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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation, à
l'intérieur du mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale, reprend ses travaux afin de tenir une
consultation générale auprès des principaux intervenants
du domaine scolaire dans le cadre de l'étude du projet de loi 107 qui a
trait à la Loi sur l'instruction publique.
La commission parlementaire va accueillir ce matin, dans un premier
temps, la Commission des écoles catholiques de Montréal qui
revêt, pour les membres de cette commission, une importance toute
particulière étant donné qu'on l'identifie souvent comme
le deuxième ministère de l'Éducation à cause de sa
grandeur, à cause aussi du nombre d'élèves et du personnel
qu'elle a à gérer. Autrement dit, elle fait un peu bande à
part, sans donner à mes propos un sens péjoratif. Je dirais
qu'elle est particulière. Elle a peut-être une vocation
spécifique en fonction du milieu géographique et du milieu
sociologique à l'intérieur duquel elle évolue.
En janvier 1984, j'étais assis en face de la chaise que j'occupe
actuellement et je représentais la Commission des écoles
catholiques de Montréal qui venait ici se prononcer à
l'égard du projet de loi 40 qui visait à refaire la Loi sur
l'instruction publique. Aujourd'hui, quatre ans plus tard, je suis ici à
ma grande surprise parce qu'à ce moment-là je n'aurais jamais cru
que je présiderais la commission de l'éducation et, surtout, que
je serais le président des auditions qui entendraient la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
Je souhaite que les gens qui vont représenter la CECM fassent
ressortir le cas spécifique de la CECM, l'importance de lui donner une
liberté d'action, aux membres de cette commission, qui sont des
députés de régions qui ne connaissent peut-être pas
toute la complexité du contexte à l'intérieur duquel des
commissaires, comme ceux que nous allons accueillir tout à l'heure, et
aussi les hauts fonctionnaires ont à oeuvrer. J'invite les membres de la
commission à poser des questions en ce sens, de façon que l'image
de la CECM soit bien connue de l'ensemble des députés du
Québec qui auront à prendre une décision, à un
certain moment, et qui auront à se prononcer sur le projet de loi que
nous étudions actuellement.
J'invite immédiatement le porte-parole de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, Me Michel Palascio, à
prendre place à l'avant, avec les personnes qui vont l'assister dans cet
échange que nous allons avoir. Pendant qu'ils s'installent, je profite
de l'occasion pour saluer de façon particulière la
vice-présidente de la Commission des écoles catholiques de
Montréal,
Mme Pelletier, la commissaire, Mme Gadoury, la représentante des
parents, Mme Daigneault, et M. le commissaire Paré. Quant à ceux
qui sont assis à la table avec M. le président, je lui laisse le
plaisir de nous les présenter.
M. Palascio, je vous informe immédiatement que la commission va
accorder une heure et demie à la Commission des écoles
catholiques de Montréal, soit 90 minutes qui seront divisées
comme suit. Je vous suggère de prendre 20 à 30 minutes pour la
présentation de votre mémoire et, après cela, nous
aborderons une période d'échanges entre les membres de la
commission, qui sera répartie à parts égales entre les
membres des deux formations politiques. M. le président, si vous voulez
nous présenter les personnes qui vous accompagnent et enchaîner
immédiatement avec la présentation de votre mémoire. M.
Palascio.
CECM
M. Palascio (Michel): Je vous remercie, M. le Président,
et les membres de la commission d'avoir accepté de nous recevoir. Je
pense que mes collègues et moi sommes très heureux de voir que
vous n'avez pas oublié votre aima mater d'il y a quelques années.
Nous en sommes très fiers. Je tiens à remercier la commission
parlementaire de fournir à la CECM la possibilité de se faire
entendre sur les deux projets de loi à l'étude. C'est avec
plaisir que je retrouve, à la présidence de la commission
parlementaire de l'éducation, un ancien président de la
Commission des écoles catholiques de Montréal.
J'aimerais, d'abord, vous présenter les personnes de la CECM qui
m'accompagnent: à ma gauche immédiate, M. Laurent Portugais,
directeur général de la CECM; à ses côtés, M.
Katif Gazzi, sous-directeur général à l'administration et
à l'équipement; à ma droite immédiate, Me Jude
Parent, directeur du service du contentieux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Messieurs, soyez
les bienvenus.
M. Palascio: Je voudrais mentionner aussi, comme vous l'avez dit
tout à l'heure, la présence de certains commissaires de la CECM
et d'un commissaire parent, membre du conseil des commissaires de la CECM.
Avant de passer en revue chacun des deux projets de loi, j'aimerais
faire quelques remarques d'ordre général. De façon
globale, mes collègues du conseil des commissaires ont l'impression que
les deux projets de loi ont été préparés sans tenir
compte de la spécificité de Montréal et, en particulier,
de la situation linguistique, démographique et économique de sa
population.
Nous avons, au Canada, quatre niveaux de
gouvernement - fédéral, provincial, municipal et scolaire
- et chaque gouvernement a sa propre légitimité et sa juridiction
particulière, même si les responsabilités sont
partagées dans certains cas. Toute commission scolaire, grande ou
petite, est un vrai gouvernement local dont les membres sont élus au
suffrage universel et dont la raison d'être est l'école. Or, dans
les deux projets de loi à l'étude, on a l'impression que le
gouvernement scolaire, élu au suffrage universel pour fournir les
services éducatifs répondant aux besoins particuliers de sa
clientèle, ne reçoit pas les pouvoirs dont il a besoin pour
s'acquitter efficacement de ses responsabilités.
Enfin, la CECM est un gouvernement dont la juridiction s'exerce sur un
territoire plus grand que celui de la ville de Montréal et qui comprend
aussi les villes de Westmount, Montréal-Ouest, Côte-Saint-Luc,
Hampstead et Montréal-Nord. Il va de soi que la CECM est au service
d'une population dont la situation socio-économique et la composition
ethnique sont uniques au Québec. La taille de la CECM et l'importance de
la population qu'elle dessert, l'étendue de son territoire, la
composition ethnique et linguistique de sa population, les besoins et
problèmes particuliers d'une clientèle
hétérogène, la variété et la quantité
des services qu'elle offre, tout cela fait que la CECM a besoin d'une autonomie
et de pouvoirs lui permettant d'exercer pleinement sa juridiction et ses
responsabilités de gouvernement local.
Après ces remarques générales, je passe
immédiatement à l'examen du projet de loi 107 qui doit remplacer
la Loi sur l'instruction publique. Mes commentaires porteront sur les quatre
questions suivantes: la confessionnalité des structures, le partage des
responsabilités en éducation, les services éducatifs en
milieu urbain et l'éducation des adultes.
Bien que le projet de loi 107 conserve à la CECM son statut de
commission scolaire confessionnelle catholique sur son territoire actuel
conformément à l'article 93 de la constitution canadienne, la
volonté du législateur de remplacer les commissions scolaires
confessionnelles par des commissions scolaires linguistiques nous paraît
non seulement contraire à l'histoire et à la tradition du
Québec, mais aussi au désir maintes fois exprimé des
Québécois. Tout se passe comme s'il y avait au Québec un
consensus sur les commissions scolaires linguistiques. À notre avis, ce
n'est pas le cas. Le projet de loi donne l'impression que l'école est le
lieu privilégié de la confessionnalité et que les
écoles peuvent être confessionnelles sans que les structures le
soient. Ce n'est pas l'avis du conseil des commissaires de la CECM.
Selon le projet de loi 107, la confessionnalité est
confiée au conseil d'orientation de chaque école et celui-ci
obtient le mandat de recommander à la commission scolaire d'accorder ou
de retirer la reconnaissance confessionnelle d'une école. Comme si le
statut d'école confes- sionnelle n'était pas suffisamment
difficile à obtenir, la commission scolaire n'a aucunement l'obligation
de l'accorder. Alors, si le gouvernement adoptait tel quel le projet de loi
107, on pourrait dire que la confessionnalité, qui a fait partie
intégrante de notre régime scolaire et qui est même
enchâssée dans la constitution canadienne pour les villes de
Québec et de Montréal, ainsi que pour les dissidentes, serait, de
facto, abandonnée et cesserait d'être un droit historique. Elle
deviendrait une option individuelle de chaque école et, pour que cette
option soit exercée, elle devrait d'abord être demandée par
l'école à la commission scolaire. Celle-ci aurait donc le pouvoir
discrétionnaire d'accorder ou de refuser la reconnaissance
confessionnelle. Pour justifier son refus, elle pourrait invoquer les raisons
les plus diverses et les plus fantaisistes.
On voit tout de suite la fragilité de la confessionnalité
de l'école québécoise et, à notre avis, on pourrait
en prévoir la disparition prochaine. La CECM croit qu'il faut maintenir
au Québec les garanties juridiques assurant le caractère
confessionnel de l'école et les structures administratives
confessionnelles chargées de gérer les écoles et d'en
défendre les intérêts. Est-il nécessaire de rappeler
que, pour nous, la confessionnalité n'est pas une fin en soi, mais un
moyen pour assurer et promouvoir un projet éducatif qui inclut les
valeurs faisant partie de notre héritage culturel et qu'on pourrait sans
doute appeler l'humanisme chrétien?
Le gouvernement a l'obligation de respecter le contrat social qui le lie
aux Québécois et le droit historique de ces derniers de choisir
l'institution qu'ils désirent. Dans la tradition
québécoise, ce droit signifie, d'abord, le choix entre
l'école catholique et l'école protestante et le droit, pour
d'autres personnes, de créer des écoles correspondant à
leurs besoins. Les enquêtes menées au cours des dernières
années prouvent que la majorité des Québécois
souhaite conserver ce droit historique et cet héritage socioculturel
d'inspiration et de tradition chrétiennes. En fait, pour nous,
l'école confessionnelle ne peut exister et s'épanouir si elle
n'est pas soutenue, animée et encadrée par des structures
confessionnelles. Les deux dernières élections scolaires à
la CECM ont permis à nos concitoyens d'exprimer sans équivoque
leur préférence pour une commission scolaire confessionnelle.
Par ailleurs, il ne faudrait pas déduire de cette position que
nous voulons imposer des écoles et des structures scolaires
confessionnelles à ceux qui n'en voudraient pas. Nous avons toujours
accepté dans nos écoles des élèves ne partageant
pas notre foi et n'avons jamais imposé à personne l'enseignement
religieux catholique. Depuis trois ans, la CECM donne aux élèves
de ses écoles, sans y être obligée, le choix entre
l'enseignement moral et religieux. Toutefois, dans le but de reconnaître
des droits scolaires égaux aux citoyens désirant des
écoles
autres que catholiques ou protestantes, nous proposons que leur soit
reconnu, quand leur nombre le justifie, le droit d'avoir des écoles
autres.
Pour terminer sur ce point, cette question est pour nous si importante
qu'à défaut de maintenir les commissions scolaires
confessionnelles nous demandons que le projet de loi 107 soit purement et
simplement retiré. (10 h 30)
Sur le plan du partage des responsabilités, le projet de loi
actuel contient certains éléments très
intéressants, il est heureux qu'on reconnaisse les premiers intervenants
de l'école et qu'on consacre les droits et les responsabilités de
l'élève et de l'enseignant. Nous nous réjouissons aussi de
la façon dont le rôle du directeur d'école est
défini. Quant au rôle des parents, nous comprenons les intentions
du législateur en créant le conseil d'orientation de
l'école, mais nous croyons plus sage de maintenir les comités
d'école comme ils existent depuis longtemps, en particulier à la
CECM. Le comité d'école fait partie de notre tradition et les
parents s'y sont habitués.
Le projet de loi accorde trop de pouvoirs au ministre de
l'Éducation et pas assez aux commissions scolaires. Cela nous
paraît contraire au respect des valeurs démocratiques de notre
société puisque la commission scolaire est un véritable
gouvernement local, élu au suffrage universel et ayant une juridiction
propre, même s'il exerce celle-ci avec l'assistance du ministère
de l'Éducation. Or, ce n'est pas en enlevant tout pouvoir aux
commissions scolaires qu'on va revaloriser celles-ci et les rendre plus
responsables. Le ministère a un rôle essentiel à jouer. Il
doit définir des objectifs généraux de formation aux
différents niveaux, déterminer les contenus précis des
programmes et prévoir des modes d'évaluation satisfaisants, mais
il ne doit pas se substituer constamment aux commissions scolaires et les
traiter comme si elles étaient en tutelle.
Pour ce qui est des services éducatifs, le projet de loi
réduit la commission scolaire au rôle de simple exécutante
chargée d'administrer, sans pouvoirs réels, le régime
pédagogique et les programmes d'études arrêtés par
le ministère de l'Éducation.
Pour tout ce qui touche les ressources humaines, la commission scolaire
se voit reconnaître son rôle d'employeur, sauf que la loi 37 limite
son rôle à l'application des conventions collectives
négociées provincialement. Lors des dernières
négociations, la CECM n'était même pas présente aux
tables provinciales.
Pour ce qui est des ressources financières, le mode d'allocation
actuel ne tient pas compte de la situation difficile de plusieurs segments de
la clientèle scolaire dans un milieu fortement urbanisé comme
celui de la CECM. La répartition des ressources financières
devrait être établie selon les catégories
d'élèves et selon les par- ticularités territoriales. Par
ailleurs, il faudrait éviter que les règles budgétaires ne
changent constamment, rendant impossible toute planification.
Enfin, pour ce qui est des ressources matérielles, la commission
scolaire est placée dans une situation de très grande
dépendance par la série de procédures, de permissions,
d'approbations et de normes préalables à l'attribution des
budgets requis, sans compter les contraintes imposées quant à la
manière de gérer ses budgets. Il nous semble que les commissions
scolaires sont plus en mesure que le ministère de prendre les
décisions nécessaires à l'exécution de leur mandat.
Je fais donc mienne la constatation de MM. René Dussault et Louis
Borgeat dans leur traité de droit administratif publié aux
Presses de l'Université Laval en 1984 et je cite: "La multitude des
contrôles exercés sur les activités des commissions
scolaires atténue le degré d'autonomie dont elles pourraient
jouir et aussi, il faut le dire, le dynamisme dont le ministère de
l'Éducation avait voulu imprégner tout le système scolaire
québécois au milieu des années soixante. La recherche d'un
meilleur équilibre entre l'autonomie et les contrôles et celle
d'un régime juridique à la fois simple et en accord avec le
besoin de renforcer le rôle et les pouvoirs de l'école s'impose.
"
À la CECM, nous estimons aussi que le ministère de
l'Éducation ne tient pas compte suffisamment des besoins particuliers de
notre clientèle et le mode d'allocation des ressources
financières nous pénalise très gravement et tout
particulièrement. Le projet de loi ne corrige pas du tout la situation.
Il réduit même les pouvoirs des commissions scolaires. Et c'est
sur le territoire de la CECM qu'on trouve la plus grande concentration de
personnes à faible revenu, de familles monoparentales, de
chômeurs, d'assistés sociaux et de personnes handicapées.
C'est aussi à la CECM qu'on trouve la plus forte proportion
d'élèves allophones qui représentent aujourd'hui entre 30
% et 40 % de notre clientèle. À ces réalités
s'ajoutent les phénomènes typiquement urbains de la
délinquance et de la violence, sans oublier les problèmes
liés aux fréquents déménagements et au nomadisme
des milieux socio-économiquement faibles.
Enfin, le nombre et l'importance des écoles privées sur
notre territoire nous privent d'une bonne partie des meilleurs
éléments et nous laissent un pourcentage plus élevé
qu'ailleurs d'élèves en difficulté. C'est au nom de
l'efficacité que la plupart des pouvoirs pédagogiques et
administratifs que le projet de loi réserve au ministre de
l'Éducation devraient être exercés par les commissions
scolaires.
Il y aurait un dernier point sur le projet de loi 107 concernant
l'éducation des adultes. Je pense que la CECM se réjouit que le
projet de loi fasse une place à l'éducation des adultes et lui
donne enfin une reconnaissance et un statut attendu depuis longtemps. La loi
devrait sans
doute prévoir l'accessibilité des adultes à une
instruction de base gratuite équivalente à une formation
secondaire, à condition que les commissions scolaires obtiennent les
ressources financières nécessaires à cette fin. Par
ailleurs, il faudrait accorder aussi aux adultes la possibilité de
s'inscrire non seulement à la commission scolaire où ils ont leur
domicile, mais aussi à la commission scolaire de leur choix, comme c'est
le cas actuellement. Il est parfois plus pratique pour un adulte de suivre des
cours près de l'endroit où il travaille.
En ce qui concerne le projet de loi 106, plusieurs mesures sont
très intéressantes. L'intention en est généreuse,
mais le résultat est qu'elles rendent, à notre avis, plus
difficile l'exercice de la démocratie scolaire. Nous pensons qu'il faut
abandonner les circonscriptions réservées à la
minorité linguistique d'une commission scolaire et superposées
aux autres circonscriptions. Cette mesure d'ordre général nous
paraît destinée à régler un problème
particulier et on peut craindre qu'elle ne crée de la confusion et
n'entraîne une désaffection des électeurs. De la même
façon, nous ne croyons pas utile que soit accordé à
certaines personnes le droit de vote dans une commission scolaire où
elles n'ont pas leur domicile.
Par ailleurs, le droit accordé à des catholiques de voter
et d'être candidats dans une commission scolaire protestante, et le droit
accordé à dès protestants de voter ou d'être
candidats dans une commission scolaire catholique nous paraissent devoir
créer beaucoup de confusion. Cette mesure, incompatible avec des
structures scolaires confessionnelles, devrait, à notre avis, être
rejetée et le principe du suffrage universel selon la règle une
personne, un vote pour l'ensemble des personnes d'un territoire nous
paraît seul acceptable en démocratie.
Si le projet de ioi 106 est adopté, le nombre des commissaires
pour la CECM serait établi de la même façon que pour les
autres commissions scolaires existant au Québec, c'est-à-dire en
fonction de sa clientèle scolaire. Or, nous croyons que le principe de
la densité de la population en milieu urbain devrait être
accepté comme critère autorisant le gouvernement à
créer des circonscriptions supplémentaires. Il faut à la
CECM un meilleur équilibre entre l'importance de la clientèle
scolaire et le nombre des commissaires.
Pour ce qui est du principe du financement des élections
scolaires, il devrait aussi permettre l'accroissement de l'enveloppe
budgétaire prévue pour le financement d'une commission scolaire.
De plus, seul le candidat doit avoir droit au remboursement de ses
dépenses électorales et nous pensons que la réglementation
devrait établir un montant maximum par candidat.
Enfin, les élections scolaires devraient, comme les
élections municipales, se tenir tous les quatre ans. Cela permettrait de
réduire le coût de l'organisation des élections et, en
particulier, de la confection des listes électorales.
En conclusion, la CECM souhaite que les deux projets de loi à
l'étude répondent aux besoins et aux désirs de la
population montréalaise. Elle réclame donc, avec le maintien des
structures scolaires confessionnelles, l'accroissement des pouvoirs des
commissions scolaires et la diminution de ceux du ministère de
l'Éducation, car elle estime pouvoir mieux que lui fournir tous les
services que la diversité et la complexité des besoins de sa
population exigent.
J'aimerais rappeler que la CECM, au contraire de la moyenne
générale des commissions scolaires de la province, compte plus de
92 000 élèves. Chacune des régions françaises de la
CECM a un nombre d'élèves plus important que la majorité
des commissions scolaires de la province, ce qui entraîne des
particularités que le projet de loi, croyons-nous, ne respecte pas
à l'heure actuelle.
Je vous remercie, M. le Président. C'était la
présentation concernant les deux projets de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. le président de la CECM.
Je vais, d'abord, reconnaître M. le ministre de l'Éducation
et député d'Argenteuil. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, c'est toujours avec plaisir que
nous retrouvons la Commission des écoles catholiques de Montréal
à ces grandes délibérations parlementaires sur les
orientations et les structures de notre système scolaire.
Je voudrais signaler, au tout départ, que la teneur des
mémoires qu'on nous présente pourrait parfois induire
l'Opposition à penser qu'il y a des grands conflits entre le
ministère de l'Éducation et les organismes qui se
présentent devant nous. La réalité,
généralement, est tout le contraire. Les rapports entre le
ministère de l'Éducation et la Commission des écoles
catholiques de Montréal en particulier sont, à mon humble point
de vue, excellents. Les rencontres sont fréquentes. Chaque fois qu'un
problème surgit, je pense qu'une table commune se crée pour en
faire l'examen et y apporter des solutions. Je pense que nous en avons
réglé plusieurs au cours des trois dernières
années. Je ne voudrais pas que les critiques qu'en toute
légitimité, la Commission des écoles catholiques de
Montréal adresse aux deux projets de loi que nous discutons fassent
perdre de vue cette dimension concrète, non moins importante, que je
tiens à souligner au début de nos échanges, ne serait-ce
que pour indiquer que j'entends échanger avec la commission dans le
même esprit de cordialité et de collaboration qui
caractérise nos rapports habituels.
J'ai bien apprécié le soin que la CECM a mis à
préparer les deux mémoires qu'elle nous soumet ce matin. Il
s'agit de deux mémoires substantiels qui nous apportent un
éclairage fort utile sur beaucoup d'aspects des deux projets de
loi, et j'en exprime mon appréciation. Les mémoires
rappellent également à notre attention les
caractéristiques de la région montréalaise qui, au point
de vue démographique, est de beaucoup la plus importante de tout le
Québec. Je pense que ces caractéristiques doivent être
rappelées constamment à ceux qui prennent les décisions
à partir de Québec, y compris aux hommes et aux femmes politiques
qui viennent siéger à Québec en tant que
représentants de circonscriptions de la région
montréalaise.
Tous ces points sont notés avec beaucoup d'intérêt
et je pense que nous saurons en tirer notre profit. J'ai remarqué, en
particulier en ce qui touche le projet de loi 106, qu'il y a beaucoup de
remarques d'ordre fonctionnel qui nous permettront de cerner avec plus de
précision les mécanismes qui devront présider à la
préparation des élections scolaires et à leur
déroulement. Nous prenons note de toutes ces observations avec
appréciation et, je pense, avec profit.
Sur le fond du mémoire, j'aurais peut-être quelques
observations à faire pour indiquer une différence de perspectives
entre le gouvernement et la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Un premier point m'a frappé dans le mémoire. Je
lis, à la page 5, le passage suivant. Nous affirmons "notre conviction
profonde que les structures confessionnelles au niveau des commissions
scolaires sont, et de loin, les plus adéquates pour le soutien du projet
éducatif confessionnel des écoles." C'est, évidemment, une
attaque frontale contre un des éléments essentiels du projet de
loi 107 et, à ce sujet, je voudrais vous faire une remarque qui me
paraît tirée de l'expérience. Au moins jusqu'à 1971
de manière claire et même jusqu'à maintenant, nous avons
eu, au Québec, des commissions scolaires dont la très grande
majorité, selon toute la jurisprudence, n'était pas
confessionnelle au sens strict du terme. Même les commissions scolaires
que nous tenons de la loi de 1971 sont des commissions scolaires pour
catholiques et pour protestants, mais non pas des commissions scolaires
confessionnelles au sens fort du terme, comme c'est le cas pour la CECM, par
exemple. La commission scolaire du Long-Sault, dans la région
d'Argenteuil, n'est pas une commission scolaire confessionnelle au sens fort du
terme.
J'ai l'impression que nous avons eu, dans les régions du
Québec où nous avions des commissions scolaires communes, des
écoles qui étaient tout aussi catholiques que celles que nous
avons eues à Montréal sous l'autorité de la CECM, ce qui
m'induit à penser que, en longue période, la valeur de nos
écoles au point de vue religieux et moral dépend encore plus des
convictions, des valeurs et des croyances des citoyens et des personnes qu'ils
élisent pour diriger les affaires scolaires que d'un statut purement
juridique pouvant être accordé à la commission
scolaire.
Je ne sais pas si, de ce point de vue là, l'expérience
historique du Québec ne nous invite pas à faire peut-être
montre de plus de réserve dans l'affirmation d'opposition aussi
catégorique que celle que je trouve dans le mémoire. Plus
j'avance, en tout cas, plus c'est l'impression qui me vient à
l'esprit.
Même, je transige beaucoup, comme député d'une
circonscription largement rurale, avec les pouvoirs municipaux. Je constate que
nos autorités municipales ne sont pas confessionnelles, mais, en
général, elles sont très proches de leurs gens au point de
vue religieux et moral parce qu'elles en sont l'expression. Il est bien rare
qu'on entende dire qu'il y a des brimades des droits religieux des citoyens par
les autorités municipales. En général, elles savent
très bien que, pour continuer à gouverner, il faut qu'il y ait
une certaine communion entre elles et les citoyens.
Par conséquent ici, je pense que, si nous mettons un peu de lest
dans les structures, nous ne contredisons pas, loin de là, la tradition
que le Québec a développée en matière
éducative. Au contraire, je pense que nous l'ajustons aux
réalités d'aujourd'hui d'une manière qui se justifie
beaucoup par les faits.
Cela m'amène à une deuxième remarque. Il semble
qu'il y a une faiblesse dans le mémoire que vous nous présentez.
Je vous le dis en toute simplicité et pas du tout sur le ton
polémique. C'est que l'analyse de la réalité
montréalaise, en particulier, me semble un peu courte en ce qui touche
les valeurs morales et religieuses des citoyens. Nous avons vécu une
évolution extraordinaire depuis un quart de siècle où les
positions et les allégeances des personnes qui forment la population, en
matière morale et religieuse, se sont beaucoup diversifiées au
point qu'il devient très difficile de les identifier dans un très
grand nombre de cas et, je dirais même, dans un nombre croissant de
cas.
Un observateur religieux avait employé cette expression au
début de la nouvelle génération, il y a environ 25 ans. Il
avait dit: Nous sommes entrés dans l'époque du troisième
homme, celui qui n'est pas classé catégoriquement, ni d'un
côté ni de l'autre, comme cela a été le cas aux
origines de la Confédération où on était
classés clairement. Aujourd'hui, il y a beaucoup de zones d'ombre dans
tout cela qui nous sont proposées par la réalité. Ce ne
sont pas des inventions de ceux qui gouvernent. Cela nous est
suggéré par la réalité.
Quand nous proposons ces ajustements aux structures scolaires, nous
pensons à cela. Nous cherchons des structures qui vont correspondre
davantage à ce qu'est réellement la population dans nos
différentes régions. Comme nous ne pouvons pas avoir une
multiplicité indéfinie de modèles de commissions
scolaires, il faut bien choisir préférentiellement le
modèle qui serait le plus susceptible de regrouper les citoyens et leurs
enfants dans un système scolaire de manière claire, identifiable,
simple et fonctionnelle.
(10 h 45)
II nous semble que ce modèle que nous proposons est meilleur.
Cela vient de l'évolution qui s'est produite ces dernières
années. Dans la région des Laurentides, par exemple, la plupart
des commissions scolaires pour catholiques ne sont pas capables d'offrir des
services à leur clientèle anglophone parce qu'elles n'ont pas les
infrastructures que cela prendrait. Elles doivent passer une entente avec la
commission scolaire protestante. Depuis des années, à toutes fins
utiles, la population anglo-catholique de la plupart des territoires scolaires
des Laurentides est scolarisée par des commissions scolaires
protestantes qui sont de facto des commissions scolaires anglaises.
Va-t-on laisser ces choses continuer, vivre avec un paysage aussi
bigarré ou si on va essayer d'ajuster les structures à ce qu'est
la réalité? À Montréal, on a le cas, qui a
été signalé souvent par la députée de
Chicoutimi et par beaucoup d'autres observateurs, de ces francophones qui, en
nombre croissant sont inscrits dans les écoles de la Commission des
écoles protestantes du Grand Montréal, commission scolaire, et je
le dis sans connotation péjorative, dont la direction est anglophone,
à toutes fins utiles. On fait des efforts très louables à
la CEPGM pour offrir des services qui répondront aux besoins de la
clientèle francophone. Tout ne peut pas se faire dans une
journée. Je crois qu'ils ont fait, de ce côté, du travail
qui mérite d'être signalé à côté des
critiques que l'on formule souvent.
Où allons-nous avec tout cela? Comment les choses vont-elles
continuer d'évoluer? Nous ne le savons pas, mais je pense que,
déjà, la réalité nous fournit beaucoup
d'indications qui montrent, quand même, les voies susceptibles
d'être empruntées. Je mentionne ces faits pour indiquer qu'il y a,
dans la perception même de !a réalité, des
différences qui conduisent, évidemment, au niveau des solutions,
à des conclusions différentes aussi. De ce côté, je
tiens à souligner que l'analyse du gouvernement n'est pas celle que fait
la Commission des écoles catholiques de Montréal. Je pense qu'il
y a un travail à faire de ce côté.
Je fais une autre remarque à propos des commissions scolaires. Le
ton du mémoire est un peu excessif pour moi, malgré que je ne
m'en plaigne point parce que j'ai fait mon pain et mon beurre de la
polémique pendant de nombreuses années. Chaque fois qu'on me la
propose, je l'apprécie parce que cela m'invite à retrouver une
partie de mon naturel que je dois toujours essayer de contenir comme membre du
gouvernement.
Vous dites: Les commissions scolaires sont réduites au rôle
de simples exécutants. Vous parlez du projet de loi 107; je lis qu'il
remet la totalité des pouvoirs réels au gouvernement. "! beg to
differ", comme on dit, je sollicite l'honneur de diverger d'avis avec vous. Je
crois que les pouvoirs dont disposent les commissions scolaires sont
très importants. Les commissions scolaires embauchent le personnel, du
premier au dernier. Je ne sais pas combien il y a d'employés - je ne
m'en souviens pas - à la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Combien y en a-t-il? Il y en a pas mal plus qu'au
ministère de l'Éducation, où il y en a, je pense,
1800.
Une voix: 1200.
M. Ryan: II y en a 1200. Cela a baissé d'année en
année à cause du Conseil du trésor, de toutes sortes de
facteurs que vous connaissez bien, et du mouvement de décentralisation
des responsabilités qui a été une des constantes de
l'action du ministère, ces dernières années. Chaque fois
qu'on réduit nos effectifs, on a des critiques de la part de
l'Opposition.
Je ferme la parenthèse. Je reviens à cette question-ci. Je
pense que de facto la diminution d'effectifs a été plus sensible
au ministère de l'Éducation ces dernières années.
Il y a eu aussi une diminution dans les commissions scolaires. Je pense qu'elle
est encore plus prononcée chez nous. La tendance depuis quelques
années - je vais essayer de ne pas faire de politique partisane avec
cela - je pense que cela a été de donner plus de marge de
manoeuvre aux commissions scolaires. Je prends un exemple: les règles
budgétaires nouvelles. Nous en avons le crédit, c'est nous qui
les avons instituées. Mais le travail avait été
commencé sous le gouvernement précédent. Je le dis en
toute loyauté. Nous avons poussé le travail au bout. Ce n'est pas
fini. Vous faites des propositions qui sont dignes d'étude dans votre
mémoire au sujet des règles budgétaires. Vous proposez
peut-être une autre manière d'établir la répartition
des ressources. C'est intéressant. Mais il y a, quand même, eu un
mouvement, non dans le sens d'une centralisation plus grande, mais d'une
souplesse plus grande du côté des commissions scolaires. Comme on
ne le signale pas dans le mémoire, je me permets d'ajouter cette nuance
pour essayer d'en arriver à ce que nos points de vue se rapprochent.
Dans le projet de loi, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de changements,
finalement. J'ai énuméré six pouvoirs nouveaux importants
qui sont dévolus au ministre de l'Éducation ou au gouvernement.
Je pense qu'on peut discuter de chacun d'entre eux. On va prendre le pouvoir de
déterminer, en dernière analyse, la carte des enseignements
professionnels. Il n'y a pas une commission scolaire sérieuse qui va
venir soutenir en conversation privée et serrée autour d'une
table que cela devrait être renvoyé complètement aux
commissions scolaires. Je n'en connais pas une qui m'a dit cela depuis six
mois. On peut le dire en public, cela paraît bien pour la parade, mais,
en pratique, tout le monde sait qu'au bout de la ligne il faut bien que le
ministre prenne les décisions. Quand il y a cinq commissions
scolaires dans une région qui veulent avoir l'option techniques
d'usinage, chacune a de bien bonnes raisons, elle a les organismes
intermédiaires derrière elle, les conseils municipaux et tout ce
qu'on compte d'organismes de pression. Ils disent: Vous, vous avez le paquet.
On n'a pas la clientèle pour en avoir cinq; on a la clientèle
pour en avoir une ou deux au plus. Il faut bien décider. On l'a fait ces
derniers temps et je pense que tout le monde se rend compte de facto que c'est
une bonne affaire. Si vous contestez fondamentalement ce pouvoir -
peut-être cela pourrait-il être formulé autrement -
j'aimerais beaucoup le savoir, mais je pense que vous ne le ferez pas.
En matière d'éducation des adultes, c'est la même
chose: nous avons actuellement à peu près 80 ou 82 services
régionaux d'éducation des adultes; on ne peut pas en avoir 213.
Il faut bien qu'on tranche quelque part. Dans toute la mesure où cela
peut être fait par concertation, je pense que vous savez que c'est notre
méthode de travail. Nous faisons tout ce qui est possible pour que cela
se décide par voie de concertation entre les commissions scolaires et la
direction régionale. Mais, en dernière analyse, l'année
scolaire commence telle date et il faut que les décisions soient prises
à telle date, soit quelques mois avant. Il faut bien que cela se
décide quelque part et je ne vois pas où cela peut se
décider ailleurs qu'au ministère de l'Éducation. Cela dit,
je pense qu'on peut s'entendre. C'est bon que des points de vue opposés
soient exprimés et nous n'en éprouvons aucune espèce
d'amertume.
Je voudrais vous dire une chose. Dans votre mémoire, vous dites
qu'il y a beaucoup trop de contrôles. Si on peut les simplifier, on
travaille à cela. Je peux vous dire que, pour mes collaborateurs du
ministère de l'Éducation, c'est un souci constant: Qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour diminuer les contrôles? Dans quelle mesure
peut-on diminuer les contrôles en même temps qu'on va s'assurer que
les normes vont être respectées? C'est notre dilemme. On a
discuté d'un cas, hier, à propos d'un cégep où il y
a eu une opération de nettoyage à faire ces derniers mois. Je
pense qu'on ne peut pas laisser les choses aller à bride
complètement déployée. Tant que 92 % des ressources
émaneront du gouvernement provincial en direction des commissions
scolaires, l'Assemblée nationale et nos concitoyens sont
justifiés d'exiger des comptes. Pour qu'on puisse rendre des comptes de
manière sérieuse, il ne faut pas qu'on ait 213 pouvoirs
juxtaposés et pratiquement indépendants du gouvernement
québécois. Il faut bien qu'il y ait des normes qui nous unissent
autour desquelles nous essayons de travailler. Si certaines normes peuvent
être assouplies, on est prêts à discuter et - c'est la
première question que je vous adresserai tantôt - s'il y a des
choses qu'on peut améliorer dans le projet de loi de ce point de vue,
c'est très bien.
Juste pour finir sur la confessionnalité avant d'en venir
à une question pratique, nous allons aller devant les tribunaux une fois
que le projet de loi aura été adopté, nous allons
vérifier la nature exacte de la protection constitutionnelle garantie
par ia loi de 1867. Nous allons vérifier sa portée et, ensuite,
nous verrons à l'application de tout cela dans les meilleures conditions
possible.
J'en viens maintenant à une question. Dans les pouvoirs que le
projet de loi attribue au gouvernement et au ministre, est-ce que vous pourriez
indiquer avec le plus de précision possible ceux, d'après vous,
qui pourraient et qui devraient en toute rationalité, tenant compte des
contraintes dont j'ai parlé, même des contraintes
budgétaires et autres, être dévolus aux commissions
scolaires? J'aimerais que vous pensiez en me donnant votre réponse qu'il
y a la CECM et qu'il y a les autres commissions scolaires qui n'ont pas les
dispositifs administratifs ou professionnels que possède la commission,
qui ont des ressources beaucoup plus limitées. Si vous pouviez nous
fournir un éclairage sur ce qui pourrait être ajusté dans
ce projet de loi pour correspondre mieux à vos attentes, cela
m'intéresserait d'avoir votre point de vue là-dessus et, ensuite,
on pourra vous dire si on trouve que c'est applicable ou non. Je pars de la
prémisse que le partage qui est proposé est un partage
très raisonnable, compte tenu de l'ensemble des conditions dans
lesquelles nous devons fonctionner comme système d'enseignement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. Palascio: M. le Président, il y a beaucoup de choses
qui ont été mentionnées. Si vous me le permettez,
j'aimerais y revenir; j'espère que je n'oublierai pas certains
points.
Tout d'abord, M. le Président, lorsqu'on présente un
mémoire, naturellement, on essaie d'être le plus succinct possible
et on a peut-être tendance à aller plus vers le côté
critiquable que vers les côtés positifs. Je pense que c'est un peu
normal... il y a certainement des points - et on a tenté de les
mentionner dans notre mémoire - sur lesquels nous sommes, quand
même, en accord avec les propositions qui sont faites.
Je voudrais aussi, au nom de mes collègues, témoigner que
le ministre de l'Éducation a toujours été à
l'écoute des demandes ou des représentations de la CECM. Je pense
qu'en aucun temps on ne nous a refusé l'accès au bureau du
ministre; je pense qu'il nous a toujours écoutés, même si
on ne partage pas toujours les mêmes points de vue. Je pense que les
discussions se sont faites dans le respect mutuel. Je tiens à le
souligner au nom de mes collègues commissaires.
Tout d'abord, M. le ministre a parlé de l'école
confessionnelle par rapport aux autres
structures gouvernementales qui ne le sont pas ou qui sont neutres sur
ce plan. Pour ce qui est de l'école et des structures confessionnelles,
il s'agit, quand même, de la formation fondamentale des enfants, de la
population et je pense qu'on doit respecter cet élément. Je ne
pense pas qu'on puisse comparer, de façon absolue, les deux paliers de
gouvernement, les rôles et les mandats de chacun.
Souvent, on mentionne aussi Montréal et la CECM par rapport
à d'autres commissions scolaires. Nous le faisons tout
particulièrement, nous aussi. I! reste que la Loi sur l'instruction
publique est une loi générale qui se doit de donner des
règles générales normalement applicables pour tous, en
tentant de répondre aux différents problèmes que peuvent
rencontrer les commissions scolaires urbaines ou rurales.
La question de la confessionnalité. Je pense qu'on oublie souvent
que la CECM mentionne et rappelle depuis quelques années que nous sommes
d'accord pour que les autres qui ne sont pas à l'aise dans le
système puissent avoir leurs propres structures ou leurs propres
écoles. J'aimerais rappeler ici même les paroles du juge
Deschênes dans le cas de Notre-Dame-des-Neiges; il avait rappelé
dans son jugement et je me permets de le citer parce que je pense que c'est
important: "Ce qu'il faut, c'est l'action décisive d'une volonté
politique éclairée. Il n'est peut-être pas possible ni
désirable de supprimer les commissions scolaires confessionnelles que le
Québec connaît depuis plus d'un siècle et de leur
substituer des commissions scolaires unifiées. Mais à tout le
moins, il semblerait opportun et possible de créer, auprès du
Conseil supérieur de l'éducation, un comité non
confessionnel parallèle aux comités catholique et protestant, de
créer des commissions scolaires non confessionnelles !à où
les besoins le réclament et les ressources le permettent, de faciliter
ainsi l'établissement d'institutions d'enseignement non confessionnelles
ouvertes aux éléments de la population qui le désirent et,
enfin, de répartir les ressources financières entre les trois
réseaux de façon équitable. "
Je pense qu'à ce moment-là le juge Deschênes venait,
quand même, de voir un aspect très pratique d'un problème
qui peut se soulever, celui d'évaluer le projet éducatif
confessionnel d'une école. Dans le cas de Notre-Dame-des-Neiges, que
nous avons vécu tout particulièrement sur le territoire de
Montréal, même après dix ans, il y a encore des
séquelles dans le milieu. Je pense qu'il faut tenir compte de cet aspect
pratique que nous avons vécu sur notre territoire et qui pourrait se
revivre, éventuellement, à d'autres endroits. Je pense que ce
n'est pas le lieu, au niveau de l'école, de revivre ces
déchirements.
Je rappelle aussi que le conseil des commissaires de la CECM - nous
l'avons mentionné dans notre mémoire - lors des dernières
élections, a bien présenté ce qu'il défendait, le
mandat des commissaires. La réponse de ceux qui se sont
dérangés pour aller voter est, quand même, très
fortement majoritaire en faveur de la position de défendre les
structures confessionnelles. Je pense qu'on ne peut pas présumer de la
volonté des citoyens et dire qu'ils rejettent, à l'heure
actuelle, ces structures.
Je pense que, pour nous, les structures ne sont pas un absolu, sauf que
nous nous sommes retrouvés encadrés, depuis quelques
années, dans un choix entre la commission scolaire linguistique ou
confessionnelle. Dans le moment, on a à choisir entre l'une ou l'autre,
dont l'une nous apporte certaines garanties que nous ne retrouvons pas dans
l'autre, soit des garanties au niveau de l'école confessionnelle.
À l'heure où l'on se parle, malgré la présentation
du projet de loi 107, nous n'avons toujours pas de réponse à ces
garanties d'école confessionnelle, telle qu'on la retrouve
présentement dans la constitution.
Tout à l'heure, on a parlé des pouvoirs du ministre, qui
sont surtout des pouvoirs de contrôle et de réglementation. On a
parlé de la diminution des employés. J'aurais peut-être une
petite boutade. Je me demande s'il va y avoir assez d'employés au
ministère de l'Éducation pour contrôler toutes les
réglementations nouvelles qui se retrouvent dans le projet de loi 107.
Je pense que ce que nous visons et ce que nous avons mentionné dans
notre mémoire quant à la CECM, et ce qui est important pour nous,
c'est le gouvernement local et l'autonomie en ce qui concerne le gouvernement
local. (11 heures)
Je pense qu'il est important pour toutes les commissions scolaires et
non pas seulement pour notre territoire, d'avoir une marge de manoeuvre qui
nous permette de répondre adéquatement aux besoins du milieu et
aux besoins de nos mandataires immédiats. Nous croyons que la commission
scolaire doit avoir les pouvoirs et les moyens d'y répondre. Nous
croyons être les mieux placés pour pouvoir y répondre de
façon directe, rapide et appropriée, à cause de la
connaissance des milieux que nous avons. Nous trouvons que dans le projet de
loi actuel peu de responsabilités sont laissées aux commissions
scolaires.
Je reprends un peu ce que nous avons mentionné. Le gouvernement
se donne le pouvoir d'établir le régime pédagogique, entre
autres, qui réglemente en détail les services éducatifs et
leur cadre d'intervention. Il se charge également d'établir des
programmes d'activités de formation et d'éveil et des programmes
d'études officiels; cela, c'est sur le plan pédagogique. Il
s'immisce ainsi dans chacun des paliers d'intervention pédagogique en
traduisant les finalités d'éducation en objectifs d'enseignement,
puis en contenus d'apprentissage et, enfin, en activités
d'apprentissage. À la limite, il prive ainsi de sa substance la mission
éducative de la commission scolaire.
Tout à l'heure, on donnait l'exemple du
pouvoir des commissions scolaires concernant le choix des enseignants,
et certaines règles que nous avons présentement. Si on regarde le
projet de loi, même si nous conservons ces pouvoirs, non seulement on
trouve qu'à l'heure actuelle ils sont limités dans la
présente Loi sur l'instruction publique, mais on le fait dans un cadre
qui pourrait être restrictif et dans un cadre de contrôle qui
limiterait éventuellement ia marge de manoeuvre et d'autonomie de la
commission scolaire dans ce domaine en particulier. Ensuite, le gouvernement
s'attribue le pouvoir d'établir annuellement les règles
budgétaires et de fixer le taux de taxation, deux pouvoirs dont
l'exercice aboutit au manque d'autonomie budgétaire du gouvernement
scolaire 'ocal. Il y a aussi certains éléments dans la loi
actuelle, mais nous ne voulons pas nous en tenir seulement à la
proposition du projet de loi 107; nous voulons aussi manifester notre opinion
sur la question dans le domaine scolaire en général. Là
encore, sur le plan des règles budgétaires, nous sommes souvent
à ia merci des décisions ministérielles, même
à l'heure actuelle, qui nous causent préjudice. Bien souvent,
nous avons de la difficulté à établir nos budgets parce
que nous n'avons pas de permanence à ce sujet; nous sommes redevables
chaque année aux nouvelles règles ou aux modifications des
règles actuelles.
De plus, il continue à s'accaparer la négociation des
conventions collectives, ce qui ne laisse que des objets mineurs à la
négociation locale. Cela aussi, c'est un aspect. On comprend qu'à
l'heure actuelle nous sommes dans un cadre donné, mais nous tenons,
même si on ne doit pas s'attendre nécessairement qu'il y ait
demain des modifications ou des corrections à la procédure
actuelle, à manifester notre opinion sur ce point. Nous croyons qu'en
tant qu'employeur, puisque nous sommes un gouvernement local auquel on donne le
titre d'employeur, nous devons avoir aussi les moyens et la possibilité
de jouer réellement ce rôle d'employeur et nous croyons être
mieux placés, encore là, pour répondre aux besoins de
notre population.
Enfin, il se confère aussi le pouvoir d'édic-ter les
normes, les conditions et les procédures relatives à la gestion
de l'équipement qui emprisonnent la commission scolaire dans un carcan
bureaucratique qui, à notre avis, pourrait être inefficace. Tout
à l'heure, M. Gazzi, ici présent, pourrait vous donner des
exemples de ce que cela entraîne, surtout sur le territoire de la CECM
où nous avons énormément de contrats qui passent chaque
année. Les contrôles pourraient drôlement geler ou entamer
la marge de manoeuvre.
Bref, la CECM ne retrouve pas dans le projet de loi le juste
équilibre qu'elle réclamait dans le partage des
responsabilités entre le gouvernement et la commission scolaire, un
équilibre qui lui aurait donné plus d'autonomie pour remplir un
rôle qu'elle considère légitimement le sien, mais que le
gouvernement ne nous reconnaît pas à l'heure actuelle,
d'après nous.
C'est la position de la CECM sur le plan des pouvoirs que le
ministère veut se donner à l'heure actuelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous voulez
enchaîner, M. Gazzi? Voulez-vous intervenir immédiatement, M. le
ministre, ou si vous voulez attendre?
M. Ryan: Là, j'ai eu une longue enumeration, mais
j'aimerais avoir une réponse plus précise à la question
que j'ai posée. Vous dites: Le gouvernement se donne le pouvoir
d'établir le régime pédagogique. Est-ce que vous contestez
cela, sérieusement?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. Ryan: Que le gouvernement doive établir le
régime pédagogique et les programmes pour l'ensemble des
écoles du Québec, est-ce que vous mettez cela en cause?
M. Palascio: Pas le pouvoir d'établir le régime
pédagogique, mais je pense qu'à un moment donné il faut,
quand même, pouvoir avoir une certaine marge de manoeuvre ou de souplesse
au niveau local qui nous permette d'établir, de proposer, quand
même, des aménagements locaux à ces niveaux-là.
M. Ryan: Vous ne mettez pas en cause le pouvoir d'établir
le régime pédagogique. Vous voudriez discuter certaines
modalités, certaines conditions, si je comprends bien. Parce qu'en
lisant le texte on ne le sait pas. J'aimerais le savoir clairement pour qu'on
n'ait pas de malentendu là-dessus.
Après cela, je continue. Peut-être que les programmes
d'études sont trop détaillés. Ce sont des points dont on
peut discuter. La responsabilité d'établir les programmes
d'études est confiée actuellement, par le régime
pédagogique, au ministre. La loi la confie au ministre, pour qu'elle
soit sur une base légale plus solide. Mais je serais
étonné que vous contestiez ce pouvoir-là.
Le pouvoir d'établir les règles budgétaires. Si 92
% des revenus des commissions scolaires leur viennent de subventions
gouvernementales, il faut que nous ayons le devoir de les répartir d'une
manière juste en vertu de la constitution, il faut bien qu'on ait des
règles budgétaires qui vont présider à l'allocation
des ressources. Et, sur le principe, j'ai l'impression que vous ne contestez
pas ce pouvoir-là que la loi reconnaît au gouvernement ou au
ministre, je ne sais pas, à moins qu'il n'y ait un malentendu entre
nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Palascio.
M. Palascio: Si vous le permettez, je demanderais à ceux
qui le vivent quotidiennement, au plan pédagogique et au plan de la
gestion, de dire ce qu'ils rencontrent dans les règles actuelles et dans
les règles proposées par la loi 107.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui nous
proposez-vous comme intervenant? M. le directeur général.
M. Palascio: M. Portugais, directeur général.
M. Portugais (Laurent): M. le Président, on s'entend
habituellement pour dire que le cadre pédagogique vécu dans les
écoles se situe à quatre paliers. On le rappelait tantôt.
Il se situe au niveau des finalités de l'éducation, au niveau des
objectifs d'enseignement, au niveau des contenus d'apprentissage et au niveau
également des activités d'apprentissage. Si on regarde la place
que le ministère occupe dans chacun des quatre paliers, on va
peut-être se rendre compte de la place qu'il laisse à la
commission scolaire et à l'école.
Au niveau des finalités de l'éducation,
c'est-à-dire les valeurs éducatives qui sont
déterminées, nous sommes tous d'accord pour reconnaître
qu'il appartient au ministère de déterminer les grandes
finalités de l'éducation et il occupe tout le champ de ces
finalités-là. Donc, c'est un premier palier occupé
uniquement par le ministère.
Au niveau des objectifs d'enseignement, c'est-à-dire les
contenus, les grandes lignes qui doivent déterminer comment on va
rejoindre les finalités de l'éducation, encore !à, le
ministère occupe toute la place. Les commissions scolaires peuvent
simplement identifier certains objectifs parmi ceux déjà
donnés par le ministère.
Au troisième niveau, les contenus d'apprentissage,
c'est-à-dire les programmes, on se rend compte également que
même les programmes qui sont élaborés localement doivent
être approuvés par le ministère. À ce
troisième niveau de responsabilité, le ministère occupe
donc toute la place.
Finalement, au niveau des activités d'apprentissage, les
activités d'apprentissage se déroulent, évidemment, par
l'approche pédagogique du maître, mais elles se supportent par du
matériel didactique. Le matériel didactique doit faire l'objet
d'une approbation du ministère. De plus, le ministère
édicté même des guides à l'intention des parents de
façon qu'ils puissent suivre de façon précise
l'élaboration, le contenu et le suivi des actes pédagogiques dans
la classe. Le ministère détermine également l'encadrement
pédagogique qui doit être accordé à l'école.
Le ministère occupe également tout le champ à ce
niveau-là et ce qui reste à l'école et à la
commission scolaire, c'est de trouver un moyen d'appliquer un projet
éducatif du ministère. C'est ce qu'on veut dire quand on dit que,
dans les commissions scolaires, on manque de responsabilités en
pédagogie.
M. Ryan: Vous parlez des programmes locaux, par exemple. Vous
dites qu'ils doivent être soumis à l'approbation du
ministère. Dans le projet de loi, il y a une modification
là-dessus. On dit qu'une commission scolaire a le droit d'instituer des
programmes locaux à moins que le ministre n'en décide autrement.
C'est bien différent, cela. Il peut arriver que, si une commission
scolaire décide d'établir un programme d'initiation à la
cartomancie, le ministre dise: "Wait a minute. " Attendez une minute. Les fonds
publics ne sont pas pour cela. Mais, dans le projet de loi, la commission
scolaire a pleine initiative pour faire des choses raisonnables. Elle ne sera
même plus obligée de soumettre cela à l'approbation du
ministre. Il y a un élargissement ici que je tiens à signaler, vu
que vous avez mentionné cet exemple-là.
Dans les régimes pédagogiques, même actuellement, il
y a des objectifs qui sont fixés, mais il y a une grande marge de
latitude qui est laissée aux commissions scolaires. Je vais vous en
donner un exemple: l'enseignement de l'anglais, langue seconde, au
deuxième cycle du primaire. Il y a des commissions scolaires qui ont
institué des bains linguistiques, formule qui a scandalisé bien
des gens à l'origine, mais qui donne d'excellents résultats et
qui témoigne d'une marge de souplesse, quand même,
considérable que le régime pédagogique laisse à une
commission scolaire qui veut s'en servir. On peut discuter la formule, mais
cela a été institué et cela a été
jugé conforme au régime pédagogique. Il y a beaucoup
d'autres formules. Il y a peut-être un équilibre à
chercher. Je n'ai pas d'objection du tout à continuer à
chercher.
Comme on discute le projet de loi, je vous demandais tantôt, et je
reviens à ma question, s'il y a des points précis qui, selon
vous, devraient être dévolus aux commissions scolaires
explicitement. J'aimerais le savoir pour qu'on puisse les examiner, mais je
n'ai pas eu ces points-là. Vous dites qu'il y a des excès, mais,
sur le fond, vous semblez dire que vous êtes d'accord avec nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais
reconnaître M. Gazzi pour compléter la réponse de M.
Portugais. M. Gazzi.
M. Gazzi (Katif): Je vais continuer, si vous me le permettez,
avec les ressources matérielles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): En essayant
peut-être d'amener des cas spécifiques pour répondre aux
inquiétudes du ministre.
M. Gazzi: Je vais essayer. M. le Président, à la
page 51, il y en a à tous les articles, de 236 à 241. Même
tout travail de réparation qui demande des plans et devis, dit-on, doit
avoir
l'approbation du ministre. Or, si vous vous référez aux
lois des architectes et des ingénieurs, pour les corporations publiques
tout doit être fait d'après les plans et devis. Ceci veut dire
que, pour faire n'importe quelle réparation, nous devons avoir
l'approbation du ministre, si on interprète d'une façon
extrême tous ces articles-là. Cela fait que, chaque année,
à la CECM, pour des centaines de contrats que nous donnons, nous sommes
toujours dans une imprécision parce que nous n'avons jamais
d'autorisation du ministre et, pourtant, il faut déjà
préparer les écoles pour le mois de septembre. Il faut avoir
certaines approbations. On est d'accord que le ministère exige des
comptes, sauf que, comme à la CECM nous connaissons tous les
règlements du ministère, le ministère peut nous permettre
de construire, de réparer en tenant compte de tous ces
règlements, et on peut rendre compte aussi a posteriori au lieu que ce
soit a priori.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je veux simplement signaler un point. Dans le projet de
loi, il y a une amélioration importante qui a été
apportée là-dessus. Je pense que vous l'aurez notée. Pour
les travaux de réparation qui n'entraînent pas des emprunts de
plus d'un an, la commission scolaire aura beaucoup plus de latitude qu'elle
n'en a actuellement. Actuellement, elle est obligée de soumettre ces
projets-là à l'approbation du ministère, mais là,
ce ne serait plus le cas.
Dans les travaux de plus grande envergure, je ne pense pas qu'on vous
ait retardés trop ces dernières années. Je pense que des
développements importants ont été faits. Vous savez qu'on
travaille, par tous les moyens, à accélérer les
procédures. Je suis prêt à regarder cela. S'il y a des
choses qui peuvent être simplifiées, on peut regarder cela, mais
il me semble que cela ne regarde pas la législation comme telle.
Quant aux fonds pour une construction d'école ou une
réparation majeure - vous autres, vous en avez financé un certain
nombre par des transactions d'actifs dont vous n'aviez plus besoin, c'est
très bien - en général, cela vient de subventions
gouvernementales. Il faut bien qu'on rende compte de la manière dont
cela a été utilisé et qu'on veille à leur emploi
judicieux suivant les normes du gouvernement, parce qu'ils diraient: C'est
comme cela partout dans le gouvernement; pourquoi allez-vous faire une
exception pour cette partie du secteur parapublic? Moi, je suis porté
à considérer - je l'ai dit à d'autres intervenants - que,
tant que le partage en matière fiscale va être ce qu'il est
actuellement, il y a des obligations qui incombent au gouvernement en raison de
l'apport très fortement prépondérant qu'il a dans le
financement des opérations.
Pour toutes les choses qui sont dignes d'amélioration, vous savez
qu'on a l'écoute largement ouverte de ce côté-là. Il
y a des améliorations que vous avez proposées qui ont
été acceptées. On en a introduit quelques-unes dans le
projet de loi. Peut-être qu'on peut en introduire d'autres. S'il y a des
propositions précises, on va les examiner avec intérêt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je vous
accorde une dernière réaction aux remarques du ministre, M. le
président. Après, je devrai passer la parole à
l'Opposition. M. le président.
M. Palascio: L'obligation de rendre compte, nous ne nous y
opposons pas du tout. Au contraire, je pense que le ministère doit
contrôler ce qui se fait. Par contre, dans le projet de loi, ce n'est pas
un contrôle a posteriori que nous retrouvons, mais un contrôle a
priori. C'est là-dessus que nous en avons tout particulièrement.
Pour nous, c'est presque, comme l'a déjà mentionné un
autre groupe, un peu un manque de confiance vis-à-vis des commissions
scolaires. Je pense qu'une loi doit être générale dans le
moment présent et respecter, quand même, l'autonomie des
commissions scolaires. Peut-être que M. Gazzi pourrait revenir sur les
questions de contrôle, tout à l'heure, mais je me souviens d'un
cas de Rivière-des-Prairies, entre autres, où, le contrôle
gouvernemental étant arrivé le 60e jour, nous sommes
présentement dans un débat juridique d'une valeur de 200 000 $.
Cela cause quelquefois des problèmes, le contrôle, dans des cas
particuliers. Nous pensons que la réglementation ne doit pas être
trop stricte là-dessus dans le moment présent et qu'on doit faire
une certaine confiance au niveau local, laquelle, je pense, est très
nécessaire. Pour nous, le principe de l'autonomie est fondamental sur ce
plan. (11 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Palascio.
Je reconnais maintenant la porte-parole officielle de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président, messieurs, il me fait plaisir de vous recevoir, au nom de
l'Opposition, à cette commission parlementaire. Selon mon habitude, mais
aussi parce que c'est un organisme important, j'ai lu avec beaucoup d'attention
le mémoire que vous nous avez soumis. Vous y soulevez un certain nombre
de questions qui m'apparaissent essentielles, plus particulièrement
toutes celles touchant le partage des responsabilités entre les
différents partenaires.
Nous avons examiné le projet de loi sous trois aspects: celui de
l'accès aux services éducatifs, celui de la responsabilisation
des partenaires et celui de la réforme ou de la modernisation des
structures scolaires. Je dois
reconnaître comme vous que, en ce qui concerne l'accès, le
projet qui nous est présenté constitue un recul certain en regard
de la loi 3, qui avait été légalement adoptée, sous
plusieurs aspects, d'abord, parce qu'on ne retrouve aucune définition
des services complémentaires et des services particuliers qui font la
qualité et l'accessibilité des services éducatifs. On ne
retrouve plus l'obligation réelle d'assurer la gratuité, pour les
adultes, de l'accès à ces services, comme vous l'avez
souligné, comme de l'accès à l'éducation.
Disparaît également de ce projet de loi ce qu'on retrouvait dans
le projet de loi 3, l'obligation pour les écoles d'offrir un service de
garde pour les enfants du préscolaire et du primaire.
En ce qui concerne l'accessibilité, il y avait des
éléments importants. Je relisais les propos du ministre au moment
où la loi 3 a été adoptée en dernière
lecture, en Chambre. Il disait: II n'est pas besoin, M. le Président,
d'être un social-démocrate du dimanche pour être en faveur
d'un accès universel et gratuit, pour tous les secteurs de la
population, aux services éducatifs qu'offre notre système
d'enseignement public, primaire et secondaire. Il suffit d'être
honnêtement et sincèrement libéral, d'avoir l'esprit
libéral au sens le plus simple du terme et le plus limpide du mot. Il
parlait ici de l'accès gratuit à tous les services
éducatifs d'enseignement primaire et secondaire, pour toute la
population. Je maintiens que, entre les propos de l'Opposition officielle
d'alors et ceux du ministre, il y a des écarts dangereux.
En ce qui concerne le partage des ressources, nous avons toujours
été en faveur, également, d'un partage des ressources qui
vienne responsabiliser les parties. J'ai toujours prétendu, alors que je
parlais de l'enseignement collégial, qu'une erreur de perception au plan
national avait des répercussions dans 46 cégeps, alors qu'on peut
penser que, si on les avait laissés libres d'agir, il n'y aurait pas eu
46 erreurs. On aurait peut-être pu en trouver une ou deux. Je pense qu'il
faut se rappeler constamment que ce n'est pas de Québec qu'on est
capable d'avoir la perception la plus juste, la plus fine et la plus pertinente
des problèmes et de leur solution. Je trouve toujours dangereuse cette
tendance qu'on a de vouloir centraliser. Ce qu'on a essentiellement
souhaité, depuis les dernières années, c'est une plus
grande décentralisation. Le député d'Argenteuil tenait
aussi ce discours en 1984 quand il disait: On ne pourrait pas adhérer
à un projet de loi qui viendrait renforcer les pouvoirs du
gouvernement.
L'efficacité dans nos systèmes passe par la
décentralisation et une souplesse dans les normes. Les normes
mur-à-mur, c'est prouvé, cela ne fonctionne pas. Quand on veut
traiter de la même façon les clientèles d'Outremont, de
Westmount, de Saint-Henri et de Maisonneuve-Rosemont, ce n'est pas la
même chose. D'ailleurs, vous le signaliez et je dois vous dire que,
là-dessus, je vous rejoins. Vous avez, dans certains quartiers de la
ville de Montréal, des clientèles plus lourdes en raison du tissu
socio-économique, mais également en raison d'une forte
présence des écoles privées.
Sur ce projet de loi, j'espère que le ministre saura entendre les
avis des personnes et des organismes qui se sont présentés ici.
À ce jour, c'est la troisième journée d'audience, on peut
dire qu'à l'exception du mémoire des directeurs d'école
qui ont examiné le projet de loi exclusivement dans la perspective de
leurs propres fonctions, et ils le disent, ils ne l'ont pas examiné dans
la perspective plus globale d'un partage des responsabilités... C'est le
seul mémoire qui se dit d'accord, mais d'accord sur une partie du projet
de loi qui les concerne. Il faut reconnaître que c'est leur droit le plus
strict, cela leur appartient. Cela correspond à des souhaits qu'ils
avaient formulés.
Mais, à l'exception de ce mémoire, on peut dire
qu'aujourd'hui, au moment où l'on se parle, tous les mémoires
sont unanimes pour dire qu'on ne devrait pas renforcer les pouvoirs du
ministre. J'espère que là-dessus le ministre va être
conscient que ce n'est pas dans cette voie qu'il va trouver
l'efficacité.
Dans votre mémoire, vous abordez un certain nombre de questions.
Je vais peut-être commencer par celle que je trouve la plus
préoccupante parmi d'autres. C'est celle de l'accès des adultes
à l'enseignement des services éducatifs. Vous dites, et la
remarque nous a été faite également par... On retrouve
cela dans un autre mémoire, mais qu'on n'a pas encore entendu. Vous
dites d'abord que la gratuité n'est pas reconnue. Elle est
conditionnelle aux ressources de la commission scolaire. Vous dites
également qu'il n'appartiendrait pas... Et je dois dire que c'est
l'argument qu'utilise toujours le ministre pour dire: on doit, c'est le
ministre qui doit décider où s'offrent les services
d'éducation des adultes. Je n'endosse pas entièrement ce
jugement. J'ai visité une petite commission scolaire dans Huntingdon qui
disait: Nous aimerions avoir des services d'éducation des adultes,
même si cela n'étaient que deux programmes, quelque part chez
nous, dans les municipalités les plus importantes. Nous pourrions les
gérer nous-mêmes. Et là, c'est géré ailleurs.
Il faut que nos clientèles se déplacent.
Chaque fois qu'il y a centralisation, uniformisation dans l'application
de telles règles, il y a inéquité dans les traitements et
dans l'accessibilité.
Ce que vous touchez, c'est la question de l'obligation qui serait faite
aux adultes de s'inscrire exclusivement à des services éducatifs
mis en place par la commission scolaire sur le territoire où ils
résident. Si je comprends bien cette contrainte, cet article, cela
voudrait dire que l'adulte ne pourrait pas nécessairement avoir
accès à des cours qui ne sont même pas dispensés sur
son territoire ou, encore, ne pourrait pas avoir accès à des
cours dispensés tout près des
lieux de son travail plutôt que de son lieu de résidence.
Est-ce comme cela que vous l'avez interprété?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. Palascio: M. le Président, en ce qui concerne le
service donné aux adultes en particulier, disons que le point principal
de notre mémoire, c'est que nous croyons que, si on reconnaît le
service d'éducation des adultes, on doit donner aux adultes le
même service qu'on offre au secteur régulier des jeunes. Donc,
cela veut dire aussi, pour la commission scolaire avoir les mêmes
ressources pour pouvoir donner au moins un service de base, équivalent
quant au service de l'éducation des adultes.
Pour ce qui est de l'accès, nous croyons aussi que l'adulte
devrait avoir un libre accès aux services d'une autre commission
scolaire, tout particulièrement. Vous allez retrouver cela dans le
mémoire et vous l'avez mentionné. C'est un élément
important pour nous puisque les services ne seront pas nécessairement
donnés partout. Dans le moment présent, nous le vivons sur notre
territoire et nous croyons que nous donnons un service adéquat,
même pour ceux qui proviennent des autres commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Concernant le partage des responsabilités,
tout à l'heure vous illustriez de façon assez éloquente
l'ampleur et l'importance de la place qu'occupe le ministère dans tout
ce qui concerne la gestion des affaires scolaires. Je me demande si on sait que
les règlements, les règles de procédure sont
colligés. On a des recueils. A-t-on déjà
évalué la hauteur en centimètres des recueils qui viennent
gérer les activités d'une commission scolaire? Je le dis sans
plaisanter parce qu'on avait fait l'exercice au niveau collégial. Il y
avait deux cahiers de quatre pouces chacun. Cela donnait huit pouces de
directives, règles, règlements et ainsi de suite. Je le dis sans
plaisanter parce que cela illustre bien ce que vous dites: Écoutez, dans
notre personnel cadre - et c'est un directeur général qui nous le
disait hier également - lorsqu'on a trois personnes, il y en a environ
une dont l'essentiel des fonctions consiste à répondre à
des demandes du ministère, à remplir des formulaires, des
requêtes, et ainsi de suite.
M. Palascio: Notre point de vue ne se fonde pas sur
l'épaisseur ou le nombre de réglementations, mais sur le principe
de base de l'autonomie locale, ce qui ne veut pas dire qu'on doit vider le
ministère de toute la réglementation. Je pense quand même
qu'il y a des pouvoirs qui relèvent du ministère de
l'Éducation. Nous croyons que dans le projet de loi actuel, et
même dans la loi actuelle, il y a beaucoup de réglementations qui
gênent l'application locale. Nous croyons qu'on doit absolument respecter
l'autonomie locale. Quand on présente une loi et une
réglementation, on doit respecter cet aspect et la loi doit
prévoir, des accommodements, des modalités dans ce sens.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: Vous allez... Qu'arrive-t-il?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Portugais,
voulez-vous compléter?
M. Portugais: Juste un exemple, M. le Président, qui
illustre la difficulté de gérer et la lourdeur des directives
ministérielles. Concernant la sécurité d'emploi, nous
devons mettre une personne à temps plein, toute l'année, pour
répondre aux exigences du ministère, c'est-à-dire fournir
les noms et toutes les demandes pour chacun des emplois disponibles que nous
avons à la CECM. Il y a une personne à temps plein, toute
l'année, qui fait ces réponses pour le ministère.
Voilà un exemple de la lourdeur administrative quand on parle des
difficultés auxquelles nous faisons face, dans une commission scolaire
comme la nôtre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Vous êtes très éloquent
lorsque vous parlez des pouvoirs de plus en plus grands que le ministre ou le
gouvernement s'arroge. Mais, par ailleurs, et on constate souvent cela à
la lecture des mémoires, lorsqu'il s'agit de déléguer des
pouvoirs ou de partager des responsabilités à l'intérieur,
on constate que ce n'est pas toujours très cohérent. Je veux dire
que le même raisonnement ne s'applique pas toujours à l'interne.
Je prends comme exemple celui dans lequel vous reprochez au projet de loi
l'autonomie qui sera accordée à l'enseignant, que je trouve, moi,
relativement réduite. Je pense que ce qui est reconnu à l'article
16 ou 19 dans le projet de loi, cela finit par ressembler à
"l'enseignant enseigne". Même là vous estimez que les droits de
regard, ce serait trop d'autonomie pour l'enseignant. Je voudrais vous entendre
là-dessus. C'est à l'article 16, plus
précisément.
M. Palascio: Excusez-moi. M. le Président, en ce qui
concerne la délégation de pouvoirs, nous avons déjà
une délégation. D'ailleurs, je pense que nous sommes la
première commission scolaire à avoir une délégation
de pouvoirs à nos directions d'école, en particulier. Je pense
que, quand on parle d'autonomie des enseignants, notre point de vue c'est que
ce soit fait dans le cadre des politiques et orientations de la commission
scolaire, comme gouvernement local.
C'est un point qui est très important pour nous autres.
Mme Blackburn: Bien. Je vous disais tout à l'heure que
nous avions examiné le projet de loi sous trois angles, avec une grille
d'analyse, qui étaient l'accessibilité, la responsabilisation et
la modernisation des structures. Je pense que vous savez d'avance que je ne
suis pas d'accord avec la position de la CECM. Dans votre mémoire,
à la page 4, vous dites: "La CECM accueille avec satisfaction la
reconnaissance explicite, par le législateur, de son statut de
commission scolaire confessionnelle sur le territoire actuel, en
conformité avec l'article 93 de la constitution canadienne. Elle n'est
donc pas directement touchée par la volonté du gouvernement de
remplacer, en dehors de Montréal et de Québec, les commissions
scolaires confessionnelles en commissions scolaires linguistiques. " Qu'est-ce
qui vous fait croire cela? J'ai lu et relu la loi. Vous n'êtes pas les
seuls, je dois vous dire, à avoir cette lecture du projet de loi. Mais
j'ai lu et relu la loi, et l'article du projet de loi dit, au sujet de la
question que le ministre entend porter devant la Cour d'appel, qu'il s'agit
"d'établir sur tout le territoire du Québec des commissions
scolaires linguistiques". En quoi votre territoire ne serait-il pas
touché? (11 h 30)
M. Palascio: Au moment présent, je pense qu'il y a
déjà des jugements qui... C'est reconnu dans le projet de loi, je
pense à l'article 107, que la CECM, la CEPGM, la CECQ et la CSGQ
continuent leur existence en vertu de la présente loi sur leur
territoire et sous leur nom; c'est dans le projet de loi. Je pense qu'il y a
déjà un jugement rendu qui touche cet aspect. En fait, il y
aurait eu deux jugements en cette matière: le jugement du juge
Deschênes dans le cas de Notre-Dame-des-Neiges et le jugement Brassard
sur la loi 3 qui mentionnent les garanties constitutionnelles en ce qui
concerne tout particulièrement les commissions scolaires de
Montréal et de Québec, protestantes et catholiques, et les
commissions scolaires dissidentes. C'est la position qu'on mentionne à
la page 4, c'est sur ces points que nous nous appuyons.
Mme Blackburn: Comment pouvez-vous interpréter... J'ai
relu aussi cet article de la loi. Comment pouvez-vous interpréter le
fait que vous continuiez votre existence en vertu de la présente loi
"sur leur territoire et sous leur nom" et que ce territoire vous soit
exclusif?
M. Palascio: Dans le moment, je ne pense pas qu'on parle de
territoire exclusif. Je pense même que, dans notre mémoire, vous
allez retrouver la position de la CECM par rapport à la formation
d'écoles autres, de structures autres. Nous sommes d'accord avec cela.
Je pense que l'article 93 de la constitution canadienne n'empêche pas la
création de ces structures autres, si le ministère provincial
veut en créer. Mme Blackburn: D'accord.
M. Palascio: Je pense qu'on retrouve cette explication dans
l'Arrêt Hirsch. Je demanderais peut-être au directeur du
contentieux de vous donner des précisions sur ce point, parce qu'il l'a
étudié plus particulièrement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Parent.
M. Parent (Jude): Merci, M. le Président. Comme l'a
souligné le président, Me Palascio, cette question a
déjà été déterminée par les tribunaux
et l'article 107 qu'on retrouve dans le projet de loi 107 avec lequel,
évidemment, nous sommes d'accord, vient maintenir l'existence, notamment
de la CECM sur son territoire actuel. Mais nous ne prétendons pas, ni
dans notre mémoire ni ailleurs, que cela empêcherait le
gouvernement de mettre sur pied une commission scolaire linguistique, par
exemple, qui aurait une juridiction concurrente sur notre territoire, avec nos
écoles. Il demeure que le projet de loi 107, à son article 107,
maintient l'existence et le territoire actuel des commissions scolaires
confessionnelles. D'ailleurs, on n'avait pas le choix de procéder
autrement, puisque la jurisprudence, notamment le jugement Brassard sur la loi
3, est venue répéter ce principe qui avait déjà
été énoncé précédemment par le juge
Deschênes. C'est l'un des motifs principaux pour lesquels la loi 3 a
été déclarée invalide sur le plan
constitutionnel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: L'article 108 donnerait au gouvernement le
pouvoir, par décret, de modifier les limites du territoire d'une
commission scolaire confessionnelle.
M. Palascio: Je crois que c'est un pouvoir qui existe
déjà dans la loi actuelle. Il s'agit quand même... Je pense
qu'un gouvernement peut modifier ces limites pour des raisons administratives,
mais ne doit pas faire indirectement ce qu'il ne peut faire directement. Il y a
quand même une certaine limite, je pense, quant à l'application
d'un tel article.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, vous dites en vous
appuyant sur des propositions du juge Deschênes qu'on pourrait superposer
des commissions scolaires. Vous ajoutez que c'est une solution pratique. Si
c'est pratique, cela ne me semble pas très économique ni
très faisable. Je cite vos propos et...
M. Palascio: ...dit cela. Excusez-moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée a la parole. Mme la députée.
Mme Blackburn: Je pensais que vous endossiez aussi
l'évaluation qu'il fait de sa propre hypothèse. Moi, sur cette
question, le maintien d'écoles confessionnelles avec... J'ai deux
questions; la première, c'est: Vous nous dites concernant
rétablissement de structures linguistiques que, si le gouvernement veut
procéder, il doit tenir une consultation populaire. Au moment où
on discutait du projet de loi 40 et du projet de loi 3 en particulier, le
projet de loi 3 a reçu l'appui de la quasi-totalité des
intervenants, y compris l'Assemblée dos évêques. Vous allez
me permettre l'expression, cela nous donne l'impression que vous êtes
plus catholiques que le pape. Les évêques estiment que, du moment
où ils ont une garantie, dans la Loi sur l'instruction publique, que les
écoles puissent être confessionnelles et qu'elles puissent
être partie prenante au choix de, on l'appelle l'animateur de
pastorale... D'ailleurs, on a eu l'occasion de voir ce projet de loi ici, en
Chambre. L'Assemblée des évêques s'est dite satisfaite des
garanties offertes par le règlement du comité catholique quant
à la possibilité d'établir des écoles
confessionnelles. Dans le projet de règlement du comité
catholique, on retrouve aussi une responsabilité, comme on le retrouve
dans la loi, de la commission scolaire elle-même, de mettre à la
disposition des services des professionnels d'animation pastorale, etc.
Pouvez-vous nous dire ce qui justifie ce que j'allais appeler cette
espèce d'entêtement à prétendre que la survie de la
foi au Québec va passer par le biais de structures - pas d'écoles
- confessionnelles. Je pense que cela passe davantage par les églises,
mais cela est autre chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président, Mme la députée vous invite à expliquer
votre point de vue sur le maintien des structures confessionnelles.
M. Paiascio: Je ne reviendrai pas sur les qualificatifs, M. le
Président, mais je voudrais quand même faire seulement une
remarque. Je trouve toujours cela intéressant quand des
législateurs se réfèrent aux positions des
évêques. S'ils s'y référaient plus souvent,
peut-être qu'à ce moment-là nous aurions, sur d'autres
points aussi, une législation plus adéquate.
En ce qui concerne la position de la commission scolaire et des
différents intervenants, je reviens, quant à la population, au
livre vert. Je pense que c'est la plus grande enquête qui s'est faite au
Québec, avec le plus grand nombre de mémoires et qu'elle est
beaucoup plus importante même que le débat sur la loi 40. Il y a
eu près de 500 mémoires et je ne sais pas combien de milliers
d'intervenants qui se sont prononcés sur cette question. Je pense qu'on
mentionnait, à ce moment-là, le maintien des structures
confessionnelles. Je pense que c'est la dernière enquête dans
toute la province qui a demandé non pas aux intervenants, mais aux
parents ce qu'ils attendaient d'une école, à l'intérieur
de l'école. Nous, à la CECM, ce qu'on trouve étonnant,
c'est que tous les projets de loi par après n'ont pas tenu compte de ce
livre vert ou des recommandations que les parents demandaient et, justement,
les parents demandaient de ne pas toucher aux structures. Tous les projets de
loi actuels ne parlent que de structures.
En ce qui concerne notre position, je ne dis pas et on n'a jamais dit
que nous avions la vérité absolue, loin de là, sauf que,
dans le moment présent, toujours dans le respect des opinions des
autres, nous croyons qu'il n'y a aucune garantie pour l'école
confessionnelle. Quand on regarde le projet de loi 107, l'école
confessionnelle s'y retrouve, mais nous ne retrouvons pas les garanties
actuelles; nous trouvons que nous devons conserver ce qui existe actuellement
et permettre aux autres de créer des structures autres qui leur
permettraient de vivre, d'avoir leurs propres écoles et de fonctionner
dans le cadre qui leur convient. À l'heure actuelle, ce qu'on retrouve
dans la loi, en ce qui concerne les différents services, c'est un cadre
prévu à l'intérieur d'une commission scolaire qui n'a pas
les orientations prévues pour défendre les intérêts
d'une école confessionnelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je vois, M.
le président, que vous défendez votre point de vue avec
ténacité Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous proposez, vous suggérez à la
page 6 de votre mémoire, à l'avant-dernier paragraphe:
"Toutefois, dans le but de reconnaître des droits scolaires égaux
à des groupes autres que catholiques ou protestants qui souhaiteraient
organiser et/ou administrer leurs écoles, ia CECM propose que les
communautés non catholiques et non protestantes se voient accorder le
droit d'organiser leur propre réseau scolaire." Si je ne m'abuse, on a
dénombré, dans une école, une vingtaine de
confession-naiités différentes. Seriez-vous en train de nous dire
que ces confessionnalités pourraient organiser leur école?
Comment? Elles auraient peut-être 400 ou 500 élèves. Dans
certains cas, cela voudrait dire l'obligation de traverser toute l'île de
Montréal pour se retrouver dans une ou deux écoles. Est-ce que
vous ne craignez pas qu'une telle approche vienne - vous me passerez
l'expression - "ghettoïser"? Tantôt, ce ne seront pas les autres
communautés religieuses, mais les catholiques. En même temps,
quand vous suggérez qu'on puisse superposer des commissions scolaires
autres, est-ce que la CECM serait prête à payer ces
établissements?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. Palascio: Actuellement, M. le Président, il existe
déjà une résolution du Conseil des commissaires de la CECM
qui offre au gouvernement notre collaboration dans la création
d'écoles autres sur le territoire de Montréal, en particulier. Je
pense qu'on a déjà une position publique sur cette question, et
nous sommes prêts à collaborer. Quand nous parions d'écoles
autres, ce ne sont pas nécessairement des écoles autres que
catholiques ou protestantes, ce sont d'autres écoles confessionnelles.
Nous ne mettons pas de modalités sur cette question et je pense qu'il
devrait revenir au gouvernement d'établir quel genre d'autres structures
on pourrait retrouver. Nous disons que nous sommes prêts à
collaborer. Nous croyons que c'est la meilleure solution pour régler le
problème, surtout dans le milieu montréalais.
Par contre, dans les questions qui me sont posées, je vois des
tendances à mélanger les caractères ethnique et
confessionnel. Je pense que c'est très dangereux de le faire. C'est vrai
que dans nos écoles se trouvent d'autres confessions. Elles ne sont pas
majoritaires, loin de là. Elles ont accès à tous les
services dans la liberté de leur croyance, et nous donnons tous les
services à ces enfants. Il reste qu'à l'heure actuelle la CECM
reçoit 7,5 fois plus d'allopho-nes que n'importe quelle autre commission
scolaire, y compris le Protestant School Board, et à peu près 90
% de ces gens d'origine ethnique différente sont de religion catholique
et s'en vont très majoritairement vers les commissions scolaires
catholiques. Je pense que c'est un point auquel il faut faire attention. Quand
on parle du caractère de la CECM, ce sont des points très
importants. À l'heure actuelle, ces chiffres sont disponibles au
ministère de l'Éducation, dans une étude concernant les
commissions scolaires protestantes, caractéristiques linguistiques et
religieuses des élèves.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Me
Palascio. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je vais revenir à
l'hypothèse que vous avancez, l'idée de créer des
écoles autres et je vais illustrer la crainte que j'ai par rapport aux
effets de marginaliser les groupes par un exemple qui se passe dans mon
comté. Chez nous, il y a une commission scolaire catholique et un groupe
d'évangélistes a été autorisé à
ouvrir une école. On n'a vraiment rien contre cela, sauf qu'on est en
train de constater que cela marginalise totalement ces enfants. Il y en a 125
ou 150, et ils ne font plus partie de la société parce qu'on a
Intégré une gamme de valeurs qui ne sont pas les valeurs
dominantes d'une société pluraliste. Si on fait de ces
écoles pour musulmans, pour orthodoxes, pour évangélistes
- nommez-les tous - on a de bonnes chances de retrouver, dans ces
écoles, surtout des Néo-Québécois, ceux qui ne sont
pas des Québécois de souche. Comment allons-nous alors faciliter
ou favoriser leur intégration?
M. Palascio: Je répète encore la position de la
CECM: quand on parle de la création de commissions scolaires autres ou
d'écoles autres, ce ne sont pas d'autres confessionnalités. Je
pense que c'est très important et je le répéterai encore.
Là-dessus, nous ne faisons pas de modalités ni de descriptions et
nous croyons que, à l'heure actuelle, les droits existent pour les
catholiques et les protestants, et nous sommes prêts à collaborer
avec le ministère, éventuellement, pour l'application d'une
modalité pour les autres, sans les définir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Avez-vous
d'autres interventions? Pas d'autre réaction? Madame.
Mme Blackburn: Peut-être une dernière. Vous
reconnaissez - d'ailleurs, vous l'avez rappelé au moment où on
examinait le règlement du comité catholique - que le projet de
loi vous concernait, mais pas de la même façon que les autres
commissions scolaires pour catholiques et protestants parce que les
écoles à la CECM sauf l'école que vous administrez,
l'école Socrate, sont catholiques. (11 h 45)
La question qui demeurera toujours, c'est la quadrature du cercle. On ne
peut pas avoir des écoles communes et confessionnelles. Vous savez que
c'est antinomique. Cela ne se peut pas. C'est contradictoire. C'est le
pluralisme qui est commun au Québec. C'est un ensemble de
différences, et ce qui est public est généralement commun.
Mais public, commun et catholique, ce sont beaucoup de qualificatifs qui nous
semblent - c'est un euphémisme - brimer un peu les droits de la
personne.
Parmi les devoirs des enseignants, il est indiqué que
l'enseignant a la responsabilité et le devoir de prendre les moyens
appropriés pour développer chez ses élèves le
respect des droits de la personne. Quand tout le projet de l'école est
catholique, ce que j'appelle catholique mur-à-mur,
imprégné, comme le dit le règlement du comité
catholique, des valeurs et de la morale catholique, comment peut-on respecter
les droits des personnes qui ne partagent pas ces valeurs et cette morale?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. Palascio: Tout d'abord, je voudrais faire remarquer que
l'école actuelle est commune, publique et confessionnelle. À
l'intérieur de nos écoles, nous recevons tous les
élèves autres que protestants sans, je crois, brimer qui que ce
soit.
Et je pense que, dans la question, on part de la prémisse
suivante, que l'école catholique ne respecte pas les autres. Je
m'excuse, mais nous ne sommes pas d'accord avec une telle prémisse. Je
pense que l'école catholique, tout autant que n'importe quelle autre
école, qu'elle soit protestante, neutre ou appelez-la comme vous voulez,
est en mesure de respecter les autres, et nous en avons la preuve tous les
jours à l'intérieur de nos écoles. Nous avons des
musulmans à l'intérieur de nos écoles qui, dans certains
cas, suivent même le cours d'éducation catholique. Alors, je pense
qu'il faut regarder et connaître le milieu avant de se prononcer sur des
sujets comme celui-là.
Je pense que le Conseil des commissaires de la CECM connaît bie.i
sa population et est en mesure d'analyser et de proposer des mesures qui
respectent sa population et son milieu. Quant au mandat du Conseil des
commissaires, qui est très clair à l'heure actuelle à la
suite des dernières élections, la réponse de cette
population est très claire là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Mme la députée, si vous voulez, en
conclusion.
Mme Blackburn: En conclusion, M. le Président, je dirai
que, pour notre part, nous avons toujours estimé, au sujet des
structures scolaires au Québec, que le système actuel
était dépassé. Il a déjà été
pertinent au moment où les communautés étaient soit
catholiques ou protestantes en très grande majorité. Ce n'est
plus le cas. Et cela devrait nous poser à tous de sérieux
problèmes de conscience.
Je respecte quand même votre avis. Vous êtes un gouvernement
élu. Je me dis qu'à un moment donné j'imagine que le
Québec devrait - et je trouve que les efforts du gouvernement ont
été insuffisants à cet égard -
récupérer ses pleins pouvoirs en matière
d'éducation. Les contraintes que l'article 93 pose à la
modernisation, à l'adaptation - on n'a pas parlé de
modernisation, parlons d'adaptation de nos structures scolaires - sont
inacceptables.
Je dois vous dire, par ailleurs, que dans l'ensemble, pour tous les
autres éléments de votre mémoire, je partage en
très grande partie les recommandations que vous faites valoir, les
positions que vous prenez. J'estime qu'on a tout intérêt à
assurer une plus grande décentralisation des pouvoirs, à
rapprocher les pouvoirs de leurs lieux d'exercice. Et je dois dire
également que la Commission des écoles catholiques de
Montréal - j'ai déjà eu une enfant qui a
fréquenté une école de la CECM - a d'excellents services.
J'y ai d'ailleurs de nombreux amis. Mon propos ne veut pas mettre en doute la
compétence et la qualité de ce qui se fait à la CECM, ni
le respect que j'ai pour cet organisme. Évidemment, je maintiens que
nous avons des divergences profondes quant aux structures, mais pour le reste
je dois rendre hommage à la CECM pour l'excellence qu'elle met dans la
réalisation de son mandat et de ses responsabilités. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée.
M. le ministre, en guise de conclusion.
M. Ryan: Oui, M. le Président, très
brièvement. Je pense que nous avons dit l'essentiel au cours de
l'échange qui a eu lieu. Je voudrais enregistrer un désaccord
avec la députée de Chicoutimi sur la notion d'écoles
publiques et confessionnelles. C'est au coeur même de l'expérience
du Québec cette possibilité, paradoxale, je l'admets, en
théorie, mais c'est une expérience vécue qui nous a
été transmise quand même par plus d'un siècle de
traditions. C'est possible, c'est le souhait aussi d'une grande partie de la
population. Cela peut, selon nous, se réaliser sous la
responsabilité de commissions scolaires linguistiques. C'est là
que nous avons un désaccord avec la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Je pense que les règlements des
comités confessionnels que nous avons adoptés favorisent la
réalisation de cette dimension au plan local, en assurent le soutien
approprié au plan de la commission scolaire et ne s'opposent pas
à l'objectif que propose le gouvernement. Là-dessus, il y a un
désaccord qui nous sépare de la commission scolaire, mais je ne
pousserais pas l'argument dans la direction que la députée de
Chicoutimi a indiquée.
En ce qui touche les pouvoirs des commissions scoiaires, je pense avoir
indiqué avec beaucoup de clarté la position du gouvernement et
les arguments qui la sous-tendent. Le problème de la CECM est un cas
particulier, parce que c'est la plus grosse commission scolaire. Elle a une
clientèle qui, à elle seule, représente à peu
près 10 % de la clientèle scolaire totale au Québec.
Est-ce que des choses peuvent être inscrites dans la loi? Est-ce que
c'est dans la pratique réglementaire et administrative qu'on doit tenir
compte de ces réalités? C'est une question importante. Je crois
que c'est plutôt dans la pratique réglementaire et administrative.
Il y a des cas où c'est dans la loi. La ville de Montréal a sa
charte et le reste du monde municipal n'en meurt pas non plus. Nous envisageons
une loi pour tout le Québec. A priori, je pense que c'est difficile
d'excepter les territoires de Montréal, mais il faut en tenir compte de
manière spéciale. S'il y avait des propositions que vous auriez
à nous transmettre et qui pourraient tenir compte de cela dans le texte
législatif lui-même, on va les examiner avec intérêt.
Sinon, sur les grands pouvoirs dont nous avons parlé, malgré
toute la littérature qui accompagne nécessairement les
mémoires et les thèses gouvernementales ou les thèses des
témoins, je pense qu'il y a un accord plus grand que ce qu'on voudrait
se laisser entendre les uns
les autres. Je tiens cela pour acquis, en tout cas. Je note cependant
les grandes exigences qui découlent pour Montréal de sa
réalité particulière. C'est une obligation pour le
gouvernement d'en tenir compte, et nous allons continuer de travailler avec
vous autres pour essayer de trouver des solutions à ces
problèmes. S'il y a des éléments qui pourraient être
introduits dans le texte législatif même, et que vous voudriez
nous proposer, nous les examinerons avec beaucoup d'intérêt. Je
vous remercie infiniment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Merci beaucoup, Mme la porte-parole de l'Opposition. M. Palascio,
messieurs, merci beaucoup de l'éclairage que vous avez apporté
aux membres de cette commission. Nous vous en remercions encore une fois.
La commission suspend ses travaux pour quelques minutes et, à la
reprise, nous entendrons le groupe suivant, la Table des responsables des
services d'éducation des adultes des commissions scolaires du
Québec.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
(Reprise à 12 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission à reprendre leur place. La
commission poursuit ses travaux.
J'invite immédiatement nos prochains invités à
s'approcher, la Table des responsables des services d'éducation des
adultes des commissions scolaires du Québec, représentée
par son président, M. Robert Fontaine. La commission avait prévu
accorder une heure à la Table des responsables des services
d'éducation des adultes des commissions scolaires du Québec.
Comme la commission accuse un retard d'une demi-heure et que nos
règlements nous demandent de terminer à 12 h 30, nous sommes
devant un dilemme difficile à surmonter.
Je vais demander immédiatement, afin de ne pas interrompre les
échanges, s'il y a consensus entre les deux formations politiques pour
que nous allions jusqu'à 13 heures. S'il n'y avait pas consensus,
j'inviterais à ce moment-là les responsables à venir nous
rencontrer après la période des affaires courantes et nous
pourrions continuer avec ces derniers les échanges prévus. Est-ce
qu'il y a consentement pour aller jusqu'à 13 heures? Je vous rappelle
que l'Assemblée nationale commence ses travaux à 14 heures.
Mme Blackburn: Oui. Voyez-vous, l'Opposition ne fait jamais
obstruction; alors on est tout à fait consentant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quant à
ça, madame, je vous en sais grée. M. le ministre, du
côté ministériel, est-ce qu'il y a consentement?
M. Ryan: Volontiers!
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a
consentement. M. Fontaine, je vous souhaite la bienvenue au nom des membres de
cette commission et je vous remercie d'avoir répondu à l'appel de
la commission de venir lui faire connaître votre point de vue sur le
projet de loi 107.
On a une heure à vous consacrer. Je vous suggère de
prendre la première période pour la présentation de votre
mémoire et, par la suite, le reste du temps sera réparti de
façon égale entre les deux formations politiques. M. Fontaine,
aux fins du Journal des débats, je vous invite à nous
présenter les gens qui vous accompagnent et à enchaîner
immédiatement avec la lecture de votre mémoire. M. Fontaine.
Table des responsables des services
d'éducation des adultes des commissions
scolaires du Québec
M. Fontaine (Robert): Merci, M. le Président. Merci
également aux membres de la commission de bien vouloir retarder leur
dîner d'une demi-heure. Cela fait grandement notre affaire aussi en
même temps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va être
bon pour leur santé.
M. Fontaine: Merci de nous accueillir ici à la commission
parlementaire pour nous permettre d'exprimer notre point de vue à
l'égard du projet de loi 107, particulièrement en ce qui touche
l'éducation des adultes. Au départ, permettez-moi de vous
présenter mes collègues, ici à la table. À ma
droite, M. Claude Desnoyers, directeur de l'éducation des adultes
à la commission scolaire régionale Blainville-Deux-Montagnes,
peut-être une des seules commissions scolaires régionales qui
restent, M. Paul Labrecque, vice-président à la TREAQ et
coordonnateur également du service de l'éducation des adultes
à la Commission des écoles catholiques de Québec, M.
Claude Leroux, directeur de l'éducation des adultes à la
Commission scolaire Rouyn-Noranda et Mme Elizabeth Mainka secrétaire
générale de notre organisme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, messieurs,
bienvenue. M. le président, nous vous écoutons.
M. Fontaine: Parfait. Je soulignerai également la
présence de plusieurs collègues ici en arrière,
collègues gestionnaires de l'éducation des adultes.
La Table des responsables des services d'éducation des adultes
des commissions scolaires
du Québec a toujours suivi de très près les
réformes successives que les gouvernements ont cherché à
introduire dans l'enseignement public de niveaux primaire et secondaire au
Québec. Ainsi, elle était intervenue en commission parlementaire
lorsque le projet de loi 40 était à l'ordre du jour, elle a fait
connaître ses positions sur le projet de loi 3 et, l'année
dernière, alors que la refonte de la Loi sur l'instruction publique
semblait avoir été mise à l'écart, elle est
intervenue pour demander au gouvernement d'aller de l'avant et a formulé
certaines propositions quant à la teneur des modifications à
introduire pour l'éducation des adultes.
À plus forte raison, le projet de loi 107 intéresse-t-il
notre organisme, puisqu'il constitue à bien des égards une
première par la place et la considération qu'il fait de
l'éducation des adultes et nous nous devons de participer à la
réflexion qu'il suscite.
De prime abord, nous ne pouvons que nous réjouir de l'intention
du législateur d'introduire l'éducation des adultes dans un
projet de loi sur l'instruction publique, conférant ainsi aux adultes
une reconnaissance légale et juridique dont ils n'avaient pas encore
bénéficié. Les adultes sont présents dans les
écoles depuis plus de 20 ans et la loi se propose enfin de les
considérer comme partie intégrante de la commission scolaire. Le
pas est important et mérite d'être souligné.
Cependant, à notre point de vue, cette introduction des adultes
dans la Loi sur l'instruction publique devrait obéir à certaines
orientations leur garantissant que les services offerts le sont dans des
conditions telles qu'ils répondent à leurs besoins, et selon des
structures appropriées.
Comme nous le rappelons dans notre résumé,
l'éducation des adultes s'est implantée progressivement dans les
commissions scolaires en ayant à coeur de modeler ses façons de
faire sur les besoins de la clientèle, besoins qui sont à la
base, qui donnent un sens aux pratiques et à l'organisation mise en
place à l'éducation des adultes.
Il nous apparaît que, parmi ces orientations, implicites bien
sûr dans le projet de loi, le législateur a
particulièrement voulu toucher à l'accessibilité des
services, incluant une certaine gratuité, et à la
spécificité des services et des structures. Notre lecture du
projet de loi est faite à travers ces finalités car, à la
suite de la commission Jean et de l'Énoncé d'orientation" qui lui
a fait suite, nous considérons qu'un large consensus a été
atteint à leur sujet et qu'elles sont toujours d'actualité. En
conséquence, nous nous interrogerons sur les dispositions que met en
place le projet de loi pour les atteindre.
D'abord, l'accessibilité des services. L'article 2 s'applique
spécifiquement aux adultes dont il définit le statut. Si on le
compare à l'article 1 qui proclame un droit absolu de
l'élève aux services de formation jusqu'à la fin du secon-
daire, on réalise que le fait d'avoir quitté l'école avant
la fin du secondaire entraîne, pour l'adulte qu'il est devenu, des
restrictions. La commission scolaire peut maintenant décider des
services qu'elle peut lui offrir, elle n'est plus légalement tenue de
lui assurer les services; ainsi, d'absolu qu'il était, ce droit de
l'élève, lorsque appliqué à l'adulte devient
conditionnel.
Notre organisme s'oppose à des restrictions de cet ordre. Nous
recommandons que les clientèles définies à l'article 1 et
à l'article 2 aient les mêmes droits de façon que l'adulte,
sans distinction de sexe, d'âge ou d'occupation, puisse avoir droit
à une formation de base équivalant à la fin des
études secondaires selon un régime pédagogique applicable
à l'éducation des adultes. Cette position se situe dans la
lignée de la commission Jean et de T'Énonce d'orientation" qui
avaient identifié la fin des études secondaires comme
étant la formation de base minimale à laquelle toute personne
devrait avoir accès. Position qui est reprise par le Conseil de
l'éducation qui souligne l'initiative heureuse d'avoir ouvert
l'enveloppe de base.
Je passerai ensuite à la page 5 du mémoire.
L'accessibilité géographique. L'article 187 indique que les
personnes qui relèvent de la compétence d'une commission scolaire
sont celles "qui résident sur son territoire". À toutes fins
utiles, il contraint un adulte à ne pouvoir suivre que les services
éducatifs mis en place par la commission scolaire sur le territoire de
laquelle il réside. À cet égard, il constitue un
très net recul par rapport à la pratique actuelle et une entrave
grave à l'accessibilité. Une telle disposition existe
déjà dans la Loi sur l'instruction publique actuelle. Par contre,
les commissions scolaires ont toujours considéré la population
adulte de leur territoire comme étant leur clientèle cible, mais
non exclusive. Au bas de la page.
Conséquemment, les adultes ont toujours eu l'opportunité
d'exercer leur choix quant au lieu de leur formation. Dans certaines
régions, particulièrement les régions rurales ou dites
éloignées, le problème ne se présente pas alors
qu'il est réel dans les agglomérations urbaines où
plusieurs commissions scolaires se partagent le territoire. À
Québec, à Montréal, sur la rive sud, les travailleurs, les
travailleuses se déplacent sur de grandes distances pour travailler. On
peut supposer qu'une partie de ceux et celles qui suivent une formation,
particulièrement à temps partiel, pourrait trouver avantage
à la suivre ailleurs que sur leur territoire de résidence.
L'adulte est mobile et son état même d'aduite, de personne ayant
des responsabilités l'amène à se déplacer pour
faire face à ses obligations. Il doit pouvoir choisir la situation qui
lui convient le mieux compte tenu de ses contraintes et obligations.
L'article 196 évoque la possibilité d'établir des
ententes entre commissions scolaires et, si les dispositions de l'article 187
sont appliquées intégralement, nous appréhendons que les
corn-
missions scolaires soient soumises à l'obligation de s'entendre
avec les commissions scolaires d'origine de leur clientèle
extra-territoriale. À notre point de vue, une telle
éventualité est inapplicable à l'éducation des
adultes, puisqu'elle impliquerait une augmentation considérable des
activités de gestion et d'administration qui sont déjà
suffisamment lourdes. Que l'on pense à la formation à temps
partiel pour s'en convaincre: on ne peut demander à une commission
scolaire de conclure une entente avec sa voisine chaque fois qu'un adulte va
suivre un cours de 30 heures (ou moins) chez elle.
De plus, dans un contexte où les responsabilités des
ordres d'enseignement secondaire et collégial ne sont pas mieux
définies qu'elles ne le sont présentement et où l'ordre
collégial, dans plusieurs domaines, est en compétition avec
l'ordre secondaire et dispense des formations de ce niveau, ce que les
règles budgétaires 1988-1989 favorisent, restreindre
l'accessibilité des adultes au secondaire équivaut à
envoyer cette clientèle aux cégeps, ce qui, en définitive,
est fondamentalement incohérent et engendre des coûts de formation
inutilement plus élevés.
En définitive, la TREAQ demande que la clientèle adulte,
celle définie à l'article 2, soit exclue de l'application de
l'article 187 et nommément citée dans les exceptions que comprend
déjà cet article, de façon que l'adulte, nonobstant les
articles 196, 427 et 428, ait le droit au libre choix du lieu de sa
formation.
L'accessibilité des options professionnelles. Le projet de loi
107 vient donner un cadre légal à la carte des enseignements de
formation professionnelle que le MEQ décrète pour les commissions
scolaires. Cette opération s'impose pour une meilleure utilisation des
ressources en formation professionnelle. Cependant, l'application que veut en
faire le projet de loi dépasse de beaucoup le consensus sur
l'utilisation de cette carte auquel semblent être parvenus !e
ministère et le réseau.
La carte des enseignements s'applique à la formation de base en
formation professionnelle, c'est-à-dire pour les formations conduisant
à un diplôme d'études professionnelles, à un
certificat d'études professionnelles, ou à une attestation de
spécialité professionnelle. Ces formations, soit dit en passant,
épuisent les formations accessibles aux élèves jeunes de
la commission scolaire.
À l'éducation des adultes, la réalité est
plus complexe, en raison particulièrement des besoins de
perfectionnement et de recyclage de la main-d'oeuvre, conséquemment des
accords Canada-Québec, de la formation sur mesure, de la formation
à temps partiel, des achats directs du fédéral, etc. La
carte des enseignements ne s'applique pas pour ces formations, bien que l'on
comprenne qu'une certaine cohérence puisse exister, et ne devrait pas
s'appliquer dans l'avenir non plus, ces formations devant demeurer accessibles
géographiquement à ceux qui en ont besoin ainsi qu'aux
entreprises.
Conséquemment, la TREAQ demande que le deuxième paragraphe
de l'article 428 soit modifié pour préciser que la liste des
spécialités professionnelles ne s'applique qu'au DEP, au CEP et
à l'ASP, c'est-à-dire aux diplômes inclus dans le
régime pédagogique de la clientèle visée à
l'article 1.
Dans un autre ordre d'idées, on constate que la carte des
enseignements est supportée pour la clientèle jeune par des
mesures d'accessibilité, tel le transport ou l'aide à la pension.
Étant donné que la rationalisation de la carte conduit à
une diminution du nombre de commissions scolaires autorisées à
dispenser une option et que, conséquemment, les adultes devront se
déplacer sur de plus grandes distances pour avoir accès à
ces formations - que l'on pense à des régions comme celles du
Bas-du-Fleuve et de la Gaspésie, de l'Abitibi ou de l'Outaouais pour
comprendre ce que "grandes distances" veut dire -- la TREAQ demande donc que
les adultes puissent être admissibles à des mesures
financières facilitant l'accessibilité aux options de formation
professionnelle offertes par les commissions scolaires (par exemple,
accès aux prêts et bourses, transport, garderies, etc.).
L'accessibilité financière. L'article 4 du projet de loi
consacre la pratique actuelle des commissions scolaires en déclarant la
gratuité des services pour "tout résident du Québec" mais
en faisant une exception des adultes, laquelle exception est confirmée
par l'article 199 (en référence aux pouvoirs de la commission
scolaire) et l'article 433 (en référence aux pouvoirs du
ministre). Le second alinéa de cet article précise que cette
gratuité s'applique "dans la mesure où le permettent les
ressources de la commission scolaire".
Dans un contexte où les allocations sont transférables
entre les différents postes budgétaires, les ressources que la
commission scolaire décide d'affecter à l'éducation des
adultes relèvent de sa compétence. Ainsi, afin de ne pas
réduire davantage la gratuité et afin que les adultes puissent
bénéficier de services minimale-ment équivalents dans tout
le Québec, notre organisme recommande que la loi précise que la
commission scolaire doit affecter à l'éducation des adultes au
minimum les allocations qu'elle reçoit à cet effet.
Cette demande se justifie d'autant plus que les sources de financement
de l'éducation des adultes dans les commissions scolaires sont
variées. Une partie provient certes d'allocations du ministère de
l'Éducation alors que d'autres viennent d'autres ministères, dont
celui de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui
gère des fonds fédéraux, des entreprises ou des adultes
eux-mêmes.
En guise de conclusion, il nous apparaît qu'au titre de
l'accessibilité une des contributions du projet de loi est de consacrer
dans une loi certains des droits et certaines des pratiques qui sont en vigueur
actuellement à l'éducation
des adultes. Cette étape est nécessaire et fort
importante. Nous avons insisté pour qu'elle se fasse. Cependant, dans sa
forme actuelle, le projet de loi représente un recul pour les adultes
par rapport à la situation qu'ils vivent actuellement dans les
commissions scolaires, particulièrement en raison des restrictions
apportées par les articles 187 et 428.
Pour notre part, nous aurions souhaité que le projet de loi 107
favorise de façon plus catégorique une accessibilité
accrue des adultes: c'est-à-dire non seulement qu'il légalise le
statu quo, mais qu'il affirme le droit sans restriction de l'adulte à la
formation de base équivalant à la fin des études
secondaires et qu'il édicté des mesures financières
facilitant cette accessibilité. Dans un contexte cù la formation
de base, laquelle inclut l'alphabétisation et le présecondaire, a
été ciblée comme étant la formation minimale que
toute personne devrait détenir pour pouvoir fonctionner efficacement
dans la société, de telles dispositions auraient permis à
un plus grand nombre d'adultes d'atteindre cet objectif et de combler quelque
peu le retard historique du Québec en la matière. (12 h 15)
Nous avons insisté dans notre présentation sur la
particularité des besoins des adultes et sur la nécessité
que l'éducation des adultes en tienne compte dans les services qu'elle
offre à cette clientèle. Cette nécessité s'est
traduite par une visibilité et une spécificité de
l'éducation des adultes dans les commissions scolaires, lesquelles sont
rapidement devenues une des conditions de l'accessibilité. C'est
pourquoi nous nous interrogeons sur les modalités que le projet de loi
met en place pour les assurer.
Le régime pédagogique des adultes. L'article 2, tout comme
les articles qui font état des services éducatifs offerts aux
adultes, fait référence au régime pédagogique
applicable aux adultes, tandis que l'article 413 donne autorité au
gouvernement pour établir un tel régime particulier pour les
adultes. On vous mentionne qu'un tel régime pédagogique n'existe
pas, présentement. Par conséquent, dès que le projet de
loi sera adopté, la TREAQ recommande que le ministre de
l'Éducation se prévale de l'article 413 qui lui donne la
possibilité d'établir, par règlement, un régime
particulier pour les adultes. Ce régime devra certes statuer sur les
exigences et conditions d'obtention et de sanction des diplômes de niveau
secondaire, mais il devra aussi prévoir l'éventail des formations
accessibles aux adultes dans les commissions scolaires, voire dans les
entreprises sous la supervision pédagogique des commissions
scolaires.
À propos de l'éducation populaire, nous constatons que le
projet de loi 107 n'en fait aucune mention. Nous pouvons supposer que l'article
227 pourrait l'inclure. Si dans l'esprit du législateur cet article
englobe les services fournis aux adultes sous le vocable d'éducation
populaire et d'animation communautaire, il faudrait, à notre point de
vue, qu'il soit plus explicite et nomme expressément les formations
concernées. Dans cette optique, notre organisme recommanderait que
l'article 227 soit libellé comme suit: La commission scolaire participe,
dans les domaines reiiés à sa mission éducative, au
développement social, économique et culturel de la
communauté, particulièrement en s'associant à la
réalisation de projets du milieu et en offrant des activités
d'éducation populaire et d'animation communautaire. Elle peut
réaliser elle-même de tels projets et activités ou
conclure, à ces fins, des ententes avec une personne ou un
organisme.
Les ententes avec l'entreprise. À moins que l'article 227 dont
nous venons de parler n'inclue également les entreprises dans les
organismes avec lesquels la commission scolaire peut établir des
ententes - ce qui, d'emblée, n'apparaît pas évident puisque
cet article développe des fonctions de la commission scolaire
reliées aux services à la communauté - le projet de loi
107 n'évoque pas les possibilités pour une commission scolaire de
contracter avec les entreprises. On sait que cette pratique est
fréquente dans le cadre de la formation sur mesure en
établissement ou en entreprise, les commissions scolaires doivent
pouvoir être légalement habilitées à poursuivre
cette pratique.
À cette fin, nous suggérons d'étendre la
portée de l'article 197 qui pourrait se lire: Avec l'autorisation du
gouvernement et aux conditions qu'il détermine, une commission scolaire
peut conclure une entente pour la prestation de services aux adultes avec un
ministère ou un organisme du gouvernement du Québec ou du
gouvernement du Canada ou avec tous les organismes, entreprises ou personnes
concernés.
Les modalités d'organisation de l'éducation des adultes
dans les commissions scolaires. Parlons du centre d'éducation des
adultes. L'article 35 est très clair quant à la clientèle
que dessert l'école: "L'école est destinée à
assurer la formation de l'élève, autre que l'adulte..." Pour la
formation de l'adulte, ce sont les articles 191, 192, 194 et 195 qui
s'appliquent plus particulièrement.
Je passe à la page 20. Ces articles, comme tous ceux qui se
rapportent aux centres d'éducation des adultes, soulèvent
plusieurs interrogations. Selon notre compréhension de ces articles, le
projet de loi ne parle et ne considère les adultes que lorsqu'ils sont
dans des centres d'éducation des adultes et la définition qu'il
semble donner d'un centre d'éducation des adultes est celle d'un centre
exclusif, c'est-à-dire utilisé seulement par les adultes. Certes,
la dénomination de centre exclusif n'est jamais utilisée comme
telle dans le projet de loi qui parle de centre d'éducation des adultes,
mais on comprend que le statut particulier qu'il leur confère leur vient
de leur vocation exclusive aux adultes et qu'à cet égard il les
considère en partie comme les pendants des écoles pour les
adultes.
Cette façon de traiter les centres d'éducation des adultes
nous convient, mais, compte tenu de la réalité qui est
vécue à l'éducation des adultes et des traditions qui se
sont installées, elle devrait s'appliquer à tout ce qui est
appelé actuellement centre d'éducation des adultes,
c'est-à-dire autant aux centres exclusifs qu'à ceux qui ne le
sont pas, d'autant plus que c'est ce dernier cas qu'on rencontre le plus
fréquemment.
Au bas de la page: Les autres locaux utilisés par
l'éducation des adultes sont variés à l'extrême afin
d'être adaptés à la nature du besoin de formation, au lieu
géographique où est située la clientèle, au moment
où se donne l'activité: soir, fin de semaine, été.
Sans avoir de chiffres pour nous appuyer, nous pensons que les locaux les plus
fréquemment utilisés sont, par ordre décroissant, les
locaux des écoles secondaires et primaires, utilisés soit selon
le même horaire que les jeunes, soit en soirée seulement, soit les
deux à la fois, les entreprises, tout autre type de local qui se trouve
dans une municipalité.
Pour la commission scolaire, que les activités se donnent dans un
type de local ou dans un autre, l'organisation mise en place est la même:
c'est un directeur, une directrice de centre qui voit à l'organisation
et à l'encadrement des activités, à la différence
près que dans le cas des centres exclusifs s'ajoute la gestion des
bâtisses - et encore, très souvent, cette gestion est
effectuée directement par la commission scolaire - alors que, dans les
autres, la responsabilité en regard des bâtisses s'apparente
à celle d'une location. La dimension du lieu physique ne joue pas, et
pour cause, dans un endroit ou un autre: ce sont les mêmes
activités de formation qui se donnent.
Conséquemment, la TREAQ demande que Loi sur l'instruction
publique définisse le centre d'éducation des adultes et consacre
le fait que les services éducatifs dispensés dans les centres
d'éducation des adultes relèvent d'un directeur de centre.
La définition du centre d'éducation des adultes pourrait
s'apparenter à la suivante: Le centre d'éducation des adultes est
destiné à assurer la formation des personnes visées
à l'article 2 dans le respect des valeurs, du régime
pédagogique et des programmes d'études qui leur sont propres et
des décisions et règlements de la commission scolaire qui leur
sont applicables. Il peut s'agir soit d'un centre physique situé dans
une seule bâtisse, affecté en exclusivité aux adultes ou
non, soit d'un centre institutionnel qui regroupe des activités qui ont
lieu dans des endroits différents, incluant les locaux d'une
école, et il est placé sous la responsabilité d'un
directeur de centre.
Dans une telle optique, la loi retrouverait, à notre point de
vue, une certaine cohérence en favorisant un type d'organisation pour
chacune des deux clientèles de la commission scolaire.
Le directeur de centre. Le chapitre III du projet de loi est
entièrement consacré à l'école et à la
définition de ses diverses composantes. Les fonctions du directeur y
sont incluses. Dans la même optique, des articles de la loi devraient
décrire les fonctions du directeur de centre, lesquelles s'inspireraient
de la section II de ce chapitre.
Notre organisme a effectué cette correspondance et nous proposons
ci-dessous une description des fonctions du directeur de centre que nous
recommandons d'inclure dans la loi. Advenant que la loi apporte des
modifications aux fonctions du directeur d'école, il faudrait que le
parallélisme avec le directeur de centre soit maintenu en effectuant les
ajustements nécessaires. Nous ne reprenons pas ici le détail de
cette proposition; il faut cependant garder en tête qu'elle maintient un
équilibre avec ce que la loi décrit des fonctions du directeur
d'école, dans la perspective de doter l'éducation des adultes
d'une organisation propre, équivalente de celle des jeunes.
Au bas de la page 25: Enfin, pour poursuivre la cohérence
jusqu'au bout, si les articles 52 et 165 devaient être maintenus dans la
loi, nous recommanderions que les directeurs de centre y soient inclus.
L'article 52 se présenterait comme suit: "Le directeur d'école et
le directeur de centre participent à l'élaboration des politiques
de la commission scolaire, de même qu'à l'élaboration de la
programmation et de la réglementation visant leur mise en oeuvre dans
les écoles et dans les centres d'éducation des adultes, selon les
modalités que la commission scolaire décidera de se donner.
Le responsable des services à l'éducation des adultes, en
page 27. L'article 235 fait obligation à la commission scolaire qui
organise des services éducatifs aux adultes de nommer un responsable de
ces services. La TREAQ est en accord avec un tel article, mais recommande que
ce responsable fasse partie du personnel cadre ou hors cadre de la commission
scolaire en raison de la complexité du travail, du niveau de
responsabilité de ce cadre-là et également comme un
représentant de la commission scolaire pour les diverses
opérations qu'il a à faire. Nous estimons que le niveau de
responsabilité et la complexité des opérations, incluant
la nécessité de contracter avec des organismes, ministères
ou entreprises, justifient une telle demande.
D'autres aspects du projet de loi. Les enseignants à taux
horaire. L'article 20 omet de parler des enseignants à taux horaire
lorsqu'il mentionne les enseignants pour lesquels le permis d'enseigner n'est
pas exigé. Or, à l'éducation des adultes, la
quasi-totalité des enseignants et des enseignantes sont engagés
sous cette appellation, laquelle est consacrée dans les conventions
collectives. Nous recommandons de procéder à cet ajout, faute de
quoi l'éducation des adultes serait placée dans une situation
difficile, ses enseignants et ses enseignantes n'ayant pas
nécessairement de brevet d'enseignement ou de permis
d'enseigner.
Et, puisque la Loi sur l'instruction publique est en refonte, nous
voudrions en profiter pour soulever sommairement la problématique
rencontrée à l'éducation des adultes en regard de la
reconnaissance légale des enseignants. Le brevet d'enseignement ne
répond pas nécessairement aux besoins de l'éducation des
adultes: la spécialisation dans une matière n'est pas toujours
nécessaire. Que l'on pense à des cours spécifiques aux
adultes comme "Formation préparatoire à l'emploi" ou
"Transition-travail", en alphabétisation, également, où
l'approche est vraiment particulière. Ce dont les intervenants en
éducation aux adultes ont besoin, c'est d'une formation à
l'approche andragogiqua La TREAQ recommande que le ministre de
l'Éducation soit préoccupé de cette situation
particulière et que l'article 21 soit reformulé pour contenir une
solution éventuelle à cette problématique.
Dans cette optique, l'article 21 pourrait se libeller comme suit: Le
ministre de l'Éducation délivre un brevet d'enseignement, un
permis d'enseigner ou toute autre forme de reconnaissance à toute
personne qui satisfait aux exigences fixées par règlement du
gouvernement.
En guise de conclusion, l'intention du législateur était,
nous n'en doutons pas, de rendre justice à l'éducation des
adultes en lui accordant un traitement plus conforme à la
réalité. Cependant, il n'en demeure pas moins que le projet de
loi sur l'instruction publique demeure d'abord et avant tout un projet fait
pour la clientèle assujettie à l'obligation de la
fréquentation scolaire. Les adultes sont introduits dans un second
temps, selon des modalités qui ne sont pas toujours
compréhensibles. Ainsi, la commission scolaire a, à l'endroit de
l'éducation des adultes, une marge de manoeuvre plus grande qu'à
l'endroit de la clientèle jeune car elle peut appliquer un pouvoir
discrétionnaire dans le premier cas alors que, dans le second,
l'encadrement et les règlements mis en place dans la loi l'en
empêchent. Les recommandations que nous formulons, si elles sont
retenues, devraient, à notre point de vue, assurer une meilleure
visibilité et spécificité à l'éducation des
adultes, lesquelles reposent sur la spécificité des besoins
éducatifs des adultes, dont le Conseil supérieur de
l'éducation vient à nouveau de reparler de l'importance.
Dans un Québec où plus de 45 % de la population - 46,1 %
selon les données du recensement de 1981 - ne détient pas de
diplôme d'études secondaires, ce qui équivaut à plus
de 1 000 000 de personnes, nous aurions souhaité un engagement
gouvernemental plus ferme à l'endroit de cette partie de la population,
en lui conférant un droit égal à celui des jeunes,
permettant à l'adulte qui veut s'en prévaloir d'avoir droit
à une formation de base allant jusqu'à la fin des études
secondaires.
Enfin, nous constatons que les articles du projet de loi qui touchent
l'éducation des adultes sont mineurs par rapport à l'ensemble de
la réforme qu'il veut introduire dans les commissions scolaires. Sans
doute, en raison de son ampleur, la réforme va-t-elle prendre du temps
avant d'être acceptée puis concrétisée sur le
terrain. L'éducation des adultes va devoir attendre aussi l'encadrement
législatif qui lui fait cruellement défaut actuellement et le
régime pédagogique applicable aux adultes dont elle a besoin.
Advenant un report des délais de la mise en application de la
nouvelle loi, nous recommandons au ministre de l'Éducation de proposer
des mesures transitoires permettant à tout le moins d'adopter pour
l'éducation des adultes un régime pédagogique pour la
clientèle qui la fréquente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président Robert Fontaine, nous vous remercions beaucoup de votre
exposé.
Je reconnais immédiatement le ministre de l'Éducation. M.
le ministre.
M. Ryan: Je remercie M. Fontaine ainsi que les nombreux
responsables d'éducation des adultes dans les commissions scolaires qui
l'accompagnent ce matin avec la délégation de la TREAQ. Le
mémoire qui nous a été présenté par M.
Fontaine et sa délégation apporte une contribution très
intéressante au travail de ia commission et du gouvernement. Il est
rempli de considérations pratiques, fonctionnelles, qui m'ont vivement
intéressé et qui nous seront très profitables.
Je voudrais mentionner, en premier lieu, que nous n'avons pas
consacré autant d'importance, évidemment, aux articles traitant
de l'éducation des adultes qu'à ceux qui traitent de la formation
des jeunes. Le projet de loi, comme vous le dites justement, est conçu
premièrement en fonction des écoles qui s'adressent à la
clientèle jeune. Nous avons cependant, et vous le soulignez
également de manière fort pertinente, inséré des
dispositions qui font le point sur les acquis dans le domaine de
l'éducation des adultes, qui laissent la porte ouverte à bien
d'autres choses, en particulier une disposition qui est à l'article 413,
si mes souvenirs sont bons, en vertu de laquelle le gouvernement pourra
instituer éventuellement un régime pédagogique propre pour
l'éducation des adultes. Cela n'a pas été mis là
par distraction. Cela a été inséré parce que nous
espérons pouvoir mettre au point les éléments d'un
régime pédagogique qui pourrait éventuellement être
propre au secteur de l'éducation des adultes. Nous suivons avec beaucoup
d'intérêt les expériences qui se font de ce point de vue;
nous ne voulons pas aller trop vite non plus, mais vous savez peut-être
mieux que moi que nous avons, dans nos cartons, des projets assez
définis de ce côté-là qui demandent à
être vérifiés de plus près et qui sont l'objet d'une
attention éminemment sympathique.
Un autre signe de l'importance que le
gouvernement accorde à l'éducation des adultes est
évidemment l'évolution des ressources budgétaires
consacrées à l'éducation des adultes depuis quelques
années. Depuis 1984-1985, il y a eu augmentation considérable des
sommes attribuées à l'éducation des adultes, surtout par
le biais de l'enveloppe dite ouverte, selon laquelle - et cela rejoint l'une de
vos préoccupations - toute personne qui s'inscrit à des cours de
formation en vue de l'obtention du diplôme d'études secondaires
est admise, à toutes fins utiles, gratuitement. Il peut y avoir des
frais d'inscription nominaux exigés par la commission scolaire, mais
tout le reste est gratuit et c'est le but même du caractère ouvert
de l'enveloppe budgétaire consacrée à ce poste-là.
On veut que !a personne qui veut compléter sa scolarité en allant
chercher un diplôme d'études secondaires, soit
général, soit professionnel, puisse avoir accès à
des services qui sont, à toutes fins utiles, gratuits.
Nous ne l'avons pas mis dans la loi sous cette forme-là. Nous
laissons une certaine marge aux commissions scolaires, parce qu'il y a toutes
sortes de situations particulières qui peuvent se présenter. Il
peut arriver qu'un programme entraîne des frais beaucoup plus
élevés que la moyenne et que, au titre de ce programme, il soit
jugé raisonnable d'exiger une contribution financière plus ou
moins modeste de la part de l'adulte. Je pense que cela n'enfreint pas ce grand
principe de base. L'objectif est tout à fait accepté par le
gouvernement. (12 h 30)
Quand il s'agit des cours de culture générale, nous avons
des réserves, parce que là cela peut comprendre une foule de
choses et l'histoire nous a assez enseigné depuis quinze ans que cela
peut comprendre une foule de choses. Il y a bien de ces cours, si des adultes
sont intéressés à les suivre, qu'ils soient appelés
à verser une contribution modeste je pense que cela n'obère pas
du tout leur budget d'une manière dangereuse. Cela rappelle à nos
citoyens que tous les services offerts par la communauté coûtent
de l'argent, d'une manière ou de l'autre et dans la mesure où ils
ne sont pas de l'ordre du nécessaire. Je pense qu'exiger une certaine
contribution des citoyens c'est faire acte de rationalité en
matière de gestion des ressources publiques. De toute manière,
encore une fois, souscrivons à l'objectif; il est déjà
réalisé de facto, mais nous avons jugé
préférable de ne pas l'inscrire dans la loi de manière
trop précise et de manière qu'on puisse continuer de le
réaliser dans les faits d'une façon qui tienne compte de
situations particulières susceptibles de surgir ici ou là.
Il y a des points que vous mentionnez sur le choix du lieu. Là,
vous vous inquiétez et vous dites: On va consigner. C'est un peu comme
on fait pour les jeunes, on dit: Bien, tu vas aller à l'école de
ta commission scolaire de ton territoire. Pour les adultes, cela demande des
assouplissements. Il y en a déjà un qui est dans les faits, vu
que nous avons des services régionaux d'éducation des adultes.
Mais si ce n'est pas suffisant, j'ai pris note de ce point et on peut envisager
d'assouplir la loi de ce point de vue-là. C'est un point qui est
très digne de considération, je comprends très bien, pour
la formation professionnelle, à plus forte raison. Avec la nouvelle
carte des enseignements professionnels, je pense que la remarque que vous
faites est d'autant plus judicieuse
Accès des adultes qui suivent des cours de formation
professionnelle à l'aide financière. Là, nous sommes
à travailler ce point. Pour les adultes à temps complet, il y en
a déjà plusieurs qui ont accès à l'aide
financière en vertu des programmes fédéraux. En vertu des
régimes d'aide financière du Québec, là nous
examinons les implications budgétaires. Dans une mesure comme
celle-là, il y a des choses qui doivent être faites pour aider
financièrement les personnes qui suivent des cours de formation
professionnelle. Nous n'avons pas arrêté encore les conclusions
sur cela, mais c'est un sujet que nous examinons très attentivement. Sur
ce point, je pense que cela résume un peu la position que le
gouvernement peut énoncer actuellement. L'expérience nous a
appris à être prudent et, quand il s'agit de textes qui
définissent des droits dont on n'a pas mesuré toutes les
implications financières, on veut y aller avec prudence. Cela n'indique
aucun changement quant aux objectifs fondamentaux que nous poursuivons.
Vous signalez qu'on ne parle pas d'éducation populaire dans le
texte du projet de loi. Je pense que c'est une remarque très judicieuse
et la suggestion que vous faites d'insérer quelque chose à ce
sujet à l'article 227 me paraît très intéressante.
Je peux vous assurer qu'on va l'examiner avec beaucoup d'intérêt.
On accorde une grande importance au secteur de l'éducation populaire en
particulier aux programmes d'aide financière aux OVEP. La suggestion que
vous faites d'ajouter une disposition pour favoriser des ententes avec
l'entreprise, surtout dans la période de développement de la
formation sur mesure vers laquelle nous allons, est extrêmement
judicieuse aussi. Soyez assurés que tout est bien noté, l'endroit
où vous voudriez que cette addition fût faite dans le texte du
projet de loi. Ce sont des choses qui nous intéressent au plus haut
point.
Au sujet du régime pédagogique, juste une petite remarque
additionnelle. On me signale qu'une bonne partie des dispositions d'un
éventuel régime pédagogique propre pour les adultes sont
déjà contenues dans l'instruction 1988-1989 sur
l'éducation des adultes et elles seront en expérimentation, par
conséquent, l'année prochaine à travers tout le
territoire. On fait un pas de plus. Je pense qu'on s'en va vers des
développements intéressants de ce côté. Il faut
toujours garder à l'esprit, évidemment, qu'on est dans un domaine
où la réalité est assez fluide. On regarde la formation
professionnelle, et toute
la rencontre des clientèles jeunes et adultes qui s'opère
dans plusieurs endroits pour des raisons économiques et fonctionnelles,
il faut tenir compte de cela. Il ne faut pas trop rigidifier les structures,
mais cela étant dit, je pense que nous franchissons cette année
un autre pas très important dans cette direction.
Je complète. Vous parlez des centres d'éducation des
adultes, vous voudriez que leur mission fût mieux définie et que
la responsabilité du directeur de ces centres soit établie de
manière plus claire dans la loi. Ce sont des choses que nous allons
regarder de près. Je pense qu'on a déjà examiné des
possibilités de ce côté-là dans les travaux
préparatoires. On ne voulait pas avoir un texte trop lourd, mais II y a
des choses qui peuvent peut-être être envisagées de ce
côté, on va les regarder également. La reconnaissance
légale des personnes qui se consacrent à l'éducation des
adultes est un point très pertinent. Je pense que vous avez
suggéré également un endroit où cela pourrait se
faire.
Tout ceci pour conclure que la très grande majorité des
remarques que vous nous soumettez ce matin m'apparaît très
pertinente et digne de la plus grande attention. Je veux vous dire que nous
allons les examiner avec l'intention d'essayer de leur donner suite dans toute
la mesure qui nous paraîtra compatible avec les objectifs
généraux du projet de loi.
Ceci dit, je n'ai pas beaucoup de questions à vous adresser. Si
mes collègues ont des questions tantôt... Je pense avoir fait le
tour de votre mémoire qui est tellement précis, pratique et
raisonnable que je ne voudrais pas risquer de créer de la confusion en
faisant ce qu'on appelle, pour employer une expression anglaise, un "pitch in
the dark", une question dans la noirceur seulement pour occuper le temps ou
amuser la galerie, cela ne m'intéresse pas. Mais je pense vous avoir dit
l'essentiel et je veux, en terminant, remercier la TREAQ de
l'intérêt avec lequel elle suit les questions relatives à
l'éducation des adultes et l'assurer de ma collaboration. Mais j'ai une
question pour finir. Jeunes adultes dans la formation professionnelle,
avez-vous des observations à nous faire là-dessus relativement au
projet de loi ou si vous considérez, comme nous, que c'est une question
qu'on doit gérer au plan pratique, quitte à voir plus tard s'il
doit y avoir des implications légales?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président, la question s'adresse à vous ou à l'un de vos
collaborateurs.
M. Fontaine: Vous me permettrez, avant de répondre
à votre question, M. le ministre, de mentionner ceci. Nous sommes
heureux de voir que notre mémoire est si bien accueilli, à un
point tel qu'on se demande si on en a demandé assez dans le
mémoire, finalement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez encore
25 minutes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fontaine: D'abord, vous mentionnez que le projet de loi a
été fait en fonction du secteur des jeunes. Oui, bien sûr,
on le reconnaît. Cependant, au moment où on introduit les adultes,
ce qu'on veut souligner à ce stade-ci, c'est le fait que, quand on
introduit les deux, les jeunes et les adultes, je pense qu'il y aurait lieu que
ce soit assez clair dans la future loi de façon à éviter
toute confusion.
Vous mentionnez une évolution des ressources financières
vers l'obtention d'un diplôme d'études secondaires. Bien sûr
qu'on fait appel, à ce moment-ci, à l'enveloppe ouverte qui peut
paraître élevée à certains moments. Mais si, par
ailleurs, on sortait de l'enveloppe ouverte certains programmes qui sont
financés et qui ne conduisent pas nécessairement à
l'obtention d'un diplôme, ce qui diminuerait peut-être l'enveloppe
quitte à ce que ces programmes - par exemple, je ne sais pas, comme la
sécurité dans la construction - soient financés par
d'autres sources de revenu, l'enveloppe ouverte, comme telle, ne
paraîtrait peut-être pas aussi grosse et serait peut-être
moins épeurante pour le Conseil du trésor pour éviter des
coupures, par exemple, de 39 000 000 $ou 20 000 000 $ pour 1988-1989.
Vous avez parlé du choix du lieu qui sera assoupli. Nous sommes
heureux de l'entendre. Oui, en fait, ce qu'on demande dans cela, c'est un peu
le statu quo à savoir que, présentement, les services de
l'éducation des adultes ou les commissions scolaires organisent des
services sur leur territoire, mais la clientèle n'est pas assujettie
nécessairement au territoire de la commission scolaire par le fait
qu'elle n'a pas l'obligation de fréquenter l'école; elle peut
aller là ou bon lui semble.
Du côté de l'aide financière pour les adultes qui
viennent à l'éducation des adultes, nous sommes heureux que le
projet soit à l'étude actuellement de façon qu'on puisse
permettre, en fait, une plus grande accessibilité des adultes à
l'éducation des adultes, évitant les contraintes, par exemple,
pour les femmes au foyer, de garderie, de transport etc., s'il y avait des
montants d'argent pour aider ces personnes à prendre une formation.
Quant au régime pédagogique, oui, on veut un régime
pédagoqique, mais on voudrait, par ailleurs, que ce régime garde
quand même une certaine souplesse par rapport à l'organisation des
services aux adultes.
À l'éducation des adultes, l'approche
privilégiée est beaucoup plus l'approche besoin, l'approche
client, l'approche problème qui fait qu'on ne doit pas avoir des
programmes préconçus pour les adultes, dans certains cas. Tout le
temps, il nous faut tenir compte des besoins et des caractéristiques de
la clientèle adulte. Alors,
nous voudrions que le régime pédagogique tienne compte
d'une certaine souplesse dans la mise en place des services aux adultes.
La reconnaissance des intervenants, vous mentionnez que c'est
très pertinent et nous sommes heureux de l'entendre. Enfin, quant
à la question que vous posez à la fin, je laisserais la parole
à quelqu'un qui veut bien y répondre. Paul, en ce qui concerne la
formation professionnelle jeunes et adultes, as-tu des suggestions à
faire?
M. Labrecque (Paul): M. le Président, le seul conseil
qu'on pourrait donner ici au ministre de l'Éducation dans
l'harmonisation des clientèles en formation professionnelle jeunes et
adultes, c'est de veiller à ce que cette harmonisation se fasse par une
approche clientèle, c'est-à-dire par une approche basée
réellement sur la spécificité de la clientèle de
l'éducation des adultes et non pas par une approche de structures qui
voudrait, dans un premier temps, harmoniser les règles
budgétaires avant de vouloir harmoniser les programmes et les
approches.
Donc nous, c'est peut-être plus un conseil que l'on donnerait
à ce moment-ci, c'est-à-dire de tenir compte davantage de
l'étudiant qui est au coeur de l'apprentissage.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
monsieur. Je reconnais, dans un deuxième temps, la porte-parole
officielle de l'Opposition en matière d'éducation, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président, messieurs, madame, il me fait plaisir de vous accueillir.
J'aurais le goût de commencer par - je ne dirais pas une mise en garde,
plutôt une boutade - en disant: Ne vous réjouissez pas trop vite,
M. Fontaine, parce que je pense que...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: ...connaissant le ministre, je ne serais pas
rassurée par ses propos flatteurs. J'ai déjà pu constater,
en d'autres circonstances, qu'il fallait prendre cela avec un grain de sel.
Vous aurez remarqué que, de façon générale,
d'accord, c'est bien beau, mais sur l'essentiel, ce qui touche la
gratuité, il ne s'est pas beaucoup compromis. C'est probablement ce qui
me préoccupe le plus, parce que je pense que le minimum requis à
l'éducation des adultes, c'est ce qui se trouvait dans la loi 3. La loi
3, c'était la gratuité pour tous les cours menant à une
diplomation.
Le critique de l'Opposition d'alors, qui s'appelait le
député d'Argenteuil, M. Ryan, disait à propos de cet
article que c'était insuffisant et il l'expliquait de la façon
suivante: Même en formation générale, cela devrait
être gratuit. La scolarité, c'est un enrichissement collectif. Il
citait, en guise d'exemple, quelqu'un qui souhaite prendre un cours d'histoire.
Même si ce n'est pas inscrit dans le cadre d'un programme ou d'un cours
reconnu par le ministère, il devrait y avoir droit gratuitement.
Sans prétendre qu'on puisse aller aussi loin, ce qui serait
souhaitable quand même, que de financer et d'accorder la gratuité
pour les cours de formation générale, je pense que le minimum
c'est au moins la gratuité pour l'équivalent d'une formation de
niveau secondaire. Le ministre, alors qu'il était à l'Opposition,
disait: II faudrait au moins que ce soit le minimum. Pour lui, c'était
la fin du collégial, pour ceux qui le désiraient et qui en
avaient la capacité.
Si on ne peut pas progresser, il ne faut pas qu'il y ait de recul. C'est
inacceptable. Vous avez cité des chiffres éloquents. C'est 1 000
000, 45 % des personnes adultes qui n'ont pas terminé leur secondaire. 1
000 000 de personnes, c'est autant que ce qu'on retrouve d'enfants à
l'enseignement régulier. C'est majeur; ce n'est pas un petit
problème. On a des retards considérables en matière de
scolarisation et cela, c'est un recul. (12 h 45)
Le ministre dit: II faut se laisser plus de souplesse. Le gouvernement
est prudent lorsqu'il s'agit de textes qui donnent des droits. Pourtant, il n'a
pas fait preuve de la même prudence lorsqu'il s'est agi de confirmer ses
droits à lui, le contrôle, etc. Je me dis qu'on ne peut pas tenir
deux discours. Ou il est important de confirmer des droits, et ça l'est
pour tout le monde, ou ça ne l'est pour personne et on réduit la
loi à sa plus simple expression.
Le fait que l'on puisse laisser à la commission scolaire le soin
de décider selon ses ressources - et on sait d'où viennent les
ressources - d'imposer ou non des droits de scolarité, c'est
inacceptable. Le ministre invoque la nécessité d'inscrire dans la
loi des droits qui lui étaient conférés en vertu de
règlements en disant que cela donne plus de force, de valeur, que c'est
plus solide et que cela les rend incontestables. Je pense que ce qu'il faut
rendre incontestable, c'est le droit des adultes à la gratuité.
Ce droit des adultes à la gratuité avait été
reconnu dans la loi 3 par le gouvernement du Parti québécois. Le
ministre ne peut pas m'accuser de parler à tort et à travers.
C'était ce qu'on estimait être le minimum. On ne pouvait pas aller
aussi loin que de garantir la formation personnelle, mais, en même temps,
on garantissait à l'école l'obligation de mettre en place des
services complémentaires et des services particuliers. On n'a rien non
plus là-dessus.
Je trouve que la présente loi marque un recul important par
rapport à l'éducation des adultes particulièrement,
à la gratuité, à l'accès aux services
complémentaires particuliers. Là, évidemment, il y a toute
la question de la résidence. J'imagine que ce n'est pas volontaire.
J'imagine qu'il y a moyen de corriger cela. Mais cela constitue, par rapport
à la loi 3... Faut-il le
rappeler, si le jugement Deschênes, au sujet de la loi 3 - ce qui
aurait été normal de l'avis de plusieurs juristes - n'avait
invalidé que les articles touchant la structure scolaire, tout le reste,
au moment où l'on se parle, serait en vigueur. Je pense que
c'était le minimum en matière d'éducation des aduites.
J'allais dire que j'aurais peu de questions. Je vous invitais
tantôt à la prudence. Le ministre nous disait: Je suis
particulièrement intéressé à tout ce qui concerne
l'éducation des adultes et à la place des OVEP. Cela ne s'est pas
traduit dans la réalité, la place des OVEP. C'est la
première année qu'on accorde une augmentation du budget des OVEP.
Il y avait le gel du budget des OVEP. Il avait même réussi par un
tour de passe-passe à économser quasiment 225 000 $
là-dessus. Finalement, il les a redistribués tellement cela
n'avait pas de bon sens. Il y a 500 groupes en attente. Par ailleurs, vous le
savez et vous le signalez dans votre rapport, les subventions-années,
cette année, ont diminué de 23 000 000 $. Là, on est en
train de dire en plus qu'on pourrait éventuellement imposer des frais de
scolarité. Ce n'est pas ça, l'accès à
l'éducation des adultes. Je le répète. Le ministre sait
que là-dessus je suis probablement celle qui s'est le plus
laissée leurrer par le discours du ministre alors qu'il était
dans l'Opposition. C'est peut-être pourquoi je le prends plus mal. Parce
que je l'ai cru. Naïvement, j'ai cru que, lorsqu'il arriverait au pouvoir,
il serait l'homme qui, au ministère de l'Éducation, accorderait
le plus de place à l'éducation des adultes tant il s'en
était fait l'ardent défenseur. C'est probablement ma
déception la plus grande à son endroit; elle est vraiment
là-dessus. Je me l'explique mai. Il était sincère ou il ne
l'était pas.
En ce qui concerne la définition que vous faites de ce que
devraient être les fonctions du directeur de l'éducation des
adultes, c'est intéressant. C'est décentralisé. J'allais
dire que vous auriez alors une réelle possibilité de gérer
vos centres. Je trouve l'idée intéressante. En ce qui concerne
l'harmonisation, vous n'en parlez pas dans votre mémoire ou si peu. Mais
l'harmonisation telle qu'elle est en train de se passer, selon vous, où
on voit de plus en plus quelques jeunes avec des adultes - à l'occasion,
les adultes sont assez jeunes que les clientèles finissent par se
ressembler, ce qui n'est pas le cas partout - est-ce que cela pose
problème? Est-ce que vous commencez à avoir un aperçu de
ce que cela va donner à long terme?
Cela m'est apparu, de l'extérieur, comme étant une
façon de faire des économies, essentiellement. Parce que les
centres d'éducation des adultes, les activités, je dirais, dans
les centres de formation des adultes sont souvent aux frais du gouvernement
fédéral, par le biais d'ententes. Ce qui fait qu'une partie de la
gestion de ces activités vient soulager la commission scolaire.
L'impression que j'ai, de l'extérieur, c'est davantage pour faire des
économies que pour rationaliser ou rendre plus efficace la
qualité de la formation et des services offerts. Est-ce que je me
trompe?
M. Fontaine: En fait, dans notre mémoire, on n'a pas
parlé du tout d'harmonisation de la formation professionnelle puisque le
projet de loi lui-même n'en parlait pas.
Mais, pour répondre à votre question, difficultés
dans l'harmonisation jeunes et adultes... Il existe depuis quelques
années déjà des adultes qui viennent prendre de la
formation avec les jeunes. C'est pratique courante dans les commissions
scolaires. Sauf que ces adultes suivent le régime pédagogique des
jeunes, selon un horaire dit régulier, soit de 8 h 30 le matin à
15 ou 16 heures. Les difficultés, lorsqu'on harmonise maintenant la
formation professionnelle jeunes et adultes au niveau de la commission
scolaire, résident beaucoup plus dans l'harmonisation des structures,
finalement.
Quand on pense aux jeunes en formation professionnelle, ce sont des
jeunes adultes. Ne pensons pas à des jeunes de 13 ou 14 ans. Ce sont des
jeunes de 17, 18 et 19 ans. Donc, des jeunes adultes qui sont capables de
fonctionner aussi avec des adultes. Par ailleurs, leurs préoccupations,
leurs caractéristiques ne sont pas du tout les mêmes.
Quand on mentionnait tantôt, en réponse à M. Ryan,
de tenir compte des caractéristiques de la clientèle dans
l'harmonisation, ce sont des éléments comme cela. Si c'est un
jeune, c'est-à-dire qu'il est compté dans les inscriptions au 30
septembre, nécessairement cette personne doit avoir accès au
transport, par exemple, ou à l'aide à la pension. Par ailleurs,
si ce sont des adultes référés par les centres d'emploi du
Canada, les centres Travail-Québec, les commissions de formation
professionnelle ou des adultes eux-mêmes qui viennent à la
formation, il y a des caractéristiques aussi dont il faut tenir compte
dans l'organisation des services. Ce sont des gens qui, par exemple, sont des
épouses ou des femmes au foyer et nécessairement il faut tenir
compte de leur disponibilité. La formation doit s'organiser en fonction
de cette disponibilité. Si on pense à des travailleurs et des
travailleuses, la formation doit s'organiser plus le soir. Il y a des
chômeurs, des chômeuses qui vont recevoir des allocations de
formation du fédéral ou de Travail-Québec, pour les
assistés sociaux, etc. Voilà autant de caractéristiques
dont il faut tenir compte lorsqu'on harmonise des structures.
Je ne sais pas si mes collègues voudraient compléter. Je
ferai référence à un autre élément, quitte
à revenir sur la formation professionnelle, si vous me permettez. Vous
parlez beaucoup de gratuité dans votre exposé, Mme Blackburn.
Nous avons à peine effleuré ce volet en raison
particulièrement des compressions budgétaires qui nous sont
imposées quasiment chaque année à l'éducation des
adultes. C'est ce qui fait qu'on
ne l'a presque pas touché dans notre mémoire. Par
ailleurs, il y a des frais actuellement qui sont chargés aux adultes,
des frais dits d'admission, et qui servent à offrir d'autres services
tels des services complémentaires aux adultes, qui ne sont pas
financés autrement. Les frais d'inscription qui sont chargés sont
réinvestis dans l'éducation des adultes.
Mme Blackburn: Dans le projet de loi, la compréhension
que... Cela veut dire, si je comprends votre propos, que vous êtes
prêts à céder... Au moment où le gouvernement coupe,
vous dites: On peut être moins exigeants quant à la
gratuité. Je comprends mal votre approche.
M. Fontaine: En fait, si les ressources financières
fournies par le MEQ ou par le MMSR étaient suffisantes pour les
activités de formation, bien sûr, nous sommes pour la
gratuité.
Mme Blackburn: En prenant votre base de jugement on pourrait dire
la même chose pour la clientèle régulière jeune. Les
priorités du gouvernement s'établissent selon ces grands
principes généraux qu'on se donne; le principe de la
gratuité et de l'universalité, cela existe déjà. Ce
sont des choix de société. Après cela, les montants
d'argent, normalement viennent. Je veux dire qu'il y a des principes d'abord.
Et ensuite on vient donner les ressources. Mais on ne peut pas ajuster nos
principes aux ressources que les gens veulent bien consacrer. Un État,
un gouvernement a la responsabilité d'abord d'établir un certain
nombre de principes généraux telle l'accessibilité et
ensuite il allonge les sous. Je pensais avoir compris à la page 3 que
l'accessibilité aux services vous supposiez que ce soit la même
pour les jeunes et les adultes, donc que c'était la gratuité. Je
pensais avoir compris cela à votre mémoire, je m'étais
trompée.
Est-ce que cela ne posera pas de problèmes, tantôt,
l'intégration ou l'harmonisation des clientèles - je trouve que
c'est un euphémisme, mais parlons d'harmonisation des clientèles
- alors que dans la réalité on ne pourra pas vraiment parler
d'harmonisation et, à tout le moins, il y a des clientèles qui
vont avoir droit à des services réels et concrets, les
clientèles à l'enseignement régulier, et d'autres qui n'y
auront pas droit? Si, à un moment donné, le gouvernement du Parti
libéral respecte l'engagement qu'il a pris à l'endroit de l'aide
financière aux étudiants, on pourra tantôt retrouver des
jeunes, des adultes qui ont peut-être droit à l'aide
financière aux étudiants et du temps partiel qui n'y a pas droit.
Quel problème cela va-t-il poser, l'harmonisation dans un centre de
formation à l'éducation des adultes où vous avez deux
clientèles, une qui a droit à des services en vertu d'une loi qui
lui reconnaît ce droit et l'autre qui n'y a pas droit?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Labrec-que.
M. Labrecque: Oui, M. le Président. Il est bien entendu
que la situation de l'harmonisation des clientèles jeunes et adultes
pose actuellement certains problèmes dans les commissions scolaires. Les
enjeux sont majeurs. Les enjeux des commissions scolaires font en sorte
qu'elles sont tantôt obligées de prendre une approche pour
éviter de déclarer des surplus de personnel parmi les
enseignants. Bien entendu, lorsqu'elles prennent une approche semblable elles
n'avantagent pas l'étudiant et sa spécificité. Bien
entendu, la TREAQ craint que, si des commissions scolaires prennent davantage
ce type d'approche le besoin de l'adulte soit laissé pour compte pour un
besoin de type structure. C'est le conseil que je donnais tantôt en
invitant le ministre à prendre plutôt une approche
clientèle qu'une approche structure.
Il est bien entendu aussi que l'harmonisation, si on parle uniquement
d'harmonisation des programmes sans harmoniser les règles, les droits et
les règles financières, risque d'aller toujours pratiquement dans
un seul sens. Donc, tout le travail sur cela, moi, je le prétends non
terminé. L'harmonisation actuellement je la qualifierais d'embryonnaire
et j'inviterais le ministre à être prudent dans cette voie.
Justement parce que beaucoup de règles actuellement, lorsqu'on regarde
uniquement les règles budgétaires ne favorisent pas une
harmonisation réellement basée sur les besoins de
l'étudiant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Labrecque. Malheureusement, le temps est pratiquement écoulé.
J'invite maintenant la porte-parole de l'Opposition à conclure au nom de
sa formation politique.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, je voudrais remercier
les membres de la TREAQ pour leur participation aux travaux de cette commission
et pour l'enrichissement réel qu'ils ont apporté par le biais des
mesures et des modifications qu'ils proposent. Je pense que vous êtes
parmi les plus compétents pour nous faire ce genre de recommandations.
Nul doute que le ministre, comme il l'a exprimé tout à l'heure,
tout comme l'Opposition seront très sensibles, au moment où on
examinera le projet de loi article par article, aux recommandations que vous
nous avez faites.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. M.
le ministre.
M. Ryan: Quelques points en terminant, M. le Président.
D'abord, merci encore une fois aux responsables de l'éducation des
adultes des commissions scolaires. Nous allons continuer le travail
d'étude sur les points qui ont été soulevés dans le
mémoire. J'ajoute juste quelques remarques complémentaires
concernant peut-être l'information. En ce qui touche l'harmonisation,
jeunes et adultes, vous avez peut-être pris connaissance d'une
lettre que j'adressais récemment aux commissions scolaires qui parlait
justement dans le sens dont vous venez de parler tantôt, qui invitait les
commissions scolaires à agir avec la plus grande prudence dans ces
matières. Je pense que cette lettre devrait constituer une bonne
réponse à l'avertissement que vous nous donniez tantôt.
Nous, nous avertissons les commissions scolaires et les commissions scolaires
nous avertissent. C'est toujours comme ça que nous travaillons. C'est
une question sur laquelle une clarification importante a été
donnée.
Sur l'accessibilité, je pense bien qu'il faut rappeler en toute
honnêteté que, dans l'article 4, l'objectif de la gratuité
des services éducatifs pour ies adultes est affirmé par le
gouvernement. C'est bien ce qu'on dit: "Une personne visée à
l'article 2 a droit à cette gratuité dans la mesure où le
permettent les ressources de la commission scolaire où elle est
inscrite." Nous mettons cette clause justement pour éviter que des
adultes ne soient peut-être privés de service par une commission
scolaire qui dirait: Si on avait eu une certaine possibilité au moins de
faire une participation minimale, il aurait été plus facile de
faire des choses. Ce n'est pas du tout dans le but de diminuer, mais
plutôt de nous donner un petit peu de temps pour financer le gros
déficit dont nous avons hérité de l'ancien
gouvernement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
voulez conclure, M. le ministre?
M. Ryan: Très bien. J'ajoute qu'il y a une autre
disposition dans le projet de loi et elle se trouve à l'article 433.
Elle donne au gouvernement le pouvoir d'intervenir par voie
réglementaire dans les cas où la contribution exigée des
adultes pourrait être considérée excessive. Il y a un
règlement qui permettra de fixer un maximum de ce
côté-là. Par conséquent, on a le souci de favoriser
l'accès de l'adulte à la formation. Nous allons jusqu'au point
où nous pensons honnêtement pouvoir aller dans le contexte actuel.
L'objectif est celui que vous avez défini et que nous partageons
d'ailleurs avec la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Merci, Mme la porte-parole de l'Opposition. M. le
président, nous vous remercions beaucoup de l'apport que vous avez
fourni aux travaux de cette commission. La commission permanente de
l'éducation suspend ses travaux jusqu'après la période des
affaires courantes alors que nous accueillerons l'Association provinciale des
directeurs des services de l'éducation permanente, secteur
anglophone.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise 15 h 31)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Veuillez prendre
place! Par le fait même, j'inviterais les membres de la commission de
l'éducation à prendre place également.
Association provinciale des directeurs des
services de l'éducation permanente,
secteur anglophone
Nous allons commencer notre deuxième séance quotidienne en
accordant la prochaine heure à l'Association provinciale des directeurs
des services de l'éducation permanente du secteur anglophone. Cette
organisation est représentée ici par son porte-parole, M. Douglas
Grant. M. Grant, do you speak French or English?
M. Grant (Douglas): Je parle français, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous parlez
français. Donc, vous n'avez pas d'objection à ce que je m'adresse
à vous en français?
M. Grant: C'est parfait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Grant, la
commission de l'éducation a prévu consacrer une heure à
l'audition de votre association. Nous vous suggérons de prendre 15
à 20 minutes pour présenter votre mémoire, lequel a
d'ailleurs été lu par les membres de cette commission
parlementaire. Par la suite, nous pourrions diviser les 40 ou 45
dernières minutes en parts égales entre les deux formations
politiques dont les représentants auront l'occasion d'échanger
avec vous et de recevoir l'éclairage que vous voudrez bien leur donner
concernant le projet de loi 107.
Pour les besoins du Journal des débats, M. Grant, je vous
invite à nous présenter les gens qui vous accompagnent et
à commencer immédiatement la lecture de votre mémoire.
M. Grant: Merci beaucoup, M. le Président. En premier
lieu, je vais vous présenter mes collègues. À ma droite,
M. Pierre Tardif, qui est coordonnateur de l'éducation des adultes
à la Commission scolaire régionale de Western Quebec. À
mon extrême gauche, Mme Michelle Pennefather, qui est directrice de
l'éducation des adultes à la Commission scolaire régionale
Eastern Quebec; elle est aussi présidente de notre association. À
ma gauche, M. Wayne Golthorpe, qui est directeur de l'éducation des
adultes à la Commission scolaire protestante de Châteauguay
Valley.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, messieurs,
soyez les bienvenus! Nous vous
écoutons, M. le président.
M. Grant: Premièrement, j'aimerais vous remercier de nous
avoir invités à présenter notre mémoire. Nous avons
entendu ce matin la présentation de la TREAQ. Nous appuyons le
mémoire de la TREAQ, car nos préoccupations sont semblables. La
grande différence réside néanmoins dans la langue des
services que nous donnons à la population adulte du Québec.
PROCEDE, l'Association provinciale des directeurs des services de
l'éducation permanente, secteur anglophone, organisme qui regroupe des
représentants des commissions scolaires offrant des services
éducatifs aux adultes de la population anglophone du Québec, est
heureuse de soumettre un mémoire sur le projet de loi 107. Par le
passé, l'association a fait part de ses réactions aux projets de
loi 40 et 3 et voudrait profiter de l'occasion pour commenter le projet de loi
107.
En premier lieu, nous sommes enchantés de constater que le
législateur a inclus l'éducation des adultes dans le projet de
loi qui remplace l'actuelle Loi sur l'instruction publique. Ce projet de loi
donne une reconnaissance officielle aux services éducatifs que la
population adulte du Québec reçoit depuis plus de 20 ans. Le
projet de loi donne finalement à l'élève adulte un statut
juridique. Cependant, nous aimerions formuler des commentaires et des
recommandations sur les articles du projet de loi relatif à
l'éducation des adultes.
Article 2. Bien que l'article essaie de donner une définition de
l'élève adulte, un examen plus serré et une comparaison
avec l'article 1 qui définit l'élève,
révèlent plusieurs divergences en termes de droit à
l'éducation. Premièrement, il nous semble que la phrase "...a
cessé de fréquenter l'écoie depuis six mois ou plus..."
devrait être éliminée. Tel que l'article se lit
présentement, il n'y a aucune raison administrative ou
pédagoqique de garder un jeune hors de l'école pendant au moins
six mois avant de lui permettre d'y retourner. Par exemple, tel que l'article
se lit maintenant, si un étudiant âgé de 16 ans laisse le
secteur régulier en juin, il ne pourrait devenir un élève
adulte qu'en janvier suivant. Par conséquent, nous recommandons
l'élimination de la période d'attente de six mois.
Deuxièmement, il semble, à la lecture du texte, que les
droits à l'éducation de l'élève adulte soient
limités. Alors que l'élève, tel que défini à
l'article 1, a droit à l'éducation jusqu'à la fin du
secondaire V, l'adulte, lui, a seulement droit à des services
éducatifs dans le cadre des programmes offerts par la commission
scolaire à cette catégorie de personnes. Nous croyons que les
droits de l'élève adulte doivent être accrus afin de lui
permettre de poursuivre ses études jusqu'à la fin du secondaire,
selon le régime pédagogique applicable aux adultes.
Article 20. Cet article ne mentionne aucunement les enseignants
payés à un taux horaire.
Puisque la majorité des enseignants des services de
l'éducation des adultes sont payés à l'heure, nous
recommandons que les mots "taux horaire" ou "rémunéré
à l'heure" soient insérés dans cet article et que ces
enseignants soient exemptés de l'obligation de détenir un brevet
d'enseignement.
Article 35. Bien que le centre d'éducation des adultes n'ait eu
dans plusieurs cas d'autres usagers que les élèves de
l'éducation des adultes, il y a plusieurs exemples à travers la
province où l'éducation des adultes utilise des espaces à
l'intérieur d'une école occupée par des
élèves tels que définis dans l'article 1. Dans les cas
d'utilisation commune d'un établissement, le rôle de
l'école, tel que défini dans l'article 35, doit être
élargi pour permettre la coexistence d'un centre d'éducation des
adultes là où l'espace est disponible et convient aux besoins des
élèves adultes. Le deuxième paragraphe de l'article 35
donne un autre rôle à l'école, celui de collaborer au
développement social et culturel de la communauté. Ce paragraphe
est sujet à beaucoup d'interprétation. Par exemple, il
paraît suggérer que les écoles devraient être
à la disposition des groupes communautaires. De plus, le rôle de
l'éducation communautaire semblerait être important dans ce
contexte. De toute évidence, la signification et l'intention de ce
paragraphe doivent être clarifiées.
Chapitre III. Le projet comporte de nombreuses références
à l'existence des centres d'éducation des adultes: les articles
157, 218, 220, 232, 243 et 252. Cependant, il n'y a aucun article qui
définit le centre d'éducation des adultes. De même, la
fonction de directeur d'un centre d'éducation des adultes est
mentionnée dans le projet, mais non décrite.
Nous croyons que le projet de loi doit inclure des articles qui
définissent clairement l'éducation des adultes et son
organisation. Par conséquent, nous recommandons qu'une nouvelle section
sur l'éducation des adultes soit ajoutée au chapitre III,
laquelle devrait inclure les articles suivants: définition d'un
établissement reconnu comme un centre d'éducation des adultes,
incluant son but, sa mission et son projet éducatif, définition
des tâches de directeur d'un centre d'éducation des adultes et
définition des tâches et des responsabilités de
l'enseignant à l'éducation des adultes.
Article 79. Cet article fait référence au fonctionnement
du conseil d'orientation. Au point 2, quelle est la signification des mots
"autres usagers de l'école"? Si ces mots font référence
aux adultes, nous sommes fortement d'avis qu'un représentant,
nommé par les services de l'éducation aux adultes, fasse partie
de ce conseil. Dans les cas d'utilisation commune de l'école, la
participation d'un représentant de l'éducation des adultes
contribuera grandement à la mission du conseil d'orientation.
Article 197. L'article 197 énonce que les commissions scolaires
peuvent signer des contrats avec les gouvernements fédéral et
provincial.
Puisque le gouvernement fait de plus en plus pression sur les
commissions scolaires pour qu'elles s'impliquent avec l'industrie dans des
projets conjoints, par exemple, Formation sur mesure en établissement,
nous croyons que l'article 197 doit être élargi pour permettre aux
commissions scolaires de signer des contrats avec l'industrie.
Article 413. Actuellement, il n'existe pas de régime
pédagogique pour l'élève adulte. Nous recommandons
fortement qu'un tel régime soit établi et nous proposons que les
mots "peut établir" soient remplacés par "établira" dans
l'article qui se lira alors comme suit: Le gouvernement établira, par
règlement, etc.
En conclusion, nous accueillons avec enthousiasme la proposition du
ministre d'une réforme éducative telle que décrite dans le
projet de loi 107, principalement la reconnaissance par le ministère de
l'existence de l'éducation des adultes. Ceci nous paraît un pas
éclairé vers un examen plus approfondi du système qui
dispense des services éducatifs aux adultes de cette province.
Cependant, notre optimisme, face à ces propositions, est
tempéré par nos expériences antérieures avec
d'autres propositions et commissions. Les événements
récents ont rendu l'organisation des services éducatifs aux
adultes extrêmement difficile. Chaque année, le MEQ a
annoncé des compressions budgétaires et des règlements
rigoureux pour contrôler l'accès aux services d'éducation
aux adultes. En réponse au MEQ, les commissions scolaires ont dû
ajouter et implanter de nouveaux systèmes de contrôle
administratif. Plusieurs de ces règlements étaient
imprécis et en contradiction avec des instructions émises
précédemment par la Direction générale de
l'éducation des adultes. Malgré cela, la demande vis-à-vis
de nos services ne cesse de grandir. Où, ailleurs que dans nos
écoles et nos centres, les adultes auront-ils l'occasion d'exercer leur
droit à l'éducation? Comment, sinon par l'entremise de nos
services, l'adulte pourra-t-il acquérir des habiletés aussi
élémentaires que complexes?
La question fondamentale pourrait se résumer ainsi: Comment
l'adulte peut-il exercer son droit à l'éducation alors que l'on
ne donne pas aux commissions scolaires les ressources financières ou
pédagogiques nécessaires au maintien des services
éducatifs aux adultes? Nous croyons que le ministère ne respecte
pas son engagement de permettre l'accès à l'éducation
permanente à tous les Québécois. Nous espérons que
le ministre a l'intention d'élaborer les principes contenus dans le
projet de loi 107 en énonçant des propositions concrètes
et en s'engageant fermement à maintenir l'existence à long terme
des services d'éducation des adultes dans la province. À moins
que ces changements ne soient apportés très bientôt,
l'éducation des adultes ne restera qu'un souvenir des réformes
éducatives amorcées dans les années soixante. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Grant. Je reconnais maintenant le premier intervenant du côté
ministériel, Mme la députée de Jacques-Cartier. (15 h
45)
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Alors, j'aimerais
remercier le directeur de l'éducation permanente du secteur anglophone
de son excellent mémoire. Je constate que votre mémoire va pas
mal dans le même sens que celui que nous avons reçu ce matin des
directeurs du secteur francophone. Comme nous l'avons indiqué ce matin,
nous accueillons votre mémoire et vos suggestions précises et
très pertinentes comme une contribution très positive à
nos délibérations.
J'aimerais vous poser une couple de questions sur des points que vous
avez soulevés et qui sont un peu différents des points
soulevés dans le mémoire de ce matin. Votre première
suggestion concerne le droit de fréquenter le secteur des adultes et
l'obligation actuelle d'attendre six mois ou plus. J'aimerais vous demander
d'élaborer un peu, d'expliquer votre point de vue, surtout parce qu'il
semble que la justification de cette obligation découle du fait qu'on ne
veut pas encourager nos jeunes à décrocher pour être
admissible au secteur des adultes. Voudriez-vous élaborer un peu
là-dessus pour nous expliquer pourquoi vous avez fait cette
suggestion?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un de vos
collaborateurs peut aussi répondre. Je veux aussi vous informer que vous
êtes bien libre de répondre soit en anglais ou en français.
Feel free to answer in English or in French.
M. Grant: Je vais laisser mon collègue, M. Golthorpe,
répondre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
M. Golthorpe (Wayne): Je comprends tellement bien votre question.
On a discuté de cela souvent, à savoir si cette période de
six mois pouvait être une manière d'encourager les jeunes à
quitter l'école régulière. Par contre, nous sommes ici
pour représenter le secteur des adultes. À ce moment, on doit
considérer les jeunes qui ont plus de seize ans, qui sont encore
étudiants à temps plein dans le secteur des jeunes et, selon les
normes des règles budgétaires, ils peuvent être là
jusqu'à l'âge de 21 ans ou plus, s'ils sont étudiants
à temps plein. Par contre, ces vieux jeunes - ce matin on a parlé
des jeunes adultes, maintenant je veux parler des vieux jeunes - sont souvent
mieux traités dans le secteur des adultes par les décisions de
l'école même. Il y a des écoles qui disent: Cet
étudiant serait mieux situé dans votre secteur. Selon les
règles courantes, un adulte peut être scolarisé avec les
jeunes. Si quelqu'un est déjà inscrit comme jeune, il ne peut pas
être scolarisé avec
les adultes. C'est-à-dire que si une décision, à
des fins pédagogiques, est prise, à savoir qu'il serait mieux de
scolariser ces vieux jeunes avec les adultes, on est mal pris avec cette
règle selon laquelle les personnes doivent être en dehors du
système depuis au moins six mois. On a aussi peur parce que, lorsqu'on
se trouve avec quelqu'un qui a déjà 18 ans, il est admissible au
bien-être social et, six mois après, il est admissible aux
programmes de rattrapage scolaire. Maintenant, si on a cette période de
six mois, il n'y a cependant aucune concordance entre les règles de
l'éducation des adultes et les autres programmes gouvernementaux. On
peut être mal pris dans notre secteur, lorsqu'on a, par exemple, une
commande du bien-être social, par le biais de la CTQ, d'accepter un
étudiant admissible au rattrapage scolaire. Même si on a ce bon de
commande en main, on ne peut pas être financé pour la personne en
question à cause de ce règlement-la. C'est une des raisons pour
laquelle on a pensé: Oui, cela peut encourager des jeunes à
partir. Par contre c'est une manière d'encourager des jeunes à
partir. Par contre, c'est aussi une façon de limiter l'accès et
d'encourager le jeune, qui a un besoin distinct, à traîner dans la
rue sans éducation, sans emploi, sans bien-être social et sans
tous les autres avantages qu'il peut avoir. Pour le bénéfice de
la société et de l'individu lui-même, c'est peut-être
mieux qu'il soit accueilli dans nos écoles, le lendemain qu'il est
prêt à y retourner, dans un but éducatif afin d'être
une personne véritable pour la société dans le futur.
Mme Dougherty: Merci. Est-ce que vous pouvez nous donner une
idée du nombre d'enfants, en pourcentage, qui sont pris dans cette
situation, c'est-à-dire dans l'obligation d'attendre six mois? Est-ce
que c'est quelque chose qui arrive souvent? Est-ce qu'il s'agit d'accommoder,
au besoin, quelques cas spéciaux? D'après votre
expérience, est-ce qu'il y a beaucoup de jeunes qui sont
découragés par cette obligation d'attendre six mois?
M. Golthorpe: En réalité, on a eu plusieurs
personnes disant que cette situation existait, mais jusqu'à aujourd'hui,
entre nous, on n'a pas retrouvé cette situation, excepté dans des
programmes résultant de l'accord Canada-Québec. On est dans une
situation maintenant où quelqu'un ne peut pas être financé
ou scolarisé dans les deux secteurs, à l'intérieur de la
même année financière du MEQ. Le 23 juin, c'est dans une
année; le 1er juillet, c'est une semaine après, mais dans
l'année d'après. On peut l'entrer dans le système
immédiatement. C'est une des raisons pour laquelle je réagis
à cette situation. Pour nous, c'est quelque chose de nouveau.
Mme Dougherty: Si je vous comprends bien, ce qu'il faut, c'est
une meilleure concordance des règles du jeu pour le bien de l'enfant,
afin de voir à ses vrais besoins. C'est ce que vous proposez. Si c'est
un assisté, c'est de laisser tomber les six mois. Si c'est autre chose,
c'est d'examiner les règles du jeu pour qu'elles soient dans le meilleur
intérêt de l'élève.
M. Golthorpe: Oui
Mme Dougherty: Effectivement, c'est cela que vous proposez.
M. Golthorpe: C'est cela. En plus, quand on parle des jeunes, ce
sont souvent des jeunes à qui il manque un sujet, trois crédits,
pour avoir leur secondaire V. Ils ne sont pas prêts et c'est
prouvé qu'ils ne retournent pas au secteur des jeunes pour reprendre un
semestre au complet. Par contre, selon les règles, si c'est
inséré comme cela, si on ne peut pas prendre le bonhomme en
question avant le 1er juin, il ne peut pas être admis au cégep ou
à d'autres formes de formation avant septembre, un an et depuis plus
tard. Par contre, si on peut l'accepter en septembre, il serait admis à
sa première session de cégep en janvier.
Mme Dougherty: J'aimerais vous remercier d'avoir soulevé
ce point. Je crois que c'est très important et peut-être que cela
va devenir de plus en plus important.
Deuxième question: À la fin de votre mémoire,
après avoir fait plusieurs suggestions, vous dites que vous êtes
heureux que le projet de loi soit au moins un pas en avant dans
l'éducation des adultes, mais vous déplorez le fait que
l'éducation des adultes va se détériorer si -
j'interprète ici - on n'a pas de plus en plus de réponses aux
besoins en ce sens.
Alors, est-ce que vous pourriez nous dire quels sont les besoins
majeurs, les besoins criants même, que vous voyez et auxquels on n'a pas
de réponse adéquate en ce qui concerne l'éducation des
adultes, selon votre expérience?
M. Grant: Je pense premièrement à la
gratuité de l'éducation des adultes. Nous sommes totalement
d'accord avec la gratuité des adultes par rapport à l'obtention
d'un DES, un diplôme d'études secondaires, mais on parie de budget
ouvert, etc. Surtout pour les commissions scolaires anglophones, dont la
majorité sont très petites et dont la majorité couvre de
très grands territoires, le financement n'est pas adéquat,
surtout dans l'administration par rapport aux règles budgétaires
qui sont employées en ce moment.
Mme Dougherty: Oui, vous dites que le financement n'est pas
adéquat, mais quelles sont les demandes que vous avez et auxquelles vous
ne pouvez répondre?
M. Grant: Premièrement, la traduction des programmes;
c'est un grand manque en ce
moment. Dans le secteur francophone, il y a de nouveaux programmes de
formation professionnelle et de formation générale à
l'éducation des adultes qui sortent et qui sont révisés
chaque année, mais ils ne sont pas révisés en anglais. La
traduction des programmes est très lente. À partir du moment
où un programme est disponible en français, cela peut prendre un
an ou deux ans avant que le programme ne soit disponible en anglais et
même la révision de ces programmes, qui se fait au fur et à
mesure en français, retarde encore pour le secteur anglophone. C'est un
grand...
Mme Dougherty: C'est un manque de financement. Alors, dans
l'optique de l'éducation des adultes, il y a des programmes qui
n'existent pas parce qu'il n'y a pas de programmes en anglais,
n'est-ce-pas?
M. Grant: C'est cela, oui.
Mme Dougherty: Ils n'existent pas en anglais.
M. Grant: Oui.
Mme Dougherty: Je pense surtout aux demandes et aux besoins qui
viennent des adultes. Est-ce que vous avez des demandes de cours auxquelles
vous ne pouvez répondre, faute de ressources, faute d'espace, faute de
professeurs ou faute de je ne sais quoi? Où est la grande demande?
M. Golthorpe: Je ne veux pas revenir au financement. Par contre,
on a des demandes à notre porte. Comme M. Grant l'a dit, à cause
de la grande dispersion de nos régions, on a besoin d'une demande assez
forte en termes de population, en termes de nombre de personnes pour former un
groupe. Ensuite, cela revient encore au financement. C'est le problème
de la dispersion des services.
Mme Dougherty: Alors, ce n'est pas parce que vous avez des
centaines de personnes à votre porte qui ne peuvent pas être
servies, c'est parce que vous avez une clientèle très
dispersée.
M. Golthorpe: C'est sur 111e de Montréal, le
problème n'est pas...
Mme Dougherty: Alors, il faut un meilleur financement pour
répondre à ces demandes? Est-ce que c'est cela? (16 heures)
M. Grant: Oui, surtout en dehors de l'île de
Montréal où la population anglophone est très
dispersée. Je parle de la région de l'Estrie et de la
Gaspésie. En dehors de l'île de Montréal, c'est très
difficile, des fois, de former une classe de 18 personnes, en je ne sais pas
quoi, mais c'est la norme, en formation générale, pour former des
groupes. Quand il y a seulement douze personnes, on est financés
seulement pour 12 sur 18, mais les coûts sont les mêmes, il faut
payer le professeur, l'enseignant, au taux horaire de 32,72 $, mais c'est
difficile d'arriver avec des groupes homogènes, des groupes de 18,
surtout dans les endroits dispersés en dehors de l'île de
Montréal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres questions
de la part du parti ministériel? S'il n'y a pas d'autre intervention du
côté ministériel, je vais reconnaître la porte-parole
officielle de l'Opposition en matière d'éducation, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Bonjour, M.
Grant...
M. Grant: Bonjour.
Mme Blackburn: ...messieurs, madame. Cela me fait plaisir de vous
accueillir. Je voudrais d'abord vous dire que j'apprécie que vous ayez
bien voulu nous présenter une version française de votre
mémoire. De plus, je dois dire que, malheureusement, dans nos
commissions parlementaires, quand des groupes d'anglophones viennent se faire
entendre, on n'a souvent qu'une version anglaise. Malheureusement, les gens ne
se donnent plus la peine de faire de version française de leur
mémoire, chose que je trouve déplorable. Alors, je voudrais vous
remercier et vous dire que je l'apprécie...
Une voix:...
Mme Blackburn: Oui, cette semaine. Oui, et c'est fréquent
dans toutes les commissions parlementaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Mme la députée de Chicoutimi, vous avez la
parole.
Mme Blackburn: Je voulais vous dire que je l'apprécie et
que j'apprécie également... J'ai bien aimé votre
mémoire parce que je pense qu'il met le doigt sur des questions qui
n'avaient pas vraiment été abordées dans les autres
mémoires jusqu'à présent. Je le trouve intéressant
à plusieurs égards et je suis assez sensible, je dois dire,
à l'argument que vous nous servez selon lequel vos clientèles
étant dispersées, cela demande un financement particulier. Je
maintiens que, dans ces situations-là, dans de plus en plus de
situations au Québec, il est difficile d'avoir une norme mur à
mur. Il faut absolument commencer à présenter nos politiques de
façon suffisamment souple pour que cela puisse tenir compte de ces
situations particulières.
Dans votre mémoire, vous avez abordé, et je poursuivrais
dans le prolongement de la question qui a été posée par la
députée de
Jacques-Cartier, vous dites: La demi-année d'attente peut
pénaliser... Je pense qu'effectivement, si on pouvait faire autrement,
cela pourrait être intéressant, d'autant plus que !a
demi-année d'attente est plus pénalisante dans la mesure
où les jeunes ont tendance à décrocher. Il y en a qui ont
déjà quitté l'école depuis l'âge de quatorze
ans et demi, quinze ans. Cela fait que, chaque fois qu'on ajoute à cette
période d'attente, je pense que cela pose des problèmes. Je pense
que votre approche là-dessus est intéressante. Mais cela pose
aussi tout le problème de la gratuité. Si on a accès plus
jeune à l'éducation des adultes, mais à ses frais ou
moyennant certains frais, je ne suis pas sûre qu'on vient
d'accroître l'accessibilité. Là-dessus, j'ai cru comprendre
de votre mémoire, mais j'aimerais que vous me le confirmiez, que vous
étiez plutôt de ceux qui préconisent la gratuité,
à l'éducation des adultes, de tous les services
éducatifs.
M. Grant: Pardon, je n'ai pas bien compris votre question.
Mme Blackburn: Est-ce que vous préconisez la
gratuité, l'accès gratuit, à l'éducation des
adultes, à tous les services éducatifs?
M. Grant: Oui, on accepte le principe de la gratuité de
l'éducation des adultes pour ceux qui n'ont pas de diplôme
d'études secondaires.
Mme Blackburn: Donc, c'est l'équivalent, à peu
près, de ce qu'on retrouvait dans la loi 3.
M. Grant: Ah!
Mme Blackburn: Vous vous rappelez la loi 3 où l'on
disait...
M. Grant: De mémoire, oui.
Mme Blackburn: ...que la gratuité était
assurée pour les étudiants adultes qui s'inscrivaient dans le
cadre de cours menant à un diplôme.
M. Grant: C'est cela, oui.
Mme Blackburn: Vous avez soulevé quelque chose
d'intéressant aussi et qui n'avait pas retenu mon attention: la
distinction qu'on semble faire entre "services d'enseignement" et services
éducatifs, aux articles 1 et 2. À l'article 1, il est dit pour
les jeunes: Toute personne âgée de 5 ans et plus a droit aux
services de formation et d'éveil a l'éducation préscolaire
et aux services d'enseignement prévus par la présente loi et le
régime pédagogique..." "Elle a aussi droit, dans le cadre des
programmes offerts par la commission scolaire, aux autres services
éducatifs..." On poursuit et là, il est question des adultes. On
dit: "dans le cadre des programmes offerts par la commission scolaire à
cette catégorie de personnes, aux services éducatifs
prévus par la présente loi". Je ne sais pas quelle
interprétation on doit donner aux services éducatifs, à
l'article 2. Je pense que vous avez... Il y a quelque chose qui n'est pas
très clair. Je ne sais pas si on doit comprendre les services
éducatifs comme étant les services d'enseignement, les services
complémentaires et les services particuliers, l'ensemble des
services.
M. Grant: Nous aussi, on a trouvé cet article un peu
difficile à comprendre.
Mme Blackburn: Ambigu, oui.
M. Grant: Oui. Pour nous, quand on parle des services
éducatifs...
Mme Blackburn: C'est l'article 2.
M. Grant: ...ce sont tous les services complémentaires,
les services d'accueil et les services de bibliothèque, les services
d'enseignement. Cela comprenait tout.
Mme Blackburn: Les services pédagogiques, et ainsi de
suite. Je n'ai pas vu dans votre mémoire que vous vous interrogiez sur
le fait que, dans la loi, on ne retrouve plus la définition de services
complémentaires et de services particuliers tels qu'on les retrouvait
dans la loi 3. Est-ce que cela n'a pas retenu votre attention ou si...
M. Grant: Non. Je me rappelle très bien la loi 3...
Mme Blackburn: Oui.
M. Grant: ...par rapport aux services complémentaires,
etc. Non, on n'a pas pris...
Mme Blackburn: Cela ne vous préoccupe pas de savoir que la
commission scolaire n'est plus tenue d'offrir ces services. Elle peut les
offrir, mais elle n'est pas tenue de le faire dans la mesure où ils ne
sont pas définis. Ceux qu'elle est tenue d'offrir sont définis:
aux personnes handicapées, aux personnes souffrant de troubles de
comportement ou d'apprentissage. Mais les autres n'étant pas
définis, les commissions scolaires ne sont pas tenues de les offrir.
M. Grant: Pour nous, cela tombait dans les services
éducatifs par rapport à des services complémentaires. Cela
en faisait partie.
Mme Blackburn: L'article 199 du projet de loi - j'imagine que le
ministre l'a également vu - se lit comme suit: "Une commission scolaire
peut, conformément aux règles budgétaires établies
par le ministre, exiger une contribution financière pour un
élève qui fréquente l'une de
ses écoles, mais qui n'est pas un résident du
Québec, ou pour une personne visée à l'article 2." On
vient de conférer à l'adulte québécois le
même statut qu'à une personne qui n'est pas résidente du
Québec. Cela m'a frappée. C'est particulier. On dit que, si on ne
réside pas au Québec, on doit payer et, si on est adulte, on doit
payer. Si on ne réside pas au Québec, qu'on soit obligé de
payer, c'est assez logique, je dois le dire, mais qu'on retrouve cela dans le
même article, c'est assez surprenant, d'autant plus que cela vient du
ministre. Mais cela ne devrait pas nous étonner autrement quand on sait
que le ministre a permis aux collèges de lever des frais de
scolarité pour les cours d'été dans les cégeps,
chose qui ne s'était jamais faite.
Dans votre mémoire, vous recommandez aussi un régime
pédagogique pour les adultes. J'ai trouvé l'idée
intéressante. En me référant au régime
pédagogique du secondaire, qu'est-ce qu'on retrouverait dans un
régime pédagogique pour les adultes?
M. Grant: Entre un régime pédagogique pour adultes
et un régime pédagogique pour jeunes au régulier, il y a
certainement une grande différence à notre point de vue. Il faut
tenir compte des approches différentes, de l'âge de la
clientèle. On parle du contenu des programmes. Pour arriver à un
DES, on est conscients que les objectifs des programmes doivent être les
mêmes, mais l'approche aux adultes est différente. Je ne sais pas
s'il y en a d'autres qui veulent...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur, vous
vouliez compléter?
M. Golthorpe: C'est difficile de traiter de gros mots comme
"régime pédagogique", car je pense que votre question porte sur
le contenu des programmes. Par contre, si on prend le régime
pédagogique tel qu'il est connu aujourd'hui, il y a beaucoup d'autres
choses dans le régime pédagogique que le contenu des cours. Il y
a toutes sortes d'affaires à propos d'évaluation, de
présence à l'école, de services aux inadaptés, de
services de toutes sortes, d'autres choses qui sont complémentaires et
qui sont alignées vers un jeune. Quand on utilise les mots
"régime pédagogique", on doit parler d'un peu plus que du contenu
de cours. Je pensé que la terminologie de régime
pédagogique est souvent mal utilisée parce que le régime
pédagogique, c'est tellement plus qu'un contenu de cours, si on regarde
le régime pédagogique du secteur des jeunes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres questions
de la part de l'Opposition?
Mme Blackburn: Je suis d'accord avec vous parce que j'ai en main
une copie du régime pédagogique. On vous donne le contenu: le
bulletin scolaire, la définition de la commission scolaire, des cours,
de l'école, de l'éducation scolaire, de l'élève en
difficulté, de l'enseignement, de l'évaluation et bon... Je me
demandais juste... Comme votre clientèle adulte est tellement... Ce
n'est pas le ministre qui me dit cela?
M. Ryan: Je suis en train de lire le régime
pédagogique. C'est un peu fort.
Mme Blackburn: Comme la situation des adultes est tellement
différente, pas seulement différente de celle des jeunes, mais
qu'il y a tellement de disparité dans les besoins des adultes, comment
peut-on avoir un régime pédagogique pour les adultes?
C'était le sens de ma question. Du moment qu'on parle d'un
régime, c'est plus facilement applicable au moment où vous avez
une clientèle jeune, du même âge, qui suit un certain nombre
de cours, avec un certain nombre de programmes. Mais des clientèles
adultes, c'est...
M. Golthorpe: II y a des objectifs qui devraient être
communs dans les sujets qui amènent le diplôme vers la
continuité à un autre palier de l'éducation,
c'est-à-dire le cégep. Par contre, si on commence à
prendre la situation du régime pédagogique des jeunes où
des jeunes accumulent des crédits à partir du secondaire i
jusqu'au secondaire V, il y a des objectifs pour un adulte qui sont d'avoir son
diplôme dans une période de temps réaliste. On doit
être conscients que, même si quelqu'un part de l'école, son
apprentissage continue d'une manière ou d'une autre. Il y a tout
l'aspect d'une accréditation d'expérience ou des acquis
d'expérience qui devraient être inclus vers un but terminal.
Ensuite, les objectifs intermédiaires peuvent être
différents pour un adulte et pour un jeune. C'est déjà le
cas pour les prérequis en formation professionnelle où les sujets
sur l'éducation morale sont exemptés. Ensuite, on a
déjà un écart entre les deux styles de régime. Je
pense que c'est réaliste que ce prérequis ne soit pas un obstacle
pour les adultes.
Mme Blackburn: D'accord. Je comprends l'intérêt,
c'est simplement que je me demandais comment cela était
réalisable. C'était simplement cela, pas parce qu'il ne faut pas
fixer un certain nombre de balises quant à l'évaluation, à
l'accessibilité aux cours, à l'enseignement, aux enseignants,
mais simplement, étant donné que votre clientèle adulte a
des besoins tellement différents d'un groupe à l'autre, je me
demandais... Quoique ce soit moins vrai si on prend l'éducation des
adultes telle qu'on la connaît dans les commissions scolaires parce
qu'évidemment la conception que j'avais était plus la formation
professionnelle. Je trouve que l'idée est intéressante. Je me
demandais juste comment on pouvait travailler à l'intérieur d'un
cadre, d'un régime pédagogique pour les adultes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: Un instant! Sur la qualification, à
l'article 20, vous dites: "Cet article ne mentionne aucunement les enseignants
payés à un taux horaire. Puisque la majorité des
enseignants des services de l'éducation des adultes sont payés
à l'heure, nous recommandons que les mots "taux horaire" ou
"rémunéré à l'heure" soient
insérés..." Mais pourquoi faudrait-il que ce soit
inséré dans la loi? Je n'ai pas très bien compris, je dois
dire.
M. Golthorpe: Parce qu'à l'éducation des adultes,
on doit travailler avec les conventions collectives qui sont traitées de
la même façon au secteur des jeunes ou des adultes. Dans notre
mission en éducation des adultes, plusieurs des services qu'on rend,
même si ce n'est pas pour le MEQ, le MMSR ou les autres
ministères, c'est une formation à point. C'est une formation
spécifique à un besoin qui est en place aujourd'hui et qui
devrait être fini la semaine prochaine.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Golthorpe: C'est tellement difficile de trouver un prof
certifié - j'utilise le mot "certifié" - pour donner cette
formation. Les profs dans ce style sont payés à l'heure, ils ne
sont pas payée à contrat, et ils sont tellement qualifiés.
Si on doit prendre le temps d'aller certifier, le train est déjà
passé. On doit être conscients que, pour les besoins en
éducation des adultes, on ne fait pas notre planification deux ou trois
ans d'avance. On reçoit les appels d'un jour à l'autre pour
dispenser une formation, souvent sur mesure, le plus vite possible, avec les
personnes les mieux qualifiées pour ce style de formation. Et plus de 50
personnes, notre... Notre formation n'est pas une formation
générale.
Mme Blackburn: Vous trouvez que l'article n'est pas suffisamment
clair quand il dit: "Est dispensé de cette obligation l'enseignant
à la leçon, le suppléant..."
M. Golthorpe: C'est un terme syndical. Mme Blackburn:
D'accord.
M. Golthorpe: C'est une terminologie syndicale.
Mme Blackburn: Ne serait-il pas plus souhaitable, à ce
moment, d'avoir une définition de l'enseignant à
l'éducation des adultes?
M. Golthorpe: Cela se peut. Mais le problème avec la
façon dont c'est écrit maintenant, en utilisant la terminologie
"enseignant à la leçon", c'est quelqu'un qui est à
contrat, à la leçon. Ce n'est pas quelqu'un qui est engagé
ou payé à l'heure. C'est une petite chose, mais c'est la
première chose sur laquelle le syndicat va sauter.
M. Grant: Tous les termes employés dans cet article se
réfèrent directement aux enseignants du système de
l'enseignement des jeunes.
Mme Blackburn: Régulier, oui. Donc, il faudrait...
M. Grant: Cela peut être un ajout du taux horaire ou d'une
autre clause, d'un autre article par rapport aux enseignants de
l'éducation des adultes.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Grant.
Les deux formations ont écoulé à peu près le
même temps. Par contre, comme il n'y a pas de question du
côté ministériel, si vous voulez dépasser,
sentez-vous bien à l'aise.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
être brève. Je dois dire que je partage les préoccupations
que vous nous ramenez dans la conclusion de votre mémoire, au moment
où vous rappelez les événements récents. Vous
faites référence aux compressions budgétaires, aux
coupures qui ont rendu l'organisation des services éducatifs aux adultes
extrêmement difficile. Vous rappelez que, chaque année, le
ministère a annoncé des compressions budgétaires et des
règlements rigoureux pour contrôler l'accès aux services de
l'éducation des adultes. Comme vous, je trouve que c'est
déplorable, pour ne pas dire inacceptable. Les économies
réalisées vont au fonds consolidé. Le ministre se trouvait
peut-être drôle, ce matin, en disant que cela réduirait le
gros déficit qu'on leur avait laissé. Quand cela se fait aux
dépens des plus démunis, je ne suis pas sûre que ce soit la
bonne place pour aller chercher des sous.
Vous savez, je relisais le texte de l'allocution d'ouverture du ministre
de cette commission parlementaire et le texte, contrairement à ce qu'on
aurait pu s'attendre du ministre, est extrêmement silencieux. Il est
totalement silencieux sur tout ce qui touche la qualité, l'accès
aux services d'éducation. C'est un texte qui ne parle que de structure
et il ne fait pas de rapport entre la structure et l'amélioration de la
qualité des services offerts ou l'accessibilité, etc. Et cela est
étonnant de la part du ministre de l'Éducation. On ne l'avait pas
connu comme cela. On l'avait connu, pas tant en homme préoccupé
exclusivement de structure, mais aussi de contenu. Évidemment, le grand
absent là-dedans,
parce que c'est absent seulement dans le texte, mais également
dans la loi, c'est cet accès gratuit des adultes à
l'enseignement, à tout le moins pour terminer leur secondaire. Ce sont
les contraintes qui sont posées également par rapport à la
nécessité dans laquelle ils se retrouveraient de s'inscrire dans
le territoire de leur commission scolaire. C'est le fait qu'on ne leur garantit
en rien qu'ils auront accès aux autres services complémentaires.
Là, ils ne sont pas décrits, mais il y a un article de la loi qui
indique qu'ils n'ont pas accès, au même titre que les
élèves de l'enseignement régulier, aux services
complémentaires.
J'espère que votre voix sera suffisamment forte, avec celles des
autres intervenants à l'éducation des adultes, à cette
commission pour amener le ministre à reconsidérer cette
décision et à modifier son projet de loi pour y
réintroduire l'article qui se retrouvait dans la loi 3 concernant au
moins l'accès gratuit à l'éducation des adultes, aux
services de l'éducation des adultes pour tous ceux qui s'inscrivent dans
un cours menant à un diplôme.
Je vous invite à continuer à nous faire part de vos
recommandations là-dessus, de votre intérêt. Je vous
remercie de votre intérêt. Je vous remercie aussi d'être
venus enrichir la réflexion des membres de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Pour le mot de la fin, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Messieurs, je vous remercie de l'intérêt
que vous avez manifesté pour les travaux de la commission. Ainsi que la
députée de Jacques-Cartier vous l'a dit tantôt, la plupart
des recommandations que vous formulez vont dans le sens des
préoccupations du gouvernement. Elles convergent avec celles que nous
avons entendues ce matin de la part de la TREAQ et seront, par
conséquent, examinées avec beaucoup d'intérêt. Nous
allons voir s'il serait possible de regrouper, comme vous le suggérez,
dans une section distincte les articles qui traitent de l'éducation des
adultes. C'est sûr qu'une section au chapitre qui traite de
l'école pourrait permettre, en tout cas, d'identifier, de
reconnaître, de retrouver ces articles-là de manière plus
facile dans la loi. Nous allons examiner cette possibilité.
En ce qui touche la période d'attente de six mois, j'ai
écouté les explications que vous avez fournies. La
préoccupation du gouvernement c'est, évidemment, de ne pas
créer de conditions qui vont attirer des jeunes
prématurément vers les études adultes parce que nous
pensons à la continuation de leur cheminement académique. Si une
personne s'en va trop jeune dans la vie de travail, même si elle
s'inscrit à des cours le soir, il n'y a peut-être pas autant de
possibilité ou de chance qu'elle reste engagée dans un processus
éducatif à temps complet. On a toujours cru, cela a
été la politique de tous les gouvernements depuis de nombreuses
années, à une période d'intervalle qui a
déjà été de deux ans, qui a été
ramenée à un an dans la plupart des cas, puis là on la
ramène à six mois, mais vous avez soulevé une
difficulté. C'est peut-être un point où il faudrait un
petit peu de souplesse au niveau de la commission scolaire ou de l'école
pour favoriser des cas. Il y en a qui n'aiment pas qu'on mette trop de
souplesse. Ils veulent que la même règle s'applique partout de
manière uniforme. On entend cela souvent de la part de l'Opposition.
Chaque fois que nous tenons compte des situations particulières, nous
nous faisons accuser de ne pas avoir de normes générales. Puis,
quand nous avons des normes uniquement générales, on nous accuse
de manquer de souplesse. Alors, on tiendra compte de ces remarques que vous
faites sur le problème de la période d'attente. Je n'ai pas de
position fixe. Je trouvais qu'avec six mois nous faisions quand même un
progrès très important, mais il reste un certain intervalle que
nous regarderons de près.
Alors, nous apprécions beaucoup le travail que vous faites dans
l'éducation des adultes. Je suis très heureux de la collaboration
qui existe entre vous et la TREAC également, je vous en
félicite.
I wish to assure you of the great interest of the Government in adult
education. It's become an essential aspect of education "tout court", and
please count that even if we cannot go beyond a certain point, in terms of
financial commitments, for instance, we intend to continue enlarging access to
adult education to all the extent that is financially feasible. And please
count that we will study your recommendations with great interest. Thank you
very much.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci
beaucoup, M. le ministre, merci beaucoup, M. Grant, et les gens qui vous
accompagnent. La commission parlementaire de l'éducation va suspendre
ses travaux pour quelques instants, pour donner la chance à nos nouveaux
invités de prendre place, à savoir l'Institut canadien
d'éducation des adultes.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission permanente de l'éducation
à prendre place pour venir accueillir avec moi nos invités. Nos
invités sont l'Institut canadien d'éducation des adultes
représenté par sa présidente générale, Mme
Esther Desilets, accompagnée par le président des comités
sur les politiques en éducation des adultes de l'ICEA, M. Michel
Blondin.
M. Blondin, nous vous souhaitons la bienve-
nue ainsi que Mme Desilets.
Au nom des membres de cette commission, je veux aussi vous remercier
d'avoir répondu à notre invitation et de venir nous donner un
éclairage nouveau en nous faisant part de vos préoccupations et
de vos observations face au projet de loi 107 qui a trait à
l'éducation.
La commission parlementaire a décidé de vous entendre et
de vous octroyer une heure d'échanges entre vous et les membres de la
commission. Je vais vous répéter ce que je répète
à peu près à tous les autres groupes qui viennent ici.
Nous vous suggérons peut-être de prendre un tiers de la
période pour nous présenter votre mémoire et les deux
autres tiers seront consacrés à des échanges entre les
membres de la commission et la personne qui vous accompagne, Mme la
présidente.
Dans un premier temps, je vais reconnaître le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
Ah! Je m'excuse.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Desilets (Esther): Je serais passée vite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On m'a dit que
j'avais le souci de l'efficacité et de la rapidité...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...mais je ne
savais pas que j'étais rendu à ce point-là.
Je m'excuse, Mme Desilets. Nous vous écoutons si vous voulez nous
présenter votre mémoire, encore une fois, avec toutes mes
excuses.
Mme Desilets: Je n'avais pas l'impression d'avoir
été aussi claire. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Institut canadien d'éducation des
adultes
Mme Desilets: Vous avez reçu le mémoire de l'ICEA
qui a été retravaillé, mais c'est exactement le même
fond qui est là. Disons qu'on a ajouté quelques
éléments qui vous permettront sûrement de mieux comprendre
notre position. Donc, on n'a pas changé le fond, bien entendu, mais on
l'a peut-être amélioré, comme on dit, en ce qui concerne la
compréhension. C'est celui-là qui va faire foi de notre
présentation ici.
Donc, on veut aller assez rapidement pour permettre l'échange. Ce
qui est peut-être important de vous dire en partant, c'est que c'est avec
intérêt que l'Institut canadien d'éducation des adultes a
étudié le projet de loi 107 comme on l'a fait jusqu'à
maintenant pour les autres projets de loi. On a essayé de
l'évaluer, de l'analyser en fonction des intérêts que
pourraient y trouver les adultes. On est arrivé, à peu
près aux mêmes conclusions que lorsqu'on a analyse le projet de
loi 3, mais avec des modifications, bien entendu. On revient sur les
mêmes thèmes qui nous paraissent importants et qui peuvent servir
effectivement de débat et de réflexion pour améliorer ce
projet de loi.
Donc, il est important pour nous de parler du droit des adultes à
l'éducation, y compris la gratuité, de parler des
responsabilités en matière d'éducation des adultes - a ce
moment-là, on fait part surtout de la spécificité de
l'éducation des adultes et des services - de parler des
mécanismes de participation des étudiants et des
étudiantes adultes, et, enfin, de faire un bref relevé des
services aux collectivités. Donc, ce sont les quatre séquences
qu'on a analysées dans la loi.
Si on passe immédiatement à la question du droit des
adultes, il nous est apparu que dans les articles 1 et 2 ce droit à
l'éducation pour les adultes est inscrit. Dans un premier temps, il n'y
a pas de limite d'âge quand on parle du droit aux services
éducatifs. C'est 5 ans et plus. Dans un deuxième temps, dans
l'article 2, on fait directement référence au droit des adultes
aux services éducatifs prévus par la présente loi et le
régime pédagogique applicable aux adultes, mais dans le cadre des
programmes offerts par la commission scolaire. Donc, on était heureux
qu'enfin un projet de loi reconnaisse, au point de départ,
l'éducation des adultes. Mais en continuant notre lecture de la loi et
en essayant de l'approfondir un peu plus, il nous restait beaucoup
d'interrogations. On se demandait si ces services éducatifs aux adultes
étaient obligatoirement donnés par les commissions scolaires.
Donc, on a l'impression d'avoir inscrit en début de loi un droit, mais,
au fur et mesure qu'on avance dans le projet de loi, qu'il n'y a pas
nécessairement d'obligations à respecter ce droit. Que va devenir
le droit réel des adultes à l'éducation s'il n'est pas
suivi d'une obligation à donner des services d'éducation des
adultes? De toute façon, on va y revenir plus loin dans le
mémoire.
Pour nous, il est très important qu'on reconnaisse
l'éducation des adultes et qu'on voie la part de plus en plus importante
que prend l'éducation des adultes dans notre système
d'éducation. On s'est rendu compte qu'en même temps que la
participation des jeunes diminue... On est passé, en 1973-1974, de 700
000 jeunes inscrits au primaire à 500 000 en 1985-1986. Au secondaire,
il y en avait aussi 700 000 d'inscrits à la même époque,
contre 400 000. Pendant que la participation des jeunes diminue, celle des
adultes augmente. On se rend compte que, quand on ouvre la porte aux adultes,
les adultes se présentent et que cela répond à un besoin.
Un des problèmes majeurs, celui de l'alphabétisation qu'on
identifie de plus en plus, est un des aspects qui font que les adultes ont
besoin de plus en plus d'avoir accès à l'éducation.
C'est vraiment - et ce n'est pas strictement
au Québec, c'est partout - l'éducation des adultes qui va
devenir le point central de notre système d'éducation.
Quand on parle d'accessibilité et du droit, on arrive à
parler de gratuité. Dans la question de la gratuité, ce qu'on
retrouve dans le projet de loi, entre autres à l'article 4, c'est que
tout résident du Québec a droit à la gratuité des
services éducatifs offerts en application de la présente loi. On
se demande toujours de quels services éducatifs il est question et si
ces services sont soumis à une gratuité. Ce qu'on retrouvait dans
cela c'est que, encore une fois, un peu comme je vous disais tantôt, dans
l'article on semblait vouloir avancer la question de la gratuité. Quand
on relit plus loin, on voit, par exemple, à l'article 199 que les
commissions scolaires peuvent exiger des frais de scolarité. Où
on a perdu, à mon avis, dans ce projet de loi 107, c'est que dans le
projet de loi 3 c'était assez circonscrit à savoir qui devait
payer des frais de scolarité, et même là on trouvait cela
inacceptable. Dans le projet de loi actuel, ce sont tous les adultes qui sont
concernés là-dedans et on trouve qu'on est en perte de vitesse
quand on le regarde comme cela.
Et quand on parie de gratuité, le fait que la gratuité ne
soit pas réglementée plus que cela pose des problèmes
réels pour les adultes. Cela pose des problèmes au niveau, entre
autres, d'une discrimination, d'une disparité régionale. On se
rend compte, par exemple, que d'une commission scolaire à une autre,
d'un service d'éducation des adultes à un autre, de la
différence qu'il peut y avoir pour des étudiants adultes dans une
région. On se rend compte aussi qu'il y a des clientèles qui sont
nettement défavorisées par la question des coûts de
scolarité et des coûts d'inscription. Même avec l'enveloppe
ouverte, qui, à mon avis, est un acquis important, et j'espère
qu'on ne le perdra pas, et qui nous a permis effectivement, dans les services
d'éducation des adultes, de réduire les coûts, il reste
encore des clientèles qui sont mal servies et des aberrations.
Je vous donne un exemple là-dessus, pour que vous compreniez bien
ce qu'on veut dire. La clientèle temps plein c'est peut-être celle
qui a un accès immédiat à l'éducation des adultes
et qui a eu, effectivement, un coût réduit dans son inscription.
Mais, si on regarde la clientèle à temps partiel, dans une
commission scolaire on peut payer 11 $ les quinze heures, pour s'inscrire. Dans
certaines commissions scolaires on va même payer jusqu'à 50 $ par
mois, c'est-à-dire 500 $ par année. Quand on sait que le temps
partiel est une des formes de cours en éducation des adultes qui est la
plus demandée par les adultes, c'est extrêmement cher, à
notre avis, surtout pour les adultes qui sont au niveau secondaire. Ce sont
souvent les adultes qui ont un revenu moyen ou un faible revenu, et ces adultes
ne sont pas protégés comme ceux qui sont sur le service social ou
en chômage. Au niveau du temps partiel, c'est nettement regret-
table.
Pour ce qui est des analphabètes, là aussi on a
pensé que pour eux c'était gratuit dans les commissions
scolaires. Mais, dans certaines commissions scolaires, il y a des
analphabètes qui paient 11 $ les quinze heures. Par contre, il y en a
aussi qui vont payer 15 $ par session, d'autres, 30 $, mais il me semble que,
pour des analphabètes, on devrait avoir l'entière
gratuité. Nous pensions que c'était chose acquise, et ce ne sont
pas des chiffres qui datent de 1983, ce sont des chiffres d'hier et de ce
matin. C'est très à jour. Donc, c'est important qu'on
considère la question de la gratuité, qu'on la réglemente
et qu'on fasse en sorte que pour les adultes ce soit gratuit.
J'en viens à parler de l'autre aspect, les responsabilités
en matière d'éducation des adultes, c'est-à-dire la
question de la spécificité de l'éducation des adultes.
Dans le projet de loi, entre autres à l'article 194, il n'y a aucune
obligation de la part des commissions scolaires de donner des services
d'éducation des adultes. On dit que, les commissions scolaires peuvent
le faire et que si elles le font, à ce moment-là elles nomment un
responsable des services d'éducation donnés aux adultes. Donc,
aucune obligation, ce qui à notre avis atténue les premiers
articles qui donnaient aux adultes le droit à l'éducation. On a
fait dernièrement un colloque sur la formation professionnelle et on a
réalisé, les adultes qui étaient présents, les
travailleurs en éducation des adultes, les représentants des
différents milieux d'intervention des adultes, qu'il était
nécessaire qu'il y ait des services spécifiques aux adultes et
que ces services se retrouvent dans une structure responsable de l'application
et de l'opérationalisation" de tels services. C'était là
un consensus atteint à l'intérieur du colloque. Notre crainte -
et on aimerait pouvoir en débattre plus que cela - tout le
phénomène de l'harmonisation présentement. C'est un
développement qui se fait à l'intérieur du gouvernement
actuel, sans aucun débat avec les principaux intéressés.
On pense qu'on aurait peut-être pu formuler au moins quelques
interrogations ou quelques grandes inquiétudes concernant
l'harmonisation. Comment va-t-elle se faire tout en respectant les besoins et
les intérêts des adultes? Quand on parle de
spécificité, c'est à cela aussi qu'on veut toucher.
J'arrive donc au mode de représentation des adultes. Là,
on fait surtout référence au conseil d'orientation, qui
était avant le conseil d'école, et au conseil régional. Ce
qu'on voit surtout dans le projet de loi, c'est une possibilité de
représentation, au conseil d'orientation, d'abord des parents, des
professeurs et des étudiants. Il n'y a pas de place pour les
étudiants adultes. Il n'y a pas de garantie qu'un étudiant adulte
pourrait avoir une place là. Qui plus est, on trouve qu'il devrait y
avoir dans les écoles un conseil d'orientation spécifique aux
adultes: C'est une autre constatation qu'on a faite au
colloque. On a réalisé qu'entre les besoins des adultes et
les services offerts aux adultes il y avait un écart
considérable. Cet écart venait surtout du manque de connaissance
des besoins des adultes. Un préalable à la connaissance de ces
besoins, c'est d'avoir une structure de participation. S'il y a une structure
de participation spécifique aux adultes, ceux-ci pourront effectivement
aider à la gestion des programmes et faire en sorte que les services qui
sont donnés répondent à leurs besoins. Voilà pour
la question de la participation.
J'arrive à un dernier élément: les services
à la collectivité. Là également on a trouvé
qu'il y avait eu un recul par rapport au projet de loi 3. On se rappelle que le
projet de loi 3 obligeait les commissions scolaires à donner des
services de garde à la demande du conseil d'école.
Présentement, on dit que les commissions scolaires peuvent donner un
service de garde sur demande. À chaque fois que dans un projet de loi on
passe du "doit" au "peut", on trouve cela dangereux car l'obligation risque
d'être supprimée aussi. Donc, on a perdu en ce qui concerne les
services de garde. Pour nous, ce n'était pas un luxe, étant
donné qu'il y a beaucoup de femmes inscrites à ces niveaux de
scolarité à l'éducation des adultes. L'autre aspect est
que l'ancien projet de loi favorisait l'accès aux édifices et aux
structures scolaires. On en facilitait l'accès aux groupes
communautaires. On ne retrouve plus cette volonté dans le projet de loi
actuel. Nous pensons qu'il est important que les écoles soient ouvertes
aux groupes communautaires et aux groupes populaires pour que, effectivement,
on puisse utiliser au maximum les services auxquels on a droit.
Enfin, cela nous amène à dire aussi qu'un article de loi
devrait prévoir le développement de l'éducation populaire
et de l'animation communautaire dans les commissions scolaires. Ces pratiques
pédagogiques sont des acquis importants à l'éducation des
adultes et devraient être prévues dans la loi. De cela, il n'en
est pas fait mention non plus. Dans l'article 227, on dit que la commission
scolaire participe, dans les domaines reliés à sa mission
éducative, à la réalisation de projets de
développement social et culturel de la communauté, mais on ne
spécifie pas des pratiques pédagogiques telles que
l'éducation populaire et l'animation communautaire. (16 h 45)
Nous en arrivons donc à vous faire huit recommandations dont
l'une est, bien entendu: Que soit reconnu explicitement dans l'article de la
loi le droit des adultes à l'éducation. La deuxième: Que
soit inscrit l'accès gratuit à tous les services
éducatifs, y compris les services complémentaires
développés en fonction des besoins des adultes. Puis, surtout:
Que ces services éducatifs et complémentaires soient
décrits dans la loi pour ne pas laisser aux seules commissions scolaires
le choix de décider. Dans cette loi, on n'a pas de description de ce que
sont les services éducatifs et les services complémentaires.
C'est difficile, à ce moment-là, de comprendre réellement
ce qu'on veut dire quand on en parle.
La troisième recommandation, c'est: Que les commissions scolaires
aient l'obligation de dispenser des services éducatifs propres aux
adultes. Cela nous amène à la quatrième recommandation qui
dit: Que les commissions scolaires se dotent d'un service d'éducation
des adultes.
La cinquième: Que la participation des étudiants et des
étudiantes adultes au conseil d'école soit assurée. Donc,
préciser les niveaux de participation. Sur cela, on est d'accord avec
l'une des recommandations que pouvait nous faire l'association des
étudiants adultes de niveau secondaire qui disait: Là où
il y a des organisations étudiantes dans les commissions scolaires,
qu'on les reconnaisse de fait", ces organisations-là; qu'on n'impose
pas, par la commission scolaire, une organisation mais qu'on reconnaisse celle
existant déjà.
La sixième, c'est: Que les commissions scolaires soient dans
l'obligation d'offrir des services de garde à la demande du conseil
d'école, et on fait référence à l'article 228.
Sept: Que les commissions scolaires soient tenues de permettre aux organismes
communautaires l'utilisation de leurs immeubles. Et que soient définies
dans la loi - enfin, la huitième recommandation - l'éducation
populaire et l'animation communautaire comme des composantes essentielles du
régime pédagogique spécifique aux adultes.
En fait, voilà le mémoire qu'on vous a
présenté. Ce sont les commentaires qu'on a à faire, nous,
sur le projet de loi. Je pense que, Michel, tu pourrais ajouter, pour pouvoir
compléter le tableau...
M. Blondin (Michel): Oui. Merci.
Si on regarde l'évolution de nos lois scolaires depuis une longue
période, ce dont on s'aperçoit, c'est que l'éducation des
adultes, presque jusqu'en 1980, a été quasiment dans une
situation de non-existence légale. La Loi sur l'instruction publique ne
prévoyait rien pour l'éducation des adultes. Elle
n'empêchait pas que l'éducation des adultes existe. Cependant, les
administrateurs scolaires nous disaient, à ce moment-là, jusqu'en
1980, que c'était quasiment un détournement de fonds. En 1979 ou
1980, on a fait un changement dans la Loi sur l'instruction publique pour
permettre aux commissions scolaires d'utiliser les fonds publics aux fins de
l'éducation des adultes. Cette loi-ci marque un pas en avant en
établissant un droit. Cependant, elle n'établit pas les
obligations qui découlent de ce droit-là: on indique souvent dans
le texte de loi des "peut" au lieu des "devrait" ou "doit". Et la suggestion
qu'on pourrait peut-être faire, c'est que, puisqu'il y a un début
de législation, dans le projet de loi 107, sur l'éducation des
adultes, on
devrait, à tout le moins, regrouper l'ensemble de ces
éléments-là dans un chapitre spécial
cohérent qui reprendrait les principaux éléments du
mémoire autour du droit et de l'obligation des commissions scolaires
à répondre à ce droit-là, autour de la
gratuité, autour de la participation des gens intéressés
et différents éléments comme cela, comme le régime
pédagogique propre aux adultes, et des choses de ce genre-là, de
façon à ce qu'enfin, pour une première fois dans un texte
législatif québécois, on retrouve un corps organisé
de pensée minimal qui dit, qui définit ce qu'est le droit qu'ont
les adultes à l'éducation aux niveaux primaire et secondaire.
La commission Jean, la Commission d'étude sur la formation des
adultes, créée en 1979, et qui a remis son rapport en 1982,
mettait comme première recommandation qu'on légifère pour
établir le droit des adultes et, plus tard, dans les différentes
recommandations, on revenait sur la gratuité et même, à la
toute fin du rapport, on proposait un cadre pour une loi-cadre
d'éducation des adultes. On n'en est pas là. On en est à
retrouver des morceaux épars dans une loi sur l'enseignement primaire et
secondaire. On propose, à tout le moins, que cet ensemble-là,
réorganisé et clarifié, soit regroupé et qu'on
établisse plus clairement le droit des adultes et les obligations des
institutions scolaires par rapport à ce droit-là.
Je reviendrai sur d'autres commentaires plus tard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Blondin. Je reconnais maintenant les membres de la formation
ministérielle, en l'occurrence le ministre de l'Éducation, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt les représentations de l'Institut canadien
d'éducation des adultes. Je les ai écoutées avec d'autant
plus d'intérêt que j'ai eu l'occasion, autrefois, de participer
très activement au travail de l'institut et j'en ai suivi
l'activité avec non moins d'intérêt une fois que j'eus
été entraîné vers d'autres champs
d'activités. Je pense que l'ICEA accomplit un rôle utile de
carrefour, un point de rencontre, un centre d'étude et de
réflexion, un lieu de convergence aussi pour les préoccupations
de ceux qui s'intéressent à l'éducation des adultes. Le
gouvernement le reconnaît d'ailleurs en attribuant chaque année
à l'institut une subvention assez substantielle qui permet au moins de
subvenir à une partie des besoins de l'institut. Cette année, on
a pu l'augmenter légèrement pour la première fois depuis
quelques années et j'en suis très heureux. Je pense que vous
pouvez compter, pour une couple d'années, qu'il va y avoir eu cette
augmentation et j'espère que le gouvernement continuera de compter sur
l'Institut canadien d'éducation des adultes pour soutenir et orienter le
travail d'éducation des adultes dans la société
québécoise.
Dans le mémoire de l'ICEA, il y a beaucoup de choses qui
demandent des commentaires. Je vais en proposer quelques-uns sur les principaux
thèmes touchés par le mémoire. Tout d'abord, au sujet de
l'accessibilité et de la gratuité, je pense qu'on doit s'entendre
sur une chose, et l'ICEA l'a reconnu dans son mémoire, je n'ai pas de
griefs là-dessus. Avec le projet de loi 107, nous faisons un
progrès parce que nous inscrivons dans la loi le droit de l'adulte
à certaines formes d'éducation de niveaux primaire et secondaire.
Cela, c'est établi. Maintenant, nous disons qu'il a droit à
l'éducation dans la mesure des programmes offerts par la commission
scolaire ou encore dans la mesure où les ressources de la commission
scolaire le permettent. C'est par prudence. C'est parce qu'on a constaté
que, dans bien des cas, des droits qui avaient été
affirmés dans des lois sans qu'on eût mesuré soigneusement
les implications financières, sans qu'on eût pris cette
précaution ont souvent entraîné des dépassements
budgétaires qui entraînaient des déséquilibres dans
les finances de l'État. La règle aujourd'hui nous impose une
extrême prudence en ces matières. C'est pour cela que nous y
allons avec toute la circonspection possible. Mais, s'il est vrai que nous ne
garantissons pas la gratuité pour toute forme d'étude devant
conduire à l'obtention d'un diplôme d'études secondaires et
qu'en un sens il eût été souhaitable que nous puissions
avoir une telle disposition dans le projet de loi, j'ajoute qu'en pratique, de
fait, c'est ce qui se fait. Vous avez cité certains cas tantôt. On
va les regarder et, s'il y a des situations où cela peut paraître
abusif, dans le projet de loi il y aura les moyens pour les corriger, comme
vous le savez, parce qu'il y a un article qui permet que le ministre
intervienne par voie de règlement pour établir un seuil maximal
de la contribution requise d'un adulte à des fins de cours.
En pratique, encore une fois, le gouvernement continue d'aller
très loin et la preuve en est, je pense que nous la connaissons tous,
dans l'existence de l'enveloppe ouverte de l'éducation des adultes. On a
eu l'occasion récemment d'adopter les règles budgétaires
pour l'éducation des adultes et les instructions annuelles sur
l'éducation des adultes, et celui ou celle qui se donnera la peine de
consulter ces deux documents verra que le principe de l'enveloppe ouverte est
maintenu. Il y avait certaines poches de graisse qui avaient pu s'introduire
dans l'appareil, parce que cela s'est développé très vite.
Après l'enveloppe ouverte instaurée en 1985-1986, cela s'est
développé très vite et une partie des sommes qui
étaient attribuées aux commissions scolaires n'étaient
peut-être pas l'objet de toutes les vérifications rigoureuses qui
s'imposaient. On exige aujourd'hui des vérifications plus rigoureuses
quant aux clientèles. Je vous donne un exemple concret. Si un adulte
s'inscrit à des cours au mois de septembre et qu'il ne soit plus
là au mois d'octobre, suivant la
politique qui existait nous payions la commission scolaire pour le cours
complet alors qu'en fait la personne n'avait été là que
pendant deux ou trois semaines. Alors, il y a une vérification plus
sévère qui se fait désormais et encore plus exigeante qui
se fera l'an prochain, de manière à éviter que des choses
comme cela se fassent. Le financement des frais d'encadrement avait
donné lieu à certains gonflements ici ou là. Nous le
ramenons à une certaine dimension qui nous apparaît
réaliste. Cela n'enlève absolument rien pour l'accès de
l'adulte à des cours de formation. S'il y a des inscriptions plus
nombreuses cette année, disons en 1988-1989, à compter de
septembre, cela sera financé intégralement grâce au
principe de l'enveloppe ouverte qui demeure. Nous allons essayer de
réaliser certaines économies dans les frais administratifs, les
frais d'encadrement, dans les coûts calculés à l'aide de
contrôles plus rigoureux. L'adulte lui-même qui a des besoins et
qui veut y répondre en suivant des cours ne sera privé d'aucune
manière. Je tiens à le dire pour que ce soit très net
qu'on va continuer dans ce sens. C'est seulement une question de prudence qui
nous fait éviter d'aller plus loin, il n'est pas du tout question
d'objectif. Nous partageons l'objectif entièrement et j'espère
que nous pourrons faire de nouveaux progrès chaque année. Dans la
mesure où les finances du gouvernement québécois le
permettront, je pense que cela devrait être plus facile.
En second lieu vous parlez de l'obligation des commissions scolaires en
matière d'éducation des adultes. Il y a peut-être des
malentendus qui risquent de se glisser entre nous là-dessus. M. Blondin
disait tantôt qu'il y aurait peut-être avantage à regrouper
les sections traitant de l'éducation des adultes. À certains
points de vue, oui. À d'autres points de vue, c'est difficile, parce que
la logique du projet de loi n'est pas tout à fait dans ce
sens-là. On va l'examiner. Il y a une chose sûre, c'est que quand
on procède au regroupement on s'aperçoit que c'est
peut-être plus serré que vous ne semblez l'avoir compris par votre
lecture du projet de loi. Je vais vous donner quelques illustrations.
Tout d'abord, au début, on affirme le droit de l'adulte à
l'éducation des adultes. Cela va très bien. Ensuite il faut
passer à la section qui traite des commissions scolaires, à
l'article 191 où il est dit: "La commission scolaire s'assure que les
personnes relevant de sa compétence reçoivent les services
éducatifs auxquels elles ont droit en vertu de la présente loi."
La, il y a une obligation qui est faite à la commission scolaire en
matière de services éducatifs, non seulement pour les jeunes,
mais aussi pour les adultes. Plus loin, on dit que le ministre aura
l'autorité voulue pour désigner les commissions scolaires qui
offriront l'éducation des adultes sur un certain territoire embrassant
celui de plusieurs commissions scolaires. Encore là, le ministre aura
l'autorité voulue pour faire cette désignation. C'est là
qu'on arrive à 194, ensuite, l'article qui vous a retenus, que la
commission qui aura été désignée va avoir le
pouvoir d'organiser ces services. Ce n'est pas facultatif comme cela peut le
sembler. Il faut prendre tous ces articles ensemble comme un tout. Le sens que
nous avons voulu y mettre c'est un sens habilitant ici, mais qui doit
être lu en connexion avec les autres articles dont j'ai parlé.
C'est pour les obligations de la commission scolaire. Par
conséquent, il y en a, contrairement à l'impression que peut
laisser la première lecture. C'est délibéré de
notre part. Si ce n'est pas tout à fait assez clair, on va l'examiner de
nouveau, mais je ne voudrais pas que vous pensiez qu'on laisse les commissions
scolaires complètement libres de ce côté-là. Une
obligation générale leur est faite à l'article 191. Un
corollaire de ce que je viens de dire se trouve à l'article 192. La
commission scolaire qui n'est pas chargée de l'éducation des
adultes doit référer les personnes qui en ont besoin à la
commission scolaire qui assume la responsabilité de ces services. Une
commission scolaire qui a été désignée par le
ministre n'est pas libre d'accepter ou de refuser des personnes des territoires
des commissions scolaires, elle doit les accepter. Ce sont des obligations qui
sont inscrites dans le texte de loi à l'article 192. Il y en
peut-être d'autres. Je pense que ces explications permettent de
compléter le tableau. Cela vous donne une meilleure idée de ce
que sont les intentions véritables du gouvernement et on pourra
compléter au besoin. (17 heures)
Je passe à un autre point, la représentation des adultes.
En ce qui touche le conseil d'orientation, vous avez un point. Je pense que
l'économie du projet de loi c'est la suivante. L'école ordinaire
c'est pour la clientèle jeune. Pour la clientèle adulte on a
pensé au centre d'éducation des adultes. Cela s'oriente de plus
en plus comme cela. Mais, s'il y a des écoles où il y a des
élèves adultes, il faudra avoir une représentation des
adultes au conseil d'orientation, cela nous vous le concédons. Et nous
allons voir à ce que le texte de loi soit retouché en
conséquence. C'est une chose qui peut très bien être
conçue.
Vous avez noté à juste titre, je pense, que dans une autre
partie du projet de loi nous prévoyons que la commmission scolaire devra
instituer des organismes en vue de favoriser la participation des adultes
à l'élaboration et à la mise en oeuvre de la programmation
des activités éducatives. Il y aura peut-être lieu que ce
soit plus précis, on ne voulait pas mettre trop trop de comités.
Déjà on se fait reprocher par certains représentants des
commissions scolaires d'en imposer trop. Mais l'obligation, ici, de
consultation systématique est inscrite dans le projet de loi, et si la
formulation n'est pas satisfaisante, ce qui me semblait être le sens de
votre intervention sur ce point, nous allons la réexaminer, et si vous
avez des suggestions à
nous faire pour préciser davantage ce deuxième
alinéa de l'article 194, nous vous en serons reconnnaissants.
Un autre point, oui, si vous voulez me permettre de terminer, parce que
je ne veux pas créer de problème de procédure ici. Moi
j'aime bien être interrompu en temps normal. Il y a un autre point.
Là, vous déplorez que nous ne parlons pas de l'obligation pour la
commission scolaire de mettre ses écoles à la disposition de la
communauté. Ici encore, je pense que si... Et je ne vous fais pas de
reproches parce que nous autres mêmes qui avons participé à
la rédaction de chaque article, il y a des fois où nous avons un
peu de mal à nous retrouver. Quand on passe à d'autres secteurs
après avoir traité de l'éducation des adultes, on est
porté à oublier certains numéros.
Il y a un article dans le projet de loi qui dit ceci: 236. "La
commission scolaire a pour fonction: 4° de favoriser l'utilisation de ses
immeubles par les organismes communautaires de son territoire". Alors, nous
l'avons inscrit là-dedans; un peu plus loin, je pense qu'on
prévoit que la commission scolaire établira par voie de
règlements les critères qui doivent présider à
l'utilisation de ses écoles par des organismes extérieurs. Il y a
une responsabilité qui est donnée en cette matière aux
directeurs d'école. Dans le projet 3, on donnait cela au conseil
d'orientation. On trouve finalement que la personne qui va recevoir la visite
de l'organisme qui veut se servir de l'école, ce sera plutôt le
directeur ou la directrice. Cela sera plus simple que cela fonctionne comme
cela, ce qui n'empêchera pas le conseil d'orientation de lui donner des
indications qu'il jugera utiles. Alors, c'est un autre point que je voulais
signaler également. Je pense que dans le projet de loi on y pourvoit
assez bien.
Je termine en disant que votre proposition voulant que nous examinions
la possibilité d'un regroupement des articles traitant de
l'éducation des adultes sera étudiée, et je ne garantis
pas qu'on pourra y donner suite parce qu'il y a quand même une certaine
logique, mais on va faire tout ce qui est raisonnablement possible pour le
faire.
Je ne sais pas, il y aurait une question à vous poser qui est un
petit peu extrinsèque à ceci. C'est que vous avez tenu un
colloque récemment sur la formation professionnelle des adultes. Je ne
sais pas si de ce colloque-là il est sorti certains
éléments qui seraient de nature à être
éclairants pour nous, dans le travail que nous devons faire sur ce
projet de loi, en ce qui touche en particulier ia formation professionnelle des
adultes. Cela m'intéresserait beaucoup d'avoir des indications à
ce sujet.
S'il y a des commentaires que nos invités veulent faire à
propos de ce que j'ai dit, je suis très ouvert aussi à les
entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors,
Mme Desilets ou M. Blondin, si vous voulez réagir à
l'intervention du ministre.
Mme Desiiets: Je pense qu'il y a effectivement des
éléments qui nous permettent de mieux comprendre le projet de loi
dans ce que vous avez apporté. Je veux être certaine de bien
comprendre. Pour les adultes, peu importe où ils sont au Québec,
cela veut dire qu'avec le nouveau projet de loi, s'ils n'ont pas les services,
s'ils n'ont pas accès aux services éducatifs dans leur
région, ils pourraient se servir du projet de loi pour dire à
leur commission scolaire: Vous ne respectez pas la loi. C'est pour être
sûre que je comprends bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
vous...
Mme Desilets: C'est parce que, si on dit oui à cela, moi
je n'ai plus de problème, je suis très heureuse. Mais c'est
d'être sûre que je comprends bien ce qu'on a voulu dire
tantôt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
ministre?
M. Ryan: La carte des services d'éducation des adultes
comprend 82 services régionaux. Elle est aménagée de
manière que tout le territoire du Québec est couvert. Par
conséquent, l'éducation des adultes est accessible dans toutes
les parties du territoire québécois à travers ces services
régionaux qui sont désignés par le ministre de
l'Éducation, mais de manière très générale,
à la suite d'une concertation intervenue entre les commissions scolaires
elles-mêmes, qui nous ont fait une recommandation que nous acceptons dans
toute la mesure où elle nous apparaît raisonnable. Par
conséquent, il y a le dispositif, c'est bien plus important qu'un texte
de loi abstrait, il y a actuellement le dispositif permettant de
répondre oui à la question que vous posez.
Mme Desilets: La seule question que je me pose est la garantie
que ce dispositif puisse rester et puisse être maintenu. Mais je pense
que vous répondez. Ce que je voulais soulever aussi dans les
commentaires que vous avez apportés - là-dessus, je pense que tu
vas intervenir plus sur la question de la gratuité - c'est quand vous
faites mention du colloque de la formation professionnelle. Effectivement, dans
ma présentation tantôt, j'ai soulevé des aspects qui
viennent du colloque et on touche particulièrement à la question
de l'obligation d'avoir une structure spécifique pour les services de
l'éducation des adultes. C'est un des éléments, M. le
ministre, qui a ressorti le plus à l'intérieur du colloque, que
les services d'éducation des adultes...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Desilets, le ministre aimerait que vous repreniez un peu.
Mme Desilets: Oui, d'accord. C'est cela. Je faisais
référence à la question que vous nous posiez à
propos du colloque. Il y a un aspect qui est revenu souvent dans le colloque,
pour la majorité des intervenants qui étaient là, c'est
l'importance d'avoir des services spécifiques aux adultes et que ces
services soient regroupés dans une structure permettant d'encadrer et de
développer les services. Cela s'est fait beaucoup en réaction,
présentement - il faut voir jusqu'à quel point on comprend bien
le phénomène - en réaction à toute la question de
l'harmonisation. Tantôt, je faisais référence au fait qu'il
n'y avait pas eu de débat et de consultation concernant l'harmonisation,
ce qui fait que les gens réagissent à partir de ce qu'ils voient
et à partir de ce qu'ils vivent. Ce que je peux vous dire et ce qui est
ressorti du colloque, c'est qu'il y a une grande inquiétude au sujet de
l'harmonisation qui est en train de se faire qui est plus traduite chez nous,
dans notre discours, comme étant l'intégration des services
d'éducation des adultes au régulier. Les gens craignent de perdre
les acquis que nous avons eus dans les services d'éducation des adultes,
que ce soit des acquis dans le domaine pédagogique, au chapitre des
programmes ou pour ce qui est des services complémentaires. On a peur
que, à un moment donné, avec le temps, tout soit dilué en
fonction du régulier et que cela ne corresponde plus aux besoins et aux
intérêts des adultes. C'est un élément qui est sorti
avec beaucoup d'ampleur et beaucoup d'inquiétude. Je pense que c'est, en
gros, ce que je pourrais résumer. Mais je pense que Michel voudrait
compléter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
voulez enchaîner, monsieur?
M. Blondin: Avec plaisir. J'aimerais revenir sur le premier
commentaire du ministre Ryan au sujet de l'accessibilité et
présenter l'autre facette de la réalité qu'il
présentait, qui est celle très concrète de gens qui ont
besoin de terminer le secondaire III, IV ou V ou d'avoir accès à
la formation professionnelle ou de s'alphabétiser. Il y a encore environ
400 000 analphabètes au Québec. Des gens, donc, qui sont
généralement sur le marché du travail - c'est surtout pour
ceux-là qu'il n'y a pas de gratuité - qui sont peu
scolarisés, généralement plutôt gagne-petit et qui
décident de se scolariser. Le premier problème auquel ils ont
à faire face est de se trouver un endroit et du temps pour aller
à l'école. Cela veut dire à ce moment-là rogner sur
leur temps personnel, cela veut dire des frais de transport et, dans le cas de
l'harmonisation de la carte, les frais de transport individuel vont augmenter
parce que, souvent, il va y avoir un partage de travail entre les commissions
scolaires. Cela veut dire moins de présence à la maison et cela
veut dire des coûts supplémentaires directs autour des frais de
scolarité. Ces gens-là sont des contribuables. Ils en ont
payé longtemps pour l'éducation générale au
Québec. Avec leurs taxes, ils ont fait instruire tous les gens instruits
qu'on a au Québec et lorsque eux-mêmes veulent s'instruire, soit
parce qu'ils veulent faire un saut sur le marché du travail ou se
préparer à la formation professionnelle de niveau secondaire, ils
doivent dépenser des sommes qui sont, dans certains cas, importantes. Je
pense qu'on doit réglementer les frais de façon beaucoup plus
sévère et on devrait établir comme principe, comme
l'indiquait la commission Jean à la fin de ses travaux, qu'il y ait
gratuité pour les adultes au minimum pour l'équivalent de treize
ans de scolarité. La gratuité qu'on offre déjà aux
jeunes. Ce ne serait pas un luxe. Quand on regarde ce qui se passe, on peut
prévoir que l'augmentation des coûts pour l'État ne serait
pas extraordinaire parce que les gens ne se lanceraient pas d'abord à
cause de cela.
Ils se lanceraient d'abord parce qu'ils veulent s'instruire. Il y aurait
des conditions qui rendraient cela un peu moins difficile que ce l'est
maintenant. Déjà, faire l'effort de s'instruire tout en
travaillant, tout en ayant des responsabilités familiales et sociales,
c'est un effort énorme. Ce serait un signe de bonne volonté et
d'encouragement de la part du gouvernement que de favoriser cette instruction,
cette démarche en n'imposant pas de frais. Cela permettrait probablement
aussi d'augmenter le niveau de scolarité - cela encouragerait, en tout
cas - de la population québécoise.
Le niveau de scolarité est encore bas. Il y a pas loin d'un tiers
des jeunes qui finissent leur secondaire sans avoir leur diplôme. Je ne
me souviens pas du chiffre précis, mais c'est entre 25 % et 32 %. Cela
s'améliore partiellement, mais il y a encore un chemin énorme
à faire. Il y a environ 400 000 analphabètes. Il y a près
de 1 000 000 de personnes qui n'ont pas l'équivalent de 9 années
de scolarité. Ce sont ces gens qu'il faut encourager en les invitant
à profiter des services scolaires pour se scolariser et se rendre
capables de s'adapter au marché du travail qui est en évolution
profonde actuellement. Les gens ont à apprendre de nouveaux
métiers auxquels ils n'ont pas accès sans un minimum de
scolarité formelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Blondin.
Je reconnais maintenant le porte-parole officie! de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme Desilets, M.
Blondin, il me fait plaisir de vous accueillir ici. Vous nous avez
rappelé, M. Blondin, de façon intéressante mais aussi
touchante, ce que cela représente pour un adulte de retourner aux
études. Ici, quand on parle, c'est un peu dans l'abstrait. Vous nous
rappelez que
c'est vrai que l'adulte, en plus de consacrer une partie de ses loisirs,
du moment où on complique la situation, qu'on ajoute à cela des
frais de scolarité, des distances plus grandes à parcourir et
qu'il n'y a pas de services de garde, on en décourage certainement
plusieurs. On oublie cela un peu lorsqu'on parle de façon
théorique, ici.
Le ministre nous dit vous savez, l'article 191, l'article 199 et
l'article 2 viennent garantir et obliger les commissions scolaires à
offrir des services. Il y a deux choses là-dedans. Premièrement,
il n'y a rien qui oblige à offrir des services complémentaires.
La rationalisation, sous prétexte d'efficacité des services de
l'éducation des adultes, dans plusieurs cas, éloigne de
façon considérable l'accès à ces services.
Il faut aller vo.r comment cela se passe dans les campagnes. Je suis
allée visiter quelques petites commissions scolaires. Pour eux, c'est
compliqué parce que les services de l'éducation des adultes sont
donnés dans une autre commission scolaire. À l'occasion, ils
peuvent prendre des classes dans leur municipalité, mais pas toujours,
parce qu'il n'y a pas d'équipement, il manque de choses. Ils sont
obligés de parcourir des distances considérables pour aller
étudier. Donc, il y a toujours la question de l'accès à
des services, il y a la gratuité d'accès à ces services et
il y a l'accès géographique. Je pense que vous l'avez bien
campé.
Vous vous rappelez les propos du ministre au moment où il
était critique de l'Opposition. Je dirais que c'est facile de voir que
tous les discours, tous les propos que le ministre a tenus au sujet de
l'éducation des adultes, étaient émaillés de
professions de foi touchant la nécessité d'offrir aux adultes
à la fois gratuité, accessibilité, services particuliers
et approche pédagogique particulière. J'en vois un ici, au moment
où on adoptait en dernière lecture le projet de loi 3. Il disait
et je le cite - c'est dans le Journal des débats de
l'Assemblée nationale du 13 décembre 1984: "Nous
réclamions un élargissement plus généreux des
frontières de l'accessibilité à l'enseignement public,
primaire et secondaire. Quant à parler de réforme de
l'éducation, nous voulions qu'elle se fasse d'abord et surtout pour ceux
et celles qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire pour les citoyens des
régions plus éloignées... des milieux économiques
moins nantis, pour les enfants handicapés... en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, pour les adultes qui éprouvent le
besoin de compléter ou de refaire leur formation..." (17 h 15)
Je suis certaine que si le ministre comprend ce que cela peut vouloir
dire quand lui n'est pas ministre, le fait qu'on n'ait pas inclus dans la loi
la gratuité pour ceux qui veulent terminer leur secondaire V... Je
serais prête à penser que, pour le moment, on peut se payer cela.
Peut-être qu'on pourrait essayer de lui faire comprendre en disant: Si,
à la place de l'actuel ministre, avec un tel règlement, on
installait le président du
Conseil du trésor...
M. Ryan: Je comprends très bien. Mme Blackburn: II
ne comprendrait pas. Une voix: ...une situation.
Mme Blackburn: Ce que je veux dire au ministre: II conçoit
la loi comme s'il était ministre à vie, pas à vie, pour
trois, quatre vies parce que la vie, il en a un bout de fait, il est comme moi.
Il se veut rassurant: On ne bougera pas cela. On a seulement à penser
à l'article, dans le régime pédagogique, qui autorise le
ministre à déroger à l'âge d'admission. Il n'y a pas
un citoyen au Québec, pas un ministre, quand il a permis cela, qui
aurait pensé que le ministre ferait l'usage qu'il fait de ce pouvoir de
dérogation. Personne n'aurait envisagé cela. Les
dérogations étaient des cas d'exception. C'est devenu la
règle.
Je veux seulement illustrer qu'un projet de loi, on ne fait pas cela en
se faisant rassurant, en disant: Je suis là, il n'y a pas de danger. Un
ministre passe, il n'y a que les fonctionnaires qui durent longtemps. C'est
connu. Ce que je veux dire au ministre, il me semble qu'il devrait le
comprendre. Il sourit, mais je suis certaine qu'il imagine tout de suite ce que
cela donnerait s'il installait le président du Conseil du trésor
à sa place. À envisager cela, je suis sûre qu'il ne
laisserait pas ces dispositions dans la loi. Il serait inquiet et avec raison.
Cela dépend des personnes et de leur souci de protéger certaines
valeurs, certains principes.
Votre mémoire est complet en soi. J'ai peu de commentaires. Tout
à l'heure, le ministre me disait que je m'écoutais parler parce
que j'étais en train de revoir comment on pourrait appliquer à
l'éducation des adultes la recommandation que nous faisait le groupe qui
vous a précédés touchant l'élaboration d'un
régime pédagogique pour les aduites. Je le retrouve ici
également. Vous dites: Que soient définies dans la loi
l'éducation populaire et l'animation communautaire comme des composantes
essentielles du régime pédagogique spécifique aux adultes.
Comment concevez-vous cela, un régime pédagogique
spécifique aux adultes? J'y reviens aussi. Dans les OVEP, vous avez...
Vous parlez aussi d'animation communautaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. M.
Blondin? Mme Desilets.
M. Blondin: Cela nous ramène à un point de vue
qu'on défend depuis longtemps, comme Institut canadien
d'éducation des adultes et aussi la majorité des gens qui
s'intéressent à l'éducation des adultes, et
particulièrement lors du colloque d'il y a trois fins de semaine
à Montréal qui regroupait 400 personnes. Le premier aspect, c'est
ce qu'on appelle dans notre jargon,
que M. le ministre comprend sûrement, la spécificité
de l'éducation des adultes. Cela veut dire que les adultes ont droit
à une pédagogie qui leur soit propre, ont droit à un
fonctionnement scolaire qui leur soit propre, à des programmes de
soutien qui leur soient propres, à un système d'horaires, de
financement, etc., qui leur soit propre, de façon que, dans tout cela,
le service ou l'effort qui est fait par les adultes soit soutenu par le
système scolaire et qu'ils puissent avoir rapidement accès
à la formation et au diplôme qui doit couronner cette formation.
C'est le principal des éléments, incluant évidemment dans
cela ce qu'on appelle dans le régime pédagogique - je ne suis pas
trop sûr, je ne suis pas à l'intérieur du système
scolaire - toute la question de la gratuité. Je ne sais pas si cela
entre dans le système pédagogique, mais il y a des efforts
énormes. Je donne des exemples. I! est inaceptable, au Québec, en
gros, dans les grands traits, sans mettre de nuance, que depuis dix à
quinze ans la formation des adultes soit faite par des travailleurs enseignants
à statut précaire, renouvelés d'une demi-année
à l'autre demi-année, généralement
sous-payés. Quelques-uns d'entre eux ont acquis à travers les
années une expertise de la pédagogie des adultes. Mais ce n'est
jamais, au départ, exigé comme tel. C'est la disponibilité
des gens et la connaissance des contenus qui sont d'abord exigées.
Il y a un ensemble de problèmes comme ceux-là. Je prends
l'exemple des horaires. Les horaires, en général, pour les
étudiants à temps partiel, sont le soir. Il y a beaucoup de gens
qui travaillent le soir. S'ils veulent le faire le jour à temps partiel,
c'est compliqué. Ce n'est pas impossible, mais c'est compliqué.
Le problème des manuels scolaires, les enfants ont droit à des
manuels scolaires gratuits, les adultes n'y ont pas droit globalement. On
pourrait mettre beaucoup d'éléments.
Mme Blackburn: Un peu avant la campagne électorale de
l'automne 1985, le ministre avait commis une espèce de manifeste sur
l'éducation de façon générale et se proposait
d'élaborer, de mettre en place une politique d'éducation des
adultes, si je ne m'abuse, contenant un certain nombre d'éléments
majeurs parmi lesquels on retrouvait des propositions et recommandations de la
commission Jean, laquelle commission Jean, d'ailleurs, il avait suivi avec
beaucoup d'attention. Il est étonnant que, du moment où le
ministre a déjà pensé que c'était
nécessaire, on n'ait pas pensé à une section
particulière, dans la loi, pour les étudiants adultes. Je pense
qu'il faudrait très sérieusement réfléchir à
la possibilité de mieux distinguer dans la loi.
Vous n'avez pas dans vos recommandations, et c'était un autre
engagement du Parti libéral, l'aide financière aux
étudiants à temps partiel. Évidemment, cela ne concernait
pas seulement l'enseignement secondaire, mais également l'aide
financière aux étudiants à l'enseignement professionnel de
niveau secondaire. Je pense que vous n'avez pas abordé cette question.
Est-ce que cela fait partie des positions que vous avez déjà
tenues ou si cela n'a pas...
Mme Desilets: Je pense que toute la question financière
concernant les étudiants adultes, on l'a prise plus sous l'angle de la
gratuité, effectivement, ou de faire en sorte, entre autres, pour les
étudiants à temps partiel, de faire prendre conscience des
coûts actuels pour eux. Donc, on l'a prise plus sous l'angle de la
gratuité. Mais dans ce que Michel Blondin apportait tantôt, aussi,
c'est qu'il faudrait, effectivement, penser une aide parce que, même si
c'était gratuit au niveau de l'inscription, il y a tous les coûts
rattachés à ces étudiants qui doivent, à un moment
donné, s'inscrire à des cours. Là, une aide
financière serait sûrement facilitante pour eux parce que quand on
parle de gratuité c'est directement rattaché aux cours. Dans cinq
ou six commissions scolaires, on a regardé rapidement ce que cela
pouvait coûter quand on s'inscrivait à l'éducation des
adultes et j'ai été très surprise de voir que les gens
payaient aussi cher, entre autres, pour le temps partiel, que 500 $ par
année, pour s'inscrire. Même pour la formation professionnelle,
cela pouvait coûter 10 $ les 15 heures pour s'inscrire à
l'éducation des adultes et ça, c'est beaucoup trop. Ce sont des
coûts directs, ce ne sont pas des coûts qui sont occasionnés
par, mais ce sont des coûts directs, à l'inscription. Quand vous
voulez suivre un cours, vous perfectionner, en plus de le faire au-delà
de votre temps de travail, vous êtes obligés de payer pour le
faire. L'enveloppe ouverte a permis beaucoup de choses et je suis très
heureuse d'apprendre qu'elle n'est pas en voie de se fermer ou de se
rétrécir, mais que c'est renouvelé. Mais il faudrait aller
plus loin parce qu'il y a encore des clientèles qui sont nettement
pénalisées présentement parce qu'on n'a pas de politique
de gratuité.
Mme Blackburn: L'enveloppe ouverte...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez, je pense
que M. Blondin voulait compléter. Allez, monsieur.
M. Blondin: Je voudrais le prendre sous un autre angle mais qui,
je pense, ramène ce débat sur la table. C'est l'angle suivant.
L'expérience qu'on a de l'éducation des adultes au Québec,
résumée en très grands traits, est la suivante jusqu'en
1980. De 1960 à 1980 et antérieurement dans l'histoire, à
quelques grands moments vers 1900, 1930 aussi, l'éducation des adultes
au Québec était dynamique, vigoureuse, forte et, à partir
des années 1965-1970, c'est devenu un objet de démonstration pour
les gens intéressés à travers le monde qui venaient au
Québec pour
voir ce qui se passait en éducation des adultes. Cela a
été vraiment une époque très florissante de
l'éducation des adultes mais celle-ci n'était
protégée dans aucun texte de loi.
En 1980, ou à peu près, les coupures ont commencé
à ravager l'éducation des adultes, à saccager ce qui
s'était bâti à travers les années, les acquis qu'on
avait. Les gens de l'extérieur nous parlaient de l'époque
antérieure et on devait leur dire que ce n'était plus tout
à fait cela, que l'on était en train de vivre une période
beaucoup plus difficile dans l'éducation des adultes. Cela a
continué comme cela jusque dans les années récentes. La
dernière décision gouvernementale, on l'interprète dans le
même sens; l'harmonisation, on l'interprète dans le même
sens. Et cela rétrécit continuellement la vie de
l'éducation des adultes et, à mes yeux à moi, la raison
principale de cela, c'est que les textes législatifs et légaux
qui encadrent l'éducation des adultes sont trop limités, sont
presque inexistants. Et je trouve qu'on a une belle occasion, avec le projet de
loi 107, ou une loi subséquente si jamais on avait ce projet-là,
d'inscrire l'éducation des adultes dans un texte de loi qui
l'encadrerait et permettrait qu'on ait des appuis et permettrait aussi que,
dans les relations avec le Conseil du trésor, il y ait des relations
très claires, très tranchées, établies sur une
décision qui serait prise à l'Assemblée nationale.
M. Ryan est un pionnier de l'éducation des adultes et on en
entend parler depuis presque 30 ans, maintenant, comme un artisan de
l'éducation des adultes. Je trouve qu'il a une occasion historique au
bout des doigts de marquer un moment en inscrivant, dans un texte de loi, le
premier cadre légal au Québec concernant l'éducation des
adultes.
Une voix: Ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Blondin. Mme la députée...
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Mme Desilets nous livre des informations qui sont inquiétantes
mais qu'on a pu, malheureusement, constater dans un autre secteur de
l'éducation des adultes, soit dans les collèges: les frais de
scolarité y coûtent aussi cher qu'à l'université,
même si c'est en partie subventionné, et les disparités
sont énormes. D'un collège à l'autre, cela peut varier du
simple au quadruple, pour les mêmes cours, qui sont les cours du cahier
de l'enseignement collégial. Et moi je demande au ministre s'il ne
serait pas intéressant, pour ne pas dire urgent, qu'il mène
là-dessus une petite enquête pour savoir exactement ce qu'il en
est, pour voir, également, s'il n'y a pas de rapport avec le
resserrement des contrôles, cette enveloppe ouverte qu'on a tellement
contrôlée qu'on a réussi à économiser 23 000
000 $, si cela n'est pas un des effets de ces contrôles,
c'est-à-dire l'accroissement des frais de scolarité, pour des
cours qui, normalement, devraient être gratuits. Parce que, quand on
parle d'alphabétisation, c'est vraiment anormal qu'on trouve des frais
de scolarité. Je pense que tout le monde pourrait même
considérer que c'est indécent, compte tenu de la contribution des
adultes, lis y consacrent une partie de leur temps, et leur formation,
l'acquisition de connaissances, cela enrichit toute la collectivité.
Dans ce sens-là, cela doit être encouragé. Je pense que ce
sont des principes que le ministre a défendus pendant tant
d'années. Et je vous écoutais tantôt et je me disais:
Sûrement qu'il doit se reconnaître dans tout ce qu'il a dit et tout
ce que j'ai entendu de lui.
Je voudrais conclure là-dessus en espérant que la
démonstration que vous avez faite cet après-midi saura influencer
le ministre pour qu'il refléchisse sérieusement à la
nécessité de réintroduire dans le projet de loi l'article
qui apparaissait dans la loi 3 touchant la gratuité. C'est un seuil,
c'est un minimum. C'est un minimum: en deçà de cela, c'est un
recul, c'est inacceptable. Parce que la loi 3, n'eût été
d'un jugement qui l'a rendue inapplicable sur quelques-uns de ses articles, il
faut se le rappeler, ce serait un acquis aujourd'hui, normalement. Tous les
autres articles ne touchaient pas la structure confessionnelle. C'était
cela l'acquis des étudiants adultes, des adultes du Québec qui
voulaient retourner aux études. Et cette base-là, c'est un
minimum. Je ne pense pas qu'on puisse accepter d'aller en
deçà.
Alors, madame, messieurs, je vous remercie de votre contribution aux
travaux de cette commission et je souhaite que, quand on vous reverra ici -
parce que des commissions parlementaires, on trouve toujours le moyen d'en
tenir sur de multiples sujets. C'est la troisième à
l'Éducation depuis deux ans - que vous aurez acquis, au minimum, la
gratuité pour les adultes. (17 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: En terminant, M. le Président, je voudrais
signaler mon étonnement devant les choses que j'ai entendues
tantôt, de la part de M. Blondin. M. Blondin disait que, il y a quelques
années, on venait au Québec voir les réalisations que nous
avions à montrer au reste du monde en éducation des adultes, mais
que, depuis ce temps-là, on serait témoin d'un certain
rétrécissement. Ce n'est pas notre observation. Au niveau
secondaire, les inscriptions à l'éducation des adultes ont
augmenté chaque année, de manière spectaculaire au cours
des dernières années. Encore cette année, nous envisageons
une augmentation qui va peut-être être de l'ordre de 30 % à
33 %. Il suffit de se promener à travers le Québec le soir - dans
mon comté, je n'en reviens pas - pour constater le mouvement de
fréquentation de l'école par les adultes, le soir. C'est un
mouvement extraordinaire. C'est la
plus belle réalisation des dernières années. Je me
rappelle que cela avait été une recommandation d'un comité
que j'avais présidé, il y a 25 ans, et je ne pensais pas,
à l'époque, qu'elle pourrait se réaliser. Mais cela a fait
un chemin formidable depuis ce temps et cela continue. Je ne vois pas comment
on pourrait maintenant enlever cela de notre réalité. Cela fait
vraiment partie de notre vécu éducatif. Je suis content de
constater que non seulement cela s'est maintenu, mais encore qu'au cours des
deux dernières années le volume a beaucoup augmenté.
Au niveau collégial, il y a une certaine réduction. Je
pense que c'est à cela que faisait allusion la députée de
Chicoutimi. Je le lui concède, il y a une certaine diminution du
développement de l'éducation des adultes pour des raisons que
nous devrons approfondir. Au niveau secondaire, je pense que cela a
continué de progresser et j'en suis extrêmement heureux. Je pense
que cela va continuer de progresser aussi et nous allons déployer les
moyens qu'il faut pour cela. Je prends note de ce qu'on a dit et, dans la
mesure où des améliorations sont possibles, nous les ferons
volontiers.
J'ajoute un autre point. Il a été question des enseignants
à statut précaire, à l'éducation des adultes. Il y
en a un certain nombre, c'est vrai. Je pense qu'on doit reconnaître
également qu'à l'éducation des adultes nous avons d'abord
un nombre plus élevé, aujourd'hui, d'enseignants à temps
complet, des gens qui étaient parfois en disponibilité comme
enseignants de jour et qui ont été transférés
là. Il y a des nombres accrus qui ont été inscrits dans
les conventions collectives avec les syndicats d'enseignants. Il y en a un
certain nombre, peut-être 200 ou 300. En plus, il y a beaucoup
d'enseignants aux adultes qui sont des enseignants de jour qui vont chercher un
supplément de revenu en donnant des cours aux adultes et qui, souvent,
vont chercher de cette manière un revenu qui va être même
supérieur à celui de leur directeur. On ne leur en veut pas. Ils
travaillent pour. La rémunération, dans leur cas, est
peut-être satisfaisante. Dans le cas de ceux qui n'ont pas autre chose -
je sais qu'il y en a un certain nombre - qui ne peuvent pas trouver de poste
régulier et qui vont être engagés à la leçon,
je pense que pour ceux-là le barème actuel n'est pas satisfaisant
pour leur procurer un niveau de rémunération acceptable. Mais on
ne peut pas faire mieux pour l'instant. Il y a des améliorations
à rechercher de ce côté. Je n'ai pas une idée
précise de l'ampleur du problème des "précaires" parce
que, là-dedans, on classe toutes sortes de choses. Il faudrait examiner
cela comme il faut. Mais je prends note du problème, et je voulais
également souligner l'autre dimension peut-être plus positive.
Au sujet de l'harmonisation des jeunes adultes, j'ai hâte de
prendre connaissance des textes qui ont été
présentés au colloque et du compte rendu des
délibérations. Cela va nous intéresser au plus haut point.
Mais je voudrais souligner qu'en formation professionnelle le problème
n'est peut-être pas aussi grave que vous semblez le redouter. Tout
d'abord, la différence d'âge entre ceux qu'on classe
administrativement comme adulte et ceux qu'on classe administrativement comme
élève régulier n'est pas aussi marquée, dans la
plupart des cas, qu'on peut le penser. Les élèves
réguliers sont déjà de jeunes adultes et les adultes sont
plutôt des adultes jeunes que des adultes d'un certain âge. Par
conséquent, parfois on va trouver des jeunes de 16 à 17 ans avec
des adultes de 20 à 21 ans. Cela ne crée pas un bien gros
problème, à toutes fins utiles. J'ai observé de mes
propres yeux des ateliers où on donne le cours d'agent de bureau, des
ateliers où on donne le cours de coiffure, par exemple, et j'ai
trouvé une coexistence extrêmement intéressante
d'élèves administrativement classés comme jeunes et
d'élèves administrativement classés comme adultes et les
enseignants m'ont dit: II y a une atmosphère plus sérieuse dans
ce genre de regroupement. On passe à travers le programme avec plus
d'aisance et on obtient de meilleurs résultats. C'est une dimension dont
nous devons tenir compte, d'autant plus que, lorsqu'il y a seulement cinq
adultes et sept étudiants réguliers, cela fait un groupe si on
les met ensemble, tandis qu'on n'en aurait pas du tout si on devait suivre nos
normes de manière stricte. Quoiqu'il en soit, je veux vous assurer que
nous sommes conscients des écueils que cela peut comporter
également. C'est pour cela que j'ai envoyé récemment aux
commissions scolaires une lettre leur disant d'agir avec la plus grande
prudence dans ces choses, leur disant que, partout où c'est possible, la
règle est la formation de groupes distincts, pas besoin de dire adultes,
et qu'on doit procéder à des regroupements là où il
y a des raisons vraiment sérieuses et impératives de le faire.
Nous vous donnerons une copie de cette lettre. Nos services pourront vous la
communiquer. Nous avons vu à ce que cela se fasse. Mais, s'il y a
d'autres observations, nous aimerions les entendre. Je pense que c'est
très utile pour nous. Encore une fois, c'est dans cet esprit que nous
avons discuté avec vous et que nous sommes intéressés
à continuer de le faire.
J'ajouterai en terminant que vous m'avez écrit récemment,
Mme la directrice générale, pour me dire que vous aimeriez bien
qu'on ait une rencontre, comme on essaie d'en avoir chaque année, pour
faire le tour de problèmes d'intérêt commun. Je peux vous
dire qu'il me fera bien plaisir de me prêter à cette rencontre
avant l'ajournement de juin, de manière qu'on puisse aller plus en
profondeur dans certaines questions dont on a discuté aujourd'hui.
Alors, je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. Mme la porte-parole de l'Opposition, Mme Desilets, M.
Blondin.
La commission permanente de l'éducation ajourne ses travaux
à mardi, 10 heures, alors que nous accueillerons l'Association des
directeurs généraux des commissions scolaires protestantes du
Québec. Je profite de l'occasion pour rappeler aux membres de cette
commission parlementaire que, si on veut qu'elle fonctionne bien, il faut se
faire un devoir d'être ponctuel. Alors, nous donnons rendez-vous à
tout le monde à 9 h 50.
(Fin de la séance à 17 h 37)