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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'inviterais les membres de la commission à prendre place. Je
vous ferai remarquer que nous avons huit heures pour procéder à
l'étude des crédits. Tout le temps qui n'est pas utilisé
pourra difficilement être repris. J'inviterais M. le ministre de
l'Éducation et M. le porte-parole de l'Opposition à prendre
place. Nous allons commencer nos travaux.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si nous avons
quorum, je déclare cette séance ouverte. Je vous rappelle le
mandat qui nous a été confié, soit de procéder
à l'étude des crédits budgétaires pour
l'année 1989-1990 du ministère de l'Éducation.
Pour l'information des membres de cette commission, je vous rappelle que
nous avons prévu une durée de huit heures pour l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation selon l'horaire
suivant: ce matin, la commission poursuivra ses travaux jusqu'à 12 h 30,
cet après-midi, après les affaires courantes jusqu'à 18
heures et, ce soir, de 20 heures à 23 heures. Voilà, de
façon précise, l'horaire des travaux de cette commission pour
aujourd'hui.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président. Organisation
des travaux
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, s'il n'y a
pas de remplacement, avant de commencer nos travaux, je voudrais
peut-être rappeler à tout le monde certaines règles de
procédure. Cette commission se doit d'adopter chaque programme du
ministère. Cependant, chaque membre de cette commission, autant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
a un temps de parole de 20 minutes pour chaque élément d'un
programme. Le ministre de l'Éducation, bien qu'il ne soit pas membre de
la commission, pour la durée de l'étude des crédits, peut
intervenir aussi souvent qu'il le désire et il est aussi soumis à
la limite de 20 minutes pour son temps de parole. Si le ministre demande
à ses fonctionnaires de fournir des explications techniques, leur temps
de parole est comptabilisé avec le sien. Je vous rappelle aussi que
l'article 132 de nos règlements permet à un député
non-membre de participer à l'étude des crédits sans
demander la permission de la commission; cepen- dant, ce non-membre n'a pas de
droit de vote.
Alors, il n'y a pas eu d'entente spéciale entre les deux
formations politiques concernant le temps alloué à chacune
d'entre elles pour l'étude des crédits. Alors, je vais appliquer
le règlement de 20 minutes pour chaque intervenant, si besoin il y a. Je
rappelle aussi aux membres de cette commission que c'est la façon de
procéder depuis quatre ans déjà et que je considère
les commissions permanentes comme une tribune privilégiée pour
l'Opposition pour interroger le gouvernement sur ses actes et sur son travail.
Je serai très permissif pour l'Opposition ainsi que pour les membres du
côté ministériel pourvu que les questions et les
interventions n'entreront pas en conflit avec le bon ordre et la bonne conduite
des travaux de cette commission. Il y a une entente. La tradition veut que le
ministre présente son programme et que le porte-parole de l'Opposition y
réponde. C'est une période de 30 minutes. Encore une fois, je
serai très permissif pour les deux côtés. Avant
d'entreprendre les travaux, M. le ministre de l'Éducation, vous avez la
parole.
Remarques préliminaires
M. Ryan: M. le Président, je vous préviens tout de
suite que mon exposé liminaire dépassera la période de 20
minutes que vous avez indiquée, si l'Opposition veut bien y consentir.
Mais cette extension sera compensée par le fait que je n'aurai pas
d'exposé liminaire à faire sur les programmes dont nous
étudierons le contenu par la suite.
M. Gendron: Ce sont les seules gageures que je gagne, M. le
Président. Quand je gage que le ministre va dépasser le temps
alloué, je gagne toujours. Il n'y a pas de problème.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si on part
avec une équipe gagnante, M. le ministre, nous vous écoutons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claude Ryan
M. Ryan: il me fait plaisir de retrouver les membres de la
commission parlementaire de l'éducation pour cet exercice annuel de
vérification des crédits budgétaires du ministère
de l'Éducation que prévoient les règlements de
l'Assemblée nationale. De tous les exercices auxquels les ministres sont
astreints, il n'en est guère de plus exigeant que celui-là. C'est
néanmoins avec un sens aigu de leurs responsabilités respectives
que ministres et députés se
livrent chaque année à cet exercice.
À l'intention des membres de la commission parlementaire, les
services du ministère de l'Éducation ont de nouveau
préparé cette année une documentation abondante. Ils
fourniront volontiers toute documentation additionnelle que voudront
requérir les députés. J'aborde pour ma part cet exercice
dans le même esprit de dialogue et de collaboration que par les
années passées. J'espère que nos échanges seront
à la hauteur des sujets dont nous sommes appelés à
traiter. De tous les sujets qui peuvent intéresser une
société démocratique, il n'en est pas de plus importants
et de plus graves de conséquences et aussi de plus intéressants
que ceux qui se rattachent à l'éducation.
Je recevais récemment de diverses commissions scolaires des
résolutions demandant que le gouvernement s'emploie par tous les moyens
à maintenir l'esprit de collaboration et de paix qui a
régné dans les 2561 écoles du Québec, au cours des
trois dernières années. Ces résolutions sont le reflet
fidèle de la situation que nous avons pu observer dans nos écoles
depuis trois ans. Constamment perturbé pendant de nombreuses
années par des conflits de toutes sortes qui gênèrent
dangereusement son fonctionnement, notre système scolaire a enfin
retrouvé un climat de tranquilité davantage propice à
l'accomplissement de sa mission. Je veux en rendre hommage à tous ceux
et à toutes celles qui ont rendu ce climat possible et de manière
particulière aux directions d'école et au personnel enseignant
qui sont les chevilles ouvrières de la bonne marche du système
scolaire. De nouveau, au cours de la dernière année, j'ai
visité un bon nombre d'écoles dans toutes les parties du
Québec. Partout, de la Gaspésie à l'Outaouais, de
l'Abitibi à l'Estrie, de la rive nord à la rive sud du
Saint-Laurent, j'ai trouvé des directeurs et des directrices
d'école qui faisaient équipe avec leurs enseignants et leurs
autres collaborateurs, des enseignants qui faisaient équipe entre eux et
avec leurs élèves, des personnels qui semblaient heureux de la
collaboration des parents, des écoles enfin qui m'ont semblé
entretenir d'excellents rapports avec leur commission scolaire respective. Ce
climat d'harmonie et de paix est à l'honneur de notre système
d'enseignement et de notre société. Le gouvernement a vu à
le cultiver comme un bien très précieux. Il a voulu faire sa part
en traitant ses partenaires avec respect, franchise et courtoisie.
Grâce à ce climat favorable, l'année 1988-1989 a
été une année très fructueuse au plan scolaire. Je
signalerai rapidement, dans une première partie, quelques faits qui ont
caractérisé la dernière année, non sans souligner
que la réalisation majeure aura été la qualité du
travail pédagogique accompli quotidiennement auprès des
élèves et des écoles par les quelque 80 000 collaborateurs
et collaboratrices qui se consacrent à temps complet aux tâches de
l'éducation et aussi par les milliers de collabora- teurs
bénévoles et occasionnels au premier rang desquels figurent
évidemment les membres des comités d'école et des
comités de parents et les collaborateurs de l'éducation des
adultes, dont l'apport contribue puissamment à garantir le
caractère démocratique et l'efficacité de notre
système d'enseignement. Ces personnes travaillent au service de notre
population sous l'autorité de commissaires d'écoles
démocratiquement élus par leurs concitoyens. À ces
commissaires et à leurs collaborateurs, j'adresse les remerciements et
les hommages du gouvernement. Il s'accomplit dans notre système
d'enseignement un travail dont le gouvernement reconnaît et
apprécie l'importance irremplaçable et l'excellente
qualité.
Parmi les réalisations de la dernière année, on me
permettra de mentionner en premier lieu l'adoption de la nouvelle Loi sur
l'instruction publique. Après de nombreuses tentatives demeurées
infructueuses, le Québec s'est enfin vu doter par l'Assemblée
nationale d'une législation scolaire moderne et cohérente. En
adoptant la loi 107, le législateur a veillé à ce qu'elle
soit respectueuse à la fois des valeurs saines que nous avons
héritées d'un passé très riche et des nouvelles
valeurs auxquelles adhère le Québec en cette fin de
siècle. Il a vu à s'assurer que certains articles de la nouvelle
loi ne seront mis en vigueur qu'après que les assurances
nécessaires sur le plan constitutionnel auront été
obtenues des tribunaux compétents. L'essentiel du travail de
modernisation de notre législation scolaire a néanmoins
été accompli. Le Québec disposera désormais en
matière d'éducation d'une loi-cadre claire, fonctionnelle et
cohérente, que réclamaient depuis longtemps les milieux de
l'éducation.
Au deuxième rang des événements heureux de la
dernière année, je voudrais mentionner l'accueil enthousiaste que
les milieux scolaires ont réservé au plan d'action pour le
redressement du français à l'école, que j'avais l'honneur
de dévoiler en avril 1988. Fruit d'un long travail de consultation
auprès des milieux concernés, ce plan faisait suite aux
constatations inquiétantes que nous avions dû faire après
l'implantation, en 1986, de l'épreuve obligatoire de français
à l'intention des élèves de cinquième année
du cours secondaire. La qualité du français écrit laissait
beaucoup à désirer chez ces élèves. Un programme de
redressement s'imposait de toute urgence. Nous ne disposerons que dans quelques
mois de données objectives indiquant l'ampleur et la qualité de
l'accueil réservé au plan d'action par les milieux
d'éducation. D'ores et déjà cependant, nous savons que la
très grande majorité des commissions scolaires ont fait de
l'amélioration de l'apprentissage du français langue maternelle,
l'une de leurs priorités pour la dernière année et que des
centaines d'écoles ont spontanément emboîté le pas.
Le plan est simple et concret. Il fait appel à la responsabilité
et au sens de l'initiative de chaque personne. Il a été
conçu pour durer au moins quelques années. Il a
donné lieu à une adhésion générale
dont la qualité témoigne de l'esprit de collaboration et de
dévouement qui règne dans les milieux scolaires.
Sur le plan pédagogique, un autre événement heureux
s'est produit au cours de la dernière année. Ce fut la
participation très réussie du Québec à une
épreuve internationale de mathématiques et de sciences
préparée sous la direction d'un organisme américain de
haute réputation, le National Assessment of Educational Progress,
à l'intention d'élèves âgés de 13 ans et
choisis dans une dizaine de provinces canadiennes et de pays étrangers.
À l'épreuve de mathématiques, les élèves du
Québec se classèrent au premier rang; à l'épreuve
de sciences, ils se classèrent au quatrième rang, mais avec des
résultats sensiblement supérieurs à la moyenne. Fait
intéressant: les élèves québécois qui
reçoivent l'enseignement en langue anglaise ont obtenu des
résultats pratiquement comparables à ceux des
élèves québécois qui reçoivent
l'enseignement en langue française. L'expérience du Québec
se distingue nettement à cet égard de celle des autres provinces
canadiennes participantes, dont les représentants francophones durent se
contenter de résultats nettement inférieurs à la moyenne.
Après toutes les douches d'eau froide dont il a été
l'objet ces dernières années, notre système d'enseignement
avait besoin de cette expérience encourageante. Nous entendons
promouvoir davantage la participation du Québec à des
épreuves semblables, tant sur le plan canadien que sur le plan
international. C'est en apprenant à se mesurer, dès le stade de
l'école, aux jeunes des autres provinces et des autres pays que les
jeunes du Québec se rendront compte du caractère exigeant des
défis que leur réserve la vie adulte.
Vu l'importance que ce sujet revêt de plus en plus, surtout depuis
la publication du document d'orientation préparé par la ministre
déléguée à la Condition féminine, je
voudrais faire le point sur les progrès réalisés au cours
de la dernière année dans le domaine des services de garde en
milieu scolaire. En 1985-1986, 19 374 enfants furent accueillis par des
services de garde organisés dans 388 écoles. Les subventions
versées aux commissions scolaires à cette fin furent, pour la
même année, de 2 100 000 $. En 1988-1989, le nombre des enfants
accueillis dans les garderies scolaires s'élève à 37 255,
soit presque deux fois plus qu'en 1985-1986. Le budget consacré à
ce poste par le ministère de l'Éducation sera de 4 800 000 $,
soit 2,3 fois plus qu'il y a quatre ans. L'énoncé de politique
gouvernemental sur les garderies prévoit en outre que, dans les
nouvelles écoles qui seront construites à l'avenir, un espace
devra être spécialement réservé à l'intention
du service de garde.
Pour des raisons désormais familières, au premier rang
desquelles se situe le déclin de la natalité, la clientèle
régulière de nos écoles publiques est en relative
stagnation depuis quelques années. Le nombre total
d'élèves inscrits dans les écoles était de 1 534
039 en 1966. Vingt ans plus tard, soit en 1988-1989, le nombre
d'élèves réguliers sera de 1 037 054. Selon les
prévisions du ministère de l'Éducation, ce niveau devrait
se maintenir au cours des trois prochaines années. Tandis
qu'augmenteront les effectifs du secondaire, il y aura cependant une baisse
appréciable des inscriptions aux niveaux primaire et
préscolaire.
Un autre phénomène ne manquera pas de retenir l'attention
si l'on examine les données contenues dans la dernière version -
1989 - de la publication annuelle du ministère de l'Éducation
intitulée "Indicateurs sur la situation de l'enseignement primaire et
secondaire", dont des copies seront distribuées aux
députés, ce matin. En parcourant cette brochure très
instructive, on constate une baisse préoccupante du taux de
persévérance aux études chez les élèves du
secondaire. On constate une augmentation de la proportion des
élèves qui accusent un retard dans leur cheminement scolaire. On
constate aussi une augmentation de la proportion des élèves qui
abandonnent les études avant la fin du secondaire. Enfin, on observe une
nette diminution du taux de diplomation des élèves du secondaire.
En 1986, on estimait à 72,7 % la probabilité d'obtenir un
diplôme d'études secondaires chez les élèves; en
1987, le taux de probabilité a baissé à 67,6 %. Deux
facteurs ont contribué à ce changement, soit le relèvement
de la note de passage de 50 % à 60 % pour les élèves
inscrits en secondaire V et les modifications importantes qui ont
été introduites dans le régime de formation
professionnelle, modifications en vertu desquelles les exigences de
scolarité de base plus élevées sont posées aux
candidats à l'admission en enseignement professionnel. Dans les chiffres
que je viens de citer, il y a néanmoins un sujet de préoccupation
qui invite à la plus grande vigilance.
Une réponse au moins partielle à ce
phénomène que je viens d'évoquer réside
peut-être dans l'accroissement continu des clientèles inscrites
à l'éducation des adultes. Depuis quelques années, surtout
depuis l'instauration en 1985-1986 d'un régime d'enveloppe ouverte
à l'intention des adultes qui s'inscrivent à des cours de
formation en vue de l'obtention d'un diplôme, le volume des inscriptions
a connu une progression remarquable dans ce secteur. De quelque 50 000 qu'il
était il y a 10 ans, le nombre d'adultes inscrits à des cours
sanctionnés par le ministère est passé en 1987-1988
à 179 110. De ce nombre, 88 122 adultes étaient inscrits à
des cours de formation générale, dont 34 083 à temps plein
et 51 429 à temps partiel; 80 047 étaient inscrits à des
cours de formation professionnelle, dont 11 565 à temps plein et 67 577
à temps partiel; 18 820 adultes étaient en outre inscrits
à des cours de langue, soit 13 577 à des cours d'anglais et 5243
à des cours de français. Depuis quelques années, le nombre
de
diplômes réguliers émis en faveur d'étudiants
adultes n'a cessé d'augmenter; de 1981 à 1987, le nombre de
diplômes est passé de 8930 à 12 316. (10 h 30)
En plus des cours réguliers dispensés par les commissions
scolaires, le gouvernement a accordé une attention accrue, au cours de
la dernière année, aux initiatives des commissions scolaires et
des groupes bénévoles en matière d'alphabétisation
et d'éducation populaire. L'augmentation des crédits
attribués à l'éducation populaire en 1988-1989 a permis
d'accueillir plusieurs groupes nouveaux dans la liste des organismes
bénévoles subventionnés au titre du programme de soutien
aux organismes d'éducation populaire. Ce programme a d'ailleurs
été refait en vue de l'année 1989-1990, en
conformité avec les orientations recommandées par le rapport
Charbonneau.
Autre fait saillant de la dernière année: l'implantation
réussie de la deuxième phase du plan de
réaménagement de la formation professionnelle de niveau
secondaire. Le gouvernement s'engageait en décembre 1986 à
consacrer plus de 100 000 000 $ sur trois ans au redressement de ce secteur
trop longtemps négligé. Une première année
d'implantation eut lieu en 1987-1988 dans des conditions plutôt
laborieuses, étant donné les délais trop brefs qui
s'écoulèrent entre la décision gouvernementale et la
première phase de mise en oeuvre du plan. Au terme d'une deuxième
année d'implantation, nous sommes en mesure d'affirmer que la
réforme se réalise dans des conditions de plus en plus
prometteuses. Les grandes filières définies dans le régime
pédagogique sont désormais implantées. Le renouvellement
des programmes se poursuit à un rythme très satisfaisant: 27
nouveaux programmes s'étant ajoutés en 1988-1989 aux 27
programmes implantes l'année précédente. Les programmes
sont désormais les mêmes pour les jeunes et les adultes. Le nombre
des inscriptions s'est élevé en 1988-1989 à près de
20 000 élèves dans le secteur régulier, dont environ 3000
adultes à temps plein, et à près de 10 000
élèves dans le secteur de l'éducation des adultes. Une
carte des enseignements professionnels répartissant quelque 1800
autorisations différentes dans 118 commissions scolaires a
été mise au point.
Parmi les autres faits saillants de la dernière année,
mentionnons les travaux qui devraient permettre la conclusion d'un accord
souhaité depuis longtemps entre le ministère de la Santé
et des Services sociaux et le ministère de l'Éducation concernant
les services qui doivent être fournis aux clientèles en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage; mentionnons aussi
l'assouplissement des critères relatifs à l'âge d'admission
à l'école, lequel a permis l'admission à l'école de
quelque 2100 enfants n'ayant pas l'âge réglementaire; la
création d'un fonds distinct pour la formation à distance et
l'implantation d'un réseau de centres d'excellence régionaux et
locaux dans le domaine de la micro- informatique scolaire.
Les nombreuses réalisations qui ont marqué l'année
1988-1989 ont été rendues possibles grâce aux liens
étroits de complémentarité que notre système
établit entre le ministère de l'Éducation et les
commissions scolaires. Le ministère définit les grandes
orientations, propose des objectifs et fournit aux commissions scolaires les
ressources nécessaires à la prestation des services. Mais c'est
aux commissions scolaires qu'il incombe de fournir aux clientèles les
services éducatifs dont elles ont besoin et d'aménager en
conséquence les structures nécessaires. De nouveau, au cours de
la dernière année, les commissions scolaires se sont
acquittées de leur tâche avec efficacité et
compétence. Elles ont fourni à leurs clientèles
respectives des services d'excellente qualité tout en maintenant, du
moins pour la très grande majorité d'entre elles, une situation
financière très saine. Le gouvernement a été
heureux de reconnaître la qualité du travail accompli par les
commissaires d'écoles en leur accordant, en 1988-1989, un nouvel
ajustement substantiel de rémunération. Cet ajustement,
ajouté à celui qui fut effectué en 1987, achève de
combler l'écart qui s'était creusé depuis dix ans, par le
jeu de l'inflation, entre l'évolution de la rémunération
des commissaires d'écoles et celle des élus municipaux. Le
rattrapage qui s'imposait à cet égard peut désormais
être considéré comme terminé.
La nouvelle année budgétaire s'ouvre sous le signe de la
constance et de la continuité. Le gouvernement entend poursuivre et
parfaire l'oeuvre entreprise. Il entend le faire en assumant la part de
responsabilités que lui confère la loi et en fournissant aux
organismes chargés d'offrir les services éducatifs à la
population, les orientations, les instruments et les ressources auxquels ils
ont droit.
On peut faire dire toutes sortes de choses aux chiffres. Dans le tableau
de cette année, il en est quelques-uns qui pourraient aisément
prêter à des interprétations fausses. Aussi, avant toute
autre considération, je voudrais fournir des explications utiles sur les
quelque 5 400 000 000 $ qui ont été réservés
à l'enseignement primaire et secondaire dans les crédits de
1989-1990. Dans l'ensemble, le niveau des dépenses consacrées
à l'éducation demeure stable. Il témoigne d'une
incontestable continuité de la politique gouvernementale.
Au chapitre des dépenses probables du ministère de
l'Éducation, il y a une baisse apparente de 2 % en dollars constants par
rapport aux données de 1988-1989. Mais cette baisse est plus apparente
que réelle. On doit se souvenir que, lors du dernier budget
supplémentaire de la fin de mars, un paiement par anticipation de 65 000
000 $ a été fait au fonds d'amortissement de la dette du
ministère de l'Éducation à même les dépenses
de l'exercice 1988-1989, grâce à l'excellent rendement de la
fiscalité vers la fin de l'exercice. Normalement,
ce paiement de 65 000 000 $ aurait dû être imputé aux
dépenses de l'exercice 1989-1990. En Incluant ce paiement, les
crédits de 1989-1990 connaissent, en réalité, non pas une
diminution de 2 %, mais plutôt une hausse de 0,4 % en dollars
constants.
Si l'on s'en tient aux subventions qui seront versées aux
commissions scolaires et aux établissements privés en 1989-1990,
on constate que le financement de l'enseignement primaire et secondaire a
certes connu des variantes légères d'une année à
l'autre, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, mais que, somme
toute, les dépenses consacrées à ce secteur sont
demeurées les mêmes en dollars constants qu'il y a sept ans,
c'est-à-dire en 1982, et qu'il y a cinq ans, c'est-à-dire en
1984-1985. Certains soulignent que même si les subventions par
élève sont demeurées stables en dollars constants, il y a
néanmoins une diminution relative de la part réservée
à l'enseignement primaire et secondaire dans l'ensemble des
dépenses publiques. Ils notent, entre autres, que la part de
l'éducation dans les dépenses gouvernementales est passée
de 19,2 % en 1980-1981 à 16,5 % en 1989-1990. Ils notent aussi que le
rapport entre les dépenses consacrées à l'éducation
et le produit Intérieur brut est passé, pendant la même
période, de 4,9 % à 3,6 %.
Ces deux tendances sont réelles, on ne saurait les nier. Elles
s'expliquent, toutefois, par l'effet combiné de deux facteurs, soit,
tout d'abord, la diminution des effectifs inscrits à l'enseignement
primaire et secondaire, diminution à laquelle j'ai fait allusion
tantôt et, deuxièmement, la diminution sensible de la part des
dépenses publiques par rapport au PIB. La part des dépenses
publiques par rapport au PIB est passée, en effet, de 25,2 % en
1985-1986 à 22,0 % en 1989-1990. La population réclamait, avec
insistance et non sans justification, un allégement de l'appareil
gouvernemental. Il est normal que chaque secteur d'activité ait
été appelé à porter sa juste part de
responsabilités dans cet effort collectif qui contribue à la
santé du corps économique au Québec.
Je traiterai, maintenant, des compressions et ajustements
budgétaires avec toutes les nuances qu'il faut. Il est vrai que des
compressions d'une valeur totale de 21 500 000 $ ont été
imposées, cette année, au secteur de l'enseignement primaire et
secondaire. Mais ces compressions, consistant surtout en la non-indexation des
coûts autres que la rémunération et en un ajustement des
crédits accordés au titre de la sécurité d'emploi,
correspondent à celles qui ont été appliquées
à tout le secteur gouvernemental et non pas pour le seul secteur de
l'éducation. Elles seront, entre outre, largement compensées par
l'effet de diverses mesures d'ajustements budgétaires consenties lors de
la revue des programmes 1989-1990. Ces ajustements budgétaires
procureront au ministère de l'Éducation, en 1989-1990, des
ressources additionnelles de 27 600 000 $ ainsi réparties: ajout de 150
postes pour les effectifs des élèves handicapés, 4 500 000
$; ajout de 150 postes pour la nouvelle phase du plan de
réaménagement de la formation professionnelle qui se
réalisera en 1989-1990, 4 600 000 $; ajout aux activités
éducatives, 1 500 000 $; ajout d'une journée de congé de
maladie monnayable, 3 900 000 $; ajouts divers pour les commissions scolaires
autochtones, 3 500 000 $; montant récurrent consenti l'an dernier sur
une base de trois ans pour le plan d'action visant le redressement du
français, 3 200 000 $; montant récurrent pour
l'amélioration des services de garde, 2 100 000 $; montant additionnel
pour la micro-informatique scolaire, 2 500 000 $; réforme du
système PERCOS concernant les données relatives au personnel des
commissions scolaires, 900 000 $. Total 27 600 000 $.
Conscient de l'effort de discipline qu'il impose à ses
partenaires, mais fort de l'exemple qu'il tente lui-même de donner dans
sa propre gestion, le gouvernement invite les commissions scolaires et les
intervenants du monde de l'éducation à comprendre que l'effort de
redressement financier entrepris depuis trois ans et demi est, et demeurera,
plus exigeant qu'on avait pu le penser d'abord et qu'il devra se poursuivre
dans l'avenir prévisible. C'est à un véritable changement
de mentalité et de style de vie que les sociétés
soi-disant développées sont appelées ces années-ci.
Elles sont obligées de retrouver un style de vie davantage
accordé à leurs moyens réels. Cet effort doit se traduire,
non seulement par une acceptation de contraintes devenues inéluctables,
mais aussi et surtout dans la détermination de faire sans cesse mieux
tout en devant se satisfaire de ressources dont le niveau, en dollars
constants, est appelé à demeurer stable et ne saurait
connaître de progression spectaculaire dans l'avenir prévisible,
sinon, pour certains secteurs qui auraient été l'objet de recul
dangereux au cours des dix ou douze dernières années.
Les contraintes dont il vient d'être question doivent baliser
notre action et ne doivent cependant ni l'arrêter, ni la ralentir. Notre
volonté de servir doit demeurer élevée et ferme. Faute de
pouvoir se concentrer sur de vastes projets d'expansion qui ne correspondraient
plus, en toute hypothèse, à la réalité
d'aujourd'hui, notre société doit s'employer à
approfondir, à rendre sans cesse meilleur et plus solide ce qui
s'accomplit déjà dans son sein. Elle doit savoir aussi
éliminer au fur et à mesure les choses devenues redondantes ou
superflues pour les remplacer par de nouvelles initiatives que réclame
le bien des clientèles.
Dans cet esprit de détermination, à la fois ferme et
réaliste, je voudrais esquisser à grands traits les objectifs que
le gouvernement entend promouvoir de concert avec ses partenaires en 1989-1990.
Notre premier souci, au cours des mois à venir, sera de favoriser
l'heureux dénoue-
ment des négociations avec les salariés du secteur de
l'éducation en vue du renouvellement des conventions régissant
leurs conditions de travail. Môme si elle est engagée depuis le
début de 1989, la présente ronde de négociations n'a
guère donné lieu, jusqu'à maintenant, qu'à des
approches plutôt discrètes et distantes de part et d'autre.
Même si la marge de manoeuvre dont dispose le gouvernement est mince, je
suis résolu, pour ma part, à aborder les phases à venir
dans le même esprit d'ouverture et d'échange que les deux parties
ont su déployer en 1986. J'espère que les résultats de la
négociation seront aussi favorables. (10 h 45)
Une autre priorité majeure du gouvernement sera l'implantation
harmonieuse de la loi 107 sur l'instruction publique. Les dispositions de cette
loi traitant du remplacement des commissions scolaires pour catholiques et pour
protestants par des commissions scolaires linguistiques, de même que
certaines dispositions traitant de droits confessionnels ou religieux ne seront
pas appliquées maintenant. Elles feront d'abord l'objet d'un renvoi aux
tribunaux, lequel sera fait au cours des prochaines semaines. Sauf ces
exceptions, la loi 107 sera en vigueur à compter du 1er juillet 1989. Un
travail d'information et de préparation considérable a
déjà été accompli à cette fin par le
ministère de l'Éducation, par les grandes associations regroupant
les principaux intervenants du secteur de l'éducation, de même que
par les commissions scolaires individuelles. Tout porte à croire que
l'implantation se fera de manière harmonieuse et efficace.
Défini dans la nouvelle Loi sur l'instruction publique comme un
droit fondamental de toute Québécoise et de tout
Québécois, l'accès aux services éducatifs
continuera d'être l'objet de l'attention constante du gouvernement. Parmi
les sujets auxquels nous apporterons une attention particulière, je
voudrais souligner les suivants, soit, tout d'abord, les clientèles
adultes. Ce secteur en rapide croissance sera l'objet d'une attention
particulière. Tout d'abord, nonobstant les dépassements
budgétaires importants survenus en 1988-1989, ce secteur continuera de
bénéficier d'une enveloppe ouverte. Cela veut dire qu'aucun
adulte voulant s'inscrire à des cours en vue de l'obtention d'un
diplôme ne pourra se voir refuser l'accès aux services
éducatifs sous prétexte qu'il n'y aurait pas de budget disponible
à cette fin. De concert avec le ministère de l'Éducation,
les commissions scolaires devront toutefois veiller à ce que soient
seuls admis gratuitement à ces cours des adultes ayant
sérieusement en vue l'obtention d'un diplôme régulier
d'études secondaires.
Les élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. Ce secteur a de nouveau connu, en 1988-1989 une progression
préoccupante. Au cours de la dernière année, les services
du ministère ont réalisé d'importants travaux ayant pour
objet l'évaluation plus précise des besoins actuels et la
définition d'une politique mieux adaptée aux besoins de ces
catégories d'élèves. Le gouvernement verra, en 1989-1990,
à mettre au point les instruments nécessaires à
l'application des articles de la loi 107 qui augmentent sensiblement les
responsabilités à la fois du gouvernement, des commissions
scolaires et des directions d'école à l'endroit des
élèves handicapés et des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
Les élèves en provenance des communautés
culturelles. Le nombre croissant de ces élèves est une source
d'enrichissement pour notre système scolaire et pour le Québec.
Pour eux-mêmes et pour les milieux scolaires, l'insertion de ces
élèves dans l'école commune donne néanmoins lieu
à des problèmes que nous ne saurions ignorer. Déjà,
le ministère de l'Éducation a versé, au cours des deux
dernières années, des subventions spéciales aux
commissions scolaires de l'île de Montréal pour le traitement de
ces problèmes qui sont particulièrement aigus sur leur
territoire, vu qu'on y trouve la plus forte concentration de milieux
formés d'immigrants. Ces subventions demeurent insuffisantes eu
égard aux besoins. Elles ne valent, en outre, que pour les commissions
scolaires de ITle de Montréal, alors que de nombreuses autres
commissions scolaires font face à des défis semblables. À
titre de ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française, je compte réserver à des programmes visant
cette réalité, une partie des crédits additionnels de 10
000 000 $ qui m'ont été attribués pour la promotion de la
langue française, au cours de la prochaine année. Les services du
ministre de l'Éducation m'ont déjà soumis des propositions
à cette fin. Je serai en mesure de faire connaître, au cours des
prochaines semaines, les décisions que retiendra le gouvernement.
Pour des raisons que j'ai maintes fois indiquées, je ne puis me
résoudre à l'idée qu'un enfant pourrait être
gêné, perturbé ou retardé dans son
développement par le fait qu'on lui aurait refusé l'admission
à l'école sous le seul prétexte qu'il n'aurait pas atteint
l'âge réglementaire. Je ne veux pas obliger tous les enfants
à fréquenter l'école à un âge précoce.
Je n'entends point davantage obliger les commissions scolaires à
admettre à l'école des enfants qui n'auraient pas l'âge
réglementaire et qui n'auraient pas de raison spéciale d'y
être. Je veux seulement que les enfants dont le développement
risquerait d'être perturbé sérieusement par un retard dans
le processus de scolarisation ne soient pas empêchés d'entrer
à l'école à cause de la lettre d'un règlement dont
les normes seront toujours entachées d'un certain élément
d'arbitraire. Le gouvernement ne dispose pas actuellement des ressources
nécessaires à une modification généralisée
de l'âge d'admission. Vu cette contrainte, nous avons mis au point des
critères assouplis pour l'examen des cas pouvant justifier une admission
avant que l'enfant ait atteint l'âge
réglementaire. Les critères établis l'an dernier
avaient déjà produit des résultats encourageants. Ceux qui
prévaudront cette année sont du même ordre.
L'échéancier, définissant les étapes à
franchir pour l'obtention d'une dérogation, a cependant
été devancé, de sorte que nous, pourrons éviter
l'encombrement qui s'était produit l'an dernier, vers la fin de
l'été. Selon les tout derniers renseignements que l'on me
remettait ce matin même, je suis en mesure d'établir que le nombre
de demandes auxquelles nous ferons face pour l'année 1988-1989 sera
très légèrement supérieur au nombre de demandes
reçues pour l'an dernier, ce qui permet d'augurer que le nombre de
dérogations se situera à peu près au même niveau que
la dernière année.
Le problème des petites écoles qui doivent fermer faute de
clientèle satisfaisante continue d'être une source de tensions et
de frictions dans les milieux où de telles décisions doivent
être prises. Le gouvernement favorise le maintien d'une école
locale aussi longtemps que cela est raisonnablement possible. Il ne peut
cependant s'engager aveuglément à garder toutes les écoles
ouvertes. Des balises sont nécessaires; elles doivent en même
temps être claires et souples. Le gouvernement entend poursuivre les
travaux qu'il a engagés à ce sujet avec les commissions
scolaires, au cours de la dernière année.
À l'occasion de l'Année mondiale de
l'alphabétisation, le gouvernement entend maintenir et accentuer le
volume élevé d'activités qu'il soutient dans le domaine de
l'alphabétisation ainsi que dans celui de l'aide aux groupes
bénévoles d'éducation populaire. En 1988-1989, le
ministère de l'Éducation a consacré une somme de 21 800
000 $ au financement des activités des commissions scolaires en
alphabétisation. Le même budget sera disponible en 1989-1990. Le
gouvernement facilitera, en outre, l'accès des commissions scolaires aux
subventions qui seront versées par le gouvernement
fédéral, au titre de son programme quinquennal de promotion de
l'alphabétisation. Des recommandations ont déjà
été adressées au gouvernement fédéral
à cette fin, au cours des dernières semaines.
Parallèlement à l'appui accordé aux commissions scolaires,
le gouvernement réserve, en 1989-1990, un budget de 9 300 000 $ à
l'intention des groupes bénévoles engagés dans
l'alphabétisation et l'éducation populaire.
Un mot enfin sur les clientèles anglophones. Il est souvent
arrivé dans le passé que les clientèles anglophones du
système scolaire soient desservies avec des retards appréciables
au chapitre des programmes et des instruments pédagogiques devant
accompagner leur implantation. Les retards accumulés au
ministère... Je ne parle pas des commissions scolaires qui ont toujours
été traitées, et qui le sont toujours, sur un pied
rigoureux d'égalité. Qu'elles soient catholiques ou protestantes,
elles reçoivent exactement le même niveau de "subventionne-ment".
Au ministère, les retards accumulés étaient si
considérables qu'il faudra plusieurs années de travail afin de
les annuler. Au seul chapitre de l'implantation des nouveaux programmes, nous
enregistrons encore aujourd'hui un retard moyen de deux ans. Depuis la mise en
place de services mieux pourvus à l'intention de la clientèle
anglophone, le processus de rattrapage est solidement engagé. Au cours
de la dernière année, plusieurs nouveaux programmes ont
été implantés: le secteur anglophone s'est vu attribuer un
nombre équitable d'options en formation professionnelle; les sessions de
perfectionnement pour enseignants du secteur anglophone ont été
multipliées dans plusieurs secteurs et des sommes accrues ont
été consacrées à la traduction et à
l'adaptation d'instruments pédagogiques. Parmi les projets
envisagés pour l'année 1989-1990, mentionnons l'analyse de
données concernant l'enseignement du français langue seconde; des
initiatives visant l'amélioration de l'anglais langue maternelle, car
des problèmes se posent aussi de ce côté, pas seulement du
côté du français langue maternelle, et, enfin, des travaux
sur le cas des petites écoles desservant des clientèles
anglophones.
En matière de développement pédagogique, le
ministère de l'Éducation entend poursuivre avec vigueur le
rôle de leadership qui lui revient. Parmi les secteurs qui seront l'objet
d'une attention particulière, mentionnons les suivants, soit, d'abord,
le français langue maternelle. Le ministère fera connaître
au cours des prochaines semaines les objectifs précis qui seront
assignés au programme de français pour chaque année du
cycle d'études au primaire et au secondaire. Le caractère vague
de ces objectifs avait été signalé, avec raison, comme une
faiblesse à corriger. Le ministère continuera, par ailleurs,
à promouvoir la mise en oeuvre du plan d'action à travers tout le
système scolaire. Un bilan des réalisations de 1988-1989 sera
disponible au cours des prochaines semaines.
Dans le secteur de l'éducation des adultes, un régime
pédagogique propre aux adultes est en voie de préparation. Ce
projet de régime devrait normalement être soumis à une
consultation à l'automne 1989, en vue de son implantation, prévue
pour l'année 1990-1991, en conformité avec les dispositions de la
loi 107.
En mathématiques et en sciences, des ajustements importants
s'imposent dans les apprentissages au deuxième cycle du secondaire. Les
services du ministère ont préparé à cette fin des
propositions d'amélioration qui doivent être soumises, dès
ces jours-ci, aux milieux intéressés pour consultation. La
consultation sera ensuite l'objet d'une demande d'avis au Conseil
supérieur de l'éducation. La demande d'avis sera soumise au
Conseil supérieur de l'éducation en même temps que la
consultation se fera. Ce sera un des volets de la consultation parce que nous
voulons faire les corrections nécessaires le plus rapidement
possible.
En micro-informatique scolaire, à l'aide des
budgets accrus qu'il avait obtenus l'an dernier, le ministère a
favorisé l'acquisition de nouveaux appareils d'une valeur de plus de 9
000 000 $, dans les commissions scolaires. Au chapitre du fonctionnement,
l'ajout d'une somme de 4 000 000 $ au budget déjà existant de 4
600 000 $ a permis l'implantation d'un réseau impressionnant de centres
régionaux et locaux d'enrichissement en micro-informatique scolaire,
à travers tout le territoire du Québec. Le ministère
entend accorder la priorité cette année, c'est-à-dire en
1989-1990, pour la prochaine année scolaire, aux objectifs suivants:
perfectionnement du personnel enseignant, achat de logiciels éducatifs
et parachèvement du réseau de centres d'enrichissement en
micro-informatique scolaire.
Le secteur de la formation professionnelle continuera d'être une
priorité majeure en 1989-1990. Parmi les initiatives envisagées,
mentionnons l'implantation d'une nouvelle série de 27 programmes et la
mise en route d'un chantier devant permettre la production d'une série
additionnelle de 27 programmes au cours des mois à venir. Mentionnons
aussi - sujet très important - la modification de l'organisation
scolaire de manière à permettre que la formation,
présentement dispensée sur deux années, puisse être
faite pendant une période plus brève, pour tenir compte surtout
des besoins des clientèles adultes, sans préjudice quant au
contenu de la formation offerte ni à la qualité des
apprentissages.
Mentionnons, enfin, l'accent sur le développement des liens entre
l'école et les milieux de travail, la mise au point de solutions au
problème de l'harmonisation jeunes et adultes et la mise au point -
pratiquement terminée à ce moment-ci - des changements à
la carte des enseignements professionnels, pour 1989-1990.
En matière d'évaluation, le ministère poursuivra
cette année les expériences déjà entreprises
concernant l'épreuve obligatoire de français et la publication
des résultats des épreuves ministérielles
administrées aux élèves du cours secondaire. Ces
expériences se sont révélées stimulantes. Elles
sont une source d'émulation entre les commissions scolaires, entre les
écoles d'une même commission scolaire, entre l'école
publique et l'école privée. Le ministère entend de
même favoriser la participation du Québec à de nouvelles
épreuves d'envergure canadienne ou internationale. Des pourparlers sont
engagés à ce sujet avec le Conseil des ministres de
l'Éducation du Canada, qui a réservé un accueil
très favorable à des propositions qui lui ont été
faites à cette fin, et avec le National Assessment of Educational
Progress. La Direction du développement de l'évaluation
continuera aussi à mettre à la disposition des commissions
scolaires des épreuves d'appoint en formation générale et
en formation professionnelle, afin d'aider les commissions scolaires à
s'acquitter de la responsabilité qui leur incombe en matière
d'évaluation.
La direction entreprendra, également, l'évaluation d'au
moins trois nouveaux programmes. (11 heures)
Quelques mots sur l'enseignement privé. Certains ont
semblé s'inquiéter, en prenant connaissance des crédits de
l'année 1989-1990, de la part apparemment généreuse
réservée au secteur de l'enseignement privé. Notant que ce
secteur se voyait attribuer des crédits accrus de 4,9 %, ces critiques
ont tout de suite conclu que l'enseignement privé se voyait accorder un
traitement préférentiel par rapport à l'enseignement
public. Il n'en est rien. Les montants réservés aux
établissements privés pour l'année 1989-1990 tiennent
compte, en effet, des mêmes paramètres que ceux qui sont
utilisés pour le secteur public, à savoir une indexation de 4 %
de la rémunération des employés syndiqués, les
mêmes compressions concernant les dépenses autres que les
rémunérations et le volume anticipé de la
clientèle.
Depuis trois ans, le gouvernement a reconnu dix nouveaux
établissements privés pour fins de "subventionnement" public. Il
a accordé une bonification de statut à douze
établissements et un élargissement de statut à six
établissements. Ces mesures, dont l'impact a été fort
limité, illustrent l'esprit d'ouverture modéré dans lequel
le gouvernement a voulu aborder les problèmes relatifs à
l'enseignement privé.
Les établissements privés ont connu une relative
augmentation de leur clientèle, ces dernières années,
tandis qu'on assistait à une baisse de clientèle dans le secteur
public. Certains en ont conclu qu'un glissement dangereux était en train
de se produire. Les chiffres tiennent toutefois un langage différent.
Ils montrent que la part respective du secteur public et du secteur
privé dans le partage des clientèles n'a évolué que
très légèrement au cours des dernières
années.
Le gouvernement a été saisi, ces derniers temps - des
députés m'en parlaient tantôt - de représentations
renouvelées des établissements privés concernant les
effets qui perdurent quant à la diminution du niveau de
"subventionnement" imposée en 1981 qui est demeuré le même
par la suite. Ils estiment que les effets de cette diminution sont très
sérieux tout en reconnaissant que, depuis trois ans, leur niveau de
"subventionnement" a évolué à un rythme rigoureusement
égal à celui du secteur public. Le gouvernement examinera avec
attention ces représentations des établissements privés.
Le gouvernement veut toutefois réitérer sa conviction quant
à la priorité qui doit continuer d'être accordée au
secteur public, car il est convaincu que l'école publique est et doit
demeurer la base même du système scolaire québécois.
Cette précision étant faite, le gouvernement
réitère également sa conviction quant au rôle
très utile que jouent les établissements privés dans notre
société.
Je profite de l'occasion que nous fournit l'étude des
crédits pour annoncer que nous avons entrepris une révision en
profondeur de la Loi sur l'enseignement privé. Cette loi remonte
déjà à une vingtaine d'années. On y trouve maintes
dispositions qui ne répondent plus aux réalités
d'aujourd'hui. À titre d'exemple, citons les dispositions relatives
à l'émission de permis d'enseignement pour les
établissements offrant des services qui n'ont rien à voir avec
les programmes officiels du ministère. Selon la pratique actuelle et
selon l'interprétation qu'ont donnée les tribunaux des pouvoirs
du ministre en cette matière, le système actuel d'émission
des permis est beaucoup plus une passoire qu'un système de
contrôle sérieux. D'autres dispositions n'ont jamais connu
d'application à ce jour. À titre d'exemple, la loi
prévoyait la promulgation d'un règlement concernant l'octroi de
statut subventionné à certains établissements, mais,
après 20 ans, ce règlement n'a pas encore vu le jour.
On trouve aussi dans la Loi sur l'enseignement privé des oublis
ou des omissions qui doivent être corrigés. À titre
d'exemple, le pouvoir d'enquête dont le ministre est investi
auprès des commissions scolaires, en vertu de la Loi sur l'instruction
publique, n'existe nulle part dans la Loi sur l'enseignement privé.
Comme la Loi sur l'enseignement privé s'applique autant à l'ordre
collégial, peut-être même aussi à l'ordre
universitaire, qu'à l'ordre primaire et secondaire, elle sera l'objet
d'une révision en profondeur qui impliquera les deux ministères
concernés. L'aboutissement normal de cet exercice sera la
présentation, l'an prochain, d'un projet de loi réformant la Loi
sur l'enseignement prive.
Un mot sur les . commissions scolaires. Au terme d'un long débat
qui aura été fructueux pour tout le monde, les commissions
scolaires se sont vu confirmées, avec l'adoption de la loi 107, dans
leur rôle de dispensatrices premières des services
éducatifs offerts à la population. Elles ont également
été confirmées dans la structure démocratique qui
les caractérise et dans le caractère très large de la
mission dont elles sont investies. Elles se sont aussi vu attribuer, en
matière pédagogique et administrative, des pouvoirs d'initiative
accrus.
Le gouvernement qui a piloté cette loi renouvelant la confiance
de la population à i'endroit des commissions scolaires demeure largement
ouvert à la collaboration qui doit exister entre lui-même et les
commissions scolaires. Le gouvernement entend respecter le champ d'action
dévolu par la loi aux commissions scolaires. Il entend même
exercer avec conviction et fermeté les prérogatives dont il a
été lui-même investi par l'Assemblée nationale. Il
entend surtout faire en sorte que, par le maintien de rapports empreints de
collaboration, d'information mutuelle et d'entraide, le ministère de
l'Éducation et les commissions scolaires unissent continuellement leurs
efforts afin de doter te
Québec d'un système d'enseignement sans cesse plus
vigoureux et efficace.
De nombreux dossiers particuliers sont déjà ouverts entre
les commissions scolaires et le gouvernement. Citons, à titre d'exemple,
le dossier de la fiscalité et de la péréquation au sujet
duquel le gouvernement poursuit l'étude de propositions de
réformes très intéressantes soumises par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec; le dossier du parc scolaire au sujet duquel les commissions
scolaires ont procédé avec le ministère de
l'Éducation à un inventaire fouillé dont les
résultats seront disponibles d'ici la fin de la présente
année; l'intégration des enseignements primaire et secondaire au
sujet de laquelle le gouvernement disposera, en vertu de la loi 107, d'un
instrument d'intervention nouveau qui devrait permettre
d'accélérer le processus d'intégration dans les quelque 20
territoires où il n'est pas encore réalisé; les dossiers
relatifs aux méthodes de cueillette et de contrôle des
données sur les personnels et les clientèles; le dossier de la
formation des maîtres, etc.
La seule évocation de ces dossiers en dit long sur la nature
étroite, voire quotidienne, des liens que la réalité tisse
entre le gouvernement et les commissions scolaires. Au nom du gouvernement,
j'assure toutes les personnes, qui oeuvrent a titre de commissaires
d'écoles, de notre respect, de notre appréciation et de notre
sincère volonté de collaboration.
Un mot sur les organismes consultatifs. Créé par le
législateur en 1964 en même temps que le ministère de
l'Éducation, le Conseil supérieur de l'éducation et ses
deux comités confessionnels se sont vu attribuer des fonctions
précises et importantes au sein de notre système d'enseignement.
Le Conseil supérieur de l'éducation doit normalement et
obligatoirement être consulté par le ministre sur un certain
nombre de sujets définis dans la loi, notamment sur les modifications
à apporter au régime pédagogique. Il est le conseiller
attitré du ministre sur les questions d'éducation. Il soumet
fréquemment à ce dernier des avis, tantôt à la
demande du ministre, tantôt de sa propre initiative. Il prépare un
rapport annuel sur l'état et les besoins de l'éducation. Il peut,
en outre, tenir des consultations publiques sur des sujets de son choix.
La dernière année a été
particulièrement productive pour le conseil supérieur. Au cours
de cette année, le conseil a remis au ministre des avis sur les sujets
suivants: modification au Règlement sur la pratique de l'enseignement;
les sciences de la nature et les mathématiques au deuxième cycle
du secondaire; l'éducation artistique à l'école; les
activités parascolaires à l'école secondaire; les besoins
éducatifs des jeunes enfants; l'articulation des deux ordres
supérieurs d'enseignement; la formation à distance. Le conseil a,
en outre, produit un imposant rapport annuel traçant un bilan du chemin
parcouru en
éducation depuis un quart de siècle à l'occasion du
25e anniversaire de la parution du rapport Parent.
Pour l'année 1989-1990, le Conseil supérieur a Inscrit
à son programme de travail un nombre Impressionnant de sujets parmi
lesquels on ret-ouve: les cheminements particuliers de formation au secondaire;
la jonction entre le collégial et le secondaire; l'initiation aux
sciences de la nature au primaire; l'éducation des adultes et le
développement régional; l'alphabétisation; la gestion de
l'action éducative; la sélection et l'orientation des
étudiants dans le système scolaire.
Les comités confessionnels ont joué, pour leur part, un
rôle très actif dans la préparation et la mise en oeuvre
des nouveaux règlements concernant les écoles confessionnelles,
catholiques ou protestantes. Maintenant délestés par la loi 107
de la tâche très lourde qui leur incombait en matière
d'approbation des manuels et des programmes scolaires, ils pourront
désormais concentrer le meilleur de leur énergie sur l'essentiel
de leur tâche, à savoir l'action entourant la présence et
le rôle des valeurs confessionnelles dans le système
d'enseignement. Le Comité catholique annonce, pour 1989-1990, un avis
sur les services éducatifs pour les anglo-catholiques, l'examen de
questions concernant la place des valeurs religieuses dans les programmes
d'études et l'avis des étalissements collégiaux, ainsi que
des travaux sur le concept de projet éducatif. Le Comité
protestant examinera, quant à lui, la reconnaissance des écoles
comme protestantes. Il multipliera aussi les rencontres sur le terrain avec les
responsables de l'enseignement protestant.
Les relations du conseil supérieur et de ses comités
confessionnels avec le ministre et ses conseillers sont fréquentes et
empreintes de respect mutuel et de cordialité. Chaque année,
depuis trois ans, le ministre a tenu des rencontres régulières
avec ces organismes. Je souligne également le rôle important de la
Commission consultative de l'enseignement privé. Largement
renouvelée dans sa composition et dans sa direction, la commission a
joué un rôle très actif au cours de la dernière
année. En plus de procéder, comme le veut la loi, à
l'examen des nombreuses demandes de permis et de statuts subventionnés
dont est saisi le ministre, la commission a décidé de
s'intéresser également à des sujets de caractère
plus général. En 1988-1989, elle a soumis au ministre deux avis
très appréciés sur les cours de culture religieuse au
niveau secondaire et sur les cours de culture personnelle. Avec l'entier accord
du ministre, la commission entend maintenir cette orientation en 1989-1990.
En conclusion, je voudrais signaler que, le 13 mai prochain, nous
célébrerons le 25e anniversaire de l'entrée en vigueur de
la loi créant le ministère de l'Éducation et de la loi
créant le Conseil supérieur de l'éducation. Nous aurons
alors l'occasion de souligner les nombreux bienfaits qu'ont procurés ces
deux mesures. Qu'il me suffise de rappeler que la création du
ministère de l'Éducation fut un geste historique par lequel la
société québécoise décida de prendre en main
une fois pour toutes la responsabilité politique de son système
d'enseignement et d'en faire un instrument privilégié de son
développement. Grâce aux mesures prises sous l'autorité
d'un ministre responsable, désormais, d'une manière directe
à l'Assemblée nationale, le taux de scolarisation secondaire des
jeunes de 15, 16 et 17 ans a pu passer de 75 %, en 1961, à plus de 90 %.
La scolarisation des filles, longtemps retardée par comparaison avec
celle des garçons, a connu un remarquable essor au point que les filles
sont désormais plus nombreuses et réussissent
généralement mieux que les garçons, non seulement au
secondaire, mais aussi au collégial et à l'université.
L'éducation des adultes a connu un développement exceptionnel,
voyant le nombre d'élèves adultes inscrits à des cours en
vue de l'obtention d'un diplôme secondaire régulier quadrupler en
moins de 25 ans. L'effort financier consacré à son système
d'enseignement, par le Québec, a de même augmenté. Le
gouvernement québécois dépensait 471 $ par
élève inscrit dans les commissions scolaires, en 1961. En dollars
constants, les dépenses des commissions scolaires par
élève atteignaient, en 1987, 2201 $. Cette augmentation
s'explique par la généralisation, de l'enseignement secondaire
polyvalent dans tout le territoire, par la diversification des services
éducatifs, par l'amélioration des conditions de travail de la
profession enseignante, des autres salariés de l'éducation, et
par le développement d'un appareil pédagogique et administratif
à la mesure des défis que pose l'éducation à
l'époque moderne. (11 h 15)
Le Québec est aujourd'hui doté d'un système
d'enseignement qui se compare favorablement à ceux que l'on retrouve
ailleurs. Ce système est organisé sur une base hautement
démocratique. À titre de ministre responsable du système
d'enseignement devant l'Assemblée nationale, je veux, en cette occasion,
exprimer ma fierté et ma gratitude devant l'importance que notre
société accorde à l'éducation. Je veux redire
à tous ceux et à toutes celles qui se consacrent à cette
tâche noble entre toutes et, en particulier, à mes collaborateurs
et collaboratrices du ministère de l'Éducation dont le concours
compétent et loyal n'a jamais fait défaut aux ministres qui se
sont succédé à ce poste, mon admiration, ma
solidarité et mon appui. Je veux surtout redire à nos concitoyens
et à nos concitoyennes que le gouvernement, après avoir maintenu
et clarifié dans la loi 107 les pouvoirs et attributions du ministre de
l'Éducation, entend faire en sorte que ces pouvoirs soient
exercés dans l'avenir, de manière à servir, de mieux en
mieux, la cause d'une éducation de qualité et des
intérêts supérieurs de
la collectivité québécoise.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre de l'Éducation pour ces brèves et combien
complètes remarques préliminaires. Dans le même sens, je
reconnais le porte-parole de l'Opposition M. le député
d'Abitibi-Ouest. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, dans un premier temps, je
voudrais saluer tous les fonctionnaires du ministère qui sont
très présents ce matin pour participer au discours de
l'inspecteur d'école. Je pense qu'on a vraiment eu droit au discours du
grand inspecteur d'école que peut être le ministre de
l'Éducation, à la différence que les discours
d'inspecteurs d'école que j'ai connus à l'école du rang...
Du moins, ça m'a fait du bien, parce que vous m'avez permis de retourner
à il y a 30 ans: de voir arriver l'inspecteur d'école qui faisait
le tour et qui nous disait un peu les objectifs du ministère, combien
c'était beau et bon et que ça allait bien. La preuve, c'est que
tous vos collègues du ministère ont eu congé aujourd'hui.
Je les salue, je les félicite de leur intelligente patience. Je
reconnais, avec eux, que ça ne doit pas toujours être drôle
d'avoir un tel congé, mais ils sont tellement nombreux qu'ils ont
décidé de le prendre, la plupart ont décidé de le
prendre quand même. Alors, je les salue cordialement au-delà de
l'humour qu'il pourrait y avoir là-dedans.
Nous sommes ici pour faire l'étude des crédits du
ministère et, comme c'est son habitude, le ministre de
l'Éducation a fait le tour de plusieurs programmes du ministère
de l'Éducation, plusieurs secteurs d'activité sur lesquels,
globalement... c'était normal, je pense, qu'il ait cette attitude compte
tenu du fait qu'il a visité toutes les écoles du Québec,
il nous a dit cela au début, de la Gaspésie à l'Outaouais,
de l'Abitibi aux rives du fleuve. J'allais lui demander quelles écoles
il a visitées en particulier en Abitibi, mais je vais laisser faire, je
le ferai en privé. J'aimerais qu'il me nomme les écoles qu'il a
visitées en Abitibi.
Au-delà de ça, globalement, il a noté un courant
pédagogique très intéressant dans les écoles du
Québec au moment où l'on se parie. Les profs sont de bonne
humeur. Les administrations scolaires sont très contentes du
comportement et de l'attitude du ministère dans à peu près
tous les dossiers. Donc, ça va bien et c'est normal que le ministre de
l'Éducation nous parle davantage de ce qui est beau et bon et de ce qui
fonctionne très bien. Alors, je veux juste vous aviser que, pour ma
part, ça va peut-être être aussi normal que j'aie une autre
lunette, soit celle du critique de l'Opposition en matière
d'éducation pour noter et peut-être vous montrer l'envers de la
médaille, puisque toute médaille a un revers ou encore deux
côtés.
L'étude des crédits du ministère de
l'Éducation nous fournit à nouveau l'occasion, pour une
quatrième année et, vraisemblablement, la dernière du
mandat du gouvernement libéral - en tout cas, au nom de
l'éducation, c'est ce que je souhaite de tout coeur - de scruter les
politiques suivies dans un secteur aussi important pour notre avenir collectif.
J'ai l'intention d'en profiter pour poser un certain nombre de questions et
d'aborder divers dossiers qui concernent à la fois l'organisation, le
fonctionnement et les orientations données à notre système
éducatif.
Je m'arrêterai, d'abord, quelques instants aux politiques
budgétaires de ce gouvernement en matière scolaire. Avec le
dépôt des crédits budgétaires, je suis convaincu
qu'il faut vraiment être habile et très bon pédagogue... je
pense que le temps que le ministre a pris le prouve, prendre une heure pour
faire le tour des dossiers, c'est pour prouver que l'éducation n'est pas
véritablement une priorité. Les crédits alloués au
ministère de l'Éducation, pour 1989-1990, s'élèvent
à 5 402 000 000 $, soit une augmentation de 2,2 % par rapport aux
dépenses probables de 1988-1989. Il s'agit d'une croissance
inférieure de 2 % au rythme de l'inflation. Or, on nous dira... Et je
gagerais que si l'on excluait la dépense par anticipation faite pour le
service de la dette du secteur public, le taux de croissance serait de 4,7 %.
Mais ce n'est pas parce qu'on m'a expliqué cette passe-là sur
quelques pages qu'on arrive avec un niveau de crédit qui prouverait que
l'éducation est une priorité et, selon ce gouvernement, cela ne
devait même pas être une dépense. Je ne sais pas pourquoi
c'est dans les crédits. Ces gens disaient, dans leurs engagements
électoraux, que, pour eux, l'éducation allait être un
investissement. Ce n'est même pas une dépense. Donc, je ne sais
pas pourquoi cela serait dans les crédits. Cela va être un
investissement.
Même en arrivant avec l'explication du ministre, sur deux pages,
il n'en demeure pas moins qu'une augmentation de 4,7 %, c'est quand même
inférieur à la progression générale de 5,8 % des
dépenses gouvernementales. C'est 5,8 % pour l'ensemble des
dépenses du gouvernement et, pour l'éducation - une
priorité pour ce gouvernement libéral - 4,7 %. Il y a un
problème. Alors c'est à nous de le signaler.
Il faut aussi ajouter qu'une telle opération de paiements
anticipés - parce que c'est l'explication qu'il donne pour
réduire les crédits - permet normalement de dégager une
marge de manoeuvre pour l'année qui débute. Alors ce n'est pas du
tout le cas cette année et on le déplore fortement.
Depuis 1985-1986, la part des dépenses en éducation dans
l'ensemble de l'État est passée de 16,7 % à 16,5 % et,
plus grave encore, la part des dépenses du MEQ dans le produit
intérieur brut a chuté de 4,2 % à 3,6 %. Bref, on ne peut
certainement pas dégager, de tous ces chiffres, que l'éducation,
dans son volet primaire-secon-
daire, a constitué une priorité budgétaire ou
constitue une priorité budgétaire pour ce gouvernement. Tout au
contraire, les compressions pratiquées systématiquement dans ce
secteur viennent étayer ce pénible constat.
Pour une quatrième année d'affilée, quatre en
quatre, une moyenne de mille - on vient de commencer le baseball, tout le monde
va se retrouver, quatre en quatre cela fait une moyenne de mille - le
gouvernement du Parti libéral procède à des compressions
substantielles dans le budget du ministère de l'Éducation. Elles
totalisent 21 500 000 $ pour 1989-1990, soit près de 30 000 000 $ en
année scolaire. Parce qu'en année budgétaire, sur neuf
mois, cela a l'air un peu finassé, fin finaud, mais sur une année
budgéaire, ce sont 30 000 000 $. Sur quatre ans, le niveau des
compressions atteint les 100 000 000 $ alors que le Québec connaît
une période de relative prospérité économique, tout
au moins sur le plan des indicateurs de croissance et surtout des
rentrées fiscales. Ce n'est pas celui qui vous parle qui a dit, à
deux reprises en Chambre, qu'il engrangeait. Le ministre des Finances s'est
vanté à deux ou trois reprises d'engranger. Non pas parce qu'il
était devenu cultivateur, mais parce que le fric entrait.
L'économie performait et les rentrées fiscales étaient
beaucoup plus élevées qu'espéré. C'est le ministre
des Finances qui a dit ça à plusieurs reprises. Je fais du fric,
du foin. Mais nous trouvons que ça ne paraît nulle part.
Juste au bureau de comté, hier, je pense que sur dix individus ou
groupes il y en avait neuf qui venaient pour se plaindre de l'enveloppe pour
les sans-abri qu'ils ont reçue. Les maisons de femmes devaient avoir 17
000 $ et la mienne a reçu 3000 $. C'est un téléphone du
directeur général de l'agriculture qui disait: Comment se fait-il
que les programmes nationaux ne sont pas en vigueur en Abitibi? Ils devaient
entrer en vigueur le 1er avril. Ils ne sont pas en vigueur parce qu'on attend
après le fédéral. Il y aura une manifestation de
solidarité de toute la communauté abitibienne mercredi.
Imaginez-vous! Ils ont appelé ça une soirée de
solidarité envers l'UQAT. Pour ceux qui ne le savent pas, IUQAT, c'est
l'Université du Québec en Abitibi Témis-caminque.
Pensez-vous que ces gens font cette soirée-là pour
féliciter le ministre et dire que ça va bien? Ce n'est pas
ça.
Donc, rapidement, ce que je constatais, juste dans la journée
d'hier, c'est qu'il y a pas mai de problèmes. Les scieries
indépendantes sont vendues à Domtar. D'autres scieries se
lamentent en disant: Écoutez, on perd 25 $ la tonne pour nos copeaux. Et
je m'arrête là parce que ce n'est pas le moment. Mais c'est juste
pour illustrer que, pour un ministre des Finances qui engrange, il y a comme un
problème sur le terrain parce que nous ne voyons pas le foin.
Les choses ont bien changé depuis le temps où le
député d'Argenteuil, alors dans l'Opposition,
dénonçait avec une vigueur qu'on lui connaît - Je pense que
cela ne fait aucun doute - les compressions pratiquées par le
gouvernement précédent. Et c'est un peu étonnant
qu'aujourd'hui encore, je vous réfère et je relis à la
page 15 - je n'en reviens pas - faire de la belle philosophie de 15
étage. Alors la philosophie du 15 donnait ceci à la page 15:
C'est à un véritable changement de mentalité et de style
de vie que les sociétés soi-disant développées sont
appelées ces années-ci. Ce n'est pas beau, ça! Elles sont
obligées de retrouver un style de vie davantage raccordé à
leurs moyens réels. Cela doit se traduire non seulement par une
acceptation de réalités devenues inéluctables mais aussi
et surtout dans la détermination de faire sans cesse mieux tout en
devant se satisfaire de ressources dont le niveau est appelé à
demeurer stable... pour ne pas dire coupé.
C'est de la belle philosophie! Je n'ai rien contre cela, mais mosus que
j'aurais aimé l'entendre de temps en temps en pleine période de
crise économique où je n'ai jamais connu un ministre des Finances
qui se vantait et qui disait: J'engrange, j'ai du fric par-dessus la tête
et je ne sais pas quoi en faire. Je n'ai pas entendu cela. Et là, on
nous rappelle ces beaux discours philosophiques. À l'évidence, je
ne pense pas que le ministre prêche toujours par excès de
cohérence. Des discours d'alors et des belles promesses
électorales aux gestes d'aujourd'hui, il y a tout un fossé. Le
fleuve est bien plus large qu'il n'est sale. Il faut en venir à la
conclusion que l'éducation ne constitue pas une priorité pour ce
gouvernement. Il est d'ailleurs particulièrement
révélateur que lors de leur dénonciation anticipée
des coupures budgétaires, les grands organismes nationaux en
éducation s'étaient tous concertés. Le regroupement des
commissions scolaires, les directeurs généraux, les cadres, les
parents ont enjoint le gouvernement - regardez leur type de communiqués
il y a à peu près cinq semaines quand ils ont
dénoncé les coupures -ils ont enjoint le gouvernement de quoi? De
faire de l'éducation une priorité. C'est donc qu'à leurs
yeux aussi, ce n'en n'était pas une. S'ils étaient convaincus que
ce gouvernement faisait de l'éducation une priorité, ils
n'auraient probablement pas titré leurs documents de cette
façon.
On se rappellera qu'à cette occasion ces intervenants ont
sonné l'alarme vis-à-vis de ces compressions qui sont maintenant
en train de compromettre la qualité de l'enseignement. Mais bien qu'ils
aient fait valoir que le seuil limite était atteint, le ministre y va de
nouveau de mesures dites d'économies budgétaires. Ce ne sont pas
des compressions, ce sont des mesures dites d'économies
budgétaires. Pour le secteur public seulement, c'est de plus de 25 000
000 $. Le ministre de l'Éducation le reconnaissait pourtant, à
l'occasion de l'étude des crédits du ministère au
printemps dernier - et là je Ils le ministre, Je ne me relis pas: Le
secteur de l'enseignement primaire et secondaire a assumé sa très
lourde part de l'effort de rationalisation
qu'avait décidé de s'imposer le gouvernement et le
Québec ne saurait toutefois continuer longtemps d'évoluer dans la
voie empruntée ces dernières années sans risquer de mettre
en danger la qualité des services qu'il doit offrir à sa
population en matière d'éducation. N'était-ce pas bien
ça, l'an passé! Il concluait son intervention de la façon
suivante: Le moment approche -c'est un grand sage, le ministre de
l'Éducation - où il faudra donner un vigoureux coup de barre afin
de s'assurer que le système d'enseignement du Québec reste
à la hauteur du défi très exigeant que lui pose la
perspective d'un avenir où il n'y aura de chance de survie et
d'épanouissement que pour les peuples et les individus munis à
tous points de vue d'un équipement intellectuel et professionnel
à toute épreuve.
Force est de constater que le moment n'a pas l'air d'être encore
venu pour le ministre actuel de simplement se relire. On ne demande pas la
lune! Le moment ne serait pas venu pour le ministre actuel de relire uniquement
ses déclarations à lui, non pas nos déclarations et non
pas celles des collègues, non pas celles des partenaires
éducatifs, mais les siennes seulement, d'il y a un an, et là de
se croire. Est-ce qu'il était sérieux il y a un an ou s'il
parlait encore une fois pour la galerie, qu'il fallait donner un coup de barre,
donner le véritable coup de barre?
Une autre constatation qui n'est pas sans signification, c'est que le
réseau privé se tire beaucoup mieux d'affaire que le
réseau public en cette période de contraintes budgétaires,
même s'il se lamente. C'est normal, cela. Il voit en effet ses
crédits augmenter cette année de 8, 5 % par rapport à un
1, 8 % au secteur public. Durant l'année scolaire, les subventions aux
établissements privés croissent de 4, 5 %, notamment grâce
à une augmentation prévue de la clientèle de 3 %. Depuis
1985-1986, les fonds alloués à l'enseignement privé -
écoutez bien cela les répondeurs - ont été
majorés de 32 %, de 208 000 000 $ à 275 800 000 $ en comparaison
de 18 % pour le réseau public. 32 %, 18 %. Je répète, 32
%, y compris pour des conseillers du ministre qui n'avaient sûrement pas
ce discours quand je les ai connus et j'en ai connu certains intimement. Je
vous dis que cela aurait été tout un communiqué et un
baratin à n'en plus finir, avec raison! C'est 32 % en comparaison de 18
% pour le réseau public, soit une croissance relative presque deux fois
plus forte. La clientèle des établissements privés
subventionnés a, quant à elle, crû de 6500
élèves ou 8 %, tandis que l'effectif du secteur public diminuait
de 0, 4 %, soit 4500 élèves. (11 h 30)
On sait par ailleurs que, depuis trois ans, à la suite de la
levée du moratoire, le ministre a octroyé à des
institutions privées dix nouveaux statuts subventionnés et 18
bonifications ou élargissements de statut pour cette clientèle,
totalisant 3700 élèves et ce, sans avoir établi de
critères précis, sans avoir énoncé de politique
claire quant à ce développement du secteur privé. C'est
tellement vrai qu'il nous disait tantôt que toute la grille
d'évaluation est une passoire. C'est le ministre de l'Éducation
qui nous disait ça: Ce n'est pas grave; les critères, c'est une
passoire. J'émets des permis, ce n'est pas grave. Je ne sais pas
exactement à qui ou comment je les émets et ce que cela vaut,
mais j'accorde 18 bonifications, 12 nouveaux... C'est lui qui nous disait, dans
son discours d'aujourd'hui, que toute l'évaluation du secteur
privé est une passoire. Mais on subventionne. Il reste à savoir
comment ça se poursuivra cette année et comment le ministre
entend réagir à la campagne menée par le nouveau
Regroupement de l'enseignement privé du Québec qui revendique que
le niveau de financement public du secteur privé soit ramené
à ce qu'il était avant 1981. Il doit donc s'être
passé quelque chose en 1981.
Un mot au sujet des immobilisations. Alors que le ministre
évaluait au printemps dernier les besoins urgents des commissions
scolaires, en termes de construction et d'agrandissement, à 85 000 000 $
par année durant trois ans, il n'a obtenu que 55 000 000 $ pour
1988-1989. Pour 1989-1990, pas moins d'une trentaine de projets de construction
de nouvelles écoles ont été acheminés au
ministère, sans compter les demandes d'agrandissement de nombreux
bâtiments scolaires connaissant, par ailleurs, un vieillissement et une
dégradation auxquels il faudrait remédier par d'importants
investissements. On s'attendrait ici aussi que le gouvernement assume ses
responsabilités. Le même attentisme, pour ne pas dire immobilisme,
se manifeste dans le dossier du financement des commissions scolaires. On se
souviendra que la Fédération des commissions scolaires
catholiques avait demandé l'automne dernier une révision de la
formule de péréquation et des normes applicables à
l'impôt foncier scolaire. Le mécanisme actuel de double plafond,
le moins élevé entre 6 % de la dépense nette et 0, 25 $
par tranche de 100 $ d'évaluation, engendre en effet une forte variation
des taux de taxe et du potentiel de financement autonome des commissions
scolaires qui peut se situer dans une fourchette allant de 3 % à 9 % de
la dépense nette, péréquation incluse.
En vue de corriger ces inéquités éloquemment
démontrées et partagées - on en a fait une bonne
démonstration lors de l'étude du projet de loi 107 en disant:
Vous avez 100 % raison, mais ce n'est pas le moment - on s'attendait à
voir quelque chose dans les crédits, parce que ce n'était pas le
moment. Je vous garantis une rencontre avec M. Bourassa et, quand on monte au
bunker, quelques années plus tard, des fois il se passe quelque chose.
Alors, dans ce dossier-là, il devait se passer des choses terribles et
les gens s'attendaient donc à voir quelque chose lors du
dépôt des crédits. Zéro, rien et, dans
l'épître ou l'évangile d'aujourd'hui, on n'a pas
entendu
grand-chose, même si cela a duré une heure, quant aux
suites à donner à la demande légitime et justifiée
des commissions scolaires concernant une nouvelle formule de financement.
Pourtant, }e vous le répète, cette formule était belle et
elle avait bien du bon sens. Quant à nous, on pe.ise qu'elle avait
effectivement beaucoup de bon sens parce qu'elle aurait permis aux commissions
scolaires de dégager une marge de manoeuvre pour faire un petit peu plus
de choses pertinentes dans les milieux, pour donner ce que j'appelle de la
couleur locale ou régionale, ce qu'elles ne sont plus en mesure de faire
compte tenu de l'évolution de l'usage du montant pour presque se rendre
au plafond.
La marge de manoeuvre des commissions scolaires, sur le plan
budgétaire, n'est plus ce qu'elle était. C'est pourquoi la
fédération avait proposé une formule de financement
autonome, proportionnelle et globale. Dans ses grandes lignes, cette formule
nous a semblé très raisonnable, compte tenu du fait que le
produit de la taxation sert maintenant en majeure partie à
éponger des dépenses qui devraient normalement être
assumées par le ministère de l'Éducation, par un
État normal, donc par le Québec, pas par les contribuables, parce
qu'au Québec, premièrement, l'éducation est censée
n'être même plus une dépense mais un investissement,
deuxièmement, elle est censée être une priorité
même si ce n'en est pas une selon ce gouvernement et,
troisièmement, on se bat la langue partout pour dire que
l'éducation, c'est important, c'est l'avenir, c'est prioritaire qu'il
faut prendre le virage et, à cause du contexte du libre-échange,
qu'il faut former nos jeunes et ainsi de suite. Puis là, c'est
même rendu que ce sont les contribuables, avec les 6 %, qui contribuent
à assumer notre formation de base.
À l'instar des commissions scolaires qui y voyaient une
façon de compenser en partie le caractère centralisateur du
projet de loi 107, nous aurions souhaité que les corrections au mode de
taxation soient introduites dans la nouvelle Loi sur l'instruction publique. Je
l'ai dit tantôt, le ministère s'y est cependant opposé
formellement et il semble bien que le dossier n'ait guère
évolué. On en est toujours à des palabres, des pourparlers
mais très silencieux qui, possiblement, n'auront pas de conclusion dans
les prochaines années, du moins pas sur la base de la formule
présentée par les commissions scolaires.
Le ministre nous a dit: Je suis très heureux d'avoir enfin
adopté une réforme majeure de l'éducation par la loi 107
au cours de l'année 1988. Donc, je voudrais vous parler
précisément de cette refonte de la Loi sur l'instruction publique
qui constitue l'un des faits marquants de la dernière année. Je
pense que c'est là la pièce majeure, c'est un fait. Après
six semaines de consultations publiques et une centaine d'heures d'étude
détaillée en commission parlementaire, l'Assemblée
nationale a finalement adopté la loi 107.
En dépit d'améliorations tout de même substantielles
par rapport à sa version initiale déposée en
décembre 1987, l'Opposition n'a pu y souscrire, compte tenu de ses
lacunes importantes et des reculs qu'elle comporte par rapport à la loi
3 adoptée par le gouvernement du Parti québécois en 1984.
Cela a été très longuement débattu l'automne
dernier. Qu'il suffise de dire ici que ces failles de la nouvelle Loi sur
l'instruction publique résident aussi bien dans l'accessibilité
aux services éducatifs insuffisamment définie pour les adultes et
les élèves handicapés et en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage au chapitre des droits de l'élève, aux
services de garde et à un mécanisme de recours
indépendant, qu'en ce qui concerne la portée centralisatrice de
la loi.
En dépit d'une certaine atténuation, le ministre n'a pu
s'empêcher de profiter de l'occasion pour accroître ses pouvoirs et
les contrôles de toutes sortes au détriment des commissions
scolaires. Ceux qui en attendaient une responsabilisation accrue, la
reconnaissance d'une autonomie un peu plus significative pour les élus
locaux, auront été déçus.
Par ailleurs, la réforme demeure dans les faits à la fois
factice et incomplète en ce qui concerne la
déconfessionnalisation des structures scolaires. La loi 107 remplace
théoriquement les commissions scolaires catholiques et protestantes par
des commissions scolaires linguistiques, mais ce changement ne prendra pas
effet avant encore trois ou quatre ans, le temps que les juges de la Cour
suprême statuent sur la constitutionnalité de l'affaire. Qui plus
est, les commissions scolaires confessionnelles de Montréal et de
Québec protégées en vertu de l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, hérité donc d'un autre
âge mais repris dans la constitution de 1982, poursuivront leur existence
dans leur frontière actuelle. C'est pourtant précisément
à Montréal, c'est vraiment à Montréal que les
changements s'imposaient avec le plus d'acuité, compte tenu du
pluralisme de la population et du phénomène
particulièrement préoccupant en vertu duquel un nombre croissant
de jeunes francophones et allophones se retrouvent au sein du secteur
franco-protestant.
De plus, la superposition éventuelle de commissions scolaires
confessionnelles et linguistiques sur le même territoire ne sera pas sans
avoir des conséquences néfastes sur le plan de l'utilisation des
ressources et de l'organisation des services éducatifs.
Nous l'avons maintes fois répété, la seule solution
véritable et durable à tout cet imbroglio passe par la
suppression des entraves qui pèsent en vertu de l'article 93 sur
l'exercice par le Québec de sa compétence exclusive en
matière d'éducation. On le sait, le gouvernement libéral a
refusé d'inclure cette question dans ses pourparlers ayant conduit
à l'accord du lac Meech qui est de plus en plus branlant.
Quant à la deuxième ronde de discussions que le premier
ministre se plaisait à évoquer, elle ressemble plus que jamais
à un mirage. Faute de volonté politique de la part de ce
gouvernement, il faudra donc subir pendant encore de nombreuses années
ces dispositions anachroniques, archaïques, qui nous empêchent de
donner à nos structures scolaires une configuration mieux adaptée
aux réalités du Québec d'aujourd'hui, non pas de 1867,
mais de 1989, et pleinement respectueuse - et ça, c'est important - des
valeurs morales de chacun, en toute équité, sans discrimination
et sans atteinte aux libertés fondamentales de conscience.
En guise de conclusion, il nous reste le récent jugement de la
Cour suprême - qui est venu nous dire - imaginez - que les
privilèges confessionnels consentis en vertu de l'article 93 n'allaient
pas jusqu'à permettre aux commissions scolaires, pour ces classes de
personnes d'adopter leurs propres programmes d'étude et que le
gouvernement du Québec avait encore le droit, donc était
habilité constitutionnellement à établir un régime
pédagogique uniforme pour l'ensemble des écoles du Québec.
Le ministre s'est félicité, il était heureux. Je
comprends, mais ça aurait bien été le bout de vous savez
quoi, s'il avait fallu qu'on ait un jugement qui aurait dit: il y a un
ministère de l'Éducation au Québec, il est supposé
y avoir un petit gouvernement de province quelque part dans la région de
Québec et il ne peut même pas établir des régimes
pédagogiques. Cela ne le regarde pas. Chaque commission scolaire fait le
régime pédagogique qu'elle veut. Imaginez. Cela n'aurait pas eu
de bon sens.
Alors, le ministre a dit: C'est un jugement important. Le juge Beetz,
c'est tout un senior. Il a sorti un jugement de haut de gamme. On est chanceux
au Québec, on peut encore avoir un ministère et il peut faire des
régimes pédagogiques. Je vous dis que c'est fort. Le contraire
eût été tout simplement - il n'y a pas de mot pour le
qualifier. Quant à nous, on a dit - catastrophique. Mais il incombe
maintenant au ministre de l'Éducation d'au moins ramener à
l'ordre tous ces désordonnés dans les meilleurs délais,
à savoir les commissions scolaires récalcitrantes qui
contreviennent au régime pédagogique en faisant commencer
l'enseignement de l'anglais dès la première année.
Là-dessus, il y a eu des bonnes déclarations. Il nous
appartiendra de faire le suivi de l'exécution des bonnes
déclarations parce que les bonnes déclarations, il faut toujours
y faire attention. J'aurai l'occasion de vous en citer une dans quelques
secondes.
Des politiques élitistes. Le système des
dérogations, on l'a dénoncé, et on en profite encore pour
le dénoncer à l'âge d'admission à l'école; la
mise en place par le ministre de l'Éducation fournit un exemple tout
à fait probant de sa propension au paternalisme, bien sûr, mais
surtout de l'élitisme dont fait preuve le gouvernement libéral en
matière scolaire. Il fallait l'entendre encore ce matin. C'était
renversant d'entendre ça. Regardez comme c'est beau; c'est lui qui parle
comme ministre de l'Éducation. Je ne puis me résoudre à
l'idée qu'un enfant pourrait être gêné ou
perturbé dans son développement par le fait qu'on lui aurait
refusé l'admission à l'école sous le seul prétexte
- imaginez - que dans n'importe quel autre régime dans le monde,
ailleurs, il n'aurait pas eu l'âge d'admission.
Je connais bien d'autres situations où il y a des critères
et dans son propre régime... Comment cela se fait-il que ça ne
vous fait pas mai de voir qu'un étudiant n'a pas de prêt ou n'a
pas de bourse parce qu'il ne répond pas au seuil d'admissibilité?
Pourquoi ne pleurez-vous pas un peu là-dessus? Ça vous fait mal
et vous pleurez un peu là-dessus.
M. Ryan: Je corrige, assez souvent.
M. Gendron: Et vous pleurez souvent là-dessus.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Là ça me console. Mais j'aurais
aimé vous entendre dire dans d'autres déclarations: Au nom de la
vérité, moi, au nom de la vérité, comme ministre de
l'Éducation... Qu'est-ce qu'il nous dit dans une phrase comme
celle-là? Il nous dit: Dorénavant, l'âge de l'admission,
voulez-vous me laisser ça entre les mains, parce que moi, j'ai une
conscience élastique. J'ai une conscience tellement axée sur la
seule préoccupation qu'il ne faut pas qu'un enfant soit
gêné ou perturbé dans son développement à
cause de l'âge d'admission, qu'en conséquence, laissez-moi
gérer ça au cabinet de mon ministère, au 15e étage,
et vous allez voir que des jeunes perturbés au Québec, il va y en
avoir de moins en moins parce qu'ils auront été admis
correctement. Ils auront été admis au bon moment. Au moment
décidé par le ministre.
J'entends les répondeurs automatiques: C'est ça. Ils sont
d'accord là-dessus, les répondeurs. Cela n'a pas de bon sens.
C'est aberrant comme système. Je ne pensais pas faire partie d'un
système... Je ne pensais même pas voir ça. Qu'est-ce que
ça veut dire? (11 h 45)
Comme chacun le sait, un tel système a été
créé... C'est quoi les vraies raisons pour lesquelles on marche
ainsi? On marche de cette façon parce qu'on n'a pas pu donner suite
à une promesse électorale à savoir de reporter au 31
décembre la date servant à fixer l'âge d'admission.
Pourquoi le ministre n'avait-il pas la même conscience quand il a pris
cet engagement? Pourquoi n'avait-il pas la même conscience timorée
de dire: Cela n'a pas de bon sens. Pauvre enfant, il pourrait être
perturbé. Et, en conséquence, on prend des engagements et on va
les réaliser. Mais la raison pour laquelle on joue
à cela et qu'on a un système élitiste,
paternaliste, qui n'a pas de bon sens, c'est que l'on veut faire ça en
catimini et on n'a pas pu donner suite à un engagement électoral.
C'est ça, la vraie raison. C'est vous qui avez dit que vous reporteriez
au 31 décembre la date servant à fixer l'âge d'admission
à la maternelle en première année. On se serait d'ailleurs
attendu que le gouvernement reporte cette date à au moins un mois par
opportunisme préélectoral. Au moins, par opportunisme
préélectoral, je m'attendais ce matin à avoir un peu de
nouvelles dans les crédits.
Alors là, de deux choses l'une. Ou bien le premier ministre ne
parle plus au ministre de l'Éducation, donc il ne peut pas lui passer
ses Idées d'opportunisme électoral, ou bien le ministre de
l'Éducation s'est fait imposer les engagements qu'il a faits en
éducation et il n'y croyait pas. LA, on se demande ce qu'il fait dans ce
gouvernement. Ce n'est pas pour rien qu'on lui demande de prendre des vacances
à tout instant. On lui dit: M. Ryan, vous savez bien que vous avez plus
de gabarit que ça. Voulez-vous prendre votre retraite et sortir de ce
gouvernement? Cela fait plusieurs fois qu'on vous fait cette offre d'aller
bonifier d'autres situations au Québec. Au sein de votre propre
gouvernement, on vous offre de prendre un congé mérité,
pas juste le congé de l'inspecteur une fois par année, lors des
crédits.
Par conséquent, je veux bien vous garder, mais à la
condition que vous donniez suite à vos engagements en
éducation.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Rare
générosité!
M. Gendron: Mais le ministre de l'Éducation revient
à nouveau bredouille du Conseil du trésor. Un autre engagement
libéral renié, à l'image de la plupart des engagements qui
nécessitaient une implication en espèces sonnantes. Pensons
à l'augmentation du temps de présence en classe des
élèves ou, à un autre niveau, à la réforme
du régime d'aide financière aux étudiants. Revenons-en,
pour l'instant, aux dérogations dont le nombre est passé de 200
en 1986 à plus de 2000 cette année, et ce, sur la base d'un
critère de précocité à la fois hautement discutable
sur le plan des principes et sujet à l'arbitraire sur le plan de
l'interprétation. Plusieurs voix se sont jointes à la nôtre
pour dénoncer cette politique foncièrement inéquitable. La
Corporation professionnelle des psychologues, l'Association d'éducation
préscolaire, la Fédération des enseignants des commissions
scolaires, plusieurs commissions scolaires, l'Association des cadres scolaires.
Mais tous ces gens-là n'ont pas la vérité. C'est
probablement pour ça qu'on ne les a pas écoutés, mais je
trouve que là-dessus, ils l'avaient pas mal.
Les critiques formulées par ces derniers qui sont en fait, en
première ligne pour l'application du système, sont
particulièrement sévères. Les cadres scolaires s'en
prennent à l'absence de clarté de la formulation, de la mesure de
dérogation, au manque de rigueur de son application et à
l'incohérence de la gestion de tout le dossier. Ils vont jusqu'à
mettre en doute l'impartialité du ministère et soupçonner
des interférences politiques. Là-dessus, je trouve qu'ils sont
vigilants et qu'ils ont les yeux clairs. J'ai reçu effectivement
quelques appels téléphoniques. Comme par hasard, il y a des
dossiers qui avaient été refusés, mais, à la suite
d'appels de députés, ils ont été revus. On appelle
ça le droit d'appel, la révison normale des dossiers
probablement, mais cela inquiète drôlement les cadres
scolaires.
Tous ces appuis ne semblent cependant pas suffisants pour
ébranler le ministre de l'Éducation qui, pour freiner la machine
qui s'emballe, devance l'échéance de présentation des
demandes et se contente d'insister dans sa nouvelle directive sur le fait qu'il
ne suffit pas que l'enfant soit, bien entendu, au-dessus de la moyenne, mais
qu'une entrée plus tardive à l'école causerait
préjudice à l'enfant doué. C'est peut-être là
qu'on a ces problèmes de conscience timorée. C'est ce que vous
devez prouver, dit-il aux administrations scolaires. Il faut que vous me
prouviez que cela causerait préjudice à l'enfant doué,
même si lui-même, dans son discours d'aujourd'hui, dit à
l'ensemble des commissions scolaires, dans le fond: Comptez sur moi, parce que
je ne peux pas accepter l'idée - c'est le ministre qui parle - qu'un
enfant pourrait être gêné ou perturbé dans son
développement uniquement par le fait de son âge d'admission. Donc,
la preuve ne sera pas bien sévère à faire puisque le
ministre lui-même dit: J'ouvre les vannes.
Il est particulièrement ironique de constater que le dernier son
de cloche défavorable nous vient de Douance Québec qui reproche
au ministre d'avoir peu publicisé - imaginez! - d'obtenir une
dérogation. Pensez-y Douance Québec réagit. Moi, je dis
que c'est un régime élitiste; je pense que j'en fais la preuve.
Réflexe naturel, Douance dit: Comment se fait-il, M. le ministre, que
vous n'ayez pas publicisé cela à mort? Comment se fait-il que
vous n'ayez pas écrit une lettre à chaque jeune enfant qui sera
éventuellement perturbé, dans 15 ou 20 ans, pour lui dire: Ne
t'en fais plus avec l'âge d'admission, tu as juste à
m'écrire une lettre, je vais te régler cela. Je pense qu'il est
en effet incontestable que les commissions scolaires réservent un
accueil fort inégal aux enfants dont les parents sont désireux de
les voir fréquenter l'école avant l'âge requis.
Disparité dans la publicité, d'une part, disparité
concernant l'expertise professionnelle qui, dans la majorité des cas,
est laissée aux bons soins des parents qui doivent ainsi défrayer
des centaines de dollars à l'appui de leur demande.
Dans un tel contexte, il n'est nullement exagéré
d'affirmer que, d'un droit, l'accès à l'école est devenu
un privilège réservé aux mieux informés, aux mieux
nantis, aux mieux branchés sur le cabinet du ministre. Pendant ce temps,
que fait le ministre pour les enfants moins favorisés à qui une
scolarisation plus précoce serait tout autant bénéfique?
Rien, comme le confirme la stagnation du nombre de places dans les maternelles
pour les quatre ans.
Autre élément préoccupant sur le plan de
l'accessibilité, les coûts croissants associés à la
rentrée scolaire. La Fédération des comités de
parents a dénoncé cette situation sans, en aucune façon,
n'être entendue par le ministre. Les élèves
handicapés et en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage dont,
en passant, le nombre grandit considérablement, c'est une dure
réalité dans le milieu scolaire d'aujourd'hui, même si tout
allait bien et qu'il n'y avait plus de problèmes quand vous avez
visité les écoles. Moi, je m'en fais parler tous les jours. Tous
les jours les professeurs me disent qu'il y a de plus en plus
d'élèves en situation de difficulté d'apprentissage, de
mésadaptation sociale ou affective. C'est normal, pour des raisons de
société. Nous avons dit: il faut désinstitution-naliser
progressivement. On ne peut pas parler des deux côtés de la
bouche. Si on désinstitu-tionnalise, cela a une incidence sur le milieu
scolaire. Et on ne peut pas avoir des classes spéciales en plus grand
nombre que les classes régulières. Donc, ont dit que,
dorénavant, la responsabilité d'accueillir dans les classes
régulières les élèves qui souffrent de
difficulté d'apprentissage, c'est une responsabilité de
l'enseignement régulier.
Et on voit grandir le nombre de mésadaptés socio-affectifs
d'une façon très élevée. Quelles sont les mesures
précises et ponctuelles pour pallier ces difficultés? Est-ce que
c'est une réduction des groupes d'élèves rencontrés
dans la future négociation? Je n'ai pas vu cela. Est-ce que c'est une
réduction des maximums d'élèves par classe, ce qui n'a pas
de bon sens et qui a été dénoncé dans tous les
rapports sur la tâche, et les accents seront mis là-dessus dans la
future négociation? Je n'ai pas vu cela. Il y a un problème.
J'aurais aimé entendre le ministre dire quelques phrases
là-dessus.
Quant aux coûts croissants associés à la
rentrée scolaire ainsi que les coûts croissants à cause des
élèves en difficulté, il n'y a pas de mesure. On ne nie
pas que la nouvelle mouture de la Loi sur l'instruction publique qui
s'appliquera à compter du 1er juillet prochain comportera quelques
progrès par rapport à la version actuelle. Mais, il demeure
inconcevable que le ministre ait obstinément refusé d'y consacrer
le principe de l'intégration en classe régulière.
Les résistances sont encore trop vives dans le milieu et, de
l'avis même de l'Office des personnes handicapées, le
ministère de l'Éducation n'assume sûrement pas le
leadership néces- saire. Ainsi, la politique d'adaptation scolaire se
fait toujours attendre, de même que la signature du protocole entre le
ministère de la Santé et des Services sociaux et le
ministère de l'Éducation. Tous ces délais sont d'autant
plus déplorables que le nombre de ces élèves ne cesse
d'augmenter, je l'ai dit tantôt, et constitue maintenant, selon les
propres chiffres du ministère, 13,5 % de l'effectif scolaire total. Je
le répète 13,5 % de l'effectif scolaire total sont
identifiés comme des élèves en difficulté
d'apprentissage présentant toutes sortes de difficultés
d'adapation. Cela devrait suffire à activer non pas la réflexion
des autorités concernées, mais les décisions qui
s'imposent.
Un autre secteur qui mériterait une attention beaucoup plus
soutenue de la part du ministre de l'Éducation, c'est celui des
clientèles pluri-ethniques. Les écoles de l'île de
Montréal comptent déjà un tiers de jeunes de
Néo-Québécois et Néo-Québécoises et
cette proportion continue de croître. Dans de nombreuses écoles,
les francophones dits de souche sont minoritaires. Une telle situation pose
d'énormes défis sur le plan de la francisation de ces
élèves, francisation qui commence, bien sûr, dans les
classes d'accueil, mais qui, pour être réellement effective, passe
par un environnement scolaire et social où le français est la
langue d'usage.
Défi aussi d'une cohabitation la plus harmonieuse possible entre
les différentes communautés. Cependant, le gouvernement ne semble
guère s'en préoccuper. L'augmentation du nombre d'incidents
violents à caractère racial ou ethnique témoigne pourtant
de la nécessité d'interventions immédiates. Ce ne sont pas
les études qui font défaut - ça, on en a; on en a comme ce
n'est pas possible; on en annonce encore; j'entendais le ministre de la
Justice, hier; il va faire étudier je ne sais pas trop quoi; il y aurait
encore une étude qu'il lui manquerait... mais une réelle
volonté d'agir et les ressources qui doivent accompagner cette
réelle volonté politique.
L'éducation des adultes. On ne peut pas étudier les
crédits sans parler de l'éducation des adultes, même si le
ministre a visité toutes les écoles et que ça va bien. Le
sort fait à l'éducation des adultes soulève des
inquiétudes sérieuses. Je ne m'étendrai pas longuement sur
les brèches que comporte la loi 107 sur le plan de la gratuité
des services éducatifs pour les adultes; on l'a fait à ce
moment-là. Le ministre n'a jamais voulu inscrire dans la loi le principe
d'un accès gratuit pour les cours conduisant à un diplôme
ministériel, une formation de base, j'entends, pas les
spécialités. On a vivement dénoncé la contradiction
flagrante entre ses positions actuelles comme ministre et ses discours combien
vertueux, un modèle de vertu, lorsqu'il était critique de
l'Opposition. Si, pour l'an prochain, la formule de l'enveloppe ouverte est
maintenue, nul ne garantit qu'il continuera d'en être ainsi dans
l'avenir.
Un autre sujet de préoccupation, le processus communément
et pudiquement appelé d'harmonisation des dispositifs de formation -
c'est beau, ça, l'harmonisation des dispositifs de formation -
destinés aux jeunes et aux adultes, notamment dans le secteur
professionnel. Il s'r^it, en effet, carrément d'intégration des
;3unes et des adultes, bien entendu, par unique et seul souci
d'économie, et sans mesurer pourtant les besoins différents de
ces deux clientèles. Déjà, le gouvernement a
modifié à rabais les exigences du certificat d'études
professionnelles. Des assouplissements ont aussi été introduits
au chapitre du calendrier scolaire. Le mouvement d'intégration
s'accélère dans les commissions scolaires où l'on voit
réapparaître les écoles de métier.
Nous croyons donc, à l'instar de l'Institut canadien
d'éducation des adultes, organisme dont on ne saurait mettre en doute la
crédibilité et qui fut jadis présidé par l'actuel
ministre - il faut se le rappeler - qu'en adoptant une telle politique, le
ministère n'en a pas mesuré toute la portée. Ainsi, les
mesures d'uniformisation des conditions d'entrée et des programmes ont
pour effet d'allonger la durée totale des études pour les adultes
et, donc, d'en réduire l'accessibilité. L'adoption d'un
calendrier scolaire et d'horaires communs aux jeunes et aux adultes prive
ceux-ci d'une plus grande souplesse dans la réponse à leurs
besoins. En outre, comme l'exprimait le président de l'Institut canadien
d'éducation des adultes, M. Jacques Proulx, intégrer, c'est
soumettre les adultes à des règles et des normes disciplinaires
pensées pour les jeunes, ce qui est tout à fait absurde,
disait-il. Pour les adultes, cela prouve qu'ils n'ont pas vraiment leur place
dans le système d'éducation et que l'on ne respecte pas vraiment
leur jugement et leur sens des responsabilités.
Ce n'est pas celui qui vous parle qui dit ça, c'est le
président de l'Institut canadien d'éducation des adultes, M.
Proulx. Et ce dernier poursuit: Les méthodes et les approches de
formation développées au cours des 20 dernières
années à l'intention des adultes avaient fait une place à
ce jugement et à ce sens des responsabilités, de même
qu'à l'expérience de vie et de travail des adultes. Mais avec
l'intégration des jeunes et des adultes, aura-t-on encore recours
à ces approches et à ces méthodes dans les
activités de formation et d'encadrement? Ne va-t-on pas plutôt,
par la force des choses, couper court aux efforts d'ouverture à
l'égard des intérêts, des préoccupations et des
objectifs des adultes?
Cette politique fait craindre une diminution des clientèles, les
adultes pouvant être tentés d'abandonner leurs études ou de
se tourner vers les entreprises et les institutions privées
jugées plus aptes à satisfaire leurs attentes. Sans être
alarmiste, la question est suffisamment sérieuse pour que le ministre
s'y arrête. (12 heures)
Sa vigilance nous semble aussi défaillante en ce qui concerne
l'ingérence fédérale dans le domaine de
l'alphabétisation. Le premier ministre Mulroney annonçait
l'automne dernier la création d'un programme de lutte contre
l'analphabétisme. Impliquant des déboursés de 110 000 000
$ sur cinq ans, ce programme devait, notamment, servir à financer des
interventions locales bénévoles. De l'aveu du ministre, il n'y
avait eu aucun échange préalable à l'annonce de cette
initiative qui correspond à un empiétement flagrant dans une
juridiction pourtant, toujours selon ces ardents défenseurs du
fédéralisme, dite exclusive au Québec. Le ministre devra
dire clairement à quelle enseigne il loge à cet égard.
C'est le fédéral qui s'occupe de ça ou c'est le
Québec.
Pour terminer, quelques remarques au sujet de l'éducation
populaire. Les crédits alloués à ce chapitre augmentent
extraordinairement de 2 % par rapport à 1988-1989. Le ministre engrange;
il a du fric par dessus les oreilles, mais c'est une augmentation de 2 % pour
l'éducation populaire. En quatre ans, le budget de l'éducation
populaire n'aura crû que d'un maigre 9 % - en quatre ans, 9 %
d'augmentation à l'éducation populaire - ce qui n'équivaut
même pas à l'inflation. On est très loin du rapport
Charbonneau qui recommandait d'allouer à l'éducation populaire
autonome 1,5 % du budget du ministère de l'Éducation.
Concernant spécifiquement les organismes volontaires
d'éducation populaire qu'on appelle familièrement les OVEP, leurs
crédits sont gelés à 9 300 000 $ pour la prochaine
année scolaire. En quatre ans, leur budget n'aura connu qu'une seule
augmentation apportée l'an dernier et affiche globalement une croissance
nulle en dollars constants. De plus, la même tarte doit maintenant
être partagée entre des partenaires plus nombreux puisque le
moratoire sur l'accréditation de nouveaux organismes a été
levé cette année. Le ministre a levé le moratoire. Il ne
donne pas plus d'argent et les morceaux vont être plus petits. La
même tarte devra donc maintenant, puisque le moratoire sur
l'accréditation de nouveaux organismes a été levé
cette année, permettre normalement une injection substantielle de fonds,
de ressources additionnelles, mais ce n'est pas le cas. Il n'y a pas
d'injection substantielle de ressources additionnelles.
La solution ne réside évidemment pas dans le genre de
réforme que le ministre a voulu introduire l'année
dernière et qui, par une opération de catégorisation des
organismes en fonction d'une définition restrictive de
l'éducation populaire, aurait signifié pour plusieurs d'entre eux
leur élimination du programme. Si ce projet se trouve donc
temporairement au rancart, le milieu des OVEP attend toujours une
reconnaissance tangible de la part de ce gouvernement qui leur avait pourtant
beaucoup promis.
Conclusion. De ce rapide tour d'horizon de l'élève devant
l'inspecteur, il me faut d'abord conclure que l'éducation ne constitue
pas une
priorité budgétaire pour le gouvernement libéral.
Pour une quatrième année d'affilée, le ministère
subit de sévères compressions et ses crédits augmentent
à un rythme moindre que l'ensemble des dépenses gouvernementales.
Les besoins sont pourtant considérables et faciles à identifier,
qu'il s'agisse de l'âge d'admissibilité à reporter, des
bibliothèques scolaires à développer, des projets
d'immobilisation à réaliser, du soutien à accorder aux
jeunes des milieux défavorisés, des exigences croissantes que
pose l'intégration des élèves allophones et des
élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage,
sans oublier l'éducation populaire et le chantier prioritaire de
l'alphabétisation.
Pendant que le secteur public doit continuer à se serrer la
ceinture, le secteur privé poursuit sa progression à la fois en
termes de clientèles et de budget, encouragée par la politique
d'ouverture du ministre. Tout le système foncièrement
inéquitable et arbitraire des dérogations à l'âge
d'admission pour les enfants dits précoces témoigne aussi d'un
glissement des priorités et d'une propension dangereuse à fonder
l'accès à l'éducation sur une politique de
privilèges. Relative prospérité économique tout au
moins... Excusez-moi, je reprends ma conclusion. Tout le système
foncièrement inéquitable et arbitraire des dérogations
à l'âge d'admission pour les enfants dits précoces
témoigne aussi d'un glissement des priorités et d'une propension
dangereuse à fonder l'accès à l'éducation sur une
politique de privilèges.
À travers les grandes lignes que j'ai voulu illustrer, j'estime
que nous aurons l'occasion, lors de ces huit heures d'étude des
crédits, de donner des illustrations sur d'autres éléments
qui iraient dans le sens des carences des crédits budgétaires
déposés en éducation où, globalement, je ne trouve
pas l'accent qui aurait dû être mis pour être en mesure de
conclure avec assurance que lorsque le Parti libéral a prétendu
qu'il s'agissait d'une priorité pour lui, la meilleure façon
c'était de le visualiser et d'être en mesure de l'observer
concrètement à l'intérieur des crédits
budgétaires déposés.
Aujourd'hui, ce que j'ai mentionné en réplique à la
présentation du ministre de l'Éducation, c'est qu'il y avait de
nombreuses carences que nous aurons l'occasion d'illustrer au cours des heures
qui suivront.
M. le Président, je serais en mesure de commencer
immédiatement comme on s'est entendus, par le premier programme,
l'enseignement primaire et secondaire public, sur les compressions, le
financement, la taxation. C'est le premier élément que j'aimerais
couvrir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
porte-parole officiel de l'Opposition. Je ferai remarquer aux membres de cette
commission que nous en sommes encore au chapitre des déclarations
préliminaires. Je m'informe auprès du côté
ministériel s'il y a des députés, membres de cette
commission qui désirent intervenir. S'il n'y a pas de
députés qui désirent intervenir, je dois aussi rappeler
que le règlement permet au ministre, à la suite de l'intervention
du porte-parole officiel de l'Opposition, de réagir brièvement.
M. le ministre, est-ce que vous prévoyez utiliser cette période
de temps qui vous est reconnue?
Alors, je rappelle aux membres de cette commission qu'à la suite
d'une entente entre les deux formations politiques, nous procéderons
à l'étude des programmes suivants: 4, 5, 3, 2 et 1. Le programme
4 a pour titre: Enseignement primaire et secondaire public. Il y a aussi eu
entente de principe entre les deux leaders afin que nous puissions aborder
l'étude de ces programmes dans leur globalité et non pas
élément par élément. Je reconnais le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député.
Financement des commissions scolaires
M. Gendron: Merci, M. le Président. Je veux revenir
rapidement sur les compressions et le financement des commissions scolaires. On
a eu l'occasion d'aborder un peu cette problématique. Je prends une
minute ou deux sur celle-ci. En ce qui concerne les crédits, on l'a dit
tantôt, ils s'élèvent à 5 000 000 000 $', en hausse
de 1,8 % par rapport aux dépenses probables, si on exclut le RREGOP.
L'enseignement public écope de coupures de 17 700 000 $. J'ai eu
l'occasion d'en parler. La Fédération des commissions scolaires
catholiques a parlé de compressions de 25 000 000 $. On se rappelle
qu'elle a pris les devants dès le mois de février, avant
même la publication des crédits, parce que le ministre avait eu la
gentillesse de rencontrer les représentants de la
fédération et de leur dire: Écoutez, vous allez être
clenches encore cette année, et moi, je ne gagne pas toujours mes
affaires. Pouvez-vous me donner un coup de pouce avant le dépôt
des crédits en faisant une petite crise? Là, peut-être que
le ministre va être sensible et peut-être que cela fera accroire
que je m'occupe de mes affaires. En tout cas, aidez-moi, sortez, faites une
conférence de presse. Ces gens l'ont faite et ils l'ont bien faite.
Là, on voit les résultats aujourd'hui. Alors, il va falloir
procéder autrement. Cela concerne la problématique.
Deuxièmement, il y a toute la question de sa demande de l'automne
dernier. Il avait demandé une révision de la formule de
péréquation et des normes applicables à l'impôt
foncier scolaire. Le ministre a dit: Vous n'aurez pas cela dans la loi 107 - il
a été très franc - mais regardez-moi aller. Je vais monter
au bunker et on a des chances d'aller chercher quelque chose dans le
dépôt des crédits parce que la fédération
insistait sur le fait que la formule était inéquitable et qu'elle
ne donne pas les résultats escomptés.
Moi, je ne commencerai pas aujourd'hui, mais j'avais pris la peine
d'amener juste les
miens et cela, toujours à titre d'exemple. Lundi, je crois avoir
reçu onze télégrammes de commissions scolaires, de
comités de parents et de comités d'école qui disaient: M.
Gendon, il paraît que vous allez étudier les crédits. Y
aurait-il moyen de dire au ministre qu'on n'est pas de bc-.ne humeur
après les compressions budgétaires? On ne comprend pas parce
qu'on pense avoir fait notre part et on était vraiment rendus à
l'os. Voici, une série d'éléments sur lesquels on aimerait
vous poser des questions.
Tout de suite sur cet élément, M. le ministre, j'aimerais
vous poser une première question. Comment pouvez-vous justifier une
nouvelle compression pour la quatrième année, une moyenne de 1000
au bâton, quatre en quatre, alors que le Québec connaît une
période d'année de vaches grasses et que, selon vous, selon votre
gouvernement et selon tous vos beaux discours, l'éducation devrait
constituer une priorité? Expliquez-moi votre priorisation de
l'éducation avec une compression, encore cette année, alors que
la Fédération des commissions scolaires vous a clairement fait la
preuve qu'elle était incapable d'absorber, cette année, une
compression budgétaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord corriger une fausse impression
que pourraient créer les propos du député d'Abitibi-Ouest
quand il insinue que j'aurais été de mèche avec les
commissions scolaires pour qu'elles viennent me voir, à la veille de
l'adoption des crédits par le gouvernement, pour exercer des pressions
auprès du gouvernement. Je tiens à nier ça vigoureusement.
Les commissions scolaires sont effectivement venues me rencontrer; si je m'en
souviens bien, la fédération est venue vers la fin du mois de
janvier. Elle avait demandé à me rencontrer et je l'ai
reçue volontiers. À ce moment-là, j'avais pris soin de
vérifier et, comme nous devions envoyer un projet de règles
budgétaires dès le début de l'année et que les
règles budgétaires ne pouvaient pas être faites si nous ne
tenions pas compte des compressions envisagées, j'avais parlé
avec le président du Conseil du trésor. Je l'avais prévenu
que je devrais informer ces gens-là privément des orientations
qui s'en viennent dans les crédits. Tout ça s'est passé
dans l'ordre et, quand les commissions scolaires sont venues me voir, je leur
ai dit bien franchement qu'il était trop tard. Si j'avais
été de mèche avec elles, je les aurais fait venir au mois
de novembre ou décembre. À la fin de janvier, il était
trop tard et le député d'Abitibi-Ouest le sait très bien.
Les grandes décisions sont déjà prises, à ce
moment-là. Je les ai quand même reçues par devoir de
courtoisie. Je les ai informées loyalement. Elles ont fait leur
déclaration publique et je n'ai absolument rien à leur reprocher
là-dessus. Cela me surprend parce que le président du Conseil du
trésor m'avait posé la même question le lendemain matin, en
me demandant: C'est vous qui les avez fait venir? Je lui ai dit, à lui
aussi: Ce n'est pas comme ça que ça marche. Alors, vous
êtes de la même opinion que le président du Conseil du
trésor, j'espère que ça continuera. Je fais des blagues.
Le député sait très bien qu'il a lui-même
parlé sur un ton plutôt badin là-dessus.
Venons-en au coeur du sujet. C'est vrai que le gouvernement s'impose de
nouveau, cette année, des compressions. Tout le monde eut
souhaité qu'il n'y en eût point. L'examen de l'ensemble du dossier
des finances publiques a induit le ministre des Finances et le chef du
gouvernement à conclure qu'il fallait poursuivre l'effort
d'autodiscipline entrepris depuis trois ans parce que le redressement
nécessaire est loin d'avoir été complètement
effectué. Si le député d'Abitibi-Ouest peut se gargariser
avec des impressions voulant que tout ait été corrigé en
aussi peu de temps, c'est parce que sa conception des finances publiques est
extrêmement sommaire. Il y a un problème d'équilibre
fondamental entre la part de la richesse collective qui a été
appropriée par les gouvernements ces dernières années, la
qualité des services fournis en retour et les exigences des citoyens
eux-mêmes et du secteur privé. Un effort de redressement a
été entrepris dans à peu près tous les pays
soi-disant développés. Le Québec s'était
particulièrement avancé en matière de dépenses
publiques; nous le savons tous, notre niveau de dépenses publiques
était le plus élevé au Canada, sauf les provinces de l'Est
qui étaient très largement financées par des paiements de
transfert du gouvernement fédéral. Le redressement doit se
poursuivre. Là-dessus, il n'y a aucune espèce de discussion
possible, à mon point de vue. On peut soutenir le point de vue contraire
du côté de l'Opposition, mais je vais assurer le
député d'Abitibi-Ouest et les membres de la commission que, sur
ce point, il y a un accord très fort entre tous les membres du
gouvernement, y compris celui qui vous parle.
Deuxièmement, une fois qu'on accepte cette prémisse,
qu'est-ce qui doit être accepté dans le secteur de
l'éducation? Est-ce que le secteur de l'éducation va se croiser
les bras et dire: Avec 16,5 % de l'ensemble du budget, nous sommes au-dessus de
tous ces efforts, nous avons atteint la perfection en matière de
discipline, en matière de rigueur administrative, nous n'avons
absolument rien sur quoi nous voudrions être interrogés.
J'espère que je ne serai jamais de cette catégorie de personnes.
Quand on fait partie d'un gouvernement, on accepte ses responsabilités.
Je vous dirai bien simplement qu'au début, on nous a proposé des
compressions beaucoup plus élevées que celles qui ont
été retenues à la fin. Il y a eu des discussions, comme il
doit y en avoir au sein d'un gouvernement, et nous avons ramené les
compressions au niveau qui nous apparaissait le plus compatible avec la
capacité d'absorption du système d'enseignement.
Mais, en même temps que nous discutions des compressions, nous
discutions de la revue des programmes en vue de la prochaine année.
C'est là que nous avons constaté qu'il y avait beaucoup de points
sur lesquels des développements devenaient nécessaires à
cause de l'évolution de la réalité que nous devons
gérer. Comme je l'ai dit dans mon exposé, ces exercices de
révision des programmes ont conduit à des ajustements
budgétaires - et je m'en tiens à l'année
financière, on pourrait transposer continuellement; ça
mêlerait les esprits. En fin de compte, nous convenons que ça veut
dire la même chose - dont la valeur répartie sur l'année
budgétaire est de 27 600 000 $ alors que les compressions atteignent 21
500 000 $. Il y a un surplus net de ressources qui vont aller du
côté des commissions scolaires. (12 h 15)
Je vous dirai une chose. J'ai rencontré de nouveau les
représentants des commissions scolaires au début du mois de mars.
Nous avons une commission des finances des commissions scolaires qui nous
invite à nous réunir une couple de fois par année et
à laquelle nous invitons également les représentants des
grandes associations: L'Association des directeurs généraux,
l'Association des cadres scolaires et la Fédération
québécoise des directeurs d'école, entre autres. Les
commissions scolaires protestantes sont également présentes.
Nous leur avons présenté le tableau d'ensemble. Quand nous
avons rencontré ces gens à la fin de janvier, ils n'avaient
qu'une partie du tableau. Nous leur avons dit: Le reste, nous le
préciserons au cours des prochaines semaines, nous vous le donnerons.
Quand nous les avons revus au début du mois de mars, nous avons
présenté les deux volets du tableau, comme l'Opposition devrait
être capable de les comprendre aussi. Quand nous avons
présenté tout ça, ils ont dit: Nous voudrions encore
davantage. Mais la vapeur était tombée considérablement
parce qu'ils se sont aperçus que c'était loin d'être un
régime d'égorgement. Au contraire, c'était un
régime rempli de considérations pour le travail qu'accomplissent
les commissions scolaires et pour les besoins réels qu'elles ont.
J'eus personnellement souhaité qu'il eût été
possible de n'avoir point de compressions mais, comme membre du gouvernement,
encore une fois, j'ai expliqué clairement, en réponse à la
question fondamentale qui m'avait été adressée, pourquoi
j'ai accepté que le gouvernement maintienne sa politique et,
deuxièmement, pourquoi et comment j'ai accepté que le secteur de
l'éducation ne se situe pas pharisaïquement en marge de cet effort
collectif.
M. Gendron: M. le ministre, comme j'ai plusieurs questions sur ce
sujet, que j'ai campé général volontairement pour avoir
quelques appréciations de votre part, et j'ai bien entendu le *
discours, j'aimerais que vous répondiez directement aux questions
très précises que je vais vous poser. La, vous me dites: il
n'était pas question pour nous de ne pas nous interroger et nous autres
on a la perfection. Je la savais, celle-là. Ce n'est pas ça. Ce
n'est pas la question de ne pas s'interroger. C'est la question très
précisément et j'aimerais avoir une réponse du ministre
à la question précise que je vais lui poser: Est-ce que vous,
comme ministre de l'Éducation, actuellement, êtes conscient des
conséquences majeures et importantes qu'aura même une minceur ou
une mince compression concernant les besoins des commissions scolaires toujours
eu égard à la qualité de l'éducation?
Je ne veux pas, encore là, la philosophie du 15e. Je veux savoir
si vous, comme ministre, avez évalué le fait qu'en prenant encore
des compressions, même si le beau discours était: Nous autres
aussi, il faut encore faire un effort, et bah! bah! bah! oui... N'oubliez pas
que vous avez également un autre objectif: maintenir un niveau de
qualité d'éducation majeure et importante. La seule question que
je vous pose pour tout de suite, c'est: Quand la fédération vous
lance un cri d'alarme concernant les conséquences dangereuses des
compressions qu'on lui demande cette année, partagez-vous ses craintes?
Êtes-vous inquiet? Avez-vous des inquiétudes concernant la
qualité de l'éducation? Et, croyez-vous que les commissions
scolaires charrient?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je vais donner une précision qui
semble avoir échappé à l'attention du député
d'Abitibi-Ouest. Nous parlons de compressions d'une valeur totale de 21 500 000
$. Si on y regarde de plus près, on va constater que ces compressions
sont, en réalité, de 10 200 000 $. Je vais vous en donner
l'explication. Prenez le cahier des crédits aux Renseignements
généraux, à la page 12. Vous l'avez? Alors, au tableau des
compressions - encore une fois, je n'ai pas peur d'employer le mot
"compression". Je l'avais employé dans mon discours tantôt. C'est
un mot qui ne m'empêche pas de fonctionner. La discipline comporte
nécessairement une part de compressions, qu'on le veuille ou non - vous
avez: Non-indexation des autres coûts, 10 200 000 $. Ça, c'est une
compression véritable, je n'en saurais nier la réalité.
Resserrement du coût de la sécurité d'emploi, 5 000 000 $.
Savez-vous ce que c'est? C'est un financement que nous donnions au-delà
de ce qui est effectivement requis. L'an dernier, nos dépenses de ce
point de vue, on avait budgétisé, je pense que c'est 7 000 000 $,
disons, on a peut-être dépensé entre 3 000 000 $ et 4 000
000 $.
Il y a une marge de sécurité qui existe. La
sécurité d'emploi va finir par être financée
entièrement. Mais là, nous donnions plus que ce qui était
requis par les besoins réels et nous
restons en-dedans d'une marge de sécurité raisonnable. Par
conséquent, il n'y a rien qui soit enlevé aux commissions
scolaires ici auquel elles auraient droit.
Ensuite, il y a un autre point. Resserrement de la réserve
ministérielle. Resserrement de certains paramètres. J'admets que
ce n'est pas trop clair. Cela veut dire qu'il y a une réserve
ministérielle pour des cas d'urgence, différente du fonds
discrétionnaire qui peut être utilisé pour des fins plus
particulières. La réserve ministérielle, c'est un montant
de base qui est mis de côté au cas où il arriverait des cas
difficiles dans l'année, des cas qu'on ne peut pas résoudre
uniquement par le jeu normal des règles budgétaires et de
l'application que doivent en faire nos directions régionales.
Or, cette réserve avait été établie à
un montant de 4 000 000 $, je pense, pour l'année 1988-1989 et elle
aurait été très peu utilisée, pour l'information du
député, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'arbitraire dans la
gestion du ministère, contrairement à l'impression que voudrait
créer l'Opposition. C'est très peu utilisé.
M. Gendron: Qui a l'impression? Ce sont les groupes et les
partenaires.
M. Ryan: Oui, mais vérifiez...
M. Gendron: Si vous me dites que la fédération fait
une conférence de presse cet après-midi pour dire: il n'y a rien
là. Les coupures, on les a prises, puis...
M. Ryan: Nous sommes ici, non pas pour citer des
déclarations à gauche et à droite, mais pour
vérifier les faits et les chiffres.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: C'est la place. Je vous donne des explications. Ici, la
réserve, cette année, nous la coupons à 2 500 000 $. Il
n'y a absolument rien de moins qui s'en ira. La partie qui ne sera pas
utilisée cette année s'en retournera dans le trésor public
et j'en suis très fier. Je n'ai pas peur de l'effort de discipline que
demande le gouvernement, pas du tout.
Donc, ici, cela nous ramène à 10 000 000 $, mais 10 000
000 $ sur un total de 5 400 000 000 $. S'il y a une matière à
tragédie nationale, j'aimerais qu'on m'en fasse la preuve. En plus, nous
injectons 27 600 000 $ de plus. C'est de l'argent de plus réel
d'injecté dans le système. C'est pour ça que, depuis le
début de mars, vous n'avez pas entendu autant de protestations. Ce qu'on
observe, c'est le mouvement rythmé que le député
d'Abitibi-Ouest connaît aussi bien que moi, des résolutions dont
le modèle a été rédigé quelque part et qui
circule dans tout le territoire. Des commissions scolaires les adoptent un peu
plus vite; d'autres, un peu plus lentement. Cela m'arrive. C'est tout le
même texte qui arrive de tous les coins du Québec. Je
reçois ça avec respect, j'accuse réception de tout
ça. Mais je recherche l'effort de réflexion original et je ne le
trouve pas. Je me retrouve au point où nous étions au mois de
janvier et je respecte ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Donc, M. le Président, le ministre de
l'Éducation nous dit: Moi, les réactions ou le cri d'alarme de la
fédération quant aux conséquences dangereuses des
compressions sur la qualité de l'enseignement, je ne les vois pas,
compte tenu qu'il s'agit d'un effort de 10 000 000 $ sur un budget d'environ 5
400 000 000 $. Par conséquent, on ne peut pas prétexter que 10
000 000 $ de compression ou d'effort financier sur un budget de 5 000 000 000 $
ne peuvent pas avoir des conséquences dangereuses dans la qualité
de l'enseignement. C'est ce que le ministre me dit.
M. Ryan: M. le Président, en ajoutant qu'il y a un ajout
de ressources, dans le système, de 27 600 000 $.
M. Gendron: Oui. J'ai cru que vous l'aviez dit une couple de
fois.
M. Ryan: Je sais bien, mais...
M. Gendron: Troisième question sur le même item.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Attendez, M. le
député.
Révision de la péréquation et de
l'impôt scolaire
M. Gendron: Oui. M. le ministre, où en êtes-vous
précisément dans vos démarches concernant la
révision de la péréquation et de l'impôt scolaire? Y
a-t-il eu d'autres rencontres entre le gouvernement et la
Fédération des commissions scolaires depuis l'automne? Si oui,
quand et combien? Troisièmement, toujours concernant la même
question, quelles sont vos Intentions précises, comme ministre de
l'Éducation, concernant la révision de la
péréquation et de l'impôt scolaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, la révision de la fiscalité
scolaire s'inscrit à l'intérieur du champ beaucoup plus large de
la fiscalité, lequel, sous notre mode de gouvernement, relève en
première voie du ministre des Finances. Dès que la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
m'eut fait part de son désir de me
soumettre des recommandations à ce sujet, j'ai parlé au
premier ministre, au ministre des Finances et au président du Conseil du
trésor. Je leur ai dit: il y a des propositions importantes qui s'en
viennent. J'aimerais que nous nous arrangions pour assister ensemble à
une réunion où ces propositions seront présentées
au gouvernement. Vers la fin de novembre, nous avons tenu une réunion
à laquelle étaient présents le premier ministre, le
ministre des Finances, le président du Conseil du trésor et le
ministre de l'Éducation, au cours de laquelle nous avons
écouté les représentations de la Fédération
des commissions scolaires. Le premier ministre et mes collègues ont
réagi avec beaucoup d'intérêt, lis ont
considéré que la critique que la Fédération
institue du régime actuel de péréquation et de
fiscalité est loin d'être dénuée de fondement. Ils
ont également dit que les correctifs proposés étaient
intéressants, mais demandaient évidemment d'être
approfondis sous deux aspects: tout d'abord, dans leurs implications objectives
et, deuxièmement, dans leurs ramifications avec l'ensemble du
système fiscal.
Depuis ce temps, le ministère des Finances a demandé au
ministère de l'Éducation de lui fournir toutes sortes de
renseignements sur les finances scolaires. Ils ont été fournis en
abondance. Le travail se poursuit au ministère des Finances en
conjonction avec le Conseil du trésor et en consultation avec nous. Lors
de la rencontre avec la fédération, en novembre, le premier
ministre avait laissé entendre qu'il espérait que nous pourrions
en venir à certains éléments de conclusion d'ici à
la fin du mois de juin 1989. Il avait indiqué au ministre des Finances
qu'il aimerait qu'il se hâte en pensant à cet objectif. Je ne suis
pas en mesure d'en donner davantage pour aujourd'hui, sauf pour indiquer que,
depuis ce temps, l'Union des municipalités et l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec ont eu
connaissance des propositions soumises au gouvernement par la
fédération parce que celle-ci s'était empressée de
les diffuser, comme c'était son droit de le faire. Ces deux unions, dont
le pouvoir politique est très fort, je pense que tous les gouvernements
en sont conscients, ont réagi avec vivacité à la
proposition principale de la Fédération des commissions scolaires
demandant des modifications importantes au régime de l'impôt
foncier. C'est là-dessus que nous délibérons actuellement.
Le gouvernement doit s'enquérir, avec beaucoup de soin et de prudence,
de tous les points de vue avant d'arrêter une conclusion. Les conclusions
n'ont pas été arrêtées pour l'instant, mais l'examen
continue de manière active.
M. Gendron: Merci. Une dernière question avant la
suspension pour le dîner, si l'inspecteur nous autorise à aller
manger. Est-ce que vous ne convenez pas que la formule actuelle est
inéquitable et que les commissions scolaires, dans le fond,
au-delà du discours sur lequel, je pense, vous avez raison, que le champ
de l'impôt foncier, il ne faut pas garder ça juste pour les
commissions scolaires... Au début des commissions scolaires, on a
dégagé une marge de manoeuvre par la refonte de la
fiscalité. Cette marge de manoeuvre, qui leur a été
attribuée pour faire des choses, aujourd'hui, dans les faits, comme
ministre, est-ce que vous êtes toujours d'accord qu'elle ne leur permet
plus de s'acquitter de donner ce caractère un peu local ou
régional, comme elles pouvaient le faire? Pour toutes sortes de raisons,
que vous connaissez probablement d'une façon très précise,
ça ne leur permet plus de jouer ce rôle. En conséquence,
est-ce que vous êtes d'accord avec n'importe quelle formule à
être inventée et qu'il y a lieu de redonner aux commissions
scolaires une marge de manoeuvre qu'elles n'ont pas?
M. Ryan: Une marge de manoeuvre qui leur fut enlevée par
le gouvernement précédent, en 1979...
M. Gendron: Non, non. De toute façon, on les rencontre et
elles ne disent pas ça. Alors, convainquez-les...
M. Ryan: ...lorsqu'on a institué...
M. Gendron: ...de ça. Si elles-mêmes disent
ça, on sera d'accord.
M. Ryan: L'origine de la situation actuelle remonte à la
loi 57 adoptée en 1979. Autrefois, il n'y avait pas de limite à
l'impôt foncier. C'est là qu'on a mis le plafond de 6 %.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: il faut bien reconnaître ce fait.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Maintenant...
M. Gendron: Ce n'est pas le plafond, c'est 6 %...
M. Ryan: C'est 6 % ou 0,25 $ par 100 $ d'évaluation.
M. Gendron: Cela va, 0,25 $ par 100 $ d'évaluation.
M. Ryan: il est évident que ce système produit des
iniquités, ne serait-ce qu'en raison de la distribution très
inégale de la valeur de la propriété foncière au
Québec. Il arrive actuellement, peut-être surtout à cause
des faiblesses du système de péréquation qui doit, lui
aussi, être examiné, qu'une commission scolaire située dans
le Bas-Saint-Laurent va taxer à 0,25 $ des 100 $ d'évaluation, et
va se trouver avec des revenus plus faibles qu'une commission scolaire de
la
région de Montréal qui va taxer à 10 % de son
évaluation. Il y a sûrement une inéquité dont la
réalité saute aux yeux, qui doit être examinée par
le gouvernement, nous en sommes convenus avec les commissions scolaires. Si le
régime de péréquation venait compenser toutes ces
inéquités automatiquement, ce serait peut-être un moindre
mal, mais ce n'est pas le cas actuellement. Le régime de
péréquation ne comble pas à plein ces carences. Alors, je
dis au député d'Abitibi-Ouest que oui, il y a des insuffisances
et des faiblesses dans le mode actuel de fiscalité locale et de
péréquation, qui sont l'objet d'un examen de la part du
gouvernement et auxquelles j'espère que nous pourrons apporter des
solutions dans un avenir le plus rapproché possible.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Sur ce, la commission suspend ses travaux qui reprendront après
la période des affaires courantes. J'inviterais les participants
à être ici le plus rapidement possible, nous accusons
déjà un retard dans la marche de nos travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
nous en étions à l'étude du programme 4 du
ministère de l'Éducation. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
Enseignement primaire et secondaire
M. Gendron: M. le Président, sur toute la question du
financement et de la nouvelle formule proposée par les commissions
scolaires, les compressions, les coupures, compte tenu de l'ensemble d'autres
sujets qu'on a à traiter sur le programme 1, je vais me contenter de
prétendre que les explications sont suffisantes, pertinentes et cela
nous permettra d'apprécier.
Immobilisations
Le deuxième volet que je voudrais toucher sur le programme 4,
Enseignement primaire et secondaire, c'est toute la question des
immobilisations. Sur les immobilisations, M. le Président, le ministre
nous a dit qu'il avait été autorisé à engager
jusqu'à concurrence de 85 000 000 $ pour de nouveaux projets dont 55 000
000 $ en 1989-1990 et 30 000 000 $ en 1989-1990. Sur les 55 000 000 $ pour les
nouveaux projets autorisés, 11 000 000 $ ne concernent que la
préparation de plans et devis pour 1988-1989. Pour 1989-1990 - cela fait
référence directement aux crédits - les demandes des
commissions scolaires en matière de construction, agrandissement et
autres projets totalisent environ 330 000 000 $ pour 163 projets - on remercie
le ministre de nous avoir envoyé sa liste après cinq ou six mois
d'attente - et 31 projets de construction nouvelle pour 155 000 000 $.
Évidemment, le ministère a entrepris une étude de toutes
ces questions pour des raisons de vieillissement, d'autres ont besoin
d'être retapés, ainsi de suite. La question que je voudrais poser
au ministre de l'Éducation, toujours sur les immobilisations: À
combien le ministre évalue-t-il... Si le conseiller du premier ministre
peut arrêter de le déranger.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous pouvez disposer,
monsieur.
M. Gendron: Voici la question que je voudrais poser au ministre
de l'Éducation: À combien le ministre évalue-t-il les
besoins pressants des commissions scolaires en matière d'ajout d'espace
uniquement pour la prochaine année, seulement sur l'ajout d'espace?
Combien pensez-vous qu'il serait requis d'obtenir pour l'ajout d'espace?
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: ...volontiers. Tout d'abord, je rappellerai ce que nous
avons fait en 1988-1989. Nous avons autorisé la mise en route de projets
d'une valeur totale de 85 000 000 $. Certains projets ont été
autorisés pour le stade de la préparation des plans et devis,
l'acquisition de terrains dans certains cas, les démarches qui doivent
conduire à la construction ou à l'agrandissement proprement dit.
D'autres ont été autorisés pour fin de réalisation
immédiate en 1988-1989. Maintenant, je pense que le député
d'Abitibi-Ouest est suffisamment familier avec ces choses pour savoir qu'on ne
peut pas autoriser dans une même année des choses qui vont se
faire toutes dans cette année. Nous savons très bien qu'en
matière de construction scolaire, nous fonctionnons de façon plus
rapide, je pense, que dans à peu près tout autre secteur
gouvernemental pour des activités d'importance comparable. Nous avons
une façon de procéder, une façon de dresser des
échéanciers qui facilite au maximum la réalisation des
projets, qui permet d'aller beaucoup plus vite que dans la plupart des secteurs
de l'administration gouvernementale. Or, de ce côté, c'est ce que
nous avions été autorisés à faire cette
année.
Pour l'année 1989-1990, j'ai déjà soumis, il y a
quelques mois, un mémoire au Conseil du trésor demandant des
crédits pour répondre à des besoins qui viennent s'ajouter
à ceux dont nous avons essayé de tenir compte en 1988-1989. Je
saurai à quoi m'en tenir au sujet de l'enveloppe dont nous pourrons
disposer vers la fin de mai ou la première quinzaine de juin, si je
m'en
réfère à l'expérience des années
précédentes.
Maintenant, je ne suis pas en mesure de répondre à la
question du député d'Abitibi-Ouest concernant l'évaluation
des besoins des commissions scolaires pour la raison suivante. Les commissions
scolaires sont invitées, à l'automne, à déposer
leurs projets dans chacune de nos directions régionales. En
deuxième étape, chaque direction régionale étudie,
apprécie et classe par ordre de priorité les projets dont elle a
été saisie par les commissions scolaires de son territoire.
Chaque direction régionale fait rapport à la direction du
ministère. Moi-même, avec mes collaborateurs de la direction
centrale du ministère et aussi des directions régionales, Je
trace ensuite un bilan de tout ce qui a été recueilli à
travers le territoire et nous arrêtons les priorités vers la fin
de mai ou le début de juin. Là, je n'ai pas encore
été saisi par mes fonctionnaires du bilan des travaux qui ont
été faits à l'échelle de chaque région. Je
devrais le recevoir incessamment.
M. Gendron: Cela va, M. le ministre, sauf que ce qui est un peu
étonnant, c'est que l'an passé... Oui, vous avez dit dans un
début de phrase que je connais un peu comment ça fonctionne.
Alors, vous avez raison. Je sais un peu comment ça fonctionne. Alors,
entre cette année et l'an passé, c'est pas mal pareil, que je
sache. Il y a encore des directions régionales. Il y a des besoins
d'espace. Bien sûr, vous n'avez jamais les crédits pour les
satisfaire et tout ça. L'an passé, vous avez été
capable de nous répondre en disant: Ce dont j'ai besoin pour pallier les
urgences, c'est 85 000 000 $; mon évaluation est faite, elle est
serrée et tout ça. Mais cette année, vous n'êtes en
mesure de m'indiquer aucun chiffre concernant les besoins criants, mais
uniquement sur l'expression que vous connaissez très bien, "ajout
d'espace urgent".
M. Ryan: Non. Je ne suis pas en mesure de l'indiquer aujourd'hui.
L'an dernier, c'était plus facile pour moi parce que j'étais un
petit peu plus en avance dans l'examen de ces choses. Deuxièmement, les
budgets réservés à cette fin avaient été
tellement limités les trois années précédentes, y
compris la dernière du gouvernement qui nous a
précédés, que c'était plus facile de dire...
M. Gendron: Les trois précédentes, c'est vous
autres...
M. Ryan: ...qu'un minimum de 85 000 000 $...
M. Gendron: ...y compris une.
M. Ryan: ...qui s'imposent de toute évidence, un strict
minimum. Cette année, je suis dans une situation différente.
J'arriverai peut-être à plus, peut-être au même
montant, peut-être à moins, mais c'est pure spéculation
pour le moment que de supputer la conclusion que je soumettrai.
M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: Mais, je vous dis une chose. J'ai déjà
soumis un mémoire au Conseil du trésor en décembre qui
comprenait une première estimation dont je ne vous livre pas le total
aujourd'hui. C'est un document de travail du gouvernement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Gendron: Deuxième question sur les immobilisations.
J'aimerais, M. le ministre, que vous preniez quelques minutes pour nous
expliquer vos intentions concernant l'école Cap-Soleil construite
à Charlesbourg. Vous savez que la commission scolaire Des Islets veut
transformer cette école en école secondaire. Elle a
déposé une demande pour la construction d'une nouvelle
écoie secondaire. Si elle avait éventuellement l'autorisation de
construire une nouvelle école secondaire, cela éviterait le
transfert des enfants de Cap-Soleil vers d'autres écoles primaires.
Quelles sont vos intentions comme ministre concernant le dossier de
l'école Cap-Soleil à Charlesbourg?
M. Ryan: En gros, c'est une école qui est située,
non pas dans le comté de Charlesbourg, mais dans le comté voisin.
Nous sommes saisis du projet, évidemment. Comme je vous l'ai
expliqué tantôt, je prendrai connaissance avant longtemps de
l'étude qu'a faite de ce projet, comme les autres projets de la
région 03, la direction régionale de la région de
Québec et, sur la base de cette étude faite par la direction
régionale et des mérites respectifs de tous les projets dont nous
serons saisis, je serai en mesure d'arrêter une opinion sur ce projet.
Pour le moment, je l'accueille avec beaucoup de sympathie parce que le
député concerné a fait de nombreuses
représentations favorables à ce projet depuis déjà
deux ans. Je sais qu'il attend avec impatience la réponse que nous
serons en mesure d'apporter à la commission scolaire. Les
autorités de la commission scolaire ont fait de même. Je pense que
c'est un projet sérieux que nous devons examiner avec beaucoup
d'attention. Pour le moment, je ne voudrais pas avoir l'air de
privilégier ce projet par rapport à d'autres. Nous essayons
d'examiner tous les projets dans un esprit d'impartialité et
d'équité.
M. Gendron: Le ministre a dit que ce n'était pas dans le
comté de Charlesbourg. Les intéressés ont rencontré
le ministre du comté de Charlesbourg, selon nos informations. Je ne suis
pas allé la visiter, je n'ai pas eu l'occasion de visiter toutes les
écoles. Dans les journaux il
est écrit que c'est à Charlesbourg.
M. Ryan:... le comté du député de
Chartes-bourg, me dit M. Paquet, le sous-ministre adjoint qui est bien au
courant, parce que, comme vous le savez, il était le directeur
général de la commission scolaire de Charlesbourg.
M. Gendron: Autre dossier sur les immobilisations. Qu'est-ce que
le ministre peut nous donner comme information concernant le dossier
particulier de Saint- Jean - Chrysostome?
Je reviens, M. le ministre, j'aimerais que vous me fassiez le point sur
les débordements de clientèle et les besoins urgents sur la rive
sud et en particulier à Saint-Jean-Chrysostome. Si je le fais, c'est que
mon collègue de Lévis devait venir vous saluer mais, pour des
raisons que j'ignore, au moment où je vous parle, il n'est pas ici. Je
m'étais engagé à poser au moins une question sur le sujet.
Qu'en est-il de vos intentions concernant Saint-Jean-Chrysostome, en
particulier le traitement à la suite de l'explosion de la
clientèle sur la rive sud?
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais peut-être rappeler
certains faits qu'il serait pertinent de connaître pour les membres de la
commission. Nous avons autorisé, l'an dernier, la mise en route d'un
projet d'école secondaire de premier cycle dans le territoire de la
Commission scolaire des chutes de la Chaudière. Un débat s'est
élevé dans la région concernée quant au lieu
où devrait être implantée cette école. Un groupe
très fort soutenait que l'école devrait être
implantée à Saint-Jean-Chrysostome et un autre groupe, non moins
important, soulignait que l'école devrait être implantée
à Saint-Nicolas.
Comme vous le savez, Saint-Jean-Chrysostome fart partie du comté
de Beauce-Nord qui est représenté à l'Assemblée
nationale par M. Jean Audet, un député ministériel, tandis
que Saint-Nicolas est dans le comté de Lévis,
représenté par un député de l'Opposition, M. Garon.
Nous avons examiné le dossier très attentivement. Nous avons
écouté les représentations de toutes les parties
concernées. Après que j'aie constaté que la conduite de la
commission scolaire dans le cheminement vers cette décision était
tout à fait correcte, j'ai décidé qu'il n'y aurait aucune
espèce d'interférence du gouvernement dans ce choix. La
commission scolaire a décidé que l'emplacement serait
situé à Saint-Nicolas et nous l'appuyons dans la
réalisation du projet. Les choses vont très bien de ce
côté-là. Le député de Lévis a
été très heureux de le reconnaître, je pense
bien.
En retour, le député de Lévis s'occupe aujourd'hui
d'une affaire qui le concerne moins. Saint-Jean-Chrysostome, comme je l'ai dit,
est dans le comté de Beauce-Nord. Le député de
Beauce-Nord, M. Audet, a fait toutes les représentations
nécessaires pour appuyer le projet de construction d'une école
secondaire dans Saint-
Jean-Chrysostome. Je suis bien content que le député de
Lévis lui apporte son appui, mais je ne voudrais pas que les propos du
député d'Abitibi-Ouest puissent être
interprétés comme laissant entendre que l'iniative serait venue
de là, ce serait faux. L'initiative vient de la commission scolaire et
du député de Beauce-Nord, et l'appui du député de
Lévis est sans doute bienvenu.
M. Gendron: Non, je posais la question...
M. Ryan: La situation est parfaitement nette. Ce projet subira le
même traitement que les autres projets dont vous m'avez parlé
jusqu'à maintenant et dont nous pourrons être appelés
à parler par la suite, c'est-à-dire que je respecterai d'abord la
filière régionale. Comme le projet a été
étudié par notre direction régionale, je serai saisi de
son rapport d'étude et de sa recommandation très prochainement.
J'examinerai le projet avec tous les autres projets de la région en
prenant l'avis de nos responsables régionaux, en faisant procéder
ou en procédant moi-même dans certains cas à des
vérifications sur le terrain. C'est ensuite, vers la fin de mai ou la
première quinzaine de juin, que nous prendrons les décisions
définitives. Mais, objectivement, il y a un problème de
places-élèves dans le secteur de Saint-Jean-Chrysostome.
M. Gendron: Je posais la question, vous le savez bien, M. le
ministre, au cas où notre collègue aurait besoin d'être
rappelé à l'ordre. Je vais lui dire: C'était important que
je pose une question là-dessus, parce que le ministre de
l'Éducation t'a dit, quand tu travailles dans Saint-Nicolas, que c'est
correct; quand tu regardes ailleurs, ce n'est pas de tes affaires. Alors, cela
me permettra de signaler le magnifique rappel à l'ordre que vous lui
faites à partir des galées. C'est important pour un
collègue de savoir exactement ce qu'on doit faire ou ne pas faire, et on
a eu l'occasion de savoir ce qu'un député de l'Opposition doit
faire.
M. Ryan: Je n'ai pas émis de jugement moral. J'ai
rappelé des faits. J'ai rappelé que le député de
Beauce-Nord qui est responsable de son territoire, à moins que je ne
connaisse rien dans notre régime parlementaire, s'est acquitté de
son devoir à maintes reprises, comme on disait autrefois, et qu'il
continue de le faire.
M. Gendron: Bravo!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. M. le
député.
M. Gendron: Une autre question sur les immobilisations. Vous avez
un dossier, M. le ministre, cela fait plusieurs années, c'est toute la
question de l'agrandissement ou de l'aménagement d'un centre
administratif à Paspébiac. On vous a
fait des représentations. Je ne veux pas détailler
l'ampleur du dossier, M. le ministre. Il y a une seule affaire que je voudrais
savoir, étant donné, premièrement, qu'on vous a fait deux
représentations significatives sur ce que j'appellerais le fait que le
lieu ne représenterait absolument pas le point central de la commission
scolaire de Baie-des-Chaleurs, et deuxièmement, qu'il y a une
évaluation faite par une firme d'ingénieurs qui conteste les
coûts estimés par le ministère. Ma question est simple,
c'est dans le dossier de l'agrandissement et de l'aménagement du centre
administratif de Paspébiac: premièrement, est-ce que vous avez
toujours l'intention de procéder; deuxièmement, est-ce que vous
considérez toujours qu'il est bien au centre de la commission scolaire
de Baie-des-Chaleurs, et, troisièmement, est-ce que les remarques qu'on
vous a faites sur un coût de beaucoup supérieur à ce qui
est estimé par le ministère ont été prises en
compte par la direction de l'équipement au ministère?
M. Ryan: Comme vous le savez, la responsabilité de
procéder à la construction d'un centre administratif
relève, en général, de la commission scolaire
concernée. C'est dans des cas plutôt exceptionnels, des cas de
commissions scolaires qui ont des besoins très particuliers, que le
ministère considérera la possibilité d'une contribution
financière. Dans ce cas-ci, nous avons été saisis du
projet. Nous l'avons examiné et continuons de l'examiner. J'ai
reçu des représentations de certains organismes quant à
l'endroit où devrait être situé un éventuel centre
administratif. Je n'ai pas donné de décision au moment où
nous nous parlons. C'est une question que je réexaminerai au cours des
prochaines semaines dans le cadre de la programmation 1989-1990.
M. Gendron: Si vous avez raison, M. le ministre, que c'est la
commission scolaire et tout cela - je suis encore très familier avec ces
choses - est-ce qu'il n'est pas exact qu'on vous a demandé une
autorisation?
M. Ryan: Une autorisation impliquant qu'on souhaiterait obtenir
une aide financière du gouvernement. On a présenté les
deux demandes: une demande d'autorisation de procéder et une demande
d'aide financière.
M. Gendron: Oui, mais est-ce qu'on...
M. Ryan: il y a toutes sortes de choses qui se discutent dans ce
coin. Comme vous le savez, nous sommes en train de procéder à
l'implantation de l'enseignement collégial à Carleton. Au mois de
septembre, l'enseignement collégial procédera. Il y a des choses
qui se discutent avec la commission scolaire. C'est la commission scolaire
à Carleton, mais celle dont vous parlez, c'est Baie-des-Chaleurs?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Dans le cas de Baie-des-Chaleurs, ce n'est pas
relié au projet d'implantation de l'enseignement collégial.
Excusez-moi. Je vous induisais sur une fausse piste. Dans le cas du
siège social de la commission scolaire de Baie-des-Chaleurs, nous allons
examiner le projet avec tous les autres. Une décision sera prise au
cours des prochaines semaines.
M. Gendron: Est-ce qu'on peut avoir l'assurance que le ministre -
si jamais il prenait la décision d'y aller et c'est de ses affaires de
donner suite à la demande d'aide financière - prenne l'engagement
devant les membres de la commission de l'éducation de regarder à
nouveau les affirmations d'un très grand nombre de citoyens et de
pétitionnaires qui prétendent que ce n'est pas au bon endroit en
termes de dépenses publiques et, deuxièmement, peut-on avoir
l'assurance que l'étude de coûts sera revue, afin de s'assurer
que, si vous donnez l'autorisation, cela ne soit pas le double comme certains
le prétendent? Ce sont deux remarques que je voulais faire valoir, et il
serait intéressant que le ministre prenne des garanties dans ce
sens-là.
M. Ryan: Soyez assuré que ces questions auront
été vérifiées lorsque la décision du
ministère sera communiquée à la commission scolaire
concernée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 4?
M. Gendron: Sur le programme 4, j'ai beaucoup d'autres questions,
mais pas sur les dépenses d'immobilisation. Les autres questions,
toujours reliées au programme 4, que je voudrais toucher et - on
indiquera les autres questions qu'on a - c'est ce que j'appelle des dossiers
d'irrégularités, des choses très douteuses. J'en aurai une
tantôt qui est particulièrement douteuse.
Je vais commencer par la moins douteuse: des allégations de
favoritisme, d'irrégularité dans le système d'appel
d'offres et de soumissions publiques à la commission scolaire de
Sept-îles et au cégep touchant notamment l'achat de
matériel de bureaux. Le plaignant vous a envoyé, M. le ministre,
de nombreuses lettres pour vous informer de la situation, dont une
dernière en date du 13 février dans laquelle on vous donnait un
mois pour donner suite. Je n'en suis pas sur le délai, j'en suis sur le
fond. Voici la première question que je voudrais vous poser: Quel suivi,
comme ministre de l'Éducation, avez-vous donné au dossier? Quelle
sorte de vérification avez-vous faite auprès de la commission
scolaire et du cégep? Parce que je vous avoue que, sur la base de ce que
j'ai reçu - je ne suis plus au ministère - c'était
passablement incriminant pour la commission scolaire et le ministère. Il
me semble
que ce ne sont pas des choses que vous devriez tolérer comme
ministre de l'Éducation.
Pour l'instant, j'aimerais que vous me donniez uniquement des
informations sur les deux éléments suivants: Quel suivi avez-vous
fait à sa lettre du 13 février dernier, où il y avait
quand même des éléments très précis
d'accusation? Deuxièmement, avez-vous fait des vérifications
auprès des autorités de la commission scolaire et du cégep
pour vous faire expliquer pourquoi elles ont procédé de la
manière indiquée dans la lettre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui, j'ai reçu la lettre dont le
député fait mention. J'ai même eu l'occasion de rencontrer,
à l'automne de 1988, la personne qui était à l'origine de
ces plaintes. Dès que j'ai été saisi des griefs de cette
personne, j'ai demandé à mes deux sous-ministres, des deux
ministères parce que les plaintes impliquaient autant la commission
scolaire que le cégep de Sept-îles... La personne qui m'a
approché et qui m'a écrit par la suite reprochait à la
commission scolaire et au cégep de donner des contrats pour des achats
de mobiliers, de papeterie, d'équipements scolaires à des
fournisseurs sans passer par la procédure d'appel d'offres. Alors, j'ai
demandé qu'on vérifie ces allégations autant au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science qu'au
ministère de l'Éducation. Dans le cas du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, on m'a répondu que les
vérifications conduisaient à la conclusion qu'il n'y avait pas eu
d'irrégularité. Dans le cas du ministère de
l'Éducation, on m'a remis une note il y a quelque temps qui concluait,
je pense, dans le même sens, mais je vais faire venir la note pour
être bien sûr que je n'induirai pas la commission parlementaire en
erreur. Je ne peux pas répondre davantage tant que je n'aurai pas
reçu la note qui devrait arriver d'ici une heure, au plus.
(15 h 45)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce qu'on peut
passer à un autre sujet, M. le porte-parole de l'Opposition?
M. Gendron: Oui, M. le Président, si vous indiquez qu'on
va revenir là-dessus quand M. le ministre aura reçu sa note et en
reparlera. D'accord?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce que le
Programme 4 est vérifié?
M. Gendron: Non.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Avez-vous d'autres questions?
M. Gendron: Le deuxième dossier que je voudrais aborder,
M. le Président, c'est celui de
Sipp.
M. Ryan: Sur la rive sud?
Atlas régional de la
Montérégie
M. Gendron: Oui. Vous savez sûrement ce que ça veut
dire. Il y a plusieurs erreurs administratives. Avant d'en arriver strictement
aux questions que je voudrais poser, il y a lieu de situer ça un peu
plus largement pour le bénéfice des membres de la commission.
Erreurs administratives et agissements illégaux relativement à la
réalisation d'un atlas régional de la Montérégie.
La Commission scolaire Saint-Exupéry se serait appropriée du
matériel pédagogique-appartenant à la compagnie Sipp et
à d'autres organismes. J'ai écrit au ministre à ce propos
le 1er décembre et n'ai pas eu de réponse. Je trouve que c'est un
peu tard. Habituellement, deux ou trois mois suffisent. C'était le 1er
décembre, et on est rendu en avril, sans que j'aie eu de réponse
à la lettre que j'ai écrite au ministre de
l'Éducation.
Le matériel a été remis à la Direction des
ressources didactiques pour approbation. Celle-ci l'a retourné en
janvier aux commissions scolaires concernées, vu que celles-ci
détenaient les droits sur le document par enregistrement au bureau du
droit d'auteur. La compagnie est revenue à la charge le 21
décembre, par lettre adressée à quatre ministres, pour
demander le rappel des subventions et l'arrêt de l'impression. Le
ministère de l'Éducation répondait le 26 janvier en disant
avoir retourné le document. Il y a une dizaine de jours, une mise en
demeure a été envoyée à M. Ryan, lui imputant une
responsabilité dans le dossier: négligence, omission
d'intervenir, alors qu'il était au courant des faits depuis le mois
d'août. Le ministère pourrait être cité à
comparaître dans l'action en Cour supérieure pour dommages et
intérêts. La compagnie va déposer incessamment une action
en Cour fédérale pour faire radier l'enregistrement. Elle l'a
fait d'ailleurs, on vous l'a signifié hier, je pense. Le gouvernement
fédéral, de son côté, a pu récupérer
le matériel qui lui appartenait et que la Commission scolaire
Saint-Exupéry avait ramassé à l'occasion de la saisie
faite par la suite de la mise en demeure.
Voici ma première question. Pourquoi le ministre, puisqu'il
était au courant des faits depuis le mois d'août 1988 et qu'on est
en 1989 n'est-il pas intervenu dans le dossier et, comment compte-t-il
réagir à la récente mise en demeure de la Sipp?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: Dans ce dossier, lorsque j'en fus saisi, j'en informai
immédiatement les services juridiques du ministère. Les services
juridiques ont procédé à une étude attentive des
représen-
tations de la firme dont parle le député d'Abi-tibi-Ouest.
Ils ont conclu très fermement que les prétentions de cette
personne n'étaient pas fondées, que le matériel qui avait
été soumis à l'examen des services du ministère de
l'Éducation appartenait jusqu'à nouvel ordre à la
commission scolaire. Le matériel a été renvoyé
à la commission scolaire et, s'il y a litige quant à la
propriété du matériel, il devra se régler devant
les tribunaux entre la commission scolaire et la personne concernée. Le
ministère n'est pas partie là-dedans. C'est la position que nous
avons retenue.
M. Gendron: Est-ce que le document a été
approuvé par le ministère de l'Éducation?
M. Ryan: Non.
M. Gendron: Le ministère de l'Éducation n'a jamais
approuvé le document et le matériel en question?
M. Ryan: Pas à ma connaissance. En fait, le
matériel avait été envoyé au ministère pour
un examen préliminaire, surtout sous l'angle du sexisme et des
préjugés sexuels. Il a passé le test de ce point de vue.
On a retourné le matériel, mais il n'est pas revenu pour le vrai
test. Et moi, j'avais demandé, dans les notes que j'ai
communiquées au sous-ministre - M. Bou-dreau s'en souviendra - qu'aucune
décision d'approbation ne soit prise dans ce dossier sans mon
autorisation personnelle. C'est là que nous en sommes encore
maintenant.
M. Gendron: Est-ce que le matériel a été
imprimé et diffusé par d'autres commissions scolaires?
Êtes-vous au courant, comme ministre de l'Éducation, que ce
matériel, qui a été contesté en termes de droit
d'auteur - je ne veux pas embarquer, moi non plus, dans cette bataille - est-ce
que vous êtes au courant, dis-je, que ce matériel serait
diffusé et imprimé?
M. Ryan: Moi, je n'en suis point informé. Si on
m'informait de quelque fait de cette nature, eh bien, je
l'étudierais.
M. Gendron: Par rapport à la mise en demeure, quelle va
être la réaction du ministère?
M. Ryan: Quand je reçois une mise en demeure, je ne me
mets pas à m'empêcher de dormir à cause de cela, M. le
Président. J'envoie cela à nos conseillers juridiques. Neuf fois
sur dix, cela n'a pas de suite en ce qui me concerne. Nos conseillers
juridiques les étudient attentivement et ils me font leurs
recommandations. Dans ces choses, je respecte toujours l'avis de nos
conseillers juridiques, à moins qu'ils ne se trompent. Ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: On est avancé avec cela. Récemment, M.
le ministre, c'est vraiment une... De la Cour fédérale, division
de première instance de la Cour fédérale du Canada, entre
Michel Goyette et le ministère de l'Éducation du Québec,
c'est une action en dommages. Vous allez accorder le même traitement
à l'action en dommages qu'à une mise en demeure? C'est le Service
juridique qui va regarder cela et on verra?
M. Ryan: C'est entendu. M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Une autre question
M. le porte-parole? Il y a Mme la députée de
Jacques-Cartier...
M. Gendron: Si elle n'a pas d'objection, je ferais l'autre dans
le dossier des irrégularités.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Cela va.
M. Gendron: Si elle n'a pas d'objection.
Mme Dougherty: C'est avant la fin du programme 4. J'ai deux
courtes questions.
M. Gendron: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très
bien.
M. Gendron: De toute façon, M. le Président, vous
allez gagner peut-être une quinzaine de minutes. Cela prend 30 secondes
multipliées par 30 fois. J'ai beaucoup d'autres choses au sujet du
programme 4. Alors, ne me demandez pas à chaque fois si j'en ai fini
avec le programme 4. Je vais vous le dire quand j'aurai fini.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Vous avez tout
à fait raison, M. le porte-parole. On va vous donner toute la chance de
poser les questions et surtout les bonnes.
Commission scolaire Davignon
M. Gendron: Un autre dossier qui est passablement
inquiétant, troublant même, par ses révélations, que
vous connaissez, M. le ministre, c'est le dossier de la commission scolaire
Davignon. Peut-être que les membres de la commission parlementaire ne
savent pas qu'il y a actuellement une enquête. On indique, en tout cas,
selon les coupures de journaux du coin, donc de l'Estrie, on le faisait le 25
janvier 1989 - on est rendu en avril 1989 - et on titrait ceci: En
enquêtant à la commission scolaire Davignon, Québec veut
clarifier rapidement la situation. Le ministère de l'Éducation
effectue
actuellement des vérifications sur la situation qui
prévaut à la commission scolaire Davignon. C'est ce qu'a
confirmé hier le sous-ministre adjoint aux réseaux, Jean-Claude
Rondeau, précisant qu'une première rencontre avec les
intervenants de Davignon a eu lieu avant les fêtes.
Comme première question, je veux seulement savoir où en
est rendue, en avril, l'enquête que le ministère de
l'Éducation mène concernant la commission scolaire Davignon?
M. Ryan: J'avais été saisi d'allégations
concernant des actes qui se seraient produits à la commission scolaire
Davignon il y a environ une quinzaine de mois. La présidente de la
commission scolaire de ce temps-là est venue me rencontrer. Elle avait
rencontré M. Dubé, mon conseiller en enseignement primaire et
secondaire. Ensuite, je l'ai rencontrée moi-même. Elle m'a soumis
une série d'affirmations dont certaines étaient plus que
douteuses. Je vous en donne un exemple, si vous me le premettez. Elle avait
affirmé que le ministre de l'Éducation et député
d'Argenteuil irait faire de l'équitation régulièrement sur
des terres appartenant au directeur de la commission scolaire. Je n'ai jamais
monté un cheval de ma vie.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je ne sais pas si cette personne fait de
l'équitation et a des chevaux. Je n'en connais rien. Cela ne
m'intéresse pas. Alors, j'ai dit à la présidente du temps
qu'il faudrait qu'elle ait des affirmations sérieuses et qu'elle soit
capable de les étayer plus solidement que celle-là. Dans ce
cas-ci, elle m'a dit que c'est une chose qu'elle avait entendue. On ne va pas
loin avec cela en enquête, une chose entendue. Il y avait d'autres
affirmations qui étaient plus sérieuses. Parce qu'il y avait des
affirmations qui étaient plus vraisemblables, j'ai examiné la
situation sous tous les aspects. J'ai fait venir des dirigeants de la
commission scolaire. J'ai fait venir des commissaires pour m'assurer qu'il y
avait matière à une certaine vérification, qu'on n'irait
pas à une partie de pêche. Et, après avoir entendu les
témoignages dont j'estimais avoir besoin, j'ai confié à M.
Jean-Claude Rondeau, qui était à l'époque sous-ministre
adjoint en tête des réseaux, le mandat d'aller faire une mission
d'information à cette commission scolaire; d'aller vérifier, en
somme, si les allégations dont nous avions entendu parler avaient du
fondement. Alors, M. Rondeau a travaillé auprès de cette
commission scolaire depuis le début de la présente année,
il est allé faire plusieurs visites. À un certain stade de son
travail, vers le mois de février, il a constaté qu'il y avait un
certain nombre de choses qui demandaient d'être examinées en
profondeur, surtout au point de vue administratif et financier. Là, il a
requis les services d'un vérificateur du ministère de
l'Éducation, M. Verreault, qui s'est engagé dans ce travail de
vérification qu'il n'a pas tout à fait terminé encore.
Lorsque M. Rondeau...
M. Gendron: De quel M. Verreault s'agit-il?
M. Ryan: M. Jean-Marie Verreault, vérificateur interne au
ministère de l'Éducation.
M. Gendron: Merci.
M. Ryan: J'ai demandé à M. Rondeau, lorsqu'il est
devenu sous-ministre adjoint auprès du ministre chargé de
l'application de la Charte de la langue française, de concert avec M.
Boudreau, s'il voulait conserver ce mandat jusqu'à ce qu'il en ait
terminé ou jusqu'à ce qu'il soit arrivé à un stade
où le mandat, à supposer qu'il doive être
complété sur une certaine période, pourrait et devrait
être confié à quelqu'un d'autre. C'est là que nous
en sommes.
M. Gendron: On va y revenir. Quant à la première
allégation, dont le ministre a laissé voir qu'elle pouvait
être farfeiue, parce qu'il y en avait des farfelues et des vraies, je
tiens à vous dire qu'on aura probablement l'occasion de vous prouver
qu'il s'agissait juste d'une erreur de collègue, mais que les
allégations sont fondées. Je veux dire qu'au lieu d'être le
ministre de l'Éducation qui passait son temps à faire de
l'équitation, c'était un de vos collègues
ministériels.
M. Ryan: Mais ce n'était pas bon pour ma réputation
d'intellectuel.
M. Gendron: Non, ce n'était pas vous. Mais c'est facile de
dire qu'il s'agissait d'allégation farfelue, parce que ce n'est pas moi.
Cependant, vous-même, M. le ministre, dans une lettre du 7
décembre 1988 - j'ai ici copie de la lettre que vous avez envoyée
à Mme France Lambert, présidente de la commission scolaire
Davignon, et on racontera, à un moment donné, toute la petite
histoire - vous dites: Certains actes administratifs auraient été
faits sans les approbations régulières ou en marge des normes
administratives établies. À titre d'exemple - c'est vous qui
parlez - je mentionne certaines autorisations concernant les comptes de
dépenses des officiers de la commission scolaire, les allocations pour
téléphone cellulaire dans les voitures, des cas
présumés de conflit d'intérêts, des cas
présumé-ment répétés d'absence de membres du
personnel-cadre de leur travail, des déboursés autorisés
ou faits sans pièces justificatives, etc. Et lié à
ça, il faut que les autres membres de la commission soient au courant
que M. le ministre sait, depuis le 10 octobre 1988, que, dans une longue
lettre, avec des pièces annexées ou, en tout cas, certaines
pièces à sa face même, et je n'en citerai que deux, c'est
assez évident qu'il y a un problème là. La
présidente, qui s'est fait mettre dehors par les concernés, Mme
France Lambert,
qu'on a mis carrément dehors parce qu'elle avait
intérêt à soulever toutes ces irrégularités,
on a pris les moyens de la tasser en systématisant, par exemple, une
commande de ne pas se présenter à une réunion
donnée pour qu'elle n'ait pas le quorum, incapacité de
siéger. On lui avait laissé savoir que ces gens n'étaient
pas intéressés à ce qu'elle fasse le ménage, et on
a pris les moyens à cet effet. (16 heures)
Dans cette lettre, elle vous disait ceci: "J'ai décelé que
mauvaise foi et malhonnêteté de la part des administrateurs de la
commission scolaire Davignon où règne un vice profond depuis trop
longtemps déjà, et j'ai même constaté que des
ramifications du patronage et du favoritisme s'étendaient au niveau
régional et provincial. À titre d'exemple, elle vous relatait,
dans ce document, que le directeur général, qui est
propriétaire d'un magnifique restaurant, l'Auberge des carrefours, pour
un seul mois donné, s'est fait rembourser par la Commission scolaire
2432 $ de frais de repas pris à l'Auberge des carrefours. Qui est
propriétaire de l'Auberge des carrefours? Le directeur
général, M. Bar-salou. Et juste à regarder les comptes de
téléphone, M. le ministre, ça aurait été
très intéressant. Comment se fait-il que les 5, 6, 7, 8, 9, 10,
11, 12, 13, 14, 15, 16 et 17, donc pendant 13 jours consécutifs, il y
ait toujours eu nécessité, pour cette commission scolaire, de
faire des appels à New York? Une série d'appels
téléphoniques à New York pendant treize jours
consécutifs. Et si on retrouve moins souvent votre numéro de
téléphone dans ceux de la commission scolaire, on retrouve
souvent celui du député de Brome-Missisquoi, comté dans
lequel est située cette commission scolaire. Jusque-là, il n'y a
pas de problème qu'une commission scolaire appelle
régulièrement son député, mais quand c'est son
compagnon d'équitation de tous les jours, quand on fait de
l'équitation dans un centre dont on vous parlera un peu plus tard, il
commence à y avoir des problèmes. J'arrête là.
Je veux juste savoir, sur la base des informations, M. le ministre,
à l'égard de l'ex-présidente qu'on a vraiment mise dehors,
parce qu'elle avait intérêt à faire toute la lumière
sur des situations à tout le moins abusives à sa face même,
je ne parle pas de l'enquête. Lorsque vous avez pris connaissance des
documents qu'elle vous a remis, vous, comme ministre de l'Éducation, ne
croyiez-vous pas qu'il y avait là matière, non pas à aller
voir, à titre d'information, si les bâtisses qu'on montera un jour
étaient belles, qu'il n'y avait pas de lien et tout ça, mais
qu'il y avait matière à mandat spécifique afin de dire:
Écoutez, j'aimerais ça que vous alliez voir, mais que vous me
vérifiiez plus particulièrement les trois ou quatre aspects
suivants et qui, pour quelqu'un qui est initié, et je pense que vous
l'êtes, vous êtes très bien initié à ces
questions, lui indiquer quelques pistes qui vous apparaissaient pour le moins
très douteuses?
Voici la question: Est-ce que vous n'avez pas pensé le 10 octobre
1988, a la suite de la réception de ce document passablement volumineux,
qu'U y avait là matière à faire des vérifications
plus pointues, mais commandées par le ministre de l'Éducation, en
disant: Ce que j'aimerais que tu ailles vérifier, c'est tel et tel
aspect? Est-ce que ça a été fait, sinon, pourquoi
ça n'a pas été fait?
M. Ryan: Tout ça a été fait, M. le
Président, et c'est pour ça qu'actuellement, M. Rondeau est
investi d'un mandat spécial et il est assisté par les personnes
les plus compétentes du ministère en ces choses, et je
recommanderais au député d'Abitibi-Ouest, au lieu de jouer avec
ces choses de manière qui est garantie par l'immunité
parlementaire, qu'il se rende compte qu'il y a des personnes responsables qui
sont en train de vérifier tous ces faits et qui soumettront au ministre
un rapport en bonne et due forme dont la teneur sera rendue publique.
Moi-même, quand j'ai reçu ces choses, j'ai informé
immédiatement mes collaborateurs du ministère et je leur ai dit:
il faut que nous nous occupions de ça, il m'a l'air à y avoir des
choses sérieuses, à travers d'autres qui demandaient des
vérifications non moins sérieuses. Maintenant, le
député se rappellera, seulement pour contexte, ça se
produit le 10 octobre, j'ai des vérifications à faire, nous
commençons les travaux de la commission parlementaire sur le projet de
loi 107 au début de novembre, nous sommes pris en commission
parlementaire de manière continue, il y a des contacts que je dois faire
que je n'ai pas le temps de faire aussi vite que c'est mon habitude de le
faire, mais quand même, nous avons pu mettre tout ce mandat en route. Je
n'ai pas la date exacte du mandat que j'ai confié à M. Rondeau,
mais j'ai écrit une lettre, en tout cas, à la commission
scolaire, l'informant de ça, et tout ça est en marche depuis
déjà de nombreux mois. D'accord?
M. Gendron: Je voudrais juste, parce que...
M. Ryan: Je voudrais signaler un autre aspect. Que Mme Lambert
ait été défaite dans sa candidature à la
présidence de la commission scolaire, elle n'est pas la seule, ça
arrive un peu partout à travers le Québec. Quand on choisit le
président ou la présidente de la commission scolaire ou de
l'exécutif de la commission scolaire, il y a des clans, dans certaines
commissions scolaires, c'est le cas dans celle-là. Je n'ai pas de
raison, du haut de mon trône, de préjuger qu'il y a un clan qui
est celui des bons, et que l'autre est celui des mauvais. C'est
généralement plus compliqué que ça. Alors, ces gens
ont fait leurs élections et je n'ai rien à voir là-dedans.
Il y a peut-être d'autres raisons, également, qui ont pu motiver
le choix de ces personnes, mais je le leur laisse, c'est la
responsabilité propre des commissaires, en vertu de la Loi sur Tins-
truction publique.
M. Gendron: Oui. Je dis deux choses avant de poser une
deuxième question là-dessus. C'est sûr que je connais le
milieu scolaire depuis de fort nombreuses années, et il y a des gens
d^aits, sauf que j'ai rarement vu des méthodes aussi basses pour la
défaire, et j'ai eu l'occasion d'en prendre connaissance,
premièrement. Cela, je n'ai pas vu ça souvent.
Deuxièmement, à l'avantage de Mme Lambert, tout ce qu'elle a dit
et tout ce qui vous a été déposé au
ministère, elle l'a fait avant d'être défaite. Donc, elle
n'a pas posé ces gestes par vengeance parce qu'elle a été
défaite. Vous aviez tous les documents avant même qu'elle soit
défaite. C'est peut-être bon pour l'information publique.
Deuxième chose parce qu'il y a eu un petit jugement, c'est normal
pour le ministre d'en faire souvent, que je lancerais ces choses en l'air. Je
voudrais vous dire, M. le Président, qu'on a pour chacun des
éléments des annexes passablement articulés. Comme par
hasard, que ce soit le directeur général de la commission
scolaire qui se retrouve à l'Auberge des carrefours, où tout le
personnel-cadre ne fait toujours que prendre ses repas au seul endroit qui
s'appelle l'Auberge des carrefours inc., c'est M. Fernand Barsalou qui est
concerné. Quand on regarde les initiatives de la Base de plein air
Davignon Inc. où pour la commission scolaire, comme par hasard, il est
impossible d'organiser quelque activité que ce soit sans que ce ne soit
aux iniatives de la Base de plein air Davignon inc. Qui compose les initiatives
de plein air Davignon inc., qui est une corporation à but non lucratif?
Tout du personnel de la commission scolaire, M. Proteau, employé-cadre
à la commission scolaire, M. Lizotte, M. Duhamel, M. Barsalou, comme par
hasard, directeur général de la commission scolaire, grand ami de
M. Paradis, ministre des Affaires municipales, député du
comté, avec qui il fait de l'équitation
régulièrement. On a beau tourner les pages, que ce soit n'importe
quoi, M. le Président, n'importe quelle corporation. Que ce soit Bromont
Simental, imaginez, une firme spécialisée dans l'élevage
des chevaux, à qui appartient Bromont Simental, une compagnie à
numéros? À M. Barsalou, M. Boucher, M. Raymond, directeur des
transports à la commission scolaire, M. Hillman, directeur
d'école à la commission scolaire Davignon. Toujours et toujours
du personnel complètement relie à la commission scolaire
Davignon; les Terrasses du Vieux Moulin: M. Barsalou, M. Dion. Je pourrais
continuer. Il y a une série de pages.
Ma première question, M. le ministre: Est-ce que vous croyez
qu'avec ces éléments que vous aviez, il n'était pas
légitime à ce moment de signaler au moins quelque chose
auprès du Procureur général du Québec? Est-ce que
cela vous est venu à l'esprit de signaler quelque chose auprès du
Procureur général du Québec? Deuxième question:
Est-ce que vous avez déjà parlé à M. Pierre Paradis
de cette situation pour le moins loufoque à la commission scolaire
Davignon? Est-ce que vous avez déjà parlé à M.
Paradis au sujet de tout ce que vous savez concernant les nombreuses
irrégularités à la commission scolaire Davignon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je rappelle ce que j'ai dit tantôt,
que le député brasse toutes ces choses qui sont
présentement l'objet de vérification beaucoup plus
sérieuse que celle que lui a pu faire ou pourrait faire. Si le
député pouvait nous dire: Vous avez ces choses, vous êtes
indifférents, vous ne faites rien, je comprendrais très bien son
intervention, mais ce n'est pas le cas. J'ai même nommé la
personne qui fait ce travail de vérification au nom du ministère
de l'Éducation et tout le monde reconnaît la compétence et
le sérieux de cette personne autant s'il s'agit de M. Rondeau que s'il
s'agit de M. Verreault. Nous aurons les renseignements utiles lorsque le
travail de vérification sera terminé. M. Verreault est sur les
lieux à temps plein depuis plusieurs semaines. C'est signe qu'il y a de
la matière.
Maintenant, j'ajoute une chose que M. Boudreau rappelle à mon
souvenir parce que je l'oubliais. Au début de cette histoire, une
approche a été faite auprès de la Sûreté du
Québec, laquelle avait déjà entendu parler de ces choses.
La Sûreté du Québec a dit à nos représentants
à l'époque qu'elle ne voyait pas de matière à une
enquête policière. Nous autres, nous avons décidé de
faire l'enquête parce que nous n'étions pas satisfaits d'un
jugement uniquement policier en cette affaire.
M. Gendron: Deux questions pour rester sur le mandat qui a
été confié à M. Rondeau. Est-ce que le ministre de
l'Éducation accepterait de déposer à cette commission le
mandat de M. Rondeau, premièrement, pour savoir ce qu'il en est
exactement; deuxièmement, M. le ministre, le mandat qui est
confié à M. Verreault, est-ce qu'il s'agit d'un mandat uniquement
relié aux activités de la commission scolaire Davignon ou s'il
est également relié à toutes les séries de faits
connexes genre l'Auberge des carrefours inc., la Ferme expérimentale
Simental, compagnie à numéros où on fait de
l'équitation, où les jeunes sont obligés de choisir une
activité, ainsi de suite, les Terrasses du Vieux Moulin, les Cuisines
Ron Ash, le Transport Pinsa, ainsi de suite? Il y en a. Il y en a pas mal. Il y
en a épais. La tartine est bien beurrée. Je veux savoir si le
mandat concerne strictement la commission scolaire Davignon ou s'il concerne
toutes les informations connexes dont vous disposez afin qu'effectivement et je
suis d'accord avec vous, on soit en mesure de clore rapidement l'affaire en
disant qu'il ne s'agissait que d'allégations mal
foutues, non fondées ou s'agit-il véritablement de quelque
chose qui est absolument intolérable et inqualifiable pour n'importe
quel administrateur soucieux de la chose publique et des fonds publics. Dieu
sait si des fonds publics là-dedans, présumément, il y en
a.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: il faut... Je ne pourrais pas répondre au
député d'Abitibi-Ouest où tout cela nous intéresse.
À ce moment-là, je pourrais me ramasser à bien des
endroits, bien au-delà du territoire de la commission scolaire Davignon.
Tout ce en quoi la commission scolaire a pu être impliquée
intéresse l'objet de cette enquête dans la mesure où des
allégations ont été soumises à mon intention. Si,
par exemple, vous évoquez un hôtel où des cadres de la
commission scolaire seraient allés prendre des repas aux frais de la
commission scolaire et qui aurait appartenu à un officier de la
commission scolaire, c'est évident que cela fait partie du champ de
l'enquête.
M. Gendron: Parfait. J'avais posé une question
également et je n'ai pas eu de réponse. Est-ce que vous avez
discuté avec votre collègue membre de ce même gouvernement,
M. Pierre Paradis, ministre des Affaires municipales? Est-ce que vous avez eu
des discussions avec M. le ministre des Affaires municipales concernant ce
dossier?
M. Ryan: Lorsque j'ai confié un mandat à M.
Rondeau, j'ai prévenu M. Paradis que ce mandat venait d'être
confié à M. Rondeau. Je lui ai expliqué pourquoi. Il a
très bien compris.
M. Gendron: Vous avez informé M. Paradis de la
décision que vous avez prise de faire une enquête?
M. Ryan: Oui. Comme je le ferais avec tout député
qui serait placé dans une situation semblable.
M. Gendron: Croyez-vous que c'est très sécurisant
pour l'avenir, M. le ministre de l'Éducation, vu que dans votre lettre
vous prétendiez, et je pense avec raison, qu'il y avait des faits qui
semblaient être absolument non appuyés, alors qu'il y en avait
d'autres pour lesquels vous croyiez qu'il y avait lieu de poursuivre des
vérifications plus avancées parce qu'ils vous apparaissaient
fondés? Même chose dans le caractère quand même assez
grave des accusations portées par l'ex-présidente de la
commission scolaire qui était en situation d'autorité au moment
où on les a portées. Compte tenu de la nature de ces accusations,
croyez-vous qu'il est très sage de votre part de laisser en exercice
toutes ces personnes qui sont mises en cause et en particulier le directeur
général, M. Barsalou, qui continue à oeuvrer dans toute
une série de compagnies à numéro, restaurants ou autres,
je ne les renommerai pas, alors qu'il y a une enquête et qu'il peut avoir
l'occasion, par sa responsabilité, de modifier sensiblement des
éléments de preuve qui permettraient de conclure à des
choses positives dans ce dossier? Croyez-vous que c'est sage et que c'est
normal que, comme ministre, vous disiez: Oui, on le laisse en poste?
M. Ryan: D'abord, j'ai compris que M. Barsalou avait pris un
congé de maladie.
Une voix: Pardon?
M. Ryan: Que M. Barsalou avait pris un congé de maladie
vers le moment où cette enquête a été
instituée. Je ne sais pas s'il serait revenu récemment.
M. Gendron: Oui, nous savons qu'il est revenu.
M. Ryan: En tout cas, aux rencontres que j'ai eues avec la
commission, j'en ai eu au moins à trois reprises à ce
sujet-là, il n'était pas là. Il y avait une personne qui
le remplaçait. Il était, m'a-t-on dit à ce
moment-là, absent en congé de maladie. La question que vous posez
trouvera sa réponse lorsque j'aurai le rapport de M. Ver-reault. Si M.
Verreault m'a fourni des renseignements qui sont substantiellement graves, il
est évident qu'il faudra examiner la question qui est posée. Au
stade où on en était dans la cueillette de ces renseignements, je
ne pouvais pas arriver à une conclusion comme celle-là, d'autant
plus que selon les renseignements dont je disposais, la personne était
en congé, n'était pas en état de prendre les
décisions que pourrait redouter le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Dernière question sur ce dossier, en ce qui me
concerne, M. le ministre. Premièrement, est-ce que vous pouvez prendre
l'engagement, étant donné que cela a été
évoqué devant les membres de la commission de l'éducation,
qu'à tout le moins, les informations à la suite du rapport de M.
Verreault soient communiquées aux membres de la commission;
deuxièmement, est-ce que vous pouvez nous indiquer à quel moment
M. Verreault a laissé voir qu'il pourrait, à tout le moins, vous
remettre quelque chose de préliminaire? Autrement dit, est-ce que M.
Verreault a un mandat pour lequel on va attendre l'an 2000 ou est-ce qu'il a eu
un échéancier assez précis dans lequel vous avez
indiqué que vous souhaitiez qu'il travaille? (16 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je compte convoquer M. Verreault très
prochainement à moins qu'il ne demande à
me voir pour me faire part des résultats de son travail. Je
compte le convoquer prochainement pour savoir exactement où il en est et
ce que nous devons attendre. Je ne voulais pas l'ennuyer trop pendant
l'exécution de son travail. Je voulais qu'il le fasse librement, sous sa
propre responsabilité. Étant donné les questions qui ont
été soulevées aujourd'hui, je rencontrerai M. Verreault
pour savoir exactement où il en est et, selon la nature des
renseignements qu'il aura recueillis et le type de rapport qu'il envisage de me
faire, j'aviserai quant à l'information de la commission. Je ne peux pas
prendre l'engagement qua vous me demandez sans nuance.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous d'autres
questions sur le programme 4, M. le député?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Toujours sur le
programme 4, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: À l'égard du programme 4, M. le
Président, je voudrais toucher un peu toute la question de
l'éducation des adultes, vu que ma collègue est ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si j'ai bien
compris, Mme la députée de Johnson aimerait poser des
questions?
M. Gendron: Non, pas pour l'instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non. Vous avez le
droit, Mme la députée, d'intervenir, pour autant qu'il y ait
entente avec le porte-parole officiel de votre formation politique.
Intégration scolaire
M. Gendron: il y a entente. Il n'y a pas de problème.
M. le ministre, je voudrais toucher un peu le dossier de
l'intégration scolaire avant de toucher à l'éducation des
adultes. Rapidement, pour ce qui est de l'intégration, M. le ministre,
le processus d'intégration des enseignements primaire et secondaire se
poursuit, mais d'après les informations que j'ai, il se poursuit
lentement, très lentement, pour ne pas dire laborieusement. En
1988-1989, trois projets ont été menés à terme.
Donc, on retrouve présentement 207 commissions scolaires sur le
territoire québécois; 118 sont intégrées, 69 sont
encore locales et 20 sont régionales. À moins que je ne me
trompe, il y a deux projets en cours: Pascal-Tache et Vieilles-Forges qui
ramèneraient ce nombre à 203 au 1er juillet 1989. Des
démarches et des pourparlers se poursuivent à certains endroits,
mais rencontrent des oppositions et des obstacles.
Il y a deux cas dont j'aimerais parler. Le dossier de Chambly et celui
de Belle-Rivière. À partir du 1er juillet, M. le ministre, vous
savez que la nouvelle loi sur l'instruction publique, une nouvelle loi
modernisée, rafraîchie, dépoussiérée, vous
permettra, comme ministre, d'intervenir pour trancher des litiges au sujet du
partage des actifs, parce que dans bien des cas c'est le sujet qui fait litige.
Dans d'autres cas, ce sont les territoires, dans d'autres cas, ce sont les
options ou le personnel.
Pour ma première question, j'aimerais que vous preniez quelques
minutes, M. le ministre, pour me parler du dossier de Chambly. J'y vais
rapidement pour mes deux ou trois" questions sur le dossier de Chambly. Est-ce
que vous avez l'intention d'intervenir? Est-ce que vous ne considérez
pas qu'une démarche de la direction régionale pourrait être
utile pour faire avancer le dossier? Parce que selon ce que j'observe, on ne
peut pas parler d'un dossier qui avance, on doit parler plutôt d'un
dossier qui piétine depuis de nombreuses années. Les remarques
qu'on m'a faites dans ce dossier, M. le ministre, disent que c'est sûr
qu'il y a des pertes de temps, d'argent et d'énergie à
constamment refaire, défaire, modifier ses devoirs, etc., surtout si
vous n'avez pas l'intention d'intervenir et que, pour vous, Chambly s'arrangera
avec ses difficultés. Mais de deux choses l'une, d'après moi. Si
vous n'avez pas l'intention de prendre une décision quelconque, ce qui
est votre droit le plus strict, il serait peut-être bon d'indiquer aux
intervenants qu'étant donné les difficultés, de ne pas
placer toute leur énergie et leurs efforts dans ce dossier.
Sur le dossier de Chambly, rapidement, avez-vous l'intention
d'intervenir? Pensez-vous qu'une commande de votre part auprès de la
direction régionale, disant: Je veux une proposition de
règlement, cela serait intéressant à ce moment-ci ou
écartez-vous cette avenue... Finalement, est-ce que, volontairement,
vous attendez le délai fatidique du 1 er juillet?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: il ne se produira sûrement pas grand-chose avant
le 1er juillet à la commission scolaire régionale de Chambly. En
matière d'intégration des enseignements primaire et secondaire,
nous parlons en fonction de la loi 107 parce que nous sommes au
crépuscule de la loi actuelle. Il n'y a plus grand-chose qui peut
être entrepris en ces choses sous l'empire de la loi actuelle de
l'instruction publique. Dans le cadre de la loi 107, le principe de
l'initiative première des commissions scolaires demeure. Le ministre et
le gouvernement ne se sont pas vu conférer par la loi 107 le pouvoir de
procéder d'autorité à des regroupements ou à des
fusions de commissions scolaires. Le député s'en souvient
très bien. Je crois qu'il aurait été opposé
à une telle disposition. Ce qu'on dit essentiellement dans la loi 107,
c'est que le gouvernement peut modifier les frontières d'une commission
scolaire sur la demande des commissions scolaires concernées. Il peut
procéder à des intégrations lorsque des projets sont
soumis par des commissions scolaires d'un territoire.
Maintenant, l'élément original de la loi 107 est le
suivant. Nous avons introduit dans la loi une disposition en vertu de laquelle
lorsqu'il n'y a pas unanimité entre les commissions scolaires
concernées sur un projet d'intégration et surtout sur le
problème toujours capital de la disposition des actifs et des passifs en
cas d'intégration, là, le ministre s'est vu conférer un
pouvoir d'arbitrage par le législateur avec la loi 107. Donc, prenons le
cas de Chambly pour revenir à celui-ci. Il y a dans les commissions
scolaires affiliées à la régionale Chambly, des
commissions scolaires très déterminées à faire
l'intégration des enseignements primaire et secondaire sur leur
territoire et il y en a d'autres qui veulent garder une régionale sous
le modèle actuel.
Dès que je serai saisi de représentations d'une ou de
quelques commissions scolaires désireuses de faire leur
intégration, mais incapables de s'entendre avec les autres sur la
disposition des actifs et des passifs, j'aurai autorité pour me saisir
du dossier et intervenir au besoin. Là, je pourrai faire des
propositions dans le sens qu'indiquait la question du député
d'Abitibi-Ouest quant à des solutions possibles, quant à des
accommodements, etc. Je pense qu'on aura un nouvel élément
dynamique dans la situation qui faisait défaut jusqu'à
maintenant.
Mais pour l'instant, je m'en suis tenu à observer le travail de
consultation qui se faisait à la commission scolaire régionale de
Chambly. Je fus très encouragé, l'an dernier, par une tentative
d'examen d'un projet d'intégration qui semblait avoir été
accepté de toutes les commissions scolaires concernées, mais j'ai
eu l'impression au cours des dernières semaines que cette tentative
restait artificielle et qu'on n'a pas beaucoup progressé.
M. Gendron: Mais, M. le ministre, dans Chambly, il me semble, et
vous admettez qu'il y a autre chose qu'uniquement la question des actifs et des
passifs. En conséquence, quand je vous ai posé la question
à savoir si vous attendiez au 1er juillet dans le but d'en arriver
à une proposition de règlement, je suis convaincu qu'il ne
fallait pas comprendre ça par mes propos. Je sais que d'ici le 1er
juillet, il n'y a pas plus de chances, mais c'est justement pourquoi je voulais
savoir, comme ministre, si vous considérez qu'une démarche de la
direction régionale permettrait de conclure à une proposition de
règlement d'ici le 1 er juillet?
M. Ryan: Je conclus que ce serait impossible.
M. Gendron: D'accord. Le dossier de Belle-Rivière,
ça fait longtemps qu& ça roule. À un moment
donné, je regarde ici une coupure de journal du 22 janvier: M. Claude
Ryan attendait une proposition unanime du milieu, mais le sérieux
désaccord oblige une intervention rapide du ministre. Dans le dossier
Belle-Rivière, aujourd'hui, tout ce que je voudrais c'est, pour le
bénéfice des membres de la commission, que vous preniez deux
minutes pour donner votre position comme ministre de l'Éducation. Encore
là, dans le dossier Belle-Rivière, allez-vous laisser aller les
intervenants? Avez-vous des intentions d'interventions? Sinon, pourquoi et si
oui, quand allez-vous les communiquer aux concernés?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: il me fait plaisir de rappeler tout d'abord qu'en plus
des nombreuses visites que j'ai reçues à mon bureau, de
Montréal ou de Québec, des commissaires concernés, je suis
allé effectuer une visite dans le territoire de la commission scolaire
régionale du Lac-Saint-Jean où se trouve située la
commission scolaire Belle-Rivière, en janvier dernier. Jai
constaté, à l'occasion de ma visite, que sur onze commissaires
d'école à Belle-Rivière, il y en a six qui favorisent un
projet d'intégration sur le teritoire de Belle-Rivière et cinq
qui favorisent plutôt un projet de fusion avec la commission scolaire
d'Alma.
Étant donné cette situation très délicate,
j'ai insisté auprès de tout le corps des commissaires pour qu'on
procède à une auscultation très sérieuse de
l'opinion de la population et j'ai même mandaté une personne
à cette fin pour aider les commissaires à procéder
à une consultation sérieuse. Des réunions publiques
d'information ont eu lieu en février et en mars, à ma
connaissance. Ces réunions n'ont peut-être pas produit le
débat et le dialogue que l'on aurait pu souhaiter. Elles ont
été plutôt des réunions où chaque partie a
essayé de vendre son point de vue à la population. À
l'issue de ces rencontres, le groupe majoritaire qui favorise
l'intégration a produit une proposition d'intégration qu'il a
transmise à la direction régionale du ministère. Cette
proposition est présentement à l'étude à la
Direction régionale, laquelle fera rapport dans quelque temps.
Parallèlement, j'apprenais ces jours derniers que le groupe minoritaire
lui-même ou les constituantes qu'il représente, sont en train de
préparer une pétition d'annexion à la commission scolaire
d'Alma. Je n'en ai pas encore été saisi. J'étais à
Chicoutimi vendredi et on m'a informé de ces faits. J'attendrai de
recevoir cette pétition. Vous savez qu'en cas de pétition
d'annexion, il appartient à la population de se prononcer et en fin de
compte, au gouvernement, de trancher. Nous aurons tous ces
éléments dans le dossier au cours des prochaines semaines et
c'est en tenant compte de tous ces éléments que nous
prendrons, éventuellement la décision appropriée.
M. Gendron: Pour ce qui est de Pascal-Tache, on a
dé]à écrit toutes sortes de choses. Entre autres,
l'intégration scolaire attend l'accord du ministre de
l'Éducation, M. Ryan. La question que je vous pose est celle-ci: Est-ce
que Pascal-Taché, c'est réglé, en ce qui concerne la
viabilité de la petite commission scolaire qui voulait se
détacher de la régionale et fonctionner seule?
M. Ryan: Dans le cas de Pascal-Taché, c'est une commission
scolaire régionale qui réunit les commissions scolaires de la
région de Montmagny-L'Islet-Saint-Pamphile. Un projet
d'intégration est à l'étude depuis déjà un
certain temps. Je suis allé dans la région il y a quelques mois.
J'ai rencontré les commissaires de chacune des commissions scolaires et
j'ai constaté qu'un problème particulier se pose du
côté de Saint-Pamphile. C'est une zone géographiquement
éloignée parce qu'elle est de l'autre côté des
montagnes, en allant du côté de la frontière
américaine, et les citoyens de cette zone ont accumulé depuis de
nombreuses années de nombreux griefs à l'endroit de ceux de la
zone plus peuplée de Montmagny.
Ces citoyens insistent pour former une commission scolaire à eux
et la viabilité d'une telle commission scolaire devait être
démontrée d'une manière raisonnable comme nous le faisons
toujours dans les projets d'intégration. Je suis saisi de ces projets.
Je n'ai pas encore communiqué de décision et je compte le faire
avant l'ajournement de l'été.
M. Gendron: Au moment où on se parle, le ministre n'a pas
pris de décision au sujet de Pascal-Taché?
M. Ryan: Pardon!
M. Gendron: Le ministre n'a pas pris de décision, à
ce moment-ci?
M. Ryan: Non, pas encore. Maintenant, j'ai été
saisi d'un autre problème entre-temps. Vous le savez peut-être, du
côté de Saint-Philémon. C'est une municipalité qui
fait partie du Territoire de la MRC de Bellechasse et qui, pour des fins
scolaires, fait partie de la commission scolaire de Montmagny. Or, une partie
importante de la population, à l'occasion des discusions autour du
projet d'intégration, demande que l'on considère la
possibilité de son rattachement à la commission scolaire de
L'Élan qui est dans le territoire de Bellechasse. Ce problème est
également à l'étude et il faudrait établir si,
éventuellement, la population de Saint-Philémon veut s'en aller
du côté de la commission scolaire de l'Élan, et si la
commission scolaire de Mont- magny, qui restera, sera suffisamment viable. Nous
étudions tous ces facteurs avant de prendre une décision
définitive dans ce cas. (16 h 30)
Dans le cas de Saint-Pamphile, je pense que les représentations
qu'on nous a faites... Je suis allé moi-même sur les lieux avec
mes collaborateurs et je crois que le facteur géographique est un
facteur très important que nous ne pouvons pas ignorer. Il faut arriver
à une mesure de réussite probable, assez élevée,
quand même, pour consentir à la création d'une commission
scolaire distincte, et c'est ce que nous continuons d'examiner.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnaîtrais maintenant, du côté ministériel, Mme la
députée de Jacques-Cartier, toujours sur le programme 4. Mme la
députée.
Régime pédagogique dans la communauté
anglophone
Mme Dougherty: Merci. J'aimerais demander au ministre si les
faiblesses du régime pédagogique soulevées par la
communauté anglophone vont recevoir une oreille attentive du
ministère.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Dougherty: Je parle d'histoire, de sciences, etc.,
soulevées récemment, lors du jugement de la Cour
suprême.
M. Ryan: Dans les représentations faites aux tribunaux par
les commissions scolaires protestantes, je crois qu'il y avait une part de
fondement et, peut-être, une part d'exagération. Il y avait
vraiment un refus de certains éléments qui font partie du
régime pédagogique qui, à mon point de vue, était
poussé trop loin; il y avait d'autres considérations très
valables. Depuis déjà quelques années, nous nous
employons, de concert avec les commissions scolaires qui dispensent
l'enseignement en langue anglaise et les commissions scolaires protestantes, en
particulier, à mettre au point non seulement des traductions
littérales des programmes, mais aussi des traductions adaptées,
qui tiennent compte de la mentalité des milieux protestants. C'est
tellement vrai que le Bureau des écoles protestantes du grand
Montréal, par exemple, s'est vu confier par contrat la
responsabilité de préparer lui-même des adaptations de ses
programmes. Je pense que ce travail se fait dans un esprit de saine
collaboration. Je vous dirai franchement que, au cours de la dernière
année, je n'ai pas été saisi d'appréhension
particulièrement aiguë de la part des milieux anglo-protestants de
ce côté, parce qu'ils savent très bien que le
ministère veut se rapprocher de leurs préoccupations
véritables et, peut-être, s'enrichir davantage de la tradition
pédagogique très importante dont ils
sont les dépositaires. Alors, je voudrais assurer la
députée de Jacques-Cartier que, dans toute la mesure où
l'adaptation des programmes peut se faire pour les milieux anglophones et
protestants, d'une façon qui en respecte les objectifs essentiels, nous
sommes tout à fait disposés aux efforts d'adaptation
nécessaires en ce qui touche les mathématiques et les siences,
surtout au deuxième cycle du secondaire où des problèmes
très aigus existent actuellement. Nous travaillons sur ces
problèmes.
J'ai indiqué ce matin, dans mon exposé liminaire, qu'une
consultation devait se faire ces jours-ci. Pour les commissions scolaires, nous
proposons des changements très significatifs mais, avant de les proposer
au gouvernement pour modifier le régime pédagogique, nous voulons
d'abord avoir l'opinion des commissions scolaires. L'avis des commissions
scolaires protestantes nous sera très utile à cet
égard.
Mme Dougherty. Et, en ce qui concerne le programme
d'histoire?
M. Ryan: Quant au programme d'histoire - et là, M.
Cadieux, qui est à mes côtés, apportera les
compléments ou même les corrections nécessaires -
d'après ce que je comprends, je l'ai examiné dans ses grandes
lignes, est un programme d'histoire du Québec et du Canada qui traite de
l'histoire du Québec dans le Canada d'une manière fort
convenable, jusqu'à l'époque contemporaine exclusivement. Pour
l'époque contemporaine, on traite presque uniquement du Québec;
il y a des ajustements à faire de ce côté et je veux
assurer la députée de Jacques-Cartier que je suis
intéressé à obtenir ces ajustements, parce que le
Québec continue de faire partie du pays canadien et il n'est pas normal
que toute la période contemporaine fasse abstraction de cette
réalité. C'est un des griefs qui était fondé et que
nous devrons examiner en vue d'y donner satisfaction.
Mme Dougherty: Merci.
M. Ryan: J'ajoute qu'il était laissé à
l'initiative de l'enseignant d'ajouter des éléments dans son
enseignement. Il n'était pas contraint à la lettre. Le programme
est un guide général qui fixe certains objectifs, mais rien
n'empêche les commissions scolaires ou les enseignants d'ajouter des
objectifs complémentaires qui permettent de fournir un tableau plus
large. Je sais que plusieurs enseignants, et du côté anglophone et
du côté francophone, ont vu, de leur propre initiative, à
compléter ce qui pouvait faire défaut au programme et n'ont
jamais été blâmés pour cela. Dans certains
plaidoyers dont j'ai fait la lecture, on créait l'impression qu'on
vivait dans une espèce de cage intellectuelle...
Mme Dougherty: Oui, je sais.
M. Ryan: ...où les ukases émanaient du
ministère de l'Éducation et on devait se conformer
littéralement sous peine d'être condamnés, foudroyés
ou excommuniés par l'autorité pédagogique régnante.
Ce n'est pas comme ça que les choses se passaient. Ce n'est pas comme
ça que je les laisserais se passer. Déjà, avant que nous
arrivions au pouvoir, cela ne se passait pas comme ça, quoiqu'on puisse
penser que d'autres gouvernements auront peut-être été
moins préoccupés pour certaines dimensions que ne l'est le
gouvernement actuel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. D'autres interventions, Mme la députée de
Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Oui. Avez-vous calculé le coût
supplémentaire imposé à l'ensemble des commissions
scolaires par les exigences de la politique d'achat des livres scolaires?
M. Ryan: Est-ce que la députée de Jacques-Cartier
pourrait répéter la question, s'il vous plaît?
Mme Dougherty: Oui. J'aimerais savoir si vous avez des chiffres.
Avez-vous calculé le coût supplémentaire imposé
à l'ensemble des commissions scolaires par les exigences de la politique
d'achat des livres scolaires? Vous savez, ça coûte très
cher aux commissions scolaires depuis l'imposition de la politique d'achat de
livres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
sur la politique d'achat.
M. Ryan: Je répondrai à la députée de
Jacques-Cartier que je ne possède pas les renseignements qu'elle a
demandés, il serait inutile que je disserte autour de cette question,
mais nous irons aux renseignements. Je souligne deux choses: il y a la
politique du gouvernement en matière de livres et de librairie; il y
avait la politique du ministère en matière d'approbation de
manuels. Le ministère n'achète pas de manuels, comme le sait la
députée de Jacques-Cartier. Il approuve des programmes et,
ensuite, des manuels dont la publication et la diffusion relèvent de
l'initiative d'éditeurs. Pour vendre des manuels à une commission
scolaire, un éditeur - d'après ce que je comprends de la
politique du livre - doit passer par un libraire. Il y a peut-être une
inflation de prix qui se produit. Je verrai à ce qu'on produise des
renseignements là-dessus et qu'ils soient communiqués à la
députée de Jacques-Cartier et aux membres de la commission un peu
plus tard. Je n'ai pas ces renseignements aujourd'hui. C'est un aspect qui n'a
pas été l'objet de mon attention personnelle depuis un bon bout
de temps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. D'autres interventions,
Mme la députée?
Mme Dougherty: J'ai simplement un commentaire. Comme je crois que
le coût supplémentaire est assez important, substantiel, je me
suis toujours demandée pourquoi on ne transfère pas ça.
Effectivement, c'est une subvention - c'est un "subsidy" - aux vendeurs de
livres payée par le ministère de l'Éducation par les
commissions scolaires. Je me demande toujours pourquoi ce n'est pas le
ministère des Affaires culturelles qui paie cette subvention au lieu des
commissions scolaires. Franchement, comme les budgets sont très
restreints, pourquoi ajoute-t-on ce fardeau aux commissions scolaires? Ce n'est
pas une nouvelle question. Cela dure depuis des années. Je crois qu'il
faudrait peut-être examiner la portée de cette politique sur le
budget des commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, avez-vous une remarque sur le
commentaire de Mme la députée?
M. Ryan: Oui, j'ajouterais un bref commentaire. Il y a
déjà plusieurs années, le gouvernement décidait
qu'il était nécessaire, pour le développement de la vie
intellectuelle et de la culture sur le territoire québécois,
qu'il existe des librairies à la portée de la population dans les
différentes parties du Québec. Il décidait,
complémentairement, qu'il était absolument nécessaire
d'utiliser le pouvoir d'achat du gouvernement et des corps publics afin de
procurer à ces librairies un certain soutien sans lequel, d'un point de
vue purement du marché, la plupart de celles qui étaient
situées en dehors des grands centres n'auraient pas de chance de survie.
C'est là qu'on a décidé d'utiliser le pouvoir d'achat des
commissions scolaires, pour fournir un soutien au maintien de librairies dans
les principales régions du Québec. On peut bien s'interroger sur
cette politique, se demander si ça devrait être un
ministère ou l'autre mais, au bout de la ligne, ça reviendrait au
même parce que tous les fonds dont disposent les ministères
émanent du trésor commun, du fonds consolidé du revenu. On
peut les comptabiliser d'une manière ou de l'autre, c'est tout... En
tout cas, je prends note de la remarque. Je vais faire faire un examen de cette
situation et je ferai rapport à la députée dès que
j'aurai les données nécessaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
Enseignement de l'anglais
M. Gendron: M. le ministre, avant que ma collègue de
Johnson revienne sur les mobilisations, puisque la collègue de
Jacques-Cartier, membre de cette commission, a touché à la
question de l'enseignement de l'anglais à la suite du jugement, je
voudrais juste finir cette partie avant de toucher à un autre point qui
m'intéresse, afin de rester sur le même sujet, soit celui du
régime pédagogique, parce qu'à un moment donné, il
y a des liens avec celui-ci.
La question que je voudrais vous poser, M. le ministre... Je ne ferai
pas l'historique du jugement du 23 mars de la Cour suprême qui a dit que,
comme je l'ai évoqué dans ma présentation ce matin,
même un petit gouvernement de province a les capacités d'imposer
un régime pédagogique universel pour toutes les écoles et,
en ce sens, le régime pédagogique est valide. Cela signifie que
des commissions scolaires vont devoir se replacer dans le bon chemin, parce
qu'on sait d'où venait cette contestation du régime
pédagogique, afin de débuter l'enseignement de l'anglais en
quatrième année.
Le ministre a procédé correctement en disant: J'invite les
commissions scolaires à se soumettre au jugement. Là où
c'est un peu moins drôle, c'est qu'il s'est dit prêt à
négocier un jugement. Il a appelé ça l'accord pour
négocier les modalités du retour à la
légalité. Toujours pour placer tout ça dans son contexte,
on sait que c'est à peu près 10 000 élèves qui ont
bénéficié de cette interprétation de pouvoir suivre
des cours d'anglais avant la première année du second cycle de
l'élémentaire. On sait que certaines commissions scolaires, comme
la PSBGM, se servent de l'enseignement de l'anglais, en première
année, pour attirer des clientèles dans leur secteur
francophone.
Alors, voici les questions à ce sujet. Le ministre a-t-il
rencontré les commissions scolaires protestantes? Deuxièmement,
quelle a été sa position, clairement? Troisièmement,
est-ce qu'elles devront éliminer totalement l'enseignement de l'anglais,
langue seconde avant la quatrième année, dès septembre
prochain? Et, combien de commissions scolaires se sont engagées dans des
expériences d'enseignement précoce de l'anglais, en vertu des
projets d'innovation prévus au régime pédagogique?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Tout d'abord, les faits. Il y a à peu près
une douzaine de commissions scolaires où l'on dispense actuellement des
cours d'anglais, langue seconde au premier cycle du primaire. À vrai
dire, ça se ramène à huit ou dix commissions scolaires. Il
y en a qui n'ont pratiquement rien, mais quand même.
Essentiellement, lorsque la Cour suprême a rendu son jugement, il
y a quelques semaines, elle a déclaré deux choses. Tout d'abord,
que ce jugement serait observé, qu'il devrait être appliqué
et, deuxièmement, avant d'arrêter les modalités du retour
complet à la légalité, je voudrais entendre les
représentations qu'auraient à me soumettre les commissions
scolaires concernées. (16 h 45)
Le 6 avril, j'ai convoqué les présidents et les directeurs
généraux des commissions scolaires concernées. Je peux en
donner fa liste, si on le veut: Rivière-du-Loup, Saguenay Protestant
School Board, Greater Québec, Saint-Maurice Protestant School Board, Des
Chenaux, Château-guay, Greenfield Park, Jérôme-Le Royer,
CECM, CEPGM, Western Québec et Greater Seven Islands. J'ai
convoqué ces personnes à une réunion qui aura lieu
à mon bureau de Montréal le 21 avril prochain. Dans la lettre
dont je peux vous donner connaissance: À la suite du récent
jugement de la Cour suprême relativement au pouvoir du gouvernement
d'établir un régime pédagogique, il me paraît
approprié de tenir une rencontre avec les dirigeants des commissions
scolaires qui dispensent les services de l'enseignement de l'anglais, langue
seconde au premier cycle du primaire afin que nous puissions examiner les
moyens de faire en sorte que les dispositions du régime
pédagogique soient observées dans toutes les commissions
scolaires.
M. Gendron: Cela va M. le ministre. La rencontre aura lieu.
Cependant, quelle sera votre position à cette rencontre, comme ministre
de l'Éducation? C'est intéressant.
M. Ryan: J'arrêterai la position après avoir entendu
le point de vue des commissions scolaires concernées, comme je le fais
toujours. Cela prend un petit peu plus de temps, mais ça donne des
résultats plus sûrs, mais toujours dans la perspective du principe
que le jugement de la Cour suprême doit être appliqué.
M. Gendron: Je sais que vous avez l'habitude de rencontrer les
intervenants avant de faire connaître vos positions, sauf que lorsque
vous vous êtes exprimé publiquement et, encore là, vous
êtes membre d'un gouvernement, donc votre position, comme gouvernement,
est devenue publique, vous avez dit: Je suis prêt à
négocier les modalités de retour à la
légalité. C'est vous qui avez dit ça. Alors, qu'est-ce
qu'il y a dans votre besace de négociations? Sans faire valoir tous les
points de négociations, vous êtes sûrement en mesure
d'indiquer si, oui ou non, il y aura un certain, non pas laxisme, mais une
certaine permissivité pour extensionner le retour à la normale
autre que septembre 1989. C'est ma question.
M. Ryan: Je serai en mesure de communiquer la décision que
je retiendrai à ce sujet après cette rencontre avec les
commissions scolaires. J'aime mieux, pour le moment, ne pas avoir jugé
la cause avant d'avoir entendu une dernière fois le point de vue de ces
gens dont j'aurais souhaité, en retour, qu'ils me consultent aussi avant
d'agir comme ils l'ont fait.
M. Gendron: Oui. Combien de commissions scolaires font
l'expérience du bain linguistique?
M. Ryan: 11 y en a environ huit ou dix. Le bain linguistique,
oui.
M. Gendron: Non, mais en cinquième et sixième
année.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Gendron: Celles qui font l'expérience.
M. Ryan: Peut-être huit ou dix.
M. Gendron: Huit ou dix. Et les projets d'innovation. J'avais
aussi ça comme question. Combien de commissions scolaires sont
engagées dans les expériences d'enseignement précoce de
l'anglais en vertu de projets d'innovation prévus au régime
pédagogique?
M. Ryan: il y en avait une, soit la commission scolaire de
Gatineau qui avait été l'objet d'une autorisation dans des
circonstances dont je ne parviens pas à me souvenir. Mais, elle a mis
fin à ce projet. Il est terminé. Dans les autres cas... Votre
question est sur les commissions scolaires, premier cycle du primaire?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: il y a le PSBGM^qui, comme vous le savez, donne
l'enseignement de l'anglais, langue seconde au premier cycle du primaire depuis
toujours.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: il le donnait avant l'avènement du régime
pédagogique en 1980, je pense, et il a continué de le donner
pendant tout le mandat du gouvernement précédent. Quand nous
sommes arrivés au pouvoir, j'ai déclaré, dès ce
moment-là, que je préférais attendre le jugement de la
Cour suprême avant de régler ce problème. Entre-temps,
d'autres commissions scolaires se sont lancées, soit la commission
scolaire Jérôme-Le Royer qui n'a jamais reçu d'autorisation
de ma part, mais dont le président, que je rencontrais à ce sujet
l'automne dernier, m'a donné l'assurance que la commission mettait fin
à son projet cette année et qu'après ça, ce serait
terminé. La CECM s'est lancée dans des expériences. Je
crois que le directeur général aurait même
déclaré un jour, d'après un article que j'ai lu dans les
journaux, que ces gens auraient fait ça sans en parler au ministre parce
qu'ils étaient assurés que ça ne lui déplaisait pas
trop. C'est absolument faux. La seule opinion que j'ai toujours eue à
propos de l'initiative de la CECM, c'est qu'elle aurait dû solliciter en
bonne et due forme l'autorisation du ministre.
M. Gendron: Combien y en a-t-il qui ont une autorisation et qui
font l'expérience?
M. Ryan: Regardez, je les ai données tantôt. J'ai
donné la liste tantôt. C'est la même liste.
M. Gendron: Non, ce sont celles qui dérogeaient au
régime pédagogique.
M. Ryan: il n'y en a pas. Il n'y en a aucune actuellement. C'est
ça, la réponse. Aucune.
M. Gendron: Alors, il n'y a aucune commission scolaire qui s'est
engagée dans des expériences d'enseignement précoce de
l'anglais qui a l'autorisation du ministre de le faire. C'est ça?
M. Ryan: Aucune, M. le Président.
M. Gendron: Merci. N'y a-t-il pas une demande de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, la CECM, pour en faire l'an
prochain? Est-ce que vous avez reçu une demande pour en faire l'an
prochain?
M. Ryan: Je n'en ai point reçu. Cela a pu arriver à
la direction régionale, mais moi, je n'en ai point eu.
M. Gendron: Vous, comme ministre, vous n'avez pas eu de demande.
Cela va sur ça. Comme j'ai d'autres sujets, dans le programme 4, si le
président acceptait, ma collègue de Johnson reviendrait quelques
minutes sur...
M. Ryan: Avant que nous ne fassions ça, M. le
Président, est-ce que nous pourrions donner un complément
d'information sur des questions laissées en plan?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'ai pas
d'objection. Tout dépend.
M. Gendron: Cela dépend sur quoi.
M. Ryan: D'abord, sur la commission scolaire Davignon. Ensuite,
sur la commission scolaire de Sept-îles.
M. Gendron: Si vous n'avez pas d'objection, après que ma
collègue ait passé. Je vais revenir après. Alors, je vais
recevoir les informations additionnelles et je verrai.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous allons
écouter Mme la députée de Johnson.
M. Ryan: Vous serez encore mieux préparé.
M. Gendron: Oui, oui, je m'en doute.
École Sainte-Jeanne-d'Arc-de-Lefebvre
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais
vous entretenir d'un problème que l'on vit et dont vous êtes au
courant. Depuis octobre 1987, M. le ministre, plusieurs lettres et demandes
vous ont été adressées de la part de l'école
Sainte-Jeanne-d'Arc-de-Lefebvre. Cette école a demandé un
agrandissement parce que les tout-petits de quatre et cinq ans sont
obligés de faire une heure et une heure et demie d'autobus pour aller
à la municipalité voisine qui s'appelle Wickham. Aujourd'hui,
nous sommes en présence d'élèves de la sixième
année qui sont obligés de se rendre à Durham-Sud ou
à Wickham pour continuer leur cours. L'école contient quatre
petits locaux de classe, dont deux ne sont pas fonctionnels. Il y a de la place
pour douze à quinze élèves dans une classe. Vous
comprendrez que c'est inacceptable dans les années qu'on vit
aujourd'hui. La population a augmenté d'au-delà de 18 %. C'est la
plus forte et la plus grosse augmentation dans la MRC de Drummond et qui est
dans la commission scolaire des Chênes. On a fait des
représentations. Si je vous disais, juste pour vous situer, que la
cuisine sert de secrétariat, de bureau de direction, de
cafétéria, de salle d'ordinateurs, de salle de reprographie. Les
corridors servent de vestiaires, avec les crochets très bas, etc. C'est
dangereux quand les enfants passent. Ils ont demandé quelques locaux
supplémentaires. Je pense que c'est tout à fait dans l'ordre que
vous puissiez avoir pour eux une attention particulière. Les gens de la
commission scolaire sont allés sur place et ils ont même
accepté, l'été dernier, de leur donner quelques dollars
pour rafraîchir l'école mais, la rafraîchir, cela ne
l'agrandit pas. Vous comprendrez aussi qu'envoyer des tout-petits qui font une
heure ou une heure et demie d'autobus, des enfants de quatre et cinq ans et les
enfants de sixième année aussi... C'est la raison pour laquelle
je viens intercéder aujourd'hui, pour que vous puissiez regarder
ça d'un oeil favorable. Franchement, c'est un besoin plus que
criant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je remercie la députée de Johnson de
porter ce problème à mon attention. Je lui dirai que pour la
programmation de l'année 1988-1989, à ma connaissance, la
commission scolaire des Chênes n'avait pas inscrit ce projet parmi les
priorités soumises à notre examen. Je ne me souviens pas. Nous
avons examiné les projets de chaque région. Je n'ai pas
souvenance de celui-là. Quoi qu'il en soit, les décisions pour
1988-1989 ont déjà été prises. Je vérifierai
maintenant deux choses. Je vérifierai si la commission scolaire a soumis
ce projet à la direction régionale de la région 04 pour
l'année 1989-1990. Dans l'hypothèse affirmative, je prendrai
connaissance de l'évaluation faite du projet par la
direction régionale. En troisième hypothèse,
j'examinerai le projet avec mes collaborateurs et je serai appelé
à trancher, en fin de compte. Je suis bien content d'avoir entendu les
représentations de la députée de Johnson à ce
sujet. Nous les examinerons attentivement. Je lui suggérerais de
vérifier de son côté et de bien s'assurer que la commission
scolaire des Chênes a saisi la direction régionale de ce projet en
temps utile.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Johnson, d'autres interventions? Mme
la députée.
Mme Juneau: M. le Président, je voudrais savoir une chose.
Vous dites que vous devez faire une vérification. Je sais que la
commission scolaire des Chênes a déjà eu cette
priorité. Je ne sais pas si elle a changé à la
dernière rencontre, mais je sais que cela a déjà
été indiqué comme priorité. Comme je vous l'ai dit
l'été dernier, étant donné qu'on avait donné
quelques dollars pour le rafraîchissement de l'école, je ne sais
pas si c'est ça qui lui a fait dire: Un autre est plus urgent que le
vôtre. Je serais très heureuse que vous regardiez ça parce
que c'est vraiment un besoin urgent.
M. Ryan: Lorsqu'un député fait des
représentations insistantes auprès de moi afin de voir à
en discuter avec la commission scolaire concernée, même si ce
n'est pas toujours inscrit dans ses livres, c'est normal et cela fait partie de
l'échange politique que nous devons avoir. Encore une fois, j'assure la
députée de Johnson de ma vigilance. La réponse viendra
plus tard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Ryan: On va regarder ça. De son côté, si
la députée de Johnson a d'autres représentations, qu'elle
nous en fasse part. Nous les écouterons avec attention.
Mme Juneau: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela vous
satisfait, Mme la députée?
Mme Juneau: J'aimerais mieux qu'il me dise qu'il va me la donner,
mais en tout cas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Si le ministre de l'Éducation veut me
donner les deux éléments de réponse additionnelle qu'il a
indiqué avoir en sa possession, avant de poursuivre concernant les
élèves handicapés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Concernant la
commission scolaire Davignon, si je me souviens et...
Politique d'achat de la commission scolaire de Sept
îles
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais parler des
représentations évoquées par le député
d'Abitibi-Ouest concernant la politique d'achat de la commission scolaire de
Sept-îles. Après avoir été saisi des
représentations d'un M. Jean-Marie Gagnon, j'avais tout de suite
demandé à nos services compétents de procéder
à des vérifications, ce qu'ils ont fait. Dès; l'automne
dernier, je recevais des indications à la suite des vérifications
faites. M. Gagnon s'est vu adresser par notre sous-ministre adjoint aux
réseaux, M. Jean-Claude Rondeau, le 20 octobre 1988, la lettre suivante:
Monsieur, lors de vos différentes communications avec le
ministère, vous souleviez des doutes sur l'impartialité des
soumissions octroyées par la commission scolaire de Sept-îles pour
la fourniture de photocopieurs et de papier d'impression. Les
différentes analyses effectuées par les autorités du MEQ
en région n'ont pas permis d'identifier dans la procédure suivie
par la commission scolaire de Sept-îles des gestes qui permettraient au
ministère d'intervenir dans ce dossier. Si vous pensez toujours avoir
été lésé lors de l'octroi de ces soumissions, nous
vous invitons à entamer les procédures légales que vous
jugerez appropriées pour faire respecter vos droits.
Ensuite, je crois avoir reçu d'autres représentations de
M. Gagnon, au mois de mars, concernant les procédures d'achat du
cégep. J'avais déjà fait procéder a des
vérifications dans le cas du cégep. Le 15 février, je
recevais la lettre suivante du directeur des ressources matérielles et
financières de la Direction générale de l'enseignement
collégial, copie d'une lettre adressée à M. Gagnon
également: Par votre lettre du 30 janvier, vous faites part de
réserves quant à la politique d'achat du cégep de
Sept-îles. Je vous remercie pour cette attention que vous portez à
la gestion des fonds publics. J'ai pris connaissance des documents qui
accompagnaient votre lettre et je remarque des différences entre le
devis et les équipements de votre soumission; par exemple, le nombre de
cases spécifié dans le devis est de quinze, alors que l'appareil
de votre soumission en a quatorze. De plus, le devis demande un prêt en
option pour un système d'agrafeuse à alimentation en bobine, ce
que vous n'avez pas fourni. J'ai vérifié le prix payé par
le cégep pour l'assembleuse brocheuse complète répondant
au devis et il est inférieur à la soumission de votre compagnie.
De plus, à la lumière des documents qui accompagnaient votre
lettre et en me basant sur l'expérience du passé, je n'ai rien
trouvé qui démontrait que le cégep de Sept-îles ne
respectait pas les politiques et procédures du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Dans ce cas, je ne
crois pas justifié d'intervenir auprès du collège.
C'est signé: le Directeur des ressources matérielles et
financières, Jean-Guy Farrier, que la députée
connaît.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest. (1 ; heures)
M. Gendron: M. le Président, je n'ai rien contre
ça. J'avais copie de ces lettres dans le dossier. Ce n'est pas
ça. Très clairement, est-ce que, oui ou non, ces contrats se font
sans appel d'offres? Comme vous me dites qu'il y avait quatorze cases et qu'on
en demandait quinze, je sais ça dans la lettre. Le jugement était
plus, M. le ministre, et c'est ce qui réapparaissait grave. Dans la
lettre de M. Jean-Marie Gagnon, le 9 janvier, à tous les commissaires
d'école, à la commission scolaire, et qui vous a sans doute
été envoyée, on dit: il est évident que ces gens -
en parlant de la commission scolaire et du cégep - se moquent de vous.
Puis, il pariait des commissaires. Ils se moquent de nous, du gouvernement et
des contribuables et continuent leur petit jeu de favoritisme en dépit
de nombreuses directives que vous leur avez servies.
Ma question serait plutôt la suivante: Est-ce vrai que c'est
régulier pour la compagnie Bureautech qui s'est plainte constamment
qu'elle n'a jamais pu obtenir quelque contrat que ce soit parce que, d'avance,
au cégep tout autant qu'à la commission scolaire, pas d'appel
d'offres et on n'achète pas à Bureautech de Sept-îles, on
achète directement de Québec, que vous ayez ou non les
équipements prescrits?
Ma question n'est pas compliquée: Est-ce que, oui ou non, vous
avez vérifié s'il est exact qu'il y a du matériel
pédagoqique, quel que soit, pour l'instant, le type de matériel,
que ce soit une imprimante - c'est à titre d'exemple - qui aurait pu
être achetée à Bureautech et on a la preuve que non... Le
cégep et la commission scolaire achètent, à Québec
ou ailleurs, sauf à la compagnie Bureautech.
C'est ce genre de vérification qui aurait été
intéressante. J'ai le dossier au complet. L'intéressé
continue à prétendre qu'on ne lui donne pas ce à quoi il
aurait droit en termes d'équité. Mon collègue, Denis
Perron, avec les éléments qu'on lui a fournis, prétend
qu'il a raison, que le directeur général, propriétaire de
la compagnie Bureautech enr, M. Jean-Marie Gagnon, se fait avoir.
Dans la lettre du 13 février 1989, il me semble qu'il y avait des
faits: M. le ministre, je dois vous dire que depuis mon intervention dans ces
différents domaines, plus aucune soumission publique n'a
été lancée ou publiée.
Voilà le point qu'il m'intéresserait de vérifier.
C'est grave si c'est exact. Le type s'est plaint. Vous connaissez
Sept-îles un peu, je ne suis pas venu au monde avant-hier. Alors,
à Sept-îles, il ne doit pas y avoir une cinquantaine de
boîtes.
Alors, si la commission scolaire et le cégep ont
décidé: tu vas crever parce que tu n'as pas été
gentil avec nous et tu t'es mis le doigt un peu dans notre système de
patronage, tu vas passer au "cash". La façon de passer au "cash", c'est
fini, il n'y a plus de contrat possible, il n'y a plus d'appel d'offres pour le
cégep et l'université. Ce sont là des vérifications
dans le domaine de l'usage des fonds publics. Ce n'est pas de me dire: il m'a
écrit une lettre, j'y ai répondu et on a vérifié
ça.
Ce que je veux savoir précisément, c'est: Est-ce que vous
avez vérifié s'il est exact que depuis trois mois, tant pour le
cégep que pour la commission scolaire, c'est fini, il n'y a plus d'appel
d'offres, il n'y a plus aucune soumission publique? C'est juste ça que
je veux savoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: On va faire une chose pour fournir au
député toute l'information possible. Après avoir
reçu la lettre de M. Gagnon à laquelle fait allusion le
député d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron: Le 13 février 1989, oui.
M. Ryan: Oui. J'ai répondu à M. Gagnon en lui
disant que je confiais à un proche collaborateur chargé de me
conseiller sur les choses concernant le secteur collégial, M. Jean-Guy
Lemieux, le soin de s'enquérir des faits relatifs à cette
documentation et de me soumettre ses observations à ce sujet.
M. Lemieux n'est pas ici parce que nous discutons du primaire et du
secondaire actuellement. Je pense que nous prendrons cette question quand nous
étudierons les crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science...
M. Gendron: D'accord.
M. Ryan:...à ce moment, en se souvenant de cette lettre
que j'adressais à M. Gagnon le 16 mars. L'avantage de répondre
à toutes ces lettres, c'est qu'on a toujours des pièces dans le
dossier. On pourra me poser des questions et j'aurai les renseignements de la
part de M. Lemieux que le député est justifié de
requérir.
M. Gendron: D'accord, M. le Président, sauf que pour le
bénéfice de cette extraordinaire audience que nous avons, que
j'apprécie beaucoup, sincèrement...
M. Ryan: Un autre cas, je précise...
M. Gendron: Un instant! Je voudrais juste finir ma phrase. Il ne
faut quand même pas laisser voir que je ne suis pas dans le bon train.
C'est parce que dans la lettre, et M. le ministre le sait très bien, le
concerné parle tout autant de la commission scolaire de Sept-îles
que du cégep. On peut bien dire qu'on va passer le
"bucket" - excusez l'expression - dans deux jours. Dans un cas comme
dans l'autre, ça ne me dérange pas. Tout ce que je veux, c'est
que, effectivement, M. Lemieux nous dise s'il a vérifié les
allégations très fondées des deux institutions. Je termine
en disant: La présente fait suite à l'entrevue et à des
lettres successives dans le but de clarifier le favoritisme instauré
à ces institutions - on ne parlait pas juste du cégep -
cégep et commission scolaire. Si c'est M. Lemieux qui détient le
mandat... Non, non, mais ça va, M. le ministre... on va attendre que M.
Lemieux soit ici. C'est vous qui avez indiqué que vous aviez des
informations additionnelles. C'est pour ça que j'ai pris la piste.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais rappeler une chose. Je pense que c'est
important de connaître ce que sont les politiques d'achat pour les
commissions scolaires. Les commissions scolaires sont obligées d'aller
en soumission à partir d'une certaine valeur de l'achat projeté.
Mais, il n'y a pas d'élément dans la politique d'achat qui les
oblige à acheter nécessairement d'un fournisseur local, sauf en
ce qui touche les manuels scolaires. Il peut arriver qu'une commission scolaire
décide de s'approvisionner, disons, à Québec plutôt
qu'à Sept-îles - la commission scolaire dont parle le
député d'Abitibi-Ouest. Nous n'avons pas de recours
là-dessus. Les vérifications qu'avait faites dans le temps la
direction régionale nous indiquaient qu'à partir des politiques
du ministère de l'Éducation, il ne se posait pas de
problème dans la politique d'achat de la commission scolaire.
Il peut bien arriver qu'au point de vue politique et économique,
les politiques de cette commission scolaire ne soient pas justifiables.
À ce moment, je pense que c'est le processus politique qui doit y voir,
c'est-à-dire que les citoyens concernés doivent voir à
remplacer ces commissaires par d'autres aux élections scolaires. Quant
à nous, il faut qu'il y ait vraiment des éléments
d'irrégularité pour que nous nous jugions autorisés
à intervenir.
M. Gendron: Je suis entièrement d'accord avec le ministre.
Cela va être ma réserve, c'est-à-dire mon dernier point
là-dessus. Vous avez raison. Moi je ne voulais pas contester la
politique d'achat que je connais, qui relève des commissions scolaires.
Ce n'est pas le point que vous devez faire. Le point que vous devez clarifier
c'est: Est-il exact qu'une corporation publique, qui s'appelle une commission
scolaire, procède depuis X mois à des achats de matériel
pour lesquels aucune soumission n'est publique? C'est ça, ma question.
Ce n'est pas de me parler de la politique d'achat, je la connais. Alors, c'est
de savoir si, oui ou non, le cégep et la commission scolaire
procèdent à des acquisitions cons- tantes,
répétées, en dehors de toute soumission publique. C'est
juste ça.
Si vous me dites: À Sept-îles, c'est écrit qu'il y a
une politique d'achat. Ils disent qu'ils ne vont jamais en soumission publique
et si vous endurez ça, on le saura que c'est de même que vous
procédez. Alors, on va attendre M. Lemieux. Pour l'instant, moi, ce
n'était pas sur la politique d'achat. C'est oui ou non, il n'y a pas de
soumission publique. Si vous me répondez: C'est non, il y a des
soumissions publiques qui suivent la règle qu'on connaît
habituellement. Et je sais qu'il y a des commissions scolaires qui
s'approvisionnent en biens et équipements, pas nécessairement
dans la région d'où elles proviennent.
M. Ryan: Dans la lettre de M. Gagnon à laquelle fait
allusion le député d'Abitibi-Ouest, en date du 27 février,
je ne trouve aucune assertion selon laquelle la commission scolaire ne
procéderait pas à des soumissions. Ce qu'il nous dit, c'est que
ce sont des soumissions truquées.
M. Gendron: Non, M. le ministre. Je pense que là, on
s'écarte. Moi j'ai parlé de la lettre du 13 février 1989.
Je vous l'ai lue. Je sais encore un peu lire. C'est écrit: M. le
ministre, je dois vous dire que depuis mon intervention dans ces
différents domaines, plus aucune soumission publique n'a
été lancée ou publiée et ce, en dépit de
nombreux achats qui s'ensuivent et qui continuent. C'est ce que j'ai
posé comme question. On continue d'acheter, mais il n'y a pas de
soumission publique. Je veux savoir pourquoi. On reviendra.
M. Ryan: Nous allons vérifier ce point. Nous donnerons les
éléments d'information nécessaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Davignon.
Commission scolaire Davignon (suite)
M. Ryan: À propos de la commission scolaire Davignon, je
voudrais ajouter un complément d'information, tout d'abord.
J'écrivais une lettre à Mme Lambert, le 10 janvier 1989, qui
disait ceci: De concert avec Mmes Louise Lambert et Jenny Fortin-Kennel, ainsi
qu'avec MM. Harold Jean et Jean-Marie Rainville, vous m'avez écrit le 12
décembre dernier, afin de solliciter un entretien au cours duquel vous
pourriez m'exposer de vive voix votre version des faits sur la situation
existante à la commission scolaire Davignon. Du même souffle, vous
demandiez que soit mise en attente l'étude du rapport soumis le 11
octobre 1988, vu des informations ultérieures qui devaient venir
s'ajouter à celles que vous possédiez alors. C'est
le contexte dans lequel on a discuté.
Il y a bien des affaires qui n'étaient pas précises.
J'avais dit: Allez en chercher. Elle-même m'a dit: Attendez, on est en
train d'en obtenir d'autres. On n'était pas pour partir avec la
Sûreté du Québec, les enquêteurs et tout. Il y avait
des vérifications qui se faisaient. Je veux vous rappeler - là je
parle à Mme Lambert - que j'ai demandé...
M. Gendron: France? Vous parlez à Mme France Lambert?
M. Ryan: Mme Lambert, en date du 10 janvier.
M. Gendron: Oui, mais Mme France Lambert?
M. Ryan: Mme France Lambert. M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: Je sais qu'elles sont deux, mais c'est Mme France qui
est le fer de lance. Je veux vous rappeler que j'ai demandé au
sous-ministre adjoint en charge de la Direction des réseaux scolaires,
M. Jean-Claude Rondeau, de faire le point sur la situation de la commission
scolaire Davignon, en particulier sur les faits dont vous m'avez saisi à
cet égard. Dans le cadre de son mandat, M. Rondeau a toute la latitude
nécessaire pour ajouter au dossier tous les renseignements nouveaux qui
pourront se présenter. Il a également toute la latitude voulue
pour s'entourer des collaborateurs dont il pourra avoir besoin. Dans ce
contexte, je ne puis que vous signaler qu'il y aurait lieu pour vous de
communiquer à M. Rondeau les renseignements que vous auriez
souhaité me communiquer de vive voix. M. Rondeau me tiendra
informé des entretiens qu'il aura avec vous.
M. Gendron: M. le ministre, est-ce que vous accepteriez de
déposer copie de cette lettre que vous venez de lire, de toute
façon?
M. Ryan: Volontiers. Maintenant, il y a une autre lettre ici que
M. Rondeau adressait le 8 février à M. Jean-Marie Verreault.
Remarquez que les choses se suivent avec un peu plus de rapidité que
semblait l'indiquer la réaction angoissée du député
d'Abitibi-Ouest tantôt.
M. Gendron: Non, non. Lisez la lettre et n'émettez pas
trop de jugement, parce qu'on va sortir le dossier et ce sera plus
angoissant.
M. Ryan: M. le vérificateur interne, je voudrais vous
remercier d'accepter de collaborer avec mol dans le cadre d'une cueillette
d'Information concernant la commission scolaire Davignon. Comme j'ai eu
l'occasion de vous l'expliquer de vive voix, il s'agit de la
vérification de certaines données de la gestion financière
de cette commission scolaire depuis le 1er janvier 1986. Les données
à vérifier sont les suivantes: Frais de déplacements et de
représentations des commissaires et des employés: Vérifier
si les dépenses ont été dûment autorisées ou
si elles ont été effectuées en conformité avec les
politiques de la commission scolaire. Élaboration complète des
états financiers: Vérifier si les vérificateurs externes
ont reçu mandat de préparer complètement ce rapport et
dans l'hypothèse affirmative, à quel coût. Vérifier
si les honoraires des vérificateurs externes sont raisonnables. Appels
interurbains à des fins personnelles: Vérifier un appel sur deux
pour l'année 1988 seulement, à moins que cette première
vérification vous incite à pousser plus loin vos recherches.
Imputation erronée de certaines dépenses du transport scolaire
à d'autres postes budgétaires: Apparier le registre des
chèques avec les états financiers. Contrats et baux dûment
autorisés: Vérifier à partir du 1er janvier 1986 si les
achats de biens et de services de même que les baux ont été
autorisés conformément à la loi et aux politiques de la
commission scolaire.
Éducation des adultes: Vérifier si les revenus pour le
cours au pénitencier de Cowans-ville ont été
comptabilisés aux états financiers. Remboursement de
dépenses sans pièces justificatives: Vérifier au hasard
pour les trois dernières années, un cas sur dix: Voyage en
Californie d'une personne que je préfère ne pas nommer pour
l'instant: Vérifier si les dépenses ont été
remboursées par Sophie. Tracteur acheté pour la base de plein
air: Vérifier si de tels achats ont été payés par
la commission scolaire.
Je pense que vous constatez qu'il n'y a pas grand-chose de ce qui peut
être dans les dossiers du député d'Abitibi-Ouest qui n'est
pas inclus dans le mandat de vérification confié à M.
Verreault. Finalement, les relations d'affaires entre la commission scolaire et
des entreprises, sociétés, compagnies, dans lesquelles les
commissaires ou des officiers supérieurs...
M. Gendron: Cela va, cela va, M. le Président, parce que
je pense que le ministre confirme qu'il y a de quoi là et...
M. Ryan: Dernier point, la location de téléphones
cellulaires.
Une voix: Cela va, cela va.
M. Gendron: Alors si le ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
déclare avoir reçu copie de la lettre du ministre à Mme
France Lambert datée du 10 janvier 1989. Document
déposé.
M. Gendron: Et la lettre que le ministre vient de lire...
M. Ryan: Sauf l'identité de la personne que j'ai,
tantôt, omis de nommer...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon M. le
ministre, je ne vous comprends pas.
M. Ryan: Je ne peux pas déposer la lettre dans sa forme
actuelle parce qu'il y a un nom de personne...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Laquelle vous ne
pouvez pas déposer, M. le ministre?
M. Gendron: Celle qu'il a dans les mains.
M. Ryan: La lettre de M. Rondeau à M. Verreault.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, M. le
ministre.
M. Ryan: La lettre que j'adressais le 10 janvier à Mme
Lambert, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, je vous
la retourne.
M. Gendron: M. le Président, vous suivez? Ce n'est pas
cette lettre-là. On la garde et elle est déposée...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non, j'ai
dit: Je retourne à M. le ministre la deuxième lettre qu'il m'a
fait parvenir en même temps que la première. Celle-ci est
déposée, celle-là je la retourne.
M. Ryan: J'ai donné tout l'essentiel de la lettre...
M. Gendron: Cela va.
M. Ryan: Je l'ai donnée intégralement sauf le
nom...
M. Gendron: Excellent. Ce que je veux demander, M. le
Président, c'est que M. le ministre de l'Éducation accepte de
déposer la seconde lettre à la commission. Je sais que vous
pouvez très bien vous arranger pour que dans le dépôt de la
lettre que vous avez lue, que vous avez rendue publique, ne figure pas le nom
de la personne. C'est pour des raisons de confidentialité, je suis
d'accord, mais je voudrais avoir copie de la lettre. Ce que je veux savoir
c'est si le président, à partir du moment où une lettre
est rendue publique en commission... (17 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La lettre, telle
que je l'ai ici, ne peut pas soustraire à la connaissance des membres de
la commission, le nom de la personne. Alors je retourne la lettre au
ministre.
M. Ryan: J'ai donné tout le reste de la lettre dans la
communication que je viens de faire, M. le Président, je pense qu'il
serait superflu d'aller plus loin.
M. Gendron: D'accord, cela va. Toujours dans le programme
4...
M. Ryan: Si le député veut la vérifier, je
n'ai pas d'objection à ce qu'il le fasse, mais je préfère
ne pas la donner dans son état actuel, et je préfère ne
pas la tripoter non plus.
Une voix: D'accord.
M. Gendron: Peut-être une dernière chose, parce que
je ne suis pas sûr que vous l'ayez mentionnée. Si vous voulez
rappeler la date, M. le ministre, à laquelle cette lettre a
été expédiée par M. Rondeau à M.
Verreault.
M. Ryan: Le 8 février. Il y avait un dernier paragraphe
dans la lettre, qui se lisait comme suit: Comme nous en avons convenu, vous
m'adresserez votre rapport, si possible, à ïa fin du mois de
février ou au début du mois de mars. L'enquête s'est
révélée plus complexe et plus substantielle que ne l'avait
prévu au départ le mandat, et elle doit se terminer
prochainement.
Élèves handicapés
M. Gendron: Dans le programme 4, je voudrais toucher un peu, M.
le ministre, toute la question des élèves handicapés, et
bien sûr, l'éducation des adultes aussi. Rapidement, dans la
problématique, on a constaté, je l'ai dit moi-même, que le
projet de loi 107 comportait des avantages, mais aussi de nombreuses lacunes et
de nombreux reculs, par rapport à la loi 3, concernant les services
éducatifs offerts à ces élèves notamment. Je parle
ici des élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage. La plus grande carence dans la loi 107, c'est
sûr, c'est d'avoir refusé de consacrer le principe
d'intégration en classe régulière, et toute la notion du
protecteur d'élève qui avart été souhaitée,
voulue, demandée à peu près par tous les intervenants.
J'avais prétendu que cette question d'intégration continuerait de
créer des problèmes, et c'est le cas. Cela continue de susciter
des problèmes et des tensions dans le milieu scolaire. On a le cas du
centre Saint-Jude. Au livre des crédits - parce que c'est ce que l'on
regarde - des crédits de 4 500 000 $ sont prévus au chapitre des
ajustements budgétaires, et au chapitre de l'alourdissement de la
clientèle scolaire handicapée. Il a également
été longuement question, M. le ministre, dans cette
problématique, vous le savez, d'une fameuse entente, ou mission, entre
le ministère de la Santé et des Services sociaux, et le
ministère de l'Éducation du Québec. On constate encore
cette année, page 0432, une augmentation très préoccupante
du
nombre d'élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, de 7,5 %, ou 9 800 élèves. C'est dans vos
documents, essentiellement, au niveau secondaire. Je l'ai mentionné
tantôt dans la présentation que j'ai faite, qu'on appelle
réaction ou notes préliminaires à vos notes, que
déjà le p-jrcentage d'élèves ou de personnes
souffrant je difficulté d'adaptation ou d'apprentissage est rendu
à 13,5 % de la clientèle totale du réseau public.
J'ai une série de questions à vos poser à ce sujet,
M. le ministre. La première n'est pas compliquée. Comment se
fait-il que l'entente entre le ministère de la Santé et des
Services sociaux et le MEQ ne soit toujours pas conclue, concernant un meilleur
mode de gestion et d'intégration entre la responsabilité du
ministère d'offrir des services éducatifs à ses
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage et
également les responsabilités du ministère de la
Santé et des Services sociaux qui, lui, dit: Je
déslnstitutionnalise, je veux faire scolariser. Il a raison, ces jeunes
sont des citoyens et citoyennes à part entière, donc il est
normal qu'ils ou qu'elles soient scolarisés. Quelles sont les raisons
précises de ce lambinage à n'en plus finir entre le
ministère de la Santé et des Services sociaux et le
ministère de l'Éducation concernant la fameuse entente dont on
parle depuis trois ou quatre ans? Qu'est-ce qui brette? Pourquoi cela ne
fonctionne-t-il pas?
Mon attaché a des problèmes avec le Journal des
débats qui l'appelle de temps en temps pour savoir ce que le
ministre a dit.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: il y a deux problèmes complexes dans ce dossier.
Il y a tout d'abord l'identification des responsabilités qui doivent
revenir en propre à chaque ministère, quel service devra
être fourni par chacun. On est arrivé, à force de
négociations avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, à une définition à peu près acceptable,
sur laquelle les collaborateurs pourront peut-être vous fournir des
précisions tantôt, si vous êtes intéressé, M.
le Président.
Deuxièmement, il faut s'assurer que les ressources seront
disponibles pour fournir ces services, soit sous forme de ressources humaines
dans chacun des deux ministères, en fonction de ses attributions, soit
sous forme de ressources financières pour le ministère qui serait
appelé à prendre le relais de l'autre pour certaines
fonctions.
Actuellement, je crois comprendre que nous nous entendons plus
clairement sur le partage des fonctions, des responsabilités, mais qu'il
n'y a pas actuellement, du côté du ministère de la
Santé et des Services sociaux, l'assurance qu'il peut disposer à
court terme des ressources nécessaires pour garantir la fourniture de
ces services, ou encore le transfert des ressources financières qui
permettra au ministère de l'Éducation de l'assurer. C'est sur ce
point que se poursuivent les négociations entre les deux
ministères.
M. Gendron: Avez-vous une indication à quel moment on
pourrait conclure cette entente? Ce n'est pas nouveau qu'il y ait des
difficultés à s'entendre sur les juridictions de chacun, les
responsabilités, les services à être offerts.
M. Ryan: En attendant, de notre côté, il est bien
important de mentionner qu'au cours des trois derniers exercices, nous avons
ajouté un nombre considérable d'enseignants et de responsables
pour voir à fournir des services aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Nous avons ajouté 100
postes d'enseignant en 1987-1988, 125 postes d'enseignant en 1988-1989 et,
comme je l'ai indiqué dans mon intervention liminaire ce matin, nous
prévoyons en ajouter 150 autres en 1989-1990. Je pense que cela fait
partie du problème de la définition des priorités du
gouvernement et de l'ajustement des ressources lorsque les
responsabilités de deux ministères sont juxtaposées ou
sont appelées à se rencontrer. Nous continuons de chercher des
solutions à la fois fonctionnelles et économiques. La
première approche, quand j'ai pris la responsabilité des
dossiers, était de se réunir et de dire: il faudrait fournir tel
service, tel service. Cela coûtera tant, on ajoute tant de postes dans
tout le territoire, tant de postes par territoire de commission scolaire. Cela
coûte tant au bout de la ligne. Merci. On ne peut pas régler les
problèmes comme cela. C'est l'ancienne approche technocratique. J'ai dit
à ce moment-là que je ne pouvais pas l'accepter. C'est trop
simpliste de régler les problèmes comme cela. Nous en sommes
encore à essayer de préciser les responsabilités. Tout
récemment, nous étions très près, avais-je cru
comprendre, d'une entente, mais les perspectives se sont un petit peu
compliquées au cours des derniers jours et je ne suis pas en mesure de
répondre à la question du député d'Abitibi-Ouest
concernant un délai précis.
M. Gendron: Comment expliquez-vous, M. le ministre, la forte
augmentation des élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage qui n'est sûrement pas uniquement attribuable à la
disparition du professionnel court. Donc, vous, comme ministre de
l'Éducation, quelle raison donnez-vous pour une explosion aussi
importante de la clientèle, chez les élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que si les députés veulent
consulter le cahier qui a été mis à leur disposition au
programme 4, page 6, ils trouveront des éléments d'explication
qui ne sont
sûrement pas complets, mais qui nous permettent quand même
de comprendre ce qui s'est passé. L'examen de chaque ordre
d'enseignement permet de faire les constatations suivantes. Au
préscolaire il y a une augmentation de 37 élèves,
c'est-à-dire, 1, 6 %. Au primaire, l'augmentation est de 1385
élèves, sort 1, 8 %. Par conséquent il n'y a pas
d'accroissement majeur qui atteigne une proportion de crise à ces deux
niveaux. Au secondaire, l'augmentation est de 8354 élèves, sort
16, 25 %. Ce matin, j'ai mentionné une raison qui joue dans ce facteur,
c'est-à-dire l'augmentation de la note de passage qui rend plus
difficile le cheminement de certains élèves jusqu'à la fin
normale des études et qui peut inciter les autorités scolaires
à classer certains d'entre eux dans la catégorie des troubles
légers ou autres d'apprentissage. Cette année, un autre facteur a
joué de manière importante, sort la disparition du cours
professionnel court. Étant donné la nouvelle organisation de
l'enseignement professionnel, cela a sans doute incité les commissions
scolaires à parquer dans la catégorie des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage des élèves qui
eussent été inscrits jusqu'à l'année
dernière dans la catégorie du professionnel court. Ceux-ci se
retrouvent principalement, maintenant, dans les catégories des troubles
légers d'apprentissage et des troubles graves d'apprentissage.
Si les députés veulent consulter le tableau que nous
fournissons, à la page 32 du cahier des crédits, toujours sous le
titre du programme 4, ils pourront constater que les élèves
présentant des troubles légers d'apprentissage, au secondaire,
étaient de 12 895 en 1986-1987, de 14 525 en 1987-1988 et que le nombre
est passé à 19 830 en 1988-1989. De même, le nombre
d'élèves en troubles graves d'apprentissage était de 17
747 en 1986-1987, de 19 753 en 1987-1988 et il est passé à 22 407
en 1988-1989.
Je crois qu'il y a une partie de ces cas qui n'ont pas changé de
nature parce qu'ils ont changé de catégorie. Ils étaient
là déjà dans le système. Nous nous en occupions
sous le titre de professionnel court. Il y en aura un bon nombre à
compter de cette année qui seront traités sous la rubrique
cheminement particulier, que nous avons commencé à implanter dans
les commissions scolaires, au secondaire, en guise de solution au
problème d'élèves qui ne pourront jamais accéder
aux qualifications scolaires requises pour l'admission à l'enseignement
professionnel ordinaire. Par conséquent, je crois fondé de
présumer qu'il y aura une diminution de ces catégories lorsque la
méthode du cheminement particulier aura reçu sa pleine
implantation. Cela ne résout pas les problèmes humains pour
autant. J'hésite à jouer avec les catégories comme cela
pour parler de problèmes humains. Cela me fart mal, mais c'est le compte
rendu des données que je dois donner à ce moment-ci.
M. Gendron: Est-ce que vous avez été saisi, M. le
ministre, des revendications des parents d'enfants handicapés auditifs
de la rive sud concernant le centre Saint-Jude? Il y a tout le débat sur
l'octroi d'un mandat de centre régional et les commissions scolaires
devant se prévaloir des services d'orthophonie et de soutien
pédagogique offerts pour les élèves
intégrés. J'aimerais que vous me fassiez, en deux phrases si
possible, le point sur ces revendications. J'ai eu plusieurs revendications des
commissions scolaires et des gens concernés. Il semble y avoir deux
visions opposées. Quel est votre point de vue, comme ministre de
l'Éducation, concernant l'octroi d'un mandat de centre régional
au centre Saint-Jude, ce qui aurait comme conséquence de priver les
élèves de la rive sud qui sont en difficulté d'avoir les
services professionnels qui leur étaient offerts en orthophonie et en
soutien pédagogique?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre. (17
h 30)
M. Ryan: J'ai été saisi du dossier du centre
Saint-Jude il y a déjà quelques mois. J'avais demandé
à mon conseiller politique, M. Rodrigue Dubé, qui est responsable
de la partie ouest du territoire du Québec et d'autres dossiers,
d'ailleurs, de se saisir de ce cas. M. Dubé me rapportait tantôt
qu'il a eu de nombreux contacts avec la commission scolaire régionale de
Chambly et les commissions scolaires locales concernées. Le
problème a surgi comme ceci. Dans la base de financement des commissions
scolaires locales, il y avait depuis déjà plusieurs années
une subvention du ministère de l'Éducation pour ces enfants, mais
les commissions scolaires locales n'avaient jamais payé de contributions
à la commission scolaire régionale pour les services qu'elles en
recevaient. Là, la commission scolaire régionale a dit: Que ces
commissions scolaires paient leurs contributions et les services continueront.
Grâce à l'excellent travail de la Direction régionale de la
Montérégie, les contacts ont été établis
entre les commissions scolaires concernées et le problème me
semble être en voie de solution.
M. Gendron: Comment? En voie de solution de quelle
manière, parce que je vois que M. Dubé a fart des appels
téléphoniques et qu'il a des contacts, mais
concrètement?
M. Ryan: Cela aboutit toujours à des résultats.
M. Gendron: Ah, ils seraient meilleurs que les miens?
M. Ryan: C'est dommage parce que la directrice régionale,
Mme Goulet, était avec nous, ce matin, mais actuellement elle est en
réunion avec les directeurs régionaux. Je ne peux avoir les
renseignements d'elle. Mais M. Dubé m'informe que les services ont
continué d'être
fournis cette année et qu'il était question de les
interrompre pour la prochaine année, mais qu'une entente est imminente
entre les commissions scolaires concernées pour la continuation des
services l'an prochain.
M. Gendron: Ça va, M. le ministre. D'ailleurs, c'est ce
que Je souhaite. Tant mieux s'il y a une entente imminente, sauf que j'aimerais
que M. Dubé ou vous preniez acte que j'aimerais être
informé par écrit de la nature de l'entente imminente, puisqu'on
m'a fait des recommandations à deux ou trois reprises autant dans un
sens que dans l'autre. Donc, j'aimerais bien savoir comment va se conclure ce
dossier. Merci.
M. Ryan: Le désir du député est accueilli
comme un ordre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...que je transmets à mes collaborateurs.
M. Gendron: Est-ce que ça serait valable, M. le ministre,
pour d'autres demandes que je pourrais formuler?
M. Ryan: Toute demande raisonnable est accueillie de la
même manière.
M. Gendron: On pourrait régler vite, vite quelques petits
dossiers.
Des voix: Ha, ha, ha!
Jeunes Volontaires
M. Gendron: Le programme Jeunes Volontaires, rapidement, M. le
ministre. Vous savez qu'il y avait une dimension importante dans le programme
Jeunes Volontaires qui était toute la formation et l'encadrement
éducatif. Actuellement, les comités locaux sont très,
très inquiets du programme Jeunes Volontaires parce qu'on veut le
chambouler. Ils vous ont signalé entre autres, M. le ministre -
j'espère que ça s'est rendu jusque chez vous - qu'ils seraient
très déçus si le volet de la formation était
éliminé du programme Jeunes Volontaires ou, à tout le
moins, s'il ne l'était pas, qu'il soit rattaché au MLCP. En tout
cas, j'aimerais que vous m'expliquiez... Habituellement, ces choses-là
vous intéressaient. Vous étiez sensible à ces questions et
je ne serais pas content du tout, M. le ministre, si tout le volet de
l'éducation, en particulier le volet de la formation de même que
le rattachement à une institution de formation autre que le
ministère de l'Éducation, soit envisagé. Donc vous, comme
ministre de l'Éducation, je ne veux pas que vous m'expliquiez en long et
en large les discussions avec votre collègue sur le programme Jeunes
Volontaires.
Mais, comme ministre de l'Éducation, avez-vous fait des
recommandations auprès du gouvernement actuel pour maintenir le volet de
la formation? Si oui, quand les avez-vous faites? Avez-vous eu des pourparlers
concrets avec le ministre Picotte concernant l'avenir du programme Jeunes
Volontaires? Quelle est la position du ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche concernant l'élimination du volet de la formation? Et
vous, comme ministre de l'Éducation - c'est ma dernière question
là-dessus - êtes-vous d'accord que les commissions scolaires
perdent leur rôle d'encadrement des projets par le biais des agents de
formation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M le ministre de
l'Éducation?
M. Ryan: Je préférerais peut-être que nous
retenions cette question pour ce soir. J'ai reçu des commentaires il y a
à peu près une couple de mois de certains milieux, dont des
milieux de mon comté. J'ai confié à une de mes
collaboratrices, Mme Josée Lamontagne, qui a été ici avec
nous toute la journée mais qui est absente à ce moment-ci, le
soin de travailler ce dossier. J'ai comme souvenir que Mme Lamontagne m'a dit
que pour la prochaine année, le maintien du volet éducatif
était en voie de règlement, mais avant de l'affirmer, je voudrais
attendre d'avoir pu parler à Mme Lamontagne, pour fournir des
informations plus précises.
M. Gendron: Oui, mais comme vous avez peut-être des chances
de la voir avant mol, s'il y avait moyen d'ajouter cela aux questions que j'ai
posées, j'aimerais avoir l'assurance, puisque vous dites que c'est en
voie de règlement, que ce ne soit pas enlevé des mains des
commissions scolaires et transféré à l'éducation
des adultes. C'est l'inquiétude des jeunes... aux organismes de loisirs,
pardon.
M. Ryan: Bien oui, parce que c'est un programme, comme vous le
savez, qui relève du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Il relève, comme vous l'avez bien dit, de l'autorité
de M. Picotte. Mais il y a un volet qui nous intéresse plus
immédiatement, et c'est sur ce volet que j'avais mandaté Mme
Lamontagne pour intervenir en mon nom.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai pas soulevé
cela sans autre dessein que d'avoir l'heure juste concernant l'évolution
du dossier, mais je sais qu'actuellement je reçois, et d'autres
collègues députés reçoivent sûrement des
commentaires de Jeunes Volontaires qui sont inquiets à deux titres:
entre guillemets, "scraper" le programme, c'est la première
inquiétude, et c'est plus ma collègue du Loisir qui devrait faire
ces vérifications auprès du ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche et de je ne sais trop quoi. Mais vous, M. le ministre de
l'Éducation, j'espère
que vous serez en mesure d'être convaincant auprès de votre
collègue pour maintenir le volet de la formation en ce qui concerne
l'éducation, parce que les jeunes qui m'ont fait des
représentations prétendent que tout le volet de la formation se
trouve actuellement fort sérieusement compromis dans l'approche future
préconisée par votre collègue du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je vois des gens honnêtes,
donc des gens de votre ministère, qui opinent du bonnet; je les remercie
de leur honnêteté. Je ne suis pas aussi sûr que cela de ce
qui se passe chez le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Comme je n'aurai pas l'occasion de le questionner à l'étude des
crédits, j'aimerais que vous, comme ministre, vous vous sentiez un peu
plus impliqué et disiez: Comme ministre de l'Éducation, je
souhaite que le volet de la formation demeure chez nous, d'autant plus qu'il
s'agit d'un aspect important pour l'avenir de ces jeunes. Il ne faut pas
oublier dans quel contexte le programme Jeunes Volontaires a été
lancé. Dans ce sens-là, je vais attendre d'autres informations.
Mais soyez assuré que si je ne sens pas une volonté plus ferme du
ministre de l'Éducation, vous me verrez dans l'obligation, et cela me
fait toujours de la peine, de dénoncer son inaction pour sauvegarder le
volet de la formation.
M. Ryan: Nous comprenons tous, M. le Président, que ce
dossier relève de la compétence du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, et que les crédits relatifs à ce
dossier devront être examinés dans une autre instance. Mais cette
réserve étant faite, je fournirai au député les
éléments d'information que j'aurai recueillis.
Formation professionnelle
M. Gendron: On va devoir regarder un peu aussi les crédits
et toute la question de l'harmonisation avec les jeunes adultes que j'ai eu
l'occasion de toucher lors de ma présentation. Rapidement, un sommaire
de deux phrases: les crédits alloués à l'éducation
des adultes augmentent de 3,7 %. L'inflation et le niveau de croissance des
dépenses, c'est à 5,7 %, mais pour les crédits pour les
adultes, c'est 3,7 %. Dans l'année scolaire, la hausse est de 7,7 % et
découle en majeure partie d'une augmentation du volume
d'activités et de l'indexation des traitements. C'est sûr que le
ministre en a parlé un peu et a mentionné que l'enveloppe devait
rester ouverte. Je pense que l'enveloppe doit être maintenue ouverte,
mais il y a là des dangers, parce qu'on a dit qu'une identification plus
précise de la clientèle pouvant faire l'objet d'un financement
est toutefois prévue. Dans ma présentation de ce matin, j'ai
touché toute la question de l'harmonisation des filières jeunes
adultes, et cette filière d'harmonisation se poursuit, notamment au
chapitre de la formation professionnelle. Ces informations figurent d'ailleurs
au cahier, aux pages 22 et 26. Cette harmonisation, et c'est ce que je viens de
souligner, a toujours suscité des réserves et même de
l'opposition. J'ai eu à citer d'ailleurs l'article de M. Proulx, en ce
qui concerne l'Institut canadien de l'éducation des adultes, qui avait
de sérieuses réserves, compte tenu des acquis et des besoins
spécifiques des adultes, en disant: Écoutez, les adultes ont
bénéficié pendant un certain temps d'acquis
spécifiques à leur formation et à ce qu'ils sont et
à partir du moment où on a une nouvelle orientation
d'intégration entre les jeunes adultes et ce qu'on appelait anciennement
la véritable éducation des adultes, cela pose, M. le Ministre,
deux questions importantes. La première est: Qu'est-ce que vous entendez
par "identification plus précise de la clientèle"? J'aimerais
vous entendre dire une phrase ou deux aussi sur les modalités, parce que
c'est vous qui avez indiqué ça dans votre réserve.
L'enveloppe est ouverte, mais une identification plus précise de la
clientèle pouvant faire l'objet d'un financement est toutefois
prévue. Question: Qu'est-ce que vous entendez précisément
par "l'identification plus précise de la clientèle"? Et
parlez-moi un peu des modalités d'harmonisation.
M. Ryan: Sur ce point précis, ce sont des questions assez
techniques. Si la commission n'avait pas d'objection, j'aimerais que M. Jacques
Henry, qui est le Directeur de la formation professionnelle au
ministère, fournisse certaines explications sur le contexte dans lequel
se posent et se résolvent les questions reliées à
l'intégration ou à l'harmonisation des jeunes et adultes dans le
secteur de la formation professionnelle.
M. Gendron: Ça va. Je n'ai pas d'objection.
M. Ryan: Merci. Il y a M. Henry qui m'accompagne. Il y a M.
Taquet également qui est adjoint de M. Cadieux, sous-ministre adjoint
à la planification. Peut-être l'un et l'autre auront-ils des
explications à fournir. C'est un sujet très important que je suis
heureux de voir soulever à cette commission.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): il y a
Mme Lamontagne...
M. Ryan: il y a deux choses qu'il faudrait distinguer. Sur la
partie de l'harmonisation des jeunes et adultes en formation professionnelle,
MM. Henry et Taquet peuvent nous fournir des explications. Lorsqu'il s'agira de
l'enveloppe de l'éducation des adultes, il faudra que nous ayons M.
Richard avec nous aussi, qui est directeur de la Direction
générale de l'éducation des adultes. Il y a
l'équipe des sous-ministres également. Mais ce sont des questions
très, très complexes
et je ne voudrais pas créer la moindre fausse impression chez les
membres de la commission. C'est pour ça que j'aime presque autant qu'on
entende certaines explications "from the horse's mouth".
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pas a
objection.
M. Ryan: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Henry (Jacques): Pour ce qui concerne les modalités
d'harmonisation, vous savez que le ministère procède par
étapes. Un certain nombre d'étapes sont franchies et ces
étapes ont consisté principalement à faire en sorte que
les programmes d'études en formation professionnelle et le régime
pédagogique dans ses principales dimensions, c'est-à-dire les
seuils d'accueil, la sanction des études et l'évaluation de
l'apprentissage, soient harmonisés par le ministère de
l'Éducation, qui laisse le soin aux commissions scolaires de
décider des modalités d'organisation en fonction des types de
clientèle, jeunes, adultes, ou lorsque cela était
justifié, à faire en sorte que les services puissent être
rendus et qu'il y ait des groupes mixtes, jeunes et adultes, sur la base des
programmes harmonisés. C'est ainsi que pour la prochaine année
scolaire, au ministère de l'Éducation à 100 %, tous les
programmes d'études sont déjà harmonisés de
même que les seuils d'accueil à la formation professionnelle, la
sanction des études et l'évaluation de l'apprentissage, mais
c'est sur le terrain que s'organisent tantôt des cours homogènes
d'adultes, tantôt homogènes de jeunes, tantôt des groupes
mixtes. Il est cependant dans le projet et dans les intentions du
ministère de faire en sorte qu'à compter de l'an prochain mais
aussi de l'année qui suivra cette année, davantage l'année
1990-1991, l'organisation devienne plus souple et davantage harmonisée
de sorte qu'il soit plus facile aux commissions scolaires, là où
c'est souhaitable de le faire, d'organiser des groupes mixtes de formation
professionnelle pour jeunes et adultes. Donc, c'est un service rendu et
disponible pour les commissions scolaires, ces dernières étant
libres de choisir et d'organiser d'une manière ou d'une autre les cours
de formation professionnelle, mais ce sera toujours, à l'avenir, sur la
base du même régime pédagogique dans ses dimensions
fondamentales. (17 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
monsieur.
M. Gendron: C'est bien, c'est clair, il harmonise, mais ce
n'était pas ça, la question. Le ministre, encore là, a eu
le don de passer le poisson à l'un de ses valeureux fonctionnaires. Je
n'ai rien contre le fonctionnaire qui s'est admirablement bien tiré de
l'explication. La question est justement celle que les jeunes et les adultes
posent. Ils me disent: Nous, nous pensons qu'avec l'harmonisation... Il y a des
critiques que nous fait le milieu des adultes, compte tenu - je l'ai dit
tantôt - que pour eux, cela devient préjudiciable à ce
qu'ils avaient obtenu préalablement en termes de droits acquis et de
besoins spécifiques, soit pour les masses budgétaires en cause,
soit pour les programmes de formation.
Alors le ministre, par la réponse de M. Henry, me confirme qu'on
fait, bien sûr, de l'harmonisation entre la formation des adultes et des
jeunes, que cela va bien et qu'on procède. C'est pourquoi je suis
obligé de revenir au ministre, puisque ce ne sont pas des explications
techniques qu'il nous faut à ce moment-ci. Est-ce que les
appréhensions de la clientèle adulte, en ce sens qu'elle se fait
avoir, tant au chapitre du budget qu'à celui de la formation, sont
fondées? Et ça, c'est une question d'orientation qui
relève du ministre de l'Éducation, à ma connaissance,
beaucoup plus que de ses fonctionnaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Gendron: En conclusion, est-ce que les critiques de M. Proulx
concernant l'Institut canadien des adultes sont fondées ou si...
M. Ryan: il est arrivé... Excusez-moi. Ou si... Avez-vous
terminé votre question?
M. Gendron: Oui, j'ai terminé, en ce sens que si elles ne
sont pas fondées, vous savez le reste.
M. Ryan: Ou si elles ne le sont pas. M. Gendron:
D'accord.
M. Ryan: Très bien. Je tenais à la dernière
partie de la question.
M. Gendron: Ah bon!
M. Ryan: À mon point de vue, elles ne sont guère
fondées. Je me suis intéressé de très près
à cet aspect du dossier, d'abord, comme vous l'avez souligné
aimablement ce matin, en ma qualité d'ancien président de
l'Institut canadien de l'éducation des adultes, qui a longtemps
défendu le principe de la spécificité de
l'éducation des adultes, et aussi en ma qualité de ministre de
l'Éducation chargé de la saine et rationnelle utilisation des
fonds publics.
Pour faire comprendre le problème, je voudrais simplement
rappeler une couple de chiffres significatifs. L'an dernier, quand nous avons
dressé la carte des enseignements professionnels, nous avons
distribué à travers le Québec à quelque 118
commissions scolaires environ 1800 autorisations. Savez-vous, M. le
Président, combien n'ont pu être exercées cette
année, en 1988-1989? Il y en a au-delà de 700. Pourquoi?
Parce que les commissions scolaires n'étaient pas capables de faire du
recrutement dans ces options. Elles se pensaient très sûres
d'elles-mêmes: quelques mois auparavant, elles Insistaient, souvent avec
l'appui des députés et d'autres forces du milieu, pour obtenir
l'option. Mais, à l'expérience, elles se trouvaient incapables de
recruter l'effectif qu'il fallait.
Alors, imaginons une situation où une commission scolaire se
verrait attribuer le cours de mécanique automobile, où elle
recruterait six jeunes élèves et sept élèves
adultes, le nombre d'élèves requis pour donner un cours
étant onze. Qu'est-ce qu'on fait? Alors, c'est comme ça que le
problème se pose dans le concret.
Moi, j'ai vu à l'oeuvre des groupes de jeunes et adultes ensemble
pour l'option des techniques de bureau, pour l'option de la coiffure
également. Là, j'ai constaté qu'il est vrai qu'on classe
certains comme adultes et d'autres comme jeunes, mais, des fois, la
différence d'âge est de trois, quatre ou cinq ans. La
majorité des élèves adultes avait entre 18 et 25 ans
tandis que les jeunes avaient entre 16 et 17 ans. Ce que nous avons
constaté en causant avec les élèves eux-mêmes et les
éducateurs responsables de l'enseignement, c'est que la cohabitation des
deux, loin de produire les effets nocifs que certains redoutent, a au contraire
un impact pédagogique très intéressant. Les professeurs
m'ont dit que c'était plus facile de passer à travers le cours
dans ce contexte, parce que les jeunes étaient plus sérieux avec
les adultes et que les adultes apprécient énormément le
voisinage des jeunes. Alors, il faut y penser deux fois. Au point de vue
économique, évidemment, cela permet de donner plus de cours,
alors, c'est ce qu'ils font. Maintenant, cela dérange des enseignants
qui sont habitués à leurs conventions, à leurs
privilèges et à leurs règles sacro-saintes inscrites dans
les conventions. C'est vrai. C'est pour ça qu'un des objets de la
négociation collective, cette année, c'est l'ajustement des
conventions collectives, en fonction des réalités nouvelles qui
sont en train de prendre forme dans le secteur de l'éducation
professionnelle, mais c'est le défi qui se pose à nous. Je ne
pense pas qu'on puisse le régler ou y faire face dans les termes que
propose l'Institut canadien de l'éducation des adultes, malgré
tout le respect que j'ai pour cet organisme.
M. Gendron: M. le ministre, pour se faire un meilleur jugement,
accepteriez-vous de nous préparer - et je suis convaincu que vous avez
ça, en tout cas, si vous ne l'avez pas, je souhaiterais que vous le
fassiez faire - un tableau - c'est une expression - de la situation
prévalant en matière d'harmonisation aux jeunes adultes, mais
uniquement nous donner la proportion des clientèles
intégrées versus la proportion des clientèles qui ne sont
pas intégrées, qui sont séparées, et on
essaiera de porter un jugement, à savoir si l'institut canadien est
complètement dans les patates sur la spécificité que vous
avez longuement défendue quand vous étiez un prospère
écrivain. On portera un jugement, on verra si l'on doit épouser
leur thèse ou pas et on verra, sur la base des données qui nous
seront fournies si, effectivement, il y a de l'exagération, parce que de
me dire que, pour un cours donné, il y a énormément
d'intérêt pour des adultes d'être en présence de
jeunes ou inversement, vous avez probablement raison, mais ce n'est pas ce que
j'ai lu dans l'article de Jacques Proulx, c'était d'en faire une
règle statutaire où, dorénavant, c'est davantage la
formule d'intégration que vous préconisez. C'est à
ça qu'il s'est opposé, avec raison, que strictement avoir des
adaptations de circonstances. En passant, ce ne sont pas des oppositions des
enseignants que j'ai vues, ce n'est pas l'enseignant de la Corporation des
enseignants.
M. Ryan: J'apprécie énormément
l'intérêt du député pour ce sujet qui est
brûlant d'actualité. Les derniers chiffres que nous avons, pour
l'année 1988-1989, indiquent, comme je le disais dans mon exposé
liminaire de ce matin, que nous avons eu à peu près 20 000
inscriptions à l'enseignement régulier, dont, j'avais dit
à peu près 3000, c'est 2802 sur 16 000, étaient des
adultes. Ce n'est pas la fin du monde.
M. Gendron: S'il y avait moyen de les avoir, merci.
M. Ryan: Oui, nous avons ça. En tout cas, ce que je
communique est véridique.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'en doute pas,
mais...
M. Ryan: Je pense que cela règle ce problème -
excusez - peut-être pas dans l'esprit du député
d'Abitibi-Ouest, mais je pense que la tendance est inscrite dans les faits, et
il y a d'autres développements qui vont s'en venir. J'ai parlé de
la semestrialisation, ce matin, c'est un développement extrêmement
important qui aura des répercussions, également, pour tout le
phénomène de l'harmonisation, jeunes et adultes aussi, mais nous
explorons avec prudence, en évitant de mettre la charrue devant les
boeufs, mais en refusant, d'autre part, d'hésiter à faire face
à la réalité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député.
M. Gendron: Deux mots, parce que le temps file. Je ne ferai
même pas la problématique sur le sujet de la reconnaissance des
associations étudiantes d'adultes, la question, sans faire de
problématique, parce que je n'en ai pas le temps,
le ministre a-t-il l'intention d'amender la loi 32 pour permettre la
reconnaissance de l'association étudiante au niveau du secondaire?
M. Ryan: M. le Président, à cause de l'agenda
chargé des derniers mois, je n'ai pas eu le temps d'ouvrir ce dossier,
parce que je savais cil ne serait pas possible de l'acheminer dans l'appareil
législatif qui était déjà surchargé, mais
c'est un dossier dont je me préoccupe au plus haut point. Le
député d'Abitibi-Ouest a soulevé le problème des
étudiants adultes qui ont droit à une reconnaissance distincte;
j'en conviens sans hésiter. Également, dans les
universités, le problème des étudiants gradués, les
étudiants de deuxième cycle qui doivent actuellement être
représentés, pour fin légale, par des étudiants de
premier cycle. Ils ne l'acceptent pas, ils nous demandent depuis longtemps des
modifications à la loi 32, et dès que l'agenda politique et
législatif sera un peu dégagé, c'est une question que nous
devrons aborder de front. Alors, je répète que je suis d'accord
avec ce que je crois être la pensée du député
d'Abitibi-Ouest à savoir que les étudiants adultes ont droit
à une reconnaissance distincte s'ils le veulent.
M. Gendron: Est-ce que vous avez fait savoir ça à
M. Bourassa que votre agenda comme ministre de l'Éducation et ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science était passablement
chargé et qu'en conséquence...
M. Ryan: J'ai été mal compris, M. le
Président. J'ai parlé de l'agenda politique et législatif
du gouvernement.
M. Gendron: Ah bon! D'accord.
M. Ryan: Celui du ministre actuel a encore un peu d'espace.
M. Gendron: Bon! Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: Ha,
ha, ha!
M. Gendron: Là-dessus, toujours pour des raisons de temps,
l'autre question, M. le ministre, puisque, sans hésiter - il arrive
parfois que vous n'hésitez pas, c'est rare - mais sans hésiter,
vous avez dit: Ils ont raison. Il faudrait qu'ils soient
représentés. Vous êtes au courant qu'il y a une
fédération d'étudiants adultes qui existe et qui vous
demande un petit peut de revenus qu'engrangeait le ministre des Finances
allègrement en Chambre à trois ou quatre reprises et c'est
drôle, mais ils ont toujours essuyé un refus parce que vous dites:
La poule, l'oeuf, je ne sais quoi. Vous dites: Vous n'êtes pas
accrédités. Donc, je ne peux pas vous donner du fric. Durant ce
temps, ils n'ont jamais d'aide financière. Est-ce que vous ne trouvez
pas que ce serait intéressant de montrer votre détermination de
tantôt selon laquelle il n'y avait aucun problème et que les
étudiants adultes devraient être représentés et, en
conséquence, de leur donner un petit peu d'argent pour qu'ils
s'organisent et qu'ils puissent faire valoir certaines représentations
que vous jugez légitimes?
M. Ryan: Pour l'instant, je n'ai pas trouvé de solution
à ce problème. Le mode de perception des sommes qui pourraient
leur être attribuées n'est pas clair dans mon esprit pour
l'instant. C'est un sujet qui demande à être approfondi.
M. Gendron: Voulez-vous une suggestion? M. Ryan:
Pardon?
M. Gendron: Voulez-vous une suggestion? M. Ryan: Oui,
sûrement.
M. Gendron: À même votre discrétionnaire,
vous pourriez les aider un petit peu.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection. M. Gendron: Alors, on
va...
M. Ryan: Si c'est ça que le député a en vue,
on va le rencontrer avec plaisir.
M. Gendron: Non, à court terme, ce n'est pas ce que j'ai
en vue. Mais, à court terme, c'est parce que... Disons que le court
terme pour eux devient passablement long. Je pense que ces gens
mériteraient d'être encouragés un petit peu. Dans votre
discrétionnaire, ce serait sûrement faire oeuvre utile. Donc, je
peux leur dire publiquement que vous allez leur envoyer quelque chose.
M. Ryan: Je confie dès maintenant à mon
collaborateur, M. Rodrigue Dubé, le soin d'examiner leur situation et de
me faire rapport sur leurs besoins. J'examinerai...
M. Gendron: M. Dubé est en arrière. Est-ce que
ça va, M. Dubé?
M. Ryan:... ce rapport avec ouverture et je ne dis pas non en
principe à la proposition du député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Bon, alors...
M. Ryan: il sait très bien qu'en matière de
discrétionnaire, chaque fois qu'il y a des choses raisonnables, on les
examine avec ouverture.
M. Gendron: Chaque fois, je ne peux pas corroborer, mais je sais
qu'il y a une bonne ouverture des fois.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Rapidement parce qu'il reste deux minutes. J'allais
vous suggérer, M. le Président, M. le ministre ainsi que cette
belle brochette du ministère, si vous accepteriez parce qu'avec une
minute et quart je ne commencerai pas un autre programme et je n'y tiens pas,
je le suggère si vous étiez d'accord, que nous recommencions
à 19 h 30 pour envisager de finir à 22 h 30 plutôt que 20
heures à 23 heures. Est-ce que vous seriez ouverts à cette
suggestion? Si les membres de la commission sont d'accord ainsi que le
président, je serai ici à 19 h 30 parce qu'il nous reste trois
heures à faire. On pourrait finir...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous le dis
déjà.
M. Gendron: ...à 22 h 30.
Le Président (M. Parent, Sauvé): il vous reste deux
heures et cinquante.
M. Gendron: Là, pour dix minutes, compte tenu des retards,
ça ne me dérange pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pas d'objection.
M. le ministre. MM. les membres de la commission.
M. Ryan: Je suis au service de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est à 19
h 30. On suspend nos travaux jusqu'à 19 h 30.
M. Gendron: ...on a un caucus...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! Un
instant, s'il vous plaît! On n'a pas encore suspendu nos travaux. On me
rappelle que les députés ministériels ont un caucus
à 18 heures. Cela va être l'heure du diner. Si l'on se mettait
tous d'accord pour être ici le plus rapidement possible avant 20
heures.
M. Ryan: Je pense bien que ça devrait marcher, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour 19 h 30,
ça peut être serré.
M. Gendron: Parce que vos caucus, depuis trois ou quatre
semaines, duraient dix minutes parce que vous avez hâte d'aller en
élection, cela ne peut pas être une raison...
Le Président (M. Parent, Sauvé): On suspend nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 58)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! J'invite les membres de cette commission à
prendre place.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux.
J'inviterais le ministre de l'Éducation à prendre place ainsi que
ses collaborateurs. Nous en étions à l'étude des
crédits du programme 4. M. le député d'Abitibi-Ouest, vous
avez toujours la parole.
M. Gendron: M. le Président, au programme 4, il reste un
élément au sujet duquel j'aimerais questionner le ministre de
l'Éducation avant de passer au programme 5. Auparavant, j'aimerais poser
une question au ministre concernant les cours de langue seconde Je voudrais
soulever Une courte problématique. Les cours de langue seconde
dispensés aux adultes par les commissions scolaires sont
généralement financés à même l'enveloppe dite
fermée - en tout cas, on l'appelle ainsi - en éducation des
adultes destinée aux personnes qui poursuivent un diplôme
d'études secondaires. En 1987-1988, une somme de 8 000 000 $ avait
été prévue à cette fin. Cette enveloppe s'est
élevée à 5 939 200 $, près de 6 000 000 $,
c'est-à-dire à 72 % pour les activités de formation en
anglais, langue seconde. Il faut indiquer aux membres de cette commission que
la CECM et la CEPGM, à elles seules, ont reçu le tiers de cette
enveloppe.
Pour 1988-1989, l'enveloppe était de 4 000 000 $. Cependant, il y
a des commissions scolaires qui font financer à même l'enveloppe
ouverte des cours de langue seconde donnés selon un mode intensif
à une clientèle surtout allophone et à des
bénéficiaires d'assurance-chômage, selon l'article 39. En
principe, et c'est important, ces adultes doivent être en cheminement
pour l'obtention d'un diplôme d'études secondaires. Il semble
cependant qu'il y ait certaines divergences d'interprétations entre le
ministère de l'Éducation du Québec et Emploi et
Immigration Canada pour qui les bénéficiaires de l'article 39 ne
peuvent suivre un programme régulier menant à un diplôme,
mais uniquement suivre des cours qui augmentent leur employabi-lité. Je
répète, à Emploi et Immigration Canada, on dit: On ne peut
pas avoir des étudiants qui sont inscrits dans des programmes de DEC, de
DES, pardon, diplôme d'études secondaires, parce que ce sont des
cours offerts en vue d'augmenter leur employabilité et non d'obtenir un
diplôme d'études secondaires.
Les lettres du ministre sont souvent longues mais, en règle
générale, elles sont claires. Je ne sais pas si celle-là
lui a échappé, mais dans une lettre pas très claire,
passablement confuse, en réponse à nos questions, ce n'est pas
possible, mais c'est bien ça, le ministre indique que les commissions
scolaires devront élaborer un profil de formation et s'assurer du mieux
qu'elles le
peuvent des intentions de l'adulte. Imaginez!.
Oui, des intentions de l'adulte. Question, la première, M. le
ministre: Combien d'argent sera dépensé, en 1988-1989, à
même l'enveloppe fermée, pour les cours de langue seconde?
Quelle est l'enveloppe prévue pour 1989-1990?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Est-ce que le député pourrait
répéter sa question, s'il vous plaît?
M. Gendron: Oui. Combien d'argent sera dépensé en
1988-1989 à même l'enveloppe fermée pour les cours de
langue seconde? Deuxièmement, quel est le montant de l'enveloppe qui est
prévu pour 1989-1990?
M. Ryan: Un bref mot d'explication. Nous avons des cours de
formation générale à l'intention des adultes. Des adultes,
dont j'ai donné le nombre ce matin, s'inscrivent en vue de l'obtention
d'un diplôme d'études secondaires. Ils vont suivre,
évidemment, ces cours de langue aussi, dans l'ensemble de
l'itinéraire qui leur est fixé. Pour ces cours de formation en
langue, à même l'enveloppe ouverte de l'éducation des
adultes, il y avait 10 000 000 $ au budget de 1988-1989. En plus, il y a
l'enveloppe fermée dont a parlé le député
d'Abitibi-Ouest, laquelle est destinée aux adultes qui désirent
accroître leur habileté à parler une autre langue, la
langue seconde, sans nécessairement vouloir poursuivre l'obtention d'un
diplôme. Cette enveloppe-là était de 4 000 000 $ en
1988-1989. Une partie de cette enveloppe provient d'une entente entre le
Secrétariat d'État du Canada et le gouvernement du Québec.
Nous estimons cette partie à 1 200 000 $.
M. Gendron: On résume rapidement. L'enveloppe
fermée pour 1988-1989 était de 4 000 000 $. Est-ce que tout cela
a été dépensé?
M. Ryan: Pas tout à fait, je pense. Oui, d'après ce
qu'on me dit, d'après les dernières nouvelles. J'avais eu des
notes il y a quelques jours à peine et on n'était pas sûr.
Mais là, apparemment, cela va être tout dépensé.
M. Gendron: Et quel est le montant...
M. Ryan: Les fonctionnaires sont très habiles pour finir
de dépenser les sommes à la fin de l'exercice.
M. Gendron:... prévu pour 1989-1990, mais de l'enveloppe
fermée? Parce que là vous m'avez donné 1988-1989, 4 800
000 $. Mais quelle est l'enveloppe pour 1989-1990?
M. Ryan: 4 000 000 $.
M. Gendron: Ce sont 4 000 000 $ qui sont prévus?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Combien dans l'enveloppe ouverte pour 1989-1990?
M. Ryan: Même montant: 10 000 000 $.
M. Gendron: Et, par rapport aux difficultés que le
ministère a actuellement avec Emploi et Immigration Canada, est-ce que
c'est toujours concernant ce que j'ai prétendu tantôt à
!'effet que Emploi et Immigration Canada prétend qu'on ne peut qualifier
des gens avec ces montants-là, en vue de l'obtention d'un diplôme
d'études secondaires et que vous continuez à le faire quand
même? Est-ce que c'est ça l'objet du litige?
M. Ryan: Nous n'avons pas de litige. Si Assurance-Chômage
Canada ou Emploi et Immigration Canada a un litige avec certains de ses
bénéficiaires, c'est son problème. C'est à Emploi
et Immigration Canada de voir à ce que ses bénéficiaires
émargent aux programmes pour lesquels ils sont qualifiés. Les
cours que nous donnons sont parfaitement légitimes. Nous n'avons pas de
permission à demander à qui que ce soit pour les admettre
là. C'est clair?
M. Gendron: Oui, mais à ce moment...
M. Ryan: Je suis surpris que le député
d'Abitibi-Ouest veuille qu'on passe par Ottawa pour avoir la permission
d'accueillir des élèves dans nos cours. Cela me renverse.
M. Gendron: Non, non, je suis surpris que vous ne leur ayez pas
dit ça aussi clairement que vous venez de le faire puisque, de toute
façon, ils vous ont envoyé de la correspondance et je n'ai pas vu
de lettre aussi franche que ce que vous venez de dire.
M. Ryan: Moi, je n'ai pas reçu de lettre d'eux.
M. Gendron: Vous dites que comme ministre de l'Éducation
vous n'avez pas reçu de correspondance d'Emploi et Immigration Canada
concernant cette question-là?
M. Ryan: Non, pas à ma connaissance. Je m'en souviendrais
parce que cela m'aurait frappé.
Une lettre venant d'Ottawa, je n'en reçois pas tous les
jours.
M. Gendron: Est-ce que vous voulez demander à vos
fonctionnaires si c'est ce genre de lettre qu'ils ne vous auraient pas
montrée.
Pourrez-vous leur demander si eux ont reçu...
M. Ryan: Je pense qu'ils n'exercent aucune censure sur mon
courrier, que je sache.
Une voix: M. Lemieux m'a parlé de cette
lettre-là.
M. Ryan: M. Boudreau me dit que M. Lemieux lui aurait
parlé de cette lettre en fin de semaine en relation avec des
circonstances qui ne sont pas ignorées du député
d'Abitibi-Ouest. Mais M. Boudreau m'assure qu'il n'a pas eu trace de cette
lettre. À moins qu'elle soit arrivée dans le courrier des
derniers jours. ...d'une lettre qui m'aurait été adressée
à mon titre de ministre de l'Éducation.
M. Gendron: Non, M. le ministre... Un instant, cela va aller si
l'on se comprend. Quand je vois ici, gouvernement du Québec,
ministère de l'Éducation, je pense que je suis à la bonne
place. Je pense que ce sont les crédits du ministère qu'on est en
train de regarder. Les CRSSS, je ne suis pas capable de les imprimer sur les
papiers. Alors, gouvernement du Québec, ministre de l'Éducation,
direction générale de l'éducation des adultes. Alors,
c'est M. Jacques Couture, qui est directeur de la gestion à la Direction
générale de l'éducation des adultes qui écrit
à M. Jacques Drouin, directeur du développement des
compétences, Emploi et Immigration Canada. Alors, cela veut dire qu'il y
a eu un échange de correspondance entre le ministère et Emploi et
Immigration Canada.
M. Ryan: Tantôt la question était à propos
d'une lettre qui m'aurait été adressée en ma
qualité de ministre de l'Éducation. J'ai dit qu'il n'y en avait
pas à ma connaissance.
M. Gendron: Non, en votre qualité de répondant du
ministère de l'Éducation.
M. Ryan: Peut-être qu'il y a eu une lettre, un
échange de correspondance avec les fonctionnaires, c'est une autre
affaire. J'aime autant que la vérité vienne directement de la
personne concernée. M. Couture m'informe qu'il y aurait eu
échange de correspondance en octobre dernier. Si le député
est intéressé, je suggérerais que nous entendions M.
Couture.
M. Couture (Jacques): Effectivement, M.
Jacques Drouin m'a fait parvenir une lettre au mois d'octobre dernier
à laquelle j'ai répondu au mois de septembre. Effectivement,
Emploi et Immigration...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez
reçu la lettre au mois d'octobre et vous y avez répondu au mois
de septembre?
Une voix: Ça, c'est de l'efficacité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Expliquez-nous
ça.
M. Ryan: ...était aussi rapide que ça.
M. Gendron: Là je comprends pourquoi le ministre ne l'a
pas vue.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Couture.
M. Couture: il s'agit d'une réponse pour le mois de
novembre, vraisemblablement, plutôt que pour le mois de septembre
effectivement, puisque j'ai reçu la lettre le 19 octobre. M. Jacques
Drouin nous demandait si le ministère de l'Education finançait
les activités de formation en langue seconde dans les commissions
scolaires qui permettraient à ces adultes de bénéficier de
l'article 39 de la Loi sur l'assurance-chômage, du seul fait qu'ils
poursuivent leurs études à temps plein plutôt qu'à
temps partiel. Nous lui avons effectivement répondu que les
règles budgétaires ainsi que l'instruction relative à
l'organisation de la formation permettent aux commissions scolaires d'effectuer
un choix pédagogique de cet ordre c'est-à-dire de dispenser les
cours à temps plein plutôt qu'à temps partiel, comme cela a
d'ailleurs été le cas au cours des quinze dernières
années dans ce type d'intervention de formation en langue seconde pour
des adultes qui ne s'inscrivent pas pour l'obtention d'un diplôme.
Nous lui avons donc fait savoir, par ma lettre du mois de novembre, que
le ministère de l'Éducation était conscient du fait que
les commissions scolaires pouvaient organiser ces formations financées
par lui, mais nous lui avons fait part de notre réflexion en ce qui
concerne ce dossier et nous ne l'invitions pas à référer
les personnes qui bénéficient d'une prestation
d'assurance-chômage aux commissions scolaires pour
bénéficier de ces avantages. Nous l'avons d'ailleurs, pour ainsi
dire, invité à la prudence, nous laissant ainsi le temps de
déterminer quelle serait notre réaction par rapport à ce
phénomène relativement nouveau d'adultes qui s'inscrivaient pour
bénéficier de cette clause du seul fait que la commission
scolaire leur donnait des cours à temps plein. Depuis ce temps, nous
avons effectué des vérifications et nous nous sommes
rencontrés, M. Drouin et moi, à quelques reprises; nous suivons
l'affaire de très près, pour nous rendre compte que certaines
personnes adultes bénéficient de cours à temps plein.
Emploi et Immigration Canada, en vertu de la réglementation actuellement
en vigueur, accepte de leur verser une prestation d'assurance-chômage. Il
s'agit bien de la réglementation en matière
d'assurance-chômage à ce moment-ci sur laquelle nous n'avons
aucune autorité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
monsieur.
M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que ceci
met fin à l'étude du programme 4?
M. Gendron: Non. Un instant. Cela ne sera pas long.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Prenez tout votre
temps. M. le député.
M. Gendron: M. le ministre, sur l'enveloppe ouverte, combien
peut-il y avoir d'étudiants inscrits à temps plein en langue
seconde en vue de l'obtention d'un diplôme d'études secondaires?
(20 h 15)
M. Couture: Nous ne disposons pas présentement d'une
statistique très éprouvée là-desssus. C'est qu'on
considère actuellement que, par rapport à l'article 39, il y a
dans la région de Montréal environ 600 personnes qui
bénéficient de l'assurance-chômage en vertu du fait
qu'elles sont aux études à temps plein.
Apparemment, ce phénomène ne se reproduit pas pour celles
qui se destinent à l'obtention d'un diplôme d'études
secondaires avec un profil des plus complets. Parmi elles, à la CECM,
seulement 30 sont inscrites à l'enveloppe ouverte. Sur l'ensemble des
personnes inscrites à temps complet à la CECM, soit 350, il y en
a seulement 30 dont les coûts de formation sont imputés à
l'enveloppe ouverte parce qu'elles sont dans un cheminement visant à
l'obtention d'un diplôme d'études secondaires. Toutes les autres
sont à l'enveloppe fermée parce qu'elles poursuivent les
objectifs par rapport à la langue seconde, sans poursuivre le
diplôme d'études secondaires.
M. Gendron: Le ministre pourrait-il accepter de nous envoyer,
peut-être pas ce soir, le détail concernant les gens, autant
à la CECM qu'au CEPGM, qui étaient concernés par la
question litigieuse avec Emploi et Immigration Canada, c'est-à-dire
l'interprétation que vous faites avec l'article 39?
M. Ryan: On pourrait vous fournir cela.
M. Gendron: Nous, on aimerait avoir cette information, par
rapport à l'interprétation de l'article 39, les clientèles
qui ont utilisé les sommes prévues à l'enveloppe ouverte
ou l'enveloppe fermée, mais toujours dans l'obtention du programme de
cours en langue seconde. Je ne veux pas le reste de la formation. Strictement
pour les cours de formation en langue seconde.
M. Ryan: Il y aura moyen de vous fournir les statistiques
à jour. Cela concerne surtout deux commissions scolaires dans la
région de Montréal.
M. Gendron: C'est ce qui est spécifié. C'est pour
ça que j'aimerais avoir ces informations.
M. Ryan: Ça va.
M. Gendron: Un instant.
M. Ryan: Si vous avez la lettre de M. Bouchard, vous nous
l'enverrez.
M. Gendron: Oui. Si j'ai la lettre de M. Bouchard, vous
l'envoyer? D'accord.
M. Ryan: La lettre du ministre fédéral.
M. Gendron: Devant les membres de la commission, je vous dis que
si j'ai la lettre de M. Bouchard, je vais vous l'envoyer. Donc, vous ne l'aurez
pas parce que je ne l'ai pas.
M. Ryan: Très bien. Moi non plus.
M. Gendron: Sur l'enveloppe provenant du Secrétariat
d'État, M. le ministre, vous avez indiqué que la contribution du
Secrétariat d'État était d'une somme de 1 200 000 $.
Recevez-vous les 1 200 000 $ du Secrétariat d'État et n'y a-t-il
pas de restriction quant à l'affectation de cette somme, ou y a-t-il des
spécifications précises qui vous indiquent que les 1 200 000 $
sont touchables, mais à la condition qu'ils soient affectés de
telle et telle façon sur tel et te) type de cours?
M. Couture: Les 1 200 000 $ qui sont versés au
gouvernement du Québec, c'est en effet relié à la
poursuite d'objectifs bien spécifiques pour l'enseignement de la langue
seconde aux Québécois. Ses objectifs sont les suivants: Offrir
aux résidents de chaque province, dont le Québec, la
possibilité d'étudier le français ou l'anglais comme
langue seconde; offrir aux membres de la collectivité d'expression
anglaise la possibilité d'un enrichissement culturel grâce
à la connaissance de la langue et de la culture de la
collectivité d'expression française et, à la
réciproque, offrir aux membres à la collectivité
d'expression française la possibilité d'un enrichissement
culturel grâce à la connaissance de la langue et de la culture
dans la collectivité d'expression anglaise.
Or, ce sont ces objectifs que le ministère de l'Éducation,
par son enveloppe fermée, poursuit depuis environ une quinzaine
d'années avec le réseau des commissions scolaires qui
interviennent en éducation des adultes.
M. Ryan: Sur cette entente...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: ...c'est une entente générale que nous
avons avec le secrétariat d'État. Il effectue des versements
deux, trois ou quatre fois par année; ils envoient un chèque.
C'est pour tout l'ensemble du programme. Nous envoyons en retour un rapport sur
les dépenses que nous avons faites dans ce secteur. Le rapport
établit toujours que nous dépensons infiniment plus que nous ne
recevons d'Ottawa pour l'enseignement dans la langue de la minorité ou
l'enseignement de la langue seconde. C'est comme ça que les choses se
passent. Il n'y a pas de vérification programme par programme et poste
par poste.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. le député.
M. Gendron: M. le Président, merci. Je voudrais maintenant
passer au programme 5.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
Gendron: Au programme 5.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de passer au
programme 5, est-ce qu'on peut dire que le programme 4 est adopté?
M. Gendron: Non, on ne peut pas dire ça. Ce n'est pas
grave, c'est juste parce que j'ai une vérification à faire, je
vais revenir. En ce qui me concerne je n'ai plus d'autre question, mais une
vérification.
M. Ryan: il y a peut-être une précision à
apporter sur le programme Jeunes Volontaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
ministre.
M. Gendron: Excellent. Je l'aurais demandé après,
si vous pouvez la donner tout de suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez. M. le
ministre.
M. Ryan: J'ai eu l'occasion de causer avec mon collègue,
M. Picotte, tantôt. Il m'informait que le programme Jeunes Volontaires,
dans son volet scolaire, est en effet l'objet d'interrogations à son
ministère, mais que là il a décidé de renouveler
les contrats existants avec les commissions scolaires jusqu'au mois de
septembre. Pour septembre, il y a d'autres vérifications et d'autres
études qui doivent être faites. Il n'y a pas de conclusion de
tirée encore. Moi-même, je vérifiais auprès de ma
collaboratrice qui a travaillé ça, Mme Claire Girard, qui dans le
temps avait fait les représentations auprès du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. On avait laissé
l'impression, à ce moment, que le problème pouvait se
régler, mais les derniers renseignements que j'ai obtenus de M. Picotte
tantôt indiquent qu'à compter de septembre prochain il y a des
interrogations qui devront trouver des réponses.
M. Gendron: Tout ce que je peux mentionner: Merci, M. le
ministre, pour cette information, sauf que - c'est par honnêteté
que je dis ça - cela ne me rassure pas plus de vos intentions pour
souscrire au bien-fondé ou pas du volet formation éducative qui
était inclus à l'intérieur du programme Jeunes Volontaires
que je sais être au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, et je sais que les crédits sont là. Cependant, il
serait très intéressant pour nous de le savoir pour
qu'auprès des jeunes qui font des représentations pour
sauvegarder le volet formation, on puisse leur dire: Au moins, au
Québec, le ministre de l'Éducation est d'accord avec vous et il
prétend que le volet formation devrait demeurer à
l'intérieur du programme Jeunes Volontaires. C'était le sens de
ma question. Vérifier auprès de M. Sicotte, c'est une information
additionnelle; mais ce n'est pas tellement celle-là qui est importante
comme celle de nous assurer que vous, comme ministre de l'Éducation,
justement, si on a la garantie que le programme n'est pas modifié d'ici
septembre, mais qu'il y a des intentions ou des velléités de le
faire à partir de septembre, vous avez l'intention de lui faire
connaître votre point de vue par rapport au volet formation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je vérifierai la pertinence et l'utilité
du programme, à la suite de quoi j'arrêterai la ligne de conduite
que je tiendrai avec mon collègue, le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. Je serai très heureux d'en informer les
députés.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 4? S'il n'y a pas d'autres interventions ni
d'autres questions, est-ce qu'il est adopté?
M. Gendron: C'est ce que je vous disais, M. le Président,
s'il n'y a pas d'objection, j'ai une vérification à faire. Ce
n'est pas une question pour moi. À ma connaissance, il sera
adopté sans qu'on revienne avec des questions, dès que j'aurai
fait une vérification.
Éducation populaire
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
J'appelle le programme 5 qui a pour titre Éducation populaire. M. le
porte-parole de l'Opposition, le député d'Abitibi-Ouest.
OVEP
M. Gendron: Rapidement, avant d'interroger le ministre sur le
programme Éducation populaire, je voudrais replacer un peu la
perspective. Les crédits alloués à l'éducation
populaire s'élèvent à 12 ''OO 000 $, une augmentation de 2
% par rapport aux dépenses probables, je l'ai dit. J'ai rappelé
qu'en quatre ans, le budget avait augmenté de 9 %, ce qui
n'équivaut même pas à l'inflation. La compression pour la
non-indexation des autres coûts est estimée à 400 000 $.
J'en profite pour faire un commentaire additionnel. Je voyais, de l'autre
côté de la table, combien ces gens étaient pleins
d'assurance face aux propos du ministre quand il disait: Écoutez, bien
oui, c'est vrai qu'on a des coupures de 10 000 000 $, mais qu'est-ce que c'est,
10 000 000 $ sur un budget de 5 000 000 000 $? C'est caricatural de
présenter les choses comme cela. Le ministre sait bien que le budget de
l'Éducation, ce n'est pas 10 000 000 $ sur 5 000 000 000 $, quand on
sait que les 80 % ou 85 % du budget sont incompressibles pour des raisons de
salaire, etc. Les 10 000 000 $ de coupures qu'il appliquait aux commissions
scolaires en n'indexant pas l'enveloppe "Autres coûts", c'est une coupure
de 10 000 000 $ sur peut-être - je ne l'ai pas devant moi et je ne veux
pas revenir là-dessus - 275 000 000 $, 300 000 000 $. Ho! Ho! Ce n'est
plus la même affaire. À moins de ne rien savoir des chiffres, 10
000 000 $, 12 000 000 $ sur 300 000 000 $, cela fait mal. 10 000 000 $ sur un
budget de 5 400 000 000 $, vous aviez raison; mais ce n'est pas cela qu'il
fallait présenter. Ce n'est pas pour rien que les commissions scolaires
ont réagi. Elles savent bien sur quoi on l'applique.
En éducation populaire, c'est la même chose. La compression
pour la non-indexation des autres coûts est estimée à 400
000 $; 400 000 $ sur un budget de 12 000 000 $, quand on sait que
là-dedans, il y a une série de dépenses incompressibles,
c'est également une compression difficile. Si on regarde plus
précisément les OVEP - Organismes volontaires d'éducation
populaire - les crédits sont gelés à 9 300 000 $ en
année scolaire, mais augmentent de 390 000 $ en année
budgétaire. En fait, ils auront connu en quatre ans une seule
augmentation de leur budget - je l'ai dit tantôt, c'est l'an dernier - 1
400 000 $, donc, une croissance nulle en dollars constants, alors que les
projets soumis correspondent à des demandes d'environ 30 000 000 $.
Cette augmentation apportée l'année dernière a
été accompagnée de la levée du moratoire sur
l'accréditation de nouveaux organismes. On se souviendra que le
Mouvement des consommateurs handicapés du Québec, qui regroupe
sept organismes, avait demandé en vain d'être admissible à
cette forme d'aide. Les informations qu'on nous a transmises indiquent que les
subventions accordées aux 679 organismes déjà
accrédités sont restés stables à environ 7 900 000
$. Les 42 nouveaux organismes accrédités auraient reçu 370
000 $; 76 autres organismes ont reçu 580 000 $ et les structures de
représentation ont reçu 95 000 $ L'an dernier, le MEQ avait
tenté d'introduire une réforme du programme OVEP qui aurait eu
pour effet, par une définition restrictive de l'éducation
populaire, d'éliminer plusieurs organismes du programme. À la
suite d'une contestation et d'une levée de boucliers de tous les
intervenants, le ministre avait reculé.
M. Ryan: J'ai écouté.
M. Gendron: Oui, oui, vous avez écouté, c'est
ça, excusez. Le ministre de l'Éducation, voyons, il ne recule
jamais, ce n'est pas posrbie. Alors, je corrige mon impair
immédiatement.
La ventilation précise de l'ajout de 1 400 000 $ en 1988-1989,
j'aimerais que le ministre nous la donne, même si c'est pour
l'année passée, parce qu'il nous a toujours dit qu'il y avait eu
1 400 000 $ de plus en année scolaire, mais on n'a jamais
été capable de savoir exactement comment cela se
répartissait. Là, je donne des précisions, M. le ministre.
Des organismes déjà accrédités, combien y en
a-t-il? Je voudrais savoir ça. Combien y a-t-il de nouveaux organismes
accrédités? Quelle a été la somme versée
pour le soutien aux trois associations nationales? Combien avez-vous pris
d'argent dans cette enveloppe pour les frais de gestion? Avant ça,
c'était défrayé par ministère. A quoi servent les
205 000 $ indiqués à la demande no 8? On vous a fait une
série de demandes et la demande no 8, vous nous avez indiqué 205
000 $. Donc, à quoi servent ces 205 000 $ indiqués à la
demande no 8 de l'information qu'on a reçue du ministère?
Première page, c'est écrit: Demande no 8, Ventilation des
dépenses effectuées en 1988-1989. À un moment
donné, à la demande no 8, au bas de la page, c'est écrit:
autres activités telles recherche et développement, gestion: 205
000 $. Je veux savoir à quoi servent les 205 000 $ indiqués au
bas de cette page. Voilà la première question concernant les
organismes volontaires d'éducation populaire.
M. Ryan: Je vais prendre les questions une après
l'autre.
M. Gendron: Oui, rapidement, M. le ministre. Dans la ventilation
précise de l'ajout de 1 400 000 $ en 1988-1989, j'aimerais avoir le
nombre d'organismes déjà accrédités. (20 h 30)
M. Ryan: À la fin de l'année budgétaire
1988-1989, nous dénombrions 737 organismes accrédités,
déjà sur les listes, qui ont été reconduits cette
année, qui se sont vu attribuer une subvention pour des programmes
dûment approuvés par des comités d'examen.
M. Gendron: Ces 737 organismes, combien
d'argent ont-ils reçu sur les 1 400 000 $?
M. Ryan: Attendez un peu, c'est sur le total. On ne peut
pas...
M. Gendron: Non, non, ça va. M. Ryan: Le total...
M. Gendron: Cela va, je m'excuse. Continuez sur le total.
M. Ryan: On verra ça tantôt. Cela va. Ensuite, nous
en avons invité 119 nouveaux, cette année, dont 89 ont
répondu à l'appel. Cela veut dire qu'il est venu s'en ajouter 89
aux 737 qui étaient déjà là. Je veux dire 737 plus
89, ça fait 826. Maintenant, si nous essayons de répartir les
subventions versées à même l'ensemble du programme, il y en
a qui sont allées pour des activités d'alphabétisation.
Vous l'avez dans les réponses qui vous ont été fournies.
Il y en a pour 1 975 904 $.
M. Gendron: Si on l'a, on n'a pas posé de question
là-dessus. Combien d'argent a été alloué pour le
soutien aux trois organismes nationaux?
M. Ryan: C'est 95 000 $ pour eux. Vous demandiez ce que les frais
de gestion pouvaient comporter. Sur les frais de gestion, il y a 175 000 $ qui
sont des frais de développement de programmes, de fonctionnement de
groupes de travail, etc. Il y a une somme de 30 000 $ dont 20 000 $ sont
destinés à l'Institut canadien d'éducation des adultes
pour l'organisation d'un colloque sur l'éducation populaire.
M. Gendron: Sans refaire la ventilation - ma question s'adresse
au ministre, mais vous avez le droit de vous faire aider de vos précieux
collaborateurs - des 1 400 000 $ de plus en 1988-1989, je prétends qu'il
n'y a pas d'organismes déjà accrédités qui ont
bénéficié de l'ajout de ce montant en 1988-1989. Je veux
savoir si ma prétention est exacte.
M. Ryan: Votre prétention est fondée. Mais il faut
bien se dire, quand il s'agit d'un organisme bénévole qui touche,
disons 20 000 $, que ce ne sont pas des montants fixes qui ne doivent aller
qu'à une fin. Il y a des locations de salles. Il y a des achats de
matériel. Il y a des honoraires à payer à des
conférenciers ou à des professeurs. Il y a une marge de jeu
là-dedans. C'est vrai qu'il n'y a pas eu d'indexation. Mais dans le cas
d'un organisme bénévole, s'il y a 3 % ou 4 % de moins, il peut
très bien faire un bon travail quand même. Je pense bien qu'on
n'en est pas à compter ça à la manière des
syndicats qui défendent les intérêts de leur personnel
jusqu'à la dernière heure, jusqu'à la dernière
seconde de travail.
M. Gendron: Je comprends. Sauf que ce qui est sûr, par
votre réponse que je pense franche, honnête et correspondant aux
faits, c'est que ces organismes n'ont reçu aucune augmentation depuis
quatre ans. Et, au début, il y a quatre ans, dans la plupart des cas,
ils trouvaient que la petite somme que vous leur octroyiez leur permettait
uniquement de ne pas disparaître, mais que ça ne voulait pas dire
faire les choses qu'ils auraient souhaité vouloir faire. Et les
coûts de loyer et les coûts additionnels que vous indiquez
aujourd'hui ne représentent pas le même coût pour ces
organismes volontaires. Par contre, depuis quatre ans, ils n'ont pas eu un
rond. Alors la question que je voulais vous poser, à la suite de la
réponse que vous avez donnée est celle-ci: Est-ce que cela
n'aurait pas été plus logique de ne pas faire accroire à
de nouveaux organismes, que vous avez accrédités, que vous aviez
de l'argent neuf à leur offrir et de l'offrir davantage à ceux
qui en avaient amplement besoin pour continuer et varier un peu plus les
activités qu'ils offraient?
M. Ryan: Tout d'abord, il ne faut pas penser que tout est
gelé depuis quatre ans dans le cas de tous les organismes. Ce n'est pas
la réalité. Il y a eu des changements dans les modes
d'attribution des subventions à une couple de reprises. Il y en a qui
sont disparus des rangs aussi. Les sommes étaient distribuées,
même quand il n'y avait pas de nouveaux organismes qui s'ajoutaient. Cela
veut dire qu'il y avait des ajustements dans les subventions de plusieurs. Par
conséquent, je ne pense pas qu'on puisse soutenir que tout a
été figé dans la glace depuis quatre ans. Ce n'est pas le
cas.
M. Gendron: Non.
M. Ryan: Maintenant cette année, ma réponse
à la question est non. Je pense qu'il était très important
d'ouvrir les portes pour de nouveaux organismes, parce qu'il faudrait avoir une
conception drôlement figée de la réalité pour
s'imaginer que des organismes bénévoles, fragiles de par leur
nature même, peuvent demeurer stables pendant un nombre indéfini
d'années et qu'il n'en naîtra pas d'autres qui vont même en
remplacer certains qui existaient déjà ou les supplanter. Il y a
une vie beaucoup plus mobile dans ce secteur-là que ne semblent
l'indiquer les questions du député d'Abitibi-Ouest. C'est pour
cela qu'en accueillant une centaine d'organismes nouveaux cette
année...
M. Gendron: il y a là encore une intention...
M. Ryan:...à l'aide d'un ajout de ressources de 1 000 000
$, je pense que nous avons fait une très bonne opération.
D'ailleurs, dans les 119 que nous avons invités, il y en a seulement 80
qui ont répondu. C'est signe que les autres avaient
des bonnes choses sur papier, mais Ils ont estimé qu'ils
n'étaient pas prêts à fonctionner tout de suite.
M. Gendron: Vous avez signalé, M. le ministre, qu'il y en
avait plusieurs qui avaient d'iparu. En 1988-1989, combien y a-t-il
d'organismes accrédités qui n'existent plus?
M. Ryan: Une cinquantaine. Le critère que nous prenons est
le suivant: un organisme qui ne présente pas de projet durant deux
années de suite se désaccrédite. Il y en a une
cinquantaine qui sont tombés dans cette catégorie cette
année.
M. Gendron: Sur environ 750 à 800? M. Ryan:
Oui.
M. Gendron: Cette année, combien de nouveaux organismes
prévoyez-vous accréditer en 1989-1990, sur les crédits de
cette année?
M. Ryan: Cette année, de nouvelles accréditations,
il n'y en aura pas beaucoup. S'il y avait un nombre de
désaccréditations assez élevé, là, il y
aurait une marge pour accueillir de nouveaux organismes. Les crédits
comme nous les avons, ne permettent pas au départ d'annoncer de
nouvelles accréditations.
M. Gendron: C'est ce que je voulais entendre dire par le
ministre, puisqu'il n'y a pas de crédits. Cela m'aurait
étonné que vous répondiez oui car si vous l'aviez fait,
j'aurais demandé: Où allez-vous prendre le fric? Dans la mesure
où il y a gel du budget et augmentation d'organismes - dans les faits
vous n'allez probablement pas en accréditer, vous venez de le dire, vous
n'avez pas les crédits requis - est-ce que je suis conforme à la
réalité de ces milieux en disant qu'il y a un certain nombre qui
vont vous faire tout de même une demande de crédits? En
conséquence, vu qu'il y en a un certain nombre qui vont vous faire une
demande de crédits et qu'ils n'en auront pas et ceux qui étaient
accrédités n'ont pas d'argent additionnel, il me semble que je ne
peux que dire que, pour ce qui est des organismes d'éducation populaire,
c'est évident que le ministre de l'Éducation ne peut pas les
satisfaire. Je ne parle même pas en termes de volume de demandes, je ne
parle qu'en termes de préoccupation. Le ministre de l'Éducation
peut peut-être bien être très préoccupé par
cette question, mais dans les faits, pour les crédits qu'on
étudie, il n'y a pas de possibilité d'en accréditer de
nouveaux organismes, et les anciens, à moins d'appeler un autre
collègue OVEP - si vous me permettez l'expression - pour qu'il laisse sa
place pendant deux ans, il n'y a pas de chance d'avoir une augmentation de ces
crédits. Est-ce bien cela?
M. Ryan: J'ai indiqué tantôt ce qui en était.
Supposez qu'il y a une cinquantaine d'organismes qui se désistent ou qui
soient désaccrédités cette année, cela crée
un certain nombre de places pour les quelques 200 organismes qui sont sur la
liste d'attente présentement. Je voudrais...
M. Gendron: Est-ce que... M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Je croyais que vous aviez fini. Est-ce que vous avez
renoncé à modifier le programme de Soutien à
l'éducation populaire autonome dans le sens annoncé l'an dernier,
notamment au chapitre de la catégorisation des organismes?
M. Ryan: Oui. Nous avons envoyé un nouveau document aux
organismes représentatifs des organismes d'éducation populaire,
il y a quelque temps. Nous avons réaligné bien des choses en
conformité avec les grandes recommandations du rapport Charbonneau. De
ce point de vue, je crois qu'il y a un progrès considérable. Dans
l'ensemble, je crois pouvoir affirmer que les organismes volontaires
d'éducation populaire, en particulier, les structures
représentatives qu'ils se sont données, sont relativement
satisfaits de la façon dont les choses fonctionnent. Ils vous diront
qu'au point de vue du niveau de ressources, ils souhaiteraient qu'il fût
plus élevé, mais ils sont traités avec respect et
courtoisie. Ils sont dans le jeu avec les services compétents du
ministère. Ils ont accès au ministre chaque fois qu'il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas à leur goût et tout se termine
toujours par un dialogue constructif.
M. Gendron: En parlant de dialogue, à combien de reprises
s'est réuni le comité de liaison OVEP-MEQ?
M. Ryan: À cinq reprises depuis le mois d'octobre. Je veux
rendre hommage à M. Couture qui est un homme de dialogue exemplaire.
Cela clôt le débat.
M. Gendron: Non, cela...
M. Ryan: Ce sont des blagues que je fais.
M. Gendron: Mme la députée de Chicoutimi, j'ai
fini.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je veux bien comprendre
que le ministre n'a pas changé. Cela fait déjà un moment
que je ne suis pas venue en commission parlementaire pour ces questions, mais
il s'autocongratule assez facilement. Ce serait plus agréable s'il
laissait les
autres le faire de temps en temps, ce qu'on pourrait faire à
l'occasion, pas souvent, je dois le dire, mais cela nous ferait quand
même plaisir de le faire, s'il ne le faisait pas tant à son propre
compte.
En ce qui concerne cette question, le ministre connaît la
situation qui a prévalu plus particulièrement dans notre
région, c'est-à-dire la région 02, Saguenay-Lac-Saint-Jean
plus précisément, au moment où on a aboli la table de
concertation qui établissait les différentes subventions
accordées aux organismes régionaux. Cela s'est traduit au cours
des premières années par une diminution considérable des
budgets affectés à cette région et, si on prend le tableau
que vous nous présentez, on constate qu'entre 1985 et 1986, la
subvention accordée aux organismes a décru d'année en
année. Les seules années où on a maintenu le financement,
c'est l'an passé, et cette année, évidemment, il y a
toujours un manque à gagner par rapport à l'indexation. Mais, si
vous reprenez ce tableau, vous pouvez constater que les subventions ont
décru de l'ordre de 30 % dans certains cas.
Sur la totalité des organismes subventionnés dans la
région, entre les années 1985 et 1987-1988, seulement huit
organismes ont vu leur budget augmenter. Tous les autres ont connu des
diminutions. Tous. Cela ne m'émeut pas beaucoup, mais cela
m'inquiète cependant que le ministre vienne nous dire: Ces
organismes-là ne sont pas comme des syndicats; ils ne comptent pas
ça à la demi-heure près lorsqu'ils donnent du
bénévolat. Précisément, ils ne le comptent pas
à la demi-heure près. Beaucoup de personnes qui travaillent dans
ces organismes le font au salaire minimum et dans des conditions qui avoisinent
les conditions de ceux qu'ils sont en train d'aider. Le ministre dit: Les
organismes sont heureux; ils sont traités avec respect. Est-ce respecter
les organismes que de les maintenir sous le seuil de la pauvreté? Toute
la question se pose.
Par rapport à la région, je vous donne des chiffres assez
impresionnants. Il y a 70 groupes subventionnés et la moyenne est de
7842 $. On constate, au départ, que c'est plus bas qu'un peu partout
ailleurs, dans les autres régions, quand vous parlez de la moyenne par
groupe. Il y a des organismes qui reçoivent aussi peu que 679 $ et peu
d'organismes sont protégés, que ce soient les organismes ou les
regroupements de personnes handicapées, ies regroupements des
assistés sociaux, les télévisions communautaires, ies
journaux communautaires, les organismes voués à la défense
des intérêts des plus démunis. C'est comme si on avait
l'impression qu'il n'y a pas vraiment de politique qui dit: Au moins,
assurons-nous que certains groupes soient protégés. J'ai
remarqué que même les groupes d'alphabétisation, dans
certains cas, avaient subi des coupures. Pourtant, c'est supposé
être l'une des priorités de ce gouvernement.
Dans la région, j'y reviens, il y a eu - d'ailleurs, cela
apparaît dans votre docu- ment - un nombre considérable de
demandes pour un budget assez important, je le rappelle, aux fins
d'enregistrement des débats. En 1987-1988, 73 organismes étaient
subventionnés, pour un total de demandes de 2 147 784 $; ils ont obtenu
562 197 $. Cette année, pour une raison que j'ignore, peut-être
parce que trois groupes ont disparu, mais il y a aussi une diminution du budget
accordé dans la région. On passe à 548 048 $, alors qu'il
y a un accroissement des demandes. Les demandes s'élevaient à 2
147 000 $ et, cette année, à 2 306 000 $.
À la lumière de ce qu'on voit, il semble que les groupes
ne peuvent pas s'attendre à plus que ça et à mieux que
cela et ce, pas plus dans ma région qu'ailleurs. Comme elle n'a pas
été protégée par les années
dernières, elle ne le sera pas davantage, j'imagine. Elle est, vous
allez me dire, probablement traitée au même titre que les autres.
Je serais étonnée qu'il y ait des raisons pour justifier qu'on
ait une diminution là-dedans. (20 h 45)
Je voudrais savoir s'il y a des priorités établies, y
compris l'alphabétisation. Je sais que c'était supposé
être une priorité. Alors, si c'est une priorité, pourquoi,
dans certains cas, a-t-on diminué les subventions? Je prends toujours le
tableau de 1985 à 1988-1989.
M. Ryan: M. le Président, d'abord la question de 1987-1988
à 1988-1989, les subventions sont demeurées à peu
près au même niveau pour tous les organismes. Pour les
années précédentes, on a expliqué tout ça
à la députée de Chicoutimi l'année passée et
l'année précédente. Elle connaît très bien
les réponses. Elle avait posé exactement les mêmes
questions. Je me rappelle que je lui avais indiqué toute une
série d'organismes qui avaient reçu un montant équivalent
ou supérieur. C'est vrai qu'il y en a qui avaient reçu des
montants inférieurs. Il y avait eu une réévaluation des
programmes soumis par les organismes. Cela a entraîné une
réévaluation de la subvention. C'est ça, la
réponse.
Maintenant, pour la dernière année, 1988-1989, on a
donné 548 000 $ pour 70 projets d'organismes acceptés qui avalent
soumis des projets. L'année précédente, c'était un
montant de 562 000 $ pour 73 projets. Il y a une différence de 4000 $
qui s'explique par le fait qu'il y a trois organismes de moins.
J'ajoute une chose. Tous ces projets soumis par des organismes sont
examinés par un comité impartial formé de personnes en
majorité en provenance de l'extérieur du ministère et que
nous désignons à cette fin et que nous laissons travailler en
toute impartialité. Les recommandations du comité me sont
soumises pour approbation. Je crois que les collaborateurs qui sont ici peuvent
dire qu'il n'y a pas de tripotage là-dedans.
Une voix: Absolument pas.
Mme Blackburn: Vous seriez mal placé pour dire te
contraire.
Une voix: C'est spontané.
M. Ryan: C'est malheureux, mais le cri du coeur s'est fait
entendre. C'est peut-être parce que le travail est bien fait. Une
année, j'avais remarqué que le comité d'examinateurs
était composé presque entièrement de personnes de la
région de Québec. Je leur avais dit de diversifier un peu. Cette
année, c'était plus diversifié. J'en étais
très heureux.
Mme Blackburn: M. le Président, ce sera ma dernière
remarque. Ce n'est même pas une question parce qu'il semble que ça
ne nous mènera pas plus loin que là où on a réussi
à aller.
D'abord, il serait étonnant qu'on nous dise ici qu'ils ont fait
de la magouille là-dedans. J'imagine qu'on peut le savoir ailleurs, mais
certainement pas ici.
Lorsque le ministre nous assure qu'il n'y a pas eu de modifications aux
subventions entre 1986-1987 et 1987-1988, juste à regarder le tableau de
façon très sommaire, en page 4 du rapport, on constate que sur
les 24 organismes répertoriés, il y en a onze qui ont eu une
diminution.
Je veux bien accepter qu'une diminution de 100 $ ou 200 $, pour nous,
députés et hauts fonctionnaires, ça ne fait pas trop mal.
Dans ce genre d'organismes, ce sont les timbres, par exemple, c'est le
téléphone, ce sont ces besoins élémentaires dans
lesquels on est en train de couper. On ne parle pas juste de salaire
évidemment. Je pense qu'on ne peut pas dire n'importe quoi non plus et
on ne peut surtout pas traiter de n'importe quelle façon des organismes
qui se dévouent. S'il fallait qu'on essaie d'imaginer de leur offrir une
compensation, ne serait-ce que pour le tiers de ce qu'ils nous donnent comme
Québécois, ça nous coûterait
énormément cher et pas nécessairement avec les mêmes
résultats. Il me semble qu'il faut un minimum de reconnaissance et de
respect. Le respect, ça passe peut-être car le ministre les
reçoit, mais ça passe également quand on reconnaît
que ça vaut quelque chose et qu'on les finance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Toujours dans le volet des organismes
volontaires d'éducation populaire, je pense que le ministre va convenir
qu'il y a également tout l'aspect de l'alphabétisation,
même si elle n'est pas inscrite comme-telle en termes de crédits
au programme 5 qu'on est en train d'étudier. J'aurais juste deux
questions. La question que je voudrais poser au ministre est plutôt une
question d'orientation, mais je prétends que c'est important. Comme
ministre de l'Éducation, quelle est votre position, et surtout celle de
votre gouvernement, dans le cadre de la renégociation de l'accord
Canada-Québec? Êtes-vous favorable à une augmentation de la
part allouée à la formation sur mesure, entendant par là
que la formation sur mesure, ce sont effectivement tous les programmes
d'alphabétisation? Par la même occasion, je voudrais que vous
m'Indiquiez combien le fédérai entend consacrer au Québec
et à quelles fins? Et, récemment, y a-t-if eu des rencontres
entre les responsables fédéraux et le ministère de
l'Éducation concernant spécifiquement le dossier
d'alphabétisation, donc, l'ingérence systématique du
fédéral dans nos plates-bandes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais dire au député d'Abitibi-Ouest
d'éviter peut-être de confondre alphabétisation et
formation professionnelle.
M. Gendron: D'accord. Cela n'a rien à voir.
M. Ryan: Accord Canada-Québec sur la formation
professionnelle est transigé entre Emploi et Immigration Canada, et le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
à Québec. Il ne traite pas d'alphabétisation.
M. Gendron: Vous avez raison. Excusez, M. le Président, le
ministre a raison. Oui, j'ai fait une erreur, alors qu'il n'y a rien de commun.
Je sais que l'accord Canada-Québec porte sur la formation
professionnelle et que l'alphabétisation est un dossier
entièrement séparé. Mais je pense que le ministre pourrait
quand même répondre à leur place, sans faire le lien que
j'ai fait.
M. Ryan: Si le député me laisse continuer, je le
ferai volontiers.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: Alors, l'accord Canada-Québec - accord
très important - est expiré depuis le 31 mars. La
négociation relève, pour le Québec, du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. J'ai demandé
deux choses en ma qualité de ministre de l'Éducation et de
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. Tout d'abord, que
le Québec aille chercher le plus d'argent possible au titre de la
formation en établissement, puisque la tendance du gouvernement
fédéral est de privilégier de plus en plus la formation
sur mesure et la formation dans les entreprises. Quant à nous, nous
avons mis sur pied tout un dispositif de formation, d'éducation formelle
dans les établissements scolaires qui coûte beaucoup d'argent et
qui a pris l'habitude de dépendre, dans une certaine mesure, de cette
source de revenu additionnelle, en plus des subventions
régulières du gouvernement du Québec, et la tendance
du
gouvernement fédéral tend à rendre ces
équipements improductifs. Alors, nous insistons beaucoup pour aller
chercher le plus possible.
Deuxièmement, pour m'assurer que ce point de vue serait
défendu clairement et fermement, j'ai demandé et obtenu du
gouvernement que la délégation québécoise qui sera
chargée de la négociation de l'accord comprenne un
représentant du secteur de l'éducation que je désignerai
moi-même, évidemment. Cela a été accepté par
le gouvernement. C'est pour la partie accord Canada-Québec.
En ce qui touche l'alphabétisation, ie gouvernement
fédéral a lancé, il y a quelques mois, un programme de 110
000 000 $ sur cinq ans, de sa seule initiative, sans consultation
véritable avec les provinces. Cela a été fait, à
mon humble point de vue, avec une certaine précipitation. Mais le
programme est lancé. La première année était
déjà celle de 1988-1989 et nous avons veillé, après
avoir négocié de ces choses avec le gouvernement
fédéral, à ce que les projets en provenance des
commissions scolaires, qui seront la grande majorité des projets
retenus, des projets qui seront financés à même ce
programme fédéral, soient des projets qui auront au
préalable été révisés, approuvés et
recommandés par le ministère de l'Éducation du
gouvernement du Québec.
La deuxième chose que nous avons demandée, c'est que la
contribution que nous fournissons déjà aux commissions scolaires
aux fins d'alphabétisation soit comptée comme tenant lieu de
contribution du Québec pour la réalisation de ces projets, ce qui
veut dire que nos commissions scolaires pourront aller chercher des revenus
d'appoint, des revenus supplémentaires pour un volume d'activités
plus grand, sans qu'il en coûte de l'argent additionnel au gouvernement
du Québec. C'est nous qui approuvons les projets soumis au gouvernement
fédéral.
Il reste un point à régler. Le gouvernement
fédéral veut se réserver, sur la part qui est
attribuée au Québec - on peut l'estimer au quart environ: cinq
ans, 110 fois 5, ça veut dire 22 000 000 $ par année. Cela veut
dire que pour le Québec, il est question d'un montant d'environ 5 000
000 $ - une part d'environ 1 500 000 $ pour des projets qui offrent un
intérêt spécial à ses yeux, qui proviennent de
l'extérieur du système scolaire, d'organismes nationaux, ou
d'autres organismes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va, M. le
député?
M. Gendron: Un instant.
M. Ryan: Ça, nous sommes en train de le négocier
pour nous assurer que notre participation sera maximale. Une précision
importante, M. le Président. La part en provenance du gouvernement
fédéral, il a été convenu qu'elle servirait non pas
pour financer l'activité qui se fait dans la classe, mais pour financer
une activité de promotion, de recrutement, de développement de la
clientèle. L'objectif du gouvernement fédéral est d'aider
les provinces à rejoindre une portion plus importante de la
clientèle analphabète assez élevée que nous avons
au Canada. L'objet de son intervention cette année est
particulièrement orienté vers un accroissement de la
clientèle.
M. Gendron: Donc, il ne pourrait pas financer directement un
organisme, un OVEP, par exemple.
M. Ryan: Non, mais à même le budget de 1 500 000 $,
oui.
M. Gendron: Ah bon!
M. Ryan: L'autre partie, ce sont les projets en provenance des
établissements scolaires.
M. Gendron: D'accord, mais la réserve?
M. Ryan: Les projets ont tous passés par ici. Nous les
avons tous approuvés un par un.
M. Gendron: Y compris pour la réserve de 1 500 000 $?
M. Ryan: Ceux-là non, parce que les organismes peuvent
faire directement appel au gouvernement fédéral.
M. Gendron: On a une année de passée à peu
près. Les 5 000 000 $, 6 000 000 $ pour l'année en cours,
où sont-ils passés?
M. Ryan: Pour la première année, ils n'ont pas
donné le plein montant, parce cela a commencé sur le tard; c'est
entré en vigueur seulement vers la fin de l'année.
M. Gendron: Donc, le Québec n'a pas eu...
M. Ryan: Ils ont donné la moitié du montant qui
sera prévu pour une année régulière. Cela veut dire
que les autres années il y en aura un peu plus.
M. Gendron: Mais pour la demi-année dans laquelle on
était? Vous avez raison, ils ont commencé un peu en retard.
Combien Québec a-t-il reçu et où ont-ils affecté ce
montant?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Vous dites: À peu près
l'équivalent d'une demi-année parce que cela a commencé en
retard. Combien Québec a-t-il reçu pour l'année
budgétaire qui s'est terminée - en tout cas, notre année
budgétaire, au gouvernement du Québec - le 31 mars?
M. Ryan: 1 500 000 $.
M. Gendron: Et pour ce montant de 1 500 000 $ Québec a
été dans le coup dans le genre de projets
d'alphabétisation qu'il a autorisés et reconnus.
M. Ryan: C'est ça. Ils ont été soumis par
nous, sous notre autorité.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Gendron: Ce montant de 1 500 000 $, M. le ministre, vous
m'avez répondu clairement qu'il reste dans la réserve que le
gouvernement fédéral veut affecter aux projets qu'il veut, mais
il n'en demeure pas moins que c'est toujours sous la rubrique de
l'alphabétisation. Croyez-vous, comme ministre de l'Éducation,
qu'il s'agit là d'une ingérence du gouvernement
fédéral dans un champ de juridiction qui est le nôtre, mais
pour une valeur moindre? Donc, en conséquence, petite ingérence,
ce n'est pas grave, parce que c'est juste 1 500 000 $. Mais au niveau du
principe, s'agit-il quand même, selon vous, comme ministre de
l'Éducation, d'une ingérence dans un champ de compétence
qui nous appartient?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: J'hésite à émettre un jugement
catégorique. Disons que la CSN soumette un projet
d'alphabétisation dans le cadre de ce volet national du programme.
Est-ce que je peux soutenir sérieusement que le gouvernement du
Québec a seule autorité pour verser une subvention à la
CSN dans un programme d'éducation populaire ou d'alphabétisation?
À ce moment-là, il faudrait demander au gouvernement
fédéral de fermer Radio-Canada. Je ne suis pas encore rendu
là dans le séparatisme. (21 heures)
M. Gendron: En tout cas, je suis content d'avoir entendu votre
réponse, pas parce qu'elle me satisfait, mais parce que je trouve que la
CSN et Radio-Canada...
M. Ryan: Non, mais elles essaient, elles font...
M. Gendron: ...n'ont pas le même champ de juridiction. J'ai
toujours pensé que la CSN, c'était la Confédération
des syndicats nationaux du Québec. En Ontario, je ne connais pas la CSN.
Larose, en Ontario...
M. Ryan: Nos centrales syndicales sont très
réalistes. Elles se rendent compte qu'il y a des ressources qui
émanent du gouvernement fédéral et elles ne sont point
indifférentes. Quand il y a toutes les garanties qu'elles pourront
réaliser elles-mêmes une chose, elles y vont. En tout cas, je vous
pose le problème. Je n'ai pas de réponse dogmatique. Dans le
premier cas, quand ce sont des projets qui émanent de nos organismes
d'enseignement, je trouve que le gouvernement fédéral ne doit pas
être autorisé, pour quelque prétexte que ce soit, à
s'immiscer dans la gestion et le fonctionnement de nos organismes. Je crois
qu'il n'appartient pas davantage au gouvernement fédéral de
s'ériger en dispensateur de services éducatifs. Mais lorsque nous
touchons le domaine plus large de la culture, il devient beaucoup plus
difficile d'ériger ses opinions en dogmes. Je pense qu'il y a de la
marge pour la discussion et aussi peut-être pour la collaboration.
M. Gendron: Terminé, adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine le
programme 5. Les crédits apparaissant au programme 5 sont
adoptés.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les crédits
apparaissant au programme 4 sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté. M. Gendron: Pardon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Programme 4.
M. Gendron: Oui.
Enseignement privé
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté. J'appelle
le programme 3 qui porte sur l'enseignement privé. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le ministre, je vais passer au programme 3,
Enseignement privé, l'enfant chéri du ministre.
Problématique: Les crédits, en 1989-1990, s'élèvent
à 275 800 000 $, soit une augmentation de 8,5 % par rapport aux
dépenses probables. En excluant les régimes de retraite, les
crédits augmentent de 4,9 %. Depuis 1985-1986, les budgets de
l'enseignement privé ont augmenté de 32 % par rapport à 18
%. J'avais indiqué - écoutez ça attentivement - depuis
quatre ans, quatre budgets...
M. Ryan: Excusez-moi. M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Est-ce que je peux demander à quel document le
député d'Abitlbi-Ouest se réfère? Je voudrais
être à la même page.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Je vais avoir un problème. La réponse
sera honnête, je ne peux pas parler d'un document dont je tire une page.
C'est une synthèse qu'on a faite des réponses que vous nous avez
fournies et que j'ai prises globalement dans l'ensemble des données du
ministère. Je prendrai le temps de répéter seulement cet
aspect. Ce sont quand même des chiffres du ministère, parole
d'honneur et serment d'office s'il faut le prêter. Depuis 1985-1986, les
budgets de l'enseignement privé ont augmenté de 32 % par rapport
à 18 % à l'enseignement public. Les clientèles des
établissements privés subventionnés ont crû de 6500
élèves ou 8 %, tandis que les effectifs du public chutaient
d'environ 0,4 %, 4500 élèves de moins. De 1985-1986 à
1988-1989, à la suite de la levée du moratoire - il y a eu un
moratoire - dix nouveaux statuts subventionnés ont été
octroyés à des institutions privées, douze institutions
ont eu une bonification de statut et six autres ont eu un élargissement
de statut pour des clientèles visées, totalisant 3700
élèves dont 1200 pour les nouveaux établissements
subventionnés. Selon les données que le ministère nous a
fournies, au moment où on se parle, une quinzaine
d'établissements sont en demande d'autorisation de subventions ou
d'amélioration de statut. Le cahier des crédits ne précise
pas les intentions gouvernementales à ce sujet pour 1989-1990 si ce
n'est - on a lu la phrase - la politique traditionnelle du ministre qui
s'appelle une politique d'ouverture à la fois prudente et
réaliste. Ce sont les indications qu'on a pour les prochains statuts
à l'endroit de l'enseignement privé. Les organismes voués
à la promotion de l'enselgnememt privé ont récemment
formé le Regroupement de l'enseignement privé du Québec
avec pour objectif d'obtenir un redressement du financement afin de
rétablir l'équilibre existant avant 1981 entre les deux secteurs,
lis font valoir que le coût de production unitaire du privé est
inférieur d'environ 25 % à celui du public et ils estiment que
l'État épargnerait beaucoup d'argent, compte tenu des effectifs
du privé, environ 300 000 000 $ pour 1988-1989. Ce sont les
prétentions du mouvement pour la promotion de l'enseignement
privé. On épargnerait de l'argent parce que leur coût de
production unitaire est inférieur de 25 % à celui du public. Le
ministère de l'Éducation s'est dit prêt à regarder
les difficultés financières de l'enseignement privé comme
si, effectivement, le secteur privé était en difficulté
financière.
Je voudrais tout simplement, comme première question,
après cette problématique très résumée,
demander au ministre s'il peut nous faire connaître ses intentions
précises quant aux nouveaux statuts pour 1989.
M. Ryan: Je vais vous dire où nous en sommes dans ce
dossier. La Direction de l'enseignement privé m'a remis, la semaine
dernière, une liste des demandes de nouveaux statuts ou de statuts
bonifiés ou améliorés dont elle a été saisie
au cours des derniers mois en vue de l'année 1989-1990. Je n'ai pas
encore eu le temps de statuer sur ces recommandations, je compte le faire au
cours des prochains jours.
M. Gendron: Au-delà de l'analyse plus
détaillée que le ministre va sûrement vouloir faire, est-ce
à dire qu'il vient de nous dire, par sa réponse, que faute de
temps, il n'a pas d'indications à nous donner concernant ses intentions
quant aux nouveaux statuts pour 1989? Est-ce cela que ça veut dire?
M. Ryan: Je les ferai connaître d'ici la fin du mois de
mai.
M. Gendron: D'ici la fin du mois de mai. M. Ryan: Oui,
sûrement.
M. Gendron: Voulez-vous nous répéter le nombre de
demandes que vous avez reçues?
M. Ryan: Vingt-six demandes, en tout.
M. Gendron: Vingt-six demandes, en tout. Des 26, quelle est la
proportion des nouvelles écoles et d'enrichissement de statut?
M. Ryan: Sept demandes pour des nouveaux
établissements.
M. Gendron: Sur les 26. Donc, il en reste 19. Quelle part ces
demandes, que vous deviez sûrement connaître, en termes
d'informations, pourrait prendre de votre enveloppe de nouveaux crédits?
Autrement dit, quand vous êtes allé demander des crédits au
Conseil du trésor - encore là, je connais un peu cette
démarche - vous avez sûrement prétendu quelque chose pour
justifer cette hausse de crédits.
M. Ryan: Oui. Le montant total pour les nouveaux statuts ou
statuts améliorés ou bonifiés est à peu de 2 500
000 $.
M. Gendron: 2 500 000 $? M. Ryan: Oui.
M. Gendron: 2 500 000 $. C'est ça que vous avez dit, 2 500
000 $?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Avez-vous une idée, M. le ministre, du nombre
d'élèves que cela pourrait toucher? Même si ce n'est pas
terminé, vos 26 demandes, 19-7, 7 améliorations et 19
émissions... Pardon, c'est l'inverse: 7 nouveaux et 19
améliorations. Combien d'élèves environ cela pourrait
toucher?
M. Ryan: Pour l'ensemble des demandes, je n'ai pas de calculs,
mais la direction m'a fait des recommandations. Si je suivais ces
recommandations à la lettre, ce que je fais rarement, cela pourrait
entraîner à peu près 400 ou 500 élèves pour
des nouveaux statuts et à peu près un nombre équivalent
pour des statuts bonifiés ou améliorés.
M. Gendron: Si vous aviez un jugement à porter sur la
campagne qui est menée par le Regroupement de l'enseignement
privé, mais spécifiquement sur le jugement que le regroupement
porte, à savoir qu'il y a plusieurs établissements qui
connaissent de sérieuses difficultés et qui, par voie de
conséquence, parce qu'ils connaissent de sérieuses
difficultés, devraient voir leur enveloppe augmenter substantiellement,
est-ce que vous partageriez cet avis?
M. Ryan: Dans le cas des établissements privés, il
y a un problème qui remonte au budget de 1981, le budget qui suivit
l'élection de 1981 au lendemain de laquelle il y eut un effondrement
soudain des finances publiques qui entraîna une forte augmentation de
taxes - le député s'en souvient - et, en même temps, des
mesures de compressions considérables. Dans le cas des
établissements privés, il y eut à ce moment-là des
modifications - c'est en juin 1981 si mes souvenirs sont bons - à la loi
sur les établissements privés par le biais du budget
présenté par le ministre des Finances, et l'objet de la
législation n'était pas, à mon point de vue, une chose
complètement reprehensible. C'est parce qu'on avait
décrété des compressions et, comme le montant des
subventions aux établissements privés était toujours
fixé sur la base des dépenses des commissions scolaires
l'année précédente, on ne voulait pas attendre un an pour
qu'ils soient touchés par les compressions aussi et on a établi
un autre mode de financement. Autrefois, c'était marqué dans la
loi 60 % du montant donné pour les élèves du secteur
public, pour les statuts DIP, et 50 % pour les statuts RFS; là, au lieu
de ça, on a mis dans la loi - à mon point de vue, d'une
manière cavalière, parce que cela a passé par le budget -
que ce serait maintenant le gouvernement qui déterminerait chaque
année le niveau de financement. Et, cette année-là, on a
baissé le niveau de financement. Et, comme cela n'a pas
été corrigé depuis, l'effet perdure et les
établissements privés soutiennent, alors qu'à ce
moment-là le financement qui leur provenait de subventions
gouvernementales procurait à peu près 65 % de leurs
dépenses, qu'aujourd'hui il en procure à peine 50 %. Alors,
là, il y a une différence. Ils disent: On est serrés.
C'est ça qui est l'objet de la campagne actuelle. Et, comme la loi
prescrit, d'autre part, que dans le cas d'une DIP les frais de scolarité
exigés des élèves ne doivent pas dépasser la
moitié du montant de la subvention, ils ne peuvent pas aller chercher
énormément d'argent de ce côté-là, non
plus.
Alors, ils disent qu'ils sont pressurés. Et un certain nombre
affirment qu'ils ont des difficultés financières
sérieuses.
Alors ici, je pense bien que la responsabilité du gouvernement,
c'est d'abord de les écouter. Ils m'ont demandé d'aménager
une rencontre entre le regroupement des établissements d'enseignement
privé, le premier ministre et moi-même. Je vais demander au
premier ministre s'il veut bien se prêter à une telle rencontre et
je vais lui recommander de le faire. Ensuite, on verra. L'état des
finances publiques n'est pas meilleur pour ce secteur-là que pour les
autres, mais nous devons écouter les représentations des
établissements privés avec honnêteté et respect.
C'est notre position.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
questions?
École Pasteur
M. Gendron: Oui, je voudrais discuter un peu de l'école
Pasteur qui a fait l'objet de certaines informations un peu troublantes et qui
a reçu, en 1988, une reconnaissance pour fin de subventions alors que
son propriétaire a été trouvé coupable
d'agissements criminels, fraude, complot et vol, alors qu'il était
directeur du centre de linguistique appliquée du collège de
Dawson. Un enquêteur délégué par le ministre a
conclu qu'il n'y avait pas eu de fraude à l'école Pasteur et que
les services offerts sont de très bonne qualité, mais aucune
vérification n'a été faite sur son promoteur au moment de
l'attribution du permis et de l'octroi de subventions et les fonctionnaires
disent ne pas s'être souvenus que M. Evrard avait été
mêlé au scandale du cégep de Dawson. Voici la ou les
questions précises que je pose au ministre concernant l'école
Pasteur: Est-ce que le ministre était au courant du passé de son
propriétaire lorsqu'il a décidé de donner à
l'école Pasteur un statut subventionné? Là, il n'y a pas
de cachette; c'est le ministre qui signe. Si le ministre a décidé
d'autoriser le statut subventionné à l'école Pasteur,
est-ce qu'il était au courant du passé de son
propriétaire? (21 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Moi, je n'étais pas au courant.
M. Gendron: Pardon?
M. Ryan: Je n'étais pas au courant.
M. Gendron: Une autre question. Est-ce possible qu'une
mémoire aussi prodigieuse pour toutes sortes de choses ne le soit pas
pour des faits aussi importants?
M. Ryan: D'abord, j'accorde très peu
d'importance aux pages criminelles des journaux, ce n'est pas ma
spécialité. Maintenant, je dois ajouter une chose, je suis
entouré ce soir de Mme Pauline Champoux Lesage, qui est directrice de la
Direction générale de l'enseignement privé, et de M. Yvon
Charbonneau, qui est à la Direction de l'enseignement privé
depuis de nombreuses années, qui, à ce moment-là,
était déjà directeur adjoint. M. Charbonneau avait fait
l'examen de ce dossier-là. Je suis très heureux qu'il soit avec
nous ce soir. Ce n'est pas moi qui l'ai convoqué. Il était
là comme un collaborateur loyal. M. Charbonneau me rappelait
tantôt qu'avant de faire une recommandation favorable dans le cas de
cette demande de statut subventionné qui nous avait été
présentée pour des raisons que je pourrai expliquer ensuite, il
avait pris la peine, avec le directeur de la Direction de l'enseignement
privé du temps, M. Denis Olivier, de faire un appel à la
Sûreté du Québec pour vérifier s'il y avait des
antécédents dans le cas du requérant et la réponse
fut négative. Cela arrive très bien parce qu'ils étaient
tous les deux dans le bureau quand elle a fait la vérification.
M. Gendron: Puisque le ministre n'est pas un habitué des
chroniques dites policières, si je reprends son expression, est-ce qu'il
n'estime pas important que des critères de moralité devraient
être pris en considération lors de l'examen de demande de permis
d'un promoteur d'école privée, puisqu'il s'agit de deux choses?
Premièrement, les fonds publics et, deuxièmement, on est encore
en éducation, que je sache. Dans ce sens, est-ce que cela ne peut pas
être un élément auquel souscrirait le ministre de
l'Éducation sans nécessairement mener une enquête royale
sur le demandeur, mais, à tout le moins, s'assurer de faire une
vérification? Ce que tout le monde a vu dans le dossier dont on discute,
comment se fait-il que le lien n'a pas été fait avec les
événements à Dawson en 1979? Ce n'est pas avant
Jésus-Christ, ça. Quelques années plus tard, le même
titulaire demande un permis et on ne s'enquiert pas du tout... Je veux rester
sur ma question surtout: M. le ministre, est-ce que vous croyez que
l'établissement de critères de moralité devraient
être pris en considération lors de l'examen de demande de permis
d'un promoteur d'école privée?
M. Ryan: il faut distinguer entre la demande de permis et celle
de statut subventionné.
M. Gendron: Oui, vous avez raison.
M. Ryan: Dans le cas d'une demande de permis, je ne pense pas que
nous puissions faire un examen détaillé qui irait jusque
là.
M. Gendron: Je suis de votre avis.
M. Ryan: Très bien. Dans le cas d'une demande de statut
subventionné, il faut, à mon point de vue, aller plus loin. Il
faut vérifier la moralité générale des personnes
qui présentent une demande de statuts subventionnes. La preuve en est
qu'une démarche avait été faite à ce moment
auprès des autorités compétentes. On ne peut pas avoir la
mémoire de tous les mauvais coups dont les journaux rendent compte
chaque jour. Il y a des dépôts d'informations qui existent
à cette fin. Je pense qu'il faut que des gens s'acquittent de leurs
fonctions efficacement.
Pour en revenir au cas de l'école Pasteur, c'est en novembre 1988
que mon cabinet a été saisi pour la première fois
d'informations concernant certains antécédents du
propriétaire et directeur de cette école. Dès le
même mois, la Direction générale de l'enseignement
privé est allée rencontrer le directeur d'école, a
assisté à une réunion de parents et a enregistré
certaines plaintes. Comme le climat de l'école continuait d'être
porté à mon attention, j'ai désigné, en
décembre, un enquêteur spécial, M. Jean-Marie
Saint-Jacques, afin qu'il analyse plus à fond la situation de
l'école Pasteur. M. Saint-Jacques est bien connu des milieux qui
fréquentent le ministère de l'Éducation. C'est un homme
qui a une longue expérience et à qui j'ai déjà
confié quelques mandats de même nature au cours des
dernières années, mandats dont il s'est acquitté avec
réalisme et compétence.
En janvier, M. Saint-Jacques a séjourné à
l'école Pasteur, rencontré des membres du conseil
d'administration de l'école, des parents de l'école,
l'archevêque des maronites qui s'intéresse à cette
école de manière particulière en raison de l'accueil qu'on
y fait à des enfants de sa confession religieuse, des
représentants de la communauté arabe- également. En
février, il a poursuivi l'étude des dossiers de l'école,
rencontré d'autres groupes de parents. Il m'a remis, je pense que c'est
jusqu'à maintenant trois rapports et, dans ces rapports, M.
Saint-Jacques m'a fait part des constatations suivantes. Tout d'abord,
l'enseignement donné à l'école Pasteur est un enseignement
dont la qualité répond aux exigences du ministère de
l'Education et aux exigences des programmes et du régime
pédagogique. Deuxièmement, il a constaté que, nonobstant
certaines représentations faites par des éléments faisant
partie du corps des parents, la majorité des parents, à
l'occasion des assemblées auxquelles il a lui-même assisté,
ne lui ont pas paru avoir une opinion défavorable au sujet de
l'école et de la manière dont elle est conduite.
Troisièmement, il a constaté que certaines pratiques
administratives demanderont à être corrigées et
redressées; il a déjà adressé des recommandations
en conséquence à la direction de l'école. Moi-même,
quand il aura terminé son enquête et qu'il m'aura remis son
rapport, je verrai à faire venir la direction de l'école pour
tirer plusieurs choses au clair.
En ce qui touche les antécédents judiciaires de la
personne, j'ai demandé l'opinion des
services du ministère à ce sujet. J'ai demandé
à M. Boudreau de voir à me fournir une recommandation. Les
services m'ont fait valoir qu'il ne faut pas précipiter cette
chose-là parce que l'année scolaire est en cours. Rendu au mois
d'avril, il ne peut être question d'arrêter l'année scr'aire
à ce moment-ci. On finit l'année scolai-r ;.. Mais la question
est en travail actuellement et, dès que J'aurai reçu cette
recommandation, je verrai à prendre la décision qui m'incombe.
Mais je ne suis pas porté à dire a priori, parce qu'il est
arrivé un événement malheureux dans la vie de cette
personne il y a quelques années, que toutes possibilités de
redressement, de correction ou de retour à la normalité soient
interdites ou doivent être interdites pour toujours à une personne
comme celle-là. S'il y a des recommandations sérieuses indiquant
qu'elle est capable de faire ce travail-là, je ne pense pas qu'on doive
décider a priori: Dehors, pour toujours. C'est la question que nous
sommes en train de peser. Je veux l'aborder avec tout le respect que nous
devons aux personnes.
M. Gendron: J'ai une autre petite question sur l'école
Pasteur, avant de parler d'autre chose. Je voudrais être bien certain
avant de finir mes questions. Est-ce qu'on a bien compris quand vous avez dit
que M. Charbonneau, qui est le directeur adjoint de la Direction de
l'enseignement privé, parce que je n'ai pas compris si c'était
madame qui était à ce moment-là... Alors, j'avais bien
compris que ce n'est pas madame qui était, à ce moment-là,
directeur - parce que ce devait être un gars dans le temps - de
l'enseignement privé. Est-ce que vous avez dit que les deux en
même temps, dans le bureau, auraient décidé d'appeler la
Sûreté du Québec dans ce dossier-là? Si j'ai bien
compris ça, je veux savoir si c'était une habitude de le faire ou
si c'est une inspiration de l'Esprit-Saint.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que votre
question s'adresse au ministre ou à M. Charbonneau?
M. Gendron: Elle s'adresse à l'Esprit-Saint... Au
ministre, excusez-moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Au ministre?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander qu'on la
répète, s'il vous plaît?
M. Gendron: Oui, ma question est simple et je veux comprendre.
Vous m'avez dit: Dans ce dossier-là, vous avez été
chanceux. M. Charbonneau et le directeur de l'enseignement privé ont
appelé la Sûreté du Québec pour voir s'il avait des
antécédents et la réponse a été: Non, il n'a
pas d'antécédents judiciaires. Ma question est la suivante:
Est-ce parce qu'ils ont été inspirés qu'Us ont fait cet
appel téléphonique ou si c'est une habitude de vérifier
auprès de la Sûreté du Québec avant de vous faire
une recommandation?
M. Ryan: Non. Tantôt, j'ai été mal compris.
Cela nous arrive avec les hommes publics. J'ai dit: Je me considère
chanceux qu'ils aient été deux ensemble parce qu'il y a un
témoin. Si M. Charbonneau m'avait dit ça tout seul sans
témoin, est-ce que j'aurais toutes les raisons de le croire? Je lui
aurais dit: Pourquoi ne m'as-tu pas donné un papier à ce
moment-là? Mais là, ils étaient deux; il y avait M. Denis
Olivier, l'ancien directeur, qui a fait l'appel et lui dans le bureau. C'est
pour ça que nous sommes chanceux en ce sens que nous avons des
témoins toujours vivants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce que le
député d'Abitibi-Ouest voudrait...
M. Ryan: Les gens me connaissent au ministère; ils savent
que plus on vérifie, plus ça fait mon affaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, mais ce que
le député d'Abitibi-Ouest voudrait savoir, M. le ministre, c'est
si c'est une habitude de faire une enquête sur des gens comme ça
ou s'il y avait des raisons de demander des renseignements à la
Sûreté du Québec.
M. Ryan: ici, je crois que M. Charbonneau pourrait
peut-être répondre à ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M Charbonneau.
M. Gendron: C'est une bonne idée. Il n'est pas loin.
M. Charbonneau (Y von): Ce n'est pas la coutume de faire une
enquête sur toutes les personnes, mais, dans ce cas-là, on avait
eu un indice nous disant: il y a peut-être quelque chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: M. le Président, juste comme excursus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: J'aime à vérifier avant de prendre des
décisions, mais je prends rarement mes renseignements auprès de
la police. C'est juste une question d'habitude.
M. Gendron: Toujours sur le même dossier de l'enseignement
privé, mais pas nécessairement sur l'école Pasteur, la
Commission consultative de
l'enseignement privé vous a donné un avis récemment
disant que les permis du ministère aux écoles de culture
personnelle, ça ne vaut pas cher, en gros; entre autres, elles
induiraient le public en erreur. Dans le même article, également
on dit: Les permis du ministère ne garantissent rien; la Commission
consultative de l'enseignement privé propose des changements pour mieux
protéger les élèves de ces écoles.
J'aurai l'occasion de le faire lors des crédits du
collégial, mais ce que je sais, M. le ministre, c'est qu'on a eu
l'occasion au moins à deux ou trois reprises, dont récemment, de
rencontrer un groupe d'étudiants qui se sont fait joyeusement avoir et
rouler par une école qui était censée détenir un
permis du ministère pour la formation en informatique. J'y reviendrai
lorsqu'on étudiera les crédits du collégial. Vous
connaissez sans doute le dossier. Je ne veux pas l'élaborer en
détail ce soir.
Voici la seule question que je voudrais poser. Compte tenu du fait que
cet avis me semble sérieux et basé sur des choses que même
le ministre de l'Éducation a sans doute pu observer au cours de la
responsabilité qu'il a comme ministre de l'Éducation, et d'autant
plus que la Commission consultative de l'enseignement privé a
déjà préparé un certain nombre de changements afin
de mieux protéger les clientèles concernées, entre autres,
des jeunes filles et des jeunes garçons... Il y a des coûts
à ça et l'objectif d'offrir une meilleure protection concernant
les étudiants qui reçoivent ladite formation, quelle qu'elle
soit, ça m'apparaît sérieux. Ma question est la suivante:
Est-ce que le ministre a l'intention d'amender la Loi sur l'enseignement
privé? Si oui, a-t-il l'intention de le faire prochainement? A-t-il
l'intention de le faire dans la même pespective, c'est-à-dire
offrir de meilleures garanties concernant les élèves
touchés par des formations qui, des fois, ne mènent à rien
tout en leur coûtant des sommes astronomiques?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais vous présenter, M. le
Président, la personne qui est assise à ma gauche, M.
Paul-Aimé Paiement, président de la Commission consultative de
l'enseignement privé. Je veux le remercier de l'excellent travail
accompli par la commission sous sa direction au cours de la dernière
année.
La commission consultative, en plus de s'acquitter du mandat très
lourd qui lui incombe en matière de recommandations concernant les
demandes de permis et les demandes de statuts subventionnés, a
décidé cette année d'élargir, en 1988-1989
plutôt, son champ d'action et de s'intéresser également
à des questions de caractère plus général. Il y a
longtemps que la Commission consultative de l'enseignement privé voulait
s'orienter dans cette direction et, avec l'entier accord du ministre, elle le
fait cette année en abordant en particulier deux sujets. Un premier
sujet extrêmement intéressant c'est celui de la place qui peut
être accordée à l'intérieur du régime
pédagogique à des cours de culture religieuse qui se donnent dans
les établissements secondaires. En vertu des règlements du
comité catholique, on peut donner soit des cours de religion ou de
morale catholique, soit des cours de morale sans lien avec une religion. Mais,
entre les deux, il y a énormément de choses qui
intéressent la religion. Il y a toutes les autres religions que le
catholicisme. Il y a toutes sortes de dimensions de culture religieuse.
L'histoire religieuse est très importante. Il y a des
établissements, surtout prives, actuellement qui donnent des cours de
culture religieuse de très bonne qualité qui correspondent
souvent mieux à la composition de leur clientèle. Disons qu'ils
ont des bouddhistes parmi leurs élèves, des musulmans, des juifs,
des protestants. C'est plus facile d'avoir un cours de culture religieuse qu'un
cours de doctrine catholique uniquement. Mais le régime implanté
par le comité catholique et défini dans le régime
pédagogique ne tient pas compte de ces possibilités. Je m'excuse,
j'ai donné quelques autorisations à des établissements
privés en vertu du pouvoir de dérogation qui m'est
attribué parce que c'étaient des choses très
intéressantes que ces établissements devaient être
incitées à continuer. Là, la commission consultative s'est
penchée sur ce sujet, m'a soumis un avis accompagné de
recommandations appropriées, qui vont d'ailleurs, dans le même
sens général, que la ligne de conduite que j'avais
décidé de suivre. (21 h 30)
Un autre exemple de ces sujets d'intérêt
général traités par la commission, c'est celui des cours
de culture personnelle qui hantent littéralement la conscience des
ministres de l'Éducation et de ses collaborateurs de la Direction de
l'enseignement privé depuis de nombreuses années. Nous avons
étudié toutes sortes de voies pour sortir de cette situation.
Là, je suis bien content que la commission de l'enseignement
privé ait fait une étude fort intéressante et en soit
venue à des recommandations qui nous intéressent au plus haut
point. Quand j'ai mentionné, ce matin, que nous envisageons une refonte
de la Loi sur l'enseignement privé au cours de l'année 1989-1990,
je pensais, en particulier, à la mise en oeuvre des recommandations qui
couronnaient cet avis de la commission consultative.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député.
M. Gendron: Je vous remercie. Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? Est-ce
que les crédits concernant le programme 3 traitant de l'enseignement
privé sont adoptés?
M. Gendron: Adopté.
Conseil supérieur de l'éducation
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'étude des crédits du programme 2, à sa* jir
ceux du Conseil supérieur de l'éducation. J imagine que M. Lucier
va venir prendre place en avant. Vous êtes le bienvenu, M. le
président.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, j'ai tellement de questions, elles sont
tellement nombreuses concernant le conseil supérieur, que je voulais que
M. Lucier prenne le temps de s'asseoir et d'ouvrir ses dossiers. Non, M. le
Président, je l'ai indiqué à M. Lucier. C'est pour
ça que c'est valable ce que je viens de dire. Je voulais lui laisser le
temps de s'asseoir pour le féliciter.
On n'a pas de question. Moi je n'en ai pas. Cela ne veut pas dire que
les autres membres ne pourraient pas en avoir. Mais je n'ai pas de question sur
le programme 2, si ce n'est que de faire le commentaire suivant. J'estime que,
en règle générale, les avis que le conseil
supérieur continue de transmettre, à la fois sur des sujets sur
lesquels le ministre de l'Éducation veut être
éclairé parfois, et ça, c'est assez peu fréquent...
D'après moi, c'est plutôt l'autre genre d'avis où le
conseil supérieur a la liberté et l'occasion d'émettre les
avis qu'il souhaite faire au ministre de l'Éducation. Je voulais prendre
20 secondes pour dire à M. Lucier que j'ai particulièrement
apprécié l'avis transmis par le conseil supérieur
concernant le rapport Parent, 25 ans après, document Intitulé
l'État et les besoins de l'éducation, parce que je trouvais que
dans cet avis, le conseil supérieur avait pris le temps de regarder
toutes les questions fondamentales d'accessibilité, l'évaluation
des structures, ce qui a été fait et ce qui reste à
faire.
Je trouve qu'il s'agit là d'un avis intéressant,
éclairant qui, j'espère, inspirera non seulement les
fonctionnaires ou la haute direction du ministère, mais également
le ministre de l'Éducation parce qu'il y a énormément
d'éléments sur lesquels n'importe quel intervenant
éducatif devrait être davantage préoccupé en termes
de nouveau cheminement ou de nouvelle progression à faire dans le
domaine de l'éducation. Je voulais tout simplement en profiter pour le
dire.
Bien sûr, et je pense l'avoir indiqué dans mes
remerciements, il est certain que les écrits du conseil
supérieur, de quelque nature que ce soit, pour un critique de
l'Opposition et pour n'importe quelle personne intéressée par
l'éducation, constituent une excellente source de réflexion et
d'alimentation, si vous me permettez l'expression, pour d'autres
considérations qu'on veut soulever ailleurs dans d'autres
programmes.
Alors, c'est tout ce que j'avais à dire. Voici la seule petite
question que je voulais poser. Au conseil supérieur, vous avez aussi eu
une modeste compression budgétaire. Alors, êtes-vous en mesure de
nous indiquer jusqu'à quel point elle est facilement absorbable ou si
elle pourra créer des difficultés à l'organisme conseil du
ministre de l'Éducation? Ma question s'adresse à M. Lucier, dans
les circonstances.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lucier, nous
vous écoutons en réponse à la question posée par le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Lucier (Pierre): Je voudrais d'abord remercier M. le
député de son appréciation du rapport annuel. Je peux
l'assurer que je transmettrai son appréciation à mes
collègues du conseil. Cela nous est précieux d'avoir des
réactions puisque nous essayons d'être utiles et d'alimenter
justement.
Pour ce qui est de la question précise posée sur la
compression, c'est évidemment, par rapport aux milliards de
l'éducation, l'obole de la veuve. Nous pourrons assumer cette
compression l'an prochain puisque ça clôturera, je dirais, la
remise au trésor public des économies engendrées par la
modification du système d'allocation de présence. Alors, pour
l'an prochain donc, cette compression ne signifie pas des changements dans le
volume d'activités. Nous aurons nos activités tout à fait
normales.
M. Gendron: Elle est de combien, si on la chiffre?
M. Lucier: Elle est au total de 45 000 $. La page 8 que vous avez
est inintelligible comme telle. Il y a eu des erreurs matérielles de
transmission; il y a une ligne de trop; il y a ici une demande d'exemption de
27 000 $ qu'il faut supprimer, mais le total fait 45 000 $. C'est une
compression que nous pouvons assumer pour l'an prochain.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
M. Ryan: M. le Président, si vous me permettez, la
question est-elle posée à M. Lucier?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
Mme Dougherty: Elle s'adresse au ministre, parce que...
M. Ryan: Est-ce à propos du conseil?
Mme Dougherty: A propos d'un avis en particulier qui m'a beaucoup
intéressée. J'aimerais
savoir quelles sont les intentions du ministère afin de donner
suite aux recommandations du conseil supérieur sur une approche
éducative des besoins des jeunes enfants? C'est un secteur très
important et j'aimerais savoir quelles sont les intentions du ministère
à cet égard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: La question est évidemment très
pertinente, mais je dois dire que nous n'avons pas encore arrêté
la ligne de conduite que nous retiendrons à partir de cet avis-là
et d'autres documents de travail qui ont été produits par le
ministère. C'est une question qui est à l'ordre du jour du
ministère, que nous devons aborder dans un avenir aussi prochain que
possible et là, nous reviendrons sur les recommandations du conseil dans
le cadre de cet examen que nous ferons et qui est inscrit à notre
programme pour l'année 1989-1990.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, cela va?
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le programme
2, à savoir les crédits prévus au Conseil supérieur
de l'éducation, est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais peut-être faire un bref commentaire
avant que vous ne passiez à l'article suivant...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
ministre.
M. Ryan: ...pour exprimer mon appréciation à
l'endroit du Conseil supérieur de l'éducation, de ses deux
comités confessionnels, de ses commissions qui existent pour chacun des
ordres d'enseignement, pour ses membres et son président. Je voudrais
les remercier du travail très consciencieux qu'ils accomplissent et de
la collaboration exemplaire qu'ils donnent au ministre de l'Éducation
dans l'exercice de leur mandat. Le conseil, autant lorsqu'il doit
répondre à des demandes d'avis du ministre qu'a des projets qui
lui sont soumis par le ministère ou encore lorsqu'il agit de sa propre
motion, fait montre d'un souci exemplaire d'objectivité, de service et
de souci de la qualité de l'éducation. Je pense qu'il constitue
un rouage très Intéres- sant. Je le souligne avec d'autant plus
de plaisir qu'on peut dire ces choses du Conseil supérieur de
l'éducation après 25 ans d'expérience. Il arrive souvent
qu'après 25 ans on doive parler du déclin d'un organisme ou d'une
sorte de ralentissement de son rythme. Mais, dans le cas du conseil, la
production des trois années où j'ai eu le plaisir de travailler
avec lui, s'est maintenue à un niveau très élevé et
le menu qu'il nous annonce pour la prochaine année est encore
très substantiel.
Je pense qu'il valait la peine de le signaler à ce moment-ci. Je
remercie beaucoup M. Lucier et je le prie de transmettre les remerciements et
l'appréciation du gouvernement à tous les membres du conseil.
Administration
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le ministre.
J'appelle immédiatement le programme 1, Administration. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Tâche de l'enseignant
M. Gendron: M. le Président, pour ce qui est du programme
1, je voudrais commencer par la petite question des négociations des
secteurs public et parapubiic, mais en éducation primaire et secondaire.
Je vous avoue que je ne ferai pas un long plaidoyer ou une longue
évaluation de la problématique, mais je voudrais au moins camper,
pendant quelques minutes, les deux aspects sur lesquels je souhaiterais que le
ministre soit aussi volubile qu'il l'est dans certaines lettres qu'il
m'envoie.
Depuis plusieurs années, il y a une multitude de problèmes
au primaire et au secondaire, y compris d'ailleurs pour l'organisme qu'on vient
de féliciter, le Conseil supérieur de l'éducation. Il y a
deux éléments sur lesquels j'aimerais attirer l'attention du
ministre et de son équipe et qui reviennent constamment à chacune
des négociations, c'est le trop grand nombre de
groupes-élèves rencontrés et également, le trop
grand nombre d'élèves par groupes-élèves. Il me
semble qu'on ne peut pas, pendant des années, lire constamment les
mêmes documents, des rapports sur la difficulté de la tâche,
des rapports sur la difficulté de donner un enseignement
personnalisé. C'est quand même une exigence qu'on demande de plus
en plus. On demande également aux professeurs de s'adapter.
Quand c'est à l'élémentaire, ce sont les programmes
pédagogiques qui sont passablement changeants; c'est une
réalité du monde moderne. Je ne dis pas au ministre:
Écoutez, on va tenir pour acquis qu'on va fonctionner par
décennie et il n'est pas question, pour dix ans, de toucher à
aucun programme. Et dix ans après, on modifie tous les programmes. On ne
peut pas fonctionner comme cela.
Mais, faire de l'enseignement individuel, il y
a lout le contexte... On ne peut pas être spécialiste de
tout. M. le ministre, on ne peut pas être Insensibles à tout le
contexte de la violence - de la violence tout court - du monde de la Jeunesse.
On n'est pas obligés de l'identifier dans le métro. Dans une
région comme l'Abitibi, cela fai* quatre fins de semaine de suite que la
première manchette résumant les activités de la fin de
semaine, c'est la guerre des gangs entre Rouyn-Noranda et Val-d'Or. La gang de
Val-d'Or est allée donner une volée à la gang de
Rouyn-Noranda. Et, la semaine suivante, on va avoir le rapport de la gang de
Rouyn-Noranda qui vient remettre le change à la gang de Val-d'Or. On ne
peut pas être dans le monde de l'éducation et dire: C'est
difficile, c'est compliqué, on ne souhaiterait pas que ce
phénomène de violence accrue arrive et ne pas demeurer sensibles
à quelque chose qui a été identifié. Et,
rapidement, je me ramasse sur le sujet. Comment se fait-il qu'année
après année, en particulier dans une période où
j'estime que les ressources sont limitées, selon les dires propres des
dirigeants du gouvernement actuel, on ne soit pas en mesure, dans les
présentes négociations, de faire un petit effort concret,
réel et sérieux pour réduire le nombre
d'élèves par groupe ou par classe et le nombre de
groupes-élèves rencontrés? Avez-vous une idée de ce
que cela peut donner comme enseignement pour des titulaires ou des
spécialistes de certaines matières, à deux cours par
semaine, à 25 ou 26 périodes? Avez-vous une idée de ce que
ça peut vouloir dire que d'enseigner à dix, douze, quinze
groupes-élèves de 28, 29 ou 30 élèves? J'aimerais
que des gens se figurent que ça fait rapidement une quantité
absolument Incroyable de jeunes auxquels il faut s'adapter. Les directions
scolaires demandent avec raison, au personnel enseignant, de faire des efforts
pour personnaliser leurs actes pédagogiques, leur enseignement
didactique, de mettre plus d'efforts sur des moyens modernes de communication,
etc. (21 h 45)
À moins que je ne me trompe, cela me surprendrait parce que je
suis pris, mais dans le bon sens, pour avoir des contacts fréquents avec
ces gens-là, même si je n'ai pas la responsabilité que j'ai
déjà eue, les gens de l'éducation, du primaire et du
secondaire. Ils m'indiquent que ce n'est sûrement pas avec les
dépôts dont ils ont pris connaissance qu'ils voient, de la part de
l'actuel ministre de l'Éducation et du gouvernement actuel, un effort
d'être sensibles à deux éléments qui ont
été... Il y en a d'autres, je pourrais vous parler des
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, j'en
ai parlé un peu. Le nombre augmente d'une façon effarante.
À moins que je ne sache pas lire, je n'ai pas vu grand-chose de concret
dans les offres patronales concernant les prochaines négociations sur
les élèves en difficulté d'apprentissage. Je ne dis pas
que ce n'est pas un problème important, je m'en tiens uniquement au
problème des groupes-élèves et du maximum
d'élèves par groupe de classe.
J'aimerais bien, M. le ministre, que vous me fassiez un court rapport
entre les demandes et les offres, donc me faire une petite évaluation de
la situation sur ce sujet. J'aurai une deuxième question à poser
à la suite de votre réponse.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre?
M. Ryan: La question est un petit délayée. Je
m'excuse, c'est peut-être la fatigue du jour. Essentiellement, elle porte
sur la tâche.
M. Gendron: Pardon? Oui, elle porte essentiellement sur la
tâche, sur deux aspects de la tâche. Non, je ne crois pas qu'elle
soit délayée. Je pense que j'ai parlé du trop grand nombre
d'élèves par groupe et du trop grand nombre de
groupes-élèves rencontrés par certains titulaires ou par
certains professeurs dans des unités de deux cours par semaine.
J'ai essayé de camper cette situation qui a été
constamment reprise et dénoncée par vous-même, M. le
ministre. Je me rappelle les beaux discours que je n'ai pas amenés ici,
parce que je ne suis toujours bien pas pour vivre constamment dans le
passé, que vous faisiez à l'Assemblée nationale, dans
lesquels vous disiez combien cela était terrible sur le plan de la
tâche, c'était criminel parce qu'ils avaient une tâche
ahurissante, etc. Je m'attendais que vous arriviez, comme ministre de
l'Éducation, avec des propositions qui tiendraient compte un peu de
votre beau discours. J'aimerais que vous me partiez de ça.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Ryan: Le député de Lévis pense que tout
cela est vrai, mais sa candeur ne diminue point. Enfin, on est de bons amis
quand même.
Tout d'abord, je ne me souviens pas avoir dit ça pour la
tâche, mais il peut arriver qu'on me cite des passages où je
l'aurais dit parce que j'ai toujours cru savoir, depuis que je suis ces
questions-là de près, que le fardeau de la tâche
était moins élevé au Québec que dans l'ensemble du
Canada, en particulier qu'en Ontario. Les dernières données dont
nous disposons là-dessus sont pour l'année 1987-1988. Selon ces
données, le nombre moyen d'élèves par enseignant
était de 16,6 dans les commissions scolaires du Québec contre
19,7 en Ontario. Tout le monde est conscient de ça, c'est une chose qui
est reconnue. Dans les milieux de négociation, c'est un fait acquis;
c'est ce qu'on appelle un "donné".
En retour, le député d'Abitibi-Ouest pourra me dire que
les enseignants du Québec sont moins rémunérés que
les enseignants de l'Ontario et c'est également vrai. C'est un choix
qu'ils ont fait, lis ont préféré accepter, ces
dernières
années - ça a commencé sous le gouvernement
précédent - une rémunération qui montait moins vite
que celle de l'enseignant ontarien en retour d'un maintien de la tâche
à un niveau moins élevé.
En plus, je parlais à M. Bergeron, qui est le coordonnateur de
nos négociations dans les secteurs primaire et secondaire. Les
données dont nous disposons indiquent que le nombre d'heures de
présence auprès des élèves est plus
élevé en Ontario qu'au Québec. Nous ne voulons pas refaire
tout le portrait à partir d'alpha. Mais ici, avant de faire de nouvelles
percées de ce côté-là, nous sommes obligés de
tenir compte de ce facteur de concurrence. Et c'est pourquoi, cette fois-ci,
nous n'avons pas inclus de propositions à ce sujet dans les offres
patronales.
Maintenant, le député signale certaines catégories
d'enseignants qui doivent faire face à des nombres élevés
d'élèves. Je vais prendre l'exemple des professeurs de religion
au secondaire par exemple, ou des professeurs de français qui doivent
faire face à des nombres élevés d'élèves sur
une période de six jours, ce qui dépasse toute possibilité
de contacts personnels et une véritable personnalisation de l'attention
aux élèves. Il y a là un problème dont nous sommes
conscients.
Le député d'Abitibi-Ouest se souvient peut-être,
quoique les bons coups du gouvernement sont vîtes oubliés de la
part de l'Opposition, que lors de la dernière ronde de
négociations nous avons consenti à injecter 200 nouveaux postes
au secondaire, justement pour alléger fa tâche de ceux qui avaient
jusqu'à sept groupes sur une période. Et je ne dis pas qu'il ne
se fera rien dans la ronde actuelle de négociations. J'ai dit ce matin
que les véritables négociations n'étaient pas
commencées. Excusez-moi, M. Bergeron. Je ne veux pas laisser entendre
que vous n'avez rien fait depuis le mois de janvier, mais je pense que la vraie
négociation reste à venir, à moins que...
M. Gendron: M. le ministre, il me semble que ce n'était
pas ce Bergeron-là qui avait été congédié,
que c'était celui de New York.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Celui-là, son patron n'est pas Phil
Esposito.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: C'est pas pire. Vous suivez ça un peu.
M. Ryan: il y avait une bonne chronique. Il y avait une lettre
dans le New York Times de dimanche. Un lecteur écrivait et disait
que les dépositions de M. Steinbreiner, le propriétaire des
Yankees, étaient de la petite bière à côté de
celles de M. Esposito. On sait que M. Steinbreiner change de gérant
à peu près deux fois par année.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Pour revenir à notre sujet, M. le
Président, nous ne fermons pas la porte à des
considérations comme celles que suggère le député
d'Abitibi-Ouest. Il faudra les aborder avec prudence. Je n'ai pas de mandat ce
soir pour parler de ces choses au nom du gouvernement, mais nous sommes
disposés à écouter. Et, si le député
d'Abitibi-Ouest pouvait nous aider à obtenir un certain assouplissement
du côté syndical... Chaque fois que nous avons voulu discuter de
définitions de tâches qui pourraient être un petit peu plus
souples suivant les matières dont l'enseignant est responsable, par
exemple, nous nous sommes fait dire de la part du syndicat que ce
n'était pas à considérer parce que tout le monde devait
être traité sur un même pied d'égalité.
Il y a une injustice latente dans cette politique qui n'a pas pu
être abordée de front jusqu'à maintenant. Je ne sais pas si
elle pourra l'être cette fois-ci. Mais il faut qu'on mette un peu plus de
souplesse dans ces choses et si la partie syndicale voulait en mettre, nous
sommes prêts à en mettre de notre côté. La
dernière ronde de négociations avait prouvé
l'efficacité de cette approche parce que des deux côtés 1 y
eut une approche plus souple et nous arrivâmes à des
résultats plus intéressants.
M. Gendron: Deux choses rapidement, M. le Président. Quand
le ministre a commencé à me dire qu'en Ontario la tâche est
plus élevée, c'est une donnée que je connais, et que le
salaire est plus élevé, c'est également une donnée
que je connais. Là où je voulais attirer votre attention, M. le
ministre, c'est que le conseil supérieur a fait spécifiquement,
à la suite des événements que vous connaissez en 1982 et
subséquemment, une évaluation de la tâche des enseignants
au Québec. Et là, je ne parlais pas des comparatifs à
l'étranger. Les deux éléments qui sont constamment revenus
à peu près dans toutes les négociations, c'est qu'avec des
classes de 30 élèves au secondaire en 1990, avec les
vidéocassettes et l'éclatement des familles et mettez-en, on n'a
pas le temps et je ne veux pas finir à minuit sur cet
élément... je ne connais pas beaucoup de directeurs
d'école ayant un peu de notions de pédagogie qui vont être
d'accord pour dire que c'est convenable et qu'on va arriver à faire une
éducation de qualité. Je pensais que vous me parleriez de cela.
Et cela a été prouvé. Et, juste pour cet aspect-là,
je ne veux pas comparer avec l'Ontario, mais je me rappelle très bien le
moment - j'essaierai de vous l'envoyer, M. le ministre, et là je ne peux
pas, parce que ça prendrait un peu trop de temps pour relater tout le
contexte historique dans lequel cette question a été
traitée à un moment donné - où
spécifiquement sur la tâche, comme critique de l'Opposition alors
en éducation, vous aviez indiqué qu'il fallait faire un effort,
si on
voulait personnaliser l'enseignement au niveau secondaire et
améliorer la qualité de l'enseignement, pour réduire le
nombre d'élèves par classe. On me fera jamais accroire que c'est
logique d'avoir 30, 31 ou 32 élèves dans des classes du
secondaire. Ah oui, il y en a 35 des fois, mais, en règle
générale, au moins c'est plutôt ce que j'appelle des cas
marginaux. Oui, Je connais assez les groupes-élèves, pour dire
que 28, 29 ou 30 éleves, c'est régulier au secondaire. C'est
tellement régulier que la commission scolaire dit souvent:
Écoutez, M. Gendron, au cours de l'année, il y en a qui vont
lâcher, il y en a qui vont abandonner. Donc, on fabrique un horaire en
début d'année sur la base de ceux qui laisseront tomber pour
justifier un groupe-élèves qui a de l'allure en cours
d'année. C'est clair de même. Ce n'est pas compliqué.
La question que je posais, je suis un peu étonné
qu'après tant d'années, après avoir vérifié
un constat qui a des conséquences sociales, c'était plutôt
là-dessus que je voulais alerter le ministre... Écoutez, il y a
un coût pour la violence dans le métro et un peu partout, il y a
un coût de société à cela, il y a un coût de
société au phénomène de gangs. Il y a un coût
de société au fait que c'est probablement dans l'enseignement
où il y a le plus grand nombre de déprimes, de
dépressions, de congés de maladie et d'abandons. On n'enseigne
pas à des morceaux de fer et de bois. On ne transforme pas l'industrie
primaire. On travaille sur des intelligences.
Ce n'est pas facile, dans le contexte de 1990 où on a
l'éclatement des familles, et où 40 % des individus du
Québec ont un statut monoparental sur le plan financier. Sur le plan
fiscal, quand on s'adresse au ministère des Finances, il nous dit: 40 %
des gens que je cotise ont un statut de personne seule sur le plan de
l'impôt. C'est cela, le contexte dans lequel on évolue. On ne peut
pas ne pas en tenir compte dans le contexte des négociations. La
question, c'était: Est-ce que ce sera cette fois-ci? J'ai eu ma
réponse: C'est non, il n'y a rien sur cet aspect-là.
Deuxièmement, le ministre a dit: Les négociations ne sont
pas commencées. Là, c'est ma deuxième question. Quand
pensez-vous que les négociations vont commencer dans les secteurs
primaire et secondaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
Négociations
M. Ryan: Vous savez que ce n'est pas la partie patronale qui
décide de cela parce qu'elle est toujours disposée à
négocier prétend-elle, mais il faut bien que l'autre partenaire
soit désireux de venir à la table, qu'il ait jugé dans sa
sagesse que le moment était venu d'ouvrir les vannes un peu. Je me
souviens de la dernière expérience. La partie patronale
était prête à tout régler au mois de mai 1986. Nous
avions donné des indications très claires à la partie
syndicale. La partie syndicale engagea une série de conciliabules dont
nous savons tous combien ils peuvent être longs et cela nous conduisit
jusqu'à la mi-juin où nous nous fîmes dire que
c'était la période des vacances jusqu'au mois d'août. En
revenant de vacances, il faut bien se réhabituer à faire du
café et à tenir des réunions et cela nous mène
à la fin du mois d'août. On a commencé à
négocier pour le vrai au mois de septembre et cela s'est terminé
au mois de décembre.
Alors, cela nous donne une idée. On peut bien être
idéaliste et dire: On fait cela au mois de mai. Cela ne fonctionne pas
comme cela. Cela se fait à deux. C'est l'essentiel de la
négociation. Moi, je ne demanderais rien de mieux. Je suis disponible en
tout temps. Déjà, la dernière fois, je mentionne cela
à titre d'illustration, à ce moment-ci de l'année, j'avais
eu plusieurs contacts avec les syndicats concernés. Ils étaient
venus faire leurs représentations. On avait discuté de
manière compréhensive, en prenant des heures pour essayer de
mieux se connaître et se comprendre de part et d'autre. Cette fois-ci, je
n'ai pas eu de signe encore. J'ai eu une lettre de la présidente de l'un
des syndicats, mais d'habitude, quand on veut rencontrer quoiqu'un, on
écrit et on téléphone après pour dire: J'ai
écrit, là, est-ce que... Mais, le suivi ne vient pas vite. Cela
va?
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Sur le même sujet. Dans la négociation,
il y a un point que le député d'Abitibi-Ouest n'as pas
mentionné, c'est le vieillissement du personnel enseignant et on lui
donne une tâche plus grande. Le personnel enseignant est très
vieux, il vieillit et ne prend pas sa retraite. Ce qui m'inquiète
surtout, c'est l'écart entre les enseignants - ou ils deviennent
députés, oui, mais... - et les jeunes. Les jeunes ne vieillissent
pas mais les enseignants vieillissent. N'y aurait-il pas lieu de penser
à aider à la préretraite, d'essayer de s'organiser pour
que les enseignants prennent leur préretraite plus rapidement? Dans la
négociation, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de penser à
ça? (22 heures)
M. Garon: Le vieillissement des jeunes dure plus longtemps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
Une voix: On parle des vieux.
M. Gardner: Est-ce que vous avez pensé à
négocier ça ou à suggérer au
président du Conseil du trésor qu'on accepte les
préretraites.
M. Ryan: La dernière fois, comme vous le savez, plusieurs
mesures d'incitation à la retraite prématurée
prévoyaient un encouragement pour l'enseignant qui voulait quitter un
petit peu plus vite, moyennant certaines considérations
financières. Cette fois-ci, il n'y a pas de ces mesures-là sur la
table pour l'instant, mais je ne serais pas étonné qu'elles
soient soulevées. Cette année, les syndicats n'ont pas
soulevé ces problèmes-là d'abord. Ils sont toujours dans
le portrait, comme vous le dites justement, parce que le personnel enseignant
vieillit, que nous l'aimions ou non, une année par année. Comme
il n'y a pas beaucoup de remplacements, cela fait un corps qui tend à
vieillir de plus en plus. Cela va devenir très préoccupant si des
mesures ne sont pas prises afin de favoriser un rythme de remplacement plus
rapide.
Je regarde les priorités sur lesquelles la partie syndicale met
l'accent cette fois-ci. Elle demande que la tâche soit
allégée, qu'on donne beaucoup d'importance aux enseignants
à statut précaire, surtout ceux de l'éducation des
adultes, et qu'on attache beaucoup d'importance au perfectionnement. Elle veut
que l'on négocie de manière serrée les ajustements
nécessaires dans le secteur de la formation professionnelle dont nous
avons parlé et elle demande que la sécurité d'emploi soit
garantie à 100 % du traitement. Certaines bonifications des mesures de
résorption sont demandées aussi et, peut-être que par cette
voie-là, on pourra trouver quelque chose à faire d'ici la fin de
la négociation. Je veux assurer le député d'Arthabaska que
ce sujet nous préoccupe considérablement et que nous avons une
responsabilité indéniable à cet égard.
M. Gardner: J'aurais une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
député.
M. Gardner: Je suppose que vous voulez régler ça
avant l'été pour qu'à l'automne, on puisse commencer
l'année de la plus belle façon. Est-ce que vous voulez essayer de
régler ça d'ici la fin de juin ou juillet, même si, en
juillet, on peut prendre des vacances?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: En juillet, j'y ai renoncé parce que je me suis
fait dire la dernière fois que j'étais seul à penser comme
ça. Je pense bien qu'il faut s'enlever ça de la tête. Quand
on a passé trois ans à Québec, on apprend ça.
M. Gardner: Mais en juin?
M. Ryan: Oui. Si cela peut finir avant la fin de juin, c'est
très bien, mais je crois bien que si vous mettez ça en août
et septembre, vous ne vous tromperez pas. Mais, encore une fois, nous sommes
disponibles en tout temps pour accélérer le rythme.
M. Gardner: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Juste pour
terminer sur ce sujet-là, M. le député de Lévis, je
reconnais M. le député d'Abitibi-Ouest et je reviens à
vous tout de suite après.
M. Gendron: Une dernière question, pour des raisons de
temps, concernant les négociations. J'aimerais savoir rapidement, M. le
ministre, s'il y a un autre apport pour les élèves en
difficulté d'apprentissage qui est un élément important de
la prochaine négociation? On avait mis une certaine emphase, du moins
pour ce qui est de la partie syndicale, sur tous ceux ayant des statuts
précaires. Je me rappelle, entre autres, la CECM qui sortait et disait
récemment que presque 40 % de son personnel était confiné
à des statuts précaires, compte tenu, premièrement, du
vieillissement et, deuxièmement, des surplus et de notre problème
social de faire beaucoup moins d'enfants qu'on devrait. Est-ce que, dans les
offres patronales, il y a des dispositions intéressantes concernant les
statuts précaires?
M. Ryan: J'aimerais peut-être que M. Michel Bergeron dise
un mot là-dessus parce qu'il a eu des échanges avec la partie
syndicale ces derniers temps. Donc, il pourra peut-être nous donner une
idée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Bergeron.
M. Bergeron (Michel): M. le député, vous vous
rappellerez qu'au cours de l'année 1985, et particulièrement en
1986, notamment pour l'éducation aux adultes, le gouvernement avait fait
connaître des propositions à l'effet d'accorder des contrats
à temps partiel à tous les enseignants qui dispensaient un
certain nombre d'heures d'enseignement. Je pense que c'était
au-delà de 500 heures par année, contrats à temps partiel.
La CEQ a préféré finalement un redressement salarial
important pour les 10 000 personnes qui oeuvrent dans ce secteur-là
plutôt que des avantages sociaux.
À votre question, la réponse est négative et il
faut prévoir que ce sera abordé ultérieurement.
M. Gendron: Merci, M. Bergeron.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je trouve ça
beau d'entendre le ministre dire qu'il est prêt à
accélérer les choses et qu'il est en négociation avec les
syndicats. Les syndicats ne sont pas assez vites pour lui. Dans notre cas chez
nous, c'est nous qui attendons après le ministre pour nos écoles
parce que, apparemment - je ne sais pas si on est rétro ou d'avant-garde
on fait encore des enfants dans mon coin. Par exemple, on attend après
les écoles. Je ne sais pas si Saint-Jean-Chrysostome serait mieux
d'être en Ontario. Il y aurait peut-être des écoles. Les
gens ont fait les enfants.
Je vais vous raconter une expérience. Quand j'ai
été élu député en 1976, il y avait 1000
enfants qui prenaient l'autobus et traversaient les ponts pour aller
étudier à Québec. Quand on est arrivé en 1983 ou
1984, il n'y en avait plus un qui traversait. Les écoles avaient
été bâties dans leur milieu mais là, les gens ont
recommencé à traverser les ponts parce qu'il manque
d'écoles sur la rive sud et le gouvernement dit qu'il souhaite une
politique familiale dans le but d'avoir plus d'enfants... Chez nous, les
enfants sont là. Ce ne sont pas des enfants en théorie, des
enfants qu'on aimerait avoir, c'est des enfants qu'on a eus et les
écoles ne sont pas là.
Cela cause de l'inquiétude parce que les gens se disent pourquoi
avoir des enfants si le gouvernement n'est même pas foutu de leur donner
des écoles. Aujourd'hui, quand je rencontre des parents, il y a un peu
de cynisme même. Ils disent: Ce n'est pas sérieux. Ce gouvernement
qui veut avoir des enfants, aime mieux les immigrants alors que nous avons des
enfants, ils sont là. Ce matin, le député d'Abitibi-Ouest
m'a dit que le député de Beauce-Nord s'occupait de ça. Je
suis bien content que vous le croyiez. Chez nous, il n'y va pas souvent.
Apparemment, il a adopté son nouveau comté. C'est lui qui
commencera après les prochaines élections. Dans le comté,
tel qu'il est aujourd'hui, on ne le voit pas souvent. C'est pour ça
qu'il y a beaucoup de gens de ce coin qui... Je dois vous dire qu'un certain
nombre d'enfants de Salnt-Jean-Chrysostome viennent à l'école
à Saint-Romuald. C'est la même commission scolaire, mais les
parents sont en train de faire signer des pétitions actuellement pour
sensibiliser le ministre à leur école. Je sais que normalement
vous allez avoir les immobilisations scolaires. Le plan d'immobilisation va
arriver au budget au mois d'avril ou mai. C'est à cause des
délais pour faire les plans, pour faire les constructions. Quand on
arrive au mois de septembre, ça ne donne pas énormément de
temps. C'est pour ça que je demande si le ministre n'est pas capable de
les faire commencer tout de suite. Il avait eu une bonne idée à
Saint-Nicolas. Il n'était pas prêt à prendre une
décision finale, mais il était au moins prêt à
permettre aux gens de travailler sur les plans, en début d'année.
Commencer à travailler sur les plans, cela ne coûte pas trop cher.
Habituellement, ça permet aux gens d'être sécurisés
un peu au point de vue de leurs enfants. Il y a de gros débats dans les
écoles. L'an passé, la commission scolaire a dû faire le
tour de toutes les municipalités juste pour essayer d'économiser
sur le transport scolaire, alors que les enfants étaient obligés
de marcher le long des rues, et pour essayer d'ajuster les choses avec les
montants dont elle disposait.
Si j'en parle, je sais que le député peut dire: Vous
n'êtes pas dans le comté de Beauce-Nord. Je vais vous dire que le
comté de Beauce-Nord qui va faire partie des Chutes de la
Chaudière, c'est un peu un "no man's land" actuellement. Beaucoup de
gens me parlent de ces questions. C'est pour ça que je vous ai
écrit. On fait des efforts d'ailleurs pour dire que ça en prenait
un aux deux places. Il dit que c'est facile d'en demander deux, mais on ne sait
jamais. Les résultats électoraux peuvent faire que ce qu'on
demande aujourd'hui, on soit placés dans une position pour
éventuellement le faire nous-mêmes
J'aimerais mieux que ce soit commencé avant pour que les
écoles arrivent à temps. C'est pour ça que j'en avais
parlé à mon collègue. Comme j'ai dû aller à
des funérailles cet après-midi, j'ai été absent au
moment où le sujet était traité,
précisément. C'est pour ça que j'aimerais attirer encore
l'attention du ministre parce que c'est... Je suis dans un coin où la
commission scolaire a bâti une école par année ou presque,
pas tout à fait, entre 1976 et 1985, et là on ne peut pas dire
que la construction depuis 1986 a été tellement forte. Les
naissances ont continué, mais les enfants... Si c'est le régime
qu'on veut pour les gens qui ont des enfants, je pense bien qu'une politique
familiale n'aura pas beaucoup de résultats.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
voulez-vous réagir aux commentaires du député de
Lévis?
M. Ryan: Oui, brièvement. Tout d'abord, je pense bien que
le député de Lévis se rend compte qu'il y a un certain
nombre de régions qui sont dans la même situation que celle qu'il
représente à l'Assemblée nationale. C'est vrai que sur la
rive sud, de l'autre côté du fleuve, dans la région de
Québec, il y a des problèmes comme ceux qu'il a
mentionnés. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons consenti
à la construction de l'école secondaire de premier cycle à
Saint-Nicolas, en collaboration avec le député et la commission
scolaire. Cela s'est fait dans un très bon esprit. Je pense qu'on peut
le dire.
Nous reconnaissons aussi qu'il y a un problème à
Saint-Jean-Chrysostome. Maintenant, il y a un problème du
côté de Portneuf également. Il y a des gros
développements domiciliaires qui s'en viennent. Il y a des gros
développements domiciliaires du côté de Beauport. Il y en a
du côté de l'ouest de Québec. Il y en a au nord de la
rivière des Mille-Îles. Il ne faut pas penser que la
natalité, c'est seulement dans la
région des Chutes-de-la-Chaudière. Au nord de la
rivière des Mille-Îles, partout de Oka jusqu'à Repentigny,
à tout le moins, il y a une explosion démographique
considérable qui crée des besoins de places-élèves,
encore plus grands que dans la région qui est représentée
ici. Mais cela dit, je concède qu'il y a une réalité,
qu'il y a un besoin dans le secteur dont nous parlons. J'ai cru comprendre que
Saint-Jean-Chrysostome ferait partie d'un nouveau comté aux prochaines
élections ou si ça va continuer de faire partie de
Beauce-Nord?
M. Garon: Un nouveau comté.
M. Ryan: Je comprends qu'il y a peut-être une impression de
vaccuum qui justifie le député de l'intérêt qu'il
manifeste, parce qu'il sait très bien que quand on a pris la
décision pour Saint-Nicolas, les gens de Saint-Jean-Chrysostome ont fait
un gros sacrifice. Je pense que nous étions présents ensemble
à une réunion ce soir-là, à Lévis. Ces gens
ont consenti parce qu'ils ont fait un acte de foi dans leur commission scolaire
et dans le gouvernement, en se disant: Notre tour va venir. Je les comprends
très bien. Le député de Beauce-Nord était là
également à faire montre d'un esprit sportif remarquable en
disant: Très bien, on comprend. La commission scolaire a pris sa
décision. Le ministre veut la respecter pardessus les lignes de
partis.
M. Garon: Le député de Beauce-Nord... M. Ryan:
Pardon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le député
de Beauce-Nord?
M. Garon: Le député de Beauce-Nord n'était
pas présent.
M. Ryan: Je crois me souvenir qu'il y était. Il n'y
était peut-être pas. C'est dans votre comté ça. Il
se mêlait de ses affaires.
M. Garon: La commission scolaire est dans le vieux
comté.
M. Ryan: il avait fait valoir très clairement que cette
préférence eut été fortement en faveur de
Saint-Jean-Chrysostome. Il a compris que le bien général
demandant, à ce moment, que ce soit à Saint-Nicolas. On
étudie, mais pas pour l'instant, le niveau de ressources qui seront
mises à la disposition du ministère pour les fins d'autorisation
d'immobilisations en 1989-1990. Soyez assurés que ce projet sera l'objet
d'un examen attentif dès les prochaines semaines, c'est-à-dire
avant l'ajournement d'été. Je vous tiendrai au courant volontiers
du cheminement de notre démarche.
M. Garon: Le ministre dit qu'il y a des développements qui
s'en viennent dans Portneuf et dans Beauport. Sauf que du côté
sud, les développements sont arrivés. De 1980 à 1986, la
population a augmenté quatre fois plus dans ces coins-là que sur
toute la rive nord au complet. On prend toute la rive nord au complet,
Québec, de 1980 à 1986, la population a augmenté quatre
fois plus sur la rive sud, en chiffres absolus. Vous comprendrez que les
enfants, Us sont déjà là, ce ne sont pas des
développements à venir. Les enfants sont déjà
là.
M. Ryan: Est-ce que le député est au courant?
À Beauport aussi, ce ne sont pas des développements à
venir non plus. Il y en a eu beaucoup ces dernières années. En
tout cas, on peut discuter longtemps. J'admets la réalité sur la
rive sud, de toute manière.
M. Garon: Mais pour Beauport, vous avez donné
l'école l'an passé?
M. Ryan: L'école primaire.
M. Garon: Pardon?
M. Ryan: L'école primaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions? (22 h 15)
M. Garon: Au fond, ce que je vous disais, c'était si on
pouvait accélérer pour commencer. Les plans, ça ne
coûte pas cher, pas autant que l'école. Les hauts fonctionnaires
savent actuellement que les enfants sont assez nombreux et qu'il devrait y
avoir construction d'une école, si vous autorisez les plans rapidement,
même si les plans d'immobilisation arrivaient un peu plus tard. Je sais
que vous aimez aller faire le tour; je ne vous blâme pas, j'avais aussi
cette tendance-là. Cela nous permet de mieux voir concrètement ce
qui se passe. Mais comme faire le tour prend un certain temps, ça peut
vous prendre une partie de l'été, à moins que votre budget
soit tellement petit que vous fassiez cela dans la même Journée.
Cela pourrait justifier une lettre au printemps pour dire: Vous commencez les
pians; vous annoncerez le reste plus tard quand je viendrai au cours de
l'été.
M. Ryan: Nous examinerons sérieusement cette
proposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
Dérogations
M. Gendron: Oui, M. le Président. Il me restait deux
éléments sur lesquels je voudrais prendre quelques minutes, dont
l'un est la saga des dérogations à l'âge d'admission.
Alors, je n'aborderai pas la problématique que le ministre
connaît probablement. Alors, Je pose la question tout de suite:
À combien le ministre estime-t-il le nombre de dérogations, pour
l'an prochain, à l'âge d'admission au 31 mars? Avez-vous des
estimés?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous estimez
à combien le nombre de dérogations prévues pour l'an
prochain?
M. Ryan: C'est bien ça la question. Pour l'an
prochain?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Pour l'année 1988-1989, nous avons accordé
environ 2100 dérogations en tout et partout. Pour l'année
1989-1990, comme je l'Indiquais ce matin, nous avons établi un
échéancier différent. Nous avons dit que la date ultime
pour la réception des demandes était le 31 mars; ensuite, nous
donnons un certain temps aux commissions scolaires pour transmettre ces
demandes avec leurs recommandations à la direction régionale et
celle-ci doit transmettre ces recommandations au ministère pour le mois
de mai. Nous comptons prendre toutes les décisions avant la fin de
juin.
En date du 31 mars 1989, nous avons reçu 2550 demandes, pour des
enfants que les parents jugent particulièrement aptes à commencer
les études en septembre, au point qu'ils risqueraient d'en subir un
préjudice, si cela devait être impossible.
Ensuite, nous avons reçu un certain nombre d'autres demandes,
environ 650, pour d'autres cas dont les dates limites sont différentes,
qui vont au-delà de ce qui fait l'objet de l'examen ordinaire. Cela fait
à peu près 3300 demandes en tout. Au rythme où nous avons
fonctionné l'an dernier, il devrait y en avoir à peu près
2200 ou 2300 qui auraient des chances raisonnables d'être
acceptées là-dedans. Alors, il y en aura légèrement
plus que l'an dernier, mais tout est sous contrôle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Comment le ministre réagit-il aux
allégations d'à peu près tous les intervenants - sauf de
lui-même probablement, car il doit se considérer comme intervenant
dans cette question-là puisqu'il les autorise lui-même à
son bureau - selon lesquelles son système est profondément
inéquitable? Comment réagissez-vous au fait que la
publicité sur les dérogations varie beaucoup d'une commission
scolaire à l'autre? Que répondez-vous au jugement très
sévère des cadres scolaires qui déplorent l'absence de
clarté de la mesure de dérogation, le manque de rigueur de son
application et l'incohérence de la gestion de tout le dossier, et qui
vont jusqu'à mettre en doute l'impartialité politique du
ministère de l'Éducation? Sont-ils dans les patates?
M. Ryan: Ces reproches m'ont fait beaucoup de peine parce qu'ils
sont injustes.
M. Gendron: Ah bon! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Par le genre de réponse qu'on reçoit,
il n'y a pas juste celui qui interroge qui est fatigué.
M. Ryan: Je vais maintenant expliquer pourquoi j'ai
formulé cette remarque. Dès l'an dernier, les procédures
suivies ont comporté quatre étapes. Tout d'abord, les parents
présentent leur demande à l'école. Il y a un premier
examen à la commission scolaire. Ensuite, la commission scolaire
transmet le dossier avec ses recommandations à la direction
régionale. La direction régionale étudie le dossier et le
transmet ensuite non pas à mon cabinet, mais à la direction du
ministère, au soin d'un fonctionnaire qui s'appelle M. Bernier et que
tout le monde connaît dans le secteur pour sa compétence et sa
conscience professionnelle. M. Bernier fait l'examen de tous ces dossiers avec
le personnel qui l'entoure. Ensuite, il soumet ses recommandations à mon
cabinet. Nous en arrivons à la quatrième étape. Il peut
arriver, en cours de route, qu'une commission scolaire ou que la direction
régionale refuse une demande et que les parents s'adressent au
député et que le député me fasse des
représentations. Il est toujours reçu avec amabilité,
qu'il soit de l'Opposition ou du côté ministériel. La
demande est référée au service que je viens de mentionner.
L'étude en est faite et la décision est prise par moi-même,
mais sur recommandation de tout cet appareil. L'an dernier, je ne crois pas
avoir brisé une seule décision. J'ai essayé de faire des
représentations et, souvent, on ne m'a même pas
écouté. Ha, ha, ha!
Voici le dossier et c'est bien dommage qu'on ait des
appréhensions. Il y en a qui vivent d'appréhensions; il y en a
d'autres qui préfèrent vivre de réalisations.
M. Gendron: Je vais vivre d'un chiffre actuel, puisque 90 % des
dérogations sont allouées sur la base du critère de
précocité - c'est un fait observé et vérifié
- le ministre ne trouve-t-il pas que cette façon de procéder
ouvre la porte à l'arbitraire et à l'élitisme?
M. Ryan: Ce n'est pas l'impression que nous avons, en toute
honnêteté. Je causais encore avec M. Bernier, ces derniers temps.
Il me disait lui-même que le système est maintenant beaucoup plus
rodé et que la chose devrait se faire beaucoup plus aisément
cette année. C'est
sûr que la première année, il y a deux ans, cela a
été difficile. L'an dernier, l'échéancier avait
été tracé d'une manière qui manquait d'un certain
réalisme. À la fin de l'été, il y a eu une sorte
d'embouteillage qui a créé des problèmes. Cette
année, je pense que nous sommes en avance et que nous pourrons
éviter cette situation.
Pour le reste, les examens sont faits; j'ai vu plusieurs rapports
l'été dernier. J'ai tenu à en examiner un certain nombre
moi-même. Ce sont des rapports très bien faits, très
consciencieux. Il peut bien arriver que la corporation ait émis des
craintes, mais les psychologues ont fait le travail avec beaucoup
d'intérêt et de conscience professionnelle. Je crois que c'est un
système qui n'est pas aussi mauvais que le député semble
le croire avec une certaine hésitation, crois-je soupçonner.
Peut-être a-t-on trouvé, sans le savoir, une approche qui n'est
pas mauvaise. C'est-à-dire qu'on va avoir plus de souplesse pour
l'âge d'admission à l'école. Il peut arriver qu'un
très grand nombre d'enfants puissent entrer à l'école
à l'âge réglementaire, sans que cela ne crée de
problèmes à personne. On ne court pas après eux. Mais
là où il y a un problème financier...
Déjà, l'an dernier, un bon nombre de commissions scolaires
ont fourni le service gratuitement, par leurs propres professionnels. Dans une
lettre que j'ai adressée aux commissions scolaires cet hiver, je leur ai
demandé de veiller particulièrement à cet aspect, de
manière qu'il n'y ait pas d'enfants privés de cette
possibilité, sous prétexte que les parents n'auraient pas eu
d'argent pour le soumettre à l'examen d'un professionnel. Je vous
avertis, les parents sont très intéressés. Il y a une
véritable ferveur chez les parents. Quand ils sentent que leur enfant
est prêt, ils ne voudraient pas qu'il perde un an. Il me semble que,
comme ministre de l'Éducation, j'ai le devoir d'être sympathique
envers cela. Je n'ai pas le droit d'être indifférent, de me
réfugier derrière la lettre d'un règlement. C'est ce que
j'essaie de faire bien simplement. Je dis formellement, à l'intention de
l'Association des cadres scolaires du Québec, que je dois rencontrer
prochainement, qu'il n'y a pas eu de partisanerie, de favoritisme ou de
tripotage politique dans ces dossiers, en aucune manière. L'une de mes
collaboratrices a veillé à ce dossier avec M. Bernier l'an
dernier, Mme Girard, qui est ici et je dois lui rendre hommage, parce qu'elle a
travaillé de manière impartiale, avec une ardeur exemplaire.
C'est la même chose pour M. Bernier. Laisser planer des soupçons
sur le travail qui a été fait par ces personnes, je pense que
c'est montrer qu'on ne les connaît pas et cela se comprend.
M. Gendron: C'est ce qu'on appelle, en tout cas, le paternalisme.
Au-delà de ça, vous venez d'affirmer que la grande
majorité - c'est vous qui avez dit ça, il y a quelques minutes -
des commissions scolaires ont fourni l'expertise. J'ai exactement l'information
inverse. Oui, oui, je vous ai entendu tantôt, vous avez dit: Je connais
plusieurs commissions scolaires.
M. Ryan: Un bon nombre. J'ai dit "un bon nombre".
M. Gendron: Écoutez, au lieu d'avoir deux points de vue
différents, puisque c'est une information que vous connaissez,
j'aimerais que vous preniez l'engagement de déposer l'information
suivante à la commission: Sur l'ensemble des demandes, qui ont
été acceptées l'an dernier par le ministre de
l'Éducation, combien y en a-t-il pour lesquelles l'expertise est venue
des professionnels des commissions scolaires concernées par rapport
à celle qui est venue de psychologues ou d'autres professionnels
provenant de l'extérieur des services éducatifs des commissions
scolaires, donc qui étaient payés par les parents? Là, on
saura exactement si c'est moi qui suis dans les patates ou si ce sont vos
réponses.
M. Ryan: Pour l'an dernier, il n'en est pas question. C'est
terminé, les dossiers sont clos et nous n'avons pas l'intention de les
rouvrir. Pour la présente année, si c'est possible, il me fera
bien plaisir de le fournir. Je consulterai nos services, M. Bernier, en
particulier.
M. Gendron: Cela me permettra, si la page est tournée pour
l'an dernier, de dire que ma prétention était basée sur
des écrits, des informations que j'ai reçues de plusieurs parents
qui m'ont indiqué qu'ils avaient dû débourser des montants
d'argent pour obtenir l'expertise du psychologue en dehors du personnel non
enseignant des commissions scolaires...
M. Ryan: Oui, oui, d'accord.
M. Gendron: ...sous prétexte que celui-ci était
trop occupé. Vous ne voulez pas donner les chiffres? Vous en avez le
droit. La question que je pose est celle-ci: pourquoi ne feriez-vous pas
connaître aux membres de la commission, par une directive ou un
mémo adressé aux commissions scolaires, la politique des diverses
commissions scolaires? Combien y a-t-il de commissions scolaires qui disent:
Oui, nous sommes d'accord, quant aux demandes de dérogation, que ce
soient nos professionnels qui assument le coût de l'expertise par rapport
à d'autres commissions scolaires qui nous ont dit - c'est ce qu'on m'a
dit - qu'elles ne voulaient rien savoir de ça, que leurs professionnels
non enseignants, entre autres les psychologues ou autres, sont tellement pris
par toutes sortes de choses qu'elles ne voulaient pas qu'elles touchent
à ça, que si un parent pense que son jeune est précoce,
brillant et que le ministre, comme il l'a dit ce matin, ne veut pas le brimer,
qu'il aille voir un psychologue de pratique privée, qu'il se fasse
donner l'expertise
et on verra?
M. Ryan: Vous savez, quand on a commencé ça, il y
avait toutes sortes d'attitudes qui existaient dans les commissions scolaires.
Il y en avait un bon nombre où les commissaires s'ét'ant fait
dire par des fonctionnaires de la c omission scolaire: Le ministre n'a rien
à voir là-dedans; dites-lui de se mêler de ses affaires.
Cela ne crée pas une atmosphère de collaboration. Il y en a
d'autres qui disaient: Qu'il change de régime pédagogique, qu'il
nous donne de l'argent. Une fois, je me le rappelle, j'ai fait une boutade, je
leur ai dit: Aussi longtemps que je téléphonerai à 16 h 30
et que je ne serai pas capable d'avoir de réponse parce que tout le
monde est parti, j'aurai de la misère a croire que votre personnel est
surmené, au point d'être menacé de mort. Cela, je l'ai dit
publiquement et je ne m'en suis pas gêné.
Là, il y a un bon nombre - j'ai dit un bon nombre, je n'ai pas
dit la majorité, tantôt - de commissions scolaires qui ont fait
preuve d'ouverture à cet égard. Cette année, je les ai
exhortées à le faire encore davantage, mais qu'un bon nombre de
parents, peut-être même la majorité, soit capable de payer
un certain montant pour faire passer un test à leur enfant, il n'y a
rien qui me répugne là-dedans, a priori.
M. Gendron: Actuellement, comme ministre de l'Éducation,
qu'allez-vous recommander à votre gouvernement concernant cet engagement
électoral que vous aviez pris en 1985, de déplacer l'âge
d'admissibilité scolaire?
M. Ryan: J'ai présenté une demande additionnelle,
cette année, pour l'allongement de la période, pour le report de
la date de naissance d'un mois. J'ai présenté une demande.
M. Gendron: Comment se fait-il que cela ne paraît pas dans
les crédits?
M. Ryan: C'est parce que la demande n'a pas reçu de
réponse encore.
M. Gendron: Ah bon! Pourtant, les crédits sont
déposés.
M. Ryan: Je le sais bien, mais il reste... M. Gendron: On
est en train de les étudier.
M. Ryan: ...une autre étape, on ne sait jamais, mais je ne
laisse rien entrevoir. Mais, je réponds, en toute vérité,
à la question qui m'a été posée. C'est
l'état exact du dossier.
M. Gendron: Bien, est-ce que l'actuel ministre de
l'Éducation a l'intention de suggérer à son gouvernement
de reprendre, lors de la prochaine campagne électorale, un engagement
là-dessus, soit de devancer l'âge d'admissibilité à
l'élémentaire?
M. Ryan: Non. Nous allons continuer de libéraliser la
politique dans ce domaine, résultat que nous avons déjà
très largement atteint. C'est cela qui est important, ce n'est pas la
lettre.
M. Gendron: Alors, qui me dit... Cela va. M. Ryan:
Merci.
M. Gendron: Merci. (22 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
questions?
M. Gendron: Pas sur les dérogations. L'autre sujet que je
voulais toucher concerne les pro-grammes d'accès à
l'égalité. On a déjà entendu parler de ça
par ce ~ gouvernement-là. On a déjà entendu parler de
ça par la ministre déléguée à la Condition
féminine. Je ne voudrais pas faire état d'une longue
problématique, parce qu'elle ne serait pas belle. Si on compare le
Québec à l'Ontario pour ce qui est des programmes
instaurés d'accès à l'égalité, on sent
à tout le moins une lenteur dans ce dossier qui dénote un manque
évident de volonté politique de la part du gouvernement
libéral.
Par comparaison à l'Ontario, 112 conseils scolaires sur 126 ont
déjà Instauré une politique d'accès à
l'égalité et, qui plus est, ont bénéficié
d'une subvention pour le faire. Il y a d'ailleurs un projet de loi permettant
au ministère de l'Éducation d'exiger que les conseils scolaires
aient une politique d'accès à l'égalité et il est
même à l'étude au moment où l'on se parle. On est
loin de ça au Québec.
Les informations que j'ai rapportent qu'au Québec, c'est un
succès absolument extraordinaire. En trois ans, les programmes
d'accès à l'égalité ont été
finalement mis en place dans 19 commissions scolaires sur les 30 prévues
initialement, mais au Québec on a tout près de 207 commissions
scolaires.
M. Ryan: 207? 210?
Programmes d'accès à
l'égalité
M. Gendron: Oui. Alors j'ai deux questions sur les programmes
d'accès à l'égalité. Des fonds ont
été débloqués à la dernière minute,
sous toutes sortes de pressions. On se rappelle l'historique. Le Conseil des
ministres s'est décidé à la toute dernière minute
à débloquer les fonds nécessaires à
l'évaluation de ces programmes dans les quatre ministères
concernés par le plan d'action gouvernemental. Voici la question que je
pose au ministre. Les fonds débloqués pour l'évaluation
feront-ils l'objet de crédits supplémentaires ou s'ils seront
pris à même les périmés anticipés? A la suite
de l'expérience des trois dernières années, le ministre
estime-t-il que
des programmes d'accès à l'égalité devraient
être instaurés dans l'ensemble des commissions scolaires? Et, si
oui, sur quelle base? Sur une base volontaire ou la base éternelle de
conciliabules, d'échanges, de discussions? Et, avec du fric ou sans
fric?
M. Ryan: Le Conseil du trésor a été saisi
récemment de ce sujet, des suites à donner aux programmes
d'accès à l'égalité qui fonctionnent depuis trois
ans dans le secteur scolaire. Le Conseil des ministres en a été
saisi par la suite et la décision à laquelle en est venu le
Conseil des ministres est substantiellement la suivante. Le Conseil des
ministres a autorisé la prolongation des programmes actuels pour une
autre année à condition que celle-ci soit financée en
principe par les ministères concernés, mais en laissant toutefois
la porte ouverte à un examen en cours d'année, à un
financement par voie de périmés comme l'indiquait le
député d'Abitibi-Ouest qui est assez bien renseigné sur
cette question. Or c'est là que nous en sommes pour l'instant. Nous
avons besoin d'une autre année pour compléter ces programmes, en
faire une évaluation sérieuse et envisager une autre étape
par la suite. Je reconnais le caractère modeste de l'expérience
faite depuis trois ans mais je souligne, d'autre part, que les résultats
qu'elle a apportés sont extrêmement intéressants.
J'avais l'occasion de participer récemment à un colloque
auquel ont participé les commissions scolaires impliquées dans
ces projets, en compagnie de la directrice de la condition féminine au
ministère et d'autres collaboratrices du ministère. Et je pense
qu'on peut dire que des pas très intéressants ont
été faits dans la voie d'une meilleure égalité en
emploi au sein des commissions scolaires. Des programmes semblables ont
été appliqués dans plusieurs collèges et
universités aussi.
M. Gendron: Oui, mais est-ce que M. le ministre n'est pas
d'accord que cet extraordinaire colloque avait également
recommandé de financer la mise en oeuvre des programmes
d'accessibilité à l'égalité pour les femmes
travaillant dans les commissions scolaires, dans toutes les commissions
scolaires? Est-ce que ce n'est pas aussi une conclusion de cet extraordinaire
colloque? Et, compte tenu qu'il n'y a que 10 % des commissions scolaires qui
ont été touchées jusqu'à maintenant - là
j'arrive avec ma question - est-ce que le ministre ne trouverait pas normal
d'étendre les programmes d'accès à l'égalité
à tout le réseau, d'une part, pour donner suite à
l'extraordinaire colloque dont c'était l'une des recommandations, et
deuxièmement, pour montrer un peu de sérieux et de volonté
politique dans ce dossier?
M. Ryan: il faut bien situer cette recommandation dans son
contexte. Les commissions scolaires savaient parfaitement que l'année
1989- 1990 serait utilisée pour l'évaluation du programme. La
recommandation qui a pu découler du colloque sera étudiée
en vue de l'année 1990- 1991 à la lumière du bilan que
nous tracerons de toute cette expérience. Par conséquent, ce
n'est pas rejeté et ce n'est pas pour une application immédiate
en 1989-1990.
M. Gendron: À la demande syndicale revendiquant le fait
que les programmes d'accès à l'égalité fassent
l'objet d'ententes négociées dans le cadre des conventions
collectives, comment réagit le ministre?
M. Ryan: Une chose est sûre. On a fait remarquer à
ce colloque et en d'autres circonstances que les syndicats ont souvent
été laissés de côté dans la conclusion de ces
ententes entre les commissions scolaires et le ministère. Si nous
pouvons trouver le moyen de faire une place à la partie syndicale, nous
l'examinerons sérieusement. Il faudra que la partie syndicale fasse
preuve de souplesse également, parce qu'il ne peut pas s'agir de
programmes qui vont servir uniquement à une application littérale
de conventions souvent rigides. Ces examens exigent une certaine ouverture.
Dans la mesure où on peut avoir des garanties d'ouverture, je pense
qu'il est tout à fait souhaitable que ce voeu émis par des
syndicats soit examiné et accueilli avec attention.
M. Gendron: Donc, vous êtes prêts à en
discuter dans les présentes négociations qui ne sont pas
commencées?
M. Ryan: Je dis que dans un certain nombre de ces commissions
scolaires, des quelque 20 commissions scolaires impliquées - est-ce 19
ou 20? - 19 commissions scolaires, les syndicats font partie du comité
consultatif dans un certain nombre d'entre elles. C'est un comité
consultatif qui veille à la réalisation du projet. J'ai entendu
des représentations moi-même déplorant le fait que les
syndicats aient été laissés de côté.
Industrie du logiciel
M. Gendron: Cela va. Il me restait une dernière question,
M. le Président, sur la microinformatique et les logiciels
éducatifs. L'industrie québécoise du logiciel est vraiment
dans le marasme économique. Selon le plan quinquennal de
développement de la micro-informatique scolaire, des investissements
annuels de l'ordre de 10 000 000 $ devraient y être consacrés.
À la suite des restrictions budgétaires, le gouvernement
libéral a coupé dans ce plan en arrivant au pouvoir, il faut se
le rappeler. Les commissions scolaires ont dépensé au plus 2 000
000 $ pour l'acquisition de logiciels à des fins éducatives.
D'une centaine de producteurs, elles ne sont plus qu'une vingtaine à se
partager ces 2 000 000 $. Là-dessus aussi, il y a eu un
extraordinaire
sommet sur la science et la technologie, en octobre dernier, mais le cri
qui a été lancé, c'était un cri d'alarme. L'Ontario
dépense cinq à dix fois plus pour l'achat de logiciels. On n'aime
bien se comparer à l'Ontario. Le ministre l'a fait au sujet de la
tâche, il y a à peu près une heure. En ce qui concerne les
logiciels éducatifs, l'Ontario dépense cinq à dix fois
plus que le Québec. Le danger, c'est que le Québec laisse tomber
une industrie hautement stratégique d'un avenir intéressant. La
seule question que je veux poser au ministre est celle-ci: Est-ce que le
ministre est conscient des difficultés de l'industrie du logiciel
éducatif et, sait-il que sa disparition aurait de très graves
conséquences à la fois sur le plan scolaire et sur le plan
technologique? En conséquence, pour éviter son éventuelle
disparition, ne convient-il pas d'augmenter très sensiblement les sommes
requises afin d'augmenter l'achat de logiciels éducatifs au
Québec?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, me permettez-vous de demander
à M. Jean-Claude Cadieux, sous-ministre adjoint à la
planification et au développement pédagogique de répondre
à cette question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M.
Cadieux.
M. Cadieux (Jean-Claude): Le ministère dépense
environ 2 000 000 $ par année pour aider l'industrie des logiciels
éducatifs. Ces montants n'ont pas ralenti au cours des années. On
a dépensé en 1988-1989 autant et peut-être un peu plus que
l'année précédente et on s'attend à en
dépenser autant l'an prochain. C'est vrai que plusieurs maisons
d'édition du logiciel éducatif ont des difficultés et
qu'un certain nombre ont fermé leurs portes, mais il y a une
concentration et, là où on avait peut-être 60 maisons il y
a cinq ans, on commence à avoir une douzaine de maisons très
sérieuses, capables de faire face à la concurrence
internationale. Donc, la réponse à votre question est qu'on
maintient l'effort de soutien dans le secteur du logiciel éducatif. On
ne ralentit pas, en tout cas. Il y a un raffermissement plutôt qu'une
détérioration de l'industrie du logiciel éducatif à
l'heure actuelle.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection à ce que M. Cadieux
réponde à l'autre question reliée à votre
commentaire. Je suis obligé de le prendre. Cela ne me
déplaît pas si c'est la réalité, sauf que j'ai un
problème. Pourquoi alors l'Ontario dépense-t-il cinq à dix
fois plus que le Québec?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Il faudrait poser
la question à l'Ontario.
M. Ryan: Je n'ai pas les chiffres me permettant d'être
absolument sûr que cette question repose sur une information exacte et
complète. Il se peut que l'Ontario dépense plus. Il faudrait voir
ça sur une période de cinq à dix ans. Il a pu arriver des
périodes où le Québec dépensait beaucoup plus,
quand le gouvernement précédent s'était imaginé
qu'il pouvait bâtir une industrie de micro-informatique avec des
commandes du système scolaire; ces années-là, nous avons
probablement dépensé plus que l'Ontario. Après ça,
il a fallu ralentir parce que, d'abord, cela n'a pas fonctionné;
l'objectif soi-disant économique a malheureusement failli et on s'est
aperçu qu'il fallait prendre une autre route et, à ce
moment-là, les commandes sont beaucoup plus modérées. Mais
nous en avons quand même entré dans le système scolaire
pour près de 10 000 000 $ l'an dernier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
commentaires ou questions?
M. Gendron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors est-ce que
les crédits du programme 1 sont adoptés?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que les
crédits du ministère de l'Éducation sont
adoptés?
M. Gendron: Surdivision.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. Alors, la commission permanente de l'éducation, ayant accompli
son mandat, ajourne ses travaux...
M. Gendron: Un instant! Il y a une phrase. À deux ou trois
reprises, sauf pour le programme comme tel du Conseil supérieur, cela ne
me dérange pas que vous inscriviez que ces crédits ont
été adoptés tout court, mais pour tout le reste des
crédits, quand vous avez posé la question: Est-ce qu'ils sont
adoptés? Je réponds oui, dans le sens de passer à un autre
programme. Mais, juste pour être logique et conséquent, je ne peux
pas, à la fin de l'ensemble des crédits, dire que les
crédits sont adoptés sur division et individuellement, les
adopter tout court. Donc tout ça pour vous dire que tous...
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle...
M. Gendron:... les crédits sont adoptés sur
division en ce qui me concerne, y compris tous les programmes sauf celui du
Conseil supérieur.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais faire une brève remarque,
s'il vous plaît?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais tout simplement vous remercier tout d'abord
de la manière particulièrement diligente et aimable avec laquelle
vous avez conduit les travaux de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Je voudrais remercier les membres de la commission de
l'accueil particulièrement généreux qu'ils ont
réservé au ministre de l'Éducation et à la cohorte
de collaborateurs et de collaboratrices qui l'accompagnent.
Je voudrais en profiter pour dire à toute l'équipe du
ministère de l'Education que sa collaboration est vivement
appréciée. Je pense que la présence de ces collaborateurs
et collaboratrices est une illustration du travail d'équipe qui
s'accomplit au ministère de l'Éducation et que nous entendons
maintenir. Je voudrais encore une fois renouveler mon appréciation et ma
confiance envers l'équipe du ministère de l'Éducation. Je
voudrais adresser des remerciements spéciaux aux députés
ministériels d'abord, pour l'intérêt toujours exemplaire
qu'ils manifestent envers le secteur de l'éducation, et au
député de l'Opposition. Je le dis au singulier parce que le
député d'Abitibi-Ouest a été presque seul toute la
journée. Nous le remercions très cordialement de la
manière extrêmement courtoise et digne avec laquelle il s'occupe
de son travail très ingrat, nous le savons pour l'avoir
exécuté longtemps. Je le prie de saluer également ses
collègues qui sont venus lui prêter main forte à quelques
moments de la journée. Nous accomplissons ensemble un travail qui exige
la logique de notre régime parlementaire. Tout compte fart, je pense
qu'il est très salutaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je voudrais aussi remercier les studieux
élèves fonctionnaires qui ont pris congé, mais pour
s'acquitter professionnellement de leurs responsabilités. Je les
remercie. Je ne suis pas l'inspecteur d'école mais vous venez
d'apprécier les commentaires de l'inspecteur d'école qui est
content de vous. Comme critique de l'Opposition, sérieusement, je
remercie également de leur collaboration l'ensemble des fonctionnaires.
Tout comme certains le prétendaient, j'ai l'impression que c'est
toujours une journée qui peut être positive dans l'exercice de vos
responsabilités, les uns les autres, de voir les sujets sur lesquels
nous prétendons qu'il y a lieu d'approfondir et d'examiner davantage
l'action gouvernementale.
Alors, je remercie tous les collaborateurs, M. le Président,
ainsi que les membres de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
à mon tour, messieurs. A titre de président de la commission, je
vous remercie de la collaboration que vous nous avez accordée. Nous
ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 47)