Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Lafrenière): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Constatant le quorum, je déclare la séance de la
commission de l'économie et du travail ouverte.
Le mandat de la commission est d'étudier le projet de loi sur la
location de forces hydrauliques de la rivière du Lièvre à
Les Produits forestiers Bellerive Ka'N'Enda Inc.
Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement. M. Blais (Terrebonne) est remplacé par M. Gagnon
(Champlain).
Le Président (M. Lafrenière): Merci. M. le
ministre, est-ce qu'on a des...
Remarques préliminaires
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: Oui, M. le Président. Cela va être
court parce qu'il s'agit d'abord d'un projet de loi qui, finalement, vient
renouveler un bail qui existe depuis 1944, quant à la partie publique,
et cela remonte plus loin quant à la partie privée parce qu'il y
a 10% de ces forces hydrauliques qui avaient été
concédées en 1907 en droits de propriété. Le projet
de loi qui est devant nous aujourd'hui couvre ce qu'on appelle la partie
publique qui constitue 90% des forces hydrauliques de cette installation, qui a
fait l'objet d'un projet de loi qui consentait un bail, en 1944, à une
société qui a exploité ses forces hydrauliques.
Aujourd'hui, nous sommes arrivés au terme de ce bail et il s'agit tout
simplement de le renouveler, et le projet de loi qui est devant nous nous
autoriserait à le renouveler pour une autre période de 40
années.
Il s'agit, M. le Président, d'une installation dont le potentiel,
la puissance est de 2,36 mégawatts, je crois, si mon souvenir est bon,
et qui, finalement, n'est pas une très grosse centrale. Vu le fait qu'il
y a un propriétaire privé pour une partie des forces
hydrauliques, bien sûr, cela vient compliquer un peu les choses parce
qu'il serait difficile de concéder 90% des forces hydrauliques à
un autre propriétaire et de demander aux deux d'exploiter la même
centrale. Je pense que cela tombe sous le sens que, dans une situation comme
celle-là, il est préférable de confier au même
propriétaire le soin d'exploiter la centrale plutôt que
d'introduire deux compagnies pour, finalement, un bloc d'énergie
relativement modeste.
Hydro-Québec, d'ailleurs, qui a été informée
de tout cela, n'est pas intéressée pour elle-même à
exploiter la centrale. Cependant, ce qu'elle fait, c'est qu'elle achète
le surplus de production de la centrale. Le propriétaire actuel en
utilise une partie à des fins industrielles dans la région de
Mont-Laurier. Il y a une usine de portes de Bellerive Ka'N'Enda qui est
branchée directement sur les installations hydroélectriques de
cette centrale et l'usine de sciage, actuellement, est alimentée par le
réseau d'Hydro-Québec. Cependant, on m'indique que Bellerive
Ka'N'Enda a l'intention de relier son usine de sciage à cette
centrale.
Également, elle a une certaine importance quant au projet de
panneaux MDF qu'envisage de réaliser cette compagnie dans la
région de Mont-Laurier. Cet apport d'énergie et,
évidemment, les immobilisations étant, je pense, payées,
cela lui permet d'avoir des sources d'énergie à des conditions
intéressantes. À ce moment-là, c'est un facteur
additionnel qui favorise la rentabilité de l'usine de panneaux MDF et
qui permettrait la création, je crois, de 300 emplois dans la
région, de 175 nouveaux emplois dans la région de Mont-Laurier,
ce qui n'est pas négligeable, M. le Président, dans le contexte
actuel.
Alors, c'est un projet de loi relativement simple et je pense qu'il n'y
a pas lieu de faire de très longs discours là-dessus. Les termes
et conditions qui sont établis pour le bail qui serait consenti en vertu
de ce projet de loi à Bellerive Ka'N'Enda ont été
établis sur la même base que ce qui a été fait dans
le cas de l'Alcan, l'an passé, lors de l'adoption de la loi 70, je
crois.
Alors, M. le Président, je pense que cela termine, à ce
stade-ci, mes remarques préliminaires. Il s'agit, en somme, d'une chose
relativement simple.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont, est-ce que vous avez des...
M. Pierre-C. Fortier M. Fortier: M. le Président, avec
votre
permission et avec la collaboration du ministre, j'avais des
éclaircissements à demander parce que l'adoption du projet de loi
comme tel va être assez simple vu le nombre restreint d'articles. Bien
sûr, les questions que j'aurais ont pour but d'en connaître
davantage sur certaines caractéristiques, sur certaines conditions
d'exploitation, sur certains principes sur lesquels se base le ministre pour
renouveler le bail.
J'ai reçu de REXFOR un projet de bail qui serait renouvelé
et qui nous donne certaines explications et je remercie M. Duchesneau de me
l'avoir fait parvenir. Ce qui me permet également d'obtenir certains
éclaircissements puisqu'à la lecture de la loi, la loi n'ayant
que trois articles, ce n'est qu'en lisant le bail qu'on peut avoir une
meilleure compréhension du sujet.
Dans un premier temps, ce que j'aimerais demander au ministre, c'est
ceci. J'ai ici en main les lettres patentes et l'arrêté en conseil
de 1943 et j'aimerais savoir à quel moment ce bail est venu à
échéance. Ce n'est pas très clair ici. Est-ce qu'on parle
d'une période de 25 ans? J'ai l'impression que le bail est
déjà parvenu à échéance depuis un certain
nombre de mois.
La deuxième question préliminaire que j'aimerais lui
poser, c'est qu'il nous dit: Comme c'est venu à échéance,
il faut automatiquement le renouveler. Est-ce que ceci signifie qu'à
chaque fois que le ministère de l'Énergie et des Ressources
octroie un privilège particulier à une compagnie, lorsque ce
privilège vient à échéance, automatiquement le
ministre se sent dans l'obligation de le renouveler puisqu'il se trouve devant
une situation de fait? Je pose cette question parce qu'elle est importante, non
pas seulement pour le cas que nous avons devant nous présentement, mais
j'imagine, sans en avoir fait une évaluation complète, qu'il y a
sûrement d'autres cas, d'autres situations où des
sociétés privées ont obtenu des baux d'utilisation des
eaux ou dans d'autres domaines et où le ministre ou le gouvernement aura
à statuer pour dire: On renouvelle le bail. Et s'il fallait que la seule
raison, l'unique raison pour laquelle le ministre nous dit: II faut renouveler
le bail, c'est parce que le bail est parvenu à échéance,
cela voudra dire que, dans tous les cas où les gens, dans le
passé, ont obtenu des baux, simplement par le fait que le bail est
parvenu à échéance, automatiquement le gouvernement se
croirait obligé de renouveler les baux.
Donc, la première question était une question technique
portant sur l'échéance. À quel moment le bail est-il
parvenu à échéance? Et j'imagine que, s'il est venu
à échéance, cela voudrait dire que, présentement,
on se retrouve dans une situation de vide juridique. La deuxième
question est celle-ci: Quels sont les principes qui guident le ministre pour
renouveler les baux de toutes sortes sur lesquels il a à statuer? C'est
plutôt une question générale de principe.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, on m'indique que, quant
à la date d'échéance du bail antérieur,
c'était le 31 janvier 1984. Cependant, je constate ici qu'on indique que
cela aurait un effet rétroactif au 1er janvier 1984: Est-ce qu'il va y
avoir un recoupement... Je vais demander à mes collaborateurs de me
préciser cela. Est-ce qu'on aurait un recoupement, à ce
moment?
M. le Président, effectivement, la date du 31 janvier est exacte
quant à l'expiration du bail antérieur, mais le
propriétaire lui-même est d'accord pour que le nouveau bail prenne
effet rétroactivement au 1er janvier 1984. C'est une question de
correspondance avec les années financières, semble-t-il.
Quant à la philosophie de renouvellement de ces baux, je pense
que c'est peut-être l'aspect le plus important des questions qui ont
été posées. Il ne s'agit pas pour moi, je n'ai pas
l'intention de renouveler automatiquement chacun des baux dans chacun des cas
et je ne me sens pas obligé de le faire parce qu'il existait un bail ou
parce qu'il est venu à échéance il y a quelques mois.
Non, ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai parlé du cas de la loi
9 et du cas de Les Produits forestiers Bellerive Ka'N'Enda Inc., mais je n'en
fais pas un principe général. Il est évident qu'il faut le
renouveler à un moment donné, si un bail vient à
échéance, mais ce n'est pas la raison qui fait qu'on veut le
renouveler, initialement. La raison qui fait qu'on veut le renouveler
initialement, c'est que, dans ce cas, cela nous apparaît indiqué
de le faire parce que les conditions sont telles, comme je l'ai expliqué
au début, que 10% des forces hydrauliques appartiennent à la
compagnie en droit propre et 90% sont à louer, selon le bail. Il y a une
centrale qui existe. HydroQuébec, qui est la principale productrice
d'énergie électrique au Québec, n'est pas
intéressée. Alors, à ce moment, pour maintenir ces
installations en marche - parce qu'elle n'a pas intérêt à
les fermer, bien sûr - pour aussi favoriser la création d'emplois
dans la région de Mont-Laurier et également pour profiter de
redevances qu'une telle source d'énergie rapporte au gouvernement, dans
ce cas précis, il y a lieu de renouveler le bail, mais je n'en fais pas
un principe général et je ne voudrais pas que ce que j'ai
dit sur le débat en deuxième lecture ou dans mes remarques
préliminaires soit interprété comme cela. C'est la
précision que je veux vous apporter, M. le député
d'Outremont. (11 h 30)
M. Fortier: M. le Président, le ministre nous dit que ce
n'est pas un principe général. Dans ce cas particulier, cela fait
exception. On renouvelle le bail pour 40 ans. Il nous dit
qu'Hydro-Québec n'est pas intéressée, je prends sa parole
là-dessus.
Mais il reste qu'à chaque fois qu'on arriverait au terme d'un
bail où on n'a pas prévu de clause comme dans ce cas-ci,
où on dit que la propriété revient entièrement au
gouvernement, ce dernier se trouvera toujours devant une situation de fait,
où un bail ayant été donné en 1930, 1935, 1940,
1945 ou 1950 vient à échéance à un moment
donné; il y a toujours une compagnie et un barrage qui existent; donc,
la situation de fait serait à peu près identique dans toutes les
circonstances.
Donc, argumenter à partir d'une situation de fait voudrait dire
que, dans tous les cas, le gouvernement se verrait obligé de continuer.
Il nous dit, par ailleurs, qu'Hydro-Québec n'est pas
intéressée. Mais est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a
exploré, s'il a donné des avis publics, s'il a cherché
à intéresser d'autres gens qui pourraient trouver des avantages
à acheter cette minicentrale pour l'utiliser à un meilleur
développement économique? Est-ce que des contacts ont
été faits, soit avec la ville de Mont-Laurier ou d'autres
autorités locales, d'autres industries de la région ou d'autres
entrepreneurs québécois qui auraient eu la possibilité de
soumissionner afin de dire au gouvernement: Si nous devenions
propriétaires de cette mini-centrale, voici ce que nous ferions, nous
ferions telle et telle chose. À ce moment-là, le ministère
aurait été en mesure de comparer ce que Bellerive Ka'N'Enda
pourrait faire avec la minicentrale avec ce que pourraient faire d'autres
entrepreneurs, d'autres compagnies privées ou d'autres
coopératives qui auraient pu se faire entendre afin de posséder
une telle centrale pour le meilleur avantage de la région.
Alors, c'est une question. L'autre question, bien sûr... Si on
veut faire la comparaison avec l'Alcan, il n'y a pas de comparaison. Non pas
que je compare la dimension de l'Alcan avec la dimension de Bellerive Ka'N'Enda
ou de REXFOR, parce que, en toute honnêteté, on ne peut pas faire
cette comparaison, mais il reste que, dans le cas de l'Alcan, le gouvernement a
obtenu des assurances très sérieuses. Sans avoir vu les documents
confidentiels que sûrement le gouvernement possède, l'Alcan s'est
engagée à construire au moins trois usines de raffinement
d'aluminium au Lac-Saint-Jean, chacune d'une valeur de 1 000 000 000 $. Donc,
cela veut dire des engagements de l'ordre de 3 000 000 000 $ ou 4 000 000 000 $
que l'Alcan s'est engagée à faire durant les 25 prochaines
années et qu'elle financera elle-même.
Dans ce cas-ci, à ma connaissance, le gouvernement n'a obtenu
aucune confirmation ferme qu'il y aurait des plans de développement
économique dans la région, qu'il y aurait des constructions
d'usines, d'une façon très ferme. Par ailleurs, bien sûr,
si Bellerive Ka'N'Enda le faisait, comme elle est une société
d'État, elle le ferait avec l'argent des contribuables, dans une
certaine mesure. C'est la raison pour laquelle, M. le ministre, en ce qui me
concerne, je ne crois pas qu'on puisse faire de comparaison pertinente entre
les deux situations. Dans le cas de l'Alcan, renouvellement du bail pour 50
ans, engagement ferme de l'Alcan de construire un certain nombre d'usines pour
des valeurs de milliards de dollars, qu'elle s'est engagée à
financer; dans le cas de REXFOR ou de Bellerive Ka'N'Enda, à ma
connaissance, il n'y a aucun engagement ferme et le financement viendrait du
secteur public, du moins en ce qui concerne la capitalisation que REXFOR ou
Bellerive Ka'N'Enda ferait.
Donc, dans les circonstances, j'ai de la difficulté à
comprendre quels ont été les véritables critères
pour renouveler un bail pour une période de temps aussi longue que 40
ans, d'une part; et je reviens à ma première question: Est-ce que
le ministre ou le ministère a pris la peine de vérifier s'il y
avait d'autres agents économiques du Québec qui auraient eu la
possibilité de soumissionner pour dire au gouvernement ce qu'ils
auraient pu faire ou ce qu'ils pourraient faire avec une centrale
hydroélectrique d'une importance minime, je l'admets, mais qui pourrait
quand même produire de l'électricité à très
bon marché pendant une très longue période.
M. Rodrigue: Cela n'a pas été fait, M. le
Président, pour les raisons suivantes: primo, Bellerive Ka'N'Enda est
propriétaire de 10% des forces hydrauliques, en propriété
propre. Donc, à ce moment-là, c'est un peu compliqué d'en
avoir une partie qui est en propriété propre et une autre qui est
en bail. Il aurait fallu exproprier Bellerive Ka'N'Enda et je ne vois pas les
raisons qui nous auraient poussés à faire cela à ce
stade-ci.
La deuxième est qu'il s'agit ici d'une société
d'État qui a deux installations sur place et qui est en train d'en
étudier une troisième, et, le moins que l'on puisse dire au
moment où on se parle, cela semble prometteur. Mais, enfin, je pense
que, dans des investissements comme celui-là, il s'agit toujours de
s'assurer de la rentabilité économique des ouvrages qu'on veut
construire. C'est cela qui est le facteur
primordial. Il faut s'assurer que ces installations vont être
rentables, vont rapporter des profits, vont faire leurs frais.
Évidemment, cela a comme conséquence de créer et de
générer de l'emploi dans la région. Alors, comme c'est la
société d'État, une autre société
d'État qui est propriétaire de ces installations, cela reste dans
le patrimoine québécois, de toute façon, M. le
Président. Je pense bien que, lorqu'il s'agit pour une
société d'État de faire des transactions, de se
départir d'actifs importants, il y a à tout le moins des
pourparlers entre l'actionnaire et la société pour s'assurer que
tout cela se fait dans le meilleur intérêt du Québec.
Alors, dans des circonstances comme celles-là, M. le
Président, je ne vois pas qu'il y aurait eu lieu de rechercher d'autres
bailleurs de fonds ou d'autres intérêts pour opérer cette
centrale parce que, finalement, et même la ville de Mont-Laurier, sans
qu'elle ait été consultée, je soupçonne, je ne vois
pas pourquoi la ville de Mont-Laurier voudrait se mettre l'opération
d'une centrale sur le dos. Ce n'est pas sa vocation propre, alors qu'elle
constate que la centrale est opérée à des fins qui,
finalement, créent de l'activité économique dans sa
région.
J'ajoute, pour terminer, qu'il faut se rappeler que tout surplus
à cette centrale est, de toute façon, acheté par le
réseau d'Hydro-Québec. Donc, cette centrale va être
utilisée à sa pleine capacité; il n'y a rien qui se perd
pour le Québec là-dedans.
M. Fortier: Alors, M. le Président, je prends note des
réponses du ministre qui nous dit, d'une part, qu'il n'y a eu aucune
exploration, d'aucune sorte, avec aucun agent économique du
Québec pour évaluer si d'autres agents économiques du
Québec seraient intéressés à exploiter la centrale
et que, par ailleurs, il n'y a aucun engagement ferme de la part de REXFOR ou
de Bellerive Ka'N'Enda sur des investissements à venir.
La question que j'aimerais poser maintenant touche le côté
technique. Le ministre nous a dit, dans son discours en deuxième
lecture, que cette centrale était tout à fait amortie dans les
livres de REXFOR ou que l'amortissement est à peu près complet.
Est-ce que le ministre peut nous dire quelle est la situation physique,
technique, de la mini-centrale? Est-ce que REXFOR, vu l'état de la
centrale, aura à faire des investissements prochainement pour la
remettre en oeuvre ou pour augmenter son potentiel hydroélectrique?
M. Rodrigue: Alors, M. le Président, on m'indique
qu'effectivement la centrale a besoin de réparations pour, non pas la
remettre en état de fonctionner, parce qu'elle fonctionne, mais elle a
besoin de réparations qu'on peut considérer comme majeures, qu'on
peut qualifier d'entretien majeur, qui devraient se chiffrer dans l'ordre de
500 000 $.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut m'indiquer si la centrale
ne sert qu'à la production d'électricité? J'imagine
qu'à l'origine, lorsque cela a été fait dans les
années 1926, c'était également pour le flottage du bois.
J'imagine que le flottage du bois... Il n'y a pas beaucoup de bois dans la
région, de toute façon. Alors, si cela servait à l'origine
au point de vue hydraulique pour contrôler les eaux, maintenant, la
centrale ne sert qu'à des fins hydroélectriques comme telles.
M. Rodrigue: Alors, M. le Président, il y a eu au
début - je crois que c'est autour de 1907 ou après que cela a
été vendu - il y a eu une usine hydromécanique, une usine
de sciage, je crois. Je vous le donne sous réserve. Il semble que
c'était une usine de sciage qui était installée là
et que c'est à cette occasion, pour l'installation d'une telle usine,
qu'il y a eu vente de forces hydrauliques sur cet emplacement.
M. Fortier: Étant donné le fait que la centrale est
à peu près toute amortie... C'est d'ailleurs ce qui m'a supris,
contrairement à ce que dit le ministre, lorsqu'on examine les livres de
Bellerive Ka'N'Enda, on s'aperçoit que REXFOR amortissait cette centrale
d'une certaine façon et qu'il reste, dans les livres, une balance, un
solde d'amortissement. Au moment où on se parle, il reste encore un
solde dans les livres de Bellerive Ka'N'Enda, ce qui est en contradiction avec
ce que le ministre nous a dit en deuxième lecture. Je me suis
posé des questions sur la comptabilité de REXFOR parce que, moi,
si j'avais un bail se terminant le 31 janvier 1984, je me serais assuré
que l'amortissement aurait été tout à fait terminé
le 31 janvier 1984, puisque je n'aurais pas pu présumer de la
décision du gouvernement de renouveler le bail. Un bon comptable averti,
une bonne direction avertie, aurait amorti la totalité de la valeur de
la centrale le 31 janvier 1984, justement, pour ne pas rester avec une valeur
résiduelle dans ses livres sans savoir si le gouvernement du
Québec renouvelait le bail. Ce serait ma première question:
Pourquoi, dans les livres de Bellerive Ka'N'Enda, agit-on de cette
façon? À supposer que de toute façon la valeur
résiduelle ne soit pas très élevée, quel sera
l'amortissement futur, si le gouvernement renouvelait le bail sur une base de
40 ans?
M. Rodrigue: M. le Président, je voudrais apporter la
précision suivante: les
installations originales ont été amorties, bien sûr,
depuis longtemps. Ce qui apparaît aux livres de REXFOR, ce sont des
amortissements pour des réparations importantes qui ont
été faites au cours des dernières années, depuis
que REXFOR est propriétaire de ces intallations. Évidemment,
c'est logique: on m'indique, pour ce qui est des réparations d'environ
500 000 $ dont je vous ai parlé tout à l'heure, que, dès
que le bail sera alloué, REXFOR a l'intention de les effectuer parce
qu'il semble qu'il y a une certaine urgence à le faire.
M. Fortier: Je reviens sur ma première question, M. le
Président, à laquelle le ministre n'a pas répondu: Peut-il
nous dire pourquoi REXFOR, dans ses livres, a amorti cette centrale de telle
façon qu'au 31 janvier 1984, alors que le bail était échu,
il restait encore dans les livres de REXFOR une valeur résiduelle en
contradiction, justement, avec l'amortissement qui doit se faire durant la
période où REXFOR a l'assurance d'être propriétaire
de la centrale?
M. Rodrigue: M. le Président, on m'indique que les
montants... Enfin, je ne sais pas si vous avez les montants? Je peux les
obtenir...
M. Fortier: Je ne les ai pas ici.
M. Rodrigue: ...les montants de l'amortissement. On m'indique que
ce serait relativement minime, qu'il ne resterait pas grand-chose à
amortir, d'une part. Deuxièmement, comme je vous l'ai
précisé tout à l'heure, ce sont des investissements qui
ont été... Ce n'est pas l'investissement original, ce sont des
réparations qui ont été faites par REXFOR depuis qu'elle a
acquis ces installations et qui sont amorties sur un certain nombre
d'années. C'est ce qu'on peut qualifier d'amortissement
d'investissements ou de dépenses d'entretien majeures par opposition aux
dépenses courantes d'opération.
M. Fortier: Le ministre ne croit-il pas, compte tenu du fait que
REXFOR n'avait pas l'assurance que le bail serait renouvelé, qu'une
bonne administration aurait amorti ces dépenses, justement, pour
qu'elles viennent totalement à échéance le 31 janvier
1984? Est-ce que les vérificateurs de REXFOR ont accepté
cette façon de faire? S'ils ont accepté, pour quelles raisons,
même s'il s'agit de montants minimes?
M. Rodrigue: M. le Président, selon les indications que
j'ai, les comptables vérificateurs n'ont pas soulevé d'objection
à cette façon de procéder et il semble que le tout s'est
fait selon des principes comptables acceptés, reconnus.
M. Fortier: S'il reste une valeur résiduelle minime, si
les réparations à faire sont d'environ 500 000 $, si la loi
était adoptée, REXFOR pourrait, en théorie, amortir ces
coûts minimes sur une base de 40 ans, ce qui ferait, à toutes fins
utiles, que les coûts d'opération ou d'amortissement seraient tout
à fait minimes. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, compte tenu
de ces faibles coûts de mise à jour, quel est le coût
d'opération en termes de coût le kilowattheure?
Comme on le sait, lorsqu'une industrie achète de
l'électricité d'Hydro-Québec, elle paie à peu
près 0,02 $, soit 20 mills le kilowattheure, lorsqu'elle a des rabais de
50% pour une période de temps limitée. Donc, cela fait autour de
0,01 $ ou 11 mills. Est-ce que le ministre peut nous dire si le coût
réel de l'électricité à REXFOR est du
dixième de ce coût? Autrement dit, j'imagine que cela doit
être un mill et même moins que cela. (11 h 45)
M. Rodrigue: Selon l'indication qu'on me donne, il semblerait que
ce soit légèrement plus élevé qu'un mill le
kilowattheure.
M. Fortier: C'est ce que j'appréhendais, c'est un mill le
kilowattheure, alors que le coût d'achat d'Hydro-Québec serait
normalement de 20 mills. C'est donc dire que la rente économique d'un
tel privilège, sur une base 40 ans, si on la calcule - je l'avais
calculé sur une base de 10 mills - au lieu d'être de 6 000 000 $,
c'est à peu près le double ou le triple. C'est autour de 12 000
000 $ à 15 000 000 $. Je disais simplement qu'en faisant la
différence entre le coût normal de 20 mills et un mill, qui
semblerait être le coût pour REXFOR, donc, la différence est
de 19 mills. Si on multiplie cela par - je n'ai pas le chiffre ici - c'est
environ 2600 kilowatts, multiplié par 7000 heures par année,
à 80%, multiplié par 40 ans, cela donne une rente
économique assez appréciable. Est-ce que le ministre peut nous
dire, lorsque, dans un tel cas, lorsqu'Hydro-Québec accepte d'acheter le
surplus d'énergie... Le ministre nous a dit que présentement
Hydro-Québec achète jusqu'à 50% de la production. C'est
assez surprenant parce qu'Hydro-Québec disait qu'elle n'était pas
intéressée, mais elle achète 50% de la production.
À quel coût Hydro-Québec achète-t-elle cette
énergie?
M. Rodrigue: Pardon? Pour la dernière question, je n'ai
pas le chiffre précis. Je vais tenter de l'obtenir. Je vais faire une
recherche pour le savoir parce que...
M. Fortier: II n'y a pas d'ordre de grandeur?
M. Rodrigue: Je ne sais si ce sont des contrats de surplus ou
quoi. Je n'ai pas l'ordre de grandeur, excusez-moi. Les coûts de
l'électricité achetée par Hydro-Québec, c'est 2,94
$ le kilowatt de demande et 37 mills le kilowatt pour les 120 premières
heures de la puissance à facturer; 21,5 mills le kilowatt pour les 87
000 kilowatts suivants; 1,45 mill le kilowatt pour le reste. Alors, plus
l'appel d'Hydro-Québec est important, moins le prix facturé est
élevé.
M. Fortier: Je ne sais pas si M. Duchesneau qui est à
côté de vous ou, vous, M. le ministre, pourriez me dire si,
lorsque, disons, d'une façon constante - je ne sais pas sur quelle base
l'électricité est vendue, mais à supposer qu'elle soit
vendue sur une base constante à 50% de la capacité - quel est le
coût moyen? Est-ce que vous avez une idée du coût moyen qui,
finalement, résulterait de l'équation ou des critères de
vente dont vous venez de faire état? C'est le chiffre dont vous avez
parlé...
M. Rodrigue: Le coût moyen n'est pas disponible. Cependant,
on pourrait toujours tenter de faire un calcul rapide pour vous le fournir, si
c'est indispensable à la discussion en cours. Maintenant, je vous
signale ceci: quand vous parlez de rente économique, bien sûr, il
y a le prix de revient pour Bellerive Ka'N'Enda qui, sur les installations
actuelles, est d'à peu près un mill; par contre, il ne faut pas
oublier qu'il y a une redevance à payer au gouvernement du Québec
là-dessus, ce qui vient accroître, évidemment, le
coût, et il y a également des réparations importantes qui
doivent être capitalisées et qui devront être incluses dans
le coût pour le propriétaire et qui ne sont pas incluses dans
votre mill le kilowattheure.
M. Fortier: Tout à l'heure, j'avais posé la
question: Quel sera le coût, compte tenu des investissements que REXFOR
devra faire? Vous avez répondu un mill. J'avais donc conclu que
c'était un mill, y inclus les réparations.
M. Rodrigue: Non. Cela n'inclut pas les réparations parce
qu'elles devront être amorties. Je vous le précise à ce
stade-ci et cela n'inclut pas les redevances. Donc...
M. Fortier: Mais, de toute façon...
M. Rodrigue: ...pour voir la rentabilité de tout cela, il
faudrait inclure tous ces facteurs.
M. Fortier: Mais, M. le ministre, même en faisant le calcul
dont vous faites état, l'amortissement des réparations de 500 000
$ sur 40 ans et les redevances qui sont de moins d'un mill, on arrive à
un chiffre qui n'est pas plus de 2,5 mills, de toute façon. Alors, si
REXFOR vend son énergie à une moyenne qui reste à
établir, mais qui est de 37 mills pour les premiers kilowattheures et 21
mills par la suite... Je ne sais pas quelle est la meilleure moyenne, mais si
c'est autour de 10 ou 11 mills, cela reste quand même un très bon
marché.
M. Rodrigue: C'est 37,5 mills le kilowatt pour les 120
premières heures de la puissance facturée.
M. Fortier: Oui.
M. Rodrigue: Alors, c'est...
M. Fortier: On parle de la puissance.
M. Rodrigue: Oui, je pense qu'il faudrait faire un calcul assez
détaillé pour arriver à établir le coût
réel de cela, parce qu'il y a trois volets.
M. Fortier: Oui. Ce que j'aimerais savoir - je prends la parole
du ministre et je ne retarderai pas la discussion plus longtemps - parce que le
sujet m'intéresse d'un double point de vue, il m'intéresse du
point de vue du projet de loi qui est ici et il m'intéresse en tant que
cas type lorsqu'il y a des minicentrales - est-ce que le ministre pourrait me
donner l'assurance, quitte à ce que la réponse me soit
donnée dans les jours qui viennent, d'un peu plus de détails
à ce sujet-là? J'aimerais savoir dans les faits - prenons
l'année dernière, j'imagine que REXFOR a vendu l'énergie
électrique à Hydro-Québec -à supposer - vous l'avez
dit dans votre discours - que c'est 50% de la production qui a
été vendue à Hydro-Québec, en termes de
kilowattheures, quel a été le prix moyen que REXFOR a reçu
effectivement pour cette vente-là?
M. Rodrigue: Je prends note de la question et je vais tenter de
vous apporter une réponse dans les meilleurs délais.
M. Fortier: On peut en avoir l'assurance, M. le ministre?
M. Rodrigue: Oui, oui. M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle l'article
1...
M. Fortier: Non, non, attendez, j'ai d'autres questions, je
m'excuse. Quand on va arriver aux articles, cela va être très
rapide, M. le Président, ne vous inquiétez pas.
Le Président (M. Lafrenière): Allez, monsieur.
M. Fortier: M. le Président, il y a une autre
différence qui concerne le bail; du moins, le brouillon de bail, le
projet de bail, devrais-je dire, dont j'ai eu copie, et le bail que le
gouvernement a signé avec l'Alcan.
Dans le cas de l'Alcan, il y avait un article qui disait que l'Alcan
n'avait aucun droit de vendre de l'électricité à une
tierce partie. Nous ne retrouvons pas cet article, ici, dans ce bail-là.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi? Pourquoi y a-t-il un bail
avec l'Alcan dans lequel elle n'a pas le droit de vendre de
l'électricité à des tierces parties et pourquoi cet
article ne se retrouve-t-il pas ici même?
M. Rodrigue: Je pense qu'il tombe sous le sens que, du fait
qu'actuellement il y a une bonne partie de la production qui est vendue
à Hydro-Québec...
M. Fortier: Pour cela, c'est d'accord. Dans le cas de l'Alcan,
elle doit vendre...
M. Rodrigue: Oui, d'accord.
M. Fortier: ...ses surplus à HydroQuébec. Je dis:
à des tierces parties autres qu'Hydro-Québec.
M. Rodrigue: Ah! d'accord.
M. Fortier: Maintenant, c'est peut-être un oubli. Si c'est
un oubli, on pourrait...
M. Rodrigue: Bon. Je pense que c'est plus la pratique
établie que des intentions autres qui ont fait que cette disposition
n'apparaît pas au projet de loi, mais il n'y a pas objection de notre
part à ce qu'elle soit incluse, si l'Opposition croit qu'il existe un
risque. Dans le fond, la pratique établie là-bas par Bellerive
Ka'N'Enda, c'était de vendre ses surplus à Hydro-Québec;
c'est un client unique et je pense que cela lui convient parfaitement comme
cela, mais c'est sûr que ce n'est pas l'intention ni du gouvernement, ni
des opérateurs de la centrale, d'ailleurs, de chercher d'autres clients
pour cette usine, sauf pour ses propres usines installées dans la
région.
M. Fortier: Écoutez, si c'est la réponse... Je me
demandais, parce que le ministre a tellement insisté pour dire que
c'était semblable... Comme je l'ai expliqué au début, dans
le cas de l'Alcan, il y avait des engagements fermes, mais dans le cas de
l'Alcan, c'est un engagement ferme de vendre uniquement à
Hydro-Québec, à moins qu'elle l'utilise elle-même. Il
s'agit tout simplement d'avoir une politique qui est la même pour
tous.
Maintenant, je vais me faire l'avocat de REXFOR pour dire qu'à
mon avis la réponse que vous m'avez donnée, M. le ministre,
serait trop limitative pour REXFOR, et j'espère que M. Duchesneau va
être satisfait de la suggestion que je vais faire. Je vais vous donner
l'exemple: si REXFOR a l'intention de construire une usine MDF et, s'il
arrivait qu'elle avait un intérêt minoritaire dans cette usine,
à ce moment-là, elle ne pourrait pas utiliser
l'électricité, elle ne pourrait pas vendre
l'électricité à cette usine. C'est pour cela que je me
demande pourquoi vous étiez pour accepter ma proposition, alors
qu'à mon avis ce serait trop limitatif. Est-ce que vous n'avez pas assez
étudié votre dossier, justement, pour vous assurer que, dans un
tel cas, ce serait peut-être dans le meilleur intérêt de
REXFOR de ne pas avoir une clause à cet effet-là? Parce que si
c'était une compagnie associée, non pas une filiale, dans
laquelle REXFOR a un contrôle déterminant, une clause de vente
à des tiers, si elle avait un empêchement de vendre à des
tiers, elle ne pourrait pas vendre son électricité à cette
compagnie.
M. Rodrigue: M. le Président, je pense avoir dit que je
n'avais pas d'objection, si cela pouvait rassurer l'Opposition, à ce que
REXFOR soit autorisée à vendre seulement à
Hydro-Québec ou à une usine dont elle serait propriétaire.
Je n'ai pas indiqué totalement ou en partie, j'ai dit: dont elle serait
propriétaire. Dans mon esprit, si REXFOR est propriétaire,
même minoritaire, dans une usine, la disposition que j'avais à
l'esprit lui aurait permis de vendre à cette usine. Maintenant, je pense
que votre remarque nous indique qu'il n'y a peut-être pas lieu, dans ce
cas-ci, de l'introduire. Enfin, je reste ouvert à cette
possibilité, mais en prenant, évidemment, les précautions
nécessaires pour protéger les projets d'investissement de REXFOR,
s'il y avait insistance de votre part.
M. Fortier: M. le Président, le ministre est
ingénieur comme moi, mais le peu de formation juridique que j'ai acquis
au cours des ans m'indique que, si nous écrivions dans le bail ou dans
la loi que l'électricité ne pouvait pas être vendue
à des tiers, cela voudrait dire que, même si REXFOR était
actionnaire minoritaire d'une usine, elle ne pourrait pas vendre son
électricité à ce tiers. C'est la raison pour laquelle j'ai
soulevé la chose.
Je n'en fais pas un plat. Je voulais simplement noter la
différence qui existe entre le contrat de l'Alcan et celui-ci. Comme je
l'ai dit, je ne suis pas contre le fait que des mini-centrales puissent
être utilisées à des vocations de développement
économique. D'ailleurs, j'ai soulevé la question et je crois que
le député de Vimont était là, lors de la commission
parlementaire, lorsque nous avons étudié la politique
énergétique du Québec. J'ai fait état qu'en
France, en particulier, l'État français a adopté une loi,
il y a une dizaine d'années, où le gouvernement de la France
permet à des propriétaires privés de remettre en marche ou
de posséder des mini-centrales comme celle-ci. Quelquefois, il s'agit de
mini-centrales qui étaient en exploitation depuis 1850, qui ont
été mises de côté dans les années 1920 et qui
sont, maintenant, remises en marche lorsqu'il n'y a pas de centrale construite
et qui servent, justement, par des intérêts privés,
è assurer un certain développement économique dans une
région avec l'assurance que L'électricité de France -
c'est dans la loi - doit acheter le surplus d'énergie.
Loin d'être contre le principe d'une telle chose, je crois,
à mon avis, que cela devrait faire partie d'une politique
énergétique bien comprise que de normaliser une telle situation
parce que je crois que dans certaines régions du Québec il
pourrait y avoir des mini-centrales qui pourraient servir à un certain
développement économique, comme on le voit assez facilement ici,
qui pourraient donner un avantage intéressant à un entrepreneur
qui voudrait également s'assurer du développement
économique d'une mini-centrale.
Bien sûr, dans ce cas-ci, la minicentrale est amortie et,
peut-être que dans le cas d'une nouvelle mini-centrale qui serait
construite, l'avantage économique serait moins important. Quand
même, j'aimerais simplement que vous en preniez note, M. le
Président: je m'inscris en faveur de l'utilisation des mini-centrales
pour le développement économique. Les commentaires que j'ai faits
étaient tout simplement pour m'assurer que, lorsqu'on donne un tel
privilège, l'Etat doit s'assurer d'avoir les retombées
économiques qui soient, dans une certaine mesure, confirmées par
des décisions que l'investisseur devrait faire dans un avenir
prochain.
Une dernière question... Du moins, je crois que c'est la
dernière. J'avais aussi soulevé la question dans le cas de
l'Alcan, lorsqu'on donne un privilège comme celui-là...
J'espère que le ministre reconnaît qu'il s'agit d'un
privilège; c'est un privilège que l'on donne à une
société, qu'elle soit privée ou qu'elle soit une
société d'État. Dans ce cas-ci,
l'électricité va coûter un mill à REXFOR
contrairement à un prix normal de 20 mills dans le secteur industriel.
Lorsqu'on a des privilèges comme celui-là, on doit s'assurer que
la compagnie suive un certain nombre de règles. J'avais soulevé
en particulier le fait d'insister pour que, lorsque l'Alcan - parce que j'avais
soulevé la question lorsqu'on avait discuté de l'Alcan -devra
réaliser certains projets ou faire des modifications à ses
centrales hydroélectriques - je dois admettre que dans le cas de l'Alcan
elle a beaucoup plus de minicentrales ou de centrales hydroélectriques,
que j'ai eu le plaisir de visiter au mois de septembre dernier, d'ailleurs -
j'avais insisté pour qu'en donnant ce privilège à une
société l'État exige que, lorsqu'elle fait de la
construction, lorsqu'elle fait des modifications, lorsqu'elle achète de
l'équipement et du matériel hydroélectrique, lorsqu'elle
fait faire des plans et devis ou lorsqu'elle réalise les usines pour
lesquelles elle s'est engagée, en contrepartie du privilège qu'on
lui donne, on devrait mettre dans la loi ou dans le bail une clause disant que,
lorsque cette société réalise ces projets, elle doit
favoriser d'une façon prioritaire les compagnies manufacturières
du Québec et les ingénieurs-conseils du Québec, les
compagnies de construction du Québec. (12 heures)
Ma grande surprise a été, au mois de juin, lorsque j'ai
appris que, dans le cas de Laterrière en particulier, l'Alcan avait
demandé des soumissions de la part d'un certain nombre de compagnies et
qu'en dernière analyse deux compagnies restaient. Il y avait la
société SNC pour la gestion du projet et la société
Bechtel. J'avais même écrit, M. le Président, au
président de l'Alcan, M. David Culver, pour lui signifier mon
intérêt pour le dossier, pour lui poser des questions et pour
l'inciter à prendre une décision qui serait dans le meilleur
intérêt du Québec vu le fait, d'ailleurs, que l'Alcan avait
démontré dans le passé un très grand
intérêt pour le développement économique du
Québec.
Mais, il reste que, et la preuve en est là, l'Alcan,
malgré les privilèges qu'elle a reçus, a cru bon de
considérer, de donner un contrat de gestion de projet extrêmement
important à une société de San Francisco et, même si
je reconnais la compétence de Bechtel, je ne crois pas qu'on puisse,
lorsqu'on donne des privilèges comme ceux-là, permettre à
des sociétés d'aller à l'extérieur du Québec
s'il existe au Québec même des gens compétents pour le
faire. Dans le cas, bien sûr, d'un projet de gestion comme celui de
Laterrière, nous avons au moins deux compagnies, Lavalin et SNC, qui
sont compétentes pour faire ce genre de travail. Dans ce cas-ci, il
s'agit de travaux beaucoup plus minimes et, en ce qui concerne la centrale
hydroélectrique et même s'il s'agit d'une centrale de peu
d'importance, j'oserais espérer que, dans le cas de REXFOR, si elle
devait faire des investissements, ou faire des réparations, ou acheter
de l'équipement, ou même renouveler ses turbines, elle n'irait pas
en soumissions publiques pour demander à des sociétés
japonaises de founir une nouvelle turbine et les faire concurrencer avec des
compagnies locales.
J'avais dit à M. Duhaime, à ce moment-là, le
ministre de l'Énergie et des Ressources, comme Talleyrand le disait
toujours: "Ce qui va sans dire va encore mieux en le disant", et il m'avait
répondu: II n'y a pas de problème. Mais, le fait que je viens
d'évoquer dans le cas de l'Alcan, je crois, milite en faveur d'inscrire
dans le bail une clause indiquant que pour - je donne cela comme recommandation
- toute construction, toute modification, tout achat d'équipement de
matériel ou pour tout plan et devis requis pour la mise à jour de
la génération électrique ou la transmission
d'énergie, les travaux devraient être faits par des
sociétés du Québec.
Alors, je me demande si le gouvernement ou si le ministre
considérerait une clause à cet effet pour s'assurer qu'en
contrepartie du privilège que l'on donne à REXFOR celle-ci
prendrait l'engagement ferme de préférer les acheteurs
québécois pour ces travaux, du moins en ce qui concerne la
centrale hydroélectrique comme telle.
M. Rodrigue: M. le Président, sur le principe
général, bien sûr, je partage cette préoccupation et
effectivement on nous signale que, dans le cas de l'Alcan, dans les baux
antérieurs, semble-t-il, une telle disposition apparaissait. Je ne sais
pas pourquoi elle n'est pas apparue dans le dernier, si c'est le cas. Je pense
que c'est le genre de disposition qu'on peut inclure et qu'on doit inclure dans
un bail, effectivement.
Évidemment, en respectant quand même un certain nombre de
principes dans ce domaine, la politique d'achat du gouvernement du
Québec et celle d'Hydro-Québec aussi et d'un certain nombre de
sociétés a pour but de favoriser, à des conditions
sensiblement égales, le contenu québécois, soit des
travaux ou de la gestion, ou enfin des services qui sont rendus. Mais,
au-delà d'un certain seuil de différence, il faut quand
même maintenir un certain niveau de concurrence si l'on veut être
en mesure de profiter des avantages que nous offrent ceux qui ont su
développer des méthodes et des techniques qui donnent les
meilleurs rendements et la meilleure productivité.
Pour le cas qui nous occupe, REXFOR n'est pas assujettie formellement
à la politique d'achat du gouvernement du Québec. REXFOR suit
cependant, par une décision qu'elle a prise, la politique du
gouvernement du Québec qui est bien connue; ses paramètres sont
bien connus. Dans le cas présent, s'il y a lieu, dans le bail, je pense
que je peux m'engager à ce qu'une disposition apparaisse dans ce sens,
de façon à s'assurer que, sans verser dans le protectionnisme,
les entrepreneurs québécois, les gestionnaires
québécois et les ingénieurs- conseils
québécois auront l'occasion de faire valoir leurs talents et
leurs capacités pour la réalisation de ces projets.
M. Fortier: Encore là, M. le Président, je pense
qu'on est sur la même longueur d'onde. Je ne suis pas moi-même en
faveur d'un protectionnisme outrancier. D'ailleurs, ce serait ridicule parce
que, si on parle des grandes firmes québécoises - j'en faisais
partie d'une comme SNC ou Lavalin - elles ont elles-mêmes des bureaux en
Ontario, elles ont elles-mêmes des bureaux en Alberta et je crois que ce
serait ridicule d'avoir une politique qui ferait que les autres bureaux de
génie-conseil ne pourraient pas venir ici, si nos propres firmes peuvent
aller à l'extérieur. Cependant, la raison pour laquelle j'en
parle, c'est que je crois qu'il s'agit ici d'un cas type pour une minicentrale
ou pour tout privilège que l'État peut donner à une
compagnie en particulier. J'en fais un cas type puisque, peut-être, il y
aura d'autres occasions de ce genre. Tout simplement, ce que je dis, c'est que,
en contrepartie d'un privilège, je crois que... Et ce serait le cas
même dans le secteur privé, une grosse compagnie privée qui
donnerait un privilège à une plus petite compagnie, si elle lui
donne un privilège de fournir, disons... Si l'Alcan donnait un
privilège à une plus petite compagnie, je peux être
assuré que la plus grosse compagnie s'assurerait en contrepartie d'avoir
certaines retombées pour elle-même. C'est simplement une base
d'affaires tout à fait normale et ceci va peut-être au-delà
de la politique d'achat du gouvernement. J'en fais état parce qu'il
s'agit d'un privilège que l'on donne et on dit: En contrepartie, vous
avez certaines obligations. C'est dans ce sens que j'y fais allusion. Bien que
REXFOR, bien sûr, suive cette politique, comme vous dites, il reste que,
dans le passé, lorsqu'il y a eu des réalisations d'usines, elle a
cru bon, pour toutes sortes de raisons, d'aller chercher des
ingénieurs-conseils allemands ou suisses pour réaliser des
projets comme les Panneaux de la vallée.
Dans le cas qui nous préoccupe, il s'agit d'une petite centrale
hydroélectrique et je croirais que cela va sans dire, mais, comme je le
disais, cela serait peut-être mieux en le disant.
M. Rodrigue: Je pense que l'expertise est surtout au
Québec, dans ce domaine, de toute façon, compte tenu de nos
réalisations. Alors, je pense bien qu'on n'aura pas de difficulté
de ce côté.
M. Fortier: J'ai une dernière question et cela va
être très court, M. le Président. Le projet MDF, vous en
avez parlé un peu. Est-ce que le ministre peut nous dire ou est-ce que
REXFOR peut nous dire où nous en sommes présentement? Est-ce
que
l'information qu'on nous avait donnée au mois de juin,
étant donné que le privilège qu'on accorde va servir
indirectement ou directement à aider à la réalisation du
panneau MDF puisque cette société pourra avoir accès
à une énergie à bon marché provenant de cette
société... Où en sommes-nous présentement?
Je crois qu'il y a un contrat qui a été donné
à la firme Lavalin-Columbia, si ma mémoire est fidèle. Je
ne connais pas la compagnie Columbia. Est-ce qu'on peut nous dire quelle est
cette firme qui est associée à Lavalin pour la réalisation
de ces études? Où en sommes-nous présentement pour les
fins de l'étude de marketing?
M. Rodrigue: Disons qu'on m'indique d'abord que les études
qui ont été faites sur REXFOR indiquent que le projet est
intéressant et offre une rentabilité économique
acceptable. Actuellement,
REXFOR est en pourparlers avec un certain nombre de firmes, à la
recherche d'un partenaire, finalement. Quant à la firme que vous avez
mentionnée, c'est Lavalin et... D'accord, Columbia Engineering qui est
associée avec Lavalin, c'est une firme qui, semble-t-il, est celle qui a
développé l'expertise dans ce genre d'usine. C'est une firme de
Vancouver qui est associée avec Lavalin dans ce projet, ou est-ce que
c'est une association à plus long terme? Alors, elle est associée
à Lavalin, dans ce projet. C'est une société qui,
effectivement, dans ce genre d'usine, a déjà une bonne expertise.
Donc, on a une situation où une firme d'ingénierie
québécoise se voit confier un mandat et, en même temps, est
associée avec une firme qui avait développé une expertise
particulière dans un tel domaine. Donc, en plus de
l'intérêt que présente le fait d'avoir une firme
québécoise pour faire les travaux dans ce domaine, il y a
également une possibilité de transfert technologique
intéressante pour Lavalin. Je pense que c'est une formule heureuse dans
le cas présent.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut nous dire quel genre
d'études sont faites présentement? Je crois que les journaux
faisaient état d'une étude de marché de
rentabilité. Est-ce qu'il s'agit plutôt d'une étude de
préfaisabilité ou est-ce qu'on en est rendu déjà
à la préparation des plans et devis?
M. Rodrigue: L'étude de faisabilité a
été faite. L'étude de marché a été
faite et les conclusions sont positives. À ce moment, dans la mesure
où tout l'aspect du financement et de la participation, parce qu'on veut
faire cela selon une formule mixte... Il ne semble pas que ce soit une formule
qui déplaise au Parti libéral, d'après ce que j'ai pu lire
ce matin.
M. Fortier: Je vais vous envoyer une copie du rapport.
M. Rodrigue: Je me fie au rapport des journaux. On se cherche un
partenaire pour en faire une société mixte. Les études de
faisabilité et les études de marché sont concluantes.
Maintenant, il s'agit d'assurer le financement des opérations.
M. Fortier: J'aimerais savoir quelle est la valeur de
l'étude qui a été faite. En me donnant la valeur, cela va
me donner une idée de l'importance. Est-ce qu'on parle d'une
étude de 100 000 $ ou 200 000 $?
M. Rodrigue: En fait, disons que toutes les études qui ont
été faites là-dessus -évidemment - cela inclut
toutes les études préliminaires - cela implique une
dépense de l'ordre de 350 000 $, d'après l'indication qu'on me
donne.
M. Fortier: Si je comprends bien, les études de
faisabilité et l'étude de marché ont été
faites et cela donne certains critères...
M. Rodrigue: Conclusions positives.
M. Fortier: ...et on est à la recherche d'un partenaire.
Au mois de juin dernier, le ministre en titre, à ce moment, nous avait
dit, lorsqu'on avait discuté du projet de loi 65... Je ne me souviens
pas du montant exact, mais je crois que la capitalisation prévue, pour
ce projet spécifiquement, était . de 14 000 000 $, je parle de la
capitalisation, de l'équité, et que la participation de REXFOR
serait de l'ordre de 55%. Compte tenu du fait que, malheureusement, depuis le
mois de juin, la mission de REXFOR n'a pas été éclaircie,
est-ce qu'on peut me dire si l'ancien ministre ou le nouveau ministre a
donné des directives ou s'il a conseillé à REXFOR la
participation, justement, d'une autre société? Est-ce que ce
serait REXFOR qui serait le maître d'oeuvre dans la participation ou
est-ce que ce serait l'autre compagnie qui serait le maître d'oeuvre?
Autrement dit, est-ce que ce serait plutôt la formule des Panneaux de la
vallée où la compagnie allemande est plutôt le "managing
partner", c'est-à-dire la partie gérante de l'entreprise, ou
est-ce que la partie gérante serait REXFOR elle-même?
M. Rodrigue: Cela n'a pas été fixé encore
à cause du partenaire. Si on a affaire à une firme qui est
très spécialisée dans le domaine, on pourrait
peut-être avoir intérêt à en faire le maître
d'oeuvre; sinon, à ce moment, REXFOR pourrait conserver la
maîtrise d'oeuvre. C'est ouvert à la
discussion et cela dépendra du partenaire qu'on aura. Si c'est un
partenaire purement financier, cela nous amène, je pense bien, à
vouloir prendre nous-mêmes la maîtrise d'oeuvre et, au contraire,
si c'est un partenaire, comme dans le cas des Panneaux de la vallée, qui
a une très grande expertise dans le domaine, cela pourrait nous amener
à lui confier ou à partager la maîtrise d'oeuvre avec
lui.
M. Fortier: Vous avez dit que la première formule serait
quoi?
M. Rodrigue: Disons que si c'est un partenaire purement financier
qui n'a pas d'expertise dans le domaine de ce genre d'usine, je pense bien que
REXFOR, à ce moment - c'est l'indication qu'on me donne -voudrait
s'assurer de la maîtrise d'oeuvre.
M. Fortier: Est-ce que le ministre est satisfait de la
compétence de REXFOR dans un domaine aussi spécialisé que
les produits MDF?
M. Rodrigue: M. le Président, lorsqu'une entreprise n'a
pas toute la compétence dans son personnel pour réaliser de tels
travaux, il existe, de fait, des bureaux d'études, des
ingénieurs-conseils qui ont développé des
compétences particulières dans des domaines comme ceux-là
et on y recourt. Vous savez qu'Hydro-Québec, qui a une très forte
expertise et une longue pratique dans le domaine hydroélectrique, avait
quand même un comité d'experts pour l'assister dans certains
problèmes spéciaux, en particulier des problèmes relatifs
à la mécanique des sols pour des travaux importants, des digues
qu'elle a réalisées, des barrages qu'elle a
réalisés le long de la rivière La Grande. Alors, dans un
domaine comme celui-là, quand on n'a pas l'expertise, on va la
chercher.
M. Fortier: En conclusion...
Le Président (M. Lafrenière): Un instant, s'il vous
plaît! Je pense qu'il faudrait revenir au mandat qui nous a
été confié. Il ne faudrait pas faire le procès
d'Hydro-Québec et de REXFOR et on a dépassé le temps de 20
minutes qu'on avait pour les préliminaires.
M. Fortier: M. le Président, je vais vous expliquer. Il y
a une relation très directe. C'est que le privilège qu'on est en
train de donner va avoir justement un impact indirect sur la
rentabilité. Je conclus, j'en ai pour deux secondes. Ne vous
inquiétez pas, M. le Président, on va faire cela très
rapidement. (12 h 15)
J'en ai fait état en deuxième lecture et on en avait
discuté au mois de juin. Justement, ce qui nous inquiète, c'est
le fait que, quant à nous, je ne crois pas que REXFOR ait la
compétence pertinente dans ce secteur en particulier, et comparer avec
Hydro-Québec, cela n'a aucun sens parce que, dans le cas
d'Hydro-Québec, c'est un monopole qui vend son électricité
tandis que là, il s'agit de vendre un produit dans un marché
ouvert, en compétition...
M. Rodrigue: Notez que c'est une analogie, bien sûr, et
évidemment toute comparaison a ses limites, j'en conviens. Ce que je
voulais signaler, c'est que même une entreprise qui possède une
forte expertise est parfois appelée à demander des services de
gens qui ont développé des expertises particulières.
M. Fortier: Notre inquiétude n'est pas uniquement pour la
préparation des plans et devis parce que, à ce moment-là,
on peut certainement aller chercher l'expertise, mais c'est pour la mise en
marché et la vente des produits. On sent, en particulier, que, dans le
cas des Panneaux de la vallée, même si REXFOR était
associée avec une firme allemande qui était très
compétente, elle a fait une évaluation qui s'est
révélée mauvaise par la suite. Je comprends que la
situation internationale a changé. Alors qu'on devait vendre la plus
grande partie de la production aux États-Unis et surtout en Europe, il
s'avère maintenant qu'une partie de la production doit être vendue
au Québec et dans l'Est du Canada, avec les conséquences que l'on
connaît pour les autres producteurs à peu près dans le
même domaine.
Tout cela, M. le Président, pour dire que je prends note des
réponses et que les explications que l'on vient de donner confirment
certaines craintes que nous avons quant à l'orientation de REXFOR, qui
nécessiterait une clarification plus serrée lorsqu'elle se lance
dans de nouveaux projets. Là-dessus, je suis prêt à
procéder à l'étude du projet de loi.
Étude détaillée
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. le
député. J'appelle l'article 1.
M. Rodrigue: L'article 1, M. le Président. J'ai un
amendement à soumettre au paragraphe 2 où on dit: "Le droit de
maintenir et exploiter un barrage sur la rivière du Lièvre,
pourvu que le niveau des eaux au site du barrage ne dépasse jamais la
cote 695..." Je propose de remplacer le chiffre 695, qui est une cote en pieds
finalement, et comme nous sommes passés au système
métrique, je propose de remplacer le chiffre 695 par le chiffre 208,2
qui serait
suivi du mot "mètres", au pluriel.
Donc, cela se lirait comme ceci: "pourvu que le niveau des eaux au site
du barrage ne dépasse jamais la cote de 208,2 mètres" et on
poursuit: "et qu'aucun terrain, etc."
M. Fortier: Si je comprends bien l'explication du ministre, c'est
qu'il s'agit simplement d'une transformation au système
métrique.
M. Rodrigue: On est au système métrique.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut me dire si ses
ingénieurs spécialisés en hydraulique nous confirment que
cette cote est une cote qui est pratiquée présentement, qu'elle
ne causera aucun préjudice aux riverains et que c'est la cote
traditionnelle, que celle-ci ne créera aucune difficulté à
des tiers dans l'avenir?
M. Rodrigue: On m'indique que c'est la cote qui est
pratiquée actuellement et que cela ne crée pas de
problème.
M. Fortier: Est-ce que les modifications que REXFOR croit pouvoir
entreprendre vont modifier la cote, en aucune façon?
M. Rodrigue: Non. Ce sont des réparations aux ouvrages
actuels, mais cela n'affectera pas la cote de retenue.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Fortier: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que l'article
1 est adopté?
M. Fortier: L'article 1 est adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté.
L'article 2?
M. Fortier: M. le Président, je ne sais pas si je vais en
faire un amendement. J'ai l'engagement moral du ministre de mettre une clause
dans le bail stipulant que l'achat privilégié, vu le
privilège qu'on accorde à REXFOR, serait inscrit dans le bail.
Avec cette assurance, je crois que je suis prêt à
procéder.
M. Rodrigue: D'autant plus que vous constatez par cet article que
les plans et devis qui sont relatifs aux réparations, à la
reconstruction de ces barrages, canaux et autres ouvrages, toutes les
réparations majeures doivent préalablement être
approuvées par le gouvernement.
M. Fortier: Oui, mais je rappellerai au ministre que, dans le cas
de l'Alcan, c'était effectivement le cas et le ministre m'avait
donné exactement la même réponse. Il s'est
avéré par la suite que l'Alcan est allée en soumissions
publiques et qu'elle aurait pu donner le contrat à Bechtel,
indépendamment de la clause qui est ici.
Deuxièmement, quant à moi, je ne crois pas que ce soit bon
que l'État se serve d'un pouvoir comme celui-là, le pouvoir
d'approbation des plans et devis, pour faire du chantage lorsque vient le temps
de choisir un manufacturier ou un ingénieur-conseil en particulier, et
qu'il serait préférable, si l'État désire ajouter
aux conditions que la compagnie doit respecter, que ceci soit plus explicite et
qu'il n'utilise des pouvoirs de chantage.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Rodrigue: Enfin, M. le Président, je pense que j'ai
répondu tout à l'heure. Effectivement, REXFOR suit
déjà la politique d'achat du gouvernement du Québec et,
pour ma part, je ne pense pas que REXFOR n'ait d'objection non plus. Pour ma
part, je ne vois pas de difficulté à introduire une clause dans
le bail qui sera consenti indiquant que les services et équipements qui
sont achetés pour la centrale hydroélectrique devront
l'être en respectant la politique d'achat du gouvernement du
Québec.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que l'article
2 est adopté?
M. Fortier: Avec cette assurance du ministre, M. le
Président, je suis d'accord avec l'article 2.
Le Président (M. Lafrenière): L'article 2 est
adopté. Article 3?
M. Fortier: En ce qui concerne l'article 3, M. le
Président, j'ai indiqué, en deuxième lecture, la position
de notre formation politique. Je ne veux pas faire le débat ici. Nous
croyons, quant à nous - d'ailleurs, dans la conférence de presse
que j'ai donnée hier... et j'enverrai une copie du rapport à M.
Duchesneau, cela m'intéressera d'avoir ses commentaires - que toute
société d'État doit exister en fonction d'une
stratégie industrielle du gouvernement dans le secteur du bois de
sciage, en particulier, ou dans le secteur où oeuvre REXFOR. À ma
connaissance, il n'y a pas de stratégie très claire. La
stratégie du gouvernement est extrêmement ambiguë.
Je crois qu'en commission parlementaire, au mois de juin, on a
établi -le ministre était d'accord avec nous, M. Duchesneau l'a
dit - que la mission de
REXFOR est extrêmement ambiguë présentement et je
crois que ce n'est pas dans le meilleur intérêt des dirigeants de
REXFOR non plus. Pour notre part, tant et aussi longtemps que le gouvernement
n'aura pas précisé ses intentions ou que le ministère de
l'Énergie et des Ressources n'aura pas précisé sa
stratégie industrielle dans le domaine du bois, de la forêt; aussi
longtemps que REXFOR n'aura pas son plan de développement, qu'elle
n'aura pas précisé ou que le gouvernement n'aura pas, en
collaboration avec REXFOR, précisé la mission spécifique
de REXFOR, sa stratégie, son plan de développement; tant et aussi
longtemps que le plan de développement qu'elle a soumis, il y a trois
ans, n'aura pas été approuvé, soit dans une forme
modifiée ou autrement, il est hors de question pour nous de donner un
privilège pour une période de 40 ans parce que 40 ans, c'est une
longue période de temps, de donner un bénéfice aussi
longtemps. À cause des raisons que je viens d'énumérer,
nous allons voter contre l'article 3.
Ceci dit, comme je l'ai expliqué en deuxième lecture, nous
croyons qu'il n'y aurait aucun impact négatif créé dans la
région s'il y avait un amendement qui était proposé pour
dire 2 ans au lieu de 40 ans. À ce moment, durant les deux prochaines
années ou durant un an, peut-être dix-huit mois, le gouvernement
pourra peut-être faire le travail qui est nécessaire pour
préciser ses intentions, pour préciser sa stratégie
industrielle. D'autant plus que le ministère est présentement
engagé à préciser sa politique forestière tout
entière, ce qui lui permettrait de préciser la mission de REXFOR
en particulier.
Quant à nous, je crois qu'il serait irresponsable de notre part,
compte tenu de ce que je viens de dire, de donner un privilège à
REXFOR pour une période de 40 ans, ne sachant pas exactement quelle sera
la mission de REXFOR dans l'avenir, quelle sera la stratégie
industrielle du gouvernement dans l'ensemble et comment la partie de la
stratégie du gouvernement qui serait remplie par REXFOR pourrait
s'intégrer à l'intérieur de cette stratégie
globale.
Donc, comme nous prenons acte du fait que le gouvernement n'a pas de
politique précise, que la mission de REXFOR est très
ambiguë, nous ne pouvons accepter de donner un privilège pour une
période de 40 ans, tant et aussi longtemps que la mission de REXFOR ne
sera pas précisée.
M. Rodrigue: M. le Président, je pense qu'il s'agit d'une
petite centrale, on l'a souligné. Il y a quand même des
réparations majeures à faire là. Je ne peux pas demander
à REXFOR, comme ministre, d'investir 500 000 $ et lui dire: Dans deux
ans, peut-être que je vous enlèverai tout cela, d'une part.
D'autre part, l'article 5, quand même, stipule que REXFOR ne peut pas
céder ou aliéner les droits accordés sans obtenir au
préalable l'autorisation du gouvernement et se conformer à des
conditions qui seraient déterminées par le gouvernement. Donc,
d'une part, on permet à REXFOR d'amortir ses investissements sur une
période qui est usuelle dans ce genre d'investissement et, d'autre part,
on a l'assurance, par l'article 5, que cela ne peut pas s'en aller dans le
domaine privé. Enfin, cela ne peut pas être aliéné
et cédé à des personnes pour lesquelles cela pourrait
constituer un avantage abusif par rapport à d'autres.
Dans des conditions comme celles-là, M. le Président, je
pense qu'il n'y a pas de difficulté. Je ne vois pas de problème,
vraiment, à ce que ce bail soit consenti pour 40 ans. Je pense que nous
avons toutes les garanties comme gouvernement. D'une part, on oblige REXFOR
à opérer ces installations, lorsqu'on consent un bail, et
à maintenir tout cela en bon état, maintenir les plans d'eau,
etc. Dans des conditions comme celles-là, il faut quand même lui
donner le temps d'amortir les investissements qu'elle doit consentir pour de
telles installations. Il est évident qu'une période de deux ans
serait absolument inacceptable dans des conditions comme cela. Il n'y a
personne qui voudrait s'engager dans des investissements, dans des
réparations majeures, avec des conditions comme celles-là. C'est
la raison pour laquelle nous consentons à un bail de 40 ans, en sachant
que par ailleurs REXFOR ne pourrait pas en disposer sans l'accord du
gouvernement.
M. Fortier: M. le Président, je pense qu'on va inscrire
notre dissidence ou, du moins, le fait que le ministre et moi ne partageons pas
la même opinion. Nous avons voté en faveur du projet de loi 65 au
mois de juin dernier en indiquant de façon très claire que nous
avions une très grande réticence face au fait que la mission de
REXFOR n'était pas claire, que sa stratégie industrielle
n'était pas bien définie, qu'elle avait besoin
d'éclaircissement. Nous avions indiqué, en votant en faveur du
projet de loi 65... nous disions que nous espérions que d'ici à
l'automne cela serait fait, que de fait depuis deux ou trois ans, il y avait un
besoin de redéfinir la mission de REXFOR, ce qui aurait pu être
fait cet été.
Donc, nous ne pouvons pas, notre formation politique, cautionner les
retards du ministère, du ministre qui était là avant.
J'admets d'emblée que le nouveau ministre est pris un peu de court
puisqu'il a été nommé ministre tout à fait
récemment. Il est hors de question pour nous de cautionner les retards
apportés par le gouvernement dans l'évaluation de la
société REXFOR,
dans la redéfinition de sa mission. Si le ministre l'avait voulu,
celui qui était là avant le présent titulaire, il aurait
été possible justement de préciser cette mission et de
revenir en Chambre avant la production de ce projet de loi pour nous dire
exactement quelle était la mission de REXFOR.
Sans refaire le débat encore une fois, M. le Président,
prenez acte de notre désaccord là-dessus. Nous suggérons
un an ou deux ans simplement pour faire le travail qui aurait dû
être fait depuis le mois de juin ou qui aurait dû être fait
depuis deux ans sans pénaliser les travailleurs de la région de
Mont-Laurier. Encore là, nous ne croyons pas que nous devions donner un
bénéfice si important à une firme. Même si REXFOR
est une société d'État, je crois que nous devons prendre
l'attitude que, s'il s'était agi d'une société
privée et qu'elle avait été dans la même situation,
notre position aurait été exactement la même. Pour toutes
ces raisons, M. le Président, et je veux que cela soit bien inscrit au
Journal des débats, nous inscrivons notre dissidence vis-à-vis de
l'article 3, surtout parce que la mission de REXFOR est mal définie, que
sa stratégie industrielle est mal définie et que la
stratégie industrielle du gouvernement dans le domaine de la forêt
en particulier est loin d'être claire et mérite d'être
approfondie avant de donner un bénéfice aussi important. Notre
intention n'est pas de pénaliser les travailleurs de la région,
mais de nous assurer que le gouvernement et la société REXFOR,
les deux ensemble, puissent enfin définir la mission qu'elle devrait
suivre dans l'avenir. Donc, pour toutes ces raisons, nous allons voter contre
l'article 3.
Le Président (M. Lafrenière): Article 3,
adopté sur division.
M. Rodrigue: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté.
L'article 4?
M. Fortier: À l'article 4, j'aurais une question pour le
ministre. Les redevances qui vont être payées sont
différentes de celles de l'Alcan. Dans le cas de l'Alcan, je crois que
c'était uniquement 0,1913 $ par 1000 kilowattheures indexés.
Autrement dit, pour quelles raisons y a-t-il une différence entre les
redevances qui ont été imputées à l'Alcan et les
redevances qui sont demandées ici à REXFOR? (12 h 30)
M. Rodrigue: Actuellement, REXFOR paie 0,459 $ par 1000
kilowattheures d'électricité produite à la centrale du
rapide de l'Orignal et elle les paie actuellement en vertu du bail
antérieur. Donc, nous ne voulions pas baisser les redevances
payées par REXFOR. Le deuxième taux, 0,1913 $, c'est celui
payé par l'Alcan. C'est un taux qui est indexé, et l'article 4
stipule que c'est le plus élevé des deux taux mentionnés
aux deux paragraphes suivants qui s'appliquera. D'abord, le taux actuel de
REXFOR va demeurer et, quand le taux consenti à l'Alcan indexé
par la suite au cours des années, viendra rattraper et dépasser
le taux actuel payé par REXFOR, c'est ce deuxième taux qui
s'appliquera. En fait, c'est le plus élevé des deux taux.
M. Fortier: Le plus élevé des deux.
M. Rodrigue: Le premier paragraphe, c'est le taux actuel que paie
REXFOR; donc, il ne s'agit pas de réduire le taux. Le deuxième
paragraphe, c'est le taux consenti à Alcan, qui est indexé
annuellement. Il arrivera dans l'avenir qu'à un moment donné ce
taux dépassera le taux actuel de REXFOR qui est indiqué au
premier paragraphe et à ce moment c'est le deuxième paragraphe
qui s'appliquera là puisque c'est toujours le plus élevé
des deux taux mentionnés là.
M. Fortier: Je n'en ai pas sur la formule, quoique la formule
d'indexation est différente du régime des eaux. Si je comprends
bien, cette redevance s'additionne à celles qui sont perçues par
la Loi sur le régime des eaux et l'indexation est différente.
M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: Tout simplement que dans le cas de l'Alcan on
semblait parler de 0,1913 $ par 1000 kilowattheures indexés d'une
certaine façon et c'est l'unique formule qui a été
retenue. Je me demandais pourquoi il y avait une différence ici. Je n'ai
pas la loi 70 devant moi, je m'en excuse.
M. Rodrigue: Dans le cas de l'Alcan, étant donné la
finalité de cette source d'énergie, c'est indexé sur le
prix de l'aluminium. Dans le cas présent, ici, c'est indexé sur
l'indice des prix de l'énergie.
M. Fortier: Vous dites que la seule raison pour laquelle...
M. Rodrigue: Je m'excuse. C'est l'indice implicite des prix
à la consommation.
M. Fortier: La dépense nationale brute, j'ai cela ici. Si
je comprends bien, la seule raison pour laquelle vous avez les 0,4590 $ ou
0,1913 $, c'est tout simplement que présentement vous payez 0,4590 $.
Est-ce cela?
M. Rodrigue: C'est cela.
M. Fortier: Vous dites: la plus haute des deux.
M. Rodrigue: REXFOR...
M. Fortier: 0,1913 $, c'est la formule qui est utilisée
par l'Alcan...
M. Rodrigue: C'est la formule de l'Alcan.
M. Fortier: ...indexée sur le prix moyen de la...
M. Rodrigue: Et 0,4590 $, c'est ce que paie actuellement
Bellerive Ka'N'Enda Inc., pour son énergie. Ce sont lesredevances qu'elle paie actuellement.
M. Fortier: Tout simplement, je fais remarquer au ministre que
l'écriture du deuxièmement - c'est le deuxième paragraphe
- est différente de celle de la loi 70, dans le sens que dans la loi 70
on prenait la peine de dire que cette indexation se référait au
1er janvier 1984. On stipulait d'une façon plus précise à
partir de quand. C'est plutôt pour les experts dans la rédaction
des lois que je fais la mention. J'aurais cru que la rédaction aurait
été similaire dans les deux cas; je me demande pourquoi on
emploie des rédactions différentes lorsqu'il s'agit exactement de
la même chose.
M. Rodrigue: On avait l'intention de le préciser au
bail.
M. Fortier: Je vais juste noter que la rédaction est
différente et il me semblerait que, lorsqu'on écrit une loi
à peu près identique ou très semblable, la
rédaction devrait être exactement la même. Je l'ai ici, je
vais juste vous le lire. C'est un détail de rédaction, mais quand
même.
M. Rodrigue: On va demander aux légistes de se pencher sur
cela pour la prochaine.
M. Fortier: Mais il va être trop tard une fois qu'on l'aura
adopté.
M. Rodrigue: Oui, mais on prévoira cela dans le bail.
M. Fortier: On dit ici: La compagnie versera au gouvernement pour
l'exploitation des forces hydrauliques et des terrains visés à
l'article 1 les redevances suivantes: du 1er janvier au 31 décembre
1984, 0,1913 $ par 1000 kilowattheures d'électricité produite par
les centrales hydroélectriques de Chute-des-Passes, chute du Diable et
chute à la Savane; du 1er janvier 1985 au 31 décembre 2033, la
redevance prévue au paragraphe 1 telle qu'indiquée. On est
beaucoup plus formel. Je crois que la rédaction me semble beaucoup plus
spécifique et, à mon avis, je ne vois pas pourquoi ce serait
différent. Si vous en êtes satisfait, tant mieux. Je crois que la
rédaction est beaucoup plus précise pour indiquer que
l'indexation... lorsqu'on dit indexer annuellement, c'est à partir de
quand? La rédaction ici est beaucoup plus précise.
M. Rodrigue: La formule d'indexation va être incluse au
bail. Je sais, pour avoir vu des formules d'indexation dans des conventions
collectives, que c'est toujours assez complexe ces formules.
M. Fortier: J'ai le projet de bail devant moi ici, mais je crois
que tel que la loi 70 a été écrite, elle est beaucoup plus
formelle et explicite pour indiquer que 0,1913 $ par 1000 kilowattheures, c'est
durant l'année 1984, du 1er janvier au 31 décembre, et que
l'indexation commence à partir du 1er janvier 1985. Si cela peut faire
l'affaire du ministre, je serais prêt à permettre que les
rédacteurs reviennent là-dessus simplement pour nous assurer que
les deux lois sont compatibles en ce moment. Peut-être qu'on peut
l'écrire maintenant. Cela me semble...
M. Rodrigue: Si vous me le permettez, je peux formuler un
amendement: 0,1913 $ par 1000 kilowattheures en 1984, ajouter...
M. Fortier: Si le ministre...
M. Rodrigue: Allez-y donc avec la formulation que vous avez.
M. Fortier: Oui. Alors, ici, ce que l'on dit, c'est: du 1er
janvier au 31 décembre 1984.
M. le Président, on vient de me donner une explication.
Simplement, c'est que j'aurais pensé que, lorsque le même
ministère traite d'un même sujet, il aurait normalisé la
façon de calculer les redevances. Là, je m'aperçois que,
dans le cas de l'Alcan, l'indexation se fait à partir de l'année
suivante. Dans le cas de REXFOR, l'indexation commence à partir de
l'année d'avant. Je n'ai pas d'objection; simplement, je croirais que,
lorsqu'on traite du même sujet, il y aurait moyen de normaliser et faire
les choses de la même façon, mais si c'est ce que vous voulez
faire, tant mieux.
M. Rodrigue: Dans le cas présent, je pense qu'il est
préférable, compte tenu de cela, de s'en reporter au bail pour
préciser la formule d'indexation...
M. Fortier: Cela va.
M. Rodrigue: ...avec l'indication que l'on vient de donner.
Le Président (M. Lafrenière): L'article 4 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté.
L'article 5?
M. Fortier: M. le Président, l'article 5, c'est là
où dans le cas de l'Alcan... La compagnie ne pourra prêter,
sous-louer, céder ou aliéner les droits... Là, il est
question de vente d'électricité; en tout cas, je ne reviendrai
pas là-dessus, je pense que vous voulez mettre cette clause dans... On
ne parle pas exactement de la même chose ici. D'accord.
Le Président (M. Lafrenière): L'article 5 est
adopté. L'article 6?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté.
L'article 7?
M. Fortier: M. le ministre, je crois qu'ici il faudrait
préciser... Je ne sais pas si les juristes peuvent nous éclairer.
Vous avez indiqué tout à l'heure qu'à l'origine, ou,
enfin, dans les années antérieures, le gouvernement du
Québec avait donné propriété de 10% de la centrale;
j'aimerais mieux avoir l'assurance que, rendu en l'an 2000 - je sais bien que
vous et moi nous ne serons pas là; c'est pour 40 ans - dans 40 ans d'ici
on ne se trouvera pas devant un problème juridique où, à
cause de la clause no 7, le gouvernement du Québec va être
propriétaire uniquement de 90% de la centrale. Il faudrait bien que ce
soit de 100% de la centrale, parce qu'à ce moment-là on va
être encore devant une situation de fait assez difficile et assez
inextricable. Alors, il faudrait que REXFOR s'engage.
M. le ministre, je pense que j'en ferais un amendement. Il faudrait
indiquer que ce soit de la totalité des améliorations et des
ouvrages, y inclus la portion qui est la propriété exclusive de
Bellerive Ka'N'Enda présentement.
M. Rodrigue: En fait, je vois très bien l'objectif
visé par le député d'Outremont. Effectivement, il y a 10%
qui ont été vendus en 1907 et, évidemment, on ne
connaît pas le régime de tenure à cette
époque-là. Dans le projet de loi qui est devant nous,
j'hésiterais beaucoup à m'engager sur ce terrain-là, ne
sachant pas quelles seraient les conséquences juridiques de tout
ça. Cependant, avant de signer le bail, je pense qu'on pourrait
effectivement faire une recherche de ce côté-là pour
s'assurer et vérifier, entre autres, si c'est possible, parce que,
là, il s'agit d'une expropriation, à toutes fins utiles.
M. Fortier: Non, mais une expropriation, il faut s'entendre. Vous
donnez un privilège pour 40 ans.
M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: Lorsqu'on donne un privilège à
quelqu'un, on peut tout négocier. Si vous donnez un privilège
à quelqu'un - j'en ai fait le calcul rapide - ce qui vaut 15 000 000 $
sur 40 ans, je pense que c'est tout à fait normal de prévoir ce
qui va arriver dans 40 ans et je crois que c'était le sens de la loi, le
but de la loi, de prévoir qu'après 40 ans la
propriété reviendrait celle de l'État et non pas à
90% celle de l'État.
À mon avis, une telle clause devrait être dans la loi. Je
ne vois pas comment le bail... Je crois que le bail va être signé
par les deux parties. Bien sûr, si on le met dans la loi, ce ne serait ni
plus ni moins qu'une expropriation dans 40 ans, si on disait dans la loi -
parce que c'est tout ce qu'on devrait ajouter - que le gouvernement deviendra
propriétaire - sans compensation, à compter de la fin du bail
autorisé en vertu de la présente loi - de la totalité des
améliorations et des ouvrages qui auront servi à l'exploitation
des forces hydrauliques visées à l'article 1 et de celles...
Mais, là, je suis d'accord avec vous, il faudrait connaître la
tenure pour l'expliciter. Cela me surprend que votre ministre n'ait pas
regardé ça, parce que c'est un point, à mon avis, qui est
très important.
M. Rodrigue: Dans les circonstances, le mieux que je peux faire,
je pense, c'est avant la signature du bail, de demander que cette question soit
examinée et de discuter avec REXFOR pour voir s'il est possible -dans
l'esprit, à tout le moins, de l'article 7 qui est devant nous - de
couvrir la totalité des concessions qui ont été faites sur
le rapide de l'Orignal, sur la rivière du Lièvre. Mais, au moment
où on se parle, je pense que ce serait difficile d'introduire une telle
disposition dans le projet de loi qui est devant nous.
Cependant, je peux l'examiner en prévision de la signature du
bail pour voir si une telle disposition ne pourrait pas être consentie
par REXFOR et, en même temps, quels seraient les tenants et aboutissants
sur le plan juridique d'une telle disposition. Mais, au moment où je
vous parle, je ne suis pas en mesure de répondre à une telle
question.
M. Fortier: C'est malheureux que ce n'ait pas été
revu 8vant, M. le ministre, et je comprends bien que vous voulez
procéder.
Moi, je serais satisfait si, dans le bail, il y avait une clause selon
laquelle REXFOR s'engage, à la fin du bail, à donner la partie
qu'elle possède en propre. Étant donné qu'on nous envoie
ici le président de REXFOR, si le président de REXFOR pouvait
nous dire qu'il est d'accord avec une telle procédure et qu'il l'inscrit
au Journal des débats, à ce moment-là, on aurait
l'assurance certaine que tout serait couvert.
M. Rodrigue: Vous comprendrez que le président de REXFOR,
de lui-même, ne peut pas prendre la décision d'aliéner une
partie des propriétés de REXFOR. Il a un conseil
d'administration. Il n'a pas l'autorité, lui, en vertu des lois
constituant REXFOR, de prendre une telle décision. Il faut que ce soit
son conseil d'administration qui prenne une telle décision.
M. Fortier: Est-ce que le président de REXFOR peut nous
dire, compte tenu de l'objection que je viens de soulever, qu'il recommandera
à son conseil d'administration, pour s'assurer qu'il n'y aura aucun avis
juridique dans 40 ans, qu'il recommandera à son conseil d'administration
qu'une telle clause soit inscrite, sachant fort bien, comme vous le dites, que
le conseil d'administration devra donner son assentiment?
M. Rodrigue: M. le Président, je pense que ce qui est
raisonnable de faire, à ce moment-ci, c'est de demander au
président de REXFOR - il m'indique qu'il est disposé à le
faire - d'examiner... Mais le président de REXFOR, comme tel, ne
siège pas à cette commission. Il ne peut pas répondre
formellement.
M. Fortier: M. le Président, question de règlement.
Je crois que les nouvelles procédures à l'Assemblée
nationale nous permettent d'entendre les témoins que l'on veut. Moi,
j'aimerais bien, si le ministre est d'accord, que le président de REXFOR
vienne répéter ce qu'il vient de nous dire et qu'il nous dise
qu'il est d'accord pour examiner la situation et recommander une telle formule
à son conseil d'administration.
M. Rodrigue: Ce que le président de REXFOR m'indique - je
vais vous le dire -c'est qu'il veut examiner les implications juridiques de
ça et, lors des discussions pour la finalisation du bail, il sera en
mesure de me donner la réaction de REXFOR sur cette
question-là.
M. Fortier: M. le Président, ça ne nous satisfait
pas du tout. Nous croyons que cet aspect aurait dû être
examiné, d'autant plus que le ministre lui-même en a fait part
dans son débat en deuxième lecture. Cela aurait dû le
frapper, le fait qu'après 40 ans il hérite de 90% de la centrale;
il aurait dû s'interroger sur les 10% qui restent. Quant à moi, je
n'aimerais pas recevoir une centrale dont les turbines appartiennent encore
à REXFOR. Le ministre va se retrouver avec le béton et les
fondations. Je ne voudrais pas, étant donné qu'on va aller voter
sur une motion de censure très importante dans quelques minutes... Je
crois que c'est très important et cela mériterait même
qu'on suspende nos travaux pour clarifier l'article 7. Si le ministre se dit
satisfait et qu'il veut procéder, je lui dis que, moi, je ne suis pas
satisfait. S'il veut continuer à étudier article par article, je
vais donc voter contre.
M. Rodrigue: Adopté sur division.
Le Président (M. Lafrenière): Article 7,
adopté sur division. Article 8?
M. Fortier: Alors, cela, c'est... Est-ce que c'est...
M. Rodrigue: Cela remplace la loi antérieure.
M. Fortier: Oui. J'en ai une copie ici. Je ne veux que m'assurer
que c'est bien cela. Étant donné que vous n'avez pas fait toutes
les vérifications, je suis obligé de les faire
moi-même.
M. Rodrigue: M. le Président, on veut donner la chance
à l'Opposition de travailler un peu. On ne peut pas tout faire pour
elle.
M. Fortier: C'est l'article... Oui, c'est bien cela. Merci.
Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté?
Article 8, adopté. Article 9?
M. Fortier: L'article 9, cela me surprend
énormément, M. le Président, compte tenu de la nouvelle
orientation fédéraliste du gouvernement. Comment se fait-il que
le gouvernement existant, qui a dit sa foi en un Canada ouvert de l'Atlantique
au Pacifique, amène encore une clause comme celle-là, alors qu'on
savait fort bien qu'une telle clause était pour se dissocier d'une
mesure qu'il n'avait pas accepté? Étant donné que les
discussions sont en cours, il me semble que le gouvernement ne continuera pas
à mettre la clause 9 dans toutes les lois qu'il fait passer à
l'Assemblée nationale. Pour cette raison, nous allons voter contre
l'article 9.
M. Rodrigue: M. le Président, il y a eu des amendements
d'apportés à la constitution canadienne il n'y a pas tellement
longtemps. Ces amendements présentent certains risques pour le
Québec et de voir le gouvernement
fédéral, quel que soit le parti au pouvoir, s'immiscer
dans des juridictions québécoises, ce n'est pas le fait que ce
soit un parti ou l'autre qui soit présent à Ottawa qui y change
quelque chose. Je pense que le gouvernement du Québec, de prime abord, a
comme mission de protéger les intérêts du Québec,
même lorsqu'il est en face d'un gouvernement qui est plus ouvert et mieux
disposé à reconnaître les champs de compétence et de
juridiction du gouvernement du Québec, et à lui permettre, comme
c'est le cas, par exemple - on l'a vu cette semaine - dans le domaine des
relations internationales, de défendre et de promouvoir ses
intérêts sur le plan international. On sait à quelle sorte
de chicane de drapeaux on a assisté dans le passé. Aujourd'hui,
le climat est changé et nous en sommes fort heureux. Cependant, les
intérêts du Québec demeurent et le gouvernement du
Québec se doit, en tout temps, de voir à protéger et
à promouvoir ses intérêts.
Le Président (M. Lafrenière): Article 9,
adopté sur division.
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Lafrenière): L'article 10?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté. Le
titre du projet?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Le projet,
adopté avec amendements?
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté sur
division. On ajourne les travaux sine die. Oui, monsieur.
M. Rodrigue: Est-ce que le projet de loi est adopté avec
les amendements?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lafrenière): On ajourne les
travaux sine die, le mandat ayant été accompli.
(Fin de la séance à 12 h 49)