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(Dix heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Laporte): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Je vous rappellerai brièvement
que le mandat de la commission est de procéder à des
consultations particulières dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 63, Loi modifiant la Loi sur
l'Université du Québec.
M. le Secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Latulippe,
député de Chambly, remplace M. Hamel, député de
Sherbrooke, et M. Laporte, député de Sainte-Marie, remplace M.
Parent, député de Sauvé. Merci.
Le Président (M. Laporte): Merci. Nous entendrons
aujourd'hui quatre groupes dont deux ce matin et deux cet après-midi. Ce
matin, nous accueillons l'Inter-syndicale des professeurs des
universités québécoises et la Fédération des
associations de professeurs des universités du Québec. Cet
après-midi, nous recevrons le Syndicat canadien de la fonction publique
et la Centrale de l'enseignement du Québec.
Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires?
Une voix:...
Le Président (M. Laporte): Merci bien. Donc, j'inviterais
les représentants de l'Intersyndicale des professeurs des
universités québécoises à prendre place. M.
Benoît Beaucage en est le président, M. Roland Ouellet, le
vice-président, et M. Michel Poisson, le
secrétaire-trésorier.
Je voudrais aussi vous rappeler brièvement les règles qui
régissent les travaux, même si, je crois, vous êtes
familiers avec elles. Vous avez de 15 à 20 minutes pour présenter
votre mémoire et, par la suite, il y aura une discussion avec les
parlementaires pour une période totale de 60 minutes.
Pour les fins de la transcription des débats, je vous demanderais
de bien vouloir vous identifier et de faire la présentation de votre
mémoire. Je vous remercie.
IPUQ
M. Beaucage (Benoît): D'accord. Je suis Benoît
Beaucage, président de l'IPUQ. J'aurais d'abord une remarque
préliminaire à faire. Il y a une petite coquille dans notre
texte: les professeurs du syndicat de l'Université du Québec
à Trois-Rivières sont aussi membres de l'IPUQ. Ils m'ont
d'ailleurs reproché cette omission ce matin.
Je tiens à m'en excuser ici.
Le sens de notre démarche: l'Intersyndicale a
étudié le projet de loi 63 et formule à son endroit un
certain nombre de remarques et de questions. Je laisserai de côté
ici l'historique compris dans le mémoire. C'était plutôt un
outil, pour nous aussi, afin de replacer la loi 63 dans le contexte des efforts
accomplis par le gouvernement, ces dernières années, en
matière de réorganisation et de financement des
universités.
Si vous le permettez, j'irai au coeur du mémoire, à la
page 5, où il est question d'un certain nombre de points que nous
soulevons sur le projet de loi proprement dit: Modification à l'article
4 de la loi actuelle. On réserve au siège social le pouvoir
d'Hadopter des programmes d'études et une nomenclature des
grades, diplômes et certificats universitaires". L'IPUQ trouve que cette
modification change la nature d'une disposition réglementaire qui
existait auparavant dans les règlements généraux de
l'Université du Québec. Cela nous semble important puisque,
autrefois, c'était précisé dans la réglementation;
il existait une possibilité conjointe, à îa fois pour les
constituantes et le siège social d'avoir de l'initiative en
matière de programmation. Ce n'est pas strictement exclu dans ce qui est
proposé ici, mais, dans le règlement, autrefois, c'était
précisé et cela nous semble important.
Modification à l'article 7 de la loi actuelle: composition de
l'assemblée des gouverneurs. Alors, il y a deux modifications qui nous
apparaissent essentielles. La première concerne l'exclusion des
vice-présidents. Nous les laisserons eux-mêmes faire leur propre
représentation. La seconde consiste en l'augmentation massive des
socio-économiques, chose que nous contestons pour divers motifs dont
nous serons heureux de discuter avec vous durant la période de
discussions et de questions.
Modification aux articles 17 et 19 de la loi actuelle, à la page
6. C'est l'histoire des règlements généraux de
i'Université du Québec qui semblent disparaître. On trouve
ça extrêmement dommageable. Il se peut que ce soit une mauvaise
formulation du texte. Cela s'est déjà vu et cela peut se voir
encore, j'imagine. S'il s'agit tout simplement de prévoir le cas de
l'UQAM, je pense qu'il existe des formulations plus habiles pour dire cette
chose. On veut surtout éviter que chacune des constituantes, à
terme, se retrouve entourée d'une réglementation qui lui soit
propre; une constituante se voyant interdire les études graduées,
une autre se voyant interdire tel autre type de choses. Donc, nous croyons que
les règlements généraux doivent continuer à
exister.
Modification aux articles 28, 32, 33, 34, 35, 37 et 38. Ces articles
concernent les unités constituantes et les modifications
proposées concernent deux sujets: d'abord, l'augmentation
du nombre des socio-économiques. Alors, nous aurons aussi
à discuter avec vous, durrant la période suivante sur ce qui fait
que, selon un certain nombre de principes que nous avons, nous nous opposons
à cette majoration des socio-économiques. D'autre part, en ce qui
concerne le petit article 38. 1, nous suggérons plutôt qu'en cas
d'incapacité du recteur, ce soit le conseil c administration local qui
lui désigne un remplaçant intérimaire parce que c'est une
solution qui est à la fois plus pratique et plus
déférente. Plus pratique, parce que les membres du conseil se
connaissent mieux et, plus déférente, parce que c'est comme
placer, dans une certaine mesure, le conseil d'administration sous une tutelle
supplémentaire.
Modification aux articles 40, 41, 42 et 43. Nous sommes d'accord avec le
nouveau statut d'université associée de l'UQAM, mais nous avons
quelques petites questions qui nous semblent très importantes. Il
existe, à l'intérieur du réseau, nous dit-on parce que
certaines des procédures utilisées sont pratiquement des secrets
inquisito-riaux. Je pense à la formule de répartition du budget
de l'UQ entre les diverses constituantes dont même M. le ministre avouait
ignorer le mode de fonctionnement dans une lettre du printemps dernier. Je ne
sais pas s'il a eu une réponse depuis, mais pas nous. Donc, deux
questions sont importantes là-dedans. Qui va payer pour la
péréquation dans le réseau, c'est-à-dire pour les
coûts différenciés qu'il y a entre le fait de donner un
cours à Rimouski et d'en donner un...
Des voix: Continuez.
M. Beaucage: J'ai l'habitude d'être un professeur
sévère.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: il ne devait pas avoir beaucoup d'autorité dans
sa classe, lui.
M. Beaucage: Moi, je l'aurais rappelé à
l'ordre.
M. Gendron: Vous auriez dû le faire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beaucage: Ce n'est pas mon privilège.
M. Gendron: C'est avec la discipline que j'avais le moins de
problème pendant les douze années où j'ai
été enseignant.
M. Beaucage: Ah bon! M. Gendron: Je m'excuse.
M. Ryan: Vous étiez toujours à côté du
sujet.
M. Gendron: Je m'excuse, je n'ai pas donné l'exemple.
M. Beaucage: Nous en reparlerons. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Laporte): Nous nous réserverons
une période, à la fin de votre intervention, pour cet
échange de points de vue. Je vous permets de continuer.
M. Beaucage: Merci. Il y a donc deux questions qui nous semblent
très importantes là dedans. Comme nous savons que les coûts
sont différenciés, par exemple, entre le fait de donnerun cours en plein coeur du centre-ville Montréal et d'en donner en
Abitibi-Témiscamingue, à Rimouski ou ailleurs, on se dit: Qui va
assurer la péréquation du réseau, une fois que l'UQAM et,
avec les ordinateur son immense - si vous me permettez l'expression pointe de
tarte dans l'ensemble du budget, soit près de 40 % du budget
général de l'UQ... Alors, qui va payer la
péréquation, si elle existe? On est encore dans un état...
D'autre part, qui va payer pour le siège social sur lequel nous nous
interrogeons beaucoup et sur lequel nous aimerions aussi discuter, bien
entendu?
Après ce survol critique des principaux éléments
contenus dans le projet de loi 63, l'IPUQ tient à formuler devant cette
commission quelques remarques d'ordre plus général oui donneront
un sens à ses recommandations. Nous considérons - je suis
à la page 8 - que le réseau de l'Université du
Québec, c'est-à-dire son siège social, ses
universités constituantes et ses autres unités, a atteint, en 20
ans, une grande maturité dont l'environnement législatif et
réglementaire se doit de tenir compte. Les diverses composantes du
réseau ont bâti de toutes pièces un très large
éventail de programmes qui permettent à près de 80 000
étudiants, chaque année, d'avoir accès à un
enseignement de qualité, et cela, à l'étendue du
territoire québécois. Les distances étant ce qu'elles
sont, ce développement s'est accompagné de la constitution, dans
les universités constituantes, d'une masse critique importante de
ressources humaines. Il apparaît donc à l'IPUQ que le renforcement
des pouvoirs du siège social, dont nous avons donné quelques
exemples plus haut - et dont nous reparlerons, bien entendu - va tout à
fait à l'encontre des intérêts bien compris du
développement du réseau universitaire québécois.
Les universités constituantes ont, à la fois, les ressources
humaines et la volonté d'assurer leur progrès et leur
rayonnement. Pourquoi, dans ces circonstances, leur instituer de nouvelles
servitudes? Que le siège social coordonne, certes, mais pourquoi lui
donner des attributs de corporation centrale?
L'IPUQ considère qu'actuellement, les diverses catégories
de personnels qui oeuvrent
dans le réseau, y compris les professeurs, sont insuffisamment
représentées dans les instances dirigeantes que sont
l'assemblée des gouverneurs et les conseils d'administration locaux.
S'il importe d'augmenter le nombre de membres de ces instances, nous ne croyons
pas qu'il faille le faire au profit des socio-économiques dont le
degré de représentativité nous apparaît bien faible.
De plus, sans vouloir offenser qui que ce soit, nous considérons que la
latitude laissée au gouvernement et au ministre dans le choix des
représentants sociaux pourrait mettre en péril, à terme,
l'autonomie nécessaire de l'institution universitaire, garantie
indispensable à l'expression de la liberté académique.
L'IPUQ ne rédame pas de surseoir à l'adoption du projet de
loi 63. Nous croyons que les principaux intéressés ont pu
être entendus - comme c'est notre cas - s'ils l'ont souhaité.
Mais, plutôt que de voir augmenter les pouvoirs du siège social et
se diluer la représentation des personnels aux instances, nous
préférons, sur ces questions, le statu quo de l'actuelle loi.
Quant au statut d'université associée de l'UQAM, nous
avons déjà exprimé notre accord sur cette question, tout
en formulant des inquiétudes quant aux conséquences
financières encore inconnues qui pourraient en découler.
Je vous remercie de votre attention. J'ai fait ressortir ici, mais c'est
peut-être inutile, les sept questions qui apparaissent dans notre
mémoire. Je ne sais pas si nous aurons les mêmes.
Question un: Pourquoi réserver au siège social un attribut
de corporation centrale, à savoir pour l'adoption des programmes, alors
que la réglementation antérieure prévoyait des espaces
conjoints entre les unités constituantes et le siège social?
Question deux: Pourquoi augmenter de manière aussi importante le
nombre des socio-économiques? Au nom de quel principe et selon quelles
modalités?
Question trois: Pourquoi remplacer les règlements
généraux par des règlements particuliers à chaque
constituante?
Question quatre - qui ressemble beaucoup à la question deux - :
Pourquoi augmenter le nombre des socio-économiques dans les conseils
d'administration?
Question cinq: Pourquoi ne pas laisser les conseils d'administration
locaux nommer le remplaçant du recteur en cas d'incapacité de
celui-ci?
Question six - il me fait plaisir de dire ceci, pour citer MM. Duplessis
et Corbo - : Puisque l'UQAM veut reprendre tout son butin, qui va payer pour le
siège social?
Dernière question: Comment va s'effectuer la
péréquation dans le réseau, s'il y en a une, parce qu'on
est encore au chapitre des informations, bien entendu? Et là, je vous
remercie vraiment.
Le Président (M. Laporte): Nous vous remercions pour votre
présentation. Nous allons maintenant procéder aux discussions. M.
le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je suis très heureux de
saluer les personnes qui représentent l'Intersyndicale des professeurs
des universités québécoises à la commission, ce
matin. J'ai vivement apprécié le ton tout à fait
fonctionnel du mémoire qui nous a été
présenté. Je pense que le plus beau compliment que je puisse vous
en faire c'est d'aborder tout de suite la discussion avec les questions que
vous nous avez adressées. Étant donné le temps
plutôt limité dont nous disposons, il ne faudrait pas l'employer
à des considérations générales qui pourraient
satisfaire notre ego, sans nous conduire à aucun éclairage
additionnel.
Je commence tout de suite au début. Je ne prendrai pas
nécessairement les questions dans l'ordre où vous les avez
posées à la fin, mais plutôt dans l'ordre où vous
les avez soulevées dans votre mémoire, ce qui nous amènera
sûrement à une convergence ultime.
Vous parlez de la modification que nous faisons à l'article 4
concernant le pouvoir d'adopter des programmes. Je ne sais si vous avez
remarqué, mais il y a une anomalie, dans la Loi sur l'Université
du Québec, il n'est pas question des programmes. Tout ça, c'est
fait seulement dans les règlements. Il fallait bien inscrire quelque
part clairement dans la loi le pouvoir qui revient à l'Université
du Québec d'approuver des programmes pour l'ensemble du
réseau.
Cela ne veut pas dire que l'article qui est dans le règlement
devrait disparaître. J'ai été très heureux que vous
souligniez la capacité d'initiative qui peut émaner d'un
côté comme de l'autre en ces matières. J'espère bien
que ce sera préservé et je vous suis reconnaissant de l'avoir
signalé.
Est-ce que ça pourrait être inscrit dans la loi?
Peut-être. On va le regarder. C'est un point très pertinent que
vous soulevez. Je ne voudrais pas que ça se fasse uniquement de haut en
bas, vous pouvez en être sûrs.
M. Beaucage: Ce que je veux vous dire, c'est que quand nous avons
lu le projet de loi 63 nous avons dû le lire dans son ensemble, y compris
avec la suppression des règlements généraux. Or, l'article
que je vous ai cité en était un des règlements
généraux.
M. Ryan: C'est là que vous imputiez peut-être
à l'Université du Québec des intentions qu'elle n'avait
point. Il aurait plutôt fallu blâmer le législateur d'avoir
peut-être formulé sa première rédaction...
M. Beaucage: Je ne veux blâmer personne.
M. Ryan:... d'une manière incomplète ou dangereuse.
C'est pour ça qu'on tient une commission parlementaire, pour corriger
les faiblesses passagères que nous avons pu avoir afin de pouvoir nous
présenter devant la population avec un dossier vierge.
Par conséquent, de ce côté, je pense que vous avez
soulevé un point très pertinent dont j'ai pris note et auquel
nous essaierons d'apporter des éléments de réponse. Si ce
n'est pas dans le texte législatif lui-même, je vous assure que je
veillerai, dans les rencontres que j'aurai avec l'Université du
Québec, à connaître ses intentions concernant le
règlement qu'on connaît actuellement, de manière qu'on n'en
perde pas l'esprit. Cela va?
Deuxièmement, en ce qui concerne la composition, je prendrai
autant l'assemblée des gouverneurs que les conseils d'administration,
parce que les principes sont les mêmes, la volonté du gouvernement
est de faire en sorte que la représentation de la communauté plus
large soft plus forte qu'elle ne l'était. Nous avons constaté
que, quand il y a seulement trois personnes en provenance de la
communauté plus large, elles sont un peu noyées dans l'ensemble
des personnes qui sont beaucoup plus familières avec les dossiers
qu'elles, parce qu'elles y sont à longueur de journée. Nous
voulons qu'il y ait une représentation à la fois plus forte et
plus diversifiée, afin que se crée une sorte de communauté
d'intérêts dans l'ensemble du milieu, autour des affaires de
l'université, dont cela sera un mode d'expression. Il pourrait y en
avoir bien d'autres aussi.
Nous maintenons donc la représentation extérieure qui
sera, finalement, d'après les calculs que j'ai faits moi, autour de 30
%.
M. Beaucage: Je ne voudrais...
M. Ryan: Si vous considérez le cégep comme
extérieur à l'université, j'ai un petit désaccord
avec vous, parce qu'il est au moins dans le portique. Je ne le considère
pas comme un corps étranger, loin de là.
M. Beaucage: Faites-vous le tour des questions? Je ne sais pas.
Est-ce qu'on peut répondre à chacune des questions? Je ne sais
pas comment vous préférez...
M. Ryan: C'est libre au président. Moi, je suis à
la merci du président dans ces choses.
Celui-ci est un peu autoritaire, d'après ce que j'ai vu.
Le Président (M. Laporte): Selon l'enseignement qu'on a
eu, non. Mais je pense que vous vouliez procéder à une
série de répliques, d'après ce que j'ai pu saisir. Si vous
le permettez, moi, ça ne me dérange aucunement qu'il y ait un
échange à brûle-pourpoint. Mais vous semblez
procéder à une réplique d'ordre général,
alors, par la suite, on pourra revenir sur des points plus
spécifiques.
M. Beaucage: D'accord.
M. Ryan: Peut-être que ce serait préférable,
étant donné le temps que nous avons. Vous pourrez reprendre
n'importe quel point de mon intervention. S'il y a lieu, j'essaierai de
répondre. Ici, c'est une question importante pour nous. Nous voulons un
meilleur équilibre, et 30 % à 33 %, nous ne trouvons pas que
c'est excessif, loin de là. Je ne voudrais pas que cela aille plus loin.
Nous en avons discuté longuement. Il nous semble que c'est une
proportion intéressante qui permet à cette représentation
de signifie quelque chose. Vous pourrez nous donner vos points de vue
là-dessus, mais, pour nous, c'est important. (10 h 45)
L'autre question était: Pourquoi renforcer les pouvoirs de
l'assemblée générale en matière de
réglementation et ouvrir la porte à des réglementations
particulières? Je pense que nous avons signalé, au cours des
derniers jours, qu'il y avait peut-être là un problème de
rédaction. Ce n'est pas ce que nous entendions signifier. Des
modifications seront apportées au texte de manière qu'on s'en
tienne le plus près possible du texte que nous avions
déjà, sauf pour l'exception qui est prévue pour
l'Université du Québec à Montréal. Cela va
ça?
Pourquoi ne pas laisser au conseil d'administration le pouvoir de
remplacer le recteur en cas d'incapacité? Il nous semblait que cela
allait avec la prérogative que la loi donne à l'assemblée
générale de proposer, au gouvernement, la nomination du recteur
d'une constituante. Après que toutes les consultations ont
été faites, c'est un article qui a été inscrit dans
le projet de loi et il nous semble que ce qui vaut pour la nomination vaut
également pour le remplacement. J'aurais été prêt
à considérer d'autres arguments, mais j'ai eu connaissance de
situations, depuis deux ou trois ans, qui me portent à croire que c'est
mieux de garder cette responsabilité à l'assemblée
générale parce que, quand, dans une institution universitaire,
les affaires s'empêtrent et que les intrigues de coulisses commencent,
des fois les gens ne sont plus capables de régler les
problèmes.
On a eu des exemples encore au cours des deux ou trois dernières
années, je vous assure. Peut-être que c'est une bonne clé
qui permet de dire: Le problème va se régler. Cela ne pourrira
pas uniquement à l'intérieur. C'est 50-50. J'incline plutôt
pour le maintien de la clause que nous avons, sur la base de
l'expérience vécue depuis trois ans.
Vous parliez du rôle du siège social. Je voudrais vous
rappeler brièvement ceci. Dans une lettre que j'adressais aux
autorités de l'Université du Québec, au président,
en fait, en mai dernier, j'ai parlé du siège social. Je pense
que
cela vaudrait la peine que je résume, que je cite
brièvement ce que j'en disais. À la page 14 de ce que le
député d'Abitibi-Ouest considère comme une encyclique,
mais c'est une modeste lettre ministérielle...
M. Gendron: Je ne voudrais pas intervenir dans les longs palabres
du ministre, que je trouve intéressants, d'ailleurs. J'ai cru comprendre
que la question portait davantage sur la facture que le siège social va
payer que sur le rôle du siège social. Il s'agissait plus du
problème de la facture.
M. Ryan: Évidemment, pour parler de la facture, il faut
d'abord savoir ce que fait le siège social.
M. Gendron: Bonne idée! Mais j'ai l'impression que ces
gens doivent en avoir un peu une idée. En tout cas, allez-y.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre. M. Ryan:
Je suis sûr que ce sera bref. M. Gendron: Ce sera bref.
M. Ryan: Seulement un paragraphe. Tout d'abord, pour que le
concept de réseau prenne tout son sens, il faut qu'il puisse s'incarner,
dans une autorité commune, en l'occurrence, le président de
l'Université du Québec et les services qui lui sont
immédiatement rattachés ou encore l'autorité de
l'assemblée des gouverneurs. Le concept de siège social, lequel
permet une plus grande flexibilité, me paraît convenir mieux
à la réalité de l'Université du Québec
qu'à celui de corporation centrale qu'avait employé, vous vous en
souvenez, le comité Després. C'est une idée que je voulais
laisser de côté. On doit surtout attendre du siège social
un rôle de coordination, de soutien et d'animation à l'endroit des
constituantes qui forment avec lui le réseau de l'Université du
Québec. Dans cette perspective, les grandes fonctions du siège
social me semblent devoir être la planification stratégique et la
répartition des ressources entre les unités constituantes, la
coordination du développement, la définition d'orientations en
matière d'évaluation institutionnelle, l'approbation des budgets
et le contrôle budgétaire et la gestion des services communs."
Il est bien clair que ce n'est pas une conception centralisatrice que je
mettais de l'avant dans la lettre que j'adressais à l'Université
du Québec, mais une conception qu'on pourrait considérer comme
tempérée et, en même temps, évolutive. Il pourrait
arriver que la situation continue d'évoluer; nous ne voulons pas
l'empêcher d'évoluer. Les questions que vous avez posées
à propos du financement du siège social, de la
péréquation et du partage des responsabil/tés dans le
réseau sont les mêmes que j'adressais hier au président, au
recteur de l'Université du Québec à Montréal. J'ai
la même préoccupation que vous.
J'ai bien indiqué que, quand les deux établissements ont
établi un protocole d'entente, ils avaient adressé une demande au
gouvernement de prendre l'engagement de s'adresser directement à
l'Université du Québec à Montréal dans les affaires
financières. Le gouvernement n'a pas accepté cet article du
protocole. Il est dans ie protocole, mais c'est une demande à laquelle
le gouvernement a répondu non. Cela voulait dire que les
problèmes financiers de l'Université du Québec vont se
discuter et se régler à l'intérieur du réseau de
l'Université du Québec. Et dans le protocole, on trouve deux
éléments qui garantissent la participation de l'Université
du Québec à cette fonction d'égalisation des chances et
des ressources à l'intérieur du réseau. Il y a d'abord un
article qui se lit comme suit: L'Université du Québec s'engage
à financer l'Université du Québec à Montréal
sur la même base que les autres universités, moins les
prélèvements pour les services communs du réseau de
l'Université du Québec établis d'un commun accord.
Deuxièmement, il y a un engagement que prend l'UQAM de fournir
annuellement une contribution de 500 000 $ à un fonds de
développement. Ce sont les deux, pas seulement un. Vous allez me
demander: Si elles ne s'entendent pas, qu'arrive-t-il? Si elles demandent
l'arbitrage du ministre, elles l'auront à 24 heures d'avis.
M. Beaucage: Alors, elles ne le demanderont pas.
M. Ryan: Si des problèmes surgissent, on sera
obligé de les examiner, c'est évident. Je crois que cela
répond aux questions que vous aviez posées. Je pense que j'ai
fait le tour. Encore une fois, j'apprécie énormément la
précision des remarques que vous nous avez faites; cela va beaucoup nous
aider à parfaire le projet.
M. Beaucage: On avait posé des questions. Le
Président (M. Laporte): M. Beaucage. M. Beaucage: Je
m'excuse. Le Président (M. Laporte): Oui. Allez-y!
M. Beaucage: La question est la suivante: Est-ce que vous
connaissez, M. le ministre - je vais faire comme en Chambre, on voit cela
à la télévision - le mode de répartition de la
subvention de l'Université du Québec entre ses diverses
unités et universités constituantes?
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Ryan: Pas dans les détails. Ainsi que vous le disiez
tantôt, dans la lettre que j'adres-
sais au mois de mai au président de l'Université du
Québec, je lui demandais de parvenir à une plus grande perfection
en matière de communication et d'information. Je disais: "Je juge qu'il
serait opportun, en raison du statut public de l'Université du
Québec, que le ministère dispose des enseignements les plus
complets possible sur le mode de répartition adopté et sur ses
impacts. Le ministère disposerait ainsi d'informations similaires pour
l'ensemble des institutions universitaires québécoises qu'il
subventionne et je compte sur votre collaboration pour remédier à
cette situation. " Les autorités de l'Université du Québec
m'ont assuré de cette collaboration et je pense bien que, d'ici quelques
mois, toute l'information dont nous pourrions avoir besoin nous aura
été communiquée. Et nous entendons la requérir si
elle ne nous est pas communiquée spontanément.
Le Président (M. Laporte): M. Beaucage... M. Beaucage:
Oui.
Le Président (M. Laporte):... avez-vous d'autres
remarques?
M. Beaucage: Oui.
Le Président (M. Laporte): Vous pouvez y aller.
M. Beaucage: Nous avions posé un certain nombre de
questions précises auxquelles vous avez répondu avec une grande
précision, bien qu'il y avait aussi des questions d'ordre
peut-être plus général. Là, c'est un peu plus
délicat; tout dépend du temps et tout ça. Lorsque les
opérations ont commencé sur l'étude du financement des
universités, les questions abordées étaient
extrêmement larges. On peut même se référer
antérieurement là-dessus au rapport Gobeil qui proposait le
sécateur pour une foule d'organismes de toutes sortes et au rapport
Després qui proposait la réorganisation du réseau d'une
manière un peu plus martiale. Et on dirait que, peu à peu, la
quantité des questions à envisager s'est comme restreinte.
Aujourd'hui, on a parlé de quelques questions sur lesquelles nous
voulons revenir, mais il y a, à côté de ces questions de la
loi 63, beaucoup de questions concernant l'université qui nous tiennent
à cur. J'imagine que le gouvernement a les mêmes
préoccupations et l'Opposition aussi. Notamment, toute la question du
financement des universités qu'on pensait bien voir traiter dans le
cadre de ce projet de loi Or, c'est comme si on s'occupait d'un certain nombre
de choses dont on ne veut pas du tout nier l'importance, et qu'on allait
attendre encore beaucoup sur les grandes questions. Et il y a toutes sortes de
décisions que l'on prend dans ce document, notamment quant à la
conception du siège social, qui sont intimement reliées au
financement universitaire.
Nous aimerions aborder deux questions avec la commission. La
première est traitée directement dans le mémoire, c'est
celle du degré de représentativité des
socio-économiques dans les assemblées et les conseils. Mon
collègue, Roland Ouellet, a préparé quelques
éléments là-dessus Et une autre question qui nous
apparaît importante - je pense d'ailleurs que c'est un secret de
polichinelle - c'est celle que vous avez posée un peu autour de vous:
comment voyez-vous le siège social? L'IPUQ a un point de vue sur le
siège social et nous aimerions prendre quelques minutes pour en discuter
avec vous. Donc, il y aurait deux questions qui restent dans notre carquois,
celle de la représentation et celle de la nature du siège
social.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Ryan: Malheureusement, j'ai eu une distraction. Celle de la
représentation, qu'est ce que vous...
M. Beaucage: La représentation à rassemblée
des gouverneurs et aux conseils. Mon collègue ici, qui est de la
Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval,
est au courant de certaines études qui ne sont peut être pas
très connues, de projets de recherche qui ont été faits
sur le degré de représentativité dans des organismes
comparables.
M. Ryan: Surtout dans le domaine des services sociaux. Dans le
domaine de l'éducation, je n'en connais pas.
M. Beaucage: Roland.
Le Président (M. Laporte): M. Ouellet.
M. Ouellet (Roland): Tout à l'heure, vous avez
souligné, M. le ministre, qu'il était important que la
représentation de la communauté soit plus large et que ça
soit plus diversifié et mieux équilibré.
Je vous dis tout de suite qu'on a fait des calculs pour voir ce que les
augmentations prévues par le projet donneraient comme
répartition, en tenant compte du fait que les personnes des
cégeps font partie aussi de ces représentants, compte tenu de la
remarque que vous avez faite tout à l'heure.
Par exemple, dans les conseils d'administration, on passerait de quatre
représentants sur dix-sept à sept sur quinze, ce qui veut dire
qu'on passerait d'une proportion de 23 % à 47 %, ce qui fait une
augmentation nette pour ce groupe de 51 %.
En ce qui concerne l'assemblée des gouverneurs, on passerait de
trois sur vingt-deux à huit sur vingt-quatre, ce qui veut dire qu'on
passerait de 14 % à 33 %, ce qui ferait une augmentation de 58 %. On
trouve que c'est une augmentation
quand même très importante. On fait plus que doubler. Je
voulais d'abord préciser cela puisque vous avez mentionné tout
à l'heure une proportion aux environs de 30 %.
Deuxièmement, on se pose des questions sur la
représentativité de ces personnes. On a fait une petite analyse
des gens qui siègent actuellement aux conseils d'administration,
à l'assemblée des gouverneurs. Par exemple, sur les 27 personnes
identifiées qui siègent aux conseils d'administration de
l'assemblée des gouverneurs, il y en a 19 qui viennent du monde des
affaires ou de l'entreprise privée, c'est-à-dire 70 %. Les huit
autres viennent du monde de l'éducation. Alors, le plus souvent, ce sont
des gens qui viennent des cégeps. Nous nous demandons à qui ces
gens ont des comptes à rendre, à qui lis sont redevables,
où lis vont chercher leur mandat, quelle est leur base puisqu'ils sont
des représentants.
Deuxième remarque, la totalité ou la quasi-totalité
de ces 27 représentants socio-économiques sont des gestionnaires,
des cadres supérieurs ou intermédiaires, issus du monde patronai.
Ces représentants ne peuvent donc être considérés
comme les représentants du milieu, puisqu'ils émanent d'un
secteur bien restreint ou particulier, c'est-à-dire du monde du
travail.
Voilà mes remarques sur la représentativité.
Maintenant, quelle est l'orientation de pensée des représentants
du milieu ou de ces représentants socio-économiques? Comme vous
l'avez souligné, nous n'avons pas d'études sur le milieu de
l'éducation. Cependant, l'étude de M. Julien, de l'ENAP, que vous
connaissez sans doute, nous indique que ces gens ont une commune orientation,
dirait-on.
Selon l'étude de M. Germain Julien de l'ENAP, on dit que ces
représentants socio-économiques forment souvent des alliances
avec les dirigeants des établissements. C'est une étude qui a
été menée du côté des services sociaux et des
centres d'accueil. Que dit-on de ces représentants? Ce sont des gens qui
forment très souvent des alliances avec les dirigeants des
établissements. On dit aussi qu'ils sont sollicités par ces
mêmes dirigeants pour poser leur candidature en vue des nominations
fartes par le gouvernement. On dit aussi qu'ils ont des affinités de
classe avec les dirigeants des établissements, c'est-à-dire
qu'ils accomplissent souvent des fonctions de direction. On dit aussi qu'ils
sont déjà en relation étroite avec les dirigeants des
établissements au moment de leur nomination, c'est-à-dire soit
qu'ils ont déjà fait partie de la direction de ces
établissements ou qu'ils siègent aux mêmes bureaux ou
conseils d'administration que les dirigeants de l'établissement. (11
heures)
Tout cela nous inquiète. Voici ce que M. Julien dit en
conclusion, et je le cite: il y a donc un risque que les dirigeants des
établissements détournent à leur profit les
mécanismes visant à assurer, au sein des conseils
d'administration, une représentation adéquate des
intérêts du milieu. Si on accroît encore le nombre des
socio-économiques, on risque tout simplement d'accroître cette
portion du personnel qui siège aux conseils d'administration.
J'aimerais préciser ici quelle est notre perspective concernant
la façon dont on pourrait changer un peu d'orientation en ce qui
concerne ces représentants socio-économiques. Il nous semble, par
exemple, qu'un bassin de représentants pourrait être
constitué à partir de délégués venant des
associations scientifiques, des sociétés savantes - on pense, par
exemple, à i'ACFAS -des associations scientifiques, c'est-à-dire
formées de gens qui s'intéressent à la diffusion du
savoir, qui s'intéressent à l'avancement des connaissances.
Ce bassin pourrait aussi être constitué à partir des
associations et des corporations professionnelles, donc, de personnes qui se
penchent sur les besoins des professions, qui ont des Intérêts en
ce qui concerne la formation de leurs propres membres. Voilà, pour nous,
une manière d'élargir, je dirais, de rendre plus
diversifié le bassin des socio-économiques qui siègent aux
conseils d'administration.
Deuxième remarque. Ce qu'il faut bien saisir dans nos
commentaires ici, c'est qu'on ne s'oppose pas à la présence des
socio-économiques aux conseils d'administration et à
l'assemblée des gouverneurs. Par ailleurs, on souhaiterait, à
i'instar de ce qui se fait en Europe, impliquer davantage le milieu dans les
instances intermédiaires et consultatives des établissements,
c'est-à-dire là où il y a des décisions à
prendre en termes de programmes, en termes de contenu, de formation, etc. On a
le sentiment que c'est peut-être à cet endroit que les
représentants socio-économiquos auraient le rôle le plus
décisif à jouer. Peut-être que l'apport serait encore
davantage important que d'appeler des gens à venir prendre des
décisions à caractère administratif et budgétaire
dans les hautes instances de ces établissements.
Alors, il restera quand même, une fois ces bassins de
délégués ou de représentants identifiés, le
problème du choix des personnes. Alors, à partir du moment
où les associations professionnelles et scientifiques pourraient
déléguer des personnes, qui devrait choisir? Est-ce que c'est le
ministre? Est-ce que c'est l'institution, etc. ? I! reste encore là
cette question à laquelle on n'a pas trouvé de réponse
nous-mêmes.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. le ministre.
M. Ryan: J'apprécie hautement les remarques que M. Ouellet
nous a présentées. Je pense qu'il y a des éléments
très intéressants dans ce que vous avez dit. Je ne vois pas
d'incompatibilité entre les principaux éléments de votre
intervention et les dispositions majeures du
projet de loi. On pourrait discuter si ça pourrait être
cinq, six ou sept. Je pense qu'il n'y a pas de vérité absolue
là-dedans, il y a une question d'équilibre. On va tenir compte de
ce que vous avez dit.
Pour l'instant, sur la question du nombre, je ne serais pas porté
à modifier le point de vue gouvernemental, mais sur le type de bassin
dans lequel on doit puiser pour faire les nominations, je pense que vous avez
dit des choses extrêmement pertinentes, qui méritent d'être
examinées soigneusement. J'apprécie beaucoup ce que vous avez
communiqué à ce sujet.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest. Je m'excuse. Est-ce que vous aviez
quelque chose sur le deuxième point?
M. Ryan: II y avait la deuxième question.
Peut-être que le député d'Abitibi-Ouest voudra
l'aborder lui-même. Je n'ai pas d'objection. Je ne voudrais pas avoir
l'air d'éviter ces questions non plus.
M. Gendron: On verra.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, on verra. Si le ministre veut revenir, si je ne
l'ai pas fait, il le fera. Alors, merci. Rapidement. Moi aussi, je pense que
l'important, c'est d'avoir l'occasion de discuter quelques minutes. On avait eu
l'occasion de prendre connaissance de votre mémoire. J'estime que
l'intersyndicale des professeurs des universités
québécoises est très touchée par ces questions;
elle a un passé historique qui nous permettrait d'être plus
éclairant par rapport aux modifications proposées. Rapidement, en
deux phrases, dans le résumé de votre mémoire, vous dites
que le nombre des socio-économiques ne doit pas augmenter, que vous
préféreriez le statut quo pour pouvoir s'interrroger sur la
représentativité et le mode de recrutement. En ce qui me
concerne, je trouve que vous avez raison là-dessus. Je vois une
incompatibilité en ce que vous dites et la position du ministre,
même si, lui, n'en voyait pas.
Vous êtes d'accord sur le statut d'université
associée pour l'UQAM. Vous !e dites: Nous sommes d'accord. Nous avions
des réserves, nous les avions exprimées, mais nous sommes pour
ça. Il reste toute cette question. Est-ce que, oui ou non, la nouvelle
loi augmente les pouvoirs? Jusqu'à maintenant, Je prétends que
oui, parce que je suis obligé de regarder les textes et non pas les
intentions. Sur la base des textes, je suis convaincu de ce que j'affirme. Dans
ce sens, je dis toujours la même chose: Soyez vigilants et on essaiera de
voir, au moment de l'étude article par article, si le législateur
a l'intention de concrétiser les échanges de vues qu'il a eus
avec tous les groupes Ici en disant: Écoutez, ce n'est pas ce qu'on
voulait, et on va s'arranger pour corriger cela, même si on a fait sauter
une phrase qui est très significative. Des règlements et des
règlements généraux, ce n'est pas pareil. Et avoir le
privilège d'adopter à peu près tous les règlements
que le siège social voudrait envers les constituantes, cela a un impact
très significatif et possiblement très dommageable sur toute la
question de l'autonomie, si cela allait en ce sens.
J'en arrive aux éléments de votre mémoire. Les
questions que je voudrais poser et les échanges de vues que j'aimerais
avoir portent sur la représentation des socio-économiques,
question fondamentale, à mon avis il reste un élément
majeur dans le mémoire, c'est la composition du conseil d'administration
à l'assemblée des gouverneurs et du conseil d'administration des
constituantes. En ce qui concerne les socio-économiques, il est clair
que vous portez un jugement très dur. Les chiffres qui ont
été donnés par votre collègue, M. Ouellet, je
pense, sont quand même significatifs et inquiétants. On ne peut
pas en même temps être témoin de cela et dire: Ce n'est pas
grave, on va augmenter quand même la tendance, on va augmenter le nombre
de socio-économiques, avec la tendance que cela peut avoir. Je j'ai dit
depuis le début, je ne suis pas d'accord. L'Opposition n'est pas
d'accord sur le fait de privatiser - c'est ce que cela veut dire - les
universités du Québec; c'est une forme de privatisation
cachée, hypocrite. Rappelez-vous, dans le rapport Gobeil, c'est de cela
qu'on parlait. On l'a mis sur !es tablettes, mais on essaie d'obtenir le
même résultat par la bande. Cela ne m'intéresse pas. Je
pensais que vous parleriez franc, que vous seriez un peu plus convaincus de
cela, parce qu'il est clair que c'est de cela dont il s'agit. Vous n'en faites
pas mention. Vous dites tout simplement. On est contre l'augmentation des
socio-économiques et vous vous interrogez avec raison sur le
degré de représentativité de ces gens-là. Et quand
vous faites cela, ce n'est pas contre les gens que vous en avez ou que j'en ai,
c'est contre le mode de nomination.
Ma première question est la suivante. Puisque vous êtes
d'accord pour qu'il y ait des socio-économiques aux conseils
d'administration des constituantes et possiblement à l'assemblée
des gouverneurs même, quelles sont vos suggestions pour sécuriser
et offrir plus de garanties sur deux choses: premièrement, que les gens
qui siégeraient éventuellement aux conseils d'administration des
constituantes soient vraiment plus représentatifs concrètement,
c'est-à dite avec de meilleures garanties, même s'il y aura
toujours de l'arbitraire? Deuxièmement, est-ce que vous auriez la
même recommandation, soit de ne pas donner suite à l'augmentation,
si vous étiez convaincus qu'on donne une meilleure garantie de
représentativité plus représentative - même si c'est
une redondance?
Le Président (M. Laporte): M. Ouellet.
M. Ouellet: Je vous dirai simplement que, dans ma brève
intervention de tout à l'heure, j'ai bien signalé qu'actuellement
70 % des socio-économiques sont des gens qui viennent de l'entreprise
privée. Si on augmenta cette proportion, évidemment, cela
accroîtra l'emprise de ces institutions sur les universités, sur
les conseils d'administration. Quelles sortes de garanties a-ton? On a
suggéré des choses, soit qu'on puisse diversifier davantage le
bassin de recrutement et qu'on aille chercher des gens qui ont des mandats, qui
sont des délégués. Si on demande à des
sociétés savantes de nommer des représentants, elles vont
le faire. Les gens sont intéressés par le développement
des connaissances, par la recherche, par l'enseignement, par l'encadrement des
étudiants. Ces sociétés savantes, ces associations
scientifiques sont formées de gens qui s'intéressent à ces
choses. À ce moment-là, vous allez avoir des gens qui seront des
représentants, des gens élus pour un certains temps et il y a des
chances que ce soit davantage représentatif. En ce qui concerne les gens
qui viendraient du secteur privé, on ne sait trop comment faire.
N'existet ii pas, dans le milieu, des associations qui pourraient aussi
déléguer des représentants? Actuellement, on a
l'impression que les gens sont plutôt là à titre
Individuel. Ces gens pourraient avoir des mandats ou on pourrait essayer
d'identifier la base qui les délègue. Voilà pour la
première partie.
Pour ce qui est de la deuxième partie, je ne suis pas très
certain d'avoir...
M. Gendrors: Si vous me permettez, pour que ce soit
bénéfique, restons à la première, mais
procédons vraiment par questions et réponses. Vous y avez
touché, vous donnez des éléments de suggestion
Intéressants. Allons plus loin. Pour offrir une meilleure garantie de
représentativité, croyez-vous qu'il serait avantageux que ces
gens soient nommés d'abord par l'université plutôt que par
l'exécutif du gouvernement? Avez-vous un point de vue
là-dessus?
M. Ouetlet: Sans doute, sommes-nous davantage favorables à
ce que l'institution ait un plus grand rôle à jouer de ce
côté-là. Maintenant, quand on parle de l'institution, il
faut s'entendre. Si c'est la direction de l'université qui décide
de ces représentants-là, alors ça ne va pas, parce que ces
institutions, évidemment, sont des organisations complexes, avec des
personnels de toutes sortes, avec des objectifs différents. Mais, pour
nous, il serait souhaitable que nous soyons Impliqués, comme
institution, dans cette nomination. C'est sûr que ce serait souhaitable.
Maintenant, je ne sais pas si mes collègues ont d'autres
éléments à ajouter de ce côté-là.
Le Président (M. Laporte): M. Beaucage.
M. Beaucage: C'est assez difficile. On est dans l'irréel.
J'ai bien compris votre question. Si ies représentations se faisaient,
selon vos principes, accepteriez-vous que le nombre de ces représentants
augmente? Personnellement, ça ne me pose pas de problème. On est
en faveur de la vertu. Sauf que c'est extrêmement difficile. Ce n'est pas
un hasard si la représentation parfaite n'existe pas à l'heure
actuelle. Il est extrêmement difficile de trouver des secteurs essentiels
de la société civile qui ont suffisamment d'intérêt
ei de capacités pour s'intéresser au développement de
n'importe quoi, y compris les partis politiques. Si on fait le tour de toutes
les organisations, c'est pareil. C'est plein de gens qui ne veulent pas
s'impliquer, dans ies conseils d'administration des universités aussi.
C'est quelque chose d'assez difficile à trouver.
Or, la solution de facilité pour les directions universitaires,
c'est de procéder par petit copinage de confrères de classe qui
sont dans des secteurs autres. "Confrères de classe", ce n'était
pas au sens marxiste du terme; c'était au sens scolaire du terme. Ces
gens-là reviennent ensemble autour de tables et ce sont des gens qui se
connaissent bien et ils se reproduisent par cooptation, même si ie
gouvernement - je suis au courant des processus - finalement, nomme les gens.
Le conseil d'administration de Rimouski envoie une liste et vous nommez les
gens. De manière générale - il y a peut-être des cas
extrêmes que vous avez écartés - vous êtes conscients
de ça. Sauf que ies personnels à l'intérieur de
l'université ne sont pas beaucoup consultés là-dessus; on
le voit bien, la liste qu'on a est formelle. On peut nommer un nom ici. Il y a
un représentant socio-économique dont on ne savait rien de ce
qu'il faisait. C'était M. Pomerleau, président de Pomerleau
inc.
M. Ryan: Vous êtes le seul à ne pas le
connaître...
M. Beaucage: Je suis vraiment désolé,
monsieur...
M. Ryan:... parce que dans tout le Québec, c'est
notre...
M. Beaucage: Non, non, mais je le connais. Mais on ne ie
connaissait pas au début, quand on a vu ie nom. il y a peut-être
d'autres Pomerieau. Et j'ai bien vu. Un article du Soleil lui était
consacré montrant le développement extraordinaire de son
entreprise et un panneau dans la cour du parlement, ici, nous rappelle
Pomerieau. On le volt. C'est un nom, bon. C'était un des personnages. Il
y en a un certain nombre comme ça. On trouve qu'un effort
supplémentaire devrait être fait pour recruter des gens
passionnés par le développement universitaire. Et il en existe
dans les sociétés savantes, mais ce n'est pas à
ceux-là qu'on pense. Il ne s'agit pas de remplacer les patrons par les
syndiqués.
M. Gendron: Si vous le permettez, je pense qu'il ne faut pas...
Il y a deux choses que je ne partage pas. Je ne crois pas que ce soit si
difficile que ça. Ce qui est toujours difficile - j'ai vécu ces
expériences-là pendant plusieurs années - c'est quand on
est volontairement dans le flou pour se garder la marge de manoeuvre pour faire
ce que vous venez de signaler. Je connais M. Pomerleau. Et je ne veux pas aller
plus loin. Mais ce que la plupart des associations professorales nous ont
reproché, ce sont les nominations politiques, partisanes, l'influence,
le non-intérêt, parce que c'est arrangé d'avance. Alors ce
que j'aurais voulu vous entendre dire, d'après votre expérience,
c'est ceci: Si, dans la loi, on précisait d'abord, d'une façon
très claire que la notion de socio-économique doit être
élargie. La plupart l'ont dît. Et j'aurais aimé que cela
soit bien affirmé dans votre mémoire. On ne peut pas
effectivement avoir un autre grand conseil de l'entreprise privée au
Conseil des universités. Cela n'a pas de bon sens. Il y a d'autres
éléments de la propension du savoir, de la recherche qui doivent
être représentés. Et la crainte que j'ai eue et que j'ai
toujours avec l'augmentation du nombre des socio-économiques c'est que
ça aille dans le sens de vos statistiques mais en pire. Alors je
prétends très clairement que l'élargissement de la notion
de socio-économiques - quelqu'un l'a dit et le ministre a dit qu'il
était prêt à regarder cette notion... Il y a des gens du
milieu culturel qui doivent siéger au conseil d'administration des
constituantes. Il y a des gens du savoir pur. Je veux dire des vrais intellos,
dans le sens propre du terme. Pur. Vous appelez ça les instituts de haut
savoir. Cela se définit dans un milieu. Cela s'exprime dans une loi. Et
on dit: il y en aura deux qui vont représenter ce secteur, deux du monde
des affaires, deux du monde syndical et deux du monde coopératif. (11 h
15)
Je prétends aue si c'était plus précis, on
augmenterait la garantie de représentativité. C'était
seulement ça, ma question. J'aurais voulu savoir si vous partagez ce
point de vue d'offrir de meilleures garanties de représentativité
si ces gens provenaient de secteurs mieux définis dans la loi,
plutôt que de laisser ça très large, et là on est
obligés de faire du copinage et du "téléphonage", et ce
que vous n'avez pas qualifié. Est-ce qu'on s'entend là-dessus?
Avez-vous un point de vue là-dessus? Êtes-vous d'accord?
Le Président (M. Laporte): M. Beaucage.
M. Beaucage: De manière générale mais c'est
renvoyé un peu plus loin. Le problème, c'est de définir
ces fameuses catégories. C'est extrêmement difficile de trouver
dans la société civile des structures suffisamment
organisées pour donner des délégations ou des mandats et
pour les contrôler.
M. Gendron: Merci. Vous me dites qu'il y a un problème de
représentativité mais, selon vous, il n'est pas
réglable.
M. Beaucage: Ce que je dis, monsieur...
M. Gendron: Oui. C'est difficilement réglable. Oui?
M. Beaucage: La-dessus, je ne serais pas d'accord.
Le Président (M. Laporte): M. Ouellet.
M. Ouellet: Non. L'analyse qu'on a faite, c'est que les gens
viennent, par exemple, de l'entreprise privée, du monde patronal. On a
dit que c'est très restrictif. On peut penser à d'autres
secteurs. On vous en a identifié deux. Si le travail à faire est
de préciser dans la loi ces différents secteurs à
l'intérieur desquels on pourra aller puiser, on espère avoir une
brochette de socio-économiques qui sera davantage diversifiée.
Alors, précisons ces secteurs.
On vous a identifie les associations scientifiques ou
sociétés savantes. On peut faire des "listing" de ces
sociétés. Les associations et corporations professionnelles
aussi. Il peut aussi y en avoir d'autres, mais on a pensé à ces
deux-là.
M. Gendron: Deuxième question, M. Beaucage.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Une deuxième question portant sur
l'affaiblissement de la représentation professorale. N'avez-vous pas
peur du fait que, pour ce qui est des conseils d'administration des
constituantes, on élimine - et je suis d'accord là-dessus -
l'automatisme de la présence des quatre vice recteurs dans le conseil
d'administration? On dit: Dorénavant, ça va être deux
représentants de l'administration. La question précise est:
Prétendez-vous que le projet de loi prévu par le ministre a comme
conséquence directe d'affaiblir la représentation des
professeurs?
Le Président (M. Laporte): M. Beaucage.
M. Beaucage: Ce n'est pas un affaiblissement du nombre de
personnes puisque leur nombre est maintenu. C'est un affaiblissement dans la
proportion, dans un des cas, bien entendu.
Quant au remplacement des officiers déjà prévu par
des officiers dont le statut n'est pas précisé, ça
m'apparaît grave, parce que dans un conseil d'administration d'une
université locale, au lieu de trouver les deux vice-recteurs, par
exemple, à l'enseignement et à la recherche et à
l'administration, le projet de loi est tellement
vague là-dessus qu'on pourrait retrouver le directeur des
terrains et bâtiments, et toutes sortes de choses. À notre sens,
il n'est pas assez précisé dans ce texte que les officiers qui
doivent être présents au conseil d'administration doivent
être des officiers supérieurs.
Or, le texte est vague là-dessus. On dit "deux officiers de
l'université". Je pense qu'a aurait fallu préciser, notamment le
vice-recteur à l'enseignement et à la recherche et, s'il n'est
pas là, il faudra aller le chercher à toutes les dix minutes pour
répondre aux questions, puisqu'il est celui qui coordonne, dans nos
institutions, l'ensemble des activités d'enseignement et de recherche.
Je pense qu'il y aurait une précision à apporter
là-dessus.
M. Gendron: Merci, M. Beaucage.
M. Beaucage: il y a la question du siège social qui n'a
pas encore été abordée.
M. Gendron: On va y revenir. M. Beaucage: Ah! Je m'excuse.
M. Gendron: C'est parce que c'est mon temps de parole et il me
reste deux questions à poser. L'avant-dernière, avant celle du
siège social est la suivante. Vous n'avez pas émis d'opinion sur
les chargés de cours. En avez-vous une? Seriez-vous d'accord avec la
présence des chargés de cours au conseil d'administration des
constituantes?
M. Beaucage: il n'y a pas de décision formelle de l'IPUQ
sur cette question. Nous ne regroupons pas de chargés de cours. Nous
n'avons pas posé cette question puisqu'elle ne figurait pas dans le
projet de loi 63.
Cependant, je ne crois pas qu'il y aurait une forte opposition dans
notre organisme à ce que les chargés de cours soient
représentés aux conseils d'administration. Ayant parlé de
mandat depuis près d'une demi-heure avec vous, je n'ai pas de mandat sur
cette question. De manière générale, d'après ce que
je sais des membres qui participent à notre organisme, il n'y aurait pas
d'obstacle majeur à ce que des chargés de cours soient
présents aux conseils d'administration locaux. Je ne crois pas qu'il y
aurait des objections.
M. Gendron: Je vous remercie. Je vous laisse les quelques minutes
qui me restent pour avoir une réponse du ministre de l'Éducation.
Cela le concerne beaucoup plus que moi, soit la décision qu'il entend
prendre sur les garanties que vous souhaitez avoir relativement au fait que
l'Université du Québec à Montréal a un statut
d'université associée, concernant toute la question des
coûts du siège social, comment la participation financière
de l'UQAM sera redistribuée. Est-ce les constituantes qui vont
l'assumer?
J'aurai des questions là-dessus quand on sera plus entre nous,
pour compléter le projet de loi. Cela avait l'air de vous
intéresser. Je pense que c'est davantage le ministre qui devrait
répondre à ces questions.
Le Président (M. Laporte): Oui, M. Beaucage.
M. Ryan: Si des gens veulent nous adresser des questions...
M. Beaucage: Oui.
Le Président (M. Laporte): Oui, M. Beaucage.
M. Beaucage: Sur la question du siège social, quelle est
sa nature? Que doit-il être? C'est un peu la question que vous avez
posée, M. le député d'Abitibi-Ouest. La nature du
siège social, sa taille et son activité, cela nous
préoccupe. S'il n'y a pas beaucoup de lignes là-dessus dans notre
mémoire, c'est parce que le projet de loi ne concernait pas directement
cette question. Je prends 30 secondes. Le siège social compte 151
personnes.
M. Ryan: Ils sont 125 actuellement, 120. Vos
renseignements...
M. Beaucage: Monsieur, je dois me fier aux propres statistiques
que le siège social publie lui-même.
M. Ryan: C'est le rapport de quelle année?
M. Beaucage: 1987-1988.
M. Ryan: C'est cela.
M. Beaucage: Y en a-t-il un plus récent?
M. Ryan: Oui. il n'est pas sorti encore, mais nous avons les
renseignements.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Les échanges de renseignements ont
commencé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beaucage: On souhaiterait un siège social moins cher,
moins dispendieux - J'ai deux chiffres, mais vous allez me corriger, j'en suis
sûr - 15 000 000 $, si on se fie aux annexes du rapport
Després...
M. Ryan:... environ 13 000 000 $.
M. Beaucage:... et 10 000 000 $ si on se fie à ce
texte-là, mais il y a quelques artifices comptables là-dedans,
qui excluent par deux fois
près de 2 000 000 $ pour d'autres types de missions; donc, moins
cher. Qu'on y pense comme il faut, ces 15 000 000 $, c'est le prix d'une petite
constituante à Lévis ou dans la Beauce. Je ne sais pas s'il y a
des représentants de la Beauce ici, de Lévis ou de la
Côte-Nord. M. Pomerleau. Ha, ha, ha! C'est extraordinaire! Le
siège social coûte le prix d'une petite constituante. Cela
m'amène à m'interroger beaucoup, parce que je cherche le
rôle du siège social et je formulerai cette dernière
remarque: Que fait le siège social? Lorsqu'on lit ce rapport
déjà périmé, me dit-on, que voit-on? Dans les
rapports de chacune des constituantes, à la mission recherche, huit ou
dix lignes sur la performance financière des chercheurs. Celui qui ne
saurait pas qu'il s'agit d'une université, qui n'aurait pas lu la
première page, aurait peine à s'y retrouver. Les performances ne
sont jugées qu'en termes de chiffres d'affaires, pour employer des
termes d'économiques, d'intrants de recherche. Plus la recherche
coûte, plus elle est valorisée. Je fais exception du rapport de la
TELUQ dans lequel le directeur parle des productions scientifiques ce ses
professeurs. Il s'occupe de l'autre côté du robinet, de l'endroit
où les extrants de recherche apparaissent. Cela m'apparaît
important, que le siège social se préoccupe de choses qui
concernent l'université, qu'il coûte moins cher, qu'il soit moins
gros, qu'il soit moins directif et plus coordonnateur. C'est à peu
près ce que vous disiez dans la lettre à M. Boulet. C'est tout
pour moi.
Le Président (M. Laporte): Merci. Comme il ne reste
pratiquement qu'une minute, je demanderais au député
d'Abitibi-Ouest d'adresser le mot de la fin et, par la suite, ce sera le tour
du ministre.
M. Ryan: Excusez, on a ouvert la...
Le Président (M. Laporte):.. discussion
M. Ryan:... discussion sur ce sujet..
Le Président (M. Laporte): Oui, M. le ministre.
M. Ryan:... comme l'affirmait le député
d'Abitibi-Ouest lui-même pour me donner l'occasion de préciser
certaines choses.
Le Président (M. Laporte): Avec plaisir.
M. Gendron: C'est ce que je fais toujours. Allez, allez.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Ryan: Je vous en remercie. Sur la conception du rôle du
siège social, le gouvernement s'est appuyé beaucoup sur des
témoignages qui avaient été entendus à la
commission par lementaire il y a deux ans et demi maintenant. Presque tous ceux
qui sont venus témoigner avaient insisté sur l'importance du
rôle du siège social à ce stade-ci du développement
de l'Université du Québec. Nous avons retenu cette
prémisse tout en la nuançant sensiblement. C'est une des
orientations que je communiquais à l'Université du Québec
au mois de mai et dont la signification se révélera à
mesure que l'expérience progressera. Moi, je tiens à ce que ceci
demeure un concept évolutif, que les choses continuent d'évoluer,
que la discussion se fasse là-dessus. Vous soulevez des aspects
très importants ce matin. Le temps n'est pas mûr pour tirer des
conclusions là-dessus. Il y a des vérifications, il y a des
contrôles qui s'imposent évidemment, mais iI faut que ce soit une
question qui soit sujette à la discusslon libre. Le gouvernement prendra
ses responsabilités en temps utile et, dans ce sens, nous retenons, pour
l'essentiel, les points que j'avais mentionnés dans la lettre du 27 mai
et ces points seront sujets à révision chaque année. Je
pense que des documents comme le rapport annuel d'un établissement,
doivent se prêter à la critique. C'est très bon que des
organismes comme le vôtre les vérifient, les scrutent de
près, et j'essaie de faire la même chose de mon côté.
Des fois, on arrive à des constatations qui sont instructives.
Merci.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre.
M. Ryan: Sur !a question financière, M. le
député d'Abitibi-Ouest...
Le Président (M. Laporte): Oui.
M. Ryan:... je n'ai pas répondu parce qu'il y avait, dans
des choses que j'ai dites antérieurement, tous les
éléments que j'étais en mesure de communiquer ce matin.
Quand j'ai mentionné les deux points du protocole d'entente entre
l'Université du Québec à Montréal et
l'Université du Québec, je pense qu'il y a là les deux
éléments qui garantissent la participation de l'Université
du Québec à Montréal aux charges générales
de l'Université du Québec. Il y a des points qui peuvent traiter
la question dans le protocole. J'en ai mentionné un tantôt, la
possibilité d'un désaccord entre les deux. Mais cela, sera
surveillé de très près par le gouvernement, c'est entendu,
c'est un élément essentiel. Je l'ai dit. d'ailleurs, hier au
président de l'Université du Québec à
Montréal.
Le Président (M. Laporte): Merci. La commission tient
à remercier les représentants de l'Intersyndicale des professeurs
des universités québécoises, MM. Beaucage, Ouellet et
Poisson, pour la présentation de leur mémoire et pour les
discussions. Merci bien et bon retour.
On inviterait les représentants de la
Fédération des associations de professeurs des
universités du Québec, M. Campbell, M. Langlois ainsi que M.
Gilbert, à prendre place. La commission va suspendre quelques
secondes.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 11 h 29)
Fédération des associations de professeurs des
universités du Québec
Le Président (M. Laporte): La commission reprend ses
travaux. Nous tenons à saluer les représentants de la
Fédération des associations de professeurs des universités
du Québec d'avoir bien vouiu venir faire la présentation de leur
mémoire à la commission de l'éducation. Je veux simplement
vous rappeler, brièvement, la procédure. Vous avez
approximativement 15 à 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire. Par la suite, il y aura une discussion avec les membres de la
commission. Pour les fins de l'enregistrement des débats, on vous
demanderait de bien vouloir, au tout début, vous identifier, puis faire
la présentation de votre mémoire. La parole est à
vous.
M. Campbell (Michel): M. le Président, M. le ministre
Ryan, M. le député, critique de l'Opposition officielle sur les
questions de l'éducation, Mme et MM. les députés membres
de la commission, je vous remercie d'avoir accepté d'entendre le point
de vue de la FAPUQ sur le projet de loi 63. Je vous présente les membres
de notre délégation qui pourront s'identifier pour les fins
d'enregistrement. Paul Langlois, vice-président...
M. Langlois (Paul): Et professeur à l'Université du
Québec à Trois-Rivières.
M. Campbell: Marc-André Gilbert, membre du bureau...
M. Gilbert (Marc-André):... de direction à la FAPUQ
et professeur à l'Université du Québec à
Trois-Rivières.
M. Campbell: Comme on s'est rendu compte hier que les membres de
cette commission étaient très studieux et qu'ils avaient pris la
peine de lire les mémoires, on n'en refera pas la lecture aujourd'hui.
Nous nous contenterons de rappeler notre mémoire autour de trois
questions principales: celle de la liberté universitaire, celle de la
participation des professeurs aux Instances administratives de
l'Université du Québec et, enfin, celle de l'ouverture de
l'université à la collectivité.
Avant d'aborder ces questions, si vous le permettez, M. le
Président, je pourrai demander à mes collègues de
compléter certains points. Avant de commencer, je voudrais bien situer
notre propos.
La FAPUQ est une fédération qui réunit dix
associations et syndicats de professeurs d'universites
québécoises dont trois représentent des professeurs des
constituantes de l'Université du Québec. Mais c'est la FAPUQ,
dans son ensemble, qui s'Intéresse au projet de loi 63 parce que c'est
une loi constituante de l'université et que, par le fait même,
elle traduit un modèle d'université québécoise.
Vous comprendrez que les professeurs qui sont la cheville ouvrière
permanente de l'université s'intéressent au modèle
d'université parce que c'est ce qui permet de comprendre comment se fera
l'élaboration et la diffusion du savoir.
En même temps, notre intervention reste au niveau des principes et
des questionnements généraux. Nous ne représentons pas
tous les syndicats, mais plus important, nous croyons à l'autonomie
universitaire et au rôle primordial que doit jouer la communauté
professorale dans la structuration de chacune des universités. C'est
pourquoi nous ne nous sommes pas engagés dans le détail de
l'organisation concrète de l'Université du Québec ou des
constituantes. Nous faisons confiance, à cet égard, aux
différents regroupements de syndicats qui sont venus faire des
représentations. Nous voulons simplement, par ailleurs, exprimer notre
solidarité par rapport à un certain nombre de questions.
J'en viens au cur de notre propos. Le premier point, c'est le
droit à la liberté universitaire et la nécessité
qu'il y a, nous semble-t-il, d'amender le projet de loi pour y inscrire, de
façon précise, ce droit, il y a quelques années, nous
avions fait une étude, à la FAPUQ, sur le statut légal du
droit à la liberté universitaire au Québec et dans ie
monde. Nous avions été un peu étonnés, voire
choqués, de nous rendre compte qu'à l'Université du
Québec on ne reconnaissait pas ce droit alors qu'on le faisait pour les
grandes universités francophones québécoises, comme
l'Université Laval ou l'Université de Montréal. Chez les
anglophones, la question est un peu différente parce que si ce n'est pas
inscrit dans la charte, c'est inscrit dans la structure avec l'existence du
sénat qui est dans la structure de ces universités et qui est
garant de la liberté universitaire. A cette occasion, nous avions
demandé à certaines personnes de nous expliquer pourquoi on
n'avait pas inscrit ie droit à la liberté universitaire dans la
charte de l'Université du Québec. Nous avons eu une
réponse que vous avez peut-être entendue ici, à la
commission, ces jours derniers. On nous a dit: Maintenant, il y a des syndicats
et on n'a pas besoin d'inscrire le droit à la liberté
universitaire dans les chartes.
Cette prise de position nous étonne à deux niveaux. On
peut se demander, au risque de paraître paranoïaque, mais je ne sais
pas, s'il ne s'agit pas d'un moyen de discréditer le principe du droit
à la liberté universitaire en en faisant une affaire de droit
individuel des professeurs et
en le réduisant - je parle du point de vue de ceux qui... -
à une affaire de convention collective. On a fait récemment,
autour de la liberté universitaire, il y a des journalistes qui se sont
permis de faire des gorges chaudes là-dessus, dernièrement. En
fin de compte, la liberté universitaire, c'est une espèce de
gadget plus ou moins corporatiste qui permet d'assurer la
sécurité d'emploi à des gens dont on caricature vite le
travail et dont on occulte souvent les conditions pénibles de
réalisation de ce travail.
On peut aussi s'interroger sur le sens de l'histoire du droit des
universités, pour les gens qui présentent la liberté
universitaire de façon aussi restreinte, et surtout sur le sens de
l'histoire actuelle. Comme vous l'avez vu dans notre mémoire, on promeut
de plus en plus ce droit au Canada et à l'étranger. Pour nous,
s'il est à l'honneur des syndicats d'avoir rappelé le droit
à la liberté universitaire dans les conventions collectives, il
reste que c'est un droit qui, en un certain sens, n'est pas négociable.
C'est un droit qui transcende les conventions collectives. C'est un droit qui
s'identifie à l'existence même de l'université.
Je ne reprendrai pas l'exposé plutôt long qu'on a fait dans
le mémoire, mais si vous permettez au professeur de théologie que
je suis, qui a une espèce de sens de la liturgie au moment où on
est dans un lieu comme celui-ci, et à quelqu'un qui a travaillé
pendant cinq ans avec un comité pour en arriver à une
déclaration de principe, je voudrais au moins citer !a
déclaration de principe sur la liberté universitaire de la FAPUQ
pour qu'elle soit au moins inscrite dans les minutes de l'Assemblée
nationale. Je vais vous faire la lecture de la déclaration de principe
et vous allez voir que la liberté universitaire est autre chose qu'un
gadget syndical pour les professeurs. Cette déclaration a
été acceptée par notre conseil fédéral de
juin dernier. "L'université est un lieu privilégié que se
donne une société pour l'élaboration, la transmission et
la remise en question des connaissances. Cette oeuvre d'intelligence a ses
règles propres et doit être libre de toute contrainte. La plupart
des pays reconnaissent d'ailleurs à l'université un droit
à l'autonomie afin de la préserver contre les tentatives
d'ingérence indue d'autres corps sociaux, comme les corporations, les
églises, les corps policiers, le gouvernement, etc. "L'accomplissement
du mandat social de l'université requiert l'indépendance d'esprit
de ceux qui en ont la charge, particulièrement des professeurs. Dans cet
esprit, la liberté universitaire est le droit essentiel du professeur
d'accomplir ses tâches d'enseignant, de chercheur et de participant
à l'élaboration des politiques universitaires sans être
assujetti à des menaces, censures ou représailles
institutionnelles et ce, quels que soient sa philosophie ou son style de vie.
"Ce droit, corrélatif au devoir de travailler à l'avancement du
savoir et au bien-être de la société, assure l'avantage de
jugements honnêtes et d'opinions indépendantes qui risqueraient
d'être gardés sous silence, sans l'immunité qu'il comporte,
il permet la critique des doctrines, dogmes et opinions, tout aussi bien que
des règles et politiques de l'université et des associations de
professeurs et est compatible avec l'engagement fondé sur une
quête sévère et rigoureuse du savoir. "Des manquements
graves dans l'exercice de ses tâches professorales peuvent
entraîner des sanctions à l'endroit du professeur ou même sa
destitution. Il revient à la communauté universitaire
d'établir les mécanismes d'évaluation et de destitution
des professeurs. Ces procédures sont des moyens d'assurer la
qualité de !a vie universitaire en protégeant l'exercice de la
liberté universitaire. Ces procédures doivent être
préalablement établies et être appliquées selon des
normes claires et équitables conformes aux règles de justice
fondamentale. "La liberté universitaire se distingue du droit à
la liberté d'opinion garanti par les chartes des droits et
libertés. Le professeur se trouve en effet dans une situation
particulière: comme dans le cas du magistrat, il relève de sa
tâche d'exprimer ses opinions et le professeur doit donc pouvoir le faire
sans crainte de représailles. "La liberté universitaire
s'applique à toute personne qui exerce dans une université une
tâche d'élaboration ou de diffusion du savoir. "
Comme vous avez pu le lire ou l'entendre, il s'agit beaucoup plus que
d'un article de contrat de travail. !! s'agit de l'essence même de
l'université comme lieu d'élaboration du savoir, libre de
pressions indues. Et si les professeurs, hommes et femmes, participent à
ce droit, il reste que ce n'est pas un droit qui leur est exclusif, mais il
s'agit de moyens que la société elle-même se donne pour se
garantir un discours scientifique le plus Impartial possible. Dans cette
logique, nous vous demandons de modifier le projet de loi 63 pour y inclure un
article qui reconnaîtra explicitement, à l'Université du
Québec, à ses membres et particulièrement aux professeurs
les droits traditionnels accordés à ce genre d'institution.
En ce qui concerne la participation des professeurs aux instances
administratives, la FAPUO fait siennes les inquiétudes qui ont
été soulignées par un certain nombre de collègues
en ce qui a trait à la diminution proportionnée du nombre de
professeurs aux conseils d'administration de l'Université du
Québec. Nous pouvons dire, tout d'abord, que l'addition de
représentants socioculturels ou économiques, si elle veut
être un moyen d'ouvrir l'université à la communauté
locale, reste un moyen qui a ses limites. On ajoutera trois, quatre, cinq ou
six personnes, il reste que les personnes qui sont nommées
représenteront toujours des poinîs de vue par-
ticuliers. Et, à ce moment-ci, il y a beaucoup de professeurs qui
craignent que l'on privilégie des secteurs bien particuliers de la
société.
Sans être opposé à une augmentation des groupes
socioculturels et économiques, on peut penser qu'il y a d'autres moyens
d'assurer un dialogue entre l'administration universitaire et les
différents acteurs socio-économiques. Cependant, je pense qu'il
pourrait être très intéressant, dans la loi, si on
décide de maintenir l'augmentation des groupes socio-économiques,
de préciser des catégories pour s'assurer qu'il n'y ait pas un
seul secteur qui soit privilégié et s'assurer, par exemple, que
le monde des travailleurs et le monde des minorités puissent être
représentés dans les Instances des universités.
Ce sur quoi je voudrais surtout insister aujourd'hui, par ailleurs,
c'est sur la nécessité d'assurer la proportion actuelle des
professeurs d'université sur ces Instances administratives, surtout
à l'Université du Québec. L'Université du
Québec est une université de la toute dernière
génération et, contrairement à la plupart, sinon à
la totalité des universités nord-américaines,
l'Université du Québec n'a pas de sénat. Dans les
universités nord-américaines et dans les universités du
monde anglo-saxon, le sénat est responsable du statut du corps
professoral. Et, à des moments donnés, le sénat ou
l'assemblée universitaire est non seulement responsable du statut du
corps professoral, mais c'est lui qui légifère là-dessus
de façon souveraine. À l'Université du Québec, le
statut du corps professoral est la responsabilité, entre autres, du
conseil d'administration. Alors, je trouve très important que l'on
assure la proportion actuelle. J'écoutais les gens de l'IPUQ et le
professeur Ouellet nous dire tout à l'heure comment il y a une tendance
pour les représentants socio-économiques de se ranger du
côté de l'administration, qu'on peut expliquer de 1000
façons différentes, et nous en arrivons à la situation
concrète qui est la suivante. Vous donnez un tiers aux groupes
socioculturels; l'administration a une majorité de membres et, de
l'autre côté, les professeurs se trouvent
sous-représentés. Je trouve très important qu'il y ait des
témoins de la communauté professorale qui puissent expliquer le
point de vue des professeurs aux membres du conseil d'administration qui ne
sont pas toujours très formés au monde de l'université qui
est un monde excessivement complexe.
Je pense que mon collègue Gilbert a des choses à ajouter
là-dessus.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Gilbert. On va vous écouter. (11 h 45)
M. Gilbert: Je pourrais, brièvement, traiter des
thèmes, celui du lien qui a été fait entre la
liberté universitaire et les conventions collectives, pour ne vous citer
qu'un seul exemple. Lors de la dernière négociation, à
Trois-Rivières, il n'y avait pas les termes "liberté
universitaire" ou "liberté académique" dans la convention
collective et les professeurs ont souhaité que ces termes apparaissent
dans la convention collective et qu'ils soient encadrés par un corpus
d'idées qui balisent et encadrent le concept de liberté
académique, comme M. Campbell l'a exprimé. SI M. Leclerc, du
siège social, vous a dit: C'est dans les conventions collectives, je
peux vous dire que chez nous, à Trois-Rivières, ça n'a pas
été très facile d'Inclure ce concept-là dans la
convention collective. Il y a eu des luttes très importantes, tout au
moins de rhétorique et oratoires, à la table de
négociation, pour ne pas dire la mise en oeuvre d'autres moyens qui ont
dû être employés pour en arriver à atteindre cet
objectif d'enchâsser dans la convention collective le terme
"liberté économique".
Ce que nous avons réussi à préserver, c'est le
retrait entier du corpus d'idées qui entouraient le concept de
liberté académique. On a obtenu que la convention collective
contienne, dans ses clauses, le terme liberté" - entre guillemets - et
un certain nombre d'autres éléments académiques. Pour
atteindre cet objectif, il a fallu, au cours d'une période de
négociation où, comme vous le savez, pour obtenir quelque chose,
souvent on doit retrancher autre chose, perdre d'autres droits pour gagner ceux
de la liberté académique. Cela, à mon sens, est totalement
inacceptable. La demande que la FAPUQ vous transmet aujourd'hui nous
permettrait de garantir d'une façon substantielle la préservation
de la liberté académique pour les professeurs dans le cadre du
réseau de l'Université du Québec.
Le deuxième point sur lequel M. Campbell a attiré votre
attention, et je pense qu'il est important de le soulever, c'est lorsque M. le
ministre a mentionné que les groupes socio-économiques auraient
une représentation raisonnable si cette représentation se situait
entre 30 % et 33 %. Présentement, on constate qu'avec la modification au
projet de loi, cette représentation passerait à 47 %, quand on
inclut les représentants des cégeps, et que pour atteindre cet
objectif, on fait passer la représentation des professeurs aux conseils
d'administration de 31 % à 20 %. Je suis convaincu qu'un certain nombre
de collègues prendraient comme une Injure cette diminution de la
représentation des professeurs d'université au sein des conseils
d'administration. Je ne comprends pas et cela aurait un effet dramatique sur
l'ensemble des représentations qui peuvent se faire auprès des
conseils d'administration. Cette diminution marquée de la
représentation des professeurs par un artifice à
l'Intérieur du projet de loi nous semble parfaitement inacceptable.
J'aimerais qu'on m'explique pourquoi le gouvernement a décidé,
délibérément, de modifier le statu quo et ce, en diminuant
la représentation des professeurs d'université au sein des
conseils d'administration.
M. Campbell: Le troisième point, c'est le
problème de I'ouverture de l'université à la
société. Une des modalités pourrait être la
présence de groupes socio-économiques aux conseils
d'administration, mais il nous somble qu'il y en aurait une autre qui pourrait
être beaucoup plus valable. Ce serait l'ouverture au public des
délibérations des instances. Je laisse la parole à mon
collègue, Paul Langlois.
M. Langlois: Là-dessus, vous me pardonnerez de
répéter partiellement ce que je disais hier; c'est en toute
connaissance de cause. Dans le mémoire qui vous est soumis, vous
retrouvez, à la page 17, une phrase que je vais prendre la peine de lire
et qui correspond fondamentalement à ce que je disais, en d'autres
termes, hier. "Nous suggérons, par exemple, au législateur de
considérer, à l'occasion de ce projet de loi, d'y inscrire
clairement que toute instance d'université, que ce soit
l'assemblée des gouverneurs, le conseil d'administration, le conseil ou
la commission des études, est en principe ouverte au public et que les
autorités institutionnelles doivent prendre les mesures
nécessaires pour assurer le respect de ce principe. " Quant à
moi, Je douterais que des membres de l'Assemblée nationale puissent
s'opposer, quand on considère le statut public de l'Université du
Québec, à une telle proposition.
Il me semble que c'est de la démocratie la plus fondamentale, de
la transparence la plus pure et la plus saine, que l'on puisse aussi permettre
non seulement à qui veut assister aux délibérations,
à qui veut savoir ce qui s'y passe, mais aussi a la presse, aux
journalistes d'y avoir accès. Je disais hier que nous avons pu constater
chez nous - nous partons d'expériences vécues - qu'il est
tellement difficile de savoir exactement ce qui se trame derrière les
portes closes, qui le sont sans raison. Ce n'est pas simplement la demande de
huis clos, ce qui peut se faire dans toute assemblée
délibérante, même publique, mais, d'une façon
générale, on trie quelques observateurs sur le volet. On en
refuse un grand nombre, parce que cela reste un cercle fermé, des
personnes qui n'osent pas ouvrir leurs délibérations. Il
m'apparaît que le législateur devrait y pourvoir.
M. Campbell: Je résume en trois phrases...
Le Président (M. Laporte): Oui, M. Campbell.
M. Campbell:... la position de la FAPUQ et je commence par la
fin. Pour nous, l'université appartient à la
société. Le meilleur moyen, c'est que l'université, dans
ses instances, agisse au vu et au su de tout le monde. Dans un deuxième
temps, nous croyons qu'il est important qu'il y ait une représentation
suffisante des professeurs à ces instances pour rappeler à ces
dernières et faire valoir auprès des groupes
socio-économiques, qui deviennent un peu les arbitres de
l'université, le point de vue de la communauté professorale et
savante. Et, dans un troisième temps, nous demandons que, par un
amendement à la loi, le gouvernement du Québec reconnaisse
à l'Université du Québec des droits qui rejoignent la
fondation même de l'université au Moyen Age et qui sont reconnus
aujourd'hui par les grandes instances internationales, aussi bien par le
Vatican et le concile Vatican II que par l'Unesco. Merci de votre
attention.
Le Président (M. Laporte): On vous remercie de votre
présentation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je vais en venir au point
essentiel soulevé par les représentants de la FAPUQ. Étant
donné le peu de temps dont nous disposons, encore une fois, Je voudrais
qu'on l'utilise pour la discussion des choses vraiment importantes. Je vais
prendre les points que j'ai soulignés l'un après l'autre au cours
de votre présentation.
En ce qui touche la liberté du travail intellectuel à
l'université, le point de vue que vous présentez est très
important. L'autre jour, on nous a fait valoir qu'il était
également question de ces libertés dans certaines conventions
collectives et on m'a donné des extraits de la convention collective en
vigueur à l'UQAM en particulier. Comme vous le dites, je pense que ces
choses ne se situent pas au même niveau. Il y a certaines libertés
fondamentales qui ne sont pas du champ de la négociation. C'est une
question que nous allons considérer très attentivement. Je pense
que la présentation de ce point de vue a été très
bien faite et elle mérite un examen attentif. Les extraits que vous nous
donnez des chartes de deux grandes universités québécoises
sont intéressants. J'ai demandé qu'on examine les chartes des
autres universités québécoises, et peut-être aussi
d'autres universités canadiennes, américaines ou
européennes, et on verra à examiner ceci avant que la
rédaction définitive du texte soit établie. Mon
inclination à ce moment-ci est de recommander que nous tenions compte de
ce facteur dans le texte législatif.
Mon écriture est tellement mauvaise que j'ai de la
difficulté à reconnaître ce que j'ai écrit il y a
à peine quelques minutes.
Deuxièmement, la représentation diminuée des
professeurs. Je ne partage point l'inquiétude de la FAPUQ sur ce sujet
et j'ai eu l'occasion de m'en ouvrir à plusieurs reprises depuis trois
jours. Je pense que les deux personnes exerçant des charges de direction
d'enseignement ou de recherche seront des personnes qui auront consacré
l'essentiel de leur carrière a des tâches d'enseignement et de
recherche. Qu'elles ne soient pas membres d'un syndicat au moment où
elles exerceront un rôle au sein du conseil d'administration, c'est, pour
moi, une question relativement secondaire, mais nous ne diminuerons pas dans
cette perspective la représentation
qui est accordée à des personnes dont la carrière
et le travail ont été identifiés essentiellement à
la mission de travail intellectuel de l'université. Je pense qu'il faut
dépasser les catégories - excusez-moi d'employer Ici l'expression
- corporatistes. Je ne pense pas qu'il y aurait un recteur qui serait assez
irréaliste pour aller s'entourer d'un directeur d'enseignement et de
recherche ou d'un vice-recteur à l'enseignement et à la
recherche, pour prendre cet exemple, qui n'aurait pas lui-même certaines
lettres de créance dans ce domaine. S'il y a des nominations de ce genre
qui se font, ça.. Excusez-moi.
Une voix:...
M. Ryan: Très bien. C'est ma réponse à ce
point-ci. Je considère ces deux personnes comme des personnes "fully
accredited", dont les créances doivent être reconnues de ce point
de vue. il peut arriver que des erreurs humaines se fassent dans les
nominations; ça fait partie de la vie. Il peut arriver qu'un ministre de
l'Enseignement supérieur soit un parfait crétin et le
système est censé être capable de fonctionner quand
même.
Quatrièmement, vous parlez de la nécessité d'un
sénat ou d'une assemblée universitaire plus large que les
structures de représentation que nous avons actuellement. Je pense que
c'est un point très Intéressant; c'est une structure qui semble
faire défaut actuellement à l'Université du Québec
et chez ses constituantes. C'est un point qu'il y a lieu d'examiner. Je ne
pense pas qu'on devrait essayer de le régler à l'occasion de ce
projet de loi qui est quand même assez avancé. Vous soulevez une
question fort pertinente qui peut trouver des réponses
différentes d'une institution à l'autre. Mais il faudrait au
moins prévoir - et je vais essayer qu'on le prévoie - la
liberté pour une constituante de se donner une institution comme
celle-là, ce serait déjà un premier pas, et
peut-être, dans une étape ultérieure, on pourrait voir s'il
y aurait lieu de confirmer tout ceci. Mais c'est sûrement une porte qu'il
faut laisser ouverte à l'intérieur des constituantes, quitte
à ce que l'opinion fasse en sorte, à l'intérieur de la
constituante, que des choses comme celle-là se fassent. Je n'ai
absolument aucune objection à cette perspective, bien au contraire.
Au sujet de la représentation de la communauté plus large,
je pense qu'il y a des divergences de perspectives qui existent entre nous
à cet égard. Je pense qu'il faut bien comprendre. Il y a deux
choses qui animent le gouvernement, fondamentalement. Tout d'abord, pour que la
communauté sente et sache que l'université, c'est vraiment une
affaire communautaire, nous voulons qu'elle sort présente dans la
direction des affaires de l'université, surtout sur les plans de
l'administration et des orientations générales. Il faut
absolument des structures de sauvegarde à l'intérieur de l'uni-
versité qui assurent que les valeurs plus immédiatement
reliées aux libertés universitaires, à l'exercice
créateur des libertés universitaires soient gérées
suivant des normes différentes de celles qui ont cours dans la gestion
des établissements.
Dans la charte même de l'Université du Québec, on a
quand même un conseil des études, une commission de planification.
Il n'y a rien qui empêche une constituante d'avoir des structures
semblables, non plus, et la plupart en ont. Est-ce qu'elle fonctionne? Est-ce
qu'elle ne fonctionne pas? Il y a du travail à faire de ce
côté-là, mais il n'y a absolument rien qui doit
l'empêcher. Je pense qu'on ne pourra jamais se fier uniquement à
un conseil d'administration ou à une assemblée
générale pour s'acquitter de la plénitude de la mission de
l'université; je dirais même que les fonctions les plus vitales
doivent très probablement être assurées à un autre
niveau, comme celui d'un sénat académique, comme celui d'une
commission des études ou toutes sortes d'autres formules qu'on pourrait
trouver. De ce côté-ci, Je pense que le projet de loi ne pourrait
pas définir trop, parce que nous n'avons pas les données pour le
faire, mais il faut au moins qu'on vise à ne pas empêcher que des
choses valables puissent être tentées ou mises en oeuvre.
Au sujet du caractère public des délibérations des
organismes universitaires, vous avez fait l'analogie avec l'institution
gouvernementale et parlementaire; je pense qu'elle est bonne. Comme vous le
savez, les réunions du cabinet ne sont pas publiques, ce sont des
réunions privées. Le cabinet, c'est le conseil d'administration
de la société québécoise, finalement. Ses
délibérations ne sont pas et ne peuvent pas être publiques
parce qu'il y a trop de choses qui viennent là qui impliquent des
jugements souvent fragiles, souvent injustes même, souvent de nature
à créer un tort considérable. La tradition - iI n'y a pas
de règle écrite nulle part, fort heureusement - veut que ce soit
secret. Et même, on nous oblige a contracter un serment quand on est
invité à faire partie du cabinet, en vertu duquel on s'engage
à ne pas dévoiler à l'extérieur les choses qui se
passent là. Je ne m'attend pas que tout le monde soit absolument parfait
de ce côté-là. Mais c'est la régie qu'on nous
propose. Nous péchons tous quelques fois la semaine. Là-dessus,
je pensa bien qu'il y a certaines instances où le devoir d'ouverture
doit exister, mais je ne sais pas exactement où le situer dans ie
débat que nous faisons. S'il y avait ces organismes plus larges dont
vous parlez, je pense que cela imposerait de soi au conseil des études
de l'Université du Québec. Je ne le sais pas. Je suis
obligé de prendre la question en délibéré. Je n'ai
pas de réponse toute faite à apporter, mais on va l'examiner dans
toutes ses composantes. Je souligne seulement que, suivant la nature et le
niveau des responsabilités confiées à un organisme, ce
voeu
qu'on peut partager en soi au niveau des principes devra trouver des
applications ou des réponses différentes. Merci (12 heures)
Le Président (M. Laporte): Merci. M. Campbell.
M. Campbell: Je ne suis pas sûr d'avoir été
complètement clair. Je voudrais apporter certaines précisions.
D'une part, je voudrais remercier le ministre de considérer la
proposition d'amendement. Je pense qu'il comprend très bien qu'il s'agit
des droits de l'université, pas simplement des droits des professeurs.
Je me contenterai de souligner, par ailleurs, à cet égard, que
s'il regarde dans les chartes des universités nord-américaines,
il ne trouvera peut-être pas toujours des mentions équivalentes
à ce qu'il y a à l'Université de Montréal et
à l'Université Laval pour la bonne raison qu'il y a, dans la
structure de ces universités, le sénat et que c'est parmi les
fonctions du sénat d'assurer la liberté universitaire. Alors,
pour ne pas qu'il y ait de recherche, on dit: Tout compte fait,
c'étaient Montréal et Laval qui étaient originales et on
n'a pas à suivre la règle.
M. Ryan: Soyez assurés que je pensais à cette
dimension-là.
M. Campbell: Parfait. Deuxièmement, je vous ferai
remarquer aussi que je ne veux pas, et la FAPUQ ne propose pas l'idée du
sénat à l'Université du Québec et c'est aux corps
professoraux des différentes constituantes de promouvoir ça.
Comme président d'une fédération, je ne voudrais pas que
d'autres syndicats disent que je m'occupe de leurs affaires. J'ai
mentionné la notion du sénat pour marquer l'importance de garder
la proportion de professeurs aux conseils d'administration des
universités du Québec parce qu'il n'y a pas de sénat et, a
ce moment-là, on en arrive à une position d'arbitrage. M. le
ministre a fait valoir que les administrateurs sont souvent des anciens
professeurs et qu'à ce titre on pourrait parler de professeurs, mais
quand on est administrateurs, on voit les choses dans des perspectives
très particulières. Il y a toutes sortes de pressions qui sont
faites sur eux. Un administrateur, c'est un peu comme un politicien, surtout
à un certain niveau. Il y a toutes sortes de pressions qui sont faites
sur eux de la part du gouvernement, à l'interne, etc., et, à un
moment donné, on tourne les coins un peu plus rond. On a vu des
professeurs, des exsyndiqués passer du côté de
l'administration et prendre des distances par rapport à certains
principes de fond. Je ferai remarquer au ministre que je n'ai pas dit que je
demandais que ce soit des professeurs syndiqués, mais j'ai parlé
de représentants de la communauté professorale.
Un autre petit point au sujet de la clarté. Je peux comprendre
qu'à un moment donné il y a des choses qui doivent être
à huis des, mais on pourrait peut-être prendre l'idée du
conseil municipal - je ne sais pas toujours comment on se débrouille
là-dessus - où les séances sont publiques. Il est certain
que dans les universités où 'i y a un sénat, on se
retrouve dans la même structure que l'on a ici, à
l'Assemblée, au gouvernement du Québec. Il y a le conseil
d'administration, le Conseil des ministres qui peut se faire à huis
clos, mais il y a la Chambre qui est ouverte. Je pense, par exemple, à
l'assemblée universitaire de l'Université de Montréal
où il y a une immense salle et, à la fin, il y a une série
de bancs pour le public. Cela ressemble un peu à ici. Mes
collègues avaient un certain nombre de choses à ajouter
aussi.
Le Président (M. Laporte): M. Langlois.
M. Langlois: Si vous me permettez. Il y a un point à
partir de ce que M. le ministre a dit quant à la
représentativité des personnes exerçant une fonction de
direction qui demeurent des représentants des professeurs. Ce que nous
pourrions à tout le moins demander au gouvernement, ce serait de
considérer qu'au lieu que ces nominations soient faites par le recteur
seul, il puisse y avoir une consultation qui précède ces
nominations. Ce serait un minimum que l'on puisse procéder à une
consultation de personnes pour nommer ces deux personnes qui
représentent des directions. Il pourrait y avoir un certain nombre de
candidatures et une consultation. Ce serait une façon d'assurer
peut-être un peu plus de représentativité. Enfin. Quant
à l'exemple du Conseil des ministres que vous avez apporté tout
à l'heure, je voudrais tout simplement faire remarquer qu'il existe
aussi, je crois, dans la plupart des constituantes - en tout cas, cela existe
chez nous et je suppose que cela existe ailleurs - un comité
exécutif qui, lui, est le véritable Conseil des ministres, ce qui
pourrait peut-être laisser un peu plus d'ouverture au conseil
d'administration.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. Gilbert, oui.
M. Gilbert: Sur la question de la représentation des
professeurs au conseil d'administration, J'ai senti dans les propos du ministre
un intérêt pour préserver la place des professeurs au
conseil d'administration, si je vous ai bien compris. Cependant, tout en
voulant préserver la place des professeurs au conseil d'administration,
vous nous dites: Le recteur y veillera. Je pense que le recteur est bien
préoccupé par un grand nombre d'autres questions que celle de
veiller à la place des professeurs. Les mieux placés pour
désigner les professeurs, ce sont les professeurs eux-mêmes. C'est
une certaine lourdeur administrative que de vouloir préserver la place
des professeurs en passant par l'assentiment du recteur. Quant à la
place des vice-recteurs qui peuvent être ou ne pas être des
professeurs,
parce qu'il n'y est garanti en aucune façon, la tradition semble
se modifier dans le système universitaire québécois
présentement pour que les cadres très supérieurs de nos
institutions proviennent, par exemple, de l'entreprise privée. On en a
des exemples dans certaines universités. Par exemple, à Rimouski,
il y a eu des nominations dernièrement. Je crois qu'à
l'Université de Montréal, il y a eu des nominations aussi. Dans
ce contexte, il n'y a rien qui garantisse que les cadres supérieurs
d'une institution universitaire soient des professeurs.
Le second point sur le même thème, c'est que les
intérêts d'un cadre supérieur d'une institution
universitaire ne sont pas les mêmes. Il est soumis, comme l'a
souligné M. Campbell, à toutes sortes de pressions, et les
intérêts sont de bien servir les objectifs administratifs et non
pas nécessairement servir les intérêts des professeurs. Sur
cette base-là, le conseil d'administration devrait être
éclairé par ie choc des idées à certaines
occasions. La diminution de la présence des professeurs ne contribuera
certainement pas à amener cet éclairage qui nécessitera
des échanges de vues, peut-être dynamiques, entre les cadres de
l'administration et les professeurs. Mais, grand bien nous fasse, du choc des
idées jaillit la lumière. Heureusement qu'Hydro-Québec
n'est pas là. Mais quand même...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gilbert: Ils se sont fait suffisamment choquer les
idées dernièrement.
Sur ce thème-là, je pense que la diminution de la
représentation des professeurs d'université au sein des conseils
d'administration n'est pas de nature à apporter un éclairage
supérieur, mais bien de jeter une certaine ombre sur la qualité
de la réflexion au sein des conseils d'administration.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. le ministre.
M. Ryan: J'ai pris note de ce qui a été dit
à propos de ces deux personnes Je vais regarder si on pourrait faire
quelque chose pour assurer qu'au moins l'une des deux ait une fonction de
direction, d'enseignement ou de recherche. On pourrait peut-être assurer
ceci parce que, pour l'autre dimension, vous avez raison, il y a quelque chose,
là. Je ne serai pas disposé à aller plus loin que cela, je
vous le dis franchement, il me semble que quand ces personnes sont
nommées - il y a des procédures à l'intérieur, il y
a un conseil d'administration de l'université qui procède
à ces choses-là - on ne peut pas les renommer trois ou quatre
fois. Si elles ont été nommées, cela entraîne
certaines conséquences dont celle-ci que nous prévoyons et qui me
paraît raisonnable. Mais pour éviter que ce soit deux personnes
qui aient seulement une approche administrative, je comprends votre
préoccupation, peut-être qu'on va regarder si on ne pourrait pas
trouver un garantie quelconque ici.
Mais, encore une fois, j'insiste beaucoup, on peut très bien
être professeur dans l'âme, et même très riche au
point de vue de la contribution intellectuelle, sans être
nécessairement un professeur membre d'un syndicat - excusez-moi, je ne
voulais pas... Je me suis mal exprimé - tout en exerçant une
fonction de direction. J'ai moi-même exercé une fonction de
direction d'une entreprise intellectuelle longtemps et je me disais: La seule
justification de ma présence là, il faut que je sois le premier
producteur Intellectuel. Un jour, le syndicat avait commis l'affront de
convoquer une réunion des producteurs intellectuels à laquelle je
n'étais pas invité. J'ai insisté beaucoup pour qu'elle
soit supprimée. Ce n'était pas mon droit, mais j'ai dit que
c'était une imposture pure et simple. Je ne voudrais pas qu'on
accrédite ici la légende que parce qu'on accepte des fonctions de
cadre intellectuel dans l'université, on cesse d'être un
représentant des valeurs essentielles de l'université. C'est
l'objet de l'article ici et s'il n'est pas suffisamment clair, on va essayer de
ie clarifier. Je suis content de ce que vous nous dites de ce point de
vue-là parce que ça nous aide â mieux comprendre ce qu'on
essaie de faire.
Une voix:... confirme la règle.
M. Campbell: Vous savez que les syndicats de professeurs dans les
universités québécoises sont sans doute différents,
sous certains aspects, des syndicats que vous avez connus au Devoir.
Le Président (M. Laporte): Sans entrer dans le
débat journalistique...
M. Ryan: N'insistons point, c'était un très bon
syndicat.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Brièvement, parce que je pense qu'on a
déjà eu l'occasion d'en discuter, et ces gens étalent
présents. Je vous remercie beaucoup pour la présentation de votre
mémoire. À partir du moment où vous représentez
plusieurs associations de professeurs de l'ensemble des universités du
Québec et que c'est une problématique reliée à
l'avenir du réseau UQ, en tout cas, a tout ie moins, c'était
intéressant d'avoir votre point de vue.
Je ne veux pas résumer votre mémoire au complet puisque
l'essentiel portait davantage sur un point qui semble vous tenir
énormément à coeur, soit l'inclusion dans le projet de
loi, éventuellement, d'une disposition qui reconnaîtrait la
liberté universitaire. Objectivement, je vous ai entendu l'exprimer,
vous avez lu les éléments qui seraient inclus dans cette
déclara-
tion. Il me semble qu'il y a là quelque chose de très
intéressant sur le plan des principes qui dépasse, comme vous
l'avez dit, strictement la couverture syndicale. C'est autre chose, autrement
dit.
Je ne suis pas réfractaire à ça, je trouve
même ça très intéressant, mais il arrive que la
démocratie nous confie d'autres responsabilités pour un certain
temps; alors c'est actuellement le cas. Étant de ce
côté-ci, je n'ai pas beaucoup de possibilités, surtout
quand on sait qu'on a affaire à un ministre qui, il l'a dit, des fois
est assis sur une vérité et qui est convaincu que ça doit
passer par là. Votre bout de chemin est fait, bonne chance, en
espérant qu'il y ait une ouverture pour cette disposition. Vous
admettrez que ce n'était pas la dimension la plus fondamentale du projet
de loi 63. Vous aviez peut-être raison de l'évoquer, mais ce n'est
pas vraiment présent dans le projet de loi 63.
Vous soulignez les limites de la représentation
socio-économique, comme tous les autres l'ont fait, d'ailleurs. À
ma connaissance, à moins qu'on lise mal, il y a uniquement le
siège social qui ne nous a pas parlé...
Une voix:...
M. Gendron: Je comprends, je n'essaie pas de dire que je vois
là une surprise, mais je vous dis qu'il y a juste le siège social
qui ne nous a pas dit un mot. Lui, il n'a pas de problème avec
ça. Mais tous les autres nous en ont parlé. À quelques
reprises, j'ai senti un peu d'ouverture, un peu de compréhension de la
part du ministre, mais Je vous invite à rester très vigilant sur
cette question parce que je ne change pas d'opinion, il y a là un danger
réel à une forme de privatisation et à une
consécration du principe que le monde des affaires soit un peu plus
l'espèce d'intellect qu'on souhaite qui, dorénavant, donne les
orientations au réseau universitaire. Personnellement, je trouve que ce
serait un recul sans précédent et je m'y oppose. Je connais les
groupes socio-économiques qui siègent au conseil d'administration
de l'Université du Québec en Abrtibi-Témiscamingue, je
veux qu'ils demeurent là, je suis heureux qu'ils soient là. Je
pense que ça en prend parce que l'université, ce n'est pas une
possession des cadres, du recteur et des profs. Je ne comprends pas de cette
façon une université régionale, surtout en région.
L'université en région a un rôle fondamental de soutien
à la collectivité - bien sûr, d'enseignement, d'abord, et
de recherche; ce sont ses éléments fondamentaux, sa raison
d'être - mais cela n'appartient pas exclusivement au ministre de
l'Éducation, aux profs et au recteur. Un milieu, une collectivité
doit avoir la capacité d'Infléchir des orientations d'un conseil
d'administration universitaire parce que c'est l'espèce de sceau de
crédibilité d'à peu près tout ce qui se passe.
Comment se fait-il que l'université, chez nous, soit tellement
sollicitée par toutes sortes d'intervenants? C'est qu'ils veulent se
faire donner une espèce de sceau de crédibilité sur leurs
actions. Une MRC fait une réflexion Importante sur quelque chose; elle
souhaite associer l'université à sa réflexion pour montrer
le caractère d'envergure, sérieux. L'université
régionale joue bien ce rôle et c'est important qu'elle le
fasse.
Je m'arrête là, sur le résumé il y a trois
questions que j'aimerais vous poser parce que je voudrais profiter des quelques
minutes qui restent pour échanger certains propos avec vous. Vous avez
formulé des griefs sur la nouvelle procédure de nomination qui
fait suite au rapport Després. Dans votre mémoire, à la
page 15, vous dites d'une façon très claire: On s'oppose
vigoureusement à l'application expérimentale de la section IV du
rapport Després, concernant la procédure de nomination des chefs
d'établissement à l'intérieur du réseau UQ.
J'aimerais que vous nous donniez deux ou trois précisions sur les
raisons qui vous motivent à ne même pas l'expérimenter
davantage, à rejeter formellement la possibilité de regarder si
cela ne pourrait pas se faire à l'avenir sur la base de ce qu'il y avait
là.
Le Président (M. Laporte): Oui, M. Langlois.
M. Langlois: Nous avons eu l'occasion de nous exprimer, en effet
assez récemment, dans un cas très précis concernant
l'institut Armand-Frappler et le mode de désignation du chef
d'établissement. Nous avons pu constater à cette occasion, que le
siège social s'était basé sur le rapport Després
pour court-circuiter en quelque sorte la consultation du personnel
concerné, plus précisément des professeurs, et qu'on avait
donné très peu de temps à l'ouverture de candidatures
d'une part, au plein exercice de ce droit démocratique aussi. Et, qui
plus est, nous avons pu constater que malgré un refus massif des
professeurs à tout le moins, et aussi avons-nous cru savoir, de
l'ensemble des personnes qui avaient été consultées,
l'assemblée des gouverneurs avait passé outre et avait
désigné en l'occurrence, le chef d'établissement de
l'institut Armand-Frappier, pour ne nommer que ce cas.
Les mômes doléances avaient été
exprimées par un autre membre de notre fédération, en
l'occurrence l'APETS, l'Association des professeurs de l'École de
technologie supérieure. Nous avons d'ailleurs adressé très
rapidement, à la fois au ministre de l'Enseignement supérieur et
au président de l'Université du Québec, un
télégramme dans ce sens.
Nous tenons, comme toujours, à des principes très clairs
chez nous, c'est-à-dire d'ouvrir le plus largement possible à la
consultation des membres qui sont concernés par le choix de leurs
dirigeants et de leur donner aussi le temps de réagir afin qu'il y ait
des candidatures.
M. Gendron: Cela va, merci. J'aurais un
autre commentaire avant de terminer. Personnellement, je trouve que M.
Gilbert avait raison d'insister et j'espère que le ministre sera
très attentif à ces représentations qui ont
été faites par plusieurs organismes, à savoir que, dans sa
forme actuelle, c'est clair que le projet de loi ouvre trop largement la porte
à un affaiblissement concret du rôle important de l'équipe
professorale.
Le ministre a dit: Écoutez, j'étais l'exception qui
confirmait la règle. J'avais des préoccupations, même comme
cadre de haut savoir. Mais des originaux comme ça, il n'y en a pas
beaucoup. Alors il faut se prémunir contre le nombre très
restreint de cas d'exception. Vous aviez tout à fait raison de dire
qu'un cadre va épuiser rapidement ce pourquoi il a été
nommé cadre. Ce seront les préoccupations administratives,
budgétaires et un peu moins les préoccupations fondamentales
toujours reliées soit à l'enseignement ou à la recherche.
Je vous inviterais à être très vigilants dans ce qui
viendra au niveau des amendements pour vous assurer qu'à tout le moins,
parce que le ministre a fait une ouverture à savoir qu'au moins un des
deux, qu'il soit consacré par le recteur, provienne soit des fonctions
recherche ou enseignement... Il faudrait être vigilant
là-dessus.
Une dernière question, rapidement. J'aurais aimé vous
entendre... Compte tenu que vous représentez quand même plusieurs
associations de professeurs, quel est votre point de vue autant sur la
présence des constituantes sur le conseil d'administration, que de
l'assemblée des gouverneurs et des chargés de cours?
Le Président (M. Laporte): M Campbell.
M. Campbeli: Notre position pourrait être la suivante. Le
phénomène des chargés de cours est un
phénomène complexe. En fait, il y a deux catégories de
chargés de cours, il y a le professionnel dans une région qui
vient donner un cours d'appoint et, en ce sens-ià, je pense que la
position des membres de la FAPUQ rejoindrait tout à fait la position du
SPUQTR qui vous a été donnée hier. Cette personne est un
représentant socio-économique. Cela pourrait être un
représentant valable et, à ce moment-là, il peut avoir sa
place parmi les socio-économiques.
Quant à l'autre catégorie de chargés de cours,
d'après nous, c'est une espèce d'aberration, et cela ne devrait
pas exister.
M. Gendron: Je m'excuse, j'ai eu une distraction.
M. Campbell: Quant au reste des chargés de cours, et c'est
peut-être la majorité, c'est-à-dire des gens qui enseignent
à l'université, c'est leur travail exclusif d'être à
l'université, ils ont une charge de cours équivalente, et
quelquefois bien supérieure aux professeurs d'université. Ces
gens font de la recherche, sont engagés, et partici- pent très
souvent à la vie universitaire. Pour nous, il y a quelque chose qui
tient un peu de l'aberration.
M. Gendron: D'accord.
M. Campbell: C'est un "cheap labour". Que voulez-vous? Ce sont
des gens qui n'ont pas les garanties de la liberté universitaire parce
qu'ils sont à l'année. Heureusement, ils commencent à
avoir certaines garanties syndicales actuellement, mais c'est une
catégorie un peu aberrante et, quant à nous, on souhaite qu'elle
puisse disparaître le plus tôt possible.
Il faudrait que ie chargé de cours soft le
spécialiste d'appoint qui vient à l'université. Mais
d'avoir cette position où il y a tout un bassin de jeunes qui
croupissent à faire du temps partiel, qui est du temps permanent dans
des conditions un peu aberrantes, pour nous, c'est quelque chose qui devrait
disparaître. Dans ce sens-là, la reconnaissance, en leur donnant
un poste sur le conseil d'administration, peut s'avérer très
dangereuse parce que, entre autres, on crée une situation fausse et une
division dans ie corps professoral. À certains moments, on peut Jouer,
et les universités pourront jouer sur les divisions entre les
professeurs et les chargés de cours. D'après nous, cette
catégorie ne devrait pas exister.
M. Gendron: Merci, M. Campbell. Sur ce, bonne soupe!
M. Campbell: Merci.
Le Président (M. Laporte): La commission tient à
remercier les représentants de la Fédération des
assocations de professeur des universités du Québec, MM.
Campbell, Langlois et Gilbert, pour la présentation de leur
mémoire et pour l'Intérêt qu'ils ont porté au projet
de loi 63. Monsieur... Oui, rapidement.
M. Campbell: Je demanderais au secrétaire de la commission
de nous Inviter au moment où la commission fera l'étude article
par article. Je sais qu'on ne pourra pas parler, mais je pense que,
selon les conseils qui nous ont été répétés
à certains moments, cela vaudra la peine d'être là pour
suivre cela pas à pas.
M. Gendron: C'est plus simple de vous rappeler le numéro
de téléphone du critique de l'Opposition qui, lui, sera en mesure
de vous dire à quel moment on va faire l'étude article par
article et cela me fera plaisir de vous inviter. C'est beaucoup plus simple et
plus fiable.
M. Ryan: J'aimerais que vous soyez là pour alimenter
l'Opposition au cas où elle serait à court d'arguments.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Laporte): On vous souhaite un bon retour.
La commission...
M. Gendron: Le ministre passe son temps à dire qu'on fait
bien nos devoirs.
Le Président (M. Laporte): La commission suspend ses
travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
(Reprise 15 h 39)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): La commission
permanente de l'éducation reprend ses travaux. Je vous rappelle le
mandat de la commission: procéder à des consultations
particulières dans Se cadre de l'étude détaillée du
projet de loi 63, Loi modifiant la Loi sur l'Université du
Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Jolivet (Lavioiotte) remplace M.
Gendron (Abitibi-Ouest).
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que je peux motiver
l'absence de mon collègue et son remplacement? Compte tenu de certaines
circonstances, !e leader de l'Opposition a dû s'absenter. Il m'a
demandé de le remplacer et s'excuse de ne pas être présent
pour les deux derniers mémoires.
Syndicat canadien de la fonction publique
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le député de Laviolette. Nous allons maintenant entendre le
Syndicat canadien de la fonction publique, représenté ici par M.
Fernand Daoust, secrétaire général. Je demanderais
à M. Daoust de nous présenter les personnes qui
l'accompagnent.
M. Daoust (Fernand): M. le Président, Je vous remercie
beaucoup de nous accueillir et de nous permettre de vous présenter notre
mémoire. Je vous présente, à ma droite, M. Joseph
Labrecque, président du Syndicat des chargés de cours de
l'Université du Québec à Trois-Rivières. Ce
syndicat fait partie du Syndicat canadien de la fonction publique. Je vous
présente également M. Robert Bellerose, vice-président du
syndicat, Mme Louise Verreault-Roy, directrice de ce syndicat, et M. Marcel
Parent, conseiller technique du Syndicat canadien de la fonction publique.
M. le Président, M. le ministre, Mme la députée et
MM. les députés, vous me permettrez de présenter ce
mémoire, qui n'est pas très long, et de vous le lire dans sa
totalité. Je pense bien que je resterai à l'Intérieur du
temps qui nous est permis.
Le Syndicat canadien de la fonction publique représente les 700
chargés de cours de l'Université du Québec à
Trois-Rivières, de même qu'environ 2500 personnes membres du
personnel non enseignant des universités constituantes, instituts de
recherche et écoles supérieures.
Nous désirons profiter de l'occasion de la révision de la
Loi sur l'Université du Québec par l'Assemblée nationale
pour demander que les chargés de cours soient représentés
à l'assemblée des gouverneurs et du conseil des études de
l'Université du Québec, de même qu'aux conseils
d'administration des universités constituantes. Vous trouverez en annexe
les amendements que nous proposons à ce projet de loi.
Les chargés de cours: un portrait. Les chargés de cours
veulent que leur rôle et leur contribution à l'université
soient enfin reconnus à leur juste valeur. Actuellement, comme vous le
savez, la situation est tout autre. Le poste de chargé de cours ne
s'inscrit dans aucune échelle et ne permet pas, à l'heure
actuelle, d'avancement en termes de carrière universitaire. En d'autres
termes, on ne devient pas professeur après quelques années comme
chargé de cours.
I! y a plus de 3000 chargés de cours dans le réseau de
l'Université du Québec. J'en profite pour vous prier de corriger
une coquille qui s'est glissée au mot "milles", il y a un s qui ne
devrait pas être là. Alors, on va accuser l'ordinateur ou je ne
sais trop qui, mais c'est une erreur et on s'en excuse. Les professeurs, pour
leur part, sont environ 1900 Le tiers des chargés de cours sont des
femmes alors que chez les professeurs, la proportion de femmes est d'environ 15
%.
On peut classer les chargés de cours en deux grandes
catégories. La première, ceux qu'on appelle les structurels qui
vivent de leur charge de cours et la seconde, ceux qui sont déjà
engagés dans une activité professionnelle à temps plein
à l'extérieur de l'université. Chacune de ces
catégories assume à part égale environ 50 % des
activités d'enseignement qu'offrent les constituantes de
l'université. De plus, la majeure partie de l'enseignement du premier
cycle est assumée par les chargés de cours. Malgré cette
réalité, ces derniers ne sont pas représentés
à aucune instance de l'université, par exemple, dans les modules,
les départements, les familles, la commission des études, les
conseils d'administration et le reste, et nulle part on ne les invite à
exprimer leurs opinions sur les orientations des universités.
Par ailleurs, c'est !a présence massive des chargés de
cours, particulièrement depuis les dix dernières années,
qui a permis aux constituantes de remplir leur mission d'enseignement tout en
gardant les déficits budgétaires dans des proportions
raisonnables.
De multiples démarches ont été faites pour
être reconnus. Nous vous faisons la chronologie des démarches les
plus récentes dans ce dossier
des chargés de cours.
Le 10 avril 1987, dans une lettre qu'il envoyait au ministre, le
syndicat demande de modifier la Loi sur l'Université du Québec
pour permettre la représentation des chargés de cours au sein des
instances de l'Université du Québec.
Le 27 avril de la même année, le syndicat soumet
également cette question de représentation des chargés de
cours au conseil d'administration de l'Université du Québec
à Trois-Rivières.
Le 7 mai, adoption d'une loi spéciale forçant le retour au
travail des chargés de cours de l'Université du Québec
à Montréal.
Le 11 mal, le secrétaire général de
l'Université du Québec à Trois-Rivières transmet la
lettre du syndicat à M. Pierre Nadeau, secrétaire
général de l'Université du Québec, à
l'attention du comité de révision des règlements de
l'assemblée des gouverneurs.
Du 11 au 15 mal 1987, c'est le quinzième congrès du
Syndicat canadien de la fonction publique, groupe Québec, qui adopte une
résolution demandant au ministre de l'Enseignement supérieur et
de la Science d'amender la Loi sur l'Université du Québec de
façon à ce que les chargés de cours puissent être
représentés comme membres à part entière au sein
des instances des universités.
Novembre 1987, au congrès de la FTQ. nous adoptons une
résolution qui reprend la résolution adoptée en mai par le
SCFP.
Nous voilà en mars 1988. Le SCFP dépose un mémoire
sur la situation des chargés de cours. Entre autres, le SCFP demande
dans ce mémoire que les chargés de cours participent de plein
droit aux diverses Instances de décision des universités, et cela
dans l'esprit de la Loi sur l'Université du Québec. Le SCFP
rencontre M. Gaétan Lévesque, conseiller spécial du
ministre.
Le 5 août, les cinq présidents des syndicats de
chargés de cours signent ensemble une lettre demandant une rencontre au
ministre afin de discuter d'une éventuelle représentation des
chargés de cours au sein des instances décisionnelles du
réseau de l'Université du Québec.
Le 24 août, le ministre répond aux cinq présidents
des syndicats et affirme qu'il se prêtera volontiers à la
rencontre demandée dans la lettre du 5 août; cette rencontre n'a
pas encore eu lieu.
En décembre 1988, le ministre confirme au secrétaire
général de la FTQ qu'il y aura rencontre avec les
représentants de la FTQ et des chargés de cours avant de modifier
la loi.
Une représentation essentielle. Dans son esprit, la Loi sur
l'Université du Québec édicté que les personnes
concernées participent aux décisions et orientations de
l'université. Les professeurs et les étudiants y trouvent leur
place. Mais, malheureusement, la moitié du corps enseignant est
évacuée du processus. Les chargés de cours ne demandent
qu'une représentation équivalente à celle consentie aux
étudiants depuis 20 ans.
En 1983, dans un article paru dans le magazine de l'Université du
Québec, Réseau, et intitulé *Le rôle du professeur
d'université", le Conseil supérieur de l'Éducation
s'exprimait ainsi, et nous citons: "Le Conseil supérieur de
l'Éducation a la nette conviction qu'il faudra cesser de prendre des
décisions à court terme et ouvrir plutôt à
l'université et à ceux qui sont les principaux responsables des
progrès accomplis, des perspectives d'avenir, sans quoi on risque de
compromettre rapidement ce qui a été conquis de haute lutte
grâce à des efforts collectifs Importants".
En 1986, le ministre, M. Claude Ryan, déclarait publiquement que
la question des chargés de cours posait une sérieuse question
d'équité. Nous citons La Presse du 10 octobre 1986:
"L'équité ne concerne pas seulement les salaires, c'est
également une question de reconnaissance à l'endroit de ceux qui
réalisent la moitié de l'enseignement dispensé par les
constituantes et qui permettent à l'Université du Québec
d'assumer sa fonction, sa mission d'enseignement".
En annexe, nous reproduisons ces parties de la loi qui modifient la Loi
sur l'Université du Québec, et nous soulignons dans ces annexes,
les endroits où, selon nous, il devrait y avoir modification. Et,
très rapidement, à l'article 7, au paragraphe g, on y ajouterait
"deux personnes nommées pour trois ans par le gouvernement, sur la
recommandation du ministre. Ces deux personnes sont des chargés de cours
des universités constituantes, des écoles supérieures et
des instituts de recherche désignés par les chargés de
cours de ces universités, écoles et Instituts".
À l'annexe suivante, il s'agit cette fois du Conseil des
études où, rappelons-le, il y a déjà trois
étudiants. L'ajout serait le suivant, à l'article 18, paragraphe
e, Trois chargés de cours des universités constituantes, des
instituts de recherche et des écoles supérieures,
désignés par les chargés de cours de ces
universités, Instituts et écoles".
Dans l'annexe suivante, c'est le conseil d'administration des
constituantes, et c'est à la page suivante qu'on retrouve, au paragraphe
f, "Deux personnes nommées pour trois ans par le gouvernement sur la
recommandation du ministre, choisies parmi les chargés de cours de
l'université constituante et désignées par les
chargés de cours de cette université".
Somme toute, les amendements sont des amendements de concordance,
Inévitablement. Je no suis pas pour vous les lire tous, les uns
après Ies autres. En fait, la revendication que vous savez, c'est de
permettre à ceux dont on connaît la contribution dans les
universités, dont on sait l'implication personnelle, dont vous
connaissez les conditions matérielles et de toutes sortes qui sont les
leurs - nous les connaissons nous aussi - et dont on connaît les
engagements et le désir de participer. Notre revendication, c'est
donc qu'ils soient invités au même titre que les
étudiants qui sont inévitablement de façon transitoire
dans les universités, quelles qu'elles soient, mais qui y ont
malgré tout une présence qui ont voix au chapitre, dont ils
peuvent tirer toute l'expérience et toutes les leçons et
contribuer eux aussi de leur vécu aux orientations et à la vie de
l'université. Alors, on souhaiterait bien que ceux qui constituent la
majorité de ceux et de celles qui donnent l'enseignement dans les
universités puissent eux aussi être conviés à
participer par leur compétence et leur expertise, à la vie de
l'université.
C'est pourquoi on souhaite ardemment que notre revendication soit
accueillie par le ministre. Il nous semble éminemment raisonnable que
ces gens ne soient plus laissés a l'écart, ne soient plus
considérés, enfin, je ne veux pas abuser de mots tels que
"citoyen de deuxième classe", etc., mais considérés ou
même titre que tous ceux qui participent à la vie de
l'université.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir, au nom du
gouvernement, de souhaiter la bienvenue à la délégation du
Syndicat canadien de la fonction publique, en particulier à celui qui en
a été le porte-parole pour la présentation du
mémoire, M. Daoust, secrétaire général de la
Fédération des travailleurs du Québec. Je le salue
cordialement et avec d'autant plus de cordialité que M. Daoust, ai-je
appris depuis quelques semaines, est l'un des membres de l'Office de la langue
française. J'aurai l'occasion de vous rencontrer de nouveau lundi,
d'après ce que j'apprenais ce matin. Je vous remercie des services que
vous rendez là également. Il y a un autre endroit où je
vous al retrouvé dans des organismes gouvernementaux. Il me semble que
vous avez été longtemps et que vous êtes encore au conseil
d'administration de l'UQAM.
M. Daoust: Oui.
M. Ryan: Alors, c'est un bon endroit pour plaider la même
cause.
M. Daoust: C'est déjà fait.
M. Ryan: J'en suis sûr. Le gouvernement a eu l'occasion de
reconduire le mandat de M. Daoust comme membre du conseil d'administration de
l'UQAM. Il avait été nommé par le gouvernement
précédent, mais dans ce souci d'objectivité qui
caractérise le gouvernement actuel, je suis très heureux, M.
Daoust étant disponible... Il n'écoute pas. Je disais ça
pour le député de Laviolette, pas pour vous autres.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Alors, je remercie M. Daoust de sa contribution multiple
et pas uniforme à l'activité du secteur public au Québec.
Je pense que c'est très utile et que la communauté
l'apprécie. Le mémoire que vous avez présenté au
nom des chargés de cours nous intéresse à bien des
égards.
Tout d'abord, à l'occasion des auditions publiques que la
commission parlementaire de l'éducation avait tenues en septembre 1986
sur le financement des universités, nous avions eu l'occasion de nous
saisir abondamment des problèmes propres aux chargés de cours
dans les universités du Québec et nous avions pris l'engagement,
à ce moment, de faire une étude spéciale de la condition
du chargé ou de la chargés de cours afin de faire la
lumière sur les problèmes particuliers qui se posent dans ce
secteur.
Il a été un peu difficile de démarrer cette
étude, je le confesse en toute simplicité. J'avais pensé
d'abord la confier à une personne qui aurait pu procéder
rapidement, en faire le tour de manière objective, mais ce
n'était pas facile à trouver parce que le problème est
plus complexe qu'il n'y semblait au premier regard. Finalement, j'ai
demandé, il y a quelques mois, au conseil des universités
d'entreprendre cette étude. Le conseil s'est mis résolument
à la tâche. Je recevais du conseil des universités, ces
jours derniers, un rapport d'étapes qui indique qu'un travail
considérable est on marche. Le conseil me demandait un report, parce que
le rapport préliminaire devait m'être remis au mois de juin. On a
recueilli tellement de données à l'aide d'une enquête qui a
rejoint, je pense, au-delà de 1000 chargés de cours, que la
compilation, et surtout l'analyse et l'interprétation de ces
données demanderont un peu plus de temps qu'on ne l'avait
prévu.
Le conseil m'a demandé de prolonger le délai entrevu pour
la remise du rapport préliminaire jusqu'à l'automne, ce que je
m'apprête à accepter, vu que le conseil des universités a
toujours fait un travail très consciencieux pour le gouvernement et
qu'un délai de quelques mois, s'il doit nous apporter un rapport de
meilleure qualité, doit être accepté pour le bien
général. Je vous assure que ce sujet n'a pas cessé de nous
préoccuper et qu'à l'aide des données qui ressortiront de
l'enquête du conseil des universités nous verrons à
réexaminer avec les autorités des universités et aussi des
syndicats représentatifs des chargés de cours, les mesures qui
pourraient être entrevues pour l'amélioration des conditions dans
ce secteur où il n'est pas facile de voir clair, parce que, si on avait
des chargés de cours qui représentent tous le même type de
problème ou de préoccupation, ce serait plus facile. Mais ce
n'est pas comme les professeurs d'université qui, eux, sont à la
base des salariés de l'université à temps plein, du moins
supposément, à qui, par conséquent, on peut accorder des
conditions et dont on peut revendiquer les prestations de services
correspondantes à un
statut de salarié à temps complet.
Parmi les chargés de cours. il y a des personnes de nombreuses
catégories. Certains viennent fournir un appoint d'enseignement à
l'université, à partir d'une base de compétence qu'ils
détiennent dans le secteur privé. Ceux-là n'ont pas de
problème de précarité particulière, n'ont pas de
problème de reconnaissance au même titre qu'un bon nombre qui ont
été engagés comme chargés de cours depuis une
quinzaine d'années parce que l'université n'avait pas toujours
les moyens d'embaucher des professeurs à temps complet et que souvent
c'était un moyen à peine détourné d'offrir le
même service à meilleur compte, très souvent au
détriment des personnes qui étaient ainsi utilisées pour
des fins nobles mais avec des moyens qui restaient discutables.
C'est un élément qu'on ne peut pas effacer du tableau du
développement spectaculalre qu'a connu le milieu universitaire au cours
des quinze dernières années. Avec les années, il va
falloir qu'on Intègre ce problème et qu'on y apporte des
solutions qui répondront aux besoins de chaque catégorie. C'est
ce qu'on connaîtra et comprendra mieux à l'aide du rapport qui
devrait nous être remis au cours de l'automne.
Dans le mémoire que le Syndicat canadien de la fonction publique
nous a soumis, il y a des revendications qui sont d'ordre plus immédiat,
qui visent le projet de loi 63, et je veux les discuter franchement avec la
délégation du syndicat. Il y a trois revendications principales,
d'après ce que j'ai compris. On demande une représentation des
chargés de cours au sein de l'assemblée des gouverneurs de
l'Université du Québec, au sein du conseil des études de
l'Université du Québec et finalement au sein des conseils
d'administration d'universités constituantes. Pour le reste, ce sont des
dispositions de concordance, comme l'a dit M. Daoust tantôt, et je pense
qu'il n'y a pas lieu d'y Insister.
C'est un point sur lequel nous sommes revenus souvent depuis le
début des auditions publiques autour du projet de loi 63. Je veux
réitérer ce que j'ai déjà dit là-dessus. Je
pense que la réponse est assez simple. En principe, la réponse
est affirmative. Nous reconnaissons qu'il serait opportun, désirable et
juste de prévoir une représentation des chargés de cours
au sein de l'assemblée des gouverneurs, je dirais, d'abord au sein du
conseil d'administration de chaque université constituante. Je serai
plus ferme en cette matière. Il faudrait peut-être commencer par
le commencement, mais dans cette situation il faut prévoir une
représentation dont il restera à déterminer l'importance.
Vous demandez deux représentants au conseil d'administration. Est-ce que
ce devrait être un ou deux? Je ne le sais pas. Je suis enclin,
personnellement, à prévoir plutôt un représentant
pour commencer, parce qu'on n'était pas habitué à ce
régime - il y en a qui font encore des résistances - quitte
à modifier cette représentation quand on aura
complété l'étude qui est en cours actuellement, qui nous
indiquera peut-être des voles d'interventions que nous ne
soupçonnons pas pour l'Instant. En tout cas, je pense qu'on peut
considérer le principe comme acquis pour ce qui est du conseil
d'administration des constituantes.
Pour ce qui de l'assemblée générale de
l'Université du Québec, j'ai interrogé l'autre jour le
président de l'Université du Québec, M. Claude Hamel, lors
de sa présentation d'un mémoire devant la commission au nom de
l'Université du Québec. Il n'a pas semblé nourrir de
réticences devant l'idée d'une représentation des
chargés de cours au niveau de l'assemblée générale.
Nous examinerons les modalités, le bien-fondé et le pour et
contre, mais c'est une chose à laquelle nous ne formons pas la
porte.
Le troisième élément, c'est le Conseil des
études de l'Université du Québec.
Généralement, dans chaque constituante, il y a une commission des
études ou une commission pédagogique, qu'on l'appelle comme on
voudra, mais je pense que là, la représentation des
chargés de cours est hautement souhaitable. Cela se fait sur le mode
d'une décision d'ordre réglementaire prise par le conseil
d'administration de l'établissement. Je pense qu'il y a un travail
à faire de ce côté. Nous allons en parler avec la direction
de l'Université du Québec et les directions des
universités constituantes. Demain, j'aurai l'occasion d'aller à
l'Université du Québec à Chicoutimi et j'en parlerai avec
la direction de l'université. Je verrai sa réaction
là-dessus et j'examinerai avec elle le cheminement qu'on pourra faire
ensemble. Je pense que ça couvre les...
Au conseil des études, je commence par la commission
pédagogique ou la commission des études au sein de chaque
constituante. Et, ce que nous envisagerons à ce niveau-là, on
verra la possibilité de le reproduire en ce qui concerne le conseil des
études, mais je vous dis qu'il n'y a pas d'obstacle infranchissable, en
ce qui concerne les principes, à une représentation des
chargés de cours à chacun des niveaux que vous avez
évoqués dans le mémoire.
Cela dit, je pense que c'est assez clair comme c'est là.
Peut-être qu'il y a des réactions que vous voudriez avoir de votre
côté. Je n'ai pas de questions à vous poser, parce que
c'est le point principal qui est soulevé dans le mémoire.
Parfois, à vouloir trop étendre le champ, on finit par confondre
même les choses qui semblaient claires. C'est un principe que j'ai appris
dans la vie publique. Quand c'est clair, il ne faut pas se forcer pour le
rendre plus clair de pour de le rendre moins clair. (16 heures)
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. M.
Daoust.
M. Bellerose (Robert): Je peux peut-être faire seulement un
commentaire.
Le Président (M. Laporte): Voulez-vous vous
identifier?
M. Bellerose: Oui. Robert Bellerose, vice-président du
Syndicat des chargés de cours de l'Université du Québec
à Trois-Rivières. Notre reconnaissance syndicale remonte à
à peu près quatre ou cinq ans, autour de 1984-1935. Notre
première convention collective est entrée en vigueur en
août 1985. Une des dispositions de cette convention prévoyait
qu'on pouvait, avec l'accord des instances de l'université, comme par
exemple, les départements ou la commission des études dont on
parlait justement avoir un observateur sans droit de vote, sans droit de
parole, en d'autres termes, une oreille à la commission des
études qui nous semble être l'endroit par excellence où on
devrait être représentés, parce que ce sont des questions
purement pédagogiques, des questions d'enseignement qui y sont
traitées. En bonne partie, ce sont des étudiants et des
professeurs qui sont là. On a fait une demande comme ça pour un
observateur sans droit de vote, sans droit de parole, et la politique de la
commission des études à Trois-Rivières étant
donné qu'il n'y a aucun observateur, on a été
refusé, ce qui est très choquant.
D'autre part, parmi les départements, et à notre sens
à nous, les assemblées départementales, qui sont
formées exclusivement de professeurs devraient être non seulement
des assemblées de professeurs, mais des assemblées de
professionnels, de gens qui travaillent dans un département, peu importe
leur implication, qu'ils fassent partie du corps professoral comme tel ou que
ce soit même des employés de soutien, à la limite. On
partage ce point de vue-là avec la ministre à savoir que les
commissions des études sont peut-être les endroits où il
faudrait qu'on se retrouve au premier chef, sauf qu'au cours de notre petite
histoire à nous, depuis quatre ou cinq ans, on s'est aperçu que
d'essayer de rentrer par la base, ça été très
difficile. Il y a à peu près deux ans, on s'est demandé
s'il ne serait pas plus simple, si le signal venait d'en haut, qu'il y ait une
certaine reconnaissance à partir d'en haut, et si ce n'était pas
plus simple, par la suite, de rentrer dans les commissions des
études.
Lo Précldont (M. Lcporto): Merci, M. Belleroso.
M. Jollvot: Je no sais pas si lo ministre à une
réaction. M. le ministre a-t-il une réaction?
M. Ryan: J'avais juste un petit point, une précision que
Je voulais apporter.
Lo Président (M. Laporte): Oui, M. le ministre.
Pii. Ryan: Tantôt, vous avez dit que vous aviez demandé une
rencontre avec moi, qu'elle n'avait pas encore eu lieu à ce jour. Je
veux rappeler qu'une rencontre avait eu lieu avec mon collaborateur, M.
Gaétan Lévesque, qui m'avait tenu informé des
conversations qu'il avait eues avec vous. Je pense que c'est l'an dernier.
M. Belloroso: Mais, c'était... M. Ryan: Pardon!
M. Belleroso: Allez-y!
M. Ryan: Je veux juste compléter. J'espère que vous
inscrirez dans vos dossiers que la rencontre a eu lieu aujourd'hui.
M. Bollerose: Ah oui! Absolument. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ryan: S'il y en a d'autres qui sont nécessaires,
ça nous fera plaisir.
Le Président (M. Laporte): Oui. M. le député
de Lavloletto.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Au nom de l'Opposition,
il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à M. Daoust et à son
groupe qui représentent le Syndicat canadien de la fonction publique. Au
sujet des chargés de cours, je dois dire au ministre, par rapport
à ce qu'il m'a dit tout à l'heure, que, lorsque j'étais
représentant syndical du Syndicat des enseignants de La Mauricie
à l'Université du Québec à Trois-Rivières -
si M. lo ministre veut m'écouter - j'avais ou l'honneur d'être
représentant socio-économique dans ce qu'on appelait "les modules
d'enseignement". Il s'agissait du baccalauréat d'ensei-gnement
élémentaire à l'Université du Québec
à Trois-Rivières. Alors, j'ai aussi connu ce secteur de travail
à titre de bénévole, bien entendu, comme le ministre en
faisait mention tout à l'heure.
Je dois aussi dire que la position de l'Opposition, en ce qui regarde la
demande faite par le syndicat, correspond dans l'ensemble à notre vision
des choses, et je pense que la position du ministre concorde en disant: Oui, il
doit y avoir une représentativité, même lors de
l'étude du projet de loi, quant à son principe, nous avons
d'abord défendu le but précis visant à inclure des
chargés de cours comme représentants à l'assemblée
des gouverneurs et aux conseils d'administration des universités
constituantes de l'Université du Québec. On faisait justement
mention des changements qui seront apportés à la loi actuelle par
la nouvelle loi, ainsi lo changement portera de sept à cinq le nombre de
représentants socio-économiques, selon la proposition faite, de
manière à laisser la place à deux représentants
à l'assemblée des gouverneurs, et quant aux conseils
d'administration des
constituantes, le changement portera de six à quatre le nombre de
membres, de façon à laisser de la place à des
chargés de cours.
Vous parliez aussi, M. Bellerose, de donner un signal important d'en
haut sur la représentation des chargés de cours au conseil des
études des constituantes, et, d'une façon plus large, de
l'ensemble des professionnels qui agissent à l'intérieur de ces
constituantes. Ma question porterait sur une autre partie qui n'a
peut-être pas été mentionnée dans votre
mémoire, mais qu'il serait peut-être intéressant de
connaître, c'est en ce qui concerne le mode de nomination des personnes
dites socio-économiques. J'aimerais savoir de votre part si,
d'après la formulation faite Jusqu'à maintenant par le ministre,
vous aimeriez remplacer cette définition par la formulation qu'on
connaissait antérieurement et qui prévoyait une consultation des
associations les plus représentatives du milieu des affaires et du
travail. J'aimerais, si vous avez une prise de position à ce sujet, que
vous nous la fassiez connaître.
Le Président (M. Laporte): M. Daoust.
M. Daoust: Nous ne nous sommes pas arrêtés de
façon précise à cette formulation. Le mieux que je puisse
vous dire à ce moment-ci, c'est que, si on ajoute le nombre de
représentants socio-économiques, on retiendra
Inévitablement selon mol, que ce soit explicitement mentionné ou
autrement dit, la nécessité que le monde du travail, le monde de
l'entreprise, les syndicats et les porte-parole du milieu patronal soient
associés eux aussi à la vie de l'université. Dieu sait que
dans un monde de mutation tel qu'on le connaît à ce moment-ci dans
tous les secteurs, dans le secteur économique, tous les problèmes
de formation professionnelle, de recyclage des travailleurs préoccupent,
et vous le savez fort bien, au plus haut point l'ensemble du mouvement syndical
et aussi - Ils pourront le dire eux-mêmes - les porte-parole du mouvement
patronal. Et, de voir qu'on pourrait éventuellement être
écartés de ces lieux de réflexion et de concertation, ces
lieux où se façonnent ceux qui demain assumeront tous les postes
que l'on sait à l'Intérieur de notre société, de
voir qu'il y aurait absence de porte-parole compétents choisis par eux,
suggérés par eux, recommandés par eux au sein des diverses
instances prévues dans le projet de loi serait pour nous, à mon
sens, une faiblesse, ce ne serait pas très positif. Ce serait se priver
de gens qui, essentiellement, devraient être là. Alors, encore une
fois, on ne s'est pas attachés au fait qu'on mentionne
"représentants du monde du travail!" ou "représentants du monde
des affaires", mais il me semble que c'est d'une évidence telle, et que
quant à nous, si on nous demandait notre opinion rapidement, Je dirais:
Écoutez, pour éviter des malentendus, des tentations qui sont
toujours normales chez les détenteurs du pouvoir politique, il serait
peut- être adéquat de préciser que ces deux grands groupes
dans notre société ont une place de droit - je ne dis pas de
choix mais de droit - à l'Intérieur des groupes
socio-économiques, encore une fois, pour affirmer qu'ils ont leur
rôle à jouer et qu'ils doivent y être Invités
formellement. D'ailleurs, on le demande. Partout, on n'a cessé de le
demander et je pense que cela pourrait encore améliorer le projet de loi
si c'était formulé de façon un peu plus explicite que ce
ne l'est en ce moment.
M. Jolivet: Merci de votre explication. Je veux tout simplement
ajouter, parce que c'est tellement clair comme demande, et en espérant
que le ministre dise oui, j'accepte le principe, il s'agit maintenant de
déterminer quant au nombre. Il est évident que nous serions
d'accord sur la demande qui a été faite en ce qui a trait
à l'assemblée des gouverneurs et au conseil d'administration.
Quant au conseil des études, il est évident que, dans le contexte
où les chargés de cours représentent près de 50 %
de l'enseignement donné, il est tout à fait normal qu'ils soient
représentés à ce niveau, et qu'à ce moment, la
demande faite par M. Bellerose de donner un signal d'en haut justement pour
permettre cette représentation à ces lieux de décision qui
sont très importants, soit entendue par le ministre. Nous vous redisons
que notre position est exactement celle que vous défendez et, dans ce
sens, nous allons poursuivre avec le ministre, et l'inviter à accepter
de mettre dans la loi ce qui doit être mis dans la loi, et en d'autres
lieux ce qui doit être mis dans d'autres lieux, par
l'intermédiaire des pressions qu'il pourra exercer, comme il le disait,
lors de rencontres qu'il aura avec des constituantes au Québec.
Merci de votre présentation.
Le Président (M. Laporte): Merci. La commission tient
à remercier le Syndicat canadien de la fonction publique et ses
représentant pour la présentation de leur mémoire. En vous
souhaitant... Je ne sais pas si vous avez un tout dernier mot à...
M. Daoust: Oui, juste un dernier.
Le Président (M. Laporte): Je vous le permets, M.
Daoust.
M. Daoust: il y a un genre d'adage qui est abondamment
répandu chez les étudiants en droit et chez les avocats, en vertu
duquel, lorsqu'un avocat qui plaide devant un tribunal s'aperçoit que
son procès est gagné, on lui dit n'insiste pas plus, tu pourrais
le perdre. On a tout dit, le ministre a fait état de son ouverture
d'esprit. On le remercie, on en prend bonne note, il n'y a pas d'obstacle qui
semble se présenter à cette revendication qui est la nôtre
d'avoir des chargés de cours. Bravo! Nous en prenons bonne note et
nous vous déclarons notre satisfaction à l'égard
des gestes que vous vous apprêtez à poser pour permettre à
ces gens d'être enfin présents partout dans les structures de
l'université. Merci beaucoup.
M. Jolivet: il y a un autre adage qui dit: trop fort ne casse
pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Laporte): On vous remercie de la
présentation en vous souhaitant un bon retour.
J'inviterais les représentants de la Centrale de l'enseignement
du Québec à bien vouloir s'avancer. La commission suspend ses
travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 18)
Centrale de I'enseignement du Québec
Le Président (M. Laporte): La commission reprend ses
travaux. Nous tenons à vous remercier de vous être
déplacés pour présenter votre mémoire à la
commission de l'éducation. Pour les fins de l'enregistrement, j'aimerais
que vous puissiez vous identifier comme porte-parole de la Centrale de
l'enseignement du Québec et présenter les autres membres qui vous
accompagnent. Sans plus tarder, vous connaissez les règles, vous avez de
quinze à vingt minutes pour la présentation de votre
mémoire, suivront les discussions avec les membres de la commission. La
parole est à vous.
M. Lévesque (Serge): Merci, M. le Président. Mon
nom est Serge Lévesque, j'occupe la fonction de
secrétaire-trésorier de la Centrale de l'enseignement du
Québec et je suis responsable du secteur universitaire de notre
organisation. Les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui, à ma droite,
M. Gaétan Théberge, représentant de notre syndicat de
chargés de cours en Abitibi-Témiscamingue; M. Daniel Lachance,
président de notre fédération du personnel de soutien; Mme
Carole Demers, présidente de notre fédération de
professionnels et professionnelles de collèges et d'universités;
M. André Leblond, président de la Fédération des
professeurs de l'Université du Québec et M. Jean-Guy Leduc,
employé professionnel à la centrale et affecté au secteur
universitaire.
Comme vous le savez, M. le Président, la
Centrale de l'enseignement du Québec, lorsqu'il est question
d'enseignement, de quelque ordre qu'il soit, est toujours heureuse de
s'associer aux débats qui ont cours, d'autant plus, pour cette
commission parlementaire, on a un grand intérêt, dans la mesure
où nous avons été une des organisations à la
réclamer en décembre dernier. Nous tenons donc dès
maintenant à inscrire notre satisfaction à l'égard de la
convocation de ladite commission parlementaire et de la possibilité qui
nous est offerte d'exprimer notre point de vue aujourd'hui.
Lo projet de loi 63 a pour effet de modifier le pouvoir de
réglementation des instances centrales de l'université ainsi que
les règles de composition de l'assemblée des gouverneurs et du
conseil d'administration des constituantes. On sait qu'il accorde à
l'Université du Québec à Montréal le statut
d'université associée. En cours de discussion, nous ne manquerons
donc pas d'exprimer une opposition à l'égard dudit projet de loi
et citer à l'occasion la lettre que le ministre faisait parvenir au
président de l'université en date du 24 mai 1988.
Évidemment aussi toute discussion sur l'Université du
Québec ne peut renvoyer, par certains aspects, à l'ensemble des
débats d'orientation qui touchent l'université
québécoise et c'est ce que nous avons l'intention de faire de
façon très sommaire en rappelant un certain nombre de nos
orientations dans la deuxième partie de notre mémoire, puisqu'on
pense que l'ensemble de ces questions sont intimement reliées.
Nous croyons que cette commission parlementaire se situe aussi
relativement bien pour la période, puisqu'elle se tient quelques jours
après le dépôt des crédits budgétaires et
à quelques jours, quelques semaines ou quelques mois à tout le
moins d'une campagne électorale. Bien sûr, la campagne
électorale devra être précédée du
dépôt d'un budget d'où l'importance, quant à nous,
d'élargir la réflexion sur le thème spécifique de
cette commission à l'ensemble des préoccupations
universitaires.
Il est important de signaler, d'entrée de jeu, que
l'Université du Québec est le réseau le plus important du
système universitaire québécois et que c'est la seule
université entièrement d'ordre public. Notre propos vise donc
à nous assurer que cette institution pourra continuer à se
développer et à assumer ses responsabilités selon ses
caractéristiques propres et avec le concours le plus substantiel de son
personnel et de ses organisations représentatives.
Par les articles 7 et 8, le projet de loi amende les articles 17 et 18
de la loi relatifs au pouvoir réglementaire de l'assemblée des
gouverneurs, d'une part, et du conseil des études, d'autre part,
lesquels constituent les deux instances centrales du siège social. Il
est à noter que ces pouvoirs de réglementation touchent un large
éventail de sujets dont certains tombent dans le champ des conventions
collectives des personnels et concernent, bien sûr, de très
près la vie interne des établissements.
Nous avons une première question à savoir si une telle
extension du pouvoir réglementaire des instances. centrales est vraiment
indispensable à ce moment-ci et, si on se fie à tout le moins
à ce que l'on a pu lire dans les médias aujour-
d'hui même, on a compris qu'il y avait possiblement une ouverture
ministérielle à l'effet de corriger toute la dynamique entourant
l'élargissement du pouvoir de réglementation au niveau de
l'assemblée des gouverneurs. Je présume qu'en cours de discussion
tout à l'heure le ministre pourra s'expliquer plus clairement, mais,
quant à nous, il nous semble que le projet de loi, tel que
rédigé à ce moment-ci, devra être modifié
pour corriger cela afin que les Instances centrales, que ce soit
l'assemblée des gouverneurs ou le conseil des études, puissent
conserver leur pouvoir de réglementation général actuel
sans plus, quitte à ce qu'il y ait un aménagement particulier
dans le cas d'un établissement associé.
Au niveau de la composition des instances, il y a l'ajout des
représentants socio-économiques. Le premier commentaire que nous
voulons signaler à ce moment-ci à la commission parlementaire est
que le terme socio-économique peut créer une certaine
ambiguïté. Quant à nous, nous serions plus à l'aise
avec le maintien de l'ancienne formulation, c'est-à-dire des
représentants des affaires et du travail, quitte à ce que les
trois termes apparaissent socio-économique, affaires et travail, mais il
nous semble qu'il faut reconnaître la spécificité du
secteur travail. Vous comprendrez qu'une organisation syndicale se sent plus
à l'aise, plus protégée en termes de garanties de
représentation lorsque, nommément, on fait
référence à la représentation du secteur
travail.
Quant à la représentation du personnel, on a eu le loisir
d'entendre un bon plaidoyer par nos prédécesseurs et d'avoir un
accueil réceptif, tant de la part de l'Opposition que des
représentants du gouvernement. Cependant, nous voudrions signaler
à cette commission parlementaire que, dans la vie universitaire, il y a
deux autres corps de personnel Intimement reliés à la vie de
l'université qui sont là de façon omniprésente au
même titre que les professeurs et c'est le personnel de soutien et le
personnel professionnel. Il y a souvent des problèmes reliés,
soit à l'encadrement des étudiants, soit à la vie globale
du fonctionnement universitaire et on croit que ces gens devraient avoir leur
mot à dire au même titre que les professeurs et les chargés
de cours. Comme vous le verrez dans notre mémoire, on n'a émis
aucun commentaire à l'égard de l'augmentation du nombre de
représentants socio-économiques. On veut cependant vous signaler
que, quant à nous, si nous n'avons pas abordé ce
phénomène, c'est que nous croyions qu'on pourrait avoir un
accueil sympathique à notre revendication d'élargissement et que
cela pourrait maintenir une proportion existant antérieurement entre les
représentants des personnels et les représentants externes
à l'université. Il va de soi que dans la mesure où il ne
pourrait pas y avoir d'extension dans le sens souhaité par la Centrale
de l'enseignement du Québec, cela nous semblerait tout à fait
déplorable d'assister à un élargissement aussi grand,
à ce moment-ci, de la représentation.
Un dernier élément que je pourrais peut-être
mentionner à cette étape-ci et qui plaide en faveur de la
représentation du personnel de soutien et du personnel professionnel,
c'est que dans les autres réseaux, on a reconnu nommément de
façon structurelle la place de ces personnels. Vous savez sans doute
qu'en ce qui concerne les conseils d'administration des collèges, toutes
les catégories de personnel sont représentées. M. le
ministre, dans votre récent projet de loi et votre loi 107, on a cru bon
de prévoir là aussi que les représentants de toutes les
catégories de personnel soient présents au conseil d'orientation
des écoles. Il nous semble tout à fait Indispensable qu'au niveau
universitaire, dans cet ordre d'enseignement aussi, on reconnaisse la place et
l'importance de ces gens dans la vie universitaire.
Très brièvement, je veux vous signaler aussi qu'on
constate un certain recul à l'égard de la consultation, que ce
soit du corps professoral ou de tous les corps, pour un certain nombre de
désignations ou de nominations. Cela nous semble Important de nous
assurer que la consultation des personnels par des mécanismes
tantôt existants ou à créer soit maintenue ou encore soit
permise. Loin d'encadrer, me semble-t-il, de façon rigide le pouvoir de
désignation, au contraire, cela favorise un choix plus
éclairé en termes décisionnels. C'est la même
remarque qu'on voudrait formuler à l'égard de la
représentation de l'ordre collégial. Nous souscrivons bien
sûr à cette représentation, mais nous voulons nous assurer
que le milieu collégial sera associé très
étroitement dans le mécanisme de consultation et de
désignation. Il ne nous semble pas pertinent de maintenir un pouvoir de
recommandation du ministre à cet effet dans la mesure où les
règles seraient bien précises à l'égard de la
consultation ou du processus réel amenant à cette
désignation.
Sur la nomination du président et des chefs
d'établissement, même si le projet de loi ne traite pas de la
nomination du président de l'Université du Québec, nous
aimerions quand même connaître les orientations
ministérielles à l'égard de l'attachement au
caractère public de la procédure de sélection. Quant
à la nomination des recteurs, plusieurs questions, nous semble-t-il,
pourraient être soulevées à ce moment-ci. Entre autres,
pourquoi le ministre écarte-t-il la proposition du groupe Després
de confier à l'assemblée des gouverneurs le pouvoir de
nomination? Quelle considération accorde-t-on aux principes mis de
l'avant par ce groupe de travail, lesquels principes on rappelle ici? Nous
enjoignons donc le ministre de faire savoir clairement son Intention quant
à une plus grande démocratisation du processus de
sélection des chefs d'établissement et quant à une
véritable consultation des corps de personnel concernés.
Sur le statut de l'Université du Québec à
Montréal, nous savons que c'est un débat qui a
cours depuis un certain nombre d'années et on a vu tout type de
formules allant de l'université autonome jusqu'à, même dans
le rapport Després, un refus de la solution développée en
ce qui concerne l'Université du Québec. On voudrait signaler
à ce moment-ci qu'on pourrait souscrire à cette orientation
prévue au projet de loi 63, mais dans la mesure où on aurait des
garanties assez fermes que tel octroi ne viendra pas handicaper de façon
sérieuse le financement, entre autres, des autres constituantes de
l'université et qu'il ne mettra pas en péril le réseau de
l'Université du Québec. Or, s'agit-il là de la
première marche? En tout cas, si on se fie a l'avis du Conseil des
universités, il a souscrit à la proposition telle qu'elle
apparaît dans le projet de loi 63 dans la mesure où elle
était considérée comme une étape vers l'autonomie
complète. Il nous semble, à tout le moins, qu'il y a des
garanties de financement pour les universités
périphériques et un certain nombre de garanties de la
qualité de I'enseignement que le réseau rend possible qui
devraient être maintenues avant qu'on y souscrive de façon totale.
Donc, II n'y a pas, à ce moment-ci, de la part de la CEQ, d'objection en
soi à une telle reconnaissance, mais on aimerait bien, néanmoins,
s'assurer que ce ne sera pas là la première marche du
démantèlement du réseau de l'Université du
Québec. Voilà donc l'essentiel des commentaires que nous voulions
formuler sur le projet de loi 63. (16 h 30)
Nous avons voulu reproduire en deuxième partie des
éléments qui, sans doute, M. le ministre et MM. les membres de la
commission qui avez participé à d'autres commissions
parlementaires auxquelles la centrale a participé concernant le secteur
universitaire, ne sont pas des éléments nouveaux mais des
réaffirmations de certaines orientations qui nous semblent essentielles
dans le cadre du débat que soulève la présente commission
parlementaire.
Nous avons identifié la période qui a
précédé l'élection de l'actuel gouvernement, les
prises de position du ministre actuel reprises, nous semble-t-il, à
l'intérieur du programme du Parti libéral du Québec et
passablement réaffirmées lors de la conclusion des travaux de la
commission parlementaire sur le financement, en 1986. Nous avions vu là
un certain nombre d'éléments qui ne pouvaient que soulever notre
intérêt et qui tardent, selon nous, à se concrétiser
en termes de politique ou d'orientation plus définitives. Je mentionnais
en introduction, tout à l'heure, qu'on est à quelques jours
peut-être du budget - je présume que le Conseil des ministres a
passablement fait son lit concernant le financement possible du secteur
universitaire - et on s'en voudrait à ce moment-cl de ne pas rappeler au
ministre et aux membres de la commission le large consensus qui s'exprime
présentement dans la population québécoise de tout ordre,
que ce soit des gens de l'université, des personnes du milieu des
affaires. Nous avons lu avec intérêt, en fin de semaine, une
lettre publique de Mme la députée Dougherty ici présente
et nous croyons que beaucoup d'organismes plaident présentement en
faveur d'un financement accru du secteur universitaire, et cela nous semble
essentiel d'y arriver dans les meilleurs délais.
Donc, très rapidement, à la page 20, nous croyons qu'il
faut en arriver à un plan de développement de l'ensemble des
universités considéré comme un vaste réseau d'ordre
public. Il est devenu impérieux de penser à la mise en
réseau de l'ensemble des universités du Québec comme l'est
le réseau collégial, le primaire et le secondaire. Nous croyons
que l'approche de coopération synergétique qui caractérise
les rapports au sein de l'Université du Québec aurait grand
profit à être mise en oeuvre dans l'ensemble du milieu
universitaire. Nous croyons aussi que la question de l'accessibilité aux
études demeure toujours à l'ordre du jour. Bien sûr, il y a
eu rattrapage ces dernières années, mais c'est encore trop peu et
il faut, tant en régions que dans les centres urbains, favoriser une
plus grande diplomation des jeunes et de la population adulte universitaire
Nous avons reproduit ici des statistiques de 1986, tirées de
Statistique Canada, pour chacune des régions du Québec et nous
n'avons pas l'impression qu'elles ont été substantiellement
modifiées au cours de l'année 1987 pour nous faire dire qu'elles
auraient changé. Par rapport à d'autres provinces,
particulièrement à l'Ontario, nous avons un certain rattrapage
à faire.
La période d'austérité en milieu universitaire a eu
aussi des répercussions importantes sur les catégories de
personnel professionnel et, cela va de soi, sur les services professionnels,
d'encadrement et de soutien à la vie étudiante. Nous croyons
qu'il est important de restaurer très concrètement le milieu de
vie universitaire en lui injectant les sommes qu'il faut et en lui octroyant
les ressources.
C'est la même chose concernant la recher-che. Nous savons le
retard incroyable du Québec dans ce secteur et nous croyons qu'il faut
revaloriser aussi le secteur de recherche des sciences humaines, des sciences
sociales. On vous interpelle aussi à l'égard de l'INRS, bien
sûr, puisque nous représentons les personnels à ce niveau,
et nous tenons à vous signaler qu'à notre connaissance il ne
s'est pas fait beaucoup de recherche en éducation depuis le
démantèlement de l'INRS-Éducation et qu'il serait urgent
de remédier à cette situation.
Les services à la collectivité, services indispensables
dans le cadre de la mission universitaire. II faut s'assurer par des
règles de financement clairs que les groupes les plus démunis,
mais qui ont besoin de ces services... Je pense aux groupes populaires, aux
organismes coopératifs qui souvent n'ont pas les moyens. Dans la mesure
où les services à la collectivité
en milieu universitaire s'orientent vers des formules d'autofinancement,
c'est carrément une inaccessibilité pour ces groupes au service
universitaire. Il nous semble que c'est une mission Importante et fondamentale,
tellement qu'elle devrait même faire partie intégrante de la
tâche des personnels qui oeuvrent en milieu universitaire et qu'il faut,
dans une réflexion sur le milieu universitaire, s'y
intéresser.
Le vieillissement de la population aussi nous interpelle. On sait qu'un
peu partout dans le monde s'implantent, entre guillemets, "des
universités du troisième âge". On croit qu'une
réflexion devrait s'amorcer en ce moment à l'égard des
services à offrir à ces clientèles. Ce ne sont pas du tout
les mômes types de besoins, mais il y a là aussi une mission
fondamentale du milieu universitaire à considérer.
Là-dessus aussi, en bas de la page 25, M. le ministre, on voudrait vous
inviter à amorcer une réflexion collective sur l'avenir des
services à la clientèle adulte en milieu universitaire, laquelle
réflexion prendra en compte les services professionnels à rendre,
la formation à distance, les cours hors campus et le
développement de la télé-université. Nous savons
que vous avez interpellé l'Université du Québec pour vous
formuler un avis concernant l'avenir de TELUQ. Nous n'avons pas d'indication
dans quel sens cela va. Avant de s'impliquer dans les formules de "gadget"
média, des choses du genre, nous croyons qu'à la fois la mission
de la télé-université doit être regardée de
très près, mais aussi la façon dont c'est assumé au
fil des ans et comment sont développés les services hors campus
par chacune des constituantes de l'Université du Québec. Ce n'est
pas évident que la télé-université devrait
être une alternative à ce qui se fait actuellement en milieu
universitaire hors campus. Il faut, à l'intérieur de la
réflexion sur la télé-université, regarder de
façon plus globale les services à la clientèle adulte et
la problématique de la formation à distance.
Il y a des liens Indissociables entre l'ordre d'enseignement
collégial et l'ordre d'enseignement universitaire. On souhaite que le
ministère entreprenne, dans les meilleurs délais, de concert avec
tous les agents concernés, un débat public sur l'ensemble de
l'enseignement post-secondaire. À titre de suggestion, on voudrait
marquer notre disponibilité à contribuer et à participer
à des états généraux de l'enseignement
post-secondaire, un peu selon le modèle qu'on a pu connaître avec
le primaire et secondaire, et qui, semble-t-il, ont permis un bon débat
collectif sur l'avenir de ce secteur et ont apporté et apportent encore
des améliorations aux services à la population
québécoise.
Finalement, deux éléments sur lesquels on voudrait
rappeler certaines de nos orientations. L'un, c'est l'accès à
l'égalité. On croit que l'ensemble des programmes universitaires
doit se préoccuper de l'élimination de toute forme de
discrimination, qu'elle soit systémique ou non, à l'égard
de l'accès des femmes aux études universitaires et, cela va de
soi, dans l'embauche du personnel. Il y a des retards considérables dans
ce secteur. Il y a encore trop peu de femmes qui exercent des fonctions dans
quelques catégories de travail, sauf en ce qui concerne le personnel de
soutien, dans ce secteur d'enseignement.
Bien sûr, il est devenu urgent pour le Québec d'exiger le
plein respect de sa compétence en matière d'éducation, y
compris dans l'ordre universitaire et d'obtenir les transferts de fonds - je
serais presque tenté de dire, avant que le ministre Wilson les
enlève totalement - lui permettant de faire face à ses
responsabilités propres. C'est pourquoi nous demandons avec Insistance
que le gouvernement du Québec exprime son intention ferme à ce
propos, lors de la prochaine conférence constitutionnelle et, bien
sûr, lors de la prochaine campagne électorale.
Donc, en terminant, M. le Président, voilà l'essentiel des
propos sommaires qu'on voulait soumettre à ce moment de la
réflexion tant sur le projet de loi 63 qui concerne cette commission que
sur un certain nombre de questions qui concernent le milieu universitaire et
qui nous semblent indissociables de toute réflexion dans ce secteur.
Nous avons voulu apporter notre modeste contribution à ce débat
public. Nous vous remercions encore une fois de l'accueil qui nous a
été fait et nous vous disons maintenant notre
disponibilité à répondre aux questions que vous pourriez
nous poser. Merci.
Le Président (M. Laporte): On vous remercie de votre
présentation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais signaler que la
contribution de la CEQ à notre démarche a été
présentée sur un ton modeste, mais qu'elle ne l'est pas dans son
contenu. Je pense que c'est une contribution substantielle que tous les
parlementaires apprécieront, et dont le gouvernement tirera son profit.
Je vous remercie beaucoup, M. Lévesque, de l'examen que vous avez fait
du projet de loi et aussi des horizons que vous avez ouverts à la fin de
votre intervention sur les problèmes plus larges du financement et du
développement de notre système universitaire.
Je commenterai d'abord et surtout la première partie de votre
mémoire, qui porte plus immédiatement sur le projet de loi 63,
mais à la fin je dirai quelques mots aussi sur la seconde partie de vos
remarques.
Tout d'abord, au début, le premier thème que vous touchez
est celui du danger de centralisation qui paraissait devoir découler de
dispositions contenues aux articles 7 et 8 du projet de loi et visant à
modifier les articles 17 et 19, je crois, c'est cela, de la Loi sur
l'Université du Québec. Comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer
depuis trois jours, la formulation retenue par le
gouvernement pouvait prêter à des interprétations
comme celles qui nous ont été signalées. Nous verrons dans
la version définitive qui sera soumise à la commission
parlementaire, bientôt, à ce que ces ambiguïtés soient
levées de manière que le pouvoir de réglementation de
l'assemblée des gouverneurs soit un pouvoir de réglementation de
type général, et que les exceptions a ce pouvoir de
réglementation généra! s'appliquent aux universités
qui se verraient attribuer un statut d'université associée. En
l'occurrence, II y a seulement l'Université du Québec à
Montréal qui sera dans cette situation. Par conséquent, sur ce
point-ci, je pense qu'il n'y a plus matière à débat, sauf
l'éternel appel à la vigilance que nous lancera sans doute le
porte-parole de l'Opposition.
Deuxièmement, en ce qui touche la nomination des membres de
l'assemblée générale et des conseils d'administration des
constituantes, selon la loi actuelle, ils sont nommés par le
gouvernement, mais sur recommandation d'un corps ou l'autre, dans la plupart
des cas. Ils sont nommés par le gouvernement, cela demeure, et je pense
que cela vient confirmer le caractère d'université publique qui
est propre à l'Université du Québec et à ses
constituantes. Dans la plupart des cas, les nominations continueront de se
faire sur présentation de corps compétents. Par exemple, les
représentants des professeurs au conseil d'administration d'une
constituante seront nommés après qu'ils auront été
présentés par l'assemblée représentative des
professeurs. Nous n'entendons pas toucher à cet élément.
En ce qui touche les personnes en provenance des milieux
socio-économiques ou culturels, il y a un changement. Comme vous le
dites, actuellement ils sont nommés par le gouvernement, mais sur
recommandation de la constituante concernée, ou je pense que dans notre
cas c'est sur recommandation de l'assemblée des gouverneurs. Cela fait
beaucoup de paperasse, parce que au début on va faire une grande
consultation pour savoir comment on va consulter. Là, on consulte. Des
fois cela ne marche pas et il faut retourner. Ensuite, on envoie tout le paquet
à l'assemblée des gouverneurs. Après cela,
l'assemblée des gouver-neurs nous envoie ça. Souvent cole prend
plusieurs mois. Il faut trouver une manière de faire en sorte que ces
choses soient réglées plus rapidement, plus efficacement. Notre
système universitaire est souvent lourd dans ses procédures et la
société dans laquelle nous vivons ne peut pas facilement souffrir
les lenteurs considérables qu'on encourt souvent. Alors ici, nous
voulons également accentuer l'intérêt du gouvernement pour
la bonne gestion de nos universités, surtout celles qui font partie du
réseau de l'Université du Québec. Il nous semble que si le
gouvernement porte un intérêt plus immédiat à ces
nominations qu'il est appelé à faire de toute manière, on
aura une chance d'avoir une représentation plus vigoureuse et plus
fréquemment rafraîchie au besoin. Ici, les procédures de
consultation doivent exister cependant. Elles sont prévues dans le
projet de loi. J'ai dit qu'on ferait des consultations un peu plus larges.
Là, on dit: Après consultation de groupes
socio-économiques. Si on prend la lettre du texte, le gouvernement ne
serait même pas obligé de consulter les syndicats pas plus que le
patronat. Il pourrait dire: On ne consulte pas les milieux agricoles. Il n'a
aucune obligation précise là-dedans. On verra à retoucher
ce texte de manière qu'il apporte de meilleures garanties de ce point de
vue parce que comme il est là, c'est vraiment une passoire, une
possibilité de passoire qui n'est pas dans les intentions du
gouvernement.
Vous avez demandé une représentation des personnels, en
particulier les professionnels non enseignants. Je pense que c'est ce que j'ai
compris? C'est à la page 8, le personnel professionnel non enseignant,
le personnel de soutien, les chargés de cours. Dans le cas des
chargés de cours, en principe, c'est déjà acquis. Il y
aura des modifications permettant une représentation des chargés
de cours au conseil d'administration des établissements constituants. Il
n'y a pas d'objection de principe à ce qu'il y en ait également
à l'assemblée générale. Nous verrons si des
modalités peuvent être arrêtées de manière
satisfaisante à ce sujet.
Les professionnels, je n'ai pas idée du nombre de professionnels
que nous avons dans nos universités, du nombre de professionnels non
enseignants. Je ne sais pas combien il y en a. Il faudrait que nous fassions
une étude pour cette partie des effectifs salariés de nos
universités pour voir s'il y aurait lieu ou non de le faire. Je ne suis
pas sûr qu'il y a vraiment matière, mais on va l'examiner. (16 h
45)
Le personnel de soutien, ça y est dans les cégeps, si mes
souvenirs sont exacts. Je vais falre une consultation pour savoir les
résultats que ça donne aussi. On remet en cause bien des choses
ces années-ci. En principe, on tout cas, J'apprécie que cette
question ait été soulevée. Nous l'examinerons avec
attention. Je consulterai les députés là-dessus et je
verrai ce qu'ils en pensent. On ne veut pas avoir des conseils trop lourds non
plus. On veut avoir des conseils qui puissent produire. Est-ce que la
représentation de cette catégorie en particulier est, je ne dis
pas seulement souhaitable parce qu'il y a un paquet de choses qui sont
souhaitables, mais est-elle nécessaire? Est-ce qu'elle peut vraiment
apporter une contribution vitale? Nous l'examinerons en tout cas et je vous
sais gré d'avoir soulevé le problème.
La nomination du représentant du secteur collégial. Elle
se fait actuellement sur présentation des institutions
collégiales de la région desservie par l'université.
Là, dans le projet de loi, ça tombe. C'est une chose qu'on peut
restaurer. Je pense que ça vaut la peine de l'examiner. En tout cas,
j'en prends note et ce
sera l'objet d'une considération attentive de la part du
gouvernement.
La nomination des recteurs. Pourquoi le gouvernement plutôt que
l'assemblée générale? On en a discuté longuement.
J'ai pris position fermement là-dessus dans les conversations que j'ai
eues avec la direction de l'Université du Québec. J'avais eu
connaissance de certains cas où des nominations avaient eu lieu et,
finalement, le problème s'était retrouvé sur ma table de
toute manière. Je me suis dit: Quant à l'avoir sur ma table,
c'est aussi bien que ça soit clair. Je ne me ferai pas demander par les
journaux si ça me regarde ou non. Ce sera net et clair et le
gouvernement prendra ses responsabilités. Nous maintenons que la
nomination se fera sur recommandation de l'assemblée des gouverneurs, la
nomination des recteurs de constituantes. Voyez-vous, cela oblige
l'assemblée des gouverneurs... Elle n'a pas la grâce
d'infaillibilité, l'assemblée des gouverneurs. Il pourrait
arriver qu'elle se trompe. Si elle se trompe, on ne peut plus rien faire pour
corriger ça. Tandis que si elle est obligée de faire une
présentation au gouvernement, le gouvernement jette un coup d'oeil
là-dessus et dit: Ici, ce n'est pas bon. Recommencez donc votre devoir.
Vous l'avez mal fait. Le gouvernement ne peut pas Imposer son candidat dans le
système que nous recommandons, mais il peut dire à
l'assemblée des gouverneurs: "Do it again". Faites-le de nouveau. Vous
avez procédé de manière superficielle. Je trouve que cela
est excellent. Vous savez, je l'ai fait une fois. Vous vous en souvenez, M.
Lévesque, en particulier. On n'est pas allé se cacher
derrière le rideau. On a dit pourquoi, et il y avait un risque de payer
le prix. Dans ce cas-là, j'apprécie énormément que
le groupe des professeurs, après que nous eûmes eu l'occasion de
nous expliquer, ait très bien compris. Nous avons travaillé
ensemble à la nomination d'une personne dont le choix a fait l'objet
d'une adhésion très large et dont je suis heureux d'approuver la
nomination, évidemment.
Alors Ici, je ne pense pas qu'il y ait mainmise du gouvernement, c'est
une sorte de sauvegarde, c'est un processus à trois paliers qui va se
faire. Il faut que l'assemblée des gouverneurs aille chercher l'opinion
des milieux concernés dans la constituante Intéressée. Je
vais étudier la possibilité, à votre intention en
particulier, de prévoir une consultation obligatoire des professeurs
parce que cela dort exister, à mon point de vue, je n'ai pas de doute
là-dessus. Et, si nous pouvons l'inscrire sans que cela aille jusque
dans les détails... Ce qu'on veut évidemment éviter, quand
on légifère, c'est de régler la moindre virgule et que les
gens, au bout de la ligne, qui appliquent ça soient obligés de
marcher de manière presque machinale. Le principe de la consultation
obligatoire des professeurs, en particulier, pour la nomination de la personne
qui sera leur recteur, me paraît un principe fondamental auquel nous
devons accorder beaucoup d'importance. Par conséquent, j'apprécie
les remarques que vous présentez et nous essaierons d'en tenir
compte.
Vous vous interrogez sur les conséquences du statut
d'université associée accordé à l'UQAM. Vous posez
deux questions: Qu'arrive-t-il du réseau - je ne veux pas extrapoler -
en particulier du siège social? Qu'arrive-t-ll du financement des
universités situées en régions éloignées? La
première question a trouvé sa réponse dans les discussions
que nous avons eues ici, et même dans les précisions qu'il m'a
été donné d'apporter: le réseau demeure et il a
besoin d'un siège social pour s'exprimer dans le stade actuel de son
développement. Ces choses-là sont évolutives. Nous ne
savons pas ce que l'avenir nous réserve et je n'oserais pas
définir ce que sera l'avenir dans 20 ans, mais, pour la période
prévisible, je pense qu'il est nécessaire qu'il y ait un
siège social muni d'une autorité et muni de ressources
convenables, qui agisse dans l'esprit que j'indiquais dans ma lettre du mois de
mal à l'Université du Québec, c'est-à-dire dans un
esprit de soutien, de stimulation, de mise en commun des ressources et des
efforts plutôt que de dicter à partir d'en haut. De ce point de
vue. je pense que c'est la réponse que j'apporterais à votre
question.
En second lieu, il me fait plaisir de vous informer que, dans les
travaux que nous poursuivons pour la mise au point d'une formule de financement
des universités mieux adaptée aux réalités
universitaires d'aujourd'hui, nous examinons avec une attention
particulière les besoins propres des universités
périphériques. Je ne suis pas en mesure de communiquer les
conclusions que nous retiendrons, le discours sur le budget devrait fournir des
indications sur ce sujet, nous le souhaitons. Nous aurons l'occasion de
discuter de ces choses quand le gouvernement aura fait connaître sa
politique en matière de financement des universités pour
l'année 1989-1990. Je dois vous dire que nous sommes attentifs aux
besoins particuliers des universités situées en
périphérie et, en principe, nous convenons qu'elles ont des
besoins spéciaux que n'ont pas nécessairement les autres
établissements universitaires.
J'ajoute une autre chose qui va vous intéresser, parce que vous
avez parlé d'aide financière aux étudiants, de
l'accessibilité pour la réalisation de laquelle un régime
d'aide financière aux étudiants est un élément
important. Les travaux que nous avons entrepris au gouvernement progressent
rapidement de ce côté et je souhaite que nous ayons des nouvelles
à communiquer dans un avenir prochain.
M. Jolivet: Votre décision est déjà prise.
Ce n'était pas dernièrement, au mois de janvier? Excusez-moi.
M. Ryan: Je ne saurais commenter davantage. Une dernière
remarque, M. le Président.
M. Jolivet: Votre retard.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Commenter votre retard.
M. Ryan: Quand le travail est bien fait, les gens oublient que
cela a pris deux mois de plus.
M. Jolivet: Ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha! D'ailleurs, on avait bien dit "autant que
possible". On reviendra là-dessus.
Vous parlez de la nécessité d'un plan de
développement des universités du Québec. C'est très
difficile. Nous travaillons a inciter chaque université à se
doter de son plan de développement pour une période de trois ans
ou de cinq ans, cela varie. Nous essayons, avec l'aide du Conseil des
universités, de faire en sorte qu'au moins les plans de
développement de chaque établissement soient conçus
à peu près en fonction de la même période. Il y en
avait de 1982 a 1985, d'autres de 1984 à 1937, d'autres de 1936 à
1939. À un moment donné, si on veut trouver des
éléments de convergence c'est très difficile dans un
paysage bigarré comme celui que présente la situation actuelle.
Des travaux très importants sont en marche au Conseil des
universités et à la conférence des recteurs, afin de
faciliter un arrimage raisonnable en ces matières. Après cela on
pourra peut-être avoir des perspectives de développement du
système universitaire québécois qui soient plus
cohérentes et qui tiennent davantage compte de l'ensemble. Par
conséquent, il y a beaucoup de perspectives qui sont en travail
actuellement. Je pense que nous allons dans le sens des objectifs
indiqués par votre mémoire.
J'ai terminé là-dessus. Je ne sais pas si M.
Lévesque et ses collègues ont des commentaires à faire sur
mes commentaires un peu longs. Je pense que le sérieux du mémoire
qui nous a été présenté commandait une
réaction également consciencieuse.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Lévesque,
est-ce que vous voulez réagir?
M. Lévesque (Serge): Évidemment, M. le ministre
nous fait un certain nombre d'ouvertures prévisibles ou encore nous
signale qu'on peut compter sur lui, entre guillemets, pour un certaln nombre de
choses. J'aimerais qu'on nous rassure parfois davantage en intégrant
dans la loi, parce qu'on sait que le ministre actuel ne sera peut-être
pas là dans dix ans dans quinze ans, et que les meilleures
garanties...
M. Ryan:... tous les jours.
M. Lévesque (Serge): Si c'est dans la loi, on n'aura pas
besoin de lui dire dans quinze ans que c'est nécessaire. Il y a deux
plaidoyers que j'aimerais que vous entendiez à la commission par les
représentants des professionnels et du personne! de soutien qui, eux,
sont à même de vous indiquer le nombre de ces gens. Je vous
signalerai que pour ce qui est de la centrale, nous avons à peu
près 2000 membres dans le secteur universitaire dont la moitié
est au niveau université proprement dit et toute proportion
gardée, dans chacune des catégories on a à peu près
le même nombre de membres, que ce soit chargés de cours,
professeurs, personnel de soutien et professionnels, ce qui explique le fait
qu'on tienne à ce que chacune de nos catégories de membres ait la
plus grande représentation. Je crois que Mme Demers et M. Lachance
pourront, encore mieux que moi, plaider pour leur propre Jardin.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme Demers, on va
vous entendre en premier.
Mme Demers, (Carole): J'aimerais revenir sur la question de la
représentation du personnel professionnel dans les instances de
l'Université du Québec. Depuis quelques années, le
personnel professionnel prend de plus en plus d'importance à
l'intérieur de nos différentes universités, du fait, d'une
part que l'enseignement se donne beaucoup par les chargés de cours et
les chargés de cours, on le sait, par leur nature, ne sont que de
passage à l'université. Cela fait que les professionnels
finalement occupent une plus grande place à l'intérieur de la
formation qu'on doit donner aux étudiants. L'enseignement est une des
facettes de la formation. Vous savez comme moi qu'à l'université,
on veut aussi former la personne qui est l'étudiant. On veut lui donner
une plus grande autonomie. On veut développer sa capacité de
s'intégrer dans le monde adulte. On veut ouvrir ses horizons. Toute
cette formation, ce sont en grande partie les professionnels qui la font. Qu'on
considère, par exemple, les services aux étudiants. Quand les
étudiants nous arrivent, ils sont de plus en plus jeunes,
premièrement, dans les universités et ils doivent faire face
à des réalités auxquelles ils n'étaient pas
habitués. Par exemple, souvent ils doivent s'éloigner de leur
milieu de vie. Ils doivent apprendre à se trouver un logement, à
gérer leur budget, à s'organiser aussi, à se trouver des
activités, à s'intégrer dans un milieu qu'ils ne
connaissent pas. Tout ce travail est fait par les professionnels. Ensuite, si
on regarde aussi, je le répète, le fait qu'au moins la
moitié, sinon plus, des cours de premier cycle sont donnés par
des chargés de cours, il y a toute une partie d'encadrement qui revient
entre les mains des professionnels. M. le ministre nous a fourni, à
plusieurs reprises, ses inquiétudes par rapport au problème des
échecs et abandons au niveau collégial. Maintenant, au niveau
universitaire, on se retrouve beaucoup avec ce problème. Les
étudiants échouent, les étudiants
abandonnent, les étudiants changent de discipline et prennent
plus de trois ans, finalement, pour faire leur baccalauréat. Cela nous
Inquiète beaucoup. Toute cette question d'essayer de les orienter, de
les aider, de leur permettre de changer de programme, de se retrouver dans
l'université, ce sont des professionnels qui font cela. (17 heures)
Si on regarde en plus tous les services qui sont offerts dans les
bibliothèques, dans les services d'Informatique, je le disais,
orientation, psychologie, tous les services socio-culturels, pour que
l'étudiant se forme plus que simplement apprendre, toute cette
tâche est faite par des professionnels. On peut aussi regarder tout le
côté recherche, parce qu'on sait que dans les centres de
recherche, il y a de plus en plus de professionnels et de techniciens. Question
technique, d'ailleurs, les techniciens travaillent aussi à plus que de
la recherche, mais aussi dans les services aux étudiants et dans
d'autres services. Dans toute la recherche aussi, les professionnels commencent
à donner de plus en plus un apport important. Nous pensons que cette
facette de la formation de l'étudiant, qui n'est pas l'enseignement
proprement dit, ce sont de plus en plus les professionnels qui l'ont entre les
mains et on pense que, compte tenu de cette réalité, ils
pourraient apporter un éclairage différent aux conseils
d'administration et aux assemblées des gouverneurs et cet
éclairage pourrait être important en ce qui a trait aux besoins
à combler et peut-être aux orientations à prendre par les
universités. On sait que depuis quelques années, dans les
universités, U y a eu beaucoup de coupures dans les services
professionnels que l'on offre et nous pensons que, dans ces années, les
étudiants ont de plus en plus besoin de ces services. Ce qui nous fait
dire finalement, qu'autant on reconnaît le travail fait par les
chargés de cours à l'intérieur des universités,
autant on devrait reconnaître le travail fait par les professionnels, et
cette reconnaissance devrait aller... On leur demande plus de travail, plus
d'implication; à mon avis, on devrait aussi accepter que ces gens aient
leur mot à dire aux -conseils d'administration et aux assemblées
des gouverneurs. Actuellement, il doit y avoir, à l'intérieur du
réseau de l'Université du Québec, j'imagine, environ 1000
professionnels. On sait que beaucoup sont à statut précaire et
cela peut évidemment aussi causer des problèmes. On pense que ce
n'est pas seulement compte tenu du nombre qu'ils sont, mais compte tenu de
l'apport important dans la formation des étudiants que ce personnel
devrait être reconnu dans les instances d'université.
Lo Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Demers, nous allons entendre maintenant M. Lachance.
M. Lachance (Daniel): M. le Président, M. le ministre, on
était ici il y a quelques mois, avec Mme Pagé, quand il a
été question du projet de loi 107, maintenant adopté. Je
me rappelle, à ce moment-là, avoir interpellé le ministre
sur la question de la représentation du personnel de soutien dans les
conseils d'orientation. Dans le projet de loi 107, la représentation du
personnel de soutien n'était pas incluse et les arguments qui ont
présidé à la demande que nous formulions alors au ministre
sont essentiellement les mêmes arguments qui président à
notre demande, aujourd'hui, d'inclure le groupe que je représente, le
personnel de soutien, dans les conseils d'administration et à
l'assemblée des gouverneurs du réseau universitaire UQ.
D'ailleurs, M. le ministre, vous avez souscrit à la demande que nous
formulions. La loi 107 comprend maintenant, au conseil d'orientation, la
représentation du personnel de soutien au même titre que celle des
personnels professionnels.
Ce qui préside au fait que nous croyons justifié que le
personnel de soutien participe aux réunions, aux assemblées et
aux décisions des conseils d'administration et de l'assemblée des
gouverneurs, ce sont les mêmes raisons que pour le conseil d'orientation.
Comme vous y faisiez référence tout à l'heure, les
mêmes raisons qui président au fait que les employés de
soutien participent aussi au conseil d'administration des collèges.
S'ils n'alourdissent pas le fonctionnement, c'est parce qu'ils y apportent une
expertise importante. Le personnel de soutien, à d'autres égards
que le personnel professionnel, et lui aussi dans les universités comme
ailleurs, apporte son expertise, que ce soit dans les bibliothèques,
dans les services informatiques, au socio-culturel ou dans l'administration; il
y a des personnels techniques, administratifs et ouvriers qui, dans chacun de
ces services, apportent leur contribution et qui, à maints
égards, sont aussi, à d'autre titre que les autres
catégories de personnel, en relation, soit avec l'appareil
administratif, soit avec les étudiants, soit avec les enseignants ou le
personnel professionnel. Je pense que cette expertise est une expertise
complémentaire dont les conseils d'administration et l'assemblée
des gouverneurs ne doivent pas se passer. Les conseils d'administration et
l'assemblée des gouverneurs traitent de questions qui touchent
l'ensemble de la vie universitaire, et il nous semble que, à ces
instances justement, doivent être représentés les
composantes, les intervenants et intervenantes qui représentent
justement l'ensemble des facettes de la vie universitaire. Je pense que le
personnel de soutien, autant que d'autres groupes de personnel, est là
pour y apporter son éclairage et son expertise. Alors, U me semble que
la logique que le ministre a appliquée à notre participation au
conseil d'orientation à colle des conseils d'administration dans les
collèges, ça doit être la même qui préside au
fait d'accepter la participation du personnel de soutien et celle des
professionnels au conseil d'administration et à l'assemblée
des
gouverneurs. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Lachance. Je vous remercie. M. le ministre, si vous voulez réagir
immédiatement ou attendre après le porte-parole de
l'Opposition...
M. Ryan: Je vais attendre un peu.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
nous allons reconnaître maintenant le porte-parole officiel de
l'Opposition, le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. Lévesque, ainsi que les personnes
qui vous accompagnent, de venir nous présenter votre mémoire. Je
n'aurai pas besoin de reprendre ce que le ministre a mis à ma charge
comme représentant de l'Opposition, soit de vous demander d'être
vigilant quant à l'interprétation qu'il fait et les
réponses qu'il a données à votre opposition à
l'accroissement du pouvoir de réglementation centrale. Je vous dirai
simplement, en ajout à ce que le ministre a fait à ma place, que
nous aussi, nous serons, comme membres de l'Opposition, très vigilants
pour voir si le ministre va mettre en pratique ce qu'il nous indique parce
qu'à plusieurs occasions - vous en faites mention d'ailleurs dans votre
mémoire - où il a pris position, après trois ans au
pouvoir, il n'a pas encore trouvé de réponse, que ce soit sur la
question des prêts et bourses, que ce soit sur l'ensemble d'autres
opinions qu'il proposait à l'époque comme membre de l'Opposition.
Alors, nous continuerons à être vigilants et nous vous invitons a
le faire.
En ce qui a trait à votre proposition de maintenir le statu quo
quant au mode de nomination des socio-économiquos, c'est-à-dire
une consultation auprès des associations les plus
représentatives, ajoutant aussi que vous aimeriez l'élargir aux
affaires et au travail, je pense que votre position est bien claire la-dessus.
Je suis assuré qu'on verra de quelle façon le ministre
réagira à ce sujet lors de l'étude article par article de
ce projet de loi.
Il y a une question qui me vient à l'idée a la suite de
votre recommandation, ce qu'on vient de terminer comme discussion, pour l'ajout
de trois représentants du personnel chargé de cours,
professionnel et de soutien, à rassemblée des gouverneurs ainsi
qu'au conseil d'administration des constituantes. Ma question serait de l'ordre
suivant. Vous dites: On augmente de trois personnes par rapport à ce que
la loi propose déjà, c'est-à-dire à
l'assemblée des gouverneurs un nombre de 24 et au conseil
d'administration des constituantes un nombre de 15. Vous dites: On en ajoute
trois autres. D'autres nous ont parlé de nombre tout à l'heure et
le ministre a été sensible à ce sujet on disant: Oui, on
principe, nous acceptons qu'il y ait a l'assemblée des gouverneurs et
aux conseils d'administration des chargés de cours. Vous plaidez, comme
l'a fait M. Lachance en particulier, en disant que vous l'aviez fait lors de la
discussion du projet de loi 107, l'ajout de professionnels et de personnel de
soutien.
Ma question serait la suivante: Est-ce que, dans votre esprit, cela aura
pour effet de diminuer le nombre d'autres représentants - on parle
toujours des socio-économiques dans l'assemblée des gouverneurs
et aux conseils d'administration des constituantes - ou si vous ajoutez ces
personnes à celles qui sont déjà prévues par la loi
qui est de 24 et 15, comme j'en faisais mention tout à l'heure? Est-ce
que cet ajout, si c'était votre décision, n'a pas pour effet
d'alourdir un peu le fonctionnement des instances? Est-ce que ce n'est pas une
crainte que pourraient avoir des gens pour le refuser? J'aimerais avoir votre
réaction sur cette première question.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M.
Lévesque.
M. Lévesque (Serge): Oui, écoutez, lorsqu'on a
regardé le projet de loi 63, on a constaté qu'il y avait une
augmentation et c'était en termes de représentants du monde
socio-économique. On a compris, dans une sagesse qui, j'espère,
nous honorera, qu'il y avait une volonté ministérielle d'octroyor
davantage de sièges pour les socio-économiques. Mais, on est
aussi très soucieux du maintien d'un équilibre entre les
représentants des personnels et les représentants du monde
externe. Dans la mesure où on se plaçait en demande d'ajout d'un
chargé de cours, d'un personnel de soutien et d'un personnel
professionnel, ce nouveau déséquilibre créé par le
projet de loi 63, on ajoutant des membres socio-économiques,
l'équilibre se recréait par l'ajout de personnel.
Lors de notre présentation, tout à l'heure, M. le
député, je signalais que dans la mesure où il n'y aurait
pas d'élargissement en termes de participation des représentants
du personnel, on ne serait pas tellement favorables, pour ne pas dire qu'on ne
le serait pas du tout, à une représentation plus grande des
milieux socio-économiques aux diverses assemblées
décisionnels de l'Université du Québec.
M. Jolivet: La deuxième question vient à la
suite...
Le Président (M. Laporte): SI vous permettez, M. Leblond,
Je crois, avait quelque chose à ajouter.
M. Jolivet: D'accord, oui.
M. Leblond (André): En appui à cette
réponse, a la pago 7 de notre mémoire, je pense que la CEQ ne
prévoit pas qulnze membres.
Comme vous l'avez dit au conseil d'admlnistra-
tion, il faut corriger ça. La CEQ considère que les
personnels doivent être bien représentés et que les trois
professeurs et les deux personnes occupant des fonctions de direction de
l'enseignement et de recherche proposées par les professeurs que nous
avions et qui étalent des professeurs, doivent être
conservés. Je pense donc qu'il faut faire attention lorsque vous dites
qu'il y aurait 24 et 15 membres et qu'il s'a|outerait 3 membres. Dans la
problématique du mémoire de la CEQ, il y a trois membres
sociaux-économiques, cinq professeurs et trois employés des
différents personnels, et c'est comme ça qu'il faut le voir.
Je voudrais profiter de ce moment, puisque cette commission
parlementaire tire à sa fin, pour féliciter et remercier M. Ryan
d'avoir consenti jusqu'à un certain point à ce que les
professeurs soient consultés pour la nomination des recteurs. En
même temps, je voudrais que M. Ryan reconsidère, à la suite
des nombreuses recommandations des professeurs, qu'il a été
clairement démontré à cette commission que la loi
créait un déséquilibre de représentation absolument
contraire à la recommandation 18 du rapport Angers, quant à
l'équilibre des conseils d'administration. On donnait comme exemple,
à ce moment-là, celui des collèges ou d'autres organismes;
donc, on l'a clairement démontré. Les conseils d'administration,
si on acceptait la proposition Initiale, seraient surtout composés de
membres socio-économiques et de cadres universitaires. Je pense que ce
serait dangereux: la nature des conseils d'administration est telle qu'ils ne
sont pas seulement un endroit où l'on administre des sous et où
l'on s'entend rapidement sur des sujets purement administratifs. La plupart des
décisions sont des décisions académiques qui ont besoin
des personnels de l'intérieur pour être analysées et
confrontées, et je pense que c'est un lieu de confrontation
d'idées. En écartant, d'une part, les vice-recteurs... Les
professeurs n'ont jamais été contre la présence de deux
vice-recteurs. Je les crois essentiels. Cependant, dans une université
comme la nôtre, à Chicoutimi, sur 210 professeurs, il y a de 50
à 60 professeurs qui occupent des fonctions de directeur de module, de
département, de groupe de recherche, etc. Je serais bien
embêté de retourner vers les membres de Chicoutimi pour leur dire:
Maintenant, vous n'avez plus voix au chapitre, vous n'êtes plus
là. Vous administrez quelque chose, mais vous no pourrez plus contribuer
et avoir une voix.
L'autre problème de déséquilibre au conseil
d'administration serait pour les professeurs. Le modèle de gestion de
l'université est tel que les professeurs ont plusieurs voix au chapitre
dans le sens que, de par leurs fonctions, ils ont à participer à
la commission des études, à différentes instances, et,
d'autre part, les professeurs ont des conventions collectives et sont
représentés par les syndicats. Alors, ce qu'on risque de voir
arriver, c'est que les relations professeurs-université deviennent de
plus en plus des relations syndicales-employeur, c'est ça le grand
risque du système. Si on était dans l'Industrie, ce serait une
autre affaire, mais à l'université, si on crée un
déséquilibre entre les personnels et la direction, nous croyons
que ce serait un risque grave, surtout pour les professeurs.
M. Jolivet: Je veux bien comprendre, M. le Président,
quand on fait mention des socio-économiques. Disons que je prends le
conseil d'administration des constituantes, dans la loi 63 on parle de quinze
personnes, au total. Ce que vous me dites, c'est que vous ne verriez pas une
augmentation du nombre de socio-économiques, qui est actuellement de
trois, vous le laisseriez à trois. À cela vous ajouteriez trois
autres personnes: un chargé de cours, un membre du personnel et un du
soutien. On maintiendrait le chiffre de quinze pareil.
M. Leblond: C'est à peu près ce que le
mémoire dit, mais je pense que M. Lévesque à nuancé
cela tout à l'heure. Il pourrait peut-être répondre.
Le Président (M. Laporte): M. Lévesque.
M. Lévesque (Serge): Je voudrais signaler, M. Jolivet, que
la CUQ n'a pas voulu partir de guerre sur le nombre de représentants,
nous avions juste constaté une volonté ministérielle
d'élargissement. Nous avons dit, quant à nous, dans la mesure
où il y aura tel élargissement, qu'il devrait y avoir un autre
type d'élargissement et c'est celui des autres catégories de
personnel non représentées actuellement.
M. Jolivet: Parfait. Dans la deuxième partie de ma
question, par rapport à ce que vous soulevez en ce qui a trait au statut
de l'Université du Québec à Montréal, j'aimerais
savoir... Le ministre en a fait un peu mention en disant qu'il n'y a pas de
problème quant à lui à la désagrégation du
réseau, une des difficultés que vous voyez. J'aimerais savoir
à quelle condition précise vous seriez favorables au statut
d'université associée pour l'UQAM? Est-ce qu'il devrait
être ouvert à d'autres constituantes? Si c'était cela,
est-ce que vous voyez à ce moment-là un danger de
désagrégation?
M. Lévesque (Serge): Sans vouloir paraître
dévier la question, je voudrais signaler ceci. Les orientations
historiques de la centrale, et elles sont reprises Ici, c'est de
considérer le secteur universitaire comme les autres ordres
d'enseignement et, en conséquence, le plus rapidement possible
d'accéder à la constitution d'un réseau universitaire,
comme nous avons un réseau collégial et comme nous avons un
réseau primaire et secondaire. La réalité du secteur
universitaire,
à ce moment-ci, veut qu'il y ait une université publique,
l'Université du Québec, et que, elle, constitue un réseau.
Nous sommes conscients... À chacune des étapes, soit en 1984 ou
en 1986, lorsqu'on a comparu ici en commission parlemen-taire, on a
été amenés à s'interroger sur la place de
l'Université du Québec à Montréal. On souscrit,
dans une certaine mesure, aux attentes de l'Université du Québec
à Montréal. Je vous signalerai qu'à la limite, à
l'Intérieur même de notre organisation, des débats sont
aussi présents quant à une plus large autonomie d'autres
constituantes qui ne sont pas à négliger à ce
moment-cl.
Le problème, quant à nous vient des garanties de
financement et des formules de développement universitaire L'Ontario a
développé des formules, on les connaît, du style Northern
Grant - ou quelque chose du genre - qui garantissent un certain nombre de
financements aux universités périphériques et qui leur
permettent un minimum d'expansion, de pénétration et de
consolidation. Dans la mesure où le modèle actuel de
l'Université du Québoc ne serait pas modifié et qu'on
concrétiserait à l'Université du Québec un statut
d'université associée, c'est aussi lui concrétiser une
pleine autonomie financière et la dégager de tout partage de
péréquation ou de tout ordre avec le reste du réseau,
c'est très inquiétant pour nous et cela risque d'handicaper les
autres constituantes d'université. C'est dans cet esprit que je crois
qu'il faut s'assurer que le fait de consentir à l'Université du
Québec à Montréal un statut d'université
associée n'aura pas pour conséquence directe de fermer ou de
provoquer la fermeture de l'Université du Québec en
Abltibi-Témiscamingue ou de créer des problèmes tels
à Rimouski ou à Chicoutimi que cela n'aura plus de sens à
moyen terme. Comme on sait qu'on est à quelques jours de l'annonce
publique d'une nouvelle politique de financement, on a déjà vu
les crédits - et M. le ministre pourra me corriger - honnêtement
à la lecture des crédits, à tout le moins, on a eu
beaucoup de difficulté a dégager des garanties assez fermes de
financement à l'égard des universités
périphériques et tout cela. C'est pourquoi on met une
réserve. On ne dit pas non à cela. On salt que c'est très
bien ressenti, très bien compris par le milieu. Pédale douce,
s'il vous plaît, si vous posez un tel geste et que cela amène des
problèmes tels dans les autres constituantes qu'à toutes fins
utiles on vient de "scraper" - entre guillemets -le réseau.
M. Jolivet: Vous savez, on a vu dans un journal un ministre
régional qui a dit, sur la question de Via Rail: C'est tout à
fait normal d'agir de cette façon parce que c'est la façon dont
ils ont agi au début de leur mandat et qu'en conséquence, on peut
prévoir que le ministro va se vanter, lors d'un prochain budget, avant
une période électorale de nouveaux éléments de
budget, qu'ils n'ont pas mis actuellement dans les crédits. En tout cas,
cela fait partie du travail qu'ils ont fait puisque c'est le ministre
Côté qui nous a indiqué dans les Journaux et à la
radio que c'est la façon dont ils ont fonctionné dans le
passé et, comme le passé est garant de l'avenir, on imagine que
ça pourrait être des choses semblables.
Je voudrais vous poser une autre question qui a trait à la
deuxième partie du document, même si ça ne touche pas
directement le projet de loi 63. Vous faites mention que le projet de loi
constitue, quand même, une réponse partielle, mais largement
insatisfaisante, ou dans certains cas équivoque aux besoins et aux
réalités de l'Université du Québec. En
deuxième partie, vous élargissez la problématique à
l'ensemble du réseau universitaire québécois et vous
demandez au ministre d'apporter des réponses à certaines
questions cruciales pour l'avenir du système universitaire.
Je n'entrerai pas dans les détails, parce que je sais que le
temps file et que nous débordons du projet de loi lui-même, mais
j'aurais une question concernant la page 23, qui porte sur le service à
la collectivité. Vous présentez le sujet et le ministre a
déjà dit que tous ces services devraient s'autofinancer.
J'aimerais avoir votre opinion eu égard à ce que vous soutenez,
en ce sens que la société d'État doit reconnaître
à l'université la responsabilité de mettre à la
disposition de la collectivité des services que vous identifiez.
J'aimerais avoir votre opinion sur l'assertion du ministre en ce sens que cela
doit s'autofinancer.
Le Président (M. Laporte): M. Lévesque.
M. Lévesque (Serge): Dans la mesure où on
reconnaît que les services à la collectivité, c'est une
mission fondamentale de l'université, au même titre que l'on
reconnaît la mission recherche et celle de l'enseignement, il faut y
consentir les crédits. Je ne crois pas - ce serait effrayant si cela
arrivait - qu'on en vienne à dire qu'il faudra que l'enseignement
devienne de l'autofinancement, que la recherche devienne de l'autofinancement.
Pourquoi faudrait-il qu'il en soit ainsi pour le service à la
collectivité?
Prendre une orientation d'autofinancement pour les services à la
collectivité, à court et à moyen terme, c'est faire en
sorte que les seuls bénéficiaires des services à la
collectivité seront les entreprises ou des groupes
d'intérêts qui ont des commandes spécifiques de recherche
et qui pourront mettre des sous dans la caisse. Comment voulez-vous qu'un
organisme... Je vous donne l'exemple d'une région que je connais bien,
vu que je vois mon député ici présent. Comment
voulez-vous, par exemple qu'une maison d'hébergement pour femmes
victimes de violence, puisse obtenir des statistiques à l'égard
du taux de violence dans sa région si elle n'a pas dans
son noyau de bénévoles des personnes susceptibles de lui
donner un coup de pouce? De concert, par exemple, avec une constituante de
l'Université du Québec qui est l'Université du
Québec à Trois-Rivières, elle peut décider de faire
une enquête sociologique sur de tels taux. Comment peut-elle contribuer,
sinon en allant frapper à la porte de son député et lui
dire: Est-ce que je peux avoir, dans votre enveloppe discrétionnaire. M.
le député, un montant de 1000 $ pour commander à
l'Université du Québec une recherche?
On sait très bien qu'un tel système n'aurait pas de sens
et pourtant il nous semble que si on débattait autour de cette table
d'un tel type de recherche, il n'y a pas beaucoup de gens, que vous soyez de
l'Opposition ou du parti gouvernemental, qui seraient contre cela qu'à
un moment donné, un groupe de cette nature puisse commander une telle
étude à l'université afin que cela puisse être utile
dans une région, à tout le monde, et pas seulement au groupe qui
aura commandé la recherche.
Or, je crois qu'il faut s'assurer qu'en milieu universitaire, si on
reconnaît que les services à la collectivité font partie
intégrante de sa mission, on nuance très largement la notion de
services à la collectivité. Sinon, cela deviendra encore un
secteur disponible pour du monde qui a de l'argent.
Le Président (M. Laporte): En conclusion.
M. Jolivet: Oui. Je ne voudrais pas reprendre la phrase du
premier ministre qui disait hier aux Anglais "wake up", mais faites attention
parce que votre député, toutes les fois qu'il y a un "fan club",
il agit, il réagit. Je ne sais pas comment on peut le dire, mais il
devra donner sa preuve de réaction et d'agissement lors du sommet
économique de la Mauricie les 25 et 26 mai prochain et là, le
ministre...
M. Gardner: Autant que le député de
Laviolette...
M. Jolivet:... de l'Enseignement supérieur et de la
Science aura à répondre Justement à ce que vous venez de
dire dans le contexte des projets qui sont présentés au sommet
économique de la Mauricie qui voit justement l'Université du
Québec dans la région demander beaucoup de cet appui aux
collectivités. On verra à ce moment-là, si votre message a
été entendu.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. le
député de Laviolette. Nous tenons à remercier les
représentants de la Centrale de l'enseignement du Québec, M.
Théberge, M. Lachance, M. Lévesque, Mme Demers, M. Leblond, ainsi
que M. Leduc pour la contribution que vous avez fournie aux membres de la
commission et qui est toujours d'un niveau très élevé.
Nous allons vous souhaiter un bon retour.
Je veux simplement rappeler aux membres de la commission que, mardi
matin, à la salle du Conseil législatif, la commission de
l'éducation entreprendra, on en a discuté tantôt,
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation.
La commission ayant accompli son mandat, ajoune sine die.
(Fin de la séance à 17 h 26)