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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! Étant donné les conditions atmosphériques, le
président est actuellement retenu à Montréal et je le
remplace pour une partie de ta matinée
Je déclare donc ouverte la séance de la commission de
l'éducation Je rappelle le mandat de la commission Examen des
orientations, des activités et de la gestion du Conseil des
collèges
M le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements ce matin?
Le Secrétaire: Non, M le Président
Audition de la Commission de l'enseignement
professionnel
Le Président {M. Jolivet): Je vous rappelle que la
commission a entendu le Conseil des collèges et la Commission de
l'évaluation, hier Ce matin, nous allons entendre la Commission de
l'enseignement professionnel durant une heure et demie ou deux, normalement de
10 heures à midi et, à la fin, chaque partie
représentée ici aura une demi-heure pour faire les remarques
préliminaires qui seront, je pense, les finales parce que la commission
terminera ses travaux ce matin.
J'invite M Morin, président du conseil, à prendre
immédiatement la parole pour les remarques préliminaires.
M. Morin (Yvon): M le Président, |e vais vous
présenter les membres représentant la commission
Immédiatement à ma droite M Claude Gauthier, président de
la Commission de l'enseignement professionnel, Mme Michèle Castonguay,
coordonnatrice de la Commission de l'enseignement professionnel, M. Normand
Laprise, adjoint au directeur des Services pédagogiques à
I'éducation des adultes au cégep d'Alma, à ma gauche, Mme
Nicole Kobinger, directrice générale du Centre d'enseignement et
de recherche en informatique Clément-Lockwell inc, du cégep de
Sainte-Foy, Mme Pauline Cossette, membre de l'AFEAS, tous membres de la
Commission de l'enseignement professionnel
Juste un mot, M le Président, pour vous présenter
brièvement la Commission de I'enseignement professionnel avant de donner
la parole au président de la commission, M Claude Gauthier La Commission
de l'enseignement professionnel, créée en même temps que le
Conseil des collèges a un mandat qui est expressément inscrit
dans la Loi sur le Conseil des collèges II s'agit d'une commission
créée auprès du conseil pour aviser celui-ci sur toute
question concer- nant l'enseignement professionnel et pour maintenir avec les
organismes intéressés à l'enseignement professionnel les
rapports au nom du conseil.
Les huit membres de la commission sont choisis et nommés par le
conseil pour des mandats de trois ans renouvelables une fois Le
président de la commission, comme d'ailleurs celui de la Commission de
l'évaluation étant membre d'office du Conseil des
collèges, est quant à lui, nommé par le gouvernement sur
recommandation, toutefois, du Conseil des collèges II est très
significatif que le législateur ait créé en 1979,
auprès du Conseil des collèges, une commission permanente pour
l'enseignement professionnel Nous savons que le gouvernement aurait pu
créer d autres commissions une commission des programmes par exemple,
une commission d'éducation des adultes, une commission d enseignement
général, une commission du financement ou même, à la
limite, une commission de la recherche Évidemment ces autres aspects de
l'enseignement collégial ne sont pas laissés pour compte Le
conseil sen occupe Mais, en créant une Commission de I'enseigne ment
professionnel, le gouvernement a voulu souligner I'importance de ces secteurs
dans les collèges, et surtout il a voulu signifier que ces secteurs
exigent une vigilance accrue et constante, pour bien se développer et
pour bien répondre aux besoins des étudiants et des
étudiantes. Le conseil est donc heureux de pouvoir compter sur sa
Commission de l'enseignement professionnel, pour I'aviser dans toutes ces
questions nombreuses et souvent complexes de I'enseignement professionnel
collégial Je saisis I'occasion pour redire aux membres de la commission
au nom du Conseil des collèges combien nous apprécions leur
engagement, leur disponibilité et leur précieuse collaboration
Nous remercions la commission parlementaire de I'éducation d'avoir
demandé de rencontrer la Commission de I'enseignement professionnel pour
échanger des opinions directement avec son président et quelques
uns de ses membres Avec votre permission, M. le President je céderai
donc la parole à M. Gauthier, président de fa Commission de I
enseignement professionnel
Le Président (M. Jolivet): Merci M. le président M
Gauthier vous avez la parole
M Gauthier (Claude): M le Président mesdames et messieurs
de la commission parlementaire de l'education |e tiens à vous remercier
au nom des membres de la Commission de I'enseignement professionnel d avoir
réservé une demi journée de vos travaux pour notre
commission. Lors de la création du Conseil des
collèges, le législateur a prévu l'existence
légale de la Commission de l'enseignement professionnel, car il jugeait
que cet enseignement avait besoin d'une attention particulière, à
la suite de son intégration dans le système collégial.
Pour nous, votre invitation démontre que vous avez les mêmes
préoccupations; aussi c'est avec honneur et plaisir que nous vous
offrons notre entière collaboration pour permettre de réaliser
votre mandat d'examen de nos orientations, de nos activités et de notre
gestion. À ce sujet, nous vous avons fait parvenir un dossier
d'information et nous voulons vous assurer de notre entière
collaboration pour répondre aux questions qu'il a pu
générer.
Comme vous avez pu le constater à la lecture de ce document, la
Commission de l'enseignement professionnel a placé le centre de ses
préoccupations autour de la qualité de la formation des
étudiants et étudiantes du secteur professionnel. Pour vous
permettre de bien saisir les raisons qui ont motivé la commission
à aller dans cette direction depuis sa création en août
1980, nous souhaitons aborder cet exposé en situant le contexte dans
lequel l'enseignement professionnel collégial a
évolué.
Il y a vingt ans, les cégeps furent créés par le
regroupement d'environ 130 établissements donnant une formation de
niveau postsecondaire: instituts de technologie, écoles
d'infirmières, écoles normales, collèges classiques. En ce
qui concerne l'enseignement professionnel, ces établissements
dispensaient des enseignements concentrés autour des techniques
physiques et en techniques infirmières. En 1966-1967, l'ensemble de ces
institutions accueillaient autour de 18 400 étudiants et
étudiantes, dans plus de 75 programmes.
La société québécoise en pleine
évolution jugeait, à cette époque, que ces enseignements
ne répondaient plus aux besoins. En effet, il fallait augmenter le
niveau de formation de la main-d'oeuvre et ouvrir toutes les voies
nécessaires pour permettre une plus grande accessibilité aux
études collégiales.
Il va sans dire que les modifications apportées à
l'enseignement professionnel depuis la création des cégeps furent
très importantes tant pour les programmes que pour l'organisation.
Toutefois, ces grands changements ne se sont pas faits sans
problème.
En 1975, huit ans après la création des cégeps,
divers intervenants, dont le Conseil supérieur de l'éducation,
par le biais du rapport Nadeau, ont fait état des résultats
atteints par le réseau collégial, des problèmes qu'il a
vécus, et des orientations à retenir pour son
développement ultérieur.
À partir des données d'ensemble, ils ont souligné
la progression rapide de l'enseignement professionnel postsecondaire, puisque
le nombre d'étudiants et d'étudiantes est passé à
près de 49 000 en sept ans dans une centaine de programmes
différents.
Pour ce qui est de la formation donnée dans les collèges,
elle demeurait souvent méconnue par les employeurs. Ceux-ci ne savaient
pas trop à quoi s'en tenir et its manifestaient une certaine
résistance face à ces nouvelles institutions.
L'intégration des anciens établissements a été
perçue comme la disparition de la personnalité de l'enseignement
professionnel.
Par contre, ceux qui ont engagé des techniciennes et des
techniciens étalent généralement satisfaits de la
formation donnée au collégial. L'augmentation à cette
époque du nombre de programmes différents - de 75 à 130 -
contribuait à donner une formation qui répondait mieux à
leurs différents besoins. Cependant, ils soulevaient aussi des lacunes
sur le plan de la capacité d'intégration au début de la
période de travail et au niveau de l'expression écrite.
De l'intérieur des collèges, divers intervenants
soulignaient la surcharge de travail des étudiantes et des
étudiants du secteur professionnel par rapport à ceux et à
celles du secteur général. Ils faisaient état des
différences en ce qui regarde la tâche d'enseignement des
professeurs. D'ailleurs, ils déploraient aussi la
sous-représentation des professeurs du secteur professionnel dans les
différentes instances à l'intérieur du collège, que
ce soit au conseil d'administration, à la commission pédagogique
ou à l'exécutif syndical.
Ces commentaires faisaient ressortir des réalisations
intéressantes et un certain nombre de problèmes autour de
l'enseignement professionnel à cette époque. Les autorités
politiques considéraient que les raisons pédagogiques, sociales
et économiques qui avaient prévalu lors de la création des
cégeps étaient toujours d'actualité. Diverses mesures
furent proposées afin de supporter le développement de ces
institutions.
Parmi celles-ci, il fut décidé de créer le Conseil
des collèges dans le but de conseiller le ministre sur la mise en oeuvre
du renouveau souhaité sur divers aspects: la qualité de
l'enseignement, l'évaluation des pratiques institutionnelles,
l'innovation pédagogique, le développement de l'enseignement du
réseau.
Comme l'a rappelé le président Morin, le conseil est un
organisme autonome, Indépendant, avec deux commissions dont le
rôle spécifique est de lui permettre de développer une
expertise particulière et d'intervenir dans deux champs bien
précis.
Plus spécifiquement, l'article 18 de la Loi sur le Conseil des
collèges prévoit que la Commission de l'enseignement
professionnel est chargée de présenter des avis au conseil, entre
autres sur les révisions et les autorisations de programmes, ainsi que
sur tes politiques touchant l'enseignement professionnel et tes conditions dans
lesquelles cette formation est donnée. De plus, le même article
prévoit que la commission doit assurer les rapports du conseil avec
les
divers organismes Intéressés à ce type d
enseignement
La loi prévoit donc que la commission joue un rôle
consultatif auprès du conseil pour tout ce qui touche l'enseignement
professionnel. Pour réaliser ce rôle, toutes ses démarches
et ses travaux doivent être faits dans le respect d'une grande exigence
l'indépendance.
À cet effet, avant de se prononcer sur une question quelconque,
la commission doit s assurer qu'elle a tous l'es éclairages
nécessaires à l'exercice de son jugement. Elle doit poser
clairement la problématique, en scruter toutes les facettes,
élargir la consultation à tous les groupes
intéressés afin d'alimenter ses réflexions et
d'éclairer ses analyses Elle doit prendre position dans
l'intérêt du bien commun sans crainte de déplaire à
qui que ce soit. En somme, la distanciation critique doit transparaître
dans ses travaux, dans ses prises de position autant que dans son action.
La Commission de l'enseignement professionnel doit doncc travailler dans
une perspective d'indépendance Mais elle doit aussi être
enracinée dans les milieux intéressés à la
formation professionnelle et être à l'écoute de leurs
besoins et de leurs attentes Elle doit avoir une connaissance approfondie de
toutes les facettes de l'enseignement professionnel, que ce soit au niveau des
programmes ou au niveau des besoins du marché du travail. Elle doit
faire preuve d'une bonne compréhension des conditions dans lesquelles
les étudiants et les étudiantes reçoi vent et
intègrent cette formation. À cet égard, la commission a
toujours été sensible aux aspects qui concourent à une
formation humanisante tout autant qu'à une spécialisation de
qualité
Cet enracinement et cette indépendance constituent pour elle deux
conditions pour détenir une réelle crédibilité.
L enracinement vient aussi des membres de la commission qui sont
nommés par le conseil selon les critères de compétence et
de représentativité de leur milieu Ces personnes proviennent de
milieux vanés et apportent de ce fait des expertises précieuses
à la commission. Elles sont représentatives de leur milieu, mais
elles ne viennent pas représenter leur milieu à la commission.
Elles sont dégagées des intérêts de groupes et
capables de prendre un certain recul relativement aux problèmes
particuliers et Immédiats pour les situer dans une perspective plus
large. Elles adhèrent aux principes et aux outils d'analyse dont s'est
dotée la commission au cours des ans et elles provoquent et alimentent
tout autant leur évolution.
Ici j'aimerais ouvrir une parenthèse pour vous dire que je suis
particulièrement honoré de présider cette commission En
plus de ces qualités présentes chez les membres de la commission
il faut ajouter qu'ils consacrent énormément de temps pour
préparer leurs dossiers, ils interviennent activement lors des
réunions et, qualité appréciable entre toutes, ils
défendent leurs positions avec conviction, tout en gardant une grande
ouverture aux idées des autres. C'est par l'interaction franche et
ouverte de leurs expertises que se dégagent les orientations de la
commission. C'est à I'issue de débats ouverts que les principes
et les positions y sont adoptés. L'apport dynamique et engagé des
membres favorise des positions éclairées qui se dégagent
par consensus.
J'aimerais ajouter, M. le Président, que cet esprit qui anime les
travaux de la commission a été façonné par mon
prédécesseur à la présidence, M Claude B Simard,
appuyé dans ses fonctions par Estèle Bouchard et Margaret Whyte
qui furent coordonnatrices, et aussi par une permanence compétente,
travaillante et très soucieuse de donner aux membres de fa commission
I'ensemble des éléments leur permettant de prendre des
décisions en toute connaissance de cause.
La commission regroupe des personnes ayant une bonne connaissance de
toute la problématique liée à I'enseignement
professionnel. Mais leur contribution ne s'arrête pas là. En
effet, cet enseignement doit évoluer au rythme des changements
observés dans le monde du travail pour continuer de répondre
à des besoins de formation. Cet enseignement doit également tenir
compte de l'évolution, de la préparation antérieure des
étudiantes et des étudiants et des changements dans leur
façon d'apprendre Les membres doivent donc développer une vision
claire des besoins à court et à moyen terme de l'enseignement
professionnel afin de permettre à la commission d'exercer ses mandats de
façon prospective.
Nous venons de le voir les membres de la commission ont
été sélectionnés par le conseil en fonction de leur
compétence et de leur représentativité. Cependant, la
commission ne fonctionne pas en vase clos Pour lui permettre de réaliser
son deuxième mandat qui est rappelons le d'assurer les rapports du
conseil avec les organismes intéressés à I'enseignement
professionnel, toute la commission rencontre chaque année divers
intervenants dans trois collèges différents pour discuter sur le
thème de réflexion qui sera reinvesti dans son rapport annuel sur
I'état et les besoins de I'enseignement profes sionnel collégial.
Elle profite aussi de ces occasions pour être à I'écoute
des préoccupations de ces intervenants qui sont
généralement des administrateurs et des administratrices des
professeurs des étudiantes et des étudiants des syndiqués
représentant tout le groupe de travailleurs et de travailleuses.
Ajoutons à cela les rencontres de la commission ou de la
permanence avec des représentants de groupes syndicaux et patronaux
extérieurs aux collèges avec des représentants des autres
milieux de I'éducation et avec des experts ayant des
intérêts dans d'autres champs de préoccupation liés
à I'enseignement professionnel.
Par ces rencontres, la commission acquiert une connaissance des divers
milieux Intéressés à l'enseignement professionnel. Les
informations qu'elle reçoit viennent alimenter ses réflexions et
ses analyses; ces Informations sont réinvesties dans l'ensemble de ses
travaux.
Les travaux de la commission sont diffusés dans les milieux qui
s'intéressent à l'enseignement professionnel. La commission
crée ainsi une forme d'animation, notamment par le biais des rapports
annuels sur l'état et les besoins de l'enseignement professionnel. Ces
rapports font état de difficultés, d'acquis, de tendances ou de
perspectives que la commission a jugé bon de relever. Ils contiennent
aussi les analyses que la commission en fait. Ils interpellent les divers
interlocuteurs et interlocutrices sur les problèmes ou sur les voies de
solutions identifiées par la commission. Ils visent à provoquer
et à alimenter la réflexion, et aussi à éclairer
l'action du ministère et du milieu.
La commission publie également les outils dont elle s'est
dotée pour répondre aux demandes d'avis qui lui parviennent. Elle
fait connaître au ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science, au réseau collégial et à tout groupe
Intéressé, les critères qu'elle invoque et les
éléments d'analyse auxquels elle se réfère lors de
l'étude de certains dossiers.
Les premiers critères que la commission s'est donnés
concernent les autorisations des spécialités professionnelles
pour les collèges. En 1982-1983, quatre critères étaient
utilisés par la commission pour l'aider à juger de ta pertinence
de recommander l'autorisation des demandes de spécialités
professionnelles. En 1983, la commission en utilisait plus pour faire la
même opération. Parmi ceux-là, mentionnons
l'accessibilité, la consolidation des axes de développement du
collège, la nécessité d'au moins une voie de sortie par
programme, les priorités gouvernementales en matière de
développement technologique, l'enracinement du projet dans la
communauté entourant le collège et le soutien que cette
communauté lui apporte, le profil socio-économique de la
région desservie par le collège, le besoin d'un
développement régional rationnel, le développement de
l'enseignement professionnel dans les coltèges
périphériques et le coût d'implantation dans un contexte de
décroissance budgétaire.
Comme on peut le constater, c'est dès cette époque que la
commission a fondé ses décisions sur des informations concernant
la pertinence de la demande et l'impact de cette demande sur les autres
programmes donnés par les collèges ou par des collèges
environnants. En 1985, la Direction générale de l'enseignement
collégial exigeait que la demande d'autorisation ou de retrait de
programmes s'apppuie sur un plan de développement. Le collège
doit maintenant y faire état du développement prévu pour
ses enseignements professionnels et il doit également évaluer
l'impact de ses demandes sur ses ressources humaines et matérielles.
La commission et le conseil estiment que cette exigence nouvelle
constitue un acquis essentiel à la rationalisation des enseignements
professionnels et à leur enracinement dans leur milieu. Ainsi, avant de
donner son avis, la commission exige d'avoir le plan de développement
des enseignements professionnels du collège, mais il faut aller plus
loin et, pour nous, le ministère doit élaborer un plan de
développement national de la formation professionnelle collégiale
en fonction des priorités et en tenant compte des objectifs de
développement et des ressources disponibles. Ce plan de
développement est annoncé pour bientôt, nous l'attendons et
le recevrons avec grand intérêt puisque la commission le demande
depuis 1983. Cette année-là en effet, dans un avis sur
l'autorisation de programmes et dans son rapport annuel par la suite, ta
commission a insisté sur l'importance d'avoir une meilleure
planification du développement collégial. Cette planification
implique une série de mesures et d'actions qui renvoie à des
objectifs cohérents découlant d'une analyse globale de la
situation. Le développement de l'enseignement professionnel est fait et
se fera dans un contexte de ressources limitées ou de compressions
budgétaires. Cela implique une rationalisation de ta répartition
des enseignements professionnels dans les collèges pour éviter un
éparpillement des ressources humaines et financières qui aurait
une incidence certaine sur la qualité de renseignement.
L'opération des autorisations de programmes a toujours
occupé une place importante dans le plan de travail de la commission.
Mais, un autre volet concernant les programmes prend beaucoup de place. En
effet, depuis quelques années, la commission doit émettre des
avis sur les programmes expérimentaux et révisés. Pour
permettre à l'ensemble des intervenants de bien comprendre les positions
de la commission, elle a diffusé le cadre d'analyse qu'elle utilise pour
donner ses avis. Essentiellement, lorsqu'un dossier concernant une
révision de programme lui est présenté, la commission
désire notamment: s'assurer que c'est le résultat d'une
consultation et d'un large consensus pour tous les groupes
intéressés; évaluer la pertinence de la formation
collégiale en regard des fonctions de travail et des besoins de
main-d'oeuvre; étudier attentivement le bilan du programme existant afin
de bien percevoir les correctifs à apporter; analyser les nouvelles
propositions de programme afin de vérifier leur cohérence;
vérifier l'équilibre entre la formation de type fondamentale et
la formation plus spécialisée; vérifier aussi la
présence de contenus touchant à la santé et à la
sécurité au travail, au vécu professionnel et au respect
de l'environnement; vérifier la lourdeur du travail de
l'étudiante et de l'étudiant; vérifier, enfin, la
possibilité d'un continuum de formation entre les différents
ordres d'enseignement.
D'autres critères se sont ajoutés récemment.
Après l'étude du programme révisé en soins
infirmiers, la commission estime en effet que toute révision majeure de
programmes doit être expérimentée pendant un certain temps
pour bien mesurer l'impact des changements proposés à tous les
niveaux. De plus, elle souhaite que le milieu s'approprie les changements
proposés avant l'implantation, que soit prévu un soutien aux
départements et que les ressources nécessaires tant aux plans
humain, matériel que financier soient allouées.
Si on regarde de près les différents critères
relatifs aux programmes révisés, on constate qu'une grande partie
d'entre eux concernent la qualité de la formation que doivent recevoir
les étudiantes et les étudiants. Dès 1982, la commission
s'était préoccupée de cette question. Dans certains avis
donnés à cette époque et surtout dans le rapport annuel de
1982-1983, la commission faisait état de sa vision du programme et de
l'apport que dort avoir chacun des cours à la formation globale de
l'individu. Permettez-moi de rappeler quelques notions qui y étaient
développées: pour elle, tout programme d'étude de niveau
collégial doit être axé sur une formation à la fois
fondamentale et polyvalente; pour elle, une formation fondamentale est une
formation qui accorde une attention particulière aux fondements d'un
savoir et permet à l'individu d'acquérir des savoirs, des
savoir-faire et des savoir-être transférables et adaptables; pour
elle, la polyvalence est le caractère d'un individu qui le rend apte
à comprendre son environnement, à s'adapter a son
évolution et à travailler dans des fonctions apparentées
à sa spécialisation; enfin, pour la commission, la seule
façon d'assurer la formation fondamentale consiste à
privilégier une approche intégratrice où l'ensemble des
cours d'un programme doit contribuer à ces grands objectifs de formation
que sont la maîtrise de la langue parlée et écrite,
l'acquisition d'une méthode de travail, la capacité d'analyse et
de synthèse, l'aptitude à développer l'argumentation, la
capacité d'avoir une pensée critique et créatrice, la
capacité d'autocritique et de conscience de soi, l'acquisition
d'attitudes permettant la compréhension des rapports humains et le sens
des responsabilités sociales. (10 h 30)
Pour cela, le programme doit constituer un tout dans lequel les
différents éléments d'apprentissage sont reliés
fonctionnellement entre eux selon des objectifs généraux, communs
et clairement identifiés.
La commission insiste beaucoup pour que tous les cours d'un programme
soient définis en termes d'objectifs. Car en plus de favoriser une bonne
formation, la clarté des objectifs rend possible la reconnaissance
d'acquis aux étudiantes ou aux étudiants ayant déjà
suivi des cours dans un secteur apparenté ou encore aux adultes
désireux d'effectuer un retour aux études, il va sans dire que la
commission souhaite également que le niveau universitaire soit en mesure
de faire la même chose pour les étudiants et les étudiantes
du secteur professionnel collégial dans l'optique d'un continuum de
formation.
La commission est heureuse de constater que son action commence à
porter fruits. Les outils qu'elle a développés, que ce soient les
critères relatifs aux autorisations de programmes, le cadre d'analyse
des programmes révisés ou la grille d'examen des nouveaux
programmes, sont de plus en plus utilisés par ceux et celles qui
Interviennent dans ces dossiers. Cette contribution présuppose une
démarche, une approche nouvelle et, par conséquent, un changement
de mentalité tant au niveau du ministère, des collèges que
des départements.
Tout récemment la commission a étudié le programme
expérimental en soins infirmiers. Le programme présenté
respecte le concept d'intégration développé par la
commission car chacun des cours du programme, que ce soit le français,
la philosophie, les cours de service ou les cours de spécialisation,
participe à l'atteinte des grands objectifs de formation.
L'élaboration de ce nouveau programme, qui devrait être
donné à partir de septembre 1988 dans tous les collèges
qui le dispensent actuellement, est le résultat d'une démarche
impliquant des professeurs de l'ensemble des disciplines concernées. La
commission trouve cette approche heureuse car, pour elle, un programme doit
être élaboré avec le concours précieux des
professeurs de tous les cours concernés. C'est une approche qui respecte
l'esprit d'intégration devant présider à l'objectif
fondamental de formation.
Nous venons de le voir, la commission a beaucoup insisté sur les
conditions à respecter en ce qui concerne les programmes pour que les
systèmes collégiaux puissent donner un enseignement de
qualité aux étudiantes et aux étudiants. Mais, il n'y a
pas que les programmes qui concourent à cela. Au premier chef, il y a
les professeurs. Pour assurer cette qualité, ils et elles doivent
parfaire leurs connaissances d'ordre pédagogique ou d'ordre didactique.
Ils et elles doivent aussi se maintenir à jour et pousser sans cesse
plus loin les connaissances liées à leur spécialité
en consacrant beaucoup de temps pour maîtriser les changements
technologiques et pour reprendre contact avec le milieu de travail afin
d'actualiser leurs pratiques. Tout cela, faut-il le rappeler, vient alourdir
davantage une charge passablement exigeante pour les professeurs dans
l'enseignement professionnel.
La commission est intervenue dans deux rapports annuels
différents pour relever le problème vécu par les
professeurs à ce sujet. Comme elle a constaté peu de changements,
elle entend revenir à la charge cette année en présentant
un avis au conseil sur le perfectionnement des enseignants du secteur
professionnel, avis élaboré suite à une étude
effectuée pour le compte de la commission et publiée à la
fin d'octobre.
Cette insistance illustre un peu la façon de travailler de la
commission. Souvent, il faut revenir sur le même sujet, insister sur
l'acuité d'un problème et relancer des pistes de solutions avant
que les divers responsables ne passent à l'action.
La commission se préoccupe également de l'organisation de
l'enseignement, se questionne sur la meilleure façon de donner une bonne
formation. Mais elle a toujours été très sensible aux
conditions de formation que vivent les étudiantes et les
étudiants. Pendant l'année 1985-1986, la commission a axé
ses rencontres dans le milieu sur les conditions de formation faites aux jeunes
de l'enseignement régulier. En 1986-1987, les adultes étudiant
dans les programmes courts crédités ont été l'objet
des rencontres et des réflexions consignées par la commission
dans son rapport annuel sur l'état et les besoins de l'enseignement
collégial.
Dans les deux cas, la commission a constaté un bon degré
de satisfaction face à la qualité de la formation reçue.
Elle a pu vérifier le degré d'engagement de ces étudiantes
et de ces étudiants. Elle a pu être témoin de leurs espoirs
et de leurs appréhensions face à leur avenir. Elle a entendu
leurs protestations face au système et leurs revendications pour
corriger certaines lacunes.
La commission espère que l'on saura donner suite à ce
qu'elle a identifié comme la question de l'heure à la suite de
ces rencontres. Pour elle, ce sont des questions urgentes qui demandent aux
divers intervenants et intervenantes de poser les gestes qu'il faut pour
apporter les correctifs.
Voilà, M. le Président, mesdames et messieurs les
députés, je vous ai présenté une esquisse des
principales orientations et préoccupations de la Commission de
l'enseignement professionnel. Globalement, la commission estime que la
formation professionnelle donnée dans le réseau collégial
est de bonne qualité et qu'elle répond en général
aux attentes du milieu. Il faut continuer à faire les efforts pour
améliorer certains aspects, notamment au niveau de la polyvalence et au
niveau des communications orales et écrites. La commission entend faire
des recommandations au conseil dans un avenir rapproché sur ce dernier
aspect.
La situation de l'enseignement professionnel évolue très
rapidement. Hier, elle était aux prises avec un besoin de renouvellement
de ses programmes. Aujourd'hui, elle fait face à une diminution parfois
dramatique de sa clientèle. Demain, elle devra s'adapter à
d'autres changements qui viendront bouleverser les besoins de formation.
Les divers intervenants et intervenantes ont su démontrer par le
passé un dynamisme et une Implication qui leur a permis de trouver des
solutions aux problèmes auxquels ils et elles ont été
confrontés. Cet engagement de tous et de toutes permettra sûrement
à l'enseignement pro- fessionnel de relever les grands défis
d'aujourd'hui et de demain.
Les prises de position de la Commission de l'enseignement professionnel
continueront, je l'espère, à les aider, à leur donner des
éclairages dans le but de consolider les acquis très valables et
de valoriser davantage la formation professionnelle dans l'optique de la
poursuite de l'excellence. Dans notre société en pleine
évolution technologique et qui a éminemment besoin de
techniciennes et de techniciens compétents, il est nécessaire de
donner tous les outils à la formation professionnelle pour qu'elle joue
son rôle moteur de développement collectif et qu'elle contribue
à former des citoyens responsables» et des personnes soucieuses
d'une excellence à renouveler sans cesse.
Je vous remercie de votre attention, M. le Président, mesdames et
messieurs les députés. Nous sommes à votre entière
disposition pour répondre à vos questions.
Période de questions
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Gauthier. Je vais
accorder les 20 premières minutes au côté
ministériel, ensuite 20 minutes à l'Opposition. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Préparation des jeunes au travail
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais
souhaiter la bienvenue au président du Conseil des collèges
encore une fois ainsi qu'à M. Gauthier et aux autres membres de la
Commission de l'enseignement professionnel.
J'aimerais aussi vous remercier d'avoir fait cet excellent historique de
l'enseignement professionnel et surtout de vos activités, de vos
responsabilités et vos préoccupations. Je crois qu'il est
évident que tes défis de l'enseignement professionnel sont
énormes.
J'ai une couple de questions qui me semblent fondamentales. On voit
souvent, je ne dirai pas souvent mais de temps en temps, des
allégations, surtout dans les journaux - je n'ai pas beaucoup confiance
aux journaux, mais on les lit de temps en temps - à savoir qu'on
prépare mal nos jeunes dans les cégeps pour le travail. Quelle
est votre réaction à de telles allégations?
Le Président (M. Jolivet): M. Gauthier.
M. Gauthier (Claude): Quand on rencontre les divers intervenants
du milieu du travail, ceux-ci font généralement état de
leur satisfaction face à l'enseignement reçu et ils
soulèvent quelques lacunes, entre autres au niveau de l'expression orale
et écrite et parfois aussi sur la rapidité à
intégrer le milieu du travail comme tel. Tout dernièrement, je
mettais la main sur un document, émanant de la Direction des
études, sur l'emploi et les carrières, daté de 1987, qui
faisait l'évaluation des programmes donnés dans
le secteur de la construction; il s'intitule "L'emploi, ta formation et
la transition école-travail." Dans ce document, on fait
l'évaluation pour les diplômes de l'enseignement collégial
et de l'enseignement secondaire. On a coté de A jusqu'à E, en ce
qui regarde la relation formation et emploi. L'ensemble des programmes est
coté à B, si on fait exclusion du programme
électrotechnique, que ce soit pour le programme de technologie de
l'architecture, de technologie de génie " civil, de mécanique du
bâtiment, d'électronique, d'électrodynamique,
électrotechnique - c'est le seul programme qui est coté C - de
soudage et de technique du meuble et du bois ouvré. Donc, on constate
là une relative satisfaction face à la formation donnée au
niveau collégial. Tout récemment également, nous avions
l'occasion de rencontrer des industriels du secteur de l'imprimerie. Nous
voulions discuter avec eux sur des modifications aux programmes
suggérés dans le cadre des communications graphiques, ils nous
rappelaient également leur degré de satisfaction face à la
formation qui était donnée dans ces programmes. Ils ont
essayé d'embaucher des étudiants et des étudiantes du
secondaire. Très rapidement, ils ont constaté que c'était
difficile pour ces étudiants et ces étudiantes de dépasser
leur formation reçue, alors que ce n'était pas le cas pour ceux
et celles du collégial. Donc, globalement, on peut conclure que
l'enseignement collégial dans l'ensemble répond bien aux attentes
des employeurs. II y a le placement qui témoigne de cette
qualité, de cette adéquation entre l'emploi et la formation.
Hier, vous mentionniez un programme où il y avait un placement à
100 % dans un collège privé. Il y a également beaucoup de
programmes dans le secteur public où on constate un placement
équivalent. Justement dans des données de relance que nous
recevions cette semaine, en gestion agricole, par exemple, il y a des
placements à 100 %; en communication graphique, non seulement il y a des
placements à 100 %, mais on manque d'étudiants et
d'étudiantes pour combler l'ensemble des demandes du milieu. Dans les
autres programmes, alors qu'on constate que le placement dans les fonctions
directement reliées à la formation est un peu bas, on observe
souvent que dans les domaines connexes le placement est bon. On peut dire que
pour la très grande majorité des programmes professionnels, le
placement se situe entre 80 %. 85 % et 90 %. Naturellement, il y a quelques
programmes qui ont des difficultés. On constate avec le temps que ces
difficultés de placement suivent un cycle lié à
l'évolution économique, très souvent également aux
décisions politiques. C'est évident par exemple que tors de la
crise économique, un surplus de clientèle s'est manifesté
et quand, par la suite, cette crise s'est résorbée jusqu'à
un certain point, on s'est retrouvé aux prises avec certains
problèmes de placement. Donc, dans l'ensemble, si je me résume,
en ce qui a trait à la formation, je ne dis pas que tout est parfait,
mais dans l'ensemble cela répond relativement bien aux attentes du
milieu.
Mme Dougherty: Ce sont des bonnes nouvelles. Merci. Est-ce que
tes gens qui viennent du monde du travail sont impliqués d'une
façon systématique dans la conception, le développement,
l'évaluation des programmes?
M. Gauthier (Claude): Là, vous touchez un domaine dans
lequel nous Intervenons par le biais des avis que l'on donne. Je vais vous dire
comment nous travaillons avec te milieu du travail et ensuite nous regarderons
globalement la compréhension qu'on peut avoir du mécanisme de
collaboration qui peut exister avec le ministère sur cela. Quand nous
avons à nous prononcer sur un programme - nous le faisons
systématiquement - nous vérifions, soit par des contacts
téléphoniques ou encore par des rencontres, l'adéquation
du programme proposé en fonction des besoins du marché du
travail. Nous l'avons fait tout récemment dans le cas des soins
infirmiers. Je vous mentionne une rencontre que nous avons eue avec des
représentants du secteur des communications graphiques pour
échanger des propos sur les modifications de programmes proposés.
Donc, en ce qui nous concerne, c'est une de nos préoccupations
constantes. Nous sommes très conscients que la formation professionnelle
de niveau collégial doit répondre à des besoins de
formation de main-d'oeuvre dans le sens d'une formation plus globale. On a
beaucoup de réticence face à un programme qui formerait quelqu'un
pour répondre à des besoins très pointus, par exemple. On
souhaite une formation polyvalente, une formation large, une formation qui va
permettre aux individus de s'adapter aux divers changements. (10 h 45}
En ce qui regarde le ministère et les collaborations qui peuvent
exister avec le milieu de travail, le ministère lui-même
réévalue actuellement, la façon de modifier, de
réviser les programmes. La collaboration avec le milieu de travail est
une de nos préoccupations. Quand on reçoit les travaux du
ministère, on est toujours ' intéressé à
connaître le type de travail qu'il a fait avec le milieu,
précisément pour répondre aux mêmes objectifs que je
viens de vous mentionner. M. le Président, si vous le permettez, Mme
Kobinger voudrait donner un complément de réponse.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui, madame.
Mme Kobinger (Nicole): À l'enseignement professionnel,
à l'intérieur d'un collège, étant donné la
nature de la formation que l'on donne et surtout le fait que les
étudiants arrivent directement sur le marché du travail, les
départements de formation professionnelle ont un contact étroit
avec le marché du travail. On doit
dire que ce marché du travail est principalement constitué
de PME. Il faut penser que nos techniciens et nos techniciennes de cégep
sont surtout employés par le milieu des PME qui est finalement le milieu
le plus dynamique de la province, on le sait.
Un département de formation professionnelle doit avoir des
contacts avec le marché du travail, d'abord pour les stages, quand il y
en a. Il doit avoir des contacts avec le marché du travail parce qu'il
doit placer ses étudiants. Il doit également avoir des contacts
avec le marché du travail parce que les professeurs ont besoin de ce
contact pour se maintenir à jour, aussi bien pour les nouvelles
technologies employées dans leurs disciplines, et aussi pour les
nouvelles méthodologies et les nouvelles habiletés à
développer che2 les étudiants. Il y a donc un lien très
étroit, d'ailleurs très difficile à supporter pour des
professeurs très chargés, entre les professeurs et tes gens des
collèges et le marché du travail, qui fait que ce contact a un
impact sur révolution des contenus de programmes.
Je pense qu'on peut dire que la grande majorité des programmes
reflète très bien les besoins du marché du travail
à cause, entre autres, de ces contacts étroits des gens des
collèges avec te marché du travail.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Kobinger.
Mme Dougherty: Non, je vais continuer quelques minutes.
Une voix: Vous allez me laisser...
Mme Dougherty: Mon collègue s'impatiente, El aura quelques
minutes. Toujours sur le même sujet, est-ce que le processus de
l'approbation des programmes et même de l'approbation des changements de
programmes est suffisamment léger ou rapide pour accommoder
l'évolution du marché du travail?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M.
Gauthier.
NI. Gauthier (Claude): Je dirais que c'est variable. Très
souvent, on constate qu'on aurait besoin de changements et souvent ces
changements tardent. C'est peut-être parce que le mécanisme de
révision des programmes suit un cycle. Parfois, le fait qu'un programme
soit inséré dans un cycle, cela peut provoquer un retard à
apporter des modifications qui répondraient à des besoins du
marché du travail. On le sait, actuellement, il y a certains programmes
qui auraient besoin d'être révisés. Mais on sait aussi que
chaque année il y a une série de programmes qui sont
révisés. Il y en a qui l'ont été par le
passé. Il y a des programmes qui ont été
révisés tout récemment. Certaines révisions ont
provoqué des problèmes parce que les nouveaux programmes
étaient surchargés et ne répondaient peut-être pas
assez bien aux attentes du milieu du travail.
Il y a une certaine lourdeur, mais El faut bien dire qu'avant qu'un
programme ait le temps de faire ses preuves, avant que les modifications soient
perceptibles par le milieu du travail, cela prend un certain temps, mais on
aurait intérêt à alléger le processus.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Gauthier. Je vais maintenant reconnaître le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. J'espère que
Mme la députée de Jacques-Cartier comprend mon impatience, parce
que plus je la laissais parler, plus elle posait mes questions.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Posez votre
question, s'il vous plait, M. le député.
Diminution de la clientèle scolaire
M. Gardner: M. le Président, la baisse de ta
clientèle m'inquiète beaucoup, la diminution de la
clientèle, plutôt. Vous avez mentionné que c'était
une diminution assez importante. On la voit au niveau secondaire, mais je
suppose que vous avez la même répercussion pour le cégep.
C'est peut-être attribuable en bonne partie à la
dénatalité, mais aussi peut-être au manque
d'intérêt des jeunes envers le professionnel. Pensez-vous que
c'est vraiment très alarmant et que la nouvelle formation au secondaire
- on en vient à un secondaire VI et VIl. au niveau professionnel - peut
vous enlever une clientèle intéressante pour vous?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M.
Gauthier.
M. Gardner: Je reviendrai sur cette question.
M. Gauthier (Claude): II y a deux volets à votre question
sur la diminution de la clientèle. Cela fait l'objet de nos rencontres
actuellement avec les collèges. On a déjà rencontré
un collège et, au début de décembre, on rencontrera un
autre cégep sur ce thème. Nous aurons une vision claire de ce
problème vers le mois de mars ou avril, mais d'ores et
déjà on peut constater que dans certaines disciplines, depuis
presque cinq ans maintenant, il y a des diminutions de clientèle
étudiante de l'ordre de 2 % par année. C'est préoccupant.
Pourquoi? Je veux faire le lien avec la deuxième partie de votre
question. Parce que l'enseignement professionnel collégial répond
à des besoins des industries québécoises: les PME
particulièrement ont besoin de techniciennes et de techniciens
formés pour être capables de répondre à certains
besoins. Actuel-
lement, il y a des modifications de programmes au secondaire. On
constate un certain recoupement des enseignements à ce niveau-là
également, mais il me semble qu'il ne faut pas perdre de vue qu'une
formation de niveau secondaire est différente d'une formation de niveau
collégial. On aborde les mêmes sujets; on étudie
souvent les mêmes choses, mais l'approche est très
différente, Au secondaire, c'est une approche plus intuitive. On essaie
de faire comprendre plus de concepts. Alors qu'au niveau collégial,
l'approche sera plus scientifique et plus rigoureuse. On travaille plus au
niveau de l'abstrait Donc, un apport intellectuel et un support de disciplines
scientifiques plus importants qu'au secondaire.
Au niveau universitaire, d'ailleurs, vous allez souvent reprendre les
mêmes types d'enseignement, mais avec une approche totalement
différente. Oonc, est-ce que le secondaire VI et le secondaire VII vont
enlever de la clientèle dans le secteur professionnel? C'est tôt
pour répondre. Actuellement, au secondaire, il y a une carte des
enseignements professionnels qui est en train de s'élaborer. On devrait
s'asseoir tout le monde ensemble: secondaire, collégial, universitaire,
les gens de l'éducation des adultes, pour regarder les besoins de
formation dans une région donnée, pour ensuite décider
là où on va donner la formation, à quel niveau la
formation sera donnée. Les modifications qui ont été
apportées au projet de formation professionnelle secondaire, normalement
c'est souhaitable, mais il ne faudrait pas que cela entre en compétition
avec le niveau collégial parce qu'encore une fois, au niveau
québécois, ce qu'on constate, c'est qu'on doit dorénavant
travailler dans un contexte de rareté de ressources. Si on commence
à faire de la compétition entre les niveaux pour s'attirer les
clientèles, à mon sens, on dessert la société
québécoise, on dessert également les étudiantes et
les étudiants qui ont besoin d'une formation.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Est-ce que vous avez d'autres questions, M. le député
d'Arthabaska?
Tâche des enseignants
M. Gardner: Oui, M, le Président. Je vous remercie de
cette réponse. Je crois que cela explique bien. J'aurais une autre
question. Vous avez parlé, à deux reprises, dans votre discours,
de la tâche des étudiants, de la tâche des enseignants.
Comme ex-enseignant du niveau secondaire - Mme la députée de
Chicoutimi va peut-être dire que j'ai des préjugés - je
pense que les enseignants du niveau secondaire sont très jaloux des
enseignants du niveau cégep. La tâche des étudiants...
Quand vous faites une révision des programmes, vous dites que vous
vérifiez la lourdeur du travail de l'étudiante et de
l'étudiant. Est-ce que vous avez évalué la tâche des
enseignants et des étudiants? Est-ce que vous pensez vraiment qu'ils
sont surchargés?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M.
Gauthier.
M. Gauthier (Claude): Avec votre permission, M. le
Président, Mme Kobinger voudrait répondre. Si je sens le besoin
de donner un complément de réponse, j'interviendrai.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
madame.
Mme Kobinger: La tâche des enseignants d'abord, des
enseignants au secteur professionnel. Quand on fait des révisions de
programmes, on ne regarde pas la tâche des enseignants étant
donné que c'est quelque chose qui est établi au niveau d'une
politique provinciale et on n'a pas d'impact là-dessus. Donc,
l'allée est supposée être égale pour tout te
monde.
Une voix: Selon la convention.
Mme Kobinger: Parlons un peu de cette tâche et de sa
particularité par rapport aux professeurs du général,
professeurs de philosophie, par exemple, professeurs de français ou
d'histoire. Cette tâche est très particulière. Il y a, bien
sûr, l'enseignement, cela, on en convient, mais il y a tout le lien avec
le marché du travail et cela est très lourd. Cela
nécessite d'aller dans les associations, d'aller dans les entreprises et
toute une série d'opérations pour ce qui est des stages. Il y a
également toute la nécessité pour un professeur
d'enseignement professionnel de se maintenir à jour dans sa discipline
à cause de l'évolution des technologies et du marché du
travail et cela aussi, c'est très lourd à porter.
Or, les professeurs de l'enseignement professionnel se sentent
injustement servis au niveau d'un collège, quant à la charge qui
leur est dévolue puisqu'ils ont un certain nombre de tâches
particulières par rapport à l'autre type d'enseignement.
Maintenant, pour ce qui est de la charge des étudiants, on pense
qu'effectivement il est possible que les étudiants soient
effrayés par la charge à laquelle ils ont à faire face
quand ils entrent au secteur professionnel. Nous l'avons déjà
constaté, effectivement, les étudiants du professionnel sont
chargés. Ils sont chargés parce qu'ils ont comme tout le monde
des cours, mais ils ont des laboratoires et ces laboratoires, les astreignent
souvent à un horaire qui est difficile pour eux étant
donné que les machines ne se trouvent pas chez eux, qu'ils ne peuvent
pas faire leurs travaux chez eux, qu'ils doivent les faire à
l'intérieur du cégep. Alors, c'est souvent très lourd et
cela leur donne un horaire qui est très large. Ils font parfois des
laboratoires jusqu'à minuit, une heure du matin. Leur charge, en tant
qu'étudiant, est très lourde. De plus,
tout le monde veut performer au niveau professionnel. Étant
donné que les étudiants vont directement sur le marché du
travail, les programmes sont évalués directement par le
marché du travail et, dans ce sens-là, on charge tes
étudiants qui sont souvent beaucoup plus chargés que ceux du
secteur général.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Kobinger. Est-ce que M. Gauthier veut ajouter quelque chose?
M. Gauthier (Claude): Oui.
M. Gardner Moi, je veux compléter. (11 heures)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le
député d'Arthabaska, la réplique de l'Opposition reviendra
à ta députée de Chlcoutlmi.
M. Gardner: Oui?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Vous poserez vos
questions plus tard. M. Gauthier, s'il vous plaît.
M. Gauthier (Claude): Je voudrais revenir un peu sur ce qui s'est
dit hier. On a fait état de ta morosité des professeurs. Je
voudrais vous dire qu'elle a peut-être existé autour de 1982, mais
les professeurs de l'enseignement professionnel, j'aimerais vous dire qu'ils et
elles ont été sollicités de diverses façons. Chacun
des collèges a voulu avoir son centre spécialisé. Ce sont
alors les professeurs du milieu qui ont fait les études, qui ont
développé de l'expertise, consulté. Ensuite, il y a eu
lés CQIP, les Centres québécois pour l'informatisation de
la production, pour tous les collèges qui n'avaient pas eu leur centre
spécialisé, on voulait avoir quelque chose de nouveau. Encore une
fois, les professeurs ont travaillé, très souvent d'arrache-pied,
pour monter des dossiers. Autre remarque, il a fallu adapter l'ensemble des
programmes professionnels aux changements technologiques. Premièrement,
il fallait trouver les bonnes modifications de programme. L'ensemble des
professeurs du réseau de l'enseignement professionnel y a
contribué. Ensuite, il fallait se perfectionner. Ce n'était pas
une mince affaire parce qu'il y avait une tâche alourdie par des besoins
secondaires d'implication dans le milieu et un perfectionnement qui,
très souvent, était difficile à obtenir parce que les
universités n'avaient pas développé tes bons programmes,
tes programmes nécessaires. Très souvent aussi, les professeurs
du professionnel travaillaient dans des régions éloignées
des grands centres. Cela prenait du déplacement. Souvent ces professeurs
ont eu à te faire les fins de semaine. Très souvent, ils et elles
ont eu à le faire avec peu de ressources. Pour les professeurs de
l'enseignement professionnel, je peux vous dire une chose, les gens n'avaient
pas le temps de se regarder le nombril ces années-là.
Il fallait performer. Encore une fois aussi, les étudiants et les
étudiantes qui arrivaient dans nos programmes avaient eu très
souvent l'occasion de toucher à la nouvelle technologie. Une pression
s'exerçait donc sur les professeurs. Un professeur du professionnel qui
n'a pas un enseignement adapté ne peut pas continuer d'oeuvrer devant
une classe. Quand on parle de morosité, je pense qu'il faut nuancer les
propos d'hier. Les professeurs de l'enseignement professionnel, depuis
1982-1983, très souvent avec beaucoup de réticence, ont dû
mettre la main à la pâte.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Merci, M. Gauthier. De façon à partager le temps avec le
plus d'équité possible pour les deux partis, je vais donner la
parole à l'Opposition. Les 25 prochaines minutes seront à
l'Opposition. Je reconnais ta députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Permettez-moi de
souhaiter la bienvenue au président du Conseil des collèges, au
président de ia Commission de l'enseignement professionnel et aux
personnes qui l'accompagnent. Je vais me permettre de faire un peu ce que j'ai
fait hier, soit ramener fa discussion aux fonctions plus particulières
du Conseil des collèges et de sa Commission de l'enseignement
professionnel. Et, peut-être pour permettre de mieux comprendre ce que
signifie la baisse des clientèles en matière d'enseignement
professionnel, je poursuivrai sur la question qui a été
amenée tout à l'heure par monsieur, de ta baisse de
clientèle. Vous dites, à la page 19 de votre présentation,
en parlant de la clientèle: Aujourd'hui, elle fait face à une
diminution parfois dramatique de sa clientèle. J'ai cru entendre tout
à l'heure que vous parliez d'une diminution annuelle de quelque 2%.
M. Gauthier (Claude): Dans certains programmes.
Mme Blackburn: Dans certains programmes. Pour l'ensemble, il y a
quand même une situation qui est stable et croissante, si je me fie aux
statistiques que vous nous avez données. À la page 3,
première annexe, quelques statistiques sur le réseau
collégial, je lis la chose suivante: Dans le secteur professionnel, en
1981, il y avait 61 837 étudiants inscrits en enseignement
professionnel; en 1986, 64 570 étudiants, donc une croissance d'un peu
moins de 3000 étudiants, je n'ai pas fait le compte, 2700 environ.
Toujours dans le même tableau, vous avez les collèges
privés qui, eux. avaient, en 1981, 5727 étudiants inscrits
à l'enseignement professionnel, alors qu'en 1986, on retrouve 8949
étudiants, c'est-à-dire une augmentation de 3222
étudiants. Bien qu'il y ait dix fois moins d'étudiants inscrits
à l'enseignement professionnel dans les collèges privés,
ils ont une croissance de clientèle
supérieure à ce qu'on retrouve... Est-ce que ça
constitue une partie de l'explication?
M. Gauthier (Claude): Quand je parlais tout à l'heure de
diminution de clientèle dans certaines spécialités, il
faut dire qu'en général ces spécialités-là,
on ne tes retrouve pas ou peu dans le secteur privé mais, globalement
vous avez raison, il y a eu une diminution de la clientèle
étudiante dans le secteur professionnel en ce qui concerne les
collèges publics et il y a une augmentation en ce qui concerne les
collèges privés. C'est évident que dans le cadre de
l'étude que l'on fait cette année, on devrait analyser ce
phénomène.
Mme Blackburn: Comment est-ce que ça se passe par rapport
aux autorisations de dispenser un programme d'enseignement professionnel qui
sont accordées aux collèges privés et parlez-nous un peu
de ce qui existe en matière de contingentement? Je sais que certains
programmes professionnels au niveau collégial - pour ne pas dire tous
les programmes - subissent une certaine forme de contingentement, si ce n'est
pas de contingentement réel, c'est en vertu des places disponibles dans
les collèges J'aimerais savoir si la situation est la même quand
on parle d'enseignement privé
M. Gauthier (Claude): II faut dire que nous n'intervenons pas
lors de l'autorisation des programmes pour tout ce qui touche le secteur
privé Nous sommes consultés sur les autorisations de programmes
pour les collèges publics Donc, ça nous échappe totalement
quand un programme est autorisé au secteur privé
Mme Blackburn: C'est le ministre, je présume, qui donne
l'autorisation de dispenser.
M. Gauthier (Claude): C'est la Commission consultative de
l'enseignement privé, je présume
Mme Blackburn: qui autorise tes collèges privés
à donner un programme
M. Gauthier (Claude): Je présume
Mme Blackburn: Avec l'autorisation du président, on
pourrait peut-être entendre M Laroche qui doit certainement bien
connaître le système - que je salue en passant - parce qu'il a
aussi été un directeur général d'un cégep de
Saint-Félicien
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): On pourra
peut-être permettre à M Laroche de donner une explication
M. Laroche (Patrice): C'est la Commission consultative de
l'enseignement privé qui recommande au ministre d'accepter tel programme
pour telle institution privée
Mme Blackburn: Dans les cégeps également Je pensais
que ça concernait surtout l'enseignement primaire
M. Laroche: Les collèges privés.
Mme Blackburn: Dans tes collèges privés.
D'accord.
Le Président (M, Tremblay, Rimouski): Très bien Mme
la députée de Chicoutimi.
Contingentement
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir en même temps s'il
y a des contingentements de fixés?
M. Laroche: II me semble qu'en soins infirmiers il y en a dans
certains collèges privés aussi, mais je ne suis pas certain
M. Gauthier (Claude): Maintenant, au chapitre du contingentement
- peut-être pour faire le lien avec ce qui a été dit - dans
l'ensemble des disciplines où il y avait des contingentements - encore
une fois on n'a pas terminé notre étude là-dessus
un premier coup d'oeil nous laisse croire que les contingentements ne sont plus
nécessaires dans beaucoup de programmes parce qu'il n'y a pas
suffisamment d'étudiantes et d'étudiants pour remplir les
contingentements
II y a une situation nouvelle, par contre, qui est créée
en ce qui regarde les soins infirmiers Le ministère a
décidé cette année de contingenter ce programme là
dans le réseau public. On a eu l'occasion d'ailleurs d'émettre
des commentaires sur le sujet Une des craintes que nous avions au niveau de la
Commission de l'enseignement professionnel, c'est que cela empêche les
infirmières auxiliaires de se recycler dans le nouveau programme par le
biais de l'enseignement régulier Mais, encore une fois, on n'a pas
terminé notre étude sur cela. On verra probablement beaucoup plus
clair au printemps
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Une question
à M Gauthier, Mme la députée?
Mme Blackburn: Parlant des techniques infirmières, est-ce
que ce programme est offert dans un collège privé?
M. Gauthier (Claude): Oui, il est offert entre autres à
Saint-Georges-de-Beauce
Mme Blackburn: D'accord J'aimerais revenir un peu sur le
contingentement Je sais que cela a été, à l'occasion,
l'objet de longs débats à savoir, s'il faut ou non contingenter
en enseignement professionnel La pratique est que, généralement,
le contingentement était dans les
secteurs d'enseignement les plus coûteux, ce qu'on appelle les
secteurs d'enseignement lourds. Cela m'a toujours préoccupée. Je
vous demande si vous avez poussé votre réflexion sur cela. On est
incapable dans toute société, je pense, pas exclusivement au
Québec, d'ajuster parfaitement tes besoins du marché aux besoins
de formation. Cela défie actuellement... Je ne connais pas de pays qui
ait réussi cet exercice. Lorsqu'on parle de placements, on en parle,
c'est normal, exclusivement en fonction de ceux qui vont chercher une formation
finale en enseignement collégial, donc, en formation professionnelle. Je
voudrais savoir de vous s'il y a quelqu'un qui a réfléchi au fait
que, comme on ne peut pas placer à 100 % tous les diplômés
des universités et des collèges, en quoi est-ce plus
pénalisant de se retrouver chômeur avec une formation
professionnelle que chômeur avec un BAC ou une formation
générale? Cela m'a toujours préoccupée, cette
espèce d'attitude qu'on a en disant: Ce n'est pas normal qu'il y ait des
chômeurs dans tels programmes professionnels. Comme on sait qu'il y a 17
% de chômage chez tes jeunes, est-ce qu'un jeune est plus mal
équipé chômeur avec un DEC professionnel dans ses poches
que chômeur avec un DEC général dans ses poches ou un
chômeur avec un bac dans ses poches? Je me suis toujours demandé
si on avait un peu réfléchi à cela. Je suis toujours
étonnée qu'on suppose d'avance que tous les diplômés
devraient être placés.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Gauthier, est-ce
que vous pouvez répondre à cette interrogation? Je voudrais
ajouter à la préoccupation de la députée de
Chicoutimi, en ce sens que c'est une brimade un peu à la liberté
de choix de l'élève. C'est surtout cela qui me
préoccuperait dans ce contingentement
M. Gauthier (Claude): Dans les travaux de la commission, je vous
lis un peu les définitions que la commission a données du
contingentement. Pour elle, c'est un outil de gestion qui permet la
planification et le développement de la société en
limitant le nombre d'admissions à des programmes. Le contingentement se
détermine en fonction du taux d'intégration des finissants et des
finissantes au marché du travail - donc, on devrait tenir compte de cet
élément - des limites imposées par les organismes
professionnels ou gouvernementaux, des priorités de développement
de ta société et des ressources physiques et humaines dans les
établissements d'enseignement. Pour qu'un contingentement soit
sérieux, il doit être souple, intelligent, indicatif et
éclairé par des études sérieuses du marché
du travail - c'est peut-être là où le bât blesse - un
plan de développement des enseignements, une analyse des besoins des
étudiantes et des étudiants aussi. Ce n'est pas seulement le
marché du travail. Il y a des étudiants et des étudiantes
qui peuvent vouloir accéder en plus grand nombre à certaines
formations. Mme Kobinger voudrait donner un complément
d'information.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Kobinger.
Mme Kobinger: Si nous prenons ce problème par le biais des
étudiants, qu'on les interroge et qu'on les écoute au sujet des
contraintes qu'on leur Impose au niveau des inscriptions dans certains
programmes, on a constaté qu'ils vont les contourner. En fait, quand
certains programmes sont contingentés, l'étudiant de
lui-même se met sur ce qu'on appelle une voie de garage,
c'est-à-dire qu'il s'inscrit dans un autre programme, il va suivre une
session si possible, souvent, il est forcé d'en suivre deux pour
compléter l'année et, dès qu'il y a une place dans le
programme convoité, II va y retourner parce que, quoi qu'on en pense,
les étudiants ont des attirances vers des disciplines, vers des emplois
qu'ils ont envie d'exercer. Je crois que le contingentement, quand il en
décourage, il décourage ceux qui ne sont pas très
motivés. Effectivement, c'est injuste et je me demande st cela ne
coûte pas cher à la société parce qu'une
année de garage - enfin, je veux dire en stationnement - dans un
programme qui n'est pas voulu, je me demande si, à la longue, cela ne
finit pas par coûter ce qu'on essaie d'économiser ailleurs. (11 h
15)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Kobinger.
Mme Blackburn: Cela répond un peu à ma question et
je me demandais s'il ne serait pas préférable que la
réflexion du conseil et de sa commission s'oriente davantage dans ce
genre d'approche qui dit: Du moment où on a informé les
étudiants de leurs chances de placement dans ces programmes, là
s'arrête la responsabilité du collège. Il y a des
contraintes financières et physiques; les plus difficiles, je pense que
ce sont les contraintes physiques parce que cela obligera peut-être
l'étudiant à aller ailleurs, dans un autre collège
où, encore, on ne pourra pas tous les admettre. Je pense qu'il faut
admettre cette contrainte parce qu'on ne peut pas construire et changer les
murs de place dans les collèges parce que, à un moment
donné, il y a une plus forte demande pour un programme par rapport
à un autre; je suis capable de comprendre cela. Et, actuellement, tous
les étudiants, les jeunes qui veulent s'inscrire dans le programme
l'admettent. Mais pour les autres critères, une solide information du
marché du travail, des secteurs en expansion, etc. - et on l'avait
constaté en techniques infirmières - c'est
généralement aussi efficace qu'un contingentement et elle ne
vient pas brimer le droit des individus, Comme on doit tenir pour acquis, et on
doit tous se rappeler qu'on ne peut pas placer...
Actuellement, il y a encore 17 % de chômage chez tes jeunes, ce
qui était estimé comme un seuil acceptable de chômage aux
alentours des années soixante. On estimait que c'était 4 % et
déjà, à l'époque, les "prospectivistes" disaient.
On va finir par admettre qu'un indice de chômage acceptable, c'est de
l'ordre de 10 %. D'accord? Donc, on finit, comme société,
à moins de changer la structure de l'emploi, de diminuer
considérablement la durée de la semaine de travail, de
légiférer sur le temps supplémentaire, sur le double
emploi, etc... Il y a peu de chance qu'on voit changer cela demain matin. Donc,
on doit reconnaître que, bon an mal an, on ne pourra jamais placer ta
totalité des diplômés du secondaire, du collégial et
de l'université
Ma question a toujours été la suivante. En quoi est-ce
plus pénalisant et moins prometteur, pour un diplômé, de
terminer avec un DEC professionnel dans ses poches ou un DEC
général, un DEC en sciences humaines ou un DEC en techniques
physiques, un BAC ou un secondaire professionnel? C'est davantage dans cette
perspective qu'il faudrait placer toute cette question du contingentement
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M Morin
M. Morin: La position que décrit la députée
de Chicoutimi, c'est fondamentalement la position du Conseil des
collèges qui est alimentée par la Commission de l'enseignement
professionnel. Nous n'avons pas laissé passer, dans aucun avis, une
recommandation favorable à un contingentement précis, sauf pour
des programmes à statut expérimental et ou, parfois, le nombre de
places, le nombre de microscopes ou le nombre d'équipements comme cela
était là. Nous avons toujours insisté sur la dimension que
la députée de Chicoutimi souligne l'Information auprès des
étudiants et des étudiantes sur les possibilités de
placement, les enjeux de tel ou tel progamme
Mme Blackburn: Avez-vous terminé, oui? On a parlé
tout à l'heure d'une diminution de l'ordre de 2 % des inscriptions dans
certains programmes et vient s'ajouter une croissance des inscriptions, des
diplômés professionnels à l'université. On devait
être à environ 5 % et je lisais dans vos données
statistiques qu'on est passé à 15 % Cela ne risque-t-il pas,
tantôt, de provoquer une carence par rapport aux besoins de la
main-d'oeuvre dans certaines techniques? En même temps, cela
m'amène à l'autre question qui touche le continuum de formation
que vous avez abordé en page 16 de votre exposé de tout à
l'heure. J'ai noté hier qu'un des avantages actuels du système
québécois était de ne pas fermer la porte aux
diplômés professionnels qui voulaient poursuivre une formation au
niveau supérieur. Mais je sais que, par rapport au continuum de
formation, il y avait des expériences d'harmonisation de programmes. Si
ma mémoire est fidèle, c'était en techniques de foresterie
et peut-être en génie également. Avec l'Université
Laval, c'était relativement bien amorcé. Est-ce que vous pouvez
m'en parler un peu et nous dire, d'abord, la reconnaissance des
équivalences qui sont accordées et si cela a l'effet de
réduire la durée de l'information?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M Gauthier,
pouvez-vous répondre?
Revalorisation de l'enseignement professionnel
Mme Blackburn: Peut-être, entre parenthèses, pour
ceux qui ignorent la situation ou qui la connaissent moins bien, on sait qu'un
diplômé en techniques forestières ou en génie du
Québec qui va s'inscrire dans un programme de génie dans les
provinces maritimes en particulier, on lui reconnaît une année.
Donc, plutôt que d'avoir une formation de quatre ans, il a une formation
de trois ans. Est-ce qu'on est proche d'avoir la même reconnaissance au
Québec?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M Gauthier
M. Gauthier (Claude): Pour répondre à votre
question, nous trouvons nécessaire de revaloriser l'enseignement
professionnel et, une des façons de le faire, c'est d'éviter que
cette formation conduise à des culs-de-sac. Que ce soit au secondaire ou
au collégial - au niveau universitaire on n'en parle pas - il va falloir
mettre des passerelles entre les programmes apparentés pour faire en
sorte de reconnaître des acquis de formation du secondaire au
collégial
II y a déjà des expériences heureuses en
électrotechnique, entre autres, cela se fait dans certains
cégeps. On crédite certains cours de la spécialité
pour permettre à l'étudiant de prendre les prérequis qu'il
lui manque en mathématiques. Cela se fait également dans d'autres
programmes et il me semble il semble également à la commission
que, dans l'optique d'un continuum de formation, c'est ce vers quoi on doit se
diriger. Pour nous, l'augmentation du nombre d'étudiants et
d'étudiantes qui vont à I'université après leur
passage dans le secteur professionnel collégial est un signe
intéressant. Si on arrivait, par exemple à provoquer te
même phénomène à partir du secondaire vers le
collégial cela pourrait combler le manque de main-d'oeuvre
provoqué par ce transfert et on ne risquerait pas de se retrouver dans
ce que vous craignez
Concernant l'université, il y a déjà certains
programmes. Pensons, par exemple, à l'école de technologie
supérieure ou, dans I'optique d'un continuum de formation, on
reconnaît la formation d'un niveau collégial dans la
spécialité et on ajoute à cette formation.
Précisément dans le programme que vous avez mentionné,
personnellement, j'aurais de la difficulté à donner des
informations. Mme Kobinger est disponible pour donner un
complément d'information.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Kobinger.
Mme Kobinger: D'abord, J'aimerais revenir un peu aux
clientèles. Depuis quelque temps, on a des baisses de clientèles,
mais on a déjà eu des augmentations de clientèles. C'est
pour cela que j'aimerais parler de fluctuation des clientèles. Une des
raisons de cette fluctuation, selon nous, est attribuable à un
changement de valeurs chez les jeunes et aussi à une situation
économique qui a perduré pendant un certain temps. Lorsqu'il n'y
a plus eu de place sur le marché du travail, les jeunes sont
retournés aux études.
Les jeunes, aujourd'hui, vont facilement et très vite sur le
marché du travail et désirent revenir par la suite aux
études. On voit beaucoup de jeunes faire un secondaire professionnel,
aller travailler, revenir au collégial, aller travailler et revenir
à l'université. Pour l'instant, ce passage est difficile. Cela
prend beaucoup de motivation à un étudiant pour le faire parce
que toute la question de la reconnaissance des acquis du travail n'est pas
encore totalement au point, aussi bien entre le secondaire et le
collégial qu'entre le collégial et l'université.
En ce qui concerne le programme de foresterie, il y a eu entente, entre
autres, entre le Département de foresterie du cégep de
Sain-te-Foy et la Faculté de foresterie de l'Université Laval.
Effectivement, il y a reconnaissance de cours qui ont été acquis
au niveau collégial, mais elle n'a pas un effet sur la durée des
études comme on aurait pu s'attendre ou comme un étudiant peut
bénéficier lorsqu'il va en Ontario, par exemple, ou lorsqu'il va
dans une autre province. Souvent, ce qui se passe, en ce qui concerne Laval,
les autorités ont remplacé les crédits par d'autres pour
faire face à un certain nombre de lacunes auxquelles elles pensaient
devoir faire face pour les étudiants du collégial.
Alors, c'est positif dans le sens où cela a eu lieu et où
cela existe maintenant, mais ce n'est pas encore ce qu'on aimerait que ce soit,
c'est-à-dire qu'il y ait une reconnaissance, surtout, des acquis de
travail. Lorsqu'un technicien a été sur le marché du
travail pendant un certain temps après l'obtention d'un DEC, il a le
droit de se faire reconnaître un certain nombre d'habiletés qu'il
a acquises sur le marché du travail et cela est loin d'être fait
sur le plan universitaire.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Kobinger. Mme Castonguay, voulez-vous rajouter quelque chose?
Mme Castonguay (Michèle): C'est cela, oui. Je voulais
rajouter qu'en techniques infirmières et en sciences infirmières,
on ne respecte pas la formation que les infirmières ont eue durant leurs
études collégiales. Souvent, plusieurs universités
demandent à une Infirmière de réussir plus de
crédits à un DEC professionnel en techniques infirmières
qu'à une étudiante ou un étudiant détenteur d'un
DEC général.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. Je
vais reconnaître Mme la députée de Chicoutlmi pour sa
dernière question et, ensuite, nous reviendrons à la partie
ministérielle pour une autre période.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, la formation reçue,
dispensée en enseignement professionnel est reconnue plus facilement en
Ontario et dans les provinces maritimes qu'au Québec même.
Pourtant, si on parte d'ingénieurs, ils ont des examens pancanadiens
dans les ordres. Est-ce à dire qu'ils doivent avoir sensiblement les
mêmes connaissances? Comment peut-on expliquer des exigences
additionnelles ou les exigences du Québec ou des universités
québécoises par rapport à ces diplômés que
n'ont pas les universités ontariennes ou celles des provinces maritimes
alors que, à terme, les diplômés en génie des
différentes universités au Canada devront répondre aux
mêmes exigences ou aux mêmes examens d'accréditation? J'ai
de la difficulté à voir ce qui justifie une telle attitude. Cela
veut donc dire que les universités québécoises n'ont
jamais accepté les collèges, Est-ce qu'on peut dire cela de cette
façon-là?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): C'est gros comme
affirmation. M. Morin, est-ce que vous voulez répondre à cette
interrogation ou si vous laissez passer? Ne vous sentez pas obligé.
M. Gauthier (Claude): Bien moi, je peux répondre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gauthier (Claude): Ce qu'on a constaté, et on l'a
dénoncé à plusieurs reprises, c'est cette façon de
s'enfermer dans son petit champ d'interventions en ayant des oeillères
et ne voulant surtout pas voir ce qui se fait au niveau qui
précède, il me semble que c'est quelque chose qu'on
dénonce depuis un certain temps. Il va falloir que les comités de
liaison qui existent ou d'autres mécanismes pour que soient reconnus des
acquis de formation et ainsi des droits aux étudiantes et aux
étudiants qui auront pris le cheminement de la formation
professionnelle. Il va falloir qu'on s'organise pour reconnaître des
acquis de formation dans les niveaux d'enseignement qui suivent. Pour nous,
c'est une des façons de valoriser l'enseignement professionnel et de
faire en sorte que les jeunes choisissent ces voies-là. Au niveau de la
société, on a valorisé par le passé, beaucoup plus
les formations sciences humaines, les formations hurnani-
santés qui conduisaient et qui débouchaient toujours sur
une formation universitaire.
Déjà, le fait de placer l'enseignement professionnel dans
les cégeps au niveau postsecondaire a permis que cet enseignement soit
un peu valorisé. Pourtant, il y a d'autres pas à franchir. Il
faudra franchir ces pas-là. C'est dans le sens du continuum de formation
et dans le sens de reconnaître des acquis de formation. (11 h 30)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Gauthier, avant de passer la parole à la partie ministérielfe,
j'aurais deux petites questions à vous poser. D'abord, est-ce que les
plans de développement des cégeps vous sont connus à
l'heure actuelle?
M. Gauthier (Claude): Vous parlez des plans de
développement institutionnels?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Institutionnels.
Plans de développement
M. Gauthier (Claude): C'est variable. La DGEC en a fait une
exigence en ce qui regarde les options à autoriser dans un
collège, les collèges qui ont voulu avoir des options ont du
produire des plans de développement. Nous en avons fait aussi une
condition pour analyser les demandes d'options faites par un collège,
pas dans te but de contrôler, pas dans le but de se débarrasser
rapidement d'une tâche comme celle-là, mais vraiment dans le but
de s'assurer que le développement du collège est bien
planifié, le développement des enseignements professionnels doit
être planifié. La situation est variable d'un cégep
à l'autre.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Lorsque vous aurez les plans de développement de chacun des
cégeps, je présume que vous allez avoir un plan provincial de
développement des enseignements professionnels dans les
cégeps?
M. Gauthier (Claude): Nous espérons qu'il y aura un plan
de développement national de l'enseignement professionnel. Nous aurons
l'occasion de nous prononcer là-dessus. Nous savons que des travaux sont
entrepris au ministère à ce sujet. Déjà, par le
passé, la commission a Insisté pour que cette carte nationale des
programmes inclue non seulement l'enseignement professionnel donné dans
les cégeps, mais également l'enseignement professionnel
donné dans les institutions privées, dans tes universités,
à, l'éducation des adultes et au secondaire. Il me semble qu'il
va falloir que nous ayons une vision globale du développement de
l'enseignement professionnel dans les années qui viennent.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): C'est la
problématique à laquelle vous aurez à faire face, à
l'avenir, à savoir planifier l'ensemble de la formation professionnelle
de la province, de façon à pouvoir mieux coordonner l'action de
planification. En fait, vous avez un rôle de planification, si je
comprends bien.
M. Gauthier (Claude): Nous avons un rôle de conseil.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): De conseil.
M. Gauthier (Claude): Pour donner des conseils
éclairés, cela nous prend des outils. Or, le plan de
développement d'un collège, pour nous, c'est un outil. Le plan de
développement national, pour nous, ce sera également un outil qui
nous permettra de donner des avis éclairés.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose, M. le président?
M. Morin: M. le Président, uniquement sur la question du
passage du collégial à l'université, je vais fournir
quelques données qui pourraient éventuellement vous
éclairer. En 1978-1979, 6 % des étudiants du collégial
sont passés à l'université. C'est un
phénomène d'observation. Entre la septième et la
douzième semaines, après les études collégiales, on
observait que 6 % du secteur professionnel étaient à
l'université. En 1983-1984, selon les dernières données
disponibles, il y en avait 15,3 %. Il y a donc une amélioration. Les
universités s'ouvrent de plus en plus à ce
phénomène. On s'aperçoit que les universités
commencent à se préoccuper beaucoup plus des collèges,
aussi bien pour te secteur général, faire l'arrimage entre les
types de formation, que pour le secteur professionnel.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Morin. Je vais maintenant reconnaître une question du
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Dans une région
comme la nôtre, où il y a beaucoup d'agriculture, on
s'inquiète, bien sûr, de la gestion agricole. Vous avez
parlé de baisse alarmante dans certains programmes. Je pense même
que, dans celui de ta gestion agricole, il y a une baisse assez alarmante.
Quelles sont les mesures que vous avez pensé suggérer aux
cégeps pour pallier ce problème? J'en aurai une autre, M. le
Président, je vous avertis tout de suite.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Une question
à la fois, M. le député. M. Gauthier.
Formation agricole
M. Gauthier (Claude): D'abord, le ministère a
exploré la possibilité de faire un contingentement zéro,
dans ces options. Pour nous, ce n'est
pas la chose à faire. Il y a des pistes qui sont avancées
dans le but d'utiliser des AEC en escalier pour arriver à donner un DEC
en bout de ligne à ces étudiantes et étudiants. Ceia fait
partie de notre plan de travail de cette année, de voir ce qu'on appelle
l'utilisation de ta formation courte créditée, dans ce contexte.
On aura aussi probablement l'occasion d'élargir notre réflexion
et on devrait être en mesure, à la fin de l'année, de
produire un avis sur ce sujet. C'est une situation qui nous préoccupe
parce qu'on estime que la formation agricole est importante pour le niveau
collégial. On sait que les futurs agriculteurs auront à
gérer des PME d'envergure; ils auront à maîtriser diverses
facettes - j'allais dire "d'un métier* - d'une profession qui sera de
plus en plus exigeante. Donc, cela nous préoccupe et on aura l'occasion
de produire un avis là-dessus. Si vous le permettez, M. le
Président, M. Laprise voudrait donner un complément de
réponse.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Laprise.
M. Laprise (Normand): M. le Président, Je viens d'un
cégep où on dispense un programme de formation agricole. Je veux
ajouter que, cette année, on a mis sur pied une organisation
différente du programme. On offre à des étudiants dans ce
domaine un cheminement à l'intérieur d'un calendrier particulier,
c'est-à-dire en dehors des sessions régulières que l'on
retrouve au collégial, qui va s'échelonner sur trois ans. Ce
programme va s'échelonner sur trois ans. Fondamentalement, c'est un
problème d'organisation de la formation qui a fait que ce programme a
été si longtemps boudé par les clientèles qui
devaient s'y inscrire. Mais c'est déjà engagé dans un
certain nombre de collèges à partir de l'automne 1987. C'est bien
sûr que cela va mériter une évaluation sérieuse.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Laprise. Une question, M. le député d'Arthabaska?
Comparaison entre l'Ontario et le Québec
M. Gardner: Oui. J'ai très hâte d'avoir votre avis
sur cela. J'aimerais qu'on fasse, pendant quelques minutes, une comparaison
entre l'Ontario et le Québec sur le pian de l'enseignement
professionnel. Est-ce qu'il est vrai qu'en Ontario il n'y a qu'un seul
collège qui... Je vais être très bref pour vous permettre
une plus longue réponse. Est-ce que vous voulez faire la comparaison
entre l'Ontario et le Québec sur le plan de l'enseignement
professionnel? On aime se comparer parfois à l'Ontario.
M. Gauthier (Claude): Cela faisait aussi partie de notre plan de
travail, à un moment donné, de nous comparer...
M. Gardner: Ah oui?
M. Gauthier (Claude): ...aux autres, pour - on disait - mieux
évoluer. On peut dire qu'au Québec, nous avons choisi une forme
différente. Il y a probablement moins de temps consacré à
ta spécialisation. Par contre, II faudrait évaluer l'ensemble des
programmes dans une optique de formation. Pour former des individus, est-ce que
c'est par des cours de la spécialité exclusivement, comme cela se
fait un peu en Ontario, ou encore est-ce qu'il est souhaitable de le faire
comme cela se fait au Québec? On peut dire que, dans un contexte
très changeant des besoins du marché du travail, on a
intérêt à donner une formation de base -solide. Il est
évident que la part des cours de science et la part des cours de
philosophie et de français doivent contribuer à donner une
formation un peu dans le sens de ce que j'ai énoncé dans mon
exposé, soit dans un contexte de programme intégré. Comme
nous le voyons, à la commission, chacun des cours doit concourir
à la formation des individus. Maintenant, la stratégie est
différente. Quelle est la meilleure carte gagnante? Je n'ai pas de
réponse à vous donner là-dessus. Peut-être Mme
Kobinger pourrait-elle vous en donner une, avec votre permission, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui, monsieur.
Madame, allez.
Mme Kobinger: Les deux systèmes sont bien
différents. En Ontario, la formation professionnelle est donnée
dans des écoles qui ne font que cela et où on retrouve une
formation professionnelle aussi bien de type secondaire, que nous donnons ici
au niveau secondaire, y compris V, VI et VII, qu'une formation de type
collégial que nous, nous donnons dans les collèges, et
même, dans certains cas, une formation professionnelle de type
universitaire. C'est complètement différent. Dans ces
écoles, on ne fait que de la formation professionnelle. Il n'y a pas de
secteur général. De plus, les étudiants qui sortent de ces
écoles n'ont pas accès à l'université. C'est une
formation terminale. Ils vont sur le marché du travail par la suite et,
en tout cas, à ma 'connaissance, il n'y a pas de passerelle
prévue entre ces formations et la formation universitaire. Autrement
dit, quand un étudiant de l'Ontario finit son secondaire, il a le choix
entre s'Inscrire à un collège pour une formation professionnelle
ou aller directement à l'université. Alors, vous voyez la
différence puisque nos étudiants qui finissent au
collégial, dans le secteur professionnel, entrent directement dans les
universités ontariennes et se voient souvent créditer presque une
année de formation dans beaucoup de programmes, je pense entre autres,
en Informatique.
Alors, ce sont quand même deux systèmes différents.
J'ajouterai aussi que les collèges
ontariens répondent à des besoins ponctuels de
main-d'oeuvre. On peut voir, entre autres, des entreprises qui font
carrément des commandes à un collège, en disant:
Voilà, moi j'ai besoin de tant de personnes formées dans tel
secteur. Il y a des collaborations qui se font entre ces
collèges-là et certaines industries et avec des échanges
de ressources. Il y a des machines, par exemple, de l'industrie, qui vont
être prêtées au collège pour qu'il assure la
formation très pointue qui est demandée. Cela exige pour ces
collèges-là des adaptations continuelles, des changements
continuels pour répondre justement à ces besoins
précis.
Il est très difficile de comparer les deux systèmes parce
que leurs fondements ne sont pas les mêmes et ça serait une
très grande étude que de voir les avantages de l'un et l'autre.
Je ne pense pas que ce soit comparable. Par contre, je voudrais ajouter que nos
DEC - dans beaucoup de disciplines - sont très prisés dans les
autres provinces et dans les autres pays. Je peux facilement citer des
disciplines comme les techniques infirmières, qui sont carrément
demandées par les pays étrangers ou comme l'informatique, qui est
énormément demandée par les États-Unis puisqu'il y
a même des encans d'organisés pour engager nos finissants au
collègial en informatique aux ÉtatsUnis.
Le Président (M. Jolivet): M. Morin.
M. Morin: Nous sommes en contact, au Conseil des collèges,
avec le conseil consultatif ontarien, qui fait sensiblement le même
travail que nous et on envie certaines choses, chez lui, comme la
décentralisation, la très grande liberté sur les formats
de programmes et puis il envie beaucoup de choses chez nous. Il y a de
très grandes différences. Nicole en a signalé. La
question, par exemple, de la réponse rapide aux besoins. Il peut y avoir
des programmes qui peuvent durer deux semaines seulement comme d'autres qui
peuvent durer trois ans. II n'y a pas de formats uniques. C'est très
fortement décentralisé. L'État n'est que pourvoyeur de
fonds. Il y a des frais de scolarité. Ce que nous n'avons pas ici. Il y
a beaucoup d'éléments qui sont variables, mais les Ontariens ne
connaissent pas, eux, la philosophie. Ils ne connaissent pas l'enseignement du
français ou l'enseignement de l'anglais. Mais nous sommes en discussion.
Nous avons des contacts très intéressants avec le
président et son organisme. Nous faisons des échanges avec eux
pour réfléchir sur ce qu'il y a de bon d'un côté
comme de l'autre et sur ce qu'il y a de moins bon.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi. Vous avez encore
du temps? Oui, c'est vrai excusez-moi. Il reste une minute. Ce qu'on peut
faire, c'est entendre Mme la députée de Chicoutimi et on
reviendra parce que j'ai cru comprendre que vous ne voulez pas prendre toute la
demi-heure pour les...
Mme Blackburn: ...non, pour les remarques finales, moi...
Mme Kobinger: Ce sera au secrétaire de décider.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Cela dépend de
vous autres. SI vous prenez moins de temps pour les remarques, on peut
continuer les questions pendant encore quelque temps. Vous êtes
d'accord?
Mme Kobinger: Oui.
Le Président (M. Joiivet): D'accord. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je reprendrais
à partir d'une remarque du président du conseil qui disait qu'il
y avait davantage de reconnaissance des diplômes professionnels dans les
universités. Ma seule préoccupation, c'est qu'effectivement ils
sont admis, à présent, dans les programmes sans trop de
difficulté. Cependant, on ne leur crédite pas, on ne leur
reconnaît pas d'équivalence, bien que l'on sache - et ça,
les universités également le savent - qu'il y a des
chevauchements importants, une perte de temps pour l'étudiant et un
gaspillage de fonds pour l'État. Cela coûte plus cher des deux
côtés.
Je voulais juste revenir brièvement sur la baisse de la
clientèle en enseignement professionnel. J'ai fait un petit calcul par
rapport au tableau que vous avez fourni sur la croissance des clientèles
en enseignement privé. On constate que les clientèles en
enseignement privé ont augmenté de près de 60 % dans les
programmes professionnels alors que, dans les collèges publics, dans les
cégeps, cela a augmenté de 4,57 %. De plus, il y a un plus grand
nombre de diplômés qui s'inscrivent dans les universités.
Tantôt, il y aura, il me semble, dans certains secteurs
d'activité, un risque de pénurie de techniciens. (11 h 45)
Je voulais savoir si les statistiques qu'on a tiennent compte des
collèges privés non subventionnés. Hier, on a
soulevé avec la Commission de l'enseignement professionnel toute cette
question des collèges privés non subventionnés. On sait
que les collèges privés non subventionnés, dans la
totalité des cas, je pense, dispensent de l'enseignement professionnel.
Je ne connais pas de collège privé non subventionné qui
donne de la formation générale.
M. Morin: II y a environ 2500 étudiants et
étudiantes dans les collèges privés non
subventionnés. Ils sont pour la plupart des adultes et des
étudiants de l'enseignement professionnel.
Accord Canada-Québec sur la formation
professionnelle
Mme Blackburn: Bien. Vous avez parlé un peu de la
formation courte et je trouvais cela intéressant J'aurais beaucoup de
questions, mais Je vais essayer d'en poser seulement quelques-unes. Il y a la
formation courte qui vient rejoindre toute ta question de l'éducation
des adultes dont on n'a pas beaucoup parié et qui rejoint
également l'un des dossiers que je trouve actuellement majeur, qui vient
lourdement pénaliser le développement de la formation
professionnelle, l'accord Canada-Québec en matière de formation
professionnelle.
J'aimerais que vous m'en parliez un peu pour me situer et que votre
réponse soit à la fois sous ces deux volets, c'est-à-dire
votre approche qui vise à examiner la possibilité d'un DEC par
accumulation de AEC et le rôle que vient jouer ou que pourrait jouer
éventuellement l'accord Canada-Québec là-dedans, et les
problèmes que pose actuellement la formation professionnelle chez les
adultes. Je sais que c'est long. C'est grand, mais j'aurais quelques autres
questions, alors je ne voudrais pas prendre tout le temps là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. Gauthier.
M, Gauthier (Claude): Sur le cumul de AEC pour arriver à
un DEC, nous n'avons pas pris position. Nous devrions être en mesure,
comme je le disais tout à l'heure, de prendre position sur ce
sujet-là, au printemps. Donc, l'utilisation de la formation courte
conduisant à un DEC, là-dessus...
Je ne sais pas si vous faisiez référence à ce qui
se passe en gestion agricole. Plus globalement, et nous avons été
à même de le constater lorsque nous avons étudié la
situation des adultes, cela fera partie du rapport annuel qui sera rendu public
très bientôt, mais nous avons constaté au niveau des
adultes, et là je parle de la formation créditée, que
beaucoup de femmes ou de jeunes décrocheurs se sont souvent
réinscrits aux études, soit dans des AEC ou encore dans des CEC.
Ce que nous avons constaté, c'est que les AEC et les CEC ont peu de
reconnaissance sur le marché du travail. Les seuils
d'accessibilité à un emploi, même au gouvernement
fédéral ou au gouvernement québécois qui
encouragent ce type d'études, demeurent le DEC. Très souvent, les
adultes inscrits dans ce type de formation qui, soit-dit en passant, s'y
inscrivent pour obtenir un job ou plus d'autonomie, se retrouvent devant un
cul-de-sac après avoir fait des efforts considérables,
après avoir reçu à peu près l'équivalent de
la formation spécialisée que les jeunes reçoivent, souvent
dans des conditions très pénibles. Je fais
référence à des 52 semaines, à des 56 semaines sans
arrêt, sans transition d'une session à l'autre. Donc, pour eux et
pour elles, très souvent l'espoir sera d'avoir un DEC un jour, de faire
reconnaître leurs études par le biais d'un DEC. À ce point
de vue, oui, on peut répondre que nous souhaitons que tes AEC et les CEC
conduisent éventuellement à un DEC.
Quant aux accords Canada-Québec, nous avons constaté... De
notre étude sur la situation des adultes, plus spécialement la
formation courte créditée, on n'a pas regardé la formation
sur mesure et cette formation sur mesure, c'est en gros ce que l'accord
Canada-Québec prévoit parce que - II faut le rappeler - cet
accord prévoit une diminution dramatique de l'achat d'un programme court
crédité. Nous constatons actuellement que les collèges ont
certaines difficultés à remplir leur mandat dans le cadre de cet
accord. Les difficultés sont de différents ordres; entre autres,
on a prévu, par le biais de ces accords, peu de budget pour
l'encadrement. Il y a des relations qui sont à préciser, à
mieux définir entre les commissions de formation professionnelle et les
collèges. Rappelons que les commissions de formation professionnelle ont
te mandat d'analyser les besoins et de passer tes commandes. Très
souvent, tes collèges, pour répondre aux besoins de formation sur
mesure, doivent reprendre en partie le travail fait par les commissions de
formation professionnelle pour bâtir des cours ou des programmes en
fonction des attentes, des objectifs.
Nous avons constaté lors de nos études qu'il y avait des
points à clarifier, qu'il y avait des problèmes à ce
stade. L'autre constatation que l'on fait - et là, je reviens à
la formation des adultes - c'est que les collèges se dirigeront
probablement vers la formation sur mesure autofinancée. Il est
peut-être plus facile pour eux d'aller vers ces voies-là et, a ce
moment, Ils n'auront pas besoin de subir les contraintes que Je viens de
mentionner. Il est peut-être un peu tôt pour dire
précisément quel sera le portrait des cégeps dans deux ou
trois ans à ce stade, mais il y a quand même certaines tendances
qui commencent à se préciser, il y a des correctifs qui ont
été apportés, je pense, sur les sommes accordées
à l'encadrement, il nous semble que, à ce sujet, en ce qui
concerne l'encadrement dans les collèges québécois, on
avait développé une expertise intéressante pour satisfaire
à des besoins, mais faute de ressource, ce que nous craignons au sein de
la Commission de l'enseignement professionnel, c'est que les collèges
n'aient plus les ressources financières nécessaires pour
maintenir l'expertise professionnelle qui s'est développée au
cours des années. Pour nous, il serait important qu'on réussisse
à maintenir ce niveau d'expertise Je ne sais pas si... Il y a M. Laprise
et M. Morin.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
Gestion de l'éducation aux adultes
M. Laprise: Ce sera un commentaire plus qu'une réponse
à la question, M. le Président. Face à ce problème
de la gestion de l'éducation des adultes au niveau collégial, il
y a un problème fondamental qui est provoqué, comme vient de le
dire M. Gauthier, par cet état de précarité des
encadrements affectés à l'éducation des adultes dû
à la provenance des budgets qui y sont consentis. Là, on se
retrouve de plain-pied dans les programmes mêmes du gouvernement
fédéral.
Je voulais vous dire aujourd'hui - et je te dis personnellement, ce
n'est pas une position de la commission actuellement - qu'on est en train de
vivre de nouvelles expériences de formation, de nouveaux programmes
comme la formation sur mesure en établissement. Mais je peux
déjà affirmer que la formation à temps plein des adultes
à travers les programmes du gouvernement fédéral avait,
à mon sens, des qualités fort importantes dont celle du retour de
la permanence de l'action pédagogique qu'on pouvait établir
auprès d'un adulte. Cela semble disparaître de plus en plus avec
l'avènement de ces nouveaux programmes qui sont très complexes
à gérer, qui sont très difficiles à mettre sur
pied. Je profite de l'occasion pour le mentionner.
Le Président (M. Jolivet): M Morin
M. Morin: C'est tout simplement pour dire, M le Président,
que le Conseil des collèges transmettra un avis vers le mois d'avril
prochain, lequel sera inspiré du rapport de la Commission de
l'enseignement professionnel qui doit sortir dans les prochains jours, nous
allons vous l'envoyer très prochainement Cet avis porte
précisément sur les conditions de formation des adultes Les gens
ont rencontré plusieurs adultes et plusieurs groupes et ils font un
excellent portrait, à mon avis, de la condition faite aux adultes Nous
avons aussi un rapport que nous avons commandé au Conseil des
collèges, préparé MM Bélanger et Kayembé,
qui va analyser le système de financement et les problèmes
d'accessibilité qui touchent la question de l'éducation des
adultes À la lumière de ces deux rapports et d'un certain nombre
de consultations que nous allons faire, nous devrions être en mesure
d'adresser au ministre, au cours du mois d'avril, un rapport sur ce très
important dossier de l'éducation des adultes.
Le Président (M. Jolivet): Mme Kobinger, je pense qu'il y
avait autre chose. Cela va, oui?
Mme Kobinger: Je voulais seulement parler d'un impact des accords
Canada-Québec Ces accords permettent, au niveau de la province, de
répondre à des besoins formulés par des groupes et
particulièrement par des entreprises il évacue pas mal les
besoins des individus en formation sur mesure parce que ces individus ne
s'adressent pas toujours au bon endroit II faut dire que depuis quelques
années on avait réussi, au niveau collégial, à se
faire reconnaître comme un lieu de formation professionnelle. Alors, les
adultes en tant qu'Individus, les gens en tant qu'individus, ont tendance
à venir nous voir dans les cégeps pour dire: Moi, j'aimerais tel
type de formation sur mesure. Actuellement, sur toute la question des accords
Canada-Québec et tout le financement qui va avec cela, les
collèges ne sont pas en mesure de répondre à ces besoins
II y a donc tout un aspect des besoins des individus qui ne trouve
réponse nulle part finalement
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Chicoutimi
Mme Blackburn: La crainte que j'ai, et j'imagine que vous allez
aborder cet aspect de la question, c'est lorsqu'on parle de formation sur
mesure, cela répond à des besoins d'une entreprise, cela ne
répond pas vraiment aux besoins de l'Individu Cela fait une
clientèle et une main-d'oeuvre captives de l'entreprise pour laquelle le
gouvernement et l'État a payé la formation C'est là
l'aspect que je trouve préoccupant Si je peux m'expnmer ainsi, c'est le
travers de la formation ontarienne qui rend les travailleurs captifs d'une
entreprise à cause de ce type de programmes très souples dont on
peut reconnaître la qualité mais qui, par ailleurs, a ce
défaut de rendre la main-d'oeuvre captive d'un type d'entreprise
donné J'imagine et j'espère que dans votre avis vous allez
aborder cette question
Sur un tout autre sujet, en page 16 de votre exposé de tout
à l'heure, M Gauthier, vous parliez du concept d'Intégration Vous
dites Que ce soit le français, ta philosophie, les cours de service ou
les cours de spécialisation, tous ces cours participent à
l'atteinte de grands objectifs de formation Je me demande si, à ce
moment, vous allez concevoir et penser à des groupes homogènes
pour tous les cours, y compris le français et la philosophie, sinon
comment s'assurer, si le groupe est hétérogène, c
est-à-dire qu'il vient de différentes disciplines et de
différents programmes, comment s'assurer, dis-je, que les cours de
français et de philosophie puissent contribuer à atteindre des
objectifs généraux de formation de programme?
Le Président (M. Jolivet): M Gauthier
Concept de programmes intégrés
M. Gauthier (Claude): Je dois dire que le concept de programmes
intégrés fait d'abord référence, il me semble,
à la pédagogie C'est-à-dire que lorsqu'on donne un cours,
ou qu'il soit, il faut être conscient de la formation déjà
acquise et se préparer aussi en vue de quelque
chose qui suit. Pour ce qui est des cours de spécialisation, ce
type d'enchaînement se fait relativement sans problème. Au sujet
des cours dits de service, prenons un exemple pour illustrer ce qu'on entend
par un concept de programmes intégrés. Des étudiants qui
ont besoin de recevoir des notions de mathématiques, soit en calcul
intégral ou en calcul différentiel, auparavant les exemples
appliqués pour soutenir cet enseignement étaient des exemples
théoriques: des droites, des courbes, des sinus, des choses plus
abstraites. Aujourd'hui, dans certains programmes, on fait le même type
d'enseignement, mais cette fois-ci, on donne des applications concrètes
en utilisant des exemples relevant de la spécialité. Cela a donc
un impact sur le type de formation de groupe. Par exempte, cela peut impliquer
que, dans certains cours de mathématiques, on retrouve essentiellement
des étudiants d'une discipline donnée. C'est vrai aussi pour
d'autres cours. (12 heures)
Pour les cours généraux, prenons un exemple en philosophie
et revenons avec le programme de soins infirmiers. En soins infirmiers, par
exemple, vous avez besoin d'enseigner ce qu'est l'éthique. Initialement,
le rapport Parent a voulu mettre les étudiants et tes étudiantes
ensemble pour qu'ils se comprennent. Il me semble que, pour un professeur de
philosophie, aller prendre un exemple d'éthique pour ses
étudiants et étudiantes dans le domaine de la santé, aller
prendre un exemple d'éthique pour d'autres types d'étudiants et
d'étudiantes et, à partir de cela, enseigner ce concept
d'éthique, il me semble que c'est faisable, que c'est pensable et que
cela va dans l'esprit du rapport Parent. C'est fort possible que cela implique
aussi des groupes homogènes, mais tout le débat est: qu'est-ce
qu'on doit faire avec ces cours? Il ne faut pas se le cacher, les
étudiants et étudiantes de l'enseignement professionnel, quand on
les rencontre, trouvent que les cours généraux ne sont pas
très pertinents en regard de leur formation. Donc, on doit faire des
efforts pour les attirer, les y intéresser. Une des meilleures
façons de les intéresser, c'est de lier ces cours à leur
vécu. Encore une fois, cela n'enlèverait pas, à mon sens,
de la valeur aux cours. C'est beaucoup plus aller chercher des exemples
vécus, ressentis pour amener l'étudiant à se
dépasser, à s'élever pour comprendre un concept plus
large.
En terminant, je dois dire aussi que la Commission de l'enseignement
professionnel - sur certains points, on diverge d'avis avec le conseil -
souhaite que les groupes soient homogènes - je ne sais pas
jusqu'à quel point c'est ancré dur dans le ciment - alors qu'au
conseil, on souhaite plutôt des groupes hétérogènes.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question, mais il me
semble que c'est possible d'atteindre nos objectifs de programmes dans l'esprit
du rapport Parent à partir du concret et du vécu.
Mme Blackburn: Vous remettez le concept des collèges en
question.
M. Gauthier (Claude): Je n'ai pas l'impression de remettre le
concept des collèges...
Mme Blackburn: Quand vous parlez de groupes homogènes.
Le Président (M. Jolivet): C'est une autre discussion.
Merci. Simplement pour terminer... M. Morin.
M. Morin: Seulement 30 secondes. Le problème que
soulève la députée de Chicoutimi est un problème
extrêmement sérieux. Ce sera un des grands défis des
collèges que de regrouper les étudiants ou les centrer sur des
programmes. On a un excellent programme sur papier qui a été
expérimenté dans quelques collèges, dans trois
collèges, soit la question des soins infirmiers où toutes les
disciplines, tous tes cours sont vraiment intégrés à
partir de fils conducteurs. Mais la pratique, l'actualisation de tout cela dans
les collèges, ce sera le grand défi.
Le Président (M. Jolivet): Donc, pour terminer, Mme la
députée de Jacques-Cartier, vous avez quinze minutes à
votre disposition incluant vos remarques finales, il restera dix minutes
à Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Dougherty: Merci. J'aimerais revenir aux accords
Québec-Ottawa en matière de formation de la main-d'oeuvre.
J'aimerais savoir comment la commission envisage le rapport et les
responsabilités du ministère de la Main-d'Oeuvre et du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science en cette
matière.
Le Président (M. Jolivet): M. Gauthier.
M. Gauthier (Claude): Dans notre rapport annuel, nous touchons un
peu à cette question. Nous trouvons important que le ministère de
la Main-d'Oeuvre joue un certain rôle, mais nous trouvons aussi essentiel
que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science...
Je vais terminer ma réponse, mais je ne suis pas sûr d'avoir bien
compris votre question. Est-ce que vous parlez des cours? À quel
chapitre votre question se situe-t-elle ?
Mme Dougherty: Je parle des responsabilités respectives
des ministères.
M. Gauthier (Claude): Au chapitre des cours?
Le Président (M. Jolivet): Sur l'ensemble.
Mme Dougherty: Sur l'ensemble de la formation de la
main-d'oeuvre.
M. Gauthier (Claude): II y a Mme Kobinger qui désire
répondre. Je m'étais préparé une autre
réponse.
Le Président (M. Jolivet): Madame.
Mme Kobinger: En termes de responsabilité, il est clair
que la responsabilité du ministère de la Main-d'Oeuvre se situe
sur le plan de l'analyse des besoins et de fournir des outils qui permettent de
comprendre le marché du travail. Par contre, tout l'aspect du comment
répondre à ces besoins - c'est-à-dire tout l'aspect, entre
autres, pédagogique - revient essentiellement au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Cela doit se traduire, non
seulement dans les ministères, mais dans toutes les instances qui sont
en dessous. Actuellement, disons que ta frontière n'est pas si claire
que cela. Encore là, if reste des zones grises, des zones qu'il faut
regarder et nettoyer de façon à partager les
responsabilités parce que ceux qui payent actuellement ce sont les gens
qui ont besoin de ces formations-là qui sont embrouillées,
évidemment, puisque le système est un peu embrouillé.
Alors, tes responsabilités sont comme je viens de le dire, mais
la question n'est pas tranchée en ce qui a trait à
l'"opérationnalité". Elle est tranchée dans les principes,
mais en ce qui concerne l'opérationnalité" de ces principes,
c'est loin d'être vécu et c'est même vécu avec
beaucoup de difficultés.
Le Président (M. Jolivet): Un instant, je pense que...
Vous pouvez y aller.
M. Laprise: M. le Président, on constate, au contact des
gens des collèges et de ceux qui gèrent l'éducation aux
adultes, qu'un des premiers problèmes qu'on rencontre dans le
système actuel face à ce partage des responsabilités entre
deux ministères, c'est que, finalement, la réponse pour le
client, pour l'adulte, est éloignée de la question. La
réponse est éloignée de la question dans le sens que tout
ce dédale administratif constitue un alourdissement considérable
au fonctionnement et à la réponse au client. C'est le premier
problème que cette dualité administrative, MMSR et
ministère de l'Éducation, établit. Je pense que les
correctifs à apporter devront être sans doute dans le sens de
rapprocher, en tout cas, les réponses des questions des adultes, d'une
part, et de rapprocher aussi l'artisan de la formation de l'adulte,
c'est-à-dire les établissements de formation, des instances
décisionnelles et des étapes d'estimation des besoins de ces
gens-là. Actuellement, il y a eu une trop large césure entre ces
deux fonctions et je pense que c'est un des graves problèmes que l'on
constate et dont témoignent plusieurs artisans ou agents
d'éducation aux adultes dans les collèges.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Est-ce que la commission s'est prononcée
officiellement sur ce problème? Est-ce que vous n'avez jamais
demandé un avis au ministère là-dessus?
Le Président (M. Jolivet): M. Morin.
M. Morin: Sur l'accord Québec-Ottawa?
Mme Dougherty: Sur l'accord Québec-Ottawa...
M. Morin: Oui. Nous avons...
Mme Dougherty: ...vous avez réagi vigoureusement.
M. Morin: ...émis un avis au ministre, très
clairement.
Mme Dougherty: Oui, mais sur le partage des
responsabilités ministérielles, est-ce que vous avez
jamais...
M. Morin: Le rapport de la commission va évoquer les
problèmes à ce sujet. Cela peut être très facile en
théorie de distinguer les responsabilités mais, comme le
signalait Mme Kobinger et les autres participants, c'est très difficile
dans la pratique. C'est un peu comme - pour employer une comparaison le
médecin qui fait l'ordonnance, c'est lui qui fait l'analyse, le
diagnostic, mais il ne sait pas exactement ce qu'il y a dans la pharmacie. Il y
a toujours des hiatus qui sont considérables. Dans l'accord
Québec-Ottawa, on sait que 100 000 000 $ seront affectés à
la formation sur mesure. Le président de la commission le signalait
tantôt, les collèges, étant donné la
complexité de passer par les trois ministères et les deux
gouvernements, iront peut-être beaucoup plus vers de la formation
autofinancée, plus rapide, plus simple, etc. Nous n'avons pas de
données précises encore; c'est sûr que cela fait longtemps
qu'il se fait de la formation autofinancée. J'ai ici les statistiques
pour 1986-1987. Il y a eu 1030 clients, c'est-à-dire des entreprises,
des organismes, etc., et 29 000 participants dans des activités
autofinancées, en 1986-1987. Celles qui sont financées par
l'accord Québec-Ottawa n'ont pas encore commencé et nous n'avons
pas de résultat précis là-dessus.
Mme Dougherty: D'accord. Une dernière question.
Le Président (M. Jolivet): Cela dépend de vous,
mais vous avez encore dix minutes. Ah!
Vous en avez une? D'accord. Parfait. Mme la députée.
Mme Dougherty: En ce qui concerne le perfectionnement des
professeurs en enseignement professionnel, je crois que vous avez
très
récemment émis une étude dans laquelle vous avez
souligné plusieurs problèmes assez graves auxquels vous avez fait
référence dans vos remarques préliminaires.
J'aimerais savoir si vous avez l'intention de poursuivre cette
étude, peut-être avec un autre avis au conseil, d'abord, parce que
vos avis sont toujours présentés au conseil d'abord, n'est-ce
pas? Les pistes de solution: sur le plan pratique, que doit-on faire? Avez-vous
l'intention de...
Le Président (M. Jolivet): M. Gauthier.
M. Gauthier (Claude): Oui, actuellement, lors, de la
dernière rencontre de notre commission, on a effectivement
étudié un document de travail dans le but de préparer un
avis sur le perfectionnement qui sera éventuellement soumis, au
printemps, au Conseil des collèges.
En gros, les problèmes auxquels on est confronté sont,
d'abord, l'absence de ressources, les montants dans les conventions collectives
sont, à toutes fins utiles, gelés depuis un certain temps et un
grand besoin de perfectionnement massif à la suite de modifications de
programmes, car on touche quand même un très grand nombre de
professeurs.
Autre problème: la difficulté de reconnaissance du
perfectionnement de certains professeurs du secteur professionnel pour des
fins, entre autres, de rémunération. C'est plus facile, parce que
tout le système de rémunération est bâti en fonction
de la scolarité et de l'expérience pour les profs du secteur
général de faire reconnaître leurs cours de
perfectionnement, puisqu'il s'agit de s'inscrire dans une université,
mais j'aimerais vous rappeler qu'il n'est pas toujours possible pour les
professeurs du professionnel de suivre des cours dans les universités
pour parfaire leur perfectionnement. D'abord, dans beaucoup de cas, le niveau
collégial est le niveau d'enseignement supérieur le plus
élevé au Québec dans certaines disciplines. Donc, quand on
veut se ressourcer, c'est très difficile; il faut aller ailleurs ou
encore, ce qui se fait beaucoup plus, on se recycle par le biais de stages
industriels ou de la formation personnelle. Donc, il y a un problème de
reconnaissance.
On va effectivement essayer, dans notre avis, de donner des pistes de
solution pour faire en sorte que les professeurs du réseau soient
incités à se perfectionner. En gros, ce qu'on veut, c'est qu'on
considère le perfectionnement non pas comme une dépense, mais
comme un investissement et qu'on prenne les moyens nécessaires pour que
la formation des professeurs soit toujours d'actualité parce que,
faut-il le rappeler, ce sont ces mêmes profs qui auront à former
des jeunes, qui auront à répondre à des besoins actuels
à satisfaire dans le secteur industriel.
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
Oui, madame. (12 h 15)
Mme Dougherty: Une petite question. Quand vous préparez un
tel avis, est-ce qu'il relève de votre compétence d'estimer les
coûts de l'opération suggérée?
M. Gauthier (Claude): Écoutez, on est un organisme
consultatif constitué de petites équipes...
Mme Dougherty: Vous n'avez pas les outils pour faire cela?
M. Gauthier (Claude): Je vais compléter ma réponse.
Vous avez sans doute vu notre plan de travail. Nous devons toucher à de
multiples sujets. Il est évident que, sans évaluer les
coûts dans les détails, nous sommes un peu conscients de cela.
Mais ce que nous allons probablement proposer, ce sont diverses solutions sans
mettre une facture au bout. Je doute que nous ayons les ressources
nécessaires pour le faire. On est une petite équipe de trois
professionnels et on abat un boulot impressionnant. Je pense que ce n'est pas
notre rôle non plus. Je pense que ce que nous avons à faire, c'est
d'abord de recueillir les problèmes, de les analyser et peut-être
de donner des pistes de solution pour que les décideurs évaluent
les coûts finalement et, sur le plan politique, qu'ils évaluent la
nécessité de prendre telle ou telle décision.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Je voudrais être
rassuré avant qu'on termine cette séance. On a glissé un
peit mot tout à l'heure sur les centres spécialisés. Comme
j'en ai un dans mon comté, que pensez-vous de l'avenir de ces centres
spécialisés reliés à des cégeps? Non pas
selon le ministre, mais selon vous?
M. Gauthier (Claude): II faut dire une chose: les centres
spécialisés sont actuellement en phase d'évaluation. Cette
phase se terminera peut-être l'an prochain, si ma mémoire est
exacte. Mais au-delà de cela, une des caractéristiques des
collèges est d'être présents dans les régions, de
développer des expertises dans des champs particuliers et de rapprocher
ces expertises des PME, des utilisateurs dans les régions. Si on regarde
ce que les centres spécialisés ont fait jusqu'à
maintenant, sans que ce soit le fruit d'une évaluation rigoureuse, ils
ont contribué à apporter des solutions concrètes à
des problèmes vécus par différents types d'industrie.
Faut-il le rappeler, les centres spécialisés sont nés
à partir de l'Ecole des pêches et d'autres écoles comme
celle-là qui avaient à rendre des services à la
communauté environnante, à la communauté qui oeuvrait
souvent dans les mêmes sphères d'activités.
L'avantage des centres spécialisés est qu'ils peuvent
maintenant rendre ce service avec des ressources. Il faut aussi dire que les
centres spécialisés, pour ce qui est du perfectionnement des
professeurs, jouent aussi un rôle intéressant. On parlait tout
à l'heure des contacts Institution-milieu. C'est un endroit
privilégié pour avoir ces contacts. Ce sont aussi des outils
privilégiés pour faire de la recherche technologique. Dans fa
société québécoise, la recherche technologique, la
recherche sur le terrain et la recherche appliquée sont peut-être
un domaine qu'on a trop négligé par le passé. À ce
chapitre, il faut dire que ce n'est pas seulement le propre des centres
spécialisés parce qu'il y a maintenant des possibilités
que l'ensemble des collèges puisse faire ce même type de
recherche
M. Gardner: Vous m'en voyez rassuré
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez dix minutes en incluant vos remarques finales
Remarques finales Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M le Président. Tout à
l'heure, le président de la Commission de l'enseignement professionnel,
dans son exposé faisait l'éloge des membres de sa commission. II
parlait de l'enracinement de la commission, de la compétence des
personnes qui y siégeaient, de la valeur des avis qui y étaient
émis, et je le cite "L'enracinement, il vient aussi des membres de la
commission qui sont nommés par le conseil, selon des critères de
compétence et de représentativité de leur milieu. Ces
personnes proviennent de milieux variés et apportent de ce fait des
expénences précieuses a la commission" En page 7, il ajoutait "En
plus de ces qualités présentes chez les membres de la commission,
il faut ajouter qu'ils consacrent énormément de temps pour
préparer leurs dossiers "
Cela m'amène à la question des allocations de
présence. Tout à l'heure, dans la présentation que vous
faisiez, j'ai cru remarquer qu'il y a au moins une personne qui ne serait pas
une spécialiste patentée. Je pense à Mme Cossette. Je m
interroge à savoir si c'est pour cette raison que le Conseil des
collèges et ses commissions ne seraient pas catalogués ou
identifiés comme étant partie des organismes ou comités
d'experts? J'ai eu l'occasion d'aborder un peu la question hier. On sait que le
Conseil des collèges, le Conseil des universités, le Conseil de
la science et une série d'autres conseils sont considérés
comme des organismes consultatifs et rémunérés
après la douzième journée de réunion et que le
Conseil supérieur et les comités catholique et protestant sont
considérés comme des organismes d'experts de même que la
Commission consultative de I'enseignement privé, la Commission d'appel
de la langue d'enseignement, ainsi de suite. Je le dis peut être en
boutade, mais comment cela se présente-t- il chez vous, à la
commission, et est-ce que cela a eu des effets sur l'assiduité?
Le Président (M. Jolivet): Oui, M Gauthier
M. Gauthier (Claude): M le Président, je suis content que
cette question revienne sur le tapis. Effectivement, je trouve qu'il y a un
traitement inéquitable entre les divers organismes consultatifs. Je l'ai
mentionné, les personnes qui siègent à la commission sont
reconnues pour leur compétence et leur niveau d'expertise. Nous leur
demandons énormément de travail. Très souvent, ils ont
trois pouces de documents à lire chaque mois, non seulement à
lire mais à débattre ensemble et il faut que les membres
s'approprient les dossiers en profondeur et cela demande un travail
incroyable
Quand les membres qui sont dans la fonction publique, qui ont
déjà une rémunération, viennent à la
commission, ils ne sont pas remplacés, donc le travail qui accumule sur
leur bureau, ils doivent le faire par la suite Certains subissent effectivement
des pertes de traitement, un membre de notre commission est dans cette
situation et nous avons trouvé une façon de le rembourser. Mais,
pour tous les autres membres c'est à mon sens un traitement
inéquitable et c'est peut être une non-reconnaissance de leur
apport à des dossiers très très importants
II y a le cas de Mme Cossette qui est, j'allais dire, une militante,
parce que ses activités consistent à militer, et elle milite
à l'AFEAS et aussi à la Commission de l'enseignement
professionnel. Auparavant, on lui donnait des allocations de présence,
maintenant parce que c'est une bénévole ses allocations de
présence sont coupées. J'aimerais peut-être passer la
parole à Mme Cossette qui vous rendra le témoignage de ce quelle
ressent à la suite de ces coupures
Le Président (M. Jolivet): Mme Cossette, s'il vous
plaît
Mme Cossette (Pauline): Oui, justement, quand M Morin a dit hier
qu'il rendait hommage aux bénévoles, j'ajouterais,
peut-être en riant, comme cela. Aux bénévoles, à qui
l'on impose le bénévolat. Au départ, pour ma situation
j'avais des jetons de présence et, un bon jour on a décidé
de me les enlever. On a dit. Une travailleuse au foyer ou quelqu'un qui n'a pas
d emploi rémunéré doit avoir décidé de
toujours travailler pour rien toute sa vie. C'est ce que j'ai pensé
Je trouve cela inéquitable justement, par rapport aux
différents organismes parce que, quand j'entendais un regroupement
d'experts, je ne croyais pas que c'étaient tous des experts
individuellement. C'est l'ensemble d'une commission qui a une expertise
à cause des apports
différents de chacun de ses membres. Je pense que, si le
gouvernement a prévu, dans les commissions consultatives, des
représentants du monde socio-économique, ce que j'appelle en
langage populaire du monde ordinaire, c'est parce que cet apport pouvait
être précieux mais, quand on voit quel traitement on leur donne,
je ne pense pas que cela pourra continuer longtemps parce que, dans les
organismes populaires où if n'y a presque pas de moyens, cela veut dire,
pour ces gens-là, qu'on les traite de façon différente des
autres.
Je pense, par exemple, à toutes les personnes du domaine de
l'entreprise qui n'ont pas de salaire réel mais qui seraient très
importantes dans une Commission de l'enseignement professionnel. Ce sera
difficile pour elles de dire: Je prends deux jours ou trois jours par mois pour
le travail de préparation, je fais cela de façon tout à
fait désintéressée. Pour le monde du travail, en
général, je pense que c'est un peu utopique. Une mesure comme
cela enlève une partie des représentants qui pourraient
être, à mon sens, Intéressants dans des commissions
consultatives.
Le Président (M. Jolivet): Comme je le dis souvent, vous
faites partie des TLM: toujours les mêmes.
Mme Cossette: Toujours les mêmes. -
Le Président (M. Jolivet): M. Gauthier, vous voulez
ajouter quelque chose?
M. Gauthier (Claude): II y avait une dernière dimension
à la question de Mme Blackburn...
Mme Blackburn: J'aurais une autre petite question.
M. Gauthier (Claude): ...à savoir si cela a eu un impact
sur le travail de la commission?
Mme Blackburn: Oui.
M. Gauthier (Claude): Je dois dire qu'on n'a pas constaté
une diminution de la qualité du travail de préparation de la part
des membres. Nous n'avons pas constaté non plus une diminution de la
présence. Le professionnalisme et l'engagement de ces personnes vont
au-delà de cela, mais je pense que cela ne devrait pas être une
raison pour supprimer les jetons de présence.
Mme Blackburn: Bien. J'ai deux petites questions à poser.
Mme Cossette donc, comme vous ne perdez pas de salaire reconnu, on ne peut pas
vous donner une compensation pour un salaire que vous avez perdu parce que cela
n'a pas de valeur monnayable, te temps d'une femme au foyer - ce que je
comprends - parce qu'autrement, on considérerait que vous subissez une
perte de revenu ou que votre famille en subit une de manière qu'il y ait
une compensation. SI je comprends bien, cela n'a jamais été
évalué.
Une deuxième question: à votre connaissance ou à la
connaissance de l'un ou l'autre des membres qui sont à ta table, est-ce
qu'il y a également des travailleuses au foyer qui siègent aux
organismes qualifiés d'experts? J'ai une liste. Il y a tous ceux que
j'ai nommés tantôt.
Mme Cossette: Au Conseil supérieur oui. J'ai une de mes
amies qui est travailleuse au foyer, qui siège au Conseil
supérieur et qui continue à avoir ses jetons de
présence.
Mme Blackburn: Et qui a des allocations de présence?
Mme Cossette: Oui.
Mme Blackburn: Là-dessus, je voudrais terminer d'abord en
vous remerciant d'avoir participé à cette commission
parlementaire. Vous allez me dire qu'étant convoqués en
commission parlementaire, vous n'aviez pas le choix, ce qui est juste.
Cependant, vous Pavez fait avec beaucoup de compétence, de
professionnalisme et de conscience. Je dois dire que je n'en attendais pas
moins. J'en étais d'avance convaincue. Cela a permis, et je pense que
là-dessus on devrait faire l'unanimité, aux membres de cette
commission d'avoir une connaissance un peu plus fine du rôle Important
que joue un organisme consultatif, je dirais particulièrement - parce
que j'ai des préjugés - en matière d'éducation et
d'enseignement supérieur. Cela nous a permis également
peut-être d'atténuer certains préjugés qu'on a
à l'endroit de ces organismes consultatifs comme on en a trop souvent
encore à l'endroit des collèges d'enseignement.
Je vous souhaite à tous et à toutes, avec mes
remerciements, mes meilleurs voeux de succès dans toutes vos entreprises
et je voudrais formuler à nouveau le souhait que les postes vacants au
Conseil des collèges, plus particulièrement à la
présidence de la Commission de l'évaluation soient comblés
dans les meilleurs délais pour que cette commission et le conseil soient
à même d'offrir aux collèges les services qu'on est en
droit d'attendre de vous. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: En mon nom et au nom de ma formation politique.
J'aimerais vous remercier très sincèrement de votre
collaboration, de vos éclaircissements et surtout de la pertinence et de
la franchise de vos réponses. Si mes remarques préliminaires
étaient un peu pessimistes, je me trouve beaucoup plus optimiste
maintenant. Je sais que nous avons tous grandement profité de
ces sessions et je vous souhaite beaucoup de succès dans toutes
vos activités futures. Merci.
Mme Blackburn: Une petite remarque... Le Président (M.
Jolivet): Non, non.
Mme Blackburn: ...à l'intention des membres de la
commission, qui est tout à fait anodine. Je trouverais
intéressant - et je le dis comme cela pour les gens qui ont
peut-être une connaissance insuffisante des collèges et les
collèges en seraient tout à fait heureux - que les
députés, en particulier, les visitent. Vous savez que la Loi sur
l'instruction publique permet à nous, les députés, de
visiter n'importe quelle école, même au secondaire. Je pense que
tous les collèges seraient Intéressés d'avoir un jour -
vous avez des collèges dans vos comtés - la visite de leur
député et ce serait assez intéressant.
M. Gardner: Opération "grandes oreilles". Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Je n'ai pas attendu "grandes oreilles" pour y
aller.
Le Président (M. Jolivet): Un Instant, ne partez pas sans
qu'au moins on ait, de la part de M. Morin, un dernier mot.
M. Morin: Je dois dire, M. le Président, et mesdames,
messieurs les députés que de se savoir, en théorie et en
pratique, objet de surveillance par les plus hauts pouvoirs publics, cela
stimule à pratiquer les plus hautes vertus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. Morin: Maintenant, conservez votre règlement et
surtout, l'article 294.
Le Président (M. Jolivet): Merci à tout le monde et
j'ajourne cette ' commission sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 31)