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(Treize heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation poursuit ses travaux dans le cadre du mandat
qui lui a été confié par l'Assemblée nationale le
15 décembre dernier, à savoir de procéder à des
audiences publiques sur les deux projets de loi qui nous importent, le projet
de loi 106 sur le processus des élections scolaires et le projet de loi
107, qui a trait à la restructuration de la Loi sur l'instruction
publique.
Alors, M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si nous
avons quorum, je déclare la séance ouverte. Et cet
après-midi, nous accueillerons dans l'ordre... Est-ce qu'il y a des
remplacements, tout d'abord, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Du
côté ministériel, des remplacements? Du côté
de l'Opposition?
M. Ryan: Donc, c'est la stabilité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pas de
remplacements.
Alors, nous accueillerons dans un premier temps le Comité de
parents de la commission scolaire catholique de Sherbrooke, suivi du
Comité de parents de la commission scolaire Lakeshore, du West Island
Teachers' Association, et le Comité de parents de la commission scolaire
Greater Hull/Western Québec, et à 16 h 30 le comité
d'école Saint-Jude, de la commission scolaire de Châteauguay. et
à 17 h 15 le comité d'école FACE et nous ajournerons
après cela jusqu'à 20 heures, alors que nous accueillerons le
Québec Region English Catholic Committee, suivi par l'Assemblée
des directeurs diocésains d'éducation, et nous terminerons avec
l'Association québécoise des professeurs de morale et de
religion. Alors, voici l'ordre du jour de nos travaux pour la
journée.
Je veux accueillir en votre nom les représentants de la
commission scolaire de Sherbrooke, qui sont représentés par son
président, M. Forgues.
Comité de parents de la Commission scolaire
catholique de Sherbrooke
M. Forgues (Claude): Bonjour, monsieur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. For- gues,
bonjour. Je veux vous remercier d'avoir répondu à l'invitation de
la commission permanente de l'éducation, pour venir nous faire
connaître votre point de vue sur les deux projets de loi qui nous
préoccupent actuellement. La commission a prévu de vous entendre
durant 45 minutes. Moi, je peux me permettre de vous faire une suggestion, mais
par contre vous n'êtes pas tenu de la suivre, c'est-à-dire de nous
présenter votre mémoire durant environ peut-être 15
à 20 minutes, et le reste de la période sera réparti d'une
façon égale entre les deux formations politiques, avec lesquelles
vous aurez l'occasion de dialoguer. Alors, soyez bien à votre aise,
utilisez le temps comme bon vous semble.
M. Forgues: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si vous
voulez nous présenter les gens qui vous accompagnent et enchaîner
immédiatement avec la présentation de votre mémoire.
M. Forgues. Merci beaucoup, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de
commencer, pour que vous sachiez à qui vous avez affaire...
M. Forgues: Ah oui, c'est vrai.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...je peux
peut-être vous présenter les membres de cette commission.
M. Forgues: Nous en connaissons quelques-uns, mais....
Le Président (M. Parent, Sauvé): En
commençant par ma gauche, la porte-parole de l'Opposition officielle, la
députée de Chicoutimi qui est avec nous, M. le
député de Charlevoix, M. le député d'Arthabaska, M.
le député de Chicoutimi, Mme la députée de
Rimouski...
Des voix: Ma, ha, ha!
Une voix: Rimouski, c'est de l'autre bord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je me suis
toujours demandé pourquoi je mélangeais Rimouski et Chicoutimi,
et je ne sais pas.
Une voix:...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
Une voix:...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Peut-être
une bonne connaissance du Québec. Alors, la députée
de Jacques-Cartier, et le ministre de l'Éducation, le
député d'Argenteuil. M. le président, nous vous
écoutons avec attention.
M. Forgues: Merci beaucoup. M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs les membres de la commission, je voudrais vous
présenter les gens qui m'accompagnent. Tout d'abord, à ma droite,
je vous présente Mme Martine Gingras, qui représente le secteur
primaire à notre exécutif du comité de parents; à
sa droite, Mme Lucile Lemieux, qui est notre déléguée
à la table des commissaires de la Commission scolaire catholique de
Sherbrooke; à ma gauche, M. Clermont Domingue, qui est aussi
représentant du primaire au niveau de la Commission scolaire catholique
de Sherbrooke à la table des commissaires; Mme Diane Roy, qui est
secrétaire de notre comité; derrière moi, à
l'extrême gauche, Mme Nicole Ouimette, qui représente le secteur
secondaire; M. Jean-Jacques Bégin, qui est notre personne-ressource au
comité de parents; derrière moi, la vice-présidente du
comité de parents, Mme Suzanne Desrosiers, et Mme Aline Gagnon qui
représente aussi le secteur secondaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À tous ces
vaillants travailleurs et vaillantes travailleuses de Sherbrooke,
bienvenue!
M. Forgues: Merci beaucoup. Je voudrais vous faire un peu
l'historique de notre mémoire. J'avais pensé prendre de dix
à douze minutes pour vous présenter un peu notre question, mais
je vais me sentir plus à l'aise, compte tenu du temps que vous
m'accordez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Soyez bien
à votre aise, le temps vous appartient.
M. Forgues: D'accord. Je voudrais d'abord vous faire l'historique
de notre mémoire. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'exécutif du
comité de parents a travaillé sur les projets de loi 106 et 107
et a présenté le projet de mémoire que vous avez devant
vous à une réunion spéciale du Comité de parents de
la Commission scolaire catholique de Sherbrooke. Le comité de parents de
la Commission scolaire catholique de Sherbrooke trouve important de se
prononcer sur les projets de loi 106 et 107 à cause des changements
apportés par ces projets de loi, mais nous avons tenu à vous
présenter notre propre mémoire à cause des
expériences pertinentes que nous avons vécues ces
dernières années. Le comité de parents de Sherbrooke
occupe sa place à l'intérieur de l'organisme qu'est la commission
scolaire, la participation des parents est grandement stimulée dans
notre milieu et notre comité de parents est appuyé par des
comités d'école actifs et dynamiques. Cette participation des
parents est désirée et bien accueillie en principe par les autres
composantes de la Commission scolaire catholique de Sherbrooke. Nous prenons/
l'initiative de suggérer certaines modifications susceptibles
d'améliorer surtout la participation des parents afin d'offrir de
meilleurs services aux enfants. Le présent exposé vise à
faire ressortir les questions avec lesquelles nous sommes en désaccord
ou les questions que nous voudrions voir conservées. Il faudra
comprendre que les questions sur lesquelles nous ne nous prononçons pas
recueillent notre accord.
Entrons dans le vif du sujet, le projet de loi 106 sur les
élections scolaires. Tout d'abord, permettez-moi de vous faire part de
notre satisfaction face à ce projet de loi. Notre comité de
parents s'est impliqué à Sherbrooke lors des dernières
élections de la Commission scolaire catholique de Sherbrooke. Nous avons
appelé cela l'opération participation électorale. Nous
visions; par cette action, à inciter les parents tout d'abord à
participer aux élections en s'incrivant sur la liste;
deuxièmement, à briguer des postes électifs et,
finalement, à aller voter. Nous avons voulu, de plus, qu'un débat
d'idées ait lieu lors de ces élections; pour ce faire, nous avons
posé des questions aux commissaires sortants. Nous avons à ce
moment-là constaté un certain nombre de carences dans la Loi
électorale. Ces faiblesses sont en majorité corrigées par
la loi 106. Cependant, permettez-nous certaines remarques. Tout d'abord, le
fait que le directeur général soit le président des
élections nous semble, étant donné qu'il est
l'employé des commissaires, très délicat. Nous soumettons
cette question à votre réflexion.
Pour ce qui est de l'inscription sur la liste, de même qu'il est
inscrit dans la loi actuelle que les comités de parents peuvent se
réunir dans les locaux de la commission scolaire, nous croyons que la
loi pourrait stipuler la possibilité de déposer les Inscriptions
et radiations dans les écoles de la commission scolaire. Comment
inciter, comme chez nous, des gens à participer aux élections
scolaires quand, dans une ville et sa banlieue de 100 000 habitants comme
Sherbrooke, II n'y a qu'un seul endroit où s'inscrire? Dans notre
commission, il y avait, dans les écoles, dans les églises des
points d'information, sauf que, pour s'inscrire, il fallait aller au bureau de
la commission scolaire. Nous avons demandé cette année ce
mécanisme à la commission scolaire, qui nous l'a permis. Mais
comme vous le savez, le taux de participation et le taux d'inscriptions
étant ce qu'ils sont, nous trouvons important de faciliter cette
question.
La constitution d'équipes. À notre avis, ce sont les
enjeux qui amènent les gens à participer à une
élection. Nous sommes d'accord avec la constitution d'équipes.
Cette situation, à notre avis, viserait à la mise en commun
d'idées plutôt que des concours de popularité ou des
concours de beauté qui n'ont rien à voir avec les enjeux d'une
élection. Nous croyons cependant excessive l'exigence de demander aux
équipes de présenter
des candidats dans les deux tiers des équipes. Nous croyons
savoir que les exigences ne sont pas aussi fortes quand il s'agit des secteurs
provincial ou fédéral. Nous croyons que 50 % constitueraient un
compromis acceptable.
Finalement, nous applaudissons au remboursement des dépenses
électorales. Cependant, nous aimerions que le projet de loi soit plus
clair au niveau de l'interprétation de la période
électorale. Nous croyons que la loi actuelle pourrait permettre la
diffusion de publicités le jour du vote, comme ce fut le cas lors de
notre dernière élection scolaire de la part d'un commissaire
sortant. Je vous rappelle que le projet de loi parle de la période
électorale pour le remboursement des dépenses, mais il n'en parle
pas lorsqu'il s'agit du jour du vote. Nous avons été
témoins ici de cette situation. Je ne vous dis pas 'que cela a
été payant, mais cette situation a été
vécue. Voilà pour la loi 106.
En ce qui a trait à la loi 107, le comité de parents de la
commission scolaire a étudié le projet de loi 107 et en a
accepté la majorité des recommandations, qu'il s'agisse du droit
des élèves, des obligations de fréquentation scolaire, de
la question des commissions scolaires linguistiques. Nous étions
d'accord avec l'ensemble de ces questions. Cependant, pour ce qui est de la
date d'entrée à l'école, la consultation de notre
comité d'école nous amenait à opter pour le statu quo,
pour deux motifs. Le premier, c'est qu'il y aurait toujours une date plus loin,
il y a toujours des gens proches; et la deuxième, c'était tout
simplement de laisser aux enfants l'occasion de vivre leur enfance et de ne pas
essayer de les placer sur la production le plus vite possible.
Nos commentaires vont surtout porter sur les comités
d'école, les comités de parents et sur les questions relatives
à la commission scolaire. C'est particulièrement satisfaisant et
nous trouvons intéressante l'introduction de la notion de droits
égaux à ceux des commissaires pour les commissaires
représentant le comité de parents. Nous sommes conscients
évidemment de la résistance que cette proposition suscite, autant
chez les commissaires que chez les parents, et nous avons l'intuition - et
cette intuition, je l'ai vérifiée auprès d'anciens
commissaires - que la résistance a dû être la même
lorsqu'il s'est agi d'introduire des mesures permettant aux parents
d'être délégués à la table des commissaires.
Jusqu'à ce moment, seuls les élus du peuple avaient
été là; beaucoup de parents ont dû craindre de subir
des pressions politiques de la part des commissaires élus, de servir de
caution par leur présence à des décisions du conseil des
commissaires ou d'être liés par ces décisions.
Une différence de mentalité existe, nous le constatons,
entre des délégués de parents auprès de conseils de
commissaires de commissions scolaires intégrées ou de commissions
scolaires plus petites. Dans certains cas, ce sont des rapports de
convivialité. Tout fonctionne bien, et les gens se disent: Bien, on est
là, notre rôle n'est pas politique. Mais l'expérience d'une
commission scolaire plus grande et une analyse stricte de cette question nous
font voir que le rôle des délégués de parents est
politique, qu'ils aient ou non le droit de vote. Nous croyons, pour notre part,
que l'évolution de la participation des usagers dans différents
secteurs encourage cette évolution. D'autre part, les pressions
politiques des élus existent déjà sur nos
représentants. Actuellement, nos représentants se font dire: Eh
bien! Vous étiez là lorsqu'on a discuté de tel point; le
comité de parents était donc représenté et il n'a
plus rien à dire. D'autre part, il existe, entre commissaires, ces
mêmes rapports où l'on a besoin de l'appui des parents pour
accepter telle ou telle proposition. Il me semble qu'il n'existe pas, à
l'intérieur d'une commission scolaire, ce semblant de solidarité
ministérielle qui obligerait un commissaire,
délégué des parents, qui ne serait pas d'accord avec une
décision et qui aurait vote contre, de pouvoir avec le comité de
parents exprimer sa dissidence par la suite.
Nous ne pensons pas que ceci existe. Nous croyons, de plus, que le
principe "pas de taxation sans représentation" est un principe qui
existait au moment où seuls les hommes propriétaires votaient. Il
n'était pas question à ce moment-là de
représentants d'usagers, comme on a vu dans d'autres secteurs. Nos
représentants nous le disent; ils sont élus par leur
assemblée d'école au comité de parents, du comité
de parents à la table des commissaires et par la suite, ils doivent
participer à toutes ces rencontres et en plus, participer à la
table des commissaires et à l'exécutif.
Il nous semble à ce niveau qu'il serait dans la continuité
de cette chose que nos délégués aient droit de vote.
Cependant, nous comprenons que certains parents craignent cette question,
étant donné que les rapports qu'ils ont avec les commissions
scolaires sont différents de ceux qui peuvent exister dans une grosse
commission scolaire où il y a 19 commissaires, 50 membres du
comité de parents et où les enjeux sont différents. Mais
il me semble que ce serait comme la continuité de tout le travail, parce
qu'il faut se dire que nos délégués ont plus de
réunions dans le fond qu'un commissaire ordinaire, compte tenu de toutes
les réunions.
Cependant, cette question du droit de vote des parents au conseil des
commissaires ne devrait pas prendre plus d'importance qu'un autre débat
fondamental. Il nous semble, nous tenons à le dire, que le ministre
devrait oser, de la même manière que cela a été fait
lorsqu'il s'agissait d'envoyer les délégués à la
table des commissaires.
Mais il y a un autre sujet qui nous tient encore plus à coeur. Il
s'agit du caractère facultatif que la loi veut donner au comité
d'école. Nous regrettons que le comité d'école ait
perdu par ce projet de loi son caractère permanent et qu'on le
rende facultatif. Vous comprendrez que nous nous opposerons à cette
partie du projet de loi. En effet, qui assumerait les responsabilités
dudit comité d'école dans le cas où if serait inexistant
dans une école? Même à l'égard du comité
d'orientation, il arrive que le comité d'école doive être
consulté par le comité d'orientation. Si ce comité
n'existe pas, qui pourra jouer ce rôle? À ce moment-là,
nous avons dans notre mémoire proposé une solution de rechange
qui permettrait la cohabitation entre le comité d'école, le
conseil d'orientation et le comité de parents. (14 heures)
Ce que nous notons, c'est que les directions d'école, les
enseignants et même les élèves sont regroupés dans
différentes associations, tables de concertation, tables de gestion, et
toutes ces composantes ont l'occasion de se voir et d'échanger à
différentes tables à l'intérieur de l'organisation
scolaire. Ce ne serait plus le cas des parents qui, avec l'aspect facultatif du
comité d'école, se trouveraient isolés dans leur
comité d'orientation. Même la majorité au conseil
d'orientation n'assure pas le contrôle effectif dudit comité;
l'expertise et le contrôle de l'information sont parfois plus forts que
le nombre, à notre avis. C'est pourquoi nous croyons à
l'existence de comités d'école et de comités de parents
forts et bien financés, afin d'assurer une participation de
qualité et une circulation de l'information des parents impliqués
dans les comités d'orientation d'école.
Le conseil d'orientation, nous sommes absolument d'accord avec cela.
Cependant, nous constatons qu'il ne s'agit pas d'un conseil d'administration
d'école. Les parents seront décisionnels sur les questions
d'orientation et consultatifs sur les questions d'application. Nous aimerions
que soit prévu un minimum de rencontres. Nous voyons d'ici le
scénario du directeur d'école qui vient présenter son plan
d'orientation au début de l'année - appuyé de messieurs
les enseignants - et que les parents reçoivent parce que c'est M. le
directeur qui le présente. Par la suite, hé bien! tout continue.
Ce qu'il faut se dire, d'après notre vécu de comité de
parents, c'est que la participation ne se décrète pas. D'accord?
Ce qui est important, c'est que pour les parents, pour prendre leur place
à la table - parce que tous les parents ne sont pas pédagogues
comme certains qui m'entourent à notre comité - pour s'asseoir,
pour mettre les pieds à terre et pour dire: M. le directeur, je ne suis
pas d'accord avec vous, il faut un minimum de cran. Ce n'est pas toujours
possible. Pour des parents qui se sentiraient isolés, cela ferait - et
cela fait actuellement - que les gens en arrivent un peu à s'interroger
sur l'utilité. Cela sert à quoi?
C'est pour cela que nous croyons à l'existence et à la
permanence de comités d'école qui jouent des rôles de
formation et de concertation au niveau de l'ensemble des parents. Nous sommes
d'avis que le comité d'école devrait êtrei élu par
l'assemblée générale des parents et que le comité
d'école devrait procéder ensuite, dans ce cas, à la
nomination parmi les membres élus, de ses représentants au
conseil d'orientation. Il nous semble en effet peu réaliste de penser
que dans certaines écoles, on puisse mobiliser de 20 à 30
personnes - je pense au secondaire - et pour le comité d'orientation et
pour le comité d'école. Quant à les élire tous les
deux sans s'en apercevoir, nous croyons que les questions devraient être
claires plutôt que de se fermer les yeux quand on fait les deux choses.
De plus, l'existence des deux comités permettra à des gens peu
friands concernant la participation des parents, de jouer sur les deux
tableaux.
Il faut savoir que les conditions de par-, ticipation varient d'une
école à l'autre. Dans ce' sens, je vais vous narrer cela
tranquillement. C'est qu'il y a des comités d'école où les
parents sont les bienvenus et où ils ont énormément
d'influence. Dans d'autres cas, ils sont tolérés et, dans
d'autres cas encore, ce sont des intrus. Des intrus, c'est bien ce que j'ai
dit. Il s'agit de relations personnelles et à ce niveau, cela prend des
parents qui sont capables de s'affirmer. Ce qui arrive souvent, c'est que le
directeur nous amène un projet que nous pensons être une
information, mais qui, en réalité, est une consultation. Et
alors, le directeur nous informe de ce qui va se faire, nous approuvons, nous
acquiesçons, alors que nous étions consultés. C'est pour
toutes ces raisons que nous pensons que le rôle des comités
d'école est important et que leur permanence devrait être
continuée.
En ce qui concerne le fonctionnement du conseil des commissaires. Pour
ce qui est de l'élection de l'exécutif, nous croyons que les
exécutifs devraient être élus pour un an, de façon
à permettre à ces membres de mieux connaître les gens. Nous
croyons aussi que tous les votes pris au conseil des commissaires sont
d'intérêt public et, même lorsque la question est
étudiée en comité privé - ce qui peut arriver pour
des questions personnelles - le vote devrait être public - j'exclus les
élections à l'exécutif, évidemment. Nos
commissaires doivent savoir qu'ils sont des personnages publics. Nous avons
connu, par exemple, dans certains cas, un vote très important sur la
question de la démotion de notre directeur général, et
nous n'avons jamais su quels étaient les votes qu'avaient pris nos
commissaires. Nous le leur avons demandé lors des élections, ils
ne nous l'ont pas dit. C'est pourquoi nous appuyons aussi l'inclusion d'une
période de questions du public lors des réunions.
Sur la rémunération des commissaires maintenant. Nous
avons notre franc parler au sujet des commmissaires, mais nous croyons que le
projet de loi ne va pas assez loin au sujet de leur rémunération.
La somme de travail qu'ils ont à accomplir mérite un traitement
salarial plus valorisant que celui qui leur est accordé actuel-
lement. Je vous prends comme exemple, M. le ministre. Vous avez
rencontré la présidente de notre commission scolaire lorsque vous
êtes venu à Sherbrooke vendredi. Cette personne consacre presque
tout son temps à l'action de la commission scolaire - étant
donné qu'elle est enseignante de profession, elle est
empêchée d'occuper des postes à la commission - et le tout
pour une obole de 5000 $ par année.
Nous croyons qu'actuellement - et nous Savons pas trouvé d'autre
méthode - le salaire sst un moyen de reconnaître ce que les gens
font. Et nous croyons que, de la même façon que Dour les
députés de l'Assemblée nationale - vous avez
réglé ce problème - ce devrait être un projet de loi
qui règle cette question, de façon à éviter, par
exemple, que ce soit une question politique, que pour une question de
réélection, on commissaire plus à l'aise
financièrement ne puisse dire: Bien moi, je n'en ai pas besoin, je suis
à la retraite, et que pour d'autres personnes, nous profitions de leur
travail. Nous profitons beaucoup, je vous le souligne, du travail de personnes
qui ont du temps, particulièrement des femmes qui sont à
domicile. Et nous en profitons beaucoup, pour ce qui est de notre commission
scolaire. Je remarque que les rencontres l'après-midi, ce sont souvent
ces personnes qui s'en occupent ou qui font ces choses-là. Et nous
trouvons à ce moment-là qu'un projet de loi devrait être
fait là-dessus, pour reconnaître le travail des commissaires.
Autre question, les comités de la commission scolaire. Nous
croyons que les comités de la commission scolaire devraient avoir une
certaine autonomie. Par exemple, le Comité de parents de a Commission
scolaire de Sherbrooke devrait îvoir la possibilité, comme c'est
dit à l'article 37, d'avoir sa propre régie interne, ce qui nous
permettrait, avec nos considérations locales, de régler la
question de la représentation du primaire et du secondaire. Nous avons,
à notre Dropre corps défendant, décidé que les
écoles secondaires auraient droit à deux représentants ors
de nos réunions, alors que dans d'autres endroits, cela ne convient pas.
Je ne l'ai pas avec moi, ici, mais j'ai à la mémoire un avis
juridique qui a été donné au comité de parents oar
votre ministère, il n'avait pas le droit de s'élire de substituts
pour remplacer les délégués, sous prétexte que ce
qui n'était pas permis dans a loi était défendu.
C'était un avis du contentieux de votre ministère.
M. Ryan: Quel ministère?
M. Forgues: J'ai oublié, j'ai cela dans mon auto, en tout
cas.
M. Ryan: Parce que c'est contraire à la philosophie du
ministre.
M. Forgues: Je sais.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Forgues: C'est la première fois que je voyais que tout
ce qui n'était pas permis était défendu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président, vous avez toujours la parole et le ministre aura l'occasion
après de s'informer de quel ministère il s'agit.
M. Forgues: C'est cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
M. Forgues: Nous croyons que l'on devrait, en ce qui concerne les
objets de consultation, rajouter la question que tout sujet, sur lequel le
comité de parents désire être entendu, devrait faire partie
des objets de consultation. Je vais vous narrer une rencontre que nous avons
eue avec des dirigeants de notre commission qui nous disaient: Nous sommes
aussi obligés de vous consulter sur cette liste de questions, mais sur
les autres, nous ne sommes pas obligés de vous consulter. Nous leur
rétorquions: Si vous nous consultez, nous sommes consultatifs et non
décisionnels; vous n'êtes donc pas obligés de nous
écouter. Pourquoi vous refuseriez-vous à nous consulter sur
d'autres sujets sur lesquels nous demanderions de l'être? Cela, c'est un
fait que je vous raconte.
La loi de l'instruction publique - je sors de mon texte - a
été interprétée d'une façon stricte par
certaines commissions scolaires, et peut-être que c'est une façon
d'avoir plus de contrôle sur les événements plutôt
que de les interpréter d'une façon large. Lorsque c'est
écrit: Nous pouvons rouler à 50 km l'heure, cela ne veut pas dire
que c'est défendu de rouler à 49 km. Sauf que les lois que vous
faites ont été interprétées parfois dans les
commissions scolaires de cette façon. Nous applaudissons aussi, dans ce
domaine, à la possibilité que donne la loi aux différents
comités de la commission scolaire d'ester en justice pour faire
respecter les dispositions de la loi. Nous aurions, évidemment,
aimé avoir cet article un peu plus tôt. Cependant, nous trouvons
important que le ministre puisse intervenir, que nous puissions avoir recours
à un gouvernement supérieur. Nous ne croyons pas que les
commissions scolaires soient des gouvernements indépendants.
Bref, nous croyons que la participation des parents, comme je vous
disais tantôt, cela ne se décrète pas. Nous croyons que ce
sera le dynamisme des parents ainsi que l'ouverture des intervenants qui seront
la condition du succès des mécanismes de participation que vous
intégrez dans ce projet de loi. C'est pourquoi, plutôt que de
rendre facultatifs les comités d'école,
nous croyons que ceux-ci devraient continuer à exister, et que le
comité de parents devrait compter sur des ressources pour pouvoir jouer
ce rôle d'animateur, parce que ce qu'il faut savoir, c'est qu'il n'existe
pas de modèle de participation des parents dans une école. Nous
sommes toujours autour de la question pédagogique. On dit: On ne veut
pas entrer dans la classe et on ne veut pas non plus juste apporter des
sandwiches et couvrir les livres. Nous avons de la difficulté, compte
tenu aussi du roulement de nos effectifs, à trouver cette
cohérence dont nous avons besoin.
Je pense qu'en renforçant le comité de parents et
peut-être qu'en clarifiant aussi les objets de consultation du conseil
des commissaires avec les conseils d'orientation et ceux du conseil
d'orientation versus le conseil d'école, nous éviterons que les
gens choisissent leur interlocuteur. Car nous avons vécu un
comité d'école où le directeur, dans son école,
pour son projet pédagogique, pour ses enfants, a été
chercher des gens à l'extérieur du comité d'école.
Tout simplement, parce que c'était son école. Alors, nous vivons
des situations où, si ce n'est pas clair, les gens peuvent choisir. S'il
n'y a pas de cohérence, si nous, les parents, perdons notre canal unique
- unique, dans le sens où nous sommes uniques - de communications, nous
risquons de voir s'affaiblir notre rôle. Je peux peut-être vous
parler un peu des expériences des CLSC et d'établissements de
réseau où il y a des représentants d'usagers. Nous savons
très bien qu'un bon directeur général contrôle son
établissement. Nous ne voudrions pas revoir ces questions dans le
domaine scolaire.
Je m'arrête là-dessus. Ce sont à peu près, en
gros, les messages que nous avions à vous communiquer. J'attends vos
questions sur ce sujet. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
Forgues, de votre dynamique exposé, lequel, je pense, a certainement
retenu l'attention des membres de cette commission. Il nous reste environ 25
minutes à cette audience. Le temps sera réparti également,
comme je vous le disais, entre la formation ministérielle et
l'Opposition. Je reconnais maintenant le ministre de l'ÉMaisaducation,
pour la première remarque. M. le ministre.
M. Ryan: Je serai très bref parce que j'ai convenu avec le
député de Rimouski qu'il va procéder à certaines
questions. Je veux en profiter tout de suite pour vous dire que j'ai beaucoup
apprécié l'excellente qualité du mémoire que vous
nous avez présenté et pour vous dire que, sur bien des points
soulevés dans votre mémoire, nos réflexions vont dans la
même direction que la vôtre, en particulier, l'agencement que vous
proposez entre le comité d'école, le conseil d'orientation. Je
pense que c'est quelque chose de réaliste et d'intéressant, qui
mérite d'être examiné de très près, et je
voudrais vous en remercier. ,
Je voudrais également souligner combien la participation des
parents de Sherbrooke a contribué au renouvellement de la vie scolaire
au cours de la dernière année, pour le plus grand
intérêt et la plus grande satisfaction du ministre de
l'Éducation. J'ai pu le constater moi-même à l'occasion de
la visite que j'ai faite chez vous la semaine dernière. Je pense qu'on a
une situation scolaire qui s'est beaucoup dynamisée et on le doit, en
grande partie, à l'excellent travail de votre comité de parents
et des comités d'école.
Je laisse maintenant la parole, M. le Président, au
député de Rimouski.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski, nous vous écoutons.
M. Tremblay (Rimouski): M. Forgues, mesdames, messieurs, les
représentants des comités de parents, je me joins au ministre
pour vous féliciter pour votre participation à la vie scolaire
dans votre milieu et aussi pour le sérieux de votre rapport.
J'aimerais vous entendre un peu plus sur la loi 106 concernant les
élections scolaires que vous avez vécues dernièrement,
à savoir qu'il semblerait que vous ayez seulement un centre de votation,
c'est-à-dire au bureau de la commission scolaire où
étaient les inscriptions. Mais vous aviez décidé, de votre
propre chef, d'étendre l'information un peu partout dans la ville ou
dans les municipalités. Pensez-vous que cette formule devrait être
étendue ou proposée dans toute la province? Pensez-vous que c'est
une bonne formule? (14 h 15)
M. Forgues: Cela semble absolument fondamental. Ce qui s'est
passé à ce sujet, c'est que, de son propre chef, la commission
scolaire avait décidé de faire de l'information dans ses
écoles, dans les presbytères et autres lieux. Il faut savoir
qu'il n'y aurait qu'un seul endroit, situé dans un secteur peu
fréquenté. À notre demande, on a accepté de
recevoir les demandes d'inscriptions dans les écoles. Mais là, on
était encore dans une zone grise en termes juridiques, et je me rappelle
que le secrétaire général nous regardait un peu de travers
et disait: II faut bien que ce soit dit que c'est pour le président
d'élections. À ce sujet, cela nous semble fondamental, compte
tenu du taux de participation qu'on a de la difficulté à avoir.
Une autre chose qu'on avait faite aussi, c'est qu'à l'intérieur
des comités, on avait fait circuler au moment de nos assemblées
de parents, le rappel que les gens pouvaient s'inscrire. Cependant, on a eu des
problèmes avec la commission scolaire parce que les gens trouvaient que
c'était partisan de demander aux gens de venir s'inscrire aux
élections. On nous a même interdit, à un moment
donné, d'envoyer aux parents des lettres que nous aurions payées
nous-mêmes étant donné
l'attitude non partisane. Ce sont peut-être là des affaires
à régler au niveau des commissions scolaires, mais il serait
important que l'information puisse circuler. Au moment de ces élections,
nous avons aussi essayé d'organiser des débats. À deux
endroits, la participation n'a pas été aussi forte qu'on l'aurait
aimé, mais c'était peu organisé. Nous pensons que tout ce
qui peut être Fait pour faciliter la participation des gens devrait
être fait. C'est parce que si ce n'est pas permis... lorsqu'on l'a
demandé au directeur général adjoint, il aurait aussi bien
pu nous dire non, que ce n'était pas possible. Puis, je me rappelle que
le secrétaire m'a dit: Quand vous ferez des déclarations
publiques, soyez prudent sur ce que vous dites pour ne pas dire des affaires...
En plus, on sait qu'on était regardés de travers nous aussi.
M. Tremblay (Rimouski): En fait, si je comprends bien, votre
expérience vous a permis d'avoir un petit peu plus
d'intérêt pour les élections scolaires...
M. Forgues: Effectivement.
M. Tremblay (Rimouski):... et, en même temps,
d'élargir aussi l'éventail de vos représentants, à
savoir d'intéresser plus de monde et de recruter peut-être de
meilleurs sujets.
M. Forgues: Nous avons incité nos parents qui le voulaient
à se présenter puis...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, M. le
député, je pense que M. Domingue a demandé la parole. M.
Domingue.
M. Forgues: Excusez-moi.
M. Domingue (Clermont): Oui, si vous le permettez. C'est un
problème technique, là. Le fait de la diffusion de l'information
concernant es listes électorales, cela était satisfaisant parce
qu'il y avait beaucoup de points d'information dans la ville, dans toutes les
paroisses, les écoles, etc.; cela allait. Ce qui était un peu
déficient, c'est le fait qu'il fallait aller s'inscrire sur la liste
électorale, au bureau de la commission scolaire, à un seul point
de la ville qui n'est pas du tout central. Bon! c'est là qu'il y avait
une déficience. Après en avoir parlé avec le
président des élections, il semblerait que la solution aux listes
électorales sur lesquelles il manquait beaucoup, beaucoup de monde parce
que, quand on a fait notre pointage pour aller chercher nos supporteurs, on
s'est aperçu qu'il y avait bien du monde qui n'était pas sur la
liste parce qu'il était déménagé ou absent, il
n'existait pas. S'il y avait moyen d'harmoniser la liste électorale
scolaire avec la liste électorale municipale et que les dispositions des
lois donnent un statut aux mêmes personnes, comme électeurs, cela
serait possiblement une solution; il faudrait considérer cet
aspect-là. Une voix: D'accord.
M. Domingue: Parce que beaucoup de progrès a
été fait quant aux activités. Actuellement, on peut avoir
la qualité d'électeur au niveau municipal et ne pas avoir cette
qualité d'électeur au niveau scolaire. Si la qualité
d'électeur était la même aux deux niveaux, que les listes
électorales se faisaient avec la collaboration de la municipalité
et de la commission, cela pourrait possiblement régler un
problème de liste et, ensuite, permettre plus de points d'inscription
pour les gens qui ne seraient pas inscrits sur la liste. Bien sûr, il
faut comprendre que s'il y avait une même liste avec des électeurs
de même qualité, il y aurait moins d'absents sur la liste
électorale lorsque viendrait le temps des élections
scolaires.
M. Tremblay (Rimouski): Ça va. Si je comprends bien, en
fait, vous suggéreriez qu'il y ait une formule de recensement qui
servirait tant pour le municipal que pour le scolaire et le provincial...
M. Domingue: Bien sûr...
M. Tremblay (Rimouski):... et, à ce moment-là, on
pourrait se servir des mêmes listes.
M. Domingue:... avec la même qualité pour
l'électeur.
M. Tremblay (Rimouski): De même qualité, d'accord.
Cela va pour le projet de loi 106. M. le Président, dans votre
mémoire vous semblez dire qu'il y a une disposition, dans le projet de
loi 107 qui est devant vous.. Vous dites: "Nous croyons que dans le projet de
loi, la définition du comité d'école devrait se faire dans
la section III et que la définition du conseil d'orientation devrait se
retrouver dans la section IV", surtout parce que vous voulez avoir une
meilleure participation du comité de parents au comité
d'orientation. C'est le but visé de par votre proposition.
M. Forgues: C'est cela. Notre proposition suppose que le
comité d'école déléguerait des gens au conseil
d'orientation de l'école. Donc, si un est élu avant l'autre, ce
n'est plus possible.
M. Tremblay (Rimouski): J'ai bien noté et vous avez bien
dit que le fait que la participation ne se décrète pas, et je
pense que là-dessus je suis d'accord, on est mieux d'aller avec la
participation des parents. Lorsqu'il y a une participation, à ce
moment-là on pourrait peut-être avoir une meilleure
représentation au comité d'orientation.
M. le Président, c'est suffisant pour moi. Je laisse la parole
à un autre.
M. Forgues: II y a quelqu'un qui voulait ajouter quelque chose
sur ce sujet-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Mme Roy (Diane): Par rapport au comité d'école,
j'aurais aimé ajouter pourquoi on mettait la section de comité
d'école avant le comité de parents. C'est parce que dans le
projet tel que proposé, le comité d'école devenait
facultatif. On pense qu'en mettant le comité d'école facultatif,
on va démobiliser des parents qui déjà participent, tandis
que si on laisse le comité d'école dans la loi tel qu'il est
présentement et que, de ce comité d'école, on nomme des
parents au conseil d'orientation, on se garde comme deux niveaux de
participation des parents. On pense que c'est important qu'il y ait des parents
au comité d'école qui pourrait rester consultatif et aider le
conseil d'orientation qui, lui, à ce moment-là devient avec plus
de pouvoir, mais on voudrait enlever le côté facultatif du
comité d'école qui reste dans la loi.
Le Président (M. Parent,
Sauvé): Merci,
madame. Je vais maintenant reconnaître une dernière intervention
de la part du parti ministériel, M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Je reviens sur le
projet de loi 106. C'est rare qu'on en parle, on parle surtout du projet de loi
107 ici. J'ai trouvé curieux que si le d. g. était
président d'élection, cela vous occasionnerait des
problèmes.
M. Forgues: Cette personne est l'employé des commissaires
et nous nous rappelons la dernière fois où le directeur
général s'est fait dire par les commissaires: Soyez attentif.
Vous êtes président d'élection. Faites attention. Par
exemple, nous avions envoyé de l'information et même Mme la
présidente, qui était commissaire à ce moment-là,
avait voulu envoyer une information aux parents pour dire: Venez vous inscrire.
Cela avait été refusé. Il y avait eu une prudence
extrême de la part de la direction, de telle façon qu'on ne
pouvait même pas comme parents communiquer entre nous pour nous diffuser
de l'information à caractère électoral. Cela a
donné qu'on utilisait les enfants comme si cela avait été
contagieux, qu'ils avaient été responsables du message qui
passait. Il ne faudrait pas passer de message sur le SIDA. Alors, nous
considérons que la personne est dans une situation délicate.
Cependant, est-ce qu'il y a des solutions à cela? Nous laissons cela
à votre réflexion, parce qu'évidemment on sait que cela
existe au municipal, mais qu'au provincial il y a des présidents
d'élection permanents que vous recrutez dans les journaux.
Peut-être que vous ne les faites pas travailler souvent, mais cela
pourrait aussi faire partie... Je vous rappelle que notre directeur
général était responsable des élections, et je vous
mentirais si je vous disais qu'il a passé son temps à s'occuper
de cela. Il faut que vous soyez conscients de cela. C'est un attaché
d'administration qui faisait le travail.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais
maintenant comme troisième intervenant le porte-parole de l'Opposition
officielle, Mme la députée de Chicoutimi. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, il me fait plaisir de vous accueillir au nom de l'Opposition. Je
voudrais d'abord commencer par excuser mes collègues de leur absence.
Vous savez sans doute, comme le sait le parti ministériel, que nous
sommes peu nombreux. Il y a plusieurs activités qui se, déroulent
en même temps. Ce matin, il y a eu un caucus et il y a des
activités qui se poursuivent. Cela ne signifie pas pour autant que nous
nous désintéressons de toute la question de l'éducation;
cela veut juste illustrer qu'ils nous font bien confiance.
J'ai lu votre mémoire avec intérêt. Il
soulève un certain nombre de questions pertinentes. Il y en a
quelques-unes sur lesquelles j'aimerais vous entendre approfondir et un peu
expliciter et je vais le prendre, non pas par ordre d'importance des
questions... Combien de temps me reste-t-il, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Vous avez vos cinq
minutes habituelles, Mme la représentante de l'Opposition.
Mme Blackburn: M. le Président, un peu de
sérieux.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Une dizaine de
minutes, Mme la députée. Vous avez déjà perdu 30
secondes.
Mme Blackburn: Vous en avez pris sur le temps de l'Opposition.
Alors, voilà, cela risque de déranger le gouvernement, on dirait,
que je puisse vous poser des questions, à tout le moins le
président. Vous avez, en page 5 de votre mémoire: "Nous croyons
que l'article de loi est trop imprécis quant au type de matériel
didactique pouvant jouir de la gratuité. " Cela nous est revenu souvent.
J'aborde cette question-là parce que, effectivement, cela ne va pas
aussi loin que l'aurait souhaité le porte-parole de l'Opposition au
moment où on examinait le projet de loi 3, c'est le moins qu'on puisse
dire. Je pense qu'il faut effectivement réexaminer ce point pour assurer
qu'il y ait une certaine gratuité à l'éducation, parce que
cela coûte de plus en plus cher d'aller à l'école. Tout le
monde le sait. On va le voir dès les prochaines semaines. Les parents
vont commencer à faire le compte de ce qui leur est exigé pour
admettre les enfants à l'école en première année et
au secondaire, et on
voit que cela varie entre 75 $ et 110 $ par enfant. C'est
considérable. Je pense que ce point-là mérite une
attention particulière. Cela touche également le droit des
élèves. Dans ce projet de loi, on ne trouve pas ce qu'on trouvait
dans la loi 3, c'est-à-dire pour les élèves qui estiment
être lésés, un droit d'appel, un droit de recours. On n'a
pas cela dans la loi, de même qu'on ne retrouve pas non plus dans la loi
le droit d'association pour les élèves. Je me demandais comment
vous réagiriez à ces deux questions, si oui ou non on devrait les
retrouver dans la loi.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Forgues.
M. Forgues: Ce qui est clair c'est que, pour !e qui est du droit
d'association, il nous semble que c'est, à première vue, quelque
chose de fondamental. Cela existe au niveau secondaire chez nous. Il y a un
conseil des élèves. Nous ne savions pas que c'était
défendu. Pour ce qui est de la deuxième partie, du
mécanisme d'appel pour, si j'ai bien compris, c'était au sujet
des frais...
Mme Blackburn: Au moment où on estime nue
l'élève est lésé dans ses droits.
M. Forgues: Nous avons, en quelque sorte... J'ai l'impression
qu'il y a des positions locales à ce sujet.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il ne serait pas
préférable, un peu comme vous estimez préférable
qu'on retrouve inscrite dans la loi l'obligation de créer des
comités d'école. Ce qu'on veut s'assurer que ce soit
effectivement réalisé, est-ce qu'il ne serait pas important qu'on
le retrouve dans la loi? Donc, le droit de recours pour l'élève
qui est lésé dans ses droits et le droit d'association pour les
élèves.
M. Forgues: Je ne peux pas être en désaccord avec
vous sur ce sujet, sauf que ce ne sont pas des choses que nous avions
débattues parce que le problème ne se vit pas avec beaucoup
d'acuité chez nous.
Mme Blackburn: En page 6, vous demandez que le directeur de
l'école vienne gérer les budgets du conseil d'orientation et le
budget du comité d'école et, par ailleurs, vous ne faites pas
confiance à la commission scolaire pour déterminer les budgets
des comités d'école. Vous dites que cela devrait être le
comité de parents. Il y a comme quelque chose là, parce
que...
M. Forgues: Ce qui arrive, c'est que...
Mme Blackburn:... d'autres organismes sont venus nous dire qu'ils
souhaiteraient que la gestion du budget soit laissée aux parents, au
comité de parents ou au comité d'école, comme au conseil
d'orientation.
M. Forgues: D'accord, il faudrait se comprendre. Gestion, pour
notre part, c'était "déterminaire". C'était de
déterminer le budget et de le rendre disponible. Ce que nous vivons chez
nous, c'est quelque chose qui dépend du secteur administratif,
c'est-à-dire que le budget est voté par les commissaires et mis
à notre disposition par la commission, et le comité de parents
vote la répartition des montants d'argent au niveau des comités
d'école. C'est-à-dire que c'est l'ensemble des
délégués des comités d'école qui se
répartissent cet argent. Les débats sont actuellement: Est-ce que
chaque comité d'école devrait avoir son propre budget? Je sais
qu'il y a des résistances de la commission à ce sujet. Nous n'en
avons pas fait un enjeu fondamental parce que cela nous enlève le
travail, en même temps. Jusqu'à maintenant, nous faisons les
dépenses que nous voulons. Personne ne nous a jamais... Il n'existe pas,
d'autre part, de politique qui dit: Le comité d'école ne doit pas
dépenser telle ou telle chose. Ce qui est clair, c'est qu'il faut qu'il
s'agisse d'une résolution, de la façon dont on fonctionne.
Lorsque nous parlons de gestion, nous pensons que le budget du comité de
parents devrait dépendre plus d'une question administrative que
politique. Nous hésitons à voir notre budget dépendre de
la décision et de l'administration et de la supervision des élus
politiques.
Mme Blackburn:... doivent avoir un budget. M. Forgues:
Oui, nous en avons un.
Mme Blackburn: La loi n'est pas si claire que cela. Si je la
relis... (14 h 30)
M. Forgues: Là-dessus, ce que nous disons dans notre
mémoire, c'est que nous croyons à un comité de parents
actif et bien financé. De notre côté, cette année,
nous aurons un budget qui représentera presque 48 000 $ pour ce qui est
de notre fonctionnement. À ce point de vue-là, on nous dit que
nous sommes parmi les écoles où ce problème ne se pose
pas. C'est pour cela qu'il nous semble normal qu'un comité
d'école ait un budget et c'est quelque chose qui a été
intégré avec le temps.
Mme Blackburn: Mais ce que vous me dites, c'est qu'il faudrait,
pour que ce soit égai un peu partout, que cela apparaisse dans le projet
de loi oui ou non? Parce qu'ici dans la loi, le libellé, c'est ce budget
- parlant du budget - du directeur d'école. C'est le budget
préparé par le directeur d'école pour l'école. Ce
budget prévoit les montants alloués au comité
d'école, s'il y a lieu.
M. Forgues: C'est cela. À ce point de vue-là, ce
qu'on ne voyait pas, c'est...
Mme Blackburn: C'est s'il y a un comité
d'école.
M. Forgues: Oui. Ce qu'on voyait, c'est qu'actuellement, le
budget devrait venir de la commission scolaire et non pas de l'école, et
éviter que ce soit la direction d'école qui fasse cela. Ce n'est
pas méchant. Mais il y a eu des cas où des budgets - même
actuellement - procédaient dans des sujets qui n'avaient rien à
voir avec les parents.
Ce que nous pensons, c'est que leur budget devrait revenir entre les
mains du comité de parents le plus tôt possible et, comme il est
composé de délégués, il devrait fonctionner. Que ce
principe-là soit inscrit dans la loi pour protéger des
comités d'école. Si on nous dit que c'est un problème
à certains endroits, je serais d'accord avec cela.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Lemieux, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose?
Mme Lemieux (Lucile): Je voulais répondre à une
question antérieure de Mme Blackburn. M. le Président, est-ce que
cela va?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très
bien.
Mme Lemieux: Au sujet de la gratuité scolaire, vous nous
posiez la question tout à l'heure. En ce qui concerne les frais
d'entrée à l'école, nous nous interrogeons face à
la gratuité scolaire étant donné qu'à chaque
année, cela augmente et on se retrouve facilement avec des frais de 80 $
et 100 $. Nous nous interrogeons face aux abonnements que nos enfants ont
à payer. Exemple: en cinquième année, l'abonnement
à la revue Hibou qui n'est pas nécessairement obligatoire,
mais je me place comme parent et je me dis si vingt élèves dans
la même classe ont la revue et quand ils travailleront avec cette revue,
les cinq ou dix autres qui ne l'ont pas, que feront-ils?
À ce moment-là, c'est non obligatoire mais, comme parents,
nous nous sentons obligés de le défrayer. Alors, face à
cela, nous nous disons que peut-être plus d'uniformité, une
certaine uniformité serait peut-être plus cohérente
à ce point de vue et peut-être plus de manuels scolaires, cela
faciliterait aussi, parce qu'on a aussi des frais de photocopie qui peuvent
totaliser facilement 10 $ en début d'année scolaire. Alors, c'est
à ce point de vue que nous nous interrogeons sur la gratuité
scolaire.
M. Forgues: Le débat que nous avons eu sur cette question,
cela me revient. C'est qu'on s'est dit: Nous, actuellement, nous allons
chercher notre budget. Alors, nous avons pensé plus pour nous en nous
disant que c'était une question entre notre commission et nous autres,
sauf que si vous nous dites que dans certains endroits... et ce qu'on m'a dit,
c'est que le rôle du comité de parents et d'école n'est pas
toujours évident de peut-être prévoir un minimum, sauf que
là, il faudrait que le minimum soit suffisant et tienne compte du nombre
de parents et de la nécessité d'un soutien technique qui nous est
apporté depuis plusieurs années par la Commission scolaire de
Sherbrooke qui, jusqu'à l'an passé, nous fournissait aussi une
personne-ressource qui avait un rôle d'animation et qui nous fournissait
le secrétariat en même temps. Il est fondamental de
préparer des réunions, faire des mémoires,
présenter des propositions étant donné que nous sommes des
bénévoles.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Madame...
Mme Blackburn: En page 8 de votre mémoire, vous vous dites
en désaccord avec l'article 77 du projet de loi 107 qui prévoit
qu'un conseil d'orientation peut ester ou intervenir en justice pour assurer
l'application de la présente section.
M. Forgues: Nous nous disons en accord.
Mme Blackburn: En accord?
M. Forgues: Oui.
Mme Blackburn: En accord.
M. Forgues: En accord.
Mme Blackburn: Est-ce que vous ne trouve2 pas d'abord... parce
qu'on ne l'a pas soulevé avec les groupes qui vous ont
précédés, mais j'aurais aimé pouvoir en discuter
plus longuement. Est-ce que vous ne prévoyez pas qu'il y aura un risque
d'abus, parce que le moindrement qu'il y aura ur conflit
d'intérêts - j'allais dire un conflit de personnalités -
entre les quelques parents, avec un directeur d'école, nous nous
retrouvons comme contribuables, à payer des recours er justice. Il faut
savoir qu'on a plus de 200C écoles...
Une voix: Plus de 3000, madame!
Mme Blackburn: ...et que, année après année,
il y a des bonnes chances qu'on se retrouve avec de telles causes sur les bras.
Est ce que cela vous semble indispensable, cei article... droit d'ester...
M. Forgues: Nous avons eu cette discussior avec les
représentants de notre commissior scolaire. L'argument que nous leur
avons fourni c'est l'argument de l'aide juridique et du recours collectif. Nous
croyons que la possibilité d'estei
en justice, les gens qui voudront le faire devront pu devraient pouvoir
prouver que leurs demandes sont fondées en droit et que ce n'est pas une
question futile. Je vous rappelle que les recours collectifs et l'aide
juridique, en plus d'être payés par les contribuables, sont
l'évolution de notre droit qui permet au citoyen de pouvoir faire valoir
ses droits par rapport à l'appareil administratif quel qu'il soit. Dans
ce sens, cela nous est une garantie pour éviter les abus et pour
éviter surtout... Cela peut être comme le bâton,
c'est-à-dire qu'actuellement nous n'avons aucun motif et aucune
possibilité par exemple de contraindre un directeur d'école ou
une commission scolaire de faire fonctionner tel ou tel comité, de
financer tel ou tel comité de parents ou de nous consulter sur tel ou
tel sujet. Évidemment, les rapports de pression qui existent peuvent
fonctionner, mais vous savez que cela peut prendre trois ans. Je ne pense pas
que le législateur va nous permettre cela pour des motifs futiles...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voulez-vous
terminer rapidement?
M. Forgues: ...de la même manière que pour ia
question de l'aide juridique et du recours collectif. C'est comme cela qu'on le
conçoit. On est bien d'accord. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela met fin aux
discussions avec les membres de cette commission. Au nom des deux formations
politiques, je vous remercie beaucoup de vos interventions. Nous allons
suspendre nos travaux pour quelques minutes et nous allons accueillir le groupe
suivant.
M. Forgues: Permettez-moi de vous remercier de votre accueil.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Le Comité de parents de la commission scolaire Lakeshore sera notre
prochain invité.
(Suspension de la séance à 14 h 37)
(Reprisée 14 h 39)
Le Président
(M. Parent, Sauvé): À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. J'invite les
membres de la commission à prendre place.
Comité de parents de la Commission scolaire
Lakeshore
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
accueille le Comité de parents de la Commission scolaire Lakeshore. Ce
comité de parents... S'il vous plaît! S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission siège
actuellement. Le Comité de parents de la Commission scolaire. Lakeshore
est représenté par Mme Doreen Canavan, présidente, qui est
accompagnée par Mme Nancy Bethge, ex-présidente et M. William
Stockwell. Mme la présidente, bienvenue. Nous vous remercions beaucoup
d'avoir répondu à notre invitation. Comme le groupe
précédent, nous allons vous entendre durant 45 minutes. Libre
à vous de prendre le temps que vous jugerez à propos pour nous
présenter votre mémoire. Le reste du temps sera divisé
également entre les deux formations politiques.
Mme Canavan, nous vous écoutons.
Mme Canavan (Doreen): Merci, M. le Président. M. le
ministre, membres de la commission permanente de l'éducation, mesdames
et messieurs, il me fait grand plaisir de vous rencontrer encore une fois. Je
suis Doreen Canavan, présidente du Comité de parents de la
Commission scolaire Lakeshore. Mes enfants sont aux niveaux
élémentaire et secondaire; ils ont suivi les cours d'immersion
donnés dans nos écoles à partir de la 4e année.
Je vous présente, à ma droite, Mme Nancy Bethge,
ex-présidente du comité de parents et, présentement, la
déléguée des parents auprès des commissaires. Ses
enfants se trouvent aussi aux deux niveaux: élémentaire et
secondaire; ils ont commencé en anglais et continuent en immersion.
À ma gauche, M. Billy Stockwell qui, malgré son emploi à
la Commission scolaire Lakeshore, se présente ici, aujourd'hui, comme
parent. Deux de ses enfants fréquentent l'école française,
bien qu'ils aient les certificats nécessaires pour fréquenter
l'école anglaise. À ma droite, je vous présente Mme Mary
Templeton, venue d'Angleterre il y a cinq ans. Ses enfants sont inscrits
à l'école française de la Commission scolaire Lakeshore
grâce aux conditions contenues dans la loi 101.
Vous avez donc, mesdames et messieurs, une représentation de
parents ayant des enfants dans chaque cours dispensé par la Commission
scolaire Lakeshore. Je passe la parole à Mme Bethge qui va vous parler
de la part de notre comité. Vous devriez avoir devant vous le texte de
son adresse.
Mme Bethge (Nancy): As a parents' committee, we have direct
representation from the 27 school committees of the Lakeshore School Board
schools.
Our school committees and parents' committee are comprised of
well-informed people, actively involved in their school system and vitally
concerned with the educational well-being of their children.
Indeed, parental involvement in the Lake-shore School Board is an
honoured tradition and each year, parents contribute thousands of hours of
volunteer service to their schools in a variety of ways, all designed to
enhance the children's educational experience.
Our parents' committee consulted with every school committee in our
board in formulating our brief on Bills 106 and 107. A draft copy of the brief
was shared with each school committee. All views and differences of opinion
were considered. Changes and suggestions for the brief were voted on and
approved amendments were incorporated before our official position paper was
finalized.
We can, therefore, state confidently that the opinions expressed in our
brief represent the views of the overwhelming majority of Lakeshore School
Board parents.
La Commission scolaire Lakeshore prend origine au commencement du XIXe
siècle. Depuis ce temps, cette commission a évolué tout en
reflétant les aspirations de sa clientèle et en promouvant une
qualité supérieure d'enseignement. Aujourd'hui, la Commission
scolaire Lakeshore dispense un enseignement de premier ordre aux niveaux
primaire et secondaire, en anglais aussi bien qu'en français.
Le classement toujours très bon des élèves aux
épreuves uniques du ministère de l'Éducation du
Québec témoigne de l'excellence de l'enseignement donné
à nos enfants.
On compte des années de participation des parents dans nos
écoles. Les consultations régulières avec notre conseil de
commissaires, avec nos administrateurs et nos enseignants, sur les sujets les
plus divers concernant tous les aspects de l'activité scolaire nous
rassurent sur la qualité d'enseignement dans nos écoles.
La mise en vigueur de la loi 107 entraînerait l'élimination
de la Commission scolaire Lakeshore. On croit que le chambardement des
commissions proposé aura un effet immédiat et dissolu sur la
qualité d'éducation donnée à nos enfants. Nous nous
attendons à un malaise dans les écoles qui ne peut faire
autrement que nuire à l'environnement des écoles et donc, aux
efforts de nos enfants. En outre, nous nous préoccupons beaucoup de la
continuité des services offerts par notre commission scolaire à
l'heure actuelle aux écoles situées à l'extérieur
de IHe. Nous estimons qu'il serait impossible de maintenir ces services
à leur niveau actuel si elles cessaient de faire partie
intégrante de la Commission scolaire Lakeshore.
En vertu du projet de loi 107, les élèves non admissibles
à l'enseignement en anglais aux termes de la loi 101 constitueraient
pour la plupart une minorité non catholique dans les écoles
relevant d'une commission francophone.
This will split our English community. It will also mean that some
students who now choose to receive their education in our French schools will
revert to instruction in English.
We are also concerned about the future continuation of our French
Immersion Program followed by the majority of the students in our English
schools. (14 h 45)
Le système scolaire linguistique tel que proposé ne
comporte aucune garantie constitutionnelle qui obligerait les gouvernements
futurs à maintenir les droits de la minorité anglophone. Nous ne
pouvons cautionner la formation de commissions linguistiques qui ne
bénéficieraient d'aucune garantie constitutionnelle
précise du Canada car à la protection des commissions anglophones
du Québec le coût de tous les changements proposés nous
concerne.
Much of Bill 107 bears the close resemblance to Bill 3 which was
declared unconstitutional. If enacted, it is our understanding that parts of
Bill 107 will be challenged in the courts. We feel that the financial and human
resources of both the school boards and the ministry will be better used to
address the pedagogical needs of the students.
Nous demandons au ministre de l'Éducatio^ le retrait pur et
simple des projets de loi 106 et 107. Aucune partie de ces lois ne doit
être mise en vigueur avant que sa légalité soit
confirmée en cour. Nous invitons le ministère à consulter
sans délai toutes les commissions scolaires afin de formuler les
questions qui seront adressées à la Cour d'appel du Québec
et à la Cour suprême du Canada, de manière à
délimiter avec précision les droits des commissions scolaires et
du ministère de l'Éducation à l'égard de
l'administration de nos écoles.
La Loi sur l'éducation devrait avoir comme objectif principal
d'assurer la qualité de l'éducation, et non de créer
davantage des structures structurelles ou dites rationnelles. Afin de
créer un système d'enseignement de qualité dans tout le
Québec, nous invitons le conseil à se préoccuper moins des
structures et de prendre davantage de souplesse et de démocratie dans
ses méthodes de résolution des problèmes
régionaux.
As a committee representing parents of the Lakeshore School Board, we
are concerned with preserving and promoting the excellent quality of education
which we now enjoy. We realize, however, that the ministry must represent all
parts of the province and that in some regions serious problems exist and must
be addressed. We urge the ministry to seek local solutions to local problems.
Our community is well served by our board. We do not perceive any need on our
part for the changes as outlined in bills 106 and 107. Thank you.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
Mme Bethge. Est-ce qu'il y a d'autres interventions ou si cela termine votre
présentation?
Mme Canavan: Cela termine la présentation pour le
moment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour le
moment.
Alors je reconnais maintenant, dans un premier temps, pour la formation
ministérielle, Mme la députée de Jacques-Cartier. Mme
la
députée.
Mme Dougherty: Alors j'aimerais remercier les parents de
Lakeshore, pour la présentation d'aujourd'hui. Est-ce que vous
préférez que je m'adresse à vous en français ou en
anglais? Whatever you are most confortable with?
Une voix: We leave it to you.
Mme Dougherty: So we don't mix it up. D'accord, alors je vais
continuer en français.
D'abord, j'aimerais souligner l'engagement des parents de Lakeshore,
parce qu'il n'y a pas de questions, c'est sans doute une commission scolaire de
grande qualité et c'est en grande partie peut-être à cause
de l'implication des parents. Et je sais très bien que vous êtes
déçus par les projets de loi et dans ce sens vous êtes
d'accord avec le point de vue déjà exprimé par la
commission scolaire, votre commission scolaire.
Mais j'aimerais vous poser quelques questions, parce qu'il est vrai
qu'il est très difficile d'accepter des changements quand les choses
vont bien. Pourquoi changer, quand tout va bien déjà? Et dans
votre mémoire, vous avez exprimé des craintes sérieuses en
ce qui concerne les .changements possibles, les changements proposés,
Isurtout l'abandon des commissions scolaires confessionnelles et leur
remplacement par les commissions scolaires linguistiques. Et dans le
mémoire, la version que vous venez de lire, vous dites que le
chambardement des commissions proposé aura un effet immédiat et
dissolu sur la qualité d'éducation donnée à nos
enfants. Et pius tard, vous mentionnez certains exemples spécifiques,
des écoles françaises, etc., et j'aimerais revenir à ces
cas précis. Mais voulez-vous nous expliquer en quoi la loi 107 constitue
une menace à la qualité de l'éducation au Lakeshore?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, qui va
répondre? Mme Bethge?
Mme Canavan: Je vais commencer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
Mme Canavan: Premièrement, pour revenir un peu aux
remarques que Mme Dougherty a faites, nous sommes très fiers de notre
position avec les commissaires de notre commission scolaire. Il faut dire que
la plupart de nos commissaires ont l'expérience, comme les parents, aux
comités d'école et aux associations foyers-écoles dans les
écoles.
D'après la loi, si on change pour des commissions linguistiques,
si on n'a plus la Commission scolaire Lakeshore, nous croyons que l'on
trouverait des arguments de la part des parents sur la confessional ité
dans l'école. Ce seraient des efforts humains apportés par les
parents sur ces arguments plutôt que sur l'éduca- tion de nos
enfants dans les écoles. Il faut dire qu'au Lakeshore, on est les
bienvenus dans les écoles et auprès des commissaires: les
consultations se font et on est écoutés. On a le sentiment
d'être écoutés la plupart du temps.
En changeant l'environnement de l'école, en ayant dans
l'école de nos enfants une atmosphère qui n'est pas stable parmi
les enseignants, parmi les parents, cela ne peut que nuire aux enfants. Pour
bien apprendre, cela prend un environnement stable pour les étudiants.
On croit que cela nuirait immédiatement à la qualité, vu
que l'environnement ne serait pas stable.
Mme Dougherty: Pourquoi présumez-vous que ce ne sera pas
stable une fois que la commission scolaire sera établie?
M. Stockwell (William): Par exemple, Mme Dougherty, dans notre
commission scolaire ou notre région géographique, on aurait
actuellement trois commissions scolaires linguistiques, si vous voulez,
protestantes; une commission scolaire catholique moitié anglaise et
moitié française. Si vous combinez les trois, vous aurez trois
cours d'études différents actuellement. Quel sera le choix des
parents à ce moment? Vont-ils garder leur école actuelle avec
aucun changement du tout ou auront-ils une combinaison où tout le
monde... Il faut choisir le mode d'éducation, par exemple, immersion en
français. À la commission scolaire CEPGM vous avez un
système qui commence à la maternelle. À Lakeshore, nous
aurons un système avec le quatrième niveau. À
Baldwin-Cartier, il y a un système qui commence
moitié-moitié à la première année et avec un
autre point d'entrée, si vous voulez, un peu plus tard. Tout au
commencement vous avez trois cours d'études qu'il faut choisir.
Mme Dougherty: Je n'ai aucune idée si les territoires vont
changer, mais si on regarde le territoire de Lakeshore, le territoire actuel et
qu'on ajoute cela au territoire de Baldwin-Cartier pour les anglophones...
M. Stockwell: Et Vaudreuil-Soulanges.
Mme Dougherty: ...ces deux groupes... Pardon?
M. Stockwell: Et Vaudreuil-Soulanges.
Mme Dougherty: Vaudreuil-Soulanges, oui, et qu'on y garde le
territoire à l'extérieur, jusqu'à la frontière de
l'Ontario pour vous, est-ce que cela va créer toutes sortes
d'instabilités, toutes sortes de problèmes sur le plan
pédagogique? C'est cela qui vous préoccupe, n'est-ce pas? C'est
la pédagogie et les changements pédagogiques. Est-ce qu'il y aura
un grand changement, surtout si, au début, on garde les écoles
actuelles, sans changement? D'accord? La clientèle actuelle. Alors,
c'est simplement l'admi-
nistration qui change. Tout le reste pourrait être gardé.
Peut-être que dans cinq, six ou sept ans, avec un changement
démographique, il y aura des changements. J'ai beaucoup de sympathie
pour vos craintes, mais je me demande si, peut-être, elle ne sont pas un
peu exagérées. C'est pourquoi je vous pose des questions
très précises. Est-ce que c'est plutôt la crainte de la
venue de changements possible ou si c'est vraiment réel? Sur le plan
pratique, est-ce que cette instabilité que vous prévoyez est
réelle?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Bethge.
Mme Bethge: I would like to bring it right down to the parental
level, the concerns that we have been hearing over the last eight months or so.
First of all, it is a tremendous act of faith to say that nothing will change
or that it will change only a few years down the road...
Mme Dougherty: No, no. I say things will change.
Mme Bethge: Yes, but...
Mme Dougherty: I did not say the territories or whatever. I am
trying to just project in a linguistic board. Forget about the constitutional
problem and all that. Those are very real problems. But just let's look at the
reality of an English school system and what It would mean to you, given that
the territories were more or less kept the same and the same schools would be
there and the same teachers would be there and so on.
Mme Bethge: All right. Aside from the basic difference in
teaching philosophy, which is quite evident between the Catholic and Protestant
system, as far as we are concerned, as protestant parents, that is
unsurmountable. Absolutely unsurmountable. It would be very nice if we were all
the same. We are not the same. And the Catholic parents are quite right when
they say that they would like a Catholic education for their children. We want
a Protestant education for our children. And it is bound to happen, even if the
structures are in place, even if the school board parameters are approximately
the same, even if there are only slight changes in administration, there are
going to be minorities of extremely unhappy parents in every school as we
change the attendance areas. And we feel that the bottom line, when we look at
the whole bill, there are some good points to it. I will not say any different
and we are certainly looking at the province. We would not presume to say that
it is not necessary in other areas or even much preferable to what exists. But
under the circumstances that we find ourselves in, there are so many parts of
the bill that we really feel that we cannot accept, that we had to come down
that this bill cannot be amended for us until there are some very basic
structural, changes in the bill itself. And I would like Mary' to answer just
for a moment, If she would just expand on what I have said because of the
French schooling aspect, which is an integral part of our board and a most
important part.
Mme Templeton (Mary): Bill 101... at the moment, we have a choice
in Lakeshore School Board. I can send my child to a French school in the
Catholic system or to a French school in a Protestant system. And I did a lot
of research in both systems in Vaudreuil-Soulanges, l'île Perrot, there
are a lot of school boards around, to find a school board which would suit my
children best. I want my children to be totally bilingual, fluently bilingual,
to speak, write and read English and French to an excellent standard. l did a
lot of research into all the different school boards. It is very important for
me to be able to participate in the education of my children. So, I also looked
to which school board would involve me in the school board whether I can speak
French, I understand French perfectly, whether I can take part in school
meetings, whether there is a problem in the school whether I speak to the
parents in French or in English. That was extremely important to me. Lakeshore
School Board have answered all my needs on those points. Any parent in
Lakeshore School Board, be they French or English, can go to the teacher and
discuss in their best language of communication to sort out the problem with
their child and that is what education is all about: to communicate about the
child. The standards of education for French and for English, both my children
learned English mother tongue as well as French mother tongue, this is a...
cause which we, as parents, have worked very hard to involve Lakeshore School
Board and we have been welcome by Lakeshore School Board to give up the hours
to work and to participate in this. (15 heures)
If this bill comes through, my children will have no choice. They will
move school. They will go to a French school. There will not be any French
school surrounded by English school boards of which my children would be
eligible. So they would have to go to a French school. I am not sure the
philosophy, my involvement... the willingness that help me at meetings... The
meetings will not be bilingual. All our school meetings are bilingual to all
parents. That is parents' meetings. All our meetings are bilingual. School
committee meetings are bilingual. Letters home to parents are bilingual. So, we
are not isolated. Anywhere we can take fully part of the life of our children
in the Quebec schools and I would hate this to change.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Madame.
Mme Templeton: Thank you very much, Mr. Chairman.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Thank you. Je
reconnais maintenant M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Just a few words and reactions to your presentation. You
just insisted that you did hot want to be isolated In your community. I think
the point of view which you present to the commission here is pretty much
exceptional insofar as the rest of the province is concerned. We have not heard
strong request for withdrawal of the bill from the rest of the province, from
parents' committees in particular. We have been listening to parents'
committees since yesterday End the reaction on the whole is found as fearsome,
and the one you expressed. I am not suggesting anything, I am just...
Mme Templeton: Maybe this Is why we ask you to treat us
separately. We do believe we are something special.
M. Ryan: Look, when you ask the government to withdraw such an
important piece of legislation, you are putting a very strong request to the
government and I am afraid that the arguments supporting your request are not
sufficient to convince me that we should act the way you suggest. And when you
refer to your fear about complications if you were to have Catholics and
Protestants together, I think those fears are somewhat outdated. We have that
kind of situation in several places in the province of Quebec today. In the
area which I represent in the House, English-speaking Catholics have been
receiving their instruction under the authority of Protestant school boards for
many years and they have accepted compromises in order to receive their
instruction from that source. And do you know that they are completely
disfranchised insofar as participation in the conduct of their school affairs
is concerned? We cannot accept this as a tolerable situation. You do not refer
at all to it in your brief. You refer only to the piece what you have in your
part of the Island of Montreal. But I beg you to look at the broader picture
too and if you have proposals to put to us which would be likely to help us
find solutions to the overall problems we have all across the province, I would
be quite interested in hearing them. But your reaction is natural; when you are
satisfied with what you have, you say to the rest of the crowd: Do not bother
me. But we have a problem at the other level. I am asking the question to you
in all simplicity.
Just one further word. You suggest that we should immediately consult
with all school boards in order to draw the questions that are going to be put
to the courts. Well, as soon as we informed the school boards of the contents
of the bill, we told them that we would be open to any suggestions which they
might wish to present. Concerning the questions which will be put to the
courts, I am still waiting for suggestions on the part of your school board. As
some school boards came here and told us they were going to challenge us in
court regardless what we do. But we are not afraid of that. But if they have
suggestions to put to us, we would be interested in hearing them. And I told
your president and your commissioners about that and I am going to have a
meeting with them shortly to discuss that. So, please, believe we are quite
open to questions which might help in the present situation.
If the questions were to deal with the authority of the minister over
the curriculum, it would be a waste of time, because that question is already
under consideration by the Supreme Court. We are not going to recommend the
exercise that has been going on for five years. We expect an answer in the next
few months. But as to the other questions, we are absolutely open to any
suggestion, including suggestions from your group.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition officielle.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président, Mme la
présidente, mesdames, messieurs. Nous accueillons avec beaucoup
d'intérêt toutes les opinions qui peuvent être émises
à cette commission. C'est d'ailleurs l'objet d'une commission d'entendre
les points de vue les plus variés possible. Je dois dire qu'on
reconnaît à votre commission scolaire une certaine constante
à travers les différents groupes qui sont venus se
présenter ici.
Je pense que c'est une des commissions scolaires, qu'on soit avec les
dirigeants de la commission scolaire ou avec les parents, où on tient
sensiblement le même langage. Si je le dis ce n'est pas
nécessairement parce que je partage votre point de vue, mais je dois
reconnaître qu'il y a entre vous, je ne dirais pas une complicité,
mais des ententes réelles quant à l'avenir du réseau
scolaire au Québec.
Comme parents, vous avez peu abordé le rôle que la loi 107
prévoit aux comités de parents ou aux parents au sein des
conseils d'orientation et de possibles comités d'école. Il y a un
paragraphe en page 2 de votre mémoire où vous dites: Nous jugeons
inacceptable bon nombre des dispositions du projet de loi 107 portant sur
l'organisation et les responsabilités des comités d'orientation,
des comités d'école et des comités de parents.
Pourriez-vous nous donner un peu le résumé de ces dispositions
que vous considérez inacceptables en regard de ces trois organismes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Canavan: Dans le moment, nous avons un comité de
parents et les comités d'école qui fonctionnent
énormément bien. Les directeurs d'école consultent les
comités d'école et il y a un partage d'informations et de
renseignements. La même chose se retrouve pour ce qui est du
comité de parents avec la commission scolaire et les commissaires.
Introduire un comité d'orientation, cela donne un autre changement
complet. Les comités d'école n'y sont plus
considérés et cela ôte, comme, je crois, le comité
de parents de Sherbrooke l'a dit, une place où les parents peuvent se
réunir pour se parler davantage entre eux.
Si je pouvais lire quelque chose qui a été dit cela fait
quelques années sur ce sujet, et qui disait constater que les parents
étaient très intéressés aux questions qui
concernaient immédiatement leurs enfants, mais que leur
disponibilité était limitée dans le temps, limitée
pour le bénévolat et limitée dans les aspirations des
parents. Il s'ensuit que l'on considère un taux de renouvellement
élevé dans les comités d'école et la
nécessité de recommencer à zéro chaque année
les apprentissages nécessaires et une participation
éclairée et efficace.
Les parents risquent d'être en conflit d'intérêts
à peine voilé quand viendra le temps de prendre des
décisions pouvant affecter directement leurs propres enfants. On est
bien d'accord là-dessus et, M. le ministre, je vous remercie de vos mots
dans le temps, c'était, M. Ryan, sur les problèmes sur le projet
de loi 40. On est vraiment en agrément avec cela.
C'est la question des parents, la volonté d'être capable de
faire tout cela en même temps. On aimerait garder ce qu'on a en fait de
comité d'école et de comité de parents. Chez nous, cela
marche. Comme M. Ryan a dit: C'est beau que cela marche très bien chez
nous et qu'on ne soit pas là à dire: Oui, cela marche chez nous
et on n'a pas d'intérêt pour le reste de la province. Cela n'est
pas vrai.
Mais il y a beaucoup de problèmes et on croit que ce sont des
problèmes locaux. Ce sont quelquefois des problèmes dont nous
avons fait l'expérience chez nous auparavant. Si on pouvait les
régler avec les lois actuelles, on ne voit pas pourquoi ils ne seraient
pas réglables par les autres commissions locales, avec les contraintes
de la loi actuelle, sans avoir un nouveau projet de loi. Je ne sais pas si cela
répond ou non.
Mme Blackburn: Oui, il aurait été un peu plus
approprié de dire... Vous disiez: Un bon nombre de dispositions qui
portent sur l'organisation et les responsabilités. J'aurais voulu savoir
plus particulièrement, concernant les responsabilités
confiées à ces organismes, quelles étaient ces
dispositions qui étaient irrecevables ou inacceptables. Mais cela va.
Autrement dit, ce que vous venez nous dire, c'est: La situation, le statu quo
est préférable à ce que vous êtes en train de nous
proposer.
Mme Canavan: Oui, c'est cela, chez nous. Mme Blackburn:
Chez vous, c'est cela Mme Canavan: Oui, oui.
Mme Blackburn: Comme on. fait des lois pour le
Québec...
Mme Canavan: Ah! Je le sais.
Mme Blackburn: ...cela pose des problèmes
d'harmonisation.
Mme Canavan: Oui, un peu.
Mme Blackburn: Mais finalement, par rapport à la
participation des parents, c'est peut-être ce que je trouve le plus
important; vous dites: On préfère un bon comité
d'école, tel que constitué, avec un comité de parents. On
ne voit pas la nécessité d'établir un conseil
d'orientation.
Mme Canavan: C'est cela. En plus, nous avons des écoles
françaises et anglaises dans notre commission scolaire. Comme Mme
Tem-pleton l'a dit, on trouve très important pour les parents,
malgré le fait que leurs enfants apprennent le français, ce qui
est très important... Mais si l'enfant a des troubles, les parents ne
sont pas toujours capables de parler français et de le comprendre aussi
bien que leurs enfants. C'est la génération qui apprend. Mais
pour aider leurs enfants, les étudiants, il faut être capable de
communiquer avec les enseignants et les administrateurs. Il est
préférable et très important d'être capable de
communiquer quelquefois dans la langue première des parents avec ceux
qui enseignent aux enfants.
Mme Blackburn: Mais vous comprendrez que votre raisonnement
tiendrait aussi bien pour les Asiatiques que pour les Mexicains et pour les
Portugais qui s'en viennent chez nous, pour lesquels les parents ont plus de
difficulté effectivement à aider et à soutenir
l'apprentissage de leurs enfants dans la langue française.
Mme Canavan: Oui, je suis bien d'accord.
Mme Blackburn: Je pense bien que même en étant
sensibles à l'argument que vous utilisez, et vous avez un système
qui privilégie ces rapports entre l'école et les parents de
langue anglaise obligés d'inscrire leurs enfants en français,
vous comprendrez qu'il faudrait étendre ce système à
toutes les communautés, à toutes les ethnies qui ne parlent pas
le français au Québec. Ce n'est pas simple ce que vous me
suggérez là. La remarque est intéressante, mais je ne
crois pas qu'on puisse fonder un système d'éducation sur une base
comme celle que vous suggérez. Mon temps est écoulé. Je
voudrais vous remercier de
votre participation. On a eu quand même plaisir vous entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, en
conclusion.
M. Ryan: Je voudrais également vous remercier de nous
avoir présenté votre point de vue sur le projet de loi. C'est
pour nous un avantage de pouvoir entendre le plus grand nombre de points de vue
possible. J'aurai l'occasion d'aller de votre côté avant longtemps
pour poursuivre cette discussion avant que toutes ces choses ne soient
finalisées.
Je crois en toute honnêteté devoir vous informer dès
maintenant que ce n'est pas l'intention du ministre de recommander au
gouvernement le retrait pur et simple du projet de loi. ha, ha, ha! Très
bien, merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Ryan: Mais si nous pouvons l'améliorer avec votre
concours, nous le ferons volontiers.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Canavan. La discussion est terminée, j'invite les gens du West Island
Teachers' association à prendre place à l'avant.
Mme Canavan: Je profite de l'occasion pour vous remercier de nous
avoir invités et écoutés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Canavan.
Mme Canavan: Merci. 15 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la
commission de l'éducation reprend ses travaux, j'invite les
représentants du West Island Teachers' Association à prendre
place. À l'ordre, s'il vous plaît! Le West Island Teachers'
Association est représenté par M. Mike Doyle, adjoint
administratif. M. Doyle.
West Island Teachers' Association
M. Doyle (Mike): M. le Président, M. le ministre et MM. et
Mmes membres du comité, je trouve intéressant l'ordre des
interventions. Moi, je représente les professeurs du secteur anglophone
de chacune des commissions scolaires catholiques de l'île de
Montréal, sauf Jérôme-Le Boyer et la CECM.
En effet, nous avons un territoire identique a celui de Lakeshore School
Board plus la Commission scolaire du Sault-Saint-Louis, la Commission scolaire
de Verdun et les écoles "off island" qui correspondent à celles
de Lakeshore, soit les commissions Vaudreuil, Vaudreuil-Soulanges et
l'île-Perrot.
J'ai écouté avec intérêt l'intervention du
groupe qui vient d'être entendu. Pour exactement les mêmes raisons
qu'il cite, moi, j'en arrive à une conclusion complètement
différente, c'est-à-dire que la loi doit être
adoptée, et ce, dans les plus brefs délais. C'est dommage!
Pour vous indiquer d'où nous venons comme association de
professeurs, dans notre représentation il y a 11 écoles de la
Commission scolaire Baldwin-Cartier, 9 élémentaires et 2
secondaires avec à peu près 420 professeurs embauchés
à temps plein dans cette commission; il y a 200 professeurs de
Sault-Saint-Louis; il y en a 80 de Sainte-Croix; il y en a 40 de Verdun; il y
en a 13 de l'île-Perrot; il y en a 7 de Vaudreuil et il y en a 25 de
Vaudreuil-Soulanges. En fait, qu'est-ce que cela veut dire? La qualité
de l'éducation dont parlent les intervenants précédents
tient au fait qu'eux ont un système qui fonctionne selon les besoins
pédagogiques des élèves. Mais quand on regarde la
situation dans nos commissions scolaires, je ne pense pas que ce soit un manque
de volonté de leur part, mais je pense que la réalité de
la situation... Dans la Commission scolaire régionale de
Vaudreuil-Soulanges, il y a une école élémentaire; le
soutien pédagogique c'est le directeur de l'école. Quand on
regarde à la Commission scolaire de Vaudreuil, il y a sept professeurs
et aucune école. Les sept professeurs travaillent dans une école
élémentaire de la Commission scolaire de l'île-Perrot. Le
soutien pédagogique pour les anglophones dans cette commission scolaire
n'existe pas. À l'île-Perrot, quand on met les deux commissions
scolaires ensemble, Vaudreuil et Île-Perrot, cela génère
une école avec 20 professeurs. Il n'y a rien là! À
Sainte-Croix, on est partis de six écoles et ceux qui ont suivi... Il y
en a peut-être deux ou une, cela varie de jour en jour, mais c'est
descendu de six écoles à une ou peut-être deux
écoles avec 80 professeurs d'impliqués. Les services aux
élèves et aux professeurs... Parce qu'il ne faut pas se faire de
cachette, moi, je suis ici pour représenter les professeurs et non
nécessairement les élèves. Mais nos professeurs aussi,
cela leur prend de l'aide. Cela n'existe pas dans ces commissions scolaires. Il
y a juste deux commissions scolaires avec qui on fait affaire où il y a
des conseillers pédagogiques; c'est à Baldwin et à
Sault-Saint-Louis. Nous prétendons que si on veut continuer à
avoir un système d'éducation anglophone qui rend service à
la communauté, il faut arrêter de se faire des drames.
Il faut regrouper les gens de façon linguistique et les services
vont être là. On parie des programmes d'immersion, il y en a.
C'est vrai que cela commence à différents niveaux. À la
Commission scolaire Baldwin-Cartier cela commence à la maternelle,
à la Commission scolaire Lakeshore, cela débute en
quatrième année. À Verdun, ils appellent cela "Intensified
French". Ils n'ont pas de programme d'immersion en tant que tel. Cela varie de
commission en commission.
Cependant, si on peut prendre tous ces groupes-là et les mettre
ensemble, pour faire une commission scolaire avec environ 20 000
élèves, là, tout peut bien marcher. En fait, pour nous,
plus ce sera rapide, mieux ce sera.
En attendant, si cela ne peut pas arriver avant que cela passe devant
les cours, moi, je demanderais la possibilité de faire un regroupement
des secteurs anglophones des commissions scolaires catholiques pour faire au
moins une commission scolaire sur le même territoire, disons, que
Lakeshore, qui serait une commission scolaire anglophone. C'est vrai que cela
prendrait des commissions scolaires catholiques qui existent
présentement, mais, au moins, ce serait un début.
Je sais qu'en dehors de l'île cela se fait, il y a des commissions
scolaires qui se regroupent. Je me pose la question. Je sais qu'on ne touche
pas à la CEPGM et à la CECM, cependant, nous cherchons quelque
chose pour faire fonctionner le système, pour le garder en vie.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci M.
Doyle. Je reconnais maintenant, dans un premier temps, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, j'ai évidemment
écouté avec beaucoup d'intérêt la
présentation qu'a faite M. Doyle. J'aurais souhaité que le
Comité de parents de la Commission scolaire Lakeshore soit
présent pour entendre ce point de vue qui apporte un complément
important à l'intervention que ce comité a faite devant nous.
Mais je suis sûr qu'ils pourront en être informés par la
voie des communications nombreuses qui peuvent s'établir.
Vous avez bien souligné un des aspects fondamentaux qui sont
sous-jacents à tout ce projet de réforme. La
réalité dominante, au Québec, en matière
d'éducation, c'est la présence de deux grands secteurs
linguistiques. Il y a le secteur de langue française qui est majoritaire
et dominant à travers l'ensemble du territoire; il y a le secteur de
langue anglaise qui est très important aussi, qui a toujours
été traité aVec beaucoup de considération, sous une
forme ou sous l'autre, mais que nous tenons à maintenir aussi et auquel
nous tenons à donner le genre de structure, de ressources, qui nous
permettra de bien servir la clientèle. Et comme vous le dites justement
dans votre mémoire, sous le système actuel, les catholiques de
langue anglaise sont un petit peu assis entre deux chaises. Ils relèvent
de commissions scolaires dont un grand nombre à travers le Québec
ne sont même pas capables de leur offrir les services et ils doivent
passer des ententes avec des commissions scolaires protestantes pour leur
confier la charge de l'éducation de ces enfants-là. Il y en a des
milliers qui sont dans cette situation, pas quelques-uns, des milliers. Et,
d'autre part, là où les commissions scolaires catholiques les
gardent, dans un grand nombre de cas, elles ne peuvent pas leur offrir les
services de soutien pédagogique ou la place i normale, dans la conduite
des affaires scolaires, à laquelle ils ont droit. Devant cette
situation, nous sommes obligés de nous poser des questions et
d'envisager des modes d'organisation qui seraient mieux de nature à
traiter toute la situation d'aujourd'hui. Pas seulement celle d'un petit groupe
situé dans une partie du territoire, mais la situation dans l'ensemble.
Je pense que le point de vue qu'exprime votre organisation syndicale est
intéressant de ce côté-là. Je pense qu'il vaut
d'être examiné avec beaucoup d'attention et je peux vous assurer
que c'est ce que nous allons faire.
J'ai indiqué clairement tantôt que nous continuons à
chercher des améliorations au projet de loi. Il y a des aspects
constitutionnels^ qui doivent de toute nécessité être
élucidés et qui empêcheront la mise en oeuvre de certaines
parties du projet de loi. Mais je voudrais ajouter un point ici. Nous avons
examiné tout l'ensemble et, sauf ces articles qui devront être
référés aux tribunaux, il y a peut-être les
neuf-dixièmes du projet de loi qui pourront s'appliquer à compter
de l'année qui suivra l'adoption par l'Assemblée nationale. Et je
ne vois pas personnellement pourquoi nous attendrions jusqu'aux calendes
grecques pour procéder, dans toute la mesure où il y a des choses
qui peuvent se faire sans que cela ait un impact direct sur la question
constitutionnelle. Mais le point que nous discutons a des ramifications avec la
question constitutionnelle, nous l'examinerons. Je suis content de ce que vous
avez dit et j'aimerais que vous nous précisiez; en ce qui touche votre
syndicat, comment se ferait la fusion avec les syndicats d'enseignants
protestants. Je sais qu'il y avait des problèmes de ce
côté-là et tantôt on nous a fait part de
difficultés. Je ne veux pas les ignorer non plus. On nous a dit: Ce sera
très difficile de mettre les catholiques et les protestants ensemble. Il
y aura des chicanes quand on aura une commission scolaire linguistique
anglophone. Est-ce que vous voyez de ces complications et comment
pourrions-nous y faire face? En ce qui touche votre syndicat en particulier,
est-ce qu'il y a des problèmes insurmontables?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Doyle.
M. Doyle: Je crois que si on regarde historiquement, dans les
cinq dernières années, il y a eu des regroupements de commissions
scolaires francophones catholiques dans toute la province et ces syndicats ont
réussi à avoir des ententes en vertu des conventions qui
prévoyaient des méthodes d'intégration du personnel.
Personnellement, je ne vois aucun problème, à notre niveau, pour
faire l'intégration du personnel.
Le système qui s'applique à la CEQ, quant à moi,
est un système qui fonctionne. Franchement,
on est peut-être moins philosophes et plus
tpragmatiques. We want something to get off the road and get going
soon. So, in terms of staffing - if you permit me to go in this way - I do not
see a problem. There are political problems at various levels within the
syndicate; to say that there are no political problems would be living in
absolute Utopia. However, the pragmatic answer is that right now we could merge
the staffs, at least on the teacher level of all the school board that we
represent as well as the staffs of Lakeshore School Board with no one getting
hurt at all and it would work.
M. Ryan: What would happen in a school where half of the students
were catholic and half were protestant or from other religions? How would you
define the status of such school?
This seems to be one of the underlying fears behind the position which
is defined by the previous group. I would like to see how you envision this
kind of prospect.
M. Doyle: At the risk of sounding snorky and I certainly do not
mean to sound that way, I have been involved in teaching for 29 years and I
still do not know the difference between catholic and protestant physics or
catholic and protestant chemestry. I think the concern that you are expressing,
Mr. Minister, is a concern that is not real, it is perceived to be real. What
is going to happen? Oh no! my children are going to be thought by catholics.
Ho! you know, they will burn for ever in Hell, or vice versa. But we live in a
society today, as you know, where people are exposed to all points of view. So,
I do not really see that as a problem, except if somebody wants to make a
problem of it. I think people are building dramas where they do not exist, in
my honest opinion. So I do not see a problem myself whether I am teaching
mathematics to a grade 6 group that is made up of any possible religions in the
world. I do not see that as a problem and as I have read the Bill, I believe
there is provision in the Bill so that people can choose the moral religious
instructions that they want. So, at the level of straight religion, people have
the option to have their students get with everyone they want, so I do not see
that as a problem.
M. Ryan: Would it be your feeling that practical arrangements
could be deviced in each school in accordance with the reality and needs of
that school?
ML Doyle: I do not see why it cannot happen. Historically, I am
sure you are aware that John XXIII-Dorval coexisted between Baldwin-Cartier and
PSBGM for a number of years, where the students were integrated, where the
staff was integrated and where the school worked. There was another example
where that was tried earlier at Dunton School where there was PSBGM and MCSC
back a number of years ago. Again, nobody came out of their scars terribly for
life. The teachers were happy, the students seemed to be happy. Unfortunately,
there were not enough students to keep the school going, but I can cure with
you completely, Mr. Minister. There is no reason why it cannot work, not at
all.
M. Ryan: But you could be in a weak position, because being in
agreement with you I have a little less to say.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Doyle: Nor have I really. Thank you.
M. Ryan: Thank you very much.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi. (15 h 30)
Mme Blackburn: C'est un discours rafraîchissant. J'aimerais
peut-être aborder une question qui n'a pas été
abordée dans votre mémoire, parce que vous êtes venus ici
pour nous dire essentiellement que cela prend des commissions scolaires
linguistiques et que c'est la solution au problème. On pourrait ajouter
à cela des écoles neutres et ce serait encore
préférable. Cependant, on connaît la situation actuelle.
J'aimerais peut-être aborder avec vous une autre question par rapport au
projet de loi. Comme représentant des enseignants, comment
réagissez-vous aux articles touchant les droits et les obligations des
enseignants? Ce sont respectivement les articles 16 et les suivants
jusqu'à 19.
M. Doyle: 16 à 19. Mme Blackburn: Oui.
M. Doyle: Franchement, on ne s'est pas bien bien
énervés avec cela, pas du tout. Nous, on est
protégés par nos conventions collectives. Ce qui fait que, que ce
soit écrit dans une loi ou dans une autre, c'est la commission scolaire
qui engage, c'est la commission scolaire qui congédie, ce sont les
conventions collectives qui règlent les conditions d'emploi de nos gens.
Nous sommes plus concernés par ce qui arrive dans les écoles et
les conditions de travail des enseignants que par les articles de la loi qui
sont peut-être plus philosophiques que pragmatiques en ce qui nous
concerne.
Mme Blackburn: C'est un comité de parents qui est venu
nous dire que le paragraphe 7 de l'article 19, qui prévoit qu'il est du
devoir de l'enseignant "d'appliquer les décisions et les
règlements du gouvernement et du ministre, de la commission scolaire, du
conseil d'orientation et du directeur de l'école"... Selon ce
comité de parents, cela n'avait pas lieu, cela n'avait pas sa
place là. Vous dites, finalement: Ils peuvent dire ce qu'ils
veulent, on va faire ce qu'on veut. C'est a peu près cela?
M. Doyle: Oui. Je crois que, dans la loi... Mme Blackburn:
Pragmatisme anglo-saxon.
M. Doyle:... il faut écrire des choses pour plaire
à tout le monde. Mais, ce que vous dites est très vrai. On va
faire notre ouvrage dans nos classes comme on le fait d'habitude et s'il y a
des problèmes, on a des recours et on s'arrangera avec les
mécanismes de cette loi-ci, du Code du travail ou de la convention
collective, selon le cas.
Mme Blackburn: Au paragraphe 3 du même article, il est
prévu que l'enseignant doit "prendre les moyens appropriés pour
développer chez ses élèves le respect des droits de la
personne". Moi, cela me pose un problème du moment où on retrouve
dans les écoles, particulièrement dans la grande région de
Montréal, des élèves qui ne partagent pas
nécessairement la foi catholique, ses croyances, et qui se trouvent dans
une école où le projet éducatif est inspiré des
croyances et des valeurs chrétiennes, catholiques. Je me demande:
Comment est-ce qu'on peut demander à l'enseignant de prendre les moyens
pour développer chez ses élèves le respect des droits de
la personne, alors que les siens propres risquent d'être heurtés
quotidiennement par un projet éducatif qui ne correspond pas à
ses propres convictions religieuses.
M. Doyle: Je ne crois pas avoir une réponse à votre
question, mais je peux vous dire que, historiquement - et je connais plus le
secteur anglophone de la CECM que d'autres parce que j'ai été
élève dans ce système-là et j'ai aussi
enseigné pendant 17 ans dans ce système - pendant des
années, nous avons reçu, avant le passage de la loi 101, des gens
qui venaient de partout dans le monde. Les commissions scolaires francophones,
franchement, ne les acceptaient pas. On avait donc un système pluraliste
au bout et multiethnique au bout. Les valeurs que chaque personne
véhiculait, peut-être qu'elles étaient basées sur
des valeurs religieuses, mais je pense qu'il y avait aussi des valeurs
culturelles. En effet, le système anglophone de la CECM, à
l'époque, était un vrai "melting pot". On a vécu avec et
je pense que les résultats de ce système ont
démontré que les gens peuvent sortir du "melting pot" avec un
très grand succès. Je pense donc que le fait de mélanger
des élèves de différentes régions dans un groupe ou
dans un autre ne change pas grand-chose. Pour le professeur, je pense que ce
sont des valeurs de "self respect" qu'il essaie de générer. Je ne
crois pas que ces valeurs se génèrent par des croyances
religieuses, franchement.
Mme Blackburn: Bien. Écoutez, c'est terminé pour
moi. Je voudrais vous remercier de votre participation.
M. Doyle: M. le Président, je pourrais peut-être
faire une dernière intervention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. Doyle,
absolument.
M. Doyle: Ce que j'ai trouvé de particulièrement
bon dans la loi, au moins pour la durée d'intérim, c'est la
possibilité d'avoir des commissaires linguistiques dans les commissions
scolaires qui sont majoritairement d'une langue ou de l'autre. Je souhaite que
cela passe, et très bien, en attendant nos propres commissions scolaires
linguistiques. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Doyle, au nom des membres de cette commission et nous accueillons
immédiatement le Comité de parents de la Commission scolaire
Greater Hull/Western Quebec.
Comité de parents de la Commission scolaire
Greater Hull/Western Québec
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation va reprendre ses travaux et accueillir les
membres du Comité de parents de la Commission scolaire Greater
Hull/Western Quebec que j'invite à venir prendre place à l'avant.
Ce comité de parents est représenté par Mme Nancy Kirjan
qui en est la présidente et M. Peter Frood. Mme Kirjan, M. Frood,
bienvenue et merci beaucoup d'avoir répondu à l'appel de la
commission permanente de l'éducation et de venir nous exprimer votre
opinion sur les deux lois qui font l'objet d'une étude de la part de
cette commission. La commission a 45 minutes à consacrer à votre
groupe. Nous vous suggérons, comme je le suggère à tous
les groupes, de prendre environ un tiers du temps pour nous présenter
votre mémoire et le reste du temps sera réparti, d'une
façon égale, entre les deux formations politiques. Soyez bier
à votre aise, monsieur, de vous exprimer soit er anglais, soit en
français et je vous Invite à nous présenter votre
mémoire.
M. Frood (Peter): Merci beaucoup. C'est nous qui vous remercions
de votre invitation à présenter à la commission
parlementaire un sommaire de notre mémoire. Permettez-moi d'abord de
vous décrire brièvement l'environnement dans lequel nous sommes
placés. Notre commission scolaire de Greater Hull fait partie de la
Commission scolaire régionale protestante de Western Québec, qui
est dans les régions 7 et 8; cela comprend l'Outaouais, Pontiac et
l'Abitibi-Témiscamingue. Nous avons un système de commission
scolaire régionale qui comprend
actuellement trois commissions scolaires locales. II y en a deux dans la
région 7 et une dans la région 8. Le territoire couvert par la
commission scolaire est grand et diversifié: Aylmer à Montebello,
de Hull à Maniwaki, et comprend un mélange d'écoles
urbaines et rurales. La plupart, cependant, sont petites et rurales, ce qui
veut dire qu'on doit faire face à une problématique
particulière aux écoles rurales, tout en assurant le soutien
d'institutions communautaires pour les bopulations anglophones. Étant
situés à la frontière de la province de Québec,
nous pouvons facilement comparer notre système d'éducation avec
celui de l'Ontario. Dans notre contexte, nous avons beaucoup de choix: le
système scolaire anglophone protestant et catholique, le système
scolaire français, les écoles privées ou le système
scolaire de l'Ontario parfois. La population anglophone constitue une
minorité dans 'Outaouais, tout en faisant partie d'une majorité
linguistique dans l'agglomération urbaine de Hull/Ottawa.
Au sujet des projets de loi, voici les principaux points qui nous
préoccupent. Premièrement, l'âge d'admissibilité
à l'école, la participation et la représentation des
parents dans notre système scolaire, les petites écoles, les
commissions scolaires linguistiques et les taxes scolaires locales. |
Concernant l'âge d'admissibilité à l'école, nous
recommandons fortement au ministère de Éducation d'adopter et de
mettre en vigueur le plus rapidement possible le règlement suivant: Que
les enfants qui atteindront cinq ans avant le 31 décembre soient
admissibles à l'école dès le mois de septembre de
l'année en cours. La province de Québec devrait normaliser la
date d'admissibilité à l'école avec celle de l'Ontario et
de la plupart des autres juridictions éducatives an Amérique du
Nord. Ces modifications faciliteraient beaucoup la situation des familles qui
sont mutées d'une province à l'autre.
Le ministère de l'Éducation a accordé, pour
l'année scolaire 1988-1989, un plus grand nombre de permissions de
déroger au règlement pour certains enfants n'ayant pas atteint
l'âge de cinq ans au 1er octobre 1988. Ceci représente une
amélioration, mais aussi une injustice, surtout pour les enfants
nés entre le 1er octobre et le 31 décembre qui ne sont pas admis
à l'école. Avec le système des dérogations, on
crée des circonstances où les procédures de
dérogation exigent beaucoup de temps pour les parents et le
système scolaire, elles sont de plus coûteuses et ne sont pas
équitables pour les familles à faible revenu. Il est possible
qu'il y ait aussi des variations dans l'application de ces règlements
selon les commissions scolaires. Dans notre commission scolaire aussi, nous
perdons des élèves québécois à cause des
restrictions imposées au Québec par rapport à l'âge
d'admissibilité, les enfants vont alors en Ontario.
En ce qui concerne la représentation des parents dans le
système scolaire, les parents protestants de l'ouest du Québec
recommandent que le format du comité d'école d'un genre
consultatif soit maintenu, comme structure unique de participation parentale au
niveau de l'école. Si toutefois le ministère décide
d'effectuer des modifications, nous recommandons alors que les parents qui
siégeront au conseil d'orientation soient choisis par le comité
d'école et que ce conseil relève du comité d'école.
Nous préférons cependant un seul comité plutôt que
deux. La constitution d'un tel conseil et les pouvoirs de direction qui lui
sont octroyés devraient être facultatifs. Aucune école ne
devrait voir l'efficacité de son fonctionnement entravée par le
fait que les parents ne désirent pas exercer de tels pouvoirs ou
constituer un conseil d'orientation.
L'administration et le fonctionnement quotidien de nos écoles ne
constituent pas pour nous la seule priorité. Pour nous, le comité
de parents est le véhicule principal pour exprimer à la
commission scolaire les opinions des parents par rapport à tous les
aspects prioritaires de l'éducation pour nos enfants. La commission
scolaire et le MEQ sont les points de décision critiques qui assurent la
qualité de l'éducation de nos enfants. Dans cet esprit, nous
croyons que l'octroi d'un droit de vote aux parents commissaires et aux
délégués des parents à la commission scolaire, lors
de ses réunions régulières, consituerait une
amélioration marquée aux dispositions existantes. Pour nous cette
proposition est l'extension logique de la participation des parents dans le
système scolaire. Toutefois, les parents désignés pour
siéger au comité exécutif de la commission scolaire
devraient être nommés par le comité de parents plutôt
que par la commission scolaire ou alors les parents pourraient se remplacer
à ce poste à intervalles prédéterminés.
En ce qui concerne les petites écoles, afin d'aider à leur
viabilité il y aurait peut-être lieu de permettre aux
élèves anglophones et francophones de cohabiter dans la
même école. Les clauses et les règlements du nouveau projet
de loi sur l'instruction publique ne défendent en aucune façon
une telle solution. Pour ces écoles rien n'empêche non plus les
commissions scolaires de coopérer en matière de transport
scolaire, de programmes éducatifs et d'autres services. (15 h 45)
Concernant la fermeture de l'école, nous recommandons d'inclure
au projet de loi 107 un aperçu des procédures spéciales,
par exemple, des audiences publiques que devrait respecter une commission
scolaire avant de pouvoir procéder à la fermeture d'une
école. L'article 175 du projet de loi devrait également faire
mention de la question de la fermeture des écoles et donner au
comité de parents le droit de faire des recommandations concernant la
proposition de fermeture.
Les parents protestants de l'ouest du Québec se rendent compte
que l'établissement d'une commission scolaire linguistique
apporterait
des avantages sur le plan économique et pédagogique. La
création d'une commission scolaire anglaise permettrait de
répondre tout particulièrement aux besoins linguistiques de la
population qui serait desservie. Cela permettrait d'élargir le choix des
programmes offerts et de mieux organiser le transport scolaire, etc. C'est une
proposition pratique. La population étudiante anglophone de la
région 07 est surtout concentrée dans le système scolaire
protestant: la commission scolaire d'Aylmer et la commission scolaire
catholique de Pontiac. On pourrait dans ces circonstances facilement
créer une seule commission scolaire à base linguistique
anglophone à partir de ces trois constituantes principales.
Il faut toutefois souligner que le système actuel des commissions
scolaires confessionnelles n'occasionne pas d'insatisfaction importante chez
les parents dans notre commission scolaire. Avant de changer le système
existant, nous voudrions recevoir de nouvelles garanties constitutionnelles qui
assureraient aux anglophones un système viable d'éducation
à base linguistique anglophone.
Afin de mieux répondre aux questions de taxation et aux attentes
des parents, les commissions scolaires locales mettent le plus d'accent
possible sur les programmes d'enseignement. Elles seront cependant
limitées par leur inhabilité à hausser les taxes
au-delà de 6 % tel que prescrit aux articles 273 à 326 du projet
de loi 107. Nous préférerions que les commissions scolaires
puissent accéder à cette limite suivant des
réglementations et nous avons identifié deux approches dans notre
mémoire même. Ces modifications du pouvoir de taxation des
commissions scolaires amélioreraient leur capacité de
répondre à leurs besoins locaux.
Les idées que nous avons exprimées concernant le projet de
loi sont basées sur l'esprit de confiance et d'optimisme. Nous avons
déjà un système d'éducation publique de
qualité qui tient compte des circonstances uniques de la province de
Québec. Nous avons confiance que le système scolaire anglais au
Québec demeure protégé et qu'il gardera une place
importante aux institutions anglaises dans notre province au XXe siècle.
Nous voulons renforcer le développement du système
d'éducation qui est accessible, équitable et excellent. Nous
voulons non seulement un système d'éducation de haute
qualité, mais aussi une commission scolaire locale ayant
l'autorité et la capacité fiscale pour mettre l'accent sur les
programmes et pour répondre aux besoins de la communauté. Cela
signifie pour nous: des garderies de haute qualité, des maternelles
à la journée, des programmes pour les élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, des programmes d'immersion
en français, des programmes d'animation en français et des
programmes professionnels, techniques, etc.
Nous voulons aussi un système d'éducation qui permettrait
aux parents de participer à l'élaboration des politiques et des
orientations qui touchent la vie scolaire de nos enfants. Avant tout, nous
voulons que nos enfants soient prêts à assumer un rôle
responsable dans le cadre socio-économique actuel. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Frood, de votre rapport à cette commission. Maintenant, je
reconnais Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais vous
souhaiter la bienvenue. Je dois vous dire en commençant que j'ai bien
aimé votre mémoire. Je crois que c'est un mémoire
très sympathique, très clair, qui nous a donné un portrait
très clair de la réalité du fonctionnement de votre
commission scolaire. Votre réalité est tout à fait
différente de la réalité d'autres régions et
surtout de beaucoup d'autres commissions scolaires qui sont venues ici
présenter leur point de vue. Ce que je retiens de votre mémoire,
c'est qu'il faut procéder lentement, avec beaucoup de prudence et de
souplesse, surtout en ce qui concerne les petites écoles et les
écoles qui fonctionnent avec un système de cohabitation
actuellement. Je crois que vous êtes peut-être le premier groupe
qui ait souligné cette réalité. Vous avez aussi
mentionné l'importance de ce que la loi future facilite le partage des
services entre deux commissions scolaires, ce qui existe chez vous
actuellement, je ne suis pas certaine. Mais, vous avez mentionné que
peut-être que les services de transport et certains services pourraient
être partagés entre les deux commissions scolaires linguistiques
futures. Il me semble que c'est un point très important et on ne doit
pas fermer la porte à cette possibilité. J'ai bien aimé
aussi votre suggestion, à la page 14 de votre mémoire original,
sur les taxes. Pour éviter la nécessité d'un
référendum, vous avez suggéré une procédure
qui ressort des procédures suivies par les municipalités. Une
annonce, un avis, s'il y a des objections, etc., on pourra avoir un
référendum. Je crois que c'est une idée qu'on doit
examiner de près, parce que je sais que dans votre région vous
avez eu ce problème en rapport avec les taxes et les
référendums, etc. Je vous remercie de cette suggestion. Cela
pourrait être utile pour d'autres commissions scolaires et
peut-être résoudre les problèmes.
Alors, je n'ai qu'une question. Nous avons entendu ici et nous venons
d'entendre le comité de parents de Lakeshore, je ne sais pas si vous
étiez ici. Il y a beaucoup de craintes qui circulent dans la
communauté anglophone en ce qui concerne le regroupement des
anglo-catholiques et des anglo-protestants et les chicanes possibles qui auront
lieu dans les écoles pour décider de la confessionnal ité
de l'école, le statut confessionnel. Est-ce que vous avez des
commentaires là-dessus? Dans votre commission scolaire, peut-être,
il y a des catholiques qui reçoivent déjà l'instruction
catholique. Mais, est-ce que vous
prévoyez des problèmes? Si la majorité des parents
dans le futur décident d'avoir une école catholique, statut
catholique, qu'est-ce que cela présente comme problèmes aux
protestants ou non catholiques qui veulent une école non
confessionnelle?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Kirjan.
Mme Kirjan (Nancy): Pour l'avenir, c'est difficile à dire.
Je sais que chez nous aussi, il y a des gens qui ont des craintes à ce
sujet. Ils se demandent ce que cela va donner. Mais je sais aussi que chez
nous, nous avons une école catholique qui s'appelle St. Michael à
Low. C'est dans notre commission scolaire protestante quand même. Cette
école est gérée par nous maintenant et cela va très
bien.
Mme Dougherty: Je m'excuse, j'ai des difficultés à
vous entendre.
Mme Kirjan: Bien. Nous avons actuellement chez nous une
école catholique qui est à Low et qui est gérée
maintenant par nous autres parce que la commission scolaire ne voulait pas la
garder. On a aussi par entente, des élèves dans une école
de Buckingham, notre école protestante, avec des catholiques qui sont
là par entente. Cette année, il va falloir qu'ils se
démêlent pour offrir à la fois l'éducation
catholique et l'éducation protestante dans le même bâtiment.
Donc, actuellement on est en train de se démêler dans notre
commission scolaire avec ces problèmes-là. Cela ne pose pas de
gros problèmes. Cela va très bien à Buckingham à
l'école élémentaire. Cela va très bien à
Low, à l'école St. Michael où il y a déjà
beaucoup de protestants qui, parce que c'est l'école de la
communauté rurale, préfèrent aller là dans une
école catholique plutôt qu'aller à Hull quelque part dans
une école protestante à Wakefield.
Je sais qu'il y a des gens qui ont des craintes sur cela, mais...
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y a deux syndicats qui fonctionnent
à la commission scolaire? Est-ce que tout le monde est regroupé?
Y a-t-il deux syndicats, deux règles?
Mme Kirjan: Je ne sais pas ce qui se passe à Buckingham au
point de vue du syndicat, parce que c'est l'école catholique anglophone
qui a été fermée et maintenant tous les jeunes sont chez
nous. Je ne sais pas ce que sont devenus les professeurs dans cette affaire.
À Low, il y avait eu des discussions entre les commissions scolaires et
les divers syndicats et maintenant, je ne sais pas à qui appartiennent
les catholiques: sont-ils protestants comme syndicats ou s'ils restent
catholiques? L'école est gérée par nous, mais c'est
temporaire, ils pourraient retourner chez eux. Je sais qu'il y a eu une
discussion, qu'il est arrivé quelque chose qui a l'air de convenir
à tout le monde.
Mme Dougherty: Très bien. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
madame. Je vais maintenant reconnaître la porte-parole de l'Opposition
officielle, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Monsieur, madame,
j'ai apprécié à la fois la structure et la tenue de votre
mémoire. Vous abordez un certain nombre de questions
intéressantes que tous les comités n'ont pas abordées et
je pense en particulier à la liberté de choix de l'école,
à toute la question de la fermeture de petites écoles. Dans votre
milieu, je sais que c'est une préoccupation importante, mais cela l'est
dans tous les milieux ruraux au Québec. Cela pose un problème
où la faible densité de la population entraîne
malheureusement des fermetures. Cela a des conséquences sur la
communauté et la détérioration du tissu social.
J'aimerais aborder avec vous quelques questions aux fins
d'éclaircissement. En page 2 de votre mémoire, le dernier
paragraphe, vous proposez comme plusieurs comités l'ont fait, mais je
dirais que c'est venu majoritairement des comités de parents du secteur
anglophone, vous recommandez que le gouvernement actuel respecte l'engagement
qu'il avait pris, à savoir de porter l'âge d'admission au 31
décembre, de manière à harmoniser le système
scolaire québécois à celui de l'Ontario. En même
temps, dans votre mémoire vous proposez un certain nombre de mesures
intéressantes et pertinentes pour augmenter la qualité de
l'éducation, y compris la maternelle à temps plein. Ce sont des
mesures coûteuses. Le Conseil supérieur de l'éducation
recommande, plutôt que de porter l'âge d'admission au 31
décembre, étant donné qu'il faut faire des choix parce que
c'est coûteux, suggère qu'on envisage davantage la maternelle
à temps plein et une prématernelle ouverte à un plus grand
nombre dans un milieu, élargir l'accès à la
prématernelle pour des milieux défavorisés,
handicapés et enfants en difficultés d'apprentissage ou souffrant
d'un handicap.
Alors, si vous aviez à choisir, selon vous, est-ce qu'il serait
préférable de porter cela au 31 décembre ou d'offrir une
maternelle à temps plein? (16 heures)
M. Frood: Je ne pense pas que ce soit une question de choix. Il y
a le moyen d'introduire le 31 décembre d'une façon graduelle, qui
peut après un certain nombre d'années normaliser la situation
sans occasionner des coûts exceptionnels. À la
fédération, il y avait une proposition sur le tapis de retarder
la date d'entrée de quinze jours par année, c'est-à-dire
que cela prendrait six ans. Cela a été rejeté et j'ai
été étonné par la réaction de la plupart des
autres
parents. Je ne vois pas la logique de cette réaction de continuer
avec la fin de septembre comme date d'admissibilité. Je pense qu'on est
dans une situation un peu bizarre maintenant, parce qu'il y a le processus de
dérogation qui ouvre la porte. Il y a effectivement des retards dans
l'évaluation de ces dossiers et il y a une demande, c'est
évident. C'est quelque chose qui me touche personnellement et je pense
qu'il faut absolument normaliser la situation, mais je ne pense pas que ce soit
une question de choix de la façon dont vous l'avez
présenté. C'est une question de prendre les mesures
administratives, pratiques, de réaliser le but de normaliser les dates
d'entrée.
Mme Blackburn: Au-delà des coûts reliés
à une telle mesure, il y a beaucoup de parents qui estiment que c'est
peut-être un peu jeune. C'est aussi un autre argument qui nous est servi,
contrairement à ce que je pensais...
M. Frood: Excusez?
Mme Blackburn: ...qu'il ne faut pas amener les jeunes dans le
réseau plus tôt qu'ils n'y vont actuellement, qu'au 31
décembre c'est peut-être un peu jeune. Alors, c'est le second
argument. Mais est-ce que vous avez obtenu votre dérogation?
M. Frood: Effectivement, on a soulevé dans cela qu'il y
avait un mouvement de gens et si cela n'arrive pas, si ce n'est pas
déterminé, on va probablement décider d'envoyer notre
fille à une école en Ontario. C'est...
Mme Blackburn: En maternelle? M. Frood: En maternelle,
oui.
Mme Blackburn: Pour qu'elle ait accès l'an prochain
à la première année. C'est la "passe" qu'on fait le
plus...
M. Frood: Mais c'est une situation un peu absurde, parce cela
complique énormément notre vie familiale, à cause de ces
arrangements. Mais cela devient un peu dramatique dans la situation de
l'Outaouais parce que au moins, nous, nous avons ce choix, ou cette
possibilité. Ce n'est pas nécessairement un choix pour les gens
s'ils n'en ont pas les moyens. Mais c'est une possibilité pour certaines
gens de notre région. Dans d'autres régions cela ne marche pas et
cela présente des problèmes pour les familles qui viennent
d'Alberta ou de n'importe où. Cela peut déranger un peu leurs
enfants comparativement aux enfants du même âge dans les autres
institutions, dans les autres communautés.
Mme Blackburn: Vous soulevez, je pense, un point important quand
vous dites que les mesures actuelles de dérogation, d'abord, sont
lourdes, sont insécurisantes parce que cela prend du temps à
traiter les dossiers, mais sont aussi susceptibles de créer des
inéquités. Cela, j'ai essayé de l'expliquer à
maintes reprises, je trouve cela inacceptable. L'éducation au
Québec, et je vais le répéter, l'éducation au
Québec, ce n'est pas un privilège, c'est un droit. Ou c'est un
droit pour tout le monde de façon égale, ou c'est un
privilège. J'estime avec vous que c'est une situation qui n'a aucun
précédent au Québec, que le ministre décide qui va
avoir accès à l'école parce qu'il n'a pas l'âge. Je
le dis et je le répète, cela crée des injustices
incroyables
Vous nous dites qu'il y a eu un plus grand nombre de permissions de
déroger au règlement. Est-ce que vous avez des données par
rapport à votre commission scolaire?
M. Frood: Non.
'
Mme Blackburn: Sur le nombre de dérogations qui ont
été accordées?
M. Frood: J'ai parlé cette semaine à des personnes
impliquées. Je pense qu'il y en a une quarantaine dans notre commission
qui avaient déjà été envoyées. Il y en a
juste une vingtaine qui ont été retournées avec une
décision positive, dans toute l'école. Les autres sont quelque
part dans le système. Apparemment, cela a été inclus dans
les demandes qui ont été présentées en juin. Je
sais qu'il y a une autre "batch" qui a été envoyée
récemment. Il y a un problème parce que, pour nous, la date
limite pour recevoir ces documents était le 1er septembre. Les enfants
commençaient l'école le 31 août.
Mme Blackburn: Évidemment, je pense que vous soulevez une
question importante d'équité. Je voudrais juste attirer
l'attention brièvement là-dessus. J'ai pris connaissance d'une
brochure qui fait de la promotion pour les maternelles privées, dans
laquelle il est clairement dit: Si vous voulez que votre enfant ait une
dérogation, vous l'envoyez dans notre école en maternelle; on va
s'arranger pour qu'il fasse suffisamment d'apprentissage pour déroger et
on s'engage à entreprendre pour vous la démarche de
dérogation. Cela pose un problème d'équité profond.
Il va falloir, à un moment donné, qu'on se branche.. Je suis
d'accord avec vous. C'était l'engagement de mon parti, je vais le
répéter, qu'on s'en allait jusqu'au 31 décembre en
ajoutant un mois par année, de manière qu'au bout de trois ans on
ait atteint cet objectif. Mais, je ne voudrais pas que tout notre temps passe
sur ce point. Je pense qu'il est important de faire passer...
M. Frood: J'aimerais simplement dire aussi qu'on veut avoir une
normalisation. S'il y a des arrangements administratifs en cours, c'est mieux
que la situation antérieure. Mais il faut prendre l'autre porte,
d'après nous.
Mme Blackburn: Vous proposez, et vous n'êtes
peut-être pas en mesure de répondre à cette question, qu'on
relève le niveau de taxation permis dans les commissions scolaires.
Est-ce que vous avez envisagé de combien on devrait le relever?
M. Frood: On n'a pas identifié un montant précis.
Je pense que notre intention, sur ce point, est d'indiquer qu'on aimerait avoir
plus de flexibilité au point de vue d'une taxe scolaire et a
possibilité avec la réglementation, pour les commissions
scolaires, de hausser selon les besoins, mais dans un cadre et avec certaines
limites pour s'assurer qu'il y ait une équité dans le
système, juste pour renforcer la discrétion locale de
taxation.
Mme Blackburn: Concernant le comité d'école, il me
semblait que, dans votre mémoire, vous défendiez davantage une
représentation unique. Mais, il me semble que dans votre
présentation vous étiez plus nuancé en disant que le
conseil d'orientation, du moment que c'est le comité d'école qui
nomme les parents au conseil d'orientation... Est-ce que je me trompe?
M. Frood: Notre préférence, essentiellement, est de
continuer avec les comités d'école. Selon notre
expérience, les comités d'école fonctionnent. On a une
influence et ce n'est pas une préoccupation pour nous d'être
impliqués formellement dans le processus décisionnel d'une
école. Nous sommes plus orientés vers une implication des
comités de parents et aussi vers des représentations aux
commissions scolaires pour exprimer les positions et participer à ce
niveau. Nous croyons que c'est vraiment dans les commissions scolaires et au
ministère de l'Éducation qu'il y a les centres critiques de
décision pour nos enfants.
Mme Blackburn: Concernant le droit de vote des parents
commissaires, vous êtes d'accord, vous dites cependant que le
comité de parents pourrait décider chaque année si le
représentant des parents pourra utiliser ce droit de vote ou non. Cela
m'a surprise comme position.
M. Frood: On regrette un peu de le présen-ter d'une
façon facultative. Effectivement, si on réalise qu'on adopte une
position minoritaire concernant le droit de vote, c'est simplement qu'on veut
essayer de réaliser une situation où ce serait possible pour les
parents d'exercer un droit de vote, mais ce n'est pas obligatoire. S'il ya
d'autres commissions scolaires ou d'autres comités de parents qui ne
veulent pas exercer un droit comme celui-là, cela peut être
facultatif; mais pour nous, on croit que ce serait préférable
d'avoir formellement le droit de vote.
Mme Blackburn: D'accord. Vous êtes favorables au droit de
vote.
M. Frood: Oui, clairement.
Mme Blackburn: D'accord. Le temps qui m'était imparti est
écoulé. Je vous remercie infiniment de votre participation aux
travaux de cette commission. Certaines de vos recommandations, je pense plus
particulièrement à celles touchant la fermeture des petites
écoles, le choix des écoles, sont intéressantes et
pertinentes et, en temps utile, je saurai les rappeler au ministre. Je vous
remercie.
M. Frood: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je suis heureux d'être d'accord avec ma
collègue, la députée de Jacques-Cartier, et avec la
députée de Chicoutimi dans les commentaires élogieux
qu'elles ont toutes deux formulés à l'endroit de votre
mémoire. Je pense que vous avez préparé un mémoire
sérieux et consciencieux. Il nous est très utile. J'en ai
apprécié le ton modéré et responsable. Nous ne
sommes pas de la même opinion sur toutes les questions, mais c'est tout
à fait secondaire. Je crois que la présentation du mémoire
est dans la ligne du dialogue, de la discussion raisonnable et soyez
assurés que tout ce que nous pourrons retenir de votre mémoire,
nous le ferons avec grand plaisir. Vous nous avez fait voir des aspects de la
réalité dans votre milieu dont nous devons essayer de tenir
compte et nous le ferons dans toute la mesure où ce sera compatible avec
le bien général du Québec dont nous devons
également nous préoccuper.
Je voudrais dire un petit mot sur la question de l'âge d'admission
dont vous parlez dans votre mémoire. Essentiellement, nous recommandons
que l'âge d'admission continue d'être déterminé par
le gouvernement au-delà du seuil qui est défini. Le gouvernement
garderait de la marge pour devancer ou différer la date qui sert
à déterminer l'âge d'admission et nous agissons de la sorte
parce que nous ne voulons pas inscrire dans une loi comme celle-ci un nombre
inconsidéré d'engagements budgétaires. Cette
décision-là comporte des engagements budgétaires
importants et nous croyons qu'elle ne doit pas être prise de
manière permanente pour ce qui est de la loi, dans l'état actuel
des ressources et des besoins du Québec. Les ressources sont
limitées, les besoins sont criants dans un grand nombre de secteurs et
le gouvernement, au moment où nous avons préparé le projet
de loi, n'était pas prêt à contracter un engagement durable
dans la ligne de ce que vous proposez, disons à partir d'un changement
qui reporterait la date pour l'admissibilité au 31 décembre
plutôt qu'au 30 septembre, comme c'est le cas actuellement. Mais,
fondamentalement, nous sommes d'accord avec vous sur l'objectif du 31
décembre, nous l'avons dit à maintes reprises.
Comme vous le signalez dans votre mémoire, l'élargissement
des motifs d'exemption que nous avons institué cette année nous
conduit vers cet objectif. Nous avons voulu que les enfants, dans le cas
desquels un report de l'admission à l'école entraînerait un
préjudice sérieux étant donné le stade de
développement où ils sont rendus ou le contexte familial et
social dans lequel ils vivent, puissent avoir la chance d'entrer plus vite
à l'école. Cette année, il y aura un nombre de
dérogations substantiellement plus élevé à cause de
cette politique qui a été instituée. Je dois ajouter que
dans un bon nombre de commissions scolaires, quand les parents n'avaient pas
les ressources pour faire subir à leur enfant l'examen qui était
nécessaire - ce n'était pas nécessairement un examen de
psychologue, nous autres, quand c'est un examen très sérieux qui
a été fait par des personnes compétentes, nous l'examinons
avec intérêt - il y a beaucoup de commissions scolaires qui ont
pris la charge de ces examens à leurs frais. Par conséquent,
c'est sûr que ce n'est pas l'égalité parfaite, absolue,
mathématique, mais les chances d'inéquité ont
été réduites au minimum. Au cours de l'année
1988-1989, il y aura quand même quelques centaines d'enfants de plus qui
pourront avoir accès à l'instruction plus vite, et je m'en
réjouis. J'espère que nous pourrons aller encore plus loin dans
le sens de la recommandation formulée. (16 h 15)
J'ai bien apprécié le caractère nuancé du
jugement que vous portez là-dessus. Je pense que vous avez l'oreille
assez proche des préoccupations de ceux qui sont obligés de
prendre des décisions sur ces choses et votre mémoire nous est
très utile de ce point de vue.
J'ai également bien apprécié vos commentaires sur
les commissions scolaires linguistiques. Je pense que c'est dit de
manière très équilibrée et fort juste. Vous dites:
Chez nous, il n'y a pas de problème criant dans le système
actuel. Mais vous voyez des avantages que pourraient présenter les
commissions scolaires linguistiques. La manière dont c'est dit ne peut
que susciter une nouvelle réflexion chez nous et c'est très
utile.
Concernant le rôle des parents, je pense que nous trouverons un
équilibre entre le comité d'école et le conseil
d'orientation qui permettra d'éviter la plupart des inconvénients
que vous indiquez avec justesse. L'organisme de base sera le comité
d'école; le conseil d'orientation sera davantage vu comme structure
complémentaire et non pas parallèle ou compétitive.
À ce moment-là, les artisans de l'école peuvent se
retrouver dans les enseignants, la direction, le personnel professionnel ou de
soutien, les parents. Ce n'est pas une mauvaise chose. Ils ne sont pas
obligés de se réunir toutes les semaines. Pour la
définition du projet éducatif, cela peut être bon et que le
comité d'école occupe sa place, accomplisse son travail de base,
soit l'instance qui regroupe régulièrement les parents. On peut
garantir d'ores et déjà que ce sera assuré dans les
modifications qui seront apportées au projet de loi. |
Par conséquent, sur plusieurs points nous nous retrouvons. Il y a
la question du droit de vote des parents commissaires. Nous avons un dilemme
parce que les voix que nous entendons de la part des parents sont
partagées. Nous sommes obligés de considérer
jusqu'à nouvel ordre que la majorité des comités de
parents dans tout le Québec préfèrent qu'il n'y ait pas,
droit de vote. C'est l'avis que nous a donné la Fédération
des comités de parents. Nous avons entendu quelques voix dissonantes
depuis deux jours, mais quand nous en aurons entendu une dizaine - c'est le
maximum; il y a au-delà 200 comités de parents dans tout le
Québec - nous serons obligés de tenir compte de cette voix. C'est
une question sur laquelle nous étions assez partagés nous aussi.
Je suis content de connaître votre point de vue. Vous l'exprimez avec
clarté et avec netteté. On va y penser encore une fois.
This being said, I can only thank you most warmly for the excellent and
very responsible presentation which you made to this committee and I wish to
assure you that your comments will be very helpful to those who will have the
responsibility for drafting the final edition of this Bill. Thank you very
much.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme Kirjan et M. Frood, merci beaucoup.
M. Frood: Merci.
Comité d'école Saint-Jude de la
Commission scolaire de Châteauguay
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'invite
maintenant le Comité d'école Saint-Jude à prendre place
à la table.
La commission permanente de l'éducationl poursuit ses travaux et
accueille maintenant le Comité d'école Saint-Jude de la
Commission scolaire de Châteauguay. Le comité d'école est
représenté par M. Yves Marcoux, son président, qui est
accompagné par M. Pierre Jones, membre et
délégué.
M. Marcoux, la commission a prévu de vous entendre durant environ
45 minutes. Alors, on! vous suggère de commencer immédiatement
à présenter votre mémoire et après, le reste du
temps sera réparti également entre les deux formations
politiques.
Je veux aussi vous remercier, M. Marcoux et M. Jones, d'avoir bien voulu
répondre à notre invitation de venir nous faire connaître
votre point de vue sur les projets de loi 106 et 107. Alors, messieurs, nous
vous écoutons.
M. Marcoux (Yves): M. le Président, M. le ministre,
mesdames, messieurs de la commission, je voudrais vous présenter M.
Pierre Jones, à
mes côtés, qui est membre du Comité d'école
jSaint-Jude depuis 1981. Il est délégué au Comité
de parents de la Commission scolaire de Château-guay et
représentant des parents au conseil scolaire depuis 1985.
M. Jones (Pierre): Moi, j'ai le plaisir de vous présenter
M. Marcoux, qui est membre du Comité d'école Saint-Jude depuis
1983, qui a été délégué au Comité de
parents de la Commission scolaire de Châteauguay entre 1983 et 1984, qui
a été aussi représentant au conseil scolaire et qui est
président du Comité d'école Saint-Jude depuis 1985.
Nous avons été mandatés par le Comité
d'école Saint-Jude à titre de porte-parole pour la
présentation du mémoire qu'il vous a soumis. Étant
donné que le ministre semble vouloir donner une place
prépondérante aux parents dans le système scolaire et que,
comme vous avez pu le constater par notre présentation, nous sommes
conscientisés par le rôle important que doivent jouer les parents
dans ce système, nous avons accepté avec plaisir votre invitation
de venir préciser certaines des observations, objections et
réserves que nous avons manifestées par le biais de notre
mémoire sur le projet de loi 107.
Il est évident que tous les intervenants du milieu ont des vues
personnelles sur ce que devrait être la place accordée aux
parents. Nous nous réjouissons de constater que le ministre
désire impliquer de plus en plus les parents dans la structure
décisionnelle des commissions scolaires. Cela se voit aussi dans la
réforme de la Loi sur les élections scolaires.
Cependant, certains articles rendent confuse et difficile d'application
cette volonté de participation des parents, et nous croyons essentiel de
faire valoir ici ces préoccupations.
M. Marcoux: M. le Président, cette tribune nous
étant offerte, nous désirons en profiter pour mettre en
évidence deux points principaux sur lesquels nous voudrions mettre une
certaine insistance. Premièrement, la pertinence du comité
d'école par rapport au conseil d'orientation. Nous voudrions ici vous
démontrer que le comité d'école devient caduc lorsque le
conseil d'orientation existe. Nous croyons que la création du conseil
d'orientation est cohérente avec la philosophie exprimée par le
ministre et que ce conseil jouera un bien meilleur rôle dans le projet
éducatif de l'école, car il sera décisionnel à
beaucoup de points de vue. La présence du comité d'école
en même temps que celle du conseil d'orientation risque de créer
confusion et incertitude dans l'application pratique.
Cependant, il serait très important d'apporter une modification
à l'article 57 du projet de loi en ce qui a trait à la
détermination du nombre de membres de ce conseil d'orientation. Tout en
laissant aux commissions scolaires le soin de déterminer le nombre de
leurs employés qui y siégeront, le ministre aurait
intérêt, à l'instar de la loi 71, à
décréter le nombre de parents qui y participeront. Si vous vous
référez aux pages 9 et 10 de notre mémoire, vous y
trouverez les arguments qui nous portent à penser de cette
façon.
M. Jones: II nous paraît illusoire de conserver la
structure du comité d'école dans la nouvelle loi. En effet, la
nature du conseil d'orientation rend caduque l'existence de ce comité.
Il y a aussi le fait que le comité de parents pourrait
théoriquement être composé de membres de comité
d'école et aussi de membres de conseil d'orientation. Ceci rendrait
confus le fonctionnement, les objectifs et les orientations du comité de
parents. Le rôle du comité d'école avec la nouvelle loi
sera grandement modifié et, à notre avis, très secondaire.
Les seuls pouvoirs décisionnels pouvant être
délégués à l'école par le conseil scolaire
le seront au conseil d'orientation. Il serait même possible que le
comité d'école ne soit pas suffisamment en relations constantes
avec le conseil d'orientation pour avoir une maîtrise complète de
la connaissance des éléments du projet éducatif de
l'école.
Losqu'un comité d'école existera, le
délégué au comité de parents devra obligatoirement
en provenir; et pour les raisons mentionnées précédemment,
celui-ci pourrait ne pas pouvoir remplir son rôle de la même
façon qu'un délégué provenant du conseil
d'orientation d'une école ayant choisi de ne pas se doter de
comité d'école. Cette situation créerait un climat
difficile à l'intérieur du comité de parents et
affecterait sûrement son fonctionnement et son interaction dans le
système scolaire.
M. Marcoux: Deuxièmement, la date de constitution du
conseil d'orientation et, s'il y a lieu, du comité d'école.
Selon les parents du Comité d'école Saint-Jude,
impliqués depuis plusieurs années, il serait beaucoup plus
efficace de constituer le conseil d'orientation en mai plutôt qu'en
octobre. Plusieurs raisons les incitent à penser ainsi. À la
lecture du mémoire, vous avez sûrement noté, aux pages 14
et 15, que plusieurs facteurs semblent n'avoir pas été
considérés lorsque la proposition de changer la date de
constitution de l'assemblée générale des parents fut
incluse au projet de loi.
M. Jones: Nous croyons que la date de convocation de la
réunion générale des parents dans le but de former le
conseil d'orientation et, possiblement, le comité d'école devrait
se lire "avant le 15 mai" dans l'article 58. Une autre réunion
générale serait convoquée avant le 15 octobre et un nombre
suffisant de sièges au conseil d'orientation et, s'il y a lieu, au
comité d'école, devraient être laissés vacants
à la réunion précédente afin de permettre aux
nouveaux parents de l'école de participer. Autrement dit, c'est un peu
ce qui existe présentement.
Cette modification est importante, car il serait inapproprié pour
un conseil d'orientation qui a comme responsabilités, entre autres, de
donner son avis sur le budget de fonctionnement de l'école, de faire des
recommandations sur les modalités d'application du régime
pédagogique, sur l'adaptation des programmes, sur l'organisation
physique de l'école, etc., quand techniquement ce conseil d'orientation
sera remplacé par un autre au moment de l'application de toutes ces
démarches... L'organisation du fonctionnement d'une école est
déjà terminée depuis au plus tard le 1er juillet
précédent.
Une autre raison nous poussant à réclamer une modification
à la date de constitution du conseil d'orientation se manifeste dans la
discrimination pouvant être exercée contre les parents
d'élèves fréquentant la dernière année du
primaire ou du secondaire. Ils perdront leur qualité de membre trois
mois et demi avant la fin de leur mandat potentiel. Serait-il profitable de les
élire? Si oui, comment réussirons-nous à les remplacer au
1er juillet? Dans le cas de la commission scolaire où le secondaire de
premier et deuxième cycles est dispensé dans des écoles
différentes, comme c'est le cas notamment à Châteauguay, il
est déjà assez difficile d'assurer une continuité dans les
comités d'école où l'on dispense les secondaires ! et il,
à cause de la courte durée du passage des élèves.
C'est d'autant plus difficile, voire impossible, de constituer un nouveau
conseil d'orientation chaque année sous prétexte que la
qualité nécessaire pour être membre échoit avant
terme pour les parents des élèves de secondaire II.
M. Marcoux: II y a plusieurs autres sujets qui sont
traités dans le mémoire. Cependant, les deux points auxquels nous
venons de faire référence constituent les préoccupations
majeures de notre comité d'école. Sûrement que d'autres
parents qui n'ont pas eu la chance de venir se présenter ici seraient de
notre avis.
M. le Président, M. le ministre, nous désirons vous
remercier de nous avoir donné cette chance. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je crois que c'est
nous qui avons à vous remercier d'avoir répondu de façon
positive à l'invitation de la commission permanente de
l'éducation. La lecture de votre mémoire montre
l'intérêt que vous portez à ces deux projets de loi.
Dans un premier temps, je vais reconnaître, du côté
ministériel, M. le député de Châteauguay... M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Châteauguay, je laisse cela à Pierrette,
elle fait bien cela.
Je suis vraiment heureux de recevoir deux de mes concitoyens de
Châteauguay parce que je demeure avec vous autres, sur ia 3ème
Avenue, et qu'en même temps, vous représentez la belle
école de Saint-Jude que quatre de mes enfants ont
fréquentée. Laissez-moi vous dire que vous avez une très
belle réputation, à Saint-Jude.
Votre mémoire est vraiment quelque chose de bien. Je l'ai bien
aimé, c'est un vrai petit bijou. C'est clair, c'est succinct et c'est
très bien ordonné. Vous nous faites part surtout de votre
implication du point de vue des parents à propos de la loi 107. Vous
êtes d'accord, nous dites-vous, avec le projet de loi. Cependant, vous
nous apportez quelques réserves, des objections, etc. C'est normal. On
est ici justement pour entendre toutes ces observations afin
d'améliorer, si possible, le projet de loi. Alors, on les reçoit
toujours avec plaisir.
Maintenant, je reviens sur certains points qui me semblent plus
importants dans votre mémoire. Vous venez d'en signaler deux sur
lesquels je demanderais des explications. Vous nous dites, dans un premier
temps, que la nature du conseil d'orientation rend caduque l'existence d'un
comité d'école. Mais, vous ne nous avez pas dit quelle
était votre préférence là-dessus. Alors, est-ce
qu'on peut vous demander ce que vous préférez, soit maintenir le
conseil d'école ou prendre la nouvelle formule, le conseil
d'orientation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Jones ou M.
Marcoux.
M.Jones: En fait...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Jones? (16 h
30)
M. Jones: Oui, ce qu'on dit pour le conseil d'orientation, c'est
qu'on est d'accord avec le concept et le principe d'impliquer les parents dans
le processus décisionnel. Alors, le conseil d'orientation est notre
préférence dans ce cas-là, mais le comité
d'école a quand même une certaine fonction, un certain rôle
à jouer. Lorsque M. le ministre parlait tantôt de la
possibilité de faire une espèce d'amalgame ou de compromis entre
les deux, je pense que si on pouvait essayer de conserver les avantages de
chacun des deux systèmes dans le même, cela répondrait en
fait à notre inquiétude. C'est surtout en ce qui a trait au
mélange que l'on peut voir, où à certains endroits ils
vont choisir d'avoir un comité d'école et un conseil
d'orientation; le comité de parents sera formé du
représentant du comité d'école. Le comité
d'école n'aura peut-être pas les mêmes préoccupations
que le conseil d'orientation, en ce qui concerne le projet éducatif. Il
n'aura pas la même représentation, la même idée de ce
qui se passe ou de ce qui doit être véhiculé par le
comité de parents face à la commission scolaire. Alors cela peut
amener certaines confusions.
Le fait que le comité d'école soit facultatif a
été placé dans l'optique selon laquelle, si un nombre
suffisant de parents ne peuvent être élus au conseil
d'orientation, ils aient la possibilité de s'impliquer par
l'intermédiaire du comité d'école.
Ce que l'on dit - parce que le projet de loi à l'article 57 dit
que la commission scolaire Décrétera le nombre de membres du
conseil d'orientation - ce qu'on demandera au ministre à ce
moment-là, c'est de permettre dans la loi à la commission
scolaire de nommer les membres du conseil d'orientation parmi ses
employés, mais que la loi décrète la participation des
parents, comme c'est le cas présentement dans la loi 71 avec le
comité d'école, où on laisse la possibilité entre 5
et 23 parents d'être membres d'un comité d'école. La
même chose pourrait s'appliquer au conseil d'orientation et cela
permettrait à ce moment-là d'intégrer les deux
structures.
M. Hains: Alors vous insistez aussi - c'est très bien -
sur l'admissibilité à l'école. On en a beaucoup
parlé tout à l'heure avec M. le ministre et avec le groupe qui
vous a précédés. Pour vous aussi probablement,
l'idéal serait le 31 décembre. Je ne sais pas si cela satisfait
à vos objectifs là-dessus. Évidemment, comme on vous l'a
dit, c'est surtout une question budgétaire qui nous empêche
actuellement de le faire, mais progressivement on va parvenir à cette
date qui semble être la date idéale pour tout le monde. On vous a
parlé des dérogations aussi, et je pense bien que grâce
à la manière d'agir de notre ministre, on peut quand même
donner des chances à des enfants qui sont aptes à commencer un
peu plus tôt. Je ne reviendrai pas là-dessus.
Une chose qui vous intéresse beaucoup, c'est le transport
scolaire. Vous demandez à la page 10 de votre mémoire, s'il y a
possibilité de donner le transport aux élèves le midi pour
aller dîner à la maison ou de garder des élèves
à l'école pour le dîner. Vous ne semblez pas accepter les
deux mesures à la fois. Est-ce que je comprends bien votre idée
là-dessus?
M. Marcoux: À Saint-Jude, on a opté pour ia
solution de voyager les enfants le midi pour qu'ils puissent dîner
à la maison. À la lueur de plusieurs interventions de professeurs
et de spécialistes dans cette matière, il est bien clair que les
enfants qui vont chez eux pour dîner reviennent en après-midi
beaucoup plus calmes et c'est plus intéressant pour tout le monde. Donc,
c'est entendu que l'on voudrait garder le statu quo dans ce domaine,
c'est-à-dire continuer à voyager nos enfants le midi.
M. Hains: Si vous voulez continuer cela, vous n'acceptez
cependant pas facilement que certains élèves ne puissent pas
profiter du transport le midi et vous ne voulez pas faire la garde des enfants
à l'école?
M. Marcoux: Effectivement. À l'école Saint-Jude,
faire de la garde à l'heure du midi signifierait installer soit une
cafétéria ou un local pour faire des dîners. Or, à
l'école Saint-Jude, l'espace est un gros problème, on n'en a pas
carrément. Donc, il est absolument impensable de commencer à
entasser les enfants pour leur faire un espace de dîner où les
enfants dîneraient dans un climat désagréable. Pour nous,
c'est le manque d'espace qui est le principal argument, et le manque
d'écoles évidemment dans notre secteur à
Châteauguay, qui fait qu'on est tellement entassés.
M. Hains: Cela m'est arrivé à plusieurs occasions,
le midi, de passer par votre coin. Évidemment, c'est une parade de
bicyclettes pas ordinaire. C'est vraiment beau de voir partir les enfants
chaque midi pour s'en aller dîner à bicyclette et d'autres qui
prennent le service d'autobus.
Maintenant, vous insistez beaucoup aussi sur la question des cahiers
d'exercices et vous vous demandez - je ne sais pas si on vous donnera la
réponse tout à l'heure - si cela fait vraiment partie du
matériel didactique. Vous voulez aussi l'uniformité des manuels
pour le même territoire. Je pense bien que je n'ai pas besoin de beaucoup
d'explications sur cela, mais pour la question, disons, des cahiers
d'exercices, est-ce que cela vous crée quand même des
problèmes?
M. Jones: Les cahiers d'exercices. Voyez-vous, c'est parce que
certains cahiers d'exercices, surtout en ce qui concerne l'anglais, en ce qui
concerne les mathématiques en deuxième année -
première et deuxième années, je crois - où il
manque le manuel de base. En anglais, il y a un manuel de base, mais le cahier
d'exercices est obligatoire. Alors, le cahier d'exercices obligatoire, pour
autant que je suis concerné, cela veut dire que cela devient un manuel
de base. M. le ministre, d'ailleurs, avait déjà fait cette
remarque dans une allocution à la Fédération des
comités de parents où les manuels de base devraient être
complets en eux-mêmes, sans la nécessité d'un cahier
d'exercices. Dans le cas du programme d'anglais, ce n'est pas exact, parce
qu'il le faut absolument; le cahier d'exercices est obligatoire.
Dans le cas des programmes de mathématiques de première et
deuxième années, il n'y a pas encore de manuel de base
approuvé par le ministère. Alors, on est obligés, pour
traiter cette matière, d'utiliser des cahiers d'exercices. Si on est
obligés d'utiliser des cahiers d'exercices, à ce
moment-là, pourquoi les parents doivent-ils défrayer les frais de
ces cahiers? Il y a un problème, peut-être, en ce qui concerne
l'acceptation des manuels, mais n'empêche que cela se répercute
sur les parents, en ce sens que ce sont des coûts additionnels et comme
plusieurs l'ont mentionné, je suis sûr que cela a
déjà été traité dans d'autres rencontres
à d'autres journées précédentes aussi. Ces
coûts-là augmentent sérieusement et je pense qu'il devrait
y avoir un effort additionnel fait en ce sens.
M. Hains: Maintenant, votre contestation, je pense, est plus vive
à la page 8, où vous mani-
testez même un petit peu de mauvaise humeur. C'est la
première fois que j'ai cru remarquer cela. À la page 8, vous
dites ceci, au troisième paragraphe: "L'approbation par le
ministère des volumes de base (brillant souvent plutôt par leur
absence) suite à l'implantation de nouveaux programmes, crée
déjà suffisamment de confusion et de mécontentement qu'il
serait opportun de privilégier le plus d'uniformité possible
à l'intérieur de chaque commission scolaire."
Donc, vous avez l'air d'avoir un petit peu en rogne les nouveaux
programmes qui sont installés; pourquoi? Il y a un manque de manuels? Il
y a un manque et cela bouleverse un peu la pédagogie des professeurs?
Que pensez-vous de tout cela? Racontez-nous cela.
M. Jones: Ce ne sont pas nécessairement les nouveaux
programmes comme tels. C'est que souvent les nouveaux programmes sont
implantés sans que les manuels soient disponibles. Et cela crée
beaucoup de difficultés. Quand un petit bonhomme ou une petite bonne
femme en première ou deuxième année se promène avec
des paquets de feuilles polycopiées - parce qu'il n'y a pas de manuel -
et qu'on en perd d'un bord ou de l'autre, ce n'est pas la meilleure situation;
tu ne peux pas non plus toujours être capable d'aider tes enfants si tu
n'as pas les choses nécessaires qui l'accompagnent. Lorsque cela
crée l'obligation d'acheter des cahiers d'exercices, cela devient encore
moins intéressant.
Mais en ce qui concerne tous les volumes dans une commission scolaire,
quand on demande à une commission scolaire de faire un choix uniforme de
volumes, bien, c'est surtout pour permettre la possibilité de changer
d'école. Parce que cela arrive souvent à Châteauguay.
Justement on a parlé tantôt de manque d'espace. On a à
refaire des cartes scolaires. On a à transporter chaque année des
gens d'une école à l'autre parce qu'il faut essayer
d'établir le nombre d'élèves de façon
adéquate. Alors, lorsqu'on change d'école d'année en
année et qu'on n'a pas les mêmes manuels dans chaque école,
bien, cela devient un petit peu complexe pour l'étudiant. Et si le
changement se fait en cours d'année, bien là, c'est encore pire,
parce qu'il travaillait avec un manuel à un certain endroit, avec un
autre à un autre endroit. Le contenu du programme est le même dans
le manuel, mais il est peut-être disposé de façon
différente. Il est peut-être appliqué de façon
différente dans différentes écoles à cause du
manuel différent. Alors, c'est là qu'on voit un problème.
On peut quand même prévoir qu'il peut y avoir une digression en ce
qui concerne le choix de certaines écoles, par exemple, qui voudront se
doter d'un projet éducatif qui privilégiera une certaine
orientation comme les arts, les sciences ou la musique, pour permettre une
certaine différence dans le choix des manuels. Mais lorsque le conseil
d'orientation ou le comité d'école aura recommandé...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Par contre, quand
vous dites que notre texte reflète un peu une mauvaise humeur au niveau
des cahiers d'exercices, la situation qu'on vit c'est qu'on est un petit peu
pris en otage, à ce moment-là. De nouveaux programmes sont
implantés et les professeurs n'ont pas de manuel de base. Donc, la
première solution qui leur vient, c'est un cahier d'exercices puis
là on a l'impression que si l'on n'approuve pas la liste de cahiers
d'exercices, on leur enlève quelque chose pour travailler et que ce sont
les enfants qui vont en souffrir. Donc, on vit là une drôle de
situation.
M. Hains: Je voulais justement vous donner l'opportunité
de manifester un petit peu cette mauvaise humeur, et j'en suis très
heureux.
M. Jones: Merci.
M. Hains: Maintenant, c'est clair que Châteauguay
déborde aussi au point de vue du nombre d'élèves. Inutile
de dire que s'ils finissent par aboutir à quelque chose de mieux pour le
pont Mercier, Châteauguay va continuer à grandir puis, dans vos
mémoires, il faudra peut-être aussi marquer la demande pour de
nouveaux locaux. C'est le temps d'en parler avec le ministre qui n'est pas loin
de vous.
Une voix: Ha, ha!
M. Hains: Je vous remercie de votre beau travail et de votre
généreuse implication, et je vous souhaite un bon retour a
Châteauguay. Merci.
M. Jones: Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le député de Saint-Henri. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Chicou-timi, qui est la porte-parole de l'Opposition
officielle en matière d'éducation.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, en écoutant le député de Saint-Henri, je
me disais que peut-être le ministre aurait tantôt des annonces
à aller faire dans cette région parce que je sais que les
problèmes sont plutôt criants en matière d'espace dans les
écoles et qu'il y a des demandes qui datent. Effectivement, j'ai eu
l'occasion d'en prendre connaissance il y a de cela un an, et je sais qu'il y a
des problèmes réels. Je dirais que cela pose un problème
d'équité dans les services offerts aux clientèles. Quand
vous nous dites que ce n'est quasiment pas possible d'offrir des services de
réfectoire le midi pour les élèves, et qu'il faut qu'ils
choisissent entre le transport scolaire et manger à l'école parce
que, d'autre part, cela coûterait trop cher, cela veut dire que les
enfants sont obligés de retourner chez eux, dans notre système
actuel, quitte à ne trouver
personne à la maison parce que les deux parents availlent.
Je trouve que cela commence... C'est parce que le système
scolaire tarde à s'harmoniser avec ce que vivent les enfants et les
familles actuellement. On estime que d'ici peu, d'ici la fin de la
présente décennie, ce seront 80 % des enfants de 5 ou 6 ans qui
vont être à l'école dont les mères seront sur le
marché du travail. Cela veut dire qu'un peu plus tard, ces enfants
seront au Secondaire, et que la très grande majorité d'entre eux
se retrouveront le midi dans une maison vide. Je pense que ce problème
d'espace dépasse juste l'intérêt strict d'organisation
scolaire et que cela nuit à l'intérêt et au
développement des élèves et des enfants. Dans votre
mémoire - vous avez longuement élaboré tè-dessus,
mais on a eu des avis différents - quant à l'opportunité
de maintenir ou non le comité d'école, l'argument qui m'a
probablement le plus touchée... Je ne peux pas dire que j'ai une opinion
complètement arrêtée là-dessus à savoir s'il
faut conserver les deux structures. Beaucoup de parents sont venus nous dire
que c'était lourd parce que cela exigeait, comme vous le disiez, la
présence du conseil d'orientation, du comité d'école, du
comité de parents et, des fois, un suivi des activités de la
commission scolaire. L'argument qu'on a utilisé pt qui m'a
peut-être le plus impressionnée, c'était que le conseil
d'orientation s'occupe de questions à caractère
pédagogique, tout ce qui tourne autour de la pédagogie des
manuels scolaires, des méthodes d'enseignement, de la discipline, ainsi
de suite, tandis que le comité de parents pourrait davantage en
être un de promotion - il y en a qui parlaient de relations publiques -
et un groupe dans lequel on se retrouverait entre pairs, c'est-à-dire un
peu comme les enseignants entre eux, comme les cadres entre eux. Les parents se
retrouveraient entre eux et non pas en train d'essayer de composer avec
d'autres personnes du milieu. C'était l'argument qui était
utilisé pour dire qu'on devait maintenir les deux structures, à
condition que le comité d'école ait la responsabilité de
nommer les parents qui vont siéger au conseil d'orientation, et ainsi de
suite. Je trouvais que c'était un argument qui se défendait, mais
vous, vous dites: À tout prendre, on préfère le conseil
d'orientation. (16 h 45)
M. Jones: M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, monsieur.
M. Jones: En fait, nous concevons le rôle des parents
impliqués dans le système scolaire comme étant
plutôt, justement, préoccupés par la pédagogie et
les choses qui touchent le projet éducatif plutôt que l'aspect
social des choses. Quand un comité d'école est constitué,
je pense qu'il se doit d'avoir des vues sur ces objectifs-là. Le conseil
d'orientation et le comité d'école ne vont pas vraiment entrer en
conflit, mais ils n'auront pas les mêmes possibilités d'action
dans le système parce que le conseil d'orientation va devenir, à
certaines instances, décisionnel sur certains points tandis que le
comité d'école va demeurer encore consultatif. Le plus gros
problème là-dedans, c'est la présence des parents au
comité de parents - non au comité d'école, mais au
comité de parents - qui, lui, est consultatif à la commission
scolaire. Cela permet d'avoir des parents qui vont venir, d'un
côté, de certains comités d'école et, de l'autre
côté, de certains conseils d'orientation. On pense que de cette
façon-là, cela ne donnera pas une bonne représentation des
parents pour ce qui est du comité de parents qui, lui, va transiger avec
la commission scolaire. Cela va faire un mélange de parents qui sont
impliqués à différents niveaux, et cela peut créer
certaines difficultés. On ne dit pas qu'il est impossible que cela
existe, mais disons que je pense qu'il devrait y avoir, comme je vous le disais
tantôt, un amalgame entre les deux entités ou qu'on laisse tout
simplement tomber le comité d'école pour favoriser le conseil
d'orientation, mais en prenant soin de s'assurer qu'il y ait suffisamment de
parents qui puissent participer à ce conseil d'orientation.
On touche aussi à un autre point en ce qui concerne le budget et
le financement du conseil d'orientation dans le mémoire, où on
dit que le ministre devrait s'assurer que des commissions scolaires n'entravent
pas - à certains endroits, il n'y a pas de problème mais à
certains autres endroits, il est possible que cela crée certaines
difficultés - la participation des parents par un financement
déficient au niveau du conseil d'orientation ou de la possibilité
d'existence du conseil d'orientation. Cela aussi il va falloir, je pense,
prendre soin de regarder cela.
Mme Blackburn: Est-ce que le budget du conseil d'orientation
devrait être géré par le conseil d'orientation ou, comme le
suggérait une autre association, un autre groupement tantôt, par
le directeur de l'école?
M. Marcoux: Je pense qu'il devrait être géré
par le conseil d'orientation. Ce budget-là pourrait être tout
simplement, disons, octroyé soit par la commission scolaire ou le
ministère, sauf que c'est sûr que la gérance de ce budget
doit être faite par le conseil d'orientation.
Mme Blackburn: D'accord. Pour revenir à la conclusion que
peut générer le fait que le parent siégeant au
comité de parents pourrait être issu soit du comité de
parents ou encore du conseil d'orientation, cela peut poser un problème
parce qu'ils n'ont pas la même expérience au sein de leur
école. Est-ce que ce problème on pourrait le résoudre en
indiquant dans la loi que c'est le conseil d'orientation qui désigne le
parent qui
doit siège au comité de parents, et que ce parent doit
être également membre du comité d'orientation? Cela pose
peut-être des problèmes de disponibilité aussi pour ces
parents-là?
M. Jones: Disons que, habituellement, on n'est pas obligés
de mettre des gardes de la sécurité et de bloquer les portes
quand il y a des convocations de réunions de parents, d'accord.
Mme Blackburn: Oui, surtout au secondaire.
M. Jones: C'est cela. Il n'y a pas de grosse foule qui
voudrait... Oui, c'est surtout toujours où il y a des problèmes
dans certaines écoles qu'on a des réunions, parce qu'il y a
beaucoup de parents puis là tout le monde va embarquer sur le
comité. Dans certains endroits, il y aurait peut-être lieu - je
pense que c'était aussi l'argument de la Fédération des
comités de parents - que le comité de parents puisse servir
d'exutoire au nombre de parents qui ne pourraient pas être choisis au
sein du conseil d'orientation, mais je pense que c'est un petit peu de
l'"overkill" que de permettre les deux structures. On devrait avoir une
structure qui permette la participation de tous les parents qui veulent y
participer en leur donnant les pouvoirs décisionnels que le ministre
semble vouloir accorder avec le projet de loi. Je pense que ce serait la
façon la plus acceptable ou la structure la plus acceptable en ce qui
nous concerne, du moins.
Mme Blackburn: Une question que vous n'avez pas abordée,
c'est le droit de vote du parent commissaire.
M. Jones: On ne l'a pas abordé, je pense un petit peu plus
parce qu'on pensait que c'était un droit, quelque chose d'acquis, que
cela faisait...
Mme Blackburn: Que ce n'était pas remis...
M. Jones:... que ce n'aurait pas fait de vagues autant que cela.
Moi-même étant représentant du comité de parents au
conseil scolaire, je suis totalement en faveur du droit de vote du
représentant parce que je pense qu'on nous offre là la
possibilité de nous lever debout et de tenir notre bout, et là on
s'assoit en arrière d'une branche et on dit: Non, non, on ne veut pas.
Je ne voudrais pas faire de... disons...
Une voix: On a compris!
M. Jones: Je pense que, et je l'ai mentionné tantôt
à M. Ryan lorsqu'on se parlait derrière, présentement...
J'ai pris l'initiative, avec une personne d'un autre conseil scolaire, de
contacter les représentants de comités de parents aux conseils
scolaires et de faire une espèce de sondage sur leur opinion. Je pense
qu'il serait peut-être important d'avoir l'opinion de ceux qui, seront
directement habilités à utiliser ce droit de vote-là.
Alors, cela va venir. J'ai dit à M. Ryan tantôt que je lui ferais
parvenir le résultat de ce sondage lorsque je l'aurai.
Mme Blackburn: Vous avez fait un sondage auprès des
parents commissaires.
M. Jones: Auprès des parents commissaires.
Mme Blackburn: Et ils sont largement favorables...
M. Jones: Bien, à ce que j'ai vu lors du récent
congrès de la Fédération des comités de parents
à Cap-Rouge au mois de mai, lors, d'ateliers au sujet justement du
rôle des parents' commissaires, la plupart des gens qui étaient
dans ces ateliers, qui étaient parents commissaires, manifestaient leur
étonnement face à la position de la Fédération des
comités de parents. Malheureusement, parce que ce n'était pas un
sujet à l'ordre du jour à ce moment-là, il n'y a pas eu de
résolution qui a été présentée contestant
ceci de la part des gens qui faisaient partie de ces ateliers, mais il y a eu
comme un peu une concertation des gens qui se sont retrouvés là
et qui se sont dit: II me semble qu'il faudrait peut-être regarder la
question un peu plus sérieusement et peut-être sensibiliser un peu
plus les gens à tout ce que ce droit de vote comporte comme devoir et
responsabilité. Vraiment, nous avons fait une analogie en parlant, par
exemple, de quelqu'un qui est dans l'Opposition au gouvernement et qui
refuserait son droit de vote parce que ses commettants n'ont pas voté
pour le gouvernement qui est au pouvoir. C'est un petit peu poussé
à l'extrême, mais je fais un parallèle avec cela.
Mme Blackburn: Cela ne change pas grand-chose mais, à
l'occasion, cela soulage.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, d'autres interventions?
Mme Blackburn: Oui. L'âge d'admissibilité à
l'école, vous dites dans votre mémoire que cela| demeure vague et
qu'il faudrait que cela soit précisé davantage. Il serait
important d'apporter plus de clarté à ces articles, vous parlez
de l'âge de l'admissibilité de fréquentation. Il semble,
d'après le texte des articles, que l'âge d'admissibilité
est bien de cinq ans mais quand exactement s'applique-t-il, peut-on lire
à l'article 3, et chaque commission scolaire peut le définir
selon son régime pédagogique. Qu'est-ce que vous
souhaiteriez?
M. Jones: C'est un point d'interrogation et on se demande ce que
c'est. En fait, ce qu'on souhaiterait, le comité de parents de la
commis-
sion scolaire de Châteauguay a pris position à |cet effet,
a envoyé une résolution à la Fédération des
comités de parents et aussi à la commission scolaire de
Châteauguay. Je pense que cela s'est rendu aussi jusqu'au
ministère de l'Éducation. La position du comité de parents
de Châteauguay est peut-être un peu différente de celle de
la majorité des autres comités de parents, à cet
effet-là. Nous souhaiterions que l'âge d'admissibilité soit
cinq ans au 30 juin plutôt qu'au 31 décembre parce que, selon les
gens qui se sont prononcés à cet effet, il est un peu...
l'opinion c'est qu'il est un peu jeune de caractère et de
maturité pour permettre à des élèves de commencer
l'école à cinq ans. C'est peut-être une opinion qui n'est
pas très partagée, mais c'est ce qui était le consensus.
La référence à cette chose-là dans le
mémoire, c'est une interrogation à l'effet que ce n'est pas clair
à quelle date l'admissibilité va être
considérée.
Mme Blackburn: Mais comme parent, vous trouvez que c'est un peu
jeune et que, plutôt que de les amener encore plus jeunes dans le
réseau, il serait préférable de...
M. Jones: II serait préférable de les faire
commencer peut-être un peu plus tard, ou de... Une enquête a
été faite à la commission scolaire de Châteauguay,
à l'effet de vérifier parmi les élèves lesquels
avaient cinq ans à la fin de septembre, combien il y avait
d'échecs parmi ces jeunes-là puis il semblerait que le
pourcentage est quand même assez élevé pour ce qui est de
la première année, deuxième année, peut-être
par certains manques de maturité. Notre position était aussi que
s'il y avait des cas où il était certainement possible, à
cause de la maturité suffisante puis, naturellement, à la suite
d'une évaluation comme il se fait présentement pour qu'il y ait
dérogations, que ces dérogations aussi soient acceptées.
Mais notre opinion était de reculer l'âge plutôt que de
l'avancer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): En conclusion.
Mme Blackburn: Bien. Je voudrais vous remercier de votre
participation aux travaux de cette commission. Vous êtes, je pense, un
des rares comités d'école à être venus ici faire
entendre sa voix. Je trouve cela intéressant. On a l'impression que
c'est davantage collé à la 'éalité, au vécu
plus près. On peut dire que les associations de parents qui se sont
présentées ici sont toutes issues d'écoles, mais d'avoir
le portrait de ce qui se passe dans une école en particulier, c'est
intéressant. Je vous remercie infiniment pour votre participation aux
travaux de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais remercier les
porte-parole du comité d'école de l'école Saint-Jude de
Châteauguay de leur visite parmi nous. Je salue les personnes qui vous
accompagnent, qui ont été discrètes en arrière,
mais qui ont suivi avec une attention absolument exemplaire tout le travail cet
après-midi, cela nous a fait grand plaisir de vous avoir avec nous. Vous
nous avez fait des représentations qui nous sont très utiles. On
va en tenir compte, on va les considérer très sérieusement
dans l'examen que nous poursuivons des amendements qui seront apportés
au projet de loi.
Je veux juste vous poser une question pour mon information. Votre
école, c'est une école primaire, n'est-ce-pas?
M. Marcoux: Oui.
M. Ryan: Est-ce que dans votre école on pratique
l'enseignement de l'anglais langue seconde au premier cycle du primaire?
M. Marcoux: Oui.
M. Ryan: Qu'est-ce que vous pensez de cela? Voulez-vous me donner
votre impression là-dessus?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Marcoux.
M. Marcoux: Vous me mettez un petit peu dans l'eau bouillante
là.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Jones: C'est partagé.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix:...
M. Ryan: Ils sont devant les tribunaux avec nous, on est rendus
en Cour suprême, cela va bien. Nos affaires vont très bien,
mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Non, mais j'aimerais avoir votre impression comme
parents.
M. Jones: II y a eu, disons, des démarches ou des
vérifications qui ont été faites auprès de certains
jeunes qui arrivaient d'autres écoles où il n'y avait pas
l'enseignement de l'anglais en 1re, 2e et 3e années et puis en 4e
année ils étaient sensiblement au même niveau que ceux
à qui l'anglais avait été enseigné en 1 re, 2e et
3e.
M. Ryan: Ah! C'est l'héritage de votre gouvernement.
M. Jones: Maintenant, on se demande à
certains points de vue si cela ne serait pas mieux de concentrer
l'enseignement de l'anglais en ayant la possibilité d'avoir une 6e
année, par exemple, d'immersion ou quelque chose du genre dans le
système francophone. Maintenant, on n'est pas les porte-parole de notre
école ou de la commission scolaire en cette matière.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous
n'étiez pas préparés pour vous faire poser une telle
question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jones: Oui.
M. Ryan: Je vous posais la question parce que j'ai toujours
été étonné qu'une chose comme celle-là se
soit faite sous le gouvernement précédent...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... qui s'est toujours vanté de défendre la
langue française au maximum et c'est un héritage que nous avons
reçu. Comme c'était très avancé devant les
tribunaux, nous avons préféré que cela aille jusqu'au
bout. Mais j'ai des doutes aussi sur l'efficacité de cette
formule-là et je pense qu'à l'égard de ce que vous venez
de mentionner, soit l'accent sur une plus forte attention à
l'apprentissage de la langue seconde au 2e cycle du primaire et la
concentration des périodes de temps, nous avons de nombreuses
expériences qui se poursuivent dans ce sens-là et qui donnent des
résultats très intéressants. De toute manière,
c'est une diversion que je voulais apporter à notre enrichissante
discussion et je ne voulais pas manquer l'occasion que nous procurait votre
visite ici pour, au moins, souligner ce point-là qui nous
intéresse en commun.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. Marcoux,
une dernière intervention.
M. Marcoux: Je pense que pour la durée aussi des cours
d'anglais, ce sur quoi on croyait peut-être avoir raison, on s'est
aperçus que ce n'était pas nécessairement le nombre
d'années où les enfants recevaient des cours d'anglais comme la
qualité des cours. Puis je pense que c'est un peu là que c'est
déficient en ce moment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. Jones,
M. Marcoux...
Mme Blackburn: Si ce gouvernement a hérité d'une
telle situation, c'est parce qu'il se faisait bien de la démagogie dans
le temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, messieurs,
on vous remercie beaucoup et la commission parlementaire suspend ses travaux
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise à 17 h 5)
Comité d'école FACE
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission permanente de l'éducation
à prendre place.
La commission permanente de l'éducation accueille le
Comité d'école FACE, représenté par Mme Rosemary
Byrne-Hunter qui en est la présidente. Mme Hunter, nous vous souhaitons
la bienvenue et nous vous remercions d'avoir bien voulu répondre
à l'invitation de la commission permanente de l'éducation et
d'être venue nous faire connaître votre point de vue sur les deux
projets de loi qui font l'objet de notre étude.
La commission a prévu entendre l'école FACE durant 45
minutes. Je pourrais vous suggérer, à titre de suggestion
seulement, qu'on s'entende bien, de prendre peut-être 15 minutes pour la
lecture de votre mémoire et ensuite, le reste du temps serait
réparti également entre les deux formations politiques de
façon que nous puissions dialoguer sur le fond de votre mémoire
Feel free to express yourself in English or in French.
Nous vous écoutons, madame. Si vous voulez bien nous
présenter les gens qui vous accompagnent.
Mme Byrne-Hunter (Rosemary): D'accord. Je suis Rosemary
Byrne-Hunter. Je suis présidente du comité d'école. J'ai
ici, à ma gauche, Mme Andrée Goyer, ex-présidente du
comité d'école; à ma droite, M. Jean Belisle,
vice-président du comité d'école, M. Philippe Baugnet,
directeur d'école, et M. Pierre Desrosiers, membre du comité
d'école.
C'est M. Jean Belisle qui va lire notre mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Bélisle.
M. Bélisle (Jean): Le mémoire n'est pas très
long et je pense que je vais pouvoir vous le lire intégralement, il n'a
que cinq pages.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous pouvez le
commenter. Ce que je vous ai suggéré c'est à titre de
suggestion seulement. Vous pouvez prendre le temps qu'il vous faut. On a 45
minutes pour vous entendre.
M. Bélisle (Jean): D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y.
M. Bélisle (Jean): Je vais vous le lire.
Ce document a été adopté à
l'unanimité par le comité d'école lors de sa
réunion du 5 avril 1988 avec l'appui du conseil d'école. Il vise
à rappeler les objectifs de l'école FACE et à
préciser les difficultés et les risques que soulève, selon
nous, le projet de loi 101, Loi sur l'instruction publique, quant au maintien
de l'école dans son fonctionnement actuel. Il importe de signaler
dès le départ que nous ne prenons pas position ici sur ce projet
de loi.
Nous nous sommes plutôt posé la question suivante: Dans
l'éventualité où le projet de loi 107 était
adopté, qu'est-ce qui arriverait à l'école FACE? Ce
mémoire, qui s'appuie sur une volonté commune de maintenir
l'école FACE, vise donc à envisager les implications de ce projet
de !oi et à suggérer les aménagements requis pour
éaliser cet objectif de maintien de l'école FACE. Comme on l'a
souligné dans ce texte, on n'abordera pas une prise de position en
faveur ou contre le projet de loi 101. On considère
l'éventualité...
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...Je prends pour
acquis, M. Belisle, que pour la deuxième fois, vous vous opposez au
projet de loi 107.
M. Bélisle (Jean): Non, pas du tout.
M. Ryan: Vous êtes complètement dans l'erreur.
Mme Dougherty: Ils protègent l'existence de leur
école.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, monsieur,
je m'excuse.
Mme Blackburn:...
M. Bélisle (Jean): Oui, 107, pardon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ils sont pour les beaux-arts.
M. Bélisle (Jean): C'est cela. C'est probablement mon
côté artiste qui ressort. On fait un peu de fabulation.
Pour revenir à mon texte, on considère
l'éventualité qu'il soit accepté et notre place dans ce
projet.
On décrit maintenant le projet. Les beaux-arts sont la raison
d'être de l'école FACE. Elle n'est pas une école
élitiste visant à former des musiciens, des artistes ou des
dramaturges. Nous sommes convaincus qu'un enseignement axé sur les arts
peut produire chez les enfants des conditions souhaitables d'apprentissage et
ce, en vue d'une évolution positive sur les plans intellectuel et
affectif.
En 1975, la Commission des écoles protestantes du grand
Montréal a approuvé la création d'une école
orientée vers les beaux-arts, située dans le centre-ville de
Montréal et offrant un programme en français et en anglais.
Treize ans plus tard, près de 1000 enfants sont inscrits à cette
école, depuis la maternelle jusqu'à la onzième
année inclusivement. Le secteur francophone regroupe les trois quarts de
ceux-ci, le secteur anglophone, l'autre quart. Ces enfants proviennent de tout
le territoire de la région métropolitaine de Montréal et
ils sont attirés par une école publique dont le projet
éducatif est unique.
Ce projet éducatif, riche d'une expérience acquise depuis
1975, met l'accent sur l'apprentissage de la musique, du théâtre
et des arts plastiques. Chaque enfant a l'occasion d'apprendre dans un
environnement créatif et harmonieux. L'apprentissage de la lecture, de
récriture, du calcul et des autres matières théoriques se
fera naturellement ou en harmonie avec l'enseignement axé sur les
beaux-arts. En fait, une analyse comparative des résultats des
élèves de FACE aux examens du secteur primaire de la CEPGM permet
de constater que, de façon générale, les résultats
obtenus à FACE sont supérieurs à la moyenne des
résultats obtenus dans l'ensemble de la commission. Les
élèves de FACE réussissent de façon très
satisfaisante les examens du ministère de l'Éducation pour les
secondaires IV et V. Enfin, presque tous les finissants de FACE, en secondaire
V, 90 %, ont été admis au programme d'enseignement de leur
choix.
En inscrivant nos enfants à cette école, c'est à ce
projet éducatif que nous avons souscrit en tant que parents. Nous avons
également choisi l'école FACE à cause de ses
caractéristiques suivantes. Premièrement, l'école dispense
des enseignements parallèles en français et en anglais, ce qui
permet à l'enfant de mieux connaître sa propre culture, tout en
favorisant le contact avec l'autre communauté culturelle. Il faudrait
ajouter que grâce à la diversité de l'origine ethnique des
enfants inscrits à l'école FACE, l'école favorise les
contacts avec d'autres communautés culturelles et contribue ainsi
à développer l'esprit d'ouverture et de tolérance des
enfants.
Deuxièmement, l'école favorise le développement
intellectuel et affectif équilibré de l'enfant. En effet,
au-delà des enseignements académiques qui se font dans le cadre
des classes régulières, l'école prévoit la mise sur
pied d'un groupe stable d'enfants d'âges variés à
l'intérieur d'un même cycle et que nous appelons une "famille".
Cette famille est sous la responsabilité d'un professeur, "chef de
famille", et se rencontre au moins une fois par jour. L'appartenance d'un
enfant à une même famille pendant toute la durée d'un
cycle, soit trois ans, lui permet une plus grande sécurité
affective et un développement accru de son sens des
responsabilités.
Troisièmement, l'école met l'accent sur la
participation des parents. Le rôle des parents est conçu
comme un soutien affectif et constructif au projet éducatif de
l'école. Nous collaborons à l'organisation de certaines
activités à l'intérieur des familles et participons, comme
ressources humaines, selon nos capacités et disponibilités, pour
améliorer la vie dans l'école.
Enfin, au-delà de la foi que nous avons dans le projet de
l'école FACE, il importe de souligner l'insertion de l'école dans
la communauté montréalaise et québécoise et la
reconnaissance de la qualité et de l'originalité de son projet,
comme en témoignent les exemples suivants: la participation de la
chorale de l'école à des concerts de l'Orchestre symphonique de
Montréal, dont les concerts de l'OSM au Carnegie Hall de New York en
janvier 1988 et à la série des matinées symphoniques de
l'OSM; la production, par le service général des moyens
d'enseignement du ministère de l'Éducation, d'un film
décrivant l'expérience que nous menons; en juillet 1988, la
chorale a représenté l'Amérique du Nord au 17e Festival
international de la jeunesse et de la musique à Vienne. La chorale a
reçu cette invitation spéciale des patrons d'honneur de ce
festival, soit MM. Helmut Zilk et Hilde Hawlicek, respectivement maire de la
ville de Vienne et ministre de l'Éducation et des Arts. Soit dit en
passant, la chorale de FACE a obtenu la deuxième place dans sa
catégorie. C'est ce que j'ai appris aujourd'hui.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Félicitations.
M. Bélisle (Jean): À l'article 5 du projet de loi,
il est écrit: "Les parents de l'élève ou
l'élève majeur ont le droit de choisir l'école qui
répond le mieux à leur préférence ou dont le projet
éducatif correspond le plus à leurs valeurs".
Pourtant, nous nous interrogeons sur l'avenir de l'école FACE une
fois que ce projet de loi sera en vigueur. Nous voulons vous soumettre,
dès le départ, les difficultés que nous
appréhendons. Celles-ci tournent autour des enjeux suivants: le statut
linguistique, la commission scolaire dont l'école relève, le
territoire desservi et le financement.
Le statut linguistique. Une école peut-elle avoir un statut
linguistique anglophone et francophone? Dans le cas des commissions scolaires
confessionnelles et dissidentes visées au chapitre IV, section II du
projet de loi, elles sont de statut linguistique francophone ou anglophone.
L'article 188 semble indiquer qu'un secteur anglophone et un secteur
francophone ne pourraient exister dans un même programme, dans une
même école et sous la juridiction d'une même commission
scolaire. N'y aurait il pas lieu de prévoir dans la loi la
possibilité pour une école d'obtenir un statut linguistique
francophone et anglophone, au moins dans certains cas exceptionnels? Ceci
permettrait à une école comme FACE de conserver son
caractère de dualité culturelle, tout en permettant aux
élèves! de recevoir leur éducation en français ou
en anglais, selon le cas. (17 h 15)
Deuxième point: Le rattachement à une commission scolaire
et le territoire desservi. Si nous comprenons bien le projet de loi 107, la
commission scolaire se voit attribuer un territoire et s'assure que la
population de son territoire reçoit tous les services
éducatifs1 auxquels elle a droit dans les écoles
situées sur son territoire. Articles 187, 188 et 191
En ce sens, le droit des parents de choisir l'école qui
répond le mieux à leurs préférences ou dont le
projet éducatif correspond le plus à leurs valeurs est restreint
par le territoire et la langue de la commission scolaire où se trouva
leur domicile.
Les seules soupapes prévues se trouvent aux articles 192, dernier
paragraphe, en excluant l'article 427 ou l'article 428, et à l'article
196, qui prévoient la possibilité d'ententes entre les
commissions scolaires. Ces restrictions mettent en cause l'existence même
de l'école FACE. En effet, se pose le problème du rattachement
administratif de l'école FACE soit à une commission scolaire
linguistique, francophone ou anglophone, soit à la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal. Sans préjuger du
choix qui sera fait, on peut déjà lire que le territoire de cette
commission scolaire pourrait être beaucoup plus petit que l'actuel
territoire de la CEPGM, ce qui réduirait le territoire desservi par
l'école. Il est essentiel de conserver l'aire de rayonnement
métropolitain actuel de l'école FACE. Il nous semble qu'il y a
peut-être une voie de sortie applicable à FACE. Que le ministre de
l'Éducation reconnaisse FACE comme une école à vocation
métropolitaine ou régionale au sens de l'article 33 de
l'ex-projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire publiai
désigne comme territoire le bassin présentement desservi par
l'école FACE, détermine la commission scolaire dont
l'école relève après consultation du conseil
d'école et lui octroie un statut linguistique francophone et
anglophone.
Enfin, le financement. Afin de ne pas pénaliser la commission
scolaire dont l'école relèverait et qui accueillerait de nombreux
élèves provenant d'autres commissions scolaires, il y aurait lieu
de prévoir des conditions particulières d'attribution de
ressources financières ou l'octroi d'une subvention spéciale pour
cette commission scolaire. Il faudrait enfin assurer les services particuliers
propres à une école à vocation régionale.
Pour terminer, l'école FACE doit exister. Tel est le cri que vous
lancent, M. le ministre, les parents et le personnel de l'école. Nous
pensons que des aménagements mineurs du projet de loi 107 en ce qui a
trait au statut linguistique, au rattachement administratif, au territoire
dessservi et au financement de l'école garan-
tiraient la poursuite du projet éducatif auquel bous croyons
profondément, tout en permettant ae nous adapter au projet de
réforme envisagé.
Nous vous remercions, M. le ministre, de l'attention que vous nous avez
apportée et nous espérons qu'il vous sera possible de donner
suite à nos préoccupations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Bélisle, de votre intervention. Je reconnais comme premier
intervenant du côté ministériel Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. C'est avec joie que
je vous souhaite la bienvenue aux délibérations de notre
commission. Pour l'information de mes collègues, j'aimerais les assurer
que tout ce que vous avez entendu du mémoire de FACE est vrai. C'est une
école exceptionnelle et unique. C'est la réalisation d'un
rêve, le rêve de M. Baugnet et d'un groupe de parents il y a
quelques années. J'avais le plaisir d'appuyer la réalisation de
ce rêve qui est aujourd'hui l'école FACE. Vous nous avez
présenté un vrai problème. Je crois que c'est un
problème réel. Je suis heureuse que vous l'ayez souligné
parce que selon mon interprétation du projet de loi, il y a certainement
des éléments qui risquent de menacer l'existence de FACE.
Personnellement, je crois que, en règle générale, la loi
doit refléter les besoins de nos enfants et pas l'inverse, pas les
besoins d'un gouvernement. Donc, il faut absolument trouver des moyens de
souplesse, des ouvertures dans la loi éventuelle pour faciliter les
arrangements bilingues bicul-turels voulus par les parents du
Québec.
Alors, je crois que les problèmes que vous avez soulevés
sont assez importants et demandent une réponse du ministre.
Malheureusement, le ministre a été appelé pour
répondre au téléphone. Il va revenir et je suggère
que l'on donne la parole à l'Opposition pour laisser assez de temps au
ministre pour répondre et commenter le problème que vous avez
soulevé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la députée de Chicoutimi
est le porte-parole de l'Opposition officielle en matière
d'éducation. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames,
messieurs, c'est avec plaisir que je vous retrouve ici en commission
parlementaire. Je dois dire que l'école FACE n'a plus à
être présentée. Je connais un peu beaucoup à la fois
des élèves qui fréquentent votre école et votre
réputation. J'ai d'ailleurs une de mes collègues dont la fille
fréquente votre école, Mme Harel. C'est génial, je pense,
comme initiative. C'est intéressant, c'est efficace, cela n'a plus
à faire ses preuves.
Je me disais, en lisant votre mémoire hier, que cela pouvait
être, peut-être qui sait, la première école d'une
commission scolaire intégrée. On n'a pas ramené beaucoup
cette hypothèse sur fa table: ne faudrait-il pas avoir au Québec
des commissions scolaires unifiées? Mais cela pourrait être cette
première école.
Le ministre est plus à même que moi de prévoir quels
pourraient être les amendements apportés au projet de loi pour
permettre à l'école FACE de poursuivre sa mission avec le projet
éducatif que l'on connaît, mais votre référence
à l'article qui existait déjà dans le projet de loi 40
pour assurer cette protection mérite un examen sérieux.
Vous allez permettre de satisfaire quand même ma curiosité,
étant donné que je vous ai ici, et vous allez me dire: Y
aurait-il place dans le grand territoire de l'île de Montréal pour
une autre école de même type? Je sais qu'il y a l'école Le
Plateau qui ressemble un peu à ce que vous faites, mais est-ce qu'il y
aurait place pour d'autres écoles de même type à
Montréal et avec un projet éducatif comparable, compte tenu de
l'expérience que vous avez? Pour évaluer cela, j'imagine qu'il
faut voir un peu les demandes d'inscription qu'il y a chez vous et le nombre de
places que vous avez. J'aimerais que vous m'en parliez un peu, à la fois
de vos modes de sélection et ainsi de suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Hunter.
Mme Byrne-Hunter: Nous n'avons pas suffisamment de places tous
les ans pour accueillir tous les élèves qui aimeraient venir
à FACE. Ceci est une réalité.
Mme Blackburn: Combien de demandes et combien d'admissions?
Mme Byrne-Hunter: Peut-être que M. Baugnet peut nous dire
les nombres.
M. Baugnet (Philippe): Cela varie d'un niveau à l'autre,
madame. Normalement, la demande pour la maternelle dépasse de 50 % notre
capacité d'admission des enfants. Vu que nous pouvons accepter 80
enfants, normalement nous avons à peu près 120 ou 125 demandes.
80 demandes représentent deux groupes de maternelle, soit deux le matin
et deux l'après-midi. Je crois que le problème a
été rapporté au ministère, nous avons dû
refuser 56 demandes au secondaire I. Les refus se basent uniquement sur la
question de places disponibles à l'école présentement,
avec les ressources dont nous disposons.
Si vous voulez que je réponde à la question de la
possibilité d'une autre école, à l'exemple de FACE
ailleurs, je crois qu'il faut comprendre deux réalités à
FACE, soit la réalité administrative et les exemples qu'on met
sur papier, tels les résultats de la chorale, l'implication avec
l'orchestre symphonie ue, l'implication des pa-
rents. Il faut quand même aussi comprendre une deuxième
partie qui n'est pas si visible, soit la question de la philosophie et de
l'ethos de l'école, dont je me suis permis de discuter avec le conseil
supérieur et je crois qu'un avis a été envoyé au
ministère il y a quelques mois. On a réfléchi sur la
question de la philosophie de base à l'école, dont l'exemple
pourrait être administrativement recréé ailleurs. Il n'y a
rien de si différent dans les termes de l'application des ententes
provinciales collectives. Nous suivons la loi 101, il n'y a pas d'exceptions,
nous n'avons pas de budget particulier, le rapport
élèves-professeur, le ratio établi provincialement...
Donc, administrativement et théoriquement, FACE pourrait se voir
recréée ailleurs. Quand on visite, quand on voit et quand on
comprend un peu ce qu'est FACE à l'intérieur, il s'agit de
comprendre, c'est un "commitment" de la part des professeurs, une implication
de la part des parents, une communauté d'intérêts qui nous
permet d'exister, une souplesse envers les diverses difficultés chez les
enfants et tout un processus de formation chez les professeurs, chez les
collègues. Je ne sais pas si cela vous aide.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Madame.
Mme Blackburn: En fait, ce que vous nous dites, c'est que le
projet pédagogique, tel que conçu chez vous, la même
approche, pourraient trouver place dans les écoles de façon
générale, pour autant qu'on y mette les mêmes
énergies que chez vous, à la fois en s'assurant une bonne
participation des parents et des enseignants et en fixant bien nos
objectifs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame. M.
Baugnet.
M. Baugnet: Madame, il faut croire à la philosophie qui
Intègre les beaux-arts dans l'apprentissage, il faut valoriser les
beaux-arts dans le processus général d'apprentissage de l'enfant
plutôt que de dire qu'il faut avoir un cours en musique ou en art. Il
faut que l'ensemble du développement artistique de l'enfant se fasse
grandement dans un rapport ouvert et général où les arts
se placent à côté et coexistent. Donc, facilement, oui,
quand on croit à la philosophie; difficilement, si on veut tout
simplement refaire l'expérience, parce que l'expérience ne peut
qu'échouer si ces valeurs de base n'existent pas.
Mme Blackburn: Votre école a treize ans, elle a
été créée en 1975, est-ce que vous avez fait une
relance pour voir où étaient rendus les diplômés des
premières années? (17 h 30)
M. Baugnet: Cela fait maintenant treize ans que nous existons.
Nous avons eu notre septième groupe de finissants et, dans l'ensemble,
dans l'école, notre troisième groupe en français. Parce
que nous avons les deux pistes parallèles qui existent, nous avons
commencé avec la section anglaise et ensuite on a vu se
développer la section française. Tout ce que je peux vous dire,
madame, c'est que dans les examens du ministère, en 1987, on a pu voir
que, sur 30 examens en commun dans notre commission, l'école FACE, sans
y inclure les beaux-arts ou les arts, la musique ou le théâtre, a
obtenu quatorze premiers rangs en comparaison avec les autres écoles.
Nous savons bien que 90 % de nos élèves poursuivent leurs
études postsecondaires normalement dans les cégeps; leur choix va
fréquemment vers les programmes de sciences. Bois-de-Boulogne, un de nos
meilleurs cégeps à Montréal, reçoit
fréquemment nos élèves de la section française en
sciences-maths pures. De notre section anglaise, on voit au cégep
Marianopolis une inscription élevée de nos finissants de FACE. Ce
qui est peut-être de plus en plus intéressant, c'est que la forte
majorité ne continue pas dans les beaux-arts, mais plutôt dans les
sciences pures, les mathématiques, les langues et la littérature.
Ils n'oublient pas leur formation en arts mais, comme M. Bélisle l'a
dit: Nous ne formons pas des artistes, c'est pour les autres endroits plus
calés, mais on forme des penseurs.
Mme Blackburn: Je vous remercie. I
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais
maintenant M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: II est très intéressant pour nous
d'entendre le récit de l'expérience de l'école FACE dont
j'ai déjà eu l'occasion d'être saisi au cours des derniers
mois. J'apprécie vivement l'originalité de l'expérience
qui se vit sous les auspices de cette école.
Il me plaît de signaler aussi que l'école FACE a pris
naissance au temps où la députée de Jacques-Cartier
présidait aux destinées de la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal. Cette période de la
présidence de Mme Dougherty à la CEPGM a été
marquée de nombreuses initiatives pédagogiques, et celle de
l'école FACE en est une illustration extrêmement
intéressante. Je voudrais en profiter pour signaler combien ce fait
illustre la contributioq importante que la députée de
Jacques-Cartier et la Commission des écoles protestantes du grand
Montréal ont apportée au développement de
l'éducation à Montréal au cours du présent
siècle, disons, pour ne pas limiter l'horizon temporel.
Il est très intéressant d'entendre votre point de vue.
C'est évident que les changements de structure envisagés
entraîneraient certaines conséquences pour l'école FACE.
Tout ne peut pas rester exactement comme auparavant si nous faisons des
changements aussi importants.
Deux choses là-dessus. Tout d'abord, les changements ne se feront
pas immédiatement. Les
dispositions qui pourraient affecter le statut de la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal et même des
commissions scolaires, comme nous les connaissons actuellement aux plans
religieux et linguistique, ne seraient pas mises en vigueur avant qu'elles
n'aient été soumises à l'examen des tribunaux, ce qui
entraînera au minimum une période de transition de trois ans et
peut-être davantage. Au cours de cette période, nous aurons le
temps de nous asseoir et de regarder bien des choses. Je pense que plusieurs
réalités trouveront leur dimension propre peut-être sans
douleur, contrairement à certaines appréhensions qu'on entend
souvent. C'est le premier point que je voulais signaler. Par conséquent,
il n'y a pas matière à s'alarmer. Les choses continuent. C'est
bon d'y penser, par exemple, parce que, tôt ou tard, il faudra faire face
aux implications des changements qui devront faire l'objet d'un examen de la
part des tribunaux.
Déjà, dans le projet de loi comme il est conçu
actuellement, vous l'avez d'ailleurs signalé dans votre mémoire,
il y a certaines dispositions qui se prêtent à des adaptations
possibles. Vous avez souligné l'article 192 qui permet à une
commission scolaire, si elle n'organise pas elle-même certains services
éducatifs, de référer les personnes à la commission
scolaire qui organise ces services. Il pourrait y avoir des ententes d'une
commission scolaire à l'autre, en vertu desquelles certains
élèves, dont les parents sont particulièrement
intéressés à ce type d'éducation, pourraient
être envoyés à cette commission scolaire. Il y a une
possibilité d'entente entre commissions scolaires aussi pour la mise sur
pied ou la conduite, sous des formes à déterminer, de services
qui peuvent intéresser les uns et les autres et l'une ou l'autre. Cela,
c'est l'article 196 du projet de loi. Il y aurait des possibilités de ce
côté-là, en examinant bien attentivement; la porte n'est
pas fermée à la poursuite d'une expérience comme la
vôtre. Cela pourrait impliquer qu'une autre commission scolaire s'associe
avec l'éventuelle commission scolaire linguistique. Ce ne sont pas des
choses qui sont impensables, loin de là. S'il fallait le dire de
manière plus claire dans le projet de loi, on peut l'examiner. En tout
cas, on va penser à ces articles-là dans la perspective des
inquiétudes légitimes que vous nous avez communiquées. Je
pense qu'il y a moyen de ne pas fermer la porte.
Plus loin dans le projet de loi, je pense que c'est à l'article
198, vous avez la possibilité d'un contrat d'association entre une
commission scolaire et une institution d'enseignement privée. Nous avons
présentement quelques écoles privées qui jouissent d'un
contrat d'association avec des commissions scolaires. Au terme de ce contrat
d'association, ces établissements privés reçoivent le
même financement que s'ils étaient des écoles publiques. Il
y a toutes sortes de possibilités. Il ne faut pas partir en peur. La
loi, c'est fait pour ouvrir des portes, pas nécessairement pour les
fermer. Il faut indiquer une ligne fondamentale d'organisation; il faut bien
tenir compte de la grande réalité humaine qu'on est
appelée à gérer dans le secteur de l'éducation. Une
fois les grandes orientations établies, je pense que la loi, si elle est
faite de manière judicieuse, doit laisser la porte ouverte à des
formes d'expériences qui peuvent être enrichissantes pour
l'éducation.
Vous avez mentionné une autre possibilité. Dans la loi 3,
c'est vrai qu'il y avait une disposition autorisant le ministre à
instituer, en accord avec une commission scolaire, une école à
caractère régional ou national. C'est une autre
possibilité. Nous ne l'avons pas incluse dans le projet de loi parce que
nous ne voulions pas ouvrir la possibilité que le ministre puisse se
doter de son propre système d'enseignement à côté
des écoles que gèrent les commissions scolaires. Nous ne voulions
pas que cette épée de Damoclès semble vouloir être
suspendue au-dessus de la tête des commissions scolaires, de
manière à permettre au ministre de dire: Vous n'êtes pas
capable de le faire, je vais le faire. C'est la raison pour laquelle nous
n'avons pas inséré cette dispostion dans le projet de loi.
Nous allons penser à la question que vous nous avez posée
en pensant à toutes ces dispositions. Vous allez y penser de votre
côté également. Je pense qu'on est capables, entre
Québécois de bonne volonté intéressés
à la qualité de l'éducation, de trouver des moyens
d'assurer qu'une expérience comme celle de l'école FACE, qui nous
intéresse beaucoup, ne soit pas enrayée ou supprimée mais
qu'elle puisse, au contraire, se poursuivre dans des conditions raisonnables.
Toutes sortes de possibilités...
Je pense que c'est la meilleure note sur laquelle je puisse vous
laisser. Je voudrais vous féliciter de l'excellent travail qui
s'accomplit à l'école FACE et vous assurer que nous allons
réfléchir à ces choses que vous nous avez posées,
tandis que vous réfléchirez de votre côté, j'en suis
sûr, aux grands objectifs, à mon point de vue légitimes que
poursuit le gouvernement. Il me semble qu'au bout de la ligne, en cheminant
sincèrement, nous pouvons trouver des mécanismes, des voies
d'accommodement qui permettent à l'initiative pédagogique d'avoir
sa place, surtout quand elle vise à conjuguer les dimensions aussi
essentielles que la qualité des apprentissages fondamentaux et
l'enrichissement que peut apporter la référence directe et
systématique aux arts dans la formation. Alors, je vous remercie
beaucoup. On va continuer à penser à ce
problème-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre et Mme la porte-parole de l'Opposition officielle. Mme la
présidente, on vous remercie. La commission permanente de
l'éducation suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation reprend ses travaux dans le cadre du mandat
qui lui a été confié par l'Assemblée nationale,
à savoir l'étude des projets de loi 106 et 107. Le projet de loi
106 qui a trait au processus des élections scolaires, et le projet de
loi 107 qui a trait à la restructuration de la Loi sur l'instruction
publique.
Notre commission parlementaire qui a commencé à
siéger au mois de mai dernier a déjà accueilli près
de 60 intervenants. Ce soir, nous accueillons comme premier intervenant le
Quebec Region English Catholic Committee, dont le porte-parole est M. Roland
Lemire, membre du comité d'école Saint-Vincent. M. Lemire, nous
vous souhaitons la bienvenue et nous vous remercions sincèrement d'avoir
répondu à l'invitation de la commission de l'éducation
pour venir nous faire connaître votre point de vue sur ces deux projets
de loi qui revêtent aux yeux du gouvernement une importance capitale.
La commission a prévu de consacrer 45 minutes à votre
organisation. Alors je vous suggérerais, étant donné que
tous les membres ont reçu votre mémoire, qu'ils l'ont lu et
qu'ils le possèdent bien, de prendre peut-être quinze minutes pour
présenter votre mémoire et le reste du temps sera réparti
également entre les deux formations politiques avec lesquelles vous
pourrez dialoguer. M. Lemire, si vous voulez bien nous présenter les
gens qui vous accompagnent et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
The Quebec Region English Catholic Committee
M. Lemire (Roland): Merci, M. le Président. Voici Mme
Carol Ryan, présidente de l'école secondaire St. Patrick; voici
Mme Maureen Cullen, présidente de l'école
élémentaire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): I would like to
mention something. Feel free to express yourself in French or in English.
M. Lemire (Roland): Thank you, Mr. President. This is Mrs.
Cullen, the president of St. Vincent elementary school.
The Quebec Regional Catholic Committee started in I985, essentially put
together by the four catholic schools that existed at that time in the Quebec
city area: St. Patrick, Katimavik, St. Patrick's elementary and St. Vincent's
elementary. The objective of the committee was to try to strengthen and
maintain English catholic education in the area. Along those lines, the
committee proceeded with some difficulty, but with good faith on the part of
the school commissions to which they belong and the intervention of the
ministry at the time to create two strong English catholic schools in the area,
one elementary and one secondary school. The elementary school is located in
Ste-Foy and St. Patrick's High School is located in Quebec City. Between these
two schools, the English catholic students from all of the school boards in the
03 region are basically all of them, approximately fifteen school boards, are
centrally located in these schools and receive this school's function basically
as a regional base for all English catholic education. It should be pointed out
that the mergers were extremely successful. The schools are strong. The parents
are extremely happy with the schools. They are extremely happy with the
services that they are getting from the school boards to which they belong.
A great number of accommodations have been made in order to make the
schools strong schools in terms of the overall services they provide to
students. Certainly educational services belong without the fact that many of
these students come from quite a distance to receive English catholic
education, cafeteria services so on and so forth. So, we would like to point
out at the beginning of that, as things stand now, we are extremely happy with
the services that our children are getting.
As a parent of English catholic students being served in this area, that
is my first concern, that good healthy schools remain good healthy schools, if
there is nothing wrong that worries us a little bit when people start fixing
things. So that despite, many of the problems that we had, the mergers which
involved the basically three school commissions along with the intervention at
that time in the ministry of Education who put together task force to work out
in a new administrative structure force, we are now reduced to two schools. So,
effectively, what we see here is a group of parents who are willing to get
together in order to create a strong English catholic school committee, who are
willing to close on their own schools. These are not schools that were slated
for closure at this time by the school commissions to which they belong but we
felt that it was important to have the kinds of numbers necessary to offer the
services and, rather than wait around until all four schools became schools
with problems, we decided to malgamate and close two of them and end up with
two decent schools, buildings that were full, services that work adequately for
the students and essentially, we are very happy with what we ended up with. So,
that the present success of our schools demonstrates that we have overcome a
large number of difficulties to maintain both the catholic and the English
characters of the school, this is important, I think, to point out. Where we
feel ill-ease having to choose between being catholic and being English. It is
a difficult choice for us to make. What we really require are administrative
structures that foster the schools that we
presently have. That is where the heart of our main concern is, whatever
structures coming into place, that the physical schools that we occupy, which
we are extremely satisfied with, remain in place. We certainly do not want to
find ourselves in the position of leaving a school board which has been
extremely good to us, where we are happy with the way we have been treated and
entering a school board which does not at this time appear to be big enough to
us come there, so that we are left with a number of uncertainties. The whole
point of the parents' committee and the mergers was to remove uncertainties.
That is one of the reasons why the entente included a five-year period in which
we can rebuild the entire structure of our schools in terms of what the parents
wanted to initiate in the schools, what kinds of programs that we wanted to see
besides educational programs that is, once you are down to one school, you are
really down to talking about the cultural heart of the entire community. Each
of the schools, along with the parish that Is attached to them, St. Vincent's
school with St. Vincent's parish and St. Patrick's school with St. Patrick's
parish really represents the institutions, the only institutions, common
institutions that service the whole region.
So that, basically in conclusion what we would be asking the ministry of
Education to do in Bill 107 is to provide some kinds of provisions and
saveguards necessary to see to it that the administrative structure in place
which satisfies the needs of our children, irregardless of what this
administrative structure may turn out to be at a later time. We feel that it is
necessary to maintain the institutions that we have so that our children will
not be deprived of English catholic education and that we will be able to
continue to contribute to the social and cultural development of the whole
English catholic community.
I think it is probably fair to point out that it is my personal feeling
and many of the parents that attend our school that for those of us who come in
from outside of the province, the parents' committee at the school board level
which is French, the fact that our children compete in hard contests so on and
so forth with other kids in other and French schools has really been the
area in which we have found ourselves integrated into the French community.
Quand j'ai commencé à Québec, j'ai commencé
au comité de parents il y a cinq ans par écouter et essayer de
comprendre ce que le monde disait, puis de mettre mon mot après cela et
finalement faire partie du comité. Personnellement, cela m'a aidé
à m'intégrer. Je n'aimerais pas voir une situation où on
est mis à l'écart. I don't exactly know how to put this in
French, but that we end up somehow over in the corner all by ourselves,
isolated from the French community. For me and for my children, being In a
French school commission has provided us a real connection to the larger
community in which we live. When it is five or six or, in my case, maybe ten
blocks away from the next English family, if your children cannot be integrated
into the people that are around them, you can be in real trouble. And it is a
strong enough thing when you combine these two that there are parents who drive
past two English schools to get to St. Vincent's from 20 miles away.
Une voix: (... )
M. Lemire (Roland): No, no. I mean they come to St. Vincent's
when they pass by two English schools. They choose the English catholic school
because, in fact, they either see this connection with the French community or
the catholic nature of the school is worth the extra sacrifice.
At this point, I think basically I have covered what is In our brief. It
is a short brief, it points out what the main concern is: maintaining the
physical existence of the school. How much were certain people willing to
sacrifice when St-Patrick's elementary was closed, I know one of their worries
were: We are now inside of Quebec city, we are now covered by the BNA Act; if
we move out to Ste-Foy, we lose that coverage. When it came down to choosing a
good elementary school education for their kids or legal disputes of these
types, they chose the school, they moved to Ste-Foy. So we do feel extremely
strongly about maintaining the location we are in, the kind of services that we
have, so on and so forth. We are not displeased with the services we are
getting from the French school commission, they have bent over backwards on
many occasions to see to it that the things that we needed, we got. When we
needed a dietician because all our kids stayed at school, they lived too far
away and no one went home for dinner, they worked out getting a dietician for
the school, thing that is unusual, at least in our school commission. A number
of things along this order. So, we would be leaving a school commission which
we are entirely satisfied with. We would be leaving or placing ourselves in a
position to maybe beleaving a school which we are entirely satisfied with. The
Bill, as it now stands, does not, in terms of the entente we originally came to
with the different school committees, by way of the ministry of Education does
not respond to showing us where that security and stability is going to be
maintained for us. That is our major worry. At this time, I would like to pass
the microphone over to Carol Ryan from the high school.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Ryan (Carol): Thank you. I am speaking for the parents who
make up St.
Patrick's High School school committee, for those parents who are a
little less aware of the
proposed changes by the Bills, and they are numerous, for those parents
who are faithful catholic and Christian and also for those parents who have
taken a certain distance with regard to their catholic faith, but who still
want their children educated in the catholic faith. They may have taken these
distances because of various reasons and the growing pressures existing in our
society. But they definitely deeped down what their children educated in
catholic schools and this can be seen in the private sector with the growing
popularity of private schools. This may also be seen in French as well as in
English elementary schools where parents, in a very high proportion, are asking
that their children receive the sacrements.
We therefore realize that an environment where Christian values are
lived on a day to day basis have become very important to a great majority of
parents. Therefore, this environment, and not only religious instruction, are a
must for our schools in this French culture and also in the Irish English
culture living within It.
In this society of change and of difficulty within our main unit, the
family, there is a great need of stability and the values offered by a
Christian education may help as a stabilizer.
In the proposed Bill, there is a guarantee of religious instruction and
pastoral animation, but at what frequency? What would be offered? What kind of
budget would be given? Would it be religious instruction on a weekly, a
monthly, a yearly basis? The details are vague to us and very much unknown.
We wish to stress the fact that St. Patrick's High School is a living
example of an English catholic high school administered within a French
catholic school board where harmony exists and where we, as English Quebeckers,
feel we are very well respected on all counts.
Our high school also lives well within its Christian values and here I
will give you a few examples. It is practice for the high school to have
morning prayer every day, masses celebrated for special occasions for the
entire student body, at the beginning of the school year, at Christmas, at
Easter, and mass of Thanksgiving is also set at the end of the year. And it is
a tradition for a graduation at St. Patrick's High School to begin it with a
graduation mass. There is also a chapel in the school, where there are planned
masses on a weekly basis for celebrations for small groups. Our children
demonstrated to us their high Christian values, by presenting to us a Passion
play at Easter, last spring, which was very revealing to all parents that high
Christian standards exist at St. Patrick's High School.
I would also like to say a few words on the orientation committee, as we
have not mentioned it in the brief. We have consulted our committee as to their
opinion on the orientation committee and school committees. In the brief, we do
not mention our favour or disfavour for the struc- ture, suggesting both an
orientation committee and a school committee. However, after consultation with
our school committee, we all agree to the fact that we do not know how two
committes could exist, because of the difficulty we already are experiencing to
form but one committee. Volunteers and available parents seem to be harder and
harder to find. Parents do not actually want more authority. If the structure
becomes too rigid and complicated to fill, parents will back away very easily.
This situation could also lead to conflict between the orientation committee
and school authorities. It is not clear who would have the authority to act. Is
it not easier to remain within a known structure, with the Idea of slowly
improving it?
This ends my presentation. If there are any questions, we would be
pleased to answer them.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme Ryan,
merci, M. Lemire, de votre présentation. Je vais maintenant, dans un
premier temps, reconnaître Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci. I would like to welcome representatives of
the Quebec Region English Catholic Committee and I have listened with great
interest your presentation, because while you share some of the concerns of
English parents in other parts of the province, your views are quite different
in other regards. I think that the crux of your message is that you do not want
to be faced with a choice between catholic or English. I do not think that the
intention of the law, as it stands, or the spirit behind the law is certainly
not to force you into that kind of a choice.
I guess many English catholics, whether they be parents or teachers, of
the various groups that we have heard, are very very anxious to join with the
English non catholics, non confessional sector, for security, for numbers, for
adequate services and so on. It is very interesting to me that you have said,
in terms of professional services, back-up and support, that you have been very
very satisfied with what your school board, which is predominantly French, has
provided. This afternoon, we heard the English catholic teachers of the West
Island of Montreal who appear not to be able to wait to get In with the rest of
the English so that they will be able to have adequate back-up services. Now,
these are teachers talking, who feel that where they have been in substantial
minority position, they have not had those services. So, it is good news to
hear that this is not your case.
Let me ask you, in your situation, what is your enrolment? Is it stable?
Do you feel threatened by a loss or an evolution which is going to diminish
your enrolment? Are the private schools taking your enrolment away or are you
likely to maintain your present enrolment?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lemire.
M. Lemire (Roland): It may take two answers because the
elementary school is obviously different from the secondary school.
At the elementary level, certainly there is no invasion of the private
schools into the English sector, at least in Québec. At the secondary
level, this is, I think, not only a problem for the English school, but this is
probably a much greater problem for the French schools. I know that Les
Découvreurs loses over half of its French students to the private school
system. At the elementary school level, we are around 450, I think, and have
risen to that slightly by four or five students each year since the
amalgamation took place. (20 h 30)
I think that we stand in a position with a stronger school to offer
parents to see that continue. There were parents who were worried about the
fact that two schools of 250 students were not going to be able to provide the
kinds of services the kids needed. When we amalgamated the school, we stopped
the flow out of the schools and have increased in numbers. The school has about
450 students and I think this is a good size for an elementary school. My magic
number would probably be 500. If I had to pick a magic number, it would
probably be 500. Certainly, one of the reasons why we have gotten such good
services from the French school board s that we have been very active in the
French school board. We have run people to be commissioners on the French
school board and much to what some might think, English commissioners nave run
one seat in French districts. I would : hink that it is also true in Quebec,
that the English population, at least in my experience since I have come here,
is much more integrated n the French population in Quebec city than it s in
Montreal.
Bill 107 seems to me, in some ways, to be a Bill that may have been
designed for Montreal and does not fit particularly well in our reality, f we
were to go to the what is now, I guess, or a lack of better turn, the
Protestant school board, we would be moving into a school board that is even
smaller than the one that we are presently in and, therefore, likely not to be
able to offer the services that a school board of 11 000 is capable of
offering. So, it is not like we are moving to a strong school board, we are
moving probably to a much weaker school board. When I say they provided us
services, they provided us nurses, they provided us, when we needed, help from
psychologists, and so on and so forth. They have been forthcoming. It may mean
that the school board has been flexible. They have not used their own people
sometimes. They have gone out and hired, for specific students who have
specific problems, a consultant by the hour. But they have been very flexible.
If they do not have the personnel capable of functioning in French, they have
found the personnel capable of functioning in English. Our assitant director
has, traditionally, been in charge at the school board, half time our assistant
director and half time on the school board as the English pedagogical resource
person. So we have linked the school in very closely to the administration in
the school board.
That is for Les Découvreurs. As far as I know at the CCQ, the St.
Patrick's School has found a great deal of cooperation as well.
Mme Ryan: As far as the enrolment is concerned, last year, it was
close to 430 students. There was a large graduation class last year. At the end
of June, there was an expectancy of 380 students, but now it has increased to
about 415, which we consider is very well and very good. There is a slight
decrease in students as compared to last year, but with a large number leaving.
So, we predict that the numbers will be rising in the next few years.
Mme Dougherty: Thank you. I think that your situation is
different. You are right, your point of view is quite different from some of
the English catholic parents in the city of Montreal. I am going to leave the
rest of the time... I think Mr. Ryan has some points to make and I want to
leave time for him on our side.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci
à Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: We are controlled for time, so we have to be
careful.
Le Président (M. Parent, Sauvé): You are well
controlled too. M. le ministre.
M. Ryan: You are controlled by the Chairman, not by me. Well, it
is a great pleasure to meet you. I am familiar with the great interest that you
have in maintaining your schools in this area. As you recalled in your brief,
you got substantial assistance from the department of Education towards
regrouping your forces here, so that you can offer quality education to your
kids.
I want to assure you that in most parts of Quebec, we have been
instrumental in helping to regroup services so that our English catholic
population may have access to good educational services and we intend to pursue
that policy. Some responsibilities lie with school boards. We do not want to
infringe upon that. But school boards, in order to discharge their obligations
often need the special assistance of the ministry, and it will always be
available for this cause, within the perimeters of the financial resources that
are put at our disposal, naturally. But I think that we have proven in the past
three years that we could tackle these problems in a realistic manner, so we
intend to continue.
Essentially, we can do nothing against the decline in numbers among the
anglophone community in the Quebec area. This is a phenomena which is way
beyond our reach. But to the extend that there remains a sizeable community, I
think the goal which you state in your brief, you want to maintain at least two
good schools, one primary school, one secondary school, very valid goals. And
they can be attained, at least according to me, either under the present system
or under the proposed system. If we were to go for the linguistic boards after
we have obtained the clarifications which we will seek from the courts, you can
be assured that there would be sufficient guarantees in the legislation to help
to maintain those two schools, which are a great asset for the Quebec
community.
I noted that your brief was not too definite on this particular aspect
of the legislation. I think it would be safe to presume, as my colleague from
Jacques-Cartier seems to do, that your preference would lie with the status
quo. It is always safer to continue in the system that we know if we are
relatively happy with it. It is perfectly understandable. But I think I can
guarantee that under the other system, there could be sufficient protection for
the distinctive education which you want to have for your children, and I am
all the more interested in helping you in this direction that I have been in a
position to observe the sincere and genuine interest which English catholic
parents have in the education of their kids. This is one outstanding example of
parental devotion to education and the government cannot overlook that
factor.
So, this being said, I would have a question perhaps to put to you. I
understand that you are relatively satisfied with the present setup. Are there
any improvements that you are after, and that the proposed legislation could
either hinder or facilitate?
M. Lemire (Roland): If we get into a specific worry, for example,
where we are extremely happy with the physical location, for any number of
reasons, one of the most important being that the kinds of facilities we need
in a regional school, cafetaria, so on and so forth, those things have now been
installed and we know that bodies are not likely to want to undertake those
kinds of expenses again, a move of the school. We wonder for example if we were
relocated to another school board, what would happen in terms of the fact that
we are in a building that we presently share with offices of Les
Découvreurs, and which have their maintenance facilities in that
building. Therefore, they would be unlikely, I think, to wish to transfer that
building to another school board. How would we maintain our physical presence
in that school, which is right next to the church that we use, I did not go
into the religious ceremonies that they had at the elementary school, but they
go from everywhere, every first friday of the month there is mass, so on and so
forth. The location of the school has to be close, to those kinds of services
as well, transportation to and from that school is easy in terms of the fact
that it is located near major boulevards, it is located near the bridge that
crosses the river, so that even though we have parents that come from quite a
distance, at least we minimize the time they have to spend in transportation.
So, the actual physical building worries us. Would the "commission scolaire" be
willing to transfer a building of that value to another school board, given
that they already have so many other facilities in it? It is not like they are
simply transferring a school, they would have to then consider where we are
going to put our maintenance facilities, where we are going to move our offices
to, so on and so forth.
So, that we do not know what happens in that case. That is why we point
out in the brief that we are not against change QRECC. What we would like to
see is what kind of administrative structure will allow us to exist in the form
we presently have which is extremely satisfactory to us? The building is good,
the facilities are good, the location is good, so on and so forth. When the
school board negotiates movement at school from one board to another, what
happens to the facilities? Or they simply decide: Well, we have two schools
that are half full, so we are going to split the students in half and move in a
hall full school? Are we going to empty one of our school and moving into that
school? Those are the kinds of things that worry the parents, I think.
M. Ryan: Just one more question perhaps. What kind of pedagogical
support are you getting at the moment for your respective school boards?
Perhaps, Mrs. Ryan can address that question from the points of St. Patrick's
and if you have something to add regarding St. Vincent School, I would be
interested in knowing that too.
What pedagogical support do you get from your school board at the
moment?
Mme Ryan: I believe that I cannot answer that question. Would it
be possible for one our representatives to answer that question?
M. Ryan: Of course.
Mme Ryan: Yes. I would like to invite Mr. Philips, the principal
of St. Patrick's High School.
M. Ryan: I see you are in solid company. Mme Ryan:
Yes.
M. Philips (Bruce): For example, issues are numbers being below
Government's norms for an assistant principal. We were able, to the coope-
ration of the minister of Education, to maintain our assistant principal
which guarantees a lot of flings for us and enable us to function very well
with the population that we have and to maintain the services that we have
grown accostumed to, sort of speak. So that is one example of the help that we
have received. I think it was very important at this time to maintain services
that we had.
M. Ryan: So that was made possible through special assistance
from the department of Education, I understand?
M. Philips: Yes, that Is right, with the request to make through
the school commission. Now, all the courses that the teachers in the CCQ
follow, our teachers follow also, since most f our teachers are bilingual. So
we are not cut out from the main stream that way. We have been able within the
year also to bring in people. Money was provided by the school board to bring
in people to keep us to date on various technics. We have had people in from
McGill University, from boards of Montréal that have come down to
Québec city and giving seminars to our teachers. So, we have services
that way.
M. Ryan: As director of the school, to 'horn are you answerable
at the school board?
M. Philips: To the director general. M. Ryan: The director
general.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
principal. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président, monsieur, madame.
Tout à l'heure M. Lemire, lors de ses premiers commentaires, nous disait
que le projet de loi semblait avoir été fait pour l'île de
Montréal. Il est vrai... Et, paradoxalement, il ne règle en rien
le problème de l'île de Montréal. Effectivement, il n'y
avait pas de problème majeur en dehors de la grande région
métropolitaine; Québec ne causait pas vraiment de
problème. Mais pour plusieurs groupes qui se sont
(présentés ici, il y a des appréhensions, comme le
soulignait la députée de Jacques-Cartier tout à 'heure,
par rapport aux services qui seront offerts, en particulier aux
anglo-catholiques. Cependant, pour d'autres, la situation est
préférable parce qu'ils se trouveront à négocier
des services au moins dans leur langue avec une commission scolaire
linguistique anglophone. Il avait également été question
de commissions scolaires unifiées. Est-ce que ce serait une solution
pour vous? (20 h 45)
M. Lemire (Roland): Je ne suis pas tout à fait sûr
de ce que vous voulez dire par "unifiées".
Mme Blackburn: Des commissions scolaires unifiées,
c'est-à-dire une commission scolaire qui offre des services soit en
anglais, soit en français, catholique et...
M. Lemire (Roland): Bien, quant à notre vécu, c'est
ce qu'on a déjà.
Mme Blackburn: C'est cela, donc...
M. Lemire (Roland): La seule commission scolaire près de
chez nous, c'est celle où se trouve l'école. Alors, une
commission scolaire unifiée, à ce moment-là, cela existe
déjà dans ce contexte, quant à nous. Ce qui nous a bien
plu, c'est que, par le passé, on ne s'est pas beaucoup impliqués
au point de vue des commissions scolaires et on se sentait
délaissés, mais, quand on s'est impliqués, on a vu qu'on
demandait exactement les mêmes choses à notre commission scolaire
que tous les autres parents qui y étaient, soit une bonne
éducation pour les enfants. Le reste ne les dérangeait pas, c'est
ce qu'ils voulaient. Puis, quand on a voulu s'intégrer, on nous a fait
de la place; quand le comité de parents a donné des colloques,
trois l'an dernier et un l'année auparavant, on était
impliqués là-dedans; on nous a demandé ce que nous
voulions que les thèmes soient, si nous avions besoin de gens du
ministère qui parlent anglais, si nous voulions voir le programme en
anglais, on nous disait qu'on n'était pas au courant mais qu'on nous
trouverait des gens qui le connaissaient. On a été surpris de
constater jusqu'à quel point ils se sont efforcés d'être
justes envers nous. Souvent, quand vous voulez avoir l'apparence de justice,
vous avez plus que ce qui vous revient normalement.
Je suis sûr que nous sommes l'école qui offre les meilleurs
services, chez Les Découvreurs, je suis sûr de cela. Pourtant, je
n'ai jamais vu un parent du comité d'école francophone où
j'étais qui disait: Comment se fait-il que vos enfants ne paient pas de
frais d'autobus, tandis que les nôtres sont obligés de payer 72 $?
Ils n'ont pas dit: Comment se fait-il que vous ayez une cafétéria
- ils savent que nos enfants viennent de Château-Richer, que nos enfants
viennent de Portneuf - alors que les nôtres n'ont pas de
cafétéria? Personne n'a été mesquin pour nous
accorder les services dont nous avions besoin. À un moment donné,
on s'est dit: On n'est pas représentés à la commission
scolaire et on ne le sera jamais, parce que nos parents viennent de partout; on
ne sera jamais un bloc qui peut voter. On a trouvé un secteur qui nous a
dit: Un de vos parents demeure dans notre secteur, on sait que c'est une
personne engagée dans l'éducation, on sait que c'est une personne
qui veut le bien des enfants, pourquoi, même s'il est anglophone, ne
pourrait-il pas représenter l'école Saint-Sacrement puis
l'école Saint-Vincent, les deux? Cela nous ferait plaisir de
l'accueillir. On est allé chercher la personne en question et
elle a gagné. Alors, on a été nous-mêmes surpris de
constater à quel point nous avons été
intégrés. Cela fait que, si on nous demande ce qu'on penserait
d'un système unifié, nous, nous sommes dans un système
unifié et pour l'instant, cela fonctionne bien.
Mme Blackburn: Bien. Comme le temps imparti pour ce
mémoire est terminé, je voudrais vous remercier, au nom de
l'Opposition, de votre participation à cette commission parlementaire.
Je dois vous dire qu'il est toujours agréable d'entendre deux points de
vue - je le rappelais tout à l'heure - même dans des situations
qui sont plus ou moins répandues, pour ne pas dire marginales. Il est
important de savoir en tenir compte. Je vous remercie.
Mrs. Cullen (Maureen): Merci. This committee would like to thank
you, the standing committe for inviting us to present our views and our
concern. Thank you very much.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci
beaucoup pour votre présentation. Thank you very much. J'inviterais
maintenant l'autre groupe à prendre place ici à l'avant,
c'est-à-dire l'Assemblée des directeurs diocésains
d'éducation.
Assemblée des directeurs diocésains
d'éducation
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je demanderais maintenant aux membres de la commission
de vouloir prendre place afin que nous puissions entendre le deuxième
groupe pour cette soirée. À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, à nouveau, j'invite les représentants de
l'Assemblée des directeurs diocésains d'éducation à
prendre place ici en avant pour faire votre présentation. Alors, aux
membres de la commission, s'il vous plaît... M. le ministre, est-ce qu'on
peut avoir le plaisir de vous inviter à prendre place à la table
ici? Je remercie tout le monde pour sa bonne collaboration. C'est tout à
fait normal qu'on ait l'exemple ici pour nos jeunes étant donné
qu'on s'occupe d'éducation.
Je vous souhaite la bienvenue et je veux juste vous rappeler très
rapidement que nous avons 45 minutes. Donc, si vous prenez quinze minutes de
présentation, il vous restera quinze minutes de dialogue avec chacune
des formations politiques. Libre à vous de prendre un peu plus, sauf
qu'on essaie de ne pas dépasser la période de 45 minutes qui est
allouée. Je vous invite à prendre la parole tout de suite,
à vous présenter. Mme la Présidente, je suppose, Mme
Jauvin, je vous invite à présenter les gens qui vous accompagnent
et à faire la présentation de votre mémoire.
Mme Jauvin (Raymonde): M. le Président, M. le ministre de
l'Éducation, mesdames et messieurs les députés, je
voudrais d'abord vous remercier de nous avoir invités, nous membres de
l'Assemblée des directrices et directeurs diocésains
d'éducation, à nous présenter à cette importante
commission parlementaire sur l'éducation. Il me fait plaisir de vous
présenter M. André Vincent, directeur de l'Office
d'éducation du diocèse de Saint-Hyacinthe et M. Roland-Roch
Martin, directeur de l'Office d'éducation du diocèse de
Saint-Jean de Longueuil qui, avec moi, vous feront part de i'avis de notre
assemblée sur le projet de loi 107. Vous avez déjà
reçu notre mémoire depuis un assez long moment. C'est un document
assez long. Vous me permettrez de ne pas en faire une lecture exhaustive, mais
d'attirer votre attention sur certains paragraphes qui nous apparaissent les
plus importants. Dans l'introduction, nous avons tenté de bien situer
notre propos en vous rappelant qui nous étions comme Assemblée
des directeurs diocésains, les buts de notre organisme ainsi que le
rôle d'un directeur diocésain d'éducation.
Notre mémoire porte particulièrement sur quatre points.
Nous avons voulu dire un mot de la philosophie de l'éducation qui
sous-tend le projet de loi 107, donner notre avis sur la proposition de
constitution de commissions scolaires linguistiques, sur ce qui est dit dans le
projet de loi des droits confessionnels et des dispositions relatives à
l'exercice de ces droits. Nous avons tenu, dans la réflexion que nous
avons faite sur le projet de loi 107, à nous arrêter sur la
philosophie de l'éducation qui sous-tend ce projet de loi. Nous
reconnaissons que les fondements philosophiques qui sous-tendent ce projet de
loi en assurent une force et cohérence et nous tenons à souligner
ici la satisfaction que nous avons de reconnaître que cette loi est
centrée sur l'élève sujet de l'éducation, que cette
loi reconnaît le rôle primordial de l'enseignant, que cette loi
redéfinit l'école et lui reconnaît un statut juridique, que
cette loi réaffirme la responsabilité des parents et favorise la
coexistence harmonieuse des différences.
Ce projet de loi nous apparaît donc pertinent parce qu'il est,
dans son fondement même, prioritairement centré sur
l'élève, parce que, de façon claire, il situe
l'école en lui conférant un statut juridique, parce qu'il
définit les responsabilités et champs d'action des principaux
intervenants, parce qu'il garantit le respect et l'exercice des droits des
individus et des collectivités. Ce projet de loi nous apparaît
intéressant, rationnel, plein de promesses pour l'éducation des
jeunes, respectueux des changements majeurs intervenus dans la
société québécoise.
Notre assemblée donne un appui conditionnel à la
constitution de commissions scolaires linguistiques telle que proposée
dans ce projet de loi. Nous avons été très satisfaits de
revoir réaffirmé le caractère démocratique des
commissions scolaires et nous reconnaissons qu'un changement de statut devient
nécessaire pour
mieux répondre aux besoins de la société et tenir
bompte des mutations profondes qui se sont produites et qui continuent de se
produire au sein de la population québécoise en matière
d'allégeances religieuses et de valeurs morales. Cependant, nous sommes
conscients que le passage de commissions scolaires confessionnelles à
des commissions scolaires linguistiques a des implications et des
conséquences importantes sur l'administration et le soutien que
l'école catholique s'attend de trouver auprès des corps
intermédiaires démocratiquement élus que sont les
commissions scolaires.
Avant d'exprimer notre avis, nous tenons à rappeler la position
des évêques du Québec qui, en 1982, dans leur
déclaration sur le système scolaire et les convictions
religieuses des citoyens, ont fait connaître leur
préférence pour cies commissions scolaires confessionnelles.
Toutefois, disaient-ils alors, si les traits confessionnels qui affectent les
commissions scolaires s'avèrent un obstacle insurmontable à la
diversité du réseau scolaire, nous ne nous opposerons pas
à leur abandon pourvu que, dans les commissions scolaires, quelle que
soit leur nature, on assure le soutien nécessaire à la
régie des écoles catholiques et au service d'enseignement
religieux et de pastorale dans les écoles non catholiques". Des
garanties juridiques en regard des droits confessionnels leur apparaissaient
alors absolument indispensables.
L'Assemblée des directeurs et directrices diocésains
d'éducation ne s'oppose pas à cette orientation de commissions
scolaires linguistiques telle que proposée dans le projet de loi pour
les raisons suivantes: le projet de loi 107 accorde des garanties juridiques au
droit confessionnel, tout spécialement à l'existence
d'écoles confessionnelles catholiques, au droit de l'élève
catholique de bénéficier de services d'enseignement moral et
religieux catholique et de services d'animation pastorale dans toutes les
écoles publiques, qu'elles soient reconnues comme catholiques ou non. La
mise en place de commissions scolaires linguistiques s'avère une mesure
mieux adaptée à la pluralité des options religieuses qui
caractérise aujourd'hui la société
québécoise, la création d'un poste-cadre responsable de
l'éducation catholique répond à une condition
nécessaire dans une commission scolaire linguistique pour que la
dimension confessionnelle soit prise en compte au niveau de la commission
scolaire. Enfin, la clarification des responsabilités et pouvoirs du
sous-ministre associé et le maintien des comités confessionnels
manifestent la volonté du législateur d'assurer la prise en
compte de la dimension confessionnelle de l'éducation en milieu scolaire
au niveau même du ministère de l'Éducation et du Conseil
supérieur de l'éducation.
Le projet de loi respecte aussi et réaffirme les droits
confessionnels traditionnellement reconnus aux deux confessions religieuses qui
ont marqué l'histoire du Québec depuis son origine.
Le projet de loi prend en considération les droits reconnus par
la Constitution canadienne aux commissions scolaires de Montréal et de
Québec expressément nommées à l'article 107 ainsi
qu'aux commissions scolaires dissidentes identifiées à l'article
109.
En regard de l'entrée en vigueur de la loi 107, nous tenons
à dire que, d'une part, nous apprécions la prudence dont fait
preuve le gouvernement en donnant l'assurance à la population que les
articles concernant la création de commissions scolaires linguistiques
n'entreront pas en vigueur tant que les tribunaux ne se seront pas
prononcés sur la constitutionnalité de ces articles, la nature et
la portée exactes des pouvoirs de l'Assemblée nationale en
matière d'éducation. D'autre part, considérant que de
nombreux articles n'ont aucune incidence sur le caractère non
confessionnel des commissions scolaires actuelles, nous exprimons notre accord
sur le chapitre VII du projet de loi 107. Nous apprécierions aussi que
l'amélioration de notre système scolaire dans son ensemble ne
soit pas indéfiniment suspendue ni retardée. Nous souhaitons donc
l'application prochaine de nombreux articles de la loi 107 qui assurerait,
dès 1989, la consolidation de plusieurs aspects du projet
d'éducation. Nous réitérons notre accord, conditionnel
cependant à la création de commissions scolaires linguistiques.
(21 heures)
Si les garanties juridiques des droits confessionnels
énoncés dans ce projet de loi devaient être levées
ou affaiblies, nous nous prononcerions en faveur du maintien du statut actuel
de commissions scolaires pour catholiques ou protestants. Nous souhaiterions
alors que l'on trouve d'autres façons d'ajuster le système
scolaire aux exigences actuelles de la société.
Nous avons donné notre appui conditionnel à la
constitution de commissions scolaires, c'est-à-dire à la
condition que la Loi sur l'instruction publique accorde des garanties
juridiques aux principaux droits confessionnels traditionnellement reconnus aux
deux principales collectivités religieuses qui coexistent dans notre
pays depuis plus de deux siècles.
Aussi est-ce avec une grande satisfaction que nous constatons que le
projet de loi 107 reconnaît plusieurs droits confessionnels. Deux de ces
droits concernent l'élève, c'est-à-dire le droit de
choisir chaque année entre l'enseignement moral et religieux catholique,
et l'enseignement moral et religieux protestant et l'enseignement moral, et le
droit de l'élève catholique à des services
complémentaires d'animation pastorale. Un autre droit est reconnu
à l'enseignant qui tient à respecter une réelle
liberté religieuse pour celui-ci, tel qu'il est stipulé à
l'article 17.
Le projet de loi reconnaît aussi un droit de visite aux principaux
responsables de l'éducation catholique. Enfin, des droits confessionnels
sont aussi reconnus aux minorités religieuses, catholi-
que ou protestante.
La reconnaissance juridique de ces droits confessionnels nous procure
une grande satisfaction. Cependant, l'affirmation de ces droits doit trouver
écho dans des mesures concrètes inscrites dans la loi qui
favoriseront l'exercice de ces mêmes droits. Le projet de loi explicite
des mesures qui favorisent, en effet, l'exercice de ces droits confessionnels.
Des mesures concernent l'enseignement moral, religieux, catholique. D'autres
mesures concernent les services d'animation pastorale. Plusieurs articles
précisent ces mesures concrètes dont devront tenir compte les
différentes commissions scolaires et les écoles. Enfin, le projet
de loi reconnaît aussi que, dans les commissions scolaires linguistiques,
comme c'est le cas dans la législation actuelle, l'existence
d'écoles confessionnelles relèvera de la volonté des
parents, d'où la pertinence des articles 80 et 421.
Nous appuyons donc fortement cette volonté de laisser aux parents
le soin de décider du statut confessionnel de l'école. Nous
voulons exprimer ici que nous sommes favorables - c'est une des implications de
ce projet de loi - à l'émergence d'écoles autres,
c'est-à-dire non confessionnelles. D'une part, la diversité des
choix au plan de la dimension confessionnelle permettra de mieux respecter
diverses options qui s'expriment dans la population pluraliste du Québec
et, d'autre part, permettra aux écoles confessionnelles publiques,
catholiques ou protestantes, de s'affirmer davantage dans leur identité
propre.
Enfin, en regard de ces mesures concrètes, nous voulons attirer
votre attention sur ce qui concerne la gestion de l'éducation catholique
dans les commissions scolaires linguistiques. La mise en place de commissions
scolaires linguistiques signifie un déplacement de la dimension
confessionnelle dans le système scolaire québécois.
Autrefois, prise en compte au niveau même de l'entité
administrative d'un réseau d'écoles, la dimension
confessionnelle, dans ce nouveau contexte, s'actualisera au niveau de chacune
des écoles primaires et secondaires publiques. Cette
réalité pose une exigence particulière: assurer la gestion
de l'éducation catholique au niveau même de la commission scolaire
linguistique. Pour ce faire, le projet de loi stipule à l'article 233
que la commission scolaire nomme un responsable du soutien à
l'administration des écoles catholiques et aux services d'enseignement
moral et religieux et d'animation pastorale dispensés aux
élèves catholiques de son territoire; ce responsable doit faire
partie du personnel-cadre et détenir un mandat de l'évêque
du diocèse où est situé le siège social de la
commission scolaire.
La création de ce poste-cadre pour assurer le soutien à
l'administration des écoles catholiques et aux services éducatifs
confessionnels nous apparaît d'une absolue nécessité. De
plus, pour être efficace et crédible au niveau de la commission
scolaire en fonction de sa responsabilité de soutien à
l'éducation catholique, il s'avère nécessaire que ce
responsable-cadre siège d'office au comité consultatif de gestion
prévu à l'article 165. Pour garantir la présence de ce'
cadre à la table de gestion, il nous apparaît nécessaire
que soient amendés les articles 233 et 165. Les amendements nous
permettraient alors de lire ainsi les articles 233: Ce responsable doit faire
partie du personnel-cadre et, à ce titre, il siège d'office au
comité consultatif de gestion prévu à l'article 165, et
165: au sein duquel, siègent les directeurs d'école et des
membres du' personnel-cadre, dont obligatoirement le cadre responsable du
soutien à l'éducation catholique dans la commission scolaire.
Nous insistons pour affirmer la nécessité de la présence
du responsable du soutien à l'éducation catholique au lieu
où, selon les articles 52 et 165 du projet de loi, s'élaborent
les politiques de la commission, scolaire ainsi que la programmation et la
régle-J mentation visant à la mise en oeuvre de ces politiques.
Nous croyons fermement que c'est aussi à ce niveau que doivent
s'élaborer des politiques et des réglementations garantissant le
caractère confessionnel des écoles catholiques et l'exercice des
droits confessionnels des élèves catholiques fréquentant
les écoles reconnues comme catholiques ou non. Nous appuyons donc
fortement la création de ce poste-cadre, responsable de
l'éducation catholique. C'est, à notre avis, une mesure
essentielle à l'exercice des) droits confessionnels reconnus et garantis
par le projet de loi 107.
Nous réaffirmons notre profond accord avec l'article 233 et nous
souhaitons que les amendements proposés soient acceptés. Sans ces
précisions apportées aux articles 233 et 165, l'autorité
et la crédibilité de ce responsable du soutien à
l'éducation risqueraient d'être entachées et son action
rendue inopérante.
Le responsable du soutien à l'éducation catholique sera
explicitement appelé à assister et à conseiller le
directeur général et les directeurs d'école sur toutes les
questions relatives à l'administration des écoles catholiques et
du respect des droits confessionnels reconnus et garantis dans ce projet.
Quelles seront les principales responsabilités attachées à
cette fonction? Actuellement, plusieurs de ces tâches et de ces
rôles sont assumés par le conseiller en éducation
chrétienne. Vu l'importance de la/ fonction de ce responsable de
l'éducation catholique, nous nous permettons d'indiquer ici les
attributions de cette fonction qu'il nous paraît essentiel d'assurer.
Nous considérons que ce cadre devra être partie prenante de
l'élaboration des orientations et des politiques de la commission
scolaire, qu'il devra élaborer des politiques spécifiques
à l'éducation catholique en tenant' compte des règlements
du comité catholique et des dispositions de la loi 107, assister les
parents dans le processus de demande de reconnaissance confessionnelle d'une
école, voir à la réalisation des programmes officiels
d'enseignement moral et religieux catholique et à l'évaluation
des appren-
Usages, voir à la formation, au ressourcement u personnel
affecté à l'enseignement religieux ct à
l'animation pastorale, voir à la sélection et à
l'évaluation du personnel affecté à l'éducation
catholique, informer les parents et la population catholique en
général sur les services d'éducation catholique offerts
dans les écoles de la commission scolaire, être une
personne-ressource auprès des écoles pour l'évaluation du
vécu confession-pel demandé par les règlements du
comité 'catholique et entretenir des relations avec les autorités
religieuses. Les exigences de cette fonction sont grandes. Elles demanderont
temps et disponibilité, compétence et pouvoirs. Nous avons
confiance que le gouvernement assurera à ce poste-cadre toutes les
conditions de viabilité, d'autorité et
d'opérationnalisation qui lui seront lécessaires.
Nous tenons aussi à exprimer notre satisfaction de voir mieux
définie l'autorité des sous-ministres associés. Nous
apprécions fortement le maintien des comités confessionnels du
Conseil supérieur de l'éducation et des pouvoirs qui leur ont
été reconnus. Nous apprécions au plus haut point la
concordance explicite qui existe entre le projet de loi 107 et les
règlements du comité catholique adoptés le 8
décembre 1987. À de nombreux articles de ces règlements,
le projet de .loi 107 donne force de loi. C'est une cohérence 'dans la
législation scolaire qui mérite d'être soulignée et
maintenue.
Nous apprécions aussi la considération que les articles
462 à 466 du projet de loi 107 et l'article 9 du projet de loi 106
accordent aux minorités, ainsi que les articles 15, 20 et 41 de la loi
106 qui en précisent la portée. Ces articles reconnaissent aux
communautés linguistiques, anglophone et francophone, des droits de
participation directe à la gestion de la commission scolaire. En
conséquence, la communauté anglo-catholique pourra, si elle le
désire, se prévaloir du droit à une représentation
significative dans une commission scolaire linguistique. Nous souhaitons
qu'après le régime provisoire, ces mesures de
représentativité demeurent permanentes pour les commissions
scolaires confessionnelles.
Notre intervention a porté exclusivement sur la philosophie de
l'éducation sous-jacente au projet de loi 107, sur la création de
commissions scolaires linguistiques, ainsi que sur la reconnaissance des droits
confessionnels et l'exercice de ces droits. Beaucoup d'autres aspects du projet
de loi n'ont pas fait l'objet de nos commentaires, entre autres
l'élection des commissaires, les fonctions des commissions scolaires et
du ministre de l'Éducation. Ces questions, nous les considérons
importantes, mais nous laissons à des instances plus compétentes
que nous de les analyser et de les commenter. Toutefois, nous sommes conscients
que le projet de loi 107 procède à des modifications
significatives dans la répartition des pouvoirs et
responsabilités entre le ministre de l'Éducation, fa commission
scolaire et les écoles elles-mêmes. Nous souhaitons ardemment que
le législateur en arrive à un juste équilibre qui
garantisse à chacune des instances l'autorité et la marge de
manoeuvre nécessaires à la réalisation d'un projet
scolaire dynamique et cohérent.
L'Assemblée des directeurs diocésains d'éducation a
été heureuse d'apporter sa collaboration dans cette
réflexion qui vise, d'abord et avant tout, l'amélioration du
système scolaire québécois. Nous vous remercions de nous
avoir invités à participer à cette commission
parlementaire et nous vous assurons de nouveau de notre entière
collaboration et de notre profond engagement à la cause de
l'éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci
beaucoup, Mme la présidente. La parole est maintenant au ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Alors, Mme Jauvin, M. Martin et M. Vincent, il nous est
très agréable de vous rencontrer ce soir autour d'un sujet aussi
important pour notre avenir à tous que celui qui traite de la
réforme de la Loi sur l'instruction publique.
Étant donné les fonctions très importantes que
remplissent, dans leur diocèse respectif, les personnes que regroupe
votre association, je pense que les commentaires que vous énoncez sur le
projet de loi 107 ont une importance particulière, non seulement aux
yeux du gouvernement, mais aux yeux de tous nos concitoyens qui
s'intéressent à la place des valeurs religieuses et morales dans
l'éducation, en particulier dans le système public de
l'éducation.
Par vos fonctions, vous êtes très proches de la marche
concrète de nos écoles; vous êtes en rapport constant avec
ceux qui assurent l'enseignement religieux et l'animation pastorale dans les
écoles. Quand on sait combien, au niveau de l'école locale, la
collaboration entre l'autorité religieuse et l'autorité scolaire
demeure importante pour le bon traitement de toute la dimension morale et
religieuse de l'éducation, je pense que le jugement que vous nous
apportez sur le projet de loi 107 est particulièrement
intéressant et surtout pertinent.
Il y a une chose que vous avez soulignée et je voudrais la
rappeler parce que nous n'en avons point parlé souvent depuis le
début des travaux de la commission, c'est la
complémentarité qui existe entre les règlements des
comités confessionnels, adoptés en novembre dernier et
entrés en vigueur depuis juillet, et le projet de loi 107. Nous avons vu
à assurer une cohérence aussi pleine que possible entre ces deux
textes, dont l'un est d'ordre réglementaire et l'autre d'ordre
législatif. (21 h 15)
Si le projet de loi parvient à son terme, c'est-à-dire
s'il est adopté par l'Assemblée nationale à
l'intérieur de l'échéancier prévu et
souhaité par le gouvernement, je pense que nous
aurons un ensemble de dispositions qui permettront d'assurer la
présence dans notre système d'enseignement de deux valeurs
fondamentales que nous avons visées à asseoir solidement depuis
que nous avons commencé cet exercice. Tout d'abord, ce que j'appellerais
des valeurs de liberté, et deuxièmement, les valeurs de
vérité.
Les valeurs de liberté. Il ne faut pas oublier que la base de
l'édifice que nous proposons à nos concitoyens, c'est la
liberté de détermination des parents. Toute la base de
l'édifice, ce sera cette préférence qui sera
demandée aux parents d'indiquer de manière périodique et
qui ensuite sera prise en charge par la commission scolaire. Un jugement devra
s'exercer aux deux niveaux, au niveau des parents et de l'école, et
ensuite au niveau de la commission scolaire, et en troisième lieu, au
niveau des comités confessionnels. Je pense que c'est la base
première.
Un deuxième élément de cette liberté, c'est
évidemment celui qui garantit à chaque élève dans
le système d'enseignement qu'il ne sera pas endoctriné contre la
volonté de ses parents, qu'il ne sera soumis à aucun enseignement
religieux dont ne voudraient point ses parents, pour une raison ou une autre.
Et même, j'irai plus loin. Hier, nous avions l'occasion de rencontrer un
groupe très intéressant qui représentait une secte qui ne
m'était pas très familière personnellement, mais dont j'ai
écouté la description avec beaucoup d'intérêt - la
secte des Plymouth Brethren. Ces gens sont venus nous dire qu'ils voudraient
que nous prévoyions dans le projet de loi la possibilité
d'exemption non seulement de l'enseignement moral et religieux confessionnel,
mais même de l'enseignement moral qui est prévu à la fois
dans les règlements des comités confessionnels et dans le projet
de loi. Pas parce qu'ils en veulent moins, mais parce qu'ils trouvent qu'eux
sont plus capables d'assurer cet enseignement moral, et de l'assurer en
parfaite conformité avec leurs convictions religieuses et morales.
Alors, cela est un point qui n'est pas prévu dans le projet de loi, mais
nous leur avons dit que nous allions l'examiner avec beaucoup
d'intérêt.
Évidemment nous tenons profondément, très fermement
à ce que la dimension morale soit présente dans l'enseignement.
Et là où on nous dira: Nous n'en voulons pas du tout, je pense
qu'un gouvernement sérieux ne pourrait pas souscrire à une
proposition comme celle-là, ne pourrait pas la laisser s'installer. Et
lorsque des parents sont en mesure de dire qu'ils ne veulent pas de cette
éducation morale offerte par l'école publique, parce qu'ils sont
capables de donner des garanties qu'ils en fourniront une plus complète,
je pense que le gouvernent doit écouter, parce que là on entre
dans le domaine de la liberté de conscience, et fondamentalement, cela
est une chose qui est inaliénable, une valeur qui est absolument
inattaquable par la puissance publique.
Alors, il y a toutes sortes de considérations qui sont venues
s'ajouter par conséquent en cours de route à notre
réflexion, et je crois pouvoir dire que les valeurs de liberté
seront solidement protégées dans cette législation que
nous envisageons, et que ce n'est pas tout de respecter des valeurs de
liberté. Si des personnes optent pour une éducation catholique
pour leurs enfants, elles ont droit à ce que cette éducation leur
soit fournie véritablement. Là, il y avait un problème, il
y avait une sorte d'étiolement qui s'était produit ces
dernières années. On allait vers une sorte de "no man's land"
moral et religieux dans bien des cas. On s'en allait vers une situation qui
aurait été de plus en plus indéfinie. Les autorités
religieuses ont réagi, des parents ont fait entendre leur voix aussi,
les milieux éducatifs, et nous considérons que là
où les parents font le choix, il faut qu'ils aient la droit, tout
à fait corollaire, de s'attendre à ce que leurs enfants
reçoivent une éducation conforme à ce qu'est
l'éducation catholique.
Nous donnons cette assurance par une série de dispositions, dont
vous reconnaissez vous-mêmes, dans votre mémoire, qu'elles sont en
conformité assez forte avec les attentes qui ont été
exprimées par les milieux compétents. On verra ce que ces choses
donneront. Nous donnons le maximum de dispositions qui nous apparaissent
compatibles avec l'esprit démocratique qui doit présider à
notre législation, mais je suis assuré, connaissant l'esprit
réaliste de nos concitoyens et de ceux qui oeuvrent dans
l'éducation, y compris les parents et les enseignants évidemment,
que nous allons trouver, avec les années, un équilibre qui sera
assez bien harmonisé à la fois avec la tradition profonde du
peuple québécois et avec sa réalité nouvelle.
Cela étant dit, je ne veux pas revenir sur tous les aspects de
votre mémoire qui constituent des appuis à différentes
parties du projet de loi. Je l'apprécie vivement. Je remarque une chose,
entre parenthèses. Je pense qu'on a remarqué - ce n'est pas
à moi de parler en leur nom, évidemment - qu'il n'y a pas eu
d'intervention de l'Assemblée des évèques sur ce projet de
loi. Je ne sais pas s'il y en aura une, mais je me dis que si le projet de loi
avait présenté de grands dangers, je pense que les
évêques auraient exercé les responsabilités que nous
leur connaissons de le laisser savoir. Je ne veux pas du tout les annexer
derrière le projet de loi, mais j'apprécie que le débat se
fasse dans un climat de sérénité.
Je voudrais ajouter que si, comme vous le dites, nous arrivons à
un équilibre plus grand que tout ce qui avait été atteint
jusqu'à maintenant, c'est parce que d'autres ont travaillé avant.
Et les démarches faites par nos prédécesseurs ne furent
pas étrangères à cette synthèse à laquelle
nous arrivons aujourd'hui. Je voudrais le reconnaître bien franchement.
Je pense qu'il faut être de bonne composition et de juste disposition
dans ces choses. Je reconnais sans
l'ombre d'un doute que si vous pouvez écrire, ;omme vous le
faites, à la page 12, "que les dispositions du projet de loi 107 sont
parmi les plus pertinentes de celles explorées jusqu'à maintenant
dans la réflexion poursuivie depuis plusieurs années au sujet de
la restructuration scolaire", nous le devons à un effort de recherche
qui remonte au tout début de la révolution tranquille, à
vrai dire, et qui s'est poursuivie depuis 25 ans. ' Cela étant dit,
j'aurais peut-être une couple de brèves questions à vous
adresser. Tout d'abord, à propos de la fonction d'un responsable du
soutien aux écoles catholiques, sur laquelle vous insistez. Voulez-vous
rappeler encore une fois pourquoi vous insistez autant pour que cette fonction
soit une fonction de cadre? Je pense qu'il faudrait que vous nous indiquiez
très clairement pourquoi cela doit être à ce
niveau-là. Nous avons entendu un certain nombre d'intervenants qui sont
venus nous dire: II ne faut peut-être quand même pas aller
jusque-là; il ne faut pas dicter aux commissions scolaires jusque dans
le détail; elles sont parfaitement capables de prendre leurs
responsabilités à cet égard. Pourriez-vous nous donner la
justification fondamentale de cette proposition qui est une des dispositions
très importantes du projet de loi, j'en conviens?
i
Mme Jauvin: Oui, M. le ministre. Je vais demander à M.
Roland-Roch Martin de vous expliquer cette manière de voir.
M. Martin (Roland-Roch): Pour situer l'importance de ce poste de
cadre, on doit le situer dans le contexte d'un changement majeur dans la
confessionnalité. On parle, dans notre mémoire, d'un
déplacement de la confessionnalité, et c'est alors que ce poste
constitue pour nous une garantie importante. Il est important pour deux
raisons. La première raison, c'est que parmi les fonctions qui doivent
lui être attribuées, un certain nombre sont des fonctions
administratives. On énumère un certain nombre de ces fonctions
à la page 19 de notre mémoire. Mais si je prends, par exemple,
les questions relatives à la gestion du personnel - sélection du
personnel, évaluation du personnel - il y a là des
critères à appliquer et ils doivent l'être avec une
certaine autorité. À ce point de vue, il nous semble que cela
justifie que le responsable du soutien soit un cadre pour qu'il puisse exercer
cette autorité. C'est la raison, je dirais pratique, qui peut justifier
que ce soit un cadre.
Il y a peut-être une raison que je qualifierais de symbolique,
mais le symbolique peut parfois être aussi important que le pratique,
c'est d'assurer la visibilité d'une présence des
intérêts des catholiques qui fréquentent l'école, la
présence de quelqu'un qui défend leurs intérêts, qui
pousse leurs intérêts, mais tout cela toujours dans le cadre de la
loi et des règlements. C'est-à-dire qu'il est bien évident
que nous n'atten- dons pas que ce cadre fasse autre chose que ce que la loi
demande; il travaille dans les limites de la loi et des règlements. Mais
je pense qu'étant donné l'important déplacement de la
confessionnalité qui s'opère par la loi, il est normal que les
catholiques voient, dans une personne investie d'une certaine
responsabilité, quelqu'un qui va veiller à ce que les droits qui
sont reconnus aux catholiques par la loi soient exercés. On pourrait
peut-être reprendre l'analogie du sous-ministre ou des sous-ministres
associés de foi catholique et de foi protestante au niveau du
ministère de l'Éducation, qui sont des hauts fonctionnaires, qui
sont des cadres évidemment et qui ont une responsabilité
semblable.
M. Ryan: J'aurais peut-être une deuxième question
qui va un petit peu au-delà de votre mémoire. A un moment
donné, vous dites: Nous apprécions que l'on conserve aux
comités confessionnels leur rôle et leurs attributions actuelles.
Parmi ces attributions, il y en a une qui crée des difficultés.
Je voudrais avoir votre avis là-dessus. On dit actuellement que les
comités confessionnels doivent approuver, aux points de vue religieux et
moral, les manuels et les instruments pédagogiques, même si ce
sont des manuels de chimie, de mathématiques. Ils doivent passer par le
crible des comités confessionnels, qui doivent donner leur approbation.
Dans la loi 3, on avait inclus une modification selon laquelle les
comités confessionnels seraient autorisés, habilités
à donner leur avis au ministre au point de vue religieux et moral sur
les manuels.
C'est une question que je me pose encore: Est-ce qu'il ne serait pas
meilleur pour le rôle des comités confessionnels que leur
fonction, en ce qui touche l'approbation des manuels, soit peut-être
redéfinie de manière à les débarrasser de cette
charge administrative très lourde qui les oblige à tout regarder
comme un devoir et à faire un rapport, et leur laisser la liberté
de regarder tout ce qu'ils veulent, et le signaler quand ils le veulent sans
que cela soit une obligation stricte au point de vue légal? Je ne sais
pas ce que vous pensez de cela. C'est ce que prévoyait la loi 3, si mes
souvenirs sont bons. C'est une question que je me pose au moment où nous
allons procéder à la rédaction d'amendements. Je suis bien
content que vous passiez ici. Si vous avez un avis à nous donner
là-dessus, cela nous rendrait service.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame. Mme
Jauvin: M. Vincent?
M. Vincent (André): Nous n'avons pas pris le temps de
penser une réponse très organisée à votre question.
Maintenant, là où nous sentons le besoin d'approuver une
responsabilité, à tout le moins du comité catholique dans
notre cas, c'est à partir de la présence du projet
éducatif. Ce
qui veut dire que le projet ne fait pas en sorte que le travail du
comité catholique s'arrête à l'approbation des manuels
d'enseignement de la religion ou encore à certains dispositions
relatives à l'animation pastorale. Mais, comment voir à ce que le
comité s'intéresse à l'ensemble des facteurs qui aident un
projet éducatif? Est-ce que c'est en approuvant tous les manuels de
toutes les matières ou si c'est en ayant un droit de regard et en
pouvant faire des recommandations quant à l'utilisation possible
d'instruments? Nous n'avons pas été beaucoup plus loin que cela,
si ce n'est de reconnaître une responsabilité du comité
catholique. Mais on n'a pas précisé l'extension de cette
responsabilité, en particulier sur le point que vous venez de
mentionner.
Mme Jauvin: II m'apparaît qu'il y a une certaine vigilance
qui est nécessaire pour éviter les distorsions trop flagrantes
qui, comme on dit, risqueraient de compromettre la réalisation d'un
projet éducatif défini dans une école dite catholique.
À ce point de vue, cela m'apparaît assez important qu'il y ait au
moins un droit de regard du comité catholique, si ce n'est pas
l'approbation de tous les manuels.
M. Ryan: Je vais vous dire qu'on s'en va vers certaines
difficultés. J'ai été saisi de certaines décisions
récemment de l'un des comités confessionnels - je ne dis pas
lequel - et qui lui, par exemple, n'aime pas tel manuel parce qu'il y a tel
élément dedans, ce qui est discutable, mais ce n'est pas la fin
du monde. Il y en a déjà eu qui ont été
approuvés qui avaient cela dedans. Avec ce pouvoir d'approbation, cela
crée un poids considérable. Je me demande si un peu plus de
souplesse à cet égard ne servirait pas mieux les fins
véritables de la religion et de la morale. C'est une question que je me
pose. Si vous avez un complément d'opinion à nous envoyer
là-dessus, je l'apprécierai.
Mme Jauvin: II nous fera plaisir de poursuivre la
réflexion là-dessus et de vous faire parvenir un avis.
M. Ryan: Merci beaucoup, cela peut nous être utile, avant
que la saison ne soit terminée. (21 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Vous comprenez que notre temps étant limité, je
reconnais immédiatement la porte-parole de l'Opposition officielle, Mme
la députée de Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Madame Jauvin,
messieurs, il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue. C'est au moins la
deuxième fois que l'on se retrouve en commission parlementaire. La
première fois, c'était sur le règlement des comités
catholiques et protestants.
Vous comprendrez que je conserve certaines réserves quant au
renforcement des dispositions du comité catholique. Le ministre vient
d'en souligner une, et il m'apparaît un peu excessif de confier la
reconnaissance des manuels admissibles à un comité catholique
pour tout le Québec Je trouve que l'on va un peu loin et je me suis
toujours un peu interrogée. Je me disais: Dans le fond, est-ce qu'il y a
véritablement au Quebec des manuels qui pourraient être
utilisés et qui heurtent aussi profondément les convictions
religieuses? Avec tout ce que l'on voit ailleurs à la
télévision et un peu partout, j'en doute J'ai déjà
trouvé que ce projet très encadrant, très rigoureusement
défini, ne laissait pas nécessairement la place, comme vous
l'affirmez dans votre mémoire, dans la loi, à une loi qui
favorise la coexistence harmonieuse des différences. Je ne vous
demanderai pas de m'illustrer ou la loi favorise une coexistence harmonieuse
des différences parce que j'ai l'impression que vous allez me dire:
C'est le droit de recevoir un enseignement religieux catholique ou de choisir
la morale, mais au-delà de cela, quand tout le projet est inspiré
des valeurs chrétiennes, j'ai toujours des réserves
là-dessus.
Dans votre mémoire, vous touchez un certain nombre de points,
c'est intéressant, mais vous dites que c'est une loi centrée sur
l'élève. Je ne fais pas tout à fait la même lecture
que vous, parce que cette loi qui garantit l'accès à des services
éducatifs ne définit pas les services complémentaires,
à l'exception de celui qui vous concerne.
Ce qui est étonnant dans ce projet de loi, c'est qu'on retrouve
dans un article - qu'il faudrait que je retrouve - que les objectifs
d'animation pastorale, d'enseignement religieux doivent être atteints.
Est-ce à dire que les autres objectifs en matière d'enseignement,
je ne sais pas, du civisme ou des mathématiques ou du français ne
devraient pas être atteints9 Que l'on spécifie cela
spécialement pour l'enseignement religieux, catholique ou protestant, ou
la morale, je trouve cela un peu étonnant. Je trouve qu'on a mis le
paquet.
Dans le fond, si la loi était centrée sur
l'élève, on s'assurerait que l'élève a droit
à un certain nombre de services, dépendamment où il se
trouve sur le territoire. sans laisser au ministre la latitude de
définir ces services; on retrouvait cela dans la loi 3.
Si la loi était centrée sur l'élève, il me
semblerait élémentaire de retrouver le droit d'association. Il
n'est pas là-dedans. On aurait retrouvé également le droit
de recours du parent ou de l'élève, qui est lésé
dans ses droits, au Protecteur du citoyen, comme on le retrouvait dans la
précédente loi.
Je trouve que par rapport à cette question, la place
réelle et les droits réels des élèves - et je ne
parle pas des adultes, parce que c'est encore un peu plus grave - je ne trouve
pas que ce projet de loi est comme vous le dites, centré sur
l'élève. Je n'aurais pas fait la même lecture
ue vous sur ce point.
Sur les autres points, il faudrait que je revienne à mon
résumé. Vous dites: II faudrait rappeler aux commissions
scolaires que l'obligation d'assurer des services d'animation pastorale
implique d'y apporter les ressources humaines, matérielles et
financières nécessaires. Cela finit par ressembler à
l'autre article qui définit, qui veut s'assurer qu'on atteigne les
objectifs. Il me semble que du moment où c'est dans la loi, est-le qu'il
n'est pas légitime de penser que les essources vont y être
affectées? Quelle est votre crainte là-dessus.
Mme Jauvin: Notre crainte vient peut-être de ce qu'on vit
actuellement. Actuellement, nous 'avons pas une loi qui nous donne les
garanties lui sont énoncées dans la loi en termes de
reconnaissance des droits confessionnels, ni des dispositions relatives
à l'exercice de ces droits. On a concrètement, journellement,
chaque jour, des difficultés à ce point de vue. On n'a pas
nécessairement les ressources qu'on souhaiterait avoir. On espère
que si la loi reconnaît le droit de l'enfant à ces
services-là, bien, peut-être qu'on aura un petit peu plus de
moyens de les réaliser. Notre crainte vient de notre vécu, je
pense. Notre satisfaction vient de l'affirmation te droits et d'explicitation
de mesures concrètes ]ui favorisent l'exercice de ces droits.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il n'y a pas une carence au plan des
services, de la quantité des services offerts dans toutes sortes de
secteurs, actuellement? Est-ce que ce n'est pas ce que vous entendez dans les
commissions scolaires? Il nous manque peut-être des animateurs de
pastorale, mais il nous manque également des psychologues, des
orienteurs et des spécialistes Dour les différentes
matières.
Mme Jauvin: Oui. Je me permets de dire ici que dans le
mémoire, nous parlons des services complémentaires d'animation
pastorale. C'est une question qui est reliée à celle de la
confessionnalité. Ce que nous disons au sujet de ces services
complémentaires de l'animation pastorale ne veut pas dire pour autant
que nous ne econnaissons pas qu'il y aurait des améliorations aussi
à apporter à d'autres services. Mais celui-ci, comme il tient
à la confessionnalité et que pour nous, c'est très
important du point de vue où nous nous plaçons, nous avons pris
la parole sur ce service complémentaire. Je pense qu'il ne faudrait pas
voir là un non-intérêt pour les autres services
complémentaires que l'école doit assurer à
l'élève. Je ne sais pas si mes collègues ont quelque chose
à ajouter là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions? Mme la députée.
Mme Blackburn: Votre demande touchant la présence du
comité consultatif de gestion, la présence de votre
conseiller-cadre, un truc comme cela, disons que cela va ressembler à
cela...
Mme Jauvin: Responsable-cadre, un cadre responsable.
Mme Blackburn: C'est un responsable de... Mme Jauvin: Du
soutien.
Mme Blackburn:... du soutien à l'administration des
écoles catholiques et de l'enseignement moral et religieux. J'imagine
que vous les voyez dans toutes les commissions scolaires du Québec,
indépendamment qu'il y ait ou non des écoles confessionnelles. On
va retrouver un responsable du soutien à l'administration des
écoles catholiques.
Mme Jauvin: Je pense que c'est un peu cela, en tout cas, tel que
je le comprends dans le projet de loi. Dans l'hypothèse où il y
aurait une commission scolaire où il n'y aurait pas d'école
confessionnelle catholique...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Jauvin:... il y aurait, j'imagine, des élèves
catholiques dans ces écoles non confessionnelles. Ces
élèves ont droit à des services d'enseignement religieux
et d'animation pastorale, d'où la nécessité d'un
responsable au niveau de la commission scolaire. C'est un peu comme cela que je
comprends la loi et je trouve aussi que ce sont des garanties absolument
nécessaires pour que nous acceptions le passage des commissions
scolaires catholiques confessionnelles à des commissions scolaires
linguistiques.
Mme Blackburn: Là, il faudrait que je retrouve
l'article.
Mme Jauvin: C'est l'article 233, madame.
Mme Blackburn: L'article 233. Alors tel que libellé: "La
commission scolaire nomme un responsable du soutien à l'administration
des écoles catholiques...
Mme Jauvin:... et aux services d'enseignement moral et religieux
et d'animation pastorale dispensés... ".
Mme Blackburn: Cela veut dire que cela peut être l'un ou
l'autre.
Mme Jauvin: Oui, l'un et l'autre.
Mme Blackburn: S'il n'y a pas d'école catholique.
M. Ryan: C'est cela. S'il n'y a pas d'école catholique,
l'autre reste. Il va rester quelques
catholiques au Québec bien longtemps après notre mort.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: À ce moment-là, il faudrait indiquer
et/ou, sinon, s'il n'y a pas d'école, il n'y a pas d'école. Mais
non, c'est par simple vérification. Pour ce qui est de la
présence de ce responsable au sein du comité, cela me semble
légitime du moment où il y a des écoles confessionnelles.
Je pense qu'on devrait là-dessus assez rapidement en venir à un
consensus. Pour ce qui est de la définition des fonctions de ce
responsable, est-ce qu'il n'y a pas un danger de figer cela finalement, du
moment où on rentre cela dans une loi? J'ai un ami, un vieux notaire,
qui me dit toujours: Vous savez, plus on en écrit, plus on en
oublie.
Mme Jauvin: Mais madame, je vous ferai remarquer que nous ne
demandons pas que la définition même des tâches de ce
responsable soit inscrite dans la loi. Nous avons profité de l'occasion
pour souligner l'importance de cette fonction en énumérant des
responsabilités qu'il nous apparaissait absolument essentiel
d'assurer.
Mme Blackburn: Je vais terminer. Je vous remercie infiniment de
votre participation aux travaux de cette commission.
Mme Jauvin: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une
dernière intervention de la part du ministre de l'Éducation. M.
le ministre.
M. Ryan: Oui
Mme Blackburn: II est fort possible que vous ayez une oreille
très favorable chez le ministre actuel de l'Éducation. Je pense
que vous n'avez pas beaucoup besoin de mon secours pour défendre votre
cause.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais signaler un point. À propos de la
fonction de cadre dont nous avons parlé tantôt, c'est une fonction
à laquelle vous attachez, à juste titre à mon point de
vue, beaucoup d'importance, mais en réponse à une
inquiétude que j'ai entendue, il faudrait préciser que dans le
projet de loi, il n'est pas dit que le titulaire de cette fonction devra
s'occuper uniquement des tâches reliées à ce
poste-là. Si le volume des devoirs qui incombent au titulaire en raison
des exigences du poste devait diminuer par suite d'un attiédissement ou
d'un affaiblissement considérable des attentes des parents ou des
élèves en matière religieuse ou morale, la commission
scolaire sera libre de confier d'autres tâches en plus à cette
personne, elle ne sera pas/ limitée strictement et exclusivement
à cela. Ce qu'on veut, c'est que la personne qui a cette
responsabilité ait voix au chapitre, là où
s'élaborent les politiques et là où se prennent les
décisions générales. Je pense franchement que c'est une
attente raisonnable, surtout étant donné le gros changement quo
nous faisons, dont nous mesurerons l'ampleur à mesure que nous
avancerons. C'est beaucoup plus considérable qu'on ne peut le penser. Le
passage à des commissions scolaires linguistiques, cela change beaucoup
de choses qui étaient établies, qui allaient pratiquement de soi.
Cela va faire un cran de sûreté qui va empêcher que tout
glisse et je pense que c'est légitime.
Une autre question sur laquelle je ferai une, brève remarque,
c'est l'animation pastorale. On' peut penser que tout est bien assuré
actuellement, mais je pense que Mme Jauvin nous l'a signalé à
juste titre tantôt, quand on descend au chapitre de l'école et des
commissions scolaires, il y a bien des endroits où l'on avait
commencé à pratiquer une politique d'indifférence en ces
matières et d'absence même. Il y a bien des commissions scolaires
qui étaient contentes de se ballader à des congrès de
commissions scolaires catholiques, qui étaient rendues qu'elles n
investissaient plus aucune ressource dans l'animation pastorale qui est une
fonction essentielle d'une école catholique. Pardon?
Mme Blackburn: Cela devait être assuré par
l'église; cela a toujours été mon...
M. Ryan: C'est justement la question à laquelle je veux en
venir. Au cours des derniers mois, l'Assemblée des évêques
du Québec a publié un document sur l'animation pastorale au
primaire dans lequel elle fait une proposition très intéressante.
Elle propose que les responsabilités en cette matière soient
assumées d'une manière partagée par le système
d'enseignement et par les Eglises diocésaines. Nous avons
déjà plusieurs diocèses où la responsabilité
même du financement des animateurs pastoraux est partagée à
50-50, 75-25, et je pense que ce qui est proposé dans le document des
évêques, c'est quelque chose comme 50-50. Cela a été
longuement discuté chez eux. Il y en a qui ne voulaient pas entendre
parler de cela pendant un temps. Mais là je pense qu'on descend dans des
choses plus concrètes. (21 h 45)
En fin de compte, il faut bien qu'il y ait une collaboration. Et je
crois qu'on s'en va vers des mécanismes de collaboration qui ne mettront
pas tout le poids de la responsabilité seulement du côté du
système de l'enseignement et de l'État - je pense que cela est
excellent - mais qui en même temps vont préserver une
responsabilité de l'autre côté. Moi, je voudrais vous dire
sur cela que cette année nous n'avons pas
pu libérer de crédits pour commencer la mise en oeuvre de
cette politique, mais j'apprends avec grand plaisir que plusieurs commissions
scolaires ont commencé à le faire. L'année prochaine, si
les choses ne vont pas trop mal au point de vue des finances du gouvernement,
c'est sûrement une des choses que je demanderai, qu'on libère
certaines sommes d'argent pour qu'on puisse commencer à appliquer ce
programme suivant les orientations générales qui ont
été définies et qui répondent assez bien à
la façon de voir du gouvernement. Cela est un point que je tiens
à mentionner parce que si on n'a pas ce service, il y a quelque chose
qui fait fondamentalement défaut.
Et je conclus, M. le Président - ainsi que vous me l'indiquez
justement - en disant que je suis tout à fait d'accord avec la
députée de
Chicoutimi quand elle laisse entrevoir que les garanties, même les
plus serrées, ne pourront jamais à elles seules assurer la
circulation de la vie, surtout au point de vue religieux. Cela prend beaucoup
plus que cela. Cela prend des valeurs beaucoup plus profondes. Mais ce sont des
dispositions. Dans les lois, il faut mettre des dispositions qui sont
quantifiables, en général, qui sont mesurables et qui devraient
favoriser Jes choses. Si cela ne répond pas à
l'état des sprits, je pense qu'il y aura tout ce qu'il faut ans le
projet de loi pour desserrer la pression t permettre que d'autres influences
s'exercent.
C'est le but que le législateur poursuit, soit de donner sa
chance légitime à une population dont la très grande
majorité demande encore des écoles catholiques selon les
indications de tous les sondages, et surtout selon les indications des
consultations qu'il a été donné de faire dans une centaine
de cas où des nouveaux statuts ont été attribués
à des écoles au cours des dernières années. Je suis
allé encore à l'ouverture d'une cole à la commission
scolaire Robert-Baldwin, il a quelques mois. On avait procédé
à une onsultation en bonne et due forme auprès des parents de
comités catholiques. Il y en a 89 % qui ont répondu qu'ils
voulaient que l'école soit confessionnelle. On est bien obligés
de tenir compte de cette réalité, à moins d'être un
gouvernement qui soit complètement coupé de la
éalité. Peut-être que ce ne sera pas cela dans 50 ans. Le
projet de loi permet de parer à des nouvelles situations qui pourraient
survenir et il tonne à ceux qui croient à ces valeurs une chance
légitime de les faire avancer.
Alors, je suis très heureux, en conclusion, des avis que vous
avez exprimés dans votre mémoire. Je le suis d'autant plus que je
sais la valeur représentative des opinions que vous avez
exprimées ce soir. Je veux vous assurer que le gouvernement, en mettant
ce projet de loi de l'avant, veut servir la cause de l'éducation
à la lumière des principes que vous avez très bien
résumés dans votre mémoire. Je vous en remercie.
Association québécoise des professeurs
de morale et de religion
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, Mme Jauvin, M. Martin et M. Vincent, de votre participation
à la commission parlementaire. Nous allons immédiatement sans
plus tarder, parce que le temps nous presse, accueillir le groupe suivant,
l'Association québécoise des professeurs de morale et de
religion.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
nous accueillons, comme je le disais tout à l'heure, l'Association
québécoise des professeurs de morale et de religion qui est
représentée par son président, M. André Doucet, et
par son porte-parole, M. Pierre Courteau.
La commission parlementaire de l'éducation a prévu de vous
accorder une période de 45 minutes environ pour faire connaître
enfin vos opinions sur les deux projets de loi qui font l'objet de cette
commission. Je peux me permettre de vous suggérer de prendre environ un
tiers du temps peut-être pour présenter votre mémoire,
lequel d'ailleurs a été lu par les membres de cette commission et
après cela, on tâchera de dialoguer entre les deux formations
politiques et la période de temps sera répartie également
entre ces deux formations politiques.
Alors, M. Courteau, on me dit que c'est vous qui êtes le
porte-parole du groupe.
M. Courteau (Pierre): C'est exact.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous voulez
bien nous présenter les gens qui vous accompagnent et enchaîner
immédiatement avec la présentation de votre mémoire.
M. Courteau: Je vous remercie de votre accueil, M. le
Président. Je vous présente, à ma droite, M. André
Doucet, qui est d'abord professeur à l'école Mgr-Laval de la
Commission scolaire de Charlesbourg et qui est également
président de l'Association québécoise des professeurs de
morale et de religion. À ma gauche, il y a M. Pierre Vachon, qui est
professeur au collège Bourget, de Rigaud, et qui est trésorier de
l'association. Nous accompagne également M. Jean-Pierre Morin, qui est
professeur à la polyvalente Vachon de Sainte-Marie de Beauce.
Le Président (M. Parent, Sauvé): MM.
Vachon et Morin, bienvenue.
M. Courteau: Alors, si on mesure l'importance qu'une
société accorde à l'éducation par le nombre de
projets de loi, de livres et de conférences dont elle est l'objet, nous
avons toutes les raisons d'être fiers. L'école, tout comme
l'éducation, est analysée, comparée et critiquée;
on tente de la transformer, de l'améliorer et de l'humaniser. Il nous
reste cependant à déterminer la base de tous ces
échafaudages.
Nous voici donc en face d'un nouveau projet de loi sur l'instruction
publique qui propose de remplacer, dans une partie du Québec, les
commissions scolaires confessionnelles par des commissions scolaires
linguistiques. Nous, à l'Association québécoise des
professeurs de morale et de religion, l'AQPMR, nous serons d'accord avec une
telle proposition, pour autant que nous y retrouvions des garanties pour que
l'enseignement moral et religieux, catholique et protestant, continue de se
transmettre dans le respect des droits des élèves et de ceux des
enseignants.
Appuyés par une tradition, une histoire et même une
certaine volonté populaire, nous rechercherons l'assurance de la
présence des services de pastorale pour les confessions catholique et
protestante. Il sera de même nécessaire que la loi précise
la nature des services qui pourront être offerts sur les plans religieux
et moral dans les écoles qui se diront non confessionnelles. Finalement,
si nous avons choisi de présenter nos observations sur le projet de loi
107 en analysant chacun des articles qui concernent la dimension
confessionnelle, ce n'est pas pour jouer à
l'apprenti-législateur, mais bien pour être mieux compris des
législateurs. Voici donc nos opinions.
Les articles 5 et 6 sur le choix de l'école et le droit à
l'option vont bien dans le sens de la liberté et, de ce fait, respectent
les individus, même si pour nous, le choix annuel peut aller à
rencontre d'une démarche pédagogique s'échelonnant sur
plusieurs années et formant un tout. Nous souhaitons cependant que
l'application de ces articles se fasse dans des conditions favorables. Ainsi,
au primaire, il faudrait que l'on limite la formation des groupes
d'élèves de morale, par exemple, à un seul cycle, pour ne
pas retrouver ensemble des élèves ayant une trop grande
différence d'âge.
L'article 7 donnant droit à des services en animation pastorale
est le bienvenu, car il nous apparaît très important que les
élèves puissent intégrer dans des activités les
notions apprises en classe d'enseignement moral et religieux. L'animation
pastorale a une contribution tout à fait originale à fournir en
favorisant l'expression et l'engagement de la foi. Les articles 16 à 19
nous apparaissent importants eux aussi, car ils assureront une qualité
de l'enseignement en garantissant une dimension de témoignage que seul
un enseignant libre peut inclure dans ses cours. On ne peut forcer quelqu'un
à enseigner la foi.
Nous avons cependant des interrogations. Le droit que l'on accorde
à l'enseignant dans le choix des modalités d'intervention
pédagogique et dans le choix des instruments d'évaluation est-il
limité par les politiques ou par le projet éducatif de
l'école? Aussi, ne devrait-il pas être du devoir de l'enseignant
de respecter et de promouvoir les valeurs promues dans le projet
éducatif de l'école? Les valeurs religieuses, par exemple?
En regard de l'article 36, une autre question nous vient à
l'esprit: Pourquoi ne pas avoir nommé explicitement les enseignants
parmi les personnes qui élaborent, réalisent et évaluent
le projet éducatif de l'école? Comment une école
pourra-t-elle réaliser le projet d'éducation qu'elle
désire, si les enseignants ne font pas partie explicitement des
responsables de ce projet? Nous suggérons également que les
écoles rendent public leur projet éducatif pour permettre aux
parents de faire un bon choix.
Nous sommes entièrement d'accord avec les articles 40 à 47
qui précisent la nomination et les fonctions du directeur
d'école. Nous aimerions, cependant, ajouter ceci en ce qui concerne
l'article 48 qui porte aussi sur les fonctions du directeur. On y lit que le
directeur doit s'assurer de la compétence de l'enseignant affecté
à l'enseignement moral et religieux. Pourquoi ne s'assurerait-il pas
aussi de la compétence de la personne affectée à
l'animation pastorale? Cette personne doit, elle aussi, satisfaire à des
conditions de qualification que la commission scolaire doit respecter et que le
directeur doit connaître.
L'article 78 nous laisse songeurs. Il nous semble très malheureux
qu'on ne spécifie pas que le conseil d'orientation peut intégrer
dans le projet éducatif de l'école les croyances et les valeurs
religieuses d'une confession particulière ou de plusieurs confessions.
Un rappel de cette possibilité amènerait le conseil d'orientation
à se pencher sur le sujet et à prendre une décision qui
irait jusqu'à la détermination du statut confessionnel ou non
confessionnel de l'école. Et en demandant à chaque milieu de se
concerter e! de préciser ses attentes, le statut confessionnel ou non
confessionnel de l'école serait bien plus qu'une simple étiquette
sans contenu. Les articles 577 et 578 de ce projet de loi nous assurent la paix
juridique à ce sujet.
C'est dans cette ligne de pensée que nous aimerions voir changer
la formulation de l'article 80. Il faudrait, selon nous, remplacer les mots
"donne son avis" par le verbe "informe" et la phrase se lirait: "... informe la
commission scolaire sur la demande de reconnaissance confessionnelle de
l'école ou sur le retrait de cette reconnaissance. "
L'article 107, quant à lui, consacre la présence de deux
systèmes scolaires dans le Québec. Il nous semble paradoxal que
ce soient les deux plus grandes villes du Québec qu conservent les
systèmes scolaires confessionnels, car ce sont ces villes qui
possèdent des populations hétérogènes et qui vivent
le pluralisme. Nous sommes, bien sûr, conscients de la bataille juridique
qui a eu lieu récemment et qui a été tranchée par
l'article 93 de la Constitution canadienne. Nous croyons que cette mise
à part nous interpelle; quant à nous, nous favoriserions un seul
système scolaire au Québec.
Nous croyons déceler des difficultés
d'interprétation dans l'article 189. À notre avis, i
faudrait préciser ce que l'on entend exactement ici par
"compétence". Est-ce la compétence en matière
d'enseignement moral et religieux seulement ou en enseignement moral optionnel
également?
Abordons maintenant la série d'articles du projet de loi qui
portent sur les fonctions de la commission scolaire reliées aux services
éducatifs. Les articles 204 à 226. Tous ces articles nous
paraissent essentiels et nous sommes heureux d'y retrouver la reconnaissance du
pouvoir de réglementation des comités catholique et protestant du
Conseil supérieur de l'éducation.
Ces mêmes articles assurent aussi un enseignement moral et
religieux de qualité parce qu'ils rendent les commissions scolaires
responsables de l'atteinte des objectifs des programmes officiels et de la
présence de personnes compétentes en animation pastorale.
Nous voyons particulièrement d'un bon oeil l'article 210 qui
impose l'atteinte des objectifs obligatoires et cela, même dans un cours
d'enseignement religieux autre que catholique ou protestant, car il ne faut pas
perdre de vue l'éthique québécoise sur laquelle se fondent
nos lois et nos coutumes. Devrions-nous cependant prendre en
considération le nombre de parents qui désirent un enseignement
religieux autre que catholique ou protestant?
Nous ne pouvons pas terminer l'étude de cette partie sans ajouter
un commentaire sur la nécessité de nommer un responsable qui
verrait à ce que les maquettes adoptées par les commissions
scolaires soient conformes à la loi en ce qui concerne
particulièrement le minimum de temps à accorder en enseignement
moral et religieux. Pourquoi cette demande? Parce que nous savons que
présentement, il y a certaines commissions scolaires qui ne se
conforment pas aux règlements du comité catholique et qui ne sont
pas inquiétées pour autant. Ce rôle de surveillant qui peut
rappeler à l'ordre pourrait être donné au sous-ministre
associé dont on parle à l'article 554.
L'article 232 est bien acceptable, mais la commission scolaire ne
devrait-elle pas aussi s'assurer qu'une personne qu'elle affecte à
l'enseignement moral et religieux satisfait aux conditions de qualification
exigées par le comité catholique ou le comité protestant,
selon le cas? Il était dit précédemment que cela
était la responsabilité du directeur d'école - voir
l'article 48 - mais lors de l'engagement de professeurs, cela ne devient-il pas
la responsabilité de la commission scolaire? Nous aimerions que cet
article soit amendé en ce sens. (22 heures)
L'article 233 qui demande à la commission scolaire de nommer un
responsable du soutien à l'administration des écoles catholiques
nous paraît très satisfaisant. Nous aimerions cependant que la loi
spécifie que cette personne devrait être à temps plein
à cette tâche, à cause de l'ampleur de cette tâche.
Après tout, cette personne est une assurance de plus de la
qualité de l'enseignement et de l'animation pastorale.
Tout l'article 413 est à notre entière satisfaction et il
en est de même pour les articles 421, 423 et 424. Tous ces articles sur
les responsabilités du gouvernement et du ministre de l'Éducation
respectent bien nos priorités présentées dans
l'introduction de ce mémoire. Par l'article 467, le projet de loi nous
assure aussi la présence des cours d'enseignement moral et religieux
dans les commissions scolaires provisoires.
Finalement, l'idée émise à l'article 471 sur la
représentation proportionnelle des commissaires d'écoles
catholiques ou protestantes nous apparaît comme une mesure de justice
à appliquer. Cela démontre la volonté du
législateur d'assurer une continuité entre l'ancien
système scolaire et le nouveau et, à notre avis, cela est
bien.
Conclusion. Tout en recherchant l'équilibre entre les droits
collectifs et les droits des individus, les prises de position de l'AQPMR
proposent des idées qui visent à assurer que les jeunes que nous
formons dans nos écoles soient respectés et éduqués
aux valeurs morales et religieuses ou aux valeurs morales que leurs parents ou
qu'eux-mêmes ont choisies. Cette assurance d'un enseignement de
qualité se fera à l'intérieur de règles qu'il
appartient au législateur de déterminer et nous croyons que le
projet de loi 107 se trouve sur la bonne voie.
Il restera ensuite aux adultes responsables de relever le défi
d'enseigner des valeurs morales et des valeurs religieuses, tout en
côtoyant dans le plus grand respect, les tenants de valeurs
différentes. Il faudra pour cela que chaque école se crée
un projet éducatif capable de satisfaire les exigences de tous.
Même si cela nous semble une tâche difficile, elle n'est pas
impossible.
En terminant, nous tenons à remercier vivement tous les membres
de cette commission pour leur attention à nous écouter et aussi
pour l'intérêt qu'ils manifestent dans l'éducation de nos
jeunes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Courteau, je
pense que c'est à nous de vous remercier pour l'apport que vous
fournissez à cette commission et l'éclairage nouveau que vous
nous apportez sur ces deux projets de loi. Dans un premier temps, je vais
reconnaître un premier intervenant du côté
ministériel, M. le député de Charlevoix. M. le
député.
M. Bradet: M. le Président, messieurs, permettez-moi
d'abord de vous féliciter pour le mémoire que vous
présentez et vous dire que je suis très heureux, pour la
deuxième fois, d'avoir à intervenir quand on parle de morale et
de profs de religion. Pour l'avoir vécu et l'avoir été
pendant plus de quinze ans, je pense qu'on peut dire - et vous le savez - que
ce sont les
matières les plus difficiles à enseigner dans une
école. On n'a qu'à regarder lorsque le prof de
catéchèse ou de morale est absent une journée pour
comprendre le "puzzle" que cela cause au directeur. On ne peut pas s'improviser
et, quand vous parlez de compétence et d'affectation, je pense qu'on
peut dire que très souvent il y a beaucoup d'appelés et peu
d'élus.
Il y a beaucoup de gens qui s'essaient et qui pensent que c'est facile
d'enseigner la morale. Il y en a beaucoup qui ne le font pas longtemps. Par la
présentation de votre mémoire, je pense que dans l'ensemble, vous
êtes d'accord avec la création des commissions scolaires
linguistiques. Vous êtes aussi satisfaits des propositions, des
dispositions concernant l'enseignement moral, de même que l'enseignement
religieux et l'animation pastorale.
J'aurais deux questions à vous poser, notamment sur le projet
éducatif. Vous dites que l'article 78 devrait mentionner qu'un projet
éducatif peut intégrer des croyances et des valeurs religieuses.
Je pense qu'on retrouvait cela dans le projet de loi 3, dans le même
article, il me semble. Vous avez peur qu'on étiquette - si j'ai compris
- la confessionnalité trop rapidement.
Quelles seraient, en plus de ce que vous nous avez dit dans votre
mémoire, les raisons profondes qui motiveraient qu'on inscrive dans le
projet de loi cet article sur l'intégration directe au projet
éducatif des croyances et des valeurs religieuses?
M. Courteau: Ce qui est très important, c'est qu'il ne
faut pas éluder le problème. Il ne faudrait pas que la direction
d'une école ou encore que les personnes responsables du projet
éducatif passent trop rapidement là-dessus. Je pense qu'il serait
bon tout simplement de leur faire comprendre que cela peut faire partie du
projet éducatif pour éviter qu'à un moment donné,
six mois ou un an plus tard, un groupe de pression se forme pour dire: Vous
nous avez oubliés, vous n'avez pas pensé à cela. Je pense
que cela éviterait tout simplement des malentendus, des problèmes
qui viendraient alourdir finalement l'enseignement et, évidemment, le
climat dans les écoles. Pensons-y au départ. Supposons que cela
puisse exister et, à ce moment-là, les gens feront le
débat quand ce sera le temps et non pas un an plus tard en ressassant de
vieilles chicanes qui ne devraient pas exister. Je ne sais pas si l'un de mes
confrères a quelque chose à ajouter?
M. Vachon (Pierre): Je pense que cela indiquerait aussi aux gens
intéressés l'ouverture du ministère ou de la loi
elle-même sur les minorités qui existent. On ne privilégie
pas de façon bien spécifique deux valeurs religieuses, comme
protestants et catholiques, mais qu'une ouverture existe même au sein de
la loi. Ceux qui veulent s'en prévaloir, comme à Montréal,
pourront le faire aisément.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, d'autres questions?
M. Bradet: Une deuxième question, si vous le permettez, M.
le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez!
M. Bradet: Vous dites à la page 3 de votre mémoire
que les enseignants devraient être nommés parmi les personnes
responsables pour préparer et réaliser ce projet éducatif.
Quand on lit l'article 36 - je ne sais pas, c'est une interprétation -
on dit: "L'école réalise sa mission suivant un projet
éducatif élaboré, réalisé et
évalué périodiquement avec la participation des
élèves, des parents, du personnel de l'école et de la
commission scolaire. " Je me pose la question: Le personnel de l'école,
moi, dans mon esprit, ce sont les enseignants, le personnel non enseignant, les
cadres. Pourquoi vouloir mettre les enseignants dans.. Y a-t-il une raison
particulière ou si vous excluez les enseignants du personnel de
l'école?
M. Courteau: Non, loin de là. On n'exclut pas du tout les
enseignants du personnel de l'école. Je pense tout simplement que le
rôle de l'enseignant est, j'ai l'impression, un rôle premier face
à l'éducation de l'enfant qui est devant lui. Il me semble que
ces derniers temps, l'enseignant, si vous me permettez l'expression, a
été un peu descendu lors de certains conflits de travail, etc. Je
pense que lui faire sentir ou montrer concrètement en l'inscrivant
explicitement, ce serait tout simplement lui donner confiance aussi. Il ne faut
pas oublier que les enseignants sont ceux qui rencontrent les
élèves tous les jours. Une boutade qu'on entend souvent, c'est
qu'un directeur peut être absent, cela ne paraît pas, mais, quand
un enseignant est absent, cela paraît.
M. Bradet: Seulement une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez,
monsieur!
M. Bradet: Je vous disais tout à l'heure que l'affectation
et l'embauche du personnel, surtout au niveau de ces matières, sont
très importantes, il faut les vivre pour comprendre. On ne peut pas
s'improviser prof de catéchèse ou de morale. Vous dites à
un moment donné: Le directeur d'école devrait - quand on parle
des responsabilités et des devoirs du directeur d'école - avoir
la responsabilité de s'assurer de la compétence de la personne
affectée à l'animation pastorale. Je vous pose la question parce
qu'un peu plus loin, à l'article 232, on dit que cette
responsabilité revient à la commission scolaire. Il
revient à la commission scolaire, à l'article 232... On va
vérifier l'article 232: "Elle s'assure, en autre, qu'une personne
qu'elle affecte à l'animation pastorale catholique ou à
l'animation religieuse protestante satisfait aux conditions de qualification
exigées... " La question que je me pose, il y a à peu près
un animateur de pastorale par école ou pour deux écoles, pourquoi
vouloir que ce soit le directeur qui s'assure de cette compétence?
M. Courteau: Cela est basé sur le vécu actuel de
plusieurs écoles. Actuellement, dans plusieurs écoles, il y a des
directions qui semblent se foutre royalement de ce qui se passe dans
l'animation pastorale ou dans l'enseignement religieux. Quand les
règlements du comité catholique ont été émis
en décembre et qu'on a donné plus de pouvoir au directeur
d'école à ce niveau-là, il y en a qui ont dit: Bon, une
affaire de plus; on va mettre cela de côté pour autant que cela ne
dérange pas. C'est ce que j'ai déjà entendu. Je pense
qu'il est important à un moment donné d'impliquer de cette
façon la direction de l'école à voir à ce que tous
les services complémentaires de l'école soient aussi de sa
responsabilité, non seulement le psychologue ou qui que ce soit mais
également l'animateur de pastorale afin que celui-ci fasse partie
à 100 % de l'école et pas seulement de la commission
scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
le député de Charlevoix. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Messieurs, cela me
fait plaisir de vous retrouver ici. Cela me fait toujours plaisir de croiser le
fer avec vous. Je voudrais juste revenir un peu sur les commentaires du
ministre qui disait que, dans le fond, les parents au Québec veulent le
maintien d'écoles confessionnelles. Il citait en guise d'exemple une
école de la commission scolaire Baldwin-Cartier, je pense, qui avait
fait une consultation pour établir le statut d'une école et plus
de 80 % des parents s'étaient montrés favorables à ce
statut confessionnel pour cette école. J'ai eu l'occasion, puisque nous
l'avions demandé en commission parlementaire, l'avoir en main un
document. M. le ministre, vous vous le rappellerez, c'est au printemps je crois
qu'on l'avait demandé à un groupe qui nous avait fait état
d'une consultation qu'il avait menée en vue d'établir le statut
confessionnel d'une école et où on s'était montrés
largement favorables. On lui avait demandé de nous ache-miner le texte
qui avait servi à la consultation, l'ai lu le document et l'école
non confessionnelle y était définie par la négative: elle
ne donne pas ici, elle n'a pas de projet éducatif catholique, elle n'a
pas... Quelqu'un qui dit: Écoute, si c'est défini par la
négative, j'aime autant qu'il y ait quelque chose dedans. Je m'excuse,
mais c'était vraiment cela. Le texte qu'on a eu en main était
plutôt de cette eau-là. Moi, je pense qu'effectivement la plupart
des parents se disent: Quant à n'avoir rien, autant avoir quelque chose
qui s'inspire des valeurs qu'on connaît. Mais, je pense qu'il faut
être honnête, moi, et qu'on peut mettre au défi les parents
qui vont être en mesure de faire reconnaître pour une école
un statut autre que confessionnel. Il faut être réaliste.
La batterie de moyens mise à la disposition des comités
catholique et protestant des écoles et des commissions scolaires
actuellement pour soutenir le projet et l'idée d'une école
confessionnelle est sans aucune commune mesure avec les moyens mis à la
disposition des parents qui vont vouloir avoir une école neutre, nous le
savons tous. Je pense qu'il faut arrêter de faire semblant qu'il y a
quelqu'un quelque part au Québec... Il va peut-être y avoir
quelques exceptions rarissimes. Cela étant dit, cela ne veut pas dire
que vous ne donnez pas un bon enseignement, que les valeurs ne sont pas pleines
d'allure, mais je trouve qu'il faut être un peu réaliste, il faut
arrêter de faire semblant que cela va être possible au
Québec.
D'ici 50 ans peut-être. On regardera cela je ne sais pas,
probablement que je ne serai plus là et il y en a quelques autres
aussi... Ni autrement, j'imagine. Mais, il y a quelqu'un quelque part qui fera
des recherches et qui découvrira que cela a été aussi long
que je l'appréhendais, mais je vais revenir plus
précisément à votre texte. Dans votre document, vous
demandez que ce soit inscrit dans la loi. Je vais prendre cela par page, pas
nécessairement par importance. Tout au bas de la page 2, vous dites:
Aussi, en parlant de l'enseignant, ne devrait-il pas être du devoir de
l'enseignant de respecter et de promouvoir les valeurs promues dans le projet
éducatif de l'école dont les valeurs religieuses? Mais qu'est-ce
que vous faites de la liberté de conscience des autres enseignants?
Est-ce à dire que tous ceux qui ne partagent pas ces valeurs
religieuses, donc qui ne se sentent pas prêts à en faire la
promotion, je veux dire, n'auraient plus de place dans nos écoles? (22 h
15)
M. Courteau: Vous constaterez que cela se termine par un point
d'interrogation au bas de la page 2. C'est une question que nous nous posons.
Tout le début du paragraphe est de même. Nous avons des
interrogations. On se demande si, dans une école où le projet
éducatif est bien défini, tous les enseignants de cette
école ne devraient pas avoir le devoir de promouvoir ce projet
éducatif. On disait également dans notre texte que les
enseignants participent à l'élaboration, à
l'évaluation du projet, alors, il me semble que ce serait logique, mais
c'est une question que nous nous posons afin que vous aussi vous vous la
posiez.
Mme Blackburn: Vous avez tout à fait
raison.
M. Courteau: Je vous en remercie. Mme Blackburn: Et c'est
là, le problème. Une voix:...
Mme Blackburn: C'est là le problème. C'est parce
qu'on ne peut pas tenir ce discours qui est très logique - je vous le
donne à 200 % - avec le respect des différences. C'est cela, le
problème. Si vous avez un projet éducatif inspiré des
valeurs et des croyances catholiques, vous devriez normalement et
légitimement, comme vous le dites, vous assurer que tous ceux qui
enseignent dans l'école fassent la promotion de ces valeurs. C'est
normal, c'est légitime et c'est logique, sauf que, là, ce n'est
plus la logique qui joue.
Cela veut dire qu'il ne faudra engager dans toutes les écoles
reconnues comme catholiques que des croyants, que ceux qui partagent ces
valeurs et qui sont en mesure d'en faire la promotion, d'accord? C'est cela qui
est logique, sauf que ce n'est pas cela qu'on a au Québec. On est
censés avoir des écoles qui respectent aussi les autres, y
compris les enseignants qui enseignent à l'intérieur et, en
même temps, un projet catholique mur à mur.
Je ne recommencerai pas le discours là-dessus, je l'ai tenu
longtemps. Je trouve correcte, je trouve légitime la façon dont
vous le soulevez, mais cela pose le problème dans sa
totalité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Morin.
M. Morin (Jean-Pierre): J'aimerais répondre à Mme
la députée. La vie n'est pas toujours logique cependant. Il y a
une chose qui m'agace un peu depuis le début de votre discours. Vous
semblez dire que quelqu'un qui aurait une éducation catholique
créerait une situation automatiquement discriminante. On ne peut pas
être "au neutre"; je pense que ce n'est pas vrai. C'est comme si la
différence engendrait de la discrimination automatiquement. On peut
être différents sans nécessairement engendrer de la
discrimination.
La norme ne peut pas être autre chose que la
réalité, ce que les parents demandent pour leur école. Ce
n'est pas parce que, dans les écoles, il y a des différences
qu'automatiquement l'un différent devient discriminant pour l'autre.
Là-dessus, je ne peux pas être d'accord avec vous. Il me semble
qu'il y a un vice de logique.
Une voix:... M. Morin: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
Mme Blackburn: M. le ministre sait très bien que j'ai
raison là-dessus et que ce n'est pas à ce niveau que se pose la
question.
M. Ryan: Je ne sais pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, s'il
vous plaît! Un instant, madame. M. Morin avait la parole et M, Courteau
avait demandé d'intervenir aussi. M. Courteau.
Mme Blackburn: Je pensais que M. Morin avait terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. Morin
avait terminé et M. Courteau a demandé d'enchaîner. M.
Courteau.
M. Courteau: J'ajouterai simplement que puisqu'on en est
à ce point, le mot "catholique' veut dire universel, ouvert à
tous. Je pense bien...
Mme Blackburn: On a mené des croisades. On a fait de
l'Inquisition aussi!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S il vous
plaît! Je fais remarquer aux membres de cette commission que nous avons
lancé des invitations à des gens qui sont des intervenants
sérieux et importants dans le monde de l'éducation. Le rôle
de la commission n'est pas d'argumenter et de commencer des polémiques,
mais bien d'écouter leur recherche dans un esprit de discussion et de
dialogue. Je pense que c'est cette façon. On n'est pas en commission
parlementaire où on étudie article par article et où
chacun apporte son argument. On est ici pour avoir un éclairage un
éclairage particulier de la part des gens qui sont là.
Alors, monsieur, nous vous écoutons. Vous avez toujours la
parole.
M. Courteau: Je vous remercie. Je disais donc que le mot
"catholique" veut dire ouvert à tous. Je pense, même à
travers la boutade que j'ai voulu faire, qu'il y a quelque chose de
sérieux là-dedans. Les sociétés primitives ou les
sociétés anciennes usaient de l'anathème très
facilement et rejetaient très facilement tout ce qui n'était pas
selon la loi qui était édictée dans une
société.
Je pense que les sociétés mûres, comme celle du
Québec qui est en train de mûrir, sont capables d'accepter que la
diversité dans un milieu de travail comme dans un milieu de vie devienne
un enrichissement plutôt qu'un obstacle Je crois bien que, lorsqu'on va
définir un projet éducatif dans un comité, on va tenir
compte de cela. On ne s'en ira pas les yeux fermés proposant un projet
éducatif comme il s'en faisait en 1915.
J'ai bien l'impression que le projet éducati-
va tenir compte de la réalité québécoise
telle qu'elle est aujourd'hui et qu'on va justement accepter que
diversité veut dire enrichissement de l'un et de l'autre, de sorte que
le professeur, je dirais qu'on va lui demander et que cela va être son
devoir de respecter le projet éducatif qui, lui, aura été
pensé sérieusement par tous les tenants de l'école en
question. Cela ne sera pas du lavage de cerveau qui va se faire, ce n'est pas
notre idée en disant cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Courteau. Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. En page 3 de votre
mémoire, vous suggérez - cela a d'ailleurs été
mentionné par le député de Charlevoix - que l'on retrouve
dans le projet... Vous dites: "L'article 78 nous laisse songeurs. Il nous
semble très malheureux que l'on ne spécifie pas que le conseil
d'orientation peut intégrer dans le projet éducatif de
l'école les croyances et les valeurs religieuses". Cela existe
déjà. Heureusement, on l'a nuancé un peu, parce que je
trouvais que c'était plutôt restrictif. Dans le règlement
du comité catholique, c'est très clair, cela existe tel quel. Le
projet éducatif de l'école devra s'inspirer des croyances et des
valeurs de la religion catholique ou protestante de l'école reconnue
comme telle. Alors, cela existe déjà. Je ne pense pas qu'il soit
nécessaire de le retrouver ailleurs. Généralement, les
règlements viennent interpréter la loi et cela existe
déjà, ce qui n'existait pas au moment où cela a
été inscrit dans la loi 3.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Courteau.
M. Courteau: Je pourrais dire là-dessus que cela existe
déjà pour une école catholique dans le système
qu'on connaît. Mais, lorsque les commissions scolaires deviendront
linguistiques, j'ai bien l'impression que ce ne serait pas mauvais qu'on
rappelle aux parents, à tous les intervenants que cela peut se faire. Je
pense que cela va être un moment de vérité qui va se
produire avec cette nouvelle loi. Il va y avoir un moment de
vérité. Les écoles auront à se définir ou
à demander le retrait de l'étiquette catholique et, à un
moment donné, il va falloir qu'on puisse dire que cela peut exister.
Mme Blackburn: Oui, mais je...
M. Courteau: Excusez. Si vous me donnez encore deux
secondes...
Mme Blackburn: Oui, allez, je vous en prie.
M. Courteau: Vous disiez tantôt, par exemple, qu'il y avait
beaucoup de négativisme envers les écoles non confessionnelles
dans la façon dont on les définissait, etc. Mais je pense que ce
n'est pas si vrai que cela. En tout cas, nous, lorsque nous parlons
d'enseignement moral - nous sommes aussi une association qui comprend les
professeurs d'enseignement moral - nous sommes loin de voir dans l'enseignement
moral quelque chose de négatif.
Mme Blackburn: Je voudrais simplement que ce soit clair. Ce que
j'ai dit tout à l'heure, c'est que le texte que j'ai vu, qui a servi
à une consultation auprès des parents pour établir le
statut d'une école présentait ce qu'était une école
confessionnelle et une école non confessionnelle. Dans sa
présentation, ce texte que j'ai vu présentait l'école
confessionnelle avec un projet éducatif, avec de l'animation pastorale
et l'autre comme n'ayant pas de projet éducatif et n'ayant pas
d'animation. Autrement dit, je vous dis qu'il était
présenté par la négative.
Mais, ce qui m'étonne dans votre argument, c'est pourquoi et
comment les parents seraient mieux informés par quelque chose qui
apparaît dans une loi où il y a 600 articles que par quelque chose
qui apparaît dans un règlement qui est beaucoup plus léger?
Ensuite, est-ce que ce ne serait pas dans les fonctions du responsable - je ne
me rappelle jamais son nom - celui qui, à la commission scolaire,
s'occupe de s'assurer que les... C'est un grand titre! Est-ce que ce n'est pas
dans ses responsabilités de s'assurer... Écoutez, il y a pas mal
de monde susceptible de s'assurer que le projet de l'école s'inspire de
ces valeurs, même si l'école n'est pas catholique.
M. Courteau: En réponse à votre question, je dirais
qu'il y a des gens qui sont spécialistes pour fendre les cheveux en
quatre. J'en connais personnellement de ces gens-là qui sont aussi des
cadres supérieurs de ma commission scolaire et qui s'en
réfèrent toujours à la loi, qui finissent toujours par se
référer à la loi. En se référant à la
loi de cette façon, lorsqu'ils voient qu'il n'y a rien d'écrit,
ils disent: On n'est pas obligé, il n'y a rien d'écrit.
Mme Blackburn: Je pense que j'en ai fait la remarque au groupe
qui vous a précédé. En page 5, vous dites: "Nous voyons
particulièrement d'un bon oeil l'article 210 qui impose l'atteinte des
objectifs obligatoires même dans un cours d'enseignement religieux." Je
dois vous dire à nouveau que cela m'étonne, parce qu'il faudrait
qu'on puisse revoir cette même obligation pour toutes les autres
matières. Cela me surprend beaucoup, car comment peut-on imposer une
matière, tel que c'est indiqué dans la loi, et admettre
l'idée qu'on pourrait ne pas atteindre les objectifs?
Je trouvais que s'il y avait quelque chose qui se justifiait mal dans
une loi, c'était qu'on vienne dire qu'il faut atteindre les objectifs.
Il m'apparaît élémentaire que si vous imposez un cours dans
un niveau d'enseignement, les objec-
tifs doivent être atteints. Je trouvais cela surprenant que vous
insistiez.
M. Doucet (André): Je trouve important qu'il soit
écrit...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous pouvez
conclure, M. Doucet.
M. Doucet:... parce qu'il y a certaines commissions scolaires qui
ne respectent pas la norme du temps que le règlement dicte. C'est bien
sûr que si on donne 30 minutes par semaine, comparativement à 90
ou à 60, il y a impossibilité d'atteindre les objectifs à
mi-temps. Alors, je pense qu'il est important, par ce point-là, de dire
que si les gens respectent normalement ce qui est dicté dans le
règlement, on devrait être capable d'atteindre les objectifs.
Dans les autres matières, ils sont organisés pour arriver
et la commission scolaire n'enlève pas de temps dans aucune autre
matière et ils peuvent nécessairement atteindre leurs objectifs.
Je tiens mordicus à ce que cet article, après avoir dit ce que je
viens de vous dire, reste pour ces raisons-là.
M. Vachon: Deuxièmement, on a la prétention de dire
que les cours d'enseignement moral et religeux défendent des valeurs
prioritaires dans la vie de quelqu'un. C'est normal qu'à
l'intérieur d'une loi, on essaie de sauvegarder l'atteinte de ces
objectifs face aux valeurs défendues. Face à de la chimie ou de
la physique, ce sont quand même des matières importantes pour les
connaissances, mais elles ne défendent pas de valeurs de vie comme
telles.
Mme Blackburn: Le français?
M. Vachon: Le français est important, mais je pense
qu'à ce moment-là, une nation elle-même ou un État
comme le Québec, va se donner immédiatement des moyens pour
défendre sa langue et tout cela. Qu'il inscrive aussi à
l'intérieur d'une loi son désir d'avoir des instruments pour
sauvegarder des valeurs morales, je trouve cela énormément
intéressant et même idéal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Vachon.
Mme la députée de Chicoutimi, je vous invite à conclure au
nom de votre formation politique.
Mme Blackburn: Je partage votre avis, c'est-à-dire sur
l'idée qu'on s'assure que les valeurs courantes de la
société trouvent leur place à l'école. Je suis tout
à fait d'accord avec cela. Je n'ai jamais dit autre chose. Cependant,
qu'on croie nécessaire de dire que les objectifs d'un cours obligatoire
soient atteints dans une loi, je ne suis pas tout à fait de votre avis.
C'est là-dessus que je diverge d'opinion et, somme toute, il ne faudrait
pas trop vous inquiéter de mon opinion, puisque je n'ai pas la
majorité! Je voudrais vous remercier de votre participation aux travaux
de cette commission et vous dire que j'ai la conviction que, chacun dans vos
milieux, vous assurez un enseignement de qualité. Je pense bien que
c'est ce qui est important. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: C'est dommage que nous soyons rendus à une heure
tardive. J'ai un sous-ministre qui m'attend pour une autre réunion de
travail II y a bien des aspects que j'aurais aimé aborder avec vous, y
compris des aspects qui ne sont pas touchés dans votre mémoire et
qui se rattachent au rôle du gouvernement et du ministère de
l'Éducation dans les questions reliées à la religion et
à la morale. Il y a des aspects inédits qui se sont
présentés à nous au cours des derniers jours qui sont
très intéressants et qui demandent des réponses aussi.
Votre mémoire nous apporte des éléments de fond qui
vont dans la ligne des préoccupations du gouvernement. La
majorité des observations que vous avez faites étant positives,
étant plutôt sympathiques à l'endroit du projet de loi, il
n'y a pas lieu de s'attarder à cette partie du mémoire. Quant aux
autres points que vous soulevez, il y en a qui vont se résoudre dans la
pratique par les attitudes concrètes des commissions scolaires, des
directeurs d'école, des personnels enseignants et autres. Il y a en a
d'autres, dans la mesure où des solutions institutionnelles
réglementaires ou législatives peuvent aider, que nous allons
examiner attentivement. Il n'y a pas beaucoup de points qui restent, tout
compte fait.
Il y a un vieux proverbe qui nous dit que le mieux peut être
l'ennemi du bien. Comme on est arrivés à un degré quand
même intéressant d'équilibre en ces matières, on ne
cherchera pas à raffiner indéfiniment non plus. Si on peut
simplifier un peu, on le fera volontiers Si on peut alléger, j'en serais
fort heureux. Sur l'essentiel, les grandes orientations du projet de loi vont
demeurer, moyennant quelques raffinements. Il y aura une attention que nous
allons porter aux suggestions que vous nous avez faites II y a des petits
points que vous avez soulevés que nous allons regarder
attentivement.
Je vous remercie infiniment. Juste parmi les problèmes, j'en
mentionne un, entre parenthèses: la charge de travail de la personne
chargée d'enseignement religieux et moral au secondaire, par exemple. On
a présenté des données cet après-midi qui m'ont
laissé songeur. Dans certains cas, la charge est rendue à un
niveau tel que cela devient impossible d'enseigner la religion
sérieusement. Si vous pouviez nous adresser des précisions sur ce
point, cela nous aidera, même en vue des prochaines
négociations
collectives, en vue des dispositions que le gouvernement doit prendre
à un autre niveau. Même si on assure les plus belles choses dans
la loi, si les politiques administratives que nous suivons aboutissent à
des conditions où c'est impossible d'enseigner la morale et la religion
dans des conditions le moindrement propices à des résultats
intéressants, personne n'est pas pIus avancé. Nous sommes
très préoccupés par ces questions. Ne vous gênez
point de nous faire connaître les situations réelles dont vous
êtes beaucoup plus proches que nous parce que vous les vivez tous les
jours.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. La commission suspend ses travaux jusqu'à demain matin, dix
heures.
(Fin de la séance à 22 h 33)