problèmes de jonction qui ne
sont peut-être pas réglés aussi harmonieusement et
définitivement qu'on pourrait le penser. C'est l'une des rares fois au
cours des audiences de la commission que ce problème a été
posé. À quelques reprises, par leurs questions, les
parlementaires ont voulu évoquer ce problème et cela n'a pas
pris. La canne à pêche est tombée dans l'eau et les
poissons n'ont pas mordu. Mais vous posez le problème. Je veux vous dire
que c'est une question qui me préoccupe et à laquelle je n'ai pas
de solution immédiate. Mais c'est une question qui fait partie de celles
qui habitent mon esprit et que nous devons continuer à nous poser au
cours des années futures parce que c'est l'un des points sur lesquels
nous sommes à peu près seuls de notre espèce en
Amérique du Nord. Il y a un prix à payer pour ces
différences que nous poussons souvent à l'extrême. Je ne
remets rien en cause pour l'instant, mais, dans mon
esprit, cette question est soulevée et je suis bien content de
l'avoir trouvée dans le mémoire que vous nous présentez
aujourd'hui.
Vous présentez une suggestion qui est très
intéressante au point de vue de l'avenir et de la structure de nos
universités. Cela peut sembler bizarre que, à travers le concert
d'unanimité un peu conventionnel que nous avons entendu depuis le
début, vous veniez nous dire que le même système
d'université pour tout le monde, ce n'est pas une bonne chose; on
aimerait qu'il y eût un certain nombre d'universités
privées et un grand réseau public d'institutions universitaires
qui regrouperait d'autres établissements, dont celui où vous
oeuvrez actuellement.
L'idée peut sembler étonnante pour un public
québécois; elle n'est pas étonnante pour un public
américain parce que c'est l'équivalent du système qu'on a
aux États-Unis. Aux États-Unis, on a des universités
d'État dans un grand nombre d'États à côté
desquelles il y a des universités privées. C'est vrai qu'entre
les frais de scolarité, en particulier, exigés par les unes et
les autres, il y a des écarts considérables, les frais de
scolarité exigés par les universités publiques
étant de beaucoup inférieurs aux frais de scolarité
exigés par les universités privées.
Je vous souligne cependant que, même dans les universités
publiques, la moyenne que nous établissons, nous, ici, est autour de
1500 $ par année en frais de scolarité et non pas 550 $ comme
nous l'avons au Québec, avec un dollar américain, comme vous le
savez, qui a une valeur de 33 % de plus que le nôtre. Mais, quand
même, cette chose est très intéressante. J'ai essayé
de faire des calculs rapides sur ce qu'impliquerait votre proposition, sous
l'angle de l'augmentation des frais de scolarité qui devrait
découler de votre recommandation pour les universités qui s'en
iraient dans le secteur privé. Ce ne sont pas des choses qui sont
impossibles à considérer. En tout cas, il y a des
éléments sur lesquels nous allons faire des calculs,
réfléchir et dont nous allons discuter, je vous remercie d'avoir
proposé ces perspectives parce que cela nous oblige à
réfléchir. Cela nous sort des sentiers battus et j'estime que ce
n'est pas de la démagogie.
Sur le statut des professeurs, des questions très impartantes
aussi ont été soulevées. Je ne sais pas dans quelle mesure
le système que vous proposez pourrait s'appliquer. Des recommandations
un peu semblables nous ont été faites antérieurement. Je
pense qu'il y a un effort de réflexion pour essayer de sortir de
l'espèce de cercle vicieux dans lequel peut déboucher le
régime de permanence. Il y a de très bons arguments en sa faveur.
Il y a aussi un certain nombre d'inconvénients. Vous optez pour une
façon de voir. Cela nous interpelle encore une fois et c'est loin
d'être négligeable, la manière dont vous le faites, bien au
contraire.
Sur l'aide financière, il y a des propositions qui
témoignent d'une réflexion aussi, franchement, 11 y en a une qui
est plus difficile - je vous le dis tout de suite -c'est la deuxième,
quand vous recommandez que les étudiants soient tous
considérés comme autonomes et aient accès à un
prêt de 4000 $ plus le montant des frais de scolarité, sur
demande. J'ai essayé de faire une estimation du coût. J'ai
demandé à nos collaborateurs du ministère de faire une
estimation du coût éventuel d'une mesure comme celle-là.
Les calculs préliminaires que nous établissons ce ne sont pas du
tout des calculs définitifs - vont chercher quelque chose de l'ordre de
300 000 000 $. Pardon?
Mme Blackburn: Additionnels?
M. Ryan: Oui, par rapport à ce que nous dépensons
actuellement. C'est une chose à laquelle il faudrait penser de
très près. Nous l'avons déjà dit à plusieurs
reprises depuis le début des travaux de la commission, nous ne sommes
pas capables d'envisager actuellement l'élimination de ce régime
qui reconnaît un étudiant comme dépendant de sa famille,
parce que cela entraînerait plusieurs centaines de millions de dollars
d'augmentation; nous ne sommes pas capables de le faire actuellement. Quand
même, je pense que l'idée, en soi, est juste. Si vous me
demandiez: Est-ce que vous ne considérez pas qu'une personne qui est
apte à voter devrait aussi être considérée comme
autonome, je vais vous répondre spontanément oui. Je vais vous
répondre oui sans hésitation, comme elle est aussi apte à
faire partie de l'armée si on a besoin d'elle; c'est vrai.
D'autre part, il y a ces limites financières qui sont
omniprésentes dans les décisions que nous devons prendre et aussi
la concurrence qui vient d'autres besoins encore plus aigus d'autres secteurs
de la société qui nous oblige à tenir compte de facteurs
comme ceux-là. C'est le cas, d'ailleurs, pour l'aide sociale aux jeunes
également. Je pense bien que, même le parti qui nous a
précédés au pouvoir aurait voulu donner
l'égalité dans les allocations d'aide sociale, II n'a pas pu le
faire parce qu'il trouvait qu'il y avait des priorités plus
impérieuses qui le sollicitaient autour d'autres objets. En tout cas, ce
sont des choses dont on discute.
Les autres propositions, par ailleurs, je pense qu'il y aurait lieu de
les étudier soigneusement, même dans une perspective plutôt
prochaine. Il y a des choses que l'on pourrait tirer de là, me
semble-t-il, qui pourraient être extrêmement
intéressantes.
Cela résume un peu l'impression que je retire de la lecture de
votre mémoire et de
l'écoute que j'ai faite du résumé que vous nous en
avez donné. Par conséquent, j'exprime une pensée
d'appréciation. Ce n'est pas seulement pour être agréable
envers mes collègues et vous-mêmes. J'ai l'habitude de dire le
fond de ma pensée. Encore une fois, je vous remercie.
Maintenant, je vous poserai peut-être quelques questions, puisque
le temps s'écoule. Dans votre mémoire, de toute façon, il
y a bien des choses qu'on pourra reprendre en temps utile. En quoi pensez-vous
que la création de deux classes d'étudiants universitaires...
C'est l'objection de fond qu'on soulèvera au sujet de votre suggestion
principale. Vous dites: Ayons des universités privées, payons un
réseau d'établissements universitaires publics. Vous créez
ainsi deux classes d'étudiants. Il y en a qui seront des
étudiants à 2000 $ par année de frais de scolarité
et d'autres qui seront des étudiants, éventuellement, si on suit
votre suggestion, qui ne paieront pas de frais de scolarité. N'oublions
pas une chose, chaque année où on décide de ne pas
augmenter les frais de scolarité, on fait un pas vers la gratuité
sans avoir toujours la logique de se l'avouer. (17 h 45)
Qu'est-ce qui justifie la création de deux classes
d'étudiants aussi marquées? Les quatre universités que
vous choisissez pour aller dans le secteur privé regroupent au moins 60
% de toute la clientèle étudiante universitaire en
équivalence temps complet. Sur la base de quelles raisons, de quelles
considérations allez-vous créer deux classes d'étudiants
universitaires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M.
Côté ou M. Bégin.
M. Bégin: M. le ministre, en réalité, comme
l'explique un peu notre mémoire, c'est sur la base du discours de ces
établissements. D'une part, l'Association générale
étudiante de l'Université du Québec à Chicoutimi ne
favorise pas nécessairement deux classes d'étudiants, loin de
là. L'Association générale étudiante de
l'Université du Québec à Chicoutimi favorise
l'accès pour tout le monde. On dit dans notre préambule que, si
on fait le choix au Québec de hausser les frais de scolarité,
avec les conséquences que cela aura, le Québec ne peut se
permettre de mettre tous ses oeufs dans le même panier pour faire, dans
cinq ans, un constat d'échec devant ce choix.
Nous disons: Comme population, comme société responsable,
on doit garantir dans un système l'accessibilité à toute
personne qui voudrait poursuivre des études de niveau supérieur.
C'est à cet effet que nous suggérons la création d'un
réseau public qui aura cette mission. Nous ne sommes pas contre le libre
choix de l'individu de faire des choix et, dans la mesure où on garantit
l'accessibilité à l'éducation supérieure, nous
croyons que les établissements ont le droit, à ce
moment-là, de faire des choix. Ce sera le marché qui
équilibrera ce choix, finalement.
M. Ryan: Je voudrais faire une correction. On m'indique que la
clientèle des trois universités dont j'ai parlé
représente 48 %. Si on ajoute la quatrième dont vous avez
parlé, cela ira probablement chercher 50 %, et non pas 60 %, comme je
l'ai dit. Cela ne change pas le problème, mais c'est une
précision qu'il est bon d'apporter.
Ce qui me paraît difficile dans votre argument, vous
répondez: Nous fonctionnons d'après le discours que tiennent les
représentants de ces institutions. Il y a des étudiants dans ces
universités, comme il y en a à l'Université du
Québec à Chicoutimi. Est-ce que vous tenez compte de leur
discours? Je pense qu'eux s'opposeraient à une telle distinction. Ne
doit-on pas prêter l'oreille autant aux besoins de ces étudiants
qui sont sensiblement les mêmes que les vôtres pour la très
grande majorité? Je ne comprends pas très bien comment on
pourrait faire cela après ce que nous avons fait au Québec depuis
vingt ans. En soi, il n'y a pas de problème. Aux États-Unis,
comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a un système un peu comme
celui que vous proposez. Mais, au Québec, après être
allés vers une démocratisation beaucoup plus grande de
l'accès à l'université, est-ce que cela ne serait pas un
pas en arrière que de faire ce que vous proposez?
M. Bégin: En fait, M. le ministre, on croît que les
universités traditionnelles ne seraient pas capables de relever le
défi. Nous ne sommes pas de ceux qui croient que l'Université du
Québec est une université de second ordre. Nous sommes confiants
que l'université traditionnelle au Québec - et nous parlons de
Laval, de McGill, de Bishop et Montréal, évidemment - ne serait
pas capable de relever le défi. Nous croyons que l'augmentation des
frais de scolarité au Québec est une barrière suffisante
à l'accessibilité qui fait en sorte que si on maintient un
réseau public avec l'accessibilité, les universités
traditionnelles ne seraient pas capables de relever le défi. On est
prêt à les laisser essayer.
M. Côté (Yvan): Comme complément, je dirai
que nous avons identifié des problématiques qui pourraient amener
des diminutions importantes de la clientèle de l'ensemble du
réseau universitaire du Québec, particulièrement du
réseau UQ. Une hausse des frais de scolarité aurait une certaine
répercussion négative sur précisément les
universités en région, étant donné l'optique d'une
structure quand même bien implantée
des universités traditionnelles. On estime que, pour le
réseau UQ principalement, une hausse des frais de scolarité
ferait en sorte qu'il y aurait un mouvement de la clientèle vers les
institutions de type traditionnel. D'autre part, je pense que les
étudiants, quant à faire un cours universitaire en s'endettent de
plus en plus, choisiraient la voie des cégeps techniques avec
spécialisation à temps partiel lorsqu'ils auraient un
régime établi, c'est-à-dire un emploi stable, etc. Nous
croyons que le fait de hausser les frais de scolarité aurait des effets
très néfastes sur le réseau de l'Université du
Québec.
C'est ce qui nous a amenés à suggérer des
propositions comme celles qu'on a avancées, c'est-à-dire une
démocratisation vers les régions des universités du
Québec, à Montréal et à Québec, étant
donné le bassin de population, et donner le libre choix aux gens d'aller
vers les institutions qu'ils préfèrent, et aider d'ailleurs les
étudiants qui choisiraient l'université dite privée
plutôt que l'Université du Québec par un système de
prêts. Sauf que l'argent récupéré de ce
système - on dit qu'on financerait les institutions privées
à 80 % - servirait au développement qui a été un
peu, à notre avis, perturbé par les compressions,
c'est-à-dire une certaine stabilisation avec une augmentation de
clientèle.
Donc, il faudrait investir dans le développement du réseau
pour en arriver à un réseau public très compétent
et à un réseau privé qui a déjà les
infrastructures disponibles. Cette recommandation, c'est dans la perspective
où une hausse des frais de scolarité, à notre avis, serait
très défavorable aux régions principalement et au
réseau de l'Université du Québec.
M. Ryan: On m'indique que mon temps est terminé. C'est
malheureux, je reviendrai peut-être un petit peu tantôt vers la
fin. J'apprécie les réponses.
Le Président (M. Parent (Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président - je pense qu'on dit M. le secrétaire
général dans les associations étudiantes - messieurs,
permettez-moi une remarque. Je ne vois pas beaucoup de filles. Elles doivent
être 50 % chez vous. C'est un peu comme dans l'administration et
ailleurs. Je voudrais vous souhaiter la bienvenue et vous dire que je suis
heureuse de vous retrouver ici. On l'a dit au moment où les
étudiants sont venus faire des présentations ici devant nous, il
est important de voir la réalité des universités
présentée par le biais de ceux qui la fréquentent. Il est
juste de dire, et ce n'est pas ce qu'on attend de vous, que
généralement vos analyses ne se veulent pas exhaustives et fines,
sauf que je pense bien qu'elles font état de vos perceptions et des
situations que vous vivez à l'intérieur des
établissements. C'est pourquoi votre participation aux travaux de la
commission parlementaire est extrêmement importante. Je voudrais pour
cela vous remercier, de même que saluer, par la même occasion, les
personnes qui vous accompagnent.
Je passerais quand même sans plus tarder à des questions
d'éclaircissement, si vous me le permettez. Contrairement au ministre,
je dois dire que je trouve intéressant le système que vous
proposez. Somme toute, il y a effectivement des parents qui ne paient pas leur
contribution, même si le calcul de l'aide financière
établit qu'ils devraient le faire. Cela permet de corriger ces
situations qui deviennent difficiles pour certains étudiants et
certaines étudiantes. Par ailleurs, les parents qui paient effectivement
les études de leurs étudiants ne reçoivent pas une
déduction d'impôt comparable. Je pense que ce serait un avantage
que vous n'avez peut-être pas évalué, mais qui est
important pour les parents. Vous dites que ce serait déductible
d'impôt, mais, en ce qui me concerne, ce serait nouveau parce que j'ai
payé les études de mes enfants et ce n'était pas
déductible d'impôt, sauf une partie relativement faible de ce que
cela coûte.
Il y a une chose qui m'a étonnée un peu et qui,
finalement, fait peut-être monter les coûts du système
proposé. Vous remboursez à la fin les parents, si j'ai bien
compris. Pourquoi?
M. Bégin: Je vais vous expliquer. Il faut bien comprendre
qu'il s'agit d'un système qui ne s'apparente en rien au système
précédent, c'est-à-dire que la contribution des parents
déductible de l'impôt - il faut bien suivre le
développement - c'est seulement au moment où le parent contribue.
Ce dernier est remboursé et lorsque ce montant lui est remboursé,
à ce moment-là il paie l'impôt sur ce montant. Cela se
trouve à être un prêt en capital d'un parent à son
enfant pour la durée de ses études et ce capital lui est
remboursé, capital que le gouvernement accepte de lui faire passer en
franchise d'impôt à son enfant et, au moment où il le
récupère par le biais du système, comme il aurait dû
le faire au moment où le gouvernement a fait la déduction, il
paie l'impôt. C'est uniquement une mesure qui est un transfert fiscal et
il va récupérer le même montant, mais celui-ci est
différé.
Mme Blackburn: J'ai bien compris votre système.
D'ailleurs, même si cela peut sembler complexe, c'est assez clairement
expliqué. Tout ce que je voulais savoir, c'est
ceci. Actuellement, il n'y a aucun retour. Les parents ne retrouvent pas
les sommes qu'ils ont investies dans la formation des étudiants, la
formation de leurs enfants. Pourquoi un retour? Pourquoi rembourser les
parents? C'est ma question.
M. Bégin: En réalité, je pense que s'il y
avait un projet... On voulait présenter un projet qui soit à la
fois fonctionnel et acceptable pour une mise en application. Je crois que si un
gouvernement voulait mettre en application un système où il
aurait une contribution nette, fiscale, sans remboursement, j'aimerais voir
quel gouvernement adopterait cette mesure.
Mme Blackburn: Vous n'avez pas fait état là-dedans
de la durée des études. Par exemple, ma fille décide de
rester, de prendre sept ans pour faire un bac. Est-ce que moi, comme parent, je
suis obligée de contribuer pendant sept ans?
Une voix: Bien oui.
M. Côté (Yvan): Oui. Je pense qu'il y a des
incitatifs qu'on a mentionnés dans l'aide financière, des
incitatifs à terminer, faire un cheminement normal, autrement dit. Donc,
ces incitatifs demeurent. Si on prend le texte: un remboursement de la dette de
l'étudiant soit à l'obtention de son bac ou dans un temps de
cheminement régulier, la maîtrise dans le cadre d'un cheminement
régulier et le doctorat dans te cadre d'un cheminement régulier,
il est certain que, s'il y a une continuité pour sept ans, le
système va continuer à fonctionner. Il y aura des contributions
des parents qui vont être proportionnelles au salaire,
c'est-à-dire que ce sera proportionnel au salaire du parent, selon une
table d'impôt. Donc, cela ferait une contribution, par exemple, un
endettement de 42 000 $ pour l'enfant, donc, je ne pense pas que
l'étudiant à 42 000 $ va continuer à s'endetter longtemps.
Je pense que rendu à un certain montant il y aura des incitatifs
naturels à terminer. Je pense que la mesure est pour cela.
Mme Blackburn: L'endettement forcerait un peu les
étudiants, les jeunes à terminer plus tôt. Jusqu'à
quel âge les parents sont-ils responsables selon vous par rapport aux
jeunes? Ce n'est pas l'objet, mais je me sens comme obligée.
M. Bégin: C'est une bonne question. C'est moi qui vais
répondre à cela. Eu égard au Code civil du Québec,
un parent est responsable de son enfant toute sa vie, et un enfant est
responsable de ses parents toute sa vie. Donc, gardons le Code civil en vue,
amendons-le, le cas échéant.
Mme Blackburn: Avez-vous des enfants?M.
Bégin: Oui.
Mme Blackburn: Je vais revenir sur le sujet. Est-ce que vous avez
examiné l'hypothèse - quoique, évidemment, elle est fort
différente de la vôtre et la vôtre prend en
considération tous les coûts essentiels de la formation,
c'est-à-dire les frais de scolarité plus les frais de survivance,
de subsistance, survivance aussi - qui est avancée par la Commission
jeunesse du Parti québécois et qui serait un impôt
étudiant qui aurait comme effet de payer les frais de scolarité.
Évidemment, cela ne toucherait pas aux autres frais de subsistance. (18
heures)
M. Bégin: Par rapport à un impôt
étudiant, il faut savoir qu'il faudrait déterminer s'il est
rétroactif pour tout le monde qui a eu un statut d'étudiant. S'il
ne l'est pas, ce serait là une mesure fiscale ou de taxation qui serait
discriminatoire en fonction de l'âge, c'est-à-dire que quelqu'un
qui aurait tel âge, parce qu'il est né dans le mauvais temps, se
verrait imposer une taxe ou un impôt, tandis qu'une personne qui serait
née avant, la chanceuse, s'en sort. Nous pensons qu'il serait mieux
d'avoir un régime qui soit indépendant de toute taxation, parce
qu'il y a une chose qu'on peut réaliser, c'est que, lorsque l'on impose
une taxe la première fois, on sait à quoi elle sert, mais, avec
le temps, on ne sait plus trop à quoi elle sert. On peut donner
l'exemple des taxes sur les cigarettes et l'essence qui paient n'importe quoi.
Donc, on ne voudrait pas se retrouver avec un champ de taxation qui puisse,
à un moment donné, s'emballer et servir à tout autre
chose.
Mme Blackburn: Vous dites qu'il y aurait une
inéquité à l'endroit de ceux qui seraient imposés
et que ceux qui auraient terminé plus tôt ne le seraient pas.
C'est que ceux qui terminent actuellement le paient déjà et
immédiatement. C'est ce pourquoi ils ne seraient pas imposés par
la suite. Je ne vois pas l'inéquité par rapport à cela.
Par rapport à votre deuxième préoccupation, cependant,
cela vous donne et cela donnerait aux étudiants moins de contrôle
sur l'augmentation des frais de scolarité et pas davantage sur
l'utilisation qui pourrait en être faite.
Le ministre, tout à l'heure, a insisté sur les
conséquences que pourrait avoir le choix que vous proposez de
créer deux réseaux, un réseau privé et un
réseau public. Je dois dire que je partagerais, si jamais il abondait
dans ce sens-là, ses préoccupations. Je trouve qu'il est trop
facile de faire des comparaisons avec les Etats-Unis. Vous savez, vous
connaissez un peu votre géographie. Si vous allez dans la région
de
New York, vous avez 11 000 000 d'habitants. Si vous vous en allez un
petit peu dans la pointe où les Québécois vont beaucoup,
en Floride, vous retrouvez, à quelque 30 milles de distance, 9 000 000
ou 10 000 000 d'habitants. C'est cela, la population. Quand on parle d'une
densité telle, je pense qu'on peut penser à des régimes
fort variés qui sont acceptables chez eux. II faut dire aussi qu'on n'a
pas là-bas tout à fait les mêmes préoccupations de
démocratisation qu'on a ici au Québec.
Je voudrais mieux comprendre votre recommandation sur la suppression -
sur une tout autre question - d'une année du cégep
général. Je n'ai pas très bien...
M. Côté (Yvan): C'est-à-dire...
Mme Blackburn: C'est la toute dernière, je pense.
M. Côté (Yvan): Oui, c'est la 26e. Il y a
un texte détaillé en page 6 qui analyse cette situation. Il ne
faut pas oublier que certains programmes de cégep recoupent ceux des
universités. D'ailleurs, j'ai eu connaissance, à quelques
reprises, de certains projets voulant faire l'équivalence entre un
cégep et l'université, donner des équivalences à
l'université, etc. Je pense qu'on commençait à
préciser les possibilités d'entrecouper cégep et
université. Disons qu'il y a une différence fondamentale. Au
cégep, les deux années qu'on fait, le général du
cégep sert plutôt à orienter l'étudiant vers une
branche ou une autre. Donc, on considérait, étant donné le
peu de progression entre le cégep et l'université - je pense que
c'est 15 % des étudiants de cégeps qui progressent vers les
universités, je crois que c'était à ce niveau - que
c'était un "désincitatif" à poursuivre des études
plus complètes au niveau universitaire. Donc, la réflexion qu'on
a faite, c'est de voir, si on coupait une année de cégep, si cela
ne serait pas un incitatif plus grand à ce qu'il y ait un cheminement
rapide vers l'université. En fin de compte, un cégep
général qui serait plus orienté vers les cours dits
généraux, un cheminement général, puis faire en
sorte qu'il y ait une sorte d'explication des programmes de l'université
en vue d'amener les étudiants à l'université.
On avait regardé les données et on disait que les deux
années de cégep étaient un incitatif à une
technique au niveau du cégep. Étant donné qu'on veut une
plus grande démocratisation, une plus grande accessibilité aux
universités, il faudrait peut-être considérer d'abolir une
année de cégep pour qu'il y ait une plus grande progression
secondaire-cégep-université.
Mme Blackburn: Vous avez en partie raison. Je pense qu'il y a une
déperdition entre le cégep et l'université. Par ailleurs,
dans les réseaux ontariens en particulier, il y a un taux d'abandon plus
élevé une fois à l'université. Donc, cette
espèce de déperdition qui se fait au niveau collégial
finit par être équilibrée par rapport à ce qu'on
constate en Ontario.
Une dernière question, et là on va vous demander
d'être bref dans la réponse; je vais essayer d'être
brève dans ma question. Vous proposez, pour les professeurs, la
création de trois statuts de professeurs. Je ne vous demanderai pas de
les réexpliquer. Ce sont: le professeur, celui qui n'a aucune recherche
à faire - et vous en avez ajouté un quatrième - le
professeur-chercheur, le chercheur, et le chercheur émérite qui
existe déjà un peu. Celui qui trouve... Ha! Ha! Ha!
Comment le partage des tâches par professeur est-il conciliable
avec une institution qui a comme responsabilité de faire et de
l'enseignement et de la recherche? D'autres étudiants sont venus nous
dire qu'il y avait un rapport étroit - je ne fais que
répéter ce qu'ils nous ont dit -entre la qualité de
l'enseignement et la qualité de la recherche. Le professeur qui s'adonne
à la recherche est généralement également un bon
professeur en matière de pédagogie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Bégin.
M. Bégin: Bon, d'une part, nous croyons que le taux de
passage vers les différentes catégories ne serait quand
même pas élevé. Nous croyons qu'il y aurait un certain
niveau de stagnation vers le professeur-chercheur, c'est-à-dire le statu
quo actuel. Et comme le rapport le préconise, le cheminement est au
choix du professeur. À ce moment-là, nous croyons que c'est pire
pour un professeur qui n'est pas intéressé à faire de la
recherche -et il y a de très bons professeurs qui ne sont pas
intéressés à faire de la recherche, du moins de la
façon dont on la définit classiquement. Ce type de professeur se
fait harceler parce qu'il ne produit pas et passe pour une personne qui ne fait
pas son travail. À ce moment-là, cela a une incidence sur les
cours qu'il donne, les deux charges de cours; plutôt que d'en donner
plus, d'avoir un statut qui justifie sa façon de procéder et de
pouvoir ainsi fonctionner efficacement dans le système...
Nous ne croyons pas à une seconde classe d'individus dans le
monde, ce qui fait qu'il y a sûrement place pour certains professeurs qui
enseignent plus et d'autres moins.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
Bégin. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. À mon tour,
j'aimerais vous féliciter de votre mémoire. Je trouve que c'est
l'un des plus intéressants que nous ayons reçus. Je
m'intéresse particulièrement à votre quatrième
recommandation, la possibilité de privatiser certaines
universités en diminuant , la part de l'État dans leur
financement.
Vous avez aussi suggéré qu'on les laisse libres de fixer
le montant des frais de scolarité et de recueillir des fonds dans le
secteur privé. Est-ce que cela veut dire que vous êtes contre la
possibilité que les universités publiques recueillent des fonds
du secteur privé?
M. Bégin: Non, ce n'est pas là notre propos.
Mme Dougherty: Alors, tout le monde sera, selon votre vision des
choses, libre de recueillir ces fonds.
M. Bégin: Oui, mais tout le monde ne le fera pas de
façon aussi performante, dans la situation actuelle. C'est un secret de
polichinelle, en fait, que les universités traditionnelles, ayant des
finissants déjà bien intégrés à tous les
degrés de la structure de l'entreprise au Québec, ont beaucoup
plus de facilité à aller chercher du financement dans le
réseau des entreprises privées que les universités du
Québec en ce moment. On ne dit pas que la situation ne changera pas.
Personnellement, je le crois. Mais je pense qu'en ce moment, la
démonstration de l'Université Laval, cette année, avec son
fonds d'environ 25 000 000 $ et la démonstration de l'Université
McGill, il y a quelque temps - trois ans, je croîs - avec 50 000 000 $
sont éloquentes en la matière.
Mme Dougherty: C'est à cause de leur place dans
l'évolution des choses. Elles ont développé certaines
masses critiques dans certains domaines qui attirent des fonds de recherche,
des fonds fédéraux, etc. Ce n'est pas parce que
l'université... Un jour, quand l'Université du Québec sera
aussi développée pour ce qui est des deuxième et
troisième cycles, elle aura le même pouvoir, j'en suis sûre,
d'attirer des fonds.
M. Bégin: Si on prend l'exemple de la bibliothèque
de l'Université McGill, en droit, je ne crois pas que ce soit une
question particulière d'excellence dans le domaine. II y a d'autres
bonnes universités en droit. Je crois que c'est une question
d'affinité avec le subventionneur.
Mme Dougherty: Je ne crois pas. Il faut vérifier vos
faits. Pour rectifier la situation, d'abord, la bibliothèque de
l'Université McGill est loin en retard sur l'Ontario en volumes par
étudiant, si on mesure sa force ainsi. Je crois que c'est vrai que
certaines universités ont des racines historiques plus fortes que
d'autres, mais en général cela n'aide pas leur
fonctionnement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. J'invite maintenant Mme la
députée de Chicoutimi à conclure au nom de sa formation
politique.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Au nom
de ma formation politique, je vous remercie à nouveau de votre
participation aux travaux de cette commission. Je le répète, la
participation des étudiants à la réflexion qu'on est en
train de faire, tant sur les orientations que sur le financement des
universités, nous est précieuse. Je le disais hier, au moment
où l'on rencontrait un autre groupe, il y a des choses qu'on ne peut
connaître et mieux comprendre que par ceux qui les vivent. Nul doute que
les préoccupations que vous nous apportez et la perception que vous avez
également de vos universités, vous êtes les seuls à
pouvoir nous les communiquer de façon intéressante et
concrète. C'est ce que vous avez fait et je vous en remercie, parce que
cela demande du travail, de la disponibilité et un certain engagement.
Pour tout cela, je voudrais vous remercier. Je voudrais également vous
souhaiter un bon retour chez vous et chez nous, mais soyez prudents en vous en
allant; je constate que vous allez partir tard. Il faut être prudent.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Ryan: On pensait écouter un annonceur de radio: il vous
avertit d'être prudents sur la route.
Je vous remercie bien cordialement de l'échange de vues que nous
avons pu avoir avec vous. Je ne pense pas qu'il soit facile, à court
terme, d'épouser les orientations que vous proposez en matière de
structures. Je pense que, à court terme, nous sommes un peu pris avec
les structures que nous avons. Une des politiques de notre parti, c'est de ne
pas jouer trop avec les structures qui ont été l'objet de
beaucoup de bouleversements ces dernières années, souvent pour
l'amusement de ceux qui se plaisaient à construire des organigrammes sur
papier. Il y a des points de fond, dans les orientations que vous proposez, qui
demandent à être examinés soigneusement et nous allons le
faire au cours des prochaines semaines avec toute l'attention et la diligence
nécessaires. (18 h 15)
II y a des points que nous aurions bien aimé examiner de plus
près. J'aurais aimé examiner avec vous toute la question du
statut du professeur d'université, son rôle,
ses rapports avec les étudiants. Je crois constater qu'il s'est
produit une dépersonnalisation assez marquée des rapports entre
professeurs d'université et étudiants à la faveur de tous
les changements, de toutes les contraintes qui ont pesé sur les
universités au cours des dernières années. Cela est
profondément inquiétant pour la qualité de la formation
donnée dans les universités. Je pense que c'est un des points sur
lesquels les universités vont être obligées de se pencher
ces prochaines années.
De l'aide financière, on n'a pas pu discuter beaucoup non plus
parce que c'est un sujet très technique. Je tiens à vous dire que
des travaux sont en cours au ministère au sujet de changements
substantiels qu'il y aurait lieu éventuellement d'apporter au
régime d'aide financière de manière qu'il soit plus
capable de répondre aux besoins véritables des étudiants.
Une chose nous complique la vie: c'est la composition du corps étudiant
qui s'est sensiblement modifiée. On l'a vu chez vous comme ailleurs, la
proportion des étudiants adultes -je ne veux pas supposer que vous ne
seriez pas adultes, mais je veux dire ceux qui sont âgés de 24, 25
ans et plus - est maintenant devenue majoritaire dans plusieurs
établissements universitaires. Cela change la nature des choses pas mal.
C'est un point que nous devons examiner. Actuellement, ces personnes qui sont
des étudiants à temps partiel pour la très grande
majorité n'ont accès à aucune forme d'aide. C'est injuste.
Seul le Québec est dans cette situation-là. Les autres provinces
participent à un programme fédéral, comme vous le savez
sans doute, qui donne accès aux adultes étudiants à temps
partiel à une certaine forme d'aide. C'est un des points sur lesquels
j'espère bien que nous pourrons faire une percée au cours des
prochains mois.
Il y a beaucoup d'autres points que nous travaillons. Je veux vous
assurer que les recommandations que vous avez faites concernant l'aide
financière aux étudiants seront examinées avec soin. Il y
en a une qui est très difficile. Je vous l'ai dit franchement. Je ne
pense pas qu'on puisse s'attendre à des merveilles de notre part sur
celle-là, mais sur les autres je pense que vous pouvez être
assurés que nous allons étudier vos recommandations avec tout le
sérieux qu'elles méritent.
Je vous remercie de vous être prêtés à
l'exercice de démocratie que représente la tenue d'une commission
parlementaire. Je pense que vous avez pu constater vous-mêmes que
l'Assemblée nationale du Québec demeure un lieu d'échanges
démocratiques, un Heu de rencontres civilisées, un lieu de
débats qui peuvent être fort dignes à certains moments.
Depuis le début de la présente commission, je me plais à
le souligner. Grâce à la coopération autant des
députés de l'Opposition que des députés
ministériels, nous avons eu une qualité de discussion qui est
bonne pour l'institution parlementaire. Cela fait du bien et vous avez
contribué à cela en représentant un secteur qu'on voit
peut-être moins souvent dans l'institution parlementaire. J'en suis
très heureux pour l'institution. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, merci, Mme la députée, M. Côté, M.
Bégin, M. Thiam et votre autre collègue. Nous vous remercions
beaucoup et nous vous souhaitons un bon voyage de retour.
La commission parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux au
mardi 7 octobre, à 10 heures, alors que nous accueillerons
l'Université Laval.
(Fin de la séance à 18 h 19)