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(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Paré): Veuillez prendre vos places
à la table, s'il vous plaît. Je déclare la séance
ouverte en rappelant le mandat de la commission qui est de procéder
à des consultations particulières dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 63, Loi modifiant la Loi sur
l'Université du Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a M.
Parent (Sauvé) qui est remplacé par M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue). Merci.
Le Président (M. Paré): Merci. Alors, à
l'ordre du jour, en commençant nous allons entendre les intervenants de
l'Université du Québec à Montréal, pour une
période d'une heure; ensuite, le Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Montréal, pour une heure
aussi; ensuite, la Fédération nationale des enseignants et
enseignantes du Québec, pour, encore une fois, une période d'une
heure. Nous reviendrons cet après-midi à seize heures avec le
Syndicat des professeurs de l'Université du Québec à
Rimouski, pour une période d'une heure, et ensuite une autre
période d'une heure avec le Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Trois-Rivières. Donc, nous
commençons maintenant avec les intervenants de l'Université du
Québec à Montréal. Je vous souhaite la bienvenue. Je vois
que vous êtes déjà installés. Au nom de tous les
membres de la commission, bienvenue et merci d'avoir participé à
cette commission parlementaire. Alors, je vous invite, M. Corbo, recteur,
à nous présenter la personne qui vous accompagne et à
faire la présentation de votre mémoire.
Université du Québec à
Montréal
M. Corbo (Claude): M. le Président, M. le ministre, Mmes
et MM. les députés membres de cette commission, je suis
accompagné du secrétaire général de
l'Université du Québec à Montréal, Me Jacques
Durocher.
Au nom de l'ensemble des membres de la communauté de
l'Université du Québec à Montréal, je désire
vous remercier de nous accueillir aujourd'hui. Sachant que votre commission
procède à l'étude détaillée du projet de loi
63, je veux commenter les dispositions de ce projet de foi qui modifie le
statut de l'Université du Québec à Montréal au sein
du réseau de l'Université du Québec.
En une phrase, M. le Président, je résume la substance de
mon intervention: l'UQAM souhaite vivement que l'Assemblée nationale lui
confère le statut d'université associée au sein du
réseau de l'Université du Québec. Ce faisant, j'exprime la
position officielle de notre communauté universitaire telle
qu'approuvée à l'unanimité par le conseil d'administration
de l'université, le 30 septembre 1987, et maintenue depuis lors. En
conférant à l'UQAM ce statut d'université associée,
l'Assemblée nationale donnera satisfaction à d'anciennes et
profondes aspirations de notre communauté universitaire. Ce statut
nouveau conclura dix ans de discussions constitutionnelles. Surtout, ce statut
procurera à l'UQAM de nouveaux et nécessaires moyens lui
permettant de poursuivre son extraordinaire développement et ainsi de
donner sa pleine mesure au service de notre société.
Mon intervention se déroulera en trois temps en cherchant
à répondre à trois questions. D'abord, d'où vient
la question du statut de l'UQAM? Deuxièmement, pourquoi l'UQAM veut-elle
un statut particulier? Troisièmement, en quoi consiste ce statut
d'université associée et comment le projet de loi 63
l'assure-t-il?
Sur les origines de la question du statut de l'UQAM, j'évoquais,
il y a un instant, les dix années de discussions constitutionnelles que
nous avons vécues au sein du réseau de l'Université du
Québec. En fait, on pourrait dire que, dès ses débuts,
l'UQAM a ressenti le besoin d'occuper une place appropriée au sein du
réseau de l'Université du Québec. Mais c'est il y a dix
ans, en mai 1979, que la question a reçu une actualité nouvelle.
À cette occasion, le comité d'étude sur l'organisation du
système universitaire de la commission Angers, commission d'étude
sur les universités, recommandait au ministre de l'Éducation de
l'époque, et je cite: "le retrait de l'UQAM de l'Université du
Québec et l'obtention, dans les plus brefs délais, d'un statut de
parité avec les autres universités de la région
montréalaise".
Le 17 décembre 1979, au terme d'une large consultation et sur la
base d'un consensus clair de la communauté universitaire, le conseil
d'administration réagissait à la recommandation de la commission
Angers en réclamant pour l'UQAM un statut de pleine
responsabilité institutionnelle.
Cette revendication d'un statut nouveau pour l'UQAM a amené de
longues et difficiles négociations avec le siège social et
l'assemblée des gouverneurs de l'Université du Québec.
Finalement, le 15 juin 1983, l'assemblée des gouverneurs constituait un
comité spécial de trois personnes - le président de
l'Université du Québec, le recteur de l'Université du
Québec à Montréal et un membre socio-économique -
et donnait à ce comité le mandat d'arriver à une solution
du problème posé par l'UQAM à l'intérieur du
réseau de l'Université du Québec. Ce
comité a travaillé de façon diligente. Un an plus
tard, le 15 juin 1984, il remettait un rapport proposant pour l'UQAM un statut
d'université associée, au sein du réseau de
l'Université du Québec. Ce statut, tel que défini par ce
qu'on a appelé par la suite le rapport Gourdeau, proposait pour l'UQAM
un certain nombre de pouvoirs supplémentaires et nouveaux. D'abord, le
pouvoir de conclure des ententes avec d'autres établissements; le
pouvoir de décerner des grades, des diplômes et des certificats;
le pouvoir de recommander directement au gouvernement la nomination de son
recteur et des membres de son conseil d'administration; et un pouvoir
général de représentation institutionnelle permettant
à l'UQAM de participer de plein droit aux organismes rassemblant des
universités et d'intervenir partout où ce serait
nécessaire pour faire valoir ses opinions et ses
intérêts.
Il me paraît très important de signaler également
qu'en matière financière le rapport Gourdeau garantissait
à l'UQAM un financement établi selon les règles de
financement qu'applique le ministère de l'Éducation à
l'ensemble des universités, donc un financement libéré de
toute péréquation au sein même de l'Université du
Québec, sauf dans des cas très précis. Et, en 1984, pour
l'UQAM, le statut d'université associée est apparu comme
procurant des avantages très importants, notamment en matière
financière.
Je pense qu'à partir de ce rapport Gourdeau on peut faire trois
remarques importantes. D'une part, ce rapport sauvait l'intégrité
académique du réseau de l'Université du Québec
puisqu'il n'en modifiait pas la réglementation en matière
académique. Deuxièmement, pour l'UQAM, ce rapport consistait en
un compromis; un compromis par rapport au statut de pleine
responsabilité institutionnelle réclamé depuis 1979, et je
pense que c'est important de noter que l'UQAM a été capable de
faire des compromis sur cette question vitale pour son devenir.
Troisième remarque, le rapport Gourdeau a été
approuvé à l'unanimité par le conseil d'administration de
l'UQAM en juin 1984 et par l'assemblée des gouverneurs en octobre 1984.
Depuis 1984, ni le conseil d'administration de l'UQAM, ni l'assemblée
des gouverneurs n'ont remis en cause le rapport Gourdeau et le statut
d'université associée pour l'UQAM.
On peut donc se demander pourquoi, si l'entente était intervenue
dès 1984 au sein du réseau de l'Université du
Québec, la question n'est toujours pas réglée. Eh bien, on
a, par un concours de circonstances, raté l'échéance de
juin 1985, et vous connaissez la suite: il y a eu des élections, il y a
eu un changement de gouvernement, il y a eu la commission parlementaire sur
l'éducation en septembre et octobre 1986, il y a eu le comité
présidé par M. Robert Després sur l'évolution du
réseau de l'Université du Québec, et il y a eu aussi la
recommandation du rapport Després de ne pas accorder à l'UQAM un
statut particulier.
Alors, en septembre 1987, après avoir examiné le rapport
Gourdeau, le conseil d'administration de l'Université du Québec
à Montréal a réitéré sa demande d'un statut
d'université associée et a invité l'assemblée des
gouverneurs de l'Université du Québec à appuyer cette
demande et à honorer son engagement de 1984.
Durant la première quinzaine de septembre 1987, il y a eu des
négociations très intenses entre l'Université du
Québec et l'Université du Québec à Montréal
et, le 16 septembre 1987, j'avais l'honneur de signer avec le président
de l'Université du Québec un document Intitulé "Le contenu
du statut particulier de l'Université du Québec à
Montréal au sein du réseau de l'Université du
Québec". Ce document de 1987 reprend à peu près
intégralement l'entente issue du rapport Gourdeau de 1984 et les points
où il y a une différence entre l'entente de 1987 et celle de
1984, c'est, à mon avis, pour bonifier l'entente de 1984.
Je conclus cet historique que vous connaissez en faisant trois
remarques. La première, c'est que la demande d'un statut
d'université associée est une revendication ancienne, profonde et
constante de la communauté de l'Université du Québec
à Montréal. Ce n'est pas un caprice. Cela fait dix ans que
l'Université du Québec à Montréal attend qu'on
règle ce dossier. Deuxièmement, je pense pouvoir dire que, au
cours des dix dernières années, l'UQAM a mené sa
revendication d'une façon raisonnable, cherchant toujours les compromis
qui, sauvant ses intérêts essentiels, respectaient aussi les
préoccupations légitimes de l'Université du Québec
et de ses divers établissements. Troisièmement, depuis 1984
déjà, je pense pouvoir dire que la question sur le fond est
réglée à l'intérieur du réseau de
l'Université du Québec et qu'elle n'attend plus que la sanction
du législateur. (10 h 30)
Voilà donc, M. le Président, pour l'historique. Je pense
pouvoir maintenant vous entretenir un peu des raisons pour lesquelles l'UQAM
devrait avoir un statut nouveau d'université associée au sein du
réseau de l'Université du Québec. Vous me permettrez, dans
un premier temps, de citer ie parrain du projet de loi, le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, qui a déjà
précisé pourquoi, à ses yeux, un tel statut était
approprié. Je cite la lettre qu'il écrivait le 24 mai 1988 au
président de l'Université du Québec. "Un tel statut
d'université associée et les attributions qui lui sont
conférées (... ) permettront de mieux reconnaître l'apport
de l'Université du Québec à Montréal dans
l'ensemble des activités du réseau de l'Université du
Québec. Loin de mettre en cause l'existence même du réseau
de l'Université du Québec, ce statut d'université
associée comporte en soi des obligations importantes de collaboration et
d'appui que doit assurer l'Université du Québec à
Montréal envers l'ensemble des institu-
tions soeurs de l'Université du Québec".
À la lumière de la position du ministre, j'exprime, pour
ma part, quatre raisons qui justifient aujourd'hui l'octroi d'un statut
d'université associée pour l'UQAM.
Premièrement, 20 ans se sont maintenant écoulés
depuis l'adoption de la Loi sur l'Université du Québec. Je vous
signale que dimanche prochain, le 9 avril 1989, marquera le vingtième
anniversaire de l'émission des lettres patentes de l'Université
du Québec à Montréal. Aujourd'hui, avec 36 000
étudiants, 900 professeurs, 1500 chargés de cours, 1200
employés, ses 165 et quelques programmes d'études
différents incluant une quinzaine de doctorats, ses 16 000 000 $ de
fonds de recherche, son budget de 160 000 000 $, l'Université du
Québec à Montréal est une université de grande
taille à l'échelle québécoise et canadienne. En
raison de cette taille et de son niveau de développement, l'UQAM se sent
à l'étroit dans le cadre de la loi originale de
l'Université du Québec. Par ailleurs, elle est pleinement capable
aujourd'hui d'assumer elle-même certaines responsabilités qu'il y
a 20 ans l'on jugeait nécessaire de confier aux organismes centraux du
réseau de l'Université du Québec. Le stade actuel de
développement et de maturité de l'UQAM justifie un statut
juridique nouveau et adapté.
Deuxième raison, quand on regarde les choses très
attentivement, l'on constate que l'Université du Québec à
Montréal, dans les faits, appartient à deux réseaux: un
réseau formel et juridique qui est celui de l'Université du
Québec et un réseau géographique et social naturel qui est
celui des universités montréalaises. Les quatre
universités montréalaises sont tout près les unes des
autres physiquement. Elles sont en interaction constante et cette
proximité est symbolisée par le fait qu'avec le métro de
Montréal on peut rejoindre facilement n'importe laquelle des quatre
universités. L'UQAM est appelée à collaborer avec les
établissements des deux réseaux. Le cadre de l'Université
du Québec nous procure certainement les conditions d'une saine
collaboration avec les établissements de ce réseau et nous
n'avons pas ménagé, au cours des dernières années,
les efforts de collaboration avec les établissements du réseau.
Mais il faut aussi doter l'UQAM des moyens de collaborer efficacement avec les
établissements montréalais de façon autonome et
responsable. Le statut d'université associée, qui autorise l'UQAM
à négocier par elle-même des ententes avec tout
établissement d'enseignement et de recherche, donne à
l'université le moyen indispensable d'une collaboration continue et
élargie avec les autres universités et particulièrement
les universités montréalaises. Techniquement, à l'heure
actuelle, M. le Président, l'Université du Québec à
Montréal, quelle que soit sa taille, quel que soit son stade de
développement, ne peut pas signer par elle-même une entente avec
une autre université. Elle doit faire approuver cette entente par
l'Université du Québec. C'est une situation qui nous paraît
inappropriée, compte tenu du contexte dans lequel vit
l'Université du Québec à Montréal.
Troisièmement, compte tenu de sa taille, compte tenu de son
développement, compte tenu de sa solidarité envers son
environnement socio-économique montréalais, l'UQAM doit
être présente, à notre avis, de plein droit dans tous les
organismes qui regroupent des universités. De même, elle doit
pouvoir faire valoir ses avis et exprimer ses représentations
auprès de tous les organismes qui sont les interlocuteurs naturels des
établissements universitaires au Québec, au Canada et dans le
monde. Il serait invraisemblable qu'un établissement de la taille de
l'UQAM ne puisse faire entendre distinctement et clairement sa propre voix.
Là-dessus, je vous signale que, à cet organisme qu'on appelle la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec, la CREPUQ, je suis présent au comité
exécutif, qui regroupe les chefs d'établissements, mais,
techniquement, je ne suis pas présent de plein droit. Je suis là
comme observateur, dans la délégation de l'Université du
Québec. Il y a des universités de bien plus petite taille au
Québec qui participent de plein droit aux travaux de la
conférence des recteurs. Quand on sait l'importance croissante de
l'interaction entre les universités et les organismes privés et
publics qui constituent le tissu social, on comprend aisément que l'UQAM
veuille avoir la capacité pleine de s'exprimer en son propre nom.
Quatrième raison, en matière de ressources
financières, ce que l'UQAM réclame, ce ne sont pas des
privilèges, mais un financement établi pour elle selon les
mêmes règles que le ministère applique à l'ensemble
des universités. Cela fait intimement partie du statut que nous
réclamons et c'est tout à fait normal compte tenu qu'on attend
beaucoup de choses de l'Université du Québec à
Montréal. Nous sommes prêts à collaborer
financièrement avec nos deniers à la réalisation d'un
certain nombre de projets à l'intérieur du réseau de
l'Université du Québec. Cependant, l'UQAM a refusé,
refuse, et refusera de contribuer au financement de base des autres
établissements universitaires du réseau de l'Université du
Québec. Nous n'acceptons pas que la péréquation s'exerce
aux frais de l'Université du Québec à Montréal,
dans le cadre du réseau de l'Université du Québec. Nous
savons que la situation financière de certains établissements du
réseau est difficile. On a évoqué la formule du Northern
Grant ontarien. On reconnaît cela, mais la position de
l'Université du Québec à Montréal est qu'on ne peut
prendre, dans la grande enveloppe financière de l'UQAM, des fonds dont
elle a besoin pour soutenir le financement de base d'autres
établissements; c'est là la responsabilité du
gouvernement, ce n'est pas la responsabilité de l'Université du
Québec à Montréal. Là-dessus, je pense que la
position de l'UQAM est claire et elle ne changera pas. Dans ce
contexte, nous croyons que le statut d'université associée
est de nature à nous protéger contre une
péréquation qui pourrait s'exercer à nos frais.
Quand je parte de financement des universités, j'insiste
beaucoup, M. le Président, pour dire que nous ne cherchons pas de
privilège. Nous cherchons le même traitement que les autres
universités. C'est dans ce contexte, alors que le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science s'apprête à
implanter une nouvelle formule de financement, que nous demandons que la base
de financement de l'Université du Québec à Montréal
soit corrigée comme on veut corriger la base de financement d'autres
établissements, McGill, Concordia, Bishop's, l'École des hautes
études commerciales, parce que d'après les propres calculs des
fonctionnaires du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, quand on extrait l'UQAM du réseau UQ ou quand on la
considère séparément, elle est sous-finan-cée. Ce
n'est pas nous qui le disons, c'est l'application de la formule que le ministre
a présentée aux recteurs le 21 octobre 1987. Donc, dans le statut
d'université associée, il y a aussi l'assurance pour l'UQAM
d'avoir les fonds auxquels elle a droit si on lui applique directement les
règles de financement de l'ensemble des universités. Cela dit, M.
le Président, je pense que le statut d'université associée
avec ces différents éléments répond bien à
la situation de développement de l'Université du Québec
à Montréal.
Je voudrais, en troisième partie de mon intervention, commenter
un peu le projet de loi en regard de ce statut d'université
associée. Le statut d'université associée, tel que convenu
entre l'UQAM et l'Université du Québec, reconnaît d'abord
à l'UQAM un ensemble de prérogatives nouvelles et de pouvoirs
nouveaux. Premièrement, le pouvoir de conclure avec tout
établissement d'enseignement ou de recherche tout accord qu'elle juge
utUe à la poursuite de ses fins. Cela est prévu à
l'article 16 du projet de loi 63. Deuxièmement, le pouvoir de
décerner tout grade, diplôme ou certificat universitaire. Cette
disposition est reprise par le projet de loi 63 à l'article 16.
Troisièmement, le pouvoir de nommer son recteur. C'est prévu au
projet de loi. Quatrièmement, le pouvoir de participer de plein droit
aux organismes de concertation interuniversitaire, le pouvoir d'intervenir
directement auprès des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux
et le pouvoir général de représentation
institutionnelle.
Si le projet de loi 63 n'est pas explicite à l'égard du
pouvoir de représentation de l'UQAM, c'est un pouvoir qui, à
notre avis, est implicitement reconnu à l'UQAM par la disposition qui
l'autorise à conclure de sa propre autorité des ententes avec des
établissements d'enseignement ou de recherche. Si on est autorisé
à signer nos propres ententes avec d'autres établissements,
implicitement, nous sommes autorisés à nous entretenir, à
parler, à faire des représentations auprès de ces autres
établissements. Alors, les principaux pouvoirs supplémentaires
réclamés par l'UQAM au titre du statut d'université
associée sont prévus par le projet de loi.
En ce qui concerne le financement, nous sommes parvenus à une
entente avec l'Université du Québec. Nous avons
déjà contribué en 1988-1989 d'une somme de 500 000 $ au
développement académique du réseau, prévue par
l'entente avec l'Université du Québec. On a contribué de
cette somme, même si la loi n'avait pas encore été
modifiée. Donc, je pense qu'on a démontré notre bonne foi
sur ce point. Le projet de loi 63 ne comporte aucune disposition relative aux
éléments financiers du statut d'université
associée.
L'UQAM, en toute vérité, aurait souhaité que des
éléments de principe concernant !e financement figurent dans le
projet de loi 63. J'imagine que le ministre pourrait expliquer mieux que moi
son point de vue sur la question. Le ministre ayant par ailleurs écrit,
et je le cite: "Cette entente ne touche que la capacité propre de
l'Université du Québec de déterminer les modalités
internes de répartition budgétaire", l'UQAM va s'assurer que les
règlements et les pratiques de l'Université du Québec, en
matière budgétaire, respectent l'entente du 16 septembre
1987.
Donc, dans l'ensemble, M. le Président, le projet de loi 63
conférerait effectivement à l'UQAM le statut d'université
associée au sein du réseau. L'UQAM ne peut que
réitérer son souhait de voir le projet de loi très
rapidement adopté par l'Assemblée nationale. Comme en 1985 cela
nous a tout gentiment glissé entre ies doigts dans le concours de
circonstances que je rappelais il y a un instant, nous souhaitons vraiment
vivement cette fois qu'on boucle l'opération.
En conclusion, M. le Président, je vais citer le dernier
paragraphe de l'entente intervenue le 16 septembre 1987 entre le
président de l'Université du Québec et moi-même, en
signalant que ce paragraphe reprend mot pour mot le dernier paragraphe de
l'entente de 1984. Ce paragraphe résume très bien l'esprit et la
promesse du statut d'université associée pour l'UQAM, et je cite:
"Ces recommandations permettront de consolider les liens existants entre
l'Université du Québec à Montréal et
l'Université du Québec, lesquels contribueront à la
réalisation de leurs objectifs communs dans une perspective
d'étroite collaboration et de concertation. Les litiges entre
l'Université du Québec à Montréal et
l'Université du Québec étant réglés, toutes
les énergies pourront être canalisées vers une meilleure
coordination et concertation, notamment en matière d'enseignement et de
recherche, consolidant et développant ainsi le réseau
académique de l'Université du Québec."
M. le Président, au cours des dernières années et
récemment, il s'est trouvé et il se trouvera des personnes et des
groupes pensant que le statut d'université associée est
insuffisant
pour l'UQAM. Il s'est également trouvé, il se trouve et il
se trouvera des personnes et des groupes pensant que ce statut est excessif
pour l'Université du Québec. Le conseil d'administration de
l'UQAM, comme du reste l'assemblée des gouverneurs de
l'Université du Québec, pense au contraire que ce statut est un
arrangement éminemment raisonnable et responsable,
bénéfique pour les parties et pour la société
qu'elles servent. Je partage pour ma part cet avis, ayant suivi intimement ce
dossier depuis 1979, et je suis confiant que vous recommanderez à
l'Assemblée nationale de partager aussi cet avis quant à
l'importance et à la pertinence d'un statut d'université
associée pour l'UQAM. (10 h 45)
Alors, je voudrais vous remercier, M. le Président, mesdames et
messieurs, de votre accueil et de votre intérêt pour notre
université. Je remercie en particulier le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science d'avoir reconnu le bien-fondé des
demandes de l'UQAM, de son attention à l'UQAM et de sa décision
de lui accorder avec le concours de l'Assemblée nationale du
Québec le statut qui est nécessaire à son
développement continu. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Corbo. Je vais maintenant reconnaître le ministre de l'Éducation
et ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
réagir à votre mémoire. Alors, M. le ministre de
l'Éducation et ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je salue avec plaisir la
présence parmi nous du recteur de l'Université du Québec
à Montréal et des personnes qui l'accompagnent. Comme un objet
important du projet de loi 63 vise une nouvelle définition du statut de
l'Université du Québec à Montréal au sein du
réseau de l'Université du Québec et de la famille
universitaire montréalaise, la rencontre avec l'UQAM est un
élément absolument essentiel de la démarche que poursuit
la commission parlementaire de l'éducation. J'apprécie les
représentations claires, concrètes et très fonctionnelles
qui nous ont été soumises par les autorités de
l'Université du Québec à Montréal.
Je ne veux pas revenir sur le fond du problème. Nous en avons
discuté amplement. Je pense que nous sommes au stade où nous
cherchons à préciser la pensée des uns et des autres, non
pas à étayer toute une rhétorique autour du thème
que nous discutons. Comme nous avons avec nous la présence du recteur de
l'Université du Québec à Montréal, je voudrais en
venir assez vite au coeur du sujet et réaffirmer tout d'abord bien
simplement ma conviction qu'étant donné les deux facteurs
suivants l'octroi d'un statut d'université associée à
l'Université du Québec à Montréal s'impose. Il y a
tout d'abord le fait que c'est devenu une université d'une taille con-
sidérable. Ce n'est pas une université moyenne ou petite, c'est
une grande université qui, par conséquent, à ce seul
titre, doit faire face à toutes sortes de défis, de
problèmes quotidiens qui requièrent pour elle une marge
d'autonomie plus forte que dans le cas d'autres établissements qui en
sont encore à un stade de leur développement qui ne leur donne
pas autant de facilité dans le déploiement de moyens et qui ne
présente pas des défis de même nature que ceux auxquels
peut faire face une grande université située en plein coeur de la
région métropolitaine, au coeur d'une population qui
représente environ la moitié de toute la population du
Québec à elle seule. C'est ce deuxième facteur qui est
important aussi. En plus d'être une université de grande taille,
l'Université du Québec à Montréal est
implantée en plein coeur de la région métropolitaine, ce
qui lui donne l'obligation de pouvoir transiger avec la communauté
métropolitaine et les autres établissements universitaires sur un
pied d'égalité. Elfe ne veut pas se présenter à fa
table commune seulement en disant: Je suis la filiale d'une autre
université, il faut qu'elle ait sa personnalité propre. Il faut
qu'elle ait un statut qui la justifie de parler, d'intervenir, d'agir, de
décider avec autorité dans un grand nombre de
matières.
Alors, c'était l'exercice que nous poursuivions ensemble depuis
déjà plusieurs années. On avait commencé des
démarches à l'époque du gouvernement
précédent. Je me souviens qu'étant porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation j'avais à
l'époque signifié au ministre l'accord de l'Opposition sur un
éventuel projet de loi qui eût accordé ce statut
d'université associée à l'Université du
Québec à Montréal. Nos opinions sur ce point n'ont point
changé, ni du côté de ceux qui forment maintenant
l'Opposition, d'après ce que nous a laissé entendre le
député d'Abitibi-Ouest, ni du côté de ceux qui
forment maintenant le gouvernement. J'en suis très heureux. À
moins d'événements tout à fait imprévus, je pense
bien que nous nous acheminons vers l'adoption définitive de ce projet de
loi avant l'ajournement de la présente session. En tout cas, nous
déploierons tous les efforts possibles afin que
l'échéancier que nous nous sommes fixé, de concert avec
les établissements concernés, puisse se réaliser.
Puisque vous êtes là, M. Corbo, je pense qu'il est
intéressant et important à ce moment-ci d'essayer de creuser un
peu la notion d'université associée, et c'est au coeur de votre
présentation. Il y avait deux facteurs à réconcilier. Il y
avait d'un côté les justes aspirations de l'Université du
Québec à Montréal à une plus grande mesure
d'autonomie. Il y avait en même temps le souci de maintenir un
réseau UQ dont l'Université du Québec à
Montréal devait demeurer un élément essentiel. Alors,
comment concilier ces deux ensembles d'aspirations qui n'étaient pas
nécessairement convergentes? Le projet de loi représente à
cet égard un compromis. Je pense
bien qu'il n'y a jamais de solution définitive nulle part. Je
vais essayer d'isoler les principaux éléments pour que nous nous
comprenions bien. Cela fera peut-être l'objet de ma première
question, M. Corbo.
Vous aurez sans doute remarqué, M. le recteur, qu'au tout
début du projet de loi, à l'article 1, nous apportons une
modification à l'article 4 de la Loi sur l'Université du
Québec pour signifier clairement qu'il incombe à
l'Université du Québec d'adopter des programmes d'études
et d'adopter également une nomenclature de grades, diplômes ou
certificats universitaires. En particulier, ce qui touche les programmes
d'études est très important, il y a un certain nombre
d'attributions qui sont données en propre à l'Université
du Québec à Montréal. Elle pourra décerner ses
propres grades, diplômes ou certificats universitaires. Elle pourra
conclure sans autorisation avec tout établissement d'enseignement ou de
recherche tout accord qu'elle juge utile à la poursuite de ses fins.
Elle fera elle-même les recommandations au gouvernement pour la
nomination de son recteur. Elle sera habilitée à désigner
parmi ses vice-recteurs le remplaçant du recteur en cas
d'incapacité temporaire d'agir de ce dernier. Ce sont des
prérogatives très importantes. Il reste qu'en matière de
programmes nous avons tenu a ce que l'autorité générale
demeure à l'Université du Québec de manière que les
programmes qui sont offerts dans l'ensemble du réseau puissent permettre
au maximum ('intercommunication et la collaboration interdépartements,
la fécondation réciproque d'un établissement à
l'autre. Je voudrais savoir comment vous réagissez à ce premier
article du projet de loi. Est-ce qu'il vous apparaît viable, est-ce qu'il
est de nature à gêner en quelque manière le fonctionnement
de l'Université du Québec à Montréal?
M. Corbo: M. le Président, dans l'entente de 1984 et celle
de 1987, l'Université du Québec à Montréal a
accepté de maintenir un réseau académique cohérent
et efficace sous l'appellation d'Université du Québec. C'est
ainsi que nous avons accepté que continuent à s'appliquer
à l'Université du Québec à Montréal les
règlements académiques du réseau de l'Université du
Québec. Ce n'est pas notre intention de débâtir le
réseau de l'Université du Québec et ce n'est pas non plus
notre intention de cesser de collaborer à l'intérieur du
réseau de l'Université du Québec. Ou reste, j'aimerais
signaler que l'Université du Québec à Montréal a
généreusement accepté de dispenser ses programmes ailleurs
par entente avec Chicoutimi ou avec l'Abitibi-Témiscamingue. Donc, au
coeur du réseau de l'Université du Québec va subsister un
ensemble de données réglementaires faisant en sorte, par exemple,
que nos règlements d'études de premier cycle ou d'études
avancées devront respecter un règlement-cadre du réseau de
l'Université du Québec. Nous avons également
accepté de maintenir la juridiction du Conseil des études de
l'Université du Québec sur le processus d'adoption ou
d'approbation de nouveaux programmes ou de modifications aux programmes
existants de sorte que lorsqu'on va développer des programmes à
l'UQAM ou quand on va modifier des programmes existants à l'UQAM, on va
faire approuver ça par nos instances internes, notre commission des
études, mais on va également soumettre cela à
l'approbation du Conseil des études de l'Université du
Québec, de façon à nous assurer que nos programmes se
situent dans l'ensemble des développements du réseau de
l'Université du Québec. Donc, l'entente de 1984, l'entente de
1987, le projet de loi sauvegardent l'intégrité académique
du réseau de l'Université du Québec et c'est
important.
Par ailleurs, nous allons utiliser les pouvoirs nouveaux qui nous
seraient donnés par le projet de loi 63 dans le cadre du respect de la
réglementation de l'Université du Québec. C'est entendu
qu'on ne peut pas signer une entente avec l'Université de
Montréal pour faire un programme d'études qui ne respecterait pas
les normes générales du réseau de l'Université du
Québec. Cela, M. le Président, nous sommes prêts à
l'accepter. Nous l'avons accepté dans le passé parce que nous
croyons qu'il n'est pas sage de débâtir le réseau de
l'Université du Québec que l'on construit depuis 20 ans. Cela
étant, M. le Président, tout en respectant la dynamique du
réseau de l'Université du Québec, il n'y a pas vraiment de
drame pour l'Université du Québec à ce que le recteur de
l'Université du Québec à Montréal puisse se
promener en disant: Je parle au nom de l'Université du Québec
à Montréal, dans le cadre d'un ensemble de règlements
académiques qui sont partagés.
En ce sens, je suis convaincu que ce projet de loi et le statut qu'il
propose pour l'UQAM lui donnent à la fois des moyens nouveaux et
supplémentaires dont elle a besoin pour poursuivre son
développement et le service qu'elle rend à son milieu et, en
même temps, sauvegardent l'intégrité académique du
réseau de l'Université du Québec. Il y a des gens qui ne
sont pas d'accord avec ce statut il y a des gens qui disent: C'est trop peu. Il
faudrait que l'UQAM puisse approuver elle-même de façon
définitive tous ses programmes d'études. Il faudrait que l'UQAM
puisse faire elle-même tous ses règlements académiques et
non pas subir la juridiction de l'UQ là-dessus. Ce n'est pas ce que le
conseil d'administration de l'UQAM a accepté à l'unanimité
à deux reprises. Il a accepté un compromis, où certains
pouvoirs nouveaux étaient donnés à l'UQAM, mais de
façon telle qu'ils ne portent pas préjudice à la
réalité académique d'un réseau de
l'Université du Québec. Nous sommes capables de vivre avec
cela.
D'ailleurs, M. le Président, j'aimerais vous signaler que non
seulement doit-on faire approuver nos nouveaux programmes par
l'Université du Québec, mais, en plus, il faut les faire
approuver par le Conseil des universités. Cela fait des
années que cela dure. On prépare des dossiers en
conséquence et on réussit à les faire approuver. Alors,
cela ne nous inquiète pas outre mesure. Vous allez me dire: il y a une
grosse majorité au conseil des études et à
l'assemblée des gouverneurs qui ne vient pas de l'UQAM. Oui, on est
habitués à travailler à un sur onze. Mais on a une
certaine vigueur, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Merci, M. le recteur. M. le ministre de l'Enseignement
supérieur.
M. Ryan: Je voudrais dire un mot maintenant de l'aspect
financier. Vous m'avez invité à le faire tout à l'heure,
dans votre intervention, M. le recteur. Je vais commenter brièvement ce
que vous avez mentionné à ce sujet.
Il est vrai que dans le projet de loi on ne traite pas des
modalités particulières de financement pour l'Université
du Québec à Montréal. C'est parce que dans l'esprit du
gouvernement, l'Université du Québec à Montréal
étant partie du réseau de l'Université du Québec,
son financement sera pourvu à même les ressources que le
gouvernement rendra disponibles pour l'Université du Québec. Il
appartient à celle-ci d'établir à l'intérieur du
réseau les règles de partage qu'elle jugera conformes à
l'intérêt général du réseau et à
l'intérêt de chacune des parties constituantes.
Dans le protocole que l'Université du Québec à
Montréal a signé avec l'Université du Québec, il y
a des éléments qui sont de discipline interne, pour ainsi dire.
Vous êtes convenus de certaines modalités de traitement de ces
choses. Il a été convenu, par exemple, que l'Université du
Québec s'engage à redistribuer à l'Université du
Québec à Montréal les subventions en se fondant sur les
critères de partage qui ont cours pour l'ensemble des
établissements universitaires, par conséquent, en la
protégeant contre des formes de distribution ou de partage qui
pourraient entraîner un financement inférieur pour
l'Université du Québec. Ce sont des modalités qui ne
créent pas de problèmes pour nous, dans la mesure où elles
sont acceptables pour les deux parties.
Je pense que vous vous souvenez que dans le protocole il y avait une
chose qu'on demandait au gouvernement. On disait: L'Université du
Québec et l'Université du Québec à Montréal
conviennent de demander au ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science de s'engager à transmettre au président de
l'Université du Québec et au recteur de l'UQAM les données
relatives à l'Université du Québec à
Montréal calculées sur la même base que celle de l'ensemble
des universités lors de la parution de ses documents financiers,
notamment le document concernant les règles budgétaires et les
calculs. Nous n'avons pas accepté cette demande. Je pense que vous vous
en souvenez? Nous transigeons pour ces fins avec l'Université du
Québec et nous n'avons pas d'objection à recevoir directement, si
vous vouiez nous les envoyer, toutes les données concernant
l'Université du Québec à Montréal. (11 heures)
Si nous n'avons pas inclus de dispositions à ce sujet dans le
projet de loi, c'est parce que nous trouvions que c'était
préférable que cette entente soit considérée comme
une entente liant l'Université du Québec et l'Université
du Québec à Montréal. J'ajoute qu'en retour de cette
entente qui vous garantit un financement égal, toutes proportions
gardées, à celui des autres établissements universitaires
vous avez pris l'engagement de fournir chaque année, comme vous l'avez
signalé, une contribution de 500 000 $, je pense, au fonds de
développement académique de l'Université du Québec.
Ce sont des arrangements qui sont de bon aloi, nous n'y trouvons absolument
rien qui soit contraire à l'intérêt
général.
Mais, encore une fois, au point de vue du financement, c'est un autre
élément que nous avons plutôt laissé du
côté des autorités du réseau, étant bien
conscients, par ailleurs, des arrangements particuliers qui ont pu être
faits. Et je n'envisage pas d'amendement au projet de loi, là-dessus,
vous n'en avez pas demandé non plus; vous avez rappelé l'attente
légitime de l'Université du Québec à
Montréal, je la comprends, et, en même temps, j'en profite pour
préciser la position du gouvernement, et je vous demanderais: Est-ce que
c'est clair? Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas clair dans ce que je
vous ai dit?
M. Durocher (Jacques): M. le Président, je pense que la
position du ministre est claire; la position de l'UQAM est également
très claire, et je le dis ici, parce que je l'ai dit ailleurs et je vais
le répéter à l'Université du Québec. Si vous
me permettez, M. le Président, de citer une phrase ou de reprendre
à mon propre compte des mots qui ont sûrement été
prononcés dans ces lieux il y a un certain nombre d'années, notre
position est simple, on veut notre butin et on va aller le chercher
auprès de l'Université du Québec. Une fois qu'on aura
notre butin, on est prêts à investir dans le réseau de
l'Université du Québec. On a déjà investi 500 000 $
cette année, et ça, c'est 500 000 $ indexés. Mais nous
pensons, que ça passe par le gouvernement ou que ça passe par
l'Université du Québec, que l'Université du Québec
à Montréal doit avoir chacun des dollars et chacun des cents
auxquels elle aurait droit si elle faisait l'objet d'un financement distinct.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons tellement insisté
pour obtenir une correction de base, comme d'autres universités ont
droit à une correction de base, et dans cela, M. le Président, il
n'est pas sans intérêt de vous signaler que le recteur de
l'Université de Montréal, le principal de l'Université
McGUI, le recteur de l'Université Concordia, le principal de
l'Université Bishop's, le directeur de l'École
polytechnique de Montréal, tous ces gens ont reconnu qu'il y avait un
problème particulier de financement dans la base de financement de
l'UQAM. Alors, on va vivre avec ça, M. le Président; nos souhaits
auraient pu être différents, mais on va vivre avec ça, et
on va sans cesse rappeler à nos collègues de l'Université
du Québec, à l'assemblée des gouverneurs, que nous vouions
avoir tout notre butin avant de commencer à réinvestir dans
l'Université du Québec.
La Président (M. Tremblay, Rimouski): Une dernière
question, M. le ministre.
M. Ryan: Une dernière question, si vous me le permettez.
Dans la lettre que j'adressais au président de l'Université du
Québec, en mai dernier, j'indiquais à grands traits ce que me
sembleraient devoir être les fonctions du siège social de
l'Université du Québec, pour les années à venir. Je
les décrivais comme ceci: tout d'abord, la planification
stratégique et la répartition des ressources entre les
unités constituantes; en second lieu, la coordination du
développement; en troisième lieu, la définition de
l'orientation en matière d'évaluation institutionnelle; en
quatrième lieu, l'approbation des budgets et le contrôle
budgétaire; cinquièmement, la gestion de services communs. Est-ce
que vous pourriez me donner vos commentaires sur chacun de ces points ou sur
l'ensemble des points? Si vous âtes d'accord sur tout, je me dispenserai
des commentaires particuliers. Est-ce que ce sont des orientations qui vous
apparaissent réalistes ou acceptables?
M. Corbo: Dans la mesure, M. le Président, où
l'Université du Québec à Montréal accepte de vivre
dans le réseau de l'Université du Québec et de participer
à la construction de ce réseau public d'universités, il
nous semble nécessaire, en effet, qu'un siège social et que des
instances communes, comme le conseil des études et l'assemblée
des gouverneurs, adoptent certaines orientations, certaines politiques, aux
fins d'assurer une action commune concertée, dans le cadre du
réseau de l'Université du Québec. Alors, il n'y a pas de
problème insoluble à ce que l'Université du Québec
définisse un cadre réglementaire général,
définisse des orientations de développement, intervienne dans la
coordination des établissements; on est capable de vivre avec ça.
Cependant, et je pense que c'est extrêmement important, tous ces efforts
de l'Université du Québec doivent reposer d'abord sur la
dynamique propre de chacun des établissements. Si les collègues
du siège social font des plans de développement et que ça
ne correspond pas à chacun des établissements, ça va
être de la prose décorant les tablettes du siège social. Il
faut que la planification, la coordination et le développement
s'enracinent dans la dynamique propre de chacun des établissements et
que ce soit plus un travail de synthèse et d'articulation qu'un travail
fait à la place des établissements. Cela, c'est une
première condition de réussite.
Il y a une deuxième condition de réussite dans le cas de
l'Université du Québec à Montréal. C'est qu'on
tienne compte de la conjoncture et de la situation propre de
l'Université du Québec à Montréal. Nous sommes dans
un environnement où on est en concurrence et en concurrence très
virile, si vous acceptez le terme, avec trois autres universités. Notre
développement, même chapeauté par l'Université du
Québec, doit tenir compte du fait que c'est avec l'Université
McGill, l'Université de Montréal, l'Université Concordia,
l'École polytechnique et l'École des hautes études
commerciales qu'on partage l'environnement montréalais. C'est avec elles
qu'on rivalise pour aller chercher des bons professeurs, des bons
étudiants, des subventions de recherche, des équipements et ainsi
de suite.
Alors, notre développement à l'UQAM suit une logique qui
nous est propre, qui est celle de l'environnement montréalais et cela
doit être respecté par les perspectives de développement
général du réseau de l'Université du Québec.
On est capable de vivre avec ça. La nature humaine étant ce
qu'elle est, parfois il y a des propensions à la centralisation, mais,
rassurez-vous, on va faire en sorte que la centralisation ne porte pas
préjudice à nos intérêts.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je vais maintenant
reconnaître le député d'Abitibi-Ouest et porte-parole de
Opposition officielle.
M. Gendron: M. le Président, rapidement, je voudrais
remercier M. Corbo et M. Durocher de leur présentation et signaler tout
simplement qu'on vous remercie d'être là, parce que vous
êtes une des parties prenantes très importante du projet de loi
63. Il eût été un peu inconcevable qu'un des
intéressés au premier chef n'ait pas l'occasion d'exprimer son
point de vue concernant le projet de loi 63, parce que ça vous touche
drôlement.
J'ai pris quelques minutes pour résumer les autres
mémoires et je me permets cette interprétation également
pour le vôtre. Je l'ai fait pour les autres. Dans le fond, résumer
votre mémoire, je pense que ce n'est pas faire erreur de dire que vous
souhaitez vivement un statut d'université associée, parce que,
sur une base historique, sur une base des raisons qui le justifie, votre
mémoire les a très bien rappelées.
En ce qui concerne spécifiquement le projet de loi 63, c'est dans
la dernière partie de votre mémoire que vous indiquez que,
effectivement, le projet de loi 63 vous consacrerait un statut
d'associée et, dans ce sens-là, vous êtes
complètement d'accord et vous souhaitez que le projet de loi 63 soit
agréé le plus rapidement possible.
Il y a deux autres éléments que je voudrais toucher en
guise de commentaires avant de poser
quelques questions. A partir du moment où vous relatez - avec
raison, je pense - M. Corbo, que c'est une revendication ancienne, profonde et
constante de la communauté de l'Université du Québec
à Montréal, lorsque vous dites ça, il me semble que vous
avez raison sur les faits, sur la base historique. Il me semble que vos
prétentions ne sont pas mal fondées, en tout cas, en ce qui me
concerne. Cela ne donne rien de reprendre constamment les raisons, que ce soit
la taille, que ce sort la situation concurrentielle que vous venez
d'évoquer et qui oblige à avoir, des fois, un comportement plus
musclé, plus viril, compte tenu de la concurrence vive des partenaires
dans le milieu universitaire. Ce sont tous des exemples pour illustrer qu'il
faut, d'après moi, que vous restiez dans le réseau - cela ne
semble pas faire problème - avec un statut différent, parce que
vous êtes différent, différent vraiment. Cela requiert un
statut spécifique et c'est ça, le projet de loi 63.
Cela fait dix ou douze ans qu'on relate ça et il y a eu une
entente, vous l'avez rappelé avec raison, conclue en 1984 - je me
rappelle très bien - mais toutes sortes de conjonctures et les
événements que vous connaissez, qui ont été repris,
n'ont pas permis à la session printanière ou automnale de 1985 de
conclure un projet de loi. Vous le mentionnez. Vous citez également le
porteur du projet de loi dans son espèce de lettre épistolaire
qu'il avait envoyée, en disant: il y a des raisons. Ce matin, en plus.
Ce n'est pas parce que j'avais besoin de ça ce matin, mais c'est pour
corroborer qu'on a fait le tour du jardin. Ce matin, la commission a
reçu une lettre de la Confédération des syndicats
nationaux qui sera déposée plus tard, dans laquelle elle
émet des critiques très fortes sur le projet de loi 63. Elle dit
quand même, en ce qui vous regarde le plus, soit le statut
d'associée pour l'Université du Québec à
Montréal, qu'elle est à 100 % d'accord, que c'est important. Je
lis juste leur phrase: Sans que cela ne vienne nuire à l'existence
même du réseau UQ, nous croyons que le projet de loi doit
confirmer de façon claire, nette et précise le nouveau statut de
l'UQAM comme université associée. Je répète que je
ne cite pas cela pour dire qu'il me manquait cela pour être convaincu. Je
n'ai pas changé d'avis quant au statut d'associée. Vous en faites
bien la preuve et vous avez raison. Tous les éléments le
confirment et, en particulier, votre conclusion à la page 10 quand vous
mentionnez qu'il se trouvera toujours du monde pour penser que ce n'est pas
assez et d'autres pour penser que c'est un peu trop. Mais vous croyez que c'est
"un arrangement éminemment raisonnable et responsable,
bénéfique pour les parties et pour la société
qu'elles servent". J'endosse cela et je le partage. Je pense que
là-dessus il n'y a pas de problème.
Sur le financement, je prétends que vous avez raison d'être
francs. Même si, je pense, le ministre a été assez franc en
disant: Je ne veux pas en entendre parler - c'est à peu près cela
qu'il a dit - vous avez été aussi francs en disant: Nous allons
en parler, parce que nous ne sommes pas d'accord. Vous n'êtes pas
d'accord sur le fait qu'un statut d'université associée n'appelle
pas une formule de financement qui permettrait à l'UQAM d'être
dans le même club que toutes ses concurrentes montréalaises qui se
coiletaillent avec elle, discutent avec elle et dans lequel vous voulez, vous
être un partenaire avec un discours plus équilibré. Vous
l'avez illustré dans votre mémoire en disant: Quand nous voulons
rencontrer ces gens-là, nous voulons les rencontrer d'égal
à égal, dans le même milieu, dans le même
environnement. En ce sens, cela appelle une formule de financement qui vous
soit propre. Je prétends que vous avez raison. On ne peut pas
prétendre en même temps que vous êtes une université
associée et que vous allez prendre votre fric dans l'enveloppe du
réseau UQ. Vous l'avez dit, d'ailleurs: Cela nous prend un financement
distinct. Il me semble que vous avez raison. Le quatrième paragraphe de
la page 7 de votre mémoire est on ne peut plus clair. "L'UQAM
réclame, non pas des privilèges, mais un financement
établi selon les mêmes règles que le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science applique à toutes les
universités. Cela fait intimement partie du statut qu'elle
réclame et cela est tout à fait normal".
Cela ne veut pas dire, quand vous demandez cela, que vous n'êtes
pas prêts à collaborer au réseau. Je voulais vous dire que
vous avez bien fait de le rappeler. Que l'Université du Québec
à Montréal exige un nouveau financement de sa base, je pense que
c'est requis; cela a été prouvé et prouvé pour tout
le réseau. Tout le réseau UQ est mal financé, en ce qui me
concerne. Je ne suis pas un spécialiste de ces questions, mais j'ai lu
pas mal pour ce dossier. J'ai suivi cela pas mal. Le réseau UQ est
justifié de prétendre qu'y est sous-financé. Par
définition et jusqu'à nouvel ordre, c'est sûr que l'UQAM
doit souffrir également de sous-financement. Si elle veut s'acquitter
complètement de sa mission universitaire qui implique recherche,
enseignement et également soutien des initiatives de la
communauté montréalaise élargie, il est important qu'elle
ait les montants requis pour ce faire.
J'avais trois ou quatre questions. Je n'ai que le temps de les
illustrer. Je ne vous interrogerai pas sur les possibilités nouvelles
que vous donne le nouveau statut. Votre mémoire l'a très bien
illustré et le ministre a eu l'occasion de passer avant moi et de poser
ces questions-là. Quant aux avantages que représente pour vous
une forme d'association avec le réseau, il a également
parlé de cet équilibre d'une université associée,
mais également partenaire du réseau. Comment pouvez-vous vivre
cela? Est-ce que vous souhaitez quand même continuer à offrir un
support au réseau? Vous avez répondu à cela. J'avais aussi
ces questions, mais on en a discuté. (11 h 15)
La seule que je voudrais vous poser, M. Corbo, vous n'en avez pas
traité dans votre mémoire. Je trouve important de vous parler de
ce que le nouveau projet de loi octroie à l'assemblée des
gouverneurs. Il y a deux autres volets importants dans le projet de loi. Je
suis convaincu que vous l'avez lu aussi bien que moi puisqu'il vous concerne,
mais vous avez été très silencieux dans votre
mémoire sur la surreprésentation, du moins en ce qui me concerne,
des socio-économiques aux conseils d'administration des constituantes de
même qu'à l'assemblée des gouverneurs. Vous n'avez pas
émis d'opinion sur ce sujet-là. Ma première question porte
donc sur ce que je viens de toucher. Est-ce que vous êtes d'accord pour
qu'on augmente très sensiblement le nombre des socio-économiques
autant aux constituantes qu'à l'assemblée des gouverneurs?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M le recteur.
M. Corbo: M. le Président, dans mes interventions
antérieures sur la question du statut, je parlais dans le cadre de
positions claires adoptées par le conseil d'administration de
l'université. À compter de maintenant, sur la question que pose
le député représentant l'Opposition officielle, je n'ai
pas de mandat explicite du conseil d'administration. Je peux dire, cependant,
ceci: les socio-économiques, dans un conseil d'administration, sont des
gens qui peuvent être particulièrement utiles aux
établissements. Je vous dirai qu'à l'UQAM le conseil
d'administration, à l'heure actuelle, comprend trois personnes
représentant les socio-économiques. Ce sont M. Fernand Daoust,
secrétaire de la FTQ, une bonne référence, M.
Gaétan Couture, qui est du mouvement coopératif, une bonne
rérérence, et M. Pierre Goyette, qui a une longue carrière
de haut fonctionnaire du Québec et qui est maintenant dans le secteur
privé, ce n'est pas une mauvaise référence. Ces gens
peuvent être particulièrement utiles aux établissements.
Vous savez, quand le recteur de l'Université McGill me dit: Je pense que
je vais appeler M. de Grandpré, ou que le recteur Cloutier me dit: Je
pense que je vais appeler M. Castonguay pour qu'il parle au ministre, je me dis
que c'est intéressant d'avoir des gens qui prennent le
téléphone, appellent un ministre ou le premier ministre et qui
ont directement la communication. Cela aide à faire passer le
message.
Les membres socio-économiques ne sont pas nécessairement
des ennemis dans l'université. Ils peuvent être extrêmement
précieux. Vous allez me dire qu'il sont nommés par le
gouvernement au pouvoir. C'est bien évident. Cela peut peut-être
donner des garanties, pendant que c'est le même gouvernement, qu'ils
auront une certaine audience auprès du gouvernement au pouvoir.
Cela étant, M. le Président, il y a 25 ans que je vis en
milieu universitaire et je dois faire remarquer à cette commission que
l'université se défend assez bien aussi vis-à-vis des
socio-économiques. Si on craint une influence indue de leur part sur la
recherche et l'évolution de l'université, même si je me
retournais vers les professeurs et leur disais: Vous allez faire de la
recherche pour répondre à tels et tels besoins de l'industrie,
les professeurs me diraient: Qui êtes-vous, M. le recteur, pour nous dire
cela? Liberté académique, et, ma foi, ils ont raison. Alors, on
peut discuter longuement du nombre des socio-économiques. Je pense pour
ma part que, si l'on choisit bien les socio-économiques, de façon
à représenter différents groupes sociaux, ce peut
être extrêmement utile à l'université.
M. Gendron: M. Corbo, je vous remercie. J'espère que
personne n'a vu là que je ne suis pas un tenant de la présence
des socio-économiques, mais c'est surtout vos dernières phrases,
qui m'intéressent. C'est sur le choix; il n'y a rien sur la façon
de les choisir. C'est cela qui m'inquiète. Il y a également ce
que j'appelle l'élargissement de la représentativité.
À compter du moment où, comme pour les vôtres, je serais
capable d'exporter le modèle et d'avoir les mêmes garanties que,
dans toutes les constituantes, on ait cette configuration: entreprise
privée, milieu syndical et milieu coopératif, je dirais bravo.
Cela m'apparaît être vraiment ce qu'on appelle, selon ma
définition, du socio-économique plus représentatif des
différents courants que ce que je connais à d'autres endroits
où c'est strictement le concept entreprise privée. C'est
là-dessus que j'ai des réticences. Je suis pour le concept de
l'entreprise privée, mais cela n'égale pas, selon moi, le
mérite pur. Je voulais plus avoir votre avis sur le nombre, si on
augmente un peu trop cette proportion, surtout dans les cas où,
effectivement, les socio-économiques ont une provenance unique,
c'est-à-dire l'entreprise privée. J'y voyais des dangers et
j'aurais voulu savoir si, dans la perspective où cela se passerait
ainsi, vous verriez également des dangers si six représentants
socio-économiques venaient de la PME.
M. Corbo: On ne peut cacher, M. le Président, le souci de
voir, dans un conseil d'administration, des socio-économiques pouvant
représenter un large éventail de la société
québécoise. Ce serait utile.
M. Gendron: Mon autre question, M. Corbo, et ce sera la
conclusion toujours pour des raisons de temps, me semble très
importante. Le projet de loi octroie à l'assemblée des
gouverneurs et au conseil des études le pouvoir de préparer et
d'adopter des règlements applicables aux constituantes, donc, pouvant
varier d'une constituante à l'autre, alors que la loi actuelle parle de
règlements généraux. Le ministre nous dit que c'est une
phrase qu'il a oubliée, un mot qu'il a sauté. On pense que c'est
plus sérieux
que cela. La question que je vous pose est: est-ce que vous croyez, si
effectivement c'était ce qu'on a lu dans le projet de loi, qu'il n'y a
pas ià danger grave que le projet de loi puisse rapidement permettre au
siège social, dans le fond, de "tuteHiser", entre guillemets, les
constituantes?
M. Corbo: Je ne prétendrai pas, M. le Président,
faire une interprétation juridique de cette disposition du projet de
loi, n'étant pas formé dans cette discipline. Ce que je puis
répondre à la question qui m'est posée est à peu
près ceci: écrivons la loi comme l'Assemblée nationale
jugera utile de l'écrire, mais arrangeons-nous pour que la loi ainsi
écrite n'empêche pas dans la pratique de modifier les
règlements de l'UQ qui doivent être modifiés pour assurer
à l'UQAM le statut d'université associée
conféré par la loi.
D'autre part, M. le Président, il faut connaître un peu la
dymamique des instances de l'Université du Québec. Vous le savez,
que le siège social débarque à l'assemblée des
gouverneurs avec un projet de règlement qui menacerait un
établissement en particulier, ce n'est pas gagné d'avance. Comme
recteur d'un établissement, je serais bien prudent avant de faire des
difficultés à un autre établissement en me disant que
l'assiette fait le tour de la table et qu'à un moment donné
d'autres établissements pourraient peut-être avoir l'occasion ou
la tentation de se venger si on les traitait mal. Je ne suis pas inquiet outre
mesure, connaissant la dynamique de l'assemblée des gouverneurs et du
conseil des études. Mon seul souci est qu'on trouve un libellé
qui n'empêche pas, pour ce qui est des règlements de
l'Université du Québec, de faire ce que le législateur
accepterait de faire en donnant un statut d'université associée
à l'UQAM.
Je veux simplement ajouter, pour que votre dossier soit complet,
même si je n'ai pas déposé de pièce à cet
effet, que j'entretiens depuis un bon moment des discussions avec le
président de l'Université du Québec. Il est clair, dans
son esprit comme dans le mien, qu'aussitôt la loi adoptée nous
devrons procéder, à l'intérieur du réseau de
l'Université du Québec, à l'adoption d'un règlement
concernant le statut de l'Université du Québec à
Montréal, parce que les dispositions qui ne sont pas couvertes par la
loi, nous voulons les faire couvrir par un règlement par lequel
l'assemblée des gouverneurs va se lier et va respecter l'entente de
septembre 1987. À ce moment, faisons en sorte que la loi, quel que soit
le libellé, permette à l'assemblée des gouverneurs de
prendre, au moins à l'égard de l'UQAM, les dispositions
réglementaires nécessaires à l'application complète
du statut d'université associée.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le recteur. Le temps qui nous était alloué étant
maintenant terminé, je vous remercie au nom des membres de la commission
de votre présence et des explications que vous avez fournies.
Nous allons suspendre temporairement notre séance, pour reprendre
avec le Syndicat des professeurs et professeures de l'Université du
Québec à Montréal, représenté par M. Marc
Lagana, président.
(Suspension de la séance à 11 h 23)
(Reprise 11 h 27)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je demanderais aux
membres de la commission de prendre place, s'il vous plaît, pour qu'on
reprenne nos travaux. Je demanderais au représentant du Syndicat des
professeurs et professeures de l'Université du Québec à
Montréal, M. Marc Lagana, président, de bien vouloir prendre
place.
Mesdames et messieurs de la commission, veuillez prendre place, s'il
vous plaît. Je demanderais à nouveau à M. Marc Lagana de
bien vouloir prendre place et nous présenter son mémoire. M.
Lagana est président du Syndicat des professeurs et professeures de
l'Université du Québec à Montréal. M. Lagana.
Syndicat des professeurs et professeures de
l'Université du Québec à Montréal
M. Lagana (Marc): Merci beaucoup, M. le Président. M. le
ministre, mesdames et messieurs les députés, au nom du corps
professoral de l'Université du Québec à Montréal,
je suis heureux aujourd'hui de pouvoir vous rencontrer au sujet de cette
question fondamentale pour l'avenir collectif de l'UQAM, notre avenir à
nous tous. Je vous remercie donc de nous avoir donné cette occasion d'en
discuter ici ensemble aujourd'hui.
Comme vous avez pu le constater dans les commentaires qu'on vous a
envoyés au mois de février, notre intervention porte
principalement sur les aspects suivants. Premièrement, le statut
d'université associée, ce nouveau statut que nous attendons
depuis maintenant au moins dix ans. On s'en réjouit. Finalement, l'UQAM
aura ce qu'elle a souhaité négocier et ce dont elle a besoin pour
son développement à venir. Par contre, dans le projet de loi qui
est soumis à l'Assemblée nationale, il me semble qu'il y a des
précisions à apporter et possiblement des modifications à
faire, comme nous allons le voir. Ce sera le deuxième aspect de notre
commentaire. Il nous semble que les modifications proposées par le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, notamment celles
qui portent sur la centralisation ou ce qu'on considère être la
centralisation du pouvoir au sein du réseau de l'UQ, quant au mode de
nomination et quant à la
composition du conseil d'administration de l'Université du
Québec à Montréal semblent aller à rencontre d'une
plus grande autonomie de l'UQAM. Je vous propose de voir ensemble les
commentaires du Syndicat des professeurs et professeures de l'Université
du Québec à Montréal sur ces questions.
Le Syndicat des professeurs et professeures de l'Université du
Québec à Montréal souhaite que l'Université du
Québec ait droit à un statut d'université à part
entière au même titre que les autres grandes universités
montréalaises. Je crois qu'ont déjà été
évoquées à la fois nos ambitions qui ne sont pas
exagérées en tant qu'institution et surtout notre
réalité dans la région montréalaise, notre
réalité d'appartenance. C'est notre double appartenance et, pour
nous, il est très important de maintenir l'appartenance au réseau
UQ, même de développer ce réseau, de pouvoir y contribuer,
y collaborer avec les moyens que le gouvernement voudra bien nous donner -
j'entends les moyens financiers - mais aussi cette autre appartenance à
cette autre réalité qu'est la réalité
montréalaise. Je ne vais pas répéter ce qui a
déjà été dit, mais je crois qu'il faut garder cela
à l'esprit constamment.
Le syndicat des professeurs a toujours défendu un statut de
pleine responsabilité institutionnelle pour l'UQAM. Il a constamment
favorisé sa croissance et son développement comme
université démocratique soucieuse de la qualité de
l'enseignement et de la recherche. Déjà, en 1979, le syndicat des
professeurs revendiquait un statut permettant à l'Université du
Québec à Montréal d'assumer les pouvoirs de programmation
et de réglementation. Il demandait aussi un niveau de financement
suffisant pour que l'Université du Québec à
Montréal puisse exercer pleinement ses responsabilités
institutionnelles.
À la suite du rapport du Groupe de travail sur l'évolution
de l'Université du Québec, le fameux rapport ou le rapport
Després, disons, produit en juin 1987, le syndicat des professeurs a
fait valoir ses positions dans le cadre de l'Intersyndicale des professeurs des
universités québécoises. Le 30 octobre 1987, l'IPUQ
transmettait au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
une lettre d'appui de celle-ci au SPUQ "dans sa volonté de voir
l'Université du Québec à Montréal obtenir le statut
d'université associée à l'intérieur du
réseau de l'Université du Québec selon les termes de
l'entente entre l'Université du Québec et l'Université du
Québec à Montréal." Cette entente a déjà
été évoquée ici. Cet appui venait de l'ensemble des
syndicats du réseau et je me permets de vous le rappeler aujourd'hui et
de vous demander en quelque sorte de donner suite à ce souhait comme aux
positions qu'on a réitérées à plusieurs
reprises.
Dans le projet de loi 63 présenté à
l'Assemblée nationale le 8 novembre 1988, l'Université du
Québec à Montréal se voit accorder le nouveau statut
d'université associée au sein de l'Université du
Québec. La version proposée par le ministre est le
résultat d'une longue négociation sur laquelle je ne veux pas
revenir. En effet, le SPUQ considère que le projet de loi proposé
par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science aura un
effet contraire aux objectifs d'autonomie et de responsabilité
institutionnelle que nous avons toujours privilégiés dans notre
démarche syndicale, et je parle du projet dans son ensemble. Le syndicat
des professeurs constate que le statut proposé ne répond que
très partiellement aux attentes constantes du corps professoral de
l'Université du Québec à Montréal. C'est pourquoi
nous demandons à l'Assemblée nationale du Québec non
seulement de confirmer le nouveau statut de l'Université du
Québec à Montréal comme université associée,
mais encore d'apporter un certain nombre de modifications au projet de loi
actuel. Autrement dit, sur la réforme proposée et le nouveau
statut, nous sommes entièrement d'accord. Nous demandons cela depuis
plus de dix ans. Nous le souhaitions, mais nous souhaitons aussi que ce nouveau
statut soit accompagné par des moyens, des pouvoirs qui permettent
à l'UQAM d'assumer sa pleine responsabilité institutionnelle.
Il nous semble évident, quant à la proposition qui est
faite, qu'une université de l'importance de l'UQUAM - je ne vais pas
revenir sur ce qui a été mentionné, mais il ne faut pas
oublier notre développement depuis 20 ans et surtout depuis 10 ans,
depuis 1980 - doit pouvoir décerner ses propres diplômes, nommer
directement son recteur, négocier des ententes avec les autres
universités. Ce sont là des pouvoirs qui nous sont dus et qui
auraient dû nous être reconnus il y a déjà longtemps.
En septembre 1987, le SPUQ se prononce en faveur de ce nouveau statut et
constate déjà qu'il s'agit d'un retrait par rapport à ce
qui avait été recommandé en 1979, c'est-à-dire
à ce qui a été recommandé par la commission Angers
comme statut autonome pour l'UQAM. C'est encore un compromis en ce qui concerne
le rapport Gour-deau de 1984 dans lequel il était question d'une plus
grande autonomie pour l'UQAM. Donc, ce qui est proposé nous paraît
être en retrait de ce qui avait été discuté
antérieurement, des propositions et des recommandations qui avaient
été faites par différentes commissions.
Maintenant, pour ce qui est du projet de loi, nous constatons que les
modifications proposées par le ministre, au-delà du statut de
l'UQAM, sont des aménagements partiels et vont même à
rencontre de la plus grande autonomie souhaitée depuis toujours.
À cet égard, les modifications suivantes à Loi sur
l'Université du Québec nous paraissent inacceptables. Je vous
donne quatre exemples.
Le premier porte sur les droits et tes pouvoirs de l'Université
du Québec. On note que l'Université du Québec,
plutôt que l'Université du Québec à Montréal,
aurait le droit d'adopter des
programmes d'études et une nomenclature des grades,
diplômes ou certificats universitaires. Ceci aurait pour effet de
renforcer les pouvoirs de l'Université du Québec, de son
siège social, et non ceux de l'Université du Québec
à Montréal. Ceci serait nouveau dans la loi et on se demande
pourquoi.
L'article 7 concerne l'assemblée des gouverneurs. Dans la version
proposée par le ministre, on augmente de trois à quatre le nombre
de représentants des instituts de recherche et des écoles
supérieures ainsi que le nombre de représentants
socio-économiques qui passe lui de trois à sept. À
l'assemblée des gouverneurs, la représentation du corps
professoral est donc maintenue dans une condition qu'on peut considérer
comme subalterne. Il nous apparaît, au contraire, qu'une augmentation du
nombre de professeurs s'impose afin de garantir une plus grande présence
académique à l'assemblée des gouverneurs.
À l'article 17 concernant les règlements de cette
même assemblée, le projet de loi reconnaît que le contenu de
ces règlements peut varier selon les univers/tés. Cependant, le
projet de loi ne confère aucun pouvoir spécifique de
réglementation à l'Université du Québec à
Montréal en tant qu'université ayant un nouveau statut au sein de
l'UQ. En 1979, le SPUQ avait réclamé des pouvoirs de
réglementation plus grands pour l'UQAM, soit des pouvoirs
spécifiques de réglementation pour l'UQAM.
Finalement, il y a l'article 32 qui porte sur la composition et la
nomination des membres du conseil d'administration. La version qui est
proposée par le ministre apporte une modification majeure à la
proposition de membres et au processus de nomination au conseil
d'administration. En effet, les deux personnes exerçant des fonctions de
direction d'enseignement et de direction de recherche seront dorénavant
recommandées par le recteur. Nous craignons que des vice-recteurs ou des
doyens remplacent les deux professeurs occupant actuellement ces fonctions de
représentation à l'Université du Québec à
Montréal. Ainsi, la représentation du corps professoral serait
réduite à trois personnes sur quinze. Par ailleurs,
l'augmentation du nombre de représentants socio-économiques de
trois à six nous paraît, dans le cadre du nouveau statut de
l'Université du Québec à Montréal comme
université associée de l'Université du Québec,
totalement inopportune. En effet, le mode de nomination rend la
représentation socio-économique particulièrement
inacceptable, car nous croyons que l'intervention du pouvoir politique dans le
choix et dans la nomination des représentants socio-économiques
est une atteinte à l'autonomie même de l'université. Or,
cette autonomie est indispensable à la mission universitaire et
même à la raison d'être des universités.
L'année dernière, à l'occasion du 900e anniversaire
de la création de l'Université de
Bologne, les recteurs des universités européennes ont
adopté des principes fondamentaux qui doivent sous-tendre la mission des
universités. Je me permets de vous en rappeler deux: 1° Afin de
répondre aux besoins de la société, l'enseignement et la
recherche universitaires doivent être moralement et intellectuellement
indépendants de l'autorité politique et du pouvoir
économique; 2° La liberté en matière de recherche et
de formation est le principe fondamental de la vie universitaire. Les
gouvernements et les universités, chacun dans leur sphère de
compétence, doivent s'assurer du respect de cette condition
essentielle.
Le SPUQ considère que, pour permettre cette véritable
autonomie, des conditions préalables doivent être assurées,
notamment quant aux questions financières. À cet égard,
nous souhaitons voir dans la loi les principaux termes de l'entente intervenue
entre l'Université du Québec et l'Université du
Québec à Montréal le 16 septembre 1987. On en reprend les
termes dans notre mémoire: "L'Université du Québec assure
l'Université du Québec à Montréal que son
financement sera établi selon les règles de financement
qu'applique le ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science à l'ensemble des universités."
En deuxième partie: "L'Université du Québec
à Montréal est autorisée à transmettre directement
à l'Université du Québec et au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science ses prévisions
budgétaires, ses états financiers et son rapport annuel
d'activités."
Ce qui nous semble très important, quand on parie de pleine
responsabilité institutionnelle, c'est que doivent obligatoirement
figurer dans un texte de loi des principes budgétaires. Nous proposons
ceci, et il y a peut-être d'autres façons d'inscrire et de
libeller ces principes, mais il me semble que, dans la loi, l'UQAM devrait
avoir la garantie de son financement et d'un financement qui serait
adéquat, c'est-à-dire un budget autonome. C'est peut-être
difficile de mettre cela dans une loi, mais au moins un financement qui
permettrait que continue le développement de l'UQAM. Au-delà de
ce qui devrait être inscrit dans la loi au niveau d'une autonomie
budgétaire pour l'UQAM, il faudrait rappeler que le sous-financement
date quasiment de la fondation de l'UQAM, mais qu'il est devenu
particulièrement aigu depuis le début des années
quatre-vingt. Il faudrait mettre un terme à ce sous-financement. Je vous
rappelle le mémoire de l'intersyndicale qui a été
déposé à la commission parlementaire en octobre 1986. Il
existe des publications plus récentes, notamment celle d'un de nos
collègues, Denis Bertrand: "La crise universitaire au Québec?",
qui est une analyse sur le sous-financement aigu du réseau
universitaire, notamment de l'UQAM. Cette analyse fait suite à la
commission de 1986.
Nous demandons aussi des changements aux
modifications présentées par le ministre en ce qui
concerne les programmes d'études. Donc, il serait souhaitable que l'UQAM
puisse adopter ses propres programmes d'études. Il nous paraît
aussi souhaitable qu'il y ait un professeur de l'UQAM désigné
comme membre permanent de l'assemblée des gouverneurs. Encore une fois,
nous sommes partie prenante. Nous sommes membres du réseau UQ. Nous
vouions y rester mais, en tant qu'université associée, si ce
statut est un statut propre et donc permet à l'UQAM d'être plus
autonome, il nous semble que les professeurs de l'UQAM devraient avoir une
garantie de représentation à l'assemblée des
gouverneurs.
Quant au droit de définir le contenu des règlements,
là encore, il nous semble qu'une université associée
devrait avoir ses propres moyens pour assurer son développement en tant
qu'université à part entière. Finalement, en ce qui
concerne la représentation au conseil d'administration, l'UQAM
recommanderait que trois personnes soient nommées pour trois ans par le
gouvernement après consultation des groupes socio-économiques.
Si, dans le cadre du nouveau statut d'université associée, on
veut donner un contenu à celui-ci, il nous semble que ce serait à
l'UQAM de recommander - il s'agit de cela et de rien d'autre - des personnes au
gouvernement, après consultation naturellement, pour que celui-ci puisse
les nommer. (11 h 45)
Par ailleurs, le SPUQ recommande le statu quo en ce qui concerne les
paragraphes b et c de l'article 32. Ce sont les suivants: b "deux personnes
nommées pour trois ans après consultation du corps professoral" -
là, j'insiste sur l'importance d'une consultation du corps professoral;
il s'agit de notre institution et le conseil d'administration joue pour nous un
rôle très important dans cette Institution, et c'est donc: -
"après consultation du corps professoral et des personnes
exerçant une fonction de direction d'enseignement ou de direction de
recherche à l'université constituante", soit à l'UQAM. Et
b: trois professeurs de l'université constituante nommés pour
trois ans, désignés par le corps professoral de cette
université, et deux étudiants de l'université
constituante, nommés pour un an, désignés par les
étudiants de cette université".
Je peux anticiper sur les questions, mais, pour ce qui est du conseil
d'administration, il nous semble très important que la communauté
universitaire y soit représentée. Il nous semble important que
les personnes qui y oeuvrent, les personnes qui travaillent à
l'université, en premier lieu les professeurs, continuent à y
être représentées en nombre suffisamment important pour y
avoir une voix. J'ajouterai que le fait que les étudiants aient
été, depuis le début de l'université, membres du
conseil d'administration est, je crois, une reconnaissance de l'importance des
étudiants. Après tout, on existe, en tant qu'université,
grâce aux étudiants.
Je dirais qu'il y a déjà une lacune que j'aimerais relever
dans cette représentation, et c'est la représentation des
chargés de cours. Les chargés de cours, comme vous le savez, ont
une place très importante chez nous, d'une certaine manière je
dirais trop importante, pas par rapport à leur contribution, au
contraire, mais trop importante en nombre, quand on sait qu'au moins 55 % des
cours sont donnés par des chargés de cours. C'est vraiment une
présence, un poids énorme pour l'université et qui n'est
pas du tout ou, enfin, qui n'est pas reconnu comme il devrait l'être. Il
nous semble qu'une représentation au conseil d'administration des
chargés de cours serait une façon de reconnaître la place
qu'ils occupent et la contribution qu'ils ont apportée depuis maintenant
les débuts de l'université, et surtout à l'UQAM.
En terminant, le SPUQ souhaite un nouveau statut pour
l'Université du Québec à Montréal qui lui permette
d'accomplir pleinement sa mission universitaire. À cette fin, il nous
semble qu'il faut accorder à l'Université du Québec
à Montréal les moyens réels de son développement,
notamment des pouvoirs réels à l'intérieur du projet de
loi 63 en matière de programmation, en matière de
réglementation, tout ça pour aider à son
fonctionnement.
De plus, l'Université du Québec à Montréal
devrait jouir d'un budget autonome, qui serait attribué selon les
mêmes bases qu'aux autres universités québécoises,
et d'un financement adéquat pour son propre développement en tant
qu'université à part entière. Je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le président Lagana. Maintenant, je vais reconnaître M. le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Merci, M. le Président. J'écoutais avec
intérêt la présentation extrêmement courtoise et
digne que nous a faite le président du Syndicat des professeurs et
professeures de l'Université du Québec au sujet du projet de loi
63. Les idées que nous a soumises le syndicat, évidemment,
soulèvent plusieurs questions. On veut provoquer des réactions de
ma part et c'est pour ça que nous nous rencontrons. C'est toujours
agréable de croiser le fer intellectuellement, lorsqu'il y a des
désaccords, et de voir que les idées convergent lorsqu'il y a
accord.
Je voudrais relever certains thèmes qui se dégagent de
votre intervention, de ce que j'en retiens en tout cas. Tout d'abord, votre
intervention remet en cause certains éléments du statut
particulier conféré à l'UQAM par le projet de loi 63. Vous
trouvez que ça ne va pas assez loin et vous demandez qu'on donne,
à toutes fins utiles, une autorité à peu près
complète à l'UQAM en matière de programmes, qu'on lui
confère le pouvoir d'adopter et de mettre en oeuvre des programmes. Au
point de vue financier, vous voudriez qu'on lui donne encore
davantage que ce qui est impliqué par le statut particulier. Il y
a une question qui ressort tout de suite de votre intervention: Qu'est-ce qui
restera de l'idée de réseau à l'Université du
Québec si on applique littéralement la proposition que vous nous
faites? J'ai du mal à le voir. Vous pourrez me répondre ensuite,
mais il me semble qu'il ne restera pas grand-chose du réseau qu'est
l'Université du Québec. Je conçois très bien qu'on
dise que cette idée-là était une bonne idée il y a
20 ans et qu'aujourd'hui cela n'a peut-être pas la même
validité. Vous me ferez part de vos réflexions là-dessus.
Vous pouvez même le faire tout de suite, si vous le voulez. Je vais
réserver mes deux autres questions pour plus tard.
Quand je lis cela, je me dis comme législateur, si j'allais
appliquer littéralement ce que vous recommandez, qu'il ne resterait pas
grand-chose au point de vue de l'idée de réseau. Est-ce que je me
trompe?
M. Lagana: Ce n'est pas ce qu'on souhaite; on ne souhaite pas
voir la disparition du réseau. Ce qu'on aimerait, c'est prendre
finalement toute notre place dans le développement de celui-ci et en
avoir les moyens. Notre évaluation de ce que devrait être
concrètement et pourrait être notre participation au
développement du réseau passe par le développement de
l'UQAM. Autrement dit, la reconnaissance de l'UQAM, son développement en
tant qu'institution montréalaise, le devenir de l'UQAM en tant
qu'université à part entière lui permettraient de mieux
contribuer, de donner une plus grande dynamique encore au réseau et de
pouvoir élaborer, par exemple, des programmes conjoints, etc. C'est une
collaboration dont l'UQAM aurait encore plus les moyens. C'est pour cela qu'on
insiste sur l'aspect financier. Pour que l'UQAM puisse se développer,
encore faut-il que i'UQAM ait les moyens financiers de le faire.
Pour le reste, c'est en quelque sorte une réaction à ce
que vous avez vous-même introduit dans la loi; on se demande pourquoi
changer les articles de la loi qui portent sur la réglementation, sur la
programmation. Pourquoi ne pas garder essentiellement le statu quo
là-dessus, dans la mesure, comme cela a déjà
été évoqué, où on a certaines traditions? Il
y a certaines habitudes à l'intérieur du réseau pour
arriver à présenter, j'allais dire à négocier, les
questions au niveau du réseau. Ce que je ne comprends pas, c'est
pourquoi parler, par exemple, de réglementation spécifique,
pourquoi donner maintenant ce pouvoir particulier à l'assemblée
des gouverneurs? Pourquoi ne pas maintenir la loi telle qu'elle est? Il me
semble à première vue, et peut-être ai-je tort, qu'il y
aurait contradiction entre la reconnaissance d'un nouveau statut pour l'UQAM
et, de l'autre côté, le renforcement d'un certain nombre de
pouvoirs ou prérogatives au siège social. Est-ce que des
libellés correspondant en gros au statu quo ne seraient pas une chose
avec laquelle on pourrait vivre?
Il me semble que c'est très différent d'avoir un
financement qui serait reconnu ou négocié au sein de l'UQ, qui
serait reconnu dans les règlements, et un qui ne le serait pas par la
loi. La loi continuerait à reconnaître un seul budget global pour
CUQ, lequel serait réparti. On a maintenant une entente qui nous dit
qu'il serait réparti de telle manière à partir de bases
qu'on connaît. Est-ce que ceci nous garantit, à nous en tant
qu'institution, que ce mode de financement, d'attribution du budget serait
vraiment garanti pour l'avenir? On a tout de même une certaine
expérience à l'UQAM, mais je ne veux pas le rappeler, pour ce qui
est de l'attribution des budgets au sein de l'UQ. Il reste que l'on veut, dans
la mesure où le réseau doit être financé, faire
notre part. C'est évident qu'il y a, dans la répartition
budgétaire, une sorte d'économie générale,
littéralement, qui doit être reconnue par tous, mais ce qu'on
souhaite c'est partager cette responsabilité financière pour
permettre le maintien du réseau et son développement avec les
autres universités, que ce soit l'ensemble des universités qui
contribue au financement du réseau et que ce ne soit plus l'UQAM.
Puisque dans le passé cela a été le cas, il serait
souhaitable, il nous semble, que ce soit dorénavant inscrit dans la loi
que l'UQAM, en tant qu'université associée, a la même
reconnaissance, le même statut de ce point de vue que les autres
universités.
Pour ce qui est des règlements et de la programmation, il me
semble que ce sont plutôt des questions sur les modifications. Pourquoi
modifier la loi dans ce sens, pourquoi modifier aussi la loi, naturellement,
pour ce qui est de la représentation à l'assemblée des
gouverneurs et aux conseils d'administration?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M. le
président. Je vais céder la parole à M. le ministre.
M. Ryan: Vous semblez endosser l'idée que l'UQAM devrait
être financée exactement comme les autres universités, que
ce soit le même montant par tête d'étudiant, en
équivalence temps complet, disons. Mais où va-t-on prendre
l'argent pour financer le siège social et les activités communes
de l'Université du Québec, parce que les constituantes
situées en région demandent plus que le montant moyen? Elles
demandent plus, parce qu'elles font valoir le facteur d'éloignement et
le facteur de petite taille, le député d'Abitibi-Ouest l'a dit
souvent. Alors, tout le monde veut avoir plus, veut avoir un réseau en
plus et vous voulez que le gouvernement approuve tout ça sans dire un
mot.
M. Lagana: Premièrement, il y a des services communs
auxquels on peut penser et dont l'UQAM devrait partager ies coûts. Je
pense à un service très important pour nous en tant
que professeurs; ce sont les presses, les Presses de l'Université
du Québec. Il me semble que l'UQAM aura toujours sa part et devra
contribuer au développement des Presses de l'Universlté du
Québec. Il y a un certain nombre de choses comme ça, ]e crois,
qu'on pourrait identifier. Le fait que l'UQAM ait son propre budget et soit
financée à partir des mêmes bases que les autres
universités n'exclut pas, loin de là, la possibilité - du
reste, cela a été évoqué par la direction de l'UQAM
tout à l'heure - qu'elle contribue à des programmes, des projets
communs ou qu'elle partage les services communs. Tout cela justement peut faire
l'objet d'ententes à l'Intérieur du réseau même.
Maintenant, pour le financement plus général, le
financement des universités en quelque sorte, c'est une question qui
dépasse un peu l'objet de notre rencontre d'aujourd'hui, mais ce
problème est, je crois, fondamental. Il y a des choix à faire; le
gouvernement et le législateur auront à faire ces choix et il
faut se préparer à faire valoir toute l'importance des
universités, pas simplement de l'UQAM mais de toutes les
universités, pour la société québécoise. Je
crois qu'il va falloir se préparer à ce que les transferts
fédéraux soient réduits dans les semaines à venir.
J'ai bien peur, à la suite des rencontres qu'on a eues avec l'ACPU,
l'Association canadienne des professeurs d'université, que ces
transferts soient fort diminués par le gouvernement
fédéral. Enfin, c'est au Québec de faire des
représentations. Je trouve que le Québec a la
responsabilité envers les universités de faire des
représentations auprès du gouvernement fédéral,
comme, je crois, toutes les administrations des universités ont la
responsabilité de faire des représentations auprès du
législateur et auprès du gouvernement pour assurer un financement
adéquat au développement de l'université. Il est
évident qu'il y a des choix à faire quelque part et, nous, nous
disons que le choix pour l'éducation, pour l'enseignement
supérieur est une priorité.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le
président, je vais reconnaître, pour une dernière question,
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, ce sera plutôt une
remarque qu'une question. Au sujet de la composition du conseil
d'administration, vous formulez différentes observations. Je pense qu'il
faut voir le projet dans son économie générale. Selon la
loi actuelle, il y avait le recteur et les vice-recteurs qui faisaient partie
du conseil d'administration. Dans le cas de l'UQAM, je pense qu'il y a quatre
vice-recteurs, cela faisait cinq et, là, nous réduisons le nombre
des membres de la direction à trois. Il y aura le recteur plus deux
personnes qui exercent des fonctions de direction en matière de
recherche et d'enseignement.
Il y a une chose que l'expérience nous a enseigné depuis
25 ans. On ne peut pas être assis des deux côtés de la table
en même temps. Soit qu'on fasse partie de la direction, soit qu'on fasse
partie du personnel regroupé en syndicat, mais on ne peut pas être
dans les deux en même temps et sous le même rapport. Le principe de
non-contradiction d'Aristote est toujours présent dans la gouverne des
affaires humaines. (12 heures)
Alors, on se dit: Le recteur, on ne l'envoie pas tout seul avec
quatorze. On lui donne la possibilité d'avoir avec lui deux autres
membres de la direction qu'il va recommander. Ce n'est pas le gouvernement. Il
les recommande. Chez vous, je sais que vous avez des arrangements
institutionnels qui comportent beaucoup de chevauchements, c'est sur votre
problème. Nous, nous voulons des choses claires.
Deuxièmement, pour le personnel de l'intérieur, il y a
trois représentants des professeurs, comme c'est le cas actuellement;
proprement dit, des professeurs, comme corps seront choisis par l'instance qui
les regroupe, c'est-à-dire l'assemblée syndicale. Nous n'avons
pas de problème là-dessus.
J'ai indiqué hier que nous sommes disposés à faire
de la place pour un représentant des chargés de cours. C'est une
chose que nous allons étudier. Si la désignation peut se faire
suivant des modalités qui assurent que tous les chargés de cours
soient représentés dans les choix qui seront faits, c'est une
possibilité que nous sommes prêts à étudier. Il
reste les représentants socio-économiques. Je pense que j'ai
compris que vous voudriez le statu quo là-dessus?
M. Lagana: C'est ce qu'on demande.
M. Ryan: Là-dessus, il y a un désaccord entre nous.
Nous voulons que la communauté plus large participe plus
substantiellement aux affaires de l'université, qui est une de ses
grandes institutions. Nous ne voulons pas que l'université soit
uniquement une affaire fermée sur elle-même. Nous sommes pour une
conception plus moderne de l'université qui postule une très
grande ouverture sur la communauté au service de laquelle elle est
placée. Il y a une conception... Je lisais les documents que les
syndicats nous ont soumis. On peut bien le dire. L'université est
à la recherche de la vérité. C'est très bien. Mais
il faut bien que ça se fasse quelque part. Il faut que ça
atterrisse sur un terrain précis, concret. C'est le terrain de la grande
région dans laquelle elle est située pour oeuvrer au service
à la fois de la vérité et des populations
concrètes. On se dit: Si ces populations peuvent avoir une
représentation à l'intérieur de l'instance administrative
suprême de l'université, c'est une très bonne chose. Il y a
d'abord des diplômés de l'université de plus en plus
nombreux parmi lesquels on peut puiser des représentations
très intéressantes en vue des tâches de
participation au conseil d'administration. Il y a toutes sortes de personnes
dans le milieu qui ont souvent atteint un développement plus grand que
celui de bien des porteurs de parchemin. Il y en a dans le mouvement
coopératif, dans le mouvement syndical, dans les mouvements ruraux.
Qu'ils aient une participation aux affaires universitaires, cela peut
être excellent. Au conseil des universités, nous avons eu, pendant
plusieurs années, une personne qui était secrétaire
général de l'UPA. Je me souviens que, lorsque nous sommes
arrivés au pouvoir, le président du conseil m'a dit: C'est un de
nos meilleurs membres. C'est un membre consciencieux. Il n'avait jamais fait
d'études universitaires, même pas d'études
collégiales. Mais la vie lui avait donné une formation qui allait
au-delà de ce qu'il aurait pu acquérir dans trois ou quatre ans,
assis sur les bancs du collège ou de l'université. Il a
apporté une contribution magnifique et il continue, d'ailleurs, dans
d'autres secteurs.
Je trouve que vous êtes un petit peu craintifs, un petit peu
timorés, même un peu trop conservateurs. Cela me surprend de la
part d'un syndicat. Je vous le dis en toute cordialité. Le gouvernement,
en tout cas, est prêt à faire l'expérience d'une approche
plus généreuse à ce point de vue. Je ne pense pas que
ça enlèvera quoi que ce soit à ceux qui oeuvrent à
l'intérieur de l'université. Cela va renforcer la
compréhension que la communauté a du travail irremplaçable
qui l'accompagne. Cela va planter les germes d'une participation plus efficace
de la communauté aux tâches de l'université, en
particulier, éventuellement - c'est une affaire de développement
graduel - aux tâches de financement complémentaire par rapport
à celui de l'État.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Bien, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître le porte-parole de l'Opposition
officielle, le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. Lagana. Je remercie les professeurs de
l'Université du Québec à Montréal que vous
représentez d'avoir profité de l'occasion pour exprimer leur
point de vue. Je ne changerai pas la façon de faire. Il y a toujours
quelques mots d'appréciation. En termes de résumé de votre
mémoire, je pense que ce qu'on peut affirmer, c'est que, globalement,
vous êtes favorables au statut d'université associée. Par
contre, vous trouvez que le projet de loi 63 ne va pas assez loin pour
consacrer effectivement ce statut d'une façon beaucoup plus autonome.
Dans ce sens, vous prétendez que ça ne répond que
partiellement à vos attentes. Je pense qu'on peut prendre acte de
ça. C'est un point de vue. Je ne dis pas nécessairement que votre
point de vue est mauvais, mais je dis que le projet de loi, à un moment
donné, a dû s'arrêter quelque part à une solution de
compromis, et on le sait d'avance.
En ce qui me concerne, je suis d'accord que ce n'est pas un statut de
pleine autonomie parce que je prétends que la relation de
"concHlabili-té", si vous me permettez l'expression, entre les deux
éléments, c'est-à-dire être membre du réseau
UQ et avoir un statut de pleine et entière autonomie, par
définition, requiert une certaine forme de compromis que
l'Université du Québec à Montréal, compte tenu de
sa taille, de la place qu'elle occupe, de son enracinement géographique,
de sa capacité d'être vraiment concurrentielle par rapport aux
autres universités dans la région métropolitaine... Ce
sont des éléments qui sont majeurs, qui sont importants et qui
justifiaient le statut d'associé. Par contre, si on veut qu'elle demeure
une institution ou un établissement qui joue un rôle majeur dans
le réseau UQ, il faut quand même que le réseau UQ ait un
peu d'emprise sur l'Université du Québec à
Montréal. Et je comprenais la logique de maintenir là au moins la
capacité pour le réseau d'adopter les programmes d'études,
y incluant les programmes d'études pour l'Université du
Québec à Montréal. Cela me fait moins peur, même si
c'est comme ça, surtout quand le recteur dit: Nous, au réseau,
nous avons nos entrées. On sait ce qu'on veut. Habituellement, on est
capables de légitimer nos demandes et de bien les défendre et,
finalement, le réseau les accepte. Le réseau nous donne raison en
disant: Écoutez, l'Université du Québec à
Montréal a le droit - et non seulement le droit - mais peut exiger tel
et tel programme d'études.
Là où je trouve que vous avez - en tout cas, en ce qui me
concerne - toujours en termes de résumé de votre mémoire,
des remarques très pertinentes, c'est sur la composition du conseil
d'administration des constituantes, de même que le siège social.
Vous avez exprimé votre accord avec l'arrivée des chargés
de cours. J'ai toujours prétendu qu'il faut que les chargés de
cours soient présents. On ne peut pas dispenser l'enseignement à
55 % et ne pas avoir voix au chapitre. Je pense que vous avez raison
là-dessus. En ce qui me concerne, les chargés de cours devraient
également être représentés à
l'assemblée des gouverneurs. Donc, là-dessus, il n'y a pas de
désaccord.
Là également où je vous rejoins, et je
prétends que vous faites bien de continuer à revendiquer et que
c'est conciliabie, c'est qu'on peut très bien avoir un statut
d'université associée et dire: Compte tenu de ce que nous sommes
dans le bassin montréalais, il nous faut avoir un financement direct.
Par contre, ça ne veut pas dire que tu restes dans le réseau et
que tu ne contribues pas au coût du siège social. Il va falloir
que l'Université du Québec comprenne que le coût du
siège doit être assumé par quelqu'un. Mais je trouve que
c'est plus une modalité. Ce n'est pas au niveau du principe. On pourrait
très bien consacrer le principe que
l'Université du Québec, au lieu de recevoir ainsi l'argent
requis pour s'acquitter pleinement de sa mission éducative, le
reçoit comme les autres universités. Donc, elle ne le
reçoit pas à même l'enveloppe de la constituante du
réseau. Mais le gouvernement sait ça et décide. Est-ce que
l'enveloppe pour l'enseignement universitaire est une responsabilité de
l'État ou du réseau UQ? Je prétends que c'est une
responsabilité de l'État du Québec de subventionner
correctement et convenablement les universités du Québec par
rapport à la mission qu'on leur confie. Compte tenu que
l'Université du Québec aurait un statut d'université
associée, Je prétends que vous avez raison de prétendre
que l'enveloppe pourrait venir directement, comme l'enveloppe pour McGill,
comme l'enveloppe pour Concordia. Vous êtes dans le même giron et
dans la même bataille. On met tout simplement une modalité
administrative et on dit: Votre participation au siège social
coûte tant et, à même l'enveloppe que vous allez recevoir,
vous devrez contribuer pour tant dans le coût du siège social
parce que l'Université du Québec à Montréal doit
participer aux coûts communs pour les programmes conjoints et tout ce que
vous avez évoqué, que ce soit les presses universitaires ou
autre. C'est là le résumé de votre mémoire.
J'aurais quelques questions, mais il y en a deux qui ont
été touchées par le ministre. J'en pose juste une et elle
est fondamentale, mais à deux volets. Pour quelle raison,
précisément, vous opposez-vous à l'augmentation des
représentants socio-économiques? J'ai cru comprendre que votre
objection portait sur le fait que vous croyez... Et là je partage
également votre point de vue que le mode de nomination, actuellement, ne
nous offre pas les garanties souhaitées ou souhaitables concernant les
interférences politiques. Si on était en mesure de contrer
ça, si on était en mesure d'avoir un mode de nomination qui nous
offre de meilleures garanties concernant la non-Ingérence politique,
est-ce que vous seriez d'accord sur l'augmentation des représentants
socio-économiques?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M.
Lagana.
M. Lagana: Je ne voudrais pas laisser entendre que nous nous
opposons à ce qu'il y ait des représentants
socio-économiques à un conseil d'administration. Je partage
certaines choses qui ont été dites, comme quoi il est important
d'avoir une représentation de différents milieux. Mais c'est
là où on commence peut-être à identifier des
divergences. Il faut arriver à trouver des équilibres. Il faut
aussi arriver à s'entendre. Qu'est-ce que c'est, un milieu
socio-économique? Je dois admettre que je l'ai repris dans mes
commentaires, mais je vous avoue que j'ai un peu de problème avec la
notion même de socio-économique.
J'aimerais plutôt voir mieux identifiés, comme M. le
ministre l'a fait tout à l'heure, les milieux des affaires, les milieux
corporatifs, les milieux syndicaux. Je crois qu'il serait important de faire
valoir une représentation équilibrée et, vraiment, une
représentation de l'ensemble de la société, des forces
qu'on retrouve dans la société. Donc, pour arriver à bien
identifier les représentants des milieux du travail, des milieux de
l'entreprise privée qu'on souhaite avoir aux conseils d'administration,
il faut s'assurer que le mode de nomination puisse laisser toute la place
voulue à la consultation et, surtout, aux recommandations des personnes
impliquées.
Je reviens à ce que j'ai dit concernant l'UQAM, il me semble que
ce serait à l'Université du Québec à
Montréal, étant tout de même obligée, par ailleurs,
de s'assurer une représentation équilibrée, de proposer,
de recommander des noms au gouvernement. Il me semble que l'université
est la mieux placée pour identifier les personnes qui seraient
prêtes à s'impliquer. Je crois que des personnes ayant une
expérience de travail dans différents milieux peuvent être
très enrichissantes et très importantes pour l'université.
Mais faut-il encore, à la fois, bien les choisir et être sûr
que ces personnes sont prêtes à s'impliquer et peuvent assurer une
contribution qui nous aide dans les discussions et les décisions que
n'importe quel conseil d'administration doit prendre. C'est dans le même
sens que je vois toute l'importance des autres représentants de la
communauté universitaire au conseil d'administration. Ce n'est pas pour
contrôler le conseil d'administration, ce n'est pas pour gérer
l'université; ce n'est pas notre prétention et ça ne l'a
jamais été. C'est pour participer à la discussion et aux
décisions, faire valoir notre propre expérience et être
représentés d'une façon équivalente au poids qu'on
peut avoir dans l'institution. Et je crois que c'est aussi vrai pour les
milieux du travail et les milieux corporatifs; il serait souhaitable qu'ils
puissent faire valoir leur position, être partie prenante et être
impliqués. Donc, dans le mode de nomination, il faut prévoir. Tel
quel, avec ce qui est proposé, on ne sait pas où l'on va.
M. Gendron: C'est ça. M. Lagana, je voudrais conclure
là-dessus par une dernière question. Dans votre mémoire, a
la page 4, vous aviez un jugement assez dur quand vous pariiez d'une atteinte
à l'autonomie même de l'université. J'espère que
vous ne croyez pas que c'est la présence des représentants
socio-économiques qui est une atteinte à l'autonomie même
de l'université. C'est l'ingérence dans le mode de nomination,
que vous prétendez être une atteinte. C'est bien ça?
M. Lagana: Absolument. C'est-à-dire le fait qu'un
gouvernement... Quel que soit le gouvernement et quel que soit le ministre et
la confiance qu'on peut avoir envers le ministre et, surtout, envers les
responsabilités du gouvernement, il
reste que ce n'est pas à un gouvernement de nommer des membres
d'un conseil d'administration, directement, sans consultation, sans vraiment
connaître les règles que doit comporter ce type de nomination.
Quel que soit le gouvernement, je trouve que c'est une question de principe, il
faut s'assurer que les institutions concernées soient consultées
et aient leur mot à dire.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le
président du Syndicat des professeurs et profes-seures de
l'Université du Québec à Montréal, M. Lagana, nous
vous remercions au nom des membres de cette commission, de la
présentation de votre mémoire. (12 h 15)
Nous allons appeler immédiatement la Fédération
nationale des enseignants et des enseignantes du Québec, Syndicat des
chargés de cours, représentée ici par M. Denis
Choinière, président, et M. Laval Rioux; je les inviterais
à prendre place immédiatement.
M. le représentant de la Fédération nationale des
enseignants et des enseignantes du Québec, Syndicat des chargés
de cours, M. Denis Choinière, est-ce que vous voulez nous
présenter votre rapport, s'il vous plaît.
Fédération nationale des enseignants et
des enseignantes du Québec
M. Choinière (Denis): M. le Président, j'aimerais
remercier M. le ministre, madame et MM. les députés membres de la
commission de bien vouloir nous recevoir pour qu'on puisse vous faire part de
nos propos et de notre requête sur les modifications proposées
à la Loi sur l'Université du Québec.
La Fédération nationale des enseignants et des
enseignantes du Québec, affiliée à la CSN,
représente plus de 6000 chargés de cours et maîtres de
langue enseignant au niveau universitaire et près de 8000 enseignantes
et enseignants d'institutions privées et de cégeps. Parmi les
syndicats affiliés, trois organisations représentent les
chargés de cours qui oeuvrent au sein du réseau de
l'Université du Québec. Il s'agit des syndicats des
chargées et chargés de cours de l'Université du
Québec à Montréal, à Rimouski et à
Chicoutimi. Ces trois organisations syndicales sont directement
intéressées par le projet de loi 63 et la
fédération estime opportun de faire les représentations
nécessaires à la commission parlementaire de l'éducation,
ainsi qu'à l'honorable ministre de l'Enseignement supérieur et de
la Science.
Nous avons déjà présenté devant cette
commission parlementaire, lors des séances d'octobre 1986, l'essentiel
de nos positions et conceptions concernant les orientations et le
développement des universités au Québec. Le mémoire
est annexé. C'est dans la suite de ces réflexions que s'inscrit
aujourd'hui notre position quant au projet de loi 63.
Le projet législatif proposé par le ministre touche
principalement trois objets: premièrement, les règles concernant
la composition, la nomination et le remplacement des membres de
l'assemblée des gouverneurs et des conseils d'administration des
constituantes; deuxièmement, le pouvoir dévolu à
l'assemblée des gouverneurs quant à l'adoption des
règlements spécifiques à l'une ou à l'autre des
composantes du réseau UQ; troisièmement, l'octroi d'un statut
particulier à l'UQAM.
Nous croyons qu'il s'agit là de modifications importantes des
pouvoirs accordés à l'Université du Québec, mais
que cette réorganisation des structures ne mettra pas en péril
l'existence ou le développement du réseau. A plusieurs reprises
par le passé, la FNEEQ s'est prononcée pour le maintien du
réseau de l'Université du Québec et en faveur de son
développement selon le schéma et la conception de base qui
prévalaient à sa création. Après 20 ans
d'expérience et d'efforts réussis, il importe de sauvegarder ces
acquis et le modèle original. Toutefois, notre intérêt face
à ce projet de loi porte, avant tout, sur la question de la composition
des instances de direction, qui fera l'objet de notre requête.
Auparavant, nous voulons assortir celle-ci de considérations d'ensemble
portant sur deux autres objets du projet de loi.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Choinière,
est-ce que vous avez terminé?
M. Choinière: Non, non.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Cela va.
M. Choinière: Nous savions que les constituantes du
réseau et de l'assemblée des gouverneurs avaient
déjà conclu un protocole d'agrément établissant les
modalités internes au réseau, advenant la concession d'un statut
d'université associée pour l'UQAM. Le projet de loi vient
légaliser le fondement de cette entente. Nous pensons que les dangers de
désagrégation ont été évités pour le
réseau UQ et nous nous réjouissons du maintien et de la
préservation de l'institution. Cependant, la FNEEQ souhaite que la
consolidation et l'expansion du réseau soient continuées, surtout
à travers les constituantes régionales qui ne doivent nullement
souffrir du manque de ressources, afin d'assumer pleinement leur rôle
moteur dans le cadre des plans de développement régional du
Québec.
À cet effet, et selon une vision positive des choses, nous
pensons que les nouveaux pouvoirs réglementaires accordés
à l'assemblée des gouverneurs devraient favoriser
l'épanouissement des constituantes régionales
éloignées. Il pourrait en découler un équilibre
dans le développement du
réseau grâce à une planification mieux
assumée, prévoyant une sorte de péréquation ou une
dotation de moyens visant a la satisfaction des besoins de formation, tels que
voulus et exprimés par la communauté régionale. Ceci
suppose des mécanismes de consultation réguliers et de
représentation bien diversifiées qui devraient ressortir des
nouvelles dispositions du projet de loi. Malheureusement, on n'en trouve pas de
clairement énoncés, on y décèle, par contre, une
certaine tendance à la centralisation qui porte à
l'inquiétude.
Pour la suite, j'aimerais vous présenter M. Laval Rioux,
vice-président de la fédération et chargé de cours
à l'Université du Québec à Montréal et
à l'Université de Montréal.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Rioux.
M. Rioux (Laval): Je vais continuer.
La nomination à l'assemblée des gouverneurs d'une personne
issue du milieu de l'enseignement collégial est aussi une
nouveauté qui pose les exigences d'une réflexion plus en
profondeur sur l'arrimage des deux ordres d'enseignement supérieur. En
tant que fédération d'enseignantes et d'enseignants directement
impliquée par cette question primordiale, nous croyons que l'examen du
problème déborde le cadre du présent projet de loi, que
celui-ci devrait être discuté dans un autre contexte. Advenant que
le ministre propose des réformes majeures touchant les deux ordres
d'enseignement supérieur, nous serions évidemment disposés
et préparés à participer à un tel débat.
Quant à l'augmentation du nombre de membres issus du milieu
socio-économique que prévoit le projet de loi, la
fédération se montre soucieuse du maintien d'un réel
équilibre des forces, mais surtout de la diversité de
représentation parmi l'éventail des groupes qui composent cette
étiquette de "socio-économique". Nous préférerions
le texte de l'actuelle loi, à l'article 7, qui dit: personnes
nommées par le gouvernement... après consultation des
associations les plus représentatives du milieu des affaires et du
travail". Ces désignations plus précises permettent une
représentation des diverses composantes de la communauté sociale
et, en particulier, du monde syndical. Les universités détiennent
une mission de service à la collectivité qui les oblige à
assurer cette diversité d'intérêts des multiples agents du
milieu. Notre crainte porte évidemment sur une surreprésentation
d'une catégorie déjà très influente dans la
sphère économique au détriment de groupes
intermédiaires à vocation plus sociale.
La représentation des chargés de cours. En décembre
dernier, à la suite du dépôt du projet de loi 63 à
l'Assemblée nationale, notre fédération faisait une
démarche auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et
de la Science lui demandant de prévoir, dans sa réforme de la loi
constituante de l'UQ, une représentation pleine et entière des
chargés de cours aux instances décisionnelles prévues
à la loi. Cette démarche faisait suite à une requête
déjà exprimée et reprise lors des rencontres
antérieures avec le ministre. De même, nous faisions
référence au mémoire que nous avons déposé
devant cette commission parlementaire en octobre 1986.
L'insertion des chargés de cours à la communauté
universitaire et la pleine reconnaissance de leur contribution à
l'institution passent par l'équité de statut au niveau de la
représentation politique et décisionnelle. Déjà,
les professeurs réguliers, les étudiants et les administrateurs
bénéficient de cette représentation de plein droit, alors
que les chargés de cours ne détiennent qu'un poste d'observateur
ou d'observatrice, sans droit de vote, aux conseils d'administration des
constituantes et aucune représentation à l'assemblée des
gouverneurs. Ce droit d'observateur a été consigné dans
nos conventions collectives.
Le ministre n'est pas sans ignorer que les chargés de cours
dispensent actuellement plus de 50 % des cours de premier cycle dans toutes les
universités du réseau UQ et qu'à ce titre ils
représentent une force de développement et d'intégration
de l'institution universitaire au sein de la collectivité dont Us sont
souvent des membres actifs et fortement motivés.
À chaque fois que nous nous sommes adressés aux
administrations universitaires afin d'obtenir ce droit à une pleine
représentation, celles-ci ont déploré leur
incapacité d'y répondre à cause des contraintes et des
stipulations de la Loi sur l'Université du Québec. Nous
étions alors référés au ministre et à son
initiative de bien vouloir apporter les amendements nécessaires à
la loi. Malgré l'accueil favorable des administrations universitaires
à notre demande qui était jugée légitime, nous
n'avons, à ce jour, rien pu obtenir de réellement satisfaisant
à ce chapitre.
Il nous apparaît normal que les représentants des
chargés de cours qui oeuvrent depuis 20 ans dans le réseau de
l'Université du Québec puissent déronavant siéger
à l'assemblée des gouverneurs et au conseH d'administration. Leur
sensibilité aux besoins du milieu, alliée à leur
connaissance du réseau, sont des atouts considérables pour le
dynamisme de l'Université du Québec. Dans chaque constituante, la
représentation mériterait d'être corrigée et
ajustée à la réalité vécue.
L'identité des chargés de cours au sein de la communauté,
leur visibilité quant à l'apport et aux activités qui
animent l'université sont maintenant mieux connues du grand public. Il
n'y manque que la pleine reconnaissance qu'apporterait le statut de membre de
plein droit aux instances décisionnelles.
Par ailleurs, nous savons que le ministre cherche à
établir un meilleur équilibre de la représentation
à la direction de l'institution universitaire, ainsi qu'un meilleur
arrimage de celle-ci à la communauté ambiante. Nous sommes
d'accord avec cet objectif et nous soumettons au ministre que la
présence reconnue des chargés de cours aux conseils
d'administration serait un excellent moyen d'atteindre cet objectif. Nous
croyons que la contribution des charges de cours à la vie universitaire
est d'un type particulier qui la distingue de celle des professeurs. Cette
contribution est porteuse des besoins de la société par la
provenance même des chargés de cours qui sont, en grande partie,
issus du milieu professionnel dont ils reflètent les
préoccupations et le rôle social.
Pour conclure, nous voulons sensibiliser les membres de la commission
ainsi que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
à cette contribution riche et dynamique des chargés de cours
à l'université et nous l'invitons à leur faire une place
dans son projet de loi 63, compte tenu du fait que celles-ci et ceux-ci
assument plus de 50 % de l'enseignement. Selon la définition classique
du corps professoral, les chargés de cours s'en trouvent exclus et
composent une réalité distincte. Par contre, les chargés
de cours ne sont pas assimilables totalement à la catégorie des
agents socio-économiques, bien que, souvent, ils en proviennent. Il
convient donc de trouver la place qui rendra le mieux compte de cette
contribution.
Ainsi que le pensent plusieurs administrations universitaires du
réseau UQ, il nous semble souhaitable et équitable que cette
contribution soit reconnue et se concrétise dans la demande que nous
faisons. Nous recommandons donc que le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science amende son projet de loi pour y inclure,
à l'article 2 qui concerne la composition de l'assemblée des
gouverneurs, la présence de deux chargés de cours enseignant dans
les diverses composantes du réseau et, à l'article 10 concernant
la composition des conseils d'administration, la présence de deux
chargés de cours qui enseignent dans la composante du réseau en
cause.
Nous prions les membres de la commission parlementaire de
l'éducation de bien vouloir appuyer cette requête auprès du
ministre responsable et d'ainsi reconnaître la contribution du corps
enseignant des chargés de cours.
M. Choinière: Je...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui, M. le
président.
M. Choinière: Je terminerai en invitant M. le ministre et
les membres de la commission à prendre connaissance de la missive ou de
la lettre de la Confédération des syndicats nationaux, la CSN, en
particulier sur ses recommandations touchant les chargés de cours, sur
le corps professoral et son mode de nomination et, aussi, sur le mode de
nomination des représentants socio-économiques. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. Je
vais maintenant reconnaître le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. Choinière, vous avez fait allusion à
une lettre, à la fin de vos remarques. De quelle lettre s'agit-il?
M. Choinière: Oui.
M. Ryan: Ah! La lettre qui a été
déposée au début de la séance ce matin.
M. Choinière: Déposée ce matin, oui. M.
Ryan: Je l'ai ici. Oui, oui. Je l'ai ici. M. Gendron:...la
CSN, le 5 avril 1989.
M. Ryan: Attendez un peu. Il faut que ces gens
s'aperçoivent que j'ai le contrôle de mes documents, M. le
secrétaire. Je vous remercie de votre assistance. Blague à part,
je l'ai lue tantôt.
Si vous me permettez, est-ce que vous avez terminé vos
observations?
M. Choinière: Oui.
M. Ryan: Vous m'avez demandé de prendre la parole,
n'est-ce pas? Je ne voulais pas vous l'imposer. Vous savez que ce n'est pas
dans mes habitudes.
J'ai pris connaissance avec intérêt des observations de la
Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du
Québec. Dans votre mémoire, vous nous avez rappelé des
sujets dont nous avons déjà discuté à maintes
reprises. Vous avez signalé, non sans justification, que des demandes
que vous nous avez faites à plusieurs reprises n'ont pas trouvé
de réponse dans le projet de loi. Vous avez raison sur ce point.
Même si je voulais soutenir le contraire, je serais bien
embêté de le démontrer.
Dès le début des auditions de la commission parlementaire,
j'ai indiqué que nous étions conscients de cette absence des
chargés de cours dans l'économie du projet de loi et que nous
serions disposés à examiner une modification au projet de
manière qu'il tienne compte de cette dimension. Je vous dirai pourquoi
nous ne l'avons pas inclus. Ce n'est pas parce que nous n'y avons point
pensé, mais parce que, ainsi que vous le savez, il avait
été question d'une étude sur les chargés de cours
dont l'amorce a tardé. Toutes sortes de facteurs sont venus compliquer
les choses, pour celui qui vous parie, en particulier, dans l'exercice de sa
charge. Je n'avais pas trouvé la manière d'aborder le
problème qui eût permis de nourrir des attentes
intéressantes à l'endroit du travail qui sera fait.
Finalement, il y a quelques mois, j'ai demandé au Conseil des
universités, après avoir causé avec le président du
temps, M. L'Écuyer,
s'il voudrait se charger de ce mandat, à la demande expresse du
ministre. Le Conseil des universités a accepté le mandat que je
proposais de lui confier. Il s'est mis au travail il y a déjà
plusieurs mois. Au cours des dernières semaines, j'apprenais que le
travail progresse normalement, mais qu'on ne compte pas être en mesure de
me soumettre un rapport beaucoup avant l'automne.
(12 h 30)
On avait pensé que le rapport pourrait m'être remis au mois
de juin. Finalement, les démarches de cueillette de données
faites jusqu'à maintenant ont permis de recueillir de très
nombreux renseignements qui demandent d'être analysés
soigneusement, qui ouvrent toutes sortes de perspectives que nous n'avions pas
prévues. Je pense que ce sera très intéressant. Je ne veux
pas entrer dans des détails à ce moment-ci. Cela ne donnerait
rien et ça lancerait des gens sur de fausses pistes. Mais je peux vous
assurer que le travail est fait de manière très consciencieuse et
nous apportera des éléments de compréhension de cette
réalité que vous représentez qui nous permettront de voir
plus clair dans la place qui doit être réservée aux
chargés de cours.
Nonobstant cette remarque, d'ici le moment où la commission se
remettra résolument à l'étude du projet de loi article par
article, nous allons examiner la possibilité de modification qui ferait
une place aux chargés de cours dans des instances décisionnelles
suprêmes, à tout le moins des constituantes de l'Université
du Québec. Nous examinons encore la question de la représentation
possible à l'assemblée des gouverneurs. Je n'ai pas tiré
de conclusion à ce sujet. J'ai des consultations à faire avant
d'en venir à une conclusion.
En ce qui concerne le conseil d'administration, nous envisageons de
procéder. Il restera à préciser si ce sera un
représentant ou si ce seront deux personnes qui seront
désignées par les chargés de cours. Nous verrons. Je
serais porté à être prudent au début, pour les
raisons que ]e vous donnais, parce qu'on aura plus d'éclaircissements
sur la réalité des chargés de cours à la suite de
l'étude dont le rapport me sera présenté par le Conseil
des universités.
J'entendrai volontiers les représentations que vous nous ferez
là-dessus. Lorsque nous déposerons l'amendement à la
commission parlementaire, vous en serez informé et vous aurez l'occasion
de réagir à ce moment-là et de nous faire part de vos
observations, non pas nécessairement à une audience publique,
comme nous le faisons présentement, parce que le processus doit
connaître un aboutissement. Mais, en tout cas, vous aurez toute
l'occasion de nous faire tenir votre point de vue. Je veux vous remercier de
l'avoir rappelé à notre attention à l'occasion des
auditions de la commission parlementaire. Je pense que ceci illustre, une fois
de plus, le caractère bienfaisant de ce processus de tamisage public des
projets gouvernementaux que permet l'institution parlementaire dans son mode
actuel de fonctionnement, et je m'en réjouis.
Je vous pose juste une question, si vous me le permettez. À la
page 5 de votre mémoire, vous dites qu'il faut veiller à ce que
l'assemblée des gouverneurs favorise l'épanouissement des
constituantes régionales éloignées à
l'intérieur du réseau de l'UQ. Vous dites que ceci suppose des
mécanismes de consultation régulière et de
représentation bien diversifiée qui devraient ressortir des
nouvelles dispositions du projet de loi. Malheureusement, nous n'en trouvons
pas de clairement énoncés.
J'aimerais que vous me disiez un peu ce que vous envisagez. Cette partie
de votre mémoire m'a intrigué. Je l'ai trouvée
intéressante. Mais si vous pouviez m'apporter des précisions
quant à ce que vous avez voulu signifier exactement, ça
m'intéresserait vivement.
M. Rioux: Évidemment, nous représentons des
chargés de cours dans plusieurs constituantes. Nous sommes
peut-être la seule organisation syndicale qui a ce devoir. Les autres ont
des enseignants dans une constituante. Nous en avons à Rimouski,
à Chicoutimi et à Montréal. Donc, nous pensons
réseau. Dans notre pensée, dans nos conceptions, nous sommes
fortement axés sur la dimension réseau. Nous souhaitons que
l'université joue un rôle très important dans le milieu,
dans la région où elle se trouve. Ceci suppose des modes de
consultation constants avec les divers groupes qui représentent les
populations locales.
Nous faisons ces propos, parce que c'est le mode de nomination par le
gouvernement des gens au conseil d'administration qui ne fait pas tout à
fait notre affaire. Nous souhaitons, de plus, que la sélection des
personnes se fasse après consultation des groupes qui sont actifs dans
la base régionale et que la désignation soit
représentative de la diversité d'intérêts. Les gens
qui s'intéressent à l'éducation des adultes, les gens qui
s'intéressent au retour des adultes - les femmes, par exemple - dans les
institutions universitaires en base régionale, les groupes qui
s'intéressent aux jeunes qui ont tendance à fuir les
régions vers la métropole, l'arrivée des immigrants qui
souhaitent entrer dans un nouveau pays et développer leur potentiel en
obtenant des diplômes en passant à l'université, ce sont
là nos préoccupations. Des dispositions sont prévues au
projet de loi, mais c'est le mode de nomination et la consultation constante
avec le milieu. Le ministre en parlait tout à l'heure, il est
très soucieux de ça et nous-mêmes sommes soucieux de cette
consultation.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Merci, M. Rioux. M.
le ministre, avez-vous terminé?
M. Ryan: Sur le mode de nomination, juste une question. Vous
dites que vous n'êtes pas satisfaits du libellé actuel des
dispositions du
projet de loi traitant de ce sujet. Est-ce que vous auriez des
suggestions à faire?
M. Rioux: Le mode de nomination tel qu'il existe actuellement
nous conviendrait mieux. Quand on parle de tendance à la centralisation,
on pourrait y déceler quelque chose. Que le gouvernement, comme le
disait le président du Syndicat des professeurs de l'UQAM tout à
l'heure, nomme directement des représentants au conseil
d'administration, cela nous paraît un peu exorbitant. Notre souci, c'est
que la consultation soit faite et qu'elle donne des fruits. Ce mode de
nomination, c'est un changement qui est proposé par le projet de loi 63;
nous préférerions le mode actuellement en vigueur ainsi que le
libellé. On dit: des associations les plus représentatives dans
le monde des affaires et dans le monde du travail. Je ne sais pas. Lorsqu'on
dit les représentants socio-économiques, c'est une
étiquette vague, générale; si on la lie au pouvoir de
nomination du ministre et du gouvernement, ceci nous inspire des craintes.
M. Ryan: Si vous le voulez, on va regarder l'article juste une
seconde pendant que vous y êtes. Je vais prendre pour les constituantes
parce que je pense que cela a une application... C'est écrit: "six
personnes nommées pour trois ans par le gouvernement sur la
recommandation du ministre, après consultation de groupes
socio-économiques". Si vous préférez que nous
écrivions ici: après consultation des associations les plus
représentatives du milieu concerné, ou quelque chose comme
ça... Je ne voudrais pas que ce soient seulement les syndicats et le
patronat. Il y a beaucoup d'autres forces sociales. Prenez les caisses
populaires, les coopératives, les groupements de travailleurs agricoles,
de travailleurs du milieu maritime. Il y a beaucoup de choses, les associations
de jeunesse, les groupements de femmes... Il ne faut pas limiter ça
seulement à syndicat et patronat. Je pense que c'est l'idée que
nous avions en parlant de groupes socio-économiques. Il n'y a pas de
pensée perverse en arrière de ça, mais si on peut le
formuler d'une manière qui soit plus satisfaisante... C'est écrit
ici, "après consultation de groupes"; ce n'est pas satisfaisant,
à mon humble jugement, même si j'en suis présumément
l'auteur. Quand on me signale une faute, j'aime bien la corriger. Après
consultation des associations ou des groupes les plus représentatifs aux
plans social, économique et culturel, je pense que cela ferait mon
affaire et je suis tout à fait d'accord avec vous. Cela va. Je pense
que, là-dessus, on pourra faire un bout de chemin ensemble.
La consultation, il y a un petit problème qui se pose et je vais
terminer là-dessus. Est-ce que c'est l'université qui la fait ou
si c'est le ministre? Si c'est l'université, il y a un certain danger
d'"inbreading" que j'appelle, c'est-à-dire une tendance à se
nourrir elle-même et on peut toujours diriger les consultations plus ou
moins habilement ou subtilement. Ce ne sont pas des choses qui sont toujours
entièrement gratuites. Nous les faisons actuellement à bien des
fins. Quand nous procédons à des nominations au Conseil
supérieur de l'éducation, nous faisons des consultations
élaborées qui se font très bien. Il y en a une en cours,
actuellement. Nous recevons une réponse abondante des groupes
consultés. Nous les faisons le plus largement possible. Ma
préférence est pour une consultation faite par le ministre au nom
du gouvernement, vu que c'est le gouvernement qui nommera ces personnes de sa
propre motion, et cela n'interdit pas des consultations avec l'autorité
locale. Cela n'interdit pas non plus à des chargés de cours que
vous représentez de faire des suggestions également. D'ailleurs,
ils seront sur la liste de consultation. Je ne sais pas si cela vous inspire
autant de crainte, mais on va travailler ce point de manière à le
rendre, en tout cas, plus acceptable.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le ministre. Je vais maintenant reconnaître le porte-parole de
l'Opposition officielle, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais remercier les représentants de la
Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du
Québec d'avoir profité de l'occasion de donner leur point de vue.
Essentiellement, comme je l'ai dit à tous les autres, vous semblez
favorables à l'octroi de nouveaux pouvoirs réglementaires
à l'assemblée des gouverneurs mais à condition que ces
pouvoirs-là soient davantage pour favoriser les constituantes
régionales éloignées. Je tiens à vous remercier de
cette préoccupation parce que c'est toujours bon, en particulier avec ce
gouvernement davantage de Westmountois que de régions, de rappeler
constamment que le Québec de base, c'est d'abord les régions du
Québec. Je vous félicite de l'avoir noté dans votre
mémoire, il faut constamment revenir sur cela parce que ce n'est pas
leur préoccupation, cela paraît tous les jours. Il faut rappeler
que, lorsqu'on augmente les pouvoirs à l'assemblée des
gouverneurs, c'est dans l'optique qu'il y ait un peu plus de souci pour les
constituantes régionales éloignées qui ont des coûts
plus élevés compte tenu du facteur d'éloignement, qui ont
un soutien à la collectivité à offrir qui est majeur et,
souvent, elles n'ont pas le financement pour ce faire. C'est bon de rappeler
cela. Je vous félicite, c'est dans ce sens que vous l'avez
émis.
Vous avez émis des craintes quant à la
représentativité des membres socio-économiques. Je
prétends que vous avez raison et, si je continue là où le
ministre vous a laissés, il vient de donner une ouverture
intéressante. Par contre, vous étiez très clairs. Vous
dites: C'est l'ancien texte. L'ancien texte parlait des situations les plus
représentatives du milieu des affaires et du travail. Or, le milieu des
affaires,
par définition, avec l'évolution du mouvement
coopératif, je ne peux pas voir où on situe le mouvement
coopératif autrement que dans le milieu des affaires. Quand on voit
mouvement Desjardins, avec les milliards qui possède, s'il n'est pas
dans les affaires, je ne sais pas où il est. Alors, ça pourrait
être très clair, sauf que là-dessus on va être d'une
souplesse comme ce n'est pas possible si on s'entend sur l'objectif, l'objectif
étant d'assurer une représentation plus équilibrée.
Moi, je trouve que vous avez bien fait de le noter. L'ancien texte,
d'après moi, offrait cette garantie d'une représentation plus
équilibrée. C'est ce que vous avez dit, de toute façon,
dans votre mémoire. Par contre, sur l'explication que le ministre a
donnée en dernier, en disant: Moi, je préfère que ce soit
le gouvernement qui nomme et que ce dernier fasse la consultation -
probablement qu'il va avoir la chance de se reprendre, ça lui arrive,
d'ailleurs - je ne trouve pas que c'est vraiment assis sur beaucoup de
rationalité surtout quand on donne l'exemple du Conseil
supérieur. Je comprends, le Conseil supérieur, c'est une
Instance-conseil au gouvernement. C'est légitime que la consultation,
à ce moment, soit organisée par le gouvernement. C'est son
Instance-conseil. Par contre, en ce qui concerne la consultation, je pense
à l'université de chez nous que je connais bien, je ne vois pas
en quoi cela serait handicapant de lui confier la responsabilité
d'organiser la consultation pour que viennent siéger à son
conseil d'administration les représentants du milieu
socio-économique élargi, si on veut y inclure la dimension
culturelle. Je trouve que cela aussi serait une bonification heureuse.
Personnellement, je pense qu'il y aurait plus de sécurité
à consacrer une plus grande autonomie aux institutions et il y aurait
une compréhension plus logique dans cela, en disant:
L'université, ça appartient au milieu. En ce qui me concerne,
cela appartient à la collectivité. C'est l'institut de haut
savoir d'un milieu. Il faut que le milieu ait une certaine emprise sur son
université comme les profs doivent en avoir aussi, c'est évident.
Le milieu le plus immédiatement concerné, les étudiants,
la direction et les professeurs, il faut qu'ils aient une emprise sur leur
institution de haut savoir. Mais si on donnait la responsabilité
à toutes les régions et si on leur disait: C'est vous autres, via
votre université, qui avez la responsabilité d'organiser la
consultation en ce qui concerne les associations les plus
représentatives, cela serait probablement une garantie d'une moins
grande ingérence politique que des nominations qui viennent d'en haut
avec les écueils que ça peut représenter, quel que soit le
gouvernement, que ce soit eux ou nous.
Donc, j'aime bien votre mémoire, surtout qu'il reprend
très fort la nécessité d'une présence des
chargés de cours. Le ministre vous a dit qui réfléchissait
sur cela, qu'il y a une étude qui se fait, qui va probablement
être déposée plus tard et qui va révéler
beaucoup d'éléments intéressants, J'en suis, mais je
prétends qu'il ne faut pas mêler deux choses. C'est une affaire
intéressante qui peut se passer dans l'avenir qui va nous
éclairer sur toutes sortes de choses, sauf qu'on est déjà
suffisamment éclairé pour dire: À partir du moment
où ils dispensent à peu près 50 % ou 55 % de
l'enseignement, il faut qu'ils aient une place au conseil d'administration des
constituantes, et moi, en ce qui me concerne, il n'y a pas de nuances, il faut
qu'ils aient une place au conseil d'administration des constituantes et il faut
qu'ils aient une place à l'assemblée des gouverneurs. À la
page 11, vous dites: "il nous apparaît normal que des
représentants des chargés de cours qui oeuvrent depuis vingt ans
dans le réseau puissent dorénavant siéger à
l'assemblée des gouverneurs. " Ce sont des faits, c'est
réglé, c'est acquis, il ne faut pas revenir là-dessus.
Vous dites: "Nous croyons que la contribution des chargés de cours
à la vie universitaire est d'un type particulier qui la distingue de
celle des professeurs. " Vous avez raison. On ne peut pas regarder les pages
pour voir si elles sont blanches ou noires. On le sait. Vous ajoutez: "...
cette contribution riche et dynamique des chargés de cours à
l'université et nous l'invitons à leur faire une place dans son
projet de loi 63. " Je suis d'accord, il faut leur faire une place directe dans
le projet de loi 63. Essentiellement, de toute façon, votre conclusion
le rappelait, votre mémoire était pour marteler une revendication
un peu légendaire qu'il faut leur assurer une pleine et entière
participation dans les instances décisionnelles. Je suis d'accord
là-dessus. Il n'y a pas de problème. J'ai juste une question:
Quelle est votre perception, comme fédération d'enseignants et
d'enseignantes, du pouvoir que la corporation centrale aurait d'adopter des
règlements particuliers? À ce que je sache, les syndicats de
professeurs ont manifesté de vives inquiétudes. On parlait
d'ingérence, que cela pouvait donner lieu à de la subordination.
Vous n'avez pas dit un mot là-dessus. Je voudrais savoir si vous
partagez cette perception concernant la capacité apportée par le
projet de loi 63 d'augmenter la possibilité pour le siège social
d'édicter des règlements concernant les constituantes? Qu'est-ce
que vous en pensez?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le président, M.
Choinière.
M. Choinière: Comme l'a indiqué mon collègue
il y a quelques minutes, nous croyons à l'Université du
Québec qui est un réseau, mais nous croyons aussi qu'il est
possible que le réseau puisse donner à ses constituantes une
certaine autonomie pour refléter vraiment le milieu dans lequel elles
sont et en particulier le statut d'associée à l'UQAM. Donc, si
nous voyons le projet de loi d'une façon positive, si ces nouveaux
pouvoirs sont utilisés à cette fin, nous sommes d'accord.
M. Gendron: Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres questions.
Merci beaucoup de votre contribution positive.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Au nom des membres
de la commission, nous remercions la Fédération nationale des
enseignants et des enseignantes du Québec, tout particulièrement
le Syndicat des chargés de cours, de nous avoir présenté
son rapport. Nous remercions M. Choinière et M. Rioux de leur
présence ici. Nous suspendons nos travaux jusqu'après la
période de questions cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M. Baril): La commission reprend ses
travaux. Je tiens à vous rappeler le mandat de la commission, à
savoir de procéder à des consultations particulières dans
le cadre de l'étude détaillée du projet de loi 63, Loi
modifiant la Loi sur l'Université du Québec. Je tiens à
vous rappeler que vous avez à peu près quinze minutes pour nous
présenter votre mémoire. Étant donné l'heure
tardive, on essaiera, si on est capable, d'allouer trois quarts d'heure
à chacun de nos invités, pour terminer à 18 heures, si
c'est possible.
Notre premier groupe invité est le Syndicat des professeurs et
des professeures de l'Université du Québec à Rimouski.
J'aimerais que le porte-parole veuille bien se présenter.
SPPUQAR
Mme Tremblay (Suzanne): Je suis Suzanne Tremblay, la
présidente du syndicat, et je suis accompagnée de M. Jacques Roy,
un des vice-présidents de notre syndicat.
Le Président (M. Baril): Je vous souhaite la bienvenue,
madame.
Mme Tremblay: Merci. M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, j'ai assisté, depuis presque le tout
début, aux débats de la commission parlementaire et j'ai
été très impressionnée d'observer que les
mémoires ont déjà été lus. Je
préférerais prendre le peu de temps que j'ai pour des discussions
avec les membres de la commission, en vous signalant tout simplement que nous
avons rappelé trois choses dans notre mémoire: les membres
socio-économiques, les pouvoirs accrus du siège social et le
statut de l'UQAM. Évidemment, nous en avons un peu contre l'augmentation
du nombre des socio-économiques. Trois, cela nous paraît
suffisant. Pour ce qui est du siège social, nous avons une philosophie
qui est tout à fait différente, même si ce n'est pas
exprimé ici très clairement. Plus on réfléchit
à la question du siège social plus on voudrait le voir dans le
modèle de l'IPUQ, plutôt que dans le modèle d'une
augmentation de centralisation des pouvoirs. Enfin, quant au statut de l'UQAM,
tant mieux s'ils peuvent prendre leur autonomie. Cela sera probablement le
commencement pour les autres. C'est, grosso modo, la position que nous avions
dans notre mémoire.
M. Ryan: Vous commencez par une bombe. Mme Tremblay:
Pardon, je n'ai pas entendu. M. Ryan: Vous commencez par une bombe.
Mme Tremblay: Comment cela?
M. Ryan: Est-ce que vous avez terminé votre...
Mme Tremblay: Oui.
M. Ryan: ...présentation? C'est formidable. Vous
êtes en train de nous gâter. J'apprécie
énormément l'intérêt que les syndicats de
professeurs des différentes constituantes de l'Université du
Québec ont porté aux travaux qui entourent le projet de loi 63.
Je constate que, dans la plupart des constituantes, le syndicat a fait un
travail sérieux, la fédération qui regroupe ces syndicats
également. Je voudrais remercier le Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Rimouski, non seulement de nous
avoir présenté un mémoire qui est très
intéressant, même si les grandes lignes sont déjà
devenues un petit peu familières à mesure que nous
avançons dans notre exploration, mais surtout d'avoir suivi par votre
intermédiaire et celui de votre collègue le travail de la
commission depuis le début. Vous avez pu constater que la commission
travaille consciencieusement, que les députés sont
intéressés. Je vous fais seulement une petite remarque ici qui me
paraît opportune. Vous avez peut-être remarqué que les
députés qui m'accompagnent du côté
ministériel n'interviennent pas fréquemment. Ce n'est pas parce
qu'ils ne sont pas intéressés. C'est parce que le temps qui nous
est imparti est très limité. Ils veulent donner la chance
à leur ministre d'aller au fond des choses chaque fois qu'il pense
devoir le faire. Mais je vous assure que nous portons tous un très vif
intérêt à ce que vous avez à nous dire.
Cet après-midi, évidemment, il y a un député
qui a un intérêt tout spécial. Il vous le dira
tantôt. C'est le député de Rimouski à
l'Assemblée nationale qui nous fait l'honneur de faire partie de la
commission parlementaire de l'éducation depuis le début de notre
mandat et qui a été un des membres les plus assidus, les plus
consciencieux et les plus respectés autant de ses collègues que
des organismes et des délégations qui nous visitent. Je suis
sûr que, tantôt, M. le député de Rimouski se fera un
grand plaisir de vous faire part de ses préoccupations.
Je vous adresse juste une question de base parce que les questions qu'on
a clarifiées en cours de route, ce n'est peut-être pas
nécessaire d'y revenir. Prenez ce que vous dites à propos des
articles 17 et 19 sur le pouvoir de réglementation. Nous l'avons
déjà clarifié. Je pense que, dans la version
définitive qui sera retenue par l'Assemblée nationale au cours
des prochaines semaines, nous aurons vu à reformuler ces articles de
manière qu'ils ne laissent pas entrouverte la porte dont vous avez
constaté avec pertinence les dangers. Nous verrons à
établir des textes pour ces deux articles qui seront de nature à
protéger les constituantes contre le danger d'interventions qui
pourraient être arbitraires ou capricieuses ou exagérément
autoritaires de la part de l'autorité de l'Université du
Québec.
Évidemment, il y a un point sur lequel nous sommes en
désaccord avec vous. Vous semblez préférer quelque chose
qui se rapproche du statu quo en ce qui touche la représentation
extérieure tandis que nous trouvons que c'est mieux de faire pencher
davantage l'équilibre de ce côté au cours des années
à venir, encore que, dans un conseil d'administration d'une quinzaine de
personnes, les six qui seraient nommées par le gouvernement comme
représentantes des milieux économiques, sociaux et culturels
demeureraient quand même un minorité. Il y en aura encore. Tout le
reste serait des personnes qui viendraient de l'université, du milieu
même. Je ne sais pas si les discussions que nous avons eues
jusqu'à maintenant vous ont permis de vous rapprocher de nous ou vous
ont amenés à vous en éloigner. Vous mentionniez qu'il
serait peut-être intéressant de faire place à des
représentants des anciens de l'université. Excellente
idée! Je peux vous assurer que, quand nous considérerons la
nomination de personnes à titre de représentants des milieux
économiques, sociaux et culturels, c'est une considération
à laquelle nous attacherons une très grande importance. Je me
dis, par exemple, qu'avec le nombre déjà élevé de
diplômés qui sont sortis de nos universités en
région nous trouverons très sûrement une source
privilégiée de recrutement pour ces membres en provenance de la
communauté plus large que nous voulons associer de manière plus
efficace à ta gestion de nos universités en région,
affiliées à l'Université du Québec. De ce
côté, je pense que nous avons un point de rapprochement qui est
très intéressant. Je m'en réjouis. Je laisserais
peut-être à notre collègue très estimé, le
député de Rimouski, le soin de vous adresser quelques
commentaires ou quelques questions, parce que, comme il vous connaît plus
que nous vous connaissons, il y a moins de chance que des impairs soient commis
du côté gouvernemental.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président,
Mmes, MM. de l'Université du Québec à Rimouski,
c'est avec plaisir que nous vous recevons ici à la commission
parlementaire de l'éducation. Vous m'aviez demandé d'être
entendus, je pense qu'aujourd'hui vous avez la réponse, vous êtes
entendus. Vous nous avez présenté un mémoire qui a
été pris en considération par les membres de la
commission. Vous avez, de plus, assisté, depuis les deux derniers jours,
à la présentation des mémoires qui ont été
présentés. Je pense que cela manifeste un intérêt
très grand pour le problème des universités, surtout des
universités en région. Nous avons nécessairement un
vécu régional et je pense que nous sommes capables d'en
témoigner. Ce matin a été soulevée la fameuse
question de la nomination des socio-économiques, surtout en ce qui a
trait à la consultation qui devait se faire. Je pense qu'on n'a pas
encore arrêté la position du gouvernement, à savoir si
cette consultation devrait être faite par l'université ou par le
ministère. J'aimerais bien vous entendre sur ce sujet, connaître
votre proposition. Compte tenu que vous savez un peu comment cela fonctionne
dans les régions, quelle est votre implication, celle de
l'université, quel est son rayonnement et aussi quel est l'apport des
membres socio-économiques à l'université que nous avons en
région, j'aimerais bien vous entendre là-dessus.
Mme Tremblay: Je suis très contente que cette question me
soit posée aussi directement et je vais essayer d'y répondre avec
beaucoup de nuance, quoiqu'il y aura beaucoup du résultat de mon
expérience, beaucoup plus qu'un mandat syndical sur cette question parce
que, comme tel, comment la nomination doit-eile se faire, nous n'en avons pas
vraiment discuté à fond pour prendre une position par
résolution selon nos modes habituels de fonctionnement. Toute personne
qui va au conseil d'administration, que ce soit des membres
socio-économiques, des professeurs ou des cadres que le recteur
recommande, je pense qu'il ne faut pas se cacher la réalité, la
personne qu'on envoie là, c'est en soi une décision politique
qu'on prend. Quand j'entends parler, par exemple, que le "drab" pâle X
veut se présenter au conseil d'administration pour représenter
les professeurs et qu'on va le confondre avec les murs, c'est évident
que je vais essayer de trouver quelqu'un de très fort pour lui faire
concurrence au moment de l'élection et faire en sorte que le "drab"
pâle soit éliminé.
Donc, c'est une décision politique que nous prenons à ce
moment-là de soutenir le candidat Y plutôt que le candidat X.
À partir de ce moment-là, je pense que, même pour les
membres socio-économiques, c'est une décision politique. Je pense
que les choses sont de plus en plus transparentes quel que soit le parti au
pouvoir - en tout cas, on essaie d'être transparent sur cette question -
c'est plus facile de nommer quelqu'un qu'on connaît parce qu'on
connaît plus
ses qualités et ça ne me gêne pas si le parti
politique nous envoie quelqu'un de valable. J'aime autant quelqu'un de valable
qui est nommé par un ministre qu'un "drab" pâle qui est choisi par
le secrétaire général, parce qu'il lui a
téléphoné parce que personne n'a répondu à
la consultation, comme ça s'est passé chez nous il y a deux ans.
Le ministre a été obligé de le nommer parce qu'on a dit
à la chambre de commerce: Envoyez-nous donc un nom, on n'a personne qui
a répondu. Au ministre, on lui a envoyé un nom, il n'avait pas le
choix. On lui a envoyé trois noms de personnes qu'on a
sollicitées, à qui on a quasiment cassé les bras pour
dire: Aie, il faut envoyer des noms au ministre, on aura l'air fou de ne pas
envoyer de noms au ministre.
J'aime autant des consultations bien orchestrées, bien
organisées, publiques et qu'on essaie le plus possible d'avoir des gens
qui sont représentatifs. J'aimerais bien ça qu'on demande
à une dame ou à un monsieur de l'AFEAS, si jamais il y en a, de
venir à notre conseil d'administration parce qu'il serait élu par
un organisme à qui il pourrait rendre des comptes et à qui on
pourrait dire aussi: il ne vient jamais aux réunions. Vous ne pourriez
pas faire en sorte, s'il aime ça, qu'il vienne aux réunions? Il
ne vient jamais.
Il y a quelque chose là. Il faut arrêter de faire de faux
scrupules, je pense, et se raconter des foutaises. Je pense que c'est une
décision politique et, si on peut organiser une bonne consultation et
qu'on nous envoie des recrues très intéressantes... Il faut
savoir aussi pourquoi on veut mettre des socio-économiques. Je pense que
c'est important aussi pour tous les membres de la commission parlementaire et
pour M. le ministre de prendre bien conscience qu'un CA dans une
université, cela décide tout et que les décisions d'un CA
ont une influence sur ce qui se passe dans ma salle de cours. Ce n'est pas un
corps de gens qui se réunit et qui n'a rien d'important à
décider. Il décide de tout: les critères d'engagement des
profs, le nombre de profs qu'on va engager, le nombre d'activités,
combien va-t-on avoir le droit de donner de cours dans une année, quel
va être le ratio par programme, quel va être le ratio par
département, les cours en bas de dix étudiants, est-ce qu'on les
ferme tous? etc. Il y a plein de décisions qu'un CA prend qui sont
extrêmement importantes. Quand on dit que cela ne nous sourit pas trop,
en tout cas à Rimouski, de voir venir six socio-économiques, je
vais le dire tout bas, "off the record", on n'a pas été
très gâtés depuis 20 ans avec nos socio-économiques,
malheureusement. En voir venir trois de plus, cela nous inquiète parce
que nous sommes en punition ayant fait la grève à un moment
donné. Les deux cadres qui sont nommés par tous les profs disent
que cela passe de cinq à trois. Nous, on n'est que trois profs parce
qu'à un moment donné il y a un recteur qui nous a punis. Au lieu
de nommer des profs qui occupaient des fonctions de direction d'enseignement et
de recherche pour occuper les deux postes de direction et faire en sorte qu'on
soit cinq profs comme dans les autres CA, on n'est que trois. On a perdu ces
deux postes du fait qu'on a démissionné pour empêcher le CA
de fonctionner. On est encore punis pour cela mais ce n'est pas grave.
De toute façon, cela ferait trois profs, six
socio-économiques, trois cadres, deux étudiants. Pour nous, c'est
très déséquilibré étant donné la
nature des décisions importantes qui se prennent dans un CA. Si on veut
un "board of trustees" ou un "board of governors", des gens qui vont nous aider
à chercher du fric, parce qu'ils vont nous en avoir donné, on va
les nommer pour que tout le monde le sache. À ce moment, qu'on
crée un corps parallèle, le conseil des gouverneurs de l'UQAR qui
sera parallèle au CA, qui pourrait se réunir trois ou quatre fois
par année pour décider des campagnes de financement, des grandes
politiques, adopter le plan triennal ou le plan de développement, des
choses qui n'ont pas vraiment de conséquences quotidiennes, mais, pour
ce qui est de la gestion de la boîte, il faudrait que cela reste
équilibré.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien. Si je peux
résumer un peu votre propos au sujet de la consultation, vous voulez
avoir une bonne et véritable consultation bien menée pour la
nomination des socio-économiques.
Dans un autre ordre d'idées, à la page 8, vous mentionnez
ceci: "...les modifications présentées aux articles 7 et 8 du
projet de loi 63 et, en conséquence, demande au ministre de restreindre
le pouvoir de réglementation du siège social aux conditions qui
prévalaient avant le dépôt de ce projet de loi." Cela
laisse entendre que, dans le projet de loi 63, vous pensez qu'on donne encore
plus de pouvoirs de réglementation au siège social. Je voudrais
bien vous entendre dire ou préciser quels sont ces pouvoirs
supplémentaires que vous croyez que nous donnons au siège
social.
Mme Tremblay: À vrai dire, en lisant le texte, on pensait
que le siège social pouvait faire des règlements
différents qui s'appliquaient différemment dans les
constituantes. Compte tenu des explications disant que cela n'avait jamais
été votre intention, si on l'avait su avant, on n'aurait
peut-être pas écrit ça. Mais, vous savez, quand on regarde
un texte de loi et qu'on veut le critiquer, on essaie d'être le plus
critique possible et, entre Tremblay, vous savez qu'on est capables de faire
cela.
Une voix: Ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): Je vous remercie de votre
précision, madame. Je vous reconnais. Maintenant, quelle est votre
perception futuriste du siège social? Pensez-vous que le siège
social
devra augmenter, peut-être pas ses pouvoirs, mais sa contribution
au réseau? Le voyez-vous toujours comme le coordonnateur du
réseau des universités du Québec?
Mme Tremblay: Je vais utiliser une image qui nous
réfère à notre vécu tout à fait
récent. Je pense qu'au début de l'Université du
Québec il fallait un siège social qui joue pour les constituantes
le rôle d'une centrale syndicale. On avait peu d'expérience, tout
le monde commençait, on prenait telle direction et c'était bon
qu'il y ait du monde qui puisse nous aider partout pour que ça se passe
comme il faut.
Mais il arrive au siège social ce qui arrive dans les centrales
syndicales: cela grossit, cela s'éloigne de la base et cela n'aide pas
forcément au développement. Nous avons vécu cette
expérience dans le domaine syndical et nous nous sommes
désaffiliés. On met tranquillement sur pied avec
l'Université Laval, petit à petit avec l'UDM - cela viendra dans
cinq ans, dix ans, on ne le sait pas - avec Sherbrooke, le réseau de
toutes les universités du Québec, ce que M. le ministre
connaît très bien de nom, l'IPUQ, l'Intersyndicale des professeurs
des universités québécoises. Le siège social
pourrait devenir l'interconstituante du Québec. L'association patronale,
la CREPUQ, est une chose, le conseil des U, qui est le conseil du ministre, et
un organisme tout à fait indépendant, qui coordonne toutes les
universités de la province de Québec, l'équivalent de
notre intersyndicale, avec la différence que les gens qui iraient
gérer ce comité seraient issus de la base plutôt que d'en
haut. Ce serait du monde qui ferait, comme nous autres, double emploi. Je suis
présidente de mon syndicat et, avec un de mes collègues, je vais
à l'intersyndicale. On a peu de personnel et on ne veut pas grossir.
Mais ça devient trop gros, ces choses, et ça va trop loin de la
base. Et quand, par exemple, je défends un programme dans ma
constituante, une fois que ça part de la commission des études,
j'en entends toujours parler juste par personnes interposées: par mon
doyen qui en entend parler par le vice-recteur, par le vice-recteur qui en
parle au vice-président et, finalement, ça prend beaucoup de
temps et je n'ai plus affaire directement à ça. Cela fait que
c'est un peu gênant. Je pense qu'on est en train de vivre un peu la
même chose avec le siège social et le départ
éventuel de l'UQAM, en tout cas, c'est l'expérience que j'en ai.
(16 h 45)
Disons que, ce matin, ça m'est passé comme une
flèche, quand M. Corbo était ici, je me suis dit: Si M. Trudeau
était assis à ma place, il dirait bien que le départ de
l'UQAM du siège social, c'est comme le fait qu'on soit d'accord avec le
lac Meech, il prétend que c'est la fin du Canada. C'est peut-être
un peu ça. Les comparaisons sont toujours un peu boiteuses, mais
ça m'est passé dans la tête au cours de l'avant-midi.
L'idée de l'équivalent de l'IPUQ, du siège social, c'est
peut-être une avenue intéressante à explorer, mais c'est
peut-être aussi dérangeant de se poser des questions: Qu'est-ce
qu'on peut bien faire avec le siège social? J'apprenais une bonne
nouvelle, j'avais lu dans le rapport, et j'avais apporté les
statistiques, ils étaient 151 en 1987-1988, il paraît qu'ils ne
sont plus que 120, c'est une très bonne nouvelle, et ils pourraient
être encore moins. Il ne faut pas penser que, parce que ça a
toujours été là et qu'on en a eu besoin, on en a encore
besoin. Il faut se reposer des questions par rapport au siège
social.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, madame, je vous
remercie. Je n'aurai pas d'autre question. Je ne sais pas si M. le ministre
veut réagir.
M. Ryan: Cela va bien pour l'instant. Peut-être à la
fin, s'il reste quelques minutes, mais pour l'instant ça va bien, je
pense qu'on a touché...
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais vous remercier également d'avoir
profité de l'occasion qui vous était offerte d'exprimer votre
point de vue. J'ai aussi constaté votre présence assidue depuis
le début des travaux de cette commission et je pense que c'était
opportun, le plus rapidement possible, de discuter de votre mémoire dont
on a eu l'occasion, en tout cas en ce qui me concerne, de prendre
connaissance.
Essentiellement, dans votre mémoire, vous l'avez dit en deux
phrases, vous avez signalé vos préoccupations sur trois points.
D'abord, les pouvoirs accrus du siège social. Là-dessus, je fais
juste une correction, ce n'est pas parce que ce sont deux Tremblay qu'ils
s'adonnent bien, la consultation porte sur le projet de loi. Vous aviez raison
d'en parler parce que le projet de loi ne dit pas ce qu'ils nous font accroire
qu'ils ont derrière la tête. Comme la consultation du groupe doit
porter sur le projet de loi 63... Il est très clair quand on le lit.
C'est sûr qu'entre ce qui se passait auparavant versus ce qu'on pense qui
doit se passer, n'importe qui qui sait lire est obligé de dire ce que
vous avez dit. Je vous félicite de l'avoir dit et je vous
félicite un peu moins d'avoir ramolli, sous prétexte qu'un
Tremblay questionne un autre Tremblay, puis c'est réglé, parce
que la problématique est plus forte que ça. Le texte dit qu'on
transforme assez magistralement les possibilités d'édicter des
règlements qui auront des impacts sur les constituantes. M. le ministre
dit qu'on va regarder ça quand on va l'étudier article par
article. Vous pouvez compter sur moi, on va regarder ça, mais c'est
déjà arrivé que je fasse un travail de
bénédictin; on en a fait un sur la loi 107, en éducation.
On y a passé des heures, on regardait ça et on n'a pas toujours
gagné nos
points, même si les groupes nous appuyaient et qu'ils
étaient convaincus, par exemple, que ça prenait des services de
garde dans les écoles. Le ministre disait non, je suis contre ça,
j'aime mieux la voie de l'angélisme. C'est ce qui a été
adopté.
Je vous dis, soyez vigilants pareil, parce que, quand on va être
en commission parlementaire sur l'étude du projet de loi article par
article, je serai obligé de regarder les articles qu'on étudie,
non pas les intentions du ministre. Dans le mémoire que vous avez
produit, je trouve que vous avez raison parce que c'est au moins conforme au
projet de loi pour lequel il y a une commission parlementaire. Ce n'est pas
parce que M. Tremblay vous a dit qu'il vous convoquerait. Vous avez juste
à envoyer cela au Secrétariat des commissions. C'est pour cela
qu'on fait des audiences. C'est pour cela que vous êtes ici.
Deuxième élément sur lequel vous insistez beaucoup,
c'est toute la question des socio-économiques. Je prétends que
c'est une question majeure. Vous avez bien fait de la traiter. La question du
député de Rimouski était pertinente, en ce qui me
concerne, puisque c'est la question sur laquelle vous avez mis le plus
d'éléments d'inquiétude. Concrètement cela veut
dire ceci. Je lis votre mémoire entre les lignes pour cet aspect. Je ne
sens pas une réticence très forte sur l'augmentation du nombre,
mais oui sur les conditions dans lesquelles les nominations se font. Ce n'est
pas pareil. Donc, si on vous entendait un peu plus sur deux choses,
voilà mes deux questions précises. La première, c'est la
même: Croyez-vous que les gens qui seraient nommés, provenant de
ce qu'on appelle les socio-économiques, offriraient de meilleures
garanties de neutralité d'une part et d'autre part de
représentativité, s'ils étaient issus du milieu qu'ils
représentent et redevables envers le milieu? En termes concrets, je ne
change pas d'avis à savoir que pour les socio-économiques la
consultation devrait être faite par l'Université du Québec
à Rimouski. C'est l'université de Rimouski qui devrait demander
au ministre de ratifier la nomination des socio-économiques. C'est mon
point de vue, mais je ne suis pas ici juste pour exprimer mon point de vue; je
veux savoir le vôtre là-dessus. Croyez-vous qu'à long terme
on offrirait de meilleures garanties pour moins d'ingérence politique,
pour se sentir plus partie prenante du milieu qui aurait confié la
responsabilité à ces socio-économiques de le
représenter auprès du conseil d'administration de votre
université? En termes clairs, est-ce que vous êtes opposés
à ce que la consultation et les noms qui seraient éventuellement
retenus au conseil d'administration des constituantes soient des gens qui
viendraient du milieu et qui seraient suggérés par votre
université dans le milieu, plutôt que des nominations politiques
par le ministre de l'Éducation, quel qu'il soit, que ce soit celui qu'on
a ou un autre?
Le Président (M. Baril): Mme Tremblay.
Mme Tremblay: Oui. Votre question a effectivement deux volets, la
neutralité et la représentativité. Je suis obligée
de répéter que je ne crois pas à la neutralité. Les
gens que j'appelle neutres, ce sont ceux que j'appelle les "drab" pâle.
On ne sait jamais ce qu'ils pensent, ils sont toujours d'accord avec la
dernière personne à qui ils ont parlé. Très souvent
ils arrivent et ils n'ont pas lu les documents. Ou bien, ils disent: Le
débat devait se faire ailleurs, vous n'avez pas d'affaire à poser
de questions là-dessus. Ou, même avant que le recteur vote, ils
sentent que c'est dans ce sens-là qu'il faut voter et Ils ont la main
levée, même s'ils ne savent pas de quoi on parle. De la
neutralité comme cela, je n'aime pas cela. D'accord? Il ne faut pas
penser que le monde est neutre.
Maintenant, la représentativité. Là on touche au
point, au coeur du problème. Si on est capable de nous amener au conseil
d'administration des gens qui sont représentatifs, qui sont redevables
à quelqu'un d'autre du mandat qu'ils ont reçu, c'est là
qu'est îe problème. C'est évident que, quand vous pariez de
personnes comme MM. Claude Castonguay, Fernand Daoust, ce sont des gens qui ont
une expérience de fonctionnement dans ce style. Mais quand vous parlez
de Joe Bleau que personne ne connaît ou de Tartempion de Saint-Creux,
pour lui, que voulez-vous, il arrive au CA et il ne sait même pas comment
ça marche. On parle d'un module et il dit: Qu'est-ce que c'est? Un
département, bon, ça fait... Il ne sait rien par rapport à
l'université. Mais cette représentativité ne nous
amène pas de la participation dans le contexte de gérer
l'université avec les décisions qu'elle a à prendre. C'est
important, les décisions.
M. Gendron: Pour ça, ça va. Je pense qu'on s'entend
là-dessus.
Mme Tremblay: Le problème, c'est la
représentativité.
M. Gendron: Vous étiez ici quand j'ai fait la remarque,
j'ai assisté à combien de séances d'administration de
commissions scolaires et, sans blâmer personne, j'ai tellement vu le
phénomène normal que vous décrivez où tout est
arrangé d'avance et où ces chers commissaires, de bonne foi, pour
toutes sortes de raisons, ne sont pas capables de suivre ce qui se passe, mais
ils sont là. Bon, je sais ça, mais y me semble qu'il faudrait
aller un petit peu plus en profondeur. Ma question: Que vous soyez pour ou
contre une neutralité objective, plus objective, beaucoup,
passionnément, à la folie, ce n'est pas ça mon
problème. Croyez-vous - je pense que ça mérite une
considération plus importante - qu'on augmente les chances que les gens
qui iront siéger là soient plus représentatifs du milieu
s'ils sont nommés par le milieu ou s'ils sont nommés
par le ministre? C'est juste ça ma question. Dans un cas comme
dans l'autre, des "drab" pâle, il pourra y en avoir de nommés
à la suite de nominations politiques. Je l'ai raconté, le
lendemain de l'élection du 15 novembre, un bon libéral m'appelle:
Comment se fait-il que je vienne d'être nommé à un conseil
d'administration de centre d'accueil? Je ne connais rien et ça ne
m'intéresse pas. Je lui ai posé une seule question: As-tu
été actif à la dernière campagne? La réponse
a été oui. Alors, voilà pourquoi tu as été
nommé. C'est de même que ça s'est passé la
dernière fois. Cela s'est peut-être déjà
passé avec nous autres aussi. C'est pour ça que ce n'est pas
important de relater ça. Si on veut être sérieux, la
question la plus importante c'est: Est-ce que, oui ou non, on offre une
meilleure représentativité si les gens sont nommés par
leur milieu puisqu'ils sont redevables de leur milieu? Je vous l'ai dit, ma
réponse est oui. Je veux avoir la vôtre là-dessus.
Mme Tremblay: Je peux vous dire, d'après
l'expérience que j'ai - ça fait 19 ans que je suis à
Rimouski et j'ai été 10 ans à Laval - j'ai comme
l'impression que je sais un peu comment l'université fonctionne. J'ai
une petite idée de ce qu'est une université. Pour faire un
parallèle, dernièrement nous avons reçu au syndicat une
lettre au nom de la ministre Mme Lavoie-Roux: Nous sommes dans un processus de
consultations des organismes; nous aimerions, s'il vous plaît, savoir si
vous avez des personnes à nous recommander. Je ne sais pas s'ils ont
décidé de changer leur processus. Cela fait 20 ans que je suis
à Rimouski, 19 ans que je m'occupe de syndicat et c'est la
première fois qu'on reçoit ça. Il y a un nouveau mouvement
dans l'air. Je veux dire qu'il y a peut-être moyen de faire des
consultations qui ont de l'allure et que les organismes soient vraiment
consultés. C'est sûr qu'à l'heure actuelle
l'université a toute une liste de personnes, d'organismes à
consulter. Je vous le dis, la dernière fois, on a envoyé
ça à tout ce monde. Quand la date limite a été
passée, il n'y avait pas un organisme qui nous avait envoyé un
seul nom. On n'en avait pas. Il a fallu recommencer par des appels
téléphoniques et par faire des pressions auprès du monde.
Peut-être que ça va plus les impressionner que le ministre... Tout
ce que je veux, c'est qu'on trouve un procédé qui va être
connu de tout le monde. On va le faire longtemps d'avance et on va nous dire
qu'il y a des organismes qui vont finir par proposer des gens. Si les
organismes ne proposent pas de nom, ce n'est pas mieux que ce soit le
secrétaire général de l'université qui
téléphone à son "chum" président de la chambre de
commerce et dise: À votre réunion de la semaine prochaine,
envoyez-nous donc quelqu'un. Ce n'est pas mieux. Ce n'est pas parce que
l'université a cela dans les mains que c'est mieux. Je pense qu'il faut
trouver une façon pour que les organismes en arrivent à
participer à cette consultation, et que le ministre ait un bassin de
noms, y compris des péquistes, des conservateurs, n'importe qui. Si,
pour mener l'université, il faut être un libéral, on
changera de parti. C'est tout.
Une voix: Non, ne changez pas.
Mme Tremblay: Pour les gens qui sont nommés, je veux
dire.
M. Gendron: Autre question, vous avez mentionné dans votre
mémoire que vous souhaiteriez qu'en cas de remplacement,
d'incapacité d'agir d'un recteur pour la présidence du conseil
d'administration - pas la présidence, parce que ce n'est pas la
même chose - mais vous vouliez que le conseil d'administration ait le
pouvoir de remplacer un recteur temporairement incapable d'agir. Pourriez-vous
aller plus loin un peu, nous donner les raisons sur lesquelles vous vous
appuyez pour prétendre qu'il appartiendrait au CA de remplacer un
recteur d'université?
Mme Tremblay: Chat échaudé craint l'eau froide.
À Rimouski, nous avons eu à vivre l'expérience, tout
récemment, le siège social nous a imposé une personne,
qu'on ne voulait pas, à l'intérim du rectorat. Cette personne
nous a dit: Je suis prêt à prendre l'intérim, je ne serai
pas candidat. La première nouvelle qu'on a eue, c'était le seul
candidat. Il y a comme des choses qui fonctionnent mal. Quant tu es en
intérim, tu ne devrais pas avoir le droit de te porter candidat, parce
qu'assurer l'intérim, c'est très discriminatoire pour ceux qui,
ensuite, se présentent vierges dans la fonction. Tu a été
un an là, tu sais comment la job fonctionne. Tu dis non, c'est bien plus
facile. On connaissait les gens qui étaient en place, on savait comment
cela fonctionnait, et on disait: On ne veut pas cette personne. Ils l'ont
nommée quand même. Je n'aime pas cela. Comme membre d'un CA,
à l'âge que j'ai, avec l'expérience que j'ai, me faire
traiter en minus comme cela, je n'aime pas cela.
M. Gendron: C'est une situation particulière. Mme
Tremblay, si vous réclamez que le conseil d'administration ait la
capacité de remplacer un recteur temporairement incapable d'agir, il me
semble que vous devriez être logique et demander que, dorénavant,
les recteurs soient nommés par les constituantes elles-mêmes. Cela
ne me fait rien, c'est à vous que j'adresse les questions. Est-ce que
vous seriez d'accord pour que les constituantes aient la responsabilité
de la nomination des recteurs? Encore là, on ne peut avoir deux
discours. Si on remplace temporairement pour incapacité d'agir, je pense
qu'un organisme est en mesure de remplacer quand il est en mesure de nommer.
S'il n'est pas en mesure de nommer, il ne doit pas avoir plus la
responsabilité de remplacer. Quel est votre point de vue?
Mme Tremblay: Vous avez tout à fait raison sur la
cohérence que je dois exprimer dans mon discours. Mais vous savez, j'ai
aussi l'expérience d'une famille nombreuse. Si tous les enfants
demandent la même chose en même temps, le père de famille ne
peut la donner à personne. L'UQAM veut sont autonomie, laissons-lui, et
ensuite ce sera une deuxième qui arrivera, ce sera
Trois-Rivières, c'est la plus grosse. Elle dira ensuite: Maintenant
c'est à notre tour. Notre tour finira par arriver, mais je pense que
l'UQ ne peut se nommer de président, mais on vient de lui donner le
pouvoir de se nommer un président par intérim en cas
d'incapacité d'agir. La seule chose, c'est qu'il serait peut-être
important qu'on définisse l'incapacité d'agir, parce que ce peut
être relatif. Je pense que nous, parallèlement, on peut avoir le
même pouvoir. On n'a pas le pouvoir de nommer notre recteur mais on
pourrait avoir le pouvoir de nommer celui qui est là par
intérim.
M. Gendron: Une dernière question en ce qui me concerne.
Vous avez dans votre mémoire, à plusieurs égards,
correctement selon mon point de vue, manifesté des réserves, des
craintes. Puisque j'aurai à faire une évaluation des points de
vue qui ont été exprimés ici en commission, la question
est la suivante: Concernant l'ancien projet de loi par rapport au projet de loi
63, compte tenu que vous avez des réticences, est-ce que vous
préférez la loi actuelle ou la loi en devenir, le projet de loi
63?
Mme Tremblay: Je préfère le statu quo, avec un seul
amendement, l'article 40 je crois, donner le statut à l'UQAM. Le reste
m'apparaît prématuré, parce qu'il faudrait poursuivre la
réflexion.
M. Gendron: Merci. Le Président (M. Baril): M. le
ministre. M. Ryan: il me reste à vous remercier... Mme Tremblay: Cela
nous fait plaisir.
M. Ryan: ...non seulement des idées que vous nous avez
apportées au cours de cette discussion, mais de l'intérêt
que vous avez porté au travail de la commission depuis hier. Nous allons
continuer à travailler en collaboration avec tous les organismes
intéressés parce que nous voulons que la loi soit un instrument
au service de ceux qui travaillent à l'Université du
Québec et au sein de ses constituantes.
J'ajoute un bref commentaire, si vous me le permettez, au sujet de ces
nominations que fait le gouvernement. Parfois, j'écoute des choses et je
suis un petit peu étonné parce qu'il me semble qu'il n'y a aucune
autorité qui soit plus habilitée que le gouvernement élu
par la population pour désigner des personnes à des postes de
gestion d'organismes publics. Je ne vois aucune espèce de malaise, de
contradiction ou d'hérésie là-dedans. Je trouve que c'est
quelque chose qui est tout à fait sain. Maintenant, que cela doive
s'entourer de procédures de consultations sérieuses, nous le
reconnaissons volontiers. Mme Tremblay nous a donné un portrait
très intéressant, présentant l'autre côté
d'un tableau qu'on voulait peut-être un peu trop idyllique du
côté de l'Opposition. Je pense qu'il est bon de voir ce
côté du tableau aussi. Du côté du gouvernement, le
député d'Abitibi-Ouest a cité un exemple exceptionnel, je
le souhaite, qui s'est produit dans un secteur autre que l'éducation.
Remarquez qu'il n'a pas trouvé d'exemple dans le secteur de
l'éducation. Ha, ha, ha!
M. Gendron: J'en ai cité un pour pouvoir en finir
là-dessus. Je pourrais filer jusqu'à 18 heures et j'en aurais
trouvé en éducation aussi.
M. Ryan: Nous procédons à des nominations dans les
conseils d'administration des cégeps à longueur d'années.
Nous en nommons continuellement. Moi-même, je signe continuellement des
lettres dans lesquelles je demande à des organismes du milieu de fournir
des suggestions. Nous avons des listes pour chaque cégep qui sont
établies, d'ailleurs, en consultation avec les cégeps. Nous en
nommons assez souvent dans les commissions scolaires aussi quand arrive une
vacance à laquelle on ne peut pas pourvoir par les voies de
l'élection. Il incombe au ministre de procéder à des
nominations. Nous le faisons également au meilleur de notre jugement.
Mais je pense que notre jugement est aussi bon que celui de n'importe qui, en
tout cas, et notre mandat est plus fort que celui de n'importe qui. Cela fait
deux prises, pas de balle encore.
Je suis content de ce que vous avez dit. Je pense bien que la teneur des
discussions que nous avons eues depuis le début des auditions indique
qu'il faut quand même penser à la dimension de consultation et
c'est ce que je retiens. Le nombre, on verra. Je pense qu'on trouvera à
s'accommoder, les variations ne sont pas aussi énormes qu'on peut le
penser, de toute manière. Mais, sur l'idée de consultation et la
manière dont elle peut être le mieux réalisée pour
bien servir les institutions, à ça nous allons
réfléchir sérieusement avec vous tous. Merci.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Mme
Tremblay, je vous remercie beaucoup, M. Roy, et je vous souhaite un bon voyage
de retour. Alors, la commission va suspendre cinq minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 16)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
Je souhaite la bienvenue au Syndicat des professeurs de
l'Université du Québec à Trois-Rivières et
j'aimerais que le porte-parole, M. Gilbert, s'identifie ainsi que vos
invités, s'il vous plaît.
Syndicat des professeurs de l'Université du
Québec à Trois-Rivières
M. Gilbert (Marc-André): Marc-André Gilbert,
président du syndicat. M'accompagnent Mme Colette Baribeau,
secrétaire du syndicat et professeure en science de l'éducation,
de même que M. Paul Langlois, professeur au département de
français et vice-président du syndicat des professeurs.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup.
M. Gilbert: Je désire vous remercier, M. le
Président, M. le ministre et M. le critique officiel de l'Opposition, de
même que ies membres de la commission parlementaire, d'avoir
accepté de nous recevoir pour que nous puissions vous transmettre nos
commentaires concernant le projet de loi 63.
Pour plus de rapidité, nous allons résumer notre
mémoire. M. Langlois nous présentera une première section;
Mme Baribeau, une seconde section et je ferai la clôture de la
présentation avant de procéder à la période de
questions.
M. Langlois (Paul): Ce sera un peu plus long que le SPPUQAR, mais
nous allons quand même essayer de résumer en trois parties. La
première partie concerne la représentation du milieu
socio-économique. Nous aimerions apporter une réflexion sur
quelques points et, s'il y a lieu, recevoir vos commentaires sur les enjeux que
cette représentation soulève. Pour nous, cela représente
une modification assez sérieuse de l'équilibre des pouvoirs. Nous
avons constaté que la place des professeurs était
conséquemment restreinte, ce qui a nécessairement soulevé
des inquiétudes. D'importantes modifications viennent affecter
l'équilibre des pouvoirs au sein du conseil d'administration des
constituantes. Ces modifications viennent altérer la place et
l'influence des professeurs au sein de ces organismes décisionnels et la
répartition du pouvoir entre ces divers groupes qui sont
représentés au conseil. Chez nous particulièrement,
à Trois-Rivières, le conseil d'administration est composé
du recteur, de deux vice-recteurs, celui à l'enseignement et à la
recherche et celui préposé à l'administration et aux
finances. Le conseil est aussi composé de trois professeurs
désignés par le corps professoral, de deux personnes qui sont des
professeurs occupant des fonctions de direction d'enseignement et de direction
de recherche qui sont nommées après consultation du corps
professoral puis viennent s'ajouter deux étudiants, un
représentant du milieu collégial et trois représentants du
milieu des affaires et du travail. Donc, notre conseil à
l'Université du Québec à Trois-Rivières est
formé de quatorze personnes, dont cinq professeurs. Par tradition,
à Trois-Rivières, la fonction de direction d'enseignement et de
direction de recherche est une fonction réservée à un
professeur occupant un poste de direction pédagogique, et ce,
malgré certaines exceptions qui ont eu lieu dans le passé, mais
dans un passé assez lointain. La culture de notre institution a
préservé cette tradition sans doute en raison de la consultation
du corps professoral, source de la représentativité de ses
professeurs qui assument des fonctions d'administration pédagogique. Or,
le projet de ioi, s'il était adopté tel que proposé,
aurait pour effet de changer cette tradition et, par conséquent, de
modifier substantiellement. selon nous, la représentation du corps
professoral au sein du conseil d'administration de l'université.
Le projet propose que, dorénavant, notre conseil soit forme de
quinze membres et qu'il comporte la présence de personnes
exerçant des fonctions de direction pour la nomination desquelles il ne
sera plus nécessaire de consulter seulement le corps professoral. Le
recteur se voit attribuer un pouvoir nominal dans la désignation de ces
personnes. En outre, le projet de loi propose le retrait des vice-recteurs
comme membres d'office du conseil et l'augmentation du nombre de membres
socio-économiques au sein du conseil d'administration.
Les vice-recteurs ne seront plus membres d'office du conseil. Ils seront
remplacés par deux personnes exerçant une fonction de direction,
dont la désignation sera faite par le recteur. Celui-ci détient
donc maintenant un droit de veto sur la présence de deux membres du
conseil d'administration. Cette nouvelle porte d'entrée au conseil
oblige donc le candidat ou la candidate à être en excellents
termes, bien sûr, avec le recteur pour recevoir son aval. Le pouvoir
conféré au recteur augmente donc aux dépens de la
représentation professorale. En vertu de son poste, le recteur acquiert
ainsi un pouvoir et il n'y a plus aucune consultation nécessaire,
obligatoire, du corps professoral. Qui nommera-t-il au CA? Qui occupera un
poste de direction puisque ces deux vice-recteurs ne sont plus présents
d'office?
Avec le retrait des vice-recteurs de la liste officielle des membres du
CA, la tradition de participation des professeurs en poste de direction
établie à Trois-Rivières pourra-t-elle se maintenir? Cela
dépend en bonne partie des personnes que les recteurs seront
portés à nommer. Quant aux préférences des
recteurs, il est tout à fait légitime de penser qu'elles les
inciteront à s'assurer de la présence de leur plus proche
collaborateur avant de sélectionner un simple professeur, toute question
syndicale mise à part.
Il est donc presque certain que le conseil
d'administration de l'UQTR perdra, à la mise en vigueur de la loi
63, deux représentants du corps professoral sans que le statu quo
concernant la présence des administrateurs ne soit affecté.
Voilà donc une façon élégante de faire perdre aux
professeurs de l'université la place qu'ils occupaient au conseil
d'administraiton tout en conservant aux administrateurs leurs
prérogatives actuelles.
À quoi sert de restreindre ainsi la place des professeurs dans
l'administration de l'institution? Les professeurs et les étudiants
transmettent l'esprit universitaire à cette instance
décisionnelle ultime. Réduire leur nombre tendrait-il davantage
à servir les intérêts des administrateurs locaux? A-t-on
réellement vu, dans l'histoire de notre conseil, un vice-recteur prendre
régulièrement le parti des professeurs et des étudiants et
oser, à l'occasion, s'opposer au recteur?
Je voudrais ici aborder rapidement deux questions qui me tiennent
à coeur et qui touchent cette partie de l'exposé. Puisque le
gouvernement a voulu, dans ce projet de loi, en augmentant le nombre de
représentants socio-économiques ou culturels, assurer une
certaine transparence et une meilleure représentativité du
milieu, j'aimerais vous soumettre une proposition très rapide, mais qui
pourrait faire l'objet de commentaires plus tard. Si on veut vraiment s'assurer
de la transparence d'un conseil d'administration, il me semble qu'on devrait
peut-être commencer par inscrire dans la loi que tous les conseils
d'administration, comme d'ailleurs les commissions des études de chaque
constituante, devraient être ouverts au public pour s'assurer qu'il y a
là des personnes de la société, tri-fluvienne dans notre
cas, ou encore même des professeurs, des professionnels, des gens de
l'université qui puissent participer et voir comment cela se
déroule, comme ça se fait dans les conseils de ville, etc. Il
nous semble que ce serait une excellente suggestion. Nous avons essayé
d'avoir cette espèce de transparence, cette ouverture chez nous, et on
est toujours en butte à des décisions qui sont le fait soit des
administrateurs locaux, soit des représentants du milieu
socio-économique, je dirais aussi quelquefois de professeurs, mais
enfin, si c'était inscrit dans la loi, il me semble que nous serions
mieux protégés pour assurer cette transparence.
La seconde question que j'aimerais poser et qui n'apparaît pas
dans le mémoire concerne le rôle du siège social versus
notre université. Il me semble qu'un véritable rôle d'un
siège social pourrait être un rôle de coordination. On dit
que c'est le sien. Mais, pour mieux assumer ce rôle, surtout quand on
sait que l'UQAM aura son statut d'autonomie et que l'UQAM possède
déjà, d'ailleurs, ce qu'on appelle un ombudsman, quant à
nous, à Trois-Rivières, nous souhaiterions, comme petite ou
moyenne université, là où il est peut-être un peu
difficile d'obtenir qu'il y ait un comité comme celui-là de
constitué, que nous puissions inscrire, peut-être dans la loi du
siège social, qu'il y ait un comité d'appel qui puisse entendre -
que ce soit un ombudsman, que ce soit un comité - les plaintes qui
pourraient provenir des membres de l'université qui peuvent souffrir de
certains modes de gestion dans notre université. Voilà. Je laisse
à ma collègue le soin de poursuivre.
Le Président (M. Baril): Mme Baribeau.
Mme Baribeau (Colette): Je vais aborder la question des
représentants du milieu socio-économique au sein des conseils
d'administration. Le projet de loi propose que leur nombre passe de trois
à six. Vous avez pu constater que dans notre mémoire nous n'avons
pas soulevé d'objection quant à l'augmentation de ce nombre et
à la provenance de ces représentants, il semblerait que ce que le
ministre a dit tantôt ouvre une avenue heureuse, et nous espérons
que ça pourra se concrétiser. Cependant, j'aimerais
peut-être porter à votre réflexion certaines balises.
En théorie, les membres des groupes socio-économiques ont
un rôle essentiel au sein des conseils d'administration: celui de
permettre aux administrateurs de mieux tenir compte de la réalité
sociale et économique de la région. Par leur présence et
leur jugement critique, les représentants socio-économiques
devraient donc permettre aux administrateurs d'ajuster le processus
décisionnel en tenant compte de l'information supplémentaire et
de l'analyse critique fournies par ces personnes. Mais, en pratique, ce n'est
pas, hélas, toujours le cas. En effet, généralement - et
je parie ici des petites régions telles que Trois-Rivières - on
possède un bassin limité de ressources qu'on pourrait
cavalièrement appeler le "club des élites
socio-économiques - cela est entre nous. On se réfère, par
ce sobriquet, aux administrateurs cadres des différents organismes d'une
région qui passent en alternance d'un rôle de cadre dans leur
institution à celui de représentant socio-économique dans
une autre. Ils monopolisent ainsi entre eux et à leurs seules fins une
bonne partie des places dans les conseils d'administration. Par exemple, un
directeur général d'un organisme, soit d'un hôpital ou
d'une fondation, devient, pour quelques heures, un représentant
socio-économique d'une université; les représentants
socio-économiques du conseil d'administration du premier organisme
occupent, en réalité, un poste de cadre dans l'autre organisme.
Ce réseau d'échanges constitue rapidement un cercle fermé
où des cadres de différents organismes occupent tour à
tour des postes de représentants socio-économiques des
différents organismes publics de la région.
Jusqu'à ce jour, ceci a eu pour effet, à tout le moins
chez nous, de museler les représentants socio-économiques et de
les rendre très sensibles - pour ne pas dire trop sensibles - aux points
de vue soutenus par les administrateurs de
notre institution. C'est ainsi que ceux qui connaissent bien le milieu
reconnaîtront que les membres socio-économiques ont
généralement tendance à soutenir systématiquement
les positions des administrateurs locaux. Ainsi, on peut penser que
l'accroissement de leur nombre, tel que le propose le projet de loi, viendra
renforcer la mainmise de l'administration sur le conseil. Cependant, on
pourrait penser à des modalités de désignation par le
ministre, qui pourraient peut-être - on a des propositions
là-dessus - venir baliser cette question. (17 h 30)
Au plan de la provenance, je pense que la question a déjà
été abordée tantôt, il y avait déjà
des modifications qui avaient été plus ou moins avancées,
et elles semblaient nous agréer, être plus conformes aux attentes
que nous en avions.
Le Président (M. Baril): M. Gilbert.
M. Gilbert: M. le Président, le troisième
thème que nous désirions développer c'est celui de la
centralisation ou de la subordination engendrée par les
règlements particuliers applicables à chacun des
établissements du réseau de l'Université du Québec
qui étaient proposés dans le projet de loi. Notre
compréhension, à ce stade-ci, si ma mémoire est
fidèle, c'est que le ministre nous a dit, de même que M. Hamel, du
siège social, nous a bien confirmé que telle n'était pas
l'intention du gouvernement, ni tel n'était le souhait du siège
social de procéder par règlement particulier afin de subordonner
les membres du réseau de l'Université du Québec. C'est
avec soulagement que nous avons entendu ces propos fort positifs de la part du
ministre, de même que de M. Hamel. Donc, nous considérons que
lorsque nous lirons le projet définitif, ces questions de
règlements généraux qui ont été
modifiés seront réinstaurés dans le texte de loi.
En conclusion, avant de répondre aux questions, le mémoire
du SPUQTR soutient que le projet de loi, tout en recherchant des objectifs de
coordination et de reconnaissance des particularités locales,
engendrerait ou engendrera, selon les modifications, les amendements qui seront
apportés, des effets qui vont bien au-delà des objectifs
recherchés. Cette démarche aurait pour conséquence
réelle de subordonner chaque établissement aux visions de la
corporation centrale. 0e plus, nous pensons que ce projet de loi arrive
à un moment où de nombreux paramètres qui
détermineront notre avenir sont encore inconnus. Songeons, en premier
lieu, à l'enjeu majeur que constitue la formule de financement du
réseau universitaire québécois, dont les modifications
sont encore inconnues de l'ensemble de la communauté universitaire,
exception faite, bien entendu, des directions d'établissement que le
ministre a rencontrées et lors de rencontres avec la CREPUQ, mais les
syndicats n'ont reçu aucune information concernant la modification de la
formule de financement.
En deuxième lieu, mentionnons l'étude de la tâche du
professeur d'université dont le comité chargé de
déposer un rapport n'a pas encore fait connaître ses
recommandations. Qu'on songe seulement au débat qu'a suscité le
rapport Lacroix. Peut-on considérer les conclusions auxquelles on y
arrivait comme la première pierre dans la mare? Ces deux dossiers ont
des incidences considérables sur notre développement. C'est
pourquoi, dans cette conjoncture, le SPUQTR a recommandé au
gouvernement, considérant ces modifications au fragile équilibre
du pouvoir, de surseoir à tout changement à la Loi sur
l'Université du Québec tant que la nouvelle formule de
financement proposée ne sera pas connue et que l'impact du rapport sur
la tâche des professeurs ne sera pas évalué. Le SPUQTR
souhaite qu'il y ait un élargissement du débat sur ces questions,
débat alimenté par ces nouveaux paramètres. Ensuite
seulement pourrons-nous envisager une modification à la Loi sur
l'Université du Québec.
Le Président (M. Baril): Merci M le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les représentations qui viennent de nous
être soumises. Comme j'ai déjà indiqué des
réponses à des questions exactement semblables en provenance
d'autres groupes qui sont venus nous rencontrer depuis hier, je ne voudrais pas
répéter d'une manière interminable ce qui a
déjà été établi. Je pense bien qu'en ce qui
touche la formation du conseil d'administration des constituantes il sera
difficile de modifier sensiblement ce que nous avons envisagé. J'ai
déjà indiqué que nous ferions une place, ou deux, mais
j'incline plutôt vers une, actuellement, pour les chargés de cours
dans le conseil d'administration. J'ai indiqué qu'en prévoyant la
présence de deux personnes exerçant des fonctions de direction de
l'enseignement et de direction de la recherche, nous trouvons une formule de
substitution à la présence actuelle des vice-recteurs. Nous
trouvions que c'était trop lourd que tous les vice-recteurs fassent
partie automatiquement du conseil d'administration. Ils seront remplacés
par deux personnes exerçant des fonctions de direction d'enseignement ou
de recherche, lesquelles pourront être vice-recteurs ou vice-rectrices ou
pourront ne pas l'être également, mais seront des personnes qui
feront partie de la direction de l'université. C'est l'équipe
qui, avec le recteur, représentera la direction de l'université
au sein du conseil; ensuite, il y aura trois représentants des
professeurs. C'est sûr qu'étant donné que les deux
représentants des personnes exerçant des fonctions de direction
venaient très souvent de sources où on était
syndiqués, ça peut être compris par vous comme une
diminution de la
représentation des professeurs syndiqués. C'est vrai, il y
en aura trois. Mais nous considérons que trois, ça peut faire un
très bon travail à un comité de quinze. En plus, à
la commission pédagogique, les professeurs seront en nombre
également et il y aura des doyens ou des directeurs de module ou
département. Je ne sais pas exactement comment il est formé chez
vous, mais là c'est une commission où les questions proprement
pédagogiques peuvent être abordées par un organisme qui, en
très grande majorité, est formé de professeurs anciens ou
actuels, mais de personnes dont l'essentiel de leur participation à la
vie universitaire a été l'enseignement ou la recherche.
Alors, les représentants socio-économiques ou, comme nous
les appelons plus largement maintenant, les personnes en provenance des milieux
économiques, sociaux ou culturels, je pense qu'on peut avoir une
excellente représentation de ce côté. Nous l'avons
déjà dans l'ensemble. Je réitère ce que j'ai
déjà affirmé, à savoir que nous verrons à ce
que les procédures de consultation établies par le ministre pour
ces nominations relevant du gouvernement permettent d'atteindre les meilleurs
éléments des milieux concernés de manière qu'ils
puissent faire des suggestions valables. Parmi ceux ou celles qui seront
consultés, il y aura évidemment ceux qui oeuvrent au sein de
l'université, lis ne seront pas exclus de cette consultation, bien au
contraire. Je pense qu'il y aura de la marge considérable pour
l'expression de points de vue valables avant que des décisions ne soient
prises par le gouvernement.
Cela dit, je ne pense pas... Regardez, la première proposition
que vous faisiez, le statu quo concernant la représentation des
professeurs, est difficile à accepter pour moi. Le club des petites
élites, je pense que le député d'Artha-baska voudrait
peut-être vous interroger là-dessus. Je vais lui laisser la parole
parce qu'il veut choisir d'autres sujets. Il le fera volontiers, mais c'est
l'élément le plus coloré dans votre présentation.
Je lui laisse le choix de ses questions. Mais il y a quelque chose là
à travailler. Il faut éviter ces petits "family compacts" qu'on a
souvent dans les oeuvres ou les institutions régionales; je pense que
c'est bon que vous nous en préveniez. C'est un défi, je pense,
qu'on est capables de surmonter. Mais, de toute manière, je vais laisser
la parole au député d'Arthabaska à son titre, d'abord, de
membre de la commission de l'éducation, un membre régulier depuis
le début et, deuxièmement, de représentant au sein de
notre groupe de la région qu'est appelée à desservir
l'Université du Québec à Trois-Rivières. Je crois
comprendre que, même si vous êtes davantage concentrés sur
la rive nord, vous ne négligez pas la rive sud et vous n'abandonnez pas
la vocation qui incombe à l'Université du Québec à
Trois-Rivières sur au moins une partie de ce magnifique territoire
situé sur la rive sud et d'où provient le député
d'Arthabaska.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai pas d'objection, sauf
que, en règle générale, à partir du moment
où le ministre a, et c'est son droit le plus strict de le faire,
à faire des commentaires sur le fond, je pense qu'on va devoir appliquer
la règle de l'alternance. Dans son temps de parole, pour ce qui est de
l'équipe ministérielle, si le député d'Arthabaska
veut utiliser le reste du temps de l'équipe ministérielle, c'est
son plein droit. D'aucune façon, je ne veux m'y opposer, mais je pense
que ça appartient, à ce moment-ci, au critique de l'Opposition
officielle d'y aller de ses commentaires.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest, procédez.
M. Gendron: Rapidement, je veux vous remercier, MM. les membres
du Syndicat des professeurs de l'Université du Québec à
Trois-Rivières, d'avoir profité de l'occasion qui vous
était offerte de venir exprimer votre point de vue sur ie projet de loi
63. Vous avez bien fait de reprendre les points forts de votre mémoire.
Rapidement, ce que vous avez indiqué, c'est que vous vous opposez
à ce que la place des professeurs au conseil d'administration soit
restreinte par la nouvelle formulation de l'article 32b. Je suis un peu
étonné que le ministre dise tout de suite qu'il ne peut pas
souscrire. On va essayer de le savoir un peu plus tard. Vous pourrez lui
demander pourquoi il ne peut pas souscrire, parce que ça
m'apparaît logique. Autant j'étais d'accord qu'on ne
systématise pas la présence des quatre vice-recteurs, autant je
suis d'accord que cette formulation disparaisse. Mais je ne vois pas là
d'automatisme de dire: Bon, on va aussi systématiser un affaiblissement
presque garanti de la représentation professorale. C'est un peu ce qui
arrive. Quand on lit comme il faut votre mémoire, c'est ce que vous
dites. En passant, tous les syndicats ont dit à peu près la
même chose à ce sujet. D'autre part, et je vais y revenir en
posant une question, quand on lit votre mémoire entre les lignes, on
constate que vous vous opposez à l'augmentation du nombre de membres
socio-économiques qui pourraient amplifier le pouvoir de
l'administration locale. Vous parlez de copinage et ainsi de suite. Mais on ne
le retrouve pas dans vos recommandations comme tel. Tantôt, je vais vous
poser une question précise. Je fais juste résumer.
Vous voyez, bien sûr, dans les nouvelles formulations des articles
17 et 19, un danger d'ingérence de la corporation centrale et une
subordination des établissements locaux. Je vous dis la même chose
que j'ai dite à tous les autres: Demeurez vigilants. N'attendez pas
qu'il y ait un autre projet de loi. Celui que nous irons étudier en
commission sera celui qu'on est en train de discuter et sur lequel il y a des
consultations. C'est comme cela que ça fonctionne. Mais normalement,
à l'étude article par article, il est possible que le ministre de
l'Éducation, compte
tenu des consultations, annonce qu'il procède à certains
amendements qui iraient dans le sens de la consultation. En ce moment, je dois
demeurer sur la base des textes que nous avons, et je trouve que vous aviez
raison de faire remarquer que, si cela restait tel quel, il y aurait
carrément un danger d'affaiblissement des constituantes par la
capacité du siège social de réglementer plus de choses
qu'au préalable. Je le dis en gros, pour aller vite.
J'ai deux questions. La première porte sur une
représentation des chargés de cours au conseil d'administration.
Vous n'en avez pas parlé. Je n'ai pas vu que vous en aviez parlé
dans votre mémoire. La question est très ouverte: Est-ce que vous
êtes d'accord que les chargés de cours soient tout autant
représentés au conseil d'administration qu'à
l'assemblée des gouverneurs?
M. Gilbert: J'aimerais revenir brièvement sur notre
opposition à l'augmentation du nombre de membres
socio-économiques. En fait, si vous regardez notre recommandation,
à l'article 32, qui se trouve à être la page 10 du
mémoire, vous constaterez que nous sommes en faveur de l'augmentation du
nombre de personnes du secteur socio-économique. Cependant, au
paragraphe e, la formulation que nous vous proposons est de maintenir le
caractère de représentation des gens du milieu
socio-économique. Maintenant, nous croyons que la représentation
des chargés de cours pourrait s'inscrire à l'intérieur du
nombre de six personnes du milieu socio-économique. Donc, si le
gouvernement souhaite y voir la présence des chargés de cours, ce
qui, disons-le entre parenthèses, est en quelque sorte une anomalie dans
notre système universitaire à cause de l'accent absolument
incroyable qui a été placé sur l'utilisation des
chargés de cours, dans le réseau universitaire
québécois, où ils dispensent au-delà de 55 % des
cours au premier cycle, cela nous entraîne inévitablement vers la
demande qui est faite par les chargés de cours. Au moment où nous
nous situons, qu'ils soient intégrés systématiquement par
le gouvernement comme un groupe socio-économique représentatif
des gens de la région, nous n'y voyons aucune objection. Sur cette base,
ils pourraient facilement être inclus à l'intérieur des
six.
Nous avons mentionné le rôle du conseil d'administration et
de sa distance face aux aspects pédagogiques, dans le cadre de ses
activités. Concernant cette question, à l'article 41 du projet de
loi - je ne sais pas si c'est l'article 41 actuel ou si c'est l'ancien article
41 qui se retrouve à l'annexe 1, page 9, où on a un dossier
comparatif de la loi actuelle avec le projet de loi - nous pouvons constater,
à la deuxième phrase de cet article, qu'il est dit que les
règlements doivent être soumis à l'approbation du conseil
d'administration. Et les règlements desquels on parle sont les
règlements qui sont adoptés à la commission des
études. Préten- dre que le conseil d'administration n'a qu'un
rôle d'administrateur pur et simple des finances, par exemple, ce n'est
pas tout à fait juste. Il a un rôle beaucoup plus large qui
déborde des questions administratives et financières. Si le
gouvernement soustrayait de l'article 41 l'obligation pour la commission des
études de faire approuver ses politiques au conseil d'administration,
cela prendrait soin de certaines de nos préoccupations. Maintenant, je
ne sais pas si j'ai répondu entièrement à votre question
concernant le rôle des chargés de cours. (17 h 45)
M. Gendron: Non, je n'ai pas parlé du rôle des
chargés de cours. J'ai posé comme question: Est-ce que vous
souhaiteriez qu'ils soient représentés au conseil
d'administration des constituantes et à l'assemblée des
gouverneurs? Ce n'était pas concernant le rôle des chargés
de cours, c'était uniquement concernant leur présence.
M. Gilbert: Concernant leur place.
M. Gendron: Et vous m'avez répondu que vous étiez
d'accord, mais dans le bloc des six représentants
socio-économiques
M. Gilbert: C'est ça.
M. Gendron: Ça va. Deuxième question: Un de vos
collègues a suggéré tantôt que ce serait
peut-être intéressant de mettre dans la loi l'obligation pour les
constituantes, par leur conseil d'administration, de permettre à un
citoyen, quel qu'il soit, d'assister aux délibérations et aux
décisions des conseils d'administration. Je n'ai pas de réticence
à ça, je ne trouve pas ça... Autrement dit, je suis
très ouvert à ça. Je pose la question: Est-ce que vous ne
croyez pas que pour être capable de le justifier davantage auprès
du législateur, à ce moment-là, ça prendrait dans
la loi, obligatoirement, la ratification des candidatures par le milieu? C'est
l'université qui organiserait la consultation, et les gens seraient
répondants du milieu. Et il me semble que quand tu es répondant
du milieu, surtout qu'on a donné l'exemple des conseils de ville... Les
conseils de ville, ce n'est pas le gouvernement qui les nomme, et je trouve
ça légitime. Mais je suis "payeur de taxes" et je veux savoir
comment se comporte mon conseiller, je veux lui voir la fraise de temps en
temps en action, dans le mandat que je lui ai donné. Il me semble que
vous devriez être très logiques, et je voudrais vous entendre
là-dessus: Est-ce que vous croyez que mon point de vue pour exiger,
éventuellement, de mettre dans la loi l'obligation de rendre publiques
les séances du conseil d'administration, ça va avec la logique
que les représentants, à tout le moins du milieu
socio-économique, soient désignés ou du moins proviennent
du milieu qui organise la consultation et qui dit: Voici les noms qu'on pense
que le ministre doit ratifier? Moi, que le ministre
ratifie les noms, c'est sérieux, une université, c'est
sérieux, une constituante, c'est l'institut de haut savoir dans la
région, ça ne me fait rien que le ministre donne sa
bénédiction, ça permettrait probablement au conseil
d'administration d'être meilleur, plus efficace, plus en état de
grâce. Moi, je prétends que ça appartient au milieu de
s'occuper de ça. Comment faites-vous le lien entre les deux notions?
M. Gilbert: Votre question comporte effectivement deux volets: un
volet concernant l'ouverture des débats des conseils d'administration,
c'est-à-dire les rendre publics; et le second volet, celui de la
désignation des membres du milieu socio-économique. Donc, comme
Paul Langlois et Colette Baribeau ont tous les deux traité de la
question, je les inviterais à vous faire des commentaires.
M. Langlois: D'abord, si les représentants du milieu
socio-économique ou culturel sont choisis à même une liste
de personnes suggérées par des organismes et qu'ils sont ensuite
nommés par le ministre, il faut considérer que ces personnes
devraient pouvoir rendre des comptes soit, en effet, à l'organisme qui
les a suggérées, soit au ministre. Or, à l'heure actuelle,
dans la loi tout au moins, et de la façon que ça se passe avec
les représentants socio-économiques dans nos conseils
d'administration, il n'y a de compte à rendre nulle part. Cela, je pense
que c'est une lacune assez sérieuse. Ce n'est peut-être pas
toujours facile de rendre des comptes au ministre mais, à tout le moins,
ce serait plus facile si on ouvrait les délibérations pour que
les représentants des organismes qui délèguent ces
représentants socio-économiques puissent y assister; mais il y a
aussi, derrière cette idée, chez nous, cette espèce de
sens démocratique et d'information de la population que nous voudrions
développer et nous savons fort bien que ce serait davantage une
population universitaire, peut-être de professeurs, de chargés de
cours ou de personnes qui oeuvrent à l'université, qui
s'intéresserait davantage aux délibérations et à ce
qui se passe. Ne serait-ce que cela aussi, je pense que ce serait assez
important d'intéresser les gens aux grandes questions qui sont
débattues au conseil d'administration.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président, de m'accorder ce
pouvoir...
M. Gilbert: M. le Président, je m'excuse. Le Président
(M. Baril): Oui.
M. Gilbert: La question de M. Gendron comportait deux volets. Le
premier volet portait sur l'aspect de rendre les débats publics et
l'autre volet, sur la représentation des membres
socio-économiques et leur mode de désignation. J'aimerais inviter
Mme Baribeau à nous donner des détails
supplémentaires.
Mme Baribeau: C'est quand même important, les modes de
désignation, l'ensemble des procédures qui sont mises en place
pour désigner les personnes, c'est-à-dire, premièrement,
les identifier. De quel regroupement parie-t-on? On dit que ce sont des
regroupements. Je pense que cette identification des regroupements
concernés devrait être ouverte. On devrait savoir qui sera
consulté, si ces listes seront données, s'il y aura un appel de
candidatures à ces organismes et quel est l'établissement de
cette liste; elle peut être publiée, elle peut être ouverte,
on peut en ajouter. Il y a quelque chose de très important aussi dans
les appels de candidature, soit que les délais soient raisonnables,
qu'un organisme n'ait pas deux jours pour déléguer quelqu'un,
qu'il puisse y penser un peu d'avance. On devrait aussi statuer sur les
critères de sélection de ces personnes qui seront reconnues. Le
ministre faisait mention que le fait que la personne soit un ancien de
l'institution pourrait être un des critères reconnus de
sélection. Qu'ils soient désignés par le ministre, c'est
une chose, mais qu'ils aient un mandat et qu'ils doivent en faire rapport au
ministre, ce serait une perspective très intéressante aussi.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Je peux?
Le Président (M. Baril): Allez! Allez!
M. Gardner: Merci, M. le Président. Très
brièvement, je veux d'abord excuser M. le ministre qui a dû partir
pour le Conseil des ministres, mais avant de partir il m'a mis sur la bonne
piste. Il a parlé du club des petites élites. J'ai
été un petit peu déçu de voir, parce que vous
couvrez toute la région 04, y compris la région de Victoriaville,
que vous mentionniez que le bassin n'était peut-être pas tellement
fort. Pourtant, nous avons fourni à l'UQTR de très bonnes
personnalités. Est-ce que vous pouvez me parler du bassin? Pourquoi
dites-vous qu'il n'est pas tellement intéressant? Précisez-moi
donc cela.
M. Gilbert: Ce que nous tentons de vous transmettre, c'est qu'il
semble y avoir dans la détermination des membres
socio-économiques un vice dans le système qui fait en sorte que
ces gens qui siègent au conseil d'administration ont une tendance
parfois trop naturelle à donner leur appui à notre administration
locale. Le rôle des membres socio-économiques est de mettre
l'administration locale d'un organisme public sur la piste ou sur la voie, de
Venraciner dans le milieu
régional et non pas de se complaire à lui faire des
courbettes. Nous croyons que dans cette perspective il y a, dans le processus
qui a été utilisé jusqu'à maintenant et qui
devrait, à notre avis, subir peut-être quelques changements, une
façon de faire qui a engendré un peu trop de complaisance de la
part des membres socio-économiques dans certaines circonstances.
M. Gardner: Un socio-économique qui arrive dans un conseil
d'administration, je le vois un petit peu comme le député qui
arrive à Québec la première fois. Vous qui êtes
là depuis longtemps, vous êtes professeur, vous êtes membre
du CA depuis quelque temps, est-ce que vous accueillez vraiment les membres
socio-économiques pour qu'ils soient un peu de votre bord ou est-ce que
vous devez faire du lobbying, je suppose, auprès de ces gens? Non, il
n'y a pas que le recteur qui fasse ce lobbying, je pense.
M. Gilbert: Jusqu'à maintenant, les membres
socio-économiques ont été relativement
préservés de l'influence des professeurs ou des syndicats. On a
bien vu que notre administration locale savait entourer les
représentants socio-économiques, les informer au préalable
des dossiers et de ses préoccupations particulières et, bien
entendu, comme ils sont là à temps plein pour traiter de ces
questions, ils y arrivent avec un certain succès.
Maintenant, l'autre aspect de la question, c'est qu'il faut constater
qui est parfois recruté à titre de membre
socio-économique. Bien sûr, lorsqu'un cadre d'entreprise ou un
membre d'organisme public aura dans son conseil d'administration un
représentant du conseil d'administration de notre université
à son tour, cela engendrera un système où l'on pourrait
dire: Tu ne fais pas de vagues ici, je ne ferai pas de vagues chez vous. De
cette façon, l'esprit critique et d'influence qui devrait être
celui des membres socio-économiques ne serait pas toujours
préservé.
M. Gardner: Vous me permettrez une remarque sur une partie de
votre rapport. Vous avez mentionné "simple professeur", et vous l'avez
mis entre guillemets, heureusement: le recteur qui ne choisirait pas un "simple
professeur". Ça me surpend, d'entendre cela de professeurs
d'université; c'est vrai que j'étais un simple professeur du
secondaire. Vous avez donc peur du recteur! J'ai noté cela. Est-ce que
c'est une vraie peur?
M. Gilbert: Selon la nouvelle répartition du pouvoir,
telle que proposée par la loi, on nous propose six membres
socio-économiques, un représentant du milieu collégial -
cela fait donc sept - et trois personnes désignées par le
recteur, c'est-à-dire le recteur lui-même et deux personnes qu'il
nomme. Donc, on parle de sept plus trois, on est rendu à dix sur quinze,
deux étudiants et trois professeurs. Alors, les dés sont
jetés dès maintenant. Si le mode de désignation des
représentants socio-économiques n'est pas modifié, c'est
le contrôle et la mainmise absolus de l'administration locale sur le
conseil d'administration. Alors que le gouvernement souhaite, et c'est un voeu
que je trouve un peu pieux, que les conseils d'administration soient plus
critiques et mieux enracinés dans la région, l'objectif Inverse
sera atteint et ce sera une mainmise encore plus grande des administrateurs
locaux sur le conseil d'administration.
M. Gardner: J'aurais une question, en terminant, parce que c'est
quand même dans ma région. Quand, à Victoriaville entre
autres, vous enlevez certains cours, etc., est-ce que la décision est
prise par le conseil d'administration de Trois-Rivières ou par
l'Université du Québec?
M. Gilbert: Je vous dirais...
M. Gardner: Quand il y a des compressions budgétaires qui
font que Victoriaville est moins desservie par votre université...
M. Gilbert: La décision est prise dans cette salle
même, c'est-à-dire que vous prenez la décision de ne pas
offrir de services en région en réduisant dramatiquement les
budgets des universités, comme on l'a fait au cours des dernières
années.
M. Gardner: Alors, je n'aurais peut-être pas dû poser
la question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gardner: M. le Président, j'aimerais vous remercier et
remercier les gens de l'Université du Québec au nom de notre
formation. Merci.
Le Président (M. Baril): Je tiens à remercier le
Syndicat des professeurs de l'Université du Québec à
Trois-Rivières et lui souhaiter un bon voyage de retour. M. Gilbert.
M. Gilbert: Je vous remercie. J'aurais un dernier
commentaire...
Le Président (M. Baril): Vous avez une minute.
M. Gilbert: il s'agit d'une question que nous n'avons pas
touchée dans notre mémoire, et cela concerne la demande de l'UQAM
d'un statut particulier d'université associée. Ce matin, j'ai
bien entendu les commentaires de M. Corbo, qui nous disait qu'à
l'intérieur de l'Université du Québec, en raison de la
formule de financement, l'UQAM était sous-financée et que ce
sous-financement causait des problèmes. Bien que nous sachions combien
nous sommes sous-financés, nous, du réseau universitaire
québécois - et je
n'ai pas à vous en faire la démonstration, quoique je
pourrais vous la faire pour les besoins de la cause, mais nous y reviendrons
sûrement... Le recteur de l'UQAM nous disait que son université
était sous-financée à l'intérieur du
système. Il y a, d'autre part, une lettre signée par MM. Corbo et
Boulet, de l'Université du Québec, disant que l'université
s'engageait, et je le mentionne pour notre député, à
attribuer à l'UQAM sa pleine demande de financement, c'est-à-dire
de financer l'UQAM de la même façon que serait financée
l'Université de Montréal ou l'Université Laval, selon la
formule de financement qui est appelée à être
modifiée. Alors, dans une telle circonstance, la question que j'aimerais
vous poser est la suivante: Si l'enveloppe financière, la grandeur de la
tarte, attribuée à l'Université du Québec est
relativement fermée et partagée entre nous d'une certaine
façon, pour le moment, si l'UQAM requiert une part plus grande de pointe
de tarte, je voudrais savoir comment les constituantes locales n'auront pas
à subventionner l'UQAM, dans une telle perspective.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Gilbert. Je suis
persuadé que M. le ministre pourra répondre à cette
question demain. Alors, la commission ajourne les travaux jusqu'au jeudi matin
6 avril à 10 heures. Je tiens à rappeler à la commission
que nous allons changer de salle, ce sera la salle Louis-Joseph-Papineau. Merci
beaucoup. Bonsoir.
(Fin de la séance à 18 h 1)