Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation entreprend ses travaux. M. le
secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'y a pas de
remplacement. Nous déclarons ouverte cette séance de travail de
la commission permanente de l'éducation qui étudie actuellement
le projet de loi 107. Nous en sommes au stade de l'étude article par
article de ce projet de loi.
Taxation
Dispositions préliminaires
Lorsque nous avons suspendu nos travaux hier, nous étions rendus
à l'étude du premier article du chapitre ayant comme titre:
Dispositions préliminaires, c'est-à-dire l'article 273, que je
lis tel qu'amendé par le ministre: "Dans la présente section:
"1° le mot "greffier" a le même sens que dans la Loi sur la
fiscalité municipale, (L. R. Q., chapitre F-2. 1); "2° on entend par
"évaluation uniformisée" le produit obtenu par la multiplication
des valeurs inscrites au rôle d'évaluation d'une
municipalité par le facteur comparatif établi pour ce rôle
en vertu de l'article 264 de la Loi sur la fiscalité municipale; "3°
on entend par "immeuble imposable": "a) une unité d'évaluation
imposable, ou sa partie imposable si elle ne l'est pas entièrement; "b)
une unité d'évaluation non imposable visée au premier
alinéa de l'article 208 de la Loi sur la fiscalité municipale, ou
sa partie visée par cet alinéa si elle ne l'est pas
entièrement; "4° on entend par "propriétaire" la personne au
nom de laquelle est inscrit un immeuble imposable au rôle
d'évaluation d'une municipalité. "
Est-ce qu'il y a des commentaires ou des interventions sur l'article
273, tel qu'amendé?
Mme Blackburn: II y a peut-être juste une question avant de
commencer l'étude de cet article. On a suspendu plusieurs articles,
hier, qui touchaient le ministre des Transports. Est-ce qu'on aura les
personnes compétentes pour nous apporter les explications? Est-ce qu'on
reporte cela à un autre moment?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne vois pas
pourquoi on le reporterait, à moins que vous n'en fassiez une demande.
On va l'étudier et considérer votre demande. Je ne peux pas tenir
pour acquis que le ministre n'est pas en mesure d'expliquer son amendement. M.
le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il y avait quatre articles que
nous avions gardés en réserve, hier, pour fins de
vérification avec le ministère des Transports. Les
premières vérifications ont été faites ce matin.
Tous les collaborateurs du ministère des Transports qui ont
travaillé avec nous à ce sujet sont absents de Québec
aujourd'hui, il y en a un qui sera disponible demain matin à 11 heures
pour fournir les explications.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): En ce qui a trait
à votre amendement à l'article 273, est-ce que vous avez des
explications à fournir à Mme la députée de
Chicoutimi? Mme la députée de Chicoutimi s'attend à des
explications. Sinon, elle s'informe s'il y aurait lieu d'avoir un expert en
taxation pour venir éclairer l'Opposition.
Mme Blackburn: Non, M. le Président. Simplement, c'est
que, sur les articles qu'on a suspendus hier, il s'agissait d'avoir un
éclairage touchant les articles qui portaient sur le transport scolaire,
lequel est financé et organisé selon des règlements qui
relèvent du ministère des Transports. C'est le ministre
lui-même qui nous a dit qu'il ne possédait pas toutes les
informations qui nous permettaient d'agréer certaines de nos
propositions, de nos modifications, mais cela ne portait pas sur la taxation.
C'était vraiment une information précédente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'en suis à
l'articie 273.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
espérez aussi...
Mme Blackburn: J'attendrais des...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez-moi. Je
comprenais que votre réflexion s'appliquait à l'article 273.
Mme Blackburn: Non, à celui qu'on a suspendu hier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'excuse,
madame. C'est qu'on en avait parlé...
Mme Blackburn: C'est avant de commencer
l'article 273.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On en avait
parlé avant l'ouverture de la séance et je savais que... Je
m'excuse. Je pensais que vous étiez au courant.
Mme Blackburn: Non. Les modifications apportées tout
simplement pour des...
Comme il y aura plusieurs références au terme
"municipalité" comme au terme "greffier", pourquoi a-t-on enlevé
le terme "municipalité" dans le premier alinéa?
M. Ryan: Ce qu'on a enlevé, c'est l'expression
"corporation municipale" dans le texte de l'article. On l'a remplacée
par "municipalité". Ici, on l'a enlevée dans le premier
alinéa parce que ce n'est pas nécessaire de l'expliquer
davantage. C'est le terme qui est retenu dans les versions les plus
récentes de la législation sur la fiscalité municipale. Le
mot "greffier", lui, il importait d'assurer qu'il avait une définition
précise et on prend celle de la Loi sur la fiscalité
municipale.
Mme Blackburn: Donc, on doit définir "greffier" en se
référant à la loi, mais on n'a pas à définir
"municipalité".
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 273 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 274: "Une commission
scolaire, autre que les commissions scolaires situées en tout ou en
partie sur l'île de Montréal, peut imposer une taxe scolaire.
"Cette taxe est imposée sur tout immeuble imposable situé sur son
territoire, sauf sur un immeuble qui peut être imposé
exclusivement ou, s'il ne l'est pas entièrement, sur la partie de
l'évaluation uniformisée d'un immeuble qui peut être
Imposé exclusivement par une autre commission scolaire qui a
compétence sur le territoire où se trouve l'immeuble. "
C'est l'amendement proposé par le ministre à l'article 274
du projet de loi 107. M. le ministre de l'Éducation.
Mme Blackburn: II me semble qu'on a eu des représentations
là.
M. Ryan: M. le Président, cet article se comprend
évidemment à la lumière de ceux qui s'en viennent. On dit
que, si une personne qui est contribuable a ses enfants uniquement dans une
commission scolaire, elle paie ses taxes à cette commission scolaire. Si
elle a des enfants dans deux commissions scolaires, elle va payer ses taxes aux
deux commissions scolaires, partagées suivant un critère qui est
indiqué a un article suivant. C'est pour cela qu'on dit: "Cette taxe est
imposée sur tout immeuble imposable situé sur son territoire,
sauf sur un immeuble qui peut être imposé exclusivement ou, s'il
ne l'est pas entièrement, sur la partie de l'évaluation
uniformisée d'un immeuble qui peut être imposé
exclusivement par une autre commission scolaire qui a compétence sur le
territoire... " On va avoir des commissions scolaires linguistiques, il peut
arriver qu'ii y ait des commissions scolaires confessionnelles ou dissidentes
également. Alors, si une personne a ses enfants dans deux commissions
scolaires, disons qu'un contribuable a deux enfants, un à la commission
scolaire linguistique francophone et l'autre à la commission scolaire
confessionnelle catholique, c'est 50-50. Il va payer 50 % de ses taxes à
la commission scolaire linguistique et 50 % à la commission scolaire
catholique, confessionnelle.... établit le nombre des personnes
inscrites. Excusez, j'ai fait une erreur. Cela va être selon le nombre de
ces personnes. C'est exactement cela. S'il y en a trois: deux dans une, une
dans l'autre, cela va être deux tiers, un tiers.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: "... sauf sur un immeuble qui peut être
imposé exclusivement ou, s'il ne l'est pas entièrement, sur la
partie de l'évaluation uniformisée d'un immeuble qui ne peut
être imposé exclusivement par une autre commission scolaire qui a
compétence sur le territoire où se trouve l'immeuble. " C'est
assez tordu. Le propriétaire de l'immeuble, un immeuble à
logements, un immeuble industriel, comment vont se partager ses taxes?
M. Ryan: Tout cela vient plus loin, il y a des articles qui
traitent de ces questions. Il n'y a pas de problème. Ici, c'est juste un
article introductoire qui établit le droit d'imposition d'une commission
scolaire, exclusif dans certains cas et partagé dans d'autres, qu'on va
traiter dans les articles suivants. C'est juste une déclaration
générale ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 174? M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Pourquoi l'expression "peut" à la place de
"doit"? Il doit y avoir une raison pour laquelle le législateur a
décidé de prendre l'expression non obligatoire alors qu'elle
l'était avant. Je sais la différence entre "peut" et "doit*. Ma
question ne porte pas là-dessus, mais pourquoi a-t-il changé?
M. Ryan: Elle a la faculté d'imposer des taxes, mais non
pas l'obligation. S'il arrive qu'elle puisse réaliser une année
un certain surplus et qu'elle décide l'autre année, supposons
malicieusement que ce soit une année d'élections, qu'il n'y a pas
lieu d'imposer de taxes, elle n'est pas obligée de le faire.
Mme Blackburn: Pourquoi la modification, si vous me permettez, M.
le Président, entre la première version et la seconde? La
première version, c'était "le propriétaire est tenu ou a
choisi de payer la taxe scolaire à une autre commission scolaire. " Je
ne dis pas que c'était mieux, mais qu'est-ce qui a amené la
modification?
M. Ryan: Est-ce à l'article 274?
Mme Blackburn: Toujours à l'article 274: "Cette taxe est
imposée sur tout immeuble imposable situé sur son territoire,
sauf sur un immeuble dont le propriétaire est tenu ou a choisi de payer
la taxe scolaire à une autre commission scolaire qui a compétence
sur le territoire où se trouve l'immeuble. "
M. Ryan: M. le Président, cela vient à un article
subséquent. On va voir plus loin que l'immeuble dont le
propriétaire a des enfants inscrits aux écoles d'une commission
scolaire, lui, son cas est réglé par l'article 275. Il faut qu'il
paie ses taxes à cette ou à ces commissions scolaires où
il a ses enfants. Mais il peut arriver qu'un immeuble appartienne à un
propriétaire qui est une personne physique n'ayant pas d'enfant dans les
écoles. Alors, dans ces cas, l'article 276 laissera le
propriétaire libre de choisir la commission scolaire à laquelle
il paiera ses taxes.
Mme Blackburn: II pourrait choisir de payer où c'est moins
élevé.
M. Ryan: Comme c'est le cas actuellement. M. Gendron:
Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 274 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 275, et j'informe les
membres de la commission que le projet d'amendement présenté par
le ministre, que j'ai ici, a pour but de remplacer les articles 275 à
280 par des articles amendés qui s'appelleraient 275, 276, 277 et 278.
C'est-à-dire qu'on laisserait tomber, en principe, deux articles
inscrits au projet de loi.
Je vais les appeler dans l'ordre. L'article 275 tel qu'amendé se
lit comme suit: "L'immeuble dont le propriétaire a des enfants inscrits
dans les écoles d'une commission scolaire qui a compétence sur le
territoire où se trouve l'immeuble peut être imposé
exclusivement par cette commission scolaire.
"Lorsque les enfants sont inscrits dans les écoles de commissions
scolaires différentes qui ont compétence sur le territoire
où se trouve l'Immeuble, celui-ci peut être imposé
exclusivement par ces commissions scolaires, chacune sur la partie de
l'évaluation uniformisée de l'immeuble correspondant au rapport
entre le nombre de ces personnes inscrites dans les écoles de cette
commission scolaire et le nombre total de ces personnes inscrites dans les
écoles des commissions scolaires en cause. " Voilà l'article 275
amendé.
M. Ryan: Je pense avoir expliqué tantôt la
portée de l'article 275, il me semble que c'est une règle
d'équité. Vous payez vos taxes là où vous envoyez
vos enfants, il peut arriver que des circonstances vous commandent de les
inscrire dans les écoles de deux commissions scolaires
différentes. Vos taxes seront réparties suivant le nombre
d'enfants que vous avez dans chacune.
Ls Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est conforme à ce qui existe
actuellement?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
Mme Blackburn: Est-ce que c'est conforme à ce qui existe
actuellement?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce qu'il s'agit d'une
nouvelle règle? Qu'est-ce qui se pratique actuellement pour tenir compte
de cette situation? Il me semble que, chez nous, c'est un transfert qui se fait
de la commission scolaire vers l'autre commission scolaire lorsqu'un
élève de Valin va à Chicoutimi, et inversement.
M. Ryan: C'est ça. Actuellement, c'est l'article 39 de la
Loi sur l'instruction publique. Cela, c'est un trou qu'il y a dans la loi
actuelle, ce n'est pas prévu comment on va disposer de ces cas. C'est
pour cela que le deuxième alinéa répond à une
carence actuelle de la loi.
Actuellement, prenez l'exemple de parents catholiques de langue anglaise
qui appartiennent, pour fins fiscales, à la commission scolaire pour
catholiques d'un territoire et dont les enfants soient envoyés à
la commission scolaire pour protestants, en vertu d'une entente. L'entente va
prévoir, généralement, que le produit des subventions sera
transféré intégralement à la commission scolaire
pour protestants. Parfois, l'entente traite des taxes, peut-être, mais
d'autres fois, elle n'en traite pas. Si elle n'en traite pas, ça veut
dire que le produit des taxes du catholique de langue anglaise dont les enfants
sont aux
écoles de la commission scolaire pour protestants s'en va
normalement à la commission scolaire pour catholiques, il est sur le
rôle catholique. Il peut demander d'être transféré,
s'il le veut. Pour l'inscription sur le rôle, c'est juste sur indication
de la personne; il faut qu'elle se déclare catholique ou
protestante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: M. le Président, la pratique actuelle
n'est-elle pas plus simple puisqu'elle prévoit que, lorsqu'un
élève est scolarisé dans une commission scolaire hors de
son territoire, il y a un transfert de fonds qui se fait par la commission
scolaire?
M. Ryan: Ce n'est pas prévu, c'est dans les ententes.
Il semble qu'en plus des ententes sur les subventions, c'est
prévu dans les règles budgétaires que, si une commission
scolaire scolarise un enfant d'une autre confession religieuse, qui devrait
normalement aller à une autre commission scolaire, elle peut tarifer les
dépenses non subventionnées.
Mme Blackburn: Je crois que c'était plus simple.
M. Ryan: Est-ce que c'est déjà prévu dans
les règles budgétaires? Est-ce que les tarifs sont prévus?
C'est une formule qui était indiquée dans les règles
budgétaires.
Mme Blackburn: Ce sont les cas de scolarisés à
l'extérieur.
M. Ryan: Pas à l'article 275.
Mme Blackburn: Pas à l'article 275?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest. (12 heures)
M. Gendron: M. le Président, ce serait peut-être
plus clair si on pouvait avoir très clairement, au-delà de
l'article... L'article 275, à ce que je sache, ce n'est pas une
disposition pour les cas de scolarisation par une autre commission scolaire. Ce
sont les cas d'imposition lorsqu'il y a plus d'une commission scolaire sur un
même territoire; est-ce bien cela? C'est strictement l'imposition.
M. Ryan: C'est strictement l'imposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va-t-il?
M. Gendron: Pour moi, cela va à l'article 275. Je n'ai pas
d'autre question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 275
est-il adopté tel qu'amendé? Adopté. J'appelle l'article
276 qui se lit comme suit dans son amendement: "L'immeuble dont le
propriétaire est une personne physique qui n'est pas visée
à l'article 275 et qui a choisi d'être imposée par une
commission scolaire qui a compétence sur le territoire où se
trouve l'immeuble peut être imposé exclusivement par cette
commission scolaire. "Le choix relatif à l'imposition de la taxe
scolaire se fait par un avis transmis avant le 1er avril, à chaque
commission scolaire qui a compétence sur le territoire où se
trouve l'immeuble. Le signataire d'un avis de dissidence est
réputé avoir fait un choix en faveur de la commission scolaire
dissidente. "Un tel choix reste en vigueur jusqu'à ce que la personne le
révoque en suivant la procédure prévue au premier
alinéa, ou inscrive un de ses enfants dans les écoles d'une autre
commission scolaire qui a compétence sur le territoire où se
trouve l'immeuble. "
C'est l'amendement proposé par le ministre à l'article
276. Je vous rappelle que tous les articles qui vont apparaître à
cet amendement ont pour but de remplacer les articles 275 à 280.
M. Gendron: C'est le cas où il n'y a pas d'enfant? Tu
paies à la commission scolaire qui est dans le même territoire que
ton domicile ou ton immeuble.
M. Ryan: C'est cela, oui.
M. Gendron: Pour ce qui est des dissidents... Non, cela va. C'est
la même chose pour ce qui est du paiement pour le dissident; cependant,
on dit ici: "Le signataire d'un avis de dissidence est réputé
avoir fait un choix en faveur de la commission scolaire dissidente. "
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. L'article
276 est adopté tel qu'amendé.
M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez-moi.
M. Ryan: Quel est le problème, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Cela me pose un problème.
M. Gendron: Exposez-le.
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait être informé des
entretiens privés?
Le Président ( M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Gendron: C'est arrivé que vous en ayez eu qui ont... On
a fait silence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme !a
députée de Chicoutimi.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, ma collègue me soumet un problème
que j'aimerais qu'elle soumette au ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, à moins de mal
comprendre l'article, est-ce que la disposition qu'il y a là et qui
permet à un propriétaire d'immeuble de choisir de payer ses taxes
dans une autre commission scolaire que celle sur laquelle son immeuble est
construit, cela ne risque pas d'entraîner des inéquités, ce
qui amènerait, par exemple, un propriétaire à choisir une
commission scolaire pour laquelle le taux d'imposition est un peu moins
élevé? Lorsque vous avez des immeubles qui valent plusieurs
millions, cela peut faire des économies intéressantes. Est-ce
qu'il n'y a pas un risque d'iné-quité? Quand, par exemple, on
aura quatre commissions scolaires sur le même territoire comme à
Montréal, comment cela va-t-il se répartir? Là, il va y
avoir une gamme de choix, même sur le même territoire finalement,
entre les catholiques et les protestantes et les françaises et les
anglaises.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Pourquoi n'y a-t-il pas quelque chose de plus
uniforme que cela?
M. Ryan: C'est pour cela que vous avez choisi un nom qui va dans
les deux langues. Des Dupont, il y en a des anglophones et il y en a des
francophones. Blague à part, je pense que mon argument n'est pas
spécialement de nature à apporter l'adhésion, ici, on fait
reposer cet article-ci sur la liberté de choix du contribuable, il ne
faut pas se le cacher, mais on emprunte un principe qui est déjà
en vigueur dans la loi actuelle et qui dans l'ensemble fonctionne très
bien. I! va arriver, des fois cela peut être un coup de tête, qu'un
anglophone dise: Là, je suis dégoûté de la gestion
de cette commission scolaire anglophone, je paie mes taxes à la
commission scolaire francophone. Il a le droit de le faire. Il n'y a personne
qui peut l'empêcher. Il faudra qu'il vote là aussi.
Mme Blackburn: Ce que je dis, c'est: qu'il le fasse parce qu'il
est dégoûté, c'est une chose, mais qu'il le fasse parce que
le taux d'imposition est plus bas, cela en est une autre.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackbum: Qu'il le fasse parce qu'il est
dégoûté, c'est une chose.
M. Ryan: Ah oui.
Mme Blackburn: Dégoûté de l'administration,
pour utiliser l'exemple du ministre, mais qu'il le fasse parce qu'à un
moment donné le taux d'imposition est un peu plus élevé ou
plus bas dans une autre commission scolaire, là, il y a un risque
d'inéquité. C'est plus dans cette perspective que je posais la
question.
M. Ryan: Je comprends, mais les différences ne sont pas
énormes. Les différences de montants de taxation d'une commission
scolaire à une autre dans le même territoire ne sont pas
énormes. Les avantages qu'on en retire en ne mettant pas de coercition
sont infiniment supérieurs aux quelques inconvénients.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut me dire les avantages? Quels
sont les avantages?
M. Ryan: Le plus grand avantage qu'un contribuable puisse avoir,
c'est de choisir fa commission scolaire à laquelle il paiera ses taxes.
C'est cela qui est le gros avantage.
Mme Biackburn: Est-ce qu'il doit automatiquement la choisir?
M. Ryan: S'il ne la choisit pas, iI y a un autre article qui y
pourvoit. Il n'est pas obligé de la choisir. Il y a un article qui dit
que, s'il ne la choisit pas, son immeuble sera imposé par les deux
commissions scolaires proportionnellement au nombre d'élèves
inscrits dans chacune.
Mme Blackburn: C'est plus équitable. Je me dis: Pourquoi
ne serait-ce pas cela, la règle d'équité?
M. Ryan: Cela ne peut pas être cela, la règle
d'équité, parce que notre système est un système de
commissions scolaires démocratique. Il faut bien identifier la personne
qui paie des taxes au bout, puis son droit de s'identifier à l'une des
commissions scolaires, mais au cas où elle ne le ferait pas... Ce qui
arrive dans un bon nombre de cas, c'est qu'ils se réunissent et ils font
le partage et on a une situation équitable.
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Juste une seconde.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah oui. M.
le ministre.
M. Ryan: Je crois que l'article 275 est clair. M. Gendron:
L'article 275 a été adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. L'article
276.
M. Gendron: C'est vous qui avez dit cela. On est à
l'article 276.
M. Ryan: Je crois que l'article 276 est clair.
M. Gendron: D'accord. Bon; alors, vous l'avez dit pour l'article
275. J'ai une question additionnelle à l'article 276.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est peut-être très clair, mais
justement parce que c'est clair, cela oblige à vérifier des
affaires. Question: La mine Noranda en Abitibi décide de payer ses taxes
à la commission scolaire anglophone parce qu'avec...
M. Ryan: On va finir la question.
M. Gendron: Alors, c'est ce que je veux savoir. Je finis la
question: La mine Noranda chez nous, qui est une corporation privée,
décide de payer ses taxes à la commission scolaire anglophone
pour des raisons qui sont siennes et que je ne veux même pas
évaluer. C'est évident que cela affaiblit l'assiette
foncière ou la fiscalité de la commission scolaire francophone de
Rouyn-Noranda. Premièrement, est-ce possible? Deuxièmement, si
c'est possible, ne croyez-vous pas que cela n'a pas de bon sens?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Cela n'aurait pas de bon sens si c'était
possible, mais ce n'est pas possible, parce que c'est bien clair que c'est
écrit ici à l'article 276: "L'immeuble dont le
propriétaire est une personne physique... " Plus loin, quand ce n'est
pas une personne physique, à l'article 278, vous verrez que l'immeuble
possédé par une personne morale est imposé par les
commissions scolaires du territoire, suivant une proportion définie
d'après le nombre d'élèves de chacune.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Alors, la Noranda ne pourrait pas...
M. Gendron: Non, cela va. Vous m'avez bien répondu, c'est
réglé, je ne reviendrai plus là-dessus.
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: La deuxième affaire, c'est quand vous avez dit
"puisqu'il y aura superposition", Immanquablement, dans votre nouveau
scénario. Oui, superposition.
Mme Dougherty: Partout?
M. Gendron: Partout, oui, oui. Les unes sur les autres partout,
même si elles n'ont pas besoin de cela.
M. le ministre, quand vous allez établir la règle de
proportionnalité... Parce que vous dites: quand il y a un choix qui
n'est pas exercé - c'est cela que vous avez dit -- quand le choix n'est
pas exercé, automatiquement, les commissions scolaires vont redistribuer
la perception, suivant une règle de proportionnalité par rapport
au nombre d'élèves dans chacune des commissions scolaires. Mais,
compte tenu des territoires superposés dans certains cas, admettez-vous
qu'il ne sera pas facile d'établir les règles de
proportionnalité et de redistribution parce que les territoires ne se
recoupent pas?
M. Ryan: C'est écrit à l'article 278; je comprends
qu'on n'est pas rendu là, vous ne pouvez pas l'avoir noté. On va
calculer le nombre d'élèves qui sont inscrits dans les
écoles situées sur le territoire commun des commissions scolaires
en cause. Le territoire qui va servir de base, ce sera celui des commissions
scolaires linguistiques et on va prendre les élèves sur ce
territoire-là.
M. Gendron: Et, dans tous les cas, il y a du territoire
commun.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Gendron: Par définition, s'il y a superposition.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine
l'étude de l'article 276 amendé.
M. Gendron: Je vais aller voir à l'article 278. Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 276 est
adopté, tel qu'amendé. J'appelle l'article 277, amendé,
qui se lit comme suit: "L'immeuble dont le propriétaire est une personne
physique qui n'est pas visée aux articles 275 et 276 et qui est inscrit
sur la dernière liste électorale d'une commission scolaire qui a
compétence sur le territoire où se trouve l'immeuble peut
être imposé exclusivement par cette commission
scolaire. " Voilà l'amendement proposé par le ministre
à l'article 277.
M. Ryan: Si vous avez fait un choix de déduction ou pour
fins de taxation une année, vous restez sur cette liste-là,
à moins d'avis contraire. Vous ne faites pas votre choix à chaque
fois. Vous allez recevoir votre compte de taxes l'année suivante, en
fonction du choix que vous avez fait. Quand ils feront leur liste
électorale, ils vont dire: On a ces gens-là qui étaient
sur notre liste, on les met là. Là, vous avez tout le ioisir
voulu de faire changer cela. Vous pouvez donner un avis en sens contraire en
tout temps. Mais, si vous n'avez pas donné d'avis, vous êtes
lié par le choix que vous avez fait. Je pense que cela va de soi,
n'est-ce pas?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. L'article
277 est adopté, tel qu'amendé. J'appelle l'article 278
amendé: "L'immeuble dont le propriétaire n'est pas visé
aux articles 275 à 277 peut être imposé par chaque
commission scolaire qui a compétence sur le territoire où se
trouve l'immeuble, chacune, sur une partie de l'évaluation
uniformisée de l'immeuble établie proportionnellement au nombre
d'élèves qui, au 30 septembre de l'année
précédente, sont inscrits dans les écoles situées
sur le territoire commun des commissions scolaires en cause. "Les commissions
scolaires en cause déterminent conjointement cette proportion. "
M. Ryan: C'est pour les cas dont on parlait tantôt, comme
celui de la Noranda.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va.
M. Ryan: Les commissions scolaires...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour vous?
M. Gendron: Un instant.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Non, mais juste un instant.
Vous avez dit cela tantôt, que c'étaient les personnes non
visées aux articles 275 et 277, mais l'immeuble dont le
propriétaire n'est pas visé aux articles qu'on a définis,
cela fait quelle sorte de propriétaire? C'est parce que j'essaie de voir
ce qui reste.
M. Ryan: Là, ce sont les personnes morales.
M. Gendron: Donc, ce sont les sociétés et les
corporations.
M. Ryan: Ce sont des personnes physiques qui n'ont pas fait de
choix. Elles tombent là-dessus aussi. Les personnes physiques qui n'ont
pas fait de choix...
M. Gendron: Oui, exactement. M. Ryan:... elles tombent
là-dessus.
M. Gendron: Et qui n'étaient pas sur une liste.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Gendron: Cela va. (12 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 278 est
adopté, tel qu'amendé. Maintenant, pour qu'on se comprenne bien,
les articles que nous venons d'adopter remplaçaient les articles 275
à 280 inclusivement. Alors, il y aurait lieu de retirer les articles 279
et 280, pour les besoins du Journal des débats. Ils sont automatiquement
retirés, étant donné qu'on a adopté, tels que
présentés, les articles 277 à 280.
M. Gendron: Pour les articles 279 et 280?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quand j'ai... Oui.
Cela va? Retirer l'article 279 et retirer l'article 280. Ils ont
été remplacés par les articles 275, 276, 277 et 278.
J'appelle l'amendement à l'article 281. "Lorsque la commission
scolaire impose une taxe dont le produit, calculé lors de l'imposition,
excède 6 % de sa dépense nette ou dont le taux d'imposition
excède 0, 25 $ par 100 $ de l'évaluation uniformisée des
immeubles imposables incluse dans son assiette foncière, cette taxe doit
être soumise à l'approbation des électeurs
conformément aux articles 318 et suivants. " C'est la règle des 6
% du référendum. L'article 281...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais simplement rappeler quelques faits
historiques à propos de l'article 281. En 1979, il y eut une
réforme de la fiscalité municipale, laquelle engendra des
conséquences très importantes pour la fiscalité scolaire.
Le gouvernement de l'époque, à l'aide de la majorité dont
il disposait à l'Assemblée nationale, fit adopter la ioi 57,
laquelle limitait à un maximum de 6 % de la dépense nette ou 0,
25 $ par 100 $ de l'évaluation uniformisée des immeubles
imposables la somme des revenus qu'une commission scolaire était
habilitée à percevoir par le biais de la taxation
foncière. Il n'ouvrait pas d'autres avenues de taxation pour les
commissions scolaires, ce qui eut pour effet d'engendrer la situation actuelle
selon laquelle environ 92 %
des revenus des commissions scolaires proviennent de subventions
gouvernementales.
Alors, le gouvernement a examiné sérieusement cette
question au moment de rédiger le projet de loi. Nous sommes conscients
des attentes des commissions scolaires qui demandent depuis 1979 d'avoir
accès à une proportion plus importante des revenus
dérivant de la fiscalité. J'ai demandé à plusieurs
reprises aux commissions scolaires au cours des années si, en dehors de
l'Impôt foncier, elles pouvaient indiquer une autre source d'imposition
susceptible de leur apporter des revenus additionnels. J'ai fait cette demande
à maintes reprises quand j'étais dans l'Opposition et depuis que
nous sommes au pouvoir. La seule fois où J'ai obtenu un
élément de réponse a été dans une
proposition qui nous a été soumise récemment par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
dans laquelle on proposait, en plus de modifier la règle des 6 % ou des
0, 25 $ par 100 $ d'évaluation, de la remplacer par un maximum de 0, 21
$ par 100 $ en portant le montant maximum de dépense nette admissible
à 9 % des dépenses nettes totales. Là, on proposait
d'ajouter une taxe de 1 % qui consistait en un impôt sur le revenu
additionnel. Inutile de vous dire que tous les gouvernements qui se sont
succédé à Québec ont toujours refusé
d'ajouter un troisième palier d'Imposition sur le revenu des
particuliers, en plus des deux qui existent déjà au plan
fédéral et au plan québécois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
M. Ryan: Non, je n'ai pas fini. Je n'ai pas fini, c'est un sujet
extrêmement délicat.
Récemment, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec est venue me rencontrer par l'intermédiaire
de son président et m'a déposé une proposition dont tous
les députés, je crois, ont reçue copie. Devant
l'importance de la proposition, J'ai dit à la fédération
que j'étais pour l'étudier sérieusement. Je l'ai fait
étudier par mes fonctionnaires. Sur la base de l'étude
préliminaire que nous avions faite, j'ai aménagé une
rencontre avec le chef du gouvernement, le ministre des Finances, le
président du Conseil du trésor et moi-même. Nous avons eu
une rencontre avec la direction de la fédération au cours de
laquelle il y eut accord sur un élément important. Nous avons
été d'accord pour constater que le système actuel,
reposant à la fois sur la règle des 6 % des dépenses
nettes et des 0, 25 $ par 100 $ d'évaluation engendre des
iniquités, c'est-à-dire qu'il produit des résultats
inégaux. En appliquant la même règle partout, on arrive
à des résultats Inégaux qui favorisent les commissions
scolaires des grands centres métropolitains et défavorisent les
commissions scoiaires des régions excentriques parce que la valeur
imposable de leurs propriétés foncières est beaucoup moins
élevée proportionnellement, alors que, parfois, elles ont des
charges plus exigean- tes en raison de la distance, de la rareté de la
clientèle, etc.
Nous sommes convenus qu'il y avait des iniquités
résultants du système actuel qui doivent être
examinées de près et nous avons informé sur-le-champ la
fédération qu'il était impossible d'envisager d'accepter
une proposition comme celle-là pour l'insérer dans le projet de
loi 107. Le premier ministre l'a dit clairement à la
délégation de la fédération des commissions
scolaires et il a été appuyé en cela par le ministre des
Finances et !e président du Conseil du trésor.
Il a été convenu, d'autre part, que nous poursuivrions
l'étude de ce dossier au cours des prochains mois en étroite
consultation avec la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec. Le premier ministre a même indiqué
qu'il ferait tout ce qui est raisonnablement possible pour que certains
éléments de conclusion puissent être communiqués
à la fédération avant la prochaine année
budgétaire des commissions scolaires, c'est-à-dire d'ici au 1er
juillet 1989.
Or, c'est là que nous en sommes. Je pense que des
révisions sont souhaitables dans ce domaine. Les travaux doivent
être engagés. Inutile de vous dire que la grosse pierre
d'achoppement vient du problème suivant: D'un côté, les
municipalités, pour employer une expression chère à M.
Louis Laberge, sont "adamant", absolument Intraitables, intraitables, lorsqu'il
est question du moindre déplacement de la règle
d'équilibre dans la fiscalité municipale et scolaire. Les
députés auront peut-être reçu ces derniers temps
copie d'une lettre du président de l'Union des municipalités, M.
Camille Rouillard, dans laquelle il s'inquiète même de certaines
ombres qu'il a vu apparaître quelque part au firmament. Il n'a rien vu de
clair, mais il a vu des ombres et tout de suite cela l'a mis en mouvement. Je
lui ai écrit pour lui demander au moins de ne pas se faire de peurs
avant d'avoir discuté, qu'on n'était pas au stade des peurs. Mais
les municipalités sont intraitables quand il est question de ces sujets.
Moi-même, pour vous faire une confidence, j'ai un frère qui est
maire depuis 25 ans. C'est un sujet sur lequel il est très difficile
pour nous de discuter ensemble parce qu'il a été président
de l'Union des municipalités en son temps. Il fut à l'origine de
ce mouvement de revendications qui voulait rapatrier tout le champ de
l'imposition foncière dans l'aire de compétence des
municipalités. Je pense que ceux qui sont le moindrement familiers avec
la politique locale savent très bien ce que je veux dire.
Il y a ce facteur, et l'autre facteur, c'est que les sources
alternatives de revenu qui pourraient aller en propre aux commissions
scoiaires, on n'a pas réussi à en Identifier encore qui soient
vraiment fonctionnelles; pour employer un néologisme,
"opérationnalisables". C'est rare que je fais des écarts comme
celui-là, mais c'est un mot qui pourrait se défendre au point de
vue
français, il ne passerait probablement pas à
l'Académie française, mais "opérationnalisables",
c'est-à-dire traduisibles en actions concrètes, en un
système fonctionnel.
À cause de ces difficultés, on doit enregistrer une
situation qui n'est pas satisfaisante en soi, je l'ai indiqué à
maintes reprises. Nous savons tous qu'à l'ouest du Québec le
rapport entre les revenus que les commissions scolaires retirent de la
fiscalité foncière et ceux qu'elles retirent de subventions
gouvernementales est de 40-60; 40 % de leurs revenus leur proviennent de la
taxation foncière et 60 % de subventions gouvernementales, ce qui donne
un meilleur équilibre pour leur financement. Je pense que les corps qui
vont chercher 40 % de leurs revenus à même les taxes qu'ils
perçoivent eux-mêmes sont plus en mesure de parler de
responsabilités, de défendre leurs prérogatives et d'agir
avec une certaine marge de souplesse et de liberté que ne le sont les
corps qui dépendent à 92 % de subventions gouvernementales. Il
faut bien dire les choses comme elles sont.
Mais là, il y a une question de réalisme politique. Le
gouvernement précédent a engagé l'affaire dangereusement
dans la voie où nous sommes enlisés aujourd'hui. Il peut
difficilement revenir sur ce qu'il a fait, à moins de se renier
lui-même. Son objectif, au début, était d'aller à
zéro. La thèse du gouvernement précédent a
été longtemps que l'impôt foncier devrait aller
entièrement aux municipalités. Ils ont retenu cette solution en
1969, le minimalisme, que nous connaissons tous. C'est une question qui est en
travail.
Pour le moment, nous refaisons la Loi sur l'instruction publique; nous
maintenons les normes actuelles, tout en continuant de travailler. J'ajoute
ceci: Nous continuons de travailler en essayant de tenir tous les bouts de la
chaîne ensemble. Le cabinet a décidé récemment de
faire une étude approfondie de la taxation locale et la dimension
scolaire sera insérée dans l'étude. Par conséquent,
on va avoir la chance de faire le point et de peut-être arriver, au cours
des prochains mois, avec des propositions qui pourraient améliorer les
choses. Mais je ne suis pas en mesure de faire la moindre promesse que ce soit
actuellement.
Je tiens à dire fermement, pour qu'il n'y ait aucune
équivoque là-dessus - je lisais le message des commissions
scolaires dans les journaux de ce matin - qu'il n'y aura pas de modification
à cet article-ci à l'occasion de l'étude du projet de loi
107 parce que c'est politiquement, physiquement et techniquement impossible de
le faire. Mais la porte n'est pas fermée pour l'avenir; elle reste
ouverte et les travaux continueront.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Une intervention de la part de l'Opposition? M. le porte-parole de
l'Opposition officielle.
M. Gendron: Oui, M. le Président, c'est juste parce que je
veux prendre cinq minutes de mon intervention et je la continuerai plus tard.
D'abord, je veux m'excuser, car je devrai quitter quelques minutes pour
d'autres raisons. Je n'ai pas à prendre connaissance de ce que mes
collègues vont dire dans le reste du temps, je sais ce qu'ils vont dire.
J'ai écouté attentivement le ministre. Je pense qu'on doit
reconnaître qu'il a fait, en partie, une bonne synthèse de la
situation concernant la fiscalité scolaire à partir des
dispositions prévues à l'article 281. Il y a, bien sûr,
quelques éléments qui ont été saupoudrés par
lui, j'y reviendrai.
Je veux juste indiquer, par exemple, qu'y a raison de dire que l'article
281 est un article majeur du projet de loi, un article très important
parce qu'il est relié au nerf de la guerre et, en conséquence,
c'est sûr qu'on va prendre le temps d'en parler un peu.
Je voudrais juste, pendant quelques minutes avant mon départ - et
j'y reviendrai - indiquer que la fédération des commissions
scolaires, lorsqu'elle est venue en commission parlementaire pour la
deuxième fois, à la suite des consultations particulières,
a été on ne peut plus claire. Elle a même - je vais le dire
comme je le pense - "barguiné", échangé un peu son
assentiment au projet de loi 107 en laissant voir très clairement dans
sa conclusion et c'est on ne peut plus clair... On rappelle toujours que le
projet de loi 107, nous, on ne l'aime pas - c'est la fédération
qui parie - on trouve qu'il ne correspond pas vraiment aux objectifs d'une
véritable révision de la Loi sur l'instruction publique et, en
fin de compte, on serait prêts à donner notre accord à la
condition - et c'était très conditionnel dans le mémoire -
qu'il ait comme effet de restaurer la marge de manoeuvre que l'Assemblée
nationale consentait aux commissions scolaires en 1979. (12 h 30)
On le voit, d'ailleurs, aujourd'hui - le ministre l'a
évoqué, mais je le rappelle pour le bénéfice de
tout le monde - non au projet de loi 107. On peut lire tout ce qu'on veut dans
cela, mais, indépendamment de ce qu'on peut lire dans cela, il n'en
demeure pas moins que ce qui est fondamental, c'est: M. le premier ministre, il
faut retrouver dans le projet de loi 107 un mode de financement adéquat
pour les commissions scolaires. Tout ce que veux dire, avant de conclure pour
des raisons de temps - j'y reviendrai cet après-midi, mes
collègues vont poursuivre - c'est que ce n'est pas parce que M. Bourassa
aurait dit qu'il était impossible de mettre cela dans la loi que nous
autres, on... Ce n'est pas la première chose que M. Bourassa aurait
dite...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous parlez du
premier ministre?
M. Gendron: Oui, vous avez raison en
commission, M. Bourassa. C'est parce que le ministre de
l'Éducation disait: Le premier ministre, M. Bourassa - il aime parler de
M. Bourassa - avait dit clairement à la fédération des
commissions scolaires qu'il était impossible de mettre cela dans la loi.
Je trouve curieux que ces gens-là aient eu cette information - ce n'est
pas en la répétant que cela va nous convaincre - et que, maigre
qu'ils aient eu cette information, ils aient senti le besoin, quand même,
de s'exprimer haut et fort aujourd'hui par une demi-page de publicité
dans La Presse.
C'est postérieurement à la rencontre au bureau du premier
ministre avec le ministre de l'Éducation, le président du Conseil
du trésor, ainsi que le ministre des Finances que nous recevions tous,
récemment, comme parlementaires une copie de lettre adressée
à M. le ministre de l'Éducation du président de la
fédération des commissions scolaires rappelant, encore là,
on ne peut plus clairement, qu'elle souhaitait toujours qu'il y ait quelque
chose d'inclus dans le projet de loi 107.
Je voulais juste rappeler cela dans les quelques phrases que je viens de
dire, en indiquant que c'est sûr que, dès le début de
l'après-midi, j'aurai l'occasion, moi aussi, dans mon droit de parole
régulier sur l'article 281, de faire un peu le point sur
l'évolution de la fiscalité scolaire. Je ne suis pas mal à
l'aise, moi, de rappeler que c'est nous qui avons fait la réforme de la
fiscalité, je suis très à l'aise. Cependant, 1979 est une
date, 1988 en est une autre et, en 1988, il faut regarder comment cela a
évolué, la fiscalité. A ce que je sache, quand on a fait
la réforme de la fiscalité où on disait: Le gros du champ
foncier sera occupé par les municipalités et non par les
commissions scolaires avec la règle du plafond à 0, 25 $ des 100
$ d'évaluation, il n'y a pas beaucoup de commissions scolaires qui, au
moment môme où on leur a offert cette modeste solution,
étalent collées au plafond de l'Imposition autorisée. Je
ferai, d'ailleurs, l'évolution pour montrer comment cela s'est
traduit.
Or, aujourd'hui, nous sommes en 1988, neuf ans plus tard, et c'est cette
situation-là qu'il faut regarder. La situation de 1988 n'est pas celle
qu'on a connue en 1979 et, en conséquence, on ne peut pas toujours
passer le poisson à un autre et dire: C'est l'ancien gouvernement et ora
pro nobis. Ce n'est pas cela. Il y a une réalité. Il y a eu des
ponctions, II y a eu des coupures budgétaires, elles ont
été mai faites, elles ont été bien faites. Je ne
peux pas vivre dans le passé, elles ont été faites.
Aujourd'hui, les commissions scolaires existent. Elles prétendent que,
pour s'acquitter de leur mission éducative, elles n'ont pas le fric
qu'elles devraient avoir. Je partage cette opinion. Il s'agit de savoir ce
qu'on fait. Je continuerai... Si vous voulez donner le droit de parole à
mon collègue de Shefford qui l'avait demandé.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le ministre
l'avait demandé.
M. Ryan: M. le Président, il faut bien se rappeler que,
lorsque l'ancien gouvernement a présenté son fameux projet de loi
57, l'Opposition fut unanime à s'opposer à ce projet de loi. Elle
a voté contre ce projet de loi justement parce qu'il apportait des
modifications qui étaient de nature à être très
onéreuses dans leurs conséquences pour les commissions
scolaires.
Avant que le député d'Abitibi-Ouest nous quitte, je
voudrais lui demander peut-être deux minutes d'attention pour resituer
certaines choses. Je ne dirais pas pour les contexter, mais pour les replacer
dans leur contexte. Il a parlé de la présence de la
Fédération des commissions scolaires catholiques à notre
dernière ronde d'auditions publiques, au début de novembre. C'est
vrai qu'ils sont venus. Il a employé l'expression "barguinier";
celle-là est moins originale, mais je vais l'ajouter, quand même,
dans mon calepin.
M. Gendron: Elle n'est pas originale, elle est courante.
M. Ryan: II a dit qu'ils étaient venus "barguinier" leur
appui au projet de loi.
M. Gendron: "Barguiner".
M. Ryan: II aurait dû dire: Ils sont venus tenter de
"barguiner", parce que cela suppose qu'il y en ait deux pour "barguiner". Le
gouvernement n'a jamais essayé de "barguiner" l'appui de quelque
organisme que ce soit au projet de loi 107. Il a fait des modifications qu'il a
soumises à l'examen des intéressés, dont la très
grande majorité ont été trouvées très
intéressantes par la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec.
À un moment donné, vers la fin de son mémoire la
dernière fois et vers la fin de sa rencontre avec nous, la direction de
la fédération des commissions scolaires a voulu dire: Nous allons
approuver tout le reste, à condition que... Je réponds à
cela: Ou le reste était bon ou 9 ne l'était pas.
Franchement, on a passé tout le chapitre des
responsabilités des commissions scolaires et vous n'avez pas
été capables une fois, dans le temps très long, pourtant,
dont vous avez eu besoin pour comprendre, de trouver des éléments
qui confirmaient votre thèse au sujet de la centralisation.
M. Gendron: C'est faux.
M. Ryan: Puis, vous n'en trouverez pas davantage à mesure
que nous allons avancer et c'est le seul grief que lèvent la
fédération des
commissions scolaires et l'Opposition.
M. Gendron: C'est complètement faux. On a apporté
à peu près 22 amendements...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! M. le député.
M. Gendron:... qui ont toujours contré la tendance
centralisatrice.
M. Ryan: Ce sont toutes des questions de détails.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: C'est complètement...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instantl M. le
ministre. Un instantl M. le ministre.
M. Ryan: Ce sont toutes des questions de détails sur
lesquelles on a perdu beaucoup de temps.
M. Gendron: C'est complètement erroné. On ne dira
pas n'importe quelle fausseté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, vous aurez l'occasion d'y revenir.
M. Ryan: On est prêts à en perdre au nom de la
démocratie, on ne se plaint pas. Mais, franchement, toute
l'économie du projet de loi reste là et vous êtes
obligé d'en convenir sur à peu près tous les points. C'est
le même cas pour la fédération. C'est son droit de demander
l'autre.
Mme Blackburn: II y a eu 22 amendements.
M. Gendron: II y a eu 22 amendements acceptés par
nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député.
M. Ryan: Oui, parce que nous avons l'esprit ouvert et nous ne
prétendons jamais avoir atteint la perfection, de notre
côté. Nous sommes toujours prêts à entendre un point
de vue qui peut être meilleur que le nôtre et nous en sommes fiers.
Mais, sur le fond, analysez-le - on va continuer l'examen du projet de loi -
nous n'avons aucune inquiétude. Jamais il n'aurait pu être
question, du côté du gouvernement, en tout cas, de "barguinage".
Ce n'est pas notre manière. Des conversations et des échanges de
vues, c'est très bien. Je voulais nettoyer ce point-là comme il
faut.
En réponse à la lettre dont vous parliez du
président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, dont vous avez reçu copie ces jours-ci, je
lui adresse aujourd'hui même une lettre dans laquelle je lui dis ce que
je viens de dire dans mon intervention précédente, à
savoir que le gouvernement ne peut pas accéder à cette demande
raisonnable et légitime des commissions scolaires, mais qui demande plus
d'études avant que nous puissions formuler une conclusion à son
sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Gendron: Si la lettre était disponible aujourd'hui,
est-ce qu'on pourrait l'avoir?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, voulez-vous intervenir sur la
réaction du ministre?
M. Gendron: Je pose une question rapidement demandant si le
ministre est d'accord pour nous faire connaître la teneur à cette
lettre. Puisque c'est une lettre en réponse à une lettre
publique, il me semble que ce serait normal que les membres de la commission
l'aient.
M. Ryan: Étant donné que j'ai fait allusion ici
à ma réponse, je n'aurai pas d'objection à fournir une
copie de la lettre au député plus tard dans la
journée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Gendron: Merci.
M. Ryan: Ce soir, nous ne siégeons pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur ce, je
reconnais M. le député de Shefford. M. le
député.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais juste
commencer par rappeler aux gens d'en face qu'ils sont au pouvoir depuis
déjà trois ans. Ce n'est pas nouveau, sauf qu'en entendant ce que
je viens d'entendre, j'ai l'impression qu'ils ne le savent pas, parce que,
quand on a parlé de la réforme fiscale de 1979, le ministre a
dit: On était contre. Là, fa députée de
Jacques-Cartier a dit en arrière: C'est une bataille qu'on a perdue, les
commissions scolaires, en 1979. Bien, bon Dieu, vous êtes au pouvoir! Si
vous avez perdu, c'est le temps de gagner. Réveillez-vous.
Branchez-vous. Si vous avez la volonté de le faire et de le modifier,
vous êtes au pouvoir. Si vous avez perdu en 1979, vous pourriez gagner
maintenant s'il y avait une volonté réelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! À l'ordre! Allez-y, M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, c'est cela, c'est mon droit de parole, puis
je vais l'exercer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y
allègrement à part cela, nous vous écoutons.
M. Paré: Je vais l'exercer, mon droit de parole, parce
que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Mmes les députées! M. le député de
Shefford, vous avez la paroie.
M. Paré: J'entends un ministre et des
députés au pouvoir dire: Quand on était dans l'Opposition,
on a perdu notre cause, c'est effrayant et c'est votre faute. Là, ils
sont au pouvoir et ils ne le corrigent pas. C'est quoi?
Est-ce de la lâcheté? Comment appelle-t-on cela? Est-ce un
manque de conviction? C'est quoi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Paré: Il faudra qu'à un moment donné
quelqu'un mette ses culottes longues, parce que vous ne les mettez pas. Ou vous
reculez en disant: C'est votre faute dans !e temps ou bien vous faites
exactement ce que tous les ministres font de l'autre côté:
pelleter !a neige par en avant pour ne pas prendre de décisions. Cela
n'a plus de bon sens, c'est rire du monde.
Comment pouvez-vous expliquer que vous n'êtes pas capables de
faire une proposition aux commissions scolaires dans le sens qu'elles le
demandent, après trois ans de pouvoir, avec un ministre de
l'Éducation qui, tout le temps où son parti a été
dans l'Opposition, de 1981 à 1985 était critique en
matière d'éducation? Son beau discours qui disait - on pourrait
en rappeler, des affaires, si on voulait faire l'historique - qu'il fallait
corriger cela, il gueulait pour gueuler à ce moment-là? C'est
cela qu'il faisait, il n'avait pas de solutions. Et là, depuis trois
ans, il dit qu'il est en contact avec les commissions scolaires. Il ne les a
jamais écoutées, sinon pour essayer de les endormir comme tous
les ministres sont en train de le faire. On va s'en occuper, n'ayez pas
peur.
Mais iI n'a pas eu le temps de trouver des solutions. Ils ont eu le
temps de déposer le projet de loi 107 un an d'avance; ils ont eu le
temps d'apporter plus d'amendements qu'il n'y a d'articles dans ce projet de
loi. Nous faisons une bonne job ici et on s'aperçoit que, malgré
ce devoir mal fait par le ministre, on apporte encore des amendements à
coeur de journée. Là, on s'en vient nous dire qu'on n'a pas eu le
temps parce que c'est trop sérieux, c'est trop complexe. Bien, bon Dieu,
si c'est trop complexe pour le ministre et certaines autres personnes, qu'on
aille chercher les spécialistes de la fédération des
commissions scolaires qui, eux, en l'espace de quelques jours, parce qu'ils
connaissent leurs dossiers, nous ont présenté une proposition
tout à fait bien faite, bien étudiée, qu'on a
retrouvée dans "Le commissaire d'écoles", volume 21, no 4, en
décembre 1988. Cela s'est fait rapidement parce que ces gens-là
connaissent le milieu, savent ce qu'ils veulent et ils sont capables de le
mettre sur papier, d'en faire une proposition et de venir en discuter avec les
principales instances du gouvernement.
Là, on nous dit: On n'a pas le temps; c'est trop sérieux.
On pellette en avant pour on ne sait pas quand, mais c'est sûrement
après les prochaines élections.
Le ministre a été franc; là-dessus, mes
félicitations, M. le ministre, bravo! Vous avez été franc
en disant: On ne fera rien. Cela ne me surprend pas, par exemple. On ne fera
rien, on fera quelque chose plus tard. C'est clair.
De belles promesses, de belles paroles avec lesquelles on ne
règle rien. On n'est pas encore conscients qu'on a des
responsabilités ministérielles, qu'on est élu depuis trois
et qu'on avait promis de modifier des choses. Là, on n'en est plus
à des belles paroles, c'est révolu. On est rendu maintenant
à des décisions, des décisions à l'intérieur
d'une loi, à l'article 281, qui touche exactement ce que demande la
fédération des commissions scolaires. Il y a un bout à
rire du monde! Quand on est élu, c'est pour gouverner, prendre des
décisions. Vous ne ferez pas accroire que vous ne saviez pas que cette
discussion viendrait au moment de l'étude du projet de loi puisque
l'article est là. Vous connaissez très bien !a situation.
Quand vous avez parlé du président de l'Union des
municipalités du Québec, qui a fait une mise en garde, ii a bien
fait parce qu'on ne sait jamais où on va avec le gouvernement actuel.
Mais vous avez dit, en citant le président de l'Union des
municipalités du Québec: On n'est plus au moment de faire des
peurs. Bien, non! On est maintenant au moment de régler des choses et on
n'est plus au moment de faire des promesses. C'est trop Inquiétant, des
promesses.
Je peux vous donner l'exemple de ce matin. Vous avez vu, on a promis au
sommet de la Montérégie qu'on subventionnerait trois CRL en
Montérégie, un engagement signé et formel. Ce matin,
à la période de questions, on s'est aperçu que cela ne
tient plus, un engagement signé par deux ministres de ce gouvernement.
Pour faire plaisir aux gens et arrêter la critique, on a signé une
entente et on a dit: N'ayez pas peur, on s'occupe de vous. On apprend ce matin
que la signature vaut un gros zéro, qu'on ne maintiendra pas
l'engagement qu'on a pris de subventionner trois CRL, sans perte
financière pour ces CRL
Là, vous nous demandez, à nous et aux commissions
scolaires, de vous faire confiance, en disant: On va régler cela plus
tard. Je dois vous dire que, si le passé est garant de l'avenir, elles
ont raison de ne pas vous faire confiance, de demander et d'exiger que ce soit
dans le projet de loi, parce que cela doit être là. S'il y a une
volonté d'aller dans le sens demandé par
les commissions scolaires au sujet du financement, ce n'est pas
compliqué, vous êtes au pouvoir, faites-le! Et, s'il n'y en a pas,
soyez assez honnêtes pour le dire franchement au lieu de peileter par en
avant et de mettre cela sur le dos du temps. Si vous vouiez vous en remettre
aux pressions vu que les municipalités ont plus de poids et que, comme
vous fonctionnez juste par sondages et par pressions, vous ne céderez
pas, dites-le! Ne faites pas des accroires à la
fédération. Au moins, on va savoir à quoi s'en tenir. Ou
on a l'intention et on le fait ou on ne l'a pas et on le dit! (12 h 45)
Mais avec le pelletage par en avant, à un moment donné, le
tas de neige va être trop épais pour la communauté
québécoise, elle demande que des décisions soient prises.
Vous en avez pris dans d'autres articles de la loi 107, il faut le
reconnaître, mais cet article-ci est fondamental pour les commissions
scoiaires. Le ministre m'a dit que, moi, quand je parle, c'est toujours parce
que c'est fondamental. Je dois vous dire que je n'interviens pas souvent; vous
ne pourrez pas dire que je fais de l'obstruction. J'interviens sur des choses
qui sont vraiment, à mon avis, très importantes. Je n'interviens
pas en mon nom seulement. J'interviens parce qu'il y a des gens qui nous
demandent de le faire et qu'il y a des gens qui y tiennent, entre autres sur
l'article 281 pour les commissions scolaires. Ce sont des gens indispensables
dans le système, on le dit, on le reconnaît et on passe notre
temps à se péter les bretelles avec cela ici à
l'Assemblée nationale. La façon de reconnaître qu'ils sont
indispensables, qu'ils sont compétents, qu'ils savent où ils
vont, c'est de leur donner les moyens de le faire et ce sont des moyens, comme
dans tout autre secteur, financiers. C'est comme cela qu'on les
reconnaît. Et ils le demandent aujourd'hui.
Donc, ou on prouve qu'on sait qu'on est au gouvernement et on
arrête de nous lancer ce qu'on nous a lancé tantôt: C'est
vous autres qui l'avez voté en 1979 et on était contre.
Même la députée de Jacques-Cartier - c'est ce que je trouve
le plus incroyable - a dit: On a perdu en 1979.
Mme Dougherty: Les commissions scolaires.
M. Paré: Bien oui, c'est cela, en parlant des commissions
scoiaires. On a perdu en 1979, comme si c'était une catastrophe, qu'il
ne fallait pas accepter cela et, maintenant qu'on est au pouvoir, on ne le
corrigera pas? C'est cela qui est aberrant, qui est inacceptable. On a perdu
parce qu'on était dans l'Opposition; on est au pouvoir maintenant, mais
on accepte de perdre encore. On n'accepte pas de le corriger. On n'accepte pas
de mettre nos culottes longues, de prendre nos responsabilités et
d'aller dans le sens où on s'est battu avec le discours qu'on a tenu et
qu'on continue à tenir mais sans agir.
Parce que, au-delà des paroles, ce sont les gestes qui restent et
c'est cela qui prouve qu'on croit vraiment à ce qu'on dit. Autrement, on
n'est pas crédibles et je dois vous dire: Vous allez l'être de
moins en moins même avec des gens de la fédération des
commissions scolaires qui, pourtant, vous ont fait confiance. Mais là,
avec le pelletage en avant, je ne suis pas sûr qu'on va être
capables de tenir encore un discours crédible.
Quand les gens de la fédération sont venus en commission
parlementaire, on les a écoutés tout bonnement, poliment et
gentiment en disant: On vous écoute. Ne vous en faites pas, de toute
façon, on va avoir 250 amendements au moins. Donc, on a réussi
à les tenir un peu à l'écart, à les modérer.
À l'autre commission parlementaire, on leur a dit: Ne vous excitez pas,
il n'y a rien d'énervant et il n'y a rien qui presse - si je me le
rappelle bien, on était le lundi ou Se mardi - de toute façon,
jeudi vous avez une rencontre avec le premier ministre, le ministre des
Finances, le président du Conseil du trésor, le ministre de
l'Education. Ne vous inquiétez pas, la grosse gomme va être
là et on va être capables de vous écouter. Sauf que je dois
vous dire que la gomme colle, mais elle ne fait pas avancer les choses
beaucoup. Finalement, les gens sont retournés chez eux pas satisfaits
parce qu'ils n'avaient pas de garantie, rien de nouveau.
M. Gardner: C'est de la gomme "balloune". Mme Blackburn:
Ce sont des "ballounes".
M. Paré: Ce sont des "ballounes", vous avez raison, M. le
député d'Arthabaska. C'est encore une "balloune".
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît, M. le député!
M. Paré: Est-ce que c'est moi qui ne suis pas à
l'ordre ou si c'est l'autre député?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas vous,
M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute, M. le député de Shefford, vous avez toujours la
parole.
M. Paré: Donc, on a réussi. Aujourd'hui, on est
rendus à l'os. On est rendus à ce qui était très
important pour le fédération des commissions scolaires et toutes
les commissions scolaires, à savoir si le ministre tiendrait parole,
selon les espoirs qu'on a donnés depuis très longtemps, depuis
1979 - c'est à mon tour de le dire, M. le ministre - où on
s'était prononcés contre la loi 57, avec la lutte qu'a faite la
députée de Jacques-Cartier, le discours que vous avez tenu
quand vous étiez dans l'Opposition, les engagements que vous avez
pris depuis que vous êtes là de réviser cela. Mais,
maintenant, on est encore à dire: Vous verrez plus tard.
Le "vous verrez plus tard", cela fait longtemps qu'on n'y croit plus et
je me rends compte que la fédération n'y croit plus tellement, si
on regarde l'annonce qui a paru dans le journal ce matin. Ce n'est pas:
Corrigez la loi 107, c'est non au projet de loi 107. C'est clair. Tout ce qu'on
fait, c'est le citer ce matin: c'est non à la loi 107 que nous dit la
fédération des commissions scolaires. Je vais vous le dire: C'est
dramatique! Je le dis sincèrement.
C'est vrai qu'il va falloir finir par légiférer et se
donner, à un moment donné, des structures scolaires plus
modernes, il faut le faire, vous l'avez toujours dit. Il faut le faire avec le
milieu, il faut le faire en concertation, il faut le faire par consensus. Mais
spécialement avec la structure qui fait que la loi s'applique à
l'ensemble du Québec, c'est-à-dire les commissions scolaires,
là on s'en irait dans cette nouvelle avenue avec cette nouvelle loi, ces
structures modernisées avec un non venant de ceux qui vont devoir
l'appliquer sur l'ensemble du territoire? Je dois vous dire que c'est
inquiétant.
Reporter cela dans le temps, je ne le prends plus. Ce n'est plus un
argument qui tient. Ce n'est vraiment plus un argument qui tient. Quand on a la
volonté, on trouve le temps. On réussit à adopter des lois
d'urgence à la dernière minute, n'importe quand, quand il y a une
urgence qui va coûter des millions, des milliards. On le trouve parce
qu'on a la volonté ou bien parce que les pressions sont trop fortes.
Là, cela fait longtemps que l'on parle de la loi 107. Ce n'est pas
nouveau. Cela ne se peut pas qu'on n'ait pas trouvé une solution. C'est
qu'on n'a pas voulu en trouver une ou qu'on l'a voulu, justement, et que la
solution qu'on a trouvée, c'est le statu quo. Ce serait bien plus franc
de le dire: C'est le statu quo qu'on a trouvé. Mais, comme cela,
ça fait litige, on laisse entendre que cela pourrait être autre
chose, le temps de laisser passer la commission. C'est exactement cela qui se
passe.
Pour vous montrer à quel point je ne parle pas en mon nom, mais
que je parle au nom des commissions scolaires et de la fédération
des commissions scolaires, je vais vous lire au moins un
télégramme que j'ai reçu et qui m'est adressé: La
présente est copie d'un télégramme ce jour à
l'honorable Claude Ryan et se lit comme suit: "Objet: Projet de loi 107. En
appui aux représentations de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, la commission scolaire des Cantons
adoptait, le 5 décembre 1988, une résolution vous demandant de
modifier le projet de loi 107 sur deux aspects précis:
premièrement, une décentralisation accrue des pouvoirs vers les
commissions scolaires pour un meilleur partage des responsabilités en
éducation; une nouvelle formule de financement assurant un
système de péréquation plus équitable et un pouvoir
de taxation à peu près semblable à ce qu'on retrouvait en
1979. Signé: M. Jean Jutras, secrétaire général de
la commission scolaire des Cantons, à Granby. "
M. le Président, quand vous allez dire à l'avenir qu'on ne
sait pas lire ou qu'on n'est pas brillants quand on dit que vous avez trop
centralisé, je vous demanderais d'être poli et de faire attention
parce que, lorsque vous dites cela, vous vous attaquez à tous nos
commissaires d'écoles de tout le Québec qui ont non seulement la
même perception, mais la même lecture du projet de loi. Donc, ce
n'est pas nous que vous traitez de n'importe quoi, mais c'est l'ensemble des
commissaires, comme quoi on ne sait pas lire, on ne sait pas interpréter
et on est une "gang" de nonos. Je ne suis pas d'accord avec cela. Vous pouvez
le dire à l'Opposition, c'est peut-être votre rôle, mais
faites attention car vous le dites aussi à ces gens qui demandent qu'on
respecte leurs compétences et leur capacité d'analyser un projet
de loi, et de voir l'orientation qui est donnée concernant les
responsabilités qu'on se donne ou qu'on leur donne à eux.
En ce qui concerne la taxe et pour vous montrer qu'on est tout à
fait sur l'article important pour la fédération, qui fait en
sorte que c'est ou l'appui ou le rejet du projet de loi, je vais vous lire
aussi parce que...
M. Gardner: Un autre télégramme?
M. Paré: Non, c'est une lettre que vous avez reçue,
je l'espère, M. le député d'Arthabas-ka. Elle est encore
adressée au ministre de l'Éducation. Elle est en date du 1er
décembre 1988. Je pense qu'elle mérite d'être lue parce que
c'est le coeur même et c'est ce qui fait que c'est l'acceptation ou le
refus du projet de loi. Cela dit: "Les travaux relativement aux projets de loi
107 et 106 se poursuivent en commission parlementaire. Lors de cette
étape importante de l'examen des projets de loi article par article, je
me permets d'insister sur deux aspects qui préoccupent nos membres au
plus haut point. D'abord, je souligne qu'à nos yeux, malgré les
amendements apportés, le projet de loi 107 reste trop centralisateur -
c'est la fédération qui dit cela - et qu'il ne règle en
rien les problèmes financiers des commissions scolaires. Sur le premier
point, les propos que je tenais en commission parlementaire le mardi 15
novembre demeurent d'actualité. Les commissions scolaires ont toujours
la conviction que les citoyens et les citoyennes du Québec seraient
mieux servis si certaines décisions qui les concernent étaient
prises dans chacun des milieux. Ainsi, nous soutenons qu'il faudrait modifier
sans plus tarder le partage des responsabilités en éducation dans
le sens d'une responsabilisation des commissions scolaires, incidemment des
contribuables pour leur donner la possibilité d'exercer certains choix
dans les activités éducatives et autres. Nous
persistons à croire que certaines modifications peuvent encore
être apportées au projet de loi 107 pour tenir compte à la
fois de notre objectif et de la volonté gouvernementale. "Sur le second
point - donc, celui qui nous intéresse à l'article 281 - l'avis
de nos membres, ies études que nous avons menées, les dossiers
que font connaître actuellement bon nombre de commissions scolaires
aboutissent à une même conclusion: le niveau des ressources dans
ies commissions scolaires est carrément insuffisant. À cet effet,
nous avons présenté, ainsi qu'à MM. Daniel Johnson et
Gérard D. Levesque, au premier ministre une nouvelle formule de
financement qui a le double avantage de rendre plus équitable le
système de péréquation et de consentir aux commissions
scolaires un pouvoir de taxation à peu près semblable à ce
qu'il était en 1979 lors de l'adoption de la Loi sur la fiscalité
municipale, la loi 57. "Au nom des commissions scolaires, je vous
réitère ma demande d'inclure dans le projet de loi 107, aux
articles 281, 282, 435 et 579, des dispositions qui vont dans le sens de nos
revendications et qui contribueraient à redresser la situation alarmante
qui prévaut de plus en plus dans le milieu scolaire.
J'apprécierais recevoir une réponse avant le 9 décembre
afin qu'avec les membres du bureau de direction de la Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec je puisse établir
un bilan de nos positions respectives. Veuillez agréer, M. le ministre,
nos salutations les meilleures. Signé, le président
générai, M. Gabriel Légaré. "
Vous savez ce que cela veut dire avant le 9 pour savoir si ces gens
tiennent encore au projet de loi tel qu'il est. Vous avez une décision
à prendre à l'article 281, M. le ministre, et elle est importante
pour savoir si vous allez avoir l'appui ou non de la fédération
des commissions scolaires. Soyez franc et direct - c'est encore la meilleure
façon en politique d'avoir de la crédibilité - en faisant
savoir à ces gens si, oui ou non, vous avez l'intention maintenant de
faire quelque chose. Non plus le peiletage en avant; on a trop vu depuis trois
ans que le peiletage en avant, cela ne règle rien, cela ne fait que
grossir les problèmes.
Ne nous ramenez surtout pas l'argument voulant que ce soit notre faute
en 1979. Vous êtes maintenant au pouvoir, vous avez en main non seulement
99 députés, non seulement encore un minimum d'une année de
pouvoir, non seulement des années de vaches grasses, comme le dit le
ministre des Finances, parce que la croissance économique va bien, il
n'y a aucune raison, si vous avez la volonté de le faire, de ne pas le
réaliser. SI vous ne le faites pas et si vous ne le faites pas
maintenant, c'est que vous ne voulez pas. C'est aussi simple que cela. C'est
que vous n'avez pas la volonté alors que vous avez tout le reste: et te
nombre et les moyens et la démocratie. Le temps, vous l'avez eu
amplement et vous l'auriez encore si vous le vouliez. J'espère que vous
allez répondre favorablement à la demande qui vous est faite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Shefford. Le ministre a son droit de réplique de
cinq minutes que je lui reconnaîtrai lorsque nous reprendrons nos travaux
au début de l'après-midi. Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation poursuit ses travaux. Au moment où nous
avons suspendu, nous en étions au droit de réplique du ministre
de l'Éducation qui fait suite à l'intervention de M. le
député de Shefford. Alors, pour situer tout le monde, nous en
étions à l'étude de l'amendement à l'article 281 du
projet de loi 107. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, quelques brèves remarques
pour signaler que j'ai rarement été témoin d'une
démagogie aussi exercée que celle dont on a entendu l'expression
tantôt. Je voudrais juste replacer quelques faits, tout d'abord rappeler
que le Parti libérai du Québec n'a jamais pris quelque engagement
que ce soit envers la fédération des commissions scolaires
concernant la fiscalité scolaire. On pourra lire avec toute la
sévérité et la rigueur qu'on voudra les textes que nous
avons publiés en ces matières, y compris les positions que nous
avons prises dans ies débats concernant des projets de loi
antérieurs. Nous avons toujours été francs et droits avec
la fédération des commissions scolaires en lui indiquant que,
politiquement, il n'était pas possible à court terme d'envisager
quelque modification que ce soit à l'espèce de trou dans lequel
nous a placés la loi 57 de 1979. Nous n'avons jamais laissé
naître aucune fausse attente. Nous avons reconnu la situation. Nous
souhaiterions que puisse se créer un climat politique favorable à
l'établissement d'un meilleur équilibre en matière de
fiscalité, mais, pour le créer, cela prendra absolument des
éléments de consensus qui n'existent pas à l'heure
actuelle. Je pense qu'il faut être franc. On peut tourner autour du pot,
faire de l'obstruction, et c'en sera, la manière dont les choses se
dessinent, nous en prendrons note, mais on ne changera pas cette
réalité-là et on trompera les gens en prétendant
penser le contraire.
Je tenais à le préciser le plus clairement possible, avec
toute la vigueur dont je pense être capable à certains moments. Je
le dis sans aucune espèce de ressentiment ou de rancune, mais par souci
d'honnêteté intellectuelle élémentaire. Encore une
fois, quand on veut nous imputer des choses, c'est absolument faux et je
défie qui que ce soit qui relira les comptes rendus des
échanges que nous avons eus avec les commissions scolaires en commission
parlementaire à maintes reprises depuis quatre ans de trouver autre
chose que ce que je dis aujourd'hui.
Je termine mon intervention là-dessus et je déclare qu'en
conséquence nous sommes obligés de nous en tenir au texte contenu
dans le projet de loi et que ce texte, à mon point de vue,
reflète ce qui est possible à l'heure actuelle, sans rendre
impossibles les efforts de recherche que le gouvernement s'est engagé
à faire au cours des prochains mois en consultation et de concert avec
les principaux intéressés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais Mme la députée de Chicoutimi. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le ministre nous
dit: Je n'ai jamais officiellement émis l'opinion de façon
écrite, cherchez partout dans nos écrits, que je m'engageais
à accorder ce nouveau pouvoir de taxation aux commissions scolaires en
contrepartie de leur adhésion au projet de loi 107. Sans qu'il l'ait
fait de façon officielle, toute la démarche et toutes ses
négociations avec la fédération des commissions scolaires
tendaient à prouver exactement le contraire, c'est-à-dire que, si
vous êtes relativement dociles quant à l'esprit du projet de loi
que vous trouvez par trop centralisateur, en contrepartie, si vous acceptez
ça, si vous ne faites pas trop de vagues, si vous ne sortez pas sur la
colline parlementaire, si vous empêchez Jacques Mongeau de partir
après moi, d'accord, il n'y aura pas de problème. En
contrepartie, on vous cédera un nouveau pouvoir de taxation. C'est
ça qu'a compris la fédération des commissions scolaires
lorsqu'elle a décidé de négocier avec le ministre cette
entente, qui n'apparaît effectivement pas dans les écrits
officiels qu'en échange d'une plus grande, j'allais dire
docilité, mais disons en échange d'une moins grande
agressivité de la part de la fédération des commissions
scolaires, si elle se fait moins revendicatrice quant à l'esprit du
projet de loi, qui était, je le rappelle, au dire même de la
fédération des commissions scolaires, extrêmement
centralisateur, qui venait mettre les commissions scolaires en tutelle... La
fédération a dit oui, on pourra, mais éventuellement cela
nous prend au moins un peu plus de pouvoirs de taxation, parce que, si on perd
à la fois le pouvoir de taxation, qui s'est érodé au cours
des années, et en même temps un pouvoir réel en vertu de la
loi, là, on a des problèmes. Cette négociation ne s'est
pas faite en présence de l'Opposition ni en présence de la
presse, mais cela a été largement sous-entendu dans les
échanges qui ont eu lieu entre le ministre et la
fédération des commissions scolaires.
Ce matin, j'écoutais la députée de Jacques-
Cartier qui nous accusait. Elle disait: C'est votre faute; c'est vous
autres du gouvernement du Parti québécois qui nous avez mis dans
cette situation. Je voudrais seulement à des fins historiques rappeler
la chose suivante à la députée de Jacques-Cartier.
L'idée de ramener le niveau de taxation scolaire à celui qu'on
connaît a été d'abord avancée par le gouvernement du
Parti libéral en 1972 ou 1974. Elle a été reprise, par la
suite, par le gouvernement du Parti québécois, il est vrai, mais
l'idée qui a été lancée la première touchant
le pouvoir de taxation des commissions scolaires a vraiment été
mise de l'avant par !e gouvernement du Parti libéral et reprise par le
gouvernement du Parti québécois. Je pense qu'à un moment
donné II faut se rappeler ces choses pour situer les questions dans leur
contexte. N'eût été le fait que le gouvernement du Parti
libéra! était sur une fin de mandat, ii aurait probablement fait
ce que le Parti québécois a fait. Alors, arrêtons de jouer
les vierges offensées là-dedans, cela a quelque chose d'un peu
déplaisant.
L'autre chose que je trouve déplaisante, c'est que ce
gouvernement nous a accusés de tous les péchés du monde.
On n'a fait que des erreurs de notre temps. On n'a fait que des erreurs. Cela
fait trois ans qu'ils sont là. Ils sont en train de modifier une loi
fondamentale en éducation et ils n'ont pas le courage de respecter les
propos qu'ils ont tenus antérieurement. Il n'y a personne qui les
empêche et je ne ies empêcherai pas. Mon parti ne les
empêchera pas non plus de modifier l'article touchant à la
fiscalité scolaire, c'est ça que je dis. Avec les beaux discours
qu'ils ont eus avant... Vous pouvez vous offenser tant que vous voulez, mais
corrigez-le, c'est le temps. Vous êtes au pouvoir, ça fait trois
ans que vous êtes au pouvoir et cela a quelque chose d'embarrassant. Je
dis plus que ça, ce n'est absolument plus crédible, même
auprès des journalistes, quand vous dites que c'est la faute de l'ancien
gouvernement. Cela fait mourir tout le monde parce qu'il n'y a plus personne
qui vous prend au sérieux. Il y a quelque chose d'indécent
d'aller dire ça trois ans après qu'on est au pouvoir. Vraiment,
je trouve ça... C'est assez spécial. Vous savez, les bonnes
farces répétées, elles ne sont jamais bonnes. La
première fois, on peut les trouver drôles, mais la dixième
fois, elles commencent à être moins intéressantes pour tout
le monde, y compris ceux qui sont généralement vos partisans. (15
h 30)
Le ministre de l'éducation s'est opposé à la loi 3,
rappelons-le, pour trois raisons. La première, c'était: Je ne
saurais souscrire à un projet de loi - textuellement - qui viendrait
renforcer les pouvoirs du ministre. Jamais je n'accepterai qu'on vienne
accroître les pouvoirs d'un ministre. Inacceptable son projet de loi, on
sait ce... Deuxième raison pour laquelle il s'opposait fondamentalement
- c'était son expression - à l'adoption de ce projet de loi - il
a d'ailleurs
fait le "filibuster" qu'on connaît - il disait: Écoutez,
c'est inacceptable dans la société d'aujourd'hui qu'on ne
reconnaisse pas le droit à la scolarité pour les étudiants
adultes. Le droit à la scolarité, donc à la
gratuité. Le ministre faisait de cette question la deuxième
question la plus fondamentale sur laquelle il s'opposait pour dire: Je ne suis
pas d'accord avec le projet de ioi, vous n'allez pas assez loin. I! faudrait
que ce soient tous les cours, y compris les cours de formation personnelle.
Quelqu'un, disait-il, qui va chercher un cours d'histoire, c'est supposé
l'enrichir, donc enrichir la collectivité - il parlait de l'histoire en
particulier. J'avais tendance à trouver que c'était
intéressant l'exemple qu'il citait. Tous ces cours devaient être
gratuits. Non seulement ces cours devaient être gratuits, mais les
manuels scolaires devaient être gratuits et, évidemment, les
transports. On sait ce qu'il a fait. I! avait en main tous les pouvoirs pour
appliquer ces beaux grands principes qu'il défendait avec une vigueur
exceptionnelle, alors qu'il était dans l'Opposition, et il n'a rien
fait. Ce n'est pas nous qui l'empêchons de faire cela. On a même
essayé par toutes sortes d'amendements de l'amener à corriger
cette situation que lui-même dénonçait, alors qu'il
était dans l'Opposition. Je trouve que c'est important de ramener cela
parce que c'est toujours ce qu'il nous ramène: C'est la faute de
l'ancien gouvernement.
Le troisième point, et c'est amusant, il disait: La raison pour
laquelle je m'oppose, c'est que des personnes non élues puissent avoir
le droit de vote à un conseil des commissaires. Eh bien, il avait
donné le droit de vote. Vous allez me dire que c'était à
une personne, mais il a aussi donné le droit de vote. Ce qui est
amusant, c'est que le ministre avait des principes lorsqu'il était dans
l'Opposition qu'il est incapable de mettre en application au pouvoir.
Sur la question de la taxation, le ministre a beau dire n'importe quoi,
il n'est pas vrai que c'est la faute de l'ancien gouvernement s'il n'est pas
capable de modifier la situation actuelle. C'est lui qui a le pouvoir. Ce n'est
pas le Parti québécois qui est au pouvoir, c'est le Parti
libéral, et c'est le ministre actuel de l'Éducation qui est au
pouvoir. Il est capable, s'il en a la volonté, de corriger la situation
ou l'erreur que nous aurions commise, selon lui, en 1979.
Je trouve que ce discours est complètement dépassé.
D'ailleurs, je voudrais rappeler au ministre que, s'il ne faisait que restaurer
la situation de 1979, c'est-à-dire redonner aux commissions scolaires
des subventions qui leur permettraient d'utiliser le fruit de la taxation pour
répondre à des besoins particuliers des conventions collectives,
nous n'aurions même pas ce débat aujourd'hui. Les commissions
scolaires sont venues le dire: Actuellement, le problème est un
problème de taxation, mais le vrai problème, c'est parce que 60 %
du fruit de la taxation actuelle des commissions scolaires va à la
réalisation de programmes du gouvernement. On ne peut plus rien faire
avec la marge de manoeuvre qui nous avait été laissée pour
produire des activités qui nous permettaient de mieux nous
intégrer dans notre milieu, de mieux répondre à des
besoins particuliers du milieu. C'est cela le problème. Le
problème est un problème de taxation, mais je disais aux
commissions scolaires: Si vous avez un peu plus de sous parce qu'on modifie
votre pouvoir de taxation et que le ministre, de l'autre main, dans vos
subventions vous en donne moins, comment pouvons-nous progresser dans cette
situation? On appelle cela changer quatre trente sous pour une piastre.
Vraiment, c'est du pareil au même.
Je dis au ministre que, si les commissions scolaires réclament
des modifications fondamentales au pouvoir de taxation, c'est parce que le
ministre a laissé planer l'impression qu'elles auraient gain de cause si
elles échangeaient leur silence contre une modification
éventuelle à la taxation. Cela n'a pas été
écrit de façon formelle.
Des voix:...
M. Filion: Un instant! Question de règlement.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut poser une question à la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Quand j'aurai terminé, M. le
Président.
Le Président
(M. Parent,
Sauvé): Si
elle accepte, oui. Par contre, M. le ministre, vous aurez cinq minutes de
réplique à la fin de l'exposé de la députée
pour...
M. Ryan: Je voulais simplement savoir si elle acceptait une
question. Le reste, je le sais.
M. Filion: Non, mais sur la question de règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, monsieur...
M. Filion: Non. Sur la question de règlement.
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Quel
règlement?
M. Filion: Le ministre de l'Éducation connaît assez
bien la formule. Sinon, je lui rafraîchis la mémoire: On peut
poser une question à un député qui vient de terminer une
intervention.
M. Ryan: Je peux lui demander si elle y consent pendant son
intervention. Si elle n'y
consent pas, je ne le peux pas.
M. Filion: Pendant l'intervention?
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez toujours la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le ministre, dans
les négociations de dernière minute qu'il a eues avec la
fédération des commissions scolaires et le premier ministre, a
laissé planer auprès des commissions scolaires que, si elles se
faisaient plus silencieuses quant à l'esprit de son projet de loi, il
pourrait éventuellement troquer ce silence contre une modification aux
règles touchant à la taxation. C'est ce que les commissions
scolaires ont compris et d'ailleurs, si le ministre se le rappelle, c'est ce
qui réjouissait fort le ministre quand la fédération des
commissions scolaires est venue nous dire, d'un ton relativement calme, qu'elle
s'opposait encore au projet de loi, mais, qu'entre contrepartie d'une
modification à la taxation, elle pourrait être silencieuse. Et
là, je regarde le ministre à ce moment-là et il
était tout réjoui. Il était, comme dirait mon
collègue de...
Une voix: Shefford?
Mme Blackburn:... Terrebonne...
M. Filion: De Terrebonne.
Mme Blackburn:... purpurin, tellement il était heureux de
voir le bon tour qu'il nous avait tous joué, en même temps
qu'à la fédération des commissions scolaires. Et il
rigolait, je me rappelle très bien. Il se trouvait bien bon. Mais
aujourd'hui les commissions scolaires lui disent: Écoutez... Et
!à, il faut regarder le journal parce que je le trouve
Intéressant. C'est non au projet de loi 107. Le ministre pourra
peut-être dire que c'est parce qu'elles ont encore assez de sous pour
passer des annonces dans les journaux...
M. Ryan:...
Mme Blackburn: Mais, M. le Président, Je lis quand
même: "Non au projet de loi 107. M. le premier ministre... " Parce que
là elles réalisent, comme d'autres l'ont réalisé
avant elles... Et je pense plus particulièrement à un
débat qui a été tout à fait épique entre le
ministre et les universités sur le partage des 40 000 000 $.
L'Université McGill a compris tout de suite. Elle a passé
directement par-dessus la tête du ministre et elle est allée au
premier ministre. Les commissions scolaires ont compris un petit peu tard.
Mais, quand même, leur publicité s'adresse au premier ministre:
"M. le premier ministre, pourquoi imposer un projet de loi Incomplet qui met en
péril notre réseau scolaire? Les commis- saires d'écoles
du Québec veulent la marge de manoeuvre financière et
administrative nécessaire à une saine gestion des écoles.
Nous avons été élus pour cela. M. le premier ministre, il
faut retrouver, dans le projet de loi 107, un mode de financement
adéquat pour les commissions scolaires, une autonomie de gestion
réelle pour les élus scolaires, une volonté claire
d'offrir à la population les services éducatifs auxquels elle est
en droit de s'attendre en 1989. Or, malgré certains amendements, ce
projet demeure inacceptable parce qu'il est encore trop centralisateur. Il
n'est pas trop tard pour agir. Les commissaires d'écoles du
Québec. " Et c'est publié par la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec".
Ce que les commissions scolaires catholiques sont en train de faire,
elles sont en train d'interpeller le premier ministre par-dessus la tête
du ministre. Elles disent: Écoutez, on a bien accepté que... Sauf
que je doute qu'elles aient le même résultat que
l'Université McGill et que les étudiants pour les frais de
scolarité. Ils ne sont pas sortis suffisamment nombreux dans la rue.
M. le Président, la fédération des commissions
scolaires ne parie pas seule. Elle se fait ainsi la porte-parole des
commissions scolaires qui ont adressé au chef de l'Opposition, au
premier ministre et à chacun d'entre nous copie d'un
télégramme dont le ministre a certainement pris connaissance.
J'imagine que si... Oui, c'est indiqué: Guy Chevrette, chef de
l'Opposition, Hôtel du gouvernement, Québec, copie du
télégramme envoyé à Claude Ryan, ministre de
l'Éducation. "Nous vous réitérons notre appui complet aux
demandes de la Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec concernant les projets de loi 106 et 107,
particulièrement en regard des nouvelles dispositions à y inclure
quant au financement des commissions scolaires. Jean-Marie Beaulieu,
président de la commission scolaire de Chicoutimi. Copie conforme:
Robert Bourassa, permier ministre; Guy Chevrette, chef de l'Opposition; Jeanne
Blackburn, députée de Chicoutimi; Gabriel Légaré,
président de la fédération des commissions scolaires du
Québec. "
M. le Président, on pourait convenir, quoique ce soit
difficilement intégrale dans le projet de loi... Si le ministre
était sincère, s'il ne modifie pas la taxe scolaire, il devrait
à tout le moins restaurer l'équivalent de ce que les commissions
scolaires avaient en 1979, de manière que le fruit de la taxe scolaire
soit effectivement consacré à des programmes locaux, à des
activités décidées pour et par la collectivité,
pour répondre à des besoins particuliers de la communauté.
Actuellement, je le rappelle, 60 %... Ce n'est pas peu ça, et on est en
pleine période de croissance économique. C'est beau partout,
ça va bien. L'argent rentre dans les coffres à une vitesse telle
que le ministre des Finances n'arrive même pas à le compter. Ce
sont les propos du ministre des Finances, il trouve que c'est une
période de vaches grasses. Une voix: Ah oui!
Mme Blackburn: Alors, ce n'est pas la période de vaches
grasses pour les commissions scolaires ni pour l'éducation.
Actuellement, en pleine période de croissance économique, 60 % de
la taxe scolaire est utilisée pour répondre à des
activités, à des programmes du gouvernement. Il me semble qu'il y
a quelque chose de pas correct et de gênant pour le ministre, qui a
invoqué, qui a dénoncé le précédent
gouvernement pour les compressions et coupures, d'être assis là en
train de nous dire: Écoutez, j'ai l'occasion de le faire, je pourrais
améliorer la situation, mais j'ai décidé de ne rien faire.
Il nous dit: C'est bien compliqué, il n'y a pas de consensus
là-dessus, Ses commissions scolaires ne voudront jamais. Cela fait trois
ans qu'il est au pouvoir, on n'en est pas à la première
année. La première année, vous négociez vos
affaires; la deuxième, vous les mettez en forme et, la troisième,
vous les adoptez. Dans ce projet de loi, !e ministre a repris une bonne partie
des dispositions de la loi 3, ii faut le reconnaître. Le projet de loi
était, pour le ministre, l'occasion privilégiée - vous
allez souffrir encore quelques minutes - sans précédent, que le
ministre lui-même s'est donnée, d'amener les hypothèses de
solution qu'il trouvait préférables pour l'établissement
des commissions scolaires, linguistiques ou confessionnelles - pour
protéger les confessionnelles, on le sait également - mais
c'était aussi une occasion sans précédent d'apporter des
modifications aux situations qu'il dénonçait.
On connaît les trois raisons pour lesquelles il s'opposait au
projet de loi 3. Il n'a pas eu la mémoire très longue puisque
aucune de ces trois conditions n'a été respectée dans le
projet de loi. C'est toujours décevant que quelqu'un, qui semble avoir
de la crédibilité, ne se donne pas la peine de respecter ses
propres engagements ou ses propos quand il a l'occasion de le faire.
Aujourd'hui, qu'il vienne nous dire, en s'offen-sant, que c'est la faute du
précédent gouvernement, cela ne m'impressionne pas du tout. C'est
son projet de loi qu'on travaille à améliorer depuis
déjà un certain nombre d'heures, qu'on a effectivement
amélioré et auquel on a accepté qu'il apporte une
série d'amendements - il y a plus d'amendements que d'articles dans le
projet de loi. C'est un travail mal fait. Il a refusé de le
réécrire, cela aurait été beaucoup plus simple. Un
travail mal fait qu'on accepte avec lui d'améliorer, mais qu'il ne
vienne pas nous dire, M. le Président, que c'est la faute du
précédent gouvernement. S'il n'est pas capable de corriger la
situation pour donner un meilleur financement aux commissions scolaires ou
encore de corriger la situation en acceptant une partie de la formule qui a
été proposée par les commissions scolaires, je me dis que
c'est au ministre à prendre ses décisions, ce n'est pas à
nous autres, ce n'est pas à l'Opposition. S'il est incapable de le
faire, de deux choses l'une: ou il n'a pas de volonté pour le faire, ou
encore il n'a pas de pouvoir au Conseil des ministres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, si, au lieu de pérorer
interminablement, comme elle vient de le faire, la députée de
Chicoutimi avait voulu simplement relire l'article 348 de la loi 3
adoptée par l'ancien gouvernement...
Mme Blackburn: Vous l'avez contestée.
M. Ryan: Après le retour, elle recourt à la
guillotine...
Mme Blackburn: Vous l'avez contestée.
M. Ryan:... après à peine une vingtaine
d'articles.
Mme Blackburn: Vous l'avez contestée.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais parler
tranquillement?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, vous avez
toujours le droit de parole, M. le ministre.
Mme Blackburn: II me reste deux minutes.
M. Ryan: Je vais le lire parce que le député de
Taillon est moins familier avec la fiscalité scolaire, il se rappellera
au moins ce que ces gens-là ont fait avant qu'il soit ià:
"Lorsque le montant total des dépenses pour le paiement desquelles une
taxe est imposée excède 6 % des subventions attribuées par
le gouvernement à la commission scolaire pour l'année où
la taxe est imposée, déduction faite des subventions pour le
service de la dette et le transport des élèves, ou si le taux
d'imposition de cette taxe excède 0, 25 $ par 100 $ de
l'évaluation uniformisée des immeubles imposables inclus dans
l'assiette foncière de la commission scolaire, cette taxe est soumise
à l'approbation des électeurs conformément aux articles
395 à 403. " Exactement le même contenu que l'article... Cet
article-là n'a pas fait l'objet de débat à
l'époque. Il n'a pas fait l'objet de débat. Nous ne nous sommes
jamais rendus aussi loin sous le gouvernement intolérant qu'il y avait
à cette époque-là. Jamais! Jamais nous ne nous sommes
rendus à la moitié du chemin que nous avons fait en commission
parlementaire. (15 h 45)
Alors, c'est le même article. Je suis fondé, sur la foi de
cette constatation, de conclure que Ses propos que nous entendons sont des
propos hypocrites, des propos de gens qui ont un double langage, qui essaient
de gagner ou d'attirer des
votes par tous les moyens et qui savent très bien que l'absence
de consensus dont j'ai parié ne se réfère pas aux
commissions scolaires, comme vient de le faire la députée de
Chicoutimi, mais aux municipalités. C'est le monde municipal qui fait
objection à ce qu'on touche à cet héritage que vous avez
créé en 1979. Et je l'avoue en toute franchise, je ne tourne pas
autour du pot, le gouvernement actuel constate cet obstacle majeur. Et, comme
!! a !e respect des institutions, il trouve que le temps n'est pas mûr
pour avancer sur ce point, sans nier pour autant l'existence du
problème. I! y a un grand nombre de problèmes qui n'ont pas
trouvé leur solution et qu'on préfère laisser !à en
attendant de trouver des solutions qui soient assez largement acceptables.
C'est le fond du débat. C'est bien simple. On peut faire toutes sortes
de broue autour de cela, mais cela ne changera absolument rien à
l'essence du problème.
J'ajoute un deuxième point. La députée de
Chicoutiml a affirmé faussement - faussement - qu'il y aurait eu quelque
troc entre le gouvernement et les commissions scolaires pour acheter - c'est ce
qu'elle a insinué - leur consentement aux dispositions du projet de loi
contre lequel elles ne pouvaient plus avoir d'objection. D'abord, savez-vous
que c'est manquer totalement de respect envers les commissions scolaires? C'est
les traiter avec un mépris déplorable. Les commissions scolaires
se seraient laissé acheter, elles auraient donné leur
adhésion à peut-être 50 clauses modifiées en retour
d'un engagement sur la question de la fiscalité. Tout d'abord, il n'y
eut jamais d'engagement ià-dessus; il n'y en aurait pas eu.
Deuxièmement, c'est mépriser totalement leur intelligence et leur
intégrité que de laisser croire qu'elles seraient venues dire des
choses qu'elles ne pensaient pas. Et si elles les pensaient quand elles sont
venues ici, nous avons toutes les raisons de croire qu'elles les pensent
encore. Si elles pensaient le contraire, c'est leur problème, ce n'est
pas le mien. Mais c'est dans le dossier. Au début de novembre, la
fédération des commissions scolaires est venue. Elle s'est
exprimée à loisir. Elle avait rédigé un
mémoire dont tout le monde a eu connaissance. Nous avons pu la
questionner et nous savons très bien ce qu'elle a dit. Toutes ces choses
restent au dossier et je pense que c'est bon de les interpréter.
La députée de Chlcoutimi s'est aventurée sur le
terrain de l'Université McGill et des frais de scolarité. Je ne
la suivra! pas sur ce terrain. Mais, sur ce terrain également, ses
interventions sont toutes déformées par les
préjugés qui sont le fondement même de son esprit.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député de Taillon. Oui, madame.
Mme Blackburn: II me reste deux minutes. Je vais terminer en
relisant...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un Instant! M. le
député de Taillon, est-ce que vous cédez votre droit de
parole?
M. Filion: Pour deux minutes? Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui? Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez deux minutes.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le
député qui l'a dit.
M. Filion: Pour quelques minutes. Mme Blackburn: Une
minute.
M. Ryan: M. le Président, est-ce qu'un droit de parole est
transférable...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
M. Ryan:... sans le consentement de tous les
députés?
Mme Blackburn: C'est le consentement...
M. Ryan: Le droit de parole existe pour chaque
député et je ne consens pas à ce qu'il soit
transféré.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Filion: Sur ce point, je demande à mes collègues
de faire preuve de compréhension. En dehors de la question juridique, je
ne traite pas à savoir si un droit de parole est transférable ou
non. Il demeure qu'il y a eu un échange intéressant entre le
ministre de l'Éducation et la députée de Chicoutimi. En
tout cas, j'aimerais savoir... Quitte à ce que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le
règlement dit...
M. Filion:... le ministre, s'il le veut, complète par la
suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non.
M. Filion: Je pense qu'on est ici pour débattre un projet
de loi fondamental. En tout cas, en ce qui me concerne, je pense que cela vaut
la peine d'écouter attentivement les propos de tous et chacun et de
toutes et chacune des membres de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai bien saisi
l'objet de votre intervention, M. le député de Taillon. Le
règlement dit effectivement qu'un
député peut donner son droit de parole à l'un de
ses collègues, pour autant qu'il n'a pas utilisé tout son droit
de parole. Dans le cas présent, Mme la députée de
Chicoutimi avait utilisé ses 20 minutes. Vous les aviez môme
dépassées, je pense...
M. Filion: Non, non. Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... au moment
où je vous ai fait signe. On peut vérifier, si vous voulez.
Mme Blackburn: On vérifie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, nous vous écoutons pendant une
minute et demie.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
simplement relire une partie du mémoire auquel faisait allusion tout
à l'heure le ministre, mémoire qui a été
déposé par la fédération des commissions scolaires
au moment de sa dernière comparution. Elle disait: "La
fédération a déjà fait parvenir au ministre de
l'Éducation une proposition visant à corriger !a situation
actuelle - elle faisait référence à la taxe. Cette
correction technique restaurerait la marge de manoeuvre qui avait
été accordée aux commissions scolaires en 1979. Son impact
financier sur la fiscalité municipale est marginal et ne devrait pas
soulever d'opposition de la part des municipalités. Elle est cependant
vitale pour les commissions scolaires. Le projet de loi 107 doit être
amendé afin de permettre aux commissions scolaires d'offrir aux
élèves des services de qualité et de se donner une marge
de manoeuvre au plan financier pour leurs projets de développement
à court, moyen et long terme. "Avant de conclure, permettez-nous de vous
livrer un bref commentaire au sujet des modifications annoncées par le
ministre de l'Éducation au sujet du projet de loi 106. La
fédération est toujours d'avis que la durée du mandat
est... " Je passe ça. On dit: "En terminant, rappelons que la
fédération des commissions scolaires actuelle accueille
favorablement plusieurs amendements déposés et nous avons la
conviction que le projet de loi 107 serait acceptable s'il avait pour effet de
restaurer la marge de manoeuvre que l'Assemblée nationale consentait aux
commissions scolaires en 1979. " Je le répète au cas où
personne n'aurait compris: "nous avons la conviction que le projet de loi 107
serait acceptable s'il avait pour effet de restaurer la marge de manoeuvre que
l'Assemblée nationale consentait aux commissions scolaires en 1979.
"
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le député de Taillon.
M. Filion: Je remercie la députée de
Chicoutimi.
M. Ryan: Cela ne prouve pas votre point du tout. Votre propos
reste mensonger.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Taillon. S'il vous plaît, M. le ministre!
M. Ryan: II n'y a jamais eu de troc avec eux autres.
M. Filion: Je vous remercie. Sans avoir l'expérience de ma
collègue, la députée de Chicoutimi...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela viendra,
ça viendra.
M. Filion:... encore moins celle du député
d'Abitibi-Ouest, qui a déjà été ministre de
l'Éducation, ni celle du ministre de l'Éducation actuel, le
député d'Argenteuil, ce qui me frappe le plus, M. le
Président, c'est que voilà un projet de loi qui réforme
une bonne partie non seulement de la structure, mais aussi des
activités, du fonctionnement de notre système scolaire au
Québec. Je pense qu'on s'entend là-dessus, il y a consensus. Un
des partenaires privilégiés du ministre de l'Éducation,
qui ne peut pas tout décider dans son bureau, parce que les
journées n'ont que 28 heures et ies semaines 8 jours... Il ne peut pas
tout décider, il ne peut pas tout faire, même si on étire
le cadran au maximum. Il faut avoir des partenaires avec qui on peut travailler
en pleine concertation.
Je vais vous dire que c'est indicatif que la fédération
des commissions scolaires, M. le Président, juge bon d'utiliser l'argent
des contribuables pour faire paraître dans les journaux, dans plusieurs
quotidiens, aujourd'hui, à travers le Québec, une annonce
semblable qui prend une demi-page dans la première section de La
Presse et qui dit non au projet de loi 107, c'est indicatif qu'il y a une
partie du travail qui n'a pas été faite, et je le dis avec tout
le respect pour la partie du travail qui a été faite. Je sais que
le député d'Abitibi-Ouest et le ministre de l'Éducation se
sont entendus comme larrons en foire pour réussir à bonifier ce
projet de loi qui a été déposé. D'un autre
côté, manifestement, à la lecture même de cette
annonce, on s'aperçoit qu'on a manqué une partie du bateau, et
cela me surpend du ministre de l'Éducation, homme de grandes
connaissances, homme de grande compétence...
Une voix: De grande vertu.
M. Filion:... homme de grande vertu, homme de contacts. Comment
a-t-il pu laisser échapper cette partie-là de la
problématique qui consiste à mettre les commissions scolaires
dans le coup de
sa réforme? Les commissions scolaires ne fonctionneront pas en
disant: On est d'accord avec cette partie-là de la loi et on n'est pas
d'accord avec l'autre partie. Les commissions scolaires ne peuvent fonctionner
qu'avec !a plus grande des réticences. Alors, ce que j'invite le
ministre de l'Éducation à faire, c'est, bon Dieu.... Et il n'y a
pas de ma! à ça. C'est manifestement... Et il le dit
lui-même. Il l'a avoué tantôt d'une façon très
honnête: Écoutez, il y a une problématique et je ne l'ai
pas réglée. Bien, bon Dieu! je suis convaincu qu'en prenant le
temps nécessaire, le ministre de l'Éducation est capable de faire
en sorte, en s'assoyant avec les municipalités et les commissions
scolaires, que puisse se dégager un consensus dans ce domaine
extrêmement important qui est celui de la gestion financière sur
!e plan scolaire. Ce n'est quand même pas une bricole. Je ne pense pas
qu'on puisse dire que la marge de manoeuvre requise par les commissions
scolaires, ce sont des cacahuètes. On peut dire, comme le ministre l'a
dit: Écoutez, je n'ai pas réglé ce
problème-là, mais on ne peut pas dire que c'est secondaire. Comme
c'est un volet important, nul ne pourrait nier que le financement est une
matière importante et, comme c'est une matière importante, ce
qu'il faut faire, à mon sens... Si le ministre de l'Éducation
avait pris la plume à l'époque, au Devoir, il aurait dit:
Mon Dieu, le ministre doit retourner à sa table de travail, asseoir
à nouveau les intervenants et regarder ça, parce que c'est
fragile. Je !e conçois, c'est un secteur extrêmement fragile que
celui de la fiscalité municipale et scolaire. D'ailleurs, au moment de
l'adoption, sauf erreur... Le ministre disait tantôt - je ne sais pas
s'il peut m'écouter - aux membres de cette commission: C'est de la
broue, on se répète.
On m'informe de ceci, M. le Président. Vous ne le croiriez pas,
mais le ministre parlait tantôt de la loi 3. On me dit ceci: C'est qu'en
65 heures de commission, alors que le ministre actuel était, à ce
moment-là. député d'Argenteuil et porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation, à l'étude de
la loi 3, le croiriez-vous qu'il y a eu quatre articles d'adoptés et
seize de reportés? Je vois que je soulève
l'incrédulité du président, mais, pourtant, c'est
ça que cela révèle. Le ministre de l'Éducation
accuse l'Opposition de faire de la broue, alors qu'à l'époque de
la loi 3, lui-même, en 65 heures de commission, avait adopté
quatre articles et en avait fait reporter seize. Je vais vous dire, je pense
que le ministre se trompe de brasserie, M. le Président. Ici, il y a eu,
jusqu'à présent, quelques centaines, me dit-on, quelque 200
articles d'adoptés. Nous en sommes maintenant à l'article 279. Il
y a eu près de 275 articles d'adoptés. Je vais vous dire, notre
bière est flate à côté de la sienne à
l'occasion de la loi 3. Le ministre me permettra cette expression. Je dois vous
dire que les 65 heures de commission, quatre articles d'adoptés et seize
de reportés, il faut le faire.
Donc, si le ministre n'a pas réussi à cimenter cette
concertation nécessaire pour bâtir l'équilibre entre les
municipalités, les commissions scolaires et le gouvernement du
Québec, qu'il prenne le temps. C'est quoi l'urgence? Y a-t-il, mon Dieu,
des éléments dirimants qui feraient en sorte qu'une telle
réforme ne pourrait pas voir le jour l'an prochain? Le ministre
lui-même... D'ailleurs, c'est son parti qui avait voté à
l'époque contre la loi 79 en entrouvant la porte à de meilleures
solutions en matière de fiscalité scolaire. Mais le ministre est
actuellement on ne peut pas plus au pouvoir. Ce n'est pas possible d'imaginer
un ministre de l'Éducation qui ne serait pas mieux assis dans sa chaise
de ministre de l'Éducation que peut l'être le député
d'Argenteuil actuellement.
Mme Blackburn: Avec une grande majorité.
M. Filion: Avec une solide majorité. Mon Dieu, il lui
reste encore un an pour travailler. À ce moment-là, il est
difficile de concevoir que le ministre de l'Éducation ne voudrait pas
prendre le temps de faire ce qu'il a toujours fait à l'époque au
Devoir, de bien faire les choses que son devoir lui commande. J'avoue
que c'est fragile. Ce n'est pas un secteur facile. Ce serait bon dans ce
sens-là de faire un peu l'historique parce que les
événements récents ont ramené un peu l'historique
du dossier de la fiscalité municipale. Au moment de l'adoption de la
loi, en 1979, le gouvernement s'était engagé à ce que le
transfert de l'impôt normalisé aux municipalités et le
remplacement de celui-ci par un accroissement des subventions aux commissions
scolaires ne causent aucun préjudice à ces dernières. Le
gouvernement s'était aussi engagé à financer le coût
de ses décisions tout en affirmant que le pouvoir de taxation
laissé aux commissions scolaires devait leur permettre de se donner une
couleur locale, c'est-à-dire qu'elles pourraient répondre
à des besoins et à des attentes spécifiques dans le
milieu. Au fil des années, il est arrivé ceci, par exemple. Il y
a eu une crise économique et il y a eu des compressions
budgétaires. Actuellement, c'est facile pour le gouvernement de nous
ramener à l'époque de 1981, 1982, 1983 et de dire qu'à ce
moment-là le rendement était tel, tel et tel. Mais, bon Dieu, on
vivait en pleine période de resserrement économique qui est tout
à fait le contraire de la période de vaches grasses qu'on
traverse actuellement. Les rapports d'impôt des citoyens contiennent
beaucoup plus d'argent qu'on pensait. C'est la réalité que
connaissent le ministre des Finances et le ministre de l'Éducation. Il y
a plus d'argent qui entre dans le gouvernement du Québec que...
Une voix:...
(16 heures)
M. Filion: Voilà la solution simpliste: parce qu'on est
là.
Une voix: Oui, oui.
M. Filion: Franchement!
Une voix: Franchement!
M. Filion: Franchement, M. le Président! J'aimerais bien
voir ce gouvernement faire face à une crise économique pour voir
de quelle façon il arriverait à créer ce qui a
été créé par l'ancien gouvernement. Qu'on regarde,
par exemple, le Fonds de solidarité des travailleurs de la FTQ. Est-ce
qu'un gouvernement libéral aurait été capable d'asseoir
ensemble les partenaires, alors que le ministre de l'Éducation a de la
difficulté à asseoir ies municipalités et les institutions
scolaires? Est-ce que le gouvernement libéral aurait été
capable de créer les programmes qui ont été mis en place
en pleine période de resserrement et de crise économique, M. le
Président? Je vais vous dire que je ne le prends plus.
M. Paré:...
M. Filion: Cette litanie: Nous, on fait mieux. Je vais vous dire:
L'économie va mieux, M. le député. Partout,
l'économie va mieux. Les taux d'intérêt à 20 %, si
le député de la belle région de...
M. Gardner: Arthabaska.
M. Filion:... Arthabaska ne se souvient pas des taux
d'intérêt à 20 % et des citoyens et citoyennes qui devaient
se présenter à la banque pour renégocier des
hypothèques à quelque 20 % et qu'un gouvernement a pris sa
responsabilité. Vous êtes au pouvoir, on traverse une
période de vaches grasses, réglez-les ies problèmes.
Mme Blackburn: C'est ça.
M. Filion: À ce moment-là, le gouvernement
précédent vivait une situation bien particulière.
J'espère qu'on n'entendra pas, surtout de la part du
député d'une aussi belle région que la sienne, le
député nous sortir semblable argument.
Donc, il y a eu les compressions budgétaires. C'est une
réalité. Ce n'était pas de gaieté de coeur que ies
compressions budgétaires ont été imposées, qui ont
affecté également le milieu des institutions scolaires et le
milieu de la santé, que je connaissais mieux à cette
époque. J'ai vécu la période durant laquelle on a dû
expliquer aux établissements la rationalisation et la
complémentarité. Cela n'a pas été fait de
gaieté de coeur par le gouvernement précédent, mais cela
correspondait à un contexte, à une situation. La situation, que
je sache, n'est pas tout à fait la même.
Il y a donc eu des compressions budgétaires dans les subventions
des commissions scolaires qui ont amené à utiliser quoi? Leur
très faible marge de manoeuvre, marge de taxation. À ce
moment-là, elles l'ont utilisée, comme l'a bien expliqué
la députée de Chicoutimi tantôt, pour financer le
coût des décisions d'orientation prises non pas par ies
commissions scolaires, mais par le gouvernement du Québec et le
ministère de l'Éducation. On prend la marge de manoeuvre et on
l'applique pour financer le coût des décisions qui viennent de
Québec. Mais qu'est-ce qui reste aux commissions scolaires? C'est ce que
nous disent les commissions scolaires dans cet appel, peut-être ultime -
pas tout à fait ultime parce que l'Opposition sera là pour faire
son travail - dans cet appel au public, M. le député.
Cela vaut la peine de le lire: "M. le premier ministre - encore une
fois, la députée a expliqué pourquoi on écrit au
premier ministre - pourquoi imposer un projet de loi incomplet qui met en
péril notre réseau scolaire? Les commissaires d'écoles du
Québec veulent !a marge de manoeuvre financière et administrative
nécessaire à une saine gestion des écoles; nous avons
été élus pour ça. M. le premier ministre, il faut
retrouver dans le projet de loi 107 un mode de financement adéquat pour
les commissions scolaires, une autonomie de gestion réeile pour les
élus scolaires - là, on fait appel au caractère
centralisateur un peu du projet de loi; bien que le député
d'Abitibi-Ouest ait réussi à y introduire certains amendements,
cela demeure néanmoins un projet de loi centralisateur - uns
volonté d'offrir à la population ies services éducatifs
auxquels elle est en droit de s'attendre en 1989. Or - et c'est signé
par la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec - malgré certains amendements, ce projet de loi demeure
inacceptable parce qu'il est encore trop centralisateur. Il n'est pas trop tard
pour agir. "
C'est curieux. La Fédération des commissions scolaires
nous dit exactement ce que nous sommes en train de dire comme Opposition:
Prenez votre temps pour faire vos devoirs comme il faut. C'est dans ce
sens-là que je fais appel aux grandes qualités du ministre de
l'Éducation. Les municipalités sont habituées aussi de
cerner, de se retrousser les manches et d'envisager des problématiques
qui ne sont pas faciles. La fédération des commissions scolaires
est également un organisme de bonne foi capable de s'asseoir à
une table et de regarder la réalité en face. D'autant plus que le
ministre, en 1979, en étant contre la réforme de la
fiscalité du gouvernement précédent, a ouvert les portes.
Maintenant qu'on est au pouvoir, il faut livrer la marchandise parce que, quand
on ne livre pas la marchandise, en plus d'avoir à dépenser nos
taxes scolaires pour publier des annonces dans les journaux, ça engendre
un climat qui va faire en sorte que c'est peut-être l'ensemble de la
réforme du ministre qui est en péril, l'ensemble de la
réforme du ministre qui bénéficierait d'un surplus
d'énergie pour régler cette problématique
qui demeure.
Dans ce sens, M. le Président, il me fait plaisir d'ajouter ma
voix à celle du député d'Abitibi-Ouest, du
député de Shefford et de la députée de Chicoutimi
pour tenter de faire entendre raison au ministre. Soyez sans crainte, M. le
Président, on ne passera pas 65 heures à étudier 20
articles, comme ç'a été fait lors de la loi 3. Vous avez
l'air sceptique, M. le ministre, mais ce sont là les chiffres de
l'étude qui a été faite. Les travaux de cette commission
parlementaire sont rendus à l'article... Il y en a 280 qui ont
été étudiés. Je ne sais pas si le total
jusqu'à maintenant dépasse 65 heures, je ne le croirais pas.
M. Gendron: Soixante-six.
M. Filion: Soixante-six heures? Bon. On est à peu
près au même niveau si on compare les deux parcours. Le ministre
de l'Éducation du côté de l'Opposition: 65 heures,
seulement quatre articles d'adoptés, seize de reportés. Le
député d'Argenteull, ministre de l'Éducation, l'Opposition
actuelle responsable de ce côté-ci de la table, environ 200
articles d'adoptés.
Donc, les préoccupations des commissions scolaires quant à
cette gestion financière s'ajoutent aux préoccupations qu'elles
ont déjà exprimées relativement au caractère
beaucoup trop centralisateur de ce projet de loi.
Quant à nous, nous avons véhiculé de façon
cohérente, en particulier le député d'Abitibi-Ouest,
leader de l'Opposition, notamment lors du débat sur l'adoption de
principe du projet de loi, un discours favorable à une plus grande
autonomie, à une plus grande responsabilisation des partenaires locaux
que sont les commissions scolaires. Par le biais d'une décentralisation
des pouvoirs, on a mentionné une réduction des
contrôles.
Actuellement, la fédération arrive avec une proposition
concrète de refonte de la fiscalité scolaire. Non seulement Ils
ont écrit à tous les députés la lettre que j'ai
reçue et que tous les députés ont reçue... Vous
l'avez reçue? Non seulement ils nous ont écrit, mais Ms nous ont
aussi envoyé des papillons, des suggestions de papillons. Oui, oui,
c'est la fédération qui nous a envoyé ça, bien
sûr. Vous l'avez rencontrée? C'est important parce que ce ne sont
pas des propositions en l'air, c'est une bonne base de discussion, une bonne
base de réflexion pour le temps des fêtes. Si le temps des
fêtes se passe au parlement, bien, mon Dieu, on sera ici, mais, si le
temps des fêtes se passe ailleurs, vous regarderez ça
tranquillement.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec... J'ai mal saisi l'intervention du ministre tantôt. Il
semblait reprocher à la fédération de ne pas avoir
été claire dans ses revendications. En ce qui me concerne, elle a
toujours été très consistante. On a remémoré
sa comparution, son mémoire, etc. Mme la députée de
Chicoutimi a cité tantôt le mémoire. Je voudrais citer sa
lettre du 1er décembre 1988, deuxième paragraphe: "D'abord, je
souligne qu'à nos yeux... " Et c'est signé de M. Gabriel
Légaré, président général. Pas directeur
général, président général de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. "D'abord, je souligne qu'à nos yeux, malgré les
amendements apportés, le projet de loi 107 reste trop centralisateur et
qu'il ne règle en rien les problèmes financiers des commissions
scolaires. " Comment faire une réforme... Je termine là-dessus,
M. le Président. Comment envisager de faire une réforme scolaire
de la taille de celle que soumet le ministre, alors que la question
financière n'est toujours pas réglée? Moi, je me demande
si elle n'aurait pas une influence néfaste sur l'application du reste de
la réforme. En deux mots, je me demande si ce ne serait pas un
élément négatif. Le ministre dit: Peut-être au
printemps on verra, ou l'année prochaine on verra. Mol, si c'est
uniquement l'an prochain, à ce moment, je soumets, et c'est mon opinion,
M. le Président... Je ne suis pas un expert en fiscalité
scolaire, loin de là. En tout cas, le gros bon sens, ma petite
expérience publique me dictent que prudence et bon sens imposeraient au
ministre de reporter l'ensemble de son projet de loi après un
règlement de la question financière. S'il y a eu des
répétitions à vos oreilles, M. le Président, je
m'en excuse, mais je pense que c'est important de se mettre à plusieurs
pour essayer de percer l'apparente surdité...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voulez-vous
conclure, M. le député?
M. Filion:... de certains de nos collègues d'en face. Je
vous remercie de votre patience.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Taillon. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan:...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Assez rapidement, M. le Président, parce que
j'ai eu l'occasion de commencer quelques minutes avant la suspension pour la
période du lunch. Je voudrais tout simplement redire au ministre de
l'Éducation trois ou quatre éléments sur lesquels, je
pense, il n'y a pas eu assez d'Insistance. Le premier élément que
je veux faire valoir, c'est que nous sommes à l'article 281 et que c'est
spécifique ment l'article qui traite de la formule de financement qu'on
connaît. Le problème, M. le ministre et M. le Président de
cette commission, c'est que, lors de la réforme sur la fiscalité
- je ne veux pas, moi, en tout cas, en ce qui me concerne, refaire un
débat pour dire qu'on aurait
dû le faire autrement ou pas, ce n'est pas de même qu'on va
avancer - en 1979 et, dans la réforme de la fiscalité, ce qu'on a
indiqué, c'est que dorénavant les commissions scolaires
pourraient avoir une imposition locale qui n'excède pas 6 % de leurs
dépenses nettes ou 0, 25 $ les 100 $ d'évaluation.
La situation et l'évolution de cette situation ont fait que ce
pourquoi... Et c'est là-dessus, il me semble, M. le ministre, que vous
devriez être sensible parce que la fédération des
commissions scolaires a raison. Sans refaire le débat au complet et
contraiment à ce que j'ai entendu, moi, je ne veux pas parler des deux
côtés de la bouche. Je vois trop de gens qui le font de l'autre
côté. Je ne peux pas pratiquer la même chose. Dans ce sens,
très clairement, si, aujourd'hui, l'usage des 6 % ou des 0, 25 $ par 100
$ d'évaluation n'avait pas fait que dans les faits la plupart des
commissions scolaires seraient au plafond, on n'aurait même pas à
parler de ça parce qu'elles prétendraient avec raison que le mode
fiscal qu'on leur a octroyé dans la réforme de la
fiscalité leur permet encore de faire ce qui était
légitimement défendable à ce moment pour amorcer des
choses qui sont davantage reliées à des initiatives locales,
ponctuelles, correspondant à des besoins spécifiques du
milieu.
Je ne peux pas venir en commission avec un bandeau sur les yeux et
savoir que, quand la réforme a été amorcée ou
à peine quelques mois après la fiscalité, très peu
étaient au plafond. Au moment où l'on se parle, il y a 39
commissions scolaires qui sont limitées par les 6 %, ce sont des faits.
Des 39, les taux varient de 0, 04 $ à 0, 17 $ les 100 $
d'évaluation. Chanceuses, ce sont les plus riches. Elles
bénéficient à elles seules de 51 % de l'évaluation
foncière globale du Québec, 136 000 000 000 $. Pour une formule
contre laquelle on a voté et qu'on a discréditée, elles ne
devaient pas être si imbéciles que ça. (16 h 15)
Elle a permis de leur donner le fric requis. 116 autres commissions
scolaires sont limitées par ies 6 %, mais reçoivent une aide
gouvernementale sous forme de péréquation. Leurs taux varient de
0, 12 $ à 0, 24 $. 56 sont limitées par les 0, 25 $ et
bénéficient aussi de la péréquation. De ce nombre,
15, les plus pauvres, n'atteignent pas les 6 %, même avec la
péréquation. Taxes et péréquation combinées
représentent en moyenne pour celles-ci 3, 5 % de la dépense
nette. En résumé, le taux de taxes varie de 0, 04 $ à 0,
25 $, selon les commissions scolaires, et ça ne nous étonne pas,
nous autres. Les revenus de taxation représentent de 1, 8 % à 6 %
de la dépense nette. C'est le portrait d'aujourd'hui.
Est-ce à dire, M. le Président, que les commissions
scolaires peuvent, avec le plafond des 6 % ou des 0, 25 $, faire faire des
choses qui correspondent à l'objectif de la réforme fiscale? La
réponse, c'est non. Je ne change pas d'avis, mais je dis que nous sommes
en 1988, que vous formez le gouvernement et que nous étudions une
nouvelle loi concernant les assises futures de tout le régime
éducatif, y incluant un mode de taxation plus approprié, et on
regarderait passer le train, on regarderait passer la parade, en disant ce
qu'on a entendu depuis le début? Moi, je n'ai jamais douté de
votre franchise, vous. Vous avez dit clairement quand la
fédération est venue témoigner: Écoutez, on ne
pense pas qu'on doive mettre ça dans le projet de ioi 107, et ainsi de
suite, et vous avez donné des explications, personne ne les a prises, y
compris les gens concernés, et ils ont raison parce qu'elles ne sont pas
prenables. Ce n'est pas crédible.
J'ai laissé voir, et je le dis à nouveau comme je l'ai
exprimé ce matin, je persiste à croire qu'il y a une notion de
"bargaining" dans cette situation-là, contrairement à ce que vous
affirmez. Vous avez dit: II faut être deux pour "bargainer" quelque
chose. Oui, vous êtes deux. Pensez-vous qu'on arrange une rencontre au
plus haut niveau avec le premier ministre du Québec, le ministre de
l'Éducation, le ministre des Finances et le ministre responsable du
Conseil du trésor pour "perler", pour s'amuser? Si c'est ça il
faut le dire. Je ne pense pas que vous avez organisé cette
rencontre-là pour vous amuser. Je sais même plus que ça et
je vais le taire. Je sais des choses que je peux taire. Il y a des choses qu'il
n'est pas toujours utile de dire. Je sais comment ça fonctionne. Dans ce
sens-là, ies gens étaient légitimés de croire qu'il
y avait une volonté politique de changer quelque chose.
Est-ce que, oui ou non, le besoin est là? La réponse,
c'est oui. Est-ce que, oui ou non, je veux chambouler le régime fiscal
qu'on a instauré pour lequel j'ai été un partenaire actif?
La réponse, c'est non. Moi, je ne veux pas modifier toute la
fiscalité et je ne serais pas du tout gêné de dire ce que
je dis là et je suis prêt à rencontrer le monde municipal.
Nous, on a fait un choix et on a dit: Le champ de la fiscalité, ce sont
les municipalités qui l'occupent, mais on veut en laisser un peu pour le
monde scolaire pour qu'il puisse commencer des affaires et le reste, c'est de
la responsabilité de l'État du Québec.
Qui a fait les beaux discours en 1985, ce qui vous a permis, un peu en
usurpateurs, d'arriver au pouvoir avec toutes sortes de promesses?
L'éducation, ce n'était même plus une dépense.
C'était un investissement. C'était tellement fondamental que
l'éducation, c'était un investissement. Bien, faites-le
l'investissement, faites-le l'article 281, l'investissement, comblez la
différence à même la péréquation et à
même un effort de correction sur la fiscalité, pas pour aller en
chercher plus dans le champ de la fiscalité municipale, mais pour
s'assurer que ce pourquoi on a autorisé un taux de 6 % plafonné
ou 0, 25 $ les 100 $ plafonnés, c'est pour qu'ils servent à ce
pourquoi on l'a créé.
Et c'était dit dans la lettre de la Fédération des
commissions scolaires. C'est très clair dans la lettre de la
Fédération. Quand ils vous
demandent, M. le ministre - juste une seconde -dans leur mémoire
qu'ils sont venus présenter ici, et c'est fondamental de s'arrêter
à ça... Au moment de l'adoption de la Loi sur la fiscalité
en 1979, le gouvernement s'était engagé à ce que le
transfert de l'impôt normalisé aux municipalités et le
remplacement de celui-ci par un accroissement des subventions aux commissions
scolaires ne causeraient pas de préjudice à ces dernières.
Au fil des ans, les compressions budgétaires - je ne veux pas refaire le
passé, je ne veux pas refaire l'histoire, je dis tout simplement qu'il y
en a eu, c'est clair, ce sont des considérations factuelles - ont fait
qu'aujourd'hui les commissions scolaires ont été amenées
à utiliser leur très faible marge de taxation pour faire quoi?
Pour financer les coûts des décisions prises par Québec,
par le ministère de l'Éducation; en d'autres mots, pour
réaliser les objectifs appartenant à un État normal. Les
grands objectifs déterminés par l'État en
éducation, qui doit payer pour ça? Ce sont l'État
québécois, votre gouvernement, les contribuables du Québec
par le fonds consolidé, non pas par une taxe spéciale, mais par
le fonds consolidé de l'Etat du Québec.
Le financement des grands objectifs de l'éducation par
l'État est pourtant un choix de société, un choix de
gouvernement. Assumez-le. C'est ce que la lettre vous dit. Dans le cadre des
travaux de la commission nationale de financement, la fédération
entend continuer à réclamer du gouvernement qu'il maintienne ses
subventions aux commissions scolaires pour assurer l'atteinte des grands
objectifs en éducation et qu'il indexe l'enveloppe. Tout est là,
dans deux phrases, et c'est là la franchise d'une situation. Ce que je
demande: il est essentiel que l'on restaure. Restaurer ne veut pas dire nous
faire faire des discours de fou, de l'autre côté, sous
prétexte qu'on dirait deux choses: que je suis d'accord pour
réformer la fiscalité; ce n'est pas ce que je fais.
M. Ryan:...
M. Gendron: Je parie de ce que je fais, moi. Restaurez la marge
de manoeuvre consentie aux commissions scolaires qui n'existe plus après
neuf ans d'exercice d'un régime qui a fait ses preuves. Après
neuf ans de vécu et d'application d'un régime qui a fait ses
preuves, la fédération nous dit: Restaurez notre marge de
manoeuvre, mais dans des chiffres concrets réels. Vous allez me faire
accroire que vous ne pouvez pas faire ça dans une loi qui parle de
modifier les assises de la loi maîtresse de l'éducation? Et je
vais marcher là-dedans, béatement, parce que M. Bourassa a
été clair? M. le premier ministre du Québec a
été clair, il a dit: Non, nous, on ne veut pas savoir ce qui
s'est dit dans une rencontre privée au bunker. On a affaire au ministre
de l'Éducation et on veut savoir si le ministre de l'Éducation
est d'accord avec le fait que la formule de financement actuelle ne
répond pas aux objectifs qu'une commission scolaire doit avoir pour
réaliser ses initiatives reliées à des choses
nécessaires pour une éducation qui correspond à des
besoins spécifiques. C'est très clair et c'est ça, le
débat.
C'est ce qu'ils vous ont dit dans la lettre et dans la formule que vous
connaissez. C'est ce qu'Us ont dit sur la page de publicité qu'on
vous a assez montrée et que je ne vous montrerai pas à nouveau.
C'est ce qu'ils nous ont dit dans une lettre individuelle à tout le
monde: On ne peut pas croire que ce ne soit pas dans !e projet de loi 107 que
ça va. Parce qu'ils ont raison. C'est là que ça va. Ce
n'est pas dans une rencontre privée où on dit: On verra,
peut-être bien, et ça dépend du ministère des
Finances et du président du Conseil du trésor et cela
dépend s'il y a un consensus et on a peur du monde. On est un
gouvernement, mais on ne veut pas gouverner et, chaque fois qu'on a une
décision à prendre, on va faire comme avec les heures d'affaires,
on va pelleter ça dans la cour du garage et, à un moment
donné, où est-ce que cela va nous mener? Je ne suis pas... Vous
savez où on est, dans quel monde on vit et vous savez que,
prochainement, il se peut que des décisions se prennent. Encore
là, dans le sens de dire: Faites-nous confiance à nouveau pour
être capable de ne pas prendre de décision dans les prochains
quatre ans et pour continuer à pelleter les grands dossiers qui
dérangeraient le monde, comme l'aide sociale, la Régie des
rentes, les heures d'affaires, tout, dans le fond.
Pour tous les dossiers litigieux, votre pratiaue est connue et courante:
on ne décide pas, on pellette. Là, on ne verrait pas ça
passer que, si on le laisse passer dans le projet de loi 107 et qu'on n'y met
pas une disposition précise, c'est adieu! Adieu et bonne chance, tout le
monde, dans les années 2000! On a vu ça et c'est pour ça
qu'il faut faire le débat. C'est pour ça qu'on n'est ni violent
ni malin, mais on dit qu'il y a une réalité qu'il faut corriger,
c'est que les commissions scolaires ont besoin de plus d'argent. C'est ce que
tout le monde vous a dit. C'est ce que le président de la
fédération des commissions scolaires vous a dit et c'est ce qu'on
vous dit. On veut vous le dire tellement concrètement que c'est
pourquoi, à ce moment-ci, M. le Président, on va déposer
un amendement à l'article 281. Ce n'est pas cet article 281 qu'on veut,
on voudrait que l'article 281 du projet de loi qu'on étudie soit
remplacé par le suivant: "Lorsque la commission scolaire impose une taxe
dont le produit, calculé lors de l'imposition, excède 30 % de sa
dépense nette ou dont le taux d'imposition excède 0, 21 $ par 100
$ de l'évaluation uniformisée des immeubles imposables incluse
dans son assiette foncière, cette taxe doit être soumise à
l'approbation des électeurs conformément aux articles 318 et
suivants. " Nous déposons, M. le Président, cet amendement.
J'attends de recevoir des indications de votre part avant d'aller plus loin.
J'en ai des copies additionnelles.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je m'interroge sérieusement sur la
recevabilité de cet amendement parce qu'il implique de toute
évidence des incidences financières importantes pour le
gouvernement.
C'est évident que, si on commence à jouer à la fois
avec le taux des dépenses nettes et le taux de la fiscalité, il y
aura des incidences sur les paiements de péréquation qui pourront
découler pour le gouvernement et sur le niveau des subventions versabies
par le gouvernement aux commissions scolaires, de même que sur le taux
des subventions qui pourront devoir être versées aux
municipalités par suite du champ de taxation réduit qui pourra en
découler pour elles.
Les incidences financières pour le gouvernement sont nombreuses
et très importantes. Je me souviens très bien que, quand la
fédération est venue déposer son projet au bureau du
premier ministre, il a été indiqué clairement que le
coût du projet, si on devait l'accepter tel quel, pouvait
s'établir à au-dessus de 100 000 000 $, c'est à peu
près 114 000 000 $ si les souvenirs que j'en conserve sont justes. Je
pense qu'ici on s'aventure pas mal loin dans un domaine qui relève en
propre de l'exécutif. Par conséquent, je vous demande d'examiner
très sérieusement fa recevabilité de l'amendement qui est
l'objet de graves doutes dans mon esprit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Voulez-vous parier sur la recevabilité, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute.
M. Gendron: Très succinctement. Je pense que le ministre
de l'Éducation n'a pas raison quand il prétend qu'il y a
là, dans l'amendement proposé à l'article 281, une
imputation financière au gouvernement. Il aurait raison s'il
prétendait qu'il y a là une imputation financière à
la société au sens général du terme, mais pas au
gouvernement comme tel parce que la première partie de cette formule n'a
pas comme conséquence d'augmenter la participation financière du
gouvernement. On le verra un peu plus loin quand on discutera de
péréquation. Effectivement, l'argent de la
péréquation provient du gouvernement du Québec, du fonds
consolidé. Ça, c'est un peu plus tard. Mais, pour l'instant, cet
amendement est parfaitement recevable parce qu'il n'y a pas d'implication
directement du gouvernement. Il y en a pour le Québec, la
société. À tout événement, on verra comment
cet argument peut être facilement contré après votre
décision.
M. Ryan: M. le Président, je réaffirme que les
implications financières pour le gouvernement sont directes et
très sérieuses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
j'aimerais vous entendre de façon plus élaborée sur les
implications financières du gouvernement.
M. Ryan: Actuellement, le taux inscrit dans la loi est 6 % de la
dépense nette. Dans l'amendement, c'est écrit 30 %. La
dépense nette subventionnable des commissions scolaires va chercher
au-delà de 4 000 000 000 $. C'est compris? Mettez 4 000 000 000 $ par 6
%, ça fait à peu près 250 000 000 $ en taxes que les
commissions scolaires peuvent aller chercher. Si vous portez ça à
30 %, combien est-ce que ça fait? Ça fait 1 200 000 000 $
qu'elles pourront aller chercher d'après les pouvoirs que voudrait leur
donner l'amendement. Elles vont aller chercher cette taxe directement dans le
champ de fiscalité que les municipalités ont arraché de
haute lutte, une lutte qui a duré pendant pius d'un demi-siècle.
Et vous vous imaginez qu'on va pouvoir enlever ce champ de taxation aux
municipalités sans qu'il en résulte des obligations
considérables pour le gouvernement? Je pense qu'il faut se
réveiller.
Maintenant, j'ajoute un autre point. I! y a des commissions scolaires
qui déjà taxent à 0, 25 $ les 100 $ d'évaluation.
En réduisant à 0, 21 $, on va augmenter automatiquement la part
de paiement en péréquation que le gouvernement devra leur verser.
C'est une incidence financière directe. Je pense que, plus on analyse la
proposition, plus elle a des incidences financières directes. C'est la
raison pour laquelle je considère qu'elle est foncièrement et
radicalement irrecevable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Juste pour corriger. Rapidement, M. le
Président, juste une impression. Le ministre - toujours parce qu'il faut
présenter ça honnêtement - sait très bien que, quand
il a parlé des 30 % et qu'il nous donne les chiffres qu'il vient de nous
donner, c'est eu égard à une formule qu'il connaît
très bien, qu'il est allé supposément défendre au
Conseil des ministres et qui n'a rien à voir avec le calcul que vous
venez de faire parce que, quand on parle de 30 % de la dépense nette,
c'est la dépense nette prévue dans la formule de la
fédération des commissions scolaires. Il faut retirer le salaire
des enseignants. De toute façon, vous connaissez ça mieux que
moi. Je suis heureux de vous dire, M. le Président, qu'il ne faut pas
appliquer les 30 % comme il vient de le faire. Il faut les appliquer non pas
sur 4 000 000 000 $, il faut
les appliquer sur une somme réduite qu'il connaît
très bien, qui est mentionnée dans la formule.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez
terminé, M. le député?
M. Gendron: Oui, terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Juste une remarque. Je pense que le député
d'Abitibi-Ouest a fait une nuance que j'accepte. Il n'y a pas de
problème là-dessus.
M. Gendron: Une nuance...
M. Ryan: Oui, c'est vrai. Nonobstant... C'est un
élément qui m'avait échappé momentanément.
Pas de problème. Les faits, ça ne traîne pas. Quand on
m'apporte un fait, si je me suis trompé, je l'admets tout de suite. Cela
ne prend pas une demi-heure.
M. Gendron:... problème.
M. Ryan: Je pense que vous êtes semblable, c'est pour
ça que de ce point de vue on s'entend très bien. Je
répète ce que j'ai dit: cette nuance étant
acceptée, le coût minimum de la formule proposée par la
fédération des commissions scolaires est autour de 115 000 000 $,
dont une partie devra venir en subventions directes du gouvernement. Cela
découle directement de ça. Si on appliquait ceci, il faut que le
gouvernement soit prêt à envisager qu'on va Injecter par une
source ou par l'autre et par les deux, ça va être le jeu
combiné des deux, au moins 115 000 000 $. Alors là, l'implication
pour le gouvernement est directe du point de vue financier, M. le
Président. Je pense l'avoir démontré clairement. Cela
n'enlève pas son mérite à la formule. Il ne faut pas
s'imaginer que c'est une formule de donnant, donnant. C'est une formule qui
implique au bout de la ligne des coûts additionnels importants pour le
gouvernement. C'est pour ça qu'on est obligé de
l'étudier.
Juste un dernier... Non, je ne rajouterai pas tout de suite, ça
viendra plus tard si le débat continue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis prêt
à rendre ma décision sur la recevabilité de i'amendement
proposé par le député d'Abitibi-Ouest. Il est certain que
la présidence ne possède pas tous les éléments pour
juger de l'impact financier que représente pour le gouvernement un tel
amendement. Par contre, lorsqu'il y a doute raisonnable qu'un amendement peut
amener des déboursés ou un impact financier sur le gouvernement,
le président se doit de prendre la parole du ministre. Je cite ici une
décision qui a été prise par un de mes
prédécesseurs qui nous dit: Si le président doute de
l'implication finan- cière d'une motion proposée par un
député autre qu'un ministre, doit-il juger cette motion recevable
ou irrecevable? Ici, je rends ma décision conformément à
celle qui a déjà été rendue par M. Lemieux, qui est
le président de la commission du budget et de l'administration, qui a
dit: Puisque le ministre affirme qu'il y a incidence financière, le
président doit prendre la parole du ministre, même s! certains
doutes subsistent. En conséquence, la motion d'amendement du
député de l'Opposition est jugée irrecevable et, dans ce
cas-ci, je la juge irrecevable. M. le ministre.
M. Ryan: Je demande une suspension pour quelques minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
suspend...
M. Gendron: Juste avant, si c'est pour la rendre recevable, vous
savez quoi faire, M. le ministre. C'est sûr qu'à partir du moment
où le président a décidé que c'était
recevable la seule façon de la rendre recevable, c'est qu'elle soit
présentée du côté ministériel. Là, le
président vient de nous dire que cela ne donne rien de siéger.
À chaque fois que le ministre donnera son opinion et qu'un doute
s'installe, on est obligé de prendre la parole du ministre. À ce
compte, on ne gagnera jamais une plaidoirie.
M. Ryan: M. le Président, j'avais un moment de
distraction. Je voulais demander le vote sur la proposition, sur l'article
281.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle le vote
sur l'article 281 amendé.
Mme la députée de Chicoutimi?
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. Alors, l'amendement à la motion 281 est adopté sur
division. J'appelle l'article...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir une suspension de cinq
minutes, M. le Président, dix minutes, pour être franc?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. On suspend
nos travaux pour dix minutes à la demande du ministre de
l'Éducation.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'éducation reprend les travaux où nous
les avions laissés avant de suspendre. Nous en sommes à
l'étude de l'article 282 du projet de loi 107. L'article 282 se lit
comme suit: "La "dépense nette" équivaut au montant des
dépenses de fonctionnement sans égard au service de la dette
relatif aux dépenses d'investissement, qui est admissible aux
subventions à allouer en vertu des règles budgétaires
établies par le ministre de l'Éducation, tel que
déterminé dans le budget approuvé de la commission
scolaire. "
Est-ce qu'il y a des remarques sur l'article 282 ou des interventions?
Je vais reconnaître votre intention d'intervenir. S'il n'y en a pas, on
va l'adopter immédiatement. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: En parlant de quel article, M. le
Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon? L'article
282, Mme la députée.
Mme Blackburn: Bien, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Celui qui fait
suite à l'article 281.
Mme Blackburn: M. le Président. Je voudrais savoir du
ministre s'il a réfléchi à l'effet de distorsion que
crée le fait de baser la dépense nette sur l'ensemble des
dépenses de fonctionnement? Ce calcul-là, quand on sait qu'il y a
un écart dans les salaires moyens payés dans les commissions
scolaires... En guise d'exemple, on nous disait que ça pouvait varier de
40 000 $ à 42 000 $. Évidemment que les commissions scolaires
plus anciennes, établies depuis plus longtemps, ont un personnel qui va
chercher des salaires plus élevés. Cela vient introduire une
distorsion dans le système. Est-ce que le ministre est capable de nous
dire un peu ce que ça représente, en gros, pour les commissions
scolaires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je ne suis pas en mesure de le dire au juste, ce sont
des obligations qui découlent des conventions collectives. Il ne peut
pas être question d'introduire ce facteur dans le calcul des
dépenses nettes ou de la péréquation, dans l'état
actuel de nos connaissances. Nous avons pris connaissance de ces observations,
mais le concept d'égalité, qui existe jusqu'à maintenant,
est d'ordre différent si on donne à chaque commission scolaire
suivant les enseignants qu'elle a. L'argument qui dit que le personnel est plus
âgé dans une que dans l'autre a sans doute du fondement pour
quelques grandes commissions scolaires; pour l'ensemble des commissions
scolaires du Québec, je ne pense pas que la différence soit aussi
prononcée. C'est un facteur qu'on examinera plus en détail, mais
sur lequel, pour le moment, je n'ai pas de précision particulière
à apporter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Est-ce que vos fonctionnaires... J'imagine que
vous êtes comme moi, ce n'est pas le genre de calculs qui tombent tout
à fait dans votre hache, mais vous avez des fonctionnaires qui sont
là pour ça. Est-ce qu'on a évalué ce que ça
représentait au Québec par rapport aux grandes commissions
scolaires, aux commissions scolaires établies depuis plus longtemps, qui
ont peut-être un personnel plus scolarisé? Est-ce qu'on a pu
vérifier si l'impact n'était pas plus grand pour les petites
commissions scolaires, les commissions scolaires plus récentes et en
région? Il me semble que le portrait doit ressembler à ça.
Est-ce que cela a été vérifié? Je reviens avec
l'argument du ministre qui disait: Dans le fond, il y a un problème,
l'évaluation foncière étant moins élevée,
évidemment, la valeur des immeubles moins élevée si vous
êtes en périphérie que dans les grands centres, cela
introduit fatalement un manque à gagner ou une inéquité,
même si c'est corrigé par la péréquation. Ce que je
demande au ministre: Est-ce qu'il a évalué la situation pour le
Québec, de façon générale, pour pouvoir nous
affirmer aujourd'hui que ce n'est pas une situation majeure qui est marginale?
Est-ce que cela a été évalué? Est-ce que ses
fonctionnaires ont fait cette évaluation?
M. Ryan: Je sais que, de manière
générale...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan:... et nous le savons pour l'avoir établi à
maintes reprises, c'est que, là où le personnel enseignant est
plus jeune, en général il est davantage
rémunéré au chapitre des qualifications parce que ses
qualifications académiques sont pius fortes. Il est moins
rémunéré au titre de l'ancienneté parce que ses
années de service sont moins nombreuses. Il peut arriver qu'une
commission scolaire a des charges d'enseignement plus élevées
parce qu'elle a un personnel plus ancien, mais cela ne donne pas un cent de
plus à la commission scolaire. On peut bien faire toutes les
comparaisons qu'on voudra, au bout de la ligne, chaque commission scolaire se
retrouve avec un nombre d'enseignants établi suivant son nombre
d'élèves, suivant des régies fixes. On peut étirer
et comparer dans toutes sortes de directions, mais j'avoue que celle-là
ne m'impressionne pas spécialement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
M. Ryan: Nous avons toutes ces données.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je pense que le ministre, après avoir dit non
à une correction de la formule, pourrait au moins avoir
présenté une notion différente de la notion de
dépense nette qui aurait tenu compte de facteurs de correction. Je suis
persuadé que la formule de la notion de dépense nette, à
partir du moment où elle équivaut toujours au montant des
dépenses de fonctionnement et où, dans les dépenses de
fonctionnement, on inclut la masse salariale concernant les salaires
versés à la commission scolaire, ce qui est normal... Ces masses
n'ont pas toujours exactement la môme signification dans le
résiduel après les avoir Incluses dans la notion de
dépense nette.
On donnait un exemple. Je ne sais pas s'il a été
donné. S'il a été donné, je ne le redonnerai pas.
D'après nous, si le ministre n'achète pas la
nécessité de modifier l'article 281, s'il voulait faire un effort
de correction au financement des commissions scolaires toujours pour satisfaire
aux mêmes objectifs... Ce que je dis pour l'article 281 est aussi vrai
à l'article 282. Si, à l'article 282, on inclut une notion qui
n'a pas été adaptée, rafraîchie et qui ne correspond
pas à la réalité de 1988, cela aura la même
conséquence. La commission scolaire ne recevra pas d'argent pour
entreprendre des choses auxquelles elle croit, ce qui avait été
prévu dans la fiscalité municipale, avec la mesure de
plafonnement à 6 % ou 0, 25 $ les 100 $ d'évaluation.
On ne veut pas refaire le débat de l'article 281. Le ministre
nous a dit qu'il avait la vérité là-dessus, qu'il
était bien assis et qu'il ne changeait pas cela parce que c'était
exactement le même article que celui qu'il y avait dans la loi 3, ce
qu'on sait. On n'est pas pour refaire la loi 3 qui a été battue
par votre gouvernement. On est ici pour améliorer une loi concernant
l'ensemble du fonctionnement du système éducatif au
Québec. Et on pense que l'effort de réflexion qui a
été fait par la fédération des commissions
scolaires dans une nouvelle formule de financement serait plus adéquat.
Le ministre sait très bien que cela incluait la notion de dépense
nette. Cela incluait une correction à cette notion qui aurait permis
à la commission scolaire d'avoir plus d'argent et plus
d'équité.
Il est évident qu'à partir du moment où le taux de
vieillissement des professeurs grandit... Il y a des commissions scolaires pour
qui, selon qu'elles ont un groupe d'enseignants plus âgés que
d'autres commissions scolaires, la masse totale d'argent que cela
représente n'est pas du tout la même. En conséquence, cela
crée de l'inéquité pour entreprendre des choses qui
seraient reliées à des besoins fondamentaux d'une commission
scolaire.
C'est ce que j'aurais voulu faire valoir au ministre. Je suis un peu
étonné que l'article 282 reste tel quel. Quand il a mis l'article
282 dans le projet de loi 107, dans le moment qui s'est écoulé
entre les amendements et les consultations ultérieures, comme par hasard
il y a eu le dépôt de la nouvelle formule de la
fédération. Si le ministre avait un peu de
sincérité pour donner suite à cette formule,
peut-être pas dans sa globalité parce que je reconnais qu'il y a
des éléments qui relèvent d'autres collègues, mais,
comme ministre de l'Éducation, il aurait pu faire sa part directement
à l'article 282 en modifiant la notion de dépense nette pour
qu'elle ait une signification plus généreuse, en termes de fonds
publics retournés aux commissions scolaires. À ce
moment-là, on se serait au moins approché de l'objectif
visé par la fédération. Ce sont les remarques que je
voulais faire à ce moment-ci. Je n'en ai pas d'autres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Beaucoup de bavardage pour peu de chose, à mon
point de vue. La dépense nette, comme on le dit ici, c'est la
dépense de fonctionnement qui est admise pour fin de subventionnement
suivant les définitions qui sont données dans les règles
budgétaires. SI on veut savoir ce que sont les règles
budgétaires, on n'a qu'à se rapporter à l'article 432
où on a une définition élaborée. Chaque
année la nature des dépenses nettes admissibles aux subventions
est établie en consultation avec les commissions scolaires. Chaque
année, vers le mois de mars ou avril nous adressons aux commissions
scolaires un document. C'est intitulé "Règles budgétaires
pour l'année suivante. Projet". On l'envoie même plus tôt
que ça. On l'envoie vers février ou mars quand on n'est pas en
retard. Les deux dernières années on a gagné du temps.
Là, les commissions scolaires ont un mois, des fois moins, des fois
plus, pour répondre, pour envoyer leurs suggestions. On établit
les règles définitives et on les envoie dans les commissions
scolaires vers le mois d'avril, au plus tard au mois de mai. Alors, elles
participent beaucoup à l'exercice.
On peut bien dire: Enlevons les dépenses d'enseignement de
ça. Il y a trois catégories dans les dépenses nettes. Le
député d'Abitibi-Ouest le sait comme moi. Il y a les
dépenses d'enseignement. Il y a les dépenses de salaires autres
que les dépenses d'enseignement. Et il y a les autres dépenses:
le chauffage, l'entretien, etc. Les dépenses qui sont admises sont les
dépenses encourues directement en relation avec les services
éducatifs dont la commission scolaire est responsable. Il y a certains
services qu'elle peut organiser de son propre chef et qui ne tombent pas dans
le champ des subventions. On ne pouvait rien faire de plus que de dire
ça ici. On aurait pu faire... Les règles budgétaires, vous
le savez, constituent un document de plus de 100 pages, extrêmement
technique. Et, pour avoir la définition véritable des
dépenses nettes, il faut avoir lu toutes les règles
budgétaires et les avoir comprises. Il y a des points là-dedans
qui
reposent sur des formules arithmétiques tellement complexes que
le profane a bien du mai à s'y retrouver. Vouloir mettre tout ça
dans un paragraphe de ioi serait parfaitement farfelu. Je pense bien que c'est
aussi bien d'être réaliste et direct. Si on veut parler pour
parier on peut continuer. Mais je pense qu'on a tout ce qu'il faut dans le
texte de loi ici. Il n'y a personne qui a demandé qu'on touche à
ce texte-là.
M. Gendron: Oui, mais...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, question additionnelle. Est-ce que le ministre
admet - toujours calmement - que taxe plus peréquation ça peut
égaler de 3 %à9 % de la dépense nette?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Alors, si ça égale de 3 % à 9 %
selon les commissions scolaires...
M. Ryan: Oui, mais je dis que ce n'est pas la place dans le texte
de loi pour donner ces définitions-là.
M. Gendron: Alors, juste une seconde...
Mme Blackburn: Est-ce qu'il peut l'apporter ailleurs?
M. Gendron: C'est ça que je...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron:... voudrais juste poursuivre un peu. Depuis le
début, quand c'est le temps d'apporter des changements, ce n'est pas la
place. Alors, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse?
Mme Blackburn: Et quand ce sera la place...
M. Gendron: II faut le faire à un moment donné
où les articles parlent des éléments sur lesquels il y a
eu effectivement une nouvelle notion présentée par la
fédération des commissions scolaires. Alors, vous le mettrez
où vous voudrez, je m'en contrefous. Ce que je veux faire valoir, c'est
qu'ici on introduit à l'article 282, et entre guillemets par-dessus de
marché: "La "dépense nette" équivaut au montant des
dépenses de fonctionnement... " Mais c'est le moment pour moi de faire
valoir que la dépense nette varie énormément parce
qu'ensemble, avec l'autre élément de la source de financement qui
est retourné aux commissions scolaires par la formule de
péréquation, c'est de 3 % à 9 % de la dépense
nette. 3 % à 9 % de quelque chose, si ce quelque chose était
élargi... Je suis au moins capable de comprendre ça qu'à
l'article 282 c'est évident que, si cette notion-là était
élargie, cela aurait comme conséquence de rapporter plus d'argent
au pouvoir local, premièrement. Deuxièmement, puisqu'il varie
passablement, le ministre va sûrement admettre que ça crée
des inéquités. Cela permet de faire perdurer une formule qui
crée des inéquités, comme on l'a démontré
à l'article 281. Il y a des riches qui s'enrichissent et il y a des
pauvres qui s'appauvrissent avec la formule plafonnée.
Et, avec une notion de dépense nette remodifiée, et
peut-être pas - et là je conclus - dans le sens exactement de la
formule dont le ministre a convenu, que ça se passerait dans les autres
mondes et un de ces jours, ça je comprends ça... Il pourrait
très bien comme ministre dire: Écoutez, je ne contrôle pas
- je ne suis pas d'accord là-dessus, mais il pourrait dire ça -
la décision concernant votre formule que vous avez
présentée en ma présence au bureau du premier ministre.
Mais je sais une chose comme ministre de l'Éducation, c'est que vous
avez raison de réclamer un peu plus d'argent pour entreprendre des
choses intéressantes dans vos milieux locaux. C'était ça,
l'objectif de la formule. Cela ne se passe plus comme ça. Donc, en
conséquence, j'apporte un correctif à la notion de dépense
nette à l'article où on en parle et vous ajusterez en
conséquence les règles budgétaires qu'effectivement je
connais un peu. Je n'ai jamais dit que, ce faisant, en apportant une
modification à l'article 282, là il n'y a plus de
problème, on n'a même plus besoin de règles
budgétaires. Je n'ai jamais pensé à ça. Les
règles budgétaires, c'est complexe. Cela tient compte d'une
série de données et d'une série de facteurs, mais,
règle générale, ça s'ajuste à des
orientations qui sont définies dans une loi, soit dans la Loi sur
l'instruction publique, soit dans les règlements du ministère, et
ça devrait s'ajuster dans le projet de ioi 107 dont personne ne veut
pour le moment, tel qu'il est. C'est ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Votre
intervention, M. le ministre. (17 h 15)
M. Ryan: M. le Président, je maintiens ce qui a
été dit et j'ajoute seulement que le concept différent de
dépense nette, qui était proposé par la
fédération des commissions scolaires, équivaut à
restreindre et non pas à élargir le concept de dépense
nette.
Une voix: Ce serait mieux des budgets. M. Ryan: C'est
ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Ryan: C'est une question...
M. Gendron: Des vrais crédits pour avoir
plus d'argent...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député!
M. Ryan: Ou cela peut être des règles
budgétaires, encore une fois, dont on parlera plus tard. Pour le moment,
il n'y a pas d'autre chose à ajouter, sauf pour contredire le
député d'Abitibi-Ouest. Quand il prétend qu'il n'y a
personne qui veut du projet de loi 107, cela paraît qu'il a pas mal perdu
contact avec les milieux scolaires parce que, s'il allait voir les milieux
scolaires véritables, il s'apercevrait que la très grande
majorité souhaite vivement l'adoption du projet de loi dans les
meilleurs délais.
M. Gendron: J'ai reçu beaucoup de
télégrammes disant: On veut la loi 107. Beaucoup!
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions sur l'article 282?
M. Ryan: Ils sont venus me le dire ici même à
l'occasion des séances ultimes que nous avons tenues et vous
étiez désappointés vous-mêmes du résultat de
ces auditions. C'est parce qu'ils ont confiance au gouvernement. Ils savent
qu'il va faire adopter, le projet de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. D'abord, est-ce que
le ministre reconnaît que la formule modifiée, telle que
proposée par la fédération des commissions scolaires,
n'entraînerait pas de déboursés additionnels, mais
assurerait une meilleure répartition?
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Deuxièmement, si le ministre nous renvoie
à l'article 438, est-ce à dire qu'il est prêt à
apporter des modifications à l'article 438 ou si, tout simplement, il
est en train de nous faire ce qu'il a fait avec les commissions scolaires en
disant: Passons au prochain article et, rendu là, iI va nous faire un
peu ce qu'il nous a fait avec l'enseignement moral? Concernant l'enseignement
moral, il a dit: Je serais prêt à faire une certaine ouverture
quand on va être rendu à cet article-là. Quand on a
été rendu à cet article-là, l'ouverture, on ne l'a
pas vue. Là, je me demandais simplement: Est-ce que le ministre est en
train de nous dire que, quand il sera rendu à i'article 438, il va
être prêt à apporter une modification?
M. Ryan: Nous le verrons quand nous serons à l'article
438. Je ne veux pas anticiper parce que j'aurais peur de causer des accidents
de circulation à l'Opposition. Au rythme où elle va, elle ne se
rendra jamais là. Je ne voudrais pas risquer qu'elle se casse une jambe
en route.
Mme Blackburn: Cela va, quand même, un peu plus vite que
ça allait sur le projet de loi 3, M. le Président, où
c'était l'équivalent d'à peu près...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je regrette, Mme
la députée. M. le ministre avait encore la parole.
M. Ryan: M. le Président, sur le projet de loi 3...
Mme Blackburn: C'était moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, c'est
monsieur...
M. Ryan:... je voudrais rappeler quelques statistiques...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est lui qui a
parlé du trafic. Pas vous.
M. Ryan:... pour éviter qu'on ne continue à
proférer toutes sortes de menterles.
Mme Blackburn: C'est parlementaire?
M. Ryan: Si vous préférez, toutes sortes de
faussetés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'a pas dit que
vous aviez dit des menteries. Il a dit "qu'on".
M. Ryan: "Qu'on".
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est acceptable,
en tout cas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: On a l'esprit large.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Heureusement!
M. Ryan: Nous avons tracé un bilan. Mme Blackburn:
"On" a un esprit large.
M. Ryan: Après six séances d'une journée, en
1984, la commission parlementaire de l'éducation avait adopté 26
articles, non pas 4, comme l'a répété constamment et
faussement la députée de Chicoutimi, mais 26. Après six
séances en 1988, cette commission en avait adopté 18 ou 19; donc,
moins qu'en 1984. Et, en 1984, après 39 heures, six séances, le
gouvernement imposait la clôture. Là, nous sommes rendus à
70 heures. Alors, on tirera les conclusions qu'on voudra,
mais les faits sont les faits et je pense que ces chiffres-là
sont au-dessus de toute discussion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai en main le rapport
exact des délibérations de cette commission de l'éducation
sur le projet de loi 3. Il y a eu, au total, 39 plus 32, 61 heures...
Une voix: 72 heures.
Mme Blackburn: 72 heures. Dans la cinquième séance
qui totalisait 34, 3 heures, il y avait eu exactement six articles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis bien
prêt à vous écouter. Je suis prêt à
écouter tout ce qui a été dit sur la loi 3, le temps qui a
été pris, etc., mais je dois vous rappeler qu'on en est à
l'étude de l'article 282 du projet de loi 107, Loi sur l'instruction
publique.
Mme Blackburn: M. le Président... Le Président
(M. Parent, Sauvé): Oui.
Mme Blackburn:... si le ministre est capable de dire qu'il veut
corriger...
Le Président (M. Parent, Sauvé): II l'a dit. Vous
l'avez dit. Alors, on doit clore ça et s'en tenir à la pertinence
de l'article que l'on a à étudier.
Mme Blackburn: il veut...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! L'article 282.
Mme Blackburn: Si le ministre a le droit de dire qu'on dit des
faussetés, on a le droit de les corriger. La vérité a ses
droits.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, vous avez
eu l'occasion de les corriger et le ministre a eu l'occasion de s'exprimer.
Maintenant, je vous invite à revenir à l'article 282, ce sur quoi
je vous avais reconnue.
Mme Blackburn: Ce sur quoi vous m'avez reconnue, M. le
Président. Est-ce que le ministre est en train de nous dire qu'il
s'engage à apporter - parce que cela rassurerait les commissions
scolaires - une modification lorsqu'on sera rendus à l'article 438? On
serait peut-être un peu plus pressés de s'y rendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le ministre a
répondu qu'il ne s'y engageait pas à cause de la circulation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): À cause de
la vitesse. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 282?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: À cause de vitesse. Nous, on fait à
peu près un article par dix ou douze minutes en moyenne, au moment
où l'on se parle, alors qu'à l'époque c'était
à peu près un à l'heure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
félicite. S'il vous plaît, on en vient à la pertinence de
l'article 282. S'il n'y a pas d'interventions sur le fond de l'article...
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... 282
adopté sur division.
Imposition de la taxe scolaire
J'appelle l'article 283 amendé par le ministre et qui se lit
comme suit: "La base d'imposition de la taxe scolaire est l'évaluation
uniformisée des immeubles responsables. "
Mme Dougherty: Des immeubles imposables.
Le Président (M. Parent, Sauvé): "Imposables",
pardon. Merci, Mme la députée de Jacques-Cartier.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous des
commentaires?
M. Ryan: Je n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
Regardez, c'est l'article amendé: "La base d'imposition de la taxe
scolaire est l'évaluation uniformisée... "
M. Gendron: On aurait dû adopter l'intitulé. Il n'y
a pas de changement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le voulez-vous,
l'intitulé? Il n'y a pas de changement. C'est imposition de la taxe
scolaire.
M. Gendron: Vous ne le faites pas adopter? Cela ne me
dérange pas. Habituellement, il les faisait toujours adopter;
j'étais là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je le faisais aussi quand
il y avait des changements. Quand il n'y avait pas de changements, je ne
m'en occupais pas.
M. Gendron: D'accord, réglé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Cela
marche.
M. Gendron: Bon, article 283, je n'étais pas là et
là, j'y suis. Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va.
Adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 284 amendé: "Le greffier d'une
municipalité fournit à chaque commission scolaire dont tout ou
partie du territoire est compris dans celui de cette municipalité une
copie certifiée conforme du rôle d'évaluation pour les
Immeubles imposables situés sur le territoire commun et une attestation
du facteur d'uniformisation de ce rôle. "Le greffier expédie cette
copie dans les quinze jours qui suivent celui où le facteur
d'uniformisation a été communiqué à la
municipalité par le ministre des Affaires municipales. "La copie est
fournie moyennant le paiement des frais exigibles pour la délivrance des
copies de documents municipaux".
C'est l'amendement à l'article 284 du projet de loi 107. M. le
ministre, est-ce que vous avez des explications à nous fournir?
M. Ryan: C'est bien simple. C'est la municipalité qui
fournit une copie de son rôle d'évaluation à !a commission
scolaire pour fins de taxation. Il n'est pas question d'avoir deux
opérations d'évaluation sur le môme territoire.
L'opération d'évaluation est faite sur l'île de
Montréal par le service d'évaluation de la communauté
urbaine et, dans les municipalités qui font partie d'une MRC, sous la
responsabilité de la MRC, comme chacun le sait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Sur le premier alinéa, la commission scolaire
doit-elle payer les coûts de la fourniture de ce service par la
municipalité?
M. Ryan: C'est écrit au dernier paragraphe. "La copie est
fournie moyennant le paiement des frais exigibles pour la délivrance des
copies de documents municipaux. "
M. Gendron: Je pensais que c'était pour des copies
additionnelles puisque ce n'était pas dans le même paragraphe.
M. Ryan: Non. La copie.
M. Gendron: Non, c'est marqué "des copies".
M. Ryan: En tout cas, là, on va perdre notre temps,
mais...
M. Gendron: On ne perd pas notre temps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): "La copie est
fournie moyennant... "
M. Ryan: Au premier alinéa, c'est une copie. M.
Gendron: Oui.
M. Ryan: Quand on commence le troisième alinéa, on
dit: "La copie". C'est celle-là. Elle sera payée au même
tarif que les copies de documents municipaux.
M. Gendron: Cela va. Mais il faut admettre quand même
que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): II faut savoir ce
que cela veut dire.
M. Gendron: D'une part, mais, d'autre part, cela ne me donne pas
l'assurance que... La transmission des copies de documents municipaux,
ça ne doit pas avoir tout à fait la même ampleur. Comme
citoyen, quand je veux avoir des copies des résolutions municipales, je
sais ce que je demande. Mais, quand on envoie une copie du rôle
d'évaluation, je ne suis pas sûr que c'est la même teneur de
document. Alors, dire qu'on va me la facturer sur la base des
résolutions ou des procès-verbaux que je reçois d'un
conseil municipal ne me donne aucune espèce d'indication si ça va
être cher, beaucoup, peu, passionnément, à la folie. C'est
ça que j'aurais voulu savoir. Où avez-vous pris cette
disposition?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: C'est inspiré, évidemment, de la politique
d'accès aux documents publics qui est l'objet d'une loi de
Québec. Dans le cas des municipalités, il est prévu que,
lorsque c'est formule de la manière qui est donnée ici, le tarif
est établi par le ministre des Affaires municipales pour les documents
publics dont des copies sont requises par des citoyens ou des corporations
publiques ou privées. Ici, si on n'écrivait pas ceci, ça
tomberait sous le coup de la loi d'accès à l'information.
Une voix: C'est le ministre des Affaires municipales qui
décide des tarifs des documents municipaux?
M. Ryan: Oui. "Des copies ou extraits du rôle
d'évaluation ou d'une partie de ce rôle sont fournis selon le
tarif approuvé par le ministre des Affaires municipales pour la
délivrance des documents municipaux. "
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
Une voix: C'est dans la Loi sur les cités et villes?
M. Ryan: C'est notre actuelle Loi sur l'instruction publique.
M. Gendron: Oui, oui, mais, à ce moment-là,
ça signifie que ce ne sera pas le tarif des copies de documents
municipaux. Là, je pense que vous me donnez une explication au moins
valable plutôt que votre "crisette" tantôt, ici, le ministre des
Affaires municipales établit, conformément à la loi
d'accès, le tarif. Tantôt, vous m'avez répondu: Cette copie
va être facturée à la commission scolaire sur la base du
prix qu'on demande pour les copies de documents municipaux. Ce n'est pas vrai
du tout. C'est sur la base de ce qu'il y a dans la loi d'accès à
l'information, tarif établi par le ministre des Affaires
municipales.
Je suis maire d'une municipalité. Je ne pourrais pas demander le
prix que je voudrais pour la transmission de la copie du rôle puisque
c'est déterminé dans la loi d'accès que c'est
établi par le ministre des Affaires municipales. Donc, la
référence à des copies de documents municipaux est valable
parce que ça reprend un texte de la loi d'accès, mais ce n'est
pas pour établir le coût.
M. Ryan: Je ne l'ai pas tiré de la loi d'accès. Je
l'ai dit tantôt, c'est dans la Loi sur les cités et villes ou dans
la Loi sur les municipalités et c'est dans la Loi sur l'instruction
publique. Ce sont des dispositions sui generis pour les municipalités et
ies commissions scolaires. La loi d'accès à l'information ne
traite pas de ce point.
M. Gendron: Concernant l'accès aux documents publics.
D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 284, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 285: "Le conseil des
commissaires fixe le taux de la taxe scolaire après l'approbation du
budget de la commission scolaire. "Dans le cas d'une autorisation d'un montant
de dépenses avant l'approbation du budget, le ministre détermine
le montant de la dépense nette par l'application de l'article 281 et la
commission scolaire peut, malgré le premier alinéa, fixer le taux
de la taxe scolaire. " C'est l'article 285 amendé.
M. Gendron: Est-ce que c'est parce que vous croyiez que
l'obligation de fixer Se taux de la taxe à partir des prévisions
budgétaires était inutile que vous l'avez laissé tomber
dans la version modifiée?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas compris la question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Je répète gentiment. Dans l'ancien
texte, vous avez une mention qui était que le taux de la taxe
était fixé sur la base des prévisions budgétaires.
Dans votre version modifiée, vous n'incluez pas cette mention de
référence à la base des prévisions
budgétaires. La question que je pose: Si vous l'avez enlevée,
est-ce parce que vous croyiez que c'était redondant? Règle
générale, à moins que je ne me trompe, le taux de la taxe
va toujours être eu égard aux prévisions budgétaires
établies par la commission. Donc, pourquoi ne rappelez-vous pas la
mention "sur la base de ses prévisions budgétaires"?
M. Ryan: Parce que, quand le ministre détermine le montant
de la dépense nette qui sera autorisée pour fins de subvention,
il détermine du même coup la marge dont devra tenir compte la
commission scolaire pour trouver d'autres revenus. Donc, la mention "sur la
base de ses prévisions budgétaires" n'est pas nécessaire,
parce qu'elles n'ont pas été approuvées encore. C'est ce
qui était marqué avant. Cela n'a pas été
approuvé. Par conséquent, elle ne peut pas faire ça sur
cette base. Il faut qu'elle fasse ça sur une base soiide qui va
être celle du montant de dépense nette approuvé par le
ministre. (17 h 30)
M. Gendron: M. le ministre, une question additionnelle. Si, dans
le premier alinéa de S'articie 285, on dit: "Le conseil des commissaires
fixe le taux de la taxe scolaire après l'approbation du budget de la
commission scolaire", le budget ne comprend-il pas les prévisions
budgétaires?
M. Ryan: Ici, il n'y a pas de problème, mais c'est dans le
cas où une autorisation de dépense est donnée avant
l'approbation du budget. C'est dans ce cas que le deuxième alinéa
s'applique. C'est une autre situation.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. Article
285 adopté, tel qu'amendé. J'appelle l'article 286 du projet de
loi 107, qui se lit comme suit: "Le taux de la taxe scolaire d'une commission
scolaire est le même pour tous les immeubles imposables. "La taxe
scolaire est payable par le propriétaire de l'immeuble imposable. "
Est-ce que c'est clair? Est-ce qu'il y a une
intervention sur l'article 286? M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député, je vous
écoute.
M. Gendron: D'accord, mais moi, j'ai... M. Ryan: Pour la
taxe foncière...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Gendron: J'ai une question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Ryan: Le municipal, c'est la même chose. Pour la taxe
foncière, le taux est le même. Il y a d'autres taxes qui viennent
s'ajouter: la taxe sur les services municipaux. Il y a une taxe d'entretien,
une taxe sur certains services à d'autres endroits, mais la taxe de base
est la même.
M. Gendron: À l'article 286, M. le ministre, vous
êtes sûrement en mesure, sans trop de grandes recherches, de nous
renseigner comme membres de cette commission et intéressés par
cette question. Quand vous dites: "Le taux de la taxe scolaire d'une commission
scolaire est le même pour tous les immeubles imposables", aucun
problème. "La taxe scolaire est payable par le propriétaire", il
n'y a pas de problème. Ce qu'on voudrait savoir, c'est la
répartition que ça donne des montants provenant de l'imposition
pour le commercial, l'industriel versus les citoyens pour voir les proportions,
voir également comment cela évolue par rapport à la
taxation scolaire.
M. Ryan: C'est disponible dans les statistiques du
ministère. S! le député veut s'adresser au
ministère, on va lui fournir ça volontiers.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions? Il n'y en a pas. Est-ce que l'article 286 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Perception de la taxe scolaire
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 287 amendé par le ministre de l'Éducation.
L'article se !tt comme suit: "Après l'imposition de la taxe scolaire, le
directeur généra! de la commission scolaire fait transmettre par
la poste une demande de paiement de la taxe scolaire à tout
propriétaire d'un immeuble imposable par la commission scolaire, sauf
dans le cas où la perception de la taxe scolaire est confiée
à la municipalité. "
Ce sont des modalités de perception de la taxe.
M. Ryan: Je n'ai pas de commentaire spécial à
faire, M. le Président. Cela me semble parfaitement clair.
M. Gendron: Combien y a-t-il de commissions scolaires qui
confient la perception de leurs taxes aux municipalités?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je ne le sais pas. Je n'ai pas la réponse. Je
pourras la fournir au député.
M. Gendron: Dans les cas où les commissions scolaires
confient la perception de leurs taxes aux municipalités, même si
vous n'avez pas le nombre, est-ce que, dans tous les cas, c'est automatique que
c'est un service que les commissions scolaires doivent assumer en termes de
coûts?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui, mais dans le projet de loi on a des dispositions
là-dessus. On verra ce qu'ï en sera pour l'avenir. La loi actuelle
dit qu'à défaut d'entente le règlement du gouvernement
s'applique, mais II n'y a jamais eu de règlement du gouvernement
là-dessus. En conséquence, c'est la commission scolaire qui
assume la responsabilité à défaut d'entente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
ça va, l'article 287 tel qu'amendé?
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté, tel
qu'amendé. J'appelle l'article 288: "La taxe est exigible le 31e jour
qui suit l'expédition du compte de taxe. "La taxe scolaire est payable
en un seul versement. "
Des interventions?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, je vous reconnais.
M. Gendron: Sur cette question, M. le Président, on sait
qu'à la suite des représentations nombreuses qui ont
été faites par les citoyens du Québec la loi a
été modifiée pour permettre un certain étalement du
paiement de la
taxe municipale. Ici, on parle de la taxe scolaire. Je sais que,
règle générale, Sa taxe scolaire est moindre, et de
beaucoup, que l'imposition foncière et municipale, mais pour certaines
personnes physiques, dépendamment de la valeur de leur
propriété, ça peut, quand même, représenter
des sommes importantes. Je voudrais savoir, dans un premier temps, si le
ministre a déjà eu des représentations afin de permettre
l'étalement en deux versements, de permettre de payer en deux
versements, et également d'envisager que ies montants soient
complètement versés à des dates fixes. Est-ce qu'il y a eu
ce genre de représentations?
M. Ryan: Moi, je n'en ai pas eu, à ma connaissance.
Inutile de dire que l'importance relative des montants que commande la taxe
scolaire est très Inférieure à l'importance des montants
que commande la taxe municipale. Étant donné le caractère
plutôt modeste des montants qui sont impliqués ici, il n'y a pas
lieu d'envisager l'étalement sur deux ou trois versements dans une
année, comme c'est le cas dans la loi municipale où on dit que ce
sera... Comment est-ce formulé dans la loi municipale? Est-ce que c'est
au moins deux versements?
Une voix: Au moins deux versements.
M. Ryan: Au moins deux versements. Ce peut être plus. C'est
au moins deux. En général, les municipalités ont
fixé deux, à ma connaissance, en tout cas. Ici, il n'y a pas eu
de représentations à ce sujet. Voyez-vous, dans les
municipalités, c'est au moins deux versements si le montant est de 300 $
ou plus. En général, comme vous le savez, le montant de la taxe
scolaire est pas mal inférieur à 300 $.
M. Gendron: Sans nous donner, encore là, un tableau
statistique détaillé, est-ce qu'il y a des individus ou des
corporations morales qui ont à faire des déboursés
supérieurs à 300 $ et 500 $? À ma connaissance, oui. Et
dans quelle proportion à peu près?
M. Ryan: Je ne peux pas vous le dire aujourd'hui. Je ne peux pas
le dire aujourd'hui. Ce que je sais, c'est que nous n'avons eu aucune
représentation aux fins de multiplier le nombre des versements au
chapitre de la taxe scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 288 est
adopté. J'appelle l'article 289: "La taxe scolaire porte
intérêt au taux que fixe la commission scolaire lors de
l'imposition de la taxe. " Des interventions?
M. Gendron: Un instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le ministre, là-dessus, encore là,
vous n'avez pas eu de représentations à savoir qu'il y avait des
abus puisqu'il y a complète et entière liberté? Je suis
complètement d'accord que ça relève directement de la
commission scolaire. Puisqu'il n'y a aucune balise, est-ce que vous pensez que
ça pourrait éventuellement porter intérêt à
un taux de 3 %, 4 %, 5 % et 6 % supérieur au taux courant et, en
conséquence, est-ce que certains abus auraient été
portés à votre connaissance dans ce sens-là?
M. Ryan: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation. Il a dit non.
M. Gendron: D'aucune façon. Règle
générale, est-ce que le taux correspond au taux courant ou s'il y
a une différence importante?
M. Ryan: À ma connaissance, c'est le taux courant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 290: "La commission scolaire ne peut faire remise de la
taxe scolaire ni des intérêts. " Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Une voix: Pas ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous en avez quand
même toutes les qualités, monsieur.
M. Gendron: Merci additionnellement. Merci au carré.
Une voix:...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous le
souhaite, mais on n'est pas pressés.
M. Gendron: Vous avez raison. En politique, le temps arrange bien
des choses. "La commission scolaire ne peut faire
remise de la taxe scolaire ni des intérêts. "* C'est un
principe, M. le ministre. Parfait, correct. Ma question: Est-ce qu'il est
arrivé que, même avec cette disposition, certaines commissions
scolaires aient effectivement pris des arrangements avec des contribuables qui
ont eu comme conséquence de faire remise? Le ministère a-t-il des
données à ce sujet?
M. Ryan: Pas à ma connaissance. Il se peut qu'il y en ait,
mais pas à ma connaissance.
M. Gendron: Est-ce que cette disposition - juste pour nous aider,
je ne l'ai pas ici - est Incluse dans la Loi sur l'instruction publique
actuelle?
M. Ryan: Je ne m'en souviens pas.
C'est inclus dans la loi municipale. Dans la Loi sur l'instruction
publique actuelle, il est indiqué que la commission scolaire ne peut
faire remise de la taxe scolaire. On ne parile pas des
intérêts.
M. Gendron: C'est ça.
M. Ryan: Dans la loi des municipalités, on parle des
intérêts et on l'a ajouté ici par souci d'harmonisation. Il
n'y a pas de raison qu'on en parle dans un endroit et qu'on n'en parle pas dans
un autre.
M. Gendron: Mais là, sans faire une longue histoire avec
ça, est-ce que le ministre est complètement satisfait d'une telle
formulation qui, au chapitre des principes, ne donne aucune marge de manoeuvre
à l'interprétation du premier concerné qui effectivement,
pour certains motifs, comme peut le faire le ministère du Revenu... Dans
la loi générale sur l'impôt, le ministre du Revenu s'est
gardé une marge de manoeuvre pour, dans certains cas, soumettre le tout
à l'appréciation du Conseil des ministres pour des remises de
pénalités.
Quant au principe de ne pas faire de remise de la taxe scoiaire.
j'achète ça. Mais "ni des intérêts", j'ai des
réticences. Je n'en ai pas sur le principe, mais j'en ai sur le fait
qu'on insère ça dans la loi parce que j'ai été
informé que, dans certains cas, il y a eu des erreurs, mais qu'on n'a
pas voulu le reconnaître à cause de cette pratique qui veut qu'on
ne remette pas de taxes scolaires, ni pour la taxe ni pour les
intérêts, et je trouve ce principe abusif surtout s'il est
établi à 600, 900 ou 1000 milles des événements, de
la réalité objective des choses. Il me semble que vous devriez
avoir un petit caveat qui permettrait, dans certaines circonstances, au moins
la remise des Intérêts. Évidemment, on ne le dirait pas
comme ça, j'espère. On ne dirait pas: Oui, c'est automatique, une
commission scolaire peut faire la remise des intérêts. J'essaie
seulement de vous sensibiliser à une situation réelle et
d'évaluer si, d'après vous, comme ministre, c'est correct que ce
soit aussi hermétique que ça, indépendamment de ce qui
peut se passer dans les faits concrets.
M. Ryan: Je pense que c'est préférable de mettre
"des intérêts". C'est plus juste pour l'ensemble de
l'économie de la fiscalité. Si vous avez une dette envers votre
commission scolaire sous forme de taxe à payer et que vous ne vous
acquittez point de cette dette, il est normal que vous encouriez une obligation
additionnelle en termes d'intérêts. Mais les montants
impliqués sont tellement modestes, tout compte fait, qu'il n'y a pas
lieu de faire de plat avec ça.
M. Gendron: Je ne fais pas de plat.
M. Ryan: Je pense bien que ça va aboutir à la
caisse populaire, à la banque ou dans une société de
prêt ou de fiducie si la personne n'a pas la liquidité qu'il faut;
ou cela aboutira à la vente ou à la liquidation de sa
propriété éventuellement. Je pense que c'est le cours
normal des choses. Les sommes sont tellement faibles, encore une fois, qu'il y
a bien d'autres manières d'acquitter cette
responsabilité-là. Mais le principe est un principe de justice:
que chacun participe de manière égale aux charges de la
communauté. La commission scolaire et la municipalité n'ont pas
le pouvoir d'effacer ces obligations-là, n'étant pas des
sociétés charitables. (17 h 45)
M. Gendron: Une dernière question à laquelle
j'aimerais que vous répondiez si vous avez la réponse ou que vous
posiez à votre conseiller juridique. Dans la perspective où,
manifestement, M. le ministre, il y aurait une erreur, la commission scolaire
reconnaît qu'elle m'a demandé des intérêts, qu'elle
les a demandés croyant que c'était ma négligence, mais par
la suite elle se rend compte que ce n'est pas dû à ma
négligence, croyez-vous qu'elle pourrait invoquer la disposition pour ne
pas corriger l'erreur?
M. Ryan: Non. Pas du tout. Remise, c'est abolir une dette due, un
mauvais calcul qui aurait entraîné une obligation artificielle
pour faire référence à une dette qui ne serait pas due. La
commission scolaire aurait non seulement le droit, mais l'obligation de faire
le remboursement.
M. Gendron: Une remise, c'est vraiment, selon la
définition juridique...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron:... une dette due.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va?
M. Gendron: Adopté.
Le Président ( M. Parent, Sauvé): L'article 290 est
adopté. Nous abordons ('article 291: "Toute action en recouvrement de !a
taxe scolaire contre un propriétaire se prescrit par trois ans de la
date de son exigibilité. "
M. Gendron: Est-ce que c'est là le délai courant en
droit? Je croyais que c'était cinq ans.
Cela ne me dérange pas. C'est pour savoir.
M. Ryan: C'est le délai prescrit dans la loi actuelle. Sur
le plan municipal, on n'est pas sûr, mais il y a de bonnes chances que ce
soit la même chose. Mais c'est ce qui existe actuellement, trois ans.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 291 est
adopté. Voulez-vous me donner le papillon de l'article 292? Ça va
mieux se lire.
L'article 292 amendé par le ministre se lit comme suit. Projet
d'amendement. Remplacer le premier alinéa par le suivant: "La commission
scolaire perçoit elle-même la taxe scolaire. Cependant, elle peut
conclure une entente avec la municipalité qui a compétence en
matière d'expédition de compte de taxes municipales sur le
territoire ou une partie du territoire de la commission scolaire pour que cette
municipalité perçoive, en son nom, cette taxe sur les immeubles
situés sur leur territoire commun. "
Deuxièmement, remplacer dans la première ligne du
deuxième alinéa, les mots "La corporation municipale ou" par les
mots "Lorsqu'il y a entente, ".
Est-ce que les membres de cette commission ont cette version de
l'amendement, ce qui ne m'apparaît pas être...
M. Gendron: Non. M. Ryan:... texte qui...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. D'accord.
M. Ryan: Je crois que le texte que nous avons dans la colonne du
centre est le même, dans nos cahiers bleus.
M. Gendron: Je sais ça. C'est parce que j'avais entendu
parier du papillon. Si le papillon est conforme au texte du cahier bleu,
Modifications proposées, je n'ai pas de difficultés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va?
Article 292?
M. Gendron: Pour l'instant, oui.
Mme Blackburn: M. le Président.
La Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, sur l'article 292.
Mme Blackburn: Oui, sur l'article 292. Je relève une
remarque de la commission scolaire de la Chaudière qui dit: Les
difficultés d'élaborer un rôle de perception selon les
articles 274 à 280 rendent, à toutes fins utiles, impossibles de
telles ententes entre les municipalités et les commissions
scolaires.
M. Ryan: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît?
Mme Blackburn: Les difficultés d'élaborer un
rôle de perception selon les articles 274 à 280 rendent, à
toutes fins utiles, impossibles de telles ententes entre les
municipalités et les commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M. le
ministre.
M. Ryan: il y a un problème réel, c'est le fait que
la plupart des commissions scolaires perçoivent elles-mêmes leurs
taxes. Mais la possibilité est là. S'il y a collaboration entre
les deux organismes, ça peut se faire. C'est évident que les
indications qu'on requiert pour l'un et l'autre ne sont pas les
mêmes.
Mme Blackburn: Est-ce que ça veut dire qu'en raison de
cette difficulté c'est la majorité des commissions scolaires qui
perçoivent leurs taxes?
M. Ryan: À ma connaissance.
Mme Blackburn: Je sais qu'à Québec ça m'est
expédié par la ville.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres demandes d'explication sur l'article 292? M. le
député.
M. Gendron: Moi, non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Non. Je me disais que, s'il y a des
difficultés réelles...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Article 292,
adopté...
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé):... tel
qu'amendé. J'appelle l'article 293 qui se lit comme suit: "La
municipalité peut retenir un montant à titre de frais de
perception de la taxe
scolaire, selon entente avec la commission scolaire. " Est-ce qu'il y a
des questions, des interventions? M. le député
d'Abitibl-Ouest.
M. Gendron: Ici, le ministre a enlevé la
possibilité, quand il n'y a pas d'entente, de !e faire par
règlement. Comme la disposition n'existe plus, est-ce à dire que
c'est ce qu'on a vu antérieurement qui s'applique? "La
municipalité peut retenir un montant à titre de frais de
perception de la taxe scolaire, selon entente avec la commission scolaire. "
Quand il n'y a pas d'entente, il n'y a plus rien là.
M. Ryan: S'il n'y a pas d'entente, la commission scolaire sera
obligée de percevoir sa taxe.
M. Gendron: On n'est plus sur la perception de la taxe, mais sur
les frais de perception.
M. Ryan: Oui, mais c'est ça. Si les frais de perception
séparent Se fournisseur du service et le client, le client retourne chez
lui et dit: Je ne veux pas payer ces frais, je prends mon affaire en main.
M. Gendron: Oui, mais la job va avoir été faite, M.
le ministre.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Le problème est que la job a été
faite, dans le sens que la municipalité perçoit les taxes de la
commission scolaire. En plus de ça, elle dit: Je te demande tant, il n'y
a pas d'entente.
M. Ryan: Oui, mais l'entente doit être faite avant que le
service soit fourni. Quel est le numéro de l'article sur l'entente? Cela
fait partie de l'entente, de toute évidence. On peut bien chercher des
puces.
M. Gendron: Je ne cherche pas de puces.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions à 293? M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je voudrais distribuer tout de suite un amendement que
nous proposerons à 295 pour éviter toute méprise entre
vous et moi, étant donné la rapidité inhabituelle avec
laquelle nous procédons depuis quelques minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 293
est-il adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 294: "La municipalité verse
à la commission scolaire le montant de la taxe scolaire au fur et
à mesure de sa perception ou selon l'entente conclue à cet effet.
' Est-ce qu'il y a des discussions sur 294? Cela semble clair, net et
précis.
M. Gendron: Là, je veux dire... La disposition "au fur et
à mesure", parce qu'il y a des coûts à cela, il y a
toujours quelqu'un qui assume des coûts... Les municipalités sont
des corporations morales. Alors, de dire que la municipalité verse
à la commission scolaire le montant de la taxe scolaire au fur et
à mesure de sa perception, moi personnellement, je ne suis pas trop
friand de cela. J'aimerais mieux "selon l'entente conclue à cet effet"
et qu'il y ait des moments fixes. Je sais bien que ça ne nous regarde
pas ici même, mais ça nous regarde comme contribuables. Si elle le
fait au fur et à mesure, dépendamment encore là de la
taille des municipalités, je suis convaincu que ça pourrait
être un mauvais arrangement de prétendre verser ça au fur
et à mesure parce que, dans certains cas, compte tenu des sommes en
cause, il peut y avoir des coûts inutiles. Mais si c'est écrit
ainsi, c'est parce qu'il y a quelqu'un qui l'a demandé. Est-ce qu'il y a
quelqu'un qui l'a demandé?
M. Ryan: C'est parce que c'est comme ça dans la loi
actuelle.
M. Gendron: Et vous n'avez jamais eu d'analyse de cette
situation-là?
M. Ryan: On n'a jamais eu de représentations
là-dessus. Cependant, on a ajouté ici: "au fur et à mesure
de sa perception ou selon l'entente conclue à cet effet". Cela veut dire
qu'ils pourront s'entendre que ce soit versé à tous les
trimestres, par exemple, s'ils le veulent, ce qui dispense la
municipalité d'envoyer ça à chaque fois qu'elle
reçoit un montant.
M. Gendron: Je veux juste dire que, dans certains cas, pour des
raisons de petites municipalités, je prétendais et je le
prétends encore que, sur le plan logique des sommes et pour
éviter des fonds publics, cela devrait toujours être selon
l'entente, d'après moi. D'ailleurs, ça illustre, un article comme
ça, que, si on avait eu réponse tantôt à une
question, combien il y a de commissions scolaires qui font faire leur
perception de taxes scolaires par des municipalités; on verrait si on
parie de quelque chose de marginal. Si c'est très marginal, qu'ii n'y a
pas beaucoup de commissions scolaires qui exercent le mandat à la place
des commissions scolaires, eh bien, c'est un faux problème.
M. Ryan: En tout cas, c'est un article qui est solidement
implanté dans la législation actuelle.
M. Gendron: On va le laisser.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va?
Article 294, adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 295
amendé par le ministre de l'Éducation, qui se lit comme suit.
D'accord. Ne bougez pas. Je vous invite à porter attention à des
petits changements. Je les signalerai au passage. "La municipalité remet
à la commission scolaire tout montant supplémentaire concernant
la taxe scolaire - et on biffe "y compris les intérêts" - dû
par un propriétaire en vertu de la Loi sur la fiscalité
municipale. "La commission scolaire remet à la municipalité tout
montant concernant la taxe scolaire - et on biffe "y compris les
intérêts" - remboursé à un propriétaire en
vertu de la Loi sur la fiscalité municipale. "Ces remises sont
effectuées le premier jour du mois d'avril, de juillet ou de novembre
qui suit l'échéance de la facturation ou le remboursement du
montant, selon la plus rapprochée de ces trois dates. "Tout montant
remis après le délai applicable porte intérêt
à un taux égal au taux maximal fixé en vertu de l'article
50 de la Loi sur les dettes et Ses emprunts municipaux (L. R. Q., chapitre D-7)
à compter de l'expiration de ce délai. Si le taux maximal est
modifié après l'expiration de ce délai et avant le
paiement du montant, le nouveau taux s'applique à compter de l'adoption
du décret. "
C'était l'amendement soumis par le ministre de l'Éducation
à l'article 295 du projet de loi 107.
M. Ryan: Ici, cela vise particulièrement les cas de
révision d'évaluation. Quand un propriétaire fait appel
sur son évaluation et que l'organisme de révision décide
de le réévaluer à la baisse, à ce moment-là,
il va avoir un remboursement de taxe, il aura droit à un remboursement
de la taxe qu'il a versée en trop. Inversement, si sa
propriété était réévaluée à la
hausse, il aurait l'obligation de payer une différence correspondant au
montant de la hausse. L'évaluation, comme nous l'avons rappelé
tantôt, se fait sous la responsabilité de l'autorité
municipale ou de l'autorité intermunicipale qui est la MRC ou la
communauté urbaine là où il y en a.
M. Gendron: Je voudrais savoir deux choses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'aimerais avoir une explication plus serrée,
pour la compréhension exacte de l'article 295, premier alinéa, de
l'expression "tout montant supplémentaire". Premièrement,
j'aimerais avoir plus de précision sur ce que peut comprendre, à
l'article 295, l'expression "tout montant supplémentaire".
Deuxièmement, puisqu'il s'agit de remboursement dans les cas de
contestation qui ont amené une révision de l'évaluation
municipale ou scolaire, pour quelle raison avez- vous laissé tomber "y
compris les intérêts"? Si c'est du remboursement, cela signifie
que des contribuables ont été facturés en trop. Aux deux
endroits, vous avez dit: Non, on va rembourser le capital, mais pas les
intérêts. C'est comme cela que je comprends cela. Je veux avoir
une explication si je comprends à l'envers.
M. Ryan: On va prendre le cas où il y aurait une
révision de son évaluation à la baisse. Disons qu'il a
payé sa taxe et qu'il a reçu une facture de taxe de 300 $. Avec
la baisse d'évaluation qui résulte de la révision, son
montant de taxe est de 250 $. Il a droit à un remboursement de 50 $.
J'ai plus de peine à imaginer une situation évoquée dans
le premier alinéa parce qu'une révision à la hausse,
est-ce que cela peut arriver? Est-ce que cela arrive? Je suis embarrassé
pour répondre à cette question-là. S'il y a un
agrandissement sur un immeuble qui peut avoir été fait ou
complété pendant l'année, mais après la visite de
l'évaluateur, il peut arriver qu'il fasse une révision et qu'il
dise: Pour la dernière année, vous avez un supplément
à payer étant donné que vous avez fait cet
ajout-là. Alors, c'est cela que cela pourrait vouloir dire au premier
alinéa.
M. Gendron: Oui, mais je n'ai pas de réponse à
savoir pourquoi vous enlevez "y compris les intérêts".
M. Ryan: "Y compris les intérêts", nous l'enlevons
pour la raison suivante, c'est qu'il y a eu des représentations, je
pense que c'est du Conseil scolaire de l'île de Montréal, qui nous
a fait valoir que cela entraînait des complications considérables
au point de vue des appareils informatiques et que le rendement qu'on pourrait
retirer de là serait inférieur au coût qui
résulterait de l'inclusion d'une disposition comme celle-là, que
cela rendait les contrôles beaucoup plus difficiles. Les
représentations qui ont été faites par ies techniciens du
Conseil scolaire de l'île de Montréal...
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Parent,
Sauvé): L'article
295 est adopté sur division. Sur ce, la commission permanente de
l'éducation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)