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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Champagne): La commission permanente de
l'économie et du travail se réunit pour réaliser le mandat
qui lui a été confié. C'est le député de
Portneuf qui interroge le ministre du Travail sur le sujet suivant:
L'indifférence et l'inaction du gouvernement péquiste face
à la situation que connaît l'industrie de la coiffure.
M. le secrétaire, est-ce que vous auriez des
remplaçants?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplaçants. M. Fortier (Outremont) est remplacé par M. Sirros
(Laurier) et M. Gravel (Limoilou) est remplacé par M. Gagnon
(Champlain).
Le Président (M. Champagne): Merci. Voici, nous allons
rappeler les règles du jeu. Le député qui a donné
l'avis d'interpellation intervient le premier pendant dix minutes; ce sera le
député de Portneuf. Le ministre interpellé intervient
ensuite pendant dix minutes. Ensuite, il y a alternance dans les interventions,
soit un député de l'Opposition, ensuite, le ministre ou un
député du groupe formant le gouvernement.
Une autre remarque ici. Si un intervenant utilise moins de cinq minutes,
le temps non utilisé est perdu et on passe à un
député d'un autre groupe parlementaire. Ensuite, vers la fin,
vingt minutes avant la fin de la séance, le président accorde un
premier temps de parole de dix minutes au ministre et l'interpellateur a droit
à une réplique de dix minutes. Bien sûr, ce sont les
règles applicables et appliquées pour autant, aussi, que les deux
parties s'entendent. J'aimerais savoir quand même vos dispositions, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je dois tout d'abord
exprimer ma satisfaction qu'on se retrouve ensemble, ce matin, pour aborder la
question importante de l'industrie de la coiffure au Québec. Vous vous
référez aux normes de fonctionnement, ce qui doit nous guider en
termes de minutes. M. le ministre du Travail et moi-même avons eu
l'occasion d'échanger et je souhaiterais que vous interprétiez
ces normes avec le plus d'élasticité possible. Je suis
persuadé que M. le ministre acceptera, entre autres, que je prenne le
temps qu'il faille prendre pour formuler mon exposé de la situation.
Très probablement que cela pourra prendre une vingtaine de minutes.
M. le ministre aura l'occasion de revenir. Mon honorable
collègue, M. le député de Laurier, comme on le sait, qui
est responsable des dossiers de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu du côté de l'Opposition
officielle prendra, évidemment, quelques minutes pour sensibiliser le
ministre, M. le sous-ministre du Travail, messieurs les fonctionnaires
représentant le ministère de la Main-d'Oeuvre à l'aspect
formation et qualification de la main-d'oeuvre en regard de la
problématique qui nous occupe ce matin. Je suis persuadé que M.
le ministre du Travail va confirmer que nous nous entendons.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, un mot seulement
pour confirmer ce que le député de Portneuf vient de vous
signaler. J'attire votre attention sur le fait que, quant à moi, je suis
tout à fait disposé, bien sûr, à respecter les
règles dont vous nous avez parlé il y a un instant, mais tenez
pour acquis dès maintenant que toute la souplesse nécessaire est
déjà acquise. Le député de Portneuf vient
d'indiquer que, par exemple, son introduction principale pourrait prendre une
vingtaine de minutes; présumez de mon consentement à cet
égard.
Le Président (M. Champagne): Si je comprends bien, M. le
député de Portneuf aura une première présentation
qui pourra durer de 20 à 25 minutes. Ensuite, M. le ministre, vous
pourrez en faire autant et, ensuite, on pourra partager à peu
près également le temps. Si je comprends bien, le
député de Laurier sera aussi compris obligatoirement dans ces dix
minutes ou si ce sera la même règle...
M. Pagé: M. le Président, je ferais même
motion pour que vous arrêtiez votre chronomètre, mais qu'on
n'arrête pas l'horloge.
Le Président (M. Champagne): Si tout le monde est
consentant, allons-y de bonne foi et je cède la parole au
député de Portneuf.
Exposé du sujet M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Effectivement, il
y a quelques semaines, l'Opposition, sous ma signature, inscrivait cette motion
demandant au ministre du Travail d'être ici présent aujourd'hui
dans cette procédure qu'on qualifie d'interpellation. Le sujet,
évidemment, c'est pour traiter de l'indifférence et de l'inaction
du gouvernement du Québec face à la situation que connaît
l'industrie de la coiffure au Québec.
Dans le propos initial que je voudrais formuler à ce moment-ci,
vous me permettrez, dans un premier temps, de donner le tableau de ce qu'est
l'industrie de la coiffure au Québec. Mais, avant, je voudrais signaler
et indiquer au ministre du Travail que je suis heureux qu'il soit ici ce matin,
accompagné du sous-ministre du Travail, Me Yvan Blain, du
député de Champlain et aussi d'autres fonctionnaires du
ministère.
Je dois cependant regretter, sans que ce soit un blâme
sévère que je lui adresse, l'absence de Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui, lorsque cette
commission avait été reportée, puisqu'elle devait se tenir
le 23 novembre, au début, m'avait indiqué que si c'était
le 7 décembre elle pourrait probablement Être présente. Or,
mes informations sont à savoir qu'elle doit rencontrer Mme MacDonald cet
après-midi dans cette perspective et cette démarche de contacts
nouveaux avec le gouvernement du Canada. Malgré tout, j'ose croire que
les fonctionnaires du ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui sont ici pourront fournir des
réponses adéquates aux nombreuses interrogations que mon
collègue de Laurier et moi avons à formuler.
La coiffure au Québec, qu'est-ce que c'est? C'est la
réunion de près de 23 000 ou 24 000 personnes, hommes et femmes,
qui travaillent quotidiennement avec comme objectif de donner un service d'une
qualité la plus grande possible aux consommateurs du Québec. Les
informations que je possède sont à savoir que nous aurions, au
Québec, entre 6000 et 6500 salons de coiffure et un nombre important de
salons de coiffure du Québec seraient exploités par ce qu'on
qualifie d'artisans, c'est-à-dire que la personne qui coiffe, soit les
hommes, soit les femmes, dans son propre établissement est
propriétaire unique et y exerce son métier.
On doit retenir de plus, lorsqu'on fait le portrait de cette industrie,
que c'est seulement 2,5% des salons du Québec qui ont plus ou
près de 100 employés. Jusqu'à maintenant, l'industrie
s'appuyait sur une discrimination qui était bel et bien inscrite dans
nos règlements, soit les salons de coiffure pour hommes et les salons de
coiffure pour dames. On retient des statistiques qu'il y aurait environ un
salon de coiffure pour hommes par rapport à trois salons de coiffure
pour dames. On retient de plus qu'environ 7000 hommes seraient dans
l'industrie, alors que 16 000 ou 17 000 femmes y seraient.
L'analyse de l'industrie nous amène à certaines
conclusions, à constater des choses assez intéressantes. Il
semble que le fait pour un homme ou pour une femme de choisir, dans le
passé, le métier de coiffeur pour hommes impliquait une
période plus longue à demeurer dans l'industrie. Il était
fréquent, comme il est encore fréquent de voir que le coiffeur
pour hommes, le barbier comme on l'appelle, pratique son métier durant
une ou deux générations, alors que le taux de roulement dans
l'industrie de la coiffure pour dames est beaucoup plus élevé.
C'est là qu'on constate, entre autres, que des milliers de jeunes hommes
ou de jeunes femmes passent seulement trois, quatre ou cinq ans dans
l'industrie de la coiffure pour dames.
Comment est régie cette industrie? Cette industrie est
régie, jusqu'à maintenant, par la loi relative à
l'extension de la Loi sur les décrets de convention collective quia été adoptée par l'Assemblée
législative du Québec en 1934. Nous célébrions
d'ailleurs, il y a quelques semaines, à Montréal le 50e
anniversaire d'application de la Loi sur les décrets de convention
collective. C'est donc dire que l'industrie de la coiffure est régie par
une loi qui a 50 ans maintenant. Lorsqu'on a 50 ans, on n'est pas vieux, mais
lorsqu'une loi a 50 ans elle commence à être vieille.
L'encadrement juridique de cette personne, ses droits, ses
responsabilités, ses pouvoirs, ses limites, a été
adopté par un arrêté en conseil en date de novembre 1960,
dont le dernier amendement a été apporté le 6 novembre
1969. C'est donc dire qu'il n'est pas téméraire de soutenir que
cette industrie est actuellement régie par des lois et des
règlements qui sont devenus désuets et vieillots.
La problématique dans l'industrie a fait en sorte que des
différends fort épineux se sont manifestés. On doit
retenir que, lorsqu'un décret s'applique, cela comporte
nécessairement l'implantation d'un comité paritaire au niveau
d'une région, cela implique l'adoption d'un décret au niveau de
cette région. Si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes,
dans l'industrie de la coiffure, aujourd'hui, on retrouverait le statut du
coiffeur qui est d'application universelle, qui constitue la partie I de tous
les décrets régionaux et on devrait normalement retrouver des
décrets dans chacune des régions. On devrait retrouver
dans chacune de ces régions des comités paritaires pour
appliquer ces décrets et on devrait, à la limite, retrouver des
citoyens et des citoyennes qui seraient heureux et heureuses soit comme
employeurs, soit comme employés dans cette industrie. Mais ce n'est pas
le cas.
Force nous est de constater que c'est une situation pour le moins
ambivalente, assez curieuse, tout au moins discutable dans cette industrie. On
doit retenir que des régions entières au Québec ne sont
pas régies par des décrets et ce, parce que les employeurs et les
employés ont décidé démocratiquement, ont choisi de
ne pas être régis par de tels décrets et par de tels
comités paritaires dans l'application de ces décrets.
Dans la région du Bas-du-Fleuve, dans l'Est du Québec, on
constate, en Gaspésie, à l'est de Rimouski, qu'il n'y a pas de
décret qui s'applique là-bas. À Rimouski même, un
décret pour la coiffure pour hommes s'applique; il n'y a pas de
décret pour la coiffure pour dames. Là, vous m'excuserez, M. le
Président, je serai obligé de faire la distinction entre la
coiffure pour hommes et la coiffure pour dames parce que le problème du
sexe des têtes n'est pas encore réglé par le gouvernement
du Québec, malgré les jugements, malgré toute la
problématique et malgré toute la réflexion qu'il y a eu
sur cette question depuis quelques années.
Dans la région de Montréal, il y a quand même des
millions de consommateurs. Sur l'île de Montréal, un décret
s'applique actuellement pour la coiffure pour hommes et aucun décret ne
s'applique pour la coiffure pour femmes.
Dans la région de Québec, sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec, en incluant le comté de
Lévis, il y a un décret pour la coiffure pour hommes, pas de
décret pour la coiffure pour dames et ce, toujours à la suite
d'une volonté des parties de ne pas être régies par un tel
mécanisme.
La Gaspésie je l'ai exprimé tantôt, pas de
décret. Les Îles-de-la-Madeleine, pas de décret. La
Côte-Nord, pas de décret, ni pour les hommes, ni pour les femmes.
L'Abitibi-Rouyn-Noranda, pas de décret. On est en droit aujourd'hui de
s'interroger, à savoir pourquoi il existe une telle situation juridique,
un tel vide juridique dans plusieurs régions. Ce n'est pas pour le
plaisir de le faire que des employeurs et des employés ont
décidé, il y a quelques années, de faire sauter cette
structure; c'est parce qu'il y avait des problèmes.
L'autre analyse du dossier nous amène à constater que
l'élément majeur qui a causé problème et
préjudice et à l'individu et à l'ensemble de l'industrie
dans ce dossier, c'est ce qu'on appelle le statut du coiffeur. Qu'est que le
statut du coiffeur? Le statut du coiffeur, ce sont les dispositions communes
qui sont applicables à tous les décrets tenant lieu de
conventions collectives dans toutes les régions du Québec. C'est
ce document auquel je me référais tantôt, dont les
dernières modifications datent de 1969. C'est donc dire que le
règlement, le cadre réglementaire d'opération d'un salon
de coiffure doit être régi par cela. Mais cela, c'est devenu
vieillot, inutile et ne répondant plus aux besoins de l'industrie des
années 1984-1985.
Je vais donc, M. le Président, si vous me le permettez, faire le
tour, dans quelques minutes, pour porter à l'attention du ministre, des
membres et des représentants du gouvernement ce matin ce qui
m'apparaît comme étant devenu vieillot dans ce document. Je vais
vous citer, au passage, quelques perles qui semblent assez précieuses et
assez surprenantes.
On remarque, aux articles 4 et 5, que ces dispositions
décrètent la description des tâches du coiffeur pour hommes
et du coiffeur pour dames. C'est donc dire que les articles 4 et 5 de ce
document disent: Vous, monsieur, vous, madame, vous êtes un coiffeur pour
hommes, vous avez le droit de faire ceci et cela. L'article 5 dit: Vous,
monsieur, vous, madame, vous êtes un coiffeur pour dames, vous avez le
droit de faire ceci et cela.
C'est à partir d'une interprétation restrictive
donnée, entre autres, par les comités paritaires de ces articles
4 et 5 qu'ont découlé des centaines, pour ne pas dire des
milliers, de poursuites au Québec contre certains salons de coiffure. Je
vais vous donner un exemple. On connaît tous quelques collègues
qui se sont fait donner ce qu'on appelle, dans le language de la coiffure, des
permanentes pour hommes. Le libellé du statut du coiffeur fait en sorte
qu'un homme ne peut pas, légalement, recevoir une permanente dans un
salon de coiffure pour hommes. Le même libellé de l'article 5
prévoit que, légalement, un homme ne peut pas recevoir une
permanente dans un salon de coiffure pour dames. Vide juridique, mais,
malgré tout, il y a des poursuites qui sont prises en vertu de ces
articles.
Les articles 10 et 11 décrètent l'obligation pour le
coiffeur de coiffer selon le sexe. Je prierais les membres du gouvernement, ce
matin, de prendre connaissance du jugement du juge Boilard qui, le 2 mai 1983,
a statué sur cette question à la suite de plaintes qui avaient
été portées et Dieu sait s'il y en a, des plaintes, qui
ont été portées parce que des salons de coiffure pour
dames ont donné une prestation de services à un homme.
Le juge Boilard disait - et je cite -Compte tenu des définitions,
de souscrire à l'opinion que le métier de coiffeur pour
hommes ou le métier de coiffeur pour dames est défini
selon le sexe du client, cela m'apparaît être une
incongruité. Ceci ne signifie pas qu'une personne de sexe masculin est
empêchée de fréquenter l'établissement
exploité par un coiffeur pour dames, si ce client éventuel
désire recevoir les services professionnels habituellement
dévolus par un coiffeur pour dames à une femme. Il m'est
impossible - c'est le juge qui parle d'admettre qu'un décret puisse
imposer une mode, une façon de vivre, un comportement à une
collectivité. Si une femme, pour diverses raisons, préfère
s'adresser à un coiffeur pour hommes afin de recevoir les services de
cet artisan ou de ce professionnel, cela la regarde. Le législateur n'a
rien à voir là-dedans. Et par surcroît, il faut convenir
que les dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne
stipulent qu'on ne peut faire de discrimination comme cela, basée sur le
sexe d'une personne.
Malgré que, j'en suis persuadé, le ministre du Travail,
moi-même et tous les parlementaires ici soyons conscients de ce
problème, malgré que tout le monde soit unanime à dire,
à soutenir et à souhaiter qu'il n'y ait pas de telle
discrimination, malheureusement, compte tenu du caractère applicable du
statut du coiffeur de ce fameux document qui est devenu vieux et désuet,
il en ressort quand même qu'actuellement des poursuites sont encore
prises en vertu de ce vieux document. C'est donc dire qu'une correction
pourrait être apportée en deux temps, trois mouvements par le
gouvernement, s'il y avait une volonté gouvernementale de le faire.
Les dispositions des articles 10 et 11 se retrouvent à l'article
21, lesquelles dispositions, elles aussi, viennent à ('encontre de la
Charte des droits et libertés de la personne.
Les articles 40 et suivants traitent de la formation et de
l'apprentissage. Je parlais de petites perles, tout à l'heure: dans ces
dispositions, on constate qu'un employeur ne peut retenir les services d'un
apprenti comme employé temporaire, surnuméraire ou
remplaçant. C'est aberrant, mais c'est comme cela. Un employeur qui veut
embaucher un apprenti doit l'embaucher pour 40 heures, point final, è la
ligne. Cet employeur, même s'il avait besoin d'un apprenti ou d'une
apprentie sortant de l'école et voulait l'embaucher 24 heures par
semaine, n'a pas le droit de le faire. S'il le fait, c'est regrettable, il
risque d'être poursuivi par le comité paritaire de sa
région comme ayant contrevenu au fameux document devenu désuet et
vieillot.
Que dire maintenant des heures d'affaires? On se rappellera que la
philosophie qui animait ceux qui ont écrit ces règlements, il y a
20 ou 25 ans, était de dire: Les salons de coiffure pour hommes ou pour
dames - peu importe - sont fermés le lundi et sont ouverts, par contre,
le jeudi, le vendredi et même le samedi. La philosophie était que
les gens profitaient de la fin de semaine, ou de l'approche de la fin de
semaine pour se faire faire une beauté, si je peux utiliser
l'expression.
Ce n'est plus cela aujourd'hui. De plus en plus de femmes au
Québec sont sur le marché du travail. De plus en plus d'hommes
aussi croient utile, important et nécessaire d'aller se faire coiffer le
lundi matin. Comment peut-on soutenir aujourd'hui que, dans des centres
commerciaux, des locaux soient loués par des entreprises - Dieu sait si
cela coûte cher le pied carré - et que ces entreprises perdent le
droit d'exploiter leur commerce le lundi? Il devient urgent et impérieux
que la Loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux
régisse l'activité de la coiffure et que les salons de coiffure
du Québec - parce qu'il n'y aura plus de distinction selon le sexe, je
l'espère; cela peut se faire rapidement et j'espère que cela se
fera avant les fêtes - ces salons de coiffure, dis-je, puissent
être ouverts le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le
jeudi soir, le vendredi soir et le samedi aussi. L'artisan qui est seul dans
son établissement et qui ne veut pas ouvrir à de telles heures
aura toujours le loisir de le faire et de ne pas ouvrir à de telles
heures mais, au moins, ceux qui le veulent auront la liberté et le droit
de le faire.
J'ai ici des poursuites, tout un chapitre de poursuites. Le papier jaune
- pour ceux qui n'ont jamais été poursuivis - c'est un document
en vertu duquel un "honorable" huissier vient signifier à une personne
ou à une entreprise qu'elle a contrevenu à la loi. Il y a des
salons de coiffure au Québec, dans chacun de nos comtés, qui se
voient signifier non pas des dizaines, mais des centaines de poursuites par
année. On doit soit les contester, soit plaider coupable et payer
l'amende. Vous me direz que cela ne coûte pas cher. Cela peut quand
même aller jusqu'à près de 100 $ par poursuite, parce
qu'ils étaient ouverts un lundi, parce qu'ils ont fermé le rideau
à 18 heures.
Ce document est aussi désuet. On pourrait passer toute la
journée là-dessus. Je vous invite à le lire; il y a des
perles, cela n'a pas d'allure. Soit parce qu'ils ont reçu un paiement
avec une carte de crédit... Le statut du coiffeur oblige que la
prestation de services soit payée en monnaie légale. C'est donc
dire que, si vous vous rendez dans un salon de coiffure et que vous arrivez de
Québec, que vous n'avez pas d'argent liquide, que vous voulez payer avec
votre carte de crédit et que l'entreprise accepte, cette entreprise
contrevient à la loi et risque d'être poursuivie. C'est un petit
papier jaune et cela vient de coûter une amende. Il ne
faut pas se surprendre que les gens soient désabusés,
inquiets et mécontents et qu'il y ait des problèmes dans cette
industrie.
Que dire maintenant d'un autre problème qui ne se posait pas il y
a quelques années, mais qui se pose aujourd'hui. On sait que la
majorité des employés dans l'industrie de la coiffure
reçoit le salaire minimum. Ceux qui ne reçoivent pas le salaire
minimum, c'est parce qu'ils reçoivent plus. On retient aussi que, dans
la très grande majorité des salons de coiffure où il y a
plus de deux ou trois employés, l'arrangement, soit par contrat
individuel ou par contrat collectif - parce qu'on est syndiqué dans
plusieurs entreprises - est à l'effet suivant: le propriétaire du
salon de coiffure paie son employé le salaire minimum ou, encore, il lui
attribue un pourcentage du salaire ou des services qu'il a donnés. (10 h
30)
Dans le document, il est mentionné que les matériaux, le
matériel utilisé, par exemple, les shampooings, les teintures,
etc., tout ce qui est utilisé dans la prestation d'un service est
à la charge entière de l'employeur. Cela ne causait pas de
problème il y a vingt ans, lorsque le coiffeur ou la coiffeuse donnait
un service quelconque et que la facture était de 7 $ ou 8 $. À ce
moment-là, ceux qui sont payés à pourcentage - "l'average"
ou la moyenne est de 55% - recevaient 5 $ ou 6 $ du montant de la facture.
Je vais vous dire bien spécifiquement le genre de problème
que cela engendre aujourd'hui. Je m'explique. Une permanente coûte
environ 40 $, selon les informations que je possède. Je ne m'en suis
jamais fait donner, mais cela coûte 40 $. On m'indique qu'il entre pour
environ 8 $ à 10 $ de matériel dans cette prestation de service.
C'est donc dire que l'acte professionnel coûte 30 $ et, supposons, le
matériel en coûte 10 $. L'employeur est obligé de donner
à son employé 55% non pas des 30 $, mais des 40 $.
Mes informations sont que: 1. les employés sont d'accord avec
cette correction; 2. les comités paritaires sont d'accord avec cette
correction; 3. l'Association des propriétaires de salons de coiffure est
d'accord. Tout le monde est d'accord. Il suffirait que le gouvernement agisse
en conséquence, en faisant une modification urgente et
nécessaire, et facile à faire parce que cela peut se faire
simplement par un arrêté en conseil concernant le statut de la
coiffure et on aura réglé une très bonne partie de nos
problèmes.
Au chapitre de la formation, mon collègue va y revenir tout
à l'heure. Le choix de la profession, on doit retenir qu'il n'est pas
toujours basé sur le désir d'oeuvrer dans l'industrie. C'est
peut-être ce qui explique, en bonne partie, le fait que les gens ne
demeurent pas longtemps dans l'industrie lorsqu'ils y ont accédé.
On a vu souvent, malheureusement, que le choix de la coiffure, c'est un second
ou un troisième choix et que le jeune homme ou la jeune fille, voyant
qu'il ou elle avait plus ou moins de difficultés ou était
incapable d'oeuvrer dans tel secteur professionnel, choisissait plustôt
la coiffure.
On remarque aussi qu'il y a un problème au niveau de
l'orientation. Lorsque les services gouvernementaux, entre autres, orientent un
jeune homme ou une jeune fille vers l'industrie de la coiffure, on devrait
avoir des prétests, si je peux utiliser le terme, de façon
à s'assurer que cette personne sera bien dans l'industrie, qu'elle sera
capable d'y oeuvrer, parce qu'il y a un aspect marketing, il y a un aspect
relations publiques aussi qui va dans la prestation de tels services. Il
faudrait, selon nous, un meilleur encadrement, si je veux résumer -mon
collègue va approfondir davantage - au chapitre de la formation et de la
qualification des jeunes qui accèdent à cette industrie.
Il y a aussi la question de l'éducation des adultes. Il nous
apparaît, actuellement, que la situation est confuse, elle est
éminemment contentieuse à la lumière, premièrement,
des décrets qui s'appliquent ou qui ne s'appliquent pas dans certaines
régions. Elle est éminemment contentieuse car à peu
près tout le monde dans l'industrie est malheureux. Elle est
éminemment contentieuse parce que la loi et les règlements qui
régissent cette industrie sont devenus vieillots et désuets et
aussi parce que le gouvernement du Québec n'a pas donné suite au
voeu qui était exprimé par le ministre du Travail lors de
l'étude des crédits, en mai 1984, à savoir qu'une
commission parlementaire serait tenue et qu'il y aurait des
résultats.
Nous sommes à la fin de l'année 1984 et il n'y a aucun
résultat; aucune intention gouvernementale n'a été
manifestée à cet égard. C'est pourquoi notre groupe
politique - et j'en fais là nos demandes, ce matin, M. le ministre du
Travail... Le Parti libéral du Québec et l'Opposition officielle
à l'Assemblée nationale vous demandent, M. le ministre:
premièrement, de prendre les moyens législatifs ou
réglementaires à moyen terme de façon que le
contrôle de la profession ne soit pas axé et basé sur la
réglementation, mais plutôt sur la formation et la qualification
des travailleurs et des travailleuses de cette industrie.
Nous vous demandons, deuxièmement, que le statut de coiffeur soit
modifié afin de reconnaître dans tous les salons de coiffure du
Québec la possibilité de coiffer sans distinction de sexe. Cela
pourrait se faire immédiatement et même avant Noël, si le
gouvernement décidait que c'était son intention. Je peux
vous donner l'assurance que, selon moi, cela contribuerait à
régler de nombreux problèmes qui sont actuellement
rattachés à l'industrie.
En regard de l'application générale maintenant, que faire
avec cette situation de droit où on a des décrets dans certaines
régions et on n'en a pas dans d'autres? Nous demandons au gouvernement
d'intervenir à moyen terme. Soit que le gouvernement adopte une
loi-cadre qui régisse l'ensemble de l'activité professionnelle de
l'industrie, soit que le gouvernement adopte - s'il ne choisit pas le
mécanisme de la loi-cadre - un décret d'application
générale et universelle sur l'ensemble des territoires du
Québec, un décret, cependant, qui serait le résultat du
consensus des partis et de la volonté des partis parce qu'à la
lecture des dossiers on constate qu'à peu près tout le monde est
d'accord.
L'application de ce décret de portée
générale et universelle pourrait être particulière.
Je m'explique. Nous pourrions avoir ce décret d'application universelle
sur tout le territoire couvrant l'industrie de la coiffure, parce qu'il n'y en
aura qu'une. Dans les régions du Québec où on voudrait des
spécificités en regard de ce document de portée
générale, les gens pourraient librement et majoritairement se
donner un décret plus spécifique et un comité paritaire
pour l'application ou non de ce décret. Dans les régions du
Québec où on ne voudrait pas de comité paritaire et de
décret spécifique, vous n'êtes pas obligés de
créer des structures. Vous n'avez qu'à vous prévaloir de
la Commission des normes du travail du Québec et faire en sorte que le
décret provincial soit appliqué et contrôlé par la
Commission des normes du travail.
Troisièmement, nous demandons - et cela, à court terme -
que le gouvernement du Québec accepte de tenir compte de la
réalité socio-économique du Québec dans l'industrie
de la coiffure en regard des heures d'ouverture dans les établissements
commerciaux. Vous pouvez corriger les nombreux problèmes qu'on a
immédiatement par une modification au statut de la coiffure et cela
pourrait se faire avant Noël.
Nous demandons que soit accepté selon l'encadrement juridique
choisi le principe des heures variables dans l'industrie de la coiffure, parce
que c'est de plus en plus fréquent. Si le nombre d'heures de service
dans une semaine est augmenté, évidemment, cela pourra permettre
des heures variables et cela engendrera nécessairement une modification
de l'article 40 du décret de la coiffure de façon que l'employeur
ne soit plus obligé, s'il veut embaucher un apprenti, de le faire pour
40 heures. Cela peut se faire tout de suite, avant les fêtes, et cela
permettrait à des jeunes qui ont investi du capital humain et du capital
financier pour apprendre ce métier d'accéder à
l'industrie.
Nous demandons que le gouvernement permette et accorde le droit à
ces entreprises de faire de la publicité, de sorte que ces entreprises
ne soient plus obligées de passer par des artifices pour faire de la
publicité. Vous avez peut-être vu, dans certaines régions
du Québec, entre autres, dans les centres commerciaux, des employeurs
qui ont été obligés de faire peindre un véhicule
pour afficher le genre de services qu'ils donnaient, le nombre de coiffeurs,
etc. Et ils promènent le véhicule. C'est la seule façon
d'éviter des petits papiers jaunes de contrevenant au décret de
la coiffure.
Ce n'est pas compliqué, cela. Il suffit de l'écrire, il
suffit de le vouloir, il suffit de l'adopter. Cela peut se faire avant les
fêtes. Cela serait le plus beau cadeau de Noël à leur donner,
tout comme vous devriez, immédiatement avant Noël, modifier les
dispositions de l'article 57 qui font en sorte que l'employeur est
obligé de payer un pourcentage de salaire sur du matériel
utilisé. Les employés, les employeurs, tous sont d'accord. Bon
Dieu de Bon Dieu, agissez! C'est tout ce qu'il nous manque.
M. le Président, je termine sur cela en vous disant que je suis
heureux qu'on ait l'occasion de débattre cette question ce matin.
Essentiellement, il s'agit pour le gouvernement d'adopter dans
l'immédiat des mesures concrètes et spécifiques qui
donneraient satisfaction à l'ensemble de l'industrie et, à moyen
terme, un cadre beaucoup plus adéquat afin de régir cette
industrie, mais toujours dans le respect de la volonté des parties,
selon les régions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
député de Portneuf. Vous avez pris 28 minutes de votre temps.
Maintenant, la réplique, M. le ministre du Travail.
Réponse du ministre M. Raynald
Fréchette
M. Fréchette: Merci, M. le Président.
J'espère que vous ne tenez pas rigueur au député de
Portneuf d'avoir utilisé 28 minutes, parce que cela s'inscrit
très précisément dans le cadre de l'entente dont nous
avions parlé ensemble. À cet égard-là, je vous
signale que, quant à moi, j'aurais pu encore écouter le
député de Portneuf sur son appréciation et son
évaluation de l'ensemble de l'industrie de la coiffure.
Effectivement, M. le Président, je dois vous dire ma satisfaction
de participer ce matin à ce débat, d'autant plus qu'il est
engagé dans une atmosphère tout à fait
sereine qui va sans doute nous permettre, aux uns et aux autres, de
mettre le doigt sur un certain nombre de difficultés et sur un certain
nombre de situations qui ont besoin d'être corrigées.
Dans les conclusions de son intervention, le député de
Portneuf a identifié de façon très spécifique et
très précise six ou sept phénomènes qui, pour lui,
doivent être corrigés, les uns à très court terme,
les autres à moyen ou à plus long terme. Je vous dirai que je
suis, quant à moi en tout cas, pour ce qui concerne la juridiction
qu'exerce le ministre du Travail... Il faut bien nous entendre à cet
égard, il y a une espèce de dédoublement de juridiction
qui fait que certaines des revendications du député de Portneuf
s'adressent au ministre du Travail alors que quelques autres, sinon la
majorité d'entre elles, relèvent de la juridiction et de
l'autorité de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Mais ce n'est pas un motif qui ferait que
nous nous abstenions, ce matin, de continuer la discussion dans laquelle nous
nous sommes engagés.
Je comprends tout à fait le regret qu'a manifesté le
député de Portneuf quant à l'absence de Mme la ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Cependant, je lui
signalerai que l'interpellation est adressée très
précisément et très directement au ministre du Travail. Il
avait été effectivement convenu, malgré le fait que
l'interpellation me soit adressée, que Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pourrait être
là, mais pour les motifs que l'on sait elle a dû s'excuser. Je
sais, par ailleurs, qu'elle est très préoccupée par la
discussion que nous allons avoir ce matin. Elle m'a demandé de prendre
bonne note des observations que le député de Portneuf, ses
collègues et les députés ministériels allaient
soumettre au cours de cette interpellation pour qu'ensuite elle puisse les
apprécier et prendre les décisions qu'elle croira utiles ou
nécessaires.
M. le Président, le député de Portneuf, a bon droit
me semble-t-il, a fait une évaluation globale de ce qu'est, au
Québec, l'industrie de la coiffure. Il nous a donné des
renseignements qu'autrement, peut-être, on n'aurait pas eu la
curiosité d'aller chercher, des renseignements qu'autrement on n'aurait
pas voulu essayer de savoir. Mais, à partir des statistiques que le
député de Portneuf nous a fournies, autant au niveau du nombre de
salons de coiffure, du nombre de personnes qui oeuvrent dans cette
industrie-là, cela nous sensibilise sans doute, pour ceux qui ne
l'étaient pas déjà, à l'importance de l'ensemble de
cette industrie et, par voie de conséquence, aux modalités
à l'intérieur desquelles l'industrie fonctionnait.
Le député de Portneuf a fait référence -
c'était tout à fait indiqué; c'était non seulement
utile, mais absolument nécessaire de le faire - à la Loi sur les
décrets de convention collective. Il a d'abord rappeler aux membres de
cette commission que voilà une loi qui a maintenant 50 ans et qui, tout
au cours de son application, n'a pas reçu de modification ou, en tout
cas, de modification fondamentale. Il n'y a pas eu de modification au niveau
des principes. (10 h 45)
Je voudrais simplement vous indiquer, M. le Président, que,
arrivé au ministère du Travail en septembre 1982, c'est une
préoccupation qui a tout de suite retenu mon attention et j'ai
essayé de demander que des choses soient faites. Effectivement, des
choses ont été faites. Je pense qu'il est utile et important de
le dire ici ce matin.
Les questions que je me suis posées, Mme... M. le
Président, vous allez comprendre que depuis sept jours, je siège
à une commission qui est présidée par une
députée.
Une voix: Bien coiffée.
M. Fréchette: Une députée bien
coiffée, en effet! Les questions que je me suis posées, M. le
Président, devant le contenu ou, enfin, ce qu'est la loi actuelle sur
les décrets de convention collective, sont les suivantes: Cette
loi-là a-t-elle encore sa justification en 1984, après 50
années d'existence et d'application? Première question.
Si oui, si elle a encore un motif ou une raison d'être, faut-il
procéder à la réévaluer, à la modifier? S'il
faut la modifier, dans quelle direction doit-on aller? S'agirait-il purement et
simplement de changements mineurs et d'ordre technique, comme, par exemple,
revoir ou réévaluer les montants des amendes qui sont
prévues dans la loi et qui sont là depuis 50 ans? Faudrait-il
uniquement s'attarder à prolonger un certain nombre de délais de
prescriptions? Enfin, je parle de modifications d'ordre purement technique.
L'autre interrogation, c'est de se dire: Après avoir tenu pour
acquis que la loi doit demeurer, est-ce qu'on la transforme fondamentalement
quant aux principes qu'elle contient? Je vous donne un exemple de ce que je
veux dire. Dans les mécanismes actuellement prévus dans la Loi
sur les décrets de convention collective, il y a une
préoccupation que j'ai toujours eue et avec laquelle j'ai beaucoup de
difficultés à vivre. Cette loi est ainsi faite, on le sait tous,
lorsque dans une activité économique donnée une convention
collective intervient, cette convention collective est prolongée pour
couvrir les entreprises qui font les mêmes activités.
Or, ma préoccupation, M. le Président, a toujours
été de me dire: Pourquoi faut-il
que des tierces parties qui vont devoir vivre avec un contrat de travail
qui leur impose des obligations - qui leur donne des droits aussi,
évidemment, mais qui leur impose des obligations - soient liées
par ces conditions de travail sans, d'aucune manière, avoir
été informées qu'on négociait des conditions de
travail dans ce secteur-là et, de surcroît, sans avoir
participé aux négociations qui conduisent
généralement à la signature d'une convention
collective?
C'est un problème de fond et un problème, encore une fois,
qui m'a toujours préoccupé. C'est à partir de
considérations de cette nature-là que la question nous vient:
Faut-il la revoir dans son ensemble, réévaluer les principes
qu'on y retrouve et suggérer des modifications de fond ou conserver,
à toutes fins utiles, le statu quo de la loi?
La conclusion à laquelle j'en suis arrivé, quant à
moi, c'est que cette loi devait demeurer dans nos statuts, mais qu'il
était, par ailleurs, essentiel et important de procéder à
des modifications.
C'est à partir de cette préoccupation, Mme la
Présidente, qu'il a été jugé nécessaire de
confier à la Commission consultative sur le travail, la commission
Beaudry, le mandat de procéder également à
l'évaluation de la Loi sur les décrets de convention collective.
Je sais que dans les quelque 200 mémoires qui, jusqu'à
maintenant, ont été soumis à la commission Beaudry
plusieurs concernent très spécifiquement la Loi sur les
décrets de convention collective; plusieurs également contiennent
des recommandations intéressantes quant à l'orientation que cette
loi devrait prendre pour l'avenir.
M. le Président, il est évident que, dans ces
circonstances - je pense que c'était un des aspects à moyen terme
dont parlait le député de Portneuf - nous allons devoir
considérer les recommandations que la commission Beaudry soumettra au
gouvernement avant de décider de quelque façon que ce soit du
sort de la Loi sur les décrets de convention collective, mais,
indépendamment des changements qui pourraient y être
apportés, je suis l'un de ceux qui prétendent que cette loi doit
demeurer. Elle doit être modernisée, bien sûr, mais elle
doit demeurer.
Un autre aspect important de l'intervention du député de
Portneuf concerne la qualification et la formation. Le député de
Portneuf nous a informés que son collègue, le
député de Laurier, allait soumettre les préoccupations de
l'Opposition à l'égard de la qualification et de la formation, de
sorte que vous me permettrez de réserver mes commentaires à cet
égard. Je les ferai après que le député de Laurier
nous aura soumis ses préoccupations et les observations de sa formation
politique.
Passons aux aspects très spécifiques sur lesquels le
député de Portneuf a attiré notre attention: la
réglementation, le statut du coiffeur, pourquoi, dans certaines
régions, y a-t-il des crédits, dans certaines autres, pas? Ne
devrait-on pas procéder à l'adoption d'une loi
générale qui couvrirait les conditions minimales de tout le monde
et, ensuite, penser à certaines spécificités
régionales? C'est une suggestion qui, quant à moi, doit
être fouillée davantage et qui m'apparaît
intéressante, en tout cas, à première vue: Introduire,
à l'intérieur de tout ce processus, ou bien une loi
spécifique ou alors y aller par le biais de la Loi sur les normes du
travail.
Le député est préoccupé aussi par le
phénomène des heures d'ouverture et le phénomène de
la publicité. Mme la Présidente, à propos de quelques-unes
de ces préoccupations, après l'intervention du
député de Laurier, j'aurai peut-être des détails
plus précis à communiquer aux membres de la commission.
Le Président (M. Champagne): Merci, M. le ministre. La
parole est au député de Laurier.
Argumentation M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'espère que le
fait que le ministre insiste à vous appeler Mme la Présidente
n'est pas indicatif de sa façon de ne pas voir la réalité.
C'était une petite parenthèse.
M. le Président, je voudrais aussi souligner le plaisir que j'ai
de voir ici le député de Duplessis qui est, lui aussi,
préoccupé par les questions de coiffure. Je suis certain qu'il
pourrait nous éclairer sur les problèmes vécus par les
personnes qui vont pour des permanentes dans les salons de coiffure pour dames
et pour hommes.
Blague à part, je crois que ce que nous essayons de faire ici
aujourd'hui, c'est de sensibiliser le ministre et la population à la
confusion quasi totale qui règne dans cette industrie qui, quand
même, occupe au-delà de 24 000 personnes.
Mon collègue de Portneuf a soulevé plusieurs points qui le
préoccupent et, de façon très claire et précise,
qui démontrent comment les lois qui régissent cette profession
sont désuètes. Je dois avouer que j'ai été
très déçu d'entendre le ministre dire qu'effectivement il
n'y aura pas d'action - ni plus ni moins, c'est cela qu'il a dit - avant que la
commission Beaudry, qui est une commission consultative sur le travail, rende
son rapport, entre autres, sur la loi qui régit les décrets.
J'aimerais souligner qu'on n'a pas besoin d'attendre le rapport Beaudry, par
exemple, pour adopter tout de suite une
modification à la loi ou aux règlements concernant le
statut de coiffeur. C'est là-dedans qu'on trouve beaucoup de
problèmes qui surgissent dans l'industrie actuellement, entre autres, ce
que mon collègue soulevait dès le départ, cette
distinction qui est faite quant au sexe des têtes, dans le sens qu'un
homme ne peut pas se faire coiffer par une coiffeuse pour dames et, vice versa,
un coiffeur pour hommes ne peut pas, n'a pas le permis pour donner une
permanente.
Ceci étant dit, cette déception ayant été
exprimée, j'aimerais une fois de plus souligner qu'effectivement le
ministère et le gouvernement sont bien au courant de la situation et des
problèmes qui existent dans l'industrie. Le ministre l'a d'ailleurs
lui-même souligné; dès son entrée au
ministère du Travail, en 1982, il en a été saisi et il a
vu très vite le problème qui existe dans l'industrie. Ceci
m'amène à poser la question, à savoir comment il se fait
qu'après deux ans et demi la réponse qu'on nous apporte, c'est
qu'on va attendre le rapport Beaudry pour statuer, en gros, sur la loi des
décrets sans avoir de propositions concrètes à une
série d'autres choses. On convient qu'il y a lieu de réexaminer
la loi sur les décrets; il y a, par contre, une série d'autres
choses qui peuvent être faites tout de suite sans attendre le rapport
Beaudry. Dans ce sens-là, on exprime notre déception.
En ce qui me concerne plus particulièrement quant au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
en tant que porte-parole en la matière pour l'Opposition, on pourrait
faire rapidement un petit tour de la situation juste pour situer le
débat. Actuellement, il y a deux problèmes. D'abord, la question
de la distinction qui existe entre un coiffeur pour hommes et une coiffeuse
pour femmes fait en sorte qu'il y a des cours de formation, selon cette
division aussi, qui sont donnés à plusieurs endroits (dans les
polyvalentes, dans les écoles) par les commissions scolaires.
L'un des problèmes qu'on retrouve avec cela, c'est que, souvent,
c'est vu comme secondaire, comme une place pour ceux à qui on ne trouve
pas autre chose à offrir dans les écoles secondaires. Des
écoles offrent des cours de coiffure pour dames; d'autres offrent des
cours de coiffure pour hommes. Il y a aussi une série d'écoles
privées qui existent et qui offrent encore deux genres de formation pour
les femmes et pour les hommes. Également, les commissions scolaires, par
les services d'éducation aux adultes, font la même chose et tout
cela, avec très peu de relation avec l'industrie dans le sens d'une
coopération par rapport aux besoins, par rapport aux besoins des
entrepreneurs dans l'industrie en termes de formation offerte aux
étudiants.
Mon collègue, le député de Portneuf, a parlé
d'une situation qui prévaut ou qui a prévalu à plusieurs
moments dans les grandes villes, surtout à Montréal. Il s'agit de
toute la question des écoles privées de coiffure, mais qui sont
en vérité des salons déguisés. Il y a là un
problème qui, si ma mémoire est bonne, a fait les manchettes il y
a quelques années: il y avait un genre d'école privée de
coiffure qui, en réalité, était un salon de coiffure
où les étudiants payaient pour suivre des cours. On utilisait par
après ces mêmes étudiants pour servir la clientèle
qui coiffait le public. S'ajoute à cela la situation suivante:
étant donné qu'il n'y a pas de comité paritaire pour
l'ensemble de la province, là où il n'y a pas de comité
paritaire, il n'y a pas de cartes de compétence d'émises. Donc,
dans certaines régions, quelqu'un sortant de l'école peut entrer
directement sur le marché du travail et, dans d'autres régions,
il doit s'adresser au comité paritaire pour recevoir sa carte de
compétence. (11 heures)
II nous semble y avoir là tout un domaine sur lequel le
gouvernement devrait statuer, devrait agir rapidement et, encore une fois, je
souligne que nous croyons que c'est le genre de chose qui peut être fait
rapidement. C'est le genre de chose pour lequel on n'a pas besoin d'attendre un
rapport global de la commission Beaudry sur toute la question des relations du
travail, entre autres, l'aspect des décrets.
Nous admettons l'hypothèse, si vous voulez, qu'il y a
peut-être actuellement au sein du gouvernement une divergence d'opinions
par rapport à l'ensemble de cette problématique et que les
ministères concernés n'ont pas pu, jusqu'à maintenant,
régler cette différence. Je laisserai le ministre nous expliquer
le pourquoi de ce retard à trancher la problématique mais, quant
à nous, nous croyons qu'il faudrait faire en sorte qu'il y ait plus de
concertation entre la formation et l'industrie. Il faudrait peut-être
prévoir aussi une possibilité d'apprentissage sur place, avec des
normes régies par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu en termes d'une qualification. Il faudrait
régler certainement cette disparité qui existe entre les
régions quant à l'émission des cartes de compétence
par les comités paritaires et penser aux régions où il n'y
a pas de comité paritaire.
On pourrait peut-être y revenir plus tard. M. le Président,
je passe la parole à l'autre côté.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
député. M. le ministre du Travail, en réplique.
M. Raynald Fréchette M. Fréchette: Merci, M. le
Président.
Si vous me permettez un simple commentaire quant aux
références qu'a faites le député de Laurier
à la commission Beaudry, références qui l'ont amené
à la conclusion qu'il n'était pas nécessaire d'attendre
les recommandations de la commission Beaudry pour procéder à un
certain nombre de changements à la Loi sur les décrets de
convention collective.
Je lui dirai, essentiellement, que la raison pour laquelle la commission
Beaudry a le mandat de réévaluer ou, enfin, d'apprécier la
Loi sur les décrets de convention collective, c'est pour l'amener
à indiquer au gouvernement si les principes de cette loi doivent
demeurer et, si oui, s'il y a un ou plusieurs de ces principes qui doivent
être modifiés.
C'est tellement vrai, ce qu'a dit le député de Laurier, M.
le Président, à savoir qu'il n'est pas nécessaire
d'attendre les conclusions de la commission Beaudry pour procéder
à un certain nombre de modifications, qu'il y a actuellement devant
l'Assemblée nationale une loi, la loi 11, qui a comme objectif de
procéder à des changements à la Loi sur les décrets
de convention collective, mais des changements, encore une fois, qui nous sont
demandés par les principaux intervenants du milieu, c'est-à-dire
les membres des comités paritaires. Ils sont d'ordre technique, purement
et simplement.
Je sais que le député de Laurier, M. le Président,
est particulièrement préoccupé par la question de la
qualification et de la formation. D'ailleurs, c'est une préoccupation
qui retient l'attention de tous ceux et de toutes celles qui sont
intéressés par le sujet qui nous occupe ce matin et par un nombre
considérable d'autres sujets autour desquels le phénomène
de la réglementation est souvent au coeur des discussions.
L'on sait également quel genre de réactions ou de
discussions ce phénomène de la réglementation ou de la
déréglementation engendre souvent. Les uns insistent et plaident
fermement pour qu'il y ait effectivement cette réglementation, les
autres disent: Non, vous devriez nous laisser totalement libres, à tous
égards, d'opérer et de fonctionner comme on le souhaite.
M. le Président, je voudrais simplement indiquer, à ce
stade-ci de nos travaux, que dans les quelques jours à venir,
probablement d'ici à lundi prochain, au chapitre de la
déréglementation, la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu fera l'annonce d'une décision
gouvernementale à propos de la déréglementation qui va
sans doute contribuer à régler au moins deux des problèmes
dont on parle ce matin, c'est-à-dire celui du sexe de la tête et
celui de la formation comme elle se fait actuellement. Je voudrais simplement
indiquer aux membres de la commission que, mercredi il y a deux semaines, le
gouvernement du Québec a effectivement retenu les conclusions d'un
mémoire de Mme la ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu à ce chapitre. La décision est
maintenant prise. Ce n'est pas à moi à l'annoncer, on va en
convenir, mais l'information que je possède, c'est que lundi,
très probablement, la décision prise par le Conseil des ministres
mercredi il y a deux semaines sera officiellement annoncée. Encore une
fois, mon évaluation, c'est qu'elle va contribuer à
résoudre au moins deux des problèmes dont on discute ce
matin.
Quant aux autres aspects de la discussion, c'est-à-dire les
demandes que soumet le député de Portneuf, il me paraît
évident qu'à certains égards il va être
nécessaire de revoir cette question du statut du coiffeur. Si c'est
là depuis 1969, il y a certaines choses qui, à la seule lecture,
nous amènent à la conclusion que cela n'a plus aucune
espèce de raison d'être. Je donne l'exemple que nous a soumis le
député de Portneuf: l'obligation de payer en monnaie
légale, par exemple. La seule lecture de ce texte devrait, normalement,
nous amener à la conclusion que c'est carrément
dépassé par rapport aux conditions et aux circonstances qui
existent actuellement.
Ce sont les commentaires que j'avais à soumettre pour le moment,
en réitérant le fait que, dans les jours qui viennent, une
annonce sera faite et le contenu de cette annonce ou la décision qui
sera annoncée devrait, encore une fois, régler au moins deux des
problèmes dont parlait le député de Portneuf, des
problèmes qu'il fallait régler à court terme. Je pense
qu'il aura réponse à au moins deux de ses questions d'ici
à lundi.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
ministre du Travail. Pour compléter, M. le député de
Champlain.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Moi aussi, je suis
heureux que le député de Portneuf ait soulevé ce
débat ce matin. Dans la démonstration qu'il a faite pour prouver
au gouvernement qu'il y a certaines choses qui doivent au moins être
rajeunies ou modernisées dans la loi qui régit ce genre de
travailleurs, il a mentionné ce que le ministre vient de reprendre
aussi, entre autres, les choses qui sont dépassées, comme
l'obligation de payer en monnaie légale. Je peux vous dire
qu'involontairement, il y a 15 jours, un des salons de coiffure de chez nous
aurait pu se retrouver en infraction. Je suis allé me faire couper les
cheveux - c'est la situation dont parlait le député de Portneuf
-je sortais de l'Assemblée nationale et j'avais seulement des cartes de
crédit dans mon portefeuille. Je me suis aperçu par la suite
qu'en insistant auprès du coiffeur pour faire accepter ma carte
de crédit - heureusement, le coiffeur a été très
prudent, il ne l'a pas acceptée - j'aurais pu le mettre indirectement
dans une situation d'illégalité. Cela prouve que, dans ces lois
qui sont vieilles d'une cinquantaine d'années, il y a certainement des
choses à améliorer.
J'apprécie l'ouverture d'esprit du ministre ce matin qui dit
qu'effectivement en ce qui concerne, par exemple, une loi-cadre avec des
spécificités régionales, comme le mentionnait le
député de Portneuf, il y a probablement des choses qui pourraient
être faites, sans faire l'unanimité, mais qui pourraient rejoindre
la quasi-unanimité dans ce métier qui est extrêmement
important, soit dit en passant. Je pense que c'est un métier ou une
profession qui a certainement pris, au cours des dernières
années, une grande importance. Il faut donner à ces travailleurs
l'avantage de pouvoir se développer, se spécialiser, enfin,
développer cette industrie comme elle doit l'être.
Je voulais juste souligner un point. Lorsqu'on parle, dans une
loi-cadre, de toutes les choses qui pourraient être normalisées
dans tout le Québec, on pourrait retenir certaines choses au niveau
régional. Je voudrais que le ministre soit extrêmement prudent en
ce qui concerne les heures d'ouverture, entre autres. Je sais qu'il y a des
régions comme la nôtre où, si on permettait les heures
d'ouverture des centres commerciaux, des magasins en général...
Chez nous, il y a énormément de coiffeurs artisans, de petits
bureaux dans les quartiers. Ces gens vivent et ont un commerce qui va
très bien, souvent, avec un, deux ou trois employés de la
même famille ou tout simplement une couple d'employés. Ils ont
développé leur commerce en travaillant. Évidemment, ils
ont besoin d'heures de repos, ils ont besoin de soirs de repos, en travaillant,
par exemple, le mercredi soir, le vendredi soir, en ne travaillant pas le
lundi, ainsi de suite. Ce qu'on me faisait remarquer l'an passé, c'est
que si on est obligé d'ouvrir aux mêmes heures que les centres
commerciaux, on risque, à moyen terme, de faire fermer bon nombre
d'artisans qui oeuvrent dans ce métier-là, qui ont une bonne
clientèle, dont la clientèle est extrêmement satisfaite des
services offerts à leur porte.
Il est certain qu'un homme et une femme qui oeuvrent dans un salon de
coiffure, qui seraient obligés d'ouvrir le jeudi, le vendredi, le samedi
toute la journée et le lundi, finiraient par être
épuisés. Si ces gens-là n'ouvrent pas leur commerce, on
sait qu'on ne leur en fera pas l'obligation; ceux qui pourraient ouvrir, ce
serait facultatif. S'ils n'ouvrent pas leur commerce en même temps que le
gros compétiteur qui aurait, par exemple, la possibilité de faire
de la publicité, comme le mentionnait le député de
Portneuf, ils risqueraient de perdre leur clientèle. Donc, ils seraient
obligés, ces artisans, ces petits artisans, d'offrir les mêmes
heures d'ouverture que les gros, ceux qui ont une centaine d'employés,
comme le mentionnait le député de Portneuf. À ce
moment-là, ma crainte - c'est dans ce sens-là que je demande au
ministre d'être extrêmement prudent en ce qui concerne les heures
d'ouverture - c'est que voulant bien faire, voulant faire en sorte que la
profession se développe le mieux possible, voulant bien faire, on
finisse par faire fermer un nombre important - en tout cas, c'est la petite
enquête que j'avais faite, chez nous, l'an passé dans la Mauricie
- de commerces qui ont leur valeur, qui ont leur importance dans le paysage,
qui créent un bon nombre d'emplois. En tout cas, dans ce sens-là,
je serais très réservé et je demande au ministre encore
une fois de regarder cela de très très près en ce qui
concerne les heures d'ouverture.
Dans beaucoup d'autres aspects de ce métier, je pense qu'il y a
beaucoup de choses qui peuvent être uniformisées. Je sais que dans
ma région, la grande région 04, où on avait des
disparités un peu partout, selon l'endroit où on oeuvrait,
aujourd'hui, on en est rendu à travailler passablement ensemble. 11 y a
juste dans le domaine des heures d'ouverture où cela a été
difficile à faire admettre aux gens qu'on devait légaliser les
heures d'ouverture des centres commerciaux.
C'est à peu près le point que je voulais souligner. Cela
m'apparaît un point important pour ma région et, si ça
l'est pour la Mauricie, on risque aussi de retrouver la même
difficulté dans d'autres régions. Je vous demande, sur ce point,
d'être très prudent.
Le Président (M. Champagne): Merci, M. le
député de Champlain. Maintenant, M. le député de
Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président. Je voudrais remercier le
ministre. À certains égards, les propos qu'il nous a
livrés sont très intéressants, mais ils ne sont pas
nécessairement rassurants. Je m'explique. C'est intéressant de
constater que le gouvernement est actuellement à pousser plus en avant
son processus de réflexion et d'analyse sur l'opportunité de
maintenir ou de faire des modifications substantielles à la Loi sur les
décrets de convention collective. Il devient absolument
nécessaire - et cela, je tiens à le dire comme porte-parole de
mon groupe en matière de relations du travail -impérieux et
urgent qu'une révision en profondeur de cette loi vieille de 50 ans soit
faite et cela, dans les meilleurs délais.
(11 h 15)
Le ministre nous a indiqué ce matin que les normes et les
règlements qui régissent l'industrie de la coiffure au
Québec seront ou sont susceptibles d'être modifiés
éventuellement en regard de deux choses: premièrement, l'analyse
de cette Loi sur les décrets de convention collective et,
deuxièmement, le rapport qui sera soumis par la commission Beaudry. On
doit retenir - et c'est à cet égard que je dis que c'est
peut-être plus ou moins rassurant - que le gouvernement ne pourra pas se
"positionner" définitivement en regard de ces questions avant
peut-être huit mois, dix mois, peut-être un an.
En ce qui concerne le court terme, j'ai fait référence
à certaines demandes spécifiques. Il est intéressant de
constater que le ministre nous informe officiellement au nom du gouvernement du
Québec, ce matin, que Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu rendra publique une position gouvernementale
en vertu de laquelle deux aspects des préoccupations que nous avons ce
matin seront réglés. Le premier, c'est le caractère
unisexe des salons de coiffure. J'ose croire et j'ose espérer que ce
décret ou cette mesure pourra s'appliquer dans les plus brefs
délais. Je tiens à porter à l'attention du ministre le
fait suivant. Depuis plusieurs mois déjà de nombreux coiffeurs et
de nombreuses coiffeuses du Québec se sont adonnés à
parfaire leur formation et leurs connaissances pour oeuvrer dans le cadre d'un
fonctionnement où les salons de coiffure seraient unisexes. Vous
contribuerez ainsi à régler une bonne partie des problèmes
vécus par l'industrie depuis quelques années.
Concernant les modifications qui seraient apportées à la
formation, c'est évident, comme l'a dit mon collègue - la
démonstration que mon collègue de Laurier a faite est bien claire
et bien précise - qu'il faut un meilleur encadrement dans l'industrie de
la coiffure en ce qui concerne la formation et l'apprentissage des jeunes.
Reste, cependant, les autres points spécifiques que j'ai
portés à l'attention du ministre. Il s'est
référé à des perles comme la monnaie légale,
cela peut: se modifier avant Noël) vous pouvez le faire. Finalement, ce
qu'on vous demande ce matin, c'est de le faire dans les meilleurs
délais.
L'article 40 sur les apprentis et le droit pour un employeur d'embaucher
un apprenti pour une période moindre que 40 heures par semaine, cela
peut se régler tout de suite, cela doit se régler tout de suite
et c'est ce qu'on vous demande.
L'article 57 sur la question des produits, c'est un
élément qui crée un contentieux dans l'industrie entre
l'employeur et ses employés, tout le monde est d'accord. Le pourcentage
de 55%, vous pouvez le régler avant les fêtes. C'est ce qu'on vous
demande et on espère que cela donnera des résultats.
Les heures d'affaires maintenant. L'honorable député de
Champlain porte à l'attention du ministre son inquiétude de voir
la Loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux
s'appliquer au monde de la coiffure, particulièrement en ce qui concerne
l'impact que cela pourrait avoir sur la petite entreprise et, surtout, chez les
artisans. J'ai rencontré moi-même les coiffeurs de mon
comté et les coiffeuses de mon comté qui sont des artisans. C'est
évident que c'est beaucoup plus facile de dire: Les heures d'ouverture
sont limitées à tant d'heures par semaine, tel jour, tel soir,
etc. C'est plus sécurisant.
Or, ce qu'il faut retenir, c'est qu'il faut penser au consommateur
aussi. Le consommateur requiert une prestation de tel service à des
heures qui ne sont pas nécessairement celles souhaitées par
l'artisan. Ce consommateur requiert une prestation de service, par exemple, le
lundi. Est-ce que le gouvernement et est-ce que nous, comme Assemblée
nationale, sommes justes, équitables et responsables en disant à
un consommateur qui, lui, a besoin d'une prestation de service le lundi:
Monsieur, madame, c'est regrettable, pour un motif d'encadrement et de
protection additionnelle, pour ne pas dire "overprotected", on ne vous permet
pas de recevoir ce service le lundi.
Est-ce qu'on est responsable, est-ce qu'on est équitable devant
des entreprises qui, elles aussi, procurent des emplois; qui, elles aussi,
paient des taxes et des impôts; qui, elles aussi, contribuent à
l'économie quotidienne du Québec quand on dit au chef
d'entreprise ou à l'employeur, ou aux groupes d'employés ou aux
groupes de coiffeurs et de coiffeuses qui sont propriétaires de leur
propre salon - et il y en a - Vous venez de vous louer un local dans un centre
commercial, dans un établissement commercial; cela vous coûte
quelques milliers de dollars, sinon plus, de loyer seulement par mois et vous
n'avez pas le droit d'ouvrir le lundi, alors que le monsieur qui vend des
chaussures et des couvre-chaussures à côté a le droit de le
faire, lui? Il y a toute cette notion. Il y a toute cette notion du droit
à des règles applicables pour tout le monde, selon les
mêmes principes, pour les établissements commerciaux.
Le député disait: Cela risque de causer préjudice
aux artisans. Je rappelle le caractère non obligatoire, mais volontaire
pour celles-là ou ceux-ci d'ouvrir leur entreprise au moment où
elles ou ils le jugeront opportun. Le député de Champlain disait:
Vous savez, il y a des consommateurs qui sont satisfaits de leur coiffeur et
qui, demain matin, pourront aller au centre commercial. Mais s'ils sont
satisfaits de leur
coiffeur, ils vont y aller lorsqu'il sera ouvert. J'ai quelqu'un qui me
coiffe - on en a tous un, à un moment donné, parce que cela
pousse - et si mon coiffeur me dit que c'est regrettable, mercredi, dans la
journée, de ne pas venir, qu'il est fermé, c'est sa
journée de congé, je ne changerai pas de place pour cela. Je vais
y aller le jeudi ou le lundi.
Combien voit-on de médecins au Québec - et je les
comprends, ces médecins-là, ils travaillent de 70 à 75
heures par semaine - de pratique générale qui
systématiquement, le mercredi, prennent une journée de
congé? Cela n'affecte pas leur clientèle. Ils sont là le
jeudi et la personne, la citoyenne ou le citoyen, qui a besoin d'un service
professionnel de ce médecin le rencontre quand il est disponible. Je
suis persuadé que ces gens-là vont être capables, compte
tenu de la qualité du service professionnel qu'ils donnent, de garder
leur clientèle et que cela ne causera pas de problème. Cela va
donner plus d'équité, plus de justice et plus d'ouverture et cela
va privilégier le consommateur. Vous savez, quand on étudie des
lois comme celles-là ou des règlements comme ceux-là, il y
a un volet qui n'est pas le moindre, c'est le consommateur.
Le dernier élément que je voudrais porter à
l'attention du ministre, c'est celui-ci. Lorsqu'il évoque sa
réflexion sur l'application de la loi sur les décrets, doit-on
comprendre, en ce qui nous concerne, que ce matin il nous dit qu'il y a un
problème, qu'il constate qu'il y a un problème parce que ce ne
sont pas les mêmes règlements qui s'appliquent partout? Il y a des
décrets qui s'appliquent; il y en a qui ne s'appliquent pas dans
certaines régions. Il nous a déclaré son
intérêt d'adopter soit une loi-cadre, soit un décret de
portée universelle. Il faut absolument faire quelque chose pour mettre
de l'ordre dans cette industrie. Il faut absolument faire quelque chose pour
que les mesures réglementaires ou législatives qui seront
adoptées permettent: premièrement, des normes uniformes;
deuxièmement, que les parties soient vraiment non seulement prenantes
à des décrets, mais véritablement consultées et que
les employés et les employeurs participent au processus
d'élaboration des normes si c'est là le choix du ministre ou s'il
prend la voie d'un décret universel.
Je ne suis pas persuadé, pour avoir scruté plusieurs
décrets, que ce sont tous les assujettis tout le temps qui participent
à l'élaboration des normes ou de nouvelles normes et des
augmentations de coûts, etc. C'est un des points de faiblesse de la
structure actuelle. Ce point de faiblesse n'a tellement pas été
corrigé avec les années que, maintenant, tout le monde souhaite
l'abolition de la structure, alors que la structure est peut-être
bonne.
Alors, l'assurance que je voudrais avoir du ministre, c'est que cela
pourra se faire, mais ce qui m'inquiète aussi - et je serais
rassuré s'il pouvait me répondre - c'est dans quel délai
il entend intervenir pour l'ensemble de la question. Enfin, évidemment,
s'il pouvait me dire ce matin: M. Pagé, les articles spécifiques
que vous avez soulevés en regard du statut de la coiffure... Il y a
l'article 41 que je pourrais rajouter, qui, selon nous, vient restreindre
l'embauche du nombre d'apprentis au Québec à cause du ratio
compagnons-apprentis. C'est l'ensemble de ces points-là.
Vous avez toute cette documentation-là. Mme Marois a cette
documentation; les mémoires ont été déposés;
les représentations ont été faites. Si vous pouviez me
dire ce matin, M. le ministre, en ce 7 décembre, à l'aube de
l'Immaculée Conception, à quelques semaines de Noël: "Je
m'engage à modifier substantiellement le statut de la coiffure d'ici aux
fêtes", vous auriez 75% du contentieux de réglé et ce
serait le plus beau cadeau de Noël à donner à l'industrie de
la coiffure au Québec.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
député de Portneuf. M. le ministre du Travail.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: Merci, M. le Président. La
façon dont le député de Portneuf soumet sa demande, c'est
presque impossible de ne pas y donner suite, et rapidement. Il me permettra
simplement une demande d'explication additionnelle quant à
l'opportunité d'arriver avec ce qu'on est convenu d'appeler, pour les
besoins de notre discussion, une loi-cadre, qui recevrait application dans tout
le territoire du Québec.
Ce que j'apprécierais savoir du député de Portneuf
- s'il a le goût de me le dire, évidemment - c'est ceci: Ce
à quoi il pense comme mécanisme, comme loi, est-ce que cela
ressemblerait, du moins quant au fonctionnement, quant aux principes qu'on
pourrait y retrouver, à ce qui existe actuellement dans la
construction?
Ma première réaction, c'est que cela y ressemblerait
étrangement. À partir de cette première constatation et
à partir, également, des phénomènes qui se vivent
dans le monde de la construction, le député de Portneuf va
convenir avec moi qu'il va falloir regarder la situation de très
près, si encore ce à quoi il pense est un peu l'équivalent
ou la reproduction de ce qu'on retrouve dans la loi 290.
Je ne sais pas si le député de Portneuf est...
M. Michel Pagé
M. Pagé: Je vais répondre avec plaisir. J'ai bien
dit qu'il y a deux avenues possibles. Si le gouvernement - là, ce serait
une proposition du gouvernement à l'Assemblée -choisissait
l'avenue de la faire adopter par l'Assemblée, de demander è
l'Assemblée une loi-cadre régissant le statut de la coiffure, les
conditions de pratique et d'exercice de ce métier, cela voudrait dire et
cela impliquerait que quelqu'un ou un organisme en contrôlerait
l'application. Cela pourrait être la Commission des normes du travail qui
est là...
M. Fréchette: L'OCQ, le petit OCQ.
M. Pagé: ...et qui relève du ministère du
Travail. Nous avons un mécanisme de contrôle qui est là
pour juger, pour analyser l'application de normes du travail; c'est la
Commission des normes du travail.
Cela impliquerait nécessairement une loi-cadre qu'on devrait
immédiatement... Ce qui accompagne cela, c'est se questionner sur
l'opportunité du maintien des comités paritaires,
évidemment.
Si, par contre, vous choisissez - parce que, pour nous, cela nous
apparaît très intéressant - l'application d'un
décret à caractère universel sur l'ensemble du
territoire... Le statut du coiffeur, c'est la partie 1 du décret,
ça, dans tous les décrets, peu importe, celui de Victoriaville,
celui de Québec, etc. Si l'avenue pour régler ce fameux
problème, c'était un décret de portée universelle,
il devrait, premièrement, être écrit par le ministre qui le
présentera au conseil, à la suite d'un processus de consultation
avec tout le monde, pas seulement avec quelques intervenants, mais le ministre
aurait l'obligation de dégager des consensus.
En politique, c'est cela, notre job, notre responsabilité. Quand
on est membre d'un gouvernement, évidemment, on consulte avant d'agir.
On analyse et on y va, c'est normal et c'est naturel, dans le meilleur
intérêt de tous en tentant de tirer des consensus. On
n'écrit pas et on n'agit pas, généralement, à
rencontre des intérêts des clientèles visées.
Si vous choisissiez ce décret de portée universelle, vous
auriez ensuite à vous demander: Qui va l'appliquer? Qui va le
contrôler dans le vécu quotidien de l'industrie? À ce
moment-là, ce pourraient être des comités paritaires. Si
les gens en veulent, des comités paritaires, si les gens s'entichent de
cette structure où l'employé et l'employeur s'assoient ensemble,
dans de telles régions, on pourra avoir des décrets plus
spécifiques. Encore faudrait-il savoir si besoin en était. Mais
leur application pourrait leur être attribuée mais, encore une
fois, s'ils le voulaient et si c'était là le voeu des parties
dans cette région.
S'ils ne veulent pas de comité paritaire, parce qu'ils ne sont
pas satisfaits d'un mécanisme autonome, si je peux utiliser le terme,
pour s'autocontrôler, la Commission des normes du travail pourrait
facilement contrôler l'application des décrets de portée
universelle dans ces régions-là.
C'est la réponse que je voulais donner à l'honorable
ministre.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, pour
compléter votre réponse.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: M. le Président, je vous remercie.
Les commentaires que vient de nous faire le député de Portneuf
sont une démonstration évidente de la nécessité
devant laquelle nous sommes de procéder à une analyse très
sérieuse de l'ensemble de la situation. À toutes fins utiles,
quand on parle d'une loi-cadre qui recevrait son application dans tout le
territoire du Québec, c'est encore une fois, à bien des
égards, assez près de ce qui existe dans le secteur de la
construction. Quoi qu'il en soit, il reste tout à fait évident
que c'est une situation qu'il faut regarder de très près.
Je vous dirai que pour autant que je sois concerné... Oui?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre accepte,
alors, M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: J'aurais seulement une petite question. Lorsque
le ministre, tentant non pas par agressivité ou quoi que ce soit - la
bonne entente, la sérénité entre le ministre et moi est
devenue proverbiale - de me pousser un peu dans les cables en me disant: Est-ce
que le député ne croit pas que ça ressemblerait un peu
à la construction... Dois-je retenir que le ministre convient maintenant
avec moi que les mesures applicables à la construction par la
centralisation de la négociation, le contrôle donné
à l'OCQ, est-ce que le ministre est d'accord avec moi, plus
spécifiquement en regard des nombreuses et multiples inquiétudes
que je lui ai manifestées depuis quelques années?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, à vous
de répondre.
Conclusions M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: M. le Président, je serais fort
malvenu d'indiquer que ce n'est pas l'objet de notre discussion de ce matin,
étant
donné que c'est celui qui vous parle qui a amené le sujet
dans la conversation. Non, ce que je voulais indiquer par là, c'est que
depuis que le phénomène existe dans la construction on sait
à quelle sorte de difficulté ça a amené beaucoup de
gens. Je ne suis pas en train de dire que le régime en soi n'est pas
bon, je ne suis pas en train de dire qu'il faudra le modifier en profondeur,
mais je voulais simplement attirer notre attention sur le fait qu'à bien
des égards, souvent, on a des difficultés importantes dans ce
secteur.
Je ne sais pas s'il y a autre chose à ajouter. Je voudrais
répéter mes remerciements au député de Portneuf
pour nous avoir convoqués à cette interpellation du vendredi et
pour avoir attiré notre attention sur un nombre important de
phénomènes qui ont besoin d'être revus dans les meilleurs
délais. Je répète que, lundi, un certain nombre de choses
seront annoncées qui répondront à certaines
préoccupations qu'a soulevées le député de
Portneuf.
Quant aux autres qui sont en relation directe avec le statut du coiffeur
et qui relèvent de la juridiction du ministre du Travail, j'ai
demandé ce matin au sous-ministre que l'examen de chacun des points que
nous a soumis le député de Portneuf soit fait - le
député de Portneuf parlait de l'Immaculée Conception, je
vais parler de la fête de Noël - d'ici à l'ajournement du 21
décembre pour que nous soyons en mesure, très
précisément, d'arriver à des décisions sur les
aspects qu'a soulevés le député de Portneuf, que je lui
communiquerai évidemment avec beaucoup d'empressement quand elles seront
prises.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je voudrais remercier le
ministre du Travail de se montrer non seulement sensible, mais
préoccupé par cette question, remercier le sous-ministre du
Travail - on sait qu'il a beaucoup de pain sur la planche, M. Blain, et il
était présent avec nous ce matin - les fonctionnaires, les
collaborateurs, messieurs les députés qui étaient ici.
Finalement, ce que j'ose espérer, c'est que le débat de ce matin
conduise à des modifications à court terme - c'est urgent -
à moyen terme aussi, c'est nécessaire, pour que la santé
de l'industrie soit meilleure, soit viable, vivante, cette industrie qui occupe
des milliers et des milliers de personnes et qui engendre des millions et des
millions de dollars en chiffres d'affaires par année.
Le débat a été serein, on ne s'est pas trop
crêpé le chignon, bonne fin de journée. Merci.
Le Président (M. Champagne): S'il n'y a plus d'autre
intervention, comme président de la commission, je peux vous dire que,
ce matin, le débat a peut-être été exemplaire au
point de vue de la sérénité qui l'a entouré et du
côté positif. S'il n'y a pas d'autre intervention, je
déclare que la commission parlementaire de l'économie et du
travail ajourne ses travaux sine die, parce qu'elle a rempli le mandat qui lui
était confié, soit l'interpellation au sujet de
l'indifférence et de l'inaction du gouvernement péquiste face
à la situation que connaît l'industrie de la coiffure. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 36)