Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Beaumier): La commission permanente de
l'économie et du travail se réunit pour procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Pour fins d'information, ce sont le
programme 5 et les programmes 8 à 14. Nous aurions convenu de
débuter après les remarques préliminaires pour les
programmes 10, 11 et 12. Alors, M. Bédard, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement pour cette séance. M. Blouin (Rousseau) est remplacé
par M. Laplante (Bourassa).
Énergie et Ressources
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. le ministre. Vos
remarques préliminaires, s'il vous plaît.
Remarques préliminaires M. Jean-Guy
Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, en fait, le ministère
de l'Énergie et des Ressources, exclusion faite du secteur Forêts,
disposera, en 1985-1986, de 112 100 000 $ pour réaliser son mandat qui,
essentiellement, en est un de développement économique. Ce mandat
consiste d'une part à assurer la mise en valeur, l'exploitation et la
transformation au Québec des ressources minérales et
énergétiques et, d'autre part, aussi, fournir les grands
instruments de connaissance, de planification et de contrôle du
territoire québécois.
Dans un premier temps, j'aimerais faire un survol rapide de chacun de
ces secteurs. Par la suite, j'analyserai de façon plus approfondie leur
problématique respective de même que les objectifs poursuivis par
le ministère. Je rappellerai aussi certaines interventions marquantes du
ministère de l'Énergie et des Ressources et enfin j'exposerai le
plan d'action pour l'exercice à venir.
Dans le domaine des terres, la gestion des terres publiques et la
connaissance géographique du territoire constituent des secteurs
d'activité où l'implication du ministère est
vraisemblablement moins connue que dans le domaine énergétique ou
minier. Traditionnellement, cette mission a été conçue
comme un support de l'État à l'activité économique
sur les terres privées et publiques.
En ce qui a trait à la connaissance du territoire où le
ministère disposera de 13 700 000 $ en 1985-1986, on assiste à
l'émergence d'un véritable marché de l'information
géographique. Relativement aux terres publiques, qui se verront
consacrer 6 800 000 $, le ministère gère les transactions
foncières et il a la responsabilité de leur aménagement.
On entend favoriser, auprès des partenaires, une approche qui tienne
compte de l'aspect économique des usagers, mais aussi de la valeur et de
l'intégrité du milieu.
Pour ce qui est de l'industrie minérale, cette dernière a
pour particularité qu'elle exporte plus de 40 % de sa production. En
dépit de la difficile conjoncture économique internationale,
où elle affronte une dure concurrence, elle devrait demeurer
compétitive pour peu que le gouvernement du Québec poursuive ses
efforts de concertation amorcés depuis quelques années avec le
secteur privé. Évidemment, c'est dans ce sens-là que nous
comptons orienter nos efforts.
Le ministère compte relever ces défis en poursuivant et
même en accélérant les programmes qui ont
déjà démontré leur efficacité et aussi en
mettant en place de nouveaux programmes adaptés à la situation
actuelle.
Dans le secteur minier, le ministère disposera de 80 400 000 $,
et 18 500 000 $ seront consacrés à l'exploration
géologique et minérale, 54 000 000 $ à l'assistance
à l'industrie minière et 7 900 000 $ à la recherche
minérale. Le ministère pourra ainsi poursuivre son travail au
niveau de la consolidation des avantages comparatifs du secteur minier et du
renouvellement des réserves domestiques.
L'an dernier, le ministère de l'Énergie et des Ressources
avait consacré la somme de 72 500 000 $ pour ces mêmes programmes.
Le budget de 80 400 000 $ de cette année indique donc bien
l'intérêt manifeste du gouvernement d'accorder une attention
accrue à notre industrie minière. Cette industrie produit
directement plus de 10 % des exportations du Québec et plus de 40 % du
produit intérieur brut du secteur
primaire du Québec. Elle crée directement et indirectement
plus de 0, 85 $ de valeur ajoutée par dollar de production et environ 16
emplois pour chaque 1 000 000 $ de production comparativement à 15
emplois pour le secteur manufacturier.
Au niveau du secteur Énergie, le ministère dispose de 11
200 000 $ pour établir des politiques gouvernementales concernant les
hydrocarbures et l'électricité, favoriser la recherche de
pétrole et de gaz naturel, susciter une utilisation plus efficace de
l'énergie et créer un cadre favorable à l'émergence
de recherches et de projets dans la sphère des énergies
nouvelles.
Même si à première vue les crédits
consacrés à ce secteur semblent diminuer
sévèrement, il n'en est rien. Cette diminution s'explique
essentiellement par la non-récurrence d'une subvention importante, soit
8 000 000 $, qui avait été consentie à Gaz
Métropolitain pour l'accélération de l'expansion de son
réseau de distribution et par une réorientation de sa politique
ministérielle en matière d'économies d'énergie
après le succès des programmes destinés au secteur
résidentiel.
Si vous le permettez, M. le Président, nous pourrions explorer
davantage chacun de ces secteurs. Pour revenir au secteur Terres, une
étude récente commandée par le ministère indique
qu'au Québec, près de 200 000 000 $ sont affectés
annuellement au domaine de l'information géographique et qu'entre 4000
et 5000 personnes y oeuvrent. Il s'agit donc d'une activité
économique importante.
Par sa position stratégique, le ministère de
l'Énergie et des Ressources a pu assumer le leadership dans
l'amélioration graduelle de la qualité et la modernisation des
procédés. Il a ainsi développé une expertise unique
au Québec et enviable au niveau international, entre autres dans le
système de référence universel, pour ce qui est du
réseau géodésique, le système de
représentation du territoire, pour ce qui est de la cartographie, et le
système de désignation et de description du morcellement foncier,
soit le cadastre et l'arpentage.
On a largement fait état au cours des dernières
années de la nécessité d'effectuer un virage technologique
dans tous les secteurs d'activité. Le ministère, dans
l'accomplissement de sa mission de connaissance géographique du
territoire, a largement dépassé le stade des intentions. Ainsi,
l'ensemble des informations nouvelles est maintenant recueilli et traité
sous forme numérique. Cette modification a permis, dans un premier
temps, d'automatiser les opérations de production.
Cependant, les retombées les plus importantes de ce changement
technologique sont à venir. La mise en place de véritables
systèmes d'information sur le territoire, par les municipalités
locales ou les municipalités régionales de comté, les
compagnies de services publics, les agences gouvernementales et tout autre
agent socio-économique est maintenant réalisable.
Il s'agit donc, à long terme, de doter le Québec d'une
banque d'informations géographiques polyvalente et de conception moderne
qui lui permette de gérer ses ressources, d'aménager son cadre de
vie et d'assurer les services aux citoyens avec le plus d'efficacité
possible.
En plus de transformer radicalement son approche technologique et de
permettre l'adaptation graduelle de l'industrie, le ministère a
préparé, en collaboration avec les principaux intervenants
gouvernementaux, un projet de politique pour le secteur. Cette politique aborde
tous les aspects, des réseaux d'échange d'information
localisée à la stratégie industrielle, en passant par la
formation et la recherche. Elle devrait être complétée et
adoptée en cours d'année.
Cette année également débute un programme de
réforme du système cadastral. Mis en place à la fin du
siècle dernier, le système cadastral ne représente plus
adéquatement le morcellement foncier. Le ministère a donc
élaboré un audacieux programme qui dotera le Québec d'un
instrument de développement des plus modernes. Il sera
réalisé sur une période de dix ans et impliquera des
investissements de l'ordre de 84 000 000 $. Les retombées de ce
programme sont fort importantes. Il implique la création de 230 emplois
directs de jeunes diplômés dans un domaine de haute technologie.
Il permet la consolidation et le développement de l'industrie
privée qui peut ainsi compléter la conversion de son parc
d'équipement et investir dans la constitution d'une expertise
exportable.
Enfin, mentionnons qu'il s'agit d'un projet qui a suscité
dès le départ l'adhésion enthousiaste de tous les usagers
du système cadastral: le monde municipal, les corps professionnels
(notaires, arpenteurs-géomètres, avocats) etc. Toujours en ce qui
concerne le secteur Terres, M. le Président, on reconnaît depuis
longtemps l'importance des terres publiques qui occupent 90 % du territoire
québécois, en tant que réserve de ressources naturelles,
bien sûr, soit la forêt, les mines, le potentiel
hydroélectrique, la faune, etc. On découvre graduellement
qu'elles ont été considérées à tort
inépuisables ou insensibles à toute intervention. On
découvre aussi de nouvelles fonctions à ces milieux, qui obligent
à repenser le concept de région-ressource à exploiter.
Parallèlement, on fait face à une croissance et à
une diversification de la demande en espace sur le domaine public. Aux
intentions de développement et de mise en valeur des ressources
s'ajoutent des projets à des fins industrielles, commerciales,
résidentielles, récréatives, communautaires,
éducatives, etc.
La mission du ministère à l'égard des terres
publiques, au moment où la concurrence des usages et des intentions se
fait plus vive et où on perçoit mieux Ies limites du milieu,
apparaît vitale. Par conséquent, le ministère de
l'Énergie et des Ressources s'est fixé un certain nombre
d'objectifs qui ont trait à la gestion et à l'octroi des droits
de propriété et d'usage, à la tenue de registres des
droits concédés, à l'aménagement, à la
conservation et à l'amélioration des terres du domaine
public.
Ainsi, le ministère vise à améliorer la
connaissance du stock foncier constituant le domaine public, à
moderniser et à accroître l'efficacité des
opérations d'administration foncière, à préserver
les terres publiques contre les empiétements et les prises de possession
illicites et à améliorer la connaissance des potentiels de terres
publiques et à en harmoniser en conséquence l'utilisation par une
affectation adéquate.
En plus de la poursuite et de l'amélioration des activités
relatives aux transactions foncières et à leur enregistrement, le
ministère entend donc poursuivre au cours de l'année
l'implantation d'un système d'information assisté par ordinateur
sur la tenure et l'affectation des terres.
Le programme de régularisation des occupations sans titre sera
accéléré. On complétera l'identification des
occupants illégaux, on évaluera s'ils répondent oui ou non
aux normes minimales d'implantation et on procédera à
l'émission des titres dans les cas où il n'y a pas
incompatibilité avec d'autres activités ou avec la saine gestion
du domaine public.
Finalement, le ministère poursuivra de façon
accélérée sa démarche d'aménagement par la
préparation de plans d'affectation élaborés en
collaboration avec les autres ministères intervenants. Il va sans dire
que de nombreux échanges avec les municipalités régionales
de comté, facilités par la régionalisation du
ministère, continueront à s'effectuer afin d'harmoniser les
intentions d'aménagement.
Si on se penche maintenant sur le secteur des mines, M. le
Président, le Québec tient une place importante dans
l'économie minérale canadienne. Il est le plus grand producteur
canadien d'amiante, de niobium, d'or, de fer, de fonte, de dolomie
magnésitique et de tourbe. Il se situe au deuxième rang pour la
production de silice, des produits d'argile, de ciment, de chaux, de la pierre
et des matériaux de construction. Il se classe troisième pour la
production de cuivre et sixième pour la production de zinc.
L'industrie minérale est donc un soutien important à
l'économie du Québec. Elle l'est plus particulièrement
pour le développement des régions périphériques,
lesquelles génèrent environ 75 % des activités de
l'industrie minérale. La santé économique de ces
régions est reliée au dynamisme du secteur minier et c'est
notamment le cas des régions Côte-NordNouveau-Québec
et Abitibi-Témiscamingue où, en 1982-1983, l'industrie
minérale représentait respectivement 18 % et 12, 4 % de l'emploi
régional.
La part du secteur minier dans l'emploi des secteurs primaire et
secondaire est maintenant de 56 % en Côte-NordNouveau-Québec
et de 32 % en Abitibi-Témiscamingue. Ces deux régions ont
produit, en 1984, près de 60 % des expéditions minérales
du Québec.
Depuis quelques années, l'industrie minérale vit une
période difficile et les raisons sont multiples. Je voudrais en rappeler
quelques-unes: la récession économique, qui a
entraîné la faiblesse des prix des métaux de base,
d'où une décroissance des investissements dans l'exploration de
ces substances minérales; l'avènement de producteurs de
minéraux dans les pays en développement où la ressource
s'avère souvent plus riche et la main-d'oeuvre moins onéreuse;
les excédents de l'offre sur la demande au plan mondial font chuter les
prix et ce sont surtout les mines des pays à économie de
marché qui accumulent les fermetures dans ces conditions;
l'épuisement des réserves de minerais économiquement
exploitables au Québec, c'est notamment le cas du cuivre et du zinc; la
dépendance croissante de l'étranger, de l'ordre de 75 %, des
installations de transformation primaire et secondaire, à cause de
l'épuisement des réserves québécoises et de la
volonté des pays exportateurs de transformer davantage les produits
miniers à l'intérieur de leurs frontières;
également, les difficultés financières rencontrées
ces dernières années par les entreprises minières, qui ont
été amenées à réévaluer leur
stratégie d'investissement, et la baisse de la productivité
enregistrée dans plusieurs sous-secteurs de l'industrie au plan
international.
Afin de remédier à ces problèmes, le gouvernement a
donc entrepris, au cours des dernières années, des actions
précises pour assurer entre autres le renouvellement des réserves
domestiques pour les minerais de cuivre et de zinc et pour favoriser la
diversification de la production minérale; également, pour
stimuler les investissements privés dans le développement de
nouveaux gisements; dans l'expansion de la capacité de production des
mines existantes; dans la modernisation des usines de première
transformation et pour la survie des régions minières en
difficulté; en troisième lieu, pour diriger la recherche et le
développement sur les projets spécifiques visant à
consolider
notre position concurrentielle et à susciter le
développement industriel.
Pour ce qui est des réalisations, M. le Président, la
conjoncture économique, qui ne s'est pas beaucoup
améliorée en 1984, a contribué à forcer certaines
entreprises à fermer leurs portes temporairement ou
définitivement. C'est le cas de la mine d'or Gwillim, de Ressources
Camchib Inc., et de plusieurs mines dans le secteur de l'amiante. D'autres
entreprises, comme SIDBEC-Normines Inc., ont dû procéder à
une restructuration.
En dépit de cette conjoncture économique difficile, le
ministère a réalisé un certain nombre d'actions
concrètes et qui ont donné des résultats positifs qu'il
convient de souligner. D'abord, le ministère a participé aux
négociations entre les partenaires de SIDBEC-Normines et le
gouvernement, négociations qui ont permis de développer un plan
de restructuration de cette société. Cela permet de rationaliser
davantage l'industrie du fer au Québec et d'en assurer la survie.
Pour faire face à la dégradation de la situation de
l'industrie de l'amiante, qui fonctionne présentement à 50 % de
sa capacité, le gouvernement du Québec s'est entendu avec le
gouvernement du Canada et l'industrie de l'amiante pour la création de
l'Institut de recherche sur l'amiante. Cet institut, localisé à
Montréal, a pour objectif la recherche sur les produits d'amiante et
leur sécurité, l'expansion des débouchés ainsi que
la diffusion d'Informations sur les utilisations sûres de l'amiante. Il
va sans dire, M. le Président, qu'à cet égard nous
poursuivons également les travaux, les analyses et les études en
vue d'en arriver à une rationalisation du secteur des opérations
minières dans le secteur de l'amiante.
D'autres programmes ont aussi été mis sur pied pour aider
l'industrie minière. C'est le cas notamment du programme
d'accélération de l'investissement privé, qui a permis de
conclure sept nouvelles ententes de développement minier qui, avec une
contribution gouvernementale de 59 000 000 $, devraient entraîner des
investissements de quelque 350 000 000 $ au cours des prochaines années.
Ces ententes concernent les entreprises suivantes: la Corporation Falconbridge
Copper pour le dépôt Ansil, les Mines Noranda Limité-Home,
le Lac Bachelor Inc., la Société minière Louvem Inc.
Depuis les débuts de ce programme, le ministère a conclu des
ententes qui impliquent une aide gouvernementale de 120 000 000 $ et qui
doivent susciter environ 700 000 000 $ d'investissement de la part des
entreprises. En termes d'emplois, ce programme devrait se traduire globalement
par 2225 emplois permanents créés ou maintenus et par des emplois
temporaires estimés à 6000 personnes-années lors de la
phase de construction.
Au cours de la prochaine année, la poursuite des objectifs du
ministère, pour ce qui est du secteur des mines, s'articulera autour des
moyens suivants: en premier lieu, l'assistance à l'industrie sur une
base ad hoc et l'élaboration de programmes d'assistance au plan de
l'exploration, de la mise en valeur, de la recherche-développement et du
développement industriel; la poursuite des programmes quinquennaux
d'exploration des Appalaches et des Fosses du Labrador et de l'Ungava;
l'amélioration du programme d'assitance financière à
l'exploration minière en vue de le rendre plus efficace; la stimulation
des activités de recherche et de développement en collaboration
avec les entreprises minières; la concertation accrue entre les
différents intervenants du secteur minier afin de consolider les
secteurs du cuivre-zinc et de l'amiante et, finalement, un accroissement de la
productivité du personnel administratif.
Le gouvernement a déjà clairement démontré
sa volonté d'agir pour appuyer la relance de l'industrie minière.
Dans son dernier discours sur le budget, mon collègue des Finances
annonçait une réforme de la fiscalité minière qui
contient les éléments suivants et qui sont extrêmement
positifs. D'abord, l'établissement d'un taux de taxation fixe à
18 % plutôt que l'échelle progressive de 15 % à 30 % telle
qu'elle existait auparavant; l'introduction de droits miniers négatifs
et le prolongement pour deux ans de l'allocation additionnelle de 66 2/3 %
d'exemption fiscale pour les frais d'exploration engagés au
Québec par des particuliers. D'ailleurs, l'industrie minérale, M.
le Président, a chaudement accueilli ces mesures, chaudement,
c'est-à-dire avec beaucoup de satisfaction.
Dans le secteur de l'énergie, M. le Président, le
Québec a toujours recours dans des proportions importantes au
pétrole, source d'énergie entièrement importée de
l'extérieur. Malgré une constante régression, le
pétrole représentait encore en 1983 52, 7 % de la consommation
québécoise en énergie. Même si, après avoir
été en progression constante, le déficit de la balance
commerciale du secteur énergétique se maintient depuis deux ans
à 4 000 000 000 $, cette situation hypothèque toujours notre
développement économique, que ce soit au plan des
retombées économiques engendrées par la transformation du
pétrole ou en raison de l'incertitude des prix.
Cette situation s'est cependant améliorée au cours des
cinq dernières années. La contribution de
l'électricité, du gaz naturel et du bois également a
crû de façon significative, répondant ainsi aux
préoccupations exprimées en 1978.
(10 h 30)
En 1978, le gouvernement du Québec rendait public son livre blanc
sur l'énergie. Ce document proposait aux Québécois un
certain nombre d'objectifs précis et de moyens d'action correspondants,
soit le remplacement du pétrole par l'électricité, le gaz
naturel et les énergies non conventionnelles; l'utilisation du secteur
énergétique comme outil de développement
économique; la participation des Québécois à la
mise en place de la politique énergétique et l'intégration
de la dimension énergétique, dans les grandes régions des
pouvoirs publics. Les actions à venir du gouvernement s'articuleront
autour de la même stratégie qui, d'ailleurs, a déjà
fait ses preuves.
L'année 1984-1985, à cet égard, a été
marquée, sur le plan de l'électricité, par
l'achèvement des travaux de la phase I de la Baie James avec la mise en
service des dernières unités de LG 3 et LG 4, ce qui a permis de
porter la puissance disponible à Hydro-Québec à 24 400
mégawatts, si l'on exclut Churchill Falls.
La politique tarifaire développée par le gouvernement
depuis de nombreuses années a permis, d'une part, d'augmenter la
pénétration de l'électricité et, d'autre part,
d'utiliser pleinement les richesses hydroélectriques
québécoises comme levier de développement
économique. Dans le seul secteur de l'aluminium, 5 000 000 000 $
d'investissements ont été décidés en 1983-1984 pour
les projets d'Alcan, Pechiney, à Bécancour, et Reynolds.
L'année 1984 a été également marquée
par la conclusion de deux importants contrats d'exportation
d'électricité avec le Vermont pour 150 mégawatts en
énergie et puissance ferme, et avec le NEPOOL, le New England Power
Pool, pour 7 térawattheures par année, qui seront livrés
à compter de 1990 et ce jusqu'à l'an 2000.
Quant au gaz naturel, la prolongation des réseaux de distribution
et la desserte de nouveaux territoires ont permis de rendre le gaz naturel
accessible à un nombre accru de consommateurs. En 1984-1985, le
réseau de transport de gaz naturel a été prolongé
jusqu'au SaguenayLac-Saint-Jean au coût de 180 000 000 $ pour une
distance de plus de 300 kilomètres.
Toujours en 1984-1985, le gouvernement du Québec a octroyé
une subvention de 8 000 000 $ à la société Gaz
Métropolitain. Cette assistance financière lui a permis une
accélération réelle des travaux d'expansion de son
réseau de distribution de gaz, ce qui s'est traduit par un
investissement additionnel de 73 000 000 $ au cours de cette seule année
1984 et la création de 1200 emplois-années.
Sur le plan des économies d'énergie, un effort particulier
a été consenti dans le secteur industriel. Ainsi, il a
été répondu à 400 demandes d'analyse
énergétique d'entreprises voulant faire des travaux
d'économies d'énergie.
Par ailleurs, dans le cadre du programme Énergain, programme
à frais partagés avec Hydro-Québec, près de 50 000
analyses énergétiques ont été
réalisées comparativement à 119 000 en 1983-1984. Ce
programme permet au consommateur d'identifier les améliorations
d'efficacité énergétique et de financier les travaux
rentables ou, plutôt, ce programme permettait au consommateur
d'identifier les améliorations d'efficacité
énergétique et de financer les travaux rentables.
Au plan administratif, les travaux visant à une meilleure
connaissance et à un meilleur suivi des paramètres du secteur de
l'énergie ont été poursuivis, notamment en ce qui a trait
aux questions tarifaires, au plan de l'équipement et à la demande
à moyen et à long terme.
Les perspectives d'intervention du ministère en 1985-1986 se
situent dans le prolongement des orientations déjà
définies et des actions qui ont été entreprises au cours
de l'exercice précédent. Le ministère favorisera le
développement optimal du potentiel hydroélectrique. Ce
développement s'appuiera à la fois sur la
pénétration de l'électricité dans des
marchés additionnels, notamment dans le secteur industriel par la
promotion de technologies nouvelles, et sur une croissance harmonieuse et
contrôlée des exportations d'électricité vers le
Nord-Est américain, entre autres.
Le ministère poursuivra sa politique d'accès d'un plus
grand nombre de Québécois au gaz naturel en intervenant afin
d'obtenir des extensions additionnelles au réseau actuel de transport.
Dans le cadre de la définition d'une nouvelle politique
énergétique fédérale, le ministère
s'emploiera à ce que soit assurée une plus grande
flexibilité aux prix du gaz naturel.
Nous surveillerons particulièrement, également, la
situation de l'industrie du raffinage du pétrole dans le contexte
nouveau de déréglementation et de restructuration que cette
déréglementation devrait entraîner.
Par ailleurs, le ministère compte poursuivre la promotion des
économies d'énergie en concentrant ses efforts sur l'aide au
secteur industriel. Un montant de 2 600 000 $ est affecté à ce
programme en 1985-1986 pour de nouveaux engagements, relativement à 950
000 $ au cours de l'exercice précédent.
Le programme Énergain est par ailleurs éliminé,
réduisant ainsi de 5 800 000 $ les crédits affectés au
secteur de l'énergie. Notons que la suppression
d'Énergain-Québec s'explique par les résultats atteints
par le programme depuis sa mise en place. Ce programme visait à la
sensibilisation de la
population aux avantages des économies d'énergie dans le
secteur industriel. Depuis 1981, environ 250 000 logements ont
été visités dans le cadre de ce programme et
inspectés pour déceler les économies d'énergie
à réaliser. Nous estimons que ce programme a rempli ses
objectifs.
L'effet combiné des visites et des campagnes d'information
organisées par notre bureau des économies d'énergie de
même que les structures mises en place, soit les firmes-conseils en
économie d'énergie et les entreprises spécialisées,
etc., permettent d'affirmer que l'objectif de sensibilisation de la population
a été atteint.
Enfin, le ministère poursuivra ses encouragements au
développement des énergies non conventionnelles en offrant des
subventions totalisant près de 900 000 $ à des projets de
recherche et de démonstration dans ce domaine.
En conclusion, M. le Président, comme vous avez pu le constater,
les secteurs de l'activité économique où le
ministère concentre ses énergies sont importants. Ses
interventions visent le développement harmonieux de ces secteurs avec
comme objectif ultime le mieux-être de la population du Québec.
C'est pourquoi j'invite les membres de la commission parlementaire de
l'économie et du travail, chargée de l'étude des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources,
à voter les crédits proposés pour l'exercice
1985-1986.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. Avant
de passer la parole au député d'Outremont, est-ce que ce serait
possible, M. le ministre, que vous nous présentiez les personnes qui
vous accompagnent?
M. Rodrigue: Certainement. M. le Président, en partant de
ma gauche, M. Jean-Louis Dubé, qui est à mon cabinet, de
même que M. Marc Poulin; M. Oneil Roy, sous-ministre associé au
secteur des mines; à ma droite immédiate, M. Robert Tessier,
sous-ministre en titre au ministère; M. Michel Després, directeur
du budget.
Le Président (M. Beaumier); Merci. Alors, toujours dans le
cadre des remarques préliminaires...
M. Rodrigue: Également, il y a beaucoup d'autres personnes
qui m'accompagnent, des directeurs et d'autres sous-ministres qui, à
tour de rôle, selon les secteurs, se présenteront à cette
table. Je pourrai vous les présenter à ce moment-là.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. Je
passe la parole au député d'Outremont et porte-parole de
l'Opposition officielle.
M. Fortier: M. le Président, avec votre permission, je
laisserais la parole à mon collègue du comté de Chapleau,
qui est plus précisément notre porte-parole dans le domaine des
mines. Avec votre permission, j'ajouterai quelques mots. M. Kehoe est notre
porte-parole principal dans le domaine des mines; j'aimerais lui laisser le
soin d'attaquer, du moins en ce qui concerne les mines.
M. Kehoe: Si je comprends bien, M. le Président, on va
étudier, pour commencer, le secteur des mines.
Le Président (M. Beaumier): C'est-à-dire qu'il y a
les remarques préliminaires...
M. Fortier: Les remarques préliminaires.
M. Kehoe: Les remarques préliminaires, d'accord.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Chapleau.
M. Rodrigue: Je pense qu'on avait convenu, d'abord, de passer les
programmes du secteur des mines, étant donné que M. Kehoe...
M. Kehoe: C'est cela.
M. Fortier: Mais nous en sommes au stade des remarques
préliminaires.
M. Rodrigue: II y a eu accord là-dessus.
Le Président (M. Beaumier): Oui, préalablement.
Nous sommes à l'étape des remarques préliminaires. M. le
député de Chapleau.
M. John J. Kehoe
M. Kehoe: Merci, M. le Président. Nul doute que, depuis
plusieurs années, l'industrie minérale en général
et plus particulièrement ici, dans la province de Québec, vit une
période difficile. Les expéditions minérales
québécoises ont diminué de 17 % de 1980 à 1984.
Quand on considère que cette industrie a enregistré un chiffre
d'affaires de plus de 2 000 000 000 $ en 1984 et a fourni de l'emploi direct
à plus de 23 000 travailleurs, nous constatons facilement son importance
comme levier économique de développement, surtout dans les
régions. La chute est davantage remarquée dans le cas du fer, du
cuivre et de l'amiante, qui étaient toujours parmi les secteurs les plus
importants et dynamiques de cette industrie de la province de
Québec.
Considérant la limite de temps de mon intervention,
permettez-moi, M. le Président, de dire quelques mots sur les industries
du
fer et de l'amiante, où le gouvernement a été le
plus négligent durant les dernières années.
À la suite du ralentissement de l'industrie du fer sur la
Côte-Nord et de l'inaction du ministère de l'Énergie et des
Ressources, l'année 1984 fut caractérisée par la fermeture
de la ville de Gagnon.
Rappelons-nous qu'en 1983 le Québec a aussi connu la fermeture de
Schefferville pour les mêmes raisons, soit l'inaction du gouvernement
à ce moment-là.
Depuis plus de deux ans, le ministère de l'Énergie et des
Ressources nous a promis une politique de consolidation et de relance dans
l'industrie du fer. On se rappelera le sommet sur le fer tenu en novembre 1983
à Port-Cartier afin de trouver une solution conjointe avec les
minières, les syndicats, le gouvernement et les municipalités.
Lors de cette rencontre, l'ex-ministre de l'Énergie et des Ressources,
M. Yves Duhaime, a promis la tenue d'un autre sommet sur le fer afin de trouver
les solutions viables pour cette industrie.
M. le Président, d'une part, le ministre n'a jamais donné
suite à cette promesse et, d'autre part, la seule solution
proposée par le gouvernement fut la fermeture définitive de la
ville de Gagnon. Je note aussi dans les interventions du ministre, il y a
quelques minutes, qu'à la page 15 il aborde la question du fer dans un
paragraphe seulement où il parle du problème de SIDBEC-Normines.
La seule intervention faite par le ministère à ce jour a
été dans les négociations entre les partenaires de
SIDBEC-Normines et elle a eu pour conséquence non pas un programme, une
politique de survie du fer sur la Côte-Nord, mais la fermeture de la
ville de Gagnon.
Depuis plus de deux ans, le ministre de l'Énergie et des
Ressources nous a promis une politique de consolidation et de relance. M. le
Président, le ministre n'a jamais donné suite à sa
promesse et la seule solution, comme je l'ai mentionné, c'est la
fermeture de la ville de Gagnon.
Nous, de l'Opposition, déplorons l'inertie gouvernementale et le
manque de volonté politique du gouvernement actuel pour mettre de
l'avant une politique ou un plan, non seulement pour le sauvetage, mais pour la
relance de cette industrie qui est la garantie de la survie de la
Côte-Nord. Quand le ministre prendra-t-il ses responsabilités dans
ce dossier et annoncera-t-il son plan de sauvetage?
Dans un autre dossier d'une importance capitale pour l'économie
québécoise, je voudrais m'attarder quelques secondes sur le
dossier de l'amiante. Nous savons que l'industrie de l'amiante s'est
littéralement effondrée depuis 1980, alors que la production de
l'amiante était de 1 151 000 tonnes par année et qu'elle n'est
plus que de 500 000 tonnes actuellement.
Les pertes d'emplois dans cette industrie constituent une
hémorragie totale pour cette région.
À titre indicatif, le nombre d'employés à la
Société Asbestos est passé de 2331 en 1979 à
près de 700 de nos jours. Et pourtant le Parti québécois,
lors de la nationalisation de l'amiante, a promis mer et monde dans ce dossier.
En 1971, le premier ministre a promis la création de 7000 à 8000
emplois dans la transformation de l'amiante. Quel désastre vivons-nous
aujourd'hui!
Nous, de l'Opposition, demandons depuis plusieurs mois au ministre la
mise au point d'un plan de marketing agressif afin de contrer la mauvaise
publicité faite à l'amiante à travers le monde. Qu'attend
le gouvernement pour annoncer une politique pour sauver cette industrie qui
fait vivre des milliers d'employés dans l'Estrie? Pourquoi le ministre
du Travail propose-t-il un règlement indiquant que l'amiante est une
substance dangereuse? Est-ce que la seule stratégie du gouvernement pour
son plan de relance de cette industrie est l'utilisation de l'étiquetage
des produits de l'amiante par la représentation de la tête de mort
indiquant que l'amiante est un produit dangereux ou mortel? Je comprends, M. le
Président, que récemment le ministre et la CSST ont dit qu'ils
vont retirer leur projet de règlement concernant l'étiquetage des
produits de l'amiante, mais je souligne respectueusement que le tort est
déjà fait et je déplore avec énergie l'attitude
prise par le ministre dans ce dossier. On dirait qu'il ignore
complètement l'industrie de l'amiante. Encore une fois, les seules
observations qu'il a faites concernant l'amiante, c'est à la page 15 de
ses remarques, où il a dit que conjointement avec le gouvernement
fédéral ils se sont entendus pour la création d'un
institut de recherche sur l'amiante. (10 h 45)
Mais concrètement, dans les démarches faites par le
ministère de l'Énergie et des Ressources pour contrecarrer les
mauvais effets de la publicité qui se fait aux États-Unis, qui se
fait en Europe concernant l'amiante, je crois comprendre que le ministre est
complètement silencieux dans ce dossier. Je lui demande, au nom des
milliers de travailleurs de cette industrie, de prendre position, de nous
donner un plan définitif de relance de l'industrie de l'amiante et, au
moins, de ne pas faire de tort, comme l'a fait le ministre du Travail en
proposant l'étiquetage d'une tête de mort sur les produits de
l'amiante.
Il est bien évident qu'après une étude
sérieuse du document sur les crédits proposés par le
ministère de l'Énergie et des Ressources nous ne retrouvons aucun
plan de relance ni même de sauvetage, ni dans l'industrie de l'amiante ni
dans l'industrie du fer. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Le ministre a toujours
le loisir de répondre immédiatement, et après je
reconnaîtrai le député d'Outremont.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, j'aimerais répliquer
à cela parce que, vraiment, prétendre que l'Opposition nous a
harcelés depuis deux ans pour demander un plan de marketing agressif
dans le domaine de l'amiante, c'est la première nouvelle qu'on en a. Je
n'ai jamais eu de questions là-dessus depuis que je suis là et je
n'ai jamais eu non plus d'interventions privées qui m'ont
été faites par les gens de l'Opposition. Je trouve qu'on se donne
beaucoup de mérite de l'autre côté.
En fait, nous sommes sensibilisés à cette question.
D'ailleurs, nous avons mis sur pied l'Institut de l'amiante auquel nous versons
des subventions en accord et en collaboration avec le gouvernement
fédéral qui verse aussi une quote-part, ainsi que l'industrie
privée.
Cela nous a permis, dans la mesure du possible, parce que ce n'est pas
facile, au moins d'amorcer la contre-attaque quant aux problèmes de
santé que pourrait causer l'utilisation de l'amiante. Il y a eu des
interventions des chercheurs de cet institut de même que des chercheurs
du Mont Sinaï qui avaient fait des recherches à la demande de
l'Institut de l'amiante et qui ont, entre autres, témoigné devant
l'OSHA aux États-Unis pour vraiment faire part des développements
dans ce secteur au Québec, de quelle façon nous avions
liquidé les problèmes de santé dans ce secteur en
améliorant, bien sûr, les méthodes de manipulation de
l'amiante. Ces travaux sont faits depuis un certain temps. L'Institut de
l'amiante, ce n'est pas d'hier qu'il existe. Il a été
créé depuis un bon bout de temps.
Quant aux emplois, ils ont évolué, bien sûr,
à la baisse pour la bonne et simple raison que le marché est
tombé. Les industriels de l'amiante au Québec ont perdu 50 % de
leur marché. Ils fonctionnent avec un peu moins de 50 % de leur
capacité actuellement. Evidemment, si on ne peut pas vendre de produits,
il faut soit qu'on les produise et qu'on les stocke - et ce n'est pas long que
les compagnies tombent en faillite en fonctionnant comme cela - ou bien qu'on
réduise la production pour correspondre un peu au marché.
Ce qui vient compliquer aussi la vie des producteurs
québécois, c'est que, même si notre dollar s'est
dévalué par rapport au dollar américain, il faut bien
comprendre qu'il s'est beaucoup réévalué par rapport aux
monnaies européennes. Cela rend plus difficile maintenant la vente des
produits de l'amiante. En tout cas, cela complique la vie des producteurs
d'amiante québécois du fait qu'ils font face à des
concurrents, entre autres, qui ont des mines en Grèce, au Brésil
et dans d'autres pays dont les monnaies sont moins fortes que la nôtre et
qui, à ce moment, gagnent un avantage concurrentiel sur les
marchés européens.
Il faut tenir compte de tous ces aspects quand nous abordons la question
de la chute de la production minière dans le domaine de l'amiante, et
nous en tenons compte aussi dans les analyses que nous faisons pour
établir des mesures correctives dans ce secteur, analyses qui se
poursuivent depuis un certain temps et que nous sommes en train de
compléter.
Pour ce qui est du fer, il y a eu, effectivement, des mesures
très importantes de prises. Cela s'est fait en collaboration avec les
gens du milieu et avec les représentants des travailleurs qui ont
donné leur accord à ces mesures parce qu'ils en ont vu
l'indispensabilité, finalement. Ou bien on maintenait tout cela ouvert
et cela croulait au bout d'un an et demi ou deux ans, parce que tout le monde
devait aller en faillite, ou bien on procédait à une
opération de consolidation pour sauvegarder ce qui pouvait être
sauvegardé. Cette opération a eu lieu et je peux vous dire que
les résultats qui en découlent sont fort encourageants. Prenez le
cas de l'usine de bouletage de la Quebec Cartier, une ancienne usine de
bouletage qui appartenait à SIDBEC-Normines qui est louée et qui
est dirigée par la Quebec Cartier et qui ne fonctionnait qu'à 40
% ou 50 % de sa capacité il y a deux ans. Elle fonctionne actuellement
à 110 % de sa capacité nominale. C'est donc qu'il y a là
une consolidation qui permet de rentabiliser les activités de l'usine.
En fonctionnant à ce niveau de production, l'usine étant
utilisée à sa pleine capacité et un peu plus, cela permet
de réduire les coûts au strict minimum.
Également, du côté de Mont-Wright, les
opérations minières permettent d'envisager une plus grande
production de minerai que les 12 000 tonnes annuelles qui avaient
été anticipées au départ. Les indications que nous
avons présentement sont que cela va être supérieur à
ce qui avait été anticipé dans le plan de
consolidation.
D'ailleurs, en parlant d'usine de bouletage, justement, je voudrais
signaler l'intervention du ministère là-dedans. Le Centre de
recherche minérale du ministère de l'Énergie et des
Ressources a joué un rôle important dans l'élaboration d'un
nouveau procédé qui a permis de réduire les coûts
énergétiques à l'usine de bouletage qui est maintenant
gérée par la société Quebec Cartier et de mieux
rentabiliser l'exploitation. C'est le fruit de recherches qui ont
été effectuées à notre Centre de recherche
minérale. Cela permet, entre
autres, de diminuer la consommation d'énergie lors de la cuisson
des boulettes de fer. C'est ce qui explique que, malgré les teneurs
différentes de nos minerais et les coûts peut-être plus
élevés de notre main-d'oeuvre, on est quand même parvenu,
en développant une boulette de minerai de fer autofondante - c'est comme
cela qu'on la décrit - à donner une impulsion à la
production dans cette usine qu'on n'espérait peut-être pas il y a
deux, trois ans. Cela, c'est un facteur.
Parmi les autres mesures qui ont été prises, M. le
Président, il faut quand même aussi noter la consolidation des
opérations de la compagnie Quebec Cartier auxquelles je viens de me
référer, mais également ce qui s'est fait dans le cas
Québec Fer et Titane. Il y a eu 25 000 000 $ en subventions
accordées à Québec Fer et Titane pour la consolidation et
l'expansion de ses usines à Sorel et, également, de son
exploitation à Havre-Saint-Pierrre. Tout cela a permis de maintenir 1700
emplois et d'en créer 200 nouveaux dans l'industrie du fer. On a
également consenti à cette entreprise des nouveaux contrats
d'énergie à des taux préférentiels pour l'aider
à surmonter les difficultés auxquelles elle faisait face. Il y a
également eu dans ce domaine, M. le Président,
l'accélération de travaux de recherche et d'exploration dans la
Fosse du Labrador.
Donc, des mesures ponctuelles importantes ont été prises
pour faire en sorte que, malgré la conjoncture économique
extrêmement difficile que nous avons traversée, nous puissions au
moins sauvegarder l'essentiel de cette industrie et lui donner l'occasion de
profiter de la relance pour reprendre un peu du poil de la bête dans
l'avenir. Les indications que nous avons quant aux résultats de cette
opération nous démontrent que nous avons pris les bonnes
décisions dans ce domaine.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. J'ai seulement
quelques brèves remarques à ajouter à celles de mon
collègue, le député de Chapleau. Je comprends que le
ministre est nouveau dans le dossier par suite de plusieurs démissions
au cabinet des ministres et qu'il s'est retrouvé soudainement ministre
de l'Énergie et des Ressources. Mais on n'a certainement pas vécu
dans le même Parlement. Mon collègue de Frontenac s'en souviendra,
nous avons fait en sorte, nous de l'Opposition, à plusieurs reprises, de
discuter de l'amiante. Nous avons organisé au moins deux ou trois
débats du mercredi - le député de Frontenac s'en souvient
fort bien - nous avons organisé au moins deux débats du vendredi,
nous avons fait des interpellations. J'y reviendrai tout à l'heure. Je
ne sais pas où le député de Vimont était à
ce moment, mais je sais que le député de Frontenac, le
député de Chapleau et moi-même avons parlé de
l'amiante à plusieurs reprises. C'est un fait connu de tout le monde.
Nous avons revendiqué plusieurs choses, dont un marketing plus agressif
dans ce dossier pour améliorer la situation et surtout pour faire en
sorte que la mauvaise image qui prévaut à l'étranger soit
combattue.
Les crédits que le ministre nous propose sont très
importants, il ne faut pas en douter. D'ailleurs le ministère de
l'Énergie et des Ressources, avec les services du ministre
délégué aux Forêts ou sans les services du ministre
délégué aux Forêts, est un ministère à
vocation économique très important et qui affecte toutes les
régions du Québec. Selon la tradition récente, lorsqu'on
étudie les crédits, il ne s'agit pas, du moins d'une façon
générale, d'étudier la pertinence de telle ou telle
dépense; il s'agit plutôt d'étudier les grandes politiques.
Mais quand même je crois qu'à l'occasion on doit se poser la
question: Est-ce que les montants qui sont votés sont bien
dépensés? Lorsqu'on regarde certaines des informations qui nous
ont été données par le ministère à la suite
de notre demande, on s'aperçoit, ce qui est assez surprenant, que le
ministre... J'avoue qu'il ne s'agissait pas à ce moment du ministre qui
est devant nous présentement. C'était M. Duhaime, celui qui est
maintenant le ministre des Finances, qui était ministre de
l'Énergie et des Ressources. Ce ministre qui, dernièrement, a
taxé les contribuables d'une façon très soudaine,
très directe et très importante est le ministre qui a
approuvé des dépenses de voyage considérables.
Dans le cahier qu'on nous a remis, on s'aperçoit qu'au
ministère de l'Énergie et des Ressources c'est quasiment une
agence de voyages et qu'il y a toujours quelqu'un qui est parti à
l'étranger pour faire des voyages de toutes sortes. Est-ce qu'il y a des
contrôles sur ces voyages? C'est une question qu'on doit se poser. Je
sais bien que c'est agréable d'aller en Floride au mois de mars, que
c'est agréable d'aller au Rhode Island pendant trois jours. Or cela
coûte 3160 $. M. le Président, je dois vous dire que, lorsque je
vais dans le Rhode Island, cela me coûte à peu près 50 $
à 75 $ d'essence, que mes frais d'hôtel me coûtent environ
75 $ par jour et qu'il y a moyen de s'en tirer pour à peu près la
moitié de cette somme. Je conviens qu'on désire aller en Floride
du 26 janvier au 2 février, mais pour une personne le coût est de
2746 $. M. le Président, c'est de l'argent ça! Quand on va en
Floride, le coût de l'avion est à peu près 350 $ et il y a
moyen de se trouver un
hôtel pas trop cher, mais 2746 $ pour une personne du 26 janvier
au 2 février! Est-ce qu'il y a un contrôle des dépenses
dans ce ministère? Calgary pour trois jours, "Conference Strategy for
Energy Policies", 3000 $, des "peanuts"! Moi, quand je vais à Calgary,
cela me coûte la moitié de cela. Atlanty City du 5 mars au 9 mars,
1450 $. À Toronto, pour le congrès de la "Prospectors and
Developers Association", ce n'est pas une personne, ce n'est pas deux
personnes, là c'est dix personnes. Tant qu'à y aller, on y va en
gang. Je ne sais pas s'il restait quelqu'un pour répondre au
téléphone au ministère, mais là c'est dix
personnes. Pour aller à Ottawa - est-ce que c'est loin Ottawa, M. le
Président? est-ce bien loin? -cinq personnes pour quatre jours. Le
député de Chapleau va à Ottawa quasiment à chaque
semaine. Combien cela coûte-t-il, M. le député de Chapleau?
Pour cinq personnes pour quatre jours, écoutez cela là, 3635 $!
Est-ce qu'Ottawa, c'est à l'autre bout du monde? 3635 $ pour cinq
personnes qui sont allées à Ottawa pour quatre jours. Au
Yellowknife - cela je comprends, le Yellowknife c'est loin; j'y suis
allé et je suis allé en Alaska et je sais que le prix de l'avion
est un peu plus cher que pour aller à Ottawa, je sais cela pertinemment
- pour cinq jours, deux personnes, 9080 $. Ah bien là, 9080 $ pour aller
à Yellowknife! Je suis déjà allé au Nigeria, en
Afrique, et cela ne m'a pas coûté si cher que cela, je peux vous
le dire.
Un autre congrès à Yellowknife, ils y vont souvent,
à moins que cela ne soit la même page. Oui, je pense que c'est la
même page qui a été répétée deux fois.
Italie, Suède, Finlande. Là il y en a deux qui sont allés
à la foire de Marmomacchine cela a coûté 2000 $, mais il y
en a un qui s'est organisé de belles vacances et il a
décidé d'aller en Suède et en Finlande. Il y est
allé en même temps que la visite de la foire et ensuite il est
allé en Suède et en Finlande, alors cela a coûté
3700 $. (11 heures)
À Ottawa, un autre groupe de travail, du 31 août au 1er
septembre. Combien est-ce que cela fait de jours du 31 août au 1er
septembre? Deux jours, si je sais bien compter. Deux personnes pour deux jours,
2855 $. Ah! Monsieur, quand ils vont à Ottawa, je comprends que c'est
dans un pays étranger, ils dépensent de l'argent
québécois. C'est pas des "peanuts. "
Denver, Colorado, ça c'est un bel endroit pour faire du ski. Non,
il n'y avait pas encore de neige, à ce moment-là. Deux personnes
pour une visite d'information de nature administrative, 3600 $.
On peut continuer comme cela, M. le Président. C'est pour cela
que je disais: Lors de l'étude des crédits, bien sûr, on
s'intéresse aux grandes politiques. C'est malheureux qu'on ne revienne
pas à ce qui se faisait sous Maurice Duplessis, je ne le dis pas dans le
mauvais sens. On doit se poser des questions à savoir si tous ces
millions qui sont dépensés et pour lesquels nous, membres du
Parlement, n'avons que très peu de détails... Je pense bien que,
lorsqu'on discute, disons, à savoir si on va encourager l'industrie
minière, l'industrie de l'amiante, et qu'on nous propose des budgets de
quelques millions de dollars, c'est assez difficile pour nous de savoir si,
lorsqu'on vote 3 000 000 $ de plus ou 5 000 000 $ de plus, l'argent est bien
dépensé.
C'est malheureux et j'oserais espérer pour ma part que la
réforme parlementaire nous permette de faire des études plus
précises. J'ose l'espérer, maintenant que nous avons un
président à temps plein. Cela a pris énormément de
temps pour s'en élire un, vous savez les problèmes que nous avons
eus, M. le Président. Ce n'est pas vous, ce n'est pas votre rôle,
j'en conviens, mais maintenant que nous avons un président à
temps plein, nous pourrons peut-être examiner les engagements financiers
et nous assurer que l'argent qui est dépensé par le
ministère est bien dépensé. Je n'attaque pas le ministre
en titre, je l'ai dit, ce n'est pas lui qui était là à ce
moment-là. C'est le ministre qui est maintenant le ministre des Finances
et qui cherche à taxer davantage pour payer les dépenses qu'il
avait mal contrôlées.
M. le Président, j'y reviendrai tout à l'heure quand on
posera des questions au ministre et le ministre pourra s'expliquer, ou du moins
il pourra expliquer les dépenses que lui-même n'a pas
approuvées puisqu'il n'était pas le ministre en titre puisqu'il
n'est là que depuis le mois de novembre. Je suis sûr que ses
fonctionnaires pourront nous expliquer certaines de ces dépenses
faramineuses.
Revenons à l'amiante, M. le Président, c'est un dossier
auquel je me suis très intéressé et auquel mon
collègue de Frontenac s'intéresse aussi beaucoup. Il y a deux
aspects du problème que j'aimerais soulever. Le premier, c'est que de
toute évidence le ministre Duhaime - c'est le ministre qui était
responsable de ces problèmes-là - annonçait le 30 juin de
l'an dernier son intention probable de fusionner les sociétés
minières Bell et Asbestos. Bien plus, on peut lire plusieurs
communiqués là-dessus: Bell et Société Asbestos:
fusion prochaine. Ça, c'était le 5 juin 1984. Si je lis cette
manchette de la Tribune, c'est M. Bélanger du syndicat qui disait: "M.
Bélanger a précisé que ces informations importantes
émanaient directement du ministre de l'Énergie et des Ressources,
M. Duhaime. "
Nous savons par la suite qu'il y a eu des études de faites,
qu'une société de consultants a été engagée,
qui a fait des recommandations. La Tribune de Sherbrooke
du 18 octobre nous dit que le regroupement est inévitable. Ce
n'est pas moi qui le dis, c'est Jacques Paquin: "Un regroupement quelconque
entre les compagnies minières Bell et Société Asbestos
apparaît tout à fait nécessaire et une décision en
ce sens devra être prise d'ici la fin de l'année en cours. " Je
comprends la frustration de M. Paquin, je comprends la frustration de plusieurs
de ces présidents de sociétés d'État qui
dépendent tout à fait de décisions ministérielles
qui ne viennent pas. C'était le 27 novembre 1984. Un peu plus tard, on
lit: "Le conseil d'administration de la Société Asbestos accepte
le principe d'un regroupement des opérations avec la compagnie Les Mines
d'amiante Bell Limitée. " Je cite: "Dans un rapport déposé
récemment, la firme d'experts-conseils Carey, Coopers & Lybrand
recommande ce regroupement sous la forme d'une fusion complète de ces
deux compagnies qui sont sous la responsabilité administrative de la
Société nationale de l'amiante.
M. le Président, il est bien évident que nous n'avons pas
accès à ces études. Donc, nous ne pouvons juger de la
situation que par les communiqués, par les déclarations des
présidents des sociétés d'État, par les
déclarations des ministres responsables. Mais il est évident,
comme le ministre l'a dit tout à l'heure, qu'il y a un grave
problème qui touche, d'une part, les sociétés
nationalisées et, d'autre part, les sociétés
privées.
Je demande au ministre: Comment se fait-il que des décisions ne
soient pas prises dans ce dossier, du moins en ce qui concerne la fusion,
puisque le conseil d'administration avait agréé cette fusion et
qu'il semblerait qu'il y avait une entente, qu'il y avait un rapport de Coopers
& Lybrand qui disait que c'était la chose à faire, que
c'était souhaitable? Comment se fait-il que les autorités du
gouvernement n'ont pas pris de décision pour donner suite à ces
études et à ces recommandations formulées par plusieurs
experts, y inclus le président de la Société nationale de
l'amiante?
Concernant ce dossier, je sais que le ministre - je crois que
c'était au mois de février - est allé dans l'Estrie. Il a
dit: Bon, cela s'en vient. On prendra des décisions bientôt.
C'était le 26 février 1985. J'ai ici une manchette de Thetford
Mines - je crois que c'était le Soleil - où le titre
représente exactement ce que je pense. On dit: "Le ministre Rodrigue
déçoit les syndiqués. "
Bien sûr, quand aucune décision ne se prend dans un dossier
aussi difficile, il ne faut pas se surprendre si les gens de l'amiante sont
déçus et il ne faut pas se surprendre si les gens
s'inquiètent de ce qui ne leur arrive pas et du fait qu'on les laisse de
côté, alors qu'il y a de très graves problèmes.
En plus de cela, nous avons discuté, lors d'une intervention du
vendredi, de la nécessité d'un plan de consolidation et le
ministre Duhaime l'a évoqué. Il a dit: Nous travaillons sur un
plan de consolidation. Ce plan viendra bientôt. Où est-il, M. le
Président, ce plan de consolidation? Nous n'en entendons pas parler;
nous ne savons pas ce que fait le ministre avec cela, ce qu'il est en train de
tripoter. Mais, pendant ce temps, l'industrie minière de l'amiante est
en désarroi et fait face à des situations extrêmement
difficiles.
Le marketing, M. le Président, c'était lors de
l'interpellation du vendredi que nous en avions parlé. Plus
particulièrement, nous avions abordé l'ensemble du dossier et
c'était mon collègue de Chapleau qui avait évoqué
la nécessité d'organiser un lobby et à Washington et
à Bruxelles, pour s'assurer que la mauvaise publicité faite aux
États-Unis et la mauvaise publicité faite dans les pays
européens était combattue et qu'elle était combattue d'une
façon déterminée, d'une façon intelligente, pour
s'assurer que, à Washington, les "congressmen", les lobbyistes, ceux qui
ont un mot à dire dans les décisions gouvernementales, y inclus
les journaux, puissent faire sentir la présence du Québec et que
le même genre d'action se fasse en Europe.
M. le Président, je sais qu'il y a eu des montants de
votés pour cinq ans dans l'institut de recherche de l'amiante. Je sais
-on nous l'a dit - que cela était la réponse. Mais, de la
même façon que je l'avais dit au prédécesseur du
ministre, qu'attend le Québec? Qu'attend le ministre, puisqu'il paie 50
% de la facture? Qu'attend le ministre pour exiger de l'institut de recherche
de l'amiante un plan d'action clair, précis, limpide qu'il rendra public
pour nous dire: Voici ce que nous allons faire avec les quelque 5 000 000 $ qui
seront votés pour prendre la défense de l'amiante?
Où est le plan d'action? Où est le plan de marketing? Que
vont-ils faire d'une façon précise? Arrêtons le
bla-bla-bla; arrêtons les paroles en l'air et qu'on nous dise, une fois
pour toutes, et qu'on dise à l'industrie de l'amiante ce que les deux
niveaux de gouvernement ont l'intention de faire ensemble pour défendre
l'amiante, pour faire la promotion de l'amiante.
M. le Président, ce sont là quelques remarques
préliminaires que je voulais faire. De toute évidence, le
ministre ne nous a pas donné, dans ses remarques préliminaires,
des réponses à ces questions et j'ose espérer que nous
aurons l'occasion d'engager un dialogue qui sera fructueux pour les
Québécois dans leur ensemble et, en ce qui concerne l'amiante,
plus fructueux pour les gens de la région qui sont affectés par
la baisse de production de cette fibre, de ce matériau qui est si
important pour l'économie du Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai l'impression que,
parfois, nos collègues et amis de l'Opposition parlent des deux
côtés de la bouche en même temps. D'un côté, on
nous dit: Vous ne faites pas de marketing et vous devriez en faire mais, de
l'autre côté, on nous dit: II ne faudrait pas voyager. Mais, le
marketing, on va le faire où? Ils sont où, les marchés?
Ils ne sont pas à Québec, puis ils ne sont pas à
Sainte-Pétronille pour l'amiante. Ils sont quelque part.
M. Fortier: Pour l'amiante.
M. Rodrigue: C'est la même chose pour les autres
minéraux et pour les autres activités du ministère. Alors,
dans ce sens-là, il ne faudrait pas, d'une part, nous reprocher
d'envoyer des missions un peu partout à l'étranger...
Une voix: À Ottawa.
M. Rodrigue:... y compris à Ottawa, oui, dans des
conférences et dans des pays étrangers aussi, parce qu'il y a des
échanges économiques qui se font dans ce domaine-là. Il ne
faudrait pas nous reprocher cela et en même temps nous dire qu'on devrait
le faire. Il faut être logique un peu, soit qu'on le fait ou qu'on ne le
fait pas.
Dans ce sens-là, je trouve que les remarques qui ont
été faites par le député d'Outremont concernant les
voyages sont un peu exagérées, et un peu beaucoup.
M. Fortier: Les coûts sont exagérés.
M. Rodrigue: En fait, il faut bien comprendre, M. le
Président, que, lorsque nous demandons à nos fonctionnaires
d'aller en mission, à l'occasion de congrès importants... Je vous
donne un exemple, parce que vous y avez référé: la
Prospectors and Developers Association. C'était la principale
manifestation de cet organisme-là dans le secteur des mines. C'est
vraiment l'événement annuel et cela regroupait au-delà de
3000 personnes de l'ensemble du Canada. À cette occasion-là, nous
avons monté des kiosques qui exposaient nos principaux travaux dans la
Fosse du Labrador. Nous avions deux animateurs parce que nous voulons
intéresser des compagnies à aller faire de l'exploration dans la
Fosse du Labrador pour améliorer et diversifier la production dans ce
secteur. C'est du marketing et nous avons envoyé des gens sur place dans
des kiosques pour faire des contacts avec les industriels qui pourraient
être intéressés à faire du développement
minier dans la Fosse du Labrador.
Notre centre de recherche minérale a également eu un
deuxième kiosque au même congrès où il expliquait un
peu là nature des travaux qu'il exécute, parce qu'il
exécute des travaux pour des entreprises et celles-ci défraient
une partie des coûts des travaux de recherche et de développement
dans divers procédés d'extraction minérale.
Également, nous avions deux représentants de chacune desdirections générales parce qu'il est extrêmement
important qu'à l'occasion de ces très grands congrès nous
puissions rencontrer les gens de l'industrie. Quand il y a 3000 personnes, ce
n'est pas avec un représentant que vous êtes capable de faire les
contacts nécessaires.
Notre objectif dans tout cela est de faire en sorte d'intéresser
ces gens à venir investir au Québec. C'est à l'occasion de
grands congrès comme celui-là ou à l'occasion de
rencontres privées que nous parvenons à faire ces contacts qui
nous permettent d'attirer ici des investissements importants pour le
développement de nos ressources naturelles.
Alors, c'est un exemple entre autres, bien sûr. Alors, il y en a
beaucoup de ces voyages à des congrès qui ont cela pour but. Il y
a des contrôles dans ce domaine qui sont exercés et je pense
qu'à ce niveau-là je vais demander à mon sous-ministre de
compléter un peu ce que je viens d'indiquer et également
d'indiquer brièvement quelles sont les mesures que nous prenons au
ministère pour nous assurer que les dépenses sont des
dépenses justifiées.
M. Tessier (Robert): M. le Président, d'une part, il faut
peut-être remarquer que le montant total des frais de voyage du
ministère de l'Énergie et des Ressources représente 0, 1 %
de son budget global. Alors, situé en perspective, évidemment
cela vous donne une idée plus juste de l'importance relative.
Le ministère oeuvre dans des domaines hautement
spécialisés, que ce soit celui de la forêt, des mines ou de
tout ce qui est relié à la cartographie. Il est
nécessaire, pour la nature des travaux qui se font dans les
unités professionnelles et pour le service que l'on donne aux
clientèles, que les professionnels soient bien au fait de3 derniers
développements dans leur spécialité. Ceci leur permet
effectivement de conseiller adéquatement leur clientèle.
Il faut signaler que, lorsque vous prenez les montants qui sont
associés à la participation à des séminaires, il
est évident que, si vous prenez le prix d'un billet d'avion, d'une
chambre et des repas, vous avez de la difficulté à comprendre
pourquoi on retrouve en fin de compte des montants aussi importants. Il ne faut
cependant pas oublier que la participation à des congrès
organisés par des associations spécialisées
comprend des coûts d'inscription qui sont toujours très
élevés. Ce ne sont pas des coûts d'inscription de 50 $.
Cela peut être, dans certains cas, 500 $, 600 $, 700 $, 800 $
d'inscription pour participer à ces lieux où, effectivement, se
débattent les grands sujets de spécialisation. (11 h 15)
II faut signaler aussi que les frais de voyage, les frais de
séjour sont normes en vertu de règles qui sont
édictées par le Conseil du trésor et doivent être
respectées. Ils font l'objet d'un double contrôle, un
contrôle interne au ministère quant à l'opportunité
du voyage et la nécessité aussi pour ceux qui y vont
d'émettre un rapport et, plus encore, cela fait l'objet au gouvernement
d'un deuxième contrôle, lorsque les voyages se font à
l'extérieur du Québec, à la fois sur les montants
autorisés et sur la nature des voyages qui, celui-là, se fait par
pouvoirs délégués du Conseil du trésor au
ministère des Affaires intergouvernementales. Alors, je pense que l'on
pourrait, si l'Opposition est intéressée, la documenter sur les
objets de ces voyages et lui en démontrer... On pourrait écrire
des cahiers énormes sur les suites qui en ont résulté. Je
ne crois pas là-dessus que l'on puisse penser qu'il y a
exagération. Comme je vous le signalais et je vous le
répète, nous oeuvrons dans des domaines hautement
spécialisés et il serait contre-productif d'empêcher les
gens d'aller voir ce qui se fait de mieux, de plus avancé dans leur
domaine de spécialisation.
M. Rodrigue: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Rodrigue:... on peut bien s'amener à penser que...
Là, évidemment, je caricature beaucoup, je ne voudrais pas
prêter des paroles aux gens de l'Opposition dans ce sens. Vous savez, on
peut bien envoyer des fonctionnaires faire du camping si on veut, mais on
n'atteindra pas de grands résultats dans les objectifs qu'on poursuit.
Alors, en ce sens-là, je pense qu'il faut accepter que des interventions
dans des congrès de cette importance et auprès des entreprises...
Lorsque nous voulons intéresser une entreprise à investir au
Québec, cela implique souvent qu'on doit se rendre sur place rencontrer
les dirigeants de l'entreprise et cela peut durer une journée, deux
journées, trois journées. Les études qui doivent
être faites sont quand même des études économiques
très complexes, des études de rentabilité. Nous sommes
parvenus comme cela, en faisant un effort spécifique et un effort
particulier, à amener ici des investissements qui autrement nous
auraient échappé. Cela, nous l'avons fait dans le cadre du
programme d'accélération des investissements privés. Mais
ce n'est pas tout de dire qu'on a un programme et puis: Bonjour, venez, tout va
bien, il y a de l'argent à investir. Encore faut-il se déplacer
et aller voir les dirigeants de ces entreprises et examiner avec eux quelle est
la problématique à laquelle ils font face quand ils veulent
investir, savoir quels sont les obstacles qui les empêchent d'investir,
à ce moment-là, parce qu'on sortait de la période de
récession économique, entre autres, si je me réfère
à ce qui s'est fait depuis deux ans, et voir quelle est la nature de
l'aide qui peut leur être accordée pour les amener à lancer
ces investissements, alors qu'autrement ils seraient perdus pour le
Québec. Il y a un projet qui est lancé dans le Nord-Ouest
québécois où on avait besoin d'une ligne de transport
d'électricité qui coûte 25 000 000 $. Le gouvernement a
consenti parce que c'est un peu exceptionnel une ligne de transport de 25 000
000 $, à aller de l'avant avec le projet et à donner une
subvention. Mais, encore a-t-il fallu rencontrer les dirigeants de ces
entreprises et faire les démarches et les recherches nécessaires
de notre côté aussi pour amener le déblocage de ce
projet.
Alors, je veux bien qu'on fasse un peu de démagogie sur ces
dépenses, mais il faut savoir dans quel contexte ces dépenses
sont consenties. Ce sont des opérations de marketing et c'est cela qu'on
nous demande de faire. Quand on le fait, on nous dit: Vous ne devriez pas le
faire. Alors, il faut se faire une idée là-dessus. J'aimerais que
l'Opposition soit logique un peu.
Un dernier point, M. le Président, a été
soulevé par le député d'Outremont concernant l'amiante.
Effectivement, les analyses que nous faisons quant aux solutions potentielles
dans ce secteur - nous en avons analysé un certain nombre - se
poursuivent. Elles sont un peu plus longues que je ne m'étais
imaginé, sauf que je préfère prendre deux mois de plus
dans une question comme celle-là qui est d'une très grande
importance pour la région de l'amiante. Je préfère prendre
deux mois, peut-être trois mois de plus d'analyses et d'études
pour m'assurer que, quand on arrivera avec des solutions, ce sont les
meilleures solutions possible dans le contexte économique actuel.
C'est ce qu'on vise. Je peux vous assurer que le travail se poursuit de
façon extrêmement intensive, sauf qu'en temps et lieu nous
pourrons annoncer les résultats de ces travaux. Au moment où je
vous parle, il serait encore prématuré de le faire. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, si vous me le permettez et si
le député de Frontenac
voulait me laisser deux minutes, j'aimerais tout simplement dire ceci en
ce qui concerne les dépenses. D'une part, le sous-ministre nous dit:
Vous savez, on a beaucoup de techniciens professionnels et on doit faire du
marketing. J'aimerais lui rappeler que j'ai été
vice-président d'un grand bureau d'ingénieurs-conseils et j'ai
été président d'une boîte qui s'appelle CANATOM
où j'avais 900 ingénieurs et techniciens. J'étais
responsable du marketing, alors je pense que je peux en parler en connaissance
de cause.
Je sais pertinemment que, lorsqu'il y a un congrès important,
tout le monde - le frère et la soeur - que ce soit dans un bureau
d'ingénieurs-conseils ou au ministère, désire y aller.
Mais je peux vous assurer que, dans un bureau d'ingénieurs-conseils
où on fait énormément de marketing agressif, nous limitons
ce genre de dépense parce que nous savons pertinemment que, lorsqu'il y
a un congrès important, il s'agit d'envoyer une ou deux personnes pour
faire, justement, les contacts nécessaires.
Prenons le cas de Toronto. Vous me dites: II y avait un congrès
de Prospectors and Developers Association. La question, bien sûr, c'est
que, dans ces 8400 $, est-ce que les "exhibits" étaient inclus? Par
ailleurs, il existe à Toronto des fonctionnaires extrêmement
importants. Quelle est l'importance du bureau du Québec à
Toronto? C'est au-delà d'une centaine de personnes. J'oserais penser,
lorsque le ministère essaie d'avoir une action efficace, qu'il met
à profit les fonctionnaires ou les représentants du Québec
dans les villes où se tiennent des congrès comme ceux-là.
Cela éviterait, justement, ce genre de dépense.
C'est là une remarque que je fais. Je sais pertinemment que,
lorsqu'il s'agit d'aller dans des congrès, c'est très facile si
les cordons de la bourse ne sont pas tenus d'une façon trop
serrée. C'est très facile d'approuver deux personnes pour aller
à Yellowknife quand on pourrait en envoyer une. C'est facile d'envoyer
à Ottawa cinq personnes quand on pourrait en envoyer trois et c'est
facile de se justifier d'envoyer dix personnes quand on pourrait en envoyer
trois. C'est justement là la question que nous posons. Vous disiez:
C'est 0, 1 % de toutes les dépenses. La question que nous posons et qui
sous-tendait l'intervention que j'ai faite, c'est que, si c'est la façon
dont le contrôle des dépenses se fait... Loin de moi l'idée
de faire de la démagogie, je sais ce dont je parle, j'ai exercé
ce métier dans un bureau d'ingénieurs-conseils, je sais que les
dirigeants doivent prendre des décisions qui parfois sont difficiles,
parce que tous les experts veulent y aller en même temps. D'ailleurs, il
ne faut pas que vous me disiez: C'est important pour ces professionnels
d'être au courant des nouvelles technologies. Il faut savoir que,
lorsqu'on va dans ces congrès, c'est plutôt pour prendre un verre
avec Pierre, Jean, Jacques. Vous savez, le côté technique, on
l'apprend plutôt lorsqu'on lit les rapports quand on est revenu à
la maison. On peut envoyer une personne pour ramasser toute la documentation et
ensuite la distribuer. C'est peut-être la meilleure façon de
s'assurer que l'information technique revient au bureau.
Ces congrès sont très souvent des possibilités de
rencontrer des gens, j'en conviens. Nous n'avons pas dit qu'il fallait mettre
complètement de côté ce genre de dépense, mais tout
simplement, ce que nous avons dit, c'est qu'il nous semblait qu'il y avait un
certain laxisme et je dois admettre que nous n'avons pas toute l'information.
Vous nous avez envoyé un catalogue dans lequel nous avons le nombre de
jours, la raison du voyage et le montant global. Maintenant, si vous me dites -
je n'ai pas l'information ici - lorsque cela a coûté à
Ottawa, pour cinq personnes... Je prenais l'exemple, tout à l'heure, de
deux personnes à Ottawa. Cela avait coûté un chiffre
faramineux. Du 31 août au 1er septembre, pour deux jours, cela a
coûté 2855 $. Peut-être que vous avez payé le
champagne à une suite de personnes. Je ne le sais pas, mais, quand je
regarde les chiffres qui sont devant moi, je dois admettre que, pour aller
à Ottawa, 2855 $ pour deux personnes, c'est beaucoup d'argent.
Une voix: Bien trop.
Le Président (M. Bordeleau): M. Tessier.
M. Tessier: En réponse à cela, M. le
Président, il y a à peu près 50 % des demandes de voyage
qui sont systématiquement coupées. Il y a un contrôle
interne qui s'exerce. D'autre part, il y a obligation, lorsqu'un professionnel
participe à un congrès, qu'il donne une communication. Ce n'est
pas un "free ticket", dans le cas des participations aux congrès. C'est
une règle qu'il doit y avoir une communication de donnée. Je
pense que c'est une des bonnes méthodes, effectivement, de faire
connaître dans le monde ce que le Québec fait de mieux dans des
domaines où il a atteint des compétences reconnues, dans des
secteurs hautement techniques.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Rodrigue: Juste un autre point. Le député
d'Outremont nous indique qu'il a reçu une certaine information, mais,
à son point de vue, il n'aurait pas reçu toute l'information
qu'il souhaite. Je dois signaler au député d'Outremont que nous
avons fourni à l'Opposition toute l'information qu'elle a
demandée. S'il en désire plus, nous nous
ferons un plaisir de lui fournir de plus amples renseignements, en
particulier sur les points spécifiques qu'il a soulevés
concernant certains congrès.
M. Fortier: On a demandé des frais de voyage et ce qu'on a
eu, ce sont des frais de voyage et, quand j'interprète cela comme des
frais de voyage, vous me dites: Ce ne sont pas des frais de voyage, ce sont
d'autres dépenses. Il faudrait s'entendre.
M. Tessier: Cela veut dire qu'on ne voyage pas pour rien.
M. Rodrigue: II fallait mettre là-dedans les
dépenses afférentes aux voyages, que ce soient des inscriptions
à des congrès ou autres dépenses.
M. Tessier: C'est-à-dire que les...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Tessier.
M. Tessier: Excusez-moi. Ce qui apparaît ici, c'est
l'autorisation qui est donnée sur le CT qui a été
approuvé par les Affaires intergouvernementales pour les voyages
à l'extérieur du Québec. Cela comprend la totalité
des frais: inscription, participation, frais de voyage et frais de
séjour. Je vous répète qu'en ce qui concerne les frais de
voyage et les frais de séjour, c'est norme et que les
dépassements ne sont pas autorisés.
M. Rodrigue: D'ailleurs, vous savez, on peut bien avoir huit
personnes à Toronto, mais il ne faut pas oublier qu'il y en a quatorze
de l'impôt à Toronto; donc, il en reste huit parmi les autres.
Quand on va à Toronto, si on a besoin de quelqu'un qui connaît le
secteur minier, même si on envoyait une secrétaire ou un
professionnel du bureau du Québec à Toronto, ce n'est pas
nécessairement eux qui sont capables de fournir l'information
spécialisée. Dans des congrès très
spécialisés comme ceux-là, cela prend des gens qui sont
capables de répondre aux questions. Dans le cas spécifique que
vous avez soulevé, on avait deux kiosques. Ce n'était pas pour
aller se promener et pour aller prendre l'air sur le bord du lac Ontario.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, en premier lieu, je
voudrais poser une question au ministre. Depuis le début de la
séance, il a été question d'amiante à peu
près 50 % du temps. Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer qui,
parmi ceux qui l'accompagnent, est plus spécialement attitré
à l'amiante? Est-ce qu'il y a un représentant de la
5ociété nationale de l'amiante ici ce matin? Alors qu'on parle
pas mal de cela, est-ce que...
M. Rodrigue: Non. Il n'y a personne de la SNA ici ce matin.
Cependant, parmi les fonctionnaires qui m'accompagnent, il y a le sous-ministre
au secteur Mines et le sous-ministre à la recherche.
M. Grégoire: Est-ce que, normalement, il ne devrait pas y
avoir au moins un représentant ou le président de la
Société nationale de l'amiante? On passe à l'étude
des crédits.
M. Rodrigue: Écoutez, il s'agit de l'étude des
crédits du ministère; il ne s'agit pas de l'étude de la
Société nationale de l'amiante comme telle.
M. Grégoire: Oui, mais il y a des montants versés
par le ministère à la Société nationale de
l'amiante.
M. Rodrigue: D'accord, dans ce sens, je pense que les personnes
qui sont ici sont en mesure de répondre à vos questions.
M. Grégoire: En tout cas!
M. Rodrigue: Si ce n'était pas le cas, cela nous fera
plaisir de compléter les réponses en fouillant les dossiers et en
allant chercher l'information, si jamais on ne l'avait pas ici.
M. Grégoire: M. le Président, M. le ministre,
l'amiante a été pendant longtemps le seul domaine minier qui
était rentable pour le ministère. C'était le seul qui
apportait des profits au ministère. De tous les secteurs de mines qu'il
pouvait y avoir, c'était le secteur de l'amiante qui apportait des
profits. Dans l'amiante, on exportait pour 500 000 000 $ par année. Non
seulement c'était rentable, mais on exportait pour 500 000 000 $ par
année. C'était le plus gros montant d'exportation dans le domaine
minier, au Québec. C'était le secteur qui était le plus
rentable, qui allait le mieux. Pendant ce temps, on laissait porter, il ne se
faisait rien. On avait des mines qui fonctionnaient. L'amiante n'était
même pas un produit qui se vendait, c'était un produit qui
s'achetait. Ce n'étaient pas les compagnies qui envoyaient du personnel;
pour vendre l'amiante, c'étaient les compagnies qui recevaient du
personnel d'usines ou d'industries qui venaient acheter de l'amiante à
Thetford. Cela en était à ce point qu'on disait: L'amiante, ce
n'est pas un produit qui se vend, on n'a pas besoin de vendeur, le
monde vient en acheter parce que cela est un produit assez rare. Pendant
tout ce temps, on a laissé se dégrader nos mines, on a
écrémé; c'étaient des compagnies
américaines, c'étaient des compagnies anglaises qui ont
laissé tout se dégrader. (11 h 30)
En 1977, le premier ministre - après un an d'étude sur le
dossier de l'amiante et sur la politique à établir dans le
secteur de l'amiante - est venu à Thetford et a rencontré la
population. Il lui a donné de l'espoir. On était pour partir des
industries, on était pour améliorer le secteur minier, on
était pour acheter une mine pour s'assurer d'avoir au moins une source
d'approvisionnement en sachant que l'amiante était rare et que
c'était difficile de s'en procurer et on parlait surtout
d'industries.
Aujourd'hui, on est pris avec deux mines, deux sources
d'approvisionnement, soit beaucoup plus que ce qu'il faut au Québec si
on cherche à transformer de l'amiante, et on a quelques industries qui
ont été créées par la Société
nationale de l'amiante. Cette société est prise avec le gros
problème des mines et en même temps elle a créé
quoi? Douze, quatorze ou quinze industries qui sont toutes sous la même
direction générale de la Société nationale de
l'amiante et ni l'une ni l'autre ne fonctionnent comme il faut. M. le ministre,
la première suggestion que je fais, c'est de séparer la
société nationale de l'amiante en deux; en deux secteurs
complètement différents, en deux sociétés
complètement différentes.
Une voix: Les mines et le développement industriel.
M. Grégoire: Les mines et le développement
industriel. La fusion de Bell et d'Asbestos, je suis pour, oui, parce que cela
va augmenter la production, cela va augmenter la productivité, dans les
mines. Il s'agit de voir comment c'est collé l'un sur l'autre pour
réaliser que cela va augmenter la productivité mais cela va
diminuer le nombre d'emplois inévitablement. Alors, il va falloir qu'il
y ait à côté quelque chose qui vienne le remplacer,
c'est-à-dire des industries. Tant que la même
société est prise avec tous les problèmes miniers, elle
délaisse le domaine industriel et elle le délaisse assez
fortement dans ces cas.
M. le ministre, il a été question d'ententes auxiliaires
Canada-Québec tout comme cela a existé dans le domaine des
pâtes et papiers. Je voudrais savoir s'il est en train de se
négocier une entente auxiliaire pour la modernisation des mines
d'amiante au Québec, comme cela s'est fait dans le domaine des
pâtes et papiers, si cette entente auxiliaire est à la veille
d'aboutir, si cela va s'adresser aux cinq compagnies minières, si les
compagnies qui appartiennent à la SNA vont être dans cela. Quand
est-ce que cela va aboutir? Est-ce qu'on a des montants approximatifs? Je sais
qu'à partir de ce moment cela va entraîner des pertes d'emplois.
La modernisation dans tous les secteurs et les technologies nouvelles
entraînent des pertes d'emplois, mais il va falloir que ce soit
remplacé par de l'industrie, parce que ces personnes vont tout de
même vouloir obtenir un emploi. Je sais qu'il y a deux ans la SNA avait
commencé à développer un projet qui s'appelle le projet
SIMBOD. Depuis que l'administration a changé elle a été
tellement préoccupée par le secteur minier que tout le projet
SIMBOD s'est envolé. Le projet SIMBOD était à la veille
d'aboutir et on aurait vu dans l'industrie Bellevue, à Thetford, Roto
qui a été achetée par Roto-SNA avec l'aide de l'entreprise
privée: la SNA a mis 500 000 $ et l'entreprise privée a mis 200
000 $. Ils sont en train de déménager les premières
chaînes de montage et cela commence à fonctionner. Il devait y
avoir également General Metallic Brakes, il devait y avoir une compagnie
japonaise qui devait venir s'y installer. Un représentant de la Caisse
de dépôt et placement du Québec est même allé
au Japon et a fait toutes les ententes et le projet était à la
veille de se réaliser avec les Japonais. Les Russes qui veulent venir
installer une usine de montage de Lada ici au Canada étaient prêts
également à venir faire toutes les pièces de
matériaux de friction à Thetford, mais le nouveau
président de la Société nationale de l'amiante a
été tellement accaparé par les problèmes des mines
que tout le domaine industriel s'est effondré. Aujourd'hui, on voit
l'usine d'oxyde de magnésium qui a été construite en 1980
qui est en train de s'effondrer. Il y aurait de la demande pour acheter de
l'oxyde de magnésium cinq fois plus que l'usine ne peut en produire. Il
a été question, il y a trois ans, de l'usine pilote du
magnésium métal. Cela n'a pas encore abouti parce qu'on est
accaparé par les problèmes inhérents aux deux mines:
l'Asbestos et la Bell.
La première suggestion que je vais faire, M. le Président,
c'est qu'on sépare la Société nationale de l'amiante en
deux - je pense que le député d'Outremont va m'appuyer
là-dessus - le côté minier et, deuxièmement, le
côté industrie. Des industries, il peut s'en construire parce que
le centre de recherche de la Société nationale de l'amiante
établi à Sherbrooke a fait un excellent travail dans
différents domaines. Il arrive avec des produits nouveaux à base
d'amiante. Cela devra inévitablement s'installer dans la région
de l'amiante parce que les résidus s'y trouvent. Cela pourra venir
compenser les pertes d'emplois dues, non seulement à la fusion, mais
à la modernisation des mines dans la
région.
Un autre point. En créant ces sociétés distinctes,
le développement de l'amiante, des industries ou l'amélioration
dans les mines ne se fera que si le monde du milieu y est
intéressé. Il faut que les individus qui vivent dans la
région de l'amiante y soient intéressés. Lors de la
dernière formation, lorsque le conseil d'administration de la SNA a
été changé, il y a quatre mois à peu près,
au mois de décembre, on a pratiquement éliminé tous ceux
qui étaient de la région de l'amiante. Je ne sais pas si
c'était pour des raisons politiques, mais j'avais fait nommer au conseil
d'administration des bons hommes indépendamment de leur origine
politique. Maurice Nadeau, qui était candidat du Parti libéral
dans le comté de Frontenac a la dernière élection, c'est
moi qui l'avais suggéré comme...
Une voix: Un très bon homme.
M. Grégoire:... un très bon homme pour l'emploi. On
l'enlève tout è coup. Oliva Lemay qui a été,
pendant des années et des années, président du plus
important syndicat des travailleurs de l'amiante, on l'a
éliminé.
Une voix: Un très bon homme.
M. Grégoire: Un très bon homme. Pierre Roberge,
courtier en assurances, un autre libéral...
Une voix: C'est quelqu'un.
M. Grégoire:... c'est moi qui l'avais
suggéré, qui l'avais fait nommer. C'est à ma suggestion
que le ministre Duhaime avait nommé Marcel Lafleur; lui, il faut le
reconnaître, c'est un bon sympathisant du Parti québécois,
mais également un très bon homme.
Une voix: Dans le temps... M. Grégoire: II est
encore là.
Une voix: Pas pour longtemps.
M. Grégoire: II est encore là, c'est le seul qui
est resté au conseil d'administration, c'est un très bon homme
également, directeur général du cégep de
Thetford-Mines. Le cégep s'intéresse beaucoup à la
recherche et aux travaux sur l'amiante et Marcel Lafleur était directeur
général du cégep de Thetford-Mines. Je me demande pourquoi
on a éliminé les gens du milieu. C'est depuis qu'on a
éliminé le monde du milieu qui, eux, sont les plus
intéressés... Ce ne sont pas les gars de Montréal, de
Sherbrooke, de Trois-Rivières qui sont intéressés au
développement et au progrès de la politique de l'amiante, c'est
le monde du milieu. Qui est-ce qui a parti le projet S1MBOD qui est en voie de
réussir? Ce sont les individus de la région et c'est quand on a
changé de conseil d'administration que tout à coup, alors que
c'était sur le point de réussir, on a mis un terme à cela.
Cela aurait pu apporter au-delà de 1000 emplois directs et indirects et
venir contrebalancer les pertes d'emplois dans le secteur des mines
elles-mêmes. C'est pourquoi je dis: Séparons en deux la
Société nationale de l'amiante et faisons-en deux corporations
distinctes, une pour s'occuper des mines et une pour le développement
industriel. C'est ma première suggestion. Je veux faire des suggestions
pratiques au ministre ce matin.
Deuxièmement, je veux, comme suggestion, que le ministre mette
tout en oeuvre pour faire aboutir au plus tôt une entente auxiliaire
Canada-Québec pour la modernisation des mines et les rendre plus
productives, de telle sorte qu'elles puissent compétitionner sur les
marchés internationaux et, également, que le ministre s'occupe de
voir à ce que des industries viennent, au fur et à mesure,
remplacer les emplois qui seront perdus dans le domaine minier.
La Société Asbestos va coûter cher au gouvernement;
elle va coûter très cher. Imaginez-vous qu'on a payé les
actions de la Société Asbestos, M. le ministre, 42 $ l'action,
plus 16, 5 % d'intérêt ferme pendant cinq ans,
intérêt composé.
Une voix: 300 000 000 $.
M. Grégoire: Peut-être pas tant que cela,
mais...
Une voix: Un chiffre près de cela.
M. Grégoire:... pas loin. L'action, aujourd'hui, est
rendue à 70 $.
Une voix: Bien moins que cela.
M. Grégoire: Elle est rendue à 70 $ avec les
intérêts composés qui se sont accumulés et qui n'ont
pas été payés. Si, demain, il fallait payer les actions,
on les paierait 70 $. Savez-vous à combien elles sont listés
à la Bourse de Montréal et à la Bourse de Toronto? 5 $, 5,
25 $, 5, 50 $ et cela a baissé à 4, 75 $. Demain, si on
était obligé d'acheter l'Asbestos, on paierait 70 $ et dans deux
ans, quand ce sera rendu au bout, cela coûtera 90 $ l'action, plus que le
double, à cause des intérêts à16, 5 % qu'on paie
aujourd'hui, intérêt composé, et ce, pour cinq ans.
Les 250 000 000 $ qui ont été votés dans la loi
créant la Société nationale de l'amiante ne seront jamais
plus suffisants pour acheter l'Asbestos et aider au développement de
l'industrie, parce que n'oublions pas que l'objectif principal de la
politique de l'amiante, telle qu'énoncée par le premier
ministre, le 21 octobre 1977 à Thetford, était la création
d'industries et la transformation, chez nous, de produits d'amiante dans une
proportion d'à peu près 20 %. Alors qu'on était à 2
% ou 2, 5 %, on a monté cela à 8 % et, tout à coup, cela
s'est stabilisé; cela a stagné là; cela n'a plus
bougé.
Une des raisons pour lesquelles cela n'a plus bougé, c'est que le
ministère est devenu trop gros; le ministère était devenu
trop gros. Pendant un bout de temps, avant qu'on en arrive là, c'est
évident que le ministère de l'Énergie et des Ressources,
tel qu'il existait, c'était le plus gros ministère pour le
développement économique du Québec. C'est ce qui entratne
les plus gros développements: les pâtes et papiers, les terres et
forêts, les mines, Hydro-Québec et tout.
Avant, c'étaient trois ministères différents. On
avait le ministère des Richesses naturelles qui s'occupait des mines; on
avait le ministère des Terres et Forêts qui s'occupait des terres
et forêts et des pâtes et papiers et on avait Hydro-Québec.
C'étaient trois ministres différents qui étaient en charge
de ces trois choses.
À un moment donné, on a fusionné Richesses
naturelles et Terres et Forêts. Dès le départ, en 1977, on
a nommé un gars - le député d'Outremont sera d'accord avec
moi -le ministre Bérubé qui avait une préparation pour
cela, qui a été compétent et qui a donné un essor
à cela. Le plan de développement de la politique de l'amiante a
bien fonctionné. Tout à coup, on ajoute à ce
ministère tout Hydro-Québec, les énergies nouvelles.
Là, le ministre, inévitablement, en a lourd sur les bras. Il en
avait par-dessus la tête et, moi, je l'ai vu, le restant s'en est
ressenti: terres et forêts, mines...
Une voix: Et encore!
M. Grégoire: Cela s'en est ressenti. Par chance que M.
Bérubé avait eu trois ans pour donner un élan et par
chance qu'il a été le meilleur ministre des Richesses naturelles
et des Terres et Forêts qu'il y a jamais eu. Il était d'une
compétence, lui-même - je n'ai pas peur de le dire - il avait une
préparation lointaine, immédiate, complète et totale pour
ces ministères. Cela s'est développé, mais, quand on a
alourdi le ministère, on a senti nettement que la politique de
l'amiante, comme dans tous les autres domaines, était trop pour un seul
homme, même si c'était le meilleur qu'on pouvait trouver.
Quand on a remplacé M. Bérubé, cela a
diminué encore, parce que le gars n'avait pas les mêmes
préparations pour prendre ces trois secteurs d'activité en
même temps. Quand vous avez été nommé, on a
commencé à aller en sens inverse. On a amélioré un
peu la situation. Au moins, vous étiez préparé pour la
question de l'énergie, puisque vous aviez travaillé à
Hydro-Québec et on vous a enlevé le secteur des terres et
forêts et des pâtes et papiers. On l'a donné à un
autre, j'espère au moins que le domaine minier va être une
préoccupation plus grande dans la tête du ministre parce que,
pendant deux ou trois ans, on a perdu du terrain surtout dans le secteur de
l'amiante. C'est vrai que la conjoncture économique était
là. Je ne peux pas blâmer le gouvernement à 100 %, loin de
là je ne le blâme pas, la conjoncture économique
internationale était là. (11 h 45)
Une voix: II le blâme pour l'achat, par exemple.
M. Grégoire: Je ne le blâme pas pour l'achat de
l'Asbestos parce qu'à ce moment le gouvernement avait besoin de
s'assurer d'une source d'approvisionnement d'amiante et, cela, sans aucun
doute. À ce moment, l'amiante se vendait et personne ne voyait venir la
crise parce que, depuis 60 ans, l'amiante se vendait sans problème.
Surtout, la troisième raison pour laquelle je ne le blâme pas,
c'est que, si c'était resté entre les mains de General Dynamics,
aujourd'hui, l'Asbestos serait fermée purement et simplement et les 2300
emplois qu'il y avait là seraient à l'eau, point; si General
Dynamics avait gardé cela.
Une voix: Ils ont fait combien de pertes par année.
M. Grégoire: Les pertes de la Société
nationale de l'amiante ne sont pas fortes là-dedans. Les pertes de la
Société nationale de l'amiante sont de 8, 5 % des pertes totales
d'Asbestos, elles ne sent pas très élevées. Qu'est-ce que
cela a atteint cette année? 1 500 000 $, la part de la
Société nationale de l'amiante dans l'Asbestos, ce ne sont pas
des grosses pertes. Je crois que c'est 1 500 000 $.
J'arrive à un autre point. Là où il va falloir
s'aligner, c'est de repromouvoir l'amiante. On a parlé de l'institut de
l'amiante qui avait pour but de faire la promotion de l'amiante. Je dois vous
dire, M. le ministre, qu'après avoir vu l'institut de l'amiante à
l'oeuvre, je connais ceux qui sont dedans, j'ai vu comment cela fonctionnait,
je doute de l'efficacité de leur travail. C'est un bureau qui est assez
indépendant, il y en a un peu moins de 50 % qui sont payés par
Ottawa et un peu moins de 50 % payés par Québec et en partie par
les mines. Je doute de l'efficacité de l'institut de l'amiante pour
promouvoir l'amiante.
Une autre suggestion que je fais. Je favoriserais beaucoup plus - et je
ne sais pas
si le député d'Outremont va m'approuver sur ce point, lui
qui a été à la tête d'une grosse firme
d'ingénieurs - que l'institut de l'amiante mette entre les mains d'une
firme privée la promotion et la réhabilitation de l'amiante dans
le monde, une firme privée qui aura de l'imagination et qui pourra
réhabiliter et promouvoir l'amiante dans le monde.
Je vais prendre un exemple qui aurait pu servir. Quand on a eu la guerre
des Falkland, cela a pris une petite fusée française qui a
atteint un gros croiseur britannique, lequel était simplement en
aluminium; cela a brûlé en l'espace de moins d'une demi-heure, les
matelots n'ont même pas eu le temps de sauter à l'eau et de mettre
les chaloupes à la mer. La majorité de l'équipage est
morte quand le croiseur britannique, dont je ne me rappelle plus du nom, a
été atteint d'une seule bombe lors de la guerre des Falkland.
Pendant la Grande Guerre, tous les navires marchands qui traversaient
l'océan Atlantique et qui étaient la cible des sous-marins
allemands étaient lambrissés d'amiante. C'est vrai qu'on ne
savait pas comment faire cela dans le temps. On le faisait d'une façon
telle que les hommes qui travaillaient là attrapaient l'amiantose. On
flanquait l'amiante sur les bordures de bateaux, mais, quand il y en avait un
de coulé, cela leur donnait le temps voulu pour mettre les chaloupes
à la mer et être rescapés et pouvoir embarquer sur d'autres
bateaux.
Si on faisait le calcul du nombre des marins qui ont été
sauvés parce que les bateaux donnaient une heure et demie, deux heures
de plus de temps d'évacuation parce qu'il étaient
lambrissés d'amiante comparativement aux gros croiseurs en aluminium pur
qui n'avaient aucune protection contre le feu, par rapport au nombre de ceux
qui ont attrapé l'amiantose à flanquer de l'amiante sur les
navires marchands pendant la guerre, les comparaisons ne tiendraient pas, ce
serait tellement favorable à l'usage de l'amiante.
Le Président (M. Beaumier): M. le député, il
resterait une minute, si vous voulez conclure.
M. Grégoire: Oui. Je dis qu'il faut revaloriser l'amiante,
parce que le Centre de recherche sur l'amiante et le bureau de l'amiante, qui
est là pour voir à ce qu'on se serve de l'amiante correctement,
maintenant, ces deux bureaux font leur travail. Mais l'institut de l'amiante,
qui doit faire la promotion et la revalorisation de l'amiante, je cloute de son
succès. Je crois que cela devrait être mis entre les mains d'une
firme privée, qui serait plus dynamique. Ce ne serait pas difficile de
faire la revalorisation de l'amiante, parce que l'amiante est un
matériau unique. Écoutez, on s'en sert pour tous les vaisseaux
spatiaux qu'on envoie dans la stratosphère, parce que c'est le seul
matériau qui peut résister à l'impact de la rentrée
dans l'atmosphère. On n'en a pas trouvé d'autres. Le rideau de
sécurité est fait en amiante. Si c'est si bon, cela peut
être revalorisé. Je n'ai jamais vu un gars, qui construisait un
hôtel de 30 étages en panneaux d'amiante, attraper l'amiantose.
Mais si l'hôtel de 30 étages est en simple béton, celui-ci
fond beaucoup plus vite, il n'y a pas assez d'heures d'évacuation et
cela fait beaucoup plus de fumée. Tandis que, si c'est en
amiante-ciment, il y a le temps d'évacuation qui est du triple et du
quadruple et on peut sauver le monde.
Tout cela devrait servir, mais personne n'est là pour revaloriser
l'amiante. On me dit une minute, mais, écoutez, je leur ai laissé
tout le temps, je voudrais finir avec un point.
Le Président (M. Beaumier): Bien sûr.
M. Grégoire: Le gros de notre amiante, 70 %, se vend sous
forme de tuyaux d'amiante-ciment. Ces tuyaux se fabriquent proche des
marchés, là où on a besoin d'aqueduc et d'égout. La
Société Asbestos et la SNA n'ont pas été assez
dynamiques pour aller établir, dans les pays en voie de
développement, des usines de tuyaux d'amiante-ciment. Prenez le Mexique
où on a annoncé hier que, d'ici l'an 2000, il y aurait quelque
chose comme 50 000 000 d'habitants dans la ville de Mexico. Cela va en prendre
des égouts et des aqueducs. Comment se fait-il... Le seul moyen qu'ils
ont de construire des égouts et des aqueducs, c'est de le faire en
amiante-ciment, parce que la seule chose qu'ils ont besoin d'acheter à
l'étranger, c'est l'amiante; tout le reste, ils peuvent le produire chez
eux et leur argent ne sort pas du pays. S'ils les achètent en fonte, ils
sont obligés d'aller chercher toute la matière première
à l'étranger. Alors, ils n'ont pas les devises fortes, voulues,
pour le faire. Mais, en amiante-ciment, ils sont capables de le faire.
Quelle est la dynamique de la SNA pour aller établir, dans les
pays en voie de développement, comme l'Algérie, les pays arabes,
le Mexique, le Nigeria et plusieurs autres, des usines d'amiante-ciment en
collaboration avec des cimenteries multinationales, avec des firmes
d'ingénieurs, avec des entrepreneurs? Aller installer des usines, c'est
ce qui se faisait autrefois dans les pays développés. C'est ainsi
que se sont montés les systèmes d'égout et d'aqueduc
partout dans le monde, parce que c'étaient des succursales des
compagnies d'amiante qui allaient établir des industries et des usines.
C'est ainsi qu'elles vendaient leur amiante.
Aujourd'hui, on a cessé cela. Alors, il va falloir y revenir pour
les pays en voie de développement qui en ont besoin et investir sous
forme de fibres d'amiante puisqu'on peut en produire.
Mon temps est écoulé, mais ce sont là quelques
suggestions. Je les ai faites sans partisanerie politique pour essayer de
promouvoir le développement de la région. Je crois que l'amiante
peut redevenir un actif très important pour le Québec, mais je
crois qu'il va falloir y intéresser plus le monde du milieu; c'est lui
qui est intéressé à cela. Je crois qu'il va falloir
scinder la Société nationale de l'amiante en deux. Je crois que
l'Asbestos, il va falloir, pour en payer le prix, en vendre une partie. Il n'y
a rien qui empêcherait de vendre la mine Normandie à la mine du
lac, la Lake, qui est collée et qui n'a pratiquement plus de place pour
s'étendre, qui a des marchés un peu partout dans le monde, mais
qui, d'un côté, est bloquée par une route à quatre
voies et, de l'autre côté, par la mine Normandie qui appartient
à l'Asbestos. La Normandie, qui est une des quatre mines de l'Asbestos,
pourrait être vendue à la Lake. Cela diminuerait le coût de
paiement des actions de l'Asbestos. Quand la Flintkote a fermé ses
portes, pourquoi l'a-t-elle fait? Parce que tous les terrains autour
appartenaient à l'Asbestos. L'Asbestos n'a voulu rien vendre et la
Flintkote a fermé. Cela a été 300 ou 400 emplois de
perdus.
La Lake va avoir besoin de développement. La Normandie est une
mine riche. Pourquoi ne la vend-on pas pour essayer... On en aurait assez de 8C
1, de BC 2, de King Beaver et de Bell Asbestos parce qu'à Asbestos il
reste trois autres mines: BC 1, BC 2, King Beaver et on a la Bell en plus. On
aurait assez de ces quatre mines qui seraient encore deux fois plus grosses que
la Lake, mais vendez-en une partie. Vous n'avez pas besoin de garder tout cela.
Revendez-en à l'entreprise privée. La Normandie peut être
vendue à la Lake. Cela va diminuer le coût des actions. Là,
vous allez pouvoir payer Asbestos. Des suggestions: Intéressez le monde
du milieu, voyez au développement de l'industrie, que ce soient deux
sections complètement différentes. C'est le premier principe
auquel je tiens.
Merci, M. le ministre. Je l'ai fait sans partisanerie politique. Je suis
toujours solidaire de la politique de l'amiante. Je me dis qu'il y a eu une
conjoncture économique qui a été défavorable en
cours de route, mais que, depuis deux ans, il y a peut-être eu un
ralentissement et qu'il serait temps de redonner un élan. Je pense que,
si vous le voulez, vous pouvez le faire.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député. Alors, toujours dans le cadre des remarques
préliminaires, je passe la parole... Oui.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, rapidement, je veux d'abord
remercier le député pour ses remarques et ses suggestions. En
fait, il est très impliqué dans ce dossier depuis le tout
début. Il a été un artisan de la politique de l'amiante et
je comprends qu'il y tienne beaucoup, parce qu'il s'agit de faire en sorte que
cette richesse naturelle profite è ceux qui l'exploitent, aux gens qui
travaillent dans les mines et à ceux qui vivent dans ces régions.
C'est la préoccupation qu'a toujours exprimée le
député dans ses interventions.
Bien sûr, il y a diverses solutions qu'on peut apporter aux
problèmes qui sont devant nous. Le député a fait quelques
suggestions. Il a parlé, par exemple, d'usines dans les pays en voie de
développement. Oui, ce n'est pas impensable, sauf qu'il faut toujours
faire bien attention parce qu'actuellement on lit dans les journaux, et c'est
une réalité, que plusieurs de ces pays sont en difficulté
de paiement. Ce n'est pas tout d'avoir des usines ou encore de vendre à
ces pays, encore faut-il être payé. Bien sûr, il y a des
efforts considérables qui se font pour développer des
marchés, mais on tente de le faire dans des pays qui sont en mesure de
payer le produit qui leur est livré. Autrement, on fait de la
production, mais il n'y a pas de revenu qui entre à la fin et c'est la
faillite à court terme. Lorsqu'on parle des pays en voie de
développement, c'est vrai qu'il y a un potentiel absolument
extraordinaire dans ce domaine-là. C'est également vrai que les
ressources de ces pays sont faibles au point que, dans plusieurs cas, ce serait
extrêmement hasardeux de plonger avec installation d'usine et tout.
Vous avez fait une suggestion de séparer les deux secteurs de la
SNA, c'est-à-dire le secteur des mines et le secteur du
développement des industries un peu connexes. Même si,
formellement et juridiquement, le cadre administratif actuel est unifié,
en pratique, il y a eu séparation de ces deux secteurs par le partage
des responsabilités qui se fait au niveau des administrateurs: un
s'occupe essentiellement du secteur minier et l'autre s'occupe essentiellement
du secteur manufacturier. À cet égard-là, je veux vous
signaler qu'il y a eu une mesure de prise récemment pour tenter de
donner un peu d'oxygène à ce secteur-là. Je vous parle de
la compagnie Atlas Turner. La division des tuyaux d'Atlas Turner s'en allait,
à toutes fins utiles, chez le diable, comme on dit. C'était
très faible et il n'y a plus beaucoup de marché ici. On a
cherché à diversifier pour au moins maintenir un niveau de
production chez Atlas
Turner qui permette de sauvegarder les emplois et de retrouver une
certaine rentabilité. Effectivement, tout récemment, Atlas Turner
a acquis International Building Products, du sud des États-Unis, qui
fabriquait des panneaux en amiante. Cela a été acquis, les
équipements ont été transférés à
Atlas Turner et, au moment où je vous parle, la division des tuyaux est
en voie d'être fermée, mais la division des panneaux et des tuiles
de plancher est en train d'être mise en production. (12 heures)
En achetant cette compagnie américaine à un prix
relativement bas, nous a avons en même temps acquis tous les services de
vente et tous les points de distribution, de sorte que nous conservons
intégralement le marché. C'était une de nos
préoccupations, nous voulions sauver ce marché. Nous ne voulions
pas que ce marché soit abandonné et que d'autres types de
production viennent remplir le vide. Donc, la SNA a agi très rapidement
pour récupérer cette production au Québec, sachant que la
division des tuyaux était en très mauvais état et s'en
allait vers une fermeture presque certaine parce qu'on ne voyait pas la
possibilité de rentabiliser cela. Aujourd'hui, on a bon espoir qu'avec
cette acquisition et le changement de production qu'on fait chez Atlas Turner
on parviendra à sauver les emplois des gens qui sont chez Atlas Turner
et, en même temps, à donner un certain niveau de
rentabilité à cette entreprise qui était
déficitaire depuis quelques années.
Alors, il y a quelqu'un qui s'est occupé de cela. Effectivement,
il y a parmi ceux qu'on a nommés à la direction de SNA, une
personne qui s'occupe de façon très particulière du
développement des entreprises industrielles. Prenez le cas de
Distex-SNA, les ventes de l'an passé étaient de l'ordre de 15 000
000 $, soit en 1983-1984. Pour 1984-1985, on estime que cela devrait atteindre
l'ordre de 23 000 000 $. Alors, il y a progression dans les ventes et dans les
profits à ce niveau, malgré que la capitalisation soit
très faible et qu'on ait dû emprunter de fortes sommes pour
soutenir la production. Il y a Lupel-SNA qui maintient, à toutes fins
utiles, un bon niveau à 10 000 000 $ de ventes. Vous avez Roto-SNA qui
démarre cette année; FusoRoc-SNA, les essais sont en train de se
terminer a l'usine et il y a bon espoir que cela devrait démarrer aussi.
Alors, il y a quelqu'un qui s'est occupé de faire la révision de
tout cela et d'essayer de dégager quels sont les projets qui ont de
l'avenir, qu'on peut encourager à aller de l'avant pour créer et
améliorer le niveau de l'emploi dans la région de Thetford en
particulier, et quels sont ceux finalement qui risquent d'être des
gouffres sans fond pour les investissements et où il y a lieu de revoir
toutes nos décisions là-dessus.
Alors, pour ce qui est de la division en deux secteurs,
éventuellement, à la suite des consolidations qu'on veut faire
dans le secteur minier, on pourrait peut-être en arriver à quelque
chose comme cela. Disons que je ne rejette pas la suggestion; bien au
contraire, je l'accueille avec beaucoup d'ouverture d'esprit, mais, en
même temps, je veux vous signaler qu'on fonctionne un peu
déjà comme cela.
Pour ce qui est de l'entente auxiliaire, il n'y a pas eu de discussions
comme telles, si j'exclus le secteur Recherche et Développement,
concernant le secteur des mines dans le cadre des discussions qu'on a eues sur
l'entente auxiliaire qui devrait éventuellement nous lier au
gouvernement du Canada pour le développement minier. Nous voulions en
faire une entente ad hoc. Lorsque nous aurons terminé nos analyses quant
aux coûts et aux meilleures façons d'arriver à la
consolidation du secteur minier, j'ai l'intention de demander au gouvernement
fédéral de s'impliquer financièrement dans la relance de
ce secteur, d'autant plus que je pense que les députés
fédéraux de notre secteur ont fait preuve de beaucoup d'ouverture
d'esprit dans ce sens lors d'interventions publiques. Ils ont
déclaré qu'il voulaient être partie prenante et qu'ils
voulaient contribuer à la relance de l'industrie de l'amiante.
J'ai l'intention, lorsqu'on aura attaché tous nos fils de notre
côté, de rencontrer mon homologue fédéral et de lui
demander que le gouvernement fédéral s'implique dans la relance
de cette industrie. Mais cela ne sera pas inclus à l'entente auxiliaire
générale qu'on est en train de discuter. Cela serait l'objet
d'une entente particulière à ce moment-là parce que c'est
un cas qui est vraiment particulier.
En ce qui concerne le conseil d'administration de la
Société nationale de l'amiante, c'est un peu particulier les
nominations que j'ai dû faire récemment. Il fallait que je le
fasse dans l'optique d'une opération de consolidation d'entreprises
oeuvrant dans le secteur minier. A ce moment-là, il fallait que je
recherche des spécialistes dans les divers champs d'activité
où on avait besoin de spécialistes pour réaliser cette
opération. Cela me prenait des spécialistes dans le secteur du
financement des entreprises, des spécialistes dans le domaine minier,
bien sûr, des spécialistes en droit corporatif aussi. Alors, ce
qu'on a fait, c'est qu'on a tenté de moduler un conseil d'administration
qu'on a qualifié un petit peu entre nous de "conseil de guerre", entre
guillemets. Ce n'est pas qu'il y a une guerre dans le secteur, loin de
là, mais on l'a qualifié de conseil de guerre en ce sens qu'il y
avait une opération à mener à courte
échéance. Il fallait s'impliquer beaucoup et très
activement là-dedans, d'une façon très
poussée, et il nous est apparu qu'à ce moment-là il
valait mieux avoir un conseil plus restreint et d'avoir là des gens qui
sont des spécialistes de divers domaines; non pas que les
représentants du milieu n'aient pas fait un travail remarquable pendant
qu'ils ont été là, sauf que, quand vous avez besoin d'un
joueur de violoncelle, même si vous avez le meilleur violoniste du monde,
ce n'est pas d'un violoniste que vous avez besoin, c'est d'un joueur de
violoncelle.
J'ai connu Oliva Lemay personnellement lorsque j'étais à
la CSN, je sais comment cet homme était impliqué dans son milieu
et j'ai le plus grand respect pour ce mineur de l'amiante qui, pendant des
années, a été le porte-parole et le représentant de
tous les mineurs de l'amiante. Je vous assure que le fait de ne pas renouveler
son mandat au dernier conseil d'administration n'était en rien un reflet
de l'opinion que je pouvais avoir de sa compétence ou de sa
capacité. C'est tout simplement que les circonstances faisaient que nous
avions besoin d'un certain nombre de spécialistes et de certaines
spécialités bien spécifiques pour mener à terme
l'opération qui est en cours, l'opération de consolidation.
Nous avons quand même voulu maintenir une représentation du
milieu. Effectivement, il y a deux personnes qui sont là, qui
représentent le milieu, sur les huit, ce qui n'est pas mauvais. C'est
une représentation, quand même, de 25 %, alors, ce n'est pas
négligeable. N'oubliez pas non plus qu'au conseil d'administration de la
Société Asbestos Limitée, au conseil d'administration de
la compagnie Bell, dans ces conseils d'administration, il y a des
représentants du milieu aussi. Au conseil de SAL, il y a des
représentants des travailleurs qui sont là. Ces compagnies
étant impliquées dans l'effort de rationalisation, à ce
moment, il y a des gens qui sont présents à des conseils
d'administration; même si ce n'est pas à celui de SNA, c'est celui
de SAL ou de Bell, mais ce sont des gens du milieu qui sont là, encore
une fois.
Je sais que cela a créé un certain remous dans la
région, mais je voudrais, pour les gens de la région, être
bien clair là-dessus. Il est important d'avoir et il fallait avoir des
spécialistes pour faire l'opération qui s'en vient. J'ai
l'intention de consulter les gens de la région sur le type de
réorganisation qu'on veut faire. En temps et lieu, quand on aura
réussi à terminer nos analyses de ce secteur, j'ai l'intention de
rencontrer les représentants de tous les secteurs d'activité dans
la région pour qu'on puisse bien s'expliquer sur les objectifs
poursuivis et les moyens qu'on peut mettre en place pour arriver aux fins qu'on
poursuit tous. Dans le fond, ce qu'on veut tous, c'est de sauvegarder cette
industrie de la région de Thetford, pour faire en sorte que
l'économie de la région ne tombe pas complètement à
plat, parce qu'elle dépend d'un secteur qui est essentiellement un seul
secteur, celui de l'amiante.
Évidemment, avec les efforts de diversification qui ont
été faits, il y a quelques éléments qui commencent
à porter fruit, mais on n'en est pas encore rendu au point où on
peut dire que la région de Thetford pourrait se passer de l'amiante. La
région de Thetford a besoin d'une industrie de l'amiante qui soit
consolidée, qui puisse au moins soutenir un minimum d'activité.
L'idée qu'on a, dans ce secteur, c'est comme ce qui a été
fait dans le secteur du fer. On a un choix à faire: est-ce qu'on attend
que tout aille à la débandade ou si on fait une opération
chirurgicale un petit peu douloureuse pour s'assurer que le patient va
être en bonne santé pour un bon bout de temps par la suite?
C'est ce qui a été réalisé dans le secteur
du fer avec l'appui des gens du milieu et des syndicats. Je pense, pour avoir
rencontré les gens des syndicats, qu'ils sont très conscients de
cela. Je pense qu'on peut compter aussi sur leur appui dans la mesure où
les solutions proposées permettront de réaliser les objectifs
visés.
Tout le monde est conscient qu'on est dans une situation
extrêmement difficile, que l'industrie a perdu ses marchés en
bonne partie, et qu'il faut vraiment faire un effort de consolidation si on ne
veut pas tout perdre. C'est dans ce sens que je travaille et c'est dans ce sens
aussi que nous avons formé le conseil d'administration.
Maintenant, je dois vous dire que j'ai toujours cru à la
participation du milieu. Effectivement, il y a des gens là-dessus, et je
pense que le résultat du travail qu'ils ont fait, que j'ai vu à
ce jour, m'indique que nous avons eu raison de procéder de cette
façon parce qu'ils nous ont fourni des analyses extrêmement
fouillées, extrêmement intéressantes au moment où je
vous parle, et il s'agit de compléter ce travail.
Je pense qu'une fois que vous aurez vu les chiffres et les analyses qui
ont été faits, les résultats que cela donne, vous serez en
mesure de juger que nous avons pris une sage décision en nommant ces
personnes au conseil d'administration.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre.
M. Grégoire: Ma suggestion de séparer en deux, ce
n'est pas pour ce matin?
M. Rodrigue: Disons que ce n'est pas pour ce matin, mais je la
retiens parce que je la trouve intéressante, effectivement, votre
suggestion d'avoir, d'un côté, un secteur Mines et, d'autre part,
un secteur Développement industriel. Je la trouve
extrêmement intéressante. Comme je vous l'ai
indiqué, on fonctionne déjà un peu comme cela même
si on est sous le même chapeau corporatif. Je la retiens comme une
suggestion extrêmement intéressante.
M. Grégoire: M. le ministre, est-ce que je peux vous faire
remarquer que, dans la pratique, cela ne fonctionne pas très bien comme
cela. On a fait justement une réunion avec le ministre du Commerce
extérieur, M. Bernard Landry, où sont venus un
représentant du ministère de l'Énergie et des Ressources
et un représentant du ministère de l'Industrie et du Commerce, et
quand on a demandé au président de la SNA de nous
déléguer celui qui s'occupait du développement industriel
à la SNA, il n'a voulu pour aucune considération envoyer un
représentant, et nous n'en avons pas eu. J'ai parlé à je
ne me rappelle pas trop qui au ministère pour essayer d'en avoir un,
c'était pour le projet Simbod qui a été repris, qui
intéresse énormément également le ministère
de l'Industrie et du Commerce, le ministère du Commerce extérieur
et les gens du milieu qui sont prêts à investir là-dedans.
Quand on a demandé un représentant de la SNA... C'est M. Lachance
qui est supposé s'occuper du côté de l'industrie. C'est moi
qui ai appelé M. Paquin pour lui demander s'il ne nous l'enverrait pas
pour qu'au moins il puisse voir cela. C'est un projet qui vient
compléter et qui peut très bien se fusionner à Distex et
à Roto-SNA. On a des investisseurs privés qui sont prêts
à mettre plus de 50 % des investissements là-dedans.
On ne demandait pas des investissements nouveaux à la SNA, mais
on voulait qu'ils soient présents parce que c'était un projet de
matériaux de friction qui est, en fait, très gros, à ce
qu'on nous dit. Cela peut aller jusqu'à 1000 emplois directs et
indirects, ce qui donnerait de l'ouvrage, non pas seulement directement, mais
directement aussi, à trois fonderies qu'on a dans la région. On
n'a pas envoyé un seul représentant.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Frontenac, vous en êtes rendu à 28 minutes. Vous avez largement et
brillamment aussi dépassé votre temps.
M. Rodrigue: M. le Président, je sais à quelle
réunion veut faire référence le député de
Frontenac. Ce qui est sorti lors de cette rencontre, c'est que les dossiers de
développement industriel relèvent du ministère de
l'Industrie et du Commerce. À ce titre, le projet Simbod dont il est
question, c'est un projet piloté par le ministère de l'Industrie
et du Commerce. C'est là que doivent être centralisées les
analyses.
M. Grégoire: Parce que la SNA l'a laissé
tomber.
M. Rodrigue: Non, pas parce que la SNA l'a laissé tomber,
mais parce que cela relève du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Tout développement industriel, tout développement
manufacturier, que ce soit dans le secteur de l'amiante ou dans n'importe quel
autre secteur, cela relève du ministère de l'Industrie et du
Commerce. La SNA, qui a déjà un certain nombre de
sociétés manufacturières en plus de ses opérations
minières, ne souhaite pas pour le moment s'impliquer activement dans un
développement où elle devrait injecter massivement des capitaux.
Ce que nous recherchions, et en ce sens j'ai d'ailleurs demandé à
un fonctionnaire de mon ministère de participer à cette
réunion, parce que nous sommes quand même intéressés
à ce qui se passe dans ce secteur ce que nous voulions savoir à
l'intérieur de cette réunion, c'est s'il y avait des
investisseurs privés sérieux intéressés à ce
projet.
C'est l'analyse que doit poursuivre le ministère de l'Industrie
et du Commerce, à savoir s'il y a des investisseurs privés qui
sont prêts à injecter, non seulement des idées, mais aussi
des capitaux, de sorte qu'une telle opération pourrait naître et
se développer par la suite. Le problème qu'on a parfois au
gouvernement, c'est qu'il y a des gens qui nous arrivent avec des bonnes
idées, mais ils n'ont pas un sou à mettre dedans et, par contre,
ils veulent être partenaires. Il me semble que, quand on veut être
partenaire, il faut investir aussi des capitaux. Autrement le gouvernement
prendrait tous les risques et les autres, si cela va bien, auraient une part
des profits, mais, si cela va mal, ils retirent leur épingle du jeu et
ils s'en vont. Ce n'est pas dans ce genre de situation qu'on veut se retrouver.
C'est pour cela que l'analyse se fait au ministère de l'Industrie et du
Commerce, et je pense qu'elle se poursuit. C'est l'indication qui a
été donnée au député de Frontenac que
l'analyse de ce dossier se poursuit. S'il y a une quelconque possibilité
que cela puisse être intéressant, je vous assure que nous
n'hésiterons pas à appuyer le projet. (12 h 15)
Quant à la question du financement, il y a bien des
mécanismes et des organismes de financement d'entreprises qui ont
été mis sur pied par le gouvernement du Québec. Il y a des
programmes d'aide à l'implantation de nouvelles industries qui existent.
Vous pouvez être assuré que, si le projet est intéressant
et s'il est sérieux, nous saurons bien trouver dans les programmes du
ministère de l'Industrie et du Commerce ou ailleurs les montants qu'il
faut pour lui permettre de le lancer et d'aller de l'avant.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: J'ai juste quelques questions, M. le ministre. Le
député d'Outremont et le député de Frontenac ont
fait plusieurs suggestions concernant l'amiante. Pour autant que je suis
concerné, le problème fondamental de l'amiante, c'est la question
des retombées négatives de la mauvaise publicité faite
à l'amiante dans le monde et surtout aux États-Unis. On lit, dans
le Soleil du mercredi 1er mai, un article assez court où on dit que la
majorité des études conduites aux États-Unis sont
défavorables à l'amiante et que l'opinion publique exerce de
fortes pressions sur le législateur pour en bannir l'utilisation. Je
crois que c'est là la clé de tout. Essayez de vendre de l'amiante
aux États-Unis: essayez d'aller à des congrès, de faire
autoriser des dépenses, des voyages, d'entreprendre une série de
procédures à Toronto, Ottawa, aux États-Unis pour essayer
de vendre l'amiante; essayez de contrecarrer la mauvaise publicité qui
se fait aux États-Unis... On voit cela à la
télévision, on voit cela dans les journaux et dans les
médias aux États-Unis.
Combien d'écoles ou de partie d'école ont dû
être démolies pour enlever l'amiante installé il y a
quelques années avant. Je me dis et notre parti aussi - c'est notre
position fondamentale - que cela prend un marketing agressif - d'ailleurs, vous
en avez parlé tantôt - pour la vente de ce produit. Comment
voulez-vous vendre un produit quand la publicité se fait comme cela aux
Etats-Unis et en Europe? Je crois que la clé de tout cela, c'est une
question de lobbying. Il faut répondre à cette mauvaise
publicité et démontrer que vraiment les expertises faites par les
Canadiens prouvent qu'avec une certaine utilisation contrôlée
l'amiante n'est pas dangereux. Cela n'est pas ressorti encore. Il y a une
lacune assez importante à votre ministère dans ce domaine pour
contrecarrer cette mauvaise publicité.
La question que je me pose est celle-ci: Tout récemment, la CSST
a statué sur la question de l'amiante en ce qui concerne la tête
de mort. C'est un coup extrêmement bas, qui nuit énormément
à l'industrie dans l'amiante lorsqu'une publicité... C'est vrai
que le règlement en question va être retiré par la CSST. Le
directeur, M. Robert Sauvé, a dit que c'est fini, la tête de mort,
mais le tort est fait. Même que c'est rendu ici au Québec, le
producteur le plus important de l'amiante, et qu'on fait une publicité
de cette sorte - ce n'est pas de la publicité -qu'on commence la
préparation d'un règlement qui, par la suite, est retiré
à cause des pressions surtout du Parti libéral, pour faire
retirer cette tête de mort sur les produits de l'amiante. Je le dis
respectueusement, ce n'est certainement pas la manière de contrecarrer
la mauvaise publicité qui se fait aux États-Unis. (12 h 15)
Je me pose des questions. Premièrement, avez-vous l'intention
d'installer un lobbying à Washington, en Europe, ou dans des villes des
États-Unis spécifiquement pour cette fin?
Deuxièmement, lors de la visite de M. Reagan, on avait une
occasion en or de parler de la question de l'amiante. M. Masse, le ministre
fédéral, a dit que, durant la visite de M. Reagan, la question
serait abordée. Je suis sûr, M. le ministre, que vous n'avez
même pas eu l'occasion de rencontrer M. Reagan ni les autres personnes
qui accompagnaient M. Reagan. Il y avait des personnes responsables de ces
dossiers. Je me demande pourquoi vous n'avez pas saisi cette occasion de
discuter au moins du dossier de l'amiante. D'après les journaux et
d'après les médias, après la visite de M. Reagan, il n'a
pas été question du tout de l'amiante. À mon sens,
c'était " un sujet très important pour le Québec. Ni M.
Mulroney, ni M. Masse, le ministre fédéral, ni vous-même,
le ministre responsable de l'amiante dans la province de Québec, n'en
avez fait mention, surtout pas avec M. Reagan, ni avec les autres personnes qui
accompagnaient M. Reagan. Je pose la question, j'ai deux choses: Pourquoi pas
un groupe de lobbying à Washington, aux autres endroits aux
États-Unis, en Europe? Pourquoi la question n'a-t-elle pas
été abordée avec qui de droit lors de la mission de M.
Reagan durant sa visite au Québec, le 17 mars dernier?
M. Rodrigue: Je veux bien des groupes de lobbyistes et des gens
qui vont se promener partout pour défendre l'amiante, mais il ne
faudrait pas que vous veniez nous reprocher les comptes de dépenses par
la suite...
M. Kehoe: Mais pas à ce prix-là.
M. Rodrigue:... comme vous avez tenté de le faire ce
matin.
M. Kehoe: On est prêt, mais pas à n'importe quel
prix.
M. Rodrigue: Alors, il faut se faire une idée. Il faut se
faire une idée dans la vie.
M. Kehoe: On se fait une idée, mais pas à ce
prix-là.
M. Rodrigue: Ou bien on veut faire du marketing et on assume les
responsabilités et les conséquences qui vont de pair, ou bien on
joue à faire de la petite démagogie. Mais essayer de
prétendre que, parce qu'il y a eu 2500 $, à un moment
donné, de dépensés dans un congrès, alors qu'on
allait là...
M. Kehoe: Je m'excuse, M. le Président, est-ce que je peux
interrompre le ministre pour une seconde?
M. Rodrigue:... justement pour défendre les
intérêts... Non, c'est moi qui ai la parole.
Le Président (M. Beaumier): Un instant! Un instant! M. le
ministre terminera et je vous passe la parole tout de suite après.
M. Rodrigue: Bien sûr. Bien sûr. Là-dessus, M.
le Président, je pense qu'il faudrait que l'Opposition sache ce qu'elle
veut. Maintenant, pour répondre à la question spécifique
du député, je veux d'abord vous signaler qu'il y a un bulletin
effectivement en diffusion mondiale, en trois langues, qui doit être
publié par l'institut de l'amiante à compter de mai 1985. C'est
un instrument d'information internationale extrêmement important pour
nous et que nous mettons sur pied. L'objectif poursuivi, c'est de
réaffirmer la présence de l'industrie et de faire en sorte
d'essayer de lui refaire une image qui reflète son importance et la
réalité aussi.
M. Kehoe: Vous allez faire cela!
M. Rodrigue: En plus de cela, au niveau des relations que
l'institut de l'amiante entretient, il va assurer l'organisation logistique et
matérielle d'un colloque syndical international qui a été
annoncé le 18 mars 1985 par M. Lynn Williams, le président des
Métallurgistes unis d'Amérique, qui va se tenir à
Montréal du 16 au 18 septembre 1985 et qui vise à permettre aux
membres des différents syndicats canadiens et américains, en
particulier ceux de la construction, d'échanger les informations les
plus récentes sur les moyens de contrer les dangers de l'amiante. En
d'autres mots, on est parvenu à utiliser l'amiante dans des conditions
sécuritaires au Québec et ce qu'on veut démontrer aux
syndicalistes américains, c'est que cela peut se faire. On va les amener
ici et on va leur démontrer que cela peut se faire parce qu'ils peuvent
jouer un rôle extrêmement important, eux qui représentent
les travailleurs américains.
Si les travailleurs américains sont pris de panique et sont
embarqués dans la psychose qu'on a tenté de développer
autour de l'amiante dans certains milieux, parce qu'il y avait des
intérêts économiques en arrière de cela, il ne faut
pas se le cacher, les concurrents de l'amiante, bien sûr, vont essayer
d'en développer une psychose dans la population pour essayer de faire
peur, ce qui favorise leurs produits à eux; mais il est
extrêmement important d'informer les travailleurs qui ont à
utiliser ces produits-là que cela peut s'utiliser en toute
sécurité. Ce colloque va donc être extrêmement
important à cet égard.
En plus de cela, au niveau des relations internationales, l'institut de
l'amiante va être présent à Genève en juin 1985 -
évidemment, il va y avoir des frais, M. le député, il va
falloir les assumer - à l'occasion de la 71e session de la
Conférence internationale du travail pour fournir un appui au niveau de
l'information aux divers représentants, tant à ceux du Canada que
de l'étranger, pour qu'ils aient vraiment toute l'information requise
lorsqu'ils vont discuter de la question de l'amiante à il l'occasion de
cette conférence internationale.
Pour ce qui est du domaine de l'amiante-ciment et compte tenu de
l'importance que ce matériau-là peut avoir à travers le
monde, l'institut organise une première conférence internationale
sur l'amiante-ciment, qui va se tenir à Cannes les 28, 29 et 30 avril
1986. Cela se fait en collaboration avec diverses organisations
gouvernementales, industrielles et autres. À ce jour, CANMET du
ministère de l'Énergie et des Ressources du gouvernement
fédéral et l'Association française de l'amiante ont
répondu positivement. Donc, il y a un effort de marketing intensif qui
est amorcé pour faire en sorte de consolider et de
récupérer nos marchés et l'institut de l'amiante joue un
rôle actif là-dedans.
Je pense que les quelques informations que je viens de vous donner - je
pourrais vous en donner d'autres - démontrent la part active que joue
cet institut, sur les marchés mondiaux, dans la promotion et la
défense de l'amiante fabriqué au Québec. On n'a
peut-être pas besoin de payer une firme de lobbyistes à Washington
pour cela. Je pense que, si on parvient à convaincre les grands
syndicats américains que l'amiante est un produit sécuritaire, on
n'aura peut-être pas besoin de payer une firme de lobbyistes à
grand frais pour convaincre le peuple américain et en particulier aussi
le Sénat et la Chambre des représentants que ce
matériau-là peut être utilisé en toute
sécurité. À part cela, il faut bien se dire entre nous que
les matériaux utilisés comme solution de rechange à
l'amiante - j'aimerais bien savoir, et là-dessus on insiste, nous
-toutes les analyses qu'ils ont faites sur l'amiante, est-ce qu'ils les ont
faites sur les matériaux de rechange? C'est un des points
d'argumentation qu'on développe.
Soyez donc aussi sévère dans vos analyses sur les
matériaux de rechange et on pourra s'en parler par la suite. J'ai
l'impression qu'il y en a qui vont peut-être avoir des petites surprises
à cet égard.
M. le Président, comme nous sommes ici pour l'étude des
crédits et je pense que cela achève... On devait ajourner la
séance à 12 h 30 ou à 13 heures?
Le Président (M. Beaumier): 12 h 30.
M. Rodrigue: Est-ce qu'on pourrait au moins adopter les
crédits du secteur Mines et de la Gestion interne et soutien, parce
qu'on n'a pas réglé cela ce matin. De quelle façon
voulez-vous procéder? Je ne sais pas, avec les nouvelles règles,
de quelle façon vous procédez.
Le Président (M. Beaumier): Nous en sommes toujours aux
remarques préliminaires. Ensuite, nous appellerons les programmes l'un
après l'autre. M. le député de Chapleau, est-ce que vous
aviez terminé?
M. Kehoe: Oui, mais le ministre n'a pas répondu en ce qui
concerne les pourparlers, s'il y en a eu, ou pourquoi il n'y a pas eu de
pourparlers avec M. Reagan ou lors de la mission Reagan, quand il est venu.
M. Rodrigue: Très bien. Je me rappelle que vous avez
soulevé cela. Je m'excuse d'interrompre. Vous avez soulevé cela.
Effectivement, on a eu la nouvelle quelques jours avant, peut-être une
semaine avant dans les journaux, que le dossier était passé de
l'EPA à l'OSHA. Devant l'OSHA, nous avions fait des
représentations. Les gens de . l'institut de l'amiante avaient
été appelés à faire des représentations
devant l'OSHA américaine.
Ce qu'on a appris, une semaine avant, c'est que l'EPA s'était vu
délester du dossier et ce dossier avait été transmis
à l'OSHA pour évaluation et recommandations. Dans ce contexte,
comme c'était une nouvelle positive et que cela semblait s'en aller dans
la bonne direction, il n'y avait pas lieu d'insister pour en faire un des
objets de la discussion.
En d'autres mots, il y a eu des discussions préliminaires qui ont
amené cette décision, qui a été annoncée une
semaine avant la venue du président Reagan. Donc, une partie de
l'objectif était déjà atteint.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, il nous resterait à peu près
trois minutes.
M. Gilles Baril
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): C'est assez pour
énumérer tous les projets en ce qui concerne le
développement minier dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue. M. le
ministre et M. le Président, je voudrais signaler le formidable effort
de développement minier du ministère de l'Énergie et des
Ressources tout particulièrement dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Si le Parti libéral du Québec s'est occupé de la
Baie James entre 1970-1976, on peut dire une chose: Il y a un chapitre auquel
le Parti libéral du Québec n'a absolument apporté aucune
attention, c'est celui des ressources naturelles; on parle ici, en
Abitibi-Témiscamingue, du développement minier et du
développement forestier. Alors, a la suite de la charge radioactive du
député d'Outremont en ce qui concerne les crédits du
ministère de l'Énergie et des Ressources, je trouve malheureux
qu'un ingénieur comme lui ne sache pas qu'effectivement, tout
particulièrement dans le domaine des mines... Je dois faire
référence à mon expérience de travail et à
mon expérience de député: quand j'ai à parler des
P. -D. G. comme M. Guy Hébert, qui était P. -D. G. d'Aiguebelle
jusqu'à il y a tout récemment, ou M. Marcel Richard de Yorbeau,
ces gens, on les attrappe à Vancouver, à New York, à
Londres ou à Washington.
Alors, c'est un domaine sur le plan économique qui joue et
où on met en action, effectivement, sur le plan international, et dans
ce sens j'aurais aimé que le député d'Outremont soit
là pour comprendre... S'il y a un secteur où on doit jouer du
coude, et cela c'est sur le plan international, parce qu'on doit attirer des
investissements chez nous... Et c'est un secteur économique où il
y a beaucoup de vases communicants: les gens sont appelés à aller
d'un bord et de l'autre pour aller chercher du financement et à se
mettre à la fine pointe des nouvelles découvertes qui permettent
d'être plus productif chez nous.
M. le ministre, je serai très bref, tout simplement pour dire
qu'en quatre ans, dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue, on a assisté
à de l'investissement public et privé, dans le domaine des mines,
d'au-delà de 250 000 000 $. On parle ici de trois nouveaux gisements,
c'est-à-dire Aiguebelle, le gisement Hansil, le gisement Lac-Fabrian,
sans oublier la carrière de pierres à chaux à
Saint-Bruno-de-Guigues, une carrière de granit et une petit mine de
silice, tout cela, exclusivement dans le comté de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. le Président, je n'ai pas à vous dire que les citoyens
et les citoyennes de Rouyn-Noranda, tout particulièrement, sont contents
aujourd'hui de ne plus être tributaires exclusivement d'une seule et
unique mine, la grande amie du Parti libéral, notre grand pollueur
national, la mine Noranda.
Je dois vous dire, M. le ministre, que c'est avec un souci premier d'une
préservation de l'environnement que ces mines que je vous ai
énumérées se conforment aujourd'hui, en 1985, aux
critères du ministère de l'Environnement. On peut même vous
dire, M. le ministre, que Aiguebelle figure parmi les mines les plus
avant-gardistes sur le plan de l'environnement au monde.
M. le Président, tout cela pour vous dire qu'on espère que
le ministère va continuer sa politique de 20 %, sinon essayer
de donner aux intervenants du monde minier des programmes semblables. Je
vous ai parlé tantôt de 250 000 000 $ dans le comté.
Après presque quatre ans, dans l'ensemble de
l'Abitibi-Témiscamingue, on va aller chercher au-delà de 750 000
000 $ dans l'ensemble de l'Abitibi-Témiscamingue, en termes
d'investissements privés et publics dans le domaine des mines.
M. le ministre, je n'ai pas besoin de vous dire que je
préfère qu'on consolide...
Une voix:...
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin- gue): Merci, M. le
ministre.
Une voix: Ne lâchez pas, c'est bon.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue):... des secteurs
économiques comme les mines, les forêts, plutôt que de se
consacrer exclusivement à une deuxième Baie James, une sorte de
balloune préélectorale, et qu'on parie davantage sur la
confiance, la capacité et la détermination des intervenants du
monde minier en région. Parce qu'il y a vingt ans, vous dire, M. le
ministre, qu'à Rouyn-Noranda nous n'aurions plus de "Board of Directors"
de Toronto, de Washington... Aujourd'hui, on parle de conseil d'administration,
où nous avons du capital-actions québécois, et ces
mêmes membres du conseil d'administration résident sur la rue
Murdoch à Noranda ou sur la rue principale à Rouyn. On n'a plus
besoin de les courir à Washington, Toronto pu Vancouver.
Les intervenants nouveaux dans le monde minier, dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, ce sont des gens de chez nous, on en est fier
et c'est grâce aux politiques, dans le domaine minier, du gouvernement du
Parti québécois, qui a donné les outils et les moyens
à une population comme la nôtre, dans le domaine des mines, de
prendre sa place et de devenir...
M. Grégoire: Pourquoi cela n'a pas été bon
pour notre région de prendre du monde du milieu, nous aussi?
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Vous, vous aviez
un premier mandat. Merci, M. le ministre.
M. Grégoire: Si cela a été bon pour
l'Abitibi de prendre du monde du milieu, pourquoi cela n'a-t-il pas
été bon pour la région de l'amiante? Pourquoi est-ce qu'on
les a sortis de...
Le Président (M. Beaumier): M. le député...
J'en conclus que nous suspendons nos travaux jusqu'après la
période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 45)
Le Président (M. Beaumier): À l'ordre, s'il vous
plaîtl La commission de l'économie et du travail se réunit
afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie, pour l'année financière 1985-1986.
Il y a eu entente entre les présidents, d'une part, celui de la
commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre et, d'autre part, celui
de la commission de l'économie et du travail, sur une répartition
des programmes et des éléments de programme du ministère
entre ces deux commissions. Ce qui veut dire que, en ce qui concerne cette
présente commission, nous étudierons trois programmes et les
éléments suivants: c'est-à-dire le programme 1,
éléments 1, 2 et 5, le programme 2, élément 1, et
le programme 4, éléments 1 à 5.
M. le secrétaire.
Enseignement supérieur, Science et
Technologie
Le Secrétaire: Alors, il y aura un remplacement pour cette
séance. M. Gagnon (Champlain) remplacera M. Blouin (Rousseau).
Le Président (M. Beaumier): Merci.
M. Grégoire: M. le Président, au programme 4, nous
avons combien d'éléments?
Le Président (M. Beaumier): Les éléments 1
à 5.
M. Grégoire: De 1 à 5.
Le Président (M. Beaumier): D'accord? J'appelle donc le
programme 1. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Administration de la science et de la
technologie
Mme Dougherty: Merci. Alors, le programme 1,
élément 5, Administration de la science et de la technologie. Ma
première question traite de l'intégration de la science et de la
technologie et de l'enseignement supérieur.
Selon les renseignements que nous avons reçus, il y avait 60
personnes en poste régulier au ministère de la Science et de la
Technologie. Maintenant, il y en a 42 qui s'occupent du secteur de la science
et de la technologie. J'aimerais demander au ministre ce qui est arrivé
aux 28 personnes qui ont été déplacées au
ministère de la Science et de la Technologie.
M. Bérubé: M. le Président, il faudra le
demander à quelqu'un qui m'accompagne. C'est une question de...
M. Limoges (Camille): Dans le secteur de la science et de la
technologie du ministère, présentement, il y a, de fait,
travaillant sur les dossiers de la science et de la technologie, le même
effectif qu'avant la décision de décembre dernier. La
différence dans les chiffres vient de ce que les données pour le
ministère de la Science et de la Technologie comprenaient du personnel
d'administration et des gens qu'on retrouve, par exemple, à la Direction
des relations extérieures du ministère et au bureau du
sous-ministre. Ces personnes ne sont pas affectées au secteur de la
science et de la technologie, elles sont affectées ailleurs dans le
ministère, mais on peut dire que leur travail continue à
concourir aux objectifs du secteur de la science et de la technologie. Il n'y a
donc pas eu diminution des personnes qui oeuvrent dans ce secteur.
Mme Dougherty: Selon les chiffres que nous avons ici, il y a une
diminution du nombre de personnes à temps partiel; malheureusement, j'ai
perdu le chiffre que vous m'avez envoyé. Il y a une diminution, mais le
montant total reste celui de l'année dernière.
M. Limoges: Je m'excuse...
Mme Dougherty: II y a une diminution de l'effectif à temps
partiel, mais le chiffre total reste égal à celui de
l'année passée.
M. Limoges: En termes de personnes-année, il y a
effectivement le même nombre de personnes-année maintenant que
c'était le cas en décembre 1984.
Mme Dougherty: À la page 20 des crédits, programme
1.
M. Bérubé: Du livre des crédits?
Mme Dougherty: Non, non, je suis au livre rose, le cahier...
M. Bérubé: Ah; Je comprends maintenant.
Mme Dougherty: Pardon? M. Bérubé: D'accord.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé: Donc, nous discutons à partir du
document d'information que nous vous avons fourni. C'est bien cela?
Mme Dougherty: C'est cela et toutes mes questions
découlent des informations qu'il y a ici, dans le cahier explicatif des
crédits. Donc, vous parlez ici, à la page 20, au milieu de la
page...
M. Bérubé: Programme 1.
Mme Dougherty: On est encore au programme 1, page 20. D'accord?
Vous parlez des responsabilités de la direction des sciences
biomédicales et de la biotechnologie. Voudriez-vous élaborer un
peu votre pensée sur le premier objectif, le suivi et la gestion du
programme Unités de formation technique et méthodologique,
l'UFTM? De quoi s'agit-il?
M. Bérubé: M. le Président, M. Coulombe, qui
est directeur de cette direction et qui est responsable du programme, pourra
répondre ici à la question de façon plus
détaillée que je ne pourrais le faire et je pense que ce sera
plus complet.
M. Coulombe (Pierre): Le programme Unités de formation
technique et méthodologique est un programme qui a été mis
sur pied à la suite de l'approbation par le gouvernement du
Québec du programme d'intervention pour le développement de la
recherche en biotechnologie qui porte le nom de "À l'heure des
biotechnologies". C'est une mesure qui a été mise sur pied
à la suite des recommandations de la communauté scientifique, qui
sentait le besoin d'avoir à sa disposition des équipes ou des
laboratoires de recherche hautement qualifiés aux fins d'assurer une
formation de courte durée à des chercheurs, à des
assistants de recherche ou à des techniciens du secteur universitaire ou
du secteur industriel reliés au grand domaine des biotechnologies.
À la suite de cette proposition, le ministère de la Science et de
la Technologie a formé un jury de sélection, a lancé un
appel d'offres auprès de la communauté scientifique du
Québec et a retenu, dans un premier temps, six laboratoires
universitaires dont la qualité était reconnue dans les secteurs
du génie génétique, du génie des
procédés et du génie agro-alimentaire, aux fins de fournir
à la communauté scientifique du Québec un appui qui
pouvait offrir des services de formation de courte durée. C'est
essentiellement l'objectif de ce programme, qui est d'appuyer et de
défrayer les coûts afférents à la visite dans ces
unités de formation technique et méthodologique de chercheurs
universitaires.
L'expérience que l'on a jusqu'à maintenant de ce programme
est que de nombreux chercheurs du Québec et dans certains cas de
l'étranger ont bénéficié des services de ces
laboratoires universitaires, lesquels sont situés, pour deux d'entre eux
a l'Université Laval, un à l'Université McGill, un
à l'Institut de recherche clinique de
Montréal, un à l'Université de Sherbrooke -cela
fait combien? 5; il y en a trois à l'Université Laval, c'est vrai
- dans les secteurs de génie génétique, de physiologie
végétale, de génie des procédés et de
génie agro-alimentaire. Essentiellement, l'objet de cette mesure est de
permettre une accessibilité plus rapide à des chercheurs
québécois aux fins de se doter des outils technologiques dont ils
ont besoin pour poursuivre leurs activités de recherche dans leurs
propres laboratoires.
Mme Dougherty; Est-ce que ce programme est géré par
le FCAR? C'est tout à fait séparé, selon le ministre.
Alors, la réponse est non. Cela n'a rien à voir avec le FCAR. Qui
gère ce programme? Est-ce que c'est le ministère de la Science et
de la Technologie? Est-ce que c'est financé par une subvention
supplémentaire qui vient directement du ministère? Quel est le
coût de ce programme?
M. Coulombe: Le coût de ce programme pour cette
année est de 118 000 $ pour l'année...
Mme Dougherty: Combien?
M. Coulombe: Un montant de 118 000 $ a été
accordé à la suite d'une évaluation qui a
été faite l'automne dernier. Donc, c'est un programme qui est,
somme toute, peu coûteux, mais qui permet à environ une centaine
de chercheurs universitaires et industriels d'avoir accès à ces
laboratoires d'excellence.
Mme Dougherty: Merci. Une de vos responsabilités, M.
Coulombe... Vous parlez ici du dépôt d'un mémoire à
la commission Eastman. Est-ce que vous avez rendu public ce mémoire?
J'aimerais bien en avoir une copie. Est-ce que vous avez le "feed-back" de la
commission? Est-ce que vous avez eu d'autres communications avec la
commission?
M. Coulombe: En ce qui a trait au mémoire, il a
été déposé par le ministre de la Science et de la
Technologie de l'époque, M. Gilbert Raquette, au gouvernement canadien
et au commissaire Eastman. Il est effectivement public et je pense qu'on peut
donner, sans problème, M. le ministre, copie de ce mémoire
à Mme la députée. C'est un mémoire qui a
été déposé lors des audiences publiques que la
commission Eastman a tenues l'automne dernier et qui reprenait des propositions
que le gouvernement du Québec avait déjà adressées
au gouvernement canadien, soit à M. André Ouellet et à Mme
Judith Erola, à savoir que le Québec formulait des propositions
de modifications. La commission Eastman a remis son rapport, nous a-t-on
informés, il y a quelques semaines, au ministre canadien de la
Consommation et des Corporations. Les informations qu'on a de ce
ministère sont que ce rapport est présentement à
l'étude par le gouvernement canadien et que les provinces seront
informées quelques semaines avant le lancement public de ce rapport. Je
comprends, pour en avoir discuté avec les fonctionnaires
fédéraux, que le rapport n'est pas encore disponible. Il ne l'est
pas pour le public et je comprends qu'il ne l'est pas non plus pour les
provinces, mais que celles-ci seront informées du contenu du rapport et,
je présume, des recommandations que le ministre canadien entend faire
à cet égard.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez demandé que les
provinces, le Québec principalement, soient consultées avant que
la décision soit prise par le gouvernement fédéral?
M. Coulombe: J'ai dit que le gouvernement canadien entendait
consulter les provinces avant de rendre public le rapport.
Mme Dougherty: Avant de rendre public le rapport.
M. Coulombe: C'est cela, c'est ce qui nous a été
dit.
Mme Dougherty: J'aimerais vous demander si vous avez
assisté aux audiences publiques de la commission Eastman, vous ou
quelqu'un de votre ministère.
M. Coulombe: Non, nous avons déposé un rapport. Le
ministère de la Science et de la Techonologie n'avait pas de
représentant aux audiences publiques, bien que je pense que d'autres
fonctionnaires du gouvernement du Québec l'aient fait.
Mme Dougherty: C'est dommage. J'ai cru comprendre que d'autres
personnes y assistaient ce jour-là, quand le mémoire du
gouvernement du Québec a été déposé. Sans un
représentant sur place, cela donne l'impression que ce n'est pas
très sérieux. Comme c'est un sujet très important pour
l'avenir de notre industrie pharmaceutique, tout le monde sait que la plupart
des industries pharmaceutiques sont ici, au Québec, surtout les
compagnies qui font de la recherche, c'est dommage que le gouvernement n'ait
pas été là pour mettre de l'avant son point de vue, parce
que nous sommes les premiers impliqués.
M. Bérubé: C'est ce qui nous a amenés, d'une
part, à intervenir auprès de deux ministres
fédéraux - mon collègue a écrit à deux
reprises - et ceci, d'autre part, nous a amenés à soumettre un
rapport à cette
commission. Il est clair cependant que le ministère de la Science
et de la Technologie n'a pas le personnel qui lui permette de suivre tous les
travaux parlementaires. Une fois qu'on a fait entendre notre point de vue, il
est clair que, si les intervenants veulent des explications, veulent
approfondir, évidemment, ils peuvent nous demander, sur invitation, de
leur soumettre d'autres données.
Dans la mesure où on a bien clairement expliqué l'impact
de la loi fédérale antérieure et l'intérêt
pour le Québec de voir cette loi modifiée, je pense qu'il
appartient au Parlement fédéral d'assumer ses propres
responsabilités. Les fonctionnaires du Québec ont d'abord une
loyauté au Parlement du Québec avant d'en avoir une au Parlement
d'Ottawa. Je pense que l'endroit premier où ces fonctionnaires doivent
témoigner - d'ailleurs, leur présence ici le démontre
assez clairement...
Mme Dougherty: Naturellement, je n'ai pas pris connaissance de
tout ce que vous avez dit. Est-ce que vous avez mentionné dans votre
mémoire le problème des découvertes dans le secteur de la
biotechnologie ou si vous avez parlé exclusivement de l'industrie
pharmaceutique? (16 heures)
M. Coulombe: Pour autant que je me souvienne, nous avons
mentionné... Nous avons non seulement déposé un
mémoire, mais aussi les conclusions d'un groupe de travail que nous
avons mis sur pied dans le cadre du programme de recherche en biotechnologie
dont il a été question plus tôt cet après-midi. Un
groupe de travail a été mis sur pied spécifiquement pour
étudier les questions relatives à la propriété
industrielle dans le secteur des biotechnologies. Effectivement, une des
recommandations de ce groupe de travail demandait de modifier l'article 41 de
la loi canadienne sur les brevets. Je n'ai pas lu le mémoire depuis
déjà quelques mots. Il me semble que nous mentionnions
effectivement que le secteur des biotechnologies serait un secteur visé
par l'article 41 et qu'à cet égard le maintien de cet article,
selon le statu quo qui prévaut actuellement, pouvait être un frein
au développement de la recherche et de nouveaux produits issus de la
recherche en biotechnologie, non seulement dans le domaine médical, mais
dans les domaine agro-alimentaire et forestier, puisque l'article 41 pourrait
s'appliquer aussi à ces secteurs-là.
Mme Dougherty: II me semble qu'ici, au Québec, on est en
train de consacrer un effort de plus en plus important dans le secteur de la
biotechnologie. Je me demande si, par exemple, les efforts de Bio-Méga
et des anciens chercheurs de Ayerst seront récompensés, seront
rentables, suivant la loi fédérale, si la loi
fédérale n'est pas changée. Je ne sais pas si vous avez
considéré ce problème, parce qu'on consacre plusieurs
millions uniquement à Bio-Méga et aux chercheurs de Ayerst. Je
crois qu'on s'attend, selon les prévisions, que, après cinq ans,
cette opération sera rentable. Je me demande si c'est vraiment
réaliste, étant donné l'obstacle que présente la
loi fédérale.
M. Bérubé: Vous avez parfaitement raison. La loi
fédérale a entraîné littéralement
l'élimination de la recherche pharmaceutique au Québec alors que
le Québec était au premier plan dans ce domaine-là au
Canada, antérieurement. Vous avez parfaitement raison de souligner
l'incurie du gouvernement de l'époque, le gouvernement libéral,
si je ne m'abuse, qui a entraîné les conséquences que l'on
connaît.
Vous avez également tout à fait raison de souligner
l'effort important que nous mettons pour développer la recherche en
biotechnologie et, à ce moment-là, vous avez raison de souligner
aussi que ce serait essentiel pour le développement d'une industrie
valable dans les secteurs de la biotechnologie et de la pharmacie tant au
Québec que dans le reste du Canada, bien que maintenant il soit un peu
tard. Vous savez, une fois qu'on a perdu toute l'avance que nous
détenions dans le domaine au Canada, après avoir
littéralement fait s'effondrer notre industrie pharmaceutique au
Québec, évidemment, même si aujourd'hui on devait corriger
la très grave erreur qui a été commise à
l'époque, il est clair que le Québec ne reprendrait pas pour
autant le leadership qu'il a assumé. Donc, il faut préparer assez
longtemps d'avance la relance et c'est ce que nous faisons. Nous injectons donc
des sommes importantes du côté de la biotechnologie - nous en
avons fait d'ailleurs un de nos secteurs prioritaires de développement -
de manière que nous puissions remettre en place de nouvelles
équipes et reprendre l'initiative. Vous avez raison de souligner que, si
la même politique est maintenue à Ottawa, il y a peu de chances
qu'il y ait un effet d'entraînement sur le plan économique. Cela
est clair et c'est d'ailleurs le sens des interventions du gouvernement du
Québec depuis des années, et que nous avons poursuivies avec le
gouvernement antérieur. Ce qui rassure un peu, c'est que la disparition
du gouvernement libéral à Ottawa va peut-être nous donner
des chances pour améliorer la situation.
Mme Dougherty: J'ai soulevé le problème de la
biotechnologie parce que je crois que, politiquement, nous aurons
peut-être plus de succès à mettre l'accent sur ce secteur
au lieu du secteur pharmaceutique, parce que c'est un secteur qui
préoccupe
tout le Canada tandis que le problème du secteur pharmaceutique
préoccupe, surtout et presque uniquement, la recherche dans cette
industrie, le Québec.
M. Bérubé: Vous avez raison. C'est sans doute la
raison pour laquelle...
Mme Dougherty: II faut jouer sur ce point.
M. Bérubé: Vous avez raison. C'est probablement la
raison pour laquelle, comme la pharmacie et la recherche pharmaceutique
étaient importantes au Québec, le gouvernement
fédéral n'a pas hésité à les assassiner,
mais, dans la mesure où la biotechnologie intéresse l'ensemble du
Canada, on a peut-être des chances de s'en sortir. Vous avez parfaitement
raison, oui.
Mme Dougherty: Pour continuer sur la biotechnologie, le Conseil
de la science et de la technologie vient de publier un avis très
récent où il dit que le gouvernement du Québec commettrait
une erreur s'il continuait à axer son programme d'intervention en
biotechnologie sur le développement du seul secteur de la santé.
Selon le conseil, les chances du Québec de découvrir les
applications commerciales de la biotechnologie augmenteraient davantage s'il
faisait reposer aussi sa politique d'aide sur la valorisation des secteurs de
l'agro-alimentaire et de la forêt. Plus loin, il recommande au
gouvernement de considérer comme urgents et prioritaires l'enseignement,
la formation des chercheurs et le développement de la recherche en
biologie végétale et animale.
Quelle est votre réaction à cette critique? Qu'est-ce que
vous allez faire pour répondre à cet avis parce que, même
dans les renseignements que nous avons reçus, cette préoccupation
avec le potentiel de la biotechnologie dans le secteur de la santé est
évidente?
M. Bérubé: Nous partageons entièrement le
point de vue du Conseil de la science et de la technologie. C'est d'ailleurs ce
qui nous a amenés à vouloir spécialiser notre intervention
dans le secteur des biotechnologies en la concentrant autour de la valorisation
de la biomasse. En effet, le centre de recherche conjoint que nous voulons
mettre en place et qui regroupe des chercheurs universitaires et des
représentants de l'industrie est un centre dont l'essentiel des
préoccupations va porter sur le développement des biotechnologies
appliquées à la valorisation de la biomasse, tant du
côté de la génétique et des essences, par exemple,
de l'amélioration des essences, que du côté
également de la problématique de la fermentation, un des
procédés essentiels au développement dans ce secteur.
Donc, effectivement, pour autant que le gouvernement est
concerné, nous avons choisi à Québec de privilégier
le secteur de la biotechnologie appliquée è la biomasse, comme
vous le soulignez et comme le Conseil de la science et de la technologie le
souligne, considérant sans doute que l'Institut Armand-Frappier et que
le centre fédéral implanté présentement à
Montréal dans le domaine de la biotechnologie peuvent, disons,
constituer un apport important aux applications de la biotechnologie dans le
secteur de la santé.
Également, on me rappelle que SOQUIA, par exemple, a
implanté une filiale, Bio-Agral, qui s'intéresse plus
spécifiquement à l'application des biotechnologies dans le
secteur agro-alimentaire. Enfin, je voudrais rappeler que, dans la
sélection de la douzaine de premières équipes
universitaires de recherche de haute qualité, une de ces équipes,
effectivement, va s'intéresser de très près au
phénomène de la mycorhize, plus particulièrement dans le
secteur de l'amélioration des essences dans le domaine forestier, et
également dans le domaine de l'agro-alimentaire. Donc, c'est une de ces
équipes qui s'ajoute, dois-je le dire cependant, è une
équipe, celle du Dr Labrie, qui s'intéresse à des cas de
cancer plus particulièrement, et également à une
équipe de l'Université McGill avec le Dr Chang qui, elle,
s'intéresse au phénomène du génie
génétique et en particulier aux membranes semi-perméables
dans le domaine. C'est dans le domaine de la santé...
Mme Dougherty: C'est dans le domaine de la santé.
M. Bérubé: De cette douzaine d'équipes que
nous avons acceptées, nous avons retenu trois équipes dans le
secteur des biotechnologies. Il y en a une sur les trois qui s'intéresse
plus spécifiquement à l'agro-alimentaire. Notre centre de
recherche appliquée, où gouvernement, universités et
industries collaborent, va porter sur la valorisation de la biomasse. On ne
peut pas préjuger de l'avenir, il y en a encore une quinzaine d'autres
que nous entendons sélectionner au cours de l'été, mais
une de ces trois équipes va porter également sur le secteur de
l'agro-alimentaire. Soulignons la filiale de SOQUIA, Bio-Agral, qui
s'intéresse à ce domaine particulier. On peut dire qu'à
l'heure actuelle, dans tous les cas, le gros des affaires gouvernementales va
porter sur la valorisation de la biomasse.
Mme Dougherty: Vous avez mentionné l'Institut
Armand-Frappier. J'ai lu dans la Presse, récemment, qu'on est en
colère à cause des coupures du budget. Peut-être que vous
aimeriez réagir à cela? Mais l'autre question, pour le
troisième fonds qui fait
partie de la loi 19, le fonds de recherche en alimentation sur les
pêcheries, je ne connais pas le nom exact, combien d'argent de
prévu?
M. Bérubé: II n'y en a pas pour l'instant.
Mme Dougherty: Est-ce que cela existe?
M. Bérubé: Le fonds n'est pas encore
constitué.
Mme Dougherty: II n'a jamais été
créé?
M. Bérubé: À l'heure actuelle, la recherche
dans le secteur agro-alimentaire est financé directement par le
ministère de l'Agriculture et, évidemment, par le biais aussi du
FCAR; il s'agit de recherche universitaire. Pour l'instant, c'est le
ministère de l'Agriculture qui assume l'entière
responsabilité du financement de la recherche appliquée dans le
domaine agro-alimentaire. Le fonds en question, qui devait plus
spécifiquement s'intéresser au développement de la
recherche dans ce domaine, n'a pas encore été
constitué.
Mme Dougherty: Parce que ça pourrait être un
véhicule privilégié pour répondre aux besoins
cités dans l'avis du conseil, les besoins de former des chercheurs dans
ce secteur. Comme cela fait partie de la loi 19, le ministère de la
Science et de la Technologie pourrait peut-être faire des
démarches pour que ce fonds soit constitué, qu'il soit
alimenté des fonds adéquats pour répondre à des
besoins autres que ceux du secteur de la santé.
M. Bérubé: Je dois dire qu'à l'heure
actuelle le ministère de l'Agriculture a dans ses crédits 3 600
000 $ pour financer des travaux de recherche dans le domaine. Il ne faut pas
préjuger qu'il n'y a pas de sommes consacrées à la
recherche. On me souligne que 3 600 000 $, le chiffre que je vous cite, c'est
le chiffre que l'on retrouve au programme 1, élément 4, du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
alors que le ministère consacre à la recherche agricole
au-delà de cela dans son programme 2, élément 2,
près de 22 000 000 $. Il existe donc à l'heure actuelle un fonds
de recherche autonome de 3 600 000 $. La seule différence, c'est qu'il
est géré directement par le ministère de l'Agriculture
plutôt que d'être géré par un organisme
indépendant. C'est uniquement cela qui est en cause. À ma
connaissance, mon collègue de l'Agriculture aspirait à convoquer
éventuellement une table ronde de tous les intervenants du monde de la
recherche agricole avant de prendre la décision finale de la
création du fonds. (16 h 15)
Mme Dougherty: Merci. À la page 21, on parle des droits de
propriété intellectuelle dans le domaine de la biotechnologie,
mais je ne vois aucune responsabilité ici dans les objectifs et les
projets de la Direction de l'informatique et de la micro-électronique
qui vise la protection des logiciels. Étant donné l'importance de
ce secteur pour cette industrie au Québec, j'aimerais vous demander ce
que vous avez l'intention de faire afin d'appuyer les demandes récentes
du conseil sur cette question. Il a préparé un mémoire qui
a été soumis au gouvernement fédéral sur son livre
blanc, sur les droits d'auteur. On constate dans ce mémoire que la
politique prévue par le gouvernement fédéral risque
d'être un recul inadmissible en ce qui concerne la protection des
logiciels. J'aimerais savoir si le gouvernement a l'intention d'appuyer ces
demandes. On ne peut pas laisser le conseil négocier ou parler au
gouvernement fédéral surtout sur un sujet qui est tellement
important pour l'avenir de notre industrie électronique.
M. Bérubé: Le mécanisme de communication
naturelle entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral demeure la conclusion d'ententes, de coopération
dans le domaine de la science et de la technologie. Nous sommes actuellement
à négocier une telle entente et, parmi les valets d'une telle
entente, il y a l'établissement de liens permanents entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec pour que
l'on puisse harmoniser nos politiques d'intervention et mieux répondre
aux contraintes qui nuisent au développement de la science et de la
technologie ici au Québec. Par conséquent, le volet naturel
devrait être normalement par le biais de ces groupes conjoints de travail
où on peut, à ce moment-là, discuter avec les
autorités fédérales des changements à apporter
à des propositions qu'ils peuvent déposer, par exemple, à
leur Parlement.
Mme Dougherty: D'accord, merci.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Étant donné que nous terminons
à 18 heures, y a-t-il un temps alloué pour chaque programme ou
chaque élément de programme, de telle sorte que je n'aie rien
à dire avant d'en arriver au programme 4? Peut-on s'entendre à
l'avance pour réserver du temps pour le programme 4 des crédits
du ministère?
Le Président (M. Beaumier): Jusqu'ici, il n'y a pas eu
d'entente à ce sujet. En fait, c'est la réglementation qui fait
que, théoriquement, sur chaque élément de chaque
programme, le droit d'intervention de tous les députés est de 20
minutes.
M. Grégoire: Nous en sommes toujours au programme 1?
Le Président (M. Beaumier): Nous sommes toujours au
programme 1. Mme la députée de Jacques-Cartier, aviez-vous...
M. Grégoire: Peut-on s'entendre pour garder une demi-heure
ou environ pour...
Mme Dougherty: Pas une demi-heure, il n'y a pas assez... Quinze
minutes, est-ce que cela suffit?
M. Grégoire: Pour tout le programme 4?
Mme Dougherty: C'est qu'il y a tant de questions et on n'a que
deux heures et vingt minutes cet après-midi.
M. Grégoire: Mais j'entends pour les cinq
éléments du programme 4.
Mme Dougherty: Le programme 4?
M. Grégoire: Oui, science et technologie.
Mme Dougherty: Cela s'en vient, oui. M. Grégoire:
D'accord. Non, non... Le Président (M. Beaumier}: Alors...
Mme Dougherty: Peut-être que je n'ai pas compris, je
m'excuse, je n'ai pas écouté.
M. Grégoire: C'est parce que nous étudions un
élément du programme 1...
Mme Dougherty: Oui.
M. Grégoire:... un élément du programme 3,
je crois, et cinq éléments du programme 4.
Mme Dougherty: Exactement.
M. Grégoire: Oui. Je me demandais s'il n'y avait pas une
possibilité de réserver une période pour les
éléments du programme 4...
Mme Dougherty: Oui.
M. Grégoire:... à la fin, si...
Mme Dougherty: J'ai l'intention de parler du programme 4 pendant
au moins une heure, personnellement.
M. Grégoire: J'en aurais peut-être pour 15 ou 20
minutes.
Mme Dougherty: Alors, est-ce que je pourrais vous donner quinze
minutes sur cette heure?
M. Grégoire: Vingt minutes? Je vais vous laisser parler
sur les autres programmes. Je n'ai rien à dire sur les autres
programmes.
Mme Dougherty: Si la partie gouvernementale voulait nous donner
quelques minutes de plus....
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait demander au
ministre du Travail de prêter les services d'un médiateur-arbitre
pour...
Mme Dougherty:... s'ils s'entendent pour qu'on
dépasse...
M. Bérubé:... aider à la solution du
conflit.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre, regardez bien,
nous allons très bien nous en sortir.
M. Grégoire: D'une manière ou d'une autre, je suis
prêt à suivre la décision du président qui dit que,
sur chaque élément, chacun a droit à 20 minutes.
Le Président (M. Beaumier): Ce n'est pas une
décision, c'est notre réglementation qui nous dit que, sur chaque
élément de chaque programme, tout député ou toute
députée a droit à 20 minutes d'intervention. Le ministre
peut, après chaque intervention de chacun ou chacune des
députés, intervenir également.
M. Grégoire: Très bien. Alors, nous sommes à
la veille d'arriver au programme 4. Nous n'avions que deux
éléments...
Le Président (M. Beaumier): Je crois que votre message est
fait.
M. Grégoire: Très bien.
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: À la page 22, vous parlez de projets
pilotes de toutes sortes. Pour l'orientation pour 1985-1986, premier
paragraphe, vous dites: Les projets devraient prendre la forme
d'expériences pilotes ou de projets expérimentaux de toutes
sortes, etc. J'aimerais avoir une idée, de quoi il s'agit. Le champ est
tellement vaste, on ne peut
pas tout faire. Voulez-vous préciser ces orientations?
M. Bérubé: Écoutez, il est facile de parler
des projets en cours et beaucoup plus difficile de parler des projets à
venir, étant donné que ces derniers vont être
sélectionnés en cours d'année et que, a priori, je ne peux
pas, en ce moment, vous dire quels sont ceux qui seront retenus finalement.
Par exemple, un projet que nous venons d'approuver et pour lequel
l'essentiel des déboursés se produiront en l'année
1985-1986, c'est un projet d'implantation d'un centre qui va favoriser le
transfert de technologies dans le domaine de l'informatique appliquée
à l'industrie de la construction. Nous allons investir, je n'ai pas le
chiffre exact à la mémoire, mais je pense que c'est autour de 2
500 000 $, ou pas loin, en cinq ans.
Il s'agit de rassembler en un point au Québec l'essentiel de
l'expertise scientifique en ce qui a trait à l'informatisation des
techniques de construction, les calculs d'enveloppes de toutes sortes,
l'isolation des bâtiments, le standard de construction, donc de
rassembler en un point toute l'information, de créer des banques de
données, de préparer des logiciels servant à des calculs
de tout ordre dans l'industrie de la construction. Ce projet est mené
conjointement avec des représentants d'entreprises, de manière
à favoriser essentiellement le transfert. J'ai le montant complet, c'est
2 437 000 $, mais, je m'excuse, j'avais dit 2 500 000 $ et, pour 1985-1986, il
y aura un déboursé de 592 000 $. Donc, ce projet va permettre de
rassembler un bassin d'expertises accessible à toutes nos firmes
d'ingénieurs-conseils, aux architectes qui oeuvrent dans le secteur de
la construction. Voilà un projet de transfert technologique qui est
parrainé par le ministère.
Un autre projet de transfert technologique a trait à BITA, qui
est un organisme sans but lucratif dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean, qui se donne comme objectif d'établir les
liens entre les chercheurs universitaires et collégiaux et les petites
et moyennes entreprises de la région, de manière également
à permettre un transfert technologique plus rapide. C'est bien le BITA.
Je serais bien en peine de vous dire ce que le sigle BITA veut dire. Je
pourrais vous parler du CODATEL, qui est un organisme également
semblable, cette fois-ci dans la région de l'Estrie, et qui vise, dans
le domaine des applications de l'électricité, à faciliter
la cohésion entre universités, collèges et entreprises de
la région de l'Estrie.
Voilà donc des projets pilotes qui sont tous, je dirais,
centrés sur la préoccupation première de notre
ministère en ce moment, qui est le transfert technologique vers
l'entreprise à partir des bassins d'expertise existants. Ce sont les
projets pilotes que nous avons retenus cette année.
Pour l'année prochaine, évidemment, cela va
dépendre un peu des demandes. Nous avons une petite enveloppe qui nous
sert à financer des projets qui nous sont soumis et qui apparaissent des
plus prometteurs.
Mme Dougherty: Merci. Même page, page 22, dernière
phrase. Une de vos orientations, de vos objectifs pour l'année qui
vient, est d'assurer la mise en place de mécanismes de transfert de
connaissances et de technologies entre les milieux universitaire et industriel.
Tout le monde s'entend sur la nécessité de ce transfert, de cet
échange de ressources et d'idées. Il me semble, selon tout ce que
j'ai lu, selon tous les groupes, les experts, que les personnes
impliquées dans le milieu universitaire et le milieu industriel
s'entendent sur un point, c'est que la meilleure façon d'encourager cet
échange, ce renforcement des liens universitaires et industriels est de
privilégier les incitatifs, mais je parle des incitatifs fiscaux. Le
rapport Wright, par exemple - et j'ai soulevé sa position dans les
questions que j'ai posées lors de mon discours d'ouverture -qui a
été présenté à l'ancien ministre de
l'Industrie et du Commerce au niveau fédéral, M. Lumley,
recommande deux choses à cet égard. Il recommande d'abord une
prime de 25 % payable aux universités participant à des contrats
industriels en recherche et développement; deuxièmement, un
crédit d'impôt de 50 % accordé aux compagnies pour la
recherche et le développement qu'elles font exécuter par les
universités. Avez-vous examiné les recommandations du rapport
Wright? Parce qu'il examine tout le problème du développement
technologique au Canada et les moyens à privilégier pour
encourager notre développement et un des moyens à
privilégier, un des secteurs à privilégier, c'est la
nécessité de renforcer ces liens entre les universités et
l'industrie. (16 h 30)
On peut en parler, tout le monde s'entend sur les objectifs. Mais
qu'est-ce qu'on va faire pour faciliter, pour encourager cet échange?
Est-ce que vous avez considéré ces recommandations? Si oui,
quelle est votre réaction? Est-ce que vous allez calculer le coût
d'une telle mesure? Quelles sont vos intentions à cet égard?
M. Bérubé: Bon! D'une part, il faut que vous soyez
bien consciente - et je suis convaincu que vous l'êtes - du peu
d'importance des impôts payés par les entreprises dans une
province comme le Québec. Le taux maximal est de l'ordre de 5 % des
profits pour les plus grosses corporations et de 3 % pour les autres. Il
est donc très faible comparativement à un taux de taxation
au niveau fédéral de l'ordre de 36 %. Il est clair que la marge
de manoeuvre dont dispose le gouvernement fédéral pour consentir
des abattements fiscaux aux entreprises est nettement plus élevée
que celle dont nous disposons au Québec, puisque nous ne les taxons pas
les profits des entreprises. C'est donc difficile de les détaxer,
puisqu'on ne les taxe pas. Puisque nous ne taxons pas et que les entreprises ne
nous versent donc que peu d'argent, nous avons plutôt tendance à
procéder par un biais autre que celui de la détaxation,
c'est-à-dire l'incitation par le versement direct de sommes
gouvernementales. En effet, je réduis les sommes que l'entreprise a
à payer au gouvernement, et si elle n'a pas à payer de sommes, je
peux lui en donner si elle fait certaines choses. C'est la voie que nous avons
suivie. Soulignons que non seulement nous ne nous opposons pas à ce que
des crédits fédéraux soient consentis pour inciter les
entreprises à investir dans la recherche universitaire, mais, bien au
contraire, nous y sommes totalement favorables.
En ce qui a trait à une des recommandations, qui est celle de la
prime de 25 % payable directement aux universités participant à
des contrats industriels en recherche et développement, je
m'arrête immédiatement et je souligne que tout financement direct
des universités doit passer par Québec. En effet, nous avons la
responsabilité ici, comme Parlement, comme Assemblée nationale,
de décider de ce que nous voulons pour nos institutions d'enseignement
supérieur, qui sont de juridiction provinciale. Par conséquent,
les transferts directs aux universités doivent toujours passer par le
biais du gouvernement québécois et de l'Assemblée
nationale du Québec, d'une part. Donc, dans la mesure où on
pourrait s'entendre sur les mécanismes pour verser aux
universités des primes provenant d'un programme fédéral de
ristournes sur la recherche industrielle faite en milieu universitaire, je
pense qu'à ce moment-là on pourrait favoriser cette approche. Je
mets immédiatement en garde cependant la députée contre
une acceptation qui serait trop rapide et a priori d'un mode de subvention
directe aux universités, d'une part. D'autre part, que cherchons-nous
à réaliser au Québec pour tenter d'améliorer les
types de contacts? Par exemple, les centres de recherche que nous implantons
à l'heure actuelle au Québec sont des centres sur lesquels nous
exigeons de voir l'entreprise représentée au conseil
d'administration, de manière qu'il y ait un véritable
échange entre les représentants des entreprises et les
universitaires. Soit dit en passant, nous cherchons une majorité de
représentants de l'entreprise à ces centres, de manière
à nous assurer qu'effectivement la recherche sera la plus pertinente
possible. C'est le premier objectif que nous poursuivons. Nous exigeons
également...
Mme Dougherty: C'était un gros jugement: Mais qu'est-ce
que pertinente ou non pertinente?
M. Bérubé: Pertinente...
Mme Dougherty: Pertinente pour l'avenir, qui sait?
M. Bérubé: Non, pertinente pour les entreprises. Si
nous voulons faire de la recherche... C'est la question que vous avez
posée, vous voulez qu'on encourage les liens entre l'entreprise et
l'université de manière à assurer un transfert
technologique, donc de façon à assurer qu'il y ait une pertinence
des recherches universitaires afin de répondre aux besoins de
l'entreprise. Sinon, ce n'est pas la peine d'établir des liens entre
l'entreprise et l'université, si les recherches n'ont aucune
retombée pratique pour l'entreprise. On s'entend?
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur cette question, j'aimerais signaler - il y a
encore un grand consensus - que la pertinence de la recherche appliquée
- on parle de la recherche appliquée, "contract research" -doit
être jugée par l'industrie qui la commande et non pas par le
gouvernement.
M. Bérubé: C'est exactement ce que je vous disais.
Je vous parlais de centres de recherche et au moment où vous m'avez
interrompu, peut-être m'étais-je mal exprimé, je vous
parlais de centres de recherche où le conseil d'administration
était majoritairement contrôlé par des représentants
de l'entreprise, de manière à assurer la pertinence des
recherches, pertinence au sens du transfert technologique de
l'université vers l'entreprise. C'est clair?
Mme Dougherty: M. le Président...
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
M. Bérubé: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre, vous terminez
et, ensuite, j'aimerais intervenir deux minutes. M. le ministre.
M. Bérubé: Deuxièmement, nous exigeons que
nos centres sous-traitent à l'extérieur au moins à 50 % de
leur budget
de recherche. Donc, nous voulons forcer le centre à financer de
la recherche universitaire en fonction, évidemment, des besoins des
entreprises qui siègent au conseil d'administration. Voilà une
façon d'assurer un transfert direct de sommes vers l'université,
mais en s'assurant en même temps que la recherche est bel et bien
pertinente au sens où nous venons de la définir.
Soulignons aussi que, pour amener davantage de liens entre
l'université et l'entreprise, nous avons un programme de soutien au
transfert de ressources scientifiques, universitaires et collégiales,
vers l'entreprise. À cette fin, nous défrayons la
rémunération du personnel enseignant de nos institutions qui est
impliqué dans des projets de recherche pour l'entreprise.
Je visitais tout récemment le cégep de
Trois-Rivières où, en fonction des clientèles normales
fréquentant le collège dans le département de
métallurgie, les règles budgétaires permettraient de
rémunérer l'équivalent de sept à huit professeurs;
toutefois, le département en a plus de quinze. Ces professeurs
additionnels sont rémunérés dans le cadre de ce programme
de soutien à l'emploi scientifique, entre autres.
Enfin, nous avons également un programme de soutien au
renforcement des liaisons université-industrie où nous accordons
des subventions de l'ordre d'à peu près 150 000 $ par
année pendant trois ans à des équipes universitaires, une
quinzaine d'équipes universitaires, qui sont particulièrement
performantes quant à leur préoccupation de bien coller à
la réalité industrielle. Donc, voici comment nous nous y prenons.
Nous prenons les moyens pour que des chercheurs universitaires puissent oeuvrer
soit au sein des entreprises, soit de concert avec les entreprises, en
finançant souvent à l'intérieur des entreprises des postes
de chercheur universitaire et nous encourageons également les chercheurs
universitaires à établir des liens très étroits
avec les entreprises; enfin, nous mettons en place des centres de recherche
dont la majorité du conseil d'administration est contrôlée
par des représentants de l'entreprise, lesquels centres de recherche
devront financer au moins 50 % de leur recherche à l'extérieur,
soit dans les entreprises, soit dans les universités, de manière
à nous assurer que cette recherche également soit pertinente au
sens d'une amélioration des liens entre l'université et
l'entreprise.
Voilà donc comment nous pouvons, par des interventions directes,
favoriser davantage les liens entre l'université, les collèges et
nos entreprises, évidemment, sans mettre beaucoup d'accent à
l'heure actuelle sur les avantages fiscaux puisque les avantages fiscaux ont
relativement peu d'impact sur les entreprises québécoises,
celles-ci ne payant pour ainsi dire jamais d'impôt ou très peu
d'impôt, 3 % ou 5 % de leurs profits, ce qui est très faible et ce
qui laisse peu de marge de manoeuvre pour consentir des avantages fiscaux.
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier, j'aimerais vous signaler que les vingt minutes qui vous
étaient allouées sont terminées.
Mme Dougherty: Je ne peux pas compléter ma question sur ce
programme?
Le Président (M. Beaumier): Allez-y, vous pouvez
terminer.
Mme Dougherty: C'est simplement pour souligner que tous ces
programmes mentionnés par le ministre sont bons. Je ne suis pas contre
ces programmes. C'est simplement le point souligné par le rapport
Wright, que la capacité de recherche des universités est
limitée par l'infrastructure et chaque dollar qu'elles acceptent de
l'industrie pour des contrats de recherche ou des fonds fédéraux,
par exemple, coûte quelque chose à l'université. Dans la
situation actuelle où leur budget est assez restreint, elles n'ont pas
la possibilité d'accepter ces contrats de recherche sans un prix
additionnel pour appuyer l'infrastructure. C'est pourquoi elles ont
suggéré ces 25 % pour encourager les universités à
accepter des contrats de recherche appliquée. Je crois que c'est une
suggestion qui doit être examinée par votre ministère et
peut-être discutée avec les autorités
fédérales. Les universités en sont très
conscientes. J'entends dire cela partout au Québec par les
universités, leur capacité est à la limite. Ce n'est pas
parce qu'elles sont contre l'expansion de ce secteur de leurs activités.
Il faut ce renforcement de leur infrastructure pour ne pas diminuer les autres
activités de leur mission.
M. Bérubé: Puis-je répondre à ce
point-là, M. le Président?
Mme Dougherty: M. le Président, j'avais deux autres
suggestions à cet égard. Je voudrais simplement
référer le ministre aux questions 9 et 10 de mon discours
d'ouverture. Je demande au ministre d'examiner ces initiatives ou ces
recommandations parce que, aux États-Unis, il y a des lois qui
encouragent ces échanges entre l'université et le monde
industriel qui sont plus souples peut-être que les nôtres. En
Ontario aussi, on a créé un fonds spécial qui permet
l'ajout de 1 $ pour chaque contribution de 2 $ que les universités
recueillent du secteur privé. Ce sont deux initiatives qu'on doit
examiner, je crois, ici au Québec.
M. Bérubé: D'abord, j'aimerais souligner
à la députée un aspect de son intervention qui
laisserait croire à quelqu'un qui lirait les comptes rendus de nos
travaux le soir pour pouvoir mieux s'endormir que l'effort de recherche que
nous consacrons au Québec dans le monde universitaire est
inadéquat. Or, tout récemment, en février dernier, le
ministre fédéral de la Science et de la Technologie nous
soumettait des données statistiques sur l'effort relatif des diverses
provinces en recherche et également en fonction des secteurs de
recherche, soit gouvernementale, soit universitaire ou industrielle.
Qu'est-ce que nous y constatons? D'abord, que la recherche universitaire
au Québec, par rapport à notre richesse, est tout à fait
comparable avec ce qui se fait de bien dans le monde. En effet, il y a bien une
demi-douzaine de pays qui y consacrent un effort supérieur à
celui qu'y consacre le Québec. Ce sont le Japon, les États-Unis,
la France, l'Allemagne. Mais, soit dit en passant, l'écart entre
l'effort consenti par ces pays et le Québec n'est pas très
différent. En effet, la plupart de ces pays vont consacrer à peu
près 0, 34 % du produit intérieur brut à la recherche
universitaire et, au Québec, nous serions à 0, 28 %,
d'après les chiffres fédéraux. Donc, nous sommes un peu en
retard. Évidemment, le reste du Canada est nettement plus en retard. Il
est à 0, 23 % pour l'ensemble du Canada, ce qui veut dire que la moyenne
canadienne est donc nettement plus faible. (16 h 45)
Donc, l'effort québécois est tout à fait valable.
Si on ajoute ce que nous injectons dans les actions structurantes à
l'heure actuelle et ce que nous ajoutons en termes de financement de centres de
recherche conjoints, je dois dire que ceci va représenter à peu
près 0, 04 % du PIB, c'est-à-dire va nous ramener à peu
près à 0, 32 %, donc, cette fois-là encore, plus
près des tendances internationales les plus modernes et les plus
avancées.
La recherche que nous faisons en milieu universitaire est loin
d'être négligeable. Elle est supérieure à ce qui se
fait ailleurs en termes, au moins, de sommes investies. Le problème
n'est peut-être pas tellement un problème de financement qu'un
problème d'allocation, de manière à privilégier
l'émergence de créneaux d'excellence. Notre recherche est
peut-être trop morcelée, trop dispersée et fait en sorte
que nous avons de la difficulté à trouver des concentrations de
chercheurs et des étudiants gradués dans nos universités
telles qu'on puisse être satisfait du type d'encadrement des
études supérieures qui s'y font. Je pense que, lorsque nous
discuterons des crédits à l'enseignement supérieur, on
pourra discuter davantage sur cet aspect.
Le point que vous soulevez est un nouveau point qui n'était pas
celui que vous aviez soulevé au départ, c'est celui du
financement des frais afférents de la recherche universitaire. Vous avez
souligné un fait exact, reconnu comme tel par le ministère de
l'Enseignement supérieur, c'est que, reliés aux subventions de
recherche, généralement gouvernementales et
généralement du gouvernement fédéral, existent des
frais d'administration qui ne sont pas couverts par les organismes
subventionnaires fédéraux.
C'est vrai pour les subventions fédérales. C'est beaucoup
moins vrai pour le financement industriel de la recherche en milieu
universitaire car la recherche en milieu universitaire financée par les
entreprises entraîne généralement des frais administratifs
qui peuvent atteindre jusqu'au tiers et même la moitié des frais
de recherche, précisément pour couvrir de tels frais
administratifs.
Le problème des frais afférents de recherche est un
problème qui est davantage relié au financement par les
organismes gouvernementaux de la recherche universitaire qui ne prévoit
pas de tels frais afférents. À tel point que, dans les
règles de financement de nos universités, nous voudrions
introduire, dans les paramètres de financement des universités,
l'importance relative des subventions gouvernementales de recherche, de
manière à ajouter au financement des universités des
sommes additionnelles pour couvrir ces dépenses, ces coûts
marginaux.
C'est la proposition que nous avons soumise au Conseil des
universités. Nous ne l'avons pas mise en application cette année,
dans la mesure où les règles de financement avaient
été annoncées l'année dernière, et il est
important que les universités sachent sur quelle base elles recrutent
leurs étudiants. Toutefois, j'entends bien cette année discuter
avec les recteurs de nos universités de modifications à
introduire aux règles de financement des années futures et, entre
autres, parmi les paramètres que nous voulons introduire, il y aurait
les paramètres de financement des frais afférents de recherche,
particulièrement pour la recherche gouvernementale, car le
problème m'apparaît moins grave dans le cas de la recherche
industrielle puisqu'en général la recherche industrielle
prévoit des frais afférents et les couvre au départ.
Pour me résumer, je n'ai pas l'impression à l'heure
actuelle que nous manquons de ressources financières pour mener des
activités de recherche en milieu universitaire, mais j'ai cependant
l'impression que nous avons dispersé nos efforts depuis un certain
nombre d'années et peut-être empêché
l'émergence ou la concentration des chercheurs dans des créneaux
mieux définis où nous aurions pu effectivement avoir un impact
à l'échelle internationale. Je pense qu'il faut adresser un
reproche à notre
mécanisme de financement.
Deuxièmement, je pense que oui, il faut se préoccuper du
problème des frais afférents de recherche, mais plus
particulièrement dans le cas de la recherche fédérale qui,
elle, ne prend pas en compte les frais afférents, de même que dans
le cas de la recherche financée par notre fonds d'action
concertée.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. Est-ce
que le programme 1 dans ses éléments 1, 2 et 5 est adopté?
Oui. J'appellerais donc le programme 2. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Conseil de la science et de la technologie
Mme Dougherty: Le programme 2 traite du Conseil de la science et
de la technologie. Je note que le budget du conseil va être
augmenté considérablement pour l'année qui vient.
Personnellement, je crois que cela est bien mérité parce que le
conseil fait un travail impressionnant. Je n'ai qu'une couple de questions sur
le conseil.
M. Bérubé: Je voudrais intervenir ici afin que vous
trouviez peut-être d'autres questions. Je vous remercie de nous
féliciter de l'augmentation du budget du Conseil de la science et de la
technologie, mais, avant que le président du conseil intervienne, je
voudrais souligner qu'il s'agit là d'un artefact, d'une illusion
d'optique et qui résulte tout simplement de ce qu'antérieurement
une bonne partie des activités du conseil était financée
par le ministère directement et non à travers un budget propre.
Cela explique l'apparente augmentation, mais il s'agit tout simplement d'une
meilleure appropriation des crédits.
Le Président (M. Beaumier): Mme la
députée.
Mme Dougherty: Première question: Le conseil produit
plusieurs avis avec plusieurs recommandations saines qui doivent être
considérés comme très importants par votre
ministère. Est-ce que le conseil a un certain feed-back du
ministère sur ses recommandations? Quelquefois j'ai l'impression que ses
recommandations ne sont pas bien étudiées parce qu'il revient
dans plusieurs avis avec les mêmes recommandations. J'aimerais savoir
quelles sont les communications entre le conseil et le ministère parce
que je crois que le feedback est très important.
M. Bérubé: Je crois qu'elles sont bonnes. Elles
sont bonnes.
Mme Dougherty: Elles sont bonnes, mais, sur le plan pratique....
Je n'ai pas soulevé cette question pour critiquer ni le ministère
ni le conseil parce que c'est simplement: Est-ce qu'il y a du feed-back?
Après avoir étudié l'avis, est-ce que le conseil
reçoit une certaine réaction du ministère: Alors, nous
allons poursuivre telle ou telle recommandation, cela n'est pas pratique, nous
ne sommes pas d'accord? Est-ce que je pourrais poser cette question au
président du conseil, M. le Président?
M. Bérubé: C'est encore gênant pour le
président du conseil de répondre à cette question.
J'imagine qu'il voudrait peut-être commenter concernant les boucles de
rétroaction existant entre le ministère et le conseil. Je lui
passerais plutôt la parole.
M. L'Abbé (Maurice): II y a dans l'économie de
notre conseil la présence au conseil comme membre observateur du
sous-ministre de la Science et de la Technologie. En pratique, la loi
prévoit que le gouvernement peut nommer jusqu'à trois
observateurs. Ce sont des membres du conseil, mais ils n'ont pas le droit de
vote. Ils ont droit d'intervention. Le gouvernement a choisi justement les
trois personnes suivantes: le sous-ministre de la Science et de la Technologie,
le président du Conseil des universités ainsi que le
président du CRIQ, représentant au fond les trois secteurs
gouvernemental, universitaire et industriel. Par ce mécanisme, nous
avons une rétroaction assez constante quand nos avis sont
élaborés. Ces personnes les reçoivent au même titre
que nos membres de sorte qu'elles peuvent aussi donner leur avis chemin
faisant. C'est un premier mécanisme qui nous permet de connaître
un peu la réaction au fur et à mesure que l'étude
progresse. Une fois l'étude terminée et le conseil ayant
adopté un avis, celui-ci est transmis au ministre et il est rendu public
presque en même temps. En fait, nous avons traditionnellement toujours
communiqué au ministre le texte de l'avis un certain nombre de jours
avant la publication officielle. C'est ce qui s'est fait la semaine
dernière.
Le suivi du rapport de l'avis que nous avons, qui est très
important pour nous, nous amène à prendre certainement contact
officieusement avec ses fonctionnaires et, éventuellement, avec le
ministre si l'occasion se présente pour savoir quelle est la
réception qui est faite à cet avis en général. Mais
il faut bien comprendre que notre conseil fonctionne en choisissant la plupart
du temps lui-même l'objet de ses avis. Cela est en vertu de l'article 30
de notre loi. De sorte que, lorsque le conseil a choisi un sujet, il propose un
avis sur ce sujet. Son influence sur le gouvernement se fait souvent
indirectement et non pas directement. L'avis est rendu public, les personnes
qui peuvent intervenir concernant les recommandations ne
sont pas toujours du gouvernement, elles peuvent être des
universités; évidemment, le gouvernement peut faciliter leur
réaction par ses propres leviers. Ce peut être l'industrie, ce
peut être d'autres sortes d'intervenants. Nous croyons que l'avis qui est
rendu public peut influencer ces constituants de la communauté
scientifique qui, eux-mêmes, après, interviennent de leur propre
chef auprès du gouvernement pour presser l'avis.
Il y a cependant une différence que je ferais si l'avis est
demandé par le ministre. C'est l'article 31 qui donne au conseil le
devoir de donner un avis au ministre si celui-ci le sollicite du conseil. Je
dois dire que cette question a été rarement soulevée parce
qu'à ma connaissance, depuis que je suis au conseil, il n'y a pas eu,
sauf récemment, d'avis demandé par le ministre. Actuellement, M.
le ministre nous a sollicités pour obtenir des avis formels sur trois
sujets et nous entreprenons de travailler sur ces sujets. Dans un cas comme
celui-ci, il serait certainement intéressant pour nous, étant
donné que c'est le ministre qui nous a demandé notre avis,
d'avoir une réaction du ministre. Il est possible que ce soit plus
facile dans un cas comme cela que dans le cas où le conseil
lui-même choisit son sujet. Cela peut ne pas répondre
nécessairement à un besoin du gouvernement lorsque... Cela peut
être un besoin à long terme, ce peut être un travail qui
exigera une réaction plus à long terme qu'à court
terme.
M. Bérubé: Je dois dire aussi qu'il est exact que,
dans le cas du Conseil de la science et de la technologie, j'adressais tout
récemment une demande au conseil sur des points plus spécifiques
qui nous préoccupent et pour lesquels nous n'avons pas
véritablement la réponse. Par exemple, nous nous interrogeons sur
la possibilité qu'annuellement on procède à un bilan de
l'état de la technologie, un bilan scientifique québécois.
Évidemment, la question que l'on peut se poser, vu qu'il ne peut donc
pas tout couvrir, c'est ceci: En quoi consisterait un tel rapport, de
manière à pouvoir orienter le gouvernement dans la prise de
décision?
Nous nous préoccupons également de la participation des
régions au développement scientifique. Le développement
scientifique doit-il être restreint à la région
montréalaise et possiblement avec quelques effets induits à
Québec ou à Sherbrooke? Qu'arrive-t-il du développement
technologique, par exemple, et scientifique en Gaspésie? Quel est le
lien qui doit exister entre l'industrie des pèches et le milieu? Quel
est le lien qui doit exister entre l'industrie minière dans le
Nord-Ouest et son milieu? En d'autres termes, nous nous préoccupons de
certaines missions scientifiques et technologiques qui pourraient être
caractéristiques des régions. Nous sommes également
préoccupés par un aspect qui est celui de l'engouement que nous
avons tous pour les secteurs dits de pointe: la micro-électronique, la
biotechnologie. Il y a là un danger, soit celui de se laisser aguicher
par quelques puissants phares qui éclairent le monde de notre ignorance
et qui nous amènent à vouloir nous engager dans des voies
où il y a peut-être déjà beaucoup de joueurs et
où peut-être, même par des efforts considérables
à l'échelle du Québec, les chances de réaliser des
percées majeures pourraient être fort limitées, alors que
nous disposons chez nous d'une industrie plus traditionnelle, une industrie des
ressources. Je pense à l'industrie forestière, à
l'industrie minière; je pense à nos secteurs de
l'hydroélectricité et de l'énergie. Je pense donc à
cette industrie qui pourrait non seulement bénéficier
d'innovations technologiques, mais qui pourrait servir d'assise au
développement d'une industrie de haute technologie bien accrochée
à son milieu. (17 heures)
Vouloir développer, par exemple, des thermostats domestiques vous
met en concurrence avec de grandes sociétés américaines de
type Honeywell. Si vous êtes chanceux, vous pourrez peut-être
découvrir le thermostat exceptionnel qui va vous mettre sur la carte. Il
n'est pas évident, cependant, qu'il y aura un effet d'entraînement
technologique majeur. Développer, cependant, un carter applicable
à l'industrie forestière, que vous allez expérimenter chez
vous, ne vous met pas en concurrence avec le même type d'entreprise et
peut vous permettre de développer des créneaux.
Donc, nous nous inquiétons de voir, peut-être, notre
attention trop fortement attirée par les secteurs à la mode,
oubliant qu'il se pourrait qu'existent des retombées de ces secteurs de
haute technologie, qui pourraient être exploitées non seulement
pour améliorer la productivité de notre industrie des ressources,
mais également dans le but de développer une industrie
d'exportation de haute technologie dans ces domaines. C'est la voie que,
souvent, la Suède et la Finlande ont choisie, avec beaucoup de
succès. Je pense qu'il est toujours plus facile de se débattre
dans un univers où la concurrence est peut-être moins forte ou
n'est pas entre les mains de géants plutôt que de s'escrimer dans
un domaine où nos adversaires sont de très grande taille.
Voilà trois types d'avis que nous avons demandés, que nous
venons tout juste de demander au Conseil de la science. Voici un genre
d'interaction, je pense, normale. C'est-à-dire que non seulement le
conseil doit pouvoir choisir ses avis, mais, de plus, il est important que nous
interrogions le conseil dans des domaines où nous avons des
inquiétudes sans être capables de les articuler de façon
absolument précise. C'est
peut-être de ce genre d'interaction qu'il faut parler.
Je termine en soulignant que le ministre de l'Enseignement
supérieur a la veine d'avoir des avis du Conseil des universités,
du Conseil des collèges, du Conseil de la science et de la technologie.
On va même garder le Conseil supérieur de l'éducation. Je
dois dire qu'il reçoit beaucoup de conseils. Cela entre,
hebdomadairement, à un rythme effréné. Cela peut parfois
donner l'impression qu'on n'attache pas toute la même importance à
tous ces nombreux conseils que l'on nous donne, mais les bons conseils sont
examinés avec beaucoup d'intérêt.
Mme Dougherty: Merci. J'aimerais revenir à un conseil qui
me semble être important, celui du conseil dans son avis sur le virage
technologique et encore dans son avis sur les technologies d'information. Le
conseil a examiné les mesures à privilégier afin
d'augmenter la recherche industrielle. Tout le monde sait, c'est bien connu,
que nous sommes en retard en ce qui concerne le niveau de notre recherche
industrielle. Le conseil constate encore que c'est surtout en termes de mesures
incitatives qu'il faut agir. Le conseil juge, dans son avis, que les 10 % de
remboursement pour la masse salariale consacrée à des
dépenses de recherche et de développement, ce qui a
été adopté lors du budget de mai 1983, sont insuffisants
pour attirer les capitaux nécessaires.
Il a recommandé dans son avis qu'on augmente ce pourcentage,
qu'une subvention pour cinq années égale à 25 % de
l'accroissement net de la masse salariale dû à l'augmentation du
personnel scientifique assigné spécifiquement à des
activités de recherche et de développement industriel
effectuées au Québec... Pour les industries dans le secteur de la
technologie d'information, le conseil a recommandé un pourcentage de 50
% pour compenser le problème que ces industries ont pour attirer et
maintenir les personnes hautement qualifiées dans ce secteur. Est-ce que
vous avez examiné cet avis qui a été publié le 4
février 1984, je crois, il y a un an? Est-ce que vous avez
examiné cette suggestion parce que je ne vois rien à cet
égard dans le budget qui vient d'être adopté, pouraméliorer les 10 %?
M. Bérubé: La proposition du Conseil de la science
et de la technologie est d'offrir 25 % sur la croissance de la masse salariale.
Nous donnons 10 % sur la masse salariale existante. Il faudrait donc, pour que
la proposition du Conseil de la science et de la technologie soit aussi
intéressante, que la croissance soit au moins de 40 % par année,
c'est-à-dire qu'il faudrait, si je ne m'abuse, rapidement,
présumer que la croissance de la masse salariale consacrée
à la recherche dans une entreprise soit de 40 % pour que le quart de 40
% me donne 10 % de l'ensemble de la masse. Or, 40 % de croissance annuelle
d'une masse salariale, c'est beaucoup. Soulignons-le. Cela représente
des problèmes logistiques d'organisation car, si vous êtes
très petit, 40 % représente néanmoins en termes, par
rapport à ce que vous êtes, presque... C'est 40 % plus d'effectifs
chaque année. C'est beaucoup. Donc, la formule que nous avons à
l'heure actuelle est passablement généreuse puisque, accordant 10
% d'avantages fiscaux sur la masse, il nous faudrait, si on voulait adopter la
proposition que le Conseil de la science et de la technologie nous fait,
probablement réduire pour l'ensemble des entreprises l'importance de la
concession. La méthode utilisée cependant par le conseil a un
avantage qui est réel, c'est d'être plus incitative à la
croissance. Les deux points de vue se valent. Notre méthode est
probablement plus généreuse. Celle du conseil est probablement
plus incitative, peut-être. Ce sont les deux points de vue, je pense,
qu'on pourrait faire valoir.
Je voudrais néanmoins faire un commentaire concernant
l'incitation fiscale comme moyen d'accroître l'effort de recherche. Parmi
des données fort intéressantes qui nous étaient
récemment transmises, toujours par le gouvernement
fédéral, l'on pouvait observer que le Canada dans son ensemble
effectuait un niveau de recherche qui était à peu près
adapté a sa structure industrielle. En effet, l'industrie des ressources
requiert, toute proportion gardée, beaucoup moins de recherche pour
demeurer à la fine pointe de la technologie et l'industrie qui requiert
de la recherche, c'est souvent l'industrie manufacturière
spécialisée dans de nouveaux produits, dans le domaine des
communications. Or, de fait, lorsque vous regardez ces secteurs au Canada,
l'effort de recherche consacré par ces entreprises est tout à
fait comparable à ce qui se fait ailleurs. C'est en bonne partie
relié à notre structure industrielle qui fait que nous disposons
d'entreprises qui ont moins besoin de recherche. En pratique, on fait moins de
recherche et le problème, à ce moment-là, est
peut-être un problème de restructuration industrielle plus qu'un
problème d'incitation à la recherche. Je peux, par exemple,
vouloir faire faire beaucoup de recherche ou beaucoup plus de recherche
à l'industrie des communications au Canada ou au Québec, mais
constater que celle-ci consacre déjà un effort
considérable de recherche tout à fait comparable à ce que
ses concurrents consacrent et que, par conséquent, toutes les mesures
incitatives que je vais empiler les unes sur les autres n'auront pas
véritablement d'effet puisque, déjà, l'entreprise est
très performante sur le
plan de la recherche.
D'autre part, je pourrais mettre en place énormément de
programmes d'incitation dans le secteur de l'industrie des ressources et
constater qu'il n'y a pas non plus beaucoup d'effet induit, résultant
essentiellement de ce que cette industrie n'a pas de grands besoins de
recherche. Elle fait appel à des technologies internationales et qui
sont accessibles à tous ses concurrents.
Quel est le secteur industriel au Québec qu'on voudrait voir
faire plus de recherche? C'est essentiellement la petite et la moyenne
entreprise dans le secteur manufacturier, je dirais, qui n'a pas les reins
suffisamment solides ou une tradition suffisamment grande pour être
activement engagée en recherche. Là, s'agit-il d'un
problème d'incitation fiscale ou d'un problème d'implantation de
personnel scientifique dans ces entreprises qui va sensibiliser celles-ci
à l'importance de la recherche? Je pense que la deuxième avenue
est peut-être la solution, à l'heure actuelle, qui va donner
à terme le plus d'effets. Je pense qu'en introduisant dans nos petites
et moyennes entreprises des scientifiques, des ingénieurs, des
gestionnaires plus modernes, nous allons transformer l'esprit de nos petites et
moyennes entreprises et amener celles-ci à s'engager très
activement en recherche.
Je pense qu'il faut prendre garde, lorsque nous examinons l'effort de
recherche industrielle au Canada et au Québec, de conclure que,
simplement par des incitations fiscales, nous allons induire davantage de
recherche. Je pense qu'il faut également examiner la nature de
l'industrie, s'interroger sur le niveau général de recherche au
sein de ce type d'industrie et, là, conclure quant au niveau optimal de
recherche. Mais nous devons certainement constater qu'il existe une
corrélation très nette entre l'exportation de produits
manufacturés et l'effort de recherche d'un pays. Ce qui
caractérise les exportations canadiennes, c'est leur dépendance
vis-à-vis de leurs ressources et ce qui caractérise ce type
d'économie, c'est un besoin nettement moindre en recherche.
Mme Dougherty: M. le ministre, l'application de ce que vous avez
dit dans le secteur de la micro-électronique dépend de la
matière grise et de la recherche. C'est pourquoi je crois que l'avis de
recommandation du conseil en ce qui concerne 50 % de ce secteur est important
et doit être considéré d'une façon
sérieuse.
M. Bérubé: Je vérifiais les chiffres
tantôt. Dans le secteur de la micro-électronique que vous venez
d'indiquer en référence, l'effort de recherche représente
entre 8 % et 12 % du chiffre d'affaires au Québec. C'est tout à
fait comparable à ce que les grandes entreprises internationales
consacrent à la recherche. Alors, où est le problème? Nous
n'avons pas suffisamment d'entreprises québécoises dans le
domaine de la micro-électronique. Par rapport au reste de notre
économie, ce secteur est trop petit et ne génère pas un
volume de recherche qui soit, lorsqu'il est exprimé en pourcentage de la
richesse générale de nos concitoyens, adéquat. Vous voyez
que le problème de l'insuffisance de l'effort de recherche par rapport
à l'ensemble de notre économie n'est pas nécessairement
relié à l'absence d'incitation. Il peut être relié
à la nature même de notre structure économique, par
exemple, au phénomène que les économistes qualifient de
"branch plant economy". Dans la mesure où un fort pourcentage de nos
entreprises sont contrôlées de l'étranger et qu'en
général l'effort de recherche est associé de très
près au siège social, de manière à pouvoir suivre
très rapidement les innovations et à les incorporer dans la
stratégie corporative de l'entreprise, on constate qu'il y a
effectivement fort peu de filiales de sociétés
étrangères qui effectuent des travaux de recherche au
Québec et au Canada. Le problème de l'absence de recherche au
Canada et au Québec pourrait être une insuffisance de
contrôle autochtone de nos entreprises. À ce moment-là,
toutes les incitations fiscales à la recherche pourraient absolument
achopper parce que l'entreprise, dans sa stratégie corporative, ne
perçoit pas de besoins en recherche pour ses filiales situées au
Québec. (17 h 15)
Mme Dougherty: En terminant ce programme, j'aimerais
référer le ministre aux avis que le conseil a donnés sur
les technologies de l'information parce que le problème est la
concurrence internationale qui est très vive dans le domaine du
personnel scientifique. C'est là le problème, c'est la
matière grise qu'il faut former, maintenir et attirer. C'est là
le problème et c'est pourquoi, selon mon interprétation, ces 50 %
ont été recommandés.
Est-ce qu'on pourrait examiner le programme 4?
Le Président (M. Beaumier): Un instant! Est-ce que le
programme 2 est adopté?
M. Grégoire: Sur le programme 4?
Le Président (M. Beaumier): Un instant:
Est-ce que le programme 2 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Bon. J'appelle donc, dans son
élément 1, le programme 4. M. le député de
Frontenac.
Soutien à des centres de recherche
appliquée
M. Grégoire: Oui, M. le Président, le programme 4,
c'est surtout là-dessus que je voulais poser des questions au ministre,
particulièrement sur le soutien à des centres de recherche
appliquée et principalement sur la valorisation industrielle de la
recherche, parce qu'un des principaux buts de la recherche est d'être
revalorisée dans le domaine industriel pour faire
bénéficier le Québec de retombées
économiques importantes.
Je voudrais poser deux questions au ministre dans deux domaines.
Premièrement, dans le secteur de l'amiante. Un centre de recherche est
financé indirectement par le gouvernement du Québec par la
Société nationale de l'amiante, qui fonctionne depuis cinq ans.
Je voudrais demander au ministre de nous dire où en est rendu, par
exemple, le secteur de l'oxyde de magnésium. Il y a une usine, il y a eu
de la recherche en laboratoire, il y a eu de la recherche industrielle, du
pilotage industriel. Cela fait quatre ou cinq ans que l'usine est construite.
Est-ce que cela risque d'entraîner des résultats? Est-ce qu'il y a
une possibilité de fonctionner sur une échelle industrielle?
Est-ce que la recherche se traduira par des retombées industrielles
importantes? Il y a eu, au Centre de recherche sur l'amiante, de grandes
recherches faites sur les produits-minute, c'est-à-dire les sables de
fonderie et autres matériaux du genre. Est-ce que cela va se traduire
également par des retombées industrielles importantes?
Toujours dans le secteur de l'amiante, je voudrais parler des
résidus parce qu'il y a eu de gros efforts de faits dans ce domaine.
Dans le magnésium métal, on me dit que les recherches en
laboratoire sont terminées, que, depuis deux ans déjà, on
parle d'installer un pilotage industriel, mais je pense que cela n'est pas
encore commencé. Est-ce que le ministre, qui se tient au courant de la
recherche qui se fait au Québec - je sais qu'il est d'une
compétence un peu exceptionnelle dans le domaine -pourrait nous dire
où en sont toutes ces recherches du Centre de recherche sur l'amiante?
Est-ce que les retombées industrielles sont à la veille de nous
tomber sur la tête? Est-ce que cela va entraîner un
développement industriel et nous donner de l'emploi dans cette
région? Il y a également toutes les recherches que le ministre
doit connaître sur les plaques polies d'amiante-ciment et ces
choses-là. J'aimerais savoir quel sera l'aboutissement normal de la
recherche qui a été faite, qui a été
financée par le gouvernement au Centre de recherche sur l'amiante, et
quels sont les résultats que le ministre en attend. J'aurai une
deuxième question à poser sur un tout autre sujet au
ministre.
M. Bérubé: Non pas que je ne veuille pas
répondre au député, je n'en serais que trop heureux, mais
il s'agit là d'un dossier qui relève du ministre sectoriel de
l'Énergie et des Ressources et lui seul serait en mesure
véritablement de répondre aux questions. En effet, des travaux de
laboratoire ayant été menés à l'époque
où j'étais ministre responsable, je suis familier avec les
éléments d'innovation technologique potentielle que
représentaient ces travaux de recherche. Toutefois, il y a entre
l'idée scientifique et son actualisation commerciale, d'abord, des
problèmes technologiques importants; deuxièmement, des
problèmes économiques importants et, troisièmement,
souvent des délais significatifs. On parle de dix à quinze ans
entre une invention et son application industrielle. Par conséquent, je
ne peux malheureusement pas lui dire où on en est à l'heure
actuelle au chapitre de l'application commerciale. Je peux lui confirmer que,
sur le plan technique, c'est opérationnel. Je ne peux pas lui dire si,
au plan économique, c'est rentable.
Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche
M. Grégoire: Par exemple, je vois au programme 4 l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. Est-ce
que, lorsque cette agence voit des recherches se faire quelque part, elle aide
à la valorisation industrielle de ces agences surtout si c'est une
agence gouvernementale? Est-ce que le ministre de la Science et de la
Technologie va venir me dire qu'il n'est pas ministre de cette
science-là ni de cette technologie-là, que cela relève
d'un autre ministre? Ce sont tout de même des chercheurs; ce sont des
laboratoires qui ont été financés par le gouvernement du
Québec. C'est pour ça que je me demandais si le ministre en tant
que tel était plus au courant que cela, si l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche voyait
où cela était rendu et si le ministre veut nous donner une
réponse. S'il ne peut pas aller plus loin que cela, est-ce parce qu'il
ne veut pas entrer dans un autre service ou parce qu'il n'a pas
été mis au courant?
M. Bérubé: Écoutez! Je dirais que je suis
convaincu que l'agence brûlerait d'envie de travailler à ce
dossier, mais, en même temps, je pense qu'il faut éviter de
dédoubler les interventions gouvernementales. Personnellement, lorsque
le bras gauche de l'État donne une subvention à la poche droite
de l'État, j'ai tendance à estimer qu'il y a quelque chose de
défectueux dans notre système. Si nous avons à donner des
subventions à la Société nationale de l'amiante pour lui
permettre de développer
un procédé, je pense que c'est à nous à le
faire, c'est notre société. D'une façon
générale, les subventions aux sociétés
d'État ne m'apparaissent pas la meilleure façon de promouvoir
l'initiative au sein de nos sociétés, premièrement.
Deuxièmement, je pense que l'AQVIR n'a pas à se substituer
à toutes les agences gouvernementales d'aide au développement des
entreprises. Pour moi, l'AQVIR doit s'intéresser en premier lieu au
transfert technologique à partir de nos institutions d'enseignement
supérieur vers les entreprises, elle doit s'intéresser aussi
à l'émergence de nouvelles entreprises, car nos agences
gouvernementales de financement - je pense à la SDI, par exemple -
consacreront davantage leurs énergies non pas à
l'émergence d'entreprises, mais au développement des entreprises
existantes. D'ailleurs, leurs critères de financement impliquent
généralement que l'entreprise est opérationnelle depuis
quelques années. Ce n'est pas le rôle de la SDI de s'engager dans
le développement de nouvelles entreprises, bien que, de plus en plus, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, par le biais de PECEC, par
exemple, ait sans cloute à s'intéresser à ce
problème de l'émergence d'entreprises. Pour l'instant, en tout
cas, l'AQVIR peut assumer un rôle un peu unique au Québec, qui
n'est pas assumé par la SDI, qui est celui de participer à
l'émergence d'entreprises et au transfert technologique de l'inventeur
vers la petite entreprise. Je pense que c'est son rôle central, beaucoup
plus, en tout cas, que de devenir un organisme de financement de nos
sociétés d'État qui seraient un peu trop pusillanimes face
aux risques du développement car, soit dit entre nous, si la
société d'État X craint de perdre ses capitaux dans un
investissement risqué, je ne vois pas en quoi le fait qu'on la finance
par le biais d'une autre société d'État contribue de
façon significative à diluer le risque, pour autant que
l'actionnaire principal est concerné.
M. Grégoire: Je m'aperçois que le ministre a des
mots assez durs vis-à-vis d'une certaine société
d'État quand il la traite de pusillanime. Je veux réellement
avoir son opinion sur l'orientation de cette société
d'État qui, à mon avis également, est un peu pusillanime
par les temps présents. Le ministre m'a dit que, si ces retombées
industrielles étaient retardées c'était,
troisièmement, m'a-t-il dit, à cause du facteur
économique. À ce moment-là, ne serait-il pas bon
précisément que l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche vienne à l'aide d'une société
d'État pusillanime qui a peut-être les deux pieds attachés
par un autre gros boulet qui lui prend tous ses profits et tous ses fonds? Cela
ne serait-il pas son rôle, surtout si le ministre, comme il l'a dit,
croit qu'il y a de l'avenir quant aux retombées industrielles des
recherches qui ont été effectuées au centre de recherche
de la Société nationale de l'amiante? Le ministre est ministre de
la Science et de la Technologie, mais c'est lui qui est responsable de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. Il y a
de la recherche qui est faite. Le ministre nous dit qu'il y a de l'avenir. Le
ministre nous dit que ceux qui sont en charge sont pusillanimes. Le ministre
nous dit que ceux qui sont en charge manquent de fonds économiques.
À ce moment-là, est-ce que le ministre, par le biais de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche, ne
devrait pas y mettre les pieds parce que je sais que lui n'est pas pusillanime
et qu'il est un peu plus audacieux? Je me demande si le ministre ne serait pas
prêt à faire cela parce que les retombées industrielles
sont loin. Est-ce que le ministre est prêt à faire cela?
M. Bérubé: Non.
M. Grégoire: Vous ne pouvez pas aller au secours d'une
autre société.
M. Bérubé: Non. Je pense que ce serait une erreur.
D'une part, il y a des inférences que se permet le député
de Frontenac dans l'interprétation de mes paroles qui sont le fruit de
sa pure imagination et qui n'ont rien à voir avec la nature exacte des
propos que j'ai tenus. Fort heureusement, le lecteur pourra toujours comparer
les interprétations que fait le député de Frontenac avec
les propos que j'ai tenus et constater que le député de Frontenac
y est allé, disons, d'un certain élargissement qui n'était
certainement pas dans mes pensées au départ.
M. Grégoire: J'ai peut-être dit directement ce que
le ministre n'a voulu dire qu'indirectement.
M. Bérubé: Absolument pas, M. le Président,
d'une part. D'autre part, je dois dire que je pense que le problème du
développement d'un procédé peut être un
problème économique, non pas au sens d'une insuffisance de
disponibilité de capitaux. Généralement, pour les bonnes
idées, les capitaux sont disponibles, particulièrement lorsque
l'infrastructure est en place et qu'elle est dirigée par des gens
compétents.
Donc, le problème beaucoup plus fréquent, c'est qu'une
idée, même très bonne, ne se révèle pas
économiquement rentable. À ce moment, je pense que c'est à
la société de prendre une décision. J'ignore exactement
où en est la Société nationale de l'amiante en ce qui a
trait à l'application commerciale d'innovations effectuées ou
mises au point dans ses laboratoires, mais je
présume à l'heure actuelle que, si la
société ne va pas de l'avant, c'est essentiellement parce que le
projet présente des problèmes de rentabilité. À ce
moment, il n'appartient pas à une autre agence gouvernementale de
transformer une non-rentabilité présumée en une
rentabilité déguisée grâce à des subventions
gouvernementales qui fausseraient finalement la nature du processus
économique.
Tout ce que je peux dire, c'est que l'AQVIR a un mandat, celui de
favoriser le transfert technologique, la valorisation de la recherche. Elle
doit le faire particulièrement auprès d'entreprises en
émergence, dans la mesure où depuis quelques années la SOI
assume, au niveau de l'innovation technologique, une responsabilité
auprès des entreprises existantes et qu'à ce moment il faut
arriver à identifier des créneaux propres à chacune de nos
sociétés d'État pour éviter finalement qu'on ne se
retrouve dans une jungle d'interventions gouvernementales où
l'entreprise ne se retrouve plus. Pour autant que je suis concerné, je
pense que la SNA est une société d'État de grande taille
où le gouvernement investit beaucoup de sommes, qui a pu engager du
personnel compétent. Par conséquent, cette société
a les reins suffisamment solides pour s'engager dans tout projet
économiquement rentable et justifié.
M. Grégoire: Pour ce qui est du magnésium
métal, le ministre peut-il nous dire si c'est à la veille
d'aboutir? Est-ce qu'il a des renseignements là-dessus? (17 h 30)
M. Bérubé: Non, je n'en ai pas.
L'hydrogène liquide
M. Grégoire: Alors, ma deuxième question
était la suivante... J'espère que le ministre ne me dira pas que
cela relève encore d'un autre ministère. Il a été
question dernièrement d'une annonce d'une usine d'hydrogène
liquide à Bécancour. L'hydrogène liquide, ça prend
beaucoup d'électricité pour le fabriquer. Le ministre a
déjà dit, par ailleurs, il y a cinq, six ou sept ans, alors qu'il
était ministre de l'Énergie et des Ressources: Si nous
construisons encore des barrages électriques, si nous fabriquons encore
de l'électricité, si nous produisons de
l'électricité en grande quantité, ce serait un
péché mortel pratiquement pour le Québec d'aller la vendre
à longue échéance parce que s'en viennent des technologies
nouvelles qui vont nécessiter toute l'électricité qu'on
pourra produire à ce moment, dans les années 1990, 1995 l'an
2000.
Est-ce que l'hydrogène liquide est une de ces choses qui a fait
l'objet de recherche intense de la part d'Hydro-Québec, qui est rendue,
si je comprends bien l'annonce qui a été faite, à
l'étape de l'installation d'une usine d'hydrogène liquide? Est-ce
que l'hydrogène liquide est une de ces choses qui va accaparer ou qui
pourra accaparer toute l'électricité que nous pourrons produire,
même si c'est 12 000 mégawatts dans le Grand-Nord, à la
Baie James, encore 12 000 mégawatts, est-ce que l'hydrogène
liquide est une de ces nouvelles découvertes qui pourraient accaparer
toute cette production d'électricité, de telle sorte qu'il serait
devenu pratiquement un péché mortel que de vendre à long
terme, à 35 ou 40 ans, notre électricité à des pays
voisins, alors qu'on en aura besoin pour faire l'application industrielle des
recherches qui auront été faites autour de l'hydrogène
liquide? J'aimerais avoir l'idée du ministre là-dessus. Je sais
que c'est vaste, mais je sais que le ministre a une compétence sur tous
ces sujets.
M. Bérubé: D'abord, vous soulignez que la
fabrication d'hydrogène consomme beaucoup d'électricité.
J'allais vous dire que cela dépend du procédé parce qu'il
existe des procédés chimiques pour la fabrication de
l'hydrogène qui ne consomment pas d'électricité. Faisons
l'hypothèse que vous faites référence à la
technique de l'hydrolyse de l'eau qui a été
développée par les laboratoires de l'IREQ et, soit dit en
passant, conjointement avec les laboratoires de recherche du Centre de
recherche Noranda qui s'intéresse à ce problème depuis des
années.
Effectivement, il y a des discussions concernant l'implantation d'une
première usine au Québec de fabrication d'hydrogène. Les
applications de l'hydrogène ne sont pas encore très nombreuses.
Certes, dans la fabrication de certains engrais et, dans la fabrication d'un
bon nombre de composés organiques, on peut faire appel à des
sources importantes d'hydrogène dans le procédé de
polymérisation, entre autres, et, oui, on peut imaginer
éventuellement des applications à l'hydrogène. Est-ce
qu'on est prêt? Je l'ignore. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a
des rumeurs d'implantation d'une usine d'hydrogène tant dans la
région montréalaise que dans la région, par exemple, de
Murdochville, à proximité du "smelter" de cuivre où on
pourrait effectivement utiliser tant l'oxygène que l'hydrogène
dans le procédé. Mais est-ce que la technologie de l'hydrolyse de
l'eau, qui, traditionnellement, a été une technologie
coûteuse, est une technologie qui peut être présentement
commercialisée? Je l'ignore.
Certes, lorsque l'on est aux prises avec des surplus, on peut être
amené à vouloir les utiliser à des fins commerciales non
rentables plutôt que de les perdre. C'est ce qui se passe
présentement: nous préférons vendre de
l'électricité aux États-Unis à pratiquement la
moitié du prix coûtant
simplement parce qu'on perdrait beaucoup plus si on ne la vendait pas.
On a donc avantage à la vendre. Le danger d'aménager un grand
nombre de rivières et de dégager d'immenses surplus, c'est de se
retrouver avec de l'électricité sans client, ce qui, à ce
moment, nous oblige à l'utiliser pour des fonctions non
économiquement rentables.
J'ignore si, à l'heure actuelle, au coût marginal de la
production de l'hydroélectricité que l'on observe au
Québec, l'hydrolyse de l'eau est un procédé
commercialement rentable. Je l'ignore totalement, mais il est possible
qu'effectivement le rendement de nos cellules électrochimiques actuelles
ait été amélioré pour rendre commercialement
applicable un tel procédé. Soulignons cependant que, pour une
société comme Hydro-Québec, qui serait aux prises avec des
surplus dont elle voudrait disposer, cela pourrait constituer un
débouché commercialement intéressant. Car on sait qu'en
hydroélectricité on ne peut pas faire autrement que de
dégager continuellement des surplus. En effet, pour répondre
à une demande prévisible dans cinq ans, on ne peut pas
accroître la production d'électricité de façon
marginale pour répondre à une croissance de la demande, par
exemple, de 2 % ou 3 % par année. Il faut mettre en service des
unités complètes de barrages et de turbines qui se traduisent par
une augmentation instantanée de la capacité de production qui
doit nécessairement excéder le besoin immédiat. Ce n'est
qu'après quelques années que l'on retrouve l'équilibre
entre l'offre et la demande et qu'à ce moment-là on doit mettre
immédiatement une autre unité en production pour pouvoir faire
face à la future croissance. Donc, "inhéremment", la production
d'électricité au moyen d'hydroélectricité est
génératrice de surplus. Dans ces conditions, une
société comme Hydro-Québec qui n'aurait pas la
capacité d'écouler ces surplus pourrait effectivement envisager
une exploitation, je dirais, très marginalement rentable de son
électricité à des fins de production de l'hydrogène
dans la mesure évidemment où elle est capable de trouver des
utilisations commerciales dans un environnement assez immédiat, parce
qu'on ne peut pas exporter de l'hydrogène liquide sur une très
longue distance et, étant donné que l'industrie
aérospatiale québécoise n'est pas encore très
développée et que nous n'avons pas encore commencé
à lancer nos Challenger et autres satellites, nous n'avons pas encore
beaucoup besoin d'hydrogène liquide. Mais j'espère...
M. Grégoire: Toute la recherche qui a été
effectuée autour de cela alors qu'on nous faisait miroiter quelque chose
de presque mirobolant autour de l'hydrogène liquide fabriqué par
l'hydrolyse, cela ne semble pas aboutir à des retombées
industrielles telles qu'on les prévoyait il y a six, sept ou huit
ans?
M. Bérubé: Quand on parle de recherche, c'est un
peu comme lorsqu'on parle d'exploration minière. Si vous demandez
à un géologue s'il croit qu'il y a du minerai sous la surface du
sol, il va vous dire: Oui, parce que, s'il n'y en avait pas ou si
j'étais convaincu qu'il n'y en avait pas, je n'investirais pas des
millions en exploration minière. D'autre part, si vous lui demandez:
Êtes-vous certain que vous allez découvrir une mine? eh bien,
là, s'il est honnête, il va vous dire non. De la même
façon, en recherche, on peut faire l'hypothèse que, si on fait de
la recherche, un jour on en profitera économiquement. Toutefois, nul ne
peut présumer au départ, a priori, que, parce qu'on effectue de
la recherche en apparence intéressante, par exemple sur l'hydrolyse de
l'eau, pour accroître le rendement des cellules, nul ne peut
prédire à l'avance que l'on va réussir à atteindre
un rendement de transformation électrochimique tel qu'il devienne
commercialement intéressant de développer le
procédé comme tel. Je pense que toute la recherche porte sur les
phénomènes de polarisation, sur les phénomènes de
diffusion dans les membranes qui pourront permettre éventuellement
d'éliminer les problèmes d'empoisonnement d'électrodes et
permettre d'accroître les rendements électrochimiques des
cellules. Mais, jusqu'à ce qu'on ait effectivement obtenu le
résultat, on ne peut pas préjuger qu'on sera capable de
procéder à des applications commerciales.
Tout récemment, Hydro-Québec semblait sur le point de
conclure qu'elle pouvait aller de l'avant. On peut espérer qu'elle ne
doit pas être trop loin de la réponse.
M. Grégoire: Alors, il s'agit d'attendre encore que ce
soit les recherches de la Société nationale de l'amiante ou les
recherches d'Hydro sur l'hydrogène liquide. C'est ce que le ministre
veut nous dire?
M. Bérubé: C'est bien cela. Il faut...
M. Grégoire: Mais il ne semble pas trop
enthousiasmé par ce qui a été fait jusqu'à
maintenant, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Non, puisque je vous ai dit que je ne
pouvais pas vous faire état des résultats actuels, n'étant
pas au courant. Par conséquent, tous les propos que j'ai tenus l'ont
été dans l'ignorance complète des résultats actuels
et constituent essentiellement des propos de nature générale pour
montrer que je m'intéresse surtout aux questions du
député.
M. Grégoire: Étant donné que mes questions
portent sur des sujets où le Québec, plus spécifiquement,
peut s'attacher sans qu'il y ait une compétition internationale aussi
forte - dans ces domaines, la compétition internationale va être
moins forte que dans d'autres domaines qui ont été
mentionnés auparavant - cela devient plus intéressant pour le
Québec. C'est pour cela que je pose des questions sur ces sujets et dans
ces domaines spécifiques où le Québec possède
quasiment... Par exemple, dans toutes les recherches qui peuvent se faire
autour des résidus d'amiante, nous sommes à peu près les
seuls dans ce domaine; la compétition est moins forte. S'il y a des
retombées industrielles, cela risque d'être plus fort que dans des
domaines où la compétition internationale est très
forte.
C'est pourquoi j'ai tenu à m'attacher à des domaines qui
sont réservés à peu près au Québec.
M. Bérubé: Là-dessus, je suis en entier
accord avec le député de Frontenac. Il m'apparatt très
clair, à moi en tout cas, que nous devons essayer de concentrer notre
effort de recherche dans des domaines qui nous sont propres, où nous
bénéficions d'un avantage comparatif, de telle sorte que
l'application commerciale soit plus facile. Là-dessus,
l'intérêt du député de Frontenac, qui est bien connu
pour le développement de la recherche en amiante, et je lui
découvre un nouvel intérêt pour le développement de
l'hydrolyse de l'eau, m'apparaît, en ce moment, un intérêt
fort bien placé; non pas que je sois opposé à la
micro-électronique, j'en suis passionné, ainsi qu'aux transferts
électroniques dans les semi-conducteurs. Je trouve cela absolument
extraordinaire.
La seule question, cependant, c'est quelle application immédiate
on peut en attendre face à une concurrence féroce que vont nous
faire des pays comme les États-Unis, le Japon et nombre d'autres pays.
C'est la question, finalement, qu'on doit toujours avoir à l'esprit
lorsque nous identifions des secteurs de recherche. C'est sans doute la raison
pour laquelle, d'ailleurs, comme on nous interrogeait tantôt... Par
exemple, dans le domaine des biotechnologies, c'est ce que nous soulignait le
Conseil de la science et de la technologie, à savoir comment nous devons
peut-être mettre plus d'accent sur la valorisation de la biomasse, du
secteur agro-alimentaire, dans la mesure où il pourrait y avoir
là, effectivement, des matières à application, où
le Québec pourrait plus rapidement développer un
"entrepreneurship". Je pense que c'est un principe que nous devrions avoir
à l'esprit de façon permanente.
Le Président (M. Beaumier): Merci.
M. Grégoire: C'est en m'inspirant de ce principe-là
que je vous ai posé mes questions, M. ie ministre. Je sais qu'il se fait
de la recherche. C'est dans ces domaines que l'on doit insister pour que la
recherche se fasse, pour la développer le plus vite possible, parce que
ce sont des domaines qui sont plutôt typiques au Québec.
M. Bérubé: Je dirais que le député de
Frontenac est dans la grande tradition "duplessisienne". M. Duplessis
s'intéressait plutôt aux chercheurs qu'il trouvait qu'aux
chercheurs qu'il cherchait.
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Est-ce que je
pourrais vous demander combien de temps il reste pour l'étude de ces
crédits?
Le Président (M. Beaumier): II avait été
prévu quatre heures, je crois, de travaux.
Mme Dougherty: Quatre heures et demie.
Le Président (M. Beaumier): Quatre heures et demie. Alors,
je crois, si mon information est bonne, que nous aurions fait
déjà quatre heures et cinq minutes. Est-ce que c'est exact?
Mme Dougherty: II ne reste que quinze minutes.
Le Président (M. Beaumier): À 17 h 40, on aurait
fait quatre heures; donc là, on a fait quatre heures et cinq minutes et
il avait été prévu quatre heures et demie pour l'ensemble
de ces crédits. Par contre, nous devons arrêter à 18
heures, selon le règlement.
Mme Dougherty: Avec le consentement, on pourrait avoir nos 25
minutes.
Le Président (M. Beaumier): Oui.
Mme Dougherty: D'accord, merci.
Le Président (M. Beaumier): Oui, Mme la
députée.
Fondation pour le développement de la science
et de la technologie
Mme Dougherty: Au programme 4, j'aimerais aborder la question de
la fondation, page 12 programme 4. Lors du débat sur la loi 19, la
création de la fondation a suscité beaucoup d'inquiétude
dans le monde de la recherche. L'introduction d'un corps intermédiaire,
un
organisme parapluie qui pourrait canaliser les subventions
conditionnelles aux trois fonds de recherche était
considérée comme une menace à l'autonomie des fonds. De
plus, la fondation entrerait en concurrence avec les universités pour
des dons et des legs des particuliers. En dépit de ces réserves,
le ministre était convaincu - le ministre de l'époque - que la
fondation serait une source de revenu d'appoint pour les trois fonds parce que
sa principale source de revenu serait un crédit d'impôt sur les
droits successoraux, tel que prévu par le budget du printemps 1983. Le
ministre prévoyait lors de ce débat recueillir des revenus de 5
000 000 $ par année pour la fondation dès 1984-1985 par le biais
de ce crédit d'impôt. (17 h 45)
La loi a été adoptée en juin 1983. Le
président a été nommé le 2 décembre 1983. Il
y a eu un décret le 26 juin 1984 qui a établi une structure
élaborée et détaillée jusqu'à l'absurde. Le
gouvernement y a consacré des crédits de 450 000 $, je crois,
l'année dernière, et il y a un montant similaire pour les
crédits actuels. Selon l'article 52 de la loi, il me semble que la
fondation doit chaque année, à la date que le ministre fixe, lui
transmettre un plan pour la répartition de ses revenus. Le plan est
déposé à l'Assemblée nationale dans les quinze
jours, etc. On n'a rien vu à l'Assemblée nationale jusqu'à
maintenant.
En ce qui concerne le mandat de la fondation, j'ai été
surprise de lire dans "Interface" - c'est la revue de l'ACFAS -volume mai-juin
1984, un article écrit par le président, M. Boulet, où il
révèle une orientation pour la fondation qui excédait
largement le mandat prévu par la loi 19. J'aimerais citer quelques
phrases de cet article. La fondation s'est fixé deux objectifs:
rationaliser et régionaliser les efforts de recherche et, comme son nom
l'indique, gérer les montants qu'elle recevra en subventions, legs ou
dons. "Sur le plan de la régionalisation de la recherche, la fondation
se propose d'analyser d'abord les besoins de chaque région, de concert
avec tous les intervenants régionaux intéressés: chambres
de commerce, industries, muncipalités, universités,
collèges, etc. Elle pourra ensuite fournir de l'aide au financement des
projets de recherche retenus, en coopération avec les fonds de
recherche. "Pour favoriser les contributions à la fondation, des
modifications importantes devraient être apportées incessamment
à la Loi sur les successions. "Le démarrage est prévu pour
l'automne prochain - cela veut dire l'automne dernier maintenant - sans doute
avec l'organisation d'une loterie spéciale. "
Voici ma question: Est-ce qu'on pourrait avoir un compte rendu des
activités de la fondation, y compris l'état des
dépenses?
M. Bérubé: Disons que la fondation a
peut-être des problèmes existentiels. D'ailleurs, les craintes
qu'on pouvait avoir à savoir que la fondation pourrait drainer tout le
bassin de capitaux susceptibles de tomber dans les diverses fondations de
toutes les universités du Québec, comme vous le voyez, se sont
révélées totalement non fondées, comme mon
prédécesseur vous l'avait dit, d'ailleurs et, effectivement, il
n'y a eu...
Mme Dougherty: Ce n'est pas la question que j'ai
posée.
M. Bérubé: Mais c'est la réponse...
Mme Dougherty: Je n'aimerais pas reprendre tout le débat
que nous avons eu lors de la...
M. Bérubé: Je suis d'accord avec vous, mais...
Mme Dougherty: Est-ce qu'on pourrait savoir...
M. Bérubé:... dans la mesure où il y a eu un
long préambule de la députée de Jacques-Cartier entourant
l'existence de la fondation, je présume, M. le Président, que
vous m'accorderez le temps de dire quelques mots pour répondre à
certaines allégations qu'elle a faites.
Mme Dougherty: Ce n'est pas ma question. La question concerne les
faits, la situation, ce qui s'est passé et où nous en sommes
maintenant.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, comme je
le disais, les craintes que pouvaient avoir la députée de
Jacques-Cartier et les membres de l'Opposition, à savoir que la
fondation pourrait drainer des sommes considérables susceptibles
d'alimenter nos fonds de recherche ou encore nos universités, ne se sont
pas révélées fondées puisque la fondation, à
ma connaissance, pour l'instant, n'a pas réussi à ramasser un
"trente-sous", même canadien. Et, en conséquence, la crainte que
l'Opposition pouvait manifester, tel que mon prédécesseur, qui
avait une vision éclairée de la question, l'avait prévu
d'ailleurs, ne s'est pas révélée fondée et,
effectivement, il n'y a pas eu de concurrence par ce fonds et cette fondation
vis-à-vis de tous les autres intervenants susceptibles de recueillir des
fonds publics. Il n'y avait donc pas véritablemnt lieu de
s'inquiéter. Quant aux avantages fiscaux consentis et fondés sur
les droits successoraux, ils auraient pu rapporter beaucoup à ceux qui
auraient pu investir dans le fonds, mais, malheureusement, le
tapis vient de glisser sous les pieds de la fondation et la fondation
devra modifier tous les nombreux prospectus qu'elle avait savamment
préparés depuis un an et demi et qui allaient permettre justement
une pénétration spectaculaire menaçant toutes les autres
sources de financement de la recherche au Québec. Donc, compte tenu de
cette situation, je pense que le moins que l'on puisse dire, c'est que la
fondation a des problèmes existentiels.
Mme Dougherty: Alors, quelle est la justification du maintien de
la fondation puisque les donateurs n'ont aucun avantage à passer par la
fondation? Ils pourraient donner leur argent directement à la
recherche.
M. Bérubé: Sans m'avancer trop rapidement sur ce
sentier, je dirais que la question de la députée de
Jacques-Cartier est très pertinente. C'est la plus pertinente qu'elle
ait posée aujourd'hui et elle pourrait assez rapidement me trouver sur
la même longueur d'onde. Comme nous aurons une loi modifiant le
ministère de la Science et de la Technologie, nous pourrions
peut-être, au moment du débat entourant cette loi, ajouter un
amendement ou enfin, distraitement peut-être, procéder à
l'élimination d'un élément de programme.
Mme Dougherty: Bon. Je m'inquiète...
M. Bérubé: Vous vous inquiétez de trop de
choses...
Mme Dougherty:... sur le troisième élément,
le nouveau centre, le CQIP, Centre québécois d'informatisation de
la production. Ce centre fonctionne?
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Un décret daté du 6 juin 1984 a
été déposé en Chambre le 12 décembre 1984.
Le 19 mars, la commission permanente de l'Assemblée nationale à
laquelle il a été référé selon la loi 19 a
décidé qu'elle n'était pas compétente pour le
considérer et elle a déféré ce décret
à la commission de l'économie et du travail. Il n'a pas
été examiné encore et cela m'inquiète parce que les
délais prescrits dans la loi 19 n'ont pas été
respectés.
M. Bérubé: Je dois dire que, effectivement,
même au niveau du président de l'Assemblée nationale, on
exprime des réserves sur un amendement qui, semble-t-il, fut introduit
en commission parlementaire pour exiger le débat à
l'Assemblée nationale ou la convocation d'une commission pour examiner
le décret accompagnant l'émission de lettres patentes pour
constituer de tels centres. De fait, il est dangereux de planifier par loi
l'organisation de nos travaux puisque le Parlement devrait normalement avoir
pleine juridiction sur sa façon d'organiser les travaux plutôt que
de se la voir imposer dans la loi. Cela entraîne ce genre de situation
que soulève la députée de Jacques-Cartier,
c'est-à-dire que la loi fait obligation au Parlement de convoquer une
commission mais ne dit pas quand. Comme on n'a pas le temps, on risque un jour,
si on continue à avoir des clauses comme ça dans les projets de
loi, d'avoir un paquet de dossiers en souffrance que l'Assemblée n'a pas
le temps d'examiner, tout simplement parce qu'on a fait l'erreur, en fait,
d'inclure ça dans les lois.
Je ne vous cache pas que les opinions que l'on me donne actuellement
seraient plutôt de faire amender la loi et d'enlever l'obligation de
convoquer une commission, de permettre à l'Assemblée,
évidemment, qu'il y ait une commission, mais elle est toujours libre
d'organiser ses travaux.
Vous soulevez une question pertinente. Je dois dire que j'avais
soulevé la même question entourant l'application de cet article de
loi. Si je ne m'abuse, je pense qu'on devrait proposer un amendement.
Effectivement il y a quelque part, dans une des lois qui s'en viennent
à l'Assemblée nationale, un amendement. Dans la loi créant
le ministère, effectivement, il y avait un article de loi que nous avons
fait inclure qui supprime l'obligation qui est faite à
l'Assemblée nationale d'organiser ses travaux dans un sens ou dans
l'autre. Nous pensons que le Parlement est souverain et doit lui-même
décider comment il organise ses travaux plutôt que de l'imposer
dans une loi.
Je pense que c'est un amendement qui s'était glissé en
commission parlementaire, qui a donc été adopté un peu
à la sauvette, comme beaucoup de papillons que l'on approuve, et qui ne
s'est pas révélé l'amendement le plus heureux. Dans le
projet de loi que nous avons déposé pour créer le
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie, mon intention, c'est de... Vous pourrez regarder, d'ailleurs, le
projet de loi qui est ici à l'Assemblée nationale. Il y a un
amendement proposé qui supprime l'obligation.
Mme Dougherty: Mais, M. le ministre, nous avons une loi. Elle a
été adoptée par l'Assemblée nationale. Il faut la
suivre. On ne peut pas baser nos actions sur nos attentes ou sur ce que nous
aimerions avoir dans la loi.
M. Bérubé: Mais, comme il n'y a pas de délai
dans la loi, on a tout le temps. Cela pourrait être en l'an 3000.
Mme Dougherty: Je ne me préoccupe pas de ce qui est dans
la loi. Ce que je
demande, c'est que ce soit respecté. Si on change la loi, on la
change et on va en respecter une autre.
M. Bérubé: La toi ne dit pas quand il doit
être examiné par l'Assemblée nationale. Par
conséquent, le jour où...
Mme Dougherty: Les délais sont très clairs, M. le
ministre. Examinez l'article 12. Les délais sont très clairs.
Aussi, on aura d'autres centres.
M. Bérubé: Des délais de dépôt,
mais non pas des délais d'étude.
Mme Dougherty: Oui. Les délais d'étude sont
très clairs: Le président de l'Assemblée convoque dans les
60 jours, à compter du dépôt du décret, la
'commission permanente, etc.
M. Bérubé: Puis, il ne l'a pas fait?
Mme Dougherty: Soixante jours. D'accord?
M. Bérubé: II faudra adresser une grave critique au
président.
Mme Dougherty: On aura d'autres centres.
M. Bérubé: Le président m'a...
Mme Dougherty: J'imagine qu'il y aura d'autres décrets;
quel sera le sort des autres décrets?
M. Bérubé: II y aura un projet de loi.
Mme Dougherty: Ce qui est important, c'est qu'il y ait une
certaine imputabilité envers le Parlement et que nous ayons une occasion
d'étudier ce décret. Autrement, avec une attitude comme
celle-là, on se fout des lois. À quoi servent les lois si on ne
les observe pas? (18 heures)
M. Bérubé: Tout ce que je pourrai dire à Mme
la députée de Jacques-Cartier, c'est que, en vertu de la loi,
c'est là une prérogative du président. En
conséquence, je n'ai pas à répondre pour le
président de l'organisation des travaux de la Chambre,
premièrement; deuxièmement, je peux vous dire également
que, dans la loi sur l'enseignement supérieur, la science et la
technologie, qui est déposée à l'Assemblée
nationale, nous faisons sauter cet aspect contraignant de l'ancienne loi.
Mme Dougherty: D'accord. Une question précise sur le
dernier morceau, l'élément 4, les mesures...
Une voix: AQVIR.
Mme Dougherty: Non, pas à l'AQVIR. Les provisions pour...
Ce que j'appelle le "slush fund", à la fin, les 7 000 000 $...
Une voix: Élément 5.
Mme Dougherty: L'Ordre des ingénieurs aura un
événement très spécial du 10 au 15 juin, la Semaine
du génie québécois. Je crois qu'ils ont demandé une
subvention de 200 000 $ au gouvernement pour cet événement.
Est-ce que vous avez accordé cette subvention? Ce n'est pas sur la
liste.
M. Bérubé: On me dit que non. Mme Dougherty:
Pourquoi?
M. Bérubé: II faudra le demander à
l'administration. Que l'administration vienne.
Mme Dougherty: Parce que cela va être quelque chose
d'international, de très important pour susciter...
M. Bérubé: Vous avez raison, mais disons que ce
n'est pas le bien-être social de tous les organismes oeuvrant dans le
domaine économique au Québec; je comprends que vous le qualifiez
de "slush fund". Mais disons que la provision qui est là en est une pour
financer des projets de développement scientifique et technologique.
Évidemment, il faut le voir un peu comme le fonds de suppléance
du ministre des Finances, ou encore comme le fonds que l'on retrouve au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour financer des projets de création d'emplois. Ici, il s'agit de
financer des projets d'activités scientifiques et technologiques. Il
peut y avoir, évidemment, certains projets de culture scientifique et
technologique qui nous amènent à financer des expositions
scientifiques, mais c'est clair qu'on ne peut pas tout financer.
Peut-être que je pourrais passer la parole à mon
sous-ministre, M. Limoges, qui pourrait expliquer les raisons qui ont
amené l'administration à ne pas recommander l'octroi d'une
subvention.
M. Limoges: Mme la députée, nous avons
été saisis de deux demandes concernant des manifestations qui
impliquent l'Ordre des ingénieurs. Une demande, qui a été
reçue favorablement, concerne la tenue du centenaire des
ingénieurs qui aura lieu à Montréal bientôt et qui,
effectivement, est une manifestation d'ampleur internationale. Nous avons
également reçu une demande, qui est plus récente, de
l'Ordre des ingénieurs, pour laquelle nous avons donné une
réponse négative; j'imagine que c'est de cette seconde demande
qu'il s'agit. L'analyse, qui a
été faite au ministère de cette demande,
après rencontre avec des officiers de la corporation - j'étais
présent à cette rencontre - nous a convaincus que, d'une part, la
manifestation était très orientée vers la promotion de la
profession d'ingénieur, et cela nous paraissait une reponsabilité
propre de la corporation; d'autre part, les demandes qui sont adressées
au ministère, les gens connaissant l'existence de cette provision, sont
extrêmement nombreuses. Dans tous les cas, nous avons le sentiment que
les organismes demandeurs et les groupes qui leur sont associés ont des
moyens suffisants pour mener à bien la manifestation dont ils nous
proposent la subvention. Nous nous abstenons de la subventionner. Nous sommes
convaincus que le fait de ne pas donner ces 200 000 $ ou même une somme
moindre ne menace en rien la tenue de la manifestation dont on nous confirme,
de fait, qu'elle aura lieu. Par ailleurs, il nous a semblé que la
corporation des ingénieurs et que les entreprises employant des
ingénieurs, sans compter les entreprises de génie-conseil
québécoises et montréalaises plus spécifiquement,
avaient les ressources nécessaires pour assurer elles-mêmes le
succès de cette manifestation.
Mme Dougherty: Dernière question. J'aimerais que vous
déposiez la liste des projets qui ont été
présentés à l'AQVIR et les projets approuvés. Parce
que je vois qu'il y a des crédits périmés d'environ 6 000
000 $, si j'ai raison. Il y avait un total de 10 000 000 $ pour les
subventions; on a dépensé à peu près 4 000 000 $, 5
000 000 $, 6 000 000 $ et, pour l'année qui vient, les crédits
sont exactement les mêmes: 10 000 000 $. Je me demande, s'il y avait tant
de demandes, pourquoi on n'a pas dépensé les 10 000 000 $.
M. Bérubé: Je pense que le président de
l'AQVIR qui est à mes côtés pourrait, sans
difficulté, vous répondre.
M. Bergeron (Gilles): La loi créant l'AQVIR nous fait
l'obligation d'appuyer financièrement par des prêts ou des
subventions - ce sont surtout des prêts -des projets qui ont une
perspective d'industrialisation et de commercialisation. Nous avons
reçu, effectivement, à ce jour -j'en remets la liste au ministre
- 116 projets. De ces 116 projets, un grand nombre ont dû être mis
de côté parce qu'ils ne respectent pas les critères qui
nous sont imposés par la loi. Nous avons, au cours de la première
année de fonctionnement j'inclus ici le dernier conseil d'administration
qui avait lieu le 24 avril et qui n'est pas inclus dans les crédits
mentionnés ici -accepté 26 projets et, dans les offres que nous
avons faites, trois ont été refusées par les promoteurs.
Je remets aussi au ministre une liste de ces 26 projets qui engagent environ 8
000 000 $ des sommes consenties par le gouvernement pour l'AQVIR. Je dois aussi
vous faire remarquer que, sur les 10 000 000 $ de l'an dernier qui ont
été complètement versés par le gouvernement, nous
n'avons aucun crédit périmé parce que l'AQVIR, compte tenu
de la loi, peut reporter ces sommes d'argent d'une année à
l'autre. Donc, nous bénéficions cette année de 14 000 000
$ ou 15 000 000 $ de crédits possibles pour financer des projets de
recherche et de développement.
Adoption des crédits
Le Président (M. Beaumier): Programme 4,
éléments 1 à 5, adopté. Est-ce que les
crédits budgétaires du ministère...
M. Bérubé: II y a eu une demande de
dépôt de documents. Il me ferait plaisir de les remettre...
Le Président (M. Beaumier): À la commission
qui...
M. Bérubé:... de façon informelle. Je pense
qu'il n'y a pas de dépôt de documents à la commission, mais
je pense que..
Le Président (M. Beaumier): Vous pourriez les remettre, M.
le ministre, à la commission qui les fera parvenir aux membres.
M. Bérubé: Ah!
Le Président (M. Beaumier): D'accord.
M. Bérubé: II me ferait plaisir, M. le
Président, de remettre à la commission ces documents
demandés que vous pourrez faire parvenir aux membres avec la
célérité qui vous caractérise, M. le
Président.
Le Président (M. Beaumier): Très aimable, M. le
ministre. Cela dit, est-ce que les crédits budgétaires du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie pour le secteur science et technologie sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Alors, nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures pour la poursuite de l'étude des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources. Merci
bien.
(Suspension de la séance à 18 h 11)
(Reprise à 20 h 6)
Énergie et Ressources
Le Président (M. Beaumier): La commission de
l'économie et du travail se réunie pour poursuivre l'étude
des crédits budgétaires du ministère de l'Énergie
et des Ressources en vue de l'adoption des programmes 5 et 8 à 14. Nous
sommes toujours à la phase des remarques préliminaires. Alors. M.
le député d'Abitibi-Est.
Remarques préliminaires (suite)
M. Jean-Paul Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
prendre beaucoup de temps de la commission, mais comme j'ai certains
collègues qui en ont pris passablement ce matin, je voudrais simplement
pouvoir dire quelques mots en termes de remarques préliminaires.
À partir des discours ou, en tout cas, des énoncés que
j'ai entendus ce matin, il me semble qu'il faut quand même relever
certaines choses, dans le sens qu'on a parlé... Je trouve un peu
déplorable qu'on se soit attaché, du côté de
l'Opposition, à parler essentiellement de frais de voyage de quelques
milliers de dollars, en prétextant que cela sous-tendait une mauvaise
administration ou un manque de rigueur, alors que le ministère de
l'Énergie et des Ressources a une vocation économique importante
et qu'il doit, pour faire connaître vraiment les bons coups qu'on fait,
sortir un peu du Québec quitte à mettre quelques milliers de
dollars en frais de voyage, ce qui ne m'apparaît pas
exagéré, pour finalement aboutir à des investissements
importants.
Comme député de la région
d'Abitibi-Témiscamingue, je pense qu'un certain nombre de sorties ont
permis et vont continuer de permettre des investissements importants dans notre
région et dans d'autres régions minières, parce que les
capitaux ne sont pas toujours locaux. Souvent, il faut aller à
l'extérieur pour intéresser des gens de l'extérieur qui
ont de l'argent à investir chez nous à le faire. Dans ce
sens-là, je pense que tout le rôle de la représentation
extérieure est important dans ce ministère.
Je veux souligner ceci en passant. Avec un certain nombre de mesures
qu'on a mises de l'avant en ce qui a trait à l'exploration et à
l'exploitation minière, on est maintenant reconnu sur le plan national
et même international. Je voudrais donner un exemple en particulier.
Récemment, j'ai appris que notre sous-ministre associé aux mines,
le Dr André Laurin, est allé à Vancouver recevoir une
décoration... Cela pourrait peut-être être moins long si le
député d'Outremont ne parle pas trop. S'il ne parle pas plus fort
que moi, je peux bien lui donner une chance pour qu'il prenne son avion
à 21 h 3Q, mais...
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Abitibi-Est, je suis un peu aussi responsable, je m'excuse.
M. Bordeleau: Ah bon! M. Fortier: On s'excuse.
M. Bordeleau: Alors, si vous partagez le blâme...
Le Président (M. Beaumier): On s'excuse tous les deux.
M. Bordeleau:... cela va aller mieux.
Le Président (M. Beaumier): On s'excuse, mais...
M. Fortier: Le président et le vice-président sont
solidaires.
Le Président (M. Beaumier): M. le
député.
M. Bordeleau: D'alleurs, j'aimerais bien que le
député d'Outremont écoute un peu parce qu'il a
parlé beaucoup, il a fait le gros de son intervention, ce matin, sur des
dépenses soi-disant un peu fortes...
M. Fortier: Vous ne voulez pas que je revienne
là-dessus.
M. Bordeleau: Si vous voulez y revenir, je n'ai aucune objection.
On peut en parler pendant toute la soirée. Si c'est le genre de
questions que vous avez à poser, j'ai l'impression que c'est parce que
vous n'avez pas grand-chose à dire sur les sujets importants qui
relèvent du ministère de l'Énergie et des Ressources.
Ce que j'étais en train de dire, c'est que, récemment, le
Dr André Laurin, qui est sous-ministre adjoint aux mines, est
allé recevoir à Vancouver une décoration, une distinction
honorifique importante qui démontre que ce que les gens du
ministère et l'ensemble des activités que notre ministère
de l'Énergie et des Ressources font au Québec et ailleurs sont
importantes. M. Laurin, dis-je, est allé recevoir à Vancouver
récemment une distinction honorifique qu'on appelle la Distinction A.
-O. Dufresne, en l'honneur d'un ancien sous-ministre de l'Énergie et des
Ressources dans les années soixante, que je n'ai pas connu,
malheureusement, à cause de mon âge...
Une voix:...
M. Bordeleau: Oui, probablement. J'imagine qu'ici il y avait
déjà des choses importantes qui se passaient à ce
moment-là. M. Laurin est allé recevoir une distinction
honorifique de l'Institut canadien des mines, à Vancouver. Donc, c'est
une reconnaissance de certaines actions que le ministère a posées
et qu'il doit continuer de poser, pour permettre des investissements importants
dans le domaine des mines.
Également, j'ai entendu beaucoup de choses, ce matin. J'ai
écouté patiemment. J'ai entendu beaucoup de commentaires sur
l'amiante. Malheureusement, j'imagine que le show étant passé sur
l'amiante, les deux députés qui en ont parlé sont partis
maintenant. On sait qu'il y a des problèmes du côté de
l'amiante, malgré tous les efforts que le gouvernement du Québec
a faits. Je comprends aussi que le rôle de l'Opposition, c'est de parler
des choses qui fonctionnement moins bien, là où il y a des
problèmes; mais je pense qu'il faut quand même mentionner que dans
d'autres domaines, dont celui des mines, soit dans le domaine de l'or, ducuivre et du zinc également, mais particulièrement dans le
domaine de l'or, qui touche ma région, l'Abitibi-Témiscamingue,
il y a des choses importantes et intéressantes qui se sont faites, qui
continuent et qui continueront de se faire.
Pour cela, on a toujours besoin d'aller voir, à l'occasion, ce
qui se passe à l'extérieur, d'intéresser des
investisseurs, des gens qui ont de l'argent à investir chez nous. On est
toujours réceptif à cet égard. Encore là, c'est
important de sortir pour permettre des investissements. On en a eu des
résultats chez nous, récemment. Mon collègue deRouyn-Noranda-Témiscamingue en a parlé ce matin, on a eu des
résultats très intéressants. Je ne veux pas vous inonder
de chiffres, mais ce sont des centaines de millions de dollars qui ont
été investis chez nous.
Je voudrais mentionner également qu'à partir du discours
sur le budget que le ministre Duhaime, ex-ministre de l'Énergie et des
Ressources, a prononcé le 23 avril dernier, certains incitatifs nouveaux
vont permettre à l'industrie minière de continuer ce beau travail
d'investissement. Dans ma région, en 1984 - je peux me tromper de
quelques millions - c'est autour de 100 000 000 $ qui ont été
investis dans l'exploration minière. Je pense que, quand on veut
découvrir des mines, il faut d'abord mettre de l'argent dans
l'exploration. Les mesures que le ministre des Finances annonçait
récemment dans son discours sur le budget vont permettre, justement, de
continuer d'investir beaucoup d'argent, de créer beaucoup
d'activités dans l'exploration. Quant à moi, plus on va
créer d'activités, plus on va investir dans l'exploration, plus
on aura des chances de découvrir de nouvelles mines, de mettre des gens
au travail et de développer nos richesses naturelles.
Je relève simplement, en passant, l'établissement d'un
taux de taxation fixe à 18 % au niveau de la fiscalité
minière, au lieu d'une échelle progressive de 15 % à 30 %.
Je pense que c'est une mesure qui est très bien acceptée par
l'industrie minière, qui va permettre de conserver une certaine
stabilité des coûts de développement de gisements miniers.
C'est important, on en aura sûrement des répercussions dans les
prochaines années.
Il y a également l'introduction des droits miniers
négatifs qui, là aussi, va permettre justement de pouvoir
déduire des droits miniers dans le cas d'une certaine exploration, d'une
certaine prospection qui ne débouche pas nécessairement sur une
exploitation minière. Il y a également une mesure qui satisfait
beaucoup l'industrie minière dans ma région, soit le prolongement
pour deux ans de l'allocation additionnelle de 66 2/3 % de l'exemption fiscale
sur les frais d'exploration engagés au Québec par des
particuliers. Cela veut dire que, quand on dépense 1 $ en exploration
minière, on peut déduire sur notre rapport d'impôt 1, 66 $.
Je pense que ça devient très intéressant pour un certain
nombre de particuliers qui veulent investir dans l'exploration minière.
(20 h 15)
Je me réjouis simplement de voir que ces mesures vont permettre
de développer nos richesses naturelles, particulièrement dans une
région comme la mienne où ces ressources naturelles existent et
ont à être développées. On est encore au
début de cette exploration et il y a encore beaucoup à faire. Ce
sont des mesures comme celles-là qui vont permettre de continuer de
développer ces secteurs, de créer des emplois dans le domaine
minier, particulièrement dans des régions où le sous-sol
est riche.
Voilà les remarques préliminaires que je voulais faire, M.
le Président. J'aurai peut-être d'autres questions un peu plus
tard, mais, pour le moment, ce sera suffisant.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député d'Abitibi-Est, surtout de la tolérance dont vous
avez fait preuve au tout début. J'appelle le programme 5.
Gestion interne et soutien
M. Fortier: Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Beaumier); M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut tout simplement m'expliquer une
question technique? On dit que le budget consacré à ce programme
augmente de 2 000 000 $ à cause de certains transferts de fonds. De
quoi s'agit-il exactement? Je sais qu'il y a une explication, dans le
cahier explicatif mais, même en lisant l'explication, je ne comprends
pas.
M. Rodrigue: Cela tient à un certain nombre de points: le
coût d'achat d'ameublement, à la suite de la création d'un
fonds renouvelable; également une correction de la méthode de
calcul utilisée lors de l'établissement du montant total de
désindexation pour 118 000 $; un programme de développement des
employés de secrétariat: 72 000 $, j'imagine que c'est le travail
qu'on fait pour familiariser le personnel de secrétariat avec
l'informatique et la bureautique; il y a eu également la création
d'un fonds renouvelable d'information et de publicité: 100 000 $, et un
certain nombre d'autres dépenses.
M. Fortier: M. le ministre, ce que vous nous dites dans la note,
ici, c'est que vous avez été facturé. Dans le
passé, ces dépenses n'étaient pas facturées au
ministère? Si je lis la note, on dit: C'est le résultat de
l'application de nouvelles modalités de gestion qui prévoient
maintenant la facturation aux ministères et aux organismes du
gouvernement des dépenses de certains biens et services faisant
autrefois l'objet de comptes ministériels. Qu'est-ce qu'un compte
ministériel? Est-ce que cela veut dire que ça ne faisait pas
partie de vos crédits comme tels?
Le Président (M. Beaumier): M. le sous-ministre.
M. Laurin (André-F. ): Ce sont des crédits qui
étaient imputés aux ministères de services, les
Communications et les Travaux publics, dont, dorénavant, les bases
budgétaires sont transférées dans les ministères
utilisateurs, ou on utilise des fonds renouvelables. Ce sont des crédits
véritables. Auparavant, c'était prévu dans les budgets des
ministères de services où on disposait, à
l'intérieur de ces budgets, d'une marge de crédit qui s'appelait
des comptes ministériels.
M. Fortier: Oui, il y avait une certaine
ségrégation, au ministère des Communications, disons.
Pourriez-vous me donner la réponse en ce qui concerne... J'imagine qu'un
bon exemple, c'est la publicité qui touche... Compte tenu du fait que le
programme 5 s'applique autant à la forêt qu'aux mines et
qu'à l'énergie, dans l'année qui vient, combien d'argent
a-t-on prévu pour la publicité de toutes sortes?
M. Laurin: 450 000 $.
M. Fortier: Et pour le compte ministériel qui était
au ministère des Communications, c'était combien l'an
dernier?
M. Laurin: Du même ordre, me dit-on.
M. Fortier: Adopté, pour autant que je suis
concerné.
Le Président (M. Beaumier): Le programme 5 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): J'appelle donc le programme 8:
Connaissance géographique du territoire. M. le député
d'Outremont.
Connaissance géographique du territoire
M. Fortier: M. le ministre, je ne sais pas si c'est au bon
programme, mais, au feuilleton, il existe un projet de loi sur la
réforme cadastrale, vous avez fait une conférence de presse sur
le sujet. Si je comprends bien, les sommes d'argent requises pour faire la
réforme cadastrale vont être agglomérées dans un
compte à part et vous allez payer ces dépenses année
après année. Est-ce que, dans le budget de cette année, il
y a une partie du montant qui est déjà prévu pour payer...
Vous allez payer sur un nombre d'années. Pourriez-vous nous expliquer
sur combien d'années va être payée la réforme
cadastrale? Quel est le montant prévu pour l'année en cours, pour
ce projet en particulier?
M. Rodrigue: Le fonds qui va être mis sur pied va servir
à défrayer les coûts de le réforme cadastrale qui,
nous le prévoyons, va durer environ dix ans. Une partie de ces fonds va
venir du ministère proprement dit, à même nos budgets;
c'est-à-dire sur des périodes de dix ans, ce sera de l'ordre de
16 000 000 $ sur les 80 000 000 $ que le fonds devra générer pour
assumer les coûts anticipés.
Il y aura, sur la période des dix ans, environ 16 000 000 $ qui
viendront du budget du ministère et le reste proviendra des usagers, des
timbres et, enfin, des frais que les usagers auront à payer pour
l'utilisation de ces services, de sorte qu'il s'agit, d'une certaine
façon, d'une innovation dans l'octroi de services gouvernementaux. Les
usagers vont payer, mais ils vont payer sur la base du service reçu.
C'est une formule qui, en tout cas, semble intéressante à notre
point de vue.
Quant au montant inclus au budget de cette année, c'est 3 400 000
$.
M. Fortier: C'est au programme 8 cela?
M. Rodrigue: Oui, dans le programme 8. M. Fortier:
Combien?
M. Rodrigue: 3 400 000 $ plus une avance - cela ne sera pas
à même le budget du ministère - provenant du fonds
consolidé de 4 000 000 $, avance qui sera remboursée avec le
temps.
M. Fortier: Est-ce que cela veut dire, par ce projet, que vous
allez contrôler les coûts de réalisation du projet, sur une
base de projet parce que j'imagine que ce n'est pas la méthode tout
à fait normale, habituellement, que ce soient les loyers ou les
différentes dépenses? Ce n'est pas imputé sur une base de
projet. Vous allez travailler sur une base de projet. Vous allez tenter de
connaître tous les coûts générés par ce projet
en particulier. J'imagine, pour le ministère, que cela veut dire de
mettre au point une comptabilité qui est différente de la
comptabilité que vous avez normalement.
M. Rodrigue: C'est exact. On peut avoir une double
comptabilité, une comptabilité de revenus puisqu'il y a des
revenus qui vont être versés au fonds. Comme les revenus ne seront
pas suffisants, le gouvernement va faire une avance de 4 000 000 $ au fonds
pour des dépenses totales de 7 400 000 $, cette année; 3 400 000
$ vont être pris à même les 13 000 000 $ qui apparaissent au
budget 1985-1986 et un budget de 4 000 000 $ supplémentaire. Toute la
comptabilité va être une comptabilité, une caisse
séparée où à la fois les revenus et les
dépenses consacrés au projet vont être
comptabilisés.
M. Fortier: Est-ce que la plus grande majorité des
frais... Je crois que vous avez dit, à la conférence de presse,
que vous utiliseriez beaucoup le secteur privé en particulier. Est-ce
que les frais qui sont générés par les professionnels du
ministère proprement dit vont être également
comptabilisés?
M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: Cela signifie que vous allez nommer un directeur de
projet pour ce projet d'une façon bien précise.
M, Rodrigue: C'est cela. C'est exact. En fait, environ 20 % du
travail devrait être . fait par nos professionnels, mais enfin, c'est un
ordre de grandeur, et environ 80 % du travail devrait être fait par
l'entreprise privée.
M. Fortier: Maintenant, ce genre de travail pouvait être
fait, j'imagine, par la Société de cartographie en particulier.
Je sais que le ministre Duhaime a annoncé qu'il y avait vente des
actifs. Où en est-on présentement? Est-ce qu'il y a une
liquidation, à toutes fins utiles, de la Société de
cartographie ou si la Société de cartographie va être
impliquée dans ce projet d'une façon indirecte?
M. Rodrigue: Nous sommes à compléter la vente des
actifs de la Société de cartographie.
M. Fortier: Maintenant, comment expliquer cette méthode?
Je n'ai rien contre la méthode, mais, de fait, il y a plusieurs
projets dans tous les ministères gouvernementaux où on ne
pourrait justifier cette base, où le gouvernement investit pour toutes
sortes de bonnes raisons et où il pourrait percevoir des revenus en
vendant des services sur une base ponctuelle. Même le ministère,
enfin, la section des mines pourrait également faire la même chose
puisqu'elle fait beaucoup de recherches. Elle publie des cartes et,
éventuellement, elle pourrait se faire payer en vendant des cartes sur
lesquelles se retrouve une information extrêmement importante. Alors,
comment justifier qu'on ait retenu cette méthode spécialement
pour cela, alors que de toute évidence la même formule pourrait
s'appliquer à l'intérieur même du ministère de
l'Energie et des Ressources ou du ministère de la Forêt, que cette
méthode pourrait être utilisée de mille et une
façons? C'est un changement radical dans la méthode de faire la
comptabilité du ministère. J'ai de la misère à
comprendre pourquoi on en fait un cas spécial parce que, compte tenu de
l'importance relative du projet, même en termes de millions de dollars,
le gouvernement du Québec dépense beaucoup plus que cela. Cela me
semble une façon de procéder qui est différente de la
méthode normale du ministère ou du gouvernement. Cette
méthode qu'on pourrait justifier de bien des façons dans votre
ministère et dans d'autres ministères, pourquoi en avoir fait un
cas spécial pour ce projet?
M. Rodrigue: C'est un peu l'allure d'une expérience
pilote. En même temps, il y a des précédents parce qu'au
sujet des travaux de cartographie qui sont faits par le ministère les
cartes sont vendues à des clients, la photo aérienne est aussi
vendue a des clients qui sont des clients institutionnels ou des entreprises
d'État. Donc, il y avait déjà des transactions de cette
nature qui existaient à partir des services fournis par le
ministère. Sauf que, comme il s'agissait d'une réforme majeure,
une réforme bien identifiée, d'une certaine façon
facilement identifiable en termes de quantité de services à
fournir pour la réaliser, il nous est apparu intéressant de
mettre sur pied un
fonds comme celui-là et de tester cette façon de
gérer des services spécialisés qui sont fournis en partie
par l'État. M. Tessier: pourrait ajouter quelques éléments
là-dessus.
M. Tessier:: II y avait déjà une tradition au
service de la cartographie, où il y avait un fonds renouvelable. On ne
payait pas les salaires, mais la totalité des frais directs de
production était compensée par les revenus de vente et restait
à l'intérieur, si vous voulez, de ce fonds renouvelable.
Sur la base de cette expérience pilote, parce que cela en est une
- c'est une première au gouvernement - on a négocié avec
les organismes centraux pour élargir le concept que l'on vivait à
l'intérieur du fonds renouvelable à un projet qui avait une
finalité dans le temps, ce n'est pas un service qui va durer une
éternité. C'est une opération qui doit être faite et
qui a un début et une fin. Une fois que le relevé cadastral va
être terminé à l'échelle du Québec - nous
estimons que cela prendra dix ans - ce sera terminé.
M. Fortier: Mais les revenus vont-ils continuer d'entrer
après dix ans?
M. Tessier: Cela va revenir dans la comptabilité normale.
Je veux dire que les revenus vont aller au fonds consolidé.
M. Fortier: Enfin, je ne voudrais pas passer trop de temps
là-dessus, parce que je voudrais terminer tôt ce soir, mais
procéder sur cette base même si c'est un projet pilote... Est-ce
qu'il n'aurait pas été plus facile d'utiliser le "shell" -
excusez l'expression anglaise - la coquille de la Société de
cartographie pour contrôler les coûts d'une façon plus
précise au lieu d'essayer de le faire à l'intérieur
même du ministère?
M. Rodrigue: II nous est apparu que, compte tenu des
différents intervenants dont certains sont d'autres ministères,
c'était plus facile et plus approprié de le faire à partir
du ministère lui-même.
M. Tessier: La Société de cartographie aurait
été en conflit d'intérêts, c'est-à-dire
qu'elle ne pouvait fournir qu'une partie du service nécessaire, et comme
l'orientation de base a été de le faire faire et que nous
prévoyons là-dedans que 80 % du travail va être
effectué par l'entreprise privée sous contrat, cela aurait
été une option qui n'aurait pas été sage. Car il va
falloir au moins quadrupler la capacité de production qu'avait la
Société de cartographie, et il nous a semblé plus sage,
dans les circonstances, d'élargir le bassin d'entreprises qui pouvaient
fournir ce type de services qui, incidemment, va permettre de développer
une expertise qui est vendable à l'échelle internationale.
Déjà, entre autres, après un exposé qui a
été fait de la méthodologie utilisée de la
cartographie numérique, d'ailleurs par le sous-ministre associé
aux Terres, on a beaucoup de demandes d'information de la part de plusieurs
pays qui s'intéressent aux orientations que nous avons prises, et
déjà il y a des négociations qui sont en cours entre des
firmes québécoises et des pays étrangers pour des montants
considérables, s'appuyant sur la technologie qui a été
développée au ministère dans ce domaine de la cartographie
numérique et du cadastre numérique. On pense qu'il est
préférable, dans un cas comme celui-là, de se servir
plutôt des entreprises privées comme multiplicateurs de
façon qu'il puisse se créer là un marché exportable
qui va venir renforcer ce qui se fait en expertises-conseils par les grandes
firmes au Québec.
M. Fortier: Ah! Bien, sur la question du principe, on est
d'accord avec cela, il n'y aura pas beaucoup de difficulté. J'aurais
seulement une dernière question très rapidement: Est-il
nécessaire, pour le succès de l'opération, que le projet
de loi que vous allez déposer prochainement soit adopté avant
juin?
M. Rodrigue: II serait souhaitable qu'il le soit, oui, pour qu'on
puisse mettre le fonds sur pied. En fait, l'annnée 1985, c'est une
année de préparation de tous les instruments qui vont permettre
de vraiment lancer le programme vers la fin de l'année.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Un instant! M. le
député d'Abitibi-Est. (20 h 30)
M. Bordeleau: C'est tout simplement concernant ce programme, M.
le ministre. Selon l'entente de la Convention de la Baie-James, on dit dans les
documents: Douze villages nordiques ont déjà été
réalisés au niveau de l'arpentage. Je voudrais savoir s'il en
reste beaucoup à faire de ce côté et si ce sera fait au
cours de l'année qui vient ou de l'année en cours.
M. Rodrigue: II y a douze villages nordiques qui ont
été faits, mais il y en a d'autres qu'on a autorisés pour
cette année. Semble-t-il qu'on en aurait cinq d'autorisés pour
être réalisés au cours de l'été.
M. Bordeleau: Donc, cela a commencé l'an dernier et cela
se continue cette année.
M. Rodrigue: Oui, cela se poursuit. Quand on dit nordique, en
particulier, il y a la Basse-Côte-Nord aussi, j'imagine que...
M. Bordeleau: Oui, on parle du village La Tabatière, Baie
de Brador, Rivière-Saint-Paul...
M. Rodrigue: Exact, c'est sur la Basse-Côte-Nord, cela se
poursuit cette année.
M. Bordeleau: Dans le même contexte, est-ce que
déjà la réforme du système cadastral va amener
certains travaux, certains engagements d'arpenteurs-géomètres,
par exemple, dans nos régions comme l'Abitibi, dès cette
année? Peut-on avoir une idée de l'ordre de grandeur, de quelle
façon cela va se développer?
M. Rodrigue: On va pouvoir faire le travail de base,
c'est-à-dire le travail de cartographie numérique et tout le
travail de géodésie; ce sont des grandes firmes
superéquipées dans le domaine. Il y a des
arpenteurs-géomètres qui nous téléphonent ou qui
nous écrivent pour nous demander si cela va avoir des retombées
en ce qui concerne leur travail. Cela va en avoir dans la mesure où les
entreprises publiques, de même que les municipalités et
probablement surtout les municipalités, vont se servir de notre base
numérique comme une base pour greffer à cela des renseignements
concernant leurs propres installations, leurs propres équipements
municipaux. Dans ce sens, ils vont avoir besoin des services de firmes qui
auront plus ou moins de spécialités selon les cas. Tous les
leviers fonciers vont devoir être réalisés par les
arpenteurs en région. Dans ce sens, oui cela va avoir des
conséquences, cela va créer un volume de travail pour des
arpenteurs un peu partout au Québec.
Il y a un certain nombre de firmes qui se seront qualifiées au
préalable et qui seront appelées à faire les travaux de
cartographie numérique de base et les travaux de levés
géodésiques de premier ordre. Il y aura quand même, pour
ceux qui sont moins équipés, qui sont des praticiens en
région... D'ailleurs, on a incité les arpenteurs à se
regrouper en consortium, ceux qui voulaient être capables de prendre les
grands contrats et de faire des offres pour les grands contrats. Parce qu'il
n'y a pas beaucoup de firmes au Québec qui étaient en mesure de
le faire il y a un an ou deux, et actuellement il y a un certain nombre de
firmes qui se sont équipées, qui sont en train de se qualifier
pour le faire. Il va de soi que, comme le nombre de firmes est restreint et que
c'est superspécialisé comme travail, nous serons probablement
dans la situation où nous devrons procéder par contrat
négocié, à ce moment.
Sauf que, pour ce qui est des arpenteurs régionaux, comme les
municipalités vont vouloir utiliser cette base cartographique pour
inscrire d'autres types de renseignements, il y aura des levés à
faire et, à ce moment, par voie de conséquence, cette
réforme va amener du travail pour les arpenteurs régionaux. On a
évalué cela, grosso modo, si je me souviens bien, à
quelque chose comme 100 000 000 $ de travaux qui seraient faits par les
entreprises publiques et les municipalités, au-delà des 80 000
000 $ que nous allons injecter là-dedans. Il y a quand même un
volume de travail extrêmement important au cours des dix prochaines
années qui va être accessible à des arpenteurs.
M. Tessier: Ce que nous allons fournir va être le
soubassement d'un édifice d'information sur lequel, par la suite, les
grandes entreprises d'utilité publique, les municipalités, les
MRC vont pouvoir construire des cadastres thématiques reposant sur des
données géographiques. Le travail de base qui va être
constitué par le ministère va donner lieu, par la suite, à
des développements considérables de l'informatique reposant sur
des bases spatiales. Je pense qu'il y a un marché considérable
qui va se développer à partir de cette base.
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Abitibi-Est, jusqu'à nouvel ordre... Est-ce que cela va?
M. Bordeleau: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Beaumier): Cela va. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Juste un commentaire. Comme de raison, dans tous ces
programmes "informatisés", entre guillemets, il y a toujours le danger
que ce soit tellement moderne qu'on se lance là-dedans et qu'on ait,
éventuellement, de la difficulté à s'en sortir. Je tiens
pour acquis que le ministère à fait les vérifications qui
s'imposent, parce qu'on connaît tous les programmes d'informatique dans
les compagnies... On s'est lancé tellement sur une grande échelle
que cela a été un fiasco complet. Il y a toujours le consultant
qu'on fait venir après et dont le thème est "KISS", je ne sais
pas si vous connaissez l'expression, "Keep it simple stupid". Je tiens pour
acquis, ce n'est pas une critique, que les vérifications ont
été faites pour vous assurer, sous la poussée des
consultants qui ont toujours beaucoup d'imagination - j'en étais - et
qui pourraient amener la province à se lancer dans une aventure qui
paraît bien sur papier, mais qui, dans un an, deux ans ou trois ans
d'ici, pourrait s'avérer une aventure fort dispendieuse et qui ne
donnerait aucun résultat... Je tiens pour acquis, je donne le
crédit au ministre qu'il a fait ou que ses fonctionnaires ont fait les
vérifications qui
s'imposent pour ne pas se lancer dans une galère qui parait bien
sur papier en ce moment, mais qui serait très difficile à
administrer plus tard.
M. Rodrigue: Ces programmes sont en développement depuis
1978 au ministère, de sorte que nous avons même fait des travaux
de cette nature encore récemment et cela s'est rodé avec le
temps. Le système est maintenant à point. D'ailleurs, on a eu
récemment la visite de la Banque Mondiale, qui nous a indiqué
qu'il y avait des projets d'implantation cadastrale dans des pays en voie de
développement pour 100 000 000 $ sur un certain nombre d'années.
Ils se sont rendu compte que le fait d'avoir négligé cet aspect
dans certains pays cause des problèmes importants au moment où
l'on se parle. On fait du développement, mais il n'y a rien de
référencé, et là ils pensent à se donner
l'outil de base. Maintenant, le sous-ministre, M. Paradis, pourrait vous donner
quelques compléments d'information.
M. Fortier: Je ne tiens pas à aller trop loin dans les
détails. On aimerait passer à un autre élément.
M. Rodrigue: Oui, d'accord.
M. Fortier: J'imagine que cette méthode va vous permettre
de préciser les limites géographiques du territoire très
précisément. Est-ce que cela va vous permettre en particulier,
finalement, de délimiter la frontière entre le Labrador et le
Québec?
M. Rodrigue: Je ne pense pas que les MRC se rendent là, du
moins qu'il y ait beaucoup de MRC qui se rendent à cette soi-disant
frontière. Effectivement, cette réforme du cadastre va
s'appliquer aux zones urbanisées en MRC. C'est la partie du territoire
du Québec qui va être couverte...
M. Fortier: Urbanisée.
M. Rodrigue:... urbanisée en municipalités
régionales de comité.
M. Tessier: M. le Président, juste un complément
d'information. Les logiciels n'ont pas à être
développés, ils ont déjà été
développés au ministère.
M. Rodrigue: C'est cela.
M. Tessier: Ce sont des "packages" maintenant qu'on est
prêt à donner à l'entreprise privée.
M. Fortier: Autrement dit, vous avez testé le programme?
Le "testing" a été fait.
Une voix: II fonctionne.
M. Rodrigue: On a fait des travaux.
M. Paradis (Michel): Si vous me permettez d'ajouter quelque
chose, il y a déjà deux ans de production qui ont
été faits en laboratoire avec un consortium de firmes
formé d'un groupe de Montréal associé au groupe Lavalin
avec la Société de cartographie. Alors, on a déjà
deux années entières de production qui nous permettent de dire
que les logiciels sont parfaitement au point déjà.
M. Fortier: Cela me satisfait, M. le Président. C'est
adopté.
Le Président (M. Beaumier): II ne faudrait pas
accréditer auprès de nos concitoyens qu'il y a une
frontière au Labrador. Ce n'est pas encore réglé cela.
M. Fortier: II y en a une, mais on ne sait pas où elle
est.
Le Président (M. Beaumier): Non, ce n'est pas sûr
qu'il y en a une. Est-ce que le programme 8 est adopté?
M. Fortier: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): On passe au programme 9,
Gestion des terres publiques.
Gestion des terres publiques
M. Fortier: Très brièvement, M. le ministre, parce
qu'on voudrait passer aux autres programmes. Là il s'agit de la gestion,
mais en pratique qu'est-ce que font les gens qui sont là?
M. Rodrigue: Écoutez, il y a d'abord ceux qui s'occupent
de toutes les concessions des terres publiques, par location, par cession ou
par vente. Tout cela est administré par le ministère. Finalement,
les objectifs du programme de Gestion des terres publiques...
M. Fortier: C'est l'ancien ministère de la Colonisation,
c'est en plein cela que vous êtes en train de nous dire?
M. Rodrigue: Non, pas tout à fait. Enfin, il y a des
éléments de Terres et Forêts dans cela. Ce que cela vise,
au moyen d'un ensemble de politiques et de procédures, c'est de bien
connaître l'ensemble du stock foncier - et d'en faire l'inventaire - que
le ministère doit gérer; d'assurer la conservation, la protection
et la diffusion des renseignements sur les droits qui sont
concédés et qui se rapportent au domaine public. Il y a
également
l'harmonisation de l'utilisation des terres publiques au moyen d'une
affectation de l'ensemble du territoire de l'État. Nous sommes
appelés à réagir aux plans d'aménagement des
municipalités régionales de comté, qui nous soumettent ces
plans d'aménagement. En ce qui concerne la partie de l'affectation des
terres publiques, le ministère doit faire un plan d'affectation et en
même temps soumettre des remarques quant à l'utilisation des
terres publiques si la MRC veut embarquer dans cela. Il faut mettre les terres
publiques à la disposition des clientèles dans certains cas, et
on peut le faire au moyen de bail de location ou encore d'acte de vente. Il
faut préserver les terres publiques contre les empiétements et
les prises de possession illégales, et pour cela il faut faire
l'inspection. Il faut également améliorer la connaissance des
potentiels des terres publiques, donc l'inventaire, et favoriser leur mise en
valeur, particulièrement celles qui sont aptes à être
utilisées à des fins de villégiature, et finalement
accroître l'efficacité des modes de gestion et d'administration
foncière par des systèmes d'information mieux adaptés.
M. Fortier: En gros, c'est cela.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le programme 9 est
adopté?
M. Fortier: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Alors, j'appellerais le
programme 10, sur l'exploration.
Exploration géologique et
minérale
M. Fortier: On a parlé des mines, le député
d'Abitibi-Est en a parlé. C'est un secteur très important.
J'aurais une question, M. le Président, puisqu'il y a des
représentations qui m'ont été faites, entre autres, par
l'Association des prospecteurs du Québec. Ceux-ci sont extrêmement
désappointés du réaménagement administratif qui a
été fait à la section des mines. Dans des régions
extrêmement importantes, comme en Abitibi, il y avait des
géologues résidents. Ces gens ne sont plus là, il n'y a
plus de géologues comme tels dans la région. Maintenant, on a des
"public relations", des gens qui s'occupent des relations publiques.
Ces géologues résidents avaient comme fonctions de visiter
les travaux en cours et d'être au courant de ce qui se faisait. Ils
avaient la fonction de synthétiser l'information, de produire les cartes
et, maintenant, on laisse cela à l'entreprise; peut-être que la
grande entreprise va être capable de se débrouiller dans tout
cela.
Quand même, plusieurs se posent des questions sur ce
réaménagement qui a été fait. On se retrouve
maintenant avec des directeurs de bureau en région. On mentionnait
qu'à un endroit en particulier il y avait un directeur de bureau, alors
que c'étaient des géologues dans le passé - je ne sais pas
où c'est dans la région de l'Abitibi -qui est un historien. Je ne
sais pas si c'est une profession qui nous amène à pouvoir diriger
un bureau de géologues en région.
Moi, j'aimerais bien qu'on nous explique ce qui a été
fait. L'association des géologues, en particulier, est extrêmement
critique du réaménagement administratif que vous avez fait et
s'inquiète de l'impact que cela va avoir sur ceux qui font de la
prospection et sur ceux qui avaient l'habitude d'aller chercher une information
très pertinente au ministère des mines et au ministère qui
lui a succédé par la suite.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, les informations que j'ai
à cet effet ne concordent pas avec celles auxquelles se
réfère le député d'Outremont. Il y a toujours des
géologues résidents en région. Il y a eu informatisation
des bureaux et un certain nombre de travaux sont maintenant
informatisés, de sorte qu'avec des terminaux installés dans nos
bureaux régionaux les personnes qui sont sur place sont en mesure de
donner une information très rapidement à partir de banques de
données qui sont centralisées. Alors, c'est une
amélioration du service, à notre sens, dans les bureaux
régionaux.
Je vous donne un exemple: à Rouyn, le directeur du bureau, c'est
un M. Maurice Rive qui est un géologue et, à Val-d'Or, c'est M.
Denis Racicot qui est également géologue. Ils sont toujours
là, les géologues, et il y a même des directeurs de bureau
qui sont géologues.
J'ai l'impression qu'il y a peut-être un problème dans
l'information qui vous a été transmise parce que, effectivement,
on a autant de géologues résidents qu'on en avait il y a deux ou
trois ans, avant qu'on fasse une certaine réorganisation, mais une
réorganisation qui avait pour but d'introduire l'informatique et de
donner accès aux géologues en région à une banque
centrale de données qui leur permet très rapidement de donner
l'information. En d'autres mots, si vous vous présentez dans un bureau
et si vous voulez savoir si les terrains sont "claimés", les gens sur
place vont être en mesure, à l'aide de l'appareil qui est
là, du terminal et des écrans cathodiques qui sont là, de
vous donner des réponses assez rapidement.
Au cours de l'année, d'ailleurs, on a
ouvert deux nouveaux bureaux; il y en a un à Montréal et
il y en a un autre qui est en état d'être ouvert dans l'Estrie
également. Donc, il y a augmentation des services en région et
non pas diminution des services en région.
M. Fortier: M. le ministre, ce n'est pas que vous n'ayez
personne, c'est que les gens qui étaient en région auparavant
faisaient des visites régionales, allaient s'enquérir sur le
terrain. Là, vous me dites: II y a un préposé qui peut
manipuler l'ordinateur pour faire sortir l'information. Les critiques, ce n'est
pas moi qui les invente, cela vient de l'Association des prospecteurs du
Québec. Ils nous disent que vous avez fait les changements
administratifs peut-être avec de bonnes intentions, mais que les
résultats pour les géologues qui pratiquent ne sont pas,
d'après eux, dans le meilleur intérêt de ceux qui doivent
faire de la prospection en particulier.
M. Rodrigue: Pour compléter un peu l'information que je
vous ai donnée tout à l'heure, je pense que M. Laurin pourrait
vous donner un complément d'information là-dessus qui va vous
expliquer encore davantage, plus en détail, les transformations que nous
avons faites dans les bureaux. (20 h 45)
M. Laurin: Alors, pour compléter l'information que M.
Rodrigue vous a donnée, le ministère a procédé
à une rationalisation de ses effectifs à l'intérieur des
bureaux qu'il possède en région. Il a toujours le même
nombre de bureaux en région que celui qu'il avait antérieurement
et, comme M. Rodrigue vous l'a mentionné tantôt, deux nouveaux
bureaux seront ouverts d'ici à la fin de l'automne. Nous avons toujours
à ces bureaux des géologues qui sont là pour donner de
l'information et qui ont un triple rôle, c'est-à-dire un
rôle d'assistance à l'industrie minière, de surveillance
des travaux qui se font par l'industrie sur le territoire et, aussi, une
fonction-conseil.
En plus, maintenant, en rationalisant, nous avons regroupé,
à l'intérieur du même bureau, la section des permis avec
les anciens bureaux de géologues résidents, mais c'est toujours
avec l'idée qu'un géologue est en charge de ces bureaux.
M. Fortier: Mais vous ne niez pas, quand même, qu'il y a eu
baisse de personnel dans certaines régions. J'ai lu dans les journaux -
à Val-d'Or, en particulier - qu'il y avait eu des plaintes, à
savoir qu'il y avait des réductions de personnel.
M. Laurin: II faut s'entendre. Cette réduction de
personnel s'est appliquée à l'ensemble du ministère et il
est bien évident que, lorsque nous rationalisons le personnel et que
nous donnons des services accrus par l'utilisation de l'informatique, nous
sommes en mesure de diminuer le nombre de personnes qui étaient à
l'intérieur de ces bureaux; c'est ce qui a été fait.
Par contre, pour l'ensemble des bureaux de l'Abitibi,
antérieurement, nous avions 14 personnes et nous demeurons
présentement avec 10 personnes, en Abitibi, et toujours avec un
géologue en charge de chacun de ces bureaux, parce que nous croyons que
c'est la fonction principale et la discipline principale qu'il doit y avoir
à l'intérieur de ces bureaux pour donner l'information à
l'industrie.
D'ailleurs, nous avons aussi institutionnalisé des rencontres
régulières avec l'Association des prospecteurs du Québec
uniquement pour être en mesure de pallier les carences ou les
difficultés que cette association pourrait éprouver dans le
territoire.
M. Fortien Quel est le statut ou l'état, compte tenu de la
réduction de personnel... On a manifesté également des
critiques très fortes sur l'état des lithotèques, "lithos"
étant, bien sûr, roche et lithotèque étant les
carottes qui étaient emmagasinées, année après
année. On m'a indiqué que vous aviez du personnel qui, dans le
passé, s'occupait de ces lithotèques et qu'à cause de la
chute du personnel l'état des lithotèques était à
l'abandon et que, maintenant, c'est à se demander si elles sont aussi
utiles qu'elles l'étaient dans le passé. Quelle est la politique
du ministère sur ce sujet, en particulier?
M. Laurin: Pour répondre à votre question, c'est un
dernier point qu'il nous reste à compléter dans la
réorganisation des bureaux, la question des lithotèques. Vous
dire si elles sont dans le même état qu'elles l'étaient il
y a environ un an, je suis incapable de répondre à cette
question. Par contre, ce que je sais, c'est que nous sommes à
étudier, conjointement avec les bureaux régionaux que nous avons,
la possibilité de donner à sous-contrat à
l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, la
possibilité, si vous voulez, de prendre la charge de ces
lithotèques, tout en payant pour cela.
Nous sommes intéressés à garder les
lithotèques, parce que nous croyons que c'est la bibliothèque
nécessaire à l'industrie pour augmenter ses travaux dans le
territoire. Alors, c'est un dernier point qu'il reste à
compléter.
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Dans le même sens, M. le Président,
comme cela touche beaucoup
ma région, je voudrais simplement mentionner, d'abord,
qu'effectivement, quand le ministère a voulu réorganiser ou
moderniser ses services en région, cela a causé certains
problèmes et c'est là que le caucus régional des
députés de l'Abitibi-Témiscamingue a demandé, en
particulier, au sous-ministre Laurin et à d'autres officiers du
ministère de venir en région pour donner l'explication
nécessaire pour rassurer un peu les différents intervenants.
Je pense que c'est un peu normal qu'une modernisation, une
informatisation des données, particulièrement auprès des
prospecteurs d'un certain âge, qui étaient habitués
à fonctionner en allant rencontrer le géologue résident
pour aller vérifier l'état de leur claim ou du jalonnement
possible disponible... Maintenant, que cela se fasse sur un écran
cathodique, cela fait un peu peur à un prospecteur qui a gardé la
même méthode pendant 25, 30 ou 50 ans. Mais je pense qu'il y aura
une grosse amélioration des services en région, si la
modernisation continue de bien se faire, comme elle est bien amorcée, je
pense.
Sur le plan des postes dont parlait le député d'Outremont,
il faudrait aussi souligner qu'une des raisons pour lesquelles le nombre de
postes a diminué dans les régions, particulièrement dans
notre région, c'est que tout le service d'inspection qu'assumait le
ministère de l'Énergie et des Ressources dans les mines
relève maintenant de la CSST et, bien sûr, il s'agit de ne pas
dédoubler les postes. Alors, ces postes ont été
transférés à la CSST, sauf que, si on regarde un ensemble
régional comme l'Abitibi-Témiscamingue, on s'aperçoit
qu'il y a maintenant beaucoup plus de postes au niveau de la
sécurité dans les mines qui relèvent de la CSST, parce que
le système est beaucoup plus complet qu'il ne l'était auparavant,
par rapport aux postes qui ont été perdus du côté du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Ce n'est pas un moins,
je pense que c'est un plus.
Ce que je voudrais savoir de la part, peut-être, du sous-ministre
Laurin, qui est sûrement au courant, c'est ceci. Dans toute
l'implantation de l'informatique, dans la modernisation des services, il a
été question, à un moment donné, d'installer des
bélinos dans les différents terminaux, dans les différents
points de services régionaux pour permettre d'avoir le document qui
vient de Québec sur papier au lieu de l'avoir simplement sur
écran cathodique. J'aimerais savoir où c'en est rendu
actuellement. Est-ce que c'est complété?
M. Rodrigue: On me dit que c'est chose faite.
M. Bordeleau: C'est fait? Bon. Au niveau de l'UQAT, cela a
été souligné, il me semble que c'est de plus en plus
important qu'une université qui est nouvelle dans la région
puisse récupérer un certain nombre de services et vraiment donner
un service continu qui, j'en suis convaincu, sera meilleur, sans rien enlever
à nos fonctionnaires du ministère de l'Énergie et des
Ressources, puisque c'est une institution régionale qui est en train de
se développer, qui va continuellement travailler au développement
de nos ressources minières. Je pense que, ça aussi, c'est un
plus, le fait de vouloir remettre le service de lithotèque à
l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député.
M. Rodrigue: Quant aux remarques qui ont été
faites, M. le Président, il est sûr que, quand on fait des
transformations comme ça, ça amène toujours une certaine
inquiétude. Il y a des choses à ajuster, on le reconnaît;
on poursuit le travail de ce côté-là. Il y a des gens du
ministère, en particulier le sous-ministre aux mines, qui doivent
retourner dans la région au mois de juin pour voir si tout est en ordre
et si tout est à la satisfaction des usagers de ces bureaux. Disons
qu'on fait des visites périodiques, comme ça, pour essayer de
s'assurer que le nouveau système mis en place, avec les transformations
qu'on a faites, fonctionne bien et que ça rend les services qu'on
destine à la population et qu'on voulait rendre par ces nouveaux
équipements.
M. Fortier: Je voudrais juste faire un commentaire, M. le
ministre. Bien sûr, je suis conscient et j'ai pris connaissance des
manifestations d'inquiétude qui provenaient de la population de la
région de Val-d'Or. C'est compréhensible, et vous avez bien
répondu. Mais ici - je pense que le député d'Abitibi-Est
concourt avec moi pour exprimer la même inquiétude - dans le fond,
ce qui est important, c'est que la prospection minière réussisse
mieux que par le passé et soit plus efficace.
C'est dans ce sens, je crois, que mes commentaires ont été
faits. D'ailleurs, le député d'Abitibi-Est a fait les
commentaires dans le même sens que moi. Mais c'est ça qui
m'inquiète, car je rencontre des prospecteurs et je vous livre
simplement leurs commentaires. Cela ne fait pas tellement longtemps que je les
ai rencontrés, c'était le 11 mars; alors, on ne parle pas de
très longtemps. Ils s'inquiètent de ces changements et me disent
- peut-être qu'ils n'ont pas raison; je ne suis pas expert en prospection
minière - que les changements vont amener une situation qui sera moins
profitable non pas dans le sens de l'économie, mais dans le sens de
la
profitabilité de la recherche de nouvelles mines. Je vous livre
leurs commentaires en vrac et je vous indique que, peut-être, si le
sous-ministre va dans la région, il devrait...
Maintenant, une question que j'aimerais poser. On m'a indiqué
que, face à ces changements, votre ministère avait formé
un comité consultatif et que, malheureusement, la totalité des
gens nommés au comité consultatif, c'étaient uniquement
des gens de la ville de Québec. Une remarque que ces gens m'ont faite:
ils aimeraient bien que quelques personnes soient également de
Montréal, de la région et d'ailleurs, et non pas avoir uniquement
des gens de la ville de Québec dans un comité comme
celui-là. Autrement dit, il ne faudrait pas tenir pour acquis que, si
certaines personnes de Québec sont satisfaites des changements, les gens
de Val-d'Or ou les gens de Montréal qui font de la prospection le sont
également.
M. Rodrigue: Je vais demander à M. Laurin, sur le point
que vous venez de soulever concernant le comité consultatif, d'apporter
les précisions qu'il y a lieu d'apporter.
M. Laurin: En ce qui a trait au comité consultatif qui a
été formé il y a deux ans, c'est le comité
consultatif de la direction générale de l'exploration
géologique et minière. On avait suggéré au
ministère de nommer des représentants de l'industrie. Sur dix
personnes, il y avait six représentants de l'industrie, deux des
universités et il y avait deux représentants du ministère.
Des gens de l'industrie, il y avait une personne de Val-d'Or, M. Jean
Descarreaux; il y avait une personne de Toronto, M. Dave Hutton, de la
compagnie Selbaie, il y avait M. Zajak de Sept-Iles, de la compagnie Iron Ore,
M. Sabourin de Québec, qui s'occupait de toute l'exploration pour le
Nord-Est pour la compagnie Noranda; M. Boissonneault qui s'occupait de
l'exploration pour Falconbridge Ltée, et qui travaille
énormément dans le Nord-Ouest québécois, mais dont
le bureau est ici à Québec; M. Fernand Dubuc de la SOQUEM; M. Guy
Valiquette qui est professeur à l'École polytechnique à
Montréal; M. Robert Lamarche qui est directeur de
l'INRS-Géoressources, ici à Québec.
M. Fortier: Alors, l'information que j'ai n'était pas
bonne?
M. Laurin: Ce n'est pas ce que j'ai dit, mais je vous donne ce
qui en est.
M. Fortier: Non, non, mais je pense que vous avez raison.
Remarquez bien que je n'étais que le porte-parole des gens qui m'ont
donné l'information. Mais, à la lumière de ce que vous me
dites, il faut croire que certaines personnes sont frustrées de ne pas
avoir été nommées elles-mêmes. Je vous remercie de
l'information.
M. Rodrigue: On va finir par croire qu'on s'en fait passer comme
cela, de part et d'autre.
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: En même temps, je voudrais simplement
souligner au député d'Outremont et au ministre - mais le ministre
le sait sûrement - qu'il existe en fait - M. le député
d'Outremont parlait tantôt de l'Association des prospecteurs -deux
associations de prospecteurs: l'Association des prospecteurs du Québec
qui couvre l'ensemble du territoire québécois, dont le
siège social d'ailleurs est à Québec, et qui regroupe
beaucoup de gens de l'Abitibi-Témiscamingue à cause de
l'importance de son secteur minier; mais il y a aussi l'Association des
prospecteurs du Nord-Ouest québécois qui, elle, est une
association plus locale et qui est formée vraiment de ce qui est
resté de nos prospecteurs, je ne dirais pas ancestraux, parce qu'ils ne
sont pas si vieux que cela, mais quand même des gens un peu plus
âgés qui ont conservé la méthode artisanale de faire
de la prospection. Alors, il y a toujours deux écoles, si on peut
appeler cela comme ça, entre ces deux associations. Pour avoir
rencontré et rencontrer régulièrement des gens de
l'Association des prospecteurs du Québec, qui est la grosse association,
celle-ci accepte très bien les changements de modernisation,
d'équipements informatisés parce qu'eux-mêmes fonctionnent
déjà avec ces systèmes informatisés. Par contre,
l'Association des prospecteurs de l'Abitibi-Témiscamingue, qui a
conservé une méthode plus artisanale, est réfractaire
à certains changements informatiques, ce qui explique à
l'occasion certaines...
M. Fortier:... cela vient de l'Association des prospecteurs du
Québec.
M. Bordeleau: Ah! Possiblement, mais même dans
l'Association des prospecteurs du Québec, il existe aussi certains
éléments plus conservateurs que d'autres. Mais je voulais que
vous puissiez faire la différence entre ces deux
associations-là.
M. Fortier: Alors, cela va.
Le Président (M. Beaumier): Le programme 10 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Nous sommes alors au programme
11.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Le programme 11 est-il
adopté? Oui, alors on passe au programme 12.
Recherche minérale, analyses et essais
M. Fortier: Qu'est-ce que c'est le programme 12?
Le Président (M. Beaumier): Recherche minérale,
analyses et essais. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Oui, M. le Président. En ce concerne la
recherche minérale, on a un organisme qui s'appelle le CRMQ, le Centre
de recherche minérale du Québec, qui a toujours offert à
l'entreprise minière une expertise, une analyse des différents
minéraux. De plus en plus, les régions comme la mienne, celle de
l'Abitibi-Témiscamingue, et probablement d'autres désirent se
prendre en main à l'occasion et faire de l'expertise locale,
régionale. Je voulais demander au ministre si le ministère, dans
ses orientations, a l'intention de déléguer plus d'expertise
à des secteurs régionaux plutôt que de la faire
essentiellement à Québec, au Centre de recherche
minérale.
M. Rodrigue: M. le Président, dans l'état actuel
des choses et à court terme, nous venons d'investir des sommes
importantes dans la rénovation du Centre de recherche minérale.
Il va de soi que nous allons concentrer le travail sur ce point. Compte tenu
des volumes de travail qu'il y a à faire, il n'est pas impensable
qu'éventuellement il puisse s'ouvrir d'autres centres si c'était
justifié. Mais je pense que, dans un horizon à court et à
moyen terme, on pourrait difficilement envisager de décentraliser un tel
centre et de déplacer des équipements à partir de ce qui
est installé actuellement à Québec. C'est quand même
assez vaste, si vous avez eu l'occasion de le visiter, c'est de la dimension
d'une véritable usine. Il y a des informations qui sont transmises
à partir des travaux qui se font au Centre de recherche minérale.
Il y a des conférences qui se donnent, entre autres des
conférences sur l'informatique dans les mines. Il y a eu trois jours de
session là-dessus et cela a été très
apprécié, semble-t-il. Cela a eu lieu à Rouyn; cela a
été très aprécié de la part des gens de
l'industrie. (21 heures)
II y a également des contrats qui ont été
accordés à l'Université du Québec en
Abitibi-Témiscamingue pour des recherches spécifiques dans
certains domaines. Alors, si c'est cela que vous avez à l'esprit quand
vous parlez de décentralisation, oui, effectivement, il y a des contrats
qui se donnent et qui contribuent quand même a relier la région au
Centre de recherche minérale qui est installé ici à
Québec.
M. Bordeleau: Je me suis peut-être mal exprimé, M.
le ministre, mais ce n'était pas dans le sens de déménager
les équipements de Québec en Abitibi ou ailleurs...
M. Rodrigue: Ou d'en bâtir d'autres là-bas.
M. Bordeleau:... ou d'en installer d'autres, mais
plutôt...
M. Rodrigue: II y a implication...
M. Bordeleau:... à partir de l'expertise qu'on a à
Québec déjà, je pense que c'est quand même possible
de permettre à certaines entreprises, qui seraient déjà
équipées en région, de signer certains contrats avec
l'entreprise qui passeraient par une entente avec le Centre de recherche
minérale qui est situé à Québec. C'est dans ce
sens.
M. Rodrigue: Le centre, effectivement, signe des contrats avec
des entreprises, fait des travaux pour elles. Des redevances sont
exigées pour ces travaux, qui couvrent une partie des coûts,
l'autre partie étant couverte à même les subventions que
nous accordons au centre. C'est dans la politique du ministère de faire
en sorte que toute l'information qui est recueillie au centre soit transmise
dans les régions. En fait, le centre va consacrer 45 % de ses ressources
dans le domaine du contrôle du terrain en s'associant aux exploitants
miniers dans différents projets qui ont pour but de résoudre des
problèmes spécifiques, des problèmes de technologie
spécifique. Il va consacrer également 30 % de ses ressources dans
le domaine du génie industriel minier et travaille à
améliorer la productivité par la mise en marche de certains
projets qui peuvent déboucher sur de nouveaux procédés, de
nouvelles pratiques et de nouvelles technologies. C'est à cela que j'ai
fait allusion, ce matin, lorsque j'ai parlé, entre autres du
procédé de traitement des boulettes de fer qui permet à
l'usine exploitée par Québec Cartier, sur la Côte-Nord, de
fonctionner à pratiquement 100 % de sa capacité à ce
moment-ci alors qu'il y a quelques années la même usine, avec un
autre administrateur, il faut le dire, ne fonctionnait qu'à 40 % ou 50 %
de sa capacité. Le nouveau procédé est un facteur
essentiel qui fait que cette usine fonctionne maintenant à 100 % ou 110
% de sa
capacité théorique.
Il y a également 25 % des ressources qui vont être
consacrées au domaine de l'informatique appliquée et qui vont
contribuer à vulgariser l'implantation plus large des équipements
informatiques dans les mines. La conférence de Rouyn portait justement
là-dessus. Effectivement, il y a des retombées importantes, pour
l'industrie minière, des travaux qui sont réalisés par le
centre.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le programme 12 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Nous sommes rendus au
programme 13.
Régie de l'électricité et du
gaz
M. Fortier: Régie de l'électricité et du
gaz. J'aurais deux ou trois questions à ce sujet. La première est
d'actualité, bien sûr. Étant donné que le ministre
des Finances a sorti un telbec disant qu'il donnait son absolution à
l'achat de Gaz Inter-Cité par Gaz Métropolitain, est-ce que cela
présume que la Régie de l'électricité et du gaz
n'aura pas à statuer sur un tel achat?
M. Rodrigue: Je m'excuse. Pourriez-vous répéter la
question, s'il vous plaît?
M. Fortier: Je parlais de l'achat de Gaz Inter-Cité par
Gaz Métropolitain. Je disais: Le ministre des Finances a sorti un telbec
pour dire que ceux-ci étaient d'accord avec les politiques du
gouvernement et j'en suis fort aise. Je me demandais où cela laissait la
Régie de l'électricité et du gaz. Parce qu'il faut se
rappeler qu'en 1981, je crois, lorsque le gouvernement avait
décidé de procéder au développement du gaz naturel,
la Régie de l'électricité et du gaz, dans un document fort
détaillé, avait statué qu'elle favorisait deux
sociétés de distribution gazière. Elle devra statuer de
nouveau. J'imagine que la loi l'oblige ou oblige Gaz Métropolitain
à aller devant la régie pour obtenir son assentiment. J'imagine
que le gouvernement, étant donné qu'il a créé la
régie, ne peut pas présumer de la décision de la
régie. Si la régie reprend la même argumentation que celle
qu'elle avait prise il y a trois ans, puisque cela ne fait pas tellement
longtemps, elle pourrait décider que les mêmes raisons qui
étaient valables il y a trois ans sont encore valables. Si je comprends
bien, la raison pour laquelle Gaz Métropolitain a décidé
d'acheter Gaz Inter-Cité, c'est plutôt Inter-City Gas de Winnipeg
qui désirait vendre. Mais, si on regarde cela du point de vue de la
Régie de l'électricité et du gaz, j'imagine qu'elle se
préoccupe bien peu de la décision d'Inter-City Gas de Winnipeg.
Avec raison, elle pourrait dire: Ce n'est pas Winnipeg qui va décider de
la politique énergétique du Québec. Nous, en 1981, avions
décidé qu'il devait y avoir deux distributeurs de gaz et nous
décidons qu'il en reste encore deux. Autrement dit, est-ce que cela a
été discuté avec la Régie de
l'électricité et du gaz? Est-ce que le ministre peut nous dire
quelle conversation il a eue avec le président de la régie et
dans quel sens cela va aller?
M. Rodrigue: II n'y a pas eu de discussion à ce sujet avec
le président de la régie, ni avec d'autres membres de la
Régie de l'électricité et du gaz. Effectivement, cette
transaction est soumise à l'autorisation, à l'approbation de la
régie et celle-ci devra statuer là-dessus. J'ai été
informé de la volonté de Gaz Métro de faire cette
transaction un peu auparavant, parce qu'il y a eu des discussions entre tes
entreprises. On nous a informés immédiatement. Il nous est apparu
qu'il y avait un facteur quand même nouveau qui entrait en ligne de
compte. C'est qu'à l'époque, il y a trois ou quatre ans, il
fallait développer le réseau à l'extérieur du
réseau de Gaz Métropolitain. Il fallait développer un
réseau au Québec. C'était la mission principale
confiée à GIC de développer le réseau.
Effectivement, elle a rempli sa mission et elle l'a fait avec des
résultats absolument remarquables. GIC, avec des investissements de
l'ordre de 300 000 000 $, je pense, avait réussi à
épargner à peu près 80 000 000 $ sur les coûts
estimés au préalable, donc, avait réussi, par une gestion
très saine et très serrée, à faire les travaux
à des coûts de 80 000 000 $ inférieurs à ceux qui
avaient été estimés préalablement, ce qui est quand
même une performance remarquable pour une jeune entreprise comme
celle-là qui était très dynamique.
Alors, dans ce sens-là, sa mission est un peu accomplie à
cet égard. Bien sûr, elle avait aussi la mission de distribuer le
gaz et de le vendre. Cependant, ses marges de manoeuvre étaient un peu
serrées, parce que les revenus générés, compte tenu
que le pétrole s'est stabilisé un peu, les tarifs
d'électricité, parce que nous avons des surplus... Il y a eu des
programmes pour écouler ces surplus qui ont été mis en
place qui ont, non pas arrêté complètement, mais enfin, qui
ont handicapé un peu la progression du gaz dans le réseau GIC, de
sorte que c'est une entreprise qui a un bon potentiel, mais qui en même
temps, à court terme, pouvait profiter de l'appui d'une puissance comme
Gaz Métropolitain qui est assise sur un réseau intéressant
et qui a un volume de vente beaucoup plus fort. Il y a
également des économies d'échelle importantes
à réaliser là-dedans qui peuvent être
bénéfiques pour le consommateur. Alors, la régie aura
à tenir compte de tous ces nouveaux facteurs, à évaluer et
à rendre une décision.
M. Fortier: Remarquez bien, M. le ministre, que j'ai dit
publiquement hier qu'en ce qui me concerne, j'aurais favorisé la
création d'une seule compagnie de distribution, il y a trois ans. Toutes
les raisons qu'on donne sur les économies d'échelle, cela valait
il y a trois ans autant que maintenant et que, de toute évidence, la
décision a été prise à Winnipeg. Mais, finalement,
cela va peut-être être une très bonne décision pour
le Québec.
Il y a deux choses qui m'intéressent. C'est qu'il y a eu une
décision... Gaz Inter-Cité est allée devant la
régie dernièrement et a demandé l'autorisation de faire
des investissements pour un montant de 68 000 000 $ en 1985. Est-ce que le
ministre peut nous assurer qu'en dépit du fait que Gaz
Métropolitain va acheter Gaz Inter-Cité les investissements qui
devaient être faits par Gaz Inter-Cité cette année, de
l'ordre de 68 000 000 $, si ma mémoire est correcte, vont être
faits cette année et que l'actionnaire, qui était Inter-City Gas,
n'y mettra pas un frein? J'imagine qu'il va y avoir un hiatus pendant quelques
mois et ce hiatus pourrait empêcher les investissements de se
réaliser.
M. Rodrigue: Disons que le principal morceau dans ces
investissements, c'est l'embranchement de Drummondville. Là-dessus, il y
avait eu des discussions avec le fédéral. On a eu la confirmation
du fédéral par une lettre du ministre fédéral de
l'Énergie que l'embranchement de Drummondville était
autorisé et qu'il allait être...
M. Fortier: Ma question est: Est-ce que cela va être fait
par Gaz Inter-Cité, de toute façon, cette année?
M. Rodrigue: En fait, c'est prévu pour êtrefait cette année et Gaz Inter-Cité demeure une entreprise. Il
n'y a pas eu fusion des deux entreprises pous l'instant. Gaz Inter-Cité
demeure une entreprise, donc le détenteur du capital-actions n'est plus
l'ancien, mais Gaz Métropolitain. Alors, bien sûr, il y aura
probablement des mouvements de faits pour intégrer les opérations
de ces entreprises, éventuellement. Au moment où je vous parle,
je n'ai aucune indication que les travaux prévus ne seraient pas
réalisés.
M. Fortier: Le ministre sait fort bien que ce genre de travaux se
fait en été. Nous sommes rendus près du 15 mai et, comme
il va y avoir un hiatus... Je ne sais pas quelle longueur de hiatus parce qu'il
faut aller devant la régie. La régie peut prendre... Je ne sais
pas. Ce n'est pas toujours court avec la régie. Elle peut prendre trois,
quatre, cinq mois. Je la comprends, elle fait son travail en profondeur - on a
un représentant de la régie qui est ici - mais, si elle prend ce
temps-là... C'est l'inquiétude que j'ai et je ne tiens pas
à continuer la discussion. Peut-être que le ministre peut
prendre...
M. Rodrigue: Dans le cas de Drummondville, on m'indique que les
contrats sont déjà signés. C'est 40 000 000 $ des 60 000
000 $ d'investissement, cette année. C'est l'embranchement de
Drummondville et les contrats seraient déjà signés. Donc,
les travaux vont se réaliser.
M. Fortier: Je pense que le ministre devrait peut-être nous
rassurer là-dessus. Si les contrats sont donnés et si
l'actionnaire change, cela pourrait peut-être changer quelque chose.
Une autre question en ce qui concerne la Régie de
l'électricité et du gaz. J'avais posé des questions
à M. Duhaime, il y a deux ou trois ans. La loi sur la régie
impose une responsabilité que la régie ne voulait pas avoir,
c'était toute la question de l'inspection dans le domaine du gaz.
Là-dessus, il avait été question de tranfert de personnel
au ministère de l'Énergie et des Ressources; cela a
été commencé, puis suspendu. Est-ce que le ministre peut
nous dire où nous en sommes au moment où on se parle? Il y a deux
ou trois ans, on nous avait dit: La régie n'aura plus cette
responsabilité; elle va être au ministère de
l'Énergie et des Ressources. Après cela, je pense qu'on nous a
dit que la responsabilité serait plutôt assumée par le
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Je pense
que la loi - je ne l'ai pas vérifiée dernièrement - est
assez explicite là-dessus. La régie a une responsabilité
d'inspection et, lorsque sont arrivés des accidents gaziers
dernièrement, je n'ai pas remarqué que la régie soit
intervenue. J'aimerais savoir du ministre si la loi impose toujours à la
régie cette responsabilité. Si c'est le cas, pourquoi, lorsqu'il
y a eu des accidents malheureux, la régie n'a-t-elle pas fait
elle-même l'étude de ces accidents et les recommandations, comme
la loi semble le dire? Je ne suis pas certain sur ce point de la loi, c'est
pourquoi je pose la question au ministre.
M. Rodrigue: En vertu d'un CT daté du 27 novembre, cette
loi devient la responsabilité du ministère de l'Habitation et de
la Protection du consommateur, depuis le 1er avril 1985. En fait, les services
d'inspection et la responsabilité sont
transférés au ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. Évidemment, les crédits
afférents ont été transférés à ce
dernier ministère également, ce qui explique d'ailleurs en partie
la baisse substantielle des crédits, par rapport à 1984-1985,
à ce chapitre.
M. Fortier: Et au point de vue de la loi? Un arrêté
ministériel ne peut pas changer la loi. Est-ce que la loi dit toujours
que la régie a cette responsabilité?
M. Rodrigue: On m'indique que, pour l'instant, cela constitue une
entente administrative. Le ministère de l'Habitation et de la Protection
du consommateur va assumer cette responsabilité et,
éventuellement, il y aura peut-être lieu de modifier les lois. Ce
qu'on m'indique, c'est que la loi sur la régie permettait ce genre
d'opération.
M. Fortier: J'imagine que votre ministère a gardé
la responsabilité de réglementation dans le domaine de
l'énergie. Je vais donner un exemple qui avait été
donné par les représentants de Inter-City Gas auQuébec, compagnie qui vend du gaz propane. Toute la
réglementation touchant le gaz propane impose une réglementation
sévère, en ce sens que, si la compagnie de gaz propane vend du
gaz propane dans un fardier, elle n'a pas le droit de laisser le fardier dans
une industrie pendant que le fardier se vide; autrement dit, elle n'a pas le
droit de le laisser sur les roues. Tandis que SOQUIP, qui s'est engagée
dans la même aventure, mais avec du gaz naturel n'est pas soumise
à la même réglementation. Elle vend du gaz naturel par
fardier, elle utilise le fardier et le laisse près des entreprises
qu'elle veut desservir. On se trouve dans une situation assez cocasse où
une réglementation de l'ACNOR, j'imagine, impose à une
société oeuvrant au Québec et vendant du gaz propane une
réglementation beaucoup plus sévère et que, dans le cas du
gaz naturel, on permet à la société d'État de
procéder différemment et d'avoir une réglementation moins
sévère. Voici la question qui se pose. Le ministère a-t-il
toujours la responsabilité ou si c'était la régie,
à l'époque? Comment peut-on permettre d'avoir deux poids, deux
mesures, une réglementation sévère pour la livraison du
gaz propane et une réglementation moins sévère pour la
livraison du gaz naturel? (21 h 15)
M. Rodrigue: Je n'ai pas de réponse à vous donner
sur-le-champ comme cela, mais on va faire la vérification. Il
m'apparaît effectivement qu'il y a là une espèce
d'ambiguïté ou d'illogisme, si c'est le cas. Comme il s'agit d'un
cas très particulier, on va faire la vérification pour voir
si...
M. Fortier: J'avais écrit au président de la
régie et il ne m'a jamais répondu là-dessus. Je pense que
le sous-ministre est très au courant du problème. En toute
logique, M. le ministre, je maintiens bien humblement que, même si le
gouvernement était impliqué dans une société
d'État qui s'appelle SOQUIP, les règles du jeu, sur le plan de la
réglementation et de la sécurité, devraient être les
mêmes pour le gaz propane et pour le gaz naturel, à moins d'avoir
des raisons techniques pour ce genre de différences.
M. Rodrigue: Oui, M. Pouliot aimerait apporter une
précision, effectivement.
M. Pouliot (Richard): Le problème qui est soulevé,
M. le Président, a trait au fardier. Nous avons, comme ministère,
l'administration de la Loi sur le commerce des produits pétroliers.
À partir du moment où des produits pétroliers sont vendus
dans des stations-service ou dans des débits, notre loi vise la
sécurité et les inspections que nous faisons visent la
sécurité.
M. Fortier: C'est cela.
M. Pouliot: La question des fardiers est probablement une
question qui tombe un peu entre les deux, parce que la loi sur la régie
prévoit l'inspection lorsqu'il s'agit de canalisation.
M. Fortier: C'est cela.
M. Pouliot: Dans le cas que vous posez, je prends la question
telle que vous la posez, je vais vérifier et dans la Loi sur la SOQUIP
et dans...
M. Fortier: Voyez-vous ce qui se passe sur le plan
économique? C'est que la justification pour SOQUIP de vendre du gaz
naturel par fardier est que la ligne de distribution de gaz arrêtait
à tel endroit. On se disait: On fait de l'"advance"; on fait de la
prospection. Elle allait dans des usines qui utilisaient du gaz propane et,
avec un tarif approuvé par la régie qui permettait de vendre ce
gaz-là meilleur marché, elle déplaçait du gaz
propane et avec un coût un peu moindre parce qu'elle utilisait un fardier
qu'elle pouvait laisser sur place, alors que, dans le cas du gaz propane, elle
ne pouvait pas faire exactement la même chose. C'est pour cela que je
soumets bien humblement le cas. Je crois que, dans ce domaine
économique, étant donné que le ministre, M. Duhaime,
l'avait dit à plusieurs reprises, j'accepte en théorie le
principe qui a été évoqué: il faut laisser les
forces du marché déterminer si on va vendre plus de gaz propane
au Québec, je parle surtout d'endroits qui ne sont pas alimentés
par des pipelines et des lignes de distribution, on
doit laisser, dis-je, le marché déterminer si les gens
vont préférer du gaz propane, du gaz naturel comprimé ou
d'autres. Mais je crois que, comme principe, les règles du jeu en ce qui
concerne la sécurité qui peut affecter l'économie de toute
l'opération devraient être à peu près les
mêmes. Il arrive que, dans le cas du gaz propane, il y a une
réglementation qui vient de l'Association canadienne de normalisation,
l'ACNOR, tandis que, pour le gaz naturel, elle n'est pas définie, parce
que j'imagine que ce n'est pas un problème qui existe dans bien des
endroits. Normalement, que ce soit en Ontario, en Alberta ou ailleurs, c'est
distribué par pipeline et non pas par fardier.
M. Pouliot: II faut dire que la livraison par fardier est une
technologie particulière au Québec...
M. Fortier: C'est cela.
M. Pouliot:... et que nous essayons d'exporter dans le monde
entier parce qu'il y a bien des gens qui s'intéressent à cette
technologie.
M. Fortier: Pour la Régie de l'électricité
et du gaz, c'est tout?
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Abitïbi-Est.
M. Bordeleau: Concernant la Régie de
l'électricité et du gaz, selon ce qu'a soulevé le
député d'Outremont, avec l'achat de Gaz Interprovincial dans la
région de Rouyn-Noranda, comme on dépendait auparavant de
l'Ontario en ce qui concerne Gaz Interprovincial, qui est une compagnie
ontarienne, il y avait déjà des projets, mais à long
terme, pour amener les conduites de gaz qui arrivent déjà
à Rouyn-Noranda jusqu'à Cadillac, Val-d'Or et un peu plus vers le
sud-est. Même si c'est très récent, j'imagine que le
ministre ou le sous-ministre n'a peut-être pas de réponse
précise, peut-on savoir si les projets de prolongation du réseau
gazier en Abitibi-Témiscamingue risquent de se faire plus rapidement
qu'à partir des anciens projets qui relevaient de Gaz Interprovincial
auparavant?
M. Fortier: Cela dépend des subventions du ministre. Il
vient d'en donner hier.
M. Bordeleau: Si le député d'Outremont veut
répondre à la place du ministre, je veux bien, mais...
M. Rodrigue: Cela dépend aussi des subventions du
gouvernement fédéral. Effectivement, aider ce programme à
l'aide de redevances qui étaient perçues sur le gaz et qui ont
permis de développer le réseau gazier au Québec, les
embranchements gaziers... Sauf que le gouvernement fédéral s'est,
à toutes fins utiles, retiré de ce secteur. Le dernier projet qui
a été autorisé pour nous, c'est le projet de
Drummondville.
J'ai l'intention de revenir à la charge là-dessus parce
que, effectivement, il y avait eu des fonds de créés et des fonds
générés à l'aide de taxes qui ont été
imposées pour justement permettre de réaliser ces embranchements.
Je ne pense pas qu'il y ait lieu de pénaliser les gens de GIC qui ont
réussi à réaliser ces embranchements avec des
économies de 80 000 000 $. Alors, je ne vois pas pourquoi il y aurait
lieu de pénaliser le Québec à cause de cela. Ce qu'on
demande essentiellement au fédéral, c'est d'au moins laisser
cette tranche de 80 000 000 $ pour des projets futurs dont la
rentabilité économique serait démontrée. Cela pose
tout le problème des distances et des volumes de consommation qui sont
potentiels dans les marchés à desservir.
En somme, si les marchés à desservir sont tels que le
projet offre une rentabilité économique parce que les profits
générés permettent d'amortir les coûts des
embranchements qu'on doit réaliser pour transporter le gaz, à ce
moment-là, il n'y a pas beaucoup de difficulté à aller de
l'avant avec des projets. Par contre, lorsque cette rentabilité
économique est purement marginale et même un petit peu en bas du
point zéro, à ce moment-là, cela devient beaucoup plus
difficile à justifier. Alors, cela dépend toujours de
l'étendue des marchés potentiels qui seraient accessibles au gaz.
Si les marchés sont très importants, s'il se fait beaucoup de
développement dans la région et que les marchés sont
très importants, cela peut devenir à terme intéressant de
le faire.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le programme 13 est
adopté?
M. Fortier: Adopté, oui.
Le Président (M. Beaumier): Adopté. Nous arrivons
au programme 14 et le dernier.
Études, recherches et interventions concernant
l'énergie
M. Fortier: Oui. Le programme 14... M. le Président, on
note une chute des dépenses dans le développement des
énergies conventionnelles, des économies d'énergie. Pour
les énergies nouvelles c'est à peu près le même
budget. C'est surtout dans le domaine des énergies conventionnelles. Ce
qui veut dire que tout le programme de subventions pour la recherche et le
développement a subi des coupes
draconniennes. J'imagine qu'il y avait une très grande partie de
ces sommes qui étaient données à des firmes privées
pour de la recherche et du développement. Est-ce que c'est bien
cela?
M. Rodrigue: En fait, il y a deux éléments
importants qui expliquent la baisse. Le premier, c'est qu'il y a une subvention
de 8 000 000 $ qui avait été accordée à Gaz
Métropolitain l'an passé, dans le cadre du plan de relance, pour
l'amener à réaliser plus rapidement les travaux d'extension du
réseau de distribution. Cette somme n'est pas récurrente, de
sorte qu'il y a 8 000 000 $ sur la différence que vous avez
soulignée. C'était à "énergie conventionnelle". En
fait, on passe de 10 591 000 $ à 2 586 000 $. Cela s'explique
essentiellement par la non-récurrence d'une subvention spéciale
qui avait été accordée...
M. Fortier: Alors, si on enlève cela, est-ce que cela veut
dire que...
M. Rodrigue: On revient au niveau...
M. Fortier:... les montants des transferts sont à peu
près équivalents?
M. Rodrigue: Équivalents, parce que cela nous donne des
sommes d'à peu près 2 586 000 $ par rapport à 2 591 000
$.
M. Fortier: Je posais la question parce qu'il y a des gens, des
mauvaises langues qui m'ont dit qu'étant donné que cela avait
été coupé le gouvernement s'arrangeait à l'avenir
pour faire payer cela par Hydro-Québec quand il n'y avait plus d'argent
au ministère. Je ne m'associerai pas à ces méchantes
langues, M. le Président, vous me connaissez.
M. Rodrigue: Alors, c'est essentiellement la subvention à
Gaz Métropolitain qui explique la différence, subvention qui
n'est pas récurrente et qui avait été accordée dans
le cadre du plan de relance.
M. Fortier: J'aurais une question à poser. Je ne sais pas
si c'est ici qu'on doit la poser. C'est relié à l'office de
l'électrification rurale. Je ne sais d'où les budgets viennent.
Je pensais que cela venait d'ici, en particulier. La Loi sur
Hydro-Québec indique que, lorsqu'une ville ou un village désire
avoir de l'électricité, il peut obtenir une subvention de
l'Office de l'électrification rurale pour pouvoir s'alimenter en
électricité. Je dois vous dire, M. le ministre, qu'il y a de
nombreux cas de gens, et je suis sûr que vous en avez été
témoin, et des fois il ne s'agit pas d'une seule personne, il s'agit de
groupes de personnes qui voudraient être desservis en
électricité, et je parle de groupes de personnes de dix maisons,
de quinze maisons, de commerces, et, lorsqu'ils vont chez Hydro-Québec,
ils se font dire: Si vous voulez avoir l'électricité, c'est bien
simple, il faut construire une ligne de transport d'énergie sur une
distance de dix milles en région et cela va vous coûter 50 000 $.
Alors, là, cela les arrête. Cela peut alimenter une petite
scierie. Cela peut alimenter des petits commerces, mais, lorsque
Hydro-Québec prend cette attitude, bien sûr, cela arrête
tout développement possible. La Loi sur Hydro-Québec, qui dit
qu'une ville ou une municipalité peut obtenir une subvention, ne joue
pas parce que, dans bien des cas, il s'agit d'un groupe de maisons ou d'une
petite industrie qui ne font pas partie d'une nouvelle municipalité
comme telle. Je me demandais si le ministre avait regardé cela de plus
près, car il y a de plus en plus de gens qui nous écrivent, parce
que, lorsqu'ils s'adressent à Hydro-Québec, c'est à toutes
fins utiles une fin de non-recevoir. Ils désireraient que l'attitude
d'Hydro-Québec, qui exige le paiement total de la construction d'une
petite ligne d'énergie, soit modifiée pour permettre à des
groupes de personnes de bénéficier de
l'électricité. Est-ce que cela a été examiné
au ministère et est-ce que vous pouvez statuer sur ce genre de
demande?
M. Rodrigue: En fait, j'ai eu l'occasion, moi aussi, d'être
saisi de quelques cas. Effectivement, nous sommes en discussion avec
Hydro-Québec pour voir de quelle façon des cas comme
ceux-là pourraient être traités, parce qu'il faut faire
attention; Hydro-Québec s'est donné un certain nombre de
règles et, de façon générale, ces règles
trouvent leur application. Lorsqu'il s'agit de faire la distribution,
Hydro-Québec se rend à la ligne de lot...
M. Fortier: C'est dans le tarif.
M. Rodrigue:... et après, il y a quelqu'un qui doit... Et
cela entre dans le tarif aussi. Il y a des montants de base qui sont payables
chaque mois, indépendamment de la consommation d'énergie.
M. Fortier: Le règlement tarifaire dit...
M. Rodrigue: II arrive des cas particuliers où c'est un
peu compliqué. J'en ai eu un récemment, une série de trois
ou quatre employés dans les Cantons de l'Est, où il y avait
effectivement un problème, parce que Hydro-Québec exigeait des
montants assez élevés de mise de fonds. On a des discussions
là-dessus pour essayer de trouver des solutions qui pourraient
s'appliquer à ce genre de situation. Les discussions sont en cours. On
n'a pas de
résultat...
M. Fortier: C'est pour cela que je posais la question par
l'entremise de l'Office de l'electrification rurale parce que j'imagine... Mais
est-ce que vous pouvez me donner un chiffre? Est-ce que cela existe encore,
l'office? Est-ce qu'il y a encore des montants qui se paient
là-dedans?
M. Rodrigue: II reste une coopérative, je pense, qui est
soumise...
M. Fortier: Du temps de Maurice Duplessis, cela jouait fort, mais
est-ce que cela joue encore?
M. Rodrigue: Cela jouait fort, mais cela joue beaucoup moins
fort. Effectivement, il reste une coopérative en activité au
Québec. Les autres ont toutes été acquises par
Hydro-Québec. Dans le cas que vous mentionnez, ce n'est pas tellement
soumis à la juridiction de l'Office de l'électrification rurale.
Ce n'est pas tellement une chose qui relève de son mandat, le cas que
vous avez soulevé. Cela relèverait plutôt d'une
décision administrative d'Hydro-Québec.
M. Pouliot, est-ce qu'il y a des choses que vous vouliez ajouter a
cela?
M. Pouliot: M. le Président, je n'ai pas grand-chose à
ajouter, sauf que l'office, effectivement, à l'heure actuelle, est
toujours composé d'un président et d'un secrétaire, qui
sont des fonctionnaires du gouvernement et, en termes de budget, il n'y a pas
de budget associé à cela. Il reste effectivement une
coopérative, les autres ayant été... Essentiellement, ce
sont les dettes des anciennes coopératives qui ont été
prises en charge par Hydro-Québec et Hydro, en vertu de la loi, doit
rembourser ces emprunts sur une période de temps.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Ch&teauguay.
M. Dussault: Oui, une très courte question au ministre concernant
cette partie des études, recherches, etc. Nous sommes allés tout
récemment, M. le ministre, à Hydraulique LaSalle, voir le
modèle réduit concernant le projet Archipel. Je voudrais en
profiter pour vous remercier pour l'accueil que vous m'avez fait lors de cette
visite et surtout pour la reconnaissance du rôle que j'ai joué
avec mon collègue de Bourassa à l'égard des débuts
de ce projet. Cela a été l'occasion de constater effectivement
qu'à l'égard de ce projet il n'y a vraiment pas d'improvisation
et si, un jour, il y avait cette réalisation, personne ne pourrait
vraiment dire que ce projet a fonctionné, en tout cas, de façon
semblable à la façon dont a démarré le projet de la
Baie James. Il y a vraiment un travail très sérieux qui se fait
et je trouve cela assez extraordinaire.
M. Fortier: II y a plusieurs bureaux de génie-conseil.
C'est parfait.
M. Dussault: Ce que je voudrais savoir, M. le ministre, ce sont
les coûts de travaux et d'études comme ceux qui se font autour de
ce modèle réduit. Est-ce que votre ministère est
impliqué financièrement ou si c'est assumé
totalement par Hydro-Québec ou par d'autres sources de financement?
M. Rodrigue: C'est assumé par le Conseil exécutif
et le Secrétariat Archipel, qui relève du Conseil
exécutif. Donc, c'est dans le budget du Conseil exécutif que ces
éléments doivent être étudiés et
recommandés. Cela ne relève pas du budget du
ministère.
M. Dussault: Cela n'a donc aucune implication sur les chiffres
qu'on voit ici?
M. Rodrigue: Non. M. Dussault: Merci.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le programme 14 est
adopté?
M. Rodrigue: M. le Président, vous me permettrez
d'apporter une précision au député d'Outremont,
étant donné qu'il y avait deux éléments, tout
à l'heure, qui expliquaient la réduction du budget. J'ai
mentionné les 8 000 000 $ de subvention non récurrente qui
était accordée à Gaz Métropolitain et il
faut ajouter à cela 5 800 000 $, ce qui tient au fait qu'on a
cessé le programme Énergain.
M. Fortier: Oui, j'ai compris cela. M. Rodrigue: Cela
va.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. Est-ce
que les crédits budgétaires pour les programmes 5 et 8 à
14 du ministère de l'Énergie et des Ressources sont
adoptés?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Alors, la commission ajourne
ses travaux sine die. Oui, M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le député d'Outremont voulait...
Juste une seconde.
Le Président (M. Beaumier): Oui.
M. Rodrigue: Vérification faite, je dois
l'informer que les renseignements qui lui ont été transmis
concernant les frais de voyage comportaient une erreur qui est dans le sens
suivant: ce qui lui a été transmis, c'est ce qui apparaissait
comme montant autorisé au Conseil du trésor et non la
dépense réelle, de sorte que les chiffres qui lui ont
été transmis, dans certains cas... J'ai un cas, ici devant moi,
où le montant autorisé au CT était de l'ordre de 9000
$...
M. Fortier: Je savais que c'était beaucoup.
M. Rodrigue:... mais la dépense réelle a
été de l'ordre de 5000 $, donc un peu plus de la moitié
seulement. Le document que vous avez reçu, effectivement, donnait, pour
l'ensemble des voyages qui ont été effectués, non pas la
dépense réelle, mais le montant autorisé. On m'indique
que, dans la plupart des cas, le montant réel a été
inférieur à la dépense autorisée. Cette
précision étant faite, je vous souhaite un bon voyage de
retour.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 32)