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(Quinze heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'invite les
membres de la commission à prendre place et je m'excuse auprès de
nos invités et des membres de cette commission, ce n'est pas de
l'obscurantisme, mais nous avons des problèmes
d'électricité. J'espère que ce n'est pas un signe
avant-coureur de la qualité de nos débats, qui seront plus
éclairés que le climat dans lequel nous avons à vivre. On
est actuellement à faire des travaux à l'Assemblée
nationale et on a des difficultés avec l'intensité
électrique.
La commission parlementaire poursuit ses travaux dans le cadre du mandat
qui lui a été confié, à savoir d'entendre
aujourd'hui certains organismes voulant faire connaître leur opinion et
leurs commentaires sur les amendements déposés par le ministre en
ce qui a trait au projet de loi 107.
Dans un premier temps nous entendrons la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, suivi de la
Confédération des organismes provinciaux pour les personnes
handicapées du Québec et, en soirée, l'Institut canadien
d'éducation des adultes, la Centrale de l'enseignement du Québec
et la Fédération des comités de parents de la province de
Québec.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si nous avons
quorum, je vais déclarer la séance ouverte. Est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, s'il n'y a
pas de remplacement, nous allons maintenant débuter. Il a
été décidé qu'une heure était
accordée à chacun de nos intervenants, et la parole sera aux
membres de la formation ministérielle autant qu'à ceux de la
formation de l'Opposition officielle, et je respecterai la règle de
l'alternance. Nous avons une heure à vous consacrer, libre à vous
de prendre la période qui vous plaira pour nous présenter votre
argumentation, vos commentaires, ou votre réflexion - appelez-les comme
vous voudrez - sur les amendements du ministre, et le reste du temps, comme
à l'habitude, parce que c'est devenu une habitude avec la
Fédération des commissions scolaires, nous nous rencontrons
souvent, nous continuerons notre habitude de discuter avec les membres de la
commission.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec est représentée par M.
Gabriel Légaré, qui en est le président. Je
voudrais aussi profiter de l'occasion pour le féliciter. M.
Légaré, en plus d'être le président de la grande
Fédération des commissions scolaires est aussi, depuis une
semaine, conseiller municipal à la ville de Québec. Je veux vous
féliciter, M. Légaré, au nom des membres de cette
commission, en plus de vous souhaiter la bienvenue, et nous vous
écoutons.
M. Légaré (Gabriel): Merci, M. le Président,
et en même temps que vous...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Et voilà!
Et la lumière fut.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Légaré: À partir du moment où vous
m'offrez la parole, M. le Président, c'est ce que cela occasionne.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela.
M. Légaré: J'espère qu'il en sera tout
autant des propos que je vais vous livrer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'en ai jamais
douté, M. le président.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. Légaré: Je désire, M. le
Président, vous remercier d'avoir bien voulu nous recevoir, mais avant
de poursuivre dans la présentation de mes propos sur les amendements que
nous a apportés le ministre, je voudrais vous présenter les
personnes qui m'accompagnent aujourd'hui. Immédiatement à ma
droite, M. Charles Péron, premier vice-président; à la
droite de M. Péron, M. Marc Sabourin qui est président du conseil
d'administration d'un comité qui travaille aux projets de loi 106 et 107
et, à ma gauche immédiate, M. Fernand Paradis, directeur
général.
Je vous disais, M. le Président, que nous tenons à vous
remercier, les membres de la commission parlementaire de l'éducation, de
l'occasion qui nous est offerte d'exprimer le point de vue des commissions
scolaires sur le projet de loi 107 et les amendements proposés. En fin
de semaine dernière, nous avons réuni les présidents et
les directeurs généraux des 172 commissions scolaires membres de
notre organisme pour recueillir leurs commentaires et leurs recommandations sur
les amendements annoncés aux projets de loi 106 et 107. C'est à
partir des positions exprimées lors de cette rencontre que nous vous
présentons aujourd'hui le point de vue
de la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec.
Le 25 octobre dernier, le ministre de l'Éducation, M. Ryan, a
indiqué dans son discours sur le principe du projet de loi 107 que,
selon lui, il n'y a pas lieu, à l'heure actuelle, de procéder
à des changements majeurs dans le partage des responsabilités
entre les commissions scolaires et le gouvernement. Il a cependant
ajouté qu'il écouterait avec attention les représentations
qui lui seraient faites à ce sujet. Les commissions scolaires ont
toujours la conviction que les citoyens et citoyennes du Québec seraient
mieux servis si certaines décisions qui les concernent étaient
prises dans chacun des milieux. Aussi, nous soutenons qu'il faudrait modifier
sans plus tarder le partage des responsabilités en éducation dans
le sens d'une responsabilisation des commissions scolaires et, incidemment, des
contribuables pour leur donner les possibilités d'exercer certains choix
dans les activités éducatives et autres. Nous persistons à
croire que certaines modifications peuvent être apportées au
projet de loi 107 pour tenir compte à la fois de notre objectif et de la
volonté gouvernementale.
Concernant les commissions scolaires fondées sur l'appartenance
linguistique, la fédération est toujours en accord avec !es
objectifs du projet de loi qui visent à remplacer les commissions
scolaires fondées sur l'allégeance religieuse par des commissions
scolaires fondées sur l'appartenance linguistique. Le ministre de
l'Éducation a déjà indiqué qu'il entendait
établir, de concert avec ses partenaires des commissions scolaires, une
liste communément acceptable des articles qui devraient faire l'objet
d'un renvoi aux tribunaux. La fédération accepte de collaborer
à l'établissement de cette liste. Nous interviendrons dans le
processus judiciaire de référé à la Cour d'appel
afin de connaître l'étendue de protection accordée aux
classes de personnes visées par la loi constitutionnelle de 1867.
Le ministre de l'Éducation a choisi de ne pas donner suite
à notre recommandation relative à la possibilité
d'opérer une commission scolaire autre que linguistique. Nous continuons
à croire qu'au-delà des débats passionnés sur la
confes-sionnalité des structures il existe des situations où la
minorité linguistique et a majorité francophone ont
développé un mode de fonctionnement respectueux des droits de
chacun. Nous invitons le ministre de l'Éducation à rechercher la
meilleure solution possible pour ces milieux.
Nous considérons que, dans les amendements déposés
à l'heure actuelle, plusieurs modifications sont intéressantes.
Dans plusieurs cas, elles auront pour effet de restreindre la portée
centralisatrice du projet de loi initial. Nous apprécions
particulièrement les souplesses qui sont apportées à
l'exercice du pouvoir de dérogation au régime pédagogique.
Le ministre reconnaît ainsi que, sur certains aspects du régime
pédagogique, les commissions scolaires sont mieux placées pour
prendre ce type de décision. Elles sont près du milieu,
près de l'action, et connaissent le quotidien des institutions
scolaires.
Nous apprécions également que le pouvoir que se voyait
attribuer le ministre de suspendre l'application d'une décision d'une
commission scolaire ayant donné lieu à une enquête soit
aboli. La disparition du pouvoir d'ester en justice, que la première
version du projet de loi 107 accordait à certains comités ainsi
que le maintien de l'essentiel des dispositions actuelles sur les biens meubles
et immeubles et l'élimination de l'obligation de procéder par
règlement dans certaines situations contribuent à
améliorer de façon sensible ce projet de loi.
Cependant, la fédération estime que le ministre de
l'Éducation devrait reconsidérer sa position quant à la
nécessité d'inscrire dans la loi l'obligation de créer
certains comités et leurs modalités de fonctionnement. À
titre d'exemple, les commissions scolaires reconnaissent que la consultation et
la participation des directeurs d'école font partie des
responsabilités de la commission scolaire et d'une gestion dynamique.
Mais pourquoi prévoir dans la loi un moyen comme le comité de
gestion, alors que depuis 1978 les parties à la table où se
discutent les conditions de travail des cadres s'entendent pour que les
modalités de la participation des cadres fassent partie de la politique
de gestion de la commission scolaire élaborée localement avec la
participation des associations concernées? La fédération
croit que, sur ce sujet, le ministre de l'Éducation devrait
reconsidérer sa position.
En ce qui concerne le versement des subventions, il est important, pour
se prémunir contre l'arbitraire de fonctionnaires trop
zélés, que la commission scolaire puisse recourir aux tribunaux
pour faire respecter son droit d'obtenir une subvention. C'est peut-être
plus pratique sur un plan purement bureaucratique que des fonctionnaires
décident si l'on doit diminuer ou annuler une subvention. Il n'est pas
sûr, cependant, que l'intérêt public serait bien servi si
les dispositions du projet de loi à ce sujet étaient maintenues.
Par ailleurs, en se limitant à établir aux fins de subvention la
liste des commissions scolaires autorisées à organiser les
services éducatifs pour adultes et les spécialités
professionnelles, le ministre de l'Éducation permet aux commissions
scolaires de répondre de façon responsable aux besoins
exprimés par le milieu.
Enfin, nous sommes particulièrement satisfaits de l'amendement
qui accorde aux seuls représentants élus au suffrage universel le
droit de vote au conseil des commissaires. Nous avons la conviction que c'est
par une responsabilisation accrue de la commission scolaire et par une
amélioration des mécanismes électoraux que l'on
réussira à accroître la participation des citoyens à
la gestion du gouvernement scolaire local.
Au moment de l'adoption de la Loi sur la fiscalité municipale en
1979, le gouvernement
s'était engagé à ce que le transfert de
l'impôt normalisé aux municipalités et le remplacement de
celui-ci par un accroissement des subventions aux commissions scolaires ne
causent aucun préjudice à ces dernières. Le gouvernement
s'était aussi engagé à financer le coût de ses
décisions tout en affirmant que le pouvoir de taxation laissé aux
commissions scolaires devait leur permettre de se donner une couleur locale,
c'est-à-dire qu'elles pourraient répondre à des besoins et
à des attentes spécifiques de leurs milieux.
Au fil des années, les compressions budgétaires dans les
subventions des commissions scolaires les ont amenées à utiliser
leur très faible marge de taxation pour financer les coûts des
décisions prises par le ministère de l'Éducation, en
d'autres mots pour réaliser les grands objectifs
déterminés par l'État pour l'enseignement primaire et
secondaire au Québec. Le financement des grands objectifs
d'éducation par l'État est pourtant un choix de la
société québécoise qui ne fait aucun doute. Dans le
cadre des travaux de la Commission nationale de financement, la
fédération entend donc continuer à réclamer du
gouvernement qu'il maintienne ces subventions aux commissions scolaires pour
assurer l'atteinte des grands objectifs en éducation et qu'il indexe
l'enveloppe des autres personnels et celle des autres coûts.
Il est essentiel que l'on restaure à tout le moins la marge de
manoeuvre consentie aux commissions scolaires en 1979. Après neuf ans
d'application, le système de financement des commissions scolaires
nécessite des ajustements, tant au niveau du calcul du montant de la
taxe locale que pour la formule de péréquation utilisée
pour assurer à chacune des commissions scolaires une marge de manoeuvre
semblable.
La fédération a déjà fait parvenir au
ministre de l'Éducation une proposition visant à corriger la
situation actuelle. Cette correction technique restaurerait la marge de
manoeuvre qui avait été accordée aux commissions scolaires
en 1979. Son impact financier sur la fiscalité municipale est marginal
et ne devrait pas soulever d'opposition de la part des municipalités.
Elle est cependant vitale pour les commissions scolaires. Le projet de loi 107
doit être amendé afin de permettre aux commissions scolaires
d'offrir aux élèves des services de qualité et de se
donner une marge de manoeuvre au plan financier pour leur projet de
développement à court, moyen et long termes.
Avant de conclure, permettez-nous de vous livrer un bref commentaire au
sujet des modifications annoncées par le ministre de l'Éducation
au sujet du projet de loi 106. La fédération est toujours d'avis
que la durée du mandat des commissaires devrait être de quatre
ans, comme dans le cas des municipalités. Nous notons avec satisfaction
que le ministre de l'Éducation s'est ravisé quant à la
superposition des circonscriptions électorales et quant à la
possibilité pour un citoyen de voter et d'être éligible
à un poste de commissaire dans une commission scolaire située en
dehors du territoire où il a son domicile.
En terminant, rappelons que la Fédération des commissions
scolaires accueille favorablement plusieurs des amendements
déposés et nous avons la conviction que le projet de loi 107
serait acceptable s'il avait pour effet de restaurer la marge de manoeuvre que
l'Assemblée nationale consentait aux commissions scolaires en 1979.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Légaré. Maintenant je reconnais le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je remercie la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
d'avoir répondu à l'appel de la commission à quelques
jours d'avis, d'avoir accepté la rencontre que nous tenons aujourd'hui
pour fournir à la commission parlementaire de l'éducation un
dernier éclairage sur les attentes et les réactions des
principaux groupes représentatifs du monde scolaire.
Avant que nous passions à l'étape décisive de
l'étude article par article du projet de loi, je me réjouis du
ton généralement très positif du mémoire dont nous
venons d'entendre la lecture. J'observais mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest, en écoutant la lecture et il
donnait l'impression de chercher assez laborieusement les points sur lesquels
il pourrait entreprendre une bataille serrée. Je le comprends parce que
la matière qui reste d'ordre litigieux s'amincit chaque jour à la
suite de la volonté que le gouvernement continue de manifester
d'écouter et de tenir compte de toutes les représentations
fondées qu'on lui soumet. Je pense que c'est comme ça qu'on
améliore un projet de loi. C'est en partant d'une hypothèse
claire, mais dont on sait tous qu'elle ne pourra pas se réaliser
intégralement. C'est pour ça qu'on passe par le tamisage des
consultations. Je note avec plaisir, par conséquent, ce rapprochement
considérable qui s'est effectué au cours des dernières
semaines.
Il y a encore des points qui restent en suspens. On en a
mentionné quelques-uns tantôt. Je les relève très
brièvement. Vous dites que vous auriez souhaité qu'on fasse une
place dans le projet de loi pour des commissions scolaires unifiées sur
certains territoires où telle pourrait être la volonté des
milieux intéressés. Nous serions favorables du côté
du gouvernement et nous n'avons aucune objection. Je pense que j'ai
expliqué, la dernière fois, que les difficultés sont
d'ordre technique. S'il fallait ajouter tout un chapitre pour définir
les responsabilités de ces commissions scolaires, ça alourdit
considérablement le projet de loi. Déjà, l'Opposition nous
a fait savoir qu'avec ce que nous avons déposé c'est à peu
près le maximum de compréhension
dont elle est capable pendant cette session-ci. Même, on n'est pas
sûr; on le verra à l'épreuve, évidemment. C'est une
question technique. Mais, sur le fond, il y a moyen de chercher quelque chose.
On va chercher encore, au cours des deux ou trois prochaines semaines, mais
nous n'avons pas d'objection de principe à ça. C'est vraiment une
difficulté d'ordre technique, rédactionnelle, si je peux
m'exprimer ainsi.
À propos des comités des commissions scolaires, il y a un
point surtout. Vous mentionnez cet exemple, M. le président de la
fédération. Il y a la table de gestion qui est
réservée pour les directeurs des écoles, les directions
d'école, une pratique qui est très largement répandue. En
logique pure, on pourrait se demander si c'est vraiment nécessaire
d'avoir une telle disposition dans le projet de loi. La question est tout
à fait vraisemblable. Mais il y a la question des rapports pratiques
aussi. Vous savez comme moi que, depuis dix ans, c'est un point sur lequel
insiste énormément la Fédération
québécoise des directeurs d'écoles. C'est un point sur
lequel, à maintes reprises... Je crois que c'était compris dans
la loi 3, ça aussi. Les parties des deux côtés de la
Chambre ont exprimé leur sympathie pour cette revendication des
directions d'école et, dans le mouvement, que nous voulons amplifier, de
valorisation de l'école, il nous paraît que cette participation
institutionnalisée des directions d'école à une table
consultative de gestion au niveau de la commission scolaire peut être
avantageuse à ce moment-ci. Par conséquent, sur ce
point-là, nous n'avons pas l'intention, malgré toute la
considération que nous avons pour le point de vue contraire, de modifier
le projet de loi.
En ce qui touche les subventions, la fédération nous avait
signifié, lors de sa rencontre avec la commission parlementaire, son
désir de voir le gouvernement et l'Assemblée nationale revenir
à la substance actuelle des articles de la Loi sur l'instruction
publique traitant de cette question, c'est-à-dire que le ministre ait le
pouvoir de retenir une subvention, mais non pas celui de la diminuer ou de
l'annuler.
J'ai eu l'occasion de dire aux porte-parole de la
fédération que nous comprenons les représentations qu'ils
nous adressent là-dessus. Nous sommes présentement en discussion
au sein du gouvernement sur les possibilités de ce changement. Nous
n'avons pas tiré de conclusion à ce jour. Mais, avant que nous
arrivions à cet article du projet de loi, il va s'écouler encore
un certain temps. Je pense que c'est l'article 437, si mes souvenirs sont bons.
M. Dupont? On progresse dans l'ordre de la mémoire. C'est l'aricle 437,
et nous aurons le temps d'en reparler officieusement et publiquement d'ici
là. J'accueille avec sympathie ces représentations. J'en
comprends le bien-fondé et je pense qu'il devrait être possible de
trouver un terrain d'entente.
Pour ce qui touche la durée du mandat des commissaires, nous
ferons une dernière vérification à ce sujet. Les
municipalités ne tiennent pas trop à être
identifiées complètement aux commissions scolaires, on vous l'a
déjà dit, ni en matière de fiscalité, ni en
matière de jour d'élections, ni en matière de durée
du mandat. On va faire des vérifications encore de ce point de vue.
C'est une question d'ordre strictement pratique qui peut recevoir
différentes réponses. Si jamais la discussion et les recherches
complémentaires que nous ferons nous orientaient de ce
côté-là, cela pourrait faire l'objet d'un amendement, ce
n'est pas une question qui est fermée en partant.
Au sujet de la taxation, là, c'est très important, parce
que vous dites, à la fin de votre mémoire:... nous avons la
conviction - j'espère que nous avons tous lu le texte de la même
manière - que le projet de loi 107 serait acceptable s'il avait pour
effet de restaurer la marge de manoeuvre que l'Assemblée nationale
consentait aux commissions scolaires en 1979. Cela voudrait dire, si je
comprends bien, qu'il y a ce point qui reste majeur. Les autres points sont les
points sur lesquels on a encore des souhaits d'amélioration, mais qui ne
sont pas, moi, ce que j'appelle dans mon langage des cas de guerre, casus
belli.
Sur ce point, je voudrais faire une brève communication en
terminant. La fédération, comme le disait M. Légaré
tantôt, m'a remis il y a quelques jours un mémoire indiquant les
effets de distorsion qu'entraîne pour de nombreuses commissions scolaires
le mode actuel, le mode combiné actuel de financement via les
subventions statutaires, via les paiements de péréquation et via
le jeu de la taxation. On arrive à des effets qui sont assez
désarçonnants et je pense que c'est très bon que cette
démonstration ait été faite en blanc sur noir en partant
du cas de chacune des 213 commissions scolaires. (16 h 15)
Par conséquent, il n'y a pas d'échappatoire, on est
obligés de discuter à l'intérieur de ces paramètres
que la fédération, dans son mémoire et dans la
documentation qui l'accompagne, a très bien définis. Non
seulement la fédération a établi la nature du
problème, elle formule aussi des propositions qui sont très
pertinentes, d'abord, et intéressantes aussi. J'ai trouvé que ces
propositions étaient tellement pertinentes, tellement de nature à
nous faire mieux comprendre l'enjeu qui se pose à nous que j'ai
demandé au premier ministre s'il accepterait que nous tenions une
rencontre prochaine avec la direction de la Fédération des
commissions scolaires, à laquelle seraient également
invités à participer le ministre des Finances, le
président du Conseil du trésor et certains officiers du
gouvernement qui pourraient nous être utiles.
Il me fait plaisir d'informer la commission - j'aurai d'ailleurs une
permission à lui demander à cette fin - que la rencontre a
été fixée, à la convenance des deux parties,
pour
jeudi de cette semaine, à 16 heures. Je confirme cette chose dont
nous avons déjà parlé, et je crois qu'au cours de cette
rencontre nous pourrons déblayer le terrain, échanger des
idées. À l'issue de la rencontre, nous serons mieux placés
pour voir jusqu'à quel point le gouvernement est prêt à
avancer là-dedans, et quand. En tout cas, ceci pour indiquer que les
représentations qu'on nous a soumises là-dedans traduisent un
réel progrès dans la perception du problème et des
solutions possibles, et que le gouvernement est très
intéressé à en discuter dans un esprit ouvert avec les
commissions scolaires.
Cela étant complété, M. le Président, pour
l'instant, je laisserai mes collègues, s'ils ont des questions à
poser... On a eu tellement de discussions au cours des dernières
semaines que je n'éprouve plus le besoin de poser des questions
additionnelles à ce moment-ci. Je pense qu'on a pas mal vidé le
panier, mais je voudrais vous remercier de l'esprit constructif dans lequel nos
réponses se sont développées, et je dirais, pour le plus
grand désappointement de l'Opposition, améliorées depuis
la dernière rencontre que nous avons eue autour de cette table. Je le
dis sans arrière-pensée, parce que nous souhaitons tous que le
projet de loi 107 puisse être adopté dans un esprit de large
consensus. Je crois que la rencontre d'aujourd'hui marque une étape
intéressante et nettement progressive dans cette direction. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Avant de reconnaître le porte-parole de l'Opposition
officielle, est-ce que vous vouliez réagir immédiatement aux
propos du ministre, M. le président de la fédération, ou
est-ce que vous vouliez attendre après l'intervention du
député?
M. Légaré: Si vous me permettez, M. le
Président, j'interviendrai aux propos du ministre, d'une part, et du
leader de l'Opposition, immédiatement après que les deux auront
fait leur représentation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Très rapidement,
je voudrais saluer les gens de la fédération, les remercier et
leur dire que s'ils sont ici c'est parce que je l'ai demandé. Ce n'est
pas tellement grâce aux largesses ou au changement d'orientation du
ministre de l'Éducation qui a agréé une proposition que
j'ai faite. À ce que je sache, dès la semaine dernière il
voulait me convoquer en commission pour commencer l'étude article par
article du projet de loi 107, sans même avoir eu le temps d'avoir un
minimum de réactions des gens concernés, que ce soit vous ou
d'autres groupes, car il y a d'autres groupes également
intéressés à réagir sur les trois ou quatre bibles
additionnelles qu'on a eues concernant les amendements proposés. il est
sûr qu'aujourd'hui on peut avoir un beau petit discours. Effectivement,
le projet de loi 107 n'a pas tout à fait la même allure que je lui
ai connue. J'en suis très heureux. Le ministre n'a pas à me
prêter d'intention. Tant mieux s'il a changé quelque chose.
L'Opposition ne peut que se réjouir que, de temps en temps, il ait
quelques faiblesses sur le bout des doigts ou le bout des pieds, mais dans le
bon sens. Ce sont des faiblesses par rapport à son obstination chronique
ou maladive, qui contribueraient à responsabiliser un petit peu plus les
agents éducatifs du milieu, et j'en suis très heureux et c'est
sûr que je ne cherchais pas grand-chose là-dedans.
Tantôt, il avait l'air de me prêter l'intention de chercher
quelque chose de spécial. Ce que je cherchais cependant, et là
j'arrive tout de suite, pas tellement à une première question,
mais à un premier commentaire... Il n'en demeure pas moins que c'est la
Fédération des commissions scolaires, à ce que je sache,
qui a posé un des jugements les plus durs sur le projet de loi 107. Je
n'ai pas l'intention de vous relire, mais je me souviens très bien, j'ai
une note qui venait de chez vous; en résumé on disait ceci: On
pourra toujours essayer de modifier certains articles du projet de loi 107 afin
de le rendre plus acceptable, mais il faudra toujours se rendre à
l'évidence, c'est l'esprit même du projet de loi qu'il faut
changer. Il faut que les auteurs aient confiance en la capacité des
citoyens et de leurs représentants au niveau scolaire à prendre
les décisions qui les concernent. Et cela était adressé au
ministre: Voulez-vous donner un coup de barre, voulez-vous donner un coup de
pouce?
Et, à ce que je sache, les jugements très
sévères de projet hyper-centralisateur, et Je vous lis encore, et
spécialement technocratique, parlant du projet de loi 107... Ce n'est
pas celui qui vous parle, cela ne veut pas dire nécessairement que je
n'étais pas en accord pour penser la même chose, mais nous avons
maintenant la chance d'avoir la Fédération des commissions
scolaires devant nous, et c'est à partir de cette base que j'ai
décidé la semaine dernière, comme critique de l'Opposition
officielle en matière d'éducation, de suggérer aux
collègues membres de la commission de vous entendre. C'était pour
vous entendre plus particulièrement sur les amendements proposés
sur le projet de loi 107, puisqu'il y a plusieurs dispositions qui, selon les
échanges que nous avons eus même s'ils ont été
limités... J'en ai eu par des personnes interposées qui vous
représentent sur tout le territoire québécois, j'en ai eu
beaucoup, et les gens nous disaient: Le projet de loi 107 demeure un projet de
loi qui dans sa forme actuelle est tellement centralisateur, est tellement une
négation de notre responsabilité d'organiser le système
éducatif sur le terrain que nous ne voulons pas l'accepter.
Je voudrais seulement, en termes d'évaluation globale, y aller
encore de deux autres
considérations. Vous mentionniez que, pour rendre acceptable le
projet de loi 107 sur l'instruction publique, il faudrait: premièrement,
que le gouvernement réoriente son approche envers les commissions
scolaires en remplaçant les contrôles et les normes
administratives de plus en plus poussées par des mesures menant à
une responsabilisation locale accrue; deuxièmement, que le rôle du
ministère de l'Éducation soit redéfini et
limité.
À moins que je ne sache pas lire, j'ai regardé les
amendements proposés, et c'est drôle, je n'ai pas trouvé
qu'il y en avait épais sur cette partie, même si les amendements
sont épais. Je ne dis pas qualitativement, mais quantitativement Dieu
sait qu'ils sont épais! Mais ils sont minces sur une de vos
préoccupations majeures qui était que le rôle du
ministère de l'Éducation soit redéfini et limité.
J'ai relu cela, nous avons regardé cela en petits et en gros groupes, et
le résultat est toujours le même, je ne suis pas capable de voir
à quelle place, selon votre analyse, dans les amendements du ministre,
le rôle du ministère de l'Éducation et du ministre a
été redéfini et limité, globalement. Je sais que
sur des articles précis il y a des amendements qui ont été
proposés.
Un dernier point avant de poser quelques questions: que les
gouvernements locaux scolaires soient revalorisés et
responsabilisés par un transfert de pouvoirs du MEQ, le ministère
de l'Éducation, vers les commissions scolaires. Je n'ai pas vu qu'il y
avait un transfert massif, je n'ai pas vu de camion de la Brink's ou autre
faire des transports massifs de pouvoirs du ministère vers les
commissions scolaires. Et cela disait, parce que ce que j'étais en train
de lire, même si cela venait de vous, c'était adressé
à celui qui vous parle: On vous demande à titre de
représentant de nous représenter dans le respect de nos
expériences. Nous avons fait nos preuves. Nous ne croyons pas devoir
être rabroués pour autant parce qu'on trouve que ce qu'on demande
est légitime. Et je m'arrête là. L'effet de surprise est
plus à ce niveau-là.
Je n'ai pas l'habitude d'y aller par quatre chemins, que voulez-vous?
J'ai prétendu que la fédération devait venir parce qu'elle
est largement touchée et qu'elle était en "très
désaccord", si vous me permettez l'expression, envers le projet de loi
107. Vous avez pris connaissance des amendements et, personnellement, je n'en
ferai pas une jaunisse du projet de loi 107. Mon objectif comme membre de
l'Assemblée nationale intéressé aux questions
éducatives, c'est qu'on s'assure que, effectivement, la vieille loi
désuète, anachronique, la Loi sur l'instruction publique, soit
plus moderne, qu'elle reflète davantage des courants de pensée du
monde de 1988 en éducation plutôt que ceux d'avant
Jésus-Christ. Dans ce sens-là, par la question principale que je
vous pose, je ne trouve pas que globalement dans vos réactions en ce qui
concerne les amendements proposés il y a cette capacité de
comparer les deux versions, une très dure, en disant: II y a beaucoup
trop de centralisation et, dans le projet de loi 107, vous marquez avec raison
votre satisfaction à quelques endroits sur des amendements
proposés. Mais, globalement, ma première question, pour avoir la
conscience tranquille, je dois la poser: Est-ce que vous croyez que l'esprit du
projet de loi 107 est changé par les amendements proposés par le
ministre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec.
M. Légaré: Merci, M. le Président. Je vous
ai indiqué tout à l'heure que je voudrais, d'une façon
globale, intervenir sur les propos du ministre et également sur les
propos du député d'Abitibi-Ouest. Je dois avouer que, par rapport
à la situation du mémoire que nous avons présenté
ici le 30 août dernier, où nous avons - je pourrais qualifier cela
ainsi - dénoncé de façon assez virulente la façon
dont le projet de loi s'orientait en termes de principes et où nous
demandions, à ce moment-là, des changements fondamentaux... C'est
sûr que, si on nous avait indiqué déjà par
l'entremise des informations en commission parlementaire que le ministre avait
quelque Intention de modifier certaines choses... Mais pour nous, au moment
où nous nous sommes présentés en commission parlementaire,
c'était encore insuffisant au point qu'on lui demandait d'en donner
beaucoup plus que ce qu'il ne faisait à ce moment-là pour que,
finalement, le principe du projet de loi, face à la question du partage
des pouvoirs, parce que c'était sur cet objet que portaient
principalement nos objections, nous voulions qu'il nous accorde... Et nous
avions, si vous vous rappelez bien notre mémoire,
énuméré une série de situations que nous relevons
maintenant comme étant acquises de façon positive de la part du
ministre et nous nous en réjouissons. Remarquez bien que peut-être
que le ministre n'a pas formellement annoncé une modification du
principe de son projet de loi, mais actuellement, s'il continue dans la
direction où il s'est engagé, nous croyons qu'il a de bonnes
chances, en tout cas, nous constaterons après coup que ce projet de loi
qui était, à une certaine époque, inacceptable devient
acceptable si on y apporte suffisamment de modifications.
En réaction aux propos de M. Gendron, je dirais que cette
réorientation qu'a prise le ministre au sujet de son projet de loi, nous
ne la considérons pas suffisante actuellement. Si nous sommes ici
aujourd'hui, c'est parce que nous croyons qu'il y a encore des choses à
corriger, en particulier sur la question du financement. Vous n'êtes pas
sans savoir que l'essentiel, c'est-à-dire ce autour de quoi se rattache
ou se raccorde toute la question de l'autonomie et du pouvoir local, tourne
autour de la capacité des commissions scolaires de se
prendre en charge, dans le sens que, si le gouvernement, par ses
allocations budgétaires, respecte le pouvoir local et assume les grandes
actions en éducation tout en laissant au pouvoir local le loisir de se
donner ce que nous appelons une couleur locale, et ceci peut se faire avec la
taxe locale, si cette situation est restaurée, nous croyons que le
domaine scolaire ne s'en portera que mieux. Il sera davantage - ce ne sera
peut-être pas encore une situation parfaite - autonome et
responsabilisé par rapport à ce qu'il est
présentement.
Je ne vous cacherai pas, concernant le pouvoir de taxation des
commissions scolaires par exemple, actuellement, qu'on constate que 60% du
pouvoir de taxation utilisé par les commissions scolaires sur le plan de
l'impôt foncier sert à défrayer les coûts du
système qui, normalement, devraient revenir à l'État. Ce
que nous demandons, à toutes fins utiles, comme préalable
à toute proposition qui aurait pour effet de venir modifier le
système de taxation des commissions scolaires, ce serait que le
gouvernement cesse ses compressions budgétaires et accorde aux
commissions scolaires l'indexation qui devrait normalement leur être
accordée pour ce que nous appelons les autres dépenses.
On sait fort bien que, concernant les négociations collectives et
les conditions de travail des enseignants ou du personnel, l'État
assume, dans ce cas, ses responsabilités. Par ailleurs, pour les autres
dépenses qu'ont à assumer les commissions scolaires, on
considère que, au cours des dernières années, il y a eu
des restrictions de l'ordre de 600 000 000 $. Chaque fois que ces restrictions
ou compressions se sont faites, année après année, le
transfert s'est fait graduellement sur l'impôt foncier, ce qui fait
qu'actuellement les commissions scolaires n'ont plus la marge de manoeuvre que
l'État avait bien voulu leur accorder en 1979. Ce que nous demandons,
par le dernier paragraphe, c'est de rétablir, à toutes fins
utiles, cette marge de manoeuvre telle qu'elle était, ou à peu
près, lors de l'adoption de la loi 57, en 1979. (16 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: D'accord, globalement, sauf que vous me permettrez,
M. le président de la Fédération des commissions
scolaires, d'être un petit peu plus pointu sur quelques questions
précises. Encore là, je vous cite dans un paragraphe. Vous
disiez: "Le projet de loi 107 nie le pouvoir local et signifie la mainmise du
ministère de l'Éducation sur les commissions scolaires. Les
nouveaux pouvoirs du ministre sont exorbitants et placent souvent la commission
scolaire en situation de tutelle permanente. Désormais, le ministre
pourra empêcher une commission scolaire d'offrir des cours aux adultes
(article 427) - à ce que je sache, c'est la même chose au moment
où on se parle, mais je voudrais vous entendre là-dessus -
d'organiser certains cours en formation professionnelle (article 428) -
à ce que je sache, cela n'a pas changé par rapport à
l'esprit - de fournir des services particuliers aux élèves
handicapés - je n'ai pas plus de garantie avec le dépôt des
amendements qu'au moment de la présentation du projet de loi pour ce que
je viens de dire et assurément pour ce qui reste - d'admettre dans ses
écoles des élèves de moins de cinq ans même si la
commission scolaire utilise ses propres ressources pour répondre
à des besoins voulus par la population de ces territoires. " Autrement
dit, on a encore un projet de loi où il n'y a rien concernant le report
de l'âge d'admission, pour éviter que cela se passe dans le bureau
du ministre et que cela crée des situations comme, hier soir, quand une
commission scolaire a été obligée de dire: Écoutez,
on vous a pris pendant un certain temps, mais là on ne vous prend plus.
On retourne les jeunes dans leur milieu familial, avec les conséquences
que cela comporte. Cela, c'est toute la question de la dérogation
à l'âge d'admission à l'école. À ce que je
sache, il n'y a pas de disposition particulière là-dessus.
J'aimerais que, sur ces points-là, vous m'indiquiez en quoi les
amendements proposés rejoignent vos objectifs.
M. Légaré: Me permettez-vous, M. le
Président, de répondre à la question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui,
certainement.
M. Légaré: Je vais prendre certains des
éléments que vous avez soulevés, la dérogation, par
exemple. Il nous apparaît que les modifications qu'apporte le ministre
sur cette question face à... C'est-à-dire que le projet de loi
107 conserve au ministre cette responsabilité, sauf qu'il indique par
ailleurs que le ministre peut déléguer aux commissions scolaires,
par l'entremise du régime pédagogique, la gestion de ces
dérogations. Cela nous apparaît dans les circonstances suffisant
et correct, c'est-à-dire qu'on reconnaît par là que le
ministre n'est pas pris comme il l'aurait été à
l'époque où on se réfère, au mois d'août,
quand il avait plein pouvoir là-dessus. Actuellement, il conserve son
pouvoir, sauf qu'il convient d'introduire dans la loi une dimension nouvelle de
par le régime pédagogique: confier aux commissions scolaires
certaines prérogatives concernant les dérogations. Cela peut
être des dérogations en termes d'âge d'admission, des
dérogations en termes de programmes, etc.
Dans le cas de la formation professionnelle, nous croyons là
aussi que le ministre a bien voulu écouter la fédération,
et tout autant pour l'éducation aux adultes. Nous demandions, et je vous
rappelle un peu ce que nous recherchions dans ce cas-là, de conserver
localement l'autonomie dans les situations où le ministre ou le
gouvernement n'a pas à subventionner. Rappelez-
vous que je vous indiquais ici, à l'occasion de ma
présentation en commission parlementaire, qu'il était pour nous
important et convenable de faire en sorte qu'une commission scolaire qui
décide de s'autofinancer, c'est-à-dire qui ne fait pas appel aux
ressources de subventions de l'État, mais qui va chercher auprès
d'une compagnie importante le financement nécessaire pour donner un
cours quelconque à l'éducation aux adultes ou en formation
professionnelle... 3i c'est le cas, elle ne devrait pas avoir besoin de venir
chercher auprès du ministre de l'Éducation une autorisation pour
ce faire. On considère que son autonomie devrait être suffisante
pour lui permettre d'assumer ce type de dossier. De par les amendements
apportés par le ministre, nous avons considéré qu'il est
maintenant possible pour une commission scolaire, comme c'est le cas
actuellement avec la Loi sur l'instruction publique... La Loi sur l'instruction
publique permet au ministre d'intervenir indirectement... Elle ne lui permet
pas d'intervenir, mais il a toujours le pouvoir de subventionner ou non le
choix d'un programme ou des cours aux adultes, dans certains domaines.
Mais on considère par ailleurs que, si un milieu veut bien se
donner ces services et qu'il a les moyens financiers pour les assumer, il
pourra le faire par les modifications qui ont été
apportées à la loi 107 actuelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
président. Maintenant, il reste six minutes à l'Opposition. Les
députés du côté ministériel, vous voulez
intervenir immédiatement ou si vous voulez attendre après? Alors,
à peu près à 16 h 42, je vous reconnaîtrai, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
M. Gendron: Si vous permettez, moi, j'en aurais une autre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez-moi! Je
m'excuse, c'est parce que madame avait demandé... Allez!
M. Gendron: Non, non, vous faites bien, puis je vais laisser Mme
la députée de Chicoutimi finir, pour éviter de se promener
d'un bord et de l'autre.
J'ai juste une question additionnelle. Vous avez mentionné, M.
Légaré, que... Bon, puis oui, même si le ministre m'a fait
une remarque, encore là, il nous aide toujours à porter des
jugements à notre place en disant: À la fin, est-ce que j'ai bien
remarqué que vous avez dit que le projet de loi est acceptable s'il a
pour effet de restaurer la marge de manoeuvre que l'Assemblée nationale
consentait aux commissions scolaires en 79? Alors, c'est la nouvelle formule de
financement que vous avez proposée. Je suis au courant, je suis
conscient de ça.
La question que je vous pose, parce que moi, je ne veux pas prendre la
place du ministre, ce n'est pas ça que la population a
décidé, donc, je ne le peux pas... Mais j'ai des grosses
craintes. Je connais un peu sa réponse, il dira: Elle est belle, elle
est le "fun", mais ce n'est pas le temps. Alors, s'il vous disait ça,
après qu'il aurait regardé ça, puis analysé
ça, puis trouvé ça beau? Probablement qu'il va vous faire
accroire que ce n'est pas le moment, dans ce projet de loi, de modifier la
formule de financement. Ce serait quoi, votre position, si c'était
ça sa réponse?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec.
M. Légaré: C'est une question très
hypothétique, remarquez...
M. Gendron: Vous avez raison.
M. Légaré:... mais je vais vous donner une
réponse hypothétique également.
M. Gendron: Voilà.
M. Légaré: Je vous dirais que nous allons nous
conformer à ce que nous indiquons, c'est-à-dire que le projet de
loi devient, dans ce cadre-là, inacceptable. S'il est inacceptable, nous
entreprenons toutes sortes de démarches pour amener davantage de
pression auprès du ministre, et nous prendrons les moyens les plus
appropriés. Je pense que je n'ai pas à dévoiler notre
stratégie ici, cet après-midi, mais nous prendrons, dans les
circonstances, les moyens les plus appropriés pour parvenir à
faire changer d'idée le ministre sur cette question.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je ne reprendrai pas les
propos de mon collègue le député d'Abitibi-Ouest, parce
que vous comprendrez que la lecture que je peux faire des amendements qui ont
été déposés par le ministre, ça ressemble
considérablement à la lecture qu'en a faite le
député d'Abitibi.
D'ailleurs, j'exprime aussi un peu ma déception, puis je vais
essayer de le dire dans des termes clairs, parce qu'on sait que la
retranscription des débats, en commission parlementaire, ça n'est
jamais beaucoup relu avant qu'on ne revoie la loi. Cela vaut peut-être la
peine que je le dise, ne serait-ce que pour que ça serve dans dix ans,
au moment où le ministre va m'accuser de jouer les oiseaux de malheur.
Il y a gros à parier que ce que je vous ai déjà dit va se
réaliser.
Devant ce projet de loi ou une structure scolaire vidée de la
quasi-totalité de ses pou-
voirs, qui nous coûte, au Québec, une somme importante
à maintenir, qu'il s'agisse des élections scolaires, de la
structure qui est relativement imposante, du scrutin au vote universel, d'un
nombre considérable de commissaires qui, bien qu'ils ne soient pas
suffisamment payés, je pense bien, et c'est l'avis
général, coûtent quand même des sous au
Québec, devant cette importante et imposante structure, qui n'aura plus
ou pour ainsi dire pas de pouvoir réel, il se lèvera quelqu'un au
Québec, je dis toujours un quidam, quelque part en Chambre, dans une
dizaine d'années, pour questionner, ce que n'a pas osé faire le
ministre actuel, la pertinence de maintenir une telle structure, compte tenu
des coûts qu'elle engendre. Et je vous aurais cru... D'ailleurs, cette
inquiétude, je sais, est partagée par beaucoup de vos membres.
C'est ce qui m'étonne, de vous voir céder devant une
hypothétique réponse du ministre quant à la proposition
touchant la fiscalité, parce qu'il n'est pas le seul à
décider de ces questions. Il y aura le premier ministre, le ministre des
Finances, le président du Conseil du trésor et il y a
également le ministre des Affaires municipales.
Dans l'hypothèse où il vous suggère que cette
réponse-là va vous être fournie seulement quelque part
avant le dépôt du budget en mars prochain alors que normalement
toutes les étapes de l'adoption du projet de loi vont être
passées, que ferez-vous? Vous me semblez échanger ce que
j'appellerais un tiens contre deux tu l'auras. On dit: Un tiens vaut mieux que
deux tu l'auras. Alors, il m'apparaît bien que vous semblez céder
quelque chose qui s'appelle un certain pouvoir de pression contre une
hypothétique modification de la taxe scolaire. Pourtant, vous dites
également, et je trouve cela aussi surprenant dans votre mémoire:
Nous persistons à croire que certaines modifications peuvent encore
être apportées au projet de loi 107 pour tenir compte a la fois de
notre objectif et de la volonté gouvernementale. Je vous trouve fort
optimiste, si vous me le permettez. Le ministre de l'Éducation est assez
pugnace et il ne cède pas facilement. Vous êtes bien placés
pour le savoir. Dans ce sens-là, je me dis: Avec quoi repartez-vous?
C'est ma préoccupation parce que je suis de celles qui croient en la
structure scolaire - je l'ai dit ici à maintes reprises - parce que je
suis fondamentalement convaincue que la qualité de nos services y gagne
avec la décentralisation. Dans ce sens-là, je me dis que vous me
semblez partir perdants, si vous me passez l'expression. Pour connaître
un peu ce gouvernement - je l'ai observé pendant trois ans - il ne
cède qu'à la pression.
Même en admettant que vous gagnez sur les points d'impôt,
qu'est-ce qui vous garantit qu'il ne se produira pas ce qui se produit
actuellement, c'est-à-dire qu'on réduit d'autant les enveloppes
de manière que la marge de manoeuvre créée vous permet
juste de répondre aux objectifs du ministère et non pas à
ceux de la commission scolaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. Légaré, voulez-vous
réagir...
M. Légaré: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... avant que je
reconnaisse le ministre de l'Éducation?
M. Légaré: Rapidement, M. le Président. Bon,
je pense que Mme la députée de Chicoutimi a tout à fait
raison. Nous souhaitons ardemment que le milieu soit davantage
responsabilisé et cela a toujours été notre leitmotiv,
notre devise, d'ailleurs, également de dire: II nous faut absolument
responsabiliser les milieux locaux. C'est au milieu local que peuvent se
prendre les décisions les plus susceptibles de répondre
adéquatement aux besoins des citoyens et des citoyennes du
Québec. Face au mémoire que nous présentons maintenant
deux mois et demi, peut-être, après avoir présenté
un mémoire qui comportait beaucoup plus de demandes et des demandes
beaucoup plus insistantes, il nous apparaît évident - je pense que
ce n'est pas seulement nous qui en témoignons, nous avons reçu du
ministre la semaine passée une brique comportant environ 450 amendements
qui ne sont pas tous de même qualité dans le sens qu'ils n'ont pas
tous la même portée - et nous avons constaté que, bien
qu'on ne veuille peut-être pas indiquer que le projet de loi est
modifié de façon majeure, ce sont, de fait, des changements
majeurs qui se produisent lorsqu'on apporte au-delà de 450 amendements
à un projet de loi.
Il y a parmi les amendements apportés - je vous en mentionnais
quelques-uns tantôt - certains sur lesquels nous faisions un débat
important, c'est-à-dire qu'ils nous apparaissaient des
éléments de centralisation face auxquels nous ne pouvions
accepter que le ministre continue dans cette lancée. Nous avons fait des
représentations et, finalement, le ministre a acquiescé à
nos demandes et a incorporé des modifications que l'on considère
maintenant suffisantes. Pour ces aspects-là, sauf quelques
éléments que j'ai mentionnés dans mes propos de tout
à l'heure et - je le répète encore - y compris toute la
question de la fiscalité scolaire. C'est un ensemble
d'éléments qui nous apparaissent importants et essentiels pour
parvenir à considérer que la loi 107, par exemple, deviendrait
une loi - remarquez que c'est ma propre évaluation - de l'instruction
publique actuelle remodelée, à toutes fins utiles, avec ce qui a
trait aux commissions scolaires linguistiques comme étant un changement
fondamental et important. Si vous le permettez, M. le Président, M.
Péron voudrait ajouter quelque chose. (16 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Péron?
M. Péron (Charles): Ce que je voulais dire, c'est que, par
rapport au projet de loi initial qu'on a connu, il y a quand même des
amendements intéressants qui ont été faits. À la
dernière commission parlementaire, la porte était
complètement fermée. Il semblait que M. le ministre n'avait
aucune ouverture possible, qu'il n'y avait absolument rien qu'il voulait
savoir.
Je pense que, par des pressions qui ont été faites, par
les amendements qui ont été apportés, on s'aperçoit
maintenant que cette impression, au départ, était fausse. Le
problème est que, vous savez, vous tordez le bras à quelqu'un
deux tours, puis vous lui en lâchez un tour et demi, il se trouve
très bien, il y a encore un demi-tour qu'il subit. On en est là,
c'est bien évident, mais je pense qu'on a quand même fait des
gains importants et ce qui est le plus fondamental, à mon avis, c'est
cette espèce de déblocage qu'on va peut-être obtenir au
point de vue de la taxation locale. Et qui dit pouvoir de taxation dit
autonomie, qu'on le veuille ou non.
Ce n'est pas acquis encore, mais il est possible que cela se fasse, et
je pense que, pour quelque chose qui a été bloqué,
fermé complètement depuis plus de neuf ans, c'est quand
même quelque chose qui va nous aider. Pour ce qui est de l'autonomie
interne des commissions scolaires, il reste des irritants dans le projet de loi
107, il y a même des choses nouvelles qui sont arrivées dont on
n'avait jamais entendu parler. Mais on est obligé de composer, c'est un
échange de bons procédés, si vous voulez.
Moi, je crois qu'à tout prendre nous sommes mieux dans la
situation actuelle que nous ne l'étions avec cette espèce
d'épée de Damoclès qui nous pendait au-dessus de la
tête. Par rapport au statu quo, il y a des pertes, il y a des gains. Mais
je pense que, par rapport au projet initial de loi 107, l'espèce
d'hégémonie ministérielle - entre guillemets - a
été quand même un peu réduite et ce qui reste, en
fonction de ce que nous obtenons, c'est acceptable - entre guillemets.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
Péron, et je reconnais maintenant...
M. Légaré: M. le Président, excusez-moi; M.
Paradis voudrait également intervenir sur la dernière
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y, M.
Paradis. Très bien.
M. Paradis (Fernand): M. le Président, quand on regarde
l'histoire des institutions, y compris l'institution scolaire, l'histoire
s'étend sur un certain nombre d'années. On constate par exemple
que les commissions scolaires ont graduellement perdu leur pouvoir de taxation
et cette opération s'est échelonnée sur une période
d'à peu près 20 ans.
Après l'application de la loi 57, la première
opération des commissions scolaires fut de critiquer la base historique
qui avait été instaurée à l'époque dans la
distribution des crédits. Et les commissions scolaires ont fait oeuvre
utile en suggérant que la base historique soit écartée au
profit de facteurs à caractère plus objectif pour qu'il y ait
davantage d'équité dans le système.
C'est ainsi que nous en sommes arrivés à introduire des
facteurs d'éloignement, de petite taille de commissions scolaires, de
petite taille d'écoles. Également, on a considéré
les surfaces dites excédentaires ou inutilisées. On a
considéré également dans la distribution des
crédits le poids des clientèles, c'est-à-dire
l'enseignement professionnel et les élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage.
Lorsque le projet de loi 107 a été déposé,
il y avait un très grand nombre d'irritants qui ont été
critiqués. Les commissions scolaires ont apporté leur
contribution en faisant état des difficultés que cela allait
poser. Il y a eu des modifications d'apportées et il y a un irritant
majeur qui est souligné par nos membres, c'est la question du
financement. Et cette question du financement constitue pour le moment une
espèce de cri d'alarme qu'il ne faut pas sous-estimer.
Le parc immobilier est actuellement en sérieuse
difficulté, les bibliothèques scolaires également. Il y a
les services à la clientèle. Ce que nos membres nous disent en
clair: II y a une urgence, c'est la question du financement. Mais nos membres
nous laissent un dernier message. Il paraît dans la page 2 de notre
mémoire et dans le haut de la page 3: "Les commissions scolaires ont
toujours la conviction que les citoyens et les citoyennes du Québec
seraient mieux servis si certaines décisions qui les concernent
étaient prises dans chacun des milieux. Aussi, nous soutenons qu'il
faudrait modifier, sans plus tarder, le partage des responsabilités en
éducation dans le sens d'une responsabilisation des commissions
scolaires et incidemment, des contribuables, pour leur donner les
possibilités d'exercer certains choix dans les activités
éducatives et autres. " Je disais, au début, que l'histoire des
institutions s'échelonne sur quelques années, nous allons au plus
urgent, mais nous continuons à nourrir le sentiment que c'est par une
décentralisation plus profonde que les citoyens et les contribuables
seront mieux servis.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Paradis.
Je reconnais maintenant le ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: Je pense bien que, si on fait abstraction des choses qui
ont été dites pour répéter des idées
déjà entendues à maintes reprises, le mémoire qui a
été présenté tantôt donne une idée
claire de ce qu'est la position de la Fédération des commissions
scolaires à ce moment-ci. Je comprends que c'est un peu décevant
pour l'Opposition qui aurait bien voulu continuer à utiliser tel ou tel
organisme pour
justifier une opposition qui se défend assez mal, surtout
à la lumière du dossier passé du Parti
québécois. Je trouve qu'on a eu assez d'explications pour savoir
à quoi s'en tenir.
Je voudrais seulement ajouter une couple de précisions, en
terminant, pour éviter toute confusion possible. À propos des
propositions que la Fédération des commissions scolaires m'a
communiquées concernant la taxation, j'ai annoncé tantôt
qu'il y aurait une rencontre cette semaine du premier ministre, du ministre des
Finances, du président du Conseil du trésor et du ministre de
l'Éducation avec une délégation de la
fédération. Si nous décidons de les rencontrer, c'est
évidemment parce que nous voulons discuter sérieusement avec eux.
Je voudrais bien assurer cette commission qu'il n'y a aucun lien essentiel que
nous ayons établi entre le projet de loi 107 et les conclusions qui
émaneront de cette rencontre.
Je voudrais que ce soit clair pour qu'il n'y ait pas de malentendus.
Nous avons pris les propositions concernant la taxation à leur
mérite propre. Nous allons les examiner. Je n'ai pas d'idée de
l'échéancier, pour l'instant. Je n'ai pas d'idée des
ramifications que mes collègues pourront voir dans ces propositions avec
d'autres aspects de la politique gouvernementale. Nous aurons cette rencontre
dans un esprit ouvert. Je pense que, quelles que soient les conclusions qui
émaneront de cette rencontre, le projet de loi 107 doit suivre son cours
et le suivra en commission parlementaire et à l'Assemblée
nationale. S'il peut y avoir convergence d'ici l'échéance que
nous avons fixée pour l'adoption du projet de loi, tant mieux, nous en
serons très heureux. S'il ne peut y avoir convergence, nous
continuerons, le lendemain de l'adoption du projet de loi, à travailler
pour l'amélioration de la fiscalité scolaire. Je pense que le
président et les délégués de la
fédération conviendront que je ne leur ai jamais laissé
entrevoir d'horizon facile de ce côté. Chaque fois que cette
question a été soulevée entre nous, j'ai laissé
clairement entendre qu'il y avait des étapes exigentes à
franchir, que nous étions prêts à travailler ces
étapes avec eux. Je ne voudrais pas, surtout du côté de
l'Opposition, qu'on vienne essayer de se construire un prétexte,
à ce moment-ci de l'étude du projet de loi, pour laisser entendre
qu'il y aurait eu des grandes confusions. Il n'y en a pas du tout dans notre
esprit. S'il peut y avoir convergence, nous en serons tous très heureux.
Nous aborderons les représentations de la fédération sur
la question de la fiscalité comme un aspect distinct que nous
examinerons avec toute l'ouverture dont nous sommes capables, mais aussi en
étant conscients des liens que ces propositions présentent
inévitablement avec l'ensemble des politiques gouvernementales en
matière de soutien à divers types d'organismes d'intervention
collective et aussi avec l'ensemble de la fiscalité.
Ceci étant dit, je rappelle un autre point aussi en
matière de financement, qu'il est bien important de signaler. Je l'ai
dit chaque fois qu'on a discuté de ces choses-là. Si le
gouvernement a imposé des compressions dans le domaine scolaire, dans le
domaine collégial, dans le domaine universitaire ces dernières
années, ce n'était pas pour le plaisir de les faire. C'est parce
qu'on avait constaté une chose, c'est que notre de niveau de
dépense per capita au Québec, à chaque niveau du
système d'enseignement, était plus élevé
qu'ailleurs. Comme nous avions été élus sur une plateforme
qui nous engageait à faire du Québec une société
plus compétitive, plus capable de soutenir le défi de la
compétition saine avec les autres, il fallait bien que nous visions un
certain ajustement de nos dépenses publiques avec celles des autres.
C'est dans ce sens qu'il y a eu un effort de redressement du niveau
général des dépenses publiques. Ce n'était pas le
cas seulement pour l'éducation, ce l'était dans la santé,
ce l'était dans l'administration publique en général. Nous
avions un régime chromé au Québec, qui coûtait
beaucoup plus cher qu'ailleurs. Cela avait été admis par le
gouvernement précédent qui a commencé le travail,
d'ailleurs. Ils sont mal placés pour nous critiquer là-dessus.
Vous autres, vous l'avez fait même en allant chercher de l'argent dans
les poches des salariés du secteur public, nous n'avons pas fait cela.
Nous avons été francs, nous avons dit nos couleurs, dès le
début, et j'espère que nous nous éloignons rapidement de
cette période qui fut nécessaire dans l'évolution de notre
collectivité et j'espère que nous reviendrons le plus tôt
possible vers un régime où il pourra y avoir ajustement normal
des ressources avec l'augmentation des coûts qui découle de
révolution du coût de la vie.
C'est un point qu'on ne peut perdre de vue quand on discute de ces
choses-là. On peut avoir une discussion de deux heures pendant laquelle
on se paie le luxe de l'oublier, mais quand on revient le lendemain matin
à notre bureau, devant nos reponsabilités de membres d'un
gouvernement, nous sommes obligés d'en être conscients. Cela
étant dit, je remercie beaucoup la Fédération des
commissions scolaires de cette dernière contribution qu'elle apporte
à notre recherche commune et je pense que cette contribution nous est
très utile à ce stade-ci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Ceci met fin à l'entretien avec la Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec, que je remercie de son
appport à cette commission parlementaire.
Nous allons maintenant accueillir le groupe suivant, la
Confédération des organismes provinciaux pour les personnes
handicapées du Québec.
Nous allons suspendre pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 16 h 59)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! J'invite les membres de la commission à prendre
place. La commission va reprendre ses travaux. À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez fermer la porte en arrière.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
accueille la Confédération des organismes provinciaux pour les
personnes handicapées du Québec, représentée par
Mme France Picard, qui en est la présidente. Mme Picard, bienvenue et,
au nom des membres de cette commission, je veux vous remercier d'avoir
répondu à notre invitation pour venir nous faire connaître
votre réflexion ou vos commentaires sur les projets d'amendement qui ont
été déposés par le ministre en ce qui a trait
à l'étude du projet de loi 107. La commission a une heure
à consacrer à votre confédération. Si vous voulez
nous présenter les gens qui vous accompagnent et enchaîner
immédiatement avec vos remarques ou vos commentaires sur ce projet de
loi.
COPHAN
Mme Picard (France): Merci. M. le Président, M. le
ministre, M. Gendron, Mmes et MM. les députés, mesdames et
messieurs, tout d'abord, j'aimerais vous présenter mes collègues
qui préciseront dans quelques instants les points fondamentaux sur
lesquels nous voulons insister et pour lesquels nous demandons des
améliorations. Vous avez, à ma gauche, Mme Aline Locas, de la
Société québécoise de l'autisme, ainsi que Mme
Monique Robitaille-Rousseau, de l'Association du Québec pour
l'intégration sociale. À ma droite, Mme Marie-Noëlle
Ducharme, de l'Association du Québec pour enfants avec problèmes
auditifs. Je voudrais aussi signaler la présence, à titre de
conseillers techniques et de substituts, de Mme Diane Milliard, de
l'Association de paralysie cérébrale du Québec, de Mme
Élyse Laurin, de l'Association québécoise des parents
d'enfants handicapés visuels, et de M. Richard Geoffrion, directeur
général de la COPHAN.
Je voudrais aussi, bien sûr, vous remercier, au nom de la COPHAN,
de nous avoir invités à cette audition particulière de la
commission de l'éducation. Nous sommes heureux, M. le ministre, de
constater que la COPHAN, comme représentante légitime du
mouvement des personnes handicapées, est considérée comme
partenaire à part entière parmi les principaux groupes
concernés par l'élaboration de cette réforme sur
l'instruction publique. Je vous rappelle qu'elle est de toute première
importance pour les parents des associations que nous représentons. La
COPHAN, composée de quelque 35 organismes provinciaux et de 20
regroupements régionaux de personnes handicapées du
Québec, s'est impliquée activement depuis 1981 dans le dossier
des services éducatifs et de l'intégration scolaire. En
l'occurrence, cette implication a amené ses membres, formés en
comité, à se pencher sur le projet de loi 107 et, tout
dernièrement, à étudier les amendements proposés
à cette réforme afin de s'assurer que les besoins des
élèves handicapés soient comblés de façon
satisfaisante et adéquate tant au chapitre de l'organisation des
services éducatifs qu'à celui de l'intégration
scolaire.
À l'étude des nouveaux amendements proposés,
contrairement à la Fédération des commissions scolaires,
M. le ministre, nous sommes bien déçus de constater que nos
principales préoccupations ont été peu prises en
considération. Nous en sommes presque encore au 25 août sur les
choses que nous vous demandions. Nous ne trouvons pas suffisamment
d'éléments concrets et tangibles qui traduisent les intentions
encourageantes que, pourtant, le ministre avait annoncées lors de la
clôture de l'audition du 25 août dernier. Pour ne citer que
celles-ci, le ministre avait mentionné aux parents, et je cite, "combien
l'attention qu'ils portent à leurs enfants est un enrichissement pour la
société et combien, à mon point de vue, nous avons
l'obligation comme gouvernement de les soutenir. " Encore plus loin, il disait:
"Le principe du droit de recours, dans ces cas-là, est loin d'être
un principe sur lequel on lève le nez. " Entre ces déclarations
et l'énoncé du projet de loi, un écart important demeure.
Selon nous, il est indispensable que le projet de loi affirme sans
équivoque, dans son libellé, trois points que nous jugeons
capitaux pour reconnaître la spécificité des services
à offrir aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
Selon nous, ces aspects méritent d'être reconnus à titre de
droits pour les élèves.
Voici les trois points. Il s'agit, d'abord, de la reconnaissance du
principe de l'intégration des élèves et ce, le plus proche
possible de leur milieu naturel, c'est-à-dire, d'abord, la classe
régulière de l'école du quartier. Deuxième point:
le droit pour tous ces élèves à un plan d'intervention
individualisé, un plan d'intervention clairement balisé et
réalisé en concertation - et j'insiste - avec le parent de
l'élève ou l'élève majeur et les autres partenaires
scolaires. Enfin, le troisième point: la nécessité de
retrouver dans la loi un mécanisme de recours pour tous les
élèves.
Je laisse la parole à mes partenaires pour le reste de
l'intervention.
Mme Robitaille-Rousseau (Monique): L'intégration: un
principe moteur inexistant. À l'instar de tous les groupes minoritaires,
l'intégration des personnes handicapées à l'école
et dans la société procède d'abord d'un changement de
mentalité et tient surtout à des attitudes. Si le ministre de
l'Éducation partage cette même orientation, celle-ci doit se
traduire clairement dans la prochaine Loi sur l'instruction publique.
Le droit des parents de l'élève ou de
l'élève
majeur de choisir l'école qui répond le mieux à sa
préférence ou dont le projet éducatif correspond le plus
à ses valeurs s'inscrit dans votre projet dans les limites des
critères d'inscription des élèves établis par la
commission scolaire. On fait référence à l'article 5. Pour
nous, ces limites ne devraient en aucun cas brimer le droit à
l'intégration scolaire des élèves handicapés et en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Cette garantie devrait
être reconnue de façon explicite.
Même si le projet de loi reconnaît la
spécificité des services à offrir aux élèves
handicapés et en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, il
n'est ni précis, ni affirmatif quant au principe d'intégration
pour ces élèves. Il nous apparaît donc capital que la loi
affirme que les services dispensés à ces élèves le
soient dans le but de favoriser l'intégration de ceux-ci dans les
classes ou groupes ordinaires et les autres activités de l'école
chaque fois que cela est propre à faciliter leur insertion sociale et
leurs apprentissages. Cette remarque s'applique, notamment, au chapitre des
normes d'organisation des services dans les commissions scolaires (article 217,
paragraphe 1°) ce, afin de s'assurer que la commission scolaire
réponde aux véritables besoins de l'élève et non
l'inverse.
De la même façon, le premier mandat donné au
comité consultatif des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage, soit de donner son avis aux commissions scolaires sur les
normes d'organisation des services éducatifs à ces
élèves (premier alinéa de l'article 169) devrait
l'être dans cette même optique. Cette même condition devrait
donc y apparaître.
L'ajout, dans les derniers amendements, d'un nouvel article
prévoyant l'établissement d'écoles à vocation
régionale ou nationale dans une commission scolaire donnée nous
apparaît souhaitable. Nous faisons référence à
l'article 428. 1. Toutefois, il ne devrait en aucune manière constituer
une éventuelle échappatoire à notre projet premier,
c'est-à-dire l'intégration de tous les élèves
handicapés et en difficulté d'adaptation et d'apprentissage le
plus proche possible de leur milieu naturel, soit la classe
régulière de l'école du quartier. À notre sens,
l'existence de telles écoles n'est justifiable que du seul fait
qu'actuellement les services ne sont pas suffisamment accessibles et
organisés dans toutes les commissions scolaires. L'inscription d'un
élève dans ces écoles devrait constituer un dernier
recours lorsque l'école ou la commission scolaire d'origine a
épuisé toutes les possibilités dont elle dispose. Cette
mesure devrait s'inscrire dans un processus d'intégration. En
conséquence, l'ajout de cet article ne nous semble acceptable que dans
la mesure où la reconnaissance du principe de l'intégration en
classe ou groupe ordinaire est énoncée de façon explicite
à l'article 217.
Le plan d'intervention: pour une intégration réussie. Le
plan d'intervention constitue, selon nous, la pierre angulaire de tout projet
d'intégration qui se veut réussi. Cet outil nous apparaît
si essentiel que nous demandons qu'il apparaisse sous forme de droit, au
chapitre de l'élève, au même titre que les droits
énoncés aux articles 5, 6 et 7. Puisque l'accès à
une éducation de qualité et l'intégration de
l'élève sont en quelque sorte la finalité du plan
d'intervention, ce dernier se doit d'être défini plus clairement
dans les règlements du ministère. Pour les mêmes raisons,
les règlements que le gouvernement peut prescrire pour l'organisation
des services autres qu'éducatifs pour les élèves
handicapés et en difficulté devraient, notamment, prévoir
les aspects à considérer dans l'établissement des plans
d'intervention. À cet égard, nous estimons indispensable que les
commissions scolaires dont les élèves sont scolarisés hors
territoire gardent une responsabilité quant au suivi périodique
des plans d'intervention de ces élèves.
Mais, plus encore, c'est sur la participation du parent et de
l'élève au plan d'intervention que nous voulons insister (article
46). Les parents sont les premiers responsables de l'éducation des
enfants handicapés. En leur qualité de premiers intervenants
auprès de leurs enfants, ils ont le droit et le devoir de participer
activement à toute prise de décision concernant leurs jeunes.
Donc, le fait de consulter l'élève, tel qu'écrit dans la
loi, et ses parents avant d'établir le plan d'intervention nous
apparaît nettement insuffisant. Ce plan doit être établi en
concertation avec l'élève et ses parents. À ce propos, M.
le Président, on se questionne sur l'oubli, dans les nouveaux
amendements, de l'élève parmi les personnes consultées
pour l'établissement du plan d'intervention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Juste pour les
besoins de l'enregistrement des débats, par exemple, j'aimerais que vous
vous identifiiez avant de faire votre intervention, de façon qu'on sache
qui a dit quoi.
Mme Ducharme (Marie-Noëlle): Marie-Noëlle Ducharme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Et la
précédente, c'était madame?
Mme Robitaille-Rousseau: Monique Robitaille-Rousseau.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Alors, madame, nous vous écoutons.
Mme Locas (Aline): Locas. Il ne reste que moi qui dois
parler.
Un droit de recours à affirmer. Le projet de loi 107 est pour le
moins évasif, pour ne pas dire silencieux, quant au droit de recours des
élèves et de leurs parents. La suppression du troisième
alinéa de l'article 195 laisse entendre
que les commissions scolaires ne pourraient régler les
différends et aucune formule n'est indiquée dans le
libellé de cet article.
Nous recommandons donc qu'un droit de recours sort explicitement inscrit
dans la loi. Présentement, les seuls mécanismes sont d'ordre
juridique. Sans prétendre que nous détenions de solutions
miracles, nous suggérons une formule qui permettrait aux
élèves et aux parents de se faire entendre sur des questions
litigieuses par une commission extérieure et indépendante. Il
faudrait étudier la possibilité de faire reconnaître, par
voie de législation, au sein de la commission du Protecteur du citoyen,
une section éducation où les élèves et les parents
pourraient s'adresser directement lorsqu'ils estiment que leurs droits sont
lésés.
À ce stade-ci, nous ne sommes pas en mesure de présenter
une solution modèle, mais nous appuyons les recommandations qui ont
été déposées au ministre par le Protecteur du
citoyen, dans un document intitulé Le respect des droits des
personnes dans le réseau scolaire. À l'instar des citoyens
qui peuvent se faire entendre à la Régie du logement, à la
Commission des affaires sociales, aux Affaires municipales, la
possibilité de faire appel à un mécanisme de recours en
éducation constitue un droit fondamental. Nous ajouterions que, dans le
réseau scolaire, les différents intervenants ont leurs
mécanismes de recours: les enseignants ont leur syndicat, les
commissions scolaires ont leur fédération et son contentieux, les
professionnels ont leur corporation distincte. Les élèves et
leurs parents n'ont rien.
Un comité consultatif représentatif. La composition du
comité consultatif des services aux élèves
handicapés et en difficulté d'adaptation et d'apprentissage a
également retenu notre attention dans le projet de loi. Bien qu'à
l'article 174 on précise le rôle du comité de parents,
à savoir de promouvoir la participation des parents aux activités
de la commission scolaire, la représentation des parents des
élèves que nous représentons et désignés par
ce comité n'est pas garantie de façon suffisante. (17 h 15)
Nous recommandons donc, à l'article 167, que les
représentants des parents de ces élèves soient élus
par leurs pairs. Ces représentants-parents devraient couvrir, dans le
cas des commissions scolaires intégrées, les niveaux primaires et
secondaires. Des modalités d'élection pourraient être
définies ultérieurement. Cette mesure permettrait une meilleure
représentatitivé et éviterait l'aléatoire.
Enfin, nous réitérons la demande suivante: que la loi
oblige toutes les commissions scolaires à nommer un responsable des
services éducatifs aux élèves handicapés et en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Ce responsable serait
chargé des modalités d'application des plans d'intervention. Il
devait également voir au suivi périodique des plans
d'intervention pour les élèves scolarisés à
l'extérieur de son territoire.
Avant de conclure, j'aimerais juste ajouter que nous demandons une
clarification à l'article 414. L'amendement proposé parle de
services autres qu'éducatifs et non plus de services éducatifs
particuliers. On se demande pourquoi.
En guise de conclusion, nous aimerions rappeler, dans cette phase
cruciale des travaux de la commission parlementaire, combien l'adoption du
projet de loi avec les amendements déjà apportés et ceux
que nous suggérons est significative pour les Québécois et
les Québécoises handicapés. En effet, par son contenu et
sa portée, ce projet de loi conditionne et influence l'ensemble de la
vie scolaire au Québec. Les services éducatifs
répondront-ils de façon satisfaisante aux besoins des
élèves handicapés dans les années à venir?
C'est maintenant ou jamais qu'il faut négocier le virage des
utilisateurs de services et futurs partenaires sociaux que sont les
élèves handicapés. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, c'est moi
qui vous remercie, mesdames, de votre exposé. Je rappelle aux membres de
cette commission que, tel que convenu dans nos ententes préalables, il
reste 22 minutes à chacune des formations politiques. Je reconnais
immédiatement M. le ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'essaierai d'être bref
parce que je voudrais que ma collègue, la députée de
Jacques-Cartier, intervienne également.
Je remercie la COPHAN de cette intervention et je veux l'assurer que
j'ai pris connaissance avec beaucoup d'intérêt des
représentations que nous apporte son mémoire. Je voudrais en
venir tout de suite aux points de fond. Je vais donner une première
réaction et, ensuite, il pourra y avoir des échanges de propos.
Mais je pense qu'on s'attend que je donne une première réaction.
Je prends les principales revendications qui sont à la page 3. On
voudrait, d'abord que le principe de l'intégration des
élèves soit inscrit dans le texte de loi. La politique du
gouvernement va nettement dans ce sens-là. Est-ce que c'est une chose
qu'on doit inscrire dans un texte de loi? Jusqu'à présent, nous
avons conclu que non. C'est une orientation qui doit s'exprimer dans des
gestes, dans des décisions concrètes du gouvernement. Je ne suis
pas persuadé, pour l'instant, qu'il faudrait inscrire cet objectif en
toutes lettres de manière explicite dans le texte de la loi.
Si vous me demandiez: Êtes-vous prêt à émettre
une déclaration de politique sur cela au cours des prochains mois? Oui.
Cela, c'est une autre chose. À ce moment-là, la
déclaration de politique devra s'accompagner de moyens
appropriés. Le danger de le mettre dans un projet de loi, c'est
qu'à un moment donné cela va être des juges qui vont
décider s'il faut faire telle chose ou telle autre chose. On a
déjà une loi très
élaborée et on ne veut pas multiplier ces
possibilités à l'infini. On a beaucoup de respect pour les juges,
mais ce n'est pas la fonction qui leur revient, d'après moi. Cela, c'est
la difficulté qui se pose.
Sur l'objectif, nous sommes fondamentalement d'accord avec vous. Il n'y
a pas de problème là-dessus. On verra. Je prends note des
remarques que vous faites. Ce n'est pas une fin de non-recevoir, non plus. On
va y réfléchir encore, soyez assurés de cela. "En second
lieu, le droit pour tous les élèves à un plan
d'intervention individualisé. " C'est déjà, je pense,
à l'article 47...
Une voix: L'article 46.
M. Ryan:... à l'article 46 du projet loi, en toutes
lettres. Je pense que ce qui nous sépare, c'est la modalité.
Nous, nous disons: Le directeur de l'école adopte... Attendez un peu,
l'article 47, il faut que je prenne la nouvelle version. Je ne suis pas encore
habitué à la nouvelle version, M. le Président, qui est
présentée sous forme très commode pour nos
collègues de l'Opposition et du gouvernement. On a trois textes, l'un
à côté de l'autre. Voyez-vous, on dit: "Le directeur de
l'école, après consultation des parents d'un élève
handicapé ou en difficulté d'adaption et d'apprentissage et du
personnel qui dispense des services à cet élève,
établit un plan d'intervention adapté aux besoins de
l'élève qui respecte les normes prévues par
règlement de la commission scolaire. "
Alors, le principe du plan d'intervention est clairement établi
et, à moins que la mémoire ne me fasse défaut, c'est un
progrès considérable par rapport à la législation
actuelle, même par rapport à la loi actuelle, même par
rapport à ce qu'il y avait dans la loi 3. Je ne me souviens pas que la
loi 3 ait contenu une disposition prévoyant un plan d'intervention
individualisé pour chaque élève. Là-dessus, nous
sommes d'accord.
Ce qui nous sépare, je pense que nous disons: Le plan
d'intervention doit être établi après consultation des
parents et du personnel. Vous autres, vous voulez que nous ajoutions "de
l'élève". Ensuite, vous n'aimez pas le mot "consultation"; vous
voulez que ce soit "en concertation avec". Je crois vous avoir
déjà dit, en conversation extra-parlementaire, que le mot
"concertation" nous crée des ennuis au point de vue législatif.
C'est un mot chargé d'implications, qui peut, encore une fois,
prêter à toutes sortes d'interprétations légales ou
judiciaires et nous ne croyons pas qu'il faille aller jusque-là.
Maintenant, qu'il faille ajouter, par ailleurs, la consultation de
l'élève, je pense que c'est une idée qui doit être
considérée. On ne l'a pas mis parce qu'on se disait: II y en a
peut-être qui ne sont pas capables d'être consultés, disons
à cause de leur âge ou à cause de l'état très
avancé des difficultés dans lesquelles ils sont. Mais, en
principe, on va l'examiner avec nos conseillers, avec vous aussi. On trouvera
des formules et moi, je suis prêt à en reparler avec vous.
À ce stade-ci, on est prêts à toutes les discussions et
à toutes les recherches de solutions qui pourraient être
pratiques.
Alors, sur ce point-là, je ne suis pas prêt à
franchir l'étape qui dirait "concertation", mais ajouter la consultation
obligatoire de l'élève, je pense que c'est une idée qui
est très sensée. Si vous pouvez vaincre nos dernières
interrogations là-dessus, tant mieux, je pense qu'on fait un pas
aujourd'hui. On est toujours en progrès, si l'Opposition consent
à ce que nous amendions encore. Chaque fois que c'est un amendement pour
une amélioration, nous trouvons que c'est un bien.
Troisième demande: "la nécessité de retrouver dans
la loi un mécanisme de recours pour tous les élèves. "
Là, vous accordez votre aval à la proposition qui m'a
été transmise, il y a quelque temps, par le Protecteur du
citoyen. Je voudrais vous dire comment je réagis à ce moment-ci.
Je pense que le principe d'un mécanisme de révision est
éminemment respectable. Il n'est pas dans le projet de loi actuel. Je
vous dirai qu'en fin de semaine j'ai fait une lecture; j'ai lu la Loi sur
l'éducation publique qui vient d'être adoptée par
l'Assemblée législative de I'Alberta. C'est une loi qui suit la
nôtre de bien proche sur certains points. On voit qu'ils ont
étudié notre projet de loi aussi et que les gens sérieux
peuvent parfois se rencontrer d'une province à l'autre, même
parfois sans se parler, parce que les idées n'ont pas besoin de
conversations formelles pour se rencontrer, nous le savons tous.
J'ai trouvé qu'il y avait un petit chapitre sur le
mécanisme de recours dans la loi albertaine qui est intéressant
et nous allons examiner la possibilité de quelque chose de semblable
chez nous. Il s'agit d'un mécanisme d'appel qui est institué
obligatoirement par la commission scolaire et non pas en dehors. Je n'ai pas
beaucoup de sympathie pour la proposition du Protecteur du citoyen et je vais
vous dire pourquoi. C'est parce que la prochaine chose qui va arriver, on va
nous demander trois fonctionnaires ici, trois fonctionnaires là, trois
fonctionnaires à tel autre endroit et moi, je ne crois pas
personnellement que la fonction de Protecteur du citoyen soit une fonction
qu'on doive gonfler dans ses effectifs. Je pense qu'elle sera bonne dans la
mesure où elle est très simple, où elle est vraiment
réduite aux fonctions essentielles.
Mais, sur le principe du mécanisme d'appel, votre contribution
nous est très utile aujourd'hui; il pourrait être valable en
particulier pour les élèves au nom desquels vous nous parlez plus
immédiatement, même pour les autres aussi. Par conséquent,
je pense qu'on fait encore un pas, on va en faire encore. L'Opposition peut en
faire de son côté aussi, cela pourrait être
intéressant.
Vous demandez que les membres du comité
consultatif soient nommés par les parents concernés
plutôt que par le comité de parents. Là-dessus, j'ai de la
difficulté à vous suivre. Notre principe, c'est que le
comité de parents, c'est lui qui représente les parents dans la
commission scolaire. Justement, en accord avec la philosophie
d'intégration que vous énonciez tantôt, il ne faut pas que
cela se fasse tout en parallèle. Que le comité de parents
décide, par exemple, pour proposer les noms des personnes qui seront
là, de faire une réunion des parents des élèves
concernés pour leur demander de faire des propositions qu'il acceptera,
tout est possible de ce côté-là, mais je n'irais pas dans
la loi jusqu'à créer une avenue de nominations comme celles que
vous proposez. C'est consistant avec la philosophie que nous essayons de mettre
dans le projet de loi. J'admets qu'il y avait un certain nombre
d'incohérences aux stades antérieurs, mais nous essayons de ne
pas en ajouter d'autres à ce stade-ci.
Dernier point, 414. Qu'est-ce que c'est, le 414? Ah oui, à propos
de services particuliers, dans notre philosophie, la définition des
services éducatifs, des services particuliers etc., cela va aller dans
le régime pédagogique, au début. Là, on va
définir ce que sont ces services. Ici, ce que nous voulons
établir, c'est l'obligation pour les commissions scolaires de fournir
d'autres services: par exemple, des auxiliaires matériels, des
instruments dont peuvent avoir besoin les élèves
handicapés. Là, on l'inscrit clairement dans le projet de loi. Il
n'y aura pas de "farfina-ge" avec cela. Par conséquent, je pense
qu'objectivement c'est un gain, mais il faut l'expliquer clairement; ce n'est
pas parce qu'on veut reculer sur l'autre plan. La différence avec la loi
3, je tiens à le dire, c'est qu'eux entraient dans toutes sortes de
définitions et ils ne savaient pas trop ce que cela voulait dire. On
demandait des explications et il n'y avait rien de clair.
Une voix:...
M. Ryan: Oui, mais ils ont fait du chemin depuis qu'ils
travaillent avec nous. Ils ont suivi notre exemple, ils ont fait montre
d'ouverture.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: M. le Président, j'avais terminé sur cette
nouvelle note d'ouverture. L'article 414, dans la version que nous en
proposons, apporte une précision très intéressante et
très utile au plan fonctionnel. Je tenais à vous le signaler.
Ce sont les principaux commentaires que m'inspiraient vos
représentations. Je vous remercie beaucoup de votre présentation
très utile, sainement agressive, mais visant le bien des enfants
concernés. Je n'ai aucune critique à faire là-dessus, je
peux vous l'assurer. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la présidente, est-ce que vous aimeriez réagir
immédiatement aux propos du ministre ou attendre l'intervention du
porte-parole de l'Opposition officielle?
Mme Picard: Je crois que M. le ministre a soulevé des
points fort importants et on voudrait bien ne pas manquer notre coup, cette
fois-ci. Vous savez que, le 25 août, cela a été trop court.
J'ai avec moi des partenaires qui veulent intervenir sur certains points, en
particulier sur le plan d'intervention. Je pense que Marie-Noëlle aurait
des choses à vous dire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Ducharme: En ce qui concerne le plan d'intervention, bien
sûr, on en convient, il est inscrit dans la loi à l'article 46. Je
m'excuse de revenir d'emblée sur la question des définitions,
mais, malheureusement, il n'est pas défini, ni au ministère de
l'Éducation, ni dans votre projet de loi. On trouverait essentiel que,
par voie de réglementation, dans le règlement pédagogique,
il soit défini clairement. Amené comme cela, il laisse beaucoup
de place à l'aléatoire. En ce moment, le plan d'intervention tel
que décrit dans la loi, cela peut vouloir dire à peu près
n'importe quoi. On trouve important qu'il soit balisé, que cette notion
soit plus approfondie.
Par ailleurs, en ce qui concerne la participation des parents au plan
d'intervention, vous n'aimez pas le mot "concertation". Sans vouloir s'enfarger
dans les mots, l'idée qu'on essaye de faire passer, c'est que, d'une
façon ou d'une autre, le parent collabore, qu'il soit participant
à part entière et non pas seulement consulté, parce qu'il
a une compétence que l'on doit reconnaître envers son enfant.
C'est le sens de ce qu'on propose. D'ailleurs, je vous ferais remarquer que
vous avez parlé de collaboration dans le petit document que vous publiez
sur l'école annuellement. Je lis un paragraphe où vous dites que
toutes les personnes concernées, y compris, évidemment, le jeune
lui-même et ses parents, doivent collaborer à l'élaboration
du plan d'intervention scolaire et à sa réalisation. Vous
êtes même en avance sur votre projet de loi dans ce petit document.
Ces deux points sont fondamentaux pour nous.
Mme Picard: M. le Président, si vous le permettez, il y
aurait aussi une intervention sur l'intégration - je sais que le
ministre a certaines difficultés à mettre cela dans la loi - et
nous voudrions revenir quelques secondes aussi sur le droit de recours, si
c'est possible. Mme Rousseau.
Mme Robitaille-Rousseau: Monique Robitail- le-Rousseau. Je
réagirai, moi, sur le principe de l'intégration. Ce que nous
voulions, c'est qu'il soit affirmé que les normes d'organisation
sont
faites dans le but de favoriser l'intégration aux classes
ordinaires. On sait que la difficulté à laquelle font face les
parents actuellement, c'est qu'on y va avec les modèles qu'on
connaissait depuis X temps, qui faisaient que, par rapport à une
étiquette donnée, c'était l'exclusion automatique des
enfants handicapés. On voudrait renverser la vapeur, si on veut, tout le
monde, avoir maintenant clairement en tête que cela doit nous guider. (17
h 30)
Vous dites, M. le ministre, que le ministère est en accord avec
cela. Je pense qu'à ce moment-là il ne doit pas y avoir de
problème à l'affirmer dans la loi, pour que les gens sachent bien
quelles sont les orientations qui nous guident dans l'élaboration des
normes d'organisation. Ce que nous souhaitons aussi, à la COPHAN, c'est
que le domaine de l'éducation soit cohérent avec la
démarche qui a été entreprise dans la
société québécoise depuis près de 20 ans
maintenant. Même si on a investi beaucoup dans les services de
stimulation précoce et qu'on prône beaucoup les politiques de
désins-titutionnalisation, les parents, même s'ils ont investi
depuis le bas âge auprès de leurs enfants, quand on arrive
à l'âge scolaire, ont l'impression de devoir institutionnaliser
leurs enfants, parce que la seule ressource qu'on leur offre dans beaucoup de
cas, pour ne pas dire dans la majorité des cas encore, c'est uniquement
la voie de garage. Alors, je pense que c'est drôlement important que la
société québécoise soit cohérente et
s'ajuste, pour ce qui est de l'éducation, là-dessus.
Je vous dirai qu'il y a un enfant qui avait été
intégré en maternelle, dont les enseignants parlaient comme
étant le deuxième plus fort de leurs élèves dans la
classe et à qui pourtant on refuse toujours l'accès à une
première année parce qu'il a une étiquette qu'il porte au
front, qu'on lui a posée depuis la naissance. C'est la
réalité que les parents vivent. C'est là-dessus que je
voulais réagir. Il ne faudrait pas que cela demeure un voeu pieux, mais
que cela se traduise dans la réalité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
Madame?
Mme Locas: Si vous le permettez, sur le droit de recours, disons
qu'on me donne des petites fiches qui m'arrivent d'en arrière.
J'espère que je ne m'engage pas sur une fausse piste, mais on me dit
que...
M. Ryan: On va vous dire ça.
Mme Locas:... le principe de recours dont vous nous parlez, du
ministère de l'Éducation en Alberta, est irrecevable, parce qu'il
n'est pas un organisme indépendant des commissions scolaires et,
à ce moment-là, si c'est vrai, ce qu'on me donne comme papier, il
est évident qu'on le refuserait. On ne peut pas accepter que les gens de
qui on se plaint soient ceux qui vont répondre à nos attentes. Ce
n'est pas possible. C'est sûr qu'à ce moment-là il vaut
mieux ne pas avoir de mécanisme de recours, nous ne serons pas entendus.
On me donne comme point de vue aussi que le budget alloué à
l'éducation est, quand même, très important et que les
montants qui seraient nécessaires à l'exercice des droits de
recours ne sont quand même pas si énormes que cela. Par contre,
j'entendais M. le ministre qui disait tout à l'heure qu'il avait peur,
si c'était relié au Protecteur du citoyen, qu'on soit
obligé, à un moment donné, de nommer trois fonctionnaires
ici, trois là. C'est donc que M. le ministre reconnaît qu'il y a
de saprés problèmes pour les droits de recours.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que cela
termine votre intervention?
Mme Locas: Ce serait tout.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. Je
regrette. Alors, le porte-parole de l'Opposition officielle en matière
d'éducation, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Trois remarques. D'abord, en ce qui me concerne,
merci d'être venus. Si vous êtes ici, c'est parce que nous avons
fait notre travail. Une deuxième remarque: après ce qui a
été dit par le ministre de l'Education, vous comprenez que ce
n'est pas toujours facile de parler de ce côté-ci de la table;
nous, on ne sait pas de quoi on parle et on ne connaît rien.
Malgré cela, je vais, quand même, faire l'intervention qu'il
m'appartient de faire. Un troisième commentaire: contrairement à
ce que le ministre qui sait tout a dit, il y avait dans la loi 3 un article
très clair: "Le directeur de l'école établit un plan de
services. " Il y avait également, à l'article 290, une
disposition très précise qui disait: "Dans le but de favoriser
leur intégration - et on parlait de la même clientèle que
celle dont vous parlez - dans les classes ou groupes ordinaires et aux autres
activités de l'école chaque fois que cela est possible et propre
à faciliter l'insertion sociale de l'élève et ses
apprentissages". Cela disait: "La commission scolaire adopte, par
règlement, les normes d'organisation des services particuliers aux
élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, dans le but de favoriser...
" et ainsi de suite. Donc, c'était compris.
Sur votre mémoire, merci, c'est clair, c'est précis. Vous
avez trois points. Vous avez eu l'honnêteté, contrairement
à d'autres, de reprendre ce que vous nous aviez dit, il y a une semaine,
a savoir que, pour vous, c'est inacceptable de ne pas prendre la peine, si on a
fait des À part... égale, si on a vraiment le souci de ces
personnes et qu'on ne veut pas que ce soit juste un discours, parce que vous
savez ce que
cela fait un discours... Remarquez que c'était probablement avec
vous que le ministre était le plus ouvert, lors de votre comparution,
c'est vous qui l'avez dit. Cela n'a rien donné, vous n'aviez rien eu;
c'est ce que vous venez de dire que, par rapport aux amendements il n'y a rien
de changé. Par rapport aux commissions scolaires, il devait être
fermé en étoile, car elles sont venues nous dire ici aujourd'hui:
On a les deux bras tordus, mais il nous les a détordus un peu; donc, on
est d'accord. Là, chacun ses points de vue.
Sur ce que vous avez exprimé, je veux vous dire que,
effectivement, je ne partage pas le point de vue du ministre de
l'Éducation concernant la difficulté que cela pose de
reconnaître le principe de l'intégration des élèves.
Quand on veut quelque chose, on prend les moyens pour y arriver, surtout quand
on voit dans le même projet de loi des dispositions beaucoup plus
chinoises sur la confessionnalité et autres qui, effectivement, font
l'objet de difficultés d'interprétation de sorte qu'on est
constamment devant les tribunaux. Je le sais pour l'avoir vécu
moi-même. Et on essaie de me faire accroire que l'argument qui fart qu'on
ne peut pas le mettre, c'est que cela pourrait être compliqué
parce que, effectivement, il y a du monde qui pourrait interpréter que
cela ne veut pas nécessairement dire ce qu'on voulait. Il est prêt
à donner des instructions comme ministre là-dessus, mais mettre
cela dans la loi, il dit: Je ne peux pas être d'accord là-dessus.
C'est un argument que je vous invite à ne pas acheter.
Concernant le plan d'intervention, il me semble que vous avez raison.
Imaginez l'explication qu'il donne: On ne le met pas parce qu'il y aurait
peut-être eu un ou deux cas où cela n'aurait pas eu d'allure de
consulter l'élève. On ne le met pas pour cela. Pour tous les
autres cas, on est d'accord. C'est l'envers du bon sens. J'aimerais mieux qu'on
dise: Bien sûr qu'on va consulter l'élève et qu'on mette
des dispositions mais que, dans certains cas, soit qu'il soit trop
handicapé, soit qu'il ait trop de difficulté et que cela n'ait
pas de signification de le consulter, il y ait des modalités
prévues. Un peu comme on vient d'autoriser le droit de vote des
personnes handicapées. On a dit: II va y avoir une autorégulation
par le système lui-même si on les place dans les mêmes
conditions d'exercice du droit de vote. C'est dans ce sens-là que je
voudrais qu'on procède. Bien sûr, parler d'un pan d'intervention
pour des personnes en difficulté d'apprentissage et dire: Toi, tu n'as
pas d'affaire à connaître ce qu'on va t'appliquer, c'est un
non-sens. Cela n'a pas de bon sens. Vous avez raison d'exiger que, à
tout le moins, l'élève sort consulté.
Le ministre vous dit: Concertation, c'est dur à définir,
les légistes ont des problèmes avec cela. Les légistes ont
toujours des problèmes avec ce qu'on leur demande. Règle
générale, ils trouvent les solutions et je pense que consultation
et concertation, cela ne veut pas dire la même chose du tout. Je vous
comprends et vous faites bien encore, d'après moi, de maintenir que ce
plan d'intervention dort se faire en concertation avec les
intéressés quand on sait jusqu'à quel point la
société est censée avoir obtenu un degré de
maturité réelle, et là je rappelle tous les colloques
qu'on a farts au Québec depuis plusieurs années: II faut qu'une
fois pour toutes il y art l'ombre d'un poil de concrétisation et de
traduction de cette volonté politique que ces gens-là, dans des
textes législatifs, aient quelques droits définis. Autrement, on
est toujours à la même place. Je pense que c'est l'occasion
rêvée de progresser un peu.
Sur le recours, qui est un autre de vos points précis, selon moi
- parce que je n'ai pas la vérité, alors, je ne peux pas dire que
cela va être certain que ce que je vais dire c'est la
vérité - je prétends que cela se défend, la
position du ministre, de multiplier les recours. Par contre, vous m'avez
ébranlé et vous m'ébranlez encore en disant: Ce n'est pas
une multitude de fonctionnaires de plus qu'on veut, c'est qu'on ne veut pas
être jugés par des pairs qui ont à appliquer des
modalités qui nous concernent et, à un moment donné,
être pris pour être juge et partie dans un domaine aussi fragile et
aussi difficile d'interprétation. Personnellement, je m'engage à
faire des vérifications additionnelles auprès de gens qui peuvent
nous conseiller sur la portée réelle que cela pourrait avoir. Il
ne m'apparaissait pas que c'est une demande exagérée que le droit
de recours soit explicitement inscrit dans la loi, il l'était aussi dans
la loi 3. Dans la loi 3, c'est un droit qui était explicitement
prescrit. À ce que je sache, ce n'est pas là-dessus, M. le
ministre, qu'on a été invalidés. Il n'y a pas eu de
problèmes d'invalidation là-dessus dans la loi 3. Donc, cela ne
devait pas être aussi confus que cela et créer tant de
problèmes que cela; alors il serait peut-être bon de revenir
là-dessus.
Je n'ai pas de question parce que c'est clair, vos demandes. Je veux
juste vous dire merci de les avoir maintenues et d'y avoir cru jusqu'à
aujourd'hui. Je ne vois pas pourquoi le ministre ne serait pas, non seulement
ouvert comme il l'a laissé voir en août dernier mais cette fois-ci
qu'il concrétise par des amendements parce que, de toute façon,
cela n'a pas l'air de le déranger de présenter des amendements.
Je veux dire: Ce n'est pas 450 de plus... Là-dessus, d'ailleurs, je
tiens à faire une remarque aux membres de la commission. Le
président de la Fédération des commissions scolaires
était un peu étonné, tantôt, que je lui pose une
question concernant un dispositif pour l'éducation des adultes;
l'information que j'ai, c'est qu'il a l'amendement tandis que, moi, je ne l'ai
pas. Autrement dit, j'étais en droit de poser la question comme je l'ai
posée. Mais, si le ministre nous cache des amendements, qu'est-ce que
vous voulez, je suis obligé de dire que je fonctionne avec les
informations que j'ai. Alors, il semble
avoir des informations privilégiées, tant mieux! Je suis
content pour lui. Il est vrai que je ne suis que critique de l'Opposition en
cette matière et que c'est une matière à caractère
public mais, malgré ça, je tiens à vous dire merci pour
votre présentation, parce que je pense que vous avez des points qui
s'inscrivent dans la logique de la société
québécoise par rapport aux personnes en difficulté
d'apprentissage.
De toute façon, à moins de vivre sur une autre
planète, dès qu'on contacte des intervenants éducatifs qui
oeuvrent dans le milieu de l'éducation depuis ces dernières
années, le gros sujet de conversation de la plupart de ces gens, ce sont
les difficultés concernant les élèves en difficulté
d'apprentissage, les élèves handicapés et ainsi de suite.
Quand je parle de ça, ce n'est pas à cause d'eux, ça
prouve que les professeurs sont conscients que les règles que nous nous
sommes données comme société pour permettre que ça
devienne une réalité ne sont pas adéquates et, en
conséquence, que c'est le moment d'en parler mais surtout de poser les
gestes requis pour s'assurer qu'on les traduise dans un projet de loi. Ce n'est
pas parce que je me ferais dire que, oui, cela pose quelques problèmes
que je vous invite à abandonner.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais vous remercier pour avoir réagi
aussi rapidement à notre demande concernant les amendements
proposés. J'ai un petit commentaire sur votre insistance sur le principe
de l'intégration scolaire. J'ai relu votre mémoire original et il
me semble beaucoup plus nuancé que votre demande d'aujourd'hui. Je crois
que c'est important, parce que votre demande, aujourd'hui, est d'inscrire le
droit à l'intégration scolaire comme principe dans la loi pour
que ce principe ne soit pas dilué, transformé, diminué par
d'autres considérations. Je préfère la façon...
Vous avez exprimé ce principe d'une autre façon, mais je crois
que l'intégration est un moyen et non pas nécessairement un
objectif absolu d'une bonne éducation pour un élève en
difficulté. Dans votre mémoire original, vous avez dit: Le droit
pour ces élèves d'obtenir les services requis pour une
réponse individualisée à leurs besoins, tel
qu'identifié dans un plan d'invervention, et ce, dans le cadre le plus
favorable à leur intégration sociale dans le milieu naturel de
vie de l'élève, dans l'école de son quartier et dans la
classe régulière, toutes les fois que cette mesure est
identifiée comme profitable et propre à faciliter son
intégration sociale et ses apprentissages.
Alors, je me demande si, peut-être, parce que je suis sympathique
à votre objectif... L'objectif est important, d'insérer l'enfant
et de donner une éducation propice aux besoins de l'enfant, dans le
milieu le plus normal possible, mais cela ne veut pas toujours dire
intégration, même si l'intégration sociale est l'objectif
éventuel. D'accord? J'aimerais avoir votre réaction.
Êtes-vous d'accord qu'on trouve, peut-être dans le régime
pédagogique ou dans la loi, une phrase qui répond à votre
objectif, mais pas nécessairement à votre demande d'inscrire
cette intégration comme une condition absolue? Est-ce que j'ai mal
compris votre demande? (17 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui, du groupe,
veut intervenir?
Mme Picard: J'interviendrai dans un premier temps. Je pense,
madame, que nous avons tenu le même langage, en tout cas la même
intention, depuis le début. Évidemment, face à des
amendements qui ne répondent pas à nos besoins, peut-être
que notre langage est devenu, je dirais, un peu plus ferme, mais l'objectif n'a
jamais changé. On va vous répéter encore ce que signifie
l'intégration et combien c'est important. J'espère que, dans les
propos que vous tiendra Mme Monique Robitaille-Rousseau, vous trouverez
là matière à intégrer quelque chose
d'intéressant dans la loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Robitaille-Rousseau.
Mme Robitaille-Rousseau: Je pense que vous avez raison quand vous
regardez notre mémoire. Le contenu de ce qu'on vous donne aujourd'hui
est la même chose qu'il y a dans notre mémoire, sauf que nous
avons été profondément déçus de voir que la
commission n'avait retenu à peu près rien de nos demandes. Comme
parents et comme représentants des différentes clientèles,
il faut penser qu'on est à l'aube de l'an 2000. Pour nous, c'est grave
de voir qu'on n'est pas capables de reconnaître ce principe-là,
c'est-à-dire qu'on voyait le principe présidant à
l'établissement des normes d'organisation. On le voyait aussi comme
premier objectif du comité consultatif, de s'assurer que c'est le
principe qui nous guide. Je pense qu'à chaque fois... Nous, on a
toujours cru qu'il faut y aller cas par cas, après étude des
besoins d'un enfant... Je veux dire qu'on doit commencer par regarder le milieu
naturel, c'est-à-dire l'école de quartier, la classe
régulière, chaque fois que c'est profitable à faciliter
l'insertion sociale et les apprentissages de l'élève. J'ai de la
difficulté à voir où il y a contrainte là-dedans.
Sauf qu'au Québec, actuellement, je pense que tout le monde est
conscient qu'on n'en est plus à dire oui ou non au principe, ou oui ou
non à envisager ce moyen-là comme étant un moyen
privilégié. Je pense que les enfants handicapés ont
beaucoup de choses à apporter à toute la société
québécoise et non pas seulement les enfants très
ordinaires qui peuvent apporter quelque chose. Alors, je pense que nous n'en
sommes plus à nous questionner sur le principe lui-même. Nous en
sommes plutôt à établir, à choisir les
modèles qui correspon-
draient le mieux, et je pense que cela devient du cas par cas,
après une étude des besoins de l'enfant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Robitaille. Maintenant, le temps étant terminé pour le
côté ministériel, je reconnais Mme la députée
de Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais dire,
mesdames, que je suis heureuse que nous ayons pu à nouveau vous
entendre, parce qu'on se rappelle que le premier échange avait
été plutôt bref, pour ne pas dire quasi absent, faute de
temps. Et cela m'étonnait un peu d'entendre la députée de
Jacques-Cartier exprimer des doutes quant aux modifications dans les exigences
entre le premier mémoire et celui que vous présentez aujourd'hui,
parce que nous n'avons pas eu finalement beaucoup de temps pour creuser un peu
les hypothèses que vous aviez mises sur la table au moment de la
première commission. Nous sommes heureux de vous voir parce que je pense
que cela corrige ce que j'appelais une inéquité tout à
fait inacceptable; on accordait à un organisme national 45 minutes,
alors que les organismes qui, par hasard, tout à fait par un concours de
circonstances en dehors de leur pouvoir, avaient présenté leur
mémoire avant les vacances avaient, eux, obtenu une heure trente
minutes. C'était assez étonnant et mené de façon
plutôt cavalière.
Je revois vos recommandations et je les trouve toujours
extrêmement pertinentes. En dépit de ce qu'en pense le ministre,
je les pense réalistes et conformes à la politique "À
part... égale" qui avait été déposée il y a
quelques années, qui démontre, hors de tout doute, qu'il faut
faciliter la scolarisation des personnes qui souffrent d'un handicap. C'est la
meilleure façon de leur faire acquérir l'autonomie. Mais,
étant donné que l'application de la politique "À part...
égale" pour les handicapés relève de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, est-ce que vous avez fait valoir
auprès de la ministre de la Santé et des Services sociaux vos
revendications? Est-ce qu'elle est informée de vos demandes
là-dessus, pour que, peut-être - je ne vous jure pas que cela
aurait des effets tout à fait extraordinaires - elle essaie de
convaincre son collègue de l'Éducation d'entendre un peu raison
là-dessus? Parce que, vous savez, l'impression que nous avons
actuellement avec ce gouvernement, c'est que les ministres se connaissent mais
ne se parlent pas, et nous avons appris en Chambre cet après-midi que la
ministre déléguée à la Condition féminine
ignorait que dans le projet de loi actuel le ministre ne faisait pas obligation
aux écoles d'offrir des services de garde en milieu scolaire. De
là à penser que la ministre de la Santé et des Services
sociaux ignore la quasi-totalité des dispositions touchant les enfants
souffrant d'un handicap, cela ne m'étonnerait pas.
Je me demandais si vous aviez cru utile de la sensibiliser en même
temps peut-être que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, qui a intérêt à ce que
les gens soient moins dépendants. Est-ce que vous avez vu d'autres
personnes?
Mme Picard: En général nos rapports sont, bien
sûr, acheminés au ministère de la Santé et des
Services sociaux, étant donné la pertinence pour eux de bien
connaître ces dossiers. Bien sûr, nous faisons souvent appel
à M. Dutil, qui est maintenant notre ministre
délégué, et qui doit aussi rendre des comptes à Mme
Thérèse Lavoie-Roux qui, je l'espère bien, a bien compris
tout cela, puisqu'elle a elle-même à défendre des budgets
pour les personnes handicapées. Si tout cela n'est pas compris, ce
serait bien malheureux parce qu'on est vraiment très loin. De toute
manière, je pense que vous nous suggérez peut-être
d'insister et, qui sait, on n'insiste jamais trop dans ces histoires-là.
Peut-être que Monique a une autre suggestion face à la...
Mme Robitaille-Rousseau: Moi, j'ajouterais qu'on a
communiqué, mais pas dans le cadre de notre présentation sur la
loi 107, avec les deux ministères dans le cadre de la mission MESS-MEQ
qui, pour nous autres, en tout cas, n'en finit pas d'agoniser. Nous sommes
très déçus. Je pense qu'on n'a pas de... On aurait
aimé cela pouvoir venir ici aujourd'hui et pouvoir vanter beaucoup de
choses. La réalité des parents et des personnes est bien autre.
Alors, la réponse qu'on a reçue est assez décevante, elle
nous dit encore qu'il faut étudier, mais pendant combien d'années
on va devoir continuer à étudier? Pendant ce temps-là,
nous, nos jeunes n'étudient pas. Ce sont eux qui devraient pouvoir
étudier. Je pense que la difficulté qu'on relève aussi est
que, comme organisme, comme parents, on se demande comment cela va se traduire
dans le réseau de l'éducation, la notion de soutenir la
démarche des parents depuis le jeune âge, depuis le moment
où on leur a appris que les enfants auraient des difficultés. Si
on continue seulement de consulter les parents, c'est un peu nier l'engagement
que ces parents-là ont pris face à leur enfant quand ils ont
choisi d'assumer leurs responsabilités, tel que la société
québécoise leur demandait. On sait qu'on a connu une autre
époque. Alors, qu'on regarde combien il y a d'enfants encore au
Québec qui actuellement ne sont pas à l'école depuis
trois, quatre ou cinq ans même, parce que les parents n'ont aucun
mécanisme de recours, parce qu'on continue à n'offrir qu'une
seule possibilité, c'est-à-dire la classe spéciale,
l'école spéciale. On est d'accord quand c'est du temporaire. On
est d'accord, on l'a affirmé comme COPHAN. Il y a encore des situations
où il n'y a pas suffisamment de services accessibles mais ce n'est pas
le cas pour la majorité des jeunes qu'on représente. Il y a
déjà beaucoup de ressources dans le réseau
scolaire et notre problème, le problème auquel on se bute,
c'est beaucoup plus une question d'attitude dans le sens qu'on continue
à faire ce qu'on faisait depuis des années, c'est-à-dire
à prendre les enfants qui ont des problèmes semblables,
d'âges très différents... Les classes dans lesquelles nos
enfants se retrouvent, ce sont souvent, comme on dit, nous autres, dans notre
langage, des "melting pots", c'est-à-dire de cinq à douze ans
dans la même classe. Ce n'est pas important. Un enfant ordinaire a un
vécu très différent selon qu'il est de cinq ans ou de
douze ans mais, pour nos jeunes, ce n'est jamais important. Nos jeunes se
retrouvent toujours ramenés vers le spécialiste plutôt que
de prendre le spécialiste et de le ramener vers les jeunes. Cela demande
une nouvelle allocation de ressources et cela demande aussi de la formation
pour ce qui est des enseignants parce qu'on est conscients de ce que cela
représente pour eux aussi, mais à quelle place les parents
vont-ils pouvoir lire un engagement sérieux, en tout cas, de la part du
réseau d'éducation? C'est à cela qu'on s'attend.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée, encore pour quelques minutes.
Mme Blackburn: Simplement pour dire que je partage tout à
fait votre avis que, si cela n'est pas indiqué dans la loi, c'est
l'exception, la non-intégration dans les classes
régulières... Vous êtes bien placés pour savoir que
cela ne se gagne pas partout et que c'est laissé un peu à
l'arbitraire, à la bonne volonté, aux ressources, à la
perception qu'en ont les personnes. Je souhaiterais que le ministre revienne
sur sa décision là-dessus. Je veux juste vous dire que, parce
qu'on a eu plusieurs rencontres, j'ai eu l'occasion de voir des personnes qui
ont, par tous les moyens, tenté de faire intégrer leurs enfants
dans les classes régulières, qui auraient pu le faire sauf si on
ne les avait pas catégorisés à un moment donné en
disant: Ils sont handicapés intellectuels légers, moyens puis,
à un moment donné, vous les évacuez des classes
régulières, ce qui est inacceptable et ne favorise pas leur
développement. En dépit de ce qu'on peut penser de l'ouverture
qui est généralement acceptable dans la plupart des commissions
scolaires, on ne peut pas laisser aux commissions scolaires le soin de choisir,
oui ou non, de faire de l'intégration. Ce n'est pas possible. Je veux
dire, ce n'est pas équitable et on connaît la situation, cela va
se traduire de façon extrêmement variée sur le territoire
du Québec si on ne fait pas une obligation réelle. Mais je
comprends le jeu du ministre, en ne faisant pas l'obligation concrète
dans la loi, cela ne l'oblige pas à donner les ressources. C'est
exactement ce qui se passe, vous savez, parce que le projet de loi est clair
là-dessus, il vient réduire les obligations du ministre et du
ministère et augmenter ses pouvoirs. Alors, tout ce qui était de
l'ordre de l'obligation, que ce soit pour le Protecteur du citoyen, pour la
définition des services éducatifs, pour l'intégration en
classe régulière, c'est autant de mesures qui, on le sait,
viennent un peu alourdir les besoins, c'est-à-dire exigent un peu de
ressources. Toutes ces mesures-là, le ministre les a
évacuées, laissant à l'arbitraire le soin de régler
ces situations. Je trouve cela... En tout cas, sur cette situation, le ministre
se dit ouvert quand il ne dit pas cela pour rire du monde, et j'aimerais cela
qu'il en fasse preuve tantôt quand on va aborder ces questions-là.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, une dernière remarque.
M. Ryan: Je pense qu'on a dit l'essentiel. On a identifié
clairement les points. Je veux rappeler encore une fois que la loi ne
m'apparaît pas comme le lieu où on doit régler le
problème de fond que vous avez soulevé. Il y a beaucoup d'autres
niveaux où on doit préciser ces choses-là. On ne peut
affirmer le droit à l'intégration d'une manière absolue.
Dans certains cas le droit va être exactement contraire.
L'intégration peut être un processus qui nuira à telle
personne donnée. Ce sont des choses qu'on va traiter dans la
réglementation et dans les politiques du gouvernement. Je tiens à
ajouter - parce qu'il y a des insinuations que je viens d'entendre qui
m'apparaissent dénuées de fondement - que le gouvernement met
déjà des ressources considérables à la disposition
des commissions scolaires et des établissements éducatifs pour
les services à fournir aux élèves en difficulté ou
en trouble d'adaptation ou d'apprentissage ou aux élèves
handicapés. Je ne prétends pas que cela soit suffisant, mais il y
a déjà un effort considérable qui se fait. Il faut
s'enlever de l'idée que tout va se faire par la coercition et par \a
législation. De ce point de vue là, il y a un désaccord
entre nous qui ne se réglera pas au cours des prochaines minutes.
J'ai indiqué clairement tantôt les points sur lesquels il y
a moyen de progresser encore. Je vous rappelle seulement que lorsqu'il est
question du comité consultatif, pour les élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, dans le projet de loi il est
indiqué clairement que ce comité pourra donner son avis à
la commission scolaire sur l'application qui est faite du plan d'intervention.
On va regarder encore la question de recours. On va l'examiner attentivement.
Je n'accepte pas du tout le jugement facile que j'ai entendu tantôt
là-dessus sur ies propositions qui ont été émises,
sur ce qui a été adopté en Alberta et tout. Créer
des tribunaux en marge du système qui vont venir créer une
deuxième administration, j'ai donné mon idée
là-dessus: on a assez d'un système de tribunaux, il ne faut pas
qu'on en ait cinq, six. En dehors de cela, qu'on puisse avoir des
procédures de recours, de niveau
administratif, c'est très bien. Je crois que de ce point de vue
on peut... II y en a toujours une qui est dans la loi - je ne voudrais pas que
vous l'oubliiez - c'est celle du ministre et de ses collaborateurs. Ce n'est
pas pour rien qu'on inscrit dans la loi un amendement à la Loi sur le
ministère de l'Éducation qui dit: La première
responsabilité du ministre est de veiller à la qualité des
services éducatifs. Ce n'est pas la tâche d'un juge, c'est la
tâche d'un ministre. C'est dit clairement dans la loi. Cela ne
l'était pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Ceci met fin à notre rencontre avec la
Confédération des organismes provinciaux pour les personnes
handicapées du Québec. La commission suspend ses travaux.
J'attire l'attention des membres de la commission, elle se réunira ici
à 19 h 30. À 19 h 30, la commission va reprendre ses travaux et
nous allons accueillir l'Institut canadien d'éducation des adultes.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 19 h 36)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
SI vous voulez prendre place. La commission permanente de
l'éducation, à l'intérieur du mandat qui lui a
été confié, continue à entendre ce soir
différents organismes qui ont été invités à
venir faire connaître leurs commentaires et le fruit de leurs
réflexions sur le projet de loi 107, plus précisément sur
les amendements déposés par le ministre concernant ce projet de
loi.
Nous accueillons l'Institut canadien d'éducation des adultes qui
est représenté par Mme Esther Desilets, qui en est la directrice
générale. Elle est accompagnée de Mme Marie Leahey.
Bienvenue, mesdames, et merci beaucoup d'avoir répondu à notre
invitation. Je vous invite à nous faire part de vos commentaires.
Institut canadien d'éducation des
adultes
Mme Oesilets (Esther): On tient déjà à
remercier la commission parlementaire de nous avoir invitées à
revenir vous rencontrer sur le projet de loi 107. Vous comprendrez que les
délais qui ont été accordés pour prendre
connaissance des amendements nous permettent quand même de vous
déposer, et je pense que vous l'avez en main, un court texte qui
relève les principaux points concernant l'éducation des adultes.
On revient un peu sur les points qu'on avait déjà soulevés
dans notre mémoire, lors du projet de loi initial, qui touchent à
la fois le droit des adultes à l'éducation et à la
gratuité scolaire, la spécificité de l'éducation
des adultes, l'éducation populaire, le mode de représentation des
adultes et les services aux collecti- vités.
Présentement, ce qu'on peut dire globalement, c'est qu'on
apprécie particulièrement les efforts qui ont été
faits pour améliorer le projet de loi en accordant une place plus
importante à l'éducation des adultes. Mais on ne serait pas
descendues de Montréal pour venir vous rencontrer à Québec
à 19 h 30 et vous dire qu'on était juste contents. Donc...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un petit peu. On
avait un petit doute.
Mme Desilets:... c'est certain qu'on va avoir des ajouts ou des
retraits à faire dans ce projet de loi et on aimerait vous soumettre nos
recommandations ou notre façon de regarder le projet de loi.
Prenons le premier thème qui touche le droit des adultes à
l'éducation et à la gratuité scolaire. On pense
qu'effectivement, dans les articles 1 et 2, on consacre le droit des jeunes et
des adultes aux services éducatifs. Cependant, pour nous, pour exercer
ce droit, il y a des conditions à mettre en place; une de ces conditions
nous apparaît essentielle, et c'est la gratuité. Il y a dans le
projet de loi, plus précisément à l'article 4, une nette
amélioration parce qu'on considère la gratuité qui est
assurée pour les services d'alphabétisation et les autres
services de formation prévus par le régime pédagogique
applicable aux services éducatifs pour les adultes, aux conditions
déterminées dans ce régime. Cependant, la gratuité
ne devrait pas se restreindre aux seules activités de formation en
alphabétisation, mais englober toutes les activités de formation
de base.
Les adultes s'inscrivant dans les commissions scolaires pour l'obtention
d'un DES viennent en majorité de milieux défavorisés. Pour
de multiples raisons, ces adultes n'ont pu bénéficier d'une
formation initiale de base. Ils se retrouvent donc dans des conditions de
travail et de vie précaires. Il ne faut pas que le retour aux
études soit entravé par des obstacles financiers tels que les
frais d'inscription et de scolarité. Nous avons le même
raisonnement au sujet de l'article 8 relatif à la gratuité des
manuels scolaires et didactiques requis pour l'enseignement des programmes
d'études. À notre avis, ce droit à la gratuité
devrait s'appliquer autant aux adultes qu'aux jeunes. C'était notre
premier point.
Quant au deuxième, il touche à la
spécificité de l'éducation des adultes. Dans ce chapitre,
nous sommes particulièrement satisfaits de l'introduction de l'article
96 créant des centres d'éducation des adultes qui seront sous la
responsabilité de directeurs nommés à cet effet. Cet
article indique l'intention ferme du ministre de reconnaître les besoins
spécifiques des adultes et d'y répondre par des mesures
appropriées. Cependant, nous vous suggérons de biffer l'article
96. 14 qui affaiblit cette intention en
permettant à la commission scolaire de demander au directeur du
centre d'éducation des adultes d'exercer des fonctions autres.
De même, nous accueillons favorablement l'article 413. 1 sur le
régime pédagogique applicable aux services pédagogiques
pour les adultes. Tel que formulé dans les présents amendements,
ce régime pédagogique reste malgré tout sommaire. C'est
pourquoi il nous semble essentiel, pour définir ce régime, de
procéder, comme il a été fait pour les cégeps,
à une consultation auprès des milieux concernés. Nous
pourrions à cette occasion apporter nos recommandations, notamment sur
les contenus de programmes de formation, sur les critères et conditions
pour la reconnaissance des acquis, scolaires et extrascolaires, et sur les
activités d'éducation populaire.
Même si on trouve importants et qu'on reconnaît que les
articles 96 et 413 du projet de loi donnent une place
prépondérante à l'éducation des adultes, il nous
semble quand même y avoir une lacune dans ce chapitre du projet de loi
qui est l'absence des services d'éducation des adultes dans les
commissions scolaires. La présence de ces services constitue la
meilleure garantie pour l'application effective du régime
pédagogique et la coordination des services éducatifs offerts par
les différents centres. Le service d'éducation des adultes
compléterait, à notre avis, la place que l'éducation des
adultes devrait prendre dans notre système d'éducation.
Maintenant, l'éducation populaire. Pour l'Institut canadien
d'éducation des adultes, l'éducation populaire fait partie
intégrante de l'éducation des adultes. Si des correctifs
importants ont été faits concernant la place de
l'éducation des adultes dans la loi, nous constatons qu'il n'en est pas
de même pour l'éducation populaire. Le seul article qui en fait
mention est l'article 226. 3 qui renvoie au régime pédagogique.
Or, dans les articles 413. 1 et 413. 2 traitant plus précisément
du régime pédagogique, il n'est nullement fait mention de
l'éducation populaire. On ne vous propose pas de recommandations fermes,
mais on vous dit qu'en regardant le projet de loi, cette absence de
précision pour l'éducation populaire nous amène à
être inquiets quant à l'avenir et au développement de
l'éducation populaire dans les commissions scolaires.
L'autre point sur lequel on aimerait aussi attirer votre attention,
c'est sur le mode de représentation des adultes. L'article 96. 8
précise bien la nécessité d'"un organisme de participation
des élèves à l'élaboration et à la mise en
oeuvre de la programmation des services éducatifs pour les adultes
dispensés dans le centre". Nous appuyons ici la revendication de la
Fédération des associations québécoises
d'étudiants et d'étudiantes adultes du secondaire qui demande une
reconnaissance formelle des associations d'étudiants adultes. Ainsi, le
directeur du centre d'éducation des adultes, au lieu d'instituer
lui-même un organisme de participation, devrait mettre en place des
conditions permettant la création d'une association autonome
d'étudiants adultes. il faudrait aussi retrouver la
représentation des adultes à d'autres niveaux. Entre autres,
à l'article 354, de la même façon qu'il y a un commissaire
représentant les parents, il devrait y avoir un commissaire
représentant les étudiants adultes, et ce, d'autant plus que le
volume d'activités en éducation des adultes dans les commissions
scolaires va grandissant. Pour nous, il est essentiel qu'on retrouve des
commissaires particulièrement intéressés et qui
surveillent les intérêts des adultes, de la même
façon qu'on va le retrouver pour les parents. (19 h 45)
Les services aux collectivités. Ici, il n'est peut-être
plus question du principe même des services aux collectivités.
Selon nous, lorsque nous parlons de services aux collectivités, cela
implique l'ouverture de l'école à sa communauté tant pour
ce qui est des services professionnels que les équipements et les
locaux. Dans l'article 227, on trouve que ce principe est un peu restreint et
ce, de deux façons. D'abord, on devrait retrouver l'obligation pour la
commission scolaire de participer à la réalisaiton de projets
communautaires, et, d'autre part, on devrait enlever, dans ce même
article, l'ajout concernant la possibilité pour une commission scolaire
d'exiger une contribution financière des usagers pour l'utilisation de
ces services. Ces usagers adultes ont, selon nous, déjà
payé par la taxe scolaire les services de l'école.
Enfin, on termine et on vous rappelle tout simplement un article qu'on
avait souligné lors de notre première présentation, soit
l'article 228 portant sur les services de garde pour les élèves
de l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire.
Là aussi, on aimerait que le projet de loi soit plus direct et qu'il
oblige les commissions scolaires, à la demande des parents, à
organiser les services de garde au niveau primaire et préscolaire, parce
que, si on regarde révolution de la société
présentement, la moitié des femmes travaillent à
l'extérieur et ce n'est pas un luxe que de leur offrir ces services de
garde. Donc, on devrait, dans le projet de loi, retrouver l'obligation pour les
commissions scolaires de le faire.
C'est dans l'ensemble ce sur quoi on voulait revenir, mais, comme on
vous le disait au début, il y a plusieurs amendements, entre autres, le
96 et le 413 que nous étions très heureux de voir là. Nous
étions, l'ICEA, contents d'avoir aussi de bonnes choses à dire
sur le projet de loi, mais nous vous ramenons à certains aspects qu'il
nous semble malheureux de ne pas retrouver dans le projet de loi et que nous
aimerions discuter avec vous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
remercions beaucoup, Mme Desilets, de ces remarques très pertinentes. Je
reconnais maintenant le ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: Mme Desilets et Mme... ? Une voix: Leahey.
M. Ryan: Mme Leahey. Très bien, il nous fait grandement
plaisir de vous rencontrer ce soir. Je vous remercie d'avoir répondu
à l'invitation de la commission parlementaire à si bref avis et
d'avoir procédé à l'examen des amendements que nous nous
proposons d'apporter au projet de loi dans le peu de temps qui vous avait
été imparti avant la rencontre avec la commission parlementaire.
Vous êtes le troisième organisme que nous recevons depuis le
début de nos auditions publiques aujourd'hui et vous êtes en train
de faire la preuve que les amendements sont peut-être incomplets mais
qu'ils ne sont pas trop complexes à saisir, parce que chacun des
organismes venus ici les a très bien saisis et a pu les résumer
facilement. Si les organismes ont pu le faire dans un délai aussi bref,
on a la conviction que l'Opposition pourra au moins faire aussi bien.
Je vous remercie de l'intérêt porté à tous
ces amendements. Je me bornerai à faire quelques rapides commentaires
sur les principales remarques que vous nous avez soumises. Tout d'abord, au
début, en ce qui concerne l'accessibilité, j'ai formulé
une remarque à propos de l'article 4. Je me dispense de souligner les
remarques bienveillantes que l'on trouve dans le mémoire; il y a un
souci d'équilibre très apprécié de la part du
gouvernement, en tout cas. Vous parlez de l'article 4 par lequel on veut
assurer la gratuité pour les services d'alphabétisation et les
autres services de formation prévus par le régime
pédagogique applicable aux services éducatifs pour les adultes,
aux conditions déterminées dans ce régime. Vous dites:
"Cependant, la gratuité ne devrait pas se restreindre au seules
activités de formation en alphabétisation mais englober toutes
les activités de formation de base. " Il n'y a pas d'objection de
principe à cela. Quand on disait: "et les autres services de formation",
cela comprenait ça. S'il faut le dire plus clairement, on va le
regarder. Si vous aviez une formulation à nous proposer qui pourrait
être envisagée comme formule de remplacement ou de
complément ici, ce sont des choses que l'on peut regarder parce qu'on ne
veut pas du tout exclure les activités de formation de base; au
contraire, on veut les inclure. Alors, ça, c'est un point. Aimez-vous
mieux commenter à mesure ou si je peux faire l'ensemble de mes
remarques?
Mme Desilets: Cela va.
M. Ryan: Très bien. Vous dites qu'en ce qui touche la
gratuité, elle devrait s'appliquer aux manuels scolaires et didactiques
requis pour l'enseignement des programmes d'études. Nous ne l'avons pas
mise pour les adultes, parce qu'en général ce sont des personnes
qui travaillent et que nous estimons qu'elles son: capables de payer une part
des frais qu'encourt leur participation à des programmes
éducatifs; nous n'allions pas jusqu'à la gratuité des
manuels scolaires et didactiques. Vous l'avez bien lu, ce n'est pas interdit
pour une commission scolaire de le faire, loin de là. On ne lui fait pas
l'obligation de fournir des manuels gratuitement à tous les
élèves adultes. Il y a là une frontière que nous ne
sommes pas prêts à franchir pour l'instant; vous l'avez
signalé de manière fort pertinente cependant. On va y penser
encore une fois avant d'arriver à l'article 8 et je prends note de
l'observation. Je ne peux pas en dire davantage pour ce soir, je ne peux pas
aller plus loin, parce qu'on en a discuté très longuement.
C'est toujours le problème des contraintes financières
dont doit tenir compte le gouvernement dans les politiques qu'il institue,
surtout quand ce sont des politiques qu'il traduit dans des textes
législatifs. Comme vous le savez, nous fonctionnons depuis cinq ans
maintenant, je pense, avec une enveloppe ouverte en éducation des
adultes. L'augmentation des coûts a été
considérable, beaucoup plus élevée que pour les autres
programmes du ministère, et nous n'avons pas nécessairement
l'assurance que l'amélioration des services ou de l'accessibilité
a été exactement correspondante à l'augmentation des
factures que nous avons reçues. C'est beaucoup plus difficile de
contrôler administrativement les services éducatifs qui sont
offerts aux adultes pour toutes sortes de raisons et nous sommes loin
d'être arrivés à une stabilité satisfaisante de ce
côté-là. C'est pour cela que nous hésitons à
ajouter d'autres sources de dépenses automatiques tant que nous n'aurons
pas acquis un contrôle un petit peu plus assuré de cette partie de
l'appareil. Encore cette année, nous devons avoir des discussions
laborieuses avec le Conseil du trésor en particulier parce qu'il y a des
points sur lesquels le principe de reddition de comptes n'est pas vraiment
réalisé de manière satisfaisante au jugement du Conseil du
trésor. Je ne pense pas qu'il suffise de dire que c'est une bande de ci
et de ça pour régler le problème. Il nous pose des
questions réelles auxquelles nous avons le devoir, comme membre du
gouvernement, de chercher des réponses réelles et pas seulement
des réponses généreuses. C'est un point, je le note quand
même avec beaucoup d'intérêt.
Vous voudriez que le directeur du centre... Je suis content des
observations que vous avez faites sur les centres d'éducation des
adultes parce que nous avons mis beaucoup de soin à ajouter dans le
projet de loi des dispositions plus substantielles concernant
spécialement les adultes. Il y a les centres d'éducation des
adultes au plan local, il y a également le régime
pédagogique pour les adultes, et je veux vous dire que, loin
d'être un projet théorique, c'est un projet qui connaît
déjà une première rédaction au moment où
nous nous parlons. Le projet de loi donne deux ans au gouvernement pour
l'instituer
parce qu'on veut que... Cela a été l'objet de tout le
processus de tamisage souhaitable, y compris ce que vous souhaitez dans votre
mémoire, qu'il y ait consultation des milieux concernés. Un
régime comme celui-là, d'après la loi
générale sur les règlements, lorsque nous l'aurons
approuvé, il faudra le soumettre au cabinet. Si le cabinet lé
juge acceptable, il faudra le publier de toute manière pendant 45 jours.
Là, il y aura des demandes pour des commissions parlementaires et tout,
et, comme on l'a fait pour les règlements des comités
confessionnels il y a un an et demi, il y aura sûrement consultation
publique là-dessus. De ce point de vue-là, je peux vous assurer
que cette étape sera réalisée. Nous avons
déjà la matière première. Nous avons
déjà un texte qui est tout écrit mais que nous devons
raffiner. Quand nous aurons fini l'adoption du projet de loi 107, nous pourrons
nous remettre à ces choses. Je suis content que vous ayez
souligné ces ajouts que nous faisons au projet de loi. Est-ce que ce
serait opportun de laisser tomber l'article 96. 14 qui permet à la
commission scolaire de demander au directeur du centre d'éducation des
adultes d'exercer des fonctions autres? J'en doute. Je comprends l'idée
qui est derrière votre proposition, mais la réalité
demeure assez différente d'un endroit à l'autre. On a des
commissions scolaires qui sont rendues au stade où, finalement, la
très grande portion des services d'éducation des adultes qu'elles
dispensent est offerte par l'intermédiaire de centres d'éducation
des adultes spécialement constitués à cette fin. Il y en a
d'autres qui sont beaucoup moins avancées. Est-ce qu'on peut y aller
d'un seul coup, d'un seul trait? Je ne le sais pas, j'ai des doutes
là-dessus.
Je passe à la remarque suivante, sur l'absence de services
d'éducation des adultes dans les commissions scolaires et sur la
présence garantie de ces services. Nous créons l'obligation
d'avoir un responsable de l'éducation des adultes au niveau de la
commission scolaire. Je ne sais pas à quel article... C'est à
l'article 235. Je comprends votre idée. Encore là, est-ce qu'on
doit aller jusque-là dans le projet de loi? Je suis porté
à en douter. Sûrement pas dans toutes les commissions scolaires,
en tout cas. Dans les quelque 80 qui ont la responsabilité d'offrir
l'éducation des adultes à l'heure actuelle, il y aura
peut-être lieu d'envisager quelque chose. On va l'étudier. Dans
les autres, je pense bien qu'on ne pourra pas rendre cela universel, de toute
manière.
En ce qui regarde l'éducation populaire, c'est vrai que ce que
nous disons dans le projet de loi est un peu limité. Il y aura lieu d'en
parler de manière plus explicite dans le régime
pédagogique. Un projet de régime pédagogique sera soumis
à la discussion publique dès les mois qui suivront l'adoption du
projet de loi parce que beaucoup de changements devront découler de
l'adoption du projet de loi 107 en ce qui touche le contenu des régimes
pédagogiques. Alors, de nouveaux textes devront être
publiés dans les semaines qui suivront l'adoption du projet de loi. On
aura vraisemblablement l'occasion d'en discuter. Je ne pense pas que nous
soyons mûrs, actuellement, pour ajouter des dispositions trop nombreuses
et explicites là-dessus dans le projet de loi actuel. Peut-être
que nous nous trompons. Nous sommes sujets à persuasion et nous
écouterons les explications que vous avez à apporter.
Je suis intéressé par cette question de la participation
des élèves que vous soulevez. Déjà, le droit
d'association est reconnu. C'est un droit fondamental en vertu de la Charte des
droits et libertés de la personne du Québec et de la Charte
canadienne des droits et libertés. Est-ce qu'il y a lieu d'aller plus
loin dans la voie de la reconnaissance, comme on le fait avec la loi sur les
associations étudiantes, la loi 32? Peut-être qu'il y a une
possibilité. L'idée est très bonne ici. Je ne veux pas la
mettre en doute. Pas dans son principe, en tout cas. On va regarder s'il y
aurait possibilité de faire quelque chose en vertu de la loi 32.
J'hésite à introduire des dispositions dans la Loi sur
l'instruction publique, parce que cela peut nous conduire assez loin.
Déjà, on nous reproche d'avoir fait un texte trop
considérable.
Pour l'idée d'un commissaire représentant les
étudiants adultes, vous posez une question là-dessus. Il nous
semblait à nous que l'étudiant adulte pouvait très bien se
porter candidat à un poste de commissaire. Il ne faut peut-être
pas multiplier les représentations parallèles. Les parents, c'est
vrai aussi, mais leurs enfants sont là, il y a quelque chose de plus. On
ne veut pas trop multiplier les commissaires-parents ou les commissaires
parallèles qui n'ont pas le droit de vote. On a déjà deux
commissaires-parents réguliers, un au primaire, un au secondaire. On va
avoir un commissaire pour la minorité linguistique. Est-ce qu'il y a
lieu d'en ajouter un quatrième? On va étudier l'idée, mais
je ne suis pas en mesure de donner une réponse affirmative ce soir.
En ce qui touche les garderies, je comprends l'intérêt de
l'institut de l'éducation des adultes pour ce sujet. Le point que nous
devons faire valoir ici, c'est que c'est fait de la manière suivante: la
commission scolaire peut organiser un service de garde là où elle
constate qu'il y a un besoin. Vous voudriez que cela soit une obligation ferme.
Nous estimons qu'il faut éviter de créer trop d'obligations
automatiques. Déjà, cela va très bien pour les services de
garde en milieu scolaire. Nous ajustons les ressources chaque année
à la demande. Encore l'année dernière, nous avons
défoncé de 1 500 000 $, 2 000 000 $ le budget qui avait
été attribué à cette fin-là. Il n'y a pas de
demandes qui nous ont été communiquées qui ont
été refusées. Avec le projet que publiera au cours des
prochaines semaines, ainsi que l'a signalé à l'Assemblée
nationale cet après-midi la ministre déléguée
à la Condition féminine, il y aura de nouveaux
élargissements importants en ce qui concerne les services de
garde en milieu scolaire. La méthode que nous voulons retenir, c'est
plutôt celle de la persuasion et de l'appui concret que celle de
l'imposition obligatoire, question qui peut se discuter, mais c'est la voie que
nous avons préféré retenir. (20 heures)
Je voudrais vous poser une question pour commencer, si vous me
permettez. En ce qui touche le premier point sur la formation de base, j'estime
a priori que c'est déjà couvert dans le texte de l'amendement que
nous avons proposé à l'article 4. Quand nous écrivons que
les adultes ont accès aux services d'alphabétisation et aux
services de formation, j'estime que cela comprends les services de formation de
base. On me signale que tout ce qui entre dans le rayon du DES, le
diplôme d'études secondaires, et du diplôme d'études
professionnelles est embrassé par ceci, y compris, par
conséquent, ce que vous dites. Je ne sais pas s'il y a quelque chose de
plus clair que vous auriez à formuler, cela nous intéresserait de
l'entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Desilets.
Mme Desilets: À ce moment-là, peut-être qu'il
faudrait faire précéder l'énoncé de l'article par
le principe disant que tous les adultes ont droit à la gratuité
pour une formation initiale conduisant à un DES. En conséquence,
dans l'article de loi, on retrouverait... Je trouve intéressant que vous
ayez souligné l'alphabétisation. On est obligé de
décortiquer un peu ce qu'on veut dire par "les services de formation
prévus". Il faut retourner au régime pédagogique pour le
faire et voir si, effectivement, cela comprend la formation de base initiale.
S'il n'y a pas de problème majeur pour reconnaître la
gratuité de la formation de base, je trouverais cela intéressant
de retrouver le principe comme tel dans le projet de loi aussi clairement que
vous l'avez identifié pour les services d'alphabétisation. C'est
un peu dans ce sens qu'on l'a amené. Si on le voit tout de suite
énoncé dans l'article 4, après, je pense qu'on peut avoir
l'assurance qu'il est là et on a une référence directe.
C'est la même chose, si vous le permettez, quand vous avez soulevé
la question de la gratuite.
On parle aussi de la question des manuels scolaires. Notre idée
à l'institut, c'est qu'on aimerait avoir un projet de loi où,
effectivement, on reconnaît que dans notre société les
adultes ont une facilité d'accès à la formation, surtout
les adultes qui vont vers l'obtention d'un DES et qui viennent en
majorité de milieux défavorisés. C'est vrai qu'ils sont,
pour quelques-uns, pour certains, sur le marché du travail, mais ils ont
tellement de frais indirects à payer, parce qu'ils veulent aller en
formation, ils ont tellement de problèmes indirects soulevés par
cela qu'ils ne devraient avoir aucun obstable. Les manuels scolaires peuvent
être prêtés aux adultes et être remis. Ce n'est pas
nécessairement un investissement à perte. Dans ce sens, je pense
qu'on devrait faciliter l'accès, autant aux adultes qu'aux jeunes, aux
manuels et à la formation. Donc, c'est dans cet esprit qu'on voudrait le
voir dans le projet de loi. C'est pour cela qu'on a soulevé cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Desilets. Est-ce que vous avez d'autres réactions aux propos du
ministre?
Mme Desilets: Si je peux reprendre un peu en gros les
différentes remarques que le ministre a faites juste pour conclure sur
la question... Cela vient de m'échapper. Je reviendrai peut-être
sur la gratuité à un autre moment.
Disons qu'on reprend la question de la spécificité parce
qu'on a soulevé là-dedans le fait qu'il pouvait être
difficile d'enlever l'article 96. 14 et on revient aussi sur les services
d'éducation des adultes. Pour nous, concernant l'article 96. 14, s'il y
a dans le projet de loi la possibilité pour les commissions scolaires
d'accorder d'autres fonctions au directeur de centre d'éducation des
adultes, on ouvre une porte à des commissions scolaires qui n'ont pas
nécessairement l'intérêt de développer
l'éducation des adultes. On a un exemple. Sans projet de loi, seulement
avec une intention, on a un exemple, si vous me le permettez, avec
l'harmonisation et la CECM. Les intentions du ministère n'étaient
pas nécessairement de le faire de la façon que c'est en train de
se faire. S'il faut en plus qu'on ait dans un projet de loi une porte grande
ouverte sur le fait qu'on puisse donner au directeur de centre d'autres
fonctions que celle de l'éducation des adultes, à mon avis, on
risque d'ouvrir, encore une fois, parce qu'on sait parfois comment sont
interprétées les lois, on risque là aussi d'ouvrir sur le
fait que des commissions scolaires vont profiter de cet article de loi. On ne
se trouve pas à protéger. On l'avait bien énoncé,
je trouve, à l'intérieur de l'article 96. Celui-là nous
empêche de dire qu'on est vraiment protégé. C'est en ce
sens que nous suggérons de biffer cet article de loi.
Concernant les services d'éducation des adultes, il est vrai
qu'il y a un directeur nommé responsable de l'éducation des
adultes. Par contre, avec la complexité dans laquelle est en train de se
faire maintenant l'éducation des adultes, et j'inclus là-dedans
la formation professionnelle, le fait qu'on a plusieurs intervenants, entres
autres, le MMSSR et des fonds venant du gouvernement fédéral pour
la formation professionnelle, il faudrait s'assurer que, dans le secteur de
l'éducation, on ait une structure solide pour que l'argent qui est
octroyé à la formation professionnelle soit assuré de
passer dans le réseau public et qu'on renforce ainsi notre réseau
public. Si l'on n'a pas de vis-
à-vis régionaux en éducation des adultes par un
service d'éducation des adultes, ça va être difficile de
régler ces question-là par les centres. C'est dans ce
sens-là que nous revenons, même s'il y a un responsable, sur
l'importance des services d'éducation des adultes. On appelle ça,
nous, le maillon manquant de la chaîne, partant du centre
d'éducation des adultes allant jusqu'au régime
pédagogique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
Mme Desilets: Est-ce que je continue à réagir sur
les autres points ou si vous voulez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous pouvez faire
ça. Par contre, le temps imparti aux députés
ministériels tire à sa fin. Il vous reste environ cinq minutes.
C'est à vous de juger le temps dont vous avez besoin, parce que nous
nous sommes entendus. Les membres de l'équipe sont ici pour vous
entendre. Alors, nous, nous nous partageons le reste du temps. Soyez bien
à votre aise.
Mme Desilets: Oui, je suis bien à mon aise. J'essaie de
retrouver là où je devrais aller à l'essentiel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais vous signaler que Mme Desilets a un
redoutable pouvoir entre les mains. Elle peut me bâillonner avec ce que
vous venez de dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Desilets: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer, M. le ministre, que Mme Desilets est notre invitée. Mme
Desilets, vous avez la parole.
Mme Desilets: Je voulais revenir sur d'autres points, mais je
viens de perdre... Je ne sais pas si toi, Marie, tu voulais soulever quelque
chose?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Écoutez, je
peux reconnaître...
Mme Desilets: Ah! oui, je viens juste de retrouver mon
idée concernant les modes de participation. Je pense qu'on peut
s'entendre sur les associations d'étudiants, mais, quand on parle d'un
commissaire, je pense que ce n'est pas un luxe que d'avoir un commissaire pour
représenter les adultes. Ce sera un quatrième ou un
cinquième commissaire, mais, étant donné que le volume
augmente énormément dans les commissions scolaires pour
l'éducation des adultes, il faudrait y voir un représentant.
Il y a aussi un autre article, l'article 165, qui concerne le
comité consultatif de gestion. Au comité consultatif de gestion,
on retrouve les directeurs d'école. Étant donné que le 96
se trouve un peu à reprendre, avec le directeur de centre, la même
composition, il faudrait aussi retrouver les directeurs de centre dans ce
comité consultatif. Je pense que c'est en gros...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. M. le
ministre, une dernière intervention, après quoi je
reconnaîtrai l'Opposition officielle.
M. Ryan: On va attendre à la fin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous allez
attendre à la fin? M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je voudrais remercier Mmes Desilets et Leahey
très rapidement. Je sais que le délai qui vous a
été imparti était très court. Vous avez quand
même produit une réflexion qui méritait d'être
entendue en particulier sur les points spécifiques qui vous
intéressent. Je pense qu'on ne peut pas envisager une réforme de
la Loi sur l'instruction publique sans toucher un volet aussi capital en termes
d'avenir que celui de l'éducation permanente, de l'éducation des
adultes, y compris l'éducation populaire. C'est une dimension qui a de
plus en plus sa place en éducation, quand on sait le nombre de citoyens
du Québec qui sont encore analphabètes ou qui n'ont même
pas de diplôme de niveau secondaire.
Dans votre mémoire - moi, je n'en ferai pas encore là une
analyse jésuitique ou autre - vous avez parlé des principaux
points qui vous intéressaient. Je pense que vous ne devriez pas
lâcher votre point de vue, à savoir qu'il est capital de mettre
dans la loi... C'est ce que le ministre ne semblait pas comprendre, mais il
comprend très bien. Il y a une différence entre dire qu'on dit la
même chose dans le régime pédagogique et dans la loi. Vous
voulez que le principe de la gratuité soit très bien
établi dans la loi, ce qu'on n'a pas actuellement dans les amendements
proposés, concernant au moins la formation de base. Le ministre a dit:
Écoutez, nous avons l'intention de l'inclure dans le régime
pédagogique, mais vous l'avez bien expliqué et je vous invite
à ne pas lâcher sur le plan des exigences. Si on est capable de
dire que le principe de la gratuité est consacré pour les
activités de formation en alphabétisation, j'exige - et je
voudrais que vous l'exigiez aussi - la même chose pour la formation de
base. Je pense qu'il est impensable, au Québec, qu'on ne consacre pas
dans la loi 107 le principe de la
formation de base gratuite. Je suis un peu étonné parce
que c'est le même ministre qui - mais on n'a pas le temps de sortir
ça - quand il était dans l'Opposition, concernant la loi 3, qui,
elle, consacrait le principe de la gratuité au moins pour la formation
de base, prétendait que ça n'allait pas assez loin, qu'il y avait
lieu d'offrir le principe de la gratuité pour les cours qui
débordent la formation de base. Là, c'est le temps d'appliquer
ses beaux discours, il est en poste. Ce n'est pas la lune que vous demandez,
pour la formation de base, c'est-à-dire le diplôme d'études
secondaires, le DES, et, dans ce sens, je pense que vous avez raison.
Deuxième remarque. Pour ce qui est des manuels scolaires, il faut
que vous soyez conscientes que ce sont des amendements à l'envers. Avant
les amendements, on avait la gratuité pour les manuels scolaires et,
avec les amendements, on l'a retirée. Donc, c'est la gratuité
à l'envers. En conséquence, je pense que vous n'avez pas le droit
de ne pas être incisifs et incitatifs là-dessus, surtout pour les
adultes qui retournent en formation continue. Je veux bien reconnaître
que certains qui prennent des cours le soir ont des emplois, mais justement il
me semble qu'il y a tellement d'inconvénients pour quelqu'un qui a un
emploi à faire le sacrifice d'organiser un horaire et une vie familiale
pour suivre des cours afin d'aller se chercher au moins un diplôme
d'études secondaires que, comme société, on doit assumer
ce coût, d'autant plus que si c'est organisé comme du monde - et
ça doit être possible - il n'y a pas de coûts exhaustifs
parce que ces mêmes manuels existent au régime régulier,
dans la plupart des commissions scolaires. En conséquence, je
comprendrais mal que des adultes aient l'obligation de les payer. Dans ce sens,
je vous invite à maintenir vos revendications concernant ces deux
éléments parce que vous avez raison.
Sur la question de biffer l'article 96. 14, je pense que le ministre a
fait une évaluation correcte, compte tenu que le Québec n'est pas
dessiné de la même façon partout. Même si je
comprends le bien-fondé de ce que vous dites... J'ai oeuvré dans
le milieu de l'éducation une dizaine d'années. Je connais le
service d'éducation aux adultes, la fonction du directeur de centre,
mais, à partir du moment où une loi a demandé aux
commissions scolaires, dans la plupart des cas, d'intégrer leurs niveaux
d'enseignement primaire et secondaire!, sur certains territoires du
Québec, il y a de très petites commissions scolaires et maintenir
un directeur de centre à temps plein peut poser des
inconvénients. Je ne dis pas que je suis en désaccord avec votre
affaire, je dis qu'en ce qui me concerne je pense qu'il faudra faire une
évaluation plus serrée du portrait que ça pourrait donner
dans l'ensemble du Québec parce qu'il se peut qu'il y ait quelques
réserves.
Dans le projet de loi, vous mentionnez l'absence de services
d'éducation des adultes dans les commissions scolaires. Vous avez fait
là une remarque que je trouve pertinente. Sur le plan de l'abstraction
totale de la mention concernant l'éducation populaire, je trouve que
vous avez raison. À l'éducation des adultes, l'éducation
populaire est une dimension de plus en plus d'actualité, quand on pense,
entre autres, à tous les acquis d'expérience des femmes au foyer,
des collaboratrices dans le domaine de l'agriculture- Ces personnes, souvent,
au-delà de la formation de base, ont eu l'occasion de prendre de
l'expérience en éducation populaire. En conséquence, je
concevrais très mal un régime pédagogique pour les adultes
qui n'aurait pas une dimension clairement établie de la valeur
pédagogique mesurable, évaluable de la dimension éducation
populaire. Dans ce sens, vous faites un rappel intéressant. (20 h
15)
Pour ce qui est du mode de représentation des commissaires,
encore là, vous faites une suggestion heureuse. Il faut constamment
faire attention au ministre. Ça faisait drôle de dire
tantôt: Écoutez, ça fait un quatrième commissaire ou
un troisième commissaire, mais c'est le même gouvernement qui veut
en donner un aux minorités linguistiques. La place de l'éducation
des adultes par rapport à la minorité linguistique, je m'excuse,
mais à moins d'avoir viré le Québec à l'envers...
Je n'ai rien contre les minorités linguistiques, mais je ne peux pas
être d'accord que ces gens trouvent une petite place prrviligiée
pour leur monde à eux, dans quelque ghetto bien protégé,
et qu'on n'offre pas une place prépondérante à un
secteur... L'éducation des adultes, il y en a dans tout le Québec
et il doit y en avoir dans tout le Québec. Quand vous revendiquez un
représentant, un commissaire pour représenter le point de vue de
l'éducation des adultes, vous avez raison, et vous devriez encore
là être mordants et incisifs, parce que c'est requis, c'est
nécessaire. Que cela en fasse quatre, ce n'est pas un drame en ce qui me
concerne, surtout pas quand on a l'intention d'en donner un aux
minorités linguistiques.
Un dernier commentaire en ce qui me concerne avant de poser une
question. Encore là, je pense que vous faites bien de rappeler les
services de garde. Je trouve que vous avez raison de dire que l'obligation
devrait être faite. Je veux bien entendre le ministre et là, je le
cite au texte, il dit ceci: II faut éviter de créer trop
d'obligations automatiques. Il y en a au-dessus de 500 dans le projet de loi,
des obligations automatiques, pour toutes sortes de choses que je ne
qualifierai pas. Alors, ce n'est pas parce qu'il y en aurait une de plus,
surtout sur quelque chose de fondamental, qu'il faut acheter son argument qui
n'existe pas. Surtout quand il ajoutait: Aujourd'hui, Mme Tremblay a
été questionnée là-dessus et elle a laissé
voir qu'il se passerait quelque chose. Il y a trois ans qu'elle "parlotte"
là-dessus, et ce n'est pas parce qu'elle laisse voir qu'il va se passer
quelque chose en ce qui a
trait aux services de garde que nous n'avons pas l'obligation de dire:
S'il y a une place où il faut que cela commence concrètement,
c'est au niveau des commissions scolaires. Votre suggestion n'est pas
dramatique. Vous dites: On devrait retrouver dans la loi l'obligation pour les
commissions scolaires d'organiser ces services. Comment voulez-vous qu'on soit
avant-gardiste, sociétalement parlant, dans un milieu éducatif
où l'on sait qu'il y a une présence de femmes très forte,
et avec raison en ce qui me concerne, et ne pas leur offrir cette alternative
de société que d'avoir des services de garde? Ce n'est pas si
cela tente ou non la commission scolaire. Quant on dit "créer
obligation", c'est créer obligation par rapport à une
réalité d'aujourd'hui et il me semble que là-dessus vous
faites bien d'avoir ce point de vue que cela devrait être une obligation
formelle.
Des deux questions que je voudrais vous poser, la première est la
suivante: Losrque vous avez mentionné qu'il était heureux, selon
vous, d'avoir un régime pédagogique autonome pour
l'éducation des adultes, je voudrais savoir si, dans la perspective ou
lors de la publication de ce régime particulier pour les adultes, il y a
des éléments sur lesquels vous souhaiteriez nous donner un avis
tout de suite, des éléments fondamentaux que ce
régime-là devrait contenir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Desilets.
Mme Desilets: Oui, et je pense que nous le soulignons dans notre
mémoire. Nous disons, à la page 4...
M. Gendron: Oui.
Mme Desilets:... nous disons qu'il serait important pour nous,
à l'intérieur de cette consultation qui serait faite sur le
régime pédagogique, de regarder, entre autres, les programmes, la
mise en place d'un système de reconnaissance des acquis. D'autant plus
que nous avons travaillé particulièrement à ce
domaine-là et je pense que les organismes auraient beaucoup à
dire sur la reconnaissance des acquis extrascolaires et sur l'éducation
populaire.
L'éducation populaire, ou bien on la campe bien dans le
régime pédagogique, ou bien ou la retrouve ailleurs mieux
définie, mais nous pourrions, dans le cadre... En tout cas, ce sont
trois éléments sur lesquels - mais il y en a sûrement
d'autres - il serait important que les groupes soient consultés.
M. Gendron: D'accord. Il y a un autre élément sur
lequel je suis intéressé à questionner un peu, parce que
je trouve que c'est un peu la responsabilité de l'éducation des
adultes, mais je ne voudrais pas faire d'erreur - vous me corrigerez si j'en
fais une. Que je sache, vous dites qu'à l'article 227 on a restreint le
principe de base qui devait être l'obligation pour la commission scolaire
de participer à la réalisation de projets communautaires.
J'aimerais vous entendre un peu plus longuement sur la compréhension que
vous avez de ce que signifie une commission scolaire qui participe activement
à la réalisation de projets communautaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Desilets: Avant, dans les commissions scolaires, dans le
cadre des services de l'éducation des adultes, on retrouvait
l'éducation populaire et l'animation communautaire. On pense que,
lorsqu'on parle de services aux collectivités, on devrait avoir ce
même principe de base: une école qui veut donner des services aux
collectivités doit s'ouvrir dans sa communauté. Dans ce
sens-là, elle a la mission d'organiser et de réaliser des projets
communautaires. Elle a la mission de susciter et d'animer son propre milieu
pour améliorer les conditions de son milieu. Que ce soit une
école éloignée ou une école de centre-ville,
à mon avis, elle a un rôle d'ouverture dans la communauté.
Si on ne le met pas comme une fonction aussi importante, surtout en
éducation des adultes, que les cours formels, on risque que
l'école ne joue plus ce rôle-là. Il y avait de
l'amélioration à faire dans les services d'éducation des
adultes quand on avait l'éducation populaire et l'animation
communautaire, mais il faudrait reprendre cette volonté-là de la
part des écoles de jouer un rôle important d'animation dans le
milieu en lien avec les organismes qui y travaillent aussi et l'ouverture donc
des services professionnels de l'école. C'est un peu dans ce
sens-là. Donc, avoir le même esprit des services aux
communautés que l'on peut retrouver dans certains cégeps -
malheureusement, de moins en moins - et que l'on peut retrouver aussi au niveau
universitaire. Si cette même idée des services aux
collectivités prenait racine déjà au niveau secondaire, on
arriverait à ce que les institutions publiques d'enseignement jouent un
rôle assez important de développement communautaire dans leur
milieu, mais il faut le retrouver comme tel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Je vous remercie. Sur l'autre volet toujours
relié à la même question des services a la
collectivité, je ne dis pas que je suis surpris de votre recommandation,
mais j'aimerais vous entendre un peu plus longuement quand vous dites: On
devrait enlever la possibilité pour une commission scolaire d'exiger une
contribution financière des usagers pour l'utilisation des services dits
à la collectivité. Voici pourquoi. Je ne dis pas que ce n'est pas
bon, je dis que c'est dangereux, d'après moi, et j'aimerais vous
entendre. Dans des villes importantes, en règle générale,
il y a beaucoup de services à
la collectivité qui sont multipliés. J'ai
déjà vu des villes avoir leur piscine et la commission scolaire
sa piscine. J'ai vu des villes avec des gymnases et la commission scolaire avec
le sien; je m'arrête là pour les terrains de tennis et les salles
de toute nature. Vous n'avez pas tort de dire que, d'après moi, dans la
société d'aujourd'hui, on a de la difficulté à
faire bon usage des équipements collectifs que nous avons, mais c'est un
autre problème.
La question que je vous pose et j'aimerais vous entendre: Ne croyez-vous
pas que, si la disposition tombait, c'est-à-dire qu'une commission ne
peut plus avoir la possibilité d'exiger une contribution
financière, il y aurait le danger réel que des
municipalités substituent leur responsabilité d'offrir un certain
nombre d'équipements collectifs à leurs contribuables au
détriment des commissions scolaires en disant: Vous n'avez qu'à
aller à la commission scolaire, elle ne peut rien vous demander?
N'avez-vous pas peur de ça?
Mme Desilets: Je ne sais pas si je me trompe, mais,
présentement, ce n'est pas indiqué dans le projet de loi que l'on
peut... Ma crainte, c'est que, quand on retrouve à l'intérieur
d'un projet de loi - c'est la même chose tantôt quand je parlais
des autres fonctions du directeur de centre - quand on retrouve dans un projet
de loi une incitation comme celle-là, les gens qui ne veulent pas jouer
un rôle important dans leur communauté en développant des
services qui soient accessibles sautent sur une affaire comme cela et
là, à mon avis, on n'a plus tellement le contrôle sur une
mission qu'on voudrait faire jouer.
Je saisis très bien et je ne pense pas influencer beaucoup le
projet de loi là-dessus en amenant des arguments présentement,
mais j'aimerais du moins vous saisir du fait que, si on le met dans le projet
de loi, on risque de restreindre le rôle que l'on veut faire jouer aux
écoles dans les communautés. On risque de restreindre ce
rôle-là si on le retrouve dans le projet de loi. Si on
décide de le garder, on peut faire en sorte de mieux le cerner et de
dire que pour tel type de service culturel, on pourrait demander des frais.
Pour d'autres types d'activité ou suivant les organismes... Il y a des
organismes populaires. Il y a aussi des milieux populaires qui n'auront jamais
accès aux services de l'école et, pourtant, ils paient par leurs
taxes scolaires ces services-là parce qu'ils n'ont pas les sommes
nécessaires pour y avoir accès. C'est ce danger-là qu'il
faut préserver plus que de dire: Oui, mais est-ce qu'on va pouvoir quand
même exiger des frais à un moment donné? Il me semble qu'il
doit y avoir moyen de préserver l'accès aux services de
l'école à des milieux plus défavorisés et qu'on
puisse garantir que l'école s'ouvre à la communauté. C'est
dans ce sens-là qu'on veut le voir dans le projet de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Si je comprends bien, parce que cela m'apparaît
important, c'est que dans le fond vous dites: C'est en indiquant dans le projet
de loi cette possibilité-là qu'on peut créer davantage le
problème. C'est cela que vous dites concrètement?
Mme Desilets: C'est cela que je dis.
M. Gendron: Donc, vous dites: Enlevez cela, d'autant plus que
cela n'était pas dans le projet de loi. Cela aussi, c'est un amendement
à l'envers par rapport au projet de loi. C'est un amendement qui ne
vient pas bonifier, mais qui vient restreindre parce qu'il n'était pas
dans le projet de loi initial. C'est dans les amendements l'ajout concernant la
possibilité, suivant votre expression.
Mme Desilets: Oui.
M. Gendron: Là-dessus, ce n'est pas exact. Cela y
était. Cette disposition-là, à ma connaissance, a toujours
existé.
Mme Desilets: D'accord.
M. Gendron: Ce que je dois retenir, par exemple, de ce que vous
nous dites, et je trouve cela intéressant - mais là, c'est une
question d'évaluation - c'est que, si on l'écrit trop ou qu'on
insiste trop sur la possibilité pour une commission scolaire d'exiger
une contribution financière, il y a danger d'usage, peut-être pas
abusif, mais plus grand que si on n'en fait pas mention. C'est cela?
Mme Desilets: Oui.
M. Gendron: Sachant que, si on n'en faisait pas mention, il
pourrait le faire très bien pareil. Vous êtes conscientes de cela?
La commission scolaire peut très bien exiger cela, c'est de la
régie interne, à moins qu'il n'y ait une disposition le
défendant dans le projet de loi. Là, cela va, mais je connais
beaucoup de commissions scolaires qui ont des ententes de services avec des
commissions de loisirs de certaines municipalités pour des usages
communs ou conjoints de certains équipements communautaires.
Une voix:...
M. Gendron: Juste une seconde, restez là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'espère
que vous n'avez pas l'intention de nous quitter.
Mme Desilets: Pas du tout. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela me
rassure.
M. Gendron: Vous aviez raison. Dans l'article 227, on n'en
faisait pas mention du tout. L'article 227, c'était: La commission
scolaire participe dans les domaines reliés à sa mission
éducative à la réalisation de projets de
développement social et culturel de la communauté. Il n'y avait
donc pas la mention que vous faites et c'était écrit "participe",
alors que là c'est écrit "peut". Donc, je comprends très
bien votre réserve. Cela n'enlève pas le questionnement que je
voulais faire, mais on sera vigilants quand on sera rendus là pour voir
comment on peut s'assurer que l'article, une fois rédigé,
traduise le mieux possible votre préoccupation correctement. Je vous
remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je pense bien que je n'aurai pas beaucoup de choses
à ajouter à ce moment-ci. On a vu les avis que l'institut avait
à nous communiquer. Je pense qu'on les a compris clairement. Sur les
objectifs de fond, il y a un très large accord. Il reste des
différences ou des distances quant à l'intensité ou
à l'étendue de l'application de tel ou tel principe, par exemple.
Je sais bien que, si on faisait un sondage ici pour savoir quels sont les
membres qui sont favorables à la gratuité des manuels scolaires
pour les adultes inscrits en vue de l'obtention d'un diplôme
d'études secondaires, il y aurait 100 % qui y seraient favorables. La
tâche du législateur, c'est de définir des objectifs qui
soient compatibles avec les ressources de la communauté et les autres
obligations qui lui incombent aussi et, là, il faut tracer une ligne de
partage quelque part. Nous la traçons à ce point-ci, à ce
moment-ci de l'évolution de notre société. Cela ne ferme
pas la voie pour l'avenir. Je pense qu'il est normal que vous alliez plus loin.
Que vous nous disiez: Vous n'allez pas assez loin, nous le comprenons
très bien. Si nous pouvons aller plus loin, nous le ferons, mais je ne
suis pas en mesure ce soir de déroger à la ligne que nous avons
établie.
Il y a un autre point que je voudrais souligner. Vous insistez pour que
les structures soient plus précisément inscrites à
l'intérieur même du projet de loi, alors que de manière
générale ce n'est pas ce que nous faisons. Je regarde
l'organisation de la commission scolaire. Nous ne disons pas: Vous aurez un
service d'enseignement religieux, vous aurez un service d'éducation
physique, vous aurez un service de ceci ou de cela. C'est la
responsabilité de la commission scolaire de s'organiser. Nous
prévoyons quelques postes qui nous apparaissent des postes clés
dont la création obligatoire nous paraît justifiée pour des
motifs reliés directement au bien général. Nous n'allons
pas plus loin que cela, mais cela ne veut pas dire qu'il ne pourra pas y avoir
des services d'éducation des adultes, bien au contraire. En inscrivant
le principe qu'il doit y avoir un responsable de l'éducation des adultes
au niveau de la commission scolaire, nous allons aussi loin pour
l'éducation des adultes que nous le faisons pour l'enseignement
religieux, par exemple. Nous ne disons pas: Il faudra un service d'enseignement
religieux, un service de pastorale. Nous disons: il y a une personne qui sera
responsable de cela. Maintenant, nonobstant ces remarques... Si nous faisons
ainsi, c'est pour deux raisons. D'abord, nous ne voulons pas multiplier les
structures obligatoires qui entraîneraient une multiplication de postes
souvent artificiels. Nous ne voulons pas non plus dicter jusque dans le
détail, contrairement à ce qu'on nous reproche souvent,
l'organisation des commissions scolaires. Je comprends l'autre point de vue, je
le respecte, mais je peux vous donner l'assurance que nous l'étudierons
de manière consciencieuse avant de prendre des décisions
définitives à propos de chacun des articles qui ont
été soulevés.
Je me réjouis de constater que, de l'avis de l'Institut canadien
d'éducation des adultes, il y a de nombreux ajouts dans la version
améliorée du projet de loi 107 qui viennent enrichir celui-ci. Il
y a quelques points sur lesquels des modifications vont dans l'autre direction.
Il y a deux points mineurs, à mon point de vue, surtout celui qui
regarde les initiatives communautaires, je pense bien. Pendant que le
député d'Abitibi-Ouest parlait, nos conseillers nous disaient -
c'est le privilège du côté ministériel, on a une
réaction tout de suite quand l'Opposition émet une opinion - de
source experte que, si on n'inscrit pas dans la loi la possibilité pour
la commission scolaire d'exiger une contribution pour telle ou telle
activité communautaire, ce sera interprété qu'elle n'a pas
le droit de le faire. C'est pour cela que cela a été mis.
Autrement, on pourrait très bien contester une cotisation qu'elle
demanderait, avec des chances sérieuses de réussir. C'est ce que
nous disent nos conseillers juridiques. Je tenais à vous dire que cela
n'a pas été inscrit là par caprice du ministre, mais
vraiment dans ce cas-là - je ne leur mets pas la responsabilité
sur le dos souvent - à la demande et à la suggestion de nos
conseillers. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, Mme Desilets et Mme Leahey. Nous allons suspendre les travaux
quelques minutes et nous allons accueillir le groupe suivant, la Centrale de
l'enseignement du Québec.
(Suspension de la séance à 20 h 30)
(Reprise à 20 h 36)
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'invite les
membres de la commission a prendre place. Je fais remarquer que la commission
accuse déjà quelques minutes de retard sur son calendrier de
travail. M. le ministre, votre vis-à-vis aimerait vous voir
vis-à-vis.
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux,
toujours dans le cadre du mandat qui lui a été confié,
à savoir l'étude du projet de loi 107. D'une façon plus
particulière aujourd'hui, elle entend différents groupes venus
faire connaître leurs commentaires ou leurs réflexions sur les
projets d'amendement déposés par le ministre sur ce projet de
loi.
Nous accueillons la Centrale de l'enseignement du Québec qui est
représentée par Mme Lorraine Pagé qui en est la
présidente. Mme Pagé, bonsoir et bienvenue à cette
commission et merci beaucoup d'avoir répondu avec tant d'empressement
à venir nous rencontrer et nous faire vos commentaires sur ces projets
d'amendement. Étant donné le peu de temps, d'ailleurs, qui vous a
été donné pour le faire, nous apprécions beaucoup
l'effort que vous avez fourni. Je voudrais, personnellement - et je suis
sûr aussi que c'est collectivement au nom des membres de cette commission
parlementaire - vous accueillir sous votre nouveau titre. La dernière
fois que l'on s'est vu c'était la présidente de l'Alliance des
professeurs de Montréal que nous accueillions, et maintenant c'est la
présidente de la Centrale de l'enseignement du Québec. Je veux
vous féliciter, madame, pour votre élection et vous souhaiter
autant de succès à la CEQ que vous en aviez eu avec l'Alliance
des professeurs de Montréal. Si vous voulez nous présenter les
gens qui vous accompagnent, et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Centrale de l'enseignement du Québec
Mme Pagé (Lorraine): Sûrement. M. le
Président, je vais commencer par vous remercier de votre message de
félicitations et vous assurer que j'ai autant de détermination
dans cette fonction que j'ai pu en avoir dans les autres qui ont
précédé et que, pour le moment, tout va dans le sens de
mes attentes et de mes espérances.
Je vais vous présenter les personnes qui m'accompagnent ce soir
pour exposer le point de vue de la centrale sur les modifications
suggérées au projet de loi 107. J'ai, à ma gauche, M.
Raymond Johnston, qui est vice-président au bureau national, Henri
Laberge, qui est conseiller syndical à la centrale; à ma droite,
Luc Savard, qui est président de la Fédération des
enseignantes et des enseignants de commissions scolaires, Yves Paquin, qui est
trésorier de la Fédération des professionnels de
commissions scolaires, et Daniel Lachance, qui est président de la
Fédération du personnel de soutien. Ces personnes
compléteront la présentation du point de vue de la centrale,
puisqu'on nous a signalé que nous avions une quarantaine de minutes pour
exposer le point de vue qui est le nôtre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sentez-vous
à votre aise. Prenez le temps qu'il vous faut. Le reste du temps, comme
d'habitude, est réparti également entre les deux formations
politiques. De toute façon, on va tâcher de terminer pour environ
21 h 30, 21 h 35.
Mme Pagé: Exactement. Ce sera notre présentation
qui sera apportée par les personnes qui sont ici ce soir.
Je voudrais tout simplement commencer cette présentation en nous
ramenant au printemps dernier quand la centrale était venue rencontrer
la commission parlementaire pour faire valoir son point de vue sur le projet de
loi 107. Nous avons dit à ce moment-là que le débat autour
du projet de loi 107 ne devait pas servir d'écran de fumée et
faire oublier les vrais problèmes qui existent aujourd'hui en
éducation, pour faire oublier l'urgence d'intervenir pour corriger
certaines situations. Nous avons particulièrement signalé les
problèmes de l'école primaire et secondaire publique qui souffre
d'un sous-financement chronique qui empêche, dans bien des cas, de
satisfaire des besoins élémentaires pour des clientèles
scolaires qui en ont véritablement de grands besoins. Toute l'analyse
que nous avons faite du projet de loi 107 à ce moment-là et que
nous allons répéter aujourd'hui doit être regardée
à travers ce prisme-là. Est-ce que le projet de loi 107 permet de
régler les problèmes de l'éducation aujourd'hui dans la
société québécoise? Est-ce qu'il y a dans le projet
de loi 107 les mesures, les garanties qui permettent de satisfaire les besoins
qui s'expriment, de répondre aux besoins qui s'expriment? Nous avons,
à ce moment-là, insisté sur un élément que
nous devons rappeler aujourd'hui. C'est qu'à notre avis le projet de loi
107 doit nécessairement comprendre l'affirmation de droits clairs, ce
qui permettrait finalement que l'expression de ces droits clairs pour les
usagers, les usagères, la clientèle scolaire soit la
contrepartie, si on veut, ou permette l'équilibre avec les pouvoirs qui
sont garantis dans le projet de loi. À notre avis, on droit trouver dans
un projet de loi qui parle de l'instruction publique un équilibre entre
les pouvoirs, mais également les droits de la population. Autrement, il
y a là un risque, croyons-nous, que les pouvoirs se transforment en
pouvoirs discrétionnaires pouvant permettre bien plus de
perpétuer des situations non satisfaisantes que d'apporter des
réponses aux questions que nous posons.
Si je me réfère aux questions que nous avions
abordées au printemps dernier, et c'est un peu avec l'introduction ou la
table des matières de notre mémoire du printemps dernier que je
vais faire cette présentation, nous avions abordé quatre
questions principales: la confessionnalité et les structures scolaires,
l'accessibilité et la qualité du système public
d'éducation, l'organisation du pouvoir scolaire et la place des
personnels. Nous avons voulu lire la quantité d'amen-
dements que nous avons reçus vendredi dernier en nous posant la
question: Est-ce que ces amendements apportés permettent de
répondre aux questions que nous avons soulignées? Est-ce qu'ils
permettent des réponses aux objections que nous avons mises de l'avant?
Est-ce qu'ils permettent de régler des problèmes? La
présentation que nous allons vous faire démontre, à notre
avis, que nous sommes revenus à la case départ, que, finalement,
ce que nous avons exposé devant la commission parlementaire, dans la
très grande majorité des cas, n'a pas trouvé
d'écoute et n'a pas trouvé d'écho et nous nous retrouvons,
à notre avis, dans la même situation que nous étions au
printemps dernier.
Sur la confessionnalité et les structures scolaires, remarquons
que le projet de restructuration scolaire ne connaît pas de modification,
que la notion de confessionnalité a, bien sûr, connu quelques
clarifications. Je pense, par exemple, ici au droit de visite qui est mieux
cerné ou encore à la compétence des commissions scolaires
confessionnelles qui est réduite aux gens de leur confession ou encore
au droit de regard des comités catholique et protestant sur ies manuels
qui est vraiment limité au matériel didactique et aux manuels qui
traitent de leur confession. Mais ce ne sont que des clarifications,
finalement, et, si nous pouvons nous en réjouir, nous devons quand
même signaler que le fondement de la loi, l'esprit même de la loi
ne connaît pas de modifications profondes par les amendements qui sont
apportés. (20 h 45)
Sur l'accessibilité et la qualité du système public
d'éducation, mes collègues mettront en évidence un certain
nombre d'éléments tantôt, mais qu'il me soit permis de
signaler que dans le domaine de l'éducation interculturelle, alors que
nous avons signalé l'importance de cette question, tout ce que nous
retrouvons, c'est un mandat de recherche confié au Conseil scolaire de
l'île de Montréal, mais rien en termes de garantie de services,
rien en termes de services complémentaires garantis. C'est d'une
pauvreté assez navrante, quand on connaît i'importance de
l'éducation interculturelle liée au développement
démographique que connaît notre société
québécoise.
Sur les services aux élèves en difficulté, nous
avions beaucoup insisté sur le fait que le comité traitant de ces
questions soit un comité qui permette vraiment la concertation entre les
différents intervenants, un équilibre entre les parents et le
personnel, qui permette vraiment de mettre en place les conditions qui
favorisent l'échange des points de vue et la concertation entre les
différents intervenants. Or, à notre avis, nous nous retrouvons
avec un mécanisme qui perpétuera encore la minorisation du
personnel professionnel, de soutien et enseignant, et qui ne mettra pas en
place les conditions favorisant cette concertation. C'est toute la dynamique
qui régira ce comité qui demeure pour nous profondément
insatisfaisante.
On vous signalera qu'il y a encore beaucoup d'ambiguïté dans
tout ce qui concerne la formation professionnelle et que, si le fait d'avoir
une section maintenant réservée à l'éducation des
adultes doit être considéré comme un progrès, il
reste quand même beaucoup de questions en suspens; nous vous les
signalerons.
Sur l'organisation du pouvoir scolaire, nous pensons qu'il y a quelques
éléments satisfaisants, par exemple, la clarification de la
durée du mandat du conseil d'orientation, qui est maintenant
précisée, c'est un an; c'est un élément que nous
avions souligné. Nous avons aussi remarqué que les pouvoirs du
ministre sont mieux cernés dans le cadre de l'intégration
scolaire, mais nous tenons quand même à signaler que nous aurions
aimé, non pas qu'on fasse référence au fait que les
conditions de transfert du personnel seront celles qui ont été
négociées, mais qu'on prévoie que les conditions de
transfert doivent être négociées. Il nous semble que cela
aurait été un progrès qui aurait davantage
été souhaité que celui qu'on retrouve dans le texte des
amendements. Il y a donc certaines améliorations mais, là encore,
quand on regarde l'ensemble de l'organisation du pouvoir scolaire, on peut bien
constater que ce sont des amendements qui changent peu de choses et qui ne
s'attaquent pas à la conception même qui régissait le
tout.
Sur la place du personnel, nous l'avons maintes fois
répété, nous pensons qu'il y a encore dans le projet de
loi une minorisation des personnels que nous représentons, que ce soit
le personnel enseignant, le personnel professionnel, le personnel de soutien.
Il y a certaines améliorations, par exemple, le personnel de soutien a
maintenant une place au conseil d'orientation, il a une place dans le
comité qui traitera des services aux enfants en difficulté. Il
faut saluer ce progrès mais, en même temps, il faut constater que
les nouvelles formulations à l'égard du personnel professionnel
amènent à notre avis des restrictions qui ne sont pas
satisfaisantes.
Donc, quand on regarde l'ensemble des questions que nous avons
abordées, nous avons vraiment le sentiment que les propos que nous avons
tenus, que le point de vue que nous avons fait valoir n'a pas été
suffisamment considéré, et nous allons maintenant vous
détailler ces questions de façon plus précise. Le
vice-président Raymond Johnston s'attardera à la question de la
confessionnalité des structures scolaires et également à
la question du choix de l'école et du projet éducatif. Luc Savard
traitera de l'accessibilité, de la gratuité des services. Yves
Paquin développera un peu plus la question des services
complémentaires et Daniel Lachance élaborera quelque peu sur les
services de garde. Après cette présentation, je reviendrai pour
compléter ce temps de présentation par quelques questions que
nous voulons adresser aux représentants du
gouvernement quant aux éléments qui, nous semble-t-il,
devraient se retrouver dans tout projet de réforme de la Loi sur
l'instruction publique. Alors, sur ce, je laisse la parole à Raymond
pour entreprendre le premier volet davantage détaillé de cette
présentation.
M. Johnston (Raymond): Rappelons les grands
éléments de notre position sur la question de la restructuration
scolaire. Nous avions réaffirmé, l'an dernier, notre
acquiescement à la transformation de commissions scolaires
confessionnelles en commissions scolaires linguistiques. Nous avions, du
même coup, indiqué notre volonté de procéder
à une déconfessionnalisation plus large, a la fois des
commissions scolaires, des écoles et aussi d'un certain nombre
d'appareils autour du Conseil supérieur de l'éducation, donc,
disparition d'un certain nombre de pouvoirs de contrôle par les appareils
confessionnels, tout en préservant - là-dessus il faut être
clair - le droit à des services d'enseignement religieux catholique,
protestant et autres à l'intérieur de l'école, de
même qu'à des services d'animation correspondants, tout en
préservant, de même, le droit fondamental de choisir
l'enseignement moral laïc plutôt qu'un type d'enseignement religieux
et avoir droit, en même temps, à un type d'animation à
l'intérieur de l'établissement scolaire qui soit
dégagé de toute connotation confessionnelle.
Là-dessus, nous avions également signalé qu'il nous
apparaissait aventureux de croire qu'on pouvait procéder à un
remaniement substantiel des structures scolaires sans d'abord s'attaquer
à des modifications d'ordre constitutionnel, notamment sous l'angle des
privilèges garantis par l'article 93 de la constitution canadienne. Nous
disions que certaines dispositions de l'article 93 de la constitution
canadienne, telles qu'actuellement interprétées, nous
empêchent d'atteindre l'objectif d'une école publique commune,
pluraliste, ouverte à tous et nous confinent, jusqu'à un certain
point, à diverses formes de ghettoïsa-tion.
Voyant les amendements qui ont été proposés, on
peut se demander laquelle des deux positions est celle de votre gouvernement:
celle qui est défendue dans le projet de loi ou celle qui a
été déclarée par le premier ministre le 20 octobre
1988. Je vous réfère au Journal des débats
où M. Bourassa déclarait: "La constitution contient
actuellement certaines dispositions un peu anachroniques; je pense à
l'article 93 qui ne répond pas nécessairement aux besoins actuels
de la société contemporaine au Québec. " Le printemps
dernier, nous signalions qu'une révision substantielle des structures
passait minimalement par la volonté de l'Assemblée nationale du
Québec d'obtenir des redressements à l'article 93 de la
constitution canadienne. À la lecture des amendements proposés,
nous constatons qu'il y a eu des clarifications techniques sur les juridictions
à certains égards, encore qu'il reste des problèmes de
concordance. Par exemple, à l'article 464 proposé, on a encore la
possibilité que deux commissions scolaires aient juridiction sur les
mêmes clientèles. Le libellé de cet article contredit celui
de l'article 189, quoique, quand on regarde un peu comment a
évolué le projet de loi en termes de définition du projet
éducatif et en termes de définition des services accessibles aux
clientèles, on se rend compte qu'il n'y a plus maintenant dans le projet
de loi de garantie même d'égalité des confessions
religieuses à l'intérieur de la même école.
On sent, à travers le projet, que désormais - et cela
contrairement à ce qui apparaissait dans la première version du
projet de loi 107, où on disait qu'il y aurait garantie, dans chaque
école de la commission, de services d'animation pastorale catholique ou,
l'équivalent, protestante. Maintenant la commission va l'offrir, mais
sans garantie que ce soit disponible dans l'école. Donc, un recul, M. le
ministre, en ce qui a trait au pluralisme de l'école, une ouverture
à permettre aux commissions scolaires d'aller plus loin dans la
ghettoïsation des clientèles. Nous considérons, sous cet
angle, qu'on n'a pas beaucoup avancé si ce n'est sous la forme de
quelques clarifications techniques.
J'ajoute de plus l'ouverture qui est faite à l'utilisation de
l'inspiration du jugement Deschênes dans l'affaire de
Notre-Dame-des-Neiges, je crois, qui apparaît maintenant à
l'article 466, qui permettrait, par exemple, à la CECM d'étendre
son territoire à celui de l'ensemble de la ville de Montréal tel
que maintenant défini, donc le territoire de Pointe-aux-Trembles,
d'asseoir sur cette base les privilèges confessionnels et de limiter en
même temps la possibilité de développer dans; la
région de l'île de Montréal un système scolaire plus
pluraliste, plus ouvert, et créant même des conflits de
juridiction entre, par exemple la commission scolaire Jérôme-Le
Royer et la CECM. Je pourrais citer d'autres exemples à Québec de
même nature, quoique le problème ne se pose probablement pas avec
la même intensité dans la région de Québec.
Quand on accorde à la commission scolaire, tel que c'est fait
à l'intérieur des amendements, le droit de pratiquer la
ghettoïsation a priori, nous croyons qu'il y a lieu de s'inquiéter.
Je m'arrêterais là-dessus pour l'instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Johnston. Est-ce qu'il y a un autre intervenant?
Mme Pagé: La deuxième personne qui complète
la présentation est M. Luc Savard, sur l'accessibilité, la
gratuité des services.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. Savard.
J'oublie toujours de vous mentionner que nos règles de procédure
demandent de s'adresser au président et non pas au ministre ou à
un membre de cette commission. Ce serait peut-être plus facile comme
cela. Alors, je vous écoute. (21 heures)
M. Savard (Luc): M. le Président, en ce qui a trait
à la question de l'accessibilité et la gratuité des
services, il nous apparaît qu'il n'y a rien de fondalement changé
par rapport à ce qu'on retrouvait dans le projet de loi initial. Les
amendements n'apportent rien de nouveau là-dessus, c'est toujours
lié à un pouvoir de réglementation du ministre en cette
matière. Nous vous rappelons ce que nous signalions dans notre
mémoire au printemps dernier sur la question de l'accessibilité.
On faisait mention, et cela n'apparaît pas encore maintenant, du fait que
dans le projet de loi 107 il n'est nullement fait mention d'une obligation
d'offrir un service de maternelle à temps plein aux enfants
âgés de cinq ans: cela, malgré un besoin évident de
la mise en place d'un tel service. Notre société
québécoise aujourd'hui, de par ses transformations, nous incite
à regarder sérieusement la question des services à la
petite enfance et il nous apparaît qu'un bon départ serait
justement la question des services éducatifs aux jeunes de cinq ans. On
ne le retrouve pas dans le projet de loi 107.
Également, on indiquait dans le mémoire des restrictions
qui sont apportées à la gratuité scolaire pour les
élèves considérés comme adultes. Ces restrictions
demeurent, ainsi que celles en regard de la gratuité auprès des
élèves, des jeunes. On me parlait de la restriction du droit
à la gratuité. On indiquait que ce n'était pas
étendu aux documents dans lesquels l'élève écrit,
dessine ou découpe les papiers ou autres objets de même nature. La
question de la gratuité n'est pas précisée. On n'inclut
pas l'ensemble du matériel pédagogique dans la gratuité.
En fait, cela signifie que tout le matériel périssable est exclu
de la gratuité scolaire.
De plus, en regard de certains autres volets concernant le projet de loi
107 dont on faisait une démonstration au printemps dernier dans le
projet de loi au-delà de la question de la gratuité et de
l'accessibilité, j'ai soulevé la question de la formation
professionnelle. On avait indiqué au printemps passé que la
question de la formation professionnelle des jeunes avait fait l'objet de
nombreuses études au cours des dernières années et que les
problèmes qui se vivent concernant la formation professionnelle sont
alarmants. Il nous apparaît que l'on ne retrouve pas dans les amendements
suggérés concernant le projet de loi 107 de modifications
majeures concernant la problématique de la formation
professionnelle.
On réitère notre point de vue, à savoir que
devraient être reconnus à l'intérieur de la loi 107
l'existence de la formation professionnelle à l'école secondaire
polyvalente pour les jeunes et le droit des élèves à une
formation professionnelle de qualité, appuyée sur une solide
formation de base et devant garantir l'accessibilité à un
éventail suffisant d'options pour les clientèles de toutes les
commissions scolaires. Ce que l'on retrouve dans les amendements, c'est une
ouverture aux commissions scolaires pour ouvrir des options professionnelles
au-delà de celles décidées par le ministre, sauf que, si
les commissions scolaires décident d'ouvrir de telles options, elles ne
sont pas subventionnées. Alors, on a fait l'évaluation qu'il n'y
a pas là de gain véritable en regard de l'accessibilité.
Pour les clientèles désireuses de souscrire à une
formation professionnelle au secondaire, il n'y a pas dans le projet de loi 107
et dans les amendements apportés de véritables
progrès.
Quant à la question de l'éducation des adultes, on avait
indiqué, lors de la présentation du mémoire au printemps
passé, qu'il y avait dans le projet de loi 107 des dispositions qui
admettaient une certaine reconnaissance à l'éducation des
adultes. Dans les amendements proposés sur les questions de structures,
on ajoute certaines précisions intéressantes, entre autres sur la
question du centre d'éducation des adultes, sauf que sur les questions
véritablement de fond, en regard de l'éducation des adultes que
nous touchions dans notre mémoire au printemps passé, il n'y a
pas de modifications majeures là-dessus. On ne reconnaît toujours
pas l'obligation d'assurer l'accessibilité et la gratuité des
services éducatifs pour les adultes. On ne reconnaît pas non plus
la spécificité de la clientèle adulte. On ne souscrit pas
à l'idée de garantir des services adaptés à
l'éducation des adultes, aux clientèles qui s'inscrivent à
l'éducation des adultes. Il nous apparaît également que le
fait de ne pas apporter ces éléments nous incite à croire
et à penser qu'il y a là la démonstration de la
volonté du ministre de favoriser l'intégration jeunes-adultes,
entre autres, sur la question de la formation professionnelle. Sur cette
question-là, je pense qu'on avait déjà indiqué pour
ce qui est de la CEQ que la question de l'intégration jeunes-adultes,
entre autres en formation professionnelle, est une question qui, pour nous,
dans le cadre actuel du développement de la formation professionnelle au
secondaire, n'est pas à remettre en question. Pour nous,
l'intégration jeunes-adultes en formation professionnelle ne doit pas
être, sauf dans des cas très exceptionnels. Dans le cadre des
amendements apportés au projet de loi 107, sur cette question-là,
on sent dans ce qui est développé concernant l'éducation
des adultes qu'on maintient cette volonté de favoriser
l'intégration jeunes-adultes en formation professionnelle au
secondaire.
En gros, c'est quelques éléments que je voulais signifier
à la commission parlementaire, M. le Président, concernant
quelques aspects du projet de loi 107 et des amendements proposés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Mme la présidente, est-ce qu'il y a un autre intervenant?
Mme Pagé: M. Yves Paquin va compléter, suivi de M.
Lachance, sur la question des ser-
vices complémentaires et des services de garde.
M. Paquin (Yves): M. le Président, mon laïus sera
probablement très bref puisque, effectivement, la place des services
complémentaires que nous retrouvons au projet de loi est plutôt
restreinte. Au départ, dans le projet de loi 107, nous avons
tenté de trouver les services que nous dispensions et, bien sûr,
nous avons aussi tenté de nous situer et de trouver notre place dans ce
projet. Seuls certains animateurs de pastorale et quelques attachés
d'administration affectés au service des transports ont eu l'heureuse
surprise de se voir, effectivement, nommés. Dans notre mémoire,
nous vous avons souligné ces oublis et ces silences. De plus, nous vous
avons signifié notre inquiétude à une ouverture non
dissimulée à la sous-traitance pour de tels services. Enfin, nous
vous avons manifesté l'inquiétude que nous avions à voir
l'absence de reconnaissance des professionnels dits, en passant, "non
enseignants" dans le milieu de l'éducation.
À la suite de l'analyse des amendements proposés, nous
devons vous dire qu'il semble que nous soyons effectivement passés nous
aussi et nos services aux oubliettes. L'article 230 particulièrement,
auquel on propose des amendements, nous laisse aujourd'hui croire que cet oubli
n'était pas innocent puisque maintenant nous ne nous cherchons plus,
nous nous demandons si notre employeur ne serait pas très bientôt
un ministre autre que le ministre de l'Éducation. Nous vous rappelons
que nous croyons à l'utilité et à la
nécessité des services que nous offrons présentement et
nous hésitons encore à croire que cette tendance à nous
évincer des services éducatifs pourra être freinée.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
M. Lachance.
M. Lachance (Daniel): M. le Président, cent fois sur le
métier je remettrai mon travail, disait-on. Sur la question des services
de garde en milieu scolaire, je pense que M. le ministre a eu l'occasion de
nous entendre à quelques reprises et le propos d'aujourd'hui ne sera pas
différent de celui que nous avons déjà livré sur
cette question. Vous vous rappelez que, dans le mémoire sur le projet de
loi 107 qui a été déposé par la centrale et sur
lequel nous revenons aujourd'hui, la modification que nous demandions à
ce projet de loi était qu'à l'article 228, qui traite des
obligations des commissions scolaires en matière de services de garde,
on puisse lire, à la place du mot "peut" organiser des services de garde
à la demande des parents, le mot "doit" organiser des services de garde
en milieu scolaire à la demande des parents, et ce dans le même
sens que ce que prévoyait le projet de loi 3 sur cette question. La
question qu'on peut se poser aujourd'hui et qu'on se posait au moment de la
première commission parlementaire sur le projet de loi 107, c'est le
rendez-vous que le projet de loi 3 avait pris avec cette question cruciale des
services de garde à l'enfance au Québec, comme ailleurs, mais au
Québec plus précisément. Les raisons sous-jacentes
à ce rendez-vous faisaient qu'on articulait des services de garde en
milieu scolaire de façon à répondre à un besoin
évident et croissant. Quelles sont les raisons qui amènent
aujourd'hui le ministre et le gouvernement à ne pas répondre
à ce besoin-là?
Il me semble que les chiffres et l'ensemble des recherches parlent
d'eux-mêmes, parce que la documentation sur la question des services de
garde en milieu scolaire au Québec est assez énorme. En 1979,
quinze commissions scolaires au Québec organisaient des services de
garde en milieu scolaire, dans la plupart des cas à la demande des
parents et non pas par l'initiative d'une commission scolaire, quoiqu'il est
arrivé dans quelques cas que des commissions scolaires aient vu par
elles-mêmes qu'il y avait un besoin dans le quartier, dans la
région, sur cette question. En 1986-1987, on parle de 82 commissions
scolaires qui donnent des services de garde en milieu scolaire, pour un total
de 428 écoles, avec un niveau de fréquentation régulier de
15 286 élèves au préscolaire et au primaire, et de 9000
autres de façon sporadique, ce qui nous donne un total de 24 473
enfants. Par ailleurs, il est évalué au Québec que 200 000
enfants auraient besoin de services de garde; 69 000 de ces enfants-là
sont gardés de diverses façons, mais il y a ce qu'on appelle
communément au Québec de plus en plus le phénomène
des enfants clé au cou. Ce phénomène-là couvre la
réalité suivante: c'est 145 000 enfants qui sont des jeunes qui
retournent seuls à la maison et qui sont laissés seuls, sans
parents, parce que ceux-ci travaillent. C'est une étude de l'Office des
services de garde, une étude de 1983, qui nous dit que 197 000 enfants
d'âge scolaire ont besoin d'être gardés au Québec.
Donc, actuellement, le système ne couvre que 12 % des besoins de ces
jeunes-là. On parle ici des jeunes du préscolaire et du primaire,
on ne parle pas des jeunes de plus de onze ans pour lesquels il y a encore des
besoins de garde, mais qui ne sont pas couverts par ces services-là. Je
vous rappelle que 54, 3 % de la main-d'oeuvre active est composée de
femmes, que 54 % des foyers ont des enfants.
L'ensemble des recherches prouve que les services de garde en
général, mais aussi les services de garde en milieu scolaire
permettent un certain nombre de choses: 1° un accès au marché
du travail pour les femmes; 2° pour les femmes qui y sont
déjà, cela facilite le marché du travail; 3° le
Conseil du statut de la femme du Québec, dans ses recherches sur les
services de garde et aussi sur les services de garde en milieu scolaire,
montrait que les services de garde en milieu scolaire permettent un meilleur
dépistage des problèmes de violence et d'agres-
sion sexuelle des enfants et permettent aussi de minimiser ce
phénomène social. Finalement, toute la question de la
dénatalité, dont le gouvernement parle depuis longtemps avec
force quand on parle de politique familiale, est une raison
supplémentaire, nous semble-t-il, de répondre aux besoins de
services de garde en milieu scolaire au Québec. Il y a là un
investissement économique, mais il y a un investissement social
important, nous semble-t-il. (21 h 15)
Souvent on parle d'argent comme du nerf de la guerre dans un dossier
comme celui-là, comme dans d'autres. Je finirai là-dessus: II y a
une étude américaine sur les services de garde de jour pour les
enfants qui montrait que, pour 1 000 000 $ investis dans les services de garde
de jour aux États-Unis, cela générait 1 930 000 $ en
termes d'impact économique. Vous avez compris que ce sont des
impôts, etc., le fait que plus de gens accèdent au marché
du travail, il y a des entreprises de sous-traitance matérielle, etc.
Même sur ce plan-là, du point de vue économique, il y a une
forme d'investissement. Mais je pense que quand on parle de service de garde il
faut en parler comme d'un investissement dans le cadre d'une politique sociale,
d'un accès des femmes au marché du travail et d'un moyen de
faciliter cet accès et l'exercice du travail, il me semble que,
après cette commission parlementaire, on devrait lire à l'article
228, comme on pouvait lire dans la loi 3 - et la conjoncture n'a pas
changé, les besoins ont même grandi - que les commissions
scolaires devraient mettre en place des services de garde en milieu scolaire,
à la demande des parents, qui sont les premières personnes
visées et qui sont, dans le fond, l'image des besoins réels qu'il
y a au Québec sur cette question. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Lachance. Il reste quinze minutes aux formations politiques. Je reconnais,
dans un premier temps, le député de Charlevoix. M. le
député.
M. Bradet: Merci, M. le Président. C'est toujours un
plaisir renouvelé de rencontrer la CEQ. Puisque vous savez que
l'enseignement sert très souvent de palier à beaucoup de
politiciens, il arrive qu'ici il y a beaucoup d'anciens enseignants, on est
toujours très heureux de pouvoir voir l'enseignement d'une autre
facette. Compte tenu du temps, je voudrais juste poser une question d'ordre
général. Au début, Mme la présidente, vous
affirmiez qu'en fait on revient à la case départ. Vous avez dit
par deux fois qu'il faudrait voir à travers le prisme du
sous-financement tout ce problème. Les enseignants - je vais
peut-être poser une question en tant qu'enseignant - sont beaucoup
touchés par le projet de loi, puisque pour la première fois, il
me semble, on donne une place importante à l'enseignant. On ne parle
plus seulement de droits, mais on parle aussi de devoirs. On implique
l'enseignant dans beaucoup de processus, de comités. Par exemple, vous
parliez tout à l'heure... On introduit ces gens-là. On veut faire
une espèce de clarification des droits. Mais vous dites que ce ne sera
jamais une concertation parfaite. Le conseil d'orientation... Quand vous parlez
de concertation qui devrait être beaucoup plus forte, quand on
considère qu'un enseignant - à moins que cela ait changé -
doit enseigner 26, peut-être 27 périodes par semaine,
peut-être 28, plus de concertation, cela veut dire quoi? Pour la
première fois, un enseignant, en ce qui concerne les
élèves en difficulté - comme cela arrive beaucoup au
Québec, comme cela m'est déjà arrivé - va au moins
savoir au début de l'année scolaire qu'il y a un
élève en difficulté d'apprentissage dans sa classe et il
n'apprendra pas subitement ce cas-là deux ou trois mois plus tard. Bien
sûr il n'y a rien de parfait, mais est-ce que, dans ce projet de loi, la
place qu'on ouvre à l'enseignant vous semble un pas important?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Pagé.
Mme Pagé: Sur la place des enseignantes et des
enseignants, je suis très contente que vous me donniez du temps pour
vous parler de cela un peu. Bien sûr, les enseignantes et les enseignants
vont être à plus de comités. Je ne suis pas sûre que
la reconnaissance de la place des enseignantes et des enseignants repose sur
une analyse qui les oblige à aller à plus d'endroits expliquer ce
qu'ils font. Je pense que ce n'est pas vraiment le mécanisme qui permet
de reconnaître leur place dans le système. Je suis un peu surprise
d'apprendre aussi qu'il faut mettre sur pied des comités pour qu'un
enseignant apprenne qu'il y a des enfants en difficulté dans sa classe.
Il me semble que les administrateurs scolaires devraient commencer à
donner des nouvelles avant que des comités se mettent en place. Je ne
pense pas non plus que ce sont là des mécanismes qui permettent
de régler le problème auquel vous faites allusion.
Ce que nous avons voulu signaler quand nous avons parlé de
concertation, c'est que les fondements mêmes de la concertation entre des
intervenants doivent reposer sur un équilibre entre les
différents intervenants, ce qui permet de créer une dynamique qui
mène à la concertation. Quand les comités se mettent en
place et qu'en partant le personnel de ces comités, enseignants,
professionnels, de soutien, se retrouve en minorité, nous ne mettons pas
en place les conditions objectives qui créent la concertation entre les
intervenants. Nous faisons qu'une entité peut avoir la majorité
en partant et ne travaille pas dans un objectif de concertation. C'est cela que
nous avons voulu signaler quand nous avons parlé de concertation entre
les partenaires. Nous croyons que présentement, dans le projet de loi,
il n'y a pas la mise en place
des moyens, des mécanismes qui permettent une réelle
concertation entre les partenaires.
Et la question que nous posons à ce moment-ci, quelques mois plus
tard, après être venus la poser une première fois, c'est:
Est-il possible de prévoir, dans un projet de loi de cette nature, avec
l'influence qu'il aura pour les prochaines années, des comités
qui laissent place à une réelle concertation et qui ne viennent
pas minimiser le personnel enseignant, le personnel professionnel, le personnel
de soutien?
À notre avis, nous ne retrouvons pas cela dans le projet de loi.
Nous assistons à une minorisation du personnel au sein des
comités et nous faisons que le personnel sera obligé d'aller
à plus d'endroits expliquer et parfois justifier le travail qu'il fait.
Ce n'est pas pour nous l'objectif qui devrait être atteint par le projet
de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Pagé. Avez-vous des interventions du côté
ministériel?
M. Gardner: Oui, j'aurais une question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a une
règle d'alternance qu'il faut que je respecte. Je croyais que M. le
député de Charlevoix avait une autre question à poser. M.
le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Rapidement, je voudrais, M. le Président,
remercier les gens de la CUQ, sans les nommer, je vous salue et je vous
remercie sincèrement. De toute évidence, par la question
posée par un collègue ministériel, je suis convaincu que
vous avez une meilleure compréhension des amendements proposés
qu'ils peuvent en avoir.
J'avais proposé moi-même que des Intervenants soient
entendus pour nous parler des amendements. Vous l'avez fait. C'est moi qui ai
amené cette proposition comme critique de l'Opposition officielle, que
des intervenants qui ont une responsabilité dans le vécu d'une
loi aussi importante puissent au moins avoir l'occasion de s'exprimer en termes
de réactions.
Je voudrais seulement vous rappeler que l'Opposition officielle a
voté contre le projet de loi 107. J'ai été très
attentif à votre présentation et l'objectif que je visais, c'est
qu'effectivement les groupes nous parlent, qu'ils aient le temps, pendant
l'heure, que cela ne soit pas pris par moi-même ou les
ministériels - donc c'est pour cela qu'il faut que je me
dépêche de me fermer la boîte - surtout que vous avez
indiqué que vous aviez des questions à poser au ministre. J'ai
entendu, par exemple, Mme Pagé dire: J'aimerais terminer et poser
quelques questions au ministre. Je trouve que c'est une excellente formule de
présence de groupe sur une question aussi fondamentale, plutôt que
de vous questionner sur des choses que moi, en tout cas, sans
prétention, je pense avoir bien comprises.
Globalement, vous avez dit: Les amendements proposés ne
répondent pas à nos objectifs sur les principaux
éléments sur lesquels vous aviez attiré l'attention du
législateur lorsque vous êtes venus au mois d'août. Je
m'arrête là en vous disant qu'en ce qui nous concerne c'est
sensiblement la même chose comme Opposition officielle. Avant de recevoir
la brique d'amendements en partie - encore là, en jasant avec d'autres,
on a appris que des groupes en avaient plus que nous - on a quand même
souligné certains éléments. Dans la liste des
éléments négatifs, nous relevions une quinzaine
d'éléments négatifs majeurs. On a fait l'exercice,
même si on a de la difficulté à comprendre ces choses,
selon le ministre de l'Éducation. On a fait l'exercice assez tôt
quand on a reçu les amendements. On a trouvé une quinzaine
d'éléments négatifs. On a trouvé une vingtaine
d'omissions majeures par rapport à la loi 3.
Je veux seulement conclure... Quand j'entends, par exemple, un plaidoyer
aussi étoffé que celui de M. Lachance sur les services de garde,
je suis content que vous l'ayez refait. Moi, je l'ai fait avec tous les groupes
aujourd'hui. Il n'y a pas un groupe aujourd'hui qui nous a dit que cela
serait... Le ministre nous a même dit, lors de l'étude du
principe, que c'était la même chose, à une variable
près, que ce qu'il y avait dans la loi 3 concernant les services de
garde, et que c'était plus légitime de laisser les commissions
scolaires en organiser si bon leur semble, sachant très bien que les
chiffres n'avaient pas changé. Ils étaient justifiés en
1983-1984, ils le sont doublement en 1988.
Alors, je vous remercie, pour vous permettre d'avoir l'occasion de poser
les quelques questions au ministre. En conclusion globale, cependant, sur la
présentation de votre mémoire, c'est une réaction qui
porte sur les amendements proposés et, pour être très
objectif en ce qui me concerne, j'avais une page et demie sur les
éléments positifs des amendements proposés par rapport au
texte observé à l'Assemblée nationale. On aura l'occasion
d'y revenir article par article. Je pense qu'il y a effectivement des
bonifications à certains égards, parce qu'on ne peut pas
écrire 400 et quelques articles qui ne se rapportent pas aux choses sur
lesquelles notre attention avait été attirée. Sur des
questions majeures d'accessibilité, de service à
l'éducation des adultes avec de meilleures garanties de gratuité,
de services de garde, de reculs par rapport à la loi 3, il y a des
carences majeures, vous les avez soulignées. En conséquence, je
vous remercie de votre excellente contribution.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest, porte-parole officiel de l'Opposition en
matière d'éducation. Maintenant, Mme Pagé, je dois vous
rappeler que vous avez vous-même décidé de prendre 45
minutes pour faire votre présentation. Il nous reste cinq minutes pour
les questions et réponses. Je vous
écoute.
Mme Pagé: Vous comprendrez, M. le Président, que
ça peut sembler beaucoup, 45 minutes de présentation, mais je
vous dirais que la lecture de 600 amendements, c'est également beaucoup.
Même si nous avons fait preuve de beaucoup de diligence dans la lecture,
que nous avons fait une lecture attentive, je ne peux même pas garantir
à ce moment-ci qu'elle a été fouillée, parce que
disons que ça ressemblait plus à un éléphant
qu'à des papillons, quand nous avons reçu l'ensemble des
papillons.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... des papillons
de personnel, il y a aussi des éléphants de personnel.
Mme Pagé: Alors, je voudrais simplement attirer votre
attention sur quelques éléments qui, à notre avis,
méritent une réflexion de la part du législateur à
ce moment-ci. Tout d'abord, nous sommes déçus que les propos ou
les points de vue des différents groupes entendus en commission
parlementaire au printemps dernier, dont la CEQ, que le temps
écoulé depuis cette commission parlementaire n'ait pas permis au
ministre de l'Éducation d'apporter des amendements substantiels au
projet de loi permettant de régler les problèmes que nous avons
signalés, permettant de répondre à des besoins que nous
avons également identifiés. Nous sommes déçus
à cet égard et nous tenons à le dire, ce qui fait
qu'aujourd'hui nous ne pouvons pas plus être d'accord avec le projet de
loi, fût-il amendé par 600 amendements, que nous ne pouvions
l'être au printemps dernier, parce que les grandes questions que nous
avons posées n'ont pas obtenu de réponse. Ces questions, je vais
terminer là-dessus, il y en a cinq.
Est-il possible d'entrevoir que le ministre de l'Éducation
dépose à l'Assemblée nationale une résolution
indiquant fermement l'intention du gouvernement d'entreprendre des pourparlers
constitutionnels sur l'article 93? Nous n'avons jamais eu encore cet
engagement. Nous demandons: Est-il possible, a-t-il l'intention de le faire?
Est-il possible également d'apporter des redressements majeurs au projet
de loi afin de créer cet équilibre essentiel, coyons-nous, entre
les pouvoirs de l'appareil scolaire, que ce soit les administrations scolaires
ou le ministre de l'Éducation, et les droits de la population, le droit
à l'éducation, à la gratuité, à la
qualité des services, à l'existence de services
complémentaires, à une reconnaissance d'une école
pluraliste ouverte, sans ghettoïsation? Peut-on penser que c'est possible,
en 1988, d'avoir une Loi sur l'instruction publique qui crée cet
équilibre entre les pouvoirs et les droits de la population? Est-il
possible d'envisager une représentation paritaire au conseil
d'orientation et au comité sur l'enfance en difficulté pour
créer cet esprit de concertation entre les différents
intervenants? Pou- vons-nous espérer une définition de la nature
et des objectifs des services complémentaires, de façon qu'il y
ait obligation de les offrir et non pas simplement une affirmation de pouvoirs
discrétionnaires? Finalement, pouvons-nous faire des progrès,
dans le sens de doter la société québécoise d'une
école publique commune, pluraliste et ouverte, qui évite toute
forme de ghettoïsation? Quand nous aurons des réponses à ces
questions, nous pensons que nous aurons progressé dans un débat
sur une réforme de l'instruction publique au Québec. (21 h
30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Pagé,
pour les questions que vous avez posées au ministre, est-ce que vous
attendez une réponse ce soir ou si c'est pour laisser à sa
réflexion? Je veux juste m'informer.
Mme Pagé: Si le ministre peut apporter certaines
réponses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Volontiers, M. le Président, quelques minutes, si
vous me permettez. À la première question, la réponse est
négative pour l'instant. Si la CEQ a un amendement assez largement
acceptable à proposer à l'article 93, nous aimerions
l'étudier, mais de proclamer le besoin d'un amendement, si on n'a
même pas de formule de rechange à proposer, je pense que, dans
l'immédiat, c'est un exercice irréel. Je l'ai dit souvent
à l'Opposition qui nous critique là-dessus: Jamais on n'a vu
l'ombre d'un amendement sur la table, nulle part. Nous n'en avons pas dans
notre poche non plus. Nous en chercherons en temps utile. Quand nous aurons
mieux mesuré l'étendue exacte des pouvoirs que détient
déjà l'Assemblée nationale, nous regarderons l'autre voie
de manière plus immédiate. Mais, dans l'immédiat, j'aime
mieux vous répondre franchement, il n'y aura pas de résolution
à l'Assemblée nationale venant de l'actuel ministre de
l'Éducation.
Deuxièmement, est-il possible d'envisager un équilibre
entre les pouvoirs de l'appareil et les droits de la population? C'est un des
objectifs du projet de loi. Peut-être que l'équilibre
proposé ne fait pas l'affaire de la CEQ, mais il fait l'affaire de
beaucoup de monde. Si on peut l'améliorer encore... Là où
il y a des écarts, surtout entre vous et nous, c'est au chapitre des
moyens financiers. C'est facile, quand on est à l'extérieur du
gouvernement, de dire: II faudrait donner ce droit-ci, il faudrait donner ce
droit-là. Comment allez-vous le financer? C'est là qu'est le
problème. On s'est aperçu que le Québec avait un niveau de
dépense en éducation plus élevé que les autres
provinces du Canada. On a essayé de rétablir un équilibre
un peu plus acceptable pour la population qui paie les taxes, qui finance ces
écarts. Si vous me demandez si je suis prêt à
agrandir de nouveau l'écart entre le Québec et les autres
provinces, je ne suis même pas disposé à le proposer au
gouvernement comme ministre de l'Éducation. Je crois qu'on doit chercher
l'accessibilité et la qualité dans les conditions qui nous
permettent d'être vraiment compétitifs avec les autres provinces
du Canada, qui ne sont pas des sociétés pires et meilleures que
la nôtre, mais ce sont les sociétés avec lesquelles nous
sommes placés pour vivre.
Cela, c'est la question de fond qui préoccupe ce gouvernement,
qui a préoccupé le précédent gouvernement
après qu'il eut accumulé des déficits à ne pas s'en
préoccuper. Il n'y a pas de solution autre que dans la voie de la
discipline et de la retenue. J'aimerais bien mieux qu'on mette: Les garderies,
allons-y. Il y aura des progrès considérables sous le
régime actuel. En matière scolaire, nous avons augmenté
considérablement le nombre de places dans les garderies, mais, de
là à les proclamer une obligation automatique pour les
commissions scolaires, nous ne sommes pas prêts à le faire, je
vous le dis franchement, et nous sommes pour les garderies autant qu'on peut
l'être.
Quatrième point, peut-on envisager une définition des
services particuliers, des services complémentaires? On faisait
ça dans la loi 3 et nous le ferons dans le régime
pédagogique. Nous trouvons que le régime pédagogique est
plus la place pour les définir. Deux régimes pédagogiques
modifiés, pour le primaire et pour le secondaire, seront
dévoilés et soumis à la discussion publique au cours des
mois qui suivront l'adoption du projet de loi 107 et nous aurons l'occasion
d'en discuter amplement, mais à notre jugement ces définitions
n'allaient pas dans le projet de loi. Cela, c'est la réponse à la
question qui a été posée tantôt. Excusez-moi de
diverger totalement d'avis avec l'intervenant qui a parlé
là-dessus, quand il dit qu'on veut envoyer tout ça à
d'autres ministères, c'est complètement irréel. Nous
reconnaissons qu'il y a des services fournis dans des écoles par des
gens qui viennent des CLSC, des centres de services sociaux. On n'est quand
même pas pour les organiser, ils sont là, leurs services nous sont
prêtés pour un certain temps. C'est tout ce que veut dire
l'article qui a été souligné, les professionnels qui nous
appartiennent, nous les gardons, nous en assumons la responsabilité et
il n'est pas question de les envoyer nulle part ailleurs.
Dernier point, est-ce qu'on peut évoluer vers une école
publique commune? Cela ouvre tout le débat qu'ont eu à plusieurs
reprises la CEQ et le gouvernement, et le Parti libéral du Québec
également. Il y a des perceptions qui nous séparent
là-dessus. Je pense que, sur le fond, nous sommes assez proches; sur la
manière d'apprécier la réalité, la manière
d'apprécier le chemin à parcourir pour arriver à une
école qui soit vraiment commune et égale, il y a des divergences
profondes qui séparent la CEQ du Parti libéral du Québec
et du gouvernement actuel. Vous les rappelez ce soir, vous faites très
bien, mais je pense que vous n'étiez pas assez naïfs pour imaginer
qu'il y aurait des changements de fond dans le projet de loi sur ces
questions-là. Je pense que nous aurions fait des fous de
nous-mêmes en faisant cela.
J'ajoute un dernier point. M. Johnston a soulevé l'article 464,
tantôt, il a dit qu'on allait ghettoïser davantage l'école
publique québécoise avec l'article 464. "I beg to differ", comme
on dit, je demande la permission d'être en désaccord sur ce point.
Je ne crois pas qu'il y ait de danger de ça du tout dans l'article 464.
Les commissions scolaires demeurent exactement ce qu'elles sont, et mon
observation générale vaut quand même. Les commissions
scolaires, si monsieur veut préciser...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais vous
donner la parole.
M. Ryan: Les commissions scolaires, dans leur structure
fondamentale, demeurent exactement ce qu'elles sont tant que le projet de loi
n'aura pas reçu l'avis des tribunaux sur les dispositions à
incidence constitutionnelle. Par conséquent, il n'y aura pas de gros
bouleversements de ce côté. Il y a une chose que nous enlevons,
dans le projet de loi premier, on donnait l'obligation aux commissions
scolaires de donner partout, dans chaque école, l'enseignement
confessionnel catholique, protestant et l'enseignement moral autre que
catholique ou protestant. On nous a dit: Cela n'a pas de sens. Dans les
écoles où il n'y aura pas d'enfants protestants, on ne pourra pas
donner l'enseignement protestant; dans les écoles où il n'y aura
pas d'enfants catholiques, on ne pourra donner l'enseignement catholique. Dans
l'amendement que nous proposons, nous disons tout simplement qu'il y a une
obligation générale pour la commission scolaire: fournir
l'enseignement confessionnel, protestant ou catholique, moral non
confessionnel, mais pas dans chaque école, à chaque cas. C'est
ça que nous avons voulu enlever, c'est une note de souplesse que nous
introduisons dans la loi, ce n'est pas du tout une note de rigidité et
de ghet-toïsme, à mon humble point de vue; au contraire, cela ouvre
la porte à des régimes beaucoup plus souples, beaucoup plus
accueillants pour la diversité. Je m'excuse, je termine
là-dessus. Je parle un petit peu vigoureusement, parce que je sais que
la CEQ aime ce langage, c'est de nature... Alors, je ne voulais pas l'en
priver. Merci. Je vous remercie beaucoup, Mme la présidente,
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, merci, Mme la présidente. Nous suspendons nos travaux pour
quelques minutes, et nous accueillerons le groupe suivant, la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 37)
(Reprise à 21 h 38)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! On avait l'impression que vous aviez laissé
tomber. Je m'excuse. Allez, monsieur.
M. Johnston: Si vous me le permettez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je comprends
donc.
M. Johnston: II y a eu une mauvaise interprétation de mes
propos. Quand j'ai parlé de l'article 464, je n'en parlais pas en termes
de ghettoïsation a priori, j'en parlais en termes de problèmes de
concordance avec l'article 189.
M. Ryan: Ensuite?
M. Johnston: Quand j'ai parlé de ghettoïsation a
priori, il faudrait se référer aux articles 207 et 222, tels que
modifiés. Je n'avais pas donné cette précision quant
à ce dernier volet, mais je voudrais souligner à votre attention,
M. le Président, et par votre intermédiaire au ministre que la
règle de souplesse sur l'organisation, qui vise à faire en sorte
que l'on ne donne pas d'enseignement religieux protestant dans l'école
où il n'y a pas d'élève protestant et qu'on ne donne pas
de service d'animation correspondant dans l'école où il n'y a pas
d'élève protestant, à notre point de vue, si
c'était cela le vrai problème que vous voudriez régler, il
y avait moyen de le régler autrement que vous l'avez
réglé. Nous croyons que la façon dont vous avez
tenté de régler ce problème, cela amènera les
commissions scolaires à regrouper dans certaines écoles des
élèves dits protestants, dans d'autres écoles des
élèves dits catholiques et dans d'autres écoles, les
autres. C'est cela que nous qualifions de perspective de ghettoïsation a
priori.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Johnston, Mme Page, M. Laberge, M. Savard, M. Paquin, M. Lachance. Nous
suspendons pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 40)
(Reprise à 21 h 42)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'éducation va
poursuivre ses travaux en accueillant le groupe suivant. Je vous rappelle que
la commission débute ses travaux et que nous accueillons la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec inc. J'invite les membres de la commission à prendre
place. S'il vous plaît, que tout le monde prenne un siège.
Alors, la commission permanente de l'éducation poursuit ses
travaux et nous accueillons, comme je le disais il y a quelques minutes, la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec inc. représentée par M. Henri Gervais qui en est le
président.
M. Gervais (Henri): Bonsoir, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bonsoir, monsieur.
S'il vous plaît, à l'ordre, en arrière! M. Gervais, si vous
voulez bien nous présenter les gens qui vous accompagnent et nous faire
connaître après cela le fruit de votre réflexion sur les
amendements déposés par le ministre concernant le projet de loi
107. Je vous informe que nous devrons terminer notre rencontre alentour de 22 h
30. Alors, quitte à vous d'utiliser le temps comme bon vous semble et le
reste du temps sera réparti également entre les deux formations
politiques. Je vous écoute, M. le président.
Fédération des comités de parents
de la province de Québec inc.
M. Gervais (Henri): M. le Président, permettez-moi de vous
présenter, d'abord à ma droite, le 1er vice-président, M.
Garry Strolach; à mon extrême gauche, le 2e vice-président,
M. Gérald Beaulieu, aussi président de la
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal et Mme Lucille Bérubé, directrice
générale de la fédération.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Messieurs,
madame.
M. Gervais (Henri): Dans un premier temps, M. le
Président, si vous me le permettez, tout ce qui touche l'insertion des
parents à l'école et à la commission scolaire sera fait
par M. Garry Strolach et l'aspect plus spécifique de l'île de
Montréal sera fait par M. Beaulieu.
Le mémoire sur les projets de loi 106 et 107 que la
Fédération des comités de parents a présenté
officiellement à la commission parlementaire de l'éducation de
l'Assemblée nationale le 23 août dernier a, au meilleur de la
connaissance de ses responsables, reçu partout un accueil favorable. Il
est sûr, en toute hypothèse, qu'il en a été bien
ainsi dans le milieu le plus immédiatement concerné, soit celui
des parents engagés dans des comités de parents et des
comités d'école. Il a été diffusé largement
auprès d'eux et seuls quelques points particuliers ont, ici ou
là, fait l'objet de l'une ou l'autre réserve. Par ailleurs, lors
de la dernière assemblée générale de la
fédération tenue tout récemment en octobre, un bref
échange en séance plénière a permis de constater
que ce mémoire daté du 30 mai ralliait sans aucune
difficulté l'opinion générale.
Concernant la place et le rôle des parents dans le système
scolaire au cours des prochaines années, ce document continue donc dans
l'esprit de la Fédération des comités de parents
d'indiquer le cap vers lequel doit évoluer le projet de loi
déposé à l'Assemblée nationale en 1987. Le maintien
de cette orientation paraît d'autant plus justifié dans les
circonstances que ce document ne décrit pas un idéal, mais
plutôt ce qui, compte tenu de la conjoncture relative à la
révision de l'actuelle Loi sur l'instruction publique, peut être
considéré comme une voie largement acceptable.
Aussi, il est peut-être utile de le rappeler, les bases qui ont
servi de point d'appui et d'inspiration à la Fédération
des comités de parents dans la définition des orientations et des
propositions qu'elle a jugé opportun de mettre de l'avant n'ont rien de
mystérieux. Chacun, s'il le souhaite, peut à sa guise en
éprouver la valeur. Ce sont, en bref, on le sait déjà, les
trois suivantes: la responsabilité première et fondamentale des
parents face à l'éducation de leurs enfants; l'expérience
québécoise de participation des parents dans le système
scolaire, expérience qui, comme chacun le sait, s'enracine dans un long
passé et qui, depuis 1971, a entamé un virage ferme dans le sens
d'un heureux renouveau; les expériences multiples de participation des
parents réalisées ailleurs au Canada et à
l'étranger, aux États-Unis notamment, depuis une vingtaine
d'années.
Face au projet de loi comme tel, la perspective de fond adoptée
par la fédération est aussi bien connue. Le mémoire du 30
mai la décrit ainsi, pour l'essentiel: "La participation des parents en
tant que telle dans le système scolaire public du Québec, une
participation officiellement reconnue et structurée telle qu'elle a
été légalement amorcée à partir de 1971 et
consolidée par la suite, notamment en 1979, constitue une donnée
de base. À la lumière de l'expérience acquise, une
expérience qui, dans l'ensemble, s'est révélée
très positive, des réajustements sont possibles, mais aucun recul
n'est acceptable. La fédération tient aussi à rappeler
que, plus globalement, elle croit à la nécessité d'un
équilibre des pouvoirs et des responsabilités entre le
ministère de l'Éducation, la commission scolaire et
l'école, ces pouvoirs et responsabilités étant dans chaque
cas clairement définis et assumés avec le maximum d'autonomie.
"
C'est en s'appuyant sur les mêmes bases et en conservant la
même perspective fondamentale que la direction de la
fédération a procédé à une analyse du projet
de loi 107 révisé dont on lui a transmis une copie à la
fin de la semaine dernière. Étant donné le peu de temps
disponible, son attention s'est portée avant tout sur tout ce qui touche
le comité d'école, le conseil d'orientation, le comité de
parents, le commissaire représentant le comité de parents et
quelques autres points auxquels le réseau des comités
d'école et des comités de parents s'est intéressé
plus attentivement au cours des dernières années.
Dans les pages qui suivent, la Fédération des
comités de parents fournit donc son appréciation sur ces divers
aspects et, dans l'un ou l'autre cas, met de l'avant de nouvelles propositions.
Elle est également très heureuse d'avoir l'occasion d'attirer
l'attention sur quelques commentaires ayant une portée plus
générale; elle en fera la matière de la conclusion de ce
second mémoire.
Dans son mémoire du 30 mai, la Fédération des
comités de parents avait ordonné ses commentaires et ses
propositions d'amendements autour de cinq pôles, soit: le comité
d'école, le conseil d'orientation de l'école, le comité de
parents, l'insertion des parents dans la commission scolaire et autres
questions. Le cadre de la présente intervention ne prétend pas
à une discussion aussi détaillée que lors du projet de loi
107 et, d'ailleurs, celui-ci n'étant plus tout à fait le
même, il paraît souhaitable de modifier ce plan, notamment en
regroupant par deux les quatre premiers pôles. I! sera donc question,
tour à tour, de l'insertion des parents dans l'école, puis de
l'insertion des parents dans la commission scolaire. Quelques autres
commentaires et propositions seront, pour leur part, résumés dans
une troisième section intitulée "Questions diverses".
Avant d'en venir à chacune de ces sections, il importe toutefois
de signaler que, d'une manière générale, la
Fédération des comités de parents juge très
heureuses la plupart des corrections qui, sur les sujets qu'elle connaît
le mieux, ont été apportées au projet de loi initial. En
conséquence, cette intervention ne se limitera pas à s'interroger
sur certaines orientations, elle prendra aussi acte de certains changements et
tentera de les situer brièvement dans une perspective plus large. En
effet, nul n'en doute, ce qui sera finalement approuvé par le
législateur, ce ne sont pas seulement des structures, des règles
et des normes, c'est d'abord une orientation de fond, un projet. La cible
réelle, ce n'est pas un cadre, des procédures et des processus,
mais l'école considérée comme un lieu social majeur.
Je demanderai ici à M. Strolach, s'il vous plaît, de
poursuivre.
M. Strolach (Garry): L'insertion des parents dans l'école.
Selon le projet de loi révisé, il est désormais
assuré que: le comité d'école sera une
réalité à l'intérieur de chaque école; si
les parents le souhaitent, il pourra en être ainsi dans chaque
école physique; le comité d'école sera consulté sur
les orientations propres de l'école contenues dans le projet
éducatif, de même que sur les mesures adoptées par le
directeur de l'école pour assurer la réalisation et
l'évaluation des orientations déterminées pour
l'école; le conseil d'orientation ou le directeur de l'école sera
tenu de consulter le comité d'école sur un certain nombre de
sujets importants pour
la vie de l'école et ce comité pourra lui-même
donner son avis sur tout sujet qui concerne les parents et sur lequel le
comité demande à être consulté; le comité
d'école pourra donner directement son avis à la commission
scolaire sur un certain nombre de questions; le comité d'école
disposera d'un budget propre et sera responsable de son administration; de
manière habituelle, c'est le comité d'école lui-même
qui verra à assurer, d'année en année, sa
continuité; c'est le comité d'école qui nommera tous les
représentants des parents au conseil d'orientation de l'école; le
nombre de représentants des parents membres de ce conseil sera au moins
égal au nombre de représentants des autres groupes ensemble; le
président du conseil d'orientation sera nécessairement un parent;
le conseil d'orientation ne pourra se réunir validement si les
représentants des parents ne sont pas présents en nombre au moins
égal aux autres membres; le conseil d'orientation sera
étroitement associé à tous les aspects du projet
éducatif, soit nommément sa préparation, sa
réalisation et son évaluation.
Voilà autant de points qui n'étaient pas acquis ou, du
moins, pas acquis aussi clairement dans la version initiale du projet de loi.
En fait, malgré les apparences, il n'y a eu ici qu'un seul changement.
On a tout simplement reconnu le comité d'école comme la pierre
angulaire de la participation des parents ou, comme l'affirme notre
mémoire du mois de mai, comme une composante essentielle et stable de
l'école. Tout le reste a suivi logiquement. Le conseil d'orientation
lui-même a pris un sens nouveau. Il est véritablement devenu le
lieu de rencontre des partenaires qui, tous, s'appuient sur un ensemble
organisé et peuvent en exprimer, avec une certaine force, les attentes,
les préoccupations et les points de vue.
Il existe, néanmoins, encore trois points sur lesquels la
Fédération des comités de parents s'interroge ou propose
des modifications.
Les articles 41 et 81. L'article 41 doit mentionner, tout comme
l'article 40, qui porte sur la nomination du directeur de l'école, que
la nomination d'un ou de plusieurs adjoints ne sera faite qu'après
consultation du conseil d'orientation de l'école. Cet ajout est d'autant
plus important que ce directeur adjoint ou l'un d'entre eux, s'il y en a
plusieurs, est, en tout temps, selon l'article 42, susceptible d'exercer les
fonctions et pouvoirs du directeur. L'expérience démontre aussi
que, en plusieurs endroits, le directeur étant souvent absent pour
diverses raisons ou occupé à des fonctions administratives
générales, c'est le directeur adjoint qui s'occupe le plus
activement de la vie quotidienne de l'école. L'ajout proposé
à l'article 41 exige une modification de concordance dans le paragraphe
2° de l'article 81.
Article 84. 1. Le deuxième alinéa se lit ainsi: "Sont
convoqués les parents des élèves inscrits à
l'école pour la prochaine scolaire ou, si la date de l'assemblée
est postérieure au 30 jours, pour l'année scolaire en cours. "
Tel quel, ce passage n'est pas compréhensible. Faut-il lire "août"
au lieu de "jours"? Ou l'erreur se situe-t-elle ailleurs?
Article 91. La loi doit mentionner que le comité d'école
devra prévoir la tenue d'au moins dix séances par année
(soit une par mois, sauf en juillet et en août), et non trois seulement,
comme on le fait dans cet article. En effet, dans les circonstances, le nombre
de réunions constitue un indicateur très significatif du
sérieux avec lequel on s'attend que le comité d'école
remplira ses fonctions; il revient à la loi, et non aux opinions
incertaines ou capricieuses, d'attirer l'attention de tous, administrateurs,
parents et autres partenaires concernés, sur le niveau minimum
d'exigences qui s'impose pour qu'un tel comité puisse effectuer un
travail valable.
L'insertion des parents dans la commission scolaire. De l'analyse du
projet de loi révisé, il ressort entre autres que: le
comité de parents sera clairement formé, comme c'est d'ailleurs
le cas actuellement, d'un représentant choisi par chaque comité
d'école; sauf exception, le comité de parents verra
lui-même à assurer, d'année en année, sa
continuité; les parents membres de l'un ou l'autre comité de la
commission scolaire seront nommés par le comité de parents; le
commissaire représentant le comité de parents, pour chaque ordre
d'enseignement, de même que le représentant des parents de la
minorité d'élèves visée à l'article 127 (i.
e. le commissaire linguistique) seront nécessairement membres du
comité exécutif de la commission scolaire, comité qui, en
l'occurrence, est obligatoire.
Ces divers aménagements contribuent tous, certes, à
valoriser la participation des parents, mais, surtout, à. donner
à cette participation, à partir du comité d'école
et dans son prolongement, plus de cohérence.
Il est difficile d'aborder la question de l'insertion des parents
à l'intérieur de la commission scolaire sans dire au moins un mot
de l'attribution, ou non, d'un droit de vote aux commissaires
représentants du comité de parents. La position de la
Fédération des comités de parents est, sur ce point,
particulièrement précise et nette: dans l'économie du
projet de loi actuel, un tel droit de vote n'aurait pas de sens et, compte tenu
de toutes les questions, souvent majeures au demeurant, dont prétend
disposer la révision actuelle - et dont, de l'avis de la
fédération, elle dispose, dans l'ensemble, d'une manière
plutôt satisfaisante - elle juge inopportun, à ce moment-ci, de
relancer le débat.
Quant aux raisons pour lesquelles l'attribution d'un droit de vote aux
représentants des parents n'est pas appropriée dans le cadre
actuel, on nous permettra de reproduire ici les trois paragraphes essentiels
consacrés à ce sujet dans notre premier mémoire.
Il est déjà significatif de constater qu'à peu
près personne ne revendique un tel droit de
vote, disions-nous alors. Toutefois, il convient de s'interroger sur les
raisons mêmes pour lesquelles il en est ainsi. La principale de ces
raisons est la nécessité de conserver une claire distinction, en
fait comme en principe, entre structure consultative et structure
décisionnelle. Quelles que soient les relations et les interactions
qu'il paraît nécessaire de prévoir entre les structures qui
encadrent respectivement la voie de la consultation et celle de la
décision, une longue sagesse commande qu'on évite à tout
prix et en toute circonstance de les confondre; en démocratie, chacune
de ces voies a sa raison d'être, ses règles et ses exigences
propres, et ce n'est qu'en les respectant qu'on peut faire produire à
chaque voie ce pour quoi elle existe.
Le fait de conférer un droit de vote de caractère
décisionnel, au plus haut niveau, à une personne qui,
fondamentalement, est inscrite dans une structure consultative, risque de
changer la nature même du processus inhérent à la
consultation et, par voie de conséquence, de multiplier les sources de
conflits. En effet, on ne doit pas oublier que, dans le cadre d'un processus
consultatif comme celui qui existe en ce moment, le représentant du
comité de parents au conseil des commissaires et au comité
exécutif n'est pas seulement le porte-parole des parents; il est aussi
celui du conseil des commissaires et du comité exécutif
auprès des parents. Le fait de voter ne lui permettrait plus, selon
toute probabilité, de conserver la même ouverture face aux points
de vue divers de chacune des deux parties.
Peut-être faut-il être encore plus clair, car on pourrait
objecter à la Fédération des comités de parents
qu'elle a elle-même déjà mis de l'avant des propositions
qui incluaient le droit de vote des parents au conseil des commissaires. Cela
est tout à fait vrai, et la Fédération des comités
de parents est toujours disposée à défendre ces
propositions si, de son côté, le ministre de l'Éducation
est prêt à remanier substantiellement le projet de loi qu'il a
déposé. En effet, ce n'est pas le fait de conférer un
droit de vote à des parents, en tant que parents, au conseil des
commissaires qui fait problème. Ce qui est inacceptable, c'est de
conférer ce droit à des parents dans un ensemble qui, dans le
tissu même qui lui donne vie, ne va pas dans ce sens et n'en favorise pas
l'exercice libre et efficace. Ici, pour ne prendre qu'un exemple, on
prévoit un mandat de trois ans pour les commissaires élus par
l'ensemble de la population, alors que le représentant du comité
de parents ou, dans certains cas, du comité central de parents ne peut
être élu que pour un an et que, au surplus, durant cette
brève période, à la différence des autres
commissaires, il est nécessairement appelé à rendre compte
régulièrement de son action à une instance très
précise, le comité de parents. (22 heures)
Ces questions et propositions tournent ici autour de quatre points. Les
articles 127 et 171.
L'article 127 porte sur le choix de représentants d'une
minorité linguistique, française ou anglaise, au conseil des
commissaires. De l'avis de la Fédération des comités de
parents, cette personne devrait, du fait même de son élection
comme représentante des parents, être considérée
comme faisant partie du comité de parents de la commission scolaire en
cause. En plus d'être fidèle à l'esprit du projet de loi,
il y a tout lieu de croire que cette voie serait la plus efficace pour donner
à sa participation le soutien dont elle aura sûrement besoin de
temps à autre. Aussi, peut-être est-il opportun de souligner ici
que, en ce moment même, 57 comités de parents sur 211 comprennent
des représentants de comités d'école francophones et de
comités d'école anglophones.
L'article 169. Le comité consultatif des services aux
élèves handicapés, aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. À l'intérieur
de l'article 169, on définit les fonctions de ce comité. La
fédération des comités de parents recommanderait qu'il y
ait peut-être moyen de voir se retrouver à l'intérieur de
cet article un des buts visés par ce comité, soit de favoriser
l'intégration des enfants aptes à être
intégrés.
L'article 175. Parmi les sujets sur lesquels le comité de parents
doit être consulté, on semble avoir oublié de mentionner
les critères relatifs au choix des manuels scolaires et du
matériel didactique requis pour l'enseignement des programmes
d'études établis par le ministre et des programmes d'étude
adoptés par la commission scolaire. En effet, dans l'actuelle Loi sur
l'instruction publique (voir article 52. 3, paragraphe 3°), un sujet
semblable figure parmi les objets de consultation et il ne fait pas davantage
problème que d'autres. La Fédération des comités de
parents ne comprend pas pourquoi on profite d'une révision de la loi
pour le rayer.
L'article 177. Pour les mêmes raisons que celles
déjà signalées pour le comité d'école, il
s'impose de mentionner dans cet article que le comité de parents devrait
prévoir la tenue d'au moins dix séances par année, soit
une par mois, sauf en juillet et en août, et non trois, tel que
suggéré dans le texte actuel.
Les articles 77, 93 et 179. La Fédération des
comités de parents a pris note de la disparition des textes stipulant
que le comité d'école, le comité de parents et le conseil
d'orientation pouvaient, dans certaines circonstances, ester ou intervenir en
justice. On craint, semble-t-il, certains abus qui pourraient s'avérer
coûteux. Tout en se montrant réceptive à ce point de vue,
la fédération tient à signaler qu'elle a, à de
nombreuses reprises, dû assister impuissante à divers abus de la
part d'autorités scolaires concernant les droits ou les biens de
comités d'école ou de comités de parents. C'est pourquoi
elle insiste pour que, à défaut de pouvoir ester ou intervenir en
justice, un autre recours soit prévu, possiblement au niveau du ministre
de
l'Éducation. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, c'est moi
qui vous remercie.
M. Gervais (Henri): Si vous me le permettez, M. le
Président, je demanderais à M. Gérald Beaulieu
d'intervenir pour les gens de l'île de Montréal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Gérald): Merci, M. le Président.
Tout d'abord, comme tous les autres parents québécois, les
parents montréalais sont heureux, je pense, des améliorations
apportées au projet de loi 107, particulièrement en ce qui touche
la présence des parents à l'école et à la
commission scolaire. Nous aimerions notamment souligner un point que nous avons
présenté dans le mémoire de mai, les minorités
linguistiques. Je pense qu'il reste peut-être encore certaines
améliorations à y apporter, mon collègue y a fait
référence tantôt. Nous sommes d'accord sur le principe que
la commission scolaire détermine avec le comité de parents le
mode d'élection des représentants de cette minorité, mais
il faudrait aussi, à notre avis, que cette personne siège au
comité de parents, pour ne pas avoir deux solitudes. Le reste de notre
mémoire du mois de mai, en ce qui concerne l'île de
Montréal, touchait plusieurs points, mais disons que je veux revenir sur
deux en particulier: le transport scolaire et le Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
Sur le transport scolaire, nous avions demandé des
éclaircissements à l'article 263. Je constate qu'au
deuxième paragraphe, effectivement, il y a eu une
réécriture de cet article qui précise ce que peut faire
une commission scolaire ou pas. Cependant, le sens des éclaircissements
que nous demandions, c'était d'éclaircir les pratiques actuelles
de certaines commissions scolaires. D'une commission scolaire à l'autre,
c'est très variable. Vous savez que, sur l'île de Montréal,
peut-être plus qu'ailleurs au Québec, des mouvements
d'élèves d'une école à l'autre, ça existe,
particulièrement du 15 au 30 septembre. Des fermetures d'école,
malheureusement, ça existe aussi. Il arrive que dans certaines
écoles primaires - je pense à une école anglophone que je
connais bien à la ville de Saint-Laurent - on doive transporter par
autobus les deux tiers des élèves. Or, le midi, ils doivent
dîner à l'école. Parce qu'il n'y a pas d'école dans
le quartier ou parce que l'enfant a changé d'école entre le 15 et
le 30 septembre, il arrive que certaines commissions scolaires paient la
surveillance du dîner à l'école, parce qu'il n'y a pas de
transport organisé le midi, mais d'autres commissions scolaires exigent
des parents le coût de ce dîner à l'école. Cela nous
semble inacceptable, particulièrement face au principe de
gratuité scolaire qu'on défend depuis un certain temps.
Il y a même des parents qui vont être envoyés devant
la Cour des petites créances parce qu'ils ont refusé de payer au
cours des deux dernières années. On en est rendu là. Pour
ce problème, M. le Président, nous demandons au
législateur de voir à préciser - c'était le sens de
notre requête du mois de mai - les obligations des commissions scolaires
et les droits et obligations des parents aussi, que ce soit clair une fois pour
toutes de façon que, d'une commission scolaire à l'autre, on
n'ait pas deux poids, deux mesures.
Quant au conseil scolaire, j'aimerais souligner un petit lapsus qui
s'est glissé dans la révision de la loi et des amendements,
l'article 362 a pour effet d'échapper le territoire d'Harwood. Il
faudrait peut-être rétablir la rédaction originale de
façon que le territoire d'Harwood reste toujours membre du Conseil
scolaire de l'île de Montréal et membre de Lakeshore.
Concernant la composition du conseil scolaire, nous demandons depuis
1977 - j'ai retracé une quinzaine de demandes de notre organisme - que
les parents siègent au conseil scolaire. Il nous semble anormal, en
effet, que, dans un organisme qui dirige les destinées de l'enseignement
primaire et secondaire, qui est unique au Québec - évidemment, il
n'y a qu'un seul conseil scolaire, il n'y en a que deux au Canada, de toute
façon, et je ne pense pas que ça se multiplie - les parents ne
puissent pas siéger à cet organisme où il se prend quand
même un certain nombre de décisions qui sont, pour la plupart,
pour les immobilisations ou d'ordre financier, mais qui affectent la
qualité de vie de nos enfants à l'école. Je ne vois pas
pourquoi, alors que les parents sont membres des conseils des commissaires des
huit commissions scolaires de l'île, il ne pourrait pas y avoir des
parents au conseil scolaire.
Il faut comprendre aussi que la Fédération des
comités de parents de l'île de Montréal a été
créée en même temps que le Conseil scolaire de l'île
de Montréal. Nous logeons dans les locaux du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. Nous avons donc des rapports très
étroits avec ce conseil. À défaut d'avoir un membre qui
siège au conseil, depuis toujours la composition de notre comité
exécutif comprend un relationniste non pas "at large", mais avec le
conseil scolaire. Nous avons un membre de notre exécutif dont la
fonction principale et quasi unique est de s'assurer que notre organisme fait
bien le lien avec le conseil scolaire, qui assiste à toutes les
séances du conseil scolaire, rapporte les informations, mais,
évidemment, il ne peut pas intervenir au conseil scolaire lors des
séances publiques.
C'est dans ce sens que nous répétons les demandes que nous
avons adressées à différents gouvernements successifs, qui
sont restées sans réponse à ce jour. Nous avons
demandé que les trois membres du conseil, nommés par le
minis-
tre, puisqu'il les laisse tomber, soient maintenant nommés par la
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal et que ce soient trois parents.
Enfin, nous nous interrogeons sur l'effet des articles 405, 406 et 410,
et là je dois vous avouer que c'est notre interprétation
personnelle, M. le Président. Et nous voulons être
rassurés, parce que nous avons des inquiétudes sur un programme
qui nous tient particulièrement à coeur comme parents
montréalais, c'est le programme des milieux défavorisés.
À même la taxe locale de 50 000 000 $ que perçoivent les
huit commissions scolaires de l'île par l'entremise du conseil scolaire,
il y a actuellement une forme de péréquation qui
s'établit: chaque commission scolaire prend à peu près 10
% de cette taxe, qui est un produit de 5 000 000 $ et on les redistribue entre
les commissions scolaires les plus en difficulté de ce
côté. Effectivement, il y a quatre commissions scolaires qui
retirent des fonds au titre de ce programme, et il y en a quatre qui n'en
retirent pas. Alors, c'est donc une forme de péréquation, et la
lecture du projet de loi actuel et même de ses amendements,
particulièrement des articles 405 et 410, nous amène à
penser qu'il faudra aller au-delà des 6 %, puisqu'on change le
rôle du conseil scolaire, à notre lecture, si je fais une mauvaise
interprétation j'aimerais qu'on nous rassure. Il semble que le conseil
scolaire devra percevoir la taxe locale et la redistribuer en entier aux
commissions scolaires, d'après le projet de loi 107. Si tel était
le cas, pour s'occuper des milieux défavorisés comme la loi lui
en fait l'obligation, le conseil scolaire sera obligé d'aller en
surplus, c'est-à-dire d'aller en référendum pour aller
chercher une taxe au-delà de 6 %. Cela nous laisse assez perplexes face
aux besoins constatés dans ces milieux; une étude d'il y a deux
ans démontre qu'effectivement le conseil scolaire pour
l'éducation interculturelle et les milieux défavorisés
aurait besoin de 16 000 000 $ à 18 000 000 $ par année et non pas
des 5 000 000 $ qu'il a présentement.
Merci, M. le Président.
M. Gervais (Henri): Merci, M. Beaulieu; M. le Président,
en conclusion. De plusieurs points de vue, il paraît éminemment
souhaitable que le projet de loi 107 franchisse très bientôt les
diverses étapes qui en feront une loi. Toutefois, tel que
déjà brièvement suggéré, cette loi ne
prendra tout son sens que si on la situe dans le contexte qui en a
provoqué l'émergence et que si on esquisse au moins le projet
qu'elle sous-tend. Enfin, il est d'ores et déjà évident
que l'application de cette nouvelle loi requerra un ensemble d'efforts et de
moyens divers et peu communs. C'est en faisant état de ces trois
préoccupations, même si ce n'est que très
brièvement, que la Fédération des comités de
parents aimerait terminer cette intervention.
Un projet de loi qui doit être adopté maintenant. Il y a
maintenant plus de six ans que, d'une façon quasi continue, le
ministère de l'Éducation, les syndicats, les associations et les
fédérations représentatives du monde de l'enseignement, de
même que quelques autres organismes, sont engagés dans une
réflexion intensive pour réviser l'ensemble de la Loi sur
l'instruction publique. Ce long cheminement, avec ses multiples rebondissements
a assez duré. Le temps est maintenant venu de tirer la ligne, le mieux
possible, mais au besoin en prenant certains risques. De toute manière,
ceux-ci sont probablement moins graves que ceux qu'il y aurait à
étirer encore le débat.
Certes, le projet actuel, même après avoir
intégré les plus récentes propositions d'amendements,
pourrait encore faire l'objet de critiques. Toutefois, s'il n'a pas
donné à qui que ce soit tout ce qu'il souhaitait, on peut
constater qu'il a, en invitant chacun à une prise en charge plus large
et plus communautaire, plutôt accru que diminué les
responsabilités de tous. Par ailleurs, même si, de toute
évidence, il se situe au carrefour de visions, de préoccupations
et d'intérêts fort divers, il demeure cohérent et, ce qui
est plus significatif encore, il est rédigé de telle
manière que la porte reste ouverte à de nombreux
aménagements dictés par l'expérience. Aussi, il n'est pas
indifférent, dans une société démocratique, que ce
projet soit mieux structuré, plus limpide, plus facile à
consulter et plus lisible que la loi à laquelle il succède.
De plus, on doit tenir compte du fait que, à l'intérieur
du système scolaire, il existe de persistants et graves problèmes
qui commandent une étude approfondie et requièrent une solution.
(22 h 15)
Pour toutes ces raisons, il faut espérer que ce projet de loi,
enrichi encore par le surcroît de créativité que provoque
souvent la détermination d'une échéance inflexible, sera
adopté par l'Assemblée nationale dans les délais
prévus, soit avant Noël.
Deuxièmement, un projet de loi qui renouvelle et élargit
les responsabilités de chaque partenaire. Ce projet de loi invite chacun
des partenaires habituels du système scolaire, du ministre aux
élèves, des commissaires aux enseignants, des parents aux
professionnels non enseignants et au personnel de soutien, à repenser
ses responsabilités et, tout compte fait, à se situer autrement.
Chacun étant désormais placé en face des défis de
l'école ou, selon le cas, de la commission scolaire, il verra
nécessairement à élargir le champ de ses
responsabilités; chacun deviendra, pour ainsi dire, partie prenante de
l'ensemble. Du même coup, cette situation inédite offrira à
chacun de multiples occasions d'engager le dialogue avec les autres partenaires
et, par voie de conséquence, de mieux comprendre leur point de vue et de
trouver avec eux les points d'ancrage d'une action au moins en partie commune
et, pour le reste, largement convergente.
Sur ce nouvel échiquier, les acteurs qui intéressent
davantage la fédération, ce sont évidemment les parents.
Compte tenu de l'expérience qui a été la leur depuis 1971
- et, en maints endroits, depuis plus longtemps - le projet de loi 107 ne
bouscule rien. A la suite d'une première version qui constituait une
rupture inattendue et un triste recul, on semble avoir finalement opté
pour la voie de la consolidation accompagnée, sur un aspect ou l'autre,
de quelques pertinents réajustements. À partir du point
d'équilibre fermement posé que constitue le comité
d'école, on peut espérer que le conseil d'orientation permettra
aux parents d'élargir eux aussi le champ de leurs
responsabilités.
Mais c'est un projet dont la mise en oeuvre exigera des efforts et des
moyens. Ce n'est pas tout de décrire dans une loi ce qui doit
être, il faut l'inscrire dans le réel. Trois conditions au moins
sont requises: de la détermination, un engagement sans oeillères
et des moyens concrets. Beaucoup de détermination sera nécessaire
pour préparer les nouveaux règlements prévus,
rédiger et diffuser la documentation requise, mettre en place les
nouvelles structures ou réaménager autrement celles qui existent,
redéfinir les fonctions de très nombreux organismes et personnes,
etc.
L'accord des consciences et la cohérence des actions avec les
intentions de la loi exigeront un engagement patient et ouvert de la part de
tous les partenaires concernés. Le projet de loi 107 est aussi, on ne
saurait l'oublier, un projet social; c'est même parce qu'il est un projet
ayant une portée sociale qu'il se justifie comme projet de loi.
Enfin, il va de soi que l'effort des personnes devra être soutenu
par des moyens concrets, notamment financiers. Des budgets clairement
identifiés devront être prévus dans les règles
budgétaires afin d'assurer à tous les comités tout le
soutien dont ils auront besoin. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. le président. Il reste environ une quinzaine de minutes
pour les discussions avec les membres. Je reconnais dans un premier temps M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. J'ai envie de dire
deux fois bravo: le premier bravo, parce que vous avez parlé des
parents, alors qu'aujourd'hui nous avons...
Une voix: Ce sont des parents.
M. Gardner: Je comprends, ce sont des parents, oui. Nous avons
entendu la COPHAN qui a parlé des personnes handicapées, la
Fédération des commissions scolaires catholiques qui a
parlé des commissions scolaires, l'Institut canadien d'éducation
des adultes qui a parlé des adultes, la Centrale de l'enseignement du
Québec qui a parlé de toutes sortes de choses, sauf des
enseignants, et nous venons d'entendre la Fédération des
comités de parents qui vient de parler des parents. Je vous
félicite, c'est le premier bravo.
Le deuxième bravo, c'est que vous trouvez que notre projet de
loi, te projet de loi 107, est fameux. Bravo! J'en suis très heureux du
côté ministériel et je suis certain que ça ne fait
pas plaisir aux gens de l'autre côté de cette table, surtout que
vous dites au début: "... la Fédération des comités
de parents juge très heureuses la plupart des corrections qui, sur les
sujets qu'elle connaît le mieux, ont été apportées
au projet de loi initial. " Après tout ce que nous avons entendu
aujourd'hui et après ce que vous venez de dire, je pense qu'on peut
être optimistes que, d'ici une dizaine de jours, le projet de loi 107
sera adopté et nous irons au projet de loi 106. Je pense qu'après
toutes les consultations que nous avons eues aujourd'hui on ne peut pas
s'attendre à mieux de l'Opposition.
Je reviens sur certains points. J'ai vu les belles conclusions, aussi,
que vous avez données. C'est bien évident qu'une mutation cela
dérange et vous avez dit que c'est un projet de loi qui doit être
adopté immédiatement. Vous avez mentionné qu'il
n'était pas parfait. Cela, il faut l'admettre, même le ministre
nous l'a admis déjà, mais la perfection n'existe pas sur terre,
vous savez cela. "Un projet de loi qui renouvelle et élargit les
responsabilités de chaque partenaire", y compris les parents, et je suis
très heureux de voir que vous voulez absolument la participation des
parents. J'ai mentionné dans le discours en deuxième lecture que
je voulais une participation à 100 % des parents dans tous les
comités afin de faire des projets éducatifs qui vont
répondre vraiment aux désirs des parents. Je suis heureux de voir
cela. "Un projet dont la mise en oeuvre exigera des efforts et des moyens. "
Bien sûr, les moyens, on en a parlé aujourd'hui, il faut d'abord
vivre avec les finances que nous avons, avec le gouvernement, où on doit
vérifier tout ce qu'on dépense. On vérifie
sérieusement tout ce qu'on dépense; alors, il faudra vivre avec
les moyens, mais il faudra peut-être mettre d'autres moyens et je pense
qu'on est sensibilisés à cela.
Là où je voudrais vous poser une question... Lorsque vous
êtes venus cet été, vous parliez beaucoup de la
présence des comités d'école, des comités de
parents et du conseil d'orientation. Vous disiez qu'il y en avait beaucoup. La
nouvelle formule sur le comité d'école et le conseil
d'orientation, est-ce que cela vous plaît, ce qu'on a fait comme
révision?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.Gervais.
M. Gervais (Henri): Oui, effectivement. En ce qui nous concerne,
le fait de voir nos comités d'école demeurer en poste et de voir
l'ouverture quant au conseil d'orientation, disons que, sur ce
principe-là, je pense qu'on a trouvé cela excellent,
d'autant plus que, lorsque nous regardons les amendements, on assoit,
effectivement, cette participation-là. Le seul aspect qui nous
inquiète un peu, c'est de voir que dans un article - je ne me souviens
pas de l'article par coeur - on dit que le comité d'école doit se
réunir au moins trois fois par année. On demande que ce soit un
peu ce que nous vivons actuellement, que ce soit, si vous voulez, sur une
période de dix mois comme nous le vivons depuis plusieurs années.
Mais l'arrimage en ce qui nous concerne, le comité d'école et cet
amendement qui dit que c'est le comité d'école qui va nommer les
parents qui vont siéger au conseil d'orientation, pour nous, c'est
excellent, ce sont les objectifs qu'on visait depuis plusieurs
années.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député.
M. Gardner: Quand on dit: Trois fois par année, c'est au
moins trois fois.
M. Gervais (Henri): Oui, je comprends.
M. Gardner: Cela n'empêche pas les dix fois.
M. Gervais (Henri): Non. Cependant, quand on parle, par
exemple... On va être un peu assujettis aux budgets des commissions
scolaires qui vont nous dire souvent: On n'a pas plus d'argent pour que vous
puissiez vous réunir quatre ou cinq fois, cela nous apparaît
suffisant. Pour éviter, si vous voulez, toutes ces tractations, et aussi
pour une continuité de dossier. Si le conseil d'orientation doit se
réunir au moins deux fois par année et peut-être trois ou
quatre, je pense qu'il y a quand même un travail de base qui doit se
faire au comité d'école pour aussi alimenter le conseil
d'orientation dans son projet éducatif, etc. Mais, en termes de
continuité en ce qui concerne les parents, je pense qu'on le vit
déjà depuis plusieurs années et pour nous c'est
très important.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député. M. le député d'Abitibi-Ouest, le
porte-parole de l'Opposition officielle en matière d'éducation.
M. le député.
M. Gendron: Rapidement, je voudrais remercier la
Fédération des comités de parents, M. Gervais et son
équipe. Je pense que, dans le court délai qui vous est imparti,
il s'agit quand même là d'une contribution importante et valable
par rapport aux amendements proposés. Je n'ai pas l'intention de faire
le tour de votre mémoire. Je retiens plutôt, par exemple,
qu'à la page 5 vous avez mentionné: "Le cadre de la
présente intervention ne se prêtant pas à une discussion
aussi détaillée que lors du projet de loi 107 et d'ailleurs - en
parlant des amendements proposés et du projet de loi 107 - celui-ci
n'étant plus tout à fait le même... " Je reconnais
là le jugement que vous portez. Je suis de votre avis. Il a
changé un peu, mais fondamentalement, en ce qui me concerne, cela ne me
permet pas de me gargariser, comme je viens de l'entendre du
député ministériel, qu'il s'agit là d'un projet de
loi extraordinaire, fameux, où tout est parfait. Surtout que, en ce qui
nous concerne, il reste plusieurs carences importantes par rapport à la
loi 3.
D'ailleurs, c'est ce que les autres représentants sont venus nous
dire ce soir. Bien sûr, en parlant de ce pour quoi ils sont
mandatés, je ne reste pas surpris que des gens de l'éducation des
adultes viennent nous parler des dispositions concernant l'éducation des
adultes. Cela ne m'étonne pas, c'est normal. Cependant, ces
gens-là nous ont dit qu'il y a encore énormément de
carences concernant les services de gratuité garantis au niveau des
manuels et des objectifs. J'ai senti que vous aussi, vous aviez des
inquiétudes, que nous, en tout cas, on va essayer de voir et de
refléter lors de l'étude article par article. Je peux donc vous
assurer qu'il me fera plaisir de me servir de certains éléments
précis sur lesquels vous avez apporté une bonification dans
l'étude article par article.
J'ai juste une question, mais je la trouve quand même
fondamentale. Bien honnêtement et un peu candidement, je vous avoue que,
quand je lis les pages 9, 10 et 11 - je l'ai fait deux fois et je vais le
refaire une troisième fois - tout ce que je comprends, et cela c'est
clair, c'est que vous ne voulez pas de droit de vote. Mais ce n'est
sûrement pas avec les explications que vous fournissez là que
c'est très clair. Objectivement, je suis obligé de vous dire
cela. Je ne reprendrai pas des phrases qui sont d'une complexité
à saisir, je vous cite juste à la page 11: "Ce qui est
inacceptable, c'est de conférer ce droit à des parents dans un
ensemble qui, dans le tissu même qui lui donne vie, ne va pas dans ce
sens et n'en favorise pas l'exercice libre et efficace. "
Je comprends les mots que vous avez utilisés, mais je vous avoue
que je ne suis pas plus avancé sur les raisons fondamentales pour
lesquelles vous ne réclamez plus ce qui vous était apparu,
à un moment X, comme étant une condition fondamentale. Ce n'est
pas parce que vous étiez le tiers avant et que là vous êtes
deux. Je prétends que, quand des personnes exigent d'être
représentées a un forum quelconque, et là on parle du
conseil des commissaires... J'ai bien de la difficulté à
comprendre pourquoi vous vous soustrayez à cette participation de plein
droit pour les questions qui vont être discutées là, parce
que vous voulez être dans ce forum. Ce forum n'est pas compliqué.
C'est une table de commissaires qui prend des décisions sur une
série de choses. Vous voulez qu'il y ait deux parents qui aillent
véhiculer le point de vue du comité de parents, je comprends bien
cela, mais ne croyez-vous pas que la meilleure façon d'être
ce que j'appellerais un peu plus capables d'exprimer le point de vue de
parents, véhiculant les discussions qu'ils ont au comité de
parents, c'est d'être, à la table où ils en parleront, des
citoyens ou des représentants ayant les mêmes droits et les
mêmes privilèges que ceux qui sont là?
J'ai eu l'occasion, avant de faire de la politique, de participer
à plusieurs groupes, comités, instances, dans certains cas
décisionnels, dans d'autres, informationnels, si vous me permettez
l'expression. Quand je tenais à aller véhiculer un point de vue
consultatif auprès de décideurs et qu'on me permettait d'y
siéger de plein droit, je souhaitais être un citoyen de plein
droit. J'aimerais que, au-delà du papier, je le répète, je
vais le relire attentivement... Ce qui m'apparaît clair, c'est que vous
ne voulez pas le droit de vote. Ce que je sens, c'est une renonciation au droit
de vote, que je comprends très bien. C'est votre droit, je n'ai pas de
mal à comprendre cela et je vais défendre votre point de vue. Je
me reprends: je ne suis pas obligé - vous comprenez cela - de
défendre des points de vue auxquels je ne peux pas souscrire, surtout si
j'ai la conviction que je les ai bien compris.
Je conclus en vous disant... Je pense que c'est très clair. Je
dis que ce n'est sûrement pas sur la base des arguments ici que je vais
être capable de dire: Voici pourquoi le comité de parents ne
réclame pas le droit de vote. Ce qu'ils m'ont dit, c'est qu'ils ne
veulent pas le droit de vote, mais pourquoi ne le veulent-ils pas? Vous les
verrez, vous les consulterez, je ne sais pas pourquoi ils ne réclament
plus le droit de vote au conseil des commissaires. Au-delà du texte qui
est ici, est-ce que vous pourriez me donner quelques arguments pour lesquels
vous ne voulez plus le droit de vote?
M. Gervais (Henri): D'accord. Rapidement, si vous voulez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
président.
M. Gervais (Henri): Si vous le permettez, M. le Président.
Effectivement, il y a eu une période, par exemple, où on a eu
l'impression - nous ne l'avons pas demandé comme tel - que les gens se
dirigeaient vers cet aspect. Il faut dire qu'à cette période je
pense que le vécu des parents au conseil des commissaires et au
comité exécutif était assez court. À la suite du
vécu qui arrive actuellement et aussi de l'argumentation que nous avons
entendue lors de notre assemblée générale et qui nous a
été confirmée il y a quinze jours... On s'interrogeait et
c'était très fort, comme je l'ai dit un peu plus tôt, en
plénière, effectivement, cela a été
reconfirmé que c'était leur position. Un des aspects, pour vous
éclairer, qui nous apparaît fondamental c'est que. lorsque le
délégué part de son comité de parents avec un
dossier, arrive au conseil des commissaires et il lui manque de l'information,
il est pris pour vous rater ce soir-là. Là, avec un surplus
d'informations, il se rend compte qu'il faudrait peut-être qu'il
refasse... C'est un problème qui fait qu'à un moment donné
il tranche ou il ne tranche pas. Cela lui permet de retourner à son
comité de parents et d'expliquer avec un surplus d'informations qu'il a
eu venant du conseil pourquoi ces gens se sont dirigés vers telle voie
plus que l'autre. (22 h 30)
Un autre aspect qui nous a été soulevé beaucoup,
c'est qu'à partir du moment où nous prenons un vote, qu'il soit
pour ou contre, je pense qu'il y a une question de solidarité de groupe
qu'on doit respecter. Alors, pour siéger moi-même à un
conseil de commissaires, lorsque je vote avec un groupe, je vais essayer de
défendre mes idées, mais il reste qu'en fin de compte nous sommes
deux contre dix-neuf et je me fais renverser; il reste qu'il y a un ralliement
qui doit se faire autour d'un groupe, j'imagine, si on parle de
démocratie. Alors, si je retourne dehors et que je dis: Ce sont des ci,
des ça... Vous les placez dans une situation qui, dans le fond, ne leur
permettrait plus de marge de manoeuvre. Là, ils peuvent quand même
retourner et réactiver le dossier sous une autre forme, une autre
façon. Ils peuvent l'amener. Ils ne se feront pas arrêter par le
président de la commission scolaire pour se faire dire: Cela a
été tranché, cela a été réglé,
on n'en parle plus. C'est un des aspects très importants pour nous. Ce
que j'entends aussi, puisque j'ai fait une tournée en province depuis un
mois, c'est que la plupart des gens me disent: On tient à garder une
certaine neutralité, à savoir qu'on puisse quand même
revenir devant un conseil concernant un sujet quelconque. Là, je
pourrais vous sortir une bonne partie d'arguments là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. M. le
député.
M. Gendron: Un autre commentaire, c'est à la page 13 de
votre mémoire. Je trouvais heureux que vous rappeliez qu'il y a
peut-être lieu d'interroger le ministre sur les précisions qu'il
devrait donner concernant les outils supports pour ce qui est du
matériel didactique et tout cela. Je suis content de cette
précision parce que vous dites que les dispositions de cahiers
d'exercices ou autres qui ont un caractère obligatoire, vous comprenez
mal que cela ne soit pas inclus dans les éléments de
gratuité. C'est ce que je crois comprendre de votre mémoire alors
que, pour le reste des choses dans lesquelles l'élève
écrit des affaires, son cahier de dessins, si on s'exprime comme cela,
ou ses notes de cartables à lui, vous semblez dire: On comprendrait que
ce soit lui qui l'assume. Mais, les cahiers d'exercices obligatoires, cela
devrait faire l'objet dans la définition de l'assurance de
gratuité. C'est bien
cela?
M. Gervais (Henri): En ce qui concerne ces articles 4 et 8 du
projet de loi 107, on demande seulement que ce soit clair. Qu'est-ce qui est
gratuit dans la gratuité scolaire? Dans la loi actuelle, on
l'interprète de toutes sortes de façons. C'est rendu sous une
forme... Alors, on demande que les articles 4 et B soient clairs en ce qui
concerne le matériel didactique. C'est sûr qu'on n'inclut pas
là-dedans les crayons, les cahiers, ces trucs-là.
M. Qendron; Non, non, cela va, M. Gervais. Mais, si vous demandez
ça, c'est parce que vous avez lu dans les amendements que ce
n'était pas plus clair.
M. Qervals (Henri): Cela ne nous paraît pas encore assez
clair de ce côté.
M. Gendron: Voilà, merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. En guise de
conclusion, M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais remercier la
Fédération des comités de parents de la contribution
très appréciée qu'elle vient de fournir à notre
démarche commune. Je pense que nous connaissons tous le processus de
consultation qui est observé à l'intérieur de la
Fédération des comités de parents où des positions
comme celle-ci, sur le fond, ont fait l'objet de nombreuses discussions au
cours des dernières années. J'ai moi-même pu constater,
à plusieurs reprises, à l'occasion de visites que j'ai faites
à des réunions générales de la
fédération, combien les dirigeants des comités de parents
portent de l'intérêt à ces questions et je pense que les
vues que nous avons entendues sont le reflet fidèle de celles qui sont
exprimées à l'intérieur des instances de la
fédération, lesquelles, contrairement à certains autres
organismes entendus, ont été largement saisies de ces questions,
encore au cours des périodes récentes.
Alors, j'apprécie d'autant plus l'avis très largement
favorable exprimé par la fédération au sujet du projet de
loi, surtout au sujet des modifications que nous y avons apportées. Nous
avons vu à tenir compte, dans toute la mesure raisonnablement possible,
des vues qui avaient été exprimées par la
fédération. Je pense que vous avez très bien
résumé ce que nous avons essayé de faire; ce n'est pas
nécessaire que je m'engage dans cette voie. Je vais seulement commenter
très brièvement tes principales modifications que vous
souhaiteriez encore voir apporter.
La nomination du directeur adjoint de l'école devrait,
soulignez-vous, être aussi sujette à la consultation des parents.
Je pense que c'est un point de vue digne de considération que nous
examinerons attentivement. Je préfère ne pas donner de
réponse ce soir, mais il n'y a rien d'invraisemblable là-dedans,
en tout cas a priori.
Ensuite, vous demandez qu'on prévoie un nombre peut-être
plus élevé de réunions pour le comité
d'école et lé comité de parents. J'ai
vérifié l'actuelle Loi sur l'instruction publique, il n'est pas
question de ces choses dans la loi, je pense que c'est dans le règlement
qu'il en est question. Alors, là, c'est un minimum qui est prévu;
je ne peux pas donner l'assurance qu'on serait prêt à mettre "dix"
dans la loi, comme vous le proposez, mais, entre trois et dix, il y a une marge
qui peut faire l'objet de négociation ou d'ajustement. Trois n'est pas
sacré et dix non plus. Peut-être qu'on pourra mettre un minimum de
cinq ou six, je pense que cela fera au moins ça. Cela permettra de tenir
compte des endroits où le facteur de distance ou de température
peut jouer un rôle. En tout cas, on en reparlera avec vous. Si vous
voulez y repenser de votre côté, on n'est pas fermé sur
cette question.
Ensuite, à la page 11, il était question de l'article 127.
Vous Voudriez que la personne choisie pour représenter la
minorité linguistique à la commission scolaire fasse
obligatoirement partie du comité de parents. Cela me semble être
une demande assez logique, qui contribue à donner plus de
cohérence au projet de loi. Par conséquent, elle m'apparaît
extrêmement intéressante.
Vous demandez ensuite qu'on touche à l'article 175. Parmi les
sujets de consultation obligatoire, vous voudriez qu'on ajoute les
critères pour le choix des manuels et du matériel didactique qui
existent déjà dans la loi actuelle. Je pense que c'est une chose
qui peut être considérée également. On ne ferme pas
la porte à des choses comme celles-là qui peuvent vraiment
améliorer le projet de loi.
En ce qui touche la gratuité, je suis obligé d'être
réservé avec vous parce qu'il y a quand même des limites
qui ont été fixées à la suite de longues
discussions à l'intérieur du gouvernement. Je ne voudrais pas,
à ce moment-ci, rouvrir les discussions qui ont duré des mois et
dont le résultat actuellement connu établit assez bien la ligne
du possible en ce qui touche le gouvernement et en ce qui touche la
compatibilité des engagements que nous prenons ici avec tous les autres
auxquels doit faire face le gouvernement. À ce stade avancé de
l'examen d'un projet de loi, le ministre doit défendre la position
gouvernementale et ne pas essayer de se servir des organismes qui viennent le
voir pour faire de nouvelles percées à l'intérieur du
gouvernement. Il a eu tout le temps voulu pour les faire jusque-là.
Cela, c'est ma position générale, j'aime autant le dire
franchement. En tout cas, nous sommes sensibles à ce que vous disiez,
s'il y a moyen de retoucher la formulation, nous le ferons, mais je ne peux pas
la
retoucher en ouvrant des choses qui ont été quand
même balisées jusqu'à maintenant. C'est un peu
délicat.
Pour le reste, il y a un point que je veux mentionner à la fin.
Nous sommes très conscients de l'effort d'information qui devra
être accompli une fois le projet de loi adopté, pour que les
esprits soient préparés à l'appliquer dès la date
qui sera déterminée ultérieurement. Je pense que votre
fédération pourra jouer un rôle très utile à
cet égard, comme les grandes fédérations qui sont venues
nous voir, en particulier les deux fédérations de commissions
scolaires. Je veux vous assurer que nous aurons besoin de vous et que nous
saurons recourir à la capacité de diffusion que représente
une fédération comme la vôtre.
Je vous remercie cordialement et on aura l'occasion de se reparler d'ici
l'adoption du projet de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
le président de la Fédération des comités de
parents de la province de Québec inc. pour votre apport à cette
commission.
La commission va ajourner ses travaux à demain matin, 10 heures,
alors qu'elle se réunira à la salle du Conseil législatif
pour commencer l'étude article par article du projet de loi 107.
(Fin de la séance à 22 h 38)