Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'éducation poursuit
ses travaux, toujours dans le cadre du mandat qui lui a été
confié, à savoir l'étude article par article du projet de
loi 107, Loi sur l'instruction publique. M. le secrétaire, est-ce que
nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si nous avons
quorum, M. le secrétaire, je déclare cette séance de
travail ouverte. Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il n'y a pas de
remplacement, je rappelle aux membres de cette commission qu'au moment
où nous avons suspendu nos travaux, jeudi soir dernier, la parole
était à l'Opposition, plus précisément, si ma
mémoire est bonne, au député de Shefford, et nous en
étions à une discussion sur un projet d'amendement. Alors, je
reconnais le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député, nous vous
écoutons.
Droits de l'élève (suite)
M. Gendron: M. le Président, comme vous venez de
l'indiquer, nous nous sommes laissés jeudi dernier sur l'article 7 et,
à ma connaissance, il y a deux éléments qui restaient sans
réponse. Le premier c'est que le ministre a indiqué à
trois reprises qu'il me ferait savoir les coûts financiers pour les
services d'animation en pastorale et d'animation religieuse puisqu'il avait
indiqué que l'offre additionnelle représentait une fourchette de
n'importe quoi se situant entre 5 000 000 $ et 10 000 000 $, mais tout en
indiquant qu'il me donnerait le chiffre des coûts actuels puisqu'il
prétendait que les 5 000 000 $ à 10 000 000 $ étaient en
sus de ce qui existe actuellement. Il n'a pas eu l'occasion, dans ses
réponses, de me donner les montants auxquels il s'est engagé.
Le deuxième volet qui m'apparaît plus important et qui est
demeuré sans réponse... En ce qui me concerne, si on avait le
dépôt formel d'une ouverture ou d'une orientation dans le sens des
fins de nos discussions, ça permettrait de clore l'article 7, et je
rappelle de quoi il s'agit. Tout le monde convient qu'à l'article 7 il
s'agit d'instaurer le principe - après avoir dit à l'article 6
que les élèves ont droit de choisir leur formation religieuse eu
égard à leurs convictions, en termes de pratique ou de croyance -
que s'ajoutent à ça des services d'animation pastorale pour ceux
qui auront fait le choix de l'éducation confessionnelle catholique et
des services d'animation religieuse pour les jeunes élèves qui
auraient fait le choix d'une formation protestante.
J'avais allégué qu'il y avait là un principe qui ne
retrouvait pas sa continuité par rapport au troisième
élément de l'article 6 qui dit que tous ceux et celles qui ne
feraient pas le choix d'une formation religieuse auraient droit à un
enseignement moral. Et il n'y avait pas d'offre de principe en termes
d'équité à l'article 7 pour une forme d'animation en
enseignement moral. Je n'ai pas changé d'avis durant la fin de semaine
et il m'apparaît, au plan de l'équité, compte tenu qu'on
est toujours au chapitre des droits de l'élève, qu'il y aurait
lieu de prévoir une disposition.
Ce que le ministre avait, à titre d'échange ou
d'hypothèse, jeté sur la table m'agréait. J'aurais, bien
sûr, préféré qu'il n'y mette pas cette
réserve qui n'existe pas pour les deux autres catégories
précitées, mais il m'apparaît que ce serait quand
même une ouverture dans le bon sens au plan des principes; sans faire le
choix à leur place, cela confirmerait le souci du ministre de
l'Éducation et du gouvernement du Québec d'être
équitables envers ceux qui veulent faire ce choix, et surtout, puisqu'il
s'agit de fonds publics, comme j'ai eu l'occasion de le mentionner, de
s'assurer que les fonds publics servent à respecter les choix de
pratiques ou de convictions religieuses. Cela serait a tout le moins plus
conforme à la charte des droits que si on ne mettait aucune disposition
et qu'on faisait accroire qu'il y a un droit réel à l'article 6,
mais qu'on ne retrouve pas son pendant à l'article 7.
Ce sont les commentaires que j'ai déjà faits. Je ne veux
pas les refaire. Je pense que, ce matin, c'est davantage le ministre qui
devrait s'ouvrir dans les deux sens que je viens d'indiquer,
premièrement, pour les chiffres en termes de coûts et,
deuxièmement, pour nous dire ce qu'il fait avec son amendement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Je reconnais maintenant M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je vous arrive à
l'instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, prenez votre
temps, M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, pour la première question
concernant les coûts de l'animation pastorale, je ne suis pas en mesure
de fournir ces données ce matin et je ne le serai pas au cours des jours
à venir parce que nous ne les
avons pas pour l'instant. Les sommes attribuées aux commissions
scolaires ne sont pas indiquées spécialement pour l'animation
pastorale; cela fait partie des sommes dont elles peuvent disposer pour les
services éducatifs d'une manière générale et c'est
à chacune qu'il incombe d'établir ses priorités et ses
dépenses dans ces matières. Ce que nous sommes en mesure...
M. Gendron: Mais, M. Ryan... M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Je ne voudrais pas être déplaisant,
c'est juste pour arriver plus vite et je vais me fermer après
là-dessus. Il me semble que c'est vous qui avez dit... Non pas: II me
semble, mais on pourra lire les galées, mais vous avez dit, à
deux ou trois reprises: C'est une fourchette de cinq à dix en sus...
Juste une seconde. Si vous êtes en mesure de dire que c'est cinq à
dix en sus de quelque chose, II faut avoir le quelque chose, sur le plan
logique.
M. Ryan: Oui, mais, quand nous établissons ça, nous
établissons ce que serait le coût d'un système comme celui
qui a été proposé par l'Assemblée des
évêques pour l'ensemble du Québec. Nous partons du postulat
qu'il n'y a pas beaucoup de dépenses actuellement là-dessus.
C'est évident que les dépenses qui se font déjà
là où une commission scolaire paie des salaires pour des
animateurs pastoraux seraient déductibles du coût total. Il y a eu
un malentendu entre nous là-dessus.
M. Gendron: Bon. Une dernière affaire. Quand vous dites 5
000 000 $ à 10 000 000 $, c'est à partir de quel ratio?
J'aimerais avoir quelques éléments de précision s'il y a
eu un malentendu sur ce que vous venez de dire.
M. Ryan: Non. Ce sont les calculs que nous avons établis
à partir du nombre d'élèves. Par exemple, pour une
école primaire de 300 élèves, je pense qu'on
prévoyait la moitié d'un animateur pastoral. C'est à
partir de tels calculs qu'on établit des besoins totaux. Il y a aussi
des normes de rémunération qui sont établies. Ce sont des
personnes qui sont à temps incomplet.
M. Gendron: Quant au financement, est-ce que c'est
moitié-moitié?
M. Ryan: La norme au primaire est d'un animateur par 35 groupes
d'élèves.
M. Gendron: Pour le secondaire?
M. Ryan: Au secondaire, il n'y a pas de normes.
M. Gendron: Et, quant au financement, est-ce que c'est 50-50,
fonds publics-évêchés?
M. Ryan: C'est ça qui est proposé par
l'Assemblée des évêques du Québec.
Maintenant, iI y a des endroits où ça fonctionne sur cette
base. Il y en a d'autres où ça fonctionne sur une base
différente. Il y a des endroits où c'est la communauté
diocésaine qui paie tout actuellement. I! y a quelques très rares
cas où c'est la commission scolaire qui paie tout, mais je no les
connais pas.
Au secondaire, comme vous le savez, il y a un certain nombre
d'animateurs de pastorale permanents.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le volet 2.
M. Ryan: Pour ce point, par conséquent, nous n'avons pas
dans nos données Informatiques les renseignements qui permettraient de
répondre avec précision à la question concernant les
dépenses actuelles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le deuxième
volet de la question du député.
M. Ryan: Nous pouvons affirmer sans crainte d'être
contredits qu'elles sont très modestes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: II avait été question d'un amendement qui
viendrait compléter l'article 7. À la réflexion, j'ai
regardé ça comme il faut en fin de semaine, j'en al causé
avec nos conseillers, je crois qu'il serait plus utile d'introduire un
amendement comme celui-ci - je n'ai pas d'objection à ce que nous
introduisions quelque chose de cette nature - quand nous parlerons des
attributions des commissions scolaires. Comme nous le faisons pour
l'enseignement d'une confession autre que catholique ou protestante, je pense
que ça irait mieux à ce moment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
commentaires?
M. Gendron: Bien oui. Si le ministre s'en tient à ce qu'il
vient de dire, oui, c'est sûr qu'à ce moment, au nom du principe
que j'ai plaidé, ça ne fera pas notre affaire. Ce n'est pas que
la commission doit faire notre affaire ou non, mais il y a dos choses qui sont
véhiculées en termes d'orientation et le ministre sait
très bien que c'est aux articles 6 et 7 qu'il a campé, d'une
façon on ne peut plus claire, les droits réels des jeunes
étudiants, gars ou filles, pour la formation religieuse, la formation
morale et la formation religieuse mais au sens de l'option des protestants.
C'est vraiment à ce chapitre qu'il faut consacrer le principe. S'il y a
lieu de déborder la rétention d'une option confessionnelle par un
service d'animation, si ce service doit présenter des coûts
publics pour ceux qui feront le choix,
comme c'est très clairement exprimé, d'une animation
pastorale ou d'une animation religieuse, il me semble que ce n'est pas ailleurs
qu'il faut consacrer le principe que, oui, nous reconnaissons, dans une loi
maîtresse concernant les services éducatifs futurs à
être offerts à nos jeunes du Québec, que ceux qui font le
choix de recevoir une formation morale ont droit eux aussi à ce que
l'État ait la préoccupation de leur offrir autre chose que
spécifiquement les cours du régime pédagogique ou du
calendrier scolaire. (10 h 30)
Là, on va se trouver avec deux types de droits: ceux qui auront
pris l'option d'une formation catholique ou d'une formation protestante auront
droit à un service d'animation pour lequel il y aura des fonds publics,
comme c'est normal; à l'article 7, on leur dit en plus: Vous avez "droit
- comme c'est écrit - à des services complémentaires en
animation pastorale". Cela voudrait dire que le ministre viendrait de dire
à tous ceux qui auront choisi la morale: Vous n'avez pas droit à
des services complémentaires. Il faut être conscient que c'est
ça qu'il veut dire. S'il veut le dire autrement ailleurs, on va
comprendre encore là que ce sera ailleurs, eu égard à des
pratiques dont la commission scolaire pourra disposer comme bon lui semble,
alors qu'ici on établit vraiment le droit. Dans ce sens-la, il me semble
que ça ne peut pas être placé ailleurs qu'à
l'article 7.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous laisse
aller, mais je dois vous informer qu'il y a longtemps que votre temps de parole
est écoulé sur ça.
M. Gendron: Bien, il n'y a pas longtemps, c'est arrivé
jeudi soir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non, ce
matin, parce que vous étiez déjà intervenu et vos 20
minutes étaient terminées.
M. Gendron: Je sais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Là j'ai
tenu pour acquis que vous preniez la relève de votre collègue, le
député de Shefford, mais lui aussi son temps de parole
achève.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, il serait
peut-être temps de vous demander si l'article 7 tel qu'amendé est
adopté.
M. Gendron: Remarquez, M. le Président - une
dernière remarque - que c'est quand même le ministre qui devait
donner réponse sur l'amendement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Gendron: Là, il me dit qu'il est ouvert à
l'amendement, mais pas à cet endroit-là. Il me semble que j'avais
au minimum le droit de faire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui. M.
Gendron:... un commentaire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis
d'accord.
M. Gendron:... puisqu'il faisait ça comme ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, vous les avez
faits, mais sa réponse, il vous l'a donnée.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, est-ce que
l'article 7, tel qu'amendé, est adopté?
M. Gendron: Seulement une question, M. le Président. Avant
d'amender, est-ce que le ministre nous garantit que l'esprit de l'amendement va
revenir dans la forme qu'il nous l'a présenté parce que, lui, il
prétend qu'il peut le placer ailleurs?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je permets une
dernière intervention sur cela parce qu'il faut tout de même s'en
tenir à nos règles. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, nous aborderons volontiers la
possibilité d'un amendement à l'article 210. Je pense que
l'amendement viendra très bien s'insérer à cet
article.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: À ce compte-là, M. le Président,
même si le ministre de l'Éducation ne croit toujours pas qu'ii est
utile de le faire là, j'ai le droit de faire l'amendement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Votre temps est
terminé, M. le député.
M. Gendron: Je n'ai pas le droit de présenter un
amendement à ce moment-ci? D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 7 est adopté?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 7 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 8. il y a
un amendement là aussi. Cet amendement vise à remplacer le
premier alinéa par la terminologie suivante: "L'élève,
autre que
celui inscrit aux services éducatifs pour les adultes, a droit
à la gratuité des manuels scolaires et du matériel
didactique requis pour l'enseignement des programmes d'études. " M. le
ministre de l'Éducation... Alors le deuxième alinéa se
lirait comme suit, ce qui est exactement le même qui apparaît dans
le projet de loi: "Ce droit à la gratuité ne s'étend pas
aux documents dans lesquels l'élève écrit, dessine ou
découpe. Les crayons, papiers et autres objets de même nature ne
sont pas considérés comme matériel didactique. " Alors,
cela vous donne la formulation complète de l'article 8 tel que
proposé par l'amendement soumis par le ministre. M. le ministre de
l'Éducation, est-ce que vous avez des commentaires ou des explications
sur cet article?
M. Ryan: II y a une modification qui est apportée par
l'amendement. Nous faisons exception pour les adultes, qui sont
déjà dans les faits l'objet d'un traitement différent.
Nous ne sommes pas en mesure à ce moment-ci de garantir la
gratuité de tous les manuels scolaires et du matériel didactique
pour les adultes, nous le disons franchement. Cela n'empêche pas que,
dans plusieurs cas, les manuels puissent être fournis gratuitement aux
adultes, mais, de là à en faire un droit universel et sans
exception, il nous apparaît plus prudent de ne pas le faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, quelques commentaires sur le premier paragraphe.
Bien sûr, nous voyons là une première restriction majeure,
comme le ministre vient de l'affirmer en disant on ne peut plus franchement
que, pour eux, c'est carrément affirmer le principe de la
non-gratuité des services éducatifs aux adultes. Le
deuxième commentaire, c'est que cela confirme notre prétention
que, pour ce qui est du matériel didactique requis pour l'enseignement
des programmes d'études, même pour les élèves
réguliers, on n'a pas la garantie que certains documents qui sont
considérés traditionnellement comme étant exigibles ou
exigés par l'école feront partie de la notion de gratuité.
Il est clair, en ce qui nous concerne, qu'on ne peut pas être d'accord
avec une telle disposition. Je ne prétends pas que nous sommes les seuls
puisqu'il y a une série d'Intervenants qui sont venus lors des audiences
du mois d'août, et récemment encore, nous indiquer qu'à
l'article 8... Je ne veux pas faire le tour, mais je veux seulement vous
indiquer que c'est à peu près une quinzaine de mémoires ou
groupes qui ont fait des références à l'article 8. Je
voudrais rappeler quelques exemples de certains mémoires qui ont
indiqué combien il serait important qu'ils aient la gratuité.
Je voudrais, quant à moi, insister particulièrement sur un
élément. Je pense que, pour avoir enseigné et pour avoir
vu des professeurs qui ont réclamé que, à tout le moins,
les cahiers d'exercices obligatoires soit par l'école soit par la
direction... Mais, règle générale, je ne crois pas qu'un
professeur de quelque niveau que ce soit, de son propre chef, peut, sans
l'autorisation d'une direction d'école, exiger que tel et tel cahier
d'exercices soient obligatoires.
Que le ministre nous dise - et on le verra après cela dans les
paragraphes subséquents - que les crayons, les papiers et autres objets
de même nature ne sont pas considérés comme du
matériel didactique, cela m'apparaît fondamental. On s'accorde
là-dessus sans aucun problème, même si, par contre, dans
d'autres métiers les outils de travail sont considérés
comme des prestations de l'employeur. Entre autres, je fais
référence aux menuisiers et aux charpentiers. Il arrive souvent
que c'est l'entrepreneur ou la compagnie qui les emploie qui va assumer les
frais des outils de travail. 1l est clair que, pour de jeunes étudiants
et étudiantes, l'outil de travail, c'est l'ensemble de ces
éléments. En plus des manuels de base, il y a un cahier
d'exercices. Il y a également des outils aussi précis que les
stylos et les crayons. Mais ce n'est pas contrôlable. Je ne pense pas
qu'on puisse avoir un système qui verse dans cela, pour de multiples
raisons. On serait absolument incapable d'exercer quelque contrôle que ce
soit. Il m'apparaît que le gouvernement a raison de prétendre que,
même si on doit conserver le concept d'une gratuité scolaire la
plus large possible, il ne peut pas aller dans ce domaine.
Ce n'est pas la même chose pour les cahiers d'exercices
obligatoires. D'ailleurs, la fédération des parents l'a
rappelé dans son mémoire pour la deuxième fois. Le
ministre de l'Éducation était très heureux de s'appuyer
sur le mémoire élogieux de la Fédération des
comités de parents qui mentionnait que des amendements ont tenu compte
de certaines remarques. Par contre - et je les cite - "il avait
été on ne peut plus clair, lors de deux assemblées
générales, les 28 et 30 octobre... "
À mon avis, il y a une vieille notion qui circule trop
actuellement, mais qui, malheureusement, est parfaitement exacte. C'est que le
système éducatif, au Québec, même à
l'élémentaire, est de moins en moins gratuit et qu'il est encore
de moins en moins gratuit au secondaire. Il me semble que c'est une porte qui
reste un peu trop largement ouverte. Je ne contribuerai sûrement pas -
pas plus en commission parlementaire qu'ailleurs - à ce que cette
perception de plusieurs citoyens du Québec soit davantage
accréditée. Le ministre devrait être très attentif
à ce sujet. La Fédération des comités de parents
rendait public un mémoire intitulé Mémoire sur la
gratuité scolaire et, à l'aide de nombreux
exemples, elle démontrait que, malgré l'article 234 de la
loi actuelle et, probablement, l'article 8 dont on va discuter tantôt,
non seulement la gratuité scolaire n'a jamais été une
réalité, mais que les coûts que doivent assumer les parents
augmentent sans cesse, sont grandissants, et dans une proportion plus grande
que ce qu'on voit ailleurs. Je partage cette prétention et je trouve
qu'il est déplorable que quelque parlementaire que ce soit contribue
à l'accréditer davantage. Ce n'est sûrement pas l'attitude
que j'aurai, à l'article 8, de l'accréditer davantage.
Le Fédération des comités de parents indiquait:
"À l'article 8, on n'a pas trouvé la clarté qu'on
souhaitait. À l'article 8, notamment le second alinéa: "Ce droit
à la gratuité scolaire ne s'étend pas aux documents dans
lesquels l'élève écrit, dessine ou découpe" demeure
trop large et peut assez facilement être interprété comme
restreignant le premier alinéa qui affirme le droit à la
gratuité. Pour saisir le problème en cause ici, on n'a
qu'à penser aux cahiers d'exercices obligatoires. D'une part, il s'agit
bien de matériel didactique requis pour l'enseignement des programmes
d'études et, de l'autre, de documents dans lesquels
l'élève écrit. Que signifie l'article 8 dans un tel cas?
Ne conviendrait-il pas, si l'on veut pouvoir répondre clairement
à cette question, de préciser que la restriction que contient le
second alinéa ne s'applique qu'à des documents non
obligatoires?"
Il y a des moments où ça ne donne rien d'être plus
long, M. le Président. Je m'arrête là, je dis tout
simplement que ne donnerai jamais mon accord à ce libellé si je
n'ai pas la garantie... il me semble que, ce matin, je ne vous demande pas la
lune. Je dis simplement que je voudrais que le droit à la
gratuité ne s'étende pas aux documents dans lesquels
l'élève écrit, dessine ou découpe - ajoutez ce que
vous voudrez, ça ne me fait rien - à la condition qu'ils ne
soient pas obligatoires. Je suis d'accord. Les documents qui ne sont pas
obligatoires, si l'élève, pour toutes sortes de raisons,
décide que c'est un matériel pédagogique additionnel pour
sa formation, qu'il en a besoin, qu'il contribuera à améliorer
rapidement sa performance, je suis d'accord. Mais, dans les cahiers d'exercices
obligatoires, surtout pour des gens qui prétendent que
l'éducation, c'est majeur, c'est important, c'est un investissement, ce
n'est même plus une dépense, il faut avoir un peu de logique,
surtout aux niveaux primaire et secondaire. Aux niveaux primaire et secondaire,
qu'un État ne soit pas en mesure d'assurer la gratuité des
manuels - parce que c'est le cas - et des cahiers d'exercices qu'elle oblige
l'élève à acquérir, à ce moment-là,
je ne peux pas être d'accord là-dessus.
Je voudrais avoir une première réaction du ministre avant
de poursuivre, parce que c'est ainsi que je vais travailler, j'aimerais que le
ministre nous donne un peu son orientation, mais, s'il n'y a pas d'ouverture,
je m'engage à présenter un amendement qui irait dans le sens
suivant: Pour les cahiers d'exercices obligatoires, que ce soit inclus dans la
notion de gratuité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(10 h 45)
M. Ryan: La question des cahiers d'exercices obligatoires a connu
beaucoup de développement au cours des dernières années.
Dans bien des endroits, le cahier d'exercices est devenu plus important que le
manuel de base. D'ailleurs, il y a une tendance à ne plus insérer
dans les manuels de base, comme on le faisait autrefois, des exercices
pratiques qui permettaient de vérifier le cheminement de
l'élève. C'est un secteur qui a pris assez d'ampleur; je n'en
mesure pas parfaitement l'étendue actuellement. Nous avons eu des
représentations de la Fédération des comités de
parents, je pense qu'il y aurait lieu de statuer là-dessus. Nous ne
sommes pas en mesure, dans le texte de ce projet de loi, d'insérer la
gratuité pour tous les cahiers d'exercices que les professeurs
décideraient de rendre obligatoires. Il y aura peut-être lieu, par
voie de réglementation, de décider de délimiter plus
clairement ce qui peut être rendu obligatoire par une direction
d'école ou un enseignant. Il y a des choses qu'on peut envisager de ce
côté-là. Mais, de là à rendre gratuit tout le
matériel qu'un enseignant déciderait de rendre obligatoire, il y
a une marge que nous ne sommes pas capables de franchir pour l'instant. Et je
comprends la préoccupation du député. Elle fait
écho à d'autres préoccupations dont nous avons
été saisis, notamment de la part de la Fédération
des comités de parents. Et, tout en considérant qu'il n'est pas
possible d'insérer Se principe de la gratuité de ces
éléments dans le projet de loi, je pense que c'est une question
à laquelle, comme ministre de l'Éducation, je dois
m'intéresser sérieusement. Et j'ai promis à la
Fédération des comités de parents d'étudier avec
soin un document détaillé qu'elle m'a fait parvenir à la
suite de sa rencontre avec la commission parlementaire la semaine
dernière. C'est un cahier d'au moins deux pouces d'épais qui fait
le résumé sur la situation observée par les comités
de parents dans chaque commission scolaire. Mais la situation est tellement
diverse d'une place à l'autre qu'i! n'y a pas lieu de statuer par voie
de règlement que tout doit être gratuit. Là où
ça demeure dans des bornes raisonnables, là, par exemple,
où on demande un coût, disons en bas de 50 $ par année pour
tout ce matériel, ce n'est pas la fin du monde. Et je ne pense pas que
ce soit un scandale que d'encourager une certaine participation des parents aux
coûts afférents à l'éducation.
De même pour les adultes - je l'ai dit lors de la rencontre que
nous avons eue avec les dirigeants de l'Institut canadien d'éducation
des adultes - je ne crois pas qu'il soit nécessairement désirable
qu'on érige la gratuité des
manuels et du matériel didactique en principe. Je crois qu'il
faut qu'une commission scolaire soit disposée, là où il y
a des besoins réels, à aider l'adulte dans ce domaine. Et
ça se fait dans un grand nombre d'endroits. Il y a bien des choses qui
peuvent se faire sans qu'on ait des affirmations péremptoires à
chaque paragraphe d'un texte de loi.
De notre point de vue, l'article, comme il a été
modifié dans l'amendement que j'ai communiqué aux membres de la
commission au début de nos travaux, doit être maintenu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, est-ce que
je comprends que l'article tel qu'amendé est adopté sur
division?
M. Gendron: Non, M. le Président... Le Président
(M. Parent, Sauvé): Non?
M. Gendron:... ce que vous devez comprendre c'est que je vais
faire le dépôt d'un amendement à l'article 8.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Alors, je propose que l'article 8 soit
sous-amendé et le sous-amendement se lirait comme suit: Biffer, aux
première et deuxième lignes du premier alinéa, les mots
"autre que celui inscrit aux services éducatifs pour ies adultes".
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
avez votre amendement écrit, M. le député?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que je peux
le voir, s'il vous plaît? Enfin, ça devient un sous-amendement
à l'amendement proposé par le ministre à l'article 8. Il
demande de biffer, aux première et deuxième lignes du premier
alinéa, les mots "autre que celui inscrit aux services éducatifs
pour les adultes".
M. Gendron: Simplement, pour les quelques-uns qui suivent de
l'autre bord, le temps que vous regardez l'amendement... Je sais que mon
argument a porté sur les cahiers d'exercices. Il va revenir. Sauf que,
quand on a à discuter alinéa par alinéa, si je veux qu'il
n'y ait pas de restriction entre les adultes et les étudiants du cours
régulier pour le principe de !a gratuité, il faut que je fasse ce
que je suis en train de faire. J'arriverai avec un autre amendement aux
paragraphes subséquents où on parle des manuels d'exercices.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, un
projet de sous-amendement a été déposé par le
député d'Abitibi-Ouest, porte- parole de l'Opposition officielle,
que je vous ai lu, mais que je peux vous relire: Biffer, à l'article 8,
aux première et deuxième lignes du premier alinéa, les
mots "autre que celui inscrit aux services éducatifs pour les adultes".
Si vous jugiez à propos de biffer ces mots et si l'on s'en tenait au
vote sur l'amendement, est-ce que votre sous-amendement tomberait?
M. Gendron: Bien oui. Regardez, de toute façon, c'est
simple...
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. M.
Gendron:... pour tout le monde...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui, j'avais
compris. Cela va.
M. Gendron: Ce serait l'ancien texte de l'article 8.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
vous l'avez dit.
M. le ministre.
M. Gendron: L'élève a droit à la
gratuité sans distinction.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous nous avez
bien expliqué ça. M. le ministre.
M. Gendron: L'amendement est-il recevable?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui, oui.
M. Gendron: Alors, M. le Président, j'exerce mon droit de
parole sur l'amendement proposé. Il me semble que c'est on ne peut plus
clair et, d'ailleurs, c'est étonnant que le ministre ait reculé
là-dessus. Il fait une consultation sur l'article 8. Les gens qui sont
venus très nombreux en commission parlementaire ont fait une
consultation, ont eu une réaction ou des commentaires sur l'article 8.
L'article 8 Inscrit le principe de la gratuité sans distinction, que les
élèves soient du régime pédagogique régulier
ou du régime pédagogique des adultes qui sera défini dans
une section qu'on connaîtra un jour. Une chose est certaine, c'est qu'on
a demandé aux gens de réagir sur l'article 8 qui consacre le
principe sans restriction de la gratuité des manuels scolaires.
Là je le relis. On disait au monde de l'éducation du
Québec, à l'article 8 du projet de loi 107:
"L'élève a droit à la gratuité des manuels
scolaires et du matériel didactique utilisés dans les classes ou
ateliers et qui sont requis pour l'enseignement des programmes
d'études". C'est ce qu'on disait. C'est un principe qu'on
établissait. Non seulement le ministre de l'Éducation recule-t-il
sur cet article, mais il vient, par la nouvelle disposition de son amende-
ment proposé à l'article 8, établir que le principe
de la gratuité n'existera, d'abord partiellement, que pour les
élèves inscrits aux cours réguliers, c'est-à-dire
assujettis au régime pédagogique des jeunes et non à celui
des adultes. On le voit par la suite établir d'autres types de
restrictions sur le matériel didactique en disant: Attendez un peu! Ce
ne sera pas pour n'importe quel matériel didactique.
Tantôt, j'entendais le ministre - et c'est tellement
étonnant, si on pouvait visionner, au moment où il s'exprime, les
déclarations qu'il faisait lors du débat de l'article 3, les
contradictions seraient peut-être aussi évidentes que la grandeur
de la salle dans laquelle nous sommes. Il disait: II n'y a rien à exiger
une participation des parents aux coûts afférents. Il n'y a pas de
drame - je reprends ses paroles exactes - c'est normal que les parents
contribuent à certains coûts afférents à
l'éducation. Je suis pour, M. le ministre. Ce qui est étonnant,
c'est que, premièrement, vous fassiez accroire qu'on consacre le
principe de la gratuité et que vous sollicitiez rapidement des
coûts qui sont en constante progression. D'ailleurs, eux-mêmes le
déploraient iors de deux assemblées générales,
comme j'ai eu l'occasion de le citer. Quant à moi, je prétends,
pour avoir trois enfants à l'école, et d'autres parents en ont
aussi, que les parents contribuent joliment aux coûts actuels faramineux.
D'ailleurs, je le voyais encore lundi dernier à mon bureau de
comté. Les costumes de gymnastique sont différents pour
garçons et filles, et c'est normal, le costume pour la piscine. On n'a
pas toujours le même type d'espadrilles selon les cours. Les nombreux
cahiers d'exercices au primaire, au secondaire. Les cartons de couleur, les
crayons de couleur, les fiches mobiles. Dans certains cas au début de
l'année, la liste ne finit plus. Je me rappelle, récemment chez
nous dans mon milieu, la liste comprenait deux pages. Dès le premier
jour de la rentrée, l'élève avait reçu un petit
document et, sur deux pages, on disait: Voici, petit gars et petite fille, ce
dont tu auras besoin quand tu te remontreras la fraise demain. Il faut que tes
parents aient acheté les éléments suivants. Je
répète que pour certains parents il n'y a pas de drame, c'est
normal, ils sont capables de le payer, ça ne contrevient pas
fondamentalement, dans leur tête, au principe de gratuité. Mais il
y en a d'autres qui nous le rappellent constamment: Vous avez bien plus un beau
discours qu'une pratique. L'État québécois a bien plus un
beau discours sur la gratuité scolaire qu'une pratique qui consacre le
principe de la gratuité.
Non seulement le ministre est conscient de ça mais il veut
l'amplifier aujourd'hui en disant dorénavant, à l'article 8, j'ai
un amendement qui va consacrer formellement une différence entre
l'éducation des adultes et les jeunes pour les cours de base.
Évidemment, je ne peux pas être d'accord là-dessus d'autant
plus que, comme je l'ai mentionné tantôt, c'est une façon
un peu dénonçabie de légiférer. On consulte des
gens sur un texte. Après que les gens sont venus s'exprimer,
au-delà d'une centaine de personnes, on modifie le texte en pire. On
modifie le texte avec des restrictions et on dit: On est étonnés,
les gens ne nous ont pas dit s'ils étaient d'accord ou non avec notre
modification. Je comprends. C'est tout récemment que le ministre a fait
l'amendement à l'article 8. C'est récemment qu'il a
indiqué que dorénavant, dans la consécration de son
principe de gratuité, il y aurait une distinction fondamentale entre les
élèves inscrits au régime pédagogique
régulier et ceux au régime pédagogique des adultes. Je
trouve qu'il a raison d'en faire une. Si j'ai fait l'amendement c'est parce que
j'aimerais bien mieux l'inverse pour ce qui est du principe. Il le sait
très bien parce qu'il a l'habitude de ces exégèses un peu
fines. J'aimerais bien mieux consacrer le principe de dire qu'il n'y a pas de
distinction et, dans le régime pédagogique des adultes,
après avoir consacré le principe, être obligé de
tenir compte de situations particulières. Ce que je dis n'est pas du
tout contradictoire, il va le faire pour le régime régulier des
jeunes.
Qu'est-ce qu'il fait pour le régime régulier des jeunes?
Il consacre le principe de la gratuité et après ça il dit:
Oui, c'est vrai mais pas pour tout. Parce que, de toute façon, on pense
qu'il y a des choses qu'il n'appartient pas à l'État d'assumer.
J'ai dit tantôt que je n'ai pas deux discours, je ne parle pas des deux
côtés de la bouche, je ne suis pas libéral. Il a raison. Il
y a des choses qui doivent être assumées par les parents et il y a
des coûts d'outils de travail, comme les crayons, le papier, les
documents dans lesquels l'élève écrit. J'aimerais
ça offrir gratuitement à l'élève les documents dans
iesquels il écrit. Mais, pour toutes sortes de raisons, c'est un
document qu'il garde chez lui, c'est un document qu'il peut prêter
parfois à un autre de la famille. Mais, pour les cahiers d'exercices, et
j'y reviendrai tantôt, c'est une autre disposition. (11 heures)
Donc, je suis à essayer de faire comprendre au ministre qu'on ne
peut pas établir un principe et, dans le principe même, avoir ce
qu'on appelle un impair majeur qui altère la consécration du
principe de gratuité. C'est sa fameuse distinction en disant: pour
autant que ça soit autre que pour le régime pédagogique
régulier. M. le Président, je n'utiliserai pas toujours mes 20
minutes, même si j'y ai droit. Il me semble que j'ai bien campé
mes arguments. J'ai très clairement laissé voir que, dans une
société moderne où la place de l'éducation de
l'adulte sera de plus en plus significative et importante, il est inimaginable,
en ce qui me concerne, de ne pas consacrer le principe réel de la
gratuité, quitte à ce que, dans les éléments du
même article il y ait quelques précisions qui entachent quelque
peu le principe dans le vécu quotidien, concret des adultes, parce qu'il
y a toujours une distinction entre le principe théorique et
l'application
concrète, vécue, palpable du quotidien.
Je voudrais juste insister sur deux éléments additionnels
que je pense avoir omis, mais qui étaient très clairement
rappelés dans le dernier mémoire, succinct mais combien
précis, de l'Institut canadien de l'éducation des adultes
lorsqu'ils disaient clairement en revenant à l'article 8: M. le
ministre, on ne comprend pas votre raisonnement au sujet de l'article 8 relatif
à la gratuité des manuels scolaires et du matériel
didactique requis pour l'enseignement des programmes d'études. À
notre avis, disaient-ils, ce droit à la gratuité devrait
s'appliquer tant aux adultes qu'aux jeunes. Je partage le principe, tout en
étant d'accord avec le ministre qu'il devrait, dans son régime
pédagogique futur pour les adultes, y avoir des restrictions qui
permettraient de baliser les dépenses éventuelles que
l'État québécois devrait assumer concernant le service de
l'éducation des adultes, parce que ce n'est pas tout à fait la
même situation. Même si je reconnais que pour les adultes qui
décident de s'inscrire à des cours de formation de base...
Rappelez-vous, M. le Président de cette commission, que l'amendement que
je propose va dans le même sens que la logique que j'ai défendue,
à savoir que pour les cours de base - c'est un peu ça que j'avais
défendu l'autre jour, pas les cours de formation générale,
les cours de formation populaire, même si je suis pour ça - II y
aurait lieu d'offrir cette gratuité. Je dis la même chose pour les
outils d'instrumentation, les outils d'accompagnement pour parfaire la
formation de base. Cela vous a été rappelé par l'Institut
canadien de l'éducation des adultes et par bon nombre d'organismes
lorsqu'ils sont venus en commission parlementaire aux mois de juillet,
août et un peu en septembre.
Même si à l'article 8 de votre ancien texte il n'y avait
pas cette restriction pour les adultes, je l'ai dit tantôt et je vais y
revenir, il y a plusieurs associations qui disaient: Le matériel
didactique, les manuels scolaires doivent être fournis en quantité
suffisante pour satisfaire aux besoins de l'élève; c'est la
même chose pour ce qui est de la formation des adultes parce que ces
gens-là ont besoin eux aussi d'outils pédagogiques qui
accompagnent les manuels de base. En conséquence, on comprend mal cette
distinction qui pourrait être faite. Je vous rappelle que vous n'aviez
pas cette restriction dans l'ancien texte de l'article 8, mais ils
commençaient déjà à avoir des doutes et à
dire dans des mémoires: Ne nous parlez pas d'une distinction entre
adultes et élèves pour la formation de base, nous estimons que
ces gens ont droit au principe d'une gratuité scolaire pleine et
complète, quitte à ce que dans les modalités vous fassiez
certaines réserves que je partage.
Alors, je ne vais pas plus loin. Conclusion: Je prétends que le
ministre, aujourd'hui, à l'article 8, premier alinéa, c'est
l'endroit privilégié pour bien camper le principe d'une
gratuité, quitte à ce que cette gratuité soit
conditionnelle, par la suite, dans des paragraphes subséquents. C'est ce
qu'il va faire pour l'enseignement régulier, de toute façon.
Alors, je voudrais qu'il le fasse, en termes de concordance, pour ce qui est de
l'enseignement des adultes, mais pas au niveau du principe. C'est pourquoi je
propose que l'amendement soit agréé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le député d'Abitibi-Ouest. Est-ce que le sous-amendement
proposé par le député d'Abitibi-Ouest est
accepté?
M. Ryan: Rejeté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Rejeté.
M. Gendron: Je demande le vote nominal, M. le
Président
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le vote nominal
est demandé. J'appelle le vote. M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Saint-Henri?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska?
M. Gardner: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Charlevoix?
M. Bradet: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Sherbrooke?
M. Hamel: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Et je suis
contre.
Est-ce que l'article 8 tel qu'amendé par le ministre de
l'Éducation est adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle
l'article 8 tel qu'amendé; est-il adopté?
M. Gendron: Le premier alinéa est adopté sur
division, parce que l'amendement a été rejeté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, mais
j'appelle l'article tel qu'amendé, globalement.
M. Gendron: Non, mais je veux m'exprimer sur le deuxième
alinéa.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Alors, sur le deuxième alinéa, comme je
l'ai mentionné tantôt, avant d'apporter un amendement, j'indique
de nouveau au ministre, en quelques phrases, que le droit à la
gratuité, qu'il ne s'étende pas au document dans lequel
l'élève écrit, je suis d'accord avec cela. Qu'il ne
s'étende pas dans les documents sur lesquels l'élève
dessine ou fait des interprétations personnalisées, je suis
d'accord. Sur des documents qu'il découpe, il faudrait faire des
interprétations fines. Comme je ne suis pas capable d'en faire... Non
pas que je ne suis pas capable d'en faire, mais, par exemple, pour un
élève en couture, lorsqu'il découpe dans du
matériel prescrit comme étant usuel et obligatoire, cela devient
très difficile, à ce moment-là, d'être en mesure de
gérer cette pratique. Là où cela m'apparaît facile
de gérer une pratique, pour avoir une bonne connaissance de ce qui se
passe dans les milieux d'éducation, il y a dans les régimes
pédagogiques primaire et secondaire un certain nombre de cahiers
d'exercices dits obligatoires. J'entendais le ministre dire: On ne peut pas,
à ce moment-ci, savoir si on va être d'accord sur tous les cahiers
d'exercices. Je n'ai jamais parlé de cela. Je parle d'une seule
catégorie de cahiers d'exercices, ceux qui seraient obligatoires et qui,
en règle générale, requièrent, pour ne pas dire
tout le temps, une autorisation de l'écoie. Ce n'est pas vrai qu'un
"prof comme cela un matin décide d'exiger en ce qui concerne les
élèves que c'est tel cahier d'exercices qui sera obligatoire, ce
n'est pas de même que cela se passe. En conséquence, il serait
très facile d'avoir une politique définie réglementaire en
ce qui a trait à un article qui consacre le principe que, pour ce qui
est des cahiers d'exercices obligatoires, oui, ceux-ci sont gratuits et
assumés par l'État québécois. Encore là, je
n'accepterai jamais d'entendre vos beaux discours, pour ceux qui en feront dans
l'avenir et de ne pas me rappeler que, premièrement, cela ne vous
intéresse pas beaucoup cette partie. Deuxièmement, vous n'avez
aucune ouverture parce que vous avez la vérité; vous êtes
assis sur une vérité modifiée cependant parce que, quant
à l'article 8 que vous aviez déposé, là il faut
qu'au moins vous sachiez assez lire pour savoir qu'il s'agit d'une restriction
entre ce qu'il y avait auparavant et ce à quoi on nous demande
aujourd'hui de dire béatement oui. C'est quelque chose de
différent et il y a quelque chose qui est plus restrictif que ce qui
existait. Donc, par rapport à vos beaux discours futurs, cela
nécessiterait au moins un petit ajustement pour dire: Oui, on a
reculé, on offre moins que ce qu'on avait envisagé d'offrir
lorsqu'on a fait la consultation. Moi, M. le Président, dès ce
moment, je fais l'amendement qui va suivre. Je ne veux pas discourir plus
longuement sur le second alinéa. Alors, je dépose l'amendement
suivant au second alinéa: Je voudrais que vous ajoutiez au
deuxième alinéa après les mots "dessine ou découpe"
les mots "à l'exception des cahiers d'exercices obligatoires". Je
dépose cet amendement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest, dépose l'amendement suivant:
À l'article 8, ajouter au deuxième alinéa, après
les mots "dessine ou découpe" les mots "à l'exception des cahiers
d'exercices obligatoires". Je reconnais que cet amendement est recevabie. M. le
député d'Abitibi-Ouest, sur votre amendement.
M. Gendron: Alors, j'exerce mon droit de parole sur...
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander une explication?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, vous demandez
cela au président?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, allez.
M. Ryan: J'aimerais que vous nous expliquiez comment vous
considérez cet amendement recevabie à la lumière de la
décision rendue l'autre jour dans un amendement de même
nature?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous vous
référez à quelle décision? Celle de retarder
l'âge d'admission à l'école?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est une bonne
question, M. le ministre. C'est une bonne intervention. Je vais suspendre pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 9)
(Reprise 11 h 10)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de rendre ma
décision, M. le ministre, j'aimerais entendre votre argumentation
à savoir pourquoi
cet amendement n'est pas recevable.
M. Ryan: L'autre jour, II me semble avoir compris que
l'amendement qui a été déclaré irrecevable l'avait
été parce qu'il devait entraîner des dépenses pour
le gouvernement, s'il avait été accepté, et qu'il
appartient au ministre de présenter des amendements ou des motions
devant entraîner des dépenses. Dans ce cas-ci, il est
évident que c'est un amendement qui entraîne des dépenses.
Si vous étendez le principe de la gratuité obligatoire à
tous les manuels d'exercices qui sont rendus obligatoires par la direction de
l'école ou la commission scolaire, vous intoduisez une exigence de
dépense dont l'initiative n'appartient pas, selon nos règlements,
à l'Opposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour mon
éclairage, M. le ministre, le fait de mettre "à l'exception des
cahiers d'exercices obligatoires" amène-t-il une dépense de la
part du ministre ou de la part de l'école ou de la commission
scolaire?
M. Ryan: Je pense que la démonstration est facile à
établir. Comme 92 % à 93 % des revenus des commissions scolaires
leur proviennent de subventions versées au nom du gouvernement par le
ministre de l'Éducation, II est évident que les
conséquences directes d'un amendement comme celui-ci viendront grever
davantage des obligations du ministre et du gouvernement à l'endroit des
commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors...
M. Ryan: Dans le même sens, lorsque nous discutons, par
exemple, de convention collective à l'échelle nationale, que nous
décidons d'insérer une clause à incidence
pécuniaire, les commissions scolaires insistent toujours pour que cette
clause sort prise en charge par le gouvernement. Elles ne veulent pas que le
gouvernement leur transfère, par voie de négociation, les
obligations qui seraient les siennes; à plus forte raison, s'il s'agit
d'une loi, cette règle s'appliquera-t-elle. Je pense que les commissions
scolaires seraient bien fondées de nous dire: Vous avez
créé l'obligation, financez-la.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Oui. Dans le cas
des conditions de travaii ou des conventions collectives, je vous suis, M. !e
ministre, parce que ces dépenses sont entièrement
défrayées par !e ministère de l'Éducation. Mais, en
ce qui regarde les cahiers d'exercices, j'ai un doute, c'est pour cela que je
vais suspendre, parce que je me demande si ce n'est pas une
responsabilité directe de l'école et de la commission scolaire
qui pourrait éventuellement et indirectement devenir une
responsabilité du ministère, à la suite de demandes des
commissions scolaires. Mais il n'y a rien encore dans mon esprit qui me dit que
le ministère recevrait automatiquement des demandes de crédits
supplémentaires. Il n'est pas impossible qu'une commission scolaire ou
que des commissions scolaires puissent absorber de telles dépenses.
Mais, comme je n'ai pas i'ordre de grandeur, je suspends, tel que je l'ai
dit...
M. Gendron: M. le ministre a eu l'occasion de nous donner
quelques points, j'aimerais avoir l'occasion de le faire avant que vous
suspendiez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est parce que je
lui ai demandé les explications, parce que c'était à lui
de me... Vous avez déposé votre...
M. Gendron: Mais le n'ai pas plaidé sur la
recevabilité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non.
M. Gendron: Et comme vous vous apprêtez à suspendre
pour aller prendre une décision sur la recevabilité...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Gendron:... j'aimerais avoir l'occasion de vous dire deux
phrases.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon, je peux vous
écouter. Deux phrases.
M. Gendron: Trois phrases.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Trois phrases,
vingt minutes si vous voulez.
M. Gendron: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non? Cela va.
M, Gendron: Très rapidement, M. le Président, trois
phrases. Je prétends que vous avez raison et toute personne qui
prétendrait qu'il ne s'agit pas là d'une relation directe qu'on
appelle, où l'interpellé est le gouvernement du Québec...
Deuxièmement, une commission scolaire pourrait très bien assumer
cette responsabilité, à même la taxation locale, même
si c'est peu, beaucoup ou passionnément, je m'en fous, mais, dès
qu'il y a une partie de taxation qui peut provenir de source locale, on ne peut
prétendre d'aucune façon qu'il s'agit d'une relation directe.
Troisièmement, il y a relation directe quand l'interpellé, c'est
le gouvernement. Que je sache, c'est la commission scolaire, par loi, qui un
peu plus tard se verra confier la responsabilité d'organiser les
services pédagogiques à l'école et c'est l'école
qui doit assurer que l'élève dispose de telle ou telle affaire.
Donc, il est sûr que, sur le plan uniquement des principes purs, i! n'y a
pas de relation directe, on n'est pas dans une commande
directe que l'État doit faire telle affaire. Le troisième
élément, et je termine là-dessus, je veux dire... Avec
douze ans de pratique, je me souviens qu'il est arrivé constamment que
les amendements qui avaient une implication directe ont été
reçus quand il y avait un tiers qui était concerné par
l'imposition d'une somme d'argent additionnelle, le tiers étant, dans le
cas présent, les commissions scolaires. Le jour où n'importe
quelle référence à un signe de piastre pour quelqu'un
aurait comme conséquence que cela fait un amendement irrecevable, je
vous dis, M. le Président, qu'il va falloir relever la jurisprudence et
qu'il y a un tas d'amendements qui ont été adoptés et qui
n'auraient pas dû l'être. À titre d'exemple, et je termine
là-dessus, c'est exactement le cas du précédent. J'ai eu
l'occasion de discourir pendant 20 minutes tantôt sur le principe de la
gratuité à être offerte également à
l'éducation des adultes. Vous avez reçu mon amendement, on l'a
discuté, et je crois que là, dans le principe de ne pas
établir de nuances entre le régime régulier et les
adultes, le coût de la facture aurait été probablement plus
élevé que pour les cahiers d'exercices dont je discute. En
conséquence, je pense que c'est un amendement parfaitement recevable et
conforme à la tradition parlementaire et aux us et coutumes de notre
fonctionnement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, dès que vous affirmez le
principe de la gratuité en matière scolaire dans un texte de loi,
vous imposez une obligation au gouvernement. Il ne faut pas se faire
d'illusions. La très faible marge de taxation laissée aux
commissions scolaires, avec la règle des 6 % des dépenses nettes
ou des 0, 25 $ les 100 $ d'évaluation, est une marge donnée
à la commission scolaire pour qu'elle puisse ajouter une coloration
locale ou régionale aux services éducatifs qu'elle offre à
ses élèves. Dès que vous rendez cela obligatoire, ce n'est
plus une coloration locale ou régionale, c'est une coloration
universelle. Et, quand c'est universel, cela émarge aux subventions
versées par le gouvernement aux commissions scolaires. Je pense qu'on
peut affirmer cela sans aucune crainte d'être contredit.
D'abord, je serai content que les commissions scolaires prennent
connaissance de la position du représentant de l'Opposition qui serait
prêt à leur imposer des obligations tout en affirmant ne point
leur garantir qu'elles auraient ies subventions correspondantes du
gouvernement. C'est une nouvelle doctrine que je suis très heureux
d'enregistrer. Je pense que les commissions scolaires seront peut-être
moins heureuses que moi de l'entendre. J'affirme que, si je crée une
obligation pour les commissions scolaires en matière de gratuité
universelle, je dois être assez conséquent et assez responsable
pour créer en même temps l'obligation pour le gouvernement de
financer ces responsabilités. Autrement, je pense que ce sont des
écrans de fumée qui ne témoignent pas d'une pensée
responsable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reste sur la
décision que j'avais prise tout à l'heure. Je veux me donner le
temps de consulter différents intervenants du monde de
l'éducation afin de regarder où serait l'imputabilité
d'une telle dépense. Il est sûr que cela va amener une
dépense. Mais, dans mon esprit, il n'est pas clair que c'est une
dépense qui va émaner automatiquement du ministère ou une
dépense qui pourrait éventuellement émaner du
ministère, souvent émaner du ministère ou ne jamais
émaner du ministère. J'ai des renseignements à prendre
durant l'heure du dîner. J'aimerais faire une suggestion au
député d'Abitibi-Ouest. Seriez-vous d'accord pour qu'on garde
cela en suspens pour le début de nos travaux et qu'on passe à
l'article 9? Je peux suspendre immédiatement. J'aurais quelques appels
téléphoniques à faire avant de rendre une
décision.
M. Gendron: Pour moi, cela va avoir...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour moi, le
principe est clair. Si cela amène des dépenses exclusivement...
Si cela engage des dépenses de la part de l'Exécutif ou du
gouvernement, c'est complètement irrecevable. Mais, dans mon esprit, ce
n'est pas clair que cela en amène automatiquement.
M. Ryan:... ministre qui fait foi à ce
moment-là?
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est la chance au
coureur que je vous donne. Avant de prendre ma décision, je
suspends.
(Suspension de la séance à 11 h 19)
(Reprise à 11 h 32)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Je vais rendre ma décision
immédiatement après la réponse à cette question que
je vais poser au ministre de l'Éducation. M. le ministre de
l'Éducation, est-ce que le sous-amendement proposé par le
député d'Abitibi-Ouest, visant à ajouter "à
l'exception des cahiers d'exercices obligatoires" au deuxième
alinéa de votre amendement, amène des dépenses, des
déboursés, a une implication financière de la part de
votre ministère? Je vous entends brièvement et je rendrai ma
décision tout de suite après.
M. Ryan: Ma réponse est affirmative, c'est même la
seule raison pour laquelle je m'oppose à
cet amendement dans son fond. S'il n'y avait pas des implications
financières pour le gouvernement, je serais très heureux de
proclamer la gratuité sur une base beaucoup plus large, y compris celle
que suggère le député. La seule raison qui me retienne,
c'est que des obligations financières additionnelles pour !e
gouvernement découleraient d'un amendement comme celui-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je rends
immédiatement ma décision sur !e sous-amendement proposé
par le député d'Abitibi-Ouest. Je juge cette motion non
recevable. Est-ce que vous voulez que je vous donne mon argumentation? Je peux
vous la donner aussi. Je m'appuie sur deux décisions antérieures
rendues par mes collègues qui ont eu à se pencher sur des motions
similaires à celle-là.
Voulez-vous une explication, M. le député d'Abitibi-Ouest?
Si vous n'en voulez pas, moi, je n'y tiens pas.
M. Gendron: Ce n'est pas que je n'en veuille pas; je suis un peu
étonné que vous demandiez au ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'ai pas le
choix. Lorsque le ministre affirme de son siège qu'il y a une
implication financière, je n'ai pas le choix, c'est le règlement.
Le règlement est là et si le ministre affirme que ça a des
implications financières, votre motion est jugée irrecevable.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais dire juste un
mot. Je prends la parole du ministre, je partage son point de vue. On n'a
même pas besoin de prendre sa parole; c'est évident qu'il y a des
implications financières. La question n'était pas là,
règle générale, pour juger s'il s'agit d'un "money-bill"
ou pas. La question était: Est-ce que c'est une relation directe
d'implications financières avec le gouvernement par rapport à
l'article ou si c'était en relation indirecte? Il était
évident, ici, que c'était en relation indirecte, sauf que c'est
sûr que ça représente des coûts pour l'État
parce que les règles budgétaires proviennent de l'État du
Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur votre
explication, j'ai reçu l'information du ministre; alors, je juge votre
motion Irrecevable. S'il n'y a pas d'autre argumentation, j'appelle l'article
8. Est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est adopté?
M. Gendron: Je demande le vote par appel nominal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le vote par appel
nominal. J'appelle le vote.
Mme la députée... Pardon, je vais vous donner la chance,
Mme la députée, d'en prendre connaissance.
M. le député de Saint-Henri?
M. Hains: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Charlevoix?
M. Bradet: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Sherbrooke?
M. Hamel: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pardon, M. le Président, vous
m'excusez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le vote est
commencé, Mme la députée de Chicoutimi. Pour ou contre la
motion d'amendement du ministre?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'amendement?
Mme Blackburn: L'amendement?
M. Gendron: Non, non, ce n'est pas l'amendement du ministre.
Mme Blackburn: Écoutez, je pensais que c'était une
motion qui avait été déposée par le
député d'Abitibi-Ouest, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'écoute
et...
Mme Blackburn: Pourriez-vous, comme je viens tout juste
d'arriver, et je vous présente mes excuses pour mon retard...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, madame. Le
vote est commencé. Vous pouvez vous abstenir.
Mme Blackburn: Encore faudrait-il, M. le Président, que
vous me disiez ce sur quoi je dois voter. C'est juste ce que je voulais vous
demander.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur l'article 8
tel qu'amendé.
Mme Blackburn: Et qui se lit, s'il vous plaît ?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Écoutez,
madame, est-ce que vous vous abstenez? Écoutez, madame, le vote
était commencé quand vous êtes arrivée ici. Alors,
je vous demande votre vote. Je pourrais ne pas vous demander de voter.
Mme Blackburn: M. le Président, je ne connais pas le
climat qui existe ici...
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a un
très bon climat sauf...
Mme Blackburn:... je viens tout juste d'arriver.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
madame. On n'Interrompt pas un vote. Madame, je ne vous reconnais pas le droit
de vote. M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Je vous l'ai dit: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour. Alors...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Excusez. Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Contre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est moi qui ai demandé le vote par appel
nominal. Je suis contre, c'est évident.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 8 tel
qu'amendé est adopté. Juste une explication, Mme la
députée de Chicoutimi. Je m'excuse, étant donné que
le vote était commencé, je ne pouvais pas recevoir de vous une
demande d'explication ou non.
Mme Blackburn: M. le Président, si vous le permettrez,
lorsque je suis arrivée, le député d'Abitibi-Ouest
était en train de terminer son intervention. Donc, le vote
n'était pas commencé. M. le Président, une fois que le
vote est pris, je pense que j'ai le droit de m'expliquer. Je souhaitais
simplement qu'on me relise la motion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, mais je ne
pouvais pas vous la relire.
Mme Blackburn: Ce qui était simple puisque le vote
n'était pas encore demandé au moment où je me suis
assise.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, mais je ne
pouvais pas vous la relire.
Mme Blackburn: Bien. Alors, c'est votre droit et je le respecte,
bien que je ne partage pas votre avis, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
Mme la députée de Chicoutimi. J'appelle l'article 9 qui se lit
comme suit: "L'élève prend soin des biens mis à sa
disposition et les rend à la fin des activités scolaires.
À défaut, la commission scolaire peut en réclamer la
valeur aux parents de l'élève mineur ou à
l'élève majeur. " M. le ministre de l'Éducation, avez-vous
des commentaires sur l'article 9 du projet de loi 107?
M. Ryan: il y a deux principes qui sont affirmés dans
l'article 9: tout d'abord, le principe de responsabilité de
l'élève à l'endroit des biens publics mis à sa
disposition pour les fins de l'enseignement qu'il reçoit à
l'école et, deuxièmement, le principe de la responsabilité
des parents en cas d'actions de l'élève qui diminueraient ou
annuleraient la valeur des biens mis à sa disposition. Ce sont deux
principes qui emportent assez spontanément l'adhésion de tous les
citoyens responsables.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Je propose le vote.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, avez-vous des commentaires sur l'article
9?
M. Gendron: Pas d'objection.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 9 est
adopté. J'appelle l'article 10. L'article 10 est amendé. Alors,
je le lis tel qu'amendé. L'amendement est de supprimer le paragraphe
1° et de remplacer, dans le paragraphe 3°, les mots "la garde de fait"
par les mots "de fait la garde". Alors, l'article tel qu'amendé se
lirait comme suit...
Mme Blackburn: C'est en français quoi. Non?
M. Ryan: Les deux sont en français, mais il y en a un qui
est plus léger que l'autre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): "Dans la
présente loi on entend par: 1° "année scolaire": la
période débutant le 1er juillet d'une année et se
terminant le 30 juin de l'année suivante; "2° "parent": le titulaire
de l'autorité parentale ou, à moins d'opposition de ce dernier,
la personne qui assume de fait la garde de l'élève".
M. le ministre de l 'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, ces deux définitions vont
de soi et je ne pense pas que quelqu'un ait une autre définition de
l'année scolaire à proposer que celle qui la définit comme
étant la période qui va du 1er juillet d'une année
jusqu'au 30 juin de l'année suivante. Toutes les actions
administratives du ministère et des commissions scolaires sont
conçues en fonction de cette période. C'est pourquoi l'exercice
financier des commissions scolaires se termine le 30 juin, l'année
scolaire prenant fin juste à la veille de la fête de la
Saint-Jean-Baptiste. Nous consacrons dans le texte de loi une situation qui est
déjà établie solidement.
La définition de "parent" embrasse le titulaire de
l'autorité parentale, c'est-à-dire les véritables parents
de l'enfant ou les parents adoptifs dans certains cas et, à
défaut, la personne qui assume de fait la garde de
l'élève. C'est d'autant plus important d'avoir une disposition
comme celle-ci qu'aujourd'hui nous sommes susceptibles de constater toutes
sortes de situations familiales. Il faut absolument qu'une garantie simple,
directe et concrète soit donnée du contact avec les personnes qui
s'occupent réellement de l'enfant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest, des commentaires?
M. Gendron: Je n'ai pas de commentaire à formuler à
l'article 10.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 10
est-il adopté, M. le député?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle...
M. Gendron: Non, un instant, M. le Président!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Gendron: On a deux amendements à proposer qui seront
l'ajout d'un nouvel article qu'on pourrait intituler article 11 ou 12. Mme la
députée...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 10 a été adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon. J'appelle
l'article 11.
M. Gendron: Non à cause de l'ajout d'un article qu'on veut
adopter...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous l'ajoutez
où?
M. Gendron: On veut l'ajouter dans la section concernant les
droits de l'élève.
Mme Blackburn: Après l'article 10 et avant l'article
11.
M. Gendron: Oui, je veux juste m'expliquer, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui,
expliquez-vous parce que je ne vois pas comment vous pouvez amener un nouvel
article.
M. Gendron: Le ministre va nous en apporter des centaines,
alors...
Le Président (M.
Parent, Sauvé): Non. Le
ministre apporte des amendements à des articles existants.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute.
M. Gendron: Tout simplement, on pense qu'il y a une omission
majeure dans la section des droits de l'élève; c'est toute !a
question du recours des élèves ou des parents quant aux droits
qui n'auraient pas été respectés, puisque nous sommes au
chapitre des droits de l'élève. Je reconnais, M. le
Président, que, dans la section I, Droits de l'élève, le
ministre a décidé de ne pas permettre de recours. C'est son
droit. L'Opposition a le droit de proposer un amendement, mais on ne peut pas
le traduire autrement que par l'ajout d'un nouvel article, puisqu'il a
lui-même fait le choix de ne pas traiter de cette question-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je tiens pour
acquis que vous proposez un nouvel article, qui pourrait s'appeler 10b, par
exemple, ou quelque chose du genre.
M, Gendron: Peu importe, 10 b ou 10. 1, mais dans la section
concernant les droits de l'élève. Dans ce sens-là, M. le
Président, je voudrais que vous reconnaissiez tout de suite ma
collègue qui fera la présentation de l'amendement 10. 1 ou peu
importe qu'on veut inclure dans la section Droits de l'élève
concernant un recours, et c'est régulier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, pour les
besoins de la cause, pour qu'on se comprenne bien, si vous n'avez pas
d'objection, comme vous l'avez mentionné, on va l'appeler article 10.
1.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection.
Mme Blackburn: Je n'ai pas d'objection, M. !e
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, je vous écoute.
Mme Blackburn: M. le Président, je propose l'amendement
suivant, ajouter, après l'article 10, l'article 10. 1 qui se lirait
comme suit: "L'élève ou ses parents peuvent recourir au
Protecteur du citoyen pour faire respecter les droits de
l'élève".
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
C'est tout à fait recevable, je pense. Est-ce que vous voulez expliquer
l'objet de votre amendement ou vouiez-vous tout de suite qu'on...
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
M. Gendron: On va en débattre tout de suite.
Mme Blackburn: Je serais prête à...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir le texte?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ai lu le
texte. On va en faire des photocopies pendant que madame va continuer son
argumentation. Allez, Mme la députée.
Mme Blackburn: M. le Président, vous aurez compris que
l'ajout de cet article permettrait aux parents ou à
l'élève qui estiment que leurs droits ont été
lésés de recourir au Protecteur du citoyen. (11 h 45)
II faut le répéter parce qu'il y a des leçons qui
prennent du temps à faire leur chemin: Dans la loi 3, qui a
été bel et bien adoptée par l'Assemblée nationale,
il était prévu un tel article qui donnait accès au
Protecteur du citoyen pour l'élève qui estimait que ses droits
avaient été lésés.
Au cours de la consultation, plusieurs organismes sont venus nous dire
qu'il était important qu'en matière d'éducation, en
matière de recours, l'élève puisse avoir les mêmes
droits que tout citoyen au Québec qui se trouve lésé par
des organismes dans ses droits touchant l'accessibilité, la
gratuité des services. Pourquoi a-t-on maintenu dans ce projet de loi
l'élève à l'écart de cette possibilité de
recourir au Protecteur du citoyen lorsque ses droits sont lésés?
Comment se fait-il qu'on considère ces élèves et leurs
parents comme des citoyens de seconde zone au Québec? Face à ce
qui est permis de façon générale à tous les
citoyens du Québec, pourquoi les jeunes Québécois dans nos
écoles et les parents qui les représentent n'auraient-ils pas les
mêmes droits? Au nom de quelle logique et au nom de quelle
équité?
M. le Président, au cours des audiences que nous avons tenues,
plusieurs organismes sont venus nous dire, plus particulièrement le
Protecteur du citoyen, la Ligue des droits de la personne, d'autres organismes
encore, qu'il était important que l'on s'assure au Québec que non
seulement les écoles étaient accessibles, mais qu'elles
l'étaient également à tous et ce, sans discrimination.
Je veux bien croire que le ministre serait peut-être un peu ma!
à l'aise pour justifier ces nombreuses dérogations parce que,
tout à l'heure, sur la base de cette décision, des parents
pourraient interroger le ministre sur les critères qui ont
prévalu aux dérogations qu'ii a accordées. Effectivement,
des parents pourraient éventuellement poursuivre le ministre pour manque
de transparence touchant les dérogations qu'ii a accordées en
vertu de l'âge d'admission. Mais il y a d'autres situations qui
pourraient amener un parent ou un élève à en appeler au
Protecteur du citoyen pour voir ses droits défendus.
Au Québec, alors qu'on prétend être parmi les
peuples les plus avancés en matière d'égalité, de
qualité, d'accessibilité à certains services pubiics,
est-il légitime, est-il acceptable que les jeunes
Québécois - il y en a 1 000 000 dans nos écoles - se
voient traités comme des citoyens de seconde zone, que les parents qui
les représentent, ce qui doit représenter plus de 2 000 000 de
personnes au Québec, lorsqu'il s'agit d'éducation, quelque chose
de primordial au Québec, d'extrêmement important, n'aient aucun
droit de recours devant le Protecteur du citoyen?
M. le Président, plusieurs organismes sont venus nous dire que
cette reconnaissance était essentielle dans notre réseau
d'éducation au Québec. Ce n'étaient pas des gens qui le
faisaient par partisanerie ou par intérêt personnel, mais des gens
qui, fondamentalement, estimaient que les droits des jeunes
Québécois étaient au moins équivalents à
ceux de tous les autres Québécois lorsqu'il s'agit d'accès
à un service public et du respect de leurs droits en vertu de la Loi sur
l'instruction publique.
Je m'explique mai l'entêtement du ministre, mais, lorsque le
ministre, de sa propre autorité qui est très grande - il la tient
de quelque part, du Très-Haut - décide de ce qui est bien,
à son avis, et qu'ii n'y a pas d'avis supérieur au sien, je
comprends qu'il soit resté sourd aux avis qui ont été
émis ici en cette commission par de nombreux organismes.
J'admets mal qu'aujourd'hui, au moment où on se parle, au
Québec, en dépit de son infaillibilité supposée -
on admet de plus en plus que même les papes se trompent; on peut penser
qu'il peut arriver que le ministre de l'Éducation se trompe
également - qu'il ne soit pas revenu sur sa décision et qu'il
n'ait pas proposé au moins une alternative. Est-ce qu'on aurait pu
penser à
un protecteur de l'élève? Il a bien pensé qu'il
fallait - tenez-vous bien - quelqu'un qui s'assure qu'on respecte le
caractère confessionnel des écoles. Il y aura un cadre - un
cadre, pas n'importe qui, pas de n'importe quel niveau; ce n'est pas un
professionnel, ni un enseignant, c'est un cadre - qui aura la
responsabilité de s'assurer qu'on respecte le caractère
confessionnel des écoles. Tenez-vous bien, lorsqu'il s'agit de s'assurer
qu'on respecte les droits de l'élève, il n'y a pas de droit de
recours.
Vous qui êtes membres de ce gouvernement, vous qui êtes
députés et qui avez aussi travaillé dans les
écoles, comment pouvez-vous vous associer à un projet de loi qui
est censé améliorer la qualité de l'éducation,
moderniser, nous disait-il - quoique là, l'en doute de plus en plus -
mais qui ne reconnaît pas ce qui est fondamental au Québec, le
droit d'en appeler lorsqu'on estime qu'il y a eu injustice? Comment pouvez-vous
accepter une telle inéquité qui touche non pas quelques citoyens
au Québec, mais qui est susceptible de toucher - i! y a 1 000 000
d'élèves dans nos écoles au Québec et, en ajoutant
les parents, on peut facilement doubler, J'imagine - quelque 2 500 000
Québécois? Comment se fait-il qu'en matière
d'éducation ces personnes soient considérées comme ces
citoyens de seconde zone, des personnes qui n'ont pas les mêmes droits
que ies autres citoyens au Québec lorsqu'il s'agit de faire
reconnaître le droit à l'équité en matière
d'éducation et de plaider leurs droits lorsqu'ils estiment qu'ils ont
été lésés?
Tous les milieux concernés avaient accueilli avec respect cet
article qui apparaissait dans la loi 3 et qui prévoyait que
l'élève ou le parent pouvait en appeler au Protecteur du citoyen
lorsqu'il estimait que ses droits étaient lésés. Comment
se fait-il que cette belle unanimité, on ne la retrouve plus? Est-ce
à dire qu'il y aurait au Québec, selon les gouvernements, des
gouvernements qui seraient moins soucieux d'équité, des
gouvernements qui seraient plus sensibles à l'hypothèse ou aux
possibilités que les parents auraient d'utiliser ce droit de recours
pour, par exemple, interroger le ministre sur ses critères
d'accessibilité et de dérogation à l'âge
d'admission? Il faudrait qu'on examine sérieusement s'il n'y a pas un
lien entre cela et !a décision du ministre d'accorder des
dérogations sans critère connu, dans la plus parfaite
incohérence, dans la plus parfaite inéquité puisque, selon
que vous aviez le moyen ou non de payer l'expertise professionnelle, vous aviez
ou non des chances de voir votre enfant admis à l'école. Ne
serait-ce pas pour cette raison que le ministre se refuse à Introduire
dans la Loi sur l'instruction publique cet article qui prévoit qu'un
parent ou un élève, qui estime que ses droits ont
été lésés, puisse en appeler au Protecteur du
citoyen? Est-ce que !e ministre est en train de nous dire qu'il reconnaît
que cette pratique est inéquitable et qu'elle pourrait
éventuellement être l'objet de recours contre le ministre pour
faute touchant les droits des individus?
J'aimerais que le ministre nous dise ies raisons majeures qui
l'amènent à vouloir que ce droit, qui est reconnu à tous
les citoyens du Québec dans quelque servirces que ce soit, ne soit pas
reconnu lorsqu'i! s'agit des usagers des services d'éducation au
Québec. Si les députés du gouvernement ont des
informations qu'on ne détient pas, il serait peut-être
intéressant qu'ils nous les fournissent. Le ministre n'a pas
laissé le choix aux commissions scolaires concernant le statut de la
personne qui s'assurera que le caractère confessionnei des écoles
sera respecté et, pour ce faire, il nomme dans la loi un cadre. Comment
se fait-i! qu'il soit si soucieux qu'on respecte le caractère
confessionnel de l'école catholique et protestante et qu'il ne soit pas
soucieux que l'on respecte le droit des élèves?
Pourtant, s'il est vrai qu'il s'inspire de la morale chrétienne,
comme iI a souvent dit au cours de la commission parlementaire, y a-t-il
quelque chose de plus équitable et de plus chrétien que de
s'assurer que ceux qui paient pour des services au Québec aient droit
à la même qualité de services, aient droit de se voir
reconnaître le même traitement où qu'ils soient sur le
territoire du Québec et quelle que soit leur condition économique
ou sociale? M. le Président, je comprends mal que le ministre n'ait pas
inclus dans ce projet de loi un article - on en propose un ici - pour s'assurer
que les droits des élèves soient protégés. Qu'en
sera-t-il des droits des élèves handicapés? Il en sera
fait exactement ce qui en est fait dans une cause qui est encore pendante en
cour. On est en train de se disputer pour savoir s'il faut ou non
reconnaître le droit d'un élève, ce qu'on appelle le cas
Rousseau, à un enseignement dans une classe régulière.
Est-ce à dire que le ministre, de façon tacite, en
n'incluant pas cet article dans la Loi sur l'Instruction publique, sait
pertinemment qu'il est en faute au moment où lui-même accorde des
dérogations sur la base de critères tout à fait
arbitraires qui créent des Inéquités et des injustices
criantes au Québec? Est-il en train de nous dire: Si jamais j'inscrivais
un tel article dans la loi, je serais moi-même susceptible de poursuites
parce que j'ai traité des gens de façon inéquitable, parce
que j'ai causé des torts à des personnes, parce que moi,
responsable de l'éducation au Québec, j'ai accordé des
privilèges. J'ai permis de déroger au règlement
pédagogique qui fixe l'âge d'admission à l'école
sans autre critère que, dans certains cas, la taille de l'enfant: I!
était grand, il avait l'air d'un enfant de six ans. C'est
là-dessus qu'on a accepté qu'il soit admis sans tenir compte de
l'âge, en dépit des règlements.
M. le Président, le ministre sait là-dessus qu'il est
extrêmement fragile. Le rapport qui a été
déposé sur les critères et les façons de
procéder en regard des demandes de dérogation à
l'âge d'admission vous donne une gamme de manières de faire
tout à fait surprenantes. Par exemple, on sait que certaines commissions
scolaires ont offert le service d'expertise professionnelle. Dans d'autres
commissions scolaires, c'est non. L'expertise professionnelle était
payée par les parents, une première injustice! D'autres
commissions scolaires ont fait la moitié du chemin. Elles ont dit: La
première expertise, cela a l'air de correspondre; oui, effectivement,
votre enfant pourrait éventuellement avoir une dérogation, mais
cela demande une expertise plus approfondie. Ce sera terminé par un
professionnel et à vos frais. (12 heures)
Les parents étaient prévenus que leur enfant avait
reçu une dérogation et cela venait soit de la commission
scolaire, soit du bureau régional, soit de l'école et, dans
certains cas, du bureau du député qui appelait ies parents pour
leur dire: Votre enfant, pour lequel vous avez demandé une
dérogation, je puis vous dire, moi, député du comté
X, qu'il l'a obtenue. Je comprends, dans ces circonstances, que le ministre se
refuse à inclure dans la Loi sur l'instruction publique un article qui
prévoit que les parents puissent en appeler au Protecteur du citoyen
lorsqu'ils estiment que leurs droits ont été
lésés.
Cependant, lorsqu'on fait ce parallèle entre l'absence de
volonté du ministre d'inclure dans la loi un article qui prévoit
que les enfants handicapés puissent être, lorsque leur
intérêt le commande, inscrits dans une classe
régulière et, en même temps, que le ministre refuse
d'indiquer l'âge d'admission à l'école dans son projet de
loi, cela veut dire qu'il veut laisser se perpétuer cette injustice,
cette inéquité à l'endroit de milliers de jeunes
Québécois qui n'ont pas ies mêmes droits, selon qu'ils sont
handicapés ou selon que leurs parents ne sont pas suffisamment
informés pour avoir les dérogations du ministre ou encore qu'ils
n'ont pas l'argent pour payer l'expertise professionnelle pour s'assurer que
leur enfant soit admis à l'école. C'est la seule explication
plausible au fait que !e ministre refuse ce droit de recours au Protecteur du
citoyen pour l'enfant ou les parents qui estiment que, selon la Loi sur
l'instruction publique, leurs droits ont été
lésés.
Pourtant, le ministre allait loin: Si les droits des comités
d'école, des comités de parents étaient
lésés, il permettait, selon la loi, à ces comités
d'ester. Surprenant! Surprenant! Surprenant! Il reconnaissait à un
comité, soit de parents, soit d'école, ce droit d'en appeler,
lorsqu'il estimait, ce comité, que la loi n'était pas
respectée et il ne reconnaît pas aux élèves et aux
parents leur droit d'en appeler au Protecteur du citoyen, s'ils estiment que
leurs droits sont lésés.
M. le Président, je pense que le ministre a une
responsabilité morale; en toute équité, en toute
honnêteté et dans un souci de transparen- ce, il devra nous dire
et nous expliquer clairement, s'il n'accepte pas notre proposition d'amendement
à la Loi sur l'instruction publique, pourquoi il refuse d'inclure dans
la Loi sur l'instruction publique ce qui est reconnu dans la très grande
majorité des lois du Québec, c'est-à-dire le droit d'en
appeler au Protecteur du citoyen lorsque vos droits sont lésés.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme sa
députée de Chicoutimi. M. le ministre, votre droit de parole sur
la proposition d'amendement de Mme la députée.
M. Ryan: Beaucoup de mots pour dire peu de chose, M. le
Président, mais venons-en, quand même, au mérite et non pas
à tout ce qui entoure l'intervention qu'on vient d'essayer
d'écouter.
Sur le principe d'un appel dans des décisions qui affectent de
manière sérieuse ''education des enfants, nous avons
déjà indiqué notre accord. La députée n'est
pas ici souvent depuis quelque temps, elle en manque des bouts, cela se
comprend, mais si elle était ici tout le temps, comme ies autres,
peut-être que cela lui éviterait des imputations de motifs ou des
accusations comme elle en a le secret. Elle serait un peu moins sentencieuse et
un peu plus pertinente.
Mme Blackburn: Le ministre est trop arrogant et méprisant,
M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! S'il vous plaît, madame! M. le ministre.
Mme Blackburn: il recommence avec, à son grand plaisir,
arrogance, suffisance et omnipotence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Madame, j'ai écouté tout
à l'heure vos allusions à l'infaillibilité et tout
cela.
Mme Blackburn: Et omniscience, évidemment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! La partie est commencée. M. le ministre.
M. Ryan: Nous avons écouté toutes ces sottises avec
patience. Nous faisons maintenant le constat. Je pense que c'est une chose qui
est tout à fait permise.
Le problème en ce qui touche le Protecteur du citoyen, c'est que
sa compétence a été, de propos
délibéré, limitée par le législateur aux
matières qui peuvent concerner directement l'appareil gouvernemental.
Ainsi qu'on le trouve dans l'article 14 de la Loi sur le Protecteur du citoyen,
le Protecteur du citoyen a pour mission d'intervenir "chaque fois qu'il a des
motifs raisonnables de croire qu'une personne ou un
groupe de personnes a été lésé ou peut
vraisemblablement l'être par l'acte ou l'omission d'un organisme public,
de son dirigeant, ce ses membres ou du titulaire d'une fonction, d'un emploi ou
d'un office qui relève de ce dirigeant. "
Est un organisme public aux fins de la Loi sur le Protecteur du citoyen,
"un ministère et tout organisme, à l'exception du Conseil
exécutif et du Conseil du trésor, dont le personnel est
nommé et rémunéré suivant la Loi sur la fonction
publique. "
Ce n'est pas pour rien que le législateur, lorsqu'il a
créé la fonction d'ombudsman, a décidé d'en limiter
les attributions à ces domaines précis qui sont décrits
à l'article 14 de la Loi sur le Protecteur du citoyen. Il voulait que le
Protecteur du citoyen exerce une action efficace et, en même temps,
circonscrite Il voulait que d'autres secteurs de l'administration publique
puissent se doter de procédures de révision, d'appel ou de
vérification qui conviendraient davantage à leurs fonctions ou
à leur vocation propre. C'est ainsi qu'en matière d'affaires
sociales nous savons tous qu'il existe dans plusieurs institutions des
protecteurs des malades, des résidents ou des
bénéficiaires, comme on les appelle d'un terme assez impropre,
à mon point de vue. Il existe aussi une commission d'appel des affaires
sociales qui est chargée de se prononcer. Si, par exemple, la Commission
de la santé et de la sécurité du travail a rendu une
décision de nature à léser les droits d'un citoyen,
celui-ci peut en appeler à la commission d'appel des affaires sociales.
I! en va de même des décisions en matière de remboursement
de sommes auxquelles un personne peut avoir droit à la suite d'une
hospitalisation ou de l'application d'une loi sociale.
Dans le cas des écoles - j'en ai déjà donné
l'indication claire à l'occasion de la rencontre que nous avons eue avec
l'un des groupes qui sont venus la semaine dernière - nous cherchons
à mettre au point une formule d'amendement qui permettrait une
procédure de révision au sein même de la commission
scolaire. Nous serons en mesure de déposer très prochainement des
propositions à ce sujet.
Je voudrais faire une suggestion à l'Opposition, si elle veut
bien l'écouter. S'il y avait moyen de surseoir à la discussion de
cet amendement - on peut bien le garder là, je ne vois pas de
problème à ce qu'il soit déposé - jusqu'à ce
que nous ayons mis au point l'idée exacte qui nous paraît la
meilleure pour cela... Peut-être que cela consistera en un
sous-amendement. Peut-être que cela consistera en d'autres choses qu'on
pourra soumettre à l'Opposition officieusement afin de voir s'il y a
moyen de s'entendre là-dessus. Mais, si c'est vraiment le principe d'une
révision d'une décision mai appropriée, ma! conçue
ou injustifiée qui préoccupe l'Opposition, je peux lui dire que
le gouvernement s'en soucie également. Il devrait y avoir moyen de
trouver une formule qui soit compatible avec l'économie
générale non seulement du projet de loi 107, mais de l'ensemble
de notre législation. Il me semble que la formule du Protecteur du
citoyen n'est pas celle qu'on doit rechercher dans ce cas-ci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Se
député d'Abitibi-Ouesî.
M. Gendron: Avant d'exercer mon droit de parole, j'aimerais
réagir comme critique de l'Opposition officielle. Ce n'est pas !a
première fois que le ministre nous dit qu'il réfléchit et
que, de l'autre côté, ils ont bien des dispositions. Mais le
problème, c'est qu'on ne trouve jamais la concrétisation de ces
belle intention. Le ministre nous dit: Êtes-vous prêts à
laisser tomber voire amendement? Oui, s'i! s'engage à ce que le
gouvernement nous suggère ure disposition obiigatoire où il y
aura un recours. J'en al jasé avec des collègues avant même
qu'on apporte l'amendement. On n'a pas fait de drame sur le Protecteur du
citoyen, nous non plus; ce n'est pas cela qu'il faut lire. Je sais qu'on l'a
mis dans l'amendement. On l'a mis dans l'amendement parce qu'il faut
s'accrocher quelque part. Sauf que l'essentiel de l'amendement proposé
ou de l'ajout d'un nouvel article porte beaucoup plus sur !e principe
d'établir un droit de recours à l'élève et aux
parents qui se sentiraient lésés par l'application du
système d'éducation dans la nouvelle loi.
Les jeunes nous ont fait valoir qu'ils souhaitaient que ce sort une
instance impartiale et dégagée du... En tout cas, j'en lis un
ici. Je pense que j'ai le droit de faire ce que je fais là. Entre
autres, dans le mémoire de la COPHAN - c'est un exemple - on dit: Le
ministre est silencieux quant au droit de recours de l'élève et
des parents. Nous recommandons qu'un droit de recours sort explicitement
inscrit dans la loi, mais un droit de recours qui n'est pas relié aux
commissions scoiaires ou au ministre de i'Educa-tion. Si le ministre nous dit:
Écoutez, je prends l'engagement de déposer quelque chose
là-dessus qui consacrera le principe d'un droit de recours, je suis
prêt à l'entendre là-dessus et à dire: Je suis
d'accord pour retirer l'amendement. Mais ii faudrait que j'entende ça.
Est-ce que c'est ce qu'on dit? Je ne parle pas du Protecteur du citoyen. Je
parie de consacrer le principe d'un recours pour Ses parents ou les
élèves qui se sentiraient lésés. On est
disposés à regarder des formules autres que celle du Protecteur
du citoyen, c'est évident.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Gendron: À ce moment-ci, j'attends la réponse,
si vous ne voulez pas que j'utilise mon droit de parole de 20 minutes
Inutilement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est
pas parce que je ne veux pas, c'est parce que vous me dites que vous
êtes prêt.
M. Gendron: Oui, je suis prêt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si le ministre
voulait nous donner un éclairage immédiatement, peut-être
que ça aiderait. Êtes-vous prêt, M. le ministre?
M. le député d'Abitibi-Ouest mentionne que le recours au
Protecteur du citoyen, il n'y tient pas plus que cela. Tout ce qu'il veut,
c'est une garantie que ies parents et l'enfant aient un droit de recours
défini, bien clair, qui sera absolument impartial. C'est à peu
près ça.
M. Gendron: C'est en plein ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II me dit qu'il
est prêt à vous entendre, si vous avez une suggestion,
étant donné que vous aussi, vous reconnaissez qu'il y a
peut-être un bout de chemin à faire. M. le ministre, je vous
écoute.
M. Ryan: Ce que je suggérais tantôt, c'est que
l'amendement reste ià. L'amendement est déposé, il n'y a
pas de problème. Je ne demande pas qu'on le retire, mais qu'on nous
donne un peu de temps pour y réfléchir. On pourra revenir plus
tard aujourd'hui, demain ou après-demain, avec une réaction
là-dessus et peut-être une suggestion qu'on pourra regarder
ensemble avant de débattre formellement de l'amendement.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection, M. le Président. Je
souscris à cette invitation de laisser l'amendement
déposé, de le laisser dans nos responsabilités
d'étude article par article. Dépendamment de la suggestion que le
ministre nous fera, on appréciera le contenu, le libellé d'un
éventuel article consacrant le principe d'un recours pour
élèves et parents qui se sentiraient lésés par une
application, un vécu, une décision, une orientation tant de la
commission que du gouvernement. C'est ce qu'on veut.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour la bonne
compréhension de nos débats, on garde l'amendement
déposé, reconnu comme étant l'article 10. 1; on ne le
rejette pas, on ne l'accepte pas, il est là. On se donne du temps pour
se parler entre les deux formations politiques. J'appelle immédiatement
l'article 11.
M. Gendron: Si on laisse ça en suspens, j'ai aussi un
amendement dans le même sens que celui qu'on vient de proposer. On
pourrait le nommer article 10. 2, parce qu'on a parlé de 10. 1. Je
proposerais que, dans cette section Droits de l'élève, il y ait
un nouvel article, dit 10. 2 pour fins de discussion, qui dirait à peu
près ceci: Tout élève handicapé a droit à un
plan d'intervention en services éducatifs. Les parents de
l'élève et l'élève de niveau secondaire doivent
participer à l'élaboration de ce plan d'intervention. " Je
dépose l'amendement.
Si vous voulez que je l'explique, je peux le faire. Cela s'inscrit dans
cette volonté répétée, dont le ministre n'a pas
tenu compte, de plusieurs intervenants qui souhaitent qu'on consacre le
principe d'un plan d'intervention pour les mésadaptés sociaux,
ies mésadaptés affectifs, ceux qui souffrent de troubles de
mésadaptation sociale et, également, tous les handicapés.
La COPHAN, un organisme qui regroupe une trentaine d'organismes de
handicapés l'a souhaité. Et moi, je tiens qu'à la section
Droits de l'élève on consacre le principe du droit pour les
personnes handicapées à un plan d'intervention précis,
défini qui leur permette de s'accrocher à des choses qui ies
concernent spécifiquement. Je pense que c'est un amendement parfaitement
recevable parce qu'on n'a jamais, de l'article 1 à 10,
spécifiquement prévu cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'aimerais
ça que vous m'expliquiez en gros ce que vous voulez dire par "plan
d'intervention", M. le député d'Abitibi-Ouest. (12 h 15)
M. Gendron: En gros, M. le Président, rapidement, c'est
une formule qui a été consacrée, entre autres, à
l'Office des personnes handicapées, d'avoir un plan d'intervention
précis pour une personne adulte. Les mêmes organismes qui sont
venus témoigner lors des auditions ont toujours parié d'un plan
d'intervention pour l'élève handicapé; au même titre
que l'office fait un plan d'intervention pour des personnes adultes, on voulait
qu'un jeune étudiant handicapé d'âge scolaire puisse, lui
aussi, avoir un plan d'intervention défini, précis. Et là,
je pourrais donner des détails, parce que toutes les associations de
handicapés ont parlé de ça lors des auditions. Je vous
donne un exemple. Ici, l'Association québécoise des parents
d'enfants handicapés dit, à la page 13 de son mémoire:
Nous exigeons d'inscrire comme un droit de l'élève
handicapé la capacité pour lui de bénéficier d'un
plan d'intervention. Et ils parlaient d'un nouvel article parce qu'iis disaient
que cet article-là n'existait pas dans les droits de
l'élève. Et là ils définissaient le plan
d'intervention. "L'élève handicapé a droit à un
plan d'intervention en services éducatifs dont l'élaboration se
fait au moins six mois avant le début de l'année scolaire. " Les
parents de l'élève sont consultés dans ce qu'on offre
spécifiquement pour tel élève qui souffre de
mésadaptation sociale ou de mésadaptation scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je lis
l'amendement déposé par le député d'Abitibi-Ouest
qui sera inscrit comme 10. 2: Tout élève handicapé a droit
à un plan d'intervention en services éducatifs. Les parents de
l'élève et l'élève de niveau secondaire doivent
participer à l'élaboration de ce pian d'intervention. " À
mon
avis, c'est recevable et je vous écoute, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Alors, sur l'amendement proposé, M. le
Président, je veux juste donner une précision additionnelle.
Quand j'ai présenté cet amendement, vous avez demandé ce
qu'est le plan d'Intervention. Je tiens à signaler que c'est une notion
qui est consacrée dans le projet de loi que nous étudions et qui
est définie. Il faut entendre par "tout élève
handicapé" également les élèves souffrant de
difficultés d'apprentissage scolaire ou de mésadaptation, te!
qu'on Favait exprimé ailleurs. Je ne l'ai pas énoncé de
nouveau pour éviter que ce ne soit trop long. Pour fins de
compréhension des membres de cette commission, quand je parle dun plan
d'intervention pour les personnes handicapées, ça comprend, bien
sûr, les élèves qui présentent des troubles de
mésadaptation scolaire parce que ce sont surtout eux qui sont venus
faire des revendications.
M. le Président, sur le fond de l'article, je veux, tout
simplement, signaler que la COPHAN, qui est revenue nous voir récemment
et qui avait eu l'occasion de s'exprimer lors des audiences des mois
d'août et septembre, a pris la peine d'indiquer au ministre qu'elle
était très déçue. Et là, je lis son texte:
"À l'étude des nombreux amendements proposés, nous sommes
déçus de constater que nos principales préoccupations ont
été peu prises en compte. Nous ne trouvons pas suffisamment
d'éléments concrets et tangibles qui traduisent les intentions
encourageantes que, pourtant le ministre avait annoncées lors de la
clôture de l'audience du 25 août dernier. Pour ne citer que
celles-ci, le ministre avait mentionné aux parents "combien l'attention
qu'ils portent à leurs enfants est un enrichissement pour la
société et combien, à mon point de vue, nous avons
l'obligation comme gouvernement de les soutenir" et, plus loin, "le principe du
droit de recours dans ces cas-là est loin d'être un principe sur
lequel on lève le nez".
C'était valable au mois d'août, mais ce ne l'est plus
présentement. Ce ne l'est plus dans le projet de loi, M. le ministre. Ce
n'est pas faux; on n'a pas d'article là-dessus. C'est l'Opposition qui
est obligée de faire votre travail; alors, ce n'est certainement pas
faux. Le principe du recours, ce n'est quand même pas vous qui l'avez
apporté et le principe du plan d'intervention, ce n'est quand même
pas vous qui y êtes très très sensible. Regardez comment
vous avez commencé vos commentaires, à la suite de la
réplique de ma collègue de Chicoutimi: On est dans les patates,
on parle pour rien, on ne connaît pas nos affaires. Mais on va faire
notre travail, quand même.
Là-dessus, je dis qu'un plan d'intervention, M. le
Président, a été souhaité par tous les
intervenants. Ils prétendent qu'on ne peut pas, encore là, avoir
un beau discours sur les droits des personnes handicapées, faire des
conférences
À part... égale et ne pas poser, à un moment
donné, des gestes concrets qui traduisent cette volonté
politique. S'il y a un article là-dessus, vous me direz à quel
endroit le retrouver. Tous les gens; qui se sont exprimés
là-dessus ont pensé qu'il n'y en avait pas. Probablement qu'ils
sont tous dans les patates, mais Ils ont prétendu qu'il n'y en avait
pas.
SI je reviens à leurs exigences, ils disaient:
"L'Intégration: un principe moteur inexistant. " À ce
moment-là, ils connaissaient très bien ses amendements
proposés par le ministre de l'Éducation. S'ils s'exprimaient
comme ça, M. le Président, c'est parce qu'ils ne voyaient pas
d'article précis concernant !e plan d'Intervention pour les personnes
handicapées. D'une façon très précise, ils
disaient: il s'agit, quant à nous... Je trouvais leurs demandes pas
tellement nombreuses et je ne trouve pas qu'ils ont ambitionné; Ils ont
été rationnels. D'ailleurs, le ministre, dans une rencontre
privée avec moi, disait lui-même: Écoutez, eux, c'est
clair. Ils ont dit: Il nous manque quatre affaires. Il y a quatre choses qu'on
voudrait avoir: d'abord, la reconnaissance du principe de l'intégration
des élèves le plus près possible de leur milieu naturel;
deuxièmement, que tous ces élèves puissent
bénéficier d'un plain d'intervention. Là, j'arrive
à la deuxième demande clairement exprimée et dans leur
mémoire et dans le résumé de leur mémoire; Je lis:
"Le droit pour tous ces élèves à un plan d'intervention
individualisé. Un plan d'intervention clairement balisé et
réalisé en concertation avec le parent de l'élève
ou l'élève majeur et les autres partenaires scolaires. Enfin, la
nécessité de retrouver dans la loi un mécanisme de recours
pour tous les élèves. " Le ministre dit qu'on y reviendra plus
tard et je suis d'accord là-dessus.
Mais je reviens sur le détail de leur plan d'intégration.
Ils disaient: "À l'instar de tous les groupes minoritaires,
l'intégration des personnes handicapées à l'école
et dans la société procède d'abord d'un changement de
mentalité. " Mais, après avoir dit ça, il faut contribuer
à ce que les mentalités évoluent et une façon de
contribuer à ce que les mentalités évoluent, c'est
d'arriver, à un moment donné, à des articles qui
confèrent des droits. Nous sommes dans cette section, on est dans le
chapitre où on essaie de conférer des droits aux jeunes
étudiants et aux adultes du Québec. "Le droit des parents de
l'élève ou de l'élève majeur de choisir
l'école qui répond le mieux à sa préférence.
" Si on a consacré ce principe, c'est parce qu'on trouve qu'il est
valable.
Eux ajoutaient: Pour nous, on doit consacrer le principe d'un plan
d'intervention pour les personnes handicapées et les
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Il
s'agit pour nous aussi d'un droit formel, d'un droit explicite qui devrait
être inclus dans le projet de loi.
Voici ce qu'ils ajoutaient: II nous apparaît impérieux,
capital que la loi affirme que les
services dispensés à ces élèves le soient
dans le but de favoriser l'intégration de ces élèves dans
les classes ou groupes ordinaires et ies autres activités de
l'école chaque fois que cela est propre à faciliter leur
insertion sociale et leurs apprentissages. Et ils disaient: Cette remarque
s'applique également à autre chose.
M. le Président, ils ajoutaient: "Le plan d'intervention: pour
une intégration réussie. " Donc, ils pensaient que c'était
un moyen, un outil favorable pour que nous passions du beau discours à
la réalisation concrète. La nécessité d'un article
spécifique sur le plan d'intervention a été reprise
ailleurs. Je voudrais juste citer ceci encore une fois parce que c'est
important. L'Association québécoise des parents d'enfants
handicapés dit ceci dans le mémoire 49M, du mois d'août
dernier: "Nous demandons d'inscrire comme un droit de l'élève
handicapé de bénéficier d'un pian d'intervention. Ce
nouvel article pourrait s'insérer" à telle place. Je n'en suis
pas là-dessus. Tout ce que j'indique par là, c'est que, s'ils
nous pariaient d'insérer un nouvei article, c'est parce qu'ils venaient
de lire qu'il n'y en avait pas. lis continuent: "L'élève
handicapé a droit à un plan d'intervention en services
éducatifs dont l'élaboration se fait au moins six mois avant le
début de l'année scolaire. " Les parents sont consultés et
l'élève est consulté dans son plan d'intervention.
Regardez ce qu'ils ajoutaient pour en montrer l'importance: "Le plan
d'intervention doit couvrir tous les aspects qui concernent la vie de
l'élève à l'école, ses devoirs et les
déplacements reliés à la vie scolaire. "
La Confédération des organismes provinciaux pour les
personnes handicapées, la COPHAN: droit de l'élève
à un plan d'intervention en services éducatifs et droit des
parents à y participer. Ils vous suggéraient même, M. le
ministre, un libellé d'article en ajoutant combien il était
important que les deux y participent.
L'Association québécoise pour enfants avec
problèmes auditifs, mémoire 77M, qu'est-ce qu'elle disait?
Ajoutez un nouvei article. Un nouvel article pour parler de quoi? Pour parler
du plan d'intervention, exactement ce que je suis en train de proposer: le plan
d'intervention en services éducatifs.
La Société québécoise de l'autisme, une
société qui se préoccupe de problèmes de jeunes
qui, effectivement, sont, malheureusement, obligés de faire des stages
que je souhaiterais le moins prolongés possible dans des classes de
mésadaptation sociale ou dans des classes de réadaptation parce
qu'ils ont un problème d'autisme, demandait exactement ce que je suis en
train de mentionner comme article, que je ne répète pas.
Le Comité de la protection de la jeunesse pensait la même
chose, qu'il serait important d'avoir un article spécifique sur le plan
d'intervention.
Récemment, l'Opposition a convaincu le ministre de faire appel
à nouveau à la COPHAN, organisme crédible dans le milieu
des personnes en difficulté d'apprentissage, en mésadaptation
scolaire ou autres. On fait revenir cet organisme qui est venu nous dire ce que
je vous ai dit tantôt: Premièrement, on est déçu,
vous n'avez pas écouté ce qu'on a dit. On revient sur ies trois
points principaux sur lesquels on voudrait attirer l'attention du ministre. Aux
pages 5, 6 et 7 de leur nouvelle présentation, ils disaient: "Pour les
mêmes raisons, ies règlements que le gouvernement peut prescrire
pour l'organisation de services autres qu'éducatifs pour les
élèves handicapés et en difficulté devraient,
notamment, prévoir ies aspects à considérer dans
l'établissement des plans d'intervention. À cet égard,
nous estimons indispensable que les commissions scolaires dont les
élèves sont scolarisés hors territoire gardent une
responsabilité quant au suivi périodique des plans d'intervention
de ces élèves. "
Imaginez, M. le Président, quand on est à dire qu'il
devrait y avoir des dispositions pour s'assurer du suivi du pian, il me semble
qu'il y a une logique de dire: Avant de parler du suivi, on va consacrer le
principe. Là, j'en suis à un article où, effectivement, je
n'ai même pas la garantie que ce gouvernement ou le ministre de
l'Éducation est d'accord pour consacrer le principe d'un plan
d'intervention. Et on va me parier du suivi, des modalités! On va me
dire qu'une commission scolaire qui est obligée, parce qu'elle n'a pas
la capacité d'offrir ces services, de faire appel à une autre
commission scolaire aura des obligations. Je suis en train de terminer une
section sur les droits des élèves et il n'y aurait pas
d'inscription, ni de prescription précise fondamentale dans le projet de
loi pour n'importe qui qui voudrait prendre connaissance des droits que le
législateur veut conférer aux jeunes étudiantes et
étudiants du Québec. Il n'y aurait rien d'écrit concernant
l'obligation qui est faite d'un plan d'intervention. Vous comprenez que je ne
peux pas être d'accord sur cela!
Encore ià, si j'étais sûr que d'autres articles du
projet de loi couvrent la dimension que je suis en train de couvrir, je
n'aurais pas présenté un amendement afin d'ajouter un nouvei
article. C'est parce que, comme d'autres, j'ai beau lire les dix premiers
articles des droits de l'élève, d'aucune façon je n'y
retrouve une prescription précise, définie et
détaillée qui dit: Voilà, ce qu'on pense consacrer comme
droits aux jeunes élèves handicapés et souffrant de
difficultés d'apprentissage. C'est cela qu'est venue nous rappeler la
COPHAN, un organisme qui a énormément de
crédibilité dans le milieu. Je pense que le ministre n'en
disconvient pas. C'est un organisme qui, depuis plusieurs années, ne
compte pas ses heures à défendre, surtout à
apprécier et à analyser les besoins spécifiques des
étudiants souffrant de difficultés d'apprentissage.
Dans ce sens, M. le Président, on ne peut
pas faire autrement que souscrire à l'amendement proposé.
C'est pour cela que je l'ai fait; j'ai trouvé que le ministre avait
commis une omission grave en ne le mettant pas à sa place. Je sais
qu'à l'article 414 on va y revenir. Je sais qu'à l'article 412 on
va y revenir et qu'on va parler, comme je vous l'ai dit tantôt, de
modalités gérant l'application de dispositions eu égard
aux personnes pour lesquelles j'ai présenté mon amendement. Ce
n'est pas de cela que je parle. Mol, je parle d'une section où on
établit des droits. L'un des droits auxquels je tiens, c'est le droit
pour les personnes handicapées d'avoir la garantie législative
qu'il existe un plan d'intervention les concernant spécifiquement, qu'il
aura telles modalités, qu'ils seront concernés et leurs parents
aussi.
M. le Président, je me vois, compte tenu de l'heure,
obligé de terminer ma réflexion et je la reprendrai en
conclusion, à la suite de la période de questions, puisque je
n'ai pas épuisé mon droit de parole là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez encore
cinq minutes.
M. Gendron: Je sais. C'est pour cela. Je me vois obligé
d'arrêter, cela me fait de la peine.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la
commission suspend ses travaux jusqu'après la période de
questions et je reconnaîtrai le député d'Abitibi-Ouest sur
son droit de parole qui n'est pas terminé.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'éducation, dans le cadre du mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale, poursuit ses
travaux, à savoir l'étude article par article du projet de loi
107, Loi sur l'instruction publique.
Où en étions-nous, M. le secrétaire? Nous en
étions au débat sur le sous-amendement présenté par
le député d'Abitibi-Ouest. M. le député, iI vous
restait cinq minutes sur votre temps d'intervention, et je vous
écoute.
M. Gendron: M. le Président, j'en étais sur
l'amendement que j'ai proposé et qui se lisait comme suit: Tout
élève handicapé a droit à un plan d'intervention en
services éducatifs. Les parents de l'élève et
l'élève de niveau secondaire doivent participer à
l'élaboration de ce plan d'intervention. "
Lorsque j'ai présenté l'amendement, J'ai expliqué
comme c'était un élément sur lequel la COPHAN avait
insisté lors de sa seconde parution à la suite de ce que nous lui
avions de- mandé, c'est-à-dire réagir sur les amendements
proposés. La COPHAN prétendait qu'il y avait lieu, au chapitre
des droits de l'élève, de formaliser un des droits qui
m'apparaît fondamental, à savoir celui de s'assurer que,
dorénavant, toutes les personnes qui présenteraient des
difficultés d'apprentissage, des difficultés de
mésadaptation ou autres auraient droit à un plan d'intervention
spécifique, particulier, qui non seulement consacrerait le principe,
mais leur donnerait les garanties que, d'aucune façon, un jeune ne
serait brimé et que les services adéquats et plus adaptés
à sa condition lui seraient donnés. La COPHAN prétendait
aussi qu'il y avait une distinction importante à faire entre souscrire
à des mécanismes prévus dans un projet de loi et
conférer un principe aussi large que celui que j'ai voulu définir
par l'article 10. 2. J'avais insisté, M. le Président, sur la
place importante que je considère qu'on doit donner à la COPHAN
comme organisme crédible dans le domaine des préoccupations pour
ces catégories de personnes parce que cela fait plusieurs années
qu'elle regroupe plusieurs associations plus spécialisées ou plus
sectorielles de différents handicaps.
Je ne veux pas être plus long, M. le Président, parce que
je me répéterais et que cela n'est pas; mon genre. Tout ce que je
veux dire, c'est qu'on a ici une motion qu'on trouve pertinente et on pense
qu'elle doit être campée au bon endroit, et le bon endroit pour le
faire, c'est à la section sur les droits de l'élève. Ce
n'est pas un droit réclamé uniquement par celui qui vous parie,
mais il est réclamé par de nombreuses associations et il a
été souligné à maints égards, au moment
même de la première consultation, en particulier lors de cette
reprise de consultations particulières que nous avons faite pendant une
journée spécifiquement en réaction aux amendements
proposés.
Si la réaction de la COPHAN avait été: M. le
ministre, on vous remercie beaucoup parce que vous avez été d'une
compréhension sans limite, je n'aurais pas eu à présenter
cet amendement. Ce n'est pas ce que la COPHAN est venue nous dire. Elle est
venue nous dire: Écoutez, nous, on a été laissés
pour compte complètement; on ne demandait pas la lune. D'autant plus
qu'elle a reprécisé et bien campé ses quatre
éléments fondamentaux. Un des éléments auquel elle
tenait mordicus, c'est à ce fameux plan d'intervention particulier et
spécifique eu égard aux services éducatifs. C'est pourquoi
j'ai présenté l'amendement et c'est pourquoi j'estime que les
parlementaires et cette commission devraient agréer cet amendement qui
confère un droit spécifique aux personnes handicapées
à la bonne place dans le chapitre que nous terminons avec cela. Je
n'aurai pas d'autre amendement à présenter à la fin de
celui-ci, ce qui terminerait la section sur les droits de
l'élève. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de
reconnaître d'autres intervenants sur cela, je
reconnais le ministre sur l'amendement présenté par le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Ryan: D'abord, M. le Président, j'ai remarqué
une affirmation générale du député qui m'a
intéressé, il a dit qu'il revenait là-dessus parce que la
COPHAN avait insisté lors de sa présentation de la semaine
dernière. Il a dit qu'autrement il ne l'aurait pas fait. Si on peut
déduire de cela que pour tous les autres commentaires éiogieux
que nous avons reçus des autres organismes entendus lundi dernier suivra
la même ligne de conduite, c'est très intéressant.
M. Gendron: C'était un commentaire.
M. Ryan: Merci de votre commentaire. J'ajoute juste un point. Je
ne sais pas si le député d'Abitibi-Ouest tient compte de ce que
nous avons dit ce matin. J'ai dit que je travaillais de mon côté
à examiner la possibilité d'un amendement qui se situerait
là où veut l'avoir le député. Je pense qu'au point
de vue de l'endroit où il serait situé dans le projet de loi,
l'amendement que propose le député nous conviendrait. Il n'y aura
pas de problème là-dessus. Mais, s'ii convient de ce que nous
discutions ce matin, il faudrait garder cet article en suspens jusqu'à
ce que nous revenions avec une proposition qu'on pourrait examiner ensemble ce
soir ou demain. Je ne suis pas en mesure de la communiquer maintenant parce
qu'il faut la travailler davantage.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député?
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection pour autant qu'encore
là on ait la même attitude que sur l'autre amendement. On a
déjà laissé un amendement en suspens sur lequel...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le 10. 1;
cela, c'est le 10. 2.
M. Gendron: Oui. Le ministre semblait avoir une ouverture. Alors,
si on le laisse en suspens, je n'ai pas d'objection à ce que ce soit un
amendement travaillé par le gouvernement plutôt que par
l'Opposition, pour autant que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour autant que
les buts seront atteints.
M. Gendron:... l'objectif que je vise sera atteint. Ce qui
m'intéresse dans cet article, ce n'est pas moi, ce sont les
handicapés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je reprends
pour les besoins de l'enregistrement des débats. Je rappelle que
l'amendement 10. 1... M. le ministre?
M. Ryan: M. le Président, je vais compléter mon
intervention. Je m'excuse parce que j'ai eu un dérangement tantôt.
J'avais compris que le député parlait encore sur l'amendement
traitant du droit de recours de l'élève et je crois comprendre
qu'il a parié du plan d'intervention.
M. Gendron: Oui. J'ai fait deux amendements distincts, un sur le
droit de recours et un sur le plan d'intervention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): il est en suspens
sur le droit de recours. Actuellement, on est sur les handicapés.
M. Ryan: Très bien. À l'amendement 10. 2, je dois
signaler à l'attention de la commission que l'article 46 traite
précisément du sujet dont vient de parler le député
d'Abitibi-Ouest. Nous avons inclus ce sujet à l'article 46 traitant des
responsabilités de la direction, de l'école. Nous avons d'autres
dispositions auxquelles a fait allusion dans son intervention le
député d'Abitibi-Ouest plus loin, comme 414. Il y en a plusieurs
autres aussi: 237, 238 ou dans cette partie du projet de loi traitant des
responsabilités des commissions scolaires. Il y a plusieurs passages qui
traitent également des élèves handicapés en
difficulté, en trouble d'adaptation ou d'apprentissage.
Nous ne sommes pas disposés à appuyer un amendement qui
érigerait en droit la notion de plan d'intervention à ce stade-ci
de l'évolution. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Il
est possible que ce concept se précise avec les années à
la faveur de l'expérience et qu'éventuellement il soit sage et
opportun de le transférer dans le chapitre des droits. Pour le moment,
il nous semble plus judicieux de traiter du plan d'intervention ià
où il en est question dans le projet de loi, c'est-à-dire quand
on parle de la responsabilité de la direction de l'école, et dans
les autres passages complémentaires qui viennent plus tard dans le
projet de loi. Ceci pour une raison que la commission comprendra facilement, le
concept de plan d'intervention n'est nulle part défini pour l'instant.
(16 heures)
C'est un concept extrêmement polyvalent qui peut faire appel
à toutes sortes d'interprétations et, si nous l'érigeons
en droit strict dans le chapitre des droits, cela peut donner lieu à
toutes sortes d'interprétations de la part des tribunaux qui
créeront des contraintes parfois artificielles. Nous
préférons cheminer par la voie de l'expérience vers une
amélioration constante en matière de services aux
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage. En conséquence, je suis obligé de
prévenir la commission que, tout en étant éminemment
favorable à l'idée de fournir à chaque élève
un plan d'intervention, comme le prévoit d'ailleurs l'article 46 du
projet de loi, je ne pense pas qu'il y ait lieu ou qu'il soit fondé
d'insérer ce concept dans cette partie du projet de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur cet amendement?
M. Gendron: Un commentaire très rapide, et ce sera ma
conclusion, M. le Président. J'ai bien entendu le ministre. J'avais lu
l'article 46, j'ai vu d'autres articles et moi-même, dans mon
intervention, j'ai prétendu qu'ailleurs on parlait des fonctions, de la
façon d'offrir des services plus adéquats et plus
spécialisés aux personnes handicapées, et que moi je ne
contribuerais pas à confondre parce que je ne confonds pas un droit
explicite dans une section prévue et !a façon dont ça va
marcher, et tout ça. Alors, le ministre peut bien patiner
là-dessus, mais j'aime mieux, en ce qui me concerne, même si le
ministre dit qu'ils y souscrivent à mort mais qu'ils ne veulent pas le
voir là, me fier à un organisme spécialisé dans le
domaine. Si la COPHAN, qui a vu qu'il n'était pas là, m'a
demandé de véhiculer l'amendement pour qu'il soit dans les droits
de l'élève, c'est parce qu'elle faisait une différence, et
avec raison. Il y a une différence fondamentale entre là
où on le lit et ce qu'elle demande. C'est pourquoi j'ai
présenté l'amendement, parce que les intéressés
connaissent le ministre, connaissent le ministère...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron:... et veulent l'avoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... votre temps de
parole étant terminé, votre collègue a aussi
demandé la parole.
M. Gendron: Oui, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Donc, ce n'est pas
en conclusion.
M. Gendron: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Moi, je voulais
vous reconnaître en conclusion en tant que proposeur.
M. Gendron: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Maintenant que
votre collègue a fait connaître son intention d'intervenir, je
pense qu'on doit la reconnaître.
M. Gendron: Oui, sur mon amendement. Elle a raison, elle peut
parler.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. M. le
Président, il est quelquefois difficile de suivre le ministre. Il se dit
tout à fait d'accord, très sensible, sauf qu'il n'est pas
prêt à le recon- naître dans les principes. Ce n'est pas au
ministre que je vais apprendre qu'il y a une différence entre un
article, qui de façon claire et spécifique énonce un
certain nombre de principes, et son application, qui est une mécanique
qui ne vient généralement que traduire !es principes
énoncés un peu plus tôt. Il y a une différence
majeure. On saît que le ministre a fait la même gymnastique
lorsqu'il s'est agi de la gratuité à l'éducation des
adultes. Tout cela parce que, je le rappelle, le projet de loi qu'on est en
train d'examiner, qu'on a sous la main, c'est un projet de loi dans lequel Se
ministre est assuré de réduire ses obligations et d'augmenter ses
pouvoirs, et c'est vrai chaque fois qu'on avance, au fur et à mesure
qu'on avance dans ce projet de loi.
Je voudrais juste dire au ministre, M. le Président, que cela
m'étonnerait fort qu'il soit sérieux ou qu'il pense qu'on le suit
sur ce chemin lorsqu'il nous dit qu'il pourrait y avoir une
interprétation si large au plan d'intervention que cela inclue toutes
sortes de choses. Lorsqu'on parle de plan d'intervention et que cette question
est introduite dans le cadre d'une loi, je pense bien que
l'interprétation ne pourrait pas inclure la municipalité,
l'hôpital, le CLSC du coin, etc. Un plan d'intervention, c'est pour fins
d'éducation et de formation puisque cela se retrouverait, comme cela
devrait l'être, dans une loi parlant d'éducation ou d'instruction
publique au Québec. On ne pourra toujours bien pas lui faire dire autre
chose que ce que la loi prévoit, c'est-à-dire recevoir de la
formation, éduquer et instruire.
Alors, quand le ministre nous sert de tels arguments, j'imagine qu'il ne
pense pas sérieusement qu'on va le suivre sur ce terrain. Je pense qu'H
est pertinent, M. le Président, et on ne se fait pas le porte-parole,
comme le rappelle le député d'Abitibi-Ouest, de nos propres
attentes par rapport à cela. Je dois dire que j'ai le bonheur, comme la
plupart d'entre vous probablement, de ne pas compter d'enfant handicapé
dans ma famille. Alors, ce n'est vraiment pas pour répondre à une
perception qui m'est propre. C'est pour répondre aux besoins qui ont
été exprimés ici par une organisation, une association
extrêmement sérieuse. Je voudrais juste vous rappeler, pour vous
permettre d'avoir une idée du nombre de personnes que représente
cette association, qu'elle représente 480 000 personnes
handicapées ou leurs parents au Québec. C'est un demi-million.
Alors, c'est assez considérable, il me semble, pour qu'on prenne en
considération leurs recommandations. !l n'est pas anodin qu'on retrouve
cet article dans le droit des élèves plutôt que de le
retrouver tout simplement dans une obligation qui serait faite au directeur
d'école.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. S'il n'y a
pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement 10. 2 proposé par le
député d'Abi-
tibi-Ouest est adopté? M. Ryan: Rejeté.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il ne devait pas le reporter pour
S'étudier?
M. Gendron: Non, ce n'est pas celui-là. La
Président (M. Parent, Sauvé): Rejeté.
M. Gendron: Je vais réclamer, M. le Président, sur
un amendement aussi majeur, un vote nominai.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
J'appelle le vote. M. le député de Saint-Henri?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska?
M. Gardner: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Sherbrooke?
M. Hamel: Contre
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis contre.
Cela va.
J'appelle l'article 11. Alors, avant d'appeler l'article 11, je vous
rappelle que nous avons en suspens un article qui s'appelle 10. 1.
Je voudrais aussi attirer l'attention des représentants de
l'Opposition sur un point avant d'aborder l'article 11. Je voudrais vous
informer qu'avant je vous suggère, pour aider à la bonne
procédure, que, lorsque l'on décide d'étudier un article,
on fasse connaître à l'avance si on a l'intention de
l'étudier ou de l'amender alinéa par alinéa. Je vais vous
dire pourquoi: de façon qu'on se comprenne et que je puisse un peu
contrôler les interventions et la pertinence des interventions.
M. Gendron: Je comprends, M. le Président, sauf que vous
admettrez qu'il arrive dans certains alinéas que, tant que le ministre
ne donne pas certaines précisions, d'une part, et ne dit pas comment ii
se positionne...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Remarquez que vous
avez le droit d'intervenir sur chaque alinéa; chaque paragraphe, je n'en
suis pas là. J'en suis sur le fait que, si l'on fait un amendement, si
on se met à amender alinéa par alinéa, ii vient un certain
moment où c'est assez difficile de voir la cohérence et de savoir
où on est rendu. J'apprécierais qu'on prenne un petit plus de
temps pour dire: On va l'étudier alinéa par alinéa ou on
va le prendre en bloc, mais qu'on le sache de façon que notre discussion
soit un peu plus homogène. C'est une suggestion que je fais et je la
fais aussi à la suite d'une remarque qui m'a été faite par
les membres de l'Assemblée nationale. Cela se fait dans d'autres
commissions de façon à éviter les imbroglios.
Obligation de fréquentation scolaire
Alors, j'appeile l'article 11. L'article 11, tel qu'amendé, est
remplacé complètement et devrait se lire comme suit: Tout enfant
doit fréquenter une école à compter du premier jour du
calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où ii a
atteint l'âge de 6 ans jusqu'au dernier jour du calendrier scolaire de
l'année scolaire au cours de laquelle il atteint l'âge de 16 ans
ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par
le ministre, selon la première éventualité. "
M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Ici, il n'y a pas de modification substantielle, c'est
une formulation plus claire qui permet de cerner avec plus de précision
l'intention du législateur. On dit au début: Tout enfant doit
fréquenter une école à compter du premier jour du
calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a
atteint l'âge de 6 ans jusqu'au dernier jour du calendrier scolaire de
l'année scolaire au cours de laquelle il atteint l'âge de 16 ans".
Ensuite: "ou au terme de laquelle il obtient un diplôme
décerné par le ministre, selon la première
éventualité". Cela veut dire que, si un élève a
obtenu son diplôme d'études secondaires et qu'il ait quinze ans,
à ce moment-là, il a fini son obligation de fréquentation
scolaire primaire et secondaire. Il a eu son diplôme d'études
secondaires. Il ne peut plus être abtreint à l'obligation de
fréquentation scolaire. Pour le reste, c'est plus clair comme c'est dit
ici: c'est l'année scolaire suivant l'année où il a
atteint l'âge de six ans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je vais procéder comme je l'ai toujours fait
jusqu'à maintenant. À certains articles, j'aurai des questions
avant de faire des commentaires.
Alors, j'ai deux questions. La première: Pourquoi le ministre
a-t-il ajouté l'expression "suivant" après scolaire? Si on prend
la peine de faire attention, nous avons fait l'exercice pendant une demi-heure.
Je sais qu'on peut se faire dire qu'on ne comprend rien, mais, même
là, quand on consulte d'autres personnes: 'Tout enfant doit
fréquenter une école à compter du premier jour du
calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a
atteint !'âge", cela peut vouloir dire qu'il doit attendre un an dans
certains cas. Il faut attendre un an par rapport à l'âge qu'il a
atteint parce qu'on dit: l'année scolaire suivant celle où il a
atteint l'âge de 6 ans". Donc, bien objectivement, M. le
Président, j'ai beaucoup de difficulté à comprendre la
justesse du mot "suivant" après l'année scolaire. Si l'objectif
du ministre était de clarifier, d'abord, cela n'existait pas dans son
ancien texte. Donc, on ne doit pas être encore complètement
déconnecté puisqu'il y a quelqu'un qui a pensé que, dans
le projet de loi 107, il n'était pas utile de mêler ça
à un point tel qu'on ne comprenne plus rien.
Ma question: Pourquoi le mot "suivant" après scolaire et ne
croyez-vous pas, M. le ministre, qu'en l'écrivant comme ça
quelqu'un qui est venu au monde ou qui a droit à l'école !e 25
septembre, donc quelques jours avant le 1er octobre, serait obligé
d'attendre l'année scolaire suivante parce que c'est suivant celle
où ii a acquis ses six ans qu'il doit commencer sa fréquentation
scolaire obligatoire?
J'aimerais qu'on m'éclaire, et je le répète, j'en
ai parlé à une couple d'autres et ils ont le même point de
vue que moi, que le mot "suivant" n'a pas d'affaire là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Tout d'abord, il faut bien comprendre que nous traitons
de fréquentation scolaire obligatoire et non pas d'âge d'admission
à l'école. Il y a d'autres dispositions qui traitent de
l'âge d'admission à l'école.
M. Filion: On les a vues la semaine dernière.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Ryan: D'accord. Alors, Ici, il est question de
fréquentation obligatoire. On veut mettre ça de la manière
la plus compréhensible et la plus souple possible, ce que veut dire la
modification que nous apportons: l'année scolaire suivant l'année
où iI a atteint l'âge de six ans. Mais qu'est-ce que c'est une
année scolaire? On l'a dit tantôt. Cela va du 1er juillet au 30
juin. Cela va?
M. Gendron: Ou!, cela va; pas de problème avec
ça.
M. Ryan: Alors, l'année scolaire qui suit l'année
où il a atteint l'âge de six ans, c'est celle qui commence le 1er
juillet. Dans !a formulation que nous avions, c'était moins clair; cela
pouvait être à compter du 1er jour du calendrier scolaire de
l'année scolaire. Qu'est-ce que c'était le calendrier
scolaire?
M. Gendron: On l'avait défini avant; c'était du 1er
juillet au 30...
M. Ryan: Non, le calendrier scolaire n'était pas
défini. C'est une expression qui n'est pas claire.
M. Gendron: Oui, dans votre tête, mais...
M. Ryan: Tandis qu'ici c'est clair. On a éliminé
les ambiguïtés, finalement. Cela veut dire que la
fréquentation scolaire obligatoire commence le 1er juillet de
l'année scolaire qui suit l'année où il a atteint
l'âge de six ans. S'il a atteint l'âge de six ans le 15
décembre, ça veut dire que l'obligation de fréquentation
scolaire commence le 1er juillet de l'année suivante. S'il a atteint
l'âge de six ans le 15 juin, son obligation de fréquentation
scolaire commence le 1er juillet.
M. Gendron: S'il l'atteint le 15 juillet? Prenez donc cet
exemple-là pour voir.
M. Ryan: Bien, ça va aller à l'autre année
après, ça va aller au 1er juillet de l'autre année.
L'obligation, ça ne veut pas dire qu'il n'est pas admissible à
l'école.
M. Gendron: Non, non. Mais regardez la réaction qu'ont vos
fonctionnaires. Cela n'a pas de bon sens, c'est comme venir nous dire... Ce
n'est pas pour rien qu'on vous demandait le 15 juillet. Nous, on l'a
pratiqué, puis ça n'a pas d'allure.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: Mais...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan:... qu'est-ce qui vous surprend là-dedans? Je ne
comprends pas votre surprise.
M. Gendron: Ma surprise... M. Ryan: Oui.
M. Gendron:... c'est que, pour ceux qui sont du 1er juillet, du
15 Juillet ou du 15 septembre, autrement dit pour tout le monde de la
période du 1er juillet au 30 septembre, si on lit l'article tel qu'il
est écrit, nous, nous lisons qu'il faudrait que ces gens entrent
à l'école à sept ans, et l'obligation scolaire pour eux -
parce que je sais que nous sommes à l'article concernant l'obligation de
fréquenter l'école - ne s'appliquerait que lorsqu'ils auraient
sept ans. On sait bien que ce n'est pas ce que vous voulez faire, mais, nous,
nous interprétons ça de cette façon. Je vous le dis, j'en
ai consulté plusieurs et ils font la même lecture. Le mot
"suivant", pour les gens de cette période, ça pourrait vouloir
dire que, pour eux, i'obiigation scolaire ne s'appliquerait que i'année
suivant i'année où ils ont obtenu leurs six ans et, comme je
pense que ce n'est pas ce que vous vouiez faire, je dis: Pourquoi faites-vous
ça de même? (16 h 15)
M. Ryan: Moi, je ne veux pas abréger l'âge de la
fréquentation scolaire obligatoire. Je ne suis pas en croisade
là-dessus, ce n'est pas un problème qui me préoccupe de
manière majeure.
M. Gendron: Non, ce n'est pas du tout ça; mon
problème n'est pas là, M. le ministre.
M. Ryan: C'est ce dont on discute là, à moins que
je ne sois dans les patates.
M. Gendron: Non, ce dont on discute... C'est-à-dire que
vous avez raison, on discute de l'obligation de fréquenter une
école à partir du moment où ça commence
jusqu'à l'âge où ça finit ou jusqu'à
l'obtention du diplôme, ce avec quoi je suis d'accord. En ajoutant "de
l'année scolaire suivant celle où il a atteint l'âge de 6
ans", je dis bien i'année scolaire suivant... Une année scolaire
qui suit l'âge où l'on acquiert l'obligation de droit, ça
veut dire qu'il y a un délai que je ne comprends pas et, ça,
c'est vrai uniquement pour la période du 1er juillet au 30 septembre.
Tous les élèves qui auraient une date de naissance se situant
entre le 1er juillet et le 30 septembre, si vous gardez le mot "suivant",
ça signifie que pour eux, l'article 11 concernant l'obligation de
fréquenter l'école commencerait à sept ans, alors que,
d'après moi, le législateur veut qu'elle commence pareil à
six ans. Donc, écrivez un article qui permet qu'elle commence à
six ans et non à sept ans, et pour ce faire enlevez le mot
"suivant".
M. Ryan: Je vais revenir à la distinction entre
l'âge d'admissibilité et l'âge de fréquentation
scolaire obligatoire. Prenons un enfant qui est né le 15 juillet. Si
l'âge d'admissibilité est fixé au 30 septembre, si la date
de naissance est fixée au 30 septembre, il entre à l'école
cette année-là, ii n'y a pas de problème. Mais, s'il est
né le 1er octobre, il est obligé d'attendre onze mois. S'il est
né le 1er octobre, suivant la discipline actuelle, il est obligé
de faire tout le tour, à moins d'avoir une dérogation, et
d'attendre onze mois pour entrer à l'école. Vous convenez avec
moi que le ministre fait bien d'y voir de près.
Maintenant, s'il est né le 15 juillet, a fortiori, il va pouvoir
commencer l'école le 1er septembre ou au début de l'année
scolaire, d'après notre politique d'âge d'admissibilité
actuelle.
M. Gendron: II va pouvoir, mais il ne sera pas obligé.
M. Ryan: II ne sera pas obligé. M. Gendron: Bon.
M. Ryan: Justement...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Une minute!
M. Ryan: Je vais finir mon exposé. M. Gendron: Non,
mais l'âge...
Le Président (M.
Parent, Sauvé): Attendez,
s'il vous piaît, M. le député.
M. Ryan: Vous m'avez interrompu juste à ce moment-ci
tantôt, c'est pour cela que vous n'avez pas compris. Je ne vous en veux
pas non plus parce qu'on a le temps.
On hésite pour ceux qui sont nés après le 30
septembre. On ne veut pas donner à tous automatiquement l'admission
à l'école. C'est pour cela qu'on passe des examens pour
être sûr qu'ils sont prêts à venir à
l'école. À plus forte raison, si on veut vérifier leur
aptitude. Celui qui serait natif, disons, du 15 juillet, on ne lui fera pas une
obligation stricte d'aller à l'école à six ans et un mois,
mais ii va en avoir l'obligation à compter du début de
l'année scolaire qui va suivre i'année où il a atteint
l'âge de six ans. il n'y a rien de sorcier là-dedans. C'est
évident que l'obligation de fréquentation scolaire doit
être beaucoup plus souple que l'âge d'admissibilité, il me
semble que cela saute aux yeux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va, M. le
ministre? M. le député...
M. Filion: D'accord? M. Gendron: Bien, j'ai...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! Lequel
des deux? M. le député de Taillon.
M. Filion: Je voudrais juste poser une question au ministre.
Est-ce que le ministre, avec les explications qu'il vient de fournir à
la suite
des questions du député d'Abitibi-Ouest, convient,
premièrement, qu'il s'agit là d'un changement de politique par
rapport à la situation actuelle et, deuxièmement, qu'il s'agit
là plus précisément d'un changement par rapport au projet
de loi 107?
M. Ryan: M. !e Président, si vous me permettez...
M. Filion: Quand je dis au projet de loi 107, je me
réfère au projet de loi 107 original.
M. Ryan: Si vous me permettez, M. !e Président,
j'indiquerai que ce que nous avons dans l'amendement est conforme à ce
qu'on trouve dans la loi actuelle de l'instruction publique, à l'article
256.
M. Filion: Mais pas par rapport au projet de loi I07
original.
M. Ryan: C'est pour cela qu'on a fait un amendement, parce qu'on
s'est aperçu que ce n'était pas parfaitement clair. On voulait
dire la même chose et, en discutant, on s'est aperçu que ce
n'était pas parfaitement clair et on est revenu à une formulation
qui nous rapproche du texte actuel.
M. Filion: M. le ministre, est-ce que vous convenez que ce que
vous proposez par l'amendement n'est pas la même chose que ce qui
était dans le projet de loi 107 original?
M. Ryan: Oui, oui, c'est entendu. Autrement, on n'aurait pas fait
d'amendement, M. le Président. On n'est pas assez fou pour faire un
amendement qui ne change rien.
M. Filion: D'accord. Vous dites: C'est juste pour clarifier, mais
en réalité il y a un changement de politique parce qu'il faut
juste se comprendre, l'obligation de...
M. Ryan: Clarification.
M. Filion:... fréquentation scolaire a subi des
modifications.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, un instant!
Il y a des droits de parole sur ça qu'il faut respecter, il y avait le
député d'Abitibi-Ouest qui avait amorcé ses 20 minutes.
Alors, étant donné qu'il est le porte-parole, on lui avait
reconnu le droit de poser des questions au ministre, comme c'est la coutume
depuis le début, mais là, je dois respecter l'alternance, il y a
des droits de parole. La parole est au député de Taillon.
M. Filion: Non, mais j'ai posé une question, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
M. Filion: On cherche à faire éclater la
vérité tout simplement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non, je vous
informe, c'est tout.
M. Filion: J'ai posé certaines questions au ministre pour
arriver à bien saisir la nature et la portée de l'amendement que
nous étudions. Alors, je n'étais pas sur un droit de parole de 20
minutes, j'étais sur une série de questions avec le ministre.
Mme Blackburn: D'éclaircissements.
M. Filion: D'éclaircissements. Et j'ai eu les
réponses qui m'éclairent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Ryan: Substantiellement, M. le Président, nous
évitons d'alourdir Inutilement et artificiellement l'obligation de
fréquentation scolaire en revenant au texte actuel de la Loi sur
l'instruction publique, à toutes fins utiles.
M. Filion: Ce texte-là? M. Ryan: C'est
ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, Je voudrais que le
ministre... Parce que là, je vois bien que nous avions bien lu. En fait,
ce que je constate, c'est que nous avions lu correctement le texte qui ne fait
pas obligation à un enfant de fréquenter l'école avant
qu'il ait sept ans. C'est aussi clair que ça: sept ans. Entre le 1er
juillet et le 30 septembre, il n'est pas obligé. C'est ce que je veux
bien qu'on comprenne. Je n'étais pas certaine, parce que je vois des
gens qui disent: Non, il dit six ans. Le député de Rimouski dit:
C'est six ans, l'obligation. En arrière aussi, on semble dire que c'est
six ans. Est-ce que l'obligation de fréquenter, c'est six ans ou si
ça pourrait être sept ans? C'est ce qu'il faut essayer de
comprendre dans le texte et je n'ai pas l'impression que ce soit aussi clair
que ce qu'on veut bien laisser entendre. Le premier texte, contrairement
à ce qu'à dit le ministre, était plus clair à cet
égard. C'était clair. Dès que vous; aviez l'âge
d'admissibilité, vous aviez aussi l'obligation de fréquenter.
Tandis qu'ici ce n'est pas ça.
Alors, c'est une question... Parce que la lecture, à mon avis, M.
le Président, à moins qu'il n'y ait quelqu'un qui nous fasse une
lecture pour que ce soit unanimement compris du côté du
gouvernement, du côté du parti ministériel,
moi, je n'ai pas de problème; après ça, on pourra
se questionner sur la pertinence. Je veux bien savoir si on a bien compris la
même chose. Est-il exact que l'obligation de fréquenter pourrait,
dans certains cas, commencer seulement à sept ans? C'est juste ça
que je voudrais savoir. Est-ce que le ministre me dit...
M. Ryan: M. le Président, on le dit depuis une demi-heure.
On le dit depuis une demi-heure que c'est ça.
Mme Blackburn: il faudrait le répéter, M. le
Président, au député de Rimouski.
M. Ryan: Bien oui, c'est clair, c'est l'obligation. M. le
Président, c'est clair, c'est ça qu'on essaie d'expliquer depuis
tantôt. On dit: l'année scolaire suivant celle où il a
atteint l'âge de 6 ans". J'ai donné l'exemple du 15 juillet.
L'enfant qui atteint l'âge de six ans le 15 juillet n'est pas tenu
à la fréquentation obligatoire le 1er septembre; ça peut
aller à l'année d'après. Ça veut dire qu'il aura
sept ans et deux mois. Je vais terminer mon exposé.
Pour la fréquentation obligatoire, le gouvernement n'a aucun
intérêt à mettre le goulot d'étranglement sur les
familles pour cette question-là, la société non plus. Ce
qui est important, c'est l'âge d'admission à l'école.
Cessons de tourner autour du pot et d'essayer de voir des épouvantails
là où il n'y en a pas, c'est l'âge d'admission qui est
important. Et l'âge d'admission, c'est déjà établi
par un article antérieur.
En ce qui regarde la fréquentation scolaire obligatoire, nous
maintenons ce qui existe actuellement. Je tiens, M. le Président,
à vous informer que, depuis trois ans que je suis ministre de
l'Éducation, je n'ai été saisi d'aucun problème
à cet égard. Je ne vois pas pourquoi on chercherait des poux
partout, il n'y a aucun problème véritable de ce
côté-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais comprendre les
arguments du ministre qui milite en faveur d'une telle disposition. Je voudrais
comprendre, alors que de plus en plus la pression est précisément
à l'inverse, c'est-à-dire une scolarisation plus précoce.
Ce qu'ii nous offre là, ça veut donc dire que des parents plus ou
moins conscients des besoins de scolariser l'enfant, moins soucieux de le
socialiser, pourraient ne pas se voir contraints d'envoyer leur enfant à
l'école, même s'il a six ans à compter du 1er ou du 2
juillet de l'année scolaire.
Ce que je veux comprendre du ministre: Où est notre
intérêt comme Québécois, comme responsables de
l'avenir des jeunes Québécois, de maintenir un article comme
cela? Quand je regarde l'article d'origine dans le projet de loi, j'imagine
qu'il y a un certain nombre de raisons qu'il l'ont amené à penser
qu'on ne devait pas créer d'obligation avant sept ans. Il doit
certainement, M. le Président, avoir de bonnes raisons, parce je vois...
C'est comme à contre-courant et je ne vois pas l'utilité d'une
telle... Pas d'une telle modification. Si on rajeunit la loi, comme a
essayé de nous le faire croire le ministre, il me semble que, s'il y a
un article qui devrait un peu s'ajuster à la réalité
québécoise d'aujourd'hui, c'est bien celui-là:
l'obligation de la fréquentation.
J'ai très bien compris le ministre, M. le Président, quand
il nous a dit: Cela n'a rien à voir avec l'âge d'admission. J'ai
très bien compris, sauf que je ne comprends pas pourquoi nous gardons
dans ce projet de ioi un article qui permet aux parents qui le désirent
de reporter d'une année l'obligation de la fréquentation. Le
premier article là-dessus me semblait clair: Tout enfant
âgé de 6 ans, à la date fixée par le régime
pédagogique - on aurait pu avoir autre chose là-dessus, mais
quand même - doit fréquenter l'école à compter du
premier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire où il
atteint l'âge de 6 ans". I! me semble que c'était un peu plus
clair et que cela faisait obligation aux parents d'envoyer leurs enfants
à l'école dès l'âge de six ans.
Si le ministre me dit: Écoutez, il y a des sectes que ne veulent
pas envoyer leurs enfants à l'école avant sept ans, qui
préfèrent les scolariser eux-mêmes... On a un certains
nombre de personnes dans notre milieu au Québec qui ne sont pas d'accord
avec cela, ils préfèrent garder plus longtemps leurs enfants
à la maison. S'il nous donne un certain nombre d'explications, on pourra
toujours voir jusqu'à quel point on pourra même être
d'accord avec iui, mais, s'il me dit du haut de son pouvoir et de son
trône: Bien, écoutez, c'est ça et c'est comme ça, si
vous ne comprenez pas, on ne veut pas faire d'autre chose
ià-dessus...
Le Président
(M. Parent, Sauvé): On va le
lui demander.
Mme Blackburn: Bien, qu'il nous donne des explications.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, on va les répéter
pour la quatrième fois. Ce n'est pas un exercice qu'on adore du
côté du gouvernement, mais on va le faire quand même
à des fins pédagogiques.
Je pense que nous reconnaissons tous que le régime que nous avons
pour l'admission à l'école implique qu'un enfant peut avoir le
droit d'être admis à l'école à l'âge de six
ans et onze mois. Admis? Six ans et onze mois. On essaie d'améliorer
cette situation-là. On a quand même donné l'admission
à l'école à au-delà de 2300 enfants
cette année justement parce qu'on trouve que, dans le cas des
enfants à qui cela causerait un préjudice, il ne faut pas que
cette loi joue et, dans la mesure où le gouvernement disposera de
ressources financières plus abondantes, il est prêt à
libéraliser encore de ce côté-là. Cela est clair.
Par conséquent, six ans et onze mois. Si c'est ça l'âge
d'admissibilité, il tombe sous le sens, me semble-t-il, que pour la
fréquentation obligatoire on ne peut pas mettre moins. Quil y ait un
décalage possible de quelques mois, il n'y a rien d'étonnant
là-dedans. Là, cela fait un décalage d'à peu
près trois mois au maximum. C'est ce qui est le sens de cette
affaire.
Je pense bien qu'il n'y a personne "in his senses", comme on dit, de
sensé qui va demander que l'âge de fréquentation
obligatoire soit inférieur à l'âge d'admissibilité
fixé dans le régime pédagogique. S'il y a quelqu'un qui
demande cela, il me semble que cela n'a pas de bon sens. C'est ce qui explique
que cette disposition-ci, qui donne une marge un petit peu plus grande... Et il
peut très bien arriver... Cette année, nous avons refusé
500 demandes d'admission pour des enfants qui auront, en arrivant à
l'école, six ans et neuf, dix ou onze mois. Nous avons été
obligés de les refuser parce qu'il n'y avait aucune indication
permettant de croire qu'ils subiraient un préjudice quelconque du fait
du report de leur entrée à l'école de quelques mois.
Alors, si on n'est pas capable de le faire dans ces cas-là,
à plus forte raison, on ne peut pas l'imposer à tout le monde. Il
me semble que c'est cela le raisonnement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions sur l'article 11?
Mme Blackburn: M. le Président. (16 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Les arguments que le ministre nous livrent ne sont
pas convaincants. D'abord, il pourrait y avoir des enfants de cinq ans et onze
mois qui fréquentent l'école et il pourrait y en avoir de six ans
et onze mois qui viennent juste d'y entrer, tout près de sept ans. C'est
une année, ce n'est pas seulement quelques mois, comme le dit le
ministre.
À présent, je veux savoir quels sont les avantages pour le
Québec, de façon générale, et pour les parents de
laisser cette latitude, à savoir d'inscrire son enfant à
l'âge de six ou sept ans en matière d'obligation. Je ne parle pas
en matière de possibilité. On l'a vu, le ministre peut même
les admettre à la maternelle et au primaire jusqu'au mois de
décembre; il y en a même qui l'ont demandé jusqu'en Janvier
et février. Donc, on n'a pas de problème avec ça. On ne
confond pas les choses. Il ne s'agit pas ici de l'âge
d'admissibilité à l'école. On parle de la
fréquentation obligatoire. Je voudrais savoir pourquoi ce n'est pas la
même date, que ce n'est pas selon les mêmes régies,
c'est-à-dire que l'âge d'admissibilité constitue
l'âge de fréquentation obligatoire. On sait que pour la maternelle
il n'y a pas de fréquentation obligatoire. On a
généralement admis ça, mais que !e ministre n'essaie pas
de m'expiiquer que je ne fais pas de différence entre l'âge
d'admissibilité et l'âge ce fréquentation obligatoire. Je
fais la distinction. Seulement, où est l'intérêt?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je vais poser une question à Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'elle admet que l'âge de
fréquentation obligatoire, dans la meilleure des hypothèses, ne
peut pas être inférieur à l'âge
d'admissibilité?
Mme Blackburn: Cela va. Ce n'est pas avec ça qu'on a des
problèmes.
M. Ryan: Cela est admis, il n'y a pas de discussion
là-dessus.
Mme Blackburn: C'est-à-dire que l'âge de
fréquentation obligatoire ne peut pas être plus bas que
i'âge d'admissibilité. Évidemment que ça va bien
là. Il n'y a pas de problème.
M. Ryan: On a gagné beaucoup. On a les quatre
cinquièmes du problème de résolu. Qu'est-ce qu'il reste
comme problème? Une fois qu'on a ça, qu'est-ce qu'il reste comme
problème exactement? Il reste une différence de deux ou trois
mois qui nous apparaît sage, vu que le concept de fréquentation
obligatoire doit se prêter à un peu plus de souplesse que le
concept d'admissibilité à l'école. Tout ce dont il est
question dans l'amendement, c'est d'une différence de deux ou trois
mois. C'est là qu'est le problème. Il n'y a pas de
problème là-dedans, à mon humble point de vue.
Mme Blackburn: Je ne demande pas au ministre s'il y a des
problèmes ou pas. Je demande que! est l'avantage de ne pas fixer !a
même règle pour l'âge d'admissibilité et l'obligation
de la fréquentation. Où est l'avantage?
M. Ryan: Oui. L'avantage, c'est que ça donne un petit peu
plus de souplesse. Quand on crée des obligations, M. le
Président, on essaie toujours de faire montre d'un peu plus de souplesse
que quand on ouvre des portes. C'est évident. Quand il s'agit de
définir l'âge d'admissibilité, il faut aller le plus loin
possible et que ce soit compatible avec l'état de développement
des enfants et les ressources de l'État et de la société,
tandis que, quand on définit l'âge de fréquentation
obligatoire, il faut aller le moins loin possible et que ce soit compatible
avec le
développement normal de l'enfant. Puis quand on arrive à
une différence de trois mois entre les deux concepts, je pense qu'on est
dans des bornes infiniment raisonnables et que toute discussion
prolongée là-dessus est parfaitement superflue.
Le Président (M. Parent,
Sauvé): Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, si je suis le discours du
ministre, je j'interrogerais sur la nécessité d'avoir
prolongé cela jusqu'à seize ans pour les mêmes raisons
qu'il invoque, et cela a été évoqué ici en
commission parlementaire au moment où les gens s'interrogeaient. Est-ce
qu'il est sage de rendre obligatoire la fréquentation jusqu'à
seize ans, alors qu'il y en a qui ne se sentent pas bien dans le
système? De toute façon, on fait de l'occupationnel et cela nous
a été dit à maintes reprises. Comment se fait-il que
là il trouve au bout... En commençant, il dit qu'il ne faut pas
être trop contraignant, mais là on augmente les contraintes
à la hausse. Je voudrais bien partager l'avis du ministre, mais il me
semble qu'il doit être cohérent. S'il nous dit qu'il ne faut pas
créer trop d'obligations par rapport à l'âge obligatoire de
fréquentation au début, pourquoi l'augmente-t-il à la fin?
D'autant que beaucoup d'organismes sont venus dire que ce n'était
peut-être pas pertinent de relever cela jusqu'à seize ans parce
que, pour ceux qui fréquentent l'école, qui sont bien à
l'école et qui poursuivent des études dans l'intention d'obtenir
un diplôme d'études secondaires, il n'y a pas de problème,
iis vont rester là jusqu'à l'âge de 17 ans. Ils n'ont
vraiment pas de problème. Ceux qui ont des problèmes
d'adaptation, qui font du décrochage, qui finalement se sentent mal dans
le réseau scolaire, je ne suis pas sûre que ce soit un avantage
pour eux de rendre la fréquentation obligatoire jusqu'à seize
ans. Je me dis que le raisonnement que le ministre retient pour le
commencement, il devrait aussi l'appliquer pour seize ans. Alors, je voudrais
savoir où est sa logique là-dedans. Il est supposé en
avoir plus que tout le monde ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je suis content de constater
que, sur la question du début de la fréquentation obligatoire, la
députée de Chicou-timi semble comprendre un petit mieux que tout
à l'heure les raisons qui justifient la politique du gouvernement. En ce
qui touche la phase terminale des études secondaires, il faut donner au
jeune le maximum de chances de rester à l'école jusqu'à
l'obtention de son diplôme. Nous savons tous que c'est surtout
à ce moment-là que les parents peuvent être tentés
de dire au jeune: Tu vas sortir de l'école, tu vas aller travailler. Il
faut îui donner une protection légale. Comme l'âge le plus
courrant pour l'obtention du diplôme d'études secondaires, c'est
seize ans, on a mis cet âge-là, seize ans. On dit: Dans le cas
où un élève obtiendrait son diplôme à un
âge moins avancé, à ce moment-là, il est
dispensé de l'obligation de fréquentation scolaire. Maintenant,
il reste toujours ies cas particuliers qui pourraient se présenter et
qui requerraient une exemption spéciale. Je pense que le régime
pédagogique accorde au ministre l'autorité de prendre les
dispositions voulues dans ces cas-là. Je pense que c'est une protection
additionnelle que nous donnons au jeune en portant l'âge de la
fréquentation obligatoire de quinze à seize ans. Tandis que dans
l'autre cas tout le raisonnement qu'on essaie d'échafauder du
côté de l'Opposition s'effondre dès qu'on examine cela dans
le contexte plus large du rapport qui doit exister entre la politique
d'admissibilité et la politique de fréquentation obligatoire.
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Merci. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Ma question n'est pas compliquée. Encore
là, je souhaite la réponse sans jugement. Puisque vous
établissez une distinction entre âge d'admissibiité et
âge de fréquentation scolaire, la question que je pose est la
suivante: Qui a demandé cela et pourquoi la consultation qui a eu lieu
n'a-t-elle pas porté sur votre prétention à l'article 11
en ce sens qu'actuellement, tel que libellé, il offre une plus grande
souplesse de gestion ou d'administration?
Alors, ce n'est pas compliqué. Qui vous a demandé que
l'article 11 s'écrive comme il est écrit en établissant
une distinction entre l'âge de fréquentation scolaire et
l'âge d'admissibilité, premièrement? Deuxièmement,
si personne ne vous l'a demandé mais que, vous, vous y croyez - c'est
votre droit comme législateur -pourquoi n'avez-vous pas fait des
consultations là-dessus?
Le Président
(M. Parent, Sauvé): M. le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord, je m'excuse. Nous
avons fait des consultations sur toutes ies dispositions du projet de loi, pas
seulement sur celles de notre choix. Nous les continuons et, sur ce point-ci,
on nous a signalé de la part d'administrateurs scolaires qu'il y avait
des ambiguïtés dans la formulation que nous avions proposée
à l'article 11. C'est pourquoi nous avons clarifié en faisant
l'amendement qui est proposé par le gouvernement à ce
stade-ci.
Maintenant, la distinction entre fréquentation obligatoire et
politique d'admissibilité est inscrite dans notre régime depuis
de nombreuses années déjà. Nous n'innovons en rien en
instituant cette distinction-là. Elle existe déjà
dans la loi actuelle sur l'instruction publique. L'article qui traite de
l'âge d'admission et l'article qui traite de la fréquentation
obligatoire sont deux dispositions distinctes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, quand le ministre veut
s'amuser... Je le sais que ce sont deux articles distincts. La question
précise, M. le ministre... D'abord, je redis ce que j'ai dit. Quand vous
avez consulté les gens aux mois d'août ou septembre, au moment
où il y a eu des consultations, je sais qu'elles ont eu lieu sur une
série de dispositions, mais elles ont eu lieu sur un article 11 du
projet de loi 107 qui n'établissait pas du tout une distinction neuve,
je m'excuse. Jamais, moi, M. le ministre, je n'accepterai qu'il s'agit d'une
clarification. Il s'agit dun choix que vous avez le droit de faire et, moi, il
ne me dérange pas personnellement. Ne pensez pas que vous allez me
passer un sapin et me faire accroire que c'est une clarification. À
l'article 11, tel qu'il est libellé, vous l'avez dit vous-même
à trois reprises, cela veut dire qu'il y a des enfants de cinq ans, six
ans et sept ans sur lesquels on pourra faire une référence
concernant l'âge obligatoire de fréquentation scolaire. Je
n'essaie pas de dire que fréquentation scolaire et admissibilité,
c'est pareil. Il y avait une distinction; cela, je le sais. Dorénavant,
vous faites un choix différent de laisser une souplesse au régime
scolaire et que l'obligation ne commence pas à ce qui était la
règle, c'est-à-dire l'âge d'admissibilité. Est-ce
que vous admettez qu'avant... Supposons que l'article 11 est en vigueur. Cela
veut dire que demain matin la référence à l'âge
d'obligation scolaire aura une souplesse qu'elle n'avait pas avant, parce
qu'avant l'âge d'obligation était toujours jumelé à
l'âge d'admissibilité scolaire, tout en reconnaissant que ce sont
deux dispositions différentes. Est-ce que ce que je viens de dire est
correct? Ce n'est pas correct en plus.
M. Ryan: Non. Je crois que dans la loi actuelle l'âge de la
fréquentation obligatoire est déterminé dans la loi. Pour
l'admissibilité, il y a une date qui est fixée dans la loi, mais
ensuite ça va au régime pédagogique pour toute la marge
que le gouvernement peut vouloir exercer.
M. Gendron: Vous avez raison. La question que je posais: Est-ce
que vous ne reconnaissez pas - c'est une clarification que vous venez
d'apporter - que l'âge d'obligation scolaire est basé sur la
référence à l'âge d'admissibilité scolaire
dans la loi actuelle, avant le projet de loi 107? Ne parlons pas du projet de
loi 107 là. Non?
M. Ryan: Pour la fréquentation obligatoire, c'est
fixé clairement dans la loi. M.Gendron: D'accord. M.
Ryan: Cela règle ce problème-là.
M. Gendron: Pour moi, ça règle ce
problème.
M. Ryan: Merci.
M. Gendron: En tout cas, en ce qui me concerne.
La deuxième chose que je veux savoir: Est-ce que, M. le ministre,
dans l'ordre des consultations particulières, au-delà de
l'explication que vous avez donnée, à savoir que le "ou" va
permettre aux jeunes qui obtiennent leur diplôme scolaire de ne plus
avoir d'obligation scolaire parce qu'ils ont obtenu leur diplôme sans
avoir nécessairement 16 ans - ils peuvent avoir 15 ans, surtout avec
votre régime de dérogation - est-ce que les
représentations ont été nombreuses pour devancer
l'âge d'admissibilité à quinze ans? Lorsque vous avez
établi que ça demeurerait 16 ans, était-ce uniquement pour
une question de déduction, parce que la plupart des élèves
au Québec qui terminent leur secondaire ont 16 ans, ou s'il y avait
d'autres motifs?
M. Ryan: II y a quelques administrateurs scolaires qui nous ont
fait des représentations disant qu'il ne fallait pas être trop
rigide en fixant 1(5 ans comme date limite pour la fréquentation
scolaire obligatoire et c'est en tenant compte de ces représentations
qu'on a considéré le cas des élèves qui avaient pu
obtenir leur diplôme à un âge moins avancé.
M. Gendron: Est-ce que vous pourriez - peut-être pas
aujourd'hui, M. le ministre - nous donner un certain nombre de chiffres dont le
ministère dispose certainement des élèves du secondaire
qui reçoivent un diplôme sans avoir atteint l'âge de 16
ans?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: On le pourrait vraisemblablement. On fera des recherches
et on fournira ça en temps utile à la commission, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. On a ici le texte de
la Loi sur l'instruction publique et il me semble que l'interprétation
qu'on peut en faire n'est pas tout à fait celle qu'en fait le ministre
en nous disant que c'est le texte de la Loi sur l'instruction publique qui est
ainsi reconduit. Si tel est le cas, pourquoi n'a-t-on
pas pris le même libellé que la Loi sur l'instruction
publique qui, en fait, si je comprends bien, n'offre pas un jeu de trois mois,
mais à peu près d'un mois, du 1er ou 2 septembre au 31 ou au 30?
Les deux textes sont différents. Ce qu'on est en train d'introduire est
une mesure vraiment différente de celle qui est actuellement en
application. Vous avez ici la notion de calendrier scolaire qui n'était
pas dans la Loi sur l'instruction publique. Il faut aussi ajouter que le
calendrier scolaire n'étant pas défini, est-ce que ça pose
un problème d'interprétation? Ce serait i'autre question, si on
fait référence à un terme qui n'est pas défini.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Terminé?
Mme Blackburn: Pendant que le ministre est en train de consulter
son conseiller, je ne sais pas si le ministre se rappelle les
différentes interventions qui ont été faites touchant
à la fréquentation obligatoire. Tous ceux qui ont examiné
cette question recommandaient que l'obligation soit faite plus tôt, mais
qu'on n'augmente pas la date de la fin. Commencer plus tôt, mais ne pas
augmenter l'obligation de terminer plus tard. (16 h 45)
Vous avez la Confédération des organismes provinciaux pour
les personnes handicapées qui aurait voulu que ce soit fixé
à cinq ans. L'Association du Québec pour l'intégration
sociale, la commission scolaire de Val d'Or, le comité des parents:
fréquentation obligatoire dès cinq ans. La
Fédération québécoise des directeurs et des
directrices d'école - c'est peut-être ceux-là que je trouve
les plus à même de l'examiner - propose de rendre obligatoire la
fréquentation scolaire à cinq ans pour ce qui est de la
maternelle, tout en maintenant l'âge maximal à quinze ans. C'est
la Fédération québécoise des directeurs et des
directrices d'école; elle doit savoir de quoi elle parle. Le Centre des
services sociaux de Montréal métropolitain disait: On aurait
souhaité que la nouvelle loi abaisse l'âge de fréquentation
scolaire obligatoire. Par ailleurs, l'obligation de fréquenter
l'écoie jusqu'à seize ans sera difficile d'application. Là
aussi, ce sont des gens qui savent un peu de quoi ils parlent. La commission
scoiaire des Manoirs: Que l'âge de fréquentation scolaire soit
maintenu à quinze ans. La môme chose pour Laurenval. Le
Comité régional de vie étudiante de la
Montérégie a dit: le statu quo par rapport à l'âge
de fréquentation.
Je me dis: II y a une espèce de logique qui. veut que de plus en
plus on abaisse l'âge obligatoire de fréquentation scolaire
davantage pour le début que pour la fin. L'objectif qui intéresse
le ministre, à savoir s'assurer que les enfants soient le plus longtemps
possible de manière au moins à terminer leurs études
secondaires, exerce une pression sur les parents. Pourquoi ne pense-t-il pas
utile de l'exercer assez tôt? Parce qu'on sait l'influence que cela a sur
le comportement de l'enfant et sur sa capacité de s'intégrer
socialement plus il est admis tôt à l'école. Le ministre
n'a pas réussi à me convaincre, en dépit de ses arguments,
que c'était une solution préférable à celle qui
était inscrite dans son projet de loi.
Je me demandais s'il avait pris connaissance de ces différentes
recommandations. Je sais qu'on en a eu plusieurs, à mon
étonnement, cependant, parce que je n'avais pas vraiment
réfléchi aux conséquences de porter cela de quinze
à seize ans, mais dans ies milieux où si y a véritablement
des difficultés, ceia va poser un problème réel que
d'élever l'âge de la fréquentation sans qu'on n'ait pour
autant des résultats concrets, des résultats qui militent en
faveur de cette modification. J'ai été étonnée
quand les gens sont arrivés avec cela. Je trouvais que cela nous portait
à réfléchir et j'aurais cru que le ministre aurait
été sensible plutôt que de dire: Écoutez, il faut
laisser plus de latitude au début. J'aurais plutôt pensé
qu'il fallait en laisser plus à la fin.
M. Ryan: Nous n'en laissons pas plus au début, je
m'excuse. La situation que nous annonçons par i'amendement à
l'article 11 nous ramène à la situation qui est
présentement prévue dans la Loi sur l'instruction publique. Je
regrette infiniment, c'est la même chose. En vertu de l'amendement: Tout
enfant doit fréquenter une école à compter du premier jour
du calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a
atteint l'âge de 6 ans". Cela veut dire la même chose que ce qui
est dans la loi actuelle. De ce côté-là, par
conséquent, je pense bien qu'on a tout dit ce qu'il y avait à
dire. J'ai donné toutes les explications possibles, M. le
Président.
Quant à ce qui touche l'âge terminal pour la
fréquentation obligatoire, oui, nous avons noté ces interventions
qui ont été faites, qui étaient plutôt marginales
dans l'ensemble des interventions que nous avons reçues. Quelques
interventions ont parlé de cela, c'est un fait, mais nous avons cru que
la protection à donner au jeune contre la tentation que pourraient
éprouver autant ses parents que des employeurs de l'utiliser
prématurément sur le marché du travail pendant les heures
de classe valait infiniment plus que les quelques problèmes auxquels il
faudra faire face et pour lesquels le régime pédagogique nous
habilitera à prendre les décisions appropriées dans ces
cas-là. Je pense que c'est une protection additionnelle que nous donnons
au jeune. Franchement, je suis convaincu que l'Opposition, en y pensant comme
il faut, ne peut pas être opposée à cela. Cela
m'éton-nerait énormément. À la lumière de
tout ce qu'on a entendu depuis deux semaines, je pense que ce serait une
contradiction absolument flagrante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 11?
M. Gendron: Adopté, M. le Président. M. Ryan:
Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 11 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 12.
À l'article 12, c'est la même situation qu'à
l'article 11, c'est un article qui remplace complètement l'article qui
apparaissait dans !e premier projet de loi. Il se lit comme suit...
M. Ryan: M. le Président, je veux vous prévenir
tout de suite...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez!
M. Ryan:... que j'aurai un ajout à proposer à
l'article 12. Il y aura un troisièmement. Là, nous avons 1°,
2° et 3°. Entre !e 2° et le 3°, je proposerai un nouveau
troisième alinéa, à la suite de quoi le 3° actuel
deviendra 4°.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que ce que
vous voulez remplacer, M. le ministre...
M. Ryan: Je vais remettre des copies de ceci quand on va...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que c'est
cela?
M. Ryan: Oui, oui. Je pense que l'Opposition...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon. Alors,
donnez-le aux membres de l'Opposition.
M. Ryan: Je vais le remettre aux membres de la commission
également.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
M. Ryan: On va comprendre que c'est un problème de
concordance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai tenu pour
acquis, M. le ministre, que les membres du parti ministériel l'avaient
déjà en main.
M. Ryan: Celui-ci est une ponte toute récente pour
laquelle je ne fais aucun reproche à mes conseillers. Je les
félicite au contraire du souci de perfectionnement qu'ils veulent
manifester jusqu'à la fin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, ceci dit,
l'article 11 est complètement remplacé en amendement par le texte
suivant, et je le lis - l'article 12, pardon: "Est dispensé de
l'obligation de fréquenter une école l'enfant qui: "1° en est
exempté par la commission scolaire en raison de maladie ou pour recevoir
des soins ou traitements médicaux requis par son état de
santé: "2° en est exempté par !a commission scolaire,
à la demanda de ses parents, en raison d'un handicap physique ou mentai
qui S'empêche de fréquenter l'école; "3° est
expulsé de l'école par la commission scolaire en application de
l'article 224; "4° reçoit à la maison un enseignement qui,
d'après une évaluation faite par la commission scolaire ou
à sa demande, est équivalent à celui qui est
dispensé à l'école. "Est dispensé de l'obligation
de fréquenter l'école publique l'enfant qui fréquente une
institution au sens de Sa Loi sur l'enseignement privé ou une
institution dont le régime d'enseignement est l'objet d'une entente
Internationale au sens de la Loi sur le ministère des Affaires
Internationales - référence ici au chapître de la Loi sur
le ministère des Affaires internationales - qui dispensent en tout ou en
partie les services éducatifs visés pas la présente ioi.
"
M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, pour que tout soit clair,
d'abord, l'alinéa 1° est identique à ce qu'il y avait
à l'alinéa 2° de la version originale. Il n'y a pas de
changement là-dessus, c'est le même texte. Ici, c'est l'exemption
de la fréquentation scolaire obligatoire pour raison de maladie, de
soins à recevoir ou de traitements médicaux requis pas
l'état de santé.
Deuxièmement, "en est exempté par la commission scolaire,
à la demande de ses parents, en raison d'un handicap physique ou mental
qui l'empêche de fréquenter l'école. " Ceci est une
addition que nous avons faite parce que c'est une situation qui se
présente assez fréquemment, mais la commission scolaire, en vertu
de cet amendement, reste libre de décider si elle exemptera l'enfant ou
non. I! ne suffit pas d'une demande des parents. C'est la commission scolaire
qui décide, mais on veut éviter que la commission scolaire ne
décide arbitrairement, de sa propre motion. Il faut que ce soit sur
demande des parents, accepté par la commission scolaire. il y a deux
conditions justement parce qu'on voulait éviter qu'une commission
scolaire décide: Cet enfant-là, on ne peut le recevoir
malheureusement. Il faut que ce soit une demande de ses parents; autrement,
l'obligation incombe à la commission scolaire. Moi-même, j'ai fait
la lecture à plusieurs reprises de celui-ci. Nous en étions
convenus, mais finalement j'ai reconnu qu'il était plus vigoureux que je
ne l'avais moi-même d'abord pensé.
En troisième lieu, on parle de l'enfant qui reçoit
à la maison un enseignement qui, d'après une évaluation
faite par la commission scolaire ou à sa demande, est équivalent
à celui qui est dispensé à l'école. Je crois que
dans le texte actuel de la Loi sur l'instruction publique on parle de
l'enseignement efficace. À quel article? L'article actuel de la Loi sur
l'instruction
publique traitant de ce sujet parie de l'enfant qui reçoit
à domicile un enseignement efficace. Alors, vous voyez qu'on
précise beaucoup les exigences de la loi pour savoir s'il reçoit,
d'après une évaluation faite par la commission scolaire ou
à sa demande, un enseignement équivalent à celui qui est
donné à l'école. C'est plus fort que ce qu'on a dans la
loi actuelle parce qu'un enseignement efficace, même si la maman est
formidable et tout, qu'elle retient l'attention de ses enfants, peut-être
que ce n'est pas un enseignement équivalent à celui qui est
prévu à l'école. S'il est équivalent à ce
qui est donné à l'école, ça va être un
enseignement efficace. Alors, le plus contient le moins.
Une voix: Mais comment est-ce évalué?
M. Ryan: C'est une évaluation faite par la commission
scolaire ou à sa demande. Elle peut demander à une personne
experte de le faire et le gouvernement pourra, par règlement,
prévoir la manière dont ça devra se faire s'il estime que
ce n'est pas satisfaisant. On me signale une chose. Je marchais avec mon vieux
texte dans mon cahier. Évidemment, par l'article que nous ajoutons: "est
expulsé de l'école par la commission scolaire en application de
l'article 224", nous donnons à la commission scolaire, à
l'article 224, le droit d'expulser un élève pour cause. Il faut
l'inclure ici. S'il est expulsé de l'école, il faut qu'il soit
dispensé de l'obligation de fréquentation scolaire obligatoire;
autrement, on créerait un autre problème artificiel pour les
juges, ce que le gouvernement actuel tente de réduire au strict
minimum.
M. Gendron:... le dire.
M. Ryan: Oui, c'est cela. Puis, le dernier alinéa tient
compte des modifications que nous avons apportées l'an dernier à
la Loi sur le ministère de l'Éducation et à la Loi sur
l'enseignement privé pour tenir compte du cas des écoles qui
donnent l'enseignement en vertu d'une entente internationale. Cela vise des
écoles comme le Collège Stanislas, le Collège
Marie-de-France. Éventuellement, il pourra y en avoir d'autres, mais
pour le moment ce sont les seuls que je connais. Je pense qu'avec ies
améliorations, car c'en sont, que nous apportons par ces amendements,
nous couvrons à peu près toutes les situations susceptibles de se
présenter au chapitre des exemptions de fréquentation scolaire
obligatoire.
Le Président (M. Hamel): Terminé, M. le ministre?
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, globalement, M. le Président, je n'ai pas
de problème. J'ai deux questions avant de faire un commentaire. Au
deuxième paragraphe, il est marqué: "Est dispensé de
l'obligation de fréquenter une école l'enfant qui: "2° en est
exempté par la commission scolaire, à Sa demande de ses parents,
en raison d'un handicap physique ou mental qui l'empêche de
fréquenter l'école". Je pense bien comprendre ce que ça
veut dire. Il faut que les parents le demandent eî tout cela. Je sais ce
que peut être un handicap physique ou mental. Le ministre dans sa phrase
a dit, et je le cite: C'est une situation qui se pose fréquemment. C'est
drôle, J'ai eu des représentations disant que c'était
très peu fréquent et la plupart des associations de
handicapés - parlons-nous franchement, on n'est pas ici pour se faire
des peurs - sont contre cet article, se demandent d'où cela vient, et
prétendent que c'est très dangereux en termes de droits de
l'élève parce que ies parents pourraient avoir la tentation
facile, M. le ministre, de dire: Mon jeune est handicapé, souffre d'un
handicap physique et mental et, en conséquence, je veux qu'il soit
exempté par la commission scolaire - bien sûr, à la suite
d'une demande de ses parents - de l'obligation de fréquenter
l'école et le garder chez eux.
Les associations de handicapés prétendent que ça
pourrait être très dangereux pour le droit à
l'éducation de l'élève qui souffre d'un handicap physique
ou mental. En conséquence, leurs questions étaient
précises: D'où ça vient, qui vous a demandé
d'inclure ça? Elles prétendent que ça ne correspond pas du
tout au contexte de 1963 où la préoccupation d'un gouvernement et
d'un ministre doit être de sauvegarder le plus possible le droit de
recevoir une éducation de qualité, y inclus les jeunes qui
souffriraient d'un handicap physique ou mental. En conclusion, j'aimerais que
vous me donniez des types de handicap physique ou mental qui, selon vous,
auraient comme conséquence d'empêcher de fréquenter
l'école.
Le Président (M. Hamel): M. le ministre. (17 heures)
M. Ryan: Eh bien, il y a des enfants qui n'ont pas de
développement intellectuel et qui sont incapables de mouvements
physiques, qui ont le droit de fréquenter l'école, d'après
les droits que nous avons définis antérieurement, mais qui ne
sont vraiment pas capables. Nous ne voulons pas que les parents viennent nous
dire... C'est arrivé souvent que des parents nous ont dit: Mon enfant ne
peut pas être admis à l'école, la commission scolaire
prétend qu'il n'est pas capable de venir à l'école; moi,
je prétends qu'il serait capable d'y aller. D'après le
libellé actuel de la Loi sur l'instruction publique, la
discrétion est laissée entièrement à la commission
scolaire en ces choses. D'après le libellé actuel "est
dispensé de cette obligation l'enfant qui est empêché de
fréquenter l'école par maladie ou par suite d'un handicap
physique ou mental", c'est la commission scolaire qui décide,
uniquement. Tandis qu'avec l'amendement que nous proposons la commission
scolaire déciderait, mais seulement
à la demande des parents.
M. Gendron: Oui, M. le ministre, je comprends ça,
mais il me semble que votre préoccupation, tantôt, qui
était de protéger les droits de l'élève, et je vous
cite encore là... Tantôt, vous avez dit: II y a des parents qui
pourraient être invitants pour dire à leur jeune: Lâche donc
l'école, pour toutes sortes de raisons. Vous avez dit: Moi, je ne veux
pas souscrire à ça, il faut que je protège le droit de
l'enfant pour ne pas qu'il lâche l'école. Je trouve que vous aviez
raison de dire ça.
Moi, ici, même si je le reconnais, parce que l'explication est on
ne peut plus claire, et mon problème n'était pas là...
"Est dispensé de cette obligation l'enfant qui... par suite d'un
handicap physique ou mental", là, la commission pouvait se faire un
jugement et le soustraire à l'obligation. Là, vous ajoutez que la
commission peut toujours le faire, mais à condition que les parents en
fassent la demande.
Ce que j'ajoute, M. le ministre, pour les élèves souffrant
d'un handicap physique ou mental qui ne voudraient pas être soustraits de
l'obligation scolaire, de l'obligation de fréquenter... Parce qu'une
obligation de fréquenter, ça crée des droits, ça
donne des droits, parce qu'on s'en sert, nous autres, à un moment
donné, pour d'autres dispositions. Je vais m'accrocher où, mol,
pour ces cas-là?
Autrement dit, vous êtes logique, très court, votre
même logique, pour préconiser le droit de l'enfant va être
où quand il s'agit d'un handicapé, puis dans la perspective
où ses parents souhaiteraient qu'il soit soustrait de l'école et
qu'il n'ait plus l'obligation de fréquenter? Je trouve que la porte
s'ouvre trop facilement et c'est ça que les associations de
handicapés vous ont dit. Les associations de handicapés vous ont
dit: Écoutez, premièrement, la porte s'ouvre trop grandement,
nous, on n'a pas demandé ça, je ne connais pas qui a
demandé ça, ce n'était pas dans la version originale de
107 et là, je vais avoir un problème tantôt, puis j'en ai
un depuis le début, c'est que, dans le fond, il y a beaucoup
d'amendements sur lesquels, M. le ministre, ça signifie que vous avez
changé d'orientation - et je répète que c'est votre droit
- mais pour lesquels i! n'y a eu aucune consultation. Cela en est un
exemple.
M. Ryan: Là, je n'ai pas l'origine de toutes les
propositions qui nous ont été faites en cours de route; il y en a
eu des centaines...
M. Gendron: Je comprends.
M. Ryan:... II y en a eu des centaines. Je n'ai pas de calendrier
ou de dictionnaire de ça, je ne fonctionne pas comme ça.
Mais ce dont je peux assurer la commission, c'est que
l'été dernier, à la suite des auditions publiques qu'a
tenues la commission parlementaire de l'éducation, nous avons
examiné toutes les propositions soumises par des organismes ou des
individus au cours des mois précédents, et nous avons tenu compte
au maximum, nous avons tenu compte, dans toute la mesure raisonnablement
possible, des propositions qui nous avaient été faites, dans la
mesure où elles étaient compatibles avec !es intentions profondes
du projet de loi.
Maintenant, il y a des améliorations qui sont venues de nous. I!
arrive très souvent que vous recevez une idée d'un tiers et
ça vous fait penser à une autre affaire et vous l'incorporez dans
le projet de loi. Et en serrant des choses... Des fois, on attirait notre
attention en disant: Ce paragraphe-ci n'est pas tout à fait assez
précis; on essayait de corriger celui-ci et on s'apercevait que
ça remettait en cause le paragraphe suivant ou le paragraphe qui venait
en deuxième lieu ou en troisième lieu. C'est ça, un
exercice de rédaction serrée, on n'a pas idée où
ça conduit, puis de tout ce que ça implique.
Quand j'entendais des députés de l'Opposition dire que
c'était une affaire barbouillée ou improvisée, c'est parce
qu'ils ne savent pas comment ça se fait. Je pense qu'un travail bien
fait, ça passe par un très grand nombre de versions et, quand
nous aurons terminé ce projet, il y en aura encore qui pourront
établir qu'il y a bien des imperfections dedans; il y aura encore bien
de la matière pour l'amélioration, dans l'avenir.
Alors, ceci dit exactement où ça en est, c'est ça
qui est l'origine, c'est l'examen serré que nous avons fait. Nous nous
sommes aperçus que nous avions laissé de côté une
petite partie du texte actuel de la Loi sur l'instruction publique, nous
l'avons récupérée en le formulant assaisonné
d'exigences qui permettent d'éviter au maximum le danger d'arbitraire de
la part de la commission scolaire.
M. Gendron: Moi, c'est ma dernière intervention
là-dessus. Est-ce que le ministre conviendrait, à tout le moins,
que, si les organismes qui ont fait des représentations pour les groupes
de personnes handicapées souhaitent que cette disposition-là soit
retranchée et qu'il avait l'occasion de nous expliquer pour quelles
raisons il pense que... Là, je vous l'ai dit, il n'y a pas de cachette.
Vous pouvez faire vos propres vérifications. Eux, ils souhaitent que ce
soit retranché, c'est clair, parce qu'ils prétendent que cela
n'offre pas une protection adéquate aux gens concernés. Je ne
parle plus des parents. Je parle des élèves concernés, les
jeunes handicapés où le parent pourrait avoir très bien le
réflexe de la soustraction, et là, on retombe avant
Jésus-Christ. On ne retombe sûrement pas au texte À part...
égale et à celui des droits des handicapés. Je pense que
vous êtes conscient de cela, M. le ministre.
C'est évident que la porte est grandement ouverte avec une
disposition. Vous dites, écoutez:
Dorénavant, la commission scolaire ne pourra plus le faire toute
seule. Eiie pourra !e faire à la demande des parents. Moi, je
prétends que c'est justement cela qui est dangereux pour bien des
raisons de ruralisme, pour bien des raisons de conservatisme, pour des raisons
encore de fausse gêne, de honte mal placée. Pas plus tard qu'il y
a deux ou trois ans, moi, j'en connaissais une couple, entre autres, qui
vivaient dans un troisième étage depuis des années parce
que les parents n'admettaient pas d'envoyer de tels enfants à
l'école sous prétexte qu'eux, ils avaient déduit que leurs
jeunes n'étaient pas montrables. C'est simple, cela se pariait comme
ça.
Moi, je trouve qu'en 1988-1989 je ne peux pas marcher dans de tels
créneaux et faire un discours sur les citoyens handicapés
à part égale dans la société. Écoutez, moi,
ce que je répète, je ne parie pas des deux côtés de
la bouche, en connaissance de cause, en tout cas. Cela peut m'arriver parfois
inconsciemment, mais en connaissance de cause... Là, c'est une
disposition qui ouvertement a le danger que je viens de relater et qui peut
permettre à un certain nombre de parents, souvent de bonne foi, mais de
bonne foi avec des raisons faussées par des traditions, faussées
par une fausse culture, faussées par un ruralisme, en tout cas... Mettez
les qualificatifs que vous voulez. Mais, oui, la situation peut se
présenter et, là, on retombe dans les années sombres
concernant les droits des personnes handicapées. Cela m'inquiète
et je ne suis pas encore capable de souscrire à une disposition, comme
cella-là en connaissance de cause. De dire: Moi, je suis membre d'une
commission et je suis d'accord qu'un parent vienne dire: Tu es handicapé
et je le sais. Je te soustrais de l'obligation de l'école. C'est moi qui
mène. La commission signe l'autorisation et c'est réglé.
On fait un beau discours sur le droit des handicapés à part
égale. Non, moi, je ne fonctionne pas là-dedans. C'est clairement
le téléphone qu'on m'a fait aujourd'hui. La COPHAN a vu ceia
parce qu'elle en apprend tous les jours. Elle dit: On n'a pas demandé
cela. On ne veut pas cela et on trouve que c'est tout un recul par rapport
à l'évolution qu'on a faite. Je m'arrête là. C'est
ce que je vous ai dit que j'aimerais regarder. Si le ministre dit:
Écoutez, on laisse cela en suspens pour ne pas avoir un droit de parole
futur que je ne veux pas avoir...
Le Président (M. Parent, Sauvé):...
M. Gendron: Non, mais je ne veux pas en avoir plus que... Moi, je
dirais: L'article 12, en ce qui me concerne... Je sais que ma collègue
veut intervenir, elle a le droit et je lui souhaite, d'ailleurs. L'article 12,
deuxième paragraphe, doit demeurer en suspens, qu'il demeure encore en
suspens. Que le ministre fasse une vérification. Si ce que je dis et ce
que je plaide est erroné, on s'en reparlera. À ma connaissance,
tous les représentants d'associations de handicapés ne souhaitent
pas que cette disposition soit là et c'est mon avis.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Regardez, je n'ai pas souvenance que tous les
représentants d'organismes s'occupant des enfants handicapés, en
difficultés ou en troubles d'apprentissage et d'adaptation nous aient
formulé une requête comme celle-là. La COPHAN nous en a
peut-être parlé. Je ne me souviens pas qu'elle en ait parlé
même dans son intervention ici la semaine dernière.
M. Gendron: M. le ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît.
M. Gendron: Parce qu'il avait fini.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît.
M. Ryan: Je vais terminer. Cette disposition-là est
déjà présente dans la Loi sur l'instruction publique. Cela
n'est pas nouveau. C'est déjà dans la Loi sur l'instruction
publique à l'article 258.
M. Gendron: C'est exact. Je l'ai lu.
M. Ryan: Vous le savez, hein? Nous nuançons.
M. Gendron: Exactement.
M. Ryan: C'est beaucoup moins grand, le pouvoir dont dispose la
commission scolaire ici, que ce ne l'était sous la loi actuelle.
Déjà, par conséquent, on ne peut pas parier de recul. Il y
a quand même une amélioration. En plus, II faut bien s'en rendre
compte concrètement. Il y a un certain noyau d'enfants qui ne sont pas
scolari-sables. D'après les informations qu'on me donne, il y en a
quelques centaines au Québec. C'est une tragédie innommable dont
nous sommes responsables ensemble. Maintenant, il y d'autres recours que la
fréquentation scolaire obligatoire pour ces enfants et, dans la partie
qui regarde le système d'enseignement, plus loin, nous
élargissons considérablement ies possibilités d'initiative
particulière des commissions scolaires pour des cas comme
ceux-là. Nous autorisons les commissions scolaires, là où
l'enfant ne peut pas suivre les programmes réguliers, à concevoir
des programmes qui s'adapteront en propre à ces enfants. Il y a toutes
sortes de dispositions.
Si on peut arriver aux vraies choses dont traite ce projet de loi, il y
a bien des questions compréhensibles en soi qui trouveront des
réponses intéressantes. En plus, il y a évidemment une
obligation qui incombe au ministère de
la Santé et des Services sociaux, on ne peut pas nier cela, que,
lorsque ce sont des handicaps lourds, de nature physique ou mentale, il y a une
responsabilité qui Incombe au ministère de la Santé et des
Services sociaux. Toute la responsabilité ne peut pas Incomber
uniquement au ministère de l'Éducation parce que nulle part il
n'est dit dans la loi que le ministère de l'Éducation a la
responsabilité totale des enfants âgés de six à
seize ans. Il a la responsabilité de leur scolarisation mais, lorsque la
scolarisation est impossible, on ne prétend pas qu'il n'y a pas de
responsabilité, des responsabilités particulières.
Mais il y en a d'autres qui ont des responsabilités,
également. Nous en avons comme collectivité. Une partie de ces
responsabilités relève de toute évidence d'un autre
ministère. On ne peut pas tout paqueter ici. C'est cela qui est le sens
de cette modification et, franchement, je ne vols pas du tout le lieu de
procéder à des vérifications ultérieures.
Je n'ai pas d'objection si on dit: On a terminé la discussion,
puis le ministre va faire des vérifications. Je n'ai pas d'objection,
moi, à attendre quelques jours pour adopter celui-là, je n'en
ferai pas une maladie. Mais je pense qu'on ne peut pas poursuivre le
débat indéfiniment non plus. Je pense qu'on a dit tout ce qui
peut être dit là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: J'ai fini, moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je dois dire que
j'avais compris l'amendement du ministre comme étant une espèce
d'ouverture, je veux dire, l'incapacité devant laquelle la commission
scolaire se retrouverait de refuser un enfant.
J'avais vu cela un peu à l'inverse en disant: Si c'est à
la demande des parents. Cela veut dire que, si les parents ne le demandent pas,
la commission scolaire est obligée. Je trouvais qu'il y avait une bonne
intention là-dessous. Sous cet article, il y a une bonne intention, sauf
que cela risque d'avoir des effets négatifs et c'est un peu ce qu'on
essaierait de voir ensemble.
Parce que moi, je trouve que l'idée en-dessous de cela, ce que
j'ai cru trouver, c'est que la commission scolaire ne pourra pas
dorénavant refuser un enfant, à moins que les parents ne le
demandent. Je trouve que c'est une bonne intention et, là-dessus, je
vous rejoins tout à fait.
Sauf que le problème se pose exactement comme l'a posé...
Et puis, c'est pour cela que cela serait peut-être intéressant de
chercher une formulation qui fasse obligation à la commission scolaire,
mais qui ne permette pas aux parents, encouragés par la commission
scolaire, de dire: Écoute, on te garde chez nous. C'était ce
qu'ont invoqué les associations qui se sont présentées et
je trouvais leur défense intéressante, quand elles disaient que,
pour elles, tous les enfants, tout enfant peut aller à l'école,
spéciale ou régulière. Parce que tout individu, à
l'exception d'une personne extrêmement marginale, peut acquérir un
peu plus d'habileté, un peu plus d'autonomie, si on le place dans une
situation de stimulation qu'il ne retrouve pas toujours à la maison. Et
cela, c'est à part égale. Je trouvais que cette idée
était Intéressante et les parents nous ont dit: On ne veut pas
que cela soit à !a demande des parents parce que là, on vient
nier le droit de l'enfant qui ne peut pas, lui, !e réclamer, le droit
d'aller à l'école.
Je trouve que l'idée du ministre est intéressante. La
commission scolaire, dorénavant, ne peut plus dire: Je ne le
reçois pas, c'est le parent qui doit le demander. Je trouve que
l'idée est intéressante, mais il ne faudrait pas que cela soit
formulé de cette façon. Je demande tout simplement, dans un
objectif de vouloir améliorer le projet de loi - il ne s'agit pas de
faire de l'obstruction - s'il ne serait pas intéressant de s'assurer
qu'il y a obligation pour la commission scolaire de recevoir les enfants,
handicapés ou non, et que, par ailleurs, on reconnaisse le droit - et je
ne sais pas comment - à l'enfant de fréquenter... Eux, ils
proposaient ici, les gens de l'Association du Québec pour
l'intégration sociale, ils disaient que la dispense de l'obligation de
fréquentation scolaire pour cause de handicap ne soit pas laissée
au libre arbitre du conseil scolaire, mais préconisée par un
comité consultatif. Des services aux élèves
handicapés dans lesquels les intérêts de
l'élève seraient représentés de façon
indépendante, dans laquelle les parents auraient droit de parole et
droit de vote. (17 h 15)
Autrement dit, ils laisseraient... Parce que mol, je comprends les
parents qui ont un enfant qui est fragile parce que handicapé et ce
n'est pas toujours par gêne qu'ils refusent de le sortir, c'est par
affection. C'est parce qu'aussi, dans certains cas, cela demande des efforts de
le sortir, cela demande de la participation des parents. C'est beaucoup plus
exigeant parfois que de le garder à la maison. C'est pour ces
raisons-là que l'association prétendait qu'il ne fallait pas
laisser cela aux parents. Je trouve que, dans l'article que le ministre a
ajouté, il y a une volonté de contraindre la commission scolaire,
mais cela peut avoir un effet négatif et je demande juste: Est-ce qu'il
n'y aurait pas moyen d'examiner une autre formulation qui fasse, de
façon claire, obligation à la commission scolaire, mais qui ne
laisse pas aux parents qui seraient souvent dans plusieurs cas
encouragés par la commission scolaire-.. Parce qu'actuellement c'est le
cas, on dit: Écoutez, il est bien trop handicapé, môme si
vous le sortez, bien des efforts,
le CLSC va vous donner des services de répit. Ou: On n'a pas les
spécialités, on n'a pas encore de protocole d'entente entre
l'OPHQ et le ministère de la Santé et des Services sociaux, etc.
Je demande juste cela au ministre, juste cela, parce que je trouve que son
idée n'est pas mauvaise, sauf qu'il ne faudrait pas non plus nier ies
droits des enfants qui ne sont pas en mesure, eux, de défendre ce
droit-là pour eux-mêmesl Il me semble qu'il y a quelque chose
là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine ou
si... Attendez-vous une réaction du ministre?
Mme Blackburn: Oui, je voudrais avoir, peut-être, une
réaction du ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que cet
article 12 est précédé de onze autres articles dont
l'article 1 du projet de loi. L'article 1 confère à chaque enfant
âgé de 6 à 21 ans, dans le cas des enfants
handicapés, le droit de recevoir des services éducatifs
dispensés par une commission scolaire. Cela, c'est une obligation qui
incombe à la commission scolaire. Je pense qu'on convient tous de cela.
Ce n'est pas nécessaire de la répéter 50 fois, c'est dans
! article 1. C'est l'article pylône, sur lequel repose tout le reste de
la loi. Ici, nous disons: II y a une obligation de fréquentation
scolaire. On en exemptera l'enfant dont la commission scolaire jugera,
après avoir reçu une demande à cette fin de ses parents,
qu'il ne peut pas fréquenter l'école en raison d'un handicap
physique ou mental. Vous voudriez, d'après ce que je comprends, enlever
la demande des parents?
M. Gendron: Non.
Mme Blackburn: C'est-à-dire ne pas laisser...
M. Ryan: Qu'est-ce qui serait l'objet? S'il s'agit de
répéter des principes généraux, ils sont
déjà dans le texte, ce serait de la tautologie.
M. Gendron: Non, excusez-moi, je pense que ma collègue...
Cela a été évoqué. Tous ceux qui font les
représentations pour que ce soit enlevé disent: À tout le
moins si ceia reste, parce que c'était probablement teinté d'une
bonne intention, c'est à tout le moins, pour ce genre de cas-là,
que ce soit apprécié par le comité qui va exister dans
toutes les commissions scolaires auquel siégera... Vous avez
appelé cela le comité consultatif des services aux
élèves handicapés, dans votre propre appellation. Pour ce
genre-là, à tout le moins, là on dirait: en est
exempté par la commission scolaire après consultation au
comité approprié. Parce que, si la commission scolaire consulte
le comité approprié et qu'il lui donne un avis favorable, on dit:
Au moins, la prétention des organismes qui s'occupent des
handicapés, qui ont peur de ce que j'ai évoqué... I! me
semble que, là, on couvre toutes les affaires et qu'il n'y a plus de
problème.
M. Ryan: il n'y a pas d'objection de notre côté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je pense qu'on se
rapproche, M, le ministre.
M. Ryan: Oui, il n'y a pas d'objection de notre côté
à introduire...
Mme Blackburn: On pourrait conserver "à la demande des
parents et après". On garderait les deux "et après consultation
du comité".
M. Gendron: Oui, j'ai dit: "à Sa demande des parents", je
veux qu'il reste là.
M. Ryan: Si vous voulez proposer un amendement, on va l'examiner.
On peut en proposer un, si vous voulez, iI n'y a pas de problème.
Voulez-vous en rédiger un tout de suite?
M. Gendron: Je pense que...
M. Ryan: On va en rédiger un tout de suite, on a des
personnes qui sont spécialistes dans l'art de la rédaction.
M. Gendron: C'est cela, qui se feraient un plaisir de
rédiger cela. Je conclus, M. le Président, en ce qui me concerne.
Ce qu'on voulait, c'est que cela reste "en est exempté par la
commission", mais je ne suis pas un spécialiste des textes.
Le Président ( M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
reste de l'amendement va?
M. Gendron: Oui, mais je voulais juste quand même dire:
"après consultation du comité consultatif des services aux
élèves handicapés". À ce moment-là, on
aurait la sécurité que la commission n'a pas pris cela à
la légère et que le comité a été
consulté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai l'article 13.
Je ne sais pas, ce n'est pas un gros article, si on suspendait l'adoption de
l'article 12 puis qu'on changeait pour l'article 13 pour donner la chance
aux...
M. Ryan: Je pense qu'ils vont nous arriver avec ceia tout de
suite, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... conseillers du
ministre. Oui?
M. Ryan: Je pense que cela va venir tout de suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon. On suspend
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 32)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
poursuit ses travaux.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre a
l'explication à l'alinéa 2°.
M. Ryan: Oui, en explication à l'alinéa 2°,
M. le Président, je prierais d'abord mes collègues membres
de la commission, ceux parmi eux qui sont vraiment intéressés
à l'objet dont nous discutons, les autres pouvant s'en dispenser,
d'ajouter à "en est exempté" la lettre p au mot
"exempté".
Une voix: Ah oui! Je comprends donc. M. Ryan: Incroyable,
ça! Une voix: Incroyable!
M. Ryan: Les services gouvernementaux eux-mêmes! Alors:
"... par !a commission scolaire, à la demande de ses parents et
après consultation du comité consultatif des services aux
élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage établi en application
de l'article 167, en raison d'un handicap physique ou mental qui
l'empêche de fréquenter l'école; ".
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, est-ce que cet ajout que vous aviez
suggéré, qui a été accepté et qui est
présenté à titre d'amendement, vous convient?
M. Gendron: Cela me convient.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela vous
convient. Est-ce qu'on peut dire que l'article 12, tel qu'amendé est
adopté?
Une voix: Adopté. Adopté.
M. Ryan: Un instant! Le député d'Arthabaska a une
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Oui, ce n'est pas sur 12. 2°, mais sur 12.
4°, là: "reçoit à la maison un enseignement qui,
d'après une évaluation faite par la commission scolaire ou
à sa demande, est équivalent à celui qui est
dispensé à l'école. " M. le ministre a donné une
explication tout à l'heure, mais je voudrais avoir plus de
précision. Puisqu'il aime bien !e latin, equivalere, valoir la
même chose, là...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Êtes-vous en
compétition avec le ministre, vous?
M. Gardner: Ha, ha! Voici, c'est que "équivalent", c'est
très fort et ça peut, je pense, amener certaines commissions
scolaires à certains abus et je ne voudrais pas qu'il y ait d'abus, ni
d'un bord ni de l'autre. Est-ce que le mot "équivalent" est plus
objectif que le mot "efficace" qui est dans la loi actuelle?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: II me semble que le mot "équivalent" prête
plus à une évaluation qui sera fondée sur des objets
mesurables. Quand on dit "équivalent", ça veut dire un
enseignement qui permettra d'atteindre les objectifs du régime
pédagogique et des programmes - essentiellement, c'est ça que
ça veut dire - et de développement intégral et harmonieux
de la personnalité de l'élève, tandis que "efficace",
c'est comme une chantepleure qu'on ouvrirait dans toutes les directions en
même temps, on ne saurait pas de quel côté le jet va se
diriger, il faut que ça soit efficace en fonction de quelque chose.
Puis, quand on dit "équivalent à celui qui est dispensé
à l'école", on sait tous qu'à l'école il faut
dispenser l'enseignement prévu dans le régime
pédagogique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Vous comprendrez, M. le ministre, que c'est parce que
J'ai eu des représentations. Je sais qu'ils ne sont pas nombreux au
Québec, il n'y a pas tellement de parents qui donnent l'enseignement -
on m'a parlé d'environ 60 parents dans tout le Québec - mais j'en
aurais...
M. Ryan: II y en a plus que ça.
M. Gardner: Plus que ça?
M. Ryan: II y en a plus que ça.
Une voix: Une centaine, à ce qu'on dit.
M. Ryan: Seulement les frères Plymouth que nous avons vu
l'autre Jour, là, comprenaient déjà un bon nombre
d'enfants.
M. Gardner: Mais vous me dites qu'il n'y a pas eu trop de
problèmes avec le mot "efficace".
Est-ce qu'il y en a eu, pour qu'on change cela pour
"équivalent"?
M. Ryan: Nous sommes saisis de situations et nous ne savons pas
comment les gérer. Le texte actuel est trop vague; avec un texte comme
celui-ci, il sera plus facile d'aller vérifier, de demander à la
direction régionale ou à la commission scolaire:
"renseignez-vous, vérifiez si l'enseignement qui est fait à la
maison, après évaluation, est équivalent à ce qui
est requis par les régimes pédagogiques.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Mais, M. le ministre, vous comprendrez que la
commission scolaire est intéressée à avoir cet enfant.
Elle est juge et partie, en fin de compte. Elle est probablement
intéressée à ce qu'équivalent soit là et non
pas "efficace", pour pouvoir dire: Bien, on va tous les avoir, il n'y en aura
pas un qui va recevoir un enseignement à la maison. Est-ce qu'il n'y a
pas des dangers à cela, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense que c'est une très bonne question,
à laquelle je ne pensais pas. il peut arriver que la commission
scolaire, dans sa politique visant à s'approprier tous les
élèves de son territoire, comme la loi lui en donne d'ailleurs la
prérogative et la responsabilité, soit portée à
formuler un jugement qui soit quelque peu biaisé. C'est pour cela que la
procédure de recours dont nous avons parlé fournira une
possibilité d'être entendu dans des cas comme celui-là.
M. Gardner: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je me demandais ce qui
avait amené le ministre à retirer une partie de cet
article-là. Si vous revoyez l'article tel que prévu au projet de
loi 107, c'était à 3°: "reçoit à la maison
l'enseignement que la commission scolaire, après évaluation faite
par elle ou à sa demande - c'est à peu près égal,
c'est seulement mieux formulé - estime équivalent à celui
qui est dispensé à l'école, et ies autres services
éducatifs que la commission scolaire détermine. " Pourquoi est-ce
que cela n'a pas été maintenu?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Je ne parle pas de l'enseignement
équivalent.
M. Ryan: L'exigence formulée dans la version originelle du
projet de loi n'était pas réaliste, à notre jugement.
Après avoir examiné le pour et le contre, l'exigence qui parlait
des autres services éducatifs que la commission scolaire
détermine allait trop Soin et risquait justement de priver des parents
de ce droit qu'on veut leur reconnaître de dispenser à leur enfant
un enseignement équivalent. Il pourrait arriver que la commission
scolaire soit tentée, pour garder des élèves
subventionnables, de formuler des exigences tellement hautes en matière
de services éducatifs autres que l'enseignement, que finalement cela
équivaudrait à nier ce droit-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, mais par rapport
à ces exemptions, il y en a pour différentes raisons, ils partent
en voyage, ils amènent ies enfants, j'ai des amis qui l'ont fait, pour
une année, mais pour des raisons religieuses, pour des raisons de
valeurs morales, de principes. Selon certains parents, on le sait,
l'école en est une de perversion où les valeurs morales et
religieuses ne sont pas respectées, ils désirent garder leurs
enfants à la maison. Est-ce qu'on est informé de ce genre de
situation qui pourrait avoir comme conséquence des abus réels
à l'endroit de l'enfant? C'est beaucoup plus cela qui me
préoccupe. Les exemptions, j'ai l'impression que bon, ils savent
qu'à un moment donné ils font un certain nombre de pressions, les
Québécois sont généralement assez réceptifs
par rapport aux croyances religieuses, à part qu'à la CECM, mais
ce qui fait que c'est plus l'inquiétude que j'aurais, c'est l'abus qu'on
peut faire de certains enfants en les empêchant d'avoir des contacts avec
d'autres et je trouve cela plus inquiétant que l'inverse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui, c'est pour cela qu'on écrit dans le projet
de loi: un enseignement équivalent à celui qui est
dispensé à l'école. Si c'est un enseignement
complètement déformateur, qui va contre l'objectif fondamental du
développement intégral et harmonieux et équilibré
de la personne de i'enfanî, à ce moment-là la commission
scolaire aura un recours.
Mme Blackburn: Dans les objectifs de formation d'un
élève, il y a ceux de la socialisation, de la formation
intégrale de la personne. Comment peut-on parler de socialisation pour
les enfants qui restent à la maison alors qu'il n'y aurait pas vraiment
de raison? J'ai comme des problèmes. C'est pourquoi je me disais que,
dans le fond, l'idée d'y avoir ajouté "et autres services
éducatifs", cela crée certaines obliga-
tions, ne serait-ce que le conditionnement physique, je ne sais pas,
moi, participer à des activités scolaires. Il y a comme quelque
chose-là. Je dis que le danger n'est pas que la commission scolaire
veuille à tout prix les amener chez eux, c'est davantage que certains
parents, qui n'ont pas beaucoup d'estime pour l'école - on le sait tous,
c'est marginal, vous allez me dire, mais c'est précisément
ceux-là qu'il faut viser - auraient la possibilité de soustraire
leur enfant aux influences négatives de l'école. Vous connaissez
toute la ritournelle là-dessus.
M. Ryan: M. le Président, je comprends le souci de la
députée de Chicoutimi. Il y a peut-être moyen de donner un
élément de réponse qui pourrait comporter quelque chose
comme ceci. Je le dis à titre d'essai, je n'en fais pas l'objet d'une
proposition d'amendement pour l'instant. Le paragraphe 3° se lirait comme
suit: "reçoit à !a maison un enseignement et y vit une
expérience éducative qui, d'après une évaluation
faite par la commission scolaire... est équivalent... " On aurait cette
idée d'expérience éducative, de vécu
éducatif qui est Important aussi, si vraiment cela équivaut
à nier toute chance de socialisation, même si l'enseignement
théorique est très bon, cela peut être corrupteur. Une
affaire comme cela pourrait être envisagée. Cela humanise
l'affaire, cela la rend plus... Si vous n'avez pas d'objection, cela peut
être ajouté.
Mme Blackburn: Je suis d'accord avec cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela se lirait
comment, M. le ministre?
M. Ryan: "reçoit à la maison un enseignement et y
vit...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Et y vit, cela
va.
M. Ryan:... une expérience éducative... " On va
vous remettre le texte.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une
expérience éducative...
M. Ryan: Oui... "qui, d'après une évaluation faite
par la commission scolaire ou à sa demande... "
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Est-ce
que vous êtes d'accord avec cela?
Mme Blackburn: Oui, cela me convient.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, on se
comprend que l'équipe ministérielle va aligner cet alinéa.
Ou, est-ce que vous attendez d'avoir le texte écrit?
M. Gendron: Non, l'article 12 est adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Article 12,
adopté tel qu'amendé.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
J'appelle l'article 13.
M. Filion: J'ai une question, M. le Président.
Une voix: Trop tard, c'est adopté.
M. Ryan: C'est l'autre commission pour les...
M. Filion: La question était la suivante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II faudrait
peut-être que vous vous entendiez.
M. Ryan: Ici, c'est l'éducation, M. le
Président.
M. Filion: Ce n'est pas un amendement, c'est une question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Comme je suis
très permissif...
Une voix: On a du temps en masse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On a du temps en
masse. M. le député de Taillon, je vous écoute.
M. Filion: Combien y a-t-il d'articles, M. le
Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Beaucoup.
M. Filion: Je peut-être attendre à 224. Ma question
porte sur les élèves qui sont expulsés de
l'école...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous voyez cela
à quel alinéa, monsieur?
M. Filion:... par la commission scolaire, en application de
l'article 224. C'est le troisième alinéa, M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Votre
intervention, M. le député. Vous vouiez savoir ce qu'est
l'article 224?
M. Filion: Oui. J'ai lu l'article 224. En ce qui concerne le
troisième alinéa, les élèves qui sont
expulsés de l'école par la commission scolaire, est-ce que c'est
un phénomène, M. le ministre, qui existe encore, ou si cela date
des années cinquante ou quarante? Je sais qu'à une certaine
époque c'était populaire. Est-ce que cela
existe encore? Cela doit être en nombre beaucoup plus
réduit qu'auparavant, mais suffisamment, pour qu'on prenne la peine de
le consacrer dans un article du projet de loi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Écoutez, M. le
ministre. On avait appelé le vote là-dessus, ii avait
été adopté. J'ai permis au député de poser
une question. Je vous permets une brève réponse et, après
cela, on passe à l'articie. Je regrette, parce que...
M. Filion: Je vais attendre à l'article 224, M. le
Président. Vous vous souvenez de votre intervention, à l'article
224, je vais revenir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien, M. le
député. À l'article 224, je prends une note...
M. Filion: Cela devrait être entre Noël et le Jour de
i'an.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous l'oubliez, je
vous le rappellerai.
M. Filion: À ce moment-là, je parlerai pendant
trois heures, M. le Président.
Le Président {M. Parent, Sauvé): Je vous le rappellerai,
M. le député de Taillon. (17 h 45)
M. Filion: Merci, j'ai pris deux minutes pour poser ma question,
et vous trouvez cela trop long.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non. Vous
interprétez très mal, M. le député.
M. Filion: Je prends bonne note de votre grâce
présidentielle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
J'appelle l'articie suivant...
M. Filion: J'ai pris beaucoup de temps à poser ma
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... l'article 13.
L'article est remplacé, en amendement, par: "II est interdit d'employer
un éiève pendant les heures de classe tant qu'il est assujetti
à l'obligation de fréquentation scolaire. " M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: On a simplifié, par l'amendement, la formulation
qui était proposée initialement. Je pense que ce qui est dit
là est beaucoup plus simple, beaucoup plus directe, prête moins
à ambiguïté: "tant qu'il est assujetti à l'obligation
de fréquentation scolaire". On n'est pas obligé de compter Ses
jours du calendrier. L'obligation de fréquentation scolaire, nous le
savons tous, c'est qu'il faut qu'il ait atteint seize ans dans la
dernière année des études secondaires. On l'a vu
tantôt dans l'article précédent. L'année scolaire au
cours de laquelle ii atteint l'âge de seize ans. S'ii atteint l'âge
de seize ans pendant cette année, il faut qu'ii reste à
l'école jusqu'à la fin de l'année. C'est ce qui est
l'esprit et la lettre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, voulez-vous réagir?
M. Gendron: Sur l'article 13, je n'ai aucun problème. Je
trouve que c'est une concordance, c'est clair, il est requis que ce soit comme
cela. Par contre, en français, il serait peut-être
préférable d'écrire cela autrement. Mais je n'en fais pas
une jaunisse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 13, tel qu'amendé, est adopté? Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Gendron: Un instant. Vas-y donc avec ta note de
français.
Mme Blackburn: M. le Président, il me semble que cela se
lirait mieux comme suit: II est interdit d'employer un élève
durant les heures de classe, alors qu'il est assujetti... "Tant qu'il", il me
semble qu'il y a quelque chose dans !a formulation... M. le ministre a dû
tiquer aussi là-dessus.
M. Filion: Cela ne l'a pas empêché de dormir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avons-nous des
linguistes?
Mme Blackburn: Cela ne m'empêche pas de dormir non plus.
Autant l'écrire en français, étant donné qu'on est
en éducation.
M. Ryan: Ils me réservent les questions linguistiques,
mais pas jusqu'au byzantinisme. Dans ce cas-ci "tant que", il me semble que la
signification est "aussi longtemps que". C'est exactement ce qu'on veut dire
dans ce cas-ci. "Alors que", je pense que cela serait un peu moins bon dans ce
cas-ci. Vous me demandez mon opinion. Il pourrait très bien arriver
qu'un linguiste soutienne le contraire. Quand j'étais directeur d'un
journal, j'avais deux conseillers linguistiques, ils choisissaient de
manière qu'ii y ait toujours des points de vue contraires.
Mme Blackburn: Et ià, vous tranchiez dans le sens que vous
pensiez.
M. Ryan: Je tranchais volontiers.
Mme Blackburn: Je m'en doute.
Une voix: Cela n'a pas changé.
Mme Blackburn: Non, cela n'a pas changé...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres Interventions sur...
Mme Blackburn:... sauf qu'il pense toujours qu'il est au
Devoir. C'est là le problème.
M. Ryan: Fais ce que dois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez, Mme la
députée de Chlcoutimi, vous avez toujours la parole. Est-ce qu'il
y a d'autres remarques sur le fond, sur l'article ou sur...
Mme Blackburn: Non, M. le Président, c'est le projet de
loi du ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 13, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 14, qui se lit comme suit, en fonction de son amendement:
"Les parents doivent prendre les moyens nécessaires pour que leur enfant
remplisse son obligation de fréquentation scolaire. " M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense bien que la nouvelle formulation parle par
elle-même. Nous voulons qu'il soit bien clair qu'il s'agit de
l'obligation de fréquentation scolaire. C'est pourquoi la nouvelle
formulation me semble plus satisfaisante que la première, même si
elle est tout à fait dans la même orientation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des Interventions sur l'article 14? M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, je pense que c'est clair, cela dit ce que cela
veut dire. Cependant - je ne porte pas de jugement sur ceux qui chinoisent,
c'est leur affaire - de toute évidence, entre l'ancien article 14 et le
nouveau, il y a un ramollissement. Cela ne me fait rien. Il est évident
que c'est un libellé moins strict. On dit: "Les parents doivent prendre
les moyens nécessaires pour que leur enfant fréquente
assidûment l'école. " C'est clair, c'est net, même si cela
ne donne pas toujours des bons résultats. C'est compréhensible.
Sérieusement, il y a là une force morale bien plus grande que
"pour que leur enfant remplisse son obligation de fréquentation
scolaire". C'est un adoucissement qui s'explique mal. SI le ministre a des
explications... C'est toujours la même chose. Je ne serai jamais enclin
à donner suite à un libellé sur lequel,
premièrement, il n'y a pas eu de consultation, deuxièmement, qui
vient se placer dans une trajectoire où on n'a pas les explications sur
le changement. M. le député d'Arthabaska, de temps en temps vous
suivez, et vous avez l'air de rester surpris quand je dis qu'il n'y a pas eu de
consultation. Les audiences ont porté sur le projet de loi 107. Elles
n'ont pas porté sur les 500 et quelques amendements proposés.
Donc, je ne commets pas de péché mortel quand je dis qu'entre
l'ancien article 14 et le nouvel article 14 moi, je n'aurais pas d'objection,
sauf que, s'il y a des changements, il va falloir qu'on explique pourquoi,
d'autant plus qu'il n'y a pas eu de consultation. C'est ce que j'ai dit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, en
explication au député d'Abitibi-Ouest.
M. Ryan: M. le Président...
M. Gendron: Je n'ai pas dit que c'était grave.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Ryan: Je pense qu'il faut prendre les articles 14 et 15 en
regard l'un de l'autre. Ils se complètent. Dans la formulation
originelle, il y avait une certaine redondance qui tombe. Dans l'article 14,
nous assurons l'accomplissement de l'obligation de fréquentation
scolaire et la responsabilité des parents à cet égard.
Dans l'article 15, nous traitons de la fréquentation assidue de
l'école. Nous faisons au directeur de l'école l'obligation de
s'assurer que l'élève fréquente assidûment
l'école et, en cas d'absences répétées d'un
élève, le directeur d'école avise par écrit les
parents de prendre les moyens nécessaires pour que leur enfant
fréquente assidûment l'école.
M. Gendron: Je le sais, M. le ministre, mais, écoutez,
parfois vous êtes grave, cela n'a pas de bon sens. L'article 14, M. le
ministre, disait: Les parents doivent prendre les moyens. Moi, j'étais
à l'article 14: Les parents... Je le sais que cela se lit ensemble, les
articles 14 et 15, mais pas à la même place. L'article 15, c'est
le directeur de l'école. AJors, moi, je pose la question à
l'article 14, M. le ministre. Pourquoi dans l'ancien projet de loi 107 - je
n'en fais pas une jaunisse - vous disiez: "Fréquente assidûment
l'école"? Il y a vraiment une force morale plus forte que de dire tout
doucereusement à l'article 14: Les parents prendront les moyens
nécessaires pour que leur enfant remplisse l'obligation de
fréquentation scolaire. Je fais juste vous dire que cela
m'apparaît beaucoup moins voluntas Dei ou voluntas Ryan.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Faites vos choix. J'ai dit: Cela m'apparaît
moins voluntas Dei ou voluntas Ryan. Faites vos choix. Alors, moi, j'aimais
mieux l'article 14 dans l'ancien projet de loi 107 que dans le nouveau.
Là, vous me dites: Mais à l'article 15, on s'en occupe. Ce n'est
pas pareil.
M. Ryan: Justement, c'est une gradation, une formule de style
juridique.
M. Gendron: Oui, oui, gradation.
M. Ryan: Au début, nous faisons la concordance avec
l'obligation de fréquentation scolaire. Nous disons les parents, cela
n'incombe pas seulement à l'enfant. Il y a une responsabilité des
parents d'assurer que leur enfant va remplir son obligation de
fréquentation scolaire. Ensuite, à l'article suivant, là,
nous parlons de la fréquentation assidue de l'école. On peut
discuter de cela. On est dans l''infiniment discutable.
M. Gendron: La dernière fois, M. le Président, je
n'ai pas discuté.
M. Ryan: Cela est correct.
M. Gendron: Je ne pose aucun commentaire.
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: Pourquoi le ministre a-t-il affaibli la portée
de l'article 14? N'allez pas à l'article 15. Pourquoi avez-vous affaibli
la portée de l'article 14?
M. Ryan: C'est parce que je ne voulais pas dire deux fois la
même chose dans le texte. Je voulais le dire seulement une fois. On l'a
dit à l'article 15 et, dans l'article 14, on dit une autre chose. Ce
sont deux concepts différents. Les deux y sont. On n'a pas enlevé
le concept de fréquentation assidue. Il est là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va, M. le
député?
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Article 14,
adopté tel qu'amendé?
M. Gendron: Oui, oui. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Alors, j'appelle maintenant l'article 15.
M. Ryan: II avait un bon point?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, l'article
15...
M. Ryan: Trop tard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le premier
alinéa au complet qui est changé par un amendement: "Le directeur
de l'école s'assure, selon les modalités établies par la
commission scolaire, que les élèves fréquentent
assidûment l'école. " Ceci remplace le premier alinéa du
projet de loi. Au deuxième alinéa: "En cas d'absences
répétées d'un élève, le directeur de
l'école avise par écrit - la différence, ce sont les mots
"par écrit" - les parents de prendre les moyens nécessaires pour
que leur enfant fréquente assidûment l'école. " En
troisième: "Si, malgré l'avis prévu au deuxième
alinéa, l'élève ne fréquente pas assidûment
l'école, le directeur de l'école le signale au directeur de la
protection de la jeunesse. " M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Explication sur
l'amendement à l'article 15.
M. Ryan: Je pense que les membres se seront aisément rendu
compte du changement principal qui est apporté par l'amendement. Dans le
texte originel, nous faisions à la commission scolaire l'obligation
d'établir par règlement les modalités de
vérification de fréquentation assidue de l'école par
l'élève, tandis qu'ici nous disons simplement: selon les
modalités établies par la commission scolaire.
Conformément à un voeu émis par de nombreux organismes
entendus en commission parlementaire et par l'Opposition, nous avons
allégé l'obligation faite à la commission scolaire de
procéder par règlement. Elle pourra, dans cette question-ci,
procéder par voie de simple résolution, de circulaire
administrative ou disciplinaire. Par conséquent, c'est un
assouplissement qui vise à procurer le même résultat avec
des efforts mieux répartis. Il y a aussi l'obligation du directeur
d'école d'aviser par écrit les parents en cas d'absences
répétées d'un élève, pour que cela ne se
fasse pas seulement par téléphone. Des fois, il n'y a pas de
réponse au bout de la ligne. Qu'il y ait l'obligation d'un avis
écrit parce qu'il s'agit d'une chose grave. Ce sont les deux
modifications que nous trouvons à l'article 15.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Sur l'article 15, M. le Président, je pense
que, globalement, il n'y a pas de problème à vivre avec cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'on peut
dire que...
M. Gendron: Un instant! Non, on ne peut
pas dire cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non? On ne peut
pas dire cela?
M. Gendron: Globalement, il n'y a pas de problème à
vivre avec cela. Cependant, encore là, je trouve que le ministre aurait
pu profiter à cet endroit-là de remarques très pertinentes
qui lui ont été répétées par plusieurs
instances ou groupes-conseils. De dire: en cas d'absences
répétées d'un élève... Il se peut, des fois,
que les absences soient répétées et que les raisons soient
répétées. Je ne voudrais pas que le directeur de
l'école avise tout de suite les parents par écrit de prendre les
moyens nécessaires pour que leur enfant fréquente
assidûment l'école, parce que cela peut obliger à quelque
chose de fastidieux, pour le directeur d'école, qui ne se fera pas dans
des cas où II connaît la raison de la répétition des
absences. C'est pourquoi à peu près tout le monde a dit au
ministre: Mettez donc "non motivées". Moi, je souhaiterais que, en cas
d'absences répétées non motivées d'un
élève, le directeur de l'école avise par écrit, ce
qui signifie qu'on se soustrait à la difficulté que j'exposais au
préalable si cette expression n'est pas mise. Cela a été
demandé par plusieurs intervenants. Dans le fond, ce sont les absences
répétées non motivées qui sont
préjudiciables au rendement scolaire. Les autres qui s'expliquent pour
des raisons de maladie ou peu importe, il peut arriver qu'une absence se
répète et je ne voudrais pas que le directeur avise constamment
par écrit les parents pour redire la même chose qu'il
connaît. Mais, parce que l'article le contraint de le faire, il me semble
que cela ne serait pas tellement valable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je me pose des questions sur la valeur
opérationnelle de cette proposition qui nous est faite, en cas
d'absences répétées d'un élève.
M. Gendron: En cas d'absences répétées non
motivées.
Mme Blackburn: En cas d'absences répétées
pour maladie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On garde
"répétées" et on ajoute "non motivées".
M. Gendron: C'est cela. Ce que je suggérerais, c'est tout
simplement d'ajouter "non motivées", mais de garder
"répétées". Pourquoi est-ce que j'y tiens? Je me rappelle,
à un moment donné, pour avoir enseigné douze ans, que
certains élèves avaient des absences
répétées à des moments fixes et je savais pourquoi.
Par contre, elles étaient toujours motivées. Là, si je lis
cela tel quel et que je suis assujetti un jour à la loi 107 comme
professeur et que c'est marqué "en cas d'absences
répétées d'un élève", même si je sais
pourquoi, les parents et le directeur d'école pourront toujours me dire:
Vous ne vous êtes pas acquitté de l'obligation qui vous est faite
de le signaler par écrit aux parents chaque fois. Je ne veux pas qu'on
instaure une procédure aussi compliquée pour les cas où on
sait pourquoi cela se passe comme cela.
M., Ryan: On pourrait peut-être demander l'opinion, on a
plusieurs anciens enseignants dans la commission parlementaire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Libre à
vous de demander la parole s'il y a des gens...
M. Ryan:... du côté ministériel.
M. Gendron: Oui. !ls ont droit de parole aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Ils ont droit
de parole. M. le député d'Arthabaska, je vous reconnais.
M. Gardner: M. le Président, je pense...
M. Gendron: Est-ce que c'est là-dessus, M. le
Président?
M. Gardner: Oui.
M. Gendron: D'accord, parce que j'ai un autre commentaire sur
l'article.
M. Gardner: Les absences non motivées peuvent être
motivées par l'enfant ou par les parents. J'ajouterais même "non
motivées par les parents". Vous voyez, j'en ajouterais, même.
Quand l'absence est motivée par l'enfant, assez souvent, le professeur
ou la direction se fait jouer. Les enfants sont très subtils, vous
savez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ils "motivent"
facilement.
M. Gardner: Ils se font très facilement jouer, oui. Alors,
je pense que, si on veut ajouter "non motivées", il faudrait que ce soit
"non motivées par les parents".
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon. M. le
ministre.
M. Gardner: Je pense qu'il est parfois nécessaire que ce
soit par écrit, parce qu'assez souvent on ne rejoint pas les parents par
téléphone. Je le sais. J'ai déjà été
chef de groupe et c'était un de mes travaux. Il fallait qu'on surveille
les absences des élèves. Si on ne rejoignait pas les parents, on
s'occupait d'envoyer une lettre et, parfois, on avait une
réponse. Même là, parfois on n'avait pas de
réponse. Je pense que l'idée de mettre "non motivées"...
Moi, j'ajouterais "par les parents". Je pense que ce serait important. Je ne
sais pas si mes collègues sont d'accord, mes anciens professeurs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Regardez, il est 18
heures. Votre intervention est faite.
M. Gardner: Ils vont pouvoir y penser avant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ils vont pouvoir y
penser durant le repas.
M. Gardner: On en reparlera.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous nous
retrouverons ici à 20 heures. Nous suspendons nos travaux.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous allons maintenant poursuivre l'étude,
article par article, du projet de loi 107.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous étions à
l'étude de l'article 15, et la parole était au
député d'Abitibi-Ouest. M. le député, vous avez la
parole. Il vous restait cinq minutes, qu'on me dit.
M. Gendron: Ah, ça ne prendra pas cinq minutes, M. le
Président. J'avais la parole pour dire que je souhaitais qu'en cas
d'absences répétées non motivées d'un
élève... Et là, le député d'Arthabaska avait
suggéré d'exiger que les parents soient dans le coup. Moi, je
prétends que, si on marquait tout simplement "en cas d'absences
répétées non motivées d'un élève", ce
serait suffisamment significatif pour éviter que les directeurs
d'école aient, à chaque fois, l'obligation prescrite d'aviser les
parents.
Je n'ai pas d'autres commentaires à faire, et on m'indique que le
ministre serait disposé à ajouter cet
élément-là, sans la référence aux parents.
En conséquence, je serais prêt à accepter l'article 15 dans
son premier alinéa, ainsi que son deuxième alinéa.
J'ai cependant un commentaire, sur mon même droit de parole, au
troisième alinéa. Si...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
vouiez prendre connaissance, M. le député d'Abitibi-Ouest, de
l'amendement déposé par le ministre, pour voir si ça va
réellement dans le sens de votre intervention, pour être bien
certain?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, on adoptera
l'article globalement après qu'on aura fini la discussion sur le
troisième alinéa. Je vous écoute.
M. Gendron: Sur le troisième alinéa, M. le
ministre, je voudrais attirer votre attention sur la référence
qui est mentionnée là: "Si, malgré l'avis prévu -
au deuxième alinéa - tel qu'on vient de le modifier -
l'élève ne fréquente pas assidûment l'écoie,
le directeur de l'école le signale au directeur de la protection de la
jeunesse. " J'avoue que j'aimerais avoir quelques explications, avant de faire
un commentaire. Qu'est-ce qui vous a amené - et je sais que c'est la
même chose qu'il y avait dans le projet de loi 107 - queiies sont vos
motivations pour retenir un tel article, et surtout de demander à un
directeur d'écoie de le signaler au directeur de la protection de la
jeunesse? Dans certains cas, à moins que je me trompe, si je fais
référence à ma région, il n'y a qu'un DPJ pour
toute l'Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre...
M. Gendron: Juste une seconde! Et, en ayant juste un DPJ pour
toute l'Abitibi-Témiscamingue, je vois mal Se directeur de
l'école primaire de Dupuy appeler le DPJ qui est à Vald'Or,
à quelques 200 milles, avec l'interurbain que ça comporte, avec
les listes d'attente très longues, selon les informations qu'on a prises
auprès des gens du département de la jeunesse, qui se plaignent
énormément, mais ils ne sont pas les seuls, de manquer de
ressources financières et de ressources humaines pour donner suite,
déjà, aux cas qui sont de leur responsabilité, à la
suite à la Loi sur la protection de la jeunesse. Alors j'ai beaucoup de
difficulté à comprendre, pas la mécanique, mais
l'efficacité de la mécanique et y voir la une
réalité objective qui permettrait de pallier aux
difficultés rencontrées pour les récalcitrants. Alors,
j'aimerais avoir des explications de votre part et, après, j'aurai un
autre commentaire à faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre que les deux premiers
alinéas, ça c'est clair, c'est...
M. Gendron: Cela ne fait plus de problème.
M. Ryan: Cela ne fait plus de problème, d'accord. Le
troisième cas, c'était vraiment une éventualité que
nous avons l'obligation de
prévoir. Si, malgré l'avis prévu au deuxième
alinéa, l'élève ne fréquente pas assidûment
l'école, il faut bien que quelqu'un s'en occupe. L'école n'est
pas organisée pour le suivre dans toutes ses allées et venues, ni
pour s'occuper de donner à la famille le soutien qu'il faut à ce
moment-là. Et l'instance qui est habilitée à le faire, de
par la loi, c'est le directeur de la protection de la jeunesse, et on met cette
instance-là comme Instance ultime. Il y a des recours
intermédiaires qui peuvent peut-être se produire. Peut-être
que le réseau des services sociaux d'une région peut fournir sa
part, mais le directeur de la protection de la jeunesse va
inévitablement être en contact avec ces services-là et
trouver l'agencement qu'il faut.
C'est vrai que le degré de disponibilité des services des
DPJ n'est pas le même dans chacune des régions. Dans certaines
régions cela fonctionne, ce système-ci fonctionne
déjà depuis des années. Mais il faut bien qu'on
prévoie une issue à une situation qui est grave, comme l'est une
situation du genre de celle qui est évoquée au troisième
alinéa.
M. Gendron: Mais, M. le ministre, dans la perspective où
le directeur de l'école ne le signalerait pas au directeur de la
protection de la jeunesse, est-ce à dire que le parent informé de
cette situation pourrait avoir un recours?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre?
M. Ryan: Je vais vous dire franchement, je ne peux pas
répondre à cela. Théoriquement je penserais que oui, mais
je ne vois pas en pratique comment un parent pourrait songer à envisager
un te) recours.
M. Gendron: Bien, tout simplement pour non-respect d'une
disposition prescrite dans une loi concernant les règles de
fonctionnement du système scolaire, et Incluant ce que J'appellerais une
faute concernant l'obligation de fréquentation. Et iI y a des parents
qui pourraient très bien dire: Écoutez, le directeur de
l'école de Dupuy ne l'a même pas signalé au directeur de !a
protection de la jeunesse, et prétendre qu'on donnait un droit. "Le
directeur de l'écoie le signale au directeur de la protection de la
jeunesse" doit être Incitatif. Cela ne doit pas être: Je verrai,
peut-être bien, cela dépend de... C'est ce que je veux savoir.
Est-ce que c'est une obligation?
M. Ryan: Je me dis que, si les parents sont
intéressés à ce que le cas de leur enfant soit
référé au DPJ, ils vont le faire eux-mêmes. Ils
n'attendront pas de passer par le directeur de l'école. Quand Ils vont
voir que leur enfant ne va pas l'école... En général, il
ne va pas se tenir chez eux, iI va circuler à gauche et à droite.
Il va rôder avec des amis et tout. Les parents vont vouloir savoir ce qui
en est. Ils vont prendre des moyens, eux aussi. Ils n'attendront pas que le
directeur ait posé tel geste. C'est parmi les responsabilités
qu'on envisage pour le directeur, que lui ne peut pas laisser cette situation
se perpétuer sans en Informer qui de droit. D'après notre
système public de services sociaux, le DPJ est une Instance tout
à fait indiquée, dans ce cas-là.
M. Gendron: M. le Président, cela répond aux
questions que j'ai posées, sauf que je ne prétends pas, selon les
avis que j'ai reçus, que le DPJ, dans; la plupart des régions,
pourra agir.
Seulement un dernier commentaire. J'ai dit tantôt: Je
prétends qu'il y a des parents qui peuvent être très
volontaires pour savoir ce qui se passe avec leurs jeunes qui ne
fréquentent pas l'école, mais je ne suis pas sûr qu'ils
seraient tous d'accord de recevoir un coup de téléphone du DPJ.
Je ne suis pas sûr qu'ils comprendront ce qui se passe si le directeur de
la protection de la jeunesse de Val-d'Or appelle un parent de Dupuy pour lui
dire: Le directeur d'école m'a avisé, même si vous avez
fréquemment pris les moyens par écrit, à la suite
d'absences non motivées de votre fils; on doit vous signaler qu'il n'est
encore pas à l'école. Cela peut être étonnant pour
bien des parents, ce que le DPJ d'une région aussi étendue, quand
il n'y en a qu'un, fait dans le portrait. Je suis loin d'être certain, M.
le ministre, qu'on contribue à simplifier ies instances scolaires.
M. Ryan: En pratique, dans une école, on est censé
recevoir des services d'infirmières, des services sociaux, de la part du
CLSC ou du centre de services sociaux. Cela va varier d'un endroit à
l'autre, mais cela s'en va de plus en plus vers le CLSC.
M. Gendron: Pour les écoles secondaires. M. Ryan:
Pardon?
M. Gendron: Pour les écoles secondaires, mais dans les
petites écoles primaires?
M. Ryan: Les services d'infirmières, il y en a qui vont
circuler dans les écoles primaires.
M. Gendron: II y en a.
M. Ryan: Je n'aurais pas d'objection à ce qu'on envisage
cela aussi, de référer au CLSC. Je ne veux pas qu'on donne
l'impression qu'on veut pelleter cela n'importe où. Cela n'exclut pas le
CLSC et le CSS qu'on mette le DPJ parce que, lui, comme vous dites, il est seul
dans la région. Son premier mouvement va être de
téléphoner au CLSC: Êtes-vous au courant de ce
cas-là? Eux vont dire: Inquiétez-vous pas, on s'en occupe.
Très bien. Mais il faut que quelqu'un ait la responsabilité
légale là.
Oui? Excusez, ce n'est pas mes affaires. M. Gendron: Non, j'ai
terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez
terminé. M. le député ds Taillon.
M. Filion: Oui. Dans le sens du débat, d'abord, il y a
l'emploi du mot "signale". Je pense que ce qui est visé - j'allais dire
par le législateur - par le rédacteur, ce sont des cas de
signalement au DPJ. Je pense que l'esprit, en tout cas, qui a
présidé, premièrement, à la rédaction est de
faire en sorte qu'il y ait un signalement qui soit fait au DPJ d'un état
de fait concernant un élève. Ceia ne veut pas
nécessairement dire que le DPJ va appeler les parents, à mon
sens; cela veut plutôt dire que le DPJ, normalement, ouvre un dossier et
fait une petite enquête. Cela peut être parce que l'enfant n'aime
pas le professeur cette année-là, auquel cas il n'ira pas plus
loin. Mais, si cela l'amène sur une piste où l'ensemble du
comportement de l'enfant justifierait la mise en branle d'un des processus
prévus par les lois protégeant notre jeunesse, là il
agirait. Donc, je vois cela comme un élément très positif
finalement, un élément d'information sans conséquence, une
obligation qu'on crée sans grande conséquence mais qui est du
type d'un signalement. C'est donc quand même relativement
sérieux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 15 tel qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté. Je
vous inviterais maintenant à un retour à l'article 12. Il y a un
petit clou qui me chatouille, je voudrais que ce soit bien clair. À
l'article 12, je vous ai lu tout à l'heure l'amendement qui avait
été proposé par la partie ministérielle. J'ai dit:
Est-ce que cela fonctionne? Vous avez dit: Oui. On l'a adopté. Mais,
quand l'amendement écrit est revenu, ce n'était pas exactement ce
que je vous ai lu et je veux vous en informer, il n'y a pas un grand
changement. C'est à l'article 4, cela se lit comme: "reçoit
à la maison un enseignement et y vit une expérience
éducative qui, d'après une évaluation faite par la
commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce
qui est dispensé. " Jusque-là, c'est exactement ce que je vous al
lu. Il a été rajouté "ou vécu à
l'école". Voyez-vous quelque chose? Si vous n'y voyez rien, on va passer
immédiatement à l'article suivant.
M. Gendron: C'est-à-dire si on y voit quelque chose? On
voit quelque chose d'ajouté, mais en soi je trouve que cela va dans le
sens de la première disposition. Si on veut faire une évaluation
par rapport à ce qu'il vit chez lui, il faut le comparer à ce
qu'il vivrait à l'école s'il y allait et, en conséquence,
je trouve que c'est un ajout de concordance plus clair mais qui ne cause pas de
problème.
Droits de l'enseignant
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, l'article a
été adopté tel qu'amendé. J'appelle l'articie 16
qui, iui aussi, est amendé. Alors, je lis l'article 16 amendé.
Remplacer, dans le premier alinéa, le mot "régir" par le mot
"diriger". Cela se lirait comme suit: "Dans le cadre du projet éducatif
de l'écoie et des dispositions de la présente loi, l'enseignant a
le droit de diriger la conduite de chaque groupe d'éièves qui lui
est confié. "
Dans le deuxième alinéa, remplacer, dans le paragraphe
1°, les mots "et pour chaque élève qui lui sont
confiés" par les mots "ou pour chaque élève qui lui est
confié". Alors, cela se lirait comme suit: "de prendre les
modalités d'intervention pédagogique qui correspondent aux
besoins et aux objectifs fixés pour chaque groupe ou pour chaque
élève qui iui est confié".
Au deuxième paragraphe, "de choisir les instruments
d'évaluation des élèves qui lui sont confiés afin
de mesurer et d'évaiuer constamment et périodiquement ies besoins
et l'atteinte des objectifs par rapport à chacun des
élèves qui lui sont confiés en se basant sur ies
progrès réalisés. " M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Dans le premier alinéa, nous remplaçons le
mot "régir" par le mot "diriger" parce que "diriger" est moins
impérieux que "régir". Cela enlève tout le concept de
"régalité" qui ne convient pas à notre tâche
démocratique. Tandis que "diriger", il faut toujours que cela se fasse,
même dans les démocraties, ainsi qu'on l'a vu hier.
L'autre modification, une modification purement grammaticale, on met le
singulier à la place du pluriel, je pense que cela saute aux yeux.
Même chose pour le paragraphe 2°. M. le Président, mes
remarques prennent fin à ce stade-ci. Je pense qu'on en est resté
substantiellement à la version originelle, sauf ces deux modifications
de forme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest, avez-vous des
commentaires?
M. Gendron: Oui. Ce n'est pas tellement sur l'explication. Je
pense que c'est clair. C'est plus sur l'orientation générale. Il
faut "contexter" cette nouvelle section que nous débutons. Autant il
était logique et requis de déterminer une section droits des
élèves, autant je pense qu'il est logique d'envisager une section
droits des enseignants. Je pense que ies enseignants, dans les actes
pédagogiques qui doivent être posés au niveau des
clientèles, sont des personnes hautement considérées dans
notre système, en tous les
cas qui devraient l'être. Ce que je remarque, et ma
première question sera la suivante plutôt que de faire toute de
suite certains commentaires: Pourquoi le ministre s'est-il arrêté
sur ces deux droits-là, parce que je pourrais en citer une dizaine
d'autres, et dire pourquoi les huit autres ne sont pas et ces deux-là y
sont? En termes clairs, "dans le cadre du projet éducatif de
l'école et des dispositions de la présente loi, l'enseignant a le
droit de diriger la conduite de chaque groupe d'élèves qui lui
est confié", et on définit un petit peu plus
précisément ces deux droits.
Premièrement, "prendre les modalités d'intervention
pédagogique qui correspondent aux besoins et aux objectifs fixés
pour chaque groupe ou chaque élève et choisir les instruments
d'évaluation". Je pourrais dire "le droit d'enrichir ies objectifs des
programmes approuvés et d'en adapter les contenus indicatifs"; cela
était dans la loi 3, ça n'y est plus. Le droit, par exemple, de
choisir le matériel didactique, c'était un droit défini
très clairement. Je lis l'article 34. "Dans le cadre du projet
éducatif de l'école et des dispositions de la présente loi
qui la régissent, chaque enseignant a le droit de choisir ses
modalités d'intervention pédagogique; de choisir le
matériel didactique qui convient aux services éducatifs qu'il
dispense. " Là, on ne parle plus de cela. On n'en parle plus du tout, il
me semble que c'est une fonction capitale, mais avant de commenter, comme je
l'ai dit tantôt, M. le Président, je préférerais que
le ministre nous explique un peu plus, un peu moins !e changement de
"régir" par "dirige", parce que je couche avec ça sans
problème et sans aucune crainte de quoi que ce soit. Mais ce n'est pas
la même chose sur l'orientation ou la philosophie qui l'a animé
pour dire: Écoutez, je pense qu'il y a deux droits précis qui
doivent être retenus comme premier article concernant les droits des
enseignants, et d'autres choses. J'ai cité ces deux exemples-là,
mais le veux juste vous dire, M. le ministre, que sur cet article je pense que
c'est au-delà de 27 groupes qui s'étaient exprimés pour
prétendre que cela n'était pas clair, qu'il y avait lieu de
donner des précisions. On s'interroge à savoir si ce droit de
l'enseignant est limité par les politiques ou les projets
éducatifs et ainsi de suite. Pour l'instant, je ne veux pas aller plus
loin. Je veux juste que vous soyez un peu plus volubile sur ies motifs sur
lesquels vous vous êtes appuyé pour prétendre qu'il
s'agissait là d'une rétention exhaustive, significative et assez
Importante pour dire: On passe à l'article suivant.
M. Ryan: D'abord, je voudrais préciser le but
généra! que poursuit le gouvernement en incluant dans le projet
de loi des dispositions concernant les droits et les devoirs des enseignants.
Lorsque nous avons rédigé le projet de loi, nous avions
examiné la législation en vigueur dans d'autres provinces
canadiennes et dans d'autres États américains. Nous avons
constaté que, dans un grand nombre de lois fondamentales traitant de
l'instruction publique, on accordait une place importante aux enseignants
surtout pour définir non seulement leurs droits, mais leurs obligations.
On a constaté que, dans notre loi sur l'instruction publique, il n'y
avait rien là-dessus. Dans !a loi 3, on traitait explicitement des
droits. On ne parlait pas des devoirs, sauf exception. On pariait de quelques
devoirs particuliers, si mes souvenirs sont exacts. On parlait d'un devoir
concernant la qualité de la langue, mais c'était parcimonieux.
Cela ne traitait pas des questions de fond tandis que dans le texte que nous
proposons - le député a raison de le mettre en regard des
articles suivants qui traitent des obligations de l'enseignant aussi - on a
essayé d'établir un équilibre entre les droits et les
devoirs de manière qu'on sache une fois pour toutes que, lorsqu'on parle
de droits, on parle en même temps de devoirs. On voulait que ce soit
clair. C'est le but fondamental que poursuit le gouvernement en traitant de ces
deux volets du rôle de l'enseignant dans !e système
d'enseignement.
Maintenant, dans ies deux dispositions - i! y a plusieurs autres droits
qui sont reconnus dans ies articles suivants - qu'on trouve dans l'article 16,
on donne, on reconnaît d'abord, parce qu'on ne lui donne pas, il l'a, on
reconnaît à l'enseignant le droit de prendre les modalités
d'intervention pédagogique qui correspondent aux besoins et aux
objectifs fixés pour chaque groupe ou pour chaque élève
qui lui est confié. Cela lui donne une marge d'initiative
considérable de prendre les modalités d'intervention
pédagogique. On reconnaît que la pédagogie ne peut
être dictée ni par une commission scolaire ni par le ministre de
l'Éducation, qu'il y a une science de la pédagogie qui s'apprend
dans des écoles de formation créées à cette fin et
que ça demande une mesure d'initiative créatrice dans
l'application qui relève de la personne même du professionnel ou
de la professionnelle. Alors, de prendre les modalités
d'intervention.
Deuxièmement, "de choisir les instruments d'évaluation des
élèves qui lui sont confiés afin de mesurer et
d'évaluer constamment et périodiquement", etc. Ceci n'exclut pas
la responsabilité qui peut incomber en propre à la commission
scolaire, en vertu d'autres articles du projet de loi, ou encore au ministre de
l'Éducation lui-même, en vertu des pouvoirs qui lui sont
attribués, de procéder à des actes d'évaluation.
Mais il y a une fonction d'évaluation qui revient en propre et en
priorité à l'enseignant dans sa classe. Il faut qu'il le fasse
tous les jours, de manière périodique, suivant la manière
dont il conçoit son rôle, suivant encore une fois les besoins des
groupes qui lui sont confiés, des élèves individuels dont
il a la charge, et suivant aussi les objectifs des programmes fixés pour
chaque degré d'étude. (20 h 30)
On ne va pas aussi loin que de lui donner le choix des manuels, parce
que le choix des manuels est attribué, dans le projet de loi, à
Sa direction de l'école, laquelle dort exercer ses
responsabilités à cet égard en conformité avec les
règlements et critères établis par la commission scolaire.
Il va de soi qu'on ne peut pas avoir autant d'acheteurs indépendants
qu'il y a de sujets décideurs dans le système d'enseignement. Il
faut bien un minimum de discipline, si on veut, par exemple, pour l'achat de
manuels, réaiiser des économies d'échelle, il peut
très bien arriver qu'une commission scolaire décide que son
volume de base pour l'année no 2 du programme de français au
primaire sera tel ouvrage. L'enseignant peut avoir sa préférence,
peut se servir d'un autre ouvrage pour s'aider dans son travail, mais on ne
peut accepter que chacun décide du manuel qui va être mis dans les
mains des élèves. On le met à !a direction de
l'école, c'est déjà pas mai, et elle devra tenir compte
des critères établis par la commission scolaire, il me semble que
c'est un régime qui a de l'allure, qui est pratique, qui évite
l'individualisme extrême et qui laisse une grande marge d'initiative
aussi à chacun.
Alors, c'est cela qu'est le but. Je pense que ces deux aspects dont nous
traitons embrassent un très grand nombre d'actions concrètes et
de responsabilités particulières. On l'a mis dans les termes les
plus généraux possible.
M. Gendron: M. le Président, quand le ministre nous dit
que ces deux seuls - appelons les comme ça actuellement - droits
embrassent passablement d'éléments, je reconnais ça, pour
avoir une quelconque expérience du métier et l'avoir
exercé pendant une dizaine d'années. Il est exact que, tels que
libellés, ça permet effectivement d'interpréter d'une
façon assez large les initiatives heureuses que je souhaiterais, moi,
voir prises à l'un ou l'autre des éléments
évoqués par les différents enseignants.
Au sujet du matériel didactique, je pense qu'il faut faire
attention. Moi, j'ai parlé du matériel didactique et le ministre
m'amène au choix des manuels. Je reconnais que, dans les instruments
pédagogiques utilisés, le choix des manuels ou l'usage de
certains manuels peut être décrit comme étant du
matériel didactique. Je reconnais cependant qu'il y a des
éléments ou des outils utilisés par les enseignants autres
que les manuels de base qui sont également nécessaires, utiles et
requis pour renseignement de certaines disciplines. Au niveau du choix du
matériel didactique, avant de décider si je fais un amendement ou
non, est-ce que le ministre pourrait répondre à la question
suivante? Au deuxième paragraphe, quand vous dites que l'enseignant a
notamment le droit de choisir les instruments d'évaluation des
élèves et d'évaluer constamment et périodiquement
les besoins et l'atteinte des objectifs par rapport à chacun des
élèves qui lui sont confiés en se basant sur les
progrès réalisés, est-ce que vous croyez qu'on pourrait
étirer l'élastique jusqu'à prétendre que, moi, pour
faire une bonne évaluation et mesurer l'atteinte des objectifs par
rapport à chacun des élèves qu'on me confie, je dois me
doter de bons instruments d'évaluation, avoir les outils
appropriés pour atteindre les objectifs qu'on me donne ou que je me
donne comme enseignant dans une classe? Un des objectifs pour arriver aux fins
de l'évaluation des apprentissages, ce serait d'utiliser tel et tel
instrument didactique. Dans les instruments didactiques, il y a
également des éléments de matériel. Est-ce que le
ministre peut répondre à cette question en disant: Oui, c'est
comme cela que, comme législateur, je donne une extension au
deuxième paragraphe ou même au premier, prendre les
modalités d'intervention pédagogique qui correspondent aux
besoins et aux objectifs fixés pour chaque groupe? Je serais prêt
à m'obstiner correctement avec mon directeur pour dire: Moi, cela me
prend tel et tel matériel didactique pour atteindre, d'une part, mes
objectifs et, deuxièmement, j'inclus cela dans les modalités
d'intervention pédagogique que je souhaite utiliser et, en
conséquence, je requiers tel et tel matériel didactique. A ce
moment-là, est-ce que je suis dans mes droits tels que prescrits
à l'article 16?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Là, il y a deux remarques. Dans un certain sens,
on pourrait répondre: Oui, c'est compris dans le premier alinéa.
Prendre les modalités d'intervention pédagogique, cela veut dire
aussi choisir le matériel didactique qui va avec cela. Je pense que cela
peut être compris. Évidemment, il y a toujours une condition. Il y
a des enseignants, des personnes, qui ont des goûts plus luxueux que
d'autres. Il y en a à qui cela prend un grand déploiement de
moyens qui vont coûter beaucoup d'argent, il y en a d'autres qui vont
faire des merveilles avec une feuille de papier et un crayon. On ne veut pas
ouvrir la porte ici à des conflits de dépenses et tout cela avec
les autorités de la commission scolaire. Comme c'est
présenté là, je pense que cela donne toute la marge
nécessaire à l'initiative. En même temps, l'enseignant peut
se faire rappeler par la direction de l'école que, dans le budget de
l'école, il n'y a pas de place pour telle chose ou que, dans les
ressources dont dispose la commission scolaire, il n'y a pas de place. Cela
arrivera. C'est pour cela qu'on ne peut pas le mettre de manière large
sans mettre certaines balises. Il me semble que les balises sont bien
indiquées ici et que, en même temps, la marge est laissée.
On ne peut pas tout mettre. I! me semble que, comme c'est formulé
là en tout cas, c'est mieux que si on voulait être trop
précis.
M. Gendron: Je reconnais qu'il y a des avantages à
certains égards, M. le Président, à
ne pas vouloir être trop précis parce que
l'inconvénient des précisions, c'est que ça balise, c'est
restreignant; par définition, toute précision est restreignante.
Mais, d'un autre côté, il ne faut pas oublier qu'on est au
chapitre des droits et, au chapitre des droits, il y a un autre
problème, si on veut que ce soit véritablement des droits
clairement connus.
Je vous donne un exemple, M. le ministre - encore là, J'aimerais
obtenir des précisions avant de décider si je dépose un
amendement ou pas - il y a beaucoup d'intervenants qui ont prétendu que,
sur ce qu'on appelle le droit à l'autonomie professionnelle, qui est un
droit très reconnu dans beaucoup d'autres professions, il y a un article
spécifique où on parle de l'autonomie professionnelle. Ici,
d'aucune façon, on ne fait mention, dans le chapitre des droits, de
reconnaître clairement le droit à l'autonomie professionnelle des
enseignants. Comme il y en a quelques-uns, y compris la Centrale de
l'enseignement, qui vous ont suggéré ça, je voudrais
savoir ce qu'ont été vos réserves, puisque vous devez
avoir eu des réserves majeures pour ne pas inclure le droit de
reconnaissance de l'autonomie professionnelle, puisque qu'on ne le voit pas.
Alors, J'aimerais vous entendre un peu là-dessus nous donner les raisons
pour lesquelles vous n'avez pas considéré cet aspect d'envisager,
toujours au chapitre des droits, une reconnaissance spécifiquement
définie de l'autonomie professionnelle des professeurs.
M. Ryan: Le principe de l'autonomie de l'enseignant est admis du
gouvernement; il était compris explicitement dans le document
d'orientation publié par le Parti libéral du Québec avant
l'élection. Nous ne l'avons pas abandonné et nous l'avons
respecté dans les conventions collectives que vous avons
négociées avec les enseignants. !i est exprimé, dans
l'article 16 Justement. Les trois volets principaux de l'autonomie
professionnelle de l'enseignant se trouvent énoncés ici; II y en
a d'autres qui sont énoncés complémentairement dans des
dispositions qui suivent.
Qu'est-ce qu'est l'autonomie de l'enseignant? C'est d'abord le droit de
diriger des groupes d'élèves qui lui sont confiés. Ce
n'est pas le directeur qui va diriger à sa place, c'est l'enseignant; ce
n'est ni la commission scolaire, ni le ministre. C'est un thème que je
n'ai cessé de rappeler depuis que j'exerce ies fonctions de ministre de
l'Éducation. Le ministre a beau être zélé, vigilant,
la commission scolaire a beau être efficace, économe, le travail
d'éducation se fait dans la classe par l'enseignant, et c'est lui qui
décidera de quelle façon il dirigera le groupe qui lui est
confié, et de quelle façon il établira sa relation avec
chacun des élèves qui font partie du groupe ou des groupes dont
il est responsable. Premier volet.
Deuxième volet, il prendra les modalités d'Intervention
pédagogique correspondantes à la situation, aux besoins de chacun
des groupes, aux objectifs particuliers qui peuvent avoir été
fixés pour un groupe ou l'autre. C'est évident que, si, par
exemple, on confie à un enseignant le soin d'une classe d'immersion
linguistique, de bain linguistique, il faut bien qu'il dirige son groupe en
fonction des objectifs qui ont été fixés, qu'il a
acceptés lui-même en assumant cette responsabilité. On le
dit clairement, on ne dit pas d'aller chercher sa dictée chez le
directeur de l'école, mais bien "de prendre les modalités
d'intervention pédagogique".
Ensuite, il choisira les instruments d'évaluation: quelle sorte
de devoirs il leur fera faire, quelle sorte d'exercices il leur proposera pour
vérifier le degré de cheminement qu'ils ont pu accomplir. Je
pense que tout ça, c'est de l'explicitation du principe d'autonomie.
Maintenant, le principe d'autonomie, l'énoncer à l'état
pur, ça ne donnera pas grand-chose, parce que c'est un principe dont je
dirais qu'il n'est pas univoque, il ne subira pas une seule
interprétation. Si je mets ces mots sur le papier, vous pouvez partir
avec une interprétation, moi avec une autre et une troisième
personne avec une autre et nous ne sommes pas plus avancés. On a
essayé de mettre des explicitations assez concrètes pour qu'on
puisse les reconnaître et assez claires en même temps pour que cela
ne donne pas naissance à des malentendus ou conflits qui pourraient
trouver leur solution sur la table d'un juge.
Et un des objectifs que je poursuis en légiférant, je n'ai
pas de préjugés contre les juges, il y a un de mes frères
qui est dans la magistrature, j'ai beaucoup de respect pour sa magistrature, et
justement un des reproches que la magistrature formule à l'endroit du
législateur c'est de lui avoir délégué trop de
choses, d'avoir rédigé ses lois depuis quelques années de
manière que la magistrature est obligée d'arbitrer un paquet de
situations concrètes pour lesquelles elle n'a, de toute évidence,
le plus souvent aucune compétence particulière. On veut mettre
cela le plus clair possible, il n'y a pas d'autre chose.
On y a bien pensé, on a cherché à Incorporer
d'autres dispositions. Il y en a une qui vient plus loin, je le mentionne
seulement pour information, en ce qui touche le choix des manuels, nous
donnons, à l'article 47, à la direction de l'école la
responsabilité de choisir le matériel scolaire
conformément aux critères établis par la commission
scolaire, mais nous avons pris soin d'ajouter, dans le projet de loi,
"après consultation des enseignants*. Alors, il est prévu ici que
l'enseignant devra intervenir. Il me semble que si tous les enseignants de
français d'une école disent: "Nous, c'est dans cette
ligne-là qu'il faut aller, on ne veut pas changer de manuel année
après année, on ne veut pas changer d'éditeur, on veut
s'en aller dans cette direction-là", cela va compter
évidemment.
Alors, c'est l'esprit que nous avons essayé de mettre là
dedans, en toute bonne foi.
M. Gendron: En conclusion, en ce qui me concerne, M. le
Président, pour ce qui est de l'article 16, les explications du ministre
me témoignent à ce chapitre - je parle de "article 16 et non pas
de l'ensemble - que le ministre a sûrement réfléchi
à l'extension possible d'autres pouvoirs et je reconnais qu'à
certains égards, comme je l'ai mentionné moi-même
tantôt, il y a plus d'avantages à ce que les principes
généraux soient bien campés, mais qu'ils conservent une
certaine soupiessse pour, indirectement, assurer ce que j'appelle un "non
défini". Et c'est dans ce sens que je voulais qu'il nous donnne un peu
sa réflexion.
En ce qui me concerne, en tout cas, je ne souhaiterais pas non plus
qu'on établisse clairement le droit à l'autonomie professionnelle
et qu'on ne soit pas plus avancés dans le "défini". Je pense que
la meilleure façon de l'exercer c'est en s'assurant que des enseignants
puissent avoir des droits généraux assez souples, qui leur
permettent de prendre la plus large autonomie professionnelle possible. C'est
ce que je souhaite et je pense que l'ensemble des enseignants et enseignantes
du Québec souhaite sûrement la même chose pour qu'on soit
tous convaincus, nous comme législateurs, que dans le fond c'est eux qui
ont à véhiculer des contenus de programmes, etc. C'est les
enseignants et les enseignantes dans la classe comme telle qui doivent avoir
l'entière responsabilité du groupe qu'on leur confie et de
l'enrichissement que ces jeunes doivent recevoir de par ces enseignants et
enseignantes. Alors, Je n'ai pas d'autres commentaires à faire sur
l'article 16 dans sa totalité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Taillon, désirez-vous intervenir? Aiors, est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Gendron: En ce qui me concerne, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 16 tel qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté. (20 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 17.
L'article 17 - aucun amendement n'est prévu dans le projet de loi
- se lit comme suit: "L'enseignant a le droit de refuser de dispenser
l'enseignement moral et religieux d'une confession pour motif de liberté
de conscience. "Il ne peut se voir imposer un congédiement, une
suspension ou toute autre mesure disciplinaire parce qu'il a exercé ce
droit. "
M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je vous dirai seulement, pour référence,
M. le Président, que le texte de l'article 17 est emprunté, mot
pour mot, de l'article 35 que l'on trouvait dans la loi 3.
Comme un bon législateur prend son bien où iI le
trouve...
M. Filion:... référence, M. le ministre.
M. Ryan: Il y avait quelques bons articles dans le projet de loi
3 que nous avons volontiers retenus. Ce qui témoigne de notre
impartialité.
M. Gendron: Quelle condescendance!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Un instant! M. Ryan: M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: À propos de l'article 18, j'aurais... M.
Filion: On n'est pas rendu là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On n'est pas rendu
là. On en est à l'article 17.
M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un article sans
amendement, ceia vaut la peine d'y apporter une attention particulière.
M. le député.
M. Gendron: Sur le fond, M. le Président, il n'y a rien
là, on ne fera pas une longue discussion. Sincèrement, M. le
ministre, je trouvais que cette phrase était tellement belle pour dire
la même chose. Je voulais savoir exactement les tenants et ies
aboutissants. Le deuxième alinéa serait beaucoup plus beau,
d'après certains, si on disait ceci, après avoir dit le premier,
bien sûr, tel qu'il est, en mettant un point, et on continuerait en
disant: On ne peut le congédier, le suspendre ou le sanctionner du fait
qu'il a exercé cette faculté. Plutôt que: "II ne peut se
voir imposer un congédiement, une suspension ou toute autre mesure
disciplinaire parce qu'il a exercé ce droit", il serait tellement plus
beau, paraît-il de dire: On ne peut le congédier, le suspendre ou
le sanctionner du fait qu'il a exercé cette faculté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
vous écoute sur la proposition d'esthétique du
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Et le tout provenant de l'Association des usagers de
la langue française. Vous comprenez que je ne pouvais pas être
insensible à cela.
M. Ryan: Quand on est dans des formulations du genre "du fait
que", déjà on n'est pas
dans un très bon français.
M. Gendron: II n'y a pas de "du fait" là-dedans.
M. Ryan: Je n'aurais pas toléré que vous disiez
cela, on ne peut le congédier du fait qu'il a... C'est ce que vous
disiez?
M. Gendron: C'est ce qu'ils disaient. On ne peut !e
congédier, le suspendre ou le sanctionner du fait qu'il a exercé
cette faculté....
M. Ryan: Je pense que "parce que" est du bien meilleur
français que "du fait que" à mon humble point de vue.
M. Filion: Le fond de l'amendement était, je pense...
M. Gendron: Moi, c'est adopté. M. Ryan: Un
très bon porte-parole.
M. Filion: Juste une seconde. L'idée de l'amendement,
quand on fait une loi, c'est de tenter d'employer une forme active au lieu
d'une forme passive. La formule suggérée par le
député d'Abitibi-Ouest est une forme active plutôt que la
forme passive qui est employée dans le projet de loi.
M. Ryan: "On" est un terme qu'on n'emploie pas dans des lois, en
général. Il commence sa phrase par "on": "On ne peut lui
imposer... " Ce n'est bon à rien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je pense qu'on a
l'assentiment du porte-parole de l'Opposition officielle. Est-ce que l'article
17 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 18, qui est amendé.
M. Ryan: À l'article 18, M. le Président, j'aurais
un avis à vous communiquer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
vous écoute.
M. Ryan: Nous avions inscrit un amendement, il n'est pas encore
à l'état de proposition, d'ailleurs c'est seulement une
indication que nous avions donnée à la commission, mais je
voudrais retirer cet amendement-là dont j'avais donné
communication pour proposer plutôt l'amendement suivant: Insérer
à la fin du deuxième alinéa les mots - est-ce que vous en
avez distribué des copies? Je pense que tout le monde a reçu une
copie de cette proposition d'amendement - "donné avant la date
prévue au premier alinéa". "... jusqu'à! ce que le
directeur de l'école reçoive un avis écrit à
l'effet contraire donné avant la date prévue au premier
alinéa. "
Je vais vous dire la raison. En fait, je n'aurais pas expliqué la
raison pour laquelle nous ne proposons pas l'amendement dont nous avions
donné une annonce, parce que nous ne le proposons pas, mais Je vais vous
donner l'explication quand même. C'est parce que des gens nous avaient
fait valoir qu'il faudrait que l'enseignant exerce ce droit en transmettant
dans les dix jours de son affectation pour l'année scolaire suivante un
avis écrit au directeur de l'école. Dans les dix jours de son
affectation, c'était dans les dix jours suivant son affectation, cela.
Alors, cela risque de provoquer une véritable tour de Babel. Si on
attend que les affectations aient été faites et qu'après
cela les enseignants puissent se prévaloir de cette possibilité,
cela va être toute une réorganisation du personnel et des
affectations qu'il faudra envisager et, par conséquent, nous maintenons
la nécessité que l'enseignant fasse parvenir au directeur de
l'école avant le 1er avril, en vue de l'année suivante, son
désir de se prévaloir du droit qui est garanti par l'article 17.
On aurait introduit un caphamaüm administratif et organisationnel que nous
voulons éviter.
Maintenant, je termine. Je donne juste l'explication de l'amendement que
je propose d'ajouter en disant: "Le refus de dispenser l'enseignement moral et
religieux d'une confession vaut jusqu'à ce que le directeur de
l'école reçoive un avis écrit à l'effet contraire
donné avant la date prévue au premier alinéa",
c'est-à-dire avant le 1er avril pour l'année suivante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je refais la
lecture complète...
M. Ryan: Cela simplifie les choses. Cela évite qu'on
s'embarque dans toute une série de...
Le Président (M. Parent, Sauvé):... de l'article 18
amendé. Dans le premier paragraphe, il est remplacé
complètement par l'amendement suivant: L'enseignant exerce ce droit en
transmettant dans les dix jours de son affectation pour l'année scolaire
suivante un avis écrit...
M. Gendron: Non, ce n'est pas cela.
M. Filion: C'est retiré, cela, M. le Président.
M. Ryan: II n'a pas été présenté.
M. Gendron: Cela n'existe plus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous le laissez
aller, celui-là.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, je
m'excuse.
M. Ryan: Et je propose un amendement dont j'ai donné
communication tantôt et c'est l'ajout de quelques mots à la fin du
deuxième alinéa.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. Les mots
"donné avant la date prévue au premier alinéa. " C'est
cela?
M. Ryan: Exactement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des commentaires?
M. Gendron: Oui, parce que je veux bien comprendre. Toutes les
modifications proposées sont biffées. On revient à
l'ancien texte de i'articie 107. On lit tel quel et à la fin - c'est
bien ça - on ajoute après "à l'effet contraire" - parce
que c'est cela la fin du deuxième alinéa - les mots...
Le Président (M. Parent, Sauvé): "donné
avant la date prévue au premier alinéa. "
M. Gendron: C'est cela. Juste une minute.
M. Ryan: Cela veut dire que chaque année il peut se
prévaloir de son droit. S'il l'a donné une année et qu'il
ne revienne pas à la charge, on présume qu'il accepte de donner
un enseignement religieux et moral d'une confession donnée. Est-ce que
cela va, ça, Michel?
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
M. Filion: De toute façon, j'ai un commentaire pendant que
le député d'Abitibi-Ouest fouille. Cela, c'est un droit qui est
contenu à la charte des droits. Même si le présent article
a pour but d'y imposer un encadrement en termes de délai et tout cela,
je suis à peu près convaincu que, évidemment vous le
savez, le droit qui est prévu à la charte pourrait s'exercer
même si un délai était pius ou moins respecté, etc.
Parce que c'est, encore une fois, un droit fondamental. On ne peut pas demander
à une personne d'enseigner une religion à laquelle elle ne croit
pas ou à laquelle elle ne souscrit pas ou à laquelle... Bref,
c'est bien d'avoir un encadrement pour des fins administratives, mais cela
restera bâti sur une assise juridique très mince, à mon
point de vue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abibiti-Ouest?
M. Gendron: Si mon collègue a fini. Pour ce qui est de la
charte des droits, que je connais en termes de principes
généraux, mon collègue est plus habilité que moi.
Mon problème, ce n'est pas cela. C'est que, c'est drôle, je
l'avais lu, d'abord, votre amendement, M. le ministre, et je trouvais que "dix
jours" cela avait une logique pour la raison suivante. On dit: L'enseignant qui
désire exercer ce droit en informe par écrit le directeur de
l'école avant le 1er avril pour l'année scolaire suivante. J'aime
bien les situations concrètes, j'apprends le 22 mai que, contrairement
à toute attente, on me demande, pour compléter mon horaire, de
donner deux cours d'enseignement moral. C'est comme cela que ça se passe
concrètement et je n'ai pas la conviction que je peux dire: Moi, je
n'enseigne pas d'enseignement moral... Non, d'accord, j'ai pris le mauvais
exemple, dans le sens que, par rapport à l'enseignement moral, ce n'est
pas la conviction religieuse.
C'est bien cela quand on dit que l'enseignement moral... Comment on
appelle cela?
M. Filion: L'enseignement religieux.
M. Gendron: C'est cela. Mais l'enseignement moral, ce n'est pas
l'enseignement religieux.
M. Gardner: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non.
L'enseignement moral, catholique ou protestant.
M. Gendron: C'est cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On dit
l'enseignement moral catholique pour les besoins de la cause.
M. Gendron: Je ne suis pas mêlé du tout. Dans
i'articie 1, on l'a vu un peu plus loin, il y a deux choix qui peuvent
s'exercer. Un instant...
Une voix: Vous l'écoutez trop.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Nous, on les garde loin.
M. Gendron: Je n'en ai pas 32. Sérieusement, c'est
l'article 6. il y a deux choses. Il y a l'enseignement moral et religieux,
catholique ou protestant, ou l'enseignement moral. Je vous ai parlé de
l'enseignement moral et c'est un mauvais exemple.
Je reviens à ce que je veux dire. J'apprends, au mois de mai, que
je dois dispenser deux cours de catéchèse ou d'enseignement moral
mais, cette fois-ci, religieux. Dans un cas comme cela, où j'ai
l'information ultérieurement aux délais prescrits de l'article
18, comment voulez-vous que j'informe le directeur avant le 1er avril pour
l'année scolaire subséquente, parce que je ne le savais pas au
moment où on m'a communiqué cette information?
J'ai l'impression que, dans un cas comme cela, ce serait plus les
prescriptions de la charte parce que le refus de dispenser l'enseignement
moral et religieux d'une confession vaut jusqu'à ce que le
directeur de l'école reçoive un avis écrit à
l'effet contraire. Il ne l'a pas reçu, cela signifie qu'on lui dit par
loi, à l'article 18, qu'il a le droit de m'obliger à
l'enseigner.
M. Ryan: M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre?
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord apporter une précision
à la suite de ce qu'a dit le député de Taillon,
tantôt. Je ne pense pas que !e lien entre la charte et ce que nous
faisons soit aussi évident qu'il l'a suggéré tantôt.
La charte reconnaît les libertés fondamentales de conscience et
d'expression. Il n'y a pas de disposition spéciale sur la liberté
de ''enseignant dans la charte, à ma connaissance.
M. Filion: On n'a jamais dit cela, non plus.
M. Ryan: Maintenant, faisons l'hypothèse d'une
école confessionnelle où l'enseignant est affecté à
sa demande. C'est lui qui a demandé d'être affecté dans une
école confessionnelle, dans une école d'une commission scolaire
qui n'aurait, par hypothèse, que des écoles confessionnelles. La
commission scolaire, si elle est confessionnelle, pourrait être
fondée d'exiger qu'il enseigne la religion. Autrement, on pourrait dire:
Tu n'as pas d'affaire là. Puis il y a des jugements de la Cour
suprême, vous le savez comme moi, qui sont assez sévères de
ce côté-là, il n'y a pas d'obligation d'enseigner dans une
école catholique ou protestante. Une fois que la personne décide
d'enseigner là, on peut bien lui imposer certaines contraintes qui
découlent logiquement du choix qu'elle a fait. Et nous, étant
donné la situation particulière que nous avons au Québec,
dans ce contexte historlco-institutionnel tout à fait spécial et
pratiquement unique au monde, nous jugeons nécessaire d'inclure des
garanties comme celle-ci, qui sont des dérivés logiques de la
charte des droits. Et c'est pour cela qu'il va mieux en le disant que sans le
dire.
Maintenant, la question du député d'Abitibi-Ouest, je n'ai
pas très bien saisi le sens de la question. Je ne sais pas s'il pourrait
me la rappeler brièvement. (21 heures)
M. Gendron: Très clair, brièvement. J'apprends le 2
mai, donc le 1er avril est passé, que je dois donner deux cours - et
là je vais le citer - d'enseignement moral ou d'enseignement religieux
d'une confession ou l'autre, cela n'a pas d'importance. Votre deuxième
paragraphe, tel que libellé, dit que j'ai le droit de refuser pour
autant que j'ai envoyé un avis. Si le directeur n'a pas reçu
d'avis, Je n'ai pas le droit de refuser cela. Je trouve que, tel que c'est
arrangé avec la disparition du délai de dix jours, ça pose
des problèmes parce que ce n'est pas vrai qu'à chaque 1er
avril...
Pour vous-même, M. le ministre de l'Éducation - vos
directeurs d'écoles vous le diraient -ça poserait tout un
problème de dire que systématiquement tous les professeurs qui ne
désireraient pas enseigner, pas plus l'enseignement moral que
l'enseignement religieux d'une confession ou de l'autre, avec une telle
disposition, ont juste à envoyer une lettre à tous les directeurs
avant le 1er avril. Cela veut dire qu'il se pourrait que, dans une
école, tous les profs vous envoient une lettre disant qu'ils ne veulent
pas faire d'enseignement moral - écoutez, ce n'est pas comme ça
que ça se passe dans les faits - et là vous allez avoir un
problème. Souvent, pour compléter un bloc horaire ou
compléter un horaire tout court, on me demande: M. Gendron, auriez
objection à donner deux cours d'enseignement moral? Je regarde cela et
parfois, pour compléter mon horaire, sincèrement, je n'ai pas
d'objection à donner des cours d'enseignement moral, comme d'autres
n'auront pas d'objection à donner des cours d'enseignement religieux
d'une confession ou l'autre, c'est-à-dire catholique ou protestant.
Avec un tel libellé, vous avez deux problèmes. Il se peut
que, dans une école il n'y ait personne qui veuille l'enseigner et, dans
une autre école, le directeur m'oblige à le faire parce qu'il
dit: Je n'ai pas reçu d'avis avant le 1er avril, même si je lui
dis: Écoutez, j'ai reçu mon affectation le 8 ou le 10 mai. Cela
arrive, M. le ministre, que nous recevons nos affectations
postérieurement au délai du 1er avril. L'avantage que je voyais
dans le premier article - et là je ne parle pas nécessairement de
l'ensemble - où on dit que "l'enseignant exerce ce droit en transmettant
dans les dix jours de son affectation... " c'est que cela est clair parce que
ça suppose qu'il l'a eue, qu'il a reçu son affectation. Je
reçois mon horaire et on m'indique que j'ai soit de l'enseignement moral
ou de l'enseignement religieux d'une confession ou l'autre à donner.
J'ai reçu mon affectation. Je ne veux pas. J'ai le droit de refuser. Je
trouve que c'est correct, la disposition qui vous anime de me permettre de
faire le choix. Vous me donnez un délai. Si je ne respectais pas le
délai après que j'ai pris connaissance de mon affectation, je
trouverais légitime de dire: Le directeur de l'école ne s'occupe
pas de ça, comme vous le disiez au deuxième paragraphe. Vous
dites au deuxième paragraphe que le directeur de l'école ne
s'occupe pas de ça dans la perspective où je suis hors
délai. C'est cela que ça veut dire. "Le refus de dispenser
l'enseignement moral et religieux d'une confession vaut jusqu'à ce que
le directeur de l'école reçoive un avis écrit à
l'effet contraire donné avant la date prévue au premier
alinéa. " Donc, avant le 1er avril et je ne le savais pas. C'est
sûr que je ne l'ai pas donné. Je suis convaincu que vous me
comprenez très bien et il y a ces deux problèmes qui sont
concrets.
M. Ryan: Mais il faut mesurer ça en comparaison avec les
problèmes qui pourraient découler du régime qui aurait
existé ou risqué d'exister si nous avions proposé
l'amendement envisagé. Il pourrait très bien arriver, une fois
que les affectations ont été données, que les enseignants
se donnent le mot pour dire: On écrit tous pour dire qu'on refuse cette
option. Là, vous avez tout un problème de réorganisation.
Il commence à être tard. Cela peut entraîner toutes sortes
de conséquences. Il nous semble que ces affectations ne tombent pas du
ciel; ça tombe dans un contexte concret. On le sait assez en
générai qu'il va y avoir des trous ici et là. Les
enseignants ont un syndicat qui ies prévient de leurs droits et de leurs
responsabilités. Ils ont tout le temps voulu pour envoyer cet avis
à temps.
Maintenant, en ce qui touche l'enseignement moral, ils ne peuvent pas
s'en dispenser. L'enseignement moral tout court, cela fait partie des
responsabilités qu'un enseignant doit être capable d'assumer. On
ne le dispense pas de la responsabilité de l'enseignement moral tout
court.
M. Gendron: Mais vous l'avez écrit.
M. Ryan: Ce n'est pas ça qui est écrit. C'est d'une
confession donnée.
M. Gendron: Non, on peut le lire: "Le refus de dispenser
l'enseignement moral et religieux...
M. Ryan: D'une confession.
M. Gendron:... d'une confession. " Vous avez raison, je m'excuse.
Cela va ensemble. "L'enseignement moral et religieux d'une confession",
ça veut dire que c'est catholique ou protestant, mais on ne parie pas de
l'enseignement moral traditionnel. Pas traditionnel, mais on se comprend. M. le
Président, le ministre me convainc toujours davantage qu'il y a bien
plus de dangers de le libeller tel quel. Je donne encore un exemple. Vous
dites: S'il y avait le délai de dix jours après l'affectation, le
danger serait qu'ils pourraient tous se lier et dire: Tout le monde ensemble,
on décide qu'on refuse de dispenser l'enseignement moral et religieux.
Prétendre que, dans une école, après avoir reçu
leur affectation, ils se diraient cela collectivement, ce n'est pas faire
confiance du tout aux professionnels et aux enseignants. Deuxièmement,
je n'ai jamais vu arriver cela. Vous dites: Cela arrive quelque part. Je
comprends que cela arrive quelque part, mais c'est après que c'est
dangereux, dans les retouches d'horaires où il y a beaucoup de
changements comparés à l'affectation que je reçois par
rapport aux gros blocs. Je n'ai pas de problème avec les gros blocs, les
blocs de cinq - peu importe, je ne veux pas entrer dans les détails -
sur six jours ou tout cela. Mais quand on me dit: Tu as cinq périodes de
mathématique, cinq de français, cinq de chimie ou de sciences, je
n'ai jamais eu de drame avec cela. Ce sont les compléments d'horaire sur
22, 23 périodes ou 21 ou 4 fois 5, 20. Oups! Il t'en manque deux, M.
Gendron. Alors, qu'est-ce que tu prends? Tu fais deux activités
étudiantes, tu fais deux périodes d'enseignement moral. Qu'est-ce
qu'on te donne pour compléter ton horaire? C'est cela qui se passe
concrètement dans les écoles. On me dit: Si tu n'as pas
avisé avant le 1er avril, le directeur peut l'obliger - c'est ce qu'il
faut lire - à donner deux périodes d'enseignement moral ou
religieux d'une confession donnée. Je prétends, encore là,
qu'on ne peut pas donner de la main droite et ignorer ce que la main gauche
fait. Je prétends que vous détruisez tout l'esprit de l'article
13 qui laissait voir qu'on avait le droit de refuser. Mais ià, tel que
libellé, il n'y a pas de délai entre la connaissance que je
prends de l'affectation qu'on me donne et le moment dont j'ai besoin pour
réagir. Si je ne marchais pas dans ces délais, M. le ministre, je
vous dirais: Vous avez raison: le principal d'école m'affectera et
complétera mon horaire tel que prévu. Mais là, ce n'est
pas ça. Même si je ne le sais pas... Là, le danger est bien
plus grand. Pour ne pas prendre de risques, si cela reste rédigé
comme cela, qu'est-ce que la plupart des professeurs qui ne veulent pas en
faire vont faire, M. le ministre, avant de recevoir leur affectation, d'une
façon automatique? Le syndicat va leur conseiller: Voulez-vous
écrire une petite lettre à votre directeur d'école, le ou
vers le 15 mars, disant: Je ne veux rien savoir d'aucun cours d'enseignement
moral et religieux. Et là, bonne chance, tout le monde! Je ne trouve pas
que ceia fait sérieux et Je ne peux pas contribuer à adopter un
article qui dirait cela parce que le danger que vous voulez éviter va
être bien plus grand si on le laisse comme ça.
Vous parliez tantôt de directives syndicales. Dans certains cas,
ceia pourra même arriver. Je ne nommerai pas de commissions scolaires. Je
ne nommerai pas de syndicats d'enseignants, surtout quand on sait que certains
véhiculaient d'une façon très très légitime
l'école complètement neutre, sans confession religieuse.
Pensez-vous que ce ne sera pas tentant de leur dire: Vous avez un moyen? Le 15
mars, vous écrivez tous votre lettre. Elle va être entrée
avant le 1er avril. Le directeur de l'école est pris. Il ne peut pas me
donner l'affectation. Il va rester des périodes d'enseignement moral et
religieux qui ne seront dispensées nulle part. Là, vous allez
être obligé d'aller en surplus. Vous allez être
obligé d'engager un professeur qui ne fera probablement qu'une affaire:
donner une série de deux périodes d'enseignement moral et
religieux, ce qui n'a pas un brin d'allure parce que c'est très
très exigeant d'avoir un horaire complet en enseignement moral ou en
enseignement religieux dans le contexte de 1988. Il faut savoir ce que sont des
jeunes. Il faut savoir comment cela se présente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. !e
ministre.
M. Ryan: M. le Président, le contexte qu'évoquaient
les remarques du député d'Abitibi-Ouest fait penser qu'il
songeait plus à ce qui se passe dans les écoles secondaires que
dans les écoles primaires.
M. Gendron: Vous avez raison, je songeais plus à cela.
M. Ryan: Dans les écoles primaires, je pense que le
problème est plus simple. Là, c'est mieux de le savoir d'avance
pour qu'on sache exactement où on s'en va. Au niveau secondaire, le
risque qui est évoqué par le député d'Abitibi-Ouest
est fort limité parce qu'on exige que ces matières soient
enseignées par des spécialistes.
M. Gendron: On a déjà vu des...
M. Ryan: Mais avec les nouveaux règlements des
comités confessionnels, il faut que ces matières soient
enseignées par des spécialistes qui auront des qualifications -
je m'excuse d'employer l'expression - universitaires. Par conséquent, on
ne pourra pas jouer avec cela. La seule manière d'avoir un risque de
jeu, ce serait le phénomène du "bumping" qui, dans
l'intérieur d'un même champ, pourrait reconnaître une
compétence à un enseignant, mais c'est assez limité. Je ne
crois pas que les risques soient grands. Encore une fois, moi, j'estime que,
pour les fins de l'organisation scolaire, on doit le savoir avant.
Ce que je serais prêt à examiner, c'est s'il y a une
possibilité d'assouplissement qu'on pourrait ajouter pour la
période qui suit. Je n'enlèverais pas cette
échéance. Franchement, je pense que la personne doit être
assez mature - c'est son travail professionnel - pour Indiquer avant les
affectations: Moi, je vous avertis, pour des raisons de conscience, je ne veux
pas être chargée d'un enseignement moral et religieux d'une
confession donnée. Il me semble que, si elle n'est pas capable de faire
ça, franchement... En tout cas, ça se fait couramment aujourd'hui
et moins fréquemment qu'on ne pouvait le penser, il y a dix ans, par
exemple; c'est établi dans les moeurs et bien établi. I! ne
faudrait pas qu'on vienne changer tout ça seulement sous prétexte
de prévenir des difficultés qui actuellement ne se
présentent pas.
M. Gendron: M. le Président, le ministre est grave des
fois, trop souvent à mon goût. Écoutez, ce dont je vous
parle, d'abord, c'est une réalité; j'aurais juste à faire
un téléphone. Dans l'école secondaire, que je connais et
où mon épouse enseigne, il y a 1600 élèves et il
n'y a que deux spécialistes de l'enseignement religieux. Est-ce clair?
il n'y an a que deux et le cours d'enseignement religieux, d'une confession ou
de l'autre, est obligatoire. Le cours d'enseignement religieux, d'une
confession ou de l'autre, est obligatoire pour tous les élèves du
secondaire, vous le savez, lis ont droit à l'exemption, mais je veux
dire...
M. Ryan: S'il n'y a pas de protestants dans une école, le
cours protestant n'est pas obligatoire.
M. Gendron: Non, !! n'y a pas de protestants. Mais le cours est
obligatoire, à moins d'avoir...
M. Ryan: II y en a très peu.
M. Gendron:... l'exemption pour l'enseignement moral, ce qui est
une nuance parce que, pour toutes sortes de raisons, Ses profs ne sont pas -
puis, je ne les blâme pas - aussi bien formés parce que ce
n'était pas dans la tradition. Il y en a deux, M. le ministre! Dans
l'école que je vous nomme, il y en a deux spécialistes pour 1600
élèves; c'est la réalité. Alors, ça signifie
qu'il y a un paquet de profs qui font l'enseignement religieux de confession
catholique, premièrement, puis qui n'ont pas du tout de formation pour
ça.
Deuxièmement, je suis un peu étonné que le ministre
maintienne toujours son libellé. Je fais juste un petit aparté.
Ce n'est même pas à la bonne place. "L'enseignant qui
désire exercer ce droit en informe par écrit Se directeur de
l'école avant le 1er avril?" Cela va être qui? Dans 80 % des cas,
je ne le connais pas, moi, au secondaire, mon directeur d'école. Je
connais ma commission scolaire. La logique, M. le ministre, ce serait bien plus
d'aviser la commission scolaire par écrit, pour que la commission
scolaire sache que François Gendron, à titre d'exemple, ne veut
pas faire d'enseignement religieux. Là, au moins, on est clans le
réel et c'est logique. Chez nous, à peu près tous les
étés, la commission scolaire fait son remue-ménage des
directeurs d'écoles, parce qu'à un moment donné elle
trouve qu'ils n'ont pas assez roulé, que la rotation ne s'est pas
exercée. Elle exerce une certaine rotation à la suite d'un
départ - puis, ça c'est concret, là - et souvent ce n'est
qu'au milieu d'août qu'on apprend que le directeur de la Cité
étudiante Polyno sera M. Untel. Alors, quand même je l'aurais
avisé le 1er avril, moi, je trouve que ce n'est pas le bon personnage
à aviser. C'est bien plus ma commission scolaire. Si je disais à
ma commission scolaire que je ne veux pas faire l'enseignement, au moins
ça serait au bon endroit. Ça, c'est mineur, là.
Mon objection de fond porte beaucoup plus sur le fait qu'il me semble
que vous y gagneriez, surtout au secondaire, en disant: Dès que le
professeur concerné reçoit son affectation, il a un certain
nombre de jours pour faire connaître par écrit - et là, si
vous aimez mieux le directeur, moi, je trouve que ce n'est pas pratique;
j'aimerais mieux la commission, mais je n'en fais pas un drame - son
opposition au fait qu'il veuille donner renseignement religieux ou morai.
M. Ryan: M. le Président, par esprit de composition, je
suis prêt à demander une suspension de cinq minutes pour consulter
mes collaborateurs. Sur le directeur, non, on ne perdra pas de temps avec
ça; le gouvernement précédant l'avait imposé dans
une loi: c'était le directeur. Franchement! Puis, s'ii est parti, il va
laisser ses dossiers à l'autre; le gars va avoir les dossiers là
quand il va arriver. Je pense qu'il faut qu'il le sache avant qu'on s'engage
dans la préparation de l'année suivante. En tout cas, vous avez
dit que c'était un point mineur, fort heureusement.
M. Gendron: Oui, mineur.
M. Ryan: Pour le reste, je vais consulter mes collègues.
Cela va prendre cinq minutes et on va arriver avec une conclusion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On va
suspendra
(Suspension de la séance à 21 h 15)
(Reprise à 21 h 22)
La Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
à votre suggestion, nous avons suspendu. Nous vous écoutons.
M. Ryan: II y a peut-être une autre formule qu'on pourrait
envisager, qui établirait une souplesse plus grande et qui irait dans le
sens de la décentralisation que poursuit le projet de loi. Ha, ha,
ha!
M. Gendron: II est rapide. il y a encore... M. Ryan: Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous avez toujours la parole. Nous vous écoutons religieusement.
M. Ryan: Je sais que l'Opposition craint qu'on abuse dans cette
direction-là, mais ne soyez pas inquiets, on est vigilants. On pourrait
envisager une formulation comme ceiie-ci du côté gouvernemental:
L'enseignant qui désire exercer ce droit en informe par écrit le
directeur de l'école, suivant les modalités établies par
la commission scolaire. On ne s'embarquerait pas dans des histoires de dates et
tout cela. On les laisserait déterminer cela entre eux, au niveau de la
commission scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Gendron: Un instant, je réfléchis.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On n'est pas
pressé. Prenez le temps qu'il vous faut.
M. Ryan: Cela fait partie de ses responsabilités
d'employeur. Elle applique la loi et elle déterminera cela. Franchement,
s! on n'est pas capable de lui fairs confiance pour cala! C'est iè qu'on
va voir si l'Opposition a foi au pouvoir des commissions scolaires.
Une voix: C'est cela.
M. Ryan: C'est un test décisif.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: C'est sûrement une disposition qui
m'agrée davantage parce qu'elle respecte un peu plus, d'abord, le
concret, le factuel, comment cela peut se passer au niveau de chacune des
commissions scolaires, il est toujours plus facile pour un enseignant qui
prétendrait que les règles que la commission scolaire a
établies ne sont pas conformes à la pratique courante de plaider
sa cause auprès de la commission scolaire avec laquelle si a un lien
d'emploi. Là, je trouve que les règles syndicales pourraient
jouer davantage parce que, règle générale, toutes ces
choses sont prescrites at définies dans Ses mécanismes de la
convention collective en termes de règles d'affectation. J'aime mieux
cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela vous
plaît?
M. Gendron Oui. Si on veut nous répéter une fois Se
texte exact pour qu'on le prenne en note.
M. Filion: Ce serait bon que vous l'ayez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, mais ce n'est
pas un amendement; il n'est pas encore déposé. C'est une
suggestion du ministre. Alors, on va lui demander de mettre cela par
écrit.
M. Ryan: Vous le recevrez dans un instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On va vous
communiquer cela.
M. Gardner: il faudrait préciser, M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous voulez la
parole, M. le député d'Arthabaska?
M. Gardner: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous l'accorde,
M. le député.
M. Gardner: Merci, vous êtes bien gentil. Je crois que,
lors du petit caucus, nous avons bien dit qu'il fallait préciser que ce
soit un motif de conscience. Il faudrait qu'il y ait vraiment un motif
important pour qu'on prenne ce...
M. Filion: Je suis désolé, c'est jugé! M.
Gardner: Mais il faut...
M. Filion: C'est déjà jugé dans l'article
précédent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît? Je causais avec notre conseiller juridique.
M. Gardner: J'ai dit que, pour utiliser ce droit-là, on a
dit qu'il fallait absolument que ce soit un motif vraiment important, un motif
de conscience. Vous ne l'avez pas...
M. Ryan: Oui, c'est écrit.
M. Gardner: Vous ne l'avez pas...
M. Ryan: Non, ça, c'est donné à l'article
précédent. C'est établi clairement que c'est pour motif de
liberté de conscience.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas
l'amendement, ça, M. le ministre?
M. Ryan: Oui. Maintenant, j'aurais juste une modification
à examiner avec vous, à l'état d'exploration. J'ai dit
tantôt: Suivant les modalités établies par la commission
scolaire. Je me demande s'il ne serait pas préférable de dire:
Dans les délais établis par la commission scolaire. Parce que, si
on écrit "suivant les modalités", ça ne sera pas
nécessairement interprété par la commission scolaire comme
embrassant les délais. Cela ne me fait rien; un ou l'autre, ça ne
m'empêchera pas de fonctionner, mais je vous pose juste la question. On
m'a fait part de ce scrupule.
M. Gendron: C'est un scrupule de bon aloi.
M. Ryan: La formule de compromis serait "dans les délais
et suivant les modalités".
M. Filion: C'est ça.
M. Gendron: Non, mais je trouve que c'est un scrupule de bon
aloi.
Une voix: On allonge la loi!
M. Ryan: Dans les délais et suivant les modalités
établis par la commission.
M. Gendron: Par contre, M. le ministre, vous maintenez le
deuxième paragraphe?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Le deuxième alinéa, pardon!
M. Ryan: On le laisserait tel quel, le deuxième
paragraphe. !l serait là tel quel et ce serait bon.
M Gendron: C'est ça. Mais sans amendement?
M. Ryan: Sans amendement.
M. Gendron: C'est-à-dire que le deuxième
alinéa n'aurait plus d'amendement; il resterait tel quel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ca deviendrait un
ajout.
M. Ryan: Y aurait-il moyen que vous réécriviez
ça au propre pour qu'il n'y ait pas de confusion?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais demander
au ministre de vous relire ça.
M. Gendron: Ah, vous faites bien!
M. Ryan: Remplacer, dans la deuxième ligne du premier
alinéa, les mots "avant le 1er avril pour l'année scolaire
suivante" par les mots "dans les délais et suivant les modalités
établis par la commission scolaire".
Le Président (M. Parent, Sauvé): Êtes-vous
d'accord avec ça?
M. Gendron: Ça va, sauf que c'est la troisième
plutôt que la deuxième ligne, mais ce n'est pas grave.
Mme Dougherty: Le deuxième paragraphe reste comme tel.
M. Ryan: Oui, c'est entendu. Cela n'a jamais été
proposé. Cela n'a jamais été proposé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Alors, est-ce que l'article 18, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 18, tel
qu'amendé, est adopté. Je vous ferai remarquer que, si ça
va bien, on pourrait peut-être se rendre à l'article
20. Nous abordons
l'article 19.
Obligations de renseignant
L'article 19, qui comporte des modifications, devrait se !ire comme
suit: "11 est du devoir de l'enseignant: "1° de contribuer à la
formation intellectuelle et au développement intégral de la
personnalité de chaque élève qui lui est confié;
"2° de collaborer à développer chez chaque
élève qui lui est confié le goût d'apprendre;
"3° de prendre les moyens appropriés pour contribuer à
développer chez ses élèves le respect des droits de !a
personne; "4° d'agir d'une manière juste et impartiale dans toutes
ses relations avec chacun de ses élèves; "5° de prendre le
mesures nécessaires pour promouvoir la qualité de la langue
écrite et pariée; "6° de prendre des mesures
appropriées qui lui permettent d'atteindre et de conserver un haut
degré de compétence professionnelle; "7° de respecter le
projet éducatif de l'école et les autres dispositions qui la
régissent. "
Est-ce que, M. le ministre, vous jugez bon de donner des explications
à l'article 19 ou si on l'adopte immédiatement? M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Ainsi que j'ai eu l'occasion de le mentionner plus
tôt, nous avons fait un examen attentif des dispositions que l'on trouve
dans !es lois sur l'instruction publique d'autres provinces canadiennes et
même de certains États américains. Nous avons
constaté que, dans la plupart de ces lois, on trouve des dispositions
traitant des devoirs des enseignants.
L'enseignant est le titulaire d'une fonction publique éminemment
priviligiée dans notre société. C'est l'une des fonctions
publiques les plus importantes qui soient, parce que le titulaire contribue
directement à la diffusion des connaissances et des valeurs
fondamentales qui contribuent à façonner le tissu même de
la société, il est normal, devant la gravité de la
tâche impartie à l'enseignant, qu'en même temps qu'on
reconnaît les droits inhérents à l'exercice de ses hautes
fonctions on établisse aussi dans les textes législatifs
eux-mêmes les responsabilités qui doivent accompagner ces droits
et qui traduisent, si elles sont bien présentées, les attentes de
la communauté.
Dans le texte que nous proposons, vous remarquerez que nous
définissions comme suit les responsabilités majeures de
l'enseignant: il doit, d'abord, contribuer... Dans une première version,
je vous signalerai que nous avions peut-être écrit "d'assurer la
formation intellectuelle". Assurer, cela va très loin, parce cela le
rendrait comptable, même devant les tribunaux, éventuellement,
d'une tâche qui ne saurait incomber exclusive- ment à
l'enseignant. Nous mettons "de contribuer à la formation intellectuelle
et au développement intégral de la personnalité de chaque
élève qui lui est confié". Nous voulons affirmer ici deux
choses. D'abord, la primauté de la fonction de développement
intellectuel, qui incombe à l'école et aux enseignants;
deuxièmement, la dimension de développement intégrai de la
personnalité de l'enfant. L'école n'est pas simplement une
boîte à connaissances. C'est un lieu où doit se faire la
formation de la personne.
Deuxièmement, "de collaborer à développer chez
chaque élève qui lui est confié le goût
d'apprendre". Il ne s'agit pas uniquement de développer des
connaissances et des habitudes d'écriture, de lecture ou de calcul, mais
on veut que soit développé aussi le goût d'apprendre,
c'est-à-dire i'amour de la vie de l'esprit, qui est une des formes ies
plus élevées de la vie civilisée.
Troisièmement, "de prendre les moyens appropriés pour
contribuer à développer chez ses élèves le respect
des droits de la personne". Cette disposition se passe de commentaires.
L'école doit être un iieu d'apprentissage des droits et
libertés fondamentaux. Je signale à cet égard que le
ministère de l'Éducation collabore volontiers avec la Commission
des droits de la personne pour le développement d'un travail
d'éducation aux droits dans les écoles.
Quatrièmement, "d'agir d'une manière juste et impartiale
dans toutes ses relations avec chacun de ses élèves". Je serais
prêt à laisser tomber le mot "toutes" ici. Je le trouve un petit
peu englobant, je pense bien qu'il n'y a personne qui est juste à 100 %.
Plutôt que de mettre "toutes* dans le texte de la loi, franchement, si
l'Opposition n'a pas d'objection, je laisserais tomber ce mot-là pour
dire "dans ses relations".
M. Gendron: Juste une seconde. Où êtes-vous?
M. Ryan: À l'alinéa 4, "d'agir d'une manière
juste et impartiale dans ses relations avec ses élèves". On ne
veut pas que ce soit des choses qui prêtent à une
interprétation littérale. Ce sont de grandes
responsabilités morales et professionnelles que nous définissons,
il ne faut pas travailler dans le sens de la rigidité ici, mais dans le
sens de la profondeur.
Cinquièmement, "de prendre les mesures nécessaires pour
promouvoir la qualité de la langue écrite et parlée". Je
pense que nous sommes tous d'accord là-dessus, c'est un article dont la
substance se retrouvait, d'ailleurs, dans la loi 3.
Sixièmement, "de prendre des mesures appropriées qui fui
permettent d'atteindre et de conserver un haut degré de
compétence professionnelle". Le devoir de perfectionnement professionnel
est inscrit clairement dans la loi. Je pense que nous conviendrons tous de
l'oppor-
tunité d'une disposition comme celle-ci. Finalement, "de
respecter le projet éducatif de l'école et les autres
dispositions qui la régissent". Le projet éducatif de
l'école doit être respecté des enseignants. Cela va de soi.
On ne leur demande pas d'adhérer nécessairement à chacune
des facettes du projet éducatif. Il peut arriver que dans une
école on mette l'accent sur !e développement de la culture
physique, par exemple, qu'on dise: Cette année l'accent sera sur le
développement physique de la personne. Il peut arriver que certains
enseignants soient moins intéressés à cela. On ne leur
demande pas nécessairement de s'embarquer dans tous les exercices
physiques qui pourront être proposés, mais il faut qu'ils
respectent ce projet. On leur demande cela. C'est un minimum
élémentaire. Les autres dispositions qui régissent
l'école sont toutes des dispositions législatives,
réglementaires ou conventuelles qui traitent de l'écoie. Ce n'est
pas nécessairement une liste exhaustive. Je vous donne seulement un
exemple de dispositions que j'aurais personnellement souhaité trouver
dans cette liste, mais que nous n'avons peut-être pas eu la force
d'inclure. Si l'Opposition voulait nous le demander, j'y consentirais
volontiers, mais je n'en fais pas l'objet d'un amendement.
Dans la loi que la Législature de l'Alberta a adoptée il y
a quelques mois sur l'éducation publique dans cette province, on trouve
la disposition suivante: "A teacher, while providing instruction or
supervision, must - à f - maintain, under the direction of the
principle, order and discipline among the students while they are in the school
or on the schoolgrounds and while they are attending or participating in
activities sponsored or approved by the board. " Il me semble que c'est une
responsabilité qui incombe à l'enseignant de maintenir l'ordre et
la discipline dans les groupes qui lui sont confiés. Il y a eu tellement
d'exemples de dévotement de ce côté-là depuis une
quinzaine d'années. I! ne serait pas mauvais de le dire, mais je n'y
tiens point. Je n'y tiens point parce qu'il y a une clause
générale au début de l'article qui traite des droits de
l'enseignant, qui lui reconnaît le droit de diriger les groupes qui lui
sont confiés. On a dit "diriger". L'amendement dit "diriger".
C'était régir, au début, et on a mis "diriger".
M. Filion: Je pensais que c'était le contraire.
M. Ryan: Quelqu'un qui dirige bien maintient l'ordre. Un bon
président de commission maintient l'ordre dans sa commission. C'est sa
première fonction.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: C'est la même chose partout. Par
conséquent, étant donné...
M. Gendron:... l'exemple de la commission parlementaire.
M. Ryan: Je ne fais pas la moindre insistance à ce
moment-ci. Je pense que nous convenons tous que, dans l'ordre des choses, il
est normal que l'enseignant ait la responsabilité de maintenir l'ordre
et !a discipline. Ce sont des mots dont on a eu peur depuis une vingtaine
d'années:, mais on s'aperçoit que, sans discipline, un peuple a
plus de difficulté à progresser, pour des raisons
évidentes. Mais, encore une fois, je n'en fais pas l'objet d'une
proposition d'amendement.
S'il la dirige, il faut bien que ce soit dans l'ordre. Merci.
M. Gendron: Cela a été assez rapide comme
consultation, Mme la députée.
M. Ryan: II y a des choses claires qui peuvent se dire de
manière très concise.
M. Gendron: Et un peu directrice.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
M. Gendron: Alors, je vais la prendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Gardez-la.
M. Ryan: Pas trop longtemps.
M. Gendron: Non, pas plus de 20 minutes, minimum.
Sérieusement, je pense qu'il s'agit d'une bonification - en tout cas, en
ce qui nous concerne - entre les modifications proposées et l'ancien
texte. C'est moins abstrait, c'est moins tatillon à certains endroits.
J'ai l'impression que ce n'est pas facile à délimiter quand il
s'agit d'interpréter cela et de convenir que l'État
québécois souhaite qu'il s'agisse de devoirs d'enseignant. Je
prétends qu'à certains endroits ce sont des fonctions
professionnelles. À certains endroits je prétends que ce sont des
mandats spécifiques, ce sont des obligations. Le problème que
j'ai est que l'article commence par: II est du devoir de l'enseignant de...
de... de... Le troisième paragraphe, sans du tout être tatillon,
je trouve que c'est une mauvaise disposition pour dire ce qu'on souhaite dire,
et sur le fond je le partage. Quand on mentionne qu'il faut "prendre les moyens
appropriés pour contribuer à développer", je n'en reviens
pas; "pour contribuer à développer", cela ne marche pas. Ce
serait bien mieux de dire: "prendre les moyens appropriés pour aider les
élèves à développer le respect des droits de la
personne", parce que c'est cela qu'on veut dire. J'aimerais mieux cela. Je le
discute de même; s! le ministre est d'accord, c'est réglé;
s'il n'est pas d'accord, je vais sûrement faire un amendement parce que
"contribuer à développer", cela ne dit pas ce qu'on veut faire.
"Prendre les
moyens appropriés pour aider les élèves à
développer le respect des droits de la personne", je prétends
que, oui, cela doit être un devoir de l'enseignant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'on
serait d'accord avec cela?
M. Ryan: Chez ses élèves, évidemment.
M. Gendron: Oui, mais j'aurais mieux aimé: "pour aider les
élèves à développer leur respect des droits de la
personne". Mais là cela ne me fait rien. Ce n'est pas cela qui est
fondamental. Ce qui était fondamental c'est i'expression "pour aider
à développer chez ses élèves le respect des droits
de la personne"; je trouve que cela va bien. Cela marche. Je n'ai pas de
problème.
L'autre, le paragraphe 4°, M. le ministre, c'est parce que je ne
sais pas ce que vous...
M. Ryan: Me permettez-vous juste une observation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, allez- y.
M. Ryan: Sur la remarque qui vient d'être faite, je n'ai
pas d'objection. Je vais demander à mes collaborateurs de rédiger
un projet de texte que nous pourrons examiner tantôt, je
l'espère.
M. Gendron: D'accord. Au paragraphe 4°, M. le ministre, c'est
parce que je ne sais pas si vous l'avez fait, mais, effectivement, je
souhaiterais qu'on lise: "d'agir d'une manière juste et impartiale dans
ses relations avec ses élèves".
M. Ryan: Cela va.
M. Gendron: II faudrait enlever "chacun" et "toutes" parce
que...
M. Ryan: Ce sont des relances à des premières
versions qui remontaient à l'héritage que nous avons
reçu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On s'entend pour
biffer et on garde: "dans ses relations avec chacun de ses
élèves". M. le député d'Abi-tibi-Ouest, si cela se
lisait comme suit: "d'agir d'une manière juste et impartiale dans ses
relations avec chacun de ses élèves. "
M. Gendron: J'aimerais mieux "avec ses élèves".
Le Président (M. Parent, Sauvé): "Avec ses
élèves". Avez-vous objection, M. le ministre?
M. Ryan: Aucune objection. C'est une proposition qui était
contenue dans...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si on s'entendait,
cela irait bien. Avez-vous autre chose, M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui, j'ai autre chose. Le paragraphe 7°,
j'aimerais cela qu'on me donne plus de précision. On se rappelle que
l'ancien 7°, cela n'avait pas de bon sens. En tout cas, en ce qui me
concerne, je considère que le ministre a sûrement
écouté un petit peu quelqu'un: "d'appliquer les décisions
et les règlements du gouvernement et du ministre "qu'il ne connaît
pas, dont il n'a pas entendu parler, et on lui met cela, imaginez-vous, dans
ses devoirs... Cela dépassait l'entendement. Mais, "de respecter le
projet éducatif de l'école et les autres dispositions qui la
régissent", j'ai un peu un problème, sincèrement. Si le
ministre disait: "de respecter le projet éducatif de l'école",
cela va. imaginez, on est toujours dans un articie où on parle des
devoirs de l'enseignant, mais on dit: Les autres dispositions qui
régissent l'école, c'est la commission qui écrira cela.
C'est peut-être le directeur de l'école qui les définira,
et d'avance dans un projet de loi on dirait qu'il a l'obligation - parce qu'un
devoir c'est cela, tu as le devoir de - de respecter les autres dispositions
qui régissent l'école? Lesquelles? Je ne les connais pas. Il y a
une ouverture à de l'arbitraire là-dedans et je serais
complètement en désaccord, et je vous le dis tout de suite, M. le
Président, parce que j'aime bien véhiculer mes convictions
jusqu'au bout, si le ministre n'était pas d'accord pour modifier "et ies
autres dispositions qui la régissent", je vais faire l'amendement de
biffer cette partie. Ce n'est pas parce que je suis contre, mais si, dans un
article aussi détaillé, M. le Président, avec un
septièmement bien précis, on a dit: Nous, on pense que c'est ton
devoir, cela, telle chose, telle chose, et surtout qu'on ajoute à la fin
une espèce de respect moral, que je partage, du projet éducatif
de l'école...
Normalement, dans le projet éducatif de l'école, les
dispositions afférentes, ies dispositions qui régissent ce projet
et qui régissent l'école vont être précisées
dans les discussions qui auront eu lieu, soit au conseil d'école, soit
au comité d'écoie, soit à tous ies comités, pour
enrichir et bonifier le projet éducatif de l'école. En ce qui me
concerne, cela comprend et implique d'autres dispositions d'ordre
général, mais dans le même sens du respect éducatif
du projet de l'école. (21 h 45)
Je ne peux pas être d'accord pour ajouter: "et les autres
dispositions qui la régissent", surtout si on n'est pas capable de ies
définir à ce moment-ci. Cela, ça signifie que c'est comme
si on convenait que, dans le fond, c'est seulement parce qu'on n'a pas
été en mesure de faire la liste plus longue. Si on avait
été capable de se rendre à 9°, on en aurait mis deux
autres, et là on finit par une généralité, "les
autres dispositions", que je ne connais pas, que l'école
définira un de ces jours, dans des modalités que je ne
connais pas, et elles seront déterminées par je ne sais trop qui.
Je ne peux pas souscrire à cela.
Alors, en conclusion, en ce qui me concerne, M. le Président, Je
voulais indiquer l'amendement que je souhaite voir libellé au paragraphe
3°, je vous l'ai dit tantôt. À 4°, biffer "toutes" et
"chacune"; 5° et 6°, pas de problème; à 7°, pas de
problème, à condition qu'on eniève "et les autres
dispositions qui la régissent".
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
sur septièmement?
M. Gendron: II n'a pas écouté du tout.
M. Ryan: Je voudrais savoir si le député
d'Abitibi-Ouest a objection à tout ce que cette expression comporte. Je
comprends ses inquiétudes, il veut protéger l'enseignant contre
des contraintes arbitraires qui pourraient lui être imposées. Les
contraintes d'ordre législatif découlant des lois traitant de
l'éducation, il n'a pas d'objection à cela, J'imagine?
M. Gendron: Non.
M. Ryan: Les contraintes d'ordre réglementaire?
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection à cela, pour autant
qu'on ne les définisse pas.
M. Ryan: SI on limitait ça... Je vais vous dire
franchement, il y a trois choses qu'on peut envisager. Il y a des dispositions
législatives, réglementaires ou disciplinaires. On sait ce que
sont les dispositions législatives, c'est l'ensemble des lois traitant
de l'éducation. Il y a la loi-cadre de l'instruction publique et il y en
a d'autres aussi comme la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation, par exemple. Je pense que ça couvre tout
ça.
Deuxièmement, les dispositions d'ordre réglementaire.
C'est prévu par la loi. il y a des règlements qui peuvent
être adoptés par !e gouvernement; le régime
pédagogique par exemple, ç'en est un. Il y a des
règlements qui doivent être adoptés par la commission
scolaire pour un point ou l'autre. Pour les élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, il faudra un
règlement. L'enseignant sera tenu de le respecter, j'imagine, il n'y a
pas d'objection à le dire. Maintenant, il y a les dispositions d'ordre
disciplinaire qui vont être établies soit par la commission
scolaire, par voie de résolution, soit par la direction de
l'école par voie d'exercice de ses pouvoirs ou par vole de
délégation. Mais j'essaie de voir comment ça pourrait
être cerné. S'il y avait une formulation plus
générale qui pourrait être trouvée... Mais je
voudrais que ce respect des contraintes institu- tionnelles normales qui
président au fonctionnement d'un système d'enseignement soit
inscrit dans la loi. Je ne veux pas le mettre sous une forme contraignante ou
qui ouvre Sa porte à l'arbitraire. Je pense qu'on peut difficilement en
faire totalement abstraction. C'est ça que je cherche. S'il y a une
autre formule, on peut la chercher ensemble. Je n'ai pas de formule unique
là-dedans.
On a travaillé fort pour trouver celle-là. D'ailleurs,
comme vous le voyez, on allait beaucoup plus loin au début, on disait:
"d'appliquer les décisions et les règlements du gouvernement et
du ministre. " Cela allait trop loin. Déjà si on avait...
M. Gendron: Écoutez, à titre d'essai, parce que je
ne suis pas un légiste, mais cela traduirait ma pensée, et ce
n'est pas limitatif à ce moment-ci, parce que je fais de !a contribution
immensément positive, mais au pied levé, donc, il peut en
manquer: "de respecter le projet éducatif de l'école et les
autres dispositions prévues par la commission scolaire. "
J'arrêterais là parce que la commission scolaire ne peut pas
prévoir autre chose que les dispositions d'ordre soit disciplinaire,
soit réglementaire. Qu'on dise dans les obligations de l'enseignant
qu'il a le devoir de respecter les dispositions prévues par la
commission scolaire, je trouve que c'est légitime et c'est ce qu'il va
faire de toute façon. Mais je n'en veux pas plus. Les dispositions
prévues par îa commission scolaire, ce ne sont pas "les autres
dispositions qui la régissent".
M. Ryan: II y a une chose qu'on peut présumer. J'aimerais
que nos conseillers juridiques m'écoutent. Il y a une chose qu'on peut
présumer quand on rédige une loi, il me semble qu'on n'est pas
obligé de dire à chaque article qu'il y a des personnes qui vont
être obligées d'appliquer ou d'observer cette loi. Il me semble
que c'est défini; par le fait même qu'on édicte une loi,
elle doit être observée par ceux qui tomberont sous son champ
d'application.
Une voix: Le mieux serait de l'enlever complètement.
M. Ryan: Vous avez dit une chose qui m'intéresse.
Voulez-vous répéter, s'il vous plaît, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Là j'ai peur d'avoir été trop
contributif, mais je le répète quand même.
Sincèrement, je le répète et je le crois même.
"7° de respecter le projet éducatif de l'école et les autres
dispositions prévues par la commission scolaire. "
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce serait cela au
lieu de "les autres dispositions qui la régissent".
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Cela l'explicite. M. Houde, que pensez-vous de cela?
Quand on a besoin de vous, on veut profiter de votre présence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous savez que
vous nous coûtez assez cher!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Ces jeunes sont impitoyables, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Ryan: De jeunes conseillers sans expérience.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Septièmement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: M. le Président, il y aurait peut-être une
chose que nous pourrions faire ici. Je ne sais pas si cela rallierait les
membres de la commission d'écrire simplement, à
septièmement, "de respecter le projet éducatif de
l'école", point.
M. Gendron: C'est évident que j'aime mieux cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous aimez
cela?
M. Gendron: Je vous l'ai dit tantôt...
M. Ryan: En fait de...
M. Gendron:... dès le début.
M. Ryan:... libéralisme, vous n'aurez jamais mieux que le
Parti libéral.
M. Gendron: Je vous suggérerais même de
déposer un amendement pour biffer "et les autres dispositions qui la
régissent". Je serais complètement d'accord avec cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon, cela va. Je
relis les amendements et les corrections qui ont été
apportées aux amendements prévus. Le paragraphe 3° devrait se
lire: "de prendre les moyens appropriés pour aider à
développer chez ces élèves le respect des droits de la
personne. " En 4° "d'agir d'une manière juste et impartiale dans ses
relations avec ses élèves", et en 7°: "de respecter le projet
éducatif de l'école". Est-ce que l'article 19 tel
qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Merci, messieurs. Alors, il est 21 h 55. Devant l'article 20, qui est un
remplacement complet, un amendement...
M. Gendron: J'ai un long discours à faire sur l'article
20.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... nous suspendons
nos travaux jusqu'à demain matin, à 10 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 21 h 56)