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(Onze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission de
l'éducation entreprend ses travaux ce matin avec, à l'ordre du
jour, l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous avons quorum.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'y a pas de
remplacements. Je déclare donc ouverte cette séance de la
commission parlementaire de l'éducation dont je vous rappelle le mandat,
qui est de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Éducation pour
l'année financière 1987-1988. On a prévu que cette
commission siégera durant huit heures trente minutes pour l'étude
des crédits et selon l'horaire suivant. Je dois vous dire tout de suite
qu'à la suite d'une conversation que j'ai eue avec les
représentants des deux formations politiques l'horaire que je vous donne
est un horaire de principe: ce matin, jusqu'à 13 heures, cet
après-midi, de 15 heures à 18 heures et, ce soir, de 20 heures
à minuit. Par contre, si les deux partis trouvaient qu'il est plus
avantageux de couper un peu sur les périodes de relâche ou de
prolonger, nous n'aurons pas d'objection. M. le secrétaire, est-ce qu'il
y a des remplacements? Vous m'avez dit non, il n'y a pas de remplacements.
Alors, tel qu'entendu, nous allons commencer par les deux
déclarations d'ouverture. Je reconnais, dans un premier temps, le
représentant de l'Opposition.
M. Jolivet: M. le Président, compte tenu qu'on s'est
parlé, M. le ministre et moi, sur les déclarations... Compte tenu
de l'heure, on a environ une heure trente... 11 est possible qu'on
dépasse 13 heures pour que les deux déclarations soient faites
avant l'heure du dîner.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le genre de
disposition que j'avais prévu et dont j'avais convenu avec le ministre
de l'Éducation. Maintenant, je reconnais M. le ministre de
l'Éducation. M. le ministre. Un instant, M. le ministre, s'il vous
plaît! Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Est-ce que nous avons des documents sur les
déclarations officielles des deux...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je crois qu'on les
distribue actuellement, madame.
Mme Bleau: Bien, merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
Est-ce que le représentant de l'Opposition a un document? Le
représentant de l'Opposition m'informe qu'il n'a pas de document
à déposer. Est-ce que tout le monde a eu son document? M. le
ministre, nous vous écoutons.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, de tous les exercices auxquels
sont appelés les parlementaires, l'examen annuel des crédits
attribués à chaque ministère est l'un des plus importants.
De nouveau, cette année, l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation nous fournit l'occasion de faire le
point sur l'activité du gouvernement dans le secteur de l'enseignement
primaire et secondaire au cours de la période écoulée et
sur les orientations du ministère et du système d'enseignement
pour l'année budgétaire qui a commencé le 1er avril
dernier.
J'accueille ce rendez-vous avec d'autant plus d'empressement que les
membres de la commission parlementaire de l'éducation ont fait montre
d'un intérêt exemplaire pour les questions d'éducation. Ils
ont manifesté cet intérêt, d'abord en suivant avec une
attention soutenue les travaux de la commission parlementaire au cours de la
dernière année, mais également en maintenant des rapports
fréquents avec le ministre et ses collaborateurs en dehors des
réunions de la commission. Cet intérêt que les membres de
la commission manifestent pour l'éducation est pour le ministre et ses
collaborateurs une source précieuse d'inspiration et d'appui. Je veux en
remercier les membres de la commission et les assurer
en retour de la cordiale collaboration du ministère de
l'Éducation.
L'examen des crédits, surtout lorsqu'il s'agit du
ministère de l'Éducation, ne saurait se confiner à des
vérifications comptables. Il ne saurait davantage être un exercice
étroitement partisan. Les parlementaires visent plutôt en cette
circonstance à dresser un bilan aussi large que possible de
l'état de santé et des orientations du système,, Ils
veulent aussi se renseigner sur les politiques que le gouvernement envisage
d'instaurer. C'est dans un souci de service objectif et responsable qu'avec
l'aide de mes collaborateurs j'ai préparé, à l'intention
des membres de la commission, un certain nombre de notes qui pourront servir de
point de départ à nos travaux.
Je voudrais tout d'abord aborder [a question que l'on m'adresse le plus
fréquemment au sujet de notre système d'enseignement. Comment
vont nos écoles? Comment va notre système d'enseignement?
Souvent, l'interrogation va plus loin. Voulant préciser sa
pensée, l'interlocuteur ajoute d'un ton un peu inquiet: La situation
s'améliore-t-elle? Le ton même de ces questions que nous entendons
laisse percer un sentiment assez répandu de malaise et de non-confiance
envers le système québécois d'enseignement. De ce climat,
nous sommes tous un peu responsables. Au cours des dernières
années, lequel d'entre nous n'a pas émis à un moment ou
l'autre des critiques sévères sur notre système
d'enseignement? Rares sont ceux qui n'ont pas déploré les faibles
résultats scolaires des élèves, la pauvre qualité
de la langue écrite et parlée, le relâchement de la
discipline, la pauvreté de l'encadrement, le manque de rigueur
intellectuelle, etc.
Il était nécessaire de passer par cet exercice critique
afin de mieux saisir l'acuité et l'urgence des défis qui se
posent à nous au plan de la performance de notre système. Dans le
monde de plus en plus ouvert où nous sommes appelés à
vivre, il y aura de moins en moins de place pour les sociétés qui
se contenteront tout juste d'obtenir la note de passage aux examens. À
la suite des examens critiques auxquels les événements nous ont
contraints, nous comprenons mieux l'appel au dépassement continu qui est
désormais notre loi. Â ne mettre en relief que les faiblesses et
les lacunes de notre système d'enseignement, nous finirions cependant
par lui causer un tort irréparable. La sévérité
justifiée des diagnostics portés jusqu'à maintenant ne
doit pas nous empêcher de voir les aspects positifs de l'évolution
des dernières années. Aussi m'a-t-il semblé opportun de
souligner, cette année, au début de mes remarques, un certain
nombre de bons coups de notre système d'enseignement.
À l'aide de l'édition 1987 de la brochure du
ministère de l'Éducation intitulée: "Indicateurs sur la
situation de l'enseignement primaire et secondaire", qui paraît, cette
année, pour la seconde fois et dont des exemplaires ont
été distribués aux parlementaires tout è l'heure,
il me fait plaisir de porter à l'attention des députés et
de la population quelques grandes tendances récentes qui nous autorisent
à penser que l'effort immense consenti depuis 20 ans pour le
progrès de l'éducation est loin d'avoir été vain.
Nous nous étions fixé comme objectif de favoriser l'accès
du plus grand nombre de personnes à une scolarisation sans cesse plus
élevée. Nous disposons désormais de plusieurs indices qui
révèlent à cet égard des progrès
significatifs» L'accès à une formation secondaire
complète est en train de devenir au Québec un objectif largement
réalisé. II y a huit ans, 71,3 % des élèves
inscrits en première année du cours secondaire étaient
destinés à se rendre en toute probabilité jusqu'à
la 5e année. En 1985, la proportion était passée à
80 %.
Les retards scolaires ont été et demeurent un
problème préoccupant de notre système. Ils sont une source
considérable de dépense de temps et de ressources
financières. Le phénomène enregistre néanmoins un
recul significatif. Si l'on retient la proportion des jeunes qui n'ont
pas encore atteint te niveau secondaire d'enseignement à l'âge de
douze ans, on constate que cette proportion est passée de 52,6 %, en
1979, à 46,2 % en 1985.
Entre 1976 et 1985, le nombre annuel des élèves ayant
abandonné les études secondaires sans avoir obtenu le
diplôme d'études secondaires est passé de 62 557 à
31 884, soit une baisse de 47,3 % à 32 %.
Entre 1972 et 1985, on observe une progression constante dans la
proportion des élèves inscrits en première année
qui se rendent jusqu'au diplôme d'études secondaires. En 1972, 46
% seulement des élèves inscrits en première année
du cours secondaire pouvaient envisaqer d'obtenir un diplôme
d'études secondaires. En 1985, la proportion était passée
à 72 %. De même, Le passage aux études colléqiales
connaît une progression intéressante. En 1972, 38 % des gens
pouvaient envisaqer d'accéder à des études de niveau
collégial. En 1985, la proportion était passée à 59
%.
On ne saurait passer sous silence les progrès remarquables de la
performance scolaire des filles. Cette performance est supérieure
à celle des qarçons à tous les échelons du
système scolaire et sous à peu près tous les aspects. Sous
l'angle de l'accès à la 5e année du secondaire, du rythme
de cheminement à travers le système, du taux d'abandon des
études, des résultats obtenus aux épreuves
ministérielles, du taux de diplomation à la fin des études
et de la poursuite des études au niveau collégial, les
filles, à tous égards, enregistrent une performance
supérieure à celle des garçons.
Sous l'angle de l'accessibilité de l'enseignement secondaire et
collégial, le Québec a donc enregistré, au cours de la
dernière décennie, des progrès dont nous avons raison
d'être fiers. Nous n'aurons pas lieu d'être satisfaits tant que
tous les Québécois et toutes les Québécoises
n'auront pas obtenu au moins un diplôme d'études secondaires. Nous
devons de même viser à accroître sans cesse la chance, pour
tous ceux qui possèdent à cette fin le talent et la
volonté nécessaires, d'accéder à une formation de
niveau collégial ou universitaire. Nous sommes néanmoins sur la
bonne voie et le gouvernement entend maintenir cette orientation.
À mesure que nous approchons de l'idéal de
démocratisation défini au début de la Révolution
tranquille et poursuivi avec une remarquable continuité par tous les
gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis un quart de
siècle, nous devons être de plus en plus attentifs aux exigences
de qualité et d'excellence qui découlent des résultats
obtenus en matière d'accessibilité. Il ne suffit pas en effet de
favoriser l'accès du plus grand nombre à une scolarisation plus
poussée, il faut aussi et surtout offrir à cette population en
quête d'une instruction plus complète, un enseignement et des
services éducatifs d'excellente qualité. Une formation de
qualité douteuse annulerait, à toutes fins utiles, les effets
positifs d'une démocratisation plus large de l'accès à '
la formation secondaire et collégiale. Aussi, le gouvernement entend-il
continuer, en 1987-1988, de mettre l'accent sur la qualité de la
formation et la recherche de l'excellence dans nos écoles. Notre
objectif premier se doit d'être de plus en plus l'amélioration de
la performance de nos écoles, en particulier de nos écoles
secondaires, en tout ce qui touche la qualité de l'éducation.
On voudra noter que j'ai parlé de la qualité de
l'éducation dans son sens le plus large. Je visais par là le
développement intégral de la personne de l'élève.
Jamais nous ne devrons consentir à ce que la qualité de
l'éducation soit ramenée à la seule mesure des
résultats arithmétiques obtenus aux examens officiels.
Grâce aux ententes collectives signées avec tous les
groupes de salariés du monde scolaire au cours des dernières
semaines, nous pourrons bénéficier d'un climat beaucoup plus
favorable à un travail éducatif de qualité dans nos
écoles. La signature d'ententes négociées a
créé dans les écoles un climat de détente et de
collaboration dont nous n'avons pas connu l'équivalent depuis longtemps.
Ce climat doit inciter administrateurs scolaires, enseignants,
élèves, parents, professionnels non enseignants et autres
intervenants du milieu scolaire à mettre ensemble l'épaule
à la roue afin d'offrir, aux quelque 1 046 957 élèves qui
fréquenteront les écoles publiques, aux quelque 81 845
élèves qui seront inscrits aux écoles privées et
aux milliers d'adultes qui seront inscrits à des cours de formation
permanente, des services de première qualité.
Je considère que la mise en valeur du rôle central de
l'enseignant et la recherche d'une collaboration plus étroite entre
l'école et les parents devrait figurer au premier rang de nos objectifs,
en 1987-1988. Dans le projet de refonte de la Loi sur l'instruction publique
que je compte déposer à l'automne à l'Assemblée
nationale, nous comptons accorder une place importante à l'école,
à sa direction, à son personnel enseignant, aux parents et aux
élèves. (11 h 45)
Dans sa volonté de mettre l'accent sur la qualité de
l'enseignement, le gouvernement a choisi d'entreprendre, d'abord, un effort
vigoureux de redressement de la qualité du français écrit
et parlé dans nos écoles. À la suite de la consultation
présentement en cours à ce sujet, nous comptons livrer, cet
automne, aux intervenants du monde scolaire les grandes lignes du plan d'action
que nous comptons mettre au point au cours de la période estivale. La
qualité du français écrit et parlé dans nos
écoles demeurera, pendant plusieurs années, en tête de la
liste des priorités du ministère de l'Éducation. Je
réitère l'appel que j'ai fait à tous les intervenants du
milieu scolaire et de la communauté québécoise en
général d'apporter leur collaboration à cette entreprise
de véritable salut national.
Pour la minorité qui fréquente les écoles de langue
anglaise, une maîtrise de sa langue maternelle est également
importante. Je suis conscient des besoins qui existent de ce côté,
ayant été saisi de nombreuses représentations à ce
propos. Le ministère est disposé à mettre au point une
épreuve d'anglais écrit semblable à celle qui existe
maintenant du côté français et ce, évidemment,
à l'intention des écoles anglaises. Il nous reste à mettre
au point avec les commissions scolaires concernées un accord qui
rendrait possible l'administration d'un tel examen.
L'action entreprise autour du français, langue maternelle, devra
être suivie te plus tôt possible d'une action énergique
auprès des commissions scolaires et des écoles autour des autres
matières de base, en particulier des langues secondes, des sciences et
de la mathématique. Dès que les travaux autour des lanques
maternelles auront atteint leur rythme de croisière, d'autres projets
suivront en relation avec les autres matières de base. Les services du
ministère entendent suivre avec une attention particulière, en
1987-1988, la démarche du système d'ensei-
gnement en ce qui touche l'implantation de l'enseignement des sciences
à tous les degrés du cours secondaire et l'application des
nouveaux programmes de mathématiques.
Le ministère mettra en oeuvre, en 1987-1988, un plan provincial
de recyclage et de perfectionnement à l'intention des enseignants en
enseignement moral et religieux catholique. Des services de perfectionnement
seront offerts aux autres personnels affectés à
l'éducation catholique. Des programmes de perfectionnement seront
également offerts aux enseignants en enseignement moral et religieux
protestant en relation avec l'implantation des programmes de formation
religieuse et morale protestante.
Nous souhaitons aussi faire approuver, au cours de cet automne, de
nouveaux règlements touchant la reconnaissance des écoles comme
catholiques ou protestantes. Ces nouveaux règlements dont le texte a
paru dans la Gazette officielle le 13 mai dernier visent en même
temps à rendre plus adapté à la réalité
d'aujourd'hui le concept d'école confessionnelle catholique et
protestante publique et à permettre une vérification plus
sérieuse de la réalité vécue de chaque école
sous l'angle de la confessionnalité.
Au cours des années à venir, le ministère accordera
une attention croissante à l'amélioration de l'évaluation
des apprentissages è tous les niveaux. Parmi les tâches qui seront
entreprises en 1987-1988, mentionnons la mise en chantier de travaux relatifs
à la production d'instruments reliés à l'évaluation
et à la sanction des études professionnelles, l'évaluation
du programme de mathématiques de secondaire III, l'administration de
l'épreuve de français écrit en secondaire V, la
participation - et je souligne ceci avec un plaisir particulier - à une
étude comparative internationale comportant des épreuves de
mathématiques et de sciences pour un échantillon
d'élèves âgés de 13 ans, la préparation
d'épreuves pour de nouveaux programmes au secondaire, etc.
L'implantation du nouveau régime de formation professionnelle
sera l'un des chantiers majeurs du ministère, en 1987-1988. Cette
année sera une année de transition à la fois difficile et
riche d'enseignement. Nous avons prévu, afin de réaliser cette
année de transition d'une manière efficace et harmonieuse, toute
une série de mesures de transition dont j'ai fait la communication au
congrès des commissions scolaires qui a eu lieu il y a une quinzaine de
jours. Je me dispense, par conséquent, de donner lecture de ces deux
pages qui sont partie intégrante du texte afin d'économiser un
peu de temps.
À juste titre, nos concitoyens se préoccupent de savoir si
le français conserve dans nos écoles la place
prépondérante à laquelle lui donne droit son
caractère de langue officielle du Québec. Il me fait plaisir de
faire part à ce sujet d'un certain nombre de données
significatives. Tout d'abord, l'importance relative des inscriptions dans les
écoles françaises a continué d'augmenter en 1986-1987. Les
élèves inscrits dans les écoles françaises
représentaient 89,2 % du total des élèves inscrits dans le
système scolaire, par comparaison avec 88,8 %, en 1985-1986, Cette
proportion n'a cessé d'augmenter depuis quelques années. Si l'on
en juge par la répartition des inscriptions en maternelle et au niveau
primaire, il semble que la proportion des élèves inscrits dans
les écoles françaises soit appelée à augmenter
encore quelque peu au cours des prochaines années.
Cette progression a été favorisée par la loi 101 et
aussi par la décision qu'ont prise des milliers de parents anglophones
d'inscrire volontairement leurs enfants à l'école
française. En relation avec la loi 101, la loi 58 a permis de
régler le problème des élèves illégalement
inscrits aux écoles anglaises. À la suite de l'adoption de cette
loi, en juin 1986, le ministère procédait, dès
l'été de la même année, à la mise en oeuvre
d'un plan de normalisation des élèves "illégaux". Ce plan
a permis de découvrir 1456 cas d'élèves "illégaux"
dont les trois quarts se trouvaient dans des écoles de régions
métropolitaines de Montréal. Sur un total de 1456 demandes
d'admission à l'école anglaise, 1432 furent acceptées, 23
furent rejetées et une demeura sans réponse, l'enfant
concerné ayant quitté le Québec. Le dossier des
élèves "illégaux" est désormais clos. J'ai vu
à ce que les commissions scolaires soient informées de la teneur
de la loi et des sanctions qu'elle prescrit pour ceux qui seraient
tentés de l'ignorer. Je veux signaler, à ce sujet, l'excellent
travail accompli au cours de la dernière année par la Commission
d'appel sur la lanque d'enseignement. Les trois membres nouvellement
nommés de la commission d'appel ont accompli, depuis leur entrée
en fonction l'an dernier, un travail remarquable. Ils ont réglé
tous les cas qui accusaient des retards. Ils sont aujourd'hui
équipés pour disposer rapidement des cas dont ils sont saisis.
Suivant un tout dernier rapport que j'ai reçu à la fin de mai, la
commission d'appel a traité, en tout, 170 demandes d'appel en 1986 et en
1987. En date du 29 mai, elle avait à son programme un total de 18 cas
dont elle entendait disposer dans le mois de juin. Finis les retards, finies
les attentes interminables.
La commission d'appel procède avec une diligence, une
compétence et une ouverture d'esprit exemplaires. Depuis l'entrée
en vigueur de la loi 58 jusqu'à ce jour, la commission a soumis à
mon intention 21 cas d'enfants qui devraient, à son avis, être
admis à l'école anglaise pour motifs graves ou urgents d'ordre
familial ou social. J'ai accédé, jusqu'à ce jour, à
toutes les
recommandations de la commission, ayant été favorablement
impressionné par le caractère sérieux et raisonnable des
motifs invoqués dans chaque cas par la commission d'appel. La loi 101
crée présentement une situation anormale. Certaines
décisions portant sur l'admissibilité à l'école
anglaise sont sujettes à appels. D'autres, en particulier les
décisions relatives aux enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage et aux enfants de parents qui sont en séjour temporaire
. au Québec, ne sont sujets à aucun appel. J'entends proposer que
la loi 101 soit modifiée afin de conférer aux parents
concernés un droit de recours devant la commission d'appel.
Cette modification ne sera toutefois soumise à l'Assemblée
nationale que dans le cadre du plan d'ensemble qui doit présider
à l'application de la politique linguistique du gouvernement et qui est
présentement en préparation. Le gouvernement, dans ses politiques
scolaires, entend traiter avec respect et équité la
minorité anglophone. Voici quelques faits importants qui méritent
d'être soulignés à cet égard. Au cours de la
dernière année, le ministère a complété la
formation d'une solide équipe chargée d'assurer des services
à la clientèle anglophone. La direction des services
éducatifs aux enfants anglophones compte désormais douze membres,
la plupart des professionnels, et un représentant dans chaque direction
régionale du ministère sauf celles de la Gaspésie et de la
Côte-Nord. Des démarches nombreuses ont été
instituées, en 1986-1987, afin d'établir les moyens d'offrir des
services éducatifs de meilleure qualité à la
minorité catholique de langue anglaise, laquelle, en raison des
effectifs souvent peu nombreux et dispersés qui la caractérisent,
fait face à des difficultés particulières. Des
améliorations importantes ont été obtenues à Laval,
où une entente entre la commission scolaire des Mille-Îles et les
commissions scolaires Chomedey et Sainte-Thérèse permettra
d'offrir des services mieux intégrés aux élèves
catholiques de langue anglaise à compter de la prochaine année
scolaire. Des regroupements intéressants de services sont
également envisagés à Québec et à Aylmer. Au
cours de la dernière année, j'ai autorisé
l'émission en anglais et en français des diplômes et des
relevés de notes à l'intention des élèves qui
fréquentent les écoles anglaises après avoir requis
à ce sujet l'avis des services juridiques du ministère pour
m'assurer que la décision était conforme à la loi 101.
Le ministère de l'Éducation a fortement contribué
à l'intégration des parents catholiques d'expression anglaise au
sein de la Fédération des comités de parents de la
province de Québec. Enfin, après avoir, avec la loi 24, fait
disparaître l'obligation d'appartenir à la confession religieuse
d'une commission scolaire confessionnelle pour être admis à y
excercer le droit de vote, le gouvernement envisage d'apporter à la Loi
sur l'instruction publique de nouvelles modifications qui auraient pour effet,
cette fois, d'assurer la représentation des catholiques de langue
anglaise au sein d'une commission scolaire protestante, là où, en
vertu d'une entente passée entre la commission scolaire protestante et
la commission scolaire catholique, les enfants de la minorité
anglo-catholique doivent recevoir leur enseignement aux écoles d'une
commission scolaire protestante. De manière plus générale,
la modification projetée visera à favoriser la
représentation des minorités linguistiques au sein des
commissions scolaires. Formées de commissaires démocratiquement
élus par la population pour veiller à la gestion des affaires
scolaires sur leur territoire respectif, les commissions scolaires sont les
partenaires immédiats et privilégiés du ministre de
l'Éducation en tout ce qui touche l'enseignement public de niveaux
primaire et secondaire. Le gouvernement, par l'intermédiaire du
ministre, assure la direction générale du système, mais il
appartient à la commission scolaire de dispenser et de gérer les
services éducatifs sur son territoire. Ce partage de
responsabilités rend nécessaires des contacts constants entre les
commissions scolaires et les deux grandes fédérations qui les
représentent, d'une part, et le ministre et ses collaborateurs du
ministère de l'Éducation, d'autre part. La dernière
année s'est déroulée à cet égard dans un
climat de respect mutuel et de collaboration.
Parmi les sujets d'ordre général qui ont donné lieu
à des échanges fréquents entre le ministère et
l'ensemble des commissions scolaires, je voudrais noter la négociation
des conditions de travail pour les salariés du secteur de
l'éducation, la mise au point des nouvelles règles d'attribution
des ressources aux commissions scolaires, l'intégration des
enseignements primaire et secondaire, la rémunération des
commissaires d'écoles, laquelle donne lieu, à compter de
maintenant, à une augmentation de l'ordre de 20 %
décrétée par le cabinet, il y a quelques semaines, et
entrée en vigueur à compter de l'année 1986-1987, et
devant subir un nouvel ajustement le 1er juillet, le
réaménagement de l'enseignement professionnel, diverses
modifications au régime pédagogique et à la Loi sur
l'instruction publique, le financement des commissions scolaires, etc. Des
rencontres semblables continueront de se multiplier au cours de la prochaine
année. Je passe le paragraphe suivant, non pas parce que je veux en
faire abstraction, mais parce que je reviens sur ce sujet un peu plus tard
à propos des fermetures d'écoles. Je ne l'efface pas, d'ailleurs,
il est pour
publication.
Entre les commissions scolaires et le ministre de l'Éducation, il
existe une profonde convergence de vues quant à ta
nécessité de mettre l'accent sur la recherche de la
qualité en éducation. Fruit d'une collaboration étroite
entre les commissions scolaires, le ministère et les autres intervenants
de l'éducation, les états généraux de
l'éducation ont ouvert à cet égard des horizons
intéressants que nous continuons d'explorer de concert avec les
commissions scolaires et les grandes associations professionnelles regroupant
les diverses catégories d'intervenants du monde scolaire. Nous avons
apporté, au cours de la présente année et en vue de
1987-1988, des améliorations importantes aux règles d'attribution
des ressources aux commissions scolaires. Comme je reviendrai également
sur certains éléments indiqués ici, je me dispense d'en
donner lecture.
Les changements qui se produisent dans la composition de la population
québécoise, les difficultés aiguës que connaît
l'institution familiale, les handicaps sociaux et économiques auxquels
fait face une partie importante de la population, le brassage des valeurs
culturelles et morales qui se poursuit, autant de facteurs qui multiplient les
besoins des clientèles scolaires et obligent administrateurs et
éducateurs à diversifier de plus «en plus les services
éducatifs. Un bilan comme celui-ci serait incomplet s'il ne faisait pas
écho à ces clientèles spéciales. (12 heures)
La présence dans le réseau d'élèves de plus
en plus nombreux qui présentent des difficultés d'adaptation et
d'apprentissage est une source majeure de préoccupation. De 1985-1986
à 1986-1987 le nombre des élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage est passé de 109 904 à 122 478,
soit une augmentation de 11,4 %. Cette augmentation a été
particulièrement prononcée au niveau secondaire. Elle se fait
surtout sentir dans la catégorie des troubles légers
d'apprentissage. La politique du gouvernement a tendu, ces dernières
années, à favoriser l'intégration de ces
élèves dans les classes régulières. En 1986-1987,
90 % d'entre eux étaient intégrés à des classes
régulières. L'intégration dans les classes
régulières de même que les services mis à la
disposition de cette clientèle varient cependant beaucoup d'une
commission scolaire à l'autre. Le maintien de ces élèves
dans des classes régulières exige, dans la plupart des cas, un
soutien pédagogique qui requiert des frais élevés. En
outre, plusieurs de ces élèves présentent des
difficultés sérieuses au plan cognitif.
Nous avons inscrit dans les règles budgétaires de
1987-1988 des règles prévoyant l'ajout de 150 postes
d'enseignants pour élèves handicapés. En plus, les
règles d'allocation budgétaire ont été
modifiées dans le cas des élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage de manière à assurer un partage
plus équitable des ressources disponibles entre les commissions
scolaires. Les EDAA seront désormais financés à partir de
seuils minima et maxima établis pour chaque niveau d'enseiqnement et non
plus seulement à partir du nombre absolu d'élèves soumis
par les commissions scolaires» Nous sommes encore loin en ce domaine
d'une politique clairement définie et surtout d'une politique
complète. Je souhaite que les services qui doivent être
assurés à cette catégorie d'élèves puissent
figurer au premier rang des priorités du ministère en 1988-1989
et nous entendons accomplir en 1987-1988 des travaux préparatoires qui
nous permettront d'atteindre cet objectif.
À l'intention des élèves qui présentent des
retards scolaires importants, et que l'on retrouvait massivement dans le
secteur du professionnel court, des cheminements particuliers de formation
générale ont été mis en place. Cette méthode
a pour but d'aider l'élève individuel à se rendre le plus
loin possible dans l'atteinte des objectifs de formation
générale. Un plan d'action a été mis à la
disposition des commissions scolaires et nous visons à adapter les
programmes et les méthodes au rythme et au potentiel des
élèves concernés. Nous estimons à 11 % de la
clientèle totale, c'est-à-dire à 42 500, le nombre
d'élèves qui sont passés par des cheminements particuliers
en 1986-1987.
Dans la région de Montréal en particulier, la composition
des clientèles scolaires connaît des changements importants. En
1985-1986, la clientèle scolaire de la région
métropolitaine était composée à 55,6 %
d'élèves francophones; à 22,2 % d'élèves
anglophones et à 22,2 % d'élèves allophones. La politique
visant la francisation des enfants allophones produit des fruits encourageants
en ce qui touche les inscriptions à l'école française,
mais elle crée aussi de nombreux problèmes inédits autant
pour les enfants concernés que pour les milieux scolaires dans lesquels
ils sont appelés à s'insérer. Dans plusieurs écoles
françaises de la région de Montréal, la clientèle
est désormais majoritairement allophone. Cette tendance est
appelée à s'accentuer.
Dans la perspective du document "À part entière"
publié par le Parti libéral à l'automne de 1985 et du
rapport "L'école québécoise et les communautés
culturelles" publié par le ministère en janvier 1986, un premier
plan d'action a été ébauché pour les années
1986-1987, 1987-1988 et 1988-1989. Déjà, plusieurs mesures de ce
plan d'action qui portent malheureusement la marque de la période
d'austérité pendant laquelle il fut conçu ont
été appliquées en 1986-1987. Les mesures d'accueil et de
francisation, entre autres, se voient attribuer des ressources
additionnelles de 1 500 000 $ en 1987-1988.
Nous avons de même décidé de maintenir en 1987-1988
des classes maternelles expérimentales à temps complet et le
programme d'enseignement des langues d'origine. Des allocations
spéciales seront également versées en 1987-1988 à
certaines commissions scolaires au titre des besoins particuliers de leurs
clientèles en provenance des communautés culturelles. Mais nous
devrons envisager en ce domaine un programme d'action beaucoup plus important
et je compte faire de ce problème une autre priorité majeure du
ministère en 1988-1989.
Une autre catégorie d'élèves donne lieu à
des représentations de plus en plus fréquentes auprès des
organismes scolaires et du gouvernement. Il s'agit des élèves
doués ou talentueux dont les parents demandent qu'ils aient accès
à des services, à des voies de cheminement accordés
à leur potentiel. Même s'il a déjà publié un
document d'orientation à ce sujet en 1985, le ministère a
dû se contenter, faute de ressources, de soutenir plutôt
modestement les initiatives que de nombreuses commissions scolaires ont
heureusement prises à cet égard. Le ministère a
collaboré à l'organisation d'un colloque sur la douance tenu
à Montréal en mai de cette année, mais nous n'avons pas
été en mesure, à ce jour, d'arrêter une politique en
ce domaine. Plutôt que de revenir au régime des voies
séparées, je serais enclin à favoriser des régimes
d'études enrichis à l'intérieur du cadre scolaire
régulier. Mais ce n'est là qu'une hypothèse qui devra
être soigneusement vérifiée. Nous pousserons plus loin les
études sur ce sujet en 1987-1988.
Un mot enfin au sujet des petites écoles. À de nombreuses
reprises au cours de la dernière année, j'ai été
saisi de situations pathétiques touchant des projets de fermetures
d'écoles. Les représentations sont venues dans ces cas
tantôt des parents, tantôt des élèves, tantôt
des commissaires. Elles nous sont parvenues dans la plupart des cas
après que la situation eut atteint un stade critique. Il n'était
pas facile pour le ministre et ses collaborateurs d'intervenir, vu que
l'organisation des services éducatifs sur leur territoire relève
des commissions scolaires, mais nous ne pouvions demeurer sourds aux
représentations qui nous étaient adressées. Par
l'écoute et le disloque, nous avons contribué à
régler de manière efficace la plupart des cas dont nous avions
été saisis en 1986-1987. Les fonctionnaires du ministère
ont fait montre à cet égard d'esprit d'initiative et de
générosité. Quelques situations m'ont obligé
à faire des interventions de type spécial. Dans deux cas, j'ai
été notamment obligé de nommer un enquêteur
spécial. J'ai fait ces interventions dans le seul souci d'assurer que
les parents et les élèves concernés auraient droit
à une écoute sérieuse et complète avant toute
décision définitive. J'ai vu dans chacun des deux cas à ce
que les pouvoirs des commissions scolaires soient maintenus intacts.
Grâce à une modification apportée aux règles
budgétaires, nous pourrons, en 1987-1988, injecter 50 postes
d'enseignants dans le système afin d'aider les commissions scolaires
à faire face à ce genre de situation. Les services du
ministère demeureront disponibles pour la recherche de solutions
humaines dans les cas difficiles qui ne manqueront pas de surqir. Ils
collaboreront étroitement à l'organisation d'un congrès
d'envergure provinciale qui aura lieu à ce sujet, je pense, au cours de
l'automne. Ils ne nous pardonneraient pas de demeurer sourds ou
indifférents quand nous sommes saisis de situations comme
celles-là.
L'année 1986-1987 a marqué une pause salutaire dans
l'implantation de la microinformatique à des fins pédagogiques.
Il était devenu important d'examiner les problèmes nés de
l'acquisition précipitée d'appareils, de l'insuffisante
préparation des enseignants et de la faible disponibilité de
logiciels appropriés. C'est pourquoi j'avais décidé de
limiter l'ajout de sommes additionnelles pour des fins d'équipement aux
seuls appareils spécialisés requis pour la formation
professionnelle. Les commissions scolaires demeuraient toutefois libres
d'acheter à même leur budget les appareils qu'elles souhaitaient
acquérir pour la formation générale.
Nous avons produit avec la GRICS une grille d'évaluation des
différents appareils susceptibles d'être achetés par les
commissions scolaires. Nous abandonnions ainsi le choix d'un appareil unique
pour l'ensemble du réseau primaire et secondaire. La diversité
des besoins et la diversité des produits susceptibles d'y
répondre font qu'il est plus sage de laisser aux commissions scolaires,
avec leur personnel compétent, le soin de décider du choix du
matériel conforme à leur plan d'action. Les multiples
expériences qui se poursuivent dans de nombreuses commissions scolaires
témoignent de leur intéressante capacité d'initiative.
Nous avons par ailleurs maintenu en 1986-1987 les sommes prévues
pour le perfectionnement des enseignants, pour la production,
l'évaluation et l'achat de logiciels, pour l'innovation et
l'expérimentation pédagogiques. Les crédits pour ces
activités s'élevaient à 4 600 000 $. J'ai eu le plaisir
d'approuver l'an dernier le premier plan triennal du Centre
québécois de recherche sur les applications pédagogiques
de l'ordinateur. Bien que le budget de ce centre relève des
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, tes liens étroits qu'il doit établir par sa nature
même avec les commissions scolaires et le système scolaire
stimuleront le
développement de la micro-informatique à des fins
pédagogiques.
En 1987-1988, nous maintenons les orientations définies en
1986-1987, mais en ajoutant des sommes importantes au chapitre de l'acquisition
d'appareils. Un montant de 6 000 000 $ est prévu pour l'achat
d'appareils spécialisés en relation avec la formation
professionnelle.. Ces sommes s'inscrivent dans le plan de formation
professionnelle que nous avons lancé au début de l'année.
Des crédits de 3 500 000 $ sont prévus pour l'acquisition de
micro-ordinateurs destinés à la formation générale.
Cette somme sera versée en contrepartie d'un investissement similaire de
la part des commissions scolaires. Nous souhaitons renforcer le rôle et
la participation locale dans l'établissement des plans d'implantation de
la micro-informatique. Les commissions scolaires resteront libres de choisir
les appareils répondant à leurs besoins. Des échanges se
font avec les commissions scolaires afin de déterminer les
modalités de répartition de ces sommes. Au total, un montant de
13 000 000 $ sera consacré en 1987-1988 à l'acquisition de
micro-ordinateurs scolaires.
Le montant de 4 600 000 $ consacré en 1986-1987 au
perfectionnement, à la production de logiciels éducatifs et au
développement pédagogique sera reconduit en 1987-1988. Toutefois,
les besoins dans ce domaine sont encore loin d'être parfaitement
comblés. II importe d'éviter que ne se crée encore une
fois un écart trop grand entre le rythme d'implantation des appareils,
le degré de préparation des enseignants et la
disponibilité des didacticiels. J'ai adressé en ce sens une
demande de crédits additionnels au Conseil du trésor. Nous serons
en mesure de faire connaître sous peu la décision du gouvernement
à ce sujet.
Nous avons accordé au centre sur les applications
pédagogiques de l'ordinateur un montant de 2 700 000 $ pour
l'accomplissement de sa mission en 1987-1988. Je compte faire part
bientôt aux dirigeants du centre de mon approbation du plan triennal que
ceux-ci ont soumis à mon attention récemment. Ces
différentes mesures permettront aux commissions scolaires de se doter de
plans d'implantation de micro-informatique à des fins
pédagogiques adaptés aux besoins propres à chaque milieu.
L'approche plus prudente qu'a adoptée le ministère nous permettra
de mieux évaluer les divers volets du plan d'implantation des
micro-ordinateurs et de maintenir un juste équilibre entre chacun d'eux.
Une somme de 700 000 $ sera consacrée à des activités de
perfectionnement local, une somme de 100 000 $ à des activités
embrassant l'ensemble des réseaux; une somme de 100 000 $ a servi
à l'évaluation de logiciels dont les résultats sont
disponibles dans "plusieurs banques de données. Nous avons
procédé à l'achat de licences mixtes pour six loqiciels
pour un montant de 500 000 $. Une vingtaine de projets d'expérimentation
sont présentement en cours pour lesquels nous avons versé 500 000
$. De plus, 87 projets d'innovation pédagogique sont soutenus
financièrement par le ministère pour un montant total de 300 000
$. Une somme de 1 000 000 $ est réservée à la production
de logiciels pour un total de 44 projets. Nous avons enfin accordé aux
commissions scolaires 1 400 000 $ en allocation pour l'acquisition de
logiciels.
L'enseignement privé occupe dans le système d'enseignement
du Québec une place importante qui lui vient à la fois de notre
tradition historique et de la confiance que lui accordent un grand nombre de
parents. En 1986-1987, les établissements privés
subventionnés étaient au nombre de 182 dont 12
établissements spécialisés dans le service
d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage. Les établissements subventionnés
représentaient environ 50 % du nombre total d'établissements
privés offrant l'enseignement préscolaire, primaire ou
secondaire. La clientèle des établissements subventionnés
s'établissait en 1986-1987 à 82 248 élèves, soit 84
% de la clientèle totale des établissements privés
disposant d'un permis. Cette clientèle était proportionnellement
plus nombreuse au niveau secondaire. (12 h 15)
Fidèle aux orientations annoncées avant l'élection
de 1985, le gouvernement, au cours des 18 derniers mois, a accordé un
statut subventionné à quatre nouveaux établissements
privés, soit deux externats et un demi-pensionnat de niveau secondaire
et un pensionnat de niveau primaire. Le nombre total de places nouvelles
subventionnées est estimé à 971 au secondaire et 480 au
primaire. En outre, nous avons annoncé l'octroi d'un statut
amélioré à des établissements existants jouissant
déjà d'un statut subventionné, soit un
établissement de niveau primaire et six de niveau secondaire. Une
reconnaissance pour fins de subventions a également été
accordée à sept établissements déjà
existants. Le nombre d'établissements nouveaux subventionnés
s'établit en tout à quatre depuis l'entrée en fonction du
gouvernement, en plus des sept établissements déjà
existants qui se sont vu accorder une reconnaissance pour fins de subventions.
Le gouvernement n'a pas l'intention d'accorder un statut subventionné
à d'autres établissements en vue de l'année scolaire
1987-1988.
Quant aux établissements déjà existants dont le
statut pour fins de subventions a été reconnu ou
amélioré, le gouvernement a voulu faire montre
d'équité à leur endroit en leur accordant un statut
comparable à celui
dont jouissent d'autres établissements offrant un service de
qualité à peu près égal. J'ai eu l'occasion, dans
une allocution prononcée le 11 mai devant l'Association des institutions
d'enseignement secondaire, de préciser certains éléments
de la politique qu'entend suivre le gouvernement à l'endroit de
l'enseignement privé. Ces éléments se résument
ainsi.
Le gouvernement accepte l'école privée comme un fait. Il
reconnaît le rôle bienfaisant qu'il joue généralement
dans le domaine de l'éducation. Il accepte franchement cette
réalité et veut agir à l'endroit de l'école
privée en s'inspirant des principes définis dans le
préambule de la loi créant le ministère de
l'Éducation.
Deuxièmement, le gouvernement a voulu, par quelques
décisions ponctuelles, manifester clairement qu'il mettait fin au
moratoire qui empêchait depuis 1976 la création de nouveaux
établissements subventionnés.
Troisièmement, le gouvernement a voulu que, dans la famille des
établissements subventionnés, à service de qualité
égale, il n'y ait pas de discrimination dans le statut accordé
aux établissements. Le gouvernement n'est pas intéressé
à favoriser une concurrence aveugle entre établissements
privés et écoles publiques. Il n'a pas d'objection, cependant,
à ce que s'institue entre les deux une saine émulation au
chapitre de la qualité.
En cinquième lieu, le gouvernement estime que l'école
privée peut être une excellente manière de répondre
aux besoins particuliers de certaines communautés religieuses ou
ethniques ou de certains groupes d'élèves aux besoins desquels
peut plus difficilement satisfaire l'école publique.
Sixièmement, le gouvernement estime que l'école
privée doit être disponible dans des conditions raisonnables
d'accessibilité à toutes les principales régions du
Québec. Le gouvernement entend accorder une attention
particulière aux établissements privés qui offrent le
service du pensionnat, lequel répond à des besoins de plus en
plus répandus.
Enfin, le gouvernement entend veiller à ce que le niveau des
inscriptions à l'école privée ne dépasse pas
certains seuils qui seront établis de manière à assurer
que l'école publique demeure prioritaire.
Sur l'ensemble des ressources publiques attribuées à
l'enseignement primaire et secondaire, environ 95 % sont
réservées à l'école publique et aux commissions
scolaires. Il reste ainsi une part de 5 % pour l'enseignement privé. Ce
rapport illustre éloquemment la place prioritaire que l'école
publique conserve et conservera dans l'esprit du gouvernement. II illustre
également le caractère excessif et peu justifié de
certaines critiques entendues au sujet des décisions récentes du
gouvernement en matière d'enseignement privé.
Au cours de la prochaine année, le gouvernement entend modifier
le rôle de la Commission consultative de l'enseignement privé de
manière que cette commission, en plus du rôle d'examen des
demandes de permis et de subventions que lui attribue la loi, puisse
également s'intéresser aux problèmes plus
généraux concernant l'enseignement privé et adresser en
toute liberté des avis au gouvernement à ce sujet. Nous voulons
également faire en sorte que la commission consultative décide
elle-même de la publicité qu'elle juge devoir donner aux avis
qu'elle remet au gouvernement.
Au cours des 20 dernières années, l'éducation des
adultes a connu au Québec un essor remarquable surtout en ce qui touche
l'activité assumée en ce domaine par les commissions scolaires,
le ministère de l'Éducation et les autres ministères ainsi
que par les établissements d'enseignement collégial et
universitaire. C'est par centaines de milliers que l'on compte désormais
les adultes inscrits à des cours de formation générale ou
professionnelle ou à des activités de perfectionnement. Dans le
seul secteur des commissions scolaires, le Conseil supérieur de
l'éducation, dans un avis récent, signalait qu'entre 1970-1971 et
1985-1986 le nombre total d'adultes rejoints dans une année par les
services d'éducation des adultes serait passé de 150 000
à plus de 350 000 personnes.
Le développement le plus important des dernières
années en ce qui touche les commissions scolaires fut l'implantation, en
1985-1986, d'une enveloppe dite ouverte à l'intention des adultes
inscrits à des cours de formation devant conduire à l'obtention
du diplôme d'études secondaires. En vertu de l'enveloppe ouverte,
tout adulte inscrit à des cours de formation en vue d'obtention d'un
diplôme a droit à l'instruction gratuite. En outre, aucune limite
n'est posée au nombre d'inscriptions que peut accepter une commission
scolaire. L'entrée en vigueur de ce régime a
entraîné une augmentation considérable des inscriptions et
aussi, cela va de soi, des dépenses consacrées à ce
secteur.
En 1986-1987, selon les données dont nous disposons, il s'est
produit une léqère diminution du nombre des adultes inscrits
à des cours en vue de l'obtention d'un diplôme. En février
1987, on comptait 96 866 adultes inscrits à de tels cours contre 97 055
l'année précédente. Pour apprécier cette
diminution, il faut cependant rappeler qu'un sommet sans
précédent avait été atteint l'année
précédente à la suite de l'entrée en vigueur de
l'enveloppe ouverte. Il faut tenir compte de ces explications pour saisir la
portée de la compression de 5 000 000 $ inscrite au chapitre de
l'éducation des adultes pour 1987-1988. Cette compression
s'explique par un resserrement du contrôle de la
présentation des clientèles. Si toutefois le volume des
inscriptions devait dépasser les prévisions du ministère,
l'enveloppe ouverte sera maintenue. Ainsi, la compression n'entraînera
aucune réduction de services pour les adultes intéressés
à "suivre des cours de formation en vue de l'obtention d'un
diplôme.
Dans le secteur de l'éducation populaire, des
développements importants doivent être signalés. Deux
groupes de travail ont été formés pour, l'étude des
politiques du ministère en ce qui touche l'alphabétisation et
l'aide financière aux organismes volontaires d'éducation
populaire. J'attends le rapport de ces deux groupes de travail au cours des
prochains mois. À la lumière de ces rapports, nous serons en
mesure de procéder à des révisions qui me paraissent
opportunes. Dans l'immédiat, le budget réservé à
l'alphabétisation est maintenu au même niveau que l'an dernier. Il
en va de même du budget réservé à l'aide
financière aux organismes volontaires d'éducation populaire. La
seule réduction qui intervient dans ce secteur touche des subventions
versées aux commissions scolaires. Une compression de 400 000 $ sera
appliquée au titre des services d'accueil et de référence.
On sait que ces services, à l'échelle régionale, tendent
de plus en plus è s'organiser sur une base de concertation entre tes
divers organismes intéressés à l'éducation des
adultes. La compression qui interviendra à ce chapitre
n'entraînera donc pas nécessairement ni même probablement
une réduction des services offerts à la population.
Depuis l'instauration de la politique d'éducation des adultes
instituée par le gouvernement précédent, il se produit un
inévitable chevauchement entre l'activité du ministère de
l'Éducation et des commissions scolaires, d'une part, et celle du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et des commissions de formation professionnelle, d'autre part. De part et
d'autre, les ministres concernés et les responsables cherchent
loyalement à établir des voies de collaboration et des programmes
d'activités complémentaires. Il y a néanmoins des
clarifications importantes à rechercher. Je me réjouis à
cet égard de la collaboration exemplaire qui s'est instituée
entre le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu et le ministère de l'Éducation en ce qui touche le
nouveau régime de formation professionnelle dans l'industrie de la
construction. La collaboration établie entre les deux ministères
autour de ce chantier très important augure fort bien pour les autres
secteurs où une semblable collaboration me paraît non moins
nécessaire.
Je veux signaler l'excellent travail qu'accomplit le Conseil
supérieur de l'éducation. Au cours de l'année 1986-1987,
il s'est acquitté de manière efficace et compétente de la
mission que lui confère la loi. J'ai reçu du conseil, à
titre de ministre de l'Éducation, de nombreux avis à la fois
substantiels, impartiaux, imbus d'esprit constructif et empreints d'une
pensée prospective très utile pour les responsables politiques du
système d'enseignement.
A l'été 1986, l'avis et la collaboration du conseil
étaient nécessaires pour la mise au point du nouveau
régime de formation professionnelle et des modifications nombreuses
qu'il fallait apporter au réqime pédagogique. Je rends hommage au
conseil pour la pertinence des avis émis à cette occasion et pour
(a célérité avec laquelle il répondît
à l'appel du gouvernement.
Le conseil a émis au cours des derniers mois des avis importants
sur le deuxième cycle du secondaire, les défis actuels de
l'éducation, les nouveaux lieux éducatifs, les priorités
en éducation des adultes, les visées et les pratiques de
l'école primaire. Les priorités proposées par le conseil
dans son dernier rapport annuel, à savoir le besoin d'une solide
formation fondamentale, la pertinence toujours actuelle de l'objectif de
l'accessibilité, les défis nouveaux découlant du
croisement des cultures et des options spirituelles, la recherche de la
qualité en éducation, l'accent sur la gestion des ressources
humaines et le maintien d'un équilibre dans le rôle de
l'État en éducation, convergent avec les préoccupations du
gouvernement. Elles sont au coeur de nos préoccupations.
Les deux comités confessionnels du conseil accomplissent
également une besogne efficace et très utile. En plus de
s'acquitter avec diligence et compétence des devoirs nombreux que leur
attribue la loi, ils ont travaillé au cours de la dernière
année à mettre au point de nouveaux règlements concernant
la reconnaissance des écoles comme catholiques ou protestantes, dont
j'ai déjà parlé.
Enfin, le budqet du ministère de l'Éducation
s'élèvera en 1987-1988 à 4 941 000 000 $. De ce total, la
très grande partie, soit 98,2 %, sera versée à divers
organismes sous forme de paiement de transfert ou de subvention. Les
subventions aux commissions scolaires absorberont à elles seules 4 608
000 000 $, soit 93,2 % du budget total du ministère. L'administration et
ta direction du ministère se verront attribuer 88 400 000 $. Les
écoles privées subventionnées recevront 231 400 000 $. Les
organismes consultatifs obtiendront, pour leur part, 2 100 000 $. Les
organismes volontaires d'éducation populaire, OVEP, se verront attribuer
11 900 000 $.
Dans l'ensemble, les crédits de 1987-1988 accusent une hausse de
5 % par
rapport aux dépenses probables de 1986-1987, soit une
augmentation des dépenses en termes réels de 1 %. Cette
augmentation peut sembler modeste. C'est néanmoins la première
fois depuis 1984-1985 que survient une augmentation des dépenses du
ministère de l'Éducation en termes réels. La part relative
du ministère dans les dépenses gouvernementales et le PIB accuse
une légère diminution en 1987-1988 par rapport à 1986-
1987. De 18,9 % qu'elle était en 1980-1981, cette part n'est plus que de
16,4 % en 1987- 1988, soit une légère diminution de 0,1 % par
rapport à 1986-1987. En ce qui touche la part de l'Éducation dans
le PIB, il y a également une diminution de 0,1 % en 1987-1988. Dans
cette évolution, il faut faire la part de ta baisse survenue dans le
volume des clientèles. De 1975-1976 à 1985-1986, les effectifs
scolaires des réseaux publics et privés sont passés de 1
469 000 élèves à 1 138 000 élèves. Une
très légère hausse est prévue en 1987-1988. Il
était inévitable, devant cette évolution, qu'il se
produise une révision à la baisse dans la part des
dépenses publiques dévolues I l'éducation.
(12 h 30)
II n'en reste pas moins que les compressions effectuées ces
dernières années ont eu des effets sérieux sur le niveau
des ressources attribuées à l'éducation. Des indications
nous viennent à ce sujet de l'évolution du niveau des
dépenses par élève en dollars constants. Ce niveau est
demeuré à peu près stable depuis 1983-1984. Il
était de 2383 $ en 1982-1983; il sera de 2363 $ en 1987-1988. Par
rapport au sommet de 2778 $ qui fut atteint en 1981-1982, le niveau de
1987-1988 accuse donc une diminution de 15 %. La plus forte partie de cette
baisse est venue des mesures draconiennes qui accompagnèrent l'adoption
des décrets de 1982. Ces chiffres invitent à la vigilance. Ils
doivent cependant être mis en regard de l'effort de rattrapage que devait
faire le Québec afin d'atteindre un niveau de dépenses publiques
plus voisin de celui qui prévaut dans la province plus riche de
l'Ontario. Nous avons progressé dans la recherche d'un meilleur
équilibre. Tandis qu'en 1981-1982 le Québec dépensait 948
$ de plus que l'Ontario par année pour chaque élève
inscrit dans les commissions scolaires, l'écart n'était plus que
de 416 $ par élève en 1985-1986, dernière année
pour laquelle nous avons des indications. Dans le même ordre
d'idées, le salaire moyen de l'enseignant québécois
était supérieur de 311 $ à celui de son collègue
ontarien en 1981-1982. En 1985-1986, on observait en contrepartie un
écart de 4716 $ en faveur de l'enseignant ontarien. Cet écart
était cependant contrebalancé par un rapport
élèves-enseignant moins élevé au Québec et
par une tâche de travail relativement plus favorable à
l'enseignant au Québec qu'en Ontario, de sorte que le coût des
enseiqnants par élève demeurait plus élevé de 81 $
en 1985-1986.
Dans les circonstances difficiles où nous sommes toujours au plan
budgétaire, l'éducation tient honorablement sa place parmi les
priorités gouvernementales. La meilleure façon de lui assurer une
meilleure place, ce sera d'améliorer sans cesse la performance de nos
écoles et du système d'enseignement à tous les
niveaux.
En terminant, on me permettra de commenter brièvement les
compressions budgétaires de... Est-ce que je peux compléter
ça?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui, oui, M,
le ministre, voyons!
M. Ryan: Les compressions budgétaires instituées
pour 1987-1988 sont de 20 900 000 $ en année financière. Elles se
répartissent comme suit: L'administration, 4 000 000 $; enseignement
privé, 300 000 $; enseignement public, secteur des jeunes, 12 700 000 $;
secteur des adultes, 3 500 000 $; éducation populaire, 400 000 $, pour
un total de 20 900 000 $. Si on veut un tableau complet, il faut toutefois
mentionner aussi les ajouts de ressources qui se produiront en 1987-1988.
Certains ajouts proviendront d'ajustements mécaniques; d'autres des
conventions collectives signées ces derniers temps avec les enseignants;
d'autres de mouvements de clientèles. En tout, 550 postes nouveaux
d'enseignants seront ajoutés au système public en 1987-1988, soit
200 postes pour les élèves handicapés et les petites
écoles à la suite de modifications apportées aux
règles budgétaires. Il y a 200 postes découlant des
ententes avec les enseiqnants pour l'allégement de la tâche au
niveau secondaire. Il y a 100 postes découlant des ententes avec les
enseignants pour les cours de commerce et de secrétariat au niveau
secondaire et 50 postes découlant des ententes collectives avec les
enseignants pour les services aux handicapés profonds.
Ces ajouts d'enseignants représentent pour l'année
1987-1988 une dépense de 15 700 000 $. À cela viendra s'ajouter
une autre somme de 400 000 $ entraînant d'autres ajouts d'enseiqnants
à la suite de la siqnature des conventions collectives. En outre, le
gouvernement injectera 7 000 000 $ au chapitre des congés de maladie et
de l'assurance-salaire, 7 200 000 $ de crédits additionnels pour
l'enseignement professionnel et 2 600 000 $ pour l'ajustement de la
rémunération des enseignants à temps partiel dans le
secteur de l'éducation des adultes. Au total, les ajouts de ressources
impliqueront ainsi des sommes de 31 400 000 $ tandis que les compressions
s'élèveront à 20 900 000 $,
soit un surplus net de ressources de 10 500 000 $. Ces chiffres obligent
à nuancer les critiques que l'on voudrait instituer au sujet des
compressions. Nous assisterons plutôt en 1987-1988 à des
transferts de ressources découlant de changements apportés aux
ententes collectives et aux règles budgétaires plutôt
qu'à une réelle diminution de ressources.
En terminant, je voudrais remercier le chef du gouvernement et mes
collègues de la compréhension et de l'intérêt qu'ils
manifestent pour les questions reliées à l'éducation. Le
gouvernement est très conscient du rôle crucial de
l'éducation dans la préparation de notre avenir. Aussi, autant il
tient à ce que les ressources consacrées à ce secteur
soient utilisées de manière rationnelle, autant il est convaincu
de la place majeure que l'éducation doit conserver dans les
priorités de l'État québécois. À tous les
artisans du monde de l'éducation et en particulier à mes
collaborateurs du ministère de l'Éducation et au personnel de mon
cabinet, à nos concitoyens et concitoyennes qui suivent avec
intérêt les développements relatifs à ce secteur
primordial de l'activité collective, aux membres de la presse qui
consacrent une partie importante de leur énergie à informer le
public des choses de l'éducation, j'adresse des remerciements
empressés. Je souhaite que tous ensemble nous fassions de l'année
1987-1988 une année marquée au coin de l'engagement, du dynamisme
et de la collaboration.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. le ministre, de ces explications et de cet exposé plus que
complet que vous avez fait des programmes de votre ministère à
l'occasion du début de l'étude de cette période de
crédits. Il me fait plaisir maintenant de reconnaître le critique
officiel de l'Opposition et aussi vice-président de la commission de
l'éducation, le député de Laviolette. M. le
député.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. D'abord, je tiens
à souhaiter la bienvenue à toutes les personnes qui accompagnent
le ministre, particulièrement celles de son équipe
sous-ministérielle, en saluant de façon plus spéciale
peut-être son ex-engagé contractuel devenu sous-ministre depuis
l'an passé, à tous ceux qui ont participé à
l'ensemble des négociations des conventions collectives - on aura
l'occasion de revenir là-dessus - et à tous les membres qui les
accompagnent ainsi que les membres de votre cabinet. Je souligne de
façon spéciale, encore une fois, la visite d'une personne que je
connais, M. Rodrigue Dubé, devenu tout dernièrement un de vos
"pompiers" en remplacement de M. Rondeau.
Comme je n'ai pas l'intention de prendre plus de temps que le ministre,
je vais essayer d'être bref dans mes remarques préliminaires, mais
parfois il est plus facile de dire: "Tout va très bien, Madame la
marquise" que de poser des questions qui font ressortir les difficultés
du système d'enseignement au Québec. Je dirais au ministre que je
profiterai beaucoup plus de la période de questions pour essayer de voir
plus clair dans l'ensemble de ses intentions que du texte que j'ai l'intention
de vous . donner ce matin.
J'ai été heureux d'entendre le ministre et de voir les
années de référence qu'il a prises quant à
certaines statistiques contenues dans le document qu'il nous a fait parvenir.
Malheureusement, il sera comme ceux qui l'ont précédé, il
ne sera peut-être plus là comme ministre de l'Éducation
quand les chiffres sortiront dans cinq ou dix ans car c'est dans cinq ou dix
ans qu'on pourra voir tes effets de ses politiques. Je sais que ceux qui ont
été membres de ministères aussi importants ont besoin,
à un moment donné, de ressourcement et de passer à
d'autres activités.
J'ai l'intention d'utiliser le temps qui m'est dévolu lors de ces
quelques remarques préliminaires pour aborder un certain nombre de
dossiers majeurs dans le secteur de l'enseignement primaire et secondaire et
pour formuler aussi certaines critiques à l'endroit d'orientations
gouvernementales à mon avis néfastes pour le développement
de notre système d'éducation. Je veux aussi déplorer
l'absence de politiques et d'engagements réels de la part du ministre
sur un certain nombre de questions pourtant jugées importantes.
Puisque nous sommes ici pour l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation, abordons d'abord le volet
spécifiquement budgétaire. Globalement, les crédits
connaîtront en 1987-1988 une augmentation de 5 %. Les commissions
scolaires voient les subventions qui leur sont accordées aux fins de
l'enseignement primaire et secondaire public destiné aux jeunes et aux
adultes, lesquelles représentent plus de 92 % du budget du
ministère de l'Éducation, progresser à une rythme
équivalent de 5 %. Dans un contexte de stabilité des
clientèles, cela s'explique essentiellement par une augmentation des
masses salariales. On doit cependant aussi constater que cela se traduit par
une compression budgétaire d'environ -j'emploie à escient, pour
les besoins de la cause, l'année budgétaire des commissions
scolaires puisque les chiffres qu'il nous donne sont basés sur
l'année budgétaire 23 600 000 $ - le ministre parle, pour son
budget de l'année financière, d'environ 20 000 000 $ - pour les
commissions scolaires sans compter les effets de la sous-indexation des
dépenses. En proportion, cela
peut sembler peu mais dans un contexte où l'effort de
rationalisation a probablement atteint ses limites et où de pressants
besoins se font toujours sentir, une telle compression est dommageable. La
Fédération des commissions scolaires catholiques a d'ailleurs eu
l'occasion de critiquer cette décision - te ministre disait dans son
texte qu'il voulait minimiser les critiques, mais je pense qu'il faut les faire
ressortir, au contraire - et elle réclame du ministre qu'il cesse toute
compression dans les budgets des commissions scolaires et qu'il rende publique,
dès 1988-1989, une politique de financement comprenant un plan triennal
d'allocation des ressources pour le réseau. J'ai cru comprendre que le
ministre, lors de rencontres, avait accepté. Nous aurons l'occasion de
revenir à cette politique de financement d'un plan triennal. Sans se
dire d'accord pour le moment, on peut au moins participer à des travaux
dans ce sens.
Comme on le sait, les commissions scolaires ont été
soumises cette année à de nouvelles règles
budgétaires. Si elles semblent dans l'ensemble satisfaites, d'autres
ajustements sont encore souhaitables. Par ailleurs, un problème de plus
en plus pressant surgit au sujet du champ de taxation des commissions
scolaires. La grande majorité de celles-ci ont maintenant atteint la
limite permise de 6 % de leur budget ou de 0,25 $ les 100 $
d'évaluation. Certaines ont officiellement demandé, et je pense,
entre autres, au Conseil scolaire de l'île de Montréal, de lever
cette limite, de la porter à 8 % pour permettre de mieux répondre
à certains besoins qui ne peuvent être convenablement satisfaits
par les enveloppes gouvernementales, par exemple, au chapitre des milieux
défavorisés et des minorités ethniques. Sur ce point, nous
attendons la décision du ministre.
Par ailleurs, les crédits déposés ne comportent pas
les sommes requises pour tenir compte de l'engagement formulé en
campagne électorale par le Parti libéral concernant le report du
30 septembre au 31 décembre de la date fixée pour
déterminer l'admissibilité des enfants à l'école.
Le ministre attend sans doute l'année préélectorale pour
agir en ce domaine. Beaucoup de parents sont fort déçus de ce
manquement à cette promesse. Il me semble que le ministre devrait
plutôt le faire immédiatement. Dans le même sens, le
ministre ne tient pas son engagement de porter le temps de présence en
classe, au primaire, de 23 h 30 à 24 heures.
Par rapport au secteur public, l'enseignement privé
bénéficie d'une plus forte augmentation de ses crédits
compte tenu de l'augmentation de sa clientèle. Dans la foulée de
la levée du moratoire sur l'ouverture de nouvelles écoles, le
ministre injecte une somme supplémentaire de 3 200 000 $ dans le budget
de ce secteur. Sa décision a été très mal
accueillie par tous les grands intervenants du système public
d'enseignement. Dans le contexte où celui-ci subit des compressions
budgétaires importantes et où tous les efforts doivent converger
vers l'amélioration et la promotion de l'école publique, la
décision du ministre est apparue comme un déplacement de
priorités, peu importent les réponses que le ministre nous a
données dans son texte tout à l'heure.
Ces intervenants les grandes associations de commissions scolaires, de
directeurs d'école, de parents et d'enseignants - se regroupent pour
faire un front commun contre cette orientation. Probablement pour permettre
à la vapeur de s'échapper de la marmite, le ministre a
indiqué clairement qu'il ne saurait être question de hausser
pendant ce mandat le niveau des subventions accordées aux
établissements privés comme pourtant il s'engaqeait à le
faire dans son document d'orientation préélectoral. Je ne
reprendrai pas ici les critiques que nous avons formulées comme
Opposition dans ce domaine, sauf pour déplorer à nouveau
l'imprécision des paramètres devant servir à baliser
l'expansion du secteur privé. Le ministre dit qu'il agit cas par cas
pour faire une politique aénérale, alors qu'il y a des gens qui
lui demandent d'agir autrement.
Dans un autre ordre d'idées, le ministre a fait connaître
ses propositions de réforme de l'enseignement professionnel. Bien
accueillies dans certains milieux au départ, celles-ci n'en suscitent
pas moins de sérieuses interrogations, notamment au sujet de
l'harmonisation ries filières professionnelles au secondaire et au
collégial, des risques de duplication et de la nécessité
d'établir des passerelles entre ces deux ordres d'enseignement et au
sujet des impératifs qui se posent pour le recyclage et le
perfectionnement des enseignants de ce secteur qui, pour un grand nombre, se
trouvent mis en disponibilité. Nous aurons l'occasion d'y revenir lors
des questions pour savoir quelles sont les orientations du ministre quant
à cette mise en disponibilité qui peut devenir massive dans
certains cas.
La Commission des enseignants des commissions scolaires vient de lancer
un véritable cri d'alarme quant à l'impact très
sérieux de la baisse des clientèles estimée à 20 %
pour l'automne prochain. Elle considère que les mesures du ministre sont
insuffisantes pour permettre de redresser la situation. Nous profiterons donc
de cette commission parlementaire pour en savoir plus long à ce sujet
jugé important. (12 h 45)
Le ministre a apporté aussi certaines modifications au
régime pédagogique de la formation générale au
secondaire ainsi qu'au
primaire. Nous pouvons ici nous réjouir des reculs du ministre,
et ce à deux niveaux. Au secondaire, il voulait sabrer dans les
crédits accordés à la formation personnelle et sociale et
à l'éducation au choix de carrière, programmes dont
l'implantation est pourtant à peine complétée. L'essentiel
a finalement pu être préservé. Au primaire, c'est
évidemment sa tentative d'introduire l'enseignement de l'anglais en
première année qui attira plus l'attention au cours de la
dernière année. Ceci devait susciter un véritable
tollé dans plusieurs milieux. Le ministre, qui n'avait fourni aucune
justification quant à la pertinence d'un tel apprentissage
précoce de la langue seconde, dut battre en retraite. Le climat social
de l'automne dernier autour des velléités d'affaiblissement des
lois linguistiques a probablement interféré dans la
décision du ministre, ce qui lui a permis de battre doucement en
retraite. II reste à voir s'il a l'intention de ressusciter son projet
et dans quelles conditions il a l'intention de le ramener sur le tapis.
Exception faite de l'enseignement professionnel, on ne peut que
constater l'absence d'action du gouvernement et même de perspective
claire dans plusieurs domaines qui exigeraient pourtant des interventions
rigoureuses et appropriées. Le ministre préfère agir cas
par cas, éteindre les feux qui s'allument un peu partout.
L'éducation relève d'une sorte de ministre-pompier.
Nous ne lui reprochons pas de s'intéresser aux problèmes
locaux, de suivre de près l'évolution des situations
difficiles.
M. Gardner; ...
M. Jolivet: M. le député d'Arthabaska, vous
parlerez lorsque vous en aurez l'occasion, quand vous aurez votre "fan
club".
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, n'intervenez pas sur une grande échelle!
M. Jolivet: C'est cela. Le ministre agit cas par cas; nous aurons
l'occasion de le faire valoir à certains moments donnés, mais ce
n'est pas pour nous la seule façon d'agir. Il y a peut-être des
moments où il doit intervenir, mais peut-être pas de la
façon dont il le fait sur certains dossiers.
Par le fait même, on ne veut pas lui reprocher de
s'intéresser aux problèmes locaux, de suivre de très
près l'évolution des situations difficiles, c'est son travail,
c'est son rôle. Cependant, ce qui soulève des interrogations,
c'est sa tendance, qui semble devenir une habitude, à passer par-dessus
les élus locaux que sont les commissions scolaires. Le ministre, qui se
targue d'avoir è leur égard un profond respect - il l'a dit dans
son texte - et prêche pour leur autonomie, n'hésite pas,
croyons-nous, à s'ingérer au besoin dans leurs affaires. Quant
à nous, il y a un risque de dévaloriser le pouvoir local en
matière scolaire.
D'autre part, le comportement du ministre incite les personnes
confrontées à un problème à recourir è des
moyens de pression plus spectaculaires pour attirer son attention et l'inciter
à intervenir» On a eu des exemples éloquents à la
commission scolaire des Manoirs lors de la grève des chauffeurs
d'autobus à Terrebonne? à Jonquière avec le dossier de
l'intégration scolaire et à Brossard au sujet de la
relocalisation des clientèles, alors que le ministre est venu tout
arrêter à la suite des pressions des parents anglophones de ce
secteur.
La population de Chambly qui, elle, n'a pas eu recours à des
moyens aussi extrêmes pour obtenir le maintien du secondaire dans sa
localité, pour le moment, reste bredouille. Si le ministre consacre
beaucoup de temps aux problèmes locaux, on ne peut pas en dire autant si
on regarde le résultat des dossiers de plus grande envergure et
déterminants pour le défi qu'ils posent pour le système
d'éducation. j'en donne ici quelques exemples.
D'acord, il y a eu cet enjeu crucial de la
"déconfessionnalisation" des commissions scolaires. Tout ce que le
ministre a trouvé à faire, c'est de suspendre les
procédures juridiques au sujet de la loi 3 déclarée
inconstitutionnelle par la Cour supérieure en vertu de l'article 93 de
la constitution de 1867 et dans l'affaire de l'école
Notre-Dame-des-Neiges. Le ministre a refusé d'inclure l'article 93 dans
la négociation constitutionnelle, comme le réclamaient de
nombreux intervenants. Le ministre a aussi ignoré l'avis du
comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation qui
recommandait de procéder à l'établissement de commissions
scolaires linguistiques à l'extérieur de Montréal et de
Québec. C'était là évidemment une solution fort
limitée puisque c'est à Montréal que se pose avec le plus
d'acuité la nécessité d'adapter nos institutions scolaires
et leurs projets éducatifs à la réalité du
pluralisme social et religieux.
Par contre, le ministre s'est empressé de faire adopter une loi
pour soustraire notre législation scolaire à l'application des
chartes québécoise et canadienne des droits en matière de
discrimination. En vertu de celles-ci, les privilèges accordés
aux confessions religieuses catholique et protestante auraient en effet pu
être contestés comme contraires aux principes
d'égalité et de liberté de conscience. On a donc vite fait
de réparer une brèche possible dans l'édifice
confessionnel.
Comme prétexte à son inaction, le ministre énonce
deux conditions: le consensus
à établir et l'obtention de garanties juridiques. Dans les
faits, son attitude dénote, croyons-nous, un manque flagrant d'une
volonté politique forte. Qu'il dise donc ouvertement qu'il ne croit pas
vraiment à l'importance de "déconfessionnaliser" les structures
scolaires, contrairement à l'engagement électoral de son propre
parti politique. Ce serait, à notre avis, plus simple et tout le monde
saurait à quoi s'en tenir. En fait, le ministre est curieusement
très sélectif lorsqu'il s'agit de promesses à tenir en
priorité.
Quant aux autres volets de la réforme scolaire laissés en
plan par l'invalidation de la loi 3 et que le ministre semblait approuver, ils
se font toujours attendre. De report en report, ce serait maintenant
prévu pour l'automne. J'espère que c'est vrai, cette fois-ci,
puisque depuis le début c'est ce qu'on nous dit. Mais, malheureusement,
nous n'avons pas encore vu le début de cette loi. Le ministre a
jusqu'ici limité ses interventions à la question des
modalités entourant la tenue d'élections scolaires. Comme on le
sait, le ministre, l'apôtre de la rigueur, a dû s'y prendre
à deux reprises. Il a eu besoin de déposer un deuxième
projet de loi en mars pour pallier aux lacunes de la loi 24 adoptée en
mai dernier, 'pour réparer certains "oublis" qui auraient pu priver de
leur droit de vote les membres de confessions religieuses autres que catholique
ou protestante et pour modifier l'échéancier électoral en
réponse aux représentations de certains organismes. Nous avons
concouru à ces améliorations et nous souhaitons que les nouvelles
dispositions en vigueur pour la tenue des élections scolaires de
novembre prochain sur l'ensemble du territoire québécois
permettront de favoriser une meilleure participation et insuffleront un souffle
nouveau à la vie démocratique dans nos institutions scolaires.
Cependant, nous regrettons que le ministre n'ait pas acquiescé à
la demande des commissions scolaires afin qu'elles soient indemnisées
pour les frais supplémentaires occasionnés par la tenue de ces
élections qui impliquent non plus seulement le tiers mais la
totalité des sièges des commissaires.
Je voudrais ajouter un mot sur le processus d'intégration des
niveaux primaire et secondaire. Le ministre a privilégié la voie
de l'unanimité des commissions scolaires concernées, laissant le
processus se poursuivre sur une base volontaire. En juillet prochain, quelques
commissions scolaires intégrées verront le jour. Il n'en reste
pas moins que la situation demeure bloquée à plusieurs endroits.
Au rythme où vont les choses, il faudra attendre encore plusieurs
années pour que l'intégration soit réalisée sur
l'ensemble du territoire québécois. Le ministre devra dire
clairement où il loge. Préfère-t-il la cohabitation de
commissions scolaires intégrées avec d'autres qui ne le sont pas
ou entend-il prendre les moyens pour que le processus puisse être
accéléré?
Trois secteurs importants me semblent particulièrement
négligés par l'actuel gouvernement. L'un de ceux-là,
cependant, le ministre vient de l'aborder pour indiquer qu'il y aura des
soutiens additionnels apportés aux élèves
handicapés ou en difficulté d'apprentissage. Il reste, quant
à nous, la question de l'éducation des adultes et l'enseignement
aux jeunes des minorités ethniques.
Le ministre a parlé de l'ensemble de la convention collective. Il
a dit que c'était une convention signée et que cela permettait un
meilleur climat à l'intérieur des écoles. Il a cité
des chiffres quant au nombre d'enseignants qui ont été
ajoutés lors de la dernière négociation. Je dois cependant
dire que, lorsqu'on regarde l'ensemble des clauses qui existent et les
comparaisons que le ministre a faites avec la convention collective qui
existait, les offres patronales, les demandes syndicales et l'entente obtenue
pour 1986-1988 indiquent qu'on n'a fait, dans bien des cas, que reconduire dans
la quasi-totalité les dispositions de l'ancienne convention collective.
C'est un peu drôle de constater que ceux qui ont tellement
décrié les décrets de 1983 en aient, dans les faits,
reconduit une très forte majorité.
Le gouvernement n'a pas apporté non plus, jusqu'à
maintenant, de réponse au défi posé par l'accueil et
l'intégration sociolinguistique des jeunes des minorités
ethniques. Nous savons qu'ils constituent une proportion croissante des
clientèles scolaires, déjà plus de 20 % et même 30 %
sur l'île de Montréal, selon certaines estimations. La
multiethnicité fait maintenant partie du vécu quotidien de
nombreuses écoles. Aussi, grâce à la loi 101, une
majorité de ces jeunes fréquentent maintenant les écoles
françaises. Dans des études et un avis récent dont, je
l'espère, le ministre a pris connaissance, le Conseil de la langue
française identifie certains obstacles à l'apprentissaqe du
français chez les jeunes allophones. Le conseil a adressé
plusieurs recommandations au ministère de l'Éducation afin d'y
remédier et de mieux réussir leur intégration
sociolinguistique dans le respect de la diversité des cultures. Je me
permets ici d'en mentionner quelques-unes: étendre la durée des
services d'accueil à plus de dix mois; donner les services et le temps
requis aux élèves sous-scolarisés; développer des
instruments pédaqoqiques permettant d'adapter l'enseignement aux
exigences d'une pédaqogie înterculturelle et tenir compte des
besoins spécifiques des écoles à clientèle
pluriethnique.
J'ai eu l'occasion d'aller visiter une de ces écoles à
Montréal, l'école Saint-Enfant-Jésus, sur le plateau
Mont-Royal, et on nous
a fait mention de plusieurs problèmes qui existent quand les
élèves passent des services d'accueil directement aux classes
normales et des difficultés qui existent compte tenu du nombre de mois
qu'ils ont eu à passer en services d'accueil.
Il recommande à chaque école à clientèle
pluriethnique de se donner une politique en matière linguistique et
d'intégrer la perspective interculturelle à l'ensemble de ses
activités scolaires et parascolaires. Quand je dis "il", c'est le
conseil. De plus, le conseil invite les commissions scolaires à
augmenter la représentation des membres des communautés
culturelles au sein de leur personnel et à mettre sur pied les
activités de perfectionnement. C'est là, je crois, un vaste
chantier. Il reste à voir l'intérêt que le ministre saura y
consacrer.
Dans un récent avis, le Conseil supérieur de
l'éducation fait état de retards importants de notre, population
et de notre main-d'oeuvre en termes de scolarisation. Le quart de la population
adulte a moins de neuf ans de scolarité et 35 % des adultes de moins de
35 ans n'ont pas complété leur diplôme d'études
secondaires. Parmi la population active, 18 % ont huit ans et moins de
scolarité par rapport à 12 % en Ontario. Le Conseil
supérieur de l'éducation identifie ainsi un certain nombre de
besoins pressants dans ce domaine du secteur d'intervention à
privilégier en termes de hausse des qualifications, de l'accès
aux formations de base, de l'alphabétisation, de l'accès aux
études supérieures et de la scolarisation pour les femmes.
Pourtant, le secteur de l'éducation des adultes semble constituer
le parent pauvre de l'activité gouvernementale en éducation. Au
point de vue strictement budgétaire, nous constatons que les
crédits accusent une baisse de 15 % par rapport à l'année
1986-1987. En termes réels, te niveau de ressources est à peu
près maintenu compte tenu du fait que les crédits de l'an dernier
incluaient une somme de 20 000 000 $ imputable à des coûts de
l'année 1985-1986, comme le ministre en faisait mention dans son texte
tout à l'heure.
Quant à une véritable politique en cette matière,
c'est le vide total. Le fossé est saisissant entre la
générosité affichée dans le document "Une politique
d'éducation pour le prochain mandat" et les réalisations
concrètes. Ainsi, le ministre, dans ce document, s'engageait à
faire adopter une loi-cadre de l'éducation des adultes reconnaissant le
droit de tout citoyen adulte à une formation de base gratuite
équivalente à onze années de scolarité et le droit
du travailleur ou de la travailleuse de s'absenter de son travail pour des fins
de formation, les modalités étant définies par le
comité de formation. Le dépôt d'une telle loi est encore
attendu. Même chose pour le proqramme national d'alphabétisation
que l'on se proposait d'instituer. Quant à l'établissement d'un
système national de reconnaissance des acquis scolaires et
"expérimentiels" à l'intention des adultes désireux de
parfaire leur formation, leur dossier actuellement progresse, à notre
connaissance, à pas de tortue.
Le porte-parole de l'Opposition, qui est maintenant ministre de
l'Éducation, préconisait aussi la mise en oeuvre d'une politique
de ressources humaines visant à libérer un nombre croissant
d'enseignants pour des tâches reliées à l'éducation
des adultes, à éliminer le plus possible le double-emploi chez
les enseignants et à créer des conditions de travail
décentes pour les enseignants à temps partiel et à taux
horaire dans le secteur de l'éducation des adultes. L'examen de la
dernière convention collective signée avec les enseignants
révèle cependant qu'ils n'enregistrent aucun gain significatif
à ce chapitre de l'éducation des adultes, que ce soit pour
l'octroi de contrats à temps plein, la sécurité d'emploi,
la définition de la tâche ou la fixation de minima et de maxima
d'élèves. De plus, les enseignants engagés à la
période sont victimes d'une situation profondément
discriminatoire sur le plan salarial.
Dans un autre ordre d'idées, mais toujours dans son document
préélectoral, le Parti libéral se fait le chantre de
l'affirmation et de la reconnaissance de la juridiction du gouvernement
québécois sur l'emploi des ressources mises à la
disposition de l'éducation des adultes et de la formation
professionnelle par le gouvernement fédéral. Dans le cadre de la
renégociation de l'entente sur la formation professionnelle, le
gouvernement a, pour cette fois, réussi à sauver les meubles. On
se rappellera que le gouvernement fédéral voulait
dédoubler les structures déjà en place, notamment les
commissions de formation professionnelle, et divertir de ce fait des fonds
importants du secteur scolaire vers les entreprises.
L'orientation de l'aide financière vers les lieux privés
de formation aurait privé nos commissions scolaires et nos
collèges de sommes allant jusqu'à 54 000 000 $ la
troisième année, soit près de 40 % de l'enveloppe. Le
Conseil supérieur de l'éducation avait bien mis en
lumière, dans un avis émis en mai 1986, les conséquences
dangereuses des propositions fédérales tant sur l'état et
l'évolution de nos services d'éducation des adultes que sur
l'orientation même des contenus de formation destinés aux adultes.
"En priviléqiant la formation spécifique pour répondre aux
besoins immédiats plutôt qu'aux besoins des personnes, ce sont les
fondements mêmes d'une formation professionnelle comportant une formation
de base plus large axée sur l'acquisition de compétences
transférables qui
seraient compromis", soulignait le conseil de façon très
judicieuse. Le fait de privilégier la formation dans les
établissements publics ne soustrait évidemment pas ceux-ci
à la responsabilité de parfaire la réponse fournie aux
besoins de formation sur mesure. L'entente prévoit que cette formation
sur mesure, dont les budgets seront administrés directement par les
centres de formation professionnelle, sera dispensée prioritairement
dans les établissements publics de formation. Il faudra voir cependant
ce que signifie le mot "prioritairement".
Un dernier point avant de passer à la période de
questions, M. le Président: le financement des organismes volontaires
d'éducation populaire. Dans son document, le député
d'Argenteuil proposait l'octroi de ressources accrues à ce secteur.
Quand je parlais de choix, de sélection tout à l'heure, on
s'aperçoit que c'est un choix, une sélection des
priorités. Et cela, c'est toujours dans leur document
préélectoral.
Encore là, le compte n'y est pas. C'est même l'inverse.
Pour la deuxième année consécutive, les crédits
enregistrent une baisse réelle du fait d'abord de la non-indexation.
Pour 1987-1988, ils sont en effet gelés à 7 900 000 $. Pourtant,
les besoins sont croissants et plus de 400 organismes attendent la levée
du moratoire.
Le programme des organismes volontaires d'éducation populaire est
aussi l'objet de critiques quant au financement des groupes nationaux et des
tables régionales, au mode de sélection et aux critères
d'évaluation des activités et aux délais dans l'envoi des
chèques de subvention. J'aurai l'occasion d'y revenir lors de
l'étude de ce secteur vers 20 heures ce soir.
Nous savons cependant qu'une révision est en cours. Le ministre
en a fait mention dans son texte tout à l'heure. Il reste à
espérer que cette révision saura répondre aux attentes des
organismes qui accomplissent dans ce secteur un travail colossal qui n'est,
hélas, pas apprécié à sa juste valeur. Quand on
parle de groupes volontaires d'éducation populaire ou d'autres groupes
communautaires, on s'aperçoit, comme dans tous les autres
ministères, que ce gouvernement-là a une tendance à les
écarter plutôt qu'à les aider.
Voilà donc quelques remarques liminaires, M. le Président.
Je souhaite cependant que nos échanges nous offriront, comme toujours,
l'occasion de débats de fond sur des enjeux cruciaux pour
l'évolution de notre système d'éducation et nous
permettront d'en savoir un peu plus long sur les intentions du ministre
vis-à-vis d'un certain nombre de questions et de secteurs largement
ignorés ou négligés par l'actuelle administration. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. le porte-parole officiel de l'Opposition. Je vous rappelle que
nous allons suspendre immédiatement pour reprendre à 15 heures
alors que nous étudierons programme par programme les prévisions
budgétaires du ministère de l'Éducation.
La séance est suspendue.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 15 h 4)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'éducation poursuit ses travaux. Avant de
reconnaître le porte-parole de l'Opposition, est-ce qu'il y aurait des
remarques sur les deux interventions d'ouverture? Mme la députée
de Groulx.
Mme Bleau: D'abord, M. le ministre, je voudrais vous remercier
ainsi que votre personnel. Dans les écoles anqlaises catholiques, cette
année, on a encore eu un petit problème parce que les
élèves n'étaient pas assez nombreux pour être
logés dans toute une école. Contrairement à ce à
quoi on aurait pu s'attendre, cela s'est terminé dans la
compréhension; tout s'est bien déroulé. Les parents et les
élèves sont très satisfaits. Je voudrais vous remercier et
remercier vos adjoints; je ne vois pas mon ami, ici.
Autre chose: j'aurais une question à vous poser. Quand vous
parlez des 21 cas acceptés et que vous dites que vous avez dû
étudier des cas d'exceptions de demandes pour l'école anglaise,
est-ce qu'on pourrait savoir si ce sont seulement des allophones ou si certains
élèves de langue française, au départ, auraient pu,
par exception, aller à l'école anglaise?
Le Président (M- Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Dans la très grande majorité des cas - il
n'y en a pas eu beaucoup, une vingtaine, comme je le disais ce matin - ce sont
des allophones, à en juger non seulement par le nombre, mais aussi par
les antécédents. Il y a toute une fiche qu'ils doivent remplir,
indiquant les antécédents. C'est clair que ce sont des enfants de
foyers allophones. Maintenant, il y a une couple de cas où il y avait un
nom français, mais quand on les examine comme il faut, la mère
n'est pas d'origine française ou, parfois, ce sont des gens qui sont
venus ici, qui ont fait partie des forces armées ou qui ont eu des
situations tout à fait spéciales à la suite desquelles le
nom est un facteur qui
n'a pas toute la signification habituelle.
Mme Bleau: Je trouve que le chiffre de 20 ou de 21 est bien
raisonnable. Je pense qu'on a raison d'être satisfait.
M. Ryan: Je crois que c'est un chiffre qui confirme les
pronostics que nous avions établis à ce sujet, Nous avions
assuré, quand la loi a été discutée, qu'il n'y
aurait pas une grande précipitation au guichet, surtout avec le
mécanisme que nous avions institué d'une commission d'appel qui
examine les cas après qu'ils aient déjà été
examinés par des fonctionnaires désignés à cette
fin. Quand c'est rendu au troisième degré de vérification,
d'abord, c'est très peu probable qu'il reste beaucoup de cas et,
deuxièmement, les chances sont que les cas qui restent soient des cas
qui méritent vraiment une attention spéciale.
Mme Bleau: II y a une autre petite chose, cela va prendre une
seconde. M. le député de Laviolette mentionnait, ce matin, le cas
des organismes bénévoles qui s'occupaient des
analphabètes. Il y en a un dans mon comté et je peux vous dire
qu'à l'occasion j'ai demandé une petite subvention pour aider ce
groupe de bénévoles. M. le ministre a regardé le cas
consciencieusement et nous a accordé ce dont on avait besoin.
Pardon?
M. Jolivet: Comment s'appelle ce groupe?
Mme Bleau: Peut-être que les groupes dont vous parlez ne
font pas de demande. Ils en ont fait une.
M. Jolivet: Mais comment s'appelle-t-il?
Mme Bleau: La demande a été satisfaite.
M. Jolivet: Comment s'appelle-t-il?
Mme Bleau: II faudrait que j'aille chercher mon dossier dans mon
bureau.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
madame. Je suis heureux de voir que les groupes de votre comté ont
été satisfaits. Sans plus de préambule, je reconnais le
critique officiel de l'Opposition. Nous procédons immédiatement
à l'étude du programme 1. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, juste pour bien camper le
sujet, on avait demandé - je pense qu'il y a une largesse à ce
sujet -qu'on étudie l'ensemble du programme et qu'on aille à
l'intérieur des éléments pour éviter d'être
trop formalistes, tout en essayant de suivre un processus qui nous permet de
vous dire sur quoi nous allons poser les questions. Mais, vu qu'un groupe avait
demandé, d'être entendu plus rapidement - ce sont Les organismes
volontaires d'éducation populaire - on pourrait l'entendre ce soir
à 20 heures, même si on était déjà dans un
autre programme. On pourrait arrêter l'étude pour les
recevoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
D'accord. M. le ministre.
M. Ryan: Je peux peut-être juste poser une question
là-dessus. Est-ce que vous avez vérifié si c'était
en conformité avec nos règlements d'entendre des qroupes pendant
l'étude des crédits?
M. Jolivet: Non, non. Les gens vont être présents
pour entendre nos discussions. C'est simplement cela. C'est pour vous dire que,
compte tenu de cela, ils ont dit qu'ils étaient pour être
présents. Nous voulons le faire plus tôt pour leur permettre de
partir plus à bonne heure pour Montréal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, à
l'action!
M. Ryan: Toujours prêt, toujours prêt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Scout de
carrière, M. le ministre! M. le député de Laviolette.
M. Ryan: Ha! Ha! Ha!
Administration
Attribution des ressources pour les
élèves handicapés
M. Jolivet: Une première question dans le programme
Administration qui concerne la production des manuels scolaires en braille. Au
début de l'année, l'Institut Nazareth et Louis-Braille cessait sa
production de manuels scalaires en braille. Compte tenu de cette situation
financière précaire et vu l'impossibilité des commissions
scolaires d'assumer une facturation plus lourde, l'institut ne pouvait vendre
les manuels è la valeur de 2,50 $ la page. Nous avions, à ce
moment-là, écrit au ministre pour lui demander d'injecter des
ressources supplémentaires. Nous croyons qu'il y a eu un peu de
délais et de terqiversations dans le dossier qui ont perturbé
l'année scolaire des jeunes déficients visuels. La ministre de la
Santé et des Services sociaux annonçait, le 20 février,
l'octroi d'une subvention pour la modernisation de l'équipement servant
à la production en braille. Le ministère de l'Éducation a
aussi siqné une entente avec l'institut lui assurant un certain soutien
financier. Le problème n'est cependant pas
complètement réglé. Évidemment, le ministre
pourrait me dire: On va les aider, mais on n'est pas là pour
régler tous leurs problèmes. Effectivement, dans ce dossier,
c'est une production qui coûte très cher. Quand on pense que le
coût de production ne peut pas être maintenu à 2,50 $ la
page pour la saisie initiale, le coût pour la production se trouve
majoré de 0,10 $ à 2,50 $. Le montant est maintenant de 2,50 $.
Donc, c'est de 0,10 $, à 2,50 $. Les commissions scolaires, de leur
côté, se disent incapables d'assumer les coûts
supplémentaires qui en découlent. J'ai eu l'occasion d'aller
faire une visite - j'en faisais mention ce matin - à l'école
Saint-Enfant-Jésus, sur la rue Villeneuve, à Montréal
où on a des problèmes comme ceux-là. Des jeunes qui
proviennent de différentes écoles, à l'intérieur du
territoire de la Commission scolaire des écoles catholiques de
Montréal, nous disaient et nous montraient effectivement ce que
l'ensemble de ces manuels scolaires amenait en coût de production. Voici
ta question qu'on poserait au ministre: Est-ce que vous avez l'intention de
répondre favorablement à la demande des commissions scolaires
concernées et de réajuster en conséquence leur budget? Ma
deuxième question pour cette chose: Quel est le contenu de l'entente
conclue entre la direction du matériel didactique du ministère de
l'Éducation et l'institut?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M, le Président, je voudrais peut-être vous
présenter, pour commencer, les collaborateurs du ministère qui
m'entourent. Je recourrai à l'un ou l'autre d'entre eux pour des
questions spécialisées. Je ne prétends pas entrer dans
tous les détails. À ma droite, il y a M. Thomas Boudreau qui est
sous-ministre. À la droite de M. Boudreau, il y a M. Robert Trempe,
sous-ministre adjoint à l'administration. À la droite de M.
Trempe, il y avait tantôt M. Jean-Claude Cadieux, sous-ministre adjoint
à la planification et au développement pédagogique, et
celui qui est assis sur sa chaise, actuellement, c'est M. Maurice Morand, qui
est directeur des programmes à la même direction et M. Morand est
là parce que tantôt je vais lui demander de nous donner un coup de
main à propos de la question que vous avez soulevée. À ma
gauche, il y a M. Taillon qui est à la direction des ressources
financières du ministère de l'Éducation et à mon
extrême gauche, il y a M. Jean-Claude Rondeau, ci-devant conseiller du
ministre en matière d'enseignement primaire et secondaire et, depuis
février dernier, sous-ministre adjoint en charge des réseaux.
Je voudrais peut-être en même temps vous présenter
mes collaborateurs immédiats. Il y avait M. André Fortier, mon
directeur de cabinet qui était ici tantôt, il y a M. Rodrigue
Dubé qui a remplacé M. Rondeau auprès de moi, à
titre de conseiller en matière d'enseignement primaire et secondaire. Il
y a aussi M. Jeff Polenz, qui est mon conseiller spécial en ce qui
touche les rapports avec les communautés ethniques et la
communauté anglophone et aussi en ce qui touche bien d'autres choses. Il
n'est pas seulement l'anglophone de service, il est un conseiller de plein
titre et il nous est utile dans l'examen d'un grand nombre de dossiers. Alors,
je vous les présente.
Maintenant, sur la question que M. le député de Laviolette
a soulevée. C'est vrai qu'il y a eu un accord, il y a déjà
quelques semaines, après que le problème ait traîné
dans le paysage un certain temps, un accord auquel est également
associé le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Et, avec votre permission, M. le Président, j'aimerais demander à
M. Maurice Morand de nous dire exactement ce qui s'est passé
là-dedans et où nous en sommes.
M. Morand (Maurice): Pour l'année 1986-1987, les ententes
qui ont été conclues l'ont été avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux, avec la firme qui
imprimait les manuels en braille et avec le ministère de
l'Éducation, plus précisément la Direction du
matériel didactique, qui accordait des subventions à la firme qui
préparait les manuels en braille. Pour l'année en cours, je pense
qu'on peut conclure, et les organismes de parents qui étaient
concernés se sont dits suffisamment satisfaits, sauf qu'il y a eu une
entente qu'il fallait reprendre le dossier immédiatement pour
1987-1988... Nous sommes en pourparlers via les directions régionales,
avec les deux principales commissions scolaires concernées, Chambly et
Charlesbourq, pour étudier si, à même leurs subventions
budgétaires, les budgets sont suffisants ou s'il y a un manque à
gagner pour elles, dans le sens d'acquérir de façon suffisante
les manuels en braille pour les élèves qui sont sous leur
juridiction, parce que ce sont des commissions scolaires qui reqroupent
réqionalement des élèves handicapés. Donc, nous
sommes à étudier pour l'an prochain la situation
budgétaire de ces commissions scolaires et si on établit qu'il y
a un manque à gagner pour elles, il y aura des réajustements dans
les allocations supplémentaires, spécifiquement à cet
égard. (15 h 15)
En ce qui concerne l'entente plus particulière au sujet du
matériel didactique, je pense que M. Vachon pourrait abonder dans ce
sens. C'est un dossier conçu annuellement, parce que l'entente doit
être révisée annuellement en ce qui concerne les
coûts, le nombre d'élèves et les commissions
scolaires impliquées.
M. Jolivet: En fait, dans les demandes qui vous avaient
été faites, il y avait l'école Jacques-Ouellette et la
polyvalente de Charlesbourg dans les textes nous montrant les coûts
additionnels.
M. Morand: Ce sont les principales commissions scolaires, parce
qu'elles ont des mandats suprarégionaux en matière de handicaps
visuels.
M. Jolivet: Est-ce qu'il est possible, M. le ministre, d'avoir
copie de cette entente qui a été conclue, de telle sorte qu'on
puisse voir l'évolution du dossier eu égard aux demandes qui nous
sont faites?
M. Ryan: Je crois que oui. Je pourrais demander qu'elle vous soit
fournie d'ici à la fin de la semaine.
M. Jolivet: Aux membres de la commission par
l'intermédiaire du secrétaire. Une autre chose concerne
l'ensemble des personnes handicapées visuellement et c'est la
magnétothèque de Montréal qui a fait une demande et qui a
reçu une aide de 300 000 $ du ministère des Affaires culturelles.
Est-ce que je peux poser la question? Est-ce qu'il est possible, compte tenu
que ces gens produisent des livres scolaires, soit en physique, en chimie ou
autre par l'intermédiaire d'un enregistrement, d'obtenir du
ministère une aide pour combler le manque à gagner qu'ils ont de
500 000 $? Est-ce qu'une demande a été faite officiellement?
M, Ryan: Je n'ai pas eu connaissance d'une telle demande,
à ce jour. Mais M. Trempe m'informe qu'il vient tout juste d'être
saisi d'une demande à ce sujet et que nous allons étudier la
demande. Je n'en ai pas encore eu connaissance.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut espérer qu'une demande en ce
sens recevra un accueil favorable de la part du sous-ministre pour les aider
à mettre en place quelque chose d'inédit au Québec, qui
est essentiel et utile?
M. Ryan: Oui, je connais l'activité de la
magnétothèque depuis déjà quelques années et
je vois d'un oeil éminemment sympathique le travail très
bienfaisant qu'elle accomplit.
M. Jolivet: Alors, on va attendre de vos nouvelles, à la
suite de la demande qui vient d'entrer au ministère.
M. Ryan: Ils peuvent attendre de nos nouvelles.
M. Jolivet: Parfait. Une autre question dont j'ai saisi le
ministre. C'est la Société québécoise de l'autisme,
région du district de Trois-Rivières, qui a fait mention de
quelques problèmes. Je voudrais en faire mention ici pour que ce soit
bien inscrit et qu'on sache effectivement les problèmes qui confrontent
ces personnes avec les commissions scolaires. L'exemple que j'ai chez moi, sans
donner de noms - c'est un peu à la suite de ça que la
société a fait une demande additionnelle - c'est un jeune ou une
jeune qui demande d'être inscrit en prématernelle, maternelle
quatre ans, et qui se fait dire par la commission scolaires Non, on n'accepte
pas, on n'a pas les enseignants, on n'a pas l'argent voulu.
Je pourrais en parler ailleurs, mais je pense que ça vaut la
peine de le regarder comme tel, ici. Sachant que le ministre avait voulu,
à un certain moment, dans l'implantation des maternelles quatre ans,
changer les règles du jeu en cours de route, ce qui fait que les
commissions scolaires avaient résisté et que cela avait
amené le ministre à retirer... Cela avait une forme de directive
à l'époque qui amenait les commissions scolaires à avoir
des critères autres que des critères de difficultés
d'apprentissage, des difficultés physiques ou des déficiences
quelconques.
Ces jeunes se voient refuser l'entrée en maternelle quatre ans
sur le principe qu'ils ont des handicaps et qu'on ne peut pas avoir l'argent
nécessaire, pour des enseignants ou pour d'autres moyens convenables
à l'intérieur de l'école pour ce genre de handicap. Il y a
des exemples sur la rive sud et sur la rive nord de la Mauricie.
M. Ryan: J'ai à mes côtés M. Taillon qui est
le grand responsable de L'application des règles d'attribution des
ressources aux commissions scolaires. J'aimerais peut-être qu'il nous
dise comment se fait l'attribution des ressources dans des cas comme celui que
vous venez de soulever. Le cas particulier dont vous avez parlé, vous
m'en avez soufflé un mot hier ou avant-hier, mais je n'en suis pas saisi
moi-même. Je n'ai pas eu de représentation à ce sujet. Je
vais demander que nous l'examinions, que nous retracions te dossier, à
supposer que nous en ayons été saisis au ministère, ce
dont je ne suis pas certain.
Mais je pense que ce serait bon que M. Taillon profite de l'occasion
pour expliquer comment les ressources, pour les élèves
handicapés, sont attribuées et quelle est la nature exacte du
programme que nous avons en matière de classes maternelles à
temps complet dans les milieux défavorisés. Un petit malentendu
s'est peut-être glissé dans l'esprit du député de
Laviolette et on pourra en profiter pour clarifier les choses.
Le Secrétaire: Nous n'avons pas quorum.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il
consentement? Oui. Nous allons entendre M. Taillon.
M. Taillon (Gilles): M. Jolivet, dans le cas des clients des
maternelles quatre ans, des enfants handicapés, nous avons des budgets
qui sont donnés en allocation de base complémentaire aux
commissions scolaires. Donc, les commissions scolaires reçoivent des
sommes. Il y a un montant qui tourne autour du million au Québec pour
financer ce type de classe-là. Évidemment, si une commission
scolaire a des besoins, il est important de nous les faire connaître, de
nous les signaler et nous pouvons voir à ce que les services soient
offerts dans ces cas-là.
Le programme est resté le même. Il n'y a pas eu de
compression et il n'y a pas eu de coupure là-dessus. C'est la même
chose dans le cas des milieux économiquement faibles, d'autres types de
services. La carte est toujours en vigueur. C'est la même carte. Il n'y a
pas eu non plus de coupure de ressources à ce niveau,
M. Jolivet: Ce que j'ai voulu dire, pour bien faire comprendre au
ministre, c'est qu'à un moment donné il avait été
question de changer les critères d'admissibilité en maternelle
quatre ans, cinq ans aussi. En première année, l'école est
obligatoire. Mais, compte tenu que pour les quatre et cinq ans l'inscription
des élèves est non obligatoire, cela arrive que pour les quatre
ans, les commissions scolaires disent aux gens: On n'a pas les ressources
nécessaires et on ne s'emberlificote pas avec cela. Et les gens
retournent chez eux Gros-Jean comme devant. Ce que je dis, c'est qu'à un
moment donné quand on a voulu faire ces changements, il y a des
commissions scolaires qui n'avaient pas les objectifs prévus, soit pour
des déficiences, des handicaps ou des choses de milieux
défavorisés économiquement. Elles ont des critères
plus forts, si on peut dire, qui sont basés sur le fait que c'est le
dernier de la famille, que l'enfant est dans un milieu qui ne lui permet pas de
se socialiser. À ce moment-là on l'envoie en maternelle quatre
ans ou en maternelle cinq ans.
Dans ce contexte-là c'est comme si on disait: On n'a pas les
ressources nécessaires. Les gens retournent chez eux, puis ensuite ils
vont voir le député. Je vous le dis et dans la lettre je
l'exprime: Peut-être que le ministère n'en a pas été
saisi, parce qu'effectivement pour le moment cela s'est situé à
la commission scolaire. J'ai un cas, chez moi, qui s'est produit la semaine
passée et, effectivement, la commission scolaire a dit à cette
personne: On n'a pas les montants d'argent nécessaires et on n'a pas les
capacités de donner. Or, vous me dites qu'il y a des budgets. Il faut
donc que les parents se battent auprès de la commission scolaire qui,
elle, va le demander au ministère pour des cas comme ceux-là, si
je comprends bien.
M. Taillon: M. le Président, en réponse au
député de Laviolette, c'est exactement cela. Je peux vous dire
que pour les maternelles quatre ans pour enfants handicapés et pour les
milieux économiquement faibles, maternelles cinq ans temps plein, des
ressources sont prévues au ministère. La commission nous
sensibilise et on regarde cela.
M. Jolivet: Alors, on va demander à ces parents qui ont
fait des demandes de les faire connaître au ministère, si je
comprends bien, et vous allez donner une réponse dans la mesure du
possible.
Subventions ponctuelles
Le ministre a un budget de subventions ponctuelles et c'est
peut-être pour cela que j'agaçais notre députée qui
a posé des questions tout à l'heure dans ses remarques
préliminaires, pour savoir quel était l'organisme
concerné. Dans les sommes que le ministre a le droit de dépenser,
a-t-il mis des critères ou est-ce qu'il s'est basé sur une
décision personnelle? Un peu comme dans l'enseignement supérieur
où le ministre a dit, en réponse au député
d'Arthabaska, qu'il avait réglé un cas au point de vue
humanitaire, un cas de prêts et bourses. Je lui faisais mention que moi,
comme individu responsable d'un dossier, je lui avais fait la même
remarque au nom d'une personne; puis, finalement, à cette époque
il m'avait dit qu'il n'avait pas d'argent, qu'il n'en était pas question
et qu'on ne changerait pas les normes. C'est ce que l'on m'avait donné
comme réponse à l'époque.
Est-ce que dans ses subventions ponctuelles le ministre a mis des
critères ou est-ce que c'est lui qui décide à son bon
gré et selon les humeurs de sa journée"?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Comme je l'ai déjà dit au
député de Laviolette, il y a des gens qui ont besoin d'une
grammaire de 500 pages pour régler un cas qui arrive à 23 heures.
Je n'ai pas besoin d'une grammaire extensive pour régler des cas
simples. Je les regarde à leur mérite, je prends une
décision de bon jugement équitable. Cela va beaucoup plus vite
pour le client. Cela a des effets beaucoup plus concrets. Par
conséquent, je n'ai pas de cahier spécial pour me guider dans
ces
choses-là et je n'en veux pas.
Parmi les cas dont j'ai été saisi au cours de
l'année, il y a eu un bon nombre de projets spéciaux dans des
écoles, des projets de voyages à caractère culturel. Je
vous donne les exemples: une école, dans le comté d'Abitibi-Ouest
représenté par un de vos collègues, avait conçu un
voyage dans la capitale fédérale pour les élèves de
cinquième année. Les parents et l'école finançaient
à peu près les trois quarts ou les quatre cinquièmes du
coût du voyage. Ils demandaient une subvention d'appoint pour
compléter. J'ai dit: Volontiers. On leur a donné un montant - je
ne sais pas si c'est 1000 $ ou 1500 $, un montant modeste en tout cas - qui
permet d'ajouter un enrichissement intéressant au travail qui
s'accomplit dans cette école ou dans cette commission scolaire. Il y a
eu un certain nombre de ces choses-là, peut-être une cinquantaine,
peut-être une soixantaine en tout. Je pense qu'on vous a donné la
liste de tous les montants qui ont été versés, de toute
manière» Je n'ai pas de détective, je n'ai pas de bureau
pour me dire: Y a-t-il 83 élèves, ou 37 ou 44 à cette
école? Cela va-t-il être un autobus qui coûte tant, dans la
catégorie B ou C du ministère des Transports? Non, J'ai
regardé cela, j'ai trouvé que l'éducateur avait l'air
d'avoir du bon sens, les lettres étaient bien présentées,
le député l'appuyait. Il ne demandait pas beaucoup d'argent;
alors, on a dit: On y va. Il y a d'autres cas. On a aidé un certain
nombre d'organismes plus importants.
L'organisme dont on a parlé encore récemment, c'est un
congrès de l'Association québécoise des utilisateurs de
l'ordinateur au primaire et au secondaire. L'an dernier on a donné une
somme, je pense que c'est 40 000 $ pour cela en 1986-1987. Je trouvais que
c'était un peu élevé, mais c'est le montant qu'on avait
établi, qu'on m'a proposé quand je suis arrivé. On
trouvait que c'était une offre valable, une entreprise
intéressante, on lui a donné cela. On donne un montant à
l'Association québécoise des professeurs de français.
Encore là, on ne peut pas avoir de normes. Il y en a une Association
québécoise des professeurs de français. Vous n'avez pas
besoin de dictionnaire. Il s'agit de déterminer si on va lui donner 50
000 $, 60 000 $. Je pense qu'on lui a donné 65 000 $. On a
demandé à ces professeurs de produire, dans ce cas-là, un
programme plus précis du travail qu'ils veulent faire au cours de la
prochaine année parce qu'il ne suffit pas de se présenter comme
défenseurs du français, il faut surtout montrer ce qu'on veut
faire à ce titre. Dans leur cas on demandait des explications un peu
plus élaborées. C'est un petit peu cela.
Je vais vous donner un cas, j'ai fait une expérience
témoin cette année. J'étais allé dans mon propre
comté, à l'inauguration d'une bibliothèque municipale, je
pense que c'était dans le viltaqe de Grenville. Je suis arrivé
là, la bibliothèque est une affaire de bénévolat,
la municipalité ne met à peu près pas d'arqent
là-dedans. Je me suis aperçu que c'était juste à
côté de l'école. On voulait que les enfants prennent
l'habitude d'aller travailler à la bibliothèque. Il n'y a pas de
grammaire, il n'y a pas de dictionnaires il n'y a pas d'atlas
géographique, il n'y a rien de cela. J'ai dit; Je pense que cela
vaudrait la peine qu'on vous donne un petit montant pour que vous puissiez
acquérir des instruments didactiques de base, de manière que,
quand les élèves iront faire leurs devoirs à la
bibliothèque municipale, il y ait un dictionnaire à consulter,
une grammaire, les instruments de base que ces bibliothèques n'ont pas
les moyens de se procurer. L'ayant fait dans un endroit, j'ai trouvé
qu'il ne serait pas mauvais de le faire dans un certain nombre d'autres
bibliothèques du comté. J'en ai parlé avec ma
collègue, la ministre des Affaires culturelles, qui, dans la
période de disette relative où on se trouve en matière de
bibliothèques, a trouvé que c'était une initiative
très peu coûteuse et fort intéressante.
M. Jolivet: Vous avez plusieurs municipalités dans votre
comté.
M. Ryan: Une bonne vingtaine. C'est de l'éducation
véritable. C'est de l'éducation au ras du sol qui ne coûte
pas beaucoup d'argent, mais qui vient compléter, très
heureusement, te travail qui se fait dans nos écoles et j'espère
être en mesure de faire davantage dans ce sens. Je pense que le
député conviendra avec moi qu'un petit coup de pouce donné
à des bénévoles qui se dévouent gratuitement pour
enrichir l'équipement culturel de leur communauté et de leur
jeunesse étudiante, des fois cela vaut plus que bien des montants
dépensés selon les normes de mon bon ami, M. Taillon.
M. Jolivet: En fait, M. le ministre, je ne veux pas mettre en
doute le droit que vous avez. Ce n'est pas ce que je voulais, en aucune
façon. Je voulais savoir si vous agissiez globalement ou selon les
demandes. Je pense que je viens d'ouvrir les oreilles des gens d'en face qui ne
connaissaient pas ce fonds. Je n'aurais pas dû le faire; dans le fond,
j'aurais dû m'en réserver pour moi, pour les bibliothèques
de ma municipalité.
M. Ryan: Je vais vous dire une chose, par exemple; il y a un
point que je dois régler encore, qu'on n'a pas réglé
à l'interne, seulement par défaut de temps, puisque nous avons
tous convenu qu'il y a quelque chose que nous allons faire de ce
côté. Il y a au-delà de la moitié de ce budget mis
à la
disposition du ministre qui, avant qu'on commence l'année, est
'déjà employé pour des grosses contributions. Il y en a
une, par exemple, pour l'Association canadienne d'éducation de langue
française, je pense que c'est une affaire de 135 000 $ à 140 000
$. Il y en a une au Conseil des ministres de l'éducation du Canada,
c'est au moins 200 000 $ à 225 000 $.
Une voix: 322 000 $.
(15 h 30)
M. Ryan: 322 000 $. Il y en avait une à l'Institut
canadien d'éducation des adultes et, comme cela en faisait trop dans
celui-là, on l'a envoyée au ministère de l'Enseignement
supérieur. Il y a au-delà de la moitié du budget qui est
obérée au départ. Cela ne laisse à peu près
pas de marge de mouvement pour le ministre. Je veux que ces subventions s'en
aillent à même les dépenses régulières et que
la marge du ministre soit plus véritable. C'est une chose qu'on va faire
au cours des prochains mois.
M. Jolivet: C'est parce que vous avez ce qu'on appelle les
subventions qui se répètent. Les subventions se
répètent année après année, comme celles
dont vous venez de faire mention.
M. Ryan: Une fois qu'elles sont répétitives, je
trouve que cela devient des dépenses qui font partie du programme du
ministère. Ce n'est pas le ministre qui s'affilie au Conseil des
ministres.
M. Jolivet: La question que je voulais poser, c'est: Votre budget
d'ensemble est de combien - je ne voudrais pas faire le partage - et dans quel
élément de programme se trouve-t-il?
M. Ryan: M. Boudreau me dit que c'est moins que je ne pensais,
environ 900 000 $ au total dont au moins 500 000 $ à 600 000 $, et je
pense qu'il reste pour le ministre entre 300 000 $ et 350 000 $.
M. Jolivet: Est-ce que vous parlez aussi des autres subventions
qui sont des subventions spéciales? Est-ce que c'est dans le même
programme? Celles-là sont à part.
M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet: Vous avez les subventions ponctuelles et parmi ces
subventions, vous avez celles qui sont répétitives, ce qui fait
un total d'environ 1 000 000 $. Dans quel élément se
trouvent-elles?
M. Ryan: Dans l'élément 3.
M. Jolivet: Élément 3 du programme 1.
Une voix: Du proqramme 1.
M. Jolivet: Dans le cas des subventions spéciales, cela
fonctionne d'après les demandes qui sont faites par une décision
du Conseil du trésor comme pour celles qui sont
répétitives et qui dépassent le montant de 5000 $.
M. Ryan: C'est cela.
M. Jolivet: Est-ce que le montant de 5000 $ a été
augmenté? Est-il rendu à 20 000 $ ou 25 000 $ ou si c'est
toujours 5000 $.
M. Ryan: À ma connaissance, c'est toujours 5000 $.
M. Jolivet: II n'a pas changé.
M. Ryan: Je ne tricote pas beaucoup dans ce genre de chose. Comme
vous pourrez le constater, je ne perds pas beaucoup de temps là-dedans.
Je pense que c'est encore 5000 $.
M- Jolivet: Pardon?
M. Ryan: C'est encore 5000 $.
M. Jolivet: D'accord, pour moi, cela va. C'étaient
simplement des questions, compte tenu des renseignements que nous avions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): N'y a- t-il pas
d'autres interventions sur le programme 1?
M. Jolivet: Toujours sur le programme 1, M. le Président.
Excusez, programme 1, d'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 1, M.
le député. Est-ce que le progamme 1 est adopté?
Adopté. J'appelle maintenant le proqramme 2, Conseil supérieur de
l'éducation. M. le député de Laviolette.
Conseil supérieur de l'éducation
M, Jolivet: Est-ce que le ministre a des choses à dire sur
le programme 2 ou commence-t-on tout de suite?
M. Ryan: Le proqramme 2. Il faudrait dire un petit mot au sujet
du programme 2, si vous voulez bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
quelques brèves notes explicatives.
M. Ryan: Ainsi que je l'ai fait ce matin dans mon messaqe
liminaire, je voudrais tout d'abord remercier à nouveau
les membres du Conseil supérieur de l'éducation, en
particulier son président et son personnel, pour l'apport très
utile qu'ils fournissent à notre réflexion commune sur les
orientations en matière d'éducation.
Au cours de la dernière année, ainsi que je l'ai
signalé, j'ai reçu un bon nombre d'avis substantiels de la part
du Conseil supérieur de l'éducation, tantôt sur des sujets
que nous avions proposés à son attention et tantôt sur des
sujets que le conseil avait choisis de sa propre initiative.
L'été dernier, j'ai institué ce que j'espère
voir devenir une tradition. Je suis allé rencontrer le conseil
supérieur un après-midi et nous avons passé une bonne
période de temps ensemble à discuter d'orientation. Je causais
avec le président ce matin, nous en avions parlé il y a quelque
temps, et nous allons organiser une rencontre semblable vers le mois
d'août, qui durera au moins deux heures, où nous ferons le tour de
toutes les questions qui ont été abordées au cours de
l'année.
Il y avait une pratique qui s'était établie. Disons que le
conseil m'envoie un avis, la pratique c'est que le ministre peut lui envoyer un
avis à son tour, faire faire une étude et on lui renvoie un avis.
Je trouvais que c'était peut-être un peu sec, un peu impersonnel.
J'aime mieux porter ces avis dans mon esprit, les faire étudier par les
collaborateurs et garder la réponse pour le moment où j'aurai
l'occasion de rencontrer le conseil et de faire le point avec lui sur des
questions d'éducation.
Au besoin, s'il fallait le faire deux fois par année, je n'ai pas
d'objection, mais on avait convenu de le faire une fois par année pour
commencer, parce qu'il y a beaucoup de conseils. Il y a les comités
confessionnels également que j'ai dû rencontrer au cours de la
dernière année. Il y a la Commission consultative de
l'enseignement privé. Il y a le Conseil des. collèges, le Conseil
des universités et des commissions spécialisées de ces
conseils. Cela fait beaucoup de monde.
Je dois dire que le Conseil supérieur de l'éducation
répond très bien aux attentes que je nourris à son
endroit. Il nous fournit des éléments. Je le dis pour les membres
du conseil qui peuvent être présents à nos
délibérations ou qui prendront connaissance du compte-rendu de
nos travaux. Parfois, la réaction ne vient pas immédiatement,
mais elle fait partie de ta documentation qui influencera le ministre et ses
collaborateurs dans les orientations qu'ils arrêteront. De ce point de
vue, je trouve que cela fait un contrepoids très utile et que les
ressources que nous mettons de côté pour assurer le fonctionnement
du conseil, 2 000 000 $, ce n'est pas beaucoup.
J'ai eu une critique qui m'a fait énormément de peine ces
derniers temps. Je ne devrais pas dire cela, parce qu'un ancien journaliste
aime toujours la critique. Cela lui donne une chance de répondre. Cela
venait du Mouvement laïque québécois. On a adopté un
projet de loi il y a quelques mois en vertu duquel les présidents des
comités confessionnels devenaient des fonctionnaires
rémunérés, un à temps complet et l'autre à
demi-temps, alors que, jusque-là, ils avaient été
payés par honoraires pour chaque réunion à laquelle ils
participaient. Comme ils participaient à des réunions à
peu près 250 jours par année, en regardant les comptes publics,
on aurait pu avoir l'impression qu'ils abusaient du public, alors qu'ils
étaient sous-payés. On a dits S'il y en a un qui travaille
à temps plein, on va le reconnaître franchement. Mais nos amis du
Mouvement laïque ont considéré que c'était une mesure
pour cléricaliser davantage le Québec. Je leur ai répondu
récemment que, s'ils avaient assisté aux
délibérations de notre Parlement, ils se seraient rendu compte
qu'il y avait eu unanimité des deux côtés de la Chambre
là-dessus et que cela ne s'est pas fait du tout pour une question de
reliqion, mais pour une question de justice tout court. Je tiens à le
préciser ici. On a fait cela, parce qu'on apprécie la
collaboration nécessaire de ces deux comités confessionnels.
Quant à l'apprécier, on veut que leur travail puisse se faire
dans des conditions convenables. Je trouve que, pour les services rendus, le
coût de ces organismes demeure fort modeste dans l'ensemble du budget de
l'Éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
D'autres explications?
M. Ryan: J'ajouterai un point, si vous me le permettez, M. le
Président. Une suggestion avait été faite il y a quelques
mois voulant que le Conseil supérieur de l'éducation devienne un
organisme confiné aux secteurs primaire et secondaire. Nous avons
réfléchi à cette proposition. En pratique, de fait, le
Conseil supérieur de l'éducation consacre actuellement le plus
gros de son énergie et de ses travaux è des questions qui
regardent le primaire et le secondaire. Mais il arrive que, de temps à
autre, il regarde du côté des autres niveaux d'enseignement. Il
arrive aussi qu'il soit appelé à se pencher sur des questions qui
sont au-delà des séparations par niveaux. 5i on veut, par
exemple, à un moment donné, parler de l'informatique en
éducation, si on veut parler de l'influence de la
télévision sur l'éducation, si on veut parler de
l'éducation et de l'avènement de conditions sociales meilleures,
ou de l'éducation et du développement économique, ou de
l'éducation et du développement culturel, on ne procède
pas nécessairement par étages: Toi, tu vas t'occuper du premier
étaqe, l'autre, du deuxième et l'autre, du troisième.
Là, nous
avons un organisme qui garde une vocation à caractère plus
universel et, finalement, ma conclusion, c'est que c'est
préférable que cela reste ainsi.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Jolivet: Quand on regarde les crédits qui sont
demandés par le ministre pour le Conseil supérieur de
l'éducation, on s'aperçoit qu'ils sont de 2 079 000 $, en baisse
de 7,1 % par rapport aux dépenses probables de 1986-1987, baisse qui
résulte du transfert des loyers payés à la
Société immobilière du Québec au programme
Administration du ministère de l'Éducation. La commission de
l'éducation a procédé à la surveillance des
activités et des orientations du Conseil supérieur de
l'éducation, l'automne dernier. Cet exercice a permis d'approfondir
plusieurs questions reliées au mandat de l'organisme, à son
fonctionnement, è la nature de son rôle consultatif à
mi-chemin entre la population et l'appareil gouvernemental aux
différents niveaux qui composent cet appareil.
En décembre, le rapport 1985-1986 a été
divulgué et publié par le Conseil supérieur de
l'éducation sur l'état et les besoins de l'éducation.
"L'éducation aujourd'hui, une société en changement, des
besoins en émergence", tel est le titre de ce livre. Ce rapport
identifie un certain nombre d'actions vers lesquelles les agents du
système de l'éducation devraient en priorité orienter
leurs énergies: une solide formation fondamentale, hausse des niveaux de
scolarisation, ouverture au pluralisme, qualité de l'éducation,
développement et perfectionnement des ressources humaines. Donc, il y a
un travail important à partir d'une réflexion solide.
Honoraires versés aux membres
Cependant, à la suite d'une décision du Conseil du
trésor de mettre fin au paiement des allocations de présence pour
les membres des organismes consultatifs, notamment, et à la suite des
démarches du ministre de l'Éducation pour obtenir un traitement
particulier pour les membres du Conseil supérieur de l'éducation,
un décret a finalement été adopté en février
1987 prévoyant que des honoraires seront versés aux membres du
Conseil supérieur de l'éducation, de ses comités et de la
Commission consultative de l'enseignement privé ainsi qu'aux membres des
commissions du Conseil supérieur de l'éducation après
l'équivalent de douze jours de séance. Les membres qui sont
fonctionnaires ou employés du public ou du parapublic en sont toutefois
exemptés.
C'est une règle qui semble avoir été
édictée, soit douze jours de séance, et étendue
à d'autres organismes, dont l'Office des services de garde à
l'enfance. Mais il y a un autre décret qui existe à un autre
niveau et qui concerne le Conseil consultatif de l'environnement. Il a
été adopté le 18 mars 1987, un mois après celui
adopté pour le Conseil supérieur de l'éducation, et il
édicte aussi d'autres choses. On y dit que les membres du Conseil
consultatif de l'environnement, à l'exception de ceux qui sont
éqalement fonctionnaires du gouvernement ou de l'un de ses organismes,
reçoivent une allocation de présence de 200 $ par journée
ou 100 $ par demi-journée de séance après qu'ils aient
participé à au moins l'équivalent de douze journées
de séance du conseil ou d'un de ses comités permanents durant une
même année, dans la mesure où, dans les cas des
réunions des comités permanents du conseil, ces réunions
se tiennent une journée distincte de celle du conseil.
En fait, cela a été décidé par le
gouvernement, mais des rumeurs circulent voulant qu'on ait changé ur peu
cette politique de départ qui avait été lancée
à grand fracas en disant: Les gens qui travaillent le font
bénévolement sous notre règne. Mais on se demande
effectivement si c'est chaque ministre. Vous avez déjà
répondu à cela, mais il y a tellement eu de changements depuis la
dernière réponse que vous nous avez donnée qu'on se le
demande concrètement. Qu'est-ce qui arrive avec ces montants d'argent?
Sont-ils versés, oui ou non, ces honoraires ou ces allocations de
présence? Comment est-ce que cela fonctionne? Est-ce que c'est vraiment
tellement différent de l'un è l'autre ou y a-t-il une politique
globale du gouvernement?
M. Ryan: M. le Président, avec votre permission,
j'aimerais que M. Lucier, le président du Conseil supérieur de
l'éducation, nous dise d'abord avec précision le régime
qui a été établi pour le Conseil supérieur de
l'éducation. Après cela, je vais vous donner la politique
générale du qouvernement dans la mesure où je la connais
et la comprends.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il
consentement?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lucier.
M. Lucier (Pierre): Le Conseil supérieur de
l'éducation partage avec l'ensemble des autres organismes consultatifs
en éducation le régime qui veut que ce soit une allocation de 200
$ par jour après douze jours. C'est là le régime qui
prévaut dans nos commissions au conseil et c'est le même
régime qu'on
retrouve au Conseil des universités, au Conseil des
collèges.
Évidemment, les membres qui appartiennent au réseau public
ne reçoivent pas cette allocation de 200 $ après douze jours.
Mais le même décret prévoit une exception pour le conseil
supérieur lui-même - non pas ses commissions - et pour les
comités confessionnels. Et là, c'est le régime qu'on avait
auparavant qui a été maintenu, c'est-à-dire 75 $ la
demi-journée. Donc, nous sommes à la fois sous le régime
commun et sous un régime spécifique.
M. Jolivet: Quelle est la raison qui fait que les commissions
sont discriminées, eu égard au fait que leurs membres doivent
avoir une douzième journée avant de commencer à recevoir
un montant d'argent?
M. Lucier: Nous n'avons pas eu d'explication gouvernementale
à cet égard.
M. Jolivet: Donc, il faudrait poser la question au ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé)! M. le ministre.
(15 h 45)
M. Ryan: Tout d'abord, dans le cas du conseil supérieur,
il y a des comités confessionnels. La décision a
été prise, parce que nous avons fait la démonstration que
le travail de ces organismes requérait, de la part de ses membres, une
ampleur qui va au-delà de ce qu'on attend généralement des
membres d'un conseil consultatif rattaché à un ministère.
Nous avons établi d'une manière assez arithmétique ce que
cela comportait comme heures de travail dans une période d'un mois. Mes
collègues du Conseil du trésor et du cabinet se sont rendus
à la conclusion qu'il fallait maintenir le régime de
rémunération que nous avions pour le conseil et pour les deux
comités confessionnels.
Dans le cas des commissions, ce régime n'a pas été
accepté. On a accepté plutôt le régime qui a
été mentionné par M, Lucier, c'est-à-dire 200 $ par
jour après douze journées de contribution. C'est un compromis,
évidemment, qui comme tous les compromis n'est pas complètement
logique. Il y a des améliorations qui peuvent être
envisagées de ce côté.
M. Jolivet: Peut-on poser la question dans le sens suivant? La
Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, à l'article
12, indique que les membres du conseil et ceux de ses comités et
commissions ne reçoivent aucun traitement. Ils sont indemnisés de
ce qu'il leur en coûte pour assister aux assemblées et
reçoivent une allocation de présence fixée par le
gouvernement. N'y a-t-il pas, vu cet article 12, une discrimination qui est
faite aux membres des commissions par rapport au conseil et aux comités
dans le sens que, dans leur cas à eux, les douze premières
journées, c'est zéro? Avez-vous le droit légalement de
mettre à zéro l'allocation de présence fixée par le
gouvernement et avez-vous la possibilité de dires À la
treizième journée, ils ont 200 $ ou 100 $, selon que c'est une
journée complète ou une demi-journée?
M. Ryan: C'est une chose qui a été discutée.
Le gouvernement pourrait toujours mettre une allocation de présence de 1
$. Ça réglerait le problème. Il pourrait également
modifier la loi, si c'est son idée bien arrêtée d'enlever
les allocations de présence. La question est à l'étude
à l'instant. Il y a des expériences qui ont été
faites au cours de la première année de mandat» Seulement,
dans le cas du conseil et de ses commissions, comme vous le disiez, le
règlement est intervenu en mars 1987. Cela veut dire que nous en avons
discuté pendant un an. Là, je pense que de part et d'autre on
s'est dit: On est peut-être mieux de fonctionner et de ne pas trop perdre
de temps à discuter. Un jour, on verra un point d'équilibre qui
va être peut-être encore plus intéressant. Ce n'est pas un
point final.
M. Jolivet: Est-ce que dans le cas du Conseil des collèges
ou du Conseil des universités c'est réel, à savoir qu'ils
n'ont rien?
M. Ryan: Pour eux, c'est seulement le dernier régime qui
s'applique. Après douze jours de travail, ils commencent à avoir
droit à une rémunération. Il y a une chose qu'il faut bien
dire aussi, c'est qu'au niveau du Conseil des collèges et du Conseil des
universités les membres que vous retrouvez sont en majorité des
gens qui viennent du système universitaire ou du système
d'enseignement. Il y en a d'autres qui viennent de l'entreprise. Il y en a
d'autres qui viennent d'organismes publics. Ceux qui sont des citoyens
ordinaires qui comptent le nombre de réunions auxquelles ils vont, il
n'y en a pratiquement pas. On nous a dit que de facto cela ne créait pas
de conséquences considérables. Même s'il y avait des
conséquences pour une ou deux peronnes, je ne serais pas le plus
satisfait des membres du gouvernement.
Mais c'est la décision qui a été prise, pour
répondre à votre question.
M. Jolivet: Une dernière question sur cela. C'est le fait
que, s'il y a des gens qui viennent de l'extérieur du fonctionnariat, de
l'extérieur des collèges et des universités, au Conseil
supérieur de l'éducation, qui viennent du milieu, est-ce qu'on ne
limite pas justement la capacité de ces gens d'être
présents
et d'apporter une contribution importante à l'évolution du
système scolaire, comme des gens qui sont dans le milieu, des parents ou
d'autres, mais qui n'ont pas la même capacité qu'un fonctionnaire
ou un membre d'université ou de cégep de résorber la
partie qui n'est pas mise en allocation? Il y a aussi ces gens, dans quelques
cas, qui ne reçoivent aucun traitement, aucune
rémunération de qui que ce soit. Est-ce qu'on ne les limite pas
dans ce contexte?
M. Ryan: M. le Président, il y a une disposition dans la
discipline que nous nous sommes donnée à ce sujet
prévoyant, dans des cas comme ceux dont parle le député de
Laviolette, qu'il peut y avoir des décisions d'exception, par exemple,
si une personne nous dit: Quant à moi, pour siéger au Conseil des
universités, je devrai perdre ma journée de salaire pour chaque
réunion à laquelle j'irai participer ou encore une personne au
foyer qui dirait: Moi, je dois encourir des dépenses de tant ou un
manque à gagner de tant. Si nous pouvons faire la preuve de cela, la
personne recevra compensation sans difficulté.
M. Jolivet: Le choix ne vient pas de la personne, elle ne vient
pas s'offrir, c'est quelqu'un d'autre qui va essayer de demander au Conseil des
ministres sa nomination à un conseil ou à un comité.
À ce moment-là, la tendance ne serait-elle pas justement de
prendre des gens qui n'ont pas à être payés, dans le
contexte de votre décision, ce qui fait que, si on a douze
réunions par année pour une commission, finalement, la personne
va avoir travaillé pendant douze réunions, pendant toute
l'année, sans rien avoir? On sait que la moyenne, c'est à peu
près cela annuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: La moyenne, c'est cela. Si le député a des
indications à me signaler à ce sujet, il me rendra service.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut m'indiquer s'il a
donné réponse au rapport présenté par le Conseil
supérieur de l'éducation, le document "L'éducation
aujourd'hui"? Est-ce que vous avez donné des indications concernant
l'application de certaines de ses parties? Est-ce que vous avez l'intention de
le faire dans les semaines ou les mois qui viennent?
M. Ryan: Je vous dirai que j'en ai fait une lecture attentive
dès que M. le président me l'a communiqué, il y a
déjà quelque temps. J'ai trouvé les éléments
abondants dans ce message. Je pense que, si vous avez lu mon message de ce
matin attentivement, vous y aurez retrouvé l'écho d'un grand
nombre de préoccupations qui avaient été exprimées
par le conseil dans son rapport pour l'année 1985-1986. Je me propose,
à l'occasion de la rencontre que j'aurai cet été avec le
conseil, de reprendre un certain nombre de ces points avec les membres du
conseil et de voir de plus près les suites concrètes qu'il y
aurait lieu, peut-être, de donner de manière expresse à
certaines recommandations contenues dans le rapport.
Je pense que l'essentiel, encore une fois, c'est de bien se rendre
compte que la contribution majeure des avis que nous adresse le conseil vient
en qénéral de l'élargissement et de l'approfondissement
des perspectives que ces avis rendent possibles ou suggèrent. Vous lisez
l'avis et vous vous dites: Oui, c'est vrai, je n'avais pas pensé
à tel aspect. C'est important que nous incluions cela dans notre
façon générale de concevoir la tâche
d'éducation, en ce qui touche le gouvernement. Là, c'est
extrêmement utile. J'ai eu le rapport pour l'année 1985-1986 dont
' vous parlez et il est particulièrement utile dans ce sens. Par
conséquent, la question de donner suite à telle ou telle
recommandation précise aujourd'hui, cette semaine, dans un mois ou dans
six mois, je pense que cela a moins d'importance. J'aurai l'occasion d'en
parler avec le conseil cet été.
M. Jolivet: Merci aux gens du conseil, à son
président et à ceux qui travaillent, bénévolement
dans certains cas, à l'ensemble de cette réflexion importante et
aux avis qu'il donne. Nous aurons l'occasion de nous revoir en d'autres
circonstances.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Formation des maîtres
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. L'une des grandes
préoccupations de notre gouvernement, du ministre et du ministère
est de prendre des mesures pour améliorer la qualité de
l'éducation. Tout le monde sait que la qualité de
l'éducation dépend larqement de la qualité et des
capacités et compétences de nos enseiqnants. Néanmoins, il
me semble que la formation de base et la formation continue de nos enseiqnants,
condition essentielle de la qualité de l'éducation, a
été pas mat négligée. Alors, j'aimerais demander au
ministre ce qu'il envisage à l'avenir à cet égard et, en
particulier, s'il a demandé au Conseil supérieur de
l'éducation, peut-être, d'étudier la formation, le statut,
l'avenir et les
modifications nécessaires, etc., à la formation des
maîtres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan; La députée de Jacques-Cartier aborde un
sujet qui avait complètement été omis dans la
présentation que j'ai faite ce matin. Je veux la remercier de sa
perspicacité et lui dire que ce sujet de la formation des maîtres
est l'un de ceux qui me préoccupent vivement et qui n'a pas fait l'objet
d'un bon examen depuis fort longtemps» Je pense que plusieurs ministres
qui se sont succédé au cours des dix ou douze dernières
années à la tête du ministère de l'Éducation
s'étaient promis de faire de la formation des maîtres l'un de
leurs objectifs prioritaires. L'un après l'autre a été
incapable de réaliser son objectif pour toutes sortes de raisons que je
n'ai point à analyser ici. C'est un point sur lequel je veux
m'arrêter au cours de la prochaine année. Fort heureusement, j'ai
reçu ces temps derniers, il y a environ une quinzaine de jours, de
l'équipe des sous-ministres du ministère, un document de travail
sur ce sujet. Je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance encore, j'ai
dit à M. Boudreau que je réservais cela pour un peu plus tard,
mais je crois que nous ne pourrons pas l'éluder continuellement. Quel
est le rôle de l'université en ce qui touche la formation des
maîtres? Quel dosage de théorie et de pratique doit-on mettre dans
la formation des maîtres? Quel doit être le rôle des
facultés spécialisées, des écoles de formation en
éducation? Toute une série de questions de fond qui se posent non
seulement à nous, mais partout à travers l'Amérique
aujourd'hui. Je ne suis pas en mesure, pour les raisons que je vous ai
données, de vous donner les éléments même d'un
programme d'action pour l'instant. Je peux vous dire que le problème
s'en vient à l'ordre du jour de La table du ministre dans un avenir
assez rapproché.
Je dois ajouter que le perfectionnement des maîtres est un souci
constant dans . l'action que le ministère mène auprès des
commissions scolaires et des milieux d'éducation. Si vous prenez les
conventions collectives des enseignants, car il y en a plusieurs, vous verrez
que, dans chacune de ces conventions, on prévoit l'équivalent
d'un certain nombre de postes, un montant d'argent par enseignant. Quel est le
montant? 150 $ environ? C'est le montant d'argent par enseignant pour des fins
de perfectionnement. Si une commission scolaire comme la CECM a 5000
enseignants à son service, cela fait pas mal d'argent au bout du compte
pour des fins de formation. Cela permet de les envoyer à des sessions de
formation, de les inscrire à des cours; il y a toutes sortes de
possibilités. Le montant n'est pas suffisant, mais cette année
nous ne pouvions pas faire davantage, il a fallu mettre les priorités
ailleurs. En matière de formation professionnelle, ce n'est pas tout de
dire: On instaure un nouveau régime de formation professionnelle, il y a
des problèmes de recyclage et de perfectionnement des enseignants qui
vont se poser à une échelle très élevée.
Pour la prochaine année, nous avons prévu des budgets
spéciaux à cette fin. Cela fait partie également du
problème du recyclage, de la mise è jour de la compétence
des enseignants pour qu'ils puissent mieux s'acquitter de leurs
responsabilités.
Je donne un autre exemple. En matière de micro-informatique, le
ministère a dépensé beaucoup d'argent pour des sessions de
formation au cours des diverses étapes de l'implantation de la
politique. Comme je l'ai mentionné ce matin, nous prévoyons
encore des sommes importantes en 1987-1988 pour la formation des enseignants
dans ce secteur. On a prévu un programme spécial également
pour les enseignants qui sont dans l'enseiqnement moral et religieux; vous
savez que ce n'est pas facile aujourd'hui. J'avais demandé des sommes
additionnelles au Conseil du trésor, que je n'ai pas obtenues. M.
Boudreau et ses collaborateurs ont fait montre d'une grande
ingéniosité et on a réussi à libérer un
montant qui n'est pas négligeable pour des efforts spéciaux de ce
côté-là.
En plus, dans la convention... Non, ce n'est pas dans la convention
collective, l'autre montant qu'on a mis dans la convention, c'est pour le
problème des mises en disponibilité; on a mis un montant
spécial de côté pour permettre de régler des
problèmes, d'orienter des enseignants qui ne seraient plus
destinés à rester dans l'enseiqnement vers d'autres vocations ou
orientations; il y aura des montants importants de ce
côté-là aussi. (16 heures) "All in all", en tout et
partout, il y a d'autres sommes qui sont employées pour des fins comme
celles que je viens de mentionner. On m'informe que, au total, le
ministère consacre plus de 8 000 000 $ à des fins de
perfectionnement et de développement pour les enseignants au cours de
l'année. Si vous multipliez les 141 $ par environ 65 000 enseignants,
cela fait au-delà de 8 000 000 $. Cela veut dire 16 000 000 $ tout de
suite.
Mme Dougherty: Seulement un commentaire, M. le Président.
Je crois qu'il faut examiner attentivement notre façon d'utiliser ces
montants, parce que j'ai l'impression que ce n'est pas le montant
dispensé qui est au coeur du problème, c'est l'efficacité
de l'usaqe de ce montant. Nous avons beaucoup à faire à cet
égard.
J'espère que, dans nos études, on ne va pas
réinventer la roue, parce que je viens de recevoir - je ne sais pas si
le ministère l'a reçue - une étude très
récente, faite en Ontario, sur la formation des enseignants en Ontario,
qui est pleine de recommandations de fond sur le cheminement du
perfectionnement continu, etc. Je crois que l'on va examiner les travaux qui
ont déjà été faits ailleurs pour profiter de ces
études.
M. Ryan: Je voudrais assurer...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je veux assurer la députée de
Jacques-Cartier que nous suivons avec beaucoup d'intérêt les
rapports qui paraissent, dans des sociétés comparables à
la nôtre, sur un sujet comme celui de la formation des maîtres. Ce
rapport est de l'Ontario Institute for Studies and Education?
Mme Dougherty: Non, je ne crois pas. C'est le ministère de
l'Éducation, le ministère des collèges et
universités. Cela n'est pas l'OISE.
M. Ryan: Très bien. Aux États-Unis, comme le sait
la députée de Jacques-Cartier, il y a des documents très
importants qui ont paru au cours des dernières années sur le
problème de la formation des maîtres. Il y a une étude qui
a été faite à la Fondation Carnegie qui est très
importante. On discute beaucoup ces temps-ci du Holmes Report. C'est un rapport
publié par une équipe de directeurs d'écoles
universitaires d'éducation aux États-Unis qui propose des voies
assez nouvelles pour la formation des enseignants, qui ne pourraient pas
être appliquées ici à cause de toutes les contraintes de
conventions collectives que nous avons, mais cela ouvre des horizons
intéressants.
Alors, nous suivons de très près ces choses et je les
garde précieusement dans ma documentation pour le moment où nous
pourrons attaquer le problème par le fond.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je suis un peu surpris,
heureusement surpris, de la question de la députée de
Jacques-Cartier. Effectivement, je dois vous dire que c'est un des sujets que
l'Opposition avait demandé d'inscrire au mandat d'initiative de la
commission et c'est justement de l'autre côté qu'on nous refuse
cette possibilité de faire une étude sur l'ensemble du
perfectionnement des maîtres à tous les niveaux, du primaire
jusqu'au niveau universitaire. Je suis un peu surpris de la question
posée par la députée de Jacques-
Cartier et de son intérêt. Donc, je crois comprendre que,
lorsque l'on étudiera cette question à une réunion
d'étude, nous serons assurés de son appui, contrairement à
ce que les gens de l'autre côté voulaient que l'on étudie,
soit les enseignements de base.
Pour répondre au ministre sur la question des conventions
collectives, je me permets de lui faire parvenir - je ne sais pas s'il l'a
reçue - la convention collective de 1944-1946 de l'alliance de
Montréal, que je lui avais promis, à la fédération
des commissions scolaires, tout simplement pour lui dire qu'entre ce petit
dépliant, une convention qui tient dans une poche, et celle que l'on
connaît aujourd'hui, il y a une marge importante. Les conventions sont
plus précises qu'elles ne l'étaient à cette époque,
mais je prends note de l'appui de la députée de Jacques-Cartier
sur le projet d'étude que nous avons l'intention de proposer à
nouveau, lors d'une séance d'étude de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette.
M. Ryan: M. le Président.
Mme Dougherty: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais simplement dire au député
de Laviolette que j'ai plusieurs autres priorités aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce que
le proqramme 2 est adopté? Adopté.
Enseignement privé
J'appelle le programme 3 sur l'enseignement privé.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. On en a beaucoup
discuté. Je vais être bref, quant à moi, mais ma
collègue, la députée de Chicoutimi, a des questions
à poser sur l'enseignement privé.
Les crédits de l'enseignement privé, on le sait,
s'élèvent, cette année, à 231 100 000 $, pour
1987-1988, par rapport à des crédits révisés de 219
700 000 $, l'an dernier, soit une hausse de 5,2 % qui s'explique notamment par
une hausse de 2 % de la clientèle prévue qui atteindra, pour les
établissements subventionnés, près de 82 000
élèves, soit 84 % de la clientèle totale du secteur
privé. Le ministre a annoncé la levée du moratoire, on
s'en souvient, au printemps dernier, avec l'octroi d'un permis à
Baie-Comeau. Il vient dernièrement de récidiver en rendant 17
décisions dont 7 changements de statut et l'octroi de subventions
à 10
établissements, dont 3 nouveaux.
L'ensemble de ces décisions représente un transfert de
fonds publics vers le privé de 3 200 000 $ et d'environ 1500
élèves. Cela a suscité de très nombreuses
réactions, négatives en partie, et d'autres, différentes
selon les intervenants, mais, chez de nombreux intervenants, des
réactions négatives; syndicats d'enseignants,
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, comités de parents, directeurs d'école et autres,
pour qui il s'agit d'un détournement de fonds. On reproche au ministre
de ne pas mettre les priorités aux bons endroits, compte tenu des grands
besoins du public.
L'Opposition reproche au ministre - et elle le répète
aujourd'hui - de procéder cas par cas et de ne pas avoir de politique
d'ensemble ou de ne pas annoncer ses couleurs pour que les gens sachent
à quoi s'en tenir. On pense que le ministre se fait faire des pressions,
ce à quoi il est habitué: Faites des pressions sur moi, cela me
permettra d'avoir de meilleurs appuis lorsque je me rendrai au Conseil du
trésor. Le document électoral du ministre formulait certaines
autres propositions, notamment de hausser le niveau des subventions, de
modifier la Loi sur l'enseignement privé et de renforcer la Commission
consultative de l'enseignement privé. On a eu quelques réponses
ce matin concernant la commission, mais on n'a quand même pas de
nouvelles des autres sujets contenus dans son document.
Devant l'Association des institutions d'enseignement secondaire, le
ministre a indiqué qu'il n'entend pas apporter de changements
significatifs au financement actuel. Il a aussi évoqué un seuil
possible de 20 % à 25 % des élèves d'un territoire dans
les écoles privées, seuil au-delà duquel il se montrera
très réservé et très réticent à
l'octroi de nouveaux statuts subventionnés. Une coalition regroupant les
principaux intervenants du secteur public s'est formée, à
l'initiative de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, afin de contrer la politique gouvernementale en
faveur de l'enseignement privé. Je pense que c'est leur droit de
protéger et de promouvoir l'ensemble du secteur public d'enseignement.
J'ai fait allusion à ma propre région, et, d'ailleurs, on en a
fait écho lors du congrès de la fédération, la
très grande région de Trois-Rivières et de la Mauricie,
où on a fait de la publicité, à partir des industriels du
secteur privé et autres, pour valoriser l'ensemble du secteur
public,
Je commence par une question. Le ministre, dans sa tête, si on
essaie de décortiquer un peu ce qu'il pense, veut-il nous dire à
quel pourcentage...
Une voix: C'est difficile.
M. Jolivet: C'est très difficile. A quel pourcentage
veut-il établir la clientèle du secteur privé?
Prévoit-il un pourcentaqe ou, quand il a dit de 20 % à 25 %,
était-ce simplement pour calmer les esprits à cette
époque-là?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas de pourcentage arrêté dans mon
esprit parce que ce serait très prétentieux. Quand j'ai
parlé de balises possibles de l'ordre de 20 % à 25 % au niveau
secondaire, je partais de l'expérience actuelle. Je m'aperçois
que, dans la plupart des régions du Québec, le taux actuel de
fréquentation de l'enseignement privé va de 15 % à 18 % ou
20 %. Il y a une ou deux réqions qui vont même au-delà de
ce pourcentage actuellement. Je me suis dits On a déjà un
indicateur là, il n'est pas question de se lancer dans
l'à-peu-près. Il faut avoir une certaine liberté de
mouvement. Autrement, pas de mouvement du tout, c'est contraire à ma
conception et à celle du gouvernement. Nous voulons qu'il y ait un petit
peu d'action là et cela donne une marge, mais une marge raisonnable qui
veut dire: Soyez prudents, soyez réservés parce qu'il n'y aura
pas d'Himalaya, il n'y aura pas de pactole de ce côté. Cela
demandera des projets très sérieux et, en plus, qui ne viendront
pas faire double emploi ou créer un déséquilibre dans une
région.
C'est dans ce sens-là que j'ai parlé d'une
possibilité de 20 % à 25 %, mais j'ai ajouté
éqalement que ces seuils seraient discutés avec les associations
représentatives des institutions concernées et les autres milieux
concernés, en particulier les qroupes de parents. Nous examinerons ces
choses avec les milieux intéressés. Même la coalition dont
parle le député, si elle a des suggestions ou des
représentations à nous faire, nous les entendrons volontiers,
mais il faudrait que ce soient des représentations basées sur un
examen de la réalité, et non seulement sur des craintes
doqmatiques, parce que cela va nous impressionner moins. On a vu, dans d'autres
domaines, qu'il y a certaines coalitions qui n'empêchent pas le
gouvernement de penser par lui-même, et même d'agir.
M. Jolivet: Non, mais les qens de chacun des milieux, qui savent
toutes les pressions qu'ils ont faites pour éviter la mise sur pied
d'une nouvelle école privée subventionnée, savent que le
ministre répond toujours la même chose: C'est doqmatique, leur
affaire, ce sont des craintes, ce sont des peureux, ce sont des ci et des
ça. Écoutez, ce n'est pas ainsi qu'on va régler
les problèmes. Les gens vous disent que, quand on est rendu
à la treizième école privée dans un secteure, le
grand bassin de Trois-Rivières, rive sud et rive nord, c'est une chose
qui pose de sérieuses interrogations. C'est dans ce sens que je voudrais
savoir du ministre si les 20 % ou 25 % qu'il a lancés, pour ce qui est
du pourcentage d'élèves du niveau secondaire, c'est un
critère qu'il a l'intention d'avoir dans sa future politique qu'on ne
connaît pas encore.
M. Ryan: Nous en tenons déjà compte. C'est
déjà un de nos critères, à toutes fins,
fonctionnels.
M. Jolivet: Au Québec, est-ce que vous avez de nouvelles
demandes, dans le secteur privé, à la suite de l'ouverture de la
valve?
M. Ryan: II n'y en a pas beaucoup. Il y en a un certain nombre
qui sont à l'étude. Comme je l'ai dit...
M. Jolivet: Combien?
M. Ryan: ...dans mon message de ce matin, il n'y aura pas de
nouveaux statuts subventionnés qui seront accordés au cours de
l'année 1987-1988 en vue de cette année-là.
M. Jolivet: Oui, je comprends. S'il fallait qu'il y ait cela en
septembre prochain, vous auriez des problèmes au chapitre des
commissions scolaires publiques. J'allais demander: Vous avez indemnisé
ta commission scolaire publique parce que vous l'avez donné avec du
retard à Baie-Comeau. En réponse à une question d'un
journaliste, vous avez dit que, si jamais il y a des difficultés qui
sont occasionnées par les nouveaux octrois que vous venez de faire, vous
verriez cela cas par cas, selon votre réponse habituelle. Je vous dis
simplement que ce n'est pas pour cette année, 1987-1988, que je vous
pose la question, c'est fort probablement pour 1988-1989. Avez-vous avez
l'intention d'en donner, combien de demandes avez-vous reçues et dans
quels secteurs du Québec?
M. Ryan: Je ne peux pas vous donner le nombre de demandes que
nous avons reçues actuellement. Il y en a qui sont soumises quelquefois,
à titre exploratoire. Quelquefois, les gens, d'eux-mêmes, quand
ils ont discuté avec notre service de l'enseiqnement privé,
décident de retirer leur demande; ils s'aperçoivent qu'ils ne
répondent pas aux exigences. Je pourrais vous donner un chiffre qui
serait de nature à vous induire en erreur, mais il n'y en a pas un
volume considérable.
M. Jolivet: Est-ce que vous êtes prêt à
répéter ici que, si vous avez la preuve qu'il y a dommages
occasionnés aux commissions scolaires publiques par l'ouverture des
écoles privées cette année, vous allez les indemniser, au
même titre que vous avez indemnisé celle de Baie-Corneau?
M. Ryan: Non. Je n'ai jamais pris cet engagement. Nous
examinerons les cas qui nous serons soumis - je m'excuse de revenir à ce
thème. Et, s'il y a une commission scolaire qui nous dit: On peut vous
faire ta preuve qu'il y a un dommage considérable, on va examiner le
dossier à son mérite. Je vous avertis que, jusqu'à ce
jour... Cela fait quand même maintenant trois mois que ces
décisions ont été communiquées. J'avais
reçu, avant l'annonce des décisions, des représentations
de deux commissions scolaires et je n'en ai plus entendu parler depuis ce
temps. C'est siqne que les dégâts ne sont pas
considérables.
Mécanismes de contrôle des écoles
privées
M. Jolivet: Une autre question qui a trait à toutes les
écoles privées ou à tous les secteurs privés qui ne
sont subventionnés d'aucune façon. Avez-vous une politique pour
surveiller ces écoles privées qui ne reçoivent aucune
subvention? Quelle est votre politique de surveillance de la qualité?
Sur quoi vous basez-vous pour donner ces permis? Quels sont les critères
que vous utilisez pour faire l'octroi de permis? (16 h 15)
M. Ryan: En général, je pense qu'il faut faire une
distinction entre les établissements qui suivent les programme du
ministère de l'Éducation et les établissements qui donnent
plutôt des cours de formation ou de culture personnelle. Les
établissements qui donnent les cours du ministère de
l'Éducation, ceux-là sont l'objet d'une surveillance. On veille
à ce qu'ils donnent vraiment les cours qui sont définis, les
matières qui sont indiquées dans le régime
pédaqogique.
Dans le cas des établissements qui donnent des cours de formation
personnelle ou de culture générale, ou de toutes sortes de choses
imaginables, c'est impossible d'exercer une surveillance véritable. Je
me demande sérieusement si ces établissements devraient rester
sous la responsabilité du ministère de l'Éducation. Vous
savez, des écoles de danse, par exemple, des écoles de
mannequins, des écoles de ceci et de cela. On se demande vraiment... Il
y a d'autres écoles qui enseiqnent, par exempte, la sagesse du sage
Untel qui a vécu neuf siècles avant Jésus-Christ et qui
prônait une doctrine ésotérique au possible; il n'y a pas
un fonctionnaire qui est au courant de cela
et pas un politicien, encore moins. Vous passez devant la devanture
d'une école de ce type et c'est écrit: Permis du ministre de
l'Education. Non, mais il y a de l'abus de ce côté-là et on
cherche un moyen de délester le ministère de cette tâche
qui devrait plutôt être renvoyée à l'Office de la
protection du consommateur ou à un organisme de cette nature.
Alors, là, il y a un décalage à faire et nous ne
pouvons pas... S'il fallait que nous assumions la responsabilité
d'assurer la surveillance de tous ces établissements, cela demanderait
un équipement en personnel beaucoup plus considérable et,
même si on envoyait le ministère de l'Éducation
enquêter dans plusieurs de ces établissements, cela ne les
rendrait pas meilleurs pour autant.
M. Jolivet: Je craindrais que vous envoyiez cela au ministre
responsable de la Protection du consommateur.
Une autre question.
M. Ryan; M. Olivier voudra peut-être ajouter quelque chose.
M. Denis Olivier, directeur général de la Direction de
l'enseignement privé au ministère. Peut-être a-t-il des
précisions additionnelles à fournir si cela intéresse la
commission.
M. Olivier (Denis): Quand un établissement privé se
propose de dispenser de l'enseignement général, il doit appliquer
les conditions générales de ce qu'on appelle nos régimes
pédagogiques. Alors, c'est à la lumière des
critères qu'on trouve dans les régimes pédagogiques que
nous faisons l'analyse des demandes qui nous sont soumises et cela vaut aussi
bien pour les établissements privés qui ne recevront pas de
subvention, qui vont fonctionner uniquement avec un permis, qu'avec ceux qui
vont recevoir des subventions, soit qu'ils soient déclarés
d'intérêt public ou reconnus à des fins de subventions.
Par la suite, c'est à l'occasion soit de plaintes qu'on va
recevoir, soit de visites que nous serons amenés à aller faire
dans les établissements que nous contrôlons que nous
vérifions la qualité ou la façon dont chaque
établissement se conforme aux exigences des régimes
pédagogiques.
M. Jolivet: Si vous donnez des permis, cela veut dire que vous
savez quels sont ceux qui ont vraiment un permis. Il me semble qu'il devrait y
avoir un contrôle quelconque, première chose. La deuxième,
c'est que vous avez des écoles qui peuvent afficher un avis indiquant:
Permis du ministre, mais qui, en réalité, ne l'ont pas.
Celles-là sont en contravention de la loi, mais celles qui ont un
permis, vous les connaissez, donc, elles devraient recevoir une visite
périodique pour des vérifications sur différents points,
un "spot-check", comme on dit, et non pas qu'il ne se fasse rien. Si vous me
dites qu'il n'y a rien qui se fait à ce sujet, cela m'inquiète un
peu.
M. Olivier: Ce qu'il faut bien rappeler, c'est qu'il y a
des permis aussi bien pour les enseignements qui ne sont pas de l'enseignement
général ou de l'enseignement professionnel. M. le ministre,
tantôt, évoquait tout le secteur de la culture personnelle. Alors,
ces établissements-là, qui opèrent avec un permis, ne sont
pas suivis ensuite dans leurs opérations, mais, si on ne pense qu'aux
établissements d'enseiqnement général et professionnel qui
opèrent avec un permis, ceux-là doivent se conformer aux
exigences du régime pédagogique.
Vous évoquez le fait qu'on les connaît au moment où
ils déposent leur requête, c'est vrai qu'on les connaît,
mais la connaissance qu'on en a n'est pas toujours aussi explicite, aussi
développée qu'on le souhaiterait. Rappelons-nous à cet
égard le juqement de la Cour d'appel qui avait été fait
à l'occasion du Mont Bénilde, où le juge avait bien
rappelé qu'aussitôt qu'un établissement se conformait aux
exigences mêmes de la loi, le ministre, à moins que ce ne soit
complètement contraire au bien des individus, des enfants, dans ce cas,
est tenu d'émettre le permis.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Au contraire du
député de Laviolette, dans ma région, on me demande de me
pencher sérieusement sur la possibilité d'obtenir une institution
d'enseiqnement privé. Je ne vois nullement, pour avoir été
impliquée dans mon milieu depuis de nombreuses années, qu'on
doive pénaliser le secteur public par le biais du secteur privé.
Je pense que chacun a sa place» Je pense que cela apporte au contraire
une saine compétition dans le sens que les deux devraient collaborer et
non pas s'affronter. Je dois remercier M. le ministre de l'Éducation de
se pencher, avec tout le sérieux qu'on lui connaît, sur la
possibilité de doter certaines régions d'institutions
privées, à la demande de parents, en ce qui concerne ma
région, en tout cas, et dans les régions avoisinantes qui, nous
pressent d'aqir avec beaucoup de diligence. C'est le message que je pourrais
passer. La preuve est faite et je ne vois pas pourquoi il y aurait vraiment une
pénalité pour le secteur public. Il faudrait le prouver parce
qu'au contraire, dans ma région, cela a motivé le secteur public
à apporter des correctifs. Je pense que cela a été
très bénéfique dans ma région. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: M. le Président... Une voix; S'il reste
du temps.
M. Jolivet: M. le Président, il y a un principe de
base...
Mme Bleau: Une seule question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
madame! Un instant! Question de règlement, M. le
député?
M. Jolivet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, on vous
écoute! Question de règlement pour le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Vous allez peut-être me dire que personne n'a
demandé la parole avant l'autre, mais la seule chose que je vous dis,
c'est qu'il y a l'alternance. Aussitôt qu'on vous demande que
l'alternance soit respectée, je voudrais bien qu'elle le soit, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. il n'y a pas
de règle de l'alternance pour l'étude des crédits, mais,
si vous la demandez, c'est avec plaisir que je vais vous l'accorder. Mme la
députée de Chicoutimi! Je vous reconnaîtrai dans un
deuxième temps, Mme la députée de Groulx.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Un bref commentaire
à l'endroit de Mme la députée de Châteauguay. La
pénalité, s'il y en a une - il y en a certainement d'autres -est
importante du moment où vous êtes en diminution de
clientèle. Si votre région n'est pas en diminution de
clientèle, ce doit être la seule au Québec.
Mme Cardinal: Je crois qu'il y a de la place pour chacun.
Mme Blackburn: Et du moment...
Mme Cardinal: Ce ne sont pas les mêmes...
Mme Blackburn: ...qu'il y a un transfert...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, essayez de ne pas amorcer de dialogue entre deux personnes.
Adressez-vous au président! Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Du moment qu'il y a un transfert d'effectifs, que
vous ouvrez une école où entre 400 élèves, il faut
absolument qu'ils soient pris à même les écoles publiques.
Cela tombe sous le sens. Dans ce sens-là, le ministre est informé
de la situation, cela a comme effet de pénaliser effectivement les
commissions scolaires. On a vu, a certaines occasions, le ministre être
obligé de compenser un manque à gagner dans certaines commissions
scolaires publiques. Alors, c'est une façon de pénaliser le
secteur public. S'il fallait faire la démonstration..»
Le ministre semble assez facilement se décharger de toute forme
de responsabilité en ce qui concerne l'enseignement privé dans
les écoles qui ont un permis du ministère. Je me dis qu'au moment
où le législateur a décidé que cela relevait du
ministre de l'Éducation, et de l'Enseignement supérieur dans le
cas des collèges, c'est parce qu'il y avait toute la question de la
protection du consommateur. Je connais le jugement qu'il y a eu et qui dit que,
du moment où il y a un certain nombre d'exigences mises en place, on ne
peut pas refuser un permis. Je connais le jugement. Cependant, il n'y rien qui
interdit au gouvernement de mettre en place un certain nombre de
contrôles pour s'assurer que l'école maintient toujours le
même niveau de services sur la base desquelles elle a été
autorisée ou elle a obtenu son permis. Je vois votre adjoint, M.
Olivier, et je sais qu'il sait que j'ai raison, pour en avoir longuement
discuté avec lui. C'est une demande répétée des
associations, de l'AIES, de même que de l'Association des collèges
du Québec. Si te ministre trouve cela rigolo la situation dans laquelle
se trouvent les qens qui, sur la foi de cette annonce: Permis du
ministère de l'Éducation ou de l'Enseiqnement supérieur,
s'inscrivent n'importe comment - parce que cela a un certain crédit au
Québec, une certaine crédibilité, le ministère de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur - ils s'inscrivent
à un cours et ils ne savent absolument pas où cela va les mener.
Par rapport à ce qui a été convenu au moment où ces
écoles ont obtenu le permis, il y a souvent une dégradation
importante des contenus et de la qualité des services offerts et il n'y
a aucun contrôle. Les deux associations d'écoles privées,
collèges et écoles privées, ont demandé... Je pense
qu'il n'y a pas une année où ils ne demandent pas un
contrôle du ministère à ce sujet. Je vois mal,
contrairement au ministre, que cette responsabilité relève de la
protection du consommateur, par exemple, du moment qu'il y a un contenu
pédagogique. Le ministre citait la danse tantôt. Il y a plusieurs
écoles de danse, effectivement, mais la danse s'enseigne aussi dans des
instituts très renommés, elle s'enseigne à l'UQAM et elle
s'enseigne à Concordia. Je ne trouve pas drôle qu'il trouve
amusant qu'on ait des écoles de danse privées; elles valent
d'autres écoles. Il y en a qui en font
leur profession et qui gagnent leur vie dans ce domaine.
À présent, ce qui m'étonne par rapport à ce
dossier, c'est qu'il nous dit, dans ses chiffres, d'abord, que 84 % des
clientèles inscrites dans les écoles privées le sont dans
les écoles subventionnées, donc les écoles où on
exerce un certain contrôle ou un contrôle, certain; en tout cas,
plus sûr. Donc, 16 % de la clientèle se retrouverait dans les
écoles privées non subventionnées, donc celles qui ont un
permis» Cela veut dire qu'au Québec vous avez 12 000 personnes qui
sont dans ces écoles; 12 800, si je fais le compte d'après les
chiffres que le ministre nous a donnés, et ce, au secondaire seulement.
Dans les collèges, la situation est plus grave, vous avez près de
5000 élèves. Ils ont droit, évidemment, à l'aide
financière, non pas aux bourses, mais aux prêts. Les frais de
scolarité - je ne connais pas bien la situation pour le secondaire -
varient entre 4000 $ et 6000 $. Cela, évidemment, ne comprend pas les
frais de subsistance de la personne qui fréquentera une de ces
écoles. En plus, au secondaire, il y a une certaine forme de
contrôle lorsqu'il s'agit des cours qui sont contenus dans les cahiers de
l'enseignement secondaire, parce que les élèves doivent passer
des examens du ministère de l'Éducation. À ce
moment-là, il s'exerce un certain contrôle sur ce genre
d'écoles qui donnent des cours à l'enseignement régulier.
C'est moins vrai - à moins que le ministre ne me dise le contraire -
quand il s'agit de la formation professionnelle. Les écoles de formation
professionnelle sont particulièrement prisées - c'est pourquoi on
retrouve un nombre aussi important de jeunes qui fréquentent les
écoles de formation professionnelle et les cégeps non
subventionnés - par le gouvernement fédéral qui les
utilise, à l'occasion, pour assurer le retour des jeunes chômeurs
dans des programmes de formation. Il en est de même pour le provincial
qui les utilise, dans le cadre d'un retour aux études, pour les
bénéficiaires du régime de l'assurance automobile du
Québec, la RAMQ, quand il y a des accidentés, de même que
pour les bénéficiaires de la CSST.
Alors, vous avez trois catégories de clients qui encouragent
l'utilisation de ces écoles. Donc, indirectement, ces écoles sont
subventionnées. Les cégeps, privés non
subventionnés, évidemment, sont subventionnés par le biais
des prêts qui sont donnés pour les frais de scolarité.
Comme les frais de scolarité sont variables, entre 4000 $ et 6000 $, on
estime que le coût du service de la dette, pour un prêt, est
d'environ 40 %. Alors, si vous avez 5000 $ de prêt, cela veut dire que le
gouvernement vient de financer cette école pour au moins 2000 $.
Dans les collèges, la situation est différente, mais pas
tant que cela, parce que dans ces écoles, pour ce qui est de
l'enseignement privé, il y a peu ou pas de contrôle. Dans les
collèges, il n'y a pas du tout de contrôle et, ce qui est plus
grave, c'est que les cours qui y sont dispensés apparaissent au bulletin
cumulatif individuel. Cela veut donc dire qu'indépendamment de la
qualité de la formation qui est dispensée dans un collège,
cela s'est vu - cela m'étonnerait que cela n'existe pas - qu'un
étudiant qui manque un cours, soit la physique, la chimie ou le
français, s'inscrive dans un collège l'été,
où les conditions et la qualité peuvent être tout à
fait médiocres -on sait que, dans les collèges, il n'y a personne
qui contrôle la qualité des examens et les résultats
scolaires apparaissent au bulletin cumulatif de l'étudiant qui peut
dire, par exemples Je suis admissible à l'université. C'est un
problème sérieux et cela se pratique beaucoup plus souvent qu'on
ne le pense. (16 h 30)
 présent, pour ces écoles, au-delà du
dossier qu'elles ont présenté au moment où elles demandent
un permis, il n'existe aucun contrôle. Les associations de
collèges et d'écoles privées, je le rappelle, demandent
qu'il y ait un certain contrôle. On a eu un cas récent - Inter
Dec, pour ne pas le nommer - une pétition d'étudiants qui
estiment qu'il y a vraiment un service de qualité tout à fait
inacceptable dans l'école et des conditions de travail qui friseraient
la terreur ou l'intimidation. Les jeunes qui se sont inscrits là, en
plus de leurs frais de subsistance et de l'année qu'ils ont perdue, se
sont endettés, seulement pour les frais de scolarité, de 5000 $.
Les bourses, non pas les bourses, parce qu'ils n'y ont pas droit s'ils sont
dans les collèges non subventionnés... Ils ont droit aux
prêts, 70 % de la clientèle des collèges privés non
subventionnés sont admissibles aux prêts. Si le ministre veut les
chiffres, je les ai là-dessus. Dans le cas de ces écoles, ce que
je demande au ministre... On peut nous dire qu'Inter Dec, pour citer le dernier
exemple d'une utilisation abusive, je dirais, de ce permis de fonctionner, si
on se fie à la réaction du ministère qu'il nous a
été possible de connaître par le truchement de la presse...
Est-ce que le ministre pense que c'est toujours de sa responsabilité, du
moment qu'il y a un contenu pédagogique? À moins qu'on ne veuille
faire relever cela, qu'on laisse la libre concurrence et n'importe qui
régler cela, et qu'on ne s'occupe plus de savoir, comme
société, s'il y a abus ou non des usagers et qu'on n'ait plus de
responsabilité en ce qui touche la protection du consommateur. La
question se pose comme cela.
La seconde question: Est-ce que le ministre n'estime pas qu'il devrait
exercer un
contrôle, exiger des rapports? Ensuite, est-ce que le ministre
entend, dans les cas comme celui d'Inter Dec, demander que les étudiants
qui ont perdu une année soient au moins remboursés pour les frais
de scolarité?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais signaler, M. le
Président, que les points de référence qui étayent
l'intervention de la députée de Chicoutimi me semblent relever
plus de l'enseignement privé de niveau collégial que de niveau
secondaire. Je pense que le gros des références qu'elles a faites
dans son intervention indiquent les institutions qui évoluent
plutôt au niveau collégial. Je donne seulement un exemple. On dit
que des élèves de plusieurs de ces écoles ont
accès, par exemple, aux prêts et bourses. Les prêts et
bourses ne sont pas accessibles au secondaire. Ils sont accessibles au
collégial et à l'universitaire. Ce n'est pas pour
déprécier la pertinence des problèmes qui peuvent se poser
à ce niveau, c'est simplement pour rappeler que les problèmes des
établissements d'ordre collégial relèvent du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et qu'ils
devraient normalement être discutés aux crédits de ce
ministère. Maintenant, il y a deux directions de l'enseignement
privé différentes. Une pour le collégial et l'autre pour
le secondaire, même s'il existe seulement une Commission consultative de
l'enseignement privé.
Je voudrais dire à la députée de Chicoutimi que,
dans la mesure où il s'agit d'un établissement privé, non
subventionné, mais qui donne des cours alignés sur le
régime pédagogique, ceux-là sont suivis par le
ministère. Ils soumettent leurs élèves aux examens du
ministère à la fin des années où il y a des examens
du ministère au secondaire. On a des moyens de vérifier ce qui se
fait et, dès qu'il y a une plainte, il y a quelqu'un du ministère
qui va s'enquérir de ce qui se passe et au besoin, il recommande que le
permis soit levé ou suspendu. J'ai été moi-même
saisi d'un cas, l'an dernier, qui a donné lieu à de nombreuses
démarches. On y va avec infiniment de précautions parce que nous
ne voulons pas être injustes envers qui que ce soit, mais il y a ce genre
de vérification qui est faite de manière pour ainsi dire
continue. Mais, quand on sort du régime pédagogique, quand une
institution s'éloigne des programmes officiels, elle a le droit de le
faire. Là, c'est le problème de la liberté d'enseignement
qui est très proche de la liberté d'expression, je dirais
même de la liberté de presse. À la question qui a
été posée: Le ministre se sent-il impliqué chaque
fois qu'il y a de la pédagogie, je dis non. Il y a de la
pédagogie partout, il y en a dans la confection d'un journal, il y en a
dans les chroniques de M. Untel ou de Mme Unetelle.
Mme Blackburn: L'enseignement pédagogique. Je n'ai pas dit
une activité à caractère pédagogique.
M. Ryan: Lorsque l'enseignement prétend être
aligné sur les proqrammes autorisés et approuvés par le
ministère de l'Éducation du Québec, là, nous sommes
concernés. Si une personne veut ouvrir un cours pour dire aux gens
comment s'entretenir les cheveux ou je ne sais pas quoi, on ne courra pas
après tout ça! II existe une liberté de diffusion des
idées, bonnes et mauvaises, dans notre société qui ne doit
pas s'exercer sous la tutelle constante du gouvernement.
Si une personne annonce avoir fondé une fichue belle patente dans
la rue Sainte-Catherine à Montréal qui s'appelle l'École
du haut mérite intellectuel, cela ne veut pas dire qu'on va courir pour
aller voir si c'est vrai. Cela peut arriver qu'elle ait pris ce nom-là,
école, institut ou tout ce qu'on voudra. Heureusement qu'on n'est pas
encore rendus au point où, dans nos lois, il y a toute une série
de mots que vous ne pouvez pas employer. Cela ne me déranqe pas. Mais
les gens ne sont pas fous.
M. Jolivet: II n'y a que dans le règlement de
l'Assemblée nationale, que c'est comme ça.
M. Ryan: Oui, je sais bien. Il y en qui se prennent au
sérieux; il y en a partout. Mais, moi, en tout cas, ce n'est pas ma
mentalité, je vous le dis franchement. Par conséquent, qu'ils
s'appellent comme ils le voudront. Je ne voudrais pas que ce soit seulement
parce qu'ils ont pris le nom d'école que notre responsabilité
soit engagée. C'est ça le point de fond ici.
Maintenant, ça dépend du contenu. Si le contenu s'en va en
liqne avec les programmes qui conduisent à l'obtention d'un
diplôme d'études secondaires ou d'une culture équivalente,
et, à plus forte raison, un diplôme collégial et une
culture équivalente, ça nous intéresse et nous engage, et
nous ne pouvons pas nous en désintéresser. La frontière
n'est pas facile à tracer. Mais, dans te cas des cours de formation
professionnelle dont parlait la députée, dans ce cas, il y a une
responsabilité qui va au-delà des seuls programmes, parce que,
là, vous avez des gens qui disent: Venez nous voir et, nous autres, on
va vous aider à gagner votre vie dans tel domaine; on va vous donner une
formation qualifiante. À part ça, on a un permis du
ministère de l'Éducation. Là, il y a une
responsabilité de notre côté.
Je pense que nous aurions intérêt à regarder si
notre surveillance est suffisante
et si elle ne pourrait pas être améliorée. Dans la
mesure où c'est ce point-là que soulève la
députée, je vais lui dire que je demande à mon
collaborateur, M. Olivier, de l'examiner de très près. Nous en
avons parlé à plusieurs reprises, déjà, et je ne
pense pas que notre équipement actuel soit suffisant pour assurer un
travail de surveillance de première qualité sur toute la ligne
dans ce secteur particulier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je suis contente
que le ministre en arrive au point. Ce n'est pas parce qu'il n'avait pas
compris. Ce genre d'humour douteux par rapport à la question de savoir
comment s'entretenir les cheveux, je le trouve ordinaire, en plus, c'est un peu
sexiste probablement.
M. Ryan: Oh! II y a des hommes qui s'intéressent beaucoup
à ça aussi!
Des voix: ...
Mme Blackburn: Â présent... 11 est capable de se
défendre tout seul.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
Une voix: Les hommes ont moins de cheveux.
Mme Blackburn: 11 y en a qui... Ce qui est important...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, à l'ordre! Â l'ordre, s'il vous plaît! Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Des écoles bénéficient à la fois de
l'encouragement de programmes fédéraux et de... je pensais
à la Régie de l'assurance-maladie du Québec et à la
CSST, on paie ça à même notre argent, à même
nos budgets, à même nos impôts et, en plus, ces personnes
qui vont se chercher une formation en vue de retourner sur le marché du
travail, leurs frais de scolarité sont déductibles d'impôt.
On a toutes sortes de façons de financer et de subventionner ce genre
d'organisme, ce genre d'école. Je dis qu'en ce qui concerne les
écoles de métiers, que ce soient des écoles d'annonceurs,
de mécaniciens, de débosseleurs et, là, vous en avez, vous
avez probablement toute la gamme... En passant, j'aimerais, si c'était
possible, qu'on dépose, aujourd'hui, en commission parlementaire, ou
qu'on nous fasse parvenir demain la liste des écoles qui fonctionnent
suivant un permis du ministère.
Il me semble que, dans ces cas, le minimum, ce serait qu'on s'assure que
le curriculum ou les conditions selon lesquelles ils ont obtenu leur permis
conservent à peu près le même niveau. Il est difficilement
pensable, parce que j'ai vérifié... D'ailleurs, la commission
d'évaluation avait fait une tournée de ces établissements.
Il y en a qui sont de bonne qualité, je pense. Mais, malheureusement,
l'absence de tout contrôle... Ces écoles ne sont pas sans but
lucratif» Ce sont des écoles qui ont comme mission ou comme
objectif de faire vivre leur monde et, si possible, de faire des revenus
importants. Dans ce sens-là, on les comprend de réduire au
maximum les services. Ils engagent des personnes qui leur coûtent moins
cher et, comme conséquence, évidemment, cela a des effets sur la
qualité des services.
Je pense qu'il y a une responsabilité importante du ministre et
elle est encore plus grave - bien qu'il ait essayé de distraire
l'attention, parce que j'ai parlé des collèges plus importante,
je dirais, pour les collèges, parce que, là, en plus, il y a une
reconnaissance officielle du ministère par le biais du bulletin
cumulatif, le BCU.
Dans le cas où il y aurait des abus -n'importe où, au
primaire, au secondaire ou au collégial, pour ne pas citer le
collégial -et qu'il est démontré que la qualité des
services offerts là est en deçà de ce qui était
supposé être, peut-on penser qu'il y a des recours et que les
étudiants qui se sont fait avoir là-dedans, avec la caution
involontaire, mais quand même la caution du ministère de
l'Éducation, pourraient avoir des remboursements?
M. Ryan: Je vais citer deux cas à la députée
de Chicoutimi. Un cas qui a été soumis à mon intention
l'an dernier: c'est une école privée de niveau primaire qui a un
permis et qui affirme donner les cours en conformité avec le
régime pédagogique, mais qui n'est pas subventionnée. J'ai
reçu des représentations indiquant que les méthodes
pédagogiques de cette école n'étaient pas extraordinaires
et que la direction n'avait peut-être pas toutes tes qualifications
voulues pour assurer la gérance de l'établissement dans les
meilleures conditions pour les enfants.
Or, j'ai dépêché des fonctionnaires pour examiner la
situation sur les lieux et, après que les fonctionnaires m'eurent remis
un rapport fortement négatif, j'ai fait faire une contre-enquête,
parce que je voulais être juste envers la personne. J'ai demandé
à un ancien directeur d'école à la retraire que je connais
bien de faire une enquête pour mon information et il m'a soumis un
rapport un peu plus tempéré. Il m'a dit: II y a des
facteurs négatifs, il y a des facteurs positifs. Je vous
recommanderais de lui donner une chance pendant encore un an ou deux. Nous
avons donné la chance au coureur. Cette personne-là et son
établissement sont sous surveillance actuellement et, s'il n'y a pas de
changement notable au cours de l'année 1986-1987, le permis, au cours de
l'année prochaine, il n'y en aura plus. On sera obligé de lui
dire: Vous n'êtes pas qualifié pour continuer ce travail.
Par.conséquent, quand il y a des représentations... On ne passe
pas notre temps à la porte des établissements en disant: On s'en
vient vous inspecter toutes les semaines ou tous les quinze jours. Une visite
une fois par année, cela vaut ce que cela vaut aussi.
On a un autre cas qui s'est présenté au niveau
collégial. Vous y avez fait allusion tantôt, qui a
été l'objet d'articles dans les journaux la semaine
dernière. Ce cas-là est à l'examen au ministère de
l'Enseignement supérieur depuis le début de l'année. Il y
a une évaluation en cours et un rapport doit m'être soumis d'ici
à la fin du mois de juin, après quoi nous prendrons la
décision appropriée. Quand il y a des représentations de
faites, on ne laisse pas les choses traîner.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je vais reconnaître Mme la députée de Groulx et,
avant de vous passer la parole, je dois vous dire que tout à l'heure
quand vous avez demandé la parole, vous aviez effectivement le droit de
parole techniquement, si je prends la lettre du règlement. Par contre,
si je prends la coutume, la règle d'alternance pouvait être
utilisée. Alors, je m'excuse et je vous remercie d'avoir accepté
ma décision. Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Un peu plus tard ou un peu plus tôt, M. le
Président. Je voudrais donner une opinion qui est nécessaire ici.
Quand on s'élève dans l'Opposition contre les politiques du
gouvernement dans les collèges privés, je me demande ce que l'on
fait de la liberté des parents. Il y a douze ans, on avait la
liberté d'envoyer nos enfants à l'école anglaise ou
à l'école française, au privé ou au public.
Là, on ne peut plus envoyer nos enfants à l'école
anglaise. Il a fallu, pour toutes sortes de raisons, l'accepter de bonne
grâce, mais on devrait laisser quand même les parents un peu libres
de donner à leurs enfants l'éducation qu'ils veulent bien. Alors,
je crois que, dans la plupart des collèges, l'encadrement
éducatif est plus resserré pour différentes raisons
qu'à l'école publique. Si les parents jugent nécessaire
pour leur enfant cette formation, je ne vois pas pourquoi on ne les laisserait
pas libres de les envoyer à l'école privée.
Quant aux associations de professeurs qui s'élèvent contre
les collèges privés, demandez à la plupart - je ne dirai
pas n'importe lequel - de ces professeurs. Offrez-leur un emploi dans un
collèqe privé et je vous garantis que 90 % de ces professeurs
vont signer un contrat tout de suite. Alors, il y a certainement des raisons
à cela. M. le ministre, votre politique pour les collèges
privés a été bonne l'année dernière et je
vous demande en qrâce de la continuer. Si vous ne pouvez pas cette
année, au moins l'année prochaine. J'ai été
très satisfaite et je pense que c'est nécessaire que les parents
ait le choix d'envoyer leurs enfants où ils veulent bien les envoyer.
(16 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Est-ce que le programme 3 relativement à
l'enseignement privé est adopté?
M. Jolivet: Je veux simplement indiquer que c'est un sens
critique différent du nôtre, mais que c'est un sens critique
basé sur le fait qu'on accepte les décisions, peu importe... J'ai
le droit à mon opinion, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, on vous
écoute.
M. Jolivet: Je vous dis simplement que c'est un sens critique
différent.
Mme Blackburn: Vos collègues... M. Jolivet: Donc,
si vous...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 3...
M. Jolivet: ...voulez, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...est
adopté?
M. Jolivet: ...le proqramme 3 sera adopté.
Enseignement primaire et secondaire public
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle le programme 4. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, dans le proqramme 4, nous
allons toucher à plusieurs sujets. C'est le gros programme. En
commençant, je vais dire quels sujets je vais toucher. Je vais attendre
un instant.
M. le Président, voulez-vous rester juste une seconde? Je veux
m'assurer d'une chose.
Une voix: As-tu peur?
M. Jolivet: Non, non. Nous allons, M. le Président... Je
voudrais juste attirer l'attention du ministre pour qu'on se comprenne bien
dès le départ. Je m'excuse. Au moment où je vais commencer
une discussion, je vais vous dire sur quoi va porter la discussion pour que
vous vous prépariez en conséquence. Deuxièmement, en cours
de route, en vertu des règlements qui nous "régimentent", qui
nous réglementent -cela dépend comment on le prend...
Une voix: Régissent.,
M. Jolivet: Qui nous régissent? Les trois sont bons. Je
veux vous indiquer que certains de mes collègues pourraient avoir des
questions précises sur des cas concernant des écoles, des
établissements ou des commissions scolaires sur leur territoire. Je veux
simplement vous dire, dès le départ, que nous avons l'intention
de leur permettre d'intervenir., Cela va, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah! monsieur!
Financement des commissions scolaires
M. Jolivet: Le premier élément que nous allons
toucher, c'est l'ensemble du financement des commissions scolaires. On sait que
l'ensemble des crédits du ministère de l'Éducation sont de
l'ordre de 4 941 900 000 $ pour 1987-1988, par rapport à des
dépenses qui, en 1986-1987, étaient de l'ordre de 4 700 000 000
$. C'est donc une augmentation de 5 %, comme on en faisait mention dans le
texte, ce matin, attribuable essentiellement au secteur de l'enseignement et
due principalement à l'indexation des traitements du personnel. Pour
l'enseignement primaire et secondaire public, les crédits sont de
l'ordre de 4 608 000 000 $. Les économies budgétaires se
chiffrent à 20 600 000 $, dont 16 600 000 $ pour les institutions, 12
700 000 $ pour l'enseignement des jeunes du secteur public, 3 500 000 $ pour
l'éducation des adultes et 400 000 $ pour le service d'accueil et de
référence en éducation populaire. Pour la
fédération, les compressions - comme je vous l'ai expliqué
ce matin - sur son budget annuel, l'année financière
n'étant pas la même, est de l'ordre de 23 700 000 $. D'ailleurs,
dans les documents qu'elle a fait parvenir au ministre et dans les
résolutions que ses membres ont prises les 27 et 28 mars, les rencontres
du conseil d'administration l'indiquent très bien, ils disaient: "II est
proposé et résolu que le conseil d'administration dénonce
les compressions de 23 700 000 $ dans le financement du réseau primaire
et secondaire de l'enseignement public. Que le président-directeur
général fasse pression auprès du ministre de
l'Éducation pour qu'il réintègre ce montant de 23 700 000
$ au budget des commissions scolaires afin qu'elles puissent s'administrer
efficacement."
Le ministre a eu des recontres avec la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec. La fédération
réclame, pour l'année 1988, la présentation d'un plan
triennal d'allocation des ressources pour le réseau» On sait que,
lors de la première rencontre de la Commission nationale de financement
à laquelle le ministre a participé, le ministre a donné
son accord a l'élaboration d'un tel plan pour 1989-1992, pas pour
l'année 1987-1988 ni pour 1988-1989.
On sait aussi, et j'en ai fait mention plus tôt, que le ministre
n'a pas prévu de compensation pour les coûts afférents
à la tenue d'élections scolaires, sur tout le territoire et pour
tous les commissaires, en novembre prochain. On a posé des questions au
ministre et il nous a toujours répondu que ce n'était pas un
montant substantiel et qu'il n'avait pas l'intention de bouger. Alors, on y
reviendra tout à l'heure dans nos questions.
La quasi-totalité des commissions scolaires sont maintenant au
maximum de la taxation qui leur est légalement permise: 0,25 $ les 100 $
d'évaluation ou 6 % de leur budget. Certaines, notamment te Conseil
scolaire de l'île de Montréal, demandent de lever ce plafond
à 8 % afin de mieux répondre aux besoins des milieux
défavorisés.
J'ai eu aussi des demandes de la part de plusieurs commissions scolaires
du secteur de la Côte-Nord concernant les règles
budgétaires. Je vais nommer les commissions scolaires que le ministre a
certainement vues dans sa correspondance: les commissions scolaires de
Port-Cartier, de Manicouagan, de Bersimis, de Tadoussac, de Sept-îles, de
la Moyenne-Côte-Nord, de Fermont, la commission scolaire protestante de
Greater Seven Islands et le syndic d'écoles de la municipalité de
Baie-Comeau qui ont fait parvenir, au cours de l'année, des demandes au
ministre dans lesquelles ils indiquent à peu près tous le
même genre de résolution: Attendu que le nouveau mode d'allocation
a eu des conséquences sur l'organisation scolaire de toutes les
commissions scolaires de la région 09; attendu que les commissions
scolaires ont réagi par rapport aux éléments
problématiques identifiés; attendu la réaction des parents
en situation dans la plupart des milieux; attendu le désir des
commissions scolaires de voir les correctifs appropriés se mettre en
place pour 1987-1988 et considérant que les dossiers suivants
présentent des problématiques particulières: ratio
maître-élèves, surface excédentaire,
éloiqnement et dispersion, sécurité d'emploi, enseignement
moral et religieux, et considérant les dossiers d'appui qui accompagnent
cette résolution, il est proposé
de demander au ministre de tenir compte des réactions
formulées et d'apporter les correctifs appropriés dans les
règles budgétaires 1987-1988.
L'ensemble de ces commissions scolaires ont pris une résolution
à peu près identique. Elles faisaient mention, à ce
moment-là, au ministre de problèmes qui surgiraient pour
l'année à venir. Le ministre nous a annoncé certaines
affaires dans son discours ce matin. Il a peut-être eu l'occasion de
regarder et de donner des réponses aux commissions scolaires. Je
voudrais savoir, dans l'ensemble de ces règles budgétaires, si,
durant l'année à venir, c'est-à-dire 1987-1988, des
réajustements ont été apportés par suite des
demandes des commissions scolaires, de la Côte-Nord, en particulier, et
d'autres à travers le Québec. C'est ma première
question.
Le Président (M. Gardner): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'on va en venir tout
de suite aux questions qui ont mis le point final à l'intervention du
député de Laviolette. Les commissions scolaires de la
Côte-Nord soulevaient, dans leurs représentations, les petites
écoles, les surfaces, l'éloignement, l'enseignement moral et
religieux. Je vais demander à M. Taillon, tantôt, dont je vous ai
dit déjà plus tôt qu'il est le responsable de la conception
et de l'application des règles budgétaires chez nous, dans une
grande mesure, de vous expliquer les changements qui ont été
apportés aux règles budgétaires pour 1987-1988 sur ces
points. Ainsi que je l'ai dit ce matin, les modifications ne règlent pas
tous les problèmes, mais elles sont des pas dans la bonne voie. Je
voudrais que M. Taillon nous explique un peu ce que nous avons fait de ce point
de vue.
J'ajoute pour l'enseignement moral et religieux ce que j'ai dit
tantôt: même si nous n'avons pas obtenu du Conseil du trésor
les crédits additionnels demandés, nous avons trouvé le
moyen de mettre de côté un certain budget pour des mesures
spéciales de recyclage et de refraîchissement des connaissances,
de perfectionnement pour les enseignants engagés dans ce secteur
particulièrement exigeant dans les conditions d'aujourd'hui. Pour les
autres points, petites écoles, surface, éloignement, je pense que
M. Taillon pourrait vous fournir des explications très
intéressantes.
M. Jolivet: Avant d'entendre M. Taillon, est-ce que je pourrais
lui suggérer une autre question qu'il pourrait intégrer à
l'intérieur de ses réponses, puisqu'il va répondre
à la première, à la deuxième et aux suivantes?
Durant l'année qui se termine, 1986-1987, est-ce que des
réajustements ont été faits aux règles
budgétaires de départ? Il y aura une question additionnelle qui
viendra ensuite pour l'année 1987-1988.
Le Président (M. Gardner): Oui, M. Taillon.
M. Taillon: M. le Président, en réponse au
député de Lavioiette et pour vous expliquer de façon assez
synthétique les modifications, j'irai d'abord avec les ratios
maître-élèves. Nous avons, pour l'année 1987-1988,
amélioré les facteurs qui nous amènent à compter le
nombre d'enseiqnants pour les petites écoles. Nous avons injecté
à cet effet 50 postes d'enseiqnants. Cela ne semble pas beaucoup, 50,
mais, dans ces cas, des petites frictions comme cela aident beaucoup quand on
ajoute un demi-professeur. On a ajouté des professeurs pour faire
disparaître les triples degrés dans les milieux ou dans les
petites écoles où il y avait des degrés multiples. Donc,
on pense qu'avec ces 50 professeurs on vient corriger cette situation pour
l'année 1987-1988, une situation que les commissions scolaires de la
Côte-Nord dénonçaient en 1986-1987. Et je vous dirai
tantôt qu'en 1986-1987 nous avons aussi apporté en cours
d'année, des améliorations dans ce sens-là, mais je
répondrai à votre deuxième question tantôt.
Concernant l'éloignement et la dispersion, nous avons
amélioré la situation de beaucoup pour les régions
éloignées et pour les milieux où il y avait une grande
dispersion des écoles sur le territoire; nous avons apporté une
bonification aux allocations. Pour être simple, disons que l'an
passé on ne tenait compte, au niveau de l'éloignement, que de la
distance de la commission scolaire par rapport aux grands centres que sont
Montréal et Québec. Pour l'année 1987-1988, nous tenons
compte à la fois de la distance entre les centres, c'est-à-dire
entre la commission et Montréal ou Québec, suivant la situation
qéoqraphique, et de la distance entre la commission scolaire et la
direction régionale, puisque beaucoup de transactions budgétaires
se font par les directions régionales et beaucoup de transactions
pédagogiques aussi. Troisièmement, nous tenons compte maintenant
de la distance entre les écoles et le siège social de la
commission scolaire et de la distance des écoles les unes par rapport
aux autres. Évidemment, pour les territoires éloignés et
très dispersés, les allocations ont été
bonifiées. Globalement, au niveau national, on a injecté quelque
22 000 000 $ pour ces facteurs-là, alors qu'on mettait 18 000 000 % l'an
passé. Donc, c'est une réelle bonification.
Concernant les surfaces excédentaires, nous avons aussi
amélioré la norme. Pour être simple là aussi,
rappelez-vous que nous finançons les surfaces de base au prorata du
nombre d'élèves par mètre à un taux X. L'an
dernier, nous subventionnions les surfaces qui excédaient cette norme au
tiers de ce que nous donnions pour la norme de base. Nous avons ramené
cela à la moitié. Nous injectons pour chaque mètre de
surface excédentaire quatre dollars de plus dans les commissions
scolaires» Donc, c'est une bonification importante sur laquelle les
commissions scolaires pourront compter, surtout celles qui ont beaucoup de
surface excédentaire. Concernant la sécurité d'emploi,
nous avons regardé l'évolution de la situation en 1986-1987 et
nous avons réajusté les taux de non-résorption pour aider
les secteurs qui en avaient vraiment besoin, comme l'enseignement professionnel
et le secteur anglophone. Voilà, en gros, les modifications par rapport
aux principales revendications des commissions scolaires de la Côte-Nord
dont la situation s'améliore pour l'année 1987-1988.
Pour ce qui est des réajustements en cours d'année
1986-1987, je vous le disais tantôt, au mois d'octobre ou novembre, nous
avons ajouté quelque 150 professeurs. D'accord? Une fois la distribution
des professeurs faite, nous avons reqardé les situations difficiles et,
particulièrement pour les clientèles handicapées et pour
les petites écoles, nous avons ajouté des postes d'enseignants.
Nous avons la liste des commissions scolaires et elles sont au courant de ce
qui a été fait. Nous avons, bien sûr, ce qui va se
reproduire cette année, pour les commissions scolaires qui avaient une
perte de ressources importantes en vertu des nouvelles règles
budgétaires qu'on appliquait l'an passé, nous avons
injecté des sommes d'argent pour permettre la transition entre les deux
modes d'allocation. Comme nous sommes à une deuxième année
d'implantation, cette année aussi, nous aurons des réajustements
qui ne sont pas connus au moment où on discute les crédits, mais,
l'an passé, le ministre nous a annoncé ce plan et il y a une
trentaine de commissions scolaires qui en ont bénéficié.
Or, voilà en gros le système et les modifications principales
apportées aux règles pour 1987-1988.
M. Jolivet: Donc, ma question additionnelle, c'était:
Est-ce qu'il va y en avoir cette année? Vous me dites que oui, suivant
les besoins. Est-ce qu'il est possible, M. le ministre, de nous transmettre la
liste indiquant les commissions scolaires et les changements qui ont eu lieu en
cours de route pour l'année 1986-1987 pour voir si cela répond
à certaines des questions qui nous étaient posées? Je
comprends que c'est oui.
M. Ryan: Oui. (17 heures)
M. Jolivet: La deuxième. Au sujet de la question des
petites écoles, le ministre, par l'intermédiaire de son
représentant, nous indique qu'il a, par des professeurs additionnels,
trouvé moyen de corriger des situations dans certains milieux. Le
ministre a été mis au courant par mon intermédiaire
à deux occasions de deux dossiers, ceux de l'école
Pointe-de-Lebe! et de l'école La Marée, la commission scolaire de
Manicouagan. Le ministre peut-il m'indiquer si ces cas-là?
effectivement, comme il s'agissait de classes à deqrés multiples,
seront réqlés dans la mesure où les nouvelles
règles sont appliquées actuellement? Donc, la question qu'il faut
se poser, c'est: Est-ce que les correctifs proposés aux règles
budgétaires pour les gens de la Côte-Nord sont suffisants? Il
semble dire que c'était aux règles dont il vient de me donner
l'explication que les gens ont réagi. Est-ce qu'il y a eu un
réajustement depuis ce temps-là entre les règles
édictées et celles qu'on a envoyées pour consultation et
qui sont revenues, et est-ce que cela va être les règles pour l'an
prochain? Est-ce qu'il y a eu un ajustement dans le cas de la Côte-Nord
ou bien m'explique-t-on que c'est la règle générale pour
tout le Québec?
M. Taillon: Non, il y a eu définitivement un ajustement
pour l'ensemble du Québec qui a des répercussions dans la
Côte-Nord.
M. Jolivet: Est-ce que cela répond aux besoins que les
qens avaient exprimés en très forte majorité ou est-ce que
c'est en petite minorité?
M. Taillon: Je pense que cela répond aux demandes des
gens. D'ailleurs, on a reçu une lettre de la direction des gens de la
Côte-Nord qui nous disait que les commissions scolaires étaient
satisfaites quant aux petites écoles.
M. Jolivet: Des petites écoles? M. Taillon:
Oui.
M. Jolivet: Alors, vous allez m'expliquer ce qui se passe, M. le
ministre, dans le cas de l'école dont je vous parle, comité de
l'école Pointe-de-Lebel, école La Marée, lequel exprimait
à l'époque des difficultés quant aux classes multiples.
Est-ce qu'il y a eu des changements depuis ce temps-là? Est-ce que les
nouvelles règles vont permettre de le régler l'année
prochaine, si cela n'a pas été réglé pour
l'année 1986-1987?
M. Ryan: On a été saisi de ce cas-là
à plusieurs reprises, mais il va être examiné
d'abord par la commission scolaire. C'est un problème qui
relève de la commission scolaire. Si la commission scolaire à
même les allocations qu'elle reçoit peut résoudre le
problème à la satisfaction des gens, nous n'en entendrons plus
parler directement. S'il n'est pas résolu, il va nous revenir. On ne
court pas après les cas. Dans ce cas-ci, je ne me souviens pas qu'ils
m'aient écrit récemment pour me parler de cela. On prend note de
la mention que vous en faites et on va le faire examiner par nos services au
cours des prochains jours.
M. Jolivet: Je l'ai dit ce matin, que j'avais bien compris que le
ministre ne courait pas après les "troubles", mais, une fois qu'il les
a, il va essayer de les éteindre en leur demandant de la pression. J'ai
bien compris cela.
M. Ryan: Non, ce qui a été dit, c'est qu'il ne
pouvait pas rester indifférent à des gens qui étaient dans
une situation dont il trouvait qu'ils avaient lieu de se plaindre.
M. Jolivet: Alors, en effet__
M. Ryan: C'est une politique du gouvernement, une politique
chaleureuse.
M. Jolivet: En effet, je vais vous en donner un deuxième
pour voir comment on peut les régler. Aux dernières nouvelles
prises auprès des gens avant-hier soir pour m'assurer que le dossier
était réglé, je me suis aperçu qu'il n'était
pas réglé. C'est le comité d'école de
l'école Saint-Paul qui faisait mention d'un dossier de trois
écoles dans son secteur: d'abord, l'école Saint-Paul
elle-même, l'école Marie-Immaculée et l'école
Gamache, trois écoles dans ce secteur. La décision prise par la
commission scolaire est de fermer l'école Saint-Paul. Le ministre s'en
souvient, je lui en ai déjà parlé. J'en ai parlé
avec M. Rondeau, quand il était son engagé contractuel, mais il
est devenu sous-ministre depuis ce temps-là, pour lui dire qu'on avait
au coût de 1 000 000 $ construit un gymnase à l'école
Saint-Paul, que les services du gymnase sont utilisés à plein par
l'ensemble des gens de la municipalité, que ce soit l'âge d'or,
que ce soit pour différentes activités de la municipalité.
Ce gymnase a été construit pour les besoins des Jeux du
Québec à l'époque. Nous nous retrouvons actuellement avec
une école qui va être fermée. D'après les
renseignements que j'ai ici - qui sont justes - la commission scolaire se
serait vu octroyer un montant de 40 000 $ pour la fermer pendant un an. On nous
indique, selon les rumeurs qui circulent là-bas, que, pendant
l'année où elle sera fermée, elle ne sera pas
utilisée par les gens et que, deuxièmement, ce sera une
école réservée à des groupes indiens ou
amérindiens - pas l'année prochaine où elle va être
fermée, mais dans deux ans. Pendant ce temps-là, nous envoyons
des enfants à Marie-Immaculée et à Gamache. Ces deux
écoles vont non seulement séparer les jeunes de leurs amis, mais
semblerait-il, diviser aussi les parents au sujet des enfants qui vont
être envoyés dans chacune des écoles, alors qu'ils sont
maintenant à l'école Saint-Paul qui donne un service convenable,
qui est* une petite école, qui permettrait de maintenir ce que le
ministre me dit au sujet des petites écoles. Nous ne nous retrouvons
aucunement, au moment où on se parle, dans cette hypothèse.
J'aimerais savoir de la part du ministre ce qui arrivera au dossier pour
l'année prochaine, parce que la décision de la commission est de
fermer l'école.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais préciser que les
mesures dont parlait M. Taillon tantôt ne nous permettent aucunement
d'assurer qu'il n'y aura pas de fermeture d'écoles en 1987-1988. Il y en
aura. Nous allons faire notre possible. Les ressources déployées
en surplus demeurent modestes, mais elles permettront de régler un
certain nombre de cas.
Maintenant, je voudrais indiquer au député comment les
choses se passent, lorsqu'un cas comme celui dont il traite est soumis à
notre attention. Tout d'abord, les parents, s'ils sont un peu informés
des choses scolaires, vont s'adresser à leur commission scolaire ils
vont s'adresser à la direction régionale du ministère et,
ensuite, au ministre.
Disons qu'ils téléphonent ou qu'ils font une
déclaration disant: Là, on a écrit au ministre de
l'Éducation, M. Claude Ryan, pour le saisir de ce problème, ou
qu'un député ou qu'un organisme m'a saisi du problème,
là, moi, j'ai deux recours. D'abord, j'ai un attaché politique
qui s'occupe de l'enseignement primaire et secondaire, c'est M. Rodrigue
Dubé actuellement. Alors, je lui transmets le dossier et je lui dis:
Veux-tu voir à ça le plus tôt possible? J'aimerais savoir
ce qu'il en est. Si tu peux régler le problème sans m'en
reparler, tant mieux!
En plus, le dossier est transmis à la direction des
réseaux par l'intermédiaire du sous-ministre. La direction des
réseaux est assurée par M. Rondeau. Alors, la direction des
réseaux qui est, d'abord, la direction des bureaux régionaux du
ministère, peut aller à part de ça faire un examen direct
sur les lieux, si elle le juge nécessaire.
Dans bien des cas, le conseiller politique et le représentant des
réseaux iront ensemble. Dans d'autres cas, ils iront
séparément. Chaque situation commande une approche distincte et,
moi, je dispose de deux antennes pour savoir s'il y a vraiment une situation
qui commande une attention
spéciale.
Des fois, je n'aime pas me fier uniquement aux fonctionnaires. Je le dis
et ils me connaissent; ils savent que c'est vrai. Je les respecte beaucoup,
mais, des fois, c'est bon d'avoir la dimension politique en plus. Un
fonctionnaire est bon, quand il ne devient pas politicien et vice versa. Alors,
j'ai mon conseiller politique qui m'apporte son point de vue propre et c'est la
synthèse des deux points de vue qui peut permettre d'en arriver à
une bonne décision. De manière générale, ces deux
interventions visent à amener les intervenants eux-mêmes, les
parents du lieu, les commissaires d'écoles, à trouver une
solution par leurs propres moyens.
Très souvent... Je vais demander que vous écoutiez M.
Rondeau un peu là-dessus. Il va vous dire comment ça se fait dans
le concret. Neuf cas sur dix - je l'ai indiqué ce matin - qui ont
été soumis à notre attention au cours de la
dernière année se sont réglés de cette
façon, en amenant les intervenants à découvrir des
possibilités qu'ils n'avaient peut-être pas vues par
eux-mêmes au premier examen.
J'aimerais que M. Rondeau complète cette chose. J'ajoute, pour ne
pas être obligé d'intervenir de nouveau ensuite, que, concernant
le cas dont vous me parlez, je n'en suis pas saisi pour l'instant et je suis
heureux que vous le soumettiez à notre attention. Il y a peut-être
une lettre récente. Je n'ai pas vu mon courrier depuis une semaine. Mais
si c'était au-delà d'une semaine, j'en aurais eu
connaissance.
Je veux vous assurer qu'en fin de compte il y a toujours une conclusion.
C'est ça qui choque l'Opposition, parce qu'elle aimerait mieux qu'on
reste dans les nuages, mais c'est notre politique d'essayer d'en arriver
à une solution.
M. Jolivet: Avant de permettre à M. Rondeau de parler, je
veux simplement vous mentionner, M. le ministre, pour votre besoin, qu'elle
datait du 4 mars 1987. Je voulais simplement vous dire cela. J'en ai
déjà parlé, d'ailleurs. Ce n'est pas la première
fois que j'en parle. J'en ai parlé à M. Rondeau à
l'époque. Mais je vous dis que les parents, compte tenu de la
décision de la commission scolaire, sont d'un secteur
éloigné, c'est peut-être pour ça. C'est
Sept-îles, dans ce coin-là.
Ce que je vous dis, c'est que ces gens-là assistent,
paraît-il, aux réunions de la commission scolaire à toutes
les fois qu'il y a une réunion, pour la faire changer d'idée,
mais ils n'y réussissent pas. Ils ont demandé votre aide le 4
mars 1987, pour regarder cela, à la suite du rapport Jomphe. Un instant
je vous donne le nom exact, c'est ça, le rapport Jomphe. Le document
préparé par le comité d'école Saint-Paul vous a
été soumis par M. Henri Gervais, président de
l'Association des comités de parents de la provinice de Québec,
le 25 février dernier. Je voulais simplement vous rappeler
ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Regardez, je n'avais pas fait le joint avec ce dossier.
Dans ce cas, l'examen a été fait.
M. Jolivet: Ah!
M. Ryan: L'examen a été fait et la conclusion
à laquelle nous en sommes venus, c'est qu'il ne serait pas
justifié de garder cette école ouverte.
M. Jolivet: Malgré l'investissement de 1 000 000 $ dans un
gymnase qui est mieux pourvu que celui des autres écoles d'à
côté et même si on divise les familles?
M. Ryan: M. Rondeau pourra en parler plus longuement, si vous
êtes intéressé à l'écouter, parce que c'est
un des cas dont je l'avais saisi et au sujet duquel il m'a fait rapport,
d'ailleurs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Rondeau.
M. Rondeau (Jean-Claude): M. le Président, effectivement,
en ce qui concerne les parents, il y a les inconvénients qui sont
soulevés par le député de Laviolette. Mais la commission
scolaire se retrouvait avec un certain nombre de locaux excédentaires
et, après qu'elle ait fait sa propre analyse, l'analyse a
été refaite par la direction régionale de la
Côte-Nord.
La conclusion était que la commission scolaire ne pouvait pas
supporter plus longtemps le maintien de cette école, mais tout en
constatant que cela comportait, pour les parents, des inconvénients tout
à fait réels, que personne n'a jamais cherché à
nier, mais qu'on retrouve dans la plupart des cas de fermeture d'écoles.
Évidemment, la question des distances sur la Côte-Nord ajoutait
aux inconvénients subis par les parents.
Maintenant, en ce qui concerne l'utilisation de l'édifice dans
lequel il y avait eu des investissements, je n'ai pas eu les dernières
nouvelles mais, au moment où la décision avait été
prise par la commission scolaire de fermer l'école, il y avait
effectivement la possibilité que l'édifice serve dans un autre
contexte, mais également dans un cadre public. Donc, il n'y avait pas de
perte des investissements pour que ce soit dissipé ou cédé
à des intérêts privés. Il y avait une
possibilité de maintenir les édifices dans le secteur public. Je
n'ai pas eu de contacts, ces dernières semaines, avec
la direction régionale, ni avec la commission scolaire, mais on
pourrait avoir une information d'ici demain pour donner les derniers
détails.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
est-ce que vous voulez compléter?
M. Ryan: Je suis passé tout récemment dans cette
région. Les renseignements que j'ai obtenus allaient dans le même
sens que ceux qui viennent d'être donnés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On a de la
difficulté à vous entendre, M. le ministre.
M. Ryan: Je suis passé tout récemment dans cette
région et les renseignements obtenus allaient dans le même sens
que ceux qui viennent d'être donnés.
M. Jolivet: C'est évident que vous avez les renseignements
provenant de la commission scolaire, mais peut-être pas ceux des parents.
Vous avez dit que vous écoutiez tout le monde. Je vous dis que les
parents ne sont pas d'accord. Ils disent que leurs familles vont être
divisées. Des enfants de la même famille vont aller dans deux
écoles, même les amis vont être séparés,
dépendamment des âges, de telle sorte que, finalement, à
notre avis et à l'avis des parents, vous ne répondrez pas aux
besoins qu'ils ont. C'est une diminution, d'après les chiffres, de 90
000 $, mais vous allez mettre 40 000 $ pour maintenir l'école
fermée pendant un an, pour peut-être, d'après les rumeurs,
la remettre entre les mains d'un autre groupe qui serait les Indiens du coin.
C'est la rumeur qui circule dans le coin, j'aimerais qu'on regarde cela comme
il faut. Je vous donne les dernières nouvelles, celles d'il y a deux
jours.
Dans les crédits, on parte d'une compression de 20 600 000 $, 20
900 000 $, d'après les chiffres que vous nous avez donnés ce
matin et qui étaient contenus dans un document de la direction
générale. Donc, nous avons les compressions budgétaires
telles qu'elles sont indiquées là; elles sont identifiées
aux revues de programmes, sauf pour l'enseignement privé où elles
découlent des compressions faites au secteur public.
Les deux madames, les deux madames, écoutez bien cela!: "...sauf
pour l'enseignement privé où elles découlent des
compressions faites au secteur public. Elles ne tiennent pas compte de la
non-indexation des autres dépenses qui touchent tous les programmes.
Cette compression indirecte totaliserait plus de 12 000 000 $ en 1987-1988." La
question qu'il faut poser, c'est: Quelles sont les compressions réelles
qu'il va y avoir en 1987-1988? Quand on va regarder la question qui va suivre,
celle qui concerne les commissions scolaires, c'est; Qu'est-ce que vous avez
l'intention de faire quant au plafond de la taxe scolaire? Qu'est-ce que vous
avez l'intention de faire pour donner une enveloppe spéciale pour le
financement des élections, à l'automne, demande que la
fédération vous fait? Vous dites: II y a des compressions qui
s'en viennent, on va comprimer encore plus. En plus de cela, on ne leur donnera
rien pour tenir des élections puisque, en vertu de la loi, c'est tout le
monde ensemble en novembre prochain. On ne leur donnera pas la chance d'aller
chercher ailleurs une possibilité de taxes scolaires. Quelle est votre
pensée là-dessus?
M. Ryan: Essentiellement, je crois avoir expliqué ce matin
que nous assistons plus à un déplacement qu'à une
réduction des ressources disponibles. C'est vrai qu'il y a des
compressions. Dans le cas de l'éducation des adultes, j'ai
expliqué que c'est une compression qui s'applique à l'enveloppe
qui reste ouverte. Nous avons regardé les résultats de la
dernière année. Nous nous sommes dit: En budgétisant 5 000
000 $ de moins, nous sommes capables de répondre à la demande
anticipée. Mais, si la demande allait dépasser nos attentes,
l'enveloppe est ouverte, les fonds vont être disponibles quand
même. Par conséquent, c'est une compression ici qui se serait
traduite sous forme de crédits périmés au bout de
l'exercice. C'est la seule différence, finalement. II ne faut pas partir
en peur avec cela. (17 h 15)
La compression véritable, c'est celle de la compression
générale de 1,3 % aux dépenses autres que celles pour les
enseignants. Cela fait 9 600 000 $ en année financière. C'est la
compression principale.
Cela dit ce que cela veut dire. Comme vous le savez, des dépenses
des commissions scolaires, il y en a qui vont pour les salaires des
enseignants; il y en a qui vont pour les autres salaires; il y en a qui vont
pour d'autres choses: les dépenses d'entretien des immeubles, les
dépenses de conciergerie, les dépenses de communication, etc.
Alors, cette compression ne s'applique pas sur les salaires des enseignants,
parce que ceux-ci sont établis par convention collective, et ne
s'appliquent pas sur les autres formes de rémunération, parce
qu'elles sont établies par réglementation gouvernementale ou par
convention collective. Donc, cela s'applique sur l'autre partie des
dépenses: 1,3 %.
En retour, il y a cette injection de ressources additionnelles dont j'ai
parlé. Il va y avoir 550 enseignants de plus dans l'ensemble des
réseaux primaire et secondaire en 1987-1988. C'est un acquis
considérable. Le député parlait ce matin de la position de
l'ancien gouvernement en matière de négociation. Justement, la
négociation avait achoppé à l'époque parce que
le
gouvernement, dont faisait partie le député de Laviolette,
avait refusé l'ajout de 200 postes d'enseignants pour alléger la
tâche des enseignants au secondaire. Ç'a été cela la
pierre d'achoppement. Nous l'avons accepté. C'est pour cela que nous
avons réglé. Nous n'aurions pas réglé autrement.
C'est là la différence. C'est de l'argent. On va peut-être
en dépenser moins en papier puis en appels téléphoniques
interurbains, mais peut-être plus sur ces points-là. Cela n'est
peut-être pas si mauvais.
M. Jolivet: Les deux autres questions concernant l'enveloppe
spéciale pour les élections scolaires de novembre prochain et la
taxe scolaire?
M. Ryan: J'apprécie que le député de
Laviolette soulève ces problèmes-là, parce qu'ils ont fait
l'objet de nombreuses communications avec les commissions scolaires au cours de
la dernière année. Les questions qu'il m'adresse me fournissent
l'occasion de présenter des explications sur ces sujets. Je les
apprécie beaucoup.
En ce qui touche les élections scolaires, étant
donné que les élections se feront en bloc cet automne, alors
qu'elles se faisaient par tiers de commissaires dans les commissions scolaires
rurales par le passé évidemment, les dépenses
anticipées sont plus élevées. On ne sait pas ce que cela
sera exactement. La confection des listes d'électeurs devra se faire
pour tous les quartiers scolaires et, si des candidats nombreux devaient se
disputer des postes à travers le territoire d'une commission scolaire,
il y aurait évidemment des dépenses plus considérables,
parce qu'il faudra organiser des bureaux de votation et toute la machinerie
électorale pour l'ensemble du territoire. Nous ne le savons pas pour
l'instant. Il n'y aura peut-être pas tellement plus d'élections
qu'il n'y en avait dans le passé. S'il n'y en a pas plus, il y aura
quand même des dépenses moins élevées.
M. Jolivet: Cela n'aura pas des effets bénéfiques
sur le nombre de gens qui veulent se présenter. J'espère que ce
n'est pas ce que vous dites.
M. Ryan: Non. C'est une hypothèse que je fais. Je ne le
sais pas.
M. Jolivet: Ah bon!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député de Laviolette.
M. Ryan: Je ne veux pas jouer au prophète. J'espère
vivement et nous allons même faire un travail d'information, afin de
susciter une plus grande participation des électeurs.
Nous nous disons que c'est probable. Il y aura des dépenses plus
élevées cette année qu'en temps ordinaire. D'autre part,
les commissions scolaires n'auront pas de dépenses pour fins
d'élections l'an prochain. Elles n'en auront pas l'année suivante
non plus. Elles vont recevoir les mêmes subventions qu'elles
reçoivent cette année. Alors, nous leur disons; Tout compte fait,
les dépenses que vous encourez cette année ne sont pas plus
élevées que celles que vous auriez encourues normalement pour une
période de trois années. Vous aurez les deux années
suivantes pour vous racheter et, l'an dernier, il n'y a pas eu de
dépenses là-dessus non plus.
S'il y avait eu des ressources, j'aurais bien aimé que nous
contribuions à en financer peut-être la moitié. Cela aurait
été mon idéal. Pour faciliter la transition, faire montre
de bonne volonté c'eut été très bien, mais la
directive que j'avais reçue, c'était qu'il fallait une certaine
mesure de compression. Je ne pouvais pas ajouter de ressources nouvelles dans
le système, quand j'étais obligé de procéder
à des compressions d'un côté, sauf ce que nous avons fait
par le biais des conventions collectives et par le biais des règles
budgétaires pour des cas très urgents comme ceux dont nous avons
été saisis tantôt.
Pour les élections, je ne sais pas si la réponse est
claire. J'ai dû écrire, par conséquent, aux commissions
scolaires à mon grand regret, à mon corps défendant, qu'il
n'y aurait pas de subvention spéciale pour le financement des
élections et qu'elles devraient assurer elles-mêmes le financement
de leurs élections au cours de l'automne 1987.
M. Jolivet: Le plafond?
M. Ryan: Sur la fiscalité scolaire, le
député de Laviolette soulève une question
extrêmement importante. Les commissions scolaires du Québec
doivent fonctionner sous un régime de financement qui est à peu
près unique au Canada. Dans les provinces à l'ouest du
Québec, les commissions scolaires retirent à peu près 40 %
de leurs revenus sous forme de taxes qu'elles perçoivent et instituent
elles-mêmes. Au Québec, c'est 6 % de leurs dépenses
admissibles, au maximum, ou 0,25 $ le 100 $ d'évaluation, le plus bas
montant des deux étant obligatoire. Les commissions scalaires nous
disent: Cela n'a pas de bon sens, nous aimerions avoir une part plus grande de
l'impôt foncier. Leurs revendications se ramènent à ce
point-là. J'ai souvent demandé aux commissions scolaires:
Connaîtriez-vous une autre source fiscale que l'impôt foncier? Je
n'ai jamais reçu de réponse à cette question. Alors, elles
ont les yeux sur l'impôt foncier et, à cet égard, le
problème vient
des municipalités.
Les municipalités ont fait campagne pendant 40 ans afin d'obtenir
le monopole de l'impôt foncier. Un gouvernement libéral qui a
précédé le gouvernement péquiste avait
commencé à restituer l'impôt foncier aux
municipalités par tranches de 20 % par année, je pense, et, sur
une période de cinq ans, l'impôt foncier eut été
transféré complètement aux municipalités. Le
gouvernement péquiste a poussé la politique plus loin. Il a
décrété que tout l'impôt foncier allait aux
municipalités, sauf une tranche pouvant aller jusqu'à 6 % des
dépenses admissibles des commissions scolaires ou 0,25 $ le 100 $
d'évaluation, au-delà de quoi une commission scolaire qui veut
taxer davantage doit procéder à un référendum.
Les commissions scolaires nous disent: Nous sommes dans une camisole de
force, nous sommes dans un vêtement beaucoup trop étroit. J'ai dit
en toute franchise aux commissions scolaires, le député de
Laviolette était présent quand je l'ai dit, je n'ai pas voulu
tourner autour du pot et nourrir des illusions, j'ai dit franchement aux
commissions scolaires: Je ne veux pas que vous vous attendiez à des
changements importants à cet égard pendant le présent
mandat du gouvernement. Nous avons tenu -comme l'a rappelé le
député de Laviolette -une réunion de la commission du
financement à laquelle siègent conjointement les
représentants des commissions scolaires, du ministère de
l'Éducation et des grandes associations de cadres du monde scolaire et
nous leur avons dit franchement notre politique. Je leur ai dit: Je crois que
vous devriez avoir une part plus importante de l'impôt foncier; c'est mon
opinion, je la défends auprès du gouvernement et je dois
défendre auprès de vous la politique du gouvernement et non pas
la politique personnelle d'une personne qui s'appelle le ministre de
l'Éducation.
C'est là qu'en est le dossier et je n'ai pas d'indication,
à l'heure actuelle, que l'un ou l'autre des partis principaux qui sont
représentés à l'Assemblée nationale serait
prêt à faire des propositions en sens contraire. Je ne sais pas.
Si le député de Laviolette voulait m'indiquer quelle est la
politique de son parti sur ce sujet, je serais très heureux d'en prendre
connaissance. En vertu d'un critère qu'il me reproche, plus il y a
d'opinions favorables à un point de vue, plus il a de chances
d'être entendu.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Le ministre sait très bien notre position,
c'est celle de la loi qui a été adoptée par le Parti
québécois; elle n'a pas changé. Donc, il l'a
exprimée comme il faut.
M. Ryan: Très bien.
M. Jolivet: Je pense que le ministre en est bien conscient, ce
n'est pas nous qui avons fait des représentations dans ce sens. Je
voulais juste savoir où en était la réflexion, la
décision du ministre sur ce sujet. Une chose est certaine, c'est que
j'ai compris que sa position n'était pas immuable, qu'elle changerait en
cours de route selon les décisions qu'il prendra plus tard.
J'ai une question qui porte sur les bibliothèques scolaires. Le
ministre peut-il me dire s'il a, à l'intérieur des règles
budgétaires ou avec des sommes disponibles, la possibilité de
régler ce dont on entend parler un peu partout, à savoir que les
bibliothèques scolaires sont en difficulté? On a eu, de la part
du ministre, une réponse pour son propre comté. On l'a vu tout
à l'heure, il nous a dit que c'étaient des bibliothèques
municipales aidées par le secteur scolaire. Mais, ici, on parle de
bibliothèques scolaires qui souffrent d'une sérieuse
anémie. Des gens ont présenté des documents à la
commission de la culture, M. Agretaud de l'Alliance des professeurs de
Montréal, en particulier, documents quand même intéressants
et qui portent à réflexion. C'est dans ce sens que je pose la
question suivante au ministre: Est-ce qu'il a l'intention de prévoir
cette année des crédits additionnels pour aider les
bibliothèques scolaires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Les allocations versées aux commissions scolaires
se répartissent en différentes catégories et dans la
troisième catégorie du budget qui leur est attribué, il y
a un montant qui va pour le matériel didactique, les ressources
didactiques et c'est à même ces ressources que les commissions
scolaires disposent aujourd'hui, d'ailleurs, en vertu des changements
apportés aux règles budgétaires, d'une marge de souplesse
plus grande qu'autrefois. Elles peuvent décider si elles vont mettre
l'accent sur ceci, sur cela ou sur cela. Dans certains cas, les commissions
scolaires ont de très bonnes bibliothèques dans les
écoles. J'en ai vu plusieurs moi-même. Dans d'autres cas, cela
fait pitié. Cela dépend peut-être, dans une certaine
mesure, du caractère trop réduit des ressources que nous mettons
à la disposition des commissions scolaires. Cela dépend
peut-être aussi des priorités des commissaires d'écoles. Il
y a peut-être des commissaires d'écoles qui mettent les
priorités sur autre chose et, lorsque arrive le moment de meubler une
bibliothèque, ils se rendent compte qu'il n'y a plus de ressources pour
cette fin. Il y a un problème de ce côté. Je pense
qu'indépendamment de ces
considérations la qualité de la bibliothèque est un
élément essentiel du bon fonctionnement pédagogique de
l'école et de la bonne qualité de l'éducation qui y
est dispensée.
Encore une fois, pour ces allocations dont vous parlez, l'allocation de
base standardisée, qui est donnée aux commissions scolaires, il y
a une grande marge de manoeuvre dont la commission scolaire peut faire
usage.
M. Jolivet: Vous savez, il y avait des enveloppes ouvertes et les
gens disaient qu'on les utilisait à toutes sortes de fins. On a des
enveloppes fermées et c'est l'inverse, ils disent qu'on n'a pas assez de
marge de manoeuvre. C'est un peu pourquoi je vous dis qu'il faut
peut-être regarder cela parce qu'effectivement les gens commencent
à se plaindre qu'il y a une détérioration complète
des bibliothèques scolaires. Et je vais aller plus loin. À
Montréal, en particulier, on m'a fait des représentations lorsque
je suis allé visiter des écoles et d'autres personnes m'ont aussi
appelé; cela concerne les manuels scolaires. On dit: Les manuels sont
gratuits, au fond, mais à un moment donné, on leur donne un
manuel qui est reprographié, qui est reproduit par photocopie. Il y a
des gens à Montréal qui se plaignent justement que la commission
scolaire a accordé de l'importance à d'autres choses que
l'essentiel, parfois. Il y a des parents qui m'appelaient pour me dire: Nos
enfants sont en première année ou en deuxième année
et tout ce qu'ils reçoivent comme livres scolaires, c'est une photocopie
qui est mauvaise. On a de ta difficulté à la lire. On a
déjà de la difficulté, dans certains cas, comme parents,
à comprendre les nouvelles méthodes, ne venez pas nous donner en
plus des feuilles qui sont tellement mauvaises qu'on se retrouve avec encore
plus de difficultés. Je pose la question au ministre: Est-ce qu'il y a,
à la Commission des écoles catholiques de Montréal ou
ailleurs, des vérifications qui sont faites pour des choses comme
celles-là qui nuisent à un enseignement convenable pour ces
jeunes et de l'aide qui est apportée aux parents?
M. Ryan: Pour paraphraser des propos qui ont été
entendus à maintes reprises depuis une semaine ou deux, je pourrais
peut-être dire que nous, au ministère, nous évoluions vers
des objectifs nationaux, ne voulant pas imposer trop de normes et de
critères. Ainsi que vous le disiez justement tantôt, il y a
peut-être un mouvement de balancier dans ces choses. À un moment
donné, on va beaucoup du côté de la souplesse et, à
un moment donné, il faut revenir du côté des choses plus
fonctionnelles. Il est sûr que la tendance naturelle des commissions
scolaires est de nous dire: Vous ne nous donnez pas assez pour les manuels,
vous ne nous donnez pas assez pour les bibliothèques, vous ne nous
donnez pas assez pour les micro-ordinateurs. Disons qu'on ajoute 1 000 000 $ ou
2 000 000 $ là-dessus, cela s'en va dans les allocations des commissions
scolaires et, au bout d'un an ou deux, elles peuvent l'utiliser à
d'autres fins si elles le veulent parce que c'est la politique qu'on prend de
leur laisser plus de souplesse. De cette manière, si on n'établit
pas un certain équilibre, on va recommencer à augmenter les
ressources dans le réseau. Non seulement on n'assouvira pas les
demandes, mais on va les provoquer et les multiplier. Je ne sais pas où
est l'équilibre exact, mais je constate une chose: Je reçois des
résolutions de commissions scolaires continuellement, qui nous demandent
des montants pour des choses très très précises et, en
même temps, la résolution suivante va être de demander qu'on
arrête d'établir des normes précises et qu'on leur laisse
une grande tatitude dans la détermination de leurs priorités. On
ne peut pas faire les deux.
M. Jolivet: Mais dans le cas où des étudiants n'ont
même pas en première année et en deuxième
année des livres convenables, il y a quelque chose qui doit être
fait par le ministère. C'est une responsabilité de
vérifier que la commission scolaire, à un moment donné, au
lieu de réparer un toit, parce qu'elle juge que c'est essentiel de
réparer le toit cette année-là, puisse prévoir
d'avoir avant au moins des livres. Mais les deux choses sont essentielles
aussi,, parce que si le toit coule, les livres vont être brisés.
(17 h 30)
M. Ryan: II y a une chose, M. le Président. Voyez-vous,
nous fonctionnons avec je ne dis pas la "norme" mais la perspective que
déjà notre coût par élève dans le secteur
public au Québec demeure plus élevé qu'en Ontario. En
Ontario, de ce point de vue-là, ils ont eu des difficultés eux
aussi. Mais, quand même, ils avaient une qualité
d'éducation qui était parmi les meilleures en Amérique du
Nord. On ne peut pas aller trop loin dans la voie de l'augmentation des
dépenses non plus, mais je conviens tout à fait avec vous que
l'élève a le droit d'avoir les instruments de base. II y a des
lacunes, actuellement, qu'on ne soulignera jamais assez. Je peux vous assurer
qu'on va faire des efforts afin d'essayer de faire progresser cette
situation.
M. Jolivet: En tout cas, je vous donnerai - je n'ai pas besoin
que ce soit écrit au Journal des débats - le nom de
l'école qui m'a fait mention de cela pour que vous essayiez de faire une
vérification.
Une question sur le transport scolaire, même si cela ne vous
regarde pas, pour ce qui est des fonds à être versés. Je
sais qu'il
y a une enquête qui est faite sur la révision, le plan
triennal qui est prévu par le ministère des Transports pour le
transport scolaire. Quelle est votre position, comme ministre, pour
régler ces problèmes qui s'en viennent? Le plan triennal est
basé sur des normes historiques qui font qu'il y a des entreprises de
transport scolaire qui reçoivent de fortes sommes et d'autres peu, et
cela simplement dans un rayon de dix milles, de telle sorte que, finalement,
vous avez le conflit qu'on a connu à Terrebonne et ailleurs. Quelle est
votre position, comme ministre, pour demander à votre collègue
des Transports de régler cela au plus vite?
M. Ryan: Lorsque j'ai vu que le député de
Laviolette n'aimait pas que je règle des conflits de travail, j'ai
dû engager un collaborateur qui est excellent là-dedans, M.
Rodrigue Dubé. Et je peux vous assurer que dans le conflit de Transco,
au sujet duquel j'eus adoré être interrogé par le
député de Laviolette depuis une dizaine de jours, M. Dubé
a joué un rôle majeur en collaboration avec un avocat
spécialisé dans les questions de relations du travail dans le
transport et qui a travaillé avec la Fédération des
commissions scolaires catholiques pendant longtemps. Je pense que ces deux
personnes-là, M. Dubé et M. Jean-Pierre Tessier, ont vraiment
permis de régler un conflit de travail qui affectait 45 000
étudiants dans une douzaine de commissions scolaires différentes
de la région métropolitaine de Montréal. Et je pense que
le règlement que nous avons favorisé là, qui
n'entraîne pas un sou de déboursés additionnels pour le
gouvernement, va avoir une influence majeure sur toute cette perspective
menaçante qui se dessinait à l'horizon et dont a parlé le
député de Trois-Rivières. De Laviolette, je m'excuse.
M. Jolivet: La semaine passée, c'était Champlain et
Saint-Maurice et maintenant, c'est Trois-Rivières.
M. Ryan: Je m'excuse, M. le député de
Saint-Maurice... euh! de Laviolette.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: Nous n'avions pas de plan d'ensemble, mais nous avions
une approche pour régler le conflit. Il a été très
bien réglé. Et, vendredi dernier, j'avais des
représentants des deux parties à mon bureau à
Montréal qui ont tenu à venir me saluer. Je ne tenais pas
à les rencontrer, mais ils ont dit: On va aller voir le ministre pour
lui dire comment ses collaborateurs ont bien travaillé. J'en
étais fort heureux. Et je pense que le règlement de ce conflit
est peut-être plus important pour la paix du travail dans le domaine du
transport scolaire que bien des réunions de technocrates qui vont
établir une politique d'ensemble. Mais je peux vous assurer d'une chose,
en complément, c'est que nous suivons avec beaucoup
d'intérêt ce qui va se faire au ministère des Transports.
Je peux vous assurer que nous allons suivre de très près
l'élaboration de ce nouveau plan triennal dont parle le
député de Laviolette et, personnellement, j'ai pu constater les
conséquences négatives de cette base historique dont a
parlé le député de Laviolette qui entraîne des
inéquités d'une entreprise à une autre parce qu'elles
transigent avec des commissions scolaires qui ont été
établies sur une base historique différente. il y a des
commissions scolaires où la base historique autorise la commission
scolaire à toucher des subventions qui vont lui permettre de signer des
conventions collectives fort alléchantes avec des entreprises de
transport et il y a d'autres cas où la commission scolaire n'est pas
dans la bonne catéqorie et est obliqée de chercher à
appliquer les conventions collectives qui ne peuvent plus être
adéquates aujourd'hui parce que les niveaux de salaire que permettent
les contrats ne sont pas acceptables par les travailleurs.
Alors, là, il y a un problème et je veux assurer le
député de Laviolette que nous sommes devenus très
familiers avec ce problème et que nous sommes d'ores et
déjà en contact étroit avec le ministère des
Transports pour assurer que le prochain plan triennal sera plus
équitable.
M. Jolivet: Est-ce que vous êtes impliqué, comme
ministre de l'Éducation, par l'intermédiaire de votre bureau ou
de votre ministère, auprès du comité qui y travaille,
simplement pour faire valoir les points de vue qui vous concernent comme
ministre de l'Éducation?
M. Ryan: Un projet nous a été adressé, ces
temps derniers. Nous sommes en train d'en faire l'examen. Mais on ne nous a pas
invités encore, à ma connaissance, à faire partie d'un
comité de travail au ministère des Transports.
M. Jolivet: Mais, comme je vous connais, vous pourriez vous faire
inviter?
M. Ryan: Si on a un bon point de vue, ce n'est peut-être
pas nécessaire d'aller au comité. En présentant notre
point de vue, cela va peut-être suffire.
M. Jolivet: Mais en le présentant...
M. Ryan: Si on peut éviter un comité, ça
ferait bien notre affaire!
M. Jolivet: Ha! Ha! Ha! En tout cas, c'est simplement pour dire
que vous avez
intérêt à surveiller ça de près.
M. Ryan: Ah oui! Soyez assuré que nous avons l'oeil
là-dessus et que ça va finir, blague à part, par un
comité où nous siégerons ensemble.
Immobilisations
M. Jolivet: Merci. M. le Président. Je passerais à
un autre sujet, soit le plan d'équipement, le projet de construction. Je
dis au ministre dès le départ que je vais toucher aux deux sujets
à la fois, les projets de construction et les transferts
d'élèves. Cela ne demande pas nécessairement de la
contruction, mais il y a des effets sur l'ensemble des transferts
d'élèves.
Donc, je vais être assez large dans mes questions pour ce qui s'en
vient. Comme je vous l'ai dit, il y a certains de mes collègues qui vont
y participer. Alors, je vais permettre, dès le départ, à
mes deux collègues qui sont ici de pouvoir poser les questions d'ici 18
heures. Il y a d'abord le député de Shefford et le
député de Dubuc. M. le Président...
Une voix: ...si le président le permet.
M. Jolivet: Oui, c'est au président que je le demande.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Mais c'est parce
que le député de Laviolette sait qu'il y a un président
très permissif. C'est pour ça.
M. Jolivet: C'est cela. M. le député de Shefford,
je ne sais pas si le président vous donne la parole.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. M. le ministre, ce
ne sera pas très long, parce que, de toute façon, je dois aller
à une autre commission. C'est juste une interrogation sur un sujet dont
j'ai eu l'occasion de vous parler à plusieurs reprises. Il s'agit de
l'école du canton de Granby. Vous savez que c'est une
nécessité. Mon collègue parlait tantôt de
construction et, en même temps, de déplacement
d'élèves.
Vous savez que, chez nous, le canton de Granby a presque doublé
de population depuis cinq ou six ans et que les besoins en école, c'est
pressant. Les gens doivent se déplacer toujours en autobus. Là,
les écoles sont bondées à Granby.
L'école devait être construite. C'était
projeté pour être construit en 1986 et ça a
été reporté parce qu'on connaissait une situation
financière difficile. Par contre, vous avez reconnu l'utilité et
la nécessité de cette école l'an passé et vous avez
donné l'autorisation à la commission scolaire de Granby de se
porter acquéreur du terrain.
Je voulais savoir si on peut espérer que, dans le plan
d'immobilisation de cette année, cette école va être
retenue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je regrette que nous ayons
été quelque peu retardés dans le cheminement qui nous
conduit aux décisions annuelles dans ces matières,, J'avais
espéré pouvoir disposer de toutes ces questions au cours du mois
de mai. Malheureusement, la réponse du Conseil du trésor, quant
à l'enveloppe qui nous était attribuée, est venue plus
tard que je ne l'avais pensé. Elle est venue seulement vers la fin
d'avril.
Au mois de mai, nous avons eu toutes sortes de dérangements. En
particulier, le retard de l'examen des crédits en commission
parlementaire a changé notre échéancier. Les travaux
constitutionnels nous ont occupés passablement également ainsi
que toutes sortes d'autres choses et je ne pourrai pas prendre ces
décisions-là avant une semaine ou dix jours.
J'informe cependant le député de Shefford que j'ai tenu
une réunion, il y a à peu près une quinzaine de jours,
avec la Direction régionale de la Montérégie,
réunion au cours de laquelle nous avons examiné chacun des
projets qui ont été soumis à notre attention, y compris,
évidemment, les projets dans le comté de Châteauquay, dans
le comté de Shefford et dans d'autres comtés de la
région.
Nous avons établi un ordre provisoire qui n'a rien de
définitif parce que nous devons confronter les priorités
provisoires établies pour chaque région avec celles qui sont
établies pour d'autres régions. C'est au bout de cette
période d'une semaine ou de dix jours que nous pourrons en venir
à des conclusions.
Mais le cas dont parle te député de Shefford a fait
l'objet d'un examen attentif, de nouveau. Je ne peux pas en dire davantage
maintenant parce que nous n'avons pas encore arrêté nos
conclusions, mais nous sommes très près de le faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Du côté ministériel, d'autres interventions? M.
le député, demandez-vous la parole? M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Est-ce qu'on est ici pour régler les cas de
comtés? Non, je ne le pense pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska, veuillez vous adresser
au ministre si vous avez des questions à poser.
M. Gardner; Non, au président. M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Laissez-moi, M. te député, juger de la pertinence de
l'intervention des membres de cette commission.
M. Gardner: Alors, voici: Non, je pense que, dans tous les
comtés, il y a des écoles qui font des demandes. M. le ministre
est au courant de ma demande et je n'ai pas besoin d'ajouter quoi que ce
soit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! D'autres interventions? M. le député de
Shefford.
M. Paré: Je voudrais compléter et dire à mon
collègue qu'on siège en commission, ce soir, sur les HLM. Si vous
avez des messages à passer, je vous y invite; je vous promets que je
vais vous laisser le temps nécessaire, il n'y aura pas de
problème.
On parle d'immobilisations. J'aimerais juste vous dire, M. le ministre,
que je suis content de voir qu'on est sur la liste des priorités. De
toute façon, je sais que la Montérégie, cela fait
longtemps qu'elle est sur la liste des priorités. On est dans une
région où, grâce à Hyundai et à d'autres
entreprises annoncées ou qui vont être annoncées
bientôt, la population va s'accroissant de façon extraordinaire.
Pour le canton, cela déborde et cela va au-delà des
prévisions. Donc, la construction, c'est une nécessité. Je
pense que j'ai raison de demander cela ici. Je vais vous en reparler avant dix
jours, M. le ministre, parce que j'espère qu'on va être retenu.
Merci,
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autres interventions, je vais appeler...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: S'il n'y a pas d'autres interventions concernant les
immobilisations, je voudrais juste ajouter une remarque. Nous avons
reçu, pour l'année 1987-1988, des projets dont la valeur totale
s'élevait à près de 300 000 000 $ et l'enveloppe qui a
été attribuée pour l'année est de 35 000 000 $. Par
conséquent, nous ne pourrons pas faire de miracles non plus. Nous allons
agir au meilleur de notre connaissance, en pensant au bien
général et aux besoins les plus pressants. C'est l'ordre de
grandeur dans lequel nous devons prendre nos décisions.
M. Jolivet: Est-ce que M. le ministre peut m'indiquer si...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...les 35 000 000 $, c'est de l'argent nouveau, pour
de nouveaux établissements, des agrandissements, de nouvelles
constructions? C'est bien cela?
M. Ryan: Oui. Un autre montant est prévu pour les
parachèvements. Les projets déjà engagés, qui
devront entraîner d'autres déboursés, sont prévus
ailleurs.
M. Jolivet: Combien avez-vous pour les parachèvements,
pour le moment?
M. Ryan: Pour les parachèvements, nous avons 35 000 000 $
également.
M. Jolivet: Pardon? Je m'excuse. M. Ryan: 35 700 000
$.
M. Jolivet: Donc, c'est à peu près
l'équivalent. C'est 70 700 000 $, au total. Pour l'année 1987, le
plan de conservation et de développement des équipements a
signifié des déboursés de 141 700 000 $ en 1986-1987, qui
étaient de 134 700 000 $ au titre des parachèvements et de 7 000
000 $ pour de nouvelles initiatives, auxquels montants s'est ajoutée une
somme de 22 000 000 $ pour le plan spécial des commissions scolaires du
Nord et de l'école Sainte-Croix. On se souvient que c'était pour
l'année 1986-1987.
Un plan triennal a été préparé par le
ministre de l'Éducation et soumis au Conseil du trésor, c'est ce
dont vous faisiez mention tout à l'heure, au sujet de la liste de
projets qui contient les 37 nouveaux projets. Est-ce que c'est cela? Dans le
plan que vous avez présenté au Conseil du trésor, vous
parliez de 300 000 000 $, est-ce que c'étaient 37, 40 projets? Combien y
avait-il de projets pour de nouvelles écoles?
M. Ryan: Le plan triennal que nous avons soumis au Conseil du
trésor était de 450 000 000 $ pour trois ans, 150 000 000 $ par
année...
Une voix: Non. 150 000 000 $, pour trois ans et 50 000 000 $ par
année.
M. Ryan: Pour les constructions nouvelles.
Une voix: Oui.
M. Ryan: C'est cela, oui. Mais pour l'ensemble? Pour les
constructions nouvelles, c'était 50 000 000 $ par année,
150 000 000 $ pour les trois ans. Mais, pour l'ensemble, le plan allait
chercher dans les 450 000 000 $.
M. Jolivet: 50 000 000 $ et 150 000 000 $| cela veut dire que si
vous avez 50 000 000 $, pour un total de 450 000 000 $ dans le plan triennal,
vous avez eu 35 000 000 $ - si je comprends bien - sur les 50 000 000 $
demandés.
M. Ryan: Oui, c'est cela» Exactement.
M. Jolivet: Et c'est dans le cas de constructions nouvelles.
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Dans le cas des parachèvements, c'était
combien?
Une voix: ...
M. Jolivet: Non, je m'excuse! Vous ne comprenez pas ma question,
vous autres.
M. Ryan: Dans le cas des parachèvements, nous avons ce que
nous avons demandé parce que ce sont des choses qui étaient
déjà en route. La seule chose, c'est qu'il y en a qui vont
être retardés d'une année, peut-être. Je n'ai pas le
décalage ici, mais tout ce qui était déjà
engagé continue.
M. Jolivet: Pour les parachèvements, vous dites que vous
avez obtenu 35 700 000 $, mais il va y avoir d'autres parachèvements
dans les années à venir.
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Sur ce qui est en cours et non pas sur les
constructions nouvelles.
M. Ryan: Dans ce cas-ci, je dois vous dire qu'il n'y en a pas de
prévu pour les années subséquentes. Mais il pourrait
arriver que, pour une raison ou l'autre, des parachèvements, qui
devraient avoir lieu en 1987-1988, soient reportés. Mais, pour le
moment, il n'y en a pas de prévu. (17 h 45)
M. Jolivet: Donc, c'est 35 000 000 $ et 35 700 000 $, au total,
cette année. Dans le plan triennal c'était 50 000 000 $.
M. Ryan: Cette année ce sont des engagements
autorisés. Tout cela ne sera pas nécessairement
dépensé et ne sera pas dépensé en 1987-1988.
M. Jolivet: L'année passée il y avait au total 141
700 000 $. Sur cela il y avait 134 700 000 $ à titre de
parachèvement et 7 000 000 $ aux initiatives nouvelles. À cela
s'était ajouté un montant de 22 000 000 $ pour le plan
spécial: Les commissions scolaires du Nord et l'école
Sainte-Croix. Mais excluons cette partie qui était un cas
spécial, c'était 141 700 000 $. Cela veut dire que cette
année on serait rendus à 70 700 000 $, la moitié.
M. Ryan: En tout, cette année, nous avons 166 000 000
$.
M. Jolivet: Cela se décortique comment?
M. Ryan: Le maintien des actifs d'abord: 104 700 000 $. M.
Taillon va vous expliquer le maintien des actifs. C'est l'allocation de base
donnée aux commissions scolaires pour les réparations et
l'entretien de leurs édifices. Il y a des allocations de versées
à nos directions régionales pour des plans de réparation
à frais partagés avec les commissions scolaires. Il y a tout cela
là-dedans.
M. Jolivet: Juste avant qu'il me réponde pour que l'on ait
le joint entre les deux. Donc, si je comprends bien, les 141 700 000 $
comprenaient aussi, l'année passée, le maintien des actifs, les
parachèvements et des constructions nouvelles. Donc, cette année
cela serait 104 700 000 $, plus 35 000 000 $, plus 35 700 000 $. Vous me parlez
de 160 000 000 $?
M. Taillon: Je peux vous donner le détail.
M. Jolivet: Oui.
M. Taillon: En comparant avec notre cahier explicatif des
crédits, en ayant obtenu les mêmes chiffres, pour ce qui est des
projets découlant des plans précédents, l'an dernier vous
aviez 29 000 000 $, cette année 35 700 000 $.
M. Jolivet: D'accord.
M. Taillon: Pour la conservation des équipements, 100 700
000 $ l'an dernier; cette année, 104 700 000 $. Cela veut donc dire que
l'enveloppe a été indexée.
M. Jolivet: D'accord.
M. Taillon: Pour les projets hors enveloppe, 5 000 000 $ l'an
dernier et 5 000 000 $ cette année. Projet d'ajout d'espaces: l'an
passé on avait 2 000 000 $; cette année, 35 000 000 $.
M. Jolivet: Donc, ce que vous voulez me dire, c'est que le
moratoire qui était indiqué sur les conjonctures est disparu.
Donc, on a fait sauter le moratoire que l'on avait l'an passé. Non?
M. Ryan: Non. On a autorisé des écoles nouvelles
l'an dernier. On en a autorisé pour 27 000 000 $, si mes souvenirs sont
bons. Cela a été annoncé. Vous en avez donné les
dates au député. Vous vous en souvenez?
M. Jolivet: Oui, mais il voulait savoir si c'était de
l'argent annoncé l'année passée pour l'année qui
vient. Vous pouvez bien avoir annoncé 22 000 000 $, mais en disant que
c'est une construction qui va débuter sur le budget de l'année
suivante.
Les 25 000 000 $ dont vous faites état sont des initiatives
nouvelles, parce que tout à l'heure on vient de me dire qu'il y a eu 2
000 000 $. Vous me dites qu'il y a eu un ajout de 25 000 000 $, mais
est-ce que les 25 000 000 $ étaient payés dans l'année
1986-1987 ou s'ils seront payés dans l'année 1987-1988? Cela
n'est pas pareil.
M. Ryan: Ce sont les choses de l'année
précédente qui ont été reportées. Il y en a
qui étaient déjà portées au budget, parce que le
Parti québécois avait pris des engagements avant
l'élection.
M. Jolivet: Est-ce que c'était dans les
parachèvements?
M. Ryan: Non. Il y en a qui étaient dans les initiatives
nouvelles.
M. Jolivet: Si vous parlez du plan spécial de 22 000 000
$, je vous ai dit tout à l'heure que j'excluais les chiffres de la
commission scolaire du Nord et de l'école Sainte-Croix.
M. Ryan: D'accord.
M. Jolivet: Donc, l'année passée il y a eu 2 000
000 $, ce qui était déjà annoncé. Je pensais que
vous étiez en recherche de renseignements pour me répondre. Ce
n'est pas cela? Je recommence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, si vous voulez répéter votre
question.
M. Jolivet: Tout à l'heure j'ai compris de la part de M.
Taillon qu'il disait qu'il y avait 29 000 000 $ qui étaient du
parachèvement. Il y avait 100 700 000 $ qui étaient le maintien
à des actifs, comme vous le dites. Il y avait 5 000 000 $ qui
étaient l'équivalent, cette année, de 5 000 000 $ hors
enveloppe. Il y avait 2 000 000 $ pour les nouvelles constructions.
Là, vous me dites qu'il y avait 22 000 000 $ à 25 000 000
$. J'aimerais bien savoir c'était quoi, les 22 000 000 $ à 25 000
000 $ l'année passée.
M. Ryan: On va peut-être demander à
M. Henri Tardif, qui est un adjoint de M. Rondeau, de nous donner une
explication à ce sujet. Ce qui est arrivé, encore une fois,
essentiellement, c'est qu'il y avait des engagements qui avaient
déjà été pris antérieurement. Là, il
y a eu des déplacements d'engagements. Il y a certain de ces engagements
qui ont été remplacés par de nouveaux engagements d'une
valeur d'à peu près 26 000 000 $.
M. Jolivet: Alors, qu'il l'explique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Tardif.
M, Ryan: On va lui demander où c'est dans cette
page-là.
M. Tardif (Henri): Comme le ministre de l'Éducation vient
de le mentionner, si on se réfère à l'année
1986-1987, quand on lit le chiffre de 2 000 000 $, on lit un chiffre de
déboursés et non pas d'engagements. Donc, si je raisonne en
termes d'engagements, il y a eu effectivement, comme nouveaux projets
autorisés en 1986-1987, 20 nouveaux projets, pour un total de 26 800 000
$.
En même temps, il y a eu un certain nombre de projets qui avaient
déjà été autorisés
précédemment et qui ont été reportés
à des dates ultérieures et ces quatre projets dont on parle
totalisent 21 800 000 $, ce qui fait que, si on raisonne en termes de
différence, en termes d'engagements, on en arrive à 5 000 000 $
d'argent que j'appellerais neuf, se traduisant par une somme de 2 000 000 $ en
termes de déboursés.
M. Jolivet: Cela valait la peine, pour les gens de l'autre bord,
d'écouter! Les 35 000 000 $, cette année, est-ce que c'est de la
même façon qu'il faut les interpréter? Ce sont des
engagements ou c'est de l'argent neuf?
Une voix: ...
M. Jolivet: Ou, est-ce que c'est l'argent que vous auriez
dû payer l'année passée et que vous allez payer cette
année?
M. Ryan: On peut vous dire une chose, c'est que les engagements
autorisés pour 1986-1987 sont en marche.
M. Jolivet: On a compilé 37 projets de nouvelles
écoles cette année...
M. Ryan: Cela a été pris un peu
précipitemment à la veille des élections. Cela sentait les
élections.
M. Jolivet: C'est votre opinion.
M. Ryan: On a dit: On va attendre un petit peu.
M. Jolivet: Je pourrais dire que, une fois l'élection
terminée, compte tenu de votre nombre d'individus, vous avez
été obligé de changer vos priorités. Je ne vous
enlèverai pas ce droit, comme ministre, de faire ces choses» Je
vous dirai que c'est kif-kif, si on s'en parle comme ça. On pourrait
parler kif-kif.
Ce que l'on avait mis comme priorités à l'époque,
vous avez le droit de les changer et c'est ce que vous avez fait. Donc, ne
venez pas nous refiler ce que vous avez fait, vous non plus.
Une voix: ...
M. Jolivet: Non, je m'excuse. C'est pour ça que vous
n'avez pas... Si c'était tellement un souci d'équité, M.
le député de Rimouski, c'est pour ça que vous n'avez pas
votre autoroute de 150 000 000 $!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, à l'ordre! S'il vous plaît, à l'ordre! S'il
vous plaît! M. le député de Rimouski et M. le
député de Laviolette, s'il vous plaîtl
M. Jolivet: Qu'il ne m'interpelle pas.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président... c'est parce
que, cette année-là, le gouvernement avait pris des
décisions beaucoup plus vite que d'habitude.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député de Laviolette, adressez-vous au
président. Je vous reconnais.
M. Jolivet: M. le Président, je demande au ministre... Les
37 projets qu'on a retrouvés comme des projets de nouvelles
écoles et de l'ensemble des directions générales qui font
des demandes annuellement, etc., ces 37 nouveaux projets totalisent les quelque
300 000 000 $ dont vous parliez tout à l'heure?
Quand vous parliez de ce que vous avez demandé au Conseil du
trésor 300 000 000 $ - est-ce que les 37 projets totalisent 300 000 000
$? Est-ce qu'ils totalisent les 300 000 000 $ dont vous faisiez mention comme
demande au... Vous avez dit: On a reçu 300 000 000 $ en demandes, si
j'ai bien compris le chiffre, et on en a juste 35 000 000 $ à donner,
cette année. Donc, est-ce que les 37 représentent les 300 000 000
$?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Non, regardez. Les demandes que nous avons reçues
totalisaient à peu près 280 000 000 $ ou 285 000 000 $.
M. Jolivet: Pour combien de projets?
M. Ryan: Ah! une centaine; plus que ça, même.
Combien de projets pour les 285 000 000 $?
M. Tardif: Là, ça dépend de ce qu'on
considère aussi comme projet.
M. Jolivet: Les nouveaux projets.
M. Tardif: Si vous pensez à des projets stricts de
nouvelles constructions d'écoles, de mémoire - je n'ai pas les
chiffres ici - le chiffre que vous avez mentionné m'apparaît un
ordre de grandeur»
M. Jolivet: 37 projets.
M. Tardif: Maintenant, quand on parle d'un total de 300 000 000
$, c'est qu'il y a aussi beaucoup de projets d'amélioration
d'écoles, de transformation, d'ajouts de gymnases à des endroits
et, là, on en arrive à un total d'au-delà d'une centaine
de projets différents, mais là, c'est de mémoire'.
M. Jolivet: Le ministre aura, à partir de la
décision du Conseil du trésor, à prendre des
décisions finales quant à l'échelonnement de ses annonces
publiques, etc. Concernant les 37 projets de nouvelles constructions dont on
fait mention ici, qui totalisent un montant X, d'une centaine de millions
à 300 000 000 $, étant donné que vous n'avez que 35 000
000 $, combien de projets envisagez-vous annoncer dans les jours qui
viennent?
M. Ryan: On procède comme ceci. On ne compte pas; dix ou
douze, cela ne veut pas dire grand-chose. On élimine, d'abord, ceux qui
n'entrent pas dans les normes. Par exemple, les demandes de gymnases.
Actuellement, nous n'autorisons pas le financement pour la construction de
gymnases à moins de circonstances très spéciales. Si on
nous arrive avec un projet pour lequel la municipalité contribuerait
à 50 %, la commission scolaire à 25 %, et les particuliers
à 10 % et qu'il resterait 15 %, cela peut valoir la peine. Mais, de
manière générale, nous n'autorisons pas de construction de
gymnases. Par conséquent, parmi les projets que nous avons reçus,
ceux-là s'en vont.
II y en a d'autres où on nous demande des écoles
secondaires, alors qu'il y en a dans un rayon qui se situe tout à fait
à l'intérieur des normes que nous utilisons pour le transport des
élèves. Dans ces cas, cela n'est pas une priorité majeure
pour nous. On
se dit: II y a une école à sept, huit, dix
kilomètres de là, les enfants sont capables d'y aller et, si les
parents ne veulent pas que leurs enfants y aillent, c'est leur
responsabilité à eux. Mais nous, nous sommes obligés
d'avoir des normes générales, pour une raison bien simple - et je
pense qu'on ne la comprend pas toujours - c'est que, constitutionnellement, le
gouvernement est obligé de distribuer des subventions, les ressources
matérielles, en tenant compte d'un devoir de justice. La Cour
suprême le définit, il faut distribuer les subventions et les
ressources financières de manière équitable. Par
conséquent, cela exige des normes, des règles
générales. Ce qui n'est pas à l'intérieur des
normes ne reçoit pas la même priorité.
Une fois qu'on a fait cet exercice, on arrive à un exercice
d'urgence. Il peut y avoir un endroit où une école est
très vieille; il faut la remplacer. À un autre endroit, il y en a
une qui est deux fois plus vieille; il faut la remplacer. C'est un gros
problème. Il y a des cas de vétusté évidente.
Il y a d'autres cas qui sont des cas d'accroissement de la population.
Le député de Shefford en a soulevé un, tantôt. Il
est dans une région où le développement industriel
entraîne un accroissement de population. Le député
d'Arthabaska a, sur son territoire, une commission scolaire qui comporte une
bonne partie de son territoire qui est en grand développement
démographique. La députée de Groulx et la
députée de Châteauguay sont dans la même situation.
Ce sont des cas spéciaux. Il peut bien y avoir une école primaire
qui est bâtie à quinze milles de là, mais on ne peut pas
avoir comme politique d'obliger des enfants du primaire à
fréquenter une école à quinze milles de chez eux; cela
peut se faire pendant un temps limité, mais cela ne peut pas être
une politique, cela n'aurait pas de bon sens. Il y a tout cela qu'on va
considérer.
Il va rester un résidu de cas beaucoup plus urgents et exigeants
que les autres. Je sais que le député de Dubuc s'intéresse
au projet d'école de Laterrière. C'est un autre projet qui a de
grands mérites également et qui ne peut sûrement pas
être rejeté du revers de la main. Il fait partie d'un ensemble
à l'intérieur duquel nous allons devoir faire un choix.
Maintenant, plus on élimine, plus ce qui reste n'est plus 285 000
000 $. Ce sera 150 000 000 $ et, après cela, 100 000 000 $, ensuite 50
000 000 $. Une chose que l'on sait, c'est qu'il faut que cela arrive à
35 000 000 $.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Avant de suspendre nos travaux, je vais accorder une dernière
intervention à M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je vais être très bref, M. le
Président. J'ai entendu M. le ministre dire, tantôt, qu'il avait
envoyé des lettres aux députés, mais, comme j'ai
égaré la mienne concernant Laterrière, est-ce que vous
pourriez m'en envoyer une copie, s'il vous plaît?
M. Ryan: Cela n'a pas été envoyé, cette
année. Cette année - je l'ai dit tantôt - les lettres ne
seront pas envoyées avant deux semaines.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! M. le
député de Dubuc?
M. Desbiens: Cela va.
M. Jolivet: Juste pour les besoins de la cause; Ce soir, nous
allons interrompre momentanément l'étude de cet
élément pour revenir ensuite, à 20 heures, avec les
organismes volontaires d'éducation populaire et d'éducation aux
adultes. On reviendra à ce programme ensuite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La séance
est suspendue jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation va reprendre ses
travaux. Tel qu'entendu entre les deux formations politiques, nous allons
commencer immédiatement par le programme 5 qui a pour titre
Éducation populaire et, immédiatement après, nous
continuerons l'étude des crédits du programme 4.
Alors, M. le député de Laviolette, vous avez la
parole.
Une voix: ...le cigare.
M. Jolivet: M. le Président, comme président de la
commission n'avez-vous pas l'obligation de faire respecter la pancarte qui est
derrière moi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'on fume
ici?
Une voix: On fume ici, mais ce n'est pas une cigarette.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
j'aperçois des odeurs? Monsieur, j'aperçois une odeur venant de
Rimouski. S'il vous plaît, M. le député de Rimouski,
veuillez vous conformer aux règlements sur l'environnement.
M. Jolivet: Je sens des sons et j'entends des...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
Éducation populaire
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Donc, tel qu'entendu
nous allons commencer avec les organismes volontaires d'éducation
populaire. S'il vous plaît, à l'ordre!
Une voix: Ce n'est pas à vous de dire cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, vous avez la parole.
Organismes volontaires d'éducation
populaire
M. Jolivet: On sait que les crédits alloués
à l'éducation populaire diminuent de 3,3%, passant à 11
927 500 $, et les crédits accordés aux organismes volontaires
d'éducation populaire, en postulant que les syndicats - le ministre aura
peut-être l'occasion d'y revenir - conservent leur enveloppe de 950 000
$, s'élèveraient à 7 959 000 $ par rapport à 8 019
000 $, en 1986-1987, et à une enveloppe recommandée de 7 880 000
$. Il s'agit d'une baisse de 60 000 $ qui s'ajoute à la coupure de 52
000 $ de l'an dernier et à l'effet de la non-indexation. Pourtant,
à l'automne 1985, le ministre, lorsqu'il était critique de
l'Opposition, dénonçait dans son document
préélectoral la stagnation relative des crédits et il
préconisait, par le fait même, un budget accru à
l'éducation populaire.
Il y a une région qui a écopé de façon
très particulière, qui a vu ses subventions amputées, en
1986-19887 de 58 000 $ et cette région est la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. De plus, le ministère de l'Éducation a
décidé de court-circuiter la table régionale des
organismes volontaires d'éducation populaire, qui assurait une
présélection des demandes. Entre-temps, le ministre a mis sur
pied un comité de refonte du programme des organismes volontaires
d'éducation populaire qui, finalement, a commencé ses travaux en
janvier plutôt qu'en septembre, avec déjà quelques mois de
retard. II est composé très majoritairement de
représentants du milieu de l'éducation populaire à partir
de leur propre budget; ces gens se voient obligés de payer des frais de
déplacement pour participer à ce comité de refonte. On a
procédé, dans un premier temps, à un bilan du programme et
de son évolution. Dans un deuxième temps, le comité se
penchera sur les orientations à donner au programme. Ces propositions
devraient être présentées en décembre prochain. Nos
renseignements nous indiquent qu'il y aurait possiblement des rencontres
régionales et, encore une fois, on nous dit qu'il n'y a pas d'argent
prévu pour ces déplacements, ce qui obligera, encore une fois
à partir des maigres ressources qu'ont les organismes volontaires
d'éducation populaire, d'aller puiser dans leurs propres fonds pour
participer à ces rencontres régionales.
Je pense que le ministre devrait regarder avec attention ces deux cas
où des gens sont déjà en difficulté, à qui
l'on n'a pas fait d'indexation et à qui, en plus, on demande de payer
des frais de déplacement pour participer à un comité de
refonte du ministre et, en même temps, on leur demande d'aller faire des
rencontres possiblement dans les régions, sans argent disponible pour ce
faire. J'aimerais rappeler au ministre qu'il préconisait dans la
présentation de son programme de 1986-1987, à la deuxième
page, un petit texte qui dit ceci: La vitalité des organismes
volontaires d'éducation populaire est essentielle à la vie
démocratique du Québec et au développement de sa
population. Je pense qu'il faudrait peut-être leur donner les moyens
d'être démocratiques et de travailler en conséquence.
Il y a deux autres comités sur l'alphabétisation et
l'éducation populaire en milieu scolaire qui devraient aussi remettre
leur rapport en juin. Le comité interministériel en
éducation des adultes, présidé par le ministre, a
donné mandat à la Direction générale de
l'éducation des adultes de préparer des propositions
d'orientation et un plan d'action pour le secteur de l'éducation
populaire. Il semble que le ministre aurait été favorable
à la levée du moratoire sur l'admissibilité de nouveaux
organismes au programme. Cependant, les organismes y étaient
défavorables dans la mesure où il n'y avait pas d'argent neuf et
dans la mesure où ils proposaient plutôt d'attendre les
résultats du comité tout en disant, dans des documents de
travail, que les conditions dans lesquelles on les plaçait nous
amenaient, d'abord, a déterminer ce qu'était un organisme
volontaire d'éducation populaire et on titrait: On pourrait
considérer comme organisme volontaire d'éducation populaire un
organisme autonome incorporé comme orqanisme à but non lucratif
dont le principal mandat consiste à réaliser des activités
éducatives dans le cadre de la formation à l'éducation
populaire. Comme critères d'accréditation et critères
d'ouverture du programme, on mettait des conditions telles que, finalement, il
y avait des dangers à accepter de telles propositions. On disait:
Malgré que les organismes déjà subventionnés
devraient subir une diminution importante de leurs subventions afin de
permettre à l'ensemble
des organismes accrédités, anciens et nouveaux, de
bénéficier d'un soutien financier, il nous semble qu'il y aurait
avantage è permettre l'accréditation de nouveaux organismes.
Dorénavant, il faudra qu'un organisme fasse la preuve, par un bilan et
une liste des participants, qu'il a déjà réalisé
des activités éducatives depuis au moins une année et
qu'il dispose d'un matériel pédagogique afférent à
la réalisation d'activités spécifiques de formation.
Ensuite, on disait que l'organisme devait fournir trois ' lettres de
référence d'institutions: municipalités, commissions
scolaires, CSLC, autorités ecclésiastiques, de son milieu le plus
immédiat, en plus d'être incorporé comme organisme à
but non lucratif, en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies. Seuls les organismes dont la charte ou les lettres patentes
prévoient de façon non équivoque que leur mandat principal
en est un d'éducation populaire pourront dorénavant s'inscrire au
programme. Dans le contexte où on ne donnait pas nécessairement
la garantie que de nouveaux montants devaient être ajoutés, il est
évident que la levée du moratoire, dans ces conditions-là,
devenait difficilement acceptable par les organismes déjà
subventionnés. Finalement, le moratoire sera maintenu, puisque le
ministre nous l'indique par les budgets et par le fait qu'il n'a pas
l'intention d'accréditer de nouveaux groupes, en plus des 400
déjà en demande, de même qu'il n'a pas de modifications
prévues aux règles et critères de sélection en
vigueur, pour le moment. Parmi les problèmes reliés au programme
d'organismes volontaires d'éducation populaire, mentionnons le
financement des groupes nationaux, les tables régionales, les
critères d'évaluation des activités, le mode de
sélection qui, d'après nous, n'est pas exempt d'arbitraire, les
délais dans l'envoi des chèques de subvention, en plus, bien
sûr, du moratoire.
Un petit mot sur la question des chèques. Pour la deuxième
année d'affilée, en fait tout l'ensemble du processus
enclenché, j'avais mentionné au ministre que les groupes
n'avaient, en aucune façon, reçu les documents nécessaires
à leur inscription, à leur présentation. Normalement, ils
recevaient cela au début du mois de mai. Ils avaient au moins six
semaines pour remplir les documents et les retourner. Ce que le ministre semble
avoir fait, c'est qu'aucun des documents n'a été envoyé
pour le moment, à moins qu'il ne m'indique que cela a été
fait tout dernièrement. Encore une fois, il y a quelques jours que j'ai
eu les renseignements que rien n'a été envoyé encore,
qu'on prévoyait possiblement les envoyer dans les jours qui viennent
pour que les gens puissent les retourner d'ici au 30 juin, excusez, on devait
plutôt envoyer les documents vers le 15 juin pour qu'ils soient
retournés avant le 10 juillet. Quand je parlais du 2 au 30 juin,
c'était l'année passée. L'année passée les
documents ont été envoyés le 2 juin, on leur a
demandé de les remplir pour le 30 juin. Cette année on
prévoit les envoyer vers le 15 juin avec des réponses pour le 10
juillet. Ce que le ministre est en train de faire avec ces gens qui sont
bénévoles, dans bien des cas, c'est de leur enlever
complètement leur temps de vacances, qu'ils ont le droit d'avoir comme
tout le monde, et les obliger à travailler actuellement, alors qu'aucune
émission de chèque n'a été faite pour le moment. Je
trouve cela un peu drôle pour que la deuxième année, alors
que le ministre, dans son document préélectoral, disait qu'il
fallait avoir un budget accru, qu'il fallait les aider, dans son document de
1986-1987, présentation du programme, où on disait que
c'était essentiel, on soit encore à la recherche de ces documents
qui permettraient aux organismes volontaires d'éducation populaire
d'agir dans des conditions tout à fait plus normale. On sait aussi que
plus de 300 000 Québécois n'ont pas une 4ème année.
Par ailleurs, les groupes populaires d'alphabétisation ne sont pas
reconnus par le ministère de la Main-d'Oeuvre et la
Sécurité du revenu, dans les mesures qui favorisent le rattrapage
scolaire, celui-ci ne finançant que les adultes inscrits dans les
commissions scolaires. (20 h 15)
Or, le regroupement des groupes populaires en alphabétisation
réclame le libre choix, pour les adultes, de leur lieu de formation.
Pour une deuxième année, j'en ai parlé, les OVEP ne
recevront les formulaires qu'au début de juin. Dans ce
contexte-là, compte tenu de tout ce qui constitue, chez le ministre, sa
vision des orqanismes volontaires d'éducation populaire, j'ai une
première question à poser: Comment le ministre justifie-t-il le
qel des budgets des organismes volontaires d'éducation populaire? On
pourrait lui demander en même temps, vu qu'il parlait de la
vitalité des orqanismes d'éducation populaire comme essentielle
à la vie démocratique du Québec, quelles orientations il
privilégie au chapitre de l'éducation populaire. J'aurai d'autres
questions à la suite de celles-ci. Ce sont les deux
premières.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le député de Laviolette.
M. le ministre de l'Éducation, vous avez la parole.
M. Ryan: Je suis content que l'on puisse discuter de cet aspect
de l'activité du ministère de l'Éducation. J'ai eu
l'occasion de dire à plusieurs reprises quand nous siégions dans
l'Opposition, que l'éducation populaire, c'est-à-dire
l'éducation - j'allais dire dispensée, mais je devrais
plutôt dire
acquise, parce qu'elle comprend autant de l'enseignement que de l'action
concrète - est une dimension essentielle de l'éducation tout
court et pour des milliers de personnes engagées dans les tâches
de la vie adulte, l'éducation populaire reste le grand moyen de s'en
sortir, c'est-à-dire d'accéder à une maîtrise plus
complète de leur vie, dans tous les domaines.
Au ministère, en ce qui touche l'éducation populaire, il y
a trois programmes principaux. D'abord, un programme qui s'adresse aux
commissions scolaires. Les commissions scolaires, comme partie du travail
qu'elles sont appelées à accomplir dans le secteur de
l'éducation des adultes, sont invitées à mettre sur pied
des cours d'éducation populaire, à favoriser du travail
d'éducation populaire dans leur milieu respectif» Cela comporte un
budget important. Je ne sais pas si le député de Laviolette est
au courant de ce volet, qui est un volet extrêmement important. Ensuite,
il y a le programme d'aide financière aux organisations volontaires
d'éducation populaire, le programme d'aide aux OVEP, comme on l'appelle,
qui comporte des subventions de près de 8 000 000 $. Nous aurons
l'occasion d'en parler tantôt. Enfin, il y a le programme
d'alphabétisation qui fournit de l'aide aux commissions scolaires,
encore, et aux organismes bénévoles qui veulent lutter contre
l'analphabétisme*. Et il y a un dernier programme, dont je dois parler
également: le programme d'aide aux organisations syndicales, aide aux
centrales syndicales, au titre du travail d'éducation qu'elles
accomplissent auprès de leurs membres et parfois aussi de personnes
extérieures à leurs propres rangs.
En ce qui touche les commissions scolaires, le budget qui leur
était attribué, en 1986-1987, s'élevait en tout à 3
318 000 $ pour des activités diverses, mais cela ne comprend pas les
cours dispensés aux adultes dans le cadre de l'éducation
populaire proprement dite. C'était 6 141 800 $ en plus. Alors, pour les
services mis à la disposition des adultes par les commissions scolaires,
accueil et référence, il y avait 2 527 000 $; formation à
distance: 252 000 $; développement régional: 409 000 $;
audiovisuel: 129 000 $, pour un sous-total de 3 318 000 $. Cette année,
le total est de 2 786 000 $.
Il y a une réduction au chapitre Accueil et
référence. Alors, on se demande, avec raison, d'où
provient cette diminution. L'explication est assez simple, c'est que, dans le
budget qui avait été prévu l'an dernier, il y a une partie
qui n'a pas été dépensée. Il y a certaines
commissions scolaires, en particulier dans la région de Montréal,
qui n'étaient pas prêtes à mettre sur pied le service
d'accueil et de référence. On ne peut pas continuer des
subventions dans des cas où on n'est même pas prêts à
faire la première étape. Ces commissions scolaires toucheront la
subvention à laquelle elles avaient droit pour 1986-1987, elles auront
l'argent voulu pour faire leur première année de
démarches. C'est comme cela que s'explique cette réduction. Par
conséquent, il n'y a pas de réduction de services? au contraire,
le ministère ayant acquitté ses responsabilités, c'est aux
commissions scolaires de jouer leur rôle, de mettre à la
disposition de la population les services attendus. En plus, comme je l'ai
expliqué, les services d'accueil et de référence sont
censés se développer, dans les différentes régions,
à l'aide d'un travail de concertation entre les commissions scolaires,
les collèges, tes commissions de formation professionnelle et autres
organismes intéressés à l'éducation des adultes.
Par conséquent, ta partie qui nous concerne est assurée de
manière fort convenable.,
Le proqramme d'aide aux OVEP. L'an dernier, on avait, au titre de ce
programme, 7 901 000 $ et, en 1987-1988, il y aura 7 993 000 $,
c'est-à-dire une augmentation, modeste, j'en conviens, de près de
92 000 $, non pas une diminution mais une augmentation modeste. Pourquoi? Eh
bien, il y a toujours te problème de la rareté des ressources,
évidemment, mais on pourrait également demander, de
manière fort vraisemblabfe, vu qu'il s'agit d'un secteur où les
besoins peuvent être jugés prioritaires: Pourquoi ne pas avoir
fait un effort un peu plus approfondi? La question se pose. L'explication est
la suivante: en 1986-1987, nous avions, sur la liste des organismes
subventionnés, au titre du programme d'aide aux OVEP, 681 organismes
différents. Cette liste est gelée depuis déjà trois
ans. On a beaucoup d'autres demandes. Je pense que, l'an dernier, il y a 400
demandes additionnelles qui sont venues s'ajouter à cela. Ces organismes
sont disposés en cartel, ils sont regroupés dans des structures
assez fortes et c'est eux-mêmes qui insistent pour qu'on n'admette pas
d'organismes nouveaux.
Mais il y a une chose qui m'étonne, je vais vous le dire
franchement: ils sont 681 organismes et fonctionner, en supposant qu'ils
conservent tous la même vitalité d'une année à
l'autre, pendant trois ou quatre ans, cela dépasse mon entendement. J'ai
passé une grande partie de ma vie dans le travail d'éducation
populaire et le travail d'associations volontaires. Les associations
volontaires, par nature, ont un coefficient d'instabilité infiniment
plus élevé que le gouvernement. Nous le savons, même dans
nos partis politiques - vous en savez quelque chose, M. le député
de Laviotette - il y a des hauts et des bas. Dans ce cas-ci, nous fonctionnons
depuis des années avec l'hypothèse qu'il n'y aurait pas de hauts
et
de bas, mais toujours un beau fixe, au point de vue du coefficient
d'engagement, du coefficient de compétence, du coefficient que vous
voudrez. Je me suis dit: II y a quand même un examen à faire
quelque part là-dedans. Ce serait peut-être le temps
d'arrêter et de se demander si, vraiment, on est dans la bonne voie
à tous points de vue. Alors, il y a deux choses que nous faisons cette
année. Tout d'abord, nous avons institué un comité
national d'examen de la politique gouvernementale dans ce domaine. Le
comité est formé, en grande partie, de représentants des
organismes concernés. Nous ne faisons pas le travail dans leur dos ou
par-dessus leur tête, nous le faisons avec eux. Pour l'information du
député de Laviolette, j'ajoute que les personnes qui viennent
à ce comité de travail touchent une allocation de
présence. De plus, elles touchent des frais de déplacement.
J'espérais que le comité accomplisse son travail
rapidement. Vous savez, dans ces organismes, ils ont appris à travailler
et, avant de s'attaquer au mandat, ils passent un certain nombre de
réunions à discuter du format de la table. Cela prend du temps.
On a commencé à se mettre au travail sérieusement vers le
mois de mars. Alors, le travail n'est pas terminé. Ils m'ont
demandé eux-mêmes: M. Ryan, pourrait-on garder le statu quo et
avoir encore un certain temps pour travailler, garder le statu quo pour
1987-1988, ne pas changer les règles du jeu et attendre notre rapport?
À ce moment-là, vous pourrez voir. J'ai dit: Très bien,
dans ces conditions-là, gardez le statu quo également au point de
vue du budget, je ne pense pas que ce soit une hérésie parce que
cela montre qu'on est en examen, qu'on est en révision et qu'il faut le
faire sérieusement, à part cela.
C'est la façon dont nous voyons ce problème, ce volet de
l'action. Ils ont été laissés entièrement libres
d'accomplir le travail en tenant compte de leurs propres critères. Nous
avons nommé un président, qui est une personne de grande
expérience dans le domaine de l'éducation populaire, M. Real
Charbonneau, ancien directeur du Service d'éducation aux adultes
à la CECM, que vous avez bien connu, M. le Président, sans doute,
du temps où vous étiez président de la CECM.
Pour les OVEP, voilà où nous en sommes. De plus, pour les
OVEP, en prolongement de la réflexion que j'émettais
tantôt, concernant le coefficient de vitalité des organismes, j'ai
demandé à la Direction de l'éducation des adultes de
procéder à un certain nombre d'évaluations. J'ai dit: Vous
devriez trouver un consultant spécialisé dans ce genre
d'enquêtes qui pourrait examiner un certain nombre d'organismes, choisis
sur une base d'échantillonnage, afin qu'on ait une bonne idée de
ce que cela représente exactement.
Jusqu'à maintenant, comme vous le savez, des subventions sont
accordées, il y a des formulaires qui entrent, il y a toutes sortes
d'indications là-dessus, mais c'est en grande partie un processus
décisionnel qui repose sur du papier. Cela peut être juste, le
papier, mais quelquefois, aller vérifier dans la vie, ce n'est pas
mauvais. Alors, on a trouvé un consultant très sérieux qui
procède à une évaluation auprès d'un certain nombre
d'organismes. Cela fait partie du processus, cela va venir compléter les
informations dont J'ai besoin et je pense que, sur la base des données
qui nous proviendront de ces deux sources, je serai mieux en mesure de
procéder à la mise au point de propositions à l'intention
du gouvernement. C'est mon intention de veiller avec un soin particulier
à ce qui va se passer de ce côté-là,
Du côté de l'alphabétisation, il y a deux parties,
encore une fois: celle qui regarde les commissions scolaires et celle qui
regarde les organismes volontaires. Nous avons mis sur pied un comité
pour les organismes volontaires qui s'occupent d'alphabétisation. Le
même comité excusez-moi, mon information était
déficiente sur ce point - regroupe des gens des commissions scolaires et
des organismes volontaires d'alphabétisation. Ce comité a tenu un
certain nombre de réunions jusqu'à maintenant. Il est en train de
préparer un rapport indiquant quelles pourraient être les
orientations pour l'avenir. On m'informe qu'ici encore les membres qui font
partie du comité touchent une allocation de présence et
éqalement des frais de déplacement. J'attends le rapport de ce
comité au cours de l'été ou au début de l'automne.
J'espère que cela ne tardera pas trop et, avec l'aide de ces deux
documents qui nous proviendront, respectivement, des experts du
ministère et de personnes en provenance des milieux concernés, je
crois que nous devrions disposer d'éléments très
intéressants et très pertinents d'informations afin d'être
en mesure de prendre les meilleures décisions. C'est là qu'en
sont les choses. Je ne sais pas si cela répond...
Un dernier point. Je voudrais commenter brièvement les
subventions que nous versons aux grandes centrales syndicales. L'an
passé, elles étaient de 947 000 $; cette année, elles
atteiqnent 958 000 $, divisés en quatre centrales: la FTQ, la CSN, la
CEQ et la CSD. La position qui sous-tend ces subventions*.. Il y a des gens,
même parmi mes collègues, qui ont été surpris. Ils
ont dit: Vous n'êtes pas pour financer des organisations qui nous
combattent. Il faut prendre cela d'un oeil différent. Le mouvement
syndical, est une force importante dans la démocratie où nous
vivons. Le mouvement syndical, par son seul processus de fonctionnement,
accomplit un
travail d'éducation très important. C'est aussi
éducatif de faire partie d'une organisation syndicale pendant dix ans,
dans bien des cas, que d'être assis sur les bancs de l'école
à ne pas faire grand-chose pendant quatre ou cinq ans. On se dit...
Moi-même, j'ai observé de près, pendant des années,
ce travail et j'ai une très grande considération pour le travail
qui se fait dans ce milieu. Je n'approuve pas toutes les tactiques politiques
des dirigeants ou des militants syndicaux; c'est autre chose. Ils ont le droit
de faire leurs erreurs, comme nous faisons les nôtres. Mais il
s'accomplit, par le processus même de "decisions making", de prise de
décisions démocratique qui a lieu à l'intérieur des
organisations syndicales un travail d'éducation très important.
(20 h 30)
En plus, ces organisations mettent sur pied, à l'intention de
leurs membres et de leurs cadres, des sessions de formation qui sont
dispensées à longueur d'année. Pour tout cela, on leur
verse une assistance financière de 947 000 $ pour la dernière
année, de 958 000 $ pour la prochaine année. Je suis prêt
à défendre cela sans aucune hésitation et cela ne
m'empêche pas de ne partager en aucune manière l'avis de M. Louis
Laberqe ou de M.. Géraid Larose sur l'accord du lac Meech. Je ne ferai
aucunement entrer ce désaccord en ligne de compte quand nous
déciderons de cette subvention qui est versée à ces
organismes au titre du travail d'éducation qu'ils accomplissent, parce
que, même prévenir leurs militants contre les erreurs des
gouvernements, ce n'est pas nécessairement mauvais, à condition
que ce soit de vraies erreurs. Je tiens à l'ajouter parce qu'on me pose
des questions parfois là-dessus. Il faut prendre un certain recul en
face de ces choses-là, ne pas avoir peur d'appeler les choses par leur
nom. C'est ma politique sur ce point-là.
M. Jolivet: Je dois dire que ce n'est pas sous votre règne
que c'est arrivé. Donc, c'était de la même façon
qu'on envisageait les choses à l'époque. Il est facile de
soutenir que les organismes n'ont pas voulu que d'autres entrent dans les
rangs. Si vous aviez le même montant d'argent, qui est même,
actuellement, une diminution parce que non indexé au coût normal
de 4 %, il était tout à fait normal que les gens disent: Si vous
ne mettez pas plus d'argent, ne levez pas le moratoire. C'est un peu illogique.
Si je suis votre pensée à l'époque où vous
étiez critique de l'Opposition, vous me permettrez de dire ceci: On dit
à quelqu'un: Vous avez le même montant d'argent, mais il y aura
10, 20, 30, 40, 50, 60 groupes de plus, c'est le même argent qui sera
partagé. Avec moins d'argent, ils ont de la difficulté à
arriver. Donc, ne demandez pas aux gens de dire oui à cela.
Deuxièmement, avec des critères que vous vouliez
établir dans les documents de travail, je pense qu'on avait raison de
dire: Un instant, on va regarder cela plus attentivement et on va voir. Mais,
si vous mettez plus d'argent, on peut devenir "parlable"!
Quant à l'évaluation...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: ...je pense que le ministre doit quand même
comprendre, en plus de demander à un comité de relance, de
refonte du programme, de venir s'asseoir et de regarder en disant: On prend les
gens du milieu et c'est bien beau? on est bien fins. Une chose est certaine. En
plus, vous y mettez un consultant et il serait bon de savoir qui est ce
consultant - le mandat, vous l'avez bien déterminé tout à
l'heure -et s'assurer que l'ensemble de ces discussions pourra se faire aussi
au comité de refonte à partir des documents. II me semble qu'il
est normal qu'ils sachent, étant eux-mêmes à
l'intérieur, ce que le consultant pense de ceux qui ont
été échantillonnés.
Le ministre peut-il indiquer comment il se fait qu'il ne voit pas une
diminution? J'ai de la difficulté à comprendre. il me dit: II y a
un budget; il n'est pas diminué. Comment peut-il continuer à
prétendre cela quand on sait que c'est le montant qui n'est même
pas indexé au coût de la vie qui est donné aux mêmes
organismes qui vivent avec l'indexation à travers tout ce qu'ils ont
à faire, avec tous les services qu'ils ont à rendre? J'aimerais
bien que le ministre réponde à cette question. Il ne faut pas
oublier qu'il y avait, l'an passé, une coupure qui s'ajoute à
cette non-indexation complète.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je suis obliqé de convenir avec le
député de Laviolette que l'absence d'indexation pour
l'année 1987-1988 entraîne une diminution de la valeur de la
subvention en dollars constants. Je suis obliqé de concéder cela
parce que je n'ai pas de moyen de passer à côté. Ça,
c'est vrai. L'an dernier, il n'y avait pas eu de coupure.
M. Jolivet: Il y a une collègue qui, tout à
l'heure, aura peut-être l'occasion de vous le rappeler à la
mémoire.
M. Ryan: Si vous voulez dire qu'il n'y avait pas eu d'indexation
l'an dernier, je crois qu'il n'y en a pas eu, mais il n'y a pas eu de
coupure.
M. Jolivet: II y a eu 52 000 $ de moins.
M. Ryan: Non, peut-être sur un montant de 7 000 000
$...
M. Jolivet: Mais c'est quand même... En tout cas, on aura
l'occasion d'y revenir tout à l'heure.
M. Ryan: II y a eu un problème de répartition dans
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, une différence d'une
cinquantaine de milliers de dollars, je pense. Mais tout le reste, c'est
demeuré tel quel. Je vous concède - cela ne sert à rien;
on ne discute jamais d'évidences entre nous parce qu'on les admet; cela
va plus vite - qu'en l'absence d'indexation il y a une réduction de la
subvention en dollars constants, en dollars réels. C'est un fait.
Maintenant, étant donné que ce sont des organismes. M. le
Président, qui reposent beaucoup sur du volontariat, ce n'est
peut-être pas exactement le même genre de conséquences que
si c'était tout en salaires, par exemple. L'arrivée dans le
bénévolat, vous savez comment cela fonctionne. Si vous regardez
les critères qu'on emploie pour l'octroi des subventions, on dit: On
vous accorde... Disons qu'on met 25 $ l'heure pour les professeurs. Il y a des
groupes bénévoles qui ont de l'ingéniosité; avec 24
$, ils vont faire aussi bien qu'avec 25 $ pour l'engagement de professeurs. Il
y a une marge là. Ce n'est pas aussi "tight", ce n'est pas aussi
serré qu'on pourrait le penser. On en a dirigé des organisations
bénévoles, nous autres aussi. On n'est pas né de la
dernière pluie et faire accroire que tout est aussi serré que si
c'était un véritable corset, encore une fois ça va prendre
une démonstration plus forte que celle dont j'ai été
témoin jusqu'à maintenant.
Encore une fois, je suis intéressé à ce qu'on
maintienne et à ce qu'on améliore le niveau de ressources. Nous
sommes dans une période de révision plus serrée mais,
encore une fois, je ne concède pas qu'en dollars réels ça
représente une légère diminution, ça doit
être de l'ordre de 4 %, c'est ça qu'a été
l'inflation au cours de la dernière année.
M. Jolivet: Le ministre exagère toujours quand il est
question de répondre à des questions en mettant le pire pour
mieux montrer le moins pire. Dans le contexte actuel, quand vous dites: "les
organismes volontaires" il me semble que votre discours n'est pas le même
que lorsque vous les rencontriez dans l'Opposition. Êtes-vous capable au
moins de concevoir ça et de le dire? Effectivement, ces gens-là
font des efforts inouïs pour aller combler le manque à gagner par
rapport à ce qu'ils avaient en 1984-1985, 1985-1986 et 1986-1987.
À tous les ans il y a une diminution constante parce qu'il n'y a pas
d'indexation convenable.
Deuxièmement, M. le ministre, vous devez savoir que ces
gens-là font des choses incommensurables. On ne peut pas les quantifier.
Ces organismes posent des actions qui demandent vraiment du soutien. Ce n'est
pas moi qui disais à l'époque, dans l'Opposition, qu'il fallait
que le budget soit accru à l'éducation populaire. Ce n'est pas
moi qui, comme ministre, écrivait: La vitalité des orqanismes
volontaires d'éducation populaire est essentielle à la vie
démocratique du Québec et au développement de la
population. C'est vous, M. le ministre, qui le disiez, soit dans l'Opposition ,
ou soit maintenant comme ministre.
Tout ce qu'on dit c'est que vous ne respectez pas... Comme je le disais,
ce sont des priorités que vous vous êtes établies et vous
choisissez celles qui vous plaisent le plus, celles qui vous causent le moins
de trouble. Ce n'est pas juste ici. Les maisons de jeunes, les femmes victimes
de violence, partout les organismes volontaires, populaires au Québec
ont été, depuis votre accession au pouvoir le 2 décembre
1985, vraiment mis dans le trouble.
Le ministre ne me convaincra en aucune façon que ces organismes
ne font pas tous les efforts pour survivre. Et hourra! mon Dieu! s'ils ont
réussi à passer au travers et s'ils sont encore là. Moi
aussi j'en ai connu des organismes et des bénévoles dans d'autres
activités et ils lâchaient en cours de route. Pourquoi? Parce que
leur fils ne jouait plus au hockey ou au baseball, leur fille ne jouait plus au
tennis ou ne faisait plus de natation. Ce n'est pas la même chose qu'on a
ici. Ce sont des gens qui s'occupent d'éducation populaire et qui
veulent maintenir des qualités de services à la population, ce
qu'ils avaient, et ils s'aperçoivent qu'on est en train de leur tirer le
tapis sous les pieds.
Le ministre a-t-il fait des pressions auprès de son
collègue du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu afin de reconnaître les qroupes
populaires d'alphabétisation à l'intérieur des mesures
pour le rattrapage scolaire? Est-ce que le ministre a bien fait la distinction
entre ce qui se passe dans les écoles et en dehors des écoles? Je
peux vous dire qu'il y a des qens à l'alphabétisation qui ne sont
pas capables d'aller dans des écoles mais qui, dans d'autres lieux, avec
des qroupes volontaires populaires excellent, font des miracles avec le peu
d'argent et le peu de moyens qu'ils ont.
Est-ce que le ministre a fait des pressions? S'il n'en a pas fait,
est-il prêt à en faire pour que ce soit effectivement reconnu? Que
le ministre ne vienne pas me dire aujourd'hui que c'est parce que ces
qens-là veulent un salaire; ils veulent donner un service à des
qens et ils ne cherchent pas juste du salaire. Ce sont des qualités de
services, et vous le disiez vous-même. Respectez donc un peu ce que vous
disiez.
C'est ce qu'on vous demande.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'apprécie le pathos que
le député de Laviolette essaie d'injecter dans le
débat.
M. Jolivet: Ce sont mes cours de syndicalisme qui m'ont
amené à ça, M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît' Le ministre de l'Éducation a la parole.
M. Jolivet: M. le Président, je veux juste dire au
ministre... Il me le permet, le ministre, ce sont mes cours d'éducation
syndicale qui m'ont amené à mettre de la volonté...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, le ministre n'a pas à vous permettre
rien.
Une voix: C'est le gouvernement qui vous a payé
ça.
M. Jolivet: Non, on l'a payé de nos poches, dans le
temps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Dans les cours de formation syndicale qu'a suivis le
député, il y avait aussi des cours d'arithmétique, c'est
ça que je voudrais ajouter, là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...
M. Ryan: II y a une chose que je tiens à préciser.
Dans les groupes, ce qui confirme en tous points ma thèse, d'une
année à l'autre il y en a qui meurent, qui disparaissent. Ils
sont devenus tellement faibles qu'ils n'ont même plus les moyens de
présenter une proposition. Pardon? C'est une hypothèse gratuite.
Il y a bien d'autres raisons qui président à l'affaiblissement de
groupes populaires. Vous n'avez qu'à regarder votre parti.
M. Jolivet: Le ministre devient partisan, lui qui normalement ne
devrait pas l'être. On se le rappelera, M. le ministre. II ne faudrait
pas oublier l'état du Parti libéral quand vous avez
été mis à la porte.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! M. le ministre de l'Éducation, vous avez la parole. S'il
vous plaît!
M. Jolivet: Non, mais c'est vrai. Qu'il ne commence pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, M. le député d'Arthabaska,
vous aurez l'occasion de répondre et d'argumenter. Actuellement, le
ministre a la parole. M. le ministre, je vous écoute.
M. Ryan: Ce que je voulais signaler, c'est qu'au cours de la
dernière année il y a peut-être une centaine de groupes qui
ne sont pas revenus avec des projets. Ceux-là n'ont pas
été remplacés sur les listes, ce qui veut dire que, comme
nous avons gardé le même montant d'argent, les groupes qui sont au
travail et qui sont revenus ont obtenu, en général, des montants
plus élevés que l'année précédente. Un grand
nombre, en tout cas, ont obtenu des montants plus élevés.
Peut-être qu'ils ont obtenu des subventions pour deux projets au lieu
d'un seul,, peut-être qu'ils avaient des projets plus
élaborés. Mais on ne peut pas venir faire du pathos sans
vérifier comme il faut ce qui est arrivé sur le sort de ces
groupes, parce que je pense que, finalement, ils ne s'en sont pas tirés
aussi mal.
Je plains infiniment les groupes qui ont pris naissance entre-temps, qui
sont à la porte et qu'on laisse à la porte parce que les gens des
groupes qui sont en dedans nous disent: On ne veut pas qu'ils entrent, eux,
maintenant. Je les plains infiniment et cela ne durera pas longtemps sous le
gouvernement actuel. Mais nous avons consenti, pour un an, à maintenir
le moratoire, de manière que l'admission de nouveaux groupes se fasse
dans des conditions de rationalité les meilleures possible.
Je ne pense pas que la situation soit à ce point dramatique.
Encore une fois, puisqu'il est question des OVEP, pour la présente
année, il y a quand même une augmentation de 92 000 $ sur le
montant de 7 900 000 $ de l'an dernier. Et comme, ici, on n'est pas, de
manière très générale, aux prises avec des salaires
réguliers et des syndiqués, la différence, il y a
peut-être une indexation de 1,25 % ou entre 1,25 % et 1,50 %. C'est moins
dramatique, dans ce cas - et c'est temporaire, à part cela - que si nous
étions en conflit avec toute une vaste organisation qui a fait ses
calculs mathématiques et tout. Dans le secteur bénévole,
il y a de la marge pour une flexibilité un peu plus grande. Mais,
franchement, ce que nous demandons est infiniment réduit. Je ne pense
pas qu'on devrait se lancer dans une croisade avec cela. On peut faire une
critique, je l'endosse volontiers. Mais, si cela devient une croisade, j'aime
bien à faire voir l'autre côté du tableau. C'est tout.
M. Jolivet: Mais, quand même, le
ministre n'a pas répondu à mes deux questions
préliminaires de tout à l'heure qui étaient: Comment se
fait-il que depuis deux ans ils reçoivent d'abord leurs formulaires en
retard et que cette année on leur demande, parce que les formulaires
n'arriveront pas avant le 15 juin, de les avoir remplis pour le 10 juillet,
alors que, comme tout le monde, eux aussi ont besoin de prendre des vacances
méritées dans des temps normaux? On les oblige depuis deux ans
à faire cela dans des moments indus; alors que normalement, auparavant,
ils avaient au moins six semaines pour les remplir, on va leur demander de
faire cela dans l'espace de quatre semaines.
M. Ryan: C'est évident...
M. Jolivet: Bien, écoutez. Ce sont les renseignements que
j'ai, à moins que vous nous disiez l'inverse, et j'en serais bien
heureux, parce que ta semaine passée vous m'aviez dit que cela partait
et aujourd'hui on me dit que ce n'est pas encore parti. On me dit que cela va
partir pour qu'ils aient les documents entre les mains le 15 juin, au plus
tard, pour envoyer leur réponse avant le 10 juillet.
M- Ryan: C'est évident que la date de retour va être
retardée.
M. Jolivet: Mais, même si elle est retardée, c'est
pendant le mois de juillet, M. le ministre.
M. Ryan: On va être obligé de la reporter au mois
d'août, c'est tout.
M. Jolivet: Et est-ce que vous allez me dire qu'à ce
moment-là les subventions qui devraient normalement être
versées au 1er juin, mais qui ne sont pas encore versées...
M. Ryan: Elles ne pourront pas être versées au 1er
juin, tant qu'on n'aura pas traité les demandes. C'est évident
qu'on ne pourra pas. Maintenant, il y a des retards...
M. Jolivet: Au mois d'août, M. le Président. Si le
ministre retarde au mois d'août, est-ce que cela veut dire qu'on va aussi
retarder le chèque au mois d'août?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Non. Les premiers chèques vont être
émis dès le début de la semaine prochaine.
M. Jolivet: Ah bon! J'ai eu peur.
M. Ryan: L'autorisation a été donnée par le
Conseil du trésor, hier ou aujourd'hui, ou avant-hier. En tout cas, tout
récemment.
Je pense que cela a été un peu plus lent, cette
année. Il y a eu, premièrement, une surcharge de travail
énorme. Deuxièmement, avant qu'on convienne avec les groupes
concernés de la manière dont on allait procéder, cela a
pris un certain temps. Ce n'est que ces temps derniers qu'on a fini de mettre
tes choses au point. Mais je vous assure qu'ils vont être traités
avec toute la considération nécessaire. Il n'est pas question de
les encarcaner dans un délai tellement bref qu'ils en seraient
étouffés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Y a-t-il d'autres interventions du côté
ministériel? Mme la députée de Chicoutimi. (20 h 45)
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Cela
m'étonne toujours d'entendre l'actuel ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science essayer constamment de minimiser les effets
d'un désinvestissement en éducation des adultes. Je le rappelle,
pour ceux qui ne le sauraient pas ou qui l'ont oublié, l'actuel ministre
de l'Enseignement supérieur a été le premier
président d'une consultation populaire au Québec. Il a
été aussi président de l'ICEA. Il a été de
toutes les tables sur l'éducation des adultes. Cela a été,
je pense, la plus qrande méprise des Québécois. On a tous
cru, moi y compris, que ce ministre serait la personne la plus qualifiée
pour défendre l'intérêt des étudiants adultes,
où qu'il se trouve, où qu'il soit. Cela m'avait semblé, au
cours de sa vie, être une espèce d'intérêt constant
qui nous permettait de nous imaginer qu'au moment où il prendrait le
pouvoir les adultes auraient une place réelle dans l'éducation.
C'est probablement la plus qrande déception des adultes à
l'endroit du présent ministre. Chaque fois qu'on parle de cette
question, non seulement il pourrait peut-être nous dire: Écoutez,
je ne suis pas capable, je ne suis pas en mesure de faire mieux, mais il essaie
constamment de minimiser les effets du désinvestissement en
éducation des adultes. Je trouve cela infiniment déplorable et je
le maintiens. J'ai entendu des adultes aussi m'en parler longuement. C'est
probablement la plus grande déception qu'ils ressentent à
l'endroit du ministre, parce qu'ils avaient mis beaucoup d'attentes, car s'il y
a quelqu'un qui connaît bien le dossier de l'éducation des adultes
au Québec - il y en a quelques-uns, dont lui - c'est l'actuel ministre
de l'Enseiqnement supérieur.
Il avait réussi à convaincre, je pense, tous les
Québécois qu'il est important d'investir dans ce domaine et que
l'avenir était à l'éducation des adultes. Quant à
moi, c'est la deuxième année que j'examine ce volet. Tous les
arguments sont bons, et ils ne sont pas très élevés, pour
essayer de justifier un désinvestissement. Je trouve cela
infiniment déplorable parce que, pour d'autres secteurs
d'activité, on peut penser qu'il n'avait pas toujours défendu ces
questions, et on se dit qu'il avait droit à ses opinions, mais, pour ce
secteur précis, il en faisait une question de principe et il descendait
en flammes tous ceux qui ne partageaient pas son opinion.
À présent» le programme des OVEP. Seulement dans la
région du Saguenay--Lac-Saint-Jean, le ministre le soulignait un peu
brièvement tout à l'heure, la compression, l'an passé, a
été d'environ 52 000 $. Mais, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ils
ont, sur le seul budget de ma région, coupé 58 000 $. A-t-on fait
des analyses? A-t-on expliqué que le Saguenay-Lac-Saint-Jean n'avait pas
besoin de cela? Le ministre a pourtant déjà dit que ces gens
étaient mal informés. C'était peut-être une
façon de les informer en les formant. On a désinvesti chez nous.
De plus, on sait que la région, dans plusieurs programmes, est une
région pilote. Cela a toujours été accepté ainsi
et, généralement, les expériences, lorsqu'elles sont
démarrées là, ont une bonne chance de survie parce
qu'elles reposent sur beaucoup de dynamisme, d'engagement des personnes et de
bénévolat.
Il s'était créé, au Saguenay, une table
régionale des OVEP qui faisait la sélection des projets et qui le
faisait, je pense, en concertation avec tous les intervenants. Ce
n'était pas simple. Pour avoir déjà participé
à cette table, pour avoir présidé la première table
des OVEP dan3 la région du Saguenay Lac-Saint-Jean, je puis dire
que ce n'était pas un exercice facile. C'était un exercice de
démocratie difficile, mais que d'année en année on tenait
à maintenir parce qu'ensemble on avait l'impression, avec les
différents intervenants, d'être plus en mesure d'identifier les
besoins réels. Il semble que, sans analyse ou sans justification
valable, pour ainsi dire sans justification aucune, cette
responsabilité, qui était reconnue déjà depuis
plusieurs années à la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
à la table régionale des OVEP, de faire la sélection des
projets, aurait été enlevée et sans explication.
Sans plus d'explication, on n'a pas retenu une activité, un
théâtre d'intervention - j'essaie de me rappeler, je pense que
c'est Frou-Frou - un théâtre d'intervention qui joue un rôle
dans notre région. C'était particulièrement
intéressant comme formule. Ils avaient une petite subvention, si je me
rappelle, de 6000 $ ou 8000 $. Cela leur permettait juste de commencer à
monter leur intervention; sans être complètement dans la
misère, ce n'était pas le Pérou.
Cette petite troupe de théâtre d'intervention fait le tour
des écoles, des maternelles, des centres commerciaux, elle se rend aussi
auprès des personnes âgées. Elle monte des pièces de
théâtre, que ce soit sur l'environnement ou les abus sexuels dont
les enfants peuvent être victimes, sur un certain nombre de sujets aussi
variés que le besoin l'exige. On n'a pas financé cette troupe de
théâtre. La seule explication qu'on ait' donné - vous
savez, il faut le faire -c'est: Vous n'êtes pas capable de nous
présenter votre programme de l'année. Ce n'est pas une troupe de
théâtre qui s'organise et se planifie un proqramme deux ans
à l'avance. C'est une petite troupe de théâtre
d'intervention, bien connue dans la région, qui dits Cette année,
on. pense qu'on va pouvoir présenter quelque chose à l'UPA et,
une autre fois, ce sera au cégep de tel endroit. On leur dit, sans
aucune raison: Avez-vous le contrat"? Ce sont des bénévoles ou
presque. Il y a des questions que je me pose. Je m'interroge. Le ministre est
supposé être un grand démocrate. De toute façon, il
se vante de l'être, sauf que j'ai l'impression que c'est comme la
décentralisation ou la centralisation. Le centre se retrouve où
il se retrouve. En matière de démocratie, c'est plutôt du
dirigisme. De plus en plus, on sent que tout revient vers le centre et que
toutes les décisions se prennent au centre» Mais ce n'était
pas des budgets pour faire couler le budget de la province de Québec.
C'est un budget de 220 000 $ ou 227 000 $. On a trouvé le moyen de
sabrer, dans le budget, 58 000 $; c'est plus que toute la coupure de la
province de Québec. Les gens n'en revenaient pas? ils ne comprenaient
pas. Ma région avait toujours été parmi les plus
performantes. Je voudrais poser au ministre un certain nombre de questions.
Pourquoi 58 000 $ dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean? Pourquoi
avoir refusé que la table régionale des OVEP du
Saquenay~Lac-Saint-Jean continue à sélectionner les projets?
Un bref commentaire. Le ministre disait: Les conséquences sont
moins importantes, parce que ce sont des activités qui reposent sur le
bénévolat. Je voudrais juste lui dire que c'est du
bénévolat fait par les femmes et par les jeunes, quasiment
à temps complet. Vous retrouvez exceptionnellement - vos conseillers
vont pouvoir vous le dire - des qens qui sont sur le marché du travail,
hommes ou femmes. Ce sont généralement des femmes qui travaillent
à mi-temps, qui ont conçu, quelquefois, des petits proqrammes de
formation aux cours, et ce sont des jeunes. C'est à ces qens-là
qu'on vient de dire: Ce n'est pas important, même si on ne vous indexe
pas. Ils ne sont pas aussi "tight" que s'ils étaient syndiqués.
Pourtant, en même temps que le ministre nous dit cela, dans les
dernières négociations - je n'ai rien contre, sauf qu'il faudrait
peut-être avoir un peu le sens de l'équité -il a consenti,
aux employés de l'État, 500 000 000 $ de plus que ce qui
était prévu. Quand on arrive devant des gens qui
ont moins le moyen de défendre leurs intérêts, qui
ne sont pas capables de se payer des autobus pour descendre sur Québec,
c'est ce qu'on fait. Quand on fait cela dans le domaine de l'éducation
des adultes et surtout quand cela vient de l'actuel ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, je trouve que pour
les Québécois, de façon générale, en raison
de ce qu'il a toujours défendu, c'est quelque chose de difficile
à avaler.
Deux questions. Pourquoi 58 000 $ dans ma région? La seconde:
Pourquoi n'a-t-on pas laissé s'installer la pratique, qui était
bonne finalement, de laisser la table régionale décider des
besoins, pour la région, avec - je le rappelle tous les intervenants du
milieu? Pourquoi cette restriction, alors qu'on a trouvé le moyen
d'investir, dans l'enseignement privé, 3 500 000 $ de plus?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je me disais, pour un développement aussi long,
il va y avoir des questions très profondes. Ce sont deux questions
très simples qu'on aurait pu comprendre en deux minutes.
Mme Blackburn: ...
M. Ryan: On va vous donner les réponses avec grand
plaisir. Je vais demander à M. Rondeau, qui a eu à traiter
particulièrement de ce dossier, d'établir les faits et de fournir
les explications appropriées, si la version des faits qui viennent de
nous être présentés est exacte.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Rondeau.
M. Rondeau: M. le Président, aux deux questions que pose
Mme la députée de Chicoutimi, on pourrait répondre de la
façon suivante: il y a eu effectivement une coupure, pour les groupes de
la région d'où elle vient. Cela n'a pas été une
coupure planifiée, c'est à la suite de l'examen des projets qui a
été fait par le comité national, à Québec.
Dans un premier temps, il y avait le comité régional qui
analysait les projets et il y a eu un certain nombre de plaintes qui ont
été acheminées au cabinet du ministre sur la façon
dont les dossiers étaient traités par le comité
régional d'évaluation des projets. Ce qui a amené le
ministre à demander que les projets soient nécessairement
examinés par le comité national en vue d'assurer
l'équité, c'est-à-dire d'être certain que
c'étaient les mêmes critères, ceux utilisés pour
l'examen des projets dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui
étaient utilisés ailleurs. Le résultat de l'analyse a fait
que des projets qui avaient déjà été retenus par le
comité régional n'ont pas été retenus par le
comité national et cela s'est traduit par une baisse de 58 000 $.
Pourquoi le rôle de la table a-t-il été modifié?
C'était précisément à cause de ces plaintes qui
étaient parvenues et aussi pour des raisons d'équité.
C'est difficile d'admettre que dans une région les projets soient soumis
à une grille - même si cette grille était bien faite; on ne
lui fait pas le reproche de ne pas avoir de sens - qui n'était pas la
même que celle utilisée au plan national. Ce qui a donc
amené la diminution du rôle de la table régionale,
précisément en vue d'assurer une meilleure équité
et d'assurer que tous les projets, au Québec, soient examinés
avec le même oeil.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce que cela complète votre réponse?
M. Ryan: J'aime mieux laisser finir l'échange sur le cas
du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je voudrais ajouter des remarques de
caractère général.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce que je comprends, c'est que
l'équité est le plus bas dénominateur commun. Étant
donné que ce n'est pas la même grille au Saguenay, on dit qu'il
faut mettre tout le monde sur la même grille. C'est ce que j'expliquais
tantôt, c'est une décision de centralisateur. À
présent, vous faites état de plaintes. J'aimerais qu'on les
dépose parce qu'on ne peut pas, gratuitement, invoquer des faits.
La seconde question que je poserai, par rapport à ces plaintes:
Je voudrais connaître la source, les gens qui ont porté plainte,
de manière que ces personnes puissent nous dire si, effectivement, cela
a eu des effets par rapport à leur accès à ces programmes.
À présent, vous allez aussi devoir répondre à une
autre question et, celle-là, j'ai de la difficulté à y
trouver des explications. Elle porte sur la subvention moyenne par groupe, par
région. Je peux distribuer le tableau si vous voulez. Je vais vous le
donner comme cela, vous pourrez suivre un peu la progression:
Bas-Saint-Laurent, Gaspésie: 5600 $, je vous fais qrâce des cents;
Saguenay-Lac-Saint-Jean: 3854 $; Québec, Mauricie-Bois-Francs, Estrie:
7000 $, environ; île de Montréal: 9000 $; Montréal, rive
sud: 6000 $; rive nord: 4600 $; Outaouais: 5000 $;
Abitibiti-Témiscamingue: 10 000 $; Nouveau-Québec: 21 000 $. Pour
le Nouveau-Québec, on peut comprendre qu'il y a des raisons de distance
et ainsi de suite, je pense que cela va de soi. Je ne ferai pas de comparaison
entre le Saquenay et le Nouveau-Québec. Mais Chicoutimi se trouve
tout près de 2000 $ en dessous, pour le coût moyen par
subvention, de tous les autres groupes. Est-ce cela l'équité? Sur
quelle base a-t-on fini par décider que, chez nous, probablement parce
que les gens sont plus "smart", plus portés à faire du
bénévolat, ils sont capables de fonctionner avec moins? Si c'est
cela l'équité, cela demande des explications.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: M. le Président, permettez-vous qu'on
dépose le document?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Ryan: L'explication que je puis donner, pour l'instant, c'est
que les projets sont examinés un par un. Il y a un jury qui examine ces
projets, le ministre n'a absolument rien à voir là-dedans. Il y a
un jury qui examine ces projets et le montant moyen des subventions
dépend, sans doute, de la nature des projets qui ont été
soumis. Il faudrait également voir combien d'organismes ont
touché de subventions, dans chaque région, pour avoir un portrait
complet.
Mme Blackburn: Une moyenne, c'est une moyenne. C'est une moyenne
qu'on vous donne là. (21 heures)
M, Ryan: Pas nécessairement. Il peut arriver que, dans une
région, nous ayons . subventionné dix projets de 8000 $. Si nous
en avons subventionné 20, de 5000 $, en moyenne, dans une autre, nous
avons investi autant d'argent sinon plus dans la deuxième. Si on ne
prend que la moyenne, cela a l'air drôle. Il faudrait avoir le tableau
complet.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, il y a sûrement
quelqu'un au ministère qui a ce document qu'on a appelé le
dossier noir du programme OVEP 1986-1987. On n'est pas venu porter cela
seulement à mon bureau. Vos fonctionnaires l'ont sûrement et je
vois que votre sous-ministre l'a également en main. Là-dedans;
non seulement on fait le détail des projets dans chacune des
régions, mais on présente aussi un tableau des moyennes. On est
obligé d'admettre que la diminution de 58 000 $ est facile à
expliquer. Elle s'explique par une différence de 2000 $ en moins par
projet. C'est simple. Il me semble que ce n'est pas quelque chose qui demande
de longues analyses. Ce que je souhaiterais, c'est qu'on ait un examen de cette
situation qui, à mon avis, est inexplicable. On n'avait jamais
touché à ce programme. Parce que la grille ne convenait pas
à quelques fonctionnaires, tout à coup, on a décidé
qu'on rentrait dans le tas. On n'est pas capable d'expliquer autrement te fait
qu'on ait trouvé le moyen de donner à peu près 2000 $ de
moins à chacun des programmes. Cela ne s'explique pas. La moyenne se
tient entre 5000 $ et 7000 $.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M, le Président, on peut noter la question, on
apportera des réponses, mais je refuse qu'on porte des jugements a
priori. J'ai eu l'occasion d'examiner un certain nombre de projets, parce que,
quand on m'est arrivé avec la liste de ce qu'il fallait approuver
après examen par le jury, j'ai été étonné,
j'ai dits Je vais regarder un petit peu le genre de projets. Il y en a un qui
vous dits On va organiser sept soirées d'initiation pour des couples qui
ont des problèmes. On va avoir des conférenciers, on va avoir
ceci et cela, sept soirées. Il y en a un autre, c'est une série
de 20 sessions. Il y en a un autre, c'est un staqe de deux semaines pendant
l'été avec résidence et tout.
Mme Blackburn: Le ministre a quelque chose contre les
couples?
M. Ryan: II y a toutes sortes de projets qui sont soumis. Il y en
a qui vont avoir une certaine dimension, d'autres une autre dimension. Il a
très bien pu arriver, au cours de la dernière année, que,
pour la région dont vous parlez, la nature même des projets qui
ont été soumis, et encore davantaqe ceux qui ont
été retenus, justifiait une subvention moyenne d'un ordre
différent. Si cela se répétait d'année en
année, si vous aviez un modèle continu, si vous me disiez: Depuis
quatre ou cinq ans, la région que je représente à
l'Assemblée nationale a continuellement reçu des subventions
moyennes substantiellement inférieures, il faudrait alors que je regarde
cela de près. Mais pour une seule année, je ne peux pas partir en
peur avec cela.
Mme Blackburn: M. le Président, une dernière
remarque. Je prends note de l'engagement du ministre d'examiner le dossier et
de répondre. J'apprécierais s'il était en mesure de le
faire avant que les gens ne retournent chacun chez eux complètement
découragés. Ensuite, si le ministre n'a pas le document en main,
je peux lui en obtenir un, il n'y a pas de problème.
Ma question demeure toujours la même. Pourquoi avoir aboli le
comité de sélection? On s'interroge. Le ministre m'accuse de
ne
pas poser les questions de fond. Je me dis: Ce qu'il estimait
indispensable, il y a trois, quatre, cinq ou sept ans, en disant que le
bénévolat, l'éducation des adultes et l'encouragement aux
OVEP - ou, tantôt, aux syndicats - sont essentiels à la vie
démocratique. Tout à coup, la vie démocratique serait-elle
moins importante?
M. Ryan: Les raisonnements spécieux de la
députée de Chicoutimi nous sont devenus familiers.
Mme Blackburn: Parce que le ministre est toujours
transparent.
M. Ryan: Nous avons répété autant comme
autant l'engagement du gouvernement à l'endroit des organismes
bénévoles. Je l'ai dit à propos des centrales syndicales
tantôt, cela ne pouvait pas être plus clair; je pense que tout le
monde l'a compris, sauf peut-être une personne. À l'endroit des
organismes bénévoles, j'ai dit que nous sommes arrivés
à un point où nous éprouvons le besoin de faire un bilan,
d'aller un peu plus à fond. Le ministre n'est pas nommé à
la tête du ministère seulement pour signer des formules et des
chèques. Il est nommé pour signer de manière responsable.
Il veut savoir ce qu'il y a derrière cela. Avec la documentation que
nous avons, ce n'est pas suffisant, il faut aller plus loin. On a dit aux gens:
On va vous associer au travail, à part cela. On ne peut demander mieux.
C'est ce qu'on fait. Et je suis content, s'il y en a qui sont ici - je
l'ignorais - je tiens à leur dire que c'est cela notre politique. Je
tiens à dire également qu'il n'est pas dans ma conception que les
subventions soient partagées par les intéressés. Ma
conception, c'est que les subventions doivent être accordées
d'après le jugement d'un jury impartial. C'est ma conception et on
pourra me faire la démonstration contraire. Il y a un comité
à l'oeuvre actuellement. Si le comité m'apporte des arguments
sérieux me disant: Ce n'est pas ainsi que cela devrait se faire, je vais
écouter les arguments, mais a priori j'ai un préjugé
plutôt favorable pour un jugement indépendant. Je m'appuie sur une
très longue tradition. C'est ainsi que cela se fait de manière
très générale. Je le dis franchement et, dans ces
conditions-là, c'est normal que l'on fasse l'exercice que l'on fait
actuellement. Il n'y a personne qui peut dire qu'on leur travaille dans le dos
et, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y avait un statut particulier sur ce
point-là, mais j'attends les conclusions du comité. Si le
comité confirme l'orientation que, moi, personnellement, je suis enclin
à privilégier, cela fonctionnera ainsi. Si le comité nous
dit: On aimerait mieux qu'il y ait des jurys, il y a bien des formules. Ce peut
être un jury régional qui ne serait pas nécessairement
composé des représentants des organismes
intéressés. Vous devez vous rendre compte qu'il y a une chance de
conflit d'intérêts quand on est intéressés à
toucher une subvention et que l'on participe en même temps à la
décision quant au partage des subventions. C'est une affaire qui saute
aux yeux.
Alors, on regarde cela avec intérêt. Je tiens à dire
à ces personnes qui sont ici, pour ne pas que de fausses impressions
demeurent, que cette année, en 1986-1987, nous avions inscrit, pour
l'ensemble de l'éducation des adultes, un budget de 135 000 000 $. En
réalité, à cause du principe de l'enveloppe ouverte que
nous maintenons pour 1987-1988, les dépenses réelles seront
probablement de l'ordre de 150 000 000 $. C'est une augmentation
considérable, quand on pense qu'en 1984-1985 on en était encore
à 82 000 000 $. On est passés en peu de temps de 82 000 000 $
à 150 000 000 $. Il n'est pas permis de parler comme s'il ne se passait
rien et de laisser croire que l'on recule, alors que ce n'est pas vrai. Dans le
secteur de l'éducation des adultes, en 1986-1987, nous aurons fait une
nouvelle avance de l'ordre de 10 %. On peut isoler un chiffre particulier,
laisser croire que cela représente l'ensemble, mais c'est cela, le
portrait général.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Y a-t-il d'autres interventions du côté
ministériel? M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Avec la réponse que vient de donner le
ministre, il est important de dire que le montant d'argent disponible pour les
organismes volontaires d'éducation populaire est un budget
bloqué. Quand il parle de 150 000 000 $, qu'il ne vienne pas me dire que
l'on va. Ne mêlez pas le monde en mélangeant les chiffres.
M. Ryan: Ce qui nous importe, en fin de compte, c'est de savoir
combien..
M. Jolivet: Je sais, mais ce que je veux dire, c'est que l'on
parlait d'organismes...
M. Ryan: Est-ce que je peux terminer?
M. Jolivet: ...volontaires d'éducation populaire, M. le
ministre.
M. Ryan: Je vais reprendre. Dans son intervention tantôt,
la députée de Chicoutimi est allée beaucoup plus loin.
Elle a dit: On faisait confiance à cet homme-là pour promouvoir
l'éducation des adultes. Elle a attaqué le dossier du
qouvernement et du ministre "in globo", de manière qlobale. Par
conséquent, une réponse à caractère globale
s'imposait. Une fois qu'elle est faite, je me
tais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vais poser une dernière question en ce
qui concerne l'éducation des adultes, mais sous l'angle des programmes
offerts pour rendre employables des jeunes bénéficiaires de
l'aide sociale. Je sais que les programmes sont financés par . une autre
enveloppe, par un autre ministère, sauf qu'ils sont conçus par
votre ministère. À mon grand étonnement - il y a
probablement une explication, mais cela m'étonnerait que l'on puisse me
la donner ce soir - j'ai vérifié et on m'a confirmé les
faits. Je donne un exemple, parce que je ne suis pas allée voir dans les
autres programmes, je me suis dit qu'on pouvait poser ici la question et,
vraisemblablement, être en mesure de répondre aux interrogations
qu'a soulevées cette jeune étudiante qui est venue me voir au
bureau. J'ai vérifié auprès des services
d'éducation des adultes de la commission scolaire et on m'a
confirmé les faits. Elle était en esthétique» Le
programme qu'on lui offre est un programme de 52 semaines, que l'on
connaît tous un peu, qui lui permet, du moment qu'elle est inscrite,
d'aller chercher une prestation à peu près comparable à
celle des plus de 30 ans. C'est quelque chose cette formule-là. On m'a
appris que les exigences de passage étaient, selon les cours suivis, 70
% ou 80 %, alors que le même programme, les mêmes cours
donnés dans une commission scolaire à l'enseignement
régulier, demandent une note de passage de 60 %. Le premier
réflexe de n'importe qui assis dans un bureau, c'est de dire: Cela ne
peut pas être vrai. Sauf que j'ai appelé la commission scolaire
responsable de ce programme et c'est effectivement vrai. La jeune fille me
disait: Écoutez, je pars avec mes résultats scolaires, je vais
m'inscrire à l'enseignement régulier et je passe. Or, là,
je ne peux pas passer parce que je n'ai pas 70 % et, pour certaines
matières, 80 %. Est-ce qu'on peut me donner des explications?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je ne suis pas en mesure de vous en fournir, pour
être franc. Je ne sais pas, peut-être que mes collaborateurs
pourraient vous fournir une explication.
Mme Blackburn: J'ai bien vérifié et on m'a dit que
c'était préparé par un comité spécial au
ministère et que, effectivement, les notes de passage étaient
plus élevées pour les jeunes. Alors, quel est l'objectif? Je ne
veux pas porter de jugement là-dessus, parce que cela m'apparaît
trop gros et inacceptable, quand on pense que cela a comme objectif d'amener
plus d'échecs, par exemple. Dans le programme concerné, il en
entre dix-neuf et cinq ou six terminent.
M. Ryan: M. Rondeau aurait un élément d'explication
à fournir.
M. Rondeau: M. le Président, la question paraît un
peu surprenante parce que le mode d'évaluation, à
l'éducation des adultes, est, comme on dit dans le jargon, une
évaluation "critériée". Donc, les gens réussissent
ou non l'objectif et il n'y a pas de notes. Cela paraît surprenant.
Maintenant, on peut vérifier. On ne peut pas vous dire exactement ce qui
peut se produire dans un milieu donné. On peut vérifier. M.
Godbout, qui est là et qui est un spécialiste en
évaluation, est aussi étonné que mot de l'affirmation de
Mme la députée de Chicoutimi.
M. Jolivet: Donc, M. le Président, on peut s'attendre
à avoir une réponse après vérification?
Mme Blackburn: Si vous voulez, je peux... On m'a laissé
une feuille de ce cahier qui constitue le programme.
M. Ryan: C'est cela. Je crois qu'il s'imposerait que la
députée de Chicoutimi fournisse un dossier pour qu'on parte de
faits solidement étayés. Si vous pourriez nous fournir un
dossier...
Mme Blackburn; Je vous donne la liste, le nom des personnes, les
numéros de téléphone, plus les documents qu'on m'a
fournis...
M. Ryan: Vous pouvez être assuré que nos
fonctionnaires vont se faire un...
Mme Blackburn: ...qui sont sur quelques pages, évidemment,
ainsi que les commentaires de l'étudiante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée.
M. Ryan: Nos fonctionnaires se feront un grand plaisir, M. le
Président, de fournir les explications qui...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. C'est une question que j'ai posée au
ministre et à laquelle je n'ai pas eu de réponse. A-t-il
l'intention de faire des pressions auprès de son collèque du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour reconnaître les
groupes populaires d'alphabétisation dans les mesures de
rattrapage scolaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: C'est un sujet que j'aborderai volontiers avec le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu dans le
cadre d'un échange de vues plus large que je compte avoir avec lui sur
tout le problème de la complémentarité du travail de nos
deux ministères dans le champ de l'éducation des adultes. Mais je
n'attendrai pas qu'on ait réglé tout le dossier pour soulever ce
problème particulier, qui est spécialement pointu. Je conviens
avec le député qu'il y a Heu qu'on l'aborde ensemble.
M. Jolivet: Donc, on va avoir des nouvelles...
M. Ryan: Nous donnerons des nouvelles au député
prochainement à ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 5, Éducation populaire, est adopté?
M. Jolivet: Non, M. le Président, parce qu'il reste
l'autre partie... D'accord. C'est l'éducation aux adultes...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, on en est au
programme 5.
M. Jolivet: D'accord.
Enseignement primaire et secondaire public
(suite)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté?
Adopté. Maintenant, j'appelle le programme 4. Je reconnais le
député de Laviolette qui voudrait interroger le ministre sur
l'éducation des adultes.
Enseignement professionnel
M. Jolivet: Â la suite d'une entente, au lieu de revenir
où nous en étions cet après-midi, nous allons passer
à l'enseignement professionnel, afin de permettre à certaines
personnes d'être libérées le plus rapidement possible. Le
ministre a dévoilé, en décembre dernier, les grandes
lignes de la réforme de l'enseignement professionnel. Cette
réforme reprend, pour l'essentiel, le contenu du plan d'action sur la
formation professionnelle au secondaire soumis à la consultation en
juin. Le projet comporte la création de nouvelles filières de
formation: le diplôme d'études professionnelles et le certificat
d'études professionnelles, ceux-ci, venant remplacer le professionnel
court et le professionnel long. L'âge d'admissibilité a
été abaissé de 17 à 16 ans et cela va dans le sens
de ce que nous avions souligné, en réaction au plan d'action. Les
258 programmes présentement offerts seront remplacés, dans cinq
ans, par 155 programmes. On prévoit associer des représentants de
l'entreprise privée à la préparation des nouveaux
programmes et aux mécanismes d'évaluation des apprentissages, de
façon à permettre un meilleur arrimage avec les besoins du
marché du travail. (21 h 15)
La réforme implique des déboursés de 93 000 000 $
sur trois ans, dont 40 000 000 $ prévus pour la modernisation des
équipements. Des sommes sont aussi prévues pour l'enqagement de
professeurs, le recyclage, le perfectionnement. Plus du tiers des enseignants
du secteur professionnel seront mis ou sont déjà mis en
disponibilité. On peut souligner ici que la clientèle de
l'enseignement professionnel a baissé de 85 000 inscriptions, en
1980-1981, pour passer à 38 600 cette année. La réforme va
permettre de stabiliser - du moins, elle vise à le faire - cette
clientèle à environ 39 000 inscriptions.
L'annonce de cette réforme, dans son ensemble, a
été, je peux dire, favorablement accueillie par divers
intervenants. Le Conseil supérieur de l'éducation avait, pour sa
part, formulé un certain nombre de recommandations dans un avis rendu
public en octobre. il souhaitait, notamment, relever les exigences pour assurer
la réussite des cours de formation générale suivis.
Le Secrétariat de l'enseignement professionnel, orqanisme
regroupant des représentants des petites et moyennes entreprises de
l'éducation, a toutefois émis certaines réserves quant
à l'arrimage entre l'industrie et l'écote. On craint que cela ne
soit insuffisant. Lors d'un récent colloque conjoint du
secrétariat et du Conseil du patronat du Québec, le responsable
de l'enseignement professionnel au ministère de l'Éducation a
dévoilé les modalités de consultation des
représentants du monde du travail dans la préparation des
nouveaux programmes. Il y a aussi le Conseil des collèges qui a, pour sa
part, émis certains commentaires relatifs aux risques de concurrence
entre les programmes professionnels du secondaire et ceux du collégial.
Il a aussi formulé des suggestions d'harmonisation quant à
l'établissement des passerelles. La fédération des
cégeps a aussi émis un avis sur la question, en s'interrogeant
sur la pertinence d'ériqer un système de structures
parallèles d'enseignement pour des clientèles du même
âge. Elle préconise une nette distinction des champs de
responsabilité, la préparation de la grille de passage. Elle
demande éqalement de réactiver le comité de liaison de
i'enseiqnement secondaire et de l'enseignement supérieur.
Le ministre a annoncé, en mai dernier,
tout dernièrement, une série de mesures spéciales
pour contrer la chute des clientèles qu'on estime à 20 %. On
prévoit environ 1600 professeurs en disponibilité l'an prochain.
À la CEQ, la Commission des enseignants des commissions scolaires a fait
part de ses inquiétudes vis-à-vis de l'avenir de la formation
professionnelle., Elle qualifie les mesures du ministre d'un peu trop timides,
sans effets réels, compte tenu qu'elles n'apportent aucun
déboursé additionnel et qu'elles sont venues un peu trop tard. La
chute des clientèles amènera la fermeture d'options et la
Commission des enseignants des commissions scolaires réclame des mesures
de recyclage, de perfectionnement et une utilisation rentable des enseignants
en disponibilité. Il y a eu plusieurs annonces qui ont été
faites à ce sujet. On voit, le 22 mai dernier, de fa part de la CEQ, des
annonces de sa réplique. On voit: Les mises en disponibilité au
niveau secondaire, ce sont les enseignants du professionnel qui vont en
écoper, que la formation professionnelle au secondaire, d'après
les enseignants qui s'inquiètent, risque de disparaître à
cause des décisions qui ont été prises et qu'il y a, selon
certains, lenteur et anarchie qui compromettent le plan de relance de la
formation professionnelle au secondaire. Et je pourrais en ajouter. On parle du
Conseil des collèges, qui craint pour sa part la confusion. Tout cela
pour en arriver, après avoir fait un tour d'horizon, à des
questions qui s'adressent au ministre de la façon suivante: Est-ce que
le ministre a l'intention d'intervenir pour éviter qu'il y ait
dédoublement ou concurrence inutile entre le secondaire et le
collégial? A-t-il évalué les répercussions de la
réforme sur les inscriptions au diplôme d'études
collégiales au plan professionnel? En deuxième lieu, quels sont
les mécanismes, si, vraiment, il a regardé cet ensemble, qu'il
est prêt à mettre en place pour harmoniser les deux niveaux, ce
qu'on appelle les passerelles du niveau secondaire au niveau collégial?
Je reviendrai avec d'autres questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M, Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
signaler la présence à la table avec nous de M. Jacques Henry qui
est directeur de la formation professionnelle au ministère, ici,
à la droite de M. Boudreau, et qui pourra apporter des précisions
de caractère plus technique au besoin, en réponse aux questions
du député de Laviolette.
Avant qu'on en vienne là, je voudrais juste faire une
intervention générale pour situer l'état actuel des
choses, étant donné tout ce qu'on a pu entendre ou lire depuis
quelque temps. On a dit, par exemple, qu'il y avait une baisse
inquiétante du nombre des inscriptions. Il y a baisse du nombre des
inscriptions à l'enseignement professionnel d'environ 20 %. Je dois
ajouter que cette baisse avait été prévue. Dans les
projections que nous avions soumises au Conseil du trésor au
début de la présente année afin d'obtenir l'approbation du
plan de réorganisation de la formation professionnelle, nous avions
indiqué pour la première année, c'est-à-dire
1987-1988, des prévisions d'inscription de 29 800 élèves.
Les données dont nous disposons actuellement indiquent que le nombre des
inscriptions sera quelque peu supérieur à 30 000. Par
conséquent, on va être très proche de ce qui avait
été prévu, ce qui m'étonne agréablement.
Au point de vue des mises en disponibilité, nous avions
prévu par rapport à la situation actuelle un surplus de 395. On
en avait à peu près 900, je pense, pour l'année 1986-1987,
1060, qu'on avait du côté professionnel,, Là,
évidemment, avec l'entrée en vigueur du nouveau régime, il
y a une diminution du nombre des disponibles de la formation
générale. Vu qu'on augmente la période de formation
générale, cela prend plus de professeurs. Pendant que les jeunes
prennent une formation qénérale prolongée, ils s'en vont
moins vite au professionnel. Je pense que ce sont des choses qui sautent aux
yeux. Par conséquent, on a besoin de moins de professeurs à
l'enseignement professionnel au début du processus. Pour l'ensemble, on
avait prévu un écart net d'à peu près 395 et, selon
nos indications actuelles, cela devrait plutôt qraviter autour de 300. Il
est trop tôt, parce que, comme vous le savez, les avis de mise en
disponibilité sont adressés aux professeurs au début du
mois de juin par les commissions scolaires et pendant l'été, il
se fait un tassage. Les vrais chiffres sont ceux qu'on a à l'automne. Ce
sont les engagements véritables qu'on a à l'automne. On commence
à recevoir des indications des commissions scolaires - M. Henry m'en
parlait à l'heure du souper - qui indiquent que, dans plusieurs
commissions scolaires, la situation va être plus intéressante que
l'idée qu'on s'en faisait il y a à peine un mois.
Déjà, il y a du tassage qui se fait. J'ai été
très heureux d'apprendre ces bonnes nouvelles.
Il y avait une commission scolaire dont je m'étais servi
moi-même comme commission scolaire témoin, une commission scolaire
de ma région, cela va de soi, qui m'avait présenté un
tableau plutôt pessimiste. Nous apprenions, aujourd'hui même, si ce
n'est hier, que, dans cette commission scolaire, contrairement aux
prévisions plutôt sombres qu'on avait établies, il n'y aura
aucune mise en disponibilité pour l'an prochain, parce qu'on a
réussi à organiser les choses d'une manière qui
permette de faire face à la situation de façon beaucoup plus
intéressante qu'on l'aurait cru. Il y a toutes ces choses.
Je voudrais signaler que M. Henry et son équipe accomplissent un
travail remarquable, un travail de grande persévérance, un
travail audacieux aussi. Ce n'est pas facile de foncer là-dedans, mais
je crois que nous allons passer à travers de manière
intéressante. En tout cas, je voulais souligner surtout qu'il ne faut
pas se laisser impressionner par les déclarations de la Commission des
enseignants des commissions scolaires. C'est évident que M. Bergeron, le
président, est plutôt impressionné par les
appréhensions dont lui font part les enseignants depuis
déjà quelques semaines; c'est normal, c'est son rôle. Je ne
le blâme pas, sauf que, l'autre jour, quand il a fait sa
conférence de presse, s'il avait donné tous les chiffres qu'on
lui avait fournis au lieu d'en prendre seulement quelques-uns qui servaient
peut-être mieux les intérêts de son intervention, je pense
qu'on aurait eu une présentation plus mesurée, plus
nuancée. Je passe là-dessus, parce que ce sont des choses
auxquelles nous sommes habitués.
Pour résumer, autant du point de vue du nombre d'inscriptions que
du nombre de mises en disponibilité, tout est conforme aux
prévisions qui avaient été établies. Par
conséquent, je pense que le début de l'implantation de la
réforme se fait selon les conditions qu'on avait envisagées. Cela
ne veut pas dire que nous soyons assurés d'un succès complet. Il
va falloir travailler très fort. Il faut que les commissions scolaires
fassent montre de beaucoup d'ingéniosité, d'inventivité
aussi. Je le leur ai dit l'autre soir quand je suis allé les rencontrer:
Quelquefois, ça va être tentant pour vous autres de laisser tomber
une option à laquelle les inscriptions ne sont peut-être pas aussi
nombreuses et dont les coûts sont plus élevés. C'est facile
d'aller vers les options qui demandent moins de dépenses, moins de
risques et tout. Il faut qu'elles prennent des risques aussi parce qu'il y a
des options qui sont plus vitales pour l'avenir économique, pour
l'avenir industriel ou technologique d'une région donnée. Si la
commission scolaire ne prend pas ses responsabilités, qui va les
prendre? C'est un travail d'équipe et de concertation qui me
paraît bien engaqé. Je suis très heureux de voir que la
réaction des commissions scolaires devient de plus en plus positive.
Le député m'a posé deux questions à propos
du collégial. Il m'a demandé d'abord comment se faisait
l'harmonisation entre le secondaire et le collégial. L'été
dernier, avant d'approuver définitivement la réforme, j'avais
insisté très fort auprès de M. Boudreau et de son
équipe pour qu'on donne un gros coup du côté de
l'harmonisation avec le collégial. Pendant les semaines qui ont suivi,
il s'est accompli un travail considérable de vérification entre
les deux secteurs. On a constaté que dans plusieurs programmes il y
avait des phénomènes de dédoublement qui entraînent
toutes sortes de conséquences. On a constaté aussi un
phénomène qui m'a étonné. Il y avait des jeunes qui
s'en allaient du côté du collégial professionnel, cela ne
marchait pas et on les retrouvait, un an ou deux après, au secondaire
professionnel. On est convenu, d'un côté et de l'autre, autant au
ministère de l'Enseignement supérieur qu'au ministère de
l'Éducation, qu'il y a de l'émondage à faire. Nous avons
demandé que le travail se poursuive et qu'on arrive à des
conclusions que j'appellerais gratuites. Si l'examen du dossier devait nous
amener à conclure que tel cours devrait plutôt relever du
collégial, il faut que le secondaire soit prêt à
l'abandonner, et vice versa. Si le collégial donne un cours qui devrait
plutôt être de niveau secondaire, qu'il soit prêt à
l'abandonner. En matière de formation de secrétariat, par
exemple, la ligne de partage des eaux entre ce qui se fait au secondaire et ce
qui se fait au colléqial n'est pas toujours facile à trouver. Il
y a beaucoup de duplication. Avant d'en venir à ces conclusions, il y a
encore du travail de déblaiement et de discernement à faire. Je
vous assure que c'est un des points sur lesquels j'ai l'oeil. Nous avons
ranimé le CLESEC dont parlait le député depuis quelques
semaines et j'espère qu'au cours de la prochaine année il
produira un qros rendement parce que nous avons énormément besoin
de ça.
Ma conclusion là-dessus, c'est que nous devons envisager l'avenir
avec un esprit assez ouvert. Jusqu'à maintenant, nous avons
fonctionné avec deux systèmes un peu parallèles. Il y a
des choses injustes. L'autre jour, M. Henry me signalait avec justesse que les
étudiants qui s'inscrivent au professionnel secondaire n'ont pas
accès au programme d'aide financière, aux bourses, à
l'aide financière et aux prêts, tandis que celui qui s'en va au
cégep y a accès. Il y a même des cégeps qui vont
dire à des étudiants: Venez-vous-en chez nous, vous aurez
accès à la bourse et au prêt, de l'autre côté,
vous n'aurez rien de ça.
On a un premier élément cette année. On va donner
des subventions spéciales pour hausser le montant de la pension
accordé aux jeunes qui doivent aller suivre une option professionnelle
en dehors de leur lieu de résidence, mais ce sont des conditions
inscrites dans la situation que nous rattrapons à mesure que nous
avançons. Je n'étais pas au courant de tous ces
détails-là, pour être franc avec vous autres. C'est un
problème sur lequel nous avons l'oeil. Je suis bien content qu'il ait
été soulevé parce qu'il
est très important et, avec le temps... Je vous dirai une chose;
J'ai été saisi, à l'occasion du Sommet
socio-économique de la Montérégie, la semaine
dernière, d'un projet de création d'un institut de formation en
plastique dans cette région-là, un projet extrêmement
intéressant au niveau secondaire, auquel nous avons donné une
réaction très favorable, très sympathique. Nous n'en
sommes pas encore au stade des décisions, mais nous abordons
l'étude du projet avec beaucoup d'intérêt. (21 h 30)
J'ai dit à l'auteur du projets II faudra qu'on regarde
également s'il n'y aurait pas lieu d'envisager une certaine
intégration secondaire-collégial. On n'est pas pour avoir un
institut secondaire à Saint-Jean, un institut collégial à
Ahuntsic ou à Victoriavilie. Si on a une bonne institution pour toute
cette partie du Québec, c'est mieux d'en avoir une bonne et qu'elle ait
toutes les ressources possibles. Les équipements peuvent être bons
quelquefois pour la dernière année du secondaire et pour la
première et la deuxième année du cégep aussi. On
n'a pas pensé à toutes ces choses-là. Chacun
développait sa patente de son côté. On sera obligé
de regarder toutes sortes de choses de ce côté-là, comme on
est obligé de regarder, pour la formation professionnelle,
l'opportunité de mettre beaucoup plus ensemble les adultes et les
jeunes. Cela aurait été une hérésie de dire une
chose comme celle-là il y a à peine cinq ans. C'est une chose
contre laquelle j'aurais protesté moi-même, il y a cinq ans. Dans
les faits, quand six jeunes et huit adultes sont inscrits à une option,
va-t-on organiser deux cours séparés? Cela n'a pas de bon sens.
On n'a pas les moyens, alors il faut bien se dire: On va essayer de les mettre
ensemble pour voir ce que cela pourrait donner.
Il y a toutes sortes de choses - étant donné le coût
très élevé de la formation professionnelle, cela
coûte plus cher que la formation générale - que nous devons
regarder avec un esprit ouvert. Je suis content que cet aspect de la
complémentarité, de la relation collège - secondaire ait
été soulevée. C'est l'un des points sur lesquels nous
avons encore beaucoup de chemin à faire.
M. Jolivet: Je suis heureux de la réponse du ministre,
surtout la dernière partie de sa réponse quand il dit, pour faire
comprendre aux dames qui sont ici cet après-midi, qu'effectivement, pour
les écoles privées qui ne donnent que le général,
c'est moins dispendieux que donner le professionnel. Le ministre vient de nous
donner raison à ce sujet en disant qu'une école publique de
niveau secondaire qui est obligée de donner les deux, il est
évident que ce n'est pas la même chose pour elle en ce qui regarde
les coûts que lorsqu'on donne seulement le général. Je
profite de l'occasion pour le dire, en passant.
Vous avez parlé, M. le ministre, de la réactivation d'un
comité de liaison entre le secondaire et l'enseignement supérieur
collégial. Vous avez parlé du CLESEC, nous parlions du CLESES,
mais, en tout cas... M. le ministre, quelquefois, les sigles sont importants.
Ce n'est pas du Comité de liaison entre l'enseignement supérieur
et l'enseignement collégial dont je parlais tout à l'heure, mais
du CLESES. C'est seulement pour être bien sûr...
M. Ryan: Vous avez probablement raison parce que les sigles me
perdent souvent.
M. Jolivet: C'est la même chose pour moi, d'ailleurs. C'est
pour cela que j'ai toujours demandé qu'on m'écrive sans utiliser
ces fameux sigles.
J'aimerais savoir une chose du ministre... Dans son discours de ce
matin, à la page 41, il dit: Le gouvernement, au chapitre des
crédits additionnels pour l'enseignement professionnel, injectera 7 200
000 $. Est-ce que c'est une erreur, parce qu'on parlait de 93 000 000 .$ sur
trois ans? Est-ce que les 7 200 000 $, dont il est fait mention dans son
discours à la page 41 pour l'enseignement professionnel, constituent le
montant de quelques millions qui manquerait? Qu'est-ce que c'est? Je veux juste
bien comprendre. Le ministre, lors du lancement de sa politique, avait dits II
y a 93 000 000 $ répartis sur trois ans, dont 40 000 000 $ en nouveaux
équipements. D'un autre côté, ce matin, il parle d'une
injection de 7 200 000 $ en crédits additionnels pour l'enseignement
professionnel. Cela ne fera pas le montant voulu.
M. Ryan: Je vais demander à M. Taillon de fournir quelques
explications et je remettrai un tableau au député, si cela
l'intéresse, de même qu'aux autres membres de la commission,
évidemment. Si l'on calcule sur l'année budgétaire ou sur
l'année scolaire, il y a déjà une différence
considérable. Si vous prenez l'année scolaire, vous verrez que
nous sommes dans l'ordre de grandeur dont j'ai parlé et peut-être
que M. Taillon pourra fournir quelques explications là-dessus, si vous
voulez, parce que je ne t'ai pas regardé juste avant qu'on se parle.
M. Jolivet: C'est toujours le problème qu'on a entre
l'année budgétaire gouvernementale et l'année
scolaire.
M. Ryan: On a les deux; sur le tableau, vous avez les deux.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: Dans l'ensemble des données que nous avons
fournies, nous avons mis les deux.
M. Taillon: M. le Président, pour ce qui est des
coûts en équipements, le ministre a parlé ce matin d'une
somme qui concerne des appareils spécialisés de type
micro-informatique, mais il y a aussi dans les équipements, l'achat
d'appareils spécialisés, n'utilisant pas nécessairement
l'ordinateur. Il y a aussi des coûts de modernisation ou d'organisation
des ateliers pour de nouveaux programmes. Ce qu'on a comme injection de
ressources pour la question des équipements, c'est tout près de
13 000 000 $, 12 950 000 $. Cela va se répéter pendant quatre
années.
Dans l'ensemble des autres coûts, vous avez en "a", tout ce qui
touche les coûts d'organisation et de fonctionnement. En d'autres mots,
l'augmentation de la scolarité entraîne des coûts en
formation générale et il y a des coûts de
sécurité d'emploi, en période de transition. C'est ce
qu'on retrouve dans la partie "a". Ce que vous avez dans la partie "b", ce sont
des coûts touchant l'amélioration des programmes la refonte des
programmes, le perfectionnement des enseignants, où il y a vraiment des
ajouts de ressources, et le matériel didactique qui suivent
l'introduction de nouveaux programmes. Finalement, il y aura une
amélioration, à compter de l'an prochain, du dossier d'aide
à la pension. Compte tenu qu'il y aura une rationalisation de la
formation professionnelle, il est possible qu'il y ait des coûts
excédentaires pour le déplacement des élèves. C'est
ce que nous avons compté, ici, comme représentant 2 000 000 $. Si
vous additionnez les coûts en année scolaire ou en crédits,
vous allez arriver à un total qui tourne autour de 90 000 000 $ ou 93
000 000 $ pour les trois premières années si vous y allez en
crédits ou à un montant supérieur, si vous y allez suivant
l'année scolaire. Ce sont les chiffres conformes à la
décision gouvernementale et conformes aux ententes avec le Conseil du
trésor.
M. Jolivet: À moins que je ne sois mauvais
mathématicien ou mauvais arithméticien, je ne sais comment le
dire, mais si je calcule 1987-1988, 1988-1989, 1989-1990... Le ministre a dit
que les crédits budgétaires gouvernementaux étaient de 93
000 000 $. J'arrive, malheureusement, seulement à 66 200 000 $ sur trois
ans. L'annonce publique qu'il a faite, c'est 93 000 000 $. Je fais un calcul
assez rapide et cela me donne 66 200 000 $. Il y a quelque chose quelque part
qui ne va pas. C'était bien sur trois années?
M. Ryan: Je crois que la différence est dans les
immobilisations. Les immobilisations dans les crédits budgétaires
sont échelonnées sur plusieurs années. Cela marche avec la
dépréciation. Ce sont des dépenses qui vont être
faites réellement dans chacune des années.
M. Jolivet: Oui, mais les immobilisations, c'est
étalé sur cinq ans.
M. Ryan: Non, mettez 12 950 000 $ chaque année, mettez 37
000 000 $ pour les trois premières années et ajoutez cela
à ce qui est en bas, 36 000 000 $, plus 22 000 000 $, plus 7 000 000 $,
vous allez arriver à l'ordre de grandeur.
M. Jolivet: 103 000 000 $.
M, Taillon: Ce qui est arrivé, c'est que le ministre a
mentionné que chaque année il y a un engagement de 12 950 000 $.
En crédits budgétaires, c'est ce qu'on vous expliquait
tantôt au plan des équipements, vous avez cela en
déboursés ici. Quand on parlait de 90 000 000 $, c'était
l'impact des décisions, des engagements.
M. Jolivet: L'autre question importante, je pense, c'est pour
l'ensemble des enseignants. On a beau dire, les enseignants de ce secteur, ce
ne sont pas dans la plupart des cas de jeunes enseignants. Dans bien des cas,
ce sont des enseignants plus âgés. Plusieurs enseignants m'ont
fait la remarque que, même s'ils bénéficiaient d'un an,
deux ans ou trois ans de recyclage, il est fort possible que, dans certains
cas, à la fin de la quatrième ou de la cinquième
année, ils soient déjà à leur retraite ou à
leur préretraite. La question que j'aimerais poser au ministre est la
suivante: On a bien beau parler de recyclaqe des gens mis en
disponibilité pour leur permettre de chanqer d'option ou de statut, mais
c'est peut-être difficile de prendre un prof en ajustement
mécanique et de l'envoyer comme prof d'anglais ou prof de
mathématiques. Je pense qu'il y a là quelque chose qu'il faudrait
regarder. Ce que craignent les enseignants, c'est de savoir ce qu'on va faire
d'eux. Quand bien même on leur donnerait l'argent pour leur permettre de
se perfectionner, est-ce qu'ils seront utiles ou est-ce qu'ils vont se servir
plus tard de ce qu'ils ont appris? Cette question est tout de même
importante. L'enseignant se dit: Si vous me faites suivre pendant un an, deux
ans, trois ans ou cinq ans des cours de recyclaqe et que, finalement, je me
retrouve à ma retraite, vous n'avez pas servi beaucoup la population du
Québec. Donc, à quelle place l'argent est-il le plus rentable? De
quelle façon doit-il être le mieux utilisé? Quelles sont
les mesures que le ministre entend prendre pour permettre à ces
personnes qui le désireraient
de prendre une retraite, dans certains cas méritée, selon
une formule ou une autre? J'ai déjà fait mention l'an
passé au ministre de ce problème. Des gens avaient proposé
des formules permettant de laisser le circuit et de laisser la place à
des jeunes qui pourraient les remplacer à d'autres paliers
d'enseignement, Â ce moment, cela leur permettrait de prendre une
retraite bien méritée dans bien des cas et dans des conditions
qui soient les plus normales possible. Qu'est-ce que le ministre entend prendre
comme mesures de perfectionnement ou comme mesures de résorption?
M. Ryan: Si vous voulez, je laisserai tantôt Jacques Henry
parler des mesures de perfectionnement. Nous en avons prévu tout un
éventail. J'aimerais que M. Henry nous donne des explications à
ce sujet parce qu'il a eu des rencontres avec les différents milieux
concernés, encore ces jours derniers. Je pense qu'il a des
renseignements plus frais que les miens. Je dois vous dire qu'on a un
comité de liaison, CEQ, PAPT, PACT, ministère et commissions
scolaires, qui étudie ces questions de manière continue. Quand M.
Bergeron, le président de la CECS, fait des déclarations on est
tenté de lui dire: Vous faites partie également d'un
comité qui étudie toutes ces choses-là. Il vient faire ces
déclarations comme s'il n'était pas au courant, comme s'il avait
obtenu ces renseignements par des gestes, des démarches presque
héroïques. Au contraire, tous les renseignements sont sur la table
quand ils viennent siéger au comité. II n'y a pas de cachette,
d'aucune manière.
Pour ce qui regarde la résorption, je voudrais mentionner trois
points. Tout d'abord, plusieurs enseignants du secteur professionnel nous ont
dit que, s'il était possible de favoriser le rachat de quelques-unes des
années que plusieurs d'entre eux, surtout parmi les plus
âgés, ont passé dans le service de l'industrie au
début de leur carrière professionnelle, cela favoriserait
beaucoup leur accès à la retraite. Cela leur permettrait
d'envisager une pension davantage élevée. Plusieurs d'entre eux
sont venus à l'enseignement, sur le tard. Ils n'ont pas pu accumuler un
nombre d'années suffisamment intéressant pour avoir accès
à une pension convenable. Ils nous ont soumis le problème. Nous
avons fait des études au point de vue actuariel. J'ai soumis le
problème à mon collègue, le président du Conseil du
trésor, aux autorités de la CARRA, et les réponses
reçues jusqu'à maintenant nous indiquent que ce n'est pas
accessible dans le cadre des possibilités financières actuelles
du gouvernement. Par conséquent, tout en considérant
l'idée très intéressante, nous ne pouvons pas y apporter
de réponse positive dans l'immédiat.
À l'occasion de la dernière ronde de négociations,
nous avons abordé ces questions avec les centrales syndicales. Il y a
deux mesures dont je voudrais vous faire part et qui sont susceptibles
d'apporter un soulagement. Tout d'abord, il a été convenu de
créer un fonds de 8 000 000 $ pour favoriser la résorption, pour
favoriser la réorientation d'enseignants qui n'ont plus de place,
à toutes fins utiles, dans le système d'enseignement, et nous
visions particulièrement les enseignants du secteur professionnel en
instituant cette mesure. Par conséquent, il y aura un fonds qui va
être géré à la connaissance de la partie syndicale
et qui servira à apporter un soulagement à cette situation»
Je pense que c'est une mesure très importante. Je suis heureux que le
député de Laviolette me fournisse l'occasion de l'évoquer.
Je l'ai évoquée brièvement ce matin, mais dans un contexte
où on ne pouvait pas saisir de quoi il s'agissait exactement.
Ensuite, il y a une autre mesure. Si mes souvenirs sont exacts, nous
avions, l'an dernier, constaté - le député de Laviolette
et mes collègues sont sans doute au courant - que les fonds de retraite
du gouvernement avaient produit un rendement meilleur que ce qui avait
été anticipé. En conséquence, il y avait un certain
surplus qui se présentait. Alors, le gouvernement, au lieu de s'asseoir
sur ce surplus-là, en a libéré une partie pour
l'amélioration des régimes de retraite des travailleurs du
secteur scolaire et cela permet à des enseignants de prendre leur
retraite une, deux ou trois années plus vite qu'ils ne l'auraient prise
en temps ordinaire et à des conditions très avantageuses. C'est
une amélioration qui avait été demandée de
manière fort opportune par la partie syndicale et nous avons
considéré qu'elle était acceptable, étant
donné les possibilités financières nouvelles qui se
présentaient. C'est une mesure qui va nous permettre de procéder,
d'accélérer le processus de rajeunissement du corps enseignant.
Ce sont les éléments de réponse que je peux fournir au
député à la suite de sa question.
M, Jolivet: Une brève question, M. le ministre, parce que
vous venez de faire allusion à des mesures de résorption et aussi
au moment de la prise de la retraite. Qu'est-ce qui se passe avec les...
M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet: Qu'est-ce qui se passe avec les ex-religieux dont le
problème ne semble pas réglé au Conseil du trésor,
avec la CARRA, avec la commission administrative...
Mme Bleau: II y a un projet de loi sur...
M. Jolivet: Non. Madame, je dois vous
rappeler qu'on a adopté un projet de loi, mais il ne s'applique
pas encore.
Mme Bleau: Non, mais est-ce que ce n'est pas dans les projets de
loi qui s'en viennent?
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La question a
été posée au ministre.
Mme Bleau: Ah! Ne me dites pas cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
Une voix: ...
M. Jolivets Non, je le sais. C'est sûr.
Une voix: Si vous le dites.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Une légère correction. Le fonds de
résorption, c'est 5 000 000 $ par année sur deux ans.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: Ce qui veut dire 10 000 000 $ et non pas 8 000 000 $.
C'est 10 000 000 $.
M. Jolivet: L'allocation... Il y a encore le petit
problème qui a resurgi à la suite de la loi qu'on a
adoptée pour les ex-religieux. Je sais que le ministre a fait tous les
efforts nécessaires, mais cela a bloqué à la commission
administrative relativement à l'interprétation de la loi. Dans la
loi présentée dernièrement, à ma connaissance, ce
n'est pas inclus là-dedans. (21 h 45)
M. Ryan: Non. Il y a un point qui a accroché entre les
enseignants ex-religieux-et le Conseil du trésor. Moi-même, je
n'ai pas suivi la question de près ces derniers mois parce que je n'en
ai absolument pas eu le temps et, comme c'est une loi qui relève de mon
collègue, le président du Conseil du trésor, je lui ai
fait part de mon vif intérêt pour ce problème-là et
de mon désir de voir cette question réglée de
manière humaine. Je n'ai pas eu le temps d'y revenir. J'espère
toujours qu'on va apporter une solution. Je ne croyais pas que tout ça
paralysait complètement le fonctionnement de la loi 55. Nous allons
reprendre le dossier. Je l'apprends avec... Pardon?
M. Jolivet: M. le ministre, ça empêche des gens de
prendre une décision parce que, s'ils ne sont pas sûrs de la
décision, ils ne sortiront pas du circuit.
M. Ryan: Mais c'est seulement un nombre limité, par
exemple.
M. Jolivet: II reste quand même...
M. Ryan: La grande majorité, je pense, peut se
prévaloir de la loi 55 depuis déjà quelques mois.
C'est un conflit autour de l'interprétation d'un des articles du
protocole qui avait été convenu entre les représentants
des enseignants ex-religieux et le qouvernement à l'époque.
Malheureusement, ce protocole qui a été convenu, moi, j'en ai
pris connaissance seulement une fois que cela a été fini. Par
conséquent, je ne suis pas responsable de ce malentendu qui est survenu
et j'espère toujours qu'il pourra se régler par
négociation entre les deux parties qui ont établi le protocole.
Si mon aide est requise, elle sera volontiers disponible.
M. Jolivet: Je suis sûr que la députée de
l'autre côté sera prête à vous aider elle aussi.
M. Ryan: Oui. Et, franchement, mes collègues savent que
nous nous entendons très bien sur ces questions-là. Je pense que
c'est grâce à leur appui que nous avons réussi à
faire adopter le projet de loi 55 l'an dernier. Votre appui a été
précieux également.
M. Jolivet: Merci.
M. Ryan: Le gouvernement précédent, après
avoir adapté une très mauvaise attitude...
M. Jolivet: Non, non, non.
M. Ryan: ...en était venu à de très bons
sentiments la dernière année de son stage au pouvoir. Il faut se
souvenir que nous autres...
M. Jolivet: M. le ministre, ne soyez pas mesquin!
M. Ryan: ...avions posé le problème à un M.
Yves Bérubé qui nous avait envoyé paître
littéralement.
M. Jolivet: M. le ministre, vous ne faites mention que d'une
partie de la vérité. La deuxième, c'est que l'autre
ministre qui avait étudié la question avait amené une
solution qui, malheureusement, n'a pas pu être adaptée...
M. Ryan: M. Michel Clair avait très bien
préparé les voies...
M. Jolivet: Bon! Je vous remercie.
M. Ryan: ...et nous avions travaillé avec lui, comme vous
le faites avec nous, dans ce dossier-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Jolivet: Cela va.
M. Ryan: Juste une précision, si vous me le permettez, M.
le Président, pour qu'il n'y ait pas de malentendu. Quand j'avais
annoncé la réforme de l'enseignement professionnel, j'avais
annoncé qu'au cours des trois prochaines années des sommes d'une
valeur de 53 000 000 $ seraient engagées pour l'implantation de la
réforme et, en plus, j'avais annoncé des investissements de
quelque 40 000 000 $, ce qui donnait les 93 000 000 $. Cela reste
littéralement tel quel. Si vous comptez les crédits
budgétaires des trois prochaines années, ça fait 54 000
000 $, et les dépenses d'investissement de 12 950 000 $ sur trois ans,
cela fera 39 000 000 $. C'est ce qui a été annoncé et
c'est ce qui est dans les chiffres ici. D'accord?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Cela va pour ce dossier, M. le Président. Nous
passerions maintenant à la question de l'enseignement de l'anglais. On
remercie les représentants du ministère.
Enseignement de l'anglais, langue seconde
Sur l'enseignement de l'anglais, M. le ministre, on se rappelle que vous
aviez proposé de permettre l'enseignement de l'anglais, langue seconde,
dès la première année. Il y a eu un recul de la part du
ministre, à savoir que les commissions scolaires ne pourraient
désormais enseigner l'anglais comme langue seconde au premier cycle du
primaire que dans le cadre d'un projet d'innovation pédagogique. On
n'est pas sûr que cette position soit définitive. On se pose de
sérieuses questions. C'est dans ce sens-là qu'on apprend que
certaines commissions scolaires dispensent l'enseignement de l'anglais
dès la première année, en contravention du régime
pédagogique. Par exemple, la Commission des écoles protestantes
du grand Montréal se sert de cela pour marauder, d'après nos
renseignements, la clientèle de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. La Commission scolaire Jérôme-Le
Royer, de son côté, n'a pas non plus abandonné son projet,
bien que les commissaires soient très divisés sur la question. On
sait, d'un autre côté, que la Cour d'appel vient de
débouter les commissions scolaires protestantes qui contestaient le
droit de l'Assemblée nationale d'imposer des règles
pédagogiques aux commissions scolaires. Ce que l'on ne sait pas,
cependant, à ce niveau, c'est ce que sera la décision de la Cour
suprême, compte tenu des décisions récentes à
Ottawa. Donc, ce recours avait été largement motivé par
leur opposition à l'obligation prescrite par le régime
pédagogique de ne commencer l'enseignement de l'anglais qu'en
quatrième année.
Donc, on sait qu'on s'en va devant la Cour suprême. Dans ce
contexte, est-ce que, réellement, le ministre pourrait nous dire ce soir
s'il a l'intention de revenir avec son projet l'an prochain ou s'il l'a
abandonné de façon définitive?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Jolivet: M. le ministre. Qu'est-ce que vous attendez, M. le
ministre?
M. Ryans Disons que je réfléchis.
M. Jolivet: J'y ai bien pensé. J'espère que vous ne
ferez pas cela jusqu'à minuit. En vertu du règlement, vous avez
20 minutes.
M. Ryan: J'essaie de vous aider.
M. Jolivet: Dans quel sens?
M. Ryan: Tout d'abord, le député de Laviolette a
évoqué fort opportunément le jugement rendu
récemment par la Cour d'appel dans la cause du régime
pédagoqique. C'est un jugement qui a donné raison à la
position gouvernementale une fois de plus depuis l'avènement du
gouvernement actuel, évidemment. Ce jugement de la Cour d'appel a
conclu, sans l'ombre d'une équivoque, que l'autorité en
matière de programme appartenait, dès avant la
confédération, à l'autorité supérieure du
gouvernement. Il a conclu au caractère non fondé des
prétentions mises de l'avant devant le tribunal par les commissions
scolaires protestantes. Cela ne change rien à la ligne de conduite du
ministère parce que nous avons toujours cru que telle était la
réalité.
Les commissions scolaires protestantes viennent d'annoncer qu'elles ont
présenté une requête pour être entendues en Cour
suprême. Il faudrait que la Cour suprême décide de
l'acceptabilité de la requête parce qu'aujourd'hui il y a toujours
un jugement d'acceptabilité qui doit être rendu par la Cour
suprême. Nous allons attendre cette
décision et, ensuite, dans l'hypothèse où une
décision favorable serait rendue par la Cour suprême, une
décision favorable aux commissions scolaires protestantes, il faudra
plaider l'affaire en Cour suprême, et la cause du gouvernement me
paraît bonne dans cette affaire.
Cela nous amène à la situation pratique: Qu'est-ce que
nous faisons demain matin pour l'enseignement de l'anglais au primaire? Au
deuxième cycle du primaire, il n'y a pas de problème.
L'enseignement de l'anglais est déjà autorisé par le
régime pédagogique. Le problème qui se pose à ce
niveau, c'est de faire une meilleure utilisation du temps disponible. Je pense
qu'on est autorisé à considérer que, si l'anglais est
dispensé au deuxième cycle du primaire, selon les méthodes
conventionnelles, c'est-à-dire un certain nombre d'heures par semaine de
manière régulière, routinière, année
après année, au bout du compte, il n'en reste pas tellement de
choses. Il y a des commissions scolaires qui ont décidé de
procéder autrement et de faire un enseignement concentré de
l'anglais à l'intention d'un certain nombre d'élèves.
Parfois, c'est en cinquième année du primaire, d'autres fois en
sixième année. Surtout dans la région que j'ai l'honneur
de représenter à l'Assemblée nationale, il y a quelques
commissions scolaires qui voient à ce que les élèves
passent à travers un certain nombre de matières de base plus
rapidement, d'une manière concentrée, et qu'ensuite ils soient
exposés à un enseignement concentré de l'anglais pendant
une période de deux, trois, quatre, cinq mois. On le fait depuis assez
longtemps. Cela dure depuis trois, quatre ou cinq ans dans certains cas, depuis
assez longtemps pour qu'on ait été capable de faire des
études que j'appellerais longitudinales, c'est-à-dire des
études qui permettent de mesurer l'effet de ces pratiques avec le
temps.
Or, les résultats connus jusqu'à maintenant... J'ai eu
connaissance au cours de la dernière année de résultats
d'études faites à ce sujet à la commission scolaire des
Mille-Îles indiquant que le bilan est très favorable, très
positif. Il y en a à la commission scolaire de
Sainte-Thérèse également.
Une voix: ...
M. Ryan: Oui. Que je suis allé visiter d'ailleurs. Au
niveau primaire, je suis allé visiter la commission scolaire
Sainte-Thérèse, à Sainte-Thérèse, l'an
dernier.
Je pense que l'accent, pour l'instant, doit être mis sur une
pleine et créatrice utilisation des possibilités que
présente le régime pédagogique en ce qui touche
l'appentissage de l'anglais, langue seconde, au deuxième cycle du
primaire. En ce qui touche le premier cycle, nous n'avons pas retraité
l'an dernier, comme le prétend le député de Laviolette.
Nous avons écouté et nous avons considéré qu'il n'y
avait peut-être pas le qenre de consensus qui eût été
souhaitable derrière la proposition qui avait été mise de
l'avant et, comme nous l'avions mise de l'avant à titre de proposition,
vu que le consensus ne nous paraissait pas satisfaisant, nous avons
décidé de réfléchir encore, de continuer à
examiner cette question. La question est toujours à l'examen et,
là, il arrive que le gouvernement a décidé de coordonner
ses initiatives en matière linquistique. Un comité du cabinet a
été créé à cette fin sous la
présidence de la vice-première ministre et ministre des Affaires
culturelles, Mme Bacon. Je fais partie de ce comité à titre de
ministre de l'Éducation. On a demandé à chaque ministre,
ce qui me paraît fort raisonnable, de ne pas instituer d'initiative
à incidence linguistique sans en avoir traité avec ses
collègues du comité de manière que le gouvernement ne s'en
aille pas dans une direction, à propos d'un secteur d'intervention, et
dans une autre, à propos d'un autre secteur, de manière qu'il y
ait une ligne de conduite unifiée et concertée. Le comité
a déjà tenu quelques réunions. Il doit se réunir de
nouveau, je pense, la semaine prochaine. On a demandé à chaque
ministère de faire un rapport de tous les problèmes
rencontrés et de toutes les expériences faites ces
dernières années. C'est au comité que la question sera
examinée au cours des prochaines semaines et, éventuellement, une
décision sera prise à ce sujet. Par conséquent, la
question est sur la glace pour l'instant.
M. Jolivet: Elle ne fond pas.
M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet: La glace ne fond pas.
M. Ryan: La glace ne fond pas dans le coeur de certains.
Maintenant, il y a un autre point qui se pose. Que faisons-nous devant les
demandes qui pourraient nous être soumises? En Chambre, j'avais
reçu une question du député de Laviolette me demandant si
j'avais été saisi d'une demande. Vers les jours où la
question m'a été adressée, j'ai reçu une demande de
la commission scolaire, je crois que c'est Western Quebec. La Commission
scolaire Western Quebec me demande l'autorisation de dispenser l'enseiqnement
de l'anqlais, langue seconde, au premier cycle du primaire pour des raisons
d'expérimentation pédagogique. Pour l'instant, je n'ai pas eu le
temps de faire un examen de cette requête. Nous le ferons quand nous
aurons terminé les choses plus pressées comme la
présentation des crédits, ensuite les décisions
relatives
aux immobilisations. C'est une question sur laquelle nous allons statuer
d'ici à la fin du mois de juin.
Là, il y a le problème des commissions scolaires qui
donnent déjà un enseignement de l'anglais, langue seconde, sans
avoir d'autorisation en bonne et due forme. Ça comprend le Bureau des
écoles protestantes du grand Montréal; je crois que la Commission
scolaire protestante de Val-d'Or est également dans cette situation.
C'est une question que nous examinons attentivement et sur laquelle je ne veux
pas faire de retour en arrière. Le gouvernement précédent
a laissé les choses se faire pendant neuf ans. Avant de prendre une
décision néqative, j'ai prévenu le directeur
général de la CEPGM que c'est une question que je devrai discuter
avec lui. Je l'ai prévenu que cette situation demande à
être examinée loyalement.,
Maintenant, est-ce qu'on me présentera un plaidoyer pour dire que
c'est vraiment une innovation pédagogique qui vaut la peine d'être
considérée et accueillie comme telle? Est-ce qu'on me
présentera un autre plaidoyer? Je ne le sais pas, mais c'est une
question dont nous devrons nous occuper au cours des mois à venir. Je
pense que ça fait le tour du dossier de manière aussi
honnête que j'en suis capable.
M. Jolivet: Combien d'élèves sont touchés
par les commissions scolaires contrevenantes actuellement?
M. Ryan: À part le Bureau des écoles protestantes
du grand Montréal, il n'y en a pas beaucoup. À la Commission
scolaire de Val-d'Or, il y a peut-être une cinquantaine
d'élèves, je ne le sais pas, mais il n'y en a pas beaucoup. Au
Bureau des écoles protestantes du grand Montréal, il y a les
élèves des classes françaises, premier cycle du primaire.
Ça peut comprendre quelques centaines d'élèves. (22
heures)
M. Jolivet: Cela veut dire qu'actuellement, au moment où
on se parle, le ministre utilise toujours le critère de l'innovation
pédagogique, pour accepter au niveau du 1er cycle de
l'élémentaire l'enseignement de l'anglais, langue seconde,
deuxièmement, qu'il préférerait, dans certains cas, au
niveau du 2e cycle l'enseignement intensif, dans la mesure où
l'enseignement intensif n'enlève pas de temps aux autres matières
de la grille-horaire.
C'est dans ce sens-là et c'est pour ça que je faisais
mention de la commission scolaire de l'Asbesterie et que j'avais donné
au ministre un document - je n'ai pas eu de réponse encore - sur ce qui
se passait là-bas. Alors, je voulais juste savoir... et la
réponse m'est donnée ce soir que l'objet qui était en
titre, c'était l'enseignement intensif de l'anglais en sixième
année et que le ministre favorise des choses semblables. M. Ryan:
Absolument.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre a été...
M. Ryan: C'est évident que cela est fait en
conformité avec le régime pédagogique qui autorise une
certaine souplesse dans l'aménagement de la grille-horaire,,
M. Jolivet: Je sais que, voilà quelques semaines
seulement, le 13 mai, une lettre a été adressée à
la présidente de la commission scolaire de Brassard en ce sens que des
enfants, des élèves, seraient illégalement à
l'école anqlaise catholique dans le secteur là-bas, surtout dans
le contexte du conflit qu'on connaît. Est-ce que le ministre a
été saisi de cette demande de vérification?
M. Ryan: Je n'ai pas souvenance d'avoir reçu une
documentation à ce sujet, M. le Président. Je suis au courant,
cependant, du problème qui existe à la commission scolaire de
Brossard, parce que j'ai eu affaire à cette commission, ces derniers
temps. Ces enfants-là ne sont pas dans une école anqlo-catholique
mais dans une école anglo-protestante... franco-protestante, je
crois.
Je crois que le problème, c'est qu'ils sont attirés vers
une école protestante où on leur donne l'enseignement en
''français. Alors, c'est très différent.
M, Jolivet: En fait, quant à la partie des
élèves fréquentant l'école catholique anglaise,
nous avons des doutes sérieux sur le fait que ces enfants satisfont aux
exigences de la loi 101 en matière d'admissibilité à une
école anglaise catholique.
M. Ryan: Ah! je n'ai pas été saisi de ce
cas-là.
M. Jolivet: C'est le comité d'école
Guillaume-Viqnal qui écrivait une lettre, dont une copie vous a
été envoyée, en date du 13 mai dernier. Je comprends que
le ministre me disait tout à l'heure qu'il était bien
occupé, mais il reste quand même que s'il avait la chance de la
voir te plus rapidement possible et de pouvoir donner une réponse pour
une vérification à la demande posée par le comité
d'école...
M. Ryan: Je vais vous dire ce que je vais faire là-dedans,
par exemple, pour ne pas qu'il y ait de malentendu entre nous. Dès que
j'aurai pris connaissance de cette lettre, je vais écrire à la
présidente de la commission scolaire pour lui dire: J'ai
été saisi de cette situation; voulez-vous me dire ce qui en est?
Là, je vais confier à M.
Rodrigue Dubé le soin d'assurer le suivi et j'aurai des nouvelles
rapidement avec ces moyens-là..
M. Jolivet: L'autre question qu'on posait tout à l'heure
au départ... Vous disiez quelques centaines d'élèves. Ce
ne serait pas plutôt quelques milliers d'élèves en ce qui
concerne le nombre d'élèves fréquentant...
M. Ryan: 2000 ou 3000.
M. Jolivet: Ah bon! d'accord. C'est un peu plus qu'une
centaine.
M. Ryan: Plusieurs centaines.
M. Jolivet: Plusieurs dizaines de centaines.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Groulx.
Intégration scolaire
Mme Bleau: Dans un autre ordre d'idées, M. le ministre,
est-ce que notre promesse électorale pour l'âge d'entrée
des enfants à l'école... Je sais qu'à cause des
compressions budgétaires et tout ça on a dû mettre
l'idée de côté, mais est-ce que ça va revenir dans
peu de temps, dans plusieurs années, dans notre deuxième mandat
ou quoi?
M. Jolivet: Ah! à l'élection. Mme Bleau:
À l'élection? M. Jolivet: Â l'élection.
Parfait. Une voix: C'est parfait.
Mme Bleau: Moi, en tout cas, je peux vous dire, M. le ministre,
que j'ai des problèmes avec ça depuis à peu près
trois semaines, avec l'inscription aux écoles. Moi, j'ai au moins quatre
cas, dans mon comté, de parents qui trouvent des raisons
spéciales, naturellement, soit de grandeur, physiques ou mentales pour
dire: Mon enfant doit entrer en première année. J'ai vraiment des
problèmes avec ça.
M. Ryan: Oui. Évidemment, la raison qui nous
empêchait de procéder jusqu'à maintenant tient
essentiellement à la situation financière du gouvernement. C'est
parce que le coût aurait été assez élevé. Au
début, le coût ne serait pas trop élevé. Ce serait
à peu près 7 000 000 $ ou 8 000 000 $ la première
année. Mais, la deuxième année, c'est 7 000 000 $ ou 8 000
000 $ de plus. En troisième année encore et pendant onze ans, ce
serait ainsi.
Après ça, ce serait fini, parce qu'une fois qu'on aurait
intégré toute cette cohorte de jeunes une année plus
tôt, il n'y aurait plus de coûts, ils produiraient plus vite, ils
paieraient des impôts plus vite. On peut faire toute une
démonstration pour établir le bien-fondé d'une mesure
comme celle-là, mais le Conseil du trésor ne calcule pas en
fonction de quinze ans à venir, il calcule en fonction de
l'équilibre de la prochaine année.
Mme Blackburn: Des prochaines élections.
M. Ryan: Non, de la prochaine année budgétaire.
Mme Blackburn: Excusez-moi.
M. Ryan: Il est même parfois assez indifférent
à nos soucis électoraux. Actuellement, les études se
continuent chez nous pour voir s'il n'y aurait pas des moyens d'assouplir au
moins le régime. J'ai demande qu'on examine en particulier la
possibilité d'étudier avec une attention particulière le
cas des élèves qui ont un développement précoce et
qui risquent d'être retardés de manière nocive.
L'association de la douance m'a fait des demandes dans ce sens et c'est une
question actuellement à l'étude chez nous et nous envisageons des
moyens de permettre, pour un certain nombre d'enfants, un cheminement
accéléré dans les premiers stades de l'enseignement
primaire.
Mme Bleau: Moi, je peux...
M. Ryan: II y a une question qui se pose à moi à
l'autre extrême. Je constate une chose, à titre de ministre de
l'Enseiqnement supérieur et de la Science, je constate que les jeunes au
collèqe et à l'université, quand ils sont entrés
trop vite dans les études, beaucoup perdent une année à ce
moment-là, ils ne savent pas trop quoi faire, ils veulent arrêter
pendant une année, ils se posent toutes sortes de questions. Est-ce
qu'on y gagnerait tellement en poussant aussi fort? Aux États-Unis, il y
a un mouvement contraire qui s'amorce depuis un an ou deux. L'autre jour, j'ai
reçu un volume qui m'a étonné: Pourquoi leur faire
commencer l'école trop jeunes? Il y a deux thèses qui
s'affrontent là-dessus et peut-être les difficultés
financières qui nous empêchaient d'agir vont-elles nous donner le
temps voulu pour voir certains facteurs que nous avions aperçus moins
nettement. Mais il faut tenir compte de l'ensemble. Si on prend de l'avance
maintenant pour arriver à des problèmes insolubles à
l'autre bout du tunnel, je pense que cela ne sera pas agir de manière
responsable. Mais là, je pense qu'on est en train de réunir
toutes les données qui nous permettront peut-être, en vue de la
prochaine élection, d'arriver à un début de
réponse.
Mme Bleau: Mais, déjà là, si vous
assouplissiez, je pense, ce serait peut-être encore mieux que de les
faire tous commencer... Par contre, je trouve que ce n'est pas juste pour
certains enfants, parce que certaines écoles font des passe-droits -et
cela se sait, naturellement - et d'autres n'en font pas. On ne peut pas dire
aux enfants d'une commission scolaire de s'en aller dans une autre commission
scolaire parce qu'elle le permet. On a des problèmes avec cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M, Ryan; Déjà, j'ai été attentif
à un certain nombre de cas au cours de la dernière année.
Il y a des cas patents, te ministre a le pouvoir de permettre une
dérogation aux règlements et un certain nombre d'autorisations
ont été données»
Le Président (M. Parent, Sauvé): Terminé?
Merci, madame. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir
un peu sur toute la question des étudiants de la section
française de la commission scolaire protestante. Au moment où la
présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal faisait une
présentation devant la commission parlementaire chargée
d'examiner l'entente du lac Meech, elle faisait état d'une situation qui
était assez préoccupante. Elle nous a tracé un portrait
assez saisissant de ce qui est en train de se passer comme
phénomène dans l'île de Montréal, à cause du
fait que les commissions scolaires étaient catholiques et protestantes
plutôt que linguistiques. Les chiffres qu'elle avançait
étaient les suivants: dans la section française de la commission
scolaire protestante, 50 % des jeunes francophones de cette commission scolaire
seraient des Québécois francophones d'origine. L'explication
simplement, c'est parce que les parents ne veulent pas envoyer leurs enfants
dans les écoles confessionnelles catholiques qui sont moins souples,
plus strictes et marginalisent un peu les enfants. Elle disait que
c'était un des effets pernicieux parce que, finalement, dans ces
commissions scolaires qui, selon l'ordre des choses, sont entièrement
administrées par des anglophones, les conversations dans la cour de
l'école sont plus souvent qu'autrement en anglais. De ce fait, le danger
d'assimilation est beaucoup plus grand et beaucoup plus présent
qu'ailleurs, doublé du fait que, dans ces écoles, on enseigne le
français dès le premier cycle du primaire. J'aimerais savoir quel
est l'état de la situation là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Une enquête a été faite
récemment sur les motifs qui incitent les parents à envoyer teurs
enfants aux écoles françaises du Bureau des écoles
protestantes du grand Montréal. Les facteurs qui motivent tes
décisions des parents sont multiples. Certains, mais minotaires, les
envoient à ces écoles parce qu'on y enseigne l'anqlais dès
le premier stade du primaire, d'autres parce qu'ils ne veulent pas que leurs
enfants soient dans des écoles catholiques et qu'ils croient trouver
dans la Commission des écoles protestantes du grand Montréal des
écoles plus accueillantes en matière de pluralisme religieux et
spirituel, d'autres pour des questions de voisinage parfois, d'autres parce que
l'école protestante française est à côté de
chez eux tandis que l'école catholique serait parfois plus
éloignée, d'autres parce qu'ils croient qu'une meilleure
éducation est dispensée dan3 ces écoles, un meilleur
enseignement. H y a d'autres facteurs également, mais je pense que ce
sont les principaux qui ont pu être révélés par
l'enquête.
La manière dont la question a été adressée
laisse entendre que les parents qui envoient leurs enfants à
l'école protestante française les mettraient en situation
d'anglicisation plus prochaine ou plus probable. Je ne suis pas sûr que
cela soit le cas. Je me souviens qu'à une commission parlementaire, il y
a deux ou trois ans, la députée de Maisonneuve avait
mentionné qu'elle avait son enfant à l'école protestante
française, à Maisonneuve. Elle avait dit que son enfant recevait
un très bon enseignement et la députée de Maisonneuve
n'est pas réputée pour pécher par laxisme en
matière de zèle linguistique ou national. Alors, je pense qu'il
faudrait peut-être surveiller l'association qu'on fait peut-être
encore entre protestantisme et langue anglaise. Une grosse évolution
s'est produite de ce côté-là chez les protestants. C'est
bon à mon point de vue. Pour beaucoup de parents qui envoient leurs
enfants dans des écoles protestantes françaises c'est un peu
l'équivalent de les envoyer dans des écoles neutres, parce que
les écoles protestantes sont des écoles non confessionnelles. Ce
sont des écoles où se donne un enseignement moral religieux
très large, mais qui ont toujours été accueillantes pour
des enfants de diverses confessions et même pour une tonalité
d'enseignement religieux très différente.
Alors, nous n'avons pas d'inquiétude particulière de ce
point de vue-là. C'est évident que la direction du PSBGM est
davantage anglaise, mais Dieu sait que l'ancien directeur
général, M. Fox, était un homme fort au point de vue
français. Le directeur actuel, M. Robinovitch est un
homme qui s'exprime fort convenablement en français. Il y a
encore du progrès à faire, je pense, au point de vue de la place
du français dans toutes leurs affaires. Mais je pense qu'ils ont fait
des pas énormes ces dernières années et je ne vois pas de
péril d'anglicisation pour les enfants qui sont là. Je suis
allé visiter l'école dont parlait la députée de
Chicoutimi, dans Maisonneuve, et le spectacle auquel j'ai assisté a
été celui d'une école franchement française.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé);
Madame.
Mme Blackburn: Ces enfants se retrouvent finalement dans la
même situation que les francophones dans l'école française
au Manitoba, à Edmonton exactement, la même situation où
l'école est à peu près française, mais l'ensemble
est géré évidemment par le secteur anglophone. Ce qu'on me
dit, par rapport à la section française du Bureau des
écoles protestantes du grand Montréal, c'est que les
communications internes sont souvent déficientes, plus souvent
qu'autrement en anglais. Autrement dit, c'est un environnement qui est
anglophone et, évidemment, dans les salles de cours, on peut penser
qu'il est français. Là, on estime que c'est 50 %
francophones-allophones, Québécois d'origine française et
allophones. Je ne sais pas si c'est un lapsus - il faudrait que je revoie les
galées - le ministre a dit: On peut penser que cela pourrait avoir comme
effet de hâter l'assimilation ou peut-être de la provoquer...
M. Ryan: La rendre plus probable. (22 h 15)
Mme Blackburn: De la rendre plus probable. J'ai l'impression que,
pour lui, le terme est là, cela va être l'assimilation. Si on
continue à ne pas être plus vigilants qu'on ne l'est actuellement,
cela va poser des problèmes, d'autant plus qu'on enseigne l'anglais au
premier cycle du primaire dans ces écoles, comme le ministre nous l'a
fait remarquer tout à l'heure. Les quelque 3000... Combien y a-t-il
d'élèves au total dans la section française?
M. Rondeau: 7000 ou 8000: environ 7500, je pense.
Mme Blackburn: La présidente de l'alliance me disait
également qu'il y avait un autre problème qui se
présentait dans des écoles de la CECM. À la section
française, on se retrouve avec 80 % d'allophones, ce qui n'est pas
dramatique en soi, sauf que la langue dans la cour de l'école est
l'anglais. La langue de communication commune que les petits Vietnamiens,
Chinois et toutes les races mélangées peuvent comprendre, c'est
l'anglais. A-t-on eu connaissance du phénomène et est-ce que cela
a de quoi nous préoccuper ou si, simplement, cela non plus n'est pas
préoccupant? Cela fait seulement hâter un peu plus l'assimilation
ou la rendre plus probable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Dans l'école que je suis allé visiter
à Maisonneuve, j'ai trouvé un personnel enseignant qui
était très engagé du côté français. Je
n'ai pas vu, en tout cas, ce genre d'atmosphère dont a parlé la
présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal. Je ne veux
pas mettre en doute sa sincérité, mais j'aime autant me fier aux
impressions que j'ai recueillies qu'à celles qu'elle a pu recueillir
elle-même. Pour être franc, jusqu'à nouvelle information,
jusqu'à plus ample informé, ce n'est pas du tout l'impression que
j'ai eue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Blackburn: II faudrait peut-être que le ministre lise
l'avis du Conseil de la langue française là-dessus.
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, il y a
une intervention de Mme la députée de Jacques-Cartier. Mme la
députée.
Mme Dougherty: Oui, je m'excuse. Une question sur l'implantation
de nouveaux proqrammes dans les écoles secondaires. Je sais que...
M. Jolivet: M. le Président, seulement une minute, parce
que...
Mme Dougherty: Je m'excuse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
Mme...
M. Jolivet: Oui, je veux seulement poser une question de
règlement. M. le Président, on parlait de la question de
l'anglais et de ces choses-là. Je n'ai pas objection que madame arrive,
mais c'est que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): On y reviendra
après.
M. Jolivet: Non, mais c'est parce qu'il y a des gens qui sont
à la table, ce ne sont pas les mêmes qui sont là et je
voudrais
terminer ce sujet. II me semble qu'on s'était dit qu'on viderait
un sujet avant de passer à l'autre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, Mme la
députée de Jacques-Cartier a demandé la parole.
Mme Dougherty: J'ai deux heures pour poser ma question»
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non,
écoutez, madame, c'est votre*,»»
M. Jolivet: Non, ce n'est pas cela, je pose seulement la
question, parce qu'on s'était donné un mode de travail en disant:
On donne le sujet de départ, on le discute, on le vide et, après
cela, on passe à autre chose. Je n'ai pas d'objection qu'elle vienne
là, mais je veux seulement dire que des gens feront du va-et-vient. En
tout cas... C'est pour les besoins de la cause, M. le Président, j'ai
encore des questions sur le même sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier, cédez-vous votre droit de
parole ou si vous y tenez?
Mme Dougherty: Comme vous voulez, c'est votre choix.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier, je vous reconnais.
Mme Dougherty: D'accord. La question porte sur l'implantation de
nouveaux programmes, en particulier dans le secteur anglophone. Je sais que,
depuis plusieurs années, il y avait des retards à cause de
délais de traduction, etc. Cette situation a créé une
certaine incertitude et des frustrations dans les écoles du secteur
anglophone. J'aimerais demander au ministre si la situation est maintenant
suffisamment stabilisée et claire afin de permettre un engagement ferme
du ministère auprès des commissions scolaires pour qu'elles
puissent planifier l'implantation des nouveaux programmes d'une façon
cohérente et efficace.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. te
ministre.
M. Ryan: Si vous n'avez pas d'objection, je vais demander
à M. Morand qui est le directeur des programmes de nous présenter
d'abord un tableau d'ensemble de la situation, ensuite, nous pourrons examiner
les choses qui doivent être envisagées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. M.
Morand.
M. Morand: Effectivement, Mme la députée, au cours
de 1980, 1981, 1982 et même 1983, nous avions pris un certain retard dans
la traduction des programmes, des guides pédagogiques et même
aussi du matériel didactique. Au cours de l'année 1984 nous avons
convenu avec le secteur anglophone, avec le groupe qui le représente
aussi efficacement, le curriculum responsable, d'un calendrier spécial
d'application des programmes d'études pour le secteur anglophone, lequel
calendrier a été révisé en 1985, Donc, nous avons
convenu, je pense depuis deux ans, avec le secteur anglophone d'un calendrier
d'application pour ce secteur et du fait même, nous avons retardé
l'application du régime pédaqogique et on a retrouvé, dans
le régime pédagoqique de cet automne, la confirmation que le
secteur anglophone avait jusqu'en 1991 pour appliquer certains de ces
programmes d'études. Le régime de sanction des études
s'est aussi adapté à cette décision. C'est un calendrier
publié depuis l'an passé et que tout le secteur anglophone a
entre les mains. On le révise chaque année par l'instruction
annuelle avec les représentants du secteur anglophone. Je pense que tout
le domaine des traductions est aussi en bonne voie d'être
réalisé.
Mme Dougherty: Alors, l'horaire est fixé, maintenant, et
il n'y aura pas d'autres changements, parce que la planification a
été très très difficile; la préparation, le
perfectionnement des maîtres, n'est-ce pas?
M. Morand: Le calendrier a été convenu avec les
représentants du curriculum responsable à moins de
problèmes majeurs... Mais pour 1986-1987 il n'a pas été
changé. Il est révisé chaque année quand
même, comme on le fait pour le secteur francophone. Il se peut qu'il se
présente un problème majeur, sauf que l'année finale est
quand même 1991. Donc, nous avons très peu de chances
qu'interviennent des changements dans ce calendrier fixé d'un commun
accord.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. Merci,
madame. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, j'ai...
M. Ryan: M. le Président, une remarque additionnelle. Tout
d'abord, il y a le fait que nous avons une équipe de cadres anglophones
mieux constituée maintenant. Comme je l'ai dit dans mon exposé ce
matin, nous avons une douzaine de personnes, maintenant, dont la plupart sont
des professionnels et cela va nous permettre d'avoir de meilleurs contacts avec
tes ressources disponibles dans les
commissions scolaires protestantes et catholiques, avec les ressources
anglophones. On va pouvoir les associer davantage au travail sur les programmes
dès le stade de la conception plutôt que d'arriver avec une
affaire faite et après cela leur dire: On va essayer de faire traduire
cela, avec tous les arias que cela peut comporter. De ce côté, je
pense qu'on s'en va vers une intégration beaucoup meilleure. Le grand
défaut des quinze dernières années, c'est qu'on avait
à toutes fins utiles séparé les anglophones des
francophones. Ils ne participaient plus à rien. "They were only at the
receiving end of the line. We want to have them earlier". Deuxièmement,
dans les quelques sommes que nous avons réussi à mettre de
côté pour des choses nouvelles, il y a un montant de 400 000 $ qui
va aller pour amplifier le travail de ce côté et pour
accélérer le processus du travail d'adaptation et de traduction
des programmes pour qu'on avance un peu plus vite dans l'échelle. Je
pourrai remettre aux députés, si cela les intéresse, un
calendrier complet de tout ce qui est prévu au eours de la
période mentionnée par M. Morand. Pour chaque programme, on dit
où on en est, ce qui est à envisager et ce qu'il reste à
faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Quelques petites questions avec des réponses
rapides, je l'espère, concernant les écoles protestantes qui
donnent des services au secteur francophone. On sait qu'il y a un mouvement qui
s'était formé contre le secteur français dans les
commissions scolaires protestantes. À Lakeshore en particulier, les
parents anglophones se sont mobilisés contre les intentions de la
commission scolaire de déplacer les élèves dans une
école secondaire éloignée, alors que les écoles
primaires anglaises sont sous-utilisées. Vous avez aussi le cas de la
Commission des écoles protestantes du grand Montréal où
les parents francophones se plaignent du fait que la commission scolaire ne
fournit pas de version française de ses documents, qu'ils ont peine
à recevoir les services en français et qu'ils manquent de
ressources, que ce soit en locaux, en matériel didactique, en personnel
professionnel non enseignant pour le secteur français. La commission
scolaire de son côté a comme argument, comme moyen de se
défendre, qu'un manque de ressources explique certaines lacunes dans les
services du secteur français. Si je prends l'exemple de Lakeshore en
particulier, avec toute la question de Beaconsfield et de Dorion Garden
où actuellement on parle de rénovations ou de propositions qui
ont été faites dans ce sens, on s'aperçoit qu'à
Dorion Garden on va même aller jusqu'à 1 000 000 $ ou 1 400 000 $
en demande de rénovations. On veut mélanger les secteurs
français et anglais, un peu dans le sens qu'on a connu avec la
proposition de Brossard. À Beaconsfield, il y a un statu quo de
prévu pour 1987-1988, mais pour 1988-1989 aucune solution. Vous avez en
même temps une école publique qui est louée, semble-t-il,
au privé pour les Allemands, Oakridqe à Baie-d'Urfé, ce
qui amène certaines difficultés. Je suis sûr que le
ministre est bien au courant de ce dossier, ou du moins ses acolytes.
J'aimerais qu'il m'en glisse un petit mot pour savoir quelle est la position
qu'il prend dans ce dossier. Est-ce un dossier du même genre que Brossard
où il était intervenu en faveur, d'après les gens de
là-bas, du secteur anglais''
Une autre question qui surgit aussi, c'est: La commission scolaire
Laurenval avait prévu fermer son école Western Laval High School
afin d'économiser, aux dires du ministère, 500 000 $, mais
finalement, semblerait-il - nous l'apprenions dernièrement - qu'elle ne
la fermera pas. On se demande où on a pris l'argent, parce qu'à
un moment donné le ministère parle de récupérer des
montants d'argent pour mieux les investir, alors qu'on se retrouve au moment
où on se parle avec une école qui, à la demande du
ministère, devait être fermée pour 500 000 $ et qui se
retrouve cette année encore ouverte. Elle continue à être
ouverte et on ne parle plus de la fermer maintenant.
Tout à l'heure, je posais au ministre une question au sujet d'une
école éloignée sur la Côte-Nord. On parlait d'une
économie de 90 000 $ d'un bord et d'un investissement de 40 000 $ sur
ces 90 000 $ pour maintenir celle-ci ouverte pendant un an sans que personne ne
soit dedans, puis le ministre m'a donné des réponses totalement
différentes. Je ne comprends pas la logique du ministère dans un
dossier où, semblerait-il, il y a eu des représentations faites
par la ministre des Affaires culturelles - ce sont des rumeurs qui circulent -
visant à éviter au ministère cette économie. Au
contraire de ce qu'elle devrait faire normalement, soit de permettre
l'économie, elle a empêché cette économie-là
en demandant que l'école demeure ouverte, au détriment des 500
000 $ que l'on pouvait récupérer. D'un autre côté,
à la commission scolaire Laurenval, on envoie l'ensemble de la
documentation à tous les membres du comité complètement en
anglais et ce, contrairement à la loi 101. J'aimerais savoir de la part
du ministre quelles sont ses positions face à tout ce
méli-mélo dans le secteur franco-protestant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je m'aperçois que le député
de Laviolette, au début de la journée, me reprochait de
m'occuper beaucoup de cas particuliers, mais que, par la suite, il a
passé toute la journée à me soumettre des cas
particuliers. Je le remercie. Il ne m'aidera pas à me corriger de mes
défauts,
M. Jolivet: M. le Président, pour reposer un peu le
ministre. On s'est posé la même question, parce que le
problème que l'on a, c'est qu'il nous a donné le moyen,
justement, de lui poser ces questions., Il est intervenu dans certains cas et
dans d'autres il n'intervient pas. Quand je parle de ses priorités et de
ses modes d'intervention, il s'amène nécessairement avec sur les
épaules ses façons de voir les choses. Il reste quand même
que je dois vous amener ici les plaintes que je reçois et vous demander
d'y répondre, en sachant que vous devriez normalement répondre
à toutes les plaintes. Ce sont des décisions qui appartiennent
aux municipalités scolaires et, par conséquent, je
n'interviendrai pas, mais ce n'est pas la façon dont vous avez choisi de
participer. La preuve en est Brossard où actuellement il n'y a pas de
décision finale de prise, malgré qu'il y ait un rapport de fait
par un de vos enquêteurs qui indique un mélange
francophones-anglophones que les anglophones, d'après les renseignements
que nous avons, refusent totalement. Quand ce sont les anglophones qui le
refusent, on dirait que le ministre est plus prêt à intervenir, et
puis, quand ce sont Ies francophones, on se pose de sérieuses questions.
Permettez-moi quand même de vous indiquer l'absurdité de
l'ensemble de ces situations, dans la mesure où vous décidez
d'agir comme un pompier.
M. Ryan: M. le Président, je devrais d'abord porter
plainte, parce que je commençais à répondre et j'ai
été interrompu sans aucune autorisation de ma part.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez raison,
M. le ministre.
M. Ryan: J'accepte ce sort-là. Il faut accepter bien des
choses de l'Opposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mais vous
n'êtes pas plaignard de nature, M. le ministre.
M. Ryan: Mais, si j'avais été...
M. Jolivet: Question de règlement, M. le Président.
La semaine passée...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Question de
règlement, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais vous
écouter sur une question de règlement. Soyez bien certain que
c'est une question de règlement.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. La semaine
dernière, j'ai laissé passer aussi une chose quand le ministre a
voulu m'interrompre, alors qu'il n'avait même pas le droit de parole sur
une décision qui appartenait à la commission. Moi non plus, je ne
me suis pas plaint, je lui ai simplement demandé de me laisser terminer.
J'ai fait attention en demandants Est-ce que le ministre me permet, pour lui
permettre de se reposer un peu, de faire l'intervention que j'ai faite? Donc,
je n'ai pas voulu l'insulter ni l'interrompre indûment.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Je suis
complètement d'accord avec vous, M. le député de
Laviolette. Cela ne prouve qu'une chose, c'est que les députés ne
sont pas plaignards. M. le ministre. (22 h 30)
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryans M. le Président, comme on disait en latin autrefois,
"quibus dictis", ces choses étant dites, je vais continuer mon rapport.
Les situations dont a parlé le député de Laviolette ne
m'ont pas laissé plus indifférent que les autres auxquelles il a
fait allusion. Dans le cas de Lakeshore, je signale qu'aucune décision
n'a été prise à ce jour. Les qens se sont rendu compte
là-bas qu'il y avait une situation délicate. Aussi longtemps
qu'ils n'ont pas pris de décision et qu'ils cherchent des solutions par
des moyens qui semblent appropriés, je n'ai pas de raison de leur
envoyer un enquêteur ou un émissaire spécial, mais je peux
vous dire que j'ai demandé à mon conseiller en matière de
relations avec les communautés ethniques, la communauté
anglophone et d'autres questions, comme je l'ai dit ce matin, M- Jeff Polenz,
de suivre de près la situation à la commission scolaire de
Lakeshore. Avec la permission des députés, j'aimerais que M.
Polenz fasse le point sur cette situation.
Dans le cas de l'école Saint-Paul de Sept-îles, je crois,
qu'a soulevé le député de Laviolette, j'ai demandé
au ministère de suivre de près cette situation et M. Rondeau sera
en mesure d'apporter les précisons que requiert le député.
Je veux l'assurer que nous suivons toutes ces situations avec un oeil vigilant.
Personne n'échappe à notre vigilance. Quand les citoyens nous
saisissent de situations, nous sommes obligés de les écouter,
comme je l'ai dit ce matin. Si vous n'avez pas d'objection, M. le
Président, j'aimerais que M. Polenz résume la situation.
Évidemment, comme c'est une commission scolaire qui oeuvre sur le
territoire de la députée de Jacques-Cartier, je présume
que
cette dernière voudra aussi nous faire part de ses informations
sur le sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, M. le
ministre. M. le député, avant de donner le consentement,
allez.
M. Jolivet: Simplement, je ne voudrais pas que le ministre oublie
la deuxième partie de ma question qui concerne l'obligation pour les
commissions scolaires de fournir aux gens la documentation en
français, alors qu'actuellement, à Laurenval et dans d'autres
quartiers, on ne la fournit même pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a
consentement pour M. Polenz.
M. Ryan: Je pourrais répondre tout de suite à la
deuxième partie de la question et on en aura fini avec moi pour ces
choses-là.
J'aimerais que le député me saisisse de faits. Si, par
exemple, cette commission scolaire adresse sa documentation à ses
membres uniquement en langue anglaise, si le député voulait me
faire parvenir... Que les commissaires concernés ou les personnes qui
l'ont informé m'adressent des exemplaires de cette documentation et nous
y verrons.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Polenz.
M. Polenz (Jeff): Merci, M. le Président. Les
renseignements que nous avons reçus dans le cas de Lakeshore, c'est que
la commission scolaire a essayé de trouver une solution convenable pour
son secteur francophone. Dans le cas actuel, la commission scolaire de
Lakeshore a essayé d'ouvrir une école française dans
l'école secondaire Riverdale avec les garanties que ce secteur soit bien
séparé des élèves anglophones. De plus, la
commission scolaire est en train de négocier avec les parents
francophones pour que ce regroupement à l'école secondaire
Riverdale soit fait avec des garanties qui conviennent au secteur francophone.
Donc, on attend des développements plus concrets dans les jours qui
viennent. Ce que nous attendons, c'est que la grande majorité des
parents impliqués appuient ce geste de la commission scolaire et soient
prêts à accepter la solution proposée par la commission
scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que c'est
arrivé dernièrement, M. Polenz?
M. Ryan: Est-ce que c'est récent?
M. Polenz: Oui.
M. Ryan: Quand?
M. Polenz: Il y a à peu près une semaine.
M. Jolivet: L'autre partie, Dorean Gardens et Beaconsfield sur la
question du niveau primaire?
M. Polenz: La commission scolaire de Lakeshore est en train de
formuler une demande à la direction générale pour que
l'école élémentaire Dorean Gardens soit ouverte comme une
école française. Actuellement, l'école Dorean Gardens est
fermée. Donc, dans le cadre des projets d'immobilisation pour 1988-1989,
ce projet doit être examiné par la direction régionale.
M. Jolivet: Moi, selon ce qu'on me dit, si on prend Beaconsfield,
c'est qu'il y a statu quo pour cette année; il n'y a pas de
problème. C'est pour l'année prochaine, le problème, en
1988-1989. Vous avez raison de dire qu'ils demandent qu'en 1988-1989 on fasse
des rénovations pour environ 1 000 000 $ ou 1 400 000 $. 1 200 000 $ ou
1 400 000 $ pour la rénovation de Dorean Gardens, où on
prévoit envoyer à la fois des francophones et des anglophones, ce
que les parents refusent. Entre-temps, ils disent: II y a une école du
secteur public qui est louée au privé; Oakridge est louée
au secteur allemand actuellement, à Baie-d'Urfé et pourrait
être utilisée pour régler le problème. Mais on me
dit que cela n'est pas touchable. Les gens comprennent mal que des biens
publics soient loués à une école privée, alors que
des enfants seraient envoyés dans une école rénovée
où il y aurait le secteur français et le secteur anglais en
même temps.
M, Polenz: À ma connaissance, la commission scolaire de
Lakeshore examine l'ensemble des possibilités, soit l'école
Oakridge à Baie-d'Urfé, soit l'école Dorean Gardens, soit
encore l'école secondaire Riverdale. À notre connaissance, pour
1987-1988, il semble que l'école secondaire Riverdale va loger les
élèves du secteur francophone à partir de cette
année-là. Cela veut dire que, pour 1988-1989, la commission
scolaire de Lakeshore doit examiner les autres possibilités.
M. Jolivet: Je veux simplement, M. le Président, reprendre
une partie des propos du ministre de cet après-midi, quand il disait que
des enfants allaient être obligés de voyager sur des grandes
distances. Est-ce qu'il est réel de penser que le transfert en autobus
serait de 80 kilomètres par jour, alors que le ministre parlait de 15
kilomètres comme étant très loin pour lui? Non? 80
kilomètres, c'est sûr que ce n'est pas un aller simple. C'est
l'aller et le retour, 80 kilomètres par jour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que c'est
possible, M. Polenz, que des enfants aient à être
véhiculés sur une distance de 80 kilomètres, aller et
retour, tous les jours?
M. Polenz: 80?
Le Président (M. Parent, Sauvé): 80
kilomètres. Cela fait 50 milles.
M. Jolivet: Est-ce qu'ils sont voyagés quatre fois par
jour, matin, midi et soir?
Des voix: ...
M. Jolivet: D'accord.
Mme Dougherty: Je pourrais ajouter quelque chose, M. le
Président, sur la situation de Lakeshore.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À cette
situation-là? Comme un point d'éclaircissement?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Dougherty: J'aimerais ajouter aux commentaires de M. Polenz.
parce que c'est dans mon comté. Au moins ta moitié de la
commission scolaire de Lakeshore est dans mon comté. Je crois que
Lakeshore essaie de rationaliser les ressources face à une explosion de
demandes pour de l'enseignement en français. J'ai rencontré les
parents. J'ai suivi la situation de près. Je crois que, si on juge la
situation uniquement par les articles dans la presse, on a un portrait un peu
distordu de la situation. Ce n'est pas aussi mauvais qu'on le pense. La
commission scolaire est raisonnable. Les parents sont raisonnables. La
situation est un peu difficile. Il y a des inconvénients. Tout le monde
essaie de s'accommoder face à la situation. J'ai confiance aux
autorités locales et aux parents qui vont s'entendre sur une solution
raisonnable. C'est aussi simple que cela. Ce n'est certainement pas une
situation où le ministre doit intervenir. De plus, je pourrais vous dire
que même les parents qui se plaignaient à haute voix ont dit que
la qualité de l'éducation en français à Lakeshore
était "de première classe". Alors, il n'y a jamais eu de plainte
sur la qualité de l'éducation, c'est simplement une question
d'accommodement.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le même sujet?
M. Jolivet: J'en ai une.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Simplement pour dire que, contrairement à ce
qu'a pu penser la députée de Jacques-Cartier, ce sont des
communications que j'ai eues avec les personnes concernées. Qu'elle ne
vienne pas dire que je me fie seulement aux journaux. Effectivement, la
question était pertinente. Quand la personne dit que son enfant qui va
au primaire doit faire une heure et demie d'autobus par jour, je pense que ce
n'est pas conter des blagues. Quand je fais une heure et demie d'autobus par
jour, c'est fort possible que je fasse 80 kilomètres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
Mme la députée de Châteauguay...
Mme Cardinals M. le Président, laissez-moi... Oui?
M. Ryan: Justement, il y avait le cas de l'école
Saint-Paul. Je pense qu'on a donné des éléments de
réponse ce matin. Peut-être que M. Rondeau pourrait résumer
brièvement pour que cela figure au dossier.
M. Rondeau: M. le Président, le député de
Laviolette mentionnait que fa commission scolaire de Sept-îles fermait
l'école Saint-Paul, alors qu'il y avait un investissement d'à peu
près 1 000 000 $ qui avait été consenti. Effectivement, un
montant de 1 000 000 $ a été accordé en 1980 ou 1981 pour
les Jeux du Québec et la plus grande partie de cet argent a
été consacrée à la construction d'un gymnase. Ce
qu'il faut savoir aussi, c'est qu'au moment où le montant a
été accordé à ta commission scolaire celle-ci
s'était opposée au choix de l'école Saint-Paul. Cela a
été une décision du ministre à ce moment-là
d'imposer le choix de Saint-Paul plutôt que celui d'une autre
école. L'école ferme pour 1987-1988 et le montant de 40 000 $
auquel a fait allusion le député de Laviolette est celui qui est
accordé pour une école de cette superficie pour les espaces
excédentaires. Donc, cela couvrira à peu près les
coûts du chauffage et d'un entretien minimum pour éviter que
l'édifice ne se détériore.
Il y a eu une offre de la ville de Sept-îles pour acquérir
l'école, mais à des conditions que la commission scolaire n'a pas
jugées satisfaisantes. Compte tenu de la situation économique qui
prévaut actuelle-
ment à Sept-îles, il a été convenu de
reporter la décision d'aliéner l'immeuble à un peu plus
tard avant de savoir comment va évoluer la situation de Sept-îles.
Je pense que cela complète l'information pour l'école
Saint-Paul.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Mme la députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. J'aimerais faire
part de mes préoccupations à M. le ministre en ce qui concerne
les enfants surdoués. C'est un problème auquel nous devons faire
face, puisque ces enfants ont de la difficulté d'adaptation dans les
cours réguliers de nos écoles. Assez souvent ils perdent
intérêt, ils perturbent les cours et, à long terme, ratent
même leur vie, parce qu'ils n'ont pas ce stimulant qui fait qu'ils
pourraient s'épanouir vraiment dans leurs possibilités.
Je sais que c'est un problème qui dure depuis quelques
années. On s'est penché sur ce problème pour essayer d'en
améliorer certains aspects, mais je pense qu'il y aurait
énormément de solutions qu'on pourrait regarder pour
améliorer la situation des surdoués dans nos écoles
régulières. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Nous sommes conscients de cette situation. Il y a
tellement d'aspects de la situation des élèves qui sont
actuellement à découvert qu'il faut y penser deux fois avant de
mettre les priorités d'un côté. J'ai parlé du
problème des élèves en difficultés d'adaptation et
d'apprentissage. C'est le problème numéro un à mon point
de vue. Il y en a 125 000 déclarés dans le système. Avant
que nous ne soyons venus à bout de ce problème-là de
manière convenable, il y a pour plusieurs années de travail. Il y
a l'adaptation aux problèmes qui émergent à la suite des
changements dans la composition de la population, surtout dans
l'agglomération de Montréal, des problèmes
considérables auxquels nous commençons à peine à
faire face.
Celui de la douance m'avait été posé quand nous
sommes arrivés au pouvoir, par M. Morand et ses collègues. Je
leur ai dit que je préférais prendre un peu de recul, que nous
accumulions de la documentation là-dessus, que nous examinions
attentivement les autres problèmes auxquels nous faisons face. Pour
l'instant, cela demeure la position du ministre là-dessus. M. Morand a
participé récemment, au nom du ministère, à un
colloque qui a été tenu sur ce thème-là. Nous
encourageons les commissions scalaires. Il y en a qui font des
expériences très intéressantes actuellement. Nous les
encourageons, nous les soutenons, mais pour le moment nous n'avons pas
envisagé de mettre des ressources spéciales sur ce
problème-là en 1987-1988. (22 h 45)
Comme je l'ai indiqué ce matin, nous allons faire avancer le
dossier au ministère en collaboration avec les commissions scolaires.
S'il y a lieu, à la suite d'un examen plus poussé de ce dossier,
nous pourrons peut-être envisager des mesures spéciales pour
1988-1989.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Madame, c'est terminé? Merci. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Nous passerions à un autre sujet, M. le
Président, dans le programme, l'intégration scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M, Jolivet: Je veux être rapide parce que, sur ce dossier,
le ministre a déjà annoncé pas mal de choses. Il a aussi
posé pas mal de gestes. Si on cite des cas qui sont un peu plus
litigieux, d'abord, évidemment, celui de Jonquière. La
régionale de Lapointe, comme les trois commissions scolaires, est pour
l'intégration sur la base des trois commissions. On sait tout ce qui
arrive comme conflit dans le dossier, mais on a de la part de la population,
comme on l'a dit lors des questions à l'Assemblée nationale, un
mouvement très fort en vue de la fusion.
Il y a tout le dossier de la commission scolaire Montcalm, ta fusion
avec Chauveau et avec la Commission des écoles catholiques de
Québec ou la commission scolaire de Taillon, Lapointe,
Louis-Hémon, en fait tout le dossier des Vieilles-Forges. Voici la
question que je peux poser au ministre. Il y a un peu répondu, mais je
veux savoir où on va aller avec tout cela parce que, d'une
manière ou d'une autre, s'il conserve toujours sa règle de
l'unanimité... Et si on reqarde un peu ce qui s'est passé
à Jonquière, on peut dire qu'il était allé à
l'encontre de cette règle, malgré que, peut-être, il avait
raison. Je ne veux pas dire qu'il a tort ou pas raison, mais est-ce que le
ministre va un jour décider qu'assez c'est assez? Est-ce qu'il va
falloir qu'il garde toujours son principe de règle d'unanimité ou
de forte majorité - je ne sais pas comment on peut l'appeler - ou s'il
va décider de dire: Oui, d'accord, à partir de telle date, le
processus va s'enclencher une fois pour toutes?
Il y a des exemples un peu où, quand le ministre prend une
décision et qu'il donne aux commissions scolaires, on s'engage, comme on
dirait en québécois, à aller finalement vers la
décision qui est prise. Il y a
parfois des gens qui n'attendent que cela. Pendant tout ce temps, ils
gargouillent autour du sujet et ils grenouillent. En fait, on les voit agir.
Pour éviter que cela se continue pendant encore un an, deux ans, le
ministre peut-il nous dire s'il a l'intention de présenter une
politique, un projet de loi quelconque qui nous permettrait de le régler
pour 1988-1989 en se donnant encore l'année qui vient? D'année en
année, il nous dit qu'il reporte sa décision. Mais est-ce qu'il
va prendre la décision d'arrêter de la reporter et de prendre une
vraie décision?
M. Ryan: J'hésite beaucoup entre le respect que je porte
à l'autonomie des commissions scolaires et le souci de
l'intérêt plus large qui pourrait nous inspirer d'agir dans des
situations comme celle-là. Jusqu'à maintenant, nous avons nourri
et pratiqué un préjugé favorable pour l'autonomie des
commissions scolaires, c'est-à-dire de leur pouvoir d'initiatives en ces
choses. Dans le cas de la régionale Lapointe, nous avons
été en face d'une situation qui mettait en cause le pouvoir de
décider du ministre. Autant l'initiative appartient aux commissions
scolaires, autant l'approbation relève du ministre.
Ce n'est pas parce que trois commissions scolaires ont
décidé d'intégrer leurs enseignements primaire et
secondaire que le ministre va se sentir obligé d'acquiescer à
leur désir. Il faut que le désir des commissions scolaires
s'appuie sur une volonté sérieuse d'assurer une qualité
élevée de l'éducation dans les futures commissions
scolaires intégrées. II faut qu'on ait des garanties qu'une
qualité de services sera maintenue, en particulier au secondaire. Il
faut aussi qu'on ait des garanties raisonnables que cela réponde au voeu
de la population. Surtout dans une période comme celle où nous
sommes, à terminer la dernière année d'un mandat de
commissaires élus qui a été prolongé un peu
artificiellement par une décision du gouvernement. Ce n'est pas le
moment de prendre des décisions quand elles sont très
contestées. Dans certains milieux, nous avons dû enregistrer des
mouvements de contestation très importants, en particulier à
Jonquière.
J'ai demandé à la commission scolaire de Jonquière
et aux trois commissions scolaires concernées d'attendre que leurs
élections aient eu lieu. Qu'elles fassent leurs élections en
novembre, qu'elles nous parlent de cette chose ensuite. Je pense qu'elles se
rendent compte, aujourd'hui, que c'était une affaire bien raisonnable.
Je leur ai dit, de toute manière, qu'il n'y aurait pas d'approbation
avant cela. C'était clair.
Devrait-on aller plus loin qu'on va actuellement, même pour
l'année 1987-1988? Nous respectons la volonté des commissions
scolaires. Voici pourquoi ça prend l'unanimité. Ce n'est pas
parce que... Moi, je pourrais donner l'approbation s'il y en a trois sur quatre
qui sont favorables. Je peux le faire. Il n'y a rien qui m'en empêche.
C'est parce qu'il faut disposer des actifs et des personnels. Là, il
faut une entente entre les commissions scolaires concernées. C'est
là que ça accroche. Si on n'est pas capable d'avoir entente
là-dessus, il ne peut pas se faire d'intégration. C'est dans ce
sens que, à toutes fins utiles, la règle de l'unanimité
prévaut de facto.
Y aurait-il lieu d'envisager autre chose à supposer que ça
traîne trop? Peut-être. Mais il faut se poser également la
question: L'objectif de l'intégration est-il un objectif
mathématiquement impérieux au point qu'il faille absolument
décider que, à compter de l'été de 1988, par
exemple, ce sera fini, la règle de l'unanimité? Je ne le sais
pas. Je me dis: II faudrait fermer cette page. Ça me fatigue que
ça traîne dans le paysage. Mon instinct serait plutôt de
dires On va se fixer une date et, après cela, on prendra les moyens
voulus pour que ça se règle. J'aime mieux qu'on se donne un peu
de délai de réflexion parce que je me trouverais à entrer
dans le terrain qui a été considéré comme faisant
partie, jusqu'à maintenant, du terrain de l'autonomie des commissions
scolaires. Je veux y penser comme il faut, avoir l'écoute du milieu.
Mais je signale que ça crée des situations injustes pour
certaines commissions scolaires. Je connais des régions où quatre
commissions scolaires voudraient s'intégrer et la cinquième
commission scolaire faisant partie de la régionale ne veut pas entendre
parler * d'intégration pour aucune considération. Est-ce qu'on va
donner à cette commission scolaire un droit de veto éternel sur
le droit raisonnable, que les autres commissions scolaires nourrissent, de
procéder à leur intégration? C'est la question qui nous
est posée par un certain nombre de situations qui persistent dans
plusieurs territoires encore.
Nous avons préféré nous accorder une autre
année dans l'espoir que le processus d'intégration continuera de
progresser par les voies de la libre adhésion des commissions scolaires
concernées à des projets susceptibles d'être acceptables
à leurs yeux.
M. Jolivet: Simplement pour dire au ministre...
M. Ryan: J'aimerais connaître l'avis du
député de Laviolette là-dessus. Cela me serait très
utile.
M. Jolivet: Simplement pour dire au ministre que, d'abord, au
chapitre du principe d'unanimité qu'il a demandé, on
s'aperçoit que c'est au ralenti. Le ministre a raison quand il dit qu'il
y a des commissions scolaires qui peuvent bloquer parce que, sous
le principe d'unanimité, il reste le point de vue et ça ne
change pas. On en a dans le Québec et ça occasionne certaines
frictions chez les gens et même ça va plus loin, car les gens
disent: Au moins si on me donnait les indicatifs nécessaires, je
pourrais peut-être faire la preuve que le ministre me demande au plan de
la viabilité économique, la viabilité pédagogique.
Mais ils disent: Comme je n'ai pas les chiffres dont j'ai besoin, avec qui
pourrai-je parler? Si le ministère, par le service du bureau
régional ne leur donne pas, à la direction
générale, les moyens nécessaires de faire la preuve, ils
ne pourront jamais la faire.
Donc, ce sur quoi on s'en va, c'est sur des cas récalcitrants, si
on peut appeler cela ainsi. Il va falloir qu'un jour le ministre se
décide. Mais mon problème, c'est que le ministre, à tous
les ans, à chaque fois que je lui en parle, me répète de
six mois en six mois qu'il réfléchit. Il ne sait pas quelle
position prendre. Je veux juste savoir si vraiment sa réflexion est au
point. Mais là, il me dit qu'elle est encore la même que quand je
l'ai rencontré au mois de janvier 1986 et elle est la même qu'au
mois de juin 1986. En fait, je le lui demande à tous les six mois,
à tous les quatre mois et il me dit toujours la même chose. Je
comprends que, là, il va falloir un jour ou bien que sa décision
se prenne ou encore qu'il se dise: Ma décision, c'est que ça
reste. On verra après. Mais là, je sais qu'il est
préoccupé comme je le suis, du fait que les commissions scolaires
devraient s'intégrer et donner des services de meilleure qualité
dans l'ensemble du territoire et qu'il va falloir qu'il prenne une
décision.
La preuve de cela, c'est que, quand le ministre a donné
l'indication claire dans ma propre région au moins pour la
Haute-Mauricie, le processus s'est enclenché. En quelques mois, on a
donné - et j'espère que là le décret est
passé comme on le prévoyait.
M. Ryan: II est passé hier.
M. Jolivet: Bon. Bonne nouvelle encore pour moi. Pour vous
dire...
M. Ryan: On fait tout pour vous plaire.
M. Jolivet: C'est ce que les députés de l'autre
côté me reprochent depuis une couple de jours: les ministres me
donnent tout pour me plaire. Ils disent: II est dangereux et nous autres, on
n'a rien. En tout cas. Je vous dis quand même que je suis d'avis qu'il va
falloir, un jour, que vous vous décidiez parce qu'il y a du monde qui
attend votre décision. Le jour où vous allez la prendre, Us vont
s'installer en conséquence. Je l'ai vécu chez moi, et ce qui a
retardé le processus qui aurait dû déjà être
enclenché il y a trois ans dans le cas de la Mauricie et qui aurait
réglé une partie du problème rapidement, c'est le fait que
la loi 3 ait été jugée anticonstitutionnelle et qu'en
conséquence nous avons dû revenir à la case de
départ. Je pense que les gens étaient décidés, le
ministre avait adopté la loi et c'était cela le décret qui
impliquait là-bas... Les gens s'étaient engagés à
procéder et personne ne se posait la question, sauf qu'ils ont
réagi à l'inverse quand ils ont su qu'ils avaient une chance de
ne pas être encarcanés, comme politiciens locaux et non pas comme
représentants de la population qui demandait autre chose que cela. Je
m'arrête pour le moment et je comprends que le ministre n'a pas de
décision de prise, mais je lui demande de la prendre au plus vite.
M. Ryan: II y a quand même une décision qui a
été prise, M. le Président. Nous avons
décidé, pour l'année 1987-1988, que la règle qui a
prévalu jusqu'à maintenant est maintenue. Les conditions
auxquelles nous consentons un projet d'intégration sont plus
précises, plus rigoureuses qu'elles ne l'étaient au début,
l'expérience nous ayant instruits. Par conséquent, je ne voudrais
pas que le député pense qu'il n'y a pas de politique. La
politique de 1987-1988, c'est de maintenir la règle de
l'unanimité pratique qui a existé jusqu'à maintenant.
M. Jolivet: J'aurais terminé sur le dossier, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez d'autres
interventions, M. le député?
M. Joiivet: Nous passerions au dossier de la vente des
écoles, des immeubles et des terrains et je laisserai ma collègue
de Chicoutimi faire le dossier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Aliénation des édifices et des équipements
excédentaires
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je veux traiter de
la question de l'aliénation des immeubles excédentaires et de la
modification qui a été apportée, en juillet 1986, aux
règlements qui régissent la disposition des édifices et
des équipements excédentaires. Par l'introduction d'une
disposition qui permet aux commissions scolaires de déroqer au
rèqlement qui était d'abord de l'offrir aux commissions scolaires
avoisinantes, collèges, universités, aux organismes sans but
lucratif, à la municipalité, la possibilité de
déroger est devenue la règle générale. Selon les
données qu'on a en main, les commissions scolaires, par crainte
peut-être de se voir taxées de
mal gérer, vendent les équipements excédentaires au
plus offrant. Ce n'est pas faute de demandes venant des organismes
comrnunautaires, des organismes culturels ou à vocation sociale. Je vais
essayer de le faire assez brièvement parce que nous avons encore
beaucoup de dossiers. Il faut dire que quand il y a des équipements
excédentaires dans les commissions scolaires, c'est
nécessairement dans des quartiers où la population est
vieillissante. Si le ministre m'écoutait, il pourrait peut-être
être en mesure de me répondre tantôt. Lorsqu'il y a des
équipements excédentaires, ' on reconnaîtra tous ensemble
que c'est généralement dans des centres-villes où la
population est vieillissante, où les besoins ont changé de place;
autrement on n'aurait pas d'immeubles excédentaires, cela va quasiment
de soi. Cela se produit aussi dans des villages qui sont en train de perdre
leur population. Mais, de façon générale, c'est surtout
dans les vieux quartiers, un quartier vieillissant où, tout à
coup, la clientèle se trouve plutôt dans les quartiers
résidentiels. Cette pratique remet en question ce qui était
devenu une tradition chez nous. On estimait que ces équipements
appartenaient à la collectivité parce qu'elle les avait
déjà payés par ses taxes, et surtout à la
municipalité: depuis quand les réseaux scolaires paient-ils des
taxes municipales? 1974, à 50 % de la valeur...
M, Ryan: 1979. (23 heures)
Mme Blackburn: 1979, à 50 % de la valeur; avant, ils n'en
payaient pas. Une simple observation nous permet de penser que ces
établissements, ces écoles désaffectées ou en voie
de l'être appartiendraient, somme toute, aux contribuables, puisqu'elles
étaient sur un territoire sans payer de taxes municipales. Il y a de
plus en plus de ces cas-là où on est en train de vendre au plus
offrant et pour n'importe quelle cause, que ce soit pour des condominiums, des
bureaux, un certain nombre de choses comme celles-là, alors qu'on a, on
le sait, dans nos villes, au Québec, une population vieillissante et
aussi des carences en équipements socio-culturels. On est incapable, on
n'est pas en mesure de payer ou d'être en compétition avec les
entreprises privées, évidemment. Ce qu'invoquent les gens, comme
c'est le cas ici, à Sainte-Foy, comme c'est le cas dans le comté
de Joliette, comme c'est le cas dans mon comté et dans plusieurs autres
comtés, c'est que ces équipements, somme toute, les gens
prétendent les avoir payés, plus particulièrement les
personnes âgées et ceux qui voudraient les utiliser. Qu'est-ce
qu'on fait? On les vend aux plus offrants.
À Chicoutimi, cela a donné lieu au cas suivant. Il y a une
école dans un quartier, je ne dirais pas le plus
défavorisé, mais dans le vieux quartier, en arrière de la
cathédrale, où la population est vieillissante. On a construit un
certain nombre de HLM et de maisons pour les personnes âgées, ce
qui fait qu'elles sont revenues au centre-ville. Cela aurait été
vraiment le lieu, l'endroit, la place pour créer une maison de services
pour les personnes âgées; elles en ont besoin. Eh bien, on l'a
vendue.
À Chicoutimi-Nord, je trouve que c'est encore plus
problématique parce que c'est dans un quartier défavorisé
où il n'y a aucun équipement collectif, ou presque. Il n'y a rien
là, ni pour les vieux ni pour les jeunes. C'est vraiment un quartier
défavorisé et également vieillissant. Il y a là une
école qu'on a demandé de vendre et la soumission devait
être d'au moins 125 000 $ ou plus. Pourtant, un groupe est venu
rencontrer M. Bourassa là-dessus. M. Bourassa, qui avait vu le ministre
en sortant de la Chambre, s'était engagé à examiner cela
de façon sérieuse. Ce sont des gens qui tiennent à bout de
bras un centre de services pour des personnes âgées. Et on peut le
dire ce soir, je pense que cela ne scandalisera personne, les gens savent que
j'ai raison, ce centre est une espèce de "nic à feu"; c'est au
deuxième étage d'un bâtiment en bois assez vieux et pas
très bien entretenu, et il n'y a qu'un petit escalier pour sortir de
là. Ils offrent je ne sais combien de repas. Tous les jours, des repas
sont offerts au coût le plus bas possible - environ 2 $ - aux personnes
de ce quartier. C'est ce centre que ces personnes voulaient relocaliser
à l'école.
C'est de ce genre de projet qu'on parle. Finalement, au Québec,
on est en train de faire de la gestion comme s'il n'y avait plus
d'interrelation entre la commission scolaire, les milieux
socio-économiques et les milieux communautaires. L'école est en
train de se décrocher de la communauté et cette communauté
se trouve lésée parce que ce n'est pas vrai que l'argent de la
vente... Si elles n'avaient rien à vendre, est-ce à dire que ces
commissions scolaires ne pourraient pas se développer? Cela veut dire
que l'argent pour les développer va aller ailleurs. On est en train
de... Du moment qu'on permet que les écoles désaffectées
servent à des fins d'immeubles, c'est une certaine forme de dilapidation
du patrimoine. J'ai encore beaucoup de difficulté à croire qu'on
en est réduits à s'appauvrir ainsi collectivement. C'est un
appauvrissement collectif, cela.
Je voudrais savoir sur la hase de quel principe on a
décidé de faire d'une loi d'exception une règle
générale.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord,
je voudrais prévenir la députée de Chicoutimi
contre une certaine tendance à généraliser qui, dans ce
cas-ci, l'induirait en erreur. Le nombre total de cas dont j'ai
été saisi depuis un an est à peu près d'une
demi-douzaine. Il y a infiniment plus de transactions qui se sont faites que
cela au cours de la dernière année en matière d'immeubles
appartenant à des commissions scolaires.
Ce qui est arrivé, c'est qu'il y a un an, nous avons
informé les commissions scolaires que, dans les cas où elles
pourraient disposer d'immeubles à la valeur marchande en vue de
réaliser des revenus qui pourraient servir à
l'amélioration de leur parc scolaire et qui pourraient leur permettre de
procéder à des constructions ou à des améliorations
d'écoles qui eussent été inaccessibles sans ces
transactions, cela valait la peine de les regarder et que nous serions
prêts à accorder des autorisations particulières pour ces
cas. D'après l'avis de mes collègues qui m'entourent, on a eu
à peu près une demi-douzaine de cas au cours de la
dernière année. Chaque cas a été
étudié à son mérite.
La députée soulève un point extrêmement
intéressant sur lequel, pour être franc, je n'ai pas d'opinion
arrêtée. D'un côté, nous avons des crédits
très limités pour la modernisation de notre parc scolaire. Les
écoles vieillissent à travers le Québec, la population se
déplace, crée des besoins d'espaces scolaires nouveaux et on nous
attribue des ressources nettement insuffisantes pour faire face à ces
besoins. Pendant ce temps, les commissions scolaires disposent d'actifs
inutilisés ou devenus désuets pour fins scolaires qu'elles
pourraient transformer en des installations plus modernes et plus
appropriées pour le service de la population scolaire, qui est leur
raison d'être. À part cela, nous sommes dans une période
où la politique gouvernementale consiste à responsabiliser les
organismes dans la gestion des biens qui leur sont confiés plutôt
que de tout astreindre à des règles uniformes qui pourraient
être très bien intentionnées, mais qui aboutiraient, en fin
de compte, à une espèce de déresponsabilisation. Si vous
aviez des écoles, par exemple, comme commissaire d'écoles, et que
vous vous disiez: Ces écoles, dans dix ans, quand on n'en aura plus
besoin, il va falloir donner cela gratuitement à la ville ou à
telle ou telle organisation, on va les négliger, on ne fera plus
d'entretien là-dessus, on va les laisser aller à l'abandon, ils
s'arrangeront avec. Tandis que, si on leur dit: Vous avez la
responsabilité véritable de vos propriétés, y
compris la liberté d'en disposer, comme il incombe à un
propriétaire ordinaire, je pense que c'est mieux et que ce n'est pas de
l'argent perdu. La députée dit que c'est la dilapidation d'un
héritage. Si on se débarrasse d'un bien dont on n'a plus besoin,
qui est devenu désuet aux fins scolaires et qu'on en acquiert un autre
en meilleur état ou un autre qui est neuf, je pense qu'on
améliore notre bien commun en matière d'équipements
scolaires. C'est une conception qu'on doit examiner attentivement.
Les biens dont les commissions scolaires disposent ne sont pas tous
situés dans les conditions que vient d'évoquer la
députée de Chicoutimi. Dans la région de Montréal,
j'ai donné des autorisations récemment à la CECM pour des
biens qui ne serviront jamais à des fins scolaires, qui sont
situés en territoires maintenant commerciaux, qui ne sont pas
appropriés à des fins éducatives. Il y a
possibilité qu'on réalise des transactions qui permettront
peut-être la construction de deux écoles que nous n'eussions pas
été capables d'autoriser dans un avenir prévisible. Je
pense au bien des parents et des enfants qui ont besoin d'accéder
à des écoles. Si on peut le leur permettre par ce moyen, je suis
prêt à entrer en négociation, comme nous l'avons fait avec
la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Il y a l'autre point de vue que souligne la députée de
Chicoutimi qui nous dit: Ces écoles ont été
financées par les contribuables. C'est évident que cela a
été financé par les contribuables et il arrive que dans
certains districts, surtout dans des régions urbaines, c'est vrai,
certaines propriétés pourraient servir très utilement
à des fins humanitaires, à des fins sociales, à des fins
parfaitement compatibles avec les fins qénérales ou
particulières du qouvernement. Ce sont des choses qui doivent être
examinées, nous n'avons pas fermé la porte a ces
choses-là. Dans le cas de Joliette dont a parlé la
députée de Chicoutimi, j'ai prévenu le président de
la commission scolaire qu'il ne serait pas autorisé à vendre une
école dont il voulait se départir sans avoir trouvé une
solution convenable au problème des organismes populaires qui sont
locataires dans cette maison. Je lui ai dit: Nous sommes prêts à
considérer une transaction, mais ne nous arrivez pas avec un avis
d'évacuation à vos locataires sans qu'il y ait de solution
convenable. S'il y a une solution convenable à ce problème, on
pourra regarder l'affaire, mais je crois qu'il faut regarder, excusez-moi de
dire cela, mais nous ne sommes pas encore au point d'ériger cela en
politique générale. Il faut regarder les cas un à un et,
de ces cas, nous tirerons en temps utile une politique plus stable et plus
générale.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Ryan: Un dernier point,, c'est que, l'an dernier, les
autorisations que nous avons accordées l'étaient pour des
constructions. 5i une commission scolaire vendait, nous
l'autorisions à le faire à condition que ce soit pour une
construction que nous n'étions pas en mesure de financer. Cette
année, nous allons permettre également certaines transactions
pour des améliorations d'écoles qui sont tout aussi urgentes et
opportunes que des constructions nouvelles dans un grand nombre de cas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn:M. le Président, le ministre a
commencé en disants On veut responsabiliser les organismes. Quel est son
sens de la responsabilité lorsqu'on gère les commissions
scolaires en vase clos, sans se préoccuper des besoins
généraux de la collectivité, quand on gère un bien
public comme si cela appartenait en propre à un organisme? Lorsqu'on
parle de bien public, cela appartient au commun, à l'ensemble de la
communauté et, à ce moment-là, les gens sont responsables
de gérer ce bien, mais toujours dans l'esprit d'un meilleur service
à rendre à la communauté.
Le ministre nous dit: On n'a pas fait de règles
générales et on examine les cas. Pourtant, les cas que je lui ai
cités se retrouvent dans des quartiers où on n'a plus de jeunes,
donc, les écoles sont désaffectées, on y retrouve une
population vieillissante. J'ai cru le ministre quand il m'a dit:
Écoutez, je ne suis pas prêt à donner mon avis
là-dessus, je vais regarder cela; dans votre comté, c'est vrai,
je connais un peu la situation, vous m'avez expliqué ce que
c'était, cela a du bon sens. Je comprends que cela avait du bon sens,
tout le monde estimait que cela avait du bon sens, il y avait au moins cinq
groupes qui le voulaient: les personnes âgées, les regroupements
culturels, un autre groupe pour les besoins d'hébergement de personnes
qui viennent à l'Hôtel-Dieu juste pour un examen, et ainsi de
suite. Il y avait autant de projets; on aurait pu faire cinq bons projets
là-dedans. Sauf que le ministre a autorisé la vente. Là,
à la commission scolaire Valin...
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement...
Le Président (M. Parent, Sauvé):Question de
règlement, M. le ministre, je vous écoute.
Mme Blackburn: De règlement?
M. Ryan: M. le Président, c'est parce que j'ai un appel
important.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Ryan: Mon directeur de cabinet me prévient. Est-ce que
je pourrais vous demander de suspendre les travaux cinq minutes? Nous pourrions
les reprendre à la fin de la période indiquée. C'est un
appel très important.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Accepté.
Nous suspendons la séance.
(Suspension de la séance à 23 h 10)
(Reprise à 23 h 28)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Veuillez prendre place, Mmes et MM. les députés! La
commission de l'éducation poursuit ses travaux. Je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi. Vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je continue mes
négociations, mais je ne suis pas sûre qu'il ne faudrait pas que
je passe la nuit là-dessus, comme pour le lac Meech, pour gagner. La
décision que vous avez prise là me paraît aussi douteuse
que l'accord du lac Meech. Ce que je voudrais dire tout simplement, deux
questions ...
Des voix: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Je ne veux pas prendre trop de temps sur le temps
de mon collègue. Je veux seulement savoir quelles décisions ont
été prises. Touchant Saint-François-Xavier, on
connaît la décision, on a autorisé la vente, en
dépit de toutes les démarches et de ce que tout le ministre nous
avait dit, soit qu'il examinait de façon soiqneuse chacun des cas avant
d'autoriser les ventes. Cette commission scolaire, qui a vendu pour 50 000 $ un
édifice que les personnes âgées voulaient acquérir,
a un surplus d'environ 1 200 000 $. C'est assez surprenant. Je trouve que ce
genre de décision a de quoi étonner.
À présent, pour ce qui est de la commission scolaire
Valin, on me dit que c'est sensiblement le même cas. On me dit que
l'autorisation de vendre a été accordée. Je n'ai pas vu la
lettre du ministère, mais on me dit qu'elle a été
accordée et que, normalement, l'appel d'offres devrait paraître
dans les journaux de fin de semaine. Face aux beaux principes selon lesquels le
ministre nous dit: Écoutez, on examine chacun des cas de façon
très particulière, je voudrais savoir sur quelle base il a pris
cette décision. Ensuite, je voudrais lui demander s'il peut nous faire
le dépôt de la liste des immeubles aliénés ou en
voie de l'être pour
1986-1987.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, dans le cas de la
première école, je pense que c'est l'école
Saint-François-Xavier, l'autorisation de disposer de la
propriété a été accordée. Voici comment cela
se passe: j'accorde l'autorisation de procéder à un affichage
public pour, ensuite, être en mesure de faire une transaction - si on
veut faire une transaction, il faut faire appel aux organismes ou aux personnes
qui sont en mesure de s'y intéresser. Une fois que cette autorisation
est donnée, on laisse la commission scolaire prendre ses initiatives. il
n'est pas question de revenir sur une autorisation qui a été
donnée.
Dans le cas de l'école Saint-François-Xavier, je comprends
que la commission scolaire avait le choix entre deux organismes. II y avait les
scouts et le mouvement qui voulait en faire un centre pour personnes
âgées dont parlait la députée de Chicoutimi. Les
commissaires d'écoles ont choisi de vendre au mouvement scout. Est-ce
qu'il aurait été désirable que le gouvernement s'interpose
et dise: Le mouvement des personnes âgées, c'est mieux que les
scouts? Est-ce que c'est cela que veut dire la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pardon? M. Ryan: Merci.
Mme Blackburn: J'écoutais, M. le ministre.
M. Ryan: Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: À moins que vous ne me disiez que vous
alliez bloquer la vente, pas de problème. Pour le reste, j'ai
entendu.
M. Ryan: Dans te cas de la commission scolaire Valin,
l'autorisation a été donnée de procéder à la
disposition de ce bien immeuble. La commission scolaire devrait
déjà avoir procédé à des avis publics. Je ne
sais pas si elle a reçu des soumissions. Je ne suis pas au courant des
derniers développements.
Maintenant, la députée a demandé si nous pourrions
déposer une liste des décisions que nous avons prises en
matière d'aliénation d'immeubles. Volontiers! Dans les cas
où une autorisation spéciale a été accordée,
je n'ai aucune objection à communiquer aux membres de la commission la
liste des autorisations qui ont été données. Nous pourrons
le faire au cours des prochains jours.
Mme Blackburn: Le ministre parlant des critères pour
disposer de ces immeubles disait qu'il n'y a eu que douze cas. Je voudrais
savoir pourquoi, sur les douze cas dans ta province de Québec, il y en a
deux dans mon comté. Cela m'étonne assez.
M. Ryan: J'ai dit une demi-douzaine de cas.
Mme Blackburn: Une demi-douzaine, à part cela!
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Cela veut dire que j'ai une bonne performance, le
tiers. Ou c'est comme les OVEP, ou il y a quelque chose qui ne va pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
remarques sur le sujet?
M. Ryan: Je crois qu'il y a des représentations qui
devraient être faites auprès de la commission scolaire; c'est dans
les prérogatives de n'importe quel citoyen. En ce qui nous touche, nous
avons donné l'autorisation dans ces deux cas, c'est un fait.
Mme Blackburn: Est-ce que vous donnez des autorisations
automatiquement? C'est ce que je pense comprendre.
M. Ryan: Non, parce qu'il y en aurait eu beaucoup plus d'une
demi-douzaine.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
questions? M. le député de Laviolette.
Immobilisations (suite)
M. Jolivet: Nous revenons maintenant au dossier qu'on a
laissé en plan à 18 heures, soit les équipements, les
constructions d'écoles et la relocalisation. J'ai dit que je serais
assez large dans les questions.
Je commencerai par le dossier de l'école Sainte-Marthe, de
Rivière-à-la-Martre. Le ministre a reçu, j'en suis
assuré, les représentations qui lui ont été faites
le 7 avril dernier et il y a répondu le 23 avril dernier. Dans le
contexte, cette école est la dernière écote de village, le
ministre en avait exprimé le principe. Avec les pétitions de
près de 1000 personnes, avec l'appui du conseil municipal auprès
de la commission scolaire, le refus de celle-ci, l'appel au ministre pour qu'il
y ait une décision - en fait, i! s'agit de la dernière
école de village - est-ce que le ministre a changé ce principe ou
est-ce qu'il le maintient? Face à cette décision, est-ce que le
ministre peut
intervenir en vertu de son pouvoir?
M. Ryan: Le principe de l'école de village, à mon
point de vue, est abandonné depuis assez longtemps. Dans mon
comté, il y a plusieurs municipalités et paroisses où il
n'y a plus d'école depuis déjà un bon bout de temps. Je
vous donne un exemple concret. Nous avons le magnifique village de
Saint-Adolphe-d'Howard où il n'y a pas d'école de village. Les
enfants vont à l'école à Sainte-Agathe, à une
douzaine de kilomètres de Saint-Adolphe-d'Howard. Par conséquent,
ce n'est pas un principe qui connaît une application universelle de nos
jours. Dans toute la mesure où cela est raisonnablement possible, le
gouvernement favorise le maintien d'une école à une distance
très limitée du lieu de résidence des parents et des
enfants. Je pense que cela reste un élément important de notre
politique. Cela ne peut pas être un critère arithmétique
absolu. Lorsque des situations difficiles surgissent... Le cas qu'a cité
le député de Laviolette, c'est quelle école au juste? J'ai
manqué le nom de l'école.
M. Jolivet: C'est le comité de survie de l'école
Sainte-Marthe, de Rivière-à-la Martre, qui se trouve dans le
comté de la députée de Matane, Mme
Claire-Hélène Hovington.
M. Ryan: Je crois que mon conseiller en matière
d'enseignement primaire et secondaire doit aller examiner ce cas-là au
début de la semaine prochaine. Il m'a dit qu'il avait justement un
voyage du côté de Mont-Joli et de Matane aussi. Je pense que cette
école-là doit figurer à son programme. Il me donnera des
renseignements.
Lorsque nous sommes saisis d'un cas, M. le Président, ainsi que
je l'ai dit à quelques reprises depuis le début de la
journée, nous ne restons pas indifférents, nous
réagissons. En général, j'avais indiqué les deux
voies qui nous étaient ouvertes. J'invite l'administration du
ministère à prendre ses responsabilités et je vois de mon
côté à ce qu'un de mes collaborateurs immédiats soit
sur les lieux, le plus proche possible des lieux, de manière que nous
ayons une connaissance directe de la situation par deux canaux
différents. Là, nous mettons nos informations ensemble et nous
décidons de la ligne de conduite à tenir. Dans ces cas de
fermeture d'école, je ne sache pas qu'il y ait eu un cas où nous
ayons intimé à une commission scolaire de ne pas agir
conformément à son jugement. Il a pu arriver que nous fassions de
l'incitation, du dialogue orienté, mais...
M. Jolivet: Cela ne me surprend pas de vous.
M. Ryan: Ha! ha! ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Ryan: Nous avons même consenti à certaines formes
d'aide dans certains cas où cela se justifiait par des besoins
particuliers et, ce cas-là, nous allons l'examiner de très
près, mais il n'y a pas de principe absolu. Encore une fois, je ne
voudrais pas que cette impression subsiste où que ce soit,
M. Jolivet: Simplement pour rappeler au ministre...
M. Ryan: La seule obligation du gouvernement est de voir à
ce que les services éducatifs soient fournis à toute la
population du Québec dans des conditions d'accessibilité
raisonnables.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, M. le
Président, je voulais dire au ministre que ce n'est pas parce qu'il y a
des écoles qui sont fermées dans son patelin là-bas qu'il
est obligé d'appliquer ça ailleurs. Dans le contexte du livre des
crédits, si le ministre nous dit qu'il est en train de réexaminer
cela, je crois comprendre qu'il me donne la réponse aujourd'hui,
à savoir qu'il a déjà fait le réexamen de la
dernière école et qu'en conséquence c'est clair pour lui,
les principes qui présidaient à ce maintien ne sont plus ceux qui
existaient. Le ministre nous dit que ça fait longtemps que c'est
abandonné. Ce n'est pas parce que cela a été comme cela
chez lui que cela devrait être partout pareil au Québec,
Je dois vous dire que les gens de ce secteur avaient été
contactés et avaient dû répondre à des demandes de
la part de M. Saint-Pierre. Parmi plusieurs propositions, ils devaient faire
leur choix. La majorité des parents avait décidé de garder
leurs enfants à l'école Sainte-Marthe. C'est dans ce contexte que
je posais la question, mais je comprends que, ce soir, le ministre dit: Ce
n'est pas terminé, je fais la vérification et je donnerai une
réponse plus approfondie aux gens qui font cette demande.
M. Ryan: Je voudrais ajouter que nous examinons toujours avec une
sympathie particulière les situations de cette nature qui sont
portées à notre attention. Je ne voudrais pas que vous pensiez
que, dans le comté d'Argenteuil, c'est la résignation parfaite en
face de ces situations. Je suis saisi d'une situation dans une de nos petites
municipalités. Cela m'amène au problème que j'ai
soulevé ce matin. J'ai bien dit ce matin que je m'interroge sur la
question de savoir
s'il ne devrait pas y avoir un certain pouvoir d'intervention de la part
du ministre. Je n'ai pas tiré de conclusion. Je suis à
l'écoute. Nous examinons la situation, parce qu'il arrive des cas
où la commission scolaire s'entête parfois dans la mise en oeuvre
d'une solution qui ne paraît pas la meilleure d'un point de vue
raisonnable.
J'ai vu des commissaires me dire: Vous êtes le ministre de
l'Éducation, vous n'avez rien à faire là-dedans, cela ne
vous regarde pas. Je trouve cela un peu cavalier. Si c'est cela qui devait
être l'esprit qui préside à la direction des affaires
scolaires, j'en serais profondément malheureux. Si on me dit: On est
prêt à s'asseoir, à regarder, à examiner ce qui peut
être fait, c'est différent. C'est là qu'est la nuance.
Est-ce qu'il faudrait aller plus loin? Est-ce qu'il pourrait y avoir, par
exemple, un pouvoir de suspension d'une décision pendant un certain
temps et tout cela? Je ne le sais pas, je m'interroge tout haut, mais je trouve
que, dans certains cas, les commissaires d'écoles règlent des
problèmes de manière cavalière, par-dessus la tête
des gens, provoquant des malaises et parfois des drames inutilement, et c'est
nous qui héritons des conséquences dans ce temps-là. Je
l'ai dit à plusieurs commissions scolaires depuis un an. Quand le feu
est pris, ils vont chercher la "hose" à Québec.
M. Jolivet: Je le lui ai dit, le pompier. M. le Président,
le ministre tombe un peu dans mon "bag". Il est obligé d'agir cas par
cas, parce que, justement, il n'a pas de règle majeure qui lui permette
d'agir. C'est ce que j'ai déjà dit lors d'une autre intervention,
faisant mention des pouvoirs qui, même s'ils ne sont pas utilisés,
sont une forme de pression morale, par exemple, le Conseil scolaire de
l'île de Montréal et les pouvoirs de répartition des
clientèles qu'il a sur le territoire en vertu de la loi qui le gouverne.
Le ministre n'a même pas ce pouvoir. C'est dans ce sens que ce serait
plus clair. Je le disais ce matin, dans le texte initial, qu'il nous dise
quelle est sa position pour que ce soit plus clair, plutôt que d'agir cas
par cas et, finalement, ne pas avoir de politique générale
autrement que de dire: Je vais régler les problèmes dans la
mesure où il y a des pressions qui s'exercent pour éviter que
cela ne dégénère en conflit majeur. Les exemples des mois
passés sont probants.
Il y a un autre dossier que le ministre connaît. Je lui avais fait
mention à l'époque de décisions qui avaient
été prises par la commission scolaire régionale de Chambly
et qui avaient eu pour effet justement de faire transférer,
tranquillement pas vite, comme on dit, des élèves du niveau
secondaire de l'école de Bourgogne vers d'autres secteurs, soit à
la polyvalente André-Laurendeau. Je ne sais pas où ç'en
est rendu, mais je me souviens qu'il y a eu un sit-in au bureau du ministre
Latulippe au sujet des promesses qui avaient été faites à
l'époque. On n'a pas de nouvelles finales, à savoir s'il y a, de
la part du ministre, dans les projets de construction ou de
réaménagement, de l'argent disponible pour régler le
problème à Chambly par le réaménagement de
l'école, par l'achat d'une bâtisse préfabriquée ou
par la construction d'une école élémentaire dans un
secteur que le ministre pourra choisir, s'il le désire. Diverses
propositions lui ont été faites où il y a des consensus
assez larges d'établis - du moins, dans Chambly - quant à la
possibilité de régler ce problème. Mais on n'a pas de
nouvelles, à moins que le ministre n'en donne ce soir.
M. Ryan: Je dirai ce qui en est. J'ai chargé M. Rondeau
d'établir le contact avec la commission scolaire régionale de
Chambly pour examiner avec elle des avenues de solution pour le problème
des enfants de Chambly aux secondaires I et II. Les conversations se
poursuivent entre M. Rondeau et la commission scalaire concernée. Il y a
différentes possibilités qui sont examinées. Pour le
moment, nous ne sommes pas en mesure d'annoncer des décisions.
D'ailleurs, en temps utile, c'est la commission scolaire qui les annoncera.
Mais nous lui prêtons toute l'attention et tout le soutien
nécessaire dans l'examen de ce problème.
M. Jolivet: En fait, la décision qui a été
prise par la commission scolaire semblait plutôt vouloir dire: Je me
décide, parce que je n'ai pas de décision venant d'en haut et, si
cela occasionne de la pression de la part des parents, ce n'est plus moi qui
aurai cette pression à soutenir, ce sera le ministère. (23 h
45)
En fait, je pense que ce que vous disiez tout à l'heure, c'est
que, quand ils ne sont plus capables de le régler en bas, ils vous
l'envoient en haut et vous n'avez pas plus de pouvoir d'intervention. Si vous
le prenez, vous êtes accusé d'interférer à
l'intérieur des décisions des commissions scolaires. Je vous dis
là que c'est quand même...
M. Ryan: Cela s'est déjà fait dans le passé
qu'on donne des écoles où il n'y en a pas besoin.
M. Jolivet: Ou des ponts où il n'y a pas de cours
d'eau.
M, Ryan: C'est ça.
M. Jolivet: J'ai dit à mon collègue d'Arthabaska
que j'étais pour mentionner un dossier de sa région. Comme il ne
le soulevait pas, j'avais l'impression que, s'il le
soulevait, ça mettrait en lumière une divergence entre lui
et le député qui lui a soutiré du ministère de
l'Agriculture un secteur acéricole dans le comté voisin de
Richmond. Il s'agit de votre whip en chef. Je regardais l'école
Cascatelle pour laquelle Alain Lemaire lui a fait, à partir de tout ce
que les gens du milieu disent, des représentations. Le ministre se
sentait, d'après les renseignements que nous avions, très
sympathique au dossier, très sensible à ce dossier. Ce que
j'avais comme notes, c'est que M. Vallières aurait dit à Manon
Samson, dans La nouvelle du 18 mai 1987, des choses comme les suivantes: Les
représentants de la commission scolaire de Warwick présents
à la rencontre ont insisté sur l'importance de ce dossier lui
donnant même priorité sur celui de l'agrandissement de
l'école secondaire de Warwick. Finalement, d'après les
renseignements que nous avons, son collègue d'Arthabaska lui aurait
même dit, après avoir assisté à la même
réunion que, lui, ce n'est pas ça qu'il avait compris. D'une
façon ou d'une autre, c'est ce qu'on voit dans le texte.
Le ministre est-il capable de nous dire aujourd'hui s'il a
réglé le litige entre ses deux collègues, quant à
savoir s'il doit y avoir un projet de construction d'école dans ce
secteur? On sait que Kingsey Falls, dans le contexte actuel, est en pleine
explosion démographique, d'ailleurs, comme à Chambly. Vous le
savez très bien. Est-ce que le ministre peut me donner une
réponse à cette question?
Le Président (M. Parent, Sauvé); M. le
ministre.
M. Ryan: Parler de conflit entre deux collègues qui ont
chacun des besoins, c'est peut-être un peu fort. Mais, en fait, voici
comment le problème se présente. La commission scolaire de
Warwick a une partie de son territoire qui est située dans le
comté du député de Richmond et une partie de son
territoire qui est située dans le comté du député
d'Arthabaska. Cette commission scolaire est en demande pour un agrandissement
d'école secondaire dans la partie de son territoire qui est dans le
comté d'Arthabaska. Elle est en demande pour la construction d'une
école primaire dans la partie de son territoire qui fait partie du
comté de Richmond. Ces deux demandes sont à l'examen à
l'heure actuelle.
M. Jolivet: Elles font partie des 37 demandes.
M. Ryan: Exactement. Elles sont toutes les deux sur la liste des
projets que nous examinons avec beaucoup d'intérêt, mais au sujet
desquels nous prenons des décisions objectives, impartiales,
inspirées par le seul souci du bien général.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Un des collèques disait è l'autre qu'il
ne semblait pas être à la même réunion que lui.
L'autre disait que c'était absolument faux ce qui avait
été écrit, qu'il n'avait absolument pas besoin qu'on parle
pour lui sans parler au nom des autres. Il dits J'en ai assez de parler juste
pour moi, je ne parlerai pas au nom des autres. En tout cas. Simplement, on
attend encore des nouvelles dans le coin.
Pour les constructions, dans vos 37, avez-vous des nouvelles concernant
l'école secondaire de Mascouche?
M. Ryan: Le cas est à l'étude également.
Dans le cas de la commission scolaire de Mascouche et de son projet
d'école secondaire, il y a un problème qui me préoccupe.
C'est qu'actuellement le surplus d'élèves qui ne peut pas
être accommodé à Mascouche, va à une école
secondaire qui est située dans Duvernay, c'est l'école secondaire
Leblanc. Cette école secondaire est à peu près à
sept ou huit kilomètres, dix kilomètres au plus de Mascouche.
D'après les normes que nous observons, ce n'est pas une distance
suffisante pour justifier la construction d'une école. Là, il y a
un problème. Si on enlève les élèves de
l'école polyvalente Leblanc pour les envoyer dans une nouvelle
école secondaire, qu'arrivera-t-il de l'école polyvalente
Leblanc? Elle va être à moitié vide.
Il faut se poser le problème dans ces termes. C'est un des
facteurs que nous considérons.
M. Jolivet: En fait, ce qu'on connaissait, c'est que votre
conseiller spécial avait indiqué dans une lettre que
c'était juste une question budgétaire qui retardait le projet.
Là, vous venez d'ajouter autre chose que des raisons
budgétaires.
M. Ryan: Quand nous examinons les projets, nous faisons la
revue de tous les facteurs qui entrent en ligne de compte. L'an dernier, nous
avions déjà été saisis de ceci. Cela avait
déjà fait l'objet d'une décision de la part du
gouvernement, décision apparemment politique. Quand nous avons
été saisis de cette question, l'an dernier, nous l'avons mise en
suspens pour un an, afin d'avoir l'occasion d'étudier le projet plus
à fond. C'est l'état où nous en sommes. Je vais faire un
point final là-dessus la semaine prochaine. Il n'y a aucune conclusion
de tirée pour l'instant. Je vous signale que cette commission scolaire a
aussi des besoins pressants au niveau primaire.
M, Jolivet: Le texte de la lettre indiquait que personne ne
remettait en question le besoin d'une école secondaire à
Mascouche et que c'étaient juste des raisons budgétaires qui
empêchaient cela, parce qu'il n'y avait pas assez d'argent l'année
passée. Et là, vous venez d'en ajouter d'autres.
Je crois comprendre que ce sera la même chose pour
l'agrandissement de l'école Sainte-Hélène à
Sainte-Mélanie et la même réponse pour le
député de Berthier qui présentait une pétition
à cet effet.
M. Ryan: Dans le cas de l'école
Sainte-Hélène, je pense que c'est différent.
M. Jolivet: Ah! Ce n'est pas...
M. Ryan: Je pense qu'on veut l'ajout d'un gymnase...
M. Jolivet: ...politique.
M. Ryan: ...à cette école, en même temps
qu'un agrandissement. II faut voir si cela fait partie des politiques du
gouvernement, à l'heure actuelle, de favoriser la construction de
gymnases. Je ne tiens pas de propos absolus là-dessus, parce qu'il
arrive des cas d'agrandissements qui sont absolument impérieux. Si, pour
faire un agrandissement qui a du bon sens, il faut transformer une salle de
récréation en gymnase, là, il faut bien le regarder. II ne
faut quand même pas se mettre en dehors de la réalité.
C'est dans des contextes très particuliers que nous allons autoriser des
choses comme celle-là. Et nous terminerons aussi l'étude
de ce cas très bientôt.
M. Jolivet: Dans la mesure où le ministre nous dit que,
quand le milieu est prêt à intervenir, il est toujours plus
sympathique, comme le milieu est prêt à intervenir, le ministre
sera-t-il plus sympathique?
M. Ryan: S'il a une cause juste.
M. Jolivet: À l'époque, les parents de Mont-Carmel,
dans le comté de Saint-Maurice, avaient demandé une rencontre
avec le ministre. Ils l'avaient demandée à juste titre. C'est un
milieu en pleine expansion où il y a une école vraiment
vétuste. Est-ce que le ministre a pris une décision, eu
égard au fait que le député de Saint-Maurice disait que
c'était plus urgent à Mont-Carmel qu'à Saint-Boniface?
Aussi, dans le contexte où les parents avaient demandé - c'est
une tactique que j'avais déjà employée, mes vieux cours de
syndicalisme m'avaient permis de penser à ces choses... Dans une
école secondaire où la commission scolaire ne voulait en aucune
façon mettre les appareils nécessaires pour faire de la
ventilation dans les locaux de menuiserie, ni fixer au terrazzo l'ensemble des
machines pour les rendre sécuritaires, nous avions fait venir la
Commission des accidents du travail qui avait déclaré:
Arrêt complet de l'enseignement dans ces classes pour faire les
réparations qui s'imposent. Est-ce que Ies gens de Mont-Carmel, comme
d'autres au Québec, devront utiliser la CSST pour faire valoir
auprès du ministre leurs besoins impérieux en réparations
en vue de la santé publique, la santé des enfants et des
enseignants? En particulier, à Mont-Carmel? Le ministre n'est pas sans
connaître les difficultés de cette école. Est-ce que le
ministre a pris une décision dans le cas de cette école? Est-ce
qu'il serait prêt à annoncer, dans les jours qui viennent, une
décision favorable, ce qui permettrait aux gens d'arrêter de faire
des pressions comme celles qu'on a connues?
M. Ryan: Dans ce cas comme dans les autres dont il a
été question, les décisions seront prises dans un avenir
très prochain. Je voudrais ajouter que le député de
Saint-Maurice, qui est un constructeur compétent, émérite
- il a abandonné tous ses intérêts dans la construction,
mais le député de Laviolette connaît ses qualités
comme constructeur - m'a donné un portrait précis de la situation
de cette école et de ses besoins. Ce portrait était appuyé
sur des témoignages de personnes compétentes également.
J'ai reçu le témoignage des parents aussi. Par conséquent,
je pense que nous avons toutes les informations nécessaires pour prendre
les décisions qui s'imposeront.
M. Jolivet: Dernière question sur une construction,
toujours dans la région de la Mauricie, à Trois-Rivières.
Qu'est-ce qui se passe avec la demande de la construction d'une école
dans le secteur des Forges?
M. Ryan: C'est un cas que nous examinons avec un grand
intérêt également. Il s'agit d'un projet de construction
d'une école, dans une partie de Trois-Rivières où il s'est
produit un développement démographique considérable et
où les perspectives de développement sont encore fortes pour
l'avenir. Si on regarde le territoire de l'ensemble de la ville de
Trois-Rivières, le nombre de places-élèves disponibles ne
justifierait pas la construction d'une nouvelle école. Mais, là,
il s'agit de porter un jugement sur cette partie du territoire de
Trois-Rivières afin de déterminer si les conditions dans
lesquelles les gens vivent dans cette partie du territoire justifient la
construction d'une école de ce côté.
Il y a beaucoup de facteurs qui plaident pour une décision
positive. Mais il y a l'autre facteur également qui doit nous
occuper. Il y aura une chose à trancher qui n'est pas facile.
M. Jolivet: Est-ce que nous avons aussi toute la
difficulté au niveau de l'intégration dans le secteur qui
jouerait en ligne négative dans le dossier?
M. Ryan: Oui. Ce qui nous retient davantage, M. le
Président, c'est le fait que les élèves de ce quartier de
Trois-Rivières sont présentement dispersés dans trois
écoles différentes. Ils sont obligés d'être
astreints è des conditions de transport pénibles., On est
obligé honnêtement de se demander s'il n'y aurait pas une
obligation de leur fournir des conditions meilleures pour leur
développement,
M. Jolivet: Surtout dans le contexte, aussi, où il y a eu
une possibilité de pouvoir amener de l'eau dans le secteur avec les
difficultés qui existaient. Cela paraît drôle de dire cela
en 1987, dans un secteur qui avait été regroupé à
la ville de Trois-Rivières sans eau. Les eaux sont arrivées
dernièrement, donc, ce qui permet probablement une expansion du
territoire avec une clientèle qui devrait grossir.
M. Ryan: Sauf que l'intégration ne modifiera pas la
situation.
M. Jolivet: D'accord. J'aurais une autre question sur un autre
dossier, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, Mme la
députée de Groulx, j'informe la commission qu'il est maintenant
minuit moins trois et que nous accusons un retard de 22 minutes. Â moins
qu'il n'y ait consentement de la part de l'Opposition, les travaux de la
commission se continueront jusqu'à 0 h 22. Mme la députée
de Groulx.
Mme Bleau: Je suis très désappointée. Le
député de Laviolette a défendu beaucoup de dossiers
d'autres députés dans différentes régions. J'ai
bien besoin d'écoles. Dans certains quartiers, je ne comprends pas que
vous n'ayez pas plaidé ma cause. Je suis très
désappointée.
M. Jolivet: Je vais dire, Mme la députée, qu'il y a
du monde qui m'en a parlé. Il n'y a personne qui m'a parlé de
chez vous. Si vous m'en aviez parlé, je l'aurais défendu, c'est
sûr. L'année prochaine...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Groulx, je vous ferai remarquer que vous avez toute la
latitude pour défendre votre cause. Je vous accorde tout le temps
voulu.
Mme Bleau: II faut dire, M. le Président, que je la
défends, aussi. M. le ministre le sait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Groulx. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Une question sur l'accès à
l'école anglaise. On sait que, en janvier, il y a un problème qui
a surgi concernant l'admissibilité des immigrants et
réfugiés à l'école anglaise. On a appris en effet
que certains immigrants désirant compléter leurs études
s'inscrivaient à l'éducation des adultes dans le secteur anglais.
Selon le Bureau d'admissibilité à l'enseignement en anglais, ces
adultes n'ont pas à se soumettre aux règles de la loi 101. Les
avis sont cependant partagés au Service juridique du ministère de
l'Éducation. Le ministre a indiqué qu'il procédait
à des consultations, mais qu'aucune décision n'a
été prise quant à l'éventuel amendement à la
loi 101 pour en clarifier la portée à cet égard.
Comme le ministre fait partie du comité à ce sujet il
serait peut-être bon qu'il nous indique s'il a reçu ces avis
juridiques concernant l'admissibilité des réfugiés et des
immigrants adultes à l'école anglaise. En deuxième lieu,
si oui, peut-il les déposer? Quelle est sa position face à ce
sujet?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je ne sais pas si j'ai bien saisi la question. Est-il
question des réfugiés ou des immigrants ou des deux?
M. Jolivet: Les deux.
M. Ryan: Les deux. En ce qui touche les réfugiés,
ceux qu'on appelle les revendicateurs du statut de réfugié, la
politique du gouvernement est la suivante: Leurs enfants ont accès
à l'école publique immédiatement. Ils sont admis à
l'école publique française, évidemment. Comme ils viennent
d'un autre pays, c'est l'école publique française. Dans le cas
des parents, ils ont accès à des cours de français
gratuitement et ils n'ont pas accès à l'école publique
tant que leur statut n'a pas été régularisé,
(minuit)
En ce qui touche les immigrants adultes, le problème n'a pas
encore été tranché. Nous avons reçu de nos services
juridiques un avis un peu complexe et qui ne me permettait pas de tirer une
conclusion claire là-dessus tout de suite. C'est une question que le
comité que préside Mme Bacon n'a pas encore eu le loisir
d'étudier. Prochainement, nous devons consacrer une
bonne partie de séance à l'étude des
problèmes qui se posent dans le secteur de l'éducation. C'est un
des problèmes que nous aborderons à cette occasion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Jolivet: Quelle est votre position personnelle comme ministre
de l'Éducation dans le dossier?
M. Ryan: J'aime mieux en réserver l'expression pour le
comité ministériel pour commencer. Ce n'est pas mon habitude
d'essayer d'engager le gouvernement par des déclarations publiques avant
que nous ayons discuté des choses à la table des ministres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Cela va pour la question, M. le Président.
J'ai un autre dossier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
député de Laviolette.
Éducation des adultes
M. Jolivet: L'éducation des adultes. Les crédits de
134 700 000 $ par rapport à 159 300 000 $, en 1986-1987, indiquent donc
une baisse de 15 %. Les crédits de 1986-1987, cependant, il faut te
dire, incluaient 20 000 000 $ imputables à une augmentation des
coûts pour l'année 1985-1986 qui avait été
causée par l'implantation de la politique d'ouverture, cette
année-là, mais non prévue dans les crédits initiaux
de 1985-1986. Il y a, il faut s'en souvenir, l'entente Québec-Ottawa sur
la formation de main-d'oeuvre qui a finalement été conclue en
février et qui couvre la période 1986-1989. Les sommes
impliquées s'élèvent à 139 000 000 $ par
année réparties en deux enveloppes: achat direct en
établissement et formation sur mesure. Les sommes consacrées
à ce dernier volet passeront de 13 900 000 $ à 32 700 000 $ en
1987-1988 et la formation sur mesure doit être dispensée
prioritairement dans les établissements publics de formation.
Le Conseil supérieur de l'éducation vient de rendre public
un avis très sévère sur l'éducation des adultes. On
dit que l'éducation des adultes ne se porte pas bien du tout. Je cite
Le Soleil du 23 mai 1987. Il fait état des retards de
scolarisation de notre population, notamment dans notre main-d'oeuvre ainsi que
des immenses besoins dans l'accès aux formations de base,
l'alphabétisation, l'accès aux études supérieures,
la scolarisation des femmes.
On sait que le député d'Argenteuil, alors membre de
l'Opposition, dans un document préélectoral, nous
annonçait de nombreux engagements vis-à-vis de l'éducation
des adultes. Puis, on peut voir qu'il n'y a pas eu grand-chose de
concrétisé jusqu'à maintenant faisant partie de ces
priorités sélectives. En vertu de la dernière convention,
les éducateurs d'adultes engagés à la période sont
victimes d'un traitement discriminatoire. Leur salaire est en effet basé
sur un taux horaire fixe qui ne tient donc pas compte de l'expérience et
de la scolarité. L'autre groupe d'enseignants avec contrat
bénéficie de la parité salariale avec les professeurs du
niveau secondaire régulier. L'écart peut atteindre plusieurs
milliers de dollars chez les enseignants à la période les plus
qualifiés.
On compte environ au Québec 80 services d'éducation des
adultes dotés de 350 centres de formation. Le ministère de
l'éducation travaille à une réorganisation de la carte
provinciale des services de l'éducation des adultes. Une nouvelle
proposition a été présentée en mars et, à la
suite d'une consultation auprès des commissions scolaires, la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
a demandé que le ministre établisse avec ses partenaires de
l'éducation et de la main-d'oeuvre les champs de responsabilité
de chacune des instances, qu'il renvoie les règles
d'admissibilité, de scolarisation et de certification et qu'il
réévalue les niveaux de subvention en conséquence. J'ai
dit "renvoie", excusez-moi, c'est "revoie" les règles
d'admissibilité.
La question que je pose d'abord au ministre, c'est: Comment
justifiez-vous la stagnation des crédits compte tenu des immenses
besoins? D'ailleurs, il en a fait mention lui-même dans ses documents
préélectoraux. Qu'advient-il par le fait même de la
loi-cadre qui a été promise?
M. Ryan: Tout d'abord, parler de la stagnation des crédits
me semble injuste et inexact. Nous sommes dans un régime d'enveloppes
ouvertes. Pour l'année 1986-1987, j'ai déclaré plus
tôt ce soir que nous avions prévu aux crédits de cet
exercice des déboursés d'environ 135 000 000 $. En
réalité, lorsque toutes les données de l'année
auront été compilées, nous entrevoyons un total de
dépenses sensiblement plus élevé que ce montant, en vertu
de l'enveloppe ouverte. Je ne suis pas en mesure de dévoiler de chiffres
ce soir, mais ce sera sensiblement plus élevé. Lorsque nous avons
préparé les crédits budgétaires, il y a
déjà quelques mois, nous avions inscrit au budget une compression
de 5 000 000 $ à ce titre-là en nous basant sur la
probabilité que les inscriptions de la prochaine année se
maintiendraient à peu près au même niveau qu'en 1986-1987.
Mais si les inscriptions dépassent le niveau qui a été
prévu, le
robinet va fonctionner et l'enveloppe ouverte va permettre de
libérer les ressources additionnelles qui seront requises pour financer
ces inscriptions supplémentaires.
M. Jolivet: Pendant que le ministre cherche, est-ce que je
pourrais lui poser une autre question?
M. Ryan: Est-ce que vous voulez que j'ajoute un renseignement
additionnel?
M. Jolivet: Peut-être qu'en vous posant une question
additionnelle cela permettrait de l'ajouter. Ma question va dans le sens
suivant: Est-ce que, dans les crédits prévus au budget de cette
année, il y en a qui étaient de l'année
précédente et reportés sur cette année et, de la
même façon, est-ce qu'il y a de l'argent qui pourrait être,
cette année, reporté à l'année prochaine?
M. Ryan: Oui. Il y en a des crédits qui traînent
dans les commissions scolaires, auxquels elles avaient droit, mais qu'elles
n'auront pas utilisés avant la fin de l'exercice et qui vont, par
conséquent, être reportés à l'exercice suivant.
 la fin de 1985-1986, on avait observé des surplus de l'ordre de
20 000 000 $ dans ce département.
M. Jolivet: Cela veut donc dire qu'il y a...
M. Ryan: Pour la présente année, nous n'avons pas
encore de chiffres, mais cela va être probablement autour de 12 000 000
$, 15 000 000 $.
M. Jolivet: Comme on dit que c'est une enveloppe ouverte et que,
à ce moment-là, il y a possibilité de dépasser, il
faut toujours reporter en termes de montants d'argent sur l'année
suivante des dépenses faites l'année précédente.
Cela veut dire que, quand on se base sur les sommes vraiment
dépensées, on peut faire la comparaison de l'augmentation
annuelle.
M. Ryan: La donnée la plus sûre, c'est encore
l'évolution des clientèles, je crois. Nous constatons, pour
1986-1987, une augmentation importante de la clientèle par rapport
à 1985-1986. Le total des inscriptions était de 116 360, en
1985-1986, et il aura été de 140 963, en 1986-1987. Je pense que
ces chiffres-là parlent plus fort que toute interprétation
particulière qu'on serait tenté de faire de l'ensemble de la
situation. Je pense qu'il y a lieu de se réjouir de ce que le
gouvernement ait consenti de nouveau, pour l'année 1987-1988, à
ce que l'enveloppe demeure ouverte pour l'éducation des adultes.
Ça, c'est le fait le plus important...
M. Jolivet: Oui, je pense.
M. Ryan: ...qui dépasse en importance tous les autres dont
nous avons parlé. Je pense que le député est d'accord avec
moi.
M. Jolivet: Cela aurait été grave si cela avait
été une enveloppe fermée. Est-ce que le ministre peut me
répondre à...
M. Ryan: Nous défendons l'essentiel en toutes choses.
M. Jolivet: Ou toute chose essentielle. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Ryan: D'accord. J'accepte l'amendement.
M. Jolivet: Qu'advient-il de la loi-cadre promise, que vous avez
annoncée?
M. Ryan: Mes collaborateurs y travaillent, comme le
député de Laviolette le sait peut-être. Les responsables de
la Direction générale de l'éducation des adultes
travaillent depuis déjà quelques années à mettre au
point un régime pédagogique qui serait propre aux adultes.
À un moment donné, il avait même été question
d'une loi spéciale pour l'éducation des adultes. Cette
idée a été un peu mise en veilleuse, ces derniers temps,
pas uniquement au lours des derniers mois, mais depuis que nous sommes
arrivés au pouvoir. Ce n'est pas une idée avec laquelle nous
avons jonglé particulièrement. L'idée d'un régime
pédagogique propre aux adultes est une idée fort
intéressante. Au moment où nous sommes obligés
d'envisager, dans le secteur de la formation professionnelle, des jonctions
plus nombreuses que ce n'était le cas autrefois, il ne faut pas aller
trop vite non plus, il ne faut pas geler les situations de manière
à former des univers compartimentés et entièrement
coupés, privés de communication. Mais c'est un point auquel on
travaille. Il se pourrait que, dans le projet de loi que nous comptons
déposer à l'automne, il y ait des passages importants sur
l'éducation des adultes. C'est peut-être par là qu'il y
aura des développements. Il se pourrait aussi qu'éventuellement
des initiatives soient envisagées en matière de régime
pédagogique.
M. Jolivet: Vous n'allez pas venir me dire que cela pourrait
retarder encore le dépôt de votre loi au printemps 1988. Non? Cela
n'aura pas pour conséquence de retarder le dépôt de votre
projet de loi sur l'ensemble de la loi scolaire en 1988.
M. Ryan: Là, nous visons de notre mieux à
être prêts à déposer te projet cet automne.
M. Jolivet: En 1987-1988, des 32 665 000 $ alloués par le
fédéral pour la formation sur mesure, quelle proportion sera
consacrée à l'achat d'activités dans les
établissements publics de formation?
M. Ryan: Je pense bien que cette question nous amène au
coeur des problèmes qui découlent de l'entente
fédérale-provinciale en matière de formation
professionnelle. Nous avons réussi à maintenir le montant de
l'enveloppe à 139 000 000 $ pour les trois années que durera
l'entente, c'est-à-dire 1986-1987, 1987-1988 et 1988-1989. Au cours de
chacune des années, la part qui sera attribuable à des achats de
formation sur mesure est appelée à augmenter
considérablement. En 1986-1987, elle était de 13 900 000 $, en
1987-1988, comme vient de le dire avec justesse le député de
Laviolette, elle sera de 32 665 000 $ et, en 1988-1989, elle doit être de
53 900 000 $.
La politique que nous suivons c'est que, dans toute la mesure du
possible, ces achats de formation sur mesure doivent être orientés
vers les établissements et nous avons demandé à nos
établissements, à la fois commissions scolaires et
collèges, de faire des efforts d'adaptation et d'imagination pour
être en mesure non seulement de répondre aux besoins du
marché, des entreprises et des travailleurs, mais de les
prévenir, de les voir venir, de manière à être en
mesure d'y répondre dès qu'ils surgissent et même
avant.
Il y a un effort à faire de ce côté-ci. Il y a des
forces qui évoluent en sens contraire et ce pourrait être une
incitation, si ce n'est pas bien géré, à favoriser toutes
sortes d'initiatives marginales ou parallèles à gauche et
à droite qui pourront être séduisantes en première
étape pour s'avérer des échecs lamentables et même
des sources de gaspillage à longue période.
Je travaille, en tant que ministre de l'Éducation, à ce
que la partie la plus grande possible de ces budgets soit utilisée sous
forme de commandes passées aux établissements d'enseignement.
M. Jolivet: On disait que c'était prioritaire, ce matin.
Est-ce que le ministre peut m'indiquer, quand il parle de la plus large
partie...
M. Ryan: C'est synonyme.
M. Jolivet: Une dernière question dans ce dossier. On a
parlé de discrimination vis-à-vis des éducateurs adultes
payés à la période. Est-ce que le ministre a
été saisi de ce problème et qu'est-ce qu'il entrevoit?
Est-ce qu'il entrevoit le prévoir, justement, dans le projet de loi qui
sera déposé à l'automne?
M. Ryan: Non, pas dans le projet de loi de cet automne. Ce n'est
pas là qu'on va régler ce problème-là. Il y a deux
catégories d'éducateurs pour adultes auxquels fait allusion le
député de Laviolette: ceux engagés par contrat et les
autres qui sont transférés à l'éducation des
adultes en vertu ou sous l'empire d'une clause des conventions collectives qui
permet un certain nombre d'enseignants à temps complet dans le secteur
de l'éducation des adultes. Dans le cas des seconds, les mêmes
conditions de travail et de rémunération s'appliquent, mais, dans
le cas des premiers, les contractuels, ceux qui sont à temps partiel,
nous avons obtenu une amélioration de rémunération dans la
dernière convention. J'y ai fait allusion tantôt. Nous avons
ajusté le salaire de la catégorie la plus basse des enseiqnants
à temps partiel. C'est ce que nous pouvons entrevoir pour la
durée de la convention. Ils seront rémunérés
à un meilleur taux que celui qui existait. Je pense qu'une
dépense de 3 700 000 $ a été encourue à ce
titre-là. Je ne sais pas s'il y aurait des précisions à
apporter. Je pense qu'on a dit l'essentiel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Jolivet: En fait, on distingue bien qu'il y en a qui sont
à contrat et il y en a qui sont à la période. Vous avez
parlé de contractuels. Est-ce de ceux-là que vous parlez quand
vous parlez de période?
M. Ryan: On les appelle "les taux horaires", d'habitude.
M. Jolivet: Oui, mais, d'après ce qu'on a comme
renseignement, il y a discrimination, justement. C'est cela que je veux bien
faire comprendre au ministre. Est-ce qu'il est conscient de la discrimination
à ce niveau?
M. Ryan: J'aimerais peut-être demander...
M. Jolivet: Oui.
M. Ryan: ...avec votre permission, à notre sous-ministre
adjoint, M. Gagnon, qui est plus particulièrement responsable des
problèmes de relations du travail et de ressources humaines au
ministère, de nous fournir quelques explications à ce sujet.
Le Président (M. Théorêt): M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean-Guy): Je ne sais pas de quelle forme de
discrimination vous parlez, mais, pour la grande masse des enseignants aux
adultes qui sont des enseignants payés à taux horaire, il y avait
deux taux, deux rémunérations. Cela a été
uniformisé par la négociation. Je ne sais pas si vous
faisiez allusion è cela.
Maintenant, il y a eu possibilité, au cours de cette
négociation, de considérer -cela a été offert
à la partie syndicale -l'introduction de contrats à temps partiel
comme une des formes possibles d'amélioration du sort de ces enseignants
qui faisaient partie de ce qu'on appelait les enseignants à statut
précaire. La CEQ a préféré retenir comme solution
le taux unique, c'est-à-dire la majoration du taux inférieur de
façon que tous les enseignants à taux horaire soient
placés au taux le plus élevé.
Cependant, un des comités importants qui résulte de cette
entente nationale est un comité qui doit justement étudier la
question de l'emploi dans le secteur des adultes. Comme le ministre la
indiqué, nous avons un petit nombre d'enseignants qui sont à
temps plein à contrat. Mais le problème de l'emploi dans le
secteur de l'enseignement aux adultes dans son ensemble fait l'objet d'un
examen dans un des comités paritaires découlant de l'entente.
M. Jolivet: Vous savez, il y a toujours un problème en
négociation. Il y a toujours des petits groupes qui sont parfois perdus.
À notre avis, ç'en est un cas de discrimination. Peu importe que
cela ait été signé ou non, il y a une discrimination. Je
veux savoir si le ministre peut trouver une solution à ce
problème. L'exemple qu'on a toujours, c'est celui des groupes qui se
sont laissés parce qu'à un moment donné, quand on fait la
négociation globale, à propos des occasionnels et des
suppléants, on avait une bonne idée de ce qu'on voulait au
départ, mais, à la fin, on a laissé tomber au profit du
plus grand nombre.
C'est un peu ce qui s'est passé là et on dit: II me semble
qu'il y a quelque chose à faire. Vu le taux unique, des gens qui sont
les plus qualifiés, par rapport à ceux qui sont à contrat,
voient plusieurs milliers de dollars leur être non payés d'une
certaine façon, pour le même travail. Sur le principe de travail
égal, salaire égal, n'y a-t-il pas là quelque chose de
discriminatoire, même s'il y a une signature de la CEQ?
M. Gagnon: En fait, ce que vous qualifiez de discriminatoire, ce
sont quand même des dispositions agréées par les
parties.
M. Jolivet: Je le comprends.
M. Gagnon: Mais, étant entendu que la question doit
être examinée plus attentivement. Mais l'une des
difficultés qu'il ne faut pas négliger dans ce secteur, c'est
que, contrairement au secteur des jeunes, aucune commission scolaire n'est
absolument sûre, au moment où elle planifie l'année qui
vient, de la masse de services qu'elle aura à donner. C'est la raison
pour laquelle il y a toujours eu une réticence à augmenter le
nombre de contrats à temps plein dans ce secteur. Il y en a un nombre
limité, quelque chose comme environ 300, pour tout notre réseau
primaire et secondaire.
M. Jolivet: En tout cas. Je vous dis que cela existait, que ce
problème existe, encore, et que, quant à nous, c'est
malheureusement, une discrimination.
Deux petites questions rapides pour terminer, M. le Président.
L'une a trait à un territoire où un commissaire d'écoles
se voit responsable en termes de répartition. Ce n'est pas grand-chose,
mais je pense que c'est important de bien le saisir. Le ministre avait
écrit une lettre à M. Chrétien le 14 avril qui concerne
Saint-Elzéar, New-Carlisle, une partie de Bonaventure, une partie de
Paspébiac-Ouest, où une personne comme commissaire dans la
répartition se retrouve à être représentant de
quatre villages sur un territoire de 27 kilomètres de distance. Tout
simplement, est-ce qu'il y a des moyens de le régler? Est-ce que ces
choses peuvent faire l'objet de changements qui peuvent être
apportés à la loi, comme vous l'avez dit dans votre lettre?
Avez-vous l'intention de le regarder comme il faut?
M. Ryan: C'est un aspect qui est examiné de près et
qui fera probablement l'objet de dispositions dans le projet de loi.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): D'autres
interventions?
M. Jolivet: La dernière, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Allez,
monsieur.
M. Jolivet: Cela concerne les groupes multiethniques, les
multiethnicités à l'intérieur de l'école, en milieu
scolaire. Je vous ai dit que j'ai visité l'école
Saint-Enfant-Jésus sur le plateau Mont-Royal. Une des questions qui
était intervenue... J'ai cru comprendre que le ministre nous a dit qu'il
y avait un changement à ce qu'on semblait attendre dans le milieu,
à l'automne. C'était le développement des maternelles
d'accueil à plein temps. Est-ce que j'ai bien compris, ce matin, en
disant que le ministre s'engage, du moins pour l'année qui vient,
à continuer les maternelles à plein temps plutôt que de
revenir à la possibilité de maternelles à mi-temps dans
les maternelles d'accueil? Si c'était cela, cela répondrait
à une question posée par les enseignants là-bas, qui
voulaient conserver les maternelles d'accueil à plein temps.
M. Ryan: Oui, nous en avons quelques-unes à plein temps
sur une base expérimentale à la CECM. J'ai dit, ce matin, que
celles-là sont maintenues pour l'année 1987-1988.
M. Jolivet: Vous ne pensez pas l'étendre à celles
qui ne le sont pas pour le moment.
M. Ryan: Pas pour l'instant. Nous ferons une évaluation au
cours de l'année, nous tirerons les conclusions. En plus, nous allons
verser des subventions spéciales à certaines commissions
scolaires de l'île de Montréal, en particulier à la CECM,
pour les services spéciaux qui doivent être rendus aux
élèves en provenance de communautés ethniques ou aux
écoles où ces élèves sont en proportion
élevée.
M. Jolivet: En fait, ce que l'on peut leur passer comme message,
ce soir, compte tenu de l'expérience qui se perpétue encore cette
année, c'est qu'elles peuvent garder espoir de pouvoir avoir les
maternelles d'accueil dès quatre ans à plein temps.
M. Ryan: C'est cela. Maintenant, il faut bien penser que nos
parents francophones ou anglophones de vieille souche regardent ces choses et
nous disent souvent: Comment cela se fait-il que vous en avez pour
ceux-là et que vous n'en avez pas pour nous? Il faut aussi penser
à ce problème. Quand on arrive dans n'importe quelle partie du
territoire, les gens regardent cela de près et disent: Est-ce qu'on a
plus de droits quand on... Il faut penser à cela. Pour l'année
prochaine, en tout cas, nous les maintenons parce que nous trouvons que cela
vaut la peine de les maintenir.
Le Président (M. Théorêt): Alors, je vous
remercie, M. le ministre. Est-ce que le programme 4 est adopté?
M. Jolivet: Oui, M. le Président.
Adoption des crédits
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que les
crédits du ministère de l'Éducation pour l'année
1987-1988 sont adoptés?
M. Jolivet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Mmes et MM. les membres de la commission parlementaire, je vous remercie
beaucoup de votre présence. M. le ministre, je vous remercie de votre
disponibilité et je remercie aussi les collaborateurs qui vous ont
accompagné.
La commission parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 0 h 22)