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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission de l'éducation ainsi que
nos invités à prendre place.
M. le secrétaire, avons-nous quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Hamel (Sherbrooke) remplace M.
Hains (Saint-Henri).
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'y a pas
d'autres remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je
déclare ouverte cette séance de la commission permanente de
l'éducation qui a pour mandat d'entendre les intéressés et
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé qui porte le numéro 204, Loi
modifiant la Loi sur le Collège militaire royal de Saint-Jean.
À l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui il n'y a que
sept éléments.
Ce projet de loi 204, projet de loi privé, nous a
été présenté par la députée de
Vachon. Alors, j'invite Mme la députée de Vachon à nous
présenter et à nous expliquer l'objet de ce projet de loi.
Mme la députée.
Remarques préliminaires
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. J'aimerais souhaiter
la bienvenue à M. Caston-guay et M. Archambault du Collège
militaire royal de Saint-Jean et souligner que c'est évidemment un
honneur pour moi que m'a fait le président de l'Assemblée
nationale, Pierre Lorrain, de me demander de parrainer ce projet de loi.
Ce projet de loi s'explique par lui-même, contenant 32 articles,
mais vous me permettrez de faire un petit rappel historique pour bien situer la
demande du collège militaire.
Alors, le Collège militaire royal de Saint-Jean existe depuis
1952. Jusqu'à 1985, il décernait un grade collégial et
à partir de 1985, il s'est adressé à l'Assemblée
nationale pour que cette dernière accepte de modifier la charte du
collège afin que celui-ci puisse décerner des grades de type
universitaire de premier cycle. Évidemment le Conseil des
universités a été saisi de cette demande et a
étudié avec beaucoup d'intérêt, sembe-t-il, si on
suit le rapport du conseil de mai 1985, la demande du collège.
J'aimerais vous citer l'avis du Conseil des universités quant à
la pertinence d'accorder au collège le droit de décerner des
diplômes de premier cycle. Le conseil disait: Reconnaissant qu'il
présentait des garanties suffisantes de qualité, le Conseil des
universités concluait à l'opportunité de lui octroyer - au
collège - un statut universitaire. L'examen qu'il avait fait du
collège en 1985 l'avait convaincu de la valeur et du potentiel de cet
établissement."
Je pense que la présente demande, qui veut que le collège
décerne des diplômes de deuxième et troisième cycle
universitaire, s'appuie toujours sur la même qualité
d'enseignement et la même qualité de gestion du
collège.
Alors, M. le Président, tous les membres en conviendront avec moi
j'en suis certaine, autant il était important en mai 1985 d'accorder au
collège le droit de dispenser l'enseignement de premier cycle
universitaire, autant il est important pour les mêmes raisons de lui
accorder le droit de décerner des diplômes de deuxième et
troisième cycle universitaire, la raison étant que le
Collège militaire royal de Saint-Jean est le seul collège
militaire francophone bilingue, ce qui permet aux jeunes du Québec et
d'ailleurs qui veulent faire une carrière dans les forces armées
et qui aimeraient poursuivre leurs études supérieures, de le
faire en français et en anglais, mais de façon bilingue et avec
une très grande qualité, comme le faisait remarquer M. le
ministre de l'Éducation lors de la collation des grades.
En ce moment, le Collège militaire royal de Saint-Jean est le
seul collège militaire à ne pouvoir octroyer que des
diplômes de premier cycle. Au même titre qu'en 1985, il
était tout aussi Important de lui donner la permission ou le droit de
décerner des diplômes de premier cycle, il est encore aussi
important, afin de compléter la vocation du collège, de lui
donner l'autorisation de donner le deuxième et le troisième
cycle. C'est l'objet du projet de loi 204. Je suis certaine que cela convient
à tout le monde. M. Castonguay et M. Archambault sont ici pour
répondre aux questions, autant à celles de l'Opposition
qu'à celles du gouvernement.
J'aimerais tout simplement, en terminant, citer à nouveau le
Conseil des universités concernant l'amendement à la charte du
collège pour qu'il puisse dispenser le deuxième et le
troisième cycle. Le conseil est d'avis qu'une telle modification
consoliderait la position du Collège militaire royal de Saint-Jean, seul
établissement universitaire francophone au sein des forces armées
et lui donnerait un statut équivalent à celui des autres
collèges militaires canadiens.
Là-dessus, M. le Président, je n'ai rien à ajouter,
et je pense que tout le monde va convenir avec moi que cela va de soi. Je
ne
voudrais pas prolonger les travaux de cette commission plus longtemps.
J'aimerais, en terminant, souhaiter bonne chance aux gens du collège et
surtout bonne chance aux futurs étudiants et aux futurs
diplômés du collège militaire. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Vachon. Malheureusement, comme vous, je ne peux pas
non plus conclure que cela va de soi tant que le projet de loi n'aura pas
été discuté et qu'il n'aura pas été
voté. J'aimerais aussi souligner la présence parmi nous des
promoteurs de ce projet de loi, M. Jacques Castonguay qui est le recteur du
collège militaire de Saint-Jean et M. Claude Archam-bault, brigadier
général qui est le vice-chancelier et commandant du
Collège militaire royal de Saint-Jean.
M. Archambault, si vous aviez quelques remarques, ou M. le recteur, on
pourrait vous entendre avant de commencer l'étude des deux articles du
projet de loi.
M. Archambault (Claude): Avant tout, M. le Président,
j'aimerais vous remercier pour la rapidité avec laquelle vous avez
donné suite à notre demande de modifier la loi 222. C'est
très important pour le collège militaire et j'aimerais ici
répéter ce que Mme Pelchat a dit. Nous sommes le seul
collège des trois collèges militaires canadiens à ne pas
avoir ce privilège ou ce droit de décerner des diplômes au
deuxième cycle. En conséquence les officiers francophones des
forces armées en souffrent. Présentement ils doivent aller soit
au Royal Military College de Kingston ou Royal Roads Military College de
Victoria en Colombie britannique pour suivre des études de
deuxième cycle. En ce qui concerne les forces armées, il est de
prime importance de pouvoir modifier cette loi et de pouvoir décerner
les diplômes au deuxième cycle. Peut-être que M. Castonguay
aimerait ajouter quelque chose du point de vue scolaire ou point de vue des
études et les conséquences que cette modification à la loi
aurait à l'égard des études au collège.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
brigadier général. M. le recteur.
M. Castonguay (Jacques): J'aimerais ajouter aux remerciements du
général Archambault, les miens. Je crois que nous sommes
très reconnaissants de voir avec quelle célérité
l'Assemblée nationale et le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science ont bien voulu répondre à notre
demande.
Je voudrais ajouter que, présentement, le ministère de la
Défense nationale a des besoins auxquels le collège militaire de
Saint-Jean pourrait répondre en termes de diplômes de
deuxième cycle et c'est une des raisons pour lesquelles nous aimerions
avoir l'autorité pour le faire, sachant que si nous n'avons pas cette
autorité-là, nos étudiants qui sont au niveau du
deuxième cycle, des officiers, devront, pour continuer à
poursuivre leurs études, le faire dans un collège militaire
canadien, soit en Ontario, soit en Colombie britannique. Nous aimerions bien
pouvoir le faire chez-nous. C'est la raison pour laquelle nous avons
demandé un amendement à la loi du collège militaire.
Je voudrais ajouter, en ce qui concerne les compétences, puisque
je suis responsable du corps professoral, que présententement nous avons
les compétences universitaires nécessaires pour le faire. Nous
avons un corps professoral composé d'environ 120 professeurs. De ce
nombre, 69 % possèdent présentement des doctorats, ce qui est
supérieur à la moyenne des universités
québécoises, comme on me l'a fait remarquer au ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Je crois que nous avons le
personnel nécessaire. Mme Pelchat a mentionné que jusqu'à
1985 nous donnions des diplômes d'études collégiales, ce
qui est tout à fait vrai. Je voudrais ajouter aussi qu'en vertu d'une
affiliation que nous avions avec l'Université de Sherbrooke depuis 1971,
nous avons également décerné des diplômes de premier
cycle et ce, au nombre d'environ 800.
Voilà pour les quelques informations additionnelles concernant le
niveau universitaire. Je suis disposé à répondre à
d'autres questions s'il yen a.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Castonguay. Pour respecter la coutume des interventions, je vais
reconnaître, avant de commencer l'étude du projet de loi, le
ministre de l'Éducation et la porte-parole officielle de l'Opposition et
nous pourrons ensuite commencer à étudier le projet de loi
lui-même.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques à
formuler?
M. Ryan: Oui, M. le Président, je voudrais tout d'abord
féliciter la députée de Vachon de la présentation
claire et concise qu'elle a faite de la demande du collège militaire
royal de Saint-Jean et dire que je suis très heureux de souscrire
à cette demande.
L'Assemblée nationale est déjà familière
avec le Collège militaire royal de Saint-Jean puisque la commission
parlementaire de l'éducation avait eu le plaisir de recevoir une
délégation dont faisait partie à l'époque M.
Castonguay, à tout le moins - je pense que M. Archambault était
affecté à d'autres fonctions à l'époque - qui
était venu expliquer les motifs justifiant l'octroi d'un statut
universitaire au collège. La rencontre avait été
marquée d'échanges de propos très constructifs et
très intéressants pour le monde. Nous nous souvenons tous que
c'est dans un climat d'harmonie, de collaboration et de grande confiance que la
décision de l'Assemblée nationale avait été prise
sur
présentation d'un projet de loi parrainé par le ministre
de l'Enseignement supérieur du temps. À titre de porte-parole de
l'Opposition à l'époque, j'avais volontiers souscrit au principe
et au contenu du projet de loi parce que le dossier qu'on nous avait
présenté nous paraissait suffisamment complet à tous les
points de vue nécessaires. Je voudrais les rappeler brièvement
parce que les mêmes considérations s'appliquent à la
demande dont nous devons disposer aujourd'hui.
Tout d'abord, ce qui nous avait retenus, c'était la structure
pédagogique originale du collège. Comme on le sait, et je pense
que c'est important de le rappeler, les forces armées attachent une
grande importance à la formation de leur personnel, surtout celle de
leurs futurs officiers. C'est l'une des préoccupations des forces
armées canadiennes que de se doter de leaders possédant une
excellente formation dans différentes disciplines. Les forces
armées attachent une grande importance au recrutement de leurs futurs
officiers et plus du tiers de leurs futurs officiers passent maintenant par les
collèges militaires, c'est-à-dire qu'il s'agit de jeunes gens,
des jeunes hommes et des jeunes femmes de plus en plus aussi, qui s'inscrivent
à l'un des collèges pour une période de cinq ans en
général et qui reçoivent, pendant cette période,
qui commence au sortir des études secondaires, une formation qui
comprend l'équivalent de la formation collégiale et celle de
premier cycle universitaire. Le cycle des études n'est pas exactement le
même que dans le modèle pédagogique
québécois. Il a ses propres lois de cohésion interne, mais
tous les examens qui ont été faits des programmes et de la
manière dont on les déploie ont autorisé à conclure
que la formation donnée pendant les deux premières années
était l'équivalent solide de la formation donnée dans nos
cégeps et celle donnée dans les trois années
subséquentes est l'équivalent solide de la formation
donnée au premier cycle universitaire, même si ce n'est pas
découpé au couteau d'une manière absolument
littérale. C'est un point qui nous intéresse vivement.
Il y a déjà une diversité de programmes fort
intéressante. On n'enseigne pas seulement l'art militaire, contrairement
à ce qu'on pourrait être tenté de croire. On enseigne au
contraire les disciplines caractéristiques de l'humanisme moderne. Il y
a, par exemple, un baccalauréat en études canadiennes et un
baccalauréat en sciences mathématiques et physiques; il y en a un
en sciences générales et informatique, un en sciences pures et en
sciences physiques aussi. Je crois qu'il y en a maintenant aussi un en
études militaires.
M. Archambault: En études militaires et
stratégiques.
M. Ryan: En études militaires et stratégiques.
J'aurais bien aimé, si j'avais été plus jeune, avoir la
chance de suivre ce cours en particulier parce que j'aurais peut-être
enfin appris les secrets de l'art de la guerre qui est supposée conduire
à la paix.
J'ai eu l'occasion récemment d'être invité à
la collation des grades qui a marqué la fin de la toute dernière
année académique et j'ai pu constater, et je vous le dis avec
beaucoup de naturel et beaucoup de spontanéité, l'excellente
qualité des jeunes que vous formez. L'excellent esprit qui règne
dans l'institution, et j'ajouterai aussi l'excellente qualité du
personnel enseignant et du personnel de direction du collège. Le
recrutement se fait à la fois chez de jeunes Canadiens de langue
française, presque tous des Québécois ceux-là, et
sur des jeunes canadiens de langue anglaise qui viennent de différentes
parties du pays.
Nos jeunes Québécois qui suivent le programme du
collège militaire acquièrent une formation dans leur langue, mais
suivent en même temps des cours qui leur permettent de se familiariser
avec la deuxième langue officielle du pays. Les jeunes de langue
anglaise reçoivent une formation dans leur langue également mais
sont aussi en mesure de suivre un bon nombre de cours en français et de
cours de français de manière qu'en sortant du collège, ils
puissent s'exprimer dans les deux langues officielles du pays. J'ai pu
constater, en causant avec des jeunes diplômés francophones, des
jeunes diplômés anglophones et des jeunes étudiants des
deux langues, le cheminement qu'il leur est permis de faire dans les
années qu'ils passent au collège. On peut avoir les opinions
politiques qu'on voudra, je pense que tous les parents souhaitent que leurs
enfants puissent s'exprimer de manière habile dans les deux langues
officielles du pays lorsqu'ils sortent des études collégiales et
universitaires. Le collège de Saint-Jean fournit, de ce
côté-là, un climat et un milieu de formation
exceptionnel.
Je pense qu'on peut souligner également les qualités
d'ordre et de discipline qu'il est permis d'observer à
l'intérieur de l'institution, autant chez le personnel enseignant que
chez la communauté étudiante. Ce sont des qualités qui
sont très importantes pour assurer la solidité et l'unité
de la formation; on les donne en abondance. Mme la députée de
Vachon a souligné tantôt la qualité du corps professoral.
Le Conseil des universités l'avait déjà remarqué en
1985. Au moins sept professeurs sur dix sont détenteurs d'un doctorat.
La proportion a peut-être augmenté, vous pourrez me corriger
tantôt si vous le voulez, mais, de ce point de vue là, je pense
qu'on est à un niveau qui permet au Collège militaire royal de
Saint-Jean de se comparer très avantageusement à nos autres
établissements universitaires québécois.
Autre observation, ce collège ne dédouble pas le travail
fait dans nos universités. Il accomplit une fonction originale qui tient
au caractère même de sa clientèle. Cela, je pense
que c'est bien important de le dire aussi. C'est une clientèle
composée de jeunes qui s'engagent à servir dans les Forces
armées du Canada pendant une période de... Est-ce que c'est trois
ou cinq ans après l'obtention du diplôme?
M. Archambault: Cinq ans.
M. Ryan: Cinq ans après l'obtention du diplôme.
Alors, ces jeunes-là qui s'enrôlent dans les Forces armées
ne s'inscriraient pas à l'université, là, au plan civil.
Pour la grande majorité d'entre eux, ils suivraient probablement une
autre orientation. Ils s'en vont au Collège militaire royal, ils
reçoivent une formation de niveau collégial d'abord,
universitaire ensuite. Cela ajoute à notre capital de formation qui va
servir ensuite au développement du Québec et du Canada. Je pense
que, de ce point de vue, c'est un actif très important pour nous.
Autre point qui n'est pas négligeable, le fonctionnement du
Collège militaire royal de Saint-Jean ne coûte rien au
gouvernement québécois. Le collège est financé
à même un budget qui lui est fourni par le gouvernement
fédéral, à même le budget réservé au
ministère de la Défense pour les établissements de
formation et cela permet... Je crois que le nombre d'étudiants pour la
dernière année était d'à peu près 600?
M. Castonguay: C'est exact.
M. Ryan: À peu près 600, dont combien du
Québec?
M. Castonguay: Environ les deux-tiers.
M. Ryan: Les deux-tiers de 600, donc, à peu près
400 du Québec, de recevoir une formation de toute première
qualité à des conditions financières qui sont, pour dire
le moins, fort satisfaisantes en ce qui touche le gouvernement du
Québec.
Un autre point important. Lorsqu'un statut fut donné au
collège militaire en 1985, il fut clairement entendu que le
collège, lorsqu'il voudrait établir des programmes, les
soumettrait au mécanisme d'approbation établi au Québec
c'est-à-dire, d'abord, à l'avis du Conseil des universités
et ensuite à l'approbation du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. C'est une condition que nous avions tenu
à expliciter qui doit être maintenue, évidemment, pour la
phase que nous envisageons et qui ne crée, Selon les échanges que
nous avons eus avec les autorités du collège, aucun
inconvénient pour rétablissement. (20 h 30)
Cela étant dit, je voudrais peut-être ajouter, en dernier,
combien il est important pour nous que les Forces armées du Canada, qui
contribuent à la sécurité et à la paix du pays
d'une manière irremplaçable, accordent autant de signification,
tout d'abord à la formation de leur personnel-cadre et,
deuxièmement, à l'implantation d'un bilinguisme véritable
dans leurs rangs. Le premier point, je l'ai souligné tantôt. Mais
je constate et je pense qu'on peut rattacher l'origine vraiment décisive
de ce mouvement au temps où le général Allard, que j'ai
très bien connu et avec qui j'ai eu l'occasion de discuter souvent de
ces choses, fut commandant des Forces armées canadiennes. Le
général Allard avait entrepris un effort
délibéré afin que le français occupe une place plus
significative dans les forces armées et, à partir de ce
moment-là, les choses ont progressé très vite. Je pense
que la contribution du collège de Saint-Jean, fondé en 1952, a
été décisive. Parce que, si on veut que le français
existe dans les forces armées, il faut évidemment qu'au niveau
des cadres, qui ont été très longtemps dominés par
les anglophones, il y ait une participation, une représentation
véritable des francophones.
Je pense que c'est une des préoccupations qu'ont eue les Forces
armées canadiennes, ces dernières années. Moi, je l'ai
vivement apprécié. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte
à plusieurs reprises à travers différents contacts que
j'ai eus avec les forces armées, à différents niveaux de
responsabilité, d'ailleurs, et j'espère que cette tendance se
maintiendra et se renforcera même, dans l'avenir. La contribution du
Collège militaire royal de Saint-Jean, dans cette perspective, est
très importante. Et cela, cela intéresse le gouvernement du
Québec, je tiens à vous le dire, parce que nous sommes
intéressés, chaque fois que le fait français peut jouir de
conditions de rayonnement à travers l'ensemble du pays et qui soient
plus favorables, nous en sommes très fiers et nous voulons collaborer
à ce que cela se fasse. Et les jeunes que vous formez ont reçu,
ceux qui ont obtenu leur diplôme cet été, des assignations
qui les enverront un petit peu partout à travers le pays.
Je pense que, pour le rayonnement du fait français a travers le
Canada, par le truchement des forces armées, c'est une contribution que
le gouvernement du Québec n'hésite pas à considérer
comme fort importante et à laquelle, par conséquent, il est
intéressé à donner son appui et son encouragement.
Ceci étant dit, je voudrais maintenant remercier les
autorités du Collège militaire royal de Saint-Jean de
l'extrême collaboration, de l'extrême disponibilité dont
elles ont fait montre dans leurs rapports avec le gouvernement. Nos rapports
ont été empreints de courtoisie, de franchise et, j'ajouterais,
de sérénité. J'espère qu'ils pourront se maintenir
à ce niveau.
En ce qui touche la demande d'aujourd'hui, c'est bien simple, nous avons
consenti, en 1985, à octroyer le statut universitaire pour les
études de premier cycle. Pourquoi avoir limité cette
décision au premier cycle, à l'époque? Tout d'abord, je
crois me souvenir que les autorités du collège, à
l'époque, n'insistaient pas tellement
pour obtenir le deuxième et le troisième cycle.
Deuxièmement, c'était un geste de prudence de la part du
législateur qui voulait que ce nouvel établissement universitaire
fasse ses preuves d'existence et de qualité, quitte à ce qu'on
puisse examiner, à un stade ultérieur, les possibilités
d'un développement plus complet. Je pense qu'après, cela ne fait
pas longtemps, cela fait trois ans, vous revenez avec une demande. Nous avons
vérifié auprès du Conseil des universités,
après avoir reçu votre demande, et le Conseil des
universités, dans l'avis qu'il m'a adressé, faisait mention de
l'avis qu'il avait donné en 1985. Il semblait s'étonner de ce que
nous revenions avec cette deuxième demande en nous rappelant que, dans
son avis de 1985, il y avait tout ce qu'il fallait pour donner, dès
cette époque, le pouvoir de décerner des diplômes de
deuxième et de troisième cycle. Nous avions
interprété - et c'était la souveraine prérogative
du législateur - la situation de l'époque comme justifiant
davantage l'octroi d'un statut de premier cycle. Mais le Conseil des
universités n'a pas plus d'objection cette fois-ci qu'il n'en avait en
1985. Au contraire, je pense qu'il est encore plus accusé dans
l'attitude favorable qu'il adopte à l'endroit de la demande du
Collège militaire royal. Il faudrait ici, évidemment, que les
programmes que vous voudrez instituer au deuxième et,
éventuellement, au troisième cycle soient soumis au processus de
tamisage dont j'ai fait mention tantôt.
Mais cette réserve étant faite, le gouvernement, par
l'entremise du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science,
est très heureux d'indiquer aux membres de la commission parlementaire
qu'il appuie entièrement la demande du Collège militaire royal de
Saint-Jean et qu'il sera très heureux de continuer à entretenir
avec le collège des rapports de collaboration, de
sérénité, de confiance et de respect mutuels, comme ceux
que nous avons établis jusqu'à maintenant.
M. le Président, je pense que cela complète les
explications que je devais donner à nos collègues de la
commission parlementaire et à nos visiteurs également. Je serai
très heureux de poursuivre la discussion avec la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. Je vais reconnaître pour les remarques
préliminaires le porte-parole officiel de l'Opposition en matière
d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le recteur, M.
le commandant, il me fait plaisir de vous accueillir ici. Je voudrais, dans le
prolongement des propos du ministre, vous dire que j'ai le bonheur de
connaître de vos diplômés. J'en ai connu fort peu, sauf que
j'ai eu l'occasion de visiter votre collège, au moment où vous
alliez demander l'autorisation de donner des baccalauréats, au moment
où je visitais le cégep de Saint-Jean de même que
l'école d'aérotechni-que de Saint-Hubert qui est chez vous.
Le ministre dit avec raison qu'effectivement, cela ne coûte pas
cher au Québec, puisque le fédéral est très
généreux. Effectivement, le fédéral finance
généralement assez généreusement les études
et la formation qu'il dispense, y compris sur le territoire
québécois, quoique là-dessus, j'aimerais dire au ministre
que je préférerais le voir complètement transférer
les fonds auxquels on aurait droit; cela nous donnerait quelque 2 000 000 000 $
qu'on a perdus au cours des dix dernières années, cela serait
peut-être plus avantageux.
Je voudrais dire au ministre aussi, en guise d'indication ou de
suggestion, qu'au Collège militaire royal de Saint-Jean, il n'y a pas de
droits de scolarité, c'est totalement gratuit. De plus, je pense bien
que vos élèves - c'est comme nos stages
rémunérés - ont aussi droit à un traitement.
Je n'ai pas beaucoup de questions parce que, sur le fond, au moment
où on m'en avait parlé à l'époque, j'étais
assez favorable. Cela ne posait pas pour mol de problème de conscience
majeur.
En ce qui concerne les deuxième et troisième cycles,
j'aurais quelques questions cependant, bien que sachant tout de suite et
d'avance que je ne renverserai pas le gouvernement là-dessus. Du moment
que c'est rendu ici, vous pouvez tenir pour acquis que c'est adopté. Je
me demandais, étant donné qu'au moment où j'y suis
allée, on m'avait beaucoup parlé de la collaboration qui existait
entre le collège et nos établissements d'éducation tant au
niveau collégial qu'à l'université, à
l'époque... Je sais que, pour certains programmes, vos
élèves étaient obligés d'aller à
l'extérieur. Cependant, je trouve intéressante l'idée que
le collège soit en étroite collaboration, pour certains
programmes, avec nos maisons d'enseignement de manière à ne pas
être trop refermé sur lui-même. Parce que c'est toujours ce
qu'on reproche aux militaires - le ministre ne l'a pas soulevé
tantôt - le fait de vivre dans un monde à part, un peu comme on
vit ici à l'Assemblée nationale quand on y reste trop longtemps,
on finit par penser que tout se passe ici, ce qui n'est pas vrai, heureusement!
C'était la perception que j'avais eue et c'était l'avantage que
j'y trouvais, d'autant que les universités s'étaient, à ma
connaissance, montrées très ouvertes à collaborer et
même peut-être à offrir, avec votre collaboration, des
programmes de deuxième et de troisième cycle. C'est ce qui
m'étonne un peu de vous voir ici, demandant des programmes de
deuxième et de troisième cycle. Peut-être, M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que cela
termine vos remarques préliminaires?
Mme Blackburn: Non, j'en aurais encore quelques...
Le Président (M. Parent, Sauvé): On peut y aller
par... On va appeler le premier article et on va ouvrir la discussion.
Mme Blackburn: Non, alors, vous allez me laisser terminer mes
remarques préliminaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
Mme Blackburn: Non, je pense que cela pourrait aller plus vite
après cela pour un, deux, trois...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, allez.
Mme Blackburn: Écoutez, il y a deux articles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Moi, je vous
laisse libre d'y aller tant que les chances sont égales des deux
côtés.
Mme Blackburn: S'il pouvait nous répondre aux remarques
préliminaires, le reste...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, vous avez
posé une question au commandant?
Mme Blackburn: Oui.
M. Archambault: Alors, la raison pour laquelle on demande cette
modification, c'est pour remplir un besoin des forces armées, justement,
un besoin de nos officiers de poursuivre des études au deuxième
cycle.
La perception que vous avez que le collège est refermé sur
lui-même est fausse. En fait, la collaboration que nous avons avec toutes
les universités...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Commandant, je
préférerais que vous disiez que ce n'est peut-être pas tout
à fait exact.
Mme Blackburn: Non, c'est...
M. Archambault: Ha, ha, ha! Excusez-moi, ce n'est pas tout
à fait exact.
Mme Blackburn: D'autant, puisque vous ouvrez la porte, que je
n'ai pas dit qu'il l'était, j'ai dit qu'il risquait de le devenir.
M. Archambault: Vous avez parlé d'une perception,
alors...
Mme Blackburn: Non, j'ai dit que j'avais une perception qu'il
pouvait un jour se refermer étant donné que ses liens de
collaboration seraient rompus avec les universités. Je n'ai pas dit
qu'ils l'étaient actuellement, mais que cela pouvait mener à.
M. Ryan: Vous nous avisez de vos inquiétudes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre, M. Archambault...
Mme Blackburn: Allez-y donc. À la "gang" comme cela c'est
sûr que...
M. Archambault: Je crois qu'au contraire...
Mme Blackburn: Votre apologie du bilinguisme, là.
M. Archambault: ...nous avons beaucoup plus de liens, surtout
avec les universités de la région, l'Université de
Sherbrooke, l'Université de Montréal, l'Université McGill.
Déjà, nous avons beaucoup de secteurs de collaboration. En fait,
nous avons présentement des étudiants qui suivent des cours de
maîtrise à l'Université de Sherbrooke, qui travaillent dans
nos laboratoires à Saint-Jean et qui sont suivis par nos professeurs au
collège militaire. Alors cet échange avec les universités
existe présentement et continuera certainement avec un programme de
deuxième cycle. Alors, M. Castonguay, je ne sais pas si vous avez autre
chose à nous dire là-dessus?
M. Castonguay: Je voudrais ajouter que notre programme de
diplômes de deuxième cycle est pour le moment un programme
vraiment modeste. Nous n'avons pas l'intention, et je pense que nous n'en
sommes pas capables non plus, d'offrir de nombreux diplômes de
deuxième cycle. Nous avons l'intention d'offrir simplement quelques
diplômes qui répondraient à des besoins spécifiques
des Forces armées, auxquels ne répondent pas présentement
les universités québécoises. Nous avons l'intention
manifestement de continuer à maintenir des relations, en ce qui a trait
aux études du premier cycle comme du deuxième cycle, avec les
universités québécoises et c'est certainement, de
façon, très important. Vous savez que le collège militaire
n'offre pas tous les diplômes de premier cycle. Il y a beaucoup de nos
étudiants qui doivent fréquenter les universités
québécoises. Je pense, en particulier, en médecine, en
droit, en art dentaire, en fait pour les disciplines libérales. Les
études se font à l'extérieur des collèges
militaires et rien ne sera changé à cet égard.
Pour ce qui est des diplômes de deuxième cycle, ce sera la
même chose dans bien des domaines. Ce que vous voulons faire
présentement, c'est commencer quelques diplômes de deuxième
cycle qui répondraient à des besoins spécifiques des
Forces armées et auxquels ne répondent pas facilement,
présentement, les universités canadiennes ou
québécoises.
Je songe en particulier à donner, si cela nous est
autorisé, un diplôme de deuxième cycle en recherche
opérationnelle, mais en recherche
opérationnelle orientée vers les besoins actuels des
forces armées, tels qu'ils sont exprimés. Nous avons aussi
intérêt à offrir un diplôme en sciences physiques,
mais également orienté vers les besoins des forces armées,
présentement. On pense en particulier aux ondes
électro-magnétiques, aux radars, et ce sont des diplômes
qui ne se donnent pas partout, présentement, au Québec et
auxquels nous pourrions éventuellement répondre. Même chose
pour ce qui est des diplômes en administration. Nous donnons
présentement des diplômes de premier cycle en administration, mais
en administration orientée vers l'administration publique en
particulier, telle qu'elle se fait pour ce qui est du ministère de la
Défense, et nos diplômes de deuxième cycle seraient du
même ordre, orientés vers les besoins des forces
armées.
Alors nous avons vraiment l'intention de maintenir de façon
très importante nos liens avec les universités
québécoises dans tous les domaines auxquels, disons, les
universités québécoises peuvent répondre
présentement, mais, cependant, si l'autorisation nous était
donnée de répondre à d'autre besoins qui se manifestent
présentement pour ce qui est du ministère de la
Défense...
Pour ce qui est des études collégiales aussi, nous avons
de très bonnes relations, nous sommes en très bons termes avec,
en particulier, le cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, et nous avons
l'intention de continuer à travailler en étroite collaboration
avec eux.
Mme Blackburn: À l'époque, il me semble me rappeler
que vous parliez d'aérospatiale, d'une formation en
aérospatiale.
M. Castonguay: II y a été question d'un
diplôme à Kingston en génie aéronautique ou en
aérospatiale, mais nous ne sommes pas prêts pour donner un tel
diplôme et je ne pense pas qu'à court terme et même à
moyen terme, il en sera question chez nous. À moins que le commandant
n'ait des informations que je n'ai pas, mais je ne crois par que nous soyons
prêts et que nous ayons l'intention d'oeuvrer dans ce domaine-là
éventuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Bien, tout à l'heure le ministre faisait
l'apologie du bilinguisme pratiqué chez-vous, comme quoi... Il vous
citait en exemple. Une question, deux questions en fait. Est-ce que cette
pratique est également celle des collèges militaires
canadiens?
M. Castonguay: Oui, mais pas avec le même taux de
succès. (20 h 45)
Mme Blackburn: Je m'en doute. C'est un peu comme le
contrôle de la circulation aérienne, la formation des
contrôleurs de la circulation aérienne. Est-ce que le
contrôle de la circulation aérienne - j'en ai une à la
limite de mon comté, à Bagotville - se fait en français
sur vos bases militaires?
M. Archambault: Je ne suis pas un expert dans ce
domaine-là, mais je crois que oui, surtout à Bagotville.
Mme Blackburn: À Bagotville, cela dépend, avec le
civil oui, avec le militaire, je ne crois pas.
M. Archambault: Les militaires aussi.
Mme Blackburn: Je sais que le civil cela se fait en
français. J'ai terminé, je n'ai pas de remarque.
Étude détaillée
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. S'il n'y a pas d'autres remarques,
j'appelle l'article 1 qui se lit comme suit: "1. L'article 1 de la Loi sur le
Collège militaire royal de Saint-Jean (1985, chapitre 68) est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant: "Le ministre,
après avis du Conseil des universités, peut autoriser le
collège à décerner tous grades, diplômes ou
certificats universitaires de deuxième et troisième cycles."
Est-ce que l'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
L'article 2 se lit comme suit: "2. La présente loi entre en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi)." Est-ce qu'il
est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Est-ce que le préambule du projet de loi est adopté? Est-ce que
le titre du projet de loi...
Mme Blackburn: Un instant! Laissez-moi lire le préambule.
Cela allait vite, là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous n'avez pas lu
le préambule. Je m'excuse, Mme la députée.
Mme Blackburn: Pourquoi ne dit-on pas au deuxième
paragraphe du préambule qu'il est non seulement de
l'intérêt du collège, mais également peut-être
du Québec, non? Ou des Canadiens? Est-ce que c'est exclusivement dans
l'intérêt du collège qu'on autorise une institution
à dispenser les deuxième et troisième cycles?
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si la députée de Chicoutimi veut proposer
un amendement disant quelque chose comme ceci: Qu'il est de
l'intérêt du collège, du Québec et du Canada, qu'il
soit autorisé à décerner des grades, je n'aurais pas
d'objection. Est-ce que j'ai bien compris...
Mme Blackburn: Je ne suis pas intéressée. M.
Ryan: ...cette évolution imprévue... Mme Blackburn: Je
vous laisse votre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
préambule du projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Mme Blackburn: Comme on connaît, M. le Président,
l'intérêt du ministre pour tout ce qui s'appelle les institutions
privées, j'aurais voulu qu'il ait la même diligence et la
même efficacité lorsqu'il s'agit de donner les ressources
nécessaires au réseau public. Cela dit, M. le Président,
c'est adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le
préambule est adopté. Est-ce que la Loi modifiant...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
Excusez-moi.
M. Ryan: J'ai demandé la parole. Je vais vous dire
franchement, je serais peut-être enclin à proposer une
modification au deuxième alinéa, à la lumière des
choses que nous venons d'échanger, mais je soulève la question.
Je vais attendre la réaction des membres de la commission, mais je
souhaiterais qu'il y ait une modification disant ceci: Attendu qu'il est de
l'intérêt public qu'il soit autorisé à
décerner des grades, diplômes ou certificats universitaires. De
l'intérêt public, cela comprend le collège, le
Québec, le Canada, cela comprend tout. C'est dans cet esprit-là
que nous le faisons. Ce n'est pas seulement dans l'intérêt du
collège. Je comprends la réticence de la députée de
Chicoutimi.
Je voudrais dont l'obliger sans enfreindre les frontières
redoutables de son orthodoxie politique. Il est de l'intérêt
public... J'en fais la suggestion, pour avoir la réaction des membres de
la commission avant de demander qu'on en fasse l'objet d'une proposition
d'amendement. Je n'y tiens pas mordicus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des interventions sur la suggestion du ministre?
Mme Blackburn: À vaincre sans péril, on triomphe
sans gloire, M. le minsitre; à 99 à 20 vous n'avez pas grand
mérite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur la suggestion du ministre?
M. le ministre, il n'y a pas d'intervention. Est-ce que vous en faites
un amendement?
M. Ryan: Oui, j'en ferais un amendement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui se lirait
comment? Si vous voulez répéter, s'il vous plaît, M. le
secrétaire.
M. Ryan: Attendu qu'il est de l'intérêt
public...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Attendu qu'il est
de l'intérêt public.
M. Ryan: ...qu'il soit autorisé...
Mme Blackburn: Plus il vieillit, plus il est mesquin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon? S'il vous
plaît, madame.
M. Ryan: Qu'il est d'intérêt public, le reste
demeure tel quel. On remplace les mots "du collège" par le mot "public",
c'est tout.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Attendu qu'il est
d'intérêt public... Je ne comprends pas, M. le
député.
M. Ryan: Qu'il est d'intérêt public, c'est
juste.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui? M. Ryan:
Attendu qu'il est d'intérêt public. Une voix: Cela ne
marche pas. M. Ryan: Pardon?
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Non, ce
n'est pas d'intérêt public. L'intérêt public, M. le
ministre, ne peut pas être autorisé. Il faudrait changer toute la
formulation de votre préambule.
M. Ryan: Mais il y a eu un malentendu entre nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Écoutez, M.
le ministre. J'ai compris: Qu'il est d'intérêt public du
collège... Quoi?
M. Ryan: Non, qu'il est d'intérêt public...
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autoriser.
M. Ryan: ...que le collège soit autorisé. Une
voix: Que le collège.
M. Ryan: Qu'il est d'intérêt public que le
collège soit autorisé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
Le préambule se lirait comme suit: "Qu'il est
d'intérêt public que le collège soit autorisé
à décerner des grades, diplômes ou certificats
universitaires de deuxième et troisième cycle."
Mme la députée de Chicoutimi, avez-vous des remarques
à faire sur cet amendement?
M. Ryan: Est-ce que vous me permettriez... Une
voix:...
M. Ryan: Me permettriez-vous d'expliquer un peu, M. le
Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre. Oui, j'avais compris.
M. Ryan: "Attendu qu'il est d'intérêt public que le
collège soit autorisé à décerner des grades,
diplômes ou certificats universitaires de deuxième et
troisième cycle", cette modification veut dire ceci: nous ne
procédons pas à un changement dans le statut académique du
Collège militaire royal de Saint-Jean seulement pour satisfaire aux
intérêts limités du collège, ou pour plaire à
ceux qui en ont la responsabilité, ou même pour plaire aux Forces
armées du Canada. Nous acceptons la modification qui nous a
été soumise parce que nous considérons qu'elle est
d'intérêt public, c'est-à-dire qu'elle vise à
améliorer la qualité du bien public au Québec et au
Canada, et nous considérons que si une institution comme le
Collège militaire royal de Saint-Jean est habilitée à
donner une formation embrassant tous les degrés universitaires, il y a
plus de chances que l'intérêt public soit bien servi, d'abord
à l'intérieur des forces armées et, ensuite, à
travers le rayonnement de ses diplômés dans tous les secteurs de
la vie canadienne, autant militaire que civile. À cause de cela, je
pense que de parler d'intérêt public dans ce cas-ci est beaucoup
plus noble, beaucoup plus juste pour le collège et aussi pour le
législateur qui est appelé à se prononcer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la marraine, je dirais, du projet de loi, est-ce que vous voulez
intervenir sur l'amendement du ministre?
Mme Pelchat: Non. Je pense que le ministre a bien exposé
la pertinence d'inclure l'intérêt public et je suis certaine, M.
le recteur et M. le commandant, que vous agréez à cette
modification, puisque effectivement il serait de l'intérêt de tous
les Québécois, de tous les Canadiens et Canadiennes que le
collège puisse décerner les grades de deuxième et
troisième cycle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
Mme la députée de Chicoutimi, vous voulez
réagir?
Mme Blackburn: Pas de commentaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
préambule tel qu'amendé est adopté?
Une voix: Est-ce que l'amendement est adopté?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Blackburn: L'amendement oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
préambule tel qu'amendé est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Est-ce que le projet de loi intitulé, Loi modifiant la Loi sur le
Collège militaire royal de Saint-Jean, est adopté?
Mme Blackburn: Adopté. Le titre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. La
commission parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux sine
die.
M. Ryan: Est-ce que je peux dire un mot, M. le
Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, vous pouvez y
aller.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord remercier à nouveau la
députée de Vachon de son intervention auprès de nous et de
l'intérêt qu'elle porte au travail du Collège militaire
royal de Saint-Jean ainsi qu'au travail des institutions d'enseignement, non
seulement dans son comté, mais dans toute la région qui embrasse
la rive sud du Saint-Laurent. Je voudrais remercier également mes
collègues de l'Assemblée nationale, des deux côtés,
de l'excellente collaboration qu'ils apportent au gouvernement et au
Collège militaire royal de Saint-Jean dans cet exercice que nous faisons
ensemble. Je voudrais surtout exprimer
mes remerciements, mon appréciation et mes voeux cordiaux de
succès à l'intention du brigadier général, M.
Archambault, et de M. Castonguay qui nous font l'honneur, ce soir, de nous
visiter. Je souligne, pour l'information de nos collègues, que M.
Castonguay, et certains l'auront peut-être reconnu en le regardant de
près, est le frère d'un ancien membre de l'Assemblée
nationale pour qui nous avons tous...
Mme Blackburn: Qui est en commission...
M. Ryan: ...éminemment de respect, qui est présent
dans l'enceinte du Parlement ce soir. Cela donnera probablement lieu à
une réunion familiale.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: En tout cas, nous sommes très heureux que vous
soyez venus. Je suis très heureux de vous avoir retrouvés
après une rencontre fort récente et fort chaleureuse dont vous
m'avez fait l'honneur chez nous. J'espère que cette décision que
nous nous apprêtons à prendre ensemble sera bienfaisante pour le
collège, pour les forces armées, / pour le Québec et le
Canada. #
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, comme je le disais tout
à l'heure, j'ai eu l'occasion de rencontrer le frère de M.
Castonguay tantôt qui est à la commission parlementaire pour
l'étude d'un projet de loi privé touchant La Lauren-tienne. Il
doit être encore en commission, d'ailleurs. Je dois vous dire que je suis
d'accord avec le projet de loi, mais probablement pas et certainement pas pour
les mêmes raisons que le ministre, bien que je ne sois pas
complètement en désaccord non plus. Étant donné
qu'on fait toujours partie du Canada et qu'on a des forces armées,
autant s'organiser pour qu'elles soient le plus compétentes possible.
Cependant, ce qui a amené chez moi un sentiment plus favorable, je
dirais, à l'endroit du développement du Collège militaire
royal de Saint-Jean, c'est parce que le collège militaire a toujours
touché une clientèle qu'on a de la difficulté à
retenir dans nos universités et qui vient souvent de milieux modestes.
Je dois le reconnaître et vous rendre hommage pour cela. Si vous allez en
deuxième et troisième cycle, je sais que vous allez pouvoir
amener nos jeunes Québécois francophones à atteindre ces
niveaux, dans lesquels, malheureusement, on n'est pas encore très
performants. Alors, messieurs, je voudrais vous dire que c'est la raison pour
laquelle je partage cet avis et que je suis favorable a l'adoption de ce projet
de loi. Je vous souhaite bonne chance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
Mme la députée. M. Archambault et M. le recteur, est-ce
que vous aimeriez ajouter quelque chose?
M. Archambault: Je vous remercie, M. le Président et tous
les membres de la commission. Nous allons certainement continuer à
oeuvrer et à former des officiers de grande qualité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour le mot de la
fin, la responsable du projet et celle qui l'a piloté, Mme la
députée. Brièvement.
Mme Pelchat: J'aimerais joindre ma voix à celle du
ministre et des autres membres de la commission pour souhaiter tout le
succès possible et bien mérité aux gens du collège,
aux étudiants et à la direction et souligner que la base
militaire de Saint-Hubert est dans le comté de Vachon. J'aurai donc
certainement l'occasion de communiquer et de rencontrer de futurs
diplômés. Alors, cela me ferait bien plaisir. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée. M. le recteur, M. le commandeur, MM. les membres
de la commission parlementaire de l'éducation, pour cette fois, c'est
vrai, nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 20 h 57)