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(Onze heures huit minutes)
Le Président (M. Beaumier): Je déclare la
séance ouverte. Nous avons quorum. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. le Président, il n'y a qu'un seul
remplacement pour cette séance. M. Gravel (Limoilou) est remplacé
par M. Laplante (Bourassa). Il y a aussi M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)
qui remplacera M. Cusano (Viau).
M. Biron: M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Oui.
M. Biron: II y a peut-être quelques autres de nos
collègues de part et d'autre qui peuvent venir un peu plus tard parce
qu'ils ont des intérêts particuliers dans un secteur. Je ne veux
pas m'opposer à ce qu'ils aient le droit de parole. Consentement...
Le Président (M. Beaumier): Donc, il y a consentement pour
permettre que d'autres députés viennent s'ajouter?
M. Dussault: Qu'il puisse y avoir des remplacements, à
toutes fins utiles.
Le Président (M. Beaumier): C'est cela. Il y aurait
consentement?
M. Bourbeau: Avec droit de parole, évidemment.
Le Président (M. Beaumier): Bien sûr. Sinon,
qu'est-ce qu'ils feraient?
M. Bourbeau: Ils pourraient s'asseoir et regarder.
Le Président (M. Beaumier): La commission se réunit
pour l'étude détaillée du projet de loi 52, Loi modifiant
la Loi sur le Centre de recherche industrielle du Québec. Est-ce qu'il y
aurait quelques remarques préliminaires, M. le ministre?
M. Biron: M. le Président, je crois qu'on s'était
entendu avec l'honorable représentant de l'Opposition officielle pour
adopter le projet de loi 55 auparavant puisque peut-être que certains de
nos collègues voudraient être entendus sur le projet de loi 52
après.
Le Président (M. Beaumier): Bon. Alors, allons-y avec le
projet de loi 55, Loi abrogeant la Loi sur les sociétés de
développement de l'entreprise québécoise. Des remarques
préliminaires, M. le ministre?
Projet de loi 55
M. Biron: M. le Président, je crois que les remarques
préliminaires ont été faites hier. J'ai
écouté l'intervention de l'honorable député de
Laporte et je dois dire qu'il a très bien saisi le sens du projet de
loi. Il me semblait d'accord, en principe, avec l'adoption de ce projet de loi,
puisque cela fait partie des recommandations de la commission Saucier, la
commission sur la capitalisation de l'entreprise. Alors, c'est tout simplement
pour abroger la loi sur les SODEQ et permettre à ces entreprises - les
SODEQ qui restent - d'oeuvrer comme des sociétés à capital
de risque.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement, je pense
qu'en ce qui nous concerne tout a été dit hier. On serait
prêt à passer à l'étude article par article du
projet de loi.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. J'appelle donc
l'article 1 du projet de loi 55. Est-ce qu'il y a des interventions? Donc,
l'article 1 est adopté? Adopté. J'appelle l'article 2.
Adopté?
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que nous avons à plusieurs reprises recommandé et demandé
au gouvernement de procéder à l'abrogation de la loi sur les
SODEQ, c'est avec plaisir que nous consentons à l'adoption de l'article
2.
Le Président (M. Beaumier): Adopté. J'appelle
également l'article 3. Est-ce que l'article 3 e3t adopté?
Adopté. Article 4. Est-ce qu'il est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le titre de la loi,
c'est-à-dire Loi abrogeant la Loi sur les sociétés de
développement de
l'entreprise québécoise, est adopté? M. Bourbeau:
Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le projet de loi 55
est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Projet de loi 52
Le Président (M. Beaumier): Alors, nous revenons au projet
de loi 52, Loi modifiant la Loi sur le Centre de recherche industrielle du
Québec. En guise de remarques préliminaires, M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, je m'étais engagé
envers l'Opposition à demander au président-directeur
général, M. Guy Bertrand, du Centre de recherche industrielle du
Québec, de venir comparaître devant la commission parlementaire ce
matin pour faire état du plan de développement, du plan
quiquennal du CRIQ 1985-1990, de ce que nous avons fait brièvement au
cours des dernières années et de ce que nous ferons au cours des
prochaines années, axé particulièrement sur une
présence beaucoup plus accrue du CRIQ dans la grande région de
Montréal, puisque, comme on le sait, à peu près 250
personnes des effectifs du CRIQ étaient dans la région de
Québec et seulement une centaine dans la grande région de
Montréal. Cela fait partie de nos préoccupations d'aider
l'entreprise manufacturière à Montréal puisqu'il y a
environ 60 % des entreprises manufacturières qui sont dans la grande
région de Montréal.
Alors, l'action du plan de développement quinquennal est surtout
basée sur ce que nous ferons à Montréal au cours des
prochaines années et c'est dans ce sens-là que j'ai
demandé au président de venir ce matin. Il est disponible pour
répondre aux questions des honorables membres de cette commission
parlementaire. Nous passerons à l'étude du projet de loi article
par article, dès que les membres de la commission parlementaire auront
terminé leurs questions au P. -D. G. du CRIQ, M. Guy Bertrand, qui est
accompagné de deux de ses hauts fonctionnaires.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, nous sommes tout à
fait d'accord pour entendre immédiatement le président-directeur
général du Centre de recherche industrielle du Québec. Je
ne sais pas si le P. -D. G. aimerait faire des remarques préliminaires
ou un exposé; après quoi, nous pourrions lui poser quelques
questions.
Le Président (M. Beaumier): M.
Bertrand, auriez-vous l'amabilité de nous présenter vos
collègues?
Audition du président-directeur
général du CRIQ
M. Bertrand (Guy): M. le Président, j'ai avec moi deux des
cadres de la direction générale du centre. En fait, il y en a
quatre. On est très peu lourd de ce côté-là. Il y a
M. Beaudry, qui est directeur du développement corporatif et des
finances; à ma gauche et à l'arrière, M. Jacques Brosseau,
secrétaire et conseiller juridique de la corporation.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le président.
Alors, c'est à vous.
M. Bertrand (Guy): Je vais essayer d'être bref...
Le Président (M. Beaumier): Un instant, M. le
président! M. le ministre.
M. Biron: Si M. le député de Louis-Hébert
veut intervenir, il faudrait mettre son nom comme intervenant.
Le Président (M. Beaumier): Comme nous avons convenu
tantôt que nos collègues qui voudraient s'ajouter seraient
automatiquement inscrits, on va demander à M. Bédard de le
faire.
M. Bourbeau: L'honorable ministre dormait. Il ne s'en souvient
pas.
Le Président (M. Beaumier): Non. M. le ministre est
sûrement, comme nous, très consciencieux, comme le
député de Laporte également. Alors, M. le
président.
M. Bertrand (Guy): Pour les gens qui s'en souviennent, nous
étions ici en 1982 pour un plan quinquennal qui devait couvrir la
période de 1982-1987. Un plan quinquennal qui dure trois ans, c'est
très rare. Nous revenons ici non pas parce qu'on est dans la
misère et dans la difficulté - au contraire, cela va très
bien - mais on voudrait s'assurer d'une certaine stabilité de nos
opérations.
Alors, j'ai pris connaissance des discussions et des
présentations qui ont eu lieu à l'Assemblée hier et, comme
je l'exprimais à M. Biron ce matin, j'ai mal dormi cette nuit: on a
comparé le centre de recherche à une espèce d'atelier de
dépannage. Après, j'y ai réfléchi et je me suis
dit: De la recherche industrielle, on peut appeler cela du dépannage
jusqu'à un certain point. Quand j'ai refroidi un peu mon
tempérament, j'ai été un peu moins froissé par
l'expression "atelier de dépannage", mais
c'est cela la recherche industrielle jusqu'à un certain
point.
La recherche industrielle, si on la compare à la recherche
fondamentale, c'est plus axé sur le transfert de technologies. Cela se
fait sous deux formes dont une forme d'innovation. Il y en a qui vont appeler
cela du développement, de la recherche avec un petit "r", mais en
principe les Américains ont une bonne expression, ils appellent cela du
"nuts and bolts innovation". Les entreprises, pour fonctionner, ont besoin,
tous les cinq ou dix minutes, de quelque chose, d'une information, d'une
modification, d'adresses pour acheter de l'équipement, d'un
spécialiste. Alors, c'est un peu le rôle du CRIQ. C'est ce qu'on
appelle de la recherche industrielle. Cela se fait donc par innovation, "nuts
and bolts", par information, et cela se fait aussi par du développement;
on identifie certains projets qui sont intéressants pour les entreprises
du Québec.
Comme vous le verrez plus tard, il y a certainement un besoin pour un
centre comme le nôtre. La preuve en est dans ses résultats. Quant
au centre de recherche fondamentale, je ne veux pas le commenter ici parce que
vous savez comme moi que tous les jours on parle de recherche fondamentale.
Cela pullule. Personnellement, je dirais même qu'il y en a trop, mais,
étant donné que mon but n'est pas de parler de la recherche
fondamentale, je vais m'en tenir plutôt aux activités du CRIQ.
La renommée du centre a dépassé les
frontières depuis longtemps et je tiens à le mentionner parce que
c'est réellement un fleuron pour le gouvernement du Québec que le
centre de recherche ait réussi, en l'espace de quelques années,
à se créer une renommée qui dépasse et de beaucoup
les frontières. Je peux mentionner, à titre d'exemple, que,
lundi, il y a des hommes d'affaires de New York qui viendront à
Québec pour visiter le centre de recherche, pour discuter avec nous des
différents mécanismes qu'on devrait mettre en place dans
l'État de New York pour répondre aux besoins des entreprises
manufacturières. La question est: Pourquoi venir au CRIQ plutôt
qu'ailleurs? C'est parce qu'au CRIQ on a identifié des choses qui sont
potentiellement intéressantes pour l'État de New York. L'ACDI a
approché le CRIQ pour mettre en place une structure de recherche
industrielle en Chine. Dernièrement, le Brésil a fait la
même chose et, par la firme Lavalin, on travaille actuellement à
un contrat pour l'Afrique du Sud.
Alors, les organismes provinciaux de recherche qui sont partout au
Canada ont accepté d'emblée, je ne dirais pas la
supériorité, parce que c'est un peu vaniteux, mais la
capacité du CRIQ à faire des choses. La preuve, c'est que les
centres de recherche provinciaux dans tout le Canada se restructurent
actuellement sur le modèle du CRIQ. En principe, quand on se
remodèle, on essaie de choisir un leader, on n'essaie pas de chosir un
perdant.
Quant au Conseil des sciences du Canada, pour ceux qui ont lu
dernièrement un rapport préparé par Stuart Smith, vous
allez vous rendre compte que M. Smith dit dans son rapport que c'est beau de se
donner de grandes politiques de recherche canadiennes, mais qu'il faut avoir
les deux pieds sur terre et regarder un peu ce que font les organismes
provinciaux, en particulier le Centre de recherche industrielle du
Québec.
Quant au MOSST, avec l'honorable Tom Siddon, qui a eu l'occasion de nous
visiter à quelques occasions, on m'a approché pour être
membre du comité des treize. Je ne sais pas si je suis Judas, le
numéro treize, ou non, mais c'est en vue d'élaborer la politique
scientifique du Québec. J'aime dire que c'est pour moi, mais j'aime
surtout penser que c'est à cause de la valeur du CRIQ au point de vue
canadien et au point de vue québécois, évidemment.
Le nouveau comité de la politique nationale qui va être mis
en place précisément pour la recherche et le
développement, on veut l'axer beaucoup sur la recherche à moyen
terme et même la recherche à court terme, qu'on peut appeler le
développement ou le dépannage, si vous voulez. On est partie
prenante et on fait partie du comité qui va siéger pendant trois
jours à Ottawa, cet été, pour pouvoir remettre un rapport
au ministre à l'automne, à une réunion
intergouvernementale.
Maintenant, je voyais qu'on citait M. Saint-Pierre et ses peurs en 1975.
Elles étaient peut-être fondées, mais je pourrais vous dire
que M. Saint-Pierre, qui a été vice-président de la
commission Wright, m'a consulté à plusieurs occasions sur la
préparation du rapport. Je peux vous dire qu'il y a deux chapitres qui
viennent intégralement du CRIQ, que l'on retrouve dans le rapport de la
commission Wright, et que ces deux chapitres ont été
acceptés par le gouvernement fédéral. Donc, je pense qu'on
a certainement une renommée de ce côté.
Vous savez qu'on s'implante à Montréal, on en parlera un
peu plus tard. Il y a certaines craintes de la part des députés
du Québec, je dirais, avec raison, mais je veux les rassurer ce matin.
Il y a à Montréal, où on s'est établi, la formation
déjà de ce qu'on appelle le mégaparc technologique. Par la
présence du CRIQ, qui est en électronique des communications,
même si quelqu'un disait qu'on ne peut pas se prendre, si vous voulez,
avec IBM, qui est plus universelle et tout cela, il reste qu'on a des petites
pointes d'excellence dans ce domaine. Et Videoway et Vidéotron, qui sont
propriétaires de
Câblevision nationale, ont acheté une partie du terrain du
CRIQ pour construire précisément une usine de fabrication de
circuiterie électronique, qui se fabrique actuellement au Japon. Cela se
fera à Montréal sur les terrains du CRIQ.
La troisième partie du terrain est occupée par IST, les
services techniques de l'Industrielle, Industrielle-Services Techniques.
Pourquoi? C'est parce qu'ils sont dans les logiciels et les progiciels. Nous
sommes, évidemment, dans les équipements. Alors, ils veulent
développer toute une série de programmes qui pourraient
être employés dans les usines, qui vont se servir
éventuellement des équipements un peu plus sophistiqués de
production. On pourrait parler du rapport Nelson aussi où on est partie
prenante.
L'implantation du centre d'optique à Québec. Je
mentionnais tout à l'heure que M. Siddon est venu à
Québec. Précisément, la raison pour laquelle il veut que
le centre soit à côté du CRIQ, c'est parce que M. Siddon,
qui est lui-même ingénieur de formation, dit que le
problème avec le Conseil national de recherches, c'est qu'on fait de la
recherche fondamentale et jamais les entreprises ne réussissent à
mettre la main, ou difficilement, sur le résultat de la recherche.
Après des discussions avec le CRIQ, après deux visites, il a dit:
Au CRIQ, vous êtes en mesure de faire du transfert de technologies, c'est
précisément ce qu'on veut. Donc, cela vient à
Québec et à côté du CRIQ.
Vous avez entendu parler des centres de biomasse. Je ne prendrai pas
partie, à savoir si cela devrait être à côté
du CRIQ, sur la rive sud ou à Beauport, mais je peux vous dire que,
lorsque cela a été présenté au sommet
économique de Québec, le centre de biomasse, c'est une
idée du CRIQ, basée sur notre expérience. Le rapport vient
essentiellement du CRIQ. La formation de deux autres centres, le CQIP, le
Centre québécois d'informatisation de la production, et l'AQVIR,
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche,
ce sont deux idées qui émanent de chez nous.
Alors, on a un certain nombre de plumes à notre chapeau et on en
est fier. Je dirais que cet automne, ici, à Québec, en plus du
centre d'optique qui verra le jour, j'espère, le plus rapidement
possible, il y aura un centre d'excellence dans le traitement mécanique
de la biomasse, où on excelle. Ce centre sera derrière le CRIQ;
ce sera un laboratoire du CRIQ, réalisé à même les
deniers qu'on vous demande, ici, aujourd'hui.
Quant aux réalisations, on pourrait parler du genre de projet
qu'on fait pour les entreprises, mais, contrairement à ce que certaines
personnes pensent, le fait qu'on augmente continuellement notre chiffre
d'affaires, le fait qu'on augmente de plus en plus le nombre de contrats et la
clientèle industrielle, c'est certainement un signe qu'on fait des
choses qui sont intéressantes. Je ne suis pas ici pour vous parler de
nos mauvais coups. Quand on réalise quelque chose, qu'on fait des
mauvais coups... J'ai une mémoire très sélective: les
mauvais coups, je les oublie, mais les bons coups sont là et j'essaie de
me les rappeler.
Hier, M. le ministre Biron mentionnait où on en était
rendu dans l'autofinancement du centre. L'autofinancement du centre est une
mesure intéressante, parce qu'on ne peut pas toujours quémander
du gouvernement. On ne peut pas toujours réaliser gratuitement des
contrats pour les entreprises, parce qu'on va tout simplement être
débordé et on ne saura plus où donner de la
tête.
Alors, c'est bien entendu que, si vous croyez à un projet, comme
industriel, vous devez mettre la main dans votre poche et sortir un certain
montant d'argent. Le montant sera plus ou moins substantiel, suivant
l'importance du sujet. Il sera suivant les priorités gouvernementales et
suivant le potentiel qu'on peut y voir. On a une très grande marge de
manoeuvre là-dessus et on peut, à toutes fins utiles,
réaliser un contrat pour 1 $, comme on peut en faire un pour 100 sous
dans la piastre.
Hier, M. Biron mentionnait qu'on en était rendu à un
autofinancement de 36 %. J'aimerais faire un petit commentaire aujourd'hui pour
dire qu'on est rendu à 42, 45 % d'autofinancement; on attendait le
rapport du vérificateur de la province. Maintenant, l'autofinancement,
en principe, il y a deux... Il y a l'autofinancement, qui est le ratio de nos
entrées de fonds par rapport au budget d'exploitation, mais il y a un
autofinancement qui est un peu plus large que cela, si on prend la partie de la
dotation du gouvernement, ce qu'on appelle en anglais "strings attached",
c'est-à-dire qu'une partie est faite par des contrats à long
terme. Le CRIQ doit fournir gratuitement de l'information technologique; c'est
une des missions du centre. Le CRIQ doit de fournir des dossiers, et nous en
fournissons 20 000 par année. Nous avons répondu, l'année
passé, à 1700 industries qui avaient besoin d'information
technologique. Nous montons des mini-dossiers gratuitement, pour autant que
c'est en dedans de quinze heures. Nous maintenons des ingénieurs
industriels et des analystes sur la route pour rencontrer des entreprises, pour
identifier les besoins chez elles et pour les mettre en contact avec les gens
susceptibles de les aider, si ce n'est pas nous.
Si on regarde cela, notre autofinancement réel est à 70 %.
Pour le reste, évidemment, on doit couvrir les dépassements
budgétaires. On est un organisme qui fait de la recherche, on est
peut-être cinglé sur les bords un peu, mais on est le seul
organisme que je connaisse -et j'en connais pas mal à travers le monde
-où on fait de la recherche pour un prix établi d'avance. C'est
pas mal risqué. On ne choisit pas nos clients, parce que ce serait trop
facile. Pour les clients qui viennent chez nous et qui ont un besoin, on
identifie le besoin. Si on pense que c'est risqué, on prend le risque
avec eux, mais on en assume, grâce à la subvention
gouvernementale, les dépassements budgétaires.
Ces dépassements budgétaires sont aussi
intéressants à examiner. Au début, les dépassements
étaient assez élevés. Disons qu'il y a eu une
période de rodage, on faisait nos expériences, mais je peux vous
dire qu'au moment où on se parle, les dépassements
budgétaires sont rendus de l'ordre de 13 %. Les gens qui font de la
recherche industrielle - j'ai passé ma vie dans la recherche - qui ont
des dépassements de 13 %, je pense que c'est certainement signe qu'on a
un organisme assez dynamique, et les employés ont certainement une
motivation et des connaissances industrielles assez profondes.
On pourrait parler de la valeur des commandites externes. On est
passé, dans la première année du plan quinquennal,
à 6 000 000 $, on est passé ensuite à 7 000 000 $ et on
est rendu à 10 500 000 $. Je peux vous dire que les deux mois de cette
année sont excellents, ce sont les deux meilleurs mois qu'on n'ait
jamais eus jusqu'à ce jour. C'est de bon augure pour l'année qui
s'en vient.
Au point de vue du nombre de projets, des projets externes du CR1Q qui
montrent son achalandage auprès de la clientèle industrielle, en
1982-1983, la première année, on en avait 450. L'année
suivante, on en a eu 620 et l'année passée, 754. Vous voyez qu'il
y a une progression assez intéressante: au cours de la dernière
année, 21, 6 % de contrats de plus pour répondre à des
demandes qui viennent du milieu industriel.
Dans sa réalisation, évidemment, il y a tout le
mystère qui entoure la haute technologie, le virage technologique. On
est partie prenante dans le virage technologique. Les entreprises du
Québec se doivent de prendre le virage technologique. On parle souvent
de haute technologie. Il faut démystifier la haute technologie. Cela,
c'est un problème majeur qu'on rencontre avec les entreprises
manufacturières. Je pense que M. Biron vous citait des chiffres hier,
indiquant qu'au Québec, on retrouve à peu près 3000
entreprises qui n'ont même pas un technicien à leur service, des
entreprises manufacturières qui emploient des Québécois.
On se doit de les aider.
Quand on parle de haute technologie, évidemment, on les effraie.
Nous, il faut démystifier la haute technologie; c'est un processus de
croissance normale. On peut comparer cela à l'homme: on naît
bébé, on passe de l'enfance à l'âge adulte sans trop
le réaliser. Les entreprises doivent accepter ce dont elles ont besoin
pour s'améliorer, et petit à petit, les entreprises sont plus
dynamiques, plus compétitives, avec des moyens de production très
avancés, sans savoir qu'elles ont pris le virage technologique.
Relativement au virage technologique et à la haute technologie, on a
réussi, au cours des deux dernières années, je pense,
à démystifier les choses.
Les besoins des entreprises, ça vient surtout des PME. C'est
notre mission, aider les entreprises manufacturières, surtout celles qui
ont besoin de nous. Cela vient surtout des PME. Si vous regardez les
dernières statistiques, vous allez réaliser que, dans les
années quatre-vingt, les derniers rapports disent que 53 % des emplois
créés sont dans des entreprises de une personne à 100; 30
% dans les entreprises de 100 à 999 ou à peu près, les
moyennes entreprises; et seulement 18 % dans les grandes entreprises de 1000 et
plus. (11 h 30)
Si on regarde la structure du Québec, on est fortement
axés sur les PME. Les PME ont besoin de recherche industrielle, elles
ont besoin d'information technologique, elles ont besoin d'aide de toutes
sortes, et on est là pour cela. L'expansion, évidemment, n'avait
pas été prévue dans le plan quinquennal. On pensait
prendre un rythme de croisière mais, malheureusement, cela va plus vite
qu'on pense. La technologie, évidemment, se développe plus
rapidement aussi qu'on pense. Il faut faire quelque chose.
Si on regarde les chiffres, on est très bien implanté dans
la région immédiate de Québec. On est très bien
implanté en province. On n'est pas aussi bien implanté à
Montréal qu'on voudrait se dire. La seule raison, c'est qu'on n'a pas
réellement une base. Il faut réaliser que, si on faisait de la
recherche fondamentale, on pourrait peut-être aller en Gaspésie,
si les gens voulaient aller travailler en Gaspésie, ou sur la
Côte-Nord. On se doit d'être dans la cour des entreprises
manufacturières.
À Montréal - c'est peut-être regrettable quand on
n'est pas de la région de Montréal - c'est là qu'est la
grosse concentration des entreprises manufacturières.
M. Bourbeau: Ce n'est pas regrettable.
M. Bertrand (Guy): Au sujet de notre expansion à
Montréal, on a dit: Les produits de consommation en série sont
faits à Montréal. La grosse production sophistiquée est
faite à Montréal. Les entreprises qui ont atteint un certain
niveau d'évolution au point de vue technologique sont aussi à
Montréal.
Pour s'assurer qu'on n'a pas deux centres qui sont les mêmes et,
éventuellement, de fermer la porte quelque part, on a dit: On va avoir
deux centres qui seront complémentaires. Ce qu'on fait à
Montréal et ce qu'on fait à Québec, ce sont deux choses
différentes. L'information technologique, cela demeure à
Québec parce que cela se fait surtout par correspondance, par
téléphone ou par emploi de terminaux. Cela demeure à
Québec. La direction générale, le siège social
demeure è Québec. La transformation des ressources et certains
grands projets en mécanique, cela demeure à Québec. Le
centre d'excellence qu'on va faire en biomasse, c'est à Québec.
On commence cet automne, on l'espère.
À Montréal, tout est axé sur la production en
série. Ce sont forcément le design industriel, l'homologation de
produits, le contrôle de la qualité, la production
sophistiquée par les ateliers flexibles, l'équipement
programmable; tout cela est à Montréal. Pour rendre nos services
plus accessibles aux entreprises, à Montréal, entre autres, un
membre du ministère de la Consommation et des Corporations du Canada est
déjà en place, de telle sorte qu'on puisse avoir l'information
qui existe à Ottawa, sous forme de brevets, et qu'on puisse mettre cette
information, entre autres, au service des entreprises, gratuitement ou, si vous
voulez, pour un contrat de 1 $. C'est une expérience pilote qui se fait
au Canada et on a choisi le CRIQ parce qu'on pense qu'on est peut-être
plus en mesure de faire ces choses que certains autres organismes, dans
d'autres provinces.
Il y a aussi la présence des ingénieurs industriels du
CNRC autant à Québec qu'à Montréal. Les bureaux du
CNRC à Québec ont été fermés il y a deux
ans; ils sont chez nous. À Montréal, Ils vont fermer à
l'automne pour que les gens viennent travailler chez nous parce qu'ils ont de
l'information en recherche fondamentale. Il faut un transfert de technologie et
on pense qu'on a une certaine habileté à faire ce transfert de
technologie.
En plus, le bureau du commissariat industriel, le commissaire
industriel, M. Lavoie, va être chez nous, à Montréal, de
telle sorte qu'on puisse prendre le pouls, par l'intermédiaire des
commissaires industriels, de ce qui se passe un peu dans les différentes
régions du Québec. Un certain nombre de
délégués régionaux du MIC seront aussi
localisés dans nos locaux, à Montréal. Vous voyez qu'on
n'essaie pas de travailler en vase clos. On travaille avec tous ces
gens-là.
Cela m'amène à vous parler du financement
nécessaire à nos réalisations. Hier, je sais que M.
Bourbeau mentionnait qu'on devrait peut-être avoir plus de fonds. Je
pense que la réponse est toujours: plus d'argent, c'est mieux que moins.
J'aimerais dire là-dessus que nous avons négocié, avec le
Conseil du trésor, nos besoins essentiels pour assurer la
stabilité du centre. On s'est entendu pour 17 500 000 $, plus un
financement d'une partie de la construction à Montréal où
le gouvernement du Québec pourra assumer le coût de la dette du
centre et une certaine indexation qui sera négociable à chaque
année mais qui a été, dans toute fin d'exercice,
fixée à 4 %. Le reste, pour nous, c'est de l'autofinancement. On
pense qu'on peut. On l'a démontré au cours des trois
dernières années... Je vérifiais la dernière
commission parlementaire, en 1982, où j'avais dit qu'on espérait,
en 1987, arriver à 35% d'autofinancement à partir de 30 %, en
montant d'un point par année, et on est rendu à 42, 8 % à
la troisième année de fonctionnement. On est peut-être
optimiste, mais je pense qu'on a confiance dans les entreprises du
Québec pour faire un bon bout de chemin avec nous et on a confiance en
nos moyens. Peut-être qu'en 1985, ce n'est pas mauvais d'avoir un peu
confiance en nous. Je pense que ce qui nous manque, on ira le chercher d'une
façon ou d'une autre, mais sans nécessairement se servir des
deniers gouvernementaux.
Il y a quelque chose qui me "chicote", j'aime autant le mentionner,
c'est le problème du fonds de roulement. Quand vous négociez avec
le Conseil du trésor, à la fin de l'année, que vous avez 5
000 000 $ dans un fonds de roulement et que vous êtes une
société sans but lucratif, cela fait un peu drôle de dires
Donnez-nous de l'argent, d'un côté, et s'en aller. Il faut
comprendre que nous, dans la recherche industrielle ou dans quelque recherche
que ce soit, il faut établir une certaine stabilité. Cela ne veut
pas dire que si on n'a pas dépensé les sommes en mars qu'on ne
les dépensera pas en juin. Pour l'année qui se termine, on a une
liquidité qui est assez grande, mais il faut réaliser qu'on
construit un centre à Montréal et qu'il a été
payé à même nos fonds. Jusqu'à maintenant, il n'y a
aucun emprunt, et on prévoit qu'on est bon pour aller jusqu'au mois de
septembre sans aucun emprunt d'aucune sorte. Jusqu'à maintenant, on a
payé tout ce qu'on a fait concernant notre construction à
Montréal.
Si on regarde de plus près les chiffres, il est vrai, M.
Bourbeau, qu'en 1985-1986, on parlait de 17, 3 %, en 1986-1987, on parlait de
19 000 000 $ pour 36, 3 % et on parlait aussi d'un projet extraordinaire. Sans
doute que la construction de Montréal, c'est un projet extraordinaire,
5, 7 % pour 42 000 000 $. Il est vrai que, actuellement, le gouvernement va
nous donner 17, 5 % deux fois et va assurer le service de la dette pour l'an
prochain qui va être 0, 85 %, 850 000 $ pour 36 000 000 $, donc, on
pourrait dire un
manque à gagner de 6 000 000 $ sur deux ans, soit 3 000 000 $ par
année.
Personnellement, c'est un "challenge". J'aimerais mentionner
là-dessus - on l'avait mentionné à la dernière
commission parlementaire; je pense que c'est M. Scowen qui l'avait
mentionné, entre autres, et peut-être M. de Belleval - que
peut-être plus d'argent, cela aiderait. C'est peut-être vrai. Il
reste que ce n'est pas facile dans le genre d'aventure dans laquelle on est
engagé d'accepter un taux de croissance excessivement rapide sans
trébucher aux premiers obstacles. Le personnel n'est pas facile à
recruter. On est dans des technologies un peu plus sophistiquées. 11
faut aider les entreprises à marcher avant de courir. Si on se lance
dans des aventures parce qu'on a plus d'argent, cela ne veut pas dire
nécessairement qu'on sera mieux pour tout cela.
Il reste que le gouvernement a dit 105 000 000 $ donc, il y a une
possibilité de 105 000 000 $. Si jamais on avait des choses
extraordinaires et qu'on avait un cas qui puisse être
étudié au mérite, je suis convaincu que le gouvernement
serait réceptif à prendre la partie qui serait en
réserve.
Cela dit, je pense que je n'ai plus rien à ajouter pour le
moment, M. le Président, je serais prêt, avec mes
collègues, a répondre à certaines questions s'il y a
lieu.
Le Président (M. Beaumier): Merci beaucoup, M. le
Président. M. le ministre.
M. Biron: M. le président-directeur général
du CRIQ, je voudrais tout simplement vous remercier pour - votre
présentation, vous remercier aussi pour les cinq dernières
années que vous avez données à la direction du CRIQ. On
sait que vous avez quitté une très grande entreprise
québécoise, Bombardier pour ne pas la nommer, pour venir
travailler à la direction du Centre de recherche industrielle. C'est
vrai que si le Centre de recherche industrielle du Québec est ce qu'il
est aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à vous. Bien
sûr que c'est grâce également au ministre de l'Industrie et
du Commerce parce qu'il était bon, mais c'est en grande partie
grâce à vous, à votre dynamisme, à vos
collaborateurs, mais surtout à la façon avec laquelle vous avez
vécu l'histoire du centre.
Encore là, ce matin, je vous écoutais faire votre
présentation et on voit que non seulement vous vivez, mais vous en
mangez du centre. Cela fait partie de votre âme, de votre conscience.
C'est important d'avoir des gens comme vous à la direction des
organismes d'État.
Je veux tout simplement vous remercier et dire que j'espère
pouvoir compter sur votre présence à la tête du CRIQ pour
de nombreuses années encore. Je vous dis qu'il faut relever d'autres
défis et ces défis que vous êtes en train de relever
présentement, particulièrement en ce qui concerne les
entreprises, les PME de Montréal, on n'a peut-être,
collectivement, si on se faisait un reproche, pa3 été assez
présents à Montréal dans les entreprises
manufacturières. Si on fait les études de cas et des
statistisques, on s'aperçoit que le CRIQ a été très
utile aux PME de la région de Québec et beaucoup moins utile aux
PME de la région de Montréal parce qu'il n'était pas assez
présent sur le territoire. On pense qu'on va pouvoir corriger ce manque
de présence sur le territoire montréalais avec cet apport de
capitaux nouveaux mais surtout de forces nouvelles et de capital humain
nécessaire. Je ne veux pas vous poser d'autres questions, sauf, tout
simplement, encore une fois, vous remercier de ce que vous avez fait. Je sais
que nos collègues de l'Opposition officielle sont d'accord en principe
avec le Centre de recherche industrielle. Bien sûr ils ont aussi un
mandat comme membres de l'Opposition officielle de critiquer certaines actions
du gouvernement mais ils sont d'accord sur le fond et je crois qu'ils sont
d'accord aussi sur les actions et sur les démarches que vous tenez. Je
veux bien que vous compreniez que chacun autour de la table va faire son devoir
de représentant de la population pour mieux gérer les fonds
publics. Mais, sur le principe, l'Opposition officielle a voté avec nous
hier, et j'ai l'impression que, pour l'étude article par article, on
aura aussi leur appui de même qu'en troisième lecture. C'est dire
que c'est unanime. C'est un centre qui a été fondé par
l'Union Nationale, qui a été reconduit par le Parti
libéral, qui a été réappuyé par le Parti
québécois. On a vraiment fait un consensus politique autour du
Centre de recherche industrielle du Québec. Je crois que c'est bon pour
les entreprises et que c'est bon pour les citoyens québécois.
M. le Président, veuillez demander au député de
Laporte de poser les questions intéressantes qu'il a à poser au
président, s'il y a lieu.
Le Président (M. Beaumier): Je demande au ministre de
parler pour lui-même. M. le député de Laporte et
porte-parole officiel.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre est toujours
très habile. Il commence par traiter l'Opposition d'honorables membres,
il nous lance des honorables ce matin. Il s'exprime au nom de l'ensemble de la
commission, cela devient presque gênant même. On a l'impression
qu'il a un mandat général de parler au nom de tout le monde,
mais, connaissant la carrière très fluctuante du ministre, on
sait qu'un peu
partout il a parlé de toutes les tribunes au cours de sa
carrière.
En premier lieu, je voudrais simplement rassurer le P. D. -G. du centre
en ce qui concerne la position de l'Opposition. J'ai été un peu
surpris tantôt du ton que le P. D. -G. a employé. Il semblait un
peu courroucé à la suite des débats de deuxième
lecture d'hier. On n'a certainement pas fait la même lecture des
débats parce qu'en ce qui me concerne l'Opposition a parlé du
centre comme étant un des fleurons de la recherche scientifique au
Québec et a même morigéné le ministre pour ne pas
accorder assez de fonds au centre. On a prétendu qu'effectivement le
nouveau plan quinquennal équivalait à un gel des subventions
gouvernementales pour les cinq prochaines années. Je dois tout de suite
dire au président-directeur général de ne pas s'imaginer
que - d'ailleurs, comme vient d'en témoigner lui-même le ministre
- l'Opposition est hostile, au contraire. Ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a fait, si j'ai bien compris son discours, c'est
qu'il a mentionné les trois axes de développement que doit
privilégier le centre. On a surtout fait porter l'emphase sur les
deuxième et troisième axes plutôt que sur le premier. C'est
dans ce sens qu'on doit comprendre l'intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce. D'ailleurs, il aura lui-même, tout à
l'heure, l'occasion de poser des questions.
J'aimerais simplement dire que l'Opposition considère que la
recherche et le développement, c'est un domaine prioritaire en ce qui
concerne le développement économique. Nous avons à maintes
reprises blâmé le gouvernement pour ce que nous
considérons, dans certains cas, être du gaspillage de fonds
publics lorsqu'on saupoudre des fonds à gauche et à droite, un
peu partout dans le décor, d'une façon incohérente
souvent. Je n'ai qu'à rappeler ici des subventions à des
organismes comme des motels. Le ministre se souvient du motel Fleur de Lys, du
motel Neptune et des choses semblables, où on a littéralement
accordé des subventions de centaines de milliers de dollars à des
entreprises supposément touristiques et censées attirer des
clientèles étrangères, alors qu'on sait très bien
que la clientèle est aussi locale qu'étrangère, et, en
privilégiant une entreprise, on en accule souvent deux autres à
la faillite. Dans le cas de la recherche et du développement, ce sont
des domaines qui sont absolument essentiels, si l'on veut vraiment faire du
véritable développement économique et créer
à moyen et à long terme de nouveaux emplois. Dans ce sens, je
répète que l'Opposition est tout à fait enthousiaste
à l'idée de donner au centre les moyens financiers qu'il faut
pour pousser plus avant son action. (11 h 45)
J'aimerais poser une question au président sur les remarques
qu'il a faites tout à l'heure sur la perspective qu'a
évoquée le président d'une action en dehors du
Québec, il a fait état de commandes ou de démarches venant
d'Afrique du Sud, de Chine, d'Asie, etc., le rayonnement du centre à
l'étranger. Cela me laisse toujours un peu perplexe ces
velléités, si je peux dire, d'internationalisation de nos
institutions québécoises. Je ne veux pas prétendre qu'il
ne faut pas rayonner, mais dans le passé, malheureusement à bien
des reprises, ce rayonnement s'est fait aux dépens de la vocation
première de nos institutions. Je prends pour témoin une
société que je connais, Quebecair, à qui on a souvent
reproché dans le passé de vouloir aller s'étendre à
l'étranger, de donner du service vers les endroits
éloignés: la Floride, les États-Unis, on parle maintenant
de la Nouvelle-Guinée. Pendant ce temps on se plaint que les propres
régions du Québec qui devraient être desservies au premier
chef sont mal servies.
Alors, je me demande jusqu'à quel point j'espère que non,
peut-être que vous pourriez répondre - cette volonté de
rayonner à l'extérieur ne se fera pas aux dépens du
service à la clientèle des institutions
québécoises.
M. Bertrand (Guy): Je peux vous rassurer là-dessus. On est
toujours fier d'avoir une renommée, mais je peux vous dire que ce qui
peut se passer à l'extérieur c'est toujours payé 100 sous
dans la piastre, c'est toujours fait avec du personnel contractuel qu'on
engage. Alors, on ne prend pas les deniers du gouvernement du Québec
pour s'engager dans des aventures à l'extérieur, car ce ne serait
pas normal, étant donné que notre mandat est
québécois et non pas mondial. Alors, votre remarque est
pertinente.
M. Bourbeau: Je comprends très bien que vous vouliez
autofinancer ces activités, mais n'y a-t-il pas un danger qu'à un
moment donné vous soyez à court de personnel et que, même
si c'est entièrement rémunéré par ces
clientèles, ne trouvant pas le personnel nécessaire, vous
négligiez les volets domestiques, si je peux dire, pour
privilégier une supposée carrière internationale?
M. Bertrand (Guy): En Allemagne il y a des centres de recherche
industrielle qui sont, d'après moi, les plus sophistiqués dans le
monde. Il y a un centre à Stuttgart qui s'appelle l'IPA, c'est
l'Institut de la production automatisée, un centre qui travaille pour
les grandes entreprises comme Bosch, Daimler et Mercedes. Alors, nous avons une
entente privilégiée avec eux pour
l'information et le transfert des technologies. C'est une entente qui ne
coûte rien mais qui permet de mettre rapidement les connaissances
disponibles en Europe au service des entreprises du Québec.
Je parlais du Brésil: C'est encore par le biais d'une entente
avec le CPIQ, un centre de recherche qui couvre l'ensemble du Brésil qui
est situé plus précisément dans la province Minas Gerais,
la province minière où il y a des problèmes un peu
identiques aux nôtres. Il a certaines solutions intéressantes.
Alors on peut rapidement, sans que cela nous coûte un sou, avoir cette
information et la mettre au service de notre clientèle. Alors c'est
toujours dans le but de nous amener quelque chose plutôt que
l'inverse.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux bien qu'on comprenne
que loin de moi et de nous l'idée d'empêcher le centre de rayonner
à l'extérieur; au contraire, je pense que c'est dans le plus
grand intérêt des Québécois. Mes remarques se
voulaient dans le sens de faire en sorte de s'assurer que les besoins de base
locaux des entreprises québécoises soient bien servis et que
notre population ne soit pas privée de services parce qu'on serait
plutôt tentés de s'occuper des clientèles plus "glamorous"
internationales.
Si vous voulez, je voudrais vous poser une question...
M. Biron: M. le Président, si vous me le permettez, M. le
député de Laporte, j'aurais une question à poser sur le
même sujet que vous avez abordé.
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Beaumier): Oui? Alors, M. le
ministre.
M. Biron: Je trouve que les remarques du député de
Laporte sont pertinentes dans le fond, de s'assurer qu'on a assez
d'énergie pour nos entreprises, mais est-ce que, en contrepartie des
efforts qu'on fait à l'extérieur, on peut avoir une
retombée certaine pour nos entreprises, par exemple, au Brésil,
en Afrique, ou ailleurs, ou est-ce qu'on rend tout simplement service à
ce monde-là sans avoir de retombées pour nous?
M. Bertrand (Guy): Non. Je suis très consciencieux au
point de vue financier. Quand on parle d'ententes avec le Brésil, c'est
tout simplement qu'on a développé une expertise, on a des brevets
dans plusieurs pays pour ce dont vous avez parlé hier, une essoreuse qui
est assez fantastique au niveau des pâtes et papiers. Il y a aussi des
applications dans la fabrication des jus de fruits, dans le traitement
d'eucalyptus, l'extraction de la protéine des plantes napiers en
Amérique du Sud. Nous, par ces ententes là, il faut faire
affaires avec des entreprises - à cause des lois - qui sont
situées au Brésil; nous devons négocier directement avec
les entreprises. Mais il est bien spécifié dans nos ententes
qu'il y a un contenu québécois. Le contenu
québécois représente 40 % au minimum. Cela veut dire que
tout ce qui pourrait être fabriqué et vendu dans ces pays va
être fabriqué à 40 % au Québec. C'est
déjà quelque chose d'intéressant. Nous, on pense toujours
en termes de retombées pour les entreprises manufacturières du
Québec. Je parlais tout à l'heure de l'Afrique du Sud: c'est la
mise en place d'une usine clés en main, d'une usine de céramique.
Si jamais cela aboutit, c'est bien sûr que l'usine sera construite au
Québec. C'est dans ce sens, si on peut parler d'aventures à
l'extérieur... Ils viennent parce qu'on a des compétences, mais
nous c'est toujours avec une entreprise qui est identifiée dès le
départ.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Si vous voulez, maintenant, j'aimerais regarder le
plan quinquennal de développement, l'évolution financière
et les prévisions budgétaires. Je comprends que vous êtes
présentement en voie de construire à Montréal un centre
qui va coûter à peu près 21 000 000 $, si j'ai bien
compris.
Une voix: Un peu moins.
M. Bourbeau: Un peu moins. Vous, vous proposez de financer ces
immobilisations en partie par vos propres ressources et en partie par des
emprunts. Je vois que, sur la période des cinq prochaines années,
les emprunts devraient totaliser 10 000 000 $.
M. Bertrand (Guy): C'est le maximum.
M. Bourbeau: Autrement dit, à peu près 50 % des
coûts d'immobilisations seraient financés par des emprunts et le
reste par des revenus propres, soit la dotation gouvernementale ou vos propres
revenus. C'est exact?
M. Bertrand (Guy): C'est ça.
M. Bourbeau: En ce qui concerne la dotation gouvernementale, dans
le projet de loi on prévoit une dotation de 17 500 000 $ par
année sans indexation automatique.
M. Bertrand (Guy): C'est ça.
M. Bourbeau: Vous prévoyez une indexation dans votre plan
de 4 % par année. Je ne compte pas là-dedans,
évidemment, la contribution du gouvernement à la dette. En
fait, ce n'est pas seulement une contribution, le gouvernement prend
entièrement è sa charge la dette, si j'ai bien compris le
plan.
M. Bertrand (Guy): C'est ça.
M. Bourbeau: Quelle garantie avez-vous du gouvernement ou du
Conseil du trésor que vous pourrez aller à plus de 4 % par
année? Si on considère la masse globale qui est prévue
dans le projet de loi, 105 000 000 $, il s'agit en fait d'une augmentation de
10 % par année sur le montant initial de 17 500 000 $. En ajoutant le 10
% par année, on arrive au bout de cinq ans à 105 000 000 $. Le
décalage entre le 4 % que vous avez prévu à votre plan et
le 10 % qui n'est pas prévu mais qui est possible dans le projet de loi:
quelle garantie avez-vous du gouvernement que vous pourrez
éventuellement aller au-delà du 4 %?
M. Bertrand (Guy): II n'y en a pas. Une fois par année on
va négocier avec le Trésor suivant l'indice de l'inflation. Pour
fins d'exercice, en regardant Statistiques Canada qui donne à peu
près 4 %, on s'est servi de 4 %. Tant et aussi longtemps que cela va
entrer en dedans du 105 000 000 $, il y a moyen d'aller plus haut s'il y a
lieu.
M. Bourbeau: Effectivement, l'inflation est de 4 %. Si le
gouvernement augmente la dotation de 4 %, c'est donc dire que vous demeurez
toujours au même point. Le gouvernement ne fait que suivre
l'inflation.
M. Bertrand (Guy): Oui, mais comme je vous le mentionnais tout
à l'heure, le problème actuellement c'est plus de s'assurer un
financement pour cinq ans, avec une croissance qui pourrait être de 4 %
au point de vue dotation s'il y a lieu, et le restant viendra tout simplement
de nos ressources propres. On se finance, il n'y a pas de difficulté de
ce côté-là.
M. Bourbeau: À vous entendre parler, on a l'impression
qu'on discute avec un P. -D. G d'une société qui a atteint ce
qu'on appelle sa vitesse de croisière. Moi, j'ai l'impression que vous
êtes en plein développement, en pleine croissance.
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Bourbeau: La preuve, vous nous dites dans vos documents que
vous avez 50 % de votre clientèle qui vient de Montréal, mais il
n'y a que 15 % des entreprises de la région de Montréal qui ont
fait appel à vos services comparativement à 50 % dans le reste du
Québec.
M. Bertrand (Guy): C'est ça.
M. Bourbeau: C'est donc dire qu'il y a un potentiel à
Montréal de 35 % des entreprises manufacturières qui, si on suit
la tendance québécoise, devraient normalement venir chez vous au
cours des prochaines années, ce qui va faire en sorte que cela va
augmenter de beaucoup les pressions sur le centre à Montréal.
Est-ce que dans ce sens-là, on n'a pas lieu de s'étonner que vous
ne prévoyiez qu'une croissance de 4 % de la dotation gouvernementale, ce
qui en fait veut dire qu'on reste au même point et on suit
l'inflation?
M. Bertrand (Guy): Mais on prévoit une grosse croissance
dans nos revenus propres, on prévoit dépasser même les 50 %
en fin de période.
M. Bourbeau: Alors, parlons de vos propres revenus. Il y a deux
autres revenus propres, si j'ai bien compris. Il y a les commandites et les
redevances.
M. Bertrand (Guy): C'est cela.
M. Bourbeau: Les commandites, je présume, c'est une
entrée et une sortie de fonds. Vous avez une commande qui vous
coûte 100 $; vous facturez 100 $ et vous ne faites pas de profit avec les
commandites, je présume. C'est simplement une entrée et une
sortie comptables au mieux, parce que quand ce sont de petites entreprises,
vous absorbez une partie de la dépense. Donc, il n'y a pas d'argent
à faire avec cela. C'est du "in and out" comme on dit.
M. Bertrand (Guy): En principe.
M. Bourbeau: Si je me trompe, vous me corrigerez. Les redevances,
on en avait prévu dans le plan original de 1981 à 1986. Il n'y en
a pas eu, sauf pour l'année dernière où il y a eu 85 000
$. C'est quand même assez peu, compte tenu du fait qu'on avait
prévu, dans l'ancien plan, 102 000 $ en 1983-1984, 303 000 $ pour
l'année dernière, et 648 000 $ pour l'année courante.
Donc, on avait prévu 1 000 000 $ pour les trois dernières
années, y compris l'année courante, et dans le nouveau plan vous
prévoyez 285 000 $. C'est donc que cela n'a pas fonctionné aussi
rapidement que vous l'aviez prévu. Est-ce qu'il n'y a pas lieu de se
poser des questions sur les redevances pour les années suivantes,
puisque maintenant vous estimez que cela va être le double l'an prochain
par rapport à cette année... 200 000 $ à 400 000 $,
à 600 000 $, à 800 000 $? Finalement, les fonds
générés d'une façon nouvelle, propre, on ne peut
pas dire que c'est énorme encore.
M. Bertrand (Guy): Du côté des redevances, vous avez
parfaitement raison. Au moment de la présentation du plan de 1982
à 1987, on avait escompté un certain revenu de redevances qui ne
s'est pas matérialisé. Je parlais d'optimisme, mais c'est surtout
le fait qu'avant de penser à vendre de la technologie il faut se couvrir
au point de vue légal. La question des fameux brevets, contrairement
à ce qu'on pense souvent - c'est souvent reproché par les
entreprises qui viennent chez nous; elles s'imaginent qu'elles peuvent avoir un
brevet en l'espace d'une semaine quand on a de la misère à avoir
les nôtres en-dedans de deux ans et on est dans le domaine - il faut
attendre. Dans certains contrats qu'on a négociés
dernièrement, où on a des redevances, il y a des choses
intéressantes. C'est tout simplement qu'on attendait d'avoir une
couverture parce que si vous n'avez pas de couverture, vous allez vous faire
voler votre technologie. Surtout du côté de la recherche
industrielle, c'est excessivement facile de faire du "reverse engineering".
Alors, cela a été décalé un peu dans le temps,
malheureusement, mais il faut l'admettre.
M. Bourbeau: Je suis bien d'accord avec vous que c'est un monde
où il y a beaucoup d'intangible là-dedans. Personnellement, je
trouve même optimiste de prévoir ces revenus de 200 000 $, 400 000
$ et 600 000 $ pour les trois prochaines années.
Je reviens au point fondamental que je discute présentement. Les
4 % de l'augmentation annuelle, effectivement, cela ne couvrira que
l'inflation. Il n'y a pas de croissance possible avec cela.
Quant aux commandites, elles sont le résultat d'une entrée
et d'une sortie de fonds. Bref, je reviens à ma question: Comment
allez-vous pouvoir augmenter d'une façon importante la croissance du
centre si vous n'avez pas de croissance équivalente de revenus de
prévue ou de garantie?
M. Bertrand (Guy): C'est l'autofinancement.
M. Bourbeau: À même quelles ressources?
M. Bertrand (Guy): À même la vente de nos services.
Il y a des services qui sont payants tandis qu'il y en a d'autres qui sont
moins payants et il y en a qui sont déficitaires.
M. Bourbeau: Vous voulez dire à même les
commandites?
M. Bertrand (Guy): À même les commandites.
M. Bourbeau: Oui, mais je reviens là-dessus. Est-ce que
vous faites des profits avec les commandites ou si vous remboursez seulement
vos coûts?
M. Bertrand (Guy): Dans certains cas, oui; dans d'autres cas,
non. Si on travaille pour des entreprises qui sont évoluées,
elles paient 100 cents dans le dollar. Cela couvre l'"overhead" et certains
revenus, tandis que quand on travaille pour de petites entreprises dans des
régions défavorisées, on est un peu moins pesant sur la
facturation. À ce moment, on le prend à même la dotation
gouvernementale.
M. Bourbeau: Je comprends. Donc, dans la majorité des
hypothèses les commandites couvrent toutes vos dépenses?
M. Bertrand (Guy): Peut-être que M. Beaudry pourrait
ajouter quelque chose là-dessus.
M. Bourbeau: Mais vous ne faites pas de profit avec les
commandites. Est-ce que vous faites des profits commerciaux?
M. Beaudry (Richard): Si vous me le permettez, ce qui est requis
dans la contribution gouvernementale, c'est une stabilité pour assurer
notre service de support de base, c'est-à-dire tout ce que nous
entreprenons dans la représentation auprès de notre
clientèle pour nos services. Nous ne pouvons pas nous la faire repayer
par des entreprises. Or ceci est un élément important de nos
coûts que nous ne pouvons absorber et que nous ne pouvons aller chercher
chez les entreprises. Mais toute heure vendue, toute heure en supplément
ou en développement, tout le développement de nos
activités, on peut le recouvrer par nous-mêmes, et on le recouvre
à cent sous dans la piastre, règle générale. (12
heures)
II y a des services, comme disait M. Bertrand, qui sont
déficitaires, d'autres qui font des profits, mais dans l'ensemble notre
développement s'assume. Ce que nous retenons de la contribution
gouvernementale, c'est de nous assurer l'infrastructure. Assurez-nous la
promotion de tout ce qui concerne nos services, assurez-nous la
représentation de nos services auprès de la clientèle,
d'étendre notre marché auprès de la clientèle, de
voir à fournir l'information à nos clients sur l'innovation; le
reste, on s'en charge. C'est le défi, je pense, qu'on se donne.
Le Président (M. Beaumier): M. le
député.
M. Bourbeau: Je pense que je vais préciser un peu ma
pensée. L'objectif du
centre, c'est devenu une aide aux PME surtout; les grosses entreprises,
peut-être, mais surtout les petites. Vou3 avez été
très présent dans la région de Québec, très
présent, autant que possible, dans le reste du Québec. À
Montréal, vous n'avez pas encore percé beaucoup, vous l'avez dit
tout à l'heure. Il y a un potentiel important qui n'est pas
desservi.
Donc, vos objectifs pour les années à venir, c'est de
faire en sorte d'aller desservir à Montréal le même
pourcentage de clientèle que vous desservez ailleurs. Mais comme le
marché est très grand, il risque d'y avoir une grosse demande de
services de PME à Montréal. À l'égard des PME, vous
n'exigez pas le plein montant; c'est la politique qui a été
annoncée par le ministre hier. Quand ce sont les PME, vous
défrayez une partie des coûts et les PME défraient l'autre
partie des coûts.
Dans ce sens, si vraiment vous avez du succès à
Montréal, ça va vous coûter très cher de donner du
service dans la région de Montréal parce que, comme vous ne
récupérez pas la moitié de vos coûts, vous partagez
les coûts avec les PME, ce seront des commandites, des services qui ne
seront pas remboursés à 100 %. Dans ce sens, comme vous voulez
développer un nouveau marché et comme la dotation gouvernementale
augmente, le seul autre revenu que vous avez, c'est la dotation gouvernementale
qui n'augmente que du coût de la vie; comment, alors, allez-vous pouvoir
financer cette expansion? Je pense que la question est claire et simple.
M. Bertrand (Guy): Dans les entreprises que le centre dessert,
les PME, mis à part un certain pourcentage de contrats, en fait infime,
pour le reste il y a toujours un financement. Le financement est surtout de
source fédérale. C'est une façon indirecte d'avoir un
financement du centre par le fédéral, en passant par des
entreprises manufacturières.
Je peux vous donner un exemple. On a une entente
privilégiée avec le Conseil national qui fait que tout projet de
6000 $ et moins est payé entièrement au centre; l'entreprise paie
1500 $ et le gouvernement central, par le biais de cette entente
privilégiée, nous verse les 4500 $. On récupère
toujours les frais directs et indirects.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez nous dire à quel
endroit dans le budget sont comprises les subventions du gouvernement
fédéral? À quel poste?
M. Beaudry: II n'y a pas de poste précis, cela entre dans
le cadre de nos revenus de commandite. Je vous exprime la précision
suivante. Si on veut parler en termes de plus d'entreprises, nous fonctionnons
à un prix de revient d'environ 75 $ l'heure. L'heure vendue nous
coûte 75 $, et j'inclus là-dedans nos services de
représentation ou d'information auprès de notre clientèle
pour les sensibiliser à l'innovation. Nous en facturons aux alentours de
52 $, 55 $. L'écart entre les deux, c'est la contribution
gouvernementale de base, l'infrastructure que nous demandons...
M. Bourbeau: Du fédéral?
M. Beaudry: Non, c'est celle du provincial, et c'est là
que la contribution provinciale devient importante et capitale dans nos
activités. Mais le reste, les 55 $, l'entreprise n'en paie que 25 %, 30
%, 40 %, 50 %, et c'est le fédéral qui paie le reste. Nos
services visent à la fois à recouvrer ces 55 $ de la part de
l'entreprise, mais aussi à amener l'entreprise à des programmes
d'aide, que ce soit fédéraux ou provinciaux - la SDI, notamment,
est très en demande là-dessus - pour couvrir ces 55 $ qui
équivalent à ce que coûtent nos services plus directement.
Je ne sais pas si ça amène un peu plus d'information.
M. Bourbeau: Oui, on avance, je pense.
M. Biron: Je voudrais juste donner une information additionnelle.
Ce qui fait qu'on n'a pas de poste "subvention fédérale", c'est
que la subvention fédérale n'est pas fait au CRIQ, elle est faite
à l'entreprise qui, elle rembourse le CRIQ une fois qu'elle
reçoit sa facture. La subvention fédérale transite par
l'entreprise pour revenir au CRIQ et non pas directement au CRIQ.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ce que j'ai compris.
M. Beaudry: C'est effectivement le cas.
M. Bourbeau: La subvention fédérale est faite
à l'entreprise?
M. Beaudry: À l'entreprise.
M. Bourbeau: Qui, elle, vous rembourse?
M. Biron: M. le Président, je vais prendre un exemple de
6000 $. Cela coûte 6000 $ à l'entreprise. Elle fait sa demande au
gouvernement fédéral qui va payer supposons 4000 $ environ sur
les 6000 $ et cela coûte 2000 $ à l'entreprise. Alors,
l'entreprise, à même les 4000 $ qu'elle reçoit du
fédéral plus ses 2000 $ de ses fonds propres, rembourse le CRIQ
de 6000 $ et finalement la totalité de nos frais se trouve ainsi
perçue.
M. Bourbeau: Une dernière question.
Dans le plan quinquennal que vous avez présenté pour
l'année courante 1985-1986, vous estimez des commandites de 7 543 000 $.
Dana ce montant, quelle est la proportion par exemple qui provient du
gouvernement fédéral et la proportion qui provient des fonds
propres des entreprises?
M. Bertrand (Guy): Dans certains cas on peut le savoir, dans
d'autres cas on ne le sait pas. On est au courant, quand nous faisons la
démarche auprès du fédéral comme
représentant de l'entreprise sinon on ne le sait pas, mais on pourrait
dire 40 %.
M. Bourbeau: À peu près 40 % viendraient du
fédéral et le reste viendrait de l'entreprise.
M. Bertrand (Guy): De l'entreprise.
M. Bourbeau: Dans le cas où vous faites des travaux pour
une grande entreprise et que vous lui chargez la totalité...
M. Bertrand (Guy):... c'est cela.
M. Bourbeau:... des coûts, à ce moment, je
présume que le fédéral ne rembourse rien.
M. Bertrand (Guy): Ce qui arrive c'est que les grandes
entreprises, si elles ont des subventions de recherche du
fédéral, en règle générale cela ne passe pas
par le centre, elles font leurs demandes directement, tandis que les petites
entreprises demandent au CRIQ de voir s'il n'y a pas possibilité
d'obtenir une subvention gouvernementale autre que celle du gouvernement
provincial. Nous on a évidemment nos contacts et nos entrées. On
sait ce qui est recevable et non recevable et on administre même un
certain nombre de projets directement d'ici, de Québec.
M. Bourbeau: Dans le cas précis d'une petite entreprise
à laquelle vous ne chargez que 50 % du coût, est-ce que la
subvention gouvernementale fédérale fait partie des 50 % que vous
récupérez ou si vous récupérez des sommes
au-delà des 50 % du fédéral?
M. Beaudry: J'aimerais préciser ici. Une petite entreprise
qui paie 50 % des coûts au CRIQ. On a une politique de tarification au
CRIQ pour la petite et moyenne entreprise et elle s'applique à tout le
monde. On ne peut envisager donner à une entreprise un rabais de 50 %
dans la mesure où l'entreprise est déjà
subventionnée parce qu'on va subventionner le gouvernement
fédéral. C'est une question d'argent et de transfert de fonds. Le
point qu'on observe dans ce cas, une entreprise qui n'est pas
déjà subventionnée par aucun autre organisme - et
règle générale il y a très peu de cas parce
qu'à peu près tous les travaux qu'on peut réaliser sont
subventionnables par un organisme subventionnaire - dans les cas où un
organisme n'est pas subventionné, nous avons des programmes qui
permettent d'améliorer, de sensibiliser et d'amener des industriels
à innover. Mais en règle générale c'est très
peu en ce qui concerne nos propres fonds. Il n'y a pas d'entreprises qui sont
déjà subventionnées ailleurs pour laquelle on subventionne
en plus, cela n'existe pas en règle générale.
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Premièrement, je veux assurer la
président du CRIQ et le ministre et mes collègues que je ne
ressens aucune hostilité envers votre organisme. Cela fait dix ans que
je le connais. Ma première visite au CRIQ a été faite
pendant que le président était toujours avec ses "skidoo" et le
ministre avec sa fonderie. Depuis, il ne s'est pas passé un seul mois de
ma vie que je n'aie pensé avec intérêt et beaucoup d'espoir
aux activités et à l'avenir du CRIQ. C'est une discussion
familiale qu'on va avoir ce matin, quant à moi. Si je dis des choses qui
ne sont pas toutes des félicitations... Premièrement, vous avez
reçu des fleurs du ministre, vous n'avez pas besoin que je les
répète parce que je suis complètement d'accord avec tout
ce qu'il a dit. Je veux seulement mentionner quelque chose qui pouvait vous
inciter à aller au niveau de l'excellence et même plus
intéressant et même plus appréciable que celui que vous
avez déjà réalisé. Est-ce que tout le monde est
rassuré?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Beaumier): M. le
député.
M. Biron: C'est là que cela devient inquiétant.
M. Scowen: La première chose que j'ai constatée et
que je veux répéter aujourd'hui, c'est que je trouve que votre
plan de développement n'est pas très fort. C'est peut-être
une critique que j'adresse surtout à votre conseil d'administration
parce que je présume qu'il l'a approuvé lui-même. Je dois
vous dire que si vous étiez une filiale, par exemple, de General Motors
et que vous aviez présenté un plan de développement de
cinq ans qui impliquait une obligation de la part de la maison mère
d'une jolie somme de 100 000 000 $, qui n'est pas loin de cela, je suis
persuadé que le document aurait été retourné. Je le
dis parce que je pense que
cela fait partie de la totalité de l'excellence qu'on
cherche.
Vous avez ici un document qui commence par quelque chose qui s'appelle,
Le contexte. Je suppose que c'est permissible, mais ce sont trois ou quatre
pages dans lesquelles vous parlez surtout de la question de votre
déménagement. Je cherche le noeud du plan et j'arrive à la
page 6, les objectifs. J'ai trois pages qui, comme je l'ai dit en Chambre, sont
essentiellement un communiqué de presse prolongé. J'arrive vite
à la page 9, à une partie qui, pour des raisons que j'ignore,
s'appelle, Les objectifs des moyens. Je ne comprends pas exactement, mais vous
retournez à vos problèmes de déménagement à
Montréal. Par la suite, nous avons le budget.
Tout ce que nous avons comme idée précise de ce que vous
entendez chercher comme objectifs pour les cinq prochaines années se
trouve sur les pages 6, 7, 8 et la moitié de la page 9. Ce sont quatre
pages pour lesquelles nous sommes obligés de demander d'approuver une
somme qui va dépasser très probablement 100 000 000 $. C'est mon
point de départ. À cause de l'insuffisance de cette partie, je
suis obligé de vous poser quelques questions. Peut-être qu'avec
les réponses, les critiques que je vous avais adressées vont
devenir plus claires.
J'ai dit hier que vous êtes devenus une espèce d'atelier de
dépannage pour les PME. Je ne l'ai pas dit dans un sens négatif
parce que c'est prévu comme une des activités dans la charte du
CRIQ et c'est maintenu depuis longtemps. J'ai même dit qu'en 1975 on
avait essayé de rentabiliser cette partie de vos activités. Dans
votre rapport annuel, vous avez une partie que j'appelle et je pense que vous
l'appelez aussi, les activités commerciales. Une compagnie se trouve
avec un problème, elle vient vous voir, vous essayez avec vos moyens,
soit de régler le problème ou de proposer quelqu'un dans le
réseau de l'industrie du Québec qui peut régler le
problème. C'est une activité que j'appelle le dépannage.
Je vous appelle un atelier de dépannage. Il n'y a rien de mauvais
là-dedans. C'est quelque chose qui est intéressant et utile.
Activité A qui est effectivement l'activité D dans la charte de
la société.
Il y a une deuxième activité qui est la correction et la
diffusion de l'information. Vous l'appelez dans votre rapport annuel
"l'information technologique". On n'est pas contre, il y a un rôle
important à jouer dans ce domaine même si je ne suis pas
très impressionné par les activités qui touchent le
répertoire des produits fabriqués au Québec. Ce n'est pas
parce que je pense que ce ne doit pas être fait, c'est que je m'interroge
sur la nécessité de le faire faire par vous.
Quand même, il y a un rôle à jouer dans l'information
technologique, c'est aussi quelque chose qui est dans votre charte et que vous
faites.
J'arrive à la troisième partie: la recherche et le
développement. Dans les objets de la société, c'est
l'objet a: la recherche en science appliquée. Vous avez un groupe de
recherche et de développement qui n'est pas un groupe de
dépannage, si je comprends, c'est un groupe qui a pour but de
prévoir les problèmes et les opportunités qui peuvent
arriver dans l'industrie au Québec et d'entreprendre les projets de
recherche qui ne répondent pas directement à une demande de la
part d'une compagnie mais qui peuvent avoir un effet important sur le
développement de l'économie du Québec. (12 h 15)
J'ai toujours prétendu que le CRIQ n'avait jamais réussi
à prendre sa juste place dans ce domaine. Il n'est pas devenu un centre
de recherche important au plan mondial, quant à moi. J'essayais, dans
votre plan quinquennal, de découvrir pourquoi, qu'est-ce que vous
faites. Je n'étais pas capable. La seule chose que j'ai
constatée, c'est que vous êtes très diversifié dans
ce domaine, même peut-être trop diversifié.
Je vais revenir à cette partie parce que c'est sur ce point que
je vais vous poser des questions précises. Si je comprends, dans la
partie des activités qui touchent la recherche - je veux qu'on se limite
maintenant à cette partie, qu'on ne parle pas des activités
commerciales qui amènent les revenus des compagnies, qu'on ne parle pas
de la diffusion d'informations technologiques, je parle uniquement de la
recherche - si je comprends bien, à la page 6 de l'annexe de votre plan
quinquennal, vous prévoyez six secteurs de recherche et
développement, trois qui vont rester à Québec, entre
autres celui du secteur mécanique. Quand je regarde le rapport annuel,
je vois que, oui, il y a un secteur mécanique dirigé par M. Turp,
un secteur des matériaux et procédés dirigé par M.
Dugal, un secteur technique de la fabrication dirigé par M. Dumas. A
Montréal, vous prévoyez trois autres secteurs: le secteur produit
qui, semble-t-il, d'après le rapport annuel n'existe pas aujourd'hui, le
secteur électronique dirigé par M. Baumans qui va
déménager à Montréal avec son secteur
semble-t-il.
Une voix: II est à Montréal.
M. Scowen: II est à Montréal, bon, parfait. Un autre
secteur qui s'appelle "production". Tout est sur la page 6 de l'annexe. Vous
avez là et c'est ce que j'ai dit hier, toute une série
d'activités. Par exemple, dans le secteur des matériaux et
procédés, en un seul mot: biotechnologie, vous parlez d'un
secteur qui englobe des
recherches pour des centaines, des centaines et des millions de dollars
à travers le monde. Biotechnologie et alimentation,
procédés chimiques, métaux et minéraux, j'en passe.
Il y a une liste des secteurs électroniques, on est dans
l'électronique des communications et l'électronique industrielle.
M. Baumans a du pain sur la planche.
Ce que je veux savoir de vous autres pour commencer va se limiter, je le
répète, à la recherche et au développement, non pas
aux secteurs de dépannage ni au secteur commercial mais à la
recherche et au développement. Je pense qu'on peut poser les questions
en référence à la page 6. Dans un premier temps, c'est
quoi le nombre de recherchistes et les sommes, les montants que vous proposez,
disons l'année prochaine, quand le centre à Montréal sera
en marche? Quelle est la répartition des sommes et du personnel dans ces
six secteurs pour nous donner une idée de l'importance que vous accordez
à chacune. Dans le domaine de la recherche, quelles sont les sommes que
vous vous proposez d'accorder à chacun de ces six secteurs? Quel est le
nombre de recherchistes affectés à chacun de ces six secteurs?
C'est ma question.
M. Bertrand (Guy): D'abord à la première question
que vous avez posée à titre de préambule, vous dites que
peut-être que le document n'est pas très fort mais dès le
départ dans le document on dit que c'est une continuité de la
période 1982-1987. Alors, il faut retourner au plan quinquennal de
1982-1987 è moins qu'on le mette en annexe. À toutes fins utiles,
c'est à peu près la même affaire.
Vous dites que dans l'information technologique - je les prends par
ordre avant de venir -à votre question principale - vous dites que vous
voyez mal peut-être que le CRIQ soit impliqué au niveau des
répertoires. Je pense que M. Bourbeau mentionnait, tout à
l'heure, quelles étaient les activités payantes au CRIQ. On
disait qu'on en a quelques-unes qui sont payantes dont justement la publication
des répertoires. Cela, c'est payant. Pourquoi le CRIQ fait-il le
répertoire? C'est parce qu'il y a un besoin pour les entreprises de
savoir ce qui est fabriqué au Québec, où, par qui et
comment. C'est un document qui est très bien reçu et on se doit,
pour aider les entreprises manufacturières, de maintenir une banque de
données. Alors on a, sur fichiers, sur microfilms, toutes les
entreprises du Québec avec leur domaine d'opération et tout cela.
Quand c'est le temps de préparer un répertoire, ce n'est pas
compliqué, c'est quasiment automatique. Alors, en produisant un
répertoire, c'est une façon de rentabiliser un peu les efforts
qu'on met pour maintenir à jour une banque de données
industrielles au Québec. Les répertoires, incidemment, se vendent
de plus en plus. Le gouvernement fédéral est même venu chez
nous pour voir si on ne pourrait pas l'aider à mettre en place une
structure, moyennant rémunération évidemment, parce qu'il
pense qu'on a quelque chose d'intéressant. C'est quelque chose qu'on
fait à chaque année et si vous avez vu le dernier exemplaire,
vous allez pouvoir vous rendre compte, par exemple, qu'au cours de la
dernière année, il y a eu 400 nouvelles entreprises qui ont
été créées au Québec. Je pense que dans le
contexte économique, ce n'est peut-être pas si mal.
L'autre question. Si on regarde l'ancien plan quinquennal pour la
période de 1982 à 1987, on avait prévu 9 800 000 $ pour ce
qu'on appelle la recherche prioritaire. Je ne veux pas employer la recherche
fondamentale, c'est de la recherche dans des domaines qui étaient
identifiés, avec une discussion avec le ministère de la Science
et de la Technologie, et approuvés par notre ministre de l'Industrie et
du Commerce. On recevait une directive que 9 800 000 $, c'était pour la
période de 1982-1987.
Maintenant, si vous êtes tous intéressés à ce
plan quinquennal-ci, c'est 12 % du budget d'exploitation.
M. Scowen: 12 %...
M. Bertrand (Guy): C'est pour de la recherche fondamentale.
M. Scowen:... vont dans la recherche, en partie, divisés
par les six secteurs...
M. Bertrand (Guy): Non, ce sont certaines parties des secteurs.
Dans ce qu'on a identifié, ce que vous avez donné tout à
l'heure, il y a trois grands secteurs d'activité à Québec,
il y a trois grands secteurs d'activité à Montréal. Vous
parliez de l'électronique avec Hans Baumans, il y a de
l'électronique industrielle et de l'électronique des
communications.
C'est bien sûr que dans l'électronique des communications,
on ne peut pas rivaliser avec des entreprises qui font exclusivement du
développement d'électronique des communications, mais on a
quelques chercheurs dans les domaines qu'on a identifiés comme des
choses intéressantes. Du côté des communications, on a des
choses intéressantes et c'est précisément une raison pour
laquelle Videoway et Vidéotron viennent s'installer à
côté de chez nous. C'est parce qu'on a certaines choses au point
de vue technologique, qui sont brevetées, qui sont
intéressantes.
Vous parliez de biotechnologie. Bien, il y a un centre de recherche
fondamentale en biotechnologie à Montréal. C'est sûr qu'on
ne peut pas entrer en concurrence avec un centre fondamental en biotechnologie,
mais il reste qu'au Québec, dans le traitement de la
biomasse, entre autres, où on a une certaine expertise, il y a
des choses qu'on peut faire pour récupérer les protéines.
Il y a quelques petites choses qu'on pense intéressantes et nos
chercheurs se penchent là-dessus.
Mais quand on parle de recherchistes, chez nous, ou de chercheurs, de
scientifiques ou d'ingénieurs, c'est surtout un centre de recherche
industrielle, donc de transfert technologique. Parmi nos professionnels, 90 %
sont des ingénieurs et 10 % sont des gens qui assurent la recherche
fondamentale dans des petits domaines. Je peux vous en identifier un, c'est
celui du plastique. On sait qu'il y a 400 transformateurs de plastique au
Québec. C'est une des grosses industries de pointe, c'est
peut-être l'industrie qui a le taux de croissance le plus rapide. Il y a
une grande partie qui est localisée à Montréal et il y en
a quelques-unes dans la région de Québec, mais il y a une grosse
concentration à Montréal. Il y a des besoins pour des plastiques
meilleur marché, il y a des besoins pour des plastiques pour l'industrie
de l'automobile. Alors, c'est sûr qu'on parle du transport, mais on a
développé des polyols qui sont brevetés, qui sont à
l'étude actuellement par la General Motors à
Sainte-Thérèse, par la General Motors à Détroit.
L'exclusivité de fabrication va être donnée aux entreprises
du Québec. C'est un procédé que nous avons
développés, ce sont des matériaux que nous avons
développé, mais on ne touche pas à l'ensemble. Ce sont des
petits domaines qu'on identifie au cours de nos activités où on
dit: Voici une solution, M. l'industriel, mais c'est une solution à
court terme. À long terme, votre problème est plus profond. Cela
pourrait nous intéresser parce qu'on a de l'expertise.
M. Scowen: Permettez-moi de vous interrompre une minute, M.
Bertrand, parce que le temps presse. Mon idée, c'est de faire ressortir
quelques données spécifiques. Si je comprends bien, vous nous
dites que dans les six secteurs définis, ces personnes font à la
fois des recherches dites...
M. Bertrand (Guy): Industrielles.
M. Scowen:... commandées...
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen:... et des recherches inspirées de vos propres
objectifs.
M. Bertrand (Guy): C'est cela.
M. Scowen: Vous m'avez dit, si je comprends bien, que les sommes
consacrées aux projets qui ne viennent pas de l'extérieur, mais
qui sont conçus par vous, c'est à peu près 12 % du
budget.
M. Bertrand (Guy): Oui. M. Scowen: Est-ce cela? M.
Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen: J'ai vite calculé le budget de l'année
prochaine. Vos dépenses vont monter à 21 000 000 $, dont
peut-être 2 500 000 $ par année - et pour l'année prochaine
- sont prévus pour des projets de recherche, non pas ceux
inspirés par les problèmes précis d'une compagnie, mais
les projets de recherche comme tels du développement des
procédés et des idées qui originent de votre propre
botte.
M. Bertrand (Guy): Chez nous, c'est cela.
M. Scowen: Est-ce cela? M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez me dire comment ces 2 500 000
$, les 12 % des 21 000 000 $... Vous m'avez dit que c'est à peu
près 12 % de votre budget?
M. Bertrand (Guy): Oui, du budget d'exploitation.
M. Scowen: Le budget d'exploitation est de 21 000 000 $ pour
l'année prochaine.
M. Bertrand (Guy): Cela fait 2 500 000 $...
M. Scowen: Donc...
M. Bertrand (Guy):... multiplié par douze.
M. Scowen:... si je fais un calcul, vous avez à peu
près 2 500 000 $...
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen: d'attribués aux projets de recherche comme
tels...
M. Bertrand (Guy): oui.
M. Scowen:... qui ne sont pas, je le répète, des
réponses pour des compagnies en difficultés. Comment ces 2 500
000 $ sont-ils divisés parmi les six groupes? Vous avez un excellent
directeur de la planification et du contrôle, peut-être peut-il
répondre. On se connaît depuis longtemps, l'un ou l'autre. Comment
ces 2 500 000 $ pour la recherche sont-ils divisés parmi les six
secteurs? Combien pour chacun?
M. Bertrand (Guy): La division, cela ne fait pas... Il y a des
secteurs qui se prêtent
très peu à la recherche fondamentale.
M. Scowen: C'est cela.
M. Bertrand (Guy): Le secteur...
M. Scowen: C'est cela qu'on veut savoir. Lesquels?
M. Bertrand (Guy):... qui se prête le plus facilement
à la recherche fondamentale, c'est le secteur de l'électronique
à Montréal et le secteur matériaux et
procédés. Ce sont...
M. Scowen: C'est cela.
M. Bertrand (Guy):... les deux secteurs où on peut plus
facilement faire de la recherche fondamentale. Mais quand on parle...
M. Scowen: Mais, excusez-moi...
M. Bertrand (Guy): Pardon?
M. Scowen:... un instant, pour que tout le monde se comprenne. On
ne parle pas ici de la recherche fondamentale dans le sens des recherchistes
qui parlent de la recherche pure de la base.
M. Bertrand (Guy): Non, non, non.
M. Scowen: Ce dont on parle quand on parle de recherche ici,
c'est des projets pratiques...
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen:... mais inspirés par votre conception des
besoins pour l'avenir plutôt que par les problèmes qui viennent de
l'extérieur. C'est pour que tout le monde s'entende quand vous parlez de
la recherche fondamentale. On n'a jamais proposé que tout soit
là-dedans. D'accord?
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen: Alors, les 2 500 000 $, comment sont-ils
divisés?
M. Bertrand (Guy): II y a deux secteurs, celui de
l'électronique à Montréal et celui des matériaux et
procédés à Québec, qui sont réellement aptes
à faire de la recherche dans le sens que le député de
Notre-Dame-de-Grâce le mentionne, mais ce n'est pas de la recherche
fondamentale, évidemment, recherche pure, genre universitaire. C'est
réparti à peu près... Il y a 2 000 000 $ de recherche en
matériaux et procédés et 500 000 $ chez Hans Baumans
à Montréal. Maintenant, je devrais ajouter que lorsqu'on parle de
2 500 00 $, les directives chez nous sont claires, c'est que la recherche
fondamentale doit être aussi financée par une autre source que nos
propres deniers, alors pour avoir un facteur de multiplication.
M. Scowen: Mais si je comprends bien, vous avez 2 000 000 $ pour
M. Dugal à Québec...
M. Bertrand (Guy): C'est cela. Et 500 000 $...
M. Scowen:... et 500 000 $ pour M. Baumans.
M. Bertrand (Guy): C'est cela.
M. Scowen: C'est l'ensemble des activités de
recherche...
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen:... du Centre de recherche industrielle du
Québec qui sont prévues pour l'année prochaine.
Effectivement, je prends juste un exemple, dans la technologie des robots, vous
ne prévoyez - c'est le secteur de la production - aucune dépense
en recherche; vous allez seulement essayer de répondre aux questions,
aux problèmes de dépannage des clients...
M. Bertrand (Guy): Oui.
M. Scowen:... des PME du Québec qui ont des
problèmes avec des robots. C'est stimulant cette discussion,
franchement. Dans le domaine du secteur mécanique de M. Turp, vous ne
prévoyez aucune...
M. Bertrand (Guy): Non. Mais il faut...
M. Scowen:... contribution pour lui permettre de faire de la
recherche. (12 h 30)
M. Bertrand (Guy): Vous, vous parlez de recherche. Nous, on parle
de recherche et de savoir-faire, d'acquisition de savoir-faire. L'acquisition
du savoir-faire, pour nous, cela fait partie du domaine de l'avancement des
technologies et des choses nouvelles pour les entreprises. Quand on parlait de
9 800 000 $ tout à l'heure pour la période 1982-1987, il y avait
un autre montant de 12 000 000 $ qui se greffait à cela pour le
savoir-faire. Le savoir-faire, c'est précisément les
problèmes qui ont été identifiés au cours de nos
activités où on pense qu'il y aurait une pointe
intéressante à pousser pour des applications industrielles
éventuelles. C'est la différence avec la recherche fondamentale
où on n'est pas tellement intéressé à l'application
immédiate. Nous, on fait de la recherche un peu plus poussée,
toujours avec un facteur de multiplication qui vient d'autres organismes de
recherche fédéraux,
en règle générale, qui sont
intéressés et qui mettent une somme équivalente ou moins,
en tout cas, une partie du financement qui fait un facteur de multiplication et
on a tout le savoir-faire. Nos ingénieurs ont des barèmes qui
sont assez... On parle d'imputabilité, au gouvernement, mais chez nous,
on n'en parle pas, on l'applique. Les gens, chez nous, se doivent de gagner
leur salaire. La priorité, c'est la clientèle industrielle. Au
cours de nos activités, si les industriels, pour une raison ou pour une
autre, n'ont pas besoin de mes services parce que je me trouve à une
place où je ne suis pas tellement populaire par les temps qui courent,
ces gens se doivent, avec la direction générale et le directeur,
d'identifier des activités qui vont faire partie de l'acquisition du
savoir-faire ou de la recherche.
M. Scowen: II y a deux de mes collègues qui veulent poser
des questions. Est-ce que je peux faire une proposition au ministre? Je ne sais
pas s'il est d'accord avec moi, mais je suis convaincu qu'il existe un manque
de cohérence dans les priorités sectorielles de votre centre de
recherche ou, si cette croyance est là, ce n'est pas visible dans les
documents que vous nous avez soumis. Tenons pour acquis pour le moment que la
cohérence existe, mais qu'elle n'est pas exprimée d'une
façon satisfaisante, à mon avis, du moins. J'ai soulevé
certaines questions, seulement à titre d'exemple.
On avait le même problème avec la SGF, il y a cinq ans. M.
Coulombe est arrivé et on a mis de l'ordre dans la boîte. On avait
droit à des documents qui nous ont permis de voir les priorités
sectorielles de ce groupe qui n'est pas un groupe de recherche. On doit
être capable de faire la même chose avec le CRIQ même si
c'est un organisme d'une envergure beaucoup plus restreinte. Est-ce que c'est
possible d'imaginer que dans les semaines qui viennent, vous seriez capable de
reprendre ce document - je parle surtout des pages 6 à 9 - et de nous
donner quelque chose qui définisse d'une façon beaucoup plus
précise vos orientations, secteur par secteur. Je parle non seulement
des secteurs comme le vêtement et le textile mais aussi des secteurs
comme la robotisation biotechnologique qui peut toucher un nombre de secteurs
verticaux; que vous les choisissiez par secteur vertical ou horizontal, c'est
votre affaire, mais pourriez-vous nous donner une idée de l'ordre de vos
priorités? Vous serez d'accord qu'on travaille ici avec des moyens
très limités. J'ai toujours prétendu qu'on devrait
être en mesure d'accorder à cette organisme beaucoup plus
d'argent, quand on voit qu'il a 2 500 000 $ affectés à la
recherche, comme telle, sur un budget de 21 000 000 $ pour un organisme de
recherche. Je comprends qu'il y a des nuances de définition mais c'est
quand même le budget consacré à la recherche. Ce n'est pas
beaucoup 500 000 $ pour un premier groupe, 2 000 000 $ pour le deuxième
et rien pour les quatre autres.
L'avenir économique du Québec est basé sur notre
compétence à innover dans ces domaines. Est-ce que c'est possible
d'imaginer que cet apport puisse être enrichi? Je ne sais pas si
le ministre est d'accord avec moi un peu ou pas du tout, mais je lui pose la
question.
Le Président (M. Beaumier): Nous pouvons le savoir. M. le
ministre.
M. Biron: Je ne suis pas d'accord avec le député de
Notre-Dame-de-Grâce. On peut toujours l'enrichir, bien sûr.
N'importe quel apport peut être enrichi. J'invite le député
de Notre-Dame-de-Grâce - pas au cours des deux prochaines semaines parce
qu'on va être passablement occupés à l'Assemblée
nationale mais, aussitôt que la session va ajourner - à visiter
les installations du CRIQ à Québec et à Montréal et
à prendre plusieurs heures, peut-être une journée, avec le
président-directeur général du CRIQ ou avec certains de
ses adjoints, pour qu'on puisse répondre au moins à toutes les
questions qu'il voudra poser sur le CRIQ.
Je comprends qu'en une demi-heure ou une heure on ne peut pas
répondre à toutes ses questions ici en commission parlementaire.
Je l'invite d'abord à visiter le CRIQ, à s'informer durant une
demi-journée ou une journée, s'il le veut, puis on va essayer de
répondre le mieux possible à ses questions. Si, après
cette journée-là, il n'est pas encore satisfait, il y a des
questions auxquelles il n'a pas eu de réponse, je m'engage tout
simplement à revenir ici en commission parlementaire dans le courant de
l'été et à prendre le temps d'en discuter entre nous
autour de la table.
D'abord, il s'agit de s'informer de ce qui se passe, d'avoir le maximum
de réponses possible à ses questions. Je comprends que le
député de Notre-Dame-de-Grâce n'a pas comme seule
responsabilité d'étudier ce qui se passe au CRIQ; il a aussi,
comme membre de l'Opposition et comme député de son comté,
d'autres responsabilités, mais je l'invite à poser toutes ses
questions et je l'assure à l'avance de l'ouverture d'esprit et des
réponses à toutes ses questions qui seront apportées par
M. Bertrand et ses collaborateurs. Après, on pourra revenir en
commission parlementaire s'il est encore insatisfait.
M. Scowen: M. le Président - en terminant -
malheureusement, le ministre et moi sommes voués à ne pas
être d'accord. Je me mets dans la situation du président de
General Motors. Une filiale arrive avec un plan de cinq ans qui est insuffisant
et le
président dit: Si vous trouvez que ce n'est pas un plan
quinquennal satisfaisant, je vous invite à visiter les usines. Alors, ce
n'est pas la solution. Les visites aux usines sont toujours très
intéressantes. J'en ai fait et j'en referai, mais le problème
n'est pas là. Le plan quinquennal est un document écrit qui,
d'après moi, doit décrire d'une façon claire pour les
contribuables, dont nous sommes les représentants, les intentions et les
orientations. Après tout, c'est 100 000 000 $. Je répète
ma demande et, d'une façon complètement à part, s'il est
question de visiter le CRIQ une autre fois avec mon collègue, ce sera
très bien.
En terminant, je ne peux pas m'empêcher de dire à M.
Bertrand, parce que c'est peut-être un symbole du problème que je
vois, que je le félicite pour tout ce qu'il a fait. J'espère que
vous comprenez. On parle des détails ici aujourd'hui, votre
défense du répertoire des produits québécois. Vous
avez dit: Nous le faisons parce que c'est payant et parce que cela
répond à un besoin.
C'est facile pour une organisation de tomber dans ces pièges. Si
c'est une question pour le CRIQ d'être payant, demandez au ministre de
vous laisser vendre du vin. C'est très payant. Mais je prétends
que cela ne fait pas partie de votre mandat de vendre du vin ou de créer
des catalogues des produits fabriqués au Québec.
Si c'est une question de répondre aux besoins des
Québécois, commencez par construire des centres d'accueil. On en
a besoin au Québec. Mais je répète: Ce n'est pas dans
votre mandat de créer des centres d'accueil. Vous devez faire les choses
qui répondent à la Chambre, de l'organisation. Tout simplement
parce que c'est payant ou parce que c'est un besoin, je prétends que
cela doit être fait à l'intérieur du ministère pour
que vous ne soyez pas obligés de vous occuper de quelque chose qui est
totalement étranger, quant à moi, à l'idée de base
du Centre de recherche industrielle du Québec.
Cela dit, je vous félicite pour le bon travail que vous avez
fait, M. Bertrand et vos collègues, et j'espère que vous allez
continuer. Je persiste à croire que si le ministre le veut, il peut vous
persuader même de nous donner un document qui va aider beaucoup plus tout
le monde à défendre devant la population les activités
très intéressantes que vous faites pour nous. Merci.
Le Président (M. Beaumier): Auparavant, pour
l'intérêt des membres de la commission, nous pourrions continuer
et arrêter vers 12 h 50 pour pouvoir passer à l'adoption du projet
de loi qui est l'objet de notre rencontre. Alors, il nous resterait encore dix
minutes sans brimer le droit de parole de personne. M. le ministre.
M. Biron: Trente secondes, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Oui.
M. Biron: Vous savez tout le respect que j'ai habituellement pour
le député de Notre-Dame-de-Grâce. Je suis un peu surpris de
voir l'aspect négatif avec lequel il est intervenu ce matin. Je
n'attribue pas cela à la non-compétence du député
de Notre-Dame-de-Grâce, mais c'est peut-être de l'ignorance de ce
qui se passe véritablement au CRIQ; on n'a peut-être pas pris
assez de temps pour lui expliquer ce qui se passait.
Je répète mon invitation. Avant d'aller plus loin,
j'invite le député de Notre-Dame-de-Grâce, non pas à
visiter les installations physiques s'il n'a pas le temps de les visiter, mais
à au moins avoir une bonne discussion avec le président-directeur
général du CRIQ. Je vous invite même sans la
présence du ministre, si vous ne voulez pas que je sois là; j'ai
toute confiance que le P. -D. G. du CRIQ et ses collaborateurs pourraient
apporter toutes les réponses aux questions que vous posez. Vous viendrez
autour de la table avec moi dire, à M. Bertrand et à ses
collaborateurs: C'est bien fait, bons et fidèles serviteurs!
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
M. Dussault: M. le Président, avant de laisser la parole
à Mme ta députée de Jacques-Cartier...
Le Président (M. Beaumier): Un instant. Oui?
M. Dussault:... pour compléter les propos...
Le Président (M. Beaumier): Non, M. le
député. C'est que...
M. Dussault: M. le Président, il y a eu deux
libéraux...
M. Scowen: Vous ne devez pas contester la décision du
président.
M. Dussault:... selon l'alternance, j'aurais le droit, mais c'est
très brièvement que je veux intervenir, M. le
Président...
M. Scowen: Non, on reviendra...
Le Président (M. Beaumier): Non. Afin d'agir selon nos
règlements, cela va par ordre de demande d'intervention. Le
ministre...
M. Dussault: M. le Président, à ce
compte-là, on ne parlera jamais, nous, de ce
côté-ci.
Le Président (M. Beaumier): Bien, il s'agissait...
M. Dussault: Si on veut réagir à des propos qui
sont tenus, c'est ce que je voudrais faire; j'en ai pour 30 secondes, M. le
Président.
Le Président (M. Beaumier): Sans faire de débat, M.
le député de Châteauguay, j'avais interprété
que les députés qui veulent prendre la parole doivent le
demander. Et ceux ou celles qui le demandent en premier...
M. Dussault: Je vous l'ai demandé, M. le
Président.
Le Président (M. Beaumier): Oui.
M. Dussault: Et l'alternance! On est dans...
Le Président (M. Beaumier): Et vous êtes...
M. Dussault:... un régime parlementaire de type
britannique, où l'alternance est une règle...
M. Bourbeau: Non, non, c'est la loi du premier occupant.
M. Dussault:... commune.
M. Bourbeau: C'est la loi du premier occupant.
M. Dussault: C'est parce que cela va être
déphasé, j'en ai pour 30 secondes.
M. Bourbeau: De toute façon, vous êtes
déphasé...
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que la
députée...
M. Bourbeau:... de toute façon.
Le Président (M. Beaumier): Bon! Je passerais la parole
à la députée de Jacques-Cartier, sauf si elle accorde 30
secondes au député de Châteauguay.
M. Bourbeau: Ne fais pas cela, cela va prendre trois heures.
Mme Dougherty: Bien sûr! Je vais poser mes questions
très rapidement.
M. Dussault: Je vous remercie beaucoup pour la grande
collaboration. Je ne voulais rien que dire, M. le Président, que si M.
Scowen ne comprend rien...
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
M. Dussault:... c'est parce qu'il ne comprend rien.
M. Bourbeau: Alors, c'est dit. Une voix: C'est dit.
M. Dussault: On lui a répété que
c'était le prolongement du plan quinquennal de 1982-1987. Malgré
tout, il continue à dire que le rapport est incomplet. C'est ce que je
voulais dire, M. le Président. Je voudrais qu'il se rappelle...
Une voix: Voyons, M. le Président.
M. Bourbeau: II enfreint le règlement, M. le
Président, vous allez...
Le Président (M. Beaumier): Vous comprendrez que je
n'accepte pas nécessairement ce genre d'intervention, M. le
député de Châteauguay. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Très bien. Alors, votre expansion à
Montréal était justifiée par le potentiel
d'activités industrielles, le besoin que vous voyez dans la
région de Montréal. J'ai été frappée par un
bilan préparé par le Conseil de la science et de la technologie
assez récemment sur l'Estrie. Ils sont en train de faire des bilans des
activités scientifiques, technologiques et des besoins industriels dans
chaque région.
Dans ce bilan de l'Estrie, les auteurs ont conclu que l'activité
scientifique et technologique de l'Estrie avait révélé de
façon probante le manque de contact entre le milieu industriel
régional et les institutions de recherche et d'enseignement. Le bilan' a
démontré qu'un bon nombre d'entreprises ignoraient, parfois
même se désintéressaient des programmes de subventions
disponibles à la recherche et au développement ainsi qu'à
la formation des personnels. On a soulevé en particulier le secteur
industriel du caoutchouc et des matières plastiques qui constitue un des
secteurs les plus dynamiques de la région; en même temps, ils ont
de nombreux besoins dans la recherche et dans le développement. Voici ma
question: Est-ce que vous avez examiné le potentiel dans cette
région?
M. Bertrand (Guy): Mme la députée, on a même
participé à ces rencontres en Estrie. Évidemment, quand on
regarde un peu partout en province où le conseil national de la
science... Évidemment, lorsque vous allez en région, chaque
région voudrait avoir son propre centre de recherche; il est toujours
identifié en fonction des besoins qu'ils ont.
Alors, si vous regardez en Estrie, il y a quelques usines de fabrication
de caoutchouc entre autres. Alors, ils disent qu'il est essentiel d'avoir un
centre de recherche dans le caoutchouc. Vous allez dans le Lac-Saint-Jean, on
parle de céramique, actuellement, parce que l'Alcan veut en employer.
Alors, on voudrait avoir un centre de recherche en céramique. Je pense
que les idées sont louables, mais on ne peut pas décentraliser
nos activités de telle façon à avoir un centre dans
chacune des grandes régions du Québec. Par contre, dans le
caoutchouc, on a des activités à Québec et on travaille
même pour une entreprise qui est au niveau international, la compagnie
Goodyear. On a deux employés qui ont une formation dans les grandes
entreprises de caoutchouc ou de caoutchouc synthétique. On
réalise qu'il y a des problèmes. On pense qu'il y a des choses
à faire. Il y a des usines importantes au Québec mais nous ne
pensons pas qu'on devrait songer à un centre spécialisé
dans le caoutchouc, d'autant plus que, on n'en a pas parlé mais on
travaille main dans la main avec l'Institut de génie des
matériaux à Montréal. C'est précisément un
institut qui fait de la recherche fondamentale très axée sur les
caoutchoucs et les caoutchoucs synthétiques, ou certaines formes de
plastique. (12 h 45)
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez l'intention d'essayer
d'augmenter l'accessibilité pour les gens de cette région
à vos services?
M. Bertrand (Guy): Oui. En fait, la région de Sherbrooke,
pour autant qu'on est concernés, c'est une région
privilégiée. Il y a un comptoir unique d'accès. Nous avons
même un représentant industriel en permanence à Sherbrooke
qui fait partie de cette maison de l'Estrie, justement, pour pouvoir offrir un
service tous les jours aux entreprises manufacturières. Non seulement il
travaille avec cette entreprise, mais il est localisé à
Sherbrooke, dans la maison de l'Estrie.
Mme Dougherty: Merci. Deuxième question. Vous avez
mentionné les restrictions qui sont imposées à cause de
l'article 11 de votre charte en ce qui concerne les conditions de travail de
votre main-d'oeuvre spécialisée. Vous avez soulevé ce
point à plusieurs reprises dans votre rapport. J'aimerais savoir quelles
sont les conditions de travail réglées par l'article 11. Je ne
l'ai pas lu, malheureusement. Je n'ai pas la charte ici.
En ce qui concerne la sécurité d'emploi, les avantages
sociaux, les pensions, etc., par rapport au secteur privé, quelle est la
situation?
M. Bertrand (Guy): Par rapport au secteur privé?
Mme Dougherty: Est-ce que c'est le salaire ou...
M. Bertrand (Guy): Oui. D'abord, je devrais dire que pour ce qui
est de l'article 11, les employés du centre sont, jusqu'à
maintenant, soumis aux normes et aux barèmes du Conseil du
trésor. Dans les régions comme Québec, cela n'a pas
présenté de difficulté majeure étant donné
que les entreprises sont moins présentes qu'elles le sont à
Montréal. À Montréal, dans les domaines où on se
lance, les ateliers flexibles de production, la robotique industrielle, en
fait, toute l'automatisation de la production, il y a très peu
d'experts. Les experts, on se les arrache. C'est le même problème
pour tout le monde. On a le choix de former des experts ou bien d'aller les
chercher à gros prix. Il faut avoir une certaine souplesse du
côté du Trésor pour qu'on puisse accepter que, dans
certains cas, on puisse payer des individus plus cher qu'on paie ordinairement
un fonctionnaire.
Cela dit, vous parliez tout à l'heure de sécurité
d'emploi, nous avons les mêmes conditions que la fonction publique au
point de vue fonds de retraite mais nous n'avons pas de sécurité
d'emploi comme telle, à partir de moi. Les gens sont engagés pour
un mandat spécifique. Tant et aussi longtemps qu'ils ont une performance
acceptable et tant et aussi longtemps que la raison pour laquelle ils ont
été engagés existe, ils ont un emploi. On a du personnel
régulier et du personnel permanent que j'appelle du personnel à
la vie à la mort. Si les gens ne fonctionnent pas, ils doivent tout
simplement se retirer et bon an, mal an, on se départit d'à peu
près 3 % de notre personnel à cause d'incompétence.
Mme Dougherty: L'augmentation que vous aimeriez avoir dans votre
masse salariale représente quel montant par année? Est-ce que
c'est prévu dans votre plan quinquennal?
M. Bertrand (Guy): Je n'ai pas saisi la partie de...
Mme Dougherty: Quelle est l'augmentation que vous aimeriez avoir
pour être compétitifs avec le secteur privé pour la
main-d'oeuvre spécialisée?
M. Bertrand (Guy): Ce qu'on veut avoir, c'est très
négligeable, c'est de la flexibilité, de telle sorte que je
puisse vous engager à 5000 $ de plus parce que je pense que votre
compétence est importante pour l'avenir des entreprises
manufacturières. C'est ce qu'on veut avoir du Trésor, une
liberté d'action qui
irait au-delà de l'application intégrale de la loi 11.
Mme Dougherty: Est-ce qu'il faut, pour appliquer une telle
mesure, encore de l'argent? C'est minimal, ce n'est pas...
M. Bertrand (Guy): Non, c'est à l'intérieur de
notre...
Mme Dougherty: À l'intérieur de votre plan
quinquennal...
M. Bertrand (Guy): Du plan quinquennal.
Mme Dougherty:... vous pourriez assumer cette augmentation.
M. Bertrand (Guy): Oui, parce que actuellement la masse
salariale, par rapport au budget de fonctionnement, est de l'ordre de 68 %
incluant les avantages sociaux qui font toujours partie de la masse salariale.
On sait que dans les centres équivalents on peut se rendre à 73
%. Donc, on a une marge de manoeuvre de 5% sur 68%, ce qui représente 7
%. Alors, il n'y a pas de problème parce que ce qu'on cherche, ce n'est
pas des centaines d'individus, c'est quelques perles rares susceptibles d'aider
les entreprises. Pour les engager, on va devoir y mettre le prix.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Beaumier): Merci, Mme la
députée. Alors, le député de Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président, j'ai
déjà dit ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Beaumier): Donc, nous enregistrerons ce
que vous avez dit.
M. Dussault: Sauf, M. le Président, que je ne l'ai pas dit
dans les formes les plus agréables et je déteste cela, être
obligé de forcer un droit qu'on a le droit d'avoir, un droit fondamental
de parole à l'Assemblée nationale. Puisque que j'ai le temps et
que vous me donnez la parole, je vais en profiter pour le dire très
clairement.
Il y a quelques années, avant le référendum, une
demande de directive a été déposée auprès du
président de l'Assemblée nationale qui demandait de clarifier
cette question du droit à l'alternance. Le président de
l'Assemblée nationale avait rendu une décision s'appuyant sur le
régime parlementaire de type britannique et sur les gros livres,
Beauchesne, etc. Il a rendu comme décision que le droit à
l'alternance était un droit absolu. Or, M. le Président, je
voudrais vous faire remarquer que, si on devait suivre l'ordre que vous nous
avez indiqué tout à l'heure, tous les députés du
parti ministériel pourraient, en arrivant à la commission
parlementaire, s'incrire avant tous les membres du parti de l'Opposition et
l'Opposition ne pourrait plus jouer son rôle. Or, je pense que, par le
fait même, vous allez constater que cela ne peut pas être une
façon de fonctionner. En plus, M. le Président, je ne demandais
pas, tout à l'heure, de me donner la parole sur la base d'un
règlement ou des règles absolues, j'aimerais tout simplement
pouvoir placer mon mot pour quelques secondes. Je l'aurais dit dans des termes
beaucoup plus intéressants, sans doute, et moins choquants pour le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Une voix: M. le Président...
M. Dussault: Si je venais à le dire...
M. Bourbeau: C'était avant le
référendum.
M. Dussault: J'aurais dit...
M. Bourbeau: C'est parce que vous avez perdu le
référendum.
Le Président (M. Beaumier): Bon. Je sens...
M. Dussault: C'est bien drôle, M. le député
de Laporte, mais en réalité, ce n'est pas cela, vous le savez
très bien.
M. le député de Notre-Dame-de-Grèce, tout à
l'heure, a donné un point de vue sur le plan du CRIQ. Je pense qu'il
faut respecter ce qu'il dit. Cependant, malgré que M. Bertrand ait fait
remarquer que le plan -celui auquel faisait allusion M. Scowen -était
une extension du plan précédent et qu'il fallait donc se
référer fatalement au plan précédent pour bien
comprendre celui-là, malgré qu'il ait pris bien soin de le dire,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce continue à faire
remarquer que le plan du CRIQ est incomplet. Or, il me semble qu'il fallait
faire remarquer à M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce que non seulement il serait peut-être
intéressant qu'il étudie davantage la question en allant
peut-être visiter les lieux, mais qu'il fasse aussi l'effort de revenir
sur le premier plan, celui de 1982-1987, parce qu'en y revenant il verrait
très clairement ce que veut dire le dernier plan qui a été
déposé. Tout cela mis ensemble, cela serait très clair
dans l'esprit de M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. C'est
ce que je voulais lui dire de la meilleure façon possible, M. le
Président, ce qui n'a pas été très facile. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Écoutez, je vais
juste... Ou bien on y va sur le fond...
Une voix: Est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Beaumier):... mais c'est en respectant,
même si cela n'est pas une règle absolue, selon les jugements
déjà rendus, je voulais tout simplement, en vous repassant la
parole, M. le député de Châteauguay, être le plus
près possible de la notion de l'alternance. Merci bien. Est-ce qu'on
pourrait aller sur le fond, s'il vous plaît?
M. Scowen: Le député de Châteauguay a
parlé à mon sujet. Je veux lui dire que j'ai lu attentivement le
plan quinquennal. Il y a une légère erreur. Le premier plan
quinquennal, c'est 1981-1986. Je l'ai devant moi et je l'ai lu avec attention
non seulement hier, mais il y a cinq ans. Les insuffisances qu'on retrouve dans
le plan 1985-1990 sont la prolongation des insuffisances qu'on retrouve dans le
premier plan quinquennal. Les problèmes que j'ai soulevés ne
trouvent pas leur réponse ni dans le premier, ni dans le deuxième
de ces documents. Est-ce que cela est clair?
M. Dussault: M. le Président, peut-être le
député a-t-il raison, sauf que c'est la première fois
qu'il nous le dit après avoir parlé si longtemps en
commission.
Le Président (M. Beaumier): Merci beaucoup. J'appellerais
donc, si l'on se fie à l'entente de tantôt, le projet de loi
52.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, vous vous souvenez que j'avais
demandé la parole.
Le Président (M. Beaumier): Oui, je suis prêt
à vous l'accorder. Nous sommes pris aussi avec l'obligation de terminer
pour 13 heures, à moins que l'on ne prolonge. Nous avons comme mandat
d'adopter le projet de loi 52.
M. Doyon: Cela est essentiel, compte tenu du fait que je suis
arrivé ici au tout début de la commission. Je suis venu ici pour
dire quelques mots et je demande le consentement de la commission.
Le Président (M. Beaumier): Je suis tout à fait
d'accord, M. le député.
M. Doyon: Je veux exprimer quelques remarques et poser quelques
questions à M. Bertrand.
M. le Président, la région de Québec est
particulièrement fière d'être l'endroit où se situe
le CRIQ. Nous sommes devenus habitués à la présence du
CRIQ et, dans le milieu de Sainte-Foy et dans la région de Québec
en général, il y a une certaine inquiétude. On sait que
des efforts considérables sont faits dans la région de
Québec par le GATIQ, entre autres, de façon à pouvoir
parvenir à l'implantation d'un parc technologique. Le gouvernement a
adopté une loi qui permet l'existence légale d'un parc
technologique. Un groupe très important de décideurs de la
région de Québec travaille activement à ce sujet. Ce
matin, on apprenait que par décret le gouvernement avait
décidé de former une corporation ou un centre de valorisation de
la biomasse. Nous connaissons les tentatives qui sont faites pour avoir, dans
la région de Québec et dans le parc technologique de Sainte-Foy,
le Centre de recherche sur l'optique. Nous savons aussi qu'il y a eu
récemment le dévoilement des intentions de la Chambre de commerce
de Sainte-Foy et de celle de la région de Québec, les chambres se
sont associées dans cela, pour mettre en place un centre de
développement des entreprises, ce qu'on appelle des incubateurs
d'entreprise.
Dans ces circonstances, il est essentiel qu'on ne risque pas, dans la
région de Québec et plus particulièrement pour ce qui est
du parc technologique de Sainte-Foy-Québec, de se retrouver dans une
situation où le CRIQ perdrait de son importance relative pour la
région de Québec. Je voudrais avoir un certain nombre
d'assurances de la part de M. Bertrand. Il a déjà eu l'occasion
de s'exprimer sur cela. Je voudrais savoir s'il est prévu dans le plan
des effectifs du CRIQ une diminution quelconque du nombre d'employés
actuellement affectés au CRIQ à Sainte-Foy. Quel est ce nombre
actuellement, en 1984-1985, à l'heure où nous nous parlons?
Combien y a-t-il d'employés au siège social du CRIQ à
Sainte-Foy?
M. Bertrand (Guy): On en a 275 à Québec
actuellement et on a prévu un taux de croissance de l'ordre d'environ 5
% à Québec au cours de cette période-ci et de 8 % à
Montréal.
M. Doyon: 275. Combien y en a-t-il à Montréal
actuellement?
M. Bertrand (Guy): Actuellement, à Montréal, il y
en a 110.
M. Doyon: 110 employés?
M. Bertrand (Guy): II y a un certain nombre de contractuels qui,
règle générale, est de l'ordre de 10 %; donc, à
Québec, il y a plus de 300 personnes et, à Montréal, il y
a peut-être 120 à 125 personnes.
M. Doyon: Si on compare les effectifs
actuels du CRIQ à Sainte-Foy avec ce qu'étaient ces
effectifs l'an dernier, à combien cela s'établit-il? Est-ce qu'il
y a eu un changement par rapport à l'an dernier?
M. Bertrand (Guy): L'an passé, il y a six personnes de
Québec qui ont été déménagées
à Montréal et qui ont été remplacées par je
ne sais pas le nombre exact... Il y a une augmentation, cette année, de
50 personnes au CRIQ dont la majorité est à Québec parce
qu'à Montréal on est encore à 110, on n'a pas
bougé.
M. Doyon: Ce que vous me dites en d'autres mots, M. Bertrand,
c'est que pour ce qui est du CRIQ à Sainte-Foy il n'est pas prévu
et il n'est pas prévisible qu'il y ait une diminution du nombre
d'employés par rapport à ce qui existe actuellement.
M. Bertrand (Guy): Au contraire, la façon dont nous
envisageons les choses, c'est qu'il y aura une croissance; je vous ai
mentionné tout à l'heure 5 %. Je disais que nous aurions un
centre d'excellence en traitement mécanique de la biomasse. C'est en
aval d'un centre de recherche fondamentale en biomasse. Cela fait
déjà partie de nos enveloppes budgétaires. Nous sommes en
demande actuellement pour commencer la construction dès le mois de
septembre. Cela va ajouter évidemment du personnel chez nous, ici,
à Québec. La partie de la recherche - le député de
Notre-Dame-de-Grâce parlait tout à l'heure de recherche - je ne
veux pas revenir sur cela, il y a une question de compréhension des
termes, il faudrait peut-être qu'on s'assoie et qu'on en discute, mais il
reste que le secteur matériau où se fait la plus grande partie de
la recherche parce que cela s'y prête plus facilement, c'est à
Québec. Alors, la recherche fondamentale ou la recherche plus
poussée demeure à Québec, puisque le secteur est à
Québec. (13 heures)
M. Doyon: D'accord. En ce qui concerne la biomasse plus
particulièrement, quelles sont les relations qui vont exister ou qui
sont prévisibles? Est-ce qu'il y a eu des projets ou des études
de faites à ce sujet en ce qui concerne le centre de valorisation de la
biomasse qui, normalement, devrait être installé quelque part dans
la région de Québec? Enfin, il y a des discussions à
savoir si cela devrait être au parc technologique ou sur la rive sud? Il
y a du tiraillement. Est-ce que du côté du CRIQ vous avez des
idées là-dessus?
M. Bertrand (Guy): Le document qui a été
présenté au sommet économique à l'automne, il y a
un an et demi maintenant, venait du CRIQ. C'est le document qui a servi au
ministre du temps, M. Paquette, et au ministre Garon, qui a servi pour la
préparation du document final. C'est essentiellement le document du
centre. Nous ne nous inscrivons pas dans la recherche fondamentale où on
parle de biotechnologie avancée, où on parle de
génétique, où on parle d'hybride et tout cela. On n'est
pas dans ce domaine. On est du côté mécanique de l'affaire,
c'est pour cela que notre centre de recherche qui est le traitement
mécanique de la biomasse, c'est une activité à part, mais
qui s'inscrit pour pouvoir traiter la matière première qui va
entrer dans ce centre de valorisation de la biomasse et aussi traiter ce qui va
en sortir. Alors, on se trouve aux deux extrémités.
M. Doyon: D'accord. Est-ce que vous avez été en
mesure de faire des recommandations en ce qui concerne l'endroit où
devrait être implanté ce centre de valorisation de la biomasse?
Est-ce que vous avez été consultés là-dessus?
M. Bertrand (Guy): J'aime autant ne pas m'avancer dans ce
domaine. Il reste que si on parle de la concentration des centres de recherche,
il y a de l'espace chez nous. Maintenant, si c'est pour d'autres raisons, il y
en a d'autres qui voient cela ailleurs. C'est plutôt l'aspect politique
mais, ce qui est important, c'est d'en avoir un.
M. Doyon: On va faire abstraction de l'aspect politique. Ce que
je veux avoir, c'est l'opinion d'un expert, de quelqu'un qui, politiquement,
n'a pas de fer au feu et qui, tout simplement, regarde les choses objectivement
et souhaiterait voir ce centre. de valorisation de la biomasse intallé
où?
M. Bertrand (Guy): Disons, en principe, que je favorise toujours
une concentration des activités de façon à pouvoir se
servir d'une infrastructure commune. S'il y a des équipements qui
existent déjà chez nous -incidemment, on parle très peu du
complexe scientifique, qui a des instruments assez merveilleux... Si les gens
se réunissent autour du même complexe, cela fait, finalement,
qu'on peut investir moins en ressources matérielles et peut-être
plus en ressources humaines.
M. Doyon: Donc, votre recommandation, si vous aviez à en
faire une à ce sujet, ce serait que le centre de biomasse soit
installé dans les environs du CRIQ actuellement, dans un territoire qui
est prévu à cette fin quelque part.
M. Bertrand (Guy): Disons que j'aimerais cela.
M. Doyon: Oui, d'accord. En ce qui concerne le centre d'optique,
là, il y a un
flottement là-dedans. Je termine là-dessus, M. le
Président. Le centre d'optique est dans l'air depuis un certain temps.
Est-ce qu'il y a des développements à ce sujet dont vous
êtes au courant? Il me semble qu'on n'avance pas vite à ce sujet
et cela m'inquiète. Est-ce que vous avez des informations qui pourraient
nous éclairer?
M. Bertrand (Guy): Les informations sont toujours des
informations un peu indirectes. Il semblerait qu'on veuille faire, pour la
première fois, un centre d'intérêt conjoint
provincial-fédéral. Peut-être que M. Biron pourrait parler
un peu plus là-dessus. Dans ce cadre, les ministres Siddon et
Bérubé étaient censés se rencontrer cette semaine,
dans la semaine du 3 juin, pour s'entendre sur le document final. Ce sera un
centre à côté de chez nous, où il va y avoir de
l'apport tant du gouvernement du Québec que du gouvernement
fédéral. Peut-être que M. Biron en sait plus que moi.
M. Doyon: Est-ce que le ministre aurait des choses à dire
là-dessus?
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Biron: Oui, il y a eu des discussions cette semaine. On
m'informe qu'il y aura aussi des discussions la semaine prochaine pour en
arriver à une conclusion très rapide. Il est question d'en faire
un centre fédéral-provincial et on pense que cela serait beaucoup
plus dynamique, beaucoup plus efficace de voir les deux gouvernements y
collaborer au lieu que chaque gouvernement ait son propre centre.
M. Doyon: Ce qui implique une mise de fonds du côté
provincial.
M. Biron: Ce qui implique une mise de fonds du côté
québécois, c'est exact.
M. Doyon: De quel ordre?
M. Biron: Le dossier est dans les mains de mon collègue,
le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie. Il faudrait le lui demander.
M. Doyon: Est-ce qu'on peut s'attendre à des
décisions rapides à ce sujet?
M. Biron: Oui, des décisions rapides. D'ailleurs, la
décision fédérale, c'était de l'implanter à
Québec. Pour d'autres raisons, pour des raisons d'autres centres de
recherche ailleurs au Québec, le gouvernement fédéral a
cru qu'il valait mieux négocier avec le gouvernement du Québec
une participation de celui-ci dans un centre fédéral-provincial.
D'autre part, le
Québec aurait aussi une participation fédérale dans
un autre centre, ailleurs au Québec, qui aurait dû être un
centre purement provincial. Finalement, c'est juste un échange d'argent,
mais cela assure au centre une stabilité à plus long terme.
M. Doyon: D'accord. Une dernière question à M.
Bertrand. M. Bertrand, est-ce que votre implication, l'implication du CRIQ avec
le GATIQ se continue? Est-ce que vous continuez de travailler avec ce
groupe?
M. Bertrand (Guy): Notre contribution au GATIQ n'est pas comme
celle des trois membres fondateurs, mais nous sommes des membres
associés. La raison fondamentale en est que nous avons une vocation
québécoise et que nous devons favoriser la province de
Québec. On ne peut pas favoriser la ville de Québec ou la
région immédiate de Québec. On peut prendre position dans
un dossier qu'on veut avoir au Québec et pas à d'autres endroits,
mais on ne peut pas prendre position pour la ville de Québec contre la
ville de Sherbrooke, par exemple. Mais, oui, on est très
présents. On assiste à toutes les réunions et on est
très vigilants.
M. Doyon: D'accord. On vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Je remercie M. Bertrand ainsi que
ses collègues d'être venus devant notre commission. J'appelle donc
le projet de loi 52, Loi modifiant la Loi sur le Centre de recherche
industrielle du Québec. J'appelle l'article 1.
M. Bourbeau: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Beaumier): Oui, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: L'article 1 prévoit le montant global qui
devrait possiblement être versé au centre par le gouvernement,
soit 105 000 000 $. L'obligation du gouvernement est de débourser 17 500
000 $ par année et il n'y a pas d'indexation. Or, cet article est
différent de l'ancien article 25 de la loi qui, lui, faisait une
obligation au gouvernement de verser, chaque année un montant minimal,
mais indexé de 10 %. Nous avons vu, au cours de nos discussions de ce
matin, que les montants accordés à la recherche fondamentale sont
relativement minimes et peu importants par rapport à l'ensemble du
budget. Mon collègue, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, a fait état qu'il s'agissait d'une somme
maximale de 2 500 000 $. Le président-directeur général
nous a dit qu'il
avait négocié, avec le Conseil du trésor, une
augmentation de 4 % par année et c'est d'ailleurs ce qui apparaît
au plan quinquennal. Par contre, la loi ne prévoit absolument aucune
obligation pour le gouvernement d'ajouter chaque année quelque montant
que ce soit au-delà des 17 500 000 $. Dans ces conditions, nous, de
l'Opposition, nous croyons qu'il serait important qu'on réintroduise
dans la loi l'obligation pour le gouvernement d'indexer de 10 % par
année les montants de sa dotation annuelle. Si on le faisait,
à partir des 17 500 000 $ prévus dans la loi pour cette
année, on arriverait effectivement à une somme globale de 105 000
000 $, ce qui est l'objectif prévu par la loi.
Je proposerais donc un amendement. Je vais vous en donner une copie, M.
le Président, on peut le distribuer. Il s'agirait que le
troisième alinéa de l'article 25, édicté par
l'article 1 du projet de loi 52, soit remplacé par le suivant: Pour
chacun des exercices subséquents, jusqu'à épuisement de la
somme de 105 000 000 $ visée au premier alinéa, le total des
versements annuels, incluant les montants versés au service de la dette,
ne peut être inférieur au minimum prévu pour l'exercice
précédent indexé de 10 % l'an.
Je pense que l'objectif annoncé étant de prévoir,
pour le centre, une somme globale de 105 000 000 $, il est souhaitable et
normal qu'on prévoie un mécanisme qui permettra de prévoir
cette somme. Le passé étant garant de l'avenir, puisque le
gouvernement, dans le passé, s'est toujours contenté d'avancer le
minimum prévu dans la loi, je pense qu'il serait normal de
prévoir cette indexation de 10 % par année. C'est pourquoi nous
aimerions en faire un amendement à l'article 1.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Châteauguay, au sujet de l'amendement.
M. Dussault: M. le Président, à propos de la
recevabilité de cet amendement, notre règlement veut que, pour
déposer un amendement ayant des effets sur les dépenses
gouvernementales, ce soit un ministre qui le propose. C'est ce qu'on appelle
l'effet d'un "money bill". Pour ces raisons, vous ne pouvez pas recevoir un
amendement venant d'un membre de l'Opposition.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte, au sujet du règlement.
M. Bourbeau: Je vous soumets, M. le Président, que
l'amendement n'a aucun effet sur la dépense gouvernementale puisque le
projet de loi prévoit déjà une dépense
gouvernementale de 105 000 000 $ et que l'amendement ne fait pas autre chose
que de prévoir les modalités de cette dépense. Il ne
s'agit donc pas d'une dépense additionnelle, c'est une dépense
qui est déjà couverte par la loi. Il ne s'agit que de
prévoir un meilleur agencement et une meilleure distribution des sommes.
De toute façon, je pense que l'amendement est recevable mais s'il ne
l'était pas je ferais appel au ministre pour l'introduire à ma
place, si jamais je...
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est un fait que cette
motion n'a pas l'effet de faire dépasser de 105 000 000 $. Mais si cette
mesure n'était pas dans le projet de loi on pourrait penser qu'on
n'atteindrait pas la dépense de 105 000 000 $ et qu'on pourrait
même avoir un montant passablement moindre que 105 000 000 $. Cela veut
dire donc que c'est de l'argent qui serait dans les coffres de l'État.
En apportant cette mesure on se trouve automatiquement à s'assurer que
le montant va être plus élevé qu'il ne le serait s'il n'y
avait pas cette motion. Pour cette raison, on peut vraiment dire qu'il a un
effet "money bill" sur les dépenses du gouvernement et c'est vraiment un
amendement qui est irrecevable.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question. Alors, le
député de Châteauguay confirme effectivement par ses propos
qu'il y aura un manque à gagner de 20 000 000 $ pour le CRIQ si cet
amendement n'est pas adopté. Il vient de dire d'ailleurs - ce sont ses
propres propos - que si l'amendement n'est pas adopté le gouvernement ne
dépensera pas plus que 17 000 000 $ par année. C'est exactement
ce que nous pensons de ce côté de la Chambre. C'est un
écran de fumée, si je peux dire, qui est annoncé par le
projet de loi de dépenser 105 000 000 $. C'est un écran de
fumée justement parce que le gouvernement ne veut pas dépenser
plus que 17 500 000 $ c'est-à-dire qu'il veut plafonner ses
contributions au montant de cette année et compte tenu de l'inflation
qu'on subira dans les années précédentes c'est donc dire
qu'à chaque année le centre recevra moins d'argent,
d'année en année. Si le gouvernement est sérieux et qu'il
veut vraiment prouver son intention de donner au centre non seulement des
montants minimums mais des montants qui lui permettront de faire en sorte que
sa croissance pourra se produire, je crois que le gouvernement devrait faire
sien l'amendement que nous proposons et nous fournir des garanties non
seulement à nous mais à tous les Québécois que le
centre
pourra jouir des 105 000 000 $ qu'on prétend vouloir lui avancer
au cours des cinq prochaines années.
Le Président (M. Beaumier): Sur la recevabilité, le
projet de loi tel qu'il est proposé actuellement dit que le ministre des
Finances paie au centre à même le fonds consolidé du revenu
une somme n'excédant pas 105 000 000 $. Donc, il ne s'engage pas
à y aller jusqu'à 105 000 000 $. Le sens de votre amendement, M.
le député de Laporte, consiste à dire qu'il faut qu'il
aille jusqu'à épuisement des 105 000 000 $ donc, cela se traduit
par des engagements de fonds publics. Donc, seul un ministre - selon l'article
192 -peut présenter une motion visant l'engagement de fonds publics,
donc, ce ne serait pas recevable.
M. Bourbeau: M. le Président, si ce n'est pas recevable
est-ce que je peux faire une motion pour demander au ministre pour prouver sa
bonne foi de faire sien l'amendement et de le présenter à notre
place?
Le Président (M. Beaumier): Comme l'amendement n'a pas
été jugé recevable, nous procéderions à
ce...
M. Bourbeain Est-ce que j'ai bien compris les propos que si
l'amendement est introduit par le ministre il serait recevable? Je demande au
ministre s'il veut bien proposer l'amendement.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, comme le passé est
garant de l'avenir je crois que dans le dernier plan quinquennal de la
dernière loi sur le CRIQ le gouvernement n'était pas
obligé de se rendre jusqu'au maximum mais on a accepté de
dépasser les sommes qui avaient été prévues
annuellement, en particulier pour la construction à Montréal et
de l'implantation du CRIQ...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une question de
règlement ici. Le ministre vient d'induire la commission en erreur. Le
gouvernement était obligé d'aller au maximum, l'article 25 dit: -
je vais vous lire cela -
M. Biron: Jusqu'à épuisement.
M. Bourbeau:... le ministre des Finances paie à même
le fonds consolidés une somme de 85 000 000 $. Il y avait une obligation
de dépenser toute la somme dans la période.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, ce que je veux dire c'est que
nous sommes allés beaucoup plus rapidement qu'il avait été
prévu au projet de loi. Je pense que le ministre de l'Industrie et du
Commerce a été responsable dans ces actions vis-à-vis du
Centre de recherche industrielle. J'entends être responsable dans le
prochain plan quinquennal aussi.
Le Président (M. Beaumier): Un instant s'il vous
plaît:
M. Bourbeau: Ce n'est pas exact. Ce que je veux dire, c'est que
le ministre ne dit pas des choses exactes.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte un instant: Vous demandez si le ministre veut prendre à son
compte votre amendement. Est-ce que M. le ministre vous prenez à votre
compte l'amendement du député de Laporte?
M. Biron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): J'appelle l'article...
M. Bourbeau: Sur la question, M. le Président, je veux
dire un mot.
Le Président (M. Beaumier): Un instant!
M. Bourbeau: Sur le sujet dont on parle.
Le Président (M. Beaumier): Non, c'est que l'amendement
est jugé non recevable. Donc, on ne peut parler sur le fond.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut parler sur
la forme alors?
Le Président (M. Beaumier): J'appellerais l'article 1,
s'il vous plaît;
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne l'article
1...
Le Président (M. Beaumier): Oui.
M. Bourbeau:... il s'agit des montants qu'on demande de payer au
Centre de recherche industrielle. Je vous signale que dans l'ancien article qui
est amendé par l'article 1, le gouvernement s'était engagé
à payer 85 000 000 $ sur la période. C'était une
obligation, il devait le faire. On commençait avec 13 000 000 $ pour la
première année, indexé de 10 %. Le gouvernement s'est
contenté de l'indexation de 10 %; il n'est pas allé plus loin. De
telle sorte que si on additionne les montants qui ont été
payés au cours des trois premières années, soit 13 000 000
$ en 1982-1983,
14 300 000 $ l'année suivante et 15 700 000 $ l'an dernier, il
restait pour les deux dernières années une somme de 42 000 000 $
que le gouvernement devait dépenser, il n'avait pas le choix. Cela veut
dire que cette année, cela aurait été 17 300 000 $ ce qui
est sensiblement le montant prévu dans le nouveau projet et 24 000 000 $
l'an prochain. Le gouvernement était obligé de débourser
24 700 000 $ l'an prochain, en vertu de la loi existante. C'est pour cela que
je dis et que je répète au ministre que le gouvernement a
toujours avancé le minimum et n'a jamais voulu tuer l'esprit de la loi
et avancer les 85 000 000 $, raison pour laquelle, aujourd'hui, on n'a pas,
dans le nouvel article, réintroduit une indexation automatique de 10 %,
ce qui nous porte à penser de ce côté-ci de la Chambre que
le gouvernement va encore, dans les cinq prochaines années, se limiter
au minimum et que sur le nouveau plan quinquennal on verra un
déboursé de 85 000 000 $, ce qui est la même chose qu'on
avait sur l'ancien plan quinquennal.
M. le Président, ceci étant dit, je ne pense pas que nous
puissions voter pour l'article 1, puisque le ministre refuse d'introduire notre
amendement et que nous voyons là un danger que la recherche au
Québec subisse, dans les années à venir, une diminution et
non une augmentation.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté sur division.
Le Président (M. Beaumier): Sur division. J'appelle
l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Biron: Sur division habituellement.
M. Bourbeau: Cela doit être sur division aussi, je
présume.
Le Président (M. Beaumier): Vous vous imaginez ou
vous vous prononcez, M. le député? Donc, l'article 2 est
adopté.
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le titre du projet
de lot, Loi modifiant la Loi sur le Centre de recherche industrielle du
Québec, est adopté?
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que le projet de loi 52
est adopté.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Beaumier): Merci beaucoup. Nous allons
suspendre quelques minutes nos travaux, pour permettre au ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie de
s'approcher.
(Suspension de la séance à 13 h 18)
(Reprise à 13 h 33)
Vérification des engagements financiers Science
et Technologie
Le Président (M. Beaumier): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux pour vérifier les
engagements financiers des mois de juillet 1984 à mars 1985 du
ministère de la Science et de la Technologie. Je vous rappelle que, lors
de sa séance de travail du 22 mai dernier, la commission avait
décidé de consacrer deux heures à la vérification
desdits engagements.
Réponse déposée
J'aimerais informer les membres de la commission que je dépose la
réponse du ministre de la Science et de la Technologie, M. Gilbert
Paquette, à l'engagement no 31 d'avril 1984, réponse
distribuée le 12 novembre dernier.
En voyant la présence du ministre, j'en conclus qu'il a
renoncé au délai de convocation de quinze jours, comme le veut
notre règlement à l'article 164. Nous l'en remercions.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Bérubé:... sur ce point-là, j'ai
renoncé au délai jusqu'à 16 h 25. À partir de 16 h
25, j'estimerai que votre commission aurait dû respecter les
délais et je devrai aller à une autre réunion où
mon collègue fédéral va m'attendre.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre, je pense que
nous devrions tous être en mesure d'entrer dans les contraintes de tout
le monde.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Est-ce qu'on pourrait commencer?
Engagements financiers
Le Président (M. Beaumier): Le mois de juillet 1984, s'il
vous plaît!
Mme Dougherty: Oui.
M. Bérubé: M. le Président, si vous voulez
m'accorder la parole un instant, il s'agit d'engagements de juillet 1984
à janvier 1985, où je n'étais pas ministre responsable,
d'une part. D'autre part, lors de ma participation à la commission des
engagements financiers dans les années antérieures, étant
président du Conseil du trésor, je voyais passer tous les
engagements gouvernementaux. II m'était facile, donc, de répondre
à toutes les questions qui m'étaient adressées ou à
peu près. Cependant, en l'occurrence, cela va m'être beaucoup plus
difficile dans certains cas. J'avais pensé, si l'Opposition n'a pas trop
d'objections, à demander que mon sous-ministre, M. Risi, puisse
répondre au maximum de questions techniques, particulièrement
dans la période où, malheureusement, des fois, le sens politique
de certaines décisions peut m'avoir échappé.
Le Président (M. Beaumier): Bien sûr.
Mme Dougherty: Alors, c'est tout à fait raisonnable. Ce
que je demande, ce sont des réponses, pas nécessairement du
ministre.
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Juillet 1984
Mme Dougherty: Merci. Alors, on va commencer avec juillet
1984.
L'engagement 28, le premier. J'aimerais vous demander pourquoi une
subvention comme celle qu'on donne ici à l'Entreprise
électronique, D. 5., n'est pas donnée par un organisme comme la
SDI, par exemple. La même question me vient à l'esprit souvent
quand je vois ces engagements
M. Bérubé: À vous aussi.
Mme Dougherty:... parce qu'il me semble que les entreprises
magasinent partout, auprès de tous les ministres, pour avoir des
subventions. Souvent, elles réussissent à obtenir des subventions
de plusieurs ministres. Alors, la question est: Pourquoi ce ne serait pas la
SDI et pas la Science et la Technologie qui s'occupe plutôt des
subventions aux nouvelles industries, aux industries émergentes, aux
industries où il y a peut-être un peu plus de risques?
M. Bérubé: D'abord, je répondrais sur le
plan politique quant à l'orientation générale qu'il nous
faut tendre à prendre. Le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, au-delà de sa
mission horizontale, a une mission verticale dans le domaine de la science et
ainsi en a voulu le Parlement. Nous aurions pu avoir un simple ministère
de planification horizontale. Les expériences vécues à
l'étranger sont plutôt négatives, car un ministère
qui ne peut pas intervenir découvre très rapidement que, en fait,
il joue un peu à la mouche du coche, c'est-à-dire qu'il peut
s'exciter, s'animer, mais, pratiquement parlant, il n'a à peu
près aucune incidence sur les décisions, puisqu'il n'a pas
accès souvent à l'information; on la lui refuse ou encore il peut
bien y aller de ses opinions. Finalement, au plus peut-il devenir un genre
d'organisme-conseil auprès du premier ministre, ce qui existe,
d'ailleurs, dans un certain nombre de pays où on a surtout des
organismes-conseils au niveau de la science et de la technologie.
Toutefois, nous n'en avons pas décidé ainsi à
l'Assemblée nationale; nous avons décidé d'en faire un
véritable ministère à vocation économique.
Cependant, se pose le problème - vous avez raison de le souligner -de sa
responsabilité verticale. Avec le regroupement avec l'Enseignement
supérieur, je pense qu'on est en train de développer une niche
tout à fait originale, en ce sens que tout le problème du
transfert de technologies de l'université, du collège vers
l'entreprise peut représenter un mandat tout à fait original et
unique au ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et
de la Technologie. De la même façon qu'on peut être
intéressé à stimuler les contacts entre les
universités et les CLSC, par exemple, l'entente que l'Université
Laval vient de négocier avec la fédération des CLSC, on
peut également vouloir encourager les ententes avec l'entreprise, entre
l'université et l'entreprise. Donc, le transfert technologique devient
une mission verticale.
Une autre mission verticale naturelle, si on veut, est
l'émergence des entreprises qui naissent autour d'une idée,
autour d'un produit. Le risque est souvent très élevé. La
SDI est là pour financer des entreprises déjà existantes,
aider des entreprises existantes à s'engager dans un processus
d'innovation, mais ses critères sont très serrés.
L'entreprise doit avoir été rentable pendant un certain nombre
d'années. Il s'agit donc d'aider des entreprises existantes.
L'émergence, l'incubation d'entreprises basées sur la
haute technologie peuvent représenter des secteurs verticaux
d'intervention.
Peut exister un troisième type d'intervention verticale: des
interventions que l'on jugerait valables pour des raisons scientifiques ou
technologiques, qui auraient pu relever d'autres ministères, mais,
pour
toutes sortes de raisons, n'auraient pas relevé de ces
ministères, soit que les programmes du ministère n'étaient
pas adaptés, soit que les crédits étaient
épuisés. On peut imaginer, à ce moment-là, que le
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie serve un peu de fonds de suppléance à des
ministères pour investir dans des projets.
C'est le chapeau vers lequel il va falloir tendre. Je ne
prétendrai pas que cela a toujours été comme cela dans le
passé. Je tenais à souligner le point de vue un peu politique de
l'orientation que l'on voudrait prendre. Sur ce cas-là, je vais
plutôt laisser la parole à M. Risi.
M. Risi (Marcel): II s'agissait, en fait, d'une jeune entreprise
qui n'était pas admissible aux programmes de la SOI. On fait toujours
une analyse pour savoir si l'entreprise est déjà admissible
à un programme existant. Pour aller un peu dans le sens de ce que disait
M. le ministre, on est un peu un fonds de dernier recours. C'était une
entreprise en émergence qui, à cause de son âge, ne
répondait pas aux programmes de la SDI.
Mme Dougherty: Alors, cela répond aux critères
prévus par le ministre. Les critères pour l'avenir seront
peut-être plus serrés, avec plus de focus sur des entreprises
d'émergence. Merci.
Le Président (M. Beaumier): La vérification des
engagements financiers pour juillet 1984 est-elle adoptée?
Mme Dougherty: J'aurais autre chose à dire sur
l'engagement 29.
Le Président (M. Beaumier); Allez-y!
Mme Dougherty: À l'engagement 29, au sujet de l'ACFAS,
j'aimerais savoir si le gouvernement est la seule source de revenus de l'ACFAS.
On parle de la revue Interface de l'ACFAS. Est-ce que le gouvernement
subventionne à 100 % cette revue? Le deuxième volet de ma
question: Est-ce que le gouvernement subventionne le fonctionnement de l'ACFAS?
Par exemple, l'ACFAS a tenu un gros congrès il y a une semaine à
Chicoutimi ou à Jonquière. Est-ce que le gouvernement a
subventionné ce congrès?
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Ma question porte sur le financement de l'ACFAS.
Quelle partie de son budget le gouvernement consacre-t-il à l'ACFAS?
M. Bérubé: Je ne pourrais pas vous dire quel est le
budget global consacré à l'ACFAS, on n'a pas l'information ici.
Nous finançons l'ACFAS comme association sur une base annuelle pour lui
permettre d'organiser des colloques, pour lui permettre de publier des comptes
rendus de ses travaux, pour financer ses dépenses de secrétariat.
Il y a donc une subvention régulière. On me dit que c'est 120 000
$ en 1984-1985, venant, entre autres, du ministère de l'Éducation
du Québec.
Il s'agit ici d'une autre subvention, différente. C'est pour
développer une revue de semi-vulgarisation scientifique.
Mme Dougherty: Cela existe! M. Bérubé:
Interface.
Mme Dougherty: Cela existe! Elle paraît chaque mois ou
à tous les deux mois. (13 h 45)
M. Bérubé: Oui, oui. C'est pour financer une revue.
Nous défrayons à peu près 70 % des coûts de cette
revue. Pourquoi? Quand on parle de publications scientifiques, il y a des
publications de vulgarisation - pensons à Québec Science, par
exemple - qui cherchent à rejoindre le grand public avec, disons, une
science popularisée. On ne va pas très loin dans les concepts, on
ne s'adresse pas à des scientifiques et, par conséquent, on
essaie surtout d'attirer l'attention, d'aguicher l'esprit, de rendre
intéressante, si on veut, la découverte intellectuelle.
Existent, évidemment, les revues très
spécialisées, par exemple, en chimie des colloïdes. Dans le
monde, vous avez peut-être une vingtaine de revues internationales ou
nationales qui s'adressent aux chercheurs très spécifiquement
engagés dans un domaine de recherche.
N'existait pas une revue adressée à des scientifiques,
mais à des scientifiques oeuvrant dans des champs assez larges, donc
devant, quand même, faire appel à des concepts de vulgarisation.
C'est donc à un niveau intermédiaire entre la revue très
scientifique adressée aux spécialistes purs et la revue
très populaire de vulgarisation. C'est une revue qui s'adresse aux
scientifiques qui sont membres de l'ACFAS, par exemple, qui ont donc un bagage
mathématique, chimique ou physique et qui s'intéressent au
progrès de la science en général. La revue est donc
rédigée sous une forme, disons, assez dense mais,
néanmoins, elle cherche à rejoindre une clientèle assez
large de scientifiques, donc une revue intermédiaire.
On en profite en même temps pour diffuser toute information qui
pourrait s'avérer intéressante concernant les programmes de
bourses, de financement, enfin, tout ce qui est de nature à
intéresser
les chercheurs. Nous défrayons 70 % de cette revue. Nous leur
avons demandé d'accroître leur cotisation à la revue. Nous
estimons que si, effectivement, la revue répond à un besoin, les
chercheurs devraient normalement être prêts à
débourser un certain montant. Si les chercheurs ne sont pas prêts
à débourser un certain montant, c'est que la revue n'a pas de
clientèle. Nous le leur avons demandé et la subvention va donc
être décroissante. On parle de 65 000 $, 50 000 $ l'année
suivante en 1985-1986 et 30 000 $ en 1986-1987, de manière à
amener progressivement la revue à s'autofinancer.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Beaumier): Je tiens pour acquis que la
vérification des engagements financiers du mois de juillet 1984 est
terminée?
M. Bérubé: Vendu:
Août 1984
Le Président (M. Beaumier): J'appelle les engagements
financiers du mois d'août 1984. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Au no 1, on a une situation où l'INRS, qui
est financé par le gouvernement, si je ne me trompe pas, a
prêté le Dr Saint-Pierre à l'entreprise Bio-Méga qui
est aussi financée par le gouvernement. Pourquoi l'INRS n'a-t-elle pas
simplement prêté le Dr Saint-Pierre à Bio-Méga, sans
subvention?
M. Bérubé: Très simple! L'objectif est d'amener des
ressources universitaires à pouvoir aller dans l'entreprise. Nous avons
donc un programme de transfert de ressources scientifiques des collèges
et des universités vers l'entreprise. Si nous laissons faire les jeux
naturels du marché, l'entreprise va devoir défrayer le salaire du
scientifique qui vient chez elle. Elle défraie un coût sans
nécessairement avoir un retour immédiat, d'autant plus qu'on est
un peu méfiant envers ces universitaires rêveurs qui sont
tellement éloignés, planent dans les nuages et, de temps en
temps, jettent un regard condescendant, du haut de leur tour d'ivoire, sur
nous, les pauvres humains. Donc, l'industriel est peut-être plus ou moins
intéressé à voir venir cet universitaire. D'autre part,
l'université n'est pas très intéressée à le
voir partir parce que, quand il quitte, l'encadrement des chercheurs, les
cours, tout en souffre.
Donc, vous avez là deux partenaires qui sont plus ou moins
intéressés à y aller. Comment peut-on faire en sorte que
ces partenaires soient intéressés à y aller?
D'abord, en disant à l'entreprise: Cela vous coûtera
très peu pour avoir ce chercheur. Si vous vouliez l'engager, il vous
coûterait peut-être 60 000 $, 70 000 $ où 80 000 $ et vous
allez l'avoir pour un montant relativement modeste. On leur paie tout. On dit
donc: II va vous être fourni à très bon compte.
L'industriel, déjà, commence à trouver que la tour
d'ivoire est moins haute. D'autre part, vous remboursez à
l'université le salaire. Donc, l'université peut engager
quelqu'un pour le remplacer. Il y a donc une incitation économique. Le
but du programme, c'est uniquement d'inciter, justement, une institution...
Le Président (M. Beaumier): Mme la
députée.
Mme Dougherty: M. le Président, je ne mets pas en doute la
valeur du programme. Je connais le programme. Le problème, c'est que
l'INRS n'est pas une université et Bio-Méga fait partie du
secteur public.
M. Bérubé: Non, l'INRS est une université:
l'INRS fait partie de l'Université du Québec et il est
financé à même les budgets réguliers de
l'Université du Québec.
Mme Dougherty: Alors, c'est équivalent, ce n'est pas
différent d'un autre centre de recherche...
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Dougherty:... des autres universités. Je
n'étais pas au courant de cela.
M. Bérubé: Ce serait un professeur de McGill qui
serait prêté à une entreprise et on rembourserait McGill
pour le salaire de ce professeur. Je ne pensais pas qu'on payait 100 %, nous
sommes très généreux.
Mme Dougherty: J'ai soulevé cette question parce qu'il me
semble que - ce n'est peut-être pas applicable dans ce cas-ci - souvent
un organisme du gouvernement subventionne un autre organisme du gouvernement;
c'est un peu incestueux, et il n'y a pas d'augmentation d'activité dans
le secteur privé: la somme est zéro.
M. Bérubé: Non, il y a une augmentation totale
d'activité parce que ce chercheur qui va travailler au sein de
l'entreprise va donc fournir à l'entreprise...
Mme Dougherty: Oui, quand c'est une entreprise dans le secteur
privé. Je parle d'un organisme du secteur public. Il y a toutes sortes
d'échanges, de subventions entre les organismes du secteur public qui ne
produisent pas, qui n'augmentent pas
l'activité dans le secteur privé. Donc, il n'y a pas une
augmentation de la richesse.
M. Bérubé: Je pense que c'est une question de point
de vue. On peut tenter de faire abstraction de celui qui détient des
actions. À titre d'exemple, l'État québécois, par
le biais de sa Caisse de dépôt, est propriétaire d'actions,
en volume important, de Domtar. Le jour où on a acheté des
actions de Domtar, Domtar n'a pas changé existentiellement. Nous aurions
pu acheter des actions de General Motors et laisser Domtar à
l'entreprise privée. Suivant votre raisonnement, si nous avions
acheté des actions de General Motors et que Domtar avait
été une entreprise purement privée, vous auriez
trouvé cela normal. Le jour où nous achetons des actions de
Domtar, au lieu de les placer dans General Motors, vous dites subitement que
c'est différent. Non, ce n'est pas différent parce que pour la
Caisse de dépôt, c'est le même rendement. Qu'elle les place
ici ou qu'elle les place là, c'est exactement le même rendement.
Dans le fond, la situation est absolument identique.
Donc, pour moi, il est immatériel de me poser la question: Qui
est propriétaire de l'entreprise? Je ne me pose pas la question à
savoir qui est propriétaire de l'entreprise. Je me pose simplement la
question suivante: Cette entreprise qui est là, avec les ressources dont
elle dispose, va-t-elle pouvoir accroître son activité? La
réponse est oui, puisqu'elle aura droit à un scientifique
émérite, éminent plutôt, qui va lui permettre
peut-être de progresser plus rapidement. Donc, l'entreprise en
profite.
L'université a-t-elle perdu quelque chose? Oui, si on n'avait pas
remboursé l'université; mais, comme on la rembourse, elle ne perd
rien puisqu'elle engage quelqu'un d'autre. Donc, le volume de travail à
l'université est maintenu et constant. Alors, on peut dire que cette
subvention aura permis d'accroître la force de frappe de
Bio-Méga.
Vous me dites: Oui, on aurait pu lui donner de l'argent
spécifiquement, je ne sais pas, en donnant une subvention directe
à notre société d'État; on aurait pu faire cela. Le
ministre des Finances aurait pu donner plus de moyens à notre
société d'État, c'est vrai. Sauf qu'à ce moment on
se met à traiter nos sociétés d'État, sur le plan
financier, de façon différente par rapport aux
sociétés privées. Là, on soulève un
débat.
En général, on aime mieux, vis-à-vis de nos
sociétés d'État, jouer un rôle d'actionnaire
classique. Nous sommes détenteurs d'actions; nous sommes un actionnaire
comme les autres et nous préférons soumettre nos
sociétés, dans le fond, au même genre de programmes. Dans
la mesure où c'est un programme universel, cela ne me fatigue pas.
Là où je serais entièrement d'accord avec vous, c'est pour
une subvention qui irait en dérogation - une subvention exceptionnelle -
à un programme pour une société d'État. Là,
vous auriez raison, parce que, dans le fond, ce n'est pas un programme auquel
toutes les sociétés ont droit et là, j'injecterais des
sommes directement dans une société d'État, alors que je
ne le ferais pas dans les autres. À ce moment, je serais
entièrement d'accord avec vous. Personnellement, je n'aime pas les
subventions exceptionnelles accordées à des
sociétés d'État. Je pense qu'à ce moment le
ministre des Finances fera son travail: il mettra plus de capital dedans; il la
financera comme il le jugera bon.
Mais il me semble qu'un gouvernement ne doit pas donner de subventions
exceptionnelles à une société d'État, parce qu'on
se doute que les sociétés d'État ont des entrées
plus faciles auprès du gouvernement et, par conséquent, peuvent
jouir d'appuis exceptionnels. Donc, je serais d'accord avec vous si ce
programme était un programme unique. Mais il s'agit là du
programme de soutien au transfert de ressources scientifiques et c'est un
programme ouvert, c'est-à-dire que je ne regarde pas qui est
l'actionnaire. Il peut y avoir une multinationale étrangère qui
en profite; il peut y avoir une PME québécoise; il peut y avoir
une société d'État; il peut y avoir... Pour autant que je
suis concerné, je ne n'aurais même pas d'objection à ce que
ce soit l'Église qui soit la principale détentrice de3 actions de
la compagnie. Cela ne me dérangerait pas, même si c'était
les soeurs Grises ou le Séminaire de Québec.
Mme Dougherty: Si un tel prêt de quelqu'un à
Bio-Méga rend Bio-Méga plus rentable, rend nos dollars publics
plus rentables, je suis d'accord. Mais j'aimerais savoir quel est le montant
consacré jusqu'à maintenant à Bio-Méga. Je sais que
le gouvernement a consacré 15 000 000 $ pour un centre de recherche
pour...
M. Bérubé: L'ensemble des engagements
financiers?
Mme Dougherty:... accommoder les chercheurs d'Ayerst.
M. Bérubé: On parle de 25 000 000 $ au total.
Mme Dougherty: Je n'ai pas vu de rapport annuel de
Bio-Méga, cette année. Je l'ai vu l'année dernière,
je crois. Mais j'aimerais savoir si Bio-Méga, fait des progrès en
termes de rentabilité. Au début, c'était prévu que
Bio-Méga deviendrait graduellement de plus en plus rentable et,
éventuellement, peut-être, deviendrait
indépendante du financement du gouvernement. Est-ce qu'on fait du
progrès à cet égard?
M. Risi: Brièvement, vous vous rappelez que
Bio-Méga a été créée pour
récupérer les chercheurs des Laboratoires Ayerst, une quarantaine
de docteurs et de techniciens. Il y avait une filiale, déjà, dans
la SGF qui s'appelait Bio-Endo et qui vendait des produits, en particulier, des
trousses. Actuellement, l'information que nous avons, c'est que les
laboratoires commencent à fonctionner. On construit à la ville de
Laval, près de l'autoroute, et on ne peut pas dire qu'on va avoir des
produits immédiatement...
Mme Dougherty: Non, l'opération Ayerst...
M. Risi:... mais il semble que tout fonctionne selon les
échéanciers qui avaient été prévus pour
remettre sur pied tout le laboratoire d'Ayerst dans le cadre de
Bio-Méga.
Mme Dougherty: Pour Bio-Endo, qui a été
créée comme filiale de la SGF?
M. Risi: Bio-Endo continue, à ma connaissance, à
fabriquer ce qu'on appelle des "kits"...
Mme Dougherty: Oui, je le sais.
M. Risi:... et à en vendre. Je ne vois...
Mme Dougherty: II n'y a pas de problème? Ils ne demandent
pas des subventions continuelles?
M. Risi: Pas à notre connaissance, parce que Bio-Endo
relève de la SGF. Nous, on a suivi Bio-Méga pour la partie
subventionnée des recherches. (14 heures)
Mme Dougherty: D'accord. Merci. Alors, à l'engagement 2,
voudriez-vous me donner quelques renseignements sur le Centre de logiciel de
l'Outaouais? Qu'est-ce que c'est, ce centre? Qui est responsable? Pourquoi ce
centre mérite-t-il une subvention de démarrage?
M. Bérubé: Ah, c'est l'Outaouais! Mme Dougherty:
Est-ce que c'est... M. Bérubé: C'est spécial,
l'Outaouais.
Mme Dougherty:... un centre privé? Est-ce que c'est
rattaché à un organisme gouvernemental? Qu'est-ce que c'est?
M. Risi: C'est un centre de recherche et de développement;
c'est la mise en commun des ressources de l'Université du Québec
à Hull...
Mme Dougherty: Ah, ah!
M. Risi:... du cégep de l'Outaouais, de la
Société d'aménagement de l'Outaouais et de plusieurs
entreprises de la région qui se sont regroupées....
M. Bérubé: Privées.
M. Risi:... pour faire une corporation; c'est strictement
privé.
M. Bérubé: Ce n'est pas l'université.
M. Risi: Non, non, ce sont des actionnaires. Alors, on a
accordé une contribution qui pourrait aller jusqu'à 80 000 $ et
qui était de 50 % des coûts totaux, qui étaient de 160 999
$; jusqu'à présent, les déboursés n'ont
été que de 40 821 $.
Mme Dougherty: Est-ce que vous vous êtes engagés
pour les années à venir?
M. Risi: L'engagement du gouvernement se limite aux 80 000 $ pour
la période d'émergence.
Mme Dougherty: Merci.
M. Bérubé: C'est de l'incubation. On est encore
dans notre domaine.
Mme Dougherty: Alors, à l'engagement 3, lors des
crédits, je vous ai demandé pourquoi vous n'aviez pas
subventionné la Semaine du génie de l'Ordre des
ingénieurs. Maintenant, vous avez subventionné l'Ordre des
technologues des sciences appliquées du Québec, un montant de 50
000 $, pour une activité similaire, sinon identique. Quel est le
raisonnement de votre ministère?
M. Bérubé: Mon ministère va vous
répondre par la bouche de ses canons.
Le Président (M. Beaumier): M. Risi.
M. Risi: C'est bien simple. C'est que, dans le cas des
technologues, c'était vraiment un programme de vulgarisation, où
les technologues, dans toute la province, faisaient connaître... Il y
avait la Fédération des cégeps, le Centre des dirigeants
d'entreprises, il y avait plusieurs groupes. D'accord? C'était vraiment
de la vulgarisation. C'est un projet qu'ils appelaient "Techno-Contact". Alors
que la Semaine des ingénieurs c'était vraiment pour la promotion
de la carrière d'ingénieur. C'est là-dessus qu'on a eu une
hésitation, dans le deuxième cas.
Mme Dougherty: Je ne suis pas certaine.
M. Risi: Pardon?
Mme Dougherty: Je ne suis pas certaine que c'était
uniquement de la promotion; c'était pour démontrer au public le
rôle de l'ingénieur dans notre société. C'est tout
à fait différent.
M. Bérubé: Je pourrais vous aider sur la Semaine de
l'ingénieur parce que là j'étais plus directement
impliqué puisque j'étais au ministère. Il y a la Semaine
des notaires, la Semaine des avocats, la Semaine des infirmières; toutes
les professions sont amenées à vouloir organiser des
activités qui les regroupent, qui leur permettent de faire la promotion
de leur corporation et qui leur assurent une certaine publicité. Le
gouvernement ne finance pas cela. Peut-être d'une façon
très exceptionnelle, quand vraiment c'est spécial.
Je vais vous donner un exemple, parce qu'il est possible qu'on finance
l'activité: il y aura le centenaire des ingénieurs. Là,
à l'occasion du centenaire des ingénieurs, on veut organiser une
grande fête publique à l'intention de l'ensemble de la population;
on va attirer des gens d'un peu partout dans le monde. Le centenaire de
l'ingénieur, c'est un peu spécial. On ne fête pas un
centenaire à toutes les années. Ouf! On pourrait se laisser
attendrir! Imaginons le centenaire de l'ordre des avocats, par exemple, du
Barreau, surtout s'il y avait de grandes manifestations publiques, si on
invitait de grands conférenciers; enfin, imaginons une série
d'activités. Alors, effectivement, à l'occasion du centenaire des
ingénieurs, on regarde dans quelle mesure la Maison de la science et de
la technologie ne pourrait pas en profiter pour se faire la main et
préparer des exhibits. Cela va.
Mais financer une Semaine du génie, alors qu'après cela on
va avoir une Semaine des infirmières, une Semaine de la santé,
une Semaine de ci, non, parce que là on en aurait trop, puis on n'a pas
de programme pour cela. Alors, c'est non.
Ce que mon sous-ministre, M. Risi, vient de vous dire, c'est que, dans
le cas présent, ce n'est une semaine de l'Ordre des technologues pour
leur permettre de mettre en valeur leur profession; c'est une campagne de
vulgarisation scientifique à l'intention du grand public qui peut
être organisée ici par les technologues. Cela aurait pu être
organisé par les ingénieurs ou par n'importe qui. Imaginons, par
exemple, que les infirmières décident d'organiser une grande
campagne pour sensibiliser les gens à une meilleure nutrition. Il est
possible que le ministère des Affaires sociales estime qu'une telle
campagne peut avoir des répercussions importantes sur le plan de la
santé et, à ce moment-là, décide de la
financer.
Alors, vous voyez qu'on ne finance pas une célébration ou
des retrouvailles de technologues; on finance une campagne de communication et
de vulgarisation scientifique auprès du grand public. C'est ce qui est
financé. Alors que la Semaine des ingénieurs, c'était une
semaine de retrouvailles des ingénieurs; c'est une activité
professionnelle. Évidemment, il s'en organise tout le temps. Des
congrès de la Chambre des notaires, il y en a
régulièrement. Alors, s'il fallait qu'on commence à
subventionner le colloque de ci et le colloque de cela, on n'en finirait
pas.
Mme Dougherty: Alors, les arguments du ministre ne sont pas
convaincants.
M. Bérubé: C'est parce que vous ne voulez pas vous
faire convaincre. Il me semble qu'au contraire, si je regarde mon
collègue de Kamouraska-Témiscouata, il m'a semblé
parfaitement convaincu. Mon adjoint parlementaire me dit: Cela suffit. Cela
fait longtemps qu'il est convaincu.
Le Président (M. Beaumier): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Une voix: Tout de suite après votre premier
prône.
M. Bérubé: Bon, il me semblait aussi.
Mme Dougherty: Alors, on pourrait passer au numéro 4.
M. Bérubé: Je vous ai convaincue.
Mme Dougherty: Quel est le coût total de ce projet et
pourquoi cela vient-il de l'ancien ministre de la Science et de la Technologie
et non pas de l'ancien ministre de l'Éducation?
M. Bérubé: Vous parlez des génomes?
Mme Dougherty: Oui et qu'est-ce que c'est qu'un
génome?
M. Bérubé: M. Risi.
Mme Dougherty: En anglais?
M. Bérubé: Jeune homme!
M. Risi: II faut faire la distinction entre un génome et
un jeune homme. Alors, voici madame, c'est que dans le programme
gouvernemental, à l'heure des...
Mme Dougherty: Je connais peut-être... En anglais, comment
traduit-on le génome?
M. Bérubé: On va avoir de la misère si on ne
sait pas ce que c'est en français.
M. Risi: Ce que je peux vous dire, c'est que c'est un
micro-organisme, madame. Dans le programme, à l'heure des
biotechnologies, il a été recommandé de supporter des
universités qui ont des banques de souches, c'est-à-dire des
micro-organismes dont on connaît la genèse et dont on sait
exactement les ancêtres. C'est le ministère qui accorde les fonds,
mais c'est un jury d'experts externes au ministère qui dit quelles sont
les banques de souches que l'on doit supporter.
C'est dans le domaine de la biotechnologie, des micro-organismes.
Malheureusement, moi non plus, je ne pourrais pas aller beaucoup plus loin
là-dedans. On a des spécialistes.
Mme Dougherty: Est-ce que la somme représente 100 % des
coûts?
M. Risi: Si ma mémoire est bonne, c'est un programme pour
trois ans. On donne de l'argent pour trois ans, et je ne crois pas...
M. Bérubé: C'est sur appel d'offres
évaluées par jury?
M. Risi: Oui, c'est sur un appel d'offres évaluées
par jury. Et c'est le montant total pour la conservation.
M. Bérubé: On me dit que, pour améliorer
notre performance dans les sondages, il y a des génomes péquistes
et, par sondage, on prétend améliorer nos scores aux prochaines
élections partielles.
Mme Dougherty: Alors, le numéro 5: Société
de micro-électronique industrielle de Sherbrooke. Comme nous en avons
discuté tout à l'heure, quelle est la relation entre cette
société et le centre de micro-électronique demandé
par la région de l'Estrie?
M. Bérubé: C'est la même chose. Mme
Dougherty: Cela existe?
M. Bérubé: Oui, oui, sauf qu'ils veulent prendre
une expansion considérable en fabriquant d'abord des "microchips" au
silicium, et, éventuellement, aller même jusqu'au VLSI; donc,
aller très loin dans la fabrication même de microcircuits.
Mme Dougherty: Alors, c'est le même groupe qui veut
élargir ses opérations.
M. Bérubé: Pour l'instant, ils en sont davantage
à la conception. C'est dont plutôt du travail de design,
d'architecture des circuits réalisé grâce, par exemple,
à de la CA0-FAO, entre autres. Donc, pour l'instant, ils en sont
à la conception de circuits sur demande et leur objectif serait,
éventuellement, de se rendre jusqu'à la fabrication non seulement
de la génération actuelle de microcircuits, mais à la
génération future des microcircuits que sont les VLSI.
Mme Dougherty: Apparemment, elles étaient jugées
comme des sociétés valables par le ministère et cela
m'étonne. M. le ministre, quand vous étiez en Estrie, j'ai vu des
coupures de presse sur votre visite et il semble que les gens n'étaient
pas très heureux de votre attitude envers leur demande pour un centre de
microélectronique en Estrie. Vous ne leur avez même pas offert les
frais d'une étude de faisabilité d'un tel centre.
Néanmoins, on trouve ici une subvention indirecte. Dans mon esprit, les
deux choses sont liées. Est-ce que j'ai raison?
M. Bérubé: Premièrement, nous
finançons un centre de micro-électronique appliquée dans
la région de Montréal que nous sommes présentement
à implanter de concert avec les entreprises et les cinq
universités montréalaises que sont Concordia, McGill,
l'Université du Québec, l'Université de Montréal et
l'École polytechnique..
Mme Dougherty: Le CRIM.
M. Bérubé: Le CRIM. La décision
gouvernementale était d'en implanter un; non pas deux, non pas trois,
non pas quatre, mais un.
Deuxièmement, il n'y a pas d'unanimité à l'heure
actuelle - c'est le moins qu'on puisse dire - concernant la capacité
pour le Québec de se lancer dans la fabrication de microcircuits
proprement dits. Par exemple, une entreprise comme IBM qui, à l'heure
actuelle, fait un travail absolument remarquable dans l'Estrie, à
Bromont - elle fabrique ces plaquettes de céramique sur lesquelles on
assemble les microcircuits; elle fabrique non seulement les plaquettes, mais
elle fait l'assemblage du coeur de ses ordinateurs - ne voit pas
véritablement d'avantages à développer ici, surtout pour
de petites séries, une technologie de fabrication de microcircuits.
En effet, invoque-t-on l'argument qu'à l'heure actuelle
même les entreprises de la Silicon Valley ont de la difficulté
à soutenir la concurrence provenant du Japon. On dit maintenant que les
microcircuits de 250 000 "bytes" de mémoire sont en voie d'être
contrôlés par les Japonais et on parle des futurs circuits d'un
million de K qui également risquent de nous venir du Japon,
bien qu'on parie, quand même, d'une découverte
récente de IBM. (14 h 15)
En d'autres termes, là où la Silicon Valley semble avoir
de la difficulté à suivre le rythme tumultueux de la concurrence
japonaise, certains pourraient prétendre que l'avenir, au Québec,
dans ce domaine, risque d'être encore plus difficile. Donc, il n'y a pas
nécessairement d'unanimité. Je pense que ce sont les deux
points.
Cela ne veut pas dire qu'il ne doit pas exister à Sherbrooke une
équipe effectuant un travail un peu particulier. Par exemple, la
conception de tels microcircuits peut se faire ici. J'entends par conception la
préparation des devis. La fabrication physique peut très bien se
faire à l'étranger.
Ce que fait l'Université de Sherbrooke ce qui est un travail
extrêmement intéressant - c'est travailler de très
près avec les entreprises pour développer des microcircuits
d'application permettant de faire, avec ces microprocesseurs, de la commande
numérique en continu, par exemple. À ce moment-là, il faut
faire une bonne analyse du procédé et de ses contraintes
techniques, concevoir le microcircuit avec ses temps de réponse. Souvent
même, il faut brûler les circuits. Parce qu'en
général ces circuits ne sont pas programmables, ils sont
préprogrammés, donc, il faut préprogrammer ces circuits.
Il y a toute une opération de conception et le devis final est, à
ce moment-là, envoyé à une entreprise qui va le
fabriquer.
La question que l'on est en droit, je pense, de se poser, c'est oui, il
y a un marché intéressant pour la conception de ces
microcircuits, est-ce que la fabrication doit nécessairement être
ici? Doit-elle se faire en concurrence avec, par exemple, les Japonais ou les
Américains de la Silicon Valley? C'est une deuxième question qui
est tout à fait différente. Vous comprendrez, à ce
moment-là, que je n'aie même pas voulu m'engager à
Sherbrooke, non pas qu'a priori mon idée soit faite, mais au moment
où on implante un centre, il m'apparaît plus approprié de
bien réussir le premier centre, de bâtir une expertise
cohérente au Québec. Si, effectivement, sur la base de cette
expertise, on s'aperçoit qu'il y a un potentiel de développement
du côté de la fabrication de microcircuits, à ce
moment-là, il est clair que les gens de la SMIS, à Sherbrooke,
ont de l'avance sur les autres. C'est peut-être le laboratoire tout
désigné pour asseoir ce développement. Je pense qu'on
n'est pas mûrs, à l'heure actuelle, pour prendre une telle
décision et les gens de Sherbrooke voulaient qu'on en prenne une tout de
suite.
Mme Dougherty: D'accord, merci. On passe à septembre.
Le Président (M. Beaumier): Donc, je conclus que la
vérification de engagement financiers pour le mois d'août 1984 est
terminée. J'appelle les engagements financiers du mois de septembre
1984. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Septembre 1984
Mme Dougherty: II n'y a qu'une subvention en septembre. J'ai une
seule question. Pourquoi cette demande n'a-t-elle pas été
adressée aux fonds subventionnaies existants, comme le FCAR, par
exemple?
M. Risi: Madame, je vais essayer d'y aller le plus rapidement
possible, mais, si vous me le permettez, il y a quand même un historique.
Le directeur de l'École polytechnique, le Dr Paskievici était
venu me voir en août 1983. Ce qu'il poursuivait comme objectif,
c'était d'essayer de regrouper dans un grand logiciel de CAO-FAO tous
les logiciels qui existaient pour la conception de barrages. On une expertise
énorme ici, au Québec, avec nos grandes firmes, Lavalin et SNC,
qui détiennent des parties de logiciels, par exemple, pour la
géotechnique des sols, pour le calcul de la turbine, le calcul
d'alternateurs, les bétons, etc. On rêvait, à ce
moment-là, de construire un logiciel complet pour faire des grands
barrages. Cela a nécessité le regroupement de neuf
départements à l'intérieur de l'École
polytechnique. Une fois qu'on a eu fait cette démarche, on a entrepris
des démarches en supportant Poly. On a - excusez l'expression -
embarqué Lavalin, SNC et neuf autres firmes dans le dossier. Le projet
est de l'ordre de 3 500 000 $. Les 30 000 $ ont servi simplement, une fois
qu'on avait fait toute cette mécanique, à préparer une
demande qui a été acheminée au CRSNG du gouvernement
fédéral qui vient d'accorder 2 000 000 $ pour le projet. Les neuf
entreprises qui font partie du consortium avec Poly vont verser 1 500 000 $.
C'est un projet de 3 500 000 $ qu'on a eu pour 30 000 $.
M. Bérubé: Alors que toute la demande nous
était adressée au départ dans sa totalité.
M. Risi: Alors, 3 500 000 $ au total.
M. Bérubé: C'est un "bargain".
Mme Dougherty: Vous êtes chanceux.
Une voix: C'est un bon "deal".
Mme Dougherty: Merci.
M. Bérubé: On s'excuse d'avoir répondu de
façon plus large que peut-être ne l'aurait
voulu votre question, mais vous ouvriez la porte à vanter
l'action du ministère et on ne pouvait pas laisser passer
l'occasion.
Le Président (M. Beaumier): Je déclare
vérifié l'engagement financier de septembre 1984. Toujours pour
le même ministère, j'appelle les engagements financiers du mois
d'octobre 1984.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Octobre 1984
Mme Dougherty: La première subvention ici à
l'engagement no 48, c'est un peu comme la dernière question: Pourquoi
pas le FRSQ au lieu du ministère de la Science et de la Technologie?
C'est clairement dans le champ de la santé. Je parle du Fonds de la
recherche en santé du Québec.
M. Risi: Vous êtes au dossier de l'Institut de recherches
cliniques.
Mme Dougherty: Oui.
M. Risi: II s'agit d'un projet où on fait des recherches
sur des hormones qui sont sécrétées et qui diminuent la
quantité d'eau et de sel dans les tissus.
Mme Dougherty: Oui.
M. Risi: II y a des maladies comme l'hypertension qui sont...
Mme Dougherty: Je ne doute pas de la valeur du projet. Je ne
doute pas de la qualité du travail fait par l'IRCM. C'est simplement:
Pourquoi le ministère de la Science et de la Technologie et pas un autre
source comme, par exemple, le FRSQ?
M. Risi: Parce que la programmation du FRSQ, à notre
connaissance, encore une fois... Quand on fait l'analyse, on regarde les autres
fonds subventionnaires. Le dossier avait été
présenté au FRSQ, d'accord? Le FRSQ, à cause de ses
critères, ne pouvait pas le reprendre. Si ma mémoire est bonne,
le FRSQ a comme orientation actuellement l'épidémiologie et un
certain nombre d'autres domaines et ce dossier ne cadrait pas dans les volets
qu'il retient actuellement.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Risi: Incidemment, c'est un projet qui travaille avec
Bio-Méga et l'AQVIR pour les retombées industrielles.
Mme Dougherty: Excusez-moi.
M. Risi: C'est un projet qui est lié aussi à
Bio-Méga et à l'AQVIR pour la fabrication du produit parce l'IRCM
ne le fabriquera pas. L'AQVIR aussi peut être impliquée dans le
dossier. Il y a un aspect de produit qui pourrait être
commercialisé.
M. Bérubé: II faut dire que ce n'est pas parce que
le Fonds de la recherche, par exemple, en santé existe que tout doit
passer par le Fonds de la recherche en santé. Ces fonds doivent
normalement viser la création de centres ou encore l'émergence
d'équipes d'excellence. Le sujet des recherches... Excusez-moi si je
vous dérange.
Mme Dougherty: Allez-y, pardon!
M. Bérubé: Je reprends mon argument. Le FCAR va
financer des équipes des centres de recherche sur la base de
l'excellence et non pas sur la base du projet de recherche. En ce sens, ce qui
est important pour le FCAR, c'est un niveau d'excellence dans les recherches,
c'est la formation de chercheurs, c'est un ensemble de critères. Le
sujet proprement dit, comme on estime que le gouvernement n'a pas à
chercher à orienter les universités dans un sens ou dans l'autre,
on laisse les chercheurs le choisir. Si le sujet est moins pertinent, moins
valable, cela ne dérange pas le FCAR. Par exemple, si je fais de la
recherche en chimie des colloïdes, d'absolument d'aucune utilité
pour la collectivité québécoise, mais néanmoins
remarquable à l'échelle mondiale, il n'y a pas de raison pour
laquelle le FCAR ne me financerait pas. Il fait du financement de recherche
fondamentale et libre par équipe ou par centre.
Il se peut très bien qu'à un moment donné le
ministère de l'Energie et des Ressources trouve qu'il a besoin de
réponses à certaines questions précises.
Évidemment, il est bien en peine parce que le FCAR peut très bien
ne pas financer de telles recherches. Que fait-il? Il lui donne un contrat. Je
suis très favorable à ce que les ministères assument
véritablement leurs responsabilités sectorielles et à ce
moment fournissent des contrats de recherche - c'est de la recherche
carrément orientée - à des équipes universitaires
intéressées. C'est une façon d'aller chercher des
résultats beaucoup plus rapides.
Il est possible que, par exemple, à l'intérieur des
programmes de subvention, le Fonds de la recherche en santé finance
probablement ses équipes, leur donne déjà des budgets de
recherche et estime que, par rapport aux autres, elles ont des bons budgets de
recherche, mais voilà que, peut-être, cette équipe veut
travailler sur un sujet d'intérêt économique beaucoup plus
immédiat. À ce moment, le Fonds de la recherche en santé,
même si l'intérêt économique est très grand,
va dire: Oui, mais par rapport aux autres équipes, compte tenu de ce que
je leur donne déjà, c'est
suffisant. Nous, on peut être justifié, comme
société, de vouloir injecter davantage.
Est-ce que ce doit être le ministère, par exemple, de
l'Industrie et du Commerce, est-ce que ce doit être le ministère
des Affaires sociales qui finance une telle recherche? Cela dépend.
J'imagine que, si ceci avait donné naissance à un appareil
commercialisable fabriqué par une entreprise au Québec, cela
aurait pu être le ministère de l'Industrie et du Commerce qui
l'aurait financé. Présentement, comme on est à cheval,
c'est à la fois de la santé, c'est de l'application en
biotechnologies, on est vraiment entre de nombreux domaines différents.
Le ministère des Affaires sociales va dire: Oui, on est
intéressé sur le plan de la santé, un autre va dire: Oui,
nous sommes intéressés sur le plan de l'application industrielle;
d'autres vont dire: Nous sommes intéressés sur le plan du
développement de la biotechnologie. On a vraiment un cas
d'intersectoriel. À ce moment, ce peut être le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie qui le
finance.
En toute probabilité, je vous dirais que je devine qu'un projet
aussi appliqué que cela en soi ne peut pas être retenu comme
prioritaire pour nos fonds de financement de la recherche. Nos fonds financent
des équipes de recherche, ils ne financent pas des sujets. À
moins qu'on ne change de philosophie et qu'on ne commence à dire: Nous
voulons faire des percées dans un domaine donné et qu'on ne dise
à nos fonds: On dégage, je ne sais pas, 500 000 $ de plus dans un
domaine donné et vous allez identifier les équipes les plus
susceptibles de pousser dans le domaine. C'est une approche que l'on pourrait
demander à nos fonds, mais que nous n'avons pas suivie par le
passé.
Par le passé, on a plutôt financé de la recherche
dite académique. Ce n'est peut-être pas mauvais de garder les
choses séparées un peu, d'avoir un bon financement de base et
d'avoir sur une base de financement contractuel des apports additionnels pour
des développements. À ce moment, on est exigeant sur la
productivité économique. Il n'y aura peut-être pas de
publication avec cette recherche.
Mme Dougherty: 49.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de Jacques-Cartier. (14 h 30)
Mme Dougherty: II s'agit de recherche en biotechnologies. C'est
un groupe de personnes de plusieurs universités qui travaillent en
équipe, j'imagine. On dit ici: Dans le cadre du Programme d'intervention
pour le développement de la recherche en biotechnologies au
Québec. Dans les crédits du ministère de la Science et de
la Technologie, je ne me souviens pas d'un tel programme. Est-ce que cela fait
partie d'un programme plus large, multisectoriel ou quoi?
M. Risi: Si vous vous rappelez, madame, M. Pierre Coulombe avait
répondu exactement à cette question. Il s'agit d'un programme qui
est à l'heure des biotechnologies. Il y a eu un certain nombre de
laboratoires, six, de recherche dans les universités, qui ont
été accrédités pour entraîner du personnel
qui travaille, dans l'industrie, à des manipulations dans le domaine des
biotechnologies. Alors, c'est à l'heure des biotechnologies.
Mme Dougherty: Alors, quand vous parlez...
M. Risi: Un peu comme la banque de souches, qu'on a vue tout
à l'heure; c'est à l'intérieur de ce programme.
Mme Dougherty:... du programme d'intervention, c'est un programme
du gouvernement; cela n'appartient pas à un seul ministère?
M. Bérubé: Nous le gérons. Nous avons
publié une politique des biotechnologies.
Mme Dougherty: Oui, je la connais. M. Bérubé:
D'accord.
Mme Dougherty: On a proposé toutes sortes de choses.
M. Bérubé: C'est cela. Et une des choses
proposées, c'étaient des programmes de formation technique...
Mme Dougherty: Oui.
M. Bérubé:... à l'intention de gens en
entreprise devant maîtriser certaines techniques.
Mme Dougherty: Alors, est-ce que c'est un programme de formation
ou un programme de recherche?
M. Risi: C'est un programme de formation.
Mme Dougherty: De formation.
M. Risi: Dans ces laboratoires, on accueille des stagiaires pour
des périodes allant d'une semaine à quelques mois pour les
former...
Mme Dougherty: D'accord.
M. Risi:... à la manipulation de produits
génétiques, biotechnologiques qui pourraient être
dangereux, avec des micro-organismes. C'est du perfectionnement.
Mme Dougherty: Je le comprends, maintenant. Très bien. Une
dernière subvention, à l'engagement 50, c'est la moitié de
la subvention normale...
M. Bérubé: La moitié de 100.
Mme Dougherty:... au conseil, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Alors, cela
terminerait la vérification des engagements financiers du
ministère de la Science et de la Technologie pour le mois d'octobre.
D'accord? La vérification des engagements financiers du mois d'octobre
est donc faite. On procéderait aux engagements financiers du mois de
novembre.
Mme Dougherty: Novembre.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Novembre 1984
Mme Dougherty: Oui, l'engagement 69. Pourquoi le gouvernement
paie-t-il pour des services que cette société gouvernementale
pourrait simplement être mandatée à effectuer?
M. Risi: C'est un contrat qui a été donné
à l'INP parce qu'il avait un spécialiste et il a engagé du
personnel à l'extérieur de l'INP. L'INP n'a pas des ressources
énormes, il a un budget inférieur à 1 000 000 $. C'est un
contrat qui lui a été donné pour gérer une
étude. Cela visait, en fait, si vous voulez, à faire l'inventaire
et l'analyse des recherches québécoises dans le domaine des
incidences de l'informatisation sur l'emploi et le travail. C'était pour
préparer un rapport, si ma mémoire est bonne, pour la commission
II de la Conférence sur l'électronique et l'informatique. Alors,
c'est un contrat qui a été donné pour faire cela.
M. Bérubé: Doit-on juger par votre question....
Mme Dougherty: Non, non.
M. Bérubé:... que vous estimez que l'Institut
national de productivité ne semble pas très productif...
Mme Dougherty: Exactement.
M. Bérubé:... avec les fonds dont il dispose? Il
aurait pu, avec les fonds dont il disposait, faire cette étude sans rien
demander.
Mme Dougherty: Oui. M. Bérubé: C'est
cela.
Mme Dougherty: Ma question est: Pourquoi...
M. Bérubé: On va la transmettre au président
de l'institut.
Mme Dougherty:... le contrat n' a-t-il pas été
donné au secteur privé qui est peut-être plus productif? Je
ne suis pas une experte au sujet de l'Institut national de productivité,
mais j'ai lu des choses dans les journaux, il y a un an ou deux ans
peut-être. Il s'agissait de remarques de l'ancien ministre des Finances,
M. Parizeau, qui n'était pas impressionné devant la
productivité de l'Institut national de productivité.
M. Bérubé: Mais vous, vous n'étiez pas
impressionnée par le ministre des Finances; par conséquent, cela
s'annule.
Mme Dougherty: Cela n'a rien à voir avec cela, au
contraire, c'est un homme...
M. Bérubé: Une journée, il est bon, une
journée, il n'est pas bon. Ah bon!
Mme Dougherty:... qu'on doit respecter. Je respecte son jugement
à cet égard. C'est la même question. Je crois que le
principe est important. Les organismes comme l'Institut national de
productivité ne doivent pas survivre par des contrats du gouvernement.
Il vaut mieux donner ces contrats au secteur privé.
M. Risi: Madame, le problème se posait peut-être un
peu différemment strictement du point de vue administratif. Cette
étude devait amener à proposer des priorités à une
conférence qui est tripartite en fait: le gouvernement, les employeurs
et les syndicats. L'Institut national de productivité est habitué
à travailler avec ces intervenants. C'est à la commission
même -si ma mémoire est bonne - qu'on a demandé que ce soit
donné à un organisme qui était habitué à
travailler avec les différents intervenants. On aurait pu très
bien donner l'étude à un syndicat - à la CSN - comme on
aurait pu la donner à une firme privée ou comme on aurait pu la
donner à une université. On l'a donnée à l'Institut
national de productivité parce que, à son conseil et dans ses
mécanismes, il y a toujours les trois parties. C'est cela qui nous avait
justifiés de la donner là.
Mme Dougherty: Maintenant, on arrive
à la Maison des sciences, à l'engagement 70. Si ma
mémoire est bonne, l'année dernière, on a alloué
à cette société 1 000 000 $ pour son fonctionnement.
J'aimerais savoir si la société a déposé un rapport
annuel. Est-ce qu'elle a utilisé les fonds à 100 %,
c'est-à-dire le 1 000 000 $ qui était dans le budget de
l'année dernière? Je ne me rappelle pas combien d'argent il y a
dans le budget courant qui a été adopté récemment.
C'est quoi, cette subvention?
M. Risi: Voici, si on se souvient, les membres du conseil
d'administration et le président de la maison ont été
nommés à l'automne, quelque part en octobre ou
novembre.
Mme Dougherty: M. Doré.
M. Risi: C'est cela. Justement ce matin on avait une
réunion avec M. Doré et quelques-uns de ses collaborateurs pour
se mettre à jour. Sur les 650 000 $, à quelques dollars
près, j'arrondis, ils ont dépensé environ 300 000 $ avant
le 1er avril et, depuis le 1er avril, il leur restait 350 000 $ au début
de l'année. Pour cette année, c'est-à-dire ce qui
apparaît au livre des crédits, c'est 2 000 000 $.
Mme Dougherty: 2 000 000 $.
M. Risi: C'est cela. Ils vont nous faire une demande officielle
vers le mois d'août ou de septembre en déposant la programmation
qu'ils veulent avoir pour l'implantation de la Maison des sciences.
Pour ce qui est de votre deuxième question, le
vérificateur du gouvernement vient de quitter, ils vont déposer
leur rapport annuel vers la fin de juin ou le début de juillet. En fait,
les montants impliqués pour le moment sont minimes. Ils sont en train de
présenter les éléments de structure et d'organisation qui
devront être étudiés au début de septembre ou
d'octobre.
Mme Dougherty: Mais ils font des études, n'est-ce-pas? Des
études de concept, des études de faisabilité?
M. Bérubé: II faut se dire une chose: D'une part,
nous ne voulions pas verser des sommes importantes tant que nous n'aurions pas
de programmation. En effet, je pense qu'il est important de savoir ce qu'il va
y avoir dans le musée. Il fallait donc réfléchir à
cette vocation, à cette orientation, ce qui a entraîné des
voyages, entre autres, pour aller voir les autres musées, engager des
consultants de manière à préparer cette programmation que
nous exigions avant de commencer à débourser réellement.
Premièrement.
Deuxièmement, je pense que ce qui n'a pas aidé à un
démarrage plus rapide de la maison, c'est le recrutement du directeur
général. Je pense qu'on devrait, d'ici quelques jours ou quelques
semaines au plus tard, pouvoir soumettre au Conseil des ministres une
proposition de nomination au poste de directeur général. Les
caractéristiques d'un directeur général sont difficiles
à retrouver au sein d'une même personne. En effet, il faut un
animateur, un scientifique; dans le cas présent, il faut un
bâtisseur. Il faut donc quelqu'un qui a beaucoup de talents et qui est
disponible. Évidemment, trouver la personne rare n'est pas simple. Les
recherches ont été ardues. Le conseil d'administration m'a
finalement fait des recommendations et je vais de l'avant, pour l'instant, avec
la première recommandation qu'il m'a faite. Si nous pouvions
régler le problème de la nomination du directeur
général, je ne vous cache pas que cela irait beaucoup plus vite,
parce qu'à partir du moment où le personnel se met en place la
réalisation va être plus rapide.
Donc, nous en sommes à l'étape de la programmation et
cette programmation devrait être faite avant la fin de
l'été. Nous aurons une programmation, nous aurons un directeur
général et, à ce moment, sur cette base, nous pourrons
établir un budget final de construction et d'implantation de la maison
et vraiment entreprendre les travaux. On ne peut pas faire faire de plans et
devis par un architecte tant et aussi longtemps qu'on n'a pas vraiment une
idée précise de la vocation de la maison. S'agit-il d'une seule
grande maison ou d'un édifice pavillonnaire? Quelle place occupent le
ciel, l'éclairage, la lumière dans de telles expositions? Il y a
toutes sortes de contraintes qu'il faut connaître avant de pouvoir
prendre des décisions d'aller en appel d'offres, de faire faire les
plans et devis et d'ouvrir un concours.
Toutes ces décisions sont suspendues, premièrement,
à la présentation d'une programmation et à la nomination
d'un directeur général. Je pense que nous sommes en phase
terminale à l'heure actuelle et le patient se porte bien.
Mme Dougherty: Merci. Je n'ai pas d'autres questions pour le mois
de novembre.
M. Bérubé: C'est rare qu'un patient en phase
terminale se porte bien.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Si on
ne vous a pas posé de question, on ne vous demande pas de
réponse.
M. Bérubé: J'espère que vous avez tous
remarqué l'ellipse.
Mme Dougherty: C'est parce qu'à
l'engagement 76, M. le Président, j'aurais la même question
et la même réponse, j'en suis certaine.
M. Bérubé: Certainement! Cela me fait plaisir.
Le Président (M. Bordeleau): Sûrement. On peut donc
dire que la vérification des engagements financiers du ministère
de la Science et de la Technologie est complétée pour le mois de
novembre 1984. Est-ce que cela va? On passe donc au mois de décembre
1984 avec l'engagement 16.
Décembre 1984
Mme Dougherty: La première question est à
l'engagement 16. Pourquoi le ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Science et de la Technologie est-il impliqué dans ce projet? Ce matin,
nous avons entendu le CRIQ et il a expliqué que c'est une de leurs
fonctions, d'une façon continuelle, de mettre à jour l'inventaire
des activités de recherche et de développement dans les
entreprises du Québec. Pourquoi un contrat spécial du
ministère de la Science et de la Technologie?
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'il y a une
réponse? (14 h 45)
M. Risi: C'est un contrat qu'on donne à chaque
année au CR1Q pour savoir ce qui se passe exactement dans l'industrie.
Il fait un inventaire, qui est informatisé aujourd'hui, pour savoir le
nombre de docteurs qu'ils ont, de PhD le nombre de maîtrises, etc., et
dans quel domaine ils font de la recherche de façon à avoir une
bonne image de tout ce qui se passe dans le domaine. C'est un contrat que l'on
donne...
Mme Dougherty: Alors, c'est un contrat annuel du ministère
de la Science et de la Technologie depuis deux ou trois ans.
M. Risi: Pardon?
Mme Dougherty: Vous avez dit: Chaque année.
M. Risi: J'ai dit annuel, je m'excuse. Je pense que l'état
de la situation est remis à jour tous les deux ans.
Mme Dougherty: Alors, je crois que l'information est valable. Il
faut avoir cet inventaire. Mais, encore, je demande pourquoi le
ministère de la Science et de la Technologie? Pourquoi pas le
ministère de l'Industrie et du Commerce, ou le ministère de
l'Emploi ou de l'Immigration, ou le ministère du Travail?
M. Risi: En fait, le CRIQ a un fichier d'entreprises que vous
connaissez probablement: le Répertoire des produits fabriqués au
Québec, qui regroupe les dossiers de 6000 entreprises. Le CRIQ,
lorsqu'il fait son inventaire pour les produits manufacturés au
Québec, fait en même temps les relevés pour avoir des
connaissances sur ce qui se fait en recherche dans l'industrie.
De plus, pourquoi est-ce le ministère ou le secteur science et
technologie qui le fait plutôt qu'un autre? C'est qu'au fond nous avons
la responsabilité de publier des statistiques sur les activités
scientifiques et technologiques. Il y a plusieurs études de
publiées chaque année par notre ministère. Il y en a une,
par exemple, sur les activités scientifiques et technologiques dans les
ministères. Il y en a une autre qui est en préparation cette
année sur le personnel scientifique et technologique au gouvernement.
C'est dans cette foulée que cette étude est
présentée. Cette étude a commencé il y a une
dizaine d'années avec le Bureau de la science et de la technologie, qui
était rattaché à l'époque au ministère de
l'Éducation, et elle est publiée tous les deux ans.
Mme Dougherty: Alors, l'engagement 17: Les secteurs d'emploi de
l'avenir. C'est pour préparer un programme à la
télévision pour éduquer et informer nos jeunes. Encore
pourquoi est-ce le ministère de la Science et de la Technologie?
Pourquoi pas le ministère de l'Éducation ou le ministère
de la Main-d'Oeuvre?
M. Bérubé: C'est le ministère de
l'Éducation.
M. Risi: C'est une demande de l'Éducation qui a
été égarée ici et à laquelle le secteur de
la science et de la technologie a participé ou a contribué.
Mme Dougherty: Alors, c'était partagé entre les
trois ministères?
M. Risi: C'est exact. On en a payé un petit bout.
C'était conjoint entre les deux ministères. De toute
façon, c'est un bon dossier.
Mme Dougherty: D'accord. Alors, c'est tout ce que j'ai sur le
mois de décembre.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, cela va. Les
engagements financiers pour le mois de décembre sont donc
vérifiés.
On entreprendra donc le mois de janvier, mais on me dit qu'il n'y en
aurait pas en janvier qui relèveraient de ce ministère.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce que notre
commission ne devrait pas faire un jour une... ? C'est la commission de la
main-d'oeuvre.
Mme Dougherty: La commission de l'économie et du
travail.
Le Président (M. Bordeleau): C'est l'économie et le
travail. Sauf qu'il devrait y avoir...
M. Bérubé: II me semble qu'il y aurait moyen de
ramener cela à la même commission, éventuellement de
regrouper l'Enseignement supérieur, la Science et la Technologie
ensemble avec l'Éducation.
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Sur le fond, vous avez
sûrement raison, M. le ministre,, sauf qu'il semble qu'actuellement c'est
cela. Alors, c'est difficile d'enlever des pouvoirs qui sont dévolus
à d'autres commissions parlementaires.
Alors, on me dit que, dans le cas de l'engagement 13, cela relève
effectivement de la commission de l'éducation. Alors, il n'y en aurait
donc pas à étudier pour le mois de janvier.
Mme Dougherty: J'ai mentionné la question...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty:... de ce changement à M. Ryan hier soir et
aussi au président de la commission de l'éducation. Nous
étions d'accord qu'il faudrait peut-être regrouper cette
étude dans l'autre commission. Je ne le sais pas.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Il s'agirait
qu'il y ait des discussions entre les présidents de commission ou les
permanents des commissions pour voir ce qui pourrait être le plus
avantageux pour tout le monde. Mais je pense qu'au cours de l'été
il y aura de telles discussions.
Le secrétaire de la commission m'informe qu'il y a des choses qui
commencent à se parler entre les différentes commissions et on
devra en arriver...
Mme Dougherty: C'est exactement pourquoi je suis membre de cette
commission-ci, ainsi que l'autre commission parce que la Science et la
Technologie chevauchent les deux. On ne peut éviter cela. Est-ce qu'on
va laisser cela à l'autre commission?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, apparemment à
cause du règlement, on doit laisser cela à la commission de
l'éducation et de la main-d'oeuvre.
Mme Dougherty: II y a une question, dans le mois de mars, qui
touche directement la Science et la Technologie et non pas l'Enseignement
supérieur.
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'est pas sur les
engagements précis. Oui, je voudrais qu'on procède avec ceux du
mois de février. Est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas de
questions sur février, auparavant?
Mme Dougherty: Non, je vais laisser cela à l'autre
commission.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
Mme Dougherty: Non, non, janvier, février...
M. Risi: Mme Dougherty, il y a quand même en février
trois dossiers qui relèvent de la Science et de la Technologie, 25, 26,
27.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça. Je voulais
annoncer qu'on vérifierait les engagements de février,
justement.
M. Bérubé: C'est très difficile,
effectivement. Quand on regarde les activités du ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, je vous
dis que ce n'est pas facile de distinguer ce qui est science et technologie et
ce qui est enseignement supérieur. Il y a parfois des choses absolument
évidentes quand c'est de l'émergence d'entreprises, mais le
volume n'est peut-être pas là.
Mme Dougherty: D'accord, vous avez raison.
Février 1985
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, M. le
ministre. On procéderait donc aux engagements de février 1985.
Disons que 24 relève de l'autre commission et cela commence avec 25 qui
relève de notre commission. Ça va?
Mme Dougherty: Oui. M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: L'engagement 25. Un instant! J'avais une question,
mais je crois que la réponse était claire lors de l'étude
des crédits. L'année dernière, les études faites
par le conseil étaient subventionnées une à la fois,
n'est-ce pas? Maintenant, le
Conseil de la science et de la technologie, j'imagine que c'est de son
étude qu'on parle ici?
M. Bérubé: Oui, pour lui.
M. Risi: C'est un élément, c'est un programme du
ministère et, comme ils font partie de la fonction publique, lorsqu'ils
donnent des contrats, le ministre et le sous-ministre doivent signer les
contrats. C'est pour cela qu'un CT est passé.
Mme Dougherty: C'est une étude faite pour le Conseil de la
science et de la technologie, n'est-ce-pas?
M. Bérubé: Oui, oui.
Mme Dougherty: Lors de l'étude des crédits, j'ai
félicité le ministre d'avoir élargi son budget pour
l'année qui vient.
M. Bérubé: Merci.
Mme Dougherty: On m'a expliqué effectivement qu'il
n'était pas élargi.
M. Bérubé: Que ce n'était pas vrai. On a
commencé par prendre vos félicitations. On a dit: C'est rare, on
les prend. Après cela, on vous dit: Ce n'est pas vrai.
Mme Dougherty: Parce qu'on a incorporé les frais des
études et d'autres activités dans leur budget, donc
l'augmentation était illusoire, n'est-ce-pas?
M. Bérubé: C'est bien ça.
Mme Dougherty: En février, nous étions encore dans
l'année précédente. Cela représente un montant qui
dans l'avenir sera dans son budget de fonctionnement, n'est-ce-pas?
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Je comprends bien la situation?
M. Risi: Oui, exact. Mais il était déjà dans
son budget de fonctionnement. C'est un CT à lui.
M. Bérubé: On me dit que cela a été
pris dans son budget.
M. Risi: Tout à l'heure, quand on a vu une subvention au
Conseil de la science et de la technologie de 450 000 $, c'était pour
ajouter à ce qu'il recevait normalement et, avec cela, il a pu payer des
études et du personnel. C'est pour cela que cette année le budget
qu'il a le même que l'année dernière. L'année
dernière, il était en deux parties et là il est d'une
seule partie, si vous voulez.
Mme Dougherty: Merci. À l'engagement 26, est-ce que cette
étude est terminée? Si. oui, est-ce que le ministre pourrait
déposer cette étude?
M. Bérubé: Non. Le rapport préliminaire pour
le printemps 1985, mais je ne sais pas s'il est disponible en ce moment.
M. Risi: Non.
M. Bérubé: Le rapport final, à la fin de
cette année.
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais avoir le mandat de cette
étude?
M. Bérubé: Oui, c'est le résultat du sommet
du Saguenay. Alors, je vous le donne: identifier les voies les plus
prometteuses pour le développement de nouvelles technologies de
fabrication de demi-produits d'alliage et de nouveaux produits de l'aluminium;
répertorier la recherche dans le monde dans ce domaine; préciser
les besoins de l'industrie du transport et des PME vis-à-vis du domaine
visé; définir le volume et la nature de la recherche requise pour
créer des conditions dynamisantes pour le secteur visé;
préciser la mission du centre projeté, sa structure, ses
modalités de fonctionnement; définir une articulation du centre
vis-à-vis des industries, des centres de recherche, des
universités et des ministères concernés.
Mme Dougherty: Est-ce que cette étude a été
entreprise par le ministère?
M. Bérubé: Non, à ma connaissance, c'est
à la suite d'une demande des intervenants du milieu à laquelle le
ministère a consenti avec un enthousiasme, j'en suis convaincu,
profond.
Mme Dougherty: D'accord, merci. Je cherche les autres qui...
Le Président (M. Bordeleau): Je peux vous les donner, Mme
la députée. Vous avez les engagements 27, 28, 29, 30, 31 -
malgré qu'on me dit qu'il y en a certains qui sont ambigus - 32, 33.
Cela se terminerait à 33. C'est bien cela?
Une voix: Oui, 34 et 35, c'est tout autre...
Mme Dougherty: Cette subvention à l'Institut national de
la recherche scientifique, à l'engagement 30, par exemple, vous avez dit
tout à l'heure, que cela fait partie de l'Université du
Québec, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Oui. C'est le programme des liaisons
universités-industries. C'est un programme spécial.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé: C'est un programme où nous en
reconnaissons cinq par années. Donc, il y en aura cinq autres.
Mme Dougherty: Des subventions de 150 000 $ à cinq,
oui.
M. Risi: Voilà. Cinq l'année dernière, cinq
nouvelles cette année. C'est un jury qui vient d'être
constitué. Les demandes sont faites et on devrait se prononcer au mois
de septembre.
M. Bérubé: Ce sont ceux qui réussissent de
façon exceptionnelle à établir de tels liens avec les
entreprises.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez l'intention d'évaluer
ce programme?
M. Bérubé: C'est la première année;
disons qu'il va en avoir cinq autres.
Mme Dougherty: C'est pour trois années? C'est un programme
de trois années.
M. Bérubé: De trois ans. Alors, cinq la
première année et cinq de plus, plus cinq, ce qui totalise quinze
à la fin. Donc, on n'en est pas à l'évaluation encore. Il
faudrait attendre quand même une couple d'années avant de pouvoir
évaluer le programme.
M. Risi: Cependant, si vous me le permettez, M. le ministre, le
jury qui va se réunir au mois d'août pour accepter les cinq
nouvelles équipes pour leurs liaisons va évaluer le travail fait
par les cinq qui ont été retenues l'année dernière,
parce que le jury doit se prononcer à savoir si on accorde encore la
deuxième tranche la deuxième année. Donc, il y aura une
forme d'évaluation qui sera faite.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Bérubé: Oui, M. le Président, cela va
bien. Vous aussi?
Mme Dougherty: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Cela terminerait
donc la vérification des engagements de février 1985. Il reste
maintenant mars 1985. Il y a seulement un engagement, je pense, qui est le
17.
Mars 1985
Mme Dougherty: Encore ici, le même genre de question.
Pourquoi pas le ministre qui s'occupe de la construction? Le ministre qui
s'occupe de la construction, c'est le ministre de l'Industrie.
M. Bérubé: D'abord, c'est à Concordia, cette
Société d'informatique appliquée à l'industrie de
la construction à Montréal. L'université, c'est Concordia.
Je pense que cela mérite d'être rappelé, même si on
n'est pas à la commission de l'éducation. Vous avez probablement
vu le dernier rapport du Conseil des universités qui évalue la
performance des différents départements de génie au
Québec et vous aurez probablement été frappé de la
performance moyenne assez étonnante de l'Université Concordia.
Elle est cotée 1 ou 2 pour tous ses départements alors que c'est
un peu moins beau ailleurs, c'est le moins qu'on puisse dire. Cela vient de ce
que Concordia qui, disons, s'engageait dans la voie de la recherche et de
l'excellence, a compris dès le départ qu'il ne lui servirait
à rien de vouloir couvrir tous les domaines et qu'en conséquence
il lui faudrait ramener ses départements dans des secteurs suffisamment
étroits pour pouvoir véritablement percer à
l'échelle internationale. Un de ces secteurs qu'elle a
identifiés, c'est l'informatique appliquée à l'industrie
de la construction: les méthodes de construction, les calculs
d'enveloppes, enfin, le logiciel associé à la construction. Elle
le fait de concert avec l'entreprise.
On connaît l'importance, pour le Québec, du génie de
la construction à l'échelle internationale quand on sait tout le
travail qui se fait, à l'heure actuelle, dans les pays africains, en
Amérique latine, dans le domaine de la construction, travail régi
par nos sociétés de génie-conseil. Il est clair que nous
avons là un domaine en plein développement au Québec et
c'est une expertise un peu unique dont nous disposons. J'ai l'impression que
c'est peut-être semblable à ce que l'École polytechnique
fait dans le domaine de la construction de grands barrages. Alors, autour du
bâtiment, l'Université Concordia ramasse tout ce qu'il y a comme
logiciels. Elle intègre cela dans des banques de données, ce qui
va procurer, évidemment, à nos firmes
d'ingénieurs-conseils un atout extraordinaire par rapport à tous
leurs concurrents.
Alors, devant cette façon de procéder intelligente, nous
avons décidé d'appuyer Concordia. Dans le cas de l'École
polytechnique, que vous avez vu tantôt, c'est le Conseil national de
recherche. Nous avons servi de bougie d'allumage et nous avons
suggéré aux autorités de l'École polytechnique
d'aller faire un tour à Ottawa parce que nos universités
francophones n'obtiennent pas leur part du financement fédéral.
On a dit: Écoutez, allez le chercher.
Vous avez un bon dossier et cela vaut la peine. Elles sont allées
chercher l'argent. Dans le cas présent, c'est Concordia et on a
estimé qu'on avait également notre part à faire. Alors, on
la finance.
En d'autres termes, on développe dans nos universités, le
plus possible, des secteurs où nous sommes véritablement
excellents non seulement à l'échelle québécoise,
mais on vous parle d'excellence à l'échelle mondiale. Nous sommes
bons et il faut être fiers.
C'est donc 2 500 000 $; c'est un montant important. Il y a même de
l'argent fédéral. Le reste, ce sont des contributions. Sur le
plan gouvernemental, nous sommes le financier par excellence, mais on me
souligne - et cela en vaut la peine, effectivement -que nous ne fournirons que
le tiers du budget de l'organisme. L'organisme va chercher le reste
auprès des entreprises. Alors, c'est assez remarquable.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Bérubé: Donc, tout n'est pas gris dans le
paysage de l'enseignement universitaire au Québec. Il faut, de temps en
temps, leur rappeler que tout n'est pas rose non plus, que tout n'est pas une
question d'argent, qu'il y a encore place pour une rationalisation des
ressources parce qu'il y a beaucoup de ressources disponibles dans nos
universités.
Mme Dougherty: Bien sûr.
M. Bérubé: La preuve est que, lorsque nos
universités consolident leurs ressources, elles réalisent des
choses assez merveilleuses et à ce moment-là c'est encourageant
pour un gouvernement d'investir là-dedans.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre, mais
je vous rappelle que les engagements du mois de mars étaient de couleur
bleue.
M. Bérubé: Oui, oui, c'est l'avenir.
Le Président (M. Bordeleau): On peut dire que les
engagements du mois de mars, en ce qui concerne votre ministère de la
Science et de la Technologie, sont donc vérifiés, ce qui
terminerait notre travail de vérification des engagements financiers des
mois de juillet 1984 à mars 1985 du ministère de la Science et de
la Technologie.
M. Bérubé: Certainement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): On vous remercie, M. le
ministre. La commission va donc suspendre pour quelques minutes ses travaux
avant d'entreprendre l'étude du décret sur la constitution du
Centre québécois pour l'informatisation de la production, avec M.
Dugré qui, je pense, est déjà là.
M. Bérubé: Certainement.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 15 h 5)
(Reprise à 15 h 12)
Étude du décret concernant le
CQIP
Le Président (M. Beaumier): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux pour une séance d'étude du décret concernant le
Centre québécois pour l'informatisation de la production. Nous
vous rappelons que, selon la décision prise lors de notre séance
de travail du 15 mai dernier...
M. Bérubé: Je soulève une question de
règlement M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: J'estime que notre commission
siège de façon illégale. En effet, si vous examiniez la
loi, vous verriez que nous devions, dans les 60 jours suivant le
dépôt du décret - lequel décret a été
déposé en décembre - être convoqués pour
analyser le décret. Nous avons dépassé les délais
légaux. Par conséquent, nous sommes dans
l'illégalité, M. le Président.
J'aimerais savoir comment la présidence envisage de
résoudre cette illégalité.
Mme Dougherty: M. le Président, en cherchant cela,
j'aimerais avoir un commentaire.
Le Président (M. Beaumier): Je vais essayer de trouver une
réponse assommante pour le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, nous avons
convenu hier soir, tard dans la nuit, qu'au lieu d'avoir seulement 60 jours
pour convoquer la commission, désormais, nous aurions 90 jours, ce qui
fait que même avec la nouvelle loi, nous serions encore dans
l'illégalité.
M. Bordeleau: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Beaumier): J'aimerais, M. le ministre,
comme réponse, vous
demander de soulever ce point auprès de la présidence de
l'Assemblée nationale...
M. Bérubé: Mais, M. le Président,
vous...
Le Président (M. Beaumier):... parce que le premier
retard...
M. Bérubé:... personnifiez la présidence de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Beaumier):... a eu lieu, si ma
mémoire est bonne, à ce niveau. Sérieusement, la
commission de l'Assemblée nationale, qui devait étudier le
décret, nous a refilé - comme c'est son droit et comme cela peut
être notre mandat - l'étude de cet excellent Centre
québécois pour l'informatisation de la production.
M. Bordeleau: M. le Président...
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau:... simplement un mot sur la question de
règlement du ministre. D'abord, je ne pense pas que ce soit vraiment
illégal. De toute façon, si les membres de la commission
s'entendent pour étudier le décret, commission dont, si je ne
fais erreur, le ministre ne fait pas partie, je pense que...
Le Président (M. Beaumier): Nous sommes peut-être
dans l'illégalité, mais, effectivement, le ministre enfreint le
règlement.
M. Bordeleau: Alors, si le ministre ne fait pas partie de notre
commission, je pense que les membres de la commission, ensemble...
Le Président (M. Beaumier): Nous avons invité le
ministre.
M. Bordeleau:... peuvent s'entendre et faire comme si le
délai de 60 jours n'était pas écoulé et nous
demeurons dans la légalité.
Le Président (M. Beaumier): Oui. Mais pour éviter
plus de problèmes que nous n'en avons, nous avons invité le
ministre qui a eu l'amabilité de venir. Alors...
M. Bordeleau: II est notre invité. Le Président
(M. Beaumier): Oui.
M. Bérubé: Si je comprends bien, vous arrêtez
le calendrier, ce n'est même plus l'horloge.
M. Bordeleau: Pourquoi pas?
M. Bérubé: Cela va. Cela me satisfait, M. le
Président.
Le Président (M. Beaumier): Oui. Ce n'est pas mince!
Alors, j'aimerais, plus sérieusement, présenter et remercier M.
Roland Dugré, qui est le président-directeur
général du Centre québécois pour l'informatisation
de la production. Nous pourrions peut-être proposer à M.
Dugré de bien vouloir nous présenter, brièvement, son
organisme. Par la suite, nous pourrions procéder à des
échanges entre les membres de la commission, le ministre et
vous-même. M. Dugré.
M. Dugré (Roland): Merci bien, M. le Président.
D'abord, je pense que tous les membres de la commission ont déjà
reçu les documents. Si vous me permettez, je ferai plutôt une
synthèse de ces documents en disant, dans un premier temps, que de
nombreuses études venant du ministère, autrefois le
Secrétariat de la science et de la technologie, ont
démontré l'opportunité de créer un organisme du
genre du nôtre. Et, après de longues discussions, l'organisme a
été créé.
L'organisme a été créé...
Le Président (M. Beaumier): M. le président...
M. Dugré: Oui.
Le Président (M. Beaumier):... c'est que selon notre
mandat - ce qui nous a été demandé par l'Assemblée
nationale - il s'agissait d'étudier essentiellement le décret qui
concerne la constitution même du Centre québécois pour
l'informatisation de la production. C'est uniquement en ce qui concerne la
constitution comme telle de votre organisme que nous avons mandat. Alors, M.
Dugré. Mme la députée, oui.
Mme Dougherty: M. le Président, la raison pour laquelle
nous avons demandé d'autres renseignements, c'est justement pour juger
le décret, la constitution de l'organisme. Donc, j'espère que
vous n'allez pas insister pour qu'on parle uniquement de la constitution, parce
que tout ce que le centre envisage... Le centre a été
constitué il y a un an. Donc, il fonctionne déjà. Tout son
fonctionnement, tous les plans pour l'avenir nous intéressent
aujourd'hui.
Le Président (M. Beaumier): Oui, nous pouvons certainement
être plus larges de compréhension. Je voulais rappeler quand
même le sens même de notre mandat, qui est d'étudier le
décret qui s'en tenait à la constitution, mais nous serons
larges. M. le
président.
M. Dugré: M. le Président, vous avez copie du
décret. Ce décret a reflété dans les faits toutes
les études préalables qui ont conduit à la création
du Centre québécois pour l'informatisation de la production. Le
décret a été réalisé, les membres du conseil
d'administration ont été nommés. J'ai été
nommé président-directeur général. Je suis dans une
phase de recrutement du personnel. Nous avons préparé, tel que
demandé par le décret, la programmation des activités.
Lors de la prochaine séance du conseil d'administration, qui aura lieu
la semaine prochaine, vendredi prochain, nous allons adopter toute cette
programmation; par la suite, nous l'enverrons à M. le ministre pour la
faire approuver, de même que les budgets attenants et les politiques. Les
règlements, d'après ce décret, nous obligent à
référer au ministre les différentes choses.
On prévoit, par exemple, des protocoles d'entente avec les
secteurs d'activité qui auront été choisis. On les a
choisis. On doit demander à M. le ministre de les approuver. Dans ces
secteurs, nous allons faire des appels de propositions; nous allons signer,
à la suite de ces appels de propositions, après étude par
jury, des protocoles d'entente. Nous allons soumettre au ministre un protocole
d'entente-cadre afin de ne pas être obligé de revenir chaque fois
qu'on signe quelque part. Alors, il y aura seulement la partie technique qui
pourra varier légèrement dans les différents protocoles.
Ces protocoles sont presque terminés, à l'heure actuelle. Ils
seront terminés en temps et lieu, avant même qu'on finance les
premières activités des laboratoires.
Quant au reste des activités, les règlements et tout, cela
a déjà été fait, aussi bien les règlements
internes que les autres règlements. Certains relèvent du ministre
et lui seront soumis à partir de la semaine prochaine. En somme, nous
serons bientôt prêts à fonctionner en bonne et due forme,
selon la conception qui avait été prévue pour ce centre
bien spécifique du CQIP.
Le Président (M. Beaumier): Merci.
M. Dugré: On a fait parvenir aux membres de la commission
différents documents qui sont assez explicatifs, sur la façon
dont nous entendons réaliser notre mission.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. Dugré. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je vous remercie, M. Dugré, d'avoir
accepté notre invitation, d'expliquer ce qui en est du Centre
québécois pour l'informatisation de la production. Combien de
personnes avez-vous l'intention d'embaucher pour compléter votre...
M. Dugré: Dans un premier temps, on croit qu'avec douze ou
treize personnes, c'est suffisant pour mettre en place tout ce qu'il nous faut
réaliser à l'intérieur du budget qui nous est
alloué.
Mme Dougherty: Treize personnes. Parce que votre programme est
très large, vous allez diffuser les technologies, démontrer les
technologies CAO, vous occuper du développement technique et de
l'expérimentation, l'aide-conseil aux entreprises ainsi que la formation
continue du personnel technique.
Maintenant, est-ce que vous allez collaborer avec le secteur
privé pour ces activités? Par exemple, pour la fonction
d'aide-conseil aux entreprises, est-ce que ce sera votre personnel qui va
s'occuper de cela ou est-ce qu'on va confier certaines activités par
contrat aux compagnies d'ingénieurs-conseils?
M. Dugré: Madame, pour répondre à votre
question...
Mme Dougherty: Alors, c'est toute la relation de vos
activités avec les universités et avec le secteur privé
que j'aimerais vous voir clarifier, s'il vous plaît!
M. Dugré: Madame, je pense que vous avez très bien
saisi la question, les documents qu'on vous a remis. De la façon dont
chez nous, disons, on a appelé le centre opérationnel - c'est de
même qu'on s'appelle au centre; il ne faut pas dire le siège
social, parce que, parfois, cela fait peur à des gens, on dit le centre
opérationnel, treize personnes. Ces treize personnes vont, comme dans
d'autres cas dont on a entendu parler cet après-midi, augmenter le
programme d'activité en travaillant en étroite collaboration avec
les universités, les cégeps, les centres de recherche
industrielle existants et d'autres laboratoires intéressés
à travailler avec nous. Déjà, nous avons fait appel, si
vous voulez, au Centre des dirigeants d'entreprises, à l'Association des
manufacturiers canadiens, au Regroupement québécois des
entreprises, aux chambres de commerce régionale et provinciale; tous ces
organismes sont prêts à coopérer, à travailler en
étroite collaboration avec nous et à investir même pour
nous aider à créer des laboratoires.
Alors, dans chacun des laboratoires "style éclaté" que
nous allons créer un peu partout dans la province dans des secteurs
industriels privilégiés, à la suite d'études qui
ont été faites - elles ont été faites pour le
sommet économique, comme vous le savez,
sur l'informatique et sur l'électronique; alors, les secteurs se
recoupent - des laboratoires et des unités spécialisées en
étroite collaboration avec tous ces gens.
Pour répondre plus précisément à votre
question, en ce qui concerne l'aide-conseil aux entreprises, justement, c'est
prévu, dans une programmation qu'on a chez nous, de le faire en
étroite collaboration avec les bureaux de consultants existants. Les
laboratoires que nous allons créer un peu partout dans la province
seront dirigés par un conseil d'administration. Au sein de ces conseils
d'administration vont siéger des représentants de
bureaux-conseils dans une région donnée, pour aider, donner une
expertise pour résoudre des problèmes de rentabilité ou
"d'effectibilité" pour certaines industries régionales. Dans une
vue d'ensemble plus large, nous allons, à partir du centre
opérationnel, interconnecter dans le temps, pour ne pas dire d'ici l'an
prochain, tous ces laboratoires pour faire un réseau. Alors, comme cela,
nous allons nous faire aider par des entreprises, celles qui sont
réellement capables de rendre ce service, pour faire ces études
de rentabilité et "d'effectibilité" que nous, directement, ne
nous proposons pas de faire. Mais, on va les faire en étroite
collaboration avec elles et on retiendra les services de conseils pour aller
dans ces domaines. Mon conseil d'administration déjà l'a
prévu; notre programmation prévoit que c'est ainsi que cela va se
faire.
Mme Dougherty: Vous prévoyez des laboratoires partout
où il y a un besoin, chacun avec son propre conseil de direction. Cela
m'étonne parce qu'il me semble que vous allez augmenter les
dépenses au lieu de vous servir des ressources déjà en
place qui pourraient être regroupées. Est-ce que j'ai tort?
Sur le plan financier, si je comprends bien, vous avez, selon le
document, 6 000 000 $ pour le démarrage et l'achat d'équipement,
ainsi que des crédits de fonctionnement de 1 000 000 $ pour chacune des
trois années subséquentes, et un montant de 300 000 $ pour
l'organisation de séminaires. Qu'est-ce que vous prévoyez comme
budget pour les années qui viennent? Dans le décret, apparemment,
votre mandat se terminera dans cinq ans à partir du début. Est-ce
que j'ai raison? Voudriez-vous tracer ce que vous prévoyez sur le plan
du financement et, quand le mandat se terminera, qu'est-ce qui va arriver de
toutes ces ressources?
M. Dugré: Dans un premier temps, pour répondre
à la première partie de votre question, le montant de 6 000 000
$, il y a une programmation de budget qui a été prévue
à cet effet et, quant au 1 000 000 $ et aux 300 000 $, nous avons fait
des projections sur trois ans comme budget de fonctionnement. On est capable de
vivre avec ces montants, le montant de l'investissement pour une
première année. Quant au montant pour l'opération, 1 000
000 $ plus les 300 000 $, nous sommes capables de vivre avec pour les trois
prochaines années.
Dans notre programmation, cette année, on prévoit
travailler sur un budget en étroite collaboration avec des entreprises
et aller demander à nos amis du fédéral des sommes pour
nous aider à instaurer le réseau dont je vous parlais
tantôt, à réunir tous ces gens. Déjà,
plusieurs cégeps, plusieurs universités, parce qu'on les a tous
vus - peut-être pas tous les cégeps, mais sûrement toutes
les universités - ont des contacts étroits avec l'entreprise et
avec des fournisseurs d'équipement. Nous allons préparer pour
l'an prochain, on prépare cela cette année, des budgets
d'investissement important que nous allons aller chercher à
différentes sources en dehors du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, afin d'organiser notre
réseau.
Pour les années à venir, comme dans le passé, avec
l'appui de tous ces organismes que je vous ai mentionnés tantôt,
les associations professionnelles, aussi bien syndicales qu'industrielles et
d'affaires, et avec le milieu de l'éducation, nous voulons travailler
pour aller faire des représentations à qui de droit et aller
chercher des sommes additionnelles afin de renforcer notre réseau
provincial d'opération. Je pense que c'est faisable - on l'a fait dans
le passé avec d'autres organismes - dans ce cas bien précis. Nous
avons déjà rencontré des compagnies, nous avons
déjà rencontré des gens à un autre niveau de
gouvernement et ils sont assez ouverts à cette façon de
procéder, pour autant qu'on mette toutes ces ressources ensemble et que
nous fassions front commun. Comme tous ces gens le veulent déjà,
je ne vois pas pourquoi on manquerait notre coup. (15 h 30)
Plan annuel
Mme Dougherty: À l'article 16 du décret, on parle
d'un plan annuel soumis au ministre. Est-ce qu'un tel plan est
déjà préparé? Est-ce que vous avez l'intention de
préparer un plan formel pour les cinq années de votre mandat?
M. Dugré: Le plan pour l'année 1985-1986 est
prêt. Il sera approuvé par le conseil d'admninistration, vendredi
prochain. Comme le décret dit de quelle façon je dois
procéder, je le ferai parvenir au ministre pour approbation. Mais disons
que cela a été discuté longuement déjà avec
les conseillers
du ministre. Celui-ci est fait. Nous sommes à travailler
déjà sur celui de 1986-1987 et nous prévoyons terminer
avant longtemps toute notre programmation sur cinq ans. Comme j'étais
seul jusqu'à il y a quelques mois et que maintenant l'équipe
commence à se constituer, c'est pour cela que nous procédons
plutôt lentement pour les prévisions de cinq ans. On aime mieux
commencer à marcher tranquillement, la méthode des petits pas, et
faire les choses telles qu'on pense qu'il serait mieux de les faire. Pour cette
année la programmation est arrêtée - pour l'année
1985-1986 - c'est ce que nous allons soumettre à M. le ministre,
dès la semaine prochaine, ou plutôt la semaine suivante.
Mme Dougherty: Est-ce que vous travaillez en collaboration avec
le CRIQ et le CRIM? Vous savez qu'il y a un organisme de créé par
les cinq universités qui serait le Centre de recherche d'informatique de
Montréal, je crois? Est-ce que j'ai raison? Ce centre est financé
en majeure partie par le ministère de l'Éducation et le
fédéral. Un deuxième volet: Est-ce qu'il y a un
chevauchement de vos activités ou est-ce qu'il y a une
complémentarité de vos activités avec ces deux
organismes?
M. Dugré: J'ai bien lu ce qui concerne le CRIQ et disons
que ce n'est pas une activité concurrente au CRIQ que nous faisons. Nous
sommes dans le domaine de la CAO-FAO robotique ou de la production
automatisée alors que le CRIQ a une mission bien particulière de
développement et d'équipement pour augmenter la
productivité de certaines entreprises quand le besoin de l'entreprise se
fait sentir. Par exemple, développer des nouveaux matériaux, nous
ne faisons pas cela. Ce que nous faisons, c'est simplement l'application des
technologies à partir de l'ordinateur pour augmenter la
productivité, en tenant compte des technologies dans lesquelles nous
sommes concernés.
Quant aux autres activités des autres universités, comme
je vous l'ai dit tantôt, nous allons faire des appels de proposition,
nous allons rencontrer les universités, nous allons rencontrer les
cégeps, où il y a déjà des équipes valables.
Je ne vois pas en quoi cela pourrait venir en concurrence ou autrement, sinon
pour aider leurs activités futures. Mais nous sommes fortement
orientés - comme vous le voyez et le décret le dit - vers la
production indusrielle. Nous sommes à faire les documents qui seront
finis et approuvés la semaine prochaine, et que nous allons envoyer
à M. le ministre, pour indiquer, dans les appels d'offres de quelle
façon nous allons procéder. Nous avons un premier document qui
décrit très bien la philosophie, que nous voulons poursuivre. Le
deuxième, les modalités d'application de cette philosophie et le
troisième document qui sera terminé en temps et lieu avec tous
les formulaires que les gens seront appelés à remplir comme ils
le font actuellement à la FCAC, ou à Ottawa au Conseil national
de recherche ou ailleurs. Je ne vois pas en quoi cela pourrait venir en
concurrence, au contraire cela ne va qu'aider à renforcer leur propre
équipe.
M. Bérubé: Ce n'est pas un centre de recherche?
M. Dugré: Non.
M. Bérubé: Par opposition, les deux centres
auxquels vous venez de faire référence sont des centres de
recherche. CRIM, par exemple, c'est un centre de recherche universitaire
où on va faire à la fois du travail fondamental et du travail de
développement. Le CRIM pourrait être davantage en concurrence avec
le CRIQ. Cependant, en sachant qu'il est davantage dominé par les
universitaires, la recherche qui va s'y faire va être une recherche plus
englobante qui va avoir tendance à être utile à un grand
nombre d'entreprises en même temps, puisque le CRIM,
éventuellement, va fonctionner avec la participation des entreprises.
Donc, d'un côté, vous avez un centre de recherche universitaire
qui s'intéresse au fondamental, au développement de nouvelles
technologies. Quant au CRIQ...
Mme Dougherty: Les cas du transfert d'application de ces
techniques à l'informatisation de l'industrie?
M. Bérubé: Oui, il pourrait se produire. C'est pour
cela que je vous dis qu'avec le CRIQ, il pourrait y avoir un certain
dédoublement en ce cens que le CRIQ, lui, a comme mandat précis
de faire du développement. Donc, un industriel qui voudrait
développer une application de robotisation, par exemple à sa
production, pourrait demander aux chercheurs du CRIQ de lui monter des
micro-processeurs sur un robot pour réaliser une tâche
donnée. Là, le CRIQ pourrait se retrouver exactement dans le
domaine de recherche du CRIM, c'est indéniable sauf qu'il ne faut pas
oublier que le CRIM est un centre de recherche universitaire, donc le type de
recherche c'est une recherche plus théorique alors que le CRIQ va
plutôt chercher à l'application comme telle alors que le CQ1P ce
n'est pas du tout la même chose, c'est un centre de diffusion.
Donc, on utilise des instruments existants et on essaie de vendre la
technologie aux entreprises, on essaie de réveiller le monde industriel,
quoi. C'est une opération d'éveil c'est pour cela que c'est
limité dans le temps, c'est cinq ans. Une fois que les gens
seront sensibilisés à l'existence des techniques et qu'elles
seront de plus en plus à la mode, que nos universités, nos
collèges les auront incorporées, auront formé des
techniciens, des ingénieurs familiers avec cela, auront établi
des contacts avec des entreprises, cela va fonctionner tout seul, cela va faire
partie des curriculums, des matières à enseigner dans nos
institutions. Nos entreprises vont s'adresser à des vendeurs
d'équipements et elles vont s'équiper, l'expertise va être
là. C'est que nous partons de loin, l'expertise n'est pas là.
Le rôle du centre c'est plus, je dirais, de former les gens, de
sensibiliser les gens à l'existence de ces technologies. Le CRIM, son
rôle c'est de développer des connaissances un peu
théoriques et englobantes dans le domaine de la microélectronique
appliquée et le CRIQ, de prendre ces connaissances existantes et de
résoudre un problème bien concret dans une entreprise, ce que
normalement le CRIM n'aurait pas tendance à faire parce que c'est trop
appliqué, ça n'a pas de résonnance sur le plan du
développement de la connaissance, c'est utile pour l'entreprise mais il
n'y a pas de connaissance nouvelle.
Mme Dougherty: Alors si je comprends bien, le centre
québécois, le CQIP va fonctionner essentiellement comme un
animateur.
M. Dugré: C'est ça. Un animateur quand même
qui va indiquer aux jeunes dans quelle direction aller s'ils veulent aller dans
cette technologie-là. En plus, déjà, on est en
communication avec toutes les compagnies qui fournissent du matériel
dans ce domaine et nous allons avoir chez nous dans notre système
d'ordinateur toute l'information concernant toutes les activités et tous
les équipements de chacune des compagnies. Nous allons être
capables de dire à chacun d'entre eux s'il a un besoin particulier, quel
est le meilleur équipement sur le marché actuel pour lui. Toutes
ces compagnies sont prêtes, non seulement à nous donner cette
information-là, mais à nous donner tous les logiciels qui vont
avec. On dit tantôt que cela va faire des petits, déjà
gratuitement on nous promet toutes ces choses-là.
Mme Dougherty: C'était parce que vous parliez des
laboratoires et quand on parle de laboratoire, je pense à recherche. Ce
ne sont pas des laboratoires de recherche, ce sont des centres qui fournissent
des ressources d'information, des renseignements, d'animation, de
formation.
M. Dugré: Habituellement quand on dit - le ministre a dit
"centre" tantôt - centre cela fait appel plus à la question de
recherche mais quand on dit: Laboratoire, dans certains cas cela peut vouloir
dire, justement, recherche-Une voix: II y a plusieurs pratiques dans les
laboratoires.
M. Dugré:... dans les laboratoires. Quand on va dans un
laboratoire c'est pour exécuter une expérience donnée.
Alors c'est exactement pourquoi on a choisi le mot "laboratoire" ou
unité spécialisée parce qu'en somme un laboratoire est
peut-être un peu moins important dans certains cas, mais tout de
même c'est l'idée. Ce n'est pas tellement la recherche. Vous voyez
dans la programmation que nous avons, la façon de la faire, les cinq
grandes missions que nous nous sommes donné. Le développement
technique et l'expérimentation, c'est de prendre un logiciel existant,
d'étudier le problème de l'individu ou de l'industrie en
question, d'essayer de l'adapter. La partie recherche n'est pas tellement
poussée, c'est une adaptation de logiciels existants avec les
connaissances que les gens ont de cette chose-là. S'ils ont besoin
d'aller beaucoup plus loin, de développer de nouveaux logiciels, c'est
là que les bureaux de consultants qui sont formés, s'il y en a
qui sont formés dans le domaine, s'il n'y en a pas, pourquoi pas, si le
laboratoire a déjà le monde voulu, les gens avec les
capacités voulues pour le faire, pourquoi ne pas le faire? Mais en
premier, ils s'adresseront au bureau-conseil.
Mme Dougherty: Est-ce que vos activités vont viser surtout
les PME?
M. Dugré: Exactement, c'est orienté presque
exclusivement en fonction des PME, parce que la grande entreprise, à
l'heure actuelle, avec laquelle nous sommes en contact nous démontre
qu'elle est capable de se tirer d'affaires seule. Elle l'a
démontré à la commission, la commission au sommet
économique sur l'électronique a démontré que la
grande entreprise, déjà... Mais il y a des retombées de la
grande entreprise dont il faut tenir compte. Nous sommes en contact avec la
grande entreprise.
Par exemple Pratt & Whitney. Quand Pratt & Whitney va être
équipée. Elle s'en vient bien avec sa nouvelle usine très
moderne utilisant la haute technologie. Si la petite et la moyenne entreprise
n'est pas équipée avec le système, avec l'ordinateur
à la base, avec les technologies voulues, elle ne pourra pas faire de
cotations sur les équipements qui vont entrer dans la fabrication chez
Pratt & Whitney, parce qu'on n'enverra plus de plans. On va envoyer soit
des disquettes, soit toutes sortes de programmes autres qu'un plan, comme
tel.
Alors, si la petite et la moyenne entreprise n'est pas
déjà équipée, elle ne pourra pas soumettre des prix
à ces grandes entreprises. D'ailleurs, c'est l'avenir dans tout ce
domaine, même pour la petite entreprise.
Recrutement et salaires
Mme Dougherty: Merci. Est-ce que vous avez eu de la
difficulté à recruter votre personnel? Ce matin, au CRIQ, on se
plaignait des contraintes dans leur charte qui les oblige à maintenir un
certain niveau de salaire et tout cela. Est-ce que vous avez le même
problème ou est-ce que vous êtes libre de payer ce qu'il faut
payer pour la qualité de personnel que vous cherchez?
M. Dugré: Nous, dans les lettres patentes, on dit qu'on
doit soumettre à M. le ministre, disons, tout ce qui est
règlement concernant les effectifs, normes et barèmes. Nous avons
définitivement un problème de ce côté que nous
essayons actuellement de solutionner et nous avons fait faire des études
très pertinentes par des bureaux de consultants et nous allons soumettre
à M. le ministre, à la suite de la réunion du conseil de
la semaine prochaine, un règlement concernant ces effectifs, normes et
barèmes dans lequel nous allons demander un système adapté
à un genre d'activité qu'on veut poursuivre. Entre-temps, nous
empruntons les services de personnes que, normalement, on ne pourrait pas
engager et elles nous sont prêtées par d'autres services.
M. Bérubé: À cet égard, je pense
qu'il convient de faire état de la dernière ronde de
négociations. Nous avions, au gouvernement, au niveau du personnel
professionnel, un problème relié à ce que le passage de la
classe II de professionnel à la classe I était, pour ainsi dire,
automatique avec des taux de passage de 90 %. La conséquence, c'est que
l'on retrouvait tout notre personnel professionnel au sommet de la classe I
à des niveaux extrêmement élevés de
rémunération, alors que, très fréquemment, le
niveau de rémunération que l'on versait n'était nullement
relié à la complexité des tâches que l'on exigeait
de notre personnel professionnel.
Nous avions, depuis des années - je dois dire que même sous
l'administration de M. Bourassa, on s'y était essayé -
essayé de corriger une erreur qui a été commise en 1973.
En 1975, il y a eu un effort pour tenter de la corriger et, finalement, on a
cédé. Nous avons essayé de la corriger en 1979 à
nouveau, et, finalement, on avait cédé, encore une fois. En 1982,
quant à faire le ménage, on va faire le ménage. Alors,
nous avons essayé de nous entendre et c'était un de3 objets du
débat profond avec le syndicat de professionnels et qui explique
pourquoi nous n'avons pas signé et cela vaut la peine de l'expliquer,
ici, à la commission.
Nous avons cherché à nous entendre avec les syndicats des
employés professionnels du gouvernement sur soit une
rémunération nettement plus élevée pour nos
professionnels, mais au mérite, c'est-à-dire, que quelqu'un qui
effectivement accomplit une tâche beaucoup plus sophistiquée que
les autres serait rémunéré au mérite et à
des barèmes élevés, ce qui nous aurait permis d'être
concurrentiel.
Évidemment, il y a eu une opposition féroce de la part du
syndicat des professionnels qui a toujours refusé la
rémunération au mérite. Nous avons, à ce
moment-là, proposé autre chose. Nous avons proposé ce qui
était discuté depuis des années, soit de limiter
l'accès à la classe I au nombre de postes de classe I dont on a
véritablement besoin. À nouveau, refus total. Il n'était
même pas question de geler les inscriptions. Refus total de revenir sur
les acquis. (15 h 45)
Alors, quand nous avons vu cela, nous avons avons aboli la classe I.
Tout simplement, on a gelé le sommet de la classe I et on laisse le
maximum de la classe II rejoindre progressivement le maximum de la classe I, ce
qui fait que, dans un an, il n'y aura plus de classe I.
La conséquence, cependant, de cela, c'est que, maintenant, nous
n'avons plus de professionnels hautement rémunérés
où nous aurions à être concurrentiels. Par exemple, c'est
clair qu'en robotique, en informatique, le marché est tellement
concurrentiel que nous avons besoin de mieux payer, mais nous n'avons plus de
classe de professionnels pour payer ce genre de salaire. Ce que le syndicat
nous dit, c'est que si jamais vous ouvrez une classe comme celle-là,
vous devriez payer tout le monde à ce prix, besoin ou pas besoin. C'est
le débat de fond qui fait qu'encore aujourd'hui on n'a rien signé
avec les professionnels, parce qu'ils ont toujours refusé d'accepter le
point de vue gouvernemental. Et, en 1982, j'aime autant vous dire que quant
à faire le ménage, on a fait le ménage. Là, on a
réglé le problème.
Cependant, ce qui était dans l'intention du Conseil du
trésor, je ne sais pas où on en est à l'heure actuelle,
mais il va falloir regarder cela d'un peu plus près, l'idée
était de créer des postes de spécialistes au sein du
gouvernement, de telle sorte que, finalement, quand on a besoin des gens avec
une spécialisation de pointe et qu'il faut payer plus cher, à ce
moment-là, on paiera le prix du marché. Je pense que cela va
probablement être l'objet de la discussion qu'on va avoir le Conseil du
trésor, parce qu'il est clair que notre politique, les premières
années, ne posait pas de problème, parce qu'on payait plus cher
que le marché.
Cependant, avec ce que nous avons fait en réalignement de nos
salaires, si vous ajoutez par-dessus cela le gel du maximum de la classe I,
l'effet combiné des deux a fait en sorte que nos professionnels ont vu
leur salaire, par rapport au marché privé, baisser très
rapidement.
Il est clair, cependant, que nous allons devoir compenser en ouvrant des
types de poste plus spécialisés pour répondre à des
besoins. Nous avons des problèmes au gouvernement dans tous les domaines
de l'informatique. Il est clair, également, si nous voulons engager des
chercheurs dans nos laboratoires gouvernementaux, qu'il faut permettre à
ces gens d'avoir des carrières. À l'heure actuelle, la seule
façon d'avoir un niveau de rémunération un peu
concurrentiel, c'est d'abandonner très rapidement la tâche
professionnelle et de devenir cadre. Or, il est clair que, très
fréquemment, c'est rendre un mauvais service à un bon chercheur
de le nommer cadre son prétexte qu'on va lui donner un salaire, parce
qu'à ce moment-là on le perd comme chercheur et c'est un mauvais
cadre. Alors, on a tous les inconvénients sans aucun avantage.
C'est la problématique à l'intérieur duquel le CRIQ
et le CQIP évoluent présentement. Mais reconnaissons que le
problème ne se posait pas il y a deux ou trois ans. Mais là, il
est en train de se poser.
Mme Dougherty: Alors, pourquoi laisser un tel centre
déterminer ses propres salaires comme une entreprise privée?
Est-ce qu'il faut nécessairement maintenir les mêmes normes et
barèmes que le service public?
M. Bérubé: Le problème est le même au
gouvernement. Notre principe de rémunération, c'est de payer ce
que le marché paie. Par conséquent, si CQIP a un problème,
nous l'avons aussi.
Mme Dougherty: Oui, oui. Je comprends le problème du
gouvernement...
M. Bérubé: Alors, il n'y a pas de raison. Quant
à régler le problème de CQIP...
Mme Dougherty:... parce qu'ils sont syndiqués.
M. Bérubé:... on va le régler pour nous
aussi.
Mme Dougherty: Mais pourquoi le centre n'est-il pas tout à
fait libre d'embaucher qui il veut à un salaire concurrent?
M. Bérubé: Parce qu'il est entièrement
subventionné par l'État. S'il s'agissait d'une
société d'État commerciale, à ce
moment-là...
Mme Dougherty: Donc, ils font partie de la fonction publique.
Pourquoi?
M. Bérubé: Je ne pense pas... Non, ils ne font pas
partie de la fonction publique, mais comme la source de financement du centre
est une source purement gouvernementale, à ce moment-là, nous
appliquons les normes et barèmes du gouvernement. Cependant, si le
centre était un laboratoire s'autofinançant en vendant ses
services, à ce moment-là, il n'y aurait aucune contrainte. Nos
sociétés d'État n'ont aucune contrainte quant à la
rémunération qu'elles paient, parce que si elles performent mal,
elles devront en subir les conséquences. La rentabilité va chuter
et là ils auront des problèmes avec le ministre des Finances.
Alors, vous voyez, suivant qu'on a un contrôle ou non sur la
rentabilité de l'entreprise, on a des politiques de
rémunération différentes. Alors, je pense qu'il est un peu
normal qu'au Conseil du trésor on ait l'attitude suivante: si les
problèmes du recrutement du CRIQ - c'est là, je pense, où
il va devoir y avoir des discussions avec le Conseil du trésor - et du
CQIP semblent des problèmes réels. Mais je dois vous dire qu'ils
sont des problèmes réels au gouvernement. Alors, ce que cela veut
dire, c'est qu'il va falloir ajuster nos normes et barèmes au
gouvernement pour permettre de recruter dans des domaines où l'on doit
être concurrentiel. Et comme notre principe est de payer ce que le
marché paie, à ce moment-là, quand le marché paie
plus cher que nous, il faut s'ajuster; c'est tout. Quand le marché paie
moins cher que nous, il faut s'ajuster aussi, sauf que c'est beaucoup plus
difficile.
Mme Dougherty: Alors, qu'est-ce que signifie l'article 13? "Le
personnel du centre est nommé et rémunéré selon les
normes et les barèmes établis par règlement du centre",
non pas par le gouvernement.
M. Bérubé: Approuvé.
Mme Dougherty: Néanmoins, c'est approuvé par le
ministre.
M. Bérubé: Ah, voilà!
Mme Dougherty: Effectivement...
M. Bérubé: C'est l'approbation.
Mme Dougherty:... le centre n'a pas de marge de manoeuvre.
M. Bérubé: Non. C'est l'approbation qui fait
défaut. C'est cela.
Mme Dougherty: Effectivement...
M. Bérubé: C'est que, moi, pour approuver...
Mme Dougherty:... c'est illusoire, cette possibilité
d'établir leurs propres normes.
M. Bérubé: Non, disons qu'il y a une latitude. Il
se pourrait, par exemple, que le Conseil du trésor dise: Écoutez,
vous avez raison, il faut jeter du lest. Mais, jeter du lest et accroître
la rémunération pour certains types de professionnels hautement
spécialisés coûterait très cher ou trop cher
à l'échelle gouvernementale ou encore si nous sommes dans un
contexte de prénégociation. Enfin, quoi qu'il en soit, le Conseil
du trésor pourrait très bien décider de ne pas l'ajuster
pour l'ensemble du gouvernement, mais cela ne l'empêche pas, s'il
reconnaît le problème, de l'ajuster pour le CRIQ ou le CQIP. En
d'autres termes, cette formule est plus flexible parce qu'elle n'assujettit pas
le centre aux normes et barèmes du gouvernement, mais elle l'assujettit
à un règlement qui doit être approuvé par le
gouvernement. Nous avons donc un peu plus de flexibilité dans notre
approbation et c'est de cela qu'on va discuter avec le Trésor.
Mme Dougherty: D'accord, merci. J'aimerais passer à
l'article 20. On dit que vous avez le droit de solliciter et de recevoir des
dons, legs, subventions ou autres contributions. Je vous souhaite bonne chancel
Je me demande si on a vraiment déjà testé cette
idée avec la fondation qu'on a éliminé hier soir.
M. Bérubé: Vous savez, je suis fier, depuis neuf
ans, que je veux abolir un organisme gouvernemental. Je ne vous l'ai pas dit
mais, hier soir, j'avais la mine épanouie.
Mme Dougherty: Avec ma collaboration; cela a été un
plaisir. Je me demande, dans le décret, si c'est réaliste
d'attendre de recevoir des dons, legs, etc.
M. Bérubé: L'entreprise privée.
M. Dugré: Déjà, madame, j'ai
été approché par une fondation qui a bien hâte qu'on
aille dans sa région - je ne dirai pas laquelle pour le moment - pour
l'aider à l'installation du laboratoire. Déjà, elle est
très intéressée. Même les compagnies, comme je le
disais tantôt, sont prêtes à nous aider passablement dans
l'établissement de laboratoires.
M. Bérubé: Les compagnies pourraient vouloir donner
de l'équipement, par exemple. Une compagnie qui fabrique du CAO-FAO peut
être intéressée à ce que le centre dispose de
l'équipement dont elle va faire la promotion.
Mme Dougherty: Oui mais, en même temps, dans le même
article, on dit qu'aucune charge ne peut être attachée aux dons,
legs, subventions et autres contributions.
M. Bérubé: Oui, c'est normal.
Mme Dougherty: Donc, cela diminue beaucoup l'intérêt
des donateurs.
M. Bérubé: Si IBM donnait un ordinateur à la
condition expresse que le CQIP ne puisse utiliser aucun autre type d'ordinateur
que celui d'IBM, c'est une contrainte, et il ne peut pas accepter.
M. Dugré: Absolument.
M. Bérubé: C'est cela, le sens.
Mme Dougherty: II pourrait recevoir de l'équipement comme
tel. Oui.
M. Dugré: Disons que, déjà, plusieurs
compagnies - pour ne pas parler d'IBM et Hewlett Packard - ont promis une
coopération pas mal intéressante.
Mme Dougherty: En général, pour les dons "cash",
les donateurs s'intéressent à tel ou tel projet. Ils aiment avoir
des conditions. Si on examine les dons ramassés par les
universités, par exemple, un pourcentage assez important de ces montants
est accompagné de conditions. Il y a très peu d'argent qui est
simplement un don pour n'importe quoi. Alors, je doute de la valeur de cette
possibilité dans votre décret.
M. Dugré: Non. Comme je viens de vous le dire,
déjà, il y a une fondation qui nous a approchés; c'en est
une première.
Mme Dougherty: Oui.
M. Dugré: Dans d'autre domaines, d'autres personnes nous
ont approchés, mais pour le don d'équipement ou en promettant
que, si on fait telle ou telle chose, elles sont prêtes à
investir, dans un cas bien précis, au-delà de 1 000 000 $. Comme
elles sont prêtes à investir au-delà de 1 000 000 $ juste
dans un des laboratoires qui sont appelés à être
créés, cela ne pose pas la question telle que vous vous la
posez.
D'ailleurs, avec des compagnies comme Sperry, par exemple, une grosse
compagnie américaine, ou Hewlett Packard, il y a des ententes
très importantes, en particulier dans le West Island à
Montréal, auprès d'industriels pour une formation à
l'échelle
internationale.
Mme Dougherty: D'accord. À l'article...
M. Dugré: Juste pour terminer la phrase, disons qu'il nous
le donne directement, qu'il le donne à un laboratoire, qu'il le donne
à un centre ou qu'il le donne à un organisme, c'est cela que nous
allons favoriser, que cela donne quelque chose.
Mme Dougherty: À l'article 22, est-ce que le gouvernement
garantit les emprunts du centre?
M. Dugré: À l'heure actuelle, ce n'est pas
nécessaire parce qu'on n'a pas emprunté jusqu'à 500 000 $,
on a emprunté moins que cela et cela a été
remboursé depuis ce temps. Alors, tout ce que la banque exige de nous,
c'est qu'on lui présente justement les décrets qui ont
été passés et la programmation qui a été
faite et, là-dessus, elle nous avance l'argent sans que le gouvernement
ait à répondre de quoi que ce soit.
Mme Dougherty: D'accord. Une dernière question. Les
articles 18 et 23 sont liés, n'est-ce pas? L'article 18 dit que le
centre, par entente contractuelle, confie au Centre de recherche industrielle
du Québec, après entente avec celui-ci ou à tout autre
organisme compétent, le développement des applications
industrielles des travaux correspondant aux besoins particuliers d'un secteur
industriel ou d'une entreprise. L'article 23 dit que le centre doit
établir une politique concernant la cession de propriété
des inventions, découvertes, perfectionnements, procédés
et appareils réalisés par une personne dans le cadre d'un contrat
qui la lie avec le centre. Est-ce que vous avez déjà une telle
politique?
M. Dugré: La politique n'est pas encore établie,
elle est à venir. On travaille dessus à l'heure actuelle. Avant
qu'on signe une entente avec un premier laboratoire, dans les documents que
nous allons faire parvenir pour les appels de propositions, ce sera bien
indiqué qu'il faudra signer une entente de ce genre. Actuellement, on
s'est basé sur ce qui se fait dans certains instituts de recherche,
centres de recherche et nous sommes à la compléter. Nous la
ferons viser par les avocats en temps et lieu, mais cela fera partie de
l'entente à signer. Dans le protocole, nous allons indiquer qu'il faudra
signer une entente de ce genre. C'est une entente que, personnellement, je
favorise beaucoup - et je l'ai favorisée dans le passé -
où la matière grise de l'individu doit quand même lui
rapporter. Elle ne doit pas rapporter seulement au centre ou au laboratoire. La
personne humaine qui met sa matière grise à la disposition de la
communauté doit en retirer un certain bénéfice
après avoir payé à la communauté les services
rendus pour lui permettre de mettre en application sa matière grise.
C'est le genre de politique que nous voulons établir.
Mme Dougherty: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions...
Le Président (M. Beaumier): Je vous remercie.
Mme Dougherty:... sauf s'il y en a d'autres.
Le Président (M. Beaumier): Non, je crois que...
Mme Dougherty: J'aimerais vous remercier, M. Dugré, ainsi
que le ministre, d'avoir accepté qu'on étudie à cette
table le décret de l'année dernière. Peut-être que
la prochaine fois nous allons respecter les délais prescrits par la
nouvelle loi. J'aimerais vous souhaiter bonne chance, M. Dugré, dans vos
activités. Nous espérons, quand le ministre, le gouvernement aura
approuvé votre plan d'action, en avoir une copie.
Une voix: Certainement.
Le Président (M. Beaumier): Au nom de tous les membres de
la commission, j'aimerais remercier également M. Dugré et M. le
ministre pour leur disponibilité.
La commission de l'économie et du travail a
complété sa séance d'étude sur le décret
concernant le Centre québécois pour l'informatisation de la
production. Nous ajournons donc nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 heures)