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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail se réunit pour étudier le projet
de loi 31, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction et la Loi sur la formation et ia qualification professionnelles de
la main-d'oeuvre.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des changements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a des
remplacements. M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par M.
Chevrette (Joliette), M. Lemire (Saint-Maurice) est remplacé par M.
Hamel (Sherbrooke) et M. Tremblay (Iberville) est remplacé par M.
Gobé (Lafontaine).
Consultations particulières sur le projet de
loi 31
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle
l'ordre du jour pour qu'il soit adopté. Aujourd'hui, nous recevons
à dix heures, donc immédiatement, les représentants de
l'Union des municipalités régionales de comté; à 11
heures, l'Association des consommateurs du Québec; à midi, ce
sera la conclusion. Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Organisation des travaux
M. Gendron: Adopté. Cependant, j'aurais juste une
question. Je vais la rendre publique, ma question. Il y a - je ne le nommerai
pas - mais il y a, à ma connaissance, un ou deux organismes additionnels
qui auraient souhaité être entendus à cette commission, M.
le Président. Je voulais simplement savoir... J'en ai discuté
avec du personnel politique du ministre hier pour voir si, après la
période de questions cet après-midi, on pouvait envisager - je ne
veux pas prendre la décision ce matin - éventuellement d'entendre
l'un ou l'autre si, après vérification, ces organismes
étaient capables de venir ce matin. S'ils ne sont pas en mesure de venir
ce matin, l'affaire est réglée. En ce sens, on aura au moins
posé les gestes pour leur permettre d'être entendus en
commission.
Je fais seulement la remarque parce que je pense que c'est la seule
place pour le faire. Vous avez l'air de vouloir une adoption de l'ordre du jour
pour la journée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait peut-être
réserver la possibilité aux organismes qui le souhaiteraient,
mais à l'intérieur d'un délai, pour ne pas que cela
s'étire dans le temps et pour que les règles du jeu soient
équitables envers tous ceux et celles qui sont venus nous rencontrer. On
pourrait les inviter à au moins nous faire parvenir un mémoire
écrit, de façon à pouvoir bénéficier de
l'éclairage qu'ils pourraient apporter à ia commission. C'est une
suggestion.
Le Président (M. Théorêt): J'aimerais porter
à votre attention qu'on a un problème de temps, M. le leader. La
Chambre reprend à 14 heures.
M. Maltais: M. le Président, est-ce que ces organismes ont
demandé à (a commission d'être entendus ou si...
M. Gendron: II y en a un, formellement, oui. Il a envoyé
un télégramme à celui qui vous parle, le leader de
l'Opposition officielle, pour être entendu. Je devais faire des
représentations auprès du leader du gouvernement.
M. Maltais: Moi, je n'ai rien contre, sauf que c'est un mandat de
l'Assemblée pour qu'on finisse à telle heure. Il faudrait avoir
le consentement à l'Assemblée, après la période de
questions.
M. Gendron: J'en parlerai avec le leader. M. le Président,
la suggestion du ministre, pour l'instant, me convient et convient probablement
aux intéressés qui voulaient consigner leur réflexion,
à tout le moins officiellement, aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Théorêt): Mais sur le plan
pratique, quand on parle de réserver un bloc de temps raisonnable,
sachant que l'Assemblée reprend à 14 heures cet après-midi
et que les conclusions devraient se terminer vers midi et quinze -
déjà on débute avec quinze minutes de retard - on parle de
combien de temps? Il ne faut quand même pas dépasser 13
heures.
M. Gendron: Le temps, c'est de réserver - disons,
d'ici mardi prochain - pour toute personne qui voudrait produire une
réflexion...
Le Président (M. Théorêt): Ah bon, bon.
M. Gendron: ...qui n'a pas été produite et
versée dans les travaux. On lui donne, par exemple, jusqu'à mardi
ou mercredi prochain pour produire une réflexion qui soit prise en
compte par le ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela fait partie des travaux de la
commission.
M. Gendron: C'est une affaire de même.
Le Président (M. Théorêt): Alors, si le
ministre est d'accord, on peut l'inscrire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Le Président (M. Théorêt): Pas une motion,
une simple proposition. Si elle est acceptée unanimement, vous
l'inscrivez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement unanime.
M. Maltais: II faut s'entendre. Consentement pour combien de
groupes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas l'offrir à
quelqu'un et le refuser à quelqu'un d'autre.
M. Gendron: Le principe de la résolution, M. le
Président, c'est que tout groupe qui aurait omis et qui souhaiterait le
faire le fasse. Mais dans un même délai pour éviter
l'injustice, on s'est entendu là-dessus.
Le Président (M. Théorêt): Vous mettriez le
délai jusqu'à quoi? Mardi prochain?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À cause du rapport de la
commission à l'Assemblée nationale, lundi soir?
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Théorêt): Lundi. C'est
adopté unanimement et vous avez juste à l'enregistrer tel quel.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
M. Gendron: Adopté. Le Président (M.
Théorêt): Adopté.
Auditions
J'invite maintenant les représentants de l'Union des
municipalités régionales de comté à bien vouloir
prendre place, s'il vous plaît.
M. Nicolet, les membres de la commission vous souhaitent la bienvenue.
Je vous demande, dans un premier temps, de présenter ceux qui vous
accompagnent, en vous rappelant que vous avez 20 minutes pour faire la
présentation de votre mémoire. Je pense que vous allez tout
simplement faire une présentation puisque vous n'avez pas de
mémoire, à ce que l'on me dit.
M. Nicolet (Roger): C'est le cas, oui.
Le Président (M. Théorêt): Et, après,
chaque formation politique échangera des propos avec vous. Je vous
cède immédiatement la parole.
Union des municipalités régionales de
comté
M. Nicolet: Je vous remercie, M. le Président, de
l'occasion qui nous est offerte de vous rencontrer ce matin et de vous faire
part de notre réflexion sur certains aspects particuliers du projet de
loi qui est présentement à l'étude. L'UMRCQ qui est ici
présente est représentée par, à ma gauche, M.
Jean-Pierre Caron, maire de L'Islet et préfet de la MRC de L'Islet;
à ma droite, Mme Canac-Marquis, conseillère juridique à
l'union, et moi-même, qui assume actuellement la fonction de
président de l'union.
La Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction,
en bref, a déjà fait l'objet de nombreuses représentations
de la part du monde municipal. Nous avions déposé un
mémoire en 1984, lors des dernières modifications du texte
législatif, lequel mémoire, à toutes fins utiles,
reprenait déjà l'essentiel de nos revendications et de nos
préoccupations. Peut-être à titre de résumé,
vous savez sans aucun doute que notre union représente quelque 80 % des
municipalités du Québec, mais essentiellement les petites,
c'est-à-dire les moins de 5000 qui constituent la grande majorité
des membres de l'union. On compte un total de quelque 1200 municipalités
qui font partie de notre union.
La loi existante actuellement prévoit que les
municipalités et les MRC sont exclues de l'application de la loi pour
les travaux d'entretien et de réparation exécutés par des
salariés permanents embauchés directement par elles, ainsi que
pour les travaux de construction de canalisations d'eau, d'égouts, de
pavages, de trottoirs et d'autres travaux du même genre
exécutés, toujours, par des salariés des MRC et des
municipalités.
D'autre part, je vous rappelle que le gouvernement du Québec est
exclu de l'application de la loi, toujours pour les mêmes travaux
d'entretien et de réparation - donc, il y a un parallélisme
parfait dans tout cela - travaux exécutés par des salariés
permanents embauchés directement par le gouvernement. Finalement, les
commissions scolaires et collèges ainsi que les établissements
publics visés par la Loi sur les services de santé et les
services sociaux sont exclus pour des travaux d'entretien et de
réparation, mais également pour les travaux de rénovation
et de modification exécutés par, toujours, des salariés
permanents embauchés directement par eux.
Est-il besoin de rappeler que les municipalités membres que nous
représentons aujourd'hui ne disposent, dans la plupart des cas, que
d'une fonction publique rudimentaire; on parle d'un secrétaire
trésorier, d'un inspecteur, parfois même seulement à temps
partiel. Ce grand nombre de municipalités, qui couvrent les trois quarts
du territoire québécois, ne disposent pas d'employés
permanents qui leur permettraient de bénéficier des exemptions
qui sont déjà prévues à la loi. Tout ceci a pour
conséquence qu'un
certain nombre de projets qui doivent être réalisés
soit dans le cadre de programmes de relance économique, soit dans le
cadre de programmes de création d'emplois deviennent inaccessibles pour
nos petites municipalités, ces petites municipalités qui n'ont
pas les moyens ni accès à la main-d'oeuvre qualifiée, et
qui ne pourraient effectuer le genre de travaux dont il est question ici
qu'avec de la main-d'oeuvre locale, accessible et disponible sur place.
L'augmentation du coût qu'entraînerait l'emploi de personnel
qualifié est souvent au-delà des limites budgétaires que
ces municipalités peuvent se permettre. Rappelons à ce sujet que
dans nos municipalités membres la taxe foncière est
essentiellement portée par le domaine résidentiel. Grand nombre
de nos municipalités n'ont pas la structure financière dont
peuvent se prévaloir de plus grandes agglomérations, donc, pas de
secteur industriel, pas de secteur commercial. Cela revient à dire que,
à toutes fins utiles, dans le cas où la collectivité, par
le biais de son conseil municipal, veut faire exécuter des travaux, il
lui incombe d'en faire payer le coût aux mêmes personnes que la loi
31 tente de vouloir alléger par le biais des dispositions
spéciales qui ont été introduites dans le texte
présenté par le ministre. Donc, ce que j'essaie de souligner par
ces remarques, c'est le fait qu'essentiellement faire bénéficier
les petites municipalités revient à toutes fins utiles à
venir en aide aux mêmes contribuables que vous vouliez toucher par les
modifications que vous avez introduites dans le texte de loi.
En fait, et je pense que nous n'avons pas besoin de nous étendre
bien longuement là-dessus, ce que l'union vous demande, c'est de pouvoir
bénéficier et pouvoir se prévaloir des mêmes
exclusions que celles dont nos autres partenaires gouvernementaux peuvent se
prévaloir, à savoir les mêmes travaux de réfection,
de rénovation et de pouvoir le faire avec des employés
occasionnels et non pas seulement avec des employés salariés
à plein temps. Je pense qu'une simple considération
d'équité dicte que vous vous penchiez avec sympathie sur cette
demande. Il serait peut-être possible, s'il y avait lieu de baliser cette
requête, de ie faire en fixant un seuil de population ou en fixant un
montant maximum du coût des travaux. Il nous semble qu'il devrait
être possible de donner suite à cette demande dans le cadre des
modifications législatives qui sont actuellement à
l'étude.
Peut-être que M. Caron, qui est à mes côtés,
pourrait élaborer un petit peu sur le vécu d'une
municipalité qui doit fonctionner avec des contraintes
particulièrement sévères et qui a dû, au cours des
années... Cela ajouterait peut-être, pour fa réflexion de
la commission, une description d'une réalité très
concrète. Avec votre permission, je céderais la parole à
M. Caron.
Le Président (M. Théorêt): D'accord,
allez-
M. Garon (Jean-Pierre): Je viens d'une petite municipalité
de 720 personnes qui s'appelle L'Islet-sur-Mer. Si on est contraint à
employer des gens avec des cartes et tout le tralala qui suit, je peux vous
dire une chose, dans ma municipalité, il y a deux personnes qui sont
aptes à travailler pour la municipalité de L'Islet-sur-Mer. C'est
une chose. Je connais plusieurs municipalités au Québec où
personne n'a la carte, n'est apte à travailler dans sa
municipalité. Un autre facteur, les salaires dans nos régions. Je
regarde toujours L'Islet, on n'est pas les plus démunis, les gens
gagnent entre 7 $ et 9 $ l'heure; ils sont propriétaires de maison.
À l'heure actuelle, on est contraint d'engager du monde qui nous
coûte 27 $, 28 $ l'heure pour faire des travaux dans les
établissements de la municipalité. Ces mêmes gens qui
gagnent 7 $ et 8 $ l'heure, ce sont eux qui les payent. Je pense qu'on devrait
trouver un champ d'entente. Remarquez bien que, à l'heure actuelle, je
ne pense pas qu'il y ait bien des municipalités qui font de grands
travaux à des taux semblables. Dans mon cas personnel, j'aimerais bien
faire légaliser tout ce que j'ai fait depuis dix ans, sans rougir. Je
pense que c'est le cas de plusieurs municipalités. On est contraint de
faire des choses semblables si on veut continuer à faire des choses pour
nos citoyens.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
président, est-ce que vous avez autre chose à ajouter avant que
ne débutent les échanges de propos?
M. Nicolet: Non, je pense que cela conclut.
Le Président (M. Théorêt): Alors, je vous
remercie. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans un premier temps, vous me
permettrez de souhaiter la bienvenue à l'UMRCQ, à ses
porte-parole, et une bienvenue spéciale à M. Nicolet, qui s'est
présenté comme étant le président de l'UMRCQ, ce
qui est exact. Mais son titre complet inclut également celui de maire de
la municipalité de Austin, située dans le comté de
Brome-Missisquoi. Vous comprendrez que je le souligne surtout en
présence du président du caucus de l'Estrie, ici à cette
table aujourd'hui.
Pour en venir directement au coeur du débat, vous nous demandez
de vous octroyer le même traitement que le gouvernement s'octroie ou
octroie aux commissions scolaires ou au réseau de la santé et des
services sociaux. Vous ajoutez une demande additionnelle. Vous souhaiteriez
pouvoir obtenir le même traitement non pas à partir de
salariés permanents, mais à partir de salariés
occasionnels. Les municipalités que vous représentez, dans
certains cas, ont quand même des employés permanents. Dans quelle
proportion ces municipalités ont-elles des employés permanents
affectés à des travaux
d'entretien?
M. Nicolet: Je dirais que, pour les municipalités de moins
de 1500 habitants de population permanente, il n'y en a aucune qui a des
employés permanents. Pour les municipalités qui ont entre 1500 et
5000 habitants, ce qui représente 15 % du nombre total de
municipalités, la plupart ont effectivement un ou deux employés
permanents qui s'occupent d'entretien de machinerie ou d'entretien de chemin
ou... M. Caron m'indique que dans le cas de la MRC de L'Islet, sur 17
municipalités, il y en a 5 qui tomberaient dans cette
catégorie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le gouvernement ou
l'Assemblée nationale venait à répondre favorablement
à votre demande quant à vous assurer un traitement
équivalent, en tenant compte de la notion occasionnels-permanents
à cause de la taille de vos municipalités et de façon
à répondre à la réalité, seriez-vous
prêt à renoncer à l'élément 3° de
l'article 19 qui parle de travaux de construction de canalisations d'eau,
d'égouts, de pavages, de trottoirs et autres travaux de même
genre? Pour être un peu plus clair, si vous aviez la possibilité
d'effectuer vos travaux d'entretien, de rénovation, de réparation
et de modification à partir de salariés occasionnels, donc non
soumis au décret de la construction, seriez-vous prêts à
faire effectuer des travaux de construction, qui sont quand même des
travaux assez majeurs lorsqu'on parle de canalisations d'eau, d'égouts,
etc., à partir de contrats que vous octroyez normalement dans la
pratique, je crois, à des firmes?
M. Nicolet: Effectivement, et c'est sujet à
vérification, M. le ministre, quand on parle de travaux de construction,
il est question de contrats, d'appels d'offres, de soumissions publiques par
des entreprises qualifiées. C'est sujet à vérification,
mais à première vue je ne crois pas que cela causerait une
difficulté majeure, à l'exception peut-être de la question
des trottoirs où, effectivement, parfois c'est un travail qui peut
être accompli...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous pose la question, parce
dans l'esprit et dans l'orientation du projet de loi 31 nous visons à
déréglementer ce que nous appelons l'entretien, la
réparation et la rénovation, généralement, en
faveur du consommateur. Mais nous avons eu des représentations des
commissions scolaires, de l'Union des municipalités du Québec et,
ce matin, de l'Union des municipalités régionales du
Québec, à savoir que cette déréglementation devait
également s'étendre aux cas que vous nous avez soulignés.
Cependant, le projet de loi 31 vise également à mieux
régir et à mieux contrôler les gros chantiers de
construction, de façon que le décret s'applique davantage dans
ces gros chantiers.
(10 h 30)
Vous comprendrez que les échanges de propos que nous avons avec
les partenaires majeurs de l'industrie de la construction font en sorte que
lorsqu'on demande certaines exclusions il peuvent nous venir en demande sur
certaines réinclusions de gros travaux. Si je comprends le sens de votre
réponse, c'est que la pratique veut que dans les petites
municipalités que vous représentez, les travaux, entre autres de
canalisations d'eau, d'égouts, à l'exclusion des trottoirs ou des
choses comme ça, sont généralement faits par l'entreprise
privée, à partir de soumissions publiques, par des travailleurs
de la construction qui détiennent des cartes, et aux tarifs du
décret de la construction.
M. Nicolet: Oui, M. le ministre.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais moi aussi, au nom de l'Opposition
officielle et en mon nom personnel, saluer M. Nicolet et son équipe, Mme
Marquis, M. Caron. Quant à M. Nicolet avec qui j'ai eu un peu l'occasion
de travailler, je pourrais dire que je sympathise avec lui d'être pris
avec un député comme le ministre du Travail. Mais je suis
convaincu que - non, je ne ferai pas cela - cela devrait faciliter la
compréhension du ministre du Travail à votre demande, puisque
c'est votre député. Vous, en plus d'être coiffé du
titre national de président de l'UMRCQ, vous êtes en
étroite liaison avec votre député; vous devriez le sentir
très près de votre demande et très sympathique. Donc,
soyez confiant. Je le souhaite.
Plus sérieusement, M. le Président, je remercie
sincèrement le président de l'Union des MRC du Québec
d'être venu exprimer son point de vue, parce que j'ai l'impression que de
le rappeler ne peut pas nuire. Vous vivez une réalité qui est
passablement différente de celle des grandes entreprises dans le secteur
de la construction. Ce n'est pas la première fois que l'UMRCQ a
l'occasion de nous dire que, d'après sa pratique et son vécu,
elle pense à tout le moins qu'elle devrait avoir droit à une
disposition d'exclusion, puisque l'empêchement d'appliquer le
troisième paragraphe de l'article 19, compte tenu de la petite taille
des municipalités, c'est la référence aux employés
permanents qui sont mentionnés dans la loi, alors qu'elles c'est surtout
des employés occasionnels. C'est un phénomène que je
connais bien pour être le député d'une circonscription
où il y a beaucoup de petites municipalités de petite taille, et
je pense que c'est une réalité concrète, surtout que vous,
M. Caron, avez décrit un peu jusqu'à quel point cela pouvait
représenter des coûts additionnels pour la municipalité. En
conséquence vous trouvez que c'est un peu anormal qu'ils soient
supportés par un petit bassin de popula-
tion, alors qu'il y a des gens qui pourraient effectuer les travaux.
Je voudrais quand même faire quelques vérifications, et,
compte tenu de votre pratique, poser quelques questions. Dans le fond,
au-delà des difficultés qui se posent actuellement, si on regarde
ce qui relève du secteur de la construction... Je ne parle pas de
l'offre que le ministre a mise dans la balance en disant: II serait
peut-être avantageux de regarder votre demande si vous acceptiez de vous
délester de l'autre disposition pour ce qui est des travaux de
construction de canalisations d'eau, d'égouts, de pavages, ainsi de
suite, par rapport à laquelle je ne veux pas prendre votre place, M.
Nicolet, mais je pense que vous avez complètement raison. Il y a peu de
petites municipalités qui ont les équipements requis, qui ont les
professionnels requis pour faire du pavage, pour faire des bornes de trottoirs,
ou des chaînes de trottoirs. Règle générale, ce type
de travaux est presque toujours confié à des entrepreneurs et, en
conséquence, il n'y aurait pas de drame de retourner cela dans le champ
couvert par le secteur de la construction.
Mais si on revient strictement aux travaux reliés à la
construction, pour une petite municipalité, en gros, M. Nicolet,
qu'est-ce que c'est précisément le type de travaux que vous
voulez faire, qui s'inscrivent, comme vous l'avez dit tantôt, de temps en
temps dans un programme de relance économique que la municipalité
veut faire? Est-ce que ce n'est pas plutôt uniquement l'entretien et la
réparation de quelques bâtiments qui appartiennent à la
corporation municipale? À ma connaissance, c'est plus au chapitre de
légers travaux d'entretien et de rénovation, plutôt que des
travaux de construction comme tel. Je voudrais que vous me donniez des
précisions concrètes.
M. Nicolet: Oui, M. Gendron. Bien sûr ce sont
essentiellement des travaux de réparation et de réfection
mineures, mais il peut se présenter - rappelez-vous la fameuse vague des
subventions fédérales d'il y a quelques années, où
même les petites municipalités ont eu accès à des
montants assez importants pour la construction de nouvelles...
M. Gendron: Centres communautaires... M. Nicolet: ...de
centres communautaires... M. Gendron: ...des bibliothèques...
M. Nicolet: ...des bibliothèques, des patinoires, des
chalets des sports. Il y avait quand même un certain nombre...
M. Gendron: Des patinoires.
M. Nicolet: ...de travaux qui étaient devenus accessibles
à ces petites municipalités et qu'elles ont été
appelées à réaliser. Il y a même un cas
célèbre d'une municipalité qui avait
complété - j'ai une référence ici - des travaux
assez importants avec de la main-d'oeuvre occasionnelle non assujettie au
décret. Effectivement, elle s'est fait prendre en fin de compte et avec
des conséquences financières assez sérieuses pour la
communauté.
De façon générale, votre description est juste. Ce
sont des aménagements de salles communautaires, d'hôtels de ville,
de patinoires. Exceptionnellement, il peut s'agir de travaux un peu plus
importants.
M. Gendron: Combien y aurait-il de municipalités au
Québec qui disposeraient de plus d'un employé permanent, dans
l'ensemble de vos municipalités?
M. Nicolet: Je n'ai pas le chiffre exact, mais enfin
disons...
M. Gendron: Non, mais une proportion, une fourchette.
M. Nicolet: Je dirais qu'il y a certainement 600 à 700
municipalités du Québec qui n'ont pas plus d'un employé et
demi, enfin un inspecteur à temps partiel et une secrétaire.
M. Gendron: Quand vous me donnez ces chiffres-là, M.
Nicoiet, ce sont surtout des employés reliés à des
responsabilités comme inspecteur en construction ou un peu sans
"péjorativer" l'expression, "bonne à tout faire" dans la
municipalité, avec plusieurs responsabilités...
M. Nicolet: Oui.
M. Gendron: ...secrétaire-trésorier, toutes sortes
de choses.
M. Nicolet: En fait, sans vouloir jouer dans une autre
problématique, les petites municipalités du Québec, depuis
longtemps, ont eu recours au faire faire. Je pense que, de façon
générale - je peux parler de ma propre municipalité -
quand il s'agit d'entretenir des terrains ou de travaux mineurs et que la
municipalité les confie, elle le fait toujours à contrat,
plutôt que...
M. Gendron: M. Nicolet, peut-être que vous n'avez pas eu
l'occasion de prendre connaissance de la plupart des mémoires. Si oui,
vous l'avez sans doute constaté, à ma connaissance il n'y a aucun
intervenant qui n'a pas dit au ministre qu'il serait assez certain d'un
consensus si le projet de loi prévoyait une exclusion uniquement des
travaux de réparation et d'entretien. Il est difficile de circonscrire
exactement le concept de la rénovation et, en particulier, celui de
l'autre appellation, qui est encore plus embrassante, qui s'appelle la
modification. La modification dans le
secteur de la construction, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin,
cela peut être large en étoile! Comme la plupart des intervenants
ont convenu que, si le ministre s'en tenait à la réparation et
à l'entretien, cela ferait probablement l'affaire de tout le monde, je
veux savoir votre point de vue dans la perspective où, très
clairement, le ministre dirait dans un article: Dorénavant, les travaux
de réparation et d'entretien sont complètement et totalement
exclus du champ de juridiction du décret de la construction. Est-ce que,
en partie, cela ferait votre affaire?
M. Nicolet: Je pense qu'effectivement il s'agirait d'un pas dans
la bonne direction. Votre question étant présumément
à un volet, la réponse est directe et c'est un oui sans
réserve. L'exclusion des travaux d'entretien et de réparation
serait bienvenue par l'UMRCQ.
M. Gendron: Autre question où j'aimerais
bénéficier de votre expertise, M. Nicolet. Quels seraient les
commentaires que vous pourriez me faire à la suggestion suivante? Dans
la perspective où le ministre prétend que la solution d'exclure
uniquement la réparation et l'entretien n'est pas à retenir - ce
n'est pas mon point de vue, mais c'est lui qui est ministre pour une
période, la plus courte possible, en ce qui nous concerne, mais ce n'est
pas nous qui menons, c'est le premier ministre qui va décider de cela
prochainement. Alors, au-delà de cela, si on envisageait un montant...
Je voudrais avoir votre point de vue là-dessus. Tout travail pour une
somme de 3000 $ - c'est un exemple - serait soustrait à l'application du
décret de la construction; pensez-vous que ce serait une façon de
régler un peu le problème? Ou - je voudrais que ce soit
traité ensemble - il y aurait l'autre alternative... Règle
générale, je pense que vous avez très clairement
démontré que dans les petites municipalités la
problématique n'est pas la même du tout. Si on disait, par
exemple: Dans les municipalités de 2000 âmes ou moins... Je veux
juste savoir si c'est une autre alternative qui aurait de l'allure de dire:
Pour une municipalité de 2000 âmes et moins, les travaux de
construction, de rénovation, d'entretien et tout cela ne sont pas sous
la juridiction du décret de la construction parce qu'on déduirait
par là que dans les municipalités de 2000 et moins il n'y a pas
d'employés permanents et que, par définition, vous voulez faire
faire cela par ies gens qui vous entourent. C'est rare que les
municipalités de 2000 habitants et moins ont des contrats d'envergure.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait pas occasionnellement des constructions
plus importantes que d'autres. Je le reconnais parce que je connais des
municipalités de 2000 habitants ou moins qui ont également une
aréna, une patinoire couverte et tout cela. Je veux avoir un peu votre
réflexion sur l'une ou l'autre de ces alternatives, soit un montant
plafond ou un montant plafond, mais applicable à la population de la
municipalité ou à la taille de la municipalité.
M. Nicolet: M. Gendron, dans le cadre d'un accommodement, je
pense que je l'avais déjà indiqué tout à l'heure
dans mes remarques générales, nous sommes disposés, bien
sûr, à reconnaître qu'il pourrait s'avérer utile que
le législateur balise, soit par le biais de la valeur des travaux, soit
en fixant une catégorie de municipalités même si, à
première vue, je ne serais pas prêt à partager les seuils
que vous avez indiqués comme étant...
M. Gendron: Oui. Les seuils étaient carrément
hypothétiques, M. Nicolet. Carrément.
M. Nicolet: Je suis content de vous l'entendre dire parce que je
les trouvais un peu bas. Mais, de façon générale, je pense
que ce que nous tâchons de favoriser, plutôt que de créer
des catégories de Québécois... Dans la mesure où
une disposition est bonne pour le gouvernement, pour les commissions scolaires,
pour le monde de la santé, pour les cités et villes qui disposent
de fonctions publiques permanentes, dans un premier temps, il nous
apparaît souhaitable de tout simplement rendre ce même traitement
accessible à tout le monde. Plutôt que de baliser, de
catégoriser les gens, pourquoi ne pas dire: Ce qui est bon pour l'un est
également bon pour les petits tout simplement en reconnaissant les
caractéristiques qui font que les petites municipalités vivent
une problématique différente? En fait, les difficultés que
soulève le texte actuel ne sont pas dans la définition des
travaux, mais dans cette exigence de salarié permanent. Si on pouvait
trouver une façon de régler cette difficulté par le biais
d'un amendement législatif, je pense que cela répondrait à
notre attente principale.
M. Gendron: J'ai une dernière question, Mme la
Présidente. Je ne détesterais pas que M. Nicolet, par son union,
puisse éventuellement nous soumettre le genre d'amendement qu'il
souhaiterait. Quand vous dites: Dans le fond, ce qu'on veut, c'est la
même chose que les autres, je vous comprends sur le fond, mais sur la
forme il y a un problème parce que c'est un peu plus que les autres.
C'est dans le même esprit que celui de la demande de l'Union des
municipalités du Québec, des commissions scolaires, du
réseau hospitalier, de la santé et des services sociaux et ainsi
de suite, sauf que le législateur sera obligé d'adapter son texte
législatif à votre vécu qui fait que, sur la
dénomination d'employés permanents, cela ne marche pas. Vous avez
raison parce que ce n'est pas votre pratique. Donc, on doit ouvrir sur les
employés occasionnels et tout cela. (10 h 45)
En conclusion, je dis seulement: Est-ce que cela ne serait pas
préférable au fait d'essayer d'avoir un libellé juridique
qui répondrait complètement à votre demande de dire tout
simplement: Les municipalités, à partir du moment où
réparation et entretien sont exclus du champ de juridiction du
décret de la construction... Cela ne ferait plus partie du
décret, on n'aurait donc pas besoin de nommer personne qui profite d'une
exclusion spécifique. Tout le monde en profiterait. Est-ce que vous
pensez que c'est quelque chose de plus envisageable qu'une modification
législative au texte qui permettrait de vous donner une
particularité?
M. Nicolet: La suggestion d'une exclusion générale,
comme je vous le disais tout à l'heure, n'est certainement pas dans la
bonne direction quant à nous, parce que par définition même
le terme "général" s'applique à tout le monde. Pour ce qui
est de l'autre commentaire que vous faisiez tout à l'heure, à
savoir la possibilité, pour nous, de faire des suggestions
concrètes, je la retiens bien volontiers dans la mesure où je
vous entendais dire tout à l'heure que vous êtes prêts
à recevoir certains commentaires d'ici le début de la semaine
prochaine. On peut peut-être se permettre de transmettre à la
commission certaines suggestions par écrit d'ici là.
M. Gendron: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Nicolet. M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y aurait deux sujets que je
souhaiterais que l'on traite avant que l'on se quitte. Le premier, c'est que
vous avez fait allusion, M. Nicolet, au programme de relance économique.
Vous en avez traité brièvement avec le député
d'Abitibi-Ouest. Est-ce que la rédaction de l'article 19, telle qu'on la
connaît maintenant, vous empêche pratiquement de participer
à des travaux de relance économique qui sont issus des autres
niveaux de gouvernement? Je vais même tenter d'être un peu plus
spécifique. Si le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu décidait de faire appel à la
collaboration des municipalités que vous représentez dans le
cadre de travaux communautaires où on vous inviterait à offrir
des travaux communautaires aux bénéficiaires de l'aide sociale,
est-ce que vous voyez dans l'application de l'article 19 tel que
rédigé un empêchement quelconque?
M. Nicolet: M. Caron voudrait élaborer là-dessus,
parce qu'il a vécu une expérience de ce type.
M. Caron: Dans les années 1981-1982, chez nous on a eu une
zone désignée de quatre municipalités et on a eu des
programmes du gouvernement fédéral pas mal "at large". Ceux qui
connaissent cela savent ce qu'est une zone désignée. Entre
autres, l'usine de fabrication de roulottes fermait. Les employés de
cette usine ont été sur des travaux de 20 semaines et la loi
telle qu'elle est à l'heure actuelle ne nous permet absolument pas de
faire de la construction et même de la rénovation. À ce
moment-là, on a été obligé d'exclure. Quand il y a
ces travaux communautaires, on ne peut absolument pas toucher à la
construction. Ils te la font exclure au départ, parce que cela prend des
employés qualifiés. Quand les salaires payables sont de 6,50 $ ou
7 $ l'heure, cela nous limite bien gros dans les travaux. Remarquez qu'il reste
toujours des travaux à faire sur ces programmes-là, mais ils
n'ont pas la même portée quand on pense relance
économique.
M. Nicolet: En guise de complément, je pourrais faire
référence au mémoire que nous déposions ici il y a
quelques années et qui faisait état de la situation vécue
par la municipalité de Notre-Dame-de-Montauban. La corporation
municipale ainsi que deux organismes de loisirs mirent en commun leurs efforts
pour construire une patinoire couverte. Pour effectuer les travaux, la
municipalité engagea de jeunes chômeurs et assistés sociaux
par le biais des programmes communautaires Canada au travail et PRIME. Deux
jours avant la fin desdits travaux, des inspecteurs de l'Office de la
construction exigèrent l'arrêt des travaux parce que la
municipalité contrevenait à la loi. Les infractions
reprochées à la corporation municipale étaient que les
employés n'étaient pas des salariés de la construction et
que la corporation ne respectait pas les taux payés selon le
décret en vigueur. La municipalité se trouva donc devant les
tribunaux à cause des poursuites en justice de l'OCQ à
l'époque.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas si ce serait abuser
de la coopération bénévole de l'Union des
municipalités régionales de comté, mais à l'article
qui viserait les travaux de réparation et de rénovation, etc., si
vous pouviez soumettre à notre attention un libellé qui
permettrait aux petites municipalités de participer à ces
programmes de relance économique, nous pourrions également
l'analyser très attentivement.
M. Nicolet: J'en prends bonne note.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'autre sujet que j'aimerais
traiter est encore plus délicat, mais, étant donné que M.
Caron l'a spontanément mis sur la table, je me sens un peu plus
autorisé de l'aborder, tout en vous prévenant que nous ne sommes
pas en mesure d'accorder quelque immunité que ce soit, ni quelque pardon
que ce soit. Vous nous avez indiqué que vous aimeriez bien que l'on vous
pardonne les péchés que vous auriez commis dans les dix
dernières années et
j'en ai déduit que c'était à titre de responsable
d'une municipalité que, possiblement, vous aviez eu à embaucher
des employés pour effectuer des travaux et que le tout n'était
pas nécessairement à 100 % conforme à l'ensemble de la
réglementation et de la législation compliquées qui
gouverne notre monde de la construction.
Est-ce qu'à votre connaissance, M. Caron, la municipalité
que vous représentez constitue un cas d'exception parmi les petites
municipalités québécoises?
M. Caron: D'exception, certainement pas. D'expérience en
grande quantité, peut-être. Dans les petites municipalités,
on n'est certainement pas l'exception, il ne faut pas se cacher que... En tout
cas, dans mon coin, dans la MRC de L'Islet, il y a certainement 75 % des
municipalités qui sont obligées de faire ce qu'elles font.
D'ailleurs, la MRC s'est déjà fait "poigner"; on sait de quoi on
parle. Ha, ha, ha! Mais on a été pardonné par le
gouvernement parce qu'on a payé. Ha, ha, ha!
Je pense que si vous posiez la question à tous les préfets
du Québec, a savoir si, dans les petites municipalités, quand on
veut faire certains travaux... En tout cas, je pense qu'on est obligé de
passer par là. Puis, je veux vous dire une chose. Chez nous, dans ma
municipalité, on a bâti un camping de 110 places. Maintenant, je
peux en parler, cela fait quatre ou cinq ans. J'imagine qu'on ne reviendra pas
contre moi. Écoutez, vous savez ce que c'est que de bâtir un
camping. Sauf l'électricité, tout a été fait de
cette façon-là. On a été chanceux: c'était
un peu loin de la 132 puis on ne s'est pas fait prendre. C'est cela qui se
passe au Québec à l'heure actuelle, dans les
municipalités. Il ne faut pas se cacher cela. Ceux qui veulent avancer
et faire des choses... Écoutez, avec 700 de population et avec un
rôle d'évaluation de 6 000 000 $, qu'est-ce que vous pensez que
cela rapporte de taxes? On mange les maisons ou bien on se fait prendre, un des
deux. Puis on a décidé de ne pas manger les maisons et on ne
s'est pas fait prendre non plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais peut-être conclure
mon intervention en vous citant, au cas où cela vous aurait
échappé, l'extrait d'un éditorial de Jean Francoeur dans
le quotidien Le Devoir du 11 mai dernier. "En adoptant ce projet de loi,
l'Assemblée nationale mettra fin à une immense hypocrisie
sociale. Il est de commune renommée que le secteur des travaux à
domicile est le terrain de prédilection du travail au noir. Dans son
état actuel, la loi est absolument inapplicable. Il faudrait
lâcher sur tout le territoire des divisions entières d'inspecteurs
qui iraient frapper à toutes les portes. En outre, pourquoi
appréhender de braves travailleurs pour les traduire devant des juges
qui, la veille, ont fait repeindre leur appartement à un coût bien
inférieur à celui du décret (31,27 $)!"
Ce que vous nous dites, M. Caron, ce matin, c'est que ce n'est pas
seulement dans le cas du secteur domiciliaire que cette hypocrisie sociale
existe, mais qu'elle existe également ailleurs.
M. Caron: Bien, hypocrisie: Moi, j'ai jamais pensé que
j'étais hypocrite. J'ai tout le temps fait cela en plein jour. Mais...
Ha, ha, ha! Je le faisais pareil, par exemple. Ha, ha, ha! Je voudrais bien
faire remarquer cela.
Mais c'est un fait que, dans nos municipalités... À part
cela, je vais vous dire une chose: Vous employez... Chez nous, j'ai un
employé municipal qui, en tout cas, est gérant de tout, qui voit
à tout. J'ai un employé municipal, une secrétaire
municipale puis on a à peu près tous les services d'une ville,
sauf qu'on n'a pas la police. C'est déjà quelque chose. Mais
avez-vous pensé à cet employé municipal, qui est assez
bien rémunéré, mais qui ne gagne pas le salaire de la
construction, si, pour, je ne sais pas moi, un mois, on fait un projet puis
qu'on paie notre monde 27 $ puis 30 $ l'heure? Quel climat de travail cela
apporte-t-il, à part cela, dans les municipalités, pensez
à cela vis-à-vis de nos employés réguliers?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être un petit point
d'ordre technique qui touchera sans doute la rédaction des amendements
que vous nous proposez. Tantôt on a parlé de qualification des
travaux, on a parlé de travaux d'entretien, de réparation. Le
projet de loi parle présentement de travaux d'entretien, de
réparation, de rénovation et de modification. J'ai donné
à un des groupes hier quelques exemples. Il existe de la jurisprudence,
dans le domaine de la construction, qui définit ces termes.
Mais imaginez une petite municipalité. Prenons le cas de
Saint-Ignace-de-Stanbridge, dans une région bien connue, qui aurait un
centre communautaire avec une cuisinette à l'intérieur, et qui
désirerait, effectuer des travaux d'entretien. Il pourrait s'agir de
travaux de peinture dans cette cuisinette. Ou des travaux de réparation;
la municipalité pourrait décider de réparer une armoire
qui aurait subi un bris. Du travail de rénovation, est-ce qu'on doit
l'inclure ou l'exclure? La municipalité pourrait décider que les
armoires en bois, étant donné la circulation intense, devraient
être transformées en mélamine. Est-ce que cela devrait
être exclu ou inclus dans le décret de la construction? Des
travaux de modification: la municipalité décide de changer les
armoires de place. Est-ce que cela devrait être inclus ou exclu? Est-ce
qu'on devrait avoir des inspecteurs pour vérifier avec la
définition de modification, de rénovation, de réparation
ou d'entretien? C'était simplement pour attirer votre attention sur ces
éléments.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest, le mot de la fin, ou si
vous avez d'autres questions?
M. Gendron: Je veux remercier M. Nicolet et son équipe.
Par contre, je souhaiterais, comme vous l'avez indiqué, que vous
puissiez fournir à la commission les éclairages aux deux aspects
qu'on a mentionnés. Cela serait sûrement intéressant
d'avoir cela dans les dossiers de la commission.
J'espère qu'autant votre formule que celle qui sera
trouvée par le ministre permettra à tout le moins aux
municipalités du Québec qui... Cela fait longtemps qu'elles nous
font la preuve noir sur blanc que, dans les faits, les petites
municipalités ne sont pas en mesure de fonctionner dans le carcan qui
leur est établi et qu'en conséquence on devrait trouver un
mécanisme pour éviter que la situation perdure. Il me semble que
l'occasion est rêvée lors de l'étude d'un projet de loi qui
mérite de substantielles améliorations et modifications sur son
fond. Ce qui permettra au ministre, à l'automne sûrement, de faire
son travail un peu mieux et de tenir compte de ce que tous les autres nous ont
dit. C'est ce que je souhaite, qu'il tienne compte également de ce que
vous avez mentionné.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le président, vous
comprendrez que je me joins au député d'Abitibi-Ouest pour vous
remercier et vous souligner que l'UMRCQ profite sans doute d'une tribune fort
privilégiée. Je regarde la composition de cette commission
parlementaire et je remarque qu'elle est quasiment uniquement formée de
représentants de milieux régionaux au Québec, pour une
fois. Que ce forum vous ait particulièrement favorisé, que
déjà l'Opposition donne son acquiescement à des
amendements qui pourraient aller dans le sens que vous préconisez, nous
en prenons bonne note, tout en souhaitant qu'il ne sort pas remanié trop
tôt comme critique au travail.
Je vous indiquerai que nous apprécions la clarté de votre
témoignage. Un mot spécial à M. le maire de L'Islet. Vous
avez été d'une spontanéité et d'une transparence
qui vont contribuer à faire avancer le dossier mis de l'avant ce matin
par l'Union des municipalités régionales de comté. Pour
votre participation aux travaux de la commission, merci.
Le Président (M. Théorêt): Mme Marquis, MM.
Nicolet et Caron, merci. Bon retour chez vous!
M. Nicolet: Merci, M. le Président. Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Théorêt): J'invite les
représentantes et représentants de l'Association des
consommateurs du Québec à bien vouloir prendre place. (11
heures)
Mme Solange Guillot-Lemelin, nous vous souhaitons la bienvenue et nous
vous demandons de présenter - j'imagine que c'est M. Beau-champ - qui
celui vous accompagne. Nous vous souhaitons la bienvenue. Vous connaissez,
étant donné vos nombreuses présences devant des
commissions parlementaires, le déroulement. Donc, je vous cède
immédiatement la parole.
Association des consommateurs du Québec
Mme Guillot-Lemelin (Solange): M. le Président, M. le
ministre, la personne qui m'accompagne est Me Jean-Claude Beauchamp, qui est
aussi membre actif au sein de notre association et qui, d'ailleurs, a
été président de notre association.
Je vais procéder en faisant lecture du mémoire,
étant donné qu'on n'a pas pu vous le présenter avant ce
matin. On va faire la lecture ensemble. L'Association des consommateurs du
Québec tient d'abord à vous remercier, M. le ministre, de
l'invitation que vous nous avez faite de participer à cette commission
parlementaire sur le projet de loi 31. Il aurait été
décevant pour tous les consommateurs et consommatrices du Québec
que le présent débat soit réservé au petit monde de
la construction, comme le disait Pierre Vennat dans son éditoria! de
La Presse du 11 mai dernier, alors qu'il s'agit d'un projet de loi qui,
s'il est adopté, aura un impact considérable sur nos membres et
sur l'ensemble des consommateurs et consommatrices du Québec.
L'Association des consommateurs du Québec existe depuis 1948,
c'est-à-dire depuis une quarantaine d'années. L'ACQ est donc, a
ce titre, la doyenne des associations de consommateurs au Québec. Au
cours des 40 dernière années l'ACQ est intervenue dans plusieurs
domaines: alimentation, assurance, environnement, habitation, jouets,
médicaments, meubles, pratiques de commerce, publicité - surtout
la publicité destinée aux enfants - santé et
sécurité, radiographie, services professionnels, services
publics, vêtements et textiles, etc. Nous publions également trois
périodiques annuels: "Le guide des jouets", "Le guide des livres" et,
depuis deux ans, "Le guide canadien des assurances".
Dans le secteur proprement dit de l'habitation, nous sommes intervenus
dès nos débuts sur la question du contrôle des loyers. Au
cours des années 1970, deux problèmes ont plus
particulièrement retenu notre attention. Ce sont le
célèbre dossier de la mousse d'urée formaldéhyde et
les programmes d'aide d'accession à la propriété
résidentielle, deux sujets qui ont fait l'objet de multiples
interventions de notre association. Plus récemment, notre association
s'est prononcée sur le livre vert sur l'habitation puis sur le projet de
loi 53 concernant le bâtiment. À ces préoccupations,
j'ajouterais que nous avons un service
spécialisé pour nos membres, qu'on appelle service en
habitation et qui traite plus particulièrement du choix
résidentiel et de la rénovation domiciliaire. Chaque fois que
nous sommes intervenus dans tous ces domaines, nous avons dû rappeler
à nos interlocuteurs ce qui semble une évidence mais qu'on oublie
trop souvent: les consommateurs recherchent d'abord et avant tout des produits
et des services de qualité, en quantité suffisante et au meilleur
coût possible. Du même souffle cependant, nous avons à
plusieurs reprises réclamé des mesures pour garantir un meilleur
équilibre entre producteurs et consommateurs, ce qui signifie, dans la
très grande majorité des cas, une protection législative
et réglementaire accrue en faveur des consommateurs. Ces deux
revendications ont pu paraître parfois paradoxales parce qu'une plus
grande législation ou une plus grande réglementation
entraîne généralement des coûts additionnels dont les
consommateurs sont souvent appelés en bout de piste à faire les
frais. Nous avons tenté à cet égard de tracer une ligne de
démarcation entre la réglementation à caractère
social, d'une part, qui représente dans le domaine de la consommation un
acquis collectif qu'il convient non seulement de protéger mais
d'améliorer, et, d'autre part, la réglementation à
caractère strictement économique qui a favorisé
l'émergence dans le passé de véritables cartels
légalisés qui, à la longue, ont desservi les consommateurs
et qu'il convient en conséquence de remettre en question. Le
décret de la construction constitue à nos yeux ce type de
réglementation à caractère économique qui a un
impact considérable sur les consommateurs et consommatrices et qu'il
convient en conséquence d'examiner de très près.
Dans son projet de loi 31, le gouvernement se propose de soustraire
à l'application du décret de la construction les travaux
reliés à la rénovation résidentielle. Il s'agit
d'une déréglementation partielle du secteur de la construction,
un secteur qu'il n'est pas indécent, à notre point de vue, de
comparer à une véritable tour de Babel, compte tenu du nombre
élevé d'intervenants et de programmes gouvernementaux et
paragouver-nementaux, du nombre élevé, aussi, de
catégories d'entrepreneurs et de corps de métiers auxquels on se
réfère et du nombre incroyablement élevé de
dispositions législatives ou réglementaires qui s'appliquent
à tout ce beau monde, il suffit, à cet égard, de prendre
connaissance de l'étude réalisée pour le compte du
ministère de l'habitation et de la protection du consommateur en 1983
par Mme Danielle Tanguay-Renaud: "Étude sur la situation de l'industrie
de la rénovation résidentielle au Québec", pour s'en
convaincre. Le portrait qu'on y fait de l'industrie de la rénovation
domiciliaire et, en annexe à cette étude, la description du
cheminement réglementaire auquel est assujetti l'entrepreneur en
rénovation résidentielle au Québec devraient convaincre
les plus sceptiques qu'il s'agit d'un secteur dans lequel il convient
d'insuffler une bonne dose d'oxygène avant que le mal qui le ronge n'ait
pris des proportions encore plus alarmantes. Ce mal qui ronge le secteur de la
construction, ce n'est pas le travail au noir, qui n'en est que le
symptôme, d'après nous, mais les coûts exorbitants
reliés aux travaux de rénovation et le cloisonnement excessif des
corps de métiers qui rend le système extrêmement rigide et
aberrant, surtout lorsqu'il s'agit, pour un consommateur ou une consommatrice,
d'exécuter ou de faire exécuter de menus travaux d'entretien ou
de réparation. Chaque fois qu'une réglementation à
caractère économique introduit dans le système des
règles qui ne correspondent plus aux réalités du
marché, ces règles engendrent des distorsions qui donnent
naissance à des phénomènes comme celui du travail au
noir.
Dans le cas présent, les travaux qui ne requièrent pas une
expertise particulière - et nous excluons d'emblée de cette
catégorie les travaux d'électricité, de plomberie ou de
structures, comme le projet de loi 31 le fait d'ailleurs - ne justifient pas
aux yeux des consommateurs et consommatrices les taux élevés
prévus dans le décret de la construction ni la rigidité
qui caractérise actuellement le cloisonnement des différents
corps de métiers. D'emblée, il convient, à notre avis, de
reconnaître que ce phénomène du travail au noir est
largement répandu et qu'il ne pourrait pas exister dans le secteur de la
rénovation résidentielle sans la complicité des
consommateurs. Les consommeiteurs qui font appel à des travailleurs au
noir pour ce genre de travaux recherchent principalement un meilleur rapport
coût-bénéfice, il n'y a pas de doute. En d'autres termes,
ils cherchent à économiser sur les coûts de la
main-d'oeuvre pour réaliser ces travaux. Et nous savons que dans le
secteur de la rénovation, la main-d'oeu-vre représente entre 50 %
et 60 % du coût total des travaux. Le recours à des travailleurs
au noir pour réaliser des travaux de rénovation représente
quand même un certain risque pour les consommateurs, notamment en ce qui
concerne la qualité des travaux effectués et l'absence, dans bien
des cas, de recours légaux contre ces mêmes travailleurs au noir.
Nous reviendrons un peu plus loin dans notre mémoire sur cette question.
Mais disons dès maintenant que si ce phénomène du travail
au noir s'est quand même développé, malgré ces
risques évidents, c'est parce que l'écart entre les taux horaires
payés à ces travailleurs au noir et les taux exigés pair
les entreprises ou les travailleurs soumis au décret de la construction
est tellement grand qu'il justifie, du moins aux yeux des consommateurs qui
font appel à ces travailleurs au noir, les risques qui y sont
liés.
L'autre motivation qui peut expliquer, du moins en partie, le recours
par les consommateurs à des travailleurs au noir concerne la
disponibilité des travailleurs de la construction pendant les
périodes où l'industrie de la cons-
truction neuve tant dans le secteur résidentiel que dans les
secteurs commercial et industriel, atteint des niveaux élevés et
où il est difficile par conséquent d'obtenir les services des
entrepreneurs soumis au décret de la construction pour réaliser
ies travaux de moindre envergure.
Troisième phénomène qui peut expliquer, du moins en
partie iui aussi, le recours par les consommateurs et consommatrices à
des travailleurs au noir concerne cette rigidité dont nous parlions
tantôt dans le cloisonnement des différentes corps de
métiers.
Trois phénomènes, donc, qui peuvent expliquer le travail
au noir: d'une part, les coûts élevés de la main-d'oeuvre
soumise au décret de la construction, même lorsqu'il s'agit de
réaliser des travaux de peu d'importance et exigant peu de
qualifications, le peu de disponibilité de ces mêmes travailleurs
en période de forte croissance de la construction résidentielle,
commerciale ou industrielle, et, troisièmement, la
sur-spécialisation des travailleurs de la construction et la
rigidité, comme il a été mentionné, que cela
entraîne dans le système. À notre avis, le projet de loi 31
pourrait virtuellement apporter, s'il est adopté, les correctifs
appropriés à ces trois phénomènes en permettant aux
entrepreneurs, comme aux consommateurs et consommatrices qui planifient et
dirigent eux-mêmes leurs travaux de rénovation, de faire appel
à une main-d'oeuvre abondante et déjà existante pour
réaliser ces menus travaux. Est-ce que ce faisant le gouvernement
compromet les droits des consommateurs et consommatrices de se voir offrir un
travail de qualité effectué par une main-d'oeuvre
compétente? Est-ce que le projet de loi 31 équivaut, comme le
prétend la CSN-Construction, à introduire la compétence
dans la construction et l'incompétence dans la rénovation? Nous
ne le croyons pas. Nous ne le croyons pas parce que les travailleurs au noir
sont souvent des travailleurs qualifiés, c'est-à-dire qui
détiennent une carte de compétence, mais qui, pour diverses
raisons, souvent d'ordre institutionnel, sont obligés de travailler au
noir pour contourner la réglementation actuelle. Ce sont ces mêmes
travailleurs qui, en période de ralentissement économique,
lorsque la construction va moins bien et qu'ils se retrouvent en chômage,
offrent leurs services à des tarifs moindres que ceux prévus dans
le décret de la construction pour être en mesure de gagner leur
vie.
Bien sûr, les travailleurs au noir ne sont pas tous des
travailleurs qualifiés. Il y a sur ce marché toute une autre
catégorie de travailleurs qui occupent des emplois qui leur laissent
suffisamment de temps pour exercer un second métier, par exemple,
pompiers, policiers, chauffeurs de taxi et même professeurs, et qui
travaillent au noir dans le secteur de la rénovation pour arrondir, eux
aussi, leurs fins de mois.
On peut aussi identifier une troisième catégorie de
travailleurs au noir. Ce sont les étudiants de nos écoles
secondaires et de nos cégeps, et même de nos universités,
qui, à la sortie de l'école, n'ont pas réussi à se
trouver un emploi dans le domaine pour lequel ils sont qualifiés et qui,
pendant quelques mois et quelques années, vont offrir leurs services aux
consommateurs et aux consommatrices pour effectuer de menus travaux d'entretien
ou de réparation. Toutes ces catégories de travailleurs au noir,
lorsqu'ils travaillent directement pour un consommateur, ont un
dénominateur commun: ils sont référés et
engagés sur la base du bouche à oreille et, donc, sur la
recommandation d'un consommateur satisfait. Ce n'est pas nécessairement
le cas lorsque ces travailleurs au noir sont engagés par des
entrepreneurs généraux, des entrepreneurs
spécialisés ou des entrepreneurs généraux en
rénovation, mais c'est là tout un problème sur lequel nous
reviendrons ultérieurement.
Dans cette optique, le projet de loi 31, loin d'accroître le
problème de la qualité des travaux effectués par les
travailleurs au noir, pourrait, au contraire, le réduire en mettant
à la disposition des consommateurs et des consommatrices une
main-d'oeuvre qualifiée et abondante, travaillant à moindre
coût et autorisée à le faire légalement, ce qui
devrait, à notre avis, réduire de façon significative les
risques liés à l'embauche de travailleurs non qualifiés.
Bien sûr, le projet de loi 31 n'est pas une panacée au
problème du travail au noir, puisqu'il y aura toujours de ces
travailleurs qui, pour des raisons évidentes, ne veulent pas
déclarer les revenus qu'ils retirent de cette activité et qui
exigent en conséquence d'être payés en argent sonnant, sans
contrat ni garantie aucune. Mais, en légalisant le statut des
travailleurs qui veulent travailler dans le secteur de la rénovation
domiciliaire à des coûts moins exorbitants, le projet de loi 31
devrait constituer un incitatif puissant pour convaincre les consommateurs et
les consommatrices de ne plus se faire les complices de cette dernière
catégorie de travailleurs au noir en leur offrant vraiment une
véritable alternative.
En appuyant le projet de loi 31, l'ACQ ne veut pas porter de jugement de
valeur sur les taux en vigueur, en vertu du décret de la construction.
Ces taux demeureront d'ailleurs les mêmes dans le secteur de la
construction résidentielle, comme dans le secteur de la construction ou
de la rénovation des bâtiments locatifs, commerciaux ou
industriels. Mais les travaux de rénovation d'une résidence
privée obligent souvent le consommateur et la consommatrice à
opter entre l'une et l'autre des trois solutions qui suivent: engager un
entrepreneur général, un entrepreneur spécialisé ou
un artisan et accepter de payer un coût élevé, un peu
moindre dans le cas d'un artisan, pour faire faire ses rénovations;
faire ces mêmes travaux de rénovation soi-même ou avec
l'aide de parents ou d'amis et faire des économies considérables,
ou choisir une solution
mitoyenne, c'est-à-dire recourir à des travailleurs au
noir et restreindre les coûts de ces travaux de rénovation. Ces
deux dernières solutions privent généralement tous les
paliers de gouvernement, tant fédéral, provincial que municipal,
de revenus considérables en taxes, impôts, contributions à
des régimes de toutes sortes, permis municipaux, réajustements de
l'évaluation municipale, etc. Si le projet de loi 31 est adopté,
les consommateurs auront désormais les choix suivants: engager un
entrepreneur général, un entrepreneur spécialisé,
un entrepreneur en rénovation ou un artisan opérant sur le
marché officiel de la rénovation, mais qui auront le droit
d'offrir leurs services à des taux différents de ceux
prévus dans le décret de la construction, ce qui sera
désormais légal; faire soi-même ces travaux, toujours de
rénovation, avec ou sans l'aide de parents, et faire évidemment
des économies encore plus considérables; engager un travailleur
autonome, avec ou sans carte de compétence, selon le besoin, mais qui
opère sur le marché officiel de la rénovation, et faire
évidemment des économies considérables, surtout lorsqu'il
s'agit de menus travaux d'entretien et de réparation.
Dans ce contexte, le recours à un véritable travailleur au
noir, celui qui exige d'être payé comptant, qui ne veut pas signer
de contrat, qui n'offre aucune garantie, qui apparaît et disparaît
du marché au gré de sa fantaisie, dont les coordonnées
sont généralement introuvables, deviendra évidemment
beaucoup moins attrayant et moins rentable pour le consommateur et surtout
beaucoup moins sécuritaire.
Par ailleurs, le projet de loi 31 propose d'établir des
programmes de formation et de qualification facultatives pour les
métiers dont l'exercice ne sera plus réglementé. Ces
programmes permettront aux travailleurs au noir qui veulent
réintégrer le marché officiel de la rénovation de
bénéficier de ces programmes et donc de se tailler une place sur
le marché de façon parfaitement légale. Comme nous l'avons
indiqué précédemment, en période de forte
croissance économique et quand l'industrie de la construction neuve,
résidentielle, commerciale ou industrielle fonctionne à pleine
capacité, les consommateurs et les consommatrices auront quand
même accès à une main-d'oeuvre plus abondante. En
période creuse, les entrepreneurs pourront offrir leurs services dans le
secteur de la rénovation à des taux moindres que ceux
prévus dans le décret de la construction. À notre avis, il
est clair que, dans un cas comme dans l'autre, les consommateurs sortiront
gagnants. (11 h 15)
Deux points, cependant, méritent une considération
spéciale de votre part. D'une part, la question de la qualité des
travaux qui seront effectués par les travailleurs qui ne seront plus
soumis au décret et, d'autre part, la question des garanties. Si on
regarde la qualité des travaux, comme vous l'avons indiqué
précédemment, nous ne sommes pas d'avis que le projet de loi aura
pour effet de compromettre les droits des consommateurs et consommatrices
à des travaux de qualité. Les travailleurs au noir opèrent
souvent sur la base du bouche à oreille, et les plus mauvais sont
rapidement évacués du marché, mais il faut
évidemment se prémunir contre les nouveaux venus qui pourraient
envahir le marché après l'adoption du projet de loi. Pour obvier
à ce problème et pour encourager tous les travailleurs à
accroître leurs qualifications dans ce domaine, le gouvernement pourrait
accorder à tous ceux qui travaillent déjà au noir et qui
n'ont pas de carte de compétence un délai relativement bref pour
obtenir une carte de compétence restreinte sur simple dépôt
d'un affidavit disant qu'ils ont réalisé au cours de la
dernière année de l'application de la loi un certain nombre
d'heures de travail ou, alternativement, qu'ils ont suivi au cours de cette
même période des cours de formation et/ou de qualification que
votre ministère se propose de leur offrir. À l'expiration de ce
délai, ces mêmes travailleurs qui auront obtenu une carte de
compétence restreinte et qui veulent transiger directement avec les
consommateurs comme travailleurs autonomes devraient s'enregistrer
auprès de la Régie des entreprises en construction du
Québec comme manoeuvres de la construction, c'est-à-dire comme
ouvriers exécutant des travaux qui n'exigent pas de connaissances
professionnelles spéciales dans le même sens que la
définition qu'on a donnée à l'article 7 et à
l'annexe B du décret de la construction.
À notre avis, toute personne morale ou physique, qu'elle soit
entrepreneur, artisan ou simple manoeuvre, devrait être tenue de
s'enregistrer auprès de la Régie des entreprises de construction,
lorsqu'elle désire transiger directement avec les consommateurs, et
fournir une garantie financière d'au moins 5000 $. Signalons qu'il en
coûte actuellement environ 75 $ pour obtenir un bon de garantie d'une
compagnie d'assurance jusqu'à concurrence d'un montant de 5000 $. Ces
frais sont donc minimes et ne constituent pas en soi un incitatif au travail au
noir. L'objet de cette mesure pour les consommateurs est triple.
Premièrement, éliminer du marché les fraudeurs en
obligeant tous les travailleurs oeuvrant dans le secteur de la
rénovation à s'enregistrer auprès d'un organisme
gouvernemental et à fournir une garantie d'exécution. Le
gouvernement mettrait à la disposition des consommateurs et
consommatrices une banque de données facilement accessible pour les
consommateurs et consommatrices, ce qui constituerait une protection minimale
contre les fraudeurs. Deuxièmement, protéger, jusqu'à
concurrence d'au moins 5000 $, le consommateur qui a obtenu un jugement contre
un entrepreneur, un artisan ou un simple manoeuvre qui n'a pas effectué
correctement les travaux de rénovation requis, qui a fraudé le
consommateur ou qui devient insolvable. Et, finalement, offrir un choix
véritable au consommateur, à tarif égal, de faire
affaires avec un travailleur dûment enregistré plutôt
qu'avec un éternel travailleur au noir.
Encore une fois, il ne s'agit pas d'accroître une bureaucratie
déjà lourde ni de mettre en place une armée d'inspecteurs
pour faire respecter ces dispositions. Il s'agit simplement de favoriser une
plus grande responsabilisation de tous les intervenants, en commençant
par les consommateurs eux-mêmes. Dans notre esprit, cette
réglementation devra donc être appliquée de façon
souple, dans le but de prévenir les abus et d'accorder aux consommateurs
une protection minimale à laquelle, croyons-nous, ils ont
légitimement droit.
En ce qui concerne les garanties, le problème se pose à
deux niveaux: la nature et l'étendue des garanties offertes, d'une part,
et la solvabilité de celui qui les offre, d'autre part. Les
consommateurs bénéficient d'un certain nombre de garanties
légales, tant en vertu du Code civil qu'en vertu de la Loi sur la
protection du consommateur, et ce, tant dans le domaine des pratiques de
commerce que dans celui des contrats ou des garanties proprement dites.
Cependant, dans le domaine des garanties conventionnelles, il reste beaucoup de
travail à faire, selon nous. L'Association provinciale des constructeurs
d'habitations du Québec a mis en place un programme de
garantie-rénovation pour ses membres qui couvre les malfaçons
pour une période allant jusqu'à trois ans suivant
l'exécution de certains travaux. Ce type de garanties conventionnelles
devrait être étendu à tous les intervenants du secteur de
la rénovation et son contenu devrait être bonifié, puis
standardisé afin d'offrir aux consommateurs et consommatrices un
régime de garanties plus complet, plus simple et plus précis que
les garanties légales existantes.
Ces garanties conventionnelles devraient couvrir tous les travaux
réalisés dans le secteur de la rénovation domiciliaire et
protéger les consommateurs en cas de malfaçon, mais aussi en cas
d'insolvabilité ou de fraude. Ce programme de garanties devrait donc
être accessible à tous les travailleurs autonomes du secteur,
qu'ils soient entrepreneurs, artisans ou simples manoeuvres, moyennant
paiement, par l'adhérent comme par le bénéficiaire,
c'est-à-dire les consommateurs, d'une légère prime
d'assurance. La perception de ces primes pourrait même être
laissée aux municipalités lors de l'émission de permis de
rénovation. En d'autres termes, les travailleurs, qu'ils soient
manoeuvres, artisans ou entrepreneurs, qui adhéreraient à un tel
programme de garanties conventionnelles pourraient se distinguer sur le
marché officiel de la rénovation.
En conclusion, nous appuyons vigoureusement le projet de loi, parce
qu'il correspond à ce type de déréglementation à
caractère économique susceptible d'améliorer
considérablement le sort des consommateurs et consommatrices du
Québec. Il s'agit, dans notre esprit, d'un projet de loi qui
insufflera dans le système une bonne dose d'oxygène dont le
patient a vraiment besoin en reconnaissant un fait par ailleurs évident:
il existe toute une catégorie de travaux d'entretien et de
réparation qui n'exigent pas de qualifications particulières et
qui ne justifient pas en conséquence les tarifs élevés
prévus au décret de la construction.
Alors, nous suggérons deux mesures pour bonifier ce projet de
loi: une première concernant l'enregistrement officiel des travailleurs
auprès de la Régie des entreprises de construction. Cette
procédure d'enregistrement et le dépôt d'une garantie
financière de 5000 $ permettront aux consommateurs de vérifier
rapidement, par téléphone, si cette personne est dûment
enregistrée auprès de la régie et de
bénéficier, le cas échéant, d'une protection
minimale, jusqu'à concurrence de 5000 $ en cas de malfaçon, de
fraude ou d'insolvabilité.
Une deuxième mesure concernant le programme de
garantie-rénovation volontaire, mais accessible à tous les
intervenants et dont les coûts seraient assumés par
l'adhérent et en partie par le bénéficiaire,
c'est-à-dire les consommateurs et les consommatrices. Pour encourager la
mise sur pied d'un tel programme de garantie-rénovation universelle,
mais volontaire, le gouvernement pourrait offrir une contribution initiale
à la création du fonds. Quant aux modalités d'application
de ce programme de garantie, nous croyons que les associations de consommateurs
devraient être associées à leur élaboration.
Nous appuyons vigoureusement la mise sur pied d'un programme de
formation et de qualification facultatives pour les métiers dont
l'exercice ne sera pas réglementé. Toutes ces mesures devraient,
à notre avis, à moyen et à long terme, permettre de
réduire les coûts associés à la rénovation
domiciliaire, tout en accroissant la qualité des travaux
effectués par les travailleurs oeuvrant dans ce domaine. Nous vous
remercions.
Le Président (M. Théorêt): Merci, Mme la
présidente. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Vous
me permettrez de remercier, en commençant, l'Association des
consommateurs du Québec et leur porte-parole tant pour la qualité
du mémoire que pour la présentation orale qu'ils nous en ont
faite.
Maintenant, étant donné que le temps nous presse, entrons
immédiatement dans le vif de l'action. À la page 1 de votre
mémoire, vous soulignez qu'il s'agit d'un projet de loi - le projet de
loi 31 - qui, s'il est adopté, aura un impact considérable sur
vos membres et sur l'ensemble des consommateurs et consommatrices du
Québec. C'était là la lecture qu'en ont faite les membres
de la commission jusqu'à ce jour, et on vous rejoint sur ce point. Vous
rejoignez
également les témoignages de l'ensemble des participants
qui ont comparu devant cette commission, à la page 4 de votre
mémoire, lorsque vous nous dites, au deuxième paragraphe:
"D'emblée, il convient, à notre avis, de reconnaître que ce
phénomène du travail au noir est largement répandu et
qu'il ne pourrait pas exister dans le secteur de la rénovation
résidentielle..." - vous ajoutez un élément nouveau sur
lequel on n'avait pas insisté depuis le début des travaux de
cette commission: sans la complicité des consommateurs.
Maintenant, pour nous retrouver immédiatement dans les ajouts que
vous préconisez à ce que le gouvernement propose, il faut
déjà aller à la page 10 de votre mémoire et parler
de la qualité des travaux dans le domaine de la rénovation. Vous
suggérez une carte de compétence restreinte. À la page 11,
vous indiquez: "À notre avis, toute personne, morale ou physique,
qu'elle soit entrepreneur, artisan ou simple manoeuvre, devrait être
tenue de s'enregistrer auprès de la Régie des entreprises de
construction du Québec, lorsqu'elle désire transiger directement
avec les consommateurs et fournir une garantie financière d'au moins
5000 $". Vous signalez qu'il en coûte actuellement 75 $, pour expliquer
que cela n'est pas prohibitif comme mesure. Quant aux 5000 $, si vous le voulez
bien, nous en traiterons lorsque nous parlerons des garanties, votre
deuxième sujet.
Votre premier sujet, l'enregistrement. De quelle façon
conciliez-vous ou différenciez-vous la suggestion que vous nous faites
avec le contenu de l'article 25 de la Loi sur la qualification professionnelle
des entrepreneurs de construction? Je ne veux pas vous prendre par surprise. Je
sais qu'il s'agit d'une tour de Babel de lois et de réglementations. Il
se lit comme suit: "Nul ne peut utiliser le titre d'entrepreneur de
construction, ni exercer en cette qualité - on m'indique que cela vise
le travailleur autonome également suivant la jurisprudence - s'il ne
justifie la possession d'une licence à cet effet." Donc, seraient
couverts l'entrepreneur, l'entrepreneur spécialisé, le
travailleur autonome, l'artisan. Ne serait possiblement pas couvert par
l'interprétation qui a été donnée à cet
article le cas de l'étudiant que vous avez mentionné dans votre
mémoire à qui le consommateur dit: Tu prends telle sorte de
peinture, tu effectues tel type de travaux. Est-ce qu'il y a beaucoup de
différence dans le libellé de l'article de loi? Vous allez
peut-être me dire qu'il y en a beaucoup dans l'application aujourd'hui,
mais est-ce qu'il y a beaucoup de différence entre ce que vous
réclamez et le libellé de cet article 25?
M. Beauchamp (Jean-Claude): Non, il n'y en a pas vraiment
beaucoup. On voulait s'assurer, en formulant cette recommandation, que toute
personne qui désirait transiger directement avec le public, que ce soit
un artisan, un entrepreneur - un artisan est défini comme un ouvrier
spécialisé, mais qui est à son propre compte - que ce soit
un travailleur autonome sans aucune spécialité mais qui offre ses
services pour faire des travaux de peinture ou de réparation, d'une
galerie ou de n'importe quoi, que toutes ces personnes qui transigent
directement avec le public, qui entendent le faire, soient tenues de
s'enregistrer auprès de la Régie des entreprises de construction
comme les entrepreneurs - vous l'avez si bien souligné - sont
déjà tenus de le faire actuellement. Cela permet au consommateur
qui se voit offrir ces services-là de communiquer par
téléphone à la régie et de dire: M. Untel m'a
offert de repeinturer ma galerie. Est-ce qu'il existe dans vos registres?
Peut-on le retrouver demain matin s'il disparaît dans la brume?
Eïst-ce qu'on sait où il habite? Si je lui fais un
dépôt de 100 $ aujourd'hui parce qu'il me dit qu'il s'en va
chercher les pots de peinture, est-ce que je vais pouvoir le retracer demain
matin? C'est ce que l'on vise, en fait. On veut simplement... On le voit
pratiquement sur une base volontaire. On ne suggère surtout pas au
gouvernement de mettre une armée d'inspecteurs pour faire respecter
cela. On dit: Responsabilisez les consommateurs, ils sont capables de prendre
leurs responsabilités. Il font affaires avec quelqu'un. Qu'ils aient le
moyen de vérifier si cette personne-là, on a ses
coordonnées, si elle existe, et si elle a fourni cette garantie
financière de 5000 $ dont on parie en cas de fraude,
d'insolvabilité ou de malfaçon. On voit cela comme une protection
vraiment minimale pour le consommateur, pour lui permettre de faire un choix.
Si la personne qui se présente n'est pas enregistrée, le
consommateur vérifie et dit: Elle n'est pas enregistrée. Alors,
demain matin, si je lui avais donné 100 $, puis qu'elle était
disparue dans la brume cela aurait été mon problème. Je
n'avais qu'à vérifier auprès de la régie et
j'aurais pu m'apercevoir que cette personne était un fraudeur. C'est une
mesure qui nous apparaît vraiment minimale et, comme je l'ai
indiqué, on ne voit pas non plus pour la faire appliquer une
armée de monde. C'est plutôt sur une base volontaire, bien que ce
soit avantageux que la loi prévoie l'obligation de le faire, de telle
sorte qu'on puisse, le cas échéant, s'en servir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais d'abord faire le lien, si
vous me le permettez, avec la question de la garantie, parce que vous avez avez
parlé d'un cautionnement de 5000 $. Au moment où nous nous
parions, il existe un autre règlement, le règlement de la
Régie des entreprises de construction du Québec. Le
règlement stipule à son article 81, sous le titre "Cautionnement
pour fraude, malversation ou détournement de fonds", ce qui suit: La
personne qui demande une licence d'entrepreneur de construction - donc, on fait
le lien avec l'article 25 de la loi - doit fournir à la régie un
cautionnement d'une valeur de 5000 $ dans le but
d'indemniser ses clients dans l'éventualité d'une fraude,
d'une malversation ou d'un détournement de fonds commis à leur
égard par l'entrepreneur, ses préposés ou agents, dans le
cas d'une société ou corporation, et ses membres ou
administrateurs. Est-ce que ce lien avec l'article du règlement
paraît aller dans le sens de votre revendication?
M. Beauchamp: Exactement dans le sens de notre recommandation. Je
le répète, on a fait cette recommandation pour être certain
que, même le travailleur autonome individuel, simple manoeuvre sans
compétence, mais qui transige avec le public, soit soumis à ce
même régime, le cas échéant. Si la loi et les
règlements le prévoient déjà, tant mieux, cela fait
déjà un problème de réglé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous dites tant mieux. Cela
suscite chez moi certaines inquiétudes. Si on a déjà
l'article de loi, si on a déjà une certaine réglementation
mais que, dans la pratique, le consommateur ne l'utilise pas parce qu'il n'est
pas sensibilisé, parce que le travail s'effectue dans une proportion
importante au noir, j'hésiterais à affirmer que cela peut
constituer un pas dans la bonne direction si ce n'est pas accompagné de
la publicité nécessaire pour informer le consommateur de cette
possibilité lorsqu'il a des travaux de rénovation, d'entretien et
de réparation ou de modification à faire faire.
M. Beauchamp: M. le ministre, vous soulevez un point qu'on n'a
pas soulevé dans notre mémoire, mais qu'on avait l'intention de
soulever verbalement. C'est justement cette question de la publicité qui
devrait entourer l'adoption de cette loi, de telle sorte que les consommateurs
soient bien informés de ces mécanismes qui sont mis à leur
disposition pour les protéger. Ensuite, ce sera aux consommateurs
d'utiliser ces mécanismes ou d'y renoncer. Mais on pense que c'est dans
l'intérêt des consommateurs, de tout le monde, que ces
mécanismes de vérification existent. Ils seront inutiles s'ils ne
sont pas entourés d'un programme de publicité adéquat pour
les faire connaître. (11 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui concerne les garanties,
nous retrouvons présentement sur le marché certaines garanties de
construction ou de rénovation. Entre autres, vous avez fait mention dans
votre mémoire de la garantie de l'APCHQ.
M. Beauchamp: II y en a d'autres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a aussi la
Fédération de la construction du Québec qui, selon mes
informations, offre également des garanties soit en construction, soit
en rénovation. Vous nous parlez d'étendre ces garanties.
Moi, sans porter de jugement, j'ai pris connaissance par le biais des
grands médias, au cours des derniers mois, de certaines plaintes des
consommateurs vis-à-vis de ces garanties. J'ai eu l'occasion de prendre
connaissance des répliques des associations également. Est-ce que
l'Association des consommateurs du Québec a une position face au contenu
tant sur l'étendue de la protection que sur d'autres critères des
éléments qui sont déjà sur le marché? Avant
qu'on les étende, est-ce qu'on est satisfait du produit qui existe?
M. Beauchamp: Non. Il est évident que, quand on a
mentionné le programme de garanties en rénovation de l'APCHQ, ce
n'était surtout pas pour indiquer notre accord avec l'étendue et
la nature des garanties qui sont offertes par ce plan, ni avec la façon
dont c'est appliqué. Il y a beaucoup de plaintes ou de critiques qui
sont formulées à l'égard des programmes de garanties en
habitation ou en rénovation existants. C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle on dit dans notre mémoire - on prend comme exemple ce type de
programmes - qu'ils devront être bonifiés. Et bonifiés
n'est pas trop fort parce qu'il y a beaucoup d'améliorations à
apporter et, ensuite, à standardiser.
L'idée qui est soumise ici est d'avoir, un peu comme on le
réclame dans bien d'autres domaines, une certaine standardisation des
protections conventionnelles qui pourraient être offertes aux
consommateurs. Ensuite, ce type de garanties conventionnelles pour des travaux
de plus de 5000 $, dans notre esprit - le premier montant de 5000 $, on calcule
qu'il est un peu protégé par la garantie financière - ce
type de garanties conventionnelles qui pourrait être offert, on le
conçoit comme un régime auquel l'entrepreneur, le travailleur
autonome ou l'artisan adhérerait volontairement, if n'y serait pas
obligé. Et le consommateur qui réclamerait des travaux aurait
aussi le choix d'adhérer ou non à ce régime. Il y a
sûrement beaucoup de consommateurs qui jugeront que ce n'est pas
approprié de s'assurer ou d'en payer les coûts. Il y aura
sûrement beaucoup de consommateurs qui préféreront
débourser un certain montant pour avoir cette protection, à
condition que la protection soit de qualité, que l'étendue ne
soit pas aussi restreinte que ce qui existe actuellement comme type de
garanties. Il faudrait qu'on conçoive quelque chose qui soit vraiment
très étendu et qui laisse peu de place à
l'interprétation et aux portes de sortie comme on le voit souvent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a toute la question de
l'administration de ce type de garanties. Certaines associations patronales
demandent au gouvernement de les rendre obligatoires et que l'administration en
soit confiée aux associations patronales. D'autres
représentations vont dans le sens que c'est
difficile pour une association patronale qui représente
l'ensemble des intérêts de ses membres d'administrer d'une
façon neutre les réclamations des consommateurs. Est-ce que vous
avez une opinion?
M. Beauchamp: Notre opinion n'est pas vraiment
arrêtée, mais on verrait d'un bon oeil que ce soit la Régie
des entreprises de construction qui tienne les registres et qui soit
responsable de l'administration d'un programme comme celui-là. Au plan
de la perception, on fait une suggestion, sans avoir consulte par ailleurs les
municipalités, soit que la perception se fasse au moment où le
consommateur demande son permis de rénovation. Il demande un permis et
dit: J'ai des rénovations ou des réparations à faire. Je
veux en faire pour 3000 $ ou 5000 $. En même temps, l'officier municipal
pourrait, s'il le désire, lui donner accès, en remplissant un
formulaire, à ce programme de garanties. C'est local, c'est prêt,
c'est accessible pour le consommateur. De toute façon, en principe, il
doit obtenir un permis dans la quasi-totalité des municipalités,
bien qu'on sache fort bien qu'il y en a beaucoup qui ne respectent pas cette
obligation, mais c'est intimement lié au travail au noir. Souvent, le
consommateur qui décide de faire faire son sous-sol par des travailleurs
au noir n'ira pas demander un permis non plus à la municipalité
pour faire faire le travail en question, de peur de voir des inspecteurs
aboutir chez lui le lendemain.
Alors, quand on en arrive à un système comme celui qu'on
connaît actuellement, ce n'est pas juste le travail au noir comme
phénomène. Il se développe d'autres
phénomènes parallèles, comme celui de ne pas demander de
permis de rénovation auprès des municipalités, donc de ne
pas payer le permis. Puis, la municipalité ne peut pas vérifier
l'évaluation municipale, l'accroissement de la valeur de la
résidence, etc. C'est une chaîne sans fin, cette
histoire-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'impôt, etc.
M. Beauchamp: Exactement. Alors, c'est pour cela qu'on faisait un
lien entre le permis municipal et le programme de garanties. On se disait qu'on
verrait d'un bon oeil que la personne qui va obtenir un permis ait
accès, en même temps, en complétant un simple formulaire
puis en payant un droit, à un programme de garanties extrêmement
standardisé, bien fait, bien complet et volontaire. Si l'entrepreneur
avec qui il fait affaires ne veut pas lui payer sa part du programme, bien, le
consommateur aura le choix de lui dire: Je vais prendre un autre entrepreneur
qui, lui, est prêt à adhérer au programme et à payer
la moitié du prix du programme, un point, c'est tout. Laissons au
consommateur la décision finale; il faut la laisser au consommateur. Je
pense que vous avez la responsabilité de mettre en place des choix, des
véritables choix, de choses qui vont lui garantir une protection;
ensuite, que le consommateur décide lui-même.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, je veux remercier l'Association des
consommateurs du Québec d'avoir répondu à l'invitation qui
a été faite par la commission de l'économie et du travail
de produire sa réflexion sur un projet de loi qui, à tout le
moins - cela a fait consensus - touche effectivement les consommateurs du
Québec, et les touche d'une façon importante, compte tenu de
l'impact économique qu'a le domaine de la construction dans la vie de
tout le monde.
Rapidement, avant d'aborder votre mémoire comme tel, j'aurais
deux questions. Pouvez-vous me dire, en deux phrases, combien i! y a de membres
à l'Association des consommateurs? Qui êtes-vous exactement,
rapidement, et quelle consultation avez-vous faite auprès de vos membres
pour écrire ce mémoire-là?
Mme Guillot-Lemelin: Je peux répondre à cette
question. Nous avons 2500 membres.
M. Gendron: Pardon?
Mme Guillot-Lemelin: 2500 membres, c'est une organisation
provinciale.
M. Gendron: Et la forme de vos membres, c'est quoi individuelle
ou corporative?
Mme Guillot-Lemelin: Individuelle et corporative.
M. Gendron: C'est quoi la...?
Mme Guillot-Lemelin: On a environ 1400 membres individuels et
l'autre portion de 1000 vient des membres corporatifs.
M. Gendron: D'accord.
Mme Guillot-Lemelin: Les personnes qui sont là-dedans, ce
sont des individus, des personnes, des familles, des étudiants, des
personnes du troisième âge aussi.
M. Gendron: Puis vos membres corporatifs, qui sont-ils?
Mme Guillot-Lemelin: II y a des personnes qui sont reliées
à des garderies, des personnes qui sont reliées à des
coopératives d'alimentation. Il y a aussi des personnes qui s'ajoutent
continuellement, du genre futurs membres corporatifs qui veulent s'adresser
à nous. Il y a beaucoup de coopératives d'habitation aussi.
M. Gendron: Vous n'avez qu'un seul siège social?
Mme Guillot-Lemelin: Oui.
M. Gendron: À Québec?
Mme Guillot-Lemelin: C'est à Montréal.
M. Gendron: Combien de permanents?
Mme Guillot-Lemelin: Autour de dix permanents.
M. Gendron: Dix permanents. Avec un conseil d'administration et
un exécutif?
Mme Guillot-Lemelin: Oui. Un conseil d'administration de quinze
personnes.
M. Gendron: Quelle est la consultation que vous avez faite
auprès de vos membres, autant corporatifs qu'individuels, sur ce
mémoire-là?
M. Beauchamp: Sur le sujet précis qui nous
intéresse aujourd'hui, c'est certain que, depuis les sept ou huit
derniers jours, on n'a pas eu le temps de mener une consultation approfondie.
Cependant, je dois indiquer que le sujet de la déréglementation
à caractère économique a été largement
débattu au sein de notre association, depuis trois ou quatre ans, en
particulier à l'occasion de ce qu'on appelle, nous, nos journées
d'orientation, qui se tiennent tous les ans, qui durent deux jours et
auxquelles tous nos membres peuvent participer. La question de la
déréglementation de ce type-là, à caractère
économique, a fait l'objet de nombreuses consultations d'abord et,
ensuite, de documents de synthèse, de discussions en atelier, de
discussions en assemblée plénière etc.
M. Gendron: Est-ce que le rapport Scowen, qui était quand
même une réflexion valable sur le sujet traite, mais moins dans
ses conclusions, est un rapport sur lequel vous vous êtes prononcé
comme association de consommateurs?
M. Beauchamp: On a participé aux audiences, au moment
où elles ont été tenues, sur la question de la
déréglementation. Sur le mémoire proprement dit,
peut-être que,...
Mme Guillot-Lemelin: Non, on n'a pas...
M. Beauchamp: À ma connaissance, on n'a pas pris de
position officielle sur le mémoire, sur le résultat proprement
dit.
M. Gendron: Merci. Sur votre mémoire lui-même, j'ai
quelques questions. La première, c'est que vous reconnaissez que le
décret de la construction, à vos yeux, est un type de
réglementation à caractère économique. Je pense que
vous avez complètement raison. Il a un impact considérable sur
les consommateurs et les consommatrices. Est-ce que vous convenez, cependant,
et c'est ma première question, qu'il a aussi un impact
considérable sur les travailleurs et les entrepreneurs en construction
et que c'est parce que votre préoccupation porte davantage sur les
consommateurs et les consommatrices, et je trouve que c'est bien puisque vous
êtes dans ce champ-là, que vous l'avez traité plus sous cet
angle-là? Ne trouvez-vous pas qu'il vous appartenait de le traiter
d'après l'impact que cette déréglementation progressive
aurait sur les travailleurs de la construction et sur les entrepreneurs?
M. Beauchamp: Dans le cadre de l'examen de ce projet de loi, on a
cité une étude dont on a pris connaissance qui est T'Étude
sur la situation de la rénovation résidentielle au
Québec", qui avait été préparée par le
ministère de l'habitation en 1983. C'est une étude exploratoire
qui fait état des préoccupations d'à peu près tous
les intervenants du secteur de la rénovation résidentielle,
qu'ils soient entrepreneurs, entrepreneurs spécialisés, etc.
L'auteur y fait état de toutes ies revendications, de toutes les
difficultés qui sont vécues dans le milieu, et c'est certain que,
dans la préparation de notre mémoire, on n'a pas pu ignorer les
autres aspects de ce projet de loi-là et les conséquences qu'il
pourrait avoir en particulier sur les travailleurs. À ce
titre-là, je pourrais vous indiquer que même en ce qui concerne
les travailleurs, on y voit énormément d'avantages, autant pour
eux que pour les consommateurs. Mais c'est sûr que notre rôle est
d'abord et avant tout de faire valoir le point de vue des consommateurs.
M. Gendron: À la page 3 de votre mémoire, vous
dites: "Ce mal qui ronge le secteur de la construction, ce n'est pas le travail
au noir." Même si tous les autres intervenants ont prétendu que
c'était un problème majeur avec les coûts
économiques majeurs, l'important... Vous dites: "Ce mal qui ronge le
secteur de la construction, ce n'est pas le travail au noir, qui n'en est que
le symptôme, mais les coûts exorbitants reliés aux travaux
de rénovation et le cloisonnement excessif des corps de métiers
qui rend le système extrêmement rigide et aberrant." Et là,
vous ajoutez: "surtout lorsqu'il s'agit pour un consommateur ou consommatrice
d'exécuter ou de faire exécuter de menus travaux d'entretien et
de réparation".
Chaque fois que vous avez fait des réflexions sur ce qui
m'apparaît être, quand même, un esprit qu'on retrouve
toujours dans votre mémoire, sur les menus travaux d'entretien et de
réparation, il me semble que vous étiez dans le ton de ce qu'on a
entendu depuis deux jours. Tout le monde a parlé de cela. Cela n'a pas
de bon sens. C'est clair, c'est évident que cela n'a pas d'affaire dans
le décret de la construction. Cependant, pour porter un jugement comme
vous le faites qu'une des raisons des coûts exor-
bitants, ce serait le cloisonnement excessif des corps de métiers
dans les menus travaux de rénovation et de réparation, j'aimerais
que vous soyez plus explicite.
M. Beauchamp: Je pense qu'il n'y a personne qui n'a pas
vécu l'expérience de faire des travaux de rénovation chez
soi ou chez des amis, et on a fait, encore hier, avec un de mes amis l'examen
du nombre de corps de métiers qui auraient dû intervenir dans la
rénovation de son sous-sol s'il avait décidé de le faire
faire par de vrais entrepreneurs ou de vrais artisans. Cela impliquait
tellement de corps de métiers comparativement à des travaux qu'il
a été capable de réaliser avec l'aide d'amis, en entier,
sauf l'électricité, en deux fins de semaine... Alors, s'il avait
fallu faire venir un charpentier, puis un menuisier proprement dit ou un poseur
de gyproc, ensuite un tireur de joints, puis ensuite, bon... C'est dans ce
sens-là qu'il y a un cloisonnement entre les corps de métiers tel
que, pour un travail qui est relativement simple, cela implique l'intervention
d'un nombre incroyable de corps de métiers.
M. Gendron: On ne parie pas de la même affaire,
là.
M. Beauchamp: J'ai peut-être mal compris votre question, M.
Gendron.
M. Gendron: Regardez, M. Beauchamp, très simplement,
très amicalement, on n'est pas dans ce que vous dites. Vous m'avez
parié des difficultés de faire des travaux d'entretien et de
réparation. Si vous vous en tenez, et c'est ce que je voulais savoir,
aux travaux d'entretien et de réparation, vous êtes toujours,
d'après moi, dans le consensus largement établi de tous les
intervenants. Mais, quand on est rendu dans le sous-sol et qu'on traduit la
complexité des corps de métiers, c'est qu'on est dans les travaux
de rénovation, on n'est plus dans les travaux d'entretien et de
réparation. Alors, c'est cela. Je sais qu'actuellement c'est assujetti
à la loi. (11 h 45)
La question n'est pas celle-là. Vous avez affirmé que,
compte tenu des difficultés en ce qui concerne la multitude de
métiers cloisonnés, cloisonnement excessif, et vous avez raison
globalement quand on couvre tout le secteur de la construction... Mais votre
référence portait sur ce que je viens de dire par rapport aux
travaux d'entretien et de réparation. Je voulais avoir des exemples
illustrant en quoi, quand on reste dans le champ des travaux d'entretien et de
réparation, il y avait un problème de cloisonnement excessif.
C'est là-dessus que j'aurais voulu vous entendre. Si vous allez dans la
rénovation et les modifications, éléments additionnels que
le ministre veut voir inclure dans le projet de loi 31, vous avez raison. Il
n'y a pas de problèmes, on se comprend.
M. Beauchamp: Mais, écoutez...
M. Gendron: Mais ce n'est pas de cela que vous pariiez.
M. Beauchamp: Je ne sais pas si je comprends bien votre question,
mais l'exemple qui me vient à l'esprit, c'est un peu simple, mais c'est
la réparation de la galerie en bois qui a commencé à
pourrir. Cela implique au moins deux corps de métiers, un gars pour
réparer la menuiserie, c'est-à-dire refaire le plancher de bois,
et un autre pour peinturer. J'appelle cela une menue réparation. Cela
implique au moins deux corps de métiers, un peintre et un menuisier. Il
n'y a pas grand monde qui n'est pas capable à la fois de poser une
planche et de peinturer. Est-ce qu'on a besoin de deux corps de métiers
pour réparer un bout de galerie et...
M. Gendron: La réponse est non. Vous me confirmez ce que
je veux que vous me disiez, que, dans le fond, si on reste dans le champ de la
rénovation, de la réglementation, vous donnez des preuves que
cela n'a pas bon de sens...
M. Beauchamp: Cela n'a pas de bon sens.
M. Gendron: ...d'être sectaire là-dedans parce que
d'abord ce sont des menus travaux et en conséquence il faut les sortir
au plus vite, pour ne pas employer d'autre expression, du décret de la
construction. C'est cela que vous confirmez.
M. Beauchamp: Oui, tout à fait.
M. Gendron: Merci. Une question additionnelle. À la page
6, vous dites: "Nous ne le croyons pas parce que, les travailleurs au noir sont
souvent des travailleurs qualifiés, c'est-à-dire qui
détiennent une carte de compétence, mais qui pour diverses
raisons, souvent d'ordre institutionnel, sont obligés de travailler au
noir pour contourner la réglementation actuelle." Autrement dit, vous ne
croyez pas que les travailleurs au noir ne sont pas qualifiés. Vous
pensez qu'ils sont qualifiés, qu'ils ont des cartes de
compétence. C'est ce que vous affirmez?
M. Beauchamp: On affirme qu'il y une bonne... On entend d'abord
le travail au noir dans son sens large. Il y a bien des façons de
contourner. Il y a tellement de réglementations et de lois, il y a bien
des façons de travailler au noir dans le secteur de la construction ou
de la rénovation. On soutient qu'il y a beaucoup de travailleurs
qualifiés qui, à cause du règlement de placement, par
exemple, dans la construction ou d'autres règlements comme
celui-là, tout en étant qualifiés, contournent,
travaillent au noir pour ne pas être soumis au décret de la
construction.
M. Gendron: Cela n'existe plus.
Une voix:...
M. Beauchamp: Pardon?
M. Gendron: Vous parlez de la carte de classification?
M. Beauchamp: II y a les deux. Il y a le règlement... Dans
l'étude dont je parlais tantôt qui a été
préparée par le ministère de l'habitation, en ce qui
concerne ces contraintes d'ordre institutionnel, on en identifiait deux: le
contingentement régional et par spécialité imposé
par le règlement de placement et la question du minimum d'heures de
travail pour obtenir ou maintenir sa carte de compétence. On mentionnait
ces deux facteurs comme étant des éléments d'ordre
institutionnel qui pouvaient justifier ou expliquer le travail au noir par des
travailleurs par ailleurs qualifiés.
M. Gendron: M. Beauchamp, c'était plus parce que vous
affirmez que les travailleurs au noir sont souvent des travailleurs
qualifiés. Pour porter ce jugement, est-ce que vous disposez de
statistiques qu'on n'aurait pas? C'était dans le sens d'avoir un
éclairage que personne n'avait mentionné. Si vous avez des
informations qu'on n'a pas, pour être capable de porter ce jugement que
les travailleurs au noir sont souvent des travailleurs qualifiés...
Une voix: Les tuyauteurs.
M. Gendron: D'accord, mais on n'est plus tellement dans les
travaux d'entretien et de réparation, les menus travaux...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):...
M. Gendron: Les tuyauteurs ont mentionné cela, M. le
ministre, à ma connaissance, pour...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):...
M. Gendron: ...oui, les chantiers industriels d'envergure. Il n'y
avait pas une référence sur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...le travail au noir dans
l'ensemble.
M. Gendron: Oui.
M. Beauchamp: Je vous réfère à
l'étude qui est citée dans notre mémoire et qui est
très explicite là-dessus. C'est une étude qui est
exploratoire. Donc, l'auteur a rencontré les intervenants du secteur, et
ce sont des faits. On n'a pas de statistiques en ce qui nous concerne, on n'en
produit pas sur cette question. Je ne pense qu'il y ait beaucoup de
statistiques sur le travail au noir, de toute façon. Cette étude
dénote et souligne ce problème du travailleur qualifié qui
fait concurrence à l'artisan, et l'artisan inversement, qui fait
concurrence au salarié qualifié, au travailleur qualifié
qui travaille sur les chantiers. Et c'est une étude qui portait sur le
secteur de la rénovation et non pas sur celui de la construction.
M. Gendron: D'accord. À la page 7 de votre mémoire,
vous dites que le projet de loi 31, toujours en vous référant
à l'article 4 qui exclurait du champ d'application les quatre
éléments que vous connaissez, parce que vous les avez bien
traités, mettrait à la disposition des consommateurs et des
consommatrices une main-d'oeuvre qualifiée et abondante, travaillant
à moindre coût et autorisée à le faire
légalement. Je comprends bien cela, c'est clair. Vous ajoutez: "ce qui
devrait, à notre avis, réduire de façon significative les
risques liés à l'embauche de travailleurs non qualifiés."
Là, je ne vous comprends pas. Sur quoi vous appuyez-vous pour arriver
à cette conclusion?
M. Beauchamp: On s'appuie sur la chose suivante: si, en vertu du
projet de loi, un entrepreneur, un entrepreneur spécialisé en
rénovation ou un entrepreneur spécialisé tout court, en
plomberie, en chauffage, en tout cas, les secteurs qui seraient
déréglementés, pas ceux-là, a accès à
une main-d'oeuvre à meilleur prix, c'est-à-dire sans être
obligé de respecter le décret de la construction, cela va lui
permettre d'offrir ses services à des taux moindres que ceux auxquels on
est exposé actuellement. H y a quand même deux sources pour le
consommateur. Il y a le travailleur autonome, bien sûr, qui peut
être qualifié ou ne pas être qualifié, mais il y a
aussi toute cette catégorie d'entrepreneurs qui, eux, vont avoir
accès à une main-d'oeuvre qualifiée tout en ayant le droit
d'offrir des taux qui sont différents de ceux qui sont prévus par
le décret de la construction.
M. Gendron: Cela va, sauf que je veux seulement vous dire comme
remarque que le qualificatif ou que le jugement portait davantage sur la
difficulté, les risques reliés à l'embauche de
travailleurs non qualifiés que sur les coûts. Par rapport aux
coûts, c'est très clair, sauf que je ne vois pas pourquoi cela va
atténuer les risques de l'embauche de travailleurs non
qualifiés.
Mme Guillot-Lemelin: C'est plus dans le sens où le
consommateur, à ce moment-là, va avoir des recours. Je comprends
ce que vous voulez dire. Vous pensez qu'il y a une contradiction dans ce qu'on
dit.
M. Gendron: Oui.
Mme Guillot-Lemelin: Ce n'est pas néces-
sairement cela. Ce qui est dit dans ce paragraphe, c'est surtout
à l'égard des personnes qui sont qualifiées, en ce sens
qu'on va pouvoir les retrouver et qu'on va avoir un recours face à ces
personnes.
M. Gendron: Oui, mais je mettais cela en parallèle avec
votre proposition un peu plus loin, quand vous dites: On propose, dans le fond,
une carte de compétence restreinte. C'est parce que vous avez des
doutes. Par définition, si...
M. Beauchamp: Non.
Mme Guillot-Lemelin: Non.
M. Gendron: Pourquoi proposer...
Mme Guillot-Lemelin: Ce n'est pas dans ce sens-là. C'est
pour que la personne puisse repérer l'individu avec qui elle va faire
affaires. C'est dans ce sens-là.
M. Beauchamp: C'est un problème de transparence. On veut
simplement que le consommateur sache que celui qui offre ses services se
définit ou est défini comme un manoeuvre, c'est-à-dire
comme un ouvrier sans spécialité, capable de faire des travaux de
rénovation ou d'entretien, mais sans spécialité par
rapport à l'artisan, qui a déjà une définition
qu'on connaît bien, et, évidemment, aux entrepreneurs - ce n'est
pas difficile d'identifier leur champ de compétence. C'est une question
de visibilité pour que le consommateur sache à qui il a affaire.
C'est la raison pour laquelle on suggère de reconnaître le fait
qu'il existe sur le marché des manoeuvres, c'est-à-dire des
personnes qui sont polyvalentes, sans spécialité, qui offrent
leurs services et qui ont le droit de le faire.
M. Gendron: À la page 9 de votre mémoire, vous
dites: "Par ailleurs, le projet de loi 31 propose d'établir des
programmes de formation et de qualifications facultatives pour les
métiers dont l'exercice ne sera plus réglementé. Ces
programmes permettront aux travailleurs au noir qui veulent
réintégrer le marché officiel de la rénovation de
bénéficier de ces programmes et donc de se tailler une place sur
le marché de façon parfaitement légale." À partir
de quoi portez-vous ce jugement? Je suis très étonné qu'on
puisse affirmer cela. Si quelqu'un a décidé d'aller sur le noir -
expression consacrée - il a bien des motifs, dont un, certainement, est
qu'il n'y ait pas de lien fiscal avec le gouvernement. Je ne vois pas en quoi
officialiser cette pratique va lui donner le goût ou vous permettrait
d'affirmer ce que vous dites. Là, parce qu'il y a des programmes de
formation sur une base volontaire, le gars qui travaillait au noir va commencer
une démarche qui pourrait éventuellement le réintroduire
dans le système. Il n'en a pas besoin, sa pratique est rendue
légale. Alors, pourquoi pensez-vous qu'il y aurait beaucoup de gens qui
sont au noir qui bénéficieraient ou qui profiteraient de ces
programmes de formation?
Mme Guillot-Lemelin: Parce que, d'après nous, cela fait
justement partie du programme de publiciser la nouvelle réglementation,
dans le sens que cela va permettre au consommateur de faire un choix
éclairé. Si le consommateur décide de faire affaires avec
une personne qui n'a pas la formation nécessaire, ce sera à ses
risques. Mais au moins le consommateur va avoir la possibilité de faire
affaires avec un personne qui a une formation.
M. Gendron: Est-ce que vous ne croyez pas que ce
comportement-là serait complètement, d'après moi,
véridique, dans la perspective où le gouvernement
déciderait de faire ce qui est fait ailleurs, c'est-à-dire de
déréglementer complètement le résidentiel? Ce n'est
pas ce que je suggère, mais je dis que si c'était cela, cela
deviendrait une attitude normale parce que c'est ce qui se passe ailleurs. Les
gens prennent des offres de formation additionnelle, parce qu'ils disent: Le
résidentiel au complet est déréglementé, mais ce
n'est pas cela le projet de loi 31.
M. Beauchamp: La raison qui nous fait penser que les travailleurs
au noir vont avoir la vie un peu plus dure, c'est parce que, comme on l'a
indiqué, jusqu'à maintenant, cela ne pouvait pas exister sans la
complicité des consommateurs. Mais à partir du moment où
les consommateurs auront accès à des ouvriers à des tarifs
moindres et de façon légale, choisir entre un travailleur qui se
déclare et un travailleur qui ne se déclare pas, cela va devenir
moins intéressant pour le consommateur, en réalité, parce
qu'il n'y aura pas de différence de taux. Alors il est aussi bien de
prendre celui qui est officiel, qui a une carte et qui est enregistré,
plutôt que de prendre un travailleur au noir qui n'a aucun
enregistrement, pas de carte, strictement rien. C'est dans ce sens-là,
je pense, que la complicité des consommateurs va être pas mal
moins forte à l'égal des vrais, des éternels travailleurs
au noir, ceux qui ne voudront pas...
Mme Guillot-Lemelin: II faut tenir compte du jugement du
consommateur dans un cas comme celui-là. Je pense que c'est clair que la
personne va privilégier celui qui a une formation. D'après nous
en tout cas.
M. Gendron: II y a un des participants qui a indiqué que,
pour l'année 1987, il y avait eu 20 000 plaintes portées à
la protection du consommateur. Alors, croyez-vous que le projet de loi 31
contribuerait à réduire ce nombre de plaintes?
Mme Guillot-Lemelin: Justement, nous avons vérifié
ce nombre de plaintes-là auprès de
l'Office de la protection du consommateur et ce n'est pas... les
statistiques disent que l'habitation vient après l'automobile comme plus
haut taux de plaintes, mais ce n'est pas divisé. Est-ce que c'est plus
la rénovation? D'après les responsables à l'office, c'est
à peu près 50 % dans la construction, 50 % dans la
rénovation. Donc, les 50 % dans la construction, ce sont
déjà des entrepreneurs réglementés et, pour ce qui
est de la rénovation, cela inclut l'aménagement paysager, cela
inclut un tas d'affaires, ce qui fait qu'on ne peut pas en avoir une
idée très précise actuellement.
M. Gendron: En conclusion, pour le temps qui me reste, je retiens
de votre mémoire la préoccupation du consommateur qui va dans le
sens d'une plus grande accessibilité, bien sûr, mais en
particulier votre conclusion, en page 13. Vous fermez votre présentation
dans le consensus général qui s'est dégagé
auprès de tous les intervenants. Vous reconnaissez le fait par ailleurs
évident qu'il existe toute une catégorie de travaux d'entretien
et de réparation qui n'exigent pas de qualification particulière
et qui ne justifient pas, par conséquent, les tarifs
élevés prévus au décret de la construction. Je
pense que vous être dans le ton de cette consultation
générale, puisque, unanimement, toutes les parties ont dit: C'est
clair que cela devrait être soustrait à l'application du
décret de la construction, parce qu'il n'y a personne qui y trouve sa
gagne, pas plus l'État du Québec que les consommateurs ou les
intervenants. On n'a pas intérêt à vouloir continuer
à protéger les travailleurs pour ce genre de travaux-là.
Cependant, tous les autres intervenants ont dit: Le ministre se prépare
des lendemains difficiles. Tous les autres intervenants.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon?
M. Gendron: Tous les autres intevernants, unanimement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je dois
prévenir le député d'Abitibi-Ouest qu'il a manqué
la session d'hier où la CSD-Construction est venue
témoigner..
M. Gendron: J'ai lu le mémoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et où il a
été question de cela. Alors, je veux juste vous
prévenir.
M. Gendron: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Amicalement.
M. Gendron: Oui, oui, c'est toujours comme cela. Je
considère que c'est toujours comme cela, amicalement, que vous me donnez
des indications. Ce que le ministre est en train de dire, c'est que, oui, hier
soir, malheureusement, je n'ai pas pu assister à la commission. Mais,
dans le mémoire de la CSD, selon les discussions qu'il y aurait eues, la
CSD aurait fait des ouvertures intéressantes. On lira la transcription
de la séance d'hier soir, mais je suis prêt à dire que, mis
à part !a CSD, tous les autres intervenants ont dit que le projet de loi
31 ne règle absolument en rien les difficultés concernant la
rénovation et les modifications. Et les quelques-uns qui seraient
prêts à regarder cela, c'est dans ia perspective où il y
aurait un volet spécifique, dans le secteur de la construction, pour le
résidentiel, qui est un domaine, même s'il est lié à
la construction, qui est totalement différent du commercial et des
autres... Oui, je vais conclure. Je conclus: Bravo, merci beaucoup d'être
venus.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le ministre?
(12 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, peut-être deux points
avant de terminer, la question d'obtenir l'opinion de l'Association des
consommateurs du Québec, non seulement sur l'entretien et la
réparation, mais également sur la rénovation et la
modification. Je crois que vous étiez présents, dans la salle,
à l'occasion du témoignage de l'Union des municipalités
régionales de comté, où j'ai donné l'exemple de
travaux qui pourraient être effectués dans une cuisine: travaux
d'entretien, de peinture, de réparation pour une armoire qui aurait subi
un bris; de rénovation pour l'armoire de cuisine que l'on transforme du
bois en "mélamine"; de modification, pour le changement des armoires
dans la cuisine.
On peut également reprendre l'exemple que nous a apporté
Me Beauchamp. La galerie, vous, vous la répareriez. Je pourrais vous
suggérer d'ajouter ou de soustraire une marche et, là, vous la
modifieriez. Est-ce que vous croyez que la modification de la marche devrait
être soumise au décret de la construction, qu'elle devrait
être effectuée par ies corps de métiers que vous avez
mentionnés et que la Commission de la construction du Québec
devrait dépêcher sur les lieux des inspecteurs et intenter des
poursuites en cas de modification à votre galerie?
M. Beauchamp: Dans notre esprit, le projet de loi doit couvrir
l'entretien, la réparation, la rénovation et les modifications
parce que, pour nous, c'est clair, la distinction qui peut exister entre les
quatre éléments. C'est assez clair, mais il y a sûrement
des zones grises, j'en conviens aisément. Mais on comprend qu'il y a
quatre choses différentes et on pense que cela doit être couvert
dans les quatre cas, évidemment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le deuxième
élément touche ia formation professionnelle. C'est en
qualité de ministre du Travail que je parraine le présent projet
de loi, mais j'ai
d'autres responsabilités en matière de formation de la
main-d'oeuvre, comme ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Des questions vous ont été adressées concernant le
programme de formation volontaire et on se posait des questions à savoir
pourquoi un individu qui peut travailler légalement suivrait des cours
de formation plus poussée. Je vous indiquerai, en répondant
mol-même à ma propre question, que nous avons
vérifié les expériences dans d'autres provinces, dans les
États américains, où c'est sur une base volontaire que
cela se produit.
Dans d'autres domaines d'activités économiques
également, vous n'avez pas besoin d'avoir une formation comme cuisinier
pour vous faire embaucher comme cuisinier dans un restaurant, mais l'Institut
de tourisme et d'hôtellerie du Québec à Montréal est
débordé de demandes de cours de formation. Les gens ont cette
conscience qu'une formation additionnelle leur permet d'obtenir de meilleures
conditions de travail, généralement parlant. De plus en plus de
consommateurs exigent une certaine formation avant d'employer quelqu'un. C'est
tout simplement une évolution normale de la société sur le
plan de la formation. La formation de la main-d'oeuvre prend, chaque jour, un
peu plus d'espace dans chacune de nos vies.
Sur ces paroles, j'aimerais vous remercier pour le mémoire.
J'aimerais également vous remercier d'avoir pris le temps de venir vous
faire entendre devant cette commission. Le projet de loi n'a pas encore
traversé toutes les étapes, loin de là. Même
l'adoption de principe n'est pas faite par l'Assemblée nationale du
Québec. Mais il est certain que le témoignage que vous nous avez
rendu au nom des consommateurs du Québec sera pris en
considération par la commission parlementaire et par le gouvernement.
Merci beaucoup de votre contribution.
Le Président (M. Théorêt): Cela dit, M. le
critique de l'Opposition, nous sommes rendus aux conclusions. Est-ce que vous
avez des remarques finales à faire?
Conclusions M. François Gendron
M. Gendron: Oui, je vais faire quelques remarques. Elles seront
plutôt brèves parce que, comme le ministre vient de le mentionner,
le projet de loi n'a pas encore franchi les étapes traditionnelles du
processus parlementaire. Quand même, ce qu'on vient de faire était
une étape importante lorsqu'il s'agit d'un projet de loi qui doit
modifier des orientations assez majeures dans un champ d'activités qui
touche un très grand nombre de personnes et qui touche l'État,
par l'ampleur des sommes en cause et par l'impact fiscal et économique
que peut avoir une telle mesure.
Le ministre a décidé d'entendre un certain nombre de
groupes. Je pense que c'était sage de le faire, surtout qu'on a pu
donner notre point de vue sur les groupes à être entendus. On a
discuté, de chaque côté de cette table, sur les
différents groupes qui devraient être invités à
venir exprimer leur point de vue.
Cependant, si le ministre veut être sage - et je l'invite à
l'être - il y a trois ou quatre éléments qu'on doit
préciser, dès ce moment, avant d'enclencher les autres
étapes. Je pense que ce qu'on peut dire, rapidement, c'est que tous les
groupes directement concernés - je dis bien tous les groupes directement
concernés - ont rejeté le projet de loi 31 dans la forme qu'il a
actuellement et les quelques-uns qui ne l'ont pas rejeté ont à
tout le moins exigé son report. Ils ont dit: On voudrait regarder cela
plus largement, tous sauf un, celui de ce matin, l'Association des
consommateurs. La plupart l'ont fait pour à peu près les
mêmes raisons: trop d'imprécisions, conséquences graves,
majeures par rapport à des interprétations, à des
inquiétudes, à des complexités, surtout parce que cela ne
règle pas le problème fondamental. J'aimerais cela que le
ministre, si jamais il décide de procéder à la
deuxième lecture, m'indique quels sont les groupes qui ont pensé
qu'il réglerait ainsi le problème du travail au noir. Je n'en
connais pas, je vous le dis honnêtement.
Même le dernier groupe - et je pourrais y revenir si j'ai le temps
- a une phrase très courte sur le travail au noir. Dans le fond,
l'Association des consommateurs nous dit: "À chaque fois qu'une
réglementation à caractère économique introduit
dans le système des règles qui ne correspondent plus aux
réalités du marché, ces règles engendrent des
distorsions qui donnent naissance à des phénomènes comme
celui du travail au noir." C'est l'Association des consommateurs qui nous dit
cela. Je trouve qu'elle a raison à 150 % et je suis convaincu que le
ministre partage ça. Mais elle avait dit juste une ligne plus haut,
même si en interrogeant ses représentants ils en ont
ajouté: "...surtout lorsqu'il s'agit (...) de faire exécuter de
menus travaux d'entretien ou de réparation." C'est leur texte, je les
cite au texte. Quatre fois dans le texte, ils parient de petits travaux, de
menus travaux d'entretien et de rénovation.
C'est là que se développe ce que j'appellerais une
agressivité logique du consommateur qui dit: Cela n'a tellement pas de
bon sens d'être dans un système de fou comme ça que le seul
réflexe que j'ai, c'est d'essayer de tricher avec le système.
Parlons franchement: C'est le réflexe du consommateur. C'est ce qu'on
appelle la pression économique qui ne correspond plus à la
réalité du marché. Ce n'est tellement pas ça le
marché pour des travaux d'entretien et de réparation que le monde
nous dit: Excusez, il faut absolument sortir cela du décret.
Chez d'autres, le projet de loi 31 embrasse trop large et c'est
là que les intervenants sont
venus nous dire que rénovation et modification, il faudrait
regarder cela bien plus attentivement que le ministre ne l'a fait. Je ne suis
pas sûr que le ministre ait été attentif là-dessus.
De toute façon, il ne nous laisse pas voir en consultation ce qu'il
prend et ce qu'il ne prend pas, et c'est son droit. Ce n'est peut-être
pas le moment, selon lui, de nous laisser voir: Est-ce que je prends ça
ou si je ne prends pas ça? Plusieurs vous ont dit: M. le ministre, quand
allez-vous arrêter de légiférer par petits morceaux dans le
domaine des relations du travail? On ne peut pas constamment n'en prendre qu'un
petit bout, regarder cela et dire: Est-ce qu'on fait un petit bout de chemin,
un quart de pouce, un poil d'avancement dans la logique des choses, suivant
l'indication que les gens nous donnent. Si vous relisez les mémoires,
c'est plus de la moitié qui nous ont dit que c'était une loi
à la pièce, sans consultation véritable, qui ne tient
même pas compte de certains des consensus dégagés à
des tables spécialisées. Là on a parlé du rapport
Sexton qui a dégagé des consensus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'a rien
dégagé.
M. Gendron: II a dégagé de quoi, certain. Si les
gens lisent les procès-verbaux des travaux du rapport Sexton, il y a des
choses sur lesquelles il y a des ententes. Il y a des points de vue qui sont
exprimés. D'autres groupes moins touchés sont venus nous dire
qu'ils aimeraient bien profiter d'un projet de loi comme celui-là pour
que l'on repense à nouveau à eux, parce que cela fait plusieurs
fois qu'ils se sentent oubliés. C'est le cas des commissions scolaires,
des deux unions: l'UMRCQ et l'UMQ et, dans le cas de l'UMRCQ, c'est très
difficile de ne pas être sensible à ce qu'elle dit lorsqu'elle
décrit quelque chose qui n'a pas de bon sens. C'est tellement logique,
ce qu'elle nous dit, que n'importe quel gouvernement devrait être
sensible à son affaire, surtout toujours pour les travaux
légers.
Quant aux consommateurs, ce qu'ils sont venus nous dire, c'est un
consensus qui apparaît intéressant. N'importe quel porte-parole
d'un groupe de consommateurs qui ne viendrait pas véhiculer la
préoccupation des coûts moindres serait sur une autre
planète que la nôtre. L'Association des consommateurs nous dit: On
pense que la friction économique du secteur de la construction vient de
ce que, dans le domaine domicilaire, les consommateurs ont la prétention
que cela coûte trop cher et que c'est trop dispendieux de faire effectuer
la réparation d'une galerie, par exemple, ou encore la peinture de
l'éditorialiste Francoeur, parce que c'est toujours ce dont il a
parlé, lui. Faire des travaux de peinture, cela n'a pas de bon sens. Il
faut contrer cette hypocrisie sociale, disait-il. Mais, il faut regarder ce
à quoi il appliquait le qualificatif; il l'appliquait à des
travaux de peinture. Bien, vous le relirez. D'ailleurs, vous l'avez lu
tellement de fois; alors, ne le relisez pas, vous devrie2 le savoir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le relire pour vous faire
plaisir.
M. Gendron: Bon, vous ferez cela juste pour me faire plaisir.
Je pense que les consommateurs voudraient qu'effectivement, pour les
travaux d'entretien et de réparation, cela coûte moins cher et que
ce soit carrément exclu. La commission a clairement
démontré que les propositions du ministre, dans le projet de loi
31 qu'il a déposé, sont très largement rejetées.
S'il nous en dépose un autre une année plus tard, on verra. Donc,
il appartient au ministre, je pense, très sérieusement et,
là, je l'invite très sérieusement parce que c'est ce qu'il
a fait, d'ailleurs, dans d'autres mémoires... Pour le projet de loi 30,
quand il a assisté à un blocus systématique des
intervenants, y compris des amis du patronat, lorsqu'on a fait des
consultations particulières, il a refait ses devoirs. Il a pris
l'été et il a refait ses devoirs en silence; il ne nous en a pas
parlé. Il a dit: Écoutez, en décembre, je reviens avec
cela.
Il me semble qu'on a, encore là, le parfait modèle de sa
façon de présenter des projets de loi, comme on l'a vu avec
l'aide sociale: la première "shot", c'est toujours des "previews",
excusez l'expression. La première impression, c'est un portrait un peu
confus, global pour dire: Venez donc nous aider à cerner la
problématique et, après cela, je referai mes devoirs. Je pense
qu'évidemment le ministre devra continuer à cerner davantage la
manière dont il pourrait traduire, dans un projet de loi, le seul
consensus véritable qui s'est dégagé, à savoir que,
pour la réparation et l'entretien, cela n'a pas de bon sens. Je ne suis
pas sûr que, s'il balisait d'une façon plus serrée les
travaux de rénovation, il n'aurait pas le même consensus, pour
autant que cela demeure, pas du menu fretin, mais des menus travaux. C'est cela
que le monde nous a dit. Pour les petits travaux dans le domiciliaire, le gros
kit, le bazooka général pour le commercial et tout cela, ne
devrait pas s'appliquer. C'est cela, la logique. S'il reste dans cette logique
des choses, il n'y aura aucun problème.
D'ailleurs, la FTQ a été on ne peut plus claire. Il y a
aussi tout le volet des artisans. C'est parce que je ne veux pas être
trop long. Il y en a plusieurs qui ont dit: Réglez donc cela. Cela a
été une expérience. Si cela s'était passé
dans la pratique, comme cela avait été conçu, je pense que
cela aurait peut-être été achetable, mais la pratique des
choses ne nous permet pas de conclure que l'offre du régime des artisans
est, aujourd'hui, en 1988, sur les mêmes bases que lorsqu'elle a
été présentée; tout le monde le dit, ce n'est pas
comme cela que cela se passe. Alors, oui, il faudrait clairer le paysage.
Je pense que j'ai fait le tour.
Le Président (M. Théorêt): Merci.
M. Gendron: Comme remarques préliminaires...
Le Président (M. Théorêt): Finales.
M. Gendron: ...à cette phase-ci, M. le Président,
je pense que c'est ce que je devais faire. Le ministre a vraiment les
indications qu'il lui faut pour faire correctement ce qui doit être fait.
Il n'en tient qu'à lui de bien lire les indications qu'il a
reçues.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
critique de l'Opposition. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, au terme
de ces travaux de la commission parlementaire de l'économie et du
travail chargée d'entendre les représentations relatives au
projet de loi 31, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction et la Loi sur la formation et la qualification professionnelles
de la main-d'oeuvre, je prendrai ces quelques minutes, si vous me le permettez,
pour dégager ce qui me semble devoir être retenu de ces audiences
publiques.
Depuis mardi, le 24 mai 1988, à 10 heures du matin, nous avons
reçu dans cette salle quinze organismes représentatifs des
travailleurs et des patrons du secteur de la construction, des consommateurs,
des municipalités et du monde scolaire. Le grand constat qu'il nous est
permis de faire en conclusion de ces auditions, c'est que l'ensemble des
organismes entendus est d'accord avec le gouvernement sur l'existence du
travail au noir dans l'industrie de la construction au Québec. Ils
conviennent également avec nous - je crois que c'est l'avis de
l'Opposition, sous réserve - que ce fléau qui affecte l'ensemble
de l'industrie est particulièrement préoccupant dans le secteur
de la rénovation résidentielle. L'ensemble des groupes s'est
également montré favorable aux intentions du gouvernement d'agir
sur ce phénomène, sinon pour le faire disparaître, du moins
pour le restreindre. (12 h 15)
Cela étant acquis, M. le Président, le gouvernement et
celui qui vous parle demeurent fermement convaincus qu'il faut agir sur le
travail au noir dans l'industrie de la construction au Québec. Le projet
de loi 31, qui a été déposé le 10 mai dernier,
correspond donc, en termes d'objectifs, à la volonté des
partenaires socio-économiques de voir le travail au noir attaqué
de front et sinon totalement résorbé, à tout le moins
réduit au maximum.
Au chapitre des modalités pour parvenir à contrer ce
fléau, j'ai eu l'occasion d'indiquer au début des travaux que
j'abordais cette commission avec ouverture, prêt à examiner les
dispositions du projet de loi 31 et, le cas échéant, à les
améliorer. Au terme de ces auditions au cours desquelles nous avons pu
mettre à profit des mémoires de haute qualité et des
représentations fort intéressantes, je retiens pour
réflexion les éléments suivants: d'abord, les organismes
n'ont pas rejeté la technique de l'exclusion du champ de juridiction
comme moyen pour contrer le travail au noir dans le secteur de la
rénovation. Ils nous ont indiqué qu'en ce qui regarde la
réparation et l'entretien ils ne voyaient pas de difficulté. Par
ailleurs, pour les parties de travaux appelées modification et
rénovation, ils nous ont laissé voir qu'il y avait lieu
d'être prudents, selon la définition que l'on donnait à ces
termes. Ensuite, les organismes consultés se sont
généralement montrés en faveur des efforts du gouvernement
pour s'attaquer au travail au noir dans les secteurs de la construction
domiciliaire, commerciale et industrielle. L'augmentation des amendes et le
renforcement des pouvoirs des inspecteurs de la Commission de la construction
du Québec sont, pour les uns, une solution acceptable et, pour d'autres,
un pas dans la bonne direction.
Finalement, nous retenons de ces audiences la nécessité
d'examiner la place et le statut de l'artisan; la précision des termes
suggérés piar le projet de loi 31 et les clarifications à
y apporter, le cas échéant; la nécessité de
prêter sérieusement attention aux représentations faites
par le monde municipal, le milieu scolaire et les représentants des
consommateurs. Ces points, M. le Président, feront l'objet d'un examen
sérieux de notre part. Tout en espérant que le débat sur
l'adoption de principe contribuera également à nous
éclairer, je compte indiquer mes intentions sur ces sujets dès
que possible.
Je terminerai, M. le Président, en vous remerciant, ainsi que les
collègues députés, tout comme l'ensemble des organismes
qui sont venus se faire entendre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Les membres de la commission de l'économie et du travail ayant
rempli leur mandat, les travaux sont ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
(Reprisée 15 h49)
Étude détaillée du projet de loi
19
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail se réunit pour procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 19,
Loi sur l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Claveau
(Ungava) est remplacé par M. Blais (Terrebonne), M. Gendron
(Abitibi-Ouest) est remplacé par Mme Blackburn (Chicoutimi) et M. Lemire
(Saint-Maurice) est remplacé par M. Hamel (Sherbrooke).
Le Président (M. Théorêt): Merci. Est-ce
qu'il y a des remarques préliminaires, M. le ministre?
M. Gratton: M. le Président, pas vraiment des remarques
préliminaires comme telles, puisque nous aurons l'occasion, à
l'étude détaillée de chacun des articles, de revenir sur
certains propos qui ont été tenus avant-hier, au moment de
l'étude du principe du projet de loi.
Je voudrais, cependant, au tout début, présenter les
personnes qui m'accompagnent et à qui, au cours de nos travaux, on
pourra faire appel pour de l'information technique. Du ministère du
Tourisme, il y a, bien sûr, à ma droite immédiate, le
sous-ministre, M. Jacques-Yves Therrien; le secrétaire du
ministère, M. Philippe Vaillancourt; le directeur général
de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, M. Antoine
Samuelli; M. Yvon Lefebvre, qui est adjoint au bureau des sous-ministres et Me
Paul Carpentier, du service juridique. Également, représentant le
ministère de l'Éducation, M. Léonce Beaupré, qui
est directeur général de l'enseignement et de la recherche
universitaires, conseiller senior; M. Gaétan Lévesque, du cabinet
du ministre de l'Éducation et M. François Gendron, du bureau des
lois.
M. Blais: Je vais présenter mon personnel, mon
recherchiste Denis Guindon.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Alors, est-ce que
vous avez des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Yves Blais
M. Blais: M. le ministre n'a pas de petites remarques
préliminaires? Oui, je vais en faire juste une, de quelques minutes,
très très courte, si vous le permettez.
Je tiens, tout simplement, à dire une chose, c'est que je trouve
un peu malheureux qu'on n'ait pas sauté sur la chance que nous offrait
cette loi pour recevoir quelques gens du milieu. Au moins, les gens de la
restauration ou les gens de l'hôtellerie, les syndicats qui y
travaillent, les patrons, les employés au pourboire et les gens qui
militent dans ce milieu-là.
L'institut d'hôtellerie en soi a une très bonne
renommée. Elle forme des élèves depuis une vingtaine
d'année au rythme de 1000 à 1100 par année, et il est
sorti de cette école, bien sûr, après vingt ans, un nombre
effarant, on pourrait faire des listes d'une longueur presque indéfinie
de ceux qui sont passés à l'école d'hôtellerie et
qui travaillent dans le milieu. Cependant, il y a toujours possibilité
d'améliorer les choses, les relations entre ies institutions et les
milieux de travail mêmes, et cela aurait été une bonne
chose que les gens du milieu de la restauration et de l'hôtellerie
viennent nous dire de quelle façon on pourrait améliorer, sans
blâmer pour autant le travail qui a déjà été
fait jusque-là. Dans n'importe quelle organisation, il y a toujours des
petites choses qui accrochent. Je regrette qu'on n'ait pas demandé aux
gens de ce milieu de venir nous voir et nous donner des mémoires
à ce sujet. Après vingt ans de fonctionnement, quand on a une
chance de faire le point sur une institution, cela aurait été, je
crois, de très bon aloi. C'est la remarque que je voulais faire, M. le
ministre.
M. Gratton: Si on me le permet, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Je trouve la remarque du député tout
à fait fondée. Dans l'Opposition, j'y ai été assez
longtemps pour le savoir, on n'a évidemment pas les mêmes
occasions qu'on peut avoir à titre de ministre du Tourisme, depuis
juillet dernier. On sait que le projet de loi qui a donné naissance au
projet de loi 19 présentement, soit le projet de loi 56, avait
été déposé par mon prédécesseur en
juin 1986. Effectivement, il a fait l'objet de ces consultations que
souhaiterait pouvoir faire ici en commission parlementaire le
député de Terrebonne. Ces consultations ont eu lieu. J'ai
rencontré personnellement tant les trois syndicats qui
représentent les employés à l'institut que
l'exécutif de l'association des étudiants de l'institut,
l'Association des restaurateurs du Québec, l'Association des
hôteliers, tant au niveau provincial qu'au niveau des associations
régionales de Québec et de Montréal. Bref, nous avons fait
le tour du jardin des utilisateurs, de la clientèle de l'institut. Je
l'indiquais à l'Assemblée nationale, nous avons modifié le
projet de loi en conséquence dans un premier temps, à la suite
des représentations des syndicats. D'ailleurs, j'aurai l'occasion, au
moment de l'étude de l'article approprié, de déposer des
documents et des témoignages des directeurs syndicaux qui
témoignent de leur acceptation des amendements que nous avons
apportés. Comme je l'ai aussi indiqué à l'Assemblée
nationale, nous aurons l'occasion de débattre d'un amendement qui
permettra de donner un caractère légal à la
représentation des étudiants au sein du conseil
d'administration.
Donc, tout en reconnaissant qu'il aurait été
extrêmement intéressant de poursuivre une telle
consultation en commission parlementaire, je dis que la consultation a
eu lieu et que le projet de loi est maintenant rendu à l'étape de
l'étude détaillée. À l'exception du syndicat des
professeurs, qui ont manifestement demandé à être entendus
sur la question de la représentation des professeurs au sein du conseil
d'administration, aucun autre organisme ou individu n'a demandé à
être entendu. Dans le cas du syndicat des professeurs, je pense avoir
expliqué pourquoi je m'y refusais. On pourra, au moment
approprié, en discuter plus à fond.
Étude détaillée
Le Président (M. Théorêt): Nous allons
procéder à l'étude article par article du projet de loi.
J'appelle donc l'article 1.
Institution et organisation
M. Blais: Adopté. Le Président (M.
Théorêt): Adopté. Article 2?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Article 3?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Article 4?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): À l'article
5...
M. Blais: II y a des amendements, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): ...il y a un
amendement. Est-ce qu'on pourrait...
M. Gratton: Un instant, M. le Président. Je proposerais,
justement pour donner suite à la demande de l'association des
étudiants, demande qui nous apparaît tout à fait normale et
acceptable, un amendement qui fait en sorte de remplacer l'article 5 du projet
de loi par le suivant. J'en fais lecture. "L'institut est administré par
un conseil d'administration composé d'au moins 7 membres et d'au plus 11
membres nommés par le gouvernement, dont un président et un
directeur général. "Deux de ces membres, autres que le
président et le directeur général, sont nommés,
l'un sur la recommandation du ministre de l'Éducation, l'autre sur la
recommandation du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
"Un membre est nommé après consultation des étudiants de
l'institut." C'est évidemment le troisième paragraphe qui
constitue l'amendement à l'article 5.
Le Président (M. Théorêt): M. le
critique.
M. Blais: M. le Président, c'est déjà une
amélioration sensible. J'avais moi-même apporté un
amendement, je ne l'apporte pas tout de suite, il s'agissait d'ajouter à
la fin de cette ligne: "Le conseil d'administration comprend également 2
représentants du corps professoral désignés par
l'association des professeurs et 2 représentants des étudiants
désignés par l'association des étudiants. Le conseil
d'administration comprend enfin une personne provenant du milieu touristique,
une personne du milieu de la restauration, une personne du milieu de
l'hôtellerie et un simple citoyen." Autrement dit, je ne le dépose
pas tout de suite, je veux juste en discuter pendant quelques minutes.
Il y a onze personnes: un président, un type du ministère
de l'Éducation du Québec, un type de l'Enseignement
supérieur, un type provenant du milieu touristique, un type de
l'hôtellerie, un de la restauration, deux professeurs, deux
étudiants et un citoyen. Je ne dis pas cela parce que je ne fais pas
confiance à ceux qui les nommeront, mais, lorsqu'on désigne de
façon précise chacune des sphères importantes du domaine
de l'hôtellerie et qu'on est sûr qu'il y a une
représentativité au conseil d'administration, J'ai l'impression
que l'éventail pour travailler serait beaucoup plus positif. Je ne sais
pas si vous avez une objection majeure à camper cela aussi rigidement
que je le voudrais.
M. Gratton: D'abord, la proposition du
député...
M. Blais: C'est une suggestion que j'ai faite.
M. Gratton: En tout cas, la suggestion pour discussion. Tout
d'abord, si l'on pariait de la représentation des étudiants;
l'amendement que je viens de déposer prévoit qu'il y aura un
représentant, et le député en suggère deux. Il faut
bien comprendre que le conseil d'administration de l'institut sera
composé d'un minimum de sept et d'un maximum de onze. On a
déjà prévu dans la loi que deux de ces personnes devront
être des personnes recommandées, une par le ministère de
l'Éducation, une par le ministère de l'Enseignement
supérieur; il y a évidemment le directeur général
qui est membre du conseil d'administration. Donc, déjà trois
personnes sont désignées. On en ajoute une quatrième par
le biais de l'amendement que je viens de proposer, soit un représentant
des étudiants.
Je ne cacherai pas que les étudiants avaient demandé deux
représentants. Lors de ma rencontre avec l'exécutif de
l'association, je leur ai fait comprendre que, compte tenu qu'on ne veut
pas d'un conseil d'administration qui serait supérieur à
onze - on l'a indiqué dans la loi parce qu'on y tient mordicus - donner
deux représentants aux étudiants pourrait
déséquilibrer. Ce qui est important, finalement, c'est que les
étudiants sentent qu'ils ont voix au chapitre, qu'ils ont une
représentation; il nous semble effectivement que les étudiants
seront bien servis avec un représentant. D'ailleurs, j'ai cru comprendre
que l'association des étudiants se satisfaisait de cette disposition.
Ils optent plutôt dans le sens non pas de désigner
nécessairement un étudiant au conseil d'administration, mais ils
ont eux-mêmes évoqué leur préférence
actuelle, en tout cas, pour que ce soit un membre de l'association des
diplômés de l'institut. Ils allèguent que cela pourrait
donner une plus grande flexibilité à leurs représentations
du fait que ce ne serait pas un étudiant qui est sur place qui serait le
représentant des étudiants. Donc, je crois pouvoir affirmer que
l'association des étudiants, l'exécutif en tout cas, a compris
les motifs que nous avons invoqués pour limiter à un le nombre de
leurs représentants. Et c'est pourquoi j'ai proposé cet
amendement. (16 heures)
Dans le cas des professeurs, je l'ai expliqué au moment du
débat sur l'adoption du principe, au syndicat des professeurs de
l'institut on a à faire le choix entre le maintien de leur
adhésion à la fonction publique sans représentation au
sein du conseil d'administration ou, ce que proposait le projet de loi 56
déposé en tout premier lieu, que les employés, incluant
les professeurs de l'institut, ne soient plus membres assujettis à la
Loi sur la fonction publique, auquel cas on pourrait considérer de leur
accorder une représentation au conseil d'administration. Parce qu'il
faut bien savoir que, sauf erreur, à aucun conseil d'administration d'un
organisme gouvernemental ou paragouvernementa! où les employés
sont assujettis à la Loi sur la fonction publique ces derniers n'ont de
représentants au conseil d'administration. Et M. Perron, qui est
président du syndicat des professeurs, a clairement indiqué sa
nette préférence pour le maintien des dispositions
présentement incluses dans le projet de loi.
M. Blais: On ne peut pas avoir les deux?
M. Gratton: Pardon? On ne peut pas avoir les deux.
M. Blais: D'accord.
M. Gratton: Alors il en est ainsi pour les professeurs.
Pour ce qui est de l'opportunité de désigner, comme le
suggère ou l'a évoqué le député de
Terrebonne, un membre des hôteliers, par exemple, un membre qui
représenterait la restauration, il va sans dire que c'est mon intention
de m'assurer que les personnes qui seront nommées au conseil
d'administration seront des personnes du domaine, de l'industrie touristique et
nul doute qu'on y retrouvera des personnes qui oeuvrent dans le domaine de
l'hôtellerie et de la restauration. Mais ce que je ne voudrais pas faire,
c'est de me cerner dans un coin en disant: II faut qu'il y ait absolument un
représentant de l'hôtellerie, absolument un représentant de
la restauration. Parce qu'à ce moment-là on aura un tas d'autres
associations qui diront: Mais pourquoi, moi, m'empêche-t-on d'y
être? L'Association des terrains de camping, par exemple, l'Association
des colonies de vacances, les chefs cuisiniers... Bref, on considère
qu'il y a sept activités économiques directement reliées
au tourisme, mais il y en a probablement une vingtaine, sinon plus, qui y sont
indirectement reliées.
En plus, il y a d'autres critères qui vont nous amener à
faire le choix des membres du conseil d'administration. Comme, par exemple,
possiblement, une représentation des régions. Il faudra
sûrement éviter que l'ensemble ou la très vaste
majorité des membres du conseil d'administration proviennent uniquement
des centres urbains. Je ne veux pas m'éterniser là-dessus, M. le
Président, mais voilà les raisons qui nous font dire oui à
une représentation des étudiants, mais non à une des
professeurs et non à la désignation de membres autres que ceux
déjà prévus au projet de loi.
M. Biais: Le deuxième volet de ce changement, je pense que
je vais le déposer à la fin et on le réglera vite parce
que la majorité l'emporte. Indépendamment... Je ne veux pas faire
de culte de personnalité ici, cela n'a jamais été mon
genre. De façon générale, les directeurs
généraux n'ont pas droit de vote dans les conseils
d'administration parce qu'ils sont les mandataires des conseils
d'administration. Pourquoi ici le ministre veut-il faire exception avec le
directeur général de l'institut?
M. Gratton: À titre d'exemple...
M. Blais: Vous en avez trouvé quelques-uns.
M. Gratton: ...parmi les sociétés analogues
où le directeur général a droit de vote, il y a la
Société du palais des congrès de Montréal qui
relève justement du ministère du Tourisme; il y a le Centre de
recherche industrielle du Québec, la Société de
développement industrie!, la Société de
radio-télévision du Québec. Voilà au moins quatre
exemples d'organismes semblables.
M. Blais: Vous savez bien, M. le ministre, que le directeur
général d'une institution, de façon
générale, n'a pas droit de vote au conseil d'administration parce
qu'il est leur mandataire. C'est ainsi que normalement les choses vont. Est-ce
que vous tenez à ce que le directeur général, quel qu'il
soit... Et dans dix ans pareil,
je ne sais pas, ou dans vingt ans, il est encore tout jeune, il n'a que
dix-sept ans de métier. Normalement les directeurs
généraux des conseils d'administration n'ont pas droit de vote et
ne sont pas là.
M. Gratton: Dans le fond, ce qu'on a fait - on s'en excuse - on a
copié les lois votées par l'ancien gouvernement
péquiste.
M. Blais: Je ne crois pas que notre gouvernement, que notre parti
soit extraordinaire, soit la perfection dans ce monde, mais on est en
commission parlementaire pour perfectionner, soit les choses qu'on a faites
avant de façon gauche, ou les choses que le gouvernement actuel
s'apprête à faire de façon gauche.
M. Gratton: Comme c'était justifié dans le cas de
la Société du palais des congrès, dans le cas de la SDI,
dans le cas du CRIQ que le directeur général de l'entreprise vote
comme membre du conseil d'administration, cela nous apparaît tout
à fait indiqué. Il est sans doute celui qui a le plus à
contribuer quant à... Lui donner simplement un rôle de figurant
où il n'aurait pas le droit de vote au conseil d'administration, il me
semble que cela ne serait pas approprié.
M. Blais: Je m'oppose personnellement à ce que le
directeur général ait droit de vote au conseil d'administration,
je dépose donc l'amen-demenent que j'avais proposé,
c'est-à-dire le conseil d'administration comprend également deux
représentants...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député, avant de le déposer, il faudrait savoir si cet
amendement... On n'a pas discuté, vous étiez juste en
discussion...
M. Blais: Je vais le déposer, je vais savoir s'il est
recevable.
Le Président (M. Théorêt): II ne faut
pas...
M. Gratton: Étant donné que j'ai déjà
déposé un amendement, pour que celui du député
puisse être déposé, je vais suspendre la
présentation de mon amendement pour qu'on puisse disposer de celui du
député de Terrebonne...
Le Président (M. Théorêt): Je ne pourrai pas
le recevoir sans cela.
M. Gratton: ...pour qu'il soit déposé.
Le Président (M. Théorêt): Si, tel que vient
de le mentionner le critique officiel de l'Opposition, il n'y a plus de
discussion dessus, je vais procéder aux appels, d'abord, du
sous-amendement et de l'amendement.
M. Gratton: Je pense qu'on devrait... Je retirerais. Je vais
suspendre la présentation de mon amendement, M. le Président; on
pourrait considérer celui du député de Terrebonne et
revenir au mien.
Le Président (M. Théorêt): Vous retirez votre
amendement?
M. Gratton: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Théorêt): Parfait. EEst-ce
que vous voulez que je lise l'amendement, M. le député de
Terrebonne?
M. Blais: Lisez l'ajout, s'il vous plaît.
Le Président (M. Théorêt): L'ajout est le
suivant: "Le conseil d'administration comprend également 2
représentants du corps professoral désignés par
l'association des professeurs et 2 représentants étudiants
désignés par l'association des étudiants. Le conseil
d'administration comprend enfin une personne provenant du milieu touristique,
une personne du milieu de la restauration, une personne du milieu de
l'hôtellerie et un simple citoyen." Est-ce qu'il y a des discussions sur
cet amendement?
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Je mets donc cet
amendement au vote.
Une voix: Vote nominal?
M. Gratton: Non. M. le Président, pour les raisons que
j'ai évoquées tantôt, nous voterons contre
l'amendement.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement est
rejeté.
M. Gratton: Je présente donc l'amendement dont j'ai fait
lecture tantôt, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il est
nécessaire de relire? Non?
M. Gratton: Non.
Le Président (M. Théorêt): Cela va. Est-ce
que l'amendement, tel que proposé par le ministre du Tourisme, est
adopté?
M. Blais: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Sur division.
Est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
M. Blais: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Sur division.
J'appelle donc l'article 6. M. le critique, l'article 6?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle donc l'article 7.
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 8?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 9?
NI. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 10?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 11?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 12?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 13?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 14?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 15?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 16?
Objets et pouvoirs de l'institut
M. Blais: Un instant, s'il vous plaît. Article 16.
"L'institut a pour objets de fournir des activités de formation
professionnelle dans les domaines de l'hôtellerie, de la restauration et
du tourisme, ainsi que de faire de la recherche, d'apporter de l'aide
technique, de produire de l'information et de fournir des services dans ces
domaines. Les activités de formation professionnelle comprennent les
activités de perfectionnement et de recyclage."
M. le ministre, je voudrais vous poser une question directe sur "fournir
des services dans ces domaines". Ce que j'ai cru entendre et ce que, je crois,
l'institut fait, c'est que si le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation ou !e ministère du Commerce
extérieur ou d'autres comme le ministère des Relations
internationales demandent à l'institut d'hôtellerie de se rendre
dans un endroit à l'extérieur du Québec, ou dans n'importe
quel endroit, i'institut doit subir les charges de cette demande dans son
budget, et ce ne sont pas les ministères concernés, je crois, qui
supportent ces frais. Je trouve que c'est illogique et j'aimerais une
explication là-dessus, à moins que je ne me trompe.
M. Gratton: On m'indique que, lorsque de telles situations
surviennent, ce sont les ministères qui commandent le service qui
défraient la note.
M. Blais: C'est aussi pour cela que j'avais parlé de
certaines consultations, on dit: fournir des activités de formation
professionnelle dans l'hôtellerie. J'aurais aimé qu'on discute de
cette formation avec les représentants, les formateurs parce que je
crois que, malgré le nombre effarant de personnes qui travaillent dans
ce domaine, beaucoup de postes cadres et de postes clés par tradition ou
souvent par méconnaissance des qualités des gens qui sont
formés chez nous, sont occupés par des gens de
l'extérieur. Cette formation est une formation de prestige obtenue
à cette école. J'aimerais savoir si le nouvel institut forcera
pour que de la publicité et des communications soient faites avec les
hôtels et les grands restaurants pour démontrer qu'à
l'intérieur de nos frontières nous formons des gens, sans
xénophobie, pour qu'ils prennent les places de cadres et les postes de
prestige parce qu'on a des institutions qui les forment depuis 20 ans.
Il semblerait que souvent, par manque de communication entre l'institut
formateur et les gens du milieu qui engagent, ceux-ci soient portés
à les choisir à l'extérieur. Je n'ai pas d'objection
à cela dans des cas où on ne peut faire autrement, mais j'ai
l'impression qu'il manque un peu de communication. Je crois que la formation
est assez forte pour que tous nos cadres dans toutes nos institutions, ou
à peu près, soient des gens qui ont été
formés à cet institut.
M. Gratton: M. le Président, j'avoue que cela revient un
peu à l'argumentation que tenait le député de Terrebonne
à l'Assemblée nationale et j'ai pris la peine, pour m'assurer
moi-même que c'était bien le cas, de demander qu'on me
prépare un certain nombre d'informations sur la façon de
procéder et surtout sur les résultats que cela a donnés.
Contrairement à ce que semble penser le député de
Terrebonne, on se
rend compte qu'effectivement l'institut est très bien, passez-moi
l'expression, connecté dans le domaine de l'hôtellerie et dans
tous les domaines névralgiques de l'industrie touristique
québécoise. À titre d'exemple, il s'agit de dire que 18
des professeurs de l'institut sont des diplômés de l'institut
même. Lorsqu'on craint que ce soient des gens en majorité de
l'extérieur que l'on considère comme étant
compétents, en supposant qu'on se rendrait à l'argumentation
qu'il faut être européen pour que l'on soit reconnu par l'institut
ou par l'industrie québécoise, on voit là une preuve
tangible que ce n'est pas le cas. Que l'on pense à d'autres anciens de
l'institut qui sont extrêmement bien placés dans l'industrie et
qui, en quelque sorte, apportent pour le moins des nuances très fortes
à ce que vient d'affirmer le député: M. Michel Couture,
par exemple, directeur commercial du Loews Le Concorde à Québec
ici, est un diplômé de l'institut et il est également
président de l'Association des hôteliers du district de
Québec; M. Michel Bélanger, directeur général du
Château Bonne-Entente ici à Québec; M. Jean-Yves Milot,
directeur général et propriétaire du Dauphin à
Drummondville, exprésident de l'Association des hôteliers de la
province; M. Laurier Therrien, propriétaire de la Tannière
à Sainte-Foy; M. Roger Régimbald, directeur général
de l'auberge Bromont, M. Claude Delmaire, directeur de la restauration à
l'auberge Bromont; M. Gilles Larivière, associé senior chez
Laventhol Horwath... J'arrête là ma nomenclature, M. le
Président, pour démontrer qu'à mon avis et de l'avis de
tous il n'y a pas de manque de communication entre l'institut et l'industrie,
bien au contraire,...
M. Blais: Qui la fait, M. le ministre, cette communication entre
l'institut et les institutions? (16 h 15)
M. Gratton: C'est dans le cours normal des opérations. Par
exemple, je peux vous dire que le président-directeur
général du Palais des congrès présentement, M.
Michel Soussana, alors qu'il était directeur de l'hôtel Reine
Élizabeth à Montréal, était lui-même un des
profs qui donnaient des cours pratiques aux étudiants de l'institut
touristique. Donc, on voit bien que c'est vraiment axé sur les besoins
de la clientèle. On me souligne ici que, à titre d'exemple, les
diplômés de l'institut, c'est une moyenne de deux fois et demie
leur nombre qui... En fait, chacun reçoit en moyenne deux offres de
travail et demie au moment de sa graduation. Le moins qu'on puisse dire, c'est
qu'il n'y a pas un manque de contact ou de communication. Il y a plutôt
un manque de candidats. Même pas un manque de candidats puisqu'on doit
refuser au moins la moitié de ceux qui postulent un emploi comme
étudiants.
M. Blais: Le personnel de prestige et le personnel cadre, c'est
cela que je veux dire, quand on va dans les grands restaurants et les grands
hôtels, de façon générale. On peut, bien sûr,
faire preuve, comme quand on dit ou que les femmes viennent en commission
parlementaire et disent: Dans les postes cadres, il n'y a pas beaucoup de
femmes. On peut toujours prendre une liste et en nommer une couple de centaines
pour dire que les femmes ont leur place. Mais est-ce que cela veut dire
qu'elles ont leur place de façon totale et qu'il n'y a pas place
à l'amélioration? C'est la même chose quand on dit que,
dans les conseils d'administration dans tout le Québec - là,
c'est moins faux que cela ne l'était - les francophones n'ont pas tous
leur place. C'est sûr qu'on peut sortir des listes, mais ce n'est pas sur
cela, je sais qu'il y en a. Je sais qu'il y a des gens qui se forment. Mais je
disais dans mon petit laïus avant que, même au Parlement, on est
tombé dans le panneau. Je veux dire qu'on a tendance à aller les
chercher à l'extérieur. C'est une mentalité.
Alors, moi, je dis: On devrait avoir des moyens de communication pour
dire que, même dans les grands postes, les postes clés, les postes
de prestige dans l'hôtellerie et la restauration, il y a beaucoup de
Québécois qui ont cette maturité, cette connaissance, cet
entregent et ce savoir-faire et qu'il devrait y avoir dans tout le
Québec, je ne sais pas si c'est le directeur général, le
président ou un type qui est nommé aux communications, pour
demander aux institutions que, lorsque arrive un poste de prestige, elles
pensent aussi aux nôtres.
C'est bien sûr que le directeur général, comme
exemple, se promène et qu'il essaie de faire la promotion de son
institution. Pendant ses voyages de 1987, il est allé à
Québec et à Montréal. Il est allé une fois à
l'extérieur de Montréal et de Québec, sur notre
territoire. Il est allé une fois à Granby. Je crois que, de cette
façon-là, on ne fait pas de promotion directe devant les
institutions pour ennoblir les résultats de l'école dont il est
le formateur principal. C'est dans ce sens-là.
Ce que je dis n'est pas péjoratif. J'aimerais que soit
portée une plus grande attention pour qu'on se revalorise comme il se
doit. C'est seulement cela. J'aurais aimé, à ce moment-là,
avoir les gens de la formation pour montrer s'il y avait des moyens de
communication pour que, dans les postes élevés, en
général... Si vous regardez les postes élevés et si
jamais vous faites faire une enquête - vous en avez peut-être chez
vous - vous verriez qu'on a encore... Et c'est nous, de façon
générale, qui sommes victimes du passé et de l'histoire.
La grande cuisine, on sait qu'elle est européenne, de façon
générale, et asiatique. On a tendance, et c'est un peu normal
aussi... Mais, aujourd'hui, à cause de cette formation qu'on a eue,
à cause de cette institution qui a mis 20 ans à former des gens,
il serait de bon aloi que des postes cadres soient tenus beaucoup plus par les
nôtres. Ce n'est pas une critique, c'est une constatation. J'aimerais que
l'amélioration se fasse. C'est pour cela que
je profite de cette loi pour le dire. Voilà.
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Je m'excuse. Si vous le permettez, M. le ministre. Sur
le commentaire du député de Terrebonne, je crois que ce qu'il est
important de noter ici, M. le député, ce n'est pas
nécessairement la mécanique de transmission des informations.
Cela peut toujours être subjectif. Vous aviez peut-être raison
lorsque vous l'avez indiqué. La meilleure garantie, le meilleur gage, la
meilleure façon d'évaluer si un programme fonctionne ou s'il ne
fonctionne pas, c'est de voir parmi les finissants ceux et celles qui ont pu
postuler un emploi, d'une part, et ceux et celles qui ont obtenu un emploi,
d'autre part.
Tout à l'heure, le ministre référait à un
cas que je connais bien: Laurier Therrien, qui est un restaurateur de mon
comté. Il est fort probable que M. Therrien se soit vu offrir des postes
que vous avez mentionnés. Mais, de plein gré et par choix
personnel, il a opté pour former sa propre entreprise dans ce domaine
qui, je dois vous l'avouer, est une des meilleures cuisines, une des meilleures
tables de la région de Québec. Lui et son épouse ont
décidé d'opter dans ce sens-là. Vous avez raison de
mentionner que ce n'est peut-être pas nécessaire de prendre un cas
ou deux. Mais je crois que les informations que le sous-ministre nous a
fournies tout à l'heure, à savoir que chaque finissant
reçoit au moins deux offres, c'est une indication, non seulement quant
à la qualité de la formation qui est offerte, mais aussi quant au
bon fonctionnement du système. S'il fonctionne bien, le résultat
en est, en termes d'évaluation, que les gens ont des emplois. Et je
crois que c'est cela l'objectif fondamental que nous poursuivons tous.
M. Blais: On est tous d'accord, en fait, là-dessus.
Allez-y.
M. Poulin: Juste 30 secondes. M. le Président, quand on
regarde, c'est sûr qu'à la tête de gros hôtels on se
retrouve avec des gens venus de l'extérieur. Pendant six ans, j'ai
visité ces gens-là. Il faut tout de même remarquer que,
pour la majorité de ces gens, cela fait au delà de 25 ou 30 ans
qu'ils sont venus d'ailleurs et qu'ils sont maintenant dans des postes cadres.
Il y a 20 ans, quand on a formé l'institut... On pourrait nommer une
multitude de noms, mais regardez aujourd'hui qui sont maîtres
d'hôtel, directeurs des banquets, directeurs de la restauration ou
directeurs des communications. Je pense à M. Couture que j'ai
très bien connu. On en a plusieurs dans les postes cadres. Il faut tout
de même regarder où on veut en venir parce que, si on a 100
hôtels, il y a aussi 100 directeurs généraux. Il faut
regarder et faire le tour de ces gens qui sont venus H y a 25 ou 30 ans, parce
que la majorité des directeurs généraux d'hôtel,
cela fait au-delà de 25 ans qu'ils sont au Québec et qu'ils sont
administrateurs de ces grands hôtels.
M. Blais: ...et je n'ai absolument rien contre cela.
M. Poulin: C'est le temps qui va faire que...
M. Blais: Je n'ai absolument rien contre cela, mais je croyais
que le temps était venu. C'est pour cela que je faisais une petite
éclipse à votre soleil de positivisme.
M. Gratton: II me semble que, finalement, on est tous sur la
même longueur d'ondes. Ce que nous souhaitons, c'est que l'institut forme
des gens les plus compétents possible et que ceux-ci trouvent leur place
et, évidemment, cela est laissé à chacun des individus
diplômés de l'institut de créer sa place au sein de
l'industrie. Chose certaine, ce qu'on doit exiger de l'institut, c'est de
fournir la formation, de fournir ce qui est nécessaire, les outils
nécessaires, aux Québécois qui s'inscrivent à
l'institut, pour qu'ils puissent trouver leur place, et, pour le moment, le
problème ne va pas dans le sens que prétend le
député de Terrebonne puisque, comme on le constate, il y a deux
fois et demie plus d'offres pour engager les diplômés de
l'institut qu'il n'y a de diplômés. Et, quand le
député de Chauveau parlait tantôt du nombre d'années
qu'on doit mettre pour atteindre le poste de directeur général
dans un hôtel, bien, M. Soussana dont je parlais tantôt, est un
français qui est venu au Québec il y a déjà plus de
20 ans, donc, avant que l'institut lui-même n'existe, et a
commencé comme commis à la réception de l'Hôtel
Reine-Elizabeth. Je sais que le député de Terrebonne souhaite
qu'il y ait des communications. Je lui dis qu'il y en a de façon
courante, par exemple, dans chaque discipline, que ce soit la pâtisserie,
que ce soit la charcuterie; il y a des comités industrie-école
où il y a des représentants de l'industrie qui siègent
avec des représentants de l'institut pour justement définir les
programmes pédagogiques, et le reste. Et, de façon très
courante, il y a des tables rondes avec la collaboration de l'institut. Mais il
faut bien comprendre qu'avec l'adoption du projet de loi 19 on aura maintenant
un conseil d'administration, composé justement de gens qui pourront
apporter leurs connaissances spécialisées dans l'administration
et la gestion des affaires courantes de l'institut.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 16 est adopté?
M. Biais: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): L'article 17?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 18?
M. Blais: Un Instant. Adopté, mais c'est parce que j'ai un
petit amendement.
Le Président (M. Théorêt): Nous revenons
à l'article 17.
M. Biais: J'aimerais beaucoup, M. le ministre - j'ai
écouté votre laïus en Chambre là-dessus - pour le
1°: "administrer et exploiter des établissements
d'hébergement hôtelier et de restauration;" - complètement
d'accord - et je pense que ce serait bon, je crois que ce serait de bon aloi de
rajouter "à des fins pédagogiques", pour être bien
sûr que ce ne sera pas une institution qui pourra exploiter des
hôtels comme bon lui semble. De la façon que c'est écrit
là, cela ouvre la porte. Bien sûr, vous avez dit "selon
l'approbation gouvernementale"; vous disiez cela dans votre exposé quand
vous avez parlé de la loi, et je suis sûr que le gouvernement ne
permettrait pas que ces acquisitions se fassent, si ce n'est pas à des
fins pédagogiques. Mais je demande tout simplement si vous accepteriez
qu'on ajoute "à des fins pédagogiques", pour éclaircir la
chose.
M. Gratton: M. le Président, il me semble que c'est
déjà passablement clair quand on lit l'article 16 avec l'article
17. On a lu l'article 16 tantôt sur les objets de l'institut. Comme les
objets de l'institut sont d'abord des activités de formation
professionnelle et ensuite de recherche, d'aide technique, de production de
l'information et de fourniture de services, dans ces domaines, il me semble que
cela va de soi que l'administration et l'exploitation des établissements
d'hébergement et de restauration sont à des fins de formation ou
à des fins pédagogiques.
M. Blais: Pensez-vous que c'est très clair? Si on mettait
"à des fins pédagogiques", est-ce que cela enlèverait
quelque chose à l'esprit du projet de loi? Est-ce que le ministre ne se
sentirait pas plus en sécurité en l'ajoutant? Si quelqu'un
décidait, parce que c'est une institution qui sera autonome,
d'acquérir le Reine-Elizabeth, par exemple, est-ce qu'il y aurait
quelque chose pour l'arrêter? Je ne croirais pas. Je ne dis pas que
quelqu'un le ferait, mais j'aimerais mieux qu'on ajoute "à des fins
pédagogiques". Je crois qu'il s'agit de cibler exactement le sens du
projet de loi. Ce n'est pas pour avoir mon amendement dans la loi, c'est pour
le bien de l'ensemble. Je le dépose, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement est
déposé.
M. Gratton: Selon ce qu'on me conseille, effectivement, on pense
que c'est déjà couvert, comme je l'ai déjà
indiqué, que c'est déjà inclus. Évidemment, le
député peut dire que "trop fort casse pas". Je serais prêt
à retenir la possibilité d'inclure l'amendement du
député de Terrebonne, tout en me réservant la
possibilité de procéder à des consultations dont je
pourrais transmettre les résultats à l'Assemblée. Si nous
avons terminé l'étude en commission, je pourrai le faire au
moment de l'étude du rapport.
M. Blais: Cela me laisse une certaine crainte. J'aime autant
qu'on le vote tout de suite, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Votre motion est
déposée. Vous avez le choix de la retirer ou qu'on passe au
vote.
M. Blais: Je ne la retire pas, j'aurais une explication
supplémentaire à donner. Je crois que, premièrement, cela
ouvre la porte à une éventuelle privatisation de l'institution.
Deuxièmement, on pourrait arriver et dire: L'institution n'est pas
rentable. Je n'ai jamais vu une école rentable. Vu que cette institution
rapporte, malgré ses dépenses, contrairement à d'autres
institutions pédagogiques, comme le Parlement et son restaurant, on est
portés à comparer: Cela coûte tant, mais cela ne rapporte
que tant. Il n'y a aucune école qui rapporte réellement, cela
coûte de l'argent. Mais celle-là rapporte, en plus. Quand on ne
fait pas attention, on est portés à dire: Cela rapporte juste
cela, et cela coûte tant. Donc, l'institut est en déficit.
Il pourrait parfois arriver - on ne le sait pas, il y a d'autres
législateurs qui vont nous suivre, qui n'auront pas tous notre
rationalisation et notre esprit de jugement - qu'on dise: Vu que cette
institution n'est pas rentable, nous allons acheter quelques hôtels pour
la rentabiliser. La porte est ouverte, et ce ne serait pas à des fins
pédagogiques. L'esprit même de cette loi serait faussé,
d'après moi. Voilà.
M. Gratton: M. le Président, effectivement, je ne pense
pas que ce soit nécessaire, mais comme ce n'est peut-être pas
inutile non plus, nous souscrivons à l'amendement.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement
proposé à l'article 17 est adopté?
M. Gratton: Est-ce qu'on pourrait le lire?
Le Président (M. Théorêt): Oui, je vais vous
le lire: "administrer et exploiter des établissements
d'hébergement hôtelier et de restauration à des fins
pédagogiques."
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Donc,
l'article 17 tel qu'amendé est adopté? M. Blais:
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Article 18?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Article 19?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Article 20?
M. Blais: Adopté. (16 h 30)
Le Président (M. Théorêt): L'article 21?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 22?
M. Blais: Une petite minute, s'il vous plaît. "Lorsque
l'institut acquiert un immeuble faisant partie du domaine public, la Loi
autorisant les municipalités à percevoir un droit sur les
mutations immobilières...". C'est ce qu'on appelle communément,
entre nous, la taxe de bienvenue, c'est cela?
M. Gratton: Oui.
M. Blais: La loi ne s'applique pas. Pourquoi avez-vous cru bon de
mettre cet élément?
M. Gratton: Essentiellement parce que, l'institut devenant une
corporation - l'établissement physique de l'institut appartient
présentement à la Société immobilière du
Québec - il devra y avoir un transfert de la propriété
à l'institut. Étant donné qu'il s'agit de deux organismes
gouvernementaux, on veut éviter que le gouvernement doive payer les
droits à la ville de Montréal.
M. Blais: La ville de Montréal s'oppose à cela. Il
y a quelqu'un qui m'en a parlé.
M. Gratton: C'est-à-dire que la ville de Montréal
accepte que l'institut n'ait pas à payer ces droits sur l'acquisition de
l'édifice existant. Ce à quoi elle s'oppose peut-être, ou
en tout cas avec lequel elle n'était pas complètement d'accord,
c'est à l'ouverture que cela donne à la possibilité pour
l'institut de se porter acquéreur d'autres édifices dans la ville
de Montréal.
M. Blais: Projet de loi 17, article 1. M. Gratton:
Pardon?
M. Blais: Article 17, paragraphe 1°.
M. Gratton: Mais, en supposant qu'il n'était pas
déjà couvert, c'est à des fins strictement
pédagogiques. Comme il n'est pas dans l'intention, et qu'il y avait tout
un contentieux au niveau de la Société immobilière du
Québec, c'est la formulation qui a été retenue. Mais
l'objet de l'article est uniquement de permettre à l'institut de se
porter acquéreur des équipements.
M. Blais: Sans taxe de bienvenue? M. Gratton: Sans taxe de
bienvenue.
M. Blais: II y aura des "en lieu" de taxes, comme pour toute
autre école?
M. Gratton: Oui, il y en a toujours eu...
M. Blais: II n'y a pas de problème pour cela.
M. Gratton: ...et il y en aura toujours.
M. Blais: Les "en lieu" continuent. D'accord. Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 23?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 24?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Documents, comptes et rapports
L'article 25?
M. Biais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 26?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 27?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 28?
M. Blais: Juste une petite remarque, M. le Président.
"L'institut doit, dans les quatre mois de la fin de son exercice financier... -
on va faire les articles 28 et 29 ensemble, si vous me le permettez, d'accord?
- ...remettre au ministre
du Tourisme ses états financiers ainsi qu'un rapport de ses
activités pour l'exercice financier précédent." Je ne sais
pas si le ministre voudrait le mettre, mais j'aimerais ajouter aussi
"dépose un plan triennal", comme on a dans certaines de nos
institutions, pour avoir une orientation. "Les états financiers et le
rapport d'activités doivent contenir tous les renseignements
exigés par le ministre." D'accord. Je suis d'accord avec le contenu,
mais j'aimerais qu'il y ait un plan triennal.
L'article 29 maintenant. Je voudrais qu'on en discute ensemble. "Le
ministre dépose ces états financiers et ce rapport..." Je n'ai
jamais vu cela dans un libellé, qu'on mette un démonstratif se
rapportant à un article précédent. C'est juste le
libellé, la phraséologie. "Le ministre dépose les
états financiers et le rapport devant l'Assemblée." Parce que des
"ces", on n'a jamais vu cela dans le thème. Je ne sais pas s'il y a un
législateur ici, un rédacteur de loi. Les "ces"... C'est la
phraséologie.
M. Gratton: En consultation avec les légistes, on pourrait
effectivement retenir les changements à l'article 29, "les états
financiers" et "le rapport".
M. Blais: Je pense que cela serait plus...
Comment est-ce qu'on dit cela? Plus proche de la législation? Il
y a un terme pour dire cela. Plus...
M. Gratton: Cohérence législative?
M. Blais: Non, non. Mieux écrit. La phraséologie
serait meilleure du côté législatif. Il y a un terme que
les légistes emploient.
Une voix: Légistique.
M. Blais: Légistique, voilà! C'est ce mot que je
cherchais.
M. Gratton: Quelle érudition!
M. Blais: Ce n'est pas de l'érudition, c'est tout
simplement de la lecture rapide. Est-ce qu'un plan triennal... Je ne veux pas
discuter longtemps là-dessus, quinze secondes.
M. Gratton: Essentiellement, M. le Président, les
dispositions quant à la discussion concernant un plan triennal - on peut
penser à Hydro-Québec par exemple - c'est, règle
générale, quand il y a un plan d'équipement, d'acquisition
ou d'implantation d'immeubles. Ce n'est pas le cas de l'Institut de tourisme
dont la vocation - il est inutile de le rappeler - est la formation. Donc, je
ne vols pas la pertinence de...
M. Blais: Je vais tout simplement déposer l'amendement et
on va voter immédiatement: "Le ministre dépose les états
financiers de la corporation, le plan d'action triennal et le rapport
d'activités de cette dernière devant l'Assemblée nationale
dans les 30 jours de leur réception si elle est en session, sinon dans
les 30 jours de la reprise de ses travaux." Tout en corrigeant les
démonstratifs, j'ai un amendement à l'article 29.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement est
rejeté. L'amendement est rejeté.
M. Blais: D'accord. Maintenant, à l'article 29, il
faudrait au moins qu'il y ait le papillon de correction de la
phraséologie.
Une voix: Cela va.
M. Blais: Cela va? Alors, le papillon phra-séologique
légistique est adopté.
Le Président (M. Théorêt): Donc, l'article 28
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 29 est
adopté?
Des voix: Adopté, tel qu'amendé.
Le Président (M. Théorêt): Adopté, tel
qu'amendé. L'article 30?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 31?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 32?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Dispositions financières
L'article 33?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 34?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Dispositions diverses et transitoires
L'article 35?
M. Blais: Un instant, s'il vous plaît. "Le personnel de
l'unité administrative du ministère du Tourisme appelée
"Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec", en fonction le
29 juin 1988, devient sans autre formalité le personnel de
l'institut."
Je voudrais savoir si cela veut dire que les fonctionnaires qui sont au
ministère du Tourisme actuellement sont immédiatement inscrits
sur la liste de paye de l'institut. C'est ce que cela veut dire?
M. Gratton: C'est-à-dire que les employés de
l'institut sont présentement des employés du ministère du
Tourisme. Ce sont ces mêmes employés qui deviennent...
M. Blais: Qui sont automatiquement inscrits sur la liste de paye
de l'institut et qui en font partie intégrante.
M. Gratton: C'est cela.
M. Blais: Est-ce que c'est vrai aussi pour les cadres du
ministère qui s'occupent du tourisme?
M. Therrien (Jacques-Yves): Pour les cadres du ministère
qui sont à l'institut.
M. Blais: Qui sont à l'institut. M. Gratton: Qui
sont à l'institut.
M. Blais: D'accord. Cela s'applique aux deux. Est-ce qu'on
procède comme cela, par exemple, pour l'école d'agriculture?
Est-ce que les gens au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation font partie intégrante de l'école
d'agriculture? Ils ne sont pas comptés comme des gens du
ministère, c'est cela?
M. Therrien: Actuellement, ils sont comptés comme des gens
du ministère.
M. Blais: Non, mais je parle de l'école d'agriculture, par
exemple.
M. Therrien: Oui, oui, CITA. M. Blais: Oui.
M. Therrien: À l'ITA de Saint-Hyacinthe, ce sont des
employés du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Ils sont comptés au nombre des effectifs du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
tels qu'ils apparaissent au livre des crédits.
M. Blais: Sont-ils payés par l'école
d'agriculture?
M. Therrien: Ils sont payés par le ministère.
M. Blais: Au ministère du Tourisme, on veut faire le
contraire. Je veux seulement savoir pourquoi.
M. Gratton: Parce que l'institut devient une corporation, alors
que l'école d'agriculture est une direction du ministère.
L'école d'agriculture a le même statut que l'institut a
actuellement, jusqu'à l'adoption du projet de loi 19.
M. Blais: Est-ce que cela va diminuer les charges de votre
ministère du côté...
M. Gratton: Cela les coupe de presque la moitié.
M. Blais: À ce point là?
M. Gratton: Oui. Si je ne m'abuse, on a quelques 600
employés au ministère du Tourisme.
M. Therrien: On a 400 employés permanents actuellement. On
va en avoir 200 après.
M. Gratton: Oui. Alors, on a 400 employés permanents
présentement. Il en restera 200 une fois que les 200 qui sont à
l'institut, qui sont présentement des employés du
ministère, vont devenir uniquement des...
M. Blais: Et le budget de l'institut va être
augmenté de la différence. C'est cela? C'est à peu
près cela. C'est parce que je vous vois venir. Vous allez m'arriver
à la fin de l'année et vous allez dire que vous avez
diminué les dépenses de votre ministère, tout en
étant très productif.
M. Gratton: Les crédits du ministère du Tourisme
sont diminués du montant qui sera voté comme crédits
à l'institut.
M. Blais: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 36?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 37?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 38?
M. Blais: Oui, adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 39?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article
40?
M. Blais: Un Instant, s'il vous plaît. L'article 40 est
fatigant. C'est l'article de tout le projet de loi qui m'horripile le plus.
M. Gratton: On peut essayer de vous... M. Blais: Allez-y,
oui, oui.
M. Gratton: En fait, il s'agit strictement d'une mesure, d'une
disposition transitoire qui a pour effet de permettre à l'institut de
continuer de dispenser le cours de maîtrise jusqu'en 1991. Soit dit en
passant, cela a été préparé en consultation avec le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. D'ici
1991, l'institut devra obtenir un avis du Conseil consultatif des
universités. La date qui est inscrite là, 1991, est la date
limite pour obtenir cet avis et en arriver à une entente avec le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, quant au
cours de maîtrise.
M. Blais: Le problème que j'y trouve, c'est que les
universités du Québec ne veulent pas reconnaître cette
maîtrise. C'est cela notre problème.
M. Gratton: Ne veulent pas reconnaître quoi?
M. Blais: La maîtrise qui est dispensée par
l'institut. Il faut aller chercher une reconnaissance à Toulouse, et
cette reconnaissance de Toulouse, cela n'a pas de valeur Ici.
M. Gratton: C'est-à-dire il y a eu de nombreuses
discussions, tant avec l'UQAM qu'avec l'École des hautes études
commerciales et l'Université de Sherbrooke, sur la possibilité de
fournir le cours de maîtrise dans ces institutions. Ces discussions ont
achoppé pour diverses raisons. Effectivement, au moment où l'on
se parle, c'est par affiliation avec l'Université de Toulouse que
l'institut dispense lui-même les cours de maîtrise et par le fait
même, donne un diplôme, ou si vous voulez une reconnaissance, qui
est un diplôme d'État, de l'État français, puisque
il n'y a pas d'université québécoise qui offre le cours de
maîtrise en hôtellerie.
M. Blais: Est-ce qu'il y a eu tout de même des essais de
faits avec l'université du Québec pour...
M. Gratton: Oui, avec l'Université du Québec
à Montréal, avec les HEC, avec l'Université Laval.
M. Blais: Cela a été fait quand? Dans les
dernières trois semaines ou...
M. Therrien: Non, à compter de 1975. Cela a
commencé en 1975. Il y a eu différentes tentatives à
compter de 1975, jusqu'à l'aboutissement de...
M. Blais: C'est possible, mais j'ai ici une lettre du 6 mai 1988,
qui est signée par M. Jacques Durocher de l'Université du
Québec à Montréal. "Monsieur, je désire accuser
réception de votre demande du 1er mai 1988 dans laquelle vous nous
demandez de...
Une voix: Elle est adressée à qui?
M. Blais: Elle est adressée à M. Émile
Simard, le vice-président du syndicat. "Je désire accuser
réception de votre demande du 1er mai 1988, dans laquelle vous nous
demandez de vous fournir copie des procès-verbaux des rencontres entre
l'UQAM et l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec,
relativement à l'implantation d'un programme universitaire,
maîtrise de science, de technologie de l'ITHQ, en gestion
d'hôtellerie, restauration, et gestion de tourisme. Suite aux
vérifications que nous avons effectuées auprès des
différentes personnes de l'UQAM, susceptibles d'avoir discuté de
la question avec les représentants de ITMQ, je vous informe qu'il
n'existe à l'UQAM, aucun procès-verbal de la nature de ceux
auxquels vous faites référence. Nous nous trouvons en
conséquence dans l'impossibilité de répondre favorablement
à votre demande."
C'est comme s'il n'y avait pas eu de discussions. C'est pour cela que je
me demandais s'il y en avait eu.
M. Gratton: II y en a eu, mais je viens de poser la question:
"Est-ce qu'on a des procès-verbaux de ces discussions à
l'institut". On n'en a pas non plus. Mais il y a eu énormément de
discussions....
M. Blais: Alors, ce ne sont pas des discussions formelles, des
demandes écrites. Vous pouvez y aller....
M. Therrien: Oui, il y a eu des propositions formelles,
écrites, venant de l'UQAM, adressées au ministère et
à l'ITHQ, et également venant des HEC. Des propositions
formelles, écrites, avec tout un curriculum de cours
hypothétiques, enfin... Ces documents, je pense qu'on peut les fournir
sans problème.
M. Gratton: Est-ce que vous voulez qu'on vous fournisse les
documents, M. le député?
M. Blais: Bon, écoutez, c'est possible, M. le ministre.
L'institution a fait des demandes à l'UQAM. Cela ne veut pas dire que la
lettre ici est fausse. Le monsieur qui est secrétaire dit qu'il se fait
demander les procès-verbaux. S'il n'en a pas, il répond qu'il
n'en a pas. Cela ne
veut pas nécessairement dire qu'il n'y a pas eu de discussions.
Et j'abonde dans ce sens. Pour mon information personnelle, les
différentes demandes, disons un résumé ou quelque chose,
j'aimerais en recevoir copie, juste pour ma propre gouverne. Cela va?
M. G ration: Je m'y engage.
M. Blais: Merci. Bon maintenant, d'ici 1991, les étudiants
qui sont en place vont recevoir un certificat de l'Univertisé de
Toulouse en maîtrise.
M. Gratton: C'est-à-dire que c'est un diplôme
d'État.
M. Blais: D'État, d'une université
française.
M. Gratton: Bien, de la France, parce qu'en France... On m'a
expliqué cela ce matin.
M. Blais: Oui..
M. Gratton: On obtient un diplôme, non pas de
l'université qu'on fréquente, mais de l'état
français, alors qu'ici au Québec on obtient un diplôme de
l'université.
M. Blais: Bon, bien, de l'État français, c'est une
formalité technique, cela veut dire exactement la même affaire,
cela a le même résultat. Mais ici, ces diplômes
extérieurs ne sont pas reconnus; alors, ils sont reconnus par quoi?
M. Therrien: Par le gouvernement. Il y a des ententes
Québec-France qui font qu'il y a une reconnaissance réciproque
des diplômes de chaque... (16 h 45)
M. Gratton: On me donne comme exemple les collèges
Stanislas et Marie-France à Montréal qui ont le même
genre...
M. Blais: il y a des ententes France-Québec selon
lesquelles ce diplôme est reconnu comme valable. C'est tout de même
curieux qu'on n'en ait pas ici. Est-ce que vous croyez qu'éventuellement
on va faire une entente avec une institution universitaire
québécoise? Si le directeur général veut prendre la
parole, je n'ai pas d'objection.
M. Gratton: Non, c'est effectivement une possibilité fort
plausible. Le fait que l'institut dispense le cours de maîtrise
n'empêche pas une université qui voudrait l'offrir de pouvoir le
faire.
M. Biais: II y a à peu près combien
d'étudiants inscrits en maîtrise actuellement?
M. Gratton: II y a 35 étudiants inscrits et 25 qui vont
commencer en septembre.
M. Blais: D'accord. On me dit que les universités du
Québec refusent d'accepter ce qu'on appelle communément le
"background", le poids des diplômes déjà acquis par les
étudiants en maîtrise, parce que les crédits
éducatifs de ceux qui postulent ne sont pas adéquats.
M. Gratton: Oui, et c'est assez spécial comme situation,
puisque le cours de maîtrise offert par l'institut n'est pas un cours
diminué, d'aucune façon; bien au contraire, le nombre de
crédits requis est de 100, étalés sur deux années
complètes, alors que, pour d'autres maîtrises...
M. Blais: Les universités disent que ce n'est pas
suffisant pour ouvrir la porte à un étudiant en maîtrise.
Est-ce qu'il y a de la véracité là-dedans?
M. Gratton: Non. Il semble que l'information n'est pas exacte,
qu'effectivement l'UQAM reconnaît...
M. Samuelli (Antoine): Les critères d'acceptation à
cette maîtrise sont les mêmes que l'on retrouve pour la
maîtrise que l'Université du Québec offre au chapitre des
acquis professionnels. La sélection se fait avec des
représentants également de l'Université de Toulouse qui
voient à la rigueur et au sérieux des candidatures, des acquis et
des préalables requis pour cette maîtrise. Il n'y a en aucun cas
des acceptations qui ne sont pas conformes aux préalables requis pour la
maîtrise. S'il y en a qui n'en ont pas, il y a un niveau qu'on appelle
"une mise à niveau", qui dure à peu près un an, pour les
amener au niveau requis pour une acceptation a la maîtrise.
M. Blais: Où vos discussions avec nos universités
québécoises achoppent-elles, si vous discutez depuis treize ans
sans succès? Est-ce que votre argumentation n'est pas assez
étoffée ou si, au contraire, l'on dit que les étudiants
qui postulent la maîtrise n'ont pas les crédits voulus? Ce sera
l'un ou l'autre, sinon, je ne sais pas quelle en serait la cause.
M. Samuelli: Je m'excuse, je n'ai pas compris la question.
M. Blais: Je vais la répéter. De deux choses l'une.
Les universités québécoises n'ont pas encore signé
avec l'institut une entente pour reconnaître une maîtrise que
l'institut fait suivre à ses élèves. L'Université
de Toulouse l'a fait. Ici, on me dit que c'est l'université qui trouve
que les crédits des étudiants ou, disons, le "background"
éducatif n'est pas assez étoffé pour ouvrir la porte
à une maîtrise. Vous dites: Ce n'est pas ça. Si ce n'est
pas cela, où les discussions avec nos institutions universitaires
achoppent-elles, si vous discutez depuis treize ans et que vous n'avez pas
réussi encore à les gagner
et si vos candidats ont l'étoffe voulue pour s'aligner vers une
maîtrise?
M. Samuelli: Les discussions avec l'université
concernaient toujours le baccalauréat et dans l'appel d'offres, qu'on
peut appeler carrément appel d'offres, avec l'Université du
Québec et les HEC, il y a eu des questions d'ordre administratif et des
questions d'ordre technique. Par exemple, les HEC disaient: On est
nous-mêmes affiliés, donc, on ne peut pas l'instituer avec nous.
Donc, on parlait toujours d'un baccalauréat et non d'un programme de
maîtrise. C'est la raison pour laquelle, au niveau de la maîtrise,
on n'a jamais discuté avec l'UQAM.
M. Blais: C'est parce que vos postulants n'ont pas de
baccalauréat et que nos institutions universitaires exigent un
baccalauréat. Donc, vous admettez qu'ils n'ont pas les crédits
voulus.
M. Samuelli: Pas nécessairement, non.
M. Blais: Pas nécessairement, c'est blanc ou noir.
M. Samueili: M. le député, la maîtrise exige
un bac, pas nécessairement un bac en... Cela peut être un bac en
administration. L'Université du Québec elle-même le dit et
l'annonce - l'Université de Sherbrooke et l'Université Laval
aussi - dans ses dépliants, que les acquis, c'est une maîtrise
professionnelle pour les personnes dans l'industrie. Donc, ce sont des acquis
professionnels qui peuvent équivaloir à une formation.
M. Blais: Ce sont les règles de votre institution pour les
accepter en maîtrise.
M. Samuelli: Non, des universités également.
M. Blais: Mais pourquoi ne vous donnent-ils pas
l'accréditation?
M. Samuelli: On n'a pas besoin de leur accréditation, M.
le député.
M. Blais: Mais pourquoi avez-vous besoin de celle de Toulouse,
d'abord? Pourquoi avez-vous besoin de celle de Toulouse et pas des
nôtres?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Cela semble curieux. Vous dites que les
accréditations - je ne sais pas si on appelle cela comme cela -
plutôt la reconnaissance institutionnelle par nos universités
québécoises ne vous est pas acquise pour décerner un
diplôme de maîtrise à vos étudiants. Puis vous dites
que vous n'en avez pas besoin. Pourquoi alors prenez-vous celle de Toulouse si
vous n'en avez pas besoin?
M. Samuelli: Je pense que la question est formulée,
disons, différemment.
M. Blais: Je peux poser la question que vous voulez, mais c'est
celle-là que je voulais vous poser.
M. Samuelli: Oui, je comprends, mais c'est la formulation. Pour
une affiliation, c'est-à-dire où l'université va
décerner le diplôme en collaboration avec l'institut, on n'a
jamais abordé avec l'Université du Québec ou les HEC un
programme de maîtrise. On a toujours parlé du 1er cycle au niveau
de l'hôtellerie et de la restauration, parce qu'il n'y a pas de
diplôme en français donné au Québec. La seule
formation qui y est donnée au niveau du tourisme est le programme de
l'Université du Québec en gestion intervention touristique, qui
est le programme communément appelé le GIT, donc, qui s'occupe de
tourisme et non pas d'hôtellerie et de restauration. C'est pour ce
secteur qu'on a voulu amorcer les discussions avec l'Université du
Québec.
Une voix: On vote.
M. Blais: On a certainement deux ou trois minutes. Je vais
présenter un amendement à l'article 40, s'il vous plaît, M.
le Président.
Le Président (M. Théorêt): À l'article
40, voici un amendement qui se lit comme suit: L'institut peut dispenser aux
étudiants déjà inscrits et ce, jusqu'au 31 mai 1991, le
programme de maîtrise des sciences et techniques du tourisme qui est
dispensé le 29 juin 1988 par l'unité administrative visée
à l'article 35. L'institut ne peut cependant accepter à partir du
29 juin 1988 de nouveaux étudiants à ce programme de
maîtrise à moins qu'il ne le soit en vertu de l'article 19.
M. Blais: Autrement dit, pour ceux qui sont déjà
inscrits en maîtrise chez vous avec un certificat éventuel de
l'Université de Toulouse, nous acceptons qu'ils continuent leurs
études. Cependant, quand l'institution deviendra autonome, nous
aimerions que ce soit une institution québécoise qui en soit la
porteuse du diplôme.
M. Gratton: Le député conviendra qu'on condamne
toute personne qui voudrait s'inscrire au cours de maîtrise à ne
pas pouvoir le faire à moins qu'on ne puisse en arriver à une
entente avec l'université pour disposer ces cours.
M. Blais: C'est exactement cela.
M. Gratton: Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'en le fixant au
29 juin 1988 c'est "s'encarcaner" dans un processus qui pourrait être au
détriment de ceux...
M. Blais: Mais cela fait treize ans qu'on discute.
M. Gratton: Je comprends qu'on discute...
Le Président (M. Théorêt): Une seconde. Il
reste deux articles à adopter, s'il vous plaît!
M. Gratton: On va y aller, on va y aller!
M. Blais: D'accord. Cet amendement, M. le ministre?
M. Gratton: Rejeté, M. le Président. M. Blais: Je
suis pour.
Le Président (M. Théorêt): Rejeté.
M. Blais: Sur division.
Le Président (M. Théorêt): Sur division.
Est-ce que l'article 40 est adopté?
M. Blais: Adopté sur division.
Le Président (M. Théorêt): Sur division.
L'article 41?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 42?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
L'article 43?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que la
section I, l'Institution et organisation est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): La section II
Objets et pouvoirs de l'institut?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Section III Documents, comptes et rapports?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Section IV
Dispositions financières?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Section V
Dispositions diverses et transitoires. Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que le
titre du projet de loi, Loi sur l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'étude de tous les articles du projet de loi tel qu'amendé est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Nous ajournons les travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 55)