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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation va reprendre ses travaux
après une période de repos de quelques heures. Je demanderais
à nos invités de prendre place à l'avant.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je
déclare cette séance de travail ouverte. Je rappelle à
tous nos invités et aux membres de cette commission le mandat qui nous a
été confié par l'Assemblée nationale, à
savoir: procéder à une consultation générale et
tenir des auditions publiques dans le cadre de l'étude
détaillée des projets de loi 106, Loi sur les élections
scolaires et 107, Loi sur l'instruction publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Jolivet
(Laviolette) remplace M. Gendron (Abiti-bi-Ouest).
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Je vais vous faire part, pour l'information des membres de cette commission, de
l'ordre du jour avec lequel nous aurons à travailler. Dans un premier
temps, nous accueillerons ce matin vers 10 heures l'Association des cadres
scolaires, suivie de l'école secondaire La Relance, qui appartient au
réseau scolaire Chomedey de Laval, et la Confédération des
organismes provinciaux des personnes handicapées du Québec.
Cet après-midi, à 14 h 30, nous accueillerons
l'Association canadienne de la dystrophie musculaire, l'Association
québécoise des parents d'enfants handicapés visuels, la
Société québécoise de l'autisme, l'Association du
Québec pour enfants avec problèmes auditifs et l'Association du
Québec pour l'intégration sociale.
À 20 heures, ce soir, nous reprendrons nos travaux en accueillant
l'Association multiethnique pour l'intégration des personnes
handicapées, l'Association québécoise pour les troubles
d'apprentissage et la commission terminera ses travaux en entendant le
Regroupement interscolaire de la région de Québec.
Est-ce qu'il y a des motions préliminaires? S'il n'y en a pas,
j'invite les représentants de l'Association des cadres scolaires, dont
le porte-parole est M. Jacques Seminaro, à prendre place.
Je veux vous souhaiter, au nom des membres de cette commission, la plus
cordiale bienvenue et vous remercier, M. Seminaro, d'avoir bien voulu
répondre, de façon positive et avec empressement, me dit-on,
à l'invitation de la commission de venir nous faire connaître
votre opinion et votre réflexion sur ces deux projets de loi, à
savoir le projet de loi 106, Loi sur les élections scolaires, et le
projet de loi 107, Loi sur l'instruction publique.
La commission a prévu de vous entendre durant une heure trente;
alors, on a une heure trente pour travailler ensemble. Je vous laisse le choix
d'utiiiser le temps que vous jugerez à propos pour nous présenter
votre mémoire ou le commenter. Je vous informe, par contre, que tous les
membres de la commission l'ont lu, l'ont reçu, du moins. Libre à
vous de juger du temps que vous prévoyez utiliser pour la
présentation du mémoire. Après cela, le temps qu'il
restera sera réparti également entre les membres des deux
formations politiques, avec lesquels vous aurez la chance de dialoguer et de
discuter.
Pour débuter, M. Seminaro, je vous inviterais à nous
présenter les gens qui vous accompagnent et à enchaîner
immédiatement après avec la présentation de votre
mémoire.
Association des cadres scolaires du
Québec
M. Seminaro (Jacques): Merci, M. le Président. Je vais
vous présenter les gens. À ma gauche, M. Pierre Daoust,
secrétaire général à la Commission scolaire
d'Aylmer; M. Daoust est surtout ici pour répondre aux questions
concernant le projet de loi 106. Immédiatement à ma droite, M.
Guy Godin, premier vice-président de l'association et directeur des
services financiers de la Commission scolaire régionale de Yamaska.
Complètement à droite, M. Grondin; avocat de l'association,
procureur sur les points un peu plus poussés. Finalement, s'il y a
certaines questions plus profondes encore ou plus obscures, M. Fortin,
directeur exécutif, qui pourra nous aider à apporter la meilleure
lumière à tout le monde.
M. le Président de la commission, M. le ministre de
l'Éducation, Mmes et MM. les députés, au départ,
l'Association des cadres scolaires tient à remercier, bien sûr,
les membres de la commission parlementaire de l'occasion qui lui est offerte
d'exprimer le point de vue de ses membres sur ces importants projets de loi.
Nous avons, afin d'éviter une longue et pénible lecture, fait un
résumé de notre mémoire, que vous avez devant les yeux.
C'est ce qu'on va lire.
L'Association des cadres scolaires du Québec existe depuis 1972
et regroupe plus de 2000 personnes oeuvrant dans les commissions scolaires et
spécialisées dans seize domaines différents, que ce soit
à titre de directeur ou de coordonnateur de services ou de centres
d'éduca-
tion des adultes ou à celui de régisseur ou de
contremaître. Notre regroupement a pour but, bien sûr, la promotion
et la défense des intérêts professionnels et
économiques de nos membres. Mais il s'est donné aussi pour
mission de contribuer au développement du système scolaire par
une participation constante et éclairée à
l'élaboration et à la mise en oeuvre des politiques relatives
à l'éducation. Étant acteurs dans le système et,
par le fait même, directement impliqués dans son fonctionnement,
nous croyons pouvoir apporter un témoignage de nature à enrichir
le débat. Soucieux d'éviter tout dogmatisme, nous nous
efforçons, à la lumière de l'expérience très
concrète et très diversifiée de nos membres, de rechercher
des améliorations tangibles au système, dans le meilleur
intérêt de l'ensemble de la population du Québec.
C'est dans cet esprit que nous avons participé activement
à tous les travaux et à toutes les consultations menées
depuis plusieurs années par le gouvernement du Québec, dans ses
efforts pour réviser en profondeur la vieille Loi sur l'instruction
publique. Les projets de loi 106 et 107 ont été l'objet d'un
énorme travail d'analyse et de réflexion qui a comporté
une consultation générale de tous nos membres et qui a
résulté en l'adoption, par notre conseil général,
d'une proposition d'ensemble.
Les deux mémoires qui vous ont été envoyés,
il y a quelques semaines, reflètent les grandes orientations retenues.
Nos critiques et recommandations sont inspirées, avant toute chose, du
souci de promouvoir et de réconcilier trois grands principes:
l'accessibilité des services, la participation responsable de toutes les
instances et la cohérence du système.
Le mémoire que nous avons déposé concernant le
projet de loi sur les élections scolaires porte surtout sur des points
de détail et contient des recommandations de nature plus technique. Sans
minimiser l'importance de ces dernières, je me contenterai de faire
à ce sujet trois remarques. En premier lieu, nous accueillons
favorablement la décision de faire une loi distincte sur les
élections scolaires. Deuxièmement, nous nous déclarons en
accord avec les principes qui sous-tendent le projet de loi de même
qu'avec la plupart des articles qu'il contient. Enfin, au chapitre des
critiques, nous nous objectons surtout à l'article 9 qui crée des
circonscriptions superposées pour mieux assurer la représentation
des minorités linguistiques, et à l'article 20 qui établit
dans quelle circonscription peuvent voter les parents.
Dans le cas du projet de loi 107, on me permettra de rappeler les
grandes lignes de notre mémoire et d'insister sur ce qui nous
apparaît comme le plus important. En ce qui concerne la division du
territoire en commissions scolaires linguistiques, l'existence de commissions
scolaires dissidentes et les cas particuliers de Montréal et de
Québec, l'association est d'accord avec le compromis recherché
par le ministre entre les diverses tendances qui coexistent au Québec.
Il est important, en effet, de réconcilier le respect de la
liberté de conscience et de religion et les valeurs qui font partie de
l'héritage de la société québécoise.
Nous sommes également satisfaits de la répartition
générale des rôles et des responsabilités qui est
prévue dans le réseau Le gouvernement reconnaît à la
fois la responsabilité centrale des commissions scolaires dans
l'administration de la chose scolaire, la personnalité et les besoins de
l'école, de même que la nécessité de favoriser la
participation de tous ceux qui sont directement concernés et
impliqués.
L'association tient, en particulier, à souligner l'accent qui est
mis sur la responsabilisation des enseignants et leur implication dans le
fonctionnement du système. Enfin, la participation des parents, sujet
sur lequel notre organisme s'est souvent prononcé au cours des
dernières années, devient un fait acquis.
Bref, l'Association des cadres scolaires tient à dire qu'elle est
clairement favorable aux grandes orientations et à l'esprit du projet de
loi et que ses membres ont hâte de voir enfin la vieille Loi sur
l'instruction publique remplacée par un encadrement législatif
plus adapté au contexte actuel et aux problèmes vécus
quotidiennement dans le milieu scolaire. Mais cela ne nous empêche pas de
voir des défauts majeurs dans le projet de loi.
L'Association des cadres scolaires représente des personnes qui
vivent dans le milieu scolaire, qui sont en contact avec les
élèves, qui connaissent les autres agents et les
différents paliers d'intervention, des personnes qui connaissent aussi
des problèmes et enfin, des gens dont l'expertise ne fait pas de doute.
Ni patrons ni syndiqués, ils occupent une place particulière dans
le système et sont capables d'émettre un point de vue
détaché de tout parti pris et des dogmes qui servent souvent de
référence à certains autres intervenants. Aussi, ne
faut-il pas se surprendre que les membres de l'association soient en mesure de
voir plus facilement les conséquences pratiques des changements
proposés et qu'ils tiennent à exprimer leur point de vue sur
certains aspects de la réforme qui ne répondent pas de
manière satisfaisante aux besoins du milieu scolaire ou qui risquent
d'entraver le bon fonctionnement du système.
Le mémoire de l'association fait état des nombreuses
objections qu'un examen très attentif du projet de loi a
suscitées chez les membres. Je me contenterai ici de faire ressortir les
critiques qui concernent les points de vue les plus importants.
En tout premier lieu, il faut aborder la dimension constitutionnelle.
Personne ne peut se soustraire à la nécessité d'en tenir
compte dans son analyse du projet de loi, et l'absence de garanties, à
ce chapitre, nous inquiète beaucoup. Veut-on répéter
l'expérience de la loi 3 en 1984?
N'aurait-on pas eu avantage à procéder différemment
ou à rechercher plutôt le moyen d'obtenir les fameuses garanties?
Le gouvernement a eu trois ans pour y penser. Le milieu scolaire et tous les
citoyens concernés sont fatigués de vivre en transition, surtout
qu'on ne sait même pas vers quoi l'on se dirige exactement. Selon nous,
le ministre se donne le pouvoir de décréter des limites
territoriales, qui, si on se fie à la jurisprudence, vont à
l'encontre de droits reconnus constitutionnellement. Comment peut-on nous
demander dans pareil contexte de nous prononcer de manière
définitive?
Par ailleurs, la disparition de l'article 111 de la loi 3 constitue pour
nous un autre motif d'inquiétude. Cet article se lisait comme suit:
"Chaque commission scolaire a compétence sur les écoles primaires
et secondaires auxquelles elle délivre un acte d'établissement. "
Pourquoi le gouvernement a-t-il enlevé cette phrase qui traduisait la
volonté du législateur de faire de la commission scolaire le
véritable pivot du système et confirmait son autorité sur
l'administration de ce dernier? Pour nous, la commission scolaire est un
gouvernement local qui doit posséder la latitude nécessaire pour
agir et intervenir efficacement. La disparition de l'ancien article 111 vient
renforcer les craintes qu'ont déjà provoquées chez nous
plusieurs autres dispositions de l'actuel projet de loi.
Notre association déplore également le trop grand nombre
de pouvoirs accordés au ministre. Il en avait beaucoup dans la loi 3, on
en a ajouté encore dans le projet de loi 107. La plupart des articles ne
précisent même pas les conditions d'exercice du pouvoir
accordé. Quelques exemples: L'article 22: "Le ministre peut, aux
conditions et pour la durée qu'il détermine. " L'article 26: "Le
ministre peut, s'il le juge nécessaire. " L'article 28: "Le ministre
peut refuser lorsqu'il estime que... ", etc. Vous avez la liste. L'association
est d'avis que tous ces pouvoirs discrétionnaires vont bien
au-delà de ce qui est nécessaire à l'application de la
loi.
Nous nous opposons tout aussi fermement à l'ajout de nombreux
mécanismes de contrôle des actes des commissions scolaires, qu'il
s'agisse de l'octroi de contrats, du budget ou des effectifs. En particulier,
l'articie 437 et les articles 438 à 440 sont tout à fait
injustifiables. Non seulement, se prépare-t-on à affronter de
nombreux problèmes légaux, mais on va aussi entretenir
inutilement un climat d'inquiétude et de méfiance dans le milieu.
À nos yeux, l'expérience passée ne justifie pas
l'introduction dans la loi de tels mécanismes.
Enfin, le pouvoir de taxation demeure fondamental pour les commissions
scolaires qui l'ont toujours utilisé de manière responsable.
Notre association estime que le projet de loi continue à faire obstacle
à l'autonomie des commissions scolaires par le maintien du 6 % de la
dépense nette et du 0, 25 $ par 100 $ d'évaluation. Il n'y a plus
de marge de manoeuvre et surtout, il n'est plus possible de donner une couleur
locale au système. Il nous apparaît donc nécessaire que le
gouvernement accroisse l'actuel pouvoir de taxation, de manière à
le rendre compatible avec l'étendue des responsabilités des
commissions scolaires.
Pour terminer, nous tenons à exprimer notre déception face
au silence presque complet du projet de loi sur l'importante question de
l'éducation des adultes. Compte tenu des prises de position
antérieures du ministre, l'association déplore qu'il n'y ait
aucune section ou chapitre sur ce sujet.
Avant de conclure, on me permettra de formuler deux grands souhaits, au
nom de l'association. D'abord, nous pensons que le travail de transformation
des structures doit être continué et mené à bonne
fin. Les besoins sont trop pressants. Nous formulons également le voeu
que l'on continue à rechercher des consensus parmi les principaux
intervenants. Pour être solidement implantée, la réforme
doit reposer sur l'adhésion du plus grand nombre.
En conclusion. Nous avons tenté, dans un esprit constructif et
sur la base de notre expertise, de proposer des améliorations au projet
de loi susceptibles de le rendre plus acceptable aux divers agents de
l'éducation et surtout plus conforme à l'intérêt de
l'ensemble de la population. Bien que nous soyons d'accord avec les objectifs
poursuivis par les auteurs du projet, de même qu'avec la distribution
générale des rôles et des pouvoirs qui y est faite, nous
croyons que les ambiguïtés, omissions et défauts dont nous
avons fait état dans notre mémoire risquent
précisément de compromettre le succès de l'entreprise.
Aussi, sommes-nous d'avis qu'il faut prendre tout le temps nécessaire
pour arriver à un texte de loi qui soit à la fois plus conforme
aux attentes de la population, plus respectueux des agents oeuvrant aux
différents niveaux et davantage adapté aux réalités
d'aujourd'hui. Le défi est de taille et nous sommes conscients qu'il
sera impossible de satisfaire pleinement tout le monde, mais aucun de nous n'a
le droit de se dérober.
L'Association des cadres scolaires du Québec est, quant à
elle, prête à continuer à travailler pour que notre
système d'éducation soit à la hauteur des aspirations de
notre société.
Finalement, je voudrais ajouter que nous avons distribué deux
feuilles pour compléter notre mémoire. Ces feuilles
précisent des articles et les identifient mieux. C'est notre
réflexion qui s'est poursuivie au-delà du 15 juillet qui nous a
permis d'avoir un mémoire plus conforme à la lecture qu'on y
fait. Donc, les deux errata ou du moins, les deux feuilles parallèles
que vous avez reçues, font maintenant partie du mémoire.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On vient de
prendre connaissance de ces deux annexes, monsieur.
(10 h 30)
M. Seminaro: II y a une annexe qui est surtout fonction du projet
de loi 106 sur des précisions plus techniques, plus spécifiques
de ce qu'on a déjà annoncé. Il n'y a rien de
différent mais, en fait, cela devient plus conforme. Finalement,
concernant le projet de loi 107, ce sont des vérifications plus
poussées qui nous ont amenés à donner ces
précisions-là. Et, encore là, c'est très
technique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. On vous
remercie beaucoup, M. Seminaro.
Dans un premier temps, je vais reconnaître le député
d'Argenteuil et ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de saluer
l'Association des cadres scolaires du Québec, en particulier son
président et les dirigeants qui l'accompagnent à la table. J'ai
écouté avec un grand intérêt le résumé
que M. Seminaro a donné du mémoire de l'association. Je pense que
c'est une contribution qui nous sera très utile a ce stade-ci de nos
travaux.
Les cadres scolaires, comme on le disait dans le mémoire, sont
bien placés pour observer de près le fonctionnement concret de
nos institutions scolaires, les répercussions de nos lois et de nos
règlements sur la marche quotidienne du système et l'apport que
chaque intervenant doit y fournir. À cause de cette situation
stratégique où sont placés vos membres, vous êtes en
mesure d'offrir des observations qui ont de bonnes chances, pour dire ma
pensée de manière plus exacte, de découler de la
réalité. Cela ne vous empêche pas d'avoir vos idées
et vos préjugés comme tous les autres organismes et comme tous
les politiciens et politiciennes que je connais. C'est la synthèse des
deux qui fait généralement des interventions vivantes, utiles et,
en même temps, discutables.
J'ai bien apprécié la teneur générale de
votre intervention. Sur le fond, je remarque une adhésion aux grands
objectifs que poursuit le gouvernement, une invitation à continuer dans
la voie qui a été engagée et cela accompagné d'un
certain nombre de critiques au sujet desquelles je voudrais vous soumettre
quelques brèves réactions.
Vous soulevez tout d'abord la dimension constitutionnelle. Du point de
vue du gouvernement, voici comment nous voyons les choses. Nous sommes tous
d'accord qu'il y a des difficultés constitutionnelles majeures chaque
fois que nous voulons intervenir sur le fond de la législation scolaire.
L'Opposition aurait souhaité, quoique elle ne l'ait point fait pendant
les neuf ans qu'elle fut au pouvoir, que nous choisissions la voie de la
réforme constitutionnelle. Nous avons préféré une
attitude plus prudente qui consiste à vérifier d'abord avec
exactitude l'étendue précise des pouvoirs que détient
déjà l'Assemblée nationale en matière de
législation scolaire.
L'approche que nous avons retenue est simple. Dans l'ensemble du projet
de loi, il y a peut-être une cinquantaine d'articles susceptibles de
soulever des difficultés d'ordre constitutionnel. Nous isolerons ces
articles lorsque le projet de loi aura été adopté, et nous
les renverrons immédiatement à la Cour d'appel pour avis. Nous
avons fait un examen très soigné de toutes les dispositions du
projet de loi susceptibles d'impliquer des conséquences au plan
constitutionnel et, avant que ces dispositions ne soient appliquées, il
y aura la clarification requise des tribunaux. Mais nous estimons que cette
opération ne devrait point empêcher à peu près 90 %
du contenu du projet de loi 107 de s'appliquer dès l'année qui
suivra son adoption à l'Assemblée nationale. Suivant l'avis de
nos conseillers juridiques et l'examen très attentif que nous avons fait
du dossier, nous sommes convaincus que cette partie fortement majoritaire du
projet de loi, qui va jusqu'à 90 %, peut être appliquée
sans qu'il n'en résulte aucune complication d'ordre constitutionnel.
C'est le postulat sur lequel nous fonctionnons.
Nous consulterons les grandes associations au sujet des articles que
nous référerons aux tribunaux et, si votre association a des
suggestions à nous faire de ce côté-là, nous les
écouterons volontiers. Vous mentionnez à titre d'exemple le
pouvoir qui va entraîner des complications dans son exercice, celui qui
sera donné au ministre de faire le découpage des commissions
scolaires linguistiques. Cela fait partie de ce qui est
référé aux tribunaux et, par conséquent, il n'y
aura pas de complication de ce côté-là. Tous les articles
relatifs a l'organisation des commissions scolaires linguistiques seront, selon
nos intentions, référés en bloc aux tribunaux. Cela veut
dire que les commissions scolaires continueront, pendant la période que
durera le référé judiciaire, de fonctionner selon le
modèle actuel dans leurs structures supérieures. Je pense qu'avec
ça, nous choisissons la voie qui permet de mettre en vigueur 90 % de la
réforme sans attendre qu'on ait fini les négociations
constitutionnelles interminables et problématiques sur cette question,
ou que les tribunaux nous aient fourni l'éclairage
nécessaire.
Je pense que c'est la réponse qu'on peut apporter à la
première considération. J'apprécie les
préoccupations dont vous nous faites part de ce
côté-là et je comprends que, du point de vue où vous
vous adressez à nous, vous ayez ces préoccupations.
J'espère que ces éclaircissements seront de nature à
rapprocher les points de vue et à augmenter votre optimisme.
Vous parlez de l'article 111 de la loi 3 que nous laissons tomber et qui
disparaît. Je vais vous dire pourquoi. Nous n'avions pas d'objection
à le garder là, au contraire, mais il donnait à la
commission scolaire compétence et sur les écoles primaires et sur
les écoles secondaires. La loi 3 était conçue dans une
perspective d'intégration
complète des enseignements primaire et secondaire. Mais comme
nous avons opté jusqu'à maintenant pour la voie de la libre
décision des commissions scolaires en ces matières, nous sommes
obligés de garder une section qui traite des commissions scolaires
régionales. Par conséquent, nous ne pouvons pas donner à
la commission scolaire, dans la première section, l'autorité
complète sur toutes les écoles primaires et secondaires parce
qu'il y en a qui relèvent encore de commissions scolaires
régionales. Sauf cette difficulté, quand le processus
d'intégration sera terminé, et nous continuons de le promouvoir,
il n'y aura pas d'objection à ce qu'un amendement tenant compte de ce
que vous dites soit apporté. C'est l'esprit de la loi, de toute
manière. Par conséquent, ne voyez rien de privatif dans cette
modification, mais simplement un ajustement à une réalité
que nous voulons justement laisser se développer le plus possible par
elle-même.
En ce qui touche les pouvoirs accordés au ministre, il y a eu
beaucoup de remarques à ce sujet. Je constate que la température
a beaucoup baissé. À mesure qu'on examine le projet de
près, on s'aperçoit qu'il y avait beaucoup d'exagération
dans les critiques, ce qui n'empêche pas de considérer qu'un
certain nombre d'entre elles pouvaient être justifiées. Je veux
vous dire une chose, je ne reprendrai pas point par point les exemples que vous
donnez, mais il y en a quelques-uns qui prêtent à critique. Si,
moi, j'institue une enquête sur la conduite d'un enseignant, je peux
avoir des raisons très graves de dire à la commission scolaire:
Enlevez-le de son poste pendant un certain temps. Si vous pensez que c'est
excessif, je ne partage pas votre avis là-dessus. Il y en a un autre: Si
je reçois des représentations qui sont entièrement
frivoles, le projet de loi me donne le pouvoir de dire: Cela, c'est bon pour le
panier ou pour les archives. Les observateurs pourront vérifier nos
critiques en temps utile. Je ne pense pas que ce soient des pouvoirs
exorbitants. Il faut être assis dans cette chaise pour se rendre compte
qu'il faut que le ministre ait des bras ainsi que des mains pour être
capable de prendre les décisions que l'on réclame de lui avec
insistance. Ces exemples sont discutables. Mais je veux vous dire que nous
avons déjà procédé au cours du mois d'août
à un examen systématique de tous les articles du projet de loi,
en ayant particulièrement à l'esprit cette considération
qui est dans votre mémoire. En temps utile, nous aurons un nombre
important de modifications à apporter au projet de loi qui viendront
atténuer certaines inquiétudes et tenir compte de certains
exemples dont vous parlez dans votre liste.
Nous avons été attentifs à cette critique, comme
à toutes les autres d'ailleurs. Je pense que lorsque nous ferons
connaître les amendements que le gouvernement entend proposer d'ici la
reprise des travaux parlementaires, lors de la deuxième semaine
d'octobre, on verra que les représentations qui reposaient sur des
considérations réalistes et sur le souci du bien
général auront été considérées avec
beaucoup d'attention.
Quant au pouvoir fiscal, nous ne pouvons pas y toucher actuellement. Il
y a un problème de ce côté-là dont nous discutons
souvent avec les commissions scolaires. Comme vous le savez, les arrangements
que nous avons actuellement sont le fruit de la loi 57, adoptée en 1979,
sous le gouvernement précédent, à la suite de pressions
énormes exercées par les municipalités. Les
municipalités veillent au grain avec une vigilance de tous les instants.
Pour faire des modifications à l'ordre actuel, il faudrait que nous
ayons un consensus que nous n'avons point pour l'instant. Nous gardons cela
à l'esprit. Personnellement, je suis d'avis qu'il faudrait que les
commissions scolaires disposent d'une marge fiscale plus grande que celle qui
existe actuellement. Il ne faut pas oublier cette solution qui fut
apportée au problème en 1979, et il ne faut pas oublier non plus
que le Parti libéral avait lui-même pris l'engagement, quand il
était au pouvoir, de faire disparaître la taxe foncière
pour fins scolaires sur une base de cinq ans. Il y avait un consensus
très fort qui s'était établi. Un consensus de 1975, ce
n'est pas une vérité éternelle. Il y a des choses à
réexaminer de ce côté. Nous les examinons, mais le terrain
n'est pas mûr pour des changements substantiels à ce niveau.
Sur l'éducation des adultes, nous ne sommes pas prêts
à insérer une section spéciale dans le projet de loi. J'ai
déjà eu l'occasion de démontrer en commission
parlementaire que beaucoup d'articles traitent de l'éducation des
adultes et augmentent sensiblement la place qui lui est faite. Nous n'avions
pas encore tous les éléments pour faire une section
spéciale, mais nous ouvrons la porte à la possibilité d'un
régime pédagogique distinct pour les adultes. Nous continuons d'y
travailler. Nous avons des projets dans nos tiroirs. Je peux vous assurer que
cette dimension n'est pas oubliée. Si on peut améliorer la place
qui lui est faite, on le fera volontiers.
Je voudrais vous poser une question. Au sujet de la participation des
parents et des mécanismes que nous prévoyons au niveau de
l'école et de la commission scolaire, est-ce que, d'après vous,
le comité d'école en particulier - je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion de vous pencher là-dessus d'une manière
spéciale... La tendance des opinions que nous recevons voudrait que nous
maintenions le caractère obligatoire du comité d'école, et
que le conseil d'orientation vienne s'ajouter comme un organisme
complémentaire où les représentants des parents seraient
désignés par le comité d'école et non plus par
l'assemblée générale des parents.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'examiner cet aspect du
projet de loi et si vous avez des observations à nous faire
là-dessus?
M. Seminaro: M. le Président, avant de
répondre à la question, j'aimerais, si vous me le
permettez, commenter certaines remarques de M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, allez.
M. Seminaro: Du point de vue des remarques de M. le ministre sur
les articles concernant les commissions scolaires linguistiques, nous
rêvons que M. le ministre ait raison. En fait, on trouve son approche
intéressante, celle de les exclure pour un temps, jusqu'au moment que.
Mais on a peur, comme gestionnaires - on vit au quotidien - que quelqu'un
quelque part déclare toute la loi sujette à protection par ces
choses-là. Quant à l'approche, l'orientation, on l'a dit dans le
mémoire, on trouve l'orientation intéressante. Comme association,
on a même fait, dans nos périodes libres, le cheminement, comme
vous avez fait avec le projet de loi 106. On a fait deux lois; on en avait fait
une sur les structures et une sur les pouvoirs, juste pour voir ce que cela
pourrait donner. On s'est fait dire par nos savants procureurs que
c'était pratiquement infaisable. Cela prouve qu'effectivement ce qu'on
veut, c'est que toute la partie, les 90 % dont on parle beaucoup, doit se
faire. Tout le monde est d'accord que ces 90 % doivent avancer. Ce sont quelque
20 articles, cela dépend des jours. Parfois, il y en a 30, d'autres fois
40; cela dépend comment on les lit. Tout ce qui touche ce
caractère propre, protégé par l'article 93 et l'acte 82
sur le rapatriement, on aimerait que vous ayez raison ou que ce soit
complètement exclu dans un autre projet de loi pour qu'on puisse
fonctionner et qu'un jour on puisse faire un mariage total des deux lois. Donc,
on s'entend. Mais on a peur qu'à un moment donné, un grand voile
fasse qu'on ne puisse plus avancer à cause de quelqu'un, quelque part.
Donc, on ne se chicane pas sur ça.
Sur la compétence, l'article 111, on a bien vu que c'était
sur "primaire" et sur "secondaire", dans le contexte que toutes les commissions
scolaires devenaient intégrées, mais jamais, nulle part, on a
repris cette compétence que la commission scolaire veut se voir
reconnaître. Vous nous avez dit tantôt - on reçoit
très bien votre affirmation - que c'est un détail, cela va
revenir. Donc, pour nous, cela nous satisfait beaucoup. (10 h 45)
Les pouvoirs du ministre. On a travaillé et on a lu beaucoup. On
se disait: Si le ministre de l'Éducation actuel était
éternel, peut-être qu'on n'en parlerait pas. Mais on a toujours
peur de l'inconnu. Donc...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ayez la foi,
monsieur.
M. Seminaro: En fait, il faut bien lire dans notre argumentation
qu'il y a toujours de l'inconnu dans un pouvoir donné à quelqu'un
qu'on ne connaît pas. Les ministres de l'Éducation ont toujours
été des gens au-dessus de la moyenne - c'est bien sûr -
mais pas toujours au-dessus de la bonne moyenne, et c'est pourquoi cela nous
fait peur. Personnellement, cela fait 22 ans que je suis dans le
système. Avec des articles comme ceux-là, il y a des ministres
qui auraient eu une bonne partie de hockey. Cela aurait été
intéressant. L'orientation que le ministre veut prendre, de consulter
des gens et d'encadrer cette intervention, cela nous va. Mais nous sommes
sûrs qu'il faut faire attention. Dès qu'on ne précise pas
l'exercice d'un pouvoir par un politicien, il y a toujours danger dans
l'inconnu ou dans une crise. Mais nous ne sommes pas en crise, cela va
bien.
Le pouvoir fiscal, bien sûr, sera toujours pour les commissions
scolaires cette volonté d'autonomie. On le connaît très
bien. On a participé au débat de la fin des années
soixante-dix sur le rapatriement de la taxation. Il faut retenir que les
commissions scolaires ont besoin - on vous l'a déjà dit - de cet
oxygène pour aller un peu plus loin. Présentement, tout ce qui
est d'orientation budgétaire est très serré. Mais on a
besoin d'avoir cette marge, que le milieu z puisse faire un bout de chemin un
peu plus qu'un autre. En fait, c'est ce que les milieux veulent. C'est
sûr qu'on a vécu 1982, 1983 et 1984 comme tout le monde. Crise
économique, nous nous sommes donc ajustés. Maintenant, je pense
qu'on peut y penser.
Pour l'éducation des adultes, on admet comme M. le ministre que,
par rapport à l'ancienne loi, il y a de grands pas. On reconnaît
un peu plus l'éducation des adultes dans le projet de loi 107, comme
dans la loi 3. Mais, en fonction de ce que le ministre nous déclarait en
novembre 1985, on s'attendait à un peu plus. Il nous a expliqué
le contexte. On sera consulté. Donc, éventuellement
l'éducation visée aura une meilleure place dans une loi comme
celle-là.
Finalement, relativement à votre question sur les comités
d'école, c'est très délicat d'y répondre. Par
contre, l'Association des cadres scolaires... En fait, les gens au quotidien,
quand on discute de ce nombre de comités consultatifs qu'il y a dans une
commission scolaire, c'est incroyable. Il faut trouver un moyen pour introduire
les seuls vrais comités consultatifs nécessaires. Dans le
contexte actuel, nous pensons - nous n'avons sûrement pas la
vérité tout le temps - que ce comité d'école est de
trop. On aimerait mieux qu'il soit très interrogé, le
comité d'école, en fonction du conseil d'orientation. On aimerait
faire un essai loyal du conseil d'orientation avec ces nouveaux pouvoirs, ces
nouvelles responsabilités. Mais si on ajoute ce comité de
consultation qui devient un peu un groupe de pression au conseil d'orientation,
quand le conseil d'orientation aura réussi à déterminer un
projet éducatif, c'est irritant pour le milieu.
Il n'y a pas tellement de parents intéressés
à travailler à la semaine dans différents
comités dans une école. Il ne faut pas oublier qu'il y a le
comité d'adaptation scolaire, les comités pédagogiques,
des conseils enseignants, le conseil d'orientation. Les écoles ne sont
pas si grosses que ça. Dans les écoles du Québec, il y a
en moyenne 230 à 240 élèves. Il n'y a pas tant de parents
que ça qui sont disponibles pour travailler dans ces choses. Sans
être pour ou contre le comité d'école, nous pensons que
c'en est un de trop. Si les vrais bons parents... S'il y a une vraie dynamique
au conseil d'orientation, cela vaut la peine de l'essayer. Avec le
comité de parents, la commission scolaire qui fait son travail
général, le conseil d'orientation, le comité d'adaptation
scolaire où éventuellement, il y a même des parents dans
certains milieux, et le projet éducatif qui amène toujours des
comités et des sous-comités pour travailler à
l'écriture d'un projet éducatif, on n'a plus de parents. C'est le
même monde. J'ai lu le mémoire des parents. On en a jasé
avec M. Gervais. C'est sûr que les parents veulent avoir un conseil
d'école. Ils pensent qu'il y a des parents qui sont plus forts sur la
consultation, et d'autres qui sont plus forts sur la décision. Il est
bon d'avoir un pouvoir de consultation pour pouvoir, à un moment
donné, équilibrer des orientations qui pourraient aller trop
vite. Mais c'est lourd pour un directeur d'école ou une commission
scolaire d'avoir des représentants d'un comité d'école et
des représentants d'un conseil d'orientation. Nous voulons des
représentants des parents, qu'il y ait une organisation qui
représente les parents, non pas mille et une comme cela peut se
produire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Une autre question. En ce qui touche les pouvoirs du
ministre, comme je l'ai dit tantôt, je le répète pour ne
pas qu'il y ait de malentendu, il y aura un certain nombre de modifications que
nous proposerons au texte actuel du projet de loi. Nous entendons cependant
maintenir que le ministre soit doté de pouvoirs véritables. Nous
ne voulons pas avoir une statue dans cette fonction, nous voulons avoir un
titulaire qui soit capable d'assumer les responsabilités qu'attend la
communauté scolaire et qu'exige, je pense bien, la population aussi. Un
point m'intéresse dans les questions que vous soulevez, et j'en viens
aux articles qui traitent du régime pédagogique et de
l'autorité du ministre en matière pédagogique et en
matière d'organisation scolaire. Vous semblez avoir des objections au
sujet de l'article 427 qui traite de l'éducation des adultes, et de
l'article 428 qui traite de l'enseignement professionnel et des services aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
D'après le texte que vous avez lu tantôt, cela vous irrite ou cela
vous inquiète que le minstre puisse établir la liste des
commissions scolaires habilitées à organiser des services
éducatifs pour les adultes sur le territoire que le ministre
détermine, ou encore que le ministre puisse établir la liste des
spécialités professionnelles qu'une commission scolaire scolaire
serait autorisée à dispenser.
Comme vous le savez, c'est ce qui existe actuellement, c'est ce que nous
faisons depuis de nombreuses années. Nous voulons que ce soit clair
parce que, si jamais il y avait une contestation juridique, peut-être que
les fondements de cette responsabilité qu'assume, qu'exerce et que doit
exercer le ministre de l'Éducation, pourraient être
contestés d'une manière qui serait fort dommageable pour le
système. Qu'est-ce qui vous irrite là-dedans, ou qui vous
inquiète? Il me semble qu'on traduit tout simplement, dans deux articles
du projet de loi, des choses qui se font et qui sont acquises par tout le
monde, à toutes fins utiles. Nous savons tous qu'il est impossible
d'avoir 215 services d'éducation des adultes. Nous en avons environ 80;
nous trouvons que c'est suffisant pour répondre aux besoins du
territoire et assurer le minimum de bassin de ressources qu'il faut pour offrir
des services convenables. J'aimerais savoir ce qui vous inquiète
là-dedans. Pourquoi ne devrait-on pas mettre cela dans le projet de
loi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Seminaro.
M. Seminaro: Je pense simplement qu'il y a deux façons de
répondre à la question. La première, il est vrai, cela
existe déjà au vécu, mais ce vécu n'est pas un
pouvoir aveugle du ministre de l'Éducation. Si on prend l'adaptation
scolaire dans les milieux, les centres régionaux, les sous-centres en
adaptation scolaire, la désignation des milieux est faite par les
commissions scolaires, en fait par le bureau régional en concertation et
en accord avec les commissions scolaires. En fait, dans les articles 427 et
428, pour l'éducation des adultes, l'enseignement professionnel et
l'adaptation scolaire, il devrait être mentionné que la
concertation du milieu est obligatoire avant la désignation. Il est
sûr... Il n'y aura pas 210 écoles d'enseignement d'adaptation
scolaire lourd, mais tel qu'écrit, cela pourrait être
décrété demain matin, et les commissions scolaires n'ont
rien à dire dans ce contexte-là. Mais si on regarde le
vécu en enseignement professionnel des derniers six mois, il y a eu une
grande concertation, même si tout le monde n'est pas sorti avec la gloire
totale. C'est ce qu'on veut voir apparaître, cette concertation
nécessaire et ce temps d'arrêt nécessaire pour pouvoir
avoir des cartes qui répondent réellement aux couleurs des
milieux. Il est bien sûr qu'il y aura toujours un ministre qui
décrétera, mais peut-être pas toujours aussi
unilatéralement que ces deux articles-là. C'est beaucoup plus
dans ce contexte qu'on voudrait voir ces articles réécrits.
Vous ne verrez jamais l'Association des
cadres scolaires dire que chaque commission scolaire peut donner
l'enseignement professionnel. C'est impensable en 1988, c'est clair et net.
M. Ryan: Je suis content de vous l'entendre dire de
manière aussi nette parce qu'il faut éviter de nager dans
l'ambiguïté et d'entretenir des mythes qui n'ont aucun fondement
dans la réalité vécue.
Ce que vous dites sur l'idée de consultation et de concertation,
je crois que cela peut être ajouté dans ces articles parce que
c'est ce qui se fait aussi. Vous avez mentionné l'exemple de la carte
des enseignements professionnels. Dieu sait combien nous avons fait de
consultations et d'opérations de concertation au cours de la
dernière année pour arriver à la carte qui, dans
l'ensemble, donne tout de même satisfaction. Il y a des points où
l'on a des interrogations et des aspirations insatisfaites, mais, de
manière générale, les réactions ont
été très favorables. Je prends note de ceci.
Je voudrais ajouter un point. On nous avait reproché d'avoir
laissé tomber un article qui était dans le projet de loi 3
concernant la consultation obligatoire des grandes associations nationales dans
certaines questions. Nous l'avons laissé tomber - je vous le dis bien
franchement et bien simplement - parce qu'il y la Loi sur les règlements
qui a été adoptée par l'Assemblée nationale et qui
prévoit que tout projet de règlement doit être
prépublié pendant une période de 45 jours au moins,
pendant laquelle tous les organismes concernés ont tout le loisir voulu
pour s'exprimer. Mais si c'est de nature à rassurer davantage les
milieux concernés, moi, je n'ai pas d'objection à
considérer la possibilité d'une modification qui prévoira
une consultation des associations nationales avant même la publication
d'un projet de règlement. On ne peut pas s'engager à consulter,
dans une loi, avant d'adopter une loi. Moi, je ne veux pas être
obligé de consulter à tous les coins de rue quand j'ai des
décisions à prendre parce que le public ne me le pardonnerait
pas. Mais une clause qui prévoira, pour les grandes dispositions
réglementaires, qu'il y ait consultation préalable des grandes
associations nationales, je pense qu'il n'y a pas d'objection à cela en
principe. C'est une des possibilités que nous sommes en train d'examiner
également et cela viendra peut-être compléter ceci. Par
exemple, avant d'entreprendre une grande opération de consultation, il y
aurait lieu qu'on ait une rencontre consultative avec les associations
nationales, cela pourrait être très utile. Comme ce sont toutes
des choses que nous faisons déjà, plus abondamment, je pense,
qu'aucun gouvernement ne l'a jamais fait, il n'y a pas d'objection à ce
que nous continuions d'agir dans la bonne voie. Si on peut renforcer certaines
dispositions, on est prêts à le faire puisque l'objectif du
gouvernement, surtout dans le secteur de l'éducation, c'est que nous
travaillions tous ensemble dans un esprit de collaboration et de respect
mutuel.
M. Seminaro: En fait, on l'a vu, l'article était disparu,
mais le vécu était plus fort que l'article. Donc, on aimait mieux
le vécu qu'un article général qui ne veut à peu
près rien dire. En fait, c'est à l'honneur aussi du ministre de
l'Éducation actuel, car, depuis dix ans, on peut dire que, par ses
sous-ministres et par les ministres de l'Éducation, la
consultation-concertation dans le réseau est très forte. Ce n'est
pas une question de couleur, c'est une question d'obligation de personnes en
fonction d'une volonté commune d'avancer. Donc, pour moi, un article qui
dit qu'elle doit consulter, souvent cela ne veut rien dire et parce que c'est
écrit cela restreint des droits traditionnels, si on peut dire. Donc,
cela ne nous dérangeait absolument pas, mais, si on l'écrit, il
n'y a pas de problème.
M. Ryan: Je vais profiter, je pense bien, de ce que vous venez de
dire. Je voudrais profiter de l'occasion pour souligner l'attitude de grande
ouverture, de respect et de collaboration de l'équipe des sous-ministres
du ministère de l'Éducation à l'endroit des intervenants
du réseau scolaire. M. Boudreau, le sous-ministre, insiste
énormément pour que les grandes actions dont il a la
responsabilité soient toujours entreprises après que des
consultations aient été faites et qu'elles soient
réalisées dans un climat de consultation et de collaboration. Ses
sous-ministres adjoints et les deux sous-ministres associés travaillent
dans le même esprit. Je pense que toute l'équipe de direction du
ministère fonctionne dans cette perspective et nous ne voulons pas la
perdre de vue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Maintenant je vais reconnaître la porte-parole officielle de
l'Opposition en matière d'éducation, Mme la députée
de Chicoutimi. Mme la députée, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Seminaro, M. le
Président, messieurs, il me fait plaisir de vous accueillir au nom de
l'Opposition à cette commission parlementaire. J'ai lu, avec l'attention
qu'il méritait, votre mémoire. J'ai eu l'occasion de vous le dire
tout à l'heure, on constate que vous avez fait une analyse assez
rigoureuse du projet de loi. En ce qui concerne le projet de loi 106, il s'agit
pour plusieurs de ces aspects de modifications techniques, mais importantes,
qui illustrent finalement que vous avez une connaissance assez fine des
élections scolaires, de ce que cela pose comme problèmes et
difficultés lorsqu'il s'agit de recensement. (11 heures)
J'ai également constaté que, par rapport au projet de loi
106, la superposition de territoires scolaires pour représenter les
minorités posait un problème. Vous nous amenez aussi une
suggestion quant à la façon de percevoir les taxes pour un
non-résident sur le territoire. Je trouve que vous avez
là-dedans une suggestion extrêmement pertinente et
intéressante.
En ce qui concerne le projet de loi 107, vous faites un certain nombre
de remarques qui sont également extrêmement intéressantes -
on a eu l'occasion de les entendre - plus particulièrement, en ce qui
concerne vos préoccupations touchant tout l'aspect de
l'établissement de commissions scolaires linguistiques, sans qu'on ait
négocié l'article 93 pour avoir des garanties. L'impression que
vous avez que cela pourrait avoir des conséquences plus grandes que ce
que n'appréhende le ministre... Je reste encore, je dirais, sceptique,
quant à la possibilité ou au droit du Québec
d'établir des commissions scolaires linguistiques, non pas exclusivement
par rapport aux territoires de Montréal et de Québec,
protégés en vertu de l'article 93, mais plus
généralement sur tout le territoire du Québec. Il y en a
plusieurs pour penser que la protection qui est accordée à
Québec et à Montréal, en vertu de l'article 93,
s'étendrait sur tout le territoire du Québec. Je pense que cela
pose le problème dans son entier et ce qu'on suggérait, et que le
ministre a refusé, c'est la négociation de l'article 93. Nous
estimons qu'il a manqué une excellente occasion de le faire à
l'occasion de la négociation de l'entente, dite du lac Meech.
Vous allez me permettre de vous le dire, quant à vos remarques
dans la partie du mémoire qui touche la loi 107, j'ai de la
difficulté à comprendre jusqu'où vous allez, parce qu'il y
a une espèce de contradiction dans votre mémoire où vous
vous dites assez d'accord avec - et je lis votre premier paragraphe, à
la page... Bon, vous vous dites d'accord en disant que le projet
"reconnaît la responsabilité centrale des commissions scolaires et
l'autorité qu'elles doivent détenir dans la gestion du
système." Et vous êtes d'accord, généralement, avec
le partage des responsabilités et des pouvoirs. Mais vous avez un
chapitre sur les commissions scolaires où vous dites: "Les commissions
scolaires: des gouvernements locaux reconnus mais placés sous tutelle".
Et vous dites, en ce qui touche les structures linguistiques que c'est "un
travail à terminer". Et vous êtes assez sévères par
rapport au partage des pouvoirs, aux pouvoirs discrétionnaires que se
laisse le ministre. Alors je comprends votre souci de ne pas heurter
inutilement les gens, mais je trouve qu'il y a une espèce de deux
niveaux avec lesquels il faut essayer de trouver des liens.
Le ministre nous a annoncé tout à l'heure qu'il y aurait
plusieurs modifications. On va voir venir ces modifications, mais, d'ici
là, j'aimerais commenter quelques aspects et j'ai plusieurs questions.
Je vais essayer de le faire assez rapidement.
En ce qui concerne la taxe, beaucoup d'intervenants sont venus nous dire
que le problème actuel était le nivau de taxe, oui, mais que
c'était surtout parce que les taxes actuelles servaient à
atteindre les objectifs du ministère. Parce qu'au moment où on
fait beaucoup de compressions, de coupures dans le réseau scolaire,
l'effet net c'est que les taxes ne servent plus à répondre aux
projets locaux des commissions scolaires, mais davantage à atteindre les
objectifs que le gouvernement s'est fixés. On a beaucoup entendu ces
remarques et certains organismes suggèrent, si on n'augmente pas, si on
ne modifie pas le pouvoir de taxation des commissions scolaires, qu'on leur
trouve à tout le moins d'autres sources de financement.
En ce qui concerne le comité consultatif, je trouve amusant
d'entendre le ministre vous dire: Je ne veux pas consulter à tous les
coins de rue. Mais l'impression générale qui se dégage du
rapport de ce projet de loi, c'est que les commissions scolaires et les
écoles sont tenues de consulter à tous les coins de rues. Il y en
a un peu partout. On peut être d'accord avec cela. D'ailleurs, je pense
que vous l'avez souligné, le précédent gouvernement n'a
pas de leçon à recevoir là-dessus, pour utiliser
l'expression du ministre, on a largement consulté et de façon
aussi rigoureuse que l'a fait le présent gouvernement et aussi suivie,
je pense que vous l'avez remarqué.
J'aimerais que vous me précisiez un peu votre pensée par
rapport à l'instauration de commissions scolaires linguistiques. Vous
êtes d'accord avec l'établissement de commissions scolaires
linguistiques, mais vous dites également qu'il faut protéger - et
je pense que la majorité de la population le souhaite, d'après ce
que j'ai cru comprendre - tout ce qui touche aux traditions religieuses au
Québec, c'est-à-dire à l'enseignement catholique et
protestant dans certains cas. J'aimerais que vous m'exprimiez un peu votre
pensée là-dessus.
M. Seminaro: Si M. le Président me le permet, je vais
réagir à une remarque. Vous dites que notre mémoire semble
contenir une contradiction. Il faudrait peut-être nous poser la question
suivante: Êtes-vous pour ou contre le projet de loi 107, comme
association? On est d'accord avec l'intention du législateur de
transformer le système, de redéfinir les pouvoirs, et avec la
répartition des pouvoirs. En fait, ce sont les grandes orientations. On
avait dit la même chose au sujet du projet de loi 3.
Là où nous ne sommes pas d'accord, c'est avec beaucoup
d'éléments majeurs, mais qui seront négociables,
modifiables après la commission parlementaire. Par exemple, la retenue
et tutelle: notre mémoire est clair et on l'a repris un peu dans le
résumé, c'est sûr et certain qu'on ne sera jamais d'accord
avec le nouvel article sur la retenue et tutelle par rapport à l'article
actuel de la loi. Tel qu'écrit, en fait, une commission scolaire peut,
en tout temps, se voir stopper de fonctionnement pour une évaluation sur
la qualité de l'éducation au lieu d'une
évaluation en fonction du cheminement normal de la commission
scolaire. On l'a déjà dit, on l'a déjà écrit
surtout. On pense qu'il y aura une modification pour prendre un peu
l'orientation de la loi actuelle sur cela.
Sur les commissions scolaires linguistiques, ce qu'on veut dire à
la commission parlementaire, c'est que l'Association des cadres scolaires,
comme organisme ni patron, ni syndiqué, se dit qu'il faut absolument
trouver un consensus pour faire avancer le système. Idéalement,
on l'a dit en 1984 avec la loi 3, il faut aller chercher des garanties, mais on
n'a pas plus de garanties présentement. On a donc un problème
parce qu'il faudrait idéalement transformer - on dit bien
"idéalement" - tout le Québec en un système, mais, faute
de pouvoir aller chercher ce consensus, les cadres scolaires disent aux membres
de la commission parlementaire qu'on est capables de gérer un
Québec avec deux ou trois systèmes. Ce n'est pas ce qui est
important. Ce qui est important, c'est qu'il y ait un consensus sur les
structures pour qu'on puisse faire autre chose. C'est ce qu'on dit aux gens
parce que, si on bloque, avec une croyance unanime partout au Québec, on
n'aura rien fait.
Nous disons que, si demain matin un gouvernement assez puissant peut
modifier ou aller chercher des garanties pour que tout le Québec soit
protégé ou, du moins, que tout le Québec puisse devenir
linguistique avec encore quelques points-virgules, il n'y a pas de
problème, mais nous voulons pouvoir gérer un système
où il y aura un consensus partout.
Présentement, si c'est clair et net dans la constitution que
Montréal et Québec sont protégées, on ne veut pas
bloquer le projet de loi 107 à cause de Montréal et
Québec. On veut avancer. C'est ce qu'on dit. Idéalement il faut
absolument, surtout pour Montréal dans le contexte des commissions
linguistiques, qu'un jour, politiquement, les gens fassent un pas de ce
côté-là, mais, à court terme, il ne semble pas... Je
pense qu'on n'a pas dix ans à attendre de ce côté-là
pour faire des pas. Présentement, si on réussit a traverser
l'étape juridique et à fonctionner avec le texte tel qu'il est
écrit, tant mieux, on pourra fonctionner; mais, si on me demande
d'écrire le projet de loi idéal sur les structures scolaires, ce
ne sera pas cela. Cependant, les cadres scolaires sont prêts et
travaillent déjà, présentement, dans un système
avec plusieurs qualificatifs: commissions scolaires catholiques, protestantes,
linguistiques ou dissidentes. Je pense qu'il n'y a pas de problème pour
nous dans le fait de gérer un système. On veut que les acteurs,
les politiciens, les gens des milieux s'entendent pour avancer et non pas
qu'ils se courent à coup d'injonctions pour faire bloquer la
transformation d'un système qui repose à 90 % sur de nouveaux
rôles, avec 10 % ou 15 % sur des structures. On est, entre guillemets,
fatigués de travailler sur des structures. Il semble y avoir dans ce
projet de loi 107 un compromis intéressant. On espère qu'il ne
bloquera pas, mais on en a peur. On a déjà dit qu'on avait peur
et on l'a écrit; on a peur qu'à un moment donné, il bloque
quelque part. Mais on l'aura dit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci. À la page 5 de votre mémoire,
vous touchez, sous le chapitre: Les élèves, à toute la
question de l'âge d'admissibilité à l'école et du
matériel didactique.
En ce qui concerne l'âge d'admissibilité à
l'école, est-ce que vous en feriez une règle stricte telle qu'on
la connaît actuellement, quitte à ce que ce soit reporté au
31 décembre, comme plusieurs le réclament et comme s'y
était engagé, d'ailleurs, le Parti libéral, ou encore,
est-ce que vous pensez que cette responsabilité, ce pouvoir de
dérogation pourrait éventuellement être laissé
à la discrétion des commissions scolaires?
M. Seminaro: En fait, la loi actuelle sur l'âge
d'admissibilité ne nous cause pas de problème, que ce soit le 30
septembre, le 30 octobre, le 30 novembre ou le 30 décembre. Ce qu'on
veut, c'est une date fixe pour pouvoir fonctionner. Présentement - et on
l'a déjà dit à M. le ministre - le pouvoir utilisé
pour la dérogation qui est prévu dans le régime
pédagogique a été mal compris par beaucoup de milieux dans
la population et mal appliqué; certains milieux pensent que c'est un
nouveau pouvoir, alors que c'est beaucoup plus une question de
dérogation. Donc, on a un problème.
Il faudra, si on écrit l'âge d'admissibilité avec un
pouvoir de dérogation du ministre, mieux encadrer ça pour ne pas
vivre ce qu'on vit. Tout le monde sait que, avec les cas de dérogation,
les commissions scolaires ont présentement un problème majeur
dû au nombre, dû à un encadrement qui est parvenu assez tard
et dû aussi à une lecture différente des divers
intervenants concernant la dérogation. On a eu une expérience
dans la dérogation qui, je pense, sera corrigée. Mais, pour nous,
le 30 janvier ou le 30 décembre, nos gens pourraient, demain matin,
être tout aussi favorables pour le 30 janvier.
Ce qu'on aurait peut-être aimé - en tout cas, ce n'est pas
au sujet du projet de loi 107 - sur toute la question de l'âge
d'admissibilité, de la progression; il faudrait peut-être orienter
le débat sur les pré-maternelles au lieu d'avancer les enfants
à l'école en maternelle et en première année, il
faudrait peut-être les avancer par en bas. Au Québec, si on fait
un peu le parallèle avec l'Europe et la France, on cherche des
problèmes dans notre système et on a un problème majeur.
L'enfant arrive à l'école trop tard. Ce n'est pas parce qu'il va
arriver trois mois plus tôt à la maternelle. On pense qu'il
faudrait peut-être qu'il arrive un an plus tôt. Il y a une question
financière, c'est sûr,
mais, si on a à travailler octobre, novembre, décembre et
janvier, j'aimerais qu'il y ait un parallèle avec une
possibilité, en fonction de ce coût énorme de trois mois
qui, je pense, représentait dans le temps 25 000 000 $ quand l'autre
gouvernement l'avait calculé, multipliés par les années et
tout, c'est un coût terrible et cet investissement-là pourrait
être orienté vers des pré-maternelles. La progression que
vous aviez proposée dans le temps de novembre, décembre, en tout
cas la première évaluation qu'on avait faite...
Comme tel, quand on jase avec les responsables des services
éducatifs, les psychologues responsables de l'inscription, ils pensent
qu'il y aurait peut-être un débat intéressant à
faire sur une entrée plus tôt en fonction d'une
prématernelle qu'une entrée plus rapide en fonction d'une
période de trois mois. Il y aurait une orientation ou, du moins, une
discussion ou un débat intéressant à faire là. Dans
ce domaine, on n'est pas en avance sur les autres pays.
Mme Blackburn: Je pense que vous avez raison là-dessus. Le
Conseil supérieur de l'éducation préconise d'ailleurs
à peu près la même chose, c'est-à-dire que,
plutôt que d'avancer l'âge d'admission à l'école, il
faudrait peut-être penser davantage à une maternelle à
temps plein. Je serais davantage de cette tendance. (11 h 15)
Cependant, concernant les règles qui régissent les
dérogations telles qu'elles ont été modifiées et
communiquées le printemps dernier, indépendamment de l'âge
d'admission, qu'il soit le 1er octobre ou le 31 décembre, le
problème tel que libellé demeure: quelqu'un qui va être
né le 1er janvier ou qui vit une situation familiale particulière
va demander une dérogation. Cela reste à définir, je suis
d'accord avec vous.
Sur la question de la définition des services éducatifs,
je maintiens à cette commission qu'il était
préférable... Le problème que pose la rédaction
actuelle du projet de loi 107, c'est qu'il y a beaucoup de devoirs et de
responsabilités définis pour tous les paliers à
l'exception de ceux du ministre. Il peut faire beaucoup de choses, mais il ne
s'est pas laissé beaucoup d'obligations. Je pense en particulier
à toute la question de la consultation. Cela m'étonne que cela
soit disparu du projet de loi et je dirais que cela m'inquiète
également. Ce n'est pas parce qu'un règlement est
publié... Il faut se rappeler que le règlement du comité
catholique et celui du comité protestant étaient publiés
et, n'eût été de l'insistance de l'Opposition pour qu'il y
ait des consultations, il n'y en aurait pas eues. Ce n'est pas tout le monde
qui lit la Gazette officielle du Québec. Il faut savoir ce que
cela représente comme volume. Moi, je pense que c'est une garantie
d'avoir cela dans la loi et qu'il faut la maintenir.
En ce qui concerne les services éducatifs, c'est du même
ordre. Si les services éducatifs ne sont pas définis - j'ai cru
comprendre que c'est ce que vous disiez - le ministre et l'État n'ont
pas l'obligation de fournir les ressources et il y a risque de disparité
entre les régions. Je pense que cela va être soulevé de
façon un peu plus précise en ce qui concerne les services aux
enfants souffrant de handicap. Est-ce que la liste qui apparaissait dans la loi
3 en ce qui concerne les services définis vous paraissait suffisante et,
avec les nouvelles connaissances et révolution, y aurait-il des choses
à ajouter?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Seminaro.
M. Seminaro: En fait, pour répondre rapidement, on
préfère l'article 447 de la loi 3 à l'article 413 du
projet de loi 107, on l'a déjà dit. La liste des
règlements sur le régime pédagogique que le gouvernement
établit par règlement est une liste intéressante, une
liste qu'on avait déjà acceptée en 1984. De là
à dire rapidement s'il y a des choses à ajouter,
honnêtement, ce serait malhabile de ma part; il faudrait que je consulte,
comme tout le monde doit le faire, les premiers responsables des services
éducatifs à l'Association des cadres. C'est sûr qu'il y en
a d'autres à ajouter. Par contre, on peut simplement dire qu'on
préfère l'article 447 de la loi 3 à l'article 413 du
projet de loi 107, parce que cela nous paraissait une meilleure garantie sur
les choses que le gouvernement doit faire ou doit inclure dans ses
règlements sur le régime pédagogique. Je pense qu'on l'a
mentionné dans notre mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Y a-t-il
d'autres interventions?
Mme Blackburn: Vous soulevez avec pertinence toute la question de
l'éducation des adultes. Je dirais que cela pose le même
problème - je pense que vous faites le parallèle - que l'absence
de définition des services éducatifs complémentaires. Vous
vous dites prêts, et je souhaite que le ministre soit ouvert à
votre offre de service, à travailler sur une section qui pourrait
être intitulée "Centre d'éducation des adultes". Est-ce que
selon vous... Je sais qu'il y a un autre endroit dans votre texte où
vous dites que concernant les droits aux services éducatifs, il faudrait
au moins que la loi indique que tout le monde au Québec a droit aux
services éducatifs gratuits jusqu'à la fin du secondaire. Cela
vient un peu couvrir la gratuité à l'éducation des
adultes. Pour vous, il est important, majeur qu'il y ait une section sur
l'éducation des adultes et, selon vous, on ne devrait pas laisser cela
exclusivement au régime pédagogique. Est-ce que mon
interprétation va trop loin?
M. Seminaro: En fait, si on pouvait faire une liste des grandes
déceptions, l'absence de définition en ce qui concerne
l'éducation des
adultes est l'une des grandes déceptions du projet de loi 107. En
fait, les gens de l'éducation des adultes s'attendaient à
beaucoup, pour avoir lu M. Ryan et pour avoir jasé avec les milieux, on
s'attendait à beaucoup. Il y a des problèmes,
présentement, à l'éducation des adultes et il y aura
encore des problèmes. La nouvelle définition de l'âge
d'admissiblité à l'éducation des adultes va poser des
problèmes dans bien des milieux. Par exemple; avec le nouveau DEP -
diplôme d'enseignement professionnel - par "semestrialisation", où
tu as un délai de six mois, où tu peux commencer en janvier.
Est-ce que l'élève qui quitte en juin et qui commence en janvier,
parce que son option ouvre seulement en janvier à cause des 1350 heures,
va être considéré à l'éducation des adultes
et financé sous l'éducation des adultes? On pense qu'il y a un
problème là. Il va falloir l'encadrer parce que les commissions
scolaires vont pouvoir faire à peu près ce qu'elles veulent avec
ce type de clientèle par "semestrialisation" au niveau de l'enseignement
professionnel.
Il faut aussi définir l'harmonisation. L'harmonisation, sur le
principe général, je pense qu'on l'a déjà dit, on
est d'accord que cela prend un régime pédagogique pour favoriser
autant l'adulte que l'enfant, mais je pense qu'au plan de l'harmonisation, il y
a des bémols à apporter, en fonction de certaines
clientèles et de certaines options aussi. C'est pour cela qu'il y a une
déception en ce qui concerne le projet de loi 107 parce qu'il ne
contient rien sur l'éducation des adultes. On a hâte qu'il y ait
un régime pédagogique ou, du moins, un encadrement de toute cette
nouvelle clientèle qui sera de plus en plus importante. Dans nos
milieux, s'il y a une grande croissance, ce n'est pas au niveau de la
clientèle régulière, c'est au niveau de la
clientèle de l'éducation des adultes qui, de plus en plus,
complète les classes régulières, le jour. Donc, il va
falloir encadrer cette nouvelle clientèle, ce nouveau jeune qui
apparaît dans nos écoles de même que le jeune de 16 ans qui
prend son option en janvier parce qu'elle n'était pas disponible en
septembre. Donc, est-ce que c'est un adulte ou non? Il y a toute cette notion.
Est-ce que ce sont les mêmes droits au plan de la gratuité? On va
vers certains problèmes si on ne clarifie pas ces choses-là. Je
pense que tout le monde est d'accord qu'il faut clarifier cela. Je pense qu'il
faudra passer à ce travail-là à court terme et on est
prêt à le faire, de ce côté-là.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, à une question du
ministre, vous avez répondu à toute la question touchant la
détermination des commissions scolaires, le choix des commissions
scolaires qui offriront les services d'éducation des adultes et certains
enseignements professionnels.
Sur cette question, je partagerais davantage l'avis de ceux qui estiment
que cela devrait être laissé au milieu de le déterminer, en
se fondant sur la dynamique propre des milieux. On l'a vu, les options
professionnelles qui étaient peu viables dans certaines commissions
scolaires, soit par manque de dynamisme ou manque de clientèle, cela
changeait de place. Il y avait une espèce de consolidation. J'aurais
été davantage favorable... Je voulais voir, si vous étiez
de cet avis. L'impression que cela laisse, c'est que la population est
appelée à former un gouvernement scolaire. De ce gouvernement
scolaire, elle est en droit d'attendre un certain nombre de services et, de
façon générale, cela devrait être tous les services,
du moment où on parle de commission scolaire unifiée, donc ceux
de l'enseignement professionnel comme ceux de l'éducation des adultes.
Ici, la loi vient donner au ministre le pouvoir de se substituer aux citoyens
qui désirent avoir un certain nombre de services dans leur milieu.
Tout à l'heure, vous disiez que vous auriez davantage
souhaité une démarche qui aurait amené le milieu à
se concerter pour définir où s'offrent les services
d'éducation aux adultes et les enseignements professionnels. À la
lumière de vos expériences, est-ce qu'il y a tant de cas
litigieux où l'entente n'a pas réussi à intervenir dans le
milieu pour que cela nécessite et que cela nous oblige à donner
ce pouvoir au ministre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Seminaro: Peut-être qu'avant de répondre, pour
bien encadrer la réponse que j'ai faite au ministre de
l'Éducation concernant l'enseignement professionnel et
l'éducation des adultes... En fait, il faut que nous, les commissions
scolaires, fassions un choix. Les commissions scolaires ont fait le choix d'une
autonomie de décision sur leur grosseur, dans le contexte actuel.
Présentement - en tout cas, je n'aime pas parler d'expérience
personnelle, mais il faut le faire de temps en temps - je vis dans une
commission scolaire unifiée de 2800 élèves, il y en a au
Québec à peu près 35. Il y en a une soixantaine qui ont
5000 élèves et moins. Mon milieu politique, que je respecte
beaucoup, a fait ce choix-là. Je le respecte, je suis un employé
de commission scolaire. Il est impossible pour nous, dans ces milieux, de
penser qu'un jour, pour bien répondre à la population, on donne
de l'enseignement professionnel et de l'éducation des adultes.
Si les milieux avaient fait un choix de commission scolaire plus grosse,
j'aurais eu une autre réponse pour le ministre de l'Éducation.
J'aurais dit: On est assez gros, assez grand pour se définir. Dans le
contexte actuel, on est encore assez grand pour se définir dans un
territoire, mais cela nous prend une carte. J'ai des élèves qui
vont à Granby, chez Guy à Yamaska et à Saint-Jean. Cela me
prend une carte. Je ne peux pas donner ces options. J'ai 2800
élèves, 121 élèves en enseignement professionnel
dans douze
options. C'est impossible pour moi de l'organiser, incluant
l'éducation des adultes. Je n'ai pas les moyens présentement de
sortir un laboratoire pour agent de bureau, même si j'ai une demande chez
nous. Il faut que je regroupe mes clientèles. Cela nous
déplaît, mais avec la volonté, l'orientation des milieux
vers les commissions scolaires unifiées, avec la mort lente des
régionales, c'est le choix que les milieux politiques ont fait. On a de
la misère à revenir sur cela. Quelle est la question?
Mme Blackburn: Ne serait-il pas plus souhaitable de laisser cela
à la concertation?
M. Seminaro: En fait, elle se fait la concertation
présentement. Mais à un moment donné, on a eu deux ou
trois cul-de-sac. C'était impossible. Les commissions scolaires ont dit
au bureau régional: Réglez cela, on ne s'entendra jamais.
Il y a toute une question de survie. Quand le milieu défend sa
survie, il a raison, isolément. Je l'ai vécu cette année.
J'ai fait un voyage aux Îles-de-la-Madeleine et les gens nous pariaient
des options qu'ils avaient dû laisser tomber. Ce fut un drame terrible
parce qu'on ne parle plus de la même chose. Mais quand même, au fur
et à mesure que la discussion se faisait, ces gens admettaient que
financièrement, à moins de grandes taxes dans le milieu, ils ne
pouvaient offrir les mêmes choses qu'avant. Ils étaient rendus
là. Par contre, ils ont aussi eu un instinct de survie et essayé
de garder tout. C'est sûr qu'à un moment donné, quelqu'un a
tranché. Mais le choix, je le répète très
simplement, de faire des unifiées de taille petite, moyenne et grosse a
entraîné une orientation de cartes d'enseignement des adultes et
d'enseignement professionnel. En fait, cela a accéléré
cette pensée qui n'était pas présente dans les
années soixante-dix, quand on avait 48...
Mme Blackburn: Le droit d'association et le droit de recours
devant le Protecteur du citoyen, vous n'avez pas abordé cette question
parce que vous êtes contre ou indifférent?
M. Seminaro: Non. On ne l'a pas abordée. Je suis le
porte-parole de mes gens et j'ai été un peu déçu
que les gens n'aient pas ramené cela. Mais comme ils ont dit:
Peut-être que ce n'est pas prioritaire.
Dans cette loi, on a travaillé beaucoup sur les plans technique
et administratif. Comme on l'avait travaillé beaucoup sur le plan
pédagogique, dans les projets de loi 40 et 3, selon moi, on a
passé trop vite sur certains aspects comme celui-là. Mais je le
trouve intéressant. Cela pourrait facilement revenir et il n'y aurait
pas de problème.
Mme Blackburn: Je sais que le temps s'écoule. On me fait
signe qu'il reste peu de temps. Dans votre mémoire, vous dites à
un endroit, je ne sais plus trop où, que les enseignants devraient, dans
leurs obligations, dans leurs devoirs, inscrire celui de faire la promotion des
valeurs du projet éducatif. Ne pensez-vous pas que cela risque de venir
en contradiction lorsque le projet éducatif est catholique et que
l'enseignant est de toute autre conviction religieuse?
M. Seminaro: Pour nous, le projet éducatif est plus que
cela. Dans l'esprit de cet alinéa, c'est beaucoup plus le projet
éducatif de l'école qui se donne une couleur. Pour nous, l'aspect
catholique est beaucoup plus une question de valeurs et on ne pense pas, sauf
exceptions toujours qu'il y aurait un problème à véhiculer
cette chose. (11 h 30)
Dans le contexte où la Centrale de l'enseignement du
Québec acceptait de faire l'essai du conseil d'orientation, il serait
normal que l'enseignant qui aurait accepté, au niveau de son conseil
d'orientation, un projet éducatif en fasse la promotion, qu'il ne soit
pas à l'extérieur du projet éducatif décidé
par des pairs. C'est beaucoup plus dans cet esprit. On ne l'a réellement
pas encadré l'aspect catholique. Pour nous, pour le projet
éducatif chrétien, en tout cas, on ne pense pas que cela va aller
jusque là dans la majorité des écoles du
Québec.
Mme Blackburn: Dans l'hypothèse où il y aurait de
nombreuses modifications, comme le ministre nous l'a laissé entendre
tout à l'heure, souhaitez-vous être consultés à
nouveau? S'il y avait de nombreuses modifications au projet de loi 107, parlons
de celui-là.
M. Seminaro: On adore être consultés. Mme
Blackburn: Bien. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Je vais terminer là-dessus. J'aurais eu
encore quelques questions. En vous remerciant d'abord de votre participation,
de la qualité de votre réflexion, je voudrais aussi vous assurer
que je suis sensible à plusieurs des recommandations. Je voudrais vous
assurer que je ferai tout en mon pouvoir pour essayer d'influencer le ministre
lorsque je l'estimerai nécessaire.
Une voix: Cela est difficile.
Mme Blackburn: Au moment où on aura à examiner le
projet de loi article par article. Il arrive qu'il se rende au sens commun.
Une voix: Ah bon.
Mme Blackburn: J'aurais peut-être une dernière
petite question. Quelle est la proportion de femmes dans les cadres scolaires
actuelle-
ment?
M. Seminaro: Trop peu.
Mme Blackburn: Mais encore.
M. Seminaro: De 5 % à 10 %, au maximum.
Une voix: On doit arriver à 10 %.
M. Seminaro: On a un objectif de parité, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Seminaro: Mais vu qu'on n'est pas éternels, on ne verra
pas cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je pense qu'on a
compris que le...
M. Seminaro:... maximum 5 %...
Le Président (M. Parent, Sauvé):... le message est
passé.
Mme Blackburn: Oui, c'est parce que...
M. Seminaro: Non, mais de plus en plus, il y a des femmes.
Proportionnellement, je pense, que si on faisait l'analyse de l'arrivée
des nouveaux cadres, on ne serait pas loin de 50-50
régulièrement, avec l'arrivée des nouveaux membres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Seminaro: En fait, on a un vieux vécu, nous aussi,
c'est un peu comme autour de la table.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Des
voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je regrette, mais
le temps qui était prévu pour votre organisme est maintenant
écoulé. Il me reste à vous remercier de votre
collaboration. J'invite maintenant le groupe suivant, l'école secondaire
La Relance, réseau scolaire Chomedey de Laval, à prendre place
à l'avant.
Nous allons tâcher de rattraper les quelques minutes de retard que
les travaux de la commission accusent. J'invite les membres de la commission
à prendre place. À l'ordre, s'il vous plaît! J'invite aussi
nos invités de l'école secondaire La Relance, réseau
scolaire Chomedey de Laval, à prendre place. La porte-parole de ce
groupe est Mme Johanne Racine, présidente. Je vous salue, Mme Racine, et
je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à notre invitation
et de venir aider les membres de cette commission à se faire une
meilleure idée et à entendre aussi vos revendications et le fruit
de votre réflexion sur les deux projets de loi qui font l'objet de
l'étude dans le cadre de cette commission.
La commission a prévu vous entendre durant 45 minutes. Alors,
à titre de suggestion vous pourriez peut-être prendre une
quinzaine de minutes pour présenter votre mémoire et,
après cela, on pourrait ouvrir un dialogue entre les membres de la
commission et les gens qui vous accompagnent, lesquels j'aimerais bien
connaître. Alors, Mme la présidente, si vous voulez bien nous les
présenter et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
École secondaire La Relance, réseau
scolaire Chomedey de Laval
Mme Racine (Johanne): Merci, M. le Président et
bonjour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bonjour.
Mme Racine: M. le ministre de l'Éducation, Mmes et MM. les
députés, avant de commencer j'aimerais vous présenter,
à ma droite, Mme Gisèle Godmer, représentante des
enseignants; à ma gauche, Mme Aline Locas et M. Lapierre, membres du
comité d'école secondaire La Relance. Je voudrais
également remercier les membres de la commission parlementaire de nous
recevoir malgré la brièveté de notre mémoire.
Alors, l'école secondaire La Relance est une école
spéciale du réseau scolaire Chomedey de Laval qui reçoit
les élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
Connue autrefois sous le nom de centre Saint-Urbain, elle fut rebaptisée
pour l'année scolaire 1983-1984.
L'école a pour vocation de promouvoir, par une organisation et
des mesures appropriées, une formation scolaire, sociale et
professionnelle à tous les élèves.
En 1987-1988, 266 élèves âgés de 13 à
21 ans étaient inscrits à l'école secondaire La Relance
dans les catégories suivantes: 125 élèves en trouble grave
de l'apprentissage; 48 en déficience intellectuelle légère
ou moyenne; 63 en mésadaptation socio-affective dont 6 avaient en plus
une déficience intellectuelle et une quinzaine une structure
délinquante; 9 en handicap visuel ou auditif dont 2 avaient en plus une
déficience intellectuelle; 1 élève en déficience
physique; 1 en déficience physique avec un handicap intellectuel en
plus; 10 élèves autisti-ques et/ou psychopathologiques; 3
élèves en déficience intellectuelle et problèmes
neurologiques; et enfin, 6 élèves en trouble grave de
l'apprentissage avec mésadaptation socio-affective manifestant une
lenteur intellectuelle sur le plan des apprentissages scolaires.
Parmi ces 266 élèves, 56 proviennent de 8 commissions
scolaires avoisinantes dont 31 élèves de la commission scolaire
des Manoirs; 16 de Les Écores; 3 de Le Gardeur, 2 de
Blainville-Deux-Montagnes; et 1 élève de chacune des
commissions scolaires suivantes: du Long Sault, Des Cascades-L'Achigan,
Vaudreuil-Soulanges et la Commission des écoles catholiques de
Montréal.
Les parents des élèves de l'école sont conscients
de l'organisation fort complexe qu'occasionne une clientèle aussi
diversifiée, mais qu'à cela ne tienne, car ils n'en demeurent pas
moins en droit de réclamer pour leurs enfants des services
éducatifs de qualité.
En mars 1988, le comité d'école a déjà
porté à la connaissance du réseau scolaire Chomedey de
Laval, un document faisant état des besoins particuliers de
l'école, document qui, d'ailleurs, a été acheminé
à M. le ministre de l'Éducation. Le comité d'école
est fort déçu de la réaction du réseau scolaire
Chomedey de Laval face à nos demandes.
Permettez-moi, M. le Président, Mmes et MM. de la commission
parlementaire deux exemples fort brefs qui ne sont pas inscrits dans votre
mémoire. Nous avons demandé que le réseau scolaire
Chomedey de Laval considère l'école La Relance comme une
école à vocation régionale avec statut particulier. La
réponse qui a été faite au directeur de l'école est
la suivante: II est hors de question de reconnaître ou de vouloir faire
reconnaître votre école comme devant dispenser des services
régionaux. Je dirais même que nous visons le contraire. La
position du réseau indique vouloir consacrer ses énergies et ses
ressources à la population de son territoire tout en acceptant par
entente des élèves d'autres commissions scolaires. Nous
entendons, cependant, limiter ces ententes et c'est pourquoi aucune nouvelle
inscription d'une autre commission scolaire n'est acceptée pour l'an
prochain.
Où iront les élèves qui avaient besoin de nos
services?
Nous avions demandé également l'embauche d'une personne
à l'encadrement, à savoir un psycho-éducateur pouvant
rapidement intervenir auprès d'un élève en situation de
crise, événement qui se produit assez fréquemment dans
notre école. Le réseau scolaire a ouvert un poste de surveillant
d'élèves et la scolarité demandée pour ce poste est
d'avoir complété un secondaire IV avec option appropriée.
J'ai la demande ici.
Nous n'avons pas la prétention de vous soumettre un
mémoire qui reprendrait l'analyse de tous les articles de la loi. Nous
n'en avons ni le temps, ni l'expertise. Nous voulons toutefois attirer votre
attention sur certains articles de loi qui ont trait à la participation
des parents et qui sont susceptibles de favoriser l'organisation des services
éducatifs aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
Nous toucherons particulièrement les articles sur le plan
d'intervention, le conseil d'orientation, le comité d'école, le
comité consultatif des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
ou d'appa- rentissage.
Le plan d'intervention. À la suite de la lecture du projet de loi
107, nous retrouvons plusieurs articles qui traitent du plan d'intervention
adapté à chaque élève handicapé ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Nous ne pouvons que nous
réjouir qu'une telle disposition soit prise dans la loi, mais en
même temps, nous pensons qu'il serait prudent que le plan d'intervention
soit mieux défini. Nous osons espérer qu'un tel plan
d'intervention est plus qu'un simple classement fait en prévision de
l'année scolaire à venir, mais bien un moyen de définir
des objectifs à atteindre et des méthodes pour vérifier
les résultats obtenus.
Dans le cas d'une école comme la nôtre, nous nous
interrogeons sur la faisabilité de l'article 46 qui donne au directeur
de l'école la responsabilité d'établir ce plan et ce, pour
chaque élève. Il faudra éviter que des plans
d'intervention modèles servent de cadre auxquel devront se plier les
élèves d'une même catégorie car il serait alors
inutile de parler de plan d'intervention dit adapté.
Aussi, pour personnaliser le plan d'intervention, nous demandons que
l'article 46 prenne en considération la participation et l'avis
même des parents et du personnel. Nous demandons de plus que le plan
d'intervention soit révisé en cours d'année de
façon régulière afin de permettre l'actualisation de ce
plan. De plus, il serait souhaitable de pouvoir s'adjoindre un consultant de
l'extérieur pour les cas particuliers lors de l'établissement du
plan d'intervention.
Conseil d'orientation. En comparant le projet de loi 107 aux autres
projets de loi sur l'instruction publique qui l'ont
précédé et qui avaient été soumis à
la consultation, nous trouvons que le conseil d'orientation, tel que
défini, apporte un juste milieu entre ce qui existe dans la
présente loi et le projet de loi 40. Nous croyons que les fonctions du
conseil d'orientation vont permettre la participation des parents sur un pied
d'égalité avec les autres membres du conseil.
En ce qui a trait à sa composition, article 54, nous
présentons certaines modifications. Nous demandons que tous les parents
d'élèves fréquentant l'école puissent être
élus par leur pairs et nous trouvons discriminatoire la partie de phrase
"et ne faisant pas partie des membres du personnel de l'école".
Cesse-t-on d'être parents parce que notre enfant fréquente
l'école qui est aussi notre milieu de travail? Nous croyons qu'il
revient à l'assemblée générale des parents de
décider s'il peut y avoir, ou non, conflit d'intérêts. De
plus, nous souhaitons, à l'égard du paragraphe 3°, qu'il y
ait deux représentants élus, soit une personne
représentant les professionnels et une autre représentant les
membres du personnel de soutien. On risque fort à La Relance que le
représentant désigné dans ce paragraphe soit un membre du
personnel de soutien puisqu'ils sont à temps plein à
l'école
tandis que les professionnels y sont à temps partiel. Non pas que
nous voulions discréditer un groupe par rapport à l'autre, mais
au contraire nous trouvons indispensable qu'ils soient
représentés tous les deux.
Pour ce qui est de la date des élections, article 58, nous ne
pouvons que nous réjouir de ce retour à l'automne car trop de
comités d'école ont souffert du désintéressement
qu'amenaient les élections en mai.
À l'égard de l'article 70, nous demandons que le conseil
d'orientation désigne l'un de ses membres parmi les parents pour
remplacer le président en cas d'empêchement de ce dernier.
Comité d'école. Il peut paraître surprenant qu'un
comité d'école demande sa disparition, mais nous jugeons superflu
la double participation demandée aux parents surtout si le nombre de
sièges qui leur est réservé au conseil d'orientation est
suffisant. Notre expérience de comité d'école au niveau
secondaire nous permet de douter que les parents auront l'énergie
nécessaire pour maintenir une participation valable à deux
comités. La motivation des parents ne se situe pas au même niveau
lorsque leur enfant a atteint le niveau secondaire.
De plus, nous supposons que la représentation au comité de
parents sera facilitée d'autant s'il n'y a pas deux types de
représentants, mais un seul venant des conseils d'orientation.
Comité consultatif des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage. Le rôle que jouera le comité consultatif des
services aux élèves handicapés et aux élèves
en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage s'avère très
important. Aussi nous semble-t-il indispensable de demander quelques
modifications quant à sa composition. Nous voulons que les
représentants des parents soient partagés entre des personnes
venant du niveau primaire et du niveau secondaire. On insiste trop souvent, en
adaptation scolaire, sur les services à l'école primaire et
pourtant, toutes les difficultés n'ont pas été franchies
parce que l'élève passe au secondaire. (11 h 45)
Permettez-moi, M. le Président, de me référer ici
encore une fois à notre document sur nos besoins particuliers. Nous
avions demandé l'embauche d'une orthophoniste à temps plein. Le
réseau scolaire de Laval nous a répondu en ces termes: Le travail
d'une orthophoniste auprès d'élèves à votre
école ne serait pas pertinent. C'est en plus bas âge que
l'intervention porte fruit.
Nous croyons donc indispensable que ce comité se préoccupe
de l'ensemble de la clientèle en adaptation scolaire et nous voulons
nous assurer qu'il y aura une représentation équitable des
parents au niveau secondaire. De plus, nous jugeons indispensable la
présence, sur ce comité, du responsable des services aux
élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage de la commission scolaire.
Cette présence confirmera le sérieux des recommandations qui
seront faites par ce comité ou, à tout le moins, évitera
que les recommandations n'atterrissent et ne demeurent sur le bureau de cette
personne.
Liste des spécialités professionnelles ou des services
particuliers aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
L'article 428 a particulièrement retenu notre attention et les parents
du comité d'école La Relance s'y accrochent comme à une
bouée de sauvetage. Nous avons cru reconnaître, à la
lecture de cet article, l'établissement d'une carte nationale des
services. Nous croyons important que le ministre implante une telle carte et
nous voulons nous assurer qu'il prendra en considération l'école
La Relance et reconnaîtra que les services qu'elle assure sont
indispensables à notre clientèle et qu'elle joue le rôle
d'une école à vocation régionale sans en avoir
présentement les ressources humaines et financières.
Nous sommes conscients que l'école La Relance n'est pas
l'école idéale, loin de là. Les élèves les
plus démunis côtoient les plus agressifs. Certains jours nous
n'avons pas à nous féliciter de la qualité de vie dans
l'école et M. le ministre de l'Éducation serait surpris de voir
les réactions imprévisibles des jeunes en situation de crise.
Nous ne voulons pas ici mettre en doute le dévouement de la
direction de l'école et du personnel enseignant qui a été
formé pour enseigner la pédagogie, mais combien d'entre eux ont
la formation nécessaire pour intervenir dans une situation de crise?
Nous croyons qu'une telle école est nécessaire pour regrouper
tous les services, mais qu'on lui reconnaisse aussi le rôle qu'elle joue
et qu'on lui assure toutes les ressources indispensables à son bon
fonctionnement.
Conclusion. L'examen sommaire du projet de loi 107 nous permet de
constater le progrès qui a été accompli à
l'égard du droit de tous les élèves à des services
éducatifs de qualité. Tout en souhaitant que les modifications
que nous proposons soient prises en considération, elles prouvent
l'intérêt qu'a suscité ce projet de loi.
Le comité d'école espère que les
élèves de l'école secondaire La Relance reçoivent
enfin tous les services auxquels ils ont droit avec le respect de leur
capacité et de leur différence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme Racine.
Les membres de cette commission vous remercient et vous félicitent aussi
pour la qualité du témoignage que vous venez de nous donner.
Dans un premier temps, je vais reconnaître le premier intervenant
du côté ministériel, M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Je débute avec
la conclusion que vous avez donnée: "L'examen sommaire du projet de loi
107 nous
permet de constater le progrès qui a été accompli
à l'égard du droit de tous les élèves à des
services éducatifs de qualité." Je vous félicite de
souligner ce point, parce qu'il est important. Cela fait chaud au coeur de voir
que beaucoup de gens se préoccupent des services éducatifs de
qualité pour les personnes handicapées.
Vous écrivez, un peu plus loin: Nous souhaitons que les
modifications que nous proposons soient prises en considération. Le but
de la commission est de bien voir ce qui peut se dire dans le milieu et voir si
on doit corriger le projet de loi. C'est à cela que nous nous
prêtons depuis plusieurs semaines. Je suis heureux de vous dire qu'on va
certainement faire des modifications, d'ailleurs M. le ministre en a
déjà annoncé.
J'en viens à votre histoire de vocation régionale. De plus
en plus, on veut que les personnes handicapées aillent dans les
écoles régulières. Vous êtes au courant de cela. Je
vois bien que vous êtes d'une école spéciale qui retient
plusieurs personnes handicapées de votre commission scolaire et des
commissions scolaires avoisinantes. J'ai bien écouté la
réponse que la commission scolaire vous avait donnée.
Voilà une lettre de fonctionnaires qui doivent...
Une voix: Administrateurs. Une voix: Pas de
sous-ministres.
M. Gardner: Non, pas de sous-ministres, mais de fonctionnaires,
quoique les sous-ministres sont aussi des fonctionnaires, qui doivent appliquer
une loi. Cette lettre, M. le ministre pourra en parler tout à l'heure
s'il le veut, est probablement selon la loi actuelle, la Loi sur l'instruction
publique. Mais vous avez vu que l'article 428, et je suis heureux que vous ayez
mentionné que c'était une bouée de sauvetage pour vous,
ouvre quand même une bonne porte à une école à
vocation régionale. Pouvez-vous préciser si vous tenez vraiment
à ce que l'article 428, lequel avez-vous dit était vraiment une
bouée de sauvetage, soit dans cette loi ou est-ce que vous pensez
vraiment qu'il peut sauver l'école La Relance? Si oui, convainquez M. le
ministre que votre école est encore la meilleure de la région de
Laval.
Mme Racine: Mme Locas va répondre à la
question.
Mme Locas (Aline): Si on dit que l'article 428 est une
bouée de sauvetage pour l'école secondaire La Relance, il ne
faudrait pas se leurrer et penser que c'est l'édifice qu'on veut sauver.
L'école secondaire La Relance est actuellement située dans un
ancien entrepôt de Goinau et Bousquet. On devait y être pour trois
mois et cela fait au moins six ou sept ans que les élèves y sont
logés.
Mme Racine: Depuis 1968.
Mme Locas: Depuis 1968, donc depuis 20 ans. Pour un
entrepôt, cela commence à être très long et c'est
dans un parc industriel. Alors vous voyez très bien l'environnement pour
cette clientèle d'élèves.
C'est sûr qu'on n'est pas contre l'intégration scolaire des
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage, mais ce qu'on veut pour nos enfants, ce sont des services
complets. Nous, de l'école secondaire La Relance, croyons que si cette
école ou du moins les services qu'elle dispense sont reconnus comme un
service régional, on aura enfin les spécialistes qui vont avec
l'appellation "école à vocation régionale". On pense que
ce serait plus facile à organiser en regroupant les élèves
qu'en les éparpillant. À ce moment-là, on peut avoir
à l'école du personnel à temps plein, des
spécialistes à temps plein, et non pas un quart à une
place, un huitième à l'autre.
M. Gardner: Si je comprends bien, votre école accueille
des cas lourds qui ne peuvent pas du tout aller dans le système
régulier. Est-ce exact?
Mme Racine: Oui, sur le plan de la mésadaptation et
surtout sur le plan des structures délinquantes, ce sont des cas quand
même assez particuliers.
M. Gardner: D'accord. Dans un autre ordre d'idée, et pour
poursuivre d'ailleurs, la responsabilité du directeur d'école
face à ce plan d'intervention, j'entends souvent dire que les directeurs
d'école se font massacrer un peu et je ne sais pas s'ils vont venir
témoigner...
Mme Blackburn: Ils sont venus témoigner.
M. Gardner: Ah oui, ils sont venus. C'est vrai. Vous me rappelez
qu'ils sont venus et ils ont dit que le projet était très bon. En
page 5 et 6 de votre mémoire, vous dites que vous avez peur que les
directeurs d'école fassent des interventions modèles. Je suis un
ancien enseignant et vous vous souvenez...
M. Jolivet: Vous êtes toujours enseignant.
M. Gardner: Je suis toujours enseignant, mais je suis en
politique. C'est compliqué de travailler avec une Opposition.
M. Jolivet: Tant mieux!
M. Gardner: M. le Président... On a changé de
président.
Je suis toujours enseignant, mais en congé sans traitement. Je
m'excuse pour tout ça. On dit toujours que les élèves ont
quelque chose de particulier et vous voyez souvent des photocopies
de modèles de cours ou de groupes de cours qui se retrouvent sur
tous les élèves. C'est ce qui vous fait peur, en fait, si vous
laissez ça au bureau du directeur, qu'il y ait de ces photocopies qui se
répètent pour plusieurs élèves alors que chaque
élève, surtout les personnes handicapées, devrait avoir un
programme bien précis à lui. Est-ce ce qui vous fait peur?
Mme Racine: Mme Godmer...
M. Gardner: Surtout si c'est remis au directeur seulement.
Mme Racine: ...va répondre à la question. M.
Gardner: Elle est directrice, je pense.
Mme Racine: Non, représentante pour les enseignants.
M. Gardner: Ah! Pour les enseignants.
Mme Godmer (Gisèle): Je suis une enseignante.
Mme Blackburn: Et une bonne à part cela.
Mme Godmer: Bien contente.
M. Gardner: Pas en politique? Pas encore?
Mme Godmer: Si on fait un tour d'horizon rapide, en page 2, il y
a toute la description de la clientèle.
M. Gardner: Oui.
Mme Godmer: À l'intérieur de cette
clientèle, il y a des problèmes graves de comportement. Sur une
population de 300 élèves inscrits chez nous, un peu moins,
peut-être 295, 292 pour demain matin, c'est sûr qu'il y a une
quantité d'élèves qui ont des problèmes de
comportement et qui demandent des interventions sérieuses,
répétitives, et des élèves pour qui il est
bénéfique d'avoir un suivi.
Je vois le chiffre à la page 2, 63 en mésadaptation
socio-affective. On a aussi une quinzaine d'élèves à
structure délinquante, donc 63 et 15 font 78. Il y a d'autres
élèves qui ne sont pas considérés comme ayant
actuellement des problèmes de comportement très graves, mais qui
ont des tendances, qui vivent des situations pénibles. Il faut aussi
garder du temps pour eux, pour les protéger, pour arriver à les
retenir, à les récupérer pendant qu'il est encore temps.
Les parents et les enseignants se demandent comment la direction de
l'école va pouvoir dans la répartition concrète de son
temps, en ce qui concerne la faisabilité; arriver à vivre cet
article.
Quant à un programme d'intervention, dans le moment, à
notre école, il n'y a aucun programme d'établi pour intervenir
auprès de nos élèves qui ont des problèmes graves
de comportement ou, entre guillemets, un peu moins graves. La personne qui
s'occupe du domaine psychologique chez nous n'en a aucun. Elle est chez nous
trois jours/semaine, pas trois jours/horaire six jours, trois jours/semaine. Le
travailleur social est chez nous deux jours et demi/semaine. Quand les troubles
éclatent et que cela fuse de toutes parts, c'est difficile à
vivre comme il faut. Nos outils de travail, ce sont des élèves,
des citoyens, ils sont chez nous, ils nous apportent des problèmes, mais
c'est aussi notre gagne-pain et on les aime. C'est aussi un choix de
société.
M. Gardner: Je suis heureux de vous l'entendre dire. Je vois bien
qu'il y a dans votre école des difficultés qu'il faudra aplanir
et si la nouvelle loi peut être appliquée, cela pourrait se
faire.
Comme le temps passe vite, j'aimerais vous poser la question suivante
sur un tout autre sujet, soit celui du comité d'école. Vous avez
l'air de vouloir vous faire hara-kiri et vous avez l'air heureux de tout cela.
Est-ce que j'ai bien compris? Vous êtes prêts quand même
à ce qu'il y ait un comité, un conseil d'orientation, appelez-le
comme vous voulez. C'est le dédoublement que vous ne voulez pas.
Mme Racine: C'est cela, oui. M. Gardner: D'accord.
Mme Racine: Même on prône encore plus le conseil
d'orientation où finalement on va être en contact direct avec le
corps professoral, ce qui fait qu'on peut échanger beaucoup plus que si
on demande l'opinion au niveau d'un comité d'école, aux
professeurs au conseil d'école et ensuite que la direction fasse un
consensus. On peut être tous ensemble et donner notre opinion.
M. Gardner: Une autre petite question, madame, au sujet des
conflits possibles. Je pense qu'il est utopique de croire que le parent qui
travaille à l'école puisse faire partie d'un comité
d'école ou de... La loi ne le permet pas actuellement. Ne pensez-vous
pas qu'il pourrait y avoir des conflits d'intérêts possibles?
Mme Racine: Moi, je n'en vois pas. M. Gardner: Vous n'en
voyez pas?
Mme Racine: Non. Actuellement... Peut-être que Mme
Locas...
Mme Locas: Excusez-moi, je ne veux pas lui enlever la
parole...
Une voix: Allez.
Mme Locas: ...mais je pense que Johanne est
mai placée pour répondre...
M. Gardner: Elle est en conflit?
Mme Locas: Exactement. Elle est en conflit.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Locas: Disons que, justement pour permettre
l'intégration d'un enfant, elle a été engagée il y
a deux ans comme accompagnateur ou je ne sais comment elle appelle cela...
Mme Racine: Aide pédagogique. (12 heures)
Mme Locas: ...aide pédagogique, pour permettre
l'intégration d'un enfant à l'école. Il faut dire qu'on
reçoit des enfants à l'école La Relance qui ont besoin
d'une aide pédagogique pour être intégrés. C'est
pour vous dire comme la clientèle est assez lourde. C'est pour cela que
j'aime autant qu'elle ne réponde pas, parce que lorsqu'on a
rédigé le mémoire elle aurait pu être en conflit
d'intérêts. Mais en tant que parents majoritaires, si
j'enlève Johanne, au comité d'école, on a
réalisé que le fait que Johanne vivait dans l'école nous
apportait des dimensions qu'on n'aurait pas eues en tant que parents. C'est
pour cela qu'on disait qu'on devrait laisser cela à l'assemblée
générale des parents. J'imagine que cela peut dépendre des
individus. Je pense que l'assemblée générale des parents
devrait être capable de statuer sur une question comme
celle-là.
M. Gardner: Une petite dernière, M. le
Président.
Mme Locas: Juste un instant. Est-ce que ce ne pourrait pas
être l'inverse aussi, qu'un enseignant... Non, excusez-moi. J'essaie de
voir comment un enseignant pourrait être refusé. S'il avait son
enfant à l'école, il pourrait être refusé parce
qu'il est aussi parent.
M. Gardner: Et c'est le cas actuellement.
Mme Locas: Et c'est le cas actuellement. Je me dis, dans le fond,
autant pour l'un comme pour l'autre.
M. Gardner: Parce qu'un enseignant, par exemple, ne peut pas
être commissaire à sa commission scolaire, actuellement.
Mme Locas: Oui, mais il peut siéger au comité
d'école.
M. Gardner: Au comité d'école, oui; d'ailleurs, il
siège. Une petite dernière, M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Paré): Oui, en concluant, s'il
vous plaît.
M. Gardner: La date des élections remise à
l'automne, cela vous plaît?
Une voix: Oui.
M. Gardner: Pouvez-vous me dire pourquoi il y avait des
inconvénients lorsque c'était au mois de mai? Quels sont les
inconvénients? Je suis content que cela vous plaise, remarquez.
Mme Locas: Les inconvénients... Une voix: II y en a
plusieurs.
Mme Locas: ...c'est que vous avez une élection en mai pour
les parents d'élèves qui fréquentent l'école et en
octobre - on garde certains postes - pour les parents d'élèves
qui viennent d'arriver à l'école, en septembre. C'est ce qui fait
qu'il y a eu quelques réunions, une en mai, une en juin et quelquefois
une au mois d'août; ces parents, qui se rajoutent au mois d'octobre,
doivent être réintégrés dans les dossiers et dans
les discussions. La première année, ils ont toujours l'impression
d'être un peu à l'écart du comité d'école,
d'être les petits nouveaux qui se sont rajoutés. À ce
moment-là, cela permettrait que tout le monde démarre en
même temps, en septembre ou en octobre.
M. Gardner: Merci.
Le Président (M. Paré): Merci. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. D'abord, je veux dire
que je suis un enseignant de carrière, même si j'ai
été un chef syndical par intérim à un certain
moment donné, dans l'intervalle de mon enseignement et de la deputation,
depuis treize ans maintenant. Je dois dire que je ne lancerai pas la pierre
à personne, ni aux directions d'école. Je regarderai plutôt
le travail que font les comités d'école comme le vôtre et
qui veulent venir ici dire, comme gens qui vivent journellement les
difficultés, que ce n'est pas toujours facile quand, à
l'intérieur des compressions budgétaires, on en arrive à
faire un choix entre donner un service aux étudiants ou réparer
une toiture qui coule. Dans ce contexte, on s'est aperçu dans l'histoire
que les écoles dites écoles où il y a des
difficultés quelles qu'elles soient pour les enfants, soit physiques ou
sur d'autres plans, on en arrive à les considérer comme
étant les derniers. Il faut faire des batailles continuelles.
Vous faites mention d'un entrepôt qui a été
transformé, qui est devenu une école; ce devait être pour
un laps de temps. On l'a vécu chez nous, jusqu'à ce que des
pressions se fassent et qu'on en arrive finalement à faire en sorte que
les jeunes étudiants soient dans de meilleures conditions de travail,
d'études et qu'ils soient
dans des écoles convenables. Ce sont des batailles très
difficiles. Les parents méritent notre estime et, dans bien des cas, sur
ce plan, l'appui le plus total de la part des gens qui, comme nous, ont des
décisions à prendre. Je ne suis pas sûr que le projet de
loi, tel que présenté actuellement, vienne régler tous vos
problèmes si, dans cette mesure, on ne donne pas les moyens de pouvoir
donner des services.
Vous faites mention de 266 élèves inscrits à
l'école secondaire. J'aimerais savoir, à cause des normes, quel
est le nombre d'enseignants et de gens qui tournent autour, incluant la
direction d'école; enfin, quel est le personnel qui se trouve là?
Vous avez parlé de personnes qui viennent à raison de deux
jours/semaine ou de deux jours et demi/semaine. J'aimerais que vous nous
fassiez la nomenclature des gens qui viennent en aide à ces
étudiants, comme enseignants, comme professionnels non enseignants,
comme spécialistes ou comme direction d'école.
Mme God mer: Au total, je ne me tromperais que de très peu
en vous disant que cela pivote autour de 40. Dans les 40, il y a le corps
professoral qui s'occupe de l'aspect académique à dispenser aux
élèves; dans l'académique, il y a les ateliers, les
spécialistes, quelques spécialistes chez nous; il y a ceux des
ateliers, plus le personnel de soutien, psychologue, travaileur social,
infirmière à peu de jours...
M. Jolivet: Combien de psychologues?
Mme Godmer: Un seul, trois jours par semaine. Trois jours sur
cinq.
M. Jolivet: Quand on regarde cela et qu'on considère que
vous êtes une école dépendant d'une commission scolaire,
donc devant faire valoir vos points de vue à la direction de la
commission scolaire par l'intermédiaire de vos comités
d'école, comité de parents et autres, compte tenu que vous avez
aussi, à la commission scolaire, des ententes de services avec d'autres
commissions scolaires pour donner des services à des étudiants
qui sont probablement à proximité de votre territoire, vous en
êtes rendus, d'une certaine façon, à recevoir de la
commission scolaire des réponses comme vous nous avez faites tout
à l'heure et dans laquelle on se préoccupe moins. Votre travail,
dans ce sens, est plus difficile.
Mme Racine: Effectivement.
Mme Godmer: Je peux vous passer une réflexion que vous
allez sûrement comprendre.
M. Jolivet: Oui.
Mme Godmer: Je ne veux pas me plaindre du tout, mais travailler
chez nous, c'est du stock.
M. Jolivet: J'ai cru comprendre que vous aimiez votre travail et
qu'en plus, vous êtes payée pour.
Mme Godmer: Oui, je l'aime encore. Je n'ai pas lâché
et je ne lâcherai pas.
M. Jolivet: C'est beau.
Mme Godmer: Mais je veux avoir des affaires.
M. Jolivet: C'est ça. Oui madame? Mme Racine: C'est
qu'elle a la vocation.
M. Jolivet: Cela a été déterminé par
la commission scolaire, dans un local qui devait être temporaire et qui
est devenu quasiment permanent, comme cela arrive souvent. Vous dites: On n'est
pas là pour défendre la bâtisse de l'école. C'est ce
que j'ai cru comprendre. Cependant, vous seriez intéressés
à ce qu'elle change.
Mme Racine: Nous avons fait des recommandations au réseau
scolaire. Ils nous ont répondu qu'ils étaient conscients que
l'école n'était pas adéquate. À l'école,
nous avons deux gymnases qui sont à la hauteur d'une classe
régulière. C'est notre très beau grand gymnase du premier.
Au sous-sol, il y a également des élèves qui vont dans un
gymnase, avec quatre colonnes en plein milieu, plus neuf pieds de haut,
monsieur. Pas aéré non plus. On a aussi une
cafétéria au sous-sol où, en hiver, c'est
surchauffé et en été, c'est étouffant et on
dîne là.
M. Jolivet: Qui fait les demandes? Vous, comme comité,
vous faites des représentations à la commission scolaire. Est-ce
que la commission scolaire a fait des demandes au ministère? Et depuis
combien de temps? Ce que vous me dites n'a pas de bon sens.
Mme Racine: Au ministère, je ne sais pas s'il y a eu des
demandes. Depuis plusieurs années, on a présenté des
documents à la direction de l'école qui, elle, présentait
son document au réseau scolaire. On revenait toujours en disant: On n'a
pas d'argent. Nous attendions. On est en train de ne plus accepter absolument
rien. On a toujours été le parent pauvre de l'éducation.
Cela ne se prend plus. Cette année, on a ouï-dire qu'il y a huit
locaux de libres dans une autre école. Pourquoi ne pas
réorganiser?
M. Jolivet: Voulez-vous que je vous donne un conseil d'ancien
chef syndical? Dans une école d'enseignement professionnel, il y avait
des difficultés comme celles-là. Cela n'avait pas de bon sens.
J'ai envoyé la Commission de travail, à l'époque.
Aujourd'hui, on appelle cela la CSST.
Demandez à la CSST de venir voir vos locaux. Je suis sûr
que le ministère de l'Éducation va trouver de l'argent. Cela n'a
pas de bon sens.
Mme Racine: II va fermer l'école.
M. Jolivet: Cela n'a pas de bon sens. Demandez à la CSST
de venir voir la vétusté des locaux et de dire que la
bâtisse demande réparations ou déménagement. Fort
probablement que votre ministre responsable dans le coin ou en région
sera capable de faire des pressions sur le ministre de l'Éducation,
jamais je ne croirai...
Mme Racine: On a commencé à entreprendre nos
démarches. On a toujours été étouffés dans
l'oeuf quand on nous revenait avec: Ce n'est pas possible. Maintenant, nous
sommes à l'étape où nous sommes tannés de nous
faire dire d'attendre. Cette fois, on veut aller plus loin.
Mme Locas, est-ce que tu avais quelque chose à ajouter?
Mme Locas: Si vous nous le permettez, M. Lapierre voudrait
ajouter quelque chose.
Il y a un autre ouï-dire qui nous est arrivé. Cela circule,
on ne sait trop comment, qu'une direction scolaire qui envoie des enfants
à l'école secondaire La Relance avait offert au réseau
scolaire Chomedey de Laval de partager les coûts du maintien de
l'école comme avec toutes les clientèles qu'elle comporte. Cela a
été refusé, probablement parce qu'ils ont peur de perdre
leur juridiction, leurs droits sur l'école. On ne sait pas pourquoi,
mais cela a été refusé.
Le Président (M. Paré): M. Lapierre.
M. Lapierre (Guy): On ne doute pas qu'il y ait probablement
certains problèmes financiers. Par contre, notre gros problème
est que si on avait une clientèle de 2000 élèves, on
trouverait de l'argent demain matin. On ne retourne pas tellement loin en
arrière. Quand il y a eu le problème de l'école
Mont-de-la-Salle... On parlait de fermer cette école pour compression
budgétaire. Pour une raison quelconque, on en a trouvé, de
l'argent. L'école Mont-de-la-Salle est encore ouverte. L'école
Pont-Viau aussi est encore ouverte. Notre problème est que notre
clientèle est d'à peu près 300 élèves. Ce
n'est pas une grosse clientèle; cela ne fait pas un grand nombre de
votes.
M. Jolivet: Je dois vous dire que si des représentations
étaient faites, ne vous gênez pas. On va vous aider parce que je
trouve que cela n'a pas de bon sens. On en a vécu dans nos milieux comme
cela. Je donnais l'exemple du transport de certains enfants autistiques dans
mon coin ou ailleurs, où les difficultés qu'on a avec le MAS, le
MEQ ou le MMSR, maintenant le ministère des Affaires sociales, le
ministère de l'Éducation et le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Les gens disent: Cela
n'a pas de bon sens, on est à Saint-Joseph de Mikinac - je m'excuse de
citer mon coin - on va prendre des prisonniers à Montréal pour
les transférer à Québec, cela va coûter les yeux de
la tête; on va prendre des personnes âgées pour les
transporter en ambulance, mais quand c'est le temps de transporter nos enfants
à l'école, il n'y a pas d'argent. C'est cela que je ne trouve pas
drôle et personne ne veut bouger. L'atelier du centre du Québec
dit: Nous n'avons pas d'argent et nous n'avons plus d'autobus adapté. La
commission scolaire dit: Nous ne pouvons pas faire ce transfert parce qu'ils
s'en vont à un autre niveau. Cela n'a plus de bon sens. Dans le contexte
de votre revendication sur le projet de loi comme tel, mais aussi sur d'autre
chose qui s'ajoute parce que je pense que cela vaut la peine de le dire
aujourd'hui: vous méritez notre appui le plus total.
Mme Racine: Permettez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui.
Mme Racine: Mme Godmer aurait quelque chose à ajouter.
Mme Godmer: C'est bien gentil, merci. Avant de partir, je
voudrais préciser que chez nous, il y a l'implantation d'un cheminement
particulier. C'est un programme d'études adapté, dans ses
objectifs et dans son contenu, à la condition particulière des
élèves de niveau secondaire, secteur de l'adaptation scolaire
précisément, pour chez nous. On a traversé une
première année d'implantation. On a eu de l'aide du conseiller
pédagogique. Il y a eu les périodes d'ajustement,
d'évaluation avec trop peu de matériel didactique dont les
manuels appropriés à ce programme s'équilibrent entre les
contenus notionnels des niveaux fin du primaire et début du secondaire.
Cela aussi, c'est du stock, de travailler en classe dans des conditions
semblables. On a les objectifs, on doit en rendre compte, on doit s'ajuster, on
a la clientèle devant nous, qui s'ajuste à nous et nous qui nous
ajustons à elle, mais on a peu d'outils de travail.
M. Jolivet: J'aurais une dernière question avant que ma
collègue, la députée de Chicoutimi, ne vous en pose une.
C'est la suivante: vous dites - et je reviens à la question du
député d'Arthabaska - que le parent, enseignant à
l'école, ne peut pas, en vertu de la loi actuelle, être membre du
comité d'école. Vous savez les difficultés que cela
comporte quand nous sommes dans de grosses écoles. Tout à
l'heure, vous avez entendu les cadres scolaires dire qu'on a de la
difficulté à amener les parents à assister à la
réunion. Dans une école où on peut avoir 300 ou 400
enseignants, imaginez l'hypothèse où il y aurait 300 enseignants
et dix parents. On aurait
tendance à nommer tous les représentants des parents
à l'école, membres du comité d'école. Je pense que
la sagesse d'un législateur est d'éviter des choses semblables.
Mais je crois comprendre de votre part, étant donné que vous
êtes une école plus petite, vous dites: on devrait avoir une
souplesse permettant peut-être cette acceptation. Donc, normalement, on
doit agir par dérogation. Est-ce qu'une dérogation pourrait
être possible dans ces circonstances? Il faut l'examiner, dans la mesure
où on sait que les parents qui ont des enfants en difficulté de
quelque niveau que ce soit sont souvent proches d'eux et les aident à
travers leurs difficultés, à l'école en particulier.
Mme Locas: II ne faut pas se leurrer. Dans une école comme
l'école secondaire La Relance, nous ne sommes jamais passés au
vote secret pour élire le comité d'école. Habituellement,
des gens volontaires lèvent la main et on les prend tous. On n'est pas
très nombreux. Je pense qu'on n'a jamais été plus que sept
ou huit. On ne s'étouffe pas avec les parents.
M. Jolivet: C'est cela justement. Ce que je vous dis, c'est que
le problème qu'il y a s'il y a plus d'enseignants qui sont parents
à l'école et qui décident, si la loi le permettait, dans
une école de 300, ils peuvent contrôler le comité
d'école. À ce moment, les parents peuvent jouer. Je veux dire
qu'il y a des "games" qui se jouent au niveau syndical qui pourraient se jouer
là, et il ne faut pas le permettre. Donc, dans ce contexte, il faut
faire une loi générale pour tout le monde en espérant,
cependant, que s'il y avait des dérogations possibles, une permission
soit demandée.
Mme Locas: Ou à ce moment-là, cela pourrait
être dans des rôles du conseil d'orientation où justement
les enseignants n'auraient pas le droit de vote ou le droit de parole sur
certains sujets. Mais je ne pense pas qu'on cesse d'être parents parce
qu'on est enseignants, n'est-ce pas, monsieur?
M. Jolivet: Oui, oui, je sais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, très rapidement en conclusion.
(12 h 15)
Mme Blackburn: Brièvement, puisque le temps qui nous est
imparti est écoulé. Je suis sensible à vos revendications.
J'ai juste une très brève question. Je vois dans la liste des
élèves que vous recevez qu'il y en a qui souffrent de
déficience mentale légère, d'autres de handicaps visuels
auditifs, sans autre handicap. Beaucoup de parents estiment que ces enfants
devraient être intégrés dans des écoles et des
classes régulières parce que c'est moins stimulant d'être
confondus avec des enfants qui souffrent de troubles plus profonds et cela a
comme effet de marginaliser. Vous, à l'expérience, qu'en
pensez-vous?
Mme Racine: Disons qu'on a une classe qui englobe les
handicapés visuels et auditifs. Ces jeunes ont quand même deux ans
et plus de retard. Donc, à 16 ans ils peuvent être au niveau de
sixième année. Cela fait que, intégrés dans une
classe, la marge d'âge est très différente. Ils ont
également une lenteur intellectuelle. Sans avoir une déficience
intellectuelle, la lenteur intellectuelle est là. Les
élèves qui viennent de l'école... je crois... Saint-Paul.
Si le jeune est capable de suivre au niveau régulier, il est
intégré à la commission scolaire Chomedey de Laval. Nous,
nous entrons dans la cascade de l'intégration qui est la dernière
porte.
Mme Blackburn: Merci. Je voudrais vous remercier de votre
participation aux travaux de cette commission.
Mme Racine: Merci beaucoup.
Mme Blackburn: Lorsqu'on a l'occasion d'être saisis
d'expériences plus particulières, plus proches de l'action, je
dirais, c'est toujours utile. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme Racine. Au nom du parti ministériel, au nom du ministre et au nom de
tous les membres de cette commission, je tiens aussi à vous remercier de
votre participation.
J'invite immédiatement la Confédération des
organismes provinciaux des personnes handicapées du Québec
(COPHAN) à s'approcher de la table.
COPHAN
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission permanente de
l'éducation poursuit ses travaux et accueille la
Confédération des organismes provinciaux de personnes
handicapées du Québec dont le porte-parole est Mme France Picard,
présidente. Mme Picard, je vous souhaite la bienvenue. Je veux aussi
vous dire merci d'avoir répondu à l'invitation des membres de
cette commission et d'être venue nous faire connaître le fruit de
votre réflexion sur les deux projets de loi qui nous importent
actuellement, soit les projets de loi 106 et 107.
À la présentation de votre mémoire et à la
présentation de tout le dossier qui concerne les personnes
handicapées, j'ai vu que la COPHAN réunissait aussi d'autres
organismes que nous allons entendre cet après-midi. Notre temps
étant limité, vous comprendrez, que nous allons vous accorder 45
minutes comme nous l'avions prévu. Si d'autres questions surgissaient de
la part des membres de cette commission ou d'autres messages que vous vouliez
nous faire passer, vous pourriez le faire par l'entremise des autres organismes
qui ont aussi participé, je pense, à la
rédaction du mémoire que vous allez nous
présenter.
J'apprécierais beaucoup si vous pouviez nous présenter les
gens qui vous accompagnent et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Mme Picard (France): Avec plaisir. M. le Président, Mmes
et MM. les députés, mesdames et messieurs, permettez-moi tout
d'abord de vous présenter, au nom de la Confédération des
organismes provinciaux des personnes handicapées du Québec, les
partenaires qui m'accompagnent. À ma gauche, vous avez M. Pierre Majeau,
de la COPHAN, et Mme Monique Robitaille-Rousseau, de l'Association du
Québec pour l'intégration sociale, l'AQIS, et Mme Rousseau est
aussi membre du conseil d'administration de la COPHAN. À ma droite, Mme
Rachel Bélisle, de l'Association québécoise des parents
d'enfants handicapés visuels, l'AQPEHV, et Mme Aline Locas, que vous
connaissez déjà, de la Société
québécoise de l'autisme. Je voudrais également signaler la
présence, à titre de conseiller et de conseillères
techniques et de substitut, de Mme Marie-Noël Ducharme, de l'Association
du Québec pour enfants avec problèmes auditifs, l'AQEPA, de Mme
Diane Milliard, de l'Association de paralysie cérébrale du
Québec inc., I'APCQI, et de M. Michel Trottier, de l'Association
canadienne de la dystrophie musculaire, l'ACDM. M. Trottier est
secrétaire du conseil d'administration de la COPHAN. Est
également présent M. Richard Geoffrion, le nouveau directeur
général de la confédération.
Je retiens votre proposition qui a été faite à
savoir que des commentaires pourraient être discutés dans une
période ultérieure. Nous avons travaillé notre
mémoire en fonction de cette considération et nous sommes heureux
qu'elle soit partagée.
J'aimerais d'abord vous présenter la confédération.
Ayant obtenu ses lettres patentes le 10 octobre 1985, la
Confédération des organismes provinciaux de personnes
handicapées du Québec, la COPHAN, est le prolongement de la table
de concertation des organismes provinciaux de promotion des droits et
intérêts des personnes handicapées du Québec qui
avait été fondée en 1982, à la suite de
l'Année Internationale des personnes handicapées. Sa
création est issue de la nécessité de se regrouper qui a
été prouvée par les associations provinciales
vouées à la promotion des intérêts et à la
défense des droits des personnes handicapées. La COPHAN est donc
un lieu privilégié de concertation de ces associations
provinciales, et un moyen de représentation, de promotion de droits des
intérêts de l'ensemble des personnes handicapées du
Québec. La COPHAN, c'est aussi un regroupement de
multidéficiences composé d'une trentaine d'associations
provinciales et d'une vingtaine de regroupements régionaux, d'organismes
de base depuis récemment.
On estime à 486 000 le nombre de Québécois et de
Québécoises ayant une déficience physique, intellectuelle,
psychique, visuelle, auditive, organique et autres. La COPHAN s'est
impliquée activement dans le dossier des services éducatifs et de
l'intégration scolaire. Plus particulièrement, cette implication
s'est concrétisée lors de la conférence
socio-économique de 1981 sur l'intégration de la personne
handicapée, lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 40
en 1984 et, également, à la conférence À Part...
Égale de mars 1985.
La décision ayant amené la confédération
à se pencher sur le projet de loi 107 a été prise le 23
janvier 1988, lors d'une assemblée générale ponctuelle.
À ce moment, un comité de travail a été mis sur
pied ayant pour mandat de procéder à l'étude de ce projet
et de produire un mémoire qui vous est aujourd'hui
déposé.
Le mémoire qui vous a été déposé est
le résultat d'un consensus entre les associations qui ont
participé aux travaux de notre commission. La toile de fond guidant les
représentations de la COPHAN dans ce dossier est le suivi de À
Part... Égale qui est la politique d'ensemble du gouvernement
québécois sur l'intégration sociale des personnes
handicapées et sur la prévention des déficiences.
À cet effet, le devoir et la responsabilité de la COPHAN
sont de s'assurer que les besoins des élèves handicapés
soient satisfaits de façon adéquate au niveau des services
éducatifs et de l'éducation.
Mme Robitaille-Rousseau (Monique): En ce qui concerne les droits,
même si le projet de loi reconnaît la spécificité des
services à offrir aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, il
n'est ni précis ni affirmatif quant au droit d'accès à ces
services pour ces mêmes élèves. Il nous apparaît donc
capital et indispensable que le projet de loi affirme sans équivoque
dans son libellé les droits de ces élèves et de leurs
parents à ce sujet.
Ces droits doivent s'énoncer comme suit: le droit pour ces
élèves d'avoir accès à une éducation de
qualité et à des services éducatifs et scolaires de
qualité; le droit pour ces élèves d'obtenir les services
requis pour une réponse individualisée à leurs besoins,
telle qu'identifiée dans un plan d'intervention et ce, dans le cadre le
plus favorable à leur intégration sociale, c'est-à-dire
dans le milieu naturel de vie de l'élève, dans l'école de
quartier et dans la classe régulière, toutes les fois que cette
mesure est identifiée comme profitable et propre à faciliter son
insertion sociale et ses apprentissages; la reconnaissance des parents comme
intervenants essentiels dans le processus d'intégration de l'enfant au
milieu scolaire et la facilitation de leur implication réelle à
cet effet.
Ces ajouts importants devraient être inclus dans le chapitre I de
la section 1 du projet de loi. Ces droits ont préséance sur toute
autre
disposition et c'est pourquoi ils doivent être définis
d'entrée, sans ambages.
Concernant le plan d'intervention. Alors que le projet de loi 3 parlait
de plan de services, le projet de loi 107 retient la notion plus
spécifique de plan d'intervention, ce qui est, pour nous, un pas dans la
bonne direction. Cependant, la notion de plan d'intervention n'est nulle part
définie de façon explicite dans le projet de loi, encore moins
l'affirmation du droit au plan d'intervention pour les élèves
handicapés et les élèves en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage.
Un article devra donc nécessairement être ajouté au
chapitre I, section 1, pour définir clairement le droit absolu de
l'élève d'avoir un plan d'intervention en services
éducatifs ainsi que la notion de plan d'intervention. Il pourrait se
libeller comme suit:
Tout élève handicapé a droit à un plan
d'intervention en services éducatifs. L'élève ainsi que
les parents de l'élève doivent participer à
l'élaboration de ce plan d'intervention. Le plan d'intervention doit
couvrir tous les aspects qui concernent la vie de l'élève
à l'école, ses devoirs et les déplacements reliés
à la vie scolaire."
La notion de participation des parents et de l'élève est
de première importance. À notre avis, le projet de loi est
nettement trop timide et insuffisant puisqu'il ne prévoit que la
consultation des parents et de l'élève. Les parents en tant que
premiers intervenants concernés par l'éducation de leurs enfants
doivent donc prendre la place qui leur revient de plein droit et ne pas
être confinés à un rôle de spectateurs, comme c'est
malheureusement trop souvent le cas.
Nous croyons indispensable que le plan d'intervention soit établi
en concertation avec l'élève, ses parents, le personnel qui
dispense des services à cet élève et avec l'ensemble des
instances concernées. Le rôle du directeur d'école est de
s'assurer que tout enfant handicapé inscrit à son école
ait un tel plan et de voir à son application.
La commission scolaire, quant à elle, devrait avoir un rôle
de supervision et de coordination du plan d'intervention et devrait demeurer
responsable des plans d'intervention pour les élèves
scolarisés hors territoire. (12 h 30)
Le plan d'intervention doit toujours favoriser l'obtention des services
requis pour une réponse individualisée aux besoins des
élèves handicapés et des élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, dans le cadre le plus
favorable à leur intégration sociale, c'est-à-dire dans le
milieu naturel de vie de l'élève, dans l'école de quartier
et dans la classe régulière, toutes les fois que cette mesure est
identifiée comme profitable et propre à faciliter son insertion
sociale et ses apprentissages.
Compte tenu de l'importance centrale que nous accordons au plan
d'intervention dans le présent projet de loi, il nous apparaît que
cette notion devrait être prise en compte et mention- née dans
d'autres articles que l'article 46. Plusieurs des ajouts et amendements que
nous proposons vont en ce sens.
Maintenant, parlons des rôles et des responsabilités des
commissions scolaires. Comme nous venons de le mentionner, le projet de loi 107
devrait préciser que chaque commission scolaire demeure responsable du
plan d'intervention de tout élève handicapé ou en
difficulté d'adaptation ou apprentissage, scolarisé à
l'extérieur de son territoire.
Pour s'assurer d'une coordination et d'une dispensation efficace des
services aux élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, un responsable des services à ces
élèves devrait être nommé dans toutes les
commissions scolaires.
La commission scolaire devrait également s'assurer qu'avant de
dispenser des services à ces élèves, un plan
d'intervention a été établi pour chacun d'entre eux. Afin
que soit inscrit dans la loi le principe devant guider l'organisation des
services aux élèves handicapés et aux élèves
en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage dans les commissions
scolaires, nous proposons de reprendre une partie du premier alinéa de
l'article 238 du projet de loi 3 que vous avez probablement déjà
reconnu d'ailleurs.
Ainsi, l'article 217 devra nécessairement préciser dans
son libellé que les normes d'organisation des services éducatifs
aux élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, que doit adopter par
règlement une commission scolaire, le sont dans le but de favoriser
l'intégration de ces élèves dans les classes ou groupes
ordinaires et les autres activités de l'école, chaque fois que
cela est propre à faciliter leur insertion sociale et leurs
apprentissages.
Ce règlement doit notamment préciser les modalités
d'évaluation de ces élèves selon le type de
déficience, les modalités d'évaluation et de suivi du plan
d'intervention et les modalités de participation au plan d'intervention
des élèves scolarisés en milieu spécialisé
à l'extérieur du territoire.
La COPHAN appuie l'article 245 en ce qui a trait à l'obligation
de la commission scolaire d'indiquer les ressources financières
affectées aux services éducatifs particuliers aux
élèves handicapés. La mise en place d'un comité
consultatif sur les services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage
reçoit l'appui de la confédération.
Cependant, les représentants des parents des élèves
handicapés au sein de ce comité devraient être
désignés non pas par le comité de parents, mais par leur
pairs. Il est fondamental que ce soient les parents d'enfants handicapés
qui puissent élire pour chaque catégorie de déficience
leurs représentants. L'ajout que nous proposons au premier alinéa
de l'article 169 a pour objectif de faire préciser que les travaux du
comité doivent être orientés en vue de
favoriser l'intégration de ces élèves aux classes,
aux groupes ordinaires et aux autres activités de l'école.
Pour éviter que ce comité ne devienne un comité
bidon, nous proposons un ajout majeur au deuxième alinéa de
l'article 169, obligeant la commission scolaire à indiquer par
écrit au comité consultatif les motifs de refus à la suite
d'un avis qu'il lui aurait soumis.
M. Majeau (Pierre): En ce qui a trait au droit de recours des
élèves et de leurs parents, nous considérons que le projet
de loi 107 est pour le moins évastf, pour ne pas dire silencieux. Le
libellé des articles 195 et 224 ne nous rassure guère, car les
commissions scolaires semblent avoir toute la latitude possible pour renvoyer
des élèves handicapés en cas de difficulté
d'adaptation. Nous demandons, en conséquence, que ce droit de recours et
les modalités qui s'y rattachent, soient inscrits et définis avec
précision dans la loi.
D'ailleurs, des associations membres de la COPHAN vous formuleront des
suggestions précises à cet effet cet après-midi et ce
soir, lors de la présentation de leurs mémoires respectifs.
En ce qui a trait au transport des élèves
handicapés, le projet apparaît de nouveau silencieux. Quand je
parle de transport, je parle de transport des élèves
handicapés et en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage et
aussi du transport scolaire adapté.
Plusieurs cas litigieux ayant été vécus à ce
propos, il est pour le moins important qu'un article du projet de loi traite de
cette question. Plus précisément, il devra clarifier la
responsabilité des commissions scolaires d'organiser ou de faire
organiser le transport scolaire adapté pour les élèves
handicapés en ayant besoin et le transport des élèves
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage vers
des écoles autres que celles situées sur le territoire où
résident les parents. Il devra également préciser la
responsabilité qu'elles ont d'inclure le transport dans leur plan
d'intervention ainsi que les modalités de son organisation ou du
remboursement des frais encourus par les parents pour les assumer. L'article
417 devrait inclure un alinéa qui traite du transport de ces
élèves en fonction des éléments que nous venons de
préciser.
Mme Locas: La section du projet de loi sur les pouvoirs et
devoirs du ministre de l'Éducation est considérée comme
capitale par la COPHAN. Concernant les services éducatifs particuliers
aux élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, nous devons malheureusement
constater la très grande réserve du projet de loi en ce qui a
trait aux devoirs du ministre de l'Éducation et du gouvernement. Il est
important que le ministère de l'Éducation assure un leadership
à ce niveau et l'article 414 devrait le lui conférer de
façon explicite. Ainsi, le gouvernement doit définir par
règlement la nature des services éducatifs particuliers pour
chaque type de déficience, afin de tenir compte de la diversité
des besoins et prévoir les ressources nécessaires pour ces
élèves.
L'article 428 relatif à l'établissement de la liste des
spécialités professionnelles ou des services particuliers aux
élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage qu'une commission scolaire
est autorisée à dispenser et à l'exemption de certaines
commissions scolaires à cet égard, devrait être
clarifié et réécrit. En fait, l'article jette une
confusion supplémentaire puisqu'il traite de deux notions distinctes: la
liste des spécialités professionnelles et des services
particuliers et la compétence des commissions scolaires en regard de la
dispensation de ces services.
La portée de l'article 428 devrait donc être
clarifiée pour s'assurer qu'il ne devient pas la porte ouverte à
trop d'exemptions de commissions scolaires et que la iiste des
spécialités professionnelles ou des services éducatifs n'y
soit pas définie de façon trop restrictive. Il devra entre autres
préciser que la commission scolaire d'origine demeure responsable du
suivi du plan d'intervention. L'article devra nécessairement affirmer le
droit de l'élève à être intégré en
classe régulière, tout en clarifiant le rôle de
l'école supra-régionale et en précisant la carte nationale
des services aux élèves handicapés et en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage.
Comme cela avait été le cas avec les projets de loi 3 et
40, la question du caractère linguistique ou confessionnel des
commissions scolaires est encore sous le feu de la rampe avec le projet de loi
107. À ce sujet, nous demandons au ministre de l'Éducation,
même si nous avons entendu sa réponse ce matin, s'il ne serait pas
possible de prévoir la division du projet de loi en deux parties
distinctes dans l'hypothèse où il y aurait à nouveau
contestation devant les tribunaux sur cette question. Une des parties du projet
de loi regrouperait les articles qui ne sont pas concernés par cette
dernière action et ils pourraient entrer en vigueur immédiatement
après leur adoption.
En guise de conclusion, mesdames et messieurs, nous aimerions rappeler
à quelques jours de la rentrée scolaire 1988 combien l'adoption
du projet de loi 107 avec les amendements que nous suggérons est d'une
importance capitale pour les Québécois et les
Québécoises handicapés. En effet, de par son contenu et sa
portée, ce projet de loi conditionne et influence l'ensemble de la vie
scolaire du Québec et aussi l'accès à des services
éducatifs qui répondront ou ne répondront pas de
façon satisfaisante aux besoins de ces élèves dans les
années à venir. Après le rendez-vous manqué en 1984
avec le projet de loi 3, c'est maintenant ou jamais qu'il faut négocier
le virage en faveur des utilisateurs de services que sont les personnes
handicapées.
Le Président (M. Paré): Je vous remercie de
votre présentation. Il nous reste quinze minutes d'échange
à répartir entre les deux formations politiques, tel qu'entendu.
Cela ne nous donne pas beaucoup de temps. Alors, c'est pourquoi,
personnellement, je ne prendrai pas plus de temps et j'invite
immédiatement le ministre de l'Éducation à intervenir.
M. Ryan: Je serai très bref. Nous aurons l'occasion au
cours des autres séances cet après-midi et ce soir de continuer
des discussions sur différents points particuliers. Il n'y a pas lieu de
s'alarmer du temps plus limité qui nous est réservé ce
matin. Je dirai brièvement que je suis très heureux de rencontrer
la confédération qui regroupe des organismes engagés dans
l'action au service des personnes handicapées ou des
élèves qui ont des difficultés d'adaptation ou
d'apprentissage. Je voudrais vous exprimer la vive appréciation du
gouvernement pour le travail très important que vous accomplissez et
vous dire que si nous pouvons améliorer les choses à l'aide du
projet de loi, nous serons très heureux de le faire, toujours
évidemment dans la mesure, hélas! parfois douloureuse, des
limites financières et matérielles dont doit tenir compte le
gouvernement dans son action. C'est sûr que pour notre
société, l'aide civilisée aux personnes qui
éprouvent des difficultés particulières doit être
une priorité, nous n'avons pas le choix.
Comme vous l'avez signalé, plusieurs dispositions du projet de
loi 107 traitent des problèmes qui vous préoccupent au premier
chef. Certaines de ces dispositions prévoient des mesures au niveau de
l'école, d'autres au niveau de la commission scolaire, d'autres au
niveau du gouvernement et en particulier du ministre. Nous avons essayé
de réaliser un équilibre entre ces trois niveaux d'intervention
qui permettent d'assurer une action la plus concrète possible et vous
avez fait des propositions qui méritent un examen attentif. Nous avons
déjà commencé à les examiner. J'en entendais une
tantôt à propos de l'article 428 qui traite des
spécialités professionnelles et des services particuliers aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Et
quand j'ai entendu ce passage, j'ai jeté un coup d'oeil du
côté d'un de nos conseillers juridiques et nous nous rappelions
tous les deux que c'est déjà une décision que nous avons
prise de séparer ces paragraphes en deux de manière qu'il soit
bien clair que nous visons, d'un côté, les
spécialités professionnelles et, de l'autre, les services
particuliers aux élèves qui ont des difficultés
d'adaptation et d'apprentissage.
Alors, il y a d'autres suggestions sur lesquelles je pourrais revenir,
mais je veux simplement vous dire que nous avons pris bonne note de toutes ces
suggestions. Ma collègue de Jacques-Cartier va compléter
l'intervention. Vous savez l'intérêt qu'elle a toujours
porté à tous les problèmes relatifs aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
Dès le temps où elle présidait aux destinées de la
Commission des écoles protestantes du grand Montréal elle avait
joué un rôle très actif au sein du groupe COPEX dont le
rapport continue de demeurer une pièce majeure d'inspiration pour tous
ceux qui s'intéressent à ces questions. Alors, je lui laisse la
parole immédiatement en vous disant mes remerciements chaleureux.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. À mon tour,
j'aimerais vous féliciter pour la grande qualité de votre
présentation. Vous nous avez rendu un grand service en regroupant les
principales préoccupations de tous les groupes, cette grande masse que
vous calculez au-delà de 500 000 personnes dans la province de
Québec. Je souscris à 100 % aux principes qui sont à la
base de votre mémoire: le principe de l'accès à la
qualité qui nécessite une éducation individualisée,
la participation critique comme partenaire à tous les niveaux de
l'éducation, etc. Pour moi, ces principes étaient toujours
à la base d'une bonne éducation pour tous nos enfants, pas
uniquement pour les handicapés. (12 h 45)
II semble que vous soyez plus ou moins d'accord avec le fond du projet
de loi. Vous allez accueillir les commissions scolaires linguistiques comme
véhicules pour faciliter un meilleur service pour les enfants que vous
représentez, mais vous demandez des précisions, des renforcements
et autres pour que les services, les droits des parents et les besoins des
enfants soient actualisés et ne restent pas dans l'abstrait. À
cet égard, je vous remercie de la carte qui fait partie de votre
mémoire. Vous avez facilité notre tâche en regroupant tous
les articles qui touchent les enfants en difficulté. Franchement,
j'avais de la misère au début parce que je les avais
cherchés moi-même. Chaque fois que je lis un autre mémoire,
on parle d'autres articles. Il y a un groupe qui a suggéré la
possibilité de regrouper tout cela dans un chapitre pour que ce soit
clair pour tout le monde. Alors c'est peut-être à
considérer.
Je n'ai pas beaucoup de temps, donc, je vais vous poser quelques
questions. Mais je n'aimerais pas dévaloriser l'importance des autres,
parce que je crois que, en gros, la plupart de vos recommandations sont
longuement attendues par les parents des élèves qui ont des
difficultés.
D'abord, l'éducation précoce. Je fais
référence à votre grand mémoire à la page 13
où vous demandez que ce soit à partir de l'âge de 4 ans que
les élèves aient droit à l'éducation, au service de
formation et d'éveil à l'éducation préscolaire.
Pouvez-vous nous décrire brièvement la situation actuelle? Il y a
certaines catégories, certains enfants dans certaines régions qui
reçoivent l'éducation, peut-être dès deux ans,
l'éducation préscolaire, je ne parle pas de la
maternelle. Voulez-vous nous décrire la situation, le besoin et
je suis d'accord, mais pourquoi est-ce tellement important surtout pour
certains enfants?
Mme Picard: Mme Rousseau va nous indiquer ce que c'est.
Mme Robitaille-Rousseau: Pour l'enfant qu'on identifie comme
étant déjà en difficulté très tôt, il
est important qu'il puisse bénéficier de services. Dans les
grands centres on s'aperçoit que les services sont plus nombreux, mais
le Québec est malheureusement très grand et en régions on
ne peut pas en dire autant. Et l'importance aussi, pas seulement de recevoir
des services en consultation individuelle, mais d'être avec les autres
enfants. Donc, quand la COPHAN demande que les services existent à
partir de l'âge de 4 ans, on ne fait pas référence non plus
à la création de nouveaux ghettos de classes spéciales.
Dans une région donnée cela pourrait être très utile
pour tous les enfants comme objectif d'une meilleure socialisation de pouvoir
bénéficier de ces services.
On s'aperçoit déjà, avec les services de
stimulation précoce, que les nombreux enfants dans tout le Québec
ont pu bénéficier de la grande différence que cela
apporte. Un enfant est beaucoup mieux préparé à faire son
entrée dans la société.
Mme Dougherty: Croyez-vous que tout enfant en difficulté
doit avoir accès à ces services ou doit-on identifier certaines
catégories? Que doit-on faire? Où doit-on trancher? Je sais que
même pour l'enfant ordinaire, c'est extraordinaire de les avoir.
J'aimerais bien qu'il y ait les services pour tous les enfants de 4 ans.
Comment doit-on régler ce problème? C'est une grande carence dans
notre système. Il n'y a pas de questions. Et les services sont
très éparpillés et rares dans certaines régions. Le
financement est un grand problème. Ces enfants sont entre les affaires
sociales et l'éducation. Personne a la responsabilité de ces
enfants. Êtes-vous préparés à expliciter cette
question, parce que c'est très important et très peu de personnes
s'en occupent? Tout le monde est d'accord, mais que faut-il faire?
Mme Picard: Au fond, c'est pourquoi on a amené le sujet
dans notre mémoire et j'aime bien que vous rapprochiez ce sujet, non
seulement d'une population qui vit avec des déficiences, mais d'une
population en général. C'est un choix social que nous avons
à faire. Au fond, on se dit: II faudrait le faire, mais cela coûte
cher. Que reste-t-il à faire? Il reste à mettre de l'emphase sur
cette priorité sociale parce que tout le monde reconnaît que c'est
un besoin et plus il y aura de gens qui iront dans ce sens-là...
Personne peut être contre le bien et l'enfant à l'école
à 4 ans semble être un consensus au
Québec actuellement, que ce soit parmi la population
handicapée ou la population vivant sans déficience. Je me dis que
c'est à nos décideurs d'aller dans cette direction, puisque vous
avez là un message clair à travers la population
québécoise. Il n'y a pas vraiment à trancher autre que par
une décision politique à mon sens.
M. Majeau: Si je peux me permettre d'ajouter juste un
commentaire, je dirai pourquoi cette demande est la première. Parce que
cela touche évidemment la section des droits de l'élève.
J'aimerais rappeler que c'est une question que l'on discute au moins depuis
1981 lors de la conférence socio-économique de l'année
internationale, qui a été discutée en 1984 et qui est
contenue dans la politique d'ensemble À Part... Égale. C'est
évident que l'on ne peut pas revenir en arrière là-dessus.
C'est un élément auquel on tient et qui est vraiment
fondamental.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup. Je vais
devoir vous arrêter, parce que le temps est écoulé.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais commencer
d'abord par vous saluer et vous remercier d'être là, vous dire
qu'on l'apprécie énormément. Cependant, vous allez me
permettre de commencer en disant que je déplore infiniment, et je le dis
parce que j'ai eu l'occasion de le dire en séance de travail, qu'on ne
vous ait pas accordé plus de temps, et je le maintiens. Je trouve cela
regrettable, pour ne pas utiliser d'autres termes, parce que dans d'autres cas,
ce n'est pas parce qu'on recevait l'association regroupant, par exemple, les
commissions scolaires qu'on accordait moins de temps aux commissions scolaires.
On aurait pu accorder moins de temps à l'organisme provincial sous
prétexte que l'on recevait un certain nombre de commissions scolaires.
Ce qu'on n'a pas fait non plus avec l'association des parents. Cela illustre
que j'avais raison: on a tous plusieurs questions que l'on voudrait vous
adresser et je suis consciente que les autres groupes qui vont se
présenter vont parler de leurs questions particulières et il y a
des questions d'ordre général pour lesquelles on n'aura pas le
temps. Je ne sais pas comment on va le faire, mais je sais que ma
collègue, la députée de Marie-Victorin, qui est
porte-parole dans le dossier de l'OPHQ, aura le goût aussi de poser
plusieurs questions, tout comme la députée de Jacques-Cartier. Je
ne sais pas comment on va fonctionner, mais j'aurais sept ou huit questions et
probablement que la députée en aura autant de ce
côté-là. Je trouve cela infiniment déplorable qu'on
n'ait pas plus de temps et je voudrais que l'on examine la possibilité
de poursuivre avec ce groupe après l'heure du lunch.
Le Président (M. Paré): Pour être capable
de répondre à votre demande, il faudrait qu'il y ait un
consensus.
Mme Blackburn: Alors, si je comprends, c'est que le parti
ministériel n'est pas d'accord pour que l'on puisse prolonger
l'échange avec l'association.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Le parti ministériel est d'accord pour que l'on
respecte l'horaire qui a été établi après de
longues consultations et qui aura permis à tous les groupes ayant
demandé d'être entendus par cette commission de l'être, ce
qui est un précédent remarquable, étant donné le
très grand nombre d'organismes qui ont demandé à
être entendus. En plus, on doit tenir compte qu'on aura amplement
l'occasion, au cours de la journée, de revenir sur la plupart des
préoccupations qui ont été exprimées dans le
mémoire de la confédération. Je pense qu'il y aura un
très bonne audience pour les points de vue dont veulent nous saisir les
milieux qui s'intéressent plus particulièrement, pour notre plus
grande admiration, aux problèmes de l'enfance en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. Alors, nous voulons qu'on s'en tienne à
l'horaire qui a été établi parce qu'il reste encore
énormément de travail à faire et nous ne devons pas
oublier que la principale préoccupation que ces gens nous expriment,
c'est le souci que le projet de loi soit adopté en temps utile. S'il
n'est pas adopté avant la fin de la présente année, on en
fera notre deuil.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est un argument facile.
On a entendu les autres et la principale crainte de l'organisme c'est que le
fait de n'avoir qu'un projet de loi risque, pour une raison ou pour une autre,
de faire subir tantôt au projet de loi le même sort qu'au projet de
loi 3 en ce qui concerne les questions touchant au pouvoir des commissions
scolaires et à la structure linguistique, mais je vais y revenir. Vous
pourriez peut-être répondre à cela à un autre
moment. J'ai des questions.
Sur la place des parents, je dois dire que je partage tout à fait
votre avis. J'aurais voulu vous entendre un peu au sujet du préscolaire,
un peu comme l'a abordé tout à l'heure la députée
de Jacques-Cartier, mais également pour les adultes. Quand cela se
termine-t-il? Là, on m'a saisi du cas d'une commission scolaire
où il y a un jeune adulte qui a 22 ans et celle-ci a
décidé que c'est à 21 ans que le service arrêtait
pour les personnes handicapées. On est en train de traiter le cas de
façon particulière. On me dit également qu'il y avait des
coupures et des compressions effectuées dans l'enveloppe qui touchait le
préscolaire pour les enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. Il y a toute la question de l'intégration en classe
régulière et l'état de la situation par rapport au
protocole d'entente qui était supposé intervenir entre le MSSS et
le MEQ par rapport aux services à offrir à ces enfants. J'aurais
voulu poser aussi des questions plus techniques, quand vous demandez un
représentant des parents pour chacun des handicaps et chacune des
déficiences: combien y en aurait-il? Autrement dit, mes questions, j'ai
juste le temps de les poser et mon temps est écoulé. Je trouve
cela tout à fait inacceptable et, comme je sais que la
députée de Jacques-Cartier est intéressée aussi
à vous entendre, avec l'autorisation du président, je lui
laisserai la parole.
Le Président (M. Paré): Mme Picard.
Mme Picard: Vous avez bien raison, nous ne pouvons pas
répondre à toutes ces questions en l'espace de une ou de deux
minutes. Je m'excuse. Puisque nous ne pouvons pas répondre à
toutes ces questions si fondamentales dans l'espace de temps qu'il nous reste,
je pense que, pour cet espace de temps, nous aimerions mettre plus d'accent sur
votre demande, sur la possibilité de continuer la discussion. Je pense
que cela prendrait une autre rencontre et la demande de la
confédération que l'on vous dépose aujourd'hui pour les
deux parties est que nous aimerions avoir une rencontre ultérieure. M.
le ministre a déjà dit qu'il y aurait des modifications dont il
tiendrait compte. Donc, il y aura déjà d'autres versions. La
confédération apprécierait grandement pouvoir être
consultée à nouveau et discuter avec vous de façon plus
longue, étant donné, et je vous en remercie au nom de la
confédération, que vous avez reconnu que nous étions un
porte-parole qui regroupait plusieurs associations. Vous avez aussi reconnu que
ceci vous facilitait la tâche. Alors, je demande spécifiquement
aux deux partis qu'il y ait une rencontre ultérieure et que ce soit
considéré.
Le Président (M. Paré): Mme Picard et les gens qui
vous accompagnent, nous vous remercions énormément de votre
présence ici ce matin. Nous prenons très bonne note de la demande
que vous venez de nous faire d'être entendus à nouveau. Je dois
dire, Mme la députée de Marie-Victorin, qu'il nous reste une
minute et demie.
Mme Vermette: Je serai brève. En fin de compte, d'une
part, je trouve très important le constat qu'on est en train de faire:
à l'heure actuelle on vit un net recul par rapport à
l'intégration des personnes handicapées. Il y a loin de la coupe
aux lèvres; on a de beaux discours, mais dans les actions, cela se
reflète
très peu. Je trouve que c'est important, parce qu'elles sont
capables à la mesure de leurs moyens de s'intégrer dans notre
société et d'être un plus pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises. Alors, ce n'est que
tout simplement reconnaître leur expertise que de leur accorder cette
demande.
Le Président (M. Paré): À nouveau, nous vous
remercions de votre présentation. On doit se conformer à
l'horaire qui dit que l'on doit suspendre les travaux à 13 heures.
J'espère qu'on aura d'autres occasions de discuter. Votre demande est
prise en bonne note par tous les membres de la commission.
Je rappelle aux députés membres de la commission que les
travaux sont suspendus, mais que ceux-ci reprendront à 14 h 30 cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 35)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'inviterais les membres de la commission à prendre place. Est-ce
qu'il y a quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Association canadienne de la dystrophie
musculaire
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. La
commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux. Nous
accueillons l'Association canadienne de la dystrophie musculaire dont le
secrétaire, M. Michel Trottier, est aussi membre du conseil
d'administration de la COPHAN. Il nous présentera le bref exposé
de cet organisme. D'abord, M. Trottier, je veux vous remercier d'avoir bien
voulu répondre à notre invitation. Si vous voulez bien nous
présenter la personne qui vous accompagne et enchaîner avec la
présentation du mémoire de votre organisme.
M. Trottier (Michel): D'accord. M. le Président, Mmes et
MM. les députés, mesdames et messieurs. Responsable de la
défense des droits au bureau provincial du Québec de
l'Association canadienne de la dystrophie musculaire, je ne pourrais prendre la
parole sans vous exprimer notre reconnaissance envers ceux et celles qui
contribuent à assurer les services d'éducation aux personnes
handicapées et aussi, de façon particulière, aux personnes
qui oeuvrent en faveur des personnes atteintes d'une déficience
intellectuelle. De tels gestes sont pour nous le gage de la reconnaissance de
la valeur humaine.
Permettez-moi, tout d'abord, de vous rappeler que l'ACDM, en tant que
membre de la COPHAN, appuie entièrement la demande que vous a faite, ce
matin, cet organisme de fixer dans les plus brefs délais une rencontre
conjointe avec le ministre de l'Éducation et ses collègues et
avec la critique de l'Opposition et ses collègues pour permettre
à la COPHAN de discuter plus à fond avec vous de ce projet de
loi.
Cela dit, notre organisme représente plus de 10 000
Québécoises et Québécois handicapés
physiquement, atteints de l'une ou de l'autre des 50 maladies neuromusculaires,
communément appelées dystrophies musculaires, et leur famille.
Les maladies neuromusculaires sont caractérisées par leur
chronicité et par la dégénérescence et
l'affaiblissement progressifs des muscles volontaires. Les différentes
catégories de maladies neuromusculaires dont peuvent être atteints
nos membres et dont nous nous préoccupons à notre association
sont les atrophies musculaires vertébrales, je suis moi-même
atteint de celle-ci, les myopathies, les myotonies, les maladies du nerf
périphérique, les maladies de la fonction neuromusculaire et les
maladies métaboliques du muscle. Contrairement à une croyance
répandue voulant que les dystrophies musculaires soient exclusivement
des maladies de l'enfance, il faut dire que l'apparition clinique peut se faire
à tout moment de la vie.
Les caractéristiques de chacune d'entre elles varient selon
l'âge, l'apparition des symptômes et les muscles affectés.
Une des formes la plus courante et la plus sévère des dystrophies
musculaires est la dystrophie musculaire de Duchenne; une autre pour laquelle
l'incidence est quarante fois plus élevée au Québec
qu'ailleurs dans le monde est la dystrophie myotonique de Steinert. Les
maladies neuromusculaires n'ont pas que des répercussions
physiologiques; elles affectent le fonctionnement entier de la vie, car un
grand nombre de personnes atteintes deviennent quadraplégiques. Ces
personnes ont besoin de support et de services afin de pouvoir vivre le plus
normalement possible. Pour toutes ces raisons, l'éducation est
d'importance capitale pour bien fonctionner socialement. Notre association est
là pour les aider à y parvenir. C'est donc en assumant notre
préoccupation pour ces personnes atteintes de l'une ou l'autre de ces
maladies que nous sommes heureux de vous livrer nos commentaires et
recommandations.
Il est indéniable que l'élève handicapé
nécessite une instruction de calibre, étant donné le
défi qu'il aura à surmonter tout au long de sa vie. Il importe de
ne point sous-estimer l'importance que soit assurée a
l'élève tout au long de son apprentissage scolaire une formation
morale et religieuse adéquate à son épanouissement. Nous
considérons qu'il est présentement nettement
désavantagé pour se préparer à devenir citoyen ou
citoyenne à part entière. Pour bon nombre, ni eux ni leurs
parents ne peuvent se sortir d'une perspective d'avenir d'assistés
sociaux permanents ou, tout au plus, d'un statut de travailleur en
atelier protégé, sans un support, naturellement, adéquat
de la société en vue de leur intégration.
Fondamentalement, votre ministère a une responsabilité
dans ce processus d'intégration des enfants et des adultes ayant un
handicap, en premier lieu, en faisant en sorte que tous les milieux favorisent
leur intégration. De plus, pour certains de ces élèves,
les parents n'étant point en mesure de transmettre ce qu'ils n'ont pas
reçu et d'apporter à leurs enfants le support nécessaire,
le ministère de l'Éducation doit être leur défenseur
afin que l'élève ait accès au développement
intellectuel.
Il est propice de nous rappeler, avant que soit adopté le projet
de loi 107, que les Nations unies préconisent, par leur programme
mondial concernant les personnes handicapées, la participation de
celles-ci aux prises de décision. L'instruction leur est essentielle, ne
serait-ce que pour l'expression de leurs besoins. Plus près de nous, en
juin dernier, le Secrétariat d'État du Canada a parrainé,
en accord avec nos dirigeants gouvernementaux, la réalisation d'une
semaine nationale de sensibilisation à l'égard des personnes
handicapées, celle-ci ayant pour but que tous nous fassions annuellement
le point sur notre contribution à l'amélioration de la condition
de vie de ces personnes. Au terme de la première moitié de la
décennie des personnes handicapées, le ministère de
l'Éducation est-il en mesure d'évaluer et d'informer la
population de ce qu'il a fait à l'égard des personnes
handicapées afin de rendre plus propice son engagement à leur
égard?
Dans cette optique, l'Association canadienne de la dystrophie musculaire
en s'adressant à la commission, veut s'assurer que les
élèves handicapés puissent s'intégrer aux
activités scolaires à part entière. Dans l'esprit
d'être attentifs aux besoins de ces élèves, il serait plus
approprié de leur offrir des services adaptés plutôt que
particuliers. À l'école choisie par leurs parents, les
élèves handicapés ne doivent pas être
regroupés dans des classes à part. Notre système
d'enseignement doit être en mesure de répondre à leur
besoin d'éducation sans qu'ils en soient pour autant discriminés
pour des raisons de limitation fonctionnelle. (14 h 45)
Étant donné la moyenne de l'ancienneté des
enseignants et des enseignantes au Québec, il serait judicieux que la
loi 107 incite les intervenants en milieu scolaire à entreprendre le
programme de formation de l'Office des personnes handicapées du
Québec Comment devient-on handicapé? Ce programme est offert en
deux journées consécutives et traite du processus d'apparition du
handicap ainsi que des quatre grandes orientations de la politique d'ensemble
À Part... Égale.
Pour nous, les voeux pieux ne suffisent plus. C'est l'occasion pour le
ministère de l'Éducation de poser un geste concret à la
hauteur des responsabilités qui peuvent être prises au
Québec. Même si l'on peut noter des progrès
considérables dans le domaine de l'intégration au cours des
dernières années, beaucoup de changements et
d'améliorations sont nécessaires si nous voulons que les
personnes handicapées bénéficient de
l'égalité au même titre que tout autre
Québécois ou Québécoise.
N'est-il pas aberrant que nous soyons contraints annuellement d'inciter
à vérifier, lors d'une semaine de sensibilisation, s'il y a
progrès ou non à l'égard des personnes
handicapées?
Pour conclure, l'intégration scolaire des élèves
handicapés est un projet de société. À cet effet,
le projet de loi 107 se doit de prévoir une collaboration
interministérielle qui assure des services adaptés,
l'accessibilité physique des milieux scolaires ainsi qu'un transport
adéquat. Nous ne saurions trop insister pour que vous preniez en
considération nos commentaires et que vous mettiez en application nos
recommandations.
À l'article 1, nous recommandons que soit modifié
l'âge requis pour avoir droit aux services de formation et d'éveil
à l'éducation préscolaire et aux services d'enseignement
prévus par la présente loi et le régime établi par
le gouvernement. À cet effet, nous vous recommandons qu'au lieu de cinq
ans, l'âge requis soit fixé à quatre ans pour favoriser la
socialisation de l'enfant handicapé.
Que soit remplacé le terme "service éducatif particulier"
par "service éducatif adapté". Ce terme correspond davantage aux
besoins de l'élève. Cette modification est également
à effectuer aux articles 196, 206, 245, 414 et 428.
À l'article 2: Que l'élève handicapé soit
exempté de la durée de six mois pour avoir droit, dans le cadre
des programmes offerts par la commission scolaire à cette
catégorie de personnes, aux services éducatifs prévus par
la présente loi et le régime pédagogique applicable aux
adultes.
À l'article 5: Les parents de l'élève
handicapé ou de l'élève majeur handicapé qui
choisiraient l'école qui correspond le mieux à leur
préférence doivent pouvoir bénéficier d'une
assistance financière particulière pour compenser les frais
excédentaires reliés au transport adapté, afin qu'ils ne
soient pas discriminés par rapport à un élève non
handicapé quant au droit de choisir le projet éducatif qui
convient le mieux.
Au deuxième paragraphe, plus de précision doit être
apportée à la notion "critère pour l'inscription" afin que
l'élève handicapé soit assuré de n'être
aucunement discriminé pour raison de déficience.
À l'article 12: Le paragraphe 2 de cet article s'avère
préjudiciable pour un certain nombre d'enfants handicapés dont le
handicap a été causé par une maladie évolutive. On
nous informe qu'une école a invoqué ce prétexte pour
refuser l'intégration scolaire à un enfant handi-
cape atteint de dystrophie musculaire. Non plus, la maladie et les
déficiences ne doivent être des prétextes pour regrouper
des enfants dans une même classe ou école plutôt que de leur
donner accès à une pleine intégration dans le milieu
scolaire du choix de leurs parents.
À l'article 14: Cet article nécessite plus de
précision afin que les parents d'un élève handicapé
soient en mesure d'assumer leur devoir d'assurer l'assiduité de leur
enfant en autant qu'ils sont assurés de moyens appropriés pour
garantir la fréquentation scolaire de leur enfant handicapé: un
transport adapté adéquat, l'accessibilité des lieux, le
soutien psycho-social, l'assistance physique à la maison et à
l'école qui sont souvent déterminants.
À l'article 15: Pour compléter le deuxième
paragraphe ajouter: il est de la responsabilité du directeur
d'école de s'enquérir des causes profondes de
l'absentéisme fréquent ou prolongé d'un
élève handicapé et d'y remédier par des mesures
adéquates. Il peut arriver, en effet, que certains parents ayant un
enfant handicapé aient besoin d'un soutien supplémentaire
nécessaire, tel qu'énoncé par nous à l'article 14,
pour maintenir leur enfant à l'école. Il peut arriver aussi que
les parents, ou l'enfant lui-même, manquent de motivation pour que
l'enfant fréquente l'école, n'en voyant pas l'utilité
réelle à cause du handicap.
À l'article 16, nous recommandons que soit ajouté à
cet article que ce choix d'instruments d'évaluation des
élèves soit adapté en fonction des besoins d'apprentissage
de l'élève handicapé.
À l'article 19: Afin que l'enseignant puisse remplir son devoir
tel qu'énoncé aux points 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 auprès de
l'enfant handicapé, nous recommandons que cet article contienne des
précisions quant à la nécessité pour l'enseignant
de bénéficier des informations adéquates quant à la
nature des déficiences de son ou de ses élèves
handicapés et qu'il soit sensibilisé aux possibilités
d'intégration que lui offre son milieu de vie.
Les enseignants devraient suivre la session de formation
réalisée par l'Office des personnes handicapées du
Québec à cet effet, Comment devient-on handicapé?
À l'article 35: Nous recommandons qu'au début de cet
article, pour compléter le premier paragraphe, soit ajouté:
"compte tenu que l'éducation constitue un facteur déterminant
d'intégration sociale pour une personne handicapée... " Nous
recommandons également d'ajouter que l'accessibilité physique des
lieux scolaires est une des conditions fondamentales à
l'intégration scolaire des élèves handicapés. En ce
qui a trait au deuxième paragraphe, quant à la collaboration au
développement social et culturel de la communauté, il importe que
cette préoccupation tienne compte des engagements pris par le
gouvernement en ce qui concerne la politique d'ensemble, À Part...
Égale, en regard des besoins spécifiques des personnes
handicapées. Il importe qu'une évaluation annuelle soit
prévue afin d'analyser les moyens pris à cet égard et les
résultats obtenus. Les commissions scolaires seraient tenues d'en
informer le public.
À l'article 36: Le projet éducatif devrait comprendre la
nécessaire intégration scolaire de l'élève
handicapé.
À l'article 42, nous recommandons que, dès qu'il y a
présence d'une personne handicapée, le directeur se doit d'avoir
un adjoint qui porte la responsabilité de l'intégration de
l'élève handicapé. Celui-ci se doit de participer au
comité d'école et d'orientation.
À l'article 46: Concernant le plan d'intervention, l'adjoint
responsable de l'intégration scolaire des élèves
handicapés serait la personne-ressource pour informer les parents et les
élèves et les inciter à participer activement au plan
d'intervention afin que soit assurée leur pleine intégration.
À l'article 49: Des bugets spéciaux protégés
suffisants devraient partout garantir les coûts d'intégration de
l'élève handicapé pour favoriser maximalement sa
participation. Nous pensons ici aux frais de matériel scolaire, au
transport adapté, à l'accessibilité des lieux et à
l'assistance physique.
À l'article 54: II serait préférable que, lors de
l'assemblée des parents, ceux-ci s'assurent de la participation d'une
personne handicapée.
À l'article 55: Que l'adjoint responsable de l'intégration
des élèves handicapés participe à ce comité
et qu'il ait droit de vote concernant les questions relatives aux
élèves handicapés.
À l'article 57: Que la commission scolaire s'assure de la
désignation d'une personne handicapée ou d'un parent
d'élève handicapé et de la présence de l'adjoint
responsable de l'intégration des élèves
handicapés.
À l'article 78: Quelles que soient les orientations propres
à l'école, déterminées par le conseil
d'orientation, que soit assurée l'intégration scolaire des
élèves handicapés.
À l'article 82: Qu'un budget spécifique suffisant soit
réservé à l'intégration des élèves
handicapés par l'attribution de services scolaires adaptés qui
tiennent compte des besoins d'assistance pédagogique et physique, de
matériel scolaire et d'espaces adaptés.
À l'article 84: Que l'adjoint responsable de l'intégration
scolaire des élèves handicapés participe aux
réunions du comité d'école.
À l'article 100: Que le ou les lieux physiques soient accessibles
aux personnes handicapées.
À l'article 125: S'assurer, par des mesures incitatives, de
l'élection au conseil des commissaires d'un ou de plusieurs commissaires
ayant un handicap qui pourront faire valoir les besoins des personnes
handicapées sans que ce commissaire soit nécessairement un parent
d'élève. Nous croyons, en effet, que les élèves
handicapés ne seront jamais aussi bien représentés que
par une personne handicapée.
À l'article 129: Qu'un commissaire ayant la responsabilité
de veiller aux intérêts des personnes handicapées puisse
siéger au conseil des commissaires de la commission scolaire
régionale dont cette commission est membre.
À l'article 169, nous recommandons qu'une perssonne
handicapée siège à ce comité.
À l'article 170, nous recommandons qu'une attention soit
portée au transport adapté.
À l'article 175, nous recommandons que soit ajouté: "et
que le comité consultatif soit consulté sur les sujets
suivants".
À l'article 228: Que les services de garde intègrent
l'enfant handicapé aux niveaux préscolaire et primaire
conformément à la Loi sur les services de garde à
l'enfance; que les services de garde en garderie et que les agences de services
de garde en milieu familial intègrent l'enfant handicapé.
À l'article 262, nous recommandons l'ajout du terme "transport
adapté" et, à l'article 264, que cette politique s'applique aussi
pour le transport adapte d'élèves handicapés.
Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi, M.
Trottier, qui vous remercie de votre collaboration et d'avoir bien voulu venir,
par votre témoignage, sensibiliser les membres de cette commission aux
problèmes qu'auront à vivre dans les écoles les
élèves qui ont un handicap, si le projet de loi I07 est
adopté et entre en vigueur.
Il reste environ, M. le secrétaire, une quinzaine de minutes qui
seront réparties également entre les deux formations politiques
de façon que nous puissions amorcer le dialogue avec les membres de la
commission. Dans un premier temps, je vais reconnaître M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président, pour les sept minutes
et demie que vous m'accordez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous pourrez en
prendre huit, M. le député.
M. Gardner: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pas plus.
M. Gardner: M. le responsable de l'Association canadienne de la
dystrophie musculaire, je suis heureux de constater qu'aujourd'hui, comme
c'était demandé par les Nations unies, vous participez en quelque
sorte à une prise de décision, peut-être pas à celle
que vous aimeriez, mais vous êtes ici pour donner votre opinion et j'en
suis très heureux.
Je vais aller rapidement aux questions, parce que le temps passe vite.
À la page 2 de votre mémoire, concernant l'article 19, vous dites
- cela m'intéresse parce qu'un jour j'ai eu une personne
handicapée dans ma classe, personne ne m'en ayant averti, et je me suis
aperçu, après un certain temps, qu'il fallait que je parle
à cette personne toujours face à elle pour qu'elle voie mes
lèvres, et cela concrétise pas mal ce que vous nous dites - que
vous aimeriez que les enseignants soient bien avertis du handicap et tout
ça, mais ce qui m'intrigue, c'est que vous ajoutez aussi qu'il faut
absolument qu'ils suivent la session de formation Comment devient-on
handicapé? Est-ce que, uniquement avec ça, un enseignant
répond aux demandes du handicapé? Je vais préciser en
demandant s'il ne serait pas bon que l'enseignant lui-même accepte
d'avoir une personne handicapée dans sa classe, avant même que le
handicapé soit entré dans sa classe?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Trottier.
M. Trottier: Je pense qu'une session comme celle que je mentionne
dans notre mémoire peut sensibiliser les enseignants à mieux
comprendre le rôle que peut jouer un élève handicapé
à l'école et cela démystifie aussi. Il y a beaucoup de
préjugés envers les personnes handicapées et, quand une
personne n'a pas été en contact avec une personne
handicapée, cela peut la rendre plutôt rébarbative. Le fait
que ce soit généralisé, que les enseignants aient un temps
de formation concernant les personnes handicapées, faciliterait
l'intégration. (15 heures)
M. Gardner: Mais vous aimeriez qu'il y ait plus que ça
quand même.
M. Trottier: Oui, mais c'est pour les inciter à aller plus
loin.
M. Gardner: D'accord. Je vais passer tout de suite au directeur
d'école, laissant les enseignants de côté pour l'instant.
Vous dites à l'article 15 qu'il faudrait ajouter que le directeur
d'école - attendez, je vais le retracer: "il est de la
responsabilité du directeur d'école de s'enquérir des
causes profondes de l'absentéisme fréquent ou prolongé
d'un élève handicapé et d'y remédier par des
mesures adéquates." Bien, c'est son ouvrage. Que l'enfant soit
handicapé ou non, c'est l'ouvrage du directeur d'école de le
faire. Pourquoi aimeriez-vous qu'on ajoute cela dans le projet de loi?
M. Trottier: Parce que chez une personne handicapée avec
une certaine maladie évolutive, comme chez nous à la dystrophie
musculaire, tous les prétextes sont bons, du moins pour certains, de
laisser tomber certains projets d'avenir à cause d'un manque de
compréhension de leur handicap. Ces personnes ont besoin de soutien.
Même en ce qui me concerne, si je n'avais pas eu des amis qui croyaient
réellement à mon potentiel, je n'aurais sûrement pas
poursuivi mes études. Mes parents étaient analphabètes.
Pour eux, aller à l'école, c'était tout simplement me
fatiguer. Alors, qui sen-
sibilise ces parents à ce moment-là? Je dis que c'est la
responsabilité du ministère que de s'assurer réellement
des raisons et de faire attention quand il s'agit d'absentéisme chez les
personnes handicapées.
M. Gardner: Je comprends que la personne handicapée a
peut-être besoin de plus de suivi. En fait, c'est le même suivi que
tout enfant. Le directeur doit dans sa tâche, c'est sa tâche de
vérifier si les absences sont trop répétées.
M. Trottier: C'est cela.
M. Gardner: Alors, que ce soit un enfant handicapé ou non,
est-ce qu'on se comprend bien?
M. Trottier: Je pense que, comme je l'ai dit au point de
départ, les personnes handicapées sont nettement
désavantagées à bien des points de vue...
M. Gardner: D'accord.
M. Trottier: ...sur le plan scolaire. Qu'on ait une attention
particulière à les inciter à s'instruire, je pense que ce
n'est pas de trop comparativement à l'ensemble.
M. Gardner: D'accord. Je passe tout de suite à l'article
42. Vous mentionnez que dès qu'il y a présence d'une personne
handicapée dans une école, le directeur se doit d'avoir un
adjoint qui va s'occuper de la personne handicapée. C'est très
louable, mais est-ce que vous avez pensé à comment cela pourrait
coûter au gouvernement si, chaque fois qu'il y a une personne
handicapée - il y en a plusieurs au Québec qui se partagent
peut-être plusieurs écoles, je ne sais pas le nombre exact, les
fonctionnaires, qui sont ici, pourraient nous le dire... Est-ce que vous pensez
que c'est viable? Est-ce que c'est possible que chaque fois qu'il y a une
personne handicapée dans une école le directeur ait un adjoint?
Est-ce que vous voulez dire qu'il y aurait un adjoint qui aurait comme
tâche de se préoccuper de ces personnes?
M. Trottier: C'est cela, un adjoint qui aurait pour tâche
de s'occuper d'elles. Cela ne veut pas dire que celui-ci va travailler
uniquement dans une école, mais qu'il soit en contact avec l'enfant de
cette école et qu'il lui donne la possibilité de s'exprimer, avec
un endroit où le rejoindre si jamais dans l'école il y avait
certaines difficultés d'ordre scolaire; que l'enfant se sente
épaulé, qu'il ne se sente pas seul dans ce milieu-là.
M. Gardner: Donc, il y aurait un adjoint du directeur qui aurait
comme tâche de s'occuper d'elles. C'est cela que vous voulez.
M. Trottier: C'est cela, oui.
M. Gardner: C'est parce que j'ai mal interprété ce
que vous avez dit. Une dernière question, si vous me permettez, M. le
Président. On va assez vite quand même, pour donner la chance
à l'Opposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous
m'épatez.
M. Jolivet: ...la chance de vous donner le pouvoir.
M. Gardner: Merci, monsieur...
M. Trottier: Moi, si vous permettez...
M. Gardner: Oui.
M. Trottier: ...j'aimerais attirer votre attention sur un autre
point. J'ai vécu plusieurs années en institution. J'ai
trouvé dommage de voir combien de personnes handicapées
stagnaient dans des centres de réadaptation et à quel point tout
l'accent était mis... Quand je parle, dans mon mémoire, de
l'importance d'une responsabilité interministérielle, je me
demande jusqu'à quel point on peut élargir la vocation du
ministère de l'Éducation pour qu'il puisse prévoir une
possibilité de formation pour les personnes qui vivent dans des milieux
institutionnels. Ce sont des personnes qui sont délaissées, qui
souvent sont laissées à elles-mêmes pour leurs projets
d'avenir. Ce qu'on rencontre, ce sont des problèmes de drogue, d'alcool;
les gens végètent à regarder la télévision
et cela finit là. Je me dis, étant donné que c'est un
séjour assez restreint quand même, cela peut être un an,
deux ou trois ans, que cela pourrait être un lieu propice pour les
personnes handicapées d'avoir un temps de formation culturelle ou
scolaire, s'il le faut.
M. Gardner: En fait, vous voulez absolument
l'intégration...
M. Trottier: C'est parce que c'est essentiel pour que la
personne...
M. Gardner: Oui.
M. Trottier: Regardez, on traite des personnes handicapées
aujourd'hui et je suis pratiquement le seul qui soit handicapé.
Pensez-vous, si les personnes handicapées étaient
réellement conscientes des enjeux qui les concernent et étaient
davantage incitées à participer, qu'il y en aurait moins que
cela? Il y a quand même des gens...
Je pense que, quand il y a possibilité de les inciter à la
participation, il s'agit de promouvoir de telles possibilités de jouer
un rôle social.
M. Gardner: Mais, est-ce que vous croyez
que toutes les personnes handicapées peuvent être
intégrées dans le système scolaire régulier? Ce
matin, on a eu un autre groupe qui est venu nous dire qu'il fallait une
école spéciale. D'ailleurs, il a...
M. Trottier: Pour l'organisme que je représente,
l'Association canadienne de la dystrophie musculaire, ce sont des personnes
atteintes de maladies neuromusculaires. Ce sont des maladies qui sont
dégénératives et c'est à peu près tout ce
qui leur reste dans la vie. l_a personne part avec un certain potentiel et au
fur et à mesure elle devient quadraplégique. Elle a besoin
d'être armée solidement pour être capable de fonctionner et
d'apporter sa contribution aux gens qui l'entourent et mieux comprendre le sens
de son existence.
Dès l'école, la période scolaire, je pense que
c'est là qu'elle doit commencer déjà, par tous les cours
de formation où on lui donne une image positive d'elle-même en
tant que participante. À ce moment-là, si elle est
préparée en bas âge à ce point de vue-là,
elle sera mieux armée pour pouvoir fonctionner socialement et apporter,
d'une façon originale, sa contribution.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Trottier.
M. Gardner: Une dernière rapide.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une
dernière et rapide intervention, parce que votre temps est
terminé depuis quelques minutes déjà.
M. Gardner: M. le Président, je voudrais connaître
la différence entre des services adaptés et des services
particuliers. Pouvez-vous me le dire, parce que j'essaie de comprendre.
M. Trottier: Pour moi, les services adaptés sont les
services lors du plan d'intervention, qui ont été
énumérés et qui correspondent aux besoins pour permettre
l'accès scolaire.
M. Gardner: Et les services particuliers?
M. Trottier: Les services particuliers, c'est dans la
connotation. Quand je lisais, je trouvais que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...madame. Il
faudrait avoir l'accord, madame.
M. Trottier: ...cela présentait les services comme un
privilège. C'était particulier aux personnes.
M. Gardner: Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Trottier. Maintenant, je reconnais Mme la députée de
Marie-Victorin. Avec un très grand plaisir, d'ailleurs, madame.
Mme Vermette: Cela me fait plaisir, M. le Président. Je me
joins moi aussi à ma collègue de Chicoutimi qui est à la
commission de l'éducation, en tant que porte-paroie pour les personnes
handicapées, pour vous donner mon appréciation personnelle sur le
mémoire que vous avez présenté. Je trouve juste ce que
vous avez dit tantôt dans !e sens qu'il devrait y avoir davantage de
personnes handicapées qui s'impliquent personnellement dans leur
devenir. Vous êtes la preuve tangible, si on prend le soin de vous donner
les outils nécessaires à votre développement, que vous
pouvez apporter une contribution à notre société.
C'est dans cet esprit que j'aimerais... Je trouve dommage que le
ministre ne soit pas présent. En fait et de toute façon, à
la COPHAN on a donné très peu de temps pour être entendue,
alors qu'elle représente l'ensemble et l'expertise d'un bon nombre de
groupes, et d'associations qui s'occupent des personnes handicapées.
Il lui aurait été fort heureux, puisque son argumentaire
était en ce sens, d'avoir l'occasion et qu'il lui serait loisible
d'entendre davantage vos préoccupations à travers les
différents mémoires, mais il n'est même pas ici pour en
faire le constat... Donc, je me pose la question de sa préoccupation
quant...
M. Gardner: Nous sommes là!
Mme Vermette: ...à vos problèmes et à votre
problématique. Est-ce qu'au-delà des mots on a l'intention
d'aller très loin dans l'intégration des personnes
handicapées? C'est ma première préoccupation.
L'autre...
Mme Blackburn: Quel pouvoir as-tu?
Mme Vermette: Je m'adresse aux personnes qui ont un poids.
M. Jolivet: Un pouvoir.
Mme Vermette: Un pouvoir et un poids pour d es changements...
M. Gardner: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non, non! On
est ici pour entendre nos invités et entendre les interventions des
membres de la commission.
Mme Vermette: Vous avez fait mention...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non madame, non
monsieur. M. le député, à l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Vermette: Non, vous n'êtes pas tout à
fait une personne fantôme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): s'il vous plaît,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Vous avez parlé d'un point. Cela touchait
aux mentalités surtout des personnes responsables, notamment au niveau
des directions d'école, des enseignants, même des parents, de
certains parents, et des enfants évidemment. Ce que vous souhaitez,
c'est qu'on attaque de front ces problèmes de mentalité face
à la personne handicapée. Si j'ai bien compris, c'est ce pourquoi
vous faites la revendication d'avoir une personne plus...
M. Trottier: Effectivement. Mme Vermette: C'est ça?
M. Trottier: Pour permettre aux parents et à la personne
handicapée elle-même d'avoir une plus grande connaissance de leurs
droits. Même si dans les organismes on travaille énormément
à les sensibiliser et à les amener à mieux comprendre ce
qui se passe, ce n'est pas suffisant. On a besoin de la collaboration des
différents ministères, dans le domaine de l'éducation,
entre autres, pour faire comprendre aux élèves et aux parents
l'importance de l'éducation.
Mme Vermette: Pensez-vous que la bonne volonté est
suffisante pour arriver à faire évoluer les
mentalités?
M. Trottier: II y a la bonne volonté d'une part, mais
chaque geste posé est un pas de plus. Souvent, quand tu vois quelqu'un
agir, cela te donne le goût d'agir.
Mme Vermette: Pensez-vous, comme on dit souvent... En fait, on
revient toujours à des choix politiques et à la capacité
de payer de l'État. Trouvez-vous que, pour un gouvernement, cela peut
être quelque chose d'onéreux que de penser à
l'intégration dans le milieu scolaire des personnes handicapées?
Pensez-vous que, finalement, l'intégration à long terme peut
être rentable pour un gouvernement?
M. Trottier: J'aimerais vous répondre par une question, si
vous le permettez. Je me demande quelle information vous avez concernant les
surplus budgétaires de certaines commissions scolaires. Est-ce qu'elles
ont des surplus budgétaires et comment ceux-ci pourraient-ils être
mieux utilisés? Est-ce normal qu'une commission scolaire amasse des
surplus?
Mme Vermette: Vous avez parlé de budget
protégé. Est-ce que, par le passé, il y a eu des
problèmes en ce qui concerne les budgets alloués pour les
personnes handicapées? Vous demandez aussi que des locaux soient
strictement réservés.
Est-ce que, par le passé, vous avez eu des problèmes
à cet effet de la part d'une commission scolaire ou d'une école
de réellement garder une place pour les personnes handicapées,
pour les raisons que vous avez mentionnées tantôt?
M. Trottier: Parmi nos clients à la dystrophie musculaire,
on a eu - je ne sais pas si je peux nommer des personnes - Mme Léona
Bernard dont on a soumis au ministère de l'Éducation et à
M. le ministre le problème d'accessibilité. Elle était
dans la région de la Matapédia. Elle avait besoin d'un ascenseur
pour avoir accès. Son dossier a traîné pendant
énormément de temps avant qu'elle ait une réponse
positive, soit qu'on lui accordait l'ascenseur. Tout le temps, on l'envoyait
d'une commission scolaire à l'autre ou dans une école. On
trouvait que l'emplacement de l'école était mal situé.
Mme Vermette: Vous avez aussi parlé des problèmes
d'accessibilité des lieux. Cela fait longtemps que cela tarde à
arriver à quelque chose de positif. Même aujourd'hui, avec les
nouvelles constructions, on pourrait déjà avoir l'obligation
qu'elles soient adaptées en fonction des personnes handicapées.
Cela tarde toujours. On en parle et on en parle. On ne fait que des voeux.
Est-ce que vous souscrivez avec la COPHAN en disant que le transport est un des
pivots importants?
M. Trottier: Oui, pour l'intégration à tout point
de vue, c'est essentiel. L'élève est toujours
pénalisé. Les cours commencent à 8 h 30. S'il arrive
à 9 heures ou 9 h 30, qui va lui donner ce temps qu'il a manqué?
Il a droit à l'éducation, à un service de transport
adéquat qui va lui permettre d'être à l'heure pour la
durée des cours que l'élève non handicapé
reçoit.
Mme Vermette: Est-ce que vous êtes pour que chaque
commission scolaire donne le service aux personnes handicapées ou
seriez-vous d'accord pour que, selon les commissions scolaires, la personne
handicapée soit obligée de se déplacer? Seriez-vous en
faveur d'une telle formule?
M. Trottier: Nous revendiquons que l'élève puisse
avoir accès à l'école de son choix. Toutes les commissions
scolaires doivent assumer cette responsabilité et non pas
déterminer quelques commissions scolaires par rapport à la
problématique. (15 h 15)
Mme Vermette: Je suis obligée de prendre la COPHAN comme
point de comparaison, parce qu'on n'a pas eu le temps de l'entendre, pour voir
si chaque organisme... Il y a eu consensus, finalement, par rapport à la
COPHAN. Êtes-vous d'accord pour dire finalement que le projet de loi
manque de définitions, qu'il est évasif et qu'il aurait
été plus intéressant qu'on ait plutôt
clairement établi les droits des personnes handicapées
à l'intérieur des écoles?
M. Trottier: II est sûr qu'il demeure à
travailler.
Une voix: Pardon?
M. Trottier: II demeure à travailler.
Mme Vermette: il demeure à travailler. Et vous avez
parlé en fin de compte de tout le rôle que devrait jouer l'adjoint
qui serait dans une direction d'école et qui aurait un rôle plus
particulier à jouer vis-à-vis des personnes handicapées ou
d'une école pour leur intégration ou voir aux services. Comment
voyez-vous finalement, dans cette intégration, le rôle des
parents, des comités de consultation? Est-ce que le parent devrait
travailler en étroite collaboration?
M. Trottier: Le parent doit travailler, pour le plan
d'intervention, en étroite collaboration, c'est sûr. Mais comme je
le disais, certains parents n'ont pas été avantagés plus
qu'il le fallait pour pouvoir participer. Le directeur doit en tenir compte et
leur donner le soutien nécessaire via l'adjoint, pour les années,
pour mieux participer et pour mieux comprendre le rôle des parents
d'enfants handicapés et comment ils peuvent aider leur enfant à
avoir la réponse à ses besoins. Pour certains, cela va
jusque-là. Il est sûr qu'il y a d'autres enfants qui sont
très privilégiés, qui ont des parents en mesure de mener
des dossiers et d'aller très loin dans la réponse de leurs
besoins.
Mme Vermette:
II y a aussi un volet très important
dont vous avez fait mention; ce sont les garderies en milieu scolaire, En fin
de compte, il devrait y avoir des places spécifiques pour des enfants ou
des élèves ayant un handicap. Actuellement, existe-t-il de telles
garderies?
M. Trottier: Je ne pourrais pas...
Mme Vermette: Vos recommandations viennent à la suite de
demandes de parents...
M. Trottier: Oui, de l'association.
Mme Vermette: ...ou de l'association comme telle?
M. Trottier: ...de l'association comme telle, à la suite
de revendications de parents. Mais pour savoir s'il y a une garderie en tant
que telle, selon ce que j'ai entendu, cela manquait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Trottier, cela
termine le temps alloué aux membres des formations politiques.
Aviez-vous un dernier mot, Mme la députée de Marie-Victorin ou
Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Je vais laisser la parole à ma
collègue, si elle a quelque chose à ajouter. Quant à moi,
je voudrais remercier M. Trottier de sa participation. Comme l'a dit ma
collègue de Marie-Victorin, vous êtes une preuve vivante qu'il est
possible de se prendre en main, même si on souffre d'un handicap.
Je pourrai poursuivre avec d'autres sur des questions qui ont
été soulevées dans votre mémoire parce que je
présume qu'il y aura d'autres groupes en mesure d'y répondre.
Malheureusement, comme j'ai eu l'occasion de le souligner, c'est un peu court,
mais il nous a fait plaisir de vous avoir ici. Je rappelle que chaque fois
qu'on a l'occasion d'entendre les personnes les plus près de l'action -
et vous êtes dans cette situation - cela nous apporte un éclairage
tout à fait pertinent par rapport aux modifications qui devraient
être apportées au projet de loi. Je vous remercie de votre
participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
aussi. Au nom du ministre de l'Éducation, Mme la députée
de Jacques-Cartier, adjointe parlementaire au ministre de l'Éducation.
Mme la députée.
Mme Dougherty: Au nom du ministre, j'aimerais vous assurer, M.
Trottier, qu'on va étudier vos propositions, vos recommandations
attentivement. Entre parenthèses, j'aimerais vous dire que je suis
particulièrement sensible à l'importance de vos recommandations.
Effectivement, l'un de mes fils vient de recevoir une bourse de la Royal Bank
pour faire de la recherche sur la dystrophie musculaire, justement pour
valoriser et améliorer les possibilités de socialisation des
personnes qui souffrent de cette maladie. J'ai longuement discuté de
cette recherche avec lui. Alors, j'ai trouvé votre mémoire
particulièrement intéressant. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
aussi, M. Trottier, au nom des membres de la commission. Je veux aussi vous
informer que, pendant l'intervention de Mme la députée de
Marie-Victorin, on m'a informé que le ministre était retenu
à son cabinet d'une façon imprévue et qu'il m'assurait que
les députés ministériels et son adjointe parlementaire
étaient toutes oreilles et lui donneraient un fidèle compte rendu
de votre message. Merci beaucoup.
J'inviterais maintenant l'Association québécoise des
parents d'enfants handicapés visuels à bien vouloir prendre place
à l'avant. J'invite les députés, membres de cette
commission, à réintégrer leur fauteuil de façon que
les travaux de cette commission puissent se dérouler en toute
sérénité.
La commission permanente de l'éducation
poursuit ses travaux et accueille l'Association québécoise
des parents d'enfants handicapés visuels dont le porte-parole est M.
Jean-Guy Desrochers, président.
M. Desrochers, je vous souhaite la bienvenue. Je vous laisse vous
asseoir et vous souhaite la bienvenue à nouveau. Je vous remercie aussi
d'avoir répondu d'une façon positive à l'invitation de
cette commission à venir nous faire connaître l'objet de votre
réflexion sur les projets de loi. M. Desrochers, avant de commencer
votre exposé, j'aimerais que vous nous présentiez aussi les gens
qui vous accompagnent. On a 45 minutes à vous consacrer. Utilisez le
temps comme bon vous semble.
AQPEHV
M. Desrochers (Jean-Guy): D'accord. À ma gauche, M.
Jean-Raymond Roy, parent et membre de notre comité scolaire; à ma
droite, Mme Rachel Belisle, consultante et membre du comité scolaire
aussi; derrière moi, Mme Elyse Lorrain, notre nouvelle directrice
executive à l'AQPEHV.
M. le Président, Mme Blackburn, Mmes et MM. les
députés, au nom du conseil d'administration de l'Association
québécoise des parents d'enfants handicapés visuels et des
parents d'enfants québécois d'âge préscolaire et
scolaire qui vivent avec une limite visuelle sévère, je tiens
tout de suite à vous remercier d'accorder de l'attention à chacun
des mémoires soumis à cette commission.
L'AQPEHV a maintenant huit ans d'existence. Notre association regroupe
des parents d'enfants dont la vision correspond à la définition
juridique de "handicapé visuel" ou qui s'en rapproche. Nous avons aussi
des membres soutiens qui sont des amis des familles, des intervenants
auprès de nos enfants, des sympathisants aux objectifs que nous
poursuivons. Nous travaillons étroitement avec l'Association d'adultes
handicapés visuels et le Regroupement des aveugles et amblyopes du
Québec, dont certains sont aussi parents d'un enfant handicapé
visuel. Un peu plus de la moitié des enfants des membres de l'AQPEHV ont
une seule déficience, soit une déficience visuelle. Parmi eux, il
y a des enfants qui ont un reste de vision suffisant pour lire ou écrire
les caractères d'imprimerie conventionnels réguliers ou agrandis
et un nombre plus restreint d'enfants qui n'ont aucune vision ou si peu qu'ils
doivent utiliser des médias substituts comme le braille, le sonore, le
matériel en relief. Près du quart des enfants de nos membres ont
une deuxième déficience qui s'ajoute à la
déficience visuelle. Il peut s'agir de déficience motrice,
auditive, intellectuelle, organique, de troubles d'apprentissage, etc..
Finalement, environ un cinquième des enfants des membres de l'AQPEHV ont
trois déficiences ou plus.
M. Roy (Jean-Raymond): Alors, malgré les
différences qui dans nos quotidiens peuvent s'avérer très
importantes, nous avons identifié, au cours de nos nombreux
échanges, six aspects à considérer lorsqu'on vise à
créer un environnement scolaire propice aux apprentissages de nos jeunes
qui ont une déficience visuelle.
Lorsqu'un ou plusieurs de ces aspects ne sont pas pris en
considération, nos enfants voient leur année scolaire
perturbée. De nombreux exemples peuvent être apportés. Ces
aspects sont les suivants: l'équipe-école doit être
sensibilisée et ses membres directement concernés doivent
bénéficier de formation d'appoint. Nos enfants qui doivent la
plupart du temps utiliser des aides, telle loupe, télescope,
télévisionneuse, calculatrice parlante et/ou des appareils plus
sophistiqués, qui utilisent entre autres des supports informatiques, ont
besoin d'entraînement et d'évaluation face à ces aides pour
en réajuster l'attribution en fonction, entre autres, du programme
scolaire à venir. Nos jeunes ont aussi besoin d'entraînement pour
développer leur autonomie dans leurs déplacements et leurs
activités de vie quotidienne, comme par exemple, le repas du midi
à l'école.
Comme tout individu appartenant à un groupe, le jeune
élève avec une déficience visuelle a besoin de sentir
qu'il a sa place dans le groupe et qu'il est un élève comme les
autres élèves, qui poursuit les mêmes objectifs
d'apprentissage. Pour atteindre ces objectifs d'apprentissage, certaines
adaptations de l'enseignement pourront être requises, entre autres, pour
aider le jeune à se référer à des
expériences tactiles ou sonores plutôt que visuelles.
L'élève qui a une très faible vision aura besoin que le
matériel utilisé en classe soit adapté pour qu'il lui soit
utile. Dans bien des cas, il s'agit d'agrandir les caractères ou de
transférer le médium écrit en médium sonore ou en
médium tactile comme le braille.
Mme Bélisle (Rachel): Vous vous dites probablement que
tout cela est fort intéressant et instructif, mais vous n'en pensez pas
moins qu'il s'agit là de préoccupations qui touchent des
règlements, des ententes entre les commissions scolaires et des centres
d'adaptation et de réadaptation, et qu'il ne s'agit pas
d'éléments à inclure dans un projet de loi. Mais
justement, qu'est-ce qui, dans le projet de loi dont nous discutons
aujourd'hui, donne aux parents et aux élèves la garantie que ces
besoins seront pris en ligne de compte? Qu'est-ce qui nous garantit que les
parents n'auront pas encore à faire démarches après
démarches, comme ils doivent le faire actuellement, pour que leur enfant
ait des services éducatifs de qualité qui visent son insertion
sociale?
Bien sûr, il y a des améliorations importantes entre le
projet de loi et la loi actuelle. Mais plusieurs des articles proposés
qui touchent les élèves handicapés manquent de
précision, et des éléments majeurs, comme le plan
d'intervention,
n'apparaissent qu'une seule fois, sans qu'ils soient reliés par
exemple aux normes d'organisation de services des commissions scolaires ou aux
règlements sur la nature des services éducatifs. J'espère
que vous transmettrez le message à M. le ministre. Est-ce qu'il a la
volonté de corriger cette lacune majeure et d'autres concernant les
élèves handicapés dans la prochaine version du projet de
loi?
Déjà la Confédération des organismes de
promotion vous a expliqué les demandes majeures des associations qu'elle
représente. L'AQPEHV adhère entièrement au mémoire
de la COPHAN. D'ailleurs, vous avez certainement constaté, à la
lecture des différents mémoires déposés par les
organismes de promotion et de celui de l'Office des personnes
handicapées que vous avez rencontré en mai dernier, que nous
sommes tous d'accord avec l'objectif d'intégration scolaire des enfants
handicapés et avec la nécessité de le voir inscrire de
façon explicite dans la loi. Peu importe le type de déficience de
nos clientèles, nous nous entendons sur des mesures précises
à inclure et à articuler clairement dans la loi. Nous insistons
particulièrement sur le droit de tous les élèves
handicapés d'avoir leur plan d'intervention. Une définition
générale du plan d'intervention devrait d'ailleurs
apparaître dans le texte de loi et le projet de loi devrait être
modifié de manière à affirmer le droit des parents de
participer à l'élaboration et au suivi du plan d'intervention de
leur enfant.
À l'instar des autres associations, nous demandons
également que les comités consultatifs sur les services aux
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage proposés par le projet de loi soient vraiment
représentatifs des parents d'enfants handicapés. (15 h 30)
Nous demandons que les commissions scolaires soient tenues
d'établir leurs normes d'organisation de services prévus par le
projet de loi de manière à favoriser l'intégration des
enfants handicapés de leur territoire dans les classes ordinaires.
Nous demandons que la nature des services particuliers soit
précisée au plan provincial par voie de règlement
ministériel.
Nous demandons aussi d'inscrire dans la loi des droits de recours des
parents et des personnes handicapées.
Vous avez sûrement constaté aussi des nuances dans les
différents mémoires, qu'elles soient dans le ton ou dans les
demandes elles-mêmes. Nous avons ici un peu de temps pour mieux vous
faire apprécier notre point de vue et nous vous en remercions.
L'AQPEHV demande que les deux articles 414 et 217, qui s'inscrivent dans
une même logique, indiquent au gouvernement et aux commissions scolaires
la nécessité de fixer des balises propres aux
réalités de chaque catégorie de limitation fonctionnelle.
Les aspects à considérer que nous vous avons
présentés quelques minutes auparavant sont une preuve bien
concrète qu'il est tout à fait possible, du moins pour les
élèves déficients visuels, de fixer des balises qui
devraient guider les milieux dans l'établissement des plans
d'intervention. La loi doit être claire sur la nécessité de
l'existence de telles balises et doit donner l'orientation
générale à suivre par toutes les commissions
scolaires.
Si l'AQPEHV propose de tenir compte des réalités de chaque
catégorie de limitation fonctionnelle plutôt que de chaque type de
déficience, c'est que les services requis pour les enfants qui utilisent
l'imprimé, ce que nous appelons les fonctionnellement voyants et ceux
requis par les utilisateurs de braille, les fonctionnellement aveugles, ont
trop de variables pour être appliqués avec les mêmes
normes.
Enfin, nous avons fait récemment un commentaire plus
élaboré sur ce sujet au ministère de l'Éducation,
commentaire qui malheureusement n'a pas vraiment été pris en
considération.
M. Roy: Cela nous amène à parler de consultation et
de concertation. À l'AQPEHV, vous l'aurez constaté dans notre
mémoire, nous croyons que des mesures concrètes peuvent
améliorer les rapports entre les différents partenaires. Nous ne
croyons pas utile de mettre en place des mécanismes qui
"antagoniseraient" encore plus les relations entre les personnes et les
groupes.
Ainsi, nous demandons que les parents aient le droit de participer au
plan d'intervention de leur enfant et non pas d'être seulement
consultés. Nous demandons également que ce plan d'intervention
soit établi en équipe.
Nous demandons que les enseignants aient le droit à des mesures
d'appui.
Nous demandons que les commissions scolaires aient le droit de mieux
informer les directeurs d'école.
Nous demandons que la commission scolaire ait un représentant sur
son comité consultatif des services aux élèves
handicapés et en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
Nous privilégions les conseils d'orientation dans les
écoles.
Alors que le projet de loi parie de perte de compétences, ce
à quoi nous nous opposons, nous demandons que la commission scolaire du
territoire où résident les parents, reste en tout temps
responsable, participe au plan d'intervention de l'élève de son
territoire, même s'il est scolarisé ailleurs et que la commission
scolaire soit tenue de préciser les motifs qui l'amènent à
ne pas dispenser les services éducatifs à cet élève
et d'établir un échéancier de retour dans le milieu.
Nous recommandons aussi que les instances décisionnelles
s'associent à toutes les instances concernées incluant les
organismes de promotion représentant les parents et les personnes
handicapées.
Mme Bélisle: Cette présentation ne saurait
être complète si nous omettions de parler de matériel
scolaire adapté, domaine où nous avons déjà fait de
très nombreuses interventions. Le projet de loi contient des articles
qui stipulent que les manuels et le matériel didactique sont
gratuits.
Cette précision doit, bien entendu, inclure le matériel
scolaire adapté compris, à notre sens, dans les services
particuliers.
Par ailleurs, le projet de loi reste totalement silencieux sur
l'accès réel au matériel scolaire. À ce sujet, nous
croyons qu'un centre de ressources faciliterait énormément la
diffusion et le développement d'une expertise. Un tel centre de
ressources devrait faire partie des organismes à inclure dans la liste
prévue à l'article 428, mais nous sommes encore à nous
demander quel leadership le ministère de l'Éducation prendra pour
que se développe un tel centre qui regrouperait du matériel
approuvé adapté et d'autre matériel utile à
l'enseignement et aux apprentissages scolaires.
Le projet de loi indique les rôles de chacun en regard du
matériel utilisé en classe et, de façon
générale, nous sommes d'accord avec les articles
concernés. Par ailleurs, nous n'insisterons jamais assez - et le
début de la rentrée scolaire nous le confirme encore - sur
l'importance que le ministre établisse une liste de manuels et de
matériel approuvé, de manière à restreindre le
nombre de titres possibles dans un même niveau-matière.
Avant de conclure cette présentation, nous voudrions attirer
votre attention de façon particulière sur l'article 428 qui
revêt une importance capitale pour nous.
D'abord, nous demandons - et le ministre nous a dit qu'il le ferait -
que l'article soit scindé de manière que le contexte, propre aux
services particuliers aux organismes qui les donnent et aux personnes qui les
reçoivent, soit respecté. Il faut en convenir, les
spécialités professionnelles et les services particuliers,
malgré des similitudes comme la nécessité commune
d'ententes interministérielles, ont de nombreuses différences,
telle l'origine des difficultés d'organisation.
Pour l'AQPEHV, la loi devrait engager le ministère à
établir la liste des services particuliers; depuis trop longtemps,
attend-on la liste, appelée par d'autres, carte nationale. Pour les
habitués, vous savez très bien que nous nous
référons aux travaux de la mission MSSS-MEQ. De plus, cet article
de loi devrait obliger, au même titre que l'article 414, une
définition des services particuliers que les élèves
pourront quérir dans leur plan d'intervention. Nous demandons que les
organismes et les commissions scolaires autorisées à donner les
services particuliers soient identifiés. À notre sens, la loi
devrait obliger le ministre à établir une liste de l'ensemble des
services offerts par les écoles à vocation suprarégionale,
leur fixant ainsi un mandat clair, que cela soit pour les enfants
scolarisés à l'école même et pour les enfants qui
bénéficient ou qui devraient bénéficier de services
itinérants, incluant la responsabilité de ces écoles dans
la fabrication et dans la diffusion du matériel scolaire
adapté.
Nous rappelons également que les écoles à vocation
suprarégionale devraient, elles aussi, être tenues de
préparer les enfants qu'elles scolarisent à retourner dès
que possible dans leur milieu d'origine. Toutes ces listes, définitions
et autorisations devraient être faites en consultation avec les
organismes et commissions scolaires concernés, sans oublier les
organismes de promotion qui représentent les parents et qu'il ne
faudrait pas négliger à cette étape cruciale de
décision. Cela, la loi doit le garantir. Nous ne pouvons pas
évidemment attirer votre attention sur tous les aspects couverts par
notre mémoire. Nous espérons que vous prendrez son ensemble en
considération.
Avant de terminer, nous voulons, comme d'autres l'ont déjà
fait, vous rappeler l'importance que les parents de l'AQPEHV accordent au
changement actuel de la Loi sur l'instruction publique. Ces parents,
francophones, anglophones, catholiques, protestants et d'allégeances
religieuses diverses, tous ont subi le manque de clarté de la loi
actuelle et tous attendent de vous, politiciens et politiciennes, que vous
fassiez ce qui est de votre pouvoir et ce qui est de votre devoir: changer la
loi et accorder pleine équité aux enfants handicapés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci madame.
Merci M. Desrochers et Mme Belisle.
Je reconnais maintenant comme premier intervenant, du côté
ministériel, l'adjointe parlementaire du ministre de l'Éducation,
Mme la députée de Jacques-Cartier. Mme la
députée.
Mme Dougherty: J'aimerais remercier l'Association
québécoise des parents d'enfants handicapés visuels pour
sa présentation. C'est évident que vous êtes d'accord avec
la présentation que nous avons entendue ce matin de la COPHAN, mais dans
votre mémoire, vous avez apporté des précisions et des
problèmes spécifiques et souvent aigus auxquels vos enfants font
face, et je vous en remercie.
J'en viens immédiatement à mes questions parce que, comme
vous le savez, nous n'avons pas beaucoup de temps. À la page 5 du
mémoire vous dites: "Nous demandons que la nature des services
particuliers soit précisée au plan provincial par voie de
règlement ministériel." J'ai un petit problème avec cela.
Je sais que vous aimeriez mettre beaucoup plus de dents à la loi, que le
ministère prenne ses responsabilités, exerce un leadership, etc.,
pour assurer les services appropriés à vos enfants. Qu'est-ce que
vous envisagez ici? Est-ce que c'est vraiment possible pour le ministre au
niveau du gouvernement de réglementer et de préciser les
services
particuliers? Quand on considère que chaque enfant est
différent, comme vous l'avez expliqué dans votre mémoire,
souvent les enfants qui ont des déficiences visuelles ont d'autres
déficiences, etc., et chaque enfant présente un portrait un peu
différent avec des besoins différents. Vou-driez-vous
élaborer un peu afin de justifier cette recommandation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui va prendre la
parole? Mme Bélisle?
Mme Bélisle: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Bélisle, vous avez la parole.
Mme Bélisle: Bien sûr, si nous le demandons, c'est
que nous croyons que c'est possible. Pour nous, le fait que les enfants
handicapés visuels soient en petit nombre fait qu'il doit y avoir une
circulation de l'expertise dans toute la province. C'est donc important qu'il y
ait une définition au niveau provincial, sinon on se retrouve avec des
méthodes, des façons de faire très différentes, et
les enfants sont pénalisés en fin de compte parce que tout le
monde fait des essais avec chaque enfant qui arrive dans le domaine. Ce n'est
pas parce que les enfants sont handicapés qu'on doit à chaque
fois recommencer. Contrairement à d'autres déficiences, on est
d'accord avec cela, la limite visuelle est observable, on est capable de la
diagnostiquer, on est capable de voir si l'enfant voit ou ne voit pas et
jusqu'où il peut voir, etc.. etc. Donc, on peut bâtir des choses,
on peut vraiment développer des outils pédagogiques, et les
services particuliers devraient être clairement définis. Pour
nous, en déficience visuelle, cela peut être fait et cela doit
être fait.
Mme Dougherty: Alors, je comprends un peu mieux. Mais
peut-être que pour d'autres types de limitations cela pourrait être
moins facile. Est-ce que vous êtes d'accord?
Mme Bélisle: Oui. On n'a pas à prendre position
pour d'autres types de déficiences...
Mme Dougherty: Non, non, je sais.
Mme Bélisle: ...mais pour nous, il est important que
l'article 414 oblige le gouvernement à faire un règlement. Le
règlement, on ne veut pas que ce soit le ministre ou le gouvernement
seul qui le décide, mais en consultation, entre autres, avec les
organismes de promotion et si, par exemple, en déficience
intellectuelle, on dit que c'est impossible à faire, on mettra dans la
partie du règlement que les services particuliers en déficience
intellectuelle, on ne peut pas les placer. Ce n'est pas pour un type de
déficience qu'on va en pénaliser d'autres. Je pense que c'est
cela qu'on doit apprendre à faire comme société...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
Mme Bélisle.
Mme Bélisle: ...de vraiment reconnaître chaque type
de déficience, son impact dans la vie de la personne et jusqu'où
on peut aller et jusqu'où on va apprendre aussi au contact de ces
personnes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions?
Mme Dougherty: Cela m'amène à ma seconde question.
Vous avez parlé à plusieurs reprises de l'équipement, du
matériel didactique nécessaire pour répondre aux besoins
de vos enfants. Pourriez-vous nous expliquer un peu - parce que j'imagine que
c'est très coûteux d'abord - qui paie et quels sont les
problèmes que vous éprouvez à cet égard?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur. (15 h
45)
M. Roy: Je vais vous répondre par un exemple. Hier soir,
justement, j'avais une rencontre avec les professionnels de la commission
scolaire où ma fille est intégrée et nous nous sommes
butés au fameux problème de l'adaptation du matériel
scolaire. Quels problèmes concrets éprouvons-nous? D'abord, c'est
que nous n'avons pas les livres en braille dans le cas des jeunes
fonctionnellement aveugles. Nous les avons partiellement, c'est-à-dire
qu'il y a eu des ententes qui ont été faites - là-dessus,
c'est un pas en avant, on en convient - mais nous avons encore beaucoup de
problèmes dans les délais, dans l'accès. Je vous donne un
exemple: ma fille n'aura pas ses livres de français avant la fin du mois
d'octobre. Cela veut donc dire que sur le plan de l'orthographe et pour ce qui
est de suivre le groupe, il faut que la commission scolaire se revire de bord
et fasse d'autres ententes avec d'autres éditeurs pour faire de la
transcription braille.
Il y a aussi toute l'adaptation du matériel qui nécessite,
je dirais, de la topographie où l'enfant doit user beaucoup de ses sens
tactiles; ça aussi c'est long à faire et c'est toujours en retard
quand, la plupart du temps, ce n'est même pas fait parce que les gens
disent: On n'a pas les moyens ni la compétence pour le faire. Alors, ce
sont les problèmes concrets que nous rencontrons.
Mme Dougherty: D'où vient ce matériel?
M. Roy: Par rapport à la transcription braille, disons
qu'il y a différents éditeurs dans la province, mais en
producteurs, il y a les Éditions Louis Braille à Montréal,
la Commission scolaire de Charlesbourg et d'autres petits producteurs
privés qui en font, entre autres,
mais le financement...
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y a un problème de
financement?
M. Roy: Énorme.
Mme Dougherty: Est-ce que c'est une des raisons pour les
délais?
M. Roy: C'est le gros problème que les commissions
scolaires nous renvoient constamment. Hier soir, on m'a dit: Vous savez,
monsieur, votre enfant nous coûte cher. Quand on se fait dire cela, cela
met drôlement un frein. Alors, quand vous nous parlez de gratuité
scolaire, cela nous fait beaucoup sourire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
monsieur.
Mme Bélisle: Si vous permettez, j'aimerais peut-être
compléter un petit peu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Mme Bélisle: On a tenu à parler du centre de
ressources même s'il ne s'agit pas vraiment d'un élément
qui va apparaître dans le projet de loi, mais justement, pour nous, c'est
une partie de la solution, dans le sens que si le gouvernement dit: Les volumes
vont être gratuits, on veut bien l'aider. Pour que ce soit possible, il
faut qu'il mette des mécanismes. Le centre de ressources en est un de
façon très claire, très évidente. On en a
discuté pendant plus d'une heure avec M. le ministre, en mai dernier. On
est toujours en attente d'un pas concret du ministre et du ministère
dans ce domaine. Il est clair qu'en ce moment, si les coûts sont si
élevés, c'est qu'il y a une très mauvaise coordination de
ce qui est actuellement en circulation dans les milieux. On ne dit pas qu'on va
faire en sorte qu'il n'y aura plus de nouveau matériel à
produire, parce que c'est récent qu'il y ait de la production braille,
mais il y aura beaucoup d'économies à faire avec un centre de
ressources.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
Alors, je vais reconnaître une dernière intervention du
côté ministériel, un dernier intervenant, pardon. M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Alors, comme les autres, je vous
félicite de vos rapports et des préoccupations que vous avez pour
l'ensemble des déficients que nous retrouvons, malheureusement, dans
notre société. Il y a une interrogation que je me pose depuis un
certain temps. Souven-tefois, vous parlez et vous le répétez et
tout le monde a le même mot: l'intégration. Lorsqu'on veut poser
des gestes pour véritablement intégrer cette clientèle, je
pense qu'il y a tout un monde qui nous sépare.
Lorsque je regarde les dispositions qui sont prévues dans le
projet de loi 107, entre autres l'article 46 qui parle d'un plan d'intervention
personnel pour les enfants handicapés, lorsqu'on se reporte ensuite aux
articles 216 et 217, je pense que vous avez une certaine garantie que
l'intégration pourra se faire. Cela pourra se traduire aux niveaux
régional et local.
Tout à l'heure, je vous entendais dire: Je pense que ce serait
peut-être bon que ce soit tout regroupé au même endroit.
Donc, on va tout regrouper ce qui est enfance inadaptée ou
handicapée et on va faire une espèce de classe à part. Je
voudrais bien me situer par rapport à vos prétentions parce qu'on
a entendu différents groupes, ce matin; il y avait un groupe, entre
autres, une école suprarégionale pour des déficients de
différentes natures. Alors, si on les regroupe à une même
place, il n'y a pas d'intégration. Quand on va dans les commissions
scolaires et qu'on regarde ce qui se passe, on prend les enfants
inadaptés ou encore avec des déficiences et on les met au
même endroit. Donc, ce n'est pas tout à fait une
intégration. Quelle est votre perception de l'ingération?
J'aimerais bien savoir ce qu'elle est.
Mme Bélisle: Je vais vous répondre, Monsieur.
D'abord, je pense que vous avez fait une mauvaise lecture, une mauvaise
compréhension de ce qu'on a dit. On ne dit nulle part qu'on veut
regrouper les articles. On dit qu'ils doivent être articulés les
uns aux autres, ce qui est totalement différent. Ensuite, l'école
de La Relance, c'est une école régionale. Je vous comprends
d'être un peu mêlé dans tout cela, parce que c'est
effectivement un peu mêlant et il y a bien des gens qui sont
mêlés. Mais encore une couple de soirées de lecture...
En déficience visuelle, on parle d'écoles
suprarégionales. Pour nous, l'école suprarégionale ne va
aucunement à rencontre de l'intégration. Au contraire, elle aide
l'intégration, c'est-à-dire qu'elle prépare
adéquatement certains enfants qui en auraient besoin. Il ne faut pas
croire non plus que, parce qu'on parle d'écoles
suprarégionales... Dans notre cas, au secteur francophone, on parle de
deux écoles suprarégionales qui, en ce moment, accueillent un
maximum de 60 élèves chacune, dont plusieurs sont des
élèves multihandicapés, et il y a une école du
secteur anglophone. On ne parle pas de beaucoup d'écoles.
Ces écoles sont là pour préparer certains enfants
à mieux vivre une intégration à l'école
régulière. Ces écoles sont extrêmement importantes
pour la concentration d'une expertise pour les enseignants itinérants
qui, eux, se déplacent; ils rencontrent les élèves qui
sont intégrés. Finalement, ces écoles
suprarégionales sont extrêmement importantes pour
développer une pédagogie adaptée, parce qu'il ne faut pas
se faire de cachettes; il y a certains enseignements,
surtout au primaire où il y a tellement de visuel et au
secondaire parce que c'est écrit tellement petit, il y a beaucoup
d'adaptation pédagogique dans certaines matières.
Les enseignants du régulier ont besoin d'être
secondés, non pas par quelqu'un qui s'improvise du jour au lendemain,
mais par des enseignants spécialisés et les enseignants
itinérants. L'école spécialisée doit aussi
être là pour développer et faire circuler du
matériel scolaire adapté. Donc, l'école
spécialisée à vocation suprarégionale aide
l'intégration scolaire et ne va absolument pas à rencontre de
l'intégration scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Bélisle. Cela met fin au temps dévolu au côté
ministériel. Oui monsieur?
M. Roy: J'aimerais ajouter un petit complément
d'information à ce que Rachel vient de dire. M. le député,
quand vous parlez du plan d'intervention, dans notre livre à nous, le
plan d'intervention doit être fait à partir des besoins de
l'enfant. Vous faites mention que, parfois, les élèves sont
regroupés à l'intérieur d'une classe lorsqu'ils sont
intégrés dans une polyvalente ou dans une école
primaire.
On peut vous dire que, présentement, on a l'impression que les
plans d'intervention sont beaucoup plus faits à partir des ressources du
milieu que des besoins de l'enfant. C'est la raison pour laquelle on les
regroupe parfois dans des petites classes et on fait des ghettos à
l'intérieur de l'école secondaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Roy. Je reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Madame et
messieurs, il me fait plaisir de vous retrouver ici. Il est peut-être
utile de dire que j'ai eu l'occasion - et je dois dire le privilège - de
rencontrer les membres de l'association à l'occasion de leur
assemblée annuelle, ce qui m'a donné une meilleure connaissance
de la situation que vivent les parents d'enfants handicapés visuels. Ce
pourquoi je déplore qu'on n'ait pas plus de temps - et je partage
l'opinion émise tout à l'heure par la députée de
Jacques-Cartier - c'est que c'est un monde qui demeure au législateur de
façon générale.
Je pense que le député de Rimouski l'a
démontré tout à l'heure, ce n'est pas par ignorance, c'est
simplement parce qu'on a peu de connaissance de ce milieu. Donc, il est
d'autant plus important qu'on ait le temps d'échanger longuement sur ce
sujet pour assurer une meilleure sensibilisation de ceux qui auront à
prendre des décisions là-dessus.
Ce que vous dites par rapport à la définition des
services, je vous comprends et je pense que c'est une garantie indispensable
que vous n'aurez qu'à la condition que ce soit inscrit dans la loi.
Parce que le projet de loi qu'on a actuellement - et je pense que devez
insister là-dessus - fait beaucoup d'obligations à toutes sortes
de niveaux, mais du moment où on est rendu au niveau du gouvernement, il
y en a moins, que ce soit pour l'éducation des adultes ou la
définition des services particuliers. On a vu qu'il y a toute une partie
de la loi 3 qui a été escamotée là, parce qu'on
sait très bien que, quand c'est écrit dans la loi, on peut aller
en recours.
Je trouve que c'est majeur, ce que vous êtes en train de demander.
Je ne dirais pas qu'il faut le définir finement jusqu'au plan
d'intervention, mais je pense que pour les gros morceaux, il faut absolument
qu'on retrouve cela dans la loi. Je voudrais vous dire que je m'engage à
défendre cette vision des choses par rapport aux modifications qui
seront apportées au projet de loi.
Parce qu'on a peu de temps, j'aimerais mieux comprendre, parce que je
pense comprendre pourquoi vous demandez - ce matin, la COPHAN le demandait
aussi - que la commission scolaire conserve compétence - je pense
l'avoir compris, mais j'aimerais quand même vous entendre
là-dessus - même si elle n'offre pas les services.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Roy.
M. Roy: On aimerait qu'elle garde compétence pour ne pas
qu'elle échappe à ses responsabilités lorsque l'enfant
s'en va à l'extérieur de son territoire. Je vous donne encore un
exemple: ma fille a dû aller à l'extérieur de notre propre
commission scolaire pendant quatre ou cinq ans. Pendant ce temps-là, la
commission scolaire d'origine a, elle, perdu complètement le suivi de
l'intégration possible de notre enfant. Nous demandons que la commission
scolaire garde la responsabilité, même si l'enfant est à
l'extérieur, parce qu'éventuellement, comme le disait Mme
Bélisle tantôt, pour nous, l'école spéciale, c'est
un endroit qui va permettre à l'enfant de l'outiller davantage pour
revenir dans son milieu de vie naturel parce que c'est là qu'on pense
que l'enfant a le plus de chances de mettre son potentiel en valeur. C'est pour
cela qu'on veut que la commission scolaire garde cette responsabilité,
même si l'enfant n'est pas sur le territoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: D'accord, la deuxième... Vous parlez d'un
centre de ressources. Comme j'ai eu l'occasion d'entendre l'explication que
vous y apportez, ce serait un outil peu coûteux à mettre sur place
et très utile. Cela mettrait ensemble... cela pourrait recueillir, dans
tout le Québec, l'essentiel du matériel qui existe et,
ensuite, le redistribuer selon les besoins? Qu'est-ce qu'une commission
scolaire fait des manuels ou des équipements lorsqu'elle n'a pas une
clientèle qui en a besoin? Il y a certainement actuellement des manuels
qui traînent dans les armoires alors que sa fille n'en a pas. Il serait
intéressant... Je pense que ce n'est pas une mesure bien importante,
j'en parle comme cela, mais il serait intéressant que, rapidement, on
essaie de voir avec les commissions scolaires, ce qui pourrait être mis
sur pied là-dessus.
J'aimerais aborder une autre partie de la question: les services
itinérants. Je me suis laissé dire que, plus
particulièrement en ce qui concerne les services offerts aux enfants
souffrant d'un handicap visuel, il y avait une équipe itinérante
de professeurs spécialisés qui rendait un certain nombre de
services aux enseignants réguliers de ces enfants. Selon les
informations que j'ai obtenues, ces services ont été
coupés de moitié. Est-ce que cela a été
corrigé? Quelle est la situation actuelle? Comment vivez-vous cela?
J'aimerais vous entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Bélisle.
Mme Bélisle: II y a effectivement eu à la fin de
i'année scolaire des menaces de coupure de services. On peut dire
maintenant, même si on n'a pas d'annonce officielle - peut-être que
les gens du gouvernement pourraient nous en parler plus officiellement - qu'il
y aurait eu un rétablissement et des ententes auraient été
faites avec les deux commissions scolaires du secteur francophone pour
établir, si on peut dire, une façon de procéder plus
claire, plus uniforme au plan provincial.
Par ailleurs, j'en profite pour dire que cette politique a
été faite sans beaucoup de consultation de notre association. On
a hâte de la recevoir officiellement pour pouvoir la commenter aussi
officiellement. Mais il y a pour l'instant... Disons qu'on ne peut pas se
prononcer. Je vois Mme la députée de Jacques-Cartier qui est en
pourparlers. Elle va sûrement pouvoir nous donner des
réponses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Je dois dire que j'en parle en connaissance
de cause parce qu'on a un centre d'enfants handicapés chez nous. Ils
n'ont actuellement pour ainsi dire aucun service, ce qui oblige les parents
à envoyer de jeunes enfants ici, à Charlesbourg, alors que,
jusqu'à tout récemment, ils pouvaient les garder dans leur
milieu, faute de services adéquats. L'enfant qui souffre
déjà d'un handicap, je pense qu'il faut être sensibles
à ces questions.
Mme Belisle: Mme la députée de Chicoutimi, vous me
donnez ici l'occasion de reparler des travaux de la mission MSSS-MEQ, de ce qui
se passe actuellement à Chicoutimi, dans un centre du réseau des
affaires sociales. Quand les problèmes se font sentir aux affaires
sociales, c'est le réseau de l'éducation qui en écope. En
ce moment, c'est ce qui se vit au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a un message
à faire passer, il y a du ménage, un aboutissement à faire
dans les travaux du MSSS-MEQ. Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus. L'article 428 de la loi serait pour nous une forme de
garantie d'un aboutissement de ces travaux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée la députée.
Mme Blackburn: Selon les informations que j'ai obtenues, mais
d'une autre source, il y a un protocole d'entente qui serait prêt
à être signé depuis déjà plus d'une
année entre le MEQ et le MSSS. C'est toujours en attente et cela pose de
sérieux problèmes. Je suis allée à Matane i'an
dernier, environ à la même période, les écoles
venaient d'ouvrir et les enfants étaient littéralement pris en
otage, parce que la commission scolaire refusait des choses; elle disait: Ce
n'est pas de notre responsabilité, et le MSSS refusait. Alors, les
parents ne peuvent pas laisser des enfants avec des chaises roulantes dans les
portes des écoles, ils ne résistent pas longtemps. Ils rentrent
à la maison avec les enfants. Je pense que c'est urgent que
là-dessus on passe des paroles aux actes. J'aimerais que vous nous
racontiez un peu votre vécu, parlez m'en un peu. Monsieur, tout à
l'heure, nous en a parlé un peu. Au moment où j'ai
rencontré des gens de l'association une jeune mère m'expliquait
que sa fille qui a un handicap visuel a été acceptée
à la maternelle et qu'à la veille de rentrer en première
année, on lui a dit: On n'est pas équipés pour la
recevoir, et on l'a retournée chez elle. Je ne sais pas si cela s'est
réglé, mais je trouvais que c'était particulier. Il n'y a
pas d'obligation et il n'y a pas de possibilité de recours. Pour mieux
nous éclairer ici, comme parlementaires, est-ce que vous pourriez nous
parler un peu de votre vécu?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous posez votre
question à qui, madame?
Mme Blackburn: À qui voudra y répondre. Le
Président (M. Parent, Sauvé): M. Roy.
M. Roy: Évidemment, on pourrait vous expliquer plusieurs
cas et vous donner plusieurs exemples, mais je peux vous dire que dans
l'ensemble, quand vous parlez de notre vécu, la première des
choses lorsqu'on veut intégrer un enfant, lorsqu'il est obligé
d'apprendre par un mode autre que la vision, d'abord, on fait face à un
milieu qui est apeuré. C'est un peu comme nous les parents, au
début, lorsqu'on s'est fait
dire: Bien, votre enfant va être aveugle. Évidemment, on a
des réactions émotives et il faut se relever de cette situation.
Alors, dans le milieu c'est exactement ce qui se produit. Encore hier, le
directeur adjoint de la polyvalente où va ma fille me disait: J'ai
quatre enseignants sur douze qui sont pratiquement en état de panique.
Il me disait: J'ai hâte que le professeur itinérant vienne pour
qu'il puisse leur donner un peu de formation parce que c'est le 29 la
rentrée. Or, hier encore le professeur itinérant, j'ai
téléphoné à la commission scolaire
suprarégionale et ce n'est pas déterminé: On ne le sait
pas, M. Roy. La rentrée va se faire et les enseignants n'auront pas eu
la formation d'appoint pour recevoir ma fille. Et qui paiera la note en fin de
compte, cela va être les "apprentissants" et ma fille. C'est ce qui se
passe. Mon cas n'est pas isolé. C'est sensiblement la même chose
chez pratiquement tous les parents. On est toujours avec des retards et des
retards, un milieu qui n'est pas sensibilisé, le matériel qui ne
rentre pas, ou, lorsqu'il rentre, il rentre en retard, ou il rentre par tranche
parce qu'eux, ils n'ont jamais leurs livres comme les autres. Voyez-vous
l'enfant est obligé de performer davantage. Imaginez-vous que les
aveugles ne sont pas différents des autres: il y en a qui sont premiers
de classe, il y en a qui sont dans la moyenne et il y en a qui ont des
difficultés. Alors là, nous, il faut qu'on demande dans le fond
des garanties minimales. On ne demande pas de privilèges, mais par
contre on aimerait bien que cela se fasse sans discrimination. Alors, c'est
cela notre vécu. On est toujours pogné avec cela.
Mme Bélisle: Je pourrais peut-être compléter
avec les enfants qu'on dit fonctionnellement voyants et ceux qui ont plus d'une
déficience. L'exemple de M. Roy est à peu près l'exemple
de la situation de tous les parents d'enfants aveugles complets. La situation
des parents d'enfants demi-voyants, M. Desrochers pourra en parler
également. Les premières années, il y a beaucoup de
sensibilisation à faire et petit à petit cela se résorbe
parce que finalement les adaptations sont très minimales pour les
enfants fonctionnellement voyants. Pour les enfants qui ont une
déficience visuelle et qui ont une autre déficience ou un autre
petit problème, comme l'exemple que Mme Blackburn amène, ce sont
des enfants qu'il devient tellement facile d'exclure, d'envoyer dans des
écoles où ce n'est pas leur place et de promener d'un endroit
à l'autre. Souvent ces enfants se retrouvent dans des milieux où
ils n'auront pas, par exemple, accès à des services
itinérants parce que, on le sait, vous devez en être conscients,
j'imagine que d'autres groupes vont y revenir, on voit un développement
d'écoles privées pour les enfants handicapés, de plus en
plus. Les commissions scolaires, plutôt que de développer des
services, vont référer des enfants à ces écoles
privées. Donc, il y a des choses importantes à regarder à
ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci madame. Ceci
met fin à la période. J'inviterais maintenant Mme la
députée de Chicoutimi à conclure au nom de sa formation
politique.
Mme Blackburn: Je voudrais vous remercier de votre participation
à cette commission et peut-être juste en terminant vous dire que
vous avez fait une suggestion que j'aimerais qu'on retienne. Je ne sais pas
comment elle pourrait s'appliquer, mais, éventuellement, il faudrait
l'examiner. L'idée qu'il faudrait que le projet éducatif - je
pense que c'est COPHAN qui l'a proposé - de l'école fasse une
place à une certaine sensibilisation ou à un accueil aux
élèves souffrant de handicap. Ce serait une façon de
s'assurer qu'il y ait une sensibilisation qui se fasse auprès des
enseignants. Il faut comprendre les enseignants. Actuellement, on le sait, dans
certaines écoles, il y a une résistance farouche. On
connaît certains cas et il faut absolument que, collectivement, on prenne
en charge ces enfants et les parents. Et, une façon de le faire c'est de
lever les peurs et l'ignorance qui existent et qui, finalement, amènent
ces réactions par rapport à ces enfants-là.
Mme Bélisle: Dans un premier temps il faut que les parents
puissent participer au plan d'intervention de leur enfant - j'espère que
vous n'allez pas démordre sur cette question-là. Il faut qu'il y
ait un plan d'intervention et il faut que les normes d'organisation soient
clairement articulées autour de ce plan d'intervention. On parle de
révision de l'état de l'enfant. Il n'est pas question de
réviser l'état des enfants. S'il y a effectivement une
évolution, il y a des gens qui vont bien se charger de le ramener dans
le plan d'intervention. C'est le plan d'intervention qu'il faut réviser.
Et ces mesures-là sont pour nous des mesures qui font que les
enseignants justement, petit à petit, comprennent plus la
réalité des enfants. Et les demandes de mesures bien
concrètes que l'on fait, on y tient et on est persuadés que ce
sont ces choses-là qui vont faire qu'on va avoir un milieu beaucoup plus
accueillant, dont tous nos enfants handicapés ou non vont
bénéficier et, par ricochet, nous, les adultes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors merci
beaucoup Mme Bélisle, M. Desrochers, M. Roy. Au nom des membres de la
commission de l'éducation, je vous remercie beaucoup. Je pense que vous
nous avez passé des messages assez clairs. Vous nous les avez
explicités avec des exemples pratiques que vous vivez, des exemples de
tous les jours. Alors nous vous en remercions beaucoup. Nous suspendons nos
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 5)
(Reprisée 16 h 10)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission à reprendre place. J'invite
nos invités, les représentants de la Société
québécoise de l'autisme, à prendre place à
l'avant.
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission permanente de
l'éducation a repris ses travaux et accueille la Société
québécoise de l'autisme, représentée par M.
Dominique Égré, qui en est le président et le
porte-parole.
M. Égré nous vous remercions beaucoup d'avoir
répondu à notre invitation. La commission a 45 minutes à
consacrer à votre organisme. Je vous suggère de prendre
peut-être quinze minutes du temps pour nous présenter votre
mémoire, lequel, d'ailleurs, a été lu par chaque membre de
cette commission et, ensuite, nous commencerons le dialogue entre les membres
de la commission; le temps sera réparti également entre les deux
formations politiques.
Si vous voulez bien nous présenter les personnes qui vous
accompagnent, M. le président, et enchaîner immédiatement
avec la présentation de votre mémoire.
Société québécoise de
l'autisme
M. Égré (Dominique): Je vous remercie. Je vous
présente Mme Aline Locas, à ma droite, exprésidente de
notre organisme; elle est encore membre de notre conseil d'administration et
elle a été responsable de la rédaction de notre
mémoire. À ma gauche, Mme Doris McMillan, directrice
générale de notre société; elle a constitué
des dossiers sur plusieurs cas problèmes qu'ont vécu des
élèves autistiques.
M. le Président, Mmes et MM. les députés, nous vous
remercions de nous donner cette occasion de présenter notre
mémoire. Avant d'en commencer la présentation, je voudrais
souligner, au nom de notre organisme, notre déception quant au peu de
temps consacré à l'examen du mémoire de la COPHAN et nous
souhaitons que des mesures soient prises pour combler cette lacune.
L'autisme est un handicap très grave qui affecte tous les aspects
du comportement. Il est essentiel que les personnes autistiques puissent
bénéficier, dès le plus jeune âge, de services
d'éducation spécifiques, adaptés au cas de chaque
élève. C'est pourquoi la Société
québécoise de l'autisme a toujours suivi de très
près l'évolution de la législation en matière
d'éducation, comme en témoignent notamment les mémoires
que nous avons rédigés sur le livre blanc: L'école, une
école communautaire et responsable, sur les projets de loi 40 et 3.
De plus, nous complétons à l'heure actuelle un dossier sur
les approches que nous préconisons en ce qui concerne l'éducation
des personnes autistiques. Nous le transmettrons prochaine- ment au
ministère de l'Éducation à titre de complément
à ce mémoire.
Nous ne lirons que les commentaires les plus importants de notre
mémoire et je vais laisser le soin à Mme Locas de vous en faire
part.
Mme Locas: À la page 2, si on prend immédiatement
le chapitre des élèves, Section 1, Droits de
l'élève. Conciente de la problématique que posent les
élèves autistiques, la Société
québécoise de l'autisme souhaite que l'organisation de
"maternelle 4 ans" soit prévue dans le projet de loi 107, afin de
permettre la socialisation des enfants qui ont besoin d'apprivoiser lentement
et l'environnement physique et les personnes. Cette mesure doit être
incluse dans les droits de l'élève et nous demandons que
l'article 1 soit modifié comme suit: "Toute personne âgée
de 4 ans et plus a droit, etc."
De plus, nous nous demandons s'il est utile de pénaliser une
personne handicapée par une attente de six mois avant d'avoir
accès aux services éducatifs prévus par la présente
loi et au régime pédagogique applicable aux adultes. Si, pour
parfaire sa formation, un élève autiste doit terminer ses cours
à l'éducation des adultes, nous trouvons décevant de le
faire attendre six mois surtout si une telle démarche est prévue
dans son plan d'intervention. Il n'est responsable ni de son handicap ni du
retard encouru. L'article 2 devrait donc comporter la disposition suivante:
"Toute personne handicapée qui a atteint l'âge de 22 ans a droit,
dans le cadre des programmes offerts par la commission scolaire à cette
catégorie de personnes, aux services éducatifs prévus par
la présente loi et le régime pédagogique offert aux
adultes."
Nous demandons aussi que soit ajouté, dans la section des droits
de l'élève, un article qui pourrait se lire comme suit: 'Tout
élève handicapé a droit à un plan d'intervention en
services éducatifs. Les parents de l'élève et
l'élève de niveau secondaire doivent participer à
l'élaboration de ce plan d'intervention." Le plan d'intervention que le
projet de loi prévoit à l'article 46 constitue en effet l'outil
essentiel qui permet de structurer des services éducatifs adaptés
aux besoins spécifiques de chaque enfant autisti-que.
La section II sur l'obligation de fréquentation scolaire. Tout
comme on dit: Chat échaudé craint l'eau froide, la
Société québécoise de l'autisme s'inquiète
de l'interprétation qui pourrait être faite au deuxième
alinéa de l'article 12 se lisant comme suit: "Est dispensé de
l'obligation de fréquenter l'école publique l'élève
qui: "2° en est exempté par la commission scolaire en raison de
maladie ou pour recevoir des soins ou traitements médicaux requis par
son état de santé;". Dans l'esprit de la Société
québécoise de l'autisme autant que dans celui de
la politique "À part... égale" que s'est donnée le
gouvernement du Québec, un handicap n'est pas une maladie. Mais en
est-il de même dans l'esprit de toutes les commissions scolaires surtout
en ce qui a trait à l'autisme infantile? Pour respecter le droit de tous
les élèves, nous demandons que le fardeau de la preuve soit
assumé par la commission scolaire et, de plus, nous demandons que le
projet de loi 107 prévoie la nomination d'un protecteur de
l'élève dans chaque région administrative.
Chapitre II, section I sur les droits de l'enseignant. La
Société québécoise de l'autisme a recommandé
à maintes reprises une stabilisation des enseignants chargés de
l'éducation des élèves autistiques. On peut envisager, par
exemple, la reconnaissance de ce domaine comme un champ d'enseignement
spécialisé où l'ancienneté doit être
pondérée par une formation particulière. Une telle mesure
serait à l'avantage des élèves autistiques qui
requièrent une stabilité dans leurs relations et serait aussi
à l'avantage de l'État qui déboursera pour
spécialiser ce personnel.
Quant à l'autorisation d'enseigner, nous tenons à garantir
aux élèves autistiques un enseignement de qualité. Aussi,
nous sommes étonnés de retrouver à l'article 20 une
dérogation à la nécessité d'un brevet d'enseignant.
Nous craignons fortement que ce soient nos enfants qui fassent les frais d'un
enseignement à rabais.
Chapitre III sur l'école. Vous me permettrez de passer le premier
paragraphe et de m'en aller immédiatement au deuxième. Bien que
reprenant le concept de "projet éducatif', l'approche plus pragmatique
du projet de loi 107 suscite moins d'appréhensions que les projets de
loi 40 et 3. La définition de l'école, à l'article 35, qui
établit son cadre et ses limites et les responsabilités plus
étendues du directeur de l'école qui est placé sous
l'autorité de la commission scolaire, établissent plusieurs
points de référence pour l'élaboration du projet
éducatif. Toutefois, nous souhaiterions que l'article 36 relatif
à la nature du projet éducatif soit beaucoup plus explicite
à cet égard. En particulier, il devrait définir clairement
ce que constitue un projet éducatif tout en précisant que
celui-ci demeure soumis à toutes les dispositions qui régissent
l'école, y compris le droit à l'éducation de tout enfant
dans le respect de ses valeurs. Aussi, le dernier paragraphe de l'article 36
devrait préciser à quoi se réfèrent l'application,
"l'enrichissement et l'adaptation" des orientations du projet éducatif
et des mesures prises par le directeur de l'école.
Par ailleurs, nous trouvons très positif rétablissement
d'un plan d'intervention par le directeur de l'école pour tout
élève handicapé ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage. Cependant, en raison de la complexité des interventions
et des connaissances spécialisées qu'elles exigent, nous estimons
qu'il est souhaita- ble que ce plan soit établi avec l'aide d'un
conseiller en éducation spécialisée qui veillerait en
particulier à la continuité du plan d'intervention et à
son évolution. Bien qu'ayant conservé le mot consultation dans le
libellé que nous proposons pour l'article 46, il n'en demeure pas moins
que dans notre esprit, il s'agit bel et bien d'une participation des parents de
l'enfant handicape.
Je me réfère maintenant à la page 7 de notre
mémoire, tout ça pour essayer de sauver un peu de temps.
Comités de la commission scolaire. Dans cette section, nous nous
attarderons sur les articles de loi qui favorisent la participation des
parents. La Société québécoise de l'autisme appuie
la création du comité consultatif des services aux
élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Nous demandons toutefois une
modification de la composition de ce comité tel que
précisé à la page 7 et je m'éviterai ainsi la
lecture.
En ce qui a trait au rôle de ce comité, conformément
à la politique de la Société québécoise de
l'autisme, nous demandons que son but premier soit de favoriser
l'intégration. De plus, il est essentiel pour les enfants
handicapés ou en difficulté, et c'est le cas des enfants
autistiques en particulier, que toute intervention dans le domaine de
l'éducation soit bien coordonnée avec toute autre intervention de
nature thérapeutique ou sociale. C'est en ce sens que nous avons
modifié le premier alinéa de cet article.
De son côté, l'article 170 sur le comité consultatif
de transport est peu explicite tant sur sa composition que sur son rôle.
Nous demandons que deux articles de loi lui soient consacrés, lesquels
on peut lire en pages 9 et 10 du mémoire. Le premier définit sa
composition et le second, les fonctions qui lui sont dévolues. Vous
retrouvez en fait deux articles qu'on retrouvait dans le projet de loi 3.
Fonctions de la commission scolaire. Dans le but d'assurer à tous
les élèves leur droit à des services éducatifs,
nous croyons que le projet de loi 107 doit spécifier à l'article
191 ce qu'il entend par "lorsque les circonstances l'exigent". De plus, afin de
responsabiliser la commission scolaire d'origine, l'article 192 devrait
spécifier: Pour l'exercice de cette fonction et tout en demeurant
responsable des personnes relevant de sa compétence, la commission
scolaire doit notamment...".
À l'article 195, au troisième alinéa, nous doutons
que la commission scolaire soit un conciliateur acceptable dans "les
différends qui peuvent s'élever relativement aux écoles et
aux centres d'éducation des adultes de son territoire, entre les parents
ou les enfants et les enseignants, ou entre les adultes et les enseignants".
Nous recommandons à nouveau que cette fonction soit exercée par
le protecteur de l'élève déjà mentionné au
chapitre I sur les droits de l'élève.
Le troisième alinéa de l'article 196 devrait apporter la
nuance suivante: La commission scolaire obtient l'accord des parents de chaque
élève ou de l'élève adulte visé par une
telle entente et demeure responsable du plan d'intervention de chaque
élève. Comme vous le voyez, notre position ne modifie pas
tellement celle de la COPHAN ou celle de l'AQPEHV.
Dans les fonctions reliées aux services éducatifs, nous
souhaitons que l'article 206 explique ce que sont les services éducatifs
complémentaires et particuliers. Nous ne pouvons qu'être en accord
avec l'émission d'équivalences d'études où nous
retrouvons un avantage très net pour l'élève
handicapé dans le libellé de l'article 214.
Tous les articles touchant les services aux élèves
handicapés ont retenu notre attention, particulièrement l'article
217 que nous souhaitons modifier comme suit dans le même esprit que
l'article 169: La commission scolaire adopte, par règlement,
après consultation du comité consultatif des services aux
élèves handicapés et en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage, les normes d'organisation des services éducatifs
à ces élèves dans le but de favoriser leur
intégration dans les classes ou groupes ordinaires et aux autres
activités de l'école chaque fois que cela est propre à
faciliter l'insertion sociale de l'élève et ses
apprentissages.
Ce règlement do>t notamment prévoir les
modalités d'évaluation des élèves handicapés
et des élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage et les modalités d'élaboration et de
révision des plans d'intervention; les modalités
d'intégration de ces élèves dans les classes ou groupes
ordinaires; les modalités de regroupement de ces élèves
dans des écoles, des classes ou des groupes spécialisés;
les modalités de coordination des plans d'intervention et les ressources
humaines que la commission scolaire affecte à l'application du
règlement.
Par ailleurs, nous nous inquiétons qu'une loi sur l'instruction
publique comprenne une disposition qui permettrait à une commission
scolaire d'expulser un enfant de l'école "pour une cause juste et
suffisante". Une telle disposition n'équivaut-elle pas à une
négation du droit à l'éducation? Une des principales
responsabilités de toute commission scolaire n'est-elle pas de fournir
des services d'éducation appropriés à tout enfant?
Enfin, nous recommandons qu'un article prévoie que toute
commission scolaire qui organise des services éducatifs aux
élèves handicapés et en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage nomme un responsable de ces services.
Si vous le permettez, nous passerons immédiatement à la
page 15 du mémoire.
Gouvernement et ministre de l'Éducation. Nous sommes
généralement en accord avec les fonctions et pouvoirs
dévolus au gouvernement et au ministre de l'Éducation. Toutefois,
nous recommandons que l'article 417 relatif à la réglementation
du transport des élèves spécifie que cette
réglementation doit également s'appliquer au transport des
élèves handicapés et des élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. En effet, ces
élèves demeurent souvent loin de leur école et les
contraintes propres à leur handicap exigent souvent des conditions
très particulières de transport.
De plus, étant donné le leadership que doit assumer le
gouvernement vis-à-vis des commissions scolaires concernant
l'éducation des élèves handicapés et en
difficulté, nous suggérons que l'article 414 soit
reformulé de la façon suivante: Le gouvernement établit -
dans le mémoire de COPHAN, on disait "doit établir", je pense que
cela revient au même - par règlement, la nature des services
éducatifs particuliers aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage et
prévoit les aspects à considérer dans
l'établissement des plans d'intervention selon chaque type de
déficience.
Si vous le permettez, M. le Président, bien que n'ayant pas
été mentionné dans notre mémoire, nous
désirons ajouter que la SQA appuie la position de la
Confédération des organismes provinciaux de personnes
handicapées en ce qui concerne l'article 428 relatif à
l'établissement d'une liste de services particuliers aux
élèves handicapés. Nous estimons aussi que cet article
doit préciser que la commission scolaire d'origine demeure responsable
du suivi du plan d'intervention de tous les élèves qui
relèvent de sa compétence.
Je laisse maintenant à M. Égré le soin de
présenter la conclusion.
M. Égré: À travers ces nombreuses
interventions sur les services éducatifs, la Société
québécoise de l'autisme a toujours fait valoir l'importance d'une
approche individualisée et réévaluée
périodiquement auprès de l'élève autistique. Aussi,
nous estimons que l'établissement par le directeur de l'école
d'un plan d'intervention pour tout élève handicapé ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage constitue un apport
très positif du projet de loi. Le rapport sur les services
éducatifs que la Société québécoise de
l'autisme est sur le point de soumettre au ministre de l'Éducation
portera justement sur un modèle de plan d'intervention pour les
élèves autistiques. L'élaboration d'un tel plan doit
notamment couvrir les volets suivants: la communication et le langage,
l'autonomie fonctionnelle, la socialisation et le jeu, l'élimination des
problèmes de comportement, le développement sensoriel et cognitif
et, enfin, la formation académique adaptée et l'apprentissage en
milieu de travail.
Nous estimons par ailleurs, qu'au-delà de l'établissement
du plan d'intervention, une loi sur l'instruction publique devrait
définir beaucoup plus clairement les principes d'éducation et
d'organisation des services d'éducation à offrir aux enfants
handicapés ou en difficulté d'adapta-
tion ou d'apprentissage. Ces principes ont déjà
été longuement décrits dans plusieurs rapports dont
l'"Avis sur l'autisme et les autres psychopa-thologies graves de
l'enfance."
Essentiellement, il s'agit en premier lieu de favoriser
l'intégration des enfants en difficulté dans un milieu le plus
normal possible, en particulier leur insertion dans des classes
régulières. Il s'agit également d'assurer la
complémentarité des services à offrir aux enfants en
difficulté au niveau régional. Ceci implique l'attribution de
responsabilités étendues et claires aux commissions scolaires
dans ce domaine ainsi que des pouvoirs de faire appliquer leurs
décisions dans chaque école. La plupart des modifications ou
additions au projet de loi que nous préconisons dans ce mémoire
vont dans le sens de ces principes.
Enfin, nous souhaitons que les débats sur les regroupements des
commissions scolaires selon la langue ou la religion ne viendront pas retarder
ou même bloquer l'adoption de ce projet de loi où nous retrouvons
plusieurs apports positifs pour les personnes autistiques. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Égré. Maintenant, je reconnais, dans un premier
temps, M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le président et mesdames, je
vous félicite pour la qualité de votre mémoire. Je pense
que la Société québécoise de l'autisme, dont vous
êtes les représentants, s'est donné la peine
d'étudier en profondeur le projet de loi 107, dont vous avez pris
connaissance et dont vous avez pu établir les pour et les contre.
Votre rapport est précis, dans le sens que vous apportez des
propositions ou des amendements qui sont virtuellement précis et qui
pourraient peut-être être analysés au mérite par les
politiciens ou les représentants du gouvernement.
Pour répondre à votre préoccupation du
début, vous avez semblé faire un reproche à la commission
de ne pas avoir entendu assez longtemps la COPHAN. Je dois vous dire que
c'était une entente préalable que nous avions prise, tant le
parti ministériel que le parti de l'Opposition, pour entendre tous les
groupes...
M. Jolivet: Non, ce n'est pas vrai.
Mme Blackburn: II n'y a pas eu d'entente.
M. Jolivet: Ce n'est pas vrai.
M. Tremblay (Rimouski): ...y compris...
M. Jolivet: Ce n'est pas vrai, vous l'avez imposé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Tremblay (Rimouski): ...les groupes nationaux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: Non, non, ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre!
À l'ordre! Madame...
Mme Blackburn: M. le Président, je pense qu'il faut
corriger immédiatement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon? Mme
Blackburn: Immédiatement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, un
instant! J'ai été témoin de la déclaration du
député de Rimouski et j'étais aussi présent lors de
la réunion préparatoire de nos travaux et cela a
été accepté sur division. M. le député de
Rimouski, vous avez la parole. (16 h 30)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, étant
donné que le président a précisé notre rencontre
antérieure, je dois vous dire que nous avions et avons l'intention
d'entendre tous les groupes et nécessairement, nous avons partagé
de la façon la plus équitable possible le temps entre ces
différents groupes. Nous avons aussi pris connaissance de vos rapports
et nous devons aussi vous dire que nous aimons beaucoup vous entendre et
essayer de comprendre vos préoccupations.
Pour en venir à des questions beaucoup plus pertinentes à
votre mémoire vous semblez, en ce qui concerne le droit de
l'élève, faire une allusion à ce que la loi ou le projet
de loi soit modifié pour que les enfants soient reconnus à partir
de quatre ans, c'est-à-dire qu'on ait une préoccupation des
enfants à partir de l'âge de quatre ans plutôt que de cinq
ans. Si je comprends bien, cela vous permettrait de déceler davantage
les déficiences de ces enfants-là ou d'avoir un meilleur
soutien.
M. Égré: Non, pas nécessairement de les
déceler. Dans le cas de l'autisme, je pense qu'il était reconnu
qu'une intervention le plus tôt possible, dès la
prématernelle en fait, était essentielle pour avoir un pronostic,
sinon positif au moins encourageant. C'est pour cela qu'on estime que c'est
très important qu'un enfant autistique puisse bénéficier
de stimulation dès le plus jeune âge et c'est dans ce
sens-là que...
M. Tremblay (Rimouski): Est-ce que si...
M. Égré: Dans la mesure où l'enfant
autistique a pu être diagnostiqué jeune... M. Tremblay
(Rimouski): Oui.
M. Égré: ...je pense que c'est très
important qu'il puisse bénéficier le plus tôt possible de
services éducatifs.
M. Tremblay (Rimouski): Cela vous permettrait aussi d'avoir une
intervention à plus bas âge et un meilleur suivi.
M. Égré: Exactement.
M. Tremblay (Rimouski): Cela va.
Mme Locas: Est-ce que je pourrais compléter?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Mme Locas: II ne faut quand même pas retourner très
loin en arrière pour réaliser que les professionnels
médicaux suggéraient autrefois très fortement aux parents
qui avaient un enfant autistique de le placer dès le plus bas âge.
Maintenant la tendance est changée. On parle beaucoup
d'intégration sociale. Les enfants autistiques demeurent dans leur
famille et, autant que possible, nous cherchons en tant que parents à
les intégrer dans le milieu le plus normalisant possible. En demandant
des maternelles à quatre ans, cela permettrait à nos enfants, qui
ont quand même plus de difficultés que d'autres à s'adapter
à un milieu et à un changement, d'avoir un an de plus pour
vraiment apprivoiser. Quand on dit apprivoiser, ce n'est pas pour rien. C'est
qu'ils ont énormément de difficultés à apprivoiser
autant les lieux que les personnes. À ce moment-là, cela leur
permettrait d'entrer lentement à l'école, lentement avec les
autres enfants et peut-être un jour d'espérer pouvoir continuer
avec les autres enfants dans les écoles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député.
M. Tremblay (Rimouski): En ce qui concerne l'élève,
vous semblez avoir une petite difficulté en ce qui a trait aux six mois
d'attente pour passer de l'éducation secondaire aux adultes. Si je
comprends bien, vous voudriez que ces six mois d'attente disparaissent pour
être reconnu comme véritablement un élève
d'éducation des adultes?
M. Égré: Je ne vois pas de raison pour
pénaliser un élève autistique, pour lui faire subir une
coupure de six mois dans les services éducatifs qu'il reçoit. On
ne comprend pas le...
M. Tremblay (Rimouski): C'est parce que la loi sur
l'éducation des adultes dit que pour avoir droit ou être reconnu
comme élève à l'éducation des adultes, il faut
avoir terminé ou encore avoir cessé d'aller à un autre
niveau pendant six mois. C'est cette période-là qui vous cause
problème.
Mme Locas: Oui, exactement. Parce que dans le cas d'un
élève autistique qui peut être à l'école
régulière jusqu'à 22 ans, si malheureusement il a 22 ans
au mois de juin, cela veut dire qu'il ne pourra pas compléter sa
formation avant janvier ou février. Mais pour un enfant autistique,
comme pour plusieurs enfants handicapés, une attente de six mois marque
une régression. Alors, ce serait intéressant pour nous que
l'éducation des adultes offre d'abord un support, une continuité
dans ce type de service, mais aussi qu'elle permette, si l'enfant autistique a
acquis assez d'habileté académique pour pouvoir compléter
un secondaire, d'avoir accès immédiatement sans coupure de temps
à l'éducation des adultes.
M. Tremblay (Rimouski): Comme dans tous les autres rapports que
nous avons entendus ce matin et cet après-midi, vous semblez attacher
beaucoup d'importance au plan d'intervention qui est déjà reconnu
dans l'article 46. Et vous allez plus loin. Vous précisez le plan
d'intervention pour la catégorie d'élèves que vous
représentez. Est-ce que tous les groupes sont en mesure de
présenter des rapports semblables?
Mme Locas: D'autres associations?
M. Tremblay (Rimouski): Des autres associations.
Mme Locas: Oh, je n'en sais rien. Ce n'est pas une chose qu'on a
discutée en collectif. Tout ce que je vous dis, c'est que...
M. Tremblay (Rimouski): Votre COPHAN en a-t-elle
parlé?
Mme Locas: Non, je pense qu'en collectif avec COPHAN, on ne peut
pas discuter comme cela d'un plan d'intervention pour les différentes
clientèles.
M. Tremblay (Rimouski): D'accord.
Mme Locas: II n'en a même pas été question,
disons, dans les réunions de COPHAN. Nous, à la
Société québécoise de l'autisme et au conseil
d'administration de la Société québécoise de
l'autisme, on a voulu se pencher pour savoir quels volets devrait comprendre un
plan d'intervention pour enfants autistiques. D'ailleurs on va présenter
un document au ministère de l'Éducation dans les plus brefs
délais, dès qu'il sera complété.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
M. Tremblay (Rimouski): Une dernière intervention, pour ce
qui est de la stabilisation des enseignants chargés de
l'éducation des élèves autistiques, vous semblez, je ne
sais pas, avoir une assurance que ces professeurs seront des professeurs
qualifiés. Vous avez une certaine appréhension en ce qui concerne
une dérogation possible. S'il n'y a pas de professeurs formés
dans cette discipline, qu'est-ce que vous faites?
Mme Locas: Je crois, à ce moment-là, que ce serait
aux commissions scolaires...
M. Tremblay (Rimouski): À avoir une dérogation?
Mme Locas: Non, pas à avoir une dérogation, mais
à former les enseignants qu'elles placeront auprès de cette
clientèle. Nous, ce qu'on craint surtout, c'est le droit de
dérogation au sujet de l'enseignement qui ne mène pas à un
certificat reconnu par le ministère de l'Éduca-tiion. Je pense
qu'il est très fréquent dans les groupes d'adaptation scolaire
que les élèves finissent à 22 ans, 21 ans, sans avoir
aucune certification reconnue du ministère de l'Éducation.
À ce moment-là, nous nous posons la question: Est-ce qu'un
concierge pourrait enseigner?
M. Tremblay (Rimouski): D'accord, madame.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors je remercie
M. le député. Je reconnais maintenant la porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation, Mme la députée
de Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
M. le président, mesdames, il me fait plaisir de vous accueillir.
Je voudrais prendre la parole simplement pour faire une mise au point qui
m'apparaît nécessaire, et pour réitérer l'offre que
j'ai faite tout à l'heure. D'abord la mise au point est la suivante. Au
moment où nous avons examiné l'agenda de cette commission
parlementaire, pour finir d'entendre les groupes au sujet des projets de loi
106 et 107, lors de la séance de travail, j'ai insisté pour qu'on
donne un peu plus de temps aux organismes, et j'appuyais mon argumentation sur
le fait que nous étions en vacances, c'est-à-dire en vacances de
session. Alors que nous étions en session au mois de mai, on a entendu
les groupes une heure ou une heure trente, selon l'importance du groupe. On
était en pleine session, un peu débordé, et on a
trouvé le moyen de consacrer beaucoup de temps. Alors j'invoquais le
fait qu'étant en congé de session, on aurait plus de temps pour
entendre les organismes, ce que je souhaitais. La première proposition
qui nous est arrivée, probablement par erreur, venait du cabinet et on
proposait quinze minutes par organisme, et on a copie du texte en main.
À ce moment-là, on a négocié et on a obtenu 45
minutes. Je voulais seulement faire cette mise au point parce qu'on ne peut pas
laisser dire n'importe quoi. Et moi je voudrais réitérer mon
offre à la partie ministérielle et au ministre. S'il souhaite
rencontrer à nouveau COPHAN, et je pense pouvoir en dire autant de mes
collègues, nous nous engageons à nous rendre disponibles. Alors,
si vous permettez, M. le Président, je laisserai à mes
collègues le soin de faire les prochaines interventions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui veut
intervenir du côté de l'Opposition?
M. Jolivet: M. le Président...
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse, il y a une
intervention qui a été faite et qui demande une
réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
ministre, vous avez raison.
M. Ryan: Je voudrais dire à la députée de
Chicoutimi, qu'il est pas mal tard pour jouer au pharisaïsme. Les choses
ont été discutées, arrêtées, nous suivons le
programme qui a été établi avec le consentement de la
majorité, comme c'est la règle du Parlement. Et nous n'avons, du
côté ministériel, aucune espèce de leçon
à recevoir de l'Opposition. Je garde le souvenir, et les organismes qui
sont ici le conserveront autant que moi, du très peu de temps qui avait
été donné à toute cette panoplie d'organismes lors
des audiences sur le projet de loi 3. Je pense qu'on leur avait donné
deux heures en tout, pour tout le monde. On a dit: Mettez-vous tous ensemble
autour d'une table, venez tous ensemble dans le même paquet. Nous prenons
l'équivalent de presque une journée. Ensuite, nous n'avons pas
mis de clôtures. Lors des audiences sur le projet de loi 40, il est bon
de le rappeler, le ministre était arrivé un bon soir,
complètement au bout de sa corde, parce que les oppositions
étaient tellement nombreuses, et il avait mis fin cavalièrement
aux audiences alors qu'il y avait une commission scolaire qui était
venue de l'Estrie pour se faire entendre. Et quand est arrivé le projet
de loi 3, rappelez-vous ce qu'a fait le ministre du temps. Il a dit: Ce sera
ci, et ce sera ça, et ce sera ça, et c'est seulement quelques
organismes, et les autres, dehors. Ils n'ont même pas pu entrer. Alors
c'est le dossier véritable. Et nous avons reçu tous les
organismes qui ont demandé à être entendus, je pense que
ces gens-à sont entendus avec respect, et je constate sans en faire
l'objet d'une critique, qu'il y a beaucoup de points qui étaient
soulevés dans le mémoire de la confédération ce
matin qui reviennent dans les mémoires subséquents. Nous avons
par conséquent amplement de temps pour étudier les propositions
principales soumises à la commission parlementaire au titre
des questions que nous examinons aujourd'hui et nous entendons nous en
tenir fermement et fidèlement à l'horaire qui a été
fixé d'ici la fin des auditions publiques de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela dit, M. le
ministre, Mme la députée, je vous donne une dernière
chance de répliquer et, après cela, on va s'en tenir à
l'objet de la présente séance, soit l'audition du groupe qui est
devant nous. Je vous reconnais.
Mme Blackburn: M. le Président, je vais être
brève parce que je veux laisser du temps à l'organisme, mais je
pense aussi que si on réagit ainsi c'est à la suite des propos
tenus par le député de Rimouski qui dit n'importe quoi à
ce sujet-là. Pour le projet de loi 40, il y a eu une
réécriture du projet de loi 40 et pour le projet de loi 3, le
ministre se le rappelle, il est bien capable parce qu'il dit toujours que la
polémique c'est son pain et son beurre, il avait utilisé des
mesures dilatoires. Cela veut dire quoi? Cela veut dire qu'à un moment
donné, il était décidé à bloquer l'adoption
du projet de loi. Alors je pense que c'est un tout autre dossier. Dans ce
sens-là, M. le Président, je pense que la discussion pour moi est
close, mais je trouve qu'il fallait faire cette mise au point parce qu'on ne
peut pas laisser dire n'importe quoi alors qu'on sait que c'est
enregistré au Journal des débats.
M. Ryan: Je pense qu'il y a un droit de réplique M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, je vous le
reconnais, mais brièvement, M. le ministre.
M. Ryan: Très brièvement. Je ne voudrais pas que la
discussion se termine sur une fausseté. Ce à quoi j'ai fait
allusion, c'est la liste d'organismes qui a été établie en
prévision des auditions publiques tenues par la commission parlementaire
après que le projet de loi 3 eut été déposé
et c'est le gouvernement qui a dit: Cela va être une liste très
limitée avec un temps très limité. Le député
de Laviolette qui est ici s'en souviendra très bien et le reste...
Mme Blackburn:...
M. Ryan: Le député de Saint-Henri qui était
mon collègue à la commission à l'époque s'en
souvient. On pardonne à la députée de Chicoutimi de ne pas
le savoir, elle n'était pas là à l'époque, mais au
moins, elle pourrait se dispenser de faire des résumés qui sont
inexacts.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
M. le ministre. J'ai apprécié ces mises au point et j'ai
apprécié aussi ces interventions, mais je vous ferai remarquer
que ce genre d'interventions, les parlementaires que vous voyez devant vous,
mes chers invités, auront la chance de les répéter lors de
l'étude article par article de ce projet de loi. Actuellement, l'objet
de notre rencontre c'est de vous entendre. Je reconnais M. le
député de Laviolette. Vous avez la parole M. le
député.
M. Jolivet: Merci M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir que j'ai pris connaissance de votre mémoire d'autant plus que
j'ai une amie que vous connaissez très bien, qui fait partie d'une
association régionale, Mme Rollande Cloutier et avec laquelle j'ai eu
beaucoup de discussions sur le problème qui est devant nous. D'autant
plus que j'ai fait mention ce matin de problèmes entre le
ministère des affaires sociales, qu'on appelle maintenant le
ministère de la Santé et des Services sociaux, versus le
ministère de l'Éducation du Québec, versus aussi, lors de
l'événement qui va survenir plus tard, le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Chacun se relance la
balle pour certaines actions à prendre disant que c'est à l'autre
à le faire et c'est pour cela qu'à un moment donné, dans
l'histoire du Québec, est arrivé l'ensemble du groupe MAS-MEC,
qu'on a continué à appeler MAS-MEC, et qui essaie de faire en
sorte que les ministères ne se relancent pas la balle l'un à
l'autre et finalement, se donnent la chance de ne rien faire. J'ai même
fait des interventions pour votre organisation puisque, à la suite d'une
discussion qui avait été faite par l'association dynamique de la
région, le centre régional des services sociaux et du service de
santé avait accepté d'engager une personne par
l'intermédiaire d'un CSS, en tout cas, selon les formules habituelles et
j'ai reçu son rapport dernièrement - parce que j'avais
demandé qu'on m'envoie le rapport - me permettant ensuite de continuer
à faire des démarches auprès du ministère de la
Santé et des Services sociaux pour maintenir ce poste de coordination
qui est essentiel dans la région étant donné aussi les
difficultés que l'on a sur un vaste territoire. J'en faisais un peu
mention ce matin. J'ai une personne qui est à
Saint-Joseph-de-Mékinac. Pour ceux qui connaissent la région,
quand tu es rendu au bout de Saint-Joseph-de-Mékinac, il faut que tu
reviennes, il n'y a pas d'autre route, ce qui fait que les problèmes
qu'ont les parents, c'est de passer de l'un à l'autre. Je fais appel au
CSS à Shawinigan. Après cela, je fais appel à l'aide
sociale parce qu'il y a un problème avec le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Je m'en vais
après cela à l'organisation qui est à Grand-Mère
maintenant, mais qui fait partie de tout l'ensemble de la région qui est
un centre de travail adapté. Puis, là, la mère est
placée devant un fait bien évident, parce que je veux en arriver
à mon point principal pour le moment qui est la question du transport.
Je dis: Madame, si vous avez quelqu'un qui est capable de prendre votre enfant
le matin, l'amener là-bas, aller le chercher le soir, pas de
problème,
on va vous donner 0, 13 $ le mille. Mais la mère dit: Je ne peux
pas faire cela à tous les jours ces choses-là; mon enfant a
besoin de services, je n'en ai pas, comment vais-je m'y prendre? (16 h 45)
D'un autre côté, vous avez la commission scolaire qui
semble se décharger en disant: Cet enfant-là, on n'est pas
capable de lui donner le service. Allez-voir le CSS ou l'aide sociale qui va
vous dire comment procéder pour avoir l'argent. Et finalement, on se
retrouve avec la personne qui me dit... C'est ce que je ne comprends pas. On
prend un détenu à Montréal - je le réexplique comme
je le disais ce matin - on l'envoie à Québec. C'est payé
par la société. Personne ne se pose des questions. Cela
coûte de l'argent. Pendant ce temps-là, on en prend un autre
à Québec et on l'envoie à Montréal pour toutes
sortes de raisons. Pendant ce temps-là, on prend une personne qui est
âgée, qui est en difficulté, qui a besoin d'une ambulance
et on l'amène à l'hôpital et c'est payé par la
société. Mais quand il s'agit de nos enfants, on n'a pas ce
service-là. Or, vous faites une proposition quant à
l'intégration des personnes qui doivent être sur le comité
de transport d'une commission scolaire ou de l'ensemble parce que l'Atelier
centre du Québec qui est l'ancien Atelier protégé, comme
on l'appelait à l'époque, avait un service de transport de
personnes handicapées, quelle que soit la forme. Aujourd'hui elle ne l'a
plus. Elle a vendu son autobus parce que le ministère ne voulait plus
payer.
Alors on s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui manque de
coordination à ce chapitre-là. Et vous proposez, au niveau de la
commission scolaire, qu'il y ait une meilleure coordination du transport. Vous
faites une proposition... Vous avez dit: Vous avez la chance de la lire. Mais
est-ce que vous pouvez nous en donner davantage, comment vous le voyez dans vos
régions parce que vous êtes représentants pour tout le
Québec actuellement?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors qui est-ce
qui va donner la réplique?
Mme McMillan (Doris): A titre de cas, on a des exemples
continuellement de parents qui ont de graves problèmes de transport en
plus des problèmes de scolarisation. Parmi les cas que j'ai
présentement sous les yeux, j'ai un enfant qui est voyagé de
Huntingdon tous les jours. C'est un enfant de huit ans qui est autistique, qui
demeure à Huntingdon et qui reçoit des services à
l'hôpital Douglas. Cela veut dire que cet enfant-là fait 90
minutes de transport matin et soir. Compte tenu de la température et des
saisons qu'on a, cela peut même être plus long. Alors c'est
vraiment inacceptable. Et il y a même certaines commissions scolaires,
même quand le transport est de leur ressort, qui vont amener des
problèmes. Il y a des parents qui nous téléphonent. C'est
très bien. C'est explicite que c'est leur commission scolaire qui doit
donner le transport et ils vont leur dire que cela coûte trop cher pour
ceci ou pour cela. Et il peut même y avoir un retard pour l'enfant en
septembre parce que le transport n'est pas organisé. C'est
compliqué. C'est onéreux. Alors c'est un problème
très grave dans bien des cas qui accroît la lourdeur du handicap
et de toutes les autres difficultés.
M. Jolivet: Ce que je comprends mal dans cela - je me suis
occupé d'organisation syndicale à l'époque, je ne le
comprenais pas non plus à ce moment-là et cela n'a pas
évolué beaucoup - c'est qu'on dit: Cela coûte trop cher.
Mais pourquoi cela coute-t-il trop cher? Quel transport coûte trop cher?
Est-ce parce que le transport subventionné ne permet pas cela? Ou est-ce
qu'il devrait y avoir à l'intérieur des budgets dans des cas
comme ceux-là, des dérogations que la commission scolaire
pourrait demander pour être payée plutôt que de le
transférer d'un ministère à l'autre?. Tout à
l'heure je vous disais que c'était l'aide sociale qui payait dans un
cas, dans un autre cas c'est le CSS parce que c'est un autre budget, à
un autre moment donné, c'est par l'Atelier centre du Québec. La
commission scolaire semble s'en décharger en disant: S'il y a quelqu'un
qui est prêt à le payer à 0, 13 $ le kilomètre, pas
de problème. Vous savez qu'actuellement c'est 0, 28 $, 0, 29 $ pour les
fonctionnaires. On propose aux parents 0, 13 $ le kilomètre en leur
disant: Débrouillez-vous pour le reste.
Mme McMillan: II y a des ententes qui se font et nous sommes au
courant de cela. Je pense qu'on préconise que ce soit la commission
scolaire dont l'enfant origine qui doive payer le transport mais il y a des
commissions scolaires qui vont offrir à des parents... On a dans notre
association un parent qui demeure en région et à qui on a dit: Si
ta femme veut reconduire l'enfant à tel endroit, on va lui payer tant.
Alors il y a encore de ces ententes que j'appellerais à la bonne
franquette qui, c'est sûr, en bout de ligne sont souvent moins
coûteuses mais qui ne devraient pas être faites. Je ne pense pas
que ce doit être la mère d'un enfant qui doive le véhiculer
d'un endroit à l'autre. Alors peut-être que s'il y avait une loi
très précise à ce chapitre-là et sur les
responsabilités que la commission scolaire doit avoir quant au
transport...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
madame. Je reconnais maintenant Mme la députée de Marie-Victorin
pour une dernière intervention.
Mme Vermette: Oui, alors comme il reste peu de temps... On
discute depuis 1981, on est en période de réflexion. Il est grand
temps qu'on passe à l'action. J'aimerais que vous me disiez en fin de
compte pourquoi vous avez peur? Vous
avez marqué: "Chat échaudé craint l'eau froide."
À quoi référez-vous à ce moment-là en
parlant de l'interprétation qu'on pourrait faire de l'obligation de
fréquenter l'école? J'aimerais que vous alliez beaucoup plus en
profondeur là-dessus.
Mme McMillan: C'est parce qu'à notre association, on a
trop de cas difficiles où des parents, des enfants ne reçoivent
pas les services qu'ils sont en droit de recevoir dans leur commission
scolaire. Combien de fois des parents nous appellent. La commission scolaire va
leur dire: On n'a pas de service pour votre enfant, point, bonjour, c'est
terminé. Il arrive continuellement que des enfants sont retournés
de l'école. On ne peut rien faire pour votre enfant, ramenez-le chez
vous! Cela arrive. Ce sont des situations qui nous sont très
concrètes. Des parents qui sont à la pêche de services, qui
se font refuser. Leur commission scolaire le leur dit, ce n'est pas la
commission scolaire qui prend la charge. C'est sûr que, comme
association, on conseille aux parents d'aller aux services d'adaptation
scolaire et de laisser les personnes qui sont des professionnels faire les
démarches. Elles ont une responsabilité. Mais les parents
viennent complètement angoissés, ils vont magasiner
eux-mêmes leurs services, ils se font même refuser dans des
services spécialisés très souvent. Il y a des parents qui
sont continuellement à la pêche de services pour leurs enfants, ce
qui est vraiment incroyable.
M. Égré: Si vous me le permettez, je voudrais juste
ajouter quelque chose en relation directe avec la recommandation que l'on fait
à cet égard. On a même vu des cas de commissions scolaires
qui votent par règlement d'exclure des écoles des enfants qui ne
sont pas autonomes, qui ne sont pas propres. Quand on voit l'article 12 qui
dit: Est dispensé de l'obligation de fréquenter l'école
publique l'enfant qui en est exempté par la commission scolaire en
raison de maladie, c'est là où on est très inquiet. C'est
assez facile de trouver toutes sortes d'excuses pour ne pas intégrer un
enfant autistique dans une école.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Égré.
Rapidement, s'il vous plaît!
Mme Vermette: J'ai une seule question. Pourquoi demandez-vous que
le fardeau de la preuve ne repose pas maintenant sur les parents mais sur la
commission scolaire pour l'obligation... Vous marquez: Pour respecter le droit
de tous les élèves, nous demandons que le fardeau de la preuve
soit assumé par la commission scolaire et de plus nous demandons que la
loi 107 prévoie la nomination d'un protecteur de l'élève
pour chaque région administrative. C'est pour faire valoir la
possibilité à l'enfant de fréquenter une école?
M. Égré: C'est exactement d'avoir certaines
balises, certaines garanties qu'une commission scolaire ne décidera pas
à la légère d'exclure un enfant sous toutes sortes de
prétextes, qu'elle ne soit pas capable d'assumer les services.
Mme Vermette: Comme cela s'est fait par le passé.
Mme Locas: Juste un bref exemple. On a vu dernièrement, il
y a peut-être deux ans, un enfant qui avait été
intégré dans une classe d'adaptation scolaire dans une
école régulière à l'élémentaire,
classe qui regroupait des multihan-dicaps si on veut ou
multidéficiences, ce serait peut-être plus juste. Parce que la
direction de cette école était en faveur de l'intégration
des enfants handicapés et parce que l'enseignant avait le goût de
relever le défi, cela a bien fonctionné mais l'année
où la direction a changé et l'enseignant aussi, on a
enduré, si on peut dire, l'enfant jusqu'en janvier et en janvier les
parents devaient rencontrer la direction pour réajuster à ce
moment-là ce qu'on appelait le plan de services de cet enfant-là
et ils se sont fait dire: II n'y aura plus de service pour votre enfant, il ne
cadre plus dans notre école. Est-ce que l'école avait à ce
point changé ou si c'étaient les individus?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
madame. Au nom de tous les membres de cette commission et au nom du ministre je
vous remercie. Nous allons maintenant accueillir l'Association du Québec
pour enfants avec problèmes auditifs, représentée par Mme
Madeleine Chevrier, présidente.
Soyez la bienvenue, Mme Chevrier. Nous vous remercions d'avoir
répondu à notre invitation. Vous avez 45 minutes pour discuter et
nous présenter votre mémoire. Si vous voulez bien nous
présenter les gens qui vous accompagnent et enchaîner
immédiatement avec la présentation du mémoire.
Association du Québec pour enfants avec
problèmes auditifs
Mme Chevrier (Madeleine): Merci. À ma droite, Mme
Marie-Noël Ducharme, permanente à l'AQEPA. À ma gauche, M.
Pierre Lazure, parent et président sortant de l'AQEPA, et
moi-même, qui suis parent aussi.
Depuis sa création en 1969, les parents et intervenants membres
de l'Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs
s'intéressent de très près au développement de
notre système d'éducation. Plus que jamais en 1988 et pour les
années à venir, notre association est déterminée
à faire valoir les droits légitimes des jeunes sourds et
malentendants à des services scolaires qui répondent à
leur véritable potentiel.
En ce sens, l'actuel projet de loi sur l'instruction publique constitue
certes un pas dans la bonne direction, notamment pour la place accrue
accordée aux parents et l'attention portée aux
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. Mais à la fois ces avancées ne nous semblent pas
être suffisamment définies et issues d'une orientation politique
claire. Vous constaterez que nos recommandations vont donc beaucoup dans le
sens de précisions et de clarifications du projet de loi.
Dans le cadre restreint de cette présentation, nous voulons
attirer votre attention sur trois aspects du projet de loi: la qualification
des enseignants, le plan d'intervention et la participation des parents
à la vie scolaire. Nos recommandations visent toutes à faire
valoir le droit pour les élèves déficients auditifs
à une éducation de qualité. L'éducation
auprès des élèves déficients auditifs exige une
grande ouverture d'esprit ainsi que des compétences particulières
tant au niveau de la communication que de la pédagogie. Hélas,
aucune formation particulière n'est prévue pour les enseignants
et intervenants qui travaillent auprès de nos jeunes. Suivant le
même principe pour le droit des élèves déficients
auditifs à une éducation de qualité, nous voulons exprimer
notre inquiétude quant à la non-qualification du personnel
dispensant un enseignement à des élèves ou à des
groupes de ces élèves. L'acquisition d'une formation
adéquate dans les principales matières académiques
particulièrement le français est une priorité pour
l'AQEPA. Toutefois, l'observation de nos membres ainsi que de nombreuses
recherches démontrent une nette difficulté de la part des
élèves déficients auditifs à acquérir une
formation de base satisfaisante. Il s'agit donc d'une lacune chronique à
laquelle il nous importe de pallier. Pourtant, ces objectifs sont loin
d'être inatteignables pour nos enfants.
L'enseignement dispensé à des groupes
d'élèves déficients auditifs commande une connaissance des
adaptations fonctionnelles, des supports à l'enseignement, des
caractéristiques primitives et des méthodes pédagogiques
appropriées. C'est pourquoi il nous apparaît non seulement
important que le personnel enseignant soit suffisamment qualifié, mais
également qu'il reçoive une formation spécifique au type
de handicap ou de difficulté rencontré par les groupes
d'élèves à qui il enseigne.
C'est dans ce même esprit que nous interrogeons aussi la
non-qualification du personnel dispensant un enseignement qui ne conduit pas
à l'obtention d'un certificat ou autre attestation officielle. Sachant
qu'un grand nombre d'élèves déficients auditifs s'engagent
dans des cheminements qui ne mènent pas à ces formes de
certification, nous estimons qu'ils méritent d'être
outillés pour affronter le marché du travail de façon
adéquate. En somme, nous voulons éviter qu'en s'engageant dans ce
type de programmes, les élèves déficients auditifs ne
deviennent les laissés-pour-compte du système scolaire.
En conséquence, les commissions scolaires et les directions
d'école devraient s'assurer que le personnel qui enseigne à des
élèves ou à des groupes d'élèves
déficients auditifs satisfassent aux exigences requises par la
clientèle déficiente auditive. Cette formation peut être
dispensée dans le cadre d'un programme universitaire en adaptation
scolaire ou encore sous forme de perfectionnement ou de sessions dites de
sensibilisation dispensées par les commissions scolaires. Pour nous,
cette éducation de qualité doit dépasser le minimum
acceptable dont trop de spécialistes de l'éducation sont
prêts à se contenter. Nous croyons à une éducation
centrée sur les potentiels de l'enfant et non sur sa déficience.
De là découle notre second principe pour le droit à
l'élève déficient auditif à un plan d'intervention
individualisé en services éducatifs.
L'élaboration et l'application d'un plan individualisé
d'intervention constitue, selon nous, un prérequis au succès de
toute intégration. Bien qu'un consensus soit établi autour de
cette formule, son application est encore bien loin d'être
systématisée. En ce sens, nous demandons que le plan
d'intervention apparaisse au chapitre portant sur l'élève
à titre de droit. La notion de plan d'intervention telle que
présentée dans ce projet de loi est plus que floue, d'autant plus
qu'aucune définition dudit plan ne nous est fournie par le
ministère de l'Éducation, ni dans le projet de loi, ni au
règlement pédagogique. Afin de prévenir toute application
aléatoire du plan d'intervention pour les élèves
déficients auditifs, nous demandons que le plan d'intervention soit
clairement défini de façon à comprendre les
modalités d'intégration de l'élève, son type
d'intégration et les mesures d'appui qui lui sont nécessaires.
Les indications telles que les outils d'évaluation des besoins, les
aspects du développement de l'élève à couvrir et le
type d'objectifs à formuler devraient également apparaître
au régime pédagogique. De plus, puisque mieux que quiconque le
parent, ou l'élève qui est en âge de le faire, est apte
à identifier les besoins de l'élève, il nous paraît
essentiel que celui-ci, non seulement soit consulté, mais participe en
collaboration avec les autres intervenants concertés et au même
moment à l'élaboration du plan d'intervention de son enfant. (17
heures)
La reconnaissance pleine et entière des parents comme premiers
responsables de l'éducation des jeunes déficients auditifs
constitue donc une autre de nos préoccupations importantes. Cette
participation du parent devrait pouvoir s'exercer avec la collaboration et
l'élaboration du plan d'intervention et par le biais des comités
de l'école et de la commission scolaire. En instituant le comité
consultatif des services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, le
projet de loi donne accès aux parents de l'élève
handicapé ou
en difficulté à son unique voix de représentation
officielle. Aussi, nous nous étonnons de ce que le fonctionnement de ce
comité ne soit pas précisé dans le projet de loi.
Étant donné l'absence de lien structurel entre le comité
de parents et ce comité consultatif, il nous apparaît beaucoup
plus souhaitable que les représentants des parents des
élèves handicapés et en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage soient désignés par leurs pairs, soit l'ensemble
des parents des élèves handicapés et en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage.
Quant à la composition du comité, des postes de parents
devraient être prévus dans le cas des commissions scolaires
régionales pour des représentants de parents
d'élèves du primaire et du secondaire. Les postes devraient
également être répartis de façon à assurer la
représentation des principales catégories de déficiences.
De plus, afin d'assurer le lien entre ce comité et le conseil des
commissaires, l'un des représentants des parents du comité
devrait siéger au conseil des commissaires, sans droit de vote.
Cette présentation ne prétend pas résumer la
totalité de nos recommandations touchant le projet de loi. Elle vise
surtout à en souligner les principales. D'autres aspects du projet de
loi, notamment au chapitre des commissions scolaires ont fait l'objet d'une
étude attentive de notre part et apparaissent dans notre mémoire,
particulièrement en ce qui a trait aux normes d'organisation des
services aux élèves handicapés et en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage ayant besoin de transport.
En terminant, M. le ministre, messieurs, mesdames les commissaires, il
nous tarde de voir une nouvelle Loi sur l'instruction publique entrer en
vigueur, une loi qui assure l'intégration réelle des jeunes
déficients auditifs. C'est pourquoi nous exprimons le souhait que
l'éventuel débat sur la question confessionnelle ou autre ne
vienne pas prendre en otage les autres questions traitées dans le projet
de loi.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Chevrier, je vous remercie de la présentation de votre
mémoire. Je vais maintenant reconnaître un député du
parti ministériel, M. le député de Saint-Henri.
M. Hains: Merci, M. le Président. Laissez-moi vous dire
d'abord que je suis vraiment émerveillé devant la somme de
travail que chacun de vos groupes s'est imposée pour venir nous
rencontrer et nous apporter autant de suggestions et de revendications. Vous
avez vraiment notre admiration et notre gratitude pour votre beau travail. Plus
particulièrement, je vous félicite, vous, les parents d'enfants
ayant des problèmes auditifs, pour les mêmes raisons. Vous avez
d'abord produit un premier mémoire qui est solide dans sa
présentation; il est fouillé, il est très bien fait,
toujours dans le même but d'obtenir pour vos enfants, pour vos
protégés, la meilleure qualité possible. Vous vous dites
d'accord avec l'ensemble des orientations de la loi 107 et vous vous
réjouissez, je suis content de le mentionner, de la place accrue qu'on a
donnée aux parents et de l'attention qu'on a portée aux
élèves handicapés ou en difficulté. Quand on voit
votre premier mémoire, on voit que vous parlez d'abord de
l'élève, de l'enseignant, du directeur d'école, du conseil
d'orientation, etc.; vous les épluchez les uns après les
autres.
Je vais me contenter de vous poser de courtes questions sur chacun de
ces sujets. D'abord, pour l'élève, vous faites trois demandes:
premièrement, l'éducation préscolaire à quatre ans;
deuxièmement, la limite de seize ans pour passer à
l'éducation des adultes; troisièmement, une dérogation au
délai de six mois d'attente avant de s'inscrire à
l'éducation des adultes. On ne revient pas là-dessus, cela a
été discuté préalablement. Non contents de cela,
vous demandez un ajout, à la page 10 de votre premier mémoire,
où vous insistez sur le droit à un plan individualisé pour
l'enfant. Est-ce que vous pourriez nous expliquer cela davantage?
Mme Ducharme (Marie-Noël): Sur le droit au plan
d'intervention ou sur l'ensemble des recommandations?
M. Hains: Le plan, vous écrivez: À
bénéficier d'un plan individualisé d'intervention en
services scolaires.
Mme Ducharme: C'est-à-dire que le plan d'intervention dans
le projet de loi actuel n'est mentionné qu'à l'article 46 dans
les fonctions du directeur d'école. Comme vous avez pu le constater, la
notion de plan d'intervention est une notion majeure pour l'ensemble des
organismes de personnes handicapées qui ont comparu ici et on n'y
échappe pas. Le plan d'intervention, pour nous, est une notion
suffisamment importante et cruciale pour qu'elle apparaisse à titre de
droit. C'est pourquoi on en a fait mention; on demande qu'elle apparaisse au
chapitre I sur les droits de l'élève. De plus, on demande que la
notion de plan d'intervention soit précisée. On peut vous
mentionner qu'en ce qui concerne la déficience auditive, pour nous, le
plan d'intervention... C'est-à-dire que dans la loi, le plan
d'intervention pourrait ne se résumer qu'à une intervention ou
à des interventions ponctuelles: une plateforme commune d'une
définition, une définition commune du plan d'intervention
assurerait, par exemple, des modes d'évaluation par rapport aux
objectifs du plan d'intervention, etc.
Plus précisément, en ce qui concerne la déficience
auditive, les besoins des jeunes sourds et malentendants se situent beaucoup au
plan du support en langage et en développement, soit
l'entraînement auditif et la maîtrise du français
parlé, écrit et la lecture aussi de telle sorte que
l'orthopédagogue est important, la présence, dans certains cas,
d'interprètes oraux ou gestuels, de
support fonctionnel à savoir amplificateur, appareillage dans
l'école, support à la communication, support visuel à la
communication à l'intérieur des classes, support personnel, dans
certains cas support du travailleur social, accompagnement d'un psychologue, de
même que l'aide d'orthophonistes, d'audiologistes dans les commissions
scolaires pour voir au suivi, à l'évolution du langage des
déficients auditifs. Alors, pour nous, le plan d'intervention, vous
pouvez comprendre que c'est tout cela, ce sont tous ces besoins en services qui
commandent d'être absolument définis d'une façon commune,
pour se prémunir contre une application un peu aléatoire du plan
d'intervention. Pour cela, on demande qu'ils apparaissent à titre de
droits au chapitre I de l'élève, qu'ils soient plus clairement
définis et aussi que le directeur d'école de même que la
commission scolaire s'assurent non seulement de son application mais aussi, en
concertation avec le parent et l'ensemble des intervenants concernés
auprès de l'élève déficient auditif, que les
modalités générales de l'application des plans
d'intervention soit assurées.
Finalement on demande, puisque la notion de plan d'intervention a
été intégrée dans la loi, d'aller plus loin; on
demande que la loi soit plus précise par rapport à cette
notion.
M. Hains: Maintenant, pour l'enseignant, vous demandez un
professeur breveté, avec une formation spéciale. Comment
voulez-vous cette formation et qui, pensez-vous, pourrait la
conférer?
Mme Ducharme: Je peux peut-être répondre. Il y a
trois niveaux d'intervention auxquels on a fait allusion dans la loi pour ce
qui est de la qualification des enseignants. On y fait allusion à
l'article - dont le numéro m'échappe - sur la certification des
enseignants...
M. Hains: C'est l'article 20, je pense.
Mme Ducharme: ...la dérogation des enseignants qui
enseignent dans des programmes qui ne mènent pas à des
certifications, à des diplo-mations...
M. Hains: C'est cela.
Mme Ducharme: ...reconnues par le ministère. Dans ces
cas-là, comme une majorité d'élèves
déficients auditifs dans les centres suprarégionaux, plus
particulièrement, s'engage dans ces cheminements, c'est-à-dire
des métiers, etc., il nous apparaît d'autant plus important que
les professeurs qui enseignent, qui dispensent un enseignement dans ces
matières soient qualifiés, particulièrement en
français, parce que les retards engendrés par la
déficience auditive des élèves font en sorte qu'ils sont
pénalisés d'autant. Alors, pour nous, cela peut amener une forme
de diplôme à rabais dont on veut se prémunir puisqu'une
majorité des élèves inscrits en centre
suprarégional s'inscrit à cette forme de diplomation. Cela est
pour la dérogation.
D'autre part, pour les enseignants qui enseignent soit à des
groupes, à un ensemble d'enfants déficients auditifs ou pour des
professeurs qui ont d'intégrés dans leur classe un ou un certain
nombre de déficients auditifs, pour la dernière catégorie,
évidemment, on ne peut pas exiger qu'un professeur ait une qualification
soit en adaptation scolaire, puisqu'un professeur qui enseigne au
régulier, ce serait irréaliste comme demande. Toutefois, on
demande que la commission scolaire, dans ces cas-là, sous forme de
perfectionnement ou de sensibilisation, donne une formation de sensibilisation
à la déficience auditive à ces professeurs. Dans le cas
des enseignants qui ont des groupes de déficients auditifs, et ce n'est
pas le cas en ce moment, on exige que ces enseignants aient une qualification
en déficience auditive, à savoir qu'ils aient une connaissance de
la pédagogie adaptée à la déficience auditive.
M. Hains: Maintenant, pour le directeur, je ne reviendrai pas
là-dessus. Vous avez insisté beaucoup tout à l'heure sur
le plan d'intervention. Alors, si on passe au conseil d'orientation, vous
demandez, je crois, deux personnes différentes au conseil d'orientation:
un professeur du personnel - c'est l'article 54...
Mme Ducharme: Oui.
M. Hains: ...et, je crois, un professionnel aussi.
Mme Ducharme: Oui.
M. Hains: Là, vous dédoublez la
représentation. Est-ce que c'est bien cela? Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Lazure (Pierre): Oui. M. Hains: C'est cela.
M. Lazure: C'est vu aussi d'un contexte particulier à la
surdité. Normalement dans les écoles qui ne sont pas
spécialisées, il y a un certain nombre d'écoles - un
certain nombre, ils sont deux, il ne faut pas exagérer non plus - avec
des classes où on regroupe les enfants, pour une question de services,
d'avoir des services de qualité. Il y a aussi un certain nombre de
professionnels qui vont oeuvrer autour de ces enfants-là, qui ont une
expérience, qui ont une expertise, qui ont un vécu avec ces
enfants-là, qui ne sont pas du personnel enseignant. Ils forment ce
qu'on appelle le personnel de soutien. Dans le vécu, ce personnel va
aller chercher autant d'information pour être capable d'aider l'enfant
que le professeur qui, lui, a à enseigner dans la classe. Je vous donne
un
exemple vécu l'été passé à
l'école que fréquente mon fils. Une élève a un
problème de comportement important. À peu près trois fois
par semaine, il faut la retirer de la classe parce qu'elle casse tout, elle
fait des crises de nerf en règle. Cela pertube les autres enfants. Par
contre, le professeur, pendant que sa classe est perturbée, essaie de
rattraper les autres pendant qu'on sort l'élève. Il faut qu'il
rattrape le temps. Donc, un enseignant va avoir une vision ou une perception de
ce qui se passe et un personnel de soutien va en avoir une autre. Il s'agit de
les mettre en commun pour aider l'enfant en particulier qui a un
problème et l'ensemble des enfants qui vont, je ne dirais pas en
souffrir, mais qui vont le subir.
M. Hains: Très bien. Maintenant, au conseil consultatif de
la commission scolaire, c'est un peu la même chose. Vous vous
étonnez encore là d'un manque de précision, pour vous,
d'une importance cruciale.
M. Lazure: Oui.
M. Hains: Alors, est-ce que vous pouvez développer un peu
ce thème, ce besoin crucial que vous ressentez.
M. Lazure: Ce besoin crucial vient d'une particularité
à la surdité qui est un handicap invisible. Donc, tous les
besoins de la personne sourde ne sont pas évidents. Il y a aussi une
autre particularité à la surdité, contrairement à
des verres correcteurs, un appareil auditif ne corrige pas l'audition d'une
personne qui a des problèmes surtout s'il y a une... Il y a beaucoup de
sourds, dans les écoles, qui n'ont pas suffisamment de reste auditif
pour entendre la voix. Donc, à partir de là cela prend, je ne
dirais pas une démarche spéciale, mais il faut le prendre en
considération. Donc, dans le contexte d'un comité où il y
a du monde qui s'assoit pour en discuter, pour essayer de trouver des
solutions, c'est important que ce comité-là soit valable autant
pour les parents qui vont avoir à y investir, autant pour l'école
qui va avoir à y prendre du jus. C'est pour cela que pour nous le
comité est très important, parce que tous les problèmes
qui vont avoir leur spécificité, ils vont être capables de
les rentrer là. Mais vous avez eu l'exemple, ce matin, de la COPHAN qui
est venue vous livrer un message et qui regroupe l'ensemble des handicaps. Ces
gens ont pu vous dire: Écoutez, dans l'ensemble, voilà ce qui est
important. Chaque déficience a sa spécificité qu'il faut
respecter. C'est la même chose pour ce comité-là. C'est
important qu'il soit représentatif, qu'il ne soit pas là
simplement pour satisfaire quelqu'un qui dit: Bon, c'est bien le "fun", on peut
parler, mais il arrive quoi après? C'est pour cela qu'il est important
pour nous que cela aille quelque part.
M. Hains: Est-ce que je peux continuer encore deux minutes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, monsieur,
allez.
M. Hains: Encore deux petites questions. Alors, on fait la
tournée de toutes vos revendications. Pour la commission scolaire, vous
désirez l'intégration des élèves et la nomination,
là aussi, d'un cadre responsable des élèves
handicapés au comité consultatif de la commission scolaire.
Pensez-vous que c'est vraiment et facilement réalisable? Ce sont des
bons voeux mais si...
Mme Ducharme: C'est peut-être ce qu'il y a de plus
facilement réalisable...
M. Hains: Oui.
(17 h 15)
Mme Ducharme:... dans l'ensemble de nos revendications. Cela
découle un des articles 216 et 217 sur les normes, sur l'obligation des
commissions scolaires à adopter des normes et des règlements
quant aux services aux élèves handicapés et en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, puisque les commissions
scolaires veulent y accorder une importance accrue, on trouve naturel qu'un
cadre soit affecté exclusivement à cette question. De la
même façon, je pense, puisque 17 % de l'ensemble des
élèves inscrits à un système scolaire, au primaire
et secondaire, sont identifiés comme étant handicapés ou
en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, cela justifie amplement
l'existence et l'importance du comité consultatif sur les services
à ces élèves. Étant donné l'importance aussi
des services et de ce comité, on pense que le responsable du dossier des
services à ces élèves devrait siéger sur le
comité pour assurer le lien entre la commission scolaire et le
comité. En ce moment le comité, en termes d'organigramme, est peu
relié aux instances de la commission scolaire. Il n'y a pas de lien
structurel entre le conseil des commissaires et le comité consultatif.
Il y a un lien, s'il y en a, qui est peu expliqué entre la commission
scolaire et le comité. Nous demandons que le comité
réponde aux instances de la commission scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, Mme
Ducharme. Nous vous remercions. Je reconnais maintenant la porte-parole de
l'Opposition en matière de handicapés, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je sais que vous êtes
un homme de bonnes intentions, alors je vais vous dire qu'il ne faut jamais
dires des handicapés, mais des personnes handicapées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Des personnes
handicapées.
Mme Vermette: Mais je sais que cela vous a glissé de la
bouche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela m'a
glissé...
Mme Vermette: Alors, ce que je... Une voix:...
Mme Vermette: On se le demande parfois pour nous tous.
Je vous remercie pour la présentation de votre mémoire
parce qu'une fois de plus, il nous fait voir les aléas que doivent vivre
la personne elle-même, la personne handicapée et les membres de sa
famille à l'intérieur de notre système d'éducation,
et qu'une expertise s'est vraiment établie au cours des dernières
années. D'autant plus qu'à partir de 1981, À part...
égale, l'ensemble des organismes et aussi des parents réclament
fortement qu'on passe immédiatement à l'action et qu'on mette
réellement des lois qui répondent aux besoins. Les besoins on les
connaît tous, vous les connaissez tous en tant que parents et il est
grand temps à l'heure actuelle, il est urgent, si on croit à
l'intégration des personnes handicapées, que le gouvernement se
tienne debout et qu'il pose justement les gestes concrets qui tiennent compte
de vos revendications. Je pense que c'est heureux qu'on puisse vous entendre
dans ce sens-là. Je pense que tous les mémoires font appel
à cette obligation et à ce courage politique que doit prendre le
gouvernement face à ces personnes handicapées qui font partie de
notre société québécoise.
J'ai retenu aussi que vous êtes beaucoup en accord avec les
recommandations qu'avait formulées ce matin la COPHAN sur le plan
général; je pense que cela va de soi. Il y a aussi des points qui
vous concernent aussi que vous relevez d'une façon plus
particulière et vous mettez énormément d'emphase sur la
formation pour les enseignants.
Mme Ducharme: Oui, c'est crucial dans le cas des
handicapés auditifs, c'est notre pierre d'assise. Pour le
développement, c'est comme un prérequis au succès de toute
intégration que la pédagogie autant, par exemple, pour la
clientèle déficiente auditive le succès de
l'intégration repose sur la qualité du matériel
didactique. Sans évacuer cette question pour les déficients
auditifs, pour nous, la question cruciale c'est vraiment la pédagogie
adaptée, la compétence des enseignants à dispenser un
enseignement qui tienne compte des lacunes en français.
Mme Vermette: Oui? Surtout en français, parce que vous
avez l'air d'insister d'avantage à ce chapitre.
Mme Ducharme: Surtout en français, parce que le
problème de la déficience auditive se situe au niveau de la
communication et du langage.
Mme Chevrier: C'est-à-dire que vous allez retrouver un
enfant de deux ou trois ans, surtout aujourd'hui avec les maternelles, la
télévision, etc., qui parle relativement bien. Un
déficient auditif même parfois de dix ans n'aura même pas le
langage d'un enfant de deux ou trois ans. Il va parler par mots coupés
comme nous quand on essaie d'apprendre une autre langue et que l'on ne
maîtrise pas les articles; le passé, le présent, le futur,
cela ne veut rien dire; le singulier, le pluriel, cela ne veut rien dire; le
féminin, le masculin, cela ne veut rien dire, etc. À ce
moment-là, il se retrouve avec des problèmes de communication
excessivement importants et un enfant qui se retrouve à cinq, six ans,
qui n'a même pas acquis le langage, je veux dire tous ses
mécanismes de pensée aussi, sa logique. Il est
réputé intelligent mais comme il n'a pas le langage, son mode va
être complètement différent pour ce qui est de l'expression
de ses émotions, de l'expression de ce qu'il veut dire, de ce qu'il veut
communiquer, de la façon dont il veut se faire comprendre. C'est la
même chose pour nous aussi quand on veut essayer d'entrer en relations
avec eux dans la mesure où ces enfants n'ont pas du tout l'acquisition
du langage. Donc, je pourrais vous donner des exemples de tout ce que cela peut
susciter comme problème. On s'entend nous autres et on parle et on a des
problèmes de communication, imaginez les enfants qui sont...
M. Jolivet: Pourtant c'est vrai. On voyait cela tantôt.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Chevrier: C'est très complexe et cela se
répercute sur à peu près tout, surtout qu'on est... On vit
dans une société où on regarde la
télévision, on communique, on parle beaucoup. Si tu n'as pas
l'acquisition du langage, tu viens de te mettre des barrières
épouvantables. Tu as beau parler en signes aussi, cela permet plein de
choses, mais c'est une minorité les gens qui parlent à l'aide de
signes et ça, il faut être conscient aussi de ce que cela peut
impliquer.
Mme Ducharme: D'où l'importance pour nous d'une
stimulation précoce et donc de l'accès dès quatre ans
à des services de stimulation, au préscolaire. Cela peut
signifier pour nous la différence entre un classement en classe
régulière ou d'adaptation. C'est comme l'élan, le coup
d'envoi qui peut faire la différence entre les deux. C'est très
important.
Mme Vermette: En fait, ce que vous voulez faire ressortir
davantage c'est le retard pédagogique si on n'a pas, finalement, la
bonne appro-
che ou qu'on ne prend pas une intervention adéquate pour cet
élève qui a des problèmes auditifs...
Mme Chevrier: Si on n'est pas conscient de ce que la
non-acquisition du langage peut impliquer, à ce moment-là, on
passe à côté.
Mme Vermette: D'accord.
M. Lazure: Si vous me permettez une intervention, je vous donne
un exemple concret. L'école que mon fils fréquente, c'est une
école spécialisée du réseau des écoles de la
CECM, donc c'est une école qui a une organisation, une structure. Comme
dans toutes les écoles, à un moment donné, il y a un
certain nombre d'enseignants qui sont changés, soit que les enseignants
quittent, prennent leur retraite, sont mutés ailleurs ou demandent une
mutation, il y a des nouveaux enseignants qui arrivent. Ce sont toujours des
enseignants qui sont dans le domaine de l'adaptation scolaire. Ils n'arrivent
pas de la planète Mars, ils sont dans le domaine de l'adaptation
scolaire. Mais l'école est une école en communication totale
où le langage privilégié c'est le gestuel. Je ne sais pas
si vous avez déjà essayé d'apprendre le chinois, mais cela
ne se fait pas en trois semaines. Ce qui fait qu'un professeur qui arrive
là avec toute la bonne volonté du monde puis avec tout le temps
qu'il peut mettre en empiétant sur ses loisirs et sur son temps
personnel, cela lui prend un an avant d'être fonctionnel avec un enfant
dans une classe. Cela veut dire que pendant cette année-là, si le
prof enseigne dans une classe, le prof et les enfants ont des problèmes
terribles de fonctionnement. Parce que c'est terrible de ne pas être
capable de communiquer pour un pédagogue - en tout cas, je le
présume, je les regarde et ils ont l'air assez mal à l'aise pour
cela - d'où l'importance de la compétence et de la formation des
professeurs. Quand on prend un professeur qui a une formation très
générale, ce qui n'est pas mauvais non plus, et qu'on l'envoie
dans une place bien spécifique, c'est sûr qu'il y a une adaptation
à faire. Cela c'est n'importe qui et tout le monde. Sauf qu'il n'y a pas
forcément des mécanismes qui favorisent cette
adaptation-là. C'est toujours l'élève au bout du compte
qui paie.
Mme Vermette: Est-ce que vous réclamez que tous les
enseignants aient au moins une formation qui permettrait, en tout cas, d'avoir
une approche favorable pour ce genre d'élèves dans les classes
parce qu'il s'en glisse tout le temps, de toute façon, qu'ils soient
dépistés ou non finalement?
Mme Ducharme: C'est la gradation que j'expliquais tout à
l'heure dans le cas d'un groupe spécifique de déficients
auditifs, oui, on veut que les professeurs aient une formation
spécifique en déficience auditive. Dans le cas où des
élèves déficients auditifs sont intégrés
dans des classes régulières, que les professeurs reçoivent
sous forme de perfectionnement ou de sessions de sensibilisation une formation
à la déficience auditive qui est différente, à ce
moment-là, de la pédagogie des groupes spéciaux mais qui
est quand même nécessaire.
Mme Vermette: Oui, parce que cela arrive très souvent
qu'on décèle assez tard qu'un enfant a des problèmes
scolaires parce qu'il a des problèmes auditifs. Ce n'est pas toujours
acquis.
Mme Ducharme: Effectivement, ils peuvent être
détectés tard et cela fait partie de la sensibilisation des
enseignants du régulier que d'être en mesure de dépister
ces élèves-là.
Mme Vermette: Dans une autre recommandation de votre
mémoire, vous demandez qu'il y ait plus de coordination entre les
commissions scolaires quant à la possibilité de dispenser ce
service particulier. À quoi faites-vous référence à
ce moment-là?
Mme Ducharme: Concernant l'application du plan d'intervention,
comme dans le cas où il y a une entente entre commissions scolaires, que
la commission scolaire d'origine, tel que mentionné à la COPHAN,
demeure responsable du suivi de l'application du plan d'intervention et ce,
dans une perspective de retour. Quant au projet de loi, nous avons
articulé nos recommandations de façon que les commissions
scolaires développent des services. Même si elles ne sont pas en
mesure de le faire actuellement, qu'elles le prévoient, donc, de
là le suivi de l'application du plan d'intervention dans une commission
scolaire hors territoire.
Mme Vermette: Parmi vos recommandations, vous demandez qu'il y
ait, soit des parents ou une personne mandatée pour représenter,
à la commission scolaire, l'ensemble des personnes ayant une
déficience...
Mme Ducharme: Au comité consultatif.
Mme Vermette: Au comité consultatif, mais que ces
gens-là n'aient pas le droit de vote. Quelle est votre intention
à cet égard-là?
M. Lazure: Le but n'est pas de rajouter un commissaire au conseil
des commissaires d'une façon ou d'une autre, mais de s'assurer que
l'information est transmise de part et d'autre. C'est que les besoins des
enfants qui sont identifiés comme étant des besoins
spéciaux le sont effectivement. Il n'y a pas de pattern de
préétabli. Lui, il est sourd, tu le fais passer par là et
cela règle tout, l'autre est aveugle, il passe par là et cela
règle tout. Donc, les besoins sont spécifiques aux enfants.
Ils sont spécifiques aussi à l'environnement. S'il y a une
commission scolaire qui a un très grand territoire à desservir,
c'est sûr qu'elle a un problème différent de celui de la
CECM à Montréal qui a une concentration d'élèves
qui ont possiblement la même caractéristique, qui sont sourds.
Donc, c'est important qu'il y ait de l'information qui aille au conseil des
commissaires et que cela ne prenne pas de six mois à un an non plus
à se rendre. Un enfant qui prend six mois de retard à
l'école, c'est long à rattraper. C'est à peu près
comme perdre une demi-heure dans le trafic. Tu ne viens jamais à bout de
la reprendre au bout de la ligne. C'est pour cela qu'on recommande cela. Ce
n'est pas non plus d'imposer une personne qui va être là et qui
dira: Bon, moi je sais ce que c'est et vous allez m'écouter. C'est
d'être capable de donner l'information et de la ramener au comité
consultatif pour qu'il puisse, à partir de là, continuer son
travail pour que ce ne soit pas laborieux et que ce ne soit pas long.
Si je prends mon expérience personnelle, j'ai été
au conseil des commissaires comme représentant des parents et j'ai
été président du comité de parents de la même
commission scolaire. Je trouve que ça facilite d'avoir des liens
directs. Même s'il faut continuer à suivre les chemins
appropriés dans certains cas, il faut être capable de dire aux
gens ce qu'on pense, savoir ce qu'ils pensent et ne pas attendre six mois que
ce soit de troisième main. Nos recommandations sont faites dans ce
but-là.
Mme Vermette: Donc, pour vous, c'est important qu'on
allège les structures ou, en tout cas, que les prises de décision
puissent s'exécuter rapidement?
M. Lazure: Surtout qu'on les rende fonctionnelles.
Mme Vermette: Est-ce que vous êtes d'accord avec le fait
que, tel que libellé, le projet de loi répondrait
adéquatement au plan d'intervention pour les enfants qui sont dans nos
écoles à l'heure actuelle, ou est-ce que cela demanderait un peu
plus de définition?
M. Lazure: Cela permet une amorce mais cela prendrait un
encadrement un peu plus défini. Comme le plan d'intervention...
Mme Ducharme: Comme le plan d'intervention n'est défini
nulle part en ce moment, le concept n'a pas été défini. Le
plan d'intervention peut vouloir dire n'importe quoi, en ce moment. C'est
important qu'il y ait une définition de ce plan d'intervention qui soit
arrêtée.
M. Lazure: Je vous donne un exemple. À l'école de
mon fils, il y a aussi des enfants sourds, multihandicapés. Il y a une
petite fille qui a un problème neurologique. Elle est obligée
d'apprendre à marcher. Elle est rendue à douze ans. Donc, le plan
d'intervention de cette enfant-là pour l'année c'était
d'apprendre à marcher avec sa marchette. Cela peut peut-être faire
partie d'un plan d'intervention, mais moi, en tant que parent, je ne voudrais
pas qu'un plan d'intervention pour mon enfant se limite à cela. Ce
serait catastrophique. Donc, si le plan d'intervention n'est pas un peu mieux
défini, cela risque d'arriver et c'est facile que ça arrive.
Mme Ducharme: Pour nous, un plan d'intervention est un outil qui
permet l'insertion sociale des jeunes. Alors, c'est plus que d'apprendre
à marcher avec une marchette ou d'apprendre à attacher son
soulier, dans ce sens-là. (17 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
M. le député de Laviolette, une dernière
intervention.
M. Jolivet: Juste une petite question en regard de la
recommandation concernant l'âge limite de 16 ans pour
l'élève. Actuellement, on sait que des enfants qui ont certaines
difficultés peuvent aller à l'école secondaire
jusqu'à 22 ans et qu'après cela, il y a un délai de six
mois avant qu'ils puissent s'inscrire aux cours aux adultes. Vous dites
qu'à seize ans, l'élève devrait être capable de
choisir, s'il se sent apte à aller plus haut, d'aller aux cours
d'éducation aux adultes sans devoir attendre six mois? C'est cela que
vous proposez?
Mme Ducharme: C'est cela.
M. Lazure: Je vais répondre, si vous le permettez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y,
monsieur!
M. Lazure: C'est pour remédier à des situations
cocasses. Je prends un cas vécu dont j'ai eu connaissance. Le jeune a
quinze ans et n'a aucun goût pour les études. Tout le monde dans
l'équipe multidisciplinaire dit: Ce n'est pas lui rendre service que de
l'obliger à faire des études, sauf qu'il est très
doué manuellement; il a commencé à apprendre le
débosselage à l'école et il serait avantageux pour lui,
pour son insertion sociale, afin qu'il puisse faire quelque chose dans la
vie... Il ne va pas rester chez lui les deux pieds sur la chaise
berçante toute sa vie.
Par contre, il faut couper six mois quelque part. Quand quelqu'un reste
assis six mois à ne rien faire chez lui, c'est dur "en chien" de
repartir après! À un moment donné, on le met dans une
situation où on dit: Si tu veux continuer, tu dois passer à
côté, tu fais un grand détour et tu reviens. Le jeune
regarde cela et dit: C'est quoi, le gag là-dedans? Pourquoi est-ce
que j'irais à Québec quand je m'en vais à
Drummondville?
Par contre, si tu peux lui permettre une porte de sortie, qui n'est pas
trop ouverte... Il s'agit d'étudier les cas et de voir si cela rend
service. Il s'agit d'avoir la possibilité de rendre service au
besoin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Lazure.
Ceci met fin à la rencontre que nous avions prévue avec votre
groupe. On vous remercie beaucoup.
Nous accueillons maintenant l'Association du Québec pour
l'intégration sociale. Les porte-parole voudront bien s'approcher.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
accueille le dernier groupe pour cet après-midi, l'Association du
Québec pour l'intégration sociale qui est
représentée par Mme Madeleine Girard, présidente et
porte-parole.
Mme Girard, nous vous souhaitons la bienvenue et vous transmettons les
remerciements d'usage pour votre présence ici, à cette
séance de la commission permanente de l'éducation. Nous avons
environ 45 minutes à consacrer à votre organisme. Je vous
suggère de nous faire un bref exposé de votre mémoire,
étant donné que tous les gens l'ont lu. Par contre, je vous
laisse libre aussi de le lire en entier. Soyez bien à votre aise. Je
vous suggère cela de façon qu'on ait le temps de dialoguer avec
vous.
Si vous voulez bien nous présenter les gens qui vous accompagnent
et enchaîner avec la présentation du mémoire.
Association du Québec pour l'intégration
sociale
Mme Girard (Madeleine): Avant de vous faire mon exposé,
j'aimerais quand même vous dire que je suis la mère d'une
adolescente de 17 ans qui vit avec une déficience intellectuelle.
Guylaine a été cinq ans à la maison, dix ans en
institution et elle est revenue à la maison depuis deux ans. J'ai
dû me battre pour la faire intégrer dans une école
spéciale. Je demeure à Laval et la seule école où
Guylaine a pu aller jusqu'à quinze ans, c'était l'école
Peter Hall. Tous les élèves de Montréal qui ont de la
difficulté se retrouvent à l'école Peter Hall. Je demeure
à Laval et la Commission scolaire des Mille-Îles ne voulait pas
accepter Guylaine parce qu'elle n'était pas continente. Depuis un an
maintenant, elle fréquente la Commission scolaire des
Mille-Îles.
Je vais maintenant laisser les autres personnes se présenter. Je
pense qu'elles connaissent mieux leur identité que moi.
M. Payette (Richard): Bonjour. Je m'appelle Richard Payette. J'ai
une enfant déficiente intellectuellement. L'année passée,
je l'ai gardée à la maison parce que la Commission scolaire de
Saint-Eustache ne voulait pas la prendre. Cette année elle entre en
classe ordinaire.
Mme Gilbert (Françoise): Je suis Françoise Gilbert.
Je suis directrice générale de l'Association du Québec
pour l'intégration sociale et de l'Institut québécois de
la déficience mentale. Je suis aussi occasionnellement
orthopédagogue et enseignante et j'ai pratiqué pendant cinq ans
en intégration scolaire pour des élèves
multihan-dicapés, à titre d'enseignante et
d'otthopédago-gue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Mercier-Bilodeau (Lucienne): Bonsoir. Je suis Lucienne
Mercier-Bilodeau. Je suis parent d'un enfant de huit ans qui a un retard de
développement et que je garde chez moi depuis trois ans parce que cela
fait trois ans - je peux dire le mot - que je lutte ardemment pour
l'intégrer à la vraie vie de tous les jours, c'est-à-dire
dans une école ordinaire. Je suis également enseignante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis Marcel
Parent, le président de la commission, et j'ai une fille
déficiente qui a heureusement été intégrée
dans une école de la CECM dès les premières années.
C'est donc dire que vous êtes en pays sympathique, en milieu qui
connaît le problème des enfants handicapés. Nous vous
écoutons.
Mme Girard: Mmes et MM. les députés, Mmes et MM. de
l'assistance, notre mémoire ayant été déposé
depuis plusieurs mois, nous n'avons pas l'intention de le relire ligne par
ligne. Nous souhaitons plutôt avoir assez de temps pour échanger
avec les membres de cette commission. Ce n'est pas la première
intervention de notre organisme en fait de services éducatifs. En
réalité, lors de sa fondation en 1951, notre association
s'appelait l'Association de recours aux enfants arriérés. C'est
vous dire.
Dans la province, des groupuscules de parents s'associaient pour essayer
de fournir à leurs enfants présentant une déficience
intellectuelle un minimum de services éducatifs, inexistants dans le
réseau public. Puis, avec la Révolution tranquille des
années soixante et l'avènement des sciences humaines, le
réseau de l'éducation a rapatrié ces services, les a
placés sous l'égide des professionnels de toute
allégeance, privant du même coup les parents et les enseignants
habituels de toute prétention à la compétence. Le mythe du
spécialiste prenait naissance et est encore profondément
enraciné dans nos mentalités.
Aujourd'hui, après quatre changements de nom, nous nous appelons
l'Association du Québec pour l'intrégration sociale parce que
nous avons voulu nous définir à partir de nos objectifs
plutôt que de stigmatiser les personnes avec et pour lesquelles nous
travaillons, mais nous avons toujours suivi de très près et
participé aux tentatives de réforme du système
scolaire
québécois. De plus en plus de parents sont informés
et formés et refusent la mise à l'écart, la pitié,
la surprotection et les miettes d'instruction du système
ségrégué.
Mais voilà! Le réseau scolaire, lui, a
résisté à cette évolution. Les parents n'ont plus
voix au chapitre, le principe de l'école qui agit in loco parentis
aliénant profondément la fonction parentale. Les enseignants
habituels n'ont plus confiance en leur capacité de pédagogue
lorsqu'il s'agit des enfants déficients intellectuels et s'en remettent
presque exclusivement aux spécialistes des classes spéciales.
Mais nous avons amplement et honnêtement décrit la situation de
ces élèves au point 3 de notre mémoire. Nous n'y
reviendrons pas, mais c'est plutôt désespérant.
Malgré les efforts constants et les énergies particulières
consacrées au dossier des services éducatifs, notre organisme ne
ressent pas en général et, malgré quelques tentatives
louables, une volonté évidente de la part du réseau de
l'éducation de réviser ses perceptions ou ses approches de
l'élève présentant une déficience
intellectuelle.
Nous avons plutôt l'impression de prêcher dans le
désert et, chaque fois que nous essayons de faire un petit pas en avant,
nous sommes immédiatement confrontés à un mouvement de
reflux. Nous persisterons cependant à requérir, pour la personne
ayant une déficience intellectuelle, des services de qualité dans
un continuum d'intégration qui ne souffre pas de coupures, surtout pas
dans un domaine aussi important que celui de l'éducation.
Dans le domaine scolaire, l'objectif ultime de l'Association du
Québec pour l'intégration sociale est de voir s'ouvrir
systématiquement l'école du quartier à tous les
élèves, quelles que soient leurs différences. Nous
demandons donc aujourd'hui à cette commission, au ministre de
l'Éducation et à tous les intervenants de ce réseau non
pas seulement de nous écouter, mais aussi de nous entendre, mais dans le
sens véritable du mot "entendement".
M. Payette: Concernant les éléments qui nous
préoccupent, ce projet n'apporte rien de bien nouveau ni de constructif.
Il n'améliore pas la réalité actuelle du milieu scolaire
pour les enfants ayant une déficience intellectuelle. Les
éléments qu'il nous semblerait important de discuter sont
absents. C'est un piètre reflet de nos préoccupations actuelles
et nous le percevons comme un recul par rapport à "L'école
québécoise", aux engagements de... À part..égale et
à révolution récente... des aspirations des parents et
des... orientations sociales... vers l'intégration...
Continue, Madeleine, je ne suis plus capable. Excusez-moi.
Mme Gilbert: M. Payette qui est ici est un parent qui s'est battu
pendant un an pour l'intégration de sa fille et, actuellement, il vit un
moment un peu difficile, ce qui explique...
Le Président (M. Parent, Sauvé): On com prend cela.
Sentez-vous bien votre aise.
Mme Gilbert: J'espère que vous le comprenez très
bien.
Ce que nous disons, c'est que par rapport à ce que nous avons vu
dans le document "L'école québécoise", dans les
engagements de "À part...égale", la totalité du projet de
loi 107 ne nous paraît pas apporter quoi que ce soit de très
nouveau ni de très constructif. Si nous voulons résumer
très rapidement les grands points de nos préoccupations, au point
un de notre mémoire on dit que, malgré le souci du
législateur, les parents risquent de ne pas avoir plus de place à
l'école qu'ils n'en avaient et même ils pourraient en perdre. Si
nous laissons le libre arbitre aux commissions scolaires, nous avons aussi
exactement les mêmes possibilités de mise à l'écart
qui restent entières. Nous n'avons aucun mécanisme de recours, ni
administratif, ni juridique. La disparité entre les commissions
scolaires en fait de modèle et de qualité de services n'est en
aucune façon réduite, elle demeure la même. Le plan
d'intervention en services éducatifs est un atout, mais il n'a aucune
balise, il n'est assujetti qu'à la seule bonne volonté du
directeur d'école. Enfin, bien sûr, on conserve la bonne vieille
appellation de "Loi sur l'instruction publique" alors que ce vocable absolument
désuet a été abandonné un peu partout dans le
monde. Nous sommes un peu les seuls à le conserver.
On passe aux commentaires spécifiques, et je vais passer
très rapidement puisque vous avez le mémoire en main et que nous
avons envie de discuter avec vous à la fin et de ne pas subir le
même sort que la confédération des organismes de personnes
handicapées, à midi. S'il y a des lignes que vous voulez relever
dans le mémoire, vous les relèverez par la suite.
La classe ordinaire est un droit et non un privilège, mais ce
n'est pas une vérité actuellement pour les enfants qui ont une
déficience intellectuelle. Ces élèves font partie de
catégorie d'élèves qui ne peuvent être
intégrés encore maintenant, selon certains textes d'entente et
autres. Lorsque, par hasard et à force de bonne volonté, comme M.
Payette ici, comme d'autres, on vient à bout de convaincre une
commission scolaire, des directeurs, des enseignants d'intégrer un
enfant, il y a toujours une épée de Damoclès au-dessus de
la tête parce que cette intégration ne s'inscrit dans aucune
obligation légale. Si les parents ne sont pas contents des services
offerts en milieu ordinaire, ils ne peuvent même pas protester parce
qu'ils sont toujours aux prises avec cette crainte constante de se faire dire:
C'est un privilège qu'on a donné à votre enfant. Si vous
n'êtes pas contents, la classe spéciale n'est jamais loin, ni dans
le temps, ni géographiquement, ni surtout dans les esprits; elle est
toujours omniprésente. Nous
demandons donc que tout élève ait accès
prioritairement à la classe ordinaire dans son école de quartier,
indépendamment des handicaps présents ou prévisibles, et
que ce droit soit sanctionné dans le chapitre I, section I, article
1.
En second lieu, l'exclusion du réseau traditionnel: le fardeau de
la preuve aux commissions scolaires. Il est beaucoup trop facile actuellement
d'exclure un enfant du secteur traditionnel. Il suffit d'un mauvais bulletin,
d'une recommandation d'un directeur de services éducatifs, d'une
recommandation d'une équipe-école et même parfois,
simplement, d'une évaluation psychométrique et là, bang!
la recommandation arrive; l'élève s'en va en classe
spéciale. Les parents protestent, bien sûr, et on leur donne quand
même, de temps en temps, le droit de protester devant les tribunaux, mais
la décision s'applique a priori, ce qui veut dire que pendant que les
tribunaux statuent, il peut se passer un, deux ou trois ans. Mme Mercier est
là, son fils est à la maison depuis trois ans. Même si les
tribunaux, en dernier lieu, donnaient raison aux parents, l'enfant, lui, aura
perdu un, deux ou trois ans et même plus de sa vie scolaire, de son
développement éducatif. Ces années-là, il n'y a
personne qui pourra les lui redonner, jamais! (17 h 45)
Donc, nous recommandons que toute mesure de retrait d'un
élève handicapé de la classe ordinaire ou toute mesure
d'expulsion d'un élève handicapé des écoles d'une
commission scolaire soit assujettie préalablement à l'analyse du
comité consultatif de services aux élèves
handicapés, élargi par la participation des parents et du
représentant indépendant de l'élève, et que cette
mesure soit inscrite dans un point spécifique de l'article 222, section
VI, chapitre IV; que la lenteur d'apprentissage ne soit pas un motif de retrait
de la classe ordinaire et que ceci soit consigné dans un autre point du
même article; que dans le cas d'une décision contestée par
les parents, cette décision ne s'applique pas a priori, mais
après qu'elle ait été entérinée par les
instances compétentes, soit un tribunal administratif conçu
à cet erffet ou un tribunal supérieur; cette précision
d'importance capitale doit faire l'objet d'un point spécifique à
l'article 224.
Au point 3. 3, le droit à des services éducatifs: un droit
universel et inaliénable. Lorsqu'on dit au ministère de
l'Éducation qu'il existe un millier d'enfants qui n'ont pas de services
éducatifs, on nous dit: Où? Où cela? Cela ne se peut pas,
ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible! Alors, qu'on fasse le décompte
des enfants qui restent chez eux, des enfants qui sont dans des institutions,
etc.; et quand on dit "enfants", il y a cette partie un peu mouvante, de 18
à 21 ans, des personnes déficientes qui ont droit à des
services éducatifs. Donc, cela ne veut pas dire de 6 à 18 ans,
mais bien jusqu'à 21 ans. On estime à peu près à un
millier, actuellement, le nombre de ces jeunes qui n'ont pas de services
éducatifs. Il y a bien eu la mission MSSS-MEQ. Cela fait douze ans
qu'elle agonise. Année après année, on nous dit: II s'en
vient quelque chose; bien, cela ne s'en vient pas vite.
Alors, nous recommandons que le droit à l'éducation soit
déclaré universel et sans assujettissement et que ceci apparaisse
clairement au chapitre I, section I, article 1; que la dispense de l'obligation
de fréquentation scolaire, pour cause de handicap, ne soit pas
laissée au libre arbitre du Conseil des commissaires, mais
préconisée par un comité consultatif des services aux
élèves handicapés dans lequel les intérêts de
l'élève seraient représentés de façon
indépendante et dans lequel les parents auraient droit de parole et
droit de vote; que des services spéciaux de qualité soient
offerts, le cas échéant; et que cette spécification
apparaisse au chapitre I, section II, article 12. 4.
Quatrième point. Le comité consultatif des services aux
élèves handicapés: qu'on lui donne un vrai rôle et
un vrai pouvoir. Le rôle de ce comité semble faible, peu
spécifié, peu articulé par rapport au reste de la machine.
D'ailleurs, on a essayé de faire, nous, un organigramme qui lierait les
différentes instances, les différents comités dans le
projet de loi et on se rend compte que de façon un peu symbolique, ce
comité est à l'écart, qu'il n'a pas de contacts, de liens
avec les autres instances prévues par le projet de loi.
Donc, nous recommandons que les représentants des parents
à ce comité soient élus lors d'une assemblée
générale des parents d'élèves handicapés et
que l'article 167. 1 soit modifié en ce sens; que les
représentants d'organismes à ce comité soient
désignés par des associations de promotion et de défense
des droits reconnus et que les articles, bien sûr, soient modifiés
aussi; que le premier mandat de ce comité soit de favoriser
l'intégration en classe ordinaire des élèves
handicapés et qu'un point spécifique apparaisse à cet
effet; que pour toute recommandation d'importance ou conflictuelle relative
à un élève et à son plan d'intervention en services
éducatifs, le comité s'adjoigne les parents et un
représentant indépendant de cet élève; qu'un
représentant de ce comité siège de plein droit au Conseil
des commissaires et que ce soit le point 3 de l'article 125, section III,
chapitre IV; que ce comité ait un droit de veto lorsque l'orientation
d'un élève par la commission scolaire ne lui paraît pas
conforme aux intérêts de cet élève, au choix de ses
parents ou aux objectifs établis au sujet de l'intégration
scolaire et sociale.
Le cinquième point important qui pourrait être le premier
ou le deuxième: le droit de recours. Cela, pour nous, c'est vraiment
d'une importance absolument capitale. Actuellement, on en a parlé tout
à l'heure dans les points précédents, il y a des
décisions qui sont prises, qui sont contestées, qui sont reprises
et qui sont appliquées. Les parents n'ont aucun droit de
recours. S'il y a eu une tentative un peu faible mais qui était
là quand même dans les anciens projets de loi, on ne la retrouve
nulle part dans le projet de loi 107. Où s'adressent les parents? Les
enseignants ont un syndicat fort. Lorsque leurs droits sont brimés, ils
peuvent faire appel à leur syndicat. C'est bien et c'est normal. Mais
les élèves, eux, les parents, à quel syndicat font-ils
appel? Quel est leur organisme de recours? On n'a aucun mécanisme de
recours dans ce projet de loi-là et c'est probablement un des points
qui, pour nous, sont de toute première importance. Si on prend votre
enfant et qu'on le flanque dans une classe poubelle à côté,
vous avez quand même le droit de dire: Pourquoi faites-vous cela?
Expliquez-le-moi. Si c'est bien, si c'est valable; je vais dire oui. Mais si ce
n'est pas valable, je veux avoir quelqu'un à qui m'adresser pour dire
que je ne suis pas d'accord et que ce n'est pas valable; et il y aura un
mécanisme quelque part qui tranchera. Mais actuellement, ce
mécanisme-là n'existe pas.
Alors, nous recommandons qu'un droit de recours soit accordé aux
parents qui contestent une décision d'une commission scolaire, qu'une
Instance administrative ou judiciaire soit créée ou
désignée à cette fin et que ceci soit sanctionné
par un article spécifique du projet de loi 107. Et c'est, nous le
répétons, une recommandation fondamentale.
Notre sixième point d'importance: les commissions scolaires: une
autonomie inscrite dans la parité des services intégrés.
Nous n'avons rien contre l'autonomie des commissions scolaires. Cela semble un
peu coulé dans le béton. Bon, ça va. Sauf que ce si on
regarde un enfant, à un moment donné, dont les parents veulent
qu'il soit intégré à l'école ordinaire, les parents
magasinent dans les commissions scolaires comme on magasine entre Steinberg,
IGA et Provigo. Bon, quelle est celle qui est capable d'accepter mon enfant?
Les parents sont prêts à déménager, et il y en a qui
le font, parce qu'à un endroit il y a une commission scolaire qui
accepte de prendre leur enfant. Alors ils vendent leur maison et ils
déménagent dans la commission scolaire d'à
côté. Et ils se font dire bien froidement très souvent:
Vous n'êtes pas contents des services qu'on vous offre? Vous voulez avoir
les services de la commission scolaire d'à côté? On n'a pas
d'entente avec la commission scolaire d'à côté,
déménagez donc! Bien, les parents le font parce qu'ils n'ont pas
le choix. Ils déménagent.
Par ailleurs, l'inverse est aussi vrai. Un enfant qui est
intégré dans une commission scolaire pendant deux ans - j'ai
l'exemple actuellement - les parents déménagent pour cause de
travail et arrivent dans une autre commission scolaire; l'enfant est mis dans
une classe spéciale sans autre forme de procès. Bien, cela fait
deux ans qu'il est en classe régulière, et puis là, classe
spéciale, bang! parce que dans cette commission scolaire, cela ne se
fait pas. C'est pas ordinaire!
La parité. Nous voulons bien que les commissions scolaires soient
autonomes, mais ce qu'on sait aussi c'est que l'argent des commissions
scolaires sort des poches des contribuables et qu'il sort aussi des poches des
parents d'enfants handicapés, et que n'importe quelle instance publique
a non seulement le droit mais le devoir de savoir comment sont utilisées
les sommes qui dont données à des organismes publics. Et
l'autonomie me semble bien aléatoire lorsqu'on est tributaire de
subventions. Et c'est un peu une façon très facile pour les
commissions scolaires de se débarrasser de certaines choses dont elles
ne veulent pas, sous prétexte de manque de fonds. Quand on regarde le
bilan financier des commissions scolaires, les excédents, les surplus
des commissions scolaires, on se demande où est le problème et
pourquoi on va chercher 10 000 $ à l'OPHQ dans une commission scolaire
qui présente un surplus financier de 1 000 000 $. Je ne suis pas
administratrice, mais je me pose la question et je vous la pose aussi.
Donc, nous recommandons que le ministère de l'Éducation,
à l'intérieur du projet de loi 107, assume un rôle de
leadership et définisse clairement ses orientations envers les services
éducatifs intégrés pour tous les enfants
handicapés. Que l'autonomie des commissions scolaires soit
balisée de principes de base visant à éliminer les
disparités locales et régionales.
En septième lieu, les services complémentaires et
particuliers: des options cohérentes avec les intérêts de
l'élève et le choix des familles. On ne s'attardera pas
là-dessus. On l'a dit, redit, reredit. Tout individu a droit au
développement intégral de sa personne. Des parents sont pris
entre deux obligations légales: une de base, fondamentale, qui dit que
je dois donner à mon enfant le maximum pour l'aider à se
développer, l'autre qui me dit que je dois le scolariser; je suis
obligé de le faire. Or, je regarde le programme de scolarisation; je me
rends compte que mon enfant, cela fait trois ans qu'il a acquis les objectifs
du programme offert par les classes spéciales et que je ne peux pas
faire autrement que de l'envoyer à l'école, je peux me faire
poursuivre. Nous recommandons donc que le droit à des services
éducatifs complémentaires et particuliers soit garanti et
spécifié en fonction de l'intérêt de
l'élève, de l'accord de ses parents, s'il est mineur, qu'il soit
offert dans un contexte scolaire régulier et avec une orientation claire
vers l'intégration et que cette spécification apparaisse au
chapitre 1, section 1, article 1.
Enfin, le plan d'intervention en services éducatifs. Une
nécessité qu'on n'a plus besoin de démontrer. Je pense que
tout le monde est d'accord sur la nécessité du plan
d'intervention. Sauf qu'actuellement, on demande à un moment
donné à une commission scolaire: Avez-vous des plans
d'intervention? On dit: Voyons donc, le plan d'intervention, c'est le
classement. Ah! bien oui, voyons. Cela s'impose. On se rend compte que les
commissions scolaires ne savent pas pour
la plupart ce que c'est un plan d'intervention en services
éducatifs. Lorsque le plan d'intervention existe, il est multiforme,
d'une commission scolaire à l'autre. C'est exactement ce qu'on retrouve,
d'ailleurs, dans les plans de services; ce n'est pas très
différent. Chacun fait ce qu'il veut, ce qu'il peut, comme il peut, avec
ses moyens, puis voilà.
Donc, nous recommandons que le plan d'intervention obligatoire pour tout
élève handicapé soit élaboré avec la
participation de l'élève et de ses parents, s'il est mineur, et
qu'il soit révisé au moins bi-annuellement. Que la
responsabilité de l'équipe-école soit clairement
signifiée afin d'assurer son implication et son adhésion. Que le
projet de loi prévoit que, par règlement ou à
l'intérieur du régime pédagogique, on établisse une
définition claire du plan d'intervention, de ses modalités
d'élaboration, de ses objectifs et de son actualisation afin d'assurer
une uniformité d'application au Québec. Cela, c'est
particulièrement important. Que le plan d'intervention soit soumis
à l'acceptation des parents et, en cas de controverse, au comité
consultatif des services aux élèves handicapés. Qu'un
recours additionnel soit permis à l'élève et/ou à
ses parents devant l'instance dont il est question à l'article 3. 5.
Et enfin, très rapidement, une véritable loi sur
l'éducation. Il nous est très pénible, comme c'est
écrit dans le mémoire, de constater que le projet de loi 107
porte encore le nom de Loi sur l'instruction publique. C'est nier son
rôle d'éducation civique. Je vous reporte à la page 7 de
notre mémoire. L'extrait du texte "État de la réflexion au
ministère de l'Éducation en matière d'accueil en classe
ordinaire" nous dit: Réaffirmer la complémentarité des
objectifs d'apprentissage et de socialisation et encourager une organisation
scolaire qui en permette l'atteinte simultanément.
Vous avez d'autres points. Je ne les passerai pas. On n'a pas le temps.
Mais cet état de réflexion au ministère...
Une voix: Prenez le temps qu'il vous faut.
Mme Gilbert:... ne transparaît pas dans le projet de loi
107. On nous dit: On a une Loi sur l'instruction publique, et c'est toujours
l'élément majeur quand on veut intégrer un enfant.
L'école, c'est un lieu d'apprentissage académique. Le
ministère nous dit: complémentarité, apprentissage,
socialisation, atteinte simultanée. On veut le retrouver dans le projet
de loi. Donc, finalement, que la Loi sur l'instruction publique porte le nom de
loi sur l'éducation et que la mission éducative de l'école
soit clairement établie au chapitre 3, section I, article 35.
Pour ma part, j'aurais terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine votre
présentation, Mme Gilbert. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
à la table avant que nous ne débutions la période de
questions?
Mme Mercier-Bilodeau: J'aimerais peut-être seulement
souligner l'article 217.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez madame.
Mme Mercier-Bilodeau: Nous demandons dans cet article de
préciser les normes d'organisation des services pour les enfants en
difficulté d'apprentissage et pour les enfants handicapés et
qu'il y ait une véritable politique d'intégration définie.
Parce qu'on retrouve toujours des affaires floues. Le ministère "peut".
Nous disons: Ce n'est pas "peut". Le ministère "doit". Que je sache,
lorsqu'il y a une programme de français qui est établi au niveau
du primaire, on ne dit pas: La commission scolaire "pourra". On dit: La
commission scolaire "devra", peut-être dans les trois prochaines
années, mettre en application et avoir des structures. Alors nous
pensons qu'il y aurait lieu de préciser les normes d'organisation pour
qu'il y ait une véritable politique et que cela vienne un peu du
ministère. Parce que l'intégration scolaire est la meilleure
garantie de développement optimal, d'adaptation des comportements et
d'intégration sociale. Dans le régime pédagogique actuel,
c'est bien écrit que l'intégration doit favoriser l'insertion
sociale. Que je sache, quand j'apprends à nager, je n'apprends pas
à nager sur le bord de la piscine. J'apprends à nager dans l'eau.
Et je peux vous garantir que les expériences d'intégration que
j'ai eues avec mon enfant m'ont toujours prouvé qu'il était
capable d'apprendre et qu'il apprenait encore dix fois mieux que lorsqu'il
était allé en classe spéciale. (18 heures)
Alors, nous voudrions que ce soit plus précis et à la fin,
on dit que ce ne doit jamais être qu'une solution de dernier recours,
prise dans l'intérêt exclusif de l'élève et au plus
court terme possible. Moi, l'école spéciale, j'y crois, mais de
façon temporaire dans la vie d'un enfant. Un peu comme lorsque nous
allons à l'hôpital; nous sommes bien d'accord pour vivre avec un
problème qu'on ne peut pas régler. Nous sommes d'accord pour s'en
accomoder et nous sommes d'accord pour aller à l'hôpital, mais pas
pour y passer notre vie. Nous y allons pour avoir des soins, pour apprendre
à vivre avec notre problème. Mais nos enfants, ils l'auront
toujours la différence; alors, je ne vois pas pourquoi ce serait
à vie.
Et je vous parle de court terme parce qu'il y a deux ans, nous avons eu
une enfant qui est arrivée de la Côte-Nord, dans notre
région. Elle est arrivée naturellement avec une belle
étiquette "classe spéciale". Mais heureusement pour elle,
imaginez-vous qu'il n'y avait pas de place en classe spéciale. Alors on
l'a placée avec son groupe d'âge. Le professeur, vu qu'elle
était en excédent, a eu un petit surplus financier. Alors
quelques mois après, n'y a-t-il pas une place qui se
libère en classe spéciale, et le directeur de l'école -
croyez-le ou non - est venu chercher l'enfant et l'a rapatriée là
où elle doit être, c'est-à-dire avec son étiquette
"adaptation scolaire"! Et je peux vous dire que le professeur ne voulait pas
entendre parler de cette solution - retourner dans une classe spéciale -
parce que l'enfant fonctionnait comme le troisième tiers des enfants de
sa classe, c'est-à-dire qu'elle réussissait à
répondre aux objectifs d'apprentissage de son groupe d'âge, mais
parce qu'elle était étiquetée et marginalisée, on
l'a prise et on l'a rapatriée dans la classe spéciale.
Alors cela me fait penser un petit peu que j'ai le droit d'aller
à Montréal, mais à la condition de prendre toujours les
voies secondaires. Je vais peut-être y arriver, mais ce n'est pas
tellement agréable. Nos enfants n'ont pas droit à l'autoroute en
éducation, c'est-a-dire des endroits stimulants, valorisants, et
articulés. J'ai enseigné dans une classe spéciale et je
peux vous dire que j'avais beau demander des services, une dactylo, de
l'orthophonie, je n'avais jamais rien, parce que c'était moi la
spécialiste. Mais riez...
Dans un article précédent, on mentionne également
que ces enfants doivent avoir du matériel adapté. Mais ce n'est
pas le cas. C'est très difficile d'avoir l'outil adapté à
l'enfant. La seule chose qui est adaptée c'est le fait d'être dans
une classe et d'être regroupé. C'est la seule chose qui est
spéciale. On a rarement l'appareillage et les outillages
spéciaux. On doit s'adapter à ce avec quoi on vit. Alors c'est ce
qui amène la marginalisation.
À la section 1, à l'article 414, on dit: "Le gouvernement
doit établir"; nous disons "doit" et non "peut", parce que c'est
très faible le verbe qu'on emploie. Les milieux se lancent la balle, la
commission scolaire dit qu'il n'y a rien dans la loi qui oblige, le MEQ nous
dit qu'il n'y a rien dans la loi qui empêche de faire telle chose, alors
c'est tellement flou; on pense qu'il y aurait lieu d'apporter une
précision en ce qui a trait au verbe à employer.
Voilà les commentaires que j'avais à apporter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
mesdames et monsieur aussi, de cette intervention. Il n'y a pas d'autres
interventions? Il nous reste quelques minutes pour établir un dialogue
entre les membres de la commission et je vais reconnaître, dans un
premier temps, M. le ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: Comme vous le constatez, M. le Président, il ne
nous reste pas beaucoup de temps pour établir une conversation
véritable, parce que la présentation a été plus
longue que nous ne l'avions anticipé. C'était le droit des
intervenants de la faire plus longue, nous ne leur en faisons grief d'aucune
manière.
Dans le peu de temps qu'il nous reste, je voudrais tout d'abord faire
une précision. Au cours de la soirée, probablement après
la présentation du mémoire de l'association
québécoise pour les enfants en trouble d'apprentissage, je vais
commenter de manière plus explicite les principales propositions qui ont
été faites au cours de la journée. Elle sont revenues
à plusieurs reprises; les principales sont substantiellement les
mêmes, d'une intervention à l'autre. Il y a des applications
particulières, mais je ferai un commentaire un petit peu plus
élaboré sur les principales propositions dont j'ai pris note,
parce que je pense que les personnes et les groupes qui viennent nous
rencontrer ont droit de retourner chez eux avec une idée un peu claire
de la manière dont le gouvernement réagit et on ne voudrait pas
du tout les priver de cette expérience à laquelle ils ont droit.
Par conséquent, je ne peux pas m'engager avec des commentaires
particuliers dans le peu de temps que nous avons. Mais je voudrais dire aux
parents qui nous ont parlé au nom de l'Association
québécoise pour l'intégration sociale que nous sommes
déjà saisis des principales demandes de l'association. Vous
m'avez écrit, il y a quelque temps, pour me saisir de vos demandes.
Mme Gilbert: Un mois et demi, M. Ryan.
M. Ryan: Nous sommes au travail sur ces demandes. Il y a
déjà un bon nombre de choses qui se font au ministère.
Nous ne faisons pas toujours de bruit avec les choses que nous faisons. Au
cours de l'année 1987-1988, par exemple, nous avons injecté dans
le réseau scolaire, pour des fins directement reliées aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, 150
postes additionnels d'enseignants. Alors que tout parlait de compressions, nous
avons injecté dans ce secteur, 150 postes de plus. Cette année,
nous avons injecté au moins 4 000 000 $ de plus pour soutenir le travail
qui s'accomplit dans le réseau.
Un gros problème découle pour nous de certaines
contraintes qui sont inhérentes aux conventions collectives. Comme vous
le savez sans doute, la dernière convention collective prévoyait
la création d'un comité conjoint syndical-patronal, y compris le
ministère évidemment, pour l'examen de certaines de ces
difficultés. Cela me fait plaisir de vous dire que le travail du
comité s'est accompli dans un excellent climat au cours des derniers
mois. Nous en sommes venus à identifier - et je pense bien que nous en
viendrons à les faire reculer sensiblement - beaucoup des
difficultés qui émanaient de ces sources. Je pense qu'on est
arrivé à une prise de conscience commune de certaines situations
qui ne peuvent pas être commandées uniquement par des contraintes
de conventions collectives. Il faut qu'on pense au bien de l'enfant en fin de
compte. De ce côté-là, je pense que sans bruit, par le
dialogue, par le respect de nos partenaires, nous sommes en train
d'arriver à des améliorations sensibles. Ce sont des
points, je pense, qu'il est important de mentionner.
J'en mentionne un autre. Au cours de la présente année
1988-1989, nous avons entrepris un travail de fond sur toute la politique du
gouvernement en matière d'élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. Nous avons fait un relevé complet de ce
qui existe dans les commissions scolaires. Nos sous-ministres ont
préparé des documents de travail importants, dont certains ont
déjà été soumis et d'autres doivent m'être
communiqués prochainement. Je crois qu'au cours des prochains mois, du
côté du ministère, il va s'accomplir un travail très
important. J'annonce ceci sans toutefois minimiser l'importance du travail qui
se fait déjà. Je ne voudrais pas qu'on pense qu'il ne se fait
rien, c'est tout le contraire. Nous ferons encore davantage parce que c'est
vraiment...
De ce point de vue, je pense que la journée d'aujourd'hui aura
été très utile pour nous tous. C'est vraiment un des
volets du système d'enseignement québécois en 1988 qui est
parmi les plus préoccupants. Il y a une augmentation notoire de la
clientèle scolaire présentant des difficultés d'adaptation
et d'apprentissage ou encore des handicaps. Actuellement, je pense que parmi
cette clientèle, on doit avoir au moins 20 000 élèves
souffrant d'un handicap physique, mental ou sensoriel. Nous avons près
de 100 000 élèves, je pense bien, en tout et partout, qui
souffrent de difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Alors, c'est
une commande considérable. Dans certaines commissions scolaires, le
volume augmente de façon préoccupante. Alors, ce sont des points
en guise d'introduction que je tenais à mentionner.
J'ajoute une dernière observation. On ne réglera pas
toutes ces questions par des déclarations de droit. Cela a
été une illusion qu'a nourrie longtemps notre
société, qu'inscrire un article en préambule d'une loi de
manière la plus absolue, la plus universelle possible, constituerait une
solution à tous les problèmes. Ce n'est pas vrai. Nous nous
retrouvons le lendemain avec les mêmes ressources humaines que nous
avions la veille, avec la même situation financière
générale. Je pense que c'est plus important d'envisager un
cheminement qui va nous permettre de faire des progrès graduels
plutôt que de prétendre tout régler du même coup.
C'est pour cela et j'en reparlerai ce soir. Les demandes qui portent sur des
déclarations absolues sont accueillies avec réserve par le
gouvernement, parce que nous avons appris, je pense, à être
sérieux et responsable dans ces choses. Si nous inscrivons un texte
absolu dans une loi, il faut que nous soyons prêts à mettre les
ressources qui l'accompagnent. Quand nous ne sommes pas en mesure...
Mme Gilbert: D'accord, M. Ryan. J'aimerais que vous me
précisiez, s'il vous plaît...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, je
m'excuse. Vous avez eu tout le temps voulu, je pense. On va laisser le ministre
s'exprimer et après, vous aurez...
Mme Gilbert: ...parce qu'il nous dit des choses, on pense, sur
notre temps, et nous ne comprenons pas exactement où cela va, quelles
sont les implications des déclarations de M. Ryan. Nous sommes sur nos
45 minutes de présentation, nous devons échanger; nous
écoutons les déclarations de M. Ryan qui sont très
intéressantes, mais justement, nous pouvons lui poser quelques questions
pour qu'il précise ses déclarations, je crois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Libre à
vous, madame, d'y aller, mais, par contre, je vous dis que...
Mme Gilbert: Lorsque M. Ryan nous dit: On ne peut régler
rien en termes de déclaration de droits absolus, je voudrais qu'il
précise. Est-ce qu'on met des limites en termes de droits; est-ce qu'on
les classifie, on les catégorise? Qu'est-ce qu'on fait, si on ne peut
rien régler en termes de droits, si on ne peut pas déclarer qu'il
y a des droits pour tous? À quel moment on les arrête ces droits,
à quel niveau, à quel échelon?
M. Ryan: Oui, regardez, dans l'article 2 du projet de loi, il y
en a un exemple. On dit: Les élèves qui sont des personnes
handicapées ont droit à la gratuité jusqu'à
l'âge de 22 ans. On aurait pu mettre 24 ans, on aurait pu mettre 30 ans,
on aurait pu ne mettre aucune limite d'âge, mais on a mis 22 ans. C'est
un projet. On écoute les réactions, mais à mon point de
vue, il en faut une quelque part. Quelqu'un nous a dit tantôt: Dans le
cas des adultes qui sont des personnes handicapées, vous ne pourriez pas
envisager la gratuité? C'est intéressant; on va l'examiner, mais
ce sont tous des cas qu'il faut examiner un par un. Nous ne vous donnerons pas
une promesse générale, absolue, à laquelle nous ne serions
pas capables de faire face demain. C'est cela que je veux vous dire. Mais dans
la mesure où on réussit à identifier une situation
précise, un objectif pratique qui peut être à
l'intérieur des moyens d'action du gouvernement, moi, je suis le plus
disposé à faire des modifications qui permettraient
d'améliorer le projet de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je regrette, M. le
ministre, le temps prévu à votre formation ministérielle
est terminé. Je reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition,
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci M. le Président. Mme la
présidente, Mme la directrice générale, Madame et
Monsieur, je vous ai écoutés avec beaucoup de plaisir. Je dois
dire que j'aurais eu
beaucoup de questions à vous poser. Cependant, j'estime que la
vigueur de votre présentation vaut bien probablement ce qu'aurait pu
être le temps que vous m'auriez laissé pour vous poser des
questions. Alors, je pense que cela a été utile, cela a
été très éclairant.
Ce que vous essayez de faire comprendre au ministre, et j'imagine que le
ministre est sensible à cette situation - je sais que la
députée de Jacques-Cartier l'est, je sais que le président
l'est également - c'est qu'on ait un droit au moins égal à
l'éducation et la façon de s'en garantir, de garantir les parents
que leurs enfants ont un droit égal à l'éducation, c'est
que cela soit inscrit quelque part. Moi, je comprends l'intervention des
parents, car lorsque c'est laissé à des mécanismes qui
disent: On pourra éventuellement, "peut", je pense que vous avez raison,
qu'il faut s'assurer que ce soit inscrit dans la loi de manière que,
pour n'importe quelle raison, on ne soit pas en train de se défiler. Et
la raison majeure actuellement, on ne se le cachera pas, c'est que c'est vrai
que c'est dérangeant. On n'est pas habitué à cela dans les
écoles. Les enseignants, cela leur fait peur. Et les parents n'osent pas
trop prendre l'enfant et le laisser - comme je le disais tantôt - dans la
rue, parce que c'est un enfant qui est déjà
insécurisé. Cela pose un problème réel. Je pense
qu'il va falloir absolument qu'on inscrive un certain nombre de choses dans la
loi et l'idée d'inscrire un plan d'intervention en services
éducatifs intégrés, établi en concertation avec les
parents et non pas en consultation avec les parents, je trouve que c'est
majeur. Je connais mieux le cas de Mme Mercier, parce qu'on a eu l'occasion
d'en parler. Vous savez, c'est inacceptable. Elle a dû donner des cours
à l'enfant à la maison pour montrer que l'enfant était
capable d'apprendre; malgré tout, elle n'est pas encore
intégrée. C'est très variable d'une région à
l'autre. Je pense qu'on ne peut pas laisser cela ainsi.
La maternelle 4 ans aussi, je pense qu'il y a urgence à les
établir. Là, le ministre va dire que je fais de la
démagogie mais, moi, plutôt que d'ouvrir des écoles
privées, j'essaierais d'ouvrir un petit peu plus de maternelles 4 ans
pour les enfants qui souffrent d'un handicap, parce que l'avenir est là.
Cela coûte cher. Excusez-moi, je vous tiens un discours
complètement mercantile, mais si on ne leur donne pas les moyens pour
devenir autonomes, si on ne paie pas de 0 à 15 ans, on paie de 15
à 75. Je me dis c'est cela, il faut absolument leur donner le maximum
d'autonomie en raison, ne serait-ce si ce n'est pas par humanité, en
raison des coûts sociaux. Alors, je pense que c'est un mauvais calcul
lorsqu'on n'investit pas suffisamment là-dedans.
Il y a juste une question que je voudrais qu'on ait le temps
d'éclaircir un peu, vous dites... Par rapport à
l'éducation des adultes, moi, je pense que la gratuité se perd.
Le ministre s'est un peu engagé l'autre jour, là, sur la
gratuité à l'éducation des adultes pour
l'équivalent des études secondaires, j'imagine qu'il devrait
l'inscrire. Mais, quand vous dites 22 ans: moi, ce que j'ai compris dans le 22
ans, c'est que l'enfant, l'élève a droit à ces services
réguliers jusqu'à l'âge de 22 ans et je trouve que c'est
majeur. Parce qu'on a souligné à mon attention le cas de deux
élèves adultes quadra-plégiques à qui on refusait,
parce qu'ils avaient 22 ans, l'accès à l'école, au service
régulier, parce que les services qu'ils voulaient avoir n'étaient
pas disponibles à l'éducation des adultes, d'accord? Moi, je
trouve que si vous vous privez de cela, parce que vous diminuez, vous modifiez
cet article, il faut être prudents, il faut bien en saisir la
portée. Moi, je pense que, au contraire, il faudrait s'assurer, parce
qu'ils prennent plus de temps à se former ou à acquérir un
minimum d'habileté... Il faudrait peut-être même penser
qu'ils pourraient avoir accès à des services réguliers,
même un peu plus tard. Alors, c'est plus dans cette direction-là
que cela me préoccupait un peu. J'ai mieux compris, à la suite de
l'avant-dernière intervention, mais je serais prudente lorsque vous
demandez de ne pas fixer cela à 22 ans. Cela ne veut pas dire que
l'enfant ne pourra pas entrer à seize ans dans l'éducation des
adultes, pour prendre le cas de monsieur, là. Il y a six mois d'attente,
je comprends qu'il faudrait peut-être vérifier, mais, par rapport
à 22 ans, moi, en tout cas, j'aurais des réserves
là-dessus, si la compréhension que j'en ai est correcte. Il a le
choix. Ce que je veux dire, c'est que vous êtes mieux d'avoir un 22 ans
là qu'un 18 ans, par exemple, à 18 ans, il est dehors.
Mme Gilbert: Le choix existe de l'autre côté.
Mme Blackburn: Oui, oui. Mais, il y a les six mois, actuellement.
Mais, il a certainement le choix: à 16 ans, il a le choix; à 16
ans et six mois, il a le choix. Je pense bien que la compréhension est
à peu près la même là-dessus, même s'il est
handicapé, à 16 ans et six mois, il est à
l'éducation des adultes. En tout cas, il faudrait mieux examiner cette
question-là, parce que, si cela avait été
l'interprétation que vous en donnez, j'aurais été
préoccupée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, est-ce que
vous avez interrogé le ministre?
Mme Blackburn: Oui, oui. Il peut répondre, parce qu'on est
aussi là pour s'informer.
M. Ryan: Je voudrais juste ajouter une chose, c'est que le
délai de six mois dont il est question dans le projet de loi 107, c'est
une chose qui est discutable. Si vous avez des arguments à nous
soumettre contre cette idée-là, on n'est pas... on ne s'oppose
pas à les écouter.
Mme Blackburn: Moi, je vous dis: Avant, c'était un an.
Cela pose le problème d'un glissement de clientèles
régulières aux clientèles à l'éducation des
adultes. Cela coûte moins cher, généralement,
l'éducation des adultes, à l'État québécois,
mais cela pose aussi des problèmes, c'est toute la question de
l'intégration des jeunes adultes à l'enseignement professionnel;
moi, là-dessus, j'aurais des réserves, autant les exprimer comme
cela. Mais pour les 22 ans, je voudrais juste vous dire que c'est important,
selon moi, que cela reste là et que, si on avait un avantage, ce serait
probablement de l'augmenter, si je prends les deux cas que je vous citais tout
à l'heure.
Alors, votre idée que le fardeau de la preuve appartienne
à la commission scolaire, c'est intéressant, je ne sais pas
comment cela pourrait être introduit, mais je pense qu'une des
idées intéressantes, parmi les plus intéressantes, je
dirais, qui ont été soumises ici, c'est celle d'un protecteur de
l'enfant, qui pourrait prendre des décisions plus rapidement, qui aurait
un certain pouvoir. Alors, il faudrait voir comment cela pourrait
s'administrer, se gérer au sein des commissions scolaires et,
évidemment, il y a le droit de recours. On a accordé aux
comités le droit d'aller en justice, lorsque la loi n'était pas
appliquée, au comité-conseil, là, au conseil
d'orientation. Je pense que le minimum, c'est le droit de l'élève
ou de ses parents d'en appeler au Protecteur du citoyen. Je pense que,
là-dessus, ce sont des points sur lesquels on aura l'occasion de
revenir, au moment de l'examen du projet de loi article par article et sur
lesquels, je pense bien avoir un appui du côté ministériel.
Je le souhaite, de toute façon, parce qu'en ce qui concerne la
protection des élèves, je trouve cela majeur.
Je vous remercie infiniment de votre présentation et de votre
présence ici et nul doute que vous avez réussi à
sensibiliser les membres de la commission parlementaire. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, mesdames et
messieurs, merci. La commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 20)
(Reprise à 19 h 35)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation va reprendre ses travaux. Je veux remercier
nos invites qui ont accepté de comparaître devant nous une
demi-heure avant l'heure prévue, ceci afin de nous donner plus de temps
pour approfondir davantage nos dossiers.
Alors nous accueillons, dans un premier temps, l'Association
multiethnique pour l'in- tégration des personnes handicapées, qui
est représentée pas Mme Luciana Soave, qui en est la directrice
générale. Alors Mme Soave, nous vous souhaitons la bienvenue et
nous vous remercions beaucoup d'avoir répondu d'une façon
affirmative à l'invitation de la commission permanente de
l'éducation. La commission est anxieuse de connaître votre
réflexion sur ces deux projets de loi, deux projets de loi d'une
très grande importance, dirais-je, pour le ministère de
l'Éducation, à savoir le projet de loi 106, qui traite des
élections scolaires, et surtout, j'imagine, le projet de loi 107, qui
prévoit un remaniement, une refonte des lois du ministère de
l'Éducation.
Alors madame, de façon à ne pas retarder nos
échanges, je vous inviterais à nous présenter les gens qui
vous accompagnent et à enchaîner en nous présentant votre
mémoire.
Association multiethnique pour l'intégration
des personnes handicapées du Québec
Mme Soave (Luciana): Je vous remercie beaucoup, je passe la
parole à M. Jérôme Di Giovanni, secrétaire de
l'association, qui va faire les présentations du reste du groupe et
aussi de l'organisme puis je reprendrai la parole brièvement pour
présenter notre mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est M.
Giovanni?
Mme Soave: Di Giovanni.
M. Di Giovanni (Jérôme): C'est cela, oui. Au nom de
l'association, je désire vous remercier de nous avoir invités et
de nous donner l'occasion de vous exposer cette problématique.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais vous présenter les membres de
l'Association multiethnique pour l'intégration des personnes
handicapées qui sont ici. À ma droite, Mme Luciana Soave,
directrice générale de l'association; Mme Teresa Penafiel,
travailleuse sociale et travailleuse communautaire au sein de l'association et
aussi spécialisée en ce qui concerne les politiques et les
problématiques familiales; Mme Miriam Del Pozo, éducatrice et,
à titre de professionnelle et d'éducatrice
spécialisée, elle travaille à l'association, siège
aussi à notre conseil d'administration et travaille à
l'école Peter Hall comme éducatrice
spécialisée.
Après ces présentations, nous voudrions vous exposer la
problématique, vous présenter l'association de façon
globale, pour en arriver ensuite à avoir un échange sur nos
recommandations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'abord, mesdames,
bienvenue. La commission a prévu une période de 45 minutes pour
vous entendre et dialoguer avec vous. Moi, je pourrais peut-être vous
suggérer - mais à titre indicatif seulement,
sentez-vous bien libre - de prendre peut-être quinze minutes
environ pour nous présenter le fond de votre mémoire, ou le fruit
de votre réflexion, et, après cela, on pourra dialoguer avec les
membres de la commission.
M. Di Giovanni: Je crois que nous voulons faire exactement cela,
nous sommes dans la même lignée...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, on
s'entend.
M. Di Giovanni: On s'entend très bien, il n'y a aucun
problème.
L'association existe depuis 1980, c'est-à-dire depuis à
peine huit ans. Elle est née à la suite de la reconnaissance d'un
besoin de parents de communautés culturelles qui avaient des enfants
handicapés et qui, en fin de compte, n'étaient pas capables seuls
de se retrouver à l'intérieur du système scolaire, tant en
ce qui concerne les service que pour ce qui est du fonctionnement du
système scolaire. Ils avaient besoin de support, à cause des
différences de langues, à cause des différences de culture
et des pratiques, et ils ont décidé de se regrouper pour se
donner des services, mais vraiment des services palliatifs, à savoir des
explications sur le fonctionnement du système scolaire, des services
aussi pour remplir des formulaires ou des demandes de service, des services qui
faisaient aussi appel à du support familial, du support psychologique
auprès des parents qui avaient des enfants avec une déficience et
des incapacités. A la suite de cela, en fin de compte, il y a eu un
regroupement qui s'est fait et qui a donné naissance à
l'Association multiethnique pour l'intégration des personnes
handicapées et, de là, on a commencé à parler d'une
problématique double: une problématique qui est reliée au
handicap, à la déficience et aux incapacités et une
problématique qui est reliée à l'appartenance ethnique et
à l'appartenance raciale. De là, on a commencé à
parler de minorités invisibles, parce que ces enfants-là qui
avaient une déficience et qui étaient d'origine ou d'appartenance
culturelle autre que française et britannique, on avait tendance
à les cacher. On avait tendance à les ignorer ou à ignorer
leurs besoins. Notre mémoire, en fin de compte, vise à nous
positionner ou vise à expliquer, en ce qui concerne les recommandations,
cette double problématique... Là, si vous me le permettez, je
passerais la parole à Mme Soave pour décrire les recommandations
charnières qui nous paraissent extrêmement importantes et qui
pourraient donner un éclaircissement à la commission
parlementaire par rapport à cette problématique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme
Soave.
M. Di Giovanni: Mme Soave.
Mme Soave: Merci. Donc, nous, après avoir consulté
le projet de loi 107, on est restés fermes dans un point principal,
comme on l'a dit dans notre mémoire. On a collaboré avec la
Confédération des organismes provinciaux des personnes
handicapées dans l'élaboration du mémoire qu'ils ont
présenté aujourd'hui, à midi. On participe et on collabore
à la politique d'intégration des personnes ou des
élèves vivant avec une déficience. On s'est penchés
en particulier sur l'absence totale, dans le projet de loi, d'une mention
quelconque d'environ un quart de la population québécoise
actuelle. Actuellement, dans la commission scolaire catholique, aujourd'hui, 41
% des élèves appartiennent aux communautés culturelles. On
prévoit que d'ici dix ans, ce pourcentage pourrait monter facilement
à plus de 50 % et, malgré cela, on a un projet de loi qui ne
tient pas compte des besoins particuliers de cette clientèle d'enfants
qui arrive.
Tout en étant d'accord avec le fait qu'on est des
Québécois... Je suis Québécoise d'origine
italienne. Je me sens quand même Québécoise et je participe
dans la vie... Parfois les gens nous disent: Qu'est-ce que vous voulez? Vous
voulez qu'on vous considère comme des égaux et entretemps, vous
voulez tout le temps qu'on vous mette à part. Oui, on veut être
considérés en égaux dans le sens de droit, le droit aux
soins socio-médicaux, le droit à une éducation
égale qui facilite l'intégration. On a des droits comme tout le
monde. On veut être des Québécois comme tout le monde.
Cependant, les besoins spéciaux sont là. On ne peut pas les
ignorer. Un enfant qui vient d'arriver d'un autre pays, qui ne connaît
pas la langue ou la culture, on ne peut pas ignorer qu'il ait des besoins
spéciaux. On ne veut pas dire qu'il n'y a pas de ressources et qu'il n'y
a pas de services. Ce qu'on veut dire, c'est qu'il faudrait les concerter, les
améliorer et se pencher sur le fait que bientôt, ces
enfants-là peuvent même devenir la majorité. Comment les
intégrer tout en conservant la culture québécoise à
laquelle tout le monde tient beaucoup? Ce sont des enfants qui vont
éventuellement garder leur culture d'origine, mais on veut aussi qu'ils
apprennent la culture du pays d'accueil. C'est important donc qu'à
l'école, avant tout, ils reçoivent la base pour
l'intégration. Pour nous, donc, c'est essentiel que le Québec se
dote d'une loi sur l'instruction publique - c'est la phrase conclusive de notre
mémoire - qui Inclurait une politique claire d'intégration
scolaire de tout élève ayant des besoins spécifiques,
qu'il s'agisse d'un enfant ayant des besoins spécifiques dans le sens
d'une déficience ou d'un enfant qui a besoin d'une intégration
linguistique ou culturelle. Il faudrait que chaque niveau décisionnel
assume sa part de responsabilités, afin de respecter le droit à
l'éducation de toute personne ou tout élève qui
fréquente les institutions publiques du Québec.
On passe très brièvement à certaines des
recommandations. Elles sont toutes essentielles. On n'en souligne que
quelques-unes. En particulier, ia recommandation I): que tous les articles du
projet de loi concernant les élèves handicapés et les
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage
soient modifiés pour inclure les élèves des
communautés culturelles. On pense que les élèves des
communautés culturelles ou beaucoup d'élèves des
communautés culturelles ont ou vivent des problèmes
d'apprentissage dus à la langue et à la culture. Nous
recommandons aussi que le projet de loi prévoie même un chapitre
portant sur une politique d'intégration de ces élèves
ayant des besoins spécifiques. On pense que les enfants doivent
être évalués selon leur capacité intellectuelle ou
leur capacité de niveau d'intégration et on devrait tenir compte
de la langue, de la culture, du niveau de scolarisation acquis dans son pays et
de son vécu socio-affectif. Malheureusement, c'est un fait que beaucoup
d'enfants qui ne s'intègrent pas dans les dix mois d'une classe
d'accueil peuvent et se retrouvent dans des classes spéciales ou dans
des classes d'élèves en difficulté parce qu'ils n'ont pas
acquis la connaissance de la langue au même rythme que les autres.
Nous recommandons aussi que le programme d'accueil et d'aide à
l'adaptation, déjà en place dans le système scolaire, soit
spécifié dans la loi; que l'éducation des adultes tienne
compte des besoins spécifiques des personnes adultes avec une
déficience intellectuelle pour qui il n'y a absolument aucune
possibilité d'apprendre la langue française. Ces personnes ne
viennent pas en masse à cause de la loi fédérale; donc,
elles viennent très éparpillées et en nombre très
limité. Il n'y a aucune possibilité de donner des cours de langue
seconde à une personne adulte qui veut apprendre le français
comme langue seconde, ce qui pourrait pourtant faciliter son
intégration.
On recommande que des programmes de formation spécialement
conçus pour les intervenants du réseau scolaire soient
donnés de façon obligatoire à tout intervenant travaillant
dans les établissements que fréquentent des élèves
originaires des communautés culturelles et que, dans le curriculum
scolaire des étudiants des domaines de l'éducation, soit
intégrée au programme de sciences humaines et de la santé,
une formation sur la réalité multiculturelle du
Québec.
On a souligné plusieurs recommandations qui se penchent en
particulier sur les commissions scolaires. On ne va pas toutes les passer;
j'imagine que tout le monde a eu le temps de les lire, du moins on le souhaite.
On veut quand même souligner les particularités, les
difficultés que vivent les familles qui ont un enfant et qui ne parlent
pas la langue. On pense en particulier aux enfants qui vivent avec une
déficience et qui ont besoin de soins particuliers; les intervenants et
les professionnels doivent communiquer aux parents les thérapies ou les
programmes spécifi- ques à continuer à la maison, mais
dans quelle langue? Comment communiquer quand ni l'un ni l'autre ne peuvent se
comprendre? On vit des situations parfois dramatiques. Mme Del Pozo, en tant
que professionnelle dans une école spécialisée, pourrait
s'attarder davantage sur les difficultés vécues, non seulement
par les parents, mais même par les professionnels qui ont souvent la
bonne volonté de faire quelque chose, mais qui se retrouvent les mains
liées, n'ayant pas de fonds, pas de moyens, pas de ressources. Qu'est-ce
qu'on peut faire? On veut aider, mais qu'est-ce qu'on peut faire? Je
cède la parole aux membres du groupe pour répondre aux gens qui
ont des questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Cela
termine votre intervention.
Je reconnais, dans un premier temps, l'adjointe parlementaire au
ministre de l'Éducation, Mme la députée de
Jacques-Cartier. Mme la députée.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais
remercier l'Association multiethnique pour l'intégration des personnes
handicapées pour sa présentation qui, selon moi, ajoute une
nouvelle dimension à nos délibérations. Merci de nous
avoir sensibilisés à la réalité de la double
problématique que vous vivez quotidiennement.
Vous abordez un sujet d'une grande importance. Je crois que vous avez
raison, c'est tout à fait absent du projet de loi dont on discute
aujourd'hui. Les difficultés de communication et les difficultés
résultant des différences culturelles posent effectivement des
handicaps majeurs à vos enfants et à vous-mêmes. C'est
évident que vous avez relevé le défi linguistique d'une
façon remarquable; moi, je lutte encore.
À cet égard, à la page 8, vous avez posé une
question très pertinente qui demande une réponse de la part de
cette commission et du ministère: Peut-on considérer les
élèves handicapés des communautés culturelles parmi
les élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage?
Si oui, pourquoi ne pas le spécifier? C'est une question qu'il faut
considérer avec beaucoup d'attention. Franchement, personnellement, je
crois que les problèmes vécus par votre communauté doivent
être considérés indépendamment de ceux des enfants
en difficulté d'apprentissage. Si on mêle les deux
problèmes, on va renforcer la confusion qui existe déjà en
ce qui concerne les enfants en difficulté d'apprentissage parce qu'ils
ont toutes sortes de problèmes différents et je crois que les
problèmes que vous vivez demandent une attention un peu
différente et plus spécifique.
Dans votre mémoire que j'ai lu à l'heure du souper, vous
avez rappelé que l'idée d'être normal est relative. On peut
être normal dans un milieu, mais gravement handicapé dans un autre
milieu, selon les exigences du milieu. Il y a une grande confusion et
peut-être pas assez de
reconnaissance de cette vérité dans le milieu qui s'occupe
des enfants qui ont des besoins spéciaux.
Vous avez tracé un portrait pas mal triste des lacunes du
système scolaire, en particulier le classement inapproprié et
malheureux subi par plusieurs enfants de votre communauté, le manque de
compréhension, le manque de communication. Vous avez parlé du
manque de préparation des enseignants, de situations où les
enfants sont intégrés trop rapidement, de l'absence de services
d'évaluation et de parents qui n'ont pas la capacité de
communiquer avec l'école.
Sur le plan des recommandations, j'aimerais vous demander ce que vous
avez fait envers les commissions scolaires, ou plutôt envers la CECM...
Est-ce que la plupart de vos enfants font partie de la Commission des
écoles catholiques de Montréal?
Mme Soave: Pas nécessairement.
Mme Dougherty: Pas nécessairement? Et, dans la
région de Montréal?
Mme Soave: Oui, la majorité.
Mme Dougherty: Alors, quelles sont les démarches... Parce
que je suis d'accord avec la plupart de vos recommandations, il faut faire
quelque chose, mais j'aimerais avoir votre réaction. Quelles ont
été les démarches que vous avez entreprises pour
sensibiliser, pour convaincre les commissions scolaires et quelle a
été leur réaction?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Soave.
Mme Soave: Disons que maintenant, comme Jérôme vient
de le dire, l'association a sept ans et demi, presque huit ans. On a
travaillé durant des années presque sans argent. Même
actuellement, on a dû mettre à pied un de nos meilleurs
employés parce qu'on n'avait pas d'argent pour finir l'année.
Nous nous sommes penchés sur le cas des personnes handicapées des
communautés culturelles parce qu'on est le seul organisme qui s'occupe
à la fois des personnes handicapées et des communautés
culturelles. Donc, nous sommes débordés en offrant des services,
en faisant du travail de sensibilisation et de promotion comme on est en train
de le faire maintenant. On a fait des actions - si vous lisez le
préambule du mémoire - il y a en partie les actions qu'on a
fartes, au début de l'intervention de l'association. À la page 4
du mémoire, on a un sommaire de ce qu'on a fait.
Actuellement, cette année, nous sommes à organiser un
colloque sur l'intégration scolaire et les minorités invisibles.
On a choisi le terme "minorités invisibles" parce que dans la
communauté "at large", on ne voit pas les enfants handicapés
immigrants. Ils sont en minorité. Et, parmi les communautés
culturelles, ils n'existent pas. Parce qu'en général, les
communautés culturelles n'ont pas d'enfants handicapés. Quand on
reçoit des appels au bureau, ils disent qu'ils auraient besoin d'un
formulaire pour l'allocation spéciale pour leur enfant, mais qu'il n'est
pas handicapé. C'est assez classique. On a une grosse difficulté
à faire admettre à beaucoup de gens - peut-être même
à la majorité j'oserais dire - que leur enfant est
handicapé et qu'il a des besoins spéciaux. C'est toute une
difficulté.
L'association a cherché... En 1983 on a fait une consultation,
une recherche. On a publié un mémoire qu'on distribue encore
aujourd'hui. Et on a le plaisir de dire qu'on a découvert... Je ne sais
pas. J'espère que c'est grâce aussi à nos recommandations,
car parmi nos recommandations, on demandait d'offrir des cours de
français aux parents, à l'intérieur de l'école,
afin qu'ils apprennent le vocabulaire de l'école dans le milieu
même; on sait maintenant qu'il y a au moins une école qui le
fait.
On a découvert aussi que les commissions scolaires catholiques -
je ne le sais pas pour les commissions scolaires protestantes - ont des
professeurs itinérants pour enseigner le français. J'imagine que
les commissions protestantes aussi... Cela aussi, c'était une des
recommandations que nous avions faites en 1983 dans le mémoire que nous
avons distribué par centaines de copies. On demandait de former des
professeurs itinérants qui iraient dans les écoles
spécialisées où on ne peut pas se permettre des
professeurs de langue pour un, deux, quatre, cinq ou dix élèves.
Donc, on voit des recommandations qu'on avait fartes se réaliser. C'est
grâce à nous ou non, mais, en tout cas, on a le plaisir de dire
qu'on l'avait recommandé en 1983 et peut-être que quelques gouttes
sont tombées. Miriam.
Mme Del Pozo (Miriam): Vous nous avez demandé de quelle
façon nous avons fait une sensibilisation auprès des
intervenants. Par exemple, dans mon cas, je travaille dans les écoles
Peter Hall, à l'école de LaSalle. Et nous avons commencé
avec une petite conférence que nous a donnée madame Luciana Soave
au niveau des intervenants. Cette conférence a donné des
résultats très émotifs parce que de cette école
sont sortis à peu près cinq ou six nouveaux membres de
l'association des professeurs. Nous avons fait une enquête parmi nos
élèves, à savoir combien d'enfants sont immigrants, quelle
langue ils parlent à la maison... Cela veut dire que déjà
dans cette école nous avons à peu près dix professeurs qui
sont étrangers, de différentes langues: chinois, espagnol,
juif... Il y a aussi à peu près 35 élèves
immigrants. Cela est bien un exemple concret du travail de sensibilisation de
l'association.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame,
merci. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Oui. Je vous ai posé cette question parce
que, personnellement, je sais que les problèmes sont réels et
très importants. Mais je me demande quel est le rôle
spécifique du gouvernement. C'est une chose de légiférer.
On pourrait adopter toutes sortes de lois très valables. Mais c'est une
autre chose d'avoir un impact sur le plan concret dans votre communauté
pour répondre spécifiquement à vos besoins. Et je me
demande s'il s'agit de financement, d'une formation de personnel
qualifié pour s'occuper de ses problèmes, est-ce qu'il s'agit
d'un manque de communication peut-être avec les communautés
culturelles... On n'exploite peut-être pas les ressources que vous avez
dans votre communauté pour améliorer la situation. C'est pourquoi
je cherche ce que nous devons faire exactement pour améliorer l'avenir
de vos enfants. C'est pourquoi... (20 heures)
M. Di Giovanni: Madame, si vous permettez, j'ai...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur, vous
demandez la parole?
Une voix: Di Giovanni.
M. Di Giovanni: Jérôme Di Giovanni,
secrétaire de l'association.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
M. Di Giovanni: Si vous permettez, je pourrais offrir, non pas
une solution, mais une amorce de solution ou des pistes possibles de solution.
Premièrement, nous, de l'association et d'autres regroupements, sommes
prêts à collaborer avec les instances gouvernementales pour
identifier des pistes de solution qui ne sont pas nécessairement
coûteuses et qui n'impliquent pas nécessairement des budgets
effarants ou même des budgets. À titre d'exemple, l'expertise que
notre association possède au plan de la problématique pourrait
facilement être incorporée, comme nous l'avons dit, à
l'intérieur des curriculum de formation universitaire tant pour la
formation des maîtres que pour la formation des spécialistes dans
le domaine de la santé et des services sociaux pour leur donner cette
compréhension, pour les outiller sur le plan professionnel afin qu'ils
soient de plus en plus en contact et aptes à solutionner des
problèmes que les communautés rencontrent.
Il y a aussi un autre type de solution que nous envisageons. Nous
essayons de contacter les professionnels du milieu pour les former
nous-mêmes. Mais du fait que nous avons très peu de moyens,
très peu de ressources, cela crée un certain nombre de
problèmes. C'est-à-dire qu'on met sur pied un programme qui peut
fonctionner deux mois, trois mois, six mois et ensuite on doit le discontinuer
parce que l'association n'a pas les ressources financières
nécessaires pour le rendre permanent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Di
Giovanni. Le temps qui était réparti au côté
ministériel est maintenant écoulé et je reconnais la
porte-parole de l'Opposition dans le dossier des personnes handicapées,
Mme la députée de Marie-Victorin. Mme la
députée.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Cela me fait plaisir
de vous accueillir au nom de ma formation politique et je voudrais vous dire
que Mme Blackburn, députée de Chicoutimi, qui est responsable du
dossier de l'éducation a pris connaissance de votre mémoire. Mais
comme elle ne pouvait être présente parmi nous ce soir, elle nous
a demandé de bien vouloir la remplacer. Notre intérêt est
grand et c'est pourquoi je commence tout de suite.
Si j'ai bien compris le message de votre mémoire, vous voulez
sortir de l'isolement et vous sentir intégrés quels que soient
vos élèves, qu'ils soient handicapés ou non. L'important
c'est que vous nous demandez de considérer que, pour ces
enfants-là, le fait de venir dans un autre pays et d'aller chez vous
peut occasionner des problèmes de toute façon. Peu importe leur
état physique, cela leur occasionne des problèmes
d'intégration. Et à ce chapitre-là, vous nous demandez
d'avoir davantage de classes d'accueil. Est-ce que vous seriez d'accord aussi
en ce qui concerne les classes d'accueil... Pour sortir de l'isolement, il
serait peut-être important que les parents puissent aussi recevoir des
cours qui leur permettraient de communiquer autant avec les enseignants qu'avec
la direction. Parce que très souvent c'est une incompréhension du
système, une incapacité de communiquer qui fait qu'on retarde
l'intégration de ces enfants-là. D'autre part, tout compte fait,
vous demandez aussi qu'il y ait à l'intérieur de la commission
scolaire autant de classes d'accueil pour les parents que pour l'enfant pour
leur démontrer en quoi consiste le système scolaire. Est-ce que
c'est possible d'évaluer combien de temps une classe d'accueil devrait
durer pour cette catégorie d'élèves, cette
catégorie d'enfants tout en faisant la nuance avec les enfants
handicapés et les enfants non handicapés?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne sais pas qui
va répondre. Mme Soave ou M. Di Giovanni.
M. Di Giovanni: M. Di Giovanni.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Di Giovanni: Je voudrais donner une partie de la
réponse et ensuite je vais passer la parole à Mme Soave. Je suis
d'accord avec vous lorsque vous dites qu'on veut sortir de l'isole-
ment. Mais je voudrais situer le problème un peu plus loin. Ce
que notre mémoire fait, ou ce qu'on vient vous dire, c'est que le
Québec en tant que société possède une
responsabilité et cette responsabilité de l'intégration
des membres des communautés culturelles, qu'ils soient handicapés
ou non handicapés, provient de deux sources bien spécifiques. Il
y a l'entente Couture-Cullen qui donne au Québec une
responsabilité au plan de l'immigration et la loi 101 qui dit aux
nouveaux arrivants du Québec: Vous devez vous intégrer à
l'intérieur de la société québécoise
d'origine française. Nous disons: C'est parfait, on est d'accord, mais
il faut faire un pas de plus et dire: Mettre sur pied ou donner les ressources
nécessaires aux diverses communautés culturelles qui arrivent au
Québec, tant d'origine italienne, espagnole, latino-américaine,
vietnamienne ou autres pour qu'elles puissent le faire. Cela, c'était
pour le situer. Concernant les classes d'accueil, Mme Soave, je crois que vous
avez une réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Soave.
Mme Soave: Je voulais brièvement répondre aussi
à Mme Dougherty. Elle nous avait demandé ce que les gouvernements
pouvaient faire. D'abord tenir compte dans les projets de loi que le
Québec est de plus en plus multicultural, c'est la recommandation
numéro 1 de notre mémoire, et la dernière recommandation
tenait compte de notre expertise. Je pense qu'on peut travailler ensemble. Pour
les classes d'accueil, il existe ce qu'on voudrait qui devienne plus flexible,
pas nécessairement limiter à dix mois et pas plus. Les enfants ne
sont pas tous égaux, ils n'apprennent pas tous au même rythme. Ils
ne viennent pas tous de la môme expertise. Il peut se trouver, comme je
l'ai dit au début, des enfants qui sont relégués dans des
classes spéciales où considérés comme des enfants
ayant des troubles d'apprentissage ou même des déficiences
intellectuelles quand en réalité c'est un blocage linguistique et
culturel. On ne veut pas que cela arrive, on veut des évaluations. On ne
veut pas non plus trouver des enfants qui, pour toute leur vie, n'ont pas la
chance de devenir des citoyens à part entière parce qu'au
début ils n'ont pas été accueillis.
Je voudrais mentionner, j'ai une liste ici de toutes les écoles
de Montréal qui ont un fort pourcentage de communautés
culturelles, juste à titre d'exemple, l'école Bishop-Whelan
à Lachine, qui a une population d'origine multiculturelle de 100 %.
Où ces enfants vont-ils apprendre à devenir des
Québécois si le gouvernement ignore dans son projet de loi qu'ils
existent? Je peux continuer, d'autres ont 95 %, 90 %. Où ces
enfants-là apprennent-ils la culture québécoise si on a un
projet de loi ou une future loi qui ne tient pas compte de leur existence?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. Mme
la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je pense que ce que vous venez de soulever est
très important en fin de compte, la question de l'identification pour
ces gens-là lorsqu'ils arrivent ici. Pour ces jeunes, ces enfants,
lorsqu'ils arrivent ici, c'est d'avoir un modèle clair et précis
d'identification et pour vous autres c'est aussi très important d'autant
plus que ces jeunes enfants qui ont des handicaps deviennent un autre
problème additionnel quand il y a une double identification. Oui?
Mme Penafiel (Teresa): J'aimerais souligner que vous revenez
souvent sur la problématique des enfants handicapés et nous, on
traite ici deux choses différentes.
Mme Vermette: Je fais la nuance. Mme Penafiel:
D'accord.
Mme Vermette: J'ai dit pour les enfants en général
et que c'était un double handicap pour les autres parce qu'ils avaient
déjà un handicap, mais devaient affronter un autre
problème majeur.
Mme Penafiel: D'accord.
Mme Vermette: Mais moi aussi, je fais toujours la distinction, en
fait, entre les deux groupes d'enfants. Il y a le problème
d'intégration normal, que chaque enfant doit subir lorsqu'il doit
arriver dans un autre pays, et il y a le problème des personnes ayant un
handicap qui devient un autre problème, qui s'additionne finalement
à cette identification-là. Cela va?
Mme Penafiel: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une autre
intervention, madame?
Mme Vermette: Oui. Cela dit, je pense que vous avez aussi
demandé une participation très étroite entre les parents
et les commissions scolaires, ce qui vous semble être un des
éléments de solution pour tenir compte de cette
problématique ou, en tout cas, qui favoriserait les communications,
d'une part, entre les différents groupes et, d'autre part, dans le
milieu.
Mme Penafiel: Oui, dans ce sens, je parlais plutôt de mon
expérience en tant que travailleuse sociale. On fait souvent appel
à notre association pour faire l'interprète, le point de
communication entre la famille et l'école. Le problème n'est pas
seulement pour la famille ou pour l'enfant, qui se doit de vivre en deux plans:
d'un côté l'école, qui lui donne un modèle et un
programme de travail complètement inconnus par la famille, et d'autre
part, toute une culture différente qui se
maintient à la maison, parce que veux veux pas, à
n'importe quel degré que soit l'intégration de fa famille, on
reste toujours un peu avec nos traditions. Alors, si l'enfant qui vient
d'arriver se voit tiraillé entre les deux, d'autre part, on a aussi le
problème de l'enseignant. On veut que ce soit une chose très
claire. On ne rejette pas la faute sur l'enseignant, on ne rejette pas la faute
sur le gouvernement. On veut que ce soit un triangle qui fonctionne, dans
lequel le point du milieu soit l'enfant, qu'il soit aidé, qu'il soit
supporté des deux côtés. Pour cette aide, pour cette
solution, on a besoin d'un contact entre l'école et les parents. On a
des exemples flagrants de choses aussi simples qu'un parent qui se voit donner
au début de l'année le calendrier de l'année, avec les
journées de congé, avec les journées de travail. Je
reçois des appels pendant l'année, un nombre x d'appels et on me
dit: Madame, l'autobus n'est pas venu chercher mon enfant. J'appelle à
l'école: Madame, aujourd'hui, il n'y a pas d'école, sur le
calendrier, c'est marqué congé. Mais congé est un mot qui
ne veut absolument rien dire pour le parent. Cela, c'est un problème
simple. Combien plus grave quand le parent ne comprend pas qu'une
prothèse doit être portée 24 heures sur 24 pour un enfant
qui souffre d'un handicap physique ou qu'un enfant ne peut pas manger telle
chose parce que cela va provoquer un problème ou que la
médication ne peut pas être arrêtée la fin de
semaine, parce que les recommandations, les programmes, les prescriptions sont
en français et qu'il ne comprend pas un mot. Ce sont des faits concrets
et ce sont des cas dont on fait le suivi jour après jour. Ce sont des
appels qu'on reçoit pendant les huit heures de travail. Nous, au bureau,
nous sommes quatre personnes pour desservir une clientèle, trois
maintenant, parce que nous venons de perdre la quatrième, pour une
population qui n'est pas seulement sur l'île de Montréal, mais
à Laval, en Montérégie et à Québec
aujourd'hui. Alors, voulez-vous qu'on fasse plus?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Penafiel pour votre intervention. Je reconnais, pour une dernière
intervention, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, je vous écoutais et je me disais: Mon
doux! il y a beaucoup à faire de ce côté-là. Je
regarde et je pense que c'est plutôt notre système
d'éducation qui est en train de tout changer. C'est-à-dire qu'il
y a une multiplicité de personnes, de clientèles, qu'on n'avait
pas antérieurement. On avait une catégorie bien
spécifique, très homogène. De plus en plus, notre
société évolue et c'est le milieu dans son ensemble qui
doit changer ou évoluer. Ce que vous demandez, c'est qu'à
l'intérieur de cette évolution vous ayez votre place vous aussi.
Vous êtes bien prêts à faire votre part, mais vous demandez
que nous aussi, de notre côté, fassions notre part, que nous
montrions notre bonne volonté en vous intégrant et en vous
donnant les outils nécessaires pour que, justement, vous puissiez jouer
le rôle que vous attendez, qu'au plan scolaire, on permette à ces
jeunes de pouvoir aussi s'intégrer et finalement, qu'on leur donne de
meilleures chances de succès pour le reste de leur vie. Ce n'est pas
nécessairement à des problèmes scolaires qu'ils ont
à faire face, mais ce sont surtout à des problèmes
d'intégration. Quant au reste, j'ai l'impression que vos enfants qui ont
des handicaps ont les mêmes problèmes que l'ensemble des autres
enfants qu'on a vus antérieurement au Québec, c'est-à-dire
que c'est une question d'évolution de mentalité et d'acceptation
dans le système scolaire face à ces problèmes
qu'occasionne l'intégration des personnes handicapées dans le
réseau du système scolaire. En tout cas, je vous remercie. Je
pense qu'il est important qu'on tienne compte de votre mémoire parce que
c'est la seule façon... Vous avez fait mention qu'il y a
déjà 30 % de jeunes qui étaient...
Mme Soave: 41 % à la commission des écoles
catholiques.
Mme Vermette: ...41 % à la commission et que cela
augmentait de plus en plus. Je trouve cela inadmissible qu'on mette des enfants
de différents groupes culturels ensemble sans qu'ils aient la
possibilité d'avoir un modèle culturel qui leur permettrait de
s'identifier. Je vous remercie. (20 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame...
Pardon?
Mme Del Pozo: Je me permets de dire que vous avez aussi une
richesse de professionnels dont il faut profiter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Alors, Mme
la présidente, mesdames, monsieur... Pardon?
M. Jolivet: J'ai une question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon, allez-y,
monsieur, maintenant...
M. Jolivet: Oui, il reste au moins une minute. Ma question est
simple. C'est que j'ai cru remarquer que vous aviez le système actuel et
que vous aviez le projet de loi qui s'en venaient. Est-ce que j'ai bien compris
qu'une des craintes que vous aviez était que le gouvernement se
décharge d'une de ses responsabilités en les remettant aux
commissions scolaires et qu'en conséquence vous aviez une crainte de
voir à l'avenir les services qui actuellement sont donnés et qui
devraient être augmentés être diminués si la loi
étaient adoptée comme telle. À ce moment-là, votre
crainte est plus forte et vous dites: On voudrait que, dans le projet de loi
107,
il soit inscrit qu'on ait au moins ce qu'on a là, en
espérant en avoir plus, plutôt que de risquer d'en avoir moins
dans la loi 107. Est-ce que j'ai bien compris? Merci.
Mme Soave: C'est que le fait, aussi, de laisser simplement aux
commissions scolaires... Vu qu'au Québec on a une multiplicité
énorme de commissions scolaires, on peut trouver que chacun fait ce
qu'il veut. Dernièrement, pour nous préparer à notre
colloque et à la réunion d'aujourd'hui, on a consulté les
principales commissions scolaires et on était étonné de
voir avec quelle force... Chacun ne sachant pas ce que les autres vont ou
penvent faire, chacun cache son programme et éventuellement le copie
s'il est bon mais c'est vraiment laissé à l'initiative de la
commission scolaire. Mais on ne peut pas baser une éducation sur une
initiative qui nous semble bonne ou non. Selon moi, d'après nous, la loi
devait décréter qu'il y a une population au Québec qui est
de plus en plus multicul-turelle; il faut que la loi prévoie l'existence
de cette réalité et qu'on impose une uniformité de base
pour toutes les commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, Mme
la présidente, mesdames et monsieur, merci de votre participation
à la commission parlementaire.
Maintenant, j'invite à prendre place à la table
l'Association québécoise pour les troubles d'apprentissage.
À l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle la salle à l'ordre et
j'invite les représentants de l'Association québécoise
pour les troubles d'apprentissage à prendre place dans les fauteuils qui
leur sont réservés. La commission permanente de
l'éducation va poursuivre ses travaux.
Le porte-parole de l'Association québécoise pour les
troubles d'apprentissage est Mme Colette Trent.
Madame, nous vous souhaitons la bienvenue et nous vous remercions..
Association québécoise pour les troubles
d'apprentissage
M. Colangelo (Albert): Un instant! Mme Colette Trent est
absente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Elle est
absente.
M. Colangelo: Elle est en...
Le Président (M. Parent, Sauvé): On voit que nos
communications sont très bonnes.
M. Colangelo: ...en devoir commandé à Washington,
donc elle ne peut être ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M.
Colangelo êtes-vous le porte-parole?
M. Colangelo: C'est moi-même.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est
vous-même. Il me fait plaisir M. Colangelo, de vous revoir et de vous
souhaiter ici la plus cordiale des bienvenues à cette comission
permanente de l'éducation.
M. Colangelo, nous avons prévu vous accueillir et nous avons
prévu environ 45 minutes avec votre groupe. Alors je vous
suggérerais peut-être de prendre un tiers du temps, ou à
peu près, pour nous présenter votre mémoire, lequel
d'ailleurs a été lu par tous les membres de cette commission.
M. Colangelo: Ce que nous espérons, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne vous dis pas
cela pour vous empêcher de le relire, mais pour vous donner la
possibilité d'élaborer peut-être votre
mémoire...
M. Colangelo: C'est parfait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...et
après, nous pourrons engager le dialogue parmi les membres de cette
commission.
Alors M. Colangelo, si vous voulez bien nous présenter les gens
qui vous accompagnent et enchaîner immédiatement avec votre
texte.
M. Colangelo: Parfait.
À ma gauche, la dernière la-bas, c'est la première,
c'est notre secrétaire générale, Mme Denise
Destrempes-Marquez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Marquez.
M. Colangelo: ...à ma gauche ici, Mme Karol Garceau, de
Trois-Rivières, un parent de Trois-Rivières...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Garceau, de Trois-Rivières.
M. Colangelo: ...à ma droite, Mme Madeleine Dupras...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Dupras.
M. Colangelo: ...psychoéducatrice à la Commission
scolaire de Montréal et trésorière de l'association; et
Mme Gail Desnoyer ex-présidente de l'association et toujours active au
sein de l'association.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Desnoyers.
M. Colangelo: Et moi, Albert Colangelo, directeur d'école
à sa retraite. Je travaille pour l'association pour les troubles
d'apprentissage.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une figure bien
connue.
M. Colangelo: Merci bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II était
professeur et directeur d'école.
Une voix: Un ancien professeur de M. le ministre.
M. Colangelo: Ah, il ne faut par révéler les
intimités comme cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai hâte de
voir lequel des deux va servir une leçon. M. Colangelo, nous vous
écoutons.
M. Colangelo: Mais il faut dire que je ne parle pas du ministre.
Claude Ryan, quand il était à l'école, était
vraiment très brillant. Et nous disions, lorsqu'il s'était
présenté à notre dernier congrès, M. Ryan avait
fait une présentation...
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai ouvert une
porte-là.
M. Colangelo: ...que même s'il était brillant on
avait même réussi à récupérer un ministre
avec les anciennes méthodes que nous avions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, s'il vous
plaît, passons aux choses pour lesquelles nous sommes réunies. M.
Colangelo.
M. Colangelo: Voilà, je suis heureux de constater
qu'à la suite de tous les mémoires que vous avez entendus vous
avez encore tous le sourire et que vous êtes tous éveillés.
On va essayer de vous garder encore éveillés pour quelques
minutes.
Alors, M. le Président de la commission de l'éducation, M.
le ministre, Mmes et MM. de la commission, notre association, l'Association
québécoise pour les troubles d'apprentissage, tient au
départ à remercier la commission parlementaire de
l'éducation de lui permettre de lui exposer ses réflexions sur le
projet de loi 107.
Peut-être faudrait-il, pour une meilleure compréhension,
préciser qui nous sommes. L'Association québécoise pour
les troubles d'apprentissage regroupe d'abord des parents, ainsi que des
éducateurs et des professionnels, tant du côté francophone
qu'anglophone. Sa mission principale est de promouvoir l'éducation et le
bien-être des personnes qui ont des troubles d'apprentissage.
L'association compte 16 comités régionaux dans la province, dont
douze de langue française et quatre de langue anglaise.
Tant chez les professionnels que dans le public, les troubles
d'apprentissage sont reconnus non pas comme un problème éducatif
qu'on perd avec la maturité, mais bien comme un problème
médical, légal et social permanent - voilà un mot qui va
revenir souvent - qui nécessite la création de nouveaux services
ou l'amélioration de services existants.
Les initiatives de l'association pour les troubles d'apprentissage dans
la recherche médicale et légale, ses camps d'été,
ses programmes de loisirs et d'aide académique ainsi que son travail
social auprès des familles prouvent la nécessité de
l'association.
Vous avez compris, à cause de la raison d'être de l'AQETA,
que nos remarques seront naturellement orientées vers les troubles
d'apprentissage, ce handicap invisible, généralement mal ou pas
compris par la société, et qui bloque l'enfant dans son
intégration dans cette même société, le marginalise
et le frustre.
Le projet de loi 107 ne précise pas ce que sont les troubles
d'apprentissage, mais si nous consultons un document du ministère de
l'Éducation, à savoir "Organisation des services éducatifs
à l'éducation préscolaire, au primaire et au secondaire
pour 1988-1989", voici la définition qui y est proposée, on parle
du document du ministère: l'élève ayant des
difficultés d'apprentissage est celui ou celle dont l'évaluation
pédagogique de type sommatif fondée sur les programmes
d'étude en langue maternelle et en mathématique
révèle un rendement significative-ment inférieur aux
attentes à son endroit, compte tenu de ses capacités et du cadre
de référence que constitue la majorité des
élèves du même âge à la commission scolaire.
C'est là le texte du ministère.
Cette façon de décrire l'élève en
difficulté d'apprentissage le situe en fonction de normes
générales alors que, justement, il ne correspond pas aux normes,
tant en ce qui concerne son développement que son fonctionnement. Ici,
il y aurait lieu d'ouvrir une parenthèse. Ce document du
ministère désigne les difficultés d'apprentissage et non
les troubles d'apprentissage, car il faut établir la différence.
Pour nous, la difficulté d'apprentissage est transitoire tandis que le
trouble d'apprentissage est permanent. Un étudiant peut vivre des
difficultés d'apprentissage à cause, par exemple, d'un
traumatisme psychologique créé par le divorce de ses parents, par
un déménagement, par une séparation, par un choc
émotif sérieux, par une mauvaise année scolaire, par la
mésentente avec un professeur et quoi encore, tandis qu'un trouble
d'apprentissage est permanent et demandera une attention suivie et persistante
tout le long du cours d'étude. Il faut faire cette distinction.
Conséquemment, si nous nous reportons à la définition
admise pas l'Association canadienne pour les troubles d'apprentissage, que nous
recommandons d'inscrire dans la loi 107, et à laquelle nous ajoutons
quelques précisions, nous lisons: Un trouble d'apprentissage est un
problème de traitement de l'information qui se manifeste par des retards
dans le développement ou par des difficultés en ce qui
concerne le raisonnement, la coordination, la communication, la lecture,
l'écriture, l'orthographe, le calcul, la sociabilité et la
maturité affective. Il peut être le résultat, ceci est
très important, d'une disfonction détectée ou non du
système nerveux central pouvant affecter n'importe quel individu, y
compris celui possédant une intelligence moyenne normale ou
supérieure. Nous insistons sur le fait que les troubles d'apprentissage
n'ont pas pour cause première des handicaps visuels, auditifs ou moteur,
la déficience intellectuelle, la perturbation affective ou un milieu
défavorisé. Toutefois, ils peuvent provenir de modifications
génétiques, de facteurs biochimiques, d'incidents pré ou
périnataux ou de tout incident postnatal entraînant des atteintes
neurologiques. (20 h 30)
II est reconnu qu'environ 12 % à 15 % de la population scolaire a
des troubles d'apprentissage, ce qui signifie trois ou quatre
élèves par classe, ou environ 120 000 étudiants au
Québec. C'est habituellement à l'école que cette
difficulté est constatée par les enseignants, mais si un
dépistage précoce à la maison, à la garderie ou
à la maternelle était exercé, le retard à apporter
des corrections possibles serait diminué d'autant et l'enfant pourrait
entreprendre des études plus appropriées à sa condition.
Il est vrai que, pour bien déceler un mal, il faut d'abord le
connaître; de là, l'importance de bien faire connaître aux
parents, aux enseignants et aux professionnels la vraie nature de ce trouble.
C'est là l'un des objectifs de l'AQETA.
Vous remarquerez dans le mémoire que vous avez, que nous
proposons des modifications à certains articles qui permettraient une
amélioration à la loi proposée en précisant les
services auxquels ont droit les enfants et en assurant leur continuité.
Nous suggérons instamment d'inclure dans la future loi 107 un chapitre
spécifiquement destiné aux troubles d'apprentissage, chapitre qui
comporterait la définition que nous proposons et différents
articles très précis qui réglementeraient l'augmentation
des services auxquels ont droit ces enfants, entre autres, en ce qui à
trait à l'évaluation, à l'intégration, au
regroupement, à la composition des comités, aux directions
d'école, aux subventions, aux conventions collectives, aux
facultés d'éducation et aux enseignants.
Enfin, nous proposons la nomination d'un protecteur de
l'élève - ombudsman, qui comblerait le besoin et le droit qu'a
l'étudiant d'être défendu. Voilà, mesdames et
messieurs, l'essentiel du mémoire que nous vous présentons.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Colan-gelo, on
vous remercie beaucoup pour cet exposé. Nous allons immédiatement
amorcer le dialogue entre les membres de la commission.
Dans un premier temps, j'aimerais reconnaître M. le
député d'Argenteuil et ministre de l'Éducation. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, il m'est d'autant plus
agréable de saluer la délégation de l'AQETA, que le
porte-parole principal du groupe, ainsi qu'on l'a évoqué
tantôt, m'a fait l'honneur d'être mon professeur il y a
déjà quelque 54 ans. Cela ne le rajeunit pas et cela ne me
rajeunit pas, moi non plus, mais je suis content de voir que nous sommes encore
tous les deux sur la ligne de feu. J'espère que je durerai aussi
longtemps que vous, M. Colangelo.
Je garde un excellent souvenir de l'excellente formation qu'on nous
donnait dans le temps. J'ai particulièrement apprécié, en
vous écoutant, la distinction que vous établissez entre les
difficultés d'apprentissage et les troubles d'apprentissage. Parmi les
causes des difficultés d'apprentissage, il y en a certaines sur
lesquelles on agissait plus vigoureusement autrefois, par exemple, l'absence de
travail et de discipline. On nous ramenait à l'ordre assez vite. Dans le
temps, on avait un principal, vous vous en souvenez, qui n'avait pas peur
d'user de la courroie.
M. Colangelo: Ce sont de mauvais souvenirs.
M. Ryan: Non, c'était agréable parce qu'il ne
frappait pas trop fort.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Tout cela pour signaler combien j'apprécie le
travail que vous faites au sein de l'AQETA, combien j'apprécie
également les informations qu'il m'a été possible de
recueillir sur votre travail au cours de la dernière année. J'ai
eu le plaisir de participer à votre dernier congrès, de
rencontrer les personnes qui, avec vous, se dévouent au service de cette
cause. J'ai rencontré beaucoup de parents en particulier, en même
temps que des professionnels chevronnés. Je pense qu'il y a une heureuse
rencontre de ces deux volets, des professionnels compétents qui se
spécialisent dans ce travail, des parents et, entre les deux, des
personnes de bonne volonté qui contribuent beaucoup à montrer la
conscience qu'on a des problèmes de ces catégories
d'élèves.
Je voudrais commenter brièvement certains des points qu'on a
portés à notre attention et en même temps, peut-être
traiter de manière plus générale, M. le Président,
comme j'avais promis de le faire cet après-midi, certains points qui ont
été soulevés au cours de nos discussions et dont
quelques-uns reviennent dans le mémoire de l'AQETA.
Par exemple, je crois comprendre dans le mémoire que vous
soumettez que vous n'acceptez pas que toute la responsabilité soit
renvoyée aux commissions scolaires. Vous voulez qu'une
responsabilité soit assumée par le gouvernement et le
ministère. J'ai remarqué qu'en ce qui touche l'article 213,
où l'on prévoit que la commission scolaire établit par
règlement des services particuliers qui devront être fournis
aux
élèves, disons en troubles d'apprentissage pour les fins
de la discussion, vous dites qu'il faudrait compléter cela par une
modification à l'article 414 et faire au gouvernement une
responsabilité d'établir par règlement les normes
auxquelles devront correspondre les règlements adoptés par les
commissions scolaires.
C'est un sujet de débat qui dure depuis des années. Je me
souviens que nous l'avions débattu longuement à l'occasion de la
commission parlementaire de l'éducation sur le projet de loi 3 et nous
hésitons beaucoup à franchir ce pas. Peut-être y
serons-nous obligés tôt ou tard. Il nous semble que le moment
n'est pas encore arrivé, parce que la prise de conscience que nous
faisons ensemble de cet aspect des réalités de l'éducation
se fait graduellement, et on veut éviter de mettre la charrue devant les
boeufs; on veut qu'on progresse tous ensemble.
Notre conception n'est pas une conception confrontationnelle avec les
commissions scolaires, c'est une conception de saine
complémentarité. Je crois qu'on peut peut-être progresser
plus solidement en cheminant ensemble, par des étapes qui vont permettre
d'améliorer les services qu'on fournit de ce côté, qu'en
définissant trop de choses à partir de définitions
d'autorité ou d'interventions multipliées du gouvernement ou du
ministère. C'est un point d'interrogation, par conséquent.
Je pense que vous avez très bien posé le problème,
mais je ne serais pas honnête avec vous en vous disant ce soir que nous
sommes prêts à franchir ce pas demain matin. Nous avons longuement
réfléchi et la formulation que nous avons inscrite dans le projet
de loi traduisait l'état d'esprit dans lequel nous étions
à ce moment-là. Mais nous allons y penser de nouveau; nous avons
encore quelques semaines pour examiner ces aspects et nous allons les
étudier sûrement avec soin.
Votre proposition principale consisterait à demander, si je
comprends bien, qu'un chapitre distinct soit consacré aux
élèves éprouvant des troubles d'apprentissage.
L'économie du projet de loi est faite de manière
différente. On a voulu définir la responsabilité de
l'école, on ne peut pas faire abstraction de ce phénomène;
on a voulu définir la responsabilité de la commission scolaire,
il faut en reparler là également; on a voulu définir celle
du gouvernement et du ministre, il faut parler de ce phénomène.
On ne peut choisir deux économies différentes à
l'intérieur de la même loi. On pourrait faire la même chose
pour l'éducation des adultes. On pourrait faire la même chose pour
les parents, par exemple. C'est peut-être un peu difficile, mais disons
que la suggestion est très intéressante et je me demande si,
éventuellement, peut-être plus tôt que plus tard, la
solution ne viendra pas d'une sorte de texte réglementaire. Une fois
qu'on aura adopté le projet de loi dans ses grandes lignes, on sera
tôt ou tard conduit, d'après moi, à une sorte de
règlement qui pourrait incorporer la majorité des
éléments que vous avez mis dans votre projet de chapitre du texte
de loi. Par conséquent, je peux vous dire que loin d'avoir
travaillé pour rien là-dedans, vous apportez une contribution
très intéressante à la réflexion du gouvernement
et, j'en suis sûr, de la commission parlementaire.
Il y a quelques petits points. Le droit de recours, vous en parlez, vous
autres aussi. Vous vous étonnez qu'il n'y en ait point. À
certains égards, moi aussi. On en avait dans la loi 3, on en a
discuté longuement, et c'est dans le souci d'éviter de multiplier
les contraintes artificielles qu'on a été extrêmement
prudent là-dessus. Je ne serais pas enclin à dire ce soir: On va
avoir un droit de recours universel pour tout élève qui a un
motif de plainte; on va le renvoyer à l'ombudsman. Il faut avoir
géré des entreprises et des institutions pour savoir qu'on ne
peut pas imposer aux dirigeants l'obligation de passer leur temps à
s'occuper de plaintes et de griefs. Il faut bien qu'ils fassent le vrai travail
qui est essentiellement positif au bout de la ligne. Il ne faut pas faire
exprès. On a fait cela pendant des années. On s'est aperçu
que cela coûtait extrêmement cher. Vous devriez voir la liste de
griefs qu'on a au ministère de l'Éducation. Cela va bien parce
qu'on paie à peu près tout. Il y en a qui les multiplie à
plaisir. On ne peut pas continuer dans cette voie indéfiniment.
Mais pour ces catégories d'élèves qui ont des
difficultés spéciales, je pense qu'il y a quelque chose dans ce
que vous dites, puis on va essayer de trouver une solution. Je vais vous dire
que le principe du droit de recours dans ces cas-là est loin
d'être un principe sur lequel on lève le nez. On écoute
avec beaucoup d'intérêt ce qui a été dit par
plusieurs groupes aujourd'hui. J'ose espérer que dans les modifications
que nous publierons d'ici la reprise des travaux parlementaires, j'imagine - je
voudrais qu'on les mette à la disposition de l'Opposition avant
même qu'on entreprenne le travail en commission - on devrait avoir des
éléments là-dessus; en tout cas, on va travailler fort
pour trouver quelque chose qui serait de nature à répondre
à votre souhait.
Le problème, c'est de trouver une définition de
l'élève, on l'appelle nous autres, jusqu'à maintenant, en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Vous parlez de l'autre,
qu'on ne peut pas faire abstraction complètement de la première
catégorie non plus. Comment trouver une définition? Il faut bien
avoir une définition si on est pour définir des fonctions
ensuite. Je ne pense pas qu'on soit capable d'arriver à une
définition de 2, 3 lignes qui serait satisfaisante. Des
définitions de 15, 20 lignes, moi, je me méfie de cela comme de
la peste parce que ce ne sont pas des définitions. Une définition
est supposée être claire, simple, concise et brève. Quand
on n'est pas capable d'en avoir une, c'est parce que le problème n'est
pas tout à fait mûr, en général. En tout cas, je
regarde tout cela
encore une fois. Je pense que mes collègues partagent mon opinion
avec énormément de sympathie.
On a dit dans des interventions antérieures qu'on n'affirme nulle
part dans le projet de loi l'ob]ectif d'intégration de
l'élève qui est en difficulté ou en troubles d'adaptation
et d'apprentissage ou de l'élève handicapé. C'est vrai. Il
y avait une mention de cela dans le projet de loi 3. On ne l'a pas
actuellement. Je crois qu'il y a une correction qui peut être
envisagée de ce côté. Je pense qu'on peut insérer
une référence à ce concept pour montrer que le
gouvernement a quand même une certaine orientation de fond de ce
côté, et notre orientation de fond va dans le sens de
l'intégration scolaire d'abord, puis sociale. Il faut que cela embrasse
les deux. On ne travaille pas pour cultiver la ségrégation,
soyez-en assurés.
La participation des parents. Vous avez dit des choses très
valables sur la participation des parents au comité consultatif des
élèves en difficulté ou troubles d'apprentissage. Soyez
assurés qu'on va faire des ajustements qui seront de nature à
tenir compte de vos justes recommandations à ce sujet.
Il a été question des qualifications des enseignants qui
s'occupent de ces catégories d'élèves. En principe, nous
sommes tous favorables à ce que ces enseignants soient hautement
qualifiés. J'ajoute seulement une nuance, c'est que le diplôme
n'est pas toujours la meilleure qualification, et dans ce secteur-là, on
a eu énormément de bénévolat depuis des
générations chez nous. Puis, il faut faire attention de trop
classer, comme on l'a fait dans les négociations collectives ces
dernières années, s'imaginant qu'une personne qui a un certificat
de plus est nécessairement plus capable d'enseigner le français.
Allez à l'Université de Montréal ou à
l'Université Laval, vous allez trouver un grand nombre de professeurs
d'université qui n'écrivent pas le français
convenablement. Ils ont un diplôme. On est d'accord sur l'objectif, mais
il ne faudrait pas être trop raide. C'est pour cela que dans le projet de
loi, il y a des clauses de souplesse qui permettent au ministre de
reconnaître certaines situations où des personnes peuvent rendre
de très éminents services, sans toujours répondre aux
exigences de la corporation. Nous autres, on appelle les choses par leur nom,
c'est un des rares privilèges que nous ayons dans la vie publique. Quand
nous avons le courage de le faire, on le fait, et si cela tombe à la
mauvaise place, tant pis pour nous.
Dernier point, l'âge d'accessibilité aux services. Cela a
été soulevé aujourd'hui et c'est très important. On
dit que pour les élèves qui ont des difficultés
particulières, 4 ans serait l'âge indiqué, et c'est vrai.
Dans le projet de loi, on a quelque chose là-dessus. Dans l'article 413
- je ne sais pas si vous l'avez remarqué - il y a un paragraphe qui
prévoit qu'on pourra inscrire dans le régime pédagogique
des disposi- tions réglementaires concernant les services à
offrir aux élèves âgés de moins de cinq ans. Alors,
on le met là; on ne peut pas le définir catégoriquement,
on ne peut pas dire qu'on va donner cela à tout le monde. On prend un
engagement aveugle parce qu'on n'est pas capable de contrôler toutes les
implications financières pour le moment, mais on le met quand
même, la porte est ouverte. On veut que cela reste là et je peux
vous assurer, moi, que c'est ma conviction. Il faut absolument qu'on donne une
chance au départ à ces enfants-là, et cela va coûter
beaucoup moins cher à la société si les problèmes
sont pris tout de suite au début. Il y a déjà des choses
qui se font de ce côté-là, mais il peut s'en faire encore
beaucoup plus. Je pense qu'on l'a souligné avec raison. Ceci pour
conclure, M. le Président, je m'excuse d'avoir été
peut-être un peu long. (20 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non, vous
êtes dans votre temps.
M. Ryan: Un peu long, mais c'est que cela me prive du plaisir
d'adresser des questions à nos invités. Je vois que vous voulez
me priver de ce plaisir-là, à juste titre, à cause de mes
abus. Je voudrais vous demander juste une chose, si vous le permettez. À
l'article 46, vous demandez qu'on ajoute des précisions. Ce que vous
trouvez à l'article 46 au sujet du plan d'intervention est-il
satisfaisant à votre point de vue?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Colan-gelo ou
quelqu'un qui vous accompagne pour répondre?
M. Ryan: Ou qu'est-ce qu'on pourrait faire pour améliorer
cet article?
M. Colangelo: L'article 46 dit: "Le directeur d'école,
après consultation de l'élève, de ses parents et du
personnel qui dispense des services à cet élève,
établit un plan d'intervention adapté à chaque
élève handicapé ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage conformément aux normes établies par
règlement de la commission scolaire."
C'est qu'il y a sûrement des commissions scolaires qui n'ont pas
de normes pour les élèves qui ont des troubles d'apprentissage.
C'est pour cela qu'on insiste pour que ces normes viennent du ministère,
pour que dans chaque commission scolaire, ce soit les mêmes normes qui
soient appliquées. C'est là qu'est le problème. Un enfant
passe d'une commission scolaire à l'autre, et là il se voit
déphasé, si on peut dire. Par exemple, à Montréal,
on a des services. Dans les commissions scolaires moins importantes de la
province, il n'y a pas de services. Alors l'enfant, ils le mettent où
ils peuvent et ils lui donnent les services qu'ils ont. Des fois, il n'y en a
pas de services. C'est pour cela qu'on est surpris de lire "des normes
établies par règlement de la commis-
sion scolaire". Mais, est-ce qu'il y en a dans les commissions scolaires
des normes établies?
M. Ryan: Avec le projet de loi, s'il devient loi, cela deviendra
obligatoire pour les commissions scolaires d'avoir une politique définie
dans un règlement. C'est un des gros pas qu'on franchit avec le projet
de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition dans le
dossier des personnes handicapées, Mme la députée de
Marie-Victorin. Mme la députée.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Alors, c'est
à notre tour de vous souhaiter la bienvenue. J'ai l'impression, en tout
cas, que l'art de parler et l'éloquence qu'a le premier ministre - je ne
sais pas si c'est vous qui le lui avez enseigné - mais...
Une voix: Pas le premier ministre. Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Vermette: Quel lapsus! Que le ministre de l'Éducation
a retenus - je ne sais pas si cela fait partie de l'éducation que vous
lui avez donnée-Une voix: C'est en 1981.
Mme Vermette: Oui, c'est cela, avec tout ce qui s'est
passé depuis 1981 dans la vie du ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mme la députée.
Mme Vermette: Ce que je voulais tout simplement rappeler à
votre attention, c'est que j'écoutais les paroles du ministre qui
disait: Bon, il faut y aller en harmonie, et il ne faut pas qu'il y ait de
confrontation avec tous les principaux intéressés. Nous avons
à affronter des comportements et ce n'est pas toujours facile; pour ces
raisons, il faut y aller d'une façon lente et très prudente. Mais
à mon avis, si les gouvernements ne sont pas capables, par les lois
qu'ils présentent, d'infléchir des changements de comportements,
nous risquons d'être bientôt dépassés et si cela
continue, l'ensemble de la population va se désintéresser
complètement de la chose politique. À notre avis, ce n'est pas
sans l'intérêt d'aucune population et encore moins pour nous,
parlementaires. Je pense que c'est important que nous prenions au
sérieux vos demandes et que nous y répondions aussi dans les plus
brefs délais, parce qu'il y va de l'intérêt de l'ensemble
de ces élèves, de ces enfants, pour qu'ils ne soient pas
pénalisés plus qu'il ne faut et pour qu'ils puissent justement
s'intégrer facilement et rapidement dans notre
société.
Cela dit, je pense que vous avez soulevé aussi la
fragilité de nos systèmes. Vous avez aussi soulevé les
dangers de trop vouloir compartimenter trop rapidement ou d'étiqueter
aussi certains comportements d'enfants qui sont mal évalués pour
le restant de leur vie, de leur apporter un véritable handicap, qui
n'est pas nécessairement le handicap dont ils souffrent au
départ. Je pense que c'est important cette nuance que vous nous avez
apportée; elle est importante en fait en ce qui concerne les
difficultés ou les troubles d'apprentissage, mais elle est importante
à d'autres niveaux aussi, parce qu'il n'y a pas un enfant, je crois, qui
réagit de la même façon. C'est sûr que les classes
sont faites pour les forts, les faibles et les moyens et ce que l'on vise,
habituellement, c'est d'essayer de répondre à l'ensemble de ces
besoins et, là comme ailleurs, pour les personnes handicapées
aussi, pour les élèves ayant un handicap.
Vous avez fait certaines recommandations qui, à mon avis,
remettent en question le système scolaire tel qu'il est à l'heure
actuelle. J'aimerais que vous élaboriez davantage là-dessus,
parce que vous êtes assez avant-gardistes dans vos propos.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Dupras (Madeleine): Tantôt, je remarquais la prudence -
que je comprends très bien - de M. le ministre, à ne pas
bousculer les structures actuelles, parce que je pense bien qu'il y a aussi des
résistances inutiles qu'il s'agit de ne pas créer. Mais, je pense
qu'il faudrait établir des niveaux clairs ou des rôles clairs,
dévolus aux écoles, aux commissions scolaires et au
ministère. Il me semble que l'école est un lieu de prestation de
services, avec tout ce qu'il y a de responsabilités, d'engagements. La
commission scolaire devrait être un lieu de coordination des services et
le ministère devrait être un lieu d'orientation et de
contrôle des services. Peut-être que c'est bousculant, par rapport
à la structure actuelle, mais si on écoute parler autant les
parents que les gens qui travaillent dans le système, il devient
très difficile d'identifier, à un moment donné, qui fait
quoi et qui a la responsabilité. Je pense que c'est en engageant la
responsabilité, tant des parents que des intervenants et des
administrateurs, qu'on va être appelé à se dépasser,
et c'est cet objectif, je pense, que vise chaque personne, celui d'être
mieux aujourd'hui que la veille.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Dupras.
Mme Vermette: Vous parlez aussi beaucoup à juste titre, du
fait qu'il est important de diffuser actuellement sur la place publique une
meilleure perception et une justesse de corn-
préhension par rapport à toutes ces problématiques
qui existent à l'heure actuelle, et que la démystification
justement de la personne qui présente des troubles d'apprentissage ou
qui peut avoir un handicap est importante. Est-ce que vous trouvez qu'on fait
assez de publicité ou qu'on exerce, au niveau du public ou de l'ensemble
des différentes populations, une diffusion de la place que doit occuper
la personne handicapée dans notre société? Est-ce que cela
se fait assez largement à l'heure actuelle?
Mme Dupras: II y a une bonne diffusion qui se fait, à
certains moments donnés, sort au moment d'aller chercher les allocations
financières. Dès que les allocations sont distribuées,
l'information devient très discrète, et l'usage des budgets
devient très discret aussi, parce que lorsqu'on a besoin de services, on
n'a jamais de fonds; il ne reste jamais de fonds disponibles. Quant à
cela, à titre d'exemple, je pense qu'une de mes collèges, ici
présente, a fait une certaine enquête sur ce qui peut exister dans
certaines commissions scolaires, et je suis sûre que cela ne correspond
pas aux budgets qui sont offerts. Alors, à un moment donné, il y
a une mauvaise identification, parce qu'on veut étiqueter, soit
handicapés, soit en difficulté, à peu près tous les
enfants, parce qu'ils rapportent plus, mais après, où sont les
services? C'est très discontinu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, justement, pour continuer dans la même
veine, peut-être que Mme Garceau aurait quelque chose à ajouter
sur cette question; je peux la laisser aller.
Mme Garceau (Karol): Bon, d'accord. C'est que dans
l'agglomération trifluvienne, on a trois commissions scolaires. La
Commission scolaire de Trois-Rivières qui a 3500 élèves:
on a un psychologue, un conseiller d'orientation et une travailleuse sociale;
3500 élèves. Dans la commission scolaire du Cap-de-la-Madeleine,
il y en a 4450: deux psychologues, un travailleur social, une
orthopédagogue et une psycho-éducatrice. À la commission
scolaire Chavigny, où il y a 3250 étudiants: un travailleur
social à mi-temps, pour une école seulement, un orlenteur qui
fait le tour des huit écoles et un psycho-éducateur qui lui aussi
n'a qu'une école seulement. Alors, un enfant qui demande à
être vu en septembre et dont les parents talonnent l'école et
l'enseignant, n'est vu qu'en avril. Il est vu à peu près 20
à 30 minutes parce que le psychologue est surchargé. Entre
autres, un cas dans la région de Grand-Mère, où une maman
a frappé à tellement de portes! Cela a pris sept mois et demi
pour avoir une orthopédagogue pour aider son enfant qui est rendu en
cinquième année. Cela fait cinq ans qu'on le suit, qu'il a des
problèmes. Alors l'éducation qu'on dit gratuite! En tout cas,
pour ma part, j'ai dû m'adresser à des cliniques privées
pour faire suivre ma fille qui a dix ans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais continuer dans cette veine-là.
J'entendais mon ami, le député d'Ar-thabaska, dire que
Grand-Mère était dans Laviolette. Oui, et c'est effectivement une
très belle ville. Mais je dois vous dire, je veux vous parler d'un cas -
parce que je veux demeurer dans la même veine que Mme Garceau - qui s'est
passé dans une commission scolaire d'à côté, dans
Saint-Maurice, mais je ne nommerai pas la commission scolaire. Vous dire que
pour ce que disait madame tout à l'heure, à propos des besoins de
budget, la commission scolaire dans certains cas... J'en avais
déjà parlé au ministre. Il y a longtemps de cela; cela
date de loin, ce n'est pas d'aujourd'hui, soyez-en assurés;
c'était à l'époque où c'était le parti
libéral qui était au pouvoir, en 1970-1976.
Des voix: C'était dans les bonnes années.
M. Jolivet: Bien, je n'en suis pas sûr. Simplement pour
vous dire ceci: une commission scolaire avait trouvé le moyen... et
c'est là que Je veux arriver à l'article 46, parce que le
gouvernement doit orienter la commission scolaire, laquelle doit aussi
éviter les abus. On avait donc découvert que dans cette
commission scolaire, pour des raisons de surplus de personnel dû à
une diminution de la clientèle scolaire on était rendu à
22 % ou 23 % d'enfants inadaptés, en difficulté d'apprentissage
et autres; cela n'avait pas de bon sens. C'était Impossible que dans une
commission scolaire d'une ville de l'envergure de celle-là, il y ait
autant de personnes handicapées ou en difficulté d'apprentissage
ou en difficulté. Donc, la commission scolaire avait trouvé un
truc: elle allait chercher, par les difficultés d'apprentissage
légères, les difficultés d'apprentissage lourdes, etc., le
nombre de professeurs et une fois qu'elle l'avait, au lieu de donner les
services aux enfants, elle en faisait des responsables du français, des
mathématiques, et là, ils s'occupaient des enseignants. On a
connu cela, de sorte que le service n'allait pas finalement là où
il devait être donné. On allait chercher les budgets et on se
permettait ensuite de les redistribuer. Donc, le gouvernement à cette
époque-là...
Une voix: Avec la complicité du syndicat.
M. Jolivet: Non, non, non.
Une voix: Avec la complicité du syndicat.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, s'il vous plaît! Les interventions...
M. Jolivet: Ce n'est pas parce que j'étais
président du syndicat à l'époque...
Des voix: Ah! Ah!
M. Jolivet: Je dois vous dire juste une chose, c'est vrai ce que
je dis là.
Mme Garceau: Le fait que je vous rapporte...
Le Président (M. Parent, Sauvé): La seule
intervention que je vais accepter, c'est celle de Mme Garceau.
Mme Garceau: Le fait que je vous rapporte...
M. Jolivet: Et pourtant, c'est moi qui avais la parole!
Mme Garceau:... s'est passé au mois de février.
M. Jolivet: C'est cela, c'est aujourd'hui.
Mme Garceau: Une dame qui a travaillé d'arrache-pied
pendant sept mois et demi pour que son enfant soit vu. C'est cette
année.
M. Jolivet: Ah oui! Mais j'essaie d'expliquer qu'à
l'époque, il n'y avait pas de normes et on avait laissé aux
commissions scolaires le soin de déterminer les normes. Donc on se
retrouve aujourd'hui dans un projet de loi. On dit: L'inquiétude que
vous nous amenez, c'est que les normes varient d'une commission scolaire
à l'autre et que l'élève n'est pas toujours assuré
de recevoir les services dont il a besoin partout dans la province. Il faut
donc que le gouvernement prenne le taureau par les cornes et décide,
lui, de l'orientation au niveau de l'ensemble de l'éducation au
Québec. Ce n'est pas parce que l'enfant vient de
Saint-Joseph-de-Mékinac qu'il n'a pas droit aux services, comme s'il se
trouvait en plein centre de la ville de Montréal. Mais pour cela, il
faut donner les moyens, il faut donner les capacités à la
commission scolaire avec des psychologues, des psycho-éducateurs, et des
gens qui sont à l'intérieur des services sociaux pour venir aider
la famille et l'enfant, par le fait même, et non pour servir les besoins
de la commission scolaire, pour ne pas avoir de problème de
congédiement de personnel. Et c'est dans ce sens qu'il faut que sur
cette partie, le ministre, par l'intermédiaire du projet de loi, indique
clairement vers quelle orientation il va aller.
Si le ministère dit: On va laisser la commission scolaire faire
des normes, sa réglementation et ses règles, et après
cela, je vais avoir à mettre le placet dessus, c'est une chose. Si le
ministère demande que les commissions scolaires fassent les normes et
dit: Après cela, on verra.
Il y a là un danger énorme. C'est dans ce sens que je
voulais juste appuyer votre inquiétude en vous disant: Cela s'est
passé, se passe encore; il ne faudrait plus que cela se passe.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci M.
le député de Laviolette de votre intervention.
Merci beaucoup M. Colangelo, merci mesdames. La commission va maintenant
suspendre ses travaux pour quelques minutes, puis nous allons accueillir le
groupe suivant.
(Suspension de la séance à 20 h 59)
(Reprise à 21 h 3)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux.
J'invite le Regroupement interscolaire de la région de Québec
à prendre place dans les fauteuils qui leur sont
réservés.
M. Jolivet: M. le Président, pendant que chacun prend sa
place, est-ce qu'on pourrait faire une suggestion: que le protecteur de
l'élève soit M. Ryan, lorsqu'il aura pris sa retraite?
Une voix:... premier ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Lorsqu'on sera
rendu à la prériode des avis de motion...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé):... je n'aurai pas
objection à la prendre en considération.
M. Jolivet: II n'a pas compris, M. Ryan. Une voix: C'est
enregistré.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Le groupe qui est devant nous est
représenté par Mme Hélène Breton, coordon-natrice
et présidente de l'Association québécoise pour les
troubles d'apprentissage. Mme Breton, nous vous saluons et nous vous
remercions. Bonsoir, madame. Il me fait plaisir de vous accueillir et je veux
vous remercier d'avoir répondu à l'invitation de la commission et
de venir nous faire connaître le fruit de votre réflexion sur ces
deux projets de loi. La commission va poursuivre ses travaux durant environ 45
minutes encore. C'est la période de temps qui a été
prévue pour votre association. Je vous informe immédiatement, par
exemple, que tous les membres de la commission ont pris connaissance de votre
mémoire. Libre à vous de le représenter ou de le
commenter. Je vous laisse libre d'utiliser la formule que vous voulez. Vous
pourrez
peut-être faire cela pendant le premier tiers de la période
de temps qui vous est réservée et ensuite le reste du temps sera
consacré à des échanges de propos répartis à
part égale entre les deux formations politiques.
Mme Breton, si vous voulez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Regroupement interscolaire de la région de
Québec
Mme Breton (Hélène): Merci, M. le Président.
À ma gauche, Mme Johanne Pichet-Bédard, de la
Fédération de la famille de Québec.
Mme Pichet-Bédard (Johanne): Bonsoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela me fait
plaisir.
Mme Breton: Bernadette Bussières et moi-même,
Hélène Breton, de l'AQETA, l'Association québécoise
pour les enfants en troubles d'apprentissage.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Bussières.
Mme Breton: Monique Robitaille-Rousseau, de l'Association pour
l'intégration sociale, et Serge Fortin de l'Association de paralysie
cérébrale du Québec inc.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Robitaille-Rousseau et M. Fortin, cela me fait plaisir.
Mme Breton: J'aimerais aussi vous mentionner les deux autres
associations qui ont beaucoup travaillé avec nous, qui ne sont pas
à la table, mais là, derrière: l'association pour
l'épilepsie, section Québec, il y avait M. Aimé Roy, et
l'Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs,
représentée par Mme Audette Bédard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Soyez tous les
bienvenus.
Mme Breton: Merci. Je continue. Je ne lirai pas le
mémoire, je vais en ressortir les principaux éléments. Je
voudrais vous dire aussi qu'il y a d'autres membres collègues de chacune
de nos associations qui se sont joints à nous pour l'étude du
projet de loi 107 et pour des parents qui n'ont pas une armée de
professionnels et de bureaucrates pour faire des synthèses et ressortir
les points importants, on a mis pas mal d'heures pour regarder tout ça
parce que cela nous tient à coeur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Souvent, c'est
plus clair comme ça.
Mme Breton: Je ne sais pas.
M. Jolivet: ...sauf les sous-ministres.
Mme Breton: Sauf les sous-ministres. M. le Président,
est-ce que je peux vous demander une permission?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Mme Breton: C'est qu'à la toute fin Bernadette nous
apporte un témoignage vécu. Pas plus de cinq minutes. Cela avait
été prévu et calculé que vous nous accorderiez
peut-être la permission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord,
très bien.
Mme Breton: Oui? Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Madame, tout vous est permis.
Mme Breton: Merci. Oui?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mais
attention!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Breton: Je voudrais vous dire qu'il nous fait plaisir
d'être ici ce soir, bien qu'un peu trop tard dans la soirée, mais
enfin, pour apporter à la commission parlementaire de l'éducation
un éclairage additionnel sur ce que le RISQ voudrait voir inscrit dans
la loi. Avant de faire la synthèse de nos représentations, qui ne
sera pas très longue, je voudrais présenter le RISQ et dire
à la commission comment il est né.
Le Regroupement interscolaire de Québec, c'est une
première. Pour la première fois au Québec, six
associations représentant des parents d'élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage et d'élèves
handicapés ont choisi de laisser tomber leurs différences et de
mettre ensemble leurs besoins communs pour mieux faire agir les
décideurs face aux 2698 élèves handicapés et aux 14
181 élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage
de la région 03. Plus ou moins, mais c'est presque ça.
J'aimerais ici faire une parenthèse par rapport à mes
prédécesseurs. J'ai toujours écrit: difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. On en fera ce que M. le ministre voudra bien
décider: trouble, difficulté, etc., d'accord? On prend l'un pour
l'autre ou l'autre pour l'un. Vous voyez comme c'est important de trouver une
définition concrète.
En effet, M. le Président, à la suite de nombreuses
rencontres avec les membres de
chacune de nos associations au cours de colloques, de réunions,
d'échanges et à la lumière du vécu très
difficile des enfants et des parents qui ont à vivre avec des
différences dans le réseau scolaire, nous nous sommes
aisément aperçu que nous avions des difficultés communes,
que nous devions affronter de lourdes barrières avant de nous faire
entendre et que les énergies des parents étaient
disséminées dans les dédales du réseau scolaire.
Alors les énergies qui restaient à l'arrivée, en bout de
ligne, étaient vite attaquées par le système scolaire
actuel, basé sur la performance et sur les normes à respecter,
système qui favorise les mises en échec successives des
élèves qui ont un rythme d'apprentissage différent. Devant
ces difficultés, le RISQ s'est formé dans le but de faire agir
les décideurs et aussi de permettre aux parents de faire entendre leur
voix auprès du ministère, des commissions scolaires et des
autorités concernées par l'éducation, afin de susciter des
actions qui se doivent d'être prises après tant d'années
d'études, d'analyses et de production de dossiers.
Le mémoire que nous avons soumis à cette commission
parlementaire, et que vous avez lu, présente les propositions sur 20
articles parmi les 55 que nous avons quand même étudiés. Ce
sont les articles de loi auxquels le RISQ tient davantage considérant
qu'il eût été trop long de tout rapporter compte tenu du
temps alloué et de la fatigue de tous.
M. le Président, nous traiterons ce soir de trois points
principaux: le plan d'intervention, la formation des enseignants et les
mécanismes de recours. Je vous prie de nous excuser si on revient avec
ce que vous avez déjà maintes et maintes fois entendu.
Peut-être que le poids pourrait faire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): La
répétition, cela aide quelquefois à faire comprendre les
gens.
Mme Breton: Cela aide? Bon, d'accord. Je ne voudrais pas passer
sous silence le fait que nous soyons contents de l'occasion de réformer
l'instruction publique. Dieu sait qu'elle en a besoin. Malgré le fait
que le projet de loi 107 soit un recul par rapport à la loi 3 sur
l'intégration des élèves en difficulté et sur les
mécanismes de recours, nous nous réjouissons grandement de voir
appraître la notion du plan d'intervention.
Point un, le plan d'intervention, articles 46, 206 et 217, aux pages 8,
10 et 11 de notre mémoire. Nous nous réjouissons certes de la
notion du plan d'intervention, mais nous demandons expressément que les
mots "après consultation" soient remplacés par l'expression "en
concertation" quant à l'établissement du plan d'intervention avec
le directeur de l'école, l'élève, les parents et le
personnel qui dispense des services à cet élève. Nous
proposons que les objectifs fixés à l'élève fassent
partie du plan d'intervention et que ces modalités d'élaboration
et de révision soient ajoutées aux modalités
d'évaluation des élèves handicapés et des
élèves en trouble d'apprentissage.
Il nous semble aussi esentiel que soit réservée à
l'intérieur de la tâche des agents d'éducation une
période de temps spécifique pour établir ce plan
d'intervention et cela, dès le début de l'année
scolaire.
De plus, à l'article 217, le RISQ propose deux ajouts. D'abord au
premier paragraphe: Dans le but de favoriser l'intégration dans les
classes ou groupes ordinaires et aux autres activités de l'école,
chaque fois que cela est propre à faciliter l'insertion sociale de
l'élève et ses apprentissages.
Nous proposons aussi d'ajouter aux normes d'organisation des services
éducatifs aux élèves en difficulté ou aux
élèves handicapés un quatrième point qui se lirait
comme suit: Prévoir des modalités de suivi constant - cela, c'est
très important, parce que même si on fait de belles affaires, si
on les laisse sur la tablette... Je m'écarte - provenant d'une
commission scolaire d'origine et référés dans d'autres
commissions scolaires et offrir un support réel à ces
élèves.
En résumé, le plan d'intervention tel que stipulé
dans le projet de loi 107 pose des inquiétudes au RISQ quant à sa
définition et à son application. Qui va faire quoi? Il faudrait
définir les rôles et partir des besoins des élèves
et non de ce que l'école a à offrir et, par la suite, dresser un
bilan dans un objectif de suivre l'élève et réviser ce
plan aux trois mois. C'est de l'ouvrage, n'est-ce pas?
Le plan d'intervention est un outil très important que le RISQ
défend tout en sachant que cela suppose beaucoup d'heures de travail et
la franche application du budget déjà accordé aux
commissions scolaires pour chaque élève en difficulté.
Point 2, la formation des enseignants. Nous voudrions, ce soir, ajouter
à notre mémoire une proposition qui n'a pas été
inscrite au moment de sa rédaction, soit celle de revoir la formation
des enseignants. Il nous paraît absolument essentiel que les futurs
enseignants et que les enseignants en place soient sensibilisés au fait
que tous les enfants n'apprennent pas de la même manière. Il nous
paraît essentiel que les enseignants acceptent ces différences. Il
nous paraît essentiel de briser l'intolérance encouragée
par le système actuel. Pour ce faire, la formation et le
perfectionnement des enseignants de même que leur formation continue
constituent des points majeurs dans l'acceptation des différences.
Plusieurs fois, au cours de nos réunions, les parents ont
souhaité pouvoir vivre l'expérimentation du progrès
continu de l'élève et mettre fin au faire semblant. Je
m'explique. Un élève en difficulté d'apprentissage ou
handicapé, s'il est intégré, se retrouve bien souvent
tassé, isolé de son groupe et l'on fait semblant, en autant que
l'élève suive, ne soit pas tannant, qu'il ne
dérange pas l'école, on fait semblant. On lui fait suivre
le même programme, au même rythme que les autres, d'année en
année, alors que les prérequis ne sont pas tous assimilés
et que les retards s'accumulent de jour en jour. Le progrès continu de
l'élève mettrait fin à ce faire semblant. Il est
évident, à la lumière de nos expériences, qu'il y a
urgence à revoir la formation et le perfectionnement des enseignants et
nous croyons que le MEQ a un rôle de leader à jouer
là-dedans. (21 h 15)
Point 3. Les mécanismes de recours, article 15, page 13 de notre
mémoire. Les parents qui font face à des différends avec
l'école ont un besoin absolu de mécanismes de recours et le RISQ
dénonce l'absence de moyens préventifs, l'absence de recours
consultatifs ou d'appels du type "protecteur de l'élève"
susceptibles d'apporter du soutien aux parents et de rapprocher les deux
parties. Est-ce que la loi 107 va faire en sorte que les parents soient
considérés comme partenaires? Les parents d'enfants en
difficulté étant les plus concernés, l'école se
doit de stimuler leur participation, de reconnaître leur
compétence et de ne pas les considérer menaçants s'ils
sont actifs.
En conclusion, dans le domaine de l'éducation, notre gouvernement
a pour tâche de tracer la voie et de soutenir les efforts qui aident
à prévenir l'analphabétisme, le bien-être social et
la délinquance. L'école doit, elle, redevenir un lieu de
formation pour chaque élève et être à
l'écoute de leurs besoins tout comme le prône dans son secteur le
ministère de la Santé et des Services sociaux. Il dit être
à l'écoute des bénéficiaires. L'élève
doit pouvoir apprendre à son rythme, avec ses amis, et si possible dans
son quartier. Nous demandons en conséquence, devant le mauvais
système scolaire actuel du Québec - les deux plus mauvais
systèmes au Québec selon un sondage Gallup sont les postes et
l'éducation - au ministre de l'Éducation qui a eu le cran de nous
offrir ce projet de réforme de l'instruction publique,
premièrement, de contrôler les sommes d'argent et les services
réels accordés au secteur des élèves en
difficulté d'apprentissage et des élèves
handicapés. Difficile n'est-ce pas, M. Ryan? C'est parce que vous venez
de le dire, mais on vous le demande encore. Deuxièmement, d'assumer son
rôle de leadership en matière d'éducation. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme Breton, de votre exposé.
Des voix: Bravo!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer qu'il est strictement interdit, selon les règlements de
l'Assemblée nationale, de manifester de quelque façon que ce
soit, mais je vous comprends.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'aurais jamais
permis cela à des députés. Maintenant, Mme Breton, nous
allons entendre le témoignage vécu de Mme Bussières et
après, nous allons procéder à l'échange avec les
membres. Mme Bussières.
Mme Bussières (Bernadette): Je veux parler au nom de ces
enfants qui ont un handicap, qu'il soit apparent ou pas, de ces enfants qui ne
répondent pas aux normes de l'école, de ces enfants qui doivent
vivre avec une marginalité qu'ils n'ont pas choisie. Si je me permets de
le faire, M. le Président, c'est que depuis 19 ans je vis
moi-même, là vous m'excuserez si ma voix est émotive, je
suis émue et j'ai de la difficulté à contrôler
l'intonation...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sentez-vous bien
à votre aise.
Mme Bussières:... je vis avec un handicap physique et,
depuis quelques années, je partage de près la
réalité des enfants qui ont des problèmes d'apprentissage.
De plus, j'ai enseigné durant dix ans et je n'ai jamais cessé de
m'intéresser à la cause de l'éducation. Alors, je vais
partir d'un exemple concret pour essayer de vous faire saisir comment,
lorsqu'on a un handicap apparent ou pas, on peut réagir
émotivement face à des situations qui pour la majorité des
gens sont insignifiantes parce qu'elles ne les touchent pas, mais qui peuvent
prendre de l'importance pour un enfant qui a un handicap, apparent ou pas. Je
savais que nous allions venir ici aujourd'hui et que je devrais parler en
public. Pour me sécuriser, il y a quelques semaines, je suis venue voir
comment cela se passait. Quand je suis arrivée au parlement, en entrant,
j'ai dû emprunter un escalier qui n'avait pas de rampe. Je peux monter un
tel escalier, mais je ne peux pas le faire sans aide. J'aurais aimé,
comme tout le monde, monter seule. J'étais pleine d'enthousiasme en
venant et j'ai remarqué qu'il avait suffi d'un petit incident comme
celui-là pour réfréner mon enthousiasme. Une fois de plus
cet incident me rappelait que j'avais besoin d'aide, que je n'étais pas
comme les autres, que je n'avais pas la même place que les autres dans la
société.
M. le Président, cela fait 19 ans que je m'entraîne
à encaisser des frustrations et je vous avoue que cela m'a encore
affectée. Heureusement que je n'avais pas à parler en public ce
soir-là parce que je trouve cela difficile. Ma difficulté aurait
pu en être plus grande par le simple fait que cet incident m'avait fait
perdre de la confiance en moi. Ce que je veux vous dire, c'est qu'un enfant qui
n'est pas comme les autres est plus vulnérable et que quotidiennement il
est exposé à des frustrations, à vivre des sentiments de
rejet et d'infériorité. Ces enfants
peuvent alors facilement se refermer et devenir moins perméables
aux apprentissages qu'on veut leur faire acquérir. On n'est pas que
différents. On est aussi semblables. On a tous besoin d'être
stimulés, valorisés. On a tous besoin de réussir. Comment
un enfant peut-il se sentir respecté dans ses besoins fondamentaux si
l'on ne tient pas compte de ses besoins particuliers?
À l'article 46 du projet de loi, on parle d'établir un
plan d'intervention adapté à chaque élève
handicapé ou qui a une difficulté d'apprentissage. Même si
nous nous inquiétons de la manière dont il serait
appliqué, nous reconnaissons qu'il s'agit d'un instrument indispensable.
Nous y voyons plusieurs avantages, dont les suivants. En évaluant au
départ les besoins particuliers de l'enfant, nous partirions de ce qu'il
est. Il se sentirait concerné. Les objectifs qu'on fixerait et les
attentes qu'on aurait face à l'enfant devenant plus réalistes,
celui-ci aurait plus de chances d'apprendre ce qu'est la réussite. De
plus, en révisant régulièrement le plan d'intervention, on
serait en mesure de sécuriser l'enfant parce qu'on pourrait lui faire
prendre conscience de ses progrès ce qui ne pourrait que l'amener
à une plus grande confiance en lui. Ce qui nous apparaît le plus
positif, c'est qu'au lieu de mettre en évidence ce que l'enfant ne fait
pas, on s'attarderait à ce qu'il fait. Ce que nous constatons avec un
enfant en difficulté, c'est que si on ne tient pas compte de ses besoins
particuliers, il se retrouve continuellement en situation d'échec. Quel
être humain pourrait avoir le goût d'apprendre s'il se sent
voué à l'échec? Si notre regroupement insiste pour que le
plan d'intervention s'établisse en concertation avec un parent ou une
autre personne ayant une connaissance du vécu de l'enfant, c'est que
nous croyons que plus nous aurons une vision globale mieux nous pourrons agir
avec lui. J'ai fini. Ouf!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Bussières. Nous avons été très sensibles à
votre témoignage. Maintenant je vais reconnaître M. le ministre de
l'Éducation. M. le ministre. M. le député de Charlevoix,
vous voulez prendre la parole en premier? M. le député de
Charleboix.
M. Bradet: Merci, M. le Président. Mesdames, messieurs, je
dois vous dire que vous constituez notre dessert de cette belle journée
et j'oserais dire un dessert plein de calories, si je remarque la galerie qui
est avec vous. Très souvent en commission parlementaire, vers la fin des
journées, il y a seulement la ligne de front ou la ligne d'attaque qui
reste. Donc, c'est quand même important de voir comment, comme vous
l'avez si bien dit, même s'il n'y avait pas une brochette de
fonctionnaires pour vous aider à préparer votre mémoire,
vous êtes quand même allés à l'essence et vous avez
eu le souci du détail.
Vous soulevez beaucoup d'inquiétudes. À la lecture de
votre mémoire, par exemple, quand on parle de services, vous disiez: Les
services, c'est quoi? Est-ce qu'on pourrait aller un peu plus loin? Quand on
parle du plan d'intervention, on en a parlé toute la journée, la
plupart des groupes sont revenus sur le plan d'intervention et, surtout, vous
déplorez un peu dans votre mémoire la non-reconnaissance des
parents. Je peux vous dire là-dessus, pour être un ancien
enseignant qui a enseigné au secondaire, que je pense que vous avez
parfaitement raison. Aujourd'hui, on remarque, je l'ai vécu, et cet
après-midi, de mes collègues, qui ont été aussi
dans l'enseignement, le député d'Arthabaska, entre autres,
faisait remarquer qu'il avait déjà eu un élève dans
sa classe, à propos duquel on ne l'avait pas averti qu'il avait des
problèmes d'ouïe. Et la dernière année, en 1984, j'ai
appris par un parent, en secondaire 5, à la remise des bulletins de fin
d'année, que sa fille, qui avait passé l'année dans ma
classe, était épileptique. Alors, c'est sûr qu'à ce
moment-là on se pose quand même de grandes questions, à
savoir qu'il y a sûrement une amélioration qu'on pourrait apporter
à ce chapitre, c'est-à-dire en ce qui concerne la relation entre
l'élève, le professeur et le parent.
L'école est un milieu de vie. On parle toujours de qualité
de l'école, de qualité des cours qu'on y donne. Cela
m'amène à une première question. Une question
peut-être de fond, dont on a parlé souvent aujourd'hui, à
savoir l'intégration. Ce mot est revenu plusieurs fois. Dans votre
mémoire, à l'article 217, de même qu'à l'article
169, à la page 16 je pense, vous dites deux fois que vous aimeriez qu'on
ajoute un paragraphe à ces articles qui dirait un peu ceci: Dans le but
de favoriser leur intégration dans les classes ou groupes ordinaires -
remarquez que moi, ordinaire m'a frappé un peu, j'étais
porté à dire avec ou sans plomb; chez nous on parle
d'élève régulier de classe régulière - et
aux autres activités de l'école chaque fois que cela est propre
à faciliter l'insertion sociale de l'élève et ses
apprentissages. Pour avoir vécu, et je pense qu'il y a peut-être
une distinction ou une différence qu'il faut faire entre quand on est en
dehors de la boîte et quand on est dedans, l'insertion
d'élèves, peut-être une quinzaine dans les dernières
années où j'étais en enseignement, je dois vous dire que
ce n'est jamais facile. La réalité est différente,
très souvent, des discours ou de la philosophie. Cet élève
arrive souvent parachuté un bon matin, plein de bonnes intentions, pour
toutes sortes de raisons administratives et autres, et on sent qu'à la
fois le professeur est un peu malheureux, parce que souvent ceci cause des
problèmes de discipline dans la classe, et les autres
élèves qui sont aussi un peu mal à l'aise. Et la direction
de l'école ne réagit presque jamais, si bien que
l'élève, après un mois et même quelques semaines,
décroche. C'est toujours la même roue qui tourne. J'aimerais
savoir, quand vous dites: Et aux autres activités de l'école...
Par contre, ces
élèves, quand il y a une activité étudiante,
soit sportive ou autre, ce sont les meilleurs. Ce sont ceux-là qui vont
donner le meilleur rendement, qui aimeront le plus cela. Mais quand on parle de
pédagogie, quand on parte de cours, très souvent on les perd.
J'ai remarqué qu'on ne les perd pas dans tous les cours. Ces
élèves-là, souvent, si on parle de géographie, ils
vont être très intéressés, c'est du visuel. Mais
quand on tombe dans des matières comme les mathématiques, la
chimie, la physique, cela amène un problème. Ce qui
m'amène à vous demander: Est-ce qu'il n'y a pas un danger d'aller
trop loin en parlant d'intégration? Je sais que c'est un but ultime
à rechercher, mais n'y a-t-il pas un danger pour le bien de
l'élève de vouloir l'isoler d'un côté ou de vouloir
le submerger de l'autre en lui disant: II faut absolument t'intégrer?
J'aimerais savoir si, dans votre recherche, vous avez des cas ou des endroits
où on a fait des tentatives qui seraient un peu le juste milieu de
l'intégration, à savoir si cela s'est déjà fait une
intégration d'élèves, je ne parle pas de ceux qui ont des
difficultés physiques - c'est peut-être un cas différent -
mais des élèves qui ont un peu de difficulté
d'apprentissage, est-ce que cela s'est déjà fait dans des
écoles de la région 03, en prenant seulement certaines
matières ou certains cours, de façon à ne pas les noyer
tout de suite mais à les préparer lentement? (21 h 30)
Parce qu'on a entendu parler aujourd'hui d'écoles
suprarégionales, de profs itinérants, mais je dois vous dire que
dans la région 03, comme dans la région de mon collègue,
très souvent, dans les commissions scolaires un peu plus petites, on n'a
pas le choix et l'enseignant n'a pas le choix de se débrouiller avec les
moyens du bord. Si l'élève se blesse, l'infirmière ne peut
même pas y mettre un sparadrap, parce qu'elle n'a pas le droit, elle fait
du préventif; alors, cela cause un problème partout. Cela
m'amenait à penser, quand j'ai lu votre mémoire, et à me
demander si vous avez déjà pensé à travailler
à une alternative comme celle-là. Au lieu de dire qu'il faut les
intégrer, est-ce qu'on pourrait les intégrer à la
cuillerée, mais avec quelque chose de positif, au lieu de
l'intégrer et de le renvoyer un mois après, ou le sortir du
système?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
quelqu'un du groupe peut donner...
Mme Breton: J'aurais le goût de répondre un peu et
je passerai la parole à Monique après. Quand vous nous dites:
Avez-vous quelque chose de prévu? Moi, j'ai fait de la consultation
auprès de beaux-frères, auprès des autres, j'ai des
visées de profs, de directeurs et de tout le monde. On me dit
qu'effectivement, si on intégrait trois à quatre
élèves par classe, c'est sûr qu'il faudrait baisser la
norme un peu. Avec quatre élèves handicapés ou
retardés mentaux, si vous voulez, demandant des soins différents,
dans un groupe de 21 élèves, si le prof est prévenu... Pas
comme vous l'avez dit, arriver sans le savoir et se retrouver tout à
coup avec des gens qui ont besoin de plus de soins. Si on pouvait
prévenir le professeur, baisser légèrement la norme, et,
comme on le disait tantôt dans un autre volet, donner une formation, il
faut que l'adaptation du prof... il faut qu'il sache comment s'y prendre avec
eux, il faut qu'il soit informé, lui aussi, et revenir probablement avec
des orthopédagogues, pas selon ce que Karol disait tantôt: Un
orthopédagogue à Trois-Rivières pour 3500
élèves, il faudrait aussi avoir du bon sens dans toute la
sphère de l'affaire. Monique, veux-tu continuer dans les
détails?
Mme Robitaille-Rousseau: Moi, je voudrais ajouter...
Peut-être que dans la région 03 - en même temps, c'est
peut-être la région qui pousse le plus au sujet de ce dossier de
l'intégration scolaire - on en est encore à la phase de
début, à une phase de transition et je ne pense pas qu'on ait
actuellement de modèles vraiment reconnus, on n'a pas fini
d'expérimenter divers modèles. Mais, moi je voudrais vous
référer à une étude que l'association canadienne
d'éducation a faite il y a quelques années, je crois que
c'était en 1984, où on arrivait à la conclusion que faire
de l'intégration seulement pour faire de l'intégration
c'était mauvais pour tout le monde et en premier lieu pour l'enfant,
mais que faire de l'intégration et se donner vraiment les moyens de le
faire, c'est-à-dire en faisant de la sensibilisation, en travaillant les
attitudes des gens, parce que pour nous, en tout cas, c'est beaucoup plus une
question d'attitude, et qu'à ce moment-là les premiers gagnants
étaient les enfants, que tout le monde y gagnait, y compris les
administrations scolaires et les enseignants, que, bien sûr,
c'était plus exigeant pour tout le monde, mais qu'il y avait beaucoup
plus de satisfaction. Alors, je pense que cela explique pourquoi cela ne se
réalise pas du jour au lendemain, pourquoi ce n'est pas aussi simple que
cela. Mais, je pense que, quand on regarde les choses qui ont changé
depuis plusieurs années, je veux dire que, maintenant, dans le cas des
parents dont les enfants ont des problèmes d'apprentissage ou des
parents d'enfants handicapés qu'ils ont de l'aide très tôt,
dès qu'on peut déceler la difficulté, on apprend aux gens
a fonctionner de mieux en mieux, à être bien dans leur peau avec
cela, à accepter la différence, parce qu'il n'y a rien, je pense,
de moins prêt qu'un parent pour se faire dire que son enfant est en
difficulté. On a appris que c'est à vivre ensemble qu'on a fini
par s'apprivoiser et, aujourd'hui, on vit à l'aise. On ne dit pas que la
différence ne dérange jamais, mais les parents sont à
l'aise là-dedans et sont impliqués dans le développement
de l'enfant. Une des barrières principales, dans le milieu scolaire,
c'est justement le refus de la participation des parents, cette
complicité qui devrait exister entre le réseau scolaire et la
famille pour
assurer la continuité et que cela fasse qu'il n'y en ait pas
seulement un qui porte le poids sur ses épaules, mais qu'on travaille
ensemble. Je pense que tous les enfants y gagneraient.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, Mme Rousseau,
je vous remercie. Cela met fin à la période de temps qui est
dévolue au parti ministériel, étant donné que je
dois garder quelques minutes à la fin pour les remarques finales du
ministre.
Je reconnais maintenant Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme la députée.
Mme Vermette: Je tiens à vous faire mes
appréciations au nom de ma formation politique sur le mémoire. Ce
que je peux constater, c'est l'esprit de solidarité et de concertation
qui s'en dégage. Je trouve cela magnifique et je trouve qu'on a fait un
net progrès, effectivement, dans le domaine de tous les organismes qui
existent à l'heure actuelle. J'ose espérer que votre esprit de
solidarité et de concertation se fera entendre et que vous continuerez
dans vos actions aussi, ce même engagement. C'est la clé de votre
succès, à mon avis.
Ce que j'aimerais aussi faire ressortir... J'écoutais les propos
du député de Charlevoix, tantôt, et cela me faisait penser
à certaines remarques que je me faisais à moi-même, lorsque
j'étais dans les comités d'école. À entendre
certains commentaires, quelquefois, comme: Nous avons la meilleure
école, les meilleurs programmes, la meilleure direction, les meilleurs
enseignants, le meilleur ministère, je me disais: Bien, alors! Il n'y a
qu'une chose de toute croche, ce sont les élèves. Et je
m'aperçois qu'après un certain temps, c'est encore le même
constat, et quoiqu'on dise qu'il faille être prudent, les changements de
mentalité tardent à venir, parce que je me demande si on a la
volonté de vouloir faire changer des choses.
On est loin du temps où, finalement... Je regardais ici au
Québec, comparativement à ce que j'ai vu, il n'y a pas si
longtemps, Rick Hansen, qui était au congrès des personnes
handicapées au niveau national. Et j'ai vu cette personne, qui
était à titre d'exemple venue donner son témoignage. Il
nous disait un petit peu que, parce qu'il est venu au monde sans bras du tout,
son médecin avait dit à ses parents: Écoutez, mettez-le de
côté, ne vous en faites pas, il ne pourra jamais se
développer, il n'ira jamais bien loin, il n'y a pas d'avenir pour cet
enfant-là. Mais je crois que l'instinct maternel doit faire en sorte
qu'à un moment donné on doit se battre pour l'avenir de son
enfant - et c'est heureux - et sa mère a défendu cet enfant, de
sorte qu'aujourd'hui vous en voyez les résultats; tout le monde est en
train de constater qu'il est un modèle pour l'ensemble des personnes
handicapées.
Mais là où je voulais en venir et ce que j'ai
trouvé extraordinaire, c'est que j'espère qu'au Québec, on
pourra avoir cette occasion de voir assise à la table du ministre de
l'Éducation et peut-être à la table du
délégué aux affaires qui s'occupe des personnes
handicapées, une personne handicapée qui assiste à un
banquet de clôture, y participe vraiment et qui prend le repas avec ces
gens.
Et cela m'était, à moi qui, de plus en plus, commence
à m'intéresser à tout ce qui se passe dans le milieu et
qui y vis d'une façon intéressée, je crois, oui d'accord,
mais je me sens sensible à toute la problématique... Et j'ai
été surprise les premiers instants, je ne m'en cache pas, de voir
cet homme qui doit manger à la table avec ses pieds et qui était
assis à la table d'honneur, et oui, il y avait même le
président de l'assemblée du gouvernement à cette
même table d'honneur, et pour moi, oui, ce fut un choc. Mais après
quelques minutes, cette personne avait tellement d'entregent et tellement
d'humour que j'avais oublié son handicap. Je pense que c'est un exemple
qu'il est important de répéter afin qu'on puisse nous aussi vivre
cette façon de faire les choses. C'est seulement à ce prix que
les changements de mentalité vont s'exercer à mon avis.
Les beaux discours que l'on peut faire entre nous autour des tables,
c'est bien beau, mais, même si la polémique est un art qu'on aime
bien pratiquer, cela ne fait pas avancer les choses, à mon avis. C'est
surtout par des gestes concrets qu'on peut faire avancer les choses. Quand on
parle de mentalités, il faut un point de départ quelque part et
on m'a toujours appris que c'est par l'exemple qu'on apprend le mieux. Je crois
que cela démontre une volonté, lorsque l'on pose de tels gestes,
de vouloir enclencher le changement de différents comportements. C'est
réellement à ce prix-là qu'on aura finalement
l'intégration des personnes handicapées dans nos écoles
aussi. Moi, je serais heureuse, en tout cas, qu'à un de vos colloques,
vous insistiez pour que nous, les parlementaires, et en premier lieu les
ministres les plus concernés, puissions justement nous mettre à
table avec ces gens et participer à un banquet, à leurs agapes.
Je pense que ce sera déjà un bon pas dans la bonne direction.
C'est ce prix-là que nous devons y mettre si nous voulons des
changements réels de mentalité. Parce qu'autrement, cela demeure
encore des discours et on pourra en parier, avoir des voeux, des intentions,
mais on risque d'attendre encore longtemps de véritables
modifications.
Je pense que c'est un peu tout cela qui transpire à
l'intérieur de votre mémoire. Ce à quoi vous faites appel,
en fin de compte, c'est à notre compréhension, d'une part, en
disant: Écoutez, nous ne sommes pas si méchants que cela. Nous ne
sommes pas si dérangeants que cela. Ce que nous voulons, c'est d'avoir
une place, vous apprivoiser et nous apprivoiser. C'est un message important que
vous nous transmettez. Je pense qu'il faut que nous l'entendions de
cette façon-là, parce que nous avons besoin autant de ces
personnes handicapées que des gens bien portants. C'est un
équilibre des choses dans nos sociétés et c'est un juste
retour des choses aussi que de prendre soin de ces personnes-là, parce
qu'elles nous le rendent bien à leur façon. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
aussi, Mme la députée de Marie-Vic-torin. Je reconnais, comme
dernier intervenant de l'Opposition, M. le député de Laviolette.
M. le député.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. On peut,
peut-être, dire que les gens qui sont devant nous ont pris un beau
risque, soit celui d'être venus nous parler ce soir comme ils l'ont fait,
avec exemple à l'appui. Je pense que la question que je veux poser a
trait à un constat général que vous avez fait à la
page 3, dans l'introduction de votre document, où vous dites: "Au cours
des échanges en vue de la présentation de ce mémoire, les
membres du Regroupement interscolaire de Québec ont été
unanimes sur la reformulation de plusieurs articles mais également sur
un constat général, la non-reconnaissance des parents comme
partenaires à part entière en milieu scolaire. " J'aimerais que
vous nous fassiez - c'est vrai que cela va être un petit peu rapide - la
correspondance entre ce que vous avez vécu avec la loi actuelle et le
projet de loi qui est présenté, les difficultés
additionnelles ou non que vous voyez par rapport à la vie actuelle.
Autrement dit, vous avez participé à des comités de
travail dans bien des cas. Vous avez été dans des comités
d'école fort probablement, dans des comités de parents, dans
certains cas. Vous avez forcé un peu la machine à vous entendre
et à corriger certaines lacunes, mais vous semblez amener tellement
d'amendements, une vingtaine environ, aux articles que le constat, c'est que
vous avez la crainte d'être encore moins partenaires dans le futur ou
est-ce que vous dites que vous ne l'êtes pas encore assez
aujourd'hui?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Breton.
Mme Breton: Je vais faire l'introduction et peut-être que
Johanne... pour la compétence des parents. Moi, je vais vous dire, quand
vous avez souligné les comités de parents, que c'est vrai qu'il
faut - comment dit-on cela, monter une montagne - escalader comité sur
comité et essayer de se faire entendre; on n'arrive pas à un
pouvoir décisionnel. Les parents, généralement en
comité, à quoi servent-ils? À la bibliothèque,
à organiser la journée d'activités et tout...
Une voix: Distribuer le lait.
Mme Breton:... distribuer le lait. Ce n'est pas cela qu'on veut.
Ce n'est plus cela. Ce n'est plus cela parce qu'on est des professionnels avec
un enfant différent. Veux veux pas, moi, cela fait 17 ans que j'en ai
un, cela fait 17 ans que je me suis adaptée. Donc, il faut absolument
que les parents soient reconnus à part entière et
là-dessus, moi, je voulais vous faire mon introduction comme ça
en disant surtout que, pour les comités de parents... J'ai su ici que la
Fédération des comités de parents est venue et qu'elle n'a
même pas mentionné les enfants handicapés ni les enfants en
troubles d'apprentissage, donc, à toutes fins utiles, c'est inutile.
Je crois que Johanne qui est de la Fédération de la
famille a des choses à dire là-dessus. Elle m'avait
prévenue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Pichet-Bédard: On s'est déjà vus dans le
cadre de la loi pour une politique familiale. C'est le doute en milieu scolaire
sur la compétence des parents. On a un préjugé sur la
capacité d'un parent de voir l'état réel de son enfant et
d'être aidant. C'est ce qu'on constate. On reçoit des appels
téléphoniques de parents désemparés, qui sont
devant des spécialistes qui leur disent: Vous n'avez que votre
expérience. Mais ils ont toute leur expérience. Ils ont un
vécu avec leur enfant, mais cela n'a pas de valeur. Une
évaluation a été faite et ils doivent se rendre au constat
du milieu scolaire.
On disait qu'on avait aussi développé le protecteur de
l'élève. On constate souvent qu'en milieu scolaire, lorsqu'un
enfant - et, d'après la loi, un parent a la responsabilité de la
fréquentation de l'école par son enfant... lorsqu'il y a une
difficulté entre la direction et un parent, cette situation se polarise.
Actuellement, il n'y a pas de tiers, pour faire en sorte que le parent, le
directeur ou l'instance en milieu scolaire puissent en arriver à voir
des modalités. Ils peuvent s'opposer pendant un secondaire au complet.
C'est long, dans la vie d'un parent, cinq ans de confrontations. Quand une
année scolaire commence, c'est un cauchemar qui commence. Nous l'avons
entendu, nous.
Le troisième aspect, c'est cette compétence qu'on ne
reconnaît pas tout simplement. Il y a un préjugé sur la
capacité du parent d'avoir une opinion intelligente, une opinion
fonctionnelle sur son enfant. C'est tout simplement ça. Ce n'est pas
grave, c'est juste la cellule de base et on est en train de dire que les deux
parents ne sont pas compétents. Je trouve que c'est extraordinairement
gros.
Mme Breton: Est-ce que Monique pourrait ajouter quelque
chose?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame. Une
dernière intervention.
Mme Robitaille-Rousseau: D'accord. Je voudrais ajouter que, dans
le cas des enfants en
difficulté ou handicapés, je pense que, dans la notion de
partenaire, la place des parents dans l'école prend une allure et une
dimension très particulières dans le sens que les parents sont
impliqués dans l'évolution, le développement de leur
enfant. Ils n'en ont pas le choix quand ils constatent que l'enfant a des
difficultés. Il n'y a pas un parent qui veut voir son enfant être
confiné ou ne pas avoir la même chance et ils veulent lui donner
la même chance dans la vie. Je pense que les parents de ces jeunes sont
impliqués, depuis plusieurs années, dans le développement,
dans l'évolution, qu'ils se creusent la tête continuellement pour
assurer les meilleurs services et, quand on arrive à l'école et
qu'on se voit confinés à des rôles comme celui de
réparer les livres de la bibliothèque et d'être les
bienvenus... Je me souviens que, dans une école, c'était
marqué: Bienvenue aux parents, et c'était sur la porte du
réfrigérateur où on gardait les berlingots de lait qu'on
devait distribuer. On avait demandé si c'était la seule place
où on était les bienvenus parce que cela ressemblait à
ça dans l'école. Les parents veulent faire autre chose que les
rôles de serviteur. Ils sont directement impliqués et leur
engagement est solide face à leur enfant. Donc, nous sommes pour que
ça se continue à l'école.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Rousseau. Pour le mot de la fin, je reconnais M. le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne voudrais pas que nous
terminions cette journée sans au moins souligner le caractère
très enrichissant de l'expérience que nous avons vécue
avec les groupes rencontrés. Nous avons rencontré au cours de la
journée dix groupes différents représentant diverses
tranches de ce monde de plus en plus important des élèves
handicapés, des élèves en difficulté ou en troubles
d'adaptation et d'apprentissage et leurs parents.
Je ne peux m'empêcher de dire, tout d'abord, combien
j'apprécie l'attention que les parents apportent à ces enfants.
Les groupes que nous avons entendus aujourd'hui étaient surtout des
groupes composés de parents. Je voudrais dire, au nom du gouvernement,
à ces parents combien l'attention qu'ils portent à leurs enfants
est un enrichissement pour la société québécoise et
combien, à mon point de vue, nous avons l'obligation, comme
gouvernement, de les soutenir.
Après toutes les suggestions que nous avons entendues, il ne sera
pas mauvais de résumer très brièvement les enrichissements
que le projet de loi apporte par rapport à la situation actuelle. On a
constaté des carences au cours de la journée, nous les avons
laissé énumérer en toute liberté. Je pense que
c'était notre devoir d'écouter. Au moment de clore la discussion,
ce n'est peut-être pas mauvais qu'on rappelle brièvement les
enrichissements que nous apportons par rapport à la situation
actuelle.
Tout d'abord, au niveau de l'école, comme vous l'avez
signalé au cours de la journée, il y aura cette obligation pour
le directeur d'arrêter, après consultation avec les
intéressés, y compris l'enfant et ses parents, un plan
d'intervention qui devra être axé sur la réalité de
l'élève. C'est nouveau, il n'y a pas d'obligation de cette nature
actuellement. C'est très important, c'est un plan d'intervention pour
chaque élève handicapé ou présentant des
difficultés ou des troubles d'adaptation ou d'apprentissage.
Au niveau de la commission scolaire, il y a trois choses importantes.
Tout d'abord, la commission scolaire - Dieu sait combien les commissions
scolaires n'apprécient pas spécialement ce genre d'honneur - se
voit invitée d'autorité par le législateur à se
doter d'un comité consultatif sur les élèves en
difficulté ou en troubles d'adaptation ou d'apprentissage; elle sera
obligée de se le donner. Au sein de ce comité siégeront,
en nombre important, des parents et des parents de ces élèves -
nous ferons une modification par rapport au texte actuel qui fera en sorte que
ce seront des parents concernés, les parents de ces
élèves. En plus, la commission scolaire devra se donner, par
règlement, une politique, devra définir, par règlement,
les services et l'organisation qu'elle offrira à ces
élèves. C'est nouveau, cela aussi.
La troisième nouveauté: la commission scolaire devra
indiquer dans ses états et dans ses budgets les montants précis
qui seront réservés pour les services aux élèves en
difficulté ou en troubles d'apprentissage. Le député de
Laviolette a souligné plus tôt dans la journée que
certaines commissions scolaires peuvent divertir ces montants vers d'autres
fins étant donné la grande latitude que nous leur laissons,
contrairement à certains refrains que nous entendons parfois, dans
l'utilisation des ressources mises à leur disposition. Mais avec la
disposition qui est dans le projet de loi, il faudra qu'elles indiquent
clairement, il faudra même qu'elles consultent le comité
consultatif sur les élèves en difficulté, quant au montant
des ressources qu'elles réserveront pour ces élèves et
quant à la manière dont elles utiliseront ces ressources. Je
pense que ce sont des progrès qu'il vaut la peine de noter.
Finalement, le gouvernement se voit conférer le pouvoir de
réglementer, d'intervenir s'il le faut pour définir ces normes
qui permettront aux commissions scolaires de mieux percevoir le niveau minimal
auquel elles devront fonctionner pour rendre compte des ressources qui leur
sont attribuées. Je pense qu'il y a quand même des
améliorations très importantes qui sont apportées. Ce
n'est pas mauvais qu'on rappelle ce tableau-là à la fin. Mais
j'ajoute, parce que le président m'a interrompu continuellement avec des
billets, 3 minutes, 2 minutes, 1, minute, merci - il a raison à part
cela - que vous autres avez
demandé que nous en fassions davantage. J'ai indiqué des
limites dont nous devons tenir compte dans les décisions que nous
prenons par honnêteté envers vous, mais nous allons examiner
sérieusement la possibilité d'enrichir davantage le projet de
loi. J'ai déjà donné des indications plus tôt quant
à des améliorations que nous envisageons sérieusement et
je crois qu'au bout de la ligne, nous allons nous retrouver avec un texte
législatif considérablement amélioré par rapport au
peu dont nous disposons à l'heure actuelle. Vous aurez, par vos
interventions, contribué, de manière très
précieuse, à ces résultats et je vous en remercie
cordialement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Au nom des membres
de la commission, mesdames, messieurs, je vous remercie. La commission ajourne
ses travaux au mardi 30, à 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 53)