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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail est réunie
ce matin pour une séance d'étude du décret concernant la
constitution du Centre québécois de valorisation de la biomasse,
tel qu'il avait été convenu lors d'une séance de travail
du 19 juin dernier. Je demanderais au secrétaire de la commission s'il y
a des remplacements à effectuer.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a trois
remplacements pour cette séance. M. Cusano (Viau) est remplacé
par M. Doyon (Louis-Hébert), M. Lincoln (Nelligan) est remplacé
par M. Massicotte (Maskinongé)...
Une voix; Non, M. Picotte.
Le Secrétaire:... M. Picotte, c'est cela. Excusez-moi, M.
Picotte.
Une voix: Vous êtes en train de l'ennoblir.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Chambly) est remplacé
par M. Lachance (Bellechasse).
Étude du décret concernant le
CQVB
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour les
remplacements. Comme je le disais tantôt, nous nous réunissons
conformément au désir exprimé par la commission, lors de
la séance de travail du 19 juin dernier, d'étudier le
décret précité et d'inviter le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie ainsi que le
président-directeur général du centre, M. Marcel Risi, qui
est ici aussi avec nous.
Il s'agirait maintenant de s'entendre pour répartir le temps
équitablement afin de procéder immédiatement. Il y aurait
peut-être au départ une présentation, si nos
invités... M. le ministre, si je peux avoir votre attention... Il y aura
peut-être une présentation de l'organisme.
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Une présentation
sommaire de l'organisme durant quelques minutes, après quoi chaque parti
pourra y aller d'une discussion préliminaire. Remarques
préliminaires M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, M. le Président, je n'ai
pas préparé de notes. Aussi, je vais essayer d'être le plus
succinct possible. C'est toujours plus difficile à ce
moment-là.
À la suite de la décision du Conseil des ministres de
l'automne 1982, nous mettons en place un ensemble de centres de recherche
nouveaux au Québec pour accroître notre effort de recherche. Je
vous rappelle qu'à l'heure actuelle, suivant les dernières
données que le gouvernement fédéral rendait disponibles,
le Québec, dans le domaine de la recherche universitaire, est la
province qui consacre le plus fort pourcentage de son produit national brut:
autour d'environ 0, 29 % de son produit national brut, alors qu'au Canada c'est
plutôt de l'ordre de 0, 24 % en moyenne.
Néanmoins, lorsque l'on examine l'effort consenti par des pays
comme les États-Unis, le Japon, la France et l'Allemagne, nous
constatons que le pourcentage est plutôt de l'ordre de 0, 35 % du produit
national brut. Si on ajoute à cela le fait que leur produit national
brut est supérieur per capita au nôtre, on se rend compte que
l'effort est supérieur dans ces pays, plus qu'il ne l'est au
Québec. Aussi avons-nous pris la décision d'accroître la
recherche universitaire et c'est ce qui explique pourquoi nous implantons
à l'heure actuelle 40 équipes de recherche dans nos
universités qui viennent étoffer nos équipes les plus
performantes présentement et faire en sorte qu'en l'espace de deux ans
nous puissions catapulter ces équipes à un niveau international
d'excellence.
En effet, lorsque vous avez huit professeurs d'université avec
une trentaine ou une quarantaine d'étudiants gradués dans un
secteur donné, je dois dire qu'on ne retrouve de telles équipes
qu'à peu près dans des universités comme Stanford,
Cal-Tech MIT ou les grandes universités européennes.
Donc, l'objectif est d'identifier 40 créneaux déjà
performants et de les catapulter à une taille internationale de
manière à pouvoir véritablement faire notre
percée.
Ceci va donc faire croître de façon
substantielle l'effort que nous consacrons à la recherche
académique. Cependant, nous avons aussi constaté un autre
phénomène, celui-là bien canadien: c'est l'insuffisance de
la recherche industrielle. En effet, il faut bien reconnaître qu'au
Canada et au Québec, même si la situation au Québec est
"moins pire" que dans le reste du Canada, nous sommes à peu près
à 0, 57 % du produit national brut consacré à la recherche
industrielle alors qu'au Canada c'est plutôt de l'ordre de 0, 50 %. Donc,
en théorie notre situation n'est pas très mauvaise. Toutefois,
lorsqu'on compare avec l'effort dans le monde - il est plutôt de l'ordre
de 1, 5 % quand on parle des grands pays réputés pour la
performance de leur économie. Il est clair qu'il faudrait tripler la
recherche industrielle.
C'est bien beau de dire qu'il faut tripler la recherche industrielle,
mais une étude toute récente sur l'impact des crédits
d'impôt a démontré par exemple que les crédits
d'impôt avaient eu relativement peu d'impact sur le développement
de la recherche au Canada et que, finalement, le développement de la
recherche est souvent bien plus une question de mentalité qu'une
question d'avantages de toutes sortes, même si des avantages de toutes
sortes peuvent évidemment continuer à développer. C'est ce
qui nous a amenés à ce moment-là à nous interroger
à savoir comment on pourrait initier une recherche plus
appliquée, plus industrielle, plus orientée vers les besoins de
notre économie sans la couper du seul bassin finalement où nous
avons un effort de recherche intensif au Québec, soit le bassin
universitaire?
C'est ce qui nous a amenés à imaginer des centres de
recherche qui, contrairement à la pratique passée, auraient sans
doute été des centres gouvernementaux - je pense au centre de
recherche minérale par exemple -peut-être davantage
bureaucratisés, administratifs et risquant à la longue de tourner
un peu en rond autour de préoccupations de chercheurs qui ne sont pas
nécessairement en prise avec les besoins de l'extérieur.
Nous avons réussi avec le CRIQ, au cours des dernières
années, un effort assez remarquable puisque aujourd'hui le CRIQ finance
en moyenne à 42 % son effort de recherche. Mais si on élimine la
partie services aux entreprises qui, c'est normal, n'est pas
autofinançable, c'est littéralement un service du
ministère de l'Industrie et du Commerce, on constate que les recherches
du CRIQ s'autofinancent à l'heure actuelle sans doute autour de 65
%.
Donc, il y a eu un effort assez spectaculaire pour amener le CRIQ
à autofinancer une partie de son développement. Mais, disons-le,
le CRIQ ne fait pas de recherche en développement, il fait surtout de
l'application de procédés et c'est peut-être plus facile de
rechercher un autofinancement. Ce que nous cherchions, au contraire,
c'était un centre d'innovation dont les préoccupations seraient
axées vers les besoins du secteur économique, d'où
l'idée de créer non pas des laboratoires gouvernementaux mais des
corporations autonomes; d'où l'idée d'asseoir aux conseils
d'administration de ces corporations, des représentants de l'industrie
en majorité, d'où l'idée d'imposer à ce centre de
recherche non pas des objectifs d'autofinancement aussi exigeants que ce que
l'on impose au CRIQ puisque nous sommes en démarrage, mais
néanmoins des objectifs d'autofinancement, d'où aussi
l'idée d'imposer l'obligation de sous-contracter une part importante du
budget du centre à l'extérieur du centre, de manière
à très rapidement établir des contacts avec les
entreprises actives présentement dans le domaine, avec les
universités actives dans le domaine. Donc, plutôt que de doubler
les efforts existants, tenter de rapprocher les gens en mettant à leur
disposition des sommes dans le cadre de projets de recherche
orientés.
C'est le sens du Centre de valorisation de la biomasse. Nous avons
effectivement modifié un peu la trajectoire et, aujourd'hui, le type de
centre que nous vous proposons est un type de centre où il y a une
représentation à peu près égale, mais je pense
qu'on pourrait vérifier parce que je ne suis pas absolument certain. Il
y a donc un nombre important de représentants de l'entreprise
privée, d'universitaires qui siègent au conseil d'administration.
L'objectif de ce centre est de faire de la recherche et développement
dans le domaine de la valorisation de la biomasse reliée à
l'agriculture, reliée aux forêts, reliée également
à l'environnement, et de le faire conjointement avec des gens de
l'extérieur en sous-contractant une bonne partie de son budget et en
visant des objectifs d'autofinancement, donc en visant des partenaires qui sont
suffisamment intéressés pour injecter une partie des fonds.
C'est le sens de ce Centre sur la valorisation de la biomasse que nous
avons mis en place. Au début, nous avions parlé de construire des
équipements, des laboratoires. Il nous est apparu que c'était
beaucoup trop tôt. Il nous fallait d'abord constituer le conseil
d'administration, il nous fallait assembler une équipe scientifique et,
ultérieurement, sur la base de la programmation approuvée par le
gouvernement, le centre serait en mesure de décider si les
équipements existant au Québec sont suffisants pour
répondre aux besoins ou si, au contraire, nous devons nous doter, par
exemple, d'installations pilotes.
Donc, nous commençons d'abord par mettre en place une
équipe scientifique et, ultérieurement, nous serons en mesure
de
décider des immobilisations requises. Je pense que cela vous
donne le portrait, le contexte, M. le Président, de tous ces centres de
recherche que nous mettons en place. Nous terminons la mise en place du Centre
de microélectronique à Montréal. D'ailleurs, cela va
être une expérience absolument remarquable et fort
intéressante. J'aurai beaucoup de plaisir à répondre aux
questions de la commission un jour sur le sujet. Le centre va très bien
à l'heure actuelle et suivant une formule qui, je pense, va
intéresser beaucoup de nos concitoyens, parce qu'elle est tout à
fait novatrice en termes d'implantation scientifique. Je pense qu'aujourd'hui
nous avons là un nouveau centre qui démarre et qui va faire en
sorte que - ce sont là des projections, parce qu'on n'a pas
d'idée de ce que les autres pays font - au Québec, d'ici deux
ans, l'effort en recherche académique, si on veut, puisse atteindre un
ordre de 0, 35 % du produit national brut, c'est-à-dire qu'il soit tout
à fait comparable avec ce que consentent, le Japon les
États-Unis, l'Allemagne et la France. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
Toujours aux remarques préliminaires, est-ce que quelqu'un voudrait
intervenir ou si on procède immédiatement aux questions?
Mme Dougherty: Je me demande si M. Risi aimerait faire un court
résumé, plus précis...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse.
M. Bérubé: Il y a une erreur de ma part qui est
épouvantable. Je ne vous ai pas présenté le directeur du
centre, étant donné que, tantôt, vous l'aviez fait, mais je
vous présente quand même le directeur du Centre
québécois de valorisation de la biomasse, le Dr Marcel Risi.
Comme chacun le sait, il a occupé des fonctions au Centre de recherche
industrielle pendant plusieurs années, s'occupant des relations avec les
entreprises. On sait également qu'il a occupé le poste de
sous-ministre adjoint au ministère de la Science et de la Technologie et
de responsable plus nommément, premièrement, de
l'élaboration de la politique en biotechnologie et, deuxièmement,
de la mise en place du ministère. Il a accepté ce mandat de
diriger le nouveau Centre québécois de valorisation de la
biomasse ici, à Québec.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Lorsque M. Risi prendra la parole - comme le ministre
le sait, la biomasse, c'est très vaste - est-ce qu'il pourrait, dans son
avant-propos ou dans son introduction, nous dire s'il a déjà
choisi des créneaux ou si ces créneaux vont dépendre du
secteur privé? Il avait peut-être déjà en tête
de nous donner sa perspective de développement.
Le Président (M. Bordeleau): M. Risi.
Exposé du président du CQVB
M. Marcel Risi
M. Risi (Marcel): M. le Président, d'abord je dois vous
dire que je n'ai pas encore eu de réunion du conseil d'administration.
Cela aura lieu la semaine prochaine. Donc, les propos sont les miens.
Cependant, j'ai rencontré la majorité des membres du conseil l'un
après l'autre pour jaser avec eux des orientations que l'on pensait
donner au centre.
Si vous me le permettez, M. le ministre, pour compléter une
donnée que je crois essentielle pour bien comprendre le rôle du
centre, il faut bien saisir l'objectif du centre. L'objectif principal du
centre, c'est la mise au point et la mise à l'échelle de
procédés de valorisation. Cela veut dire que l'on' ne fera pas
surtout de la recherche fondamentale, mais de la mise à l'échelle
de procédés de valorisation. Ce qui veut dire qu'on ne fera
surtout de la recherche fondamentale, mais de la mise à l'échelle
de procédés, donc vraiment le lien entre le résultat de
laboratoire et l'entreprise qui peut utiliser le résultat.
Deuxième remarque administrative. M. le ministre a dit que le
centre était composé d'industriels et d'universitaires. De fait,
les lettres patentes prévoient treize membres. Présentement, il y
en a neuf de nommés. Il y a trois universitaires, il y a cinq
industriels et il y a le président. Quatre postes sont
réservés pour une adhésion au centre contre un paiement de
quelque chose, ce qu'on appelle en anglais un "membership". Cela existe
présentement. Quelques centres en Ontario et aux États-Unis le
font, et c'est une évolution dont on devra tenir compte au cours de la
prochaine année. Ce sont deux éléments administratifs qui
sont importants.
Peut-être pour répondre davantage à votre question,
est-ce qu'il y a des domaines que nous allons privilégier? Il faut
être très réaliste. Quand on parle de biomasse, pour nous,
la définition, c'est un intrant de nature biologique dans un
procédé de transformation. Donc, la biomasse peut être
végétale, animale, maritime, etc.
En tenant compte de l'expertise que nous avons au Québec, des
travaux qui sont
amorcés et qui sont prêts à être mis à
l'échelle, il y a certains domaines sur lesquels devra porter
principalement notre plan triennal, qui devrait être déposé
au gouvernement au début du mois de décembre, notre premier plan
triennal.
Par exemple, dans le domaine forestier et si on parle de la biomasse
forestière, il y aura certainement à faire des efforts pour
trouver et mettre à l'échelle, parce qu'on a déjà
trouvé au niveau du laboratoire des procédés pour
séparer la cellulose de l'hénicellulose et de la lignine. Si on
peut réussir ce tour de force, il ne faut pas oublier que, sur les 100
000 000 000 de tonnes de biomasse qui se produisent chaque année, il y
en a la moitié qui est de la biomasse forestière et qu'à
partir de la cellulose on peut produire de l'éthanol, de
l'éthylène, etc. C'est toute la chimie des sucres qui est en
cause.
Il y a aussi les engrais qui sont toujours intéressants, parce
qu'on peut utiliser des déchets. Vous avez lu récemment dans les
journaux qu'on peut engraisser des sols en utilisant des déchets de
bois, si on les mélange avec d'autres matières organiques.
Il y a, ce qu'on peut appeler "la chaîne protéinée",
c'est-à-dire que les produits qui sont faits à partir de la
valorisation de la biomasse sont des protéines pour consommation animale
ou pour consommation végétale. (10 h 30)
Un exemple typique de ceci est un procédé qui a
été mis au point à l'Université Laval et qui a
été mis à l'échelle, présentement, pour
traiter le lisier de porc. Actuellement, on traite le lisier de porc d'à
peu près une centaine de porcs et, à la suite du traitement, on
fait une algue qui s'appelle la spirulina et qui est de consommation. Les
humaines peuvent le manger. Il y a certainement un impact psychologique
à passer: nourrir les gens avec du lisier de porc, même s'il est
transformé. Alors, cela c'est la chaîne protéique. Il y a
évidemment toute la chaîne énergétique, il y a les
produits de chimie, de chimie fine et là, on tombe dans les produits
pharmaceutiques. Il y a aussi toute la chaîne des champignons qui peut
être fort intéressante.
Ce sont les domaines dans lesquels, présentement au
Québec, nous avons de bonnes équipes de recherche et qui ont des
résultats. Il faudra voir jusqu'à quel point on doit les mettre
à l'échelle, mais, chaque fois, on devra travailler avec des
industriels. Notre politique prévoit qu'on ne devrait pas financer plus
de 80 % d'un projet, les 20 % devant être fournis par des
partenaires.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, merci, M. Risi.
Encore quelques remarques préliminaires? Je laisserai peut-être un
temps de chaque côté et ensuite chacun des membres pourra y aller
avec ses questions. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Période de questions
Le choix du procédé de
fermentation
Mme Dougherty: Actuellement, comme nous n'avons que deux
heures...
M. Fortier: Il reste une heure et demie.
Mme Dougherty;... au lieu des remarques préliminaires,
j'ai des questions d'ordre général que j'aimerais poser. D'abord,
la mission du centre. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le rapport
du comité d'implantation du centre, qui en définit la mission.
Son objectif, c'est d'agir comme pôle de développement afin de
rationaliser la gestion de nos ressources renouvelables. C'est un objectif
très, très vaste. On dit naturellement, comme nous l'avons
déjà entendu, que cela pourrait se faire dans les secteurs
agricoles, aquatiques et forestiers.
Il y a plusieurs moyens d'agir pour arriver à une meilleure
gestion de nos ressources renouvelables. Il y a des moyens physiques,
chimiques, mécaniques, thermiques et biologiques. Maintenant, j'ai
été un peu surprise de lire, à la page 8, qu'après
avoir énoncé toutes ces vastes possibilités que le centre
soit axé sur la démonstration de procédés
biologiques de valorisation de biomasse et que, en dedans des
procédés biologiques, on privilégie la fermentation.
Donc, le but du projet devient, tout à coup, beaucoup plus
restreint et j'aimerais demander au ministre ou peut-être à M.
Risi pourquoi il en est ainsi. Est-ce que c'est plus rentable? Est-ce que c'est
plus prometteur pour l'économie du Québec? Est-ce que ce choix
découle de l'activité qui est déjà existante aux
environs de la ville de Québec? Est-ce que c'est plus utile pour
l'avenir du Québec et, en arrivant à cette orientation, est-ce
qu'on a vraiment examiné les priorités de l'industrie, des
besoins de l'industrie, au lieu d'agir en fonction les projets de recherche
déjà en cours aux environs de Québec?
Dans l'annexe 2, par exemple, il y a une liste d'une gamme de projets
possibles et, en annexe 4, toujours dans le rapport du comité
d'implantation, on a estimé le coût pour chaque projet pour les
mettre à l'échelle, afin d'en justifier la commercialisation.
J'ai remarqué que, dans tous ces projets, on estime qu'on pourrait
accomplir l'objectif pour chaque projet dans quelques mois ou, au plus, quatre
ans. Cela m'étonne aussi, parce que, dans la biotechnologie - et surtout
dans la biotechnologie - en général, on prévoit des
projets à long terme pour avoir des résultats
vraiment valables.
Alors, ma première question porte sur la mission même et
sur les motifs pour lesquels on a choisi cette mission de fermentation, qui
semble être axée sur certains projets précis qui sont
déjà en voie de développement. Est-il réaliste de
prévoir qu'on pourrait développer tous ces projets dans si peu de
temps à un coût vraiment modéré?
Le Président (M. Bordeleau): M. Risi.
M. Risi: M. le Président, j'aimerais d'abord apporter une
nuance. Il est sûr que le comité d'implantation a proposé
des choses, mais, dans les lettres patentes, cela a pris une tournure un peu
différente. Dans les lettres patentes, on dit: "C'est la mise à
l'échelle de procédés de valorisation. " Dans une autre
phrase, on dit: "Dans un premier temps et selon les besoins, le centre
privilégie la recherche et le développement des
procédés biologiques comme technologie de valorisation. " Ce
n'est pas exclusif. La raison pour laquelle - si on revient au texte du
comité - on a favorisé la fermentation, c'est que le
procédé de fermentation est un procédé qui revient
dans presque tous les procédés biologiques. C'est la raison pour
laquelle H faut développer au Québec une expertise importante et
peut-être avoir en place des équipements de mise à
l'échelle, ce qui n'existe pas pour le moment.
Je compléterais en ajoutant qu'il ne faut jamais oublier que
même si on utilise un procédé biologique, il y a toujours
en amont ou en aval de ce procédé des procédés
thermochimiques ou physicochimiques, tels que la pyrolyse ou, par exemple, la
séparation de la matière ou l'épuration: enlever des
surplus d'eau, etc., et, à l'aval du procédé, il y a
toujours des procédés physico-chimiques en général
pour la séparation des produits.
On ne peut pas, en principe, avoir un procédé qui soit
uniquement biologique; il y aura toujours d'autres aspects dans un
procédé. Pour le moment, je peux vous dire que, parmi les projets
que nous avons sur la table à dessin, certains n'ont pas cet aspect de
procédé biologique dans le procédé même mais,
vers l'aval, ils devront utiliser des procédés biologiques alors
que d'autres sont des procédés biologiques et, vers l'amont, ils
devront utiliser d'autres procédés. Je ne crois pas que cela
crée un problème.
L'orientation qui avait été prise, c'est parce que, au
Québec, on a quand même une certaine expertise en fermentation. Le
comité et les membres du comité ont vu cette dimension comme un
créneau qu'il serait avantageux d'examiner, mais il n'est pas
exclusif.
M. Bérubé: Le président du comité
d'implantation du centre, M. Coulombe, est également avec moi. Vous
pouvez d'ailleurs voir son nom sur la liste des gens qui ont
présidé... Si jamais il y avait des questions qui portent sur le
travail du comité et la préparation de ce rapport, M. Coulombe
pourra également répondre aux questions si les membres de la
commission le désirent.
Mme Dougherty: Il y a un autre volet à ma question: le
point de départ était-il les projets de recherche prometteurs en
cours dans les environs de Québec? Pourquoi le point de départ
n'était-il pas d'arriver à quelques priorités selon les
besoins industriels?
M. Bérubé: Étant donné que cela porte
sur les travaux du comité d'implantation...
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé:... je vais laisser M. Coulombe
répondre plus spécifiquement à votre question.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Coulombe.
M. Coulombe (Pierre): M. le Président, j'aimerais tout
d'abord faire un bref historique de ce qui a conduit le ministère
à proposer la mise sur pied d'un centre de recherche sur la valorisation
de la biomasse. Dans le programme d'intervention pour le développement
de la recherche en biotechnologie, une des questions importantes qui
préoccupait le ministère touchait le développement des
procédés de fermentation. Un groupe de travail composé de
représentants du milieu universitaire industriel et gouvernemental s'est
penché sur cette question et a effectivement recommandé dans son
rapport deux grands champs d'intervention pour le développement des
technologies de fermentation au Québec, l'un de ceux-ci portant
spécifiquement sur la valorisation de la biomasse.
C'est donc dans cet esprit qu'ont été entrepris les
travaux portant sur la mise en place de ce centre de recherche. Les projets qui
sont énumérés en annexe au rapport doivent être
interprétés à titre indicatif pour démontrer
qu'effectivement, en matière de valorisation de la biomasse, il y avait
au Québec, d'une part, d'importantes équipes de recherche qui
s'intéressaient à ces questions et dont les résultats de
leurs travaux de recherche pouvaient porter au développement de
procédés, à la mise au point de nouveaux produits et
à l'élimination, dans certains cas, de déchets toxiques
nuisibles à l'environnement.
Nous avons tenté de savoir et je pense que nous avons assez bien
réussi à cerner les équipes qui, au Québec,
oeuvrent dans ce
secteur en milieu universitaire. Nous avons aussi, je pense, assez bien
réussi à déterminer les projets actuellement en cours au
sein des ministères du gouvernement du Québec, au sein des
universités et, dans une moins grande mesure, au sein des
différentes industries, et certains de ces projets sont signalés
à titre indicatif dans l'annexe 2 pour démontrer qu'il y a, d'une
part, des problèmes importants en matière de valorisation de la
biomasse, qu'il y a des équipes, qu'on peut attacher un coût
à cela et que ces procédés peuvent faire l'objet d'une
mise à l'échelle et peuvent faire l'objet de la définition
ou de la mise au point de nouveaux produits.
C'est dans cet esprit, finalement, que le comité a
fonctionné en tentant de dégager, si possible, des orientations
préliminaires. Et quand on parle de la biomasse, il nous était
apparu clair que les secteurs de l'agro-alimentaire, les secteurs de la
foresterie et les secteurs de l'énergie étaient tous trois des
secteurs qui pourraient tirer projet de la valorisation de certains de leurs
sous-produits par des techniques appropriées, notamment les
procédés biologiques. Et je dis "notamment" parce que,
effectivement, le rapport du comité a centré son activité
ou ses activités davantage sur ces procédés parce qu'une
analyse que nous avions faite de la situation de la recherche universitaire en
regard d'autres procédés, notamment la transformation
mécanique de la biomasse... On savait déjà que le Centre
de recherche industrielle du Québec était fortement
impliqué dans ce secteur d'activité. Dans le domaine de la
pyrolyse sous vide, par exemple, on sait qu'à l'Université de
Sherbrooke, les équipes des docteurs Chornet et Roy y sont
intéressées et disposent déjà de dispositifs de
mise à l'échelle pour la valorisation de ces types de
procédés. Nous savions, par ailleurs, par le comité
d'étude sur les fermentations, qu'il y avait au Québec un manque
dans ce domaine et un besoin important. Cela nous a donc permis de dire: La
charnière qu'il importe de développer maintenant, c'est celle de
l'utilisation des procédés biologiques, étant entendu
cependant que d'autres groupes au Québec touchaient à
différents secteurs de la valorisation mécanique, thermique,
physicochimique et, comme le soulignait M. Risi, les lettres patentes ont fait
en sorte de prendre en compte cette disposition et de dire que le centre
devrait principalement et dans un premier temps toucher les
procédés biologiques, mais, effectivement, si la
communauté industrielle en venait à dire: Nous avons des projets
très intéressants qui font appel, par exemple, à
l'utilisation des procédés biologiques en conjonction avec des
procédés thermochimiques, j'imagine que le centre pourrait
être intéressé à mettre de l'avant ce type de
projet, puisque le milieu industriel y tirerait son compte finalement.
Mme Dougherty: Merci. Le troisième volet. Est-ce
réaliste de prévoir qu'on pourrait développer tous ces
projets dans si peu de temps comme cela est indiqué dans l'annexe 3,
page 61?
Une voix: Annexe 3.
Mme Dougherty: Annexe 3. On prévoit six mois, trois ans.
Ce sont essentiellement des projets de court terme. Est-ce vraiment
réaliste de prévoir qu'on pourrait...
M. Bérubé: Non. Je pense qu'il y a méprise.
Il s'agit ici de l'inventaire des recherches en cours dans différentes
institutions québécoises proposées. Il ne s'agit pas de la
programmation de recherche du centre.
Mme Dougherty: Le tableau 3? M. Bérubé: Oui.
M. Fortier: Cela s'intitule "Tableau comparatif de projets de
recherche pouvant faire l'objet de mise à l'échelle". Je pense
que...
M. Risi: Oui. Alors ils ne sont pas encore prêts pour la
mise à l'échelle. La majorité d'entre eux ne sont pas
prêts...
M. Fortier: Qu'est-ce que vous entendez par mise à
l'échelle, M. le Président?
M. Risi: Actuellement, dans un procédé, on le fait
au laboratoire...
M. Fortier: Oui.
M. Risi:... avec des pipettes, des tubes de distillation.
M. Fortier: Ah! D'accord. Oui, oui.
M. Risi: Mais traiter, je ne sais pas, 25 livres de lisier de
porc et traiter 25 tonnes par jour en continu, ce n'est pas tout à fait
le même problème.
M. Fortier: D'accord. Oui, oui.
M. Risi: Alors, la mise à l'échelle, c'est de
prendre le procédé de laboratoire et de le mettre à
l'échelle semi-industrielle ou industrielle.
M. Fortier: Prototype industriel.
M. Risi: C'est cela. C'est une des vocations principales du
centre. (10 h 45)
M. Fortier: Autrement dit, vous voulez
mettre davantage l'accent sur le développement de processus
industriels le plus tôt possible?
M. Risi: Ce qu'on appelle le "process engineering".
M. Fortier: Oui, oui. Je m'excuse Madame. Je vais seulement poser
une question et je vous laisse... Mais juste pour continuer là-dessus,
est-ce qu'on peut mettre une moyenne? Selon l'expérience que vous avez
de ce qui se fait ailleurs, est-ce qu'on peut dire qu'un projet normal
prendrait X années et coûterait X milliers de dollars? Est-ce
qu'il y a des moyennes que vous pouvez nous donner sur l'intensité de la
recherche? On peut être chanceux, bien sûr, et trouver quelque
chose au bout d'un mois ou de deux mois mais, d'après votre
expérience ou d'après ce qui se fait ailleurs, est-ce qu'il y a
des chiffres de référence qui nous permettraient de situer
l'intensité de la recherche ou la durée qui serait normalement
requise pour arriver à des résultats probants, tel que vous
l'avez défini?
M. Risi: D'accord. Pour vous donner une idée de la.
fourchette extrême, récemment en France, à
l'intérieur d'un an, on a mis au point un procédé et en
Angleterre on a dépensé, en 20 ans, 150 000 000 $ sur un autre
procédé, Pruteen qui a coûté
énormément cher, mais qui fonctionne aujourd'hui.
L'échelle est large, mais je peux vous dire que ce que nous avons
actuellement en dossier... Non mais même vous nous dites
l'expérience des autres, c'est cela l'expérience des autres.
M. Fortier: Mais il faudrait faire comme M. Boulet disait: Je ne
veux pas engager des chercheurs, je veux engager des trouveurs.
M. Risi: Oui. D'accord. Mais les projets que nous avons sur la
table à dessin sont des projets qui s'échelonnent de 15 à
36 mois à peu près. D'accord? Parce qu'il y a quand même
des... Les plus courts sont à peu près 15 mois, jusqu'à 36
mois.
Mme Dougherty: Une deuxième question d'ordre
général, la possibilité du dédoublement des
fonctions. Il y a des recherches importantes et la recherche appliquée
qui se passent dans plusieurs centres ici, au Québec, dans le domaine de
la biomasse. On a Canadian Pulp and Paper Research Institute, par exemple, qui
s'occupe de la recherche appliquée forestière. On a l'Institut de
recherche en biotechnologie qui est en voie de construction à
Montréal. Il relève du Conseil national de la recherche à
Montréal. Il a choisi déjà, je crois, les priorités
dans le secteur de la santé et de l'agriculture. On va
privilégier, comme procédé, la fermentation. Dans ce
centre, il y aura 300 personnes et 60 chercheurs permanents. On a aussi
l'Institut Armand-Frappier, à Montréal, qui s'occupe de la
culture des cellules animales et végétales - l'utilisation des
enzymes pour la mise au point de nouveaux types de bioréacteurs - selon
l'objectif cité dans le rapport du comité d'implantation. On a
aussi BIO-AGRAL, une société filiale de SOQUIA
créée il y a deux ans par la loi 30 avec un fonds social de 10
000 000 $. Je ne sais pas si cela constitue un dédoublement de fonctions
parce que je ne suis pas au courant des activités de BIO-AGRAL.
On a aussi la recherche subventionnée directement par le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avec un montant
d'à peu près 11 000 000 $, je crois. On a aussi le
ministère de l'Environnement du Québec et du Canada. On a aussi
le centre de recherche en alimentation à Saint-Hyacinthe, centre
fédéral. On a des recherches du ministère de
l'Énergie et des Ressources. On a des universités.
L'Université McGill, Macdonald College, l'Université de
Montréal, l'Université du Québec, l'Université
Laval, de Sherbrooke, et toutes ces universités ont fait des projets qui
touchent la valorisation de la biomasse. On a le CRIQ qui a investi au moins
500 000 $ dans la biotechnologie. On a INRS océanographique. On a
REXFOR. On a le Centre de recherche Maurice-Lamontagne, au
fédéral. On a GUROQ, le Groupe universitaire de la recherche
océanographique du Québec. Avec toutes cette activité, je
me demande s'il vaut mieux créer un autre centre de recherche
appliquée pour valoriser les procédés de la biomasse ou si
on doit renforcer les organismes existants. On sait qu'ici au Québec on
est en retard, en général, dans notre activité de
recherche. Surtout les universités ont des problèmes financiers
graves dans le secteur de la recherche. Je me demande si c'est vraiment sage
d'ajouter un autre organisme au lieu de renforcer l'infrastructure
existante.
M. Bérubé: D'abord, vous avez donné une
liste d'organismes, mais en aucun cas n'avez-vous discuté du mandat de
ces organismes, de leurs objectifs. La biotechnologie, la biologie, c'est
vaste. Celui qui s'intéresse au développement, par exemple, des
tumeurs cancérigènes a des chances de mettre en application des
éléments de génie génétique, lesquels font
appel aux connaissances en biotechnologie. Par conséquent, on pourrait
dire qu'à ce moment-là, il suffirait d'avoir un énorme
centre en biotechnologie qui ferait de la santé, de la biologie
médicale, qui s'occuperait de valorisation de la biomasse, qui
s'occuperait... enfin, c'est inimaginable. En
fait, c'est peu probable. Chaque organisme a ses objectifs qui lui sont
propres et même s'il fait appel à des connaissances qui peuvent
être communes en ce qui a trait à la science de base, il demeure
que les développements, particulièrement lorsqu'on parle de
recherche appliquée, les procédés auxquels on
réfère sont des sujets qui sont très différents les
uns les autres. Donc, il ne suffit pas de lister tout un ensemble d'organismes
qui ont des intérêts plus ou moins reliés aux
biotechnologies pour tirer la conclusion que ces organismes font double emploi.
Ils travaillent dans des secteurs qui leur sont propres.
De plus, et c'est là un des éléments importants de
ce centre et c'est là qu'on introduit la notion de sous-traitance d'une
part importante, le centre est tenu, en vertu de ses lettres patentes, de
sous-traiter, je pense, plus de la moitié de son budget de recherche.
Donc, il doit chercher à établir des liens entre ces gens qui
fonctionnent de façon indépendante. Or, aucun organisme au
Québec n'est chargé de créer cette intégration et
d'éviter les dédoublements. La liste que vous venez de nous
démontrer ne fait qu'amplifier l'importance du rôle que va jouer
le centre de recherche sur la valorisation de la biomasse, puisque le centre
sert de trait d'union. En devant sous-contracter, il va ramener ces
intervenants ensemble dans la mesure où leurs préoccupations
peuvent être conjointes.
Troisième élément qui est susceptible, certes, de
nous inquiéter parce qu'il s'agit d'un nouveau développement et
que dans le cas d'un nouveau développement la caractérisation
n'est pas encore complétée, je réfère ici au centre
de recherche fédéral en biotechnologie... Je vais être
direct, M. le Président; effectivement l'arrogance du Parti
libéral qui avait été élu à Ottawa,
malheureusement par erreur - mais cette erreur fut corrigée le 7
septembre il y a un an - avait fait en sorte qu'il n'y avait plus aucun moyen
de chercher à établir des coordinations dans les efforts.
De fait, le gouvernement du Québec avait annoncé une
série de centres. Entre autres, nous avions même
énoncé notre politique de développement des
biotechnologies lorsque le gouvernement fédéral décidait
d'implanter un centre de recherche en biotechnologie sans aucune concertation
concernant sa localisation, sans aucune idée de la programmation
scientifique puisque, effectivement, à l'époque on a pris la
décision. On n'avait absolument personne, aucune programmation
scientifique et on a engagé des deniers publics importants. Aujourd'hui,
c'est fait. Nous avons donc été obligés de prendre en
considération ce nouveau centre en émergence et même
d'ajuster notre propre tir pour tenter, cette fois-ci, au moins nous, de nous
montrer plus raisonnables. À tel point que le ministre
fédéral de la science et de la technologie a reconnu cette
espèce d'attitude assez manifeste de l'ancien gouvernement
libéral où prévalait systématiquement le refus de
collaboration. De fait, dans l'entente fédérale-provinciale que
nous avons conclue, il était un peu tard pour tenter d'intégrer
nos actions puisque les deux centres ont démarré. A ce
moment-là, nous avons néanmoins convenu qu'un groupe de travail
siégerait pour analyser la programmation, la problématique du
centre fédéral de biotechnologie, la problématique de nos
propres centres puisque vous avez fait référence à
l'Institut Armand-Frappier que nous finançons dans le domaine de la
santé, qui est peut-être plus directement en concurrence avec le
centre fédéral de biotechnologie. Mais, nous avons
également une préoccupation, comme vous l'avez si bien
souligné, en fermentation au niveau du Centre de valorisation de la
biomasse.
Donc, nous avons convenu de mettre en place une équipe et de voir
dans quelles mesures nous ne pourrions pas mieux harmoniser nos actions. Est-ce
que cela doit convenir, par exemple, à l'approche que nous avons suivie
et dont je suis très heureux, dans le cas du centre de recherche en
optique, optique et laser, où plutôt que de se diviser, de
s'opposer, nous avons intégré nos efforts? Nous allons tous
ensemble participer conjointement au développement du centre, ce qui
m'apparaît une bonne façon d'assurer le respect, si on veut, des
priorités de chacun et d'assurer une bonne coordination.
Il est vrai que dans le cas du centre fédéral de
biotechnologie, il faut regretter l'arrogance du gouvernement libéral
antérieur qui avait - je dis libéral, souligné trois fois,
c'est assez caractéristique de ce parti en général - fait
en sorte qu'effectivement, il n'y avait pas moyen d'essayer de s'asseoir et
d'élaborer quelque chose ensemble, ce qu'il est possible de faire
à l'heure actuelle dans le domaine de l'optique, par exemple et, ce qui
va sans doute être possible ultérieurement de faire dans la mesure
où nous avons convenu de mettre en place un groupe de travail. C'est
évidemment plus difficile puisque là, on a affaire à un
laboratoire qui est strictement gouvernemental, donc avec sa
problématique propre, alors que nous avons, nous, une approche qui est
davantage de collaboration avec le secteur privé de manière
à maximiser le transfert industriel de la recherche. On peut quand
même présumer qu'à la longue on pourra probablement arriver
à harmoniser les gestes.
Maintenant, sur le détail des mandats de chaque organisme en
question, si cela vous intéresse, je peux demander à M. Coulombe
de prendre chacun des organismes que vous avez indiqués et de souligner
le mandat respectif de ces organismes pour bien
montrer que la création du Centre de valorisation de la biomasse,
répond à un besoin non comblé d'une part, et d'autre part,
je pourrais demander à M. Risi de compléter, s'il veut aller plus
en profondeur concernant, par exemple, les orientations que son propre centre
veut prendre, selon l'intérêt que manifeste la
députée de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Fortier): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Est-ce que M. Risi a quelque chose à
ajouter?
M. Bérubé: M. Coulombe pourra avoir quelque chose
à ajouter, si vous voulez prendre chacun des centres dont...
Mme Dougherty: Non, ce n'est pas nécessaire, M. le
ministre.
M. Bérubé: Je pense que la question était
inutile, vous connaissiez la réponse. Donc, c'est parfait.
Peut-être qu'on peut...
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, je pense que la
question était très pertinente. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: La réponse du ministre m'étonne
parce que si on examine l'avis du Conseil de la science et de la technologie
publié en mai 1985...
Le Président (M. Fortier): Avant le décret.
Mme Dougherty:... avant le décret, le conseil a
examiné l'ensemble du secteur de la biotechnologie au Québec, le
potentiel, etc. Il a fait quelques recommandations très précises.
D'abord, il a encouragé le gouvernement à former les chercheurs
en biologie végétale et animale comme priorité du
gouvernement. Il a donc mis l'accent sur la formation des ressources humaines
dont il y a une pénurie ici, au Québec. (11 heures)
Deuxièmement, il a recommandé que les ressources
gouvernementales affectées au développement des secteurs
agro-alimentaire et forestier reflètent mieux les besoins
d'investissement a long terme en amont des types d'activité
industrielle.
Troisièmement, il a recommandé que le gouvernement
favorise l'établissement d'organismes privés en recherche
générique pour répondre aux besoins spécifiques de
filières industrielles dans les secteurs forestier et surtout
agro-alimentaire.
Je ne vais pas lire toutes les recommandations, mais il y a aussi la
recommandation no 20 qui dit: "Le conseil recom- mande qu'un moratoire soit
décrété sur la mise sur pied de nouveaux
établissements publics en biotechnologie jusqu'à ce que soient
énoncées les orientations du gouvernement en matière de
politique bio-industrielle à la fin de la première phase du
programme d'intervention. " Cela veut dire 1987. Alors, comment pourriez-vous
concilier vos propos, l'intention du gouvernement et les recommandations qui
découlent de l'examen de ce secteur par le conseil?
M. Bérubé: C'est l'harmonie totale. On nous dit:
Investissez davantage dans le développement d'équipes
universitaires par le biais d'actions structurantes. Effectivement, nous avons
déjà deux équipes dans ce domaine dont nous allons
permettre l'émergence et effectivement une priorité a
été donnée au domaine de la biotechnologie.
Quand on parle d'accroître les investissements dans la recherche
préparatoire au développement industriel, c'est exactement le
mandat de ce centre puisque le mandat du centre n'est pas de faire de la
recherche fondamentale en biotechnologie, mais de travailler à la mise
à l'échelle, donc à se placer exactement à
l'interface entre la recherche de laboratoire et l'application industrielle.
Donc, c'est exactement dans ce sens que l'on crée le centre; le centre
répond donc exactement à la recommandation.
Quant à la stimulation d'organismes privés, c'est une
réflexion que nous avions demandée au Conseil de la science et de
la technologie concernant le développement de l'industrie
biotechnologique. Là, évidemment, on ne répond pas
spécifiquement à cette préoccupation indiquée par
le conseil. Quant au moratoire sur de nouveaux, évidemment, le conseil
réfère... Il demande un moratoire une fois que l'on aura mis en
place l'institut fédéral, lorsque Armand-Frappier sera
intégré dans le portrait, lorsque Bio-Méga sera
intégré, lorsque notre Centre de valorisation de la biomasse sera
intégré dans le portrait. Ce que le Conseil de la science et de
la technologie nous dit, c'est: Ne prenez pas d'autres décisions
d'implantation, attendez 1987 et faites une évaluation avant de
décider s'il y a de nouveaux besoins, sauf possiblement pour des
organismes privés de recherche où l'on nous incite à aller
de l'avant. Donc, tout ce que je peux dire, c'est que nous sommes sur la
même longueur d'onde que le Conseil de la science et de la
technologie.
Le Président CM. Fortier): Excusez-moi, Mme la
députée, mais M. le ministre, pour l'information des
parlementaires que nous sommes, vous avez dit: Nous allons faire de la
recherche en amont.
M. Bérubé: Si c'est au sujet de
l'enseignement supérieur, c'est pour moi; si c'est
l'éducation, c'est pour mon collègue, M. Gendron.
Le Président (M. Fortier); Je croyais que le genre de
recherche qui avait été défini par M. Risi était
plutôt en aval, plus près des utilisateurs, plus près des
procédés industriels. Est-ce qu'il y a maldonne? Dans
l'énoncé que vous venez de faire, vous dites: Oui, nous sommes en
accord parce que ce sera plutôt en amont, alors que M. Risi parlait
plutôt de recherche en aval.
M. Bérubé: On a parlé amont, aval mais c'est
toujours par référence à un point, M. le
député.
Le Président (M. Fortier): Pourriez-vous nous donner des
exemples pour nous éclairer?
M. Bérubé: Tout dépend de l'endroit
où on se situe pour pouvoir en discuter. Alors, entendons-nous. Nous
sommes en amont de l'industrie mais en aval des laboratoires de recherche
académiques.
Le Président (M. Fortier): Bon, d'accord. Il s'agit de
connaître le point de référence.
À moins qu'il n'y ait quelque intervenant du côté
ministériel, je passe la parole à M. le député de
Louis-Hébert.
Le site d'implantation du centre
M. Doyon: Merci, M. le Président. Mes premières
paroles seront pour me réjouir de l'arrivée de ce projet
après de nombreux mois et de nombreuses années en gestation.
Finalement, nous avons eu raison de nous inquiéter de ce qui arriverait
au projet. Je me réfère particulièrement à des
propos que tenait, au mois d'octobre dernier, le ministre de l'Agriculture,
alors qu'il s'exprimait de la façon qui lui est habituelle. Par exemple,
lors d'une interview à CKCV, il disait: "Il s'agit de valoriser les
fumiers. " Pour lui, la biomasse se résumait aux fumiers. C'est une
façon de voir les choses. "Les déchets alimentaires ou encore les
déchets de carcasses impropres à la consommation humaine... Je ne
vois pas un camion de déchets entrer dans la ville de Québec pour
se faire analyser. Il me semble, disait-il encore, qu'il serait plus facile de
faire voyager les chercheurs que de faire voyager les déchets. " Cette
vision simpliste qu'il avait du Centre québécois de valorisation
de la biomasse a donné lieu à un certain nombre
d'inquiétudes qui se sont manifestées au sein du GATIQ,
inquiétudes qui remettaient en question, finalement, tout ce qui est
l'atteinte de la masse critique nécessaire au démarrage du parc
technologique Sainte-Foy-Québec.
Il y a encore un flottement - le ministre est au courant - en ce qui
concerne l'institut d'optique. Le ministre a été approché
à ce sujet-là. Les réponses, semble-t-il, qui ont
été obtenues par M. Paquet, le recteur de l'Université
Laval, ne lui ont pas donné totale satisfaction. Je profite de
l'occasion - je le dis en passant - pour demander au ministre de porter une
attention particulière au dossier de l'institut d'optique de
façon qu'il puisse s'insérer dans tout le processus
d'implantation du parc technologique Sainte-Foy-Québec. Le ministre
connaît aussi bien que moi les nécessités qu'impose la mise
en place d'un tel parc. On ne peut pas prendre de risques à ce
sujet-là, surtout au début, de voir nous glisser entre les doigts
un investissement de l'ordre de celui que constituerait l'institut
d'optique.
Pour revenir au Centre québécois de valorisation de la
biomasse, je suis particulièrement heureux de voir que la
décision semble finale, que le centre sera implanté dans le parc
technologique Sainte-Foy-Québec. La recommandation est claire et ne
laisse pas ouverture à beaucoup d'autres options.
Je voudrais quand même attirer l'attention du ministre sur une
phrase qui me paraît un peu sibylline, à la page 37, où on
parle de la recommandation concernant le site. On dit: "Si l'on décidait
de considérer d'autres critères ou de les pondérer d'une
façon différente, le choix du site pourrait dès lors
différer de celui proposé dans ce rapport. " Si je me
réfère aux critères proposés aux pages
précédentes, je ne vois pas comment on pourrait sortir de ces
critères-là. La seule raison que je pourrais voir - et j'aimerais
que le ministre me dise ce qui en est - si on parle d'autres critères
que ceux qui sont déjà mentionnés dans le rapport, il
faudrait que ce soient des raisons essentiellement politiques. J'aimerais avoir
des assurances du ministre qu'actuellement il n'y a pas d'autres
critères qui sont considérés, que la décision est
telle qu'elle est présentée là, qu'elle tient et que,
malgré ce qui semble être une porte ouverte à un changement
en ce qui concerne le site toujours, en se référant à
d'autres critères qui permettraient d'en arriver à d'autres
conclusions évidemment... J'aimerais savoir du ministre ce qui en est
pour que nous sachions, que le GATIQ sache, que la région de
Québec sache et que le parc technologique Sainte-Foy-Québec sache
une fois pour toutes que, dans un avenir très rapproché, il y
aura sur ce terrain le Centre québécois de valorisation de la
biomasse.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre.
M. Bérubé: D'une part, concernant
l'importance d'implanter un parc technologique et d'y concentrer
là l'effort de recherche, je pense que notre position est connue.
Effectivement, dans la mesure où on regroupe de nombreux chercheurs dans
un même environnement, où on leur permet de se rencontrer, de
bénéficier en commun parfois d'équipements plus
coûteux qu'il serait non rentable d'exploiter sur la base d'un seul
projet de recherche, par exemple, il est clair que si on prend toutes ces
considérations en compte il y a un intérêt très
réel à implanter un parc technologique et d'y concentrer
là des laboratoires importants.
D'autre part, lorsqu'on parle de localisation, personnellement, je pense
qu'il faut toujours chercher l'endroit optimal de localisation. À titre
d'exemple, tout le raisonnement que je viens de faire ne s'applique pas quand
on parle du projet Biosyn à Saint-Juste-de-Bretenières, car
implanter en pleine ville de Québec une installation pilote de
combustion sous pression de matières ligneuses, ce qui implique des
récoltes de bois, du transport de bois, l'élimination de3
déchets, il est clair qu'à ce moment le site optimal pour
implanter une installation pilote, ce n'est pas dans la ville de Québec,
mais c'est plus près de la matière première qui est la
fibre de bois.
Donc, de la même façon, quand il s'agira d'implanter une
installation pilote majeure travaillant sur un projet bien spécifique et
impliquant des manipulations importantes, à ce moment, je pense qu'on
verra quel est le meilleur site et le centre pourra faire son choix et
décider qu'il s'implante dans le parc technologique parce que c'est le
meilleur endroit, parce que l'équipement peut être polyvalent ou,
encore, qu'il s'implante ailleurs parce qu'il a constaté que c'est plus
facile pour lui d'oeuvrer dans un milieu plus près, plus industriel, par
exemple, que purement technologique.
Il ne faut pas avoir de fixation, si ce n'est d'établir le
principe que la concentration d'effectifs scientifiques dans un même
environnement est désirable, que dans la mesure du possible nous
devrions concentrer là nos effectifs gouvernementaux de recherche ou
paragouvernementaux et même industriels du secteur privé. On
devrait encourager l'implantation dans un tel parc, je pense que c'est clair,
mais, en même temps, il faut avoir fait preuve d'une saine prudence et ne
pas s'engager d'une façon absolue dans l'abstrait sans avoir en face de
nous un projet spécifique. Je pense que c'est comme cela qu'il faut le
voir.
Le Président (M. Fortier): Je voulais juste savoir ceci,
M. le ministre: Pourriez-vous nous rappeler si la décision finale
revient au conseil d'administration ou si cela revient au gouvernement par
décret?
M. Bérubé: Le siège social, c'est le
gouvernement, mais le conseil d'administration décide pour les projets
de développement les immobilisations pour un projet donné.
Le Président (M. Fortier): Merci. M. le
député.
M. Doyon: Merci. Je suis d'accord avec le ministre que ce qui
importe, c'est que tout cela soit fonctionnel et que cela donne les meilleurs
résultats possible au moindre coût, en tenant compte de la
disponibilité des matières premières, etc. Cela ne
crée pas de problème. Ce qui est important, c'est que le centre
de recherche proprement dit soit situé quelque part où il est en
contact direct et facile avec le milieu universitaire, etc., dans un milieu qui
favorise la recherche, où on en fait beaucoup, de façon à
atteindre ce qu'on appelle la masse critique, etc., et que cela ne cause pas de
problèmes, qu'il y ait des installations satellites qui permettent de
mettre en pratique tel procédé, il s'agit de matières
ligneuses, par exemple, que ce soit sur les lieux où la matière
première est disponible.
M. Bérubé: Le centre est à
l'Université Laval, dois-je dire, au cas où vous ne le sauriez
pas. À l'heure actuelle, l'Université Laval a
dégagé des laboratoires dans le Pavillon Comtois, je crois, et a
donc dégagé des espaces sans que le centre s'y implante à
l'heure actuelle. Nous estimons présentement qu'il n'y a pas lieu de
construire un édifice pour l'équipe initiale et, selon la
philosophie du centre, par exemple, si le centre devait sous-contracter 100 %
de sa recherche parce qu'il a trouvé des partenaires industriels et
universitaires qui sont capables de mener à bien de tels projets,
à ce moment, les besoins en espace vital seraient nettement moindres que
si le centre devait, avec les années, se doter de ses propres
installations. Il faut savoir qu'à l'heure actuelle le centre est
logé à l'Université Laval, dans des locaux de
l'université.
M. Doyon: Dans les prévisions qui sont faites ou que le
conseil d'administration va être appelé à faire, le centre
va devoir avoir pignon sur rue quelque part. Si je comprends bien,
actuellement, l'Université Laval prête des locaux ou loue des
locaux au centre. Ce que je veux savoir, c'est ceci. Quand le moment sera venu
où le centre devra avoir pignon sur rue quelque part, est-ce que la
recommandation 16 que l'on trouve à la page 37 va Être remise en
question de quelque façon que ce soit?
(11 h 15)
M. Bérubé: La recommandation numéro 16?
M. Doyon: À la page 37, M. le ministre.
M. Bérubé: Je pense qu'il faut prendre la
recommandation dans un contexte, tel que je le comprends, voulant simplement
dire: Advenant le cas où on implanterait un laboratoire de recherche
fixe, polyvalent, on vous recommande de l'intégrer au parc
technologique. Cependant, à titre d'exemple, à l'heure actuelle,
nous ne suivons pas cette recommandation, puisque nous l'implantons à
l'Université Laval, parce que cela fait plus de sens.
Donc, la recommandation 16 devrait être interprétée
dans le contexte des recommandations éventuelles du conseil, dans un
certain nombre d'années, parce qu'on ne peut pas encore prédire
quand, concernant la nature du développement. Est-ce que, par exemple,
on va suivre la voie d'une usine pilote polyvalente? Cela peut être une
voie. Est-ce que cela peut être la voie de multiples usines pilotes
spécifiques à des projets? C'est une autre voie. C'est la voie de
Biosyn, par exemple. Est-ce que c'est un centre de recherche je ne dirais pas
fondamental, mais axé sur du travail de laboratoire autonome que l'on
devra mettre en place dans le cadre des activités du centre? Pour
l'instant, ce n'est pas, à ma connaissance, l'orientation que prend le
conseil d'administration. Mais Dieu sait ce que le conseil d'administration
voudra décider dans quelques années.
Donc, je pense qu'il faut voir cette recommandation dans le cadre du
concept d'un centre qui est une bâtisse physique avec des laboratoires et
quelque chose de très polyvalent, un petit peu comme le Centre de
recherche industrielle du Québec. Il faudra voir beaucoup plus quelle
allure le centre va prendre avec les années pour pouvoir dire si cette
recommandation tient.
Moi, je pense qu'il est prématuré, à l'heure
actuelle, de dire que cette recommandation est absolue et doit être
respectée intégralement. Le plus bel exemple, c'est qu'on ne la
respecte pas présentement; on l'a mis à l'Université
Laval.
M. Doyon: Vous êtes au courant des travaux du GATIQ qui
compte, évidemment, sur l'implantation d'un certain nombre
d'équipements physiques pour donner une erre d'aller, un élan, un
départ à ce qui deviendrait un véritable parc industriel
de haute technologie.
Si je comprends bien les propos du ministre actuellement, le GATIQ ou le
parc technologique Sainte-Foy-Québec ne peut pas compter
présentement sur des immobilisations matérielles qui
permettraient d'utiliser une partie du terrain qui est disponible. Vous
connaissez le projet de loi qui a été passé. Le parc
technologique existe sur papier, les terrains sont disponibles. Il y a le CRIQ
qui est là, le Centre de recherche industrielle du gouvernement du
Québec. Il y a toutes sortes de choses qui se passent là.
Évidemment, la proposition du GATIQ était d'engraisser
cela grâce à des implantations de la nature de celles de
l'institut d'optique, possiblement, et du Centre québécois de
valorisation de la biomasse, entre autres choses. Dans l'immédiat, on ne
prévoit donc pas - selon les propos que vous tenez actuellement -
d'immobilisation matérielle dans le parc technologique Sainte-Foy.
Est-ce que j'interprète correctement vos propos?
M. Bérubé: Pour l'instant, en tout cas, sur la base
de l'information dont je dispose, c'est exact au niveau du ministère.
Toutefois, comme le directeur vient de le dire, il n'a pas encore tenu la
première séance de son conseil d'administration. Son
équipe scientifique n'est pas formée. Il n'a pas encore soumis de
plan de développement de son centre.
Ce que je vous dis aujourd'hui pourrait se révéler
totalement faux dans six mois. Donc, tout ce que l'on peut dire, c'est que nous
n'avons pas les éléments qui nous permettent de prendre une telle
décision d'implantation; c'est exact. Ce n'est pas le cas du laboratoire
d'optique où, là, on va implanter de réelles installations
physiques qu'on peut planifier. On prépare les plans et devis à
l'heure actuelle, dans le cas du laboratoire d'optique, car ce n'est plus un
laboratoire fédéral; c'est devenu un laboratoire conjoint qui,
d'ailleurs, va fonctionner exactement sur la même base que ce
laboratoire-ci, avec des représentants de l'industrie, en
majorité, avec un objectif peut-être plus exigeant
d'autofinancement. Mais c'est à voir avec le temps.
Donc, dans le cas du laboratoire d'optique, effectivement, c'est une
implantation physique que nous voulons faire dans ce futur parc industriel
conjointement, en partageant d'ailleurs les coûts en question. Plus
précisément concernant le Centre québécois de
valorisation de la biomasse, il va falloir - et cela m'apparaît
être une mesure sage - étant donné le caractère
semi-industriel de la recherche, avoir un véritable plan corporatif de
développement avec des projets spécifiques qui, à ce
moment-là, vont mettre en relief la nature des équipements que
l'on a à implanter et c'est sur cette base-là que l'on pourra
prendre une décision plus facilement.
M. Doyon: S'il m'était permis, M. le ministre, de faire un
souhait et de le
transmettre à M. Risi, qui a suivi de près les travaux du
GATIQ, je souhaiterais vivement que, quelle que soit la décision
à ce sujet-là, elle puisse être prise après
consultation et après discussion avec les gens qui forment le GATIQ et
qui se sont penchés sur toute la problématique du départ
ou du démarrage d'un parc de haute technologie dans la région de
Québec.
Je comprends que, pour des raisons qui pourraient être propres au
centre de valorisation, il serait préférable - peut-être
indéfiniment - d'avoir des installations ailleurs que dans le parc
technologique Sainte-Foy-Québec. Il y a un élément
-évidemment, on ne le retrouve pas et ce n'est peut-être pas
l'endroit pour le retrouver - supplémentaire dont il faut tenir compte,
c'est que si tous prennent des décisions sans tenir compte de
l'ensemble, de l'effet globalisant des décisions qui vont être
prises on va se retrouver dans une situation où on aura probablement un
beau projet de loi, comme on en a déjà un actuellement, un beau
terrain, mais tout cela sera vide et on n'y aura pas d'implantation
physique.
Il est possible qu'il y ait certains désavantages particuliers
qui sont individuels, mais il faut tenter de les surmonter de façon
à donner un départ à ce parc de haute technologie dont
nous avons absolument besoin dans la région de Québec. La preuve
en est qu'on a pris la peine d'adopter un projet de loi, on a pris la peine de
réserver du terrain, un territoire pour cela; la ville de Sainte-Foy et
la ville de Québec ont offert toute la collaboration possible pour en
arriver là mais, à partir de là, il va falloir qu'il y ait
de la part des organismes, qu'ils soient fédéraux, provinciaux ou
privés, un effort pour se retrouver quelque part ensemble sur un
territoire donné. Ma crainte, c'est que chacun ait de bonnes raisons
pour aller ailleurs. À ce moment-là, on n'aura pas de parc
technologique, c'est très clair. C'est ce que je voulais en même
temps passer comme message à M. Risi.
Un mot seulement, M. le Président. Quand on parle de la
composition du conseil d'administration, on voit qu'il y a trois
représentants du milieu universitaire et un représentant
d'organismes indépendants concernés. Les organismes
indépendants concernés dont on parle ici, de qui s'agit-il?
Qu'est-ce qu'on a à l'idée? Je fais référence plus
particulièrement à la page 15, où on explique la
composition du conseil d'administration et on parle de trois
représentants du milieu universitaire. On comprend très bien
pourquoi et comment cela s'insère à l'intérieur de la
mission ou de la vocation du centre de valorisation, mais un
représentant d'organismes indépendants concernés, je n'ai
pas d'objection de principe, mais je voudrais savoir de qui on parle et qui on
vise. Cela peut être bien du monde.
M. Bérubé: M. Coulombe pourrait répondre
plus facilement, étant donné qu'il présidait le
comité en question qui a rédigé ledit rapport.
M. Doyon: Probablement qu'il sait ce qu'il voulait dire, oui.
Le Président (M. Fortier): M. Coulombe.
M. Coulombe: M. le Président, le comité
d'implantation, quand il a étudié quelle pourrait être la
composition du conseil d'administration, a bien sûr retenu, comme vous
l'avez souligné, la présence de représentants des milieux
industriel, universitaire et gouvernemental. Il s'est aussi interrogé
sur la pertinence d'avoir des représentants d'autres organismes, des
coopératives, par exemple, l'UPA, qui n'est ni une industrie ni du
gouvernement ni du milieu universitaire, des groupes qui s'intéressent
à la protection de l'environnement. Est-ce que ce seraient des groupes
qu'il pourrait être intéressant d'avoir à un tel conseil
d'administration pour éclairer le conseil sur leurs propres
préoccupations, lesquelles préoccupations pourraient se traduire
par la suite par des projets de recherche, des projets de développement
ou des projets de mise à l'échelle? C'est ce type d'intervenants
que le comité d'implantation a proposé d'inclure dans la
composition du conseil d'administration.
M. Doyon: Je comprends la...
M. Bérubé: Mais cela n'a pas été
retenu dans les lettres patentes.
M. Coulombe: Dans les lettres patentes, on ne retrouve pas ce
type.
M. Bérubé: Pas spécifiquement.
M. Doyon: Finalement, il n'y a personne de ce milieu-là...
En fait, il y avait une difficulté majeure. On peut bien penser à
l'UPA, par exemple, puisque vous l'avez mentionnée, et si on pense
à l'UPA et qu'on laisse de côté certains milieux qui sont
représentatifs des gens qui prônent la protection de
l'environnement, souvent, ils ont des intérêts divergents et ils
ne voient pas comment l'UPA pourrait se sentir représentée par
quelqu'un qui ne serait pas de l'UPA ou qui serait des milieux environnementaux
ou quelque chose de semblable. Je reconnais la difficulté et je pense
que vous avez pris une sage décision de ne pas tenter de...
Le Président (M. Fortier): Cela va. Avez-vous
terminé?
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Fortier): J'aurais juste un commentaire
à faire, M. le ministre, pour renchérir. Je comprends très
bien les demandes et les représentations que le député de
Louis-Hébert a faites pour s'assurer que le parc technologique de
Québec se développe. Or, d'une façon
générale, M. le ministre - et je pense bien qu'on est ici pour
échanger des idées sur le développement économique
qui va venir de la recherche et du développement - le but premier de
faire cette recherche, c'est justement d'alimenter le développement
économique et le développement industriel du Québec.
Quoique ces représentations soient tout à fait normales et
valables, l'important, dans le fond, c'est de s'assurer, comme vous l'avez dit
au début, que les montants qui vont être investis dans le domaine
de la recherche - surtout en collaboration avec le secteur privé -
aboutissent à des processus industriels qui, eux, vont créer le
développement économique.
J'aurais une mise en garde à faire quant aux demandes qui
viennent, j'imagine, de toutes les régions du Québec, y inclus
Montréal, de favoriser un développement économique par le
fait de construire des édifices où va se faire la recherche. Je
me demandais si l'orientation du ministère et du centre... Je pense bien
que ce que vous avez dit corrobore mes commentaires, qu'il faut chercher
à assurer le développement économique à long terme
en développant des processus industriels qui vont nous donner
éventuellement la recherche, qui vont nous donner des processus
industriels qui vont assurer le développement économique du
Québec et, de préférence, dans la région de
Québec, si c'est possible. En ayant un centre de recherche dans la ville
même, c'est certain que cela devrait favoriser plus immédiatement
les compagnies ou les industries qui ont un contact quotidien avec les gens qui
font la recherche. Autrement dit, je crois qu'il ne faudra pas perdre de vue
l'objectif à moyen et à long terme qui est d'assurer le
développement économique.
Je me demandais si vous aviez des commentaires là-dessus, quoique
je reconnaisse le bien-fondé des représentations de la ville de
Québec ou de Sainte-Foy, dans ce cas-ci, et du député de
Louis-Hébert, mais je croyais que c'était peut-être... Je
me demandais si vous aviez des commentaires à faire, justement, sur
l'orientation à moyen et à long terme, les raisons et les motifs
qui poussent le Québec - et cela, je crois que c'est indépendant
des partis politiques - à faire une plus grande part à la
recherche et au développement et, surtout, au développement
industriel.
M. Bérubé: D'abord, je ne peux que souscrire
entièrement à vos propos lorsque vous soulignez un certain nombre
de vérités essentielles. Je pense que ce qui est important, ce
n'est pas de dire: On construit un édifice et, après, on pense
que cela va avoir des retombées économiques. On sait, par
exemple, que le gouvernement canadien a investi massivement dans des
laboratoires gouvernementaux de recherche, mais on sait aussi que les
retombées industrielles de la recherche canadienne ont été
très faibles. Pourquoi? Parce qu'on n'a pas pensé au
problème du transfert. Comme il n'y avait pas de lien entre l'industrie
et ses laboratoires, il y a eu très peu de transferts et les gens ont eu
tendance à chercher en fonction de leurs intérêts propres
et non pas en fonction des besoins de la société. Je pense qu'un
gouvernement doit se méfier de ce piège.
Donc, ce qui est important, ce n'est pas une bâtisse. Ce qui est
important, c'est de développer un certain nombre de projets innovateurs
où on retrouve ensemble tous les intervenants qui ont quelque chose a
dire et qui connaissent des choses dans le domaine, donc, autant des
représentants de l'industrie que du gouvernement, quand c'est le cas, et
que les universités. Le centre doit être d'abord un rassembleur
autour de projets moteurs de développement avant d'être un
édifice et s'il doit être un édifice avec des chercheurs
qui font leur travail sur une base permanente, vous avez raison de souligner
qu'il y a un intérêt très réel à concentrer
de telles installations scientifiques dans un environnement où les gens
se c6toient, de telle sorte qu'il y ait un enrichissement mutuel. Je pense que,
là-dessus, il n'y a aucun doute. C'est d'ailleurs pour cela que le
gouvernement a fait adopter le projet de loi sur le parc technologique. C'est
la raison pour laquelle nous avons appuyé au sommet de Québec,
par exemple, l'implantation d'un parc technologique. Notre engagement à
cet égard ne fait aucun doute. (11 h 30)
Composition du conseil d'administration
Je voudrais revenir également sur une question qui a
été soulevée, qui concerne le conseil d'administration et,
en même temps, mes attentes que nous ne pouvons pas encore
véritablement matérialiser, concrétiser à
l'intérieur du Centre de valorisation de la biomasse, mais que nous
devons viser. Par exemple, dans le cas du Centre de micro-électronique
et d'informatique de Montréal, je dois vous dire qu'à l'heure
actuelle nous avons dix entreprises qui se sont engagées à verser
une part sociale de 20 000 $ annuellement pour devenir des membres
associés, des sociétaires de cet institut de recherche.
Je ne vous cache pas que ce que
j'aimerais voir dans le cas du Centre de valorisation de la biomasse -
mais c'est plus difficile parce que nous avons un secteur industriel qui est
beaucoup moins développé dans ce domaine - c'est
éventuellement 15, 20 ou 30 entreprises québécoises
souscrivant elles aussi une part sociale pour devenir membres à part
entière du centre de recherche. À ce moment-là, les
industriels pourraient, entre eux, choisir quels sont ceux qui les
représenteront au conseil d'administration. Je n'aime pas l'idée
de nommer, comme gouvernement, les représentants de l'industrie à
l'intérieur d'un centre, ce que nous faisons présentement, parce
que nous sommes vraiment à l'ABC du développement dans le domaine
des biotechnologies et l'infrastructure industrielle est insuffisante au
Québec pour pouvoir supporter un tel centre.
C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas
comblé tous les postes; nous en avons comblé neuf sur treize, si
je ne m'abuse. Pourquoi les autres postes sont-ils demeurés vacants?
Justement parce que nous ne serions pas fâchés de voir
éventuellement le centre élargir son membership auprès des
entreprises en introduisant un type de part sociale, manifestant clairement
l'intérêt d'une entreprise pour le travail du centre.
Le Président (M. Fortier): Avant de passer la parole au
député de Shefford, j'ai une sous-question à ce que vous
venez de dire. Un premier commentaire pour dire qu'il me fait plaisir de voir
parmi les personnes que vous avez nommées le vice-président de
SNC, un grand bureau de génie-conseil. J'ai toujours pensé, parce
que j'en faisais partie, que les grands bureaux de génie-conseil
cherchent à faire de la recherche ou à s'associer à la
recherche car ils ont des ressources humaines considérables et, trop
souvent, ces ressources humaines ne sont pas mises à profit dans le
domaine du développement technologique en particulier, quoique j'aie vu
dernièrement que SNC s'est même impliquée dans le domaine
manufacturier de haute technologie.
Je me demandais si, de ce côté, vous aviez cherché
à impliquer d'autres bureaux; je parle des grands bureaux de
génie-conseil qui ont des technologies bien précises. Est-ce que
cette première nomination est un indice de l'intérêt que
vous avez à travailler non seulement avec Domtar ou les grandes
entreprises dans le secteur manufacturier, mais également avec ces
grandes boites de consultants qui ont des ressources humaines et qui peuvent
apporter des données de marketing international qui, à
l'occasion, peuvent être assez intéressantes pour
déterminer la validité d'un projet en particulier?
M. Bérubé: Effectivement, cette nomination
manifeste notre désir d'ouvrir aux bureaux de génie-conseil...
Toutefois, vous pourriez certainement soulever la question: Pourquoi SNC et non
pas Roche, et non pas Lavalin, et non pas... Il y a un grand nombre de
bureaux.
Le Président (M. Fortier): Je pense qu'ils sont les seuls
à avoir un vice-président responsable de la recherche et du
développement.
M. Bérubé: Il y a un grand nombre d'entreprises de
génie-conseil qui pourraient contribuer de façon fort valable au
conseil d'administration d'un tel centre, ce n'est donc pas pour
éliminer les firmes de génie-conseil...
Le Président (M. Fortier): Les concurrents.
M. Bérubé: C'est ce qui m'amène à
dire que dans le cas des représentants de l'industrie, je
préférerais que ce soit l'industrie qui les choisisse. En
d'autres termes, je préférerais une structure administrative avec
des membres corporatifs qui souscrivent une part sociale et qui, entre eux, ont
droit, par exemple, à cinq représentants. Alors, s'il y a 25
industriels, incluant des organismes quelconques du milieu qui ne sont pas
exclus - je pense à l'UPA ou autres - chacun de ces organismes prend une
part sociale et, entre eux, ils décident quels seront les cinq qui les
représenteront au conseil d'administration. Ce serait la formule que je
préférerais car elle a l'avantage de n'éliminer personne.
On pourrait penser, comme nous voulons le faire pour le centre d'informatique,
à une contrainte, à savoir que toute entreprise qui désire
devenir membre, si c'est une entreprise du Québec, doit être
admise. Il faut que ces centres, puisque c'est de l'argent public, soient
ouverts. À partir du moment où on acceptera que toute entreprise
puisse devenir membre à part entière, personne ne pourra
prétendre être laissé pour compte parce que, entre vous et
moi, 20 000 $ pour être membre d'un centre de recherche comme
celui-là, compte tenu des retombées pour sa propre entreprise,
c'est vraiment peu. En même temps, si vous avez une vingtaine
d'entreprises qui investissent chacune 20 000 $, vous venez d'aller ramasser
500 000 $ par année, ce qui est déjà signe d'un
intérêt très réel de l'industrie pour le centre.
C'est une formule que nous testons. Je ne vous cache pas que je ne peux
pas prétendre maintenant qu'elle sera couronnée de succès.
Nous la testons avec l'espoir de rapprocher les intervenants et de faire en
sorte que le transfert de technologies se
fasse réellement, ce qui a été difficile à
réaliser à partir des laboratoires gouvernementaux
classiques.
Le Président (M. Fortier): Connaissant M.
L'Archevêque, qui a déjà travaillé pour moi
directement, je peux vous dire que c'est une très bonne nomination. M.
le député de Shefford.
M. Paré: Juste une petite question. Le but du centre est
d'élaborer des procédés pratiques pour être capable
d'en arriver à la production. Donc, à un moment donné, on
se ramassera avec des projets. C'est sûr qu'il faut qu'il y ait une juste
compensation financière pour le Centre de valorisation de la biomasse.
Est-ce que cette juste compensation pourrait aller jusqu'à une
participation au capital-actions ou une participation... Si cela amenait un
projet de développement, par exemple, une construction d'usine, est-ce
que le centre pourrait même s'impliquer ou prendre comme juste
compensation une implication directe dans cette construction, dans le capital,
dans le financement de ce que la recherche et le développement
amèneront comme résultat positif? Est-ce envisagé dans ce
sens-là? Est-ce que cela pourrait aller jusque là ou s'il n'en
est pas question?
M. Bérubé: Je pense qu'il n'y a pas de position
gouvernementale là-dessus, mais je vous dirais qu'a priori, non, je
n'aurais pas d'objection à ce que, s'il y avait un développement
industriel à partir d'un procédé, le centre puisse
détenir du capital-actions - j'ignore si les lettres patentes l'y
autorisent - mais qu'il puisse détenir du capital-actions plutôt
que de retirer des redevances annuelles, lesquelles ont toujours comme effet
d'alourdir les frais fixes de l'entreprise. À ce moment-là, oui,
j'imagine que le centre pourrait convertir ses redevances en capital-actions de
manière à pouvoir bénéficier d'une juste
retombée de son projet sur la base de la rentabilité d'un projet.
Mais de là à dire que le centre se muerait en investisseur, non,
je ne le pense pas.
Nous avons une société, BIO-AGRAL, par exemple, dont c'est
le mandat, dans le domaine agricole. C'est elle qui devrait financer. Nous
avons la SDI qui peut prendre du capital. Il y a l'AQVIR qui peut prendre
également tant du capital-actions que consentir des prêts à
redevances. Donc, nous avons des organismes gouvernementaux pour financer soit
le développement, soit l'investissement. Je pense qu'à ce
moment-là nous devrions normalement laisser à ces organismes leur
rôle. Il est clair que le centre que nous mettons en place doit
obligatoirement se doter d'objectifs d'autofinancement, peut-être pas
à 100 %, mais avoir obligatoirement un objectif d'autofinancement. Cela
suppose que le chercheur est obligé d'aller s'assurer qu'il y a du monde
autour intéressé à ce qu'il fait. C'est ce qui a
empêché les laboratoires gouvernementaux de donner des
résultats très souvent. On faisait de la recherche parce qu'elle
était intéressante en soi et non pas en fonction d'un
intérêt que quelqu'un pourrait avoir autour. On se retrouvait avec
de fort beaux procédés, de fort beaux produits, sauf que,
malheureusement, il n'y avait pas un industriel au Canada ou au Québec
qui était susceptible de prendre la relève. Alors, qui,
finalement, bénéficiait de la retombée scientifique et
technologique? Une entreprise étrangère qui, elle,
découvrait dans la littérature des brevets ou dans la
littérature scientifique en général, le
développement et, à ce moment-là, le réalisait,
l'actualisait. Donc, je pense...
M. Grégoire:... métal par exemple à la SNA
à l'heure actuelle.
M. Bérubé: Je ne peux pas vous le dire. Il faut
donc voir ce centre-là avec un objectif d'autofinancement. Du simple
fait qu'on lui donne un objectif d'autofinancement, quand il a fait les
découvertes, je pense qu'il est en droit d'attendre un juste retour.
Est-ce que ce juste retour prend la forme d'une redevance, est-ce qu'il prend
la forme d'une participation au capital-actions, à la
propriété de l'entreprise? Je pense qu'il n'y a rien
d'écrit dans les lettres patentes et c'est ouvert.
M. Paré: Cela ira en fonction de chacun des cas,
finalement.
M. Bérubé: Cela ira en fonction du projet. On
pourrait se retrouver avec un projet où les gens, prévoyant de
très fortes retombées économiques, préfèrent
payer des redevances plutôt que de se retrouver avec un
propriétaire qui encaisse une part des profits.
M. Paré: D'accord, cela répond à ma
question.
M. Bérubé: Je pense que cela dépendra des
projets.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Frontenac.
Les résidus de l'amiante
M. Grégoire: M. le ministre, vous avez dît au
début que de toutes les provinces, le Québec consacrait le plus
fort pourcentage à ces recherches...
M. Bérubé: Universitaires.
M. Grégoire:... universitaires ou de laboratoire, mais
qu'on ne développait pas assez la recherche industrielle. Puis vous
créez un centre de valorisation de la biomasse justement pour vous
enligner plus avant dans la recherche industrielle.
Je voudrais vous demander, en tant que ministre de la Science et de la
Technologie, si la même chose va se produire dans les autres secteurs de
la recherche, par exemple pour la recherche en laboratoire qui est faite autour
des résidus de l'amiante et si le Québec, en payant pour ces
recherches, va se trouver à en garder le profit et à pouvoir
lui-même développer ces richesses naturelles à partir des
recherches qui sont faites?
Je vais vous donner deux exemples concrets. Le dernier rapport de la SNA
m'indique très clairement que les essais faits autour de l'amiante
phosphaté sont une réussite et donnent de très bons
résultats. En phosphatant l'amiante, on va réussir à lui
enlever la toxicité qui est un danger pour la santé. Puis, tout
à coup, le Québec se départit de cette trouvaille au
profit d'une société en commandite gérée par des
compagnies américaines.
L'autre exemple c'est justement l'exemple du magnésium
métal. On en est rendu à un point où, dans le monde, avec
une production de 260 000 tonnes de magnésium métal, on trouve
que ce n'est pas assez. Puis les étrangers viennent au Québec
pour produire du magnésium métal parce qu'il n'y a rien de plus
riche en magnésium métal que nos tas de résidus. Mais
c'est le centre de recherche que vous avez fondé il y a sept ou huit
ans, le Centre de recherche de la SNA, qui a découvert les
procédés puis, tout à coup, ce sont les étrangers
qui viennent les développer et s'en emparer. Est-ce que vous trouvez
cela normal?
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, je vais vous
autoriser à répondre. Je ferai remarquer au député
de Frontenac que c'est un peu antiréglementaire. Si vous voulez
répondre en deux minutes ou une minute.
M. Bérubé: Etant donné que c'est
antiréglementaire, M. le Président, je fournirai une
réponse brève.
D'abord, M. le Président, le député de Frontenac
présente des résultats de laboratoire comme étant des
certitudes de développement industriel. Je pense qu'il saute un peu trop
vite aux conclusions. Effectivement, il est très rare qu'il faille moins
de dix à vingt ans pour passer de la découverte de laboratoire
à l'application industrielle. Bien fréquemment, même si
quelque chose semble prometteur à une étape, il peut très
bien s'avérer qu'ultérieurement cela ne le soit pas.
Par exemple, parlons de l'amiante phosphaté. Je ne veux pas
chercher à décrier l'amiante phosphaté mais j'ai eu
l'occasion, par exemple, de visiter un institut allemand de santé et
sécurité au travail où j'ai pu observer au microscope
électronique des biopsies de poumons de résidents en ville et de
travailleurs de l'amiante exposés pendant 25, 30 ans à l'amiante.
Nous pouvions très bien voir les fibres d'amiante insérées
dans les poumons de ces travailleurs. Ce qui était frappant,
après 25, 30 ans, c'est que la composition chimique de ces fibres
était complètement transformée. La forme
géométrique demeurait mais tous les ions métalliques
avaient été lixiviés par l'action des humeurs du poumon
avec comme conséquence qu'on se retrouvait avec un squelette, mais
à peu près plus rien à voir avec la composition chimique
de la fibre.
Parlons de l'amiante phosphaté. Eh bien! Oui, on arrive à
procéder à un recouvrement fort intéressant de la fibre
pour lui modifier ses propriétés cancérigènes. La
question bête et méchante que je vous poserais: Qui vous dit que
30 ou 40 ans plus tard ce revêtement phosphaté est toujours
là et joue encore son rôle? Point d'interrogation. Donc, il y a
loin de la coupe aux lèvres.
Concernant le magnésium métal, disons-le, oui on a
travaillé à l'extraction du magnésium métal.
À ma connaissance, le procédé utilisé par la firme
étrangère à laquelle vous faites allusion n'est pas le
procédé pour lequel on a travaillé au développement
mais c'est un procédé de type électrochimique
conventionnel et il n'y a pas là de plagiat ou de vol des technologies
québécoises. Au contraire, c'est une technologie
complètement autre, la raison étant que probablement le
procédé de magnésium métallique
développé à la SNA n'est pas encore à un stade
où on peut le qualifier de commercial.
Donc, en dépit du grand enthousiasme du député de
Frontenac pour le développement économique de son comté,
ce qui est tout à son honneur, il a tendance parfois à prendre
des développements scientifiques qui n'en sont encore qu'au stade de
laboratoire et les projeter dans l'espace de ses rêves et les transformer
en usine fonctionnant avec beaucoup de rentabilité et créant
beaucoup d'emplois dans son comté. C'est tout à son honneur mais
disons que c'est un peu prématuré. (11 h 45)
M. Grégoire: Je suis habitué au style du ministre.
J'ai été à côté de lui, je le voyais faire.
Je lui conseillais souvent de changer un peu de style.
Le Président (M. Fortier): L'avez-vous cassé?
M. Grégoire: Pardon?
Le Président (M. Fortier): L'avez-vous cassé?
M. Grégoire: Non. C'est parce que ce style un peu arrogant
lui va bien quand même. Justement, le ministre vient...
M. Bérubé: Ce n'est jamais méchant.
M. Grégoire: Non.
M. Bérubé: C'est moqueur un peu.
M. Grégoire: Des fois j'ai vu le ministre assez
méchant vis-à-vis de l'Opposition. Je l'ai vu. Je lui disais. En
tout cas, c'est justement ce que le ministre vient de confirmer. Pour le
magnésium métal, l'étape de la recherche en laboratoire
est terminée.
Le Président (M. Fortier): M. le député, il
y a plusieurs députés qui veulent poser des questions sur la
biomasse et j'aimerais qu'on revienne...
M. Grégoire: M. le Président, on a posé
beaucoup de questions sur le centre de développement technologique de
Sainte-Foy, qui étaient complètement en dehors du sujet du centre
de biomasse. On a laissé porter.
Le Président (M. Fortier): Je crois que la question que le
député de Louis-Hébert a posée était
à savoir qu'il s'inquiétait de l'implantation physique du centre
de la biomasse, mais si vous voulez faire une miniquestion rapidement pour
sortir un peu du sujet, je vais vous le permettre, mais je ne voudrais pas que
cela dure trop longtemps.
M. Grégoire: C'est à la suite de l'ouverture que le
ministre disait qu'on ne va pas assez vers la recherche industrielle. On ne
développe pas assez la recherche industrielle. C'est justement
l'exemple. Le magnésium métal est fini en laboratoire et la SNA
dit que tous ces travaux sont terminés en laboratoire et cela depuis
deux ans et demi. Depuis deux ans et demi qu'elle demande ce qu'il faut pour
faire son pilotage industriel. Elle ne l'obtient pas. Elle est rendue à
cette étape et c'est pourquoi vous venez de confirmer ce que vous disiez
au début en admettant que pour le magnésium métal, cela
peut prendre encore du temps parce qu'on n'a pas fait le pilotage industriel.
Cela prend des étrangers pour venir chercher nos découvertes en
laboratoire et obtenir des subventions de 4 500 000 $ comme cela a
été annoncé par le ministre de l'Industrie et du Commerce
pour faire le pilotage industriel de ce qu'on a découvert en
laboratoire, M. le ministre.
C'est là-dessus que comme ministre de la Science et de la
Technologie vous devriez voir à ce que les Québécois qui
commencent quelque chose soient à même de le terminer. Je suis
bien optimiste pour la région pour autant que la politique de l'amiante
qui avait été établie au début, soit la recherche
et le développement, puisse se rendre au bout. Depuis que vous
n'êtes plus là, moi je vais vous retourner le compliment, cela
n'avance plus.
Le Président (M. Fortier): Il s'en va à part de
cela.
M. Grégoire: La politique de l'amiante n'avance plus. On
avait décidé de développer l'industrie. On a tout
arrêté, on a tout coupé, on a décidé de faire
de la recherche. On arrête après les recherches en laboratoire. Il
n'y a plus de pilotage industriel, ce sont les étrangers qui sont
obligés de venir faire cela pour nous. En tant que ministre, est-ce que
vous allez voir à réorganiser cela et à remettre de
l'ordre là-dedans? C'est cela que je voudrais savoir.
Le Président (M. Fortier): Comme le ministre a
annoncé, M. le député, qu'il quittait la politique
prochainement, je pense qu'il n'aura pas le temps de remettre en branle tout le
programme que vous avez défini. Peut-être va-t-il être
embauché par le centre de recherche de la SNA et à ce
moment-là, vous pourrez peut-être avoir de l'espoir?
M. Grégoire: Je suis surpris, par exemple, de voir que le
ministre, qui a toujours réponse à tout, cette fois-ci ne veut
pas répondre.
M. Bérubé: Je répondrais simplement que la
recherche industrielle, par définition, c'est de la recherche
financée par l'industrie. La recherche industrielle financée par
le gouvernement, pour moi, ce n'est pas de la recherche industrielle. Il faut
que l'industrie finance elle-même sa recherche quand on parle de
recherche financée par le secteur privé. Je pense que le
député de Frontenac trouvera dans les bilans financiers de la SNA
les raisons pour lesquelles elle a de la difficulté à
autofinancer sa recherche industrielle.
Le Président (M. Fortier): Là-dessus...
M. Grégoire: Est-ce que c'est ça qui
l'empêche de réinvestir dans la recherche et le
développement?
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Frontenac, je crois qu'on a permis certaines questions et réponses sur
l'amiante. Étant donné qu'hier la commission a statué que
pour le moment on reportait ce sujet à plus tard, vous avez eu quelques
minutes
pour vous exprimer, j'aimerais passer la parole au député
de Beauharnois, je crois.
M. Grégoire: Je veux juste conclure. J'ai pris bonne note
des remarques du ministre. Il semble désappointé lui aussi de
voir l'aboutissement de la politique de l'amiante qu'il avait si bien
lancée et qui semble s'écraser de plus en plus. Je prends bonne
note de ses remarques à cet effet. Tout cela voulait sensiblement dire
cela.
Le Président (M. Fortier): Lorsqu'on quitte la politique,
on dit la vérité.
M. Grégoire: J'ai suggéré qu'on le renomme
en charge de la politique de l'amiante et cela n'a pas donné de
résultat, il semble.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Beauharnois.
Utilisation des ordures
ménagères
M. Lavigne: J'irais dans le même sens que le
député de Frontenac, mais sur d'autres sujets. C'est que je ne
parlerai pas des résidus d'amiante, sauf que le passage des analyses, de
la recherche qui est faite en laboratoire à la réalité
pratique, me semble long. Le ministre semblait dire qu'il y avait encore des
études à faire pour ce qui était des résidus
d'amiante, mais combien cela fait d'années qu'on a à peu
près terminé, à mon avis, la recherche ou qu'on a
découvert des méthodes pour transformer des résidus
d'ordures ménagères, par exemple, par le procédé de
la pyrolyse? Entre autres, à Larochelle, en France, il y a un centre de
récupération d'ordures ménagères et on les
transforme par le procédé de la pyrolyse. Ici, Ies MRC du
Québec s'évertuent, ont de la difficulté à trouver
des centres d'enfouissement sanitaire, parce que cela prend des terrains ou des
sous-terrains capables de garder... Dès qu'un terrain est un peu
sablonneux ou rocailleux, on craint l'infiltration de ces résidus dans
le sol et la contamination des nappes phréatiques. On a
énormément de difficultés dans certaines régions du
Québec parce que les sols ne se prêtent pas à cela,
à enfouir nos ordures ménagères qui nous coûtent
finalement par le transport, la manutention et tout cela,
énormément cher et il semblerait que le procédé de
la pyrolyse qui ferait une récupération des déchets
d'ordures ménagères pour s'autosuffire en énergie et
même aller au-delà, embouteiller ces gaz butanes - je pense que ce
sont des gaz butanes, si je me souviens bien - et les mettre sur le
marché.
Au niveau de la recherche, il me semble que ce soit terminé, mais
il y a énormément de temps qui se passe entre la
découverte d'un procédé et la mise en application pratique
de cette découverte. Je donne en exemple le procédé de la
pyrolyse. Je pourrais aussi donner... et vous disiez vous-même tout
à l'heure qu'on a découvert un procédé de
récupération des lisiers de porc, comment on est
embêté par le fameux lisier de porc, particulièrement au
Québec, parce qu'on est un gros producteur de porc. On paie des
milliards pour dépolluer nos rivières. Les producteurs de porc ne
savent plus quoi en faire. On connaît le procédé de
transformation du lisier de porc, mais il n'y a personne qui s'aventure dans la
réalisation d'une usine d'importance qui pourrait
récupérer le lisier de porc et le transformer en matière
qui pourrait permettre l'engraissement des terres, par exemple. On est à
un point aussi où on est de plus en plus sensible face à
l'écologie, à notre environnement. On déplore
l'utilisation des pesticides, des engrais chimiques et tout cela et le lisier
de porc, on sait qu'une fois transformé, il pourrait être un
engrais très important pour l'épandage sur nos terres et
remplacerait, par exemple, nos fameux engrais chimiques qui s'écoulent
dans nos cours d'eau et que nous retrouvons dans nos usines de filtration et
d'assainissement des eaux. Ce sont deux exemples que je donne, la
récupération des ordures ménagères, la
transformation des fumiers et des lisiers et on connaît, semble-t-il, les
réponses venues des laboratoires et des centres de recherche. Par
contre, cela s'arrête là. Il n'y a pas de passage entre ces
connaissances scientifiques et la réalisation pratique sur le terrain
par une entreprise ou le gouvernement ou je ne sais pas qui. Je ne sais pas si
vous avez de l'argumentation ou des explications à me donner
là-dessus, mais je trouve que c'est long entre les deux.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Il y a deux raisons pour lesquelles le
transfert technologique peut se faire difficilement. D'une part, il est
possible que l'on manque d'entrepreneurs ou encore de capital de risque qui
permettent à une nouvelle entreprise d'émerger dans un 3ecteur
mal connu car il y a des risques au développement technologique. On
prendra un exemple pour rester près du député de Frontenac
qui aime toujours qu'on prenne des exemples près de chez lui, le
développement du carbonate de magnésium qui s'est fait en
laboratoire. Lorsqu'on l'a fait, on a rencontré des difficultés
considérables et ce n'est pas encore complètement
réglé. On se rend compte que... La mise à l'échelle
est déjà un problème assez sérieux. C'est la raison
d'ailleurs pour laquelle l'accent va aller sur la mise à
l'échelle au niveau de notre centre industriel. Donc, il y a un
élément de risque. On peut ne pas avoir soit les promoteurs
ayant la connaissance qui leur permet de se lancer dans quelque chose
d'aussi risqué, soit les capitaux. C'est la première raison qui
est fréquente, l'absence de capital.
La deuxième, c'est l'absence de technologie applicable à
l'échelle industrielle, parce que, entre ce que l'on fait ce qu'on
appelle en "batch", en discontinu, dans un laboratoire et ce que l'on fait dans
un procédé en continu, il y a des variations considérables
et des inconnues. Souvent, les sommes nécessaires pour faire ce
développement ne sont pas disponibles, mais les deux exemples que vous
avez pris sont, si vous me le permettez, de mauvais exemples pour
dénoncer l'incurie du gouvernement. Je suis convaincu qu'un
député ministériel n'aurait pas sciemment choisi de
mauvais exemples pour dénoncer l'incurie gouvernementale. Dans ces deux
cas, prenons la pyrolyse. À Saint-Juste-de-Bretenières
actuellement nous opérons un réacteur sous pression pour
effectuer la pyrolyse de la matière ligneuse et obtenir des gaz
combustibles à la sortie. Pourquoi développons-nous une usine
pilote fort coûteuse? Si on veut avoir des vitesses de réaction,
donc des capacités de traitement élevé de manière
que l'investissement en capital puisse se rentabiliser sur un volume de
production plus élevé, il nous faut opérer dans des
conditions pour lesquelles on n'a pas véritablement mis à
l'échelle encore ces procédés.
Par conséquent, nous investissons des millions, je ne me souviens
plus combien, mais des sommes fort importantes.
Une voix: 20 500 000 $.
M. Bérubé: Une vingtaine de millions à
Saint-Juste-de-Bretenières justement sur la pyrolyse de la
matière ligneuse. Voilà un exemple d'investissement
gouvernemental pour tenter de combler l'écart entre la connaissance que
nous avons en laboratoire et l'application industrielle éventuelle. Nous
n'avons pas encore fait la démonstration de la rentabilité, loin
de là.
Deuxièmement, quand on parle de lisier de porc, qui est le
deuxième exemple que vous avez soulevé, il y a deux usines
pilotes à l'heure actuelle - près de 4 000 000 $ -en Beauce et
dans la région de la rivière de l'Assomption qui actuellement
font de la mise à l'échelle des procédés de
traitement des lisiers de porc pour voir dans quelle mesure ces
procédés que vous avez qualifiés comme étant
fonctionnels, complets et rentables le sont quand on arrive à une
échelle industrielle.
Donc, voilà deux exemples où nous essayons de combler
l'écart entre la recherche de laboratoire et l'application industrielle.
Vous auriez pu me citer un grand nombre d'autres cas où nous ne faisons
pas actuellement d'effort et là où vous auriez pu dénoncer
l'incurie gouvernementale. Étant donné les exemples bien choisis
que vous avez pris, cela m'a permis de mettre en lumière la
qualité de l'action gouvernementale.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. Lavigne: Ce n'était peut-être pas par ignorance,
M. le ministre, que je n'ai pas donné d'autres exemples que
ceux-là.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Le financement du centre
Mme Dougherty: Merci. Il est évident que les
députés se préoccupent beaucoup de plusieurs questions qui
touchent la recherche. Malheureusement, on n'a pas assez de tribune pour poser
nos questions là-dessus.
J'aimerais revenir au financement du centre de biomasse au sujet du
décret qu'on examine ce matin. M. le Président, j'espère
que je pourrai dépasser l'heure un peu parce que je n'ai pas de question
sur les engagements financiers en science et technologie. On pourrait
peut-être mieux utiliser le temps pour discuter le décret.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Le temps continue de
toute façon, si on peut l'utiliser d'une autre façon, il n'y a
pas de problème.
Mme Dougherty: Merci.
M. Bérubé: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Si je comprends bien l'emploi de notre
temps, notre commission siège de 10 heures à...
Le Président (M. Bordeleau): 13 heures.
M. Bérubé: 13 heures. Je comprends également
que la députée de Jacques-Cartier n'a pas de question concernant
les engagements financiers. Il n'y en a que trois je pense. Je comprends que le
député de Frontenac a des questions. Y aurait-il lieu de
réserver un petit espace de temps pour permettre au député
de Frontenac de poser ses questions et pour nous assurer, néanmoins, que
je ne serai pas obligé de revenir cet après-midi, ce que je ne
pourrais pas faire.
Mme Dougherty: Très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Ce serait
préférable. On a convoqué un autre ministre pour
cet après-midi, pour ne pas qu'on fasse attendre tout le monde.
Mme Dougherty: On va terminer à 13 heures et on va garder
une autre période de temps de vingt minutes.
Le Président (M. Bordeleau): Si on me dit qu'il n'y a pas
beaucoup de questions et que M. le député de Frontenac en a,
est-ce que de notre côté...
M. Grégoire: M. le Président, cela va prendre
cinq minutes.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Si tous les membres
sont d'accord on va se réserver un peu de temps à la fin pour les
engagements financiers.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur la question du financement du centre, le
comité qui a examiné le mandat du centre a prévu unbudget de 22 000 000 $ pour une période de cinq ans. On a
prévu deux bâtiments qui coûtent 4 000 000 $, des
équipements de 9 000 000 $, un fonctionnement de 9 000 000 $ et ce sur
une période de cinq ans. On prévoit peut-être 20 personnes,
scientifiques et techniciens, intra muros. Je me demande maintenant, selon les
discussions que nous avons eues ce matin, est-ce que le gouvernement a retenu
ses prévisions? L'autre partie de la question est la suivante: Dans le
décret, à l'article 28 je crois, il semble que le financement qui
vient du gouvernement, vient uniquement du ministre de la Science et de la
Technologie. On ne mentionne pas les autres ministères impliqués.
Voudriez-vous éclairer la situation en ce qui concerne le financement
prévu? (12 heures)
M. Bérubé: Premièrement, ce tableau auquel
vous vous référez, à la page 32, qui constitue une
évolution prévisionnelle des dépenses, ne doit pas
être interprété comme étant une demande de
crédit spéciale pour des activités
précisément identifiées, puisqu'il appartient au conseil
d'administration de doter le centre d'un plan de développement et, en
conséquence, de requérir les crédits. Toutefois, pour que
le gouvernement puisse prendre une décision concernant l'implantation
d'un tel centre, nous avions à nous interroger sur l'ordre de grandeur
d'un budget qui pourrait avoir du sens. Donc, il faut voir l'exercice dans ce
rapport comme étant purement un exercice, je ne dirais pas scolaire,
mais un exercice qui vise à avoir une idée de ce que
représenterait une décision positive d'aller de l'avant pour le
centre, ce qui fait que le gouvernement a décidé de retenir la
décision de créer ce centre.
Nous avons une enveloppe ouverte, si on veut, de crédits, qui
normalement ne devrait pas dépasser l'ordre de grandeur
décidé par le gouvernement et, néanmoins, qui ne constitue
pas pour l'instant un engagement ferme de dépenses. Vous devez voir
cette enveloppe comme étant simplement un guide sur lequel le
gouvernement s'est appuyé pour constater que l'ordre de grandeur en
question était compatible avec nos équilibres
généraux.
Disons que, lorsque nous allons en demande de budget pour le centre, au
lieu de devoir débattre auprès du comité des
priorités à l'intérieur de la marge de manoeuvre dont
dispose à chaque année le gouvernement, des besoins pour ce
centre, à ce moment-là, le budget pour le centre fait partie des
ajustements mécaniques automatiques, c'est-à-dire qu'au fur et
à mesure que l'on fait la preuve que le centre aura bel et bien besoin
de tels fonds, dans la mesure où cela reste en deçà de
l'enveloppe générale approuvée par le gouvernement il ya maintenant deux ans, à ce moment-là, on peut obtenir cette
somme directement en négociant avec le Trésor.
Il ne faut donc pas voir dans ce budget une autorisation spéciale
de crédits par le Trésor, mais plutôt une enveloppe
générale qui a permis au gouvernement de constater qu'un tel
niveau de dépenses était compatible avec nos équilibres
budgétaires et serait pris en considération dans les progressions
automatiques de nos dépenses dans les années qui viennent.
Quant aux autres ministères, écoutez, c'est toute la
même poche, c'est le même contribuable qui paie. Alors, se
compliquer l'existence en faisant venir les fonds de trois à quatre
ministères différents, ce qui implique des décisions
administratives de divers ministères, à partir du moment
où on a décidé d'implanter un centre, je pense qu'il va de
soi qu'il y a une source de financement, et c'est l'approbation
budgétaire qui transite par le biais de mon ministère, mais qui,
de toute façon, va directement au centre et ne passe pas par le budget
du ministère proprement dit.
Mme Dougherty: Il y a une chose qui n'est pas claire pour moi,
c'est la durée du mandat. Il est bien possible, si on regarde les
prévisions, le résultat du développement et qu'on
construise des bâtiments, de l'équipement pour 9 000 000 $, un
personnel de vingt personnes, que cela constitue un investissement important de
la part du gouvernement. Je me demande pourquoi on a introduit cet article,
comme pour le centre CAO-FAO, cette idée d'autodestruction dans
cinq ans. Est-ce que c'est un projet à long terme ou à
court terme?
M. Bérubé: Je pense qu'on devrait avoir dans...
Mme Dougherty: On pourrait toujours changer le décret ou
en faire un autre.
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Mais, au départ, est-ce que c'est
prévu que ce soit un centre destiné? À
s'autodétruire?
M. Bérubé: Je pense qu'il est sage, dans le cas de
toute intervention gouvernementale, d'instaurer des clauses
crépusculaires. De telles clauses ont l'avantage de faire en sorte qu'au
bout de cinq ans, dans la mesure où le Conseil du trésor est
concerné, il n'y a plus de décision gouvernementale de
dépenser dans le cadre du centre, il n'y a plus d'autorisation
mécanique de crédits.
Il faut bien comprendre, à cette fin, comment fonctionne la
préparation d'un budget gouvernemental. Les dépenses
gouvernementales sont la somme de décisions prises depuis
peut-être 110 ans. Tant que la décision gouvernementale n'est pas
remise en question, eh bien! il y a automatiquement, chaque année,
négociation avec le Trésor de ce que constitue l'application de
cette décision. Donc, il y a un ajustement dit mécanique, qui est
intégré au budget de base.
Lorsqu'une dépense n'a pas fait l'objet d'une décision du
Conseil des ministres, à ce moment, il faut négocier,
généralement, avec le Conseil des ministres, l'octroi d'un
montant qui est pris à même la différence entre ce que
représente le budget de base des dépenses gouvernementales et des
revenus et le déficit que nous sommes prêts à subir, et la
différence entre les deux crée cette marge de manoeuvre à
l'intérieur de laquelle on finance toutes les activités
gouvernementales.
Le fait d'avoir une clause crépusculaire fait en sorte qu'au bout
de cinq ans, il n'y a pas de crédits de prévus pour le centre.
Donc, le ministère doit retourner au Conseil des ministres faire la
preuve que le centre fait un bon travail et, en conséquence, devrait
être financé pendant un certain nombre d'années.
Cet exercice fait pression sur ceux qui gèrent le centre, sur le
ministère pour qu'il s'assure que le centre rencontre bien ses
objectifs, de telle sorte que... Il est bien évident, comme vous l'avez
souligné, si un centre fait un bon travail et qu'il ait
nécessité des investissements massifs de la part du gouvernement,
des équipes qui sont structurées, il est bien évident
qu'à ce moment, le gouvernement aura tendance à dire:
Écoutez, cela va bien, continuons pour cinq ans.
Mais il est également possible que, au bout de cinq ans... Nous
l'avons fait dans le cas, par exemple, du CRIQ. J'étais au Conseil du
trésor lorsque nous avons demandé au CRIQ d'accroître son
niveau d'autofinancement et, de fait, le CRIQ a fait la démonstration
d'une remarquable gestion. Nous lui avons reconduit les crédits
supplémentaires. Mais soulignons que le Centre de recherche industrielle
du Québec autofinance une part beaucoup plus grande de ses recherches
qu'au tout début. Donc, il n'est pas impossible que, dans cinq ans, le
gouvernement dise: Écoutez, on pense que vous êtes capables
d'autofinancer votre budget à 25 %, 30 % ou 40 % et, en
conséquence, le gouvernement ne va combler que la différence.
Donc, le fait d'avoir une clause crépusculaire au bout de cinq
ans nous force à une réévaluation automatique. Je pense
que c'est désirable, je dirais, dans toutes les décisions
gouvernementales. Je me demande si nous ne devrions pas avoir une clause
crépusculaire pour à peu près tous les règlements
que nous adoptons.
Mme Dougherty: Mais il y a une prévision pour une
évaluation indépendante.
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Dans le décret, on prévoit un plan
triennal, je crois - le rapport parle d'un plan quinquennal - approuvé
par le ministre, en concertation avec les autres ministres impliqués. On
aura des ententes et des contrats de services. Qu'est-ce qui va arriver avec
toutes ces ententes et ces contrats de services si on laisse tomber ce centre
par défaut? Parce que c'est automatique ici, sauf s'il y a un autre
engagement du gouvernement. Ainsi, la situation du personnel, du personnel
scientifique, par exemple, sera très fragile. Je me demande si on
pourrait engager du personnel scientifique valable, de première classe,
dans une telle situation d'incertitude.
M. Bérubé: Je crois que la députée de
Jacques-Cartier a de la difficulté à vivre avec le concept
d'insécurité.
Mme Dougherty: Tous les députés sont
"insécures".
M. Bérubé: Oui, c'est cela. Mme Dougherty:
On s'habitue.
M. Bérubé: On s'habitue, n'est-ce pas? Au
contraire, ce qui fait que, en général, un député
est incité à faire un bon travail,
c'est qu'il sait que, tous les quatre ou cinq ans, vient une
échéance de réélection ou de
non-réélection, et qu'à ce moment-là, si on a
l'intention de se représenter, on fait mieux de faire un bon travail
comme député, sinon on risque d'avoir des ennuis.
L'insécurité a donc cet avantage considérable d'inciter au
dépassement et à l'excellence. Or, je dois vous dire qu'en
recherche, l'innovation s'accommode mal de l'excès de
sécurité. Il n'est donc pas mauvais que des chercheurs sachent
que leur avenir est relié à leur performance. Par
conséquent, advenant que le centre "performe" bien, advenant que le
centre continue de représenter un besoin, il est bien évident que
n'importe quel gouvernement va continuer à y injecter des fonds.
Puisque, de toute façon, on a, dans nos crédits, une somme
récurrente une année après l'autre, il est très
facile de la reconduire. C'est beaucoup plus difficile de dégager de
l'argent frais, parce qu'il faut alors vraiment puiser dans la marge de
manoeuvre, mais quand il s'agit simplement de reconduire une dépense
existante, c'est évidemment beaucoup moins difficile à prendre la
décision. Donc, tout plaide en faveur du centre et de sa reconduction,
je dirais, quasi automatique, sauf que le simple fait que son existence soit
limitée à cinq ans crée de la part de ceux qui vont
bâtir ce centre une obligation de faire la démonstration. Cette
obligation de faire la démonstration est l'équivalent de
l'obligation qu'un député a de devoir retourner devant
l'électorat. Je sais évidemment que, pour le Parti
libéral, avec les résultats du sondage dont on a pu prendre
connaissance hier, cette perspective est douloureuse, mais, dans la mesure
où la députée de Jacques-Cartier est dans un comté
dont la tradition est de voter libéral systématiquement,
génération après génération, bah! la
députée de Jacques-Cartier n'a vraiment pas grand-chose à
craindre, je pense. Mais ce n'est pas le cas de beaucoup de ses
collègues qui nous ont quittés d'ailleurs depuis le début
des travaux de notre commission. Je pense au député de
Louis-Hébert dont la présence à l'Assemblée
nationale va certainement prendre fin lors de la prochaine élection.
Mme Dougherty: M. le Président, les remarques du ministre
n'ont rien à voir avec le sujet.
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Le problème, c'est que, dans le domaine de
la recherche, tous les scientifiques, tous les experts réitèrent
une chose: que la recherche est, de nature, un projet à long terme. L'un
des problèmes que nous avons, c'est que la nature des décisions
politiques est à court terme. Il est très difficile, parce qu'il
y a un conflit entre la nature du gouvernement, les décisions
gouvernementales et les besoins de la recherce. Il faut être plus
conscient de cette difficulté.
M. Bérubé: Au contraire, excusez. (12 h 15)
Mme Dougherty: Le ministre est le seul de cette opinion. Selon
tout ce que j'ai lu, c'est un problème bien reconnu par tout le monde.
J'ai soulevé la question et il semble que le ministre ne soit pas
d'accord. Je trouve que cette clause va toucher surtout les projets à
long terme et des projets très coûteux. Des exemples qui ont
été soulignés tout à l'heure nécessitent des
procédés de mise à l'échelle qui durent longtemps
et qui coûtent cher. C'est le grand problème, c'est une des
raisons pour lesquelles on n'a pas développé jusqu'au point de
commercialisation beaucoup de nos brevets qui sont très prometteurs.
Alors, nous sommes en désaccord sur ce sujet.
M. Bérubé: Pour répondre à la
députée de Jacques-Cartier...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, je m'excuse,
mais nous allons attendre...
M. Bérubé:... sur ce point précis, je pense
que la députée de Jacques-Cartier infère automatiquement
que du fait qu'il y a une clause crépusculaire de cinq ans, le centre va
disparaître au bout de cinq ans ou qu'il sera menacé de
disparition. Elle invoque, pour soutenir son argument, que les décisions
politiques sont souvent à court terme. Or, justement, c'est l'inverse.
De fait, en général, quel est le problème du gouvernement?
C'est l'accumulation de décisions jamais remises en question et avec
lesquelles on se retrouve, à un moment donné,
considérablement alourdi.
D'ailleurs, je voudrais témoigner de mon appréciation du
travail de la députée de Jacques-Cartier dans un dossier qui me
tenait à coeur. Je rêvais, en poste au gouvernement, de fermer
quelque chose, n'importe quoi, mais quelque chose. Et, pendant tout mon mandat
à l'Énergie et aux Ressources, je n'ai jamais rien pu fermer.
J'ai ouvert des choses, mais je n'ai jamais rien fermé. Mais, enfin, je
dois dire que j'ai réussi à fermer la Fondation pour la science
et la technologie avec l'aide de la députée de Jacques-Cartier et
je pense que c'est la seule fois, dans les neuf années que j'ai
passées en politique, où le gouvernement a fermé quelque
chose.
Le problème est là, le gouvernement ne ferme jamais rien.
Donc, la députée de Jacques-Cartier n'a pas vraiment raison de
s'inquiéter. Moi, je n'ai pas grand crainte sur
la décision qui va être prise dans cinq ans. L'appareil
administratif est tel qu'il y a des carcans, qu'il y a des contraintes telles
qu'en pratique, c'est très rare qu'un gouvernement remette en question
des décisions prises il y a dix ou vingt ans. Je pense que mon
collègue de l'Énergie et des Ressources vient de fermer - je ne
suis pas certain que ce soit complètement fermé - l'Office
d'éiectrification rurale créé par M. Duplessis il y a
trente ou quarante ans et qui ne servait absolument plus à rien depuis
quinze ou vingt ans. Cela ne faisait rien, on l'avait quand
même.
M. Grégoire: Je m'excuse, M. le ministre, mais vous avez
aussi fermé trois mines d'amiante à Thetford.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on pourrait
sûrement trouver quelques exemples de fermeture.
M. Grégoire: Et cela a causé 735 mises à
pied. Alors, des fermetures...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, d'accord, je pense que vous avez passé votre message sur
l'amiante.
M. Grégoire: C'est parce que le ministre demandait des
exemples de ce que le gouvernement fermait.
Le Président (M. Bordeleau): Non, non, il faisait une
appréciation. C'est toujours la députée de Jacques-Cartier
qui a la parole.
M. Bérubé: Il aurait pu parler de
SIDBEC-Normines.
Mme Dougherty: M. le Président, je ne suis certainement
pas contre les fermetures des choses inutiles ou non rentables, mais j'ai
soulevé ce point parce que je crois qu'il y a une différence
entre ce centre-ci et le centre CAO-FAO que nous avons étudié il
y a quelques mois. Dans le cas de CAO-FAO, l'un des objectifs était
l'autodestruction, n'est-ce pas? Ici, est-ce un objectif ou une
possibilité? C'est différent. Il me semble que l'objectif ne
convient à ce centre, sauf si c'est un désastre. L'autre centre
était un catalyseur, et, une fois que tout sera en marche, on n'en aura
plus besoin. C'est ce qui a été prévu. Dans ce cas, il me
semble que la situation est différente. Aimeriez-vous que ce soit
détruit ou aboli?
M. Bérubé: S'il ne fonctionne pas, oui.
Mme Dougherty: S'il ne fonctionne pas, mais s'il fonctionne bien?
Dans l'autre cas, si cela fonctionne bien, cela va s'autodétruire. C'est
là la différence.
M. Bérubé: Non, cela ne s'autodétruit pas.
Cela dit tout simplement que le centre doit faire l'objet d'une
réévaluation et qu'il n'y a pas de décision prise à
l'heure actuelle sur son financement au-delà de cinq ans, que c'est
uniquement sur la base de la réévaluation qu'on décidera
si on continue ou pas. On me chuchote à l'oreille que cette clause a
été essentiellement empruntée des centres
coopératifs de la National Science Foundation aux États-Unis
où il y a une douzaine de tels centres qui incorporent tous une clause
crépusculaire.
Je pense qu'au contraire - c'est vraiment un débat politique que
nous avons mais un débat assez central - nous devrions prendre comme
principe systématiquement que l'État ne prend pas de
décision irrévocable sur de trop longs horizons. L'État
devrait prendre des décisions sur des horizons beaucoup plus courts. Il
n'est pas impossible que, dans cinq ans par exemple, on constate que presque
toute la recherche, 100 % de la recherche s'est faite à
l'extérieur, que des organismes privés de recherche se sont
développés, qu'ils sont plus à même de
défendre leurs intérêts, qu'on a peut-être besoin
d'un effort de recherche universitaire, l'analyse nous amène à
conclure que le mode d'intervention à privilégier soit un mode
différent. À ce moment-là, on ne sera pas pris dans le
carcan d'un centre qu'on a assuré d'une vie de 25 ans pour constater au
bout de cinq ans qu'il est préférable de l'orienter
autrement.
Tout ce que je dis, c'est que, si les hypothèses sur lesquelles
s'appuie ce centre sont valables; si le centre a recruté un bon
personnel et si le travail qui s'y fait est valable, évidemment, le
gouvernement reconduira le budget automatiquement. C'est cela l'aspect
important de la clause crépusculaire. Je pense que c'est un débat
politique général et qu'on devrait prêter
sérieusement attention au sens du débat parce que refuser de
mettre une telle clause crépusculaire c'est, a priori, s'engager
à dépenser même quand cela n'a pas de bon sens. On donne
une garantie à quelqu'un qu'il va exister pendant 10 ou 20 ans et qu'on
ne remettra pas cela en question. Je pense que c'est là une mauvaise
décision. Je préfère la décision qui consiste
à dire: Vous avez une garantie de cinq ans. Donc, vous avez la
sécurité mentale. Vous ne serez pas obligés, chaque
année, d'aller négocier à nouveau vos budgets. Pour moi,
cela est important. Mais, une fois que j'ai pris cette
décision-là, je dis: Attention! Il y a un processus de
réévaluation et, si vous ne le passez pas, je regrette, c'est
remis en cause. Cela est beaucoup plus incitatif à la performance.
M. Grégoire: M. le ministre vous devez
être contre le contrat de 65 ans ferme qui donne la gérance
des mines de la Société nationale de l'amiante à une
compagnie américaine pour 65 ans. Vous devez être contre de tels
contrats.
M. Bérubé: N'ayant pas lu la nature...
M. Grégoire:... pour l'exploitation des mines ne sachant
pas quels seront les changements qui se produiront dans le marché de
l'amiante.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac!
M. Bérubé: N'ayant pas lu le contrat, M. le
Président, je ne peux pas répondre. Par exemple, je n'ai aucune
idée des "shutdown clauses", des clauses de retrait, qui peuvent exister
dans un tel contrat et, comme je suis convaincu que le député de
Frontenac ne les connaît pas non plus, je pense que c'est inutile
également de pousser ce débat.
M. Grégoire: Ce serait peut-être bon de les
connaître et de convoquer la commission pour les connaître.
Le Président (M. Bordeleau): Cela ne fait pas l'objet non
plus de notre discussion de ce matin.
M. Grégoire: Non, mais quand on nous refuse de
discuter...
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez passé vos
messages, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire:... de ce sujet-là on prend tous les
moyens voulus pour mettre sur le tapis les choses que le gouvernement est en
train de faire. On va signer un contrat de 65 ans...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac!
M. Grégoire:... sans même nous aviser de ce qu'il y
a dedans.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Grégoire: Le ministre est le premier à avouer
qu'il ne connaît pas lui-même les clauses comme ministre.
Le Président (M. Bordeleau): On étudie un centre de
la biomasse, là.
M. Grégoire: Il dit qu'un contrat à long terme de
65 ans, c'est mauvais, et un de ses collègues en signe un de 65 ans sans
savoir ce que cela sera dans cinq ans. Ce sont des contradictions...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Cela va. Mme la députée de Jacques-Cartier vous
avez...
M. Grégoire: Vous avez voulu m'empêcher d'en parler
hier, M. le Président, vous allez voir que je vais en parler encore
plus.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez en parler
à des tribunes où on doit en parler. Je vous dis simplement que
ce matin...
M. Grégoire: Oui, oui. La commission parlementaire ici est
faite pour en parler.
Le Président (M. Bordeleau):... le centre
québécois de la biomasse. Bon! Je m'excuse mais cela ne traitait
pas tout à fait de l'amiante. De toute façon je pense que vous
avez eu largement le temps de passer les messages que vous vouliez passer.
Mme la députée de Jacques-Cartier, un dernier sujet que
vous vouliez aborder. S'il vous plaît!
Mme Dougherty: Nous avons parlé du "membership" de ce
centre tout à l'heure. À l'article 15, on parle du "membership".
Il me semble que, d'après les réponses du ministre... Ah! c'est
une espèce de coop. Je n'ai pas d'objection mais, quand on arrive
à l'article 10, alinéa 2, on parle de conflit
d'intérêts. Je me demande s'il n'y a pas de contradiction entre
l'idée de membership et l'idée de conflit
d'intérêts.
Par exemple - je ne le connais pas -M. Joël de la Noüe...
Est-ce qu'on dit N-o-u-e?
Des voix: Non, non. On ne prononce pas le "e" de la
Noüe.
Une voix: De la Node.
Mme Dougherty: De la Noüe. C'est cela. Il va être
membre... Il est membre du conseil de direction. Il est aussi responsable d'un
des projets sur la liste, en annexe 2, qui pourrait être
développé par le centre, mis à l'échelle par le
centre. Alors, immédiatement on a un conflit d'intérêts.
Qu'est-ce qu'on va faire avec cela?
Et, pour compléter ma question, parce que c'était toute
une question, il est normal que, par exemple, M. Jean-Marc Billy, qui est
président de BIO-AGRAL, ait le projet, un projet de recherche de
BIO-AGRAL qui devrait être développé par contrat, avec le
centre.
M. Bérubé: SNC.
Mme Dougherty: SNC. C'est inhérent. On ne peut pas
éviter des conflits d'intérêts surtout avec le concept d'un
membership parce que chaque membre va acheter essentiellement son siège
au conseil de direction.
M. Bérubé:... indirectement.
Mme Dougherty: Les quatre autres membres qui ne sont pas
nommés, désignés encore, vont essentiellement acheter par
contrat, donc par membership, si vous voulez, leur siège et ils font
partie du conseil qui va décider des priorités. Alors, les
conflits d'intérêts refont surface. Alors, pourquoi? Est-ce qu'on
pourrait avoir une mise en garde dans le décret contre les conflits
d'intérêts?
M. Bérubé: Alors...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: En fait, la clause de conflit
d'intérêts est très analogue à la Loi sur les
compagnies. La clause que vous avez là est une clause analogue à
une clause que l'on retrouve dans la Loi sur les compagnies. Cela
m'amène à élaborer ma pensée sur quelque chose que
j'ai pu constater lorsque je suis arrivé au gouvernement en 1976 et qui
était le fruit de discussions pleines de bonne volonté du type de
celles que vous venez de faire mais qui conduisaient à des
aberrations.
À nos conseils d'administration des sociétés
d'État, il y avait des articles de loi qui disaient que "Nul ne peut
siéger à un conseil d'administration d'une société
d'État s'il peut être en conflit d'intérêts d'une
façon ou d'une autre. " Conséquence, le gouvernement, quand
venait le temps de nommer, était obligé de dire: Bien non, je ne
peux pas nommer un membre d'une firme d'ingénieurs-conseils puisque, un
jour ou l'autre, il peut être directement ou indirectement en conflit
d'intérêts. On était donc obligé de chercher des
gens qui n'étaient pas dans le domaine pour siéger aux conseils
d'administration. Par définition, il fallait prendre des gens
incompétents, des gens qui s'y connaissent dans n'importe quoi mais
surtout pas dans le domaine où la société d'État
oeuvre parce que, dès que vous vous y connaissez dans le domaine
où la société d'État oeuvre, c'est qu'il y a des
chances que ce soit parce que vous y oeuvrez vous-même et, si vous y
oeuvrez vous-même, il y a des chances que vous soyez en conflit
d'intérêts un jour ou l'autre, directement ou indirectement. (12 h
30)
Donc, on avait conçu pour nos sociétés
d'État, au nom de l'absence de conflit d'intérêts, une
mécanique qui faisait que seuls les gens qui n'y connaissaient rien
avaient droit de siéger aux conseils d'administration avec les
conséquences que vous devinez. On a tout fait sauter ces clauses dans
les lois de nos sociétés d'État, on a tout fait sauter
cela, et on a réinstauré la clause bien plus logique de la Loi
sur les compagnies qui dit que lorsqu'une personne est en conflit
d'intérêts, elle doit le déclarer et se retirer.
L'idée étant qu'ayant dans un conseil d'administration des gens
d'intérêts divers, il est évident que les autres sachant
que celui qui est en conflit d'intérêts s'est retiré, les
autres sont plus prudents et prennent garde dans la prise de
décision.
Il est exact de dire que si nous voulons avoir des gens qui connaissent
ou ont des chances de connaître le domaine et qu'on veut les avoir au
conseil d'administration pour que notre centre de recherche ne fasse pas trop
d'erreurs, oui, il y a des chances qu'un jour ou l'autre ces gens soient en
conflit d'intérêts. C'est inévitable et désirable.
Il nous faut une clause comme vous l'avez souligné à
l'alinéa 10 qui fasse en sorte que ces gens se retirent.
Je termine...
Mme Dougherty: Se retirent pour cette décision.
M. Bérubé: Oui. Pour cette
décision-là. J'ajoute ceci. Lorsque vous parlez d'achat de
participation, il est clair que personnellement je préférerais
que le gouvernement n'ait pas à nommer des représentants de
l'industrie, car là, il y a des intérêts économiques
en cause. Du simple fait que l'on siège à un conseil
d'administration d'un tel sens vous donne accès à de
l'information qu'un autre n'aurait pas, qu'un autre concurrent n'aurait pas et,
par conséquent, vous avantage même si vous n'êtes pas en
conflit d'intérêts réel. Aussi je pense que la formule que
nous devons privilégier et que le centre devra expérimenter,
c'est plutôt celle de membre corporatif associé où tout le
monde peut se joindre et ces membres corporatifs associés élisent
leurs représentants au conseil d'administration.
Il est clair qu'il peut y avoir à un moment donné une
firme qui est avantagée, mais ce sont les membres qui l'ont choisie.
J'imagine qu'ils le feront par une sorte de consultation, ils s'assureront
qu'il y a continuellement de nouveaux visages qui viennent représenter
le secteur industriel de manière à ne pas avantager
indûment un ou l'autre intervenant; alors que si c'est l'État qui
fait cela, il peut facilement être accusé de privilégier un
groupe plutôt qu'un autre. À titre d'exemple, SNC est
représentée et Lavalin ne l'est pas. Quelqu'un pourrait
très bien dire: Écoutez, pourquoi n'avez-vous pas Lavalin au
conseil d'administration? Je ne
vois pas la raison pour laquelle Lavalin n'y serait pas. On ne peut pas
nommer tout le monde. Je préférerais dire aux firmes
d'ingénieurs-conseils: Si vous êtes intéressés,
achetez votre participation et une fois que vous serez membres à part
entière, entendez-vous entre vous: une journée ce sera SNC, une
autre fois ce sera Lavalin et une autre fois ce sera un autre. En d'autres
termes, je pense que pour bien fonctionner, il faudrait s'assurer
éventuellement que les membres corporatifs puissent adhérer
librement au centre et que ce soit les membres corporatifs qui choisissent
leurs représentants.
Mme Dougherty: Vous prévoyez un problème à
cause de la clause 10, conflits d'intérêts. C'est
réglé.
M. Bérubé: Oui. C'est la Loi sur les compagnies qui
s'applique et qui est fréquente. Vous savez, aux conseils
d'administration, on prend souvent soin de nommer, d'élire des gens
venant de diverses entreprises qui s'y connaissent de manière justement
à aider à la prise de décision. Vous avez souvent des
banquiers qui vont siéger aux conseils d'administration dans un grand
nombre d'entreprises. Écoutez, pourquoi? Parce que les entreprises
savent que c'est heureux, que c'est utile d'avoir un banquier siégeant
dans le conseil d'administration, sauf que cela peut parfois les mettre en
conflit d'intérêts. À ce moment, ils se retirent pour la
décision, il va de soi.
Mme Dougherty: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela terminerait
l'étude du décret sur la constitution du Centre
québécois de la valorisation de la biomasse? Oui. On pourrait
procéder immédiatement, dans ce cas, à l'étude des
engagements financiers du ministère... Oui.
Mme Dougherty: J'aimerais remercier le ministre, M. Risi et M.
Coulombe pour leurs réponses.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
Mme Dougherty: M. Risi, je vous souhaite bonne chance.
Une voix: Longue vie.
M. Grégoire: Les engagements financiers.
Vérification des engagements financiers
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Coulombe, M. le
ministre également.
Quant aux engagements financiers, il y en a quelques-uns.
Le Secrétaire: Pour les points 6 et 7, les documents n'ont
pas été transmis...
Le Président (M. Bordeleau): Ah bon! On a dit: Pour
satisfaire au règlement, il faudrait que les membres acceptent de
renoncer au délai de transmission des documents qui n'a pas
été conforme au règlement, dans le sens qu'ils n'ont pas
été envoyés quinze jours auparavant.
Une voix: On renonce, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Vous renoncez, tout le
monde?
M. Grégoire: M. le Président, minute,
là!
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Grégoire: On ne les a même pas tous reçus,
les documents.
Le Président (M. Bordeleau): Eh bien...
M. Grégoire: Mot, j'ai trois mots, avril, mai et juin.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ceux-là. C'est
ceux-là qu'on doit étudier aujourd'hui.
M. Grégoire: Dans la vérification des engagements
à la page 2, à l'ordre du jour, on nous envoyait de avril 1984
à juin 1985. C'est parce qu'ils n'avaient pas été
étudiés l'an dernier. 11 n'y avait pas de président
à la commission.
Le Président (M. Bordeleau): Pour d'autres
ministères, M. le député. En ce qui concerne strictement
les engagements financiers du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, c'est-à-dire la
partie science et technologie, pour nous autres, qui concerne notre commission,
c'est ceux-là que nous devons étudier ce matin. Vous avez
reçu une note qui a été envoyée aux
députés par le secrétaire de la commission, M. Jean
Bédard, le 22 août.
M. Grégoire: Si on ne renonce pas à l'avis conforme
au règlement, qu'est-ce qui se produit?
Le Président (M. Bordeleau): On ne peut pas étudier
les engagements. Si c'est ce que vous souhaitez...
M. Grégoire: On ne peut pas étudier les engagements
financiers? Cela veut dire qu'on ne les aura pas étudiés.
Le Président (M. Bordeleau): On ne peut pas étudier
les engagements financiers. C'est tout.
M. Dussault:... quelque chose à dire. On va pouvoir vous
entendre avec plaisir.
M. Grégoire: Vous êtes forts pour refuser des
consentements, vous autres.
M. Paré: Là, on est prêt, Gilles. M.
Dussault: Là, on consent.
M. Grégoire: Pour le...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, c'est essentiellement
pour les engagements de ce ministère. M. le ministre, on me dit
également qu'il faudrait demander au ministre de renoncer au
délai de convocation. Il me semble qu'on n'a pas respecté
vraiment les délais de probablement quatorze jours.
Science et Technologie
M. Grégoire: Pour le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, on va renoncer. On va
accorder notre consentement pour ce ministère.
Une voix: Merci beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Merci. M. le
ministre également?
M. Bérubé: Ah oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Pas de problème?
Alors, allons-y! C'est le mois de... Je vais prendre le premier. Je pense que
c'est avril.
M. Grégoire: Avril, mai et juin.
Avril 1985
Le Président (M. Bordeleau): Avril 1985. En ce qui
concerne le ministère de l'Éducation supérieure, de la
Science et de la Technologie, il s'agit de l'engagement... C'est à la
page 6, "Subvention au Centre québécois pour l'informatisation de
la production représentant la première tranche de la subvention
de fonctionnement pour l'année financière 1985-1986. Montant de
l'engagement: 300 000 $. "
M. Grégoire: M. le Président, je n'aurais qu'une
question sur l'ensemble des trois mois.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez le faire à
la fin. On va les prendre un par un et à la fin, je vous
laisserai...
M. Grégoire: Alors, suspendu jusqu'à la fin pour
l'adoption.
Le Président (M. Bordeleau): Posez-la en
général immédiatement. On pourra les adopter
après.
Des voix: Ah! Ah!
M. Grégoire: C'est bien évident, voyons donc! On
commence par poser les questions générales qui s'adressent
à l'ensemble des engagements financiers avant de passer à chacun
individuellement.
M. le ministre, pour les trois mois qu'on a étudiés, je
m'aperçois que d'avril...
M. Bérubé: Il n'y a rien sur l'amiante.
M. Grégoire: Hein?
M. Bérubé: Il n'y a rien sur l'amiante.
M. Grégoire: Non. Je le réalise. Ce sont les
engagements qui concernent seulement la science et la technologie et non pas
l'enseignement supérieur.
M. Bérubé: On ne peut rien vous cacher. Oui, c'est
vrai.
M. Grégoire: Bon! Seulement science et technologie. Je
m'aperçois qu'en avril, vous avez une subvention. En mai, vous n'en avez
pas. Vous n'avez aucun engagement financier et en juin, deux choses dont la
subvention pour le démarrage du Centre québécois de
valorisation de la biomasse et 39 000 $ additionnels pour une subvention
à un professeur qui va aller faire un stage de douze mois à
Hydro-Québec. En trois mois, votre ministère a fonctionné,
n'est-ce pas? En trois mois, réellement, si toute la science et la
technologie qui s'est faite ou qui s'est développée ou pour
laquelle il y a eu des engagements financiers, cela a été ces
trois affaires-là, je me demande si vous ne seriez pas mieux de
redevenir ministre de l'amiante plutôt que de rester ministre de la
Science et de la Technologie. Je pense que la science et la technologie,
à ce moment-là... Est-ce que ce n'est pas réparti dans
tous les ministères parce que tout le monde n'en fait pas de son
côté et est-ce que vous ne favoriseriez pas que cela revienne
à votre ministère pour que cela aboutisse à quelque chose?
Là, tout le monde en fait de son côté. Le
député de Beauharnois en parlait tantôt, que cela prenait
du temps à... Mais ce n'est jamais le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie qui a cela en main. C'est
tout
le monde et on le voit par trois mois d'étude. Qu'est-ce qu'il y
a? Trois subventions dont une à un professeur pour un stage de douze
mois, création du centre de biomasse et l'informatisation de la
production et on crée un ministère de la Science et de la
Technologie. Est-ce que vous ne favoriseriez pas un regroupement dans votre
ministère de tout ce qui se fait au point de vue de la science, de la
recherche, du développement et de la technologie?
M. Bérubé: Non.
M. Grégoire: Vous ne favoriseriez pas cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Non.
M. Grégoire: Est-ce que c'est parce que vous êtes
tanné de la politique, vous avez hâte de quitter et vous dites: Je
n'en ai pas beaucoup à faire, je vais continuer comme cela?
M. Bérubé: Non, M. le Président, le
député de Frontenac n'a pas besoin de s'inquiéter, le
budget du ministère va être dépensé. Cependant,
beaucoup de ces dépenses sont faites, soit en début
d'année ou en mi-année et il y a des mois où il y a moins
de CT, d'engagements financiers. Nonobstant cela, il n'a pas besoin de
s'inquiéter, l'ensemble de notre budget va être
dépensé. Nous avons eu l'an dernier des difficultés de
dépenses au niveau de... Nous avons eu des crédits
périmés, par exemple, au niveau de l'implantation des centres qui
se faisait un peu plus lentement qu'anticipé. Dans la mesure maintenant
où les conseils d'administration sont en place, dans la mesure où
le roulement est pris, l'impression que j'ai c'est qu'on va dépenser au
rythme des crédits qui nous sont alloués.
M. Grégoire: Comme vous êtes ministre du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie, est-ce que vous avez au moins un droit de regard ou un mot
à dire sur ce qui se fait au point de vue science et technologie dans
les autres ministères?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Pardon!
M. Grégoire: Est-ce que, comme ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, vous avez au moins un
droit de regard ou un mot à dire sur ce qui se fait dans les autres
ministères au point de vue science et technologie? Est-ce que vous
cherchez à ce que cela ne se dédouble pas entre deux
ministères, à ce qu'on ne se marche pas sur les pieds, à
ce qu'on ne se nuise pas? Est-ce qu'il y a une espèce d'union de
pensée dans tout cela pour ne pas que cela vienne... J'ai un exemple
bien typique en tête. Quand vient le temps de décider de
l'établissement d'une industrie dont la recherche a été
faite par le ministère de l'Énergie et des Ressources, c'est le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui fait l'annonce et qui
s'empare de cela. Si c'est un produit d'exportation, il y a le ministre du
Commerce extérieur qui embarque aussi là-dedans. Est-ce qu'il y a
quelque chose pour unifier cela, pour que cela débouche? Est-ce qu'il y
a un moteur qui voit à faire avancer dans chaque ministère la
recherche et le développement?
M. Bérubé: Le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie est responsable de
l'élaboration de la politique scientifique à l'intention du
gouvernement, donc pour l'approbation par le Conseil des ministres. Nous avons
également une responsabilité envers l'établissement d'un
rapport de conjoncture dans des domaines scientifiques touchant à
d'autres ministères, exemple en environnement, que nous avons
déposé récemment, en agriculture, que nous voulons
déposer bientôt. Nous en avons également dans le secteur
des forêts. Donc, nous établissons des rapports de conjoncture
conjointement avec les ministères concernés justement pour faire
le point et recommander des actions intégratrices de la part du
gouvernement.
C'est le rôle du ministère de conseiller le Conseil des
ministres sur toutes les questions touchant le développement
scientifique et technologique, mais non cependant les investissements
manufacturiers, mais plutôt la partie recherche et
développement.
M. Grégoire: Avez-vous eu l'occasion jusqu'à
maintenant, depuis la création du ministère, de poser de ces
gestes envers la recherche, la science et la technologie dans le domaine de
l'amiante?
M. Bérubé: Non.
M. Grégoire: Vous n'avez jamais touché à ce
domaine depuis.
M. Bérubé: Nous avons fait un rapport de
conjoncture avec le ministère de l'Énergie et des Ressources
uniquement dans le secteur des forêts.
M. Grégoire: Pas dans les autres secteurs?
M. Bérubé: Non.
M. Grégoire: Est-ce que vous envisagez d'en faire un
rapport de conjoncture ou au moins avec vos connaissances d'essayer de mettre
un peu d'ordre?
M. Bérubé: On me dit que, oui, avec le
ministère il y a un projet de rapport de conjoncture sur
l'énergie.
M. Grégoire: Mais pas sur l'amiante? M.
Bérubé: Non.
M. Grégoire: Ce n'est pas dans vos projets non plus, ni
dans vos intentions?
M. Bérubé: Le ministère me dit que ce n'est
pas dans la programmation actuelle.
M. Grégoire: Si cela vous est demandé, est-ce que
vous pouvez le mettre dans la programmation? Vous dites que vous avez des
crédits périmés, vos engagements financiers sont loin
d'être... (12 h 45)
M. Bérubé: Cela ne pourrait pas être fait
cette année puisque la programmation est faite pour l'année en
cours. Ce que vous me demandez, c'est s'il y avait une programmation
vis-à-vis de la recherche. Cela peut être dans le domaine de
l'amiante comme cela peut être dans le domaine des mines en
général ou dans le domaine des ressources en
général. S'il y avait une demande et la perception d'un besoin
réel, effectivement, le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie pourrait entreprendre, de
concert avec le ministère, une telle analyse de la situation et
recommander au Conseil des ministres un certain nombre de mesures
correctrices.
M. Grégoire: M. le ministre, étant donné
qu'il y a un sentiment de démoralisation au centre de recherche de la
Société nationale de l'amiante et que le directeur, M. Lalancette
- celui que vous aviez nommé comme directeur du centre de recherche de
la SNA parce qu'il était compétent - a démissionné;
étant donné que toutes les découvertes de la SNA
n'aboutissent pas, les recherches en laboratoire ne se poursuivent pas ou
lorsque c'est découvert, cela n'aboutit pas; étant donné
qu'il y a un malaise là, qu'on a mis de côté tout ce qui
regarde la recherche et le développement parce qu'on était
enlisé les deux pieds dans le ciment par les problèmes de la
Société Asbestos, ne trouvez-vous pas qu'à ce
moment-là, il serait bon que le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie ou que la commission fasse
la demande au ministre de faire un rapport sur ce qui se passe? Ce n'est pas
pour rien qu'un directeur de centre de recherche, après avoir
élaboré une douzaine de projets qui aboutissent,
démissionne et qu'il y a une démoralisation dans un centre de
recherche comme celui-là pour lequel le gouvernement a
dépensé 40 000 000 $ à ce jour.
Il a fait du magnifique travail, il ne faut pas se le cacher. On a
nommé un nouveau président-directeur de la SNA qui a eu comme
seul mandat de sortir les deux pieds du ciment où s'enlisait la
Société Asbestos. Pendant ce temps-là, tout le reste est
immobilisé. Moi, je crois que la commission parlementaire devrait,
à l'occasion de l'étude des engagements financiers, vous demander
d'aller voir ce qui se produit là-dedans et de faire un rapport.
Quand un directeur de centre de recherche est rendu à
démissionner par démoralisation, que les employés sont
démoralisés aussi, je pense que la demande doit être faite,
parce que vous êtes le ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Science et de la Technologie. Au point de vue science et technologie, vous
êtes peut-être toujours considéré comme le plus
compétent, non seulement dans le cabinet, mais parmi tous ceux qu'on
aurait pu choisir dans toute l'Assemblée nationale, à Ottawa,
à Québec et dans toutes les autres provinces.
Une voix: Qui ça?
M. Grégoire: Le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie. Je pense que c'est le
meilleur qu'on aurait pu trouver dans tout le Canada. C'est justement parce
qu'il a cette compétence-là, qu'il y a un malaise à une
place, que je voudrais que la commission parlementaire fasse la demande au
ministre de faire un rapport de conjoncture, comme il le dit, sur ce qui se
produit là-bas et pourquoi cela n'aboutit pas? Est-ce que la commission
m'endosse au moins là-dessus?
M. Lavigne: Je suis bien d'accord avec toi, Gilles.
M. Grégoire: Est-ce qu'on va avoir le consentement de la
commission au moins pour que le ministre aille se mettre le nez
là-dedans?
M. Lavigne: C'est sûr que quand tu dis que c'est le
meilleur au Canada, je suis d'accord.
M. Grégoire: Je l'ai toujours dit.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac'
M. Grégoire: Il a été le meilleur ministre
de l'Énergie et des Ressources que le Canada ait eu. Comme
président du
Conseil du trésor, il y a fait son job; je l'ai approuvé
à 100 % aussi. C'est sûr que comme ministre de la Science et de la
Technologie, s'il va mettre son nez là-dedans, il va réveiller
cela et il va mettre cela en marche. Alors, la commission est-elle d'accord
pour qu'on fasse la demande au ministre?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, je veux simplement vous dire qu'on n'a pas de commande à
donner au ministre ici. On l'a...
M. Grégoire: On ne lui donne pas une commande, on lui fait
la demande.
Le Président (M. Bordeleau): On lui a demandé de
venir nous expliquer les engagements financiers pour certains mois.
M. Grégoire: Non, mais c'est justement après avoir
remarqué qu'il n'y en presque pas, qu'il n'a rien à faire, lui!
Ah oui!. Les trois mois d'engagements financiers sont tout de même
là. C'est le meilleur et regardez ce qu'il vient nous demander
d'approuver. Alors moi, je...
M. Bérubé: M. le député de Frontenac,
s'il vous platti Un peu d'ordre!
M. Grégoire: C'est dans l'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Non, vous vous égarez
largement.
M. Grégoire: Je ne m'égare pas. Ce n'est pas une
commande qu'on lui passe, c'est une...
Le Président (M. Bordeleau): Quand vous dites qu'il y a
essentiellement trois engagements financiers, je voudrais simplement vous
indiquer que notre commission étudie la partie Science et
Technologie.
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Il y a toute la partie
Éducation supérieure...
M. Grégoire: Oui, mais...
Le Président (M. Bordeleau):... qui fait partie d'une
autre commission mais qui relève aussi du même ministre.
M. Grégoire: Oui, mais comme ministre de la Science et de
la Technologie...
Le Président (M. Bordeleau): Alors, c'est une
considération qu'il faut avoir aussi, parce que...
M. Grégoire:... je vois ce qu'il a, et c'est pour cela que
je voudrais, M. le ministre, vous demander d'aller mettre de l'ordre un peu
là d'aller voir ce qui se passe.
M. Bérubé: M. le Président, je prends bonne
note de l'inquiétude du député de Frontenac et je la
transmettrai aux gens de mon ministère qui pourront voir dans quelle
mesure il y a lieu de s'inquiéter comme s'inquiète le
député de Frontenac. Mais, évidemment, je ne souscris pas
à la série d'attendus qui sous-tendent sa demande et qui
m'apparaissent clairement le fruit de son interprétation personnelle de
fait et non pas nécessairement d'une réalité. Mais je
transmettrai certainement à mon administration les préoccupations
du député, de telle sorte que celle-ci puisse en prendre bonne
note et, éventuellement, si elle le juge approprié, y donner
suite.
Concernant l'insuffisance du nombre de CT et d'engagements, je dois
souligner au député de Frontenac qu'il y a un CT de programmation
budgétaire qui, essentiellement, établit le cadre
général des dépenses du ministère qui font en sorte
que je n'ai pas à retourner au Conseil du trésor pour chaque
dépense effectuée dans le cadre du CT général de
programmation. L'essentiel de mes dépenses se font effectivement dans un
cadre normé, régulier, de telle sorte que toutes ces
décisions qui sont prises échappent à l'examen mensuel par
la commission mais n'ont point échappé à l'examen par la
commission, au moment où le CT de programmation a été
étudié par cette commission.
Évidemment, si le député de Frontenac, compte tenu
qu'il doit participer à de nombreuses commissions, ne peut pas suivre
les travaux aussi assidûment qu'il le voudrait, il n'a peut-être
pas vu passer le CT de programmation budgétaire, ce qui explique
pourquoi il a l'impression qu'il y a peu de dépenses faites au
ministère. Mais je me contenterai simplement de lui souligner que
l'essentiel des dépenses sont faites dans le cadre du CT de
programmation budgétaire, plutôt que dans le cadre de
décisions ponctuelles.
La raison pour laquelle nous devons avoir un engagement
spécifique, par exemple, pour le CQIP ou encore pour le Centre de
valorisation de la biomasse, c'est que dans la mesure où les
décisions d'implantation du centre - la création du conseil
d'administration, l'émission de lettres patentes -n'étaient pas
encore approuvées par le gouvernement, évidemment, on n'avait pas
encore l'autorisation d'émettre un chèque à ces centres.
À partir du moment où le gouvernement a pris les
décisions, il faut évidemment que je vienne au fur et à
mesure donner les autorisations de financer ces centres. Mais il est clair que,
normale-
ment, une fois que nous aurons atteint un régime de
croisière, nous approuverons globalement l'ensemble des dépenses
et après cela, cela se fera automatiquement sans avoir à revenir
ici en commission. La seule raison pour laquelle le député de
Frontenac ne voit pas plus d'engagements financiers, c'est que la
dépense est bien planifiée à mon ministère, elle
est planifiée d'une façon globale, intégrée, ce qui
évite à la commission d'avoir à perdre son temps avec des
analyses continues sur des sujets qui peuvent être réglés
intégralement.
M. Grégoire: On ne perd pas notre temps à
étudier la science.
Juin 1985
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre de
cette mise au point. On peut considérer que l'engagement 15 en ce qui
concerne le Centre québécois pour l'informatisation est
vérifié. On passerait à l'autre qui est du mois de juin.
Au mois de mai, il n'y a pas d'engagements financiers; au mois de juin, il y en
aurait deux, ce sont les engagements 46 et 47. "Subvention au collègue
Maisonneuve: 39 383 $", vérifié. "Subvention de démarrage
au Centre québécois de valorisation de la biomasse, qu'on a
étudié ce matin: 300 000 $", vérifié
également.
Cela terminerait nos travaux en ce qui concerne la partie qu'on devait
voir avec le ministre de la Science et de la Technologie; je le remercie ainsi
que M. Risi et M. Coulombe.
La commission va donc suspendre ses travaux. Avez-vous un dernier mot
à ajouter, M. le ministre?
M. Bérubé: Si on ne se revoit pas, M. le
Président, on va vous souhaiter une bonne fin d'été.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Bordeleau): La commission de
l'économie et du travail reprend donc l'étude des engagements
financiers, cette fois-ci pour le ministère du Travail.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais vous allez me
laisser finir un peu.
M. Grégoire:... question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, un instant!
M. Grégoire: C'est une question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais tout simplement
faire la procédure du départ avant d'entamer une discussion. On
n'est pas en discussion avec le ministre du Travail. Je veux juste vous dire
qu'il s'agit de vérifier les engagements financiers du ministère
du Travail depuis avril 1984, ce qui n'a pas été fait auparavant,
et de vérifier s'il y a des remplacements, malgré que ce sont les
mêmes que ce matin.
Le Secrétaire: C'est cela. Il n'y a pas de
remplacement.
M. Pagé: Je n'étais pas ici ce matin.
Le Secrétaire: Oui, mais vous êtes membre de la
commission.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais vous faites partie
de la commission quand même, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, d'accord. Pouvez-vous le confirmer?
Le Président (M. Bordeleau): Et demander aux membres aussi
de renoncer apparemment au délai de transmission des documents qui ne
respecte pas le règlement et qui aurait dû être de quatorze
jours et qui a été peut-être un peu...
Le Secrétaire: Les documents ont été
transmis à temps. C'est l'avis de convocation, qui n'a pas
été envoyé à temps.
Le Président (M. Bordeleau): C'est l'avis de
convocation.
M. Pagé: M. le Président, je retiens de
l'enthousiasme à peine voilé de l'honorable député
de Frontenac qu'il a l'intention de soulever cet aspect en regard de notre
convocation aujourd'hui...
Le Président (M. Bordeleau): Ah bon! Dans ce cas...
M. Pagé:... et tout comme vous, je suis anxieux de
l'entendre.
Le Président (M. Bordeleau):... ce sera à lui, oui,
de faire valoir ce point. Donc, les membres ne veulent pas renoncer
nécessairement à l'avis de convocation. C'est cela?
Travaux en retard
M. Grégoire: Non. C'est justement sur
ce point-là. Je ne renonce pas nécessairement, M. le
Président, pour ceci: Là, qu'on entende le ministre du Travail,
il n'y aura pas de problèmes à cela, mais il y a un
ministère dont on n'a pas étudié les engagements
financiers depuis que le ministre est nommé. C'est le ministère
de l'Énergie et des Ressources. Depuis que Jean-Guy Rodrigue a
été nommé ministre et même depuis avril 1984, soit
près de seize à dix-sept mois, ce qui est contre tous nos
règlements, on n'a même pas encore étudié les
engagements financiers du ministère de l'Énergie et des
Ressources, qui sont beaucoup plus importants que ceux de la Science et de la
Technologie qu'on a étudiés ce matin, où il y avait trois
engagements pour trois mois. Pour le ministère du Travail, il n'y en a
pas beaucoup, mais pour le ministère de l'Énergie et des
Ressources il y en a beaucoup et on n'a même pas encore interrogé
le ministre en commission sur ses engagements financiers depuis qu'il a
été nommé ministre et même avant. Là, il y a
quelque chose d'incompréhensible. C'est le plus gros ministère
à développement économique. Jamais le ministre n'est venu
en commission. On a essayé hier de le faire venir en commission avec la
Société nationale de l'amiante. On a refusé. On semble
vouloir le cacher. Moi, M. le Président, je suis prêt à
étudier les crédits du ministère du Travail, mais je veux
avoir l'assurance qu'on va étudier également les engagements
financiers du ministère de l'Énergie et des Ressources. Je ne
sais pas si le ministre a été convoqué. Je ne sais pas
s'il y a eu quelque chose de fait pour cela, si on doit renoncer au
délai pour l'avoir la semaine prochaine, mais il va falloir que le
ministre de l'Énergie et des Ressources vienne devant la commission
parlementaire pour ses engagements financiers, sans quoi cela n'aura pas de
sens. Je veux avoir une réponse de vous avant de...
Le Président (M. Bordeleau): Je vais vous donner la
réponse que j'ai. En fait, M. le...
M. Pagé: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Bordeleau): Permettez-moi de
répondre simplement. Cela ne vous enlèvera pas votre droit de
parole, de toute façon, mais j'aimerais simplement indiquer au
député de Frontenac que notre commission ayant eu certains
problèmes, il y a plusieurs ministères dont les crédits
n'ont pas été étudiés. Vous parlez de
l'Énergie et des Ressources. Je pourrais vous indiquer que le Commerce
extérieur n'a pas été étudié non plus depuis
avril 1984. Il y a également ceux de l'Industrie et du Commerce qui
datent de juillet 1984 et postérieurement à cela. Il y a aussi le
ministère du Travail dont les engagements n'ont pas été
étudiés depuis avril 1984.
M. Grégoire:...
Le Président (M. Bordeleau): Vous allez me laisser parler
à mon tour, j'espère. Donc, il s'agit de plusieurs
ministères. Il y a eu des problèmes à la présidence
de la commission, il y a eu toutes sortes de problèmes qui ont fait en
sorte que l'on constate un certain retard dans l'étude des engagements
financiers.
Maintenant, en ce qui concerne les différents ministres à
qui on a demandé de venir pour l'étude des engagements financiers
aujourd'hui, je pense que le secrétaire pourrait répondre,
puisque c'est lui qui a fait le tour des ministères pour connaître
les ministres disponibles et avoir le maximum de ministères à
étudier. Il semble que le ministre du Travail ait accepté. Ce
matin, c'était le ministre de la Science et de la Technologie. Si vous
voulez que la commission se réunisse de nouveau pour étudier
d'autres engagements financiers, il ne peut y avoir d'objection à cela,
bien sûr. J'essaie simplement de vous expliquer dans quel contexte on est
arrivé à ces délais qui remontent à avril 1984. M.
le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, parce que nous sommes déjà quinze minutes en
retard, je voudrais vous indiquer que l'inquiétude manifestée par
le député de Frontenac est tout à fait justifiée et
fondée. Le processus auquel on s'est convié dans le cadre de la
réforme parlementaire visait à assurer le droit fondamental pour
tout député de pouvoir questionner le gouvernement et mieux
contrôler finalement l'action de l'Exécutif. Je comprends et on
doit retenir que notre commission a rencontré certains problèmes
qui ont occasionné des retards dans le déroulement de ses
activités courantes. La lecture des documents que vous nous faites
parvenir nous indique que c'est le cas pour le Commerce extérieur,
l'Énergie et les Ressources, les Forêts, dont les engagements
financiers n'ont pas encore été vérifiés.
Cependant, nous avons, nous de l'Opposition, autant le groupe du Parti
libéral que M. le député de Frontenac, tous les motifs de
croire que le ministre de l'Énergie et des Ressources ne soit pas des
plus motivés pour venir témoigner devant nous et cela
s'explique.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Portneuf, vous lui prêtez des intentions.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): On n'a pas eu de refus du
ministre de l'Énergie et des Ressources de se présenter devant la
commission.
M. Pagé: On va le voir, j'ai l'intention de
présenter une motion.
Le Président (M. Bordeleau): Ne commencez pas à
l'accuser au départ. Je m'excuse, mais...
M. Pagé: Vous le défendez beaucoup! Vous n'avez pas
hâte de le voir, vous?
Le Président (M. Bordeleau): Chacun a les mêmes
droits devant cette commission et nous allons les protéger.
M. Pagé: Bon, alors moi, j'ai le droit d'indiquer...
Le Président (M. Bordeleau): Avant d'accuser quelqu'un, il
faudrait peut-être qu'il soit là pour vous répondre.
M. Pagé: Cela va me faire plaisir de le faire quand il
sera là.
Le Président (M. Bordeleau): Bon.
M. Pagé: Entre-temps, je voulais vous indiquer qu'on a
tous les motifs de croire qu'il n'est pas très enthousiaste...
Le Président (M. Bordeleau): Non, vous n'avez aucun motif
de le croire.
M. Pagé:... à venir siéger ici. Oui.
Motion proposant de convoquer le ministre de
l'Énergie et des Ressources
Je vous invite d'ailleurs à être présent à
cette séance. Vous serez à même de constater que
l'Opposition officielle a plusieurs questions à poser au ministre en
regard de ses engagements financiers et aussi en regard de l'action de son
ministère.
Pour ces motifs, M. le Président, compte tenu qu'il y a beaucoup
de retard, qu'il reste quelques ministères à voir, je fais motion
pour que notre commission soit convoquée dans les meilleurs
délais... Évidemment, je souhaite que ce soit d'ici à la
fin du mois et, si c'est possible, même dans une semaine, au cas
où M. Rodrigue... On ne sait pas... S'il y a remaniement
ministériel au lendemain du 29 septembre, c'est possible qu'il ne soit
plus ministre. Nous apprécierions qu'il vienne répondre à
nos questions. Je fais donc motion pour que la commission entende le ministre
de l'Énergie et des Ressources, M. Jean-Guy Rodrigue, dans les meilleurs
délais et, si possible, d'ici le 15 septembre.
M. Lavigne: M. le Président, je vais vérifier au
niveau de la réglementation pour savoir s'il est opportun
présentement de faire une motion de ce genre-là ou si cela n'est
pas plutôt décidé dans une séance de travail de la
commission. On est ici pour étudier les crédits du
ministère...
Le Président (M. Bordeleau): On peut vérifier
certains aspects du règlement, mais je ne pense pas qu'on puisse
empêcher un membre de faire une motion à première vue.
M. Lavigne: Non, non.
M. Grégoire: Si vous voulez invoquer le règlement,
vous nous demandez de passer par-dessus le règlement pour écouter
le ministre du Travail...
M. Pagé: On va l'écouter, le ministre du Travail,
c'est un homme intéressant. C'est un gentil garçon.
M. Grégoire: On va l'écouter, mais on va collaborer
avec vous autres et passer outre au règlement parce que le
règlement n'a pas été respecté, mais ne nous
invoquez pas le règlement pour empêcher la convocation du
ministre.
M. Lavigne: Cela ne nous empêche pas aujourd'hui
d'étudier les crédits du ministère du Travail.
M. Grégoire: Oui, parce que cela n'a pas été
fait dans les délais. Cela prend le consentement unanime pour
écouter le ministre du Travail.
M. Lavigne: Mais vous êtes consentants?
M. Grégoire: Mais on veut s'assurer d'abord que le
ministre de l'Énergie et des Ressources va comparaître d'ici le 15
septembre.
M. Pagé: Le destin de notre commission est entre les mains
du député de Frontenac. Donc, il faut être
"contributif".
M. Lavigne: Le plus que le député de Frontenac
puisse faire, c'est de bloquer l'étude des crédits...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Lavigne:... du ministère du Travail en échange de
l'étude des crédits du ministère de l'Énergie et
des Ressources.
M. Pagé: C'est cela.
M. Grégoire: Non, non, on voudrait
avoir les deux.
M. Lavigne: Ah oui! mais... M. Grégoire: Je veux les
deux!
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Grégoire: Qu'on vote la motion du député
de Portneuf pour...
M. Pagé: Le député de Beauharnois a
compris.
M. Grégoire:... convoquer le ministre de l'Énergie
et des Ressources.
M. Lavigne: J'ai bien compris, mais ce qu'il peut arriver, c'est
qu'on n'étudie ni l'un ni l'autre.
M. Pagé: Ah! là, ce ne serait pas faire preuve de
transparence, d'ouverture, ce à quoi vous nous avez toujours
conviés.
M. Lavigne: Ah! c'est ça. C'est beau d'entendre
ça!
M. Grégoire: Est-ce que vous voulez cacher à ce
point-là le ministre de l'Énergie et des Ressources?
M. Lavigne: Je ne veux rien cacher. Le président vous a
expliqué quelles étaient les circonstances qui ont amené
cette situation-là.
M. Grégoire: Il y a une motion du député de
Portneuf à l'effet de convoquer à la commission le ministre de
l'Énergie et des Ressources pour défendre ses engagements
financiers, ce qu'il n'a pas fait depuis qu'il a été nommé
ministre. S'il y a eu des problèmes avec la commission, ce n'est pas la
faute de l'Opposition, c'est le parti au pouvoir qui s'est
entêté...
M. Pagé: C'est ça.
M. Grégoire:... dans le choix d'un président qu'il
savait que l'Opposition ne voulait pas. Malgré tout ça, on vous a
donné tous les consentements unanimes pendant ce temps-là pour
étudier la loi de la CSST. On a collaboré. On le faisait parce
qu'il y avait un consentement unanime. Les crédits budgétaires
des ministères de l'Énergie et des Ressources, de la Science et
de la Technologie, du Travail et tous les autres n'auraient pas
été étudiés ici, s'il n'y avait pas eu consentement
unanime de l'Opposition. Nous avons collaboré. Sans cela, on n'aurait
pas eu de budget pour créer ce ministère actuellement.
Une voix: C'est cela.
M. Grégoire: Le ministre ne serait même pas
ministre; il n'aurait pas de budget. Il aurait droit à un salaire de 1 $
par année à titre de ministre, plus son salaire de
député. C'est la tradition britannique.
M. Pagé: Il semble qu'ici, au Parlement de Québec,
cela ne tient pas tout le temps, la tradition britannique.
M. Grégoire: Alors, c'est parce qu'on a
collaboré...
M. Pagé: M. le Président.
M. Grégoire:... mais c'est vous autres qui avez
créé le problème.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Cela va?
M. Grégoire: Il y a une motion pour convoquer le ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. Bordeleau): La motion vient d'abord du
député de Portneuf.
M. Pagé: Elle est débattable.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui, elle est
débattable. Je la reçois comme motion. Je pense qu'on peut
accepter une telle motion. Mais je voudrais, auparavant, demander au
secrétaire d'expliquer de quelle façon les différents
ministères ont été convoqués ou invités
à venir présenter leurs crédits devant la commission.
Le Secrétaire: Je pense qu'il est important d'informer les
membres qu'à la suite de la séance de travail que nous avons eue
le 19 juin, il avait été convenu que le comité directeur
organiserait l'étude des engagements financiers, qui devait avoir Heu
aujourd'hui. À la suite de cette démarche, j'ai contacté
tous les ministres concernés qui relèvent de la compétence
de la commission. Ces gens-là, s'ils ne sont pas là aujourd'hui,
c'est qu'ils m'ont dit qu'ils avaient déjà pris des engagements
ailleurs, ce qui les empêchait de comparaître, soit hier, soit
aujourd'hui, soit demain. Mais je tiens à souligner que ces
gens-là ont quand même été contactés. Il
avait aussi été convenu qu'on siégeait ces trois jours-ci.
On n'a pas fait de démarche pour savoir s'ils seraient libres dans
quinze jours ou trois semaines.
Le Président (M. Bordeleau): On peut en faire.
Le Secrétaire: C'est ce que je conclus à la suite
de votre présentation...
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Effectivement, on
peut en faire et on en fera, si la motion est adoptée. Sur la motion, M.
le député de Portneuf.
M. Lavigne: Cela fait longtemps que je suis ouvert à cela,
moi, M. le Président. Je n'ai jamais eu d'objection à ce qu'aucun
ministre ne comparaisse ici pour étudier ses crédits. Cela fait
partie de nos règlements et de notre réforme parlementaire.
M. Pagé: Merci. C'est très gentil à
vous.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, la discussion va
être rapide.
M. Pagé: La discussion va être rapide. Je crois
comprendre que...
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Je voulais juste
vérifier la date.
M. Pagé:... la motion sera adoptée.
M. Lavigne: Dans la mesure où les ministres sont
disponibles.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous aviez mis une
date? On pourrait peut-être demander au secrétaire de relire la
motion.
M. Pagé: D'ici le 15 septembre.
Le Secrétaire: Le texte de la motion que j'avais pris en
note était le suivant: "Que la commission de l'économie et du
travail entende dans les meilleurs délais le ministre de
l'Énergie et des Ressources et, si possible, d'ici le 15 septembre.
"
M. Pagé: C'est cela. Je comprends que le ministre a son
agenda à suivre. Mais si je me réfère aux annonces qui ont
été faites récemment et qui auraient dû être
faites par lui mais qui l'ont été par le ministre de l'Industrie
et du Commerce, il doit avoir un peu de temps libre.
Le Président (M. Bordeleau): C'est un peu hors contexte,
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Ce n'est pas hors contexte. C'est...
Le Président (M. Bordeleau): Alors, la motion étant
adoptée, on va charger le secrétaire d'entreprendre des
démarches auprès du ministre concerné.
Le Secrétaire: Oui. On va juste ajouter une note
concernant la motion. "Afin de procéder aux engagements financiers... de
sa compétence" évidemment.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. C'est cela. Oui. Cela
serait sage.
M. Lavigne: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Je ne voudrais pas que cela crée un
précédent parce que je ne suis pas sûr que vous ne m'avez
pas répondu là-dessus. A partir de notre réglementation,
est-ce que c'est ici, lors d'une assemblée comme celle-là, qu'on
doit décider de nos travaux futurs ou si ce n'est pas à
l'intérieur d'une séance de travail de la commission?
Le Président (M. Bordeleau): Sur le fond vous avez raison,
M. le député de Beauharnois, de dire que normalement c'est lors
d'une séance de travail où le mandat est donné pour
étudier les engagements financiers. Sauf que face à une motion,
on peut bien la rendre...
M. Pagé: Ce qui se peut se faire en comité de
travail peut se faire en commission, M. le député.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Alors on ne peut
jamais empêcher un membre de faire une motion.
M. Pagé: Il ne faudrait pas non plus créer un
précédent qui risquerait de mettre de côté le
pourquoi on s'est rencontré ici aujourd'hui. Essentiellement, pourquoi
on est ici aujourd'hui à compter de 15 heures? C'est pour étudier
les crédits du ministère du Travail. En débattant d'autre
chose on risquerait de brûler l'après-midi...
On s'entend. La motion est adoptée.
M. Lavigne: Oui, oui. Mais ce que je veux dire, je veux que ce
soit enregistré qu'on ne tienne pas pour acquis qu'à chaque fois
qu'on sera convoqué pour étudier des crédits on parle
d'autres crédits qui ne sont pas à l'ordre du jour.
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Donc, cela ne
sera pas un précédent, M. le député de Beauharnois
et à chaque fois on reprendra la discussion.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, la motion est
adoptée. Le secrétaire va s'occuper de faire les démarches
nécessaires. Je reviens à ma demande originale à ce
moment-là qui était de demander aux
membres de la commission de renoncer au délai de transmission des
documents.
M. Grégoire: Avec plaisir, M. le Président.
M. Pagé: D'emblée, M. le Président, avec la
collaboration habituelle qui est de plus en plus proverbiale de
l'Opposition.
M. Grégoire: Notre collaboration est toujours
là.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Il faut que je demande
aussi la même... Il faut que je fasse la même demande au ministre
de renoncer au délai de convocation. M. le ministre.
M. Fréchette: Est-ce qu'il faut que je réponde
à cela, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Fréchette: Je suis bien disposé à cela,
moi. Tout à fait.
Ministère du Travail Engagements de
1984
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Je pense qu'on peut
entreprendre immédiatement les engagements financiers du
ministère du Travail. Je pense que vous avez reçu un nouveau
document que le secrétaire vous a fait parvenir. Cela commencerait avec
mai 1984, ministère du Travail.
Avril
Une voix: Avril 1984.
Le Président (M. Bordeleau): Avril. J'en ai sauté
un. Bon. Commençons en avril. Alors, avril 1984. Engagement
numéro 38. Contrat négocié. Bon, il s'agit d'un contrat
pour effectuer l'analyse de 2900 conventions collectives et de divers
amendements de conventions collectives, déposé au bureau du
commissaire général du travail. Il s'agit de 205 436 $.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais tout d'abord
adresser un salut bien cordial au ministre du Travail que je n'ai pas eu
l'occasion de rencontrer depuis le 19 ou 20 juin et lui indiquer que j'aurais
bien espéré pouvoir le rencontrer au mois d'août tel qu'il
s'était engagé à le faire dans le cadre d'un autre
dossier. Cela a été impossible en août.
Il appert que ce sera impossible en septembre. On aura l'occasion d'y
revenir dans un autre forum évidemment. J'espère qu'il a
passé un bon été. On m'a dit qu'il était
allé à la pêche. Cela fait du bien.
M. Fréchette: Vous êtes d'une indiscrétion
totale, monsieur.
M. Pagé: Il travaille très fort pour le
congrès à la "chefferie". Les bleus se rassemblent,
évidemment. Cela est normal. C'est explicable. Convention collective,
service de relations industrielles. Lorsque c'est analysé et
déposé au bureau du commissaire, lorsque c'est fourni au
ministère du Travail, est-ce que c'est automatiquement publicisé?
Je sais que le conseil consultatif du travail fait l'étude...
M. Fréchette: Oui.
M. Pagé:... l'analyse et donne un...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Fréchette: D'abord, je voudrais simplement corriger ce
qui est sans doute un lapsus du député de Portneuf. Après
que l'analyse des conventions collectives a été faite à
l'Université Laval, les résultats de ces analyses ne retournent
pas obligatoirement au bureau du commissaire général du
travail.
M. Pagé: Au ministère.
M. Fréchette: C'est la convention collective qui est
déposée là. Les résultats des recherches retournent
au service de recherche. Est-ce que c'est automatiquement publicisé?
C'est automatiquement publicisé dans le rapport annuel du
ministère. Il y a aussi une publication spécifique qui est faite.
J'en ai une copie en main ici pour l'année 1984, qui relève
essentiellement des conditions de travail qui sont contenues dans les
conventions collectives pour l'année pour laquelle la recherche a
été faite. J'en ai un exemplaire ici.
M. Pagé: Le rapport spécifique de l'étude
faite par l'Université Laval. À chaque année, on donne
quoi? C'est environ 400 000 $, 500 000 $, je présume, à
l'Université Laval?
M. Fréchette: Vous voyez avril 1984, c'est 205 000 $.
C'est publié chaque année, chaque fois que les rapports, ou
enfin, les résulats des études nous sont transmis, il y a
annuellement une publication des conditions générales de travail
à partir de ce que l'Université Laval fait.
M. Pagé: Tous ces documents, pourriez-vous vous engager
à les transmettre aux membres de la commission?
M. Fréchette: Je peux très certainement
m'engager.
Une voix: Ils sont vendus par l'Éditeur officiel, il n'y a
pas d'objection.
M. Fréchette: Je puis très certainement m'engager
à déposer entre les mains du secrétaire de la commission
une copie de chacune des études qui existent depuis le temps qu'elles
sont faites.
M. Pagé: Très bien, M. le Président.
Mai
Le Président (M. Bordeleau): Vérifié. Mai
1984, engagement 98.
M. Pagé: Adopté.
Juin
Le Président (M. Bordeleau): Vérifié. Juin
1984, engagement 115.
M. Pagé: Cet engagement de 61 250 $ pour Mme Gisèle
Tremblay, c'est pour une période d'un an, je présume?
M. Fréchette: M. le Président, audébut lorsque l'engagement a été fait, le montant dont
on parle était pour une période de quatorze mois. Cette
période de quatorze mois, Mme Tremblay l'a effectivement remplie. Elle a
été en fonction pendant toute cette période de temps. Cela
incluait - je pense que c'est important de le dire, M. le Président -
également les frais de déplacement parce que Mme Tremblay...
M. Pagé: D'accord, c'est l'allocation pour fins de son
mandat en termes de traitement et de dépenses. Le traitement
était de combien?
M. Fréchette: C'était sur une base de 52 000 $ par
année, 52 500 $ pour être plus précis.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que c'est le premier contrat que
cette personne a du ministère du Travail?
M. Fréchette: À ma connaissance, oui, M. le
Président. Maintenant, il est important de préciser que c'est une
personne qui a été engagée par la Commission consultative
sur le travail.
M. Pagé: Adopté, M. le Président. (15 h
30)
Juillet
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, l'engagement de
juin est vérifié. Juillet 1984, engagement 30. Contrat de
services à M. Carol Jobin, 75 072 $.
M. Fréchette: Cela rejoint essentiellement la situation
dont on vient de parler. M. Jobin est le secrétaire de la Commission
consultative sur le travail. Il a été engagé à
raison de 1173 $ par semaine pour 64 semaines, selon les tarifs prévus
par le ministère de la Justice. Je vous signale que ce dont on parle,
c'est d'un engagement constaté par contrat de sorte qu'il n'y a aucune
retenue qui est faite sur les paiements dûs à M. Jobin. Il paie
lui-même son assurance-chômage, il paie lui-même toutes les
autres retenues que, normalement, on doit faire sur la paie de quelqu'un. Il a
souhaité pouvoir lui-même s'occuper de tout cela.
M. Lavigne: C'est son brut, en fait. M. Fréchette:
Voilà, c'est ça. M. Pagé: Adopté.
Août
Le Président (M. Bordeleau): Vérifié.
Août 1984, engagement 1, 50 000 $. Subvention de fonctionnement à
l'Institut de recherche appliquée sur le travail, IRAT.
M. Fréchette: L'IRAT.
M. Pagé: Est-ce que le montant de 50 000 $ est le montant
global prévu comme devant être versé sous forme de
subvention à l'organisme pour l'année ou si on en aura d'autres
un peu plus tard?
M. Fréchette: Non. Remarquez que, au moment où ce
montant de 50 000 $ a été versé par le ministère du
Travail, c'était un précédent et il était
également entendu -c'est toujours entendu comme cela - que cela n'allait
pas être renouvelé. Ce sont les autorités de l'organisme
qui, à un moment donné, ont fait des représentations
auprès du ministre de l'Éducation, le ministre du Travail et le
troisième, c'était... En tout cas, trois ministères.
M. Grégoire: De la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Fréchette: De la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Nous avons versé 50 000 $, au
ministère du Travail; l'Éducation, 200 000 $; de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, 150 000 $ pour un montant global de
400 000 $. Mais c'était,
quant à nous, la première et vraisemblablement la
dernière fois.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Octobre
Le Président (M. Bordeleau): Vérifié. Non,
septembre, il n'y en a pas. Octobre 1984, engagement 51, contrat de services
pour agir à titre de conciliateur dans le cadre des négociations
dans l'industrie de la construction. M. Raymond Leboeuf, 25 000 $.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: J'ai une question à poser. On est
allé chercher un spécialiste en dehors des cadres normaux, je
suppose, pour agir comme conciliateur dans le cadre des négociations de
l'industrie de la construction. C'est quelqu'un venant de l'extérieur du
ministère. Je sais que le ministère du Travail a aussi
engagé d'autres personnes depuis un an pour agir comme conciliateurs
spéciaux. Est-ce que c'était en vertu de contrats
négociés comme celui-là, comme, par exemple, dans le
règlement à Sorel, la grève de Sorel? Il y a eu deux
négociateurs...
Une voix: Trois.
M. Grégoire: Deux ou trois.
M. Fréchette: Il y en a eu plus que cela. Il y en a eu une
bonne dizaine dans tout le conflit.
M. Grégoire: Mais une bonne dizaine en dehors des cadres
du...
M. Fréchette: Non, mais non.
M. Grégoire: Il y en a eu en dehors des cadres?
M. Fréchette: Oui.
M. Grégoire: Est-ce qu'ils ont eu des contrats
négociés eux aussi?
M. Fréchette: Non, d'abord, dans tous tes cas auxquels
vous référez, il n'y a aucun engagement qui excède 25 000
$, dans aucun des cas. Deuxièmement, dans le cas de M. Leboeuf, ce qu'on
avait demandé, c'était de pouvoir dégager ce montant de 25
000 $, mais je vous signale que sa note d'honoraires et de frais ne fait pas 25
000 $, mais 20 045, 41 $. Il ne s'est pas rendu à la limite qui aurait
pu être atteinte.
M. Pagé: Je peux témoigner qu'il a fait un bon
job.
M. Fréchette: Voilà. Mais dans les autres cas, je
voudrais simplement signaler au député de Frontenac que ce n'est
pas un précédent que de faire appel à une ressource
extérieure, de l'impliquer dans un conflit de travail, autant à
cause de l'expertise qu'il peut avoir du domaine très précis dans
lequel le conflit sévit, autant peut-être à cause de sa
connaissance des parties qui sont en cause, de la mentalité qui existe,
des attitudes que chacune des parties peut prendre.
Ce n'est pas, encore une fois, un précédent. Quand on en
arrive à la conclusion qu'une ressource de l'extérieur pourrait
effectivement être utile pour régler un conflit, il n'y a rien qui
nous empêche de le faire.
M. Grégaire: Je ne suis pas contre le fait non plus, mais
la seule question que je voulais poser porte sur ceux qui ont été
engagés dans le conflit de Sorel à SIDBEC...
M. Fréchette: À Marine.
M. Grégoire: À Marine Industrie, oui. S'ils ne sont
pas mentionnés dans vos engagements financiers, c'est que
c'étaient des contrats négociés pour moins de 25 000
$.
M. Fréchette: Voilà.
M. Grégoire: C'est cela, merci. C'est ce que je voulais
savoir.
M. Pagé: M. le ministre, même si ce sont des
contrats qui impliquent un engagement de moins de 25 000 $...
M. Fréchette: Oui.
M. Pagé:... vous avez toujours le loisir d'en divulguer le
contenu.
M. Fréchette: Ah! Tout à fait. M. Pagé:
Êtes-vous disposé? M. Fréchette: Pardon? M.
Pagé: Êtes-vous disposé?
M. Fréchette: De mémoire, je connais les honoraires
dans un cas.
M. Pagé: Lequel?
M. Fréchette: Dans le cas de M. Boivin, je sais que c'est
celui-là qui vous intéresse probablement le plus. M. Boivin nous
a...
M. Pagé: Il semblait vous intéresser parce que vous
vous en rappelez.
M. Fréchette:... envoyé un compte -oui, parce que
j'ai signé les documents dans ce sens-là - de 10 000 $ pour
services professionnels. Puis-je vous dire que, pour régler le conflit,
enfin...
M. Pagé: Vous parlez bien de M. Boivin, l'ex-chef de
cabinet du premier ministre.
Le Président (M. Bordeïeau): Cela va?
M. Pagé: D'accord. Les autres, serait-il possible,
strictement pour notre information sans vous...
M. Fréchette: Bien, il faudrait...
M. Pagé: Je ne veux pas vous imputer quelque motif que ce
soit, c'est connu, c'est reconnu que plusieurs ex-péquistes ont
travaillé dans ce dossier. Cela, pas besoin de le dire et de le redire,
c'est vrai.
M. Fréchette: Mais non, faisons une situation claire dans
au moins un cas, dans le cas du juge Burns...
M. Pagé: Bien oui, c'est normal.
M. Fréchette:... aucun honoraire, bien sûr.
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: On va facilement s'entendre sur cela. Dans
le cas de M. Boivin, c'est le montant dont je viens de vous parler...
M. Pagé: Oui.
M. Fréchette:... sous réserve de vérifier
plus avant, mais de mémoire c'est...
M. Pagé:... environ 10 000 $.
M. Fréchette:... environ 10 000 $.
M. Pagé: Oui.
M. Fréchette: Je n'ai pas en tête actuellement les
honoraires qui auraient pu être payés à M. Filion qui a agi
à ce conseil spécial de médiation de trois membres.
M. Pagé: Vous parlez de M. Filion, l'ex-chef de cabinet de
M. Pierre-Marc Johnson? C'est cela?
M. Fréchette: On me dit, M. le Président, que les
honoraires de M. Filion pourraient se situer entre 6000 $ et 8000 $.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Fréchette: Ces gens-là ne sont pas
engagés à contrat. Ils acceptent de travailler dans des dossiers
de cette nature, eux et tous les autres à qui on fait appel à
l'occasion, à partir d'un tarif horaire qui correspond au tarif
prévu par les règles gouvernementales. Ils sont à tarif
horaire comme un arbitre de grief va l'être, comme un médiateur va
l'être et à partir du tarif prévu par le ministère
de la Justice.
M. Pagé: D'ailleurs, M. le ministre, on ne remettait pas
cela en cause, on ne contestait pas cela, on voulait tout simplement savoir
combien cela avait coûté.
M. Fréchette: Je vais vous préciser cela
davantage.
M. Pagé: Bon.
M. Grégoire: C'est simplement que je me demandais...
M. Pagé: Adopté.
M. Grégoire:... pourquoi ce n'était pas
là-dedans, mais là je le vois clairement et il n'y a pas de
problème. On adopte le...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, l'engagement 51 est
vérifié. Engagement 52: Renouvellement de contrat: 35 000 $,
L'Industrielle-Services Techniques Inc.
M. Pagé: C'est pour renouveler le contrat, mais est-ce la
première fois que L'Industrielle-Services Techniques, a un contrat du
ministère ou si elle transige régulièrement avec le
ministère?
M. Fréchette: Ce n'est pas la première fois, M. le
Président.
Une voix: C'est la troisième année.
M. Pagé: La troisième année. Le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
ne contribue pas? On a vu tout à l'heure que le ministère de la
Main-d'Oeuvre contribuait dans des subventions et tout cela.
M. Fréchette: Cela était à l'IRAT.
M. Pagé: Non, je vois que ce n'est pas là, M. le
sous-ministre, mais je demande pourquoi le ministère de la Main-d'Oeuvre
ne contribue pas.
M. Fréchette: M. le Président, quant à moi,
je dois avouer au député de Portneuf que je ne suis pas en mesure
de répondre à cette question-là.
M. Pagé: D'accord.
M. Parent (Réjean): Sur le plan technique, le
ministère de la Main-d'Oeuvre a également un contrat avec IST.
IST est essentiellement pour la base de données CANSIM, le
système de statistiques socio-économiques du Canada. Pourquoi
IST? C'est le seul fournisseur qui a ce qu'on appelle la maxibase de
données qui nous permet, à nous, de produire la revue
"Marché du travail" dans des délais très courts. Il est le
seul qui est capable de nous sortir les données en 24 heures, alors que
tous les autres fournisseurs prennent un minimum de cinq à six jours et,
également, ils n'ont pas la totalité des données dont on a
besoin pour confectionner notre revue "Marché du travail" sur une base
mensuelle. Comme vous le savez, les statistiques de toute nature sont des
denrées très périssables sur une base mensuelle et tout
délai est très important là-dedans. C'est la
troisième année consécutive qu'on a un contrat avec
IST.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Tout simplement pour
le Journal des débats, je pense qu'on n'a pas pris le nom de...
M. Fréchette: M. Réjean Parent.
Le Président (M. Bordeleau): M. Parent. Voulez-vous, M. le
ministre, nous présenter aussi les autres personnes?
M. Fréchette: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Bordeleau): Seulement pour l'inscription
au Journal des débats, peut-être que c'est difficile pour les
noms.
M. Fréchette: C'est une habitude que j'avais perdue, M. le
Président, je m'en excuse. À mon extrême droite, M. Raymond
Désilets, sous-ministre adjoint aux relations du travail; à ma
droite immédiate, M. Yvan Blain, sous-ministre; à ma gauche, M.
Réjean Parent, sous-ministre à l'administration et à la
recherche.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Merci. Engagement
52, vérifié.
M. Pagé: Vérifié.
Novembre
Le Président (M. Bordeleau): Novembre 1984, engagement 74,
"Subvention à divers organismes de concertation pour fins de
participation aux audiences de la Commission consultative sur le travail, 185
521 $. "
M. Pagé: C'est donc dire qu'il en a coûté au
moins 185 521 $ pour aider les organismes... C'est cela?
M. Fréchette: Non, M. le Président. C'est le
montant qui avait été engagé, qui avait été
prévu, mais les organismes nous ont a cheminé des demandes. Nous
avions prévu de l'aide maximale de 37 759 $ pour chacun des organismes,
mais comme il y en a un qui ne nous a demandé que 26 000 $, un autre ne
nous a demandé que 7000 $, il arrive que les sommes d'argent qui ont
effectivement été engagées et dépensées
forment un total de 138 261 $.
M. Pagé: 47 000 $ de crédits qui seraient
affectés ailleurs.
M. Fréchette: Voilà!
Une voix: Sur la base de critères rigoureux,
d'ailleurs.
M. Grégoire: À ce que je vois, il n'y a plus de
questions, M. le ministre.
M. Fréchette: J'en ai déjà beaucoup. M.
Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Vérifié. Cela
va. Pour novembre, il y en a un autre, l'engagement 75, "Subvention de
fonctionnement à l'Association québécoise des personnes
ressources en alcoolisme dans l'industrie (AQPRAI) pour l'année
1984-1985, 27 500 $".
M. Pagé: Est-ce la première année que cet
organisme reçoit une subvention du ministère?
M. Fréchette: Oui, M. le Président, la
première et vraisemblablement la dernière aussi. Les gens qui ont
demandé cette aide savent qu'il s'agit d'une aide qui est non
récursive.
M. Pagé: Pourquoi ont-ils eu un besoin particulier en
subvention cette année?
M. Fréchette: C'est parce que l'organisme qui s'appelle
l'AQPRAI en est un à but non lucratif à l'intérieur duquel
toutes les personnes travaillent bénévolement. Il y a là
des gens qui viennent des syndicats, d'autres gens qui représentent les
employeurs de différentes entreprises et au fur et à mesure que
l'expertise s'est développée, qu'ils se sont livrés aux
activités qui les préoccupent, ils ont réalisé que
peut-être bien qu'un secrétariat pourrait leur être fort
utile'. Ce qu'ils nous ont demandé, c'est une subvention de
démarrage, si vous me prêtez l'expression, pour effectivement
mettre sur pied un secrétariat avec caractère permanent
et qu'ils jugent être capables de faire fonctionner à
l'avenir, vraisemblablement par des cotisations qui seront exigées des
membres et un nombre important d'autres sources de financement chez des
entreprises d'envergure par exemple, à l'intérieur desquelles
existent des programmes d'aide à l'employé et qui, à cet
égard, sont généralement fort généreuses
pour des activités de cette nature.
M. Pagé: Est-ce que l'Association québécoise
des personnes ressources en alcoolisme dans l'industrie ou ses membres ont
été consultés par le ministre du Travail ou le
ministère du Travail dans le cadre de l'élaboration du programme
d'aide à la lutte contre la toxicomanie et l'alcoolisme dans la fonction
publique?
M. Fréchette: M. le Président, non seulement
l'AQPRAI a été consultée par le ministre, mais deux des
personnes qui oeuvrent au sein de l'AQPRAI ont également
participé aux travaux préliminaires, à tous les travaux
qui ont conduit à l'adoption du décret qui permet la mise sur
pied de ce programme d'aide à l'employé. De mémoire, il y
a madame Michelle Cousineau qui est employée à
Hydro-Québec, je pense. Elle est médecin. Elle travaille à
Hydro-Québec. Elle est particulièrement préoccupée
par ce phénomène de l'alcoolisme et de la toxicomanie. L'autre
personne qui a participé à ces travaux, c'est M. Jacques Leduc
qui est membre de l'AQPRAI, bien sûr, et qui a activement pris part aux
travaux. (15 h 45)
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Juste une seconde, c'est parce que deux pages
plus loin je vois une autre subvention identique de 27 500 $ pour la même
chose mais attribuable cette fois à la Fédération des
travailleurs du Québec.
M. Fréchette: Oui.
M. Grégoire: Est-ce le même...
M. Fréchette: Non.
M. Grégoire: Ce n'est pas le même organisme.
M. Fréchette: Non.
M. Grégoire: Cela ne fait pas partie...
M. Fréchette: Pas du tout.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, vous adaptez
celui-là?
M. Grégoire: La lutte contre l'alcoolisme et la
toxicomanie dans l'industrie, en milieu de travail ne se fait pas conjointement
entre employeur et travailleur, c'est chacun de son côté,
quoi?
M. Fréchette: C'est-à-dire que je dois signaler au
député de Frontenac que nous sommes partis de loin lorsque les
travaux de ces comités ont été abordés. Chez les
syndicats, à toutes fins utiles, il n'existait rien, il n'y avait pas
d'expertise et ceux-ci ont toujours eu un peu de réserve
vis-à-vis des programmes comme ceux-là parce qu'ils craignaient,
à tort ou à raison - mais en tout cas, je vous donne ce que j'en
sais -que cela puisse devenir une arme dont l'employeur pourrait se servir pour
discipliner finalement quelqu'un qui aurait des problèmes avec l'un ou
l'autre des phénomènes dont on parle.
Depuis, je dirais particulièrement novembre 1983, les syndicats
et la FTQ en particulier se sont intéressés de très
près à ce genre de dossier. Cette dernière nous a
demandé - ce que les autres centrales n'ont pas fait pour des motifs que
je ne connais pas - si une aide était possible pour eux aux fins de
retenir les services d'un spécialiste qui aurait comme mandat de
colliger les renseignements de base nécessaires pour permettre à
cette centrale syndicale d'amorcer une action dans ce sens. C'est à
partir de ces représentations que le montant de 27 500 $ a
été accordé à la Fédération des
travailleurs du Québec.
M. Grégoire: Pour une occasion ou annuellement?
M. Fréchette: Non, pour une occasion. Là aussi, ils
sont formellement informés que cela ne sera pas renouvelé.
M. Pagé: Est-ce que cela a été fait par
écrit?
M. Fréchette: Pardon?
M. Pagé: Est-ce que cela a été fait par
écrit?
M. Parent (Réjean): Oui, oui.
M. Fréchette: M. Parent me signale que oui, ils ont
été informés de cela par écrit. Je me souviens
très bien avoir indiqué à M. Guy Perreault, qui est le
responsable de ce dossier à la FTQ, que nous étions bien
disposés pour le début mais que nous n'allions pas revenir chaque
année avec d'autres montants. Ils le savent.
M. Grégoire: Si je comprends bien,
l'une des deux subventions a été donnée à
l'employeur et l'autre au syndicat.
M. Pagé: Non. L'association précédente est
une association de personnes-ressources qui oeuvrent dans plusieurs entreprises
et qui s'y connaissent.
M. Grégoire: Mais financée surtout par
l'entreprise. La deuxième va au syndicat.
M. Pagé: L'autre, c'est la FTQ.
M. Fréchette: Je peux peut-être ajouter un
renseignement.
M. Pagé: Est-ce que d'autres... Est-ce que la CSN a
été sensibilisée à la possibilité qu'elle
puisse recevoir une subvention de 27 500 $ si elle se penchait sur cette
problématique chez ses travailleurs et travailleuses?
M. Fréchette: Non. Lorsque nous avons étudié
la loi 42, la CSN a fait état de travaux qu'elle avait amorcés
dans ce sens: un audiovisuel, la publication d'une petite brochure. Sauf
qu'elle ne nous a jamais fait de demande dans le même sens que celle qui
nous a été transmise ou soumise par la FTQ.
M. Pagé: Mais si la CSN ou la CSD avait formulé une
telle demande, je dois donc comprendre que cela aurait été
accepté automatiquement.
M. Fréchette: Sans doute. M. Pagé: Sans
doute?
M. Fréchette: On l'aurait très certainement
regardée au mérite et à partir des objectifs visés
par l'une ou l'autre de ces centrales et une décision aurait
été prise.
M. Pagé: Ils liront peut-être le Journal des
débats.
M. Fréchette: Je suggère qu'ils le fassent.
M. Pagé: On peut le leur envoyer.
M. Fréchette: Je voudrais simplement ajouter que le Centre
des dirigeants d'entreprises - ce sont essentiellement des employeurs - a
également reçu une subvention du ministère et une autre de
la Commission de santé et de sécurité du travail pour la
publication d'une brochure qui est merveilleusement faite, si vous me permettez
l'expression, et dans laquelle on retrouve, pour la première fois, une
opinion des employeurs qui écrivent que pour ceux qui font partie de cet
organisme, le Centre des dirigeants d'entreprises, l'alcoolisme est une
maladie. Je ne veux pas entreprendre de débat là-dessus, mais
c'est la première fois que des employeurs écrivent cela. Ils ont
eu 17 000 $ de subvention du ministère et de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Je suggère
d'ailleurs aux membres de la commission qui en auraient le goût de lire
la plaquette qu'ils ont publiée.
M. Grégoire: Est-ce que vous indiquez par là que si
c'est une maladie ce ne serait pas compensé par la CSST? Est-ce ce que
vous voulez dire?
M. Fréchette: On peut recommencer et ajouter aux 135
heures qu'on a déjà faites, M. le député de
Frontenac. Je vous ai dit que pour la première fois des employeurs
reconnaissaient que l'alcoolisme et/ou la toxicomanie avait le caractère
d'une maladie.
Une voix: Pas nécessairement professionnelle.
M. Fréchette: C'est cela. Deuxièmement, je ne vous
dis pas que les hommes de science, par exemple, ont finalement tranché
la question. Vous allez consulter des spécialistes, les uns vont vous
dire: C'est un péché mortel dans les sept catégories qu'on
avait dans le catéchisme.
M. Pagé: Vous ne vous en rappelez pas? Une voix:
Les péchés capitaux.
M. Fréchette: Les péchés capitaux.
Voilà!
M. Lavigne: L'orgueil, l'avarice, l'alcoolisme.
M. Grégoire: Non, non, l'alcoolisme n'est pas dedans.
M. Fréchette: L'ivrognerie... M. Grégoire:
L'ivrognerie.
M. Fréchette:... qui rend l'homme semblable à la
bête et souvent le fait mourir. Il y a des spécialistes qui vont
effectivement reconnaître que c'est une maladie et d'autres qui diront:
Non, c'est un péché.
Du côté de la science il n'y a pas de conclusion ferme
encore, mais M. le député de Frontenac sait très bien
qu'un salarié ou une salariée qui prétendrait que ses
conditions de travail l'amènent vers un abus d'alcool et qui pourrait en
faire la preuve devant les instances qui ont la juridiction pour en
décider, que ce qu'il ou elle est en train de vivre procède de
ses conditions de travail et qu'il ou qu'elle pourrait également
faire la preuve convaincante qu'il s'agit d'une maladie, ce serait
ajouté à la liste qu'on retrouve en annexe. En d'autres mots,
dans des cas comme ceux-là la preuve incombe au salarié alors que
dans le cas des quelque 200 maladies déjà identifiées en
annexe, il incombe à l'employeur de faire la preuve que ce n'est pas un
accident du travail, une maladie professionnelle. C'est une question de fardeau
de preuve. C'est vrai pour l'alcoolisme aussi.
M. Grégoire: Est-ce que cela a déjà
été tenté?
M. Fréchette: Pas à ma connaissance.
M. Pagé: Il n'y a à peu près que le
vérificateur des vins à la SAQ qui pourrait alléguer cela
si jamais cela lui arrivait.
M. le ministre, on touche la question très importante du
problème de l'alcoolisme et de la toxicomanie en milieu de travail et
finalement l'effet que cela a non seulement pour la personne qui est
affligée de cette maladie ou de cette mauvaise habitude selon les deux
écoles mais aussi l'ensemble de notre société finalement
en termes de productivité, d'accident du travail dans certains cas,
d'absence, etc. Vous avez évoqué le décret ou l'intention
que vous aviez annoncée au printemps 1985 de mettre sur pied un
programme spécifique concernant la fonction publique du
Québec.
J'ai eu l'occasion de vous faire part de commentaires, privément,
en regard de l'approche que vous vouliez donner à l'application de ce
programme. Pourriez-vous nous indiquer très brièvement - je ne
crois pas que ce soit le moment ici de faire un débat ou de discuter sur
le fond du dossier -quel est le degré d'avancement de ce
dossier-là tout au moins et surtout j'apprécierais savoir s'il
sera possible pour les parlementaires autour de cette table, soit ici soit
à l'Assemblée si elle reprend, d'échanger sur le geste que
le gouvernement du Québec, par le biais de votre ministère,
s'apprête à poser en regard des employés de
l'État?
M. Fréchette: M. le Président, il est exact que le
Conseil des ministres a accepté d'adopter, sur la recommandation
conjointe de quatre ministres - celui qui vous parle, le ministre de
l'Éducation, le ministre des Affaires sociales et le président du
Conseil du trésor - ce décret qui prévoyait la mise sur
pied de ce qu'on est convenu d'appeler un PAE, un programme d'aide à
l'employé, tant au niveau de l'alcoolisme que de la toxicomanie. Le
même décret prévoyait qu'après l'adoption de
principe, le dossier était référé à l'Office
des ressources humaines et au Conseil du trésor pour effectivement
enclencher le processus de la mise sur pied. Vous allez vous souvenir
également, M. le Président, que les syndicats à
l'époque et à juste titre, il me semble, avec beaucoup
d'à-propos, avaient accueilli l'annonce de la mise sur pied de ce
programme mais avaient également émis quelques réserves en
disant: Vous ne pouvez espérer mettre sur pied un programme qui soit
efficace sans d'abord vous assurer de notre collaboration. Ce n'est pas
seulement la collaboration qui est nécessaire, c'est l'implication
active de la part des syndicats. Or, au moment où on se parle, M. le
Président, je vous dirai que la consultation avec les syndicats a
été enclenchée, que, vraisemblablement, en tout cas
à ce stade-ci, il n'est pas à prévoir que des obstacles
majeurs se présentent dans l'élaboration du programme et que l'on
devrait, toutes choses étant normales - j'avais parlé de six mois
au moment où le décret a été adopté - entrer
dans le délai dont j'ai parlé à ce moment-là.
M. Pagé: Ce qui veut dire qu'au mois d'octobre ou de
novembre, vous pourriez faire part à la Chambre ou autrement de...
M. Fréchette: Je pourrai très certainement faire
état de la situation dans laquelle nous serons à ce
moment-là.
M. Pagé: D'accord. Cela veut dire que si l'on reprend la
session, il y aura une déclaration ministérielle. C'est cela?
M. Fréchette: Pardon?
M. Pagé: Cela veut dire qu'il y aura une
déclaration ministérielle si on reprend la session? Vous n'avez
pas abusé, vous savez.
M. Fréchette: Non, je n'en ai pas abusé. Je n'en
ressentais pas le besoin. Cela allait comme cela, voyez-vous.
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: Enfin, on verra en temps et lieu quel moyen
utiliser.
M. Pagé: Ah, il ne s'engage pas! Parfait, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Novembre 1984
vérifié.
M. Pagé: On vous posera des questions si cela ne fait
pas.
Engagements de 1985 Avril
Le Président (M. Bordeleau): Avril 1985, engagement 36.
Fournisseur: Lavalin. Montant de l'engagement: 75 000 $.
Vérifié?
M. Pagé: Vérifié et adopté.
Mai Le Président (M. Bordeleau): Mai 1985.
M. Pagé: On a abordé cette question tout à
l'heure.
Le Président (M. Bordeleau): On l'a pratiquement
vérifié tout à l'heure. Oui, cela va.
M. Pagé: Je vous ferai remarquer que le ministre nous a
indiqué que si la CSN et la CSD formulaient une telle demande...
Le Président (M. Bordeleau): Les chances seraient
bonnes.
M. Pagé:... elle serait acceptée très
probablement.
M. Fréchette: Attention! Le député de
Portneuf est plutôt malin. Il me semble avoir dit, M. le
Président, que les requêtes de l'une et l'autre ou de l'une ou
l'autre de ces deux centrales seraient étudiées selon leur
mérite et qu'après étude de chacune de ces requêtes,
une décision serait prise.
M. Pagé: Mais, premièrement, je suis
persuadé que la CSN et la CSD, comme centrales, sont
préoccupées elles aussi par ces problèmes;
deuxièmement, je suis persuadé que le ministre du Travail va
traiter sur un pied d'égalité, d'une façon
équitable et avec le même souci de justice la CSN et la CSD par
rapport à la FTQ. Cela veut dire que, très probablement, les
demandes seront acceptées.
M. Fréchette: M. le Président, je veux simplement
vous signaler à titre de remarque d'ordre général que la
situation qu'on est en train de traiter me préoccupe beaucoup et que
toute demande dont l'objectif serait de faire avancer le dossier en termes
d'aide tant aux personnes qu'aux organismes serait considérée
avec beaucoup d'attention. C'est évident et tout à fait
clair.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Mai 1985, engagement 92
vérifié.
Juin
Juin 1985, engagement 84. Département de relations industrielles
de l'Université Laval. Montant de l'engagement: 211 178 $.
M. Fréchette: C'est la même chose que dans l'autre
dossier, M. le Président. C'est pour deux années
différentes.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Vérifié. Alors,
cela complète les engagements financiers que nous avons en main. S'il
n'y a pas d'autre question...
M. Pagé: Il n'y a pas d'autre question, M. le
Président. Je veux remercier le ministre de sa disponibilité et
lui souhaiter un bon voyage à Montréal en lui demandant de saluer
les sous-ministres et les fonctionnaires.
M. Fréchette: Hal Hal Hal!
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais aussi
remercier le ministre d'être venu nous voir. J'espère que son
collègue de l'Énergie et des Ressources viendra nous voir
également la semaine prochaine.
M. Pagé: Est-ce que vous êtes dans le même
clan?
M- Fréchette: Pardon?
M. Pagé: Est-ce que vous appuyez le même
candidat?
M. Fréchette: Tout à fait, M. le Président,
tout à fait.
M. Pagé: Mais l'autre, c'était sur le tard. C'est
cela?
M. Fréchette: Enfin, il y a des circonstances qui ont
changé la nature des choses. Il faut trouver le moyen de s'ajuster de
temps en temps.
Le Président (M. Bordeleau): Et certains ont dû
s'ajuster...
M. Fréchette: Mais il n'y a personne en Europe, par
exemple.
M. Pagé: Bonne fin de journée!
M. Fréchette: Tout le monde est à l'ouvrage.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, je vous remercie
également, M. le ministre, ainsi que les sous-ministres qui vous
accompagnent. La commission a bien rempli son mandat, je pense. Nous allons
donc ajourner nos travaux sine die en tentant de revenir d'ici à
quelques jours ou, au plus tard, quelque semaines.
M- Pagé: Merci, M. le Président. Le Président
(M. Bordeleau): Bonjour!
(Fin de la séance à 16 h 1)