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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation entreprend, ce matin, ses travaux. Avant de
commencer cette séance de travail, M. le secrétaire, avons-nous
quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si nous
avons quorum, je déclare officiellement ouverte cette séance de
la commission permanente de l'éducation qui doit procéder, ce
matin, à l'étude des crédits budgétaires pour
l'année 1989-1990 du ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science.
Pour l'information des membres de cette commission et des deux
formations politiques présentes, j'aimerais vous Informer qu'on a
prévu une durée de huit heures pour l'étude des
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science. Ces huit heures seront réparties selon l'horaire suivant. Ce
matin, nous allons travailler jusqu'à 12 h 30, cet après-midi,
après la période des affaires courantes jusqu'à 18 heures
et, ce soir, de 20 heures à 23 heures, pour un grand total de huit
heures de travail.
Il y a aussi eu une entente entre les deux porte-parole des formations
politiques, à savoir que nous étudierons les crédits de la
façon suivante. Nous commencerons par le programme 6, ensuite les
programmes 4, 7, 5, 3, 2 et 1. C'est l'entente qui a été conclue
entre les porte-parole du ministère et ceux de l'Opposition. Il a aussi
été prévu que le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science présentera les chapitres,
c'est-à-dire qu'avant l'étude de chaque programme, le ministre
fera la présentation de ses crédits relatifs au programme
à étudier. Au début, le ministre sera aussi invité
à faire une déclaration, j'imagine, brève, étant
donné qu'il va intervenir sur chacun des programmes et, après
cela, le porte-parole de l'Opposition aura le temps nécessaire pour
faire connaître son texte de présentation et d'ouverture de cette
période d'étude des crédits.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, je
veux d'abord vous remercier de venir devant cette commission et aussi vous
assurer de toute la collaboration des membres de cette commission. Je rappelle
aussi aux membres de cette commission que, selon nos traditions et l'esprit qui
anime les commissions permanentes, le président considère
toujours qu'une commission parlementaire comme celle-ci a toujours pour but de
donner la chance à l'Opposition de questionner le gouvernement sur ses
crédits et sur ses orientations. C'est donc dire que je considère
cette séance de travail comme une tribune privilégiée pour
elle.
M. le ministre, nous vous écoutons. Remarques
préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il m'est très
agréable de reprendre, avec les députés, l'exercice annuel
de l'examen des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Cet exercice fait partie de nos traditions
et de nos règles parlementaires. C'est un aspect essentiel du bon
fonctionnement de nos institutions. Il m'est toujours très
agréable à cette occasion de faire, d'abord, une synthèse
du travail accompli au cours de l'année écoulée et de
brosser à larges traits un tableau des perspectives qu'on peut entrevoir
pour l'année budgétaire.
Selon la coutume, je m'abstiendrai à ce moment-ci de
présenter un exposé général. Dans le secteur de
l'Enseignement supérieur et de la Science, nous avons vraiment quatre
programmes qui ont chacun leur identité propre: l'enseignement
universitaire, le secteur des sciences, l'enseignement collégial et
l'aide financière aux étudiants. Suivant l'habitude que j'ai
observée jusqu'à maintenant, je préférerai faire un
exposé plus bref sur chacun de ces programmes à mesure que nous y
arriverons. En conséquence, toutes les choses à caractère
général que je pourrais dire à ce moment-ci seraient soit
des redites par rapport à ce qui viendra, soit des choses dont la
pertinence pourrait être discutable. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
est-ce que cela termine votre exposé? Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant le porte-parole officiel de l'Opposition, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron M. Gendron: M. le Président.
Une voix:...
M. Gendron: Non, cela ne me dérange pas. Vous allez voir
dans 30 secondes qu'on est parfaitement prêts à commencer
l'étude des crédits. Contrairement à ce que le ministre
vient de mentionner, à savoir qu'il y aurait une coutume - imaginez,
c'est la coutume qu'il a établie lui-même depuis deux ans - de
faire le choix, de faire 75 pages et un discours...
Une voix:...
M. Gendron: Oui, depuis quatre ans. Vous êtes là
depuis quatre ans. La première année, vous aviez sauté un
tour, on va vous montrer
cela. En tout cas, peu importe, c'est son droit le plus strict, qu'il
l'exerce, comme c'est le mien de faire des remarques générales
sur l'ensemble des choses concernant le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Même si le ministre, avec raison, a
dit que ce sont des programmes distincts, que les programmes 6, 4, 5 et 3 sont
des programmes complètement séparés, et qu'il souhaite
faire des remarques sur chacun de ces programmes avant de commencer l'analyse
des crédits, et je n'ai pas d'objection, je tenais cependant à
faire, comme je l'ai fait pour le primaire et le secondaire, une introduction
importante sur l'ensemble des crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
On entreprend donc aujourd'hui l'étude des crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année 1989-1990. J'entends profiter de cet exercice fort important
dans le fonctionnement de notre système parlementaire, puisqu'il s'agit
d'un moment privilégié du contrôle que doivent exercer les
élus sur les détenteurs du pouvoir exécutif, pour passer
en revue les politiques gouvernementales sur le plan budgétaire d'abord,
mais aussi dans leur orientation générale et dans la gestion
ministérielle de divers dossiers qui concernent cet éventail
d'activités regroupées sous le vocable d'enseignement
supérieur et science.
Comme nous en sommes maintenant à un quatrième
dépôt de crédits depuis l'élection du présent
gouvernement, on comprendra que j'utiliserai aussi cette occasion pour
esquisser un bilan de la performance libérale dans les quatre secteurs
concernés qui sont l'enseignement universitaire, la recherche
scientifique, l'enseignement collégial et l'aide financière aux
étudiants et aux étudiantes. J'entends aussi démontrer
qu'il n'a pas livré la marchandise promise et qu'il néglige
dangereusement d'investir les ressources nécessaires requises pour
permettre au Québec de relever les exigeants défis auxquels il
fait face.
Le premier élément que je voudrais toucher - je vais le
faire avec énormément de précision - les
universités, toujours en attente d'un financement approprié,
requis, Justifié et très largement démontré.
Commençons ce rapide tour d'horizon par l'enseignement universitaire.
À première vue, on constate que les crédits alloués
à ce programme s'élèvent, cette année, à 1
309 600 000 $, soit une augmentation de 6,4 % par rapport aux crédits et
de 4,75 % par rapport aux dépenses probables de 1988-1989. Il n'y a rien
là d'impressionnant compte tenu de la progression générale
des dépenses gouvernementales de 5,8 %. Cela l'est encore moins si l'on
considère la maigre croissance de 2,8 % des subventions de
fonctionnement, calculée en année universitaire, croissance qui
s'explique essentiellement par l'Indexation des traitements et le financement
des effectifs étudiants additionnels. Même en tenant compte des
ajustements à venir en prévision du coût des conventions
collectives au 1er janvier 1990, l'augmentation prévue compensera
à peine l'effet de l'inflation. Autrement dit, en vertu des
crédits déposés, les universités ne
bénéficieront d'aucun ajout réel de ressources pour
l'année qui débute. Elles doivent même subir une
compression qui, même modeste, apparaît inacceptable dans le
contexte actuel. La Conférence des recteurs et des principaux des
universités du Québec l'estime à environ 5 000 000 $ - on
le prouvera durant la période de questions - dont 4 000 000 $ en raison
de la diminution du pourcentage consacré au vieillissement.
Si l'effort consenti par le gouvernement s'arrêtait là, la
situation pourrait être qualifiée de dramatique. Mais nous
connaissons bien ce gouvernement qui dépose les crédits en deux
phases, sans doute pour créer un petit suspense et surtout pour mousser
les retombées partisanes des annonces faites lors du discours sur le
budget, surtout quand on a des velléités électorales
à court terme. C'est donc un secret de polichinelle qu'il y aura quelque
chose pour les universités dans la besace du ministre des Finances et,
pour répondre à la campagne bien orchestrée menée
par les milieux d'affaires au cours des derniers mois, il reste à voir
le contenu de cette réponse. À nouveau, ce gouvernement laisse la
pression monter au maximum avant d'agir. La formule est
dénonçable. Je le fais aujourd'hui, haut et fort. Je
dénonce cette formule de modifier le système pariementariste et
de faire un dépôt des crédits en deux temps: un premier
pour la frime et un deuxième pour la galerie.
Pour ce qui est du financement universitaire, même si je
dénonce la formule avec vigueur, je dois dire et affirmer très
solennellement que le besoin de crédits universitaires, lui, est
réel, fondamental. On n'est plus au temps des palabres. On est au temps
des décisions dans le domaine du financement universitaire. Le
sous-financement de notre système universitaire ne devrait plus
être à démontrer. Il me semble que les preuves ont
été faites par différents intervenants.
Déjà, dans son avis sur le financement du réseau, en
1988-1989, le Conseil des universités estimait son ampleur, à
partir de différentes méthodes, à 120 000 000 $, et
recommandait au ministre de veiller à ce que le budget de fonctionnement
des universités soit augmenté d'un tel montant, qui
représente la différence entre le niveau de financement actuel et
l'application de normes qu'il serait nécessaire d'avoir pour dispenser
un enseignement de qualité. Par rapport à l'Ontario, le
sous-financement des universités québécoises varierait de
108 000 000 $ à 123 000 000 $, selon l'une ou ' l'autre des
méthodologies retenues par le conseil. Cette estimation apparaît
cependant fort conservatrice à la lumière des études
menées par la Conférence des recteurs et des principaux des
universités. La CREPUQ chiffre plutôt le sous-financement
à
au moins 200 000 000 $, et même 225 000 000 $, dans
l'hypothèse d'une moyenne de 28 étudiants par groupe-cours. Et on
ne compare pas avec les universités publiques américaines qui
disposent de ressources supérieures d'au moins 40 % aux
universités ontariennes. Bref, la preuve du sous-financement de nos
universités est faite et le gouvernement n'a plus aucune excuse de ne
pas y remédier dans les meilleurs délais.
Nous avons entendu s'élever au cours des derniers mois un concert
de voix autorisées du monde des affaires pour réclamer un
redressement de la situation de toute urgence. Cri d'alarme du président
de la Chambre de commerce de Montréal, du président de Provigo,
S.O.S. lancé par 150 personnalités dans une lettre au premier
ministre. Je me permets d'en lire un extrait tout à fait pertinent:
L'observation attentive de la réalité internationale nous
révèle que les pays qui ont su anticiper les conséquences
de révolution rapide des connaissances et qui ont investi
résolument dans l'enseignement supérieur sont maintenant à
l'avant-garde du développement économique. Les entreprises,
quelles qu'elles soient, comptent sur la qualité de leurs ressources
humaines et sur le développement de leur technologie pour maintenir leur
position concurrentielle, et cela à l'échelle tant nationale
qu'internationale. Pour y arriver, elles ont besoin de diplômés
universitaires compétents et nombreux, aptes à faire face
à des concurrents qui font de l'excellence leur objectif constant.
Cet appel de l'entreprise privée s'ajoute à celui d'autres
milieux, syndicaux, scientifiques et, bien entendu, universitaires, qui
pressent le gouvernement d'augmenter les ressources financières des
universités. Lors de sa récente rencontre avec le premier
ministre, la CREPUQ demandait l'adoption immédiate d'un plan de relance
de l'université dont la première phase comporterait un engagement
minimum de 150 000 000 $ pour les deux prochaines années. Le premier
ministre, toujours de même nature, c'est-à-dire très ouvert
dans des discussions dans ses salons privés du bunker, mais pas beaucoup
énergique dans les décisions qu'il faut prendre. Je ne connais
pas beaucoup de gens qui ne sont pas bien reçus au bureau du premier
ministre, mais il est à peu près, un peu, comme le ministre des
Transports. Il y a trois semaines quelqu'un disait: C'est probablement le
meilleur ministre des Transports qui n'a jamais passé au Québec,
sauf qu'il a un problème: il n'a jamais d'argent; il a un
problème: il n'a jamais de fric. Le montant est de 200 000 000 $
inférieurs aux crédits de tous ceux qui ont passé avant
lui qui étaient probablement des pourris. Excusez l'expression, mais
c'étaient des gens qui n'étaient pas capables de faire la job. Au
moins, ils avaient les crédits. Ils avaient 200 000 000 $ de
crédits de plus. Un ministre des Transports qui n'a pas de
crédits a comme un problème. Et le premier ministre, c'est son
problème. Il est gentil, il écoute, il fait semblant en tout cas,
et il dit: Cela a du bon sens votre affaire, c'est raisonnable. Ce n'est pas la
première fois qu'il dit ça: C'est raisonnable. Ce sont des
demandes très raisonnables et légitimes. Là, la
conférence des recteurs n'a pas dit: On veut avoir des discours du
premier ministre. Elle a dit: C'est le temps d'agir, c'est le temps de
décider - ce qui serait rare pour ce gouvernement - mais il me semble
qu'on serait rendu là. Même la députée de
Jacques-Cartier, adjointe parlementaire à ces questions - je vais en
reparler - a écrit une très belle lettre de fond,
sérieusement. Elle est obligée de passer par-dessus le ministre
de l'Éducation et de se rendre directement au premier ministre, dans une
lettre rendue publique dans le cahier B de La Presse, une belle
page bien présentée, avec de bons arguments. On verra ce que
ça donnera. Mais il me semble que c'est le moment, non pas de faire des
palabres et d'écrire de belles lettres, mais de prendre des
décisions. J'aurais préféré que, dans sa lettre,
elle indique au premier ministre que le moment était venu, non pas
d'être ouvert et attentif dans le bunker, mais d'exiger du ministre des
Finances et du président du Conseil du trésor que les sommes
requises pour faire du financement universitaire une priorité soient
enfin retenues à la bonne place. On ne les a pas vues dans les
crédits. J'espère qu'on les verra dans le discours sur le budget,
même si je répète que la formule est
dénonçable. La formule est dénonçable, c'est
vraiment caricaturer le Parlement, mais ce n'est pas la première fois
que ces gens-là font ça. Mais, au moins, sur le fond, c'est
requis. C'est ultimement requis et nécessaire.
La CREPUQ demandait donc l'adoption immédiate d'un plan de
relance de l'université dont la première phase comporterait un
engagement minimum de 150 000 000 $ pour les deux prochaines années.
J'indique au ministre que, pour l'analyse qu'on a faite de ces questions, j'ai
moi-même, comme critique, avec des collègues de l'Opposition,
rencontré, jeudi dernier, les représentants de la
conférence des recteurs et je leur ai dit qu'en ce qui me concerne, il
me semble que le chiffre sur lequel on devrait s'entendre, au-delà de
toutes sortes de fines évaluations qu'on peut partager, c'est 150 000
000 $. Le besoin réel, c'est 150 000 000 $; c'est ce que ça prend
pour les deux prochaines années. Il me semble que l'ensemble des
intervenants éducatifs consciencieux devraient travailler dans le
même sens, exiger que c'est là le besoin, qu'on est rendu
là, et non pas à pelleter ça dans les années
futures pour toutes sortes de raisons.
À l'instar de la députée de Jacques-Cartier, je
l'ai dit tantôt, qui s'est commise publiquement sur le sujet, on aurait
souhaité qu'il admette - je parle du premier ministre - que non
seulement c'était raisonnable, mais absolument nécessaire, et
là, il aurait posé un geste de premier ministre. Après
trois ans et demi d'exercice du pouvoir, le gouvernement doit cesser ses
tergiversations et passer enfin à l'action. Nous attendons donc
avec impatience le budget du ministre des Finances et sa réponse au
projet de financement présenté par le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science et qui, selon la fuite dans les journaux,
serait d'environ 100 000 000 $. Il faut souhaiter qu'il sera mieux entendu que
lors du dépôt de son plan de transition de deux ans pour lequel il
n'avait reçu que la moitié du montant demandé, soit 79 000
000 $ sur 145 000 000 $, pourtant considéré comme un strict
minimum. (10 h 30)
Par ailleurs, on se souviendra que ces deux années devraient
servir à mettre au point une nouvelle formule de financement plus
équitable, car il n'y a pas que le niveau de financement qui fasse
défaut, mais aussi le mode de répartition des subventions entre
les universités. Tous reconnaissent en effet la désuétude
et les distorsions qu'engendre la vieille formule dite historique de calcul des
bases de financement. Les travaux entrepris à ce chapitre tardent
à produire leurs résultats. L'échéance de septembre
1989 que s'était fixée le ministre approche à grands
pas.
En ce qui concerne les universités situées en
région, il faudra qu'avec la nouvelle formule, on prenne en
considération les facteurs de taille et d'éloignement. J'en
profite ici pour relater encore une fois l'extraordinaire succès qu'a
connu la soirée de solidarité envers l'Université du
Québec en Abitibi-Témiscamingue. Il faut le faire. Être
rendu avec un gouvernement qui a fait accroire que sa priorité
était l'éducation, mobiliser l'ensemble des groupes
socio-économiques de l'Abltibl-Témiscamingue un beau mercredi
soir pour dire: Écoutez, on fait une soirée de solidarité
pour dire à M. le ministre de l'Éducation que le financement de
l'université est important pour nous et qu'on y tient beaucoup...
Il y a tout de même 250 intervenants qui se sont
déplacés de tous les coins de l'Abitibi-Témiscamingue pour
venir témoigner leur solidarité à une université
qui a l'argent requis pour dispenser enseignement, recherche et appui à
la collectivité locale et pour lesquels elle ne reçoit pas un
cent de financement, parce que le ministre et ce gouvernement n'a jamais
compris que les universités régionales devaient appuyer des
initiatives reliées au développement local. Quand vous appuyez
des initiatives reliées aux collectivités régionales et
locales, ça coûte quelque chose. Il faut que l'université
ait un peu de financement pour ce faire. Actuellement, elle n'a pas eu du tout
de financement et les gens sont obligés de faire une soirée de
solidarité pour témoigner combien il est important que
l'université ait l'argent requis pour s'acquitter de sa mission appui,
enseignement et recherche.
Je les félicite de l'avoir organisée, mais je trouve
toujours un peu gênant que l'on soit obligé de faire de telle
manifestation de solidarité. C'est un peu comme légiférer
sur sa langue quand on est un peuple, une communauté distincte,
être obligé d'adopter une loi pour dire: Chez nous, ça se
passe en français. C'est humiliant. C'est gênant d'être
obligé de faire ça. Ce serait tellement plus normal de ne pas
être obligé d'adopter une loi là-dessus en disant: C'est
comme ça que ça se passe, comme en éducation, ce serait
donc normal que les universités aient les sommes dont elles ont besoin
pour s'acquitter de leur mission sans exagération, à l'instar de
ce que recommande le Conseil des universités, dans son avis
intitulé "Pour une nouvelle politique de financement du réseau
universitaire québécois", ainsi que le rapport
Després.
La situation des équipements scientifiques appelle aussi une
intervention vigoureuse qui s'est déjà trop fait attendre. On se
souviendra que, dans le cadre des mesures transitoires, le gouvernement avait
consenti 5 000 000 $ pendant quatre ans. Le renouvellement du parc
d'équipement nécessiterait 80 000 000 $ additionnels, selon
l'estimation même du gouvernement dans le document de consultation
préparé en vue du sommet de la technologie de I automne dernier.
L'aptitude des universités à bien remplir leur mission
d'enseignement et de recherche est directement tributaire d'équipement
scientifique adéquat à la fine pointe de l'évolution
technologique.
Il y a aussi tout le problème plus large du financement des
immobilisations. Dans le cadre du dernier plan quinquennal d'investissement,
les enveloppes dites annuelles, qui servent à l'entretien des biens
immobiliers et qui sont reconnues comme insuffisantes, n'ont augmenté
que de 3, 8 %, soit à peu près l'équivalent de
l'inflation. Elles ne représentent toujours que 60 % des enveloppes
théoriques déterminées par le cadre normatif.
Dans son avis sur le plan quinquennal, le Conseil des universités
déplorait l'instabilité du niveau de financement des
investissements causée par la durée limitée et la
non-récurrence des enveloppes supplémentaires qui
représentent une part croissante de l'enveloppe totale. Nous savons que
le ministère a entrepris, de concert avec la CREPUQ, un travail de
révision des normes d'investissement. Il presse que soient
établies de nouvelles normes correspondant davantage aux besoins du
réseau et qu'elles soient accompagnées d'un niveau de financement
approprié.
Enfin, on ne peut pas parler d'immobilisations sans parler des
bibliothèques universitaires qui méritent un sérieux coup
de pouce. Le fossé entre l'Ontario sur le plan des dépenses et du
nombre de documents par étudiant est considérable. Je ne l'ai pas
apporté ici, mais le ministre l'a; la conférence des recteurs lui
a produit un excellent document comparatif avec une série de tableaux
où il est dit que les documents d'accompagnement pour nos
étudiants universitaires québécois sont toujours en
défaut par rapport à
l'Ontario, deux pour un, trois pour un, et il me semble qu'il faut faire
un effort dans ce domaine.
Dans l'avis précité, le conseil des universités
recommandait de prolonger au minimum d'une année le plan de rattrapage
pour l'acquisition de volumes de bibliothèque, en ajoutant la somme de 5
000 000 $ à la somme déjà prévue pour permettre sa
poursuite durant l'année 1989-1990. En somme, il me semble que les
besoins du réseau universitaire sont considérables et multiples -
je m'arrête là sur les besoins - qu'il s'agisse de l'encadrement
des étudiants, de l'équipement scientifique, des
bibliothèques ou encore du renouvellement du corps professoral, qui
constitue un objet de très vive préoccupation dans le milieu
universitaire.
Il y a des impératifs sur le plan de la qualité. Il y a
aussi des efforts encore immenses à accomplir sur le plan quantitatif,
c'est-à-dire pour augmenter le taux de fréquentation et de
diplomation. Les données les plus récentes révèlent
que 10 % de la population québécoise, âgés de quinze
ans et plus, détenaient un diplôme universitaire en 1987,
comparativement à 12,4 % en Ontario et une moyenne canadienne de 11 %.
Donc, on a encore un peu de rattrapage à faire. L'analyse des
données de recensement de 1986 indique un écart encore plus large
chez les groupes plus jeunes. Ainsi, la proportion des personnes de 25 à
34 ans ayant fréquenté l'université ou ayant obtenu un
grade universitaire s'élevait alors à 21,8 % au Québec par
rapport à 27,6 % en Ontario. Ces chiffres démontrent donc qu'il y
a non seulement place, mais nécessité d'une augmentation du taux
d'accès à l'université, aussi bien au baccalauréat
qu'à la maîtrise et au doctorat.
Alors qu'il est urgent pour le Québec d'investir massivement dans
le domaine de l'enseignement supérieur, le gouvernement
fédéral continue à réduire dramatiquement sa
contribution sous forme de paiements de transferts. Différentes mesures
de plafonnement introduites depuis 1982 auront en effet réduit ces
versements, à titre de financement des programmes établis,
d'environ 6 500 000 000 $ pour la période allant jusqu'en 1992, dont
environ 2 000 000 000 $ seulement pour l'enseignement postsecondaire. Notre
gouvernement, supposément supernégociateur: Nous serons un
négociateur hors pair, et le Québec ne se fera plus avoir, disait
le vice-premier ministre en l'absence du premier ministre battu dans le
comté de Bertrand. Notre gouvernement, supposément bon
négociateur avec Ottawa, n'a nullement réussi à endiguer
cette tendance dont l'impact cumulatif est de plus en plus pesant. On
appréhende, par ailleurs, de nouvelles ponctions dans les transferts aux
provinces, dans le prochain discours sur le budget. Il serait plus que temps de
revendiquer le retrait définitif du gouvernement fédéral
de ce secteur compensé par la remise de points d'impôt avant qu'il
ne reste plus rien.
Mais le gouvernement demeure curieusement muet sur cette question. Le
premier ministre continue à faire des mamours à M. Mulroney bien
que le ministre des Finances l'ait timidement évoqué lors de son
discours sur le budget il y a deux ans.
Parallèlement à ce désengagement d'un programme
inconditionnel, Ottawa augmente ses transferts directs par le biais de
subventions de recherche ou encore de bourses qui, elles, sont conditionnelles
et établies selon ses propres priorités. Le Fonds technologique
de 1 300 000 000 $ lancé à l'automne de 1987 doit être
interprété en ce sens. Si le Québec doit, bien entendu,
revendiquer sa juste part des sommes investies à cet égard, nous
ne croyons pas, contrairement au gouvernement actuel, aux vertus d'une
politique pancanadienne en matière d'enseignement supérieur.
Le deuxième secteur vital, M. le Président, de cette
commission pour ce qui est du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, c'est la recherche scientifique. C'est un
autre volet de l'action du ministère relié de très
près au précédent, c'est-à-dire à la
formation universitaire. Dans ce domaine aussi, les espoirs ont rapidement fait
place à la déception. On constate d'abord que le budget du
programme Science n'a augmenté que de 1,7 % au cours des trois
dernières années. Les centres de recherche appliquée
créés à l'instigation du gouvernement du Parti
québécois ont maintenant atteint leur vitesse de
croisière, mais les crédits de soutien à l'emploi dans le
domaine scientifique tombent en 1989-1990 quasiment sous la barre 0. Ce
programme, lui aussi entrepris par le gouvernement précédent,
représentait des déboursés de 5 700 000 000 $ en
1986-1987, et l'actuel gouvernement l'a simplement laissé mourir.
Quant au Fonds pour la formation des chercheurs et l'aide à la
recherche, ï voit son budget passer cette année à 37 000 000
$, soit une augmentation de 4,3 % provenant essentiellement d'une indexation de
ses activités depuis 1985-1986. La croissance s'établit à
16,1 % et s'avère donc nulle en dollars constants au cours des
dernières années. Le Fonds FCAR a procédé à
une réévaluation de ses activités qui a conduit à
un réaménagement assez substantiel de ses divers programmes de
façon à mieux cibler son action. Les orientations
privilégiées sont traduites dans son dernier plan triennal
d'activités présenté en juillet 1988 et qui, nous dit-on,
a reçu l'approbation du gouvernement. S'il l'a approuvé, c'est
sans lui consentir les budgets correspondants. Pour l'année qui
débute, il manque une dizaine de millions de dollars entre les montants
prévus au plan triennal et les crédits alloués.
L'octroi de bourses d'excellence constitue avec le soutien aux
équipes de recherche, l'autre axe principal de l'action du fonds. Nous
ne pouvons que déplorer la stagnation du budget prévu à ce
niveau en 1989-1990. Ainsi, les
bourses de maîtrise demeureront gelées à 7500 $ soit
le même montant qu'en 1984-1985. On est seulement en 1989. Quant aux
bourses de doctorat, elles seront maintenues à 10 000 $, niveau atteint
de peine et de misère l'année dernière. Les bourses
octroyées par les conseils subventionnâmes fédéraux
demeurent beaucoup plus alléchantes. Il faut se rappeler que, dans un
avis de l'automne de 1987, le conseil des universités avait
recommandé au ministre de permettre au fonds de hausser la valeur de ses
bourses tout en maintenant le taux de succès des nouvelles demandes
à 25 % et de consentir les crédits additionnels
réclamés de 17 000 000 $. Deux ans plus tard, l'enveloppe
prévue à cette fin est à peine de 13 700 000 $; une
majoration du montant des bourses constituerait pourtant un moyen de
remédier en partie au problème de prolongement de la durée
des études constaté partout et au taux très
élevé d'abandon avec 7 500 $ par année, les boursiers
n'ont d'autre choix que de se chercher un emploi et ne peuvent ainsi consacrer
à leurs études tout le temps nécessaire. Donc, qu'est-ce
qui se produit? C'est ce qu'on vient de dénoncer. Un prolongement de la
période nécessaire pour faire les études parce qu'on est
obligé de travailler et d'aller gagner une pitance qui permette de
gagner sa croûte, bourse et travail ensemble. Dans ce contexte, on
comprendra le désappointement des associations d'étudiantes et
d'étudiants diplômés qui réclamaient à juste
titre du gouvernement un soutien plus tangible et mieux approprié
à leurs besoins.
Notre déficit, par rapport à l'Ontario, avec qui on aime
tant se comparer, est d'environ 30 %, en ce qui a trait aux diplômes de
deuxième et troisième cycles. Il est nécessaire d'apporter
des mesures énergiques qui font cruellement défaut. Notre
potentiel de développement scientifique et technologique pour les
années à venir est pourtant relié à
l'élargissement du bassin de jeunes chercheurs. Comme chacun le sait,
l'effort de recherche et de développement, au Québec, demeure
largement insuffisant, et ce, à tous les niveaux. En 1986, le
Québec consacrait seulement 1, 25 % de son produit intérieur brut
à la recherche et au développement, une diminution par rapport
à l'année précédente. Le Canada, à 1, 37 %,
se situait, en 1985, au douzième rang des pays de l'OCDE, selon les
données contenues dans le second rapport de conjoncture du Conseil de la
science et de la technologie. L'Ontario, effectua, en 1986, 2, 6 fois plus de
dépenses en recherche et en développement que le Québec.
Le produit intérieur brut étant à peine 1, 7 fois plus
important, le sous-financement chronique des activités scientifiques et
technologiques dont le Québec est victime de la part du gouvernement
fédéral n'est évidemment pas étranger à
cette situation. Il n'est sûrement pas à l'honneur du gouvernement
libéral d'avoir vu depuis trois ans la part des contrats de recherche
octroyés à des entreprises québécoises, dans le
cadre de la politique fédérale d'"impartition", osciller autour
d'un magnifique 10 %. Il faudra plus qu'un lobbyiste - c'est ce qu'on a
actuellement comme ministre - à Ottawa pour revendiquer le cours des
choses.
En ce qui le concerne directement, le gouvernement
québécois a, bien sûr, introduit, lors des derniers
budgets, un certain nombre de mesures d'incitation fiscale à la
recherche et au développement. Mais de l'avis même du Conseil de
la science et de la technologie, de telles mesures n'ont pas pour effet
d'accroître sensiblement l'effort de recherche et de développement
des entreprises. L'accent devrait plutôt être mis sur le soutien
direct et c'est là que le bât blesse. Le gouvernement s'est
réveillé tardivement l'automne dernier en annonçant la
création d'un fonds de développement technologique de 300 000 000
$ échelonné sur cinq ans, disait-il - applaudissements nourris
des répondeurs automatiques - dont on attend encore le démarrage.
Cela a été annoncé l'année dernière, mais on
n'a rien commencé, rien démarré, on ergote L'Ontario
attribuait à un fonds similaire institué il y a
déjà trois ans, une enveloppe de 1 000 000 000 $
échelonné sur dix ans. Ce n'est sûrement pas de la
façon dont le Québec procède qui va lui permettre de
rattraper l'Ontario, en allant chercher uniquement les applaudissements d'une
galerie servile au cours d'un discours sur le budget. Un an après, vous
avez beau regarder la réalité, il ne se passe rien. (10 h 45)
Comment ne pas reprocher aussi au gouvernement son incohérence et
ses cafouillages dans l'organisation même de sa politique scientifique et
technologique? Après avoir scindé, à son arrivée au
pouvoir, la science et la techno pour rattacher celle-ci au commerce
extérieur - écoutez bien ça, ceux qui applaudissent
toujours pour rien - elle a pris la direction de l'industrie et du commerce -
regardez ce qu'elle fait, comment elle se promène... Alors, je
répète: on sépare la science et la technologie et on
décide de rattacher la technologie au commerce extérieur et,
à un moment donné, elle prend la direction de l'industrie et du
commerce lors du remaniement ministériel de juin dernier. Depuis cette
date, deux ministres délégués, pas de portefeuille, pas de
ministère, pas trop sûrs sur quoi ils sont
délégués, se succèdent au développement
technologique. Quant au fonds technologique, il relève maintenant du
premier ministre qui dit toujours: Cela a du bon sens, vos affaires sont
raisonnables, mais je n'ai pas une "cenne", je n'ai pas d'argent. Donc, le
premier ministre s'occupe du fonds technologique. Les interventions
gouvernementales dans ce secteur aussi crucial mériteraient, au lieu de
cette improvisation, une planification rigoureuse et une coordination efficace,
faute de quoi l'objectif visant à consacrer 2 % du PIB à la
recherche et au développement, d'ici cinq ans, va constituer un beau
mirage, comme on est habitué d'en voir.
Les collèges. Je ne peux pas parier du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science sans parier des
collèges. Du côté collégial, les crédits
1989-1990 accusent une faible augmentation de 0,8 % par rapport aux
dépenses probables de l'année dernière; plus
particulièrement les subventions de fonctionnement aux collèges
publics ne croissent que de 2,1 % en année scolaire, en excluant les
régimes de retraite. Sous l'effet conjugué des indexations de
salaire et des compressions qui s'élèvent à 9 300 000 $,
soit 3 300 000 $ pour la non-indexation des autres coûts, 2 200 000 $
pour la compression de 1 % sur l'enveloppe des autres effectifs et 3 800 000 $
pour le financement du développement par prélèvements
à même l'enveloppe existante, une telle décision nous
semble complètement injustifiée dans la mesure où les
collèges ont déjà subi leur lot de compressions au cours
des dernières années; ils n'ont plus de marge de manoeuvre,
d'autant plus que les dépenses variables, dites compressibles, ne
représentent qu'une petite partie de leur budget. Là, j'en arrive
à cette brillante comparaison que le ministre faisait la semaine
dernière quand il me pariait d'une coupure dans le domaine de
l'enseignement primaire et secondaire. Écoutez, il n'y a rien là,
c'est 25 000 000 $; 25 000 000 $ sur un budget de 5 000 000 000 $, il faut
vraiment être pleurnichard. Ce qui est malhonnête quand on dit
ça, c'est que ce n'est pas 25 000 000 $ sur 4 000 000 000 $ ou 5 000 000
000 $, c'est 25 000 000 $ sur un budget de 225 000 000 $ ou 250 000 000 $, ce
n'est plus la même chose. Quand on prend l'ensemble du budget du
ministère, où il y a 60 % ou 75 % des dépenses qui sont
incompressibles parce que ce sont des salaires, des frais fixes et des
dépenses récurrentes qui n'ont rien à voir avec la
capacité de compresser ou non, là on fait une image qui n'a aucun
sens réel et pratique.
C'est la même chose pour les collèges. Pour les
collèges, 9 000 000 $ sur l'enveloppe totale du budget des
collèges, est-ce que c'est grave? Réponse: Non. Et 9 000 000 $
sur l'enveloppe utilisée pour infléchir et compresser, est-ce que
c'est grave? Ce n'est pas grave, c'est dramatique, c'est criminel. C'est
dramatique et criminel, une somme de 10 000 000 $ dans le domaine des
collèges, après s'être fait dire par ce gouvernement qu'on
les avait clenches comme ce n'est pas possible. Lui, il a continué et
là, ce ne serait plus vrai. Le milieu des études
collégiales n'a pas subi de compressions. Allons donc! Dans une lettre
fort solennelle - parce qu'on écrit beaucoup, dans ce gouvernement - il
faut écrire beaucoup parce qu'il n'y a qu'un seul décideur et il
ne décide rien, c'est le premier ministre, tous les autres sont des
répondeurs... Pour tous les dossiers majeurs importants, si vous voulez,
ce ne sont pas les ministres qui décident, il faut que ça aille
toujours au bureau du premier ministre, le "bunker\ M. Bourassa, dans sa
tour.
Il faut que tout passe par là et, des années plus tard, on
aura peut-être bien une décision dans quelques affaires. Donc, on
est obligé - y compris la députée de Jacques-Cartier -
d'écrire au premier ministre. On ne peut pas en parler au ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science, il ne
s'occupe pas de ça. Il dit: Envoie ça au premier ministre. On
verra, c'est le premier ministre qui mène. Nous pensions qu'il prenait
une décision de temps en temps.
Alors, j'ai ici une lettre fort solennelle et bien sentie au premier
ministre - pas au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Il ne s'occupe pas de ça. Cela devient décidément une
habitude de passer par-dessus la tête du ministre responsable, je veux
bien croire qu'il est bien occupé avec le dossier sur la langue, que
c'est un dossier chaud et qu'il en a pas mal sur les épaules... Non, il
dit qu'il a du temps en masse. Il faudrait le voir. Le ministre de
l'Éducation me fait signe qu'il a du temps en masse. Nous, on s'attend
que cela paraisse, à un moment donné, qu'il a le temps de
s'occuper des dossiers. Il va dire à ses collègues: Ecrivez-moi
plutôt qu'au premier ministre.
La Fédération des cégeps lui demandait de ne pas
imposer une telle compression budgétaire mais plutôt d'ajouter des
ressources, pour que les cégeps disposent des outils nécessaires
pour maintenir et développer un enseignement de qualité, gage
d'avenir pour les Québécois et les Québécoises. La
fédération soulignait que la compression vient s'ajouter à
un manque à gagner de 23 000 000 $. Imaginez, ces gens ont pris le temps
de faire la preuve qu'il leur manquait 23 000 000 $, on les clenche de 10 000
000 $ - je vous dis que cela avance, c'est stimulant pour l'avenir - au
chapitre de l'entretien et du rajeunissement des bâtiments et de
l'équipement, ce qui porte le sous-financement total du réseau
à 32 000 000 $. Sa demande ne semblait pourtant pas excessive, à
savoir une stabilisation du mode de financement qui inclut l'indexation de
toutes les catégories de dépenses, le financement intégral
des activités nouvelles et le maintien de la qualité du parc
immobilier et du parc d'équipement.
Dans le même sens, le conseil des collèges, dans son plus
récent avis sur l'allocation des ressources, avait recommandé au
ministre d'allouer des crédits équivalant à une juste
indexation des coûts et de n'autoriser tout nouveau développement
que dans la mesure où les crédits nécessaires seront
disponibles. Deux recommandations qui n'ont pas été suivies,
évidemment. Nul ne niera que les cégeps font face à
d'importants besoins au chapitre des immobilisations, d'une part. Dans un
dossier bien documenté, la Fédération des cégeps
estime ainsi à 127 000 000 $ le montant nécessaire pour ramener
l'ensemble des bâtiments des collèges à l'âge de dix
ans et à 87 000 000 $, l'injection nécessaire pour ramener
l'âge moyen du parc d'équipement aux environs
de quinze ans, ce qui correspond à des demandes respectives
d'ajouts au plan triennal de six et neuf par année. Dans son avis sur
l'allocation des ressources, le conseil des collèges recommandait au
ministre de faire, avec la collaboration des collèges, une analyse
approfondie de l'état et des besoins des centres de documentation, des
besoins de réfection des bâtiments et des besoins d'entretien de
l'ensemble du parc et d'augmenter de façon significative l'allocation
normalisée d'investissements destinés à remplacer
l'équipement désuet et à acheter l'équipement
nécessaire aux divers programmes d'enseignement.
Plus fondamentalement, les collèges doivent faire en sorte qu'un
plus grand nombre d'étudiants et d'étudiantes complètent
leurs études avec succès. Le nombre élevé des
échecs et des abandons est inquiétant. Si le taux de passage du
secondaire au collégial a continué de progresser au cours des
dernières années, atteignant 63 en 1986-1987, le taux de
diplomation est stable et oscille toujours autour de 60. Le Conseil des
collèges a d'ailleurs consacré son rapport 1987-1988 à
cette Importante question celle de l'état et des besoins de
l'enseignement collégial. Il y analyse des facteurs associés aux
échecs et aux abandons, leurs conséquences et propose un certain
nombre d'orientations et de mesures, notamment au chapitre de l'assistance aux
élèves en difficulté. Selon le conseil, le moment est venu
d'octroyer des ressources supplémentaires au réseau
collégial pour permettre à tous les collèges de mettre en
oeuvre d'importantes mesures d'aide aux élèves qui en ont besoin
pour cheminer avec plus de succès dans leurs études. Il s'agit
là d'une priorité au cours des prochaines années. Les
syndicats d'enseignants font entendre le même son de cloche. Dans un avis
récent remis au ministre, le conseil dessine un tableau très
critique du français chez les élèves du collégial
et qualifie la situation d'alarmante. Il recommande de mettre en oeuvre un plan
d'action vigoureux en matière d'enseignement du français au
collégial et de l'assortir d'un calendrier de réalisations et de
mécanismes d'évaluation appropriés. Cela ne se fera pas
tout seul. Plusieurs collèges ont déjà pris des
Initiatives Intéressantes pour redresser la situation. Mais un soutien
accru du gouvernement s'avérerait nécessaire.
Dans un avenir rapproché, les collèges devront aussi
répondre à d'autres demandes pressantes au chapitre de l'accueil
des allopho-nes, de l'intégration des élèves
handicapés, sans oublier le projet d'extension d'antennes
collégiales sur les territoires moins bien desservis. Des villes comme
La Tuque, Montmagny, Don-nacona ont adressé des requêtes en ce
sens au ministre. À l'automne prochain, Carieton viendra se joindre aux
quatre sous-centres existants. Pas de fric, par exemple. Ils n'ont pas un cent.
Le ministre de l'Éducation dit: Dorénavant, vous allez dispenser
de l'enseignement dans des sous-centres. C'est ce qu'on demande en Abitibi
depuis fort longtemps, un enrichissement de l'expérience d'Amos - on
attend une réponse, on ne l'a pas encore - et un début
d'expérience d'études collégiales dans le bassin
lasarrois. Toujours pas de réponse. On pense que c'est la seule
façon de maximiser l'accessibilité aux études
collégiales. Entreprendre un peu d'études collégiales dans
des bassins de population importants, pas en instaurant des programmes complets
de première année nécessairement mais en offrant quelques
options pour permettre à des étudiants d'accéder plus
facilement aux études collégiales. Il y a le facteur coût
là-dedans aussi. Il me semble que moins on déplace les
élèves, moins les coûts sont importants pour eux et pour
les parents. Cela permet aux jeunes qui ne sont pas encore tellement vieux de
continuer à vivre un peu plus longtemps dans leur bassin naturel qui est
leur milieu familial.
Ce que je disais, c'est qu'à l'automne prochain, Carieton viendra
se joindre aux quatre sous-centres existants et, il est prouvé que leur
présence a permis d'augmenter la fréquentation des études
collégiales dans les régions concernées. Cependant, quand
on parle de cela avec la direction des collèges, on nous dit: Oui, on va
y aller à Carieton, mais on aurait aimé avoir eu un peu de
financement du ministère. On aimerait que le ministre se rende compte
qu'on va à Carieton et, en conséquence, qu'il se rende compte que
cela exige un financement approprié. C'est sûr qu'il y en a qui se
questionnent sur cette formule qui tend aussi à éparpiller les
ressources. Je pense ici à la Centrale d'enseignement du Québec
qui craint un éparpillement des ressources et favorise plutôt une
aide accrue aux étudiants et étudiantes des régions
éloignées. Je pense qu'il est temps que le ministre annonce
clairement sa politique en cette matière. Mais, dans un cas comme dans
l'autre, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science a une responsabilité.
Un mot en terminant sur les collèges privés. Certains
événements de la dernière année sont venus
illustrer la nécessité pour les pouvoirs publics d'établir
un meilleur contrôle sur ceux-ci. Mentionnons le fameux collège
Marie-Victorin qui a perçu seulement en 1987-1988 plus de 3 000 000 $ de
subventions auxquelles il n'avait pas droit. Il y a aussi tout le secteur des
établissements non subventionnés mais qui détiennent un
permis de la part du ministère pour signifier quelque chose. Celui-ci
doit correspondre au respect d'exigences bien précises. Il ne faudrait
pas que se répètent les épisodes comme celui de la
fermeture des succursales du Collège d'informatique appliquée du
Saint-Laurent dont les étudiants et les étudiantes sont
évidemment les premiers à partir, les premiers perdants. Ce sont
les étudiants qui souffrent le plus de cette situation les obligeant
à abandonner les études parce que le collège ne peut
poursuivre les activités.
Le dernier volet de l'enseignement supérieur c'est l'aide
financière aux étudiants. Encore là,
si l'on regarde la façon dont ce gouvernement tient ses promesses
ça fait curieux et passablement drôle. Je l'ai déjà
évoqué, le Québec a encore un rattrapage à
effectuer sur le plan de la scolarisation de la population en
général dont le relèvement passe bien entendu par un
élargissement de l'accès aux études supérieures. Le
régime d'aide financière aux étudiants mis en place, il y
a maintenant une vingtaine d'années, constitue un instrument central de
cette politique de plus grande accessibilité. Sous le gouvernement du
Parti québécois, le budget consacré à ce niveau a
quintuplé; porté d'environ 50 000 000 $ en 1976-1977 à
plus de 260 000 000 $ en 1985-1986. Diverses améliorations aux
règles d'attribution de l'aide et à la croissance des
clientèles étudiantes dans les collèges et les
universités ont fait passer le nombre des bénéficiaires
pendant cette période de 59 500 à 122 800, soit plus du
double.
À côté de cela, le bilan du gouvernement
libéral fait peine à voir, il fait pitié. Si l'on examine
d'abord les crédits alloués à ce programme, la hausse est,
cette année, de 3, 4 %. Par rapport aux dépenses probables,
rappelez-vous toujours que c'est 5, 5 %. Aucune bonification au régime
des prêts et bourses n'est donc prévue pour l'automne prochain. Il
est, par ailleurs, très révélateur de suivre
l'évolution des dépenses de l'aide financière au cours des
quatre dernières années. De 265 700 000 $ en 1985-1986, elles
sont estimées à 259 000 000 $ pour 1989-1990. Si l'on fait
abstraction des 8 000 000 $ pour les bourses de la francophonie, le
gouvernement dépensera donc cette année une quinzaine de millions
de dollars de moins qu'il y a quatre ans, ce qui représente une baisse
d'environ 20 % en dollars constants. L'enveloppe allouée aux bourses
aura chuté de 200 000 000 $ à 165 000 000 $ et le nombre de
boursiers de 76 800 à 60 700 pendant le mandat libéral. Alors,
j'invite les répondeurs automatiques à lire cela à
nouveau. Là, ils se rendront compte que même s'ils applaudissent
sans savoir, c'est là la performance du gouvernement libéral:
moins de bourses, moins d'argent.
Pour ces gens-là, rappelez-vous que c'était toujours une
priorité, l'éducation. Ce n'était même plus une
dépense, c'était un investissement. En conséquence, c'est
pour cela qu'on ne le voit pas aux crédits, je le répète.
On ne voit rien aux crédits, il n'y a pas de fric aux crédits.
C'est normal, ce n'est pas une dépense. Normalement, quand on
dépose les crédits budgétaires, c'est pour montrer les
dépenses que le gouvernement a l'intention de faire. Comme
l'éducation est un investissement. il faut croire que c'est normal de ne
pas voir beaucoup de chiffres là, et on le verra au budget. Mais la
performance du gouvernement libéral sur le plan des bourses, vous ne me
ferez jamais accroire qu'elle est publiable. Elle n'est pas trop publiable et
elle n'est pas belle à voir. (11 heures)
Tout s'explique certes en partie par l'amélioration de la
conjoncture économique, mais aussi par les modifications aux
règles d'attribution. Par des opérations de conversions d'une
partie de la bourse en prêt - et le gouvernement l'a dit publiquement -
le gouvernement a pu diminuer ses dépenses d'environ 25 000 000 $
seulement pour 1989-1990. Sur quatre ans, l'endettement supplémentaire
cumulatif infligé aux étudiants et aux étudiantes se
chiffre par une centaine de millions de dollars. Quelques données
illustrent bien cette tendance. Ainsi le niveau du prêt maximal
préalable à l'obtention de la bourse - parce que tu ne peux pas
avoir de bourse si tu n'as pas de prêt - a été
majoré, ça c'est vrai, de 1 321 000 000 $ en 1985-1986, à
1 900 000 000 $ aux collèges, de 1790 $ à 2490 $, donc une
augmentation de 38, 5 %, au premier cycle universitaire, et de 2490 $ à
3350 $ - ce sont des dollars et non des milliards - aux deuxième et
troisième cycles universitaires. C'est vrai que c'est une augmentation,
que ce soit au premier ou au deuxième cycle. Il y a des augmentations
réelles quant au prêt. Ce n'est pas étonnant, dans ces
conditions, que le prêt moyen ait été augmenté de
31, 5 % entre 1985 et 1986 et 1988 et 1989 comparativement à seulement
2, 6 % pour la bourse moyenne. C'est clair, prenez la bourse et prenez le
prêt; le prêt a été augmenté dans des
proportions beaucoup plus élevées que dans le cas de la bourse;
je suis d'accord là-dessus, parce qu'on a inversé les proportions
et on a investi plus d'argent dans les prêts que dans les bourses.
À la lumière de ces faits... rappelez-vous toujours que
mon argument, ce sont les généreuses promesses non accomplies
d'amélioration au régime d'aide financière,
formulées par le Parti libéral lors de la dernière
campagne électorale, qui prennent un relief bien particulier. Ce
gouvernement s'est littéralement moqué des étudiants et
des étudiantes, comme il s'est moqué des jeunes assistés
sociaux et des femmes au foyer avec la Régie des rentes, quant à
la prétendue réforme du régime des prêts et bourses,
d'abord annoncée - écoutez bien ça - pour
l'été dernier, promise pour décembre et, aujourd'hui,
à moins que je ne me trompe, on est rendu en avril, on en n'a même
pas le dépôt. Je sais que jeudi prochain, il y aura un show, un
petit spectacle. Jeudi prochain, le ministre va annoncer en conférence
de presse: Voici enfin la réforme des prêts et bourses. J'ai eu
l'occasion d'en prendre un peu connaissance; on va attendre de voir la
réaction des gens concernés. Cela m'éton-neralt qu'ils
suspendent les cours durant deux semaines pour fêter ça. Cela
m'étonneralt. S'ils le font, ce ne sera pas pour fêter. C'est
parce qu'ils vont trouver qu'il n'y a rien là, qu'il n'y a pas
grand-chose là. Pour une réforme qui a pris tant de temps
à venir, qui a été agréée par le Conseil des
ministres depuis une couple de semaines, je comprends que le ministre n'avait
pas hâte de la faire connaître. C'est de plus en
plus évident qu'elle n'aura qu'une portée mineure et
qu'elle ne servira qu'à faire avaler... Je répète que ces
gens sont des spécialistes de l'habillage; ils devraient tous être
derrière les rideaux pour habiller les gens de théâtre. Ce
qu'on veut faire avaler, c'est la hausse des frais de scolarité parce
qu'il va y en avoir une. il va avoir une hausse des frais de scolarité.
Là on va faire accroire que ça va ensemble. On va essayer -
excusez l'expression - de "dealer" la question des frais de scolarité,
d'enrubaner la réforme des prêts et bourses avec une hausse des
frais de scolarité.
Mais les étudiants ne sont pas dupes et ils vont voir ce qu'il y
a là-dedans. De toute façon, on va en prendre connaissance jeudi,
mais j'ai déjà eu la chance de mettre la main sur des
informations privilégiées et je vous dis que ça fait
plutôt mince comme élément de réforme. De toute
façon, dans ce dossier-là, on peut au moins parler de la lenteur
du ministre de l'Enseignement supérieur qui est sûrement
déplorable dans le dossier des prêts et bourses et dans le dossier
des prêts pour l'achat de micro-ordinateurs. On sait qu'une coalition
étudiante, la CETIQ, représentant maintenant 200 000
étudiants, revendique l'élargissement de ce programme à
l'ensemble des disciplines universitaires. La coalition a obtenu l'appui des
recteurs d'université et du Conseil permanent de la jeunesse du
Québec qui a adressé une lettre au premier ministre en
février. C'était le dernier point relié aux prêts et
bourses que je voulais toucher. De nouveaux délais risquent de reporter
l'implantation du programme souhaité à l'automne prochain.
Voilà ce qui complète ces quelques remarques
préliminaires. Force nous est donnée de constater qu'après
trois ans et demi d'exercice du pouvoir, le gouvernement libéral n'a
sûrement pas livré la marchandise, qu'il s'agisse du financement
des universités aussi bien que de la réforme de l'aide
financière aux étudiants.
Par son refus de doter de ressources financières
appropriées aussi bien les institutions d'enseignement supérieur
que les chercheurs, il hypothèque le développement de nos
ressources humaines, pourtant la clé de notre progrès
économique, social et culturel.
Voilà, M. le Président, les remarques que je voulais
faire, au moins, sur quatre éléments majeurs du ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Tel qu'entendu, nous abordons maintenant
l'étude du programme 6 qui a pour titre Enseignement universitaire. M.
le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Enseignement universitaire
M. Ryan: M. le Président, malgré les
problèmes aigus de financement auxquels elles ont fait face depuis la
fin des années soixante-dix, les universités
québécoises ont répondu de manière efficace aux
attentes de la population. Sous quelque angle que l'on examine leur
performance, celle-ci a donné lieu à des résultats
impressionnants qui attestent du cheminement parcouru en matière de
démocratisation de l'accès à l'enseignement
supérieur.
Le nombre d'étudiants universitaires exprimé en
étudiants équivalence temps complet a atteint en 1987-1988 un
sommet avec 152 589 étudiants équivalence temps complet. En
1976-1977, le réseau universitaire québécois comptait 107
471 étudiants équivalence temps complet. La croissance
observée de 1976-1977 à 1987-1988 est donc de 42 %. La proportion
d'étudiants inscrits aux études de premier cycle est
demeurée relativement constante, soit autour de 87 %. C'est au niveau du
doctorat que la proportion d'étudiants a te plus augmenté,
passant de 1, 6 % de la clientèle totale en 1976-1977 à 2, 5 % en
1987-1988. Les étudiants à temps partiel ont vu leur part
relative chuter quelque peu. Celle-ci est passée de 27, 3 % en 1976-1977
à 24, 1 % en 1987-1988.
L'évolution du taux de fréquentation de la population
universitaire âgée de 20 à 24 ans montre que des
améliorations considérables ont été
enregistrées. En 1977-1978, le taux de fréquentation, en termes
de clientèle à temps complet, était de 7, 4 % pour cette
cohorte d'âge de 20 à 24 ans, encore une fois. Ce taux a
considérablement augmenté, atteignant en 1987-1988 un sommet de
11, 4 %.
Chez la population âgée de 24 à 29 ans, la
progression a également été intéressante, de 1, 7 %
que le taux de fréquentation était en 1977-1978 pour ce groupe
d'âge, il est passé à 2, 7 % en 1987-1988. Le
progrès a été particulièrement marqué depuis
1985-1986. En effet, le taux de fréquentation des étudiants
à temps complet rapporté sur la population âgée de
20 à 24 ans est passé de 9, 9 % en 1985-1986 à 11, 4 % en
1987-1988. Le nombre de diplômes décernés en 1988 par les
universités québécoises a été de 46 363,
dont 25 057 baccalauréats, 4608 maîtrises et 601 doctorats. Le
nombre de diplômes décernés par les universités
québécoises a augmenté de 22 % entre 1984 et 1988.
Il est intéressant de souligner que 56 % des
diplômés de 1988 étaient des femmes. La proportion des
femmes dans l'ensemble des diplômés est en constante progression
depuis 1981, année où les femmes obtenaient pour la
première fois la majorité des diplômes.
Le taux de diplomation pour la population âgée de 20
à 24 ans n'a cessé de croître entre 1976 et 1988. Il est
passé de 2, 8 % en 1976 à 4, 6 % en 1988. Même si le taux
de diplomation n'a pas encore atteint au Québec le niveau observé
en Ontario, l'écart qui était pratiquement du simple au double
entre les deux provinces en 1976, est maintenant de moins de 25 %. Sous l'angle
des maîtrises et des doctorats, le Québec
a également réduit de manière sensible
l'écart qui le sépare de l'Ontario. Si l'on examine les
clientèles universitaires sous l'angle linguistique, on constate
également une progression significative de la part des francophones dans
l'ensemble des clientèles universitaires. Le pourcentage des
francophones était de 64,8 % en 1978-1979. Il était en 1986-1987
de 77,8 %. D'autre part, on observe qu'au cours des dix dernières
années, la clientèle inscrite dans les universités
francophones représente au-delà des trois quarts de tous les
étudiants universitaires du Québec. La part des
universités anglophones est demeurée stable depuis 1982, autour
de 22 %, 23 % selon les années.
Les indicateurs que je viens d'évoquer décrivent le
dynamisme du réseau universitaire québécois et la place
grandissante qu'il occupe dans la formation d'une population capable de faire
face aux défis de l'époque contemporaine. En plus de sa
contribution au développement social et culturel du Québec,
l'université assume avec le secteur industriel des
responsabilités accrues dans le développement économique.
Depuis 1984-1985, tout en pratiquant une politique de restriction des
dépenses publiques, le gouvernement a injecté des sommes
importantes dans le réseau universitaire, de 1984-1985 à
1989-1990, et cela avant les décisions qui seront communiquées
dans le discours sur le budget, les subventions du gouvernement aux
universités sont passées de 889 200 000 $ à 1 261 300 000
$.
La subvention par étudiant équivalence temps complet
versée aux universités est passée en dollars constants -
j'invite les députés à se référer au dernier
tableau dans la liste des tableaux annexés au texte de mon intervention
- de 6245 $ en 1984-1985, à 6878 $ en 1989-1990. Cette hausse soutenue
représente, toujours en dollars constants, une augmentation de 10,1 %
sur cinq ans. En dollars courants, c'est près de 30 %, autour de 27,5 %.
Si vous voulez employer le langage familier du député
d'Abitibi-Ouest, je dirais que ce ne sont pas des "pinot-tes", dans le contexte
actuel.
Cette évolution témoigne de l'attention spéciale
dont les universités ont été l'objet de la part du
gouvernement. Nonobstant cet effort supplémentaire du gouvernement, les
subventions versées aux universités au cours des trois
dernières années n'ont pas suffi à résoudre leurs
problèmes budgétaires accumulés au cours de dix
années de recul du gouvernement précédent, ni à
leur fournir des ressources comparables à celles qu'on observe dans les
autres provinces. C'est pourquoi, j'ai soumis, ces derniers mois, au
gouvernement une proposition de redressement de la base de financement des
universités dont les paramètres avaient fait auparavant l'objet
de consultations avec les représentants des universités.
En octobre 1988, à l'occasion d'une rencontre avec les dirigeants
de la CREPUQ, je leur soumettais une hypothèse de révision de la
base de financement des universités. La réaction de la CREPUQ
à cette hypothèse fut, de manière générale,
favorable. Lors d'une rencontre obtenue avec le premier ministre au
début de la présente année, les porte-parole de la CREPUQ
exprimaient leur accord quant aux éléments essentiels de cette
hypothèse. Tout en insistant sur la nécessité de ramener
dans les meilleurs délais le financement des universités
québécoises à un niveau comparable à celui de la
moyenne canadienne, ils se disaient d'accord sur les solutions
proposées. Seize échanges avec les universités ont
été suivis de la présentation d'une demande de
crédits additionnels auprès du Conseil du trésor et du
ministère des Finances. Les décisions du gouvernement en cette
matière devraient être connues à l'occasion du prochain
discours sur le budget. (11 h 15)
L'Université du Québec a été l'objet, au
cours de la dernière année, d'une attention particulière
de la part du ministère. À la suite de l'analyse faite des
recommandations du rapport Després, je faisais parvenir en mai dernier
une lettre au président de l'Université du Québec afin de
lui faire part des orientations retenues par le gouvernement concernant
l'avenir de ce réseau d'établissements universitaires. Ma lettre
faisait ressortir quatre points principaux. Tout d'abord, la contribution
positive de l'Université du Québec à la réalisation
de l'accessibilité de l'enseignement universitaire pour le plus grand
nombre de personnes au Québec; deuxièmement, l'impact majeur de
l'action de l'Université du Québec et de ses constituantes dans
les régions périphériques là où le
phénomène de la sous-scolarisation était le plus
marqué et où il s'avérait impérieux de stabiliser
l'équilibre socio-économique; troisièmement, la
nécessité, après cette période de croissance
remarquable qu'a connue depuis 20 ans l'Université du Québec,
d'une articulation plus serrée des différentes missions des
établissements du réseau.
Dans la même lettre, je m'interrogeais sur l'opportunité de
l'implantation de sous-centres d'enseignement universitaire hors campus et de
la place grandissante des programmes extensionnés. Je soumettais
également aux autorités de l'Université du Québec
des réflexions concernant les écoles et instituts à
mission spécialisée affiliés à l'Université
du Québec: L'Institut national de la recherche scientifique,
École nationale d'administration publique, École de technologie
supérieure et l'institut Armand-Frappier. Je proposais, enfin, que soit
modifiée la composition de l'Assemblée des gouverneurs et des
conseils d'administration des constituantes de l'Université du
Québec afin de faire une place plus grande aux représentants des
milieux socio-économiques. Je signale, avec plaisir, le climat de
collaboration et de concertation dans lequel ont pu se réaliser tous ces
échanges avec l'Université du Québec. Dans le prolongement
des travaux du groupe Després et de mes échanges avec
l'Université du
Québec, je déposais à l'Assemblée nationale,
il y a quelques mois, un projet de loi visant à modifier la Loi sur
l'Université du Québec de manière à élargir
la composition de l'assemblée des gouverneurs et des conseils
d'administration des constitutantes et à conférer à
l'Université du Québec à Montréal un statut
particulier d'université associée.
Après que le projet de loi eut été adopté en
deuxième lecture, le gouvernement accepta volontiers, avant
l'étude article par article, de procéder à une
consultation des organismes concernées. Aussi, en avril de cette
année, douze mémoires purent être présentés
par divers organismes à la commission parlementaire de
l'éducation. La qualité des mémoires et des
échanges qui suivit la représentation permettra d'apporter
plusieurs améliorations au texte du projet de loi.
Parmi les instituts spécialisés affiliés à
l'Université du Québec, l'École de technologie
supérieure, l'École nationale d'administration publique et
l'institut Armand-Frappier ont particulièrement retenu l'attention du
gouvernement au cours des derniers mois. L'École de technologie
supérieure se retrouvait de plus en plus depuis quelques années,
dans un véritable cul-de-sac. Ces diplômés ne pouvant
obtenir une reconnaissance professionnelle de l'Ordre des ingénieurs, y
en découlait que le nombre d'inscriptions à cet
établissement avait cessé d'augmenter. D'autre part, les
diplômés de l'école faisaient face, sur le plan
professionnel, à des difficultés pénibles car ils ne
pouvaient se voir reconnaître un statut professionnel correspondant
à leur compétence. La direction de l'École de technologie
supérieure entreprenait, il y a plusieurs mois, des démarches
afin de réviser son programme de baccalauréat en technologie,
comme nous le lui avions suggéré, faisant passer ce programme de
92 crédits à 105, ce qui est la norme pour les écoles de
génie et ce qui est généralement observé au Canada,
au premier cycle. Ce nouveau programme a été soumis au Bureau
canadien d'accréditation des programmes d'ingénierie, lequel
procède actuellement à l'analyse de la demande de l'École
de technologie supérieure. D'autre part, afin de résoudre les
problèmes reliés au statut professionnel des
diplômés de l'ETS, je formais il y a quelques mois, à titre
de ministre responsable de l'application des lois professionnelles, un
comité mixte comprenant des représentants de l'Ordre des
professions de l'École de technologie supérieure et de l'Ordre
des ingénieurs sous la présidence de M. Gilles Perron. Ce
comité s'était vu attribuer le mandat d'explorer des passerelles
devant permettre aux diplômés de l'ETS d'être admis à
l'Ordre des ingénieurs du Québec. L'Ordre des ingénieurs
du Québec et l'Association des diplômés de l'ETS sont
récemment parvenus à une entente à ce sujet. Les
diplômés de l'ETS, en vertu de cette entente, devront se soumettre
à une série de six examens qui leur donneront ensuite
accès à l'Ordre des ingénieurs dès cet automne.
L'École de technologie supérieure offrira des séminaires
à ses diplômés afin de leur permettre de se préparer
aux examens rendus nécessaires à la suite de cette rencontre. Je
veux remercier l'Ordre des ingénieurs, l'École de technologie
supérieure et l'Office des professions de la collaboration très
efficace qu'ils nous ont apportée dans ce dossier et je me
réjouis de l'heureux dénouement de cette impasse qui durait
depuis la fondation de l'École de technologie supérieure.
Un second dossier a occupé l'avant-scène au cours des
derniers mois, il s'agit du dossier de l'institut Armand-Frappier. À la
suite d'une évolution financière devenue de plus en plus
difficile, l'institut a dû se résigner à procéder
à une clarification de ses activités de recherche et de
production. Compte tenu de l'acuité des problèmes qui se posaient
à l'institut, j'en venais, il y a quelques mois, de concert avec
l'Université du Québec, à la conclusion que l'institut
devrait se départir de ses activités de production. Cette
décision visait à regénérer l'activité de
recherche de l'institut et à redonner à ce dernier une base
financière viable et durable. Nous devions veiller en même temps
à ce que l'institut conserve un lien minoritaire mais réel avec
la production de vaccins, à ce que les emplois soient
préservés là où il y aurait transfert de
propriété et, si possible, à ce que l'acquéreur des
activités de production soit solidement implanté au
Québec.
À la suite des nombreuses tractations qui suivirent l'annonce de
cette décision, une première transaction comportant le transfert
de Frappier Diagnostic inc., a la Société Quélab de
Montréal était conclue, il y a quelques semaines. De son
côté, l'institut Armand-Frappier travaille à restructurer
la production de vaccins. Il s'emploie présentement à la
création d'une société dont l'objectif sera de redresser
la situation financière de ce secteur et, par la suite, d'établir
des liens avec des sociétés oeuvrant dans le même domaine.
Le secteur relatif à la production et à la distribution de
vaccins est toujours visé par la décision prise, il y a quelques
mois. Divers organismes au nombre desquels figurent le Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec, la Société
de développement industriel et !a Caisse de dépôt et
placement travaillent à mettre au point des offres d'achat dont une, en
provenance de ces trois organismes, a été remise, hier, à
la direction de l'Université du Québec. À ce groupe est
venu s'ajouter ces derniers jours le groupe Lavaiin dont le président a
soumis à mon attention une proposition devant impliquer, si elle devait
être retenue, un changement important de statut pour l'institut
Armand-Frappier. Je crois que le dossier s'achemine maintenant vers un
dénouement heureux. Et lorsque l'Université du Québec et
le conseil d'administration de l'institut Armand-Frappier auront
complété l'examen de la
proposition qui leur fut transmise hier, ils me feront part de leurs
recommandations. J'en fais moi-même l'étude avec mes
collaborateurs du gouvernement et nous serons en mesure de prendre une
décision, je le souhaite bien, dans un avenir fort prochain.
La mission gouvernementale confiée à l'École
nationale d'administration publique a fait l'objet de critiques
sérieuses de la part du groupe Després. Les vérifications
auxquelles nous procédâmes par la suite confirmèrent la
justesse du diagnostic porté par le groupe Després. Sur la base
d'un rapport préparé par le sous-ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, M. Marcel Gilbert, le gouvernement
créait récemment un comité présidé par le
secrétaire général du gouvernement et formé d'un
groupe de sous-ministres dont ceux de l'Enseignement supérieur et de la
Science et de l'Éducation. Le mandat de ce comité consistera
à déterminer les besoins de formation de la haute fonction
publique et à établir les meilleurs moyens de répondre
à ces besoins.
Toujours dans le prolongement des travaux de la commission parlementaire
de l'éducation sur le financement des universités, de nombreux
organismes de la Côte-Nord avaient souligné les problèmes
particuliers d'accès à l'enseignement universitaire que
connaissent les résidents de leur région. Un comité
spécial présidé par M. Pierre Caron se vit confier le
mandat d'analyser les besoins de cette région et de soumettre des
recommandations en vue d'y porter remède. L'automne dernier, à
l'occasion du sommet socio-économique de la Côte-Nord,
j'annonçais la création d'une commission des services
universitaires sur la Côte-Nord, sous la responsabilité de
l'Université du Québec. Une contribution annuelle de 100 000 $
sera versée à cet organisme par le gouvernement pour une
période de trois ans. L'Université du Québec assumera pour
sa part la différence entre le montant de la subvention et le montant
des coûts qui seront générés par cette
opération. L'Université du Québec est en train de mettre
sur pied cette commission. Elle procède présentement à une
consultation en vue de la formation du premier conseil d'administration de la
commission.
À l'automne de 1987, à la suite d'Interrogations multiples
soulevées à ce sujet dans le cadre des travaux de la commission
parlementaire sur le financement des universités, je confiais à
un comité présidé par M. André Archambault,
professeur à la Faculté de pharmacie de l'Université de
Montréal et ancien vice-recteur de l'Université de
Montréal, le mandat de procéder à une étude en
profondeur de la tâche des professeurs d'université. Cette
étude avait pour principal objet de comparer la charge de travail des
professeurs d'université du Québec à celle des professeurs
d'université des autres provinces canadiennes. Au terme d'un travail qui
a duré 18 mois, le comité me remettait, ces jours derniers, son
rapport. De ce rapport, il se dégage que sous l'angle de la tâche
de travail, les professeurs d'université du Québec soutiennent la
comparaison avec les professeurs d'université des autres provinces.
Compte tenu du nombre d'étudiants, du nombre de diplômés et
d'autres facteurs, telle la situation particulière de plusieurs
établissements universitaires au Québec, les professeurs
réguliers québécois supportent une charge de travail
relativement plus élevée que leurs collègues des autres
provinces. Toutefois, il faut tenir compte, pour apprécier correctement
la situation québécoise, de l'apport très important qui
est fourni au Québec par les chargés de cours, lesquels ne
figuraient pas dans le mandat confié au groupe de travail
Archambault.
Nous recevrons, au cours des prochains mois, le rapport d'une
étude distincte que nous avons confiée à ce sujet au
Conseil des universités. Le Conseil des universités m'informait,
récemment, qu'il compte pouvoir remettre ce rapport au cours de
l'automne. Il a demandé un délai jusqu'à l'automne parce
qu'il a procédé à une consultation auprès de
quelque mille chargés de cours dans les universités du
Québec. Cette consultation a produit des résultats plus abondants
que ce qu'on avait d'abord entrevu; l'analyse des résultats requerra
quelques mois additionnels.
De manière générale, pour ne nous en tenir qu'aux
professeurs réguliers, une analyse effectuée à partir
d'une enquête effectuée par le professeur Lennards montre qu'en
plus de leurs fonctions de recherche et d'administration, la charge normale
d'enseignement des professeurs réguliers d'université du
Québec est généralement - j'ai bien dit la charge normale
- de deux cours par session académique, tandis que la charge normale des
professeurs de l'Ontario et des autres provinces est généralement
de trois cours par session académique. On constate, en outre, que cette
pratique est principalement le fait des universités francophones du
Québec. Les universités anglophones du Québec
réservent, en général, à leurs professeurs une
charge normale d'enseignement qui se rapproche de la moyenne canadienne.
En contrepartie, si l'on s'en tient à la charge réelle
plutôt qu'à la charge définie dans les normes officielles,
on constate que l'écart entre la charge d'enseignement des professeurs
québécois et celle des autres universités canadiennes se
rétrécit. De manière générale, la charge
réelle du professeur d'enseignement, du professeur d'université
du Québec se situe à 2,2 cours par semestre, tandis que celle du
professeur d'université des autres provinces est de 2,5 cours par
semestre. Les professeurs des universités québécoises
oeuvrant dans les domaines des sciences pures, des sciences appliquées
et des sciences de la santé ont une pratique départementale qui
se rapproche de celle qu'on observe ailleurs au Canada. C'est au niveau des
humanités, des arts et lettres, des sciences de l'éducation et
des sciences sociales que la
pratique de deux cours par session académique est davantage
présente, contrairement à ce que l'on observe dans le reste du
Canada. Si des correctifs doivent être apportés, ils devront
être recherchés prioritairement dans ces secteurs disciplinaires.
J'invite les administrations universitaires et les professeurs à
réfléchir sur cette situation et à rechercher des
correctifs qui sauront redresser la situation.
Dans le domaine des programmes d'études universitaires, l'action
du ministère a été axée plus
particulièrement, cette année, sur la consolidation des
programmes d'enseignement existants, en collaboration avec les
universités et le Conseil des universités. Les principaux
dossiers touchent la formation en génie, notamment en génie
informatique et les sciences de l'éducation. Nous visons à
limiter le plus possible la multiplication des programmes, de manière
à éviter la dispersion des ressources. En juillet dernier, je
communiquais au Conseil des universités les orientations retenues par le
gouvernement à la suite de l'étude du Conseil sur le
génie. Ces orientations portent notamment sur l'organisation des
programmes, les principes des développements futurs des programmes, la
rationalisation, l'évaluation et l'éducation permanente. Les
universités furent saisies, en novembre dernier, des orientations
retenues par le gouvernement. (11 h 30)
Au cours de la dernière année, le Conseil des
universités m'a remis un avis très important sur le secteur des
sciences de l'éducation. Le conseil a accompli dans ce secteur un
travail énorme dont j'apprécie la qualité. Nous sommes en
train de procéder à l'étude exhaustive de cet avis et du
rapport qui l'avait précédé. L'étude se poursuit,
tant au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science
qu'à celui de l'Éducation. Je ferai part au Conseil des
universités, en 1989-1990, des orientations que le gouvernement jugera
devoir retenir.
Nous accordons une attention de plus en plus grande aux services qui
doivent être fournis aux personnes handicapées, lesquelles
fréquentent en nombre accru les universités. Dans un premier
temps, nous avons facilité la reproduction en braille de quelque 14 000
pages de texte afin de répondre aux besoins croissants
d'étudiants de niveau universitaire et collégial. Nous avons
assuré une meilleure prise en charge de ce dossier afin
d'améliorer la qualité des services. Deux projets de recherche
ont été entrepris auprès des handicapés auditifs
afin que les meilleures stratégies d'apprentissage soient
détectées pour cette catégorie d'étudiants.
Je me soucie également des besoins qui nous sont
communiqués par les milieux autochtones en matière
d'accessibilité à l'enseignement supérieur. Les demandes
en provenance de ce milieu étaient surtout orientées,
jusqu'à maintenant, sur la formation des enseignants. Elles embrassent
de plus en plus d'autres champs de connaissance.
Pour le programme d'action structurante, l'année 1988-1989 a
été très importante. Tel que prévu, les douze
équipes créées en 1984-1985 ont été soumises
à une évaluation intérimaire. Onze de ces douze
équipes se sont vu renouveler leur subvention. En outre,
l'évaluation des 17 équipes créées en 1985-1986
devraient être terminée au cours de l'année 1989-1990. Nous
avons également précisé les modalités du processus
d'intégration, dans la base de financement des universités, des
postes d'attachés de recherche et de professeurs chercheurs qui ont
été créés dans le sillage de la mise en oeuvre du
programme d'action structurante.
Les différentes mesures que prendra le gouvernement en faveur des
universités au cours de la prochaine année, soit la
révision des bases de financement des universités que nous
comptons régler, une politique de financement des frais indirects de la
recherche faite dans les universités, la création du fonds de
développement scientifique et technologique dont une partie des
ressources sera consacrée aux universités, des mesures fiscales
destinées à encourager la recherche et le développement,
produiront des effets extrêmement profitables pour la qualité et
le dynamisme de l'enseignement et de la recherche scientifique au
Québec. Ces mesures créeront l'élan mobilisateur qui nous
permettra de combler plus rapidement l'écart qui nous sépare
encore d'autres provinces canadiennes à plusieurs égards. Elles
fourniront également, j'en ai la conviction, une contribution
précieuse a l'essor économique, intellectuel et culturel du
Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant pour le début de l'étude des crédits
du programme 6,
Enseignement universitaire, le porte-parole de l'Opposition, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député.
Financement universitaire
M. Gendron: M. le Président, merci. On va aller tout de
suite aux questions. Ça parait gros, huit heures, mais comme on aura
probablement droit quatre ou cinq fois à une présentation de 20
minutes, on aura au moins une heure de perdue; pas dans le mauvais sens,
seulement en temps horaire. C'est intéressant de savoir ce qui se passe
au ministère. Le ministre a toujours une bonne évaluation, la
plus large possible. Mais strictement en termes de temps horaire, avec ma perte
de temps et la vôtre, il n'en reste pas beaucoup pour l'étude des
crédits. Donc, on va aller tout de suite aux questions.
Concernant l'enseignement universitaire, tout le volet du financement,
je voudrais d'abord savoir ceci du ministre de l'Éducation. Est-ce qu'il
partage le point de vue de la CREPUQ à savoir que selon le cahier
explicatif qui nous a été transmis - je ne le sortirai pas ici,
mais on l'a vu et lu - les universités subiront une
compression de 1 300 000 $ dans les autres dépenses? La CREPUQ
évalue plutôt la compression à 5 000 000 $. Dans le cahier
que vous nous avez fourni, vous dites que c'est 1 300 000 $. La CREPUQ dit 5
000 000 $, dont 4 000 000 $ en manque à gagner découlant de la
diminution du pourcentage consacré au vieillissement qui était de
1 % et qui, en 1989-1990, sera de 6,1 %. C'est sûr que l'écart
entre 0,6 % par rapport à 1 % est beaucoup plus élevé que
ce que vous nous avez indiqué. Voici ma question précise. Est-ce
que là-dessus, le ministre de l'Éducation partage le point de vue
de la CREPUQ qui, en ce qui me concerne, au cours de la rencontre que j'ai eue
avec elle, m'a démontré noir sur blanc qu'il s'agissait bel et
bien pour elle d'une compression de 5 000 000 $, dont 4 000 000 $
spécifiquement à cause de la diminution de ce taux de pourcentage
qui passe de 1 % à 0,6 %?
M. Ryan: Selon nos calculs, la compression instituée dans
le secteur universitaire est de 1 300 000 $ représentant...
M. Gendron: C'est lui qui a dit que c'était 1 300 000 $
dans vos cahiers. J'ai dit que ça venait de là. Mais comment
expliquez-vous que vous arrivez à 1 300 000 $ alors que la CREPUQ dit
que c'est 4 000 000 $? Elle dit c'est 5 000 000 $, mais dont 4 000 000 $
s'expliquent par la diminution de 1 % à 0,6 % au chapitre du
vieillissement.
M. Ryan: Au sujet du vieillissement, nous n'avons pas pris le
même taux pour les universités que pour d'autres secteurs. Il y a
une différence de calcul de la part de la Conférence des recteurs
et des principaux des universités du Québec avec le
ministère qui explique cet écart dans les
interprétations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Ce ne sera pas long.
M. Ryan: Mon collaborateur de droite, M. Beaupré,
directeur de la section des études et recherches universitaires,
m'indique que, par le passé, on prenait le même taux de
vieillissement pour les commissions scolaires, pour les collèges et pour
les universités. Cette année, nous avons retenu un taux
différent pour les universités.
M. Gendron: Oui, je suis d'accord là-dessus, ce qui
confirme les prétentions de la CREPUQ. Voici la question: Pourquoi
avez-vous changé le taux de vieillissement octroyé aux milieux
universitaires et que, comme par hasard, cela se traduit par une compression de
4 000 000 $ pour des gens qui sont en demande de 150 000 000 $ au minimum? La
question que je pose est la suivante: Était-ce la bonne année
pour faire ça et quelle est votre argumentation pour soutenir le
changement d'affectation du pourcentage de vieillissement accordé aux
autres instances d'enseignement, mais plus au niveau universitaire?
M. Ryan: Selon nos analyses, le taux observé les
années précédentes dans le secteur universitaire
était artificiellement élevé. Celui que nous retenons pour
la présente année est plus proche de la
réalité.
M. Gendron: Même si ce n'était pas partagé
par le milieu universitaire et qu'il faisait la preuve que c'était
probablement l'inverse? Comment se fait-il que ces gens vieilliraient moins
vite que tout le monde, eux? Quelles sont vos analyses?
M. Ryan: C'est basé sur des calculs que nous avons faits.
Je pense bien que le député d'Abitibi-Ouest va très bien
comprendre cela. C'est le taux de vieillissement dans les échelles.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: Plus il y a de membres du personnel qui sont rendus au
sommet de l'échelle, moins le taux de vieillissement est
élevé. Je pense qu'on comprend cela facilement.
M. Gendron: À moins que je ne me trompe, c'est environ 43
ans, la moyenne d'âge des enseignants universitaires.
M. Ryan: C'est rendu à 45 ans, je pense.
M. Gendron: Dans le dernier rapport, c'est 45 ans? Ça va,
on m'indique que c'est 45 ans.
M. Ryan: C'est l'explication que nous avons à fournir.
Cela arrive dans plusieurs secteurs, là où on a établi des
calculs à partir de normes plutôt abstraites. Si on sert la
réalité de près, on constate souvent que les moyennes ne
rendent pas nécessairement compte de manière absolument juste la
réalité. On cherche continuellement des ajustements. On en a fait
aussi dans le secteur des commissions scolaires pour le calcul de la
sécurité d'emploi, je pense que le député s'en
souvient.
M. Gendron: En tout cas, l'explication est donnée. Elle
peut être partagée ou non mais, au moins, elle est donnée
et ça me satisfait. Je voudrais poser une dernière question
là-dessus: Est-ce que le ministre serait d'accord que les membres de la
commission puissent mettre la main sur cette évaluation, ou s'il s'agit
d'une évaluation interne qui ne serait pas disponible pour
discussion?
M. Ryan: Pour l'instant, il s'agit d'une évaluation
interne. Je vérifierai si nous pouvons la mettre à la disposition
des députés et, si
c'est possible, j'en serai très heureux. M. Gendron:
D'accord.
M. Ryan: J'ajoute seulement que je n'ai pas reçu de
représentations de la part de la Conférence des recteurs et des
principaux des universités du Québec sur ce point, pour
compléter l'Information des députés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Ma deuxième question concerne le
sous-financement chronique des universités, mais de façon
générale. Je ne veux pas revenir à~nia
problématique ni à la vôtre,
qu'on en a mis et que c'était 10 %, que ça a monté et
qu'on est bien plus beaux que vous autres. Le problème, c'est qu'on est
en 1989 et qu'un sous-financement est constaté à peu près
par tout le monde. La question que je pose au ministre est la suivante. Dans
son avis sur le financement du réseau universitaire, le Conseil des
universités prétendait que le sous-financement chronique, grave
et dramatique était plus aux alentours de 120 000 000 $, selon la CREPUQ
- c'est la Conférence des recteurs et des principaux des
universités du Québec, pour les non-familiers avec nos
bébelles - peu Importent les méthodes; c'est un sous-financement
qui tourne toujours aux alentours de 200 000 000 $ par rapport à
l'Ontario. Par contre, dans la demande formelle, pas au ministre de
l'Enseignement supérieur qui n'a pas le temps de s'en occuper, mais que
la CREPUQ formulait au premier ministre du Québec, elle s'était
arrêtée à la somme de 150 000 000 $.
Voici ma question précise au ministre de l'Éducation: Dans
toutes ses évaluations, et il en fait encore, où en est-il rendu?
Comment le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
évalue-t-il les besoins urgents et criants de sous-financement du
réseau universitaire? Est-ce qu'il les évalue à 110 000
000 $, à 120 000 000 $ à 150 000 000 $ ou à 200 000 000 $.
La question précise est: À partir de quel montant le ministre de
l'Éducation prétend-il qu'il y a lieu de faire une correction
majeure du sous-financement chronique du réseau universitaire?
M. Ryan: Évidemment, M. le Président, c'est une
question qui est au coeur de notre débat et je suis très heureux
qu'elle soit soulevée. Il y a bien des façons d'établir la
comparaison entre le financement des universités
québécoises et celui des universités des autres provinces
canadiennes. La conférence des recteurs a sa façon
d'apprécier ce dossier. Les données disponibles proviennent d'un
organisme ontarien qui les compile depuis de nombreuses années à
partir de données qui lui sont fournies par les universités et
les gouvernements provinciaux. Plusieurs organismes se sont penchés sur
ce dossier au cours des dernières années et, au cours de
l'année 1988-1989, les services du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science ont examiné cette question avec une
attention particulière et ils en sont venus - ce sont des chiffres et il
ne sert à rien de se leurrer sur les chiffres, de se les cacher et tout
- à établir, avec la mesure de précision la plus grande
qu'on pouvait trouver, à mon humble point de vue, l'écart qui
nous sépare de l'Ontario et de la moyenne canadienne. Un peu plus tard
au cours de la matinée, je fournirai ces chiffres. Je les ai dans un
calepin que j'ai oublié dans une autre serviette ce matin, c'est
dommage.
M. Gendron: Vous n'avez pas de calepin noir?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Vous n'avez pas de calepin noir ce matin?
M. Ryan: Oui, mais j'en ai toujours trois ou quatre en même
temps.
M. Gendron: Ah bien, je comprends. M. Ryan: J'en ai un,
mais je n'ai pas le... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: On va être obligés de suspendre, c'est
notre conscience qui est là-dedans.
M. Ryan: Oui, c'est vrai. Je donnerai le chiffre exact auquel
nous en sommes venus. C'est quelque part autour de 150 000 000 $ par rapport
à la moyenne canadienne. C'est un petit peu plus, peut-être 160
000 000 $, par rapport à l'Ontario qui a une moyenne inférieure
à la moyenne canadienne. C'est la norme. Disons que c'est 150 000 000 $
jusqu'à plus ample précision. J'aimerais qu'on fasse la
correction tantôt.
(11 h 45)
M. Gendron: D'accord. Donc, le ministre de l'Enseignement
supérieur qu'on a la chance d'avoir aujourd'hui, dans ses convictions,
ses évaluations et ses analyses, dit: Sur la base de 150 000 000 $, je
ne fais pas de chinoiseries. Vous êtes d'accord pour dire qu'il y a un
sous-financement chronique à tout le moins pour 150 000 000 $.
Comme deuxième question, toujours reliée au
sous-financement, vous vous rappelez, parce que c'est vous qui l'avez
dit...
M. Ryan: Sous-financement chronique, je n'aime pas le mot
"chronique". Sous-financement constaté en 1988-1989, oui. D'accord?
M. Gendron: Je m'ajuste facilement. Dorénavant, on ne
parlera que de sous-financement non
chronique. C'est promis.
Deuxième question. Vous avez indiqué qu'il était
nécessaire de revoir la formule de financement; on s'est réuni en
commission parlementaire là-dessus à l'automne 1986. Vous avez
adopté des mesures dites transitoires pour deux ans à l'intention
des universités. Vous avez pris l'engagement qu'au cours de ces deux ans
où on fonctionnerait avec des mesures transitoires, où il y a eu
une injection de 15 000 000 $ par année, vous exigeriez de vous entendre
avec le monde universitaire sur une nouvelle formule de financement qui, selon
vous, apporterait une solution plus permanente aux difficultés de
sous-financement. Où en sont vos travaux comme ministre de
l'Éducation? Où en êtes-vous exactement concernant
l'urgence et la nécessité de pondre une nouvelle formule de
financement qui corrigerait l'ultime nécessité de revoir les
bases de financement, également tout le déficit accumulé
de quelques universités et, aussi, le volet du soutien aux
activités d'enseignement dispersées sur le territoire pour les
constituantes du réseau UQ?
M. Ryan: Ainsi que je le disais dans ma présentation, j'ai
soumis à la conférence des recteurs, en octobre dernier, un
document que nous avions intitulé "Hypothèses de
financement".
Ce document traitait essentiellement de deux thèmes. Tout
d'abord, il contenait des propositions visant à établir sur une
base plus objective le versement des subventions gouvernementales à
chaque université. Vous savez que nous fonctionnons présentement
sous l'empire d'une méthode dite historique, qui remonte à de
nombreuses années, qui comporte des iniquités d'un
établissement à l'autre et qui défavorise certains
établissements de manière particulièrement aiguë.
Le but de l'exercice était de trouver une manière de
calculer l'effectif étudiant. C'était la première chose:
une manière de calculer l'effectif étudiant en fonction de la
réalité véritable de chaque établissement. On se
disait: il faut non seulement calculer l'effectif étudiant, il faut
également le pondérer. Un étudiant de premier cycle en
droit, en administration ou en sciences humaines ne coûte pas la
même chose qu'un étudiant de premier cycle aux études
médicales ou en sciences, par exemple. Un étudiant de
deuxième cycle requiert beaucoup plus d'attention immédiate qu'un
étudiant de premier cycle. Il coûte plus cher. Il en va de
même de l'étudiant de troisième cycle.
Alors, le premier élément de l'hypothèse que nous
présentions aux universités était une formule en fonction
de tous ces facteurs, pondérant les grandes familles de disciplines,
regroupant les sciences de la santé et les sciences humaines, regroupant
les sciences pures, etc., et selon également le coût
différent d'un cycle à l'autre. C'est tout ça qui a
été présenté, tout ça reposant sur une
nouvelle méthode de calcul des étudiants qui a déjà
été agréée par les universités il y a un an
ou deux, la méthode REÇU. Nous avions alors tous les
ingrédients d'une méthode de calcul selon laquelle il faut mettre
tout le monde sur un pied d'égalité.
Deuxième élément. Il faut tenir compte des frais
indirects de recherche dans les universités. Un chercheur universitaire
va chercher une subvention au Conseil des sciences du Canada pour la
réalisation d'un projet. Cette subvention prévoit qu'il pourra
engager des assistants de recherche, qu'il pourra acheter du matériel
dont il a immédiatement besoin pour la réalisation de son projet.
Elle ne finance pas les locaux dont il a besoin, elle ne finance pas ses frais
de communications téléphoniques, ses frais de documentation, ses
frais de soutien administratif. Tout ça est payable par
l'université, laquelle ne recevait pas de subvention pour ces frais, ce
qui entraînait la conséquence paradoxale suivante: c'est que plus
une université développait ses activités de recherche,
plus son sous-financement devenait aigu. Il a fallu tenir compte de ce facteur.
Nous avons proposé une manière de calcul des frais indirects de
la recherche qui établit à environ 15 % la contribution qui
viendrait du gouvernement du Québec pour les projets de recherche dans
l'ensemble des disciplines, sauf les recherches en médecine. Les
recherches en médecine coûtent plus cher, entraînent
également des sources de revenus plus abondantes. Dans ce cas, la
proposition envisagée est de 10 % plutôt que de 15 %.
En plus, il y a les frais de soutien administratif, qui vont varier
d'une institution à l'autre selon la taille de l'établissement,
selon son établissement, selon la distance où il est
situé. Il peut arriver que les frais soient plus élevés.
On me signale, par exemple, que pour une université qui est
située à Rimouski ou à Chicou-timi, la participation des
groupes de travail qui se réunissent généralement à
Montréal et à Québec entraîne des dépenses
plus élevées que pour les professeurs qui sont situés
à Québec ou à Montréal. Il y a toutes sortes
d'exemples comme ça dont on doit tenir compte.
Il y a les frais d'entretien des biens immobiliers. Alors, cela
était indépendamment du reste du Canada. Il fallait trouver une
manière de compter les dépenses des universités qui
permette aux subventions de répondre aux besoins des universités
de manière objective et impartiale. De ce côté-ci, je pense
qu'on peut dire que le travail est très avancé. Maintenant, nous
avons conclu qu'en prenant l'hypothèse présentée et en la
comparant à la situation présente, on a un besoin d'ajustement
d'environ 37 000 000 $ pour arriver à l'équité entre les
universités. Cela veut dire que si, par conséquent, on
procédait à des ressources constantes et qu'on maintenait la
même échelle de subvention, si on voulait avoir
l'équité, il faudrait prendre 37 000 000 $ et les redistribuer
à
certaines universités qui sont moins financées que les
autres.
Vous comprenez tout de suite, M. le Président, comme
l'échelle générale de financement est inférieure
à la moyenne canadienne, qu'on ne peut pas procéder avec une
chirurgie aussi abrupte. Tout de suite se pose le problème du
degré de financement. Si vous n'ajustez pas le degré de
financement, vous allez enlever des sommes à des établissements
pour les donner à d'autres alors que tout le monde est
déjà sous-financé. C'est pourquoi le travail devait
s'accompagner d'un examen du degré de financement et c'est là que
nous avons établi, au montant que je précisais tantôt et
que nous préciserons davantage d'ici la fin de la séance,
l'écart qui sépare le Québec des universités
canadiennes.
Maintenant, la question qui se pose est essentiellement politique:
Qu'est-ce que le gouvernement est capable de faire, étant donné
les ressources dont il dispose? Quel plan doit-il se donner pour arriver
à l'objectif que nous admettons tous, je pense bien, qui est celui d'une
parité raisonnable avec l'ensemble des universités canadiennes en
matière de financement de l'enseignement universitaire? On m'a fait
valoir que selon l'intervention que pourra envisager le gouvernement,
l'application de la formule que nous avons proposée pourra se faire de
manière plus ou moins graduée. Si le gouvernement était
capable de faire face dès la première année à
l'ensemble du problème, comme le voudrait le député
d'Abitibi-Ouest, à ce moment, tout le problème pourrait se
régler d'un seul coup. Si le gouvernement ne peut pas tout faire, il
fera la part qu'il juge possible et il aura encore du travail à faire
l'année prochaine et les années suivantes.
M. Gendron: Ici, M. le ministre, vous ne pouvez pas conclure que
la nouvelle formule sera en vigueur à l'automne 1989?
M. Ryan: Nous serons en mesure de communiquer une réponse
à cette question après le discours sur le budget. Mais là,
j'ai donné tous les éléments constitutifs du dossier avec
autant de simplicité que j'ai été capable de le faire.
M. Gendron: Je ne disconviens pas que ce n'est pas simple. Il
manque tout de même deux choses à ma connaissance. Dans la
nouvelle formule, l'Ontario a prévu que pour tenir compte du facteur
d'éioignement et de la dispersion des enseignements, peu importe de quel
paramètre elle est constituée, elle prenait la base et appliquait
un facteur plus dix. La question que je pose est la suivante: Pour les
universités en région, les universités dites du
réseau UQ qui doivent assumer des responsabilités autres que
strictement le soutien à l'enseignement et à la recherche, en
particulier le soutien aux collectivités locales et régionales,
le ministre peut-il nous indiquer quels paramètres il va retenir pour
tenir compte de ce facteur puisque lui-même, il l'a dit dans sa
présentation tantôt, il convient que, dans la nouvelle formule, il
y a lieu d'avoir des éléments qui soient en fonction de
l'éloigne-ment et de la dispersion des centres d'enseignement?
Allez-vous vous diriger davantage vers un pourcentage affecté par-dessus
les bases des autres universités ou s'il y a d'autres paramètres
sur lesquels vous allez vous appuyer et qu'il serait intéressant que
nous connaissions?
M. Ryan: La réponse est en deux volets.
Déjà, au cours des dernières années, le
gouvernement avait inséré dans la base de financement des sommes
spécialement destinées à l'objet que le
député d'Abitibi-Ouest mentionne dans sa question. Je pense que,
pour les universités en région, la somme qui avait
été insérée dans la base était de 2 200 000
$ et, avec l'indexation qui s'est ensuivie, aujourd'hui nous l'estimons
à 2 800 000 $. Il y a déjà une première
intervention qui est faite. L'Université du Québec à
Montréal s'était également vu attribuer une somme
spéciale, étant donné sa situation particulière,
qui était de l'ordre de 4 000 000 $ et qui, elle aussi, a
augmenté depuis ce temps-là par le jeu de l'indexation.
Dans la formule que nous avons soumise aux universités, nous
tenons compte de ce facteur également et nous prévoyons un
facteur de distance et taille, qui comportera des conséquences au point
de vue du partage des subventions.
M. Gendron: Dans la demande de la députée de
Jacques-Cartier au premier ministre pour ce qui est du financement
universitaire, elle indiquait qu'il y en aurait 37 pour corriger le taux de
financement des quatre universités les plus sous-financées, 48
pour le redressement des bases. La demande qu'elle faisait était de
prolonger les 15 000 000 $ qui étaient alloués dans le plan de
transition de deux ans pour augmenter les bases de financement. Les
crédits de 15 000 000 $ pour le redressement des bases ont-ils
été intégrés dans l'envelopppe des subventions de
fonctionnement prévue pour 1989-1990? Avez-vous intégré
les 15 000 000 $ du plan de redressement dans les crédits
budgétaires pour ce qui est des subventions de fonctionnement
prévues pour l'an prochain?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
M. Ryan: il y a deux choses là-dessus.
D'abord, la somme de 15 000 000 $ est dans l'enveloppe du programme 6
que nous examinons présentement.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Donc, elle est intégrée. Mais le partage
ne fait pas encore partie de l'intégration dans les bases; il a
été laissé en suspens tant
que nous n'aurons pas arrêté les conclusions sur la
nouvelle hypothèse de financement. Il a été réparti
au cours des deux dernières années suivant la formule que j'ai
déjà indiquée: 11 350 000 $, je pense, c'est la partie qui
a été donnée en fonction d'un partage entre toutes les
universités et une autre partie a été
réservée pour des fins d'égalisation. Mais ce partage
était temporaire. Il sera résorbé dans le partage
général que nous établirons sur la base de la nouvelle
formule.
M. Gendron: En est-il de même pour les 7 000 000 $ pour les
frais indirects de la recherche? Les 7 000 000 $ pour les frais indirects de la
recherche sont-ils, eux aussi, intégrés à l'enveloppe de
fonctionnement?
M. Ryan: Non. M. Gendron: Non?
M. Ryan: Non. Ce sont les sommes forfaitaires, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions? (12 heures)
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: J'ai deux autres questions avant de passer à
un autre élément sur le financement universitaire, toute la
problématique du financement des universités. Le ministre est-il
d'accord qu'avec une indexation de 3,4 % des autres dépenses, alors que
le taux d'inflation évolue présentement aux alentours de 4 % -
c'est confirmé par tout le monde, y compris votre ministre des Finances
qui engrange - cela représente encore là un manque à
gagner dans le réseau universitaire, puisque c'est inférieur au
coût réel de l'inflation et, en conséquence, vous
pénalisez les universités d'un montant de 1 000 000 $
additionnel?
M. Ryan: Je suis d'accord. M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: Maintenant, c'est un effort que s'impose l'ensemble du
secteur public et, dans le cas des universités, il est moins
prononcé que dans la plupart des autres secteurs de l'administration
publique, il ne faut pas l'oublier. Il est sûr que ce serait mieux si
c'était l'indexation intégrale.
M. Gendron: L'autre question porte sur le personnel enseignant.
Le ministre va sûrement acquiescer au fait que les universités,
quelles qu'elles soient, sont vraiment préoccupées par
l'insuffisance des mesures requises pour pallier le vieillissement du personnel
enseignant. Certaines universités, à titre personnel, ont
commencé à adopter quelques mesures pour éventuellement
contrer cette problématique du vieillissement qui sera dramatique si on
ne fait pas quelque chose. Ce n'est pas dans cinq ou six ans, quand la moyenne
sera rendue au-delà de 50 ans, qu'il y aura lieu de poser des gestes
afin de permettre l'arrivée de nouveaux professeurs. Je pense que le
ministre est sûrement conscient des difficultés que cela pose. La
question qu'il faut lui poser est la suivante: Est-ce qu'if entend, pour
éviter que la situation actuelle ne s'aggrave et ne se dégrade
davantage, poser des gestes de soutien aux universités pour qu'elles
puissent entreprendre un certain recrutement et, en conséquence, avoir
une aide financière pour les programmes d'incitation à la
retraite qu'elles ont mis en place pour aider à résoudre ce
problème qui, en grande majorité, est dû à
l'abolition de la loi concernant l'âge obligatoire de la retraite
volontaire? Indépendamment de ça, puisque le ministre est
conscient qu'il y a lieu de donner un petit coup de barre en termes de soutien
financier, la question est la suivante: Est-ce qu'il prévoit, dans les
crédits supplémentaires qu'il nous livrera dans le discours sur
le budget, s'assurer qu'une partie de ces sommes soit affectée à
des programmes de mise à la retraite anticipée, toujours dans la
perspective de générer, éventuellement, un certain
pourcentage de remplacement dans les équipes professorales?
M. Ryan: D'abord, je voudrais signaler au député
d'Abitibi-Ouest qu'il me semble succomber facilement à une certaine
tendance au pessimisme noir qui n'est pas le reflet exact de la situation
connue depuis trois ans. En fait, depuis trois ans, le gouvernement a
amélioré sensiblement la situation des universités
québécoises. Le plus bel indice que j'en puisse offrir est celui
que je mentionnais dans mes remarques d'introduction quand j'ai dit que la
subvention par étudiant, équivalence temps complet, en dollars
constants, a augmenté de 10,1 % au cours des quatre dernières
années; il ne faut pas perdre cela de vue, c'est la toile de fond
véridique.
Deuxièmement, les universités sont libres de diriger leurs
affaires comme elles l'entendent. Le respect de l'autonomie universitaire est
un élément fondamental de la politique du gouvernement en
matière universitaire. Et, déjà, à l'aide des
ressources accrues que nous leur avons accordées au cours des trois
dernières années, la plupart des universités ont
réduit à zéro le déficit qu'elles faisaient et
même plusieurs ont fait des surplus. Je vois que le député
de Sherbrooke est ici; il pourra signaler le cas de l'Université de
Sherbrooke qui avait un déficit considérable lorsque nous avons
pris le pouvoir et qui a terminé son dernier exercice avec un surplus de
quelques millions de dollars. Si le député veut s'adresser
à l'Université de
Montréal, il découvrira aussi que cette université,
qui avait un déficit très important lorsque nous avons pris le
pouvoir, au cours des deux dernières années, a réussi
à boucler son année avec un surplus. Dans le cas de
l'Université de Montréal, je le mentionne à dessein, on a
profité de ces ressources accrues en provenance du gouvernement pour
instituer justement des programmes d'accès accéléré
à la retraite, à l'intention de professeurs ou de cadres qui
avaient donné l'essentiel de la contribution qu'ils pouvaient apporter,
de manière à favoriser un rajeunissement
accéléré des effectifs enseignants. Alors, c'est sûr
qu'on n'est pas toujours obligé d'appliquer des cataplasmes à
chaque problème. Si nous donnons un volume de ressources un petit peu
plus libéral, les universités savent très bien que leur
problème majeur est celui du renouvellement de leurs ressources en
matière d'enseignement et de recherche.
Je signale un autre point que j'ai mentionné dans mes remarques.
Nous avons mis au point un dispositif qui permettra d'insérer, dans le
personnel régulier des universités, quelque 160 nouveaux
professeurs chercheurs dont les postes auront été
créés par la réalisation du programme d'actions
structurantes. Vous vous rappelez, quand le programme a été
lancé, on a dit: Très bien, on lance le programme, mais
arrangez-vous avec; on va vous donner l'argent pour que ça fonctionne,
mais, après ça, vous devrez vous arranger pour Intégrer
les nouveaux collaborateurs que vous aurez engagés dans votre
financement ou dans votre personnel, mais on ne donnait pas de garantie de
ressources. Avec ce que nous avons mis au point, on pourra intégrer ces
quelque 160 professeurs chercheurs, dont les postes ont été
créés grâce au programme d'actions structurantes que nous
avons été très heureux de maintenir - il avait
été institué par le gouvernement précédent -
dans le personnel régulier.
Par conséquent, voilà des mesures qui répondent
à l'objectif très légitime que mentionnait le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: À combien estimez-vous, M. le ministre, le
déficit accumulé de tout le réseau universitaire au
Québec pour l'année en cours?
En juin 1989, de quel ordre sera le déficit accumulé du
réseau universitaire?
M. Ryan: Pour l'instant, nous avons les données au 31 mai
1988. Nous n'avons pas encore les données pour la fin de l'année
universitaire 1988-1989.
M. Gendron: Donnez-nous ce que vous avez, mais vous êtes
sûrement capable d'estimer...
M. Ryan: Oui, oui. Le déficit accumulé des
universités était de 140 000 000 $, au 31 mai 1988. Au terme de
l'année 1985-1986, si mes souvenirs sont exacts, il était
déjà de 125 000 000 $, héritage du gouvernement
précédent.
M. Gendron: Non, c'est tout à fart faux. M. Ryan:
On me corrigera si je me trompe. M. Gendron: Oui. M. Ryan: Je
n'ai d'autre souci que la vérité.
M. Gendron: Oui, faites-vous corriger. Je vais vous donner le
chiffre, mais faites-vous corriger tout de suite.
M. Ryan: Non, non, mais si vous avez d'autres chiffres... Au 30
juin 1986...
M. Gendron: À peu près 80 000 000 $.
M. Ryan: C'est la date où on peut mesurer
l'héritage.
M. Gendron: Bien oui, 80 000 000 $, ce n'est pas quelque 100 000
000 $.
M. Ryan: Non, je n'ai pas peur du chiffre, on va le sortir. Selon
mes souvenirs, il était de l'ordre 120 000 000 $ à 125 000 000
$.
M. Gendron: Selon les miens, il était de 80 000 000 $.
M. Ryan: C'était 85 000 000, la dernière
année où j'ai fait la critique au poste où vous êtes
assis actuellement; c'était déjà rendu à 85 000 000
$. La dernière année, l'année de transition, cela a
monté de 40 000 000 $. Encore une fois, là, il est rendu à
140 000 000 $.
Maintenant, j'avais demandé aux universités, avec beaucoup
de fermeté, de mettre fin à cette série de
déficits. Dans l'ensemble, l'orientation demandée a
été respectée. Il y a une couple de cas où cela a
été difficile, en particulier dans le cas de l'Université
McGill. Si ce n'était pas du déficit de l'Université
McGill et de la dette accumulée à Concordia, dette
considérable qui a été accumulée par des
déficits très considérables, encourus sous le gouvernement
précédent, cette année, il n'y aurait pas de
déficit, à toutes fins utiles. Je pense que nous avons
déjà énormément amélioré la situation
et nous allons continuer de le faire.
M. Gendron: D'accord. Le deuxième volet que je voudrais
toucher, toujours dans le domaine de l'enseignement universitaire, c'est la
question des équipements. Je ne veux pas reprendre tous les chiffres,
mais c'est évident que, sur le plan des équipements
scientifiques, on n'a pas de preuve à faire, on n'a pas de CQFD parce
que c'est très bien démontré... D'ailleurs, le
gouvernement lui-même estimait, dans le document de consultation
préparé en vue du sommet québécois
sur la technologie de l'automne dernier, qu'il faudrait affecter 80 000
000 $ additionnels pour renouveler l'appareil scientifique des chercheurs
universitaires. Le retard des bibliothèques est aussi...
M. Ryan: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît? J'ai manqué le début.
M. Gendron: Oui, dans un document du gouvernement, lors du sommet
québécois sur la technologie, l'automne dernier, vous estimiez
qu'il faudrait 80 000 000 $ additionnels pour renouveler l'appareil
scientifique des chercheurs universitaires québécois, afin
d'augmenter la compétitivité de nos universités. En ce qui
concerne les bibliothèques, c'est la même chose, il y a un retard
considérable. Même chose pour les documents d'accompagnement et
les documents d'appoint.
La première question que je voudrais vous poser est la suivante:
Est-ce que le ministre admet et reconnaît que les besoins en
matière d'équipement scientifique des universités, sur le
plan du renouvellement et de l'entretien, se chiffrent à environ 100 000
000 $? Autrement dit, quelle est votre évaluation, comme ministre de
l'Éducation, par rapport à ce chapitre, c'est-à-dire le
renouvellement et la nécessité d'équipement scientifique?
50 000 000 $, 60 000 000 $, 100 000 000 $?
M. Ryan: Je suis étonné que le député
d'Abitibi-Ouest m'impute la responsabilité d'un document qui a
été préparé à l'occasion du sommet sur la
science et la technologie. Est-ce que je pourrais avoir... C'est un document du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science?
M. Gendron: Non, non. Je ne vous ai pas imputé ça.
D'ailleurs, je relis la phrase - je suis sûr, J'avais un texte - j'ai
dit: Le gouvernement du Québec estimait lui-même, dans un document
de consultation préparé en vue du sommet sur la technologie de
l'automne dernier, qu'il faudrait 80 000 000 $ additionnels. Écoutez, si
les documents que le gouvernement prépare pour la tenue de tel sommet ne
valent pas cinq "cennes", dites-le et on va passer à une autre
question.
M. Ryan: Je dois vous dire que cela n'émanait pas de moi.
Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question pour
l'instant parce que je ne dispose pas de tous les renseignements
nécessaires. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, il n'y avait
aucun inventaire des équipements des universités. Par
conséquent, toute appréciation des besoins de renouvellement
était arbitraire. Nous sommes en train de procéder à cet
inventaire. Dans certains secteurs, nous pouvons le dire. Mais nous ne pouvons
pas donner de jugement d'ensemble aussi global, ce ne serait pas
sérieux.
M. Gendron: Quand même, M. le ministre, toute la question
des équipements scientifiques des universités et de la
nécessité de renouveler certains types d'équipements,
c'est de votre responsabilité. Même si vous dites: Je n'ai pas ce
qu'il me faut pour faire l'évaluation, je vais vous poser une
deuxième question: Avez-vous formulé une demande précise
pour les équipements scientifiques auprès du premier ministre,
dans le cadre du fonds de développement technologique? Si oui, si vous
l'avez fait auprès de votre premier ministre parce que c'est le grand
gérant général du fonds, à quelle somme avez-vous
estimé vos besoins par rapport au renouvellement des équipements
scientifiques?
M. Ryan: Vous savez comment les choses fonctionnent. D'abord, les
universités reçoivent du gouvernement un budget annuel pour le
maintien de leurs actifs, y compris de leurs équipements. Ce budget est
la première base. Lorsqu'elles doivent se procurer des
équipements d'une certaine valeur, elles présentent des demandes
spéciales au gouvernement qui les accueille toujours avec beaucoup
d'intérêt et souvent favorablement.
Mais, pour l'instant, nous n'en sommes pas encore au point où
nous pouvons présenter un chiffre précis de ce côté
qui prétendrait tenir compte de toute la réalité et
être sérieux en même temps. Dans les demandes qu'il m'a
soumises, le FCAR a lui aussi des responsabilités dans le renouvellement
des équipements scientifiques, il a un programme où ce sujet est
l'objet d'une considération particulière. Il a demandé
qu'on lui donne davantage de ressources à cette fin. Nous avons donc
demandé des ressources additionnelles pour le FCAR de manière
qu'il puisse s'acquitter de ses responsabilités à cet
égard.
M. Gendron: Donc, le ministre me dit, à part de
m'expliquer qu'il y a un plan quinquennal, et je sais qu'il existe...
D'ailleurs, la preuve, c'est que le Conseil des universités vous
recommandait de prolonger de deux années supplémentaires le plan
de rattrapage d'acquisition d'équipements scientifiques et de prolonger
d'une année celui de l'acquisition de volumes dans les
bibliothèques. Puisque le premier ministre, par le truchement du
ministre des Finances, a annoncé dans son discours sur le budget, l'an
dernier, un fonds de développement technologique qui relève du
premier ministre et que le ministre de l'Éducation constate qu'il y a un
manque à gagner en ce qui a trait, au niveau universitaire, à la
nécessité du renouvellement et de l'entretien des
équipements scientifiques, la question que je pose est la suivante:
A-t-il présenté, lui, comme ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, une demande, au bureau du premier ministre,
à même ce fonds de développement technologique, pour,
au-delà du plan quinquennal et des sommes affectées au
réseau universitaire provenant du plan quinquennal, que les univer-
sites puissent bénéficier d'un peu plus d'argent provenant
du fonds pour le développement des technologies nouvelles? Est-ce que
oui ou non vous avez fait une demande? Si vous n'en avez pas fait, pourquoi
n'en faites-vous pas?
M. Ryan: Les demandes ont été
présentées afin de permettre aux universités et au FCAR de
mieux s'acquitter de leurs responsabilités dans ce domaine comme dans
les autres aspects qui relèvent de leur compétence. C'est
sûr que cet aspect est l'objet d'une attention spéciale, non
seulement dans ces demandes reliées au Fonds de développements
scientifique et technologique mais aussi dans le plan triennal que nous avons
soumis au gouvernement pour la période 1989-1992. (12 h 15)
M. Gendron: Quant à la suggestion que vous faisait le
Conseil des universités pour ce qui est de la prolongation du plan de
rattrapage pour les équipements et les bibliothèques, est-ce que
votre décision est prise?
M. Ryan: Non, pas pour l'instant. D'abord, ce n'est pas moi qui
prends la décision, cela fait partie des décisions
gouvernementales. C'est une question qui est sérieusement
considérée.
M. Gendron: Au moment où on se parle, la décision
n'est pas prise?
M. Ryan: En ce qui concerne le programme de quatre ans pour les
équipements scientifiques, cela demeure. Il y a deux ans de faits, nous
ferons la troisième année cette année et il y aura une
quatrième année, l'année suivante. Dans le cas des
bibliothèques, c'était deux ans. C'est terminé. On verra,
dans les décisions qui seront annoncées lors du discours sur le
budget, s'il y a des mesures qui tiennent compte de ceci.
M. Gendron: Toujours au financement universitaire, je voudrais
passer à un autre volet, M. le ministre. Très rapidement, une
seule question. Tout le monde sait, en tout cas ceux qui suivent
l'actualité québécoise et canadienne, que le gouvernement
fédéral intervient, en ce qui a trait à l'enseignement
postsecondaire, par le biais du financement des programmes établis. On
s'est fait avoir dans les dernières années. Comme je l'ai
indiqué tantôt, différentes mesures de plafonnement ont eu
pour effet de diminuer la contribution fédérale au financement
des programmes établis de 6 500 000 000 $, de 1982 à 1992, dont 2
000 000 000 $ pour le postsecondaire, chiffres confirmés par le ministre
des Finances.
Il est possible que le fédéral décide de
réduire encore ses transferts aux provinces lors du prochain budget.
C'est d'ailleurs pour ça que nous sommes toujours en attente de
l'annonce d'élections. Parallèlement à ce
désengagement d'un programme inconditionnel, le fédéral
augmentait plus rapidement ses transferts directs aux particuliers. Voici la
question que je veux poser au ministre de l'Éducation: Est-ce que vous
anticipez de nouvelles coupures dans les programmes établis et est-ce
que vous ne considérez pas qu'il commencerait à être temps
d'aller récupérer ces sommes sous forme de points d'impôt
pendant qu'il en est encore temps, avant qu'il ait complètement
annulé toutes les aides que nous recevions, pour ce qui est du
financement des programmes établis? Je résume ma seule question
à deux volets: Premièrement, vous attendez-vous à de
nouvelles coupures dans le financement des programmes établis?
Deuxièmement, est-ce qu'il ne serait pas temps de prendre des
décisions énergiques, viriles comme vous aimez à le
répéter des fois, afin de récupérer ces sommes sous
forme de points d'impôt?
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais signaler que ces questions
relèvent de la compétence du ministre des Finances. Chaque
ministre fait ses représentations au ministre des Finances et au premier
ministre dans ces choses et ne s'érige pas en porte-parole du
gouvernement sur la place publique pour la bonne unité du gouvernement.
Il me fart plaisir de signaler qu'à l'occasion d'une conférence
récente des ministres de la Santé et des Finances, tenue à
Moncton en février de cette année, les ministres
représentant le Québec - il y avait la ministre de la
Santé et des Services sociaux et le ministre des Finances - ont
demandé que soient pleinement respectés les principes de
financement en bloc, les principes de suffisance, de stabilité, de
prévisibilité et d'équité qui étaient
à la base du consensus national ayant entouré la mise en place du
programme de financement des programmes établis en 1977-1978. Les
ministres réunis à Moncton, y compris encore une fois les
représentants du gouvernement du Québec, ont insisté pour
que soit rétablie, le plus tôt possible, la pleine indexation de
la contribution du gouvernement fédéral au financement des
programmes établis selon le rythme d'accroissement de la richesse
collective, c'est-à-dire suivant l'évolution du produit national
brut.
Alors, nous maintenons, avec toute la fermeté possible, les
revendications du Québec en ce domaine. Le ministre des Finances,
lorsqu'il a parlé, au nom du Québec, du financement des
programmes établis, incluait dans son intervention la partie de ce
programme qui revient à l'enseignement postsecondaire. L'estimation, qui
avait déjà été présentée par le
ministre des Finances, établissant qu'il y aurait un manque à
gagner d'environ 200 000 000 $ par année, pour le Québec, sur une
base de dix ans, de 1981 à 1991, en ce qui touche l'enseignement
secondaire, reste toujours exacte. Maintenant, je ne sais pas du tout ce qu'il
faut attendre du prochain budget fédéral attendu pour la semaine
prochaine. Certaines rumeurs ont mentionné qu'il pourrait être
question du financement des programmes établis, mais je n'en sais
rien.
Institut Armand-Frappier
M. Gendron: Je reconnais, M. le ministre, que cela regarde
passablement le ministre des Finances, mais je pensais qu'il vous parlait, de
temps en temps, surtout au retour d'un pèlerinage à Ottawa
où effectivement il y a eu une rencontre des ministres des Finances. Ils
ont sûrement reçu quelques indications sur ce sur quoi les
provinces vont se faire avoir. Comme cela vous concerne passablement et que
c'est surtout en éducation, pour l'Instant, que l'impact est très
négatif, c'est pour ça que je posais la question. La
réponse que vous avez donnée va dans le même sens que nos
interrogations.
Institut Armand-Frappier. On ne peut pas parler de toute la question du
programme 6 sans toucher à la problématique de Armand-Frappier
que je ne redirai pas puisque tout le monde la connaît. Tout ce que je
voudrais avoir avec un peu plus de précision, c'est concernant
l'information qui était véhiculée ce matin. Dans votre
laïus de présentation, vous avez parlé un peu de la
situation Armand-Frappier disant qu'il y en avait une première partie
qui avait été vendue dans le sens que le volet Frappier
Diagnostic est passé aux mains de Quélab. Il reste toute la
question de ce que nous allons appeler, pour fins de discussion, le Vaccin
2000, la commercialisation et la production de vaccins qu'on appelle
communément Vaccin 2000.
On savait que le fonds de solidarité avait fait une proposition
enrichie par Cascades et la Caisse de dépôt et placement. On a
également appris que M. Bernard Lamarre de Lavalin pourrait être
appelé à jouer un rôle de tuteur pour permettre à
l'établissement de se remettre sur pied et en bonne santé.
M. le ministre, je voudrais juste que vous nous disiez en quelques
phrases où en sont exactement les pourparlers quant à la vente
des vaccins? Est-ce que oui ou non une nouvelle offre a été
déposée récemment? Si oui, par qui a-t-elle
été enrichie? Troisièmement, avez-vous l'intention de
nommer un tuteur là-dedans? Je ne comprends pas pourquoi, dans une offre
du fonds de solidarité, enrichie par la Caisse de dépôt et
placement et, éventuellement, Cascades qui est également dans le
portrait, il y aurait une espèce de tuteur qui regarderait ça.
Qu'est-ce que c'est, cette affaire? Est-ce que vous avez des intentions
précises concernant le rattachement de l'institut Armand-Frappier
autrement qu'elle l'est actuellement? Autrement dit, doit-elle, oui ou non,
rester dans le réseau? C'est là que j'ai compris que M. Lamarre
de Lavalin vous conseillait de modifier le statut de rattachement de l'institut
Armand-Frappier au réseau de l'UQ. J'aimerais que vous nous donniez, en
trois ou quatre minutes, l'heure juste là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. Je pense qu'il y a trois choses à mentionner
pour que la situation soit claire. Tout d'abord, pour l'instant,
l'activité continue à l'institut Armand-Frappier. La production
et la distribution de vaccins continuent. Frappier Diagnostic qui fabriquait
surtout des trousses de diagnostic a été vendue à
Quélab. C'est réglé.
Maintenant, le conseil d'administration de l'institut s'emploie
présentement à créer une société distincte
qui s'appellerait Vaccin 2000. C'est de là que vient l'expression
"Vaccin 2000". À supposer qu'il n'arrive rien et qu'on crée cette
société distincte, on verra la forme qu'elle prendra et
l'activité qu'elle aura au cours des mois et des années à
venir. C'est un premier point. C'est fait en accord avec les autorités
de l'Université du Québec et du gouvernement.
Deuxièmement, un groupe, comprenant le Fonds de solidarité
de la FTQ allié avec le groupe Cascades - eux autres, ils fonctionnent
ensemble, ils sont une composante, ils sont ensemble - comprenant
également la Société de développement industriel,
comprenant également la Caisse de dépôt, a remis, hier, une
proposition aux autorités de l'Université du Québec,
visant le réaménagement des structures de production de vaccins,
une forme d'intégration avec IAF Biochem, qui est une composante
très importante de tout cet ensemble. C'est une offre qui a
été remise hier.
Ensuite, le groupe Lavalin, par son président, M. Lamarre, a
déposé une proposition visant le réaménagement de
l'institut Armand-Frappier, suivant des bases plutôt inédites et
inattendues. Cette proposition m'a été transmise. Elle m'a
été remise à moi d'abord, je pense que c'est jeudi
dernier. Je l'ai fait transmettre immédiatement aux autorités de
l'Université du Québec pour qu'elles en fassent un examen. Nous
l'étudions de notre côté. Alors, là, il y a deux
documents qui sont sur la table, qui font l'objet d'examens. Je crois que la
proposition dont a été saisie l'Université du
Québec, de la part du groupe là, incluant le fonds de
solidarité, la SDI et la Caisse de dépôt, a besoin de
certains compléments encore pour être définitive et
complète. Mais les choses cheminent de manière plutôt
encourageante pour l'instant.
M. Gendron: Oui, ça va. Tant mieux si ça chemine
plutôt d'une façon intéressante. On va souhaiter que
ça continue comme ça. Mais vous n'avez pas été
très clair sur le rôle d'une espèce de tuteur dans ce
dossier. C'est quoi cette affaire-là? Comment accueillez-vous cette
affaire?
M. Ryan: Pour ça, il ne faudrait pas se méprendre
sur la suggestion qui a été faite par M. Lamarre. Il ne parle pas
d'un tuteur. Ça, c'est une interprétation qu'on peut donner. Mais
lui, à un moment donné, il parle d'une réorganisation de
la structure de l'institut Armand-
Frappier, qui commanderait, évidemment, un
réaménagement de son conseil d'administration. Il n'est pas
question que le gouvernement nomme un tuteur là-dedans pour
l'instant.
Le conseil d'administration et l'assemblée des gouverneurs de
l'Université du Québec ont procédé, il y a quelques
semaines à peine à la nomination d'un nouveau directeur
général, c'est une directrice générale, Mme
Roberge, qui était autrefois vice-recteur à la recherche
scientifique à l'Université Laval, dont les états de
service et les titres de créance en matière de recherche
scientifique sont très sérieux. Mme Roberge a reçu le
mandat de voir à ce que l'institut Armand-Frappier se reprenne en main
suivant sa vocation propre. Elle est en train d'oeuvrer à cette fin et
il n'est pas question de mettre d'autres personnes là-dedans que Mme
Roberge.
M. Gendron: Non, cela va, M. le ministre. En fait, ce que je
crois percevoir, c'est qu'il ne faut pas trop relier la proposition
d'acquisition par ceux qui sont intéressés, le Fonds de
solidarité, Cascades ou la Caisse de dépôt et placement et
la SDI, et la suggestion de restructuration ou de réorganisation
administrative faite par Lava-lin. Ai-je raison quand je réagis
ainsi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Pourriez-vous répéter la question, s'il
vous plaît?
M. Gendron: Très simplement. Le lien n'est-il pas
plutôt mince entre l'offre de financement faite par ceux que vous savez
et la suggestion de M. Bernard Lamarre, de Lavalin, de revoir toute la
réorganisation administrative et le rattachement de l'institut
Armand-Frappier au réseau UQ?
M. Ryan: Je pense bien que ce sont deux propositions qui sont,
comme on dit, mutuellement exclusives; on en retiendra une et on ne retiendra
pas l'autre.
M. Gendron: Cela va.
M. Ryan: Je ne pense pas qu'on puisse les retenir les deux
ensemble.
M. Gendron: C'est ce que je voulais savoir. M. Ryan:
Très bien.
Rapport Archambeault
M. Gendron: Une dernière question pour les quatre ou cinq
minutes qu'il nous reste, c'est-à-dire qu'il y aurait une autre question
générale sur le financement, mais il y en a une que je veux vous
poser, c'est sur le rapport Archambeault. C'est tout récent, c'est tout
frais. Par contre, le ministre l'a commenté, ce qui est correct, et je
pense qu'il y avait lieu de commenter rapidement un rapport aussi important que
celui-là sur la tâche des professeurs d'université.
À partir d'aujourd'hui, quel suivi avez-vous l'intention de
donner à ce rapport? Est-ce que vous êtes favorable à ce
qui peut apparaître - à la première impression - comme
étant la seule recommandation majeure du rapport Archambeault,
même si c'est un rapport volumineux, qui est d'envisager une modulation
de la tâche du professeur d'université plutôt qu'une
spécialisation de cette tâche? Deux choses: quel est le suivi que
vous allez donner au rapport Archambeault et, comme ministre de
l'Éducation, êtes-vous favorable à une modulation de la
tâche du professeur d'université?
M. Ryan: Tout d'abord, mon premier intérêt dans le
mandat confié au groupe présidé par M. André
Archambeault - je veux le remercier de l'excellent travail qu'il a accompli,
entre parenthèses - est de savoir si les fonds que le gouvernement
attribue aux universités sont bien utilisés. Nous avions entendu
dire que les professeurs d'université du Québec seraient des
espèces de "fat cats" de notre régime d'enseignement, qu'ils
jouiraient d'un régime de travail extraordinaire qui les mettrait
à l'abri de toute contrainte, etc. Je voulais vérifier cette
assertion sérieusement parce qu'elle circule beaucoup. Elle circulait
beaucoup, jusqu'à la semaine dernière. Le rapport Archambeault
nous apporte un éclairage très important là-dessus. Il
nous dit que, sur la base d'une étude très impartiale faite avant
même que le mandat confié au comité Archambeault ait
été conçu, la semaine de travail d'un professeur
d'université du Québec était à peu près la
même chose. C'est à peu près 45 heures dans tout le Canada.
Leonard's a consulté au-delà de 1000 professeurs
d'université; chacun a répondu personnellement; il n'y avait pas
de concertation interprovinciale, et tout. Je crois bien qu'à un moment
donné, il faut bien prendre les faits pour ce qu'ils sont.
Il y a de légères variantes dans les composantes de la
tâche d'enseignement. Au Québec, il y a une légère
variante en ce qui touche l'enseignement proprement dit. Il y a un accent plus
grand sur d'autres fonctions. Je pense que certains ajustements devront
être recherchés par les universités. Par exemple, on a
constaté que la tâche d'enseignement proprement dite dans les
sciences humaines est moins forte, par une proportion plus
élevée, qu'ailleurs. Il y a des questions qu'on doit se poser. Il
me semble que, pour l'instant, c'est aux universités de se poser ces
questions. Nous-mêmes les aborderons en temps utile, mais nous n'y
mettrons pas de précipitation morbide. J'ai déjà
soulevé dans mon exposé une invitation à l'endroit des
universités d'examiner ces passages du rapport avec une attention
spéciale. Je pense qu'il n'y a pas matière, pour le gouvernement,
à partir en
croisade sur quelque point que ce soit dans ce document. Nous en ferons
l'examen approfondi au cours des prochaines semaines. Moi-même, j'en ai
fait une lecture un peu rapide. J'étais pris dans un tourbillon de
responsabilités la semaine dernière qui ne m'a pas permis d'en
faire l'étude annotée que j'aime faire de ces
documents-là, mais cela se fera au cours des prochaines semaines. Si
nous retenons des éléments qui devraient faire l'objet de
discussions plus approfondies avec les universités, je serai en mesure
d'en faire part, je pense bien, au début de l'automne.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Déficit des universités
M. Gendron: Ce ne sera pas une autre question, c'est seulement
que cela va être difficilement placable au retour. Je voudrais que le
ministre en prenne note, pour finir ce volet. Je ne veux pas une réponse
aujourd'hui, M. le ministre, mais concernant les déficits des
universités depuis 1985 - je sais que vous avez cela - j'aimerais que le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science donne aux
membres de la commission le déficit accumulé par
université à partir de 1985. Je voudrais l'avoir par
université. Vous transmettrez cette information aux membres de la
commission au moment où vous pourrez le faire. Je pourrais probablement
avoir cela au début de la séance cet après-midi.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Nous suspendons nos travaux jusqu'après la période des
affaires courantes, où je vous convoque ici même.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 32)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'inviterais les membres de la commission à prendre place, s'il
vous plaît. Nous allons poursuivre nos travaux de façon à
respecter notre horaire.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux dans
l'exécution du mandat qui lui a été confié,
à savoir: procéder à l'étude des crédits
budgétaires 1989-1990 du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Je vous répète que cette
commission va siéger jusqu'à 18 heures cet après-midi et
que nous reprendrons nos travaux à 20 heures, jusqu'à 23 heures,
de façon à respecter les huit heures prévues à
l'étude des crédits de ce ministère. Lorsque nous avons
suspendu nos travaux ce matin, nous en étions encore à
l'étude du premier programme, le programme 6, Enseignement
universitaire.
Je reconnais, comme premier intervenant cet après-midi, le
porte-parole de l'Opposition en matière d'éducation, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député.
M. Gendron: Merci de ce caractère solennel, M. le
Président, que vous voulez confier à mes responsabilités
de critique en matière d'éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, on
y va.
M. Gendron: M. le Président, je suis en mesure à ce
moment-ci de vous indiquer qu'on est d'accord pour adopter sur division les
crédits concernant le programme 6 qu'on a eu l'occasion de parcourir ce
matin.
M. Ryan: M. le Président...
M. Gendron: À moins que le calepin noir ait des
révélations à nous faire avant de conclure.
M. Ryan: M. le Président, justement...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
tiens quand même pour acquis que le programme 6 est adopté, mais
je vous reconnais. Cela ne clôt pas nécessairement la discussion
sur ce programme.
M. Ryan: M. le Président, en réponse à une
question que nous avions laissée en suspens ce matin, je voudrais
apporter les précisions suivantes dont j'ai communiqué
l'essentiel à la Chambre tantôt. Je remercie le
député d'Abitibi-Ouest de la question presque plantée
qu'il m'avait adressée à ce moment-là. Ha, ha, ha!
D'après les chiffres du ministère - ces études ont
été faites en tenant compte de l'acquis de toutes les autres
études ou sources disponibles - nous établissons ainsi le
degré de sous-financement des universités
québécoises par rapport aux universités canadiennes et aux
universités ontariennes. En 1986-1987, dernière année pour
laquelle nous sommes en mesure d'établir ces calculs, en faisant
abstraction de la différence au chapitre des frais de scolarité,
nous établissions l'écart avec l'Ontario à 162 000 000 $
et l'écart avec les provinces canadiennes hors Québec à
189 000 000 $. Comme je le disais ce matin, l'Ontario est relativement
sous-financé par rapport à la moyenne canadienne.
J'ajoute un élément d'information important aussi pour que
nous ayons un tableau complet. Si nous examinons uniquement le subventionnement
public, le Québec si situe au premier ou au deuxième rang de
toutes les provinces canadiennes pour l'importance des subventions gouver-
nementale8 versées à ses universités. Si, dans le
financement des universités situées en dehors du Québec,
il y a quand même une marge qui les mette dans une meilleure position que
le Québec, c'est à cause de la différence au chapitre des
frais de scolarité lesquels sont plus élevés dans les
autres provinces. Au seul niveau du subven-tionnement, le Québec est en
avance sur l'ensemble du Canada. Il y a cet écart au chapitre des frais
de scolarité qui donne le résultat général que je
viens d'indiquer.
Science
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. le ministre, nous allons aborder immédiatement le
deuxième programme, le programme 4, qui a pour titre Science. M. le
ministre, on m'informe que vous avez une présentation à faire. Je
ne sais pas; je vous le demande. J'ai ouï-dire que...
M. Gendron: il m'avait dit en privé qu'il laissait tomber
sa présentation pour donner plus de temps à la période de
questions.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Ne m'avez-vous pas dit ça?
M. Ryan: Quoi donc?
M. Gendron: Que vous laissiez tomber votre présentation
pour permettre plus de discussions.
M. Ryan: Les bonnes discussions doivent toujours découler
d'une problématique correctement située.
M. Gendron: Largement exposée. Vous avez raison.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je vous fais grâce
des deux premières pages.
M. Gendron: C'est toujours ça d'acquis.
M. Ryan: J'en laisserais passer un peu plus s'il y avait une
règle qui nous permettait d'inscrire complètement au Journal
des débats la teneur d'une communication mais, pour qu'elle soit
inscrite au Journal des débats, il faut qu'elle ait
été prononcée verbalement, oralement. C'est une
règle que je trouve insatisfaisante, mais les conséquences en
pèsent surtout sur les auditeurs.
Dans le message qu'il adressait en octobre dernier au sommet sur la
technologie, le premier ministre, M. Robert Bourassa, décrivait ainsi
l'intérêt du gouvernement pour le développement de la
science et de la technologie. Je cite. "La formation d'une main-d'oeuvre
technologique hautement qualifiée, l'orientation des
diplômés vers l'entrepreneuriat technologique, le dévelop-
pement des études de second et troisième cycles universitaires,
l'adoption de programmes spécifiques visant à accroître la
fréquentation des études avancées dans les domaines
scientifiques et technologiques, la réalisation de travaux de recherche
enrichissant le bagage des connaissances scientifiques et l'expérience
technologique, sont autant de défis qui exigent désormais une
véritable synergie entre nos industries et nos institutions
d'enseignement. Pour ce faire, il est impérieux que tous les
intervenants concernés concluent ce que l'on peut appeler un contrat
social scientifique."
La création d'un Fonds de développement scientifique et
technologique placé sous la responsabilité du premier ministre
jouera un rôle significatif dans la réalisation de ce contrat
social scientifique. Des crédits de 60 000 000 $ seront consacrés
à ce fonds dès 1989-1990. Au total, 300 000 000 $ seront
consacrés au fonds au cours des cinq prochaines années. À
même ces crédits, environ le tiers seront réservés
à des programmes ou projets impliquant directement les
universités. Je ne puis que me réjouir de ce vigoureux coup de
barre qu'annonce la création du Fonds de développement
technologique et scientifique.
En même temps qu'il reconnaissait la nécessité d'un
engagement gouvernemental à long terme pour le développement
scientifique et technologique, le gouvernement, à l'occasion du sommet
sur la technologie, soulignait également la nécessité de
la continuité et de la cohésion dans l'action gouvernementale. Il
reconnaissait qu'il faut viser, partout où cela est possible, à
renforcer plutôt qu'à doubler les structures déjà
existantes. Dans cette perspective, les organismes déjà
établis, tels le fonds FCAR, les centres de liaison et de transfert, les
centres spécialisés des collèges, les centres et
équipes de recherche universitaire continueront d'être l'objet de
l'attention particulière du gouvernement au cours de la prochaine
année.
Le gouvernement a déjà approuvé en novembre dernier
le plan triennal 1988-1991 du fonds FCAR. Des crédits additionnels
seront accordés au fonds dès l'année 1989-1990 afin de
permettre la mise en oeuvre de deux nouveaux programmes, soit le programme
d'établissement de nouveaux chercheurs, qui permettra d'assurer, du
moins en partie, la relève de chercheurs de haut calibre au
Québec, et le programme de soutien aux équipes de recherche, qui
permettra aux chercheurs québécois de se concerter au sein de
structures plus fortes en vue de l'avancement des connaissances et de la
formation de chercheurs. Une partie des crédits additionnels
attribués au fonds servira à hausser le niveau des bourses de
maîtrise et de doctorat de manière à assurer aux
étudiants de ce niveau des conditions de vie plus satisfaisantes.
Les crédits additionnels attribués au fonds en 1989-1990
seront annoncés par le ministre des Finances à l'occasion du
discours sur le budget.
Je rappelle, cependant, que le gouvernement attribuait au fonds en
1988-1989 des crédits additionnels de 2 500 000 $, ce qui
représentait, en année universitaire, une augmentation de
crédits de 10 %.
Au début de 1988, le premier ministre du Canada annonçait
le lancement d'un programme fédéral visant à faciliter la
création de 20 réseaux de centres d'excellence dans tout le
Canada. Il annonçait du même coup que des crédits d'une
valeur totale de 240 000 000 $, répartis sur une période de
quatre ans, seront consacrés à ce programme visant
particulièrement les universités canadiennes. La réponse
des universités québécoises à l'invitation du
gouvernement fédéral ne s'est pas fait attendre: de nombreux
projets d'une grande qualité ont été soumis par des
chercheurs québécois dans le cadre de ce programme. Dans une
lettre que le premier ministre du Québec, M. Robert Bourassa, adressait
le 23 novembre 1988 au président de la Conférence des recteurs
des universités du Québec, le gouvernement du Québec
s'engageait à prendre en charge les frais indirects de recherche
reliés aux projets qui seront retenus par le gouvernement
fédéral. Une première contribution de 200 000 $ fut mise
à la disposition des chercheurs québécois dès
l'année 1988-1989 afin de les aider à mettre au point des projets
dans le cadre du programme fédéral de centres d'excellence. Cette
aide a pu être fournie grâce à l'action conjuguée du
ministère des Communications, du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie et du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Sur un total de 158 projets soumis dans le
cadre du programme de centres d'excellence, 33, soit 21 %, sont d'origine
québécoise.
Le gouvernement continue d'accorder une importance majeure au
développement de liens de collaboration entre les universités,
les collèges et les entreprises. Dans cette perspective, le gouvernement
continuera de favoriser en 1989-1990 l'action des centres de transfert et de
liaison créés au cours des dernières années.
Il y a, tout d'abord, le Centre de recherche informatique de
Montréal, le CRIM, lequel s'est déjà vu attribuer plus de
12 000 000 $ depuis 1986-1987. Une évaluation intérimaire du
travail du CRIM a été réalisée en 1988-1989.
J'aurai l'occasion de préciser, au cours des prochains mois, diverses
mesures susceptibles d'améliorer l'action du CRIM et, notamment, de
permettre une plus grande participation des universités qui sont
extérieures à la région de Montréal aux travaux du
CRIM et de répondre plus adéquatement aux besoins des petites et
moyennes entreprises.
J'avais le plaisir, il y a quelques jours à peine, de participer,
avec les responsables du Centre québécois de valorisation de la
biomasse, à la signature d'une entente de 3 000 000 $ avec la
société de recherche SNC en vue de la réalisation de
travaux de recherche sur le traitement des effluents industriels et urbains.
Cette entente, dont la portée pourrait être majeure pour le
traitement des déchets industriels et urbains et des eaux usées,
illustre les effets qui pourraient découler d'une meilleure synergie
entre chercheurs du monde universitaire et partenaires des entreprises
industrielles. L'action du CQVB exerce un effet de levier important sur le
financement de la recherche sur la biomasse. La contribution du gouvernement
aux travaux du CQVB s'est élevée à plus de 8 000 000 $
depuis 1985-1986. Je compte recevoir en 1989-1990 un rapport
d'évaluation sur l'activité du centre. Déjà, les
informations dont je dispose à ce sujet me permettent d'augurer que cet
organisme est appelé à jouer un rôle très important
pour l'avenir.
Le Centre APO Québec facilite, pour sa part, la collaboration des
chercheurs universitaires, des enseignants de tous les ordres d'enseignement,
des commissions scolaires, des fabricants de logiciels et du ministère
de l'Éducation autour de trois thèmes majeurs: l'impact de
l'ordinateur en éducation, l'intégration de l'ordinateur dans la
pratique pédagogique et la création d'un environnement
technologique approprié. Depuis 1985-1986, le Centre APO Québec a
reçu du gouvernement des sommes totalisant environ 7 300 000 $. Une
évaluation du travail accompli par le centre doit m'être remise en
1989-1990. (15 h 45) il reste enfin le Centre québécois pour
l'informatisation de la production dont la mission consiste essentiellement
à mettre à la disposition des entreprises un réseau de
transferts technologiques dans le domaine de l'automatisation de la production.
Le CQIP associe en réseaux des universités, des collèges,
des entreprises, des associations industrielles ainsi que le Centre de
recherche industrielle du Québec. La création de tels
réseaux peut contribuer à créer des conditions nouvelles
d'exploitation des technologies de pointe dans nos entreprises. Elle peut
contribuer à une exploitation plus efficace de nos ressources. Depuis
1984-1985, le gouvernement a attribué au CQIP des sommes
s'élevant à environ 10 000 000 $. À la lumière d'un
rapport d'évaluation qu'il doit recevoir au cours des prochains mois, le
gouvernement sera appelé à prendre une décision au sujet
de l'avenir de cet organisme, vu qu'au terme de sept ans... La période
initialement prévue dans le décret de fondation était de
cinq ans, mais l'an dernier, étant donné un certain délai
dans la mise en route de cet organisme au départ, le gouvernement a
décidé de prolonger la période d'expérimentation de
deux ans. Alors, au terme de sept ans, il y aura une évaluation et puis
ce sera la fin de l'organisme, à moins d'une décision contraire
du gouvernement.
Dans son plan d'action en matière de développement
régional annoncé en novembre dernier, le gouvernement
privilégie une démarche associant les ressources des
universités, des
collèges et des entreprises en vue de la consolidation et du
développement du potentiel scientifique et technologique des
régions. Cette orientation permet d'entrevoir des développements
très intéressants. Dans les régions où ils sont
implantés, les collèges en particulier sont, en effet, des
bassins importants de compétence et d'équipement de haute
technologie. Ces ressources pourront être mobilisées plus
efficacement à l'aide de la politique retenue par le gouvernement. Dans
cette optique, il y aura lieu de mettre en valeur le rôle significatif
que jouent déjà et que sont appelés à jouer dans
l'avenir les centres spécialisés mis en place dans une douzaine
de collèges québécois. Une évaluation de ces
centres m'a été remise ces derniers mois. Elle Indique qu'ils
constituent des agents efficaces de transferts technologiques auprès des
entreprises québécoises, notamment des PME. La politique de
développement régional annoncée par le gouvernement permet
d'entrevoir que ces centres pourraient jouer un rôle très utile
d'antennes régionales de développement technologique.
Dans son rapport intitulé "Science et technologie: conjoncture
1988", publié en octobre dernier le Conseil de la science et de la
technologie propose d'associer davantage les citoyens ordinaires au
progrès scientifique et technique. Cette contribution - écrit le
conseil - peut se situer sur trois plans. En premier lieu, les citoyens peuvent
être appelés à participer comme employés en
étant étroitement associés à l'amélioration
des nouveaux produits et des procédés de fabrication ou à
l'utilisation des nouvelles technologies. Ensuite, ils peuvent être
mobilisés comme adultes et parents en donnant à leurs enfants la
motivation d'acquérir une solide formation de base et, si possible, de
choisir une carrière technique ou scientifique. Enfin, ils peuvent
être mobilisés comme citoyens responsables qui, tout en
étant ouverts à l'innovation, peuvent s'interroger et
débattre entre eux des choix et des impacts des nouvelles technologies.
Fin de la citation.
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science
est profondément convaincu de la justesse de cette approche. Aussi,
entend-il continuer, comme par les années passées, à
consacrer des ressources significatives au financement d'instruments
susceptibles de promouvoir la participation des citoyens à la culture
scientifique. Le principal instrument dont dispose le gouvernement à ce
sujet est le programme de soutien aux activités de diffusion de la
culture scientifique. Ce programme a permis, en 1988-1989, d'accorder plus de 1
000 000 $ à la réalisation de quelque 48 projets visant la
diffusion de la culture scientifique dans les diverses régions du
Québec. Les commentaires reçus jusqu'à maintenant sur ce
programme sont très élogleux. Ils dénotent un niveau
élevé de satisfaction. Le programme entrera cette année
dans sa quatrième année.
Un nouvel instrument d'intervention, le programme de soutien aux revues
de culture scientifique et technique, a été mis sur pied en
1988-1989. Doté d'un budget de 825 000 $ réparti sur trois ans,
ce programme s'adresse aux revues traitant principalement de questions
scientifiques et techniques et visant le grand public. Des revues très
intéressantes telles que Québec Science, Je me petit
débrouille, Franc Nord et Interface ont reçu des
subventions dans le cadre de ce programme.
En raison de l'intérêt qu'il porte à la diffusion de
la culture scientifique, le ministère s'associera avec plaisir à
la réalisation de rinsectarium qui est présentement en voie de
construction à Montréal. Complément naturel du Jardin
botanique qui en est le maître d'oeuvre, l'Insectarium constituera un
centre de recherche et de référence en entomologie. Il sera un
milieu propice à la connaissance et à la diffusion de cette
discipline scientifique, un lieu alliant culture, émerveillement et
attrait touristique. La participation du ministère à la
réalisation de ce projet sera de 500 000 $.
Signalons, enfin, le soutien financier accordé par le
ministère à l'Association canadienne-française pour
l'avancement des sciences, à l'Agence Sciences Presse, à la
Semaine des sciences, à l'Expo-sciences panquébécoise et
à d'autres activités muséologiques. La participation du
ministère à des activités de culture scientifique
dépassera 2 000 000 $ en 1988-1989.
La gestion des nombreux programmes qui assurent l'intervention
quotidienne du gouvernement dans le domaine de la science et de la technologie
ne doit pas nous faire perdre de vue les enjeux d'envergure qui sollicitent
notre attention pour l'avenir. Parmi ces enjeux qui revêtent une
importance spéciale pour le Québec à l'heure actuelle, je
voudrais signaler l'espace et l'environnement.
Le domaine spatial est devenu une préoccupation majeure pour le
Québec. La venue à Montréal de l'Agence spatiale
canadienne est un gage d'avenir intéressant pour la métropole. De
même, la participation du Québec au plan spatial canadien et au
financement du satellite Radarsat entraînera d'importantes
retombées économiques pour le Québec. Nous ne saurions
oublier, cependant, que notre place dans le domaine spatial devra s'enraciner
solidement dans un dispositif de recherche scientifique de première
qualité. La recherche spatiale, il convient de le souligner, ne concerne
pas seulement les navettes, les satellites ou les stations orbitales. Elle
embrasse aussi les télécommunications, la microéconomique,
la santé, la chimie pharmaceutique, la métallurgie, l'observation
de la terre, des climats et des ressources naturelles, l'examen de
l'atmosphère terrestre. L'espace constitue, à n'en point douter,
un véritable laboratoire pour l'avenir.
Un autre domaine est désormais au coeur des préoccupations
des sociétés: l'environnement.
Au rythme du progrès accompli dans ce domaine, on pourra de plus
en plus mesurer la capacité des sociétés de mettre la
recherche scientifique et technologique au service du bien-être des
citoyens. Ce champ d'intérêt compte parmi les priorités
scientifiques et technologiques majeures du gouvernement. Nous comptons
beaucoup, entre autres, sur le rôle que pourront jouer dans ce domaine
les projets en voie de préparation au Centre québécois de
valorisation de la biomasse.
Avec la collaboration des autres ministères concernés,
j'entends également apporter une attention spéciale au cours de
la prochaine année à la présence du français dans
l'informatique au sein de l'entreprise. Dans un avis publié à la
fin de 1988, le Conseil de la langue française formulait plusieurs
recommandations concernant la langue de formation, la langue de diffusion et la
langue de conception dans le domaine de l'informatique. Le Centre de
linguistique de l'entreprise a déjà, pour sa part, attiré,
depuis de nombreuses années déjà, l'attention des milieux
concernés sur ce problème. Nous rechercherons en 1989-1990 les
moyens qui permettraient d'assurer la réalisation d'une meilleure
présence du français dans ce secteur.
Je terminerai ces remarques par de brefs commentaires sur une question
qui a donné lieu à des débats animés ces derniers
temps, soit la langue de communication dans le domaine scientifique. L'histoire
des sciences révèle qu'une langue, à chaque époque,
a toujours dominé les autres sur le plan scientifique. De nos jours,
cette langue, c'est l'anglais. L'anglais a remplacé l'allemand, lequel
avait d'abord supplanté l'espagnol et, avant cela, le latin.
Mais reconnaître ce fait ne signifie pas qu'il faille renoncer
à la diffusion des connaissances scientifiques en français. Les
francophones à travers le monde seront près de 500 000 000 en
l'an 2000, soit près de 10 % de la population mondiale. À l'heure
actuelle, les publications scientifiques en français représentent
9,8 % des publications scientifiques à travers le monde. Le
français est la langue utilisée par quelque 2000
périodiques, ce chiffre correspond à environ 13 % de tous les
périodiques publiés à travers le monde.
Ces chiffres indiquent la difficulté du défi. Ils
indiquent aussi qu'il faut se méfier en ces matières des vues
doctrinaires. Les chercheurs francophones ont néanmoins la
responsabilité d'utiliser, dans toute la mesure raisonnablement
possible, le français comme langue de diffusion de leurs travaux de
recherche sur les plans national et international. Il ne sera pas inutile de
rappeler à ce propos les commentaires que formulait le Dr Alfred
Kastler, prix Nobel de physique, à l'occasion d'un colloque
International tenu à Montréal en 1981 sur l'avenir du
français dans les publications et les communications scientifiques et
techniques. Je cite: Je voudrais rappeler à nos jeunes collègues
d'envoyer aux périodiques internationaux des articles en fran-
çais. Si c'est de la bonne science, soyez sûrs qu'ils ne passeront
pas inaperçus.
Dans la même perspective, il incombe au gouvernement appelé
à desservir des populations francophones d'appuyer l'utilisation du
français dans les colloques internationaux et de soutenir
financièrement la publication de revues francophones de bonne
qualité scientifique. Au Québec, le FCAR administre un programme
gouvernemental de soutien aux revues scientifiques. Ces revues, dont plusieurs
sont de calibre international, se sont vu attribuer en 1988-1989 un budget
total de 700 000 $ lequel sera reconduit en 1989-1990. Depuis 1985, en
collaboration avec la France et la communauté française belge, le
Québec a soutenu financièrement trois revues scientifiques
Internationales de haute qualité: Médecine-Sciences, la Revue
des sciences de l'eau et Technologie de l'information et
société. Le gouvernement du Québec a consacré
à ces trois revues environ 730 000 $ au cours des dernières
années. Il incombe maintenant aux chercheurs de nos universités
et à nos milieux scientifiques de confier à des publications en
langue française les fruits de leurs travaux de recherche.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, je
vous remercie. M. le porte-parole de l'Opposition, est-ce que vous voulez
réagir ou passer tout de suite à l'étude des
crédits?
M. Gendron: J'aurais deux commentaires à la suite de
l'exposé du ministre pour ce qui est du programme 4, Science. Le
premier, c'est que c'est un peu difficile de faire un travail convenable et
aussi poussé qu'on voudrait le faire à l'étude des
crédits parce que le gouvernement actuel a décidé de nous
convoquer pour faire l'étude des crédits, mais sans les avoir.
C'est la troisième ou quatrième fois qu'il indique que les
crédits additionnels attribués - je donne un exemple - au FCAR en
1989-1990 seront annoncés par le ministre des Finances à
l'occasion du discours sur le budget. Je me dois au moins de dénoncer
cette attitude. On est convoqué en commission pour faire l'étude
des crédits et on nous rappelle constamment qu'avec ce gouvernement il y
a deux livres de crédits. Il y a ceux qu'on nous demande
d'étudier, mais dans lesquels il n'y a absolument rien. D'après
le ministre, les vrais crédits, ce sera lors du discours sur le budget.
En tout cas, pour quelqu'un qui est à l'Assemblée nationale
depuis douze ans, c'est une pratique, habituellement, qui n'est pas celle que
je connaissais des règles de procédure parlementaire. Quand on
nous convie pour l'étude des crédits, on suppose que l'essentiel
des crédits sont là, sauf que ça à l'air qu'il y
aura une campagne électorale et, d'avance, on veut que la "balloune"
soit soufflée le plus possible à l'hélium ou à
autre chose pour donner l'impression que les coups de barre se donnent.
À plusieurs reprises également dans son document, on peut
lire de belles phrases, bien faites, et beaucoup de bonnes intentions
sérieuses et honnêtes, mais, après trois ans et demi, on
dit: Là, on va donner un coup de barre. Après trois ans et demi,
on se décide à donner un coup de barre. (16 heures)
Une deuxième remarque. Je le félicite cependant pour son
petit laïus sur des jeunes oreilles concernant les publications des revues
scientifiques en français. J'espère que cela va être repris
et cité autant que lorsque vous étiez au Devoir,
sincèrement. Je pense que vous aviez raison de rappeler que c'est
beaucoup plus par la qualité scientifique et le caractère
véritable de bonne science - entre guillemets - que nous pourrons
continuer à effectuer des percées significatives dans le domaine
des revues scientifiques sur le plan international si la qualité des
écrits et des recherches de nos chercheurs a comme conséquence
qu'ils soient utilisés par d'autres. Je trouve que c'est un appel
raisonnable que vous lancez, d'indiquer à nos chercheurs
québécois que la majorité, en tout cas, des chercheurs
francophones devraient continuer à utiliser le français comme
langue de diffusion de leurs travaux de recherche sur les plans national et
international. Cela nous indiquera peut-être davantage la voie de
l'excellence, comme c'est le cas des Québécois. Il faut toujours
être plus performants que d'autres pour se faire valoir. Mais la plupart
des Québécois et des Québécoises ont compris
ça.
Pour ce qui est du document que le ministre nous a
présenté concernant le programme 4, Science, j'aurais deux ou
trois autres commentaires avant d'aller à des questions
précises.
Il faut voir que les crédits au programme 4, dans le livre des
crédits - pour ce qu'on en a - 1989-1990, s'élèvent
à 18 773 000 $. Pour ceux qui compareraient avec l'année
dernière, c'est une faramineuse augmentation de 0, 27 %, donc,
inférieure à 1 %.
Par rapport aux dépenses probables, la croissance est cependant
de 8, 23 %, compte tenu qu'elles ont été moins
élevées que prévu. Selon les calculs que je viens de
faire, il y a donc des crédits périmés de 1 375 000 $
devant être envisagés et j'y reviendrai tantôt.
Si on regarde maintenant la ventilation par élément, on
constate que les crédits pour le soutien à l'emploi scientifique
tombent à zéro du fait que la quasi-totalité des projets
sont terminés. Il faut rappeler que ce programme entrepris par le
gouvernement du Parti québécois présentait en 1986-1987
des déboursés de 5 700 000 $.
À l'élément 2, Développement scientifique,
il y a là également une diminution de 600 000 $, notamment
à cause de la fin du soutien accordé à la construction du
centre d'irradiation des aliments de l'institut Armand-Frappier. Quant à
l'ensemble des autres centres de recherche appliquée, que ce soit
l'application par ordinateur, que ce soit le Centre de recherche en
informatique à Montréal et les autres centres de recherche, il y
a une augmentation de 1 800 000 $.
Il faut voir que, depuis 1985-1986, le budget du programme Science a
augmenté de 8, 8 % et de 1, 7 % au cours des trois dernières
années. En 1985-1986, le programme qu'on regarde, M. le
Président, était à 17 256 000 $ et, en 1988-1989, nous
n'en sommes qu'à 18 774 000 $. Il y a quand même cinq ans
d'écoulés.
Lors du sommet de la technologie - et le ministre de l'Éducation
l'a fait valoir - le gouvernement a annoncé la création d'un
fonds de développement technologique de 300 000 000 $ sur cinq ans. Le
ministre de l'Éducation a cité le premier ministre: il est bon de
noter qu'à cet effet, des crédits de 60 000 000 $ sont
annoncés ou prévus pour 1989-1990 au Conseil exécutif.
J'aimerais que le ministre de l'Éducation, de la Science et de la
Technologie nous dépose les projets qui ont été
approuvés. À ma connaissance, au moment où je vous parle,
il n'y a encore aucun projet qui a été approuvé. Cela fait
un peu curieux. J'ai 60 000 000 $ pour le prochain exercice budgétaire,
mais je n'ai aucun projet approuva.
La première question, M. le ministre. J'aimerais que vous me
fassiez une ventilation plus détaillée des crédits
périmés de 1 375 000 $ au programme 4 pour 1989-1990 puisque,
comme je l'ai mentionné tantôt, par rapport aux dépenses
probables, la croissance est de 8, 23 %, compte tenu qu'elles ont
été moins élevées que prévu. Donc, il y
aurait une somme de 1 375 000 $ de crédits périmés. Est-ce
que le ministre peut me faire la ventilation de ces crédits
périmés?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: Je vais demander à M. Létourneau, si vous
me le permettez, M. le Président, de fournir des explications sur cette
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Très
bien. Monsieur.
M. Létourneau (Guy): Merci, M. le Président. La
majeure partie de ces périmés proviennent du projet d'IAF pour la
construction et le fonctionnement d'un irradiateur. Pour ce projet
déterminé, nous avions 3 200 000 $ en fait à donner, et
comme les budgets sont reconduits d'année en année, vous voyez
qu'il y a là 18 000 000 $, même lorsque les projets se terminent,
les crédits restent à l'intérieur du programme 4. Donc, on
peut les utiliser l'année suivante pour lancer de nouvelles actions.
Donc, ce 1 000 000 $ est disparu cette année-là parce qu'on
n'avait pas besoin de le remettre à l'institut Armand-Frappier; comme il
était tard dans l'année, on ne pouvait pas l'utiliser pour lancer
de nouveaux programmes. C'est la principale
source des périmés.
Pour expliquer le reste, ça provient principalement des centres,
tels le CQVB, ou encore APO Québec, mais principalement des CQVB, qui
évidemment fonctionnent selon certains échéanciers ou
programmes de dépenses. On examine les besoins normalement au cours de
l'été et ce qui est demandé en fait par les centres n'est
pas toujours conforme à ce qui avait été prévu au
départ, ce qui fart que ça devient, par le fait même, un
périmé. Dans le cas du CQVB, par exemple, pour 1988-1989, nous
avions prévu 3 574 000 $, et dans les faits, ils ont eu besoin de 3 361
000 $. La plus grosse partie des périmés provient en fait de ces
deux points en 1988-1989.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va,
monsieur?
M. Gendron: Ça va. Est-ce que le ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Gendron: ...serait d'accord...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez, M. le
député, je pense que M. le ministre voudrait ajouter quelque
chose.
M. Ryan: Après la question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'excuse.
M. Gendron: Tout simplement, le ministre serait-il d'accord pour
nous donner une note de ventilation, comme son collaborateur vient de le faire,
pour qu'on puisse avoir, dans nos dossiers, les éléments qui ont
fait qu'on peut escompter un périmé de 1 375 000 $?
M. Ryan: Nous fournirons volontiers cette note
complémentaire. J'ajoute seulement un détail. M.
Létourneau mentionnait qu'une partie des crédits
périmés est venue du côté du Centre
québécois de valorisation de la biomasse. Je félicitais
justement l'autre jour le président-directeur général, M.
Risi, d'avoir procédé sans précipitation, de ne pas avoir
insisté pour retirer à tout prix toutes les sommes qu'il aurait
été en droit de requérir d'après les
prévisions que nous avions faites, mais d'avoir Insisté pour
mettre d'abord au point des projets sérieux, quitte à ce que cela
prenne un peu plus de temps. Dans bien des cas, on s'est lancé trop vite
dans ce genre d'organisme. On s'aperçoit, au bout d'un certain temps,
que cela n'a pas donné grand-chose, justement, parce qu'on n'avait
peut-être pas dressé une problématique vraiment
sérieuse au départ. Dans le cas du Centre québécois
de valorisation de la biomasse, je veux souligner que l'approche adoptée
par les responsables plaît beaucoup au gouvernement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M le député.
M. Gendron: Les collègues de la commission doivent avoir
constaté que, dans les crédits déposés, le ministre
a abandonné le programme de Soutien à l'emploi scientifique. La
question que je pose est celle-ci: Est-ce qu'une évaluation a
été faite au préalable? Si oui, pouvez-vous nous donner
les éléments sur lesquels vous vous êtes appuyé, M.
le ministre, pour abandonner le programme de Soutien à l'emploi
scientifique?
M. Ryan: Après la formation du gouvernement actuel,
à la suite de la création du ministère distinct de la
Technologie, le rattachement de la dimension technologie au ministère du
Commerce extérieur, d'abord, et plus récemment au
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, il avait
été convenu entre les deux ministres concernés, celui du
Commerce extérieur et celui de l'Enseignement supérieur et de la
Science, que ce programme serait transféré sous la
responsabilité du ministre responsable du Développement
technologique, ce qui a été fait. C'est pourquoi le programme ne
figure plus dans les crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Gendron: Donc, le programme demeure, mais plus chez vous.
M. Ryan: C'est ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va?
M. Gendron: On vérifiera. Je prends la parole du ministre.
Ce n'est pas cela qu'on va vérifier, mais plutôt si les
crédits prévus à l'autre ministère sont
dépensés.
On se rappelle que le gouvernement avait laissé tomber le projet
de la Maison des sciences et des techniques lors de son arrivée au
pouvoir. Périodiquement, selon mes informations, il y a divers
intervenants de toutes sortes, du privé, du gouvernement
fédéral, de la ville de Montréal, qui témoignent de
leur intérêt à relancer ce projet. La question
précise au ministre est la suivante: Avez-vous l'intention de le
relancer et, comme ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science, est-ce que vous êtes associé à ces pourparlers de
relance?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Comme les députés s'en souviennent sans
doute, le gouvernement, tout en attachant de l'importance à ce projet de
la Maison des sciences et des techniques à Montréal, avait
conclu, en 1986, qu'il fallait accorder la priorité au redressement du
financement
universitaire. J'ai déclaré à plusieurs reprises
que tant que nous n'aurions pas accompli des progrès sérieux dans
la réalisation de cet objectif, je préférais que l'autre
objectif soit mis en attente. C'est dans cette perspective que nous avons
décidé de mettre un terme aux activités de la corporation
qui était chargée de créer la Maison des sciences et des
techniques. Nous avons décidé, également, de remiser tous
les projets qui avaient été conçus à cette fin. Le
problème du financement des universités n'ayant pas encore
trouvé de solution raisonnablement satisfaisante, ainsi qu'en convient
lui-même le député d'Abiti-bi-Ouest, il ne peut pas
être question de relancer le projet de la Maison des sciences et des
techniques.
Cependant, depuis deux ans, des éléments, autres que le
gouvernement, ont tenté de prendre le relais pour ce projet. Autour de
M. David Culver, en particulier, président du Conseil Alcan-Aluminium,
s'est créé un groupe de travail qui essaie de mettre au point un
projet d'une maison des sciences et des techniques qui pourrait être
édifiée dans le secteur du Vieux-Port de Montréal, dans le
cadre d'un projet de modernisation de ce secteur, lequel serait mis en route en
vue des célébrations du 350e anniversaire de fondation de
Montréal, en 1992. Les responsables de ce projet, dont l'animateur
immédiat est M. Roger Gaudry, ancien recteur de l'Université de
Montréal, ont demandé de me rencontrer à plusieurs
reprises. Je n'ai pas eu le temps de le faire jusqu'à maintenant, mais
j'ai convenu avec ma collègue, la ministre des Affaires culturelles, de
les rencontrer sous peu. Ma collègue avait quelques voyages à
faire ces temps derniers en relation avec ses autres responsabilités,
mais dès que nous trouverons un moment, nous les rencontrerons
ensemble.
La semaine dernière, j'avais l'occasion de causer de ce projet
avec le maire de Montréal que je rencontrais à propos de
plusieurs sujets d'intérêt commun. J'ai donné l'assurance
au maire de Montréal que le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science n'a pas perdu son intérêt pour
ce projet. Il demeure disposé à en favoriser la
réalisation dans des conditions qui entraînent une participation
la plus raisonnable possible, évidemment, sur le plan financier. Mais,
d'après ce que j'ai compris du plan du groupe Culver, celui-ci
envisagerait un financement à 50 % par l'entreprise privée et
à 50 % par les corps publics. il aurait des garanties assez
intéressantes de participation du gouvernement fédéral. Le
maire de Montréal me disait que la ville de Montréal est
prête à participer. À ce moment-là, la contribution
éventuelle du gouvernement du Québec se situerait à un
niveau infiniment plus intéressant que ce que comportait le projet
original. Le projet original exigeait ' 107 000 000 $, tandis que celui-ci est
de l'ordre de 80 000 000 $ actuellement. Si en calcule que la participation du
gouvernement du Québec, susceptible d'ailleurs d'intéresser
plusieurs mi- nistères sous la forme que revêtirait le projet,
viendrait se situer probablement autour de la moitié, soit 40 000 000 $,
cela devient une perspective plus intéressante. Je pense que lorsque
nous aurons rencontré le groupe, Mme la ministre des Affaires
culturelles et moi-même serons en mesure de soumettre un rapport au
gouvernement.
M. Gendron: Est-il exact que 100 000 000 $ des 300 000 000 $ du
fonds de technologie prévu - c'est ce que je viens de dire, 100 000 000
$, donc, à peu près le tiers - iraient à la recherche
universitaire? Voici la question que je pose: Est-ce exact?
Deuxièmement, si c'est exact, combien le ministre prévoit-il
obtenir à ce chapitre en 1989-1990 et à quelle fin allez-vous
l'utiliser?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(16 h 15)
M. Ryan: De manière générale, le
renseignement qui s'est rendu jusqu'au bureau du député
d'Abitibi-Ouest reflète assez bien les intentions qui ont
été exprimées jusqu'à maintenant. Les
renseignements sur l'attribution précise des fonds pour la
première année de fonctionnement de ce nouvel organisme seront
communiqués en temps utile par le gouvernement, lorsque les
décisions auront été prises. Les décisions n'ont
pas encore été prises au moment où nous nous parlons. Je
voudrais souligner à ce sujet - il ne faut pas s'étonner de cela
- qu'une partie pourrait probablement être arrêtée plus
vite. Toute la partie qui consiste à recevoir des projets d'envergure de
l'extérieur et à mettre sur pied les procédures d'examen,
d'appréciation et de sélection, prendra un peu de temps, prendra
plusieurs mois. Tout comme cela s'est produit en Ontario, je ne pense pas que,
pour la première année du fonds, il faille attendre que tout
marche à pleine vitesse.
En ce qui touche le secteur universitaire, ce secteur est beaucoup plus
capable d'absorber les ressources additionnelles qu'on voudra mettre à
sa disposition. Du côté de ce secteur, les projets sont
très nombreux et très intéressants pour plusieurs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le programme 4?
M. Gendron: Oui, une autre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Gendron: Le Conseil de la science et de la technologie, dans
un avis, en octobre 1986, avait indiqué qu'il serait de mise
d'entreprendre certaines actions concrètes pour favoriser la
participation des femmes en science et en
technologie. Je ne sais pas si vous vous rappelez de cet avis d'octobre
1986. Si on ne se conte pas des peurs, la présence féminine n'est
pas tellement forte dans le domaine des sciences et de la technologie. Le
Conseil de la science et de la technologie avait transmis un avis et vous avait
indiqué un certain nombre d'actions qui auraient dû être
entreprises par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science pour corriger cette malencontreuse tendance qui ne reflète pas
la normalité des choses, compte tenu de la présence
d'au-delà de 50 % de la gent féminine dans la
société. Je voudrais savoir ce que vous avez fart comme actions
concrètes. Et comme je n'en ai pas vu, veuillez au moins m'indiquer
celles que avez l'intention d'entreprendre pour faciliter la présence
des femmes dans le domaine des sciences et de la technologie.
M. Ryan: Je vais répondre comme on le fait toujours. Un
comité d'étude a été mis sur pied au
ministère afin de concevoir et de rédiger un plan d'action. En
février 1988, ce comité a soumis son rapport qui prend la forme
d'un plan d'action gouvernemental sur la participation des femmes à la
science et à la technologie. Ce plan présente les propositions
d'action selon les ordres d'enseignement, chaque section constituant un
mini-plan d'action à l'intention des personnes oeuvrant à chaque
niveau. De ce point de vue, à chaque niveau, nous avons de nombreuses
initiatives. Par exemple, au ministère de l'Éducation, de
nombreuses publications et dépliants ont été mis à
la disposition des étudiants et des étudiantes du secondaire afin
d'intéresser les femmes au choix de carrière scientifique et
technique. De même, au collégial, dans le programme de diffusion
de la culture scientifique, nous avons institué un volet spécial
à l'intention des programmes soumis par des groupes féminins.
Dans le cadre de ce programme, cette année, je pense que nous avons
financé huit projets distincts.
Je souligne que le problème trouvera sa solution dans la
formation d'un nombre de plus en plus grand de femmes dans les carrières
scientifiques et techniques. Les données dont nous disposons indiquent
que la proportion des femmes s'inscrivant dans des carrières
scientifiques et techniques ne cesse d'augmenter. Dans le domaine des sciences
pures et appliquées, il serait intéressant de noter la proportion
des diplômes universitaires qui ont été obtenus par des
femmes. En 1983, 23,7 % des baccalauréats décernés par nos
universités étaient attribués à des femmes. En
1987, la proportion était de 29,7 %. Nous sommes passés de 26,3 %
en 1985 à 29,7 % en 1987. La proportion des maîtrises est
passée de 22 % en 1985 à 24,2 % en 1987 et la proportion des
doctorats de 16,4 % à 18,2 %.
M. Gendron: Pour toutes sortes de raisons, sur le plan
historique, je me rappelle toujours l'anecdote que je soulignais à ma
collègue, la députée de Hull. On lui avait souhaité
de doubler sa majorité - elle avait eu deux voix de majorité -
alors, je lui disais: J'espère qu'à la prochaine, tu vas doubler
ta majorité. Si elle l'avait doublée, elle serait montée
à quatre.
Alors, quand on part d'un extrême, de tellement loin, si on
regarde uniquement les statistiques, M. le ministre, c'est sûr qu'il doit
y avoir eu une très modeste et infime progression. La question allait
plus dans le sens suivant: Est-ce que, comme ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, vous entendez mener certaines actions
concrètes pour favoriser la participation des femmes en science et en
technologie, conformément au suivi de l'avis du Conseil de la science et
de la technologie? J'aimerais mieux que vous ayez quelque chose à
déposer, mais s'il n'y a pas de gestes concrets de posés, je ne
suis pas content de la situation, mais cela me satisfait par rapport à
la question posée.
M. Ryan: Nous enverrons au député un
complément d'information sur les initiatives qui ont été
instituées dans ce domaine. Je signale, encore une fois, que lorsqu'on
est rendu à un nombre annuel de 25 000 diplômes de
baccalauréat décernés par l'université et que la
majorité de ces diplômes sont décernés à des
femmes et que, dans le secteur des sciences, la proportion des femmes qui
obtiennent des diplômes est rendue à 30 %, alors qu'on partait de
20 % il y a à peine sept ou huit ans, je pense qu'il y a une progression
constante. Cela est beaucoup plus important que toutes les brochures ou
dépliants que pourrait distribuer le gouvernement aux frais de la
princesse.
M. Gendron: M. le Président, j'ai un autre
élément dans le programme que nous étudions, le programme
4. Je veux toucher au Fonds pour la formation - c'est-à-dire que c'est
un autre programme. J'ai terminé le programme 4.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, est-ce que
le programme 4 est adopté?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division.
M. Gendron: Je veux vous indiquer que contrairement - cela sera
court...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui.
M. Gendron: ...aux informations qu'on avait données au
ministre de l'Éducation, ma collègue de Chicoutimi aurait une
question à poser sur les immobilisations. Je la laisserais lui poser
avant de passer au FCAR, avant de passer à l'autre programme.
La Président (M. Parent, Sauvé): Le porte-parole de
l'Opposition, M. ie ministre, nous informe que sa collègue, la
députée de Chicou-timl, aimerait immédiatement poser une
question sur le programme 1, Administration, et après ça nous
reviendrions au programme 7. Je pense que c'est bien acceptable comme
proposition. Alors, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président, de votre
amabilité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah, je suis
toujours comme ça!
École de pilotage de
Saint-Honoré
Mme Blackburn: M. le Président, une question brève,
dans le fond, à laquelle le cégep de Chicoutimi souhaitait avoir
une réponse plus officielle, plus formelle et dans les meilleurs
délais. Le ministre a sans doute été informé par
ses fonctionnaires d'un projet d'agrandissement de l'école de pilotage.
Ce projet d'agrandissement, qui est de l'ordre de 1 000 000 $, me dit-on, a
reçu l'aval des fonctionnaires. Ce qu'on me dit de l'état
d'avancement de ce dossier, c'est qu'il resterait, à toutes fins utiles,
à avoir l'autorisation du ministre pour prévoir, selon un
échéancier à établir, l'agrandissement de
l'école de pilotage.
Je voulais savoir s'il est exact que le collège peut s'attendre,
au cours de la prochaine année financière, à avoir les
sommes requises pour procéder à l'agrandissement. Sinon, quels
sont ses projets?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Nous avons effectivement été saisis de ce
plan d'agrandissement de l'école de pilotage de Bagotville, pour
laquelle j'ai la plus haute considération.
Mme Blackburn: Saint-Honoré. Une voix:
Saint-Honoré. Mme Blackburn: Saint-Honoré.
M. Ryan: En tout cas, pour moi, c'est voisin.
Mme Blackburn: il ne faut pas être de la
région...
M. Ryan: En avion, c'est vite fait.
Mme Blackburn: C'est même dans un autre comté.
M. Ryan: Très bien. En F-18, ça se fait très
vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: il parait que ça procure des sensations
aussi.
M. Ryan: Nous avons trouvé ce projet pertinent et
intéressant. Nous l'avons même inclus dans le plan triennal que
nous avons soumis au Conseil du trésor, pour examen. Ce plan est
présentement à l'étude. On devrait statuer à ce
sujet - je dirai, pour être prudent - avant l'ajournement du 23 juin ou
du 20 juin, avant l'ajournement normal de la session. Mais c'est un projet qui
nous apparaît très pertinent. L'école de pilotage de
Saint-Honoré occupe une place très intéressante dans le
domaine de la formation professionnelle de niveau collégial. Et
j'apprenais, lors d'une visite toute récente à Chicoutimi, que
des pourparlers se poursuivent entre l'école et les autorités de
l'Université du Québec à Chicoutimi pour trouver des modes
de collaboration entre les deux ordres d'Intervention, démarche qui
m'est apparue très intéressante aussi.
Mme Blackburn: Je suis heureuse, M. le Président, que M.
le ministre ait eu l'occasion de vérifier sur les lieux le dynamisme de
la région. Je l'ai toujours connu. Il y a aussi - et je pense qu'il faut
le signaler - une excellente collaboration entre les collèges de la
région - il y en a quatre - et l'université. Je pense pouvoir
dire qu'avec le nouveau recteur, il n'y a pas de chance que la situation se
modifie. Je sais qu'il y a des collaborations équivalentes qui sont
établies avec le cégep de Jonquière, plus
particulièrement avec Arts et technologie des médias. Je pense
qu'on vous a informé aussi de ces projets-là. Alors, je me
réjouis que le ministre ait pu prendre connaissance de la situation sur
place, parce qu'il n'y a rien comme de le voir et de se le faire dire par les
gens concernés, sur les lieux mêmes, pour se laisser convaincre
finalement qu'il y a des choses faisables dans la région qui ne sont pas
toujours apparentes, de ce qu'on voit d'ici, de Québec.
M. Ryan: La députée de Chicoutimi a pu se rendre
compte, à l'occasion de cet événement récent qui
voulait marquer le 20e anniversaire de fondation de l'Université du
Québec à Chicoutimi, de l'excellente qualité des rapports
qui existent entre l'Université du Québec à Chicoutimi et
le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Nous
en sommes très heureux de part et d'autre, j'en suis sûr.
Mme Blackburn: J'ai également constaté que le
ministre avait souligné, avec étonnement m'a-t-il semblé,
le haut niveau de qualification du corps professoral de l'Université du
Québec à Chicoutimi, lequel détiendrait, selon nos
données, la plus grande proportion de professeurs détenant des
doctorats.
M. Ryan: Dans le réseau des constituantes de
l'Université du Québec. On m'a fait dire dans le journal que
c'était dans tout l'ensemble des universités du
Québec.
Mme Blackburn: Oui, j'ai pensé que c'était un peu
grand.
M. Ryan: Non, c'est dans le réseau de l'Université
du Québec. Il ne faudrait pas non plus partir pour la gloire.
Mme Blackburn: Oui, moi aussi j'ai pensé qu'il y avait
quelque chose un peu... Mais par comparaison, je pense qu'à McGill, il
n'y a pas de doute possible, il y en a plus. Mais pour les autres
universités, j'étais moins sûre. De toute façon,
ça sera toujours verifiable. C'est une université qui est
performante. J'étais contente que le ministre puisse venir le constater
sur les lieux.
Une toute autre question qui n'était pas prévue. J'en
profite comme mon collègue s'est absenté pour quelques minutes.
Je sais que le professeur Berger a présenté une demande de
subvention pour les études des effets des tremblements de terre sur la
population et la mise en place, également, d'une équipe de
travail pour l'étude des mouvements sismologiques. Je sais que
l'essentiel de la demande touche davantage sa collègue, mais je sais
également que l'on a attiré l'attention du ministre sur cette
demande de subvention. Je voulais savoir s'il y avait évolution dans le
dossier.
M. Ryan: il n'y a pas de développement à ce
moment-ci. Mais j'ai dit au promoteur de ce projet que j'allais en causer avec
mon collègue, le ministre de l'Énergie et des Ressources dont
l'intérêt pour ce genre de question me semble devoir être
primordial. J'en causerai également avec la ministre de l'Environnement
qui n'est pas étrangère à ces considérations. Et si
nous pouvons, ensemble, trouver les moyens qui permettraient de soutenir ce
professeur dont l'importance stratégique des travaux ne saurait
être mise en doute, nous le ferons volontiers. (16 h 30)
Mme Blackburn: M. le ministre, je vous remercie.
Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Merci, M.
le ministre. Merci, Mme la députée de Chicouti- mi. Ce fut un
plaisir de vous avoir parmi nous.
J'appelle maintenant le programme 7, Fonds pour la formation de
chercheurs et l'aide à la recherche. M. le ministre, on aborde
immédiatement la période de questions? M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. le président de la commission nous
Indique, M. le ministre, qu'on passerait tout de suite au programme 7, le
FCAR.
Le Président (M. Parent, Sauvé): il n'y a pas de
présentation officielle. M. le ministre, on apprécierait beaucoup
que vous nous présentiez la personne qui vient de se joindre à
vous à la table.
M. Ryan: Dès qu'on m'en donnera l'occasion, je le ferai
avec plaisir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de vous
présenter Mme Querido, présidente-directrice
générale du FCAR et qui accomplit dans cette fonction un travail
magnifique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, il nous
fait plaisir de vous accueillir. M. le député.
M. Gendron: M. le ministre et Mme Querido, je voudrais
présenter encore là un peu la problématique des bourses
d'excellence et du fonds des chercheurs et l'aide à la recherche.
J'aurai quelques questions précises à poser. Je vous l'ai dit
tantôt, dans la présentation globale du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, les crédits
s'élèvent à tant, mais on en verra l'augmentation dans le
discours sur le budget. Donc, c'est embêtant de faire un long laïus
sur les crédits, je ne les ai pas, même si on me demande de les
étudier. Tout ce que je vais noter, c'est que, lentement, ce fonds a
évolué: 31 000 000 $, 31 568 000 $ en 1986-1987 - donc, une
réduction par rapport à 1985-1986 - 32 000 000 $ en 1987-1988; 35
000 000 $ en 1988-1989 et 37 000 000 $ en 1989-1990. Avec la réserve que
j'ai indiquée tantôt, il ne s'agirait là que d'un
début de beurrage de tartine, parce que c'est le budget qui va nous
indiquer combien nous aurons exactement a la fin.
En juillet 1988, le fonds présenta son plan triennal
d'activités pour 1988-1991, qui, selon le cahier des crédits,
reçut l'approbation du gouvernement. Ce que je note, c'est que le
gouvernement dit oui au plan, mais je suis obligé de constater
aujourd'hui qu'il n'a pas les budgets pour donner suite au plan qu'il a
approuvé. Peut-être que ça viendra lors du discours sur le
budget, mais je n'ai pas le discours sur le budget. C'est rare que je fais
comme la députée de Jacques-Cartier, c'est-à-dire envoyer
des lettres directement au premier ministre en disant: Je ne peux pas
m'adresser au ministre de l'Éducation, parce qu'il est dur d'oreille.
Alors, en vertu de ce plan, le fonds évaluait ses besoins à
environ 45 000 000 $ pour 1989-1990. Alors, je ne sais pas si, dans le discours
sur le budget, le soir de la grande première, avant l'autre pre-
mière, le ministre des Finances annoncera 47 000 000 $, 48 000
000 $ ou 50 000 000 $; je ne le sais pas.
En ce qui concerne les bourses, car dans le FCAR, il y a
également les bourses d'excellence, ce que j'observe, c'est qu'elles
demeurent gelées en 1989-1990 à 7500 $ pour la maîtrise,
soit le même montant qu'en 1984-1985. Alors, j'ai un problème. Je
dis que si les 7500 $ en 1984-1985 ont la même valeur qu'en 1989-1990,
là, on a un problème. Je pense que cela n'a pas la même
valeur. En conséquence, je pense que les bourses en ce qui a trait
à la maîtrise devraient être augmentées. Quant aux
bourses de doctorat, elles seront maintenues à 10 000 $. Elles n'ont
connu qu'une augmentation cette année. En cinq ans, c'est la
première augmentation que les bourses de doctorat auront obtenue. Dans
un avis de l'automne 1987, le Conseil des universités avait
recommandé au ministre de permettre au fonds de hausser la valeur de ces
bourses, tout en maintenant le taux de succès pour les nouvelles
demandes à 25 %, donc, de consentir les crédits accrus
réclamés. Donc, 17 000 000 $ plutôt que ce que vous avez
obtenu, soit 10 600 000 $. Tout le monde convient qu'une augmentation des
bourses est vue par ceux qui ont une opinion ià-dessus comme un moyen de
remédier en partie, non pas complètement, au problème de
faible taux de diplomation et de prolongation des études
supérieures. D'ailleurs, toutes les associations d'étudiants
gradués ont entrepris une campagne afin d'augmenter de 3 000 000 $
l'enveloppe budgétaire des bourses attribuées aux chercheurs
étudiants, conformément à la demande formulée par
le fonds. J'aimerais, M. le ministre, avant de passer aux questions
précises, que vous m'envoyiez une copie de ce plan que le gouvernement a
autorisé, puisqu'il a donné son approbation au plan triennal
d'activités 1988-1991 du FCAR. J'aimerais l'avoir.
Une voix: Les grandes lignes.
M. Gendron: Oui, on en connaît les grandes lignes, mais je
suis convaincu que le gouvernement a probablement adopté autre chose que
les grandes lignes, et je voudrais donc avoir le plan comme tel, celui auquel
le gouvernement a donné son approbation. Ce serait intéressant de
savoir exactement ce à quoi il a donné son approbation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Gendron: Non, il m'a fait signe que oui, qu'il allait
m'envoyer ça.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est donc signe
que vous allez l'avoir.
M. Gardner:...
M. Gendron: Oui, oui, bien sûr. C'est évident. Je
n'ai jamais demandé de privilège, M. le député
d'Arthabaska. Ce qui vient à moi devrait parvenir à tous les
membres de cette commission.
Comment le ministre justifie-t-il la stagnation des crédits du
FCAR en 1989-1990 et l'écart entre ceux-ci et les besoins
identifiés au plan triennal que le gouvernement nous a dit - d'ailleurs,
vous l'avez dit dans votre présentation - avoir approuvé? La
question que je pose est la suivante. Même si, d'après vous, on va
connaître le secret de Fatima dans le discours sur le budget,
êtes-vous en mesure de nous Indiquer, à ce moment-ci, le montant
des crédits que vous allez revendiquer comme ministre par rapport au
FCAR pour l'année 1989-1990, autres que celui qui figure au livre des
crédits? Vous avez sûrement fait une demande au bureau du premier
ministre et au ministre des Finances. Pourquoi, cette année,
acceptez-vous que les crédits au FCAR ne soient pas aux crédits
du FCAR, mais qu'ils soient rendus publics dans le discours sur le budget?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M le ministre.
M. Ryan: Je voudrais peut-être en finir avec cet argument
qui revient d'une manière circulaire depuis le début de la
journée concernant certaines initiatives que le gouvernement juge
opportun de consigner au budget plutôt que dans le livre des
crédits. Il me semble que cette décision relève
entièrement de la discrétion gouvernementale. Il n'y a de
règle écrite nulle part à ce sujet; il n'y a d'obligation
nulle part. Il appartient au gouvernement de faire son lit et de choisir le
moyen par lequel il annonce ses décisions budgétaires.
Dans les budgets de chaque gouvernement, il y a toujours un certain
nombre de décisions qui sont communiquées à ce
moment-là plutôt que dans le livre des crédits. Ce n'est
pas nouveau. On a connu ça. Depuis que je suis les finances publiques,
il y a des choses de cette nature qui se produisent à l'occasion du
discours sur le budget. Par conséquent, si le gouvernement juge qu'il
n'est pas prêt, au moment de la préparation du livre des
crédits, à prendre toutes les décisions attendues de lui,
qu'il veut attendre de connaître l'état précis des finances
publiques et d'avoir mesuré avec plus de prudence les implications de
certains choix, il lui est entièrement loisible d'agir de cette
manière. Le discours sur le budget donne lieu à un débat
qui dure deux à trois semaines à l'Assemblée nationale et
nous avons tout le temps voulu pour en approfondir tous les
éléments. Par conséquent, c'est une opération en
deux phases, c'est évident. La décision est prise par le
gouvernement dans son ensemble. J'en suis solidaire. Quand un ministre ne veut
plus être solidaire d'une chose, nous savons tous ce qu'il fait, s'il est
logique et conséquent avec lui-même.
Quant à donner des précisions sur le montant des
crédits que j'ai demandé, non, je ne pense pas que ce soit la
place. J'ai fait mes demandes comme tous les autres ministres à titre de
membre d'un gouvernement; ces demandes étalent d'ordre tout à
fait réservé au gouvernement. Ce sont les décisions qui
ressortent des discussions qui doivent être communiquées et non
pas les revendications particulières de chaque ministre au stade de la
révision de programmes ou de l'examen des demandes additionnelles de
crédits. Par conséquent, je ne peux donner de réponse
à la deuxième question.
M. Gendron: Sur le commentaire, rapidement. C'est justement parce
qu'il n'y a pas de règle écrite que cela devient discutable. Je
voudrais vous indiquer que j'ai le droit de prétendre, d'autant plus que
je ne suis pas venu au monde avant-hier, et que, dans certains cas, il n'est
manifestement pas du tout question d'être prêt ou non, mais de
stratégie gouvernementale, et vous avez le droit d'en faire, comme j'ai
le droit de la critiquer et c'est ce que j'ai fait... Je prétends que,
quand on nous convoque ici pour étudier les crédits, ce n'est pas
du tout comparable aux 25 heures de placo-tage en Chambre sur le discours sur
le budget parce qu'il n'y a pas d'autres thèmes. Il n'y a pas de
débat, il n'y a pas de fonctionnaires. Il n'est pas du tout possible
d'avoir des instruments, des outils de travail comme on en a pour
l'étude des crédits. Le règlement est très clair:
aux crédits, il fait prescription au législateur de nous donner
des informations pertinentes pour faire une job convenable. À partir du
moment où vous ne mettez pas les crédits à leur place,
vous savez bien que ça ne nous donne pas la capacité de nous
acquitter de notre responsabilité au même titre en faisant un
discours de 20 minutes en Chambre où je dirai effectivement ce que
j'aurai à dire.
Je ne veux pas parler plus longuement là-dessus. Je voulais juste
vous dire que vous aviez raison de dire qu'il n'y a pas de règle. Alors,
justement, parce qu'il n'y a pas de règle, ça me donne autant le
droit de prétendre que ce serait préférable qu'on l'ait
dans les crédits et ça vous donne le droit, vous, comme membre du
gouvernement, de dire ce que vous avez dit. Donc, je trouve que c'est clos
quant à cet aspect.
Comment le ministre peut-il expliquer...
M. Ryan: Gros progrès. Cela va être un gros
progrès si c'est clos. Le but est atteint.
M. Gendron: Comment le ministre peut-il expliquer que le fonds de
3 000 000 $ qui avait été sollicité comme enveloppe par
les anciens étudiants gradués n'ait pas été obtenu
lors des crédits pour appuyer les étudiants en termes de plus
grande diplomation? S'il avait fait une évaluation de 3 000 000 $ au
chapitre des bourses, c'est parce que c'était ultimement requis.
Là-dessus, pour les crédits, je n'ai pas l'information, à
savoir ce dont le grand sage va parler lors du discours sur le budget. Alors,
comment expliquez-vous le fait qu'on ne retrouve pas cette somme de 3 000 000 $
dans les crédits pour l'augmentation des bourses, ce qui n'a pas
bougé depuis cinq ans?
M. Ryan: Pour commencer, il y a peut-être une chose dont on
devrait faire le rappel. Dans les crédits 1988-1989, nous avions inscrit
une mesure en vertu de laquelle les bourses d'excellence ne sont
comptabilisées qu'à 50 %, contrairement à 100 % pour les
autres revenus, pour les fins du calcul des revenus de l'étudiant qui
doivent servir pour la détermination de l'aide financière
à laquelle il aura droit.
Par conséquent, de ce côté-ci, il y a une mesure
importante qui a été prise dès 1988-1989 pour la
catégorie d'étudiants dont parle le député
d'Abitibi-Ouest. En plus, dès l'année 1988-1989, à l'aide
des crédits additionnels de l'ordre de 10 % qui lui furent
attribués en année académique, le FCAR a pu augmenter la
valeur des bourses de doctorat et des bourses postdoctorales. La bourse de
doctorat qui était de 8500 $ en 1987-1988 a été
portée à 10 000 $ et la bourse postdoctorale - nous avions
décidé de mettre l'accent sur cet aspect - a été
portée de 16 000 $ à 22 000 $. Il est vrai que la bourse de
maîtrise est demeurée stationnaire à 7500 $. Il est dans
nos intentions de l'ajuster aussi parce que nous convenons que n'ayant pas
été ajustée depuis plusieurs années, elle est
devenue inférieure aux besoins réels. Je pense que c'est un point
qui est souligné avec beaucoup de pertinence par le député
d'Abitibi-Ouest, et je seconderai ses démarches auprès du
gouvernement.
M. Gendron: Mais, pour vous appuyer davantage et pour vous
seconder, j'aimerais savoir si vous avez présenté une demande de
crédits additionnels et si vous attendez quelque chose dans le budget
concernant ce que vous venez de dire. Cela me ferait plaisir de vous appuyer
parce que ce serait concret.
M. Ryan: Je ne puis répondre à cette question parce
que c'est une question d'ordre confidentiel pour le gouvernement à ce
stade-ci.
M. Gendron: Le ministre peut-il nous informer du nombre de
bourses allouées par année depuis 1985 par rapport au nombre de
demandes?
M. Ryan: Si on veut bien écouter Mme Querido, elle pourra
fournir des renseignements pertinents sur ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Querido (Christiane): On donne à chaque
année...
M. Gendron: Je voudrais connaître le nombre depuis
1985.
Mme Querldo: Oui, depuis 1985.
M. Gendron: Par année et par rapport au nombre de
demandes.
Mme Querido: Écoutez, si je peux les retrouver, je pense
qu'on avait ça dans le plan triennal, je pourrai vous donner les
chiffres exacts.
M. Gendron: Non, mais regardez, madame... (16 h 45)
Mme Querido: Oui. Je les ai. Depuis 1985, la demande a
été assez stable. Les demandes sont de l'ordre de 5000. Disons
que ça peut varier entre 5000, 5200 et 5300. Depuis cette année,
le nombre de bourses que nous donnons est assez stable, c'est 1500. Mais il
faut comprendre que ce sont là les nouvelles bourses et les
renouvellements. La bourse de maîtrise est valable pour cinq semestres et
la bourse de doctorat pour trois ans. Donc, c'est l'ensemble des nouvelles
bourses et des renouvellements qui donne 1500. En termes de proportion, on
donne plus de bourses de maîtrise que de bourses de doctorat. Nous
donnons environ 800 bourses de maîtrise et 700 bourses de doctorat. Cette
proportion, ce nombre de bourses reste stable.
Maintenant, si on ne reprend que les nouvelles bourses accordées,
le taux de succès des nouvelles bourses se situe à peu
près à 22 %.
M. Gendron: Ça aussi, c'est stable depuis quatre ou cinq
ans?
Mme Querido: Cela a diminué à un moment
donné, disons, jusqu'à 18 %. Mais depuis l'an dernier, on a
remonté un peu le pourcentage du taux de succès.
M. Gendron: Quelle est la proportion des boursiers du FCAR qui
obtiennent leur diplôme?
Mme Querido: Pardon?
M. Gendron: Quelle est la proportion des boursiers du FCAR qui
obtiennent leur diplôme? Il y a 80 % des boursiers qui obtiennent leur
diplôme, 20 %, 60 %, 70 %?
Mme Querido: il se fait actuellement une étude sur la
relance des boursiers où justement le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science veut voir le taux de diplômés
des boursiers. Donc, cette étude devrait être connue d'ici le mois
de juin et avant de confirmer le taux de succès en termes de diplomat
Ion des boursiers... Mais, pour que ce soit valable, il faudrait aussi le
comparer au taux de diplomation des gens qui n'ont pas de bourse ou à
tous les autres facteurs, mais pour le moment, je ne peux pas répondre
à cette question.
M. Gendron: Comment expliquez-vous ça, madame, que le
niveau de demandes soit assez stable depuis quatre ou cinq ans alors qu'il me
semble que naturellement, en tout cas, on devrait s'attendre que le nombre de
boursiers au niveau de la maîtrise ou des études doctorales
augmente puisque les clientèles augmentent? Le ministre se glorifiait
tantôt, un peu avec raison, de l'heureuse nouvelle de l'augmentation de
la diplomation tant au niveau du deuxième cycle universitaire que du
troisième. Comment expliquer qu'il y aurait une certaine
stabilité des demandeurs de bourses?
Mme Querido: On peut avancer des hypothèses, dont celle de
la valeur de la bourse. C'est aussi un facteur qui influe sur la demande. Le
fart, également, de la valeur réelle de la bourse,
c'est-à-dire...
M. Gendron: Elle n'est pas assez significative.
Mme Querido: Elle n'est pas assez significative. On peut avancer
des hypothèses. Cela peut être un des facteurs. L'autre facteur,
c'est que la sélectivité est trop grande. Donc, c'est une bourse
de faible niveau. Le taux de succès est aussi faible en termes
réels, c'est-à-dire qu'on a une chance sur cinq d'en obtenir une.
Cela peut être des facteurs qui font la stabilité de la demande.
Maintenant, la fréquentation des programmes de maîtrise et de
doctorat n'a pas non plus, en termes absolus, augmenté tellement ces
dernières années en chiffres réels.
M. Ryan: M. le Président..
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: ...juste un complément d'information. Il y en a
beaucoup qui sont éloignées parce que ce sont des bourses
d'excellence données à des étudiants qui ont atteint des
résultats très élevés. Un étudiant qui a des
résultats moyens n'a pas d'affaire là. En plus, pour les
étudiants qui ne sont pas parmi le tout premier rang, il y a le
régime de prêts et bourses ordinaire, qui accorde l'aide
financière à beaucoup d'étudiants au niveau de la
maîtrise et même du doctorat aussi. Pour avoir un tableau complet,
il faudrait ajouter ce volet. Encore une fois, ce sont des bourses
d'excellence.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Pour la persévérance, nous tenons beaucoup
à ces renseignements que le fonds est en train de recueillir, mais je
conviens qu'il est difficile de les avoir de manière précise
parce
qu'il arrive souvent qu'une personne émergera au budget du
programme de bourses... Quel est le nombre maximum de semestres permis pour la
maîtrise?
Mme Querido: Cinq semestres M. Gendron: Cinq.
M. Ryan: il y en a beaucoup qui vont prendre six, sept, huit
semestres avant de terminer leur maîtrise. À ce moment-là,
dans les livres du fonds, dans l'immédiat, ils seraient classés
comme n'ayant pas produit mais cela peut être des gens qui seront bien
meilleurs au bout de la ligne que ceux qui sont passés dans les cinq
semestres. C'est pour cela que ce n'est pas facile d'avoir ces renseignements
de manière précise.
M. Gendron: Avez-vous des informations, madame, au sujet du
comportement des boursiers - toujours pour des bourses d'excellence - par
rapport au gouvernement fédéral? Le gouvernement
fédéral, à plusieurs égards, offre lui aussi des
bourses d'excellence à des institutions, etc. Est-ce qu'il constate
aussi cette stagnation de la demande pour l'excellence depuis les quatre ou
cinq dernières années?
Mme Querido: La clientèle du gouvernement
fédéral, c'est la clientèle pancanadienne. Il y a une
légère augmentation du nombre de la demande mais je pense qu'il y
a aussi une stabilité des clientèles canadiennes puisque ces
bourses ne s'adressent qu'aux résidents canadiens dans les programmes
d'étude, en particulier en sciences et en génie. Vous savez qu'en
sciences et en génie, pour ce qui est du doctorat, il y a même une
tendance de diminution des clientèles étudiantes. Donc, je pense
que le phénomène de progression qu'on a au Québec se
marque à l'échelle pancanadienne.
M. Gendron: Quel est le montant des bourses que le
fédéral accorde pour ce qui est de la maîtrise et du
doctorat?
Mme Querido: Si on prend les trois organismes, à partir de
1989, les bourses du conseil des sciences et de génie ont connu une
augmentation substantielle. Les bourses en sciences sont de 15 000 $ et de 13
500 $. Les bourses en sciences humaines sont rendues à 13 000 $. Du
côté biomédical, elles sont aussi de 13 000 $ et de 15 000
$.
M. Gendron: Pour ce qui est de la maîtrise ou du
doctorat?
Mme Querido: il y a des organismes qui ne font pas de distinction
de valeur de la bourse entre les deux niveaux. En sciences et en génie,
pour le Conseil national de recherche du Canada, c'est la même valeur de
bourses aux deux niveaux. Le Conseil de recherches en sciences humaines du
Canada n'accorde pas de bourse de maîtrise; y n'accorde que des bourses
de doctorat et le Conseil de recherche médicale n'a qu'une valeur de
bourses pour les deux niveaux.
M. Gendron: Ma question s'adresse au ministre de
l'Éducation parce que je prétends qu'elle rejoint plus les
responsabilités du ministre. En novembre on vous a
présenté un énoncé de politique sur le financement
des équipements de recherche, M. le ministre de l'Éducation. Je
voudrais savoir quelles suites vous avez données à cette demande
et j'aimerais avoir éventuellement une copie de l'énoncé
de politique sur le financement des équipements de recherche qui vous a
été acheminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, la copie des documents qui m'avaient
été soumis par le FCAR vous sera communiquée volontiers.
Deuxièmement, nous avons tenu compte des propositions contenues dans ce
document dans les demandes que j'ai soumises au gouvernement pour des
crédits additionnels pour l'année 1989-1990. Il y a un volet qui
traite de ces sujets. C'étaient des propositions très
intéressantes, une perspective étalée sur quelques
années, pour un plan de renouvellement des équipements
scientifiques. Je pense que c'était un document très
pertinent.
M. Gendron: Ma question peut s'adresser à madame Querido
ou au ministre. Le premier ministre canadien avait annoncé un fonds
fédéral de développement technologique de 1 300 000 000 $.
M. le ministre avait dit: On va essayer d'être de bons
négociateurs dans ce dossier pour obtenir la part qui nous est due. Il y
avait deux volets. Il y avait 80 000 000 $ de prévus pour les bourses
d'excellence. Vous avez fait connaître publiquement que vous
prétendiez obtenir 25 % de ces sommes. Je sais qu'il y a des demandes
que le Québec a faites à même ce que je viens d'indiquer.
Je voudrais savoir si, comme gouvernement du Québec, on a
commencé à recevoir des réponses de nos demandeurs
à même ces 80 000 000 $ pour les bourses d'excellence. Pour les
centres, c'était 240 000 000 $ et pour les bourses d'excellence, on
était supposé avoir 80 000 000 $ de ce fonds de 1 300 000 000 $.
Est-ce que le ministre de l'Éducation peut nous indiquer si on commence
à recevoir des réponses positives des demandeurs et combien il y
aurait de demandes de nos citoyens québécois à même
ce fonds de technologie?
M. Ryan: Le premier ministre du Canada avait annoncé, au
début de l'année 1988 je pense, ce fonds de 1 300 000 000 $ pour
le développement scientifique et technologique. Je
crois que c'était une annonce un peu improvisée parce que
lorsqu'il s'est agit de mettre du contenu, il a fallu attendre un certain temps
par la suite. Le premier volet qui a été dévoilé
fut celui des bourses d'excellence. C'est un programme de 240 000 000 $, de 200
000 000 $...
M. Gendron: Non. 240 000 000 $, c'était pour les centres
d'excellence.
M. Ryan:... de 80 000 000 $ pour les bourses.
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: C'est pour des candidats à l'étude du
génie et des sciences naturelles.
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: Le Québec a eu sa part, soit à peu
près 25 %. Les bourses ont été attribuées sous une
direction dont la gestion a été confiée à
l'Association des collèges et universités du Canada, mais la
sélection des boursiers se fait par chaque établissement
universitaire. Le gouvernement fédéral aurait souhaité
instituer cette année un examen national d'admission à ces
bourses. C'était une manière à peine voilée de
franchir un premier pas vers une influence directe sur les programmes, sur les
normes d'admission en enseignement universitaire. Nous avons dit avec
fermeté au gouvernement fédéral que ce genre
d'intervention ne relevait pas de sa compétence.
M. Gendron: Et il vous a écouté.
M. Ryan: La deuxième année, il a été
obligé de fonctionner comme pour la première année...
M. Gendron: Bravo!
M. Ryan:... contrairement à l'intention qu'il avait
exprimée. Nous avons fait part de notre volonté de manière
aussi catégorique que possible; ce n'est pas peu dire, d'après la
légende qu'on crée parfois à notre sujet. Alors, c'est
réglé pour la présente année. Avec le
fédéral, à long terme, on ne sait Jamais de manière
absolue.
M. Gendron: Vous voyez, quand on ménage nos mamours, de
temps en temps, cela donne des résultats un peu plus probants que ceux
obtenus par le premier ministre du Québec avec M. Mulroney, dans
certains dossiers.
M. Ryan: Le premier ministre est un homme modeste; il ne vous dit
pas toujours ce qu'il dit lors des réunions privées. Et c'est
dans les réunions privées que cela se passe, non pas dans les
déclarations sur les "hot stages". L'autre jour, dans un journal
anglophone, je voyais justement un compte rendu des discussions qui ont eu lieu
au lac Meech.
M. Gendron: Je voulais avoir une déclaration, cela s'en
vient bien. Allez!
M. Ryan: On disait que cela ne s'était pas passé
dans le genre mamours, dont parle le député d'Abitibi-Ouest. En
ce qui concerne les bourses d'excellence, cela complète la question.
Ensuite, il a annoncé le programme d'un réseau national de
centres d'excellence. C'est un programme visant à mettre des chercheurs
de différentes universités en liaison les uns avec les autres
pour qu'ils puissent entreprendre, par la voie de la concertation, des projets
de plus grande envergure qui pourront permettre au pays d'entrer de plain-pied
dans l'âge technologique. Par exemple, cela veut dire qu'un projet peut
être conçu par un chercheur de l'Université de Sherbrooke
qui se rend compte que des chercheurs de l'Université de Carleton, de
l'Université d'Alberta, à Calgary, et de l'Université de
Colombie britannique sont également engagés là-dedans. Il
se met en relation avec eux et ensemble, ils conçoivent un projet dont
la direction sera assurée par l'un d'entre eux. Comme je le disais
tantôt, il y a 158 projets, je pense, qui ont été soumis au
gouvernement fédéral dans le cadre de ce programme. Ce programme
prévoit des crédits de 240 000 000 $ pour les centres
d'excellence. Alors, 80 000 000 $, plus 240 000 000 $. (17 heures)
En plus, le gouvernement fédéral a décidé de
verser aux quarts subventionnaires fédéraux, c'est-à-dire
les trois quarts subventionnaires fédéraux, l'un pour les
sciences naturelles et le génie, l'autre pour les sciences sociales et
l'autre pour la recherche médicale, des sommes totales de l'ordre de 200
000 000 $. Cela est très intéressant pour nous du Québec.
Comme vous le savez, nous recevons déjà, au titre du Conseil de
la recherche médicale du Canada, environ 30 % des subventions de
recherche.
Nous recevons à peu près 27 % à 28 % des
subventions de recherche versées par le conseil canadien des recherches
en sciences humaines. Notre part dans les subventions en provenance du Conseil
de recherches en sciences naturelles et en génie est plus faible encore,
elle est autour de 20 %. Il nous reste à progresser de ce
côté. Plus des fonds sont attribués à ces
organismes, plus la chance pour nos chercheurs de pouvoir compter sur un
soutien financier plus substantiel est accrue d'autant. Voilà ce que je
peux communiquer au sujet de ce programme fédéral de 1 300 000
000 $. La différence semble devoir être orientée vers des
projets concernant plus immédiatement le secteur industriel.
M. Gendron: Là, si on fait l'addition de ce que vous avez
dit, M. le ministre, il nous manque 800 000 000 $ qu'on ne trouve nulle part,
alors ça corrobore peut-être ce que vous avez dit, soit
que cette annonce de 1 300 000 000 $ était un peu
prématurée. Et, actuellement, on n'en trouve que 500 000 000 $,
donc il nous manque 800 000 000 $ qu'on essaiera de trouver quelque part un de
ces jours.
Une dernière question là-dessus. Vous avez dit que le
Québec avait placé 31 demandes dans le réseau national des
centres d'excellence. La question que vous avez oubliée: Je veux
savoir... Je sais qu'on est en demande quelque part. Alors, dans les 31
demandes, combien de réponses positives avez-vous reçues
jusqu'à présent du gouvernement fédéral?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Pouvez-vous répéter...
M. Gendron: Combien de réponses positives avez-vous
reçues concernant les 31 demandes qu'on a placées au gouvernement
fédéral dans le réseau national de centres d'excellence,
pour lesquels il y avait une somme prévue de 240 000 000 $, sur cinq
ans, bien sûr?
M. Ryan: Les projets soumis au gouvernement fédéral
sont l'objet d'un examen très approfondi de la part de jurys
formés des meilleures autorités internationales dans les
disciplines concernées. Il a fallu pas mal de temps pour instituer ces
jurys. Actuellement, ils sont en train de procéder a l'examen des
projets. On nous Informe qu'un premier tamisage aurait permis de retenir, sur
l'ensemble des quelque 240 projets soumis à l'origine, d'abord 150
projets. Là, on serait rendus à 50. De ce nombre, nous estimons
qu'il devrait y en avoir une dizaine de provenance plus immédiatement
québécoise. Je dis ça avec toutes les réserves
qu'il faut utiliser parce qu'il peut arriver qu'un projet émane à
l'Université de Sherbrooke et qu'il engage des chercheurs de plusieurs
universités d'autres provinces du Canada également et vice
versa.
Mais des projets dont le parrainage serait basé au Québec,
nous avons des chances, si on en retient une cinquantaine en tout, qu'il y en
ait dix ou douze, j'imagine, mais là je spécule parce que je ne
le sais pas. Ces projets devront être retenus par les jurys
internationaux qui ont été formés à cette fin.
M. Gendron: Madame et monsieur, merci. L'enseignement
collégial.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Alors, est-ce que le programme 7 est adopté?
M. Geridron: Adopté sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. J'appelle le programme 5, Enseignement collégial. M. le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Gendron: J'attends vos perspectives.
M. Ryan: J'aurais besoin de quelques minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Prenez votre
temps, M. le ministre. On va suspendre quelques minutes.
M. Ryan: Oui? (Suspension de la séance à 17 h
8)
(Reprise à 17 h 17)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Veuillez prendre place. Nous allons poursuivre nos
travaux dans le respect des règles qui nous régissent,
c'est-à-dire tenter de respecter les huit heures que nous avons à
consacrer à l'étude des crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Nous en sommes rendus au
programme 5 qui traite de l'enseignement collégial. On m'informe que le
ministre de l'Éducation a prévu un bref exposé avant
l'étude de ce programme. M. le ministre, nous vous écoutons.
Enseignement collégial
M. Ryan: M. le Président, l'année 1988 a
été marquée par une nouvelle baisse des effectifs
étudiants dans les collèges. La baisse avait atteint surtout les
collèges publics au cours de deux années
précédentes. En 1988, elle a également atteint les
collèges privés. Dans le secteur public, où l'on compte 45
collèges, les effectifs étudiants se répartissaient ainsi
en 1988: Enseignement régulier: 134 415 versus 135 647 en 1987.
Éducation des adultes: 64 348 versus 69 659 en 1987. Dans le secteur
privé, où l'on compte 53 établissements dispensant
l'enseignement collégial, dont 28 sont déclarés
d'intérêt public, ils reçoivent des subventions, les
effectifs étudiants se répartissaient ainsi en 1988: Enseignement
régulier: 19 629 versus 21 691 en 1987. Education des adultes, 3197
versus 3275 en 1987. Le nombre des inscriptions féminines à
l'enseignement régulier a continué d'augmenter dans les
cégeps par rapport aux inscriptions masculines ainsi qu'en attestent les
données suivantes: En formation générale, en 1988, les
inscriptions féminines étaient de 36 861 contre 33 169 pour les
inscriptions masculines et, en formation professionnelle, les inscriptions
féminines étaient de 32 860 contre 26 513 inscriptions
masculines.
Une autre tendance a continué de s'affirmer en 1988, la tendance
de plus en plus marquée des étudiants à s'orienter vers la
formation générale de préférence à la
formation professionnelle. De 1981 à 1988, les effectifs
étudiants en formation
générale ont augmenté de 16, 4 %, passant de 60 167
à 70 030. Les effectifs inscrits en formation professionnelle sont
passés, en contre partie, de 61 837 à 59 373 pendant la
même période, soit une baisse de 4 %.
On avait observé depuis quelques années une augmentation
continue de la proportion des diplômés de l'enseignement
secondaire qui s'inscrivent aux études collégiales dès
l'année qui suit l'obtention du diplôme d'études
secondaires. Cette proportion est passée de 40, 2 % en 1979 à 52,
1 % en 1987. Pour la première fois, on observe en 1988 une diminution de
ce taux, lequel est tombé à 50, 1 %. Nous suivrons cette
situation de près car nous devons éviter de laisser se diluer les
acquis précieux de la dernière décennie en matière
d'accessibilité. Il y a de bonnes chances que ce résultat soit
attribuable à l'augmentation de la note de passage au secondaire et ait
diminué de manière sensible le nombre des diplômés
de l'enseignement secondaire.
L'un des acquis de la dernière décennie réside
précisément dans la progression marquée du taux de
scolarisation de la population âgée de 17 à 21 ans. En
1967, à peine 12 % des personnes âgées de 17 à 21
ans étaient inscrites aux études collégiales à
temps complet. En 1987, cette proportion était de beaucoup
supérieure, comme le montre un tableau qui figure au texte. Mais, dans
l'ensemble, ce tableau indique que, chez les 17 ans, 6, 6 % étaient
inscrits aux études collégiales à temps complet en 1967
contre 33, 9 % en 1980 et 42 % en 1987. Chez ceux de 18 ans, 11, 9 %
étaient inscrits aux études collégiales à temps
complet en 1967 contre 33 % en 1980 et 44, 03 % en 1987. Les statistiques
concernant les personnes âgées de 19, 20 et 21 ans sont dans la
même direction. Il ne suffit pas cependant d'inscrire les
étudiants au collège. Il faut également vérifier la
qualité de l'expérience qu'ils y poursuivent, surtout sous
l'angle de la continuité et de la persévérance dans les
études. Devant certaines données préoccupantes quant
à la persévérance des étudiants et à leur
taux de réussite, j'avais insisté pour que l'on collige à
ce sujet des données précises et sûres. Les données
dont nous disposons maintenant sont beaucoup plus abondantes que
naguère; elles permettent notamment d'identifier les tendances que
voici.
Premièrement, de manière générale, on
observe un taux d'abandon des études de l'ordre de 34 % chez les
étudiants inscrits en formation générale et de 46 % chez
les étudiants inscrits en formation professionnelle. Cela s'applique
pour la cohorte des étudiants inscrits pour la première fois en
1983.
Deuxièmement, la durée moyenne des études est de 5,
8 trimestres pour l'obtention d'un diplôme d'études
collégiales au secteur général et de 7, 3 trimestres pour
l'obtention d'un diplôme d'études collégiales au secteur
professionnel.
Troisièmement, pour les étudiants inscrits en 1980, le
taux de diplomation a été de 60, 4 %; pour ceux qui furent
inscrits en 1983, il a été de 52, 5 %. Le taux plus faible de
diplomation chez les élèves inscrits pour la première fois
en 1983 s'explique dans une large mesure pour la période d'observation
plus brève. Plusieurs personnes, après avoir abandonné les
études, décident en effet de les reprendre ou de les
compléter à un stade ultérieur de leur
évolution.
Quatrièmement, en formation générale, environ 7 %
des étudiants abandonnent les études dès après le
premier trimestre, 13 % après le second trimestre et 20 % après
le quatrième trimestre. À la fin d'une observation conduite sur
les étudiants inscrits pour la première fois en 1983, on
établit à 33, 6 % le taux d'abandon avant la fin des
études en formation générale. En formation
professionnelle, le taux d'abandon est de 9, 4 % après le premier
trimestre, de 17, 8 % après le deuxième trimestre, de 35 %
après le sixième trimestre, 46 % à la fin d'une
période d'observation portant sur les étudiants inscrits pour la
première fois en 1983.
Depuis cinq ans, on observe un léger fléchissement dans le
nombre de diplômes de l'enseignement collégial qui s'inscrivent
à l'université. En 1982-1983, 86 % des diplômés en
formation générale étaient inscrits à
l'université un an après l'obtention de leur diplôme
d'études collégiales. En 1986-1987, cette proportion avait
baissé à 84, 1 %. On observe un fléchissement semblable
chez les diplômés de l'enseignement professionnel. Leur taux de
passage à l'université a diminué de 3, 1 %, passant de 17,
4 % en 1982-1983 à 14, 3 % en 1986-1987.
À la lumière des données les plus récentes
concernant les inscriptions à l'enseignement primaire et secondaire, on
retient que la clientèle de l'enseignement collégial demeurera
à peu près stable d'ici à l'an 2000, exception faite d'un
léger fléchissement prévu en 1990 et 1991 chez la
clientèle âgée de 17 ans. La proportion des
étudiants de sexe féminin qui atteint désormais 55 %
semble destinée à augmenter encore car les étudiants de
sexe féminin ont un taux de persévérance et de diplomation
plus élevé que les étudiants de sexe masculin. Tout
indique enfin que la préférence des étudiants pour les
programmes de formation générale continuera de s'accuser.
Afin d'assurer que l'accessibilité à l'enseignement
collégial deviendra de plus en plus une réalité
vécue, deux objectifs majeurs sont retenus pour 1989-1990. Tout d'abord,
les collèges seront invités à suivre de plus près
le cheminement concret de chaque étudiant à compter du jour de
son inscription. La personnalisation des services éducatifs mis à
la disposition de l'étudiant doit être un objectif majeur de tout
établissement collégial digne de ce nom. Déjà,
plusieurs collèges ont mis sur pied des services de dépistage
permettant de déceler, dès le stade de l'inscription, certaines
faiblesses de l'étudiant qui seraient de nature à compromettre la
réussite de ses études. À l'intention des étudiants
présentant des risques d'échec ou de
difficultés en cours d'études, les collèges
instituent de plus en plus des services d'encadrement et de soutien personnel.
Le ministère a déjà accordé son appui à
plusieurs de ces initiatives prises par les établissements
collégiaux. Il continuera de s'intéresser de très
près à ce problème.
Le gouvernement veut également améliorer
l'accessibilité à l'enseignement collégial dans toutes les
régions du Québec. Le réseau des collèges est
complet dans l'ensemble, sauf en Beauce où nous sommes
présentement saisis d'un projet visant à transformer en
cégep le collège privé de Saint-Georges. Aucune fondation
majeure n'est prévue pour l'avenir prévisible. Par contre, dans
plusieurs régions, l'éloignement du collège demeure un
obstacle sérieux à l'accessibilité. Des pas importants
seront franchis cette année à Val d'Or et à Carieton.
À Val d'Or, la deuxième année de l'enseignement
collégial sera offerte aux étudiants de cette région.
À Carieton, on verra, pour la première fois, à compter de
septembre prochain, l'implantation de l'enseignement collégial
régulier. (17 h 30)
À l'occasion des dossiers dont j'ai été saisi au
cours de la dernière année, j'ai pu préciser les principes
qui guideront à l'avenir la politique du gouvernement en matière
de déconcentration de l'enseignement collégial. Cette politique
tient dans les orientations suivantes: 1° l'enseignement collégial
doit être accessible dans chaque région pour les jeunes et les
adultes. 2° l'implantation de l'enseignement collégial dans une
région doit répondre à des normes minimales de
rationalité organisationnelle pédagogique, administrative et
financière. 3° l'unité de l'enseignement collégial
doit être assurée dans chaque région.
Il ne suffit pas que l'enseignement collégial soit accessible. Il
faut aussi qu'il soit d'excellente qualité. La période
d'expansion étant désormais complétée, et les
effectifs étudiants semblant devoir se stabiliser à un niveau
à peu près fixe au cours des prochaines années, nous
devons plus que jamais nous préoccuper de la qualité de
l'enseignement collégial. Parmi les soucis prioritaires du gouvernement
à cet égard, je mentionnerai la révision des programmes de
concentration dans le secteur de la formation générale, la
révision des programmes dans le secteur de la formation professionnelle,
la qualité du français et le développement des
procédures d'évaluation.
Depuis le début des cégeps, les programmes offerts aux
étudiants ont été caractérisés par une
dispersion trop forte. L'étudiant était laissé libre de
faire son choix parmi une variété presque illimité de
cours. Souvent, il en résultait une dispersion de la formation
reçue, accompagnée d'un défaut de rigueur et
d'unité. Afin de remédier à cette situation, le
ministère a entrepris de redéfinir les orientations et le contenu
des programmes de concentration dans les trois grands domaines qu'embrassent
les études col- légiales au secteur général, soit
les sciences humaines, les sciences de la nature, les arts et les lettres.
Dans le secteur des sciences humaines où se retrouvent
annuellement quelque 30 000 étudiants et 3000 enseignants, un document
décrivant les orientations fondamentales et l'économie
générale du futur programme de concentration fut remis aux
milieux concernés au printemps de 1987. Ce document vise surtout
à assurer une plus grande solidité et une plus grande
unité de la formation.
Il y a quelques mois, la Direction des études collégiales
me soumettait un document décrivant des plans de cours proposés
pour chacune des quinze disciplines comprises dans la famille des sciences
humaines. Ces projets de cours seront soumis à la consultation
dès ce printemps. Avant de les approuver, je voudrai m'assurer de la
réaction des milieux concernés et aussi de la réaction des
milieux universitaires.
Pour le secteur des sciences de la nature où l'on retrouve
annuellement quelque 24 000 étudiants et 2000 enseignants, un document
décrivant les orientations et l'économie générale
du futur programme de concentration a été soumis aux milieux
concernés, il y a quelques mois. Le travail de préparation des
cours est maintenant engagé. J'ai demandé que l'on associe le
plus tôt possible les milieux universitaires et les milieux scientifiques
à ce processus.
Dans le secteur des arts et des lettres, rien n'a encore
été entrepris, mais un processus semblable à celui qui a
été suivi pour les deux autres secteurs est envisagé. Il
est déconcertant de constater que ce secteur recrute à peine 2,4
% de la clientèle totale inscrite à l'enseignement
régulier. Le taux de diplomation y atteint à peine 33 %, et
seulement 48 % des diplômés poursuivent des études
universitaires en arts et lettres. On observe une très grande
diversité dans l'interprétation que chaque établissement
donne des objectifs des cours. Un document préliminaire d'orientations
sur le futur programme de concentration en arts et lettres devrait être
disponible au printemps de 1990 et je souhaite personnellement que ce secteur
reprenne un peu plus de vigueur au cours des prochaines années.
Dans le secteur de la formation professionnelle, deux opérations
majeures se poursuivront en 1989-1990. En premier lieu, la Direction des
études collégiales poursuivra les travaux de révision des
programmes. Aux quelque 25 programmes conduisant au DEC qui ont
déjà été révisés, viendront s'ajouter
une dizaine de programmes additionnels. Des travaux de révision sont
également en cours autour de programmes conduisant à des
certificats ou à des diplômes de perfectionnement.
En outre, la Direction des études collégiales est à
mettre au point un plan de développement de l'enseignement professionnel
dont les objectifs et la stratégie seront directement axés sur
le
rendement observé de chaque programme sur une période de
temps donnée.
Un effort de planification s'impose d'autant plus dans ce secteur que
les coûts de fonctionnement et d'équipement y sont très
élevés, qu'une baisse d'effectifs de 4,2 % a été
observée au cours des cinq dernières années et que l'on
assiste à des développements très importants dans le
secteur de l'enseignement professionnel de niveau secondaire.
Dans le cadre des débats sur la langue, la qualité du
français langue maternelle, chez les étudiants, retient souvent
et à juste titre, l'attention. On a maintes fois signalé la
pauvre qualité du français parlé et écrit chez les
étudiants du collégial. Il faut espérer que le plan
d'action institué l'an dernier aux niveaux primaire et secondaire
produira rapidement les fruits attendus car la qualité de la langue chez
les édudiants du collégial est fortement tributaire de la
formation reçue au primaire et au secondaire. Mais, en attendant les
résultats du plan d'action, il faut bien que les collèges
assument la formation des étudiants qu'ils accueillent maintenant. Quels
que soient les mérites ou les torts de l'enseignement primaire et
secondaire, il incombe aux collèges de voir à ce que leurs
étudiants d'aujourd'hui en viennent à mieux maîtriser leur
langue maternelle. Le Conseil des collèges m'a récemment remis un
avis important à ce sujet. D'ores et déjà, cet avis est
l'objet d'une étude attentive. Je compte faire connaître dans un
avenir prochain les orientations que le ministère retiendra à cet
égard.
Je veux féliciter dès maintenant les collèges de
plus en plus nombreux qui n'ont attendu ni l'intervention du Conseil des
collèges ni celle du ministère pour se doter, en matière
d'apprentissage du français et de soutien aux besoins des
étudiants présentant des problèmes particuliers à
cet égard, d'un plan d'action adapté aux besoins de leur
clientèle.
Dans la recherche d'une qualité sans cesse plus
élevée de la formation dispensée par des
établissements collégiaux, la définition exacte du niveau
d'intervention éducative, caractéristique de cet ordre
d'enseignement, devient une nécessité sans cesse plus ressentie.
La révision des programmes de concentration en sciences humaines, en
sciences de la nature et en arts et lettres devrait permettre d'apporter des
éléments de réponse à cette question.
Non moins Importante est la mise en oeuvre de solides procédures
d'évaluation des apprentissages. Depuis la création des
cégeps, la responsabilité des procédures
d'évaluation des apprentissages a été laissée
entièrement aux établissements. Le ministre établit les
programmes d'État que doivent offrir des collèges. Il appose sa
signature de manière mécanique au bas des diplômes
décernés par chaque établissement mais il ne dispose
d'aucun moyen de vérification efficace quant à la qualité
des apprentissages. Cette situation, pour le moins paradoxale, ne saurait durer
à moins que chaque collège ne puisse fournir la garantie qu'il
dispose de solides mécanismes d'évaluation de la qualité
du travail éducatif accompli sous sa responsabilité.
Il reste beaucoup à faire pour que la situation soit
complètement satisfaisante à cet égard. Même
après que les collèges auront réussi à se doter de
procédures solides d'évaluation des apprentissages et à
les mettre en pratique, il faudra se demander si, par-delà les
procédures internes d'évaluation que chacun se sera
données, les collèges ne devraient pas accepter aussi de recourir
à des procédures externes offrant des éléments de
comparaison et d'émulation plus larges.
Par delà ces considérations, le gouvernement a vu, depuis
deux ans, à assurer un véritable lancement de la Commission de
l'évaluation du Conseil des collèges. Depuis la création
des cégeps, cette commission n'avait jamais vraiment réussi
à démarrer. Avec l'appui de la Fédération des
cégeps, je confiais l'an dernier à la commission de
l'évaluation le mandat d'examiner, non seulement le texte des politiques
des collèges en matière d'évaluation mais aussi la mise en
oeuvre concrète des politiques d'évaluation définies par
chaque collège.
En 1988-1989, conformément à son mandat, la commission de
l'évaluation a procédé à l'examen de la mise en
oeuvre des politiques d'évaluation des apprentissages auprès de
33 collèges, dont 21 cégeps, 11 établissements
privés subventionnés et un établissement privé sous
permis. En 1989-1990, la commission poursuivra cet examen auprès de 29
établissements privés subventionnés, six
établissements privés sous permis et un établissement hors
cégep. Il faut attacher la plus grande importance à ce travail
d'évaluation dont la commission a reçu le mandat d'observer la
mise en oeuvre. Je signale avec plaisir que les établissements
collégiaux se sont plies de bonne grâce à cette nouvelle
exigence. La qualité de l'accueil a été excellente dans
les établissements visités de même que les informations
portées à la connaissance de la commission ont été
précises et substantielles.
La très grande majorité des politiques d'évaluation
soumises à ce jour à l'appréciation de la commission ont
été jugées satisfaisantes. Sauf une ou deux exceptions,
les collèges publics et les établissements privés
subventionnés ont tous soumis à la commission leur politique
d'évaluation.
Les crédits budgétaires consacrés au fonctionnement
des collèges connaîtront, en 1990, une hausse modeste de 2,1 %.
Cette hausse représente l'effet conjugué des indexations de
salaires pour la moitié de l'année et des compressions. Le
réseau des collèges se voit imposer une compression de 5 500 000
$. On fera en outre un prélèvement de 3 800 000 $ afin de donner
suite à diverses décisions prises en 1988-1989. Les compressions
affectent l'indexation de coûts autres que ceux qui sont reliés
à la
rémunération, certains budgets spéciaux de
même que la base générale de financement des
collèges. Le prélèvement de 3 800 000 $ servira à
financer les mesures suivantes: entretien des espaces additionnels qui seront
livrés en 1989-1990,
I 058 000 $; entretien de l'équipement de haute technologie, en
sus des sommes déjà consacrées à ce poste
évidemment, 500 000 $; coût des stagiaires du programme de
techniques infirmières, 985 000 $; vaccination des stagiaires du
programme de techniques infirmières en hépatite, 240 000 $;
bonification du financement des sous-centres régionaux, 140 000 $;
antenne à Val-d'Or, 244 000 $; antenne à Carleton, 350 000 $;
nouveau programme 88 000 $; modification des programmes 160 000 $.
Afin de situer ces données dans une juste perspective, il importe
de les analyser à la lumière de l'évolution qui s'est
produite dans le volume de la clientèle étudiante inscrite dans
les collèges. Entre 1985-1986 et 1989-1990, la subvention par
étudiant régulier a augmenté de 18,6 % en dollars courants
et de 1,5 % en dollars constants. Pour 1989-1990, compte tenu de la baisse de
clientèle entrevue, il y aura augmentation de 3,6 % dans le montant de
la subvention par étudiant régulier. Si l'on considère que
le niveau de la clientèle a toujours été la base dont
s'est inspiré le gouvernement pour déterminer le montant des
subventions versées aux collèges, les chiffres de 1989-1990
assurent pratiquement l'équilibre des subventions gouvernementales en
fonction de l'évolution du coût de la vie. Quant aux sommes
réservées à des fins de redéploiement, elles
continueront d'être utilisées à l'intérieur du
réseau, à des fins qui intéressent immédiatement
les objectifs de l'enseignement collégial. Elles représentent un
très léger déplacement d'accent dans l'utilisation des
ressources et non pas une diminution des ressources pour l'ensemble du
réseau.
Au chapitre des ressources financières, il est opportun de
signaler qu'au 30 juin 1988, les collèges publics disposaient ensemble
d'un surplus accumulé de 53 100 000 $. Ce montant représentait
une augmentation de 5 000 000 $ par rapport à l'année 1987. Si
l'on examine le niveau important de ressources additionnelles, plus de il 000
000 $, injectés dans le réseau collégial par le
gouvernement en 1988-1989, il y a lieu de présumer que le surplus
accumulé des collèges, loin de décroître, aura connu
une légère augmentation au cours de la dernière
année. Le gouvernement apprécie les efforts de saine gestion qui
ont permis ce résultat. Et tout en souhaitant que se maintienne la
situation saine qui existe présentement, le gouvernement aimerait que
l'on tienne compte de ce facteur dans l'appréciation de compression de 5
500 000 $ instituée cette année dans le secteur collégial.
Encore une fois, je souligne avec insistance qu'il n'y a pas de lien de
causalité entre le surplus accumulé des collèges et la
compression de 5 500 000 $ instituée cette année. Cette
compression fait partie de la politique générale de discipline
persévérante que le gouvernement a tenu à s'imposer
même en cette année qui doit être marquée d'une
élection générale.
Je signale enfin que des échanges se poursuivent entre les
colleges et le Conseil du trésor en vue de la mise au point d'un nouveau
mode d'allocation des ressources qui permettrait de tenir compte, de
façon plus équilibrée, de toutes les formes de
dépenses que doivent encourir les collèges. L'essentiel de la
réforme envisagée consisterait à mesurer les besoins de
financement des établissements à l'aune du nombre de
périodes d'enseignement reçues par chaque élève
plutôt que selon le critère du nombre d'élèves
inscrits. On mesurerait ainsi l'activité brute d'enseignement
plutôt que la simple inscription d'un étudiant dans les registres.
On aurait ainsi une idée beaucoup plus précise des formes
d'activité qui doivent être l'objet de subventions. (17 h 45)
Je voudrais signaler en terminant l'importance qu'il convient d'attacher
au rôle des collèges en matière de formation
professionnelle et de développement technologique auprès des
adultes. Je voudrais signaler à ce sujet deux aspects très
importants. Tout d'abord, le rôle des centres spécialisés
et certaines orientations relatives à l'éducation des adultes.
Les douze centres spécialisés mis sur pied par autant de
cégeps au cours des dernières années se sont
avérés des foyers efficaces de transfert technologique dans leurs
régions respectives. Le rapport d'une évaluation faite à
ce sujet m'a été remis il y a quelque temps. Ce rapport indique
que, dans l'ensemble, la formule des centres spécialisés est
très valable. Étant donné les résultats de cette
évaluation, nous envisageons la continuation de l'expérience.
Certains centres, qui n'ont pas été a la hauteur des attentes,
seront appelés à disparaître. Ceux dont la performance
s'est révélée intéressante seront encouragés
à poursuivre leur action. Nous envisageons la possibilité de
permettre la création de quelques centres nouveaux dans la mesure
où nous disposerons des ressources financières
nécessaires.
J'ai noté avec intérêt l'importance que le
gouvernement a voulu accorder au rôle potentiel des collèges en
matière de développement technologique, dans l'exposé de
politique de développement régional rendu public, il y a quelques
mois, par mon collègue, le ministre responsable du Développement
régional. Dans cet exposé, le ministre responsable du
Développement régional a fortement souligné le rôle
attendu des collèges dans le développement régional. Dans
la perspective des besoins sans cesse changeants d'une économie qui n'a
pas fini d'évoluer, l'éducation des adultes revêt une
importance cruciale. Les collèges sont un instrument précieux
dans la recherche de réponses adaptées aux besoins nouveaux des
adultes, surtout en matière
de formation professionnelle. Les mutations que connaissent les
fonctions de travail exigent qu'une attention particulière soit
apportée aux besoins de formation, de perfectionnement et de recyclage
de la main-d'uvre. Il nous faut même veiller à former en
nombre suffisant des travailleurs qualifiés pour chacun des secteurs de
l'économie.
Le nouveau contexte créé par l'accord de
libre-échange, les négociations prochaines en vue du
renouvellement de l'accord Canada-Québec, les modifications
apportées à la Loi sur l'aide sociale, l'annonce de modifications
non moins importantes au régime canadien d'assurance-chômage,
autant de facteurs qui nous amènent à considérer que la
formation professionnelle revêtira une importance sans cesse croissante,
non seulement pour les étudiants réguliers, mais pour la
population déjà engagée sur le marché du travail.
Le rôle des collèges à cet égard me semble devoir
être de première importance. Le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science a participé activement aux travaux
portant sur les conséquences de l'accord de libre-échange. Il a
également obtenu d'être associé aux négociations qui
se dérouleront bientôt en vue du renouvellement de l'accord
Canada-Québec sur la formation professionnelle. Au niveau du
gouvernement, nous devrons travailler à établir une collaboration
étroite avec les ministères responsables des divers secteurs de
l'économie. Au niveau des régions, les collèges devront de
même se concerter étroitement avec les centres de main-d'oeuvre et
les milieux industriels.
Je considère enfin qu'il est nécessaire de procéder
à une révision en profondeur de la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel. Des modifications
s'imposent dans la composition des conseils d'administration dont
l'équilibre actuel donne souvent lieu à des difficultés.
Une révision s'impose de même quant à la définition
des missions confiées au collège et quant à l'articulation
des différentes fonctions à l'intérieur même des
établissements collégiaux. Déjà, les travaux
préparatoires sont engagés à cette fin et des
représentations ont commencé à nous parvenir en provenance
des milieux concernés. Je compte être en mesure de déposer
un projet de loi à l'Assemblée nationale au cours de la prochaine
année.
Le Président (M. Gardner): Merci, M. le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Je reconnais M. le
député d'Abitibi-Ouest, le porte-parole de l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, compte tenu du temps, je vais
faire uniquement quelques remarques préliminaires. Au retour, à
20 heures, on abordera les questions que j'aurai à poser sur
l'enseignement collégial.
Au fond, le ministre nous a indiqué plusieurs
éléments sur lesquels on va devoir revenir.
Je voudrais quand même pour l'instant faire deux ou trois
commentaires d'ordre général. Il a au moins la franchise de nous
dire clairement les choses - à la page 13 - en disant que les
crédits budgétaires consacrés au fonctionnement
bénéficieront d'une augmentation sans précédent de
2,1 %. On s'accorde sur les chiffres; j'aurais dit la même chose.
Là où c'est un petit peu plus culotté, c'est dans
l'expression - imaginez, il faut le faire - il n'y a pas de faux-fuyant, c'est
bel et bien une compression de 9 300 000 $. Ce n'est pas parce qu'on me parle
dans un langage techno-bureaucratique que, imagine-toi, l'on va financer de
nouveaux développements, mais par des prélèvements
à même l'enveloppe. Il faut le faire! En français, en
langage populaire, c'est la grande phrase du gouvernement pour faire plus avec
moins. Mais, dans le jargon populaire, ça veut dire que c'est
impossible. On ne peut pas toujours faire plus avec moins, surtout quand on
applique ces compressions sur une masse budgétaire des dépenses
variables compressibles estimées à 43 000 000 $. J'aimerais que
le ministre soit très attentif, de même que ses collaborateurs
immédiats, parce que ça vient d'eux, surtout. 43 000 000 $ de
dépenses variables compressives, et il y a une coupure de 9 300 000 $. 9
300 000 $ sur 43 000 000 $, si on compte vite, c'est 10 sur 43, alors c'est 22
% de compressions qu'on demande au collégial; parce que je parle des
dépenses compressibles. Ce n'est pas parce que je vais lire que,
dorénavant, il y aura des prélèvements... Je sais ce que
c'est, Imagine-toi, on dit: C'est beau, une nouvelle antenne à Val-d'Or,
mais il y a des coûts à ça, arrangez-vous avec vos
troubles. C'est ce qui est écrit: Une nouvelle antenne à
Val-d'Or, 244 000 $, mais on n'a pas une "cenne". L'État
québécois ne donne pas une "cenne" pour ça. Arrangez-vous
avec vos troubles! Antenne à Carleton, 350 000 $, pas une "cenne" pour
ça; arrangez-vous avez vos troubles. C'est du développement par
ce que le ministre appelle des prélèvements, imagine-toi, mais
pour financer du développement à même leur enveloppe. Pour
moi, c'est clair, c'est une compression. Donc, on ne fafinera pas
là-dessus, ce sont 9 300 000 $ de compressions budgétaires - je
le répète et on a passé pas mal de temps à compter
ça - sur des dépenses variables compressibles de l'ordre de 43
000 000 $. Ne mettez pas ça sur le budget des cégeps. C'est de la
folie furieuse, parce que là-dedans, il y a des salaires, il y a des
choses qu'ils ne peuvent absolument pas comprimer. Demain matin, même
s'ils recevaient par la tête 9 300 000 $ de compressions, ils ne pourront
pas dire: Les profs, on va baisser leur salaire de 20 %, ou on va couper le
personnel; alors, il faut l'appliquer sur les dépenses compressibles.
Premier élément.
Deuxième élément. Encore là, c'est bien le
ministre de l'Éducation. Dans sa grande sagesse, il prend la peine de
nous dire qu'il n'y a pas de lien de causalité entre les surplus du
collégial et
la compression. Pourquoi en a-t-il parlé autant? À chaque
année, d'ailleurs, il rappelle que ces gens ont un surplus. Cela fait
drôle. Il n'y a pas de lien. Je vous préviens, si Je fais des
compressions de 5 500 000 $, ça adonne comme ça, et c'est la
grande généralité de l'État québécois
qui doit demander à tout le monde de faire des efforts. Mais il n'y a
pas de causalité; et il faut une page, à chaque fois, au sujet
des crédits, pour dire: Écoutez, vous autres, ça va bien,
vos affaires, vous avez un surplus. Je vous félicite, bravo pour votre
bonne gestion. Je m'attendais à une suspension pour la remise de
certaines médailles du mérite à la compression.
Probablement qu'à l'heure du souper, il est prévu d'aller
chercher des médailles ou des étoiles pour dire: Je vous
félicite, vous êtes des bons gestionnaires, vous avez un surplus
et je vais vous clencher davantage.
Une autre affaire. Je pense que la direction collégiale savait
qu'il y avait un léger surplus, mais ça n'a pas
empêché la Fédération des cégeps d'envoyer
une lettre au premier ministre dans laquelle elle a vivement
dénoncé cette nouvelle compression, parce que, lorsque j'ai
rencontré des gens de la fédération, à deux
reprises, M. le ministre, non seulement ils m'ont dit: "On se fait clencher de
10, mais on est capable de vous prouver, M. Gendron, qu'il nous manque 23 000
000 $. On a un sous-financement de 23 000 000 $. J'ai regardé ça
attentivement, et je prétends que certains éléments
d'équipement vétusté, les bibliothèques, les
documents d'accompagnement, les documents pédagogiques... Faites le tour
des collèges. Vous allez être surpris de constater que certains
collèges fonctionnent comme à l'ère de
Jésus-Christ, dans les documents d'accompagnement, et on est
supposé être en 1989. Vous, vous dites: Écoutez, c'est
important. Vous avez un beau laïus, à la fin, pour dire que ces
gens font des efforts pour augmenter la scolarisation et ainsi de suite. Cela
va leur prendre du matériel pédagogique adéquat. Ils m'ont
presque convaincu qu'ils ont un besoin urgent de 23 000 000 $. Non seulement
ils n'ont pas une "cenne" sur les 23 000 000 $ dont Ils ont besoin, mais ils se
font clencher de 9 300 000 $ sur 43 000 000 $, non pas sur le budget total,
ça ne veut pas rien dire, mais sur les dépenses compressibles, 43
000 000 $. Donc la coupure est sévère, et je ne crois pas
sincèrement, M. le ministre, que le moment était opportun, cette
année, en éducation, au niveau collégial, de dire à
ces gens: il faut que vous fassiez partie de nos habitudes
"trésoriales". Ce n'est pas parce que le Conseil du trésor a
l'habitude de dire que le ministre des Finances fait de l'argent par-dessus les
oreilles, que le fric entre. On est habitué de balancer les colonnes et
dans ce sens-là, on va demander à tout le monde de faire une
autre espèce de compression, qu'elle soit applicable ou non, on va vous
le demander quand même. La direction des collèges vous a
indiqué qu'il serait très difficile de donner un enseignement
adéquat, d'autant plus que, dans le même avis sur l'allocation des
ressources, le Conseil des collèges avait recommandé au ministre
- c'est vous - d'allouer des crédits équivalant à une
juste indexation des coûts - écoutez bien ça - et de
n'autoriser de nouveaux développements que dans la mesure où les
crédits nécessaires seront disponibles. Ce sont deux
recommandations qui n'ont pas été suivies, et la preuve, c'est
que vous dites à Val d'Or et à Carieton: Je n'ai rien contre des
nouvelles antennes. C'est bien. Je suis pour ça, moi aussi, mais
arrangez-vous. Financez-le.
Cela ne fera pas des enfants forts. Dans ce sens, je pense que la
direction des collèges avait raison de dire qu'en ce qui concerne les
compressions, il y a un problème.
Rappelez-vous aussi que depuis une dizaine d'années, en ce qui
concerne les compressions qu'on a demandées au niveau collégial,
l'estimation qu'on a faite est proche d'une centaine de millions, en
compressions et non en développement. Quand, sur une période de
dix ans, tu as pris 100 000 000 $ et si c'est vrai qu'aujourd'hui les
dépenses variables compressibles, M. le ministre, sont estimées
à 43 000 000 $, elles ne devaient pas être à 500 000 000 $
il y a quelques années. Dans ce sens-là, le même effort de
compressions a été largement fait. Voilà les commentaires
préliminaires que je voulais faire. On posera quelques questions
à la reprise des travaux à 20 heures, M. le Président. Je
vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M. le
député d'Abitibi-Ouest. Nous allons suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures, alors que nous reprendrons l'étude des
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission permanente de l'éducation
à prendre place. La commission permanente de l'éducation poursuit
ses travaux. Nous en étions à l'étude des crédits
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Le
porte-parole de l'Opposition, M. le député d'Abitibi-Ouest, et
les membres de cette commission présents ce soir sont Mme la
députée de Jacques-Cartier, MM. les députés de
Sherbrooke et de Rimouski. La commission va commencer ses travaux incessamment.
Dès que le ministre et ses personnes-ressources auront pris place, nous
pourrons commencer nos travaux.
Comme je vous le disais, nous en étions à l'étude
du programme 5, Enseignement collégial. Nous avons commencé
l'étude de ce programme avant de suspendre nos travaux. Au moment de la
suspension, la parole était à l'honorable
député d'Abitibi-Ouest, porte-parole de l'Opposition en
matière d'éducation.
M. Gendron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Tous sont ici,
nous allons commencer.
M. Gendron: J'allais vous demander une copie de votre discours.
Au-delà de ça, à moins que le ministre de
l'Éducation n'ait des informations privilégiées... M. le
ministre, j'allais vous dire: À moins que vous n'ayez des informations
privilégiées, le premier ministre n'a pas émis les brefs,
donc j'allais vous suggérer de raccourcir votre tournée de
poignées de main. Les brefs n'étant pas émis, vous aurez
toujours le temps...
M. Ryan: Vous voulez que je change mes habitudes.
M. Gendron: Alors, M. le ministre, vous avez eu l'occasion de
faire le tour de votre exposé concernant l'enseignement
collégial, j'ai également eu le temps de camper un peu la
problématique concernant les réductions de crédits.
J'avais dit que, dès la reprise, on irait tout de suite à la
période de questions.
Voici la première question que j'aimerais vous poser: Est-ce que
vous n'estimez pas, vous \ aussi, que la marge de manoeuvre des collèges
n'existe pas ou est très faible, compte tenu du fait que ces
compressions que vous allez leur exiger s'exercent toujours sur une petite
partie de leur enveloppe, à savoir les dépenses variables
compressibles qui sont estimées, comme je l'ai dit, à peu
près à 43 000 000 $? Donc, des compressions de 9 300 000 $ sur
une enveloppe de 43 000 000 $ - je l'ai laissé savoir avant d'aller
souper - c'est presque 22 % à 23 % de compressions de ce qui est
compressible. Puisque ces gens-là demandaient une vingtaine de millions,
ne trouvez-vous pas que cela va avoir des conséquences sérieuses
et dramatiques? Et ma dernière question: Comment justifiez-vous ces
nouvelles compressions dans les budgets des cégeps?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je ne les justifie pas par un quelconque masochisme qui
pourrait affliger le gouvernement, mais par le souci de rationalité dans
la gestion des finances publiques, qui est le trait dominant de
l'administration du gouvernement actuel. Nous avons hérité, en
1985, d'une situation financière extrêmement pénible,
laquelle commandait un redressement immédiat et durable. Nous avons,
dès la première année, Institué des compressions,
pénibles à subir pour tout le monde, à commencer par les
ministres concernés, parce que chaque ministre était entré
dans l'arène avec la détermination de faire des choses nouvelles.
Je pense bien que c'est une des raisons pour lesquelles on va en politique. On
veut faire des choses nouvelles que les autres n'ont pas faites avant soi. Et,
quand nous sommes arrivés à la première réunion du
cabinet, nous nous sommes fait dire que la situation interdisait des
développements nouveaux et qu'il fallait même rogner sur les
choses existantes.
Alors, cela a été la voie qui s'est imposée
à nous dans le sillage de la situation dont nous avions
hérité. Nous avons pris des mesures énergiques. On peut
discuter longtemps sur la manière de tenir les livres comptables du
Québec, si on devrait mettre un chiffre à gauche ou à
droite, en bas ou en haut de la page. Ces choses ne m'intéressent pas
beaucoup. Ce que je sais, de science certaine, c'est qu'au cours des quatre
dernières années, la part du produit intérieur brut du
Québec, absorbée par les dépenses de l'État du
Québec, est passée de 25 % à 22 %. C'est le test par
excellence. Et cette différence de trois points de pourcentage qui
représente des sommes considérables en argent, il a bien fallu la
trouver quelque part. On l'a trouvée dans les économies que le
gouvernement a faites d'un côté et de l'autre, dans l'élan
qu'il a pu imprimer à l'économie. Je pense que ce sont les deux
explications. Nous sommes en train de réduire les charges de la dette en
réduisant le déficit. Nous avons complètement
éliminé le déficit sur les opérations courantes. La
seule part de déficit qui reste est le financement des investissements
à long terme que nous finançons par des emprunts, comme c'est
raisonnable de le faire dans une bonne mesure. Il a fallu trouver tout cela
quelque part.
Le secteur de l'éducation a été appelé
à faire sa part. Je pense bien que, tout compte fait, les ponctions
qu'on a faites dans le secteur de l'éducation sont demeurées
faibles par rapport à celles qui ont été effectuées
dans l'ensemble du secteur public. J'en prends pour exemple le secteur des
collèges dont nous parlons. J'entendais le député parler
des compressions comme s'il était venu s'en ajouter d'année en
année. Il faut tout de même être juste aussi. L'an dernier,
il n'y en a pas eu de compressions. L'an dernier, nous avons eu une injection
de crédits additionnels de l'ordre de 11 000 000 $. Le peu de
compressions qu'il y a eu a été complètement annulé
par cet ajout de crédits, et il en est resté à part cela.
C'est pour l'année 1988-1989. Pour l'année 1987-1988, nous avions
institué des compressions de l'ordre d'environ 8 500 000 $, de 8 000 000
$.
M. Gendron: Cela a baissé d'un demi d'un coup sec?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Cela a baissé d'un demi d'un coup sec?
M. Ryan: De?
M. Gendron: D'un demi-million?
M. Ryan: De huit plus quatre, cela fait douze. En cours
d'année, nous avons fait deux nouvelles injections de fonds. Nous avons
fait une injection au titre de l'éducation des adultes. À un
moment donné, nous avons effectué un nouveau partage des sommes
qui doivent aller aux deux ministères, au titre de l'accord
fédéral-provincial sur la formation professionnelle. Il y a eu
une injection - de combien M. Lanoux? - de 8 500 000 $ à ce
moment-là, et un peu plus tard dans l'année, nous avons
trouvé un fond de tiroir. C'était un solde qui restait d'une
année antérieure, deux ou trois années avant, qui s'est
résorbé par les calculs plus récents qui avaient
été faits. Cela a permis d'injecter un autre 1 600 000 $ dans le
réseau des collèges. Par conséquent, il n'y a pas eu
grand-chose cette année-là non plus. Si on fait le compte net, il
y a eu peut-être 1 000 000 $ ou 2 000 000 $. Si on fait le bilan sur
trois ans, il n'y en a pas eu de compressions.
M. Gendron: M. le Président, je suis...
M. Ryan: Je sais que cela vous excite un peu, mais je vais
terminer ma réponse; je n'ai pas terminé encore.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez toujours
la parole, M. le ministre.
M. Ryan: Merci. Alors, je pense que là, on a le bilan de
trois ans. Je ne vois pas qu'il y ait matière à lamentations sur
les murs de Jérusalem. On peut émettre une critique honnête
sur les mesures qui ont été prises cette année, nous
sommes prêts à la prendre. On peut trouver que ce n'est pas
justifié. Encore une fois, j'invoquais une autre question. Avez-vous le
tableau sur l'évolution de la situation financière?
Je vais sortir le tableau sur la situation financière des
collèges au 30 juin 1988. Je veux y revenir une brève minute,
parce qu'il y a des choses qu'il est opportun de rappeler. On va voir comment
cette situation a évolué depuis quatre ans.
M. Gendron: M. le ministre, on l'a.
M. Ryan: Attendez. Cela va venir tout de suite. Avant ça,
j'ajoute un autre élément qui ne manque pas
d'intérêt. Je retourne à 1984-1985, il n'y a pas de cela
tellement longtemps. Uniquement au cours d'une année, savez-vous combien
il y a eu de compressions dans le secteur collégial? Vous ne vous en
souvenez pas?
M. Gendron: Oui, oui, je le sais. On les a ici, c'est moi qui
l'ai dit: 107 000 000 $.
M. Ryan: 25 000 000 $. Il ne faut pas exagérer.
M. Gendron: Non, non. 107 000 000 $ au cours des dix
dernières années. On a tout le tableau.
M. Ryan: Mais, regardez, depuis 1985, en tout, et c'est brut
encore une fois, on ne tient pas compte des injections de crédits qui
ont été faites, cela fait 5 000 000 $, 10 000 000 $, 16 000 000
$, 18 000 000 $. Seulement cette année, on en a ajouté 11 000 000
$, je viens de le dire, en crédits additionnels. L'année
précédente, on en a ajouté 10 000 000 $. 11 000 000 $ plus
10 000 000 $ font 21 000 000 $. Donc, sur les quatre dernières
années, il n'y a pas eu de diminution de crédits. Lorsque vous
étiez là, seulement en une année, il y en avait eu pour 25
000 000 $...
M. Gendron: Oui, mais mon point...
M. Ryan:... lors de la dernière année
complète de votre administration.
M. Gendron: Mon point n'est pas là, M. le
Président. Cela ne me fait rien de prendre cette piste-là, mais
je vais parler d'Alain Dubuc et de votre mascarade sur le déficit qui
n'a rien à voir avec cela. Alain Dubuc a quand même écrit
que la résorption du déficit avait commencé bien avant que
les libéraux n'arrivent au pouvoir. Ce n'est pas ça faire les
crédits.
Je vous ai posé une question, M. le ministre. Je ne suis plus en
1984 et là, on va faire toute l'histoire, la crise; je n'avais pas de
ministre des Finances qui passait son temps à dire qu'il engrangeait et
qu'il avait du fric pardessus les oreilles. Je n'ai pas entendu ça. J'ai
entendu un ministre des Finances se lamenter, durant la période que j'ai
connue, parce que cela allait mal. La situation économique
n'était pas celle que vous connaissez. Alors, on va faire toutes les
comparaisons et on ne fera plus nos crédits. Ma question concernait
seulement 1989. Croyez-vous décent, en 1989, d'imposer une compression
de 10 000 000 $ aux collèges sur un budget de 43 000 000 $?
C'était là ma question. Si vous croyez qu'il n'y aurait pas
là un effort qui n'a pas d'allure, je voulais vous le faire dire, et
j'ai réussi. Vous irez expliquer à la fédération
des collèges que cela a du bon sens d'exiger 10 000 000 $ de
compressions sur 40 000 000 $. Si sa situation budgétaire était
si bonne, si vous aviez été si beau, si bon et si
généreux, elle ne se lamenterait pas comme elle le fait et elle
ne dirait pas qu'elle est absolument incapable de faire face à la
situation. Ces gens diraient: On en a plein et on vous en retourne. Mais ce
n'est pas ce qu'ils font.
Ma question portait strictement sur l'année 1989. Ce n'est pas
compliqué. Croyez-vous qu'ils sont capables de se sortir d'une coupure
de
10 000 000 $ en 1989, coupure qui égale 25 % de leurs
dépenses compressibles? Surtout quand vous leur dites: Améliorez
la qualité du français, améliorez l'encadrement. Vous avez
des besoins pressants auxquels il faut donner suite. Comment vont-ils faire
pour donner suite aux besoins pressants? Ce n'est que ça. Ce n'est pas
l'historique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. Je vais juste finir l'explication que
J'étais en train de donner. À la fin de 1985, les collèges
avaient un surplus de 45 900 000 $. Au 30 juin 1988, ils avaient un surplus de
53 100 000 $. Au 30 juin 1989, à moins que je ne sois
complètement faux prophète, le surplus devrait être
à 55 000 000 $ ou 56 000 000 $. On n'a pas mis ces collèges dans
la rue si on a augmenté leur surplus d'une douzaine de millions en
l'espace de quatre ans. Il ne fallait pas qu'ils soient serrés au point
d'être prêts à passer à l'hôpital.
Je ne nie pas que c'est dur, les compressions. Je pense que c'est bon de
situer ça dans une perspective un peu plus large. C'est ce que j'essaie
de faire.
Maintenant, à la question du député. D'abord, je
trouve, en comprimant 43 000 000 $, pour la partie qui va être
affectée par ça, qu'il exagère. J'aimerais qu'il
m'explique comment il est arrivé à ce montant, parce que le
budget total des collèges s'élève au-delà de 900
000 000 $.
M. Gendron: Bien, comment y est-on arrivé?
M. Ryan: Seulement à 43 000 000 $. Franchement, vous
m'estomaquez. Savez-vous comment fonctionne l'administration d'un
collège? Nous savons tous que, quand il y a un budget de 20 000 000 $,
25 000 000 $ ou 30 000 000 $, il y a une marge de manoeuvre un peu plus grande
que celle que suggère le député. Je ne prétends pas
que ce soit excessif, mais je ne prétends pas que les collèges
évoluent dans un carcan à ce point étouffant.
M. Gendron: Bien, rapidement, parce que le ministre me pose une
question et il a raison de vouloir rendre cette information publique. Ce n'est
pas compliqué. Le budget de l'enseignement ordinaire 1988-1989, masse
salariale des enseignants: 458 200 000 $ - enveloppe budgétaire
protégée par les conventions collectives. Pensez-vous qu'ils
peuvent compresser ça? Réponse: non. Ah bien! Si vous pensez
qu'ils peuvent jouer avec les conventions, vous m'expliquerez comment. Autres
personnels: 221 900 000 $. Donc, 222 000 000 $, personnels
protégés par les conventions collectives sous la rubrique: Autres
personnels. Comment vont-ils faire pour jouer avec ça? Vous
m'expliquerez ça. 222 000 000 $ plus 458 000 000 $ - pour ceux qui
comptent vite, combien ça fait? - on est déjà rondu
à 680 000 000 $ auxquels on ne peut toucher sous aucune
considération. Bien écoutez, vous m'avez demandé une
explication, je finis. Autres coûts: 83 300 000 $ pour l'enveloppe totale
de 763 000 000 $. Dans l'enveloppe "Autres coûts", il y a 40 000 000 $ de
dépenses non compressibles et le chauffage. Même si on a des
pannes, la facture ne baisse pas. Pensez-vous que ça va baisser,
Hydro-Québec? Je pense que non. Électricité, les contrats,
etc., on a appelé ça les dépenses non compressibles. Donc,
c'est clair comme de l'eau de roche. Il arrive avec 43 300 000 $ de
dépenses compressibles. Vous leur demandez 10 000 000 $ sur 43 000 000
$, ça fait à peu près 22 % de compression dans les choses
où ils peuvent agir. Moi, je dis que ça n'a pas de bon sens. Vous
m'avez dit: il n'y a rien là. On passe à autre chose, en ce qui
me concerne.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
voulez-vous réagir?
M. Ryan: Je ne sais pas comment certains administrent, mais dans
toutes les choses que j'ai administrées dans ma vie, il y avait une
marge pour une certaine souplesse. Quand vous me dites, quant aux autres
personnels, qu'il y a des dépenses de 222 000 000 $, si vous prenez pour
de l'argent comptant, vous, qu'il n'y a aucune marge de jeu là-dedans,
je ne suis pas de votre opinion. C'est honnête.
M. Gendron: Oui, moi, je veux...
M. Ryan: Si vous partez votre année en administrant comme
ça, vous n'irez pas vous retrouver loin.
M. Gendron: Non, non, écoutez, là je tiens et
ça va être mon dernier commentaire, ce n'est pas moi...
M. Ryan: Moi-même, j'ai une petite équipe comme
ministre qui comporte peut-être douze, quinze collaborateurs. Il peut
arriver que pendant six mois, j'en manque une couple. Je vais chialer.
Ça va marcher quand même.
M. Gendron: Non, mais il y a la catégorie "Autres
personnels", M. le ministre. Je le répète: Ce n'est pas moi qui
avais dit qu'il y avait une masse salariale là de 221 900 000 $. Ce sont
les chiffres de la direction des collèges. De deux choses l'une: ou
c'est vrai que c'est ça la masse et, en conséquence, les
personnels sont protégés par les conventions collectives, vous
savez ça...
M. Ryan: Pas tous.
M. Gendron: Pas tous? Ils doivent l'avoir
mis... Je sais qu'il y en a quelques-uns, des personnels dits
confidentiels, des employés occasionnels, mais sur un budget de 221 900
000 $, la partie de non syndiqués ou de non protégés par
les conventions collectives dans la direction des collèges, elle doit
être aussi mince que vos augmentations de crédits, 2 100 000 $. Il
y avait une autre affaire, M. le ministre, concernant le nouveau mode
d'allocation des ressources. Vous avez laissé voir à la direction
des collèges que vous vous en veniez avec une nouvelle formule
d'instauration des ressources concernant les études collégiales,
parce que la formule actuelle est basée sur l'étudiant à
temps complet. Je voulais juste savoir si, dans ce dossier, il y a eu un
certain cheminement en ce qui concerne les collèges, qui va vous amener
prochainement à déposer une nouvelle méthode d'allocation
des ressources budgétaires au niveau collégial?
M. Ryan: Je veux juste revenir sur la première question
parce que vous en avez parlé aussi. Encore une fois, 5 000 000 $ ou 6
000 000 $ sur un budget total de 900 000 000 $, cela représente, comme
fraction, moins de un millième.
Une voix: Je le sais, c'est malhonnête.
M. Ryan: Pardon? Alors, je maintiens humblement qu'on ne
réduit aucune institution à la mendicité et qu'on n'impose
pas des sacrifices énormes. J'aimerais mieux qu'il n'y en eut point,
mais je pense que ça reste extrêmement raisonnable et très
modéré. C'est mon jugement et je suis prêt à vivre
avec lui et à le défendre.
De plus... Quelle était la question du député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Le nouveau mode d'allocation des ressources pour les
études collégiales.
M. Ryan: Oui. C'est un mode intéressant. Il faut
évaluer très soigneusement les implications financières
pour un mode comme celui-là et ses répercussions sur l'ensemble
des activités d'un collège. Disons qu'on établisse d'un
commun accord que la base de financement, à l'avenir, sera
l'unité d'enseignement donnée plutôt que l'unité
élève ou l'unité enseignement, que faites-vous avec
l'éducation des adultes? La classez-vous là-dedans? On n'a pas
pris de décision de rendre l'éducation des adultes gratuite au
niveau collégial. Il y a des décisions à prendre
là-dessus. Quel sera l'impact financier, même pour les
étudiants réguliers?
On a des simulations actuellement qui indiquent qu'il y aurait un
coût additionnel qui découlerait de l'ensemble de
l'opération. Il s'agit de voir, pour le gouvernement, s'il est
prêt à l'assumer en retour des avantages nombreux que
représenterait la formule pour l'avenir et peut-être une garantie
d'équité plus grande inter- établissement qui
découlerait d'une formule comme celle-là.
M. Gendron: M. le ministre, croyez-vous qu'en septembre les
collèges du Québec seront assujettis à la même
formule que vous connaissez ou s'il y aura une nouvelle formule? (20 h 30)
M. Ryan: En septembre, ce sera la formule actuelle qui continuera
de s'appliquer, à ma connaissance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Y a-t-il
une autre intervention?
M. Gendron: Oui, sur les immobilisations, maintemant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Ryan: Cela va. Les collèges sont favorables à la
nouvelle formule. C'est une formule qui a été cogitée de
leur côté autant que du nôtre et qui donne lieu à une
convergence assez grande de pensée. Il reste à mesurer
soigneusement les implications financières.
M. Gendron: M. le ministre, sur les immobilisations, la direction
des collèges, c'est-à-dire la fédération des
cégeps, nous a fait des représentations, à savoir qu'il
manquait 23 000 000 $ concernant l'entretien des besoins spécifiques de
modernisation des bâtiments et toute la question de l'équipement.
Dans certains cas, il était question de ramener l'âge moyen du
parc d'équipement à dix ans; dans d'autres cas, à quinze
ans. Ces gens ont fait une évaluation de ces besoins et ils estiment
qu'il y a un manque à gagner de 23 000 000 $. Ce manque à gagner,
disent-Ils, provient essentiellement du sous-flnancement des immobilisations au
chapitre des bâtiments et de l'équipement. D'ailleurs, dans son
avis sur l'allocation des ressources, le Conseil des collèges
recommandait, pour sa part, au ministre de faire, avec la collaboration des
collèges, une analyse approfondie de l'état et des besoins des
centres de documentation, des besoins de réfection des bâtiments
et des besoins d'entretien de l'ensemble du parc d'équipement. C'est un
peu ce que j'ai relaté dans ma problématique, avant d'aller
souper. Eux aussi ont des équipements vétustes, désuets.
Ils ont des centres de documentation inadéquats. Souvent, les
étudiants n'ont pas les documents d'accompagnement requis pour les
études collégiales. Je voulais savoir, à cet égard,
si le ministre a fait une évaluation. Son ministère a-t-il des
réactions à communiquer aux membres de cette commission
concernant le dossier de la Fédération des cégeps à
ce chapitre du manque à gagner de 23 000 000 $? Entend-il
présenter des crédits additionnels pour combler en tout ou en
partie cette évaluation du manque à gagner de
23 000 000 $ par la fédération des collèges?
M. Ryan: Sur l'essentiel, ces considérations nous avaient
été soumises dès l'an dernier. Nous avons fait des
représentations auprès du Conseil du trésor. Et le
changement de perspective que proposaient les collèges n'a pas
été retenu par le Conseil du trésor. Il y eut des
ajustements dans le budget de maintien des actifs, mais il n'y a pas eu le
changement de perspective qui aurait tout ramené sur une base de dix
ans, comme le voudrait la fédération des collèges et qui
conduit à ce calcul de 23 000 000 $. Par conséquent, ce calcul,
pour nous, n'est pas recevable dans l'état actuel de la discipline
gouvernementale.
M. Gendron: D'accord. Si le montant de 23 000 000 $ n'est pas
recevable, M. le ministre, est-ce que vous partagez une partie de l'analyse
quant à la nécessité d'avoir des ressources additionnelles
au titre du rajeunissement des actifs?
M. Ryan: C'est une considération qui s'applique pour
toutes les Infrastructures du secteur public. Cela s'applique pour les routes,
pour les édifices du gouvernement, pour les édifices des
universités, pour les immeubles scolaires; c'est un problème
général au Québec. Le parc d'installation dont nous
disposons n'a pas reçu le taux de renouvellement qu'il aurait fallu
depuis une vingtaine d'années. Il y a un problème de
vieillissement qui se pose et qui crée un défi très
important pour le gouvernement. C'est pourquoi, l'an dernier, on a
commencé dans les écoles et on a mis pas mal plus d'engagements
qu'il n'y en avait eu annuellement depuis plusieurs années. Encore
là, il ne faut pas défaire d'un côté ce qu'on essaie
de construire de l'autre. Il faut y aller avec mesure. C'est pourquoi tout en
souscrivant à l'objectif général qui était
décrit dans ces considérations, nous avons été
obligés de répondre que le gouvernement ne pouvait pas retenir
ces considérations dans l'Immédiat. Je ne suis pas en mesure de
répondre pour l'année 1989-1990. Le plan triennal que nous avons
soumis au Conseil du trésor est à l'étude
présentement. Il n'y aura pas de décision là-dessus avant
le mois de mai.
Sous-centres
M. Gendron: D'accord. Le dossier suivant, toujours au programme
Enseignement collégial, les sous-centres.
En ce qui concerne les. sous-centres, en septembre prochain, Carleton
accueillera le cinquième centre d'études collégiales ou
sous-centre après Chlibougamau, Amos, Mont-Laurier et les îles. Il
y a également plusieurs autres régions qui réclament des
sous-centres de formation collégiale, c'est le cas de Montmagny, de
Donnacona et de La Tuque. Il y a également, comme je l'ai
mentionné ce matin, des points de service dans d'autres régions,
où on réclame une déconcentration, à tout le moins,
des études collégiales. C'est le cas du bassin lasarrois que je
connais bien.
Selon le rapport du ministère que j'ai vu, parce que le
ministère a mené une étude concernant l'évaluation
des sous-centres, tout compte fait, cette évaluation est assez positive.
Le rapport que j'ai vu conclut que ça contribue, notamment, à
augmenter le taux de fréquentation des études collégiales
et, par ricochet, ça réduit sûrement les coûts pour
les éventuels étudiants concernés. Quant à la CEQ,
elle a émis des réserves majeures importantes dont il faut tenir
compte. Je ne pense pas qu'il faille prendre à la légère
les réserves de la CEQ concernant la réduction des forces vives
ou de la masse critique requise pour des études collégiales de
niveau vraiment à point et élevé. On ne peut pas
éparpiller les ressources à tout vent.
J'ai deux questions à poser à ce sujet, après avoir
expliqué un peu la problématique. La première - ce n'est
sûrement pas dans le livre des crédits qu'on voit les intentions
du ministre là-dessus, il n'y a absolument rien, pas un mot - quelles
sont les intentions du ministre en ce qui concerne les sous-centres?
Êtes-vous favorable à leur extension? Est-ce qu'il va arriver
quelque chose prochainement à Donnacona, à Montmagny ou à
La Tuque? Toujours dans le même sens, j'aimerais avoir vos
réactions concernant l'éventuelle implantation d'un cégep
sur la rive sud de Québec, dans la MRC des
Chutes-de-la-Chaudière.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, concernant la politique du gouvernement en
matière de sous-centres d'enseignement collégial, j'ai fait
à Carleton, en septembre dernier, une Intervention publique où
j'énonçais un certain nombre de critères qui guideront le
gouvernement dans les décisions qu'il sera appelé à
prendre en ces matières. Ces critères, comme je le disais dans
mon allocution liminaire, se résume à trois thèmes
principaux: il y a d'abord le thème voulant que l'enseignement
collégial doive être accessible le plus possible dans tout le
Québec; deuxièmement, il faut quand même qu'un projet
d'implantation d'une antenne d'enseignement collégial réponde
à un minimum d'exigences au point de vue rationalité
pédagogique, administrative, financière et organisationnelle. Il
faut qu'on ait un bassin minimum d'effectifs qui permette d'envisager que ces
exigences seront satisfaites; troisièmement, il faut assurer dans une
région l'unité de l'enseignement collégial. On ne
décide pas de planter une antenne à Carleton ou à Lasarre
sans s'assurer de l'unité du développement de l'enseignement
collégial dans la région. C'est pourquoi nous greffons toujours
une antenne d'enseignement collégial à un collège
existant.
Ce sont des considérations qui nous guident. Il y a les
considérations financières. Évidemment, il faut voir
combien ça va coûter pour le fonctionnement, pour les
investissements, etc. Jusqu'à maintenant, quand nous sommes
arrivés, il y avait trois sous-centres en marche: Chibougamau,
Îles-de-la-Madeleine, Amos. Mont-Laurier commençait et on l'a
confirmé de notre vivant, en somme. Dès la première
année de notre mandat, nous avons dit: Celui-là, on va
l'autoriser à marcher. C'était parti d'une manière
très intéressante.
Alors, les quatre ont continué. Ils sont toujours actifs. Comme
l'a dit justement le député d'Abitibi-Ouest, l'évaluation
que nous avons commandée a donné des conclusions favorables. Elle
a établi, par exemple, que le taux de fréquentation de
l'enseignement collégial était amélioré par
l'existence d'une antenne dans une région comme celle que
représente le député d'Abitibi-Ouest. Alors là, il
a été décidé de maintenir les sous-centres
d'enseignement collégial et même de considérer la
possibilité d'en ajouter quelques autres, dans la mesure où il y
aura des besoins réels pouvant donner lieu à des solutions
rationnelles.
Entre-temps, nous avons décidé de certaines implantations
plus importantes. Par exemple, à Val-d'Or, nous avons
décidé d'implanter un pavillon du collège
d'Abitibi-Témiscamingue et là, c'est une installation d'une
ampleur plus grande, éventuellement. Au début, cela a
commencé par la première année. Il y aura la
deuxième année cette année et on va voir ce que... On
donne, je pense, deux options d'enseignement professionnel à Val-d'Or.
C'est un point de départ.
Là, il y avait Carleton qui se posait. Vous savez, Carleton...
Déjà, quand nous étions dans l'Opposition, une demande
nous était parvenue de Carleton. Le seul problème qu'il restait
à régler était qu'on se demandait si l'implantation
éventuelle se ferait à Carleton ou à Chandler. Mais,
déjà, le problème était posé. Le dossier
était bon. Je me souviens d'avoir dit moi-même au
député de Bonaventure, à l'époque: Pour le moment,
il y a une expérience qui est en marche. On va attendre la fin de
l'expérience. On aura l'évaluation et on verra. Comme on
disposait de ces choses-là et que le problème de Carleton se
posait toujours avec acuité, nous avons décidé de
procéder cette année avec l'implantation d'une première
année, où l'on enseigne les sciences humaines et les sciences
administratives. L'éducation des adultes était déjà
donnée. Techniques administratives et techniques de bureau. Cela,
c'est...
M. Gendron: Cela va, M. le ministre. C'est plus la prospective.
Parce que je sais tout ça et c'est bien. Je suis parti de ça.
Mais peut-on espérer qu'il y aura quelque chose prochainement à
Donnacona, Montmagny et La Tuque ou s'ils vont devoir attendre?
M. Ryan: J'ai tout ça ici. Oui, on peut les prendre l'une
après l'autre. Prenons Donnacona pour commencer parce que c'est
peut-être le plus ancien en ordre d'antériorité. Le
député de Portneuf qui est ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et un avocat très ardent de
l'implantation de l'enseignement collégial à Donnacona où
on a des installations physiques pour accueillir cet enseignement... On nous a
soumis des projets. Le collège Garneau de Québec nous a soumis un
projet d'implantation très intéressant à Donnacona que
nous examinons présentement.
Nous avons une demande également de Montmagny qui voudrait avoir
une antenne rattachée au collège de La Pocatière.
Nous avons une demande de La Tuque, également, qui est
appuyée évidemment par le député de la
Haute-Mauricie, le député de...
M. Gendron: Laviolette.
M. Ryan:... Laviolette.
Nous avons reçu, ces derniers temps, une demande en provenance de
la région de Charlevoix, appuyée par le cégep de Limoilou.
Ces demandes sont à l'étude. Pour pratiquement chacune d'entre
elles, notre inclination est de recommander aux promoteurs de commencer par
l'implantation de l'éducation des adultes, en première
étape. Ensuite, on verra si une deuxième étape peut
être envisagée. J'ai demandé, dans les demandes de
crédits additionnels que j'ai adressées au gouvernement, des
crédits pour pouvoir mettre en route des services d'éducation des
adultes dans chacune de ces zones.
Il y a un autre point auquel le député a fait allusion
dans sa question. Il y a le problème de Saint-Georges-de-Beauce. On a un
établissement privé à Saint-Georges-de-Beauce, le
séminaire de Saint-Georges qui accomplit un excellent travail depuis de
nombreuses années. Mais là, le séminaire est rendu un
petit peu au bout de sa corde. Il s'aperçoit qu'il ne peut pas donner
une réponse satisfaisante à tous les besoins de sa région
et que, même à l'intérieur de son orbite actuel, il doit
faire face à des obligations de plus en plus grandes alors que les
ressources sont de plus en plus limitées, ce qui est une belle preuve,
entre parenthèses, de la modestie des ressources que nous mettons
à la disposition des établissements privés, contrairement
à des légendes que nous entendons souvent de la part de certains
milieux. Alors là, nous étudions parce que la région de
Beauce-Appalaches a droit d'avoir l'enseignement collégial. Si le
collège privé ne peut plus le fournir, il faut bien que nous
envisagions la possibilité d'un collège public. Je dois
rencontrer une délégation à ce sujet vers la
première quinzaine du mois de mai. J'ai présenté une
demande également de ce côté pour être bien
assuré que si les choses pouvaient fonctionner, nous aurions les
ressources néces-
saires. Mais je crois pouvoir dire aujourd'hui que, dans la meilleure
des hypothèses, la demande de Saint-Georges-de-Beauce, si elle
était agréée, ne pourrait pas recevoir de
réalisation concrète palpable avant le mois de septembre 1990. On
pourrait procéder, d'ici là, à la mise sur pied des
structures nécessaires, d'un conseil d'administration provisoire, etc.,
mais je ne pense pas que cela pourrait se mettre en marche avant septembre
1990. (20 h 45)
M. Gendron: Merci. Lorsque vous avez rencontré les deux
comités de déconcentration des études collégiales
d'Amos et de La Sarre, Amos pour un enrichissement et La Sarre pour une
implantation d'un début, vous avez dit à ces gens-là que
très tôt, vers le milieu d'avril et, au plus tard, à la fin
d'avril vous seriez en mesure de leur communiquer une décision. Est-ce
que je pourrai avoir des "previews"?
M. Ryan: Je pense bien pouvoir vous dire que d'ici la fin de mai,
la réponse attendue aura été donnée.
M. Gendron: Alors, on a perdu un mois, parce que vous aviez dit
à la fin d'avril. Là, ce serait plutôt à la fin de
mai?
M. Ryan: il faut mettre ça au dossier de la cause noble,
entre toutes, de la langue française.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions sur le programme 3?
M. Gendron: Non. Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 5,
pardon.
M. Gendron: Oui, plus...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est plus sur
les immobilisations.
M. Gendron: Non, sur les sous-centres. Nous étions aux
sous-centres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les
sous-centres.
M. Gendron: Rapidement, l'enseignement collégial:
échecs et abandons. Un excellent document qui a été
produit par le Conseil des collèges. Vous avez sûrement pris
connaissance de ce document, M. le ministre, où on déplorait le
nombre très élevé d'échecs et d'abandons et, en
corollaire, bien sûr, toute la question du faible taux de diplomation au
collégial. En 1987-1988, le Conseil des collèges a
consacré à cette question, sur l'état et les besoins de
l'enseignement collégial beaucoup d'analyse. Je ne veux pas reprendre
toutes les conclusions et les constata- tions qu'il a faites. Je veux juste
savoir si le ministre entend prendre certains moyens pour remédier
à cette situation difficile. Je suis convaincu qu'il est fort
préoccupé par le taux d'abandons et d'échecs aux
études collégiales et, en conséquence, comme ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, il doit avoir la
préoccupation d'essayer d'apporter des correctifs afin que ce taux
d'abandons et d'échecs soit le plus réduit possible. Il faut se
rappeler que dans une étude également parallèle, la
Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du
Québec prétendait que l'une des raisons majeures du
phénomène d'abandon et d'échec résiderait dans le
manque de ressources. En conséquence, je ne ferai pas la
négociation ici des professeurs du collégial, mais ces derniers
prétendaient qu'il y aurait lieu d'envisager un allégement de la
tâche, moins de groupes à rencontrer, moins d'étudiants, ce
qui permettrait un meilleur encadrement et une meilleure attention des
étudiants qui éprouvent des difficultés
particulières. Essentiellement sur cela, M. le ministre, je voudrais
savoir si vous croyez, premièrement, qu'il y a un problème
majeur? Deuxièmement, avez-vous des pistes de solution?
Troisièmement, pensez-vous que l'ajout de ressources est une piste de
solution que vous devriez exploiter?
M. Ryan: il faut bien se dire que, de manière
générale, nous n'avons pas d'explication globale de ces
phénomènes. Même l'étude du Conseil des
collèges dont parle le député d'Abi-tibi-Ouest est une
étude de caractère général qui réunit les
meilleurs éléments disponibles actuellement, mais qui n'apporte
pas un éclairage vraiment nouveau sur le problème. Sur la plupart
des aspects du problème, nous en sommes réduits encore pour
l'instant à des hypothèses et à des approximations. J'ai
remarqué que le volume de statistiques dont nous disposons augmente
d'année en année. On en a beaucoup plus cette année. Par
conséquent, on peut cerner le phénomène de manière
un peu plus précise, mais on n'en est pas encore au stade où on
peut indiquer des causes avec une assurance véritable. Pour le moment,
nous fonctionnons avec l'hypothèse suivante. J'ai dit dans mon
intervention liminaire: il faut d'abord que l'enseignement et les services
offerts par les collèges se rapprochent de la personne de chaque
étudiant. Dans la mesure où on atteindra cet objectif, dans la
même mesure, on sera mieux en mesure de connaître, de comprendre
éventuellement aussi et de résoudre les problèmes auxquels
fait face chaque étudiant en matière de continuité et de
persévérance dans les études. C'est pourquoi, comme je
l'ai indiqué, nous avons apporté de l'aide à certains
collèges qui ont pris des initiatives particulières dans ce
domaine: services de dépistage, services de soutien aux
élèves en difficulté dans telle ou telle matière.
Nous voulons accentuer cette orientation et j'espère que nous aurons
même l'occasion d'en discuter avec les syndicats lors
de la ronde actuelle de négociations. Nous serions très
intéressés à certains échanges de mesures qui
permettraient de donner plus d'intensité à cette approche. Avec
le temps, nous allons accumuler les informations précises qui nous
permettront d'agir avec plus de sûreté.
Je souligne seulement pour ajouter à l'information des
députés que, selon nos dernières statistiques, les plus
récentes pour l'année 1987, il y a quand même une
légère amélioration qui se profile à l'horizon. Par
exemple, le pourcentage de cours réussis au trimestre d'automne de 1987
était de 77,6 % par rapport à un taux de 75,9 % l'année
précédente. Le pourcentage de cours échoués
était de 13,3 % par rapport à 14,5 %. Celui de cours
abandonnés était de 7,5 % par rapport à 8,1 %. Il
semblerait que la prise de conscience qui se fait depuis trois ou quatre ans au
sujet de ce phénomène de l'abandon ou de l'échec dans les
études commence à produire des résultats positifs. Comme
je l'ai dit ce matin, c'est un aspect extrêmement important à mes
yeux. Nous allons voir à suivre de près le travail et, encore une
fois, à soutenir les institutions qui ont des initiatives
intéressantes.
M. Gendron: C'est parfait, M. le ministre. Dans les offres
déposées au niveau collégial, est-ce qu'il y a quelque
chose de concret pour faire face a ce problème?
M. Ryan: De ce point de vue-là, non, excepté que
nous avons présenté une demande. Nous voulons
récupérer des sommes d'argent au chapitre de la
sécurité d'emploi. Si nous pouvons faire des progrès de ce
côté-là, il en découlera une masse d'argent dont
l'utilisation pourra être envisagée pour des fins comme
celles-là. C'est le plus que j'ai à dire pour le moment.
Enseignement du français
M. Gendron: D'accord. Toujours au programme Enseignement
collégial: la qualité du français. Pour ce qui est du
volet d'abandons et d'échecs, j'ai fait le point que je voulais faire
avec le ministre de l'Éducation. Je voudrais aborder quelques secondes,
toujours dans le domaine de l'enseignement collégial, toute la
préoccupation quant à la qualité du français au
collégial. Je ne me déguiserai pas en ancien ministre de
l'Éducation, comme M. Gérin-Lajoie l'a fait, pour déplorer
la situation globale du français, et je ne dis pas qu'il a tort. Je vais
juste rester au niveau collégial. M. Gérin-Lajoie
déplorait récemment la situation générale
lamentable, disait-il, du français dans l'ensemble du réseau
d'éducation et il avait quasiment envie de recommander un nouveau
rapport Parent sur révolution de l'éducation. On attend, M. le
ministre, que vous soyez nommé lieutenant-gouverneur pour nommer une
commission Ryan qui ferait l'étude de cette situation.
Pour ce qui est de la qualité du français, plusieurs
instances se sont exprimées dans des rapports, par des conseils. On a
même dit: On recommande au ministre de faire de la maîtrise du
français chez les élèves du collégial une
priorité d'action absolue pour les prochaines années et de mettre
en oeuvre, à cet effet, un plan d'action vigoureux, assorti d'un
calendrier de réalisations et de mécanismes d'évaluation
appropriés. C'était le Conseil des collèges qui rendait
public, le 9 février dernier, un avis intitulé La qualité
du français au collégial: élément pour un plan
d'action. À son avis, il a trouvé des éléments
pertinents et intéressants par lesquels le ministre de
l'Éducation devrait être très intéressé et
très préoccupé. Donc, il vous aide à bien faire
votre travail. Vous avez dit, dans les commentaires dont j'ai pris
connaissance, que vous trouviez cet avis intéressant. Les syndicats
d'enseignants ont jugé qu'il n'y avait pas assez d'insistance sur
l'insuffisance des ressources et les problèmes reliés à la
tâche. Il faut les comprendre. C'est légitime de leur part d'avoir
cette préoccupation.
Les deux questions que je voudrais poser à ce sujet sont les
suivantes. Quelles sont vos intentions, M. le ministre, quant au suivi à
donner aux recommandations du conseil puisque, sans prétention, je pense
qu'il y avait là quelque chose d'intéressant et d'assez
précis comme orientation? Alors, avez-vous l'intention de donner un
suivi concret aux recommandations du conseil? Seriez-vous favorable, parce que
ça se discute et que c'est d'ailleurs une des recommandations du
conseil, à l'instauration d'un cours obligatoire de base en
français au niveau collégial?
Ce sont les deux éléments auxquels j'aimerais que vous
touchiez rapidement parce que le temps file et que j'ai beaucoup d'autres
questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. Tout d'abord, je pense qu'il est important de noter
qu'il existe déjà un certain nombre de collèges qui se
sont donné un plan d'action très intéressant concernant la
qualité du français chez leurs élèves et leurs
enseignants.
À titre d'exemple, je mentionne le collège
Édouard-Montpetit. J'ai ici le plan d'action qui est remarquablement
bien fait et qui remonte déjà à quelque temps. On m'avait
adressé ça au tout début de l'année. Je suis
allé faire une visite l'an dernier au collège
Édouard-Montpetit. J'ai visité le service de soutien aux
étudiants qui a été mis sur pied par le collège.
C'est de toute beauté. Cela a été fait avec la marge de
manoeuvre dont je parlais tantôt. Ce n'est pas un cadeau qui est venu du
ciel directement. Les dirigeants en ont trouvé.
M. Gendron: Avec leurs surplus?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Avec leurs surplus?
M. Ryan: Je ne sais pas si c'est l'opération de
l'année ou accumulée mais, en tout cas, ils l'ont fait. Cela
fonctionne très bien. Le cégep de Rosemont s'est doté d'un
service semblable. On m'informe que celui-là compte parmi les
collèges qui n'ont pas de surplus. Le collège de Sainte-Foy aussi
a un très bon plan de français de qualité, le
collège de Joliette, le collège de Sept-îles, pour ne
mentionner que ceux-là, et il se passe rarement une semaine ou deux sans
que j'en reçoive un.
Par conséquent, il y a déjà beaucoup d'action qui
peut se faire. C'est pour ça que pour les collèges, nous ne
devons pas oublier que le principe de base est la responsabilité de
rétablissement. Dans la mesure où les établissements
montrent qu'ils sont capables d'assumer cette dimension comme dimension
essentielle de leur mission, je pense que c'est vraiment la piste à
suivre.
Parmi les autres mesures, le Conseil des collèges a
proposé un cours de français de base. Actuellement, nous avons
déjà le français obligatoire dans les matières qui
sont enseignées au collège. C'est une matière de base.
Peut-être qu'un des cours de français déjà
obligatoires pourrait être conçu comme un cours de français
de base adapté aux exigences du niveau collégial et
spécialement aux étudiants qui n'ont pas encore atteint le niveau
collégial au point de vue linguistique. Encore là, il faudrait se
demander si les professeurs en place sont capables de faire ce travail, s'il
faudrait engager d'autres professeurs, ce qu'on va faire avec ceux qui sont
là. Cela demande un examen logistique assez poussé. Je comprends
la préoccupation des professeurs de français. Leur syndicat pense
d'abord aux jobs de ces enseignants. Je pense que c'est son premier devoir,
mais ce n'est pas le nôtre. Notre premier devoir, c'est la qualité
de l'enseignement. Il faut que les deux préoccupations se croisent
quelque part. C'est ce qui fait la paix sociale. On l'examine très
attentivement.
Il y a une chose qu'il faut bien voir en longue période. Un
travail doit être fait au niveau secondaire. Quand l'étudiant sort
du secondaire, il devrait être capable d'écrire un français
correct. S'il n'en est pas capable, le collège est obligé
d'assumer un rôle de suppléance, un rôle correctif a
posteriori. C'est pour ça que nous avons mis l'accent pour commencer sur
le plan d'action au primaire et au secondaire. Cela ne donnera pas de miracles
en moins d'un an, mais je crois que c'est très bien engagé de ce
côté. Dans la mesure où ce plan produira les
résultats souhaités, dans la même mesure il y aura moins de
pression sur les collèges. On pourra se contenter d'une action
peut-être plus mesurée. Mais, en tout cas, moi, comme je le disais
dans mes remarques liminaires, je pense qu'en attendant que tout ça
arrive, il faut que les collèges assument la responsabilité des
étudiants qui sont dans leurs murs aujourd'hui et qu'ils leur
fournissent le soutien nécessaire. (21 heures)
M. Gendron: M. le ministre, je pense sincèrement que vos
remarques sont pertinentes. Elles se situent correctement dans la
problématique des études tout court C'est certain que si on
maîtrise mieux le français au primaire et au secondaire, on a de
grosses chances d'être plus fort au collégial. Me dire qu'il y a
des cégeps qui font d'excellentes expériences, c'est encore beau
et bon. Le problème, c'est que le Conseil des collèges savait
sûrement que Sept-îles, Rosemont, Sainte-Foy,
Édouard-Montpetit et Joliette avaient probablement une bonne
performance, mais il a tout de même dit que le français des
élèves du niveau collégial présentait des lacunes
et des faiblesses si grandes et si nombreuses, que le conseil n'hésitait
pas à qualifier la situation d'alarmante.
C'était plus là-dessus. A-t-il raison? Si votre diagnostic
est le même, à savoir que la situation est alarmante, voici la
question que je posais. Puisque dans leur avis, ces gens prétendent,
eux, avoir un début de plan d'action intéressant... Ils ont dit:
Voici des éléments pour un plan d'action. Leur plan d'action, ils
le suggéraient au niveau collégial, même si je sais que
vous faites des efforts au primaire et au secondaire, que je loue correctement.
La question était: Quant au suivi du plan d'action qu'ils vous
suggèrent d'adopter, et pas nécessairement le leur, pour faire un
effort plus marqué, les coups de barre que vous donnez verbalement,
c'est ce genre qu'ils voudraient. Ils ont dit: On ne voudrait pas juste un
geste du ministre. Mais pensez-vous qu'il y aurait lieu d'envisager comme
gouvernement un petit plan, quelque chose de concret qui soutiendrait davantage
des actions concrètes des différents collèges qui
souhaiteraient faire un effort additionnel pour améliorer la
qualité du français?
M. Ryan: Dans les crédits de cette année, je ne
pourrais pas vous donner de réponse affirmative, parce que nous en avons
discuté. Mais dans les crédits additionnels de 10 000 000 $, qui
ont été attribués au ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française, je prévois qu'une certaine
partie pourrait être réservée pour les collèges aux
fins du renforcement de l'apprentissage en matière de français.
Là, nous pourrons fournir un certain appoint à des
collèges qui feront montre d'initiative. Je vous donne un exemple,
encore une fois. J'examinais le plan d'action que s'est donné le
collège Édouard-Montpetit. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est
que ce n'est pas tant l'ajout de ressources qui s'impose, qu'une mobilisation
du personnel dans l'établissement. Sa stratégie repose
essentiellement sur ça. On
demande à chaque département de se prendre en charge; que
le professeur serve mieux la langue française; que le professeur tienne
compte de la dimension linguistique dans la correction des travaux que lui
remettront les étudiants.
Cela ne demande pas d'injection de ressources additionnelles. Que les
professeurs s'autocor-rigent, se soutiennent entre eux. Qu'on recoure
même à l'aide des étudiants mieux doués ou qui
réussissent mieux pour faire une partie du travail de soutien, autant de
choses qui sont possibles, sans qu'on envisage des ajouts spectaculaires de
ressources. Mais, il y aura un budget modeste, dans la répartition du
budget spécial qui m'a été attribué, pour la
promotion de la langue française à l'intention des
collèges. Un autre point qui doit faire l'objet d'un examen attentif,
c'est, vous savez, les enseignants en disponibilité; je pense qu'on doit
en profiter chaque fois qu'on en parle pour dissiper les légendes qui
existent à leur sujet, faisant croire que ce seraient des gens qui
resteraient chez eux à longueur d'année à ne rien faire.
La grande majorité sont utilisés...
M. Gendron: Non, non. Ce ne sont pas des tablettes du
gouvernement.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Vous avez raison de mettre fin à cette
légende. Ce ne sont pas des tablettes du gouvernement, les enseignants
disponibles.
M. Ryan: La grande majorité sont utilisés à
des tâches reliées à l'éducation au cours de
l'année. Nous allons demander qu'on examine plus spécialement la
possibilité d'utiliser des enseignants en disponibilité pour du
travail de soutien ou d'encadrement pédagogique particulier à
l'intention des élèves sous l'angle linguistique.
M. Gendron: Je suis confiant parce que je sais que vous allez en
parler au ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française par rapport aux 10 000 000 $, et ça devrait donner de
bons résultats.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Ryan: il y a une chose dont je voulais m'assurer, c'est si ces
budgets étaient récurrents ou non, parce que si c'est seulement
une affaire d'un jour ou d'un an, on ne va pas loin avec ça, mais je
crois pouvoir dire qu'il y aura une forte dose de récurrence.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Rapidement, parce que
c'est connexe, M. le ministre. Vous avez parlé tantôt de la
qualité du français. Pour ce qui est de la mise en application,
du nouveau programme de sciences humaines et de sciences de la nature, est-ce
qu'on peut compter que ça va venir rapidement?
M. Ryan: Nous mettrons les nouveaux pians de cours en circulation
d'une semaine à l'autre, mais c'est pour obtenir la réaction des
milieux concernés. C'est une étape consultative.
M. Gendron: Visez-vous septembre prochain?
M. Ryan: Je vous dirai franchement qu'on ne peut pas viser
septembre prochain. C'est absolument impossible.
M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: Septembre 1990 demeure problématique. Tout
dépendra de la nature de la réaction. Si elle est à peu
près uniformément favorable, on peut envisager d'y aller pour
1990, je pense bien, mais si elle nous oblige à remettre en chantier un
certain nombre de cours, cela pourra prendre un petit plus de temps. J'aime
mieux que l'opération se fasse suivant des normes exigeantes.
M. Gendron: L'autre point auquel je veux toucher, toujours sur
les études collégiales, le programme 5, c'est...
M. Ryan: Me permettez-vous d'ajouter juste une remarque en
réponse à la question que vous aviez posée? Je pense que
ça s'Impose. La mise en oeuvre de ce nouveau programme de concentration
exigera des ressources additionnelles. Cela prendra plus de cours, plus
d'enseignants. Il faut prévoir un ajout de ressources. Il faudra le
demander en bonne et due forme. Les cours obligatoires seront plus nombreux et
l'économie générale des cours ne sera pas la même
qu'actuellement; par conséquent, cela entraînera des
déplacements sur l'échiquier des ressources humaines et nous
estimons que le coût de l'opération sera d'au moins 4 000 000 $
à 5 000 000 $.
M. Gendron: Oui, mais comme vous avez deux dépôts de
crédits, un pour le "fun" et un au budget, il devrait y avoir moyen de
trouver ça dans le second dépôt de crédits.
M. Ryan: il n'en est pas question pour septembre 1989 pour les
raisons fonctionnelles que je mentionnais. Ça va nous donner un an pour
faire le travail de promotion ensemble.
Accord-cadre Canada Québec sur la formation
professionnelle
M. Gendron: C'est beau. Formation professionnelle, accord-cadre
Canada Québec, je voudrais toucher à cela un peu. Vous savez que
l'accord-cadre Canada Québec sur la formation professionnelle est venu
à échéance le 1er avril 1989. L'enveloppe allouée
était de 139 000 000 $
dont 32 600 000 $ au titre de la formation sur mesure. Au cours des deux
années antérieures, environ la moitié des sommes
prévues pour la formation sur mesure n'a pas été
dépensée, donc plus de 20 000 000 $ dans les deux
dernières années qui n'ont pas été
dépensés. C'est vous-même qui nous avez dit ça. Les
informations qu'on a colligées nous permettent de le conclure.
C'est le ministre de la Maln-d 'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu qui est responsable des négociations avec le gouvernement
fédéral et qui indiquait que le programme se poursuivait en
attendant le renouvellement de l'accord, mais sans enveloppe
réservée et sans fonds garanti.
Entre-temps, M. le ministre, on a eu l'occasion de rencontrer des jeunes
étudiants de Saint-Jérôme, entre autres. J'espère
qu'ils sont allés vous voir. Non? En tout cas, ils sont venus nous voir.
Ils ont peut-être rencontré des gens de chez vous. Non? Alors ils
n'ont pas trouvé le quinzième étage, parce qu'on leur
avait bien indiqué où c'était.
M. Ryan: Où est...
M. Gendron: Et on avait des bons éclaireurs pour leur dire
où c'était.
Rapidement, M. le ministre, sérieusement, au cégep de
Saint-Jérôme il y a une dizaine d'étudiants en
électrotechnique. On veut annuler la seconde partie de leur programme de
formation qu'on appelle le plan B. La table régionale avait
accepté à l'automne de donner cette formation, puis la table
provinciale est venue l'annuler à la dernière minute, invoquant
des questions de budget. Le plan B devait débuter le 1er avril, date de
la fin de l'accord, parce que c'est relié au fait que M. Bourbeau
continue d'offrir le programme en disant qu'il se poursuit, mais il attend le
renouvellement de l'accord et il ne sait pas s'il a du fric pour le faire.
Alors, le plan B devait débuter le 1er avril, comme je l'ai
mentionné. Ces étudiants se font dire à
Saint-Jérôme que sans le plan B, il n'est pas question d'avoir une
équivalence du diplôme d'études collégiales en
électrotechnique, bien sûr. Donc, les étudiants n'ont
à peu près pas de possibilité d'emploi parce qu'ils n'ont
pas fini. On leur dit: Vous ne pouvez pas poursuivre votre formation. Et il n'y
a pas de possibilité de leur donner des équivalences. Je vais
revenir sur l'accord type; mais, comme je viens de parler des
élèves de Saint-Jérôme qui sont venus nous voir, je
voudrais au moins savoir si le ministre entend faire quelque chose pour eux.
Est-ce que le ministre de l'Éducation a l'intention de sensibiliser le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
aux préjudices qu'il vient de causer par le fait que l'accord-cadre
Canada Québec sur la formation professionnelle se poursuit, dit-on, mais
qu'il n'y a pas de crédits afférents, ce qui fait que le
collège de Saint-Jérôme a décidé de ne pas
offrir le programme de formation, dit plan B, à partir du mois d'avril?
Et là, ce sont les étudiants qui écopent.
M. Ryan: J'ai pris note du problème qui a
été soulevé par le député d'Abitibi-Ouest.
Mon attaché politique pour l'enseignement collégial, M. Jean-Guy
Lemieux, me fait signe qu'il a été saisi de cette situation. Il
s'est référé à un professionnel du ministère
qui est en rapport avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu à ce sujet. Apparemment, le
problème serait un peu plus complexe que ce qu'on a soumis au
député d'Abitibi-Ouest. Le problème est actuellement
à l'examen au ministère. M. Lanoux est ici, je vais demander
qu'on y voie avec diligence.
M. Gendron: D'accord, merci, M. le ministre, sincèrement.
Mais je voudrais que M. Lemieux appuie un peu sur l'accélérateur,
s'il en est capable, parce qu'il y a un problème. Ces jeunes vont perdre
leur assurance-chômage et ce sera le bordel. Ils seront obligés de
s'inscrire à un nouveau cours...
M. Ryan: On n'est pas obligé de demander à M.
Lemieux d'appuyer sur l'accélérateur, il faut plutôt le
modérer, en général.
M. Gendron: Oui?
M. Ryan: En tout cas, dans ce cas-ci, on va suivre votre
volonté.
M. Gendron: En tout cas, faites ce qu'il faut.
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: S'il faut le modérer, c'est à vous de
le retenir. S'il faut qu'il appuie sur l'accélérateur...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...qu'il s'arrange pour que le problème soit
réglé. J'aimerais recevoir ces jeunes étudiants dans une
semaine et qu'ils me disent qu'ils sont très heureux du travail de M.
Lemieux et du ministre de l'Éducation dans ce dossier.
M. Ryan: À propos du renouvellement de l'accord, je
voudrais dire juste un petit mot et peut-être ensuite céder la
parole à M. Lanoux qui suit ces choses de très près. En ce
qui concerne le gouvernement, le ministre responsable de la négociation
de l'accord est le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu. Il a été décidé que le ministre de
l'Éducation et ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science serait associé à toute l'entreprise de
négociations cette fois-ci pour qu'on ait l'assurance que les dimensions
éducatives de cet accord soient dûment considérées
à
toutes les étapes du processus. Il y a une décision du
gouvernement à cette fin. Maintenant, si les députés y
consentent, je voudrais demander à M. Lanoux de fournir quelques
précisions sur ce dossier, en particulier sur des questions qu'a
soulevées le député d'Abitibi-Ouest concernant
l'état actuel de la situation de non-renouvellement, de reconduction
partielle ou complète.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Gendron: Bien sûr!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lanoux.
M. Lanoux (Jacques): Dans diverses régions du
Québec, au début du mois d'avril, il y a eu un ralentissement
dans la formation financée par le biais de l'accord-cadre Canada
Québec parce qu'il est venu à terme. Le gouvernement
fédéral tentait fort probablement par ce moyen de mettre de la
pression sur les représentants du Québec pour qu'on
renégocie le plus rapidement possible. Le cas de
Saint-Jérôme a peut-être été touché de
cette façon. Toutefois, depuis le 7 avril, il y a entente avec le
gouvernement fédéral sur des mesures transitoires qui vont
couvrir les mois d'avril, de mai et de juin. Les achats directs fonctionnent
sans limite de budget, comme c'était prévu dans l'ancien accord.
Un budget de 20 000 000 $ est rendu disponible pour ces trois mois pour la
formation sur mesure en emploi et un budget de 12 500 000 $ est aussi rendu
disponible pour les trois mêmes mois pour la formation sur mesure en
employabilité, donc pour ceux qui sont bénéficiaires de
l'aide sociale. Ce sont des mesures transitoires pour avril, mal et juin. (21 h
15)
M. Gendron: Comment expliquez-vous que, le 1er avril, le
collège de Saint-Jérôme avait commencé ce qu'on
appelle le plan B dans le jargon. Je ne veux pas avoir de détail
là-dessus. On est passé le 1er avril, que je sache. Comment se
fait-il que ces gens aient suspendu les cours et qu'ils aient dit aux
étudiants: L'entente-cadre n'est pas renouvelée, en
conséquence, on ne sait pas si on va avoir les montants d'argent qu'il
nous faut? Tout votre plan était transitoire, comment se fait-il qu'il
ne s'applique pas à Saint-Jérôme?
M. Lanoux: Là, nous sommes rendus au 18 avril. Cela s'est
réglé à la fin de la première semaine. Le
message... Cela s'est réglé, évidemment, pour la province
de Québec avec les officiers d'Emploi et Immigration. Nous savions, par
exemple, la semaine dernière qu'il y avait encore des bureaux
régionaux d'Emploi et Immigration qui...
M. Gendron: Qui ne savaient pas ça.
M. Lanoux: ...ne le savaient pas encore et qui bloquaient. Nous
avons prévenu les gens de notre réseau que si cela se produisait
encore au début de la semaine, de nous prévenir pour qu'on puisse
intervenir parce que la formation doit se poursuivre comme si l'accord se
poursuivait, compte tenu du fait qu'on s'est entendus avec eux sur des mesures
transitoires.
M. Gendron: D'accord, c'est ce que je souhaite, mais, M. Lanoux,
j'aimerais que vous vérifiiez. Ce que je vous raconte, c'est vendredi,
non pas il y a un mois, aujourd'hui c'est mardi, donc vendredi dernier, il y a
quatre jours que ces étudiants sont venus me voir. Ils ont dit: M.
Gendron...
M. Lanoux: On va vérifier.
M. Gendron: Vérifiez ça. Concernant les
collèges, globalement - je n'en suis plus au problème particulier
de Saint-Jérôme - combien ont-ils reçu en 1988-1989 en
vertu de l'entente-cadre Canada Québec, premièrement, au titre
des achats directs; deuxièmement, pour la formation sur mesure et,
troisièmement, pour les coûts de base? Quelle somme est-ce que
cela représente?
M. Lanoux: L'accord est de 139 000 000 $, 85 000 000 $ sont
réservés aux achats directs...
M. Gendron: Est-ce que cela inclut les commissions scolaires?
M. Lanoux: Oui, oui. M. Gendron: D'accord.
M. Lanoux: Oui, oui. Je vais d'abord vous le faire...
M. Gendron: Cela va.
M. Lanoux: ...de façon globale. Donc, c'est un montant de
85 000 000 $ pour les achats directs, 39 000 000 $ pour la formation sur mesure
en emploi, 15 000 000 $ pour la formation sur mesure en employabilité.
Des 85 000 000 $, je dirais qu'en ce qui concerne les achats directs, la partie
collèges et commissions scolaires, vous pourrez compter à peu
près 60 % pour les commissions scolaires et 40 %...
M. Gendron: Au collégial.
M. Lanoux: ...pour les collèges. De chacun de ces
pourcentages, 40 % sont réservés aux coûts de base, 60 %
pour la formation. Si vous faites les multiplications... Alors, si vous le
faites pour les collèges, 40 % de 85 000 000 $, cela fait 34 000 000 $,
40 % en coûts de base, 12 000 000 $ et le reste pour la formation.
Dans la formation sur mesure, emploi, 60 %
dans les collèges; 60 % des 39 000 000 $ sont
réservés pour les collèges, 40 % pour les commissions
scolaires. C'est inversé en ce qui concerne la formation sur mesure en
emploi. C'est la même proportion, 40 % pour les coûts de base, 60 %
pour les coûts de formation.
En employabilité, 90 % des montants vont dans les commissions
scolaires et 10 % dans les collèges. Évidemment, la
première formation qu'ont les bénéficiaires de l'aide
sociale, c'est de terminer leur DES.
M. Gendron: Merci. Un instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le...
M. Gendron: Oui, un instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...programmes?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Pardon, le
programme 5.
M. Gendron: En ce qui concerne le transitoire, les 20 000 000 $
dont vous avez parlé pour les trois mois concernant la formation sur
mesure en emploi, c'est aussi pour les deux.
M. Lanoux: Oui. Les 20 000 000 $ pour trois mois, quand vous
pensez qu'on en a dépensé 35 000 000 $ pour dix, on pense qu'avec
20 000 000 $ on est capable de faire trois mois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va de votre
côté?
M. Gendron: Oui, merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela met fin
à l'étude des crédits...
M. Gendron: Non, non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non? Le programme
5, non?
M. Gendron: On commence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous sommes
toujours à l'enseignement collégial?
Techniques policières
M. Gendron: Oui, toujours. Ce n'est pas pour rien. C'est le
ministre qui m'a prévenu qu'il y avait beaucoup de choses qui se
passaient là-dedans av9c ses 18 pages d'introduction, remarques
liminaires, comme il dit. Alors je suis obligé de donner de l'importance
au secteur collégial. C'était important dans la
présentation du ministre. Il y a des questions importantes dans ce
secteur-là.
Techniques policières. Juste quelques minutes et là je ne
ferai pas la problématique. Le ministre doit le savoir. Je vais tout
simplement questionner. Comment se fait-il que le ministre ne semble pas
respecter le protocole d'entente quant à l'accès des finissants
au diplôme d'études collégiales à Nicolet? Comment
explique-t-ï la diminution du nombre de places de stage? En a-t-il
discuté avec son collègue ombrageux de la Sécurité
publique?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Le député le sait. Une entente
était intervenue entre le ministère du Solliciteur
général et le ministre de l'Enseignement supérieur et de
la Science - si mes souvenirs sont bons, c'était vers le mois de juin
dernier - en vertu de laquelle un certain nombre de places étaient
garanties à des étudiants de techniques policières des
collèges pour des stages pratiques à l'Institut de police de
Nicolet. Les collèges s'engageaient de leur côté à
organiser aussi des stages de manière que la durée du stage
à Nicolet soit moins longue et qu'on puisse, en conséquence,
accueillir plus d'étudiants stagiaires.
Maintenant, il est arrivé l'automne dernier, peut-être dans
le contexte de mutation ministérielle dont nous nous souvenons, que des
coupures budgétaires aient été appliquées dans ce
secteur-là sans qu'on ne tienne compte de l'entente qui était
intervenue avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science et on s'est trouvé à réduire
unilatéralement le nombre de places qui allaient être disponibles
pour les étudiants des collèges à l'Institut de police de
Nicolet à compter du début de l'année 1989. Nous nous
employons depuis ce temps à rectifier la situation et j'ai signé,
avec le ministre Solliciteur général, un mémoire au
cabinet demandant l'octroi de crédits additionnels pour permettre de
respecter intégralement l'entente qui a été faite entre
les deux ministères.
M. Gendron: Merci. Le ministre sait-il combien de finissants du
diplôme d'études collégiales ont été admis
à Nicolet depuis 1988 par rapport au nombre de conventionnels pour
chacune des périodes de stage?
M. Ryan: Je ne le sais pas ce soir. Je pourrai obtenir...
M. Gendron: Non mais j'aimerais que vous me transmettiez...
M. Ryan: C'est une chose qui, maintenant, ne relève pas de
ma compétence. Il faudrait peut-être le demander au ministre
responsable de la Sécurité publique, à l'examen de ses
crédits.
Je pourrai vous dire le nombre d'étudiants de collèges qui
ont été admis à l'Institut de police de Nicolet. Cela
relève de ma responsabilité et on l'a peut-être ici.
M. Gendron: Je me suis peut-être mai exprimé, mais
c'est cela qu'on demande.
M. Ryan: Alors je croirais qu'on a la réponse ici. Le
chiffre est de... Attendez un petit peu, je veux être sûr que...
Vous m'avez demandé le nombre d'étudiants qui auraient
été admis depuis 1988?
M. Gendron: Oui, par session. On sait le nombre qui devait
être admis mais on veut savoir combien il en a été
admis.
M. Ryan: Depuis la fin de 1988? M. Gendron: Oui, juin 1988.
M. Ryan: Oui, 164. Nous avions une liste d'attente de 444 qui est
passée, en conséquence, à 280. Il y a une autre promotion
qui est venue s'ajouter depuis ce temps-là et elle comportera à
peu près 75 à 80 étudiants.
M. Gendron: il y a un problème. M. Ryan: Oui?
M. Gendron: il y a un problème dans ce que vous me donnez
comme information. Écoutez. C'est parce que je ne pensais pas avoir
besoin de faire de la problématique. Je l'ai dit tantôt. Nous
avons l'information suivante. Cela va être très court. En
dépit du protocole signé en juin dernier entre le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et le
Solliciteur général, les problèmes persistent pour les
élèves en techniques policières, notamment en ce qui
concerne l'accès à l'Institut de police de Nicolet. Cela c'est la
problématique. Mais regardez bien les chiffres. Selon notre information,
le nombre de places de stage a été réduit en janvier de
cette année de 224 tel que le protocole le stipulait pour chaque
session, à 168. C'est l'information précise que nous avons. Voici
la question que je pose: Est-ce vrai ce que je dis?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Pour quelle raison? La raison qu'on nous a
donnée c'est le manque de fric. Alors, je trouve cela inacceptable
qu'après avoir signé un protocole entre deux ministères
qu'on dise: On garantit 224 places, quatre fois, parce qu'il y a quatre
sessions; et là, qu'on dise: Au diable le protocole; nous avons un petit
problème d'argent parce qu'on balance les colonnes, et on a d'excellents
comptables; indépendamment de la situation qu'on fait subir aux gens
concernés, ce n'est plus 224 qui vont être admis, c'est 168.
Là, le problème c'est qu'on est pris avec une liste d'attente. Le
nombre de places devait doubler. 900 plutôt que 450 par année. La
proportion de futurs policiers détenant un DEC devait s'établir
à 75 %. Là, on n'entre plus dans aucun des objectifs du protocole
que vous avez signé. Vous m'avez répondu franchement et je suis
pas mal sûr que c'est là la bonne réponse, ce n'est pas ce
que vous m'avez dit tantôt. La bonne réponse, c'est qu'on signe un
protocole et on sait qu'il y a des conséquences graves pour les
personnes concernées, mais ce n'est pas grave. Le petit problème
qu'on avait, c'est que nos colonnes ne balançaient pas. Je veux juste
vous dire que si c'est cela, je dénonce cette situation. Je ne trouve
pas ça sérieux du tout. Mon rôle va être de dire
à qui de droit que toutes les chinoiseries qu'on va leur dire c'est de
la m, parce que, dans le fond, le problème très clair c'est qu'on
a mis fin à un protocole sous prétexte qu'on avait un
problème de colonnes. Alors, c'est à la raison pour laquelle le
protocole a été modifié.
M. Ryan: L'Institut de police de Nicolet ne relève pas de
mon autorité. Je ne peux pas y entrer les gens de force.
M. Gendron: Vous étiez partenaire au protocole, M. le
ministre.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Vous étiez partenaire au protocole en
garantissant les 224 places.
M. Ryan: Pour l'information du député, dans le
protocole, le chiffre de 224 n'est pas mentionné.
M. Gendron: Non?
M. Ryan: C'est un objectif que nous visons à atteindre et
il n'est pas mentionné dans le protocole.
M. Gendron: D'où vient-il?
M. Ryan: C'est l'objectif que nous visons à atteindre.
C'est la part raisonnable des places qui devraient être attribuées
à des étudiantes du collégial selon nous.
M. Gendron: Juste une seconde, M. le ministre, s'il a
été réduit de 224 à 168, je n'ai pas inventé
cela. Si j'ai l'information qu'il a été réduit de 224
à 168 c'est que le nombre 224, il a existé, qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise?
M. Ryan: Le protocole permettait de doubler théoriquement
le nombre de places que nous avions...
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: ...naguère. Alors, quand on le doublait, cela
donnait 224. Mais c'est un objectif qui a été fixé sans
qu'il soit littéralement astreignant à compter du 1er janvier.
C'est ce que je comprends, moi. L'autre partie, je dois le dire avec
insistance, est d'accord sur cet objectif. Le Solliciteur général
est d'accord avec moi. SI ce n'était pas du problème de
ressources budgétaires, nous n'aurions pas eu cette difficulté.
C'est pourquoi nous avons convenu, tous les deux, de soumettre une demande
additionnelle spéciale au Conseil du trésor. Elle est
déjà dans la machine depuis un mois et demi.
M. Gendron: Sur les 168, moi, en tout cas, je ne suis pas
d'accord. On ne peut pas signer un protocole et, après cela jouer avec
les chiffres comme cela. Je repète que le nombre 224, ce n'est pas moi
qui l'ai inventé et je suis sûr de ce que je dis sur cela. Une
deuxième question, sur le 168, M. !e ministre, que vous avez
réduit, en janvier, vous avez dit: Dorénavant, ce n'est plus 224,
c'est 168. Sur les 168 combien y a-t-il de cégepiens? Si au moins
c'était...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous aimeriez
savoir combien il y a de cégepiens sur les 168?
M. Ryan: Dans les deux premières sessions, c'est le
chiffre que nous avons donné tantôt, 164.
M. Gendron: Parmi les 164, que je sache, il n'y a pas uniquement
des finissants de collégial.
M. Ryan: C'est ce qu'on me dit là, c'est ce que j'ai
compris, moi. (21 h 30)
M. Gendron: J'ai l'information que ce n'est pas cela. Il n'y a
pas que des finissants de collégial. Quand la session débute
à Nicolet, des gens qui n'ont pas de diplôme d'études
collégiales sont quand même admis à i'Institut de police du
Québec pour éventuellement devenir policier. Le problème
dont je discute, c'est que vous aviez promis aux étudiants en techniques
policières des cégeps qu'ils auraient l'assurance que, quatre
fois par année, il y en aurait 224 admissions à l'institut. Vous
m'avez expliqué ça tantôt en disant: il y a un
problème d'argent; ce n'est plus 224, mais 168. Là, c'est encore
plus grave parce que ce n'est même pas 168 étudiants en techniques
policières qui ont l'assurance d'entrer à l'Institut de police de
Nicolet. Alors, parmi les 168, comment se fart le partage? 40 viennent de tout
le Québec; ils ont une formation quelconque et Ils veulent être
policiers. Combien proviennent des différents cégeps où se
donne le cours de techniques policières?
M. le ministre, j'arrêterais là-dessus. Je comprends
ça pour vrai, mais j'aimerais que vous me refassiez un portrait plus
précis. Il y a quelque chose qui ne marche pas. C'est normal, c'est tout
à fait normal que le ministre n'ait pas l'ensemble des données
que je demande à ce sujet. Je voudrais une petite note de service d'une
demi-page ou d'un quart de page - je m'en fous - avec quelques
précisions sur ce qui se passe véritablement. Je ferai les
corrélations entre les informations que j'ai concernant les engagements
que vous aviez pris et la situation actuelle. On aura l'occasion d'y revenir
Merci.
M. Ryan: Encore une fois, j'ai un peu de difficulté
à donner toute l'information parce que cet établissement
relève de la compétence d'un collègue et non pas de la
mienne. Par conséquent, pour vous dire tout ce qui se passe à
l'intérieur de l'Institut de police de Québec, je ne suis pas la
source autorisée. Mais je vais essayer d'aller aux renseignements et
nous vous donnerons un complément d'information ces jours-ci.
M. Gendron: Une chose est sûre, M. le ministre. À
partir du moment où votre ministère est partie prenante du
protocole, il est clair que vous êtes bien mieux placé que moi
pour avoir les informations.
M. Ryan: Non. M. Gendron: Non?
M. Ryan: Si j'avais été mieux placé, ce qui
est arrivé ne serait pas arrivé. Je peux vous le dire.
M. Gendron: Non, mais en tout cas...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Gendron: ...je ne pensais pas que ça pouvait être
possible que quelque chose vous échappe.
M. Ryan: Non. Vous savez que les ententes
interministérielles ne sont pas toujours aussi faciles qu'on le
souhaiterait.
M. Gendron: Non.
M. Ryan: Vous le savez d'expérience. Est-ce qu'on pourrait
demander à M. Lanoux de donner juste un petit complément
d'information?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Certainement. M.
Lanoux.
M. Lanoux: Avec le protocole, les étudiants terminaient la
cinquième session, ils faisaient huit semaines de cours durant la
sixième session et Ils avaient ensuite à faire un stage de dix
semaines, soit à l'Institut de police s'ils déte-
naient une promesse d'embauché soit un stage alternatif de dix
semaines pour obtenir leur DEC. Quant au fait de détenir une promesse
d'embauché, d'être admis à l'Institut de police, on n'est
pas en mesure de vous fournir des chiffres, mais on est capable de vous dire
combien il y en a encore qui n'y sont pas entrés.
M. Gendron: C'est ce qu'on veut savoir.
M. Lanoux: il y avait toute une mécanique dans le
protocole qui voulait tenir compte de ceux qui sont à la porte de
l'institut depuis 18 mois, 12 mois ou 6 mois. C'était la première
chose. On avait une liste d'attente d'environ 450 élèves...
M. Gendron: Oui.
M. Lanoux: ...qui étaient là et qui ne pouvaient
entrer parce que, compte tenu du nombre du stagiaires que l'Institut de police
du Québec était en mesure de prendre année après
année, ce n'était pas suffisant. Ceux qu'on appelle les
conventionnels, ceux qui n'étaient pas passés par le
collège, prenaient toute la place. En donnant dans les collèges
une partie du stage de l'institut - parce qu'il y avait 18 semaines à
faire à l'institut et que, dorénavant, ils feraient huit semaines
au collège et dix semaines à l'institut - on multipliait par deux
le nombre de stages à l'institut de Nicolet et on pouvait ainsi faire
passer, en l'espace d'un an et demi, nos 450 finissants qui étaient
à la porte.
Toutefois, pour multiplier le nombre de sessions à l'institut de
Nicolet, il s'est posé un problème de financement qui est
à se régler, nous l'espérons. Vu le problème de
financement, l'institut n'a pas été en mesure de commencer une
session avec 224 étudiants, une deuxième de 224. Elle a
commencé une session avec 168 en prenant une bonne partie des
conventionnels, mais dans les priorités de l'Institut de police, la
première est toujours un contrat d'engagement. Que vous soyez
conventionnel ou finissant de cégep, c'est le contrat d'engagement qui
passe en premier. C'est pour ça que le protocole n'a peut-être pas
trouvé, au moment où on se parle, sa pleine application.
M. Gendron: Merci. Je voudrais Juste ajouter en conclusion que
c'est ce qu'on devinait: ceux qui sont encore favorisés, ce sont les
conventionnels par rapport aux finissants du collégial. Ce n'est pas ce
que le protocole disait. Donc, en fin de compte, quand on n'est pas en mesure
de donner suite aux engagements qu'on a pris, on ne met pas d'engagements comme
ceux-là dans un protocole. C'était mon point de vue et je ne
change pas d'avis. J'aimerais bien avoir le détail, la ventilation des
168 par session à la place des 224. Vous allez voir là que ce que
j'indique va probablement être confirmé, à savoir que ce ne
sont pas les étudiants en techniques policières qui ont suivi le
cours au collégial qui vont être favorisés. Je trouve que
ça n'a pas de bon sens. On demande à un étudiant d'aller
suivre un cours d'études collégiales en techniques
policières et après ça... Je vais être gentil, je
vais arrêter là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur ce programme?
M. Gendron: Non.
M. Ryan: M. le Président...
M. Gendron: Le collège d'informatique Saint-Laurent.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
M. Ryan: Nous ferons parvenir aux membres de la commission une
note explicative, ces jours-ci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien. Alors,
c'est l'explication entre les 224 et les 168.
M. Ryan: Comme je l'ai dit, la demande de crédits
additionnels est à l'examen au Conseil du trésor.
Là-dessus, également, il devrait y avoir une réponse
prochainement.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, c'est la
différence entre les 224 et les 168 et le nombre qui vient
réellement du cégep.
Collège d'informatique appliquée du Saint-laurent
M. Gendron: Pour chaque session.
M. le ministre, je voudrais maintenant toucher un problème qui
est loin d'être rose, la fermeture du Collège d'informatique
appliquée du Saint-Laurent.
À la suite du non-renouvellement du permis de ses trois
succursales, ce collège a dû fermer ses portes le 1er juillet
dernier. Cette fermeture a occasionné de nombreux problèmes aux
étudiants qui avaient commencé des cours à cet endroit et
qui ont dû être relocalisés. Obligation, donc, pour certains
de reprendre au nouveau collège des cours déjà suivis au
centre d'informatique appliquée avec, bien sûr, les frais qui en
découlent, non-remise par les centres d'informatique appliquée de
relevés de notes alors que le ministère avait bien indiqué
qu'ils étaient tenus de le faire, difficultés financières
reliées à la fin des prestations d'assurance-chômage et
impossibilité d'obtenir des prêts et bourses après
le 1er mai, stage prévu de huit semaines alors qu'ils doivent
suivre treize semaines de cours pour y avoir droit et non-remboursement de
sommes payées à l'avance.
Je n'ai pas besoin de vous dire que les étudiants qui sont venus
nous voir sont insatisfaits de la façon dont le ministère s'est
occupé de leur dossier. Ils ont écrit au ministre en octobre. M.
Réjean Bilodeau accusait réception de leur lettre le 15 novembre.
Aucun développement depuis. Je répète: M. Bilodeau a
reçu leur demande en octobre; il en a accusé réception le
15 novembre; aucun développement depuis.
Au cours des dernières semaines, on a reçu de nombreuses
lettres d'étudiants qui demandent qu'on s'occupe de leur
problème. Ils sont venus nous rencontrer. Je vous montre ça ici,
M. le ministre. Je leur dis toujours: J'espère que vous en faites au
moins autant avec le ministre qui nous fait accroire qu'il lit tout ou à
peu près. Donc, c'est sûr qu'il va s'occuper de votre
problème si vous lui écrivez. Il lit à peu près
tout ce qui entre au ministère.
J'en lis une lettre datée du 12 avril: Monsieur, le 31 octobre
dernier, nous avons fait parvenir une lettre au ministre de l'Éducation
en rapport avec les problèmes rencontrés par les étudiants
concernant le dossier mentionné en référence - c'est ce
que Je viens de dire.
Nous avons reçu une réponse de M. Réjean Bilodeau
le 15 novembre dernier nous disant qu'on s'occupait de notre dossier. Depuis ce
temps - et la lettre est datée du 12 avril 1989 - on n'a reçu
aucune nouvelle. On aimerait beaucoup que ces problèmes soient
résolus car il y a déjà un bon moment que ça dure
et c'est pourquoi une rencontre avec vous dans les plus brefs délais
serait bien appréciée. Marco Cama-ro - et ce n'est pas sa marque
de char - Michel Dufresne et ainsi de suite. J'arrête ici, mais je tiens
à vous signaler que vous avez sans doute reçu cette série
de lettres. Plus sérieusement, quand ils étaient venus nous voir
à la fin de février, si ma mémoire est bonne, fin de
janvier, début de février, M. le ministre, ils nous avaient
indiqué combien ce dossier était problématique pour eux au
chapitre des coûts. Je voyais un article dans Le Soleil
aujourd'hui. Vous avez un caucus, à Québec, qui est
silencieux, mais ces gens ne font pas de théâtre,
supposément. Ils s'occupent des dossiers. Le caucus de Québec
s'occupe des dossiers en catimini.
Dans ce dossier, je vous dis que Rômy Poulin, Jean-Guy Lemieux et
une série d'autres collègues n'ont pas viré les murs
à l'envers. Moi, je leur ai donné des indications à savoir
comment brasser dans un dossier comme ça. Ils les ont suivies à
la lettre et cela a donné de bons résultats, c'est-à-dire
aucun, depuis le mois d'octobre. J'aimerais, sérieusement, que le
ministre regarde ce problème parce que, pour les |eunes, il est
dramatique au chapitre des coûts que cela leur a occasionnés et de
l'incapacité pour eux d'avoir ce qui devrait être tout à
fait
normal, soit un relevé de notes parce que, bien souvent,
on les oblige à suivre les mêmes cours dans un autre centre
d'informatique. Mais le collège Saint-Laurent ne veut même pas
leur remettre le relevé de notes qu'ils ont pour faire la preuve et
attester qu'ils ont déjà fait certains cours qu'on leur demande
de suivre à nouveau. J'arrête là parce que vous connaissez
les questions, M. le ministre. Le ministre est-il prêt à
rencontrer ces étudiants? Le ministre va-t-il intervenir auprès
des responsables de l'institution fermée pour assurer la remise des
notes? Elle est fermée, elle a les notes, mais elle ne veut pas les
remettre. Le ministre est-il prêt à introduire un accommodement
pour ces élèves qui, compte tenu de la prolongation de leur
formation, ne satisfont plus maintenant aux règles des prêts et
bourses? Ils ne répondent plus aux critères des prêts et
bourses pour le prêt d'été. Pis encore - je conclus
là-dessus - imaginez que ces étudiants, comme s'ils n'en avaient
pas assez, certains officiers du ministère leur ont conseillé
d'aller au collège MultiHexa. Moi, je ne connais pas ce collège,
mais ce collège a un permis du ministère. Ils se sont inscrits au
collège MultiHexa. Ils ont recommencé à faire, dans
certains cas, la même chose qu'ils faisaient au collège
Saint-Laurent et, là, ils ont appris que le collège était
sous enquête par le ministère. Le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science est en train de faire
enquête...
M. Ryan: Quel collège? Quel collège? M. Gendron:
Le collège MultiHexa.
M. Ryan: Oui. Alors, quelle est la question? Y a-t-il une
question?
M. Gendron: Je pense avoir posé la question, M. le
ministre. Acceptez-vous de voir ces étudiants afin qu'ils vous
expliquent, en long et en large, les préjudices qu'ils ont subis?
Allez-vous intervenir auprès de l'institution concernée pour
qu'elle remette les relevés de notes qu'elle a en sa possession, parce
qu'elle a les relevés de notes mais ne veut pas les remettre?
Êtes-vous prêt à introduire un accommodement pour ces
élèves concernant les prêts et bourses afin de ne pas les
pénaliser - ils l'ont été assez? De plus si ces gens
reçoivent le conseil d'aller à un autre collège pour
parfaire leur formation en Informatique, encore faudrait-il que cette formation
soit donnée par un collège qui n'est pas en situation trouble
où il pourrait arriver exactement la même chose qu'au
collège d'informatique de Saint-Laurent qui a fermé ses portes.
Il va se faire fermer par le ministère.
C'est tout, et je suis convaincu que vous avez reçu ces lettres.
Cela ne se peut pas que ces gens les envolent juste à nous autres.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais rappeler brièvement
qu'il y a déjà plusieurs mois, nous
avons dû mettre fin au permis de ce collège, parce que les
pratiques qui y avaient cours n'étaient pas conformes aux exigences du
régime d'études collégiales. Après plusieurs
avertissements, nous avons dû prendre les décisions qui
s'imposaient.
M. Gendron: Une parenthèse là-dessus, M. le
ministre. Les étudiants et moi-même nous vous félicitons de
l'avoir fait. Ils sont d'accord, mais ils ne veulent pas avoir toutes ces
pénalités. Ces élèves ne veulent pas assumer les
conséquences d'un collège qui a eu un permis et que le
ministère a dû fermer.
M. Ryan: Moi, j'ai donné l'instruction à la
direction des études collégiales et de l'enseignement
privé du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, à l'époque - c'était vers la fin de juin - de
faire en sorte que les étudiants soient traités avec toute la
compréhension, toute la sollicitude possible, de manière qu'ils
ne soient point lésés dans leurs droits. À ce point-ci, il
s'imposerait peut-être que M. Lanoux nous donne un bref
résumé de ce qui a été fait pour ces
étudiants et qu'ensuite il apporte des éléments de
réponse aux points qui ont été soulevés par le
député, en particulier la question relative à la
disponibilité des relevés de notes. Le député a
soulevé quatre points: on va les prendre un par un et on va les
clarifier. (21 h 45)
M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: Mais un résumé de ce qui a
été fait s'impose parce que, autrement, on tombe dans une
véritable jungle et on a l'impression que personne ne s'est
occupé de rien alors que c'est absolument faux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le ministre. M.
Lanoux.
M. Lanoux: À la suite de la lettre du propriétaire
du Collège d'informatique appliquée du Saint-Laurent, de
l'Institut d'informatique appliquée du Canada et de l'Institut
d'informatique appliquée de l'Outaouais, le ministre a retiré
trois permis en même temps à trois établissements qui
appartenaient à la même personne: un à Québec, un
à Montréal et un à Hull, du même coup. Les
étudiants de chacun de ces collèges ont été
rencontrés par des gens de chez nous, des gens de l'aide
financière aux étudiants et des gens d'Emploi et Immigration,
dans la première semaine du mois de juillet parce qu'il fallait attendre
que le 30 juin passe puisque le permis venait à échéance
le 30 juin, donc on ne voulait pas d'embêtement. Il y a eu des rencontres
les 3, 4 et 5 juillet. On a rencontré tous les étudiants, qu'ils
soient à Québec, à Montréal ou à Hull. Il y
avait, aux rencontres de Québec et de Montréal, des
représentants d'autres établissements privés qui offraient
le même programme et nous indiquions, à ce moment-là, aux
étudiants qu'ils pouvaient poursuivre leurs études dans d'autres
établissements qui offraient le même programme.
Dans la région de Québec il est vrai que MultiHexa offre
le même programme que le Collège d'informatique appliquée
du Saint-Laurent qui était à Québec. Il y avait aussi
d'autres collèges dans la région de Montréal. Par rapport
à MultiHexa, il n'est pas sous enquête par la Direction de
l'enseignement privé chez nous. Il fait l'objet de vérifications,
comme tous les établissements privés en phase de renouvellement
de permis, vérification du matériel didactique,
vérifications générales, visites. Dans le moment, il n'y a
rien, sur notre table de travail, donc encore moins sur la table du ministre,
par rapport à ça. Que des étudiants voient des
fonctionnaires qui visitent, c'est normal, c'est dans leurs fonctions d'aller
visiter pour préparer le rapport avant le renouvellement du permis.
Je poursuis l'historique. On a donc vu ces gens-là. Dans la
région de Hull, il n'y avait aucun établissement privé qui
pouvait recevoir les étudiants de l'Institut Informatique
appliquée de l'Outaouais. Nous avons fait terminer le cours, à
tous les étudiants de l'Institut Informatique appliquée de
l'Outaouais, au cégep de l'Outaouais parce qu'il n'y avait pas
d'établissement privé qui offrait le même cours.
Dans la région de Montréal et dans la région de
Québec, les étudiants ont exercé leur choix d'aller vers
les autres établissements privés qui offraient le même
cours: 95 % de la clientèle de ces établissements étaient
effectivement des gens qui bénéficiaient de
l'assurance-chômage. Pour certains... et là le représentant
d'Emploi et Immigration qui assistait aux rencontres a bien
précisé aux gens qu'ils avaient un délai pour se
relocaliser, autrement ils seraient pénalisés par rapport aux
prestations d'assurance-chômage. De plus, les étudiants savaient
qu'ils pouvaient bénéficier d'un prolongement puisque le
programme dans lequel ils étaient inscrits était un programme
prioritaire du ministère de l'Emploi et de l'Immigration. Donc, pour les
emplois prioritaires, il peut y avoir prolongement des prestations
d'assurance-chômage.
Au moment où le ministre a transmis sa décision concernant
le retrait des permis aux trois collèges d'informatique, il a
demandé au propriétaire de ces trois établissements de
transmettre au ministère toutes les notes, tous les bulletins. Cela n'a
pas été fait et nous sommes revenus à la charge au moins
trois fois. Le propriétaire des trois établissements a
intenté une poursuite - évidemment, vous comprendrez pourquoi -
et, dans les échanges de correspondance avec le Procureur
général et l'avocat du propriétaire des trois
établissements, cette question est revenue sur le tapis à notre
demande et nous avons reçu confirmation que le propriétaire des
trois établissements enverrait les notes et les bulletins pour que les
étudiants les
reçoivent. Cela s'est réglé au cours des derniers
jours.
M. Gendron: Merci, M. Lanoux. Je veux conclure là-dessus.
C'est juste pour ne pas laisser les choses en plan. Le ministre de
l'Éducation a laissé voir tantôt, et je le cite: Je vais
laisser parler M. Lanoux pour démontrer que c'est complètement
faux qu'il ne s'est rien fait. Je veux juste vous dire que les lettres du 12
avril des étudiants concernés, ce n'est pas moi qui les ai
écrites. Plus je fouille cela, plus je persiste... et je reprends ce que
j'ai dit. Les principaux Intéressés, après avoir
reçu un accusé de réception - cela ne donne rien de vous
le lire - de M. Bilodeau... M. Bilodeau leur a répondu, je l'ai dit
tantôt. Le 15 novembre, M. Bilodeau a écrit ceci: M. Ryan m'a
prié de donner suite à votre lettre que vous adressiez le 31
octobre dernier à la suite de la fermeture du Collège
d'informatique appliquée. Soyez assurés que votre demande sera
examinée avec toute l'attention qu'elle mérite. Je vous
informerai de tout développement qui pourrait survenir dans ce dossier.
Je vous prie d'agréer... Je ne dis pas que la lettre n'est pas correcte,
qu'elle n'est pas belle. Je dis que c'est la dernière qu'ils ont
reçue et qu'ils n'ont jamais entendu parler d'autre chose. C'est
signé le 15 novembre 1988 et, aujourd'hui, on est en avril.
En conclusion, M. le ministre. Dans ce dossier, tous les
étudiants - ce sera à eux de juger, qu'est-ce que vous voulez que
je vous dise? - m'ont envoyé une lettre à la fin de mars. Pour la
plupart, je les ai reçues. Les estampilles de l'Assemblée
nationale, ce n'est pas moi qui les mets. Le 12 avril 1989 - ce n'est pas il y
a deux mois, ni quatre mois - Micheline Dufresne me dit la même chose que
les autres. Le 12 avril, Micheline Dufresne me dit: il n'y a absolument rien
qui s'est fait concernant les problèmes qu'on a vécus, concernant
nos relevés de notes, concernant les coûts qu'on a dû
assumer, concernant des suggestions d'aller se relocaliser ailleurs, et ainsi
de suite. Je voulais faire le point. Je vais transmettre aux étudiants
concernés une copie des galées et ils porteront un jugement.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'était mon devoir de
signaler qu'on est rendu en avril, que les étudiants nous
écrivent encore pour nous dire qu'il y a un problème, qu'on n'a
pas eu le soutien qu'on aurait souhaité avoir du ministère.
C'était à moi de le signaler et je l'ai fait. Vous avez fait
l'historique, vous me dites qu'il y a eu des poursuites, que cela a pris du
temps et que c'est réglé. Tant mieux, mais il faudrait le faire
savoir aux étudiants. Et je conclus.
Il y a également des parents. Môme si je vous lisais une
lettre d'une dame de Sept-îies qui me dit: M. Gendron, cela n'a pas de
bon sens, regardez tout ce que cela m'a coûté et ce qu'ils ont
fait à mon fils. Je ne vous lirai pas la lettre, mais je dis juste qu'il
devrait y avoir du ministère une attention plus particulière pour
trouver une façon de compenser ces jeunes qui ont eu à subir des
inconvénients graves, mais surtout - et c'est surtout cela mon point -
à assumer des coûts qu'ils n'auraient jamais dû assumer
seuls. Quand il y a un problème comme celui-là... Le
ministère a fait sa job, il a fermé un collège qui ne
répondait pas professionnellement aux exigences d'un permis. On vous
félicite. Bravo, vous avez fait votre job. Mais ensuite, il fallait
évaluer les conséquences pour les étudiants
concernés. Ce n'était pas à eux seuls d'assumer ce qui
s'est passé. Je n'ai pas d'autres commentaires là-dessus.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: J'ajouterai juste un mot, si vous me le permettez, M. le
Président. Il faut compter qu'à partir d'un certain point,
l'affaire tombe dans les mains des avocats, autant du côté des
institutions concernées que du gouvernement, et là, les choses se
compliquent et les profanes ne peuvent plus intervenir beaucoup. Il y a des
affaires d'avocats qui se compliquent et qui entraînent des
délais. Il y a eu des changements d'avocats en cours de route dans le
dossier. Quand je reçois une affaire de chicane d'avocats, je n'essaie
pas de comprendre jusqu'à la dernière ligne parce que mon temps
est trop précieux. Je la réfère à nos services
juridiques et je leur dis: Occupez-vous-en de manière efficace. Si mon
intervention est requise, vous me le laisserez savoir. Alors, c'est ce qui est
arrivé là-dedans. Maintenant, je vais vérifier avec mes
collaborateurs pour voir s'il y a eu quelque préjudice subi par les
étudiants à cause d'actes qui auraient été
posés ou non posés par le ministère, et nous verrons. Mais
je pense que ce n'est vraiment pas le cas. Je pense que les derniers
renseignements qu'on a communiques devraient être de nature à
mettre fin à ce litige. Je ne vois pas d'autre solution que
celle-là.
Collège Marie-Victorin
M. Gendron: Merci, M. le ministre. Le dernier dossier que je
voudrais toucher au chapitre de l'enseignement collégial, c'est la saga
du collège Marie-Victorin. D'ailleurs, c'est un peu étonnant que
le ministre commence son laïus sur les études collégiales en
disant: Même dans le secteur privé, dans les collèges
privés, la clientèle a baissé. C'est vrai, sauf que la
clientèle a baissé à cause de Marie-Victorin.
Essentiellement, s'il n'avait pas triché par rapport aux normes
établies, possiblement qu'il serait en hausse de clientèle.
Je ne ferai pas tout l'historique, le ministre doit s'en rappeler un
peu, mais dans son rapport remis le 21 novembre dernier, le mandataire
chargé de faire la lumière sur les pratiques du collège
Marie-Victorin concluait que le collège a
erronément déclaré pour fins de subventions plus de
1000 étudiants adultes en 1987-1988, ce qui représente environ 3
300 000 $ en trop pour cette seule année. Tout en y trouvant
confirmation de nos allégations quant aux irrégularités
commises, ce rapport laisse plusieurs questions en suspens. Cela fait plusieurs
fois que j'y reviens, et je vais y revenir tant que j'aurai des
responsabilités de critique en éducation, si la lumière
n'est pas complètement faite là-dessus, et je ne parle pas de la
mienne.
Lors de la vérification des engagements financiers du 7
février, nous avons longuement questionné le ministre sur le
contenu du rapport Pouliot et ses suites. Le ministre indiquait alors ne pas
avoir l'intention de transmettre le dossier au Procureur général
pour l'instant, privilégiant plutôt la voie de la
négociation avec le collège qui conteste l'interprétation
des faits du rapport et refuse de remettre les 3 000 000 $. Le ministre
s'était engagé, à ce moment-là, à rencontrer
le collège à ce sujet. J'y reviendrai.
Les données sur les inscriptions révèlent, par
ailleurs, que le collège a vu, curieux hasard, sa clientèle
chuter de 5768, à l'automne 1987, à 4133 élèves
à l'automne 1988, soit une diminution de 1635 élèves, ce
qui représente des subventions en moins de 4 000 000 $ à 5 000
000 $ et ce qui explique également la baisse des crédits pour les
collèges privés. Selon des informations transmises par M.
Jean-Guy Lemieux, du cabinet du ministre, à M. Gérald Voyer, le
ministre penserait à retenir les subventions et transmettre le dossier
au Procureur général. Je vais vous poser des questions
tantôt, mais selon l'information qu'on a, et je répète:
Selon des informations transmises par M. Jean-Guy Lemieux, du cabinet du
ministre, à M. Gérald Voyer, le ministre penserait à
retenir les subventions et transmettre le dossier au Procureur
général. Vous m'indiquerez tantôt si ce sont de fausses
prétentions.
Un élément intéressant vient s'ajouter dans le
dossier: une personne qui s'était inscrite au cours de langue a
reçu, pour fins d'impôt, un reçu des frais de
scolarité de 1858 douilles ou douleurs ou dollars, alors que les frais
s'élevaient à 400 $. Alors, je répète - en plus, la
concernée avait payé 20 $, autre combine que vous allez devoir
éclaircir - ça coûtait 20 $ pour suivre un cours, les frais
s'élevaient à 400 $ même si la personne n'en payait que 20
$ et on lui émet un reçu pour fins d'impôt, avec la mention
"frais de scolarité", de 1858 $. Vous comprendrez qu'on a quelques
questions à vous poser. C'est la problématique
résumée parce qu'elle est plus large que ça. Ma
première question: Est-ce que le ministre a rencontré les membres
de la direction du collège?
M. Ryan: Oui, à quelques reprises au cours des derniers
mois.
M. Gendron: Depuis l'étude des engagements financiers du 7
février?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Là, je voudrais être sûr, mais je
prends votre parole. Rappelez-vous qu'on a fait ça le 7 février
et vous avez dit: Oui, je vais les rencontrer. Donc, depuis le 7
février...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...vous les avez rencontrés à une
couple de reprises?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: À combien de reprises?
M. Ryan: Je ne peux pas vous le dire avec précision.
M. Gendron: Non, mais une couple de fois. M. Ryan: Une
couple de fois. M. Gendron: Après le 7 février? M.
Ryan: Oui.
M. Gendron: D'accord. Est-ce qu'à cette rencontre, vous
avez parlé de la récupération des 3 000 000 $
M. Ryan: Oui. Nous avons parlé des sommes qui devaient
être récupérées...
M. Gendron: Ils vous ont remis un chèque?
M. Ryan: ...que nous avions établies de notre
côté à 1 200 000 $ ou 1 300 000 $, des choses que nous
pouvions légalement réclamer.
M. Gendron: À quoi vos discussions ont-elles conclu?
M. Ryan: À une entente en vertu de laquelle ces sommes
seront récupérées.
M. Gendron: 1 300 000 $.
M. Ryan: Oui, 1 200 000 $ et quelques. Je vais vous donner le
montant exact. (22 heures)
M. Gendron: Cela va, M. le ministre.
M. Ryan: C'est 1 205 622 $.
M. Gendron: D'accord. Le rapport Pouliot parlait de 3 200 000 $.
Alors, la différence entre 3 200 000 $ et 1 200 000 $ et quelques, vous
trouvez que ce n'était pas...
M. Ryan: Oui. À cause de l'imprécision des
règlements de l'époque, nous n'avions pas de base solide pour
réclamer ça devant les tribu-
naux. Par conséquent, le bénéfice du doute pouvait
aller à l'autre institution étant donné que c'est notre
responsabilité d'avoir des choses claires.
M. Gendron: Je reconnais ça si c'est
l'interprétation que vous en faites. Est-ce que le montant de 1 200 000
$ provenait des cours de langue seconde?
M. Ryan: Les cours de?
M. Gendron: Langue seconde.
M. Ryan: Oui, entre autres.
M. Gendron: Donc, c'était de la récupération
presque exclusivement au chapitre des cours de langue seconde?
M. Ryan: Non. On va vous indiquer sur quels cours ça
portait. Peut-être que M. Lanoux pourrait compléter l'information.
S'il y a des cours de langue, il y a aussi... Le service, comment
l'appelle-t-on? Le bénévolat.
Une voix: Gérontologie. M. Ryan:
Gérontologie.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce qu'on peut
entendre M. Lanoux?
M. Ryan: Gérontologie et langue. Bénévolat,
il n'y en a pas?
Une voix: Non, il n'y en a pas. M. Ryan: Très
bien.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Lanoux.
M. Lanoux: La récupération qui a fait l'objet de
l'entente s'établit à 1 205 622 $. Cela provient d'une
récupération pour les cours de langue seconde, anglais et
français, donc pour les inscriptions en lettres, pour un montant de 848
350 $, et d'une récupération pour les cours de
gérontologie pour un montant de 357 272 $. En lettres, anglais et
français langue seconde, ça touche 470 étudiants et, du
côté de la gérontologie, ça touche 148
étudiants.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): J'aimerais savoir,
M. le critique de l'Opposition, s'il y a d'autres questions.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: C'est ce que j'ai précisé à
l'occasion d'une réunion tenue à mon bureau le 27 février.
J'ai dicté les notes tout de suite après la rencontre pour
être bien sûr.
M. Gendron: Vous avez indiqué, lors des discussions qu'on
a eues à l'étude des engagements financiers, qu'après la
rencontre avec la direction du collège, vous évalueriez la
possiblité de confier le tout au Procureur général.
À partir du moment où il semble que, bona fide, vous vous
êtes entendu avec le collège que ce serait ce montant-là et
qu'ils sont d'accord pour le remettre, quelle serait la réponse à
la question précise que je vous poserais: Est-ce qu'il est toujours
question, selon vous, de remettre le dossier au Procureur
général?
M. Ryan: Dans mon esprit: Non.
M. Gendron: Le 7 février, j'avais également
posé certaines questions concernant les nombreux sites d'enseignement.
On avait demandé la liste des sites, le nombre d'élèves et
les programmes. Est-ce que le ministre peut s'engager... Et il ne sera
peut-être pas nécessaire de nous donner ça ce soir compte
tenu de l'heure. Je ne veux pas que vos fonctionnaires, pour qu'ils soient en
forme demain, se couchent trop tard. Alors, comme il me reste une couple
d'affaires à faire, vous pourriez nous transmettre la liste. C'est
toujours aux membres de la commission. Quand je demande quelque chose, c'est
toujours comme membre de cette commission.
M. Ryan: C'est entendu. C'est comme ça qu'on le
comprend.
M. Gendron: Et si vous étiez d'accord, M. le ministre,
pour nous envoyer la liste des sites, le nombre d'élèves et les
programmes pour 1988-1989, ça serait important que nous ayons cette
information-là.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, le
secrétaire de la commission m'informe que ces listes sont
déjà fournies et qu'il les a reçues ce matin. Alors, vous
aurez ces informations incessamment.
M. Gendron: Si le secrétaire devance... Comment se
fait-il? Est-ce que vous avez joué dans mes papiers?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: C'est venu de nos services. On l'a transmis au
secrétaire, mais c'est venu de nous, de notre initiative, pour vous
être utiles et agréables.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Ce sont des
questions qui ont été posées lors des engagements
financiers et les réponses ont été déposées
hier ou aujourd'hui. Alors, vous les aurez.
M. Gendron: C'est ça. Je veux juste signaler que si je les
avais eues il y a une couple de semaines, j'aurais sauté plus vite sur
cette partie-là quand j'ai fait mon travail de préparation
à l'étude des crédits.
M. le ministre, je ne suis pas sûr et je n'ai pas une
maîtrise totale et parfaite à ce moment-ci du rapport Pouliot
même si on l'a regardé. La question que je pose est la suivante:
Est-ce que M. Pouliot a pris soin de vérifier - ce n'est pas clair dans
le rapport, selon nous, on peut se tromper - lors de son enquête, les
frais de scolarité payés par les élèves inscrits
dans les programmes que j'ai appelés douteux depuis que je questionne
cette situation? Je pose la question précisément au ministre.
Pour les cours de langue seconde, le DEC en lettres, retraite active, le DEC en
sciences humaines, troisième âge, le DEC en sciences humaines et
le cours de bénévolat, gérontologie - je
répète la question - est-ce que M. Pouliot a pris soin de
vérifier, lors de son enquête, les frais de scolarité
payés par les élèves inscrits dans les programmes que
j'appelle douteux - je viens de les nommer - pour adultes, bien sûr? Mon
objectif, je voudrais comparer avec les frais de scolarité normalement
perçus à l'enseignement régulier. C'est un
élément qui ne figurait pas au rapport.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: Non, cet aspect n'a pas fait l'objet de mention dans le
rapport de M. Pouliot. L'a-t-il examiné? Je devrais le lui demander.
M. Gendron: C'est dans ce sens, M. le ministre, la question,
parce qu'à notre connaissance, ce n'est pas dans le rapport. Nous
prétendons que cette information est très pertinente pour
l'ensemble des questions qu'on veut vérifier. Rappelez-vous toujours que
nous, on pense que c'étaient des cours bidon et, en conséquence,
si c'étaient des cours bidon...
M. Ryan: Je suis bien prêt à demander à M.
Pouliot s'il a vérifié cet aspect, mais si le
député pose cette question en fonction de la remarque qu'il a
faite tantôt à propos de reçus d'impôt...
M. Gendron: Non, je vais revenir sur les reçus
d'impôt.
M. Ryan: Oui? Très bien. Pour le moment en tout cas, la
réponse, c'est qu'il n'y a pas de mention de cela dans le rapport
Pouliot et, en conséquence...
M. Gendron: Cela va, si vous pouviez lui demander
l'information.
M. Ryan: Volontiers.
M. Gendron: Le ministre sait-il - je l'ai dit tantôt, mais
j'ai dit que je reviendrais là-dessus - que le collège a
émis, pour fins d'impôt, des reçus des frais de
scolarité dont les montants excèdent, mais largement, les
montants réellement payés? Est-ce qu'il y a une explication
à ce sujet parce que ce n'est pas le cas d'un seul? J'en ai eu
quelques-uns. Est-ce que vous pouvez en exhiber un?
M. Ryan: Je pense que, là, il y a méprise. Les
reçus émis par les établissements d'enseignement
postsecondaire pour fins d'impôt indiquent le montant des crédits
d'impôt auquel la personne a droit selon qu'elle a un, deux ou trois
enfants aux études...Ce n'est pas cela?
M. Gendron: Non. M. le ministre, ayant la chance d'avoir une
fille à l'université et un fils au collège, je sais ce
qu'on prétend ce que ça me donne droit dans mon rapport
d'impôt. Ce n'est pas cela.
M. Ryan: J'en ai eu cinq. M. Gendron: Pardon?
M. Ryan: J'en ai eu cinq et j'en ai encore deux, là, qui
sont à l'université, mais je vous avoue que je regarde ça
vite parce que je paie sans regarder étant donné que c'est le
gouvernement.
M. Gendron: Ce n'est pas la déduction pour enfants aux
études.
M. Ryan: Le montant qui est sur le reçu, ce que je veux
dire, ne correspond pas au montant des frais de scolarité, à ma
connaissance. À ce moment-là, la preuve qu'on veut faire...
M. Gendron: Non, non, cela va, M. le ministre.
M. Ryan: ...serait en porte-à-faux.
M. Gendron: Non, c'est clair qu'un montant sur un TP dont
j'oublie le numéro, auquel je suis habitué, correspondant
à la déduction à laquelle j'ai droit comme parent d'un
enfant aux études ne correspond pas du tout au coût réel
des frais de scolarité. Mais ce n'est pas de cela que je parle.
M. Ryan: Quelle est votre question?
M. Gendron: La question, c'est qu'on émet des reçus
pour frais de scolarité. Dans un rapport d'impôt, en plus de ce
qu'on vient de discuter, c'est-à-dire la déduction à
laquelle j'ai droit pour de jeunes enfants aux études
collégiales, il y a une rubrique qui s'intitule Frais de
scolarité. Vous avez sûrement déjà vu ça dans
un rapport d'impôt. Sous la rubrique Frais de
scolarité, à une personne qui a suivi des cours de danse,
de bénévolat ou de gérontologie qui lui ont
coûté 20 $, on fait un reçu pour frais de scolarité
de 1800 $. Est-ce clair? Ma question est: C'est quoi, cette
affaire-là?
M. Ryan: Je vais vous dire que je ne suis pas saisi de ces faits.
Je crois que, s'il y a des problèmes de ce côté-là,
cela regarde l'impôt sur le revenu et le ministère de la
Justice.
M. Gendron: Je prétends, M. le ministre, que cela vous
regarde un peu. C'est le collège Marie-Vic qui émet ces
choses-là.
M. Ryan: Je vous assure que si M. Pouliot en avait
été saisi et qu'il eût jugé devoir m'en saisir, il
l'eut fait, comme je le connais. Et si d'autres personnes vous ont
communiqué des renseignements comme celui-là et qu'elles veulent
les communiquer au Procureur général ou au ministre du Revenu,
elles sont libres de le faire en tout temps et c'est même leur
responsabilité de le faire.
M. Gendron: Vous avez raison.
M. Ryan: Je n'ai pas à leur servir de bureau de poste pour
ces fins.
M. Gendron: Vous avez raison. Je voulais servir moi-même de
bureau de poste au ministre du Revenu.
M. Ryan: Soyez libre de le faire.
M. Gendron: Ce sera ma dernière question à ce
sujet. Je pensais et je pense toujours, puisque je pose la question, qu'une
institution d'enseignement qui a un permis du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, ce noble titre, et qui sait qu'il s'est
passé des choses qui ont nécessité la nomination d'un
enquêteur au collège Marie-Vic... Il me semble que je regarderais
ça avec un peu plus d'attention. Ce n'est pas moi qui ai nommé un
enquêteur à Marie-Vie. Il s'y est passé des
irrégularités. Il me semble que cela en soit une, le fait
d'émettre un reçu pour frais de scolarité qui correspond
à une somme tout à fait différente des coûts
défrayés par l'intéressé qui reçoit le
reçu pour frais de scolarité. On n'est plus sur la
déduction du parent pour des enfants aux études. Je voulais vous
demander si, comme ministre de l'Éducation, cela ne vous tente pas de
vérifier ce point.
M. Ryan: Je vais vous dire comment je vois le problème. Il
me semble que ce problème, par sa nature même, relève du
ministre du Revenu, pour commencer. SI je suis Informé que des
irrégularités ont été commises là-dedans par
un établissement, avec la preuve établie par mon col-
lègue, le ministre du Revenu qui a autorité en ces choses, j'ai
une responsabilité que je ne nie aucunement.
M. Gendron: Merci. M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que cela
termine l'étude des crédits?
M. Gendron: Du programme 5, oui. Adopté surdivision.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est ce que l'étude
des crédits du programme 5, Enseignement collégial est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les crédits sont
adoptés. Adopté, monsieur?
M. Gendron: Non, non. Les crédits qu'on a vus sont
adoptés, mais le programme 3, l'Aide financière aux
étudiants...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je vous parle juste
du programme 5.
M. Gendron: Ah oui! Le programme 5 est adopté sur
division. Je vous l'avais dit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division.
J'appelle le programme 3, Aide financière aux étudiants.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, si vous me le permettez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le ministre.
M. Ryan:... le député a fait des affirmations assez
graves à propos d'un établissement d'enseignement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: J'espère qu'il sera en mesure d'établir la
véracité de ses affirmations et, s'il n'en est pas en mesure,
j'espère qu'il les corrigera dans les meilleurs délais. Toutes
les indications que j'ai m'indiquent que la nature des pièces dont on
parlait n'était pas celle qu'évoque le député
d'Abitibi-Ouest. Mais, s'il a des preuves, j'espère qu'il les
communiquera à qui de droit dans les meilleurs délais parce que
je ne les ai pas.
M. Gendron: Non, mais un instant, M. le
Président. C'est parce que...
(22 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je pense...
Écoutez...
M. Gendron: Non, non, mais c'est une remarque et je veux au moins
savoir sur quoi elle porte. Faites-vous allusion uniquement au dernier
commentaire sur les reçus pour frais de scolarité? Je n'ai pas
fait d'accusations graves. Je dis que j'ai l'information disant qu'on
émet, au collège Marie-Victorin, des reçus pour frais de
scolarité qui sont de beaucoup supérieurs au coût
exigé. Cela me fera plaisir, M. le ministre, si le collège
Marie-Victorin... De toute façon, je suis un homme public comme vous. Si
le collège Marie-Victorin est en mesure de me prouver que les
informations qui m'ont été transmises à ce sujet sont
inexactes, je serai le premier à faire une rétractation.
M. Ryan: Les pièces que mes collaborateurs ont pu voir sur
la foi des mêmes sources d'information que celles dont vous parlez, parce
que vous avez dit tantôt qu'il y avait eu des rencontres au cours
desquelles certains de mes collaborateurs auraient dit des choses, ne tiennent
pas le langage que vous avez tenu. Si les pièces étaient
incomplètes ou qu'elles aient été mal vues, on
vérifiera. S'il y a falsification, c'est évident que le ministre
responsable doit en être saisi, en l'occurrence le ministre du Revenu,
à mon point de vue. Dès que je serai saisi de choses qui auront
été établies, ça m'intéresse au plus haut
point quant à la moralité de l'établissement
concerné, j'aimerais que ces choses soient clarifiées le plus
tôt possible.
Je voudrais ajouter un point au sujet de ces sources dont parie le
député d'Abitibi-Ouest et sur lesquelles il s'appuie pour parler.
Deux de ces personnes sont venues rencontrer de mes collaborateurs ces jours
derniers. Je les ai fait rencontrer. Mes collaborateurs m'ont fait rapport.
J'ai même insisté pour que le chef du contentieux du
ministère soit présent à la rencontre. Ils m'ont fait
rapport. Nous avons examiné l'ensemble du portrait. La conclusion que
nous tirons est celle que je donnais tantôt et elle sera
communiquée par écrit aux personnes concernées au cours
des prochains jours. Nous avons examiné le problème très
consciencieusement. Nous en sommes venus à cette conclusion après
examen de ce qui est disponible.
Évidemment, il y a des personnes qui se promènent avec des
boîtes entières de documents qui pourront être
examinés aux lieux appropriés. À ma connaissance, tout ce
qui regarde le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science a
été examiné. Nous avons tiré des conclusions. S'il
y a des choses qui regardent d'autres ministres, je pense que c'est normal
qu'elles soient soulevées. Je recommanderais peut-être un peu de
prudence dans les affirmations à ce sujet.
Aide financière aux étudiants
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires? S'il n'y a pas d'autres commentaires, j'appelle
immédiatement le programme 3, Aide financière aux
étudiants. On me dit que vous avez une intervention, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je suis accompagné du
sous-ministre adjoint en charge de l'administration et de l'aide
financière au ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science, M. Pierre Boisvert.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur,
bonsoir.
M. Ryan: il semble que nous ayons prévu qu'il resterait
moins de temps pour ce sujet vers la fin des travaux de la commission. J'ai
préparé un exposé moins long.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer, M. le ministre, qu'il nous reste encore trois programmes à
étudier et à adopter.
M. Ryan: Le régime d'aide financière aux
étudiants permet au gouvernement d'assurer un soutien financier aux
étudiants désireux de poursuivre des études
collégiales et universitaires, mais dont les ressources s'avèrent
insuffisantes. Le régime demeure un outil majeur de la politique
gouvernementale visant à favoriser l'accès de toutes les
personnes qui en ont la volonté et les aptitudes à l'enseignement
postsecondaire.
Pour l'année 1989-1990, le volume de l'aide financière
attribuée aux étudiants de niveaux collégial et
universitaire sera d'environ 421 000 000 $. Le nombre d'étudiants
bénéficiaires du régime sera de 111 050, soit 50 350
étudiants bénéficiaires d'un prêt seulement et 60
700 étudiants bénéficiaires d'un prêt et d'une
bourse. Le nombre de bénéficiaires est pratiquement identique
à celui des années 1987-1988 et 1988-1989. Nous avions
prévu 132 000 demandes d'aide financière mais les demandes
reçues se sont plutôt élevées à 125 000. Ce
résultat s'explique par une conjoncture économique favorable,
laquelle a permis à de nombreux étudiants de poursuivre leurs
études à l'aide de revenu d'emploi ou de revenu en provenance
d'autre source.
Selon nos statistiques, plus de trois étudiants sur quatre parmi
ceux qui ont soumis une demande d'aide financière ont
déclaré avoir eu un revenu d'emploi. Si on examine le niveau de
l'aide financière attribuée aux étudiants, on constate que
le montant moyen du prêt et de la bourse a de nouveau augmenté en
1988-1989. Le montant moyen du prêt était de 1563 $ en 1984-1985,
il sera de 2305 $ en 1989-1990. Le montant moyen de la bourse est passé,
quant à lui, de
2425 $ en 1984-1985, à 2721 $ en 1989-1990. Des politiques
gouvernementales mettant l'accent sur la responsabilisation de
l'étudiant ont logiquement entraîné une augmentation du
for-deau moyen de l'endettement chez les étudiants.
La dette moyenne était de 3146 $ en 1984-1985. Elle est de 4529 $
en 1987-1988. Nous observons, par ailleurs, que la performance des
étudiants en matière de remboursement de la dette s'est
améliorée par rapport à 1984-1985. En 1984-1985, 7,6 % des
réclamations de remboursement de dettes donnèrent lieu à
un défaut de payer de la part du débiteur. En 1987-1988, la
proportion des réclamations non payées n'était plus que de
5,2 %. Si on calcule, enfin, le coût total de l'aide financière
pour l'année 1989-1990, on l'établit à un montant probable
de 280 000 000 $, soit une augmentation - c'est le coût total en
dépenses, non pas en valeur d'argent mis en circulation, mais en
dépenses encourues par le gouvernement - de 7,5 % par rapport à
l'année 1988-1989. Ce coût se répartit ainsi: les bourses,
165 168 000 $; les frais d'intérêt, 81 147 000 $; les
remboursements, 20 600 000 $; autres bourses, 5 129 000 $; bourse de la
francophonie, 8 000 000 $. Total, 280 004 000 $.
À l'occasion de cet examen annuel des crédits du
ministère, je voudrais faire le point sur les améliorations
à apporter au régime de l'aide financière depuis trois
ans, ainsi que sur les étapes entrevues pour les mois à venir. M.
le Président, je pense que je vous ferai grâce des
améliorations apportées depuis trois ans, étant
donné l'heure déjà avancée à laquelle nous
sommes parvenus. Je ne sais pas s'il est possible que nous nous entendions pour
que ces remarques figurent au Journal des débats comme si elles
avaient été faites.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va être
difficile, monsieur, parce que c'est une transcription verbale au Journal
des débats. On ne transcrit pas...
M. Ryan: J'ai déjà tenté et on m'a
répondu non. C'est pour ça que, des fois, ça peut sembler
un peu plus long parce qu'on veut que l'histoire soit bien faite par ceux qui
l'écriront dans 50 ans. Mais, malgré cela, nous sacrifions un peu
du temps qui nous est imparti.
M. Gendron: M. le ministre, sérieusement, c'est pertinent
ce que vous venez de faire, mais, à partir du moment où le
président de la commission indique que c'est exact, je pense qu'il n'y
aura pas votre transcription, mais que vous venez d'indiquer, dans votre
première phrase, qu'il y a eu une bonification importante, c'est vous
qui avez dit ça, et cela va figurer au Journal des débats
et que le document va accompagner parce qu'il est déposé
à la commission...
M. Ryan: il n'y a pas eu de dépôt officiel, non.
M. Gendron: Vous n'avez qu'à faire un dépôt
officiel. À ce moment... Sérieusement...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voulez-vous
déposer votre texte, M. le ministre?
M. Gendron: Vous n'avez qu'à faire un dépôt
officiel de votre texte et il va être inscrit comme pièce...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Votre texte va
faire partie de l'étude des crédits. Il n'apparaîtra pas au
Journal des débats. Mais, comme vous avez mentionné qu'il
y avait une bonification, l'explication était dans votre texte, si vous
déposez votre texte, il sera partie intégrante des documents
déposés à la commission.
M. Ryan: il figurera en annexe au compte rendu de mon
intervention.
M. Gendron: Voilà. Il figurera également dans
l'étude des crédits 1989-1990 du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Ceux qui voudront voir
là une bonification, ils verront le document déposé.
M. Ryan: J'en suis ravi, M. le Président, je vais compter
sur vos bons offices pour que ça se fasse. Je poursuis par-delà
cette partie de l'intervention que j'avais préparée. Lors de
l'étude des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, en avril 1987, j'avais exprimé, pour
la première fois, mon intention de procéder à une
révision majeure du régime d'aide financière aux
étudiants. Cette révision majeure n'avait pas été
promise dans les engagements électoraux du Parti libéral du
Québec. Nous avions promis quatre mesures ponctuelles. Alors, j'avais
laissé entrevoir qu'il faudrait une période de deux ans de
travaux et de consultations pour mettre au point cette réforme. Il me
fait plaisir de communiquer, ce soir, que les grandes orientations de la
réforme envisagée seront rendues publiques au cours des prochains
jours. L'examen attentif du régime a permis d'identifier bon nombre de
problèmes accumulés au cours des dernières années.
Depuis 1974, en effet, maintes modifications ponctuelles ont été
apportées au régime, mais celui-ci n'a fait l'objet d'aucune
modification vraiment substantielle. Pendant ce temps, la contribution
financière exigée des parents et des conjoints a connu une
augmentation importante par suite de la non-indexation des tables de calcul et
d'imposition. L'absence d'arrimage du niveau de la contribution exigée
des parents, selon le statut de résidence de l'étudiant,
pénalise lourdement les étudiants qui doivent poursuivre leurs
études en devant résider hors du foyer familial. L'insuf-
fisance du montant des dépenses admises pour les étudiants
ayant des enfants à charge nuit également à la poursuite
des études. Ces constatations ont fait l'objet de nombreux
échanges avec les milieux étudiants, les porte-parole des
associations étudiantes, les responsables de l'aide financière
dans les établissements d'enseignement et les parents. Nous avons
reçu de nombreuses sources des propositions d'amélioration
auxquelles nous avons apporté une attention active. Sur la base des
travaux réalisés au cours des derniers mois, je serai en mesure
de faire connaître ces jours prochains les modifications que le
gouvernement envisage d'apporter au régime de l'aide financière
à compter de l'année 1990-1991 pour des raisons qu'on comprendra
facilement.
Dans le document que nous rendrons public, nous maintenons fermement
deux principes essentiels du régime, soit le principe de la
responsabilité première de l'étudiant et de sa famille,
d'où découle le principe complémentaire de l'apport
supplétif de l'État au financement des études et le
principe de la priorité du prêt, lequel affirme la
responsabilité du bénéficiaire, accompagnée de
l'apport complémentaire de la bourse pour les étudiants disposant
de ressources insuffisantes.
Les mesures proposées porteront sur la contribution parentale, la
contribution du conjoint, la contribution du candidat, le niveau des
dépenses admises, l'aide aux étudiants à temps partiel, la
poursuite de l'excellence dans les études et la création de
procédures d'appel. La réforme sera soumise à la
discussion publique pendant quelques mois. Nous comptons qu'elle pourra ensuite
donner lieu à des auditions publiques de la commission parlementaire de
l'éducation dès l'automne de la présente année et,
si tout fonctionne comme nous le prévoyons, l'essentiel de la
réforme devrait pouvoir entrer en vigueur pour l'année scolaire
1990-1991.
À l'aide de la réforme projetée, et ce, tant au
niveau des mesures d'assistance destinées aux étudiants
qu'à celui de la rationalisation administrative qui a été
l'objet d'une sollicitude considérable, à l'aide aussi des
nombreuses mesures ponctuelles instituées au cours des trois
dernières années, le gouvernement aura réalisé,
dans le secteur de l'aide financière aux étudiants, l'essentiel
des objectifs qu'il s'était fixés en 1985. Il aura permis
d'asseoir sur des bases plus solides et plus durables le régime
québécois d'aide financière aux étudiants qui est
déjà, à bien des égards, l'un des plus
généreux de toute l'Amérique du Nord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Avant de donner la parole au député d'Abitibi-Ouest, je
déclare déposé le document ayant pour titre "L'Aide
financière aux étudiants, perspectives 1989-1990". En date du 18
avril 1989, le document est déposé.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je remercie le ministre de sa présentation. Je
vais économiser du temps dans la problématique et l'état
de la situation. Je vais aller tout de suite aux questions. La première:
Le ministre peut-il nous confirmer qu'aucun changement ne sera apporté
au régime des prêts et bourses pour 1989-1990?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science. (22 h
30)
M. Ryan: À moins que le discours sur le budget ne
contienne des mesures dont je ne serais pas en mesure de parler pour le moment,
il y aura une mesure qui sera appliquée en 1989-1990, c'est un transfert
vers l'aide sociale, une contribution qui était versée aux
parents à très faible revenu. Cette contribution émergera
désormais de l'aide sociale plutôt que du régime de
prêts et bourses.
M. Gendron: Merci. Vous avez indiqué dans votre document
de présentation - vous ne l'avez pas dit, mais je le sais, c'est jeudi
prochain, à moins que vous ne changiez de date parce que je le sais...
C'est clair que cela a été soumis au Conseil des ministres. La
question que je pose est la suivante: Est-ce que vous envisagez une commission
parlementaire ou un projet de loi sur les modifications que vous allez
proposer? Quelle sera la forme de la consultation que vous avez...
M. Ryan: J'ai indiqué dans mes remarques de tantôt
qu'il y aurait commission parlementaire le plus tôt possible, soit - nous
le souhaitons - à l'automne. Ensuite, il y aura présentation d'un
projet de loi parce que l'implantation des mesures envisagées exigera
des modifications à la Loi sur l'aide financière aux
étudiants.
M. Gendron: Merci. Est-ce que le ministre peut s'engager à
nous donner, sur le volume... Ce sont des données qui ne nous ont pas
été fournies, contrairement à l'année
dernière. L'année dernière, à l'étude des
crédits, vous nous aviez remis un tableau que j'ai ici, intitulé
"Données historiques et prévisionnelles". On avait l'aide
financière allouée aux étudiants, le nombre de
bénéficiaires d'un prêt seulement, le nombre de
bénéficiaires d'un prêt et d'une bourse, le nombre total de
bénéficiaires avec un pourcentage de croissance. Autrement dit,
sur la base du même tableau que vous aviez donné l'an dernier,
j'aimerais avoir cette information qui est d'ordre public. Dans les
informations qu'on vous a demandées dans ce qu'on appelle les demandes
particulières, on n'a pas cette information pour se retrouver. Donc, on
n'est pas en mesure d'avoir les données sur le volume de prêts
émis en 1987-1988, en 1988-1989 et en 1989-1990. Si vous nous donniez
l'information sur une base identique à celle de l'an dernier, nous
serions très satisfaits.
M. Ryan: Oui. Je pourrais même communiquer certains
renseignements dès ce soir, si c'était nécessaire. Je les
communiquerai volontiers au cours des prochains jours aux députés
de la commission.
M. Gendron: Aux membres de la commission, oui, je le
souhaiterais.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Gendron: Un instant!
M. Ryan: Évidemment, pour l'instant, il s'agira de
dépenses probables, on le comprendra.
M. Gendron: Oui. D'ailleurs, c'était ça aussi l'an
passé, "Données historiques et prévisionnelles". Donc, il
y avait une partie sur les... Est-ce que, dès maintenant, vous
êtes en mesure de nous donner le volume de prêts pour
l'année qui vient et pour celle qui vient de se terminer?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Est-ce que, dès maintenant, vous êtes en
mesure de nous donner le volume de prêts pour l'année qui vient de
se terminer...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...et l'année prévisionnelle?
M. Ryan: L'année prévisionnelle.
M. Gendron: La prochaine année.
M. Ryan: Oui, très bien. Le volume de prêts pour
l'année 1988-1989, comme nous l'estimons actuellement, est de 245 400
000 $. La prévision pour 1989-1990 est de 256 000 000 $
M. Gendron: Merci. J'attendrai la conférence de presse de
jeudi pour voir en détail vos éléments de
réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 3 est adopté?
M. Gendron: Non, il resterait deux choses à
vérifier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M le
député.
M. Gendron: M. le ministre, la question des bourses aux
étudiants handicapés. Il y a deux phrases de
problématique. On nous a informés tout récemment d'une
situation qui pénalise les étudiants handicapés auditifs.
Ceux-ci reçoivent une aide financière pour défrayer les
coûts d'un interprète. Ils ont reçu, cette année, un
TP-4 du ministère du Revenu qui considère qu'il s'agit d'un
revenu, devant donc être taxé. Dans les faits, il s'agit d'une
aide pour leur permettre de poursuivre leurs études qui est totalement
versée par les frais d'interprète. Ils n'ont pas à payer
de l'impôt là-dessus, pas plus que leurs parents lorsqu'ils sont
considérés à charge. Seulement à
l'Université de Montréal, 35 étudiants sont touchés
par ce problème. La direction générale de l'Aide
financière aux étudiants aurait indiqué qu'elle ne peut
rien y faire. La question que je vous pose est la suivante: Est-ce que vous
avez été mis au courant de cela, comme ministre?
Considérez-vous, comme ministre, qu'il s'agit là d'une aide qui
doit être imposée? Sinon, entendez-vous intervenir auprès
de votre collègue?
M. Ryan: Oui, nous avons été saisis du
problème. Des représentations ont été faites
auprès des deux ministres concernés. Pour l'instant, ces
allocations sont considérées comme des revenus imposables. Nous
continuons nos démarches pour obtenir qu'elles soient
considérées autrement.
M. Gendron: Vous, est-ce que vous...
M. Ryan: Je suis d'avis qu'elles ne devraient pas être
sujettes à l'imposition, comme ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Gendron: Je souhaite que vous persistiez dans cette voie,
puisque c'est la première année. Je ne comprends pas le rationnel
qui fait que, cette année, on aurait changé les règles
pour dire qu'à partir de 1989... Je ne sais pas ce qui s'est
passé ou quel est le rationnel pour prétendre qu'il s'agit
là d'un revenu imposable, alors que, toutes les autres années,
cela existait et il n'était pas question d'imposer des frais
là-dessus. Je ne vois pas en quoi la situation financière serait
à ce point périlleuse pour...
M. Ryan: il faut dire que la mesure instituée cette
année par les ministères concernés, le ministère du
Revenu en particulier, découle d'une observation qui avait
été faite par le contrôleur du gouvernement qui,
s'étant rendu compte que des formules d'imposition n'étaient pas
remises aux bénéficiaires, a demandé qu'elles le soient,
en vertu de la loi comme elle est actuellement. Il faudrait une modification
aux lois fiscales pour qu'on puisse procéder autrement. Je vais
continuer mes démarches dans ce sens-là. Je crois que, dans ce
cas-ci, il y a vraiment une considération spéciale qui
s'impose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Gendron: Je pense que vous aviez tantôt
la bonne voie. La personne qui dispense les services aux
handicapés auditifs, je comprends qu'elle doive payer de l'impôt,
c'est un revenu, c'est clair. Mais je ne comprends pas que celui qui doit payer
l'aide qu'il reçoit de la personne soit également obligé
de payer de l'impôt sur cette forme-là. C'est de la double
imposition qui n'a aucun sens. S'il vous faut modifier la loi, à
l'avance, comme leader de l'Opposition, je vous indique que vous avez le
consentement unanime de l'Opposition pour procéder demain matin,
à 10 h 15.
Une autre chose que je voudrais toucher un peu, c'est le programme de
prêts pour ordinateurs. D'accord, pour rester dans les prêts et
bourses, il y a le problème des étudiants en médecine. On
a été saisi, il y a quelques semaines, du problème
rencontré par les étudiants inscrits au programme en
médecine de la faculté de médecine de l'Université
de Montréal qui sont détenteurs d'un premier baccalauréat.
Ils ne sont plus admissibles aux prêts et bourses pour la
cinquième et dernière année de leur programme, puisque la
période d'admissibilité est limitée à quatorze
sessions au niveau universitaire. Ils réclament donc que cette
période soit portée à seize sessions à titre
d'assouplissement provisoire puisque la faculté de médecine doit,
d'ici peu, ramener à quatre ans la durée de son programme.
À peu près 50 étudiants sont présentement
concernés par cette restriction.
Le ministre a-t-il été informé du problème?
Est-ce qu'il entend accepter la requête des étudiants
concernés?
M. Ryan: Oui, le problème que soulève le
député d'Abitibi-Ouest est réel. Il arrive que des
étudiants qui ont dû faire, par exemple, un cours de biologie
avant de s'inscrire en médecine se trouvent rendus en deuxième ou
troisième année de médecine et ils ont
épuisé le nombre de sessions qui leur est autorisé en
vertu du régime de prêts et bourses.
J'ai institué des démarches afin d'obtenir un redressement
de cette situation. Un mémoire est présentement en voie
d'être complété à l'intention du Conseil du
trésor. Vous savez qu'il faut que ça franchisse bien des
étapes à l'intérieur de l'appareil du gouvernement. Il est
allé au Bureau des règlements; il m'est revenu avec le bon
d'approbation et il va suivre son cours incessamment. J'ai déjà
prévenu le président du Conseil du trésor qu'il le
recevrait ces jours prochains. J'espère que nous pourrons apporter une
solution à temps pour que les étudiants de la présente
année scolaire puissent en bénéficier. C'est l'intention
que je poursuis.
Prêt pour achat d'ordinateur
M. Gendron: D'accord. Le programme de prêt pour ordinateur
et la CETIQ, Coalition étudiante en technique informatique du
Québec. Où en sont les démarches avec la CETIQ quant
à l'extension du programme de prêt pour l'achat de
micro-ordinateur? Je vous avais posé une question là-dessus, en
novembre, et on n'a pas eu de réponse. Je voudrais également
savoir - puisque la coalition demande que les intérêts soient
à la charge du gouvernement pour les étudiants à temps
plein et une garantie de prêt pour les temps partiels - ce que vous en
pensez, M. le ministre, concernant cette demande de la coalition et est-ce
que...
M. Ryan: D'abord, il faudraît bien préciser qu'il y
a plusieurs organismes impliqués dans ce dossier-là. Il y a la
CETIQ, dont parlait, je pense, le député d'Abitibi-Ouest. Il y a
aussi, entre autres, la Fédération québécoise des
coopératives en milieu scolaire. Il y a également des coalitions
déjà existantes, en particulier, je pense, la COFIQ, coalition
des étudiants en génie du Québec. Il faut accorder tout ce
monde-là. Nous sommes d'accord sur le principe de l'élargissement
aux étudiants de faculté qui ne bénéficient pas
actuellement de cette possibilité, de ce programme. Je pense qu'il y a
un accord assez général.
Sur la question d'un prêt sans intérêt, il n'y a pas
d'accord. On nous a présenté cette réclamation-là.
Nous considérons que l'aide financière, comme je l'ai dit
tantôt, doit être disponible pour les étudiants lorsqu'il y
a besoin établi. Nous ne sommes pas en faveur de l'implantation de
programmes universels gratuits dans le milieu étudiant, pour l'instant.
Par conséquent, nous maintenons ici le principe de
l'intérêt, sauf dans le cas des étudiants qui ont des
besoins particuliers. Et, dans ce cas-ci, ils sont admissibles à l'aide
financière.
Il y a des problèmes qui demeurent. C'est plus complexe qu'on ne
le pense, quand on regarde ça de l'extérieur. Qui décidera
de la configuration de l'appareil, dans l'hypothèse où il y
aurait seulement un organisme responsable? La négociation avec les
fabricants? La distribution des appareils? Les points de vente? Ce sont des
questions sur lesquelles il n'y a pas encore consensus entre les organismes
concernés. La fédération des coopératives voit
ça d'un oeil, en particulier, et la CETIQ, d'une autre manière.
Nous essayons de les rapprocher. Nous attendons encore certaines
précisions que nous avons demandées à la CETIQ, en
particulier. Encore une fois, dans la mesure où il y aura accord sur les
éléments essentiels, le gouvernement est tout à fait
disposé à collaborer à l'élargissement du
programme.
M. Gendron: Je ne sais pas si vous vous rappelez, M. le ministre
- ça doit parce que vous avez une bonne mémoire - vous m'aviez
répondu à une question que j'avais posée en Chambre, en
novembre 1988. Je vous lis, vous m'avez répondu ceci: Je ferai tout ce
qui est raisonnablement possible afin que le gouvernement puisse arrêter
sa politique à ce sujet en vue de l'année scolaire
1989-1990. Je continue parce que ça ne s'arrêtait pas
là: ...dans quelques semaines, la réponse sera acquise.
Voilà ce que vous disiez le 30 novembre 1988. Est-ce que vous
ave2 changé d'avis?
M. Ryan: Non, mais il y a une petite erreur de formulation.
J'aurais dû écrire: en quelques semaines, la réponse
devrait être acquise. Je me suis exprimé de manière
imprudente. Je ne répéterai pas l'erreur ce soir, mais je peux
vous assurer que nous mettons tout en oeuvre...
M. Gendron: Donc, en septembre prochain, les chances sont
à peu près nulles.
M. Ryan: Non, c'est loin d'être exclu, dans mon esprit,
pour l'instant. Si les choses peuvent aller un peu plus vite au cours des
prochaines semaines, il y a encore de bonnes possibilités que...
M. Gendron: Cela dépend un peu du premier ministre.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Cela dépend un peu du premier ministre.
M. Ryan: Non, cela dépend d'abord des organismes
concernés. Ce n'est pas à nous d'aller leur dire qui va se
charger de la négociation avec les fabricants, qui va décider
pour les étudiants de la configuration de l'appareil. Cela va bien ici,
mais les étudiants d'une faculté peuvent décider qu'ils
ont une préférence marquée pour tel appareil, pour telle
configuration plutôt que pour telle autre. On ne veut pas que ce soient
des bureaucrates, fussent-ils étudiants.
M. Gendron: Donc, cela ne peut pas être le premier
ministre...
M. Ryan: ...qui fasse tous les choix pour eux, à plus
forte raison non pas le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Gendron: Je faisais allusion là à une
décision du premier ministre d'aller en élection ou non. Je
pensais que vous aviez compris.
M. Ryan: Je n'ai pas l'esprit tourné vers ça autant
que vous.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 3 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division ou adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. J'appelle le programme 2. Y a-t-il des interventions?
M. Gendron: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): il n'y a pas
d'intervention. Adopté, sur division. J'appelle le programme 1.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté, sur
division.
M. Gendron: Un instant!
Administration
Le Président (M. Parent, Sauvé): Excusez. Le
programme 1 n'est pas adopté.
Ressources humaines
M. Gendron: C'est là que nous sommes, au programme 1?
Administration. M. le ministre, sur le programme 1 concernant les ressources
humaines. Le ministre de l'Éducation nous avait fourni cette information
pour ce qui est de l'utilisation de fonds discrétionnaires en ce qui
concerne l'enseignement primaire et secondaire. La question que je lui pose:
Est-ce qu'il peut nous fournir la même information concernant l'usage de
fonds discrétionnaires pour ce qui est de son poste de ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science? Il me semble que ça
fait partie des informations qu'on a le droit d'avoir.
Je voudrais deux autres informations additionnelles,
indépendamment du programme, le ministre va m'entendre. Il s'agit de
deux contrats de 25 000 $ et moins concernant des conférences. L'une
aurait été prononcée par M. Vaugeois et, une autre, par M.
Taddéo. Je voudrais que le ministre me produise le texte de ces
conférences.
M. Ryan: La première, par qui?
M. Gendron: Par M. Denis Vaugeois qui aurait eu du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science un contrat
inférieur à 25 000 $ pour produire une conférence. Je veux
avoir le texte de sa conférence. Dans quel cadre et à quelle
occasion a-t-il prononcé cette conférence? La même chose
pour l'autre, M. Taddéo, qui est l'autre partie.
M. Ryan: Alors, vous allez m'instruire. M. Gendron:
Oui.
M. Ryan: Peut-être que ce sont des textes qui avaient
été préparés pour moi et qui ne se seraient pas
rendus jusqu'à moi. (22 h 45)
M. Gendron: Ah! Moi aussi, c'est...
M. Ryan: On fait des blagues. M. le sous-ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Dans quel
programme, M. le député, avez-vous identifié...
M. Gendron: Un instant! On va vous dire ça, s'il faut vous
le dire. Ce sont deux contrats de 25 000 $ et moins.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
est-ce que vos collaborateurs sont en mesure de vous identifier dans quel
programme?
M. Ryan: il serait peut-être bon de donner les montants ici
pour ne pas qu'on s'imagine qu'il y a de grosses choses. Dans les deux cas,
c'est un montant de 900 $.
M. Gendron: C'est exact.
M. Ryan: Très bien. Tout de suite, cela situe le
problème dans une perspective assez juste. Nous verrons à
retrouver ces textes; je n'en ai pas d'inquiétude.
M. Gendron: Ah non! Nous non plus, M. le ministre. M. le
Président, rapidement, il n'y a pas de cachette dans ce qu'on fait ici.
Tout ce qu'on veut, c'est le texte de ces conférences. Dans les deux
cas, c'est 900 $, autant pour Denis Vaugeois que pour M. Taddéo, pour
présenter une allocution sur l'histoire du Québec et sa situation
actuelle. On voudrait avoir copie du texte. C'est la même chose pour M.
Donat Taddéo, portrait des ressources humaines affecté aux
universités. Il a reçu un contrat de 900 $, donc il n'y a pas de
soupçon et pas de drame. Tout ce qu'on veut, c'est lire ce texte qui
leur a permis d'obtenir un contrat.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
est-ce possible de fournir aux membres de cette commission les textes des deux
conférences?
M. Ryan: Je pourrais quasiment leur donner ça ce soir.
M. Gendron: C'est tout.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si c'est tout,
est-ce que les crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour l'année 1989-1990 comprenant le
programmes 6, 4, 7, 5, 3, 2,1 et 8, sont adoptés.
Des voix: Adopté. M. Gendron: Adopté sur
division.
Remarques finales
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division.
Cette commission ayant terminé son mandat ajourne ses travaux
sine die.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord indiquer que nous fournirons
avec plaisir au député les renseignements supplémentaires
requis au cours de nos travaux. Je voudrais remercier les députés
de leur participation au travail de la commission pour l'examen des
crédits du ministère. J'exprime mon appréciation à
l'endroit de l'Opposition en particulier pour la façon extrêmement
sérieuse avec laquelle elle s'est acquittée de son devoir.
J'exprime mon appréciation à l'endroit des députés
ministériels également pour la courtoisie avec laquelle ils
consentent à sacrifier un droit de parole qui leur appartient selon nos
règlements pour permettre à l'Opposition d'exercer son droit de
vigilance, son devoir de critique avec le plus de latitude possible. C'est la
seule façon dont on peut expliquer l'abstention des
députés gouvernementaux dans l'examen des crédits parce
qu'ils auraient beaucoup de questions à poser, mais ils les sacrifient
pour donner plus de temps à l'Opposition.
Je voudrais signaler un point qui n'a pas donné lieu à des
échanges aujourd'hui et je ne voudrais pas que nous terminions la
journée sans en parler, M. le Président. Je veux signaler le
travail important qu'accomplissent dans le système postsecondaire
québécois les organismes consultatifs chargés d'aviser le
ministre sur divers aspects de sa tâche, en particulier le Conseil des
collèges, le Conseil des universités et le Conseil de la science
et de la technologie. Chacun de ces trois organismes accomplit très
conscieusement son travail; il a produit, au cours de la dernière
année, des avis ou des études de grande importance dont l'impact
sur les orientations et les choix du gouvernement est réel. Je voudrais
assurer les membres des trois conseils que la collaboration du gouvernement
leur demeure acquise et que nous verrons au cours de la prochaine année
à continuer de collaborer avec eux pour que nous en arrivions ensemble
à une meilleure connaissance des problèmes qui se posent dans
chaque secteur d'activités, aussi un des consensus le plus substantiel
possible quant aux solutions susceptibles d'être apportées aux
problèmes.
Encore une fois, je ne voudrais pas que nous terminions cette
journée sans que les organismes consultatifs mandatés par Je
législateur pour soumettre des avis au ministre et exercer un rôle
de vigilance dans le fonctionne-
ment de notre système de recherche et d'enseignement
postsecondaire... Je pense que nous avons aujourd'hui été enclins
à minimiser leur travail. Nous aurons bien d'autres occasions d'en
traiter, je l'espère, publiquement et même lors d'une commission
parlementaire. Merci, M. le Président, de votre très
agréable direction.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. le ministre. Je reconnais comme dernier intervenant le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Rapidement, M. le Président. Pour
l'intérêt du ministre de l'Éducation, je voudrais
mentionner qu'en ce qui me concerne je n'ai pas oublié, comme il
semblait le croire, les organismes consultatifs. Constamment, tout au long de
l'étude des crédits, le ministre va reconnaître que je me
suis appuyé à plusieurs reprises sur leurs nombreux avis que
j'apprécie. À plusieurs reprises, j'ai cité le Conseil des
collèges, le Conseil des universités. Alors, les organismes
consultatifs, le Conseil de la science et de la technologie également -
je pense que je l'ai cité à deux ou trois reprises - à
partir du moment où ils nous donnent de l'éclairage en termes
d'avis pour nous appuyer sur des orientations, il me semble qu'il y a là
une appréciation du travail qu'ils font. C'est sûr que je les
remercie. Ce n'est pas parce que je les ai oubliés. C'est qu'on s'est
servi de leurs nombreux avis pour donner un peu plus de chair à notre
argumentation, à plusieurs endroits.
Je remercie les fonctionnaires du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science qui nous ont été d'un
précieux secours. En ce qui me concerne, je n'ai jamais demandé
un privilège comme critique de l'Opposition auprès des
députés ministériels. Je les ai remerciés de leur
gentillesse de m'avoir permis de m'acquitter de ma responsabilité le
mieux possible, mais je ne voudrais pas laisser croire qu'on a une
espèce d'entente selon laquelle il m'appartient à moi seul
d'examiner les crédits du ministère. Cependant, il y a une
vieille tradition qui veut que l'Opposition pose des questions sur la gestion
du gouvernement. C'est ce que j'ai tenté de faire durant les heures
consacrées aux crédits. Je pense que le ministre a
été passablement collaborateur. Je l'en remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela met fin
à nos travaux.
(Fin de la séance à 22 h 54)