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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte en rappelant le mandat de la
commission de l'éducation, qui est de procéder à une
consultation générale et de tenir des audiences publiques dans le
cadre de l'étude détaillée du projet de loi 106, Loi sur
les élections scolaires, et du projet de loi 107, Loi sur l'instruction
publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements ce
matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. On m'a
annoncé le remplacement de M. Tremblay (Rimouski) par M. Marcil
(Beauharnois).
Le Président (M. Paré): D'accord. Comme il n'y a
pas d'autres changements, je vous informe qu'aujourd'hui nous allons
procéder à trois auditions: la première, à 10
heures, l'Office des personnes handicapées du Québec, à 11
heures, la commission scolaire de Sherbrooke, et à midi la commission
scolaire Lakeshore. Comme nous avons quorum et que la séance est
ouverte, j'inviterais immédiatement les premiers intervenants à
prendre place ici, à l'avant, s'il vous plaît, soit l'Office des
personnes handicapées du Québec.
Je vous souhaite la bienvenue à la commission en vous rappelant
que nous avons une heure pour la présentation et les discussions avec
votre groupe. De préférence, on essaie de suivre la formule d'un
tiers, un tiers, un tiers; donc, 20 minutes de présentation, ensuite 20
minutes allouées à chacune des formations politiques pour pouvoir
formuler des commentaires et échanger des propos avec vous. M. le
président, M. Mercure, je vous souhaite la bienvenue ainsi qu'aux gens
qui vous accompagnent. Je vous demanderais, M. Mercure, d'identifier les
personnes qui vous accompagnent et de procéder ensuite à la
présentation de votre mémoire.
Office des personnes handicapées du
Québec
M. Mercure (Paul): Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, membres de la commission parlementaire, je voudrais, dans un premier
temps, vous remercier de donner à l'Office des personnes
handicapées du Québec l'occasion de faire connaître son
opinion sur le projet de loi 107. Je suis le président-directeur
général de l'Office des personnes handicapées. Je suis
accompagné par M. Pierre Chabot, à ma droite, qui est conseiller
à la coordination provinciale de la direction de la coordination et de
la recherche, par Mme Anne Hébert, à ma gauche immédiate,
qui est directrice par intérim de ce service, et par Mme Liette Picard,
qui est une professionnelle et qui est en grande partie responsable de la
préparation du mémoire.
Nous aimerions souligner certaines recommandations. Nous allons prendre
environ une vingtaine de minutes pour souligner les principaux aspects de notre
mémoire.
De façon plus précise, la loi assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées mandate l'office pour favoriser
l'intégration scolaire, professionnelle et sociale des personnes
handicapées. Le rôle général de l'office est de
défendre les droits des personnes et de coordonner les services aux
personnes handicapées.
De fait, l'intégration scolaire, dont nous allons parler
précisément aujourd'hui dans notre mémoire, est un dossier
prioritaire depuis trois ans et le sera également pour les trois
prochaines années. M. le Président, nous sommes heureux que M. le
ministre Ryan modifie la loi actuelle sur l'instruction publique pour qu'elle
tienne compte davantage des réalités actuelles concernant
l'éducation des élèves et, en particulier, des
élèves handicapés. Nous espérons, M. le
Président et M. le ministre, que nos recommandations et nos commentaires
permettront d'améliorer le projet de loi et que la nouvelle loi
permettra maintenant de clarifier les droits et responsabilités, tout en
favorisant l'intégration sociale de la personne handicapée.
Nous aimerions, dans un premier temps, rappeler aux membres de la
commission certaines orientations générales formulées dans
l'énoncé de politique sur l'enfance en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, proposé par le ministre de
l'Éducation du Québec en 1978. Cet énoncé
spécifie que le ministre entend favoriser l'accessibilité
à un système public d'éducation qui dispense une
éducation de qualité dans le cadre le plus normal possible pour
chaque enfant, et garder à l'esprit la double finalité de
l'éducation, soit le développement optimal de la personne et son
insertion sociale. C'est dans cet esprit que les orientations de l'OPHQ et les
recommandations suivantes vous sont présentées.
Je voudrais traiter du droit de l'élève et des conditions
d'exercice de ce droit. La loi actuelle sur l'instruction publique à
l'article 480, prévoit que l'élève handicapé a
droit à des services éducatifs spéciaux. Ces services
n'ont jamais été définis et précisés par le
ministre et l'expérience nous démontre que les parents ont
rencontré beaucoup de difficultés à faire
reconnaître explicitement ce droit auprès des commissions
scolaires. Les cas soumis aux tribunaux et à la Commission des droits de
la personne témoignent de ces difficultés.
Afin que l'exercice de ce droit ait une résonnance
concrète auprès des parents, des commissions scolaires, des
enseignants et enseignantes, l'OPHQ souhaite que l'on définisse le plus
rapidement possible les services éducatifs et
autres, auxquels tous les élèves ont droit. Qu'on
reconnaisse clairement le droit de l'élève handicapé
à des services adaptés, gratuits, permettant le
développement de ses capacités et la réalisation de son
plan d'intervention. Que ce droit s'exerce dans le cadre le plus normal
possible, c'est-à-dire dans i'école du quartier et dans la classe
régulière, toutes les fois que le plan d'intervention
détermine que cela est propre à faciliter son insertion sociale
et ses apprentissages. Pour que cette responsabilité puisse se
concrétiser, nous accueillons avec intérêt l'article 46 qui
donne à la direction de l'école l'obligation d'établir un
plan d'intervention adapté à chaque élève
handicapé, ainsi que l'article 217, qui prévoit que la commission
scolaire se dote de normes d'organisation des services aux élèves
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Nous
aimerions cependant souligner aux membres de la commission certaines
recommandations que nous jugeons essentielles.
Concernant le plan d'intervention, il importe tout d'abord que les
parents de l'élève handicapé soient impliqués tout
au long de la démarche et non uniquement avant celle-ci, comme semble le
suggérer l'article 46, afin que les besoins de l'élève
soient bien représentés et que les parents puissent intervenir
pour défendre leurs intérêts et ceux de
l'élève, lorsque des décisions les concernant doivent
être prises. De plus, la responsabilité d'établir le plan
d'intervention doit être attribuée à la direction de
l'école d'origine, pour que la référence à une
autre école et à une autre commission scolaire de la
région ou à une commission scolaire d'un autre palier de services
ne soit justifiée que lorsque le plan d'intervention établi par
ce directeur démontre que c'est le lieu où l'on répondra
de la meiHeure façon aux besoins de l'élève.
D'autres mesures doivent être prises pour que le plan
d'intervention soit établi dans les meilleures conditions. Ainsi, il est
nécessaire de donner à la direction de l'école des
indications sur l'esprit dans lequel doit être établi le plan
d'intervention, afin qu'elle voit que le souci de privilégier les
modalités régulières de services pour apporter une
réponse optimale aux besoins de l'élève handicapé
constitue l'orientation de base qui doit guider l'organisation des services
à cet élève. À cet effet, je voudrais dire que,
dans la situation actuelle, certaines commissions scolaires escamotent le
développement des plans d'intervention et des plans de services et
introduisent sous ce vocable des principes qui sont très loin, je pense,
de la réponse individualisée aux besoins. En ce sens, l'article
46 pourrait être modifié pour introduire le souci de favoriser
l'intégration scolaire de l'élève dans les classes ou
groupes ordinaires et aux autres activités de l'école, chaque
fois que cela est possible et propre à faciliter son insertion sociale
et ses apprentissages.
Vous trouverez, à l'intérieur de notre mémoire,
d'autres recommandations et commentaires concernant le plan d'intervention.
Celui-ci devient donc un outil très important qui devrait permettre une
concertation des principaux intervenants, avec la participation des parents ou
de l'élève. Nous espérons que cela évitera le
classement d'élèves en classes ou en écoles
spéciales, uniquement en fonction de la nature ou du degré de
déficience.
Concernant les normes d'organisation des services éducatifs, le
ministre propose qu'il soit de la responsabilité des commissions
scolaires de mettre en place l'organisation de services nécessaires
à l'éducation de tous les élèves. Il faut voir dans
cette responsabilité plus qu'un simple moyen de planification des
services. Ces normes d'organisation devraient avoir un impact direct sur
l'intégration des élèves handicapés. Pour cette
raison, nous proposons de modifier l'article 217 sur les normes d'organisation
et l'article 167 qui institue le comité consultatif des services aux
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage. Ces deux articles devraient affirmer le principe que les
normes d'organisation doivent favoriser l'intégration scolaire des
élèves handicapés dans les classes ou groupes ordinaires
et aux autres activités de l'école, chaque fois que cela est
possible et propre à faciliter l'insertion sociale et les apprentissages
de l'élève.
De plus, le comité consultatif devrait avoir le pouvoir de
recommander les normes d'organisation plutôt que de simplement donner un
avis à la commission scolaire. Si la commission scolaire refuse, en tout
ou en partie cette recommandation, elle devrait en justifier la raison.
Sur ce dernier point, nous désirons rappeler aux membres de la
commission qu'en vertu de la convention collective des enseignants et
enseignantes actuellement en vigueur, la commission scolaire doit justifier
pourquoi elle ne retient pas les recommandations du comité des
enseignants et enseignantes sur ce même sujet.
Quelques mots maintenant sur le cadre d'élaboration des normes
d'organisation. Pour élaborer les normes d'organisation des services aux
élèves handicapés, le comité consultatif des
services aux élèves handicapés doit connaître le
cadre dans lequel ces normes doivent être établies. Il doit
savoir, notamment, quels sont les services éducatifs que la commission
scolaire est en mesure d'offrir, ce qu'elle peut obtenir à
l'élève par entente de services, ainsi que ceux qu'elle n'a pas
l'autorisation d'offrir. Cette dernière préoccupation est
nouvelle. Elle fait référence a une balise fournie par le projet
de loi à l'article 428 concernant la liste des services particuliers que
peut établir le ministre pour déterminer les services
particuliers qu'une commission scolaire est autorisée ou non à
dispenser.
Cet article de loi retire à certaines commissions scolaires la
compétence et, de ce fait,
l'autorisation d'offrir les services particuliers qui n'apparaissent pas
sur sa liste. Il en résulte que l'élève devra être
référé automatiquement à une autre commission
scolaire, sans que la possibilité d'un retour dans la commission
scolaire d'origine puisse être envisagé.
L'OPHQ croit que cette mesure constitue un recul par rapport aux
orientations véhiculées ces dernières années en
matière d'organisation de services aux élèves
handicapés. Le modèle d'organisation des services que peut
générer un tel système, en désignant certaines
commissions scolaires comme étant les seules à avoir la
compétence, voire l'autorisation, d'offrir certains services
particuliers aux élèves handicapés, va à l'encontre
de l'orientation qui était donnée dans le cadre de la validation
des plans d'organisation de services proposés par la mission MSSS-MEQ.
Il apparaît comme un modèle statique de services. Au contraire,
les recommandations adressées à cette mission allaient dans le
sens d'un réaménagement des services pour une prise en charge de
plus en plus grande par le palier local, favorisant ainsi un mouvement
continuel vers la base dans l'organisation des services.
Cette nouvelle fonction du ministre constitue pour l'OPHQ un point
majeur de ce nouveau projet de loi, parce qu'il traduit l'orientation que
compte donner le ministre à l'organisation des services à
l'élève handicapé. L'OPHQ considère que l'article
428 portant sur la liste des services particuliers aux élèves
handicapés, tel qu'il est formulé, est trop restrictif, puisqu'il
permet la possibilité qu'une commission scolaire perde compétence
et, conséquemment, l'autorisation d'offrir certains services
particuliers aux élèves handicapés.
L'office croit, au contraire, qu'il faut encourager les initiatives des
commissions scolaires visant le développement des services à ces
élèves, si l'on veut favoriser réellement
l'intégration scolaire des élèves handicapés. C'est
pourquoi on recommande que l'on retire, dans le deuxième paragraphe de
l'article 428, la mention qu'une commission scolaire perd compétence en
regard des services particuliers aux élèves handicapés ou
en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage qui ne sont pas
mentionnés sur la liste.
En général, les services requis par les
élèves handicapés devraient être offerts par toutes
les commissions scolaires, et ces listes ne devraient être
justifiées que dans le cas de services très
spécialisés, pour lesquels la compétence est
concentrée en certains milieux. Dans ces cas exceptionnels, la
préoccupation devrait alors être que les commissions scolaires,
dont la liste détermine qu'elles ont la compétence d'offrir
certains services particuliers, soient tenues de développer des services
itinérants pour pouvoir exporter les compétences et offrir les
services dans le milieu scolaire d'origine de l'élève
handicapé, plutôt que d'obliger les commissions scolaires à
y référer leurs élèves handicapés.
Ces recommandations que formule l'OPHQ visent à s'assurer que les
pas franchis ces dernières années en matière
d'organisation des services à l'élève par le biais des
orientations MSSS-MEQ ne soient compromis par ces nouvelles mesures, il
espère que le ministre précisera davantage son intention et
dissipera ainsi l'ambiguïté que pourraient créer ces
nouvelles mesures auprès des commissions scolaires qui ont à
préciser ces services. Le message qui sera alors véhiculé
aura essentiellement comme objectif d'assurer le meilleur intérêt
de l'élève handicapé.
Quant à la participation réelle des parents
d'élèves handicapés, pour s'assurer que les droits et
intérêts des élèves handicapés soient bien
représentés, il importe de favoriser une implication
réelle de leurs parents en ce qui a trait aux décisions qui les
concernent. Dans le mémoire de l'office, on donne des recommandations
afin que les parents soient représentés au conseil d'orientation
de l'école, au comité de parents, au conseil des commissaires et
enfin au comité consultatif sur le transport.
Je voudrais terminer sur la question des recours. Nous aimerions attirer
l'attention de la commission sur un dernier point qui nous paraît
important. Il ne s'agit pas d'un article présent à
l'intérieur du projet de loi, mais bien d'un article qui aurait pu s'y
retrouver et qui devrait s'y retrouver. Il s'agit du droit de révision
ou d'appel.
Malgré toutes les mesures prises pour garantir les conditions
d'accès aux services les plus équitables, il est possible que les
parents de l'élève handicapé ou tout autre intervenant
travaillant auprès de cet élève considèrent que les
droits de l'élève et son meilleur intérêt n'ont pas
été respectés dans les décisions prises à
son sujet. Ils devraient alors pouvoir compter sur un droit de révision
ou d'appel pour faire respecter ses droits. Le nouveau rôle que nous
proposons de donner au comité consultatif des services aux
élèves handicapés devrait permettre de résoudre la
plupart des litiges concernant l'élaboration et la réalisation du
plan d'intervention de l'élève handicapé. Ce
mécanisme d'arbitrage ou de premier recours n'est cependant pas
suffisant pour régler tous les cas. Il peut s'avérer
nécessaire d'avoir accès à un recours plus formel, de
caractère judiciaire, tel que la révision ou l'appel.
En précisant que l'élève ou ses parents pouvaient
recourir au Protecteur du citoyen pour faire respecter les droits de
l'élève, le projet de loi 40, à l'article 25, et le projet
de loi 3, à l'article 10, reconnaissaient la pertinence d'un tel
recours. Cependant, le rôle du Protecteur du citoyen apparaît alors
comme restrictif, puisqu'il se limite aux droits lésés dans
l'exercice d'une fonction administrative. Il s'agissait, néanmoins,
d'une première tentative de reconnaissance officielle d'un
mécanisme de recours pour
garantir la défense des droits de l'élève
handicapé.
Au cours des dernières années, l'office est intervenu
à plusieurs reprises pour demander la mise sur pied d'un tel droit de
recours. Il n'est d'ailleurs pas le seul à attendre des actions
concrètes en ce sens, puisque les associations de personnes
handicapées étaient également présentes aux
audiences sur le projet de loi 3, à la conférence "A part
égale!" ainsi qu'au comité "aviseur" de la mission MSSS-MEQ pour
revendiquer une telle mesure. C'est pourquoi nous recommandons que le ministre
de l'Éducation identifie, dans le cadre du projet de loi 107, un recours
en révision ou en appel que les parents de l'élève
handicapé pourraient utiliser, s'ils croient que leur enfant est
lésé dans l'exercice de ses droits.
À cet effet, il serait pertinent d'étudier la
possibilité de revenir à la définition du mandat du
Protecteur de l'élève, telle qu'elle apparaissait dans le livre
blanc de 1982, intitulé L'école, une école communautaire
et responsable. La création d'un poste de protecteur spécifique
à l'élève, avec les ressources nécessaires et les
compétences requises en matière d'accès aux services
éducatifs, constitue la meilleure garantie que les élèves
et leurs parents bénéficient d'un recours rapide et efficace. Une
telle mesure permettrait également d'ajuster les procédures de
recours et de décision à la situation spécifique du milieu
scolaire et aux besoins des élèves et de leurs parents.
En conclusion, M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs de la commission, l'OPHQ croit fermement que ses recommandations
favoriseraient un contexte juridique beaucoup plus clair et permettraient ainsi
à chacun de déterminer ses responsabilités dans
l'éducation et l'intégration sociale des élèves
handicapés. (10 h 30)
Nous espérons, tout comme M. le ministre de l'Éducation,
que ce projet de loi ne suive pas la destinée des projets de loi 40 et
3. Nous croyons que ces changements doivent être faits maintenant. Nous
désirons vous remercier de votre attention et nous sommes
disposés à répondre aux questions des membres de ia
commission.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup, M. Mercure.
La parole est maintenant au ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je remercie le président de l'Office des
personnes handicapées du Québec ainsi que les personnes qui
l'accompagnent. J'apprécie l'étude attentive que l'office a faite
du projet de loi 107 et de ses implications particulières pour les
clientèles dont l'office est responsable. Je pense que l'office nous a
présenté ce matin une analyse précise et fonctionnelle
qui, à l'aide de recommandations précises, vise à
améliorer un certain nombre de dispositions du projet de loi qui
traitent plus expressément des personnes handicapées.
Vous avez signalé à juste titre les éléments
saillants du projet de loi. Je pense qu'il y a beaucoup
d'éléments importants dans le projet de loi, ce dont on doit
convenir de part et d'autre. Par exemple, la définition des droits de
l'élève présentée dans les tout premiers articles
du projet de loi va beaucoup plus loin que ce que nous avons dans notre loi
actuelle, autant en ce qui regarde les élèves ordinaires que les
élèves adultes ou les élèves handicapés.
Quelquefois, les implications sont un peu techniques. Il faut être un peu
familier avec la loi et la pratique administrative pour mesurer les
différences qu'annonce tel ou te! passage du projet de loi. Mais je
pense que, de manière générale, ceux qui sont venus
témoigner devant la commission jusqu'à ce jour ont reconnu qu'au
chapitre des droits, sans que nous allions jusqu'à la plénitude
souhaitable idéalement, nous accomplissions des progrès
importants. Ce qui est dit, par exemple, à l'article 2 du projet de loi
et qui vise à garantir l'accès aux services éducatifs pour
toute personne jusqu'à l'âge de 16 ans, et jusqu'à
l'âge de 22 ans dans le cas d'une personne handicapée, est une
formulation beaucoup plus explicite que ce que nous avions jusqu'à
maintenant. Cela entraîne des obligations considérables pour le
gouvernement et pour les commissions scolaires.
De même, quand nous disons à l'article 46, vous l'avez
souligné justement, qu'au niveau de l'école la direction aura la
responsabilité de préparer un plan d'intervention auprès
de chaque élève handicapé, il s'agit d'une obligation
précise qui est faite, non seulement à la direction de
l'école, mais également aux enseignants et à la commission
scolaire. On ne peut pas créer cette obligation pour la direction de
l'école sans encourir implicitement l'obligation de lui fournir les
ressources qui lui permettront de s'acquitter d'une obligation aussi
considérable. C'est un pas très important qui est franchi
aussi.
Au niveau de la commission scolaire, deux nouvelles obligations sont
créées qui comportent des implications considérables. Tout
d'abord, on oblige la commission scolaire à se doter d'un comité
consultatif concernant les problèmes des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, ce qui n'est pas le cas
présentement. On confie même des fonctions précises
à ce comité qui aura un rôle de consultation obligatoire,
un rôle de conseil, même un rôle d'intervention dans
certaines situations, qui n'est pas négligeable. Ce n'est
peut-être pas tout ce qu'on pourrait idéalement souhaiter, mais je
pense qu'il y a lieu de noter quand même des points très
importants qui sont signalés dans le projet de loi à ce sujet. On
fait de même à la commission scolaire, à l'article 217,
l'obligation d'adopter, par règlement, les normes d'organisation des
services éducatifs aux élèves en difficulté. Le
règlement que la commission scolaire devra adopter devra
i notamment prévoir les modalités d'évaluation des
élèves, les modalités d'intégration de ces
élèves, les modalités de regroupement de ces
élèves dans des écoles, etc. Je pense qu'ici encore on
fait un pas important parce que, jusqu'à maintenant, cela n'avait pas
été défini aussi clairement.
En ce qui touche le ministre de l'Éducation, on ne lui fait pas
l'obligation, mais on lui crée le pouvoir d'intervenir pour
définir les services que les commissions scolaires devront offrir.
À supposer que la situation serait nettement déficiente dans un
certain nombre de commissions scolaires, en vertu du projet de loi - je pense
que c'est l'article 428 - le ministre peut établir la liste des
spécialités professionnelles ou des services particuliers aux
élèves handicapés qu'une commission scolaire est
autorisée à dispenser aux personnes relevant de sa
compétence. Il peut également établir certains services de
caractère plus large. Par conséquent, il ne peut pas se croiser
les bras à ne rien faire. Il a le pouvoir d'intervenir, si la situation
le justifie.
En matière d'approches générales, il y a une
différence entre celle du gouvernement et celle que définit votre
mémoire. Je le dis en tout respect du point de vue que vous
représentez. Nous avons fonctionné pendant de nombreuses
années au Québec en définissant le plus de droits possible
dans les lois, sans mesurer toujours avec précision les implications
concrètes de ces définitions. On se retrouvait avec des
situations qui entraînaient des obligations beaucoup plus lourdes que
celles qu'on avait prévues ou encore des frustrations beaucoup plus
fortes chez les bénéficiaires à l'autre bout de la ligne,
parce qu'ils interprétaient les dispositions législatives ou
réglementaires d'une certaine manière, alors que le gouvernement
et les corps publics ne disposaient pas des moyens pour le faire. Là, on
a voulu être prudents, on a voulu y aller de manière progressive.
Il y a des étapes significatives qui sont franchies avec le projet de
loi, mais ce n'est pas la perfection. Nous croyons que de nouveaux
progrès pourront être accomplis en remettant ces choses à
neuf. C'est pour cela que même la définition des services, nous
hésitons à l'inscrire dans le projet de loi. Il nous semble que
c'est un exercice qui devrait préférablement être fait au
niveau de la réglementation, des pratiques administratives, des
règles budgétaires également et des autres instruments
d'orientation dont dispose le ministère de l'Éducation.
Ceci est pour illustrer le point de vue d'où nous partons et pour
essayer de comprendre celui d'où vous partez. Vous nous dites que nous
n'allons pas assez loin dans la définition des droits. On va examiner
les représentations que vous nous faites à ce sujet et voir s'il
y a des possibilités d'amélioration, tout en restant dans les
limites de prudence que nous voulons nous imposer, non pas parce que nous avons
peur des défis de l'avenir, mais parce que nous avons un souci de la
vérité. Trop souvent dans les lois, on a laissé
naître des attentes, on a fait naître des attentes qu'on
n'était pas capable de combler par la suite. Là, nous voulons
plutôt que la loi soit au diapason de ce que nous envisageons comme
honnêtement possible. Nous voulons le faire au maximum, à la suite
de quoi d'autres étapes pourront être franchies. Ce sont des
choses que nous avons conçues de cette manière. Le point de vue
que vous avez exprimé, nous allons l'examiner avec attention.
J'aurais seulement une question peut-être à vous poser.
Ensuite, mon collègue, le député de Beauharnois, voudrait
également vous interroger. Sur l'intervention des parents et sur le
rôle du comité consultatif auprès de la commission
scolaire, j'aimerais peut-être que vous précisiez davantage votre
position. Je remarque que vous voudriez que le comité consultatif
formule des avis qui soient reçus comme des recommandations, alors que
nous, nous disons consultation. Je ne sais pas si ce n'est pas un peu un cercle
vicieux. Je remarquais que, dans la loi 3, on parlait de recommandations, mais
au terme de l'article, on disait: Le gouvernement peut les accepter avec ou
sans modifications. Nous autres, nous disons: Ils vont donner des avis et c'est
à la commission scolaire évidemment de décider. Je pense
que cela ne change pas grand-chose dans la pratique. On ne peut pas avoir deux
corps qui décident. C'est le corps des commissaires élus qui doit
prendre les décisions. En tout cas, j'aimerais avoir des
précisions de votre part quant au rôle et à la composition
de ce comité. Je n'ai pas bien compris les améliorations que vous
voudriez à ce sujet.
M. Mercure: On a effectivement indiqué que l'on aimerait
que le rôle soit un peu plus raffermi, et qu'au lieu d'être
simplement des conseils donnés avant la prise de décisions de la
commission scolaire, ce soient des recommandations et que la commission
scolaire soit tenue de justifier, de donner les raisons pour lesquelles elle
pourrait refuser certaines recommandations. Je ferai remarquer - on l'a dit ce
matin dans notre présentation - que pour les mêmes fonctions, il y
a actuellement un article de la convention collective qui prévoit ce
rôle. La Fédération des commissions scolaires, de toute
façon, a souvent - on l'a rencontré récemment -
accepté l'idée que la commission scolaire doive justifier ses
décisions dans ces situations-là, donc, donner les raisons et,
disons, que ces raisons-là soient connues par le groupe qui a
donné des conseils.
En fait, comme vous le dites, ce n'est pas nécessairement un
rôle décisionnel. C'est un rôle de conseil avec un
échange plus grand et l'obligation de justifier la non-acceptation d'un
certain nombre de... Il y a aussi un autre rôle à jouer. C'est le
rôle de premier recours dans des situations de classement en classes
spéciales, de services très ségrégués, que
ce comité puisse, sur demande des intervenants, servir de premier
recours pour réviser, une première fois, une
décision.
Peut-être que je pourrais demander à Mme Picard si elle a
des commentaires additionnels sur ce point précis.
Mme Picard (Liette): Le comité consultatif, non. Comme
vous l'avez dit tout à l'heure, on voulait surtout qu'il y ait une place
plus importante qui lui soit accordée, parce qu'il est vraiment
là pour représenter les intérêts de
l'élève handicapé. Donc, on trouvait que donner son avis,
c'était peut-être moins important comme apport qui pouvait
être apporté par ce comité. On trouvait que recommander,
c'était vraiment lui donner un peu plus de pouvoir et s'assurer qu'on
l'ait consulté, qu'on tienne compte de ses recommandations.
M. Ryan: Parmi les droits de l'élève
handicapé, par delà ce qui est déjà inscrit dans le
projet de loi, quels droits voudriez-vous voir inscrits d'une manière
explicite, vous autres?
M- Mercure: Ce que l'on voudrait, je pense que vous y avez fait
allusion tout à l'heure, c'est qu'il y ait plus de précisions.
Vous avez dit que ces précisions pourraient venir par
réglementation, ce qui serait déjà pratiquement la
même chose que l'introduire dans le projet de loi. Mais il faudrait
absolument que la nature des services soit plus définie, parce que vous
avez mentionné vous-même, au début de la loi, que les
personnes handicapées devaient être présentes en milieu
scolaire jusqu'à l'âge de 22 ans. Mais on sait que,
concrètement, dans certains milieux - ce n'est pas partout, c'est
très inégal dans la province - on considère cette
responsabilité comme une responsabilité occupationnelle
pratiquement. C'est la même chose pour ce qui est du plan d'intervention.
Je le mentionnais dans mon allocution ce matin. On est très satisfaits
que le plan d'intervention soit introduit dans la loi. Mais en l'absence de
toute définition du plan d'intervention, si on ne dit pas exactement ce
que c'est et ce que cela doit favoriser, ce mot-là pourra être
introduit dans la politique d'une commission scolaire donnée sur les
plans de services. Je vous donne un exemple de cette politique qui est
quasiment réelle. Je ne vous nommerai pas la commission scolaire, mais
en définitive, on voit une série de choses. Une personne qui est
en fauteuil roulant va à te! endroit. Une personne qui a une
déficience intellectuelle moyenne va à tel endroit et on appelle
cela un plan de services. Alors, éventuellement, on pourrait appeler
cela un plan d'intervention et satisfaire à cette exigence de la loi si
on ne précise pas davantage ce qu'est un plan d'intervention. C'est
l'objet de notre préoccupation.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup. La parole
est maintenant à Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je crois qu'il est
important que l'intégration des personnes handicapées fasse
l'objet d'une préoccupation constante de la part des gouvernements, mais
aussi de la part des directions et des commissions scolaires. Je crois
comprendre par la nouvelle proposition du projet de loi 107, que ce n'est pas
aussi visible, cette intégration de la personne handicapée dans
le milieu le plus favorable. Dans la loi 3, c'était vraiment
indiqué. Chaque fois qu'on parlait de la personne handicapée, on
ajoutait le bout de phrase qui démontrait clairement cette
volonté d'intégrer la personne handicapée,
l'élève handicapé, dans le milieu le plus naturel
possible. Là, on ne voit jamais de phrase qui veut réellement
démontrer cette volonté. Je pense que c'est quelque chose que
vous avez souligné. Est-ce que le fait que cette volonté ne
transpire à l'intérieur de ce projet de loi de façon
écrite, de façon visuelle, pourrait porter atteinte, en tout cas,
à cette intégration des personnes ou des élèves
handicapés en milieu scolaire? (10 h 45)
M. Mercure: Je demanderais à Mme Hébert de
répondre précisément à la question.
Mme Hébert (Anne): Effectivement. Pour faire suite un peu
à la réponse sur la définition des services
éducatifs, on pense que le droit des élèves
handicapés aux services éducatifs ne pourra pas être
exercé juridiquement ou dans les faits, faute de précision sur la
nature, la définition des services. Ce que l'office croit, c'est que,
pour l'élève handicapé, ces services doivent être
les mêmes que pour tous les élèves, mais on doit aussi
s'assurer qu'ils ont droit à des services adaptés. Nous parlons
plutôt de services adaptés que de services particuliers,
c'est-à-dire qu'on offre à ces élèves les
adaptations nécessaires pour recevoir les mêmes services que tous
les autres élèves. Je pense que c'est une précision
extrêmement importante pour concrétiser les droits des
élèves handicapés.
Mme Vermette: Si j'ai bien compris, ce sont les
établissements qui doivent s'adapter à l'élève et
non l'élève qui doit s'adapter aux établissements ou
à l'enseignement. C'est vraiment le voeu que vous souhaitez. Ce qui vous
fait peur, c'est que cela ne soit pas assez clair actuellement ou qu'il n'y ait
pas de réglementation assez précise là-dessus et qu'on
risque justement de pénaliser ces élèves parce que d'une
part, ce sont eux qui devront s'adapter finalement afin de pouvoir satisfaire
à certaines exigences qui répondraient davantage à une
commission scolaire.
M. Mercure: C'est aussi très proche de votre intervention
sur la question du milieu le plus normal possible et le plus susceptible de
répondre à ces besoins d'apprentissage et de développement
de l'autonomie. La tendance est
très grande. C'est quelque chose qui a été
développé au cours des 20 ou 25 dernières années,
dans le sens d'utiliser des services spéciaux. Les services
spéciaux veulent souvent dire l'école spéciale, la classe
spéciale. C'est pourquoi on parle de services adaptés parce que,
très souvent, il y a moyen d'adapter le milieu régulier
plutôt que de ségréguer l'élève, soi-disant
pour améliorer la réponse à un besoin particulier. Mais
cela crée toutes sortes d'autres difficultés, dont l'une, et non
la moindre, est la capacité de rester, pour un jeune élève
de niveau primaire, dans son milieu, d'aller à l'école avec les
amis de son quartier et, éventuellement, de prendre une place dans la
société en général. Le milieu scolaire est un petit
peu le modèle de la société de l'avenir. Comme l'office
travaille à une société où les personnes
handicapées ont leur place, il nous paraît extrêmement
important qu'elles commencent à prendre cette place à
l'école.
Mme Vermette: Si j'ai bien compris le ministre, il nous disait
tantôt que le projet de loi 107 apportait sensiblement des
améliorations. Par contre, il faut être très prudent. Il
faut avancer d'une façon très parcimonieuse, finalement.
Pourriez-vous nous dire jusqu'ici comment s'est faite l'intégration en
milieu scolaire? Actuellement, quels sont les problèmes et les obstacles
auxquels doivent faire face les élèves ou certaines écoles
face à l'intégration scolaire?
M. Mercure: L'intégration scolaire est vraiment une
question d'actualité parce que, depuis plusieurs années, on s'est
attaqué à la question. Un certain nombre de questions ont
été réglées concernant certaines clientèles
de déficients sensoriels. Mais le gros du travail actuellement, dans
différentes régions de la province, se fait autour des classes
spéciales et touche beaucoup la clientèle qui a une
déficience intellectuelle. Le travail est très inégal. On
voudrait que le ministère de l'Éducation et le gouvernement... On
reconnaît évidemment la nécessité d'une autonomie
pour ce qui est des commissions scolaires dans les services d'éducation.
Mais je pense qu'une autonomie n'empêcherait pas le ministère de
jouer vraiment un rôle de leadership et d'afficher davantage ses couleurs
dans la loi, dans la réglementation de façon que cela puisse
appuyer ce mouvement qui n'est qu'amorcé au Québec, et qui est un
mouvement qui couvre d'ailleurs tout le continent, qui est même un
mouvement mondial de présence des personnes handicapées dans
l'école de quartier, dans les classes régulières.
Au Québec, il y a beaucoup d'inégalités. Il y a des
commissions scolaires qui ont presque terminé l'opération, et
certaines commissions scolaires qui se donnent des documents qui
supposément favorisent l'approche du plan de services, l'approche
individualisée, ne bougent pas du tout. On continue d'appliquer des
façons de faire qui étaient généralisées,
disons, avant 1975. Alors, c'est très inégal. Et vous le savez,
cela crée des difficultés qui ont tendance à prendre le
chemin des tribunaux, ce qui n'est pas nécessairement la meilleure
façon de faire évoluer les choses.
Et les principaux obstacles sont les mentalités, les structures.
Il y a, en particulier au Québec, vous le savez, une force très
grande de ce qu'on a appelé l'enfance exceptionnelle et il y a tous les
services et les professionnels qui ont été
développés pour répondre aux besoins de certaines
clientèles particulières. La clientèle des personnes
handicapées est une de ces clientèles. Elle n'est pas la seule.
On ne veut pas nécessairement se prononcer pour des clientèles
qui ont des difficultés de comportement ou des difficultés
d'apprentissage. Notre clientèle a une certaine difficulté
d'apprentissage, mais elle n'est pas nécessairement la seule
clientèle qui est dans les classes spéciales. On pense que les
personnes handicapées, dans la très grande majorité des
cas, peuvent être dans des milieux plus normaux. Par rapport à ce
processus, d'autres barrières sont les structures, c'est-à-dire
l'existence même des classes spéciales et les ententes entre les
commissions scolaires sur les classes spéciales, sur les services
particuliers, qui ont tendance à se perpétuer et, même les
conventions collectives qui donnent certains droits basés sur les
structures actuelles et qui empêchent l'évolution, qui rendent
difficile l'évolution. Dans certains cas, les enseignants s'organisent,
disons, pour faire une certaine obstruction. Ce n'est pas général
encore une fois et ce n'est pas l'attitude de la centrale syndicale principale,
la CEQ, qu'on a rencontrée dernièrement, mais cela peut
être l'attitude des enseignants dans certains milieux.
L'attitude que l'on défend en est une qui a été
beaucoup discutée avec les partenaires. Il y avait une évolution
très grande. Mais on pense qu'il est temps d'introduire certaines de ces
nouvelles orientations dans la loi et la réglementation.
Mme Vermette: Est-ce qu'on risque d'entendre certains propos
comme j'en ai entendus aux états généraux il y a deux ans
où on disait qu'on était pour Péiitisme à outrance
et où on disait: S'il y en a qui font perdre du temps à d'autres,
il faudrait peut-être penser qu'il faut sacrifier certaines personnes
pour favoriser une certaine élite. Je pense que cela risque, en tout
cas, quand on a une orientation plutôt de droite qu'une ouverture
d'esprit, de favoriser davantage l'élite au détriment d'une
classe qui ne demande qu'à prendre sa place dans notre
société.
Si j'ai aussi bien compris, à l'égard de l'article 428, en
ce qui concerne les pouvoirs que le ministre se donne, dorénavant, if
pourrait choisir des commissions scolaires qui devraient donner ce service, ce
qui risque de pouvoir créer, en tout cas, certaines classes ou
certaines
écoles seulement, dans certaines quartiers ou dans certaines
régions, qui donneraient ce service. Donc, c'est tout à fait
à rencontre du principe de l'intégration dans son milieu naturel.
Est-ce que c'est l'une des recommandations sur lesquelles vous appuyez
fortement une demande en disant: II faut retirer cet élément
finalement du projet de loi?
M. Mercure: L'article 428 porte sur plus que la simple question
des personnes handicapées. On a fait la proposition très
concrète que, même si on restait convaincus que cela pouvait
être utile à l'occasion de donner à certaines commissions
scolaires une responsabilité particulière à certains
services, il était absolument important, à notre point de vue, de
ne pas enlever la juridiction et la responsabilité de la commission
scolaire d'origine; que ces ententes puissent se faire entre commissions
scolaires et que la commission scolaire d'origine continue d'être
responsable de tous les plans d'intervention et de la qualité des
services pour qu'elle puisse intervenir dans les ententes et exiger une
certaine qualité de services. On est très inquiets. Je pense que
l'article 428 visait, de toute façon, d'autres questions, mais les
services aux personnes handicapées y ont été
introduits.
Encore une fois, ce n'est pas tellement la première partie de
l'article 428. On pense qu'il peut être utile que certaines commissions
scolaires aient des responsabilités particulières, à
condition qu'elles l'exercent le plus possible dans le milieu local et qu'elles
servent aussi d'expertise pour les enseignants et les directions
d'écoles dans les commissions scolaires où elles ont juridiction
sur des services spéciaux. Mais il est très important que les
commissions scolaires ne perdent pas juridiction par le seul fait qu'une
commission scolaire, sur un territoire plus vaste, a certaines
responsabilités, de façon à toujours favoriser la
réponse dans le milieu le plus normal possible et le plus près de
l'endroit où vit l'élève en difficulté.
Peut-être que M. Chabot voudrait ajouter quelque chose, mais pour nous
c'est effectivement l'une des principales recommandations. On pense même
que ce n'était pas ce qui était voulu par cet article
d'après quelques conversations qu'on a, mais c'est le danger qu'une
commission scolaire dise: Bien, voyez-vous telle commission scolaire a
l'obligation de faire cela, nous, ce n'est pas notre responsabilité, et
qu'elle dise aux parents: Adressez-vous... Si cette commission scolaire n'est
pas dans le milieu, l'implication de la famille est absolument illusoire dans
ces conditions.
M. Chabot (Pierre): Peut-être, pour compléter, on
peut faire un lien direct avec l'objectif qu'on voulait avoir, celui de
favoriser l'intégration dans le milieu le plus normal possible chaque
fois que cela est favorable à l'enfant par rapport à ses
apprentissages et par rapport au développement de sa capacité. On
voulait voir cela en ce qui concerne le droit de l'élève, et le
plan d'intervention par rapport aux normes d'organisation de services. On peut
faire un lien direct justement avec l'article 428; que chaque fois, au niveau
individuel et au niveau collectif, l'esprit, c'est de voir si
l'intégration peut se faire pour l'enfant en question.
Mme Vermette: Cela va. Dans le droit de choisir l'école
vous aviez aussi mentionné que les critères d'inscription
établis par la commission scolaire à l'article 221 ne deviennent
pas une mesure d'exclusion pour les élèves handicapés.
J'aimerais que vous nous exprimiez un peu plus vos craintes sur cela. Elles
sont basées sur quelle interprétation finalement que vous faites
de cet article 221?
M. Mercure: Je vais demander à Mme Picard de
répondre à cette question particulière.
Mme Picard: C'est qu'on ne voulait pas, à cause de projets
éducatifs, par exemple, qu'une école se serait donnés, que
cela devienne limitatif ou que cela fasse de la discrimination qui
empêcherait les élèves handicapés de pouvoir
être inscrits à une école donnée. On voulait
vraiment qu'il y ait cette préoccupation au départ et que les
critères d'inscription ne soient pas limitatifs ou discriminatoires pour
les personnes handicapées.
Mme Vermette: En fait, vous vouliez avoir les pleines garanties
que, peu importe le projet éducatif de l'école, cela ne serait
pas pris en considération comme critères d'admissibilité
dans une école et qu'on devrait trouver les moyens pour que cet enfant
puisse suivre le projet éducatif, mais non pas l'exclure du projet
éducatif. C'est plutôt cela?
Mme Picard: Oui. Il ne faudrait pas qu'un projet éducatif
soit trop spécifique, ce qui empêcherait un élève
handicapé de pouvoir en bénéficier par exemple. La
préoccupation devrait être constante et devrait être dans ce
sens.
Mme Vermette: Vous avez aussi fait mention et je pense que c'est
très important, du droit de recours au protecteur de
l'élève. Finalement, on n'en tient pas compte dans le nouveau
projet de loi. On en tenait compte dans le projet de loi 3 parce qu'il y avait
le Protecteur du citoyen qui pouvait intervenir, mais là il n'y a plus
rien. Il y a un vide à ce moment. Pour vous, quels sont les
problèmes que cela pourrait occasionner de ne pas avoir de protecteur de
l'élève?
M. Mercure: Je pense que cela ajouterait à !a
difficulté d'un manque de définition dont on a parlé tout
à l'heure concernant le plan d'intervention et la nature des services.
Il peut y avoir des situations dans lesquelles, à tort ou à
raison, les parents ou les intervenants croient que les
droits de l'élève ont été
lésés. S'il n'y a pas un mécanisme de recours et
d'appel... Donc, il peut y avoir un mécanisme totalement interne
à la commission scolaire et, à ce moment-là, je pense que
le conseil consultatif pourrait être une première instance et
peut-être que plusieurs questions de ce genre pourraient se régler
à ce niveau. Mais on pense que, s'il n'y a pas un autre recours plus
formel, la tendance qui a commencé il y a quelques années, soit
celle d'utiliser des organismes comme la Commission des droits de la personne
et aussi les tribunaux - il y a eu quelques cas de cette nature - pourrait
s'accentuer. (11 heures)
On pense que, dans toute la mesure du possible, si on établit des
bons mécanismes de recours, cela pourrait diminuer les conflits, parce
qu'on va vivre une période de transition qui va être encore
longue. Dans une période de transition, il y a cette situation où
les droits ne sont peut-être pas suffisamment clairs.
Mme Vermette: Pourriez-vous nous dire, en fin de compte, quelles
seraient les modalités de représentation des parents
d'élèves handicapés au conseil d'orientation de
l'école? Parce que vous faites vraiment mention du rôle du parent
qui devrait être très important et accompagner tout au long, non
pas juste au début, le processus d'évaluation de
l'élève.
M. Mercure: On pense que les parents des personnes
handicapées, et c'est d'ailleurs déjà prévu pour ce
qui est du conseil consultatif, dont vous parlez...
Mme Vermette: Au conseil d'orientation de l'école et aux
comités de parents à la commission scolaire, oui.
M. Mercure: Mme Hébert, est-ce que vous pouvez
répondre précisément à cette question?
Mme Vermette: Je vais être plus précise. Est-ce que
vous voudriez avoir des sièges réservés, une place
vraiment retenue pour les parents, que ce soit acquis pour eux?
Mme Hébert: Notre recommandation n'est peut-être pas
si précise, mais c'est probablement ce genre d'option qu'on souhaiterait
voir envisagée. Que la participation des parents soit assurée au
conseil d'orientation de l'école, soit par des sièges
réservés ou d'autres modalités, il va falloir
étudier les différentes possibilités. On souhaite vraiment
que cette participation soit reconnue et qu'il y ait une officialisation de
leur participation.
Mme Vermette: On me dit que le temps court et file actuellement
entre nos doigts. Mais j'aurais aimé qu'on favorise davantage
l'intégration de la personne handicapée et qu'elle devien- ne une
priorité dans le milieu scolaire, parce que cela favorise la stimulation
précoce de l'enfant, cela lui permet de s'adapter plus facilement et
cela favorise les changements de mentalités qui sont importants pour
l'intégration des personnes handicapées dans nos
sociétés.
À ce point de vue, j'aurais souhaité qu'on soit un peu
plus avant-gardiste dans le projet de ioi et que, même si on dit qu'il
faut respecter les droits collectifs au détriment de certains droits
individuels ou de certains droits particuliers, je crois qu'avec de tels
discours on risque d'avancer très lentement et, encore une fois, manquer
le virage que la plupart de nos sociétés modernes se sont
donné.
J'ose espérer que le ministre prendra en considération vos
recommandations parce que vos propos témoignent de votre
préoccupation des plus profondes pour l'intégration des personnes
handicapées et surtout dès le plus bas âge pour leur donner
une plus grande chance de succès et de réussite dans nos
sociétés.
Je vous remercie pour votre présentation. J'espère qu'on
aura l'universalité et que, en ce qui concerne les programmes, on pourra
faire en sorte que ces parents ne soient pas taxés à nouveau et
payer certains frais de ce que l'intégration de ces personnes
handicapées impliquera, le matériel scolaire ou toute la panoplie
du matériel didactique. Vous en avez fait mention, je crois, dans votre
document.
M. Mercure: Pour nous, évidemment, c'est très
important que ce virage dont vous parlez ne soit pas manqué et que le
travail de développement de l'autonomie commence bien avant l'âge
scolaire. Vous avez mentionné la stimulation précoce. Alors, il
faut bien constater que les personnes arrivent à l'âge scolaire
dans une situation souvent très différente et à un niveau
de développement très différent de ce que cela pouvait
être avant l'établissement de services adéquats de
stimulation précoce.
Vraiment, on pense que c'est très important de préciser la
question des droits et des services dans la loi et que l'on puisse appuyer le
mouvement qui se fait actuellement et qui est un mouvement extrêmement
important pour le développement de l'autonomie et le
développement des apprentissages des personnes handicapées.
Le Président (M. Paré): En concluant.
Mme Vermette: Dans votre rapport, vous avez fait une demande pour
que les élèves très jeunes, à partir de la
prématernelle et de la maternelle, puissent accéder à
temps plein aux écoles.
M. Mercure: Oui, effectivement. Cela permettrait une meilleure
transition entre les services de stimulation précoce, qui sont de la
responsabilité du ministère de la Santé et des
Services sociaux et du milieu scolaire. Dans bien des cas, pour la
prématernelle et la maternelle, qui ont déjà d'ailleurs
commencé cette intégration, nous pensons qu'on devrait accentuer
la présence des personnes handicapées à un âge moins
élevé dans le milieu scolaire.
Le Président (M. Paré): Merci. La parole est
maintenant au député de Beauhamois, en spécifiant qu'il
vous reste un peu plus de six minutes.
M. Marcil: Merci, M. le Président. J'écoutais
tantôt vos recommandations quant aux conseils d'orientation et aux
comités de parents dans les commissions scolaires. Par
expérience, je sais que les parents les plus actifs dans une
école sont justement ceux qui ont des enfants handicapés. On les
retrouve à peu près dans tous les organismes scolaires. Du moins,
ce sont des parents qui s'occupent souvent plus de leur enfant, à cause
du problème justement.
Vous parliez aussi des services adaptés aux besoins de la
personne handicapée. Il est certain qu'on ne peut pas définir ou
retrouver tous les services possibles dans un projet de loi. On ne peut
également pas décrire les services adaptés aux besoins de
la personne handicapée. D'autre part, je suis ignorant du nombre ou des
catégories de personnes handicapées qu'on peut retrouver. Pour
essayer de comprendre vos recommandations sur le projet de loi, avez-vous des
statistiques régionales là-dessus pour être capables de
déterminer cela? Peut-être que cela pourrait éclairer,
justement, plusieurs personnes. Par exemple, le nombre de personnes
handicapées auditives, visuelles, etc., qu'on peut retrouver dans les
différentes régions et qu'on envoie souvent dans des
écoles spécialisées, que ce soit à Peter Hall, John
F. Kennedy ou Marie-Enfant. J'aimerais bien, lorsqu'on parle justement de
services adaptés aux besoins des personnes handicapées et
lorsqu'on parle également, dans vos interventions, d'essayer de garder
le plus possible les personnes ou les élèves handicapés
dans leur milieu afin de favoriser davantage leur intégration, voir le
lien qui pourrait se créer entre l'école du milieu et
peut-être les services de réadaptation qu'on pourrait
développer également dans les sous-régions.
M. Mercure: Les principales clientèles visées sont
celles de la déficience sensorielle, soit la déficience de la vue
et de l'ouïe ainsi que ia déficience intellectuelle. C'est dans !e
dernier cas que le nombre de personnes est le plus grand. Peut-être que
M. Chabot pourrait vous donner une idée du nombre d'écoles pour
les différentes clientèles, mais en ce qui concerne la
déficience intellectuelle, l'approche d'une école spéciale
diminue considérablement au Québec. Plusieurs écoles
spéciales ont été fermées. Cependant, dans les
grands centres et en particulier à Montréal, c'est là
qu'il y en a un certain nombre. Vous avez d'ailleurs fait allusion à un
réseau d'écoles privées. C'est là qu'on a encore
recours à des écoles spéciales qui, à notre point
de vue, sont loin d'être la meilleure façon de répondre aux
besoins de développement et d'apprentissage. M. Chabot.
M. Chabot: Je n'ai pas les chiffres avec moi pour dire combien il
y a d'écoles spéciales au Québec ou le nombre de personnes
ou d'élèves qui ont une déficience intellectuelle ou
auditive, mais on peut dire que, effectivement, il y a un plus grand nombre
d'élèves qui ont une déficience intellectuelle. On peut
aussi faire un lien avec l'article 428, où on voyait que les services
particuliers pouvaient être définis. Nous, ce que nous aimerions
justement, c'est que les commissions scolaires gardent la compétence sur
l'ensemble des services. Cela permettrait de donner ces services à ces
élèves dans leur territoire. Il pourrait y avoir certaines
responsabilités qui pourraient être précisées pour
certaines commissions scolaires. Je pense ici à la Commission scolaire
Jean-Talon qui reçoit une clientèle à déficience
auditive et visuelle. Nous aimerions qu'ils développent des services
itinérants. Cela permettrait de donner des services à
Rivière-du-Loup, en Beauce, etc. C'est surtout cela qu'on aimerait voir
précisé et qui permettrait l'intégration justement et des
services de qualité en régions.
M. Marcil: Vous parlez, et cela m'a toujours intrigué, des
ententes MSSS-MEQ, les ententes qu'on peut préparer et signer entre les
services de santé communautaire des différentes régions.
D'après ce qu'on me dit, c'est toujours très difficile de
négocier des ententes de ce type entre ces deux ministères.
Chacun veut garder ses champs de compétences dans le sens qu'à la
minute où l'enfant devient d'âge scolaire, le ministère de
ia Santé et des Services sociaux le renvoie au ministère de
l'Éducation. Il semble que ce soit un problème de
négociation, ce qui empêcherait justement de développer,
dans des régions, des services plus adaptés. Comment
réagissez-vous? Puisque vous êtes un organisme provincial, vous
avez donc sûrement une vision d'ensemble, globale, des différentes
régions du Québec à cet égard. Le problème
existe-t-il réellement?
M. Mercure: Oui, effectivement. La mission MSSS-MEQ, qui a
commencé au début des années soixante-dix, est
actuellement en difficulté de parcours parce qu'elle a transmis des
rapports dont on n'a pas disposé encore. Cela nous préoccupe
beaucoup parce qu'il reste encore beaucoup à faire pour définir
plus clairement les responsabilités des deux ministères.
Éventuellement, même si on n'a pas de réponse
précise à ce genre de question, on pense qu'il devrait y avoir
plus de souplesse quant au genre d'employés des commissions scolaires et
que les conventions collectives devraient tenir compte de
la présence des éducateurs plutôt que des
enseignants et qui accordent directement un soutien à
l'élève. Dans certains cas, ces élèves
relèvent actuellement du ministère de la Santé et des
Services sociaux et, dans plusieurs cas, l'office contribue
financièrement. Il y a actuellement 600 cas d'élèves que
l'on connaît et que l'on suit. Il y en a probablement beaucoup plus que
cela qui existent, mais il y a 600 cas d'intégration dans la classe
spéciale que l'on suit de façon très particulière.
Sur 400 cas environ, on a une implication financière. On pense que cette
implication financière pourrait diminuer considérablement si les
rôles des deux ministères, celui de la Santé et des
Services sociaux et celui de l'Éducation, étaient mieux
définis et si on donnait suite à certaines recommandations qui
sont déposées depuis un bon bout de temps maintenant et qui
impliquent des ressources financières pour améliorer la
réponse aux besoins de ces élèves qui sont un peu entre
deux ministères actuellemment.
Le Président (M. Paré): En conclusion, M. le
député de Beauharnois.
M. Marcil: En conclusion, je me demandais si les sommes d'argent
qui étaient versées par les commissions scolaires à
d'autres commissions scolaires, lorsqu'on faisait des transferts
d'élèves, justement à cause des écoles
spécialisées... On n'a pas le choix, je donne l'exemple:
lorsqu'on envoie un enfant à Peter Hall ou à John F. Kennedy, il
y a des transferts de frais de scolarité et de transport qui sont
reliés à cela. On sait aussi qu'il y a des enfants qui ont des
problèmes assez graves, des cas lourds, comme ceux qui doivent prendre
l'autobus, c'est souvent une heure et demie ou deux heures pour l'aller et,
pour le retour, c'est le même nombre d'heures. Donc, un enfant peut
passer quatre heures dans sa journée assis sur un siège
d'autobus. On sait également que plusieurs enfants sont souvent
perturbés. On m'a même dit que plusieurs parents gardaient leurs
enfants chez eux et que, si on faisait une enquête appronfondie, on
s'apercevrait que plusieurs enfants ne sont pas déclarés comme
tels, que les parents ne les envoient pas dans des institutions ou à
l'école à cause de problèmes de services.
Pensez-vous, selon votre expérience - vous avez sûrement
fait l'analyse - sans nécessairement ajouter des sommes d'argent,
uniquement avec les transferts d'argent qui se passent entre les commissions
scolaires et les écoles spécialisées et lorsqu'on prend
comme modèles des centres de réadaptation qui existent dans la
région de Hull ou dans la région de Joliette également
où on a développé des centres de réadaptation de
sous-régions comme tels, qu'il est possible, financièrement
parlant, à même les sommes que nous avons présentement,
dans les régions, avec les commissions scolaires, d'ouvrir ou de
développer des centres de réadaptation où on pourrait
aller chercher autant de services - au fond, ce sont des équipes
multidisciplinaires - écoles, milieux et centres hospitaliers
également? Y a-t-il moyen, selon votre expérience et les analyses
que vous avez faites, de penser qu'un jour on pourrait développer des
centres comme ceux-là dans les sous-régions, toujours dans le but
de garder ces enfants dans le milieu?
M. Mercure: Oui, tout à l'heure, vous parliez des
orientations de la mission MSSS-MEQ, elles n'ont pas encore été
déposées, mais il semble y avoir un consensus justement pour que
les services soient offerts au milieu local plutôt qu'au niveau
suprarégional, comme Montréal et Québec par exemple. (11 h
15)
II faut garder à l'esprit que, lorsqu'on envoie un enfant
à Québec ou à Montréal, cela inclut beaucoup de
frais. Des frais pour le ministère de l'Éducation et des frais
aussi pour le ministère de la Santé et des Services sociaux. Que
l'on pense aux familles d'accueil que doit payer le ministère de la
Santé et des Services sociaux, au transport et à
l'hébergement de l'élève, au transport et à
l'hébergement du parent qui doit se présenter aussi à
l'établissement que fréquente l'élève. Si on met
tout cela ensemble, on peut croire que cet argent pourrait favoriser une
meilleure intégration au niveau local. C'est sûr qu'on ne peut
demander du jour au lendemain une réorganisation semblable de l'ensemble
des services, mais on croit qu'on pourrait peut-être, à moyen
terme, avoir un processus qui aide davantage à développer des
services au niveau local et demander à ces centres suprarégionaux
d'avoir plus un service d'experts et de formation au niveau local, et que ce
soit eux qui exportent leurs services plutôt que d'exporter les enfants
vers les centres suprarégionaux.
M. Marcil: Je vous remercie beaucoup. Du moins, cela va m'aider
à comprendre davantage les recommandations et les amendements que vous
proposez dans votre mémoire.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le
député de Beauharnois. M. le ministre pour quelques commentaires
de conclusion.
M. Ryan: Oui, très brièvement, parce que le temps
nous presse ce matin. Je crois que nous avons dit l'essentiel au cours de la
discussion qui a eu lieu. Il y a un point que je n'avais pas eu l'occasion
d'aborder et sur lequel je veux vous assurer de mon intérêt, c'est
celui qui touche la collaboration des deux ministères: le
ministère de la Santé et des Services sociaux et le
ministère de l'Éducation. Les choses ne sont pas à point
de ce côté. Il y a des précisions qui doivent être
apportées. Nous avions commencé un travail à cet
égard et des circonstances nous ont
empêchés de l'accélérer au cours des derniers
mois. C'est une chose que nous devons reprendre avant que les travaux relatifs
au projet de loi 107 soient complétés. Il y a des vides qui
rendent l'action plus difficile, j'en suis très conscient et, en
même temps, j'ai le souci, je vous l'ai dit au début,
d'éviter des solutions-cadres qui vous tracent des beaux plans sur
papier, mais dont vous ne connaissez pas les implications au point de vue des
ressources humaines, financières, etc. Nous voulons procéder avec
prudence. J'en ai fait l'expérience cette semaine. J'ai causé
avec les gens de l'Association des parents d'enfants handicapés visuels.
On pourra bien faire un plan général dans une loi sur ce sujet,
mais en pratique, c'est impossible de définir de manière
abstraite les besoins précis auxquels on doit répondre dans le
cas de cette catégorie. J'imagine que c'est la même chose pour
d'autres catégories. Je veux vous assurer qu'on va pousser pius loin
l'étude fonctionnelle de chacun des grands secteurs. S'il y a des
additions qu'on peut faire au projet de loi, avec toutes les normes de prudence
et de réalisme qui s'imposent à nous, nous allons les faire.
Toutes les recommandations que vous nous avez faites, nous les
étudierons avec soin et nous aurons probablement lieu de reprendre
contact avec vous au sujet de certaines d'entre elles. Je vous remercie de
l'excellente qualité de la présentation que vous nous avez faite
ce matin.
Le Président (M. Paré): Merci, M. Ryan. M. Mercure,
est-ce que vous avez quelques commentaires de conclusion?
M. Mercure: Non. Je voudrais remercier les membres de la
commission et assurer la commission et M. le ministre de notre entière
collaboration. Je comprends que, sur certains points particuliers et sur
certains articles, ce serait utile que l'on travaille directement avec les gens
concernés au ministère de l'Éducation. Je vous
remercie.
Le Président (M. Paré): Merci, M. Mercure ainsi que
les gens qui vous accompagnent de l'Office des personnes handicapées du
Québec pour votre mémoire ainsi que pour les discussions que vous
avez accepté d'avoir avec nous. J'inviterais maintenant les gens de la
commission scolaire catholique de Sherbrooke à prendre place
immédiatement, ici en avant.
Je souhaite la bienvenue à Mme Paquette ainsi qu'aux gens qui
l'accompagnent de la commission scolaire catholique de Sherbrooke. Bienvenue
à Québec aux gens de l'Estrie. Je veux juste vous rappeler
rapidement que nous avons une heure à notre disposition, partagée
à temps égal. On vous accorde 20 minutes, et 20 minutes à
chacune des formations politiques. Je vous inviterais à nous
présenter les personnes qui vous accompagnent et à nous faire
ensuite la présentation de votre mémoire.
Commission scolaire catholique de Sherbrooke
Mme Paquette (Caroline): Merci, M. le Président.
Permettez-moi tout d'abord au nom de la commission scolaire catholique de
Sherbrooke de vous remercier de nous avoir invités à vous
présenter notre mémoire et à commenter devant vous les
projets de loi 106 et 107.
J'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent. Mme
Jacinthe Bélisle, commissaire et membre du comité d'étude
sur les projets de loi, M. Roland Quintal, notre directeur
général adjoint et M. Jacques Lamontagne junior, étudiant
dans l'une de nos écoles secondaires. Moi, je suis !a présidente
de la commission scolaire.
Notre mémoire est présenté à la commission
de l'éducation par un groupe de la commission scolaire catholique de
Sherbrooke, composé principalement du conseil des commissaires, de la
direction générale et du conseil général des
élèves. Avant de rédiger notre mémoire dans sa
version finale, nous avons consulté divers intervenants au sein de la
commission scolaire parmi les groupes suivants: directeurs d'école,
parents, enseignants, cadres, professionnels et personnel de soutien. Leurs
commentaires nous ont permis de mieux préciser nos attentes face aux
projets de loi 106 et 107.
Nous rappelons aux membres de la commission que la commission scolaire
catholique de Sherbrooke est l'une des plus grosses commissions scolaires du
Québec, avec quelque 20 000 élèves et 2500
employés. Il s'agit également d'une commission scolaire
nouvellement intégrée, qui comprend 36 écoles primaires et
10 écoles secondaires, y compris des institutions
spécialisées. Ces écoles sont réparties sur un
territoire couvrant la ville de Sherbrooke et sa périphérie. Un
service régional d'éducation des adultes couvrant la
région administrative 05 et géré par la CSCS rejoint
environ 14 000 adultes en voie de formation.
Le conseil des commissaires de la CSCS, principal signataire de ce
mémoire, est composé de dix hommes et de neuf femmes. Nous avons
tous des enfants dans les écoles primaires et secondaires de notre
commission scolaire.
Le conseil général des élèves regroupe des
représentants de sept écoles secondaires, premier et
deuxième cycles, de la CSCS. Il s'agit d'un comité consultatif
qui donne son avis sur des questions qui concernent les élèves
(activités parascolaires ou pédagogiques, règlements,
projets de développement). Le conseil des commissaires a consulté
les élèves sur certains points des projets de loi qui les
concernent plus directement, tels que la place des parents et des
élèves dans les conseils d'orientation, le droit aux services
éducatifs, l'âge d'admissibilité à l'école et
l'obligation de fréquenter l'école jusqu'à l'âge de
16 ans.
Nous espérons beaucoup de la nouvelle Loi
sur l'instruction publique. C'est pourquoi nous sommes très
contents d'être ici aujourd'hui et de vous faire part de vive voix de nos
préoccupations au sujet de ces projets de loi. Nous espérons que
les membres de la commission recevront avec intérêt nos
suggestions et que nous retrouverons dans le projet de loi final un reflet de
nos préoccupations. Malheureusement, un projet de loi arrive rarement
à créer l'unanimité totale et, en tant que commission
scolaire, nous avons, nous aussi, quelques critiques à formuler.
Voici maintenant nos commentaires. Certains aspects des projets de loi
nous plaisent et nous en félicitons le ministre. Nous désirons
tout d'abord souligner les aspects nouveaux de ces projets de loi, que nous
considérons comme d'excellentes améliorations. Nous sommes
d'accord, par exemple, avec les articles du projet de loi qui ont pour but de
rapprocher la procédure électorale de celle utilisée aux
autres paliers de gouvernement: vote par anticipation, remboursement des
dépenses électorales, etc. Nous sommes d'accord pour favoriser
une plus grande participation des citoyens aux élections scolaires. Nous
sommes d'accord avec la division du territoire québécois en
commissions scolaires linguistiques. Nous sommes d'accord pour que l'on
reconnaisse le droit des jeunes aux services éducatifs. Nous sommes
d'accord pour reconnaître l'importance du rôle joué par les
parents, en leur permettant de participer à l'élaboration des
orientations propres à l'école fréquentée par leurs
enfants. Nous sommes d'accord pour reconnaître les obligations de
même que les droits des enseignants.
Par ailleurs, nous sommes opposés aux articles de ces projets de
loi qui ont pour but de conserver un aussi grand nombre de circonscriptions
électorales dans les petites commissions scolaires. Nous sommes contre
l'idée de maintenir le statu quo quant à l'âge
d'admissibilité à l'école et de laisser au ministre le
soin de décider arbitrairement des cas d'exception. Nous sommes
opposés à l'idée de donner le droit de vote aux
représentants du comité de parents au conseil des commissaires.
Nous sommes contre l'idée de donner aux comités de la commission
scolaire le droit d'ester en justice contre cette dernière. Nous sommes
opposés à l'idée de diminuer le pouvoir décisionnel
et le rôle du comité exécutif du conseil des commissaires.
Nous sommes contre l'idée d'obliger les commissions scolaires à
donner des services pour lesquels elles ne sont pas pleinement
subventionnées. Nous sommes opposés à l'idée de
donner au ministre de l'Éducation et au gouvernement des pouvoirs
nouveaux qui appartenaient auparavant aux commissions scolaires. Nous sommes
contre l'idée de centraliser à Québec des décisions
qui pourraient être prises plus efficacement au niveau local.
Projet de loi 106. Nous croyons que le ministre devrait profiter de ce
projet de loi pour réduire le nombre de commissaires. Il y a
actuellement des écarts importants entre la tâche d'un commissaire
dans une commission scolaire de 6000 élèves et celle d'un
commissaire dans unecommission scolaire comme la nôtre avec
20 000 élèves. Pourtant, le nombre de commissaires
suggéré est identique dans les deux cas. Nous suggérons
que le nombre de commissaires varie de sept à quinze au maximum. Nous ne
pensons pas que la démocratie scolaire en souffrirait, tout au
contraire. Nous rappelons aux membres de la commission que la tâche des
commissaires est triple. En premier, ils administrent une commission scolaire
et ont des comptes à rendre à une population et à des
contribuables. Ils représentent un quartier électoral et
véhiculent auprès du conseil les préoccupations et les
problèmes des écoles de leur quartier. En dernier lieu, ils
représentent la commission scolaire dans la société.
Dans le cas d'une commission scolaire comme la nôtre, un conseil
de quinze commissaires nous semble suffisant pour administrer et
représenter la commission scolaire. Dans une commission scolaire de
moins de 5000 élèves, sept commissaires devraient suffire.
Les élections scolaires. Nous nous interrogeons d'autre part sur
les effets de la tenue d'élections scolaires deux semaines après
les élections municipales. Nous croyons que cette procédure aura
l'effet contraire de celui recherché et entraînera une baisse de
la participation des électeurs. Nous suggérons à cet
égard au ministre de tenir les élections scolaires en même
temps que les élections municipales, soit tous les quatre ans, le
premier dimanche de novembre.
Nous sommes conscients que cette formule entraînerait une refonte
des lois électorales municipales et ne pourrait pas s'accomplir dans un
avenir rapproché, mais elle vaut la peine d'être
examinée.
De plus, le conseil trouve inacceptables les délais
imposés pour le recensement des votes (article 131), de même que
pour la proclamation des résultats. Pourquoi faudrait-il attendre au
lendemain pour communiquer aux commissaires qu'ils ont été
élus et attendre cinq jours pour le confirmer? Nous croyons que vous
auriez vous-même beaucoup de difficulté à vivre une telle
situation au lendemain d'une élection provinciale. (11 h 30)
Nous pensons également que les commissaires devraient entrer en
fonction après avoir prêté le serment solennel - cela n'est
pas mentionné dans le projet de loi - ce qui devrait se faire dans les
dix jours qui suivent l'élection. Ils devraient rester en poste
jusqu'à l'entrée en fonction du nouveau conseil. C'est l'article
151. Le projet de loi laisse un vide pendant lequel seuls les commissaires
élus par acclamation assureraient la direction de la commission
scolaire.
Par ailleurs, le conseil croit que la loi devrait continuer à
permettre à une personne
propriétaire d'un immeuble imposable d'exercer son droit de vote
aux élections scolaires. Une personne dont le domicile ou la
propriété est situé sur un territoire commun à deux
commissions scolaires devrait avoir le droit de voter dans la commission
scolaire où elle a choisi de payer ses taxes.
Enfin, nous croyons que le ministre ne devrait pas accorder deux votes
aux parents dont les enfants fréquentent par entente une autre
commission scolaire que celle où ils ont leur domicile.
Mis à part ces commentaires, nous avons formulé dans notre
mémoire quelques remarques au sujet des procédures que nous vous
suggérons de lire, puisque ce serait un peu fastidueux de tout
mentionner ici. En général, nous trouvons ce projet de loi
très acceptable.
Projet de loi 107. Nous tenons d'abord à dire au ministre que
nous appuyons la création de commissions scolaires linguistiques. Il est
temps que nos commissions scolaires reflètent la réalité
sociale du Québec d'aujourd'hui. À la commission scolaire
catholique de Sherbrooke, nous vivons d'ailleurs cet état de fait depuis
plusieurs années. Grâce à une entente avec la commission
scolaire Eastern Townships, nos élèves anglophones catholiques
reçoivent leur enseignement de cette commission scolaire anglophone
depuis près de vingt ans. Quant aux élèves francophones
protestants, ils étudient chez nous. Les élèves du
primaire bénéficient de la même entente depuis l'an
dernier, il s'agit d'une réalité que nous vivons d'ailleurs de
façon très harmonieuse, comme vous pouvez le constater par ma
présence ici.
Nous nous demandons toutefois s'il ne serait pas souhaitable de retirer
l'article 97 du projet de loi sur l'instruction publique et d'en faire un
projet de loi à part. Nous craignons que les affrontements à ce
sujet ne bloquent le processus d'adoption de la nouvelle loi que nous attendons
depuis déjà si longtemps.
La commission scolaire ne s'oppose pas à l'existence des
commissions scolaires dissidentes actuelles, mais nous préférons
que la formation de telles commissions scolaires ne soit pas encouragée
par le ministre. Nous croyons que le droit à la dissidence, pour des
raisons de croyance religieuse, devrait pouvoir s'exprimer à
l'intérieur des commissions scolaires linguistiques, par des demandes
d'écoles dissidentes.
Nous désirons souligner les aspects nouveaux de ce projet de loi
que nous considérons comme d'excellentes améliorations. Nous
pensons ainsi au droit des jeunes de recevoir des services éducatifs,
à une meilleure définition des obligations des enseignants,
à l'instauration de conseils d'orientation dans les écoles,
à la possibilité d'avoir plus d'un directeur
général adjoint et à la possibilité pour un
commissaire absent physiquement de participer aux décisions du conseil
par le biais du téléphone.
Nous avons toutefois des critiques et des commentaires à formuler
quant à un certain nombre d'articles du projet de loi 107. La plupart de
nos commentaires constituent des demandes de clarification ou de
définition. Nous sommes certains que tes membres de la commission en ont
déjà pris connaissance dans notre mémoire et qu'il serait
trop long de tout énumérer. Voici cependant des commentaires
qu'il nous semble utile de vous souligner de vive voix.
En ce qui concerne l'élève. En ce qui touche l'âge
d'admissibilité à l'école, la majorité des membres
du conseil croit qu'il devrait être fixé dans la loi et nous
préconisons l'âge atteint au 31 décembre. Bien que nous
croyons que cette date convienne à la majorité des enfants, deux
catégories d'enfants devraient bénéficier de services
spéciaux. D'une part, les enfants de milieux défavorisés,
handicapés ou allophones devraient pouvoir fréquenter une
prématernelle dès l'âge de quatre ans afin de favoriser
leur socialisation et de leur permettre de développer des
habiletés, en français notamment, dont ils auront besoin en
maternelle régulière. D'autre part, les enfants doués
devraient pouvoir entrer à l'école à un âge
précoce, sans devoir faire appel à l'autorisation personnelle du
ministre. Notons, toutefois, que le conseil général des
élèves ne recommande pas l'entrée précoce à
l'école. Les élèves trouvent qu'ils n'ont pas toujours la
maturité nécessaire, à la fin de leurs études
secondaires, pour s'intégrer au milieu collégial.
Actuellement, il est plus facile, pour des parents venant de
l'extérieur du Québec, de demander l'admission précoce de
leurs enfants dans nos écoles. Les parents d'enfants nés au
Québec doivent, eux, faire la preuve que leurs enfants sont
psychologiquement prêts à entrer à l'école et
doivent, de plus, faire appel au ministre. Le nombre de ces cas de
dérogation est en hausse constante, depuis quelques années, et
les critères de dérogation ne sont pas bien connus de l'ensemble
des parents des commissions scolaires.
Nous trouvons, enfin, que la gratuité scolaire est mise à
rude épreuve dans ce projet de loi, quand elle se limite à la
gratuité des manuels scolaires seulement. Le matériel didactique
gratuit est mal défini dans le projet de loi, de sorte qu'on ne sait pas
trop ce qui doit être gratuit et ce qui ne doit pas l'être. Le
coût des livres d'exercices, des calculatrices et d'autre matériel
exigé dans nos écoles ne cesse d'augmenter. Si les familles
à faible revenu recevaient des subventions pour payer ce
matériel, nous serions plus en mesure de déclarer que
l'éducation publique au Québec est vraiment accessible et
gratuite.
La décision de prolonger d'une année l'obligation de
fréquenter l'école nous paraît sage, dans le contexte
actuel, compte tenu des exigences de plus en plus grandes du monde du travail.
Par ailleurs, nos directeurs d'école souhaiteraient que la maternelle
aussi devienne
obligatoire. Par contre, il nous semble illusoire de contraindre les
jeunes à fréquenter l'école si, au même moment, le
gouvernement continue à diminuer l'aide financière au service du
soutien à ces jeunes. Pour les garder à l'école
jusqu'à l'âge de seize ans, nous avons souvent besoin de
travailleurs sociaux, de psychologues et de psycho-éducateurs qui ont
tous pour but de détecter, prévenir et remotiver les
décrocheurs potentiels. D'ailleurs, nous trouvons inquiétante la
faiblesse des mesures prises dans le projet de loi concernant les
problèmes de fréquentation scolaire. La direction de la
protection de la jeunesse serait un lieu idéal de contrôle, mais
pas dans son état actuel de surcharge chronique.
Enfin, il nous semble qu'il soit encore trop facile pour certains
parents qui éduquent leurs enfants à la maison de se soustraire
à l'obligation d'offrir un enseignement qui permette le
développement intégral de l'enfant. Le projet de loi doit donner
aux commissions scolaires les moyens d'assurer à ces enfants une
éducation de qualité.
L'enseignant. Nous croyons que, par ce projet de loi, les obligations
des enseignants sont finalement définies. Cependant, nous souhaitons que
l'article 19 soit plus explicite sur les pouvoirs qu'auront les commissions
scolaires de faire respecter ces obligations. Une définition claire de
la compétence professionnelle serait, à cet égard,
très utile. Cette définition est aussi demandée par les
élèves. Par exemple, est-ce que l'enseignant qui n'agira pas en
conformité avec l'article 19 pourra perdre son permis ou être
renvoyé? Nous souhaitons que cet article soit clarifié, pour
indiquer les conséquences du non-respect de l'article 19 ainsi que pour
indiquer les droits et obligations des commissions scolaires dans ce
domaine.
D'autre part, l'utilisation d'enseignants à la leçon et de
suppléants, même occasionnels, qui n'ont pas de permis
d'enseignement, nous paraît invraisemblable en 1988, alors que de
très nombreux jeunes diplômés en enseignement ne trouvent
pas d'emploi.
Conseil d'orientation. Nous saluons avec plaisir les précisions
du projet de loi concernant les conseils d'orientation dans les écoles
et nous croyons que la formule proposée sera assez souple pour
répondre aux besoins de la plupart des écoles. Nous pensons que
ce projet de loi donnera enfin aux parents les moyens de rendre cette structure
opérationnelle. Nous sommes d'accord avec les fonctions que
confère le projet de loi aux conseils d'orientation. Nous croyons,
cependant, que la loi devrait préciser que les orientations et les
volontés des conseils d'orientation ne peuvent jamais aller à
rencontre des règlements et décisions du ministère de
l'Éducation et de la commission scolaire.
Quant à la question des comités d'école, quoique
les directeurs d'école en recommandent l'abolition, nous croyons que
cette décision devrait revenir aux parents de chaque école
réunis en assemblée générale. Nous admettons qu'il
pourrait être lourd d'avoir un comité d'école en plus d'un
conseil d'orientation dans une petite école, mais nous
considérons que les deux sont souhaitables et même
nécessaires dans une grosse école.
Enfin, nous offrons au ministre quelques suggestions qui favorisent la
participation des parents à la vie de la commission scolaire. Nous
suggérons que les parents des écoles secondaires puissent
élire deux délégués aux comités de parents
afin d'alléger la tâche de ses représentants dans les
différents comités de la commission scolaire. De plus, on
pourrait encourager la participation des parents aux conseils d'orientation,
aux comités d'école et aux comités de parents en
permettant plus clairement le remboursement des frais de garde encourus par ces
parents.
Nous recommandons, cependant, au ministre d'examiner soigneusement la
portée de certains articles du projet de loi. Nous ne pouvons pas, par
exemple, concevoir le bien-fondé des articles 77, 93 et 179 qui
accordent aux conseils d'orientation, aux comités d'école, aux
comités de parents et à d'autres comités consultatifs le
pouvoir d'ester en justice. Ces articles nous semblent, malheureusement,
s'appuyer sur l'idée que les commissions scolaires ne respecteront pas
la loi. Il existe sûrement d'autres moyens que la poursuite judiciaire
pour régler des problèmes relatifs à l'application de la
loi. D'autant plus qu'il apparaît que la commission scolaire devrait
payer, à la fois, pour la poursuite et pour la défense.
Nous n'acceptons pas non plus l'idée que le représentant
du comité de parents au conseil des commissaires y ait le droit de voter
comme le suggère l'article 129. Nous nous opoposons au droit de vote
pour les raisons suivantes. Premièrement, il existe un principe en droit
parlementaire qui admet que, pour pouvoir taxer une population, il faut avoir
été élu par cette population. Nous croyons que, pour avoir
droit de vote au conseil des commissaires, il faut être élu au
suffrage universel. Deuxièmement, le droit de vote au conseil des
commissaires donnera une position ambiguë au représentant du
comité de parents qui pourrait difficilement agir d'une part comme
représentant d'un groupe de pression et d'autre part comme
décideur. Cette personne serait juge et partie à la fois.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, Mme Paquette,
c'est juste pour vous informer que vous avez dépassé
déjà de quatre minutes. Vous pouvez continuer mais cela va
être du temps enlevé pour les discussions. Alors, je vous laisse
libre de procéder comme vous le voulez.
Mme Paquette: Si vous le permettez, je vais terminer. Il ne m'en
reste pas beaucoup.
Le Président (M. Paré): Cala va, pas de
problème.
Mme Paquette: Nous faisons aussi des remarques concernant la
rémunération des commissaires. Il faudrait que ieur mode
d'attribution soit reconsidéré et la rémunération
elle-même augmentée. C'est clair qu'on donne une moyenne de 20
heures par semaine de travail et, si on se compare, par exemple, avec la
municipalité de Sherbrooke, on est payés à peu près
un dixième de ce qu'eux reçoivent. Le conseil est aussi contre la
diminution du rôle et des pouvoirs du comité exécutif du
conseil des commissaires. Les dispositions de ce projet de loi concernant le
comité exécutif nous étonnent. Peut-être qu'elles
pourraient être appropriées dans le cas de petites commissions
scolaires avec moins de 11 commissaires, mais elles seraient catastrophiques
dans le cas d'une commission scolaire comme la CSCS, si elles devaient
être appliquées. Alors, pour nous, le comité
exécutif disposant de pouvoirs réels est absolument
nécessaire pour ne pas alourdir les opérations courantes. (11 h
45)
Quant aux comités consultatifs décrits à la section
IV, ils existent déjà dans notre commission scolaire et on les
trouve très utiles. Par contre, on trouve difficile
l'accessibilité des parents parce que, souvent, ils ne sont pas
disponibles. Alors, il ne faut pas bloquer ces comités, parce que le
parent qui siège à un de ces comités n'est pas disponible.
On suggère aussi la création d'un conseil d'élèves,
comme on en a un à Sherbrooke, parce que cela a fait ses preuves. Pour
des commissions scolaires avec plusieurs écoles secondaires, nous
trouvons que ce serait utile.
En ce qui touche les fonctions de la commission scolaire, nous sommes
généralement d'accord avec la description des fonctions telle
qu'elle apparaît dans la section VI. Toutefois, comme le conseil des
commissaires est le premier responsable des décisions prises dans une
commission scolaire et qu'il s'agit d'un groupe d'élus qui pourront
être défaits si la population n'est pas satisfaite de leurs
décisions, nous nous questionnons sur le bien-fondé des
vérifications multiples exigées par le ministre. Nous sommes
favorables à l'instauration d'un mécanisme dans la loi qui
permettrait la répartition des dépenses majeures, par exemple,
l'aménagement d'une école, sur une période de quelques
années, sans que la commission soit obligée de déclarer un
déficit.
D'autre part, à la lecture du projet de loi, il nous semble que
l'article 274 reconnaît que les commissions scolaires doivent imposer une
taxe pour couvrir les dépenses non subventionnées. Nous voulons
demander au ministre s'il considère cette situation comme un état
de fait et s'il croit que le gouvernement pourrait exiger que les commissions
scolaires offrent des services pour lesquels elles ne sont pas
subventionnées. Nous en sommes au point où 35 % des
dépenses pour les autres secteurs de personnel et les autres coûts
sont actuellement financés par les taxes locales, il n'est
déjà presque plus possible de faire du développement en
fonction des besoins locaux. Nous sommes coincés entre le
désinvestissement gouvernemental dans ces secteurs et
l'impossibilité de taxer davantage.
Finalement, nous déplorons que dans ce projet de loi le ministre
donne au gouvernement et se donne à lui-même autant de pouvoirs
discrétionnaires et mal définis, d'autant plus qu'il n'y a pas eu
consultation préalable des commissions scolaires concernées. Nous
croyons que le projet de loi dans sa forme actuelle va à l'encontre des
projets de décentralisation des pouvoirs de ce gouvernement. Il faut
dire que, depuis que le gouvernement de Québec a décidé de
céder aux municipalités la majeure partie du pouvoir de taxation
sur la propriété, nous assistons à une centralisation de
plus en plus poussée de la prise de décision en ce qui concerne
l'éducation. L'argumentation du ministre dans ce cas concernant Sa loi
107, va carrément dans ce sens, et se traduit par une prise en charge
inquiétante par le pouvoir central de décisions qui pourraient
être prises plus efficacement au niveau local. Le gouvernement central
impose des normes, négocie des conventions collectives et ensuite
diminue le financement. Alors, nous sommes forcés de plus en plus de
subventionner, de payer avec nos taxes des décisions qui sont prises,
ici, a Québec.
Nous pensons que l'administration saine des fonds publics devrait viser
la qualité des services éducatifs avant de pourvoir à
l'alourdissement de la bureaucratie scolaire. Nous sommes persuadés que
les commissions scolaires sont les mieux placées pour juger des besoins
réels de leur clientèle et que l'imposition de contrôles
administratifs rigides et envahissants ne sert qu'à augmenter les
coûts administratifs au détriment des services aux enfants.
Je vous remercie.
Le Président (M. Paré): Alors, merci beaucoup, Mme
la présidente. Je dois à ce moment-ci spécifier qu'il nous
reste trente minutes pour la discussion, donc quinze minutes de chaque
côté. La parole est maintenant au ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je remercie cordialement la
commission scolaire catholique de Sherbrooke du grand soin qu'elle s'est
donné pour préparer un mémoire très
élaboré traitant de chacun des deux projets de loi d'une
manière extrêmement constructive et pertinente. J'ai bien
apprécié la présentation du mémoire aussi, qui
facilite le renvoi aux dispositions du projet de loi dont on traite aux
diverses étapes du mémoire. Je pense que, dans l'ensemble, vous
méritez des remerciements particulièrement sentis pour le soin
que vous vous êtes imposé encore une fois
afin de faire une présentation hautement responsable à la
commission parlementaire. Au nom du gouvernement, je vous en remercie
très cordialement.
J'apprécie également l'orientation
généralement très constructive de votre mémoire. Il
y a des choses que vous dites franchement, avec toute la fermeté
nécessaire et, sur le fond, je pense qu'on sent dans votre
mémoire une convergence de préoccupations avec celles qui ont
inspiré les rédacteurs du projet de loi. Cela m'est une source de
grande satisfaction. Il y a beaucoup de points que vous soulevez dans votre
mémoire. Je ne m'engagerai pas sur les points particuliers parce que le
temps est court ce matin, mais ils vont faire l'objet d'une
considération attentive. Je vous donne des exemples. Vous parlez du
droit de vote des parents commissaires. Nous avons inséré ce
droit de vote dans le projet de loi parce que, à la lumière des
débats antérieurs sur ces questions, nous croyions que
c'était une tendance qui s'était dégagée. L'opinion
a évolué là-dessus, même chez les parents. Si les
témoignages continuaient de s'accumuler en commission parlementaire dans
le sens où ils l'ont été jusqu'à maintenant, c'est
une question que le gouvernement reconsidérera volontiers. Nous n'avons
pas l'esprit fermé là-dessus.
Vous parlez de la rémunération des commissaires, c'est
pertinent, parce qu'il y a un article du projet de loi qui en traite, mais
généralement cela se règle par voie administrative. Je
suis de votre avis quant au niveau insatisfaisant de rémunération
présentement accordé aux commissaires. Nous continuons de
travailler, au gouvernement, afin d'obtenir des ajustements plus satisfaisants.
L'an dernier, nous avons donné une amélioration de l'ordre de 35
%, qui était déjà quand même sensible si on compte
qu'il n'y avait eu aucun ajustement depuis douze ans. Mais cet ajustement
n'était pas suffisant. Tant qu'on n'aura pas obtenu au moins la
plénitude de l'indexation, qui est vraiment une dette à votre
endroit, il y aura des choses qui feront défaut. De ce point de vue,
vous avez la sympathie du gouvernement.
Sur l'âge d'admission à l'école, vous souhaiteriez
que nous inscrivions dans la loi la date du 31 décembre. Je ne peux pas
vous blâmer parce que c'est un article du programme libéral.
Seules les raisons financières nous ont empêchés de le
faire jusqu'à maintenant. La situation financière du gouvernement
s'améliorant, je pense que cette question doit être ouverte
à nouveau. Notre objectif, c'est que nos normes d'admission à
l'école soient les mêmes que celles qui ont cours dans l'ensemble
du Canada. Dans la plupart des autres provinces, c'est le 31 décembre.
Il n'y a pas de raison pour que nous soyons en travers là-dessus. Nous
ne le mettons pas dans le projet de loi parce que nous ne sommes pas sûrs
que nous pourrions le faire tant que les décisions d'ordre
budgétaire n'auront pas été prises. Nous ne pouvons pas
inscrire une disposition dans le projet de loi. Mais, sur le fond, il y a
convergence entre vous et nous là-dessus.
Vous émettez des remarques au sujet des visiteurs
d'écoles. Vous voudriez que ce soit davantage précisé. Je
pense que les remarques que vous faites sont très judicieuses, sauf en
ce qui regarde les députés. Je ne pense pas que vous recommandiez
de leur enlever le droit de visite. Vous vous interrogez sur
l'opportunité. Mes collègues et moi-même pouvons vous dire
que nous sommes très intéressés à visiter des
écoles et qu'il y eut des périodes de noirceur relative où
c'était interdit, en particulier, à des députés
libéraux. Nous ne voudrions pas qu'on pense un instant que nous ne nous
en étions point aperçus et ne l'avions point
déploré. Je veux que le député se sente chez lui
s'il veut arrêter à une école. C'est un lieu qui fonctionne
à l'aide de fonds publics, fournis à même le Trésor
commun du Québec. Je pense que c'est normal qu'il puisse faire un
arrêt et qu'il n'ait pas de permission à demander. C'est l'esprit
dans lequel nous avons mis cette disposition dans le projet de loi. Trop
longtemps, les députés se sont sentis étrangers par
rapport à l'école. Il ne faut pas que ce soit le cas. C'est
l'esprit de la disposition. Quant au reste, vous mettez des nuances en ce qui
concerne les membres du clergé. Je pense que les nuances que vous
demandez sont très judicieuses.
Encore une fois, je vous remercie du soin que vous vous êtes
donné pour étudier toutes ces dispositions avec précision.
Vous parlez du comité exécutif, son rôle et ses pouvoirs.
Il y a des ajustements à faire dans le projet de loi là-dessus.
Vous êtes peut-être le dixième organisme qui nous le
souligne. Cela n'enlève rien à votre mérite,
évidemment. Mais cela ajoute du poids à l'argument dont vous nous
avez saisi. Il y a beaucoup de ces choses, par conséquent, que nous
allons examiner de près. Je pense que sur bien des points vous pourrez
obtenir satisfaction.
À propos des commissions scolaires linguistiques, il n'y a pas
grand-chose à dire, vu que vous exprimez votre cas. Mais vous formulez
une suggestion. Vous dites que cela devrait peut-être être inscrit
dans un projet de loi distinct. Je vais vous dire une chose. Nous avons
défini, au moment où nous avons déposé le projet de
loi - ceci est assez important, pas parce que je me prends pour un autre,
remarquez bien, mais je pense que c'est plus important que d'autres choses
qu'on peut dire - les grands objectifs du gouvernement, mais nous n'avons pas
défini de manière définitive la stratégie que nous
allons suivre pour l'adoption, l'application et la validation judiciaire du
projet de loi. Il y a bien des inconnues, des points d'interrogation que nous
avons conservés à dessein. Différentes hypothèses
sont possibles. Vous en formulez une qui n'est pas étrangère
à celles que nous avons déjà formulées à
différents stades de l'étude. Nous n'en sommes pas à des
conclusions. Je vais vous
dire que j'ai bien noté cette suggestion que vous faites et
voyant l'esprit dans lequel elle est-faite, évidemment, je
l'apprécie particulièrement.
Il n'est pas opportun de tirer des conclusions actuellement. Nous
tirerons, au terme des auditions parlementaires, les conclusions opportunes
à la lumière de tout ce que nous aurons entendu. Encore une fois,
j'apprécie le souci de rendre service qui caractérise les
propositions que vous nous avez faites.
Le permis d'ester en justice pour les corps consultatifs et le conseil
d'orientation, juste une précision là-dessus. L'idée du
projet de loi est de donner à ces organismes un recours au cas où
la commission scolaire voudrait les frustrer de l'exercice des fonctions
définies dans la loi. Il n'y aura pas de pouvoir d'ester en justice en
général. C'est bien dit en relation avec les fonctions que leur
confie la loi. Par conséquent, il y a une limite très importante
qui est inscrite dans le texte que nous avons rédigé. S'il n'est
pas suffisamment clair de ce point de vue, ii faudra le clarifier davantage.
Si, à la rigueur, il fallait faire sauter cette disposition, le projet
de loi n'en serait pas compromis non plus. Nous allons regarder cette
possibilité. Je vous donne l'idée qui nous a inspirés et
je ne suis pas prêt à la laisser tomber ce matin. Nous voulons que
ces comités soient sérieux et qu'une commission scolaire ne
puisse pas s'en fouter impunément. À part cela, il n'y a pas
d'autre arrière-pensée et on ne veut pas qu'ils se mettent
à ester en justice pour acheter des choses, faire des transactions et
cinquante-six affaires. Si cela ouvrait la porte à des abus comme
ceiui-là, il faudrait resserrer les dispositions, à tout !e
moins, sinon les enlever totalement.
Cela dit, je pense que j'ai fait le tour de mes observations. J'ai pris
bonne note de ce que vous dites à propos du projet de loi 106 aussi. On
va regarder ceia de près. Mais j'aimerais que vous nous précisiez
une chose. Chez vous, vous avez une entente avec la commission scolaire
régionale de l'Estrie, Eastern Townships, à propos de
l'instruction de vos élèves catholiques de langue anglaise.
Pouvez-vous me dire combien il y en a dont vous avez la responsabilité
légale, mais au sujet desquels vous avez une entente avec l'autre
commission scolaire? Pouvez-vous me dire si la réciproque est vraie, si
des élèves protestants de langue française vous sont
confiés en vertu de la même entente?
Mme Paquette: II y a à peu près 400
élèves qui sont concernés par cette entente. Cela fait 20
ans qu'on a l'entente pour les élèves du secondaire. Cela ne fait
qu'un an qu'on vit l'entente pour le primaire. C'est vrai aussi qu'on
reçoit les franco-protestants dans nos écoles. C'est une entente
vraiment réciproque qui est surveillée par un comité. Les
droits des jeunes en éducation religieuse sont bien
protégés. Ils reçoivent dans les écoles anglaises
et protestantes une formation en religion catholique qui est tout à fait
acceptable. Les parents ne se plaignent pas d'aucun problème sur ce
plan.
M. Ryan: Cela veut dire que chez vous, si le modèle de la
commission scolaire linguistique était retenu par le législateur,
cela viendrait confirmer dans le texte de loi ce qui existe déjà
dans la réalité, à toutes fins utiles?
Mme Paquette: Justement.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup. J'aurais bien d'autres
questions à vous adresser, mais je pense vous avoir fait suffisamment de
remarques pour que vous ayez une bonne idée de la réaction du
gouvernement à votre mémoire.
Mme Paquette: Merci, M. Ryan.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le ministre. La
parole est maintenant à M. le député le
député d'Abitibi-Ouest. (12 heures)
M. Gendron: M. le Président membres de cette commission,
moi aussi, très rapidement, je voudrais, au nom de l'Opposition et
à mon nom personne! vous féliciter très
sincèrement, parce que je pense que j'ai rarement vu un mémoire
aussi détaillé, aussi fouillé et d'aussi excellente
qualité, parce qu'il n'y a pas beaucoup de niveaux de
responsabilités ou de fonctions dans le domaine touché par le
projet de loi qui n'aient pas été repris de votre part, que ce
soient l'élève, les écoles comme telles, les directeurs
d'écoles, les commissaires, les comités d'école, les
comités de parents.
Vous êtes allés jusqu'à vous préoccuper des
visiteurs d'écoles. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de mémoires
qui ont eu cette préoccupation de toucher un article qui, quant à
moi... J'y reviendrai dans un court commentaire. Je partage votre point de vue
et, contrairement à ce que le ministre a mentionné, je pense que
c'est carrément proposé dans le projet de loi de remplacer la
disposition un peu exclusive au quatrième alinéa où les
députés ont un accès privilégié. Je pense
que les députés de l'Assemblée nationale devraient avoir
la même obligation que n'importe quel citoyen qui veut visiter les
écoles. Qu'ils soient intéressés par cela, je suis pour
ça. Je ne parle pas du ministre de l'Éducation et de ses hauts
fonctionnaires, mais des membres de l'Assemblée nationale, qui devraient
être assujettis aux mêmes dispositions que les autres. Par exemple,
moi, quand je veux visiter une école, je communique avec le directeur
d'école et je lui demande s'il n'a pas d'objection et cela
m'apparaîtrait beaucoup moins archaïque dans le contexte
d'aujourd'hui. Je ne dis pas il y a 25 ou 30 ans et je ne sais pas à
quelle époque le ministre laisait référence, celle
où on considérait les députés libéraux comme
des péchés véniels lorsqu'ils so promenaient dans les
écoles.
M. Ryan:... époque lointaine.
M. Gendron: Je n'ai pas connu cette époque. C'est vrai
qu'on n'a pas tout à fait le même âge.
M. Ryan: Chez vous, vous aviez un monopole.
M. Gendron: Sûrement pas à l'époque que je
connais très bien, lorsque j'étais ministre de
l'Éducation. Je n'ai jamais défendu à des
péchés véniels de se promener dans le paysage pour visiter
les écoles.
M. Gardner: Aïe! On n'est pas des péchés
véniels.
M. Gendron: C'est un commentaire agréable.
M. Ryan: Eux, ce sont des hérésies.
M. Gendron: Sur l'ensemble de votre mémoire, je pense que
la commission scolaire a pris le temps de rafraîchir certaines
dispositions et d'indiquer qu'à certains égards le ministre de
l'Éducation devrait tenir compte de choses très précises
sur lesquelles vous lui donnez un avis, mais on sent que c'est un avis de gens
qui vivent dans le système et qui voudraient puisqu'on prend la peine de
modifier la vieillotte loi générale sur l'instruction publique,
au moins s'assurer qu'on l'adapte convenablement aux dispositions de 1988.
À ce point de vue, on doit vous en féliciter et vous en
remercier.
En ce qui concerne celui qui vous parle, il y a beaucoup plus de choses
sur lesquelles je partage entièrement votre avis. Et que vous commenciez
un mémoire en disant: Nous sommes plutôt d'accord sur les
dispositions suivantes, pédagogiquement, c'est bon. Cela signifie que
vous êtes davantage d'accord avec le ministre et c'est une bonne
entrée en matière, en règle générale,
surtout avec ce ministre-là.
Des voix:...
M. Gendron: Au point de vue tactique, j'entends. Il y a,
cependant, plus de dispositions sur lesquelles vous êtes en
désaccord et je pense que c'était le moment de l'exprimer. Je
voudrais, toujours pour des raisons de temps, revenir sur quelques
dispositions. Entre autres, vous mentionnez, comme cela a été le
cas de plusieurs autres, que vous êtes contre les articles de ce projet
de loi qui ont pour but de donner au ministre de l'Éducation et au
gouvernement des pouvoirs nouveaux qui appartenaient auparavant aux commissions
scolaires.
Vous êtes également contre le fait de centraliser à
Québec des décisions qui pourraient être prises localement.
C'est une question d'ordre général qui a été
reprise par bien des inter- venants. Je me rappelle la première
réaction de la Fédération des commissions scolaires du
Québec. La première réaction officielle, cela avait
été: On pense qu'il y a un mouvement de centralisation qui est un
peu abusif. Cependant, dans le détail, quand on veut l'apprécier
très concrètement, à moins que je n'aie pas eu le temps
qu'il me fallait pour lire votre mémoire convenablement, je n'ai pas vu
d'endroit précis où vous avez indiqué, genre "listing",
genre trois ou quatre points précis majeurs sur lesquels vous pensez que
le ministre a une orientation plutôt centralisatrice.
Ma première question serait: Est-ce que vous êtes en
mesure, en quelques minutes, de nous indiquer très
précisément les points sur lesquels vous croyez qu'il y a
véritablement un effet centralisateur, abusif par rapport à
d'anciens pouvoirs qui vous étaient dévolus?
Mme Paquette: J'ai fait une liste de tous les articles qui,
à notre avis, centralisaient trop les décisions. J'admets que,
dans certains cas, le ministre a des droits et pouvoirs qu'il doit exercer mais
il nous semble que, dans certains de ces cas, on devrait consulter la ou les
commissions scolaires concernées avant d'appliquer l'article en
question.
Je vous donne comme premier exemple l'admissibilité à
l'école. Les dérogations actuelles, qui sont remises dans le
projet de loi, font qu'une commission scolaire ne peut pas décider, mais
doit référer les cas au ministre. Il me semble que, si les
règles étaient claires et connues de tous, il serait possible
pour une commission scolaire de prendre ses décisions plus rapidement et
avec autant d'efficacité que le ministre. C'est en ce sens qu'on
aimerait ramener des décisions, mais avec des règles claires,
c'est certain. J'ai plusieurs autres exemples.
M. Gendron: Si vous me le permettez, Mme Paquette, vous
reviendrez sur les quelques autres exemples parce que j'avais deux autres
questions sur l'admissibilité. Comme vous venez d'en parler, j'aimerais
autant régler cela tout de suite. Vous venez d'évoquer la
question de l'admissibilité et j'aurais deux commentaires
là-dessus. Je pense que ma question était plus dans les cas
où la responsabilité vous appartenait. À moins que je
fasse erreur, c'est une responsabilité qui ne vous a jamais appartenue.
Quand vous mentionnez que vous souhaitiez que le gouvernement, en termes de
pouvoirs, vous redonne des pouvoirs... Je vous cite: "De donner au ministre de
l'Éducation et au gouvernement des pouvoirs nouveaux qui appartenaient
auparavant aux commissions scolaires". Que je sache, dans le cas de
l'admissibilité, ce n'est pas un pouvoir qui a déjà
appartenu aux commissions scolaires.
Tout ce que je veux vous dire comme commentaire et je terminerai par une
question sur l'admissibilité, c'est que je pense que vous avez raison de
dire - et votre mémoire, à la
page 31, était on ne peut plus clair - qu'il vous semble que
toute cette disposition semble faire appel à trop d'arbitraire de la
part du ministre. Vous dites: "...nous verrions d'un bon oeil
l'établissement de règles". Je pense que vous avez raison et que
vous ne devriez pas lâcher ce point parce que, effectivement, compte tenu
du nombre grandissant de cas qui sont arbitrés par le ministre, avec des
règles qu'il est le seul en mesure d'appliquer, je pense que cela peut
nous mener à une situation confuse, difficile et où,
effectivement, des gens porteront des jugements lesquels j'aimerais autant
qu'ils n'aient pas l'occasion de porter. La meilleure façon de le faire
est d'établir des règles. Après que les règles sont
établies, à la page 32, votre mécanique est simple. Vous
dites: Que le ministre établisse des règles, on en convient, mais
qu'il nous retourne le tout et selon ces règles, nous allons faire la
gestion de l'admissibilité, mais là, il faudrait bien se
comprendre, l'admissibilité des cas d'exception. J'espère qu'on
parle bien tout le monde des cas d'exception uniquement.
Mme Paquette: C'est cela.
M. Gendron: Là-dessus, je vous prierais, de grâce,
de ne pas trop croire le ministre dans ce qu'il vous a dit tantôt.
Écoutez, nous n'aurions qu'à traverser de ce côté de
la Chambre. Ces gens sont en train de se vanter depuis jeudi soir dernier
qu'ils sont dans une période de vaches grasses, qu'ils ont de l'argent
par-dessus les oreilles, que le fric déborde de partout, etc. C'est
vrai. Ils ont un surplus de 900 000 000 $ seulement pour l'année 1987.
Donc, s'ils avaient vraiment la volonté politique de donner suite
à leur engagement électoral par rapport à l'âge
d'admissibilité, il ne faudrait surtout pas croire que ce serait pour
des raisons de difficultés budgétaires.
Je pense que, si vous le voulez vraiment, il faudrait être un peu
plus incisifs et ne pas mordre à des hameçons aussi dangereux. Je
veux bien croire que la pêche s'est ouverte récemment, mais quand
même. Ces gens ne peuvent pas avoir deux théories. Ils ont un
surplus de 1 600 000 000 $ et c'est la première fois que cela arrive.
Cela fait douze ans que je suis à l'Assemblée nationale et je
n'ai jamais vu cela. Ces gens disent: On a du fric par-dessus les oreilles.
C'est tellement vrai qu'on paie les comptes d'avance et qu'on les reporte sur
l'année subséquente et là ils n'auraient pas
d'argent...
Une voix: C'est bon.
M. Gendron: Oui. C'est bon, mais soyez conséquents un peu.
Ils n'auraient pas d'argent pour donner suite à un de leurs engagements,
que nous partageons sur le fond. Je suis complètement d'accord sur le
fond, qu'il devrait y avoir un âge d'admissibilité dans le projet
de loi. On sait où on s'en va. C'est valable partout. Ce serait le 31
décembre, disons. Mais, là-dessus, je pense que vous devriez
être beaucoup plus incisifs et ne pas penser que, si le ministre ne
l'ajoute pas, c'est parce qu'il a une bonne raison. Il n'a pas de raison. Il
faut que vous soyez convaincus de cela. Il n'y a aucune raison réelle de
ne pas l'ajouter. Surtout pas quand on invoque les motifs financiers.
Sur l'âge de l'admissibilité cependant, parce que j'ai dit
que j'avais une question à vous poser là-dessus après mon
commentaire, vous dites: "Que les cas d'exception soient étudiés
au niveau de la commission scolaire qui prendra la décision d'admettre
ou non un enfant avant l'âge requis en se guidant sur les règles
établies." Ne croyez-vous pas, compte tenu du grand nombre de
commissions scolaires - et je ne porte pas un jugement, je dis simplement que
c'est comme ça - que, même si les règles étaient
définies, il y aurait un certain danger d'interprétation qui nous
mènerait dans un an, deux ans ou trois ans à un nombre important
de zones grises quant à la façon de gérer les cas
d'exception pour l'âge d'admissibilité, si c'était
effectivement la responsabilité de l'ensemble des commissions scolaires?
Avez-vous peur de cela ou si cela ne vous dérange pas?
Mme Paquette: C'est vrai qu'il pourrait y avoir des
différences d'interprétation. Vous avez raison. À ce
moment-là, il serait très important que les règles soient
très claires. Mais je trouve inacceptable, par exemple, qu'un enfant de
l'Ontario puisse entrer dans l'une de nos écoles à un âge
précoce parce que son frère, sa soeur ou quelqu'un d'autre dans
la famille a commencé plus tôt ou qu'il a eu une
prématernelle en Ontario, alors que, chez nous, ce n'est pas possible
même si l'enfant lit avant d'arriver en maternelle. C'est ce genre de
chose... Si on dit que l'enfant a des capacités poussées ou que
l'enfant a des besoins réels, je pense à l'enfant allophone ou
à l'enfant handicapé, à ce moment-là, on doit
admettre ces besoins. Il n'est pas difficile d'identifier ces besoins. Alors,
une fois qu'on admet le besoin, on dit: C'est permis.
M. Gendron: D'accord. Dans le projet modifié du ministre
de l'Éducation, il y a énormément d'éléments
qui deviennent centres sur les responsabilités du conseil d'orientation.
La question générale - parce que moi aussi, je suis un peu de
l'avis du ministre à certains égards, quand il mentionnait, par
exemple, que vous aviez donné, à plusieurs endroits, des
éléments très pertinents sur des points précis...
Mais ici, en commission, on doit, je pense, regarder davantage les grandes
orientations. Comme le conseil d'orientation est quand même une instance
majeure dans la nouvelle loi proposée, croyez-vous que les fonctions
dévolues au conseil d'orientation sont adéquates?
Mme Paquette: II est certain que nos
directeurs d'école s'interrogent sur le pouvoir
décisionnel concernant deux ou trois points où on leur donne le
pouvoir de décision. Par contre, le conseil des commissaires trouve
acceptables les points sur lesquels on donne une décision. Sur ce
plan-là, je crois que c'est satisfaisant.
M. Gendron: Donc, il y a là un conseil d'orientation qui
est satisfaisant pour les dirigeants des commissions scolaires ou le conseil
des commissaires?
Mme Paquette: Oui, en tout cas pour la nôtre.
M. Gendron: Cela va. Dans l'ancienne loi 3, je ne veux pas y
faire référence indûment... mais cela semble vous
préoccuper puisque vous mentionnez dans votre mémoire que les
services particuliers et complémentaires devraient être mieux
définis. Vous dites: On devrait définir d'une façon
beaucoup plus claire les services particuliers et complémentaires. Je me
rappelle que, dans l'ancienne loi 3 - je l'ai ici, je n'ai pas envie de vous
lire cela - aux articles 24, 25 et 26, on spécifiait très
clairement: Les services complémentaires comprennent... Et là, il
y avait toute une liste que vous connaissez probablement concernant tous les
services connexes, complémentaires, c'est-à-dire les services qui
doivent entourer les actes pédagogiques et tout le soutien à nos
élèves, comme les services de participation de
l'élève à la vie de l'école, les services
d'orientation scolaire professionnelle, les services d'encadrement, de
surveillance, d'animation etc. La question que je vous pose, c'est: Pensez-vous
qu'une définition comme celle que nous retrouvions dans la loi 3
conviendrait à la question que vous posez d'un balisage plus
précis, plus serré?
Mme Paquette: C'est justement ce qu'on voulait. On trouve que, si
la définition se trouve seulement dans le régime
pédagogique, par exemple, les parents ont beaucoup moins accès
à ce régime pédagogique, tandis qu'ils ont accès au
texte de loi. Alors, aussi longtemps que c'est défini dans la loi, ils
peuvent se baser sur cela pour demander les services. Nous pensons qu'ils ont
raison là et nous sommes du même avis.
M. Gendron: Vous mentionnez à un moment donné -
cela m'apparaît aussi un aspect important - sur la question du
matériel didactique: Que soit précisé le type de
matériel didactique couvert par la gratuité. Si on vous demandait
d'être un peu plus volubiles, que devrait comprendre le matériel
didactique couvert par la gratuité, selon vous?
Mme Paquette: II est clair qu'aussi longtemps qu'on accepte que,
dans nos classes, on utilise des iivres d'exercices, des calculatrices et des
choses comme cela, et qu'on fait payer les parents pour ce genre de
matériel, on ne peut pas parler réellement d'une gratuité
totale. Et les parents s'interrogent de plus en plus parce que, finalement, les
livres d'exercices deviennent aussi cher que les manuels scolaires
d'autrefois.
M. Gendron: Qu'est-ce que c'est présentement,
concrètement, la facture qui est retournée chez vous aux parents
pour l'usage de matériel didactique autorisé par la commission
scolaire?
Mme Paquette: Seion l'année, selon l'école, cela
peut varier entre 30 $ et 60 $ pour les livres d'exercices seulement. (12 h
15)
M. Gendron: Pour les livres d'exercices seulement.
Mme Paquette: Oui.
M. Gendron: Donc, est-ce que je ferais erreur de dire que, dans
certaines commissions scolaires, cela peut aller jusqu'à une centaine de
dollars?
Mme Paquette: Je ne peux pas juger de cela puisque je me base sur
ce que nous avons chez nous. C'est clair que, lorsqu'on dit à un enfant
de première année du secondaire qu'il lui faut une calculatrice,
il faut que le parent aille l'acheter. Ce n'est pas fourni.
M. Gendron: Alors, dans votre esprit, c'est ce genre de
matériel didactique requis par les professeurs qui devrait être
couvert dans la notion dite de gratuité et de services
éducatifs?
Mme Paquette: Ce que nous avons dit, c'est qu'on devrait au moins
subventionner les gens à faible revenu, pour le montant réel et
non pour un montant fictif. Je sais que ce n'est pas votre juridiction comme
ministre de l'Éducation, mais je crois que c'est une inquiétude
que nous avons et que le gouvernement devrait avoir.
M. Gendron: Toujours pour des raisons de temps, je vais
être obligé de poser une dernière question. C'est
drôle, j'aurais voulu que vous soyez un peu plus volubiles sur les
raisons pour lesquelles vous prétendez que si on permet à un
représentant du comité de parents d'aller siéger à
la table des commissaires - je ne parle pas du conseil des commissaires - il
n'ait pas droit de vote. J'étais sympathique à cela parce que je
me disais: Si on lui permet une présence, il me semble qu'il faudrait
qu'il ait exactement la même capacité d'infléchir les
décisions ou les orientations. On ne peut pas avoir des droits de vote
à moitié et différents. Alors, je suis un peu
étonné. Vous dites: On n'accepte pas l'idée que le
représentant du comité de parents au conseil des commissaires y
ait droit de voter. Cela m'étonne et ce n'est pas plus expliqué
que cela. J'aimerais avoir deux phrases explicatives.
Mme Paquette: Premièrement, on a dit: C'est basé
sur l'idée de taxation.
M. Gendron: Pardon?
Mme Paquette: En premier, c'est basé sur l'idée que
si l'on taxe on devrait être élu au suffrage universel.
Deuxièmement, cela met le parent en position ambiguë. Il est
à la fois membre d'un groupe de pression et en même temps juge.
Et, troisièmement, le parent a un vote qui vient d'une école et
à ce rnoment-là on accorde à cette école ou
à ce quartier deux votes dans le conseil. On trouve cela
inacceptable.
M. Gendron: Mais ne trouvez-vous pas que ce serait plutôt
préférable de dire, et cela ne veut pas dire que je partage votre
point de vue, mais si votre point de vue est celui que vous venez d'exprimer
pourquoi ne pas dire qu'il n'a pas d'affaire là? J'aimerais mieux une
proposition plus honnête, comme de dire: Écoutez, on ne veut pas
le voir là. Cela ne veut pas dire que je suis d'accord avec vous, mais
au moins je vous comprendrais mieux et je respecterais cela. Je dirais:
Écoutez, d'après vos prétentions il n'y a pas d'affaire
à ce qu'il y ait un parent qui s'ajoute au conseil des commissaires.
Donc, on le retranche, mais qu'il n'ait pas un rôle mitigé.
Mme Paquette: Je m'excuse, M. Se député, mais on
trouve leur présence très importante...
M. Gendron: Symbolique.
Mme Paquette: Ils nous informent, ils nous influencent dans nos
décisions. Alors, à ce moment-là, leur présence est
requise. C'est un atout pour la commission scolaire, mais le droit de vote,
c'est une autre affaire.
M. Gendron: Cela va, je vous remercie beaucoup. C'est votre point
de vue, mais je retiens essentiellement que vous avez là un
mémoire qui devrait être regardé très attentivement
par le ministre parce que, comme je vous l'ai mentionné tantôt, il
est particulièrement fouillé et couvre adéquatement les
deux projets de loi. Je n'ai pas eu le temps de toucher à l'autre pour
des questions de temps, mais vous avez couvert véritablement les deux
projets de loi. Dans ce sens, on doit vous remercier.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Beauhamois. En précisant qu'il reste seulement cinq minutes.
M. Marcil: D'abord, je suis content de m'apercevoir * qu'entre
les propos du député d'Abitibi-Ouest et ses commentaires à
la suite de vos questions, il est pas mal d'accord avec le projet de loi. On
s'en va vers un consensus de l'ensemble de l'Assemblée nationale. Mme la
présidente - farce à part - c'est uniquement pour revenir aux
frais de scolarité. Lorsqu'on parle de gratuité scolaire je
conviens avec vous qu'en ce qui a trait aux écoles on a tendance depuis
quelques années à faire défrayer par les parents le
coût d'une foule d'articles scolaires. Lorsqu'on parle de coûts
afférents réellement aux programmes, je vous donne un exemple. En
secondaire I, si en ce qui concerne le régime pédagogique on a
prévu au ministère de l'Éducation que c'était tel
auteur ou tel volume qu'on devait acheter et souvent on laisse le choix entre
deux ou trois volumes, il y a une différence entre les cahiers
d'exercices qui sont préparés par les écoles, par les
enseignants au niveau d'une direction, car c'est un choix aussi d'une
commission scolaire ou d'une école que d'offrir un cahier d'exercices
à un élève par rapport à une autre commission
scolaire qui va davantage privilégier une autre approche. Lorsqu'on
parle de frais de scolarité, parce que, sans cela, vous pouvez
demander... On peut exiger des élèves ou des parents comme on
pourrait l'exiger du gouvernement qu'ils financent tout en ce qui a trait au
matériel scolaire. La question que je vous pose, c'est: Est-ce que les
cahiers d'exercices, réellement, non pas seulement recommandés,
mais décidés par le ministère de l'Éducation, qui
sont des cahiers d'exercices se rapportant à un volume, sont
payés par les parents présentement ou achetés par la
commission scolaire?
Mme Paquette: II est clairement indiqué dans la loi que,
dès que l'élève écrit ou découpe dans un
livre, ce sont les parents qui doivent défrayer le coût de ce
livre. Alors, dans le cas des livres d'exercices, c'est évident: Ils
écrivent dedans; alors, ils doivent les payer.
M. Marcil: Donc, cela remplace également un cahier
à anneaux qu'ils devraient acheter aussi.
Mme Paquette: Mais il faut dire qu'avant d'avoir les manuels on
avait des fiches. Alors, c'était à peu près la même
situation.
M. Marcil: Non, c'est cela. Je suis d'accord avec vous. Lorsque
le matériel pédagogique, les outils pédagogiques sont
essentiels et obligatoires, il y aurait peut-être un effort à
faire de la part du gouvernement. Mais, en ce qui concerne le reste des outils
pédagogiques qui sont forgés et créés par
l'école, c'est un choix d'école, c'est un choix de commission
scolaire. Donc, c'est un choix également. On sait que le conseil
d'orientation est toujours consulté à cet effet. Le conseil
d'orientation est quand même composé à majorité de
parents.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le
député. M. le ministre, en concluant.
M. Ryan: Juste un mot en concluant. On vous a fait de nombreux
compliments tantôt et on ne les retire pas. Il y a seulement un passage
qui est un peu plus faible dans votre mémoire, à mon point de
vue, et c'est celui qui traite du rôle du gouvernement et du ministre de
l'Éducation. J'ai trouvé des phrases générales
assez sévères, mais je n'ai pas trouvé beaucoup
d'exemples. Je n'ai pas trouvé beaucoup de démonstrations. Je
pense que, si on serre cela de près, on va s'entendre aussi bien
làiessus que sur le reste. S'il y a des points où nous
introduisons des contrôles tatillons qui ne sont pas nécessaires,
vous allez nous en faire la démonstration et nous sommes prêts
à les examiner. Ce ne sont pas des dogmes. Mais il y a d'autres points
sur lesquels il est vrai que certains pouvoirs nouveaux sont définis
pour le ministre.
Prenez en matière d'enseignement professionnel. Je pense que vous
savez ce qui s'est passé pour la carte des enseignements professionnels
au cours des dernières semaines. Il fallait bien que, en dernière
analyse, une décision soit prise quelque part et il n'y avait pas
d'autre endroit que le bureau du ministre de l'Éducation pour prendre
cette décision. Quand nous ajoutons cela, nous ne modifions absolument
rien à la réalité. Nous la traduisons dans le texte
législatif. Peut-être que dans la formulation, on devrait faire
plus attention et dire par exemple: en dernière analyse. Là,
comme c'est dit, cela peut vouloir dire qu'on prend le contrôle de
l'opération de A jusqu'à Z, ce qui n'est pas du tout l'intention.
Au bout de la ligne, ce pouvoir n'existe pas actuellement pour le ministre. Il
faut bien qu'il soit défini clairement.
Comme pour l'éducation des adultes, on ne peut pas avoir 213
services d'éducation des adultes, on en a 82. Si les commissions
scolaires s'entendent entre elles pour qu'ils soient à tel endroit et
qu'ils donnent des garanties de qualité et d'efficacité, nous
n'avons pas d'objection. Si elles ne s'entendent pas, il faut bien que la
décision soit prise quelque part. C'est le ministre qui est
obligé d'en prendre quelques-unes de cette nature chaque année.
On vient traduire dans le texte de loi des pratiques qui sont non seulement
existantes, mais qui sont, à toutes fins utiles, nécessaires.
Encore une fois, s'il y a des pouvoirs qui sont ajoutés et qui ne
répondent pas à ces critères, nous sommes tout à
fait disposés à les examiner et nous n'avons aucune idée
préconçue là-dessus, sauf que lorsqu'on vient nous dire,
comme nous allons l'entendre tantôt, que le régime
pédagogique ne devrait pas relever du ministre, je me dis: À ce
moment-là, je suis aussi bien de ne pas avoir de ministre. On va
défaire ce qu'on a fait en 1964, on va retourner aux origines et on va
être bien tranquille chacun chez soi.
Mais c'est la partie la moins précise dans votre mémoire.
La page qui traite de cela commençait bien pourtant. Après cela,
je suis passé à la page suivante, pour voir les exemples, et on
passait tout de suite à un autre sujet. C'est la seule critique que je
vous ferais. Je le fais en toute bonne foi, en toute confiance et en toute
liberté aussi. Si vous avez un complément d'illustration à
nous envoyer là-dessus, nous en prendrons connaissance avec beaucoup
d'intérêt et de sincérité. Je vous remercie
infiniment, Mme la présidente. Vous avez été vigoureuse et
claire du début jusqu'à la fin.
Mme Paquette: Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai un droit de
réponse là-dessus?
Sur les contrôles, j'aimerais mentionner deux choses
précises: Premièrement, c'est l'étude des plans et devis.
Aujourd'hui, les municipalités exigent des plans et devis pour des
aménagements, même très mineurs, dans une école et
là on exige que le ministre approuve les plans et devis. Alors, cela
c'est un cas.
L'autre cas, ce sont les rapports en cours d'année, les rapports
financiers en cours d'année. Nous trouvons que cela va exiger de nous un
ajout administratif lourd. Alors, nous pensons que ce serait adéquat de
continuer avec l'idée d'un rapport annuel financier comme on a
actuellement.
Sur les questions des cartes professionnelles, les cartes des options
professionnelles, je suis absolument d'accord avec vous, M. le ministre, vous
avez consulté les commissions scolaires avant de prendre les
décisions, mais il y a un point où ce n'est pas clair dans la
loi: Avant de prendre des décisions majeures comme pour
l'éducation des adultes, le régime pédagogique, etc., ce
n'est pas dit que vous prenez le temps de consulter les commissions scolaires
pour qu'elles puissent donner leur avis, avant de faire des changements.
Merci.
Le Président (M. Paré): Mme Paquette, c'est dommage
de devoir arrêter. C'est très intéressant. Oui?
M. Ryan: Juste un bref mot, si vous me le permettez, pour dire
que, sur les trois exemples que vous avez cités, il y a matière
à accommodement.
Le Président (M. Paré): C'est dommage qu'on ne
puisse par continuer la négociation qui semble aller si bien, mais le
temps nous en empêche. Je vais vous demander, Mme Paquette, de conclure
très rapidement.
Mme Paquette: Je vous remercie beaucoup, M. le Président,
messieurs et madame les députés, et on inviterait M. Ryan
à venir nous voir à la CSCS. On aimerait beaucoup qu'il soit un
peu plus au courant de notre commission scolaire. Merci.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup,
Mme la Présidente, et les gens qui vous ont accompagnée
pour nous présenter !e mémoire. Alors, merci les gens de la
commission scolaire catholique de Sherbrooke, et bon voyage de retour.
Nous allons suspendre les travaux durant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise 12 h 30)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. J'invite maintenant les gens de la
commission scolaire Lakeshore à bien vouloir prendre place ici en avant,
s'il vous plaît!
Les travaux reprennent. Je souhaite la bienvenue aux gens de la
commission scolaire Lakeshore. On a malheureusement un petit problème
d'horaire à cause du retard occasionné dès le
départ ce matin. On aura un peu moins de temps que prévu. On
devra absolument lever les travaux à 13 h 15. Donc, nous avons trois
quarts d'heure. Vous pouvez le répartir comme vous le voulez, soit un
tiers, un tiers, un tiers. Si vous désirez une présentation plus
longue, libre à vous, mais on devra absolument lever l'Assemblée
à 13 h 15. Je vous invite, M. le président, à nommer les
gens qui vous accompagnent et à procéder à la
présentation de votre mémoire.
Commission scolaire Lakeshore
M. Hartt (Joel): Merci, M. le Président. Ce n'est pas
nécessaire parce que nous avons une présentation de 20 minutes et
après des questions.
Le Président (M. Paré): Vous pouvez y aller.
M. Hartt: Mr. Chairman, members of the commission, thank you for
inviting the Lakeshore School Board to appear before this commission. You have
realized, no doubt, from reading our brief that the board and its constituency
are deeply concerned by Bill 107 and certain aspects of Bill 106. To assist me
in the presentation of our position, I am accompanied by Mr. Peter Krause,
Director general of our board, and Me Raynold Langlois, an outstanding
constitutional expert, who has advised us on the relevant legal issues. Messrs.
Krause and Langlois will be addressing you in a few moments on specific areas
of concerns.
I am also accompanied by our Secretary general, Bill Stockwell, who
incidentally has some of his own children on a voluntary basis in our French
schools at Lakeshore, Mary Temper-ton, who is a parent and who is an example of
a parent whose children are going to our French schools as a result of Bill
101, and Nancy
Bethge, who is president of our parents' committee.
My name is Joel Hartt. I am Chairman of the Lakeshore School Board. I
will focus my remarks on our general concerns as expressed in the brief you
have before you. Over the course of the past decade, several attempts have been
made to identify challenges facing the education system in Québec. In
large public forum, such as the estates general of two years ago, pressing
problem areas were examined, such as high class sizes, teacher-student ratios,
dropouts, teacher retraining, identification of and the provision of resources
for learning disabled children, mains-treaming, education for gifted children,
textbooks and material for new courses of study the "régime
pédagogique", school day-care and or funded preschool, first language
instruction, new technology needs in classrooms, computers, the age of
admission to school, the funding of public education.
These issues have a tremendous day-to-day impact on the life of our
children's schools. It is a source of great disappointment and frustration
therefore, when sweeping legislation is introduced which identifies the major
problem in education in Quebec as being structural in nature. Repeatedly during
our consultations with parents, grave concerns have been expressed at the
turmoil to be caused by the methods of defining each school's attendance zone
and the lack of a structure suitable for minority groups such as anglophone
parents not eligible to send their children to an English school, by the choice
at the school level as to the confessional affiliation of the school or the
choice of a nonconfessional status and the means by which such an alignment
will be made and the increased responsibilities and duties of parents on a
number of overlapping committees, but without the guarantee of local
educational authority having real power to effect change.
We realize that a great deal of effort has gone into the preparation of
Bill 107. The fact of the matter is, however, that it does not address the
important major problems facing education. We cannot afford the financial and
emotional cost of implementing Bills 106 and 107, if there are no substantive
educational benefits for Quebec school children.
Le projet de loi 107 prévoit la création de nouvelles
commissions scolaires linguistiques, ce qui entraînera la disparition de
plusieurs commissions existantes. Il s'agit, de toute évidence, d'un
changement fondamental du système scolaire du Québec. Nous
rejetons tout changement radical visant à abolir un système
fondé sur les valeurs traditionnelles qui évolue depuis plus de
200 ans. Ce changement aura pour effet de bouleverser les écoles pendant
de nombreuses années. Non seulement ce changement est-il inacceptable au
point de vue social, il est également contestable au point de vue
légal et constitutionnel. Me Langlois reviendra sur cette
dernière question à
I la fin. La commission scolaire Lakeshore préconise une
éducation de qualité, une gestion efficace, la participation
active des parents, une administration efficace et l'utilisation rationnelle
des ressources et des services.
En matière d'éducation, la philosophie protestante cherche
à définir d'abord les besoins de chaque enfant de la
communauté et à établir ensuite un système
suffisamment vigoureux et flexible pour satisfaire ses besoins. Nos
réalisations à la commission scolaire Lakeshore témoignent
du fait que la loi actuelle est adéquate à cet égard. La
vitalité de notre commission scolaire ressort des faits suivants: A deep
commitment to French instruction for children of parents who so choose,
including a unique French immersion program in ail English schools and a
growing network of French schools; a variety of in-school alternative programs
designed to identify and to recover students at risk of leaving school
prematurely or who have already dropped out and providing these often talented
youths with different paths towards furthering their education; a curriculum
development and student services section that is disproportionately greater
than most, if not all school systems in Québec, allowing the board to
develop many learning materials and programs specific to the needs of its
community and to intervene at an ever earlier age with students having special
needs; a staff development program committed to providing resources for
teachers seeking to acquire new and better skills aimed at a direct improvement
in the classroom environment; a community approved computer implementation plan
which, despite severe budgetary restrictions, provides a five-year plan
bringing together a broad range of pedagogical and administrative applications;
an innovative employee assistance program which attacks a wide range of
personal problems that cause deterioration in job performance; a multitude of
policies with heavy community involvement addressing all facets of social life.
For example, a draft policy concerning AIDS education was passed and is now the
subject of a community consultation. Other examples are policies on school
closing, consultation, library services, emergency first-aid in schools,
experiential outdoor education, heritage language, on policy-making, school
volunteers, supervision of instruction, etc.
The school system, which created these programs and policies over the
years and developed a workable organization which has community support should
not disappear without good reason. We believe, Mr. Chairman, in a flexible
system with sufficient autonomy for local boards; the law must explicitly
recognize the ability of local boards to properly manage and control education.
We perceive a clear bias in Bill 107 in the other direction. This must be
changed. Every school administrator who has read Bill 107 has seen this clear
bias against our ability to conceive, administer and deliver a good education
program.
We believe in spending money on education services. We believe in
accountability, but our accountability must be to our constituency, that is to
say to the community that we serve and who elects the board members. Finally,
we believe in the dissentient roots of our board as we have demonstrated it in
the past. We cannot allow any legislation to be adopted which could, in any
way, encroach upon the rights protected by Section 93 of the Constitution Act
1867.
Nous ne sommes pas contre la création de commissions scolaires
linguistiques pour ceux qui le désirent, pourvu que les commissions
scolaires confessionnelles soient maintenues dans leur cadre actuel.
A new public school system must not be created at the expense of the
Protestant and Roman Catholic taxpayers, or other taxpayers for that matter,
who choose to affiliate with Catholic or Protestant boards.
En terminant, je réitère les recommandations
formulées aux pages 15 et 16 de notre mémoire. Je demanderais
maintenant à notre directeur générai de vous illustrer, en
quelques minutes, les problèmes administratifs et pédagogiques
reliés à la mise en oeuvre du projet de loi 107. Mr Krause.
M. Krause (Peter): Merci, M. le Président, et merci aux
membres de la commission parlementaire de me permettre, une deuxième
fois, de dire quelques mots sur le projet de loi 107 qui touche la question de
l'administration d'une commission scolaire.
Comme plusieurs intervenants l'ont déjà exprimé,
nous trouvons que le gouvernement et le ministre de l'Éducation
augmentent considérablement leurs pouvoirs dans le domaine de
l'éducation, comme le mémoire de la commission scolaire Lakeshore
le mentionne en termes spécifiques à l'annexe B.
Dans le domaine de la gestion pédagogique de la commission
scolaire, nous trouvons que le rôle des commissions sera minime. Je vous
réfère aux articles 413, 414 et 423 à 428, qui illustrent
clairement le rôle prépondérant du gouvernement et du
ministre. Un grand nombre de ces pouvoirs sont actuellement exercés par
le ministre sous forme de réglementation, sans autorité
législative. Cette question a d'ailleurs été soumise
à la Cour suprême du Canada. Notre recommandation
spécifique dans ce domaine serait que les commissions scolaires soient
reconnues comme des partenaires à part entière dans les prises de
décision touchant les points dont j'ai parlé plus haut. De plus,
nous trouvons inacceptable que le ministre de l'Éducation décide
des services qu'une commission scolaire a le droit de donner à la
clientèle qu'elle dessert. Le deuxième paragraphe de l'article
327 et de l'article 428, en particulier, devrait être
supprimé.
Le budget. Les articles 432 à 437 relatifs au
budget illustrent les contrôles excessifs du ministre de
l'Éducation. Actuellement, les règles budgétaires sont
extrêmement complexes et excessivement détaillées. Nous
recommandons une formule simplifiée de distribution des fonds,
basée sur un montant déterminé par élève,
pour chaque commission scolaire, et nous pensons qu'il appartient à la
commission scolaire de déterminer son propre budget, comme l'a
décidé la Cour suprême du Canada dans son jugement sur la
loi 57 portant sur les pouvoirs des commissions scolaires confessionnelles.
Fonds d'immobilisation. Selon l'article 416, les commissions scolaires
perdent leur contrôle sur les biens meubles et immeubles dans leur
juridiction. Premièrement, le gouvernement déterminera les
normes, conditions et procédures pour émettre des contrats
concernant l'acquisition, la construction, l'agrandissement,
l'aménagement, l'amélioration, la transformation, la
reconstruction, la réparation et la démolition des immeubles
d'une commission scolaire. De plus, le gouvernement établira des
formulaires à cette fin. Le gouvernement peut obliger une commission
scolaire à disposer d'un immeuble à un prix nominal qu'il aura
fixé. Ce pouvoir n'existe pas dans la loi actuelle et ne doit pas, non
plus, s'inscrire dans une nouvelle loi. L'irritant véritable de cet
article est qu'une commission scolaire sera assujettie à plusieurs
autorisations sur le même projet, par le ministre, et ce, à
différents stades. Spécifiquement à ce sujet, nous
recommandons que le ministre soit informé de tout projet entrepris par
une commission scolaire, mais qu'une autorisation du ministre soit requise dans
le seul cas où le coût des travaux, dans un immeuble, pourrait
atteindre un certain pourcentage de la valeur de l'immeuble et seulement s'il
faut avoir recours à un emprunt dont l'amortissement s'étalerait
sur plus d'une année.
Dans le domaine du personnel, à l'article 415, au premier
paragraphe, le gouvernement se donne la prérogative d'établir,
par réglementation, la classification et le nombre maximal de postes
dans chaque catégorie d'emploi, pour les employés qui ne sont pas
membres d'un syndicat reconnu en vertu du Code du travail. Les commissions
scolaires devraient être en mesure de déterminer ces questions.
(12 h 45)
Système de consultation. Le projet de loi 107 établit
trois comités consultatifs en plus de ceux déjà existants.
Ces trois comités sont, au niveau de la commission scolaire, le
comité consultatif de gestion, le comité consultatif des services
aux élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage et, au niveau de
l'école, le comité d'orientation. Nous croyons que les
comités qui existent déjà dans la présente Loi sur
l'instruction publique sont suffisants et le fait que le comité
d'orientation au niveau de l'école soit facultatif répond aux
besoins du système scolaire.
Règlements. Bien que le fonctionnement par règlement ne
soit pas, en soi, inacceptable, il existe trois problèmes fondamentaux.
Les commissions scolaires sont actuellement dans une tour de verre. La grande
majorité des décisions prises par une commission scolaire sont
assujetties à de longues procédures de consultation. Il appert
que l'un des objectifs de fonctionnement par réglementation est que la
population desservie par la commission scolaire soit tenue au courant des
décisions importantes prises par la commission ce qui, en fait, existe
déjà par le truchement du système de consultation.
Deuxièmement, les délais sont excessifs et empêcheront la
commission scolaire d'agir efficacement en cas d'urgence. Troisièmement,
l'obligation de publier ces règlements dans les journaux locaux est
excessive et entraînera des coûts importants pour des commissions
scolaires qui ne disposent pas des fonds requis.
Ceci, M. le Président, représente en quelques mots notre
pensée sur ce sujet. Nous sommes prêts à en discuter plus
profondément dans l'avenir.
Le Président (M. Paré): Merci. M. Langlois.
M. Langlois (Reynold): Très brièvement, M. le
Président, je voulais attirer l'attention de la commission sur deux
aspects du mémoire. D'abord, à la page 10, nous parlons d'une
solution au problème que soulève la commission scolaire Lakeshore
qui pourrait être une solution que j'appellerais spécifique.
Probablement que la commission scolaire Lakeshore représente un cas
particulier au plan historique et au plan constitutionnel. Suivant eij cela le
modèle que nous avons déjà pour d'autres types de
gouvernement, que j'appellerais à caractères municipaux, le
législateur québécois a su adopter des patterns
législatifs ou des solutions législatives adaptées aux
besoins de chacune des communautés. Il y a peut-être lieu
d'envisager très sérieusement cette solution, d'autant plus que,
comme nous le démontrons je crois au paragraphe 5, à la page 12,
aux pages suivantes du mémoire, il y a de sérieux
problèmes constitutionnels. En fait, ce sont des problèmes
constitutionnels exactement du même ordre et de même importance que
ceux qui ont été soulevés à l'égard de la
défunte loi 3, de telle sorte que tout le projet de loi pourrait
être remis en question, notamment à cause du traitement qui est
réservé aux commissions scolaires dissidentes et plus
particulièrement la commission scolaire Lakeshore, qui se voit
détruite dès l'adoption et la mise en vigueur de la loi.
Nous sommes fermement convaincus que ce projet de loi, au plan
constitutionnel, ne passe pas le test de l'article 93 de la Loi
constitutionnelle de 1867, comme il ne le passe pas à plusieurs titres,
par exemple, quant à la distribution, des pouvoirs entre les commissions
scolaires et le ministre, quant à la responsabilité par
(rapport au régime pédagogique et quant à la
disposition et à la propriété des immeubles, etc. Les
dispositions étant nombreuses, complexes et se retrouvant partout dans
le projet de loi, en vertu du principe de l'indivisibilité d'une loi
à cet égard, les tribunaux n'auraient d'autre alternative que de
la déclarer totalement illégale.
Nous invitons donc - Et c'est d'ailleurs la raison d'être
principale de la première recommandation du mémoire - le
gouvernement à retirer le projet de loi 107 pour trouver la solution
constitutionnelle appropriée afin de faire en sorte que, lorsque la loi
sera adoptée et promulguée, elle ait pour le moins des garanties
adéquates qu'elle puisse être mise en oeuvre par le gouvernement
sans violer les droits fondamentaux des personnes visées par l'article
93. Ce sur quoi nous insistons, c'est qu'on doit reconnaître, à
tout citoyen, le droit de défendre ses droits et libertés
constitutionnels devant les tribunaux et on espère évidemment
que, selon la stratégie qui sera développée par le
gouvernement et dont le ministre de l'Éducation a parlé
précédemment à l'occasion de la comparution d'un autre
groupe, il saura trouver une stratégie qui évitera à la
commission scolaire Lakeshore et à d'autres de devoir provoquer un
affrontement judiciaire, ce qui n'est pas souhaité. On
préférerait plutôt s'il y a une différence d'opinion
quant à la qualité des droits constitutionnels défendus et
quant à l'affrontement constitutionnel suscité par le projet de
loi, que, ce débat ait lieu dans l'harmonie et sans qu'on soit
obligé d'obtenir l'assistance des tribunaux pour empêcher, par
exemple, la loi d'être adoptée ou d'être mise en oeuvre.
M. Hartt: C'est tout.
Le Président (M. Paré): Cela va. Merci beaucoup.
Nous allons maintenant procéder à la discussion. La parole est au
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je remercie la commission scolaire protestante Lakeshore
de la présentation qu'elle nous fait aujourd'hui de son point de vue sur
les projets de loi 106 et 107.
I wish to extend a particular word of welcome to the parents; I imagine
these are parents from the Lakeshore School Board who have come to hear their
representatives and their parliamentarians discuss these two pieces of
legislation which are of great importance for our future as Quebeckers.
Nous n'avons, malheureusement, pas énormément de temps
pour discuter bien des choses. Je voudrais être bref dans mes remarques.
Tout d'abord, il faut que j'explique le pourquoi de ce projet de loi. Sur le
fond, ce n'est pas une vision théorique ou abstraite du gouvernement ou
du ministre. Moi, qu'on ait des commissions scolaires confessionnelles, des
commissions scolaires neutres ou des commissions scolaires linguistiques, je
crois que je pourrais vivre avec l'un ou l'autre modèle, finalement,
sans trop de difficultés, mais nous avons essayé de trouver un
modèle qui réponde le mieux possible aux caractéristiques
actuelles de nos clientèles scolaires, en tenant compte de deux facteurs
auxquels les parents attachent une grande importance: le facteur linguistique,
qui est fondamental dans l'organisation de la société
québécoise, qui est premier maintenant, et le facteur religieux
auquel de très nombreux parents tiennent encore à juste titre,
selon moi.
Nous avons considéré que le modèle actuel ne
répond pas bien à la situation pour des raisons qui sautent aux
yeux. Je prends le modèle des commissions scolaires protestantes. Nous
avons actuellement dans les écoles des commissions scolaires
protestantes du Québec 82 000 élèves et il y en a 39 000
qui sont déclarés protestants, même pas la moitié.
À la commission scolaire Lakeshore, c'est un peu plus prononcé.
Je pense que vous en avez un peu plus que la moitié. D'après les
statistiques que nous avons pour 1987-1988, il y avait 11 945 inscriptions et,
de ce nombre, 6913 élèves étaient déclarés
de religion protestante. Cela veut dire que, s'il y en a à peine la
moitié, on peut dire la moitié - sur l'île de
Montréal, c'est moins que la moitié - s'il y en a, disons,
à peine la moitié, cela veut dire qu'il y en a d'autres qui sont
là sans qu'ils aient des raisons valables d'être là. Il y a
des catholiques en grand nombre et plusieurs milliers de catholiques qui sont
dans des écoles des commissions scolaires protestantes. Il y a
également des Juifs, puis il y a des gens d'autres
allégeances.
Quand on regarde tout cela, on se dit: À bien des endroits, les
francophones dans les écoles protestantes ont des problèmes
d'organisation et de services dont nous sommes souvent saisis. C'est
arrivé chez vous, on a trouvé des solutions qui ont fini par les
résorber, tant mieux! Mais nous en sommes saisis périodiquement
à propos de plusieurs commissions scolaires. Il nous est apparu que le
modèle de commission scolaire linguistique qui regrouperait, d'un
côté, les clientèles de langue anglaise et, de l'autre
côté, les clientèles de langue française
répond mieux à la réalité concrète du
Québec d'aujourd'hui.
Certains nous disent: Oui, mais cela va nous affaiblir. Cela va
renforcer le réseau anglophone puis Dieu sait que la communauté
anglophone vient voir le gouvernement et lui dit: We need reinforcement of our
institutions in order to ensure our future. They say: We want institutions of
our own, we want control over those institutions.
The formula which is proposed by the Government will respond to those
expectations and it would even increase the number of pupils for whom such
linguistic school boards would be responsible. The total number of pupils which
would be under the authority of such school boards would go up from 92 000,
which is the
case at the moment, to around 105 000. So, there would not be any
reduction, any shrinking of the constituency served by such school boards. It
would be just the opposite. And your English-speaking Catholic fellow citizens
would be far better treated under this kind of system. They represent nearly 45
% of the total English-speaking "clientèle scolaire" in Québec
today. !t is a fact of life which is not recognized under our present
structures. When we propose the formula which is put forward, we try to address
this problem as honestly and as realistically as we can. There is nothing more
than that.
Regardant la position constitutionnelle, je suis content qu'on n'en
parle pas trop dans le mémoire. Nous n'étendrons pas la
discussion là-dessus ce matin. Je voudrais simplement ajouter que le
gouvernement n'est pas de l'avis de la commission scolaire Lakeshore quant
à son statut protégé en vertu de ses racines dissidentes.
Nous avons une position différente que nous défendrons en temps
utile devant les tribunaux. Évidemment, il n'est pas question d'aller
dans les détails ce matin. Je respecte le point de vue de la commission
scolaire Lakeshore. Je ne le partage point et le gouvernement non plus.
J'ajoute une troisième observation au sujet du partage des
pouvoirs, après lecture du mémoire de la commission scolaire
Lakeshore. You would be under the impression that the Government built a
monster which would be personified in the authority of an all-powerful Minister
of Education who would appropriate for himself all significant powers in this
system. Well, that is far from the truth, Mr. Chairman. I want to emphasize
this as strongly as I can. We were provided with an enumeration of the
so-called additional powers which should accrue to the Minister under Bill 107.
But if you had done a similar exercise regarding new powers and attributions
which are being entrusted to school boards under Bill 107, you would have come
up with just as impressive a list.
How do you explain that? Very simply. There are a lot of practices, a
lot of functions which are, at the moment, exercised either by the Minister or
the school boards, which are not mentioned in the law. They derive from
regulations and habits which developed over the years. We were told by our
advisers that if we want to have solid legal foundations for such practices or
regulations, it has to be mentioned more explicitely in the law.
This is the main hust of Bill 107. It does not really increase the
powers of the Minister. It enumerates them in a more complete manner just as it
does for the school boards. And I have here a list which I will leave with you,
Mr. Hartt, and your colleagues and friends, which illustrates my thesis. I
think if one adds up the powers which are enumerated for the Minister and those
mentioned for the school boards, the addition brings us not so far from the
existing situation. If there are elements in the existing situation which you
think ought to be transferred from the Government or the Minister to the school
boards, I would be most grateful if you could mention them and explain why
there ought to be such transfers.
So, this is my main reaction to the brief. I suggested to you this
morning, during a private meeting that we had, that I am open to continue this
conversation during the summer season if we can find the time. I would be
delighted to have an elaborate discussion with your board regarding the
distribution of... I do not like the word "power" too much, because there is so
little of it on either side anyway. If you were sitting in my chair, you would
realize that the powers of the Minister are far lesser than you seem to
believe. Anyway, I do not complain.
I am willing to have that kind of conversation with you and Joan
Dougherty, your Member for Jacques-Cartier, could be present with us. We could
have that exercise. I want to invite you and your friends out there to consider
with an open mind the main proposal which is contained in Bill 107, regardless
of what particular position you may wish to defend regarding your school board.
Think in terms of the whole of the province and tell me honestly if this is not
a sensible proposition which would be more likely to really cope with the
existing reality and needs of the Quebec of the nineteen eighties than the
formula which we inherited from 1867. This is my question. (13 heures)
M. Hartt: May we respond, Mr. Chairman?
Le Président (M. Paré): Yes.
M. Hartt: I am going to begin the response and then perhaps some
of my colleagues will carry on. First of all, Mr. Chairman, we have the highest
regard for the Minister of Education. We do not see the Minister as a monster.
We see the Minister as a partner in the process of education... Ha, ha, ha! I
am sorry, I did not hear what you said. Did he say a minor partner?
M. Ryan: The word "monster" struck a more...
M. Hartt: In any event, on behalf of the school board, Mr.
Minister, I would like to accept your very kind and generous offer. We would be
delighted to meet you in the summer, in the daytime, in the evening, anytime
you can and anytime we can, and Mrs. Dougherty would certainly be welcome to be
there to exchange views on the list of powers. I am eager to see the list you
have, because it is our perception, Mr. Minister, that at this time, Bill 107
increases the powers of the Minister and the Ministry of Education and
diminishes the powers of the boards and we have stated that position in our
brief.
I would like to refer briefly to the statis-
tical information you introduced. My information is that at the
Lakeshore School Board, 65 % of our children have parents who are Protestant; 8
% of the children are Jewish; 27 % of the children are other than Protestant or
Jewish, including Hindu, Moslem, agnostic, atheist, etc. So, I consider that a
significant number of our constituency are asking to maintain their right to
have a dissentient board. We have been asking for a long time for recognition
from the various Quebec governments. When the present Opposition was in power,
we asked the same thing, recognition for the dissentient rights that Lakeshore
claims. We have provided in one of our annexes an elaborate document prepared
by Mr. Stockwell, our Secretary general, dealing with the dissentient roots of
Lakeshore. So, we are certainly not prepared to abandon the idea of our
dissentient background and our constituents do claim their rights under Section
93 of the constitution.
On the question of linguistic boards, Mr. Chairman, it is the perception
of our community that linguistic boards will not solve the problem, not at
Lakeshore. We are aware of the fact that provincewise, there are other
problems, there are indeed other problems. It may be that as much as 90 % - let
us concede that argument right off, because I do not want to bicker about the
percentages - of the province either has, in effect, linguistic structures or
would like to have linguistic structures. The point is that to that other 10 %
which just cannot be forgotten about, this is an absolutely fundamental issue.
It is a very crucial issue and we are certainly not prepared to simply have the
Government bring in this legislation, albeit catering to the 90 %, and ignore
the 10 %. Our solution is different and we think it is an open-minded
solution.
We say in our brief that we are not opposed to linguistic boards as long
as present denominational boards are continued where wanted. That is
fundamental. What works in Chicoutimi might not work on the Lakeshore. What
works in one region of the province might not work in another.
The problem referred to by groups such as Alliance Quebec for example -
with which we do not agree on this question, vigorously, we disagree with
Alliance Quebec on this issue -the problem they maintain is that on the
Protestant School Board of Greater Montreal, for example, with the increase in
the French population, the Protestant School Board will, in so many years,
become a French board. So, if that is true, at the very place where the problem
is real - it is not a real problem at the Lakeshore, not for the moment, in any
event - it is not being addressed because the present legislation, the proposed
legislation calls for the status quo virtually at the PSBGM. We wish it would
at the Lakeshore. But it calls basically for the status quo at the PSBGM where
the problem is most acute.
I am going to ask Mary Temperton to say a word. Mary Temperton is the
parent of students who go to our French schools and perhaps she has something
to add on this.
Mme Temperton (Mary): My children are Bill 101 children, so, they
had to go to French schools. When I arrived in Quebec, I wanted my children to
be totally bilingual, to be able to write and speak an excellent French and to
write and speak an excellent English. Now, because they have attented the
Lakeshore School, I, as a parent - I can hardly, well, I can speak a bit of
French, I certainly understand it, I need to practice but I am by no means a
francophone - feel able to go into my school and to give a lot of my time and
commitment to the school life, to enrich the programs, and to make sure that
the parents are involved in their education which I think is essential in every
school system, and I am sure you would agree.
Now, in the Lakeshore, whether you are an anglophone or a francophone...
My children go to a French school but we are very welcome as parents within
that environment. We are there running enriched programs in computer science
and in everything else in the elementary schools. My children are studying
enriched English within a French school. They will come out totally bilingual,
able to write and speak as you want excellent French and able to write and
speak excellent English. If they went to a neighbouring school board, which was
concentrated in a French school - I researched into this very carefully - they
would come out with excellent French but the English would not be the same. I
want my children to continue their English culture. I want them to read English
litterature. I want them to read French litterature. I want the very best and I
am not assured... With the linguistic boards, they might end up as good
francophones, but I am in no way convinced that they would end up as good
bilingual students and biiingual people. For Quebec, they need this
reassurance. Quebec does not want people who are just francophones or just
anglophones. Quebec needs totally bilingual people and excellent ability to
read and write both languages. That is what I want my children to become. In
the Lakeshore, the parents are welcome to pursue that. We are made to feel very
welcome. We are made to feel a very important part of it. Even if we are not
francophones within the French school, I can fit in there and I have played a
very important part in the "école primaire" Beaconsfield program. I
would not like to see that change. Is it okay?
Une voix: Me Langlois has one point to talk about.
M. Langlois: Très brièvement, M. le
Président. M. le ministre, quand vous dites que vous
ne croyez pas ou que vous n'êtes pas de notre avis concernant les
racines dissidentes du Lakeshore School Board, j'inviterais vos conseillers
juridiques à vous remettre une copie du jugement dans la cause du Quebec
Association of Protestant School Boards contre le Procureur
général du Québec et à attirer votre attention en
particulier sur les pages 895 et 896 concernant les droits acquis des
corporations demanderesses, dont la commission scolaire Lakeshore, qui est
reconnue explicitement comme une commission scolaire dissidente au sens
constitutionnel du terme.
Deuxième problème. En ce qui a trait à la
spécification des pouvoirs, la difficulté, c'est qu'en droit
administratif, selon ce que vos conseillers juridiques vous diront, aujourd'hui
vous avez une certaine ambiguïté et vous exercez des pouvoirs qui
ne sont pas nécessairement expressément mentionnés dans la
loi, de sorte que les deux ordres de pouvoirs, si vous voulez, ou de
gouvernement à la commission scolaire peuvent s'accommoder ou peuvent
exercer des pouvoirs tantôt quand cela fait leur affaire, tantôt le
ministre peut intervenir.
Dès lors que vous spécifiez en détail les pouvoirs
aux deux niveaux, vous enlevez à l'autre niveau, qui n'a pas le pouvoir
spécifique, le droit de faire quoi que ce soit. C'est là la
difficulté et c'est là où il se fait un transfert de
pouvoirs évident des commissions scolaires vers le ministre de
l'Éducation.
M. Hartt: C'est notre réponse.
Le Président (M. Paré): Merci. Il nous reste
seulement sept minutes. Malheureusement. Est-ce que..
M. Ryan: Je ne veux pas empiéter sur...
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Très rapidement parce que je pense qu'on
avait convenu, de part et d'autre, qu'on ne dépasserait pas 13 h 15. Je
vais être très sommaire et si le ministre veut poursuivre, parce
que je pense que c'est plus lui qui est concerné... Il veut faire une
réforme et vous, vous ne voulez rien savoir, en gros. Vous dites que
vous êtes complètement contre le projet de loi 107. Ce n'est pas
à moi de vous interroger longtemps. Ce que je trouve étonnant,
cependant, c'est que toute votre argumentation est basée sur ce que
j'appellerais une évolution de la société que nous ne
partageons pas comme Opposition. Cependant, c'est votre droit de venir le dire.
Je trouve que vous êtes corrects de dire franchement ce que vous pensez.
La seule interprétation que je trouvais un peu étonnante, c'est,
à l'annexe A, le fait que vous preniez le temps, par exemple, de
décrire quelle serait la situation dans la perspective où il se
passerait ce que le ministre souhaite. Je ne porte pas de jugement sur ce qu'il
souhaite. Vous dites: Si le projet de loi 107 s'appliquait, les
étudiants seraient regroupés sur une base linguistique
plutôt que confessionnelle. Bien sûr. Les étudiants de
confessions différentes pourront fréquenter la même
école ou la même classe, bien sûr. J'arrête là,
mais vous donnez une série de paragraphes dans lesquels vous
décrivez comment ce serait terrible, ce qui arriverait. Or, c'est
exactement ce que nous vivons comme réalité.
Donc, il y a un malaise dans le problème, comme disait l'un de
leurs ex-collègues, il y a quelque chose qui ne marche pas là. Je
pense que le ministre de l'Éducation a raison de dire: Écoutez,
la situation actuelle n'est pas du tout ce que vous décrivez. Dans votre
propre commission scolaire, quand il y a plus de la moitié - même
si, chez vous, c'est un peu mieux qu'ailleurs, vous êtes sur le bord ou
à un peu plus de la moitié - qui fréquentent une
commission scolaire protestante anglophone, mais pour laquelle il y a au moins
la moitié ou sinon tout près de la moitié des
étudiants qui sont de confession autre sur le plan de l'appartenance
religieuse et c'est pire dans tout le Québec. Il me semble que tu ne
peux pas dire d'un côté: On est pour la création de
commissions scolaires linguistiques pour autant que cela ne change absolument
rien dans le paysage, parce que c'est à peu près ce qu'il faut
lire.
La seule question que j'aurais à poser: Comment pouvez-vous
prétendre... Disons une question double, ce sera la seule que je vais
poser: Premièrement, comment justifiez-vous, d'abord, la présence
d'un secteur français en pleine expansion au sein de certaines
commissions scolaires protestantes? Deuxièmement, ne croyez-vous pas que
la création de commissions scolaires linguistiques correspondrait
beaucoup mieux à ce que vous avez dit à un moment donné,
à ce qu'on appelle l'évolution de la société
québécoise sur la base des faits réels, et non pas sur la
base de ce qui se passerait sur le plan constitutionnel, mais sur la base de ce
qu'on vit, dans l'actualité québécoise réelle?
Pourquoi prétendez-vous - ce que j'ai mentionné tantôt -
que la création des commission scolaires linguistiques correspondrait
mieux à une réalité autre que celle que nous vivons?
M. Langlois: Réponse très brève. En ce qui a
trait à la présence d'écoles francophones, vous avez eu la
réponse de Mme Temperton qui vous a expliqué pourquoi...
Mme Temperton: ...dit cela.
M. Langlois: ...ce serait important.
M. Gendron: Oui.
M. Langlois: Et, deuxièmement, en ce qui a trait...
i M. Gendron: Non, mais je m'excuse, Mme
Temperton avait raison, elle a couvert la première partie.
M. Langlois: Et en ce qui a trait à l'annexe A que vous
avez lue, l'objet de l'annexe A est de vous démontrer les
problèmes constitutionnels que soulève la mise en oeuvre de
l'article 107. Ce que vous semblez oublier, du moins je le pense, c'est qu'on
fait face non pas à des droits collectifs, des droits qui sont soumis
à des règles de majorité, mais L'article 93 de la
constitution donne des droits individuels. Dès lors, si un membre de la
communauté veut faire valoir son droit, c'est son droit strict de le
faire valoir.
La situation qui existe aujourd'hui est celle où des gens,
volontairement, s'inscrivent dans des écoles d'une
confessionnalité autre que celle à laquelle ils auraient le droit
de s'inscrire. Cela est un libre choix, un autre droit fondamental qu'on a dans
notre constitution. Tout ce que l'on vous dit, c'est qu'à la commission
scolaire Lakeshore, il n'y a pas de problème. La commission scolaire
Lakeshore n'est pas contre l'évolution du Québec, au contraire.
Le modèle pédagogique de la Commission scolaire Lakeshore est
probablement l'un des meilleurs au Québec, l'un des plus
avant-gardistes. On vous dit qu'il n'y a pas de problème linguistique,
qu'il n'y a pas de problème d'enseignement religieux, qu'il n'y a pas de
problème au Lakeshore. On ne répare pas ce qui n'est pas
cassé, c'est tout ce qu'on vous dit. On vous dit que si vous insistez
pour réparer ce qui n'est pas cassé et, en plus, que vous violez
les droits fondamentaux, que ce soit d'une seule personne, votre
réforme, qui est peut-être très louable pour d'autres
problèmes au Québec, risque d'avorter à cause de ce
fait-là. On vous prie de nous exclure de cette réforme pour la
raison que nous y sommes déjà dans les faits et on ne veut pas
empêcher le reste du Québec de tourner en rond si les besoins sont
différents ailleurs.
M. Gendron: C'est clair. Pas d'autre question.
Le Président (M. Paré): M. le ministre, il nous
reste malheureusement seulement deux minutes.
M. Ryan: Je vais être très bref sur cette question.
Je déplore franchement le peu d'intérêt que cette
intervention manifeste pour l'organisation scolaire dans l'ensemble du
Québec. Le contenu essentiel de l'intervention que j'ai entendue est:
Nous avons un statut, nous avons des choses protégées,
laissez-nous tranquilles, nous voulons marcher notre affaire; occupez-vous du
reste et faites ce que vous voudrez pour le reste. Pas d'opinion, c'est
peut-être bon, peut-être que non.
I would expect more than that from a responsible body like yours, and I
hope we can continue the conversation and get some further enlightenment on
your views regarding the overall structures you should have for a school system
in Quebec. C'est ma première réaction.
Ma deuxième réaction. Je vais vous laisser la liste des
pouvoirs nouveaux qui sont donnés aux commissions scolaires.
J'espère que vous allez l'ajouter à votre mémoire qui va
circuler dans votre communauté. Ce serait une bonne chose que les gens
aient les deux côtés. J'aimerais avoir également la
critique de votre conseiller juridique. Je pense que, lorsqu'on regarde tout
cela dans l'ensemble, c'est un tableau bien différent de celui qui est
dépeint dans votre mémoire. Dans les pouvoirs qui sont
dévolus au ministre, s'il y en a que vous voulez contester et sur
lesquels vous trouvez que cela n'a pas de bon sens, j'aimerais que vous nous le
disiez. On pourrait en reparler plus tard. Nous sommes prêts à
l'examiner franchement.
Maintenant, en ce qui regarde la stratégie de passage - j'en ai
parlé tantôt avec la commission scolaire de Sherbrooke et j'en dis
de nouveau un mot - le gouvernement n'a pas encore arrêté sa ligne
de conduite. Nous écoutons tout ce qui nous est dit. Vous nous posez le
problème particulier qui découle de la conception que vous vous
faites du statut juridique du Lakeshore School Board, très bien.
M. Langlois a évoqué tantôt certains passages du
jugement Brassard. C'est un jugement de première instance. Nous ne
l'avons pas contesté, pas parce que nous étions d'accord avec
tout ce qu'il disait, mais parce que nous n'étions pas d'accord sur la
problématique qui a donné lieu à ce jugement. Nous
voulions que ce soit une problématique qui réponde à notre
conception de la réalité québécoise. Il y a des
choses qui seront clarifiées en temps utile. Si je comprends bien, vous
n'êtes pas tellement sûrs non plus parce que vous avez
institué récemment une autre action contre le ministère de
l'Éducation qui traite de ces questions-là aussi. Donc, c'est
loin d'être réglé. Donc, on va regarder cela ensemble et si
nous en venions à la conclusion qu'il y a un cas spécial, il
faudra bien en tenir compte d'une manière ou de l'autre.
J'aimerais qu'en attendant vous essaiez de comprendre notre perspective
afin que vous puissiez comprendre clairement et faire comprendre à vos
concitoyens que ce n'est pas une affaire qui est inspirée par des
isolationnistes, des méchants séparatistes ou des nationalistes
étroits, mais que c'est une conception qui vise à permettre au
Québec de mieux se développer dans le respect des
différences linguistiques.
À cet égard, je veux exprimer une dissidence par rapport
à l'intervention de madame qui a parié tantôt, parce que ce
qu'elle a dit laissait entendre que dans d'autres commissions scolaires,
peut-être que pour l'acquisition de la maîtrise de la langue
anglaise cela ne valait pas cher. Il y a des problèmes mais je pense
qu'il y
a beaucoup de commissions scolaires où on peut acquérir
une bonne connaissance de la langue anglaise, même quand elles sont en
majorité francophones. Je prends la commission scolaire Robert Baldwin
chez vous. Je suis sûr que de ce point de vue, elle donne une excellente
performance. C'est une commission scolaire à majorité
francophone. Par conséquent, je ne crois pas que votre raisonnement,
puisse être retenu comme ligne de base pour le législateur mais je
suis content que vous l'ayez exprimé.
Je vous remercie. Le débat vigoureux, c'est l'essence même
de la démocratie. Chaque fois que vous venez nous rencontrer, vous nous
donnez une chance d'avoir un débat vigoureux. For this, I am greatful.
Thank you.
Le Président (M. Paré): M. le président.
Oui, si vous voulez conclure.
M. Hartt: Yes, I would like to thank you, Mr. Chairman, members
of the commitee and specially the Minister of Education. We look forward, Mr
Minister, to working with you, given that invitation you extended to us during
the summer. I assure you that we will, in an open-minded way, react to the list
of powers that you are going to show us. I know we do not like the word, but
for lack of a better one... We hope that with similar open-mindedness - because
we know you to be an open-minded individual and an open-minded minister - you
will reexamine the question of whether Lakeshore should be a part of this
"projet de loi" or should be an exception to it. Thank you, Mr. Minister.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Paré): Alors, au nom de tous les
membres de la commission, nous vous remercions pour votre mémoire. On
s'excuse d'avoir dû amputer quinze minutes sur la présentation de
votre mémoire.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 19)