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(Quinze heures quatorze minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La Commission de l'économie et du travail est réunie cet
après-midi afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 31, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, et la Loi sur la formation
et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Hétu (Labelle) est remplacé par Mme Pelchat
(Vachon), M. Théorêt (Vimont) est remplacé par
M. Cusano (Viau), M. Tremblay (Iberville) est remplacé par M.
Polak (Sainte-Anne).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
Tout simplement pour replacer le contexte dans lequel nous nous retrouvons
aujourd'hui. Cette commission parlementaire de l'économie et du travail
a eu l'occasion d'entendre, au cours de trois journées, les
représentants des employeurs, des travailleurs, des consommateurs, des
municipalités, des commissions scolaires, à l'occasion des
audiences que nous avons tenues. Par la suite, le projet de loi a franchi, en
deuxième lecture, sur division, l'étape de l'adoption du
principe. Majoritairement, l'Assemblée nationale du Québec s'est
prononcée contre le travail au noir dans l'industrie de la construction
et a adopté les principes qui sous-tendent le projet de loi 31, qui vise
à combattre ce travail au noir, en resserrant les dispositions
réglementaires et en accordant plus de pouvoirs à la Commission
de la construction du Québec, de façon à s'assurer que le
décret de la construction soit le plus strictement possible
appliqué dans le domaine de la construction domiciliaire ainsi que dans
les domaines de la construction industrielle et commerciale; de façon
à enrayer le travail au noir dans la construction; et, en ce qui
concerne la rénovation, la réparation, l'entretien et les
modifications dans le secteur résidentiel, le projet de loi
prévoit que ces domaines seront soustraits de l'application du
décret de la cons- truction, ce qui en pratique éliminera le
travail au noir dans ce secteur d'activité économique.
Maintenant, Mme la Présidente, à la suite des auditions
publiques que nous avons tenues, à la suite également des
échanges entre les parlementaires au niveau de l'adoption du principe du
projet de loi, nous aurions des modifications, quant à certaines
modalités, à soumettre à la commission parlementaire. Il
s'agit, en pratique, d'une dizaine d'amendements qui se regroupent
essentiellement sous trois têtes de chapitre. Dans un premier temps, les
amendements que nous soumettons visent à baliser et à clarifier
davantage la définition de ce qui est exclu de l'application du
décret de la construction. Il s'agit de répondre à une
demande de l'ensemble des parties de préciser ce qui doit être
exclu, de façon que les espaces communs des condominiums, pour ne citer
qu'un exemple, ne puissent être inclus dans ce qui est exclu du
décret de la construction.
La deuxième série d'amendements et les dispositions
concordantes visent à abolir la notion d'artisan dans la
législation de la construction. Il s'agit d'une demande, entre autres,
des centrales syndicales à laquelle nous tentons de répondre le
mieux possible. Maintenant, la définition d'entrepreneur
spécialisé est introduite dans la loi et est ainsi
définie.
La troisième série de modifications que nous proposons ont
pour but de répondre aux demandes ou, en partie, à des demandes
qui nous ont été adressées tant par l'Union des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec que par la
Fédération des commissions, scolaires. Elles visent à
prévoir le remplacement de salariés permanents.
Ce sont là, Mme la Présidente, trois séries
d'amendements qui ont été réclamées soit par une ou
l'autre des parties, soit par l'ensemble des parties qui se sont
présentées devant la commission parlementaire et qui ont eu
l'occasion d'être discutées ou revendiquées par les
parlementaires à l'occasion de l'adoption du principe du projet de loi
31. De façon que l'ensemble des parlementaires puisse participer et
contribuer davantage à nos travaux, avec le consentement de
l'Opposition, je déposerai immédiatement l'ensemble des
amendements que nous proposons en invitant l'Opposition, si jamais elle
proposait des amendements et s'ils étaient disponibles, à nous
les faire connaître dès que ces amendements seront disponibles.
Sinon, nous procéderons uniquement à partir des amendements
déposés par le côté ministériel.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
ministre, les amendements sont déposés. Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Mme la Présidente, sur la convocation de la
commission parlementaire de l'économie du travail pour étudier le
projet de loi 31 article par article, je pense qu'il est important de situer,
comme le ministre le fait, très rapidement, où nous en sommes.
J'aurai effectivement certaines demandes particulières avant de
commencer l'étude article par article. Il a dit, rapidement, que nous
étions ici pour donner suite à l'adoption du projet de loi 31
dont le but est de modifier la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction et la Loi sur la formation et la qualification professionnelles de
la main-d'oeuvre. Après avoir dit cela on n'a rien dit pour le public si
ce n'est que l'objectif du ministre était, par cette législation,
de contrer, sinon éliminer, réduire le travail au noir. Il est
exact que tous ceux qui sont venus en consultation particulière nous ont
indiqué qu'il se faisait du travail au noir. Mais, comme par hasard, les
mêmes gens qui nous ont dit qu'il se faisait du travail au noir, nous ont
dit également que ce sur quoi le ministre et le leader de son
gouver-vement nous convient, c'est-à-dire étudier article par
article un projet de loi, ne réglera rien de la situation sur laquelle H
y a eu un consensus qu'il y avait du travail au noir. Tous ces gens nous ont
dit, sauf un, que le projet de loi, dans la forme qu'il a au moment où
on se parle - je reviendrai sur les amendements tantôt - ils n'en veulent
pas. Ils en ont demandé le report ou, à tout le moins, le
retrait. On avait deux choix possibles: reporter ce projet de loi ou le
retirer. Aujourd'hui, le ministre nous dit: Je continue comme si de rien
n'était, parce que, d'une part, j'ai adopté le principe, j'ai
fait adopter par l'Assemblée nationale le principe du projet de loi.
Cependant, le projet de loi, dans son adoption par l'Assemblée
nationale, si c'est le même sur lequel il y a eu des consultations
particulières, c'est exactement le même projet de loi sur lequel
l'Assemblée nationale a eu à statuer. Il n'y a eu aucun
changement. Nous en sommes à cette étape, au moment où
l'Assemblée nationale convoque la commission de l'économie et du
travail pour poursuivre l'étude du projet de loi. Sauf que - j'ai dit
que j'y reviendrai - nous avons eu l'information, hier soir tard, que le
ministre du Travail allait, si l'Assemblée nationale convoquait la
commission parlementaire pour étudier le projet de loi article par
article, présenter un certain nombre d'amendements. J'en suis
là-dessus. Aujourd'hui, le ministre du Travail nous dit: Je
présente quelques amendements, en particulier sur deux notions
importantes: l'introduction d'une notion "entrepreneur
spécialisé" - j'y reviendrai dans quelques minutes - et toute une
nouvelle réflexion sur le champ d'application couvert par le projet de
loi 31. Cela n'a pas changé et c'est justement sur cela qu'il faut
s'interroger.
Quant à ceux qui suivent moins cela, les profanes de l'affaire,
il faut quand même convenir que le projet de loi 31 est un projet de loi
d'une vingtaine d'articles, 19 pour être précis. Sur les 19
articles, il y a 9 amendements présentés par le ministre. Loin de
vous dire que cela ne prend pas beaucoup d'analyse pour se rendre compte que,
même si dans les 9 il y en a de concordance, j'en conviens, il n'en
demeure pas moins qu'il y a deux amendements majeurs: un sur l'introduction de
la notion d'entrepreneur spécialisé et, également, toute
la question du fameux quatrième paragraphe de l'article 19 - si ma
mémoire est bonne, je ne vous le cite pas nécessairement au texte
- tout le monde se rappelle que c'était le coeur du projet de loi, du
moins ceux qui en ont traité. Quand je participe à une commission
parlementaire, Mme la Présidente, je le fais comme parlementaire
élu, sur la base d'un projet de loi qui est censé apporter une
législation qui correspond un tant soit peu à un souhait,
à une volonté de ceux qui sont touchés par la
législation. Tous ceux qui sont touchés par cette loi m'ont dit:
On ne veut rien savoir. Ce n'est pas compliqué, on ne veut rien savoir
du projet de loi qu'on a lu, qu'on a vu, parce qu'il parle du même sujet
dont le ministre voulait parler, c'est-à-dire le travail au noir, mais
ce n'est pas tout de toucher le sujet qu'on a identifié, il faut que le
projet de loi apporte les correctifs souhaites et voulus. Aujourd'hui, le
ministre nous dépose des amendements. Avant d'entreprendre
l'étude article par article, à tout le moins, je voudrais
l'entendre un peu plus sérieusement et d'une manière un peu plus
volubile sur l'esprit général et la portée de l'ensemble
des amendements qu'il propose. Je ne parle pas de la concordance, on aura
l'occasion d'y revenir. Mais, il sait très bien ce dont je veux parler.
Dans ce sens, on ne peut pas arriver avec des amendements majeurs sans modifier
l'esprit d'un projet de loi, sans altérer un tant soit peu le champ qui
sera couvert par le projet de loi - je ne parle pas du champ d'application, on
y reviendra tantôt - quant au champ couvert par le projet de loi, le
ministre ne nous a pas tellement donné de précisions. Je
déboule sur ce que je voudrais que le ministre explique un peu plus.
Qu'est-ce qui a fait qu'il en est arrivé à la décision de
présenter des amendements sur le fond? Est-ce à dire qu'il a
compris lui aussi que les intervenants qui sont venus en consultation
particulière trouvaient que le projet de loi 31 dans la facture qu'on
lui connaît, ne permettrait pas d'atteindre les objectifs visés
par ce projet de loi, du moins selon ses notes explicatives et selon son
communiqué de presse?
Premièrement, quelles sont les raisons qui l'ont amené
à apporter des amendements substan-
tiels, au moins à deux égards? Le premier
élément sur lequel je voudrais l'entendre, c'est l'introduction
de ce nouveau concept d'entrepreneur spécialisé. Tous les
intervenants avaient convenu, dans le vécu de la loi sur les relations
du travail et la formation professionnelle, qu'entre la notion d'artisan par
rapport à l'objectif que le législateur avait convenu et le
factuel observé dans la construction, il y avait un monde de
différence, et la notion d'artisan ne s'est pas traduite dans les faits
comme le législateur l'aurait souhaité à partir du moment
où il a introduit cette notion. Pour résumer rapidement, tout le
monde avait convenu que l'artisan, normalement, était confiné aux
menus travaux, en gros, dans le secteur de la construction. C'est très
rare qu'il se déguisait en entrepreneur, normalement. Oui, normalement.
Je ne parle pas de ce qui se fait, mais normalement, selon l'esprit de la loi.
Il n'y avait pas non plus cette capacité de contourner une série
de règlements de la construction qui fait, qu'à un moment
donné, l'entrepreneur artisan ou l'artisan tout court dans la loi avait
la capacité de contracter, d'embaucher, d'avoir du personnel sous sa
direction, ce qui faisait que c'était quasiment devenu une sorte
d'employeur. Là, je ne le qualifie pas. Que ce soit un mauvais employeur
ou non conforme aux règles, c'est ce qui était la situation.
Donc, on comprend bien que l'amendement proposé par le ministre du
Travail d'introduire la notion d'entrepreneur spécialisé, c'est
la substitution par rapport à la notion d'artisan qui existait dans sa
loi. La preuve, c'est qu'il le fait pareil. Il fait sauter la notion d'artisan.
Mais, s'il fait sauter la notion d'artisan qu'on connaissait et qu'il parle
d'entrepreneur spécialisé, je suis obligé de lui dire...
De toute façon, si je suis dans les patates, c'est pour cela que je pose
des questions, vous me donnerez tout cela et on verra. Je prétends que
c'est vraiment un changement de cap. Il sort l'artisan du décret de la
construction d'une certaine façon, introduit la notion d'entrepreneur
spécialisé et normalement, c'est le nouvel entrepreneur
spécialisé qui va ressembler, si je comprends bien, à ce
qu'était l'artisan. Vous me répondrez tantôt si ce n'est
pas cela. Alors, je voudrais avoir des explications très précises
sur la portée des amendements, ce que cela touche exactement et comment
cela change le projet de loi.
C'est la même chose sur le champ d'application. Ce que j'ai
compris - et je ne change pas d'avis là-dessus, en passant - c'est qu'il
y avait un consensus très clair de la part de tous ceux qui sont venus
en commission. Oui, M. le ministre, vous faites bien d'envisager de sortir de
l'application du décret de la construction tout le volet
réparation et entretien. Cela n'aurait jamais dû être
là. C'était clair comme de l'eau de roche. N'importe quel profane
ne sachant même pas lire aurait vu cela dans les mémoires. Il
aurait vu cela. C'est le consensus. Il y avait également un autre
consensus dans le domaine de la rénovation et des modifications.
Là, on peut discuter parce qu'effectivement, il y avait du charriage.
Cela ne fait aucun doute quand on se parte franc. Il y avait beaucoup
d'extension, d'extensibilité à la notion modification et cela
permettait de remplacer le "bunker". J'achète cela demain matin, je
défais tout cela. C'est du domiciliaire résidentiel exclu de la
construction. Je ne suis pas sûr que le projet de loi était aussi
clair dans le sens que cela me permettait de faire cela. Mais, il n'en demeure
pas moins que tout le monde a soulevé cela. Tout le monde a
soulevé ces questions. Donc, dans le champ d'application, j'ai lu les
amendements, on les a analysés et je n'ai pas la conviction encore que
ce sont des amendements qui sont basés sur les consensus qui se sont
manifestés ici. Parce que toute la question du secteur rénovation
et modification aux immeubles à des fins personnelles - je le comprends
- reste dans le projet de loi et les amendements ne permettent pas d'aller plus
loin dans le sens du concensus dégagé, à moins encore
là que j'aie mal compris. (15 h 30)
II y a également une notion qui me fatigue. Normalement, un
ministre, ou des ministres corrects, quand ils soumettent des amendements
d'envergure comme cela, ils ont habituellement la garantie que les gens
concernés, c'est-à-dire ceux qui auront à vivre
éventuellement avec le projet de loi, ont été
consultés. Ils ont été consultés, non pas sur la
philosophie du projet de loi, mais sur les amendements proposés. Alors,
je voudrais savoir ceci. Est-ce que le ministre du Travail peut nous donner
l'assurance qu'il a consulté les parties sur la rédaction des
amendements, le résultat final? Je sais bien qu'il n'a pas fait de
discussions. Écoutez, je sais comment il travaille. Il n'y a pas eu de
réunion formelle des parties pour voir si elles étaient d'accord
avec ce texte-là. Mais, à tout le moins s'est-il assuré
que les amendements proposés rejoignent, en tout ou en partie, la
volonté des parties concernées, par rapport aux suggestions
qu'elles ont faites au ministre du Travail lors des consultations, autrement
nous avons tout fait cela pour rien.
Parce que les consultations disaient deux choses: tu reportes ou tu
retires. Comme ce n'est pas ce qu'il a fait, comme il décide de
continuer, il faudrait que dans la continuation des étapes du projet de
loi, il y ait des choses qui ressemblent un peu à ce qui a
été évoqué par les différentes parties.
Ce sont là les principaux éléments sur lesquels je
voudrais que le ministre nous entretienne. Parce que je ne trouve pas que cela
ferait très sérieux, Mme la Présidente, de commencer tout
de suite l'étude article par article si on n'a pas soudé, d'une
certaine façon, dans la problématique globale, dans l'esprit
général du projet de loi 31, la portée et le sens
réel des amendements proposés. Comment ils
s'imbriquent avec la nouvelle notion d'entrepreneur
spécialisé? Qui couvre exactement cette notion-là? Il
faudrait faire le tour de l'introduction de cette nouvelle notion
d'entrepreneur spécialisé, eu égard aux indications qu'on
a reçues de la part des gens qui sont venus ici en consultation, par
rapport aux difficultés que leur posaient le vécu dans le
régime actuel d'un dépassement d'intention législative du
travail fait par l'artisan. Je pense que le ministre devrait être on ne
peut plus clair là-dessus.
Il y a également la notion, un autre consensus qui avait
été assez large, par rapport à la question, là je
ne me rappelle pas exactement, du chauffeur de pépine - excusez
l'expression - mais "excavation et terrassement", ce n'est pas mentionné
dans les amendements du...
Une voix: C'est-à-dire que ce n'était pas dans les
consensus.
M. Qendron: C'est cela, mais je veux dire que ce n'était
pas dans les consensus, entrepreneur de machinerie lourde, d'accord, mais
entrepreneur en excavation et terrassement, cela ne faisait pas partie du
consensus des consultations... Alors j'aimerais l'entendre
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je note la dernière
remarque du député pour être certain de ne pas l'oublier,
dans la mesure du possible. Pour replacer le propos du député
dans le contexte, je vais commencer par répondre à sa
troisième question.
Oui, il y a eu des audiences publiques; oui, il y a eu des
mémoires de déposés; oui il y a eu des témoignages
de rendus; oui, dans une certaine mesure, nous nous sommes inspirés de
certains témoignages en tout ou en partie; oui, il y a eu des
consultations, si on peut les appeler ainsi, ou des discussions ou des
échanges, d'une façon informelle au cours de la semaine
dernière, entre les principaux intervenants du monde
structuré.
Maintenant, quant au dépôt des articles, j'ai comme
habitude, par respect pour l'institution qu'est l'Assemblée nationale,
la commission parlementaire, de ne pas les communiquer aux parties avant de les
communiquer aux parlementaires. J'ai donc pris les dispositions
nécessaires pour que, dès après le dépôt ici
en commission parlementaire de la façon la plus rapide possible par
bélino ou par fac, on avait pris les dispositions avec les parties
patronales et syndicales ou les divers intervenants pour que cela leur soit
communiqué. Au moment où nous nous parlons, j'ai l'impression,
sinon la certitude, que les parties ont en main les textes législatifs
d'amendements que les parlementaires ont présentement en main. J'ai
toujours tenté de respecter dans la mesure du possible, quand il n'y a
pas de coulage, cette règle à savoir que les parlementaires
doivent être les premiers saisis du texte législatif.
En ce qui concerne les deux principales questions, et je ne
néglige pas les questions accessoires du député, la
première touche le champ d'application du décret de la
construction, le député d'Abitibi-Ouest demande quelles sont les
raisons qui nous ont amenés à proposer des amendements. Je vous
indiquerai que les interprétations qui ont été faites dans
certains mémoires, entre autres, je me rappelle j'y vais par coeur sans
l'avoir devant moi, le mémoire du Conseil provincial des métiers
de la construction, ce dernier interprétait les travaux exclus ou que
l'on se proposait d'exclure du décret de la construction comme
étant des travaux, pour utiliser une de vos expressions, de
réaménagement du "bunker" ou de construction de con-dominiums ou
de construction par étapes dans la construction neuve...
Nous avons voulu, parce que ce n'était pas là l'objet du
projet de loi, tenter de répondre à ces craintes qui nous ont
été exprimées par plusieurs partenaires de l'industrie de
la construction et nous le faisons de la façon suivante: sans s'attaquer
là où vous nous avez suggéré ou certains
intervenants également nous ont suggéré de s'attaquer.
Certaines personnes nous ont dit de conserver les travaux d'entretien ou de
réparation: Excluez ou maintenez dans le décret de la
construction les travaux de modification et de rénovation. C'est une
mécanique que l'on a regardée. Mais sur le plan de l'application,
je me souviens d'avoir cité en commission parlementaire l'exemple de
travaux effectués dans une cuisine, ce que constituait un travail
d'entretien dans une cuisine. Il s'agissait peut-être de travaux de
peinture ou de réparation: réparer une porte d'armoire; de
rénovation: modifier la surface du comptoir qui possiblement
était en bois et de le couvrir d'un produit plastique; ou d'une
modification: modifier les armoires dans une cuisine. On n'a pas pu, sur le
plan de la mécanique législative, tout en pensant qu'il fallait
l'appliquer pratiquement après, arriver à définir tous les
travaux de modification et de rénovation possibles et imaginables.
Davantage, même si on avait réussi à le faire, si nous
avions pu relever cette mission impossible, il nous aurait fallu
déléguer à chaque place où il y avait des travaux
de réparation, des inspecteurs pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas de
travaux de modification ou de rénovation. L'inspecteur aurait eu
à tirer la ligne entre réparation et modification dans chacun des
cas. Cela aurait été une approche administrative tatillonne qui
aurait ajouté des tracas inutiles au consommateur, au travailleur et
à la Commission de la construction du Québec.
Nous nous étions déjà entendus sur le fait que le
resserrement des dispositions dans les chantiers importants commerciaux et
industriels,
de même, le chantier commercial industriel, relevait d'une
application quand même praticable de la réglementation avec les
nouvelles modalités que l'on pourrait quasiment éliminer le
travail au noir de ces grands chantiers, à condition de toucher en
même temps la notion d'artisan, j'en conviens.
Quant à la construction domiciliaire, construction neuve, il
faudrait déployer des efforts et des énergies
considérables pour s'assurer de contrôler le fléau du
travail au noir dans la construction domiciliaire. Vous vous imaginez quels
efforts additionnels il aurait fallu déployer pour tenter de
départager un travail de rénovation avec un travail de
réparation dans votre cuisine ou dans la cuisine de l'ensemble des
consommateurs au Québec. Nous étions conviés à
quelque chose qui, sur le plan des définitions, relève quasiment
de l'impossible et qui, sur le plan de l'application, l'est
définitivement à moins, encore une fois, de penser que l'on
puisse disposer de suffisamment d'inspecteurs, de ressources, pour les envoyer
à chaque place où s'effectuent des travaux. On ne réglait
en rien le problème. Mais parce que nous voulions rassurer les
intervenants, parce que nous ne voulions pas que les intervenants pensent qu'on
visait le condo, pour utiliser l'exemple, ou même le duplex ou le
triplex, nous avons remodifié le paragraphe introductif des exclusions,
nous avons resserré la rédaction de l'article 4.
On a conservé, comme je l'ai indiqué, entretien,
réparation, rénovation et modification, mais pour qui? Pour une
personne physique, agissant pour son propre compte, à des fins
personnelles, exclusivement non lucratives, d'un logement qu'elle habite.
Conséquence pratique, toutes les parties communes d'un condominium
demeurent soumises au décret de la construction, toutes les parties
communes d'un édifice où on retrouve un locataire - exemple, le
toit d'un duplex - demeurent soumises au décret de la construction. Nous
avons balisé autant que faire se pouvait les travaux qui pouvaient
être exclus en partant du paragraphe introductif plutôt que du
paragraphe descriptif et nous pensons que nous avons également exclu le
spéculateur. L'acheteur-vendeur n'a plus la possibilité de faire
faire des travaux qui sont exclus du décret de la construction. Donc,
quels genres de travaux vise-t-on? Entretierv réparation,
rénovation et modification, ce qui exclut la construction neuve. Pour
qui? Pour une personne physique qui agit pour son propre compte, à des
fins personnelles, exclusivement non lucratives, pour un logement dans lequel
elle habite. Nous pensons, en balisant ainsi, pouvoir rassurer les intervenants
sur le plan de l'étendue de ce qui est exclu du décret de la
construction. Nous avons évalué le vocabulaire juridique,
fouillé la jurisprudence et, au moment où nous nous parlons, il
s'agit de la définition que nous proposons.
En ce qui concerne la deuxième série d'amendements, elle
touche l'abolition de l'artisan dans l'industrie de la construction. J'ai
senti, d'après la question du député d'Abitibi-Ouest, un
peu le sous-entendu suivant. Et j'espère que je ne l'interprète
pas mal, ou que je n'exagère pas en l'interprétant comme je vais
le faire. J'ai senti de la part du député d'Abitibi-Ouest un peu
cette méfiance où il nous dit: Vous avez aboli l'artisan pour le
remplacer par l'entrepreneur spécialisé. Il est quasiment
allé jusqu'à dire, bien qu'il ne l'ait pas dit: Vous avez
modifié partout dans la loi "artisan" pour "entrepreneur
spécialisé" et vous avez changé le vocabulaire. Je dis
bien respectueusement que je souhaite qu'il s'agisse là, de ma part,
d'une fausse interprétation des propos du député
d'Abitibi-Ouest. Nous avons, en pratique, aboli la notion d'artisan jusque dans
sa définition. Vous ne retrouverez plus dans cette loi cette notion
d'artisan. Maintenant, vous retrouvez dans cette loi une notion que nous
introduisons et qui s'appelle entrepreneur spécialisé. La
définition que nous donnons à l'entrepreneur
spécialisé, c'est la définition de l'entrepreneur
spécialisé au sens de la Régie des entreprises de
construction du Québec. (15 h 45)
Deuxième élément, nous avons limité
l'entrepreneur spécialisé qui travaille seul aux travaux
d'entretien, de réparation, de rénovation et de modification,
sauf en ce qui concerne le cas de l'opérateur de machineries lourdes
qui, lui, peut encore effectuer des travaux de construction. Donc, il n'est pas
question pour l'entrepreneur spécialisé d'oeuvrer dans la
construction. Nous avons limité sa compétence ou son champ
d'activité à ce qu'on appelle communément les services
dans le domaine de la construction et non la construction. Nous avons introduit
une interdiction pour l'employeur professionnel d'engager un entrepreneur
spécialisé qui travaille seul sauf dans le cas de
l'opérateur de machinerie lourde. Nous avons interdit d'engager ou de
faire travailler deux entrepreneurs spécialisés ou plus d'une
même sous-catégorie sur un même chantier, de façon
à ne pas retrouver l'exemple qui nous était donné par
l'ensemble des centrales syndicales où on engageait deux personnes, deux
entrepreneurs spécialisés ou deux artisans pour faire un emploi.
Le transport de la feuille de gyproc est l'exemple typique qui nous a
été donné. Nous avons exclu l'entrepreneur
spécialisé, je pense que cela allait de soi, du régime de
pension et des avantages sociaux de la Commission de la construction du
Québec. Je pense qu'en agissant de la sorte, nous répondons en
grande partie aux demandes syndicales qui visaient à éliminer des
chantiers de construction ceux ou celles, dans certains cas, qu'ils appellent
ou qu'ils appelaient les chaudrons. Vous ne retrouverez plus de chaudron sur
les chantiers de construction, et c'est là l'objectif que nous visons.
Maintenant, quant à l'artisan, lui, il disposera, s'il y a adoption de
la loi, d'une période approximative de six mois allant jusqu'au
1er janvier pour effectuer un choix entre un statut de salarié et
un statut d'entrepreneur. Il ne pourra pas demeurer artisan. Je pense que cela
répond essentiellement aux trois questions principales. S'il y a des
sous-questions sur lesquelles vous désirez des
éclaircissements...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Discussion générale
M. Gendron: Oui, il y en a deux. D'abord, j'aimerais que le
ministre nous indique, quand il dit que l'entrepreneur
spécialisé, il a pris, là... D'abord, premièrement,
excusez, je voulais corriger une affaire. Je n'ai jamais dit artisan
égale entrepreneur spécialisé. Artisan, on le fait sauter,
cela n'existe plus et on introduit une précision, une nouvelle
définition d'une notion qui n'existait pas dans la loi qui s'appelle
entrepreneur spécialisé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais qui existe en pratique.
M. Gendron: Oui. Et sur cela, le ministre du Travail nous dit: II
s'agit de la notion au sens de la régie. Est-ce qu'on peut avoir copie
de cette notion? Est-ce que c'est dans la loi? Est-ce que c'est un
règlement? C'est dans la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans la loi et peut-être
pour les fins des travaux de la commission, je pourrai en faire lecture en
citant...
M. Gendron: J'aimerais bien, pour qu'on sache ce que cela veut
dire; et dites-nous où vous avez pris cela. Cela est une première
subsidiaire. Une deuxième subsidiaire: et là, je lis un de vos
amendements. Je ne veux pas qu'on y vienne tout de suite, mais c'est pour
comprendre les remarques préliminaires. Alors, vous écrivez: Une
personne autre qu'un employeur professionnel ne peut retenir les services d'un
entrepreneur spécialisé qui n'est pas compris dans les
sous-catégories "entrepreneur de machineries lourdes ou "entrepreneur en
excavation et terrassement"... C'est votre amendement 4°, quatrième
paragraphe. Je reprends: "Une personne autre qu'un employeur professionnel ne
peut retenir les services d'un entrepreneur spécialisé qui n'est
pas compris dans les sous-catégories "entrepreneurs de machineries
lourdes, ou "entrepreneur en excavation et terrassement" au sens de ce
règlement, que pour l'exécution de travaux d'entretien, de
réparation, de rénovation et de modification." Mais cela ne
précise pas si on reste uniquement dans le secteur de la construction.
Est-ce que cela peut être dans le commercial? Cela peut être ce
qu'ils appellent communément les "shot down" d'entreprises. Est-ce que
cela couvre également ces situations-là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela couvre les situations de
construction. Cela permet à l'entrepreneur spécialisé,
autre que l'entrepreneur de machineries lourdes et l'entrepreneur en excavation
et terrassement, d'effectuer des travaux d'entretien, de réparation, de
rénovation et de modification, mais dans le contexte que j'ai
indiqué tantôt.
M. Gendron: Oui, mais c'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II doit le faire... Il y a une
interaction d'articles. Il ne peut pas se retrouver avec un entrepreneur
spécialisé de sa même sous-catégorie, sur le
même remplacement, en train de faire les travaux.
M. Gendron: Oui, mais regardez cela autrement. Est-ce que vous
pensez que cela existe, M. le ministre, des entrepreneurs en excavation et
terrassement qui peuvent faire cela, mais en dehors de travaux d'entretien, de
réparation, de rénovation et de modification?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. L'exemple typique que vous
avez se retrouve dans le cas de quelqu'un qui construit une maison neuve et qui
a à faire creuser pour des fondations.
M. Gendron: Bon. Est-ce que cela va être exclu du
décret?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'exemple typique.
Une voix: Je le sais, si tu veux lui demander.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La construction neuve est
assujettie au décret de la construction en tout temps.
M. Gendron: Bien, la question est très simple, M. le
ministre, là, à la même place, d'accord? Toujours à
la même place, au même article...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Paragraphe 4, page 2...
M. Gendron: ...Moi, ce que j'avais compris, c'est que ces
gens-là qui sont venus ici étaient d'accord pour que les
entrepreneurs en machineries lourdes, entrepreneurs en excavation et
terrassement, se limitent au secteur de la construction domiciliaire, mais pas
au secteur commercial ou autres secteurs d'activité. Donc, c'est un
prolongement du consensus en termes clairs. Alors, la question que je vous
posais: Est-ce que oui ou non vous ne croyez pas que là vous donnez une
extension au consensus qui s'est dégagé ici? Et, dans ce
sens-là, pourquoi avez-
vous fait cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan de l'entrepreneur en
machineries lourdes ou de l'entrepreneur en excavation et terrassement, je peux
décider de faire bâtir une bâtisse plus importante et de
faire appel à des entrepreneurs spécialisés et, vu qu'ils
ne sont pas soumis aux mêmes règles, par l'exclusion que nous
apportons, que les autres entrepreneurs spécialisés, ils peuvent
se retrouver plus d'un au même endroit, sur le même chantier...
M. Gendron: Bon, regardez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...mais strictement dans les
catégories entrepreneurs de machineries lourdes et entrepreneurs en
excavation et terrassement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Les autres sont tous
carrément...
M. Gendron: Sur le décret.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Est-ce que cela signifie, M. le ministre, que, pour
ce qu'on appelle des... parce que l'expression française "shut down"
d'entreprise, c'était un arrêt pour trois ou quatre jours de
réparation, de nettoyage; l'expression "shut down" d'entreprise, c'est
pour des modifications, des transformations... Ma crainte, moi, je veux savoir
si cela signifie que... Parce que le consensus était uniquement
"entrepreneur de machineries lourdes" et "entrepreneur en excavation et
terrassement". Pour n'importe quel... De ces gens-là qui travaillent
avec le chapeau d'artisan, le monde disait: Cela ne nous dérange pas,
mais cela nous dérange si l'entrepreneur spécialisé peut
effectivement venir prendre nos emplois qui étaient assujettis au
décret de la construction pour ce qui est des "shut down" d'entreprise,
pour ce qui est de tout autre titre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voudrais être certain que
l'on parle de la même chose. Lorsque vous parlez des "shut down"
d'entreprise, est-ce que vous faites référence au cas où
les compagnies engagent des employés...
M. Gendron: ...de la construction autres que leurs
employés réguliers. Parce que, quand il y a un "shut down", en
règle générale, moi, si je suis employé de cette
entreprise-là, je suis en vacances durant le "shut down".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu...
M. Gendron: Puis ils engagent du monde autre mais qui provient,
normalement, du secteur de la construction pour faire des travaux dont je vous
parlais, M. le ministre; cela peut être une réparation, cela peut
être une modification - j'ai déjà vu cela dans un moulin
à scie, par exemple - un changement majeur quant à la conception
même de certaines machines fonctionnelles d'un moulin à scie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voici, je pense, le point que vous
touchez. Quant à l'entrepreneur de machineries lourdes et à
l'entrepreneur en excavation et terrassement, chacun a toujours eu, dans
l'historique de la législation, un statut particulier, si je peux
utiliser l'expression. Or, ce que nous faisons, nous maintenons ce statut
particulier qui lui a continuellement été reconnu à
travers tous les régimes, même lors de l'introduction en 1978 du
régime d'artisan; il a maintenu son statut spécial. Et il
existait avant 1978, avant qu'on introduise la notion d'artisan.
M. Gendron: Oui, je pose la question autrement. Ce que j'avais
cru comprendre, c'est que les gens ne voulaient pas que l'artisan ait une
juridiction dans le champ d'application du décret. Ils ont dit: Sortez
cela de là. Mais cela c'est réglé. Le paragraphe 3, c'est
réglé, sauf machineries lourdes, entrepreneur de machineries
lourdes ou entrepreneur en terrassement.
Ce que je veux savoir, c'est que si on ne les sort pas du décret
et que votre nouvelle notion - et je ne la qualifie pas - d'entrepreneur
spécialisé continue d'avoir juridiction dans le champ
d'application du décret de la construction, c'est là que les
intervenants ont dit: Écoutez, M. le ministre, si jamais vous
réglez le problème de l'artisan, on veut que vous sortiez
complètement l'artisan du secteur d'application du décret de la
construction.
Dans votre quatrième paragraphe, je ne suis pas convaincu du tout
qu'avec la nouvelle notion d'entrepreneur spécialisé, vous ne
réintroduisiez pas l'ancienne notion d'artisan, dans le champ
d'application du décret de la construction et, à ce
moment-là, vous ne donnez pas suite du tout au consensus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous suis en partie et je pense
qu'on peut apporter les éclairages nécessaires. L'entrepreneur
spécialisé, sauf les deux exceptions sur lesquelles nous
discutons depuis une dizaine de minutes, pourra effectuer à
l'intérieur du champ d'application du décret des travaux
d'entretien, de réparation, de rénovation et de modification,
mais non des travaux de construction, pour être clair.
Autrement dit, si vous avez... je vais vous donner l'exemple typique et
pratique de la situation de fait qui existe, qui est réelle. Vous
avez dans votre comté un électricien, pour prendre un
métier bien connu, qui possède sa petite camionnette, qui
travaille seul, c'est en définitive un travailleur
spécialisé. Vous avez un dépanneur, qui a besoin de faire
changer sa boîte d'électricité du 110 à 220, il
pourra aller effectuer ce travail de réparation ou d'entretien ou de
modification. Si vous avez quelqu'un qui veut ouvrir un dépanneur et se
construire un dépanneur, il n'aura pas le droit d'aller y
travailler.
Maintenant, de façon à être encore un peu plus
précis, même l'opérateur de machineries lourdes, celui
qu'on a appelé, qu'on a voulu mettre en marche, la notion d'artisan
disparaît pour cette personne-là aussi, il a des choix à
exercer, ou il faut qu'il s'adresse à la Régie des entreprises de
construction pour aller chercher son permis d'entrepreneur.
M. Gendron: J'ai une autre question sur le k.1). Revenez sur le
k.1). Première page, votre entrepreneur spécialisé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Tout d'abord, est-ce que je
peux vous donner la définition que vous avez requise tantôt?
M. Gendron: Oui, on aimerait cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La définition
découle des autorisations législatives que l'on retrouve dans la
Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs en construction,
entrepreneur est défini à l'article 1 b), les autorisations de
réglementer se retrouvent à l'article 58 g), et c'est au
règlement de la Régie des entreprises de construction du
Québec, section 1, article 1 b) que l'on retrouve la définition
d'entrepreneur spécialisé, qui se lit comme suit, et je cite:
"Entrepreneur spécialisé: un entrepreneur dont l'acttvrté
principale consiste à exécuter et faire exécuter des
travaux de construction requérant des connaissances particulières
dans une ou plusieurs spécialités. Il traite principalement avec
l'entrepreneur général ou directement avec le client".
M. Gendron: Serait-il possible de demander à vos services
une photocopie afin qu'on puisse les avoir pour s'y référer?
Merci. (16 heures)
Mais je reviens quand même à k.1), même si on
va...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on le redéfinit dans
k.1), parce que s'il fallait qu'on ne le définisse pas dans cette
loi-ci, il aurait l'extension plus large de l'autre loi.
M. Gendron: Voici ce que je veux savoir. On lit: Un entrepreneur
au sens de la Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs en
construction, chapitre, et ainsi de suite... Regar- dez bien: qui peut faire
exécuter les travaux de construction par des salariés...
arrêtez-vous là. Est-ce à dire qu'il a la capacité
d'engager? Est-ce que ce nouvel entrepreneur spécialisé pourra
engager des salariés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas s'arrêter
là, parce que ma définition est tronquée. Il faut que je
continue ou que je complète ma définition. Si j'arrêtais ma
définition là où vous m'invitez à le faire, vous
auriez raison.
M. Gendron: Est-ce qu'il va pouvoir faire le choix d'agir de
temps en temps... je parle d'entrepreneur spécialisé comme
employeur professionnel, puis d'autres fois comme salarié? Non, non,
comme entrepreneur spécialisé, je m'excuse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Alors pourquoi maintenir ce régime
ambivalent?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas un régime
ambivalent. Vous avez...
M. Gendron: Mais il pourrait avoir deux chapeaux et
décider lequel il prend.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il choisit d'agir comme
entrepreneur spécialisé, il est régi par les
différentes normes et critères que je vous ai
énumérés tantôt. Maintenant, oui, il a la
possibilité de changer de chapeau - ce que vous me mentionnez - et
devenir ce qu'on appelle un employeur avec des salariés et, à ce
moment, il est régi par toute cette question d'employeur et de
salarié.
L'objectif visé par les parties était - et je ne veux pas
trahir cet objectif - de sortir des chantiers de construction la multitude
d'entrepreneurs spécialisés qui travaillaient au lieu et à
la place des travailleurs de la construction.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Actuellement, un employeur professionnel, M. le
ministre, a-t-il le droit de travailler avec des employés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme employé?
M. Gendron: Non, avec ses employés. Actuellement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il détient sa carte de
compétence dans son domaine d'activité.
M. Gendron: Un employeur actuellement qui
a la qualification d'employeur professionnel a le droit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un entrepreneur
charpentier-menuisier...
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...peut aller travailler avec ses
employés sur le chantier, s'il détient sa carte de
compétence comme charpentier-menuisier.
M. Gendron: II me reste peut-être une question ou deux sur
des compréhensions avant de débuter. À l'article
19,...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à vous dire, M. le
député d'Abitibi-Ouest, que lorsque l'on touche à la
réglementation et à la législation dans le domaine de la
construction, on ne touche pas, sur le plan législatif, à ce
qu'il y a de plus simple.
M. Gendron: Je ne me sens pas diminué quand j'ai
l'impression, de ne pas tout saisir.
À l'article 19, le paragraphe 20, toujours sur vos amendements,
on ne se compliquera pas dans la mécanique, êtes-vous capable de
m'expli-quer pour que je comprenne quelque chose? Les travaux suivants sont
réputés être les tâches du métier de
charpentier-menuisier en vertu de la loi et ainsi de suite. C'est l'article 19.
Dans vos amendements, vous dites: Remplacer l'article 19 par les suivants et
là, dans votre page, vous avez trois paragraphes. Je parle du
troisième paragraphe qui est précédé du chiffre
20.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de dispositions
transitoires qui visent à couvrir la période d'entrée en
vigueur de la loi jusqu'au moment où le nouveau métier de
charpentier que l'on crée par la loi sera créé, de faire
en sorte que dans cet intervalle, tant que le nouveau métier de
charpentier n'a pas été créé et que les cours n'ont
pas été dessinés, etc., que ce soit le
charpentier-menuisier qui effectue les travaux dont la juridiction est
accordée au nouveau métier de charpentier.
M. Gendron: C'est une forme de concordance par rapport à
ce qui se fait, c'est-à-dire à ce qui se travaille.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour combler ce... On
crée sur le plan de la sécurité l'obligation pour le
consommateur qui a des travaux d'électricité, de plomberie ou de
charpente à effectuer d'embaucher quelqu'un qui détient une carte
de compétence dans ces domaines. Maintenant, on crée une nouvelle
compétence qui s'appelle le métier de charpentier. Tant qu'on n'a
pas mis en place le cours, on n'a pas la reconnaissance du ministère de
la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, il nous faut
prévoir qui est autorisé à effectuer ces travaux. Pour que
ce ne soit pas n'importe qui, on se rabat finalement sur le
charpentier-menuisier, de façon à maintenir ce niveau de
sécurité pour le consommateur.
M. Gendron: C'est sûr, Mme la Présidente, que cela
répond à quelques questions de clarification. Avant de
débuter nos travaux, j'aurais une autre considération importante
à faire valoir au ministre sur l'ensemble du projet de loi ou de nos
travaux. Je le cite. Il a dit qu'il trouvait majeur, capital, de respecter les
parlementaires et, en conséquence, les concernés n'ont pas
été consultés sur le libellé même des
amendements proposés puisqu'il nous indiquait que, dès le
début de la commission parlementaire, toutes ces choses étaient
expédiées aux concernés. Je voudrais qu'il soit
très attentif et qu'il ait autant de respect qu'il dit en avoir pour les
parlementaires, ce que je ne conteste pas, que pour les parties
concernées. La meilleure façon d'avoir un peu de respect pour les
parties concernées, serait de ne pas commencer à procéder
à l'étude article par article immédiatement, cet
après-midi, à moins d'être sur une autre planète. Il
me semble que les différents intervenants qui sont venus en commission
parlementaire nous ont exprimé non seulement des réserves, mais
une demande précise de retrait ou de report. À partir du moment
où ce n'est pas cela et que l'argument du ministre dit: Ce n'est pas
cela parce que je suis allé dans le sens des consensus exprimés,
il faudrait à tout le moins que ceux qui sont venus nous exposer leur
point de vue et ce sur quoi ils laissaient voir qu'ils seraient d'accord pour
ce projet de loi soient en mesure de nous indiquer si, effectivement, avec les
modifications déposées, expliquées par le ministre dans un
très court laps de temps puissent nous donner des indications disant que
d'après leur lecture, leur compréhension... parce que, je le
répète, ce n'est que dans ce contexte qu'on a une
responsabilité parlementaire d'essayer de légiférer - en
tout cas, à tout le moins, pour ce qui est de l'Opposition, mais pour le
gouvernement, c'est une autre affaire - au moins pour les gens qui sont venus
collaborer à contrer l'existence d'un malaise social qu'on a
appelé le travail au noir. Oui, il y avait une volonté de la part
de ces gens de dire au législateur: On souhaiterait qu'effectivement,
des mesures soient prises pour contrer cela. Mais, ces mêmes gens sont
tous venus dire qu'ils ne voyaient pas cela dans le projet de loi. Entretemps,
le ministre dépose les amendements pour éventuellement resserrer
les termes qui causaient problème quant au débordement du champ
d'application couvert où tout le monde voyait à peu près
toutes les possibilités. Il nous a dit lui-même et je le prends au
texte: J'ai resserré le défini pour s'assurer que cela reste
toujours dans le domaine où, effectivement, le ministre
prétend
qu'il y avait un consensus et surtout quand on lie à des travaux
pour des fins personnelles dans le domaine domiciliaire, des travaux de
rénovation, d'entretien et, il ajoute: réparation, modification,
en nous disant qu'il était capable d'avoir un respect d'application en
termes de difficulté que cela poserait... Là-dessus, je n'ai pas
de réticence à être un peu d'accord avec lui que cela ne
doit pas être facile d'avoir dans toutes les maisons unifamiliales du
Québec ou condo ou triplex un surveillant permanent qui regardera si ce
sont des travaux de rénovation, de modernisation, de réparation
ou d'entretien. Cela lui ferait pas mal de monde. Il serait obligé
d'engager plus d'occasionnels qu'il le fait même si on est en
période favorable. Dans ce sens, cela n'a pas grand bon sens d'envisager
cela. Mais, ce qui a du bon sens, c'est de demander une suspension de
l'étude article par article du projet de loi en commission
jusqu'à demain et de dire: On va permettre aux concernés et
à l'Opposition de faire quelques vérifications avec ceux qui
auront à vivre les applications éventuelles du projet de loi 31,
à tout le moins, parce qu'en termes de respect, est-ce que cela ne
serait pas légitime de demander quelques heures de réaction?
C'est ce que ça veut dire. Les parties vont recevoir cela en fin
d'après-midi, et je demande de poursuivre les travaux demain. Alors, je
voudrais leur laisser deux ou trois heures de réaction pour qu'ils
puissent nous donner quelques indications. Par ces amendements, s'ils
prétendent que c'est conforme au consensus qui s'est
dégagé, on verra.
Cela ne veut pas dire, Mme la Présidente, en ce qui nous
concerne, comme Opposition, que je vais modifier l'attitude qu'on a
adoptée jusqu'alors. Sauf qu'il est important que l'Opposition puisse
avoir un minimum d'éclairage sur la seconde étape que le ministre
entend faire adopter par l'Assemblée nationale. Il me semble que ce
serait tout à fait normal et légitime de pouvoir compter au moins
sur une première réaction rapide des parties concernées
avant de poursuivre, si on veut effectivement avoir un minimum de respect pour
ceux qu'on touche avec le projet de loi 31. Il semble qu'on en ait eu pour les
parlementaires, je le conçois, c'est exact. C'est important de
déposer des amendements sur un projet de loi d'abord entre les mains des
parlementaires avant de le faire à l'endroit des parties et de les
expliquer. Ces deux étapes-là ont été franchies.
Mais, que le ministre m'explique la portée de ces amendements, c'est une
chose. Cela me permet de faire une partie de mon travail de façon plus
efficace et plus valable comme porte-parole de l'Opposition. Mais cela ne me
permet pas de rentrer en commission et de continuer à étudier le
projet de loi article par article sans que je puisse avoir l'occasion de faire
mon travail de critique en matière de relations du travail, de contacter
ces gens-là et de leur demander: Qu'est-ce que vous en pensez?
Je le répète, ce n'est pas nécessairement parce que
je veux me coller au point de vue de l'ensemble des gens qui se sont
exprimés là-dessus, parce qu'il y avait autant de gens de la
partie patronale que de la partie syndicale et il y avait même des gens
qui ne sont pas fondamentalement touchés par cela. C'est le cas de l'UMQ
et de l'UMRCQ. Je veux dire d'accord, cela les intéresse et là on
sait ce qu'ils sont venus nous dire et je vais y revenir lors de l'étude
du projet de loi un jour, mais en ce qui me concerne, ce n'étaient pas
les parties majeures qui étaient partie prenante du projet de loi 31.
Les parties majeures concernées au départ par le projet de loi
31, je pense que non. Dans ce sens-là, il y a eu des
représentants patronaux de la construction et il y a eu des
représentants syndicaux de la construction et d'autres
intéressés par cette question, comme les consommateurs, comme les
ACEF, qui ont quand même déposé un mémoire sans
venir, comme les femmes, qui disent que dans le secteur de la construction il y
aurait lieu d'avoir des mécanismes qui leur permettent de faciliter
cette ouverture réelle à une possibilité pour elles d'y
accéder, ce qui n'est pas le cas. Mais, tous ces gens-là,
j'aimerais avoir l'occasion de leur reparler pour leur dire: Écoutez, en
gros, un premier son de cloche sur les amendements, qu'est-ce que cela vous
dit? Il me semble qu'on aurait un minimum de respect pour les parties communes
au projet de loi 31, en tout cas en termes de vécu pour plus tard. Je ne
demande pas que ce soit indéfiniment. Je dis qu'on pourrait suspendre
les travaux et travailler convenablement demain, en ayant eu ces indications
pour s'assurer que moi, comme porte-parole de l'Opposition, je puisse faire
valoir non seulement mon point de vue personnel, parce que le point de vue du
critique de l'Opposition, pour certains, il peut avoir un certain sens, mais ce
n'est pas majeur. Oui, c'est cela, en plus c'est moi qui le dis. Ce qui est
majeur, c'est bien plus les parties concernées. Moi, si j'avais le point
de vue des parties concernées, je me sentirais beaucoup plus un
parlementaire responsable qui agit en termes d'une responsabilité de
mandataire. Oui, surtout, je suis convaincu que le ministre l'avait
déjà en tête. Écoutez, si ces gens-là, sur le
projet de loi 31, avaient presque tous applaudi et avaient tous dit: Enfin,
c'est un projet de loi qui va régler une fois pour toutes une chose pour
laquelle on s'est plaint et pour laquelle, dans le contenu même du projet
de loi on trouve véritablement des applications concrètes, mais,
la réaction n'a pas été cela et le ministre le sait.
Unanimement, la réaction a été deux mots, je l'ai dit
tantôt: retrait ou dépôt. Je comprends très bien la
distinction entre les deux. Le retrait si on ne veut rien savoir et le
dépôt, parce que ce n'est pas mûr. Pas au sens qu'on veut
discuter de cela dans l'autobus ou dans le métro pendant des
années encore. Pas mûr, dans le sens qu'on s'est fait prendre un
peu à la dernière minute, en fin
de session. On n'en a pas vraiment entendu parler et le ministre
décide de légiférer. On prend connaissance du contenu du
projet de loi et on ne se retrouve pas dedans par rapport aux objectifs
véhiculés dans les notes explicatives et dans le
communiqué de presse. Le ministre n'a jamais dit: Ce n'est pas grave, je
vais vous arranger cela. Il a laissé voir cela parce que c'est comme
cela qu'il travaille, il se reprend toujours trois ou quatre fois. Le monde
sait qu'il travaille comme cela, mais nous, sur le plan parlementaire, je le
répète, on a entendu parler des amendements hier soir, vers 21
heures ou 22 heures. M. le ministre a respecté ce qui est correct. On ne
dépose pas les amendements avant d'arriver en commission, article par
article, il l'a fait, donc nous, on n'a pas traité ces
amendements-là autrement que dans la consigne traditionnelle du respect
des parlementaires.
La Chambre ouvre à trois heures, nous avions les amendements,
nous, comme Opposition, mais point. Il n'y a pas eu d'échange et on n'a
pas véhiculé la portée, le contenu et la valeur de ces
amendements-là, comme c'était normal de s'y engager et on l'a
fait. En conséquence, parce que je pourrais bien plaider pour plaider,
je ne plaide par pour plaider, je veux que le ministre comprenne le bon sens,
il me semble que la demande est simple, on devrait suspendre les travaux de la
commission jusqu'à demain, pour permettre, et même cela inclut
également des collègues parlementaires qui voudraient faire des
vérifications. Cela m'étonnerait, mais ils ont le droit quand
même de le faire.
M. Maltais: Tu as la présomption facile.
M. Gendron: Cela m'étonnerait. Mais, qu'est-ce que tu
veux...
Alors la demande que je vous fais, Mme la Présidente, c'est
ça: que cette commission suspende ses travaux de l'étude article
par article, jusqu'après la période des questions demain, pour
permettre que nous puissions faire quelques vérifications d'usage sur la
portée, l'impact des amendements, mais en particulier la
compréhension et la lecture qu'en font les parties concernées.
Cela m'apparaîtrait valable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires à faire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien, je voudrais me rassurer sur
le cadre procédural dans lequel nous nous retrouvons. Est-ce que la
commission est saisie d'une motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, il y a deux
possibilités. D'abord toute commission peut du consentement unanime,
selon l'article 144, de ses membres, modifier l'horaire de ses travaux pour
siéger au-delà de l'heure prévue ou ajourner, s'il y a
consentement unanime.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Disons que je serait surpris d'un
consentement unanime, pour des motifs que j'exposerai s'il y a une motion qui
est débattue.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, s'il n'y a pas
consentement, il y a l'autre possibilité qui est à l'article 165,
que celui qui demande l'ajournement doit présenter une motion
écrite.
M. Gendron: Alors, Mme la Présidente, on va suspendre
quelques minutes, parce qu'on savait qu'il y a deux façons, mais on va
présenter formellement une motion, on va la débattre, on va
prendre le temps que cela prendra, mais je pensais qu'il y avait la
possibilité prévue aux règlements, que, de part et
d'autre, on puisse convenir d'un consensus. J'ai la réponse du ministre
du Travail qu'il n'y a pas consensus à faire cela comme cela, on va le
faire suivant les règles.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, avant
d'ajourner j'aimerais, avant de suspendre, oui, vous donner le contenu de
l'article 165: "Un membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux.
Cette motion est mise aux voix sans amendement, et elle ne peut être
faite qu'une fois au cours d'une séance, sauf par le président ou
par un ministre membre de la commission. Elle ne peut être
débattue, sauf qu'un représentant de chaque groupe parlementaire
peut prononcer un discours de dix minutes chacun".
Alors la commission suspend ses travaux pour deux minutes.
(Suspension des travaux à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 27)
Motion pour que la commission ajourne ses
travaux
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Avant de lire la motion, j'aimerais relire l'article 165 qui
spécifie: "Un membre peut proposer que la commission ajourne ses
travaux. Cette motion est mise aux voix sans amendement et elle ne peut
être faite qu'une fois au cours d'une séance sauf par le
président ou un ministre membre de la commission. Elle ne peut
être débattue, sauf qu'un représentant de chaque groupe
parlementaire peut prononcer un discours de dix minutes chacun."
Voici la motion écrite par le député de
l'Opposition et critique officiel: "Que la commission de l'économie et
du travail ajourne ses travaux quant à l'étude
détaillée du projet de loi 31, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction et la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles de la main-d'oeuvre et ce, jusqu'au 8 juin, après la
période des affaires courantes de l'Assemblée nationale, le tout
conformément à l'article 665 de notre règlement."
Alors, M. le...
M. Maltais: Je m'excuse, avant que les intervenants arrivent,
est-ce qu'on pourra avoir une copie de la motion?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
Une voix: Est-ce qu'on suspend deux secondes, cela va bien nous
prendre deux secondes?
M. Maltais: On ajourne.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on suspend
deux secondes parce que, moi, je peux vous dire que la motion est acceptable,
rece-vable?
M. Maltais: Je ne vous conteste pas du tout, Mme la
Présidente, c'est parce que, normalement, quand quelqu'un
présente une motion, il en donne une copie aux membres de la
commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on va
suspendre nos travaux pour quelques secondes.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 31)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. M. le député d'Abitibi-Ouest, vous avez dix minutes
pour débattre votre motion.
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente. Aux membres de la
commission, au ministre, pourquoi ai-je fait la motion? C'est très
simple. Je l'ai expliqué tantôt: j'étais convaincu que le
ministre comprendrait le bien-fondé et la nécessité, non
pas de reporter induement nos responsabilités puisqu'on était
convoqués par le leader du gouvernement pour venir étudier
article par article le projet de loi 31, sauf que le ministre a
déposé les amendements il y a quelques minutes et lui-même,
dans les explications qu'il a fournies, convient qu'il s'agit, à tout le
moins, sans discourir longuement et inutilement, de 9 amendements sur un projet
de loi de 20 articles. Il a reconnu que dans les amendements, il y avait deux
amendements majeurs, très importants sur lesquels toutes les parties qui
sont venues lors des consultations particulières se sont
exprimées. Le premier, c'est le voeu de presque tous les intervenants
d'avoir un champ d'application exclusif pour les artisans avec cette
volonté de revenir à la notion première dans le secteur de
la construction, que les artisans ne soient pas confondus avec tout autre type
d'entrepreneur. C'est tellement vrai que les intervenants proposaient que, dans
le fonds, dans le secteur de la construction, il y ait deux notions: une notion
de salarié au sens que tout le monde connaît ou une notion
d'employeur. On emploie du monde, on travaille dans la construction ou on
travaille comme salarié. La pratique a voulu que la notion d'artisan
crée des difficultés d'application. C'est une des raisons - ce
n'est pas la seule - pour lesquelles il y a un certain volume trop important de
travail au noir, tout autant, suivant la définition du ministre ou des
parties concernées, que suivant l'autre définition plus
complète, celle de l'Opposition, que le travail au noir c'est toujours
deux volets: ce sont les gens qui exécutent des travaux non
conformément aux règles prescrites dans le secteur de la
construction et, également, l'autre règle qui dit que c'est un
certain nombre de volume de travail effectué par des gens qui a comme
conséquence que l'État ne perçoit pas les impôts
qu'il devrait percevoir sur ces sommes.
Si je fais la motion de suspension, conformément aux dispositions
de l'article 165, ce serait pour respecter un peu plus les parties
concernées et leur permettre de communiquer au ministre, aux membres de
la commission, à l'Opposition, une première réaction. J'ai
toujours la ferme conviction que, normalement, les parlementaires doivent
s'assurer que lorsqu'ils contribuent à l'avancement d'une
législation, cola doit être à tout le moins pour corriger,
pas nécessairement un problème social, ce qui est un plus pour la
société, cela m'apparaitrait donc fondamental que nous puissions
avoir une première réaction des parties concernées sur les
amendements proposés pour que, elles aussi aient l'occasion de nous
donner une indication du respect... Je ne porte pas de jugement quantitatif de
la valeur du respect consensuel. Il y a des parties qui peuvent dire: Les
amendements ne vont pas du tout dans le sens du consensus. D'autres parties
concernées peuvent nous indiquer qu'au contraire, le ministre a
très bien lu entre les lignes principales, principaux
éléments, pardon, qui nous ont été soumis lors du
consensus, lors des consultations particulières et y voir là,
effectivement, un consensus et souhaiter que nous puissions procéder
dans les meilleurs délais à l'adoption de ce projet de loi.
Si je le fais, Mme la Présidente, c'est surtout parce que, lors
de la consultation particulière, la très grande majorité
des groupes, pour ne pas dire l'unanimité moins un, parce que sauf le
mémoire des consommateurs, tous les autres groupes ont porté le
jugement que le projet de loi 31 dans la forme qu'ils l'ont connu, et là
je reconnais que la forme du projet de loi 31 est modifiée avec le
dépôt des amendements, ne leur permettait pas de juger que
nous
atteindrions les objectifs souhaités, à savoir
éliminer le travail au noir.. Quant à moi, plus que cela, c'est
qu'on a eu l'occasion de prendre connaissance des amendements rapidement et, en
prenant connaissance des amendements, j'ai encore, comme critique de
l'Opposition, de très sérieux doutes sur l'efficacité des
amendements proposés quant aux objectifs du projet de loi et quant au
consensus dégagé. Pourquoi, Mme la Présidente, fait-on des
consultations particulières si ce n'est pour, avant d'adopter le
principe du projet de loi, s'assurer que les groupes que nous avons
consultés conviennent que le projet de loi correspond non seulement dans
ses objectifs mais également dans sa forme, à ce qu'on veut
contrer? Aujourd'hui, le ministre dépose des amendements et, même
avec les amendements, je n'ai pas suffisamment eu de temps pour faire une
analyse comparée, exhaustive avec les éléments
proposés par les groupes consultés. Et si j'avais l'assurance,
Mme la Présidente, que les amendements proposés conviennent
exactement et complètement au consensus dégagé, bien, cela
ne ferait aucun doute, en aucune façon j'aurais proposé cette
motion de suspension quand même très courte dans le temps, parce
que 16 h 30, il reste une heure trente minutes avant 18 heures pour la conduite
de nos travaux et je demande un délai jusqu'à demain matin pour
permettre, comme je l'ai mentionné tantôt, une première
réaction. Il n'y a personne aujourd'hui qui n'est pas conscient, Mme la
Présidente, que nous ne disposons pas de moyen excessivement rapide
pour, d'une part, la transmission de ces amendements-là, le ministre a
dit que ce travail-là était déjà fait, et je lui en
suis reconnaissant. Je trouve cela correct qu'il ait transmis rapidement aux
parties les amendements proposés. Mais si on ne veut pas que ce soit
uniquement pour la frime, si on veut que cela ait un sens, il faut minimalement
permettre un retour de cette information. L'information, je n'ai jamais
compris, moi, que cela devait être véhiculé seulement dans
un sens. On ne peut pas véhiculer l'information seulement dans un sens.
Il a eu la sagesse de l'expédier aux parties concernées et du
moins que votre réaction, pour l'instant, je m'en fous, moi, je
procède. J'adopte parce que cela a une conséquence, Mme la
Présidente, nos travaux. Quand des parlementaires décident
d'adopter en commission les articles un à un et qu'on fait ici en
commission parlementaire l'adoption des articles un par un, il n'y a plus de
mécanisme de retour. Une fois que les articles seront adoptés,
non, pas véritablement par les parlementaires. Je sais bien en termes de
dépôt en Chambre mais traditionnellement, tout le monde sait, Mme
la Présidente, que ce n'est pas à l'étape de la
troisième lecture qu'on est en mesure de faire des amendements majeurs
et de transformer radicalement un projet de loi. Cela, le ministre du Travail a
assez d'expérience pour savoir que ce n'est pas à ce
moment-là. Donc, c'est pourquoi je souhaiterais avoir l'occasion d'avoir
un minimum de réactions premières. Je le répète,
c'est ma conclusion parce que j'ai eu l'occasion de le faire tantôt, en
ce qui concerne celui qui vous parte, il sait quel est le travail qu'il a
à faire et après douze ans de vie parlementaire, je suis en
mesure d'assumer mes responsabilités comme bon me semble. Mais
justement, dans le présent cas, comme bon me semble m'indique
qu'à tout le moins, j'aimerais être en mesure de travailler sur
les amendements proposés et sur l'étude article par article avec
au moins un premier éclairage, une première réaction. Et
je vous répète, j'en ferai ce que je voudrai, c'est ma
responsabilité. Je ne demande pas de reconvoquer les parties, je n'ai
jamais demandé cela. Je ne demande pas de faire revenir dix, douze ou
quinze groupes, au Québec, concernés par le secteur de la
construction. Tout ce que je demande, c'est que le ministre ait la
sagacité de convenir qu'il est opportun, requis et légitime
d'envisager un court arrêt de cette commission pour s'assurer que nous
puissions avoir un premier retour d'information. Si les parties ne donnent pas
suite à cette offre que je voudrais que le ministre me permette d'avoir,
soit, on procédera. Je ne demande pas... Ce n'est pas une mesure
dilatoire, c'est une mesure fonctionnelle; c'est une motion pour fonctionner
plus rapidement et mieux.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Aibiti-Ouest. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, vous
comprendrez les réserves que je peux avoir, comme ministre dans le
dossier, compte tenu des événements depuis le dépôt
du projet de loi. Comme c'était son droit, l'Opposition, relativement
à l'adoption du principe de la deuxième lecture, a proposé
une motion pour reporter de cinq mois l'étude du projet de loi. La
motion a été battue par l'Assemblée nationale du
Québec. Malgré un certain consensus, l'Opposition a, je ne dirais
pas voté, mais manifesté son désaccord quant au principe.
Elle a effectivement voté contre le principe du projet de loi 31. Je
n'anticipe pas le vote sur les modalités, mais j'ai rarement vu,
d'expérience de parlementaire, une formation politique voter contre le
principe et pour les modalités d'un projet de loi. Donc, on peut
anticiper que l'Opposition est également contre les modalités
mais elle est libre de changer d'idée.
Le nombre d'amendements que j'ai soumis cet après-midi semble
poser des difficultés à d'aucuns. J'attirerai votre attention,
Mme la Présidente, sur la longue étude que prend l'article 5 des
amendements que j'ai déposés cet après-midi, sur la longue
analyse et étude qu'on devra accorder à l'article 10 des
amendements que j'ai déposés cet après-midi, sur la longue
étude que l'on devra accorder, également, à l'article 12
des amendements que j'ai déposés cet après-midi, sur la
longue étude que nous devrons
accorder à l'amendement de l'article 14 que j'ai
déposé cet après-midi, sur la très longue
étude que nous devrons accorder à l'article 16.1 des amendements
que j'ai déposés cet après-midi et surtout, Mme la
Présidente, sur le dernier article qui touche la renumérotation.
Il s'agit, Mme la Présidente, vous en conviendrez, d'un ensemble
d'articles de concordance. Nous avons eu une discussion sur les deux articles
de fond principaux au début de nos travaux: la clarté des
questions de l'Opposition, la précision des questions, la pertinence des
questions m'indiquent que l'Opposition, en très peu de temps, a pu
saisir toute la portée de ces amendements. Je tiens pour acquis que les
parties concernées qui sont des spécialistes dans le domaine, qui
disposent de ressources, de conseils et d'avis d'experts, dans le domaine de
cette législation et de cette réglementation, sont
déjà en mesure de réagir. Je ne veux pas prêter
d'intention à l'Opposition mais, si on pouvait avoir une entente, un
consensus que je recherche dans le but d'assurer le meilleur fonctionnement
possible des travaux de cette commission, avec le maximum d'éclairage,
si le député d'Abitibi-Ouest, leader de l'Opposition, acceptait
de retirer sa motion, on pourrait possiblement en venir à une entente
sur la suspension immédiate de nos travaux de façon, si c'est
vraiment là l'intention du leader de l'Opposition, à lui donner
le temps, à l'heure du souper, de vérifier auprès des
parties impliquées quelles sont les premières réactions
aux amendements qui leur ont été communiqués et que l'on
reprenne, à compter de 20 heures, nos travaux mais, à l'article
1, cette fois-ci, du projet de loi.
Je fais cette suggestion, Mme la Présidente, dans le but
d'assurer le respect des droits des parlementaires, le bon fonctionnement des
travaux de la commission parlementaire, tout en favorisant le maximum
d'éclairage possible qui peut être requis dans les
circonstances.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a consentement à retirer la motion, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Moi, je préfère...
La Présidente (Mme Bélanger): Seulement
consentement, parce votre temps est écoulé.
M. Gendron: Oui, mais est-ce que je peux dire une phrase?
La Présidente (Mme Bélanger): Une petite
phrase.
M. Gendron: Alors, la phrase est la suivante, Mme la
Présidente. J'ai, avant de présenter la motion, souhaité
procéder sous forme consensuelle. La réponse a été
non. J'ai présenté une motion, tel que le règlement me le
permet et je préférerais plutôt qu'on la batte, la
motion.
Cela m'apparaîtrait beaucoup plus légitime qu'on batte la
motion et, n'ayant plus de motion de suspension conformément au
règlement, puisque le règlement permet n'importe quel temps, pour
un député, de reposer la question consensuelle -- oui, regardez
le règlement - je préférerais qu'effectivement, et je ne
dis pas que je ne souscris pas à la motion du ministre... Je trouve que
s'il la fait sérieusement, on va la faire suivant le règlement.
J'ai présenté un amendement suivant le règlement. Alors,
je ne retire pas cet amendement, je le crois fondamentalement. On le bat, c'est
réglé, il n'y en a plus sur la table. En conséquence, je
dis au ministre: Je suis prêt à regarder ton offre de suspension
pour revenir à 20 heures. Mais je ne peux pas retirer. Si vous me
demandez le consentement pour retirer la motion, non. Je l'ai faite suivant le
règlement. J'avais le droit de le faire et je l'ai faite parce que je le
croyais.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut dire
qu'il n'y a pas de consentement pour suspendre les travaux.
M. Gendron: Ce n'est pas cela que je vous ai dit. Je vous ai dit:
II n'y a pas de consentement pour retirer la motion. Quand la motion sera
battue, je sais que c'est ce qui va m'ar-river...
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Est-ce que
vous demandez un vote nominal?
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
Secrétaire, si vous voulez...
Le Secrétaire: Oui. Mme Bélanger.
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: M. Cannon.
M. Cannon: Je suis contre.
Le Secrétaire: M. Gendron.
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: M. Maltais.
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert.
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Cusano.
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre. Le Secrétaire:
Cinq contre et un pour.
La Présidente (Mme Bélanger): Cinq contre, un pour
et une abstention.
Le Secrétaire: C'est cela.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est donc
rejetée.
M. Gendron: Et, Mme la Présidente, je demande la parole.
Comme il n'y a plus de motion au sens du règlement parce qu'elle a
été battue et que le ministre du Travail m'offre de suspendre
pour 1 h 10 la conduite de nos travaux, parce que c'est ce que cela signifie
dans les faits, et revenir à 20 heures, c'est cela la proposition du
ministre, je dis que c'est mieux que rien. Par contre, je ne prétends
pas que cela fait bien sérieux quand on sait que la plupart des bureaux
des groupes concernés ferment à 17 heures. Je reconnais que j'ai
quand même des moyens de contacter les principaux intervenants que je
veux contacter. Je vais agréer à la suggestion du ministre tout
en reconnaissant, comme je viens de le dire, que ce n'est pas la plus belle
offre qu'on m'ait faite dans ma carrière politique, mais je n'ai pas
d'autre alternative puisqu'on a battu la motion sérieuse que j'avais
présentée. Mais cela, les parlementaires vivront avec. En
conséquence, j'accepte la suspension des travaux jusqu'à 20
heures.
La Présidente (Mme
Bélanger): Ce qui veut
dire qu'on suspend nos travaux, en ayant une entente qu'on commence à
l'article 1 à 20 heures.
M. Gendron: II n'y aura pas de motion, je sais ce qu'il veut
dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 20 h 49)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le ministre, si vous voulez prendre place.
La Commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 31,
Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle
et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction et la Loi
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre.
J'appelle l'amendement avant l'article 1, l'article 0.1. M. le
ministre.
M. Gendron: Mme la Présidente, je pense que je pourrais
dire quelque chose sans, en aucune façon, contrevenir aux engagements
qu'on a pris. A tout le moins, il me semble que ce serait légitime,
à partir du moment où on a battu une motion de suspension pour
prendre connaissance d'une première réaction et
qu'immédiatement après, le ministre m'a suggéré une
très courte suspension... J'exclus le petit problème qui vient
d'arriver, parce que si un de leurs collègues avait accepté que
je passe en premier, je serais déjà ici depuis vingt minutes.
Mais...
Cela dit, je veux revenir quand même sur l'heure de grâce
qu'il nous a donnée, c'est-à-dire de 16 h 50 à 18 heures -
je parie de nos travaux - pour vérifier un tant soit peu une
première réaction. Sincèrement, je pense que ce serait un
peu inconvenant de se lancer dans le début de nos travaux sans, à
tout le moins, donner cette indication. Ce que je veux donner comme indication,
c'est que les quelques contacts qu'on a faits donnent ceci. Les autres
étant fermés, je parle sur le plan officiel. Je ne veux pas dire
qu'on n'a pas eu d'échanges avec certaines personnes. Sur des
répondeurs automatiques - je parle des gens de l'autre côté
- ce serait peut-être intéressant d'entendre cela.
L'Association de la construction de Montréal et du Québec
trouve les amendements proposés épouvantables - je les prends au
texte - et demande, comme avant, le retrait du projet de loi.
Des représentants de la CSN, qui sont ici, on a eu l'occasion de
jaser un peu avec eux. Ils vont nous envoyer un télégramme, mais
on ne l'a pas reçu. Ils vont demander ce qu'ils avaient demandé:
le retrait. Il ne faudra pas se surprendre. Mais là, ce sont des gens
qui ne connaissent rien dans la construction.
Le conseil provincial, par télégramme qu'on va avoir,
demande le retrait. Ces gens non plus, ils n'ont aucune idée de ce
qu'est la construction. Cela fait seulement 20 ou 25 ans qu'ils sont
là-dedans. En plus, ce sont des amis du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, Mme la Présidente, je
vais soulever une question de règlement. Il y avait une entente, comme
l'indiquait le député d'Abitibi-Ouest, à l'effet que
l'article 1 serait appelé. J'avais compris que le député
souhaitait contacter certaines parties de façon, non pas à suivre
exactement ce que les parties lui disaient, mais à s'éclairer. Et
que cet éclairage était pour lui fournir des
éléments de réflexion au moment de la discussion sur
chacun des articles, de façon à les bonifier ou à voter
pour ou à voter contre. Voilà ce que j'avais compris de l'entente
qui était intervenue.
M. Gendron: Mme la Présidente, je suis
encore là-dessus. Je pense que le ministre n'a pas très
mal compris. C'était beaucoup plus pendant... si, encore là, il
finissait sa phrase, s'assurer qu'au retour, si on acceptait son offre, qu'on
débute à l'article 1 sans présenter de demande de
consultation particulière, comme cela s'est toujours fait au cours de
l'étude détaillée. Vous relirez les nombreuses
commissions. Sur le projet de loi...
Un instant, je veux vous dire, Mme la Présidente, qu'à
partir du moment où on n'exigerait pas de consultation
particulière, il a raison que j'indiquais par là qu'on
débuterait par l'article 1. Il a raison. Du projet de loi
détaillé, qu'on débutait par cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'était
très clair. On commençait à l'article 1 pour que vous ayez
le temps de faire les consultations dans le but de vous fournir de
l'argumentation, de l'éclairage pour vous aider à discuter chacun
des articles. Qu'on procède, Mme la Présidente, il s'agissait
d'une entente prise de bonne foi.
M. Gendron: II ne me restait que deux cas à citer pour
dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous les citerez à mesure
dans l'analyse des articles.
La Présidente (Mme Bélanger): Effectivement, M. le
député d'Abitibi-Ouest, je pense que c'est marqué dans les
notes du secrétaire que sur proposition du ministre, il est convenu de
suspendre les travaux jusqu'à 20 heures alors que la commission
procédera à l'étude du premier article du projet de loi.
Alors, je pense que... J'ai appelé le premier article du projet de loi
et si vous voulez faire des commentaires sur les discussions lors du souper,
vous pourrez faire vos commentaires en procédant à l'étude
de l'article. Alors, j'ai appelé l'article 0.1. M. le ministre, est-ce
que vous avez des commentaires?
Étude détaillée
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'article 0.1 se lit comme suit: "0.1 L'article 1 de la Loi sur les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction est modifié: 1° par l'insertion,
après le paragraphe k, du suivant: "k.1) "entrepreneur
spécialisé": un entrepreneur au sens de la Loi sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs de construction qui peut faire
exécuter des travaux de construction par des salariés mais qui
exécute lui-même, pour autrui et sans l'aide de salariés
des travaux de construction au sens de la présente loi;"; 2° par la
suppression du paragraphe u".
Vous aurez compris, Mme la Présidente, que sur le plan des
définitions, on insère et on définit désormais ce
qu'est l'entrepreneur spécialisé. Il n'y avait pas de
définition d'entrepreneur spécialisé auparavant dans la
loi. En supprimant le paragraphe u, vous abolissez la définition ou la
notion d'artisan dans la loi. C'est le sens de l'amendement qui est
proposé par l'article 0.1.
La Présidente (Mme Bélanger): M le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Mme la Présidente, la première
question, c'est un peu ce que j'avais soulevé lors du dépôt
des amendements. Est-ce que le ministre du Travail peut confirmer ceci?
À partir du moment où il introduit une nouvelle notion
d'entrepreneur spécialisé, même si c'est au sens de la
régie, il nous a donné cette explication-là et on a
même eu le texte cet avant-midi, alors, je voudrais quand même -
parce que nous l'avons - revenir à la notion d'entrepreneur
spécialisé telle que définie dans le règlement de
la Régie des entreprises de construction du Québec, à
savoir que c'est un entrepreneur dont l'activité principale consiste
à exécuter et à faire exécuter des travaux de
construction requérant des connaissances particulières dans une
ou plusieurs spécialités. Il traite principalement avec
l'entrepreneur général ou directement avec le client.
Est-ce à dire que l'entrepreneur spécialisé peut -
une journée, une semaine - décider qu'il est davantage
entrepreneur dans le sens qu'il fait exécuter des travaux, à
partir du moment où lui-même a engagé une série de
salariés - au sens de la notion de salarié dans le secteur de la
construction - et que des gens qui ne seraient pas familiers avec cela
diraient: II est plus entrepreneur, cette semaine, qu'entrepreneur
spécialisé au sens où il exécute
lui-même?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je pense que vous ne pouvez
pas le libeller de cette façon. Si vous me demandez si son statut peut
être différent d'une période de l'année à
l'autre... Est-ce que pendant une certaine période il peut être
qualifié d'entrepreneur spécialisé ou répondre
à cette définition? Est-ce que pendant une autre période
de l'année, il peut, au sens de la loi sur les entreprises de
construction, et est-ce qu'à une autre période, il peut
être un entrepreneur spécialisé au sens de l'amendement
proposé? La réponse est oui, mais pas en même temps.
À partir du moment où il a des salariés à son
emploi, il peut fonctionner sur les chantiers de construction. Quand il n'a pas
de salarié à son emploi, en aucun moment, il ne peut fonctionner
dans la construction. Il ne peut fonctionner que dans la rénovation,
réparation, entretien et modification.
M. Gendron: Ce que le ministre vient de répondre, c'est
que l'entrepreneur spécialisé obtient le même statut que
celui qui vous parle et qui voudrait faire de la peinture dans votre
cuisine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La peinture dans ma cuisine peut
être faite par une personne qui n'est pas un entrepreneur
spécialisé.
M. Gendron: Je ne veux pas que vous finassiez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne finasse pas. Elle peut
être faite, vu que c'est exclu du décret de la construction, par
votre attaché politique.
M. Gendron: Ce que les gens doivent comprendre, c'est que je peux
à la fois être - pour prendre un exemple concret, Mme la
Présidente - supposons, un entrepreneur spécialisé,
toujours au sens de la régie avec les règles qu'on m'impose. Je
pourrais être pendant trois semaines un entrepreneur
spécialisé. Comme entrepreneur spécialisé, j'engage
les répondeurs automatiques de l'autre côté et ce sont mes
salariés pour travailler dans la construction pour un certain totnps.
J'ai le droit de faire cela.
Le ministre me répond: J'ai le droit de faire cela mais deux
semaines après...
M. Cannon: Question de règlement, s'il vous plaît,
Mme la Présidente!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: On assiste au débat, nous sommes des
députés élus de la même façon que le
député en face de moi. Me faire traiter de répondeur
automatique, je m'excuse infiniment... Je ne lui demanderai pas au
député de retirer ses paroles, mais je lui demanderai au moins le
respect que nous, au moment où nous étions à l'Opposition,
lui accordions alors qu'il était ministre.
M. Gendron: Mme la Présidente, pour ce qui est du
député de La Peltrie, il ne pouvait pas m'accorder grand respect
quand j'étais ministre, il n'était pas à
l'Assemblée nationale, il n'était même pas
député. (21 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre! Un
instant!
M. Cannon: Je pense qu'il y a d'autres collègues ici
autour de la table qui sont capables de le dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Gendron: C'est ce que vous avez dit.
M. Cannon: Comme mon collègue le dit: On ne se rendra pas
jusqu'à minuit si vous continuez à insulter les gens.
M. Gendron: C'est ce que le monde souhaite.
M. Cannon: Je pense que vous ne défendez pas
l'intérêt des gens que vous voulez représenter en insultant
les gens qui sont en face de vous, M. le député.
M. Gendron: M. le député de La Peltrie, c'est ce
que le monde souhaite qu'on ne se rende pas à minuit là-dessus
parce que tout le monde demande le retrait. Alors, cela me fait plaisir. Si
vous voulez arrêter cela tout de suite, je suis d'accord. Au moins, vous
allez respecter les citoyens concernés par ce projet de loi.
M. Cannon: Tout ce que je vous demande, c'est d'arrêter
d'insulter les gens.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député...
M. Gendron: Je n'ai pas insulté les gens, j'ai
donné un exemple.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député...
M. Gendron: Si cela vous a insulté, ce n'est pas mon
problème.
M. Maltais: Pour un ancien ministre de l'Éducation, il
faudrait quand même que vous changiez de ton.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député, je vous demanderais de revenir à la pertinence du
débat.
M. Maltais: Si vous voulez jouer ce jeu-là, M. le
député d'Abitibi-Ouest, on va le jouer. Seulement, ce n'est pas
à votre avantage.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît.
M. Maltais: Cela ne me fait rien, mais je vous avertis. Un homme
averti en vaut deux.
M. Gendron: Bon.
M. Maltais: Point, Mme la Présidente, et on continue.
M. Gendron: On vient d'être deux, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron: Mon collègue vient de se
joindre à moi. On est rendu deux. Notre formation va être
ici...
La Présidente (Mme Bélanger): ...je vous
demanderais, s'il vous plaît, de revenir à la pertinence du
débat et de ne pas traiter les députés d'en face de
répondeur automatique, si c'est possible.
M. Gendron: Promis, sincèrement. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Gendron: Alors, M. le ministre, je reviens à ma
question. Je pourrais, comme vous l'avez dit sérieusement, être un
entrepreneur spécialisé et avoir le droit d'engager des
salariés et, pendant un certain temps, effectuer de la construction sous
cette forme, sous la forme d'entrepreneur spécialisé. Quelques
semaines ou quelques mois après, sans perdre mes permis, j'aurais le
droit, selon votre définition, de travailler dans le secteur de la
construction non assujetti au décret de la construction, donc
rénovation, entretien, modification et peinture. J'aurais le droit,
à ce moment, d'effectuer ce genre de travaux pour le temps qu'il me
plairait aux conditions qu'on fixerait entre le concerné et celui qui
vous parle, si j'ai une bonne compréhension de ce que signifie
"entrepreneur spécialisé".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand vous traitez des travaux qui
sont exclus du champ d'application du décret de la construction, ils
peuvent être accomplis par toute personne. Je ne comprends pas pourquoi
vous amenez cette notion d'entrepreneur spécialisé. Je vous ai
donné l'exemple peut-être le plus parfait. Il pourrait être
effectué par votre attaché politique, parce que ce n'est pas
régi dans le décret de la construction, et la loi ne vous
crée aucune obligation, sauf s'il s'agit de travaux
d'électricité, de plomberie et de charpente.
M. Gendron: Mais, admettez-vous que votre notion d'entrepreneur
spécialisé, pour une partie, par rapport à l'esprit de la
loi, de ce que devait faire l'artisan actuellement, c'est exactement la
même notion? Non, mais comprenez-moi, et pour une partie. Si l'artisan
faisait ce qui était prévu... Un instant! S'il faisait ce qui
était prévu dans la loi, à savoir qu'autant que possible,
l'artisan fait des travaux, pas pour son propre compte, mais sans engager
personne. C'est lui-même qui exécute des travaux dans le secteur
de la construction. Est ce que l'artisan, actuellement, peut exécuter
lui-même des travaux de construction?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de vous
répondre, possiblement en tentant de vous résumer en capsules qui
est l'artisan présentement, au moment où nous nous parlons, quel
est son champ de juridiction ou son champ d'activité et de quelle
façon cela se passe lorsque cela se passe légalement, parce que
ce n'est pas toujours le cas, nous en conviendrons, à la suite des
témoignages entendus. D'un autre côté, je vais vous
définir ce qu'est l'entrepreneur spécialisé, tel que nous
le préconisons dans l'amendement soumis, quel est son champ de
juridiction ou son champ d'activité ou quel sera son champ
d'activité et les moyens de contrôle que nous entendons prendre
également pour s'assurer qu'il oeuvre dans ce champ
d'activité.
Présentement, en vertu de la loi et de la réglementation
telle qu'elle existe, bien que cela ne soit pas toujours le cas, l'artisan doit
travailler seul et ne peut engager des salariés. Il doit détenir
une licence qui est moins exigeante que la licence que nous prévoyons.
Il doit déposer un cautionnement de 2000 $ et il doit subir un examen de
qualification dans son métier ou dans le métier qu'il souhaite
exercer. L'entrepreneur spécialisé peut travailler seul, il peut
engager des salariés, comme vous l'avez mentionné, mais pas en
même temps. Il doit choisir quel chapeau il porte au moment où il
effectue des travaux. Il a une licence à obtenir de la Régie des
entreprises de construction du Québec qui est plus exigeante. Son
cautionnement est de 5000 $, ou sera de 5000 $ en vertu de la
réglementation, il doit passer des examens d'administration, etc.
Les champs de juridiction, au moment où nous nous parlons, le
champ de juridiction de l'artisan, tel que connu si la loi est
respectée: tous les travaux de construction et toute personne, personne
seule, entrepreneur, employeur, professionnel. Le champ de juridiction de
l'entrepreneur spécialisé: entretien, réparation,
rénovation et modification dans tous les secteurs, sauf en ce qui
concerne l'opérateur de machineries lourdes, qui connait l'exception des
travaux de construction.
Les moyens de contrôle de l'artisan, présentement,
lorsqu'il travaille dans le secteur commmercial ou industriel, il est
censé afficher son contrat, à la porte, sur le mur, ou ailleurs.
Les moyens de contrôle sur l'entrepreneur spécialisé: on
maintien l'affichage du contrat, mais on ajoute des éléments
d'application pratique qui rendent la vérification beaucoup plus facile
et beaucoup plus certaine pour les intervenants. Il ne peut être
engagé par un employeur professionnel. C'est déjà quelque
chose de draconien quant au changement. Il ne peut travailler avec un autre
entrepreneur spécialisé dans sa sous-catégorie.
Maintenant, un troisième élément, quant aux
avantages sociaux, présentement l'artisan peut participer aux avantages
sociaux, parce qu'il est considéré dans certains cas comme tel,
en ce qui concerne l'entrepreneur spécialisé, bien, en aucun cas,
il ne peut participer aux avantages sociaux de la Commission de la construction
du Québec. Essentiellement, cela vous indique les différences
qui, à première vue, peuvent apparaître entre
l'artisan que nous abolissons et l'entrepreneur spécialisé qui se
voit confiné à un champ d'activité très
limité et beaucoup plus facile à surveiller.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, je suis content des commentaires du ministre
dans le sens de clarifier l'affaire, mais je vais essayer de poser une
question, encore là, très courte. Est-ce qu'il y aurait trois
possibilités pour un entrepreneur spécialisé: la
première, il agit commme employeur professionnel, donc avec des
employés dans tout le champ du décret; deuxièmement, comme
entrepreneur spécialisé, mais sans employé, parce que vous
le dites à un moment donné, il peut travailler tout seul, il peut
exécuter lui-même, donc il travaille sans employé, dans le
décret de la construction, c'est-à-dire assujetti au
décret de la construction dans le secteur de la rénovation,
modification, entretien, réparation? Mais il peut travailler
également dans le secteur commercial et résidentiel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, rénovation, pas dans
la construction; l'élément qui était visé par les
témoignages que nous avons obtenus devant la commission parlementaire
était de s'assurer que nous sortions les chaudrons, si je puis utiliser
une expression qui a été véhiculée, des chantiers
de construction, et l'entrepreneur spécialisé ne peut pas, sauf
à titre d'employeur, oeuvrer dans les constructions domiciliaire,
commerciale ou industrielle.
M. Gendron: Et, pour ne pas perdre le fil, parce que là on
était rendu au deuxième, et on vient de se comprendre, vous avez
donné une explication. Le deuxième sens de donné à
entrepreneur spécialisé sans employé. Vous venez
d'indiquer qu'il peut travailer. On avait dit en premier "employeur
professionnel", donc avec employés dans tout le champ du décret,
et est-ce qu'il n'y a pas une troisième hypothèse, l'entrepreneur
spécialisé peut travailler comme salarié, d'un employeur
spécialisé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Gendron: Ou d'un employeur professionnel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Gendron: II ne peut pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Gendron: Alors un instant, je veux bien qu'on se comprenne.
Alors moi, je suis entrepreneur spécialisé, je suis
qualifié, j'ai obtenu toutes mes affaires, en vertu de la régie
et tout cela, je ne peux pas travailler comme salarié pour un employeur
professionnel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et c'est justement cette
interdiction qui fait en sorte que vous ne retrouverez pas sur le gros chantier
de construction une multitude d'entrepreneurs spécialisés, qui
remplaceraient les entrepreneurs spécialisés qu'on y retrouve
actuellement, ou les artisans qu'on y retrouve actuellement. Et nous
prétendons répondre en ce faisant à une demande importante
de la part et des associations patronales et des associations syndicales.
M. Gendron: Et comment je fais pour m'assurer? À quel
endroit, M. le ministre, je peux prendre connaissance par une lecture de
l'interdiction de ce que vous venez de dire dans le projet de loi
proposé ou dans ses amendements à savoir que, comme
salarié, un entrepreneur spécialisé ne peut pas travailler
pour un employeur professionnel?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Retourner au paragraphe sur lequel
nous avions entrepris d'assez longues discussions au tout début de la
commission parlementaire, à la page 2. Si vous voulez fonctionner par
page, des amendements que je vous ai produits, le 4e paragraphe, dont vous
m'avez fait lecture au tout début de la commission parlementaire qui se
lit comme suit: "Une personne autre qu'un employeur professionnel ne peut
retenir les services d'un entrepreneur spécialisé qui n'est pas
compris dans les sous-catégories "entrepreneur de machineries lourdes"
ou "entrepreneur en excavation et terrassement" au sens du règlement,
que pour l'exécution de travaux d'entretien, de réparation, de
rénovation ou de modification."
Donc, il ne peut pas l'engager pour des travaux de construction.
M. Gendron: Même s'il agit comme salarié.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais là, il faut qu'il
fasse un choix comme les parties ont réclamé devant cette
commission. Ce que les parties ont réclamé devant cette
commission, si ma compréhension était bonne, c'est que l'on veut
retrouver sur les chantiers de construction au Québec ou des employeurs
ou des employés. Et là, s'il renonce à être un
employeur, qu'il se qualifie comme salarié, qu'il devient
syndiqué à une des centrales syndicales, il travaille comme un
salarié mais il doit... À ce moment-là, il a sa carte de
compétence et il est syndiqué; vous ne retrouverez sur les
chantiers de construction que des employeurs et des employés. Cela, dans
les chantiers de construction, j'ai bien indiqué, ce qui n'inclut pas la
rénovation, réparation, modification, etc.
M. Gendron: C'est-à-dire l'inverse selon
vous, mais ce n'est pas grave. Il va être sûr...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'inverse, cela aboutit aux
mêmes résultats.
M. Qendron: Oui, exact.
Dans les amendements, c'est à quel endroit que le concerné
doit faire le choix, parce que vous nous avez répondu à
l'avant-derniere question, avant cet arrêt, que lé salarié
ne pourra pas travailler pour un entrepreneur, comme salarié d'un
employeur spécialisé, c'est-à-dire un...
M. Paradis (Matapédia): Recommencez-moi cela, si vous
permettez. À quel endroit...
M. Qendron: À quel endroit, dans le projet de loi, la
disposition qui empêche quelqu'un de vouloir travailler comme
salarié même s'il a obtenu le statut d'entrepreneur
spécialisé, parce que vous avez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le tome de l'économie
générale du décret de la construction où, pour
être un salarié, il faut détenir une carte de
compétence, enregistrer ses heures à l'OCQ, il y a des moyens de
contrôle, être syndiqué, etc.. On retrouve dans
l'économie générale...
M. Gendron: Cela va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas empêcher un
individu d'être un salarié dans l'association...
M. Gendron: C'est ce que je croyais que vous me
répondriez. Donc, il y a une carte de compétence puisque
l'entrepreneur spécialisé peut exécuter lui-même les
travaux. Par définition, il doit avoir une carte de
compétence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Vous dites On retombe dans l'économie
générale du projet de loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Ce que je conçois. Pour, selon vous, avoir le
droit de travailler dans la construction, il s'agit d'avoir une chose: as-tu la
carte de compétence requise?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est plus complexe que cela.
Il faut... Vous avez des obligations d'être enregistré, les listes
de paye, avoir un employeur, être syndiqué - c'est une obligation
qui est dans la loi - à une des centrales syndicales.
M. Gendron: Oui, mais admettez-vous que cela peut se faire - je
ne sais pas - deux semaines après que, même si j'ai le statut
d'entrepreneur spécialisé, je décide d'obtenir mon statut
de salarié, parce que je veux savoir s'il y a une disposition, vous
m'avez répondu non, ce ne sera pas possible, il ne pourra pas travailler
pour un entrepreneur spécialisé comme salarié, parce qu'on
retombe dans l'économie générale du projet de loi... (21 h
15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne peut pas travailler pour un
entrepreneur général comme entrepreneur spécialisé.
Le cas que vous avez, les cas qui sont dénoncés
présentement ou qui ont été le plus dénoncés
devant cette commission, c'est l'entrepreneur général qui engage
une série d'entrepreneurs spécialisés ou d'artisans qui
enlèvent les emplois des travaux et employés de la construction.
C'est le cas dénoncé. En interdisant à l'entrepreneur
général d'engager un entrepreneur spécialisé pour
faire effectuer ces travaux-là sur les chantiers de construction, vous
répondez à cette demande qui nous a été
adressée, mais il n'y a rien qui empêche un individu de vouloir un
jour devenir un salarié dans le domaine de la construction, à
condition de suivre l'économie et les prescriptions de la loi telle
qu'elle s'applique présentement.
M. Gendron: J'estime...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que pour avoir une
réponse très complète, le mouvement est possible dans
l'autre sens aussi. Le salarié peut choisir, à un moment
donné, de devenir un entrepreneur spécialisé, mais en
suivant les règles et les normes qui s'appliqueront aux entrepreneurs
spécialisés.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Dans le fond, M. le ministre, ce que l'on cherche,
c'est de voir s'il y a une disposition qui ne permettrait pas dans ce projet de
loi de faire ce qui est arrivé avec les artisans, mais la question
suivante est: Est-ce qu'il y a une disposition dans le projet de loi ou dans
les amendements que vous avez déposés qui interdirait à
quelqu'un qui a obtenu le statut d'entrepreneur spécialisé
d'envisager éventuellement de travailler avec le statut de
salarié, puisqu'il a ses cartes de compétence, auprès d'un
entrepreneur professionnel? Je n'ai pas vu ça dans le projet de loi ni
dans les amendements. Vous nous dites: II ne peut pas faire cela. Où
est-ce écrit? Dans quel article? Quelle disposition nous donne cette
garantie qu'il ne se passera pas exactement ce qui s'est passé avec les
artisans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le problème avec les
artisans, c'est que l'employeur engageait un artisan à la place d'un
salarié pour faire effectuer des travaux sur les chantiers de
construction. C'est là le problème. Maintenant, il n'y a
pas d'objection à ce que quelqu'un qui a déjà
été un entrepreneur devienne un salarié, à
condition qu'il soit soumis aux mêmes conditions que l'ensemble des
salariés. À ce moment, c'est un travailleur de la construction
qui se doit d'être syndiqué, d'être compétent, de
payer ses avantages sociaux, etc., et cela fait un membre de plus pour les
centrales syndicales.
M. Gendron: II peut être salarié le temps qu'il
garde, parce que vous parlez des conditions, son statut d'entrepreneur
spécialisé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II pourrait, sans perdre son
statut d'entrepreneur spécialisé, devenir salarié, mais il
ne pourrait pas oeuvrer sur le chantier de construction... Je pense que la
réponse est importante, M. le député d'Abitibi-Ouest, sur
le plan technique.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne pourrait pas travailler sur
un chantier de construction sans répondre à tous les
critères d'un employé de la construction.
On manque peut-être d'explication. Des fois, on comprend mieux
à l'aide d'exemple. Prenez la région chez vous. Vous auriez un
entrepreneur spécialisé en électricité qui, bon an,
mal an, travaille seul, fait des travaux de réparation, d'entretien,
etc., il n'a plus le droit de faire des constructions. Il y a un chantier
important dans votre région qui arrive et il décide pour la
période du chantier important, de devenir un salarié et il
réussit à remplir tous les critères et les exigences de
salarié. Pendant cette période, il sera un salarié de la
construction. Mais sur le chantier de construction, vous ne retrouverez que
deux types d'individu: les employeurs et les employés. Il s'agissait
d'une demande très claire que nous avons entendue devant cette
commission. Je pense que l'Opposition sera d'accord avec cela, on ne peut pas
défendre à quelqu'un pendant sa vie de changer d'orientation. Je
ne peux pas interdire à un salarié d'aspirer à devenir un
entrepreneur et je ne peux pas interdire à un entrepreneur d'aspirer
à devenir salarié non plus sans...
M. Gendron: Voici un des problèmes dans la construction,
M. le ministre. La question va être simple. Est-ce que vous admettez que
votre projet de loi permet que dans une semaine, toujours pour faire une
application personnelle, avec toutes les règles, je puisse faire trois
jours comme salarié et payer les contributions - ou de trente heures et
ainsi de suite - et faire deux jours où je n'ai pas de contributions
à payer. Je les fais comme entrepreneur spécialisé. C'est
ce qui avait eu comme conséquence de vider la caisse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on indique, c'est que dans
la même semaine, le système administratif n'est pas assez rapide
pour répondre aux trois exigences de votre...
M. Gendron: Mettez-le mensuel. Attention M. le ministre, votre
réponse m'indique drôlement qu'on est sur la bonne piste. Vous
dites: C'est seulement parce que c'est trop vite dans la même semaine,
qu'on a des problèmes. Mais dès que je vous donne plus de temps,
c'est faisable. Cela signifie que le problème que je pose est
réel. Si vous me dites que c'est impossible parce que la machine n'est
pas capable de permettre cela dans une semaine, vous venez de me dire par
là qu'il suffit de donner du temps et cela fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui vous inquétait,
c'était la notion de la caisse des avantages sociaux, si je peux
utiliser...
M. Gendron: Oui. Parce qu'il y a eu des problèmes avec
cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'entrepreneur
spécialisé est sorti complètement de la liste des
avantages sociaux. Deuxièmement, dans le cas de l'artisan, une des
grandes difficultés de contrôle qui faisait en sorte que les gens
payaient peu et retiraient beaucoup, découlait du fait qu'ils
étaient très difficiles à contrôler, n'étant
pas sur la liste de paye et les heures n'étant pas rapportées
à la Commission de la construction du Québec.
M. Gendron: Mais le passage de salarié -
c'est-à-dire la notion de salarié, entrepreneur
spécilisé - vient indépendamment du délai. Est-ce
que cela peut se faire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La possibilité pour un
individu de débuter dans l'industrie de la construction comme un
salarié et de devenir un entrepreneur spécialisé existe,
tout comme la possibilité en sens inverse existe également.
Pour répondre peut-être un peu plus
précisément à votre inquiétude, d'ici là,
pendant une période, pour le statut de salarié, quant aux
bénéfices, il ne peut retirer plus que sa quote-part à
partir de ce moment-là, donc moins longtemps pendant sa vie il est
salarié, moins de bénéfices il retire.
M. Gendron: Vous m'avez répondu: Je ne peux pas
empêcher, non pas un coeur d'aimer, mais les choix de carrière.
Mais c'est quasiment cela. Sauf que - soyons sérieux - sur une base
annuelle, la réponse que j'ai eue au questionnement que je vous ai fait
m'amène à conclure que, oui, il pourra faire le transfert de
salarié à entrepreneur spécialisé en respectant
toutes les conditions. Je ne veux pas de privilège; vous me
répondez que c'est possible. Il a sa carte de compétence et ainsi
de suite...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi. Le salarié qui
veut passer du statut de salarié à un statut d'entrepreneur
spécialisé doit aller à la Régie des entreprises de
construction du Québec et subir des examens qu'il n'a pas subis comme
salarié, pour ne citer qu'un exemple: examen d'administration. Une fois
qu'il aura tout fait les examens de tous les domaines...
M. Gendron: Une fois qu'il est entrepreneur
spécialisé et qu'il peut aller travailler comme salarié,
il n'y a plus d'autre examen. Quel autre examen voulez-vous qu'il passe?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je vous donnais l'exemple en
sens inverse. Le salarié qui voulait devenir entrepreneur
spécialisé, lui, devait passer...
M. Gendron: Je comprends bien, il y a des examens...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...l'examen de la Régie des
entreprises de construction du Québec. En sens inverse, les examens de
sécurité, est-ce qu'il les a, l'entrepreneur
spécialisé?
Une voix: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il a les examens. Il a
passé ses examens. Cela ne pose pas de problème. Lorsqu'il se
retrouve sur le chantier de construction, et je pense que c'est cela qui est
important, il se retrouve là soit comme employeur, soit comme
employé. Il ne peut pas se retrouver là comme entrepreneur
spécialisé sauf les exceptions spécifiquement
prévues à la loi.
M. Gendron: Quel est le minimum d'heures qu'un employé qui
contribue à des bénéfices du régime de la
construction doit déclarer mensuellement pour aller chercher le maximum
sur une base annuelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est en fonction de sa
contribution. Il n'y a pas de miminum, à ce qu'on m'indique, mais ses
bénéfices qu'il peut en retirer sont directement reliés
à sa contribution. Je vois là, vous voulez obtenir les garanties
que... Le phénomène que l'on connaît actuellement...
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...où un artisan...
M. Gendron: A vidé la caisse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...contribue peu, d'accord,
l'exemple qu'on a mentionné, et qu'il retire beaucoup.
M. Gendron: On veut avoir la garantie qu'il ne se passera pas la
même chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le problème serait
réglé par le fait que dans le système actuel, l'artisan
devait déclarer un minimum d'heures pour retirer le maximum de
bénéfices, alors que dans le système actuel, le
salarié retire en proportion de ce qu'il a contribué.
M. Gendron: À quel endroit est l'article?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va le trouver.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La façon dont nous
plaçons tout le monde sur le même pied et enlevons l'avantage que
l'artisan avait, non seulement par l'abolition de l'artisan mais
également par l'abolition en ce qui concerne la Loi sur les relations du
travail dans la construction, l'article 92, alinéa 4: prévoit un
régime spécial de participation de l'artisan et de
modalité de participation de l'artisan dans les régimes
complémentaires d'avantages sociaux... Je peux vous en faire lecture si
vous le souhaitez.
M. Gendron: Non, cela va. Si on lit la même chose:
L'artisan peut participer et contribuer au régime complémentaire
d'avantages sociaux pour un maximum de 40 heures de travail par semaine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, l'artisan avait un
régime spécial à l'intérieur du système
d'avantages sociaux. L'artisan disparaissant, ce régime spécial
disparaît et tous les salariés tombent sur un pied
d'égalité.
M. Gendron: Oui, mais ici, dans le fond, ce que vous nous dites,
ce ne sont pas tellement les artisans qui ne déclaraient pas leurs
heures, comme la loi qui permettait de vider la caisse. (21 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais l'artisan, en
enregistrant un maximum de 40 heures, obtenait le maximum des
bénéfices alors que, si je peux utiliser l'expression, son
compétiteur, le salarié ordinaire pourra travailler 50, 60 heures
pour le même bénéfice. C'est de cette
façon-là que la caisse se vidait au profit de l'artisan. Cette
disposition-là, autrement dit, avantageait l'artisan dans la caisse des
avantages sociaux, et elle disparaît. Vous n'avez plus d'artisan.
Est-ce que je peux vous donner l'interaction législative?
M. Gendron: Oui, parce qu'on cherche dans le projet de loi 31 et
on n'est pas capable de le trouver.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Vous retrouvez
l'interaction législative dans l'amendement de l'article 12 des
amendements que nous avons déposés aujourd'hui et qui se lit
comme suit: Remplacer les paragraphes 2° à 4° par le suivant:
2° par la suppression du paragraphe 4°. Vous retournez à
l'article 12 du projet de loi 31. On remplace 2° à 4° de
l'article 12 par le suivant: Par la suppression du paragraphe 4°, qui
réfère à l'article 92.4. C'est cela qui
disparaît.
Donc, je pense qu'il s'agissait là d'une demande raisonnable, de
façon que l'ensemble des salariés soit traité
équitablement et qu'il n'y ait pas quelqu'un qui puisse tirer des
avantages plus importants que d'autres, avec un statut spécial.
C'était le cas avec les artisans. Il s'agissait d'une demande
légitime.
M. Gendron: Je pense que l'objectif qu'on va viser à
partir du moment où vous décidez de procéder, même
si on n'a pas eu les informations qu'on souhaitait avoir des concernés,
on a une compréhension du projet de loi. Une des compréhensions
qu'on voulait avoir, c'est de s'assurer qu'effectivement, puisque cela a
été une notion longuement traitée dans tous les
mémoires, l'Opposition voulait s'assurer qu'il y ait au moins un article
quelque part où le ministre va refléter les objets de consensus.
D'ailleurs, je reviendrai à l'article 4, parce qu'il me semble qu'avec
l'insertion après le paragraphe k du k.1), vous répondez à
une bonne partie des objections qui ont été
évoquées lors des consultations particulières. On aura
l'occasion de parler d'une disposition où il m'apparaît que vous
donnez une extension trop forte à cela. On reviendra, dans le coeur du
projet de loi, à l'article 4.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il avait été du
souhait du gouvernement ou du ministre de répondre complètement
à certaines demandes, je ne dirais pas à l'ensemble des demandes,
l'entrepreneur spécialisé aurait également disparu. Mais,
c'est une réalité qui existe au Québec. Ce que nous avons
tenté de faire, c'est de répondre à la demande des parties
de la façon suivante: De s'assurer que sur les chantiers de
construction, il n'y ait que des employeurs et des employés. Je pense
que c'était la le coeur du message qui nous a été
communiqué, mais il existe une réalité bien connue. Vous
avez dans votre comté, j'ai dans mon comté et il se retrouve dans
tous les comtés du Québec des gens à qui on ménage
une place dans l'entretien, la réparation et la rénovation et qui
ne pourront pas oeuvrer dans la construction, mais qui ont un rôle
à jouer dans la société et qui répondent à
des besoins.
M. Gendron: Vous admettrez que ceux qui sont venus nous dire
cela, M. le ministre, voulaient le maintien d'entrepreneur
spécialisé, mais ils n'arrêtaient pas leurs phrases. Ils
disaient: Pour la question d'entrepreneur de machineries lourdes ou
entrepreneur en excavation ou terrassement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais ils le limitaient, la
demande le limitait strictement aux deux éléments que vous venez
de mentionner.
M. Gendron: C'est ce que je dis, cela, c'était le
concensus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, et on ne prétend pas
répondre complètement parce que...
M. Gendron: Cela veut dire qu'on a la même
compréhension...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...la balance des avantages et
inconvénients fait en sorte qu'on a l'impression de clarifier la
situation sur les gros chantiers de construction, de la rendre applicable tout
en maintenant sur le plan des interventions qui peuvent être faites... si
le dépanneur, dans votre municipalité, veut changer sa
boîte d'électricité du 110 au 220, nous ne croyons pas
qu'il doive passer par un entrepreneur général qui se doit
d'aller là avec un employé. C'est le raisonnement que le
gouvernement fait et nous savons que ce raisonnement sera contesté par
certaines parties, mais si nous tentons de répondre à 100 % aux
exigences d'une des parties, il est certain qu'il y aura une autre des parties
qui sera offusquée.
M. Gendron: Sur la deuxième partie, Mme la
Présidente, de l'article 01, après premièrement k.1),
deuxièmement, par la suppression du paragraphe u. Alors je voudrais
avoir l'assurance, parce que c'est clair, quand on lit "par la suppression du
paragraphe u" et qu'on se réfère à la Loi sur les
relations du travail et la formation professionnelle et ainsi de suite dans le
secteur de la construction, cela veut dire que la définition d'artisan
vient de sauter "Une personne physique faisant affaires pour son propre compte,
qui exécute elle-même, pour autrui et sans l'aide de
salariés des travaux de construction" n'existe plus.
Voici la question que je pose. Je sais qu'il y a des concordances dans
le projet de loi 31, mais est-ce à dire qu'en faisant sauter la
définition de l'artisan, on retrouve dans le projet de loi 31, quand
même sur d'autres articles, des éléments, non pas de la
définition, mais du défini.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Une personne physique faisant
affaires pour son propre compte, qui exécute elle-même pour autrui
et sans l'aide de salariés des travaux de construction", dans le cas des
deux exceptions mentionnées, oui. Dans le cas des deux exceptions qui
sont l'entrepreneur de machineries lourdes et
l'entrepreneur en excavation et terrassement. Et dans le cas, je dis
bien des travaux de construction neuve. J'interprète construction comme
étant construction neuve, la seule possibilité, vous demandez
dans le défini, est-ce qu'il y a quelque chose qui se retrouve?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le cas de la construction
neuve, vous avez l'entrepreneur de machineries lourdes et l'entrepreneur en
excavation et terrassement, donc les travaux qui peuvent être accomplis
par ces gens-là.
M. Gendron: ...dans le secteur rénovation, construction,
mais assujetti au décret.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais pas dans le secteur de
la construction neuve, là, j'ai fait la distinction entre construction
neuve et réparation, entretien, rénovation, modification.
Je peux peut-être vous le souligner...
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...il y a une contrepartie qui est
très claire à u, vous le retrouvez encore une fois à la
page 2 des... finalement, il s'agit de l'article 4, quatrièmement par le
remplacement des deuxième et troisième alinéas par le
suivant: "Une personne physique faisant affaires pour son propre compte, autre
qu'un entrepreneur spécialisé, ne peut exécuter pour
autrui et sans l'aide de salariés des travaux de construction."
M. Gendron: Mais j'espère que, M. le ministre, vous avez
compris. Quand j'ai posé cette question-là, c'est que dans le
fond, c'était . uniquement pour savoir si ces gens-là
effectuaient des tâches, qu'on a définies. On disait: Un artisan,
c'est telle affaire. La notion d'artisan n'existant plus, il y a quand
même dans le projet de loi 31 - cela je m'en doute - quelqu'un qui va
faire le travail qui était fait dans le passé par l'artisan, je
voulais savoir, dans le projet de loi 31, comment il s'appelle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il s'agit de travaux qui
étaient inclus dans le décret de la construction, mais qui
deviennent exclus par le projet de loi 31, cela peut être à la
limite votre attaché politique. S'il s'agit de travaux qui sont inclus
dans le décret de fa construction, en ce qui concerne les travaux de
construction neuve autant résidentiel, commercial qu'industriel, il peut
s'agir de l'entrepreneur en excavation et terrassement ou l'entrepreneur en
machineries lourdes. S'il s'agit des travaux de rénovation,
réparation, entretien et modification dans les secteurs soumis au
décret, il peut s'agir de l'entrepreneur spécialisé dans
des conditions strictes.
M. Gendron: Est-ce exact, M. le ministre, que sauf le champ, tout
ce qu'on va demander de plus, c'est une licence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aimerais bien saisir. Sauf le
champ?
M. Gendron: Sauf le champ d'application, ce qu'on va demander de
plus à celui qui va faire ce qui était fait anciennement par
l'artisan...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Gendron: ...il va devoir faire la même chose à
condition qu'il ait une licence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas. C'est
complètement faux.
M. Gendron: Non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit là de quelque
chose de majeur. Si c'était le cas, on aurait fait ce que je vous ai
prêté comme intention cet après-midi. Nous aurions
modifié le mot "artisan" par les mots...
M. Gendron: Partout par le mot "entrepreneur"...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ..'entrepreneur
spécialisé" en changeant ce qui devait normalement être
changé. L'exemple le plus typique, le plus décrié, le plus
dénoncé en commission parlementaire, c'est la présence
d'artisans sur des travaux de construction neuve dans le domaine industriel,
commercial et résidentiel, une multitude d'artisans engagés par
un entrepreneur général. Cela ne sera plus permis. Ce sera
strictement défendu. Sur le plan des contrôles, les
contrôles seront de beaucoup facilités. Je pense que c'est un
élément très important que je vous remercie de
souligner.
M. Gendron: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
0.1 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 0.1 est
adopté. J'appelle l'article 1. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez un peu. L'article 1 se
lit comme suit: "La Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction est modifiée par le remplacement dans les deuxième
et troisième lignes du premier alinéa de l'article 4.1 des
mots
"établi par règlement du gouvernement" par les mots
"qu'elle établit par règlement soumis à l'approbation du
gouvernement"."
Cette disposition a pour objet d'alléger le processus
administratif suivant, lequel établit le plan d'effectifs du personnel
de la Commission de la construction du Québec. Essentiellement, la
modification permettra au Conseil du trésor, en vertu de l'article 22 de
la Loi sur l'administration financière plutôt qu'au gouvernement
d'approuver le plan d'effectifs de la commission comme c'est la règle
pour tout autre organisme parapublic. Il s'agit d'une disposition d'ajustement
de façon que la commission soit régie comme les autres organismes
parapublics.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, tout en reconnaissant que c'est un article
classique, qui n'a pas de conséquence, qui est demandeur d'un article
comme cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La Commission de la construction
du Québec formée majoritairement de représentants,
d'employeurs et d'employés.
M. Gendron: Pour quel motif? Quelle est la raison d'avoir un tel
article à la demande de la Commission de la construction du
Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsqu'on refuse les demandes des
parties, vous nous critiquez. Lorsqu'on les accepte, vous vous interrogez.
M. Gendron: Non, mais c'est intéressant de connaître
la provenance. C'est intéressant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est le conseil
d'administration de la Commission de la construction du Québec...
M. Gendron: C'est intéressant de connaître la
provenance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qui est composé en
majorité... Il s'agissait d'une résolution unanime, si ma
mémoire est fidèle. Les employeurs qui siègent à la
commission veulent cette modification. Les représentants des
travailleurs syndiqués veulent cette modification. Les
représentants, entre autres, mon représentant comme ministre du
Travail qui est M. Gauthier de la CSN veut cette modification et les autres
représentants gouvernementaux aussi. (21 h 45)
M. Gendron: Mais, M. le ministre, avant le libellé qu'on
lit à l'article 1, si on regarde l'ancien texte, la commission peut
nommer le personnel nécessaire à l'exécution de ses
fonctions selon le plan d'effectifs établi par règle- ment du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une question de publication,
etc..
M. Gendron: D'accord, mais est-ce à dire que là
c'est la Commission de la construction qui va établir son plan
d'effectifs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais il se doit d'être
approuvé par le Conseil du trésor. Le processus administratif
s'en trouve d'autant plus allégé.
M. Gendron: En règle générale, est-ce que le
ministre peut nous informer si, effectivement, disons dans les deux
dernières années, le plan d'effectifs présenté par
la Commission de la construction a été agréé par le
président du Conseil du trésor ou s'il ne l'a pas
été? Y a-t-il eu des coupures? Y a-t-il eu des
problèmes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a une demande pendante, je
crois, au moment... Il a été modifié... Avec toutes les
modifications de la loi 119, etc., vous comprendrez que cela a
entraîhé sur le plan des effectifs certaines modifications et
même, au moment où nous nous parlons, il y a une demande qui est
pendante devant le Conseil du trésor.
M. Gendron: Et ici, la modification proposée, cela ne le
soustrait pas à l'obligation d'aller quand même au Conseil du
trésor.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas, l'article 22 de la
Loi sur l'administration financière recevra toute son application.
M. Gendron: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 est
adopté? M. le député d'Abitibi-Ouest, l'article 1 est
adopté?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 2, Mme la
Présidente: "L'article 5 de cette loi est modifié par le
remplacement dans la troisième ligne du troisième alinéa
des mots "établies par règlement du gouvernement" par les mots
"qu'elle établit par règlement soumis à l'approbation du
gouvernement"."
Cette modification a pour objet d'alléger le processus suivant
lequel sont établies les normes suivant lesquelles les conditions du
travail du personnel de la Commission de la construction du Québec qui
n'est pas régie par une convention
collective sont fixées. Comme pour la modification prévue
à l'article 1 du projet de loi, cette modification permettra au Conseil
du trésor, en vertu de l'article 22 de la Loi sur l'administration
financière, plutôt qu'au gouvernement d'approuver les normes
prévues par cette disposition. Si les explications fournies à
l'article précédent vous ont satisfait, elles s'appliquent
mutatis mutandis au présent article.
M. Gendron: II me semble que... En tout cas, dans l'esprit, M. le
ministre, cela semble être cela sauf que je lis l'article 2 du projet de
loi 31, je lis le troisième alinéa de l'article 5 et,
sincèrement là, j'ai compris votre explication, je pense en tout
cas, mais je ne la vois pas au texte. Les conditions de travail du personnel
non régi par une convention collective sont fixées par la
commission conformément aux normes établies par règlement
du gouvernement. Donc, ce que je comprenais en lisant cela, c'est que la
commission peut fixer ce que tu veux, mais il faut que cela soit
agréé par les normes du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela, il s'agit exactement du
même raisonnement. Les conditions, comme vous l'avez exprimé, de
travail du personnel non régi par une convention collective sont
fixées par la commission conformément aux normes établies
par règlement du gouvernement. Donc, il s'agit d'un règlement du
gouvernement. On vous demande de changer les mots "établies par
règlement du gouvernement" par les mots "qu'elle établit par
règlement soumis à l'approbation du gouvernement". C'est donc
elle qui a l'initiative réglementaire.
M. Gendron: Puis, dans la perspective où il n'y aurait pas
de modification, M. le ministre, dans le sens que c'est la commission qui
prendrait l'initiative, est-ce qu'il y a de très grosses
différences? Est-ce à dire que dans la conception de la
commission, puisque vous apportez le changement, c'est que vous voulez que,
dorénavant, ce soit elle qui prenne l'initiative de vous soumettre un
règlement mais, je veux dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La commission souhaite prendre
l'initiative.
M. Gendron: C'est exact que c'est complètement
financé par les employeurs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et les salariés.
M. Gendron: Et les salariés, oui. Je veux dire les gens
concernés, l'employeur et les salariés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les gens concernés,
oui.
M. Gendron: C'est quoi la logique? Parce que là, on parle
toujours de, juste une minute... des conditions de travail du personnel de la
Commission de la construction non régi par une convention collective
sont fixées par la commission conformément aux normes
établies par règlement du gouvernement. Mais il faut qu'ils vous
montrent cela et, en aucune façon, le gouvernement finance les
coûts du personnel non conventionné à la Commission de la
construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le gouvernement a
déjà financé... si ma mémoire est fidèle et
cela exigerait une vérification, quand je suis arrivé comme
ministre, il y avait des comptes à payer là aussi. Vous en aviez
laissé un peu partout.
M. Gendron: M. le ministre, je ne sais pas. L'information qu'on
me donne... Depuis deux ans, le ministre du Travail ne contribue pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je me souviens avoir
contribué comme ministre du Travail, il y avait des comptes à
payer, il s'agit d'un organisme comme les autres organismes
paragouvernementaux. La politique salariale gouvernementale est un indice dont
se sert le Conseil du trésor.
Vous connaissez le fonctionnement.
M. Gendron: D'accord, mais sur le plan du principe. Oublions
cette affaire que vous auriez payé la première année,
selon l'information que j'ai, vous n'avez pas payé les deux
dernières années. La question est sur le plan du principe. Est-ce
que vous croyez que c'est juste d'assujettir une commission dans ses
règlements concernant le personnel non conventionné, pour les
coûts qu'elle a à assumer en totalité, que ce soit le
gouvernement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il y a des coûts de
formation importants qui sont assumés par le ministère de
l'Éducation. Il y a également des coûts importants qui sont
assumés par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, entre autres...
M. Gendron: Pour le personnel de la Commission de la
construction? Pour le personnel non syndiqué?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le fonctionnement de la
commission. Vous ne pouvez pas, sur le terme d'un bilan d'une commission de
l'exercice financier qui est déposé sur une base annuelle, isoler
un poste budgétaire et dire: Les contributions paient pour ceci et on
augmente les dépenses à une place, etc. Il s'agit d'avoir un
équilibre financier et les contributions du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu sont également
importantes pour ne citer que ces deux contributions.
M. Gendron: Que vous ne soyez pas d'accord avec mon argument que
le gouvernement ne devrait pas exiger de voir les règlements concernant
le personnel non syndiqué de la commission, je comprendrais. Quand vous
me donnez l'argument qu'on ne peut pas le faire parce qu'on ne peut pas
savoir... Pour avoir été au trésor...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je vous dis...
M. Gendron: Dans tous les ministères, il y a effectivement
des postes budgétaires par programme, par sous-programme, quand nous
regardons les états financiers de la Commission de la construction, on
est incapable de percevoir dans les revenus de la commission une contribution
gouvernementale, il me semble qu'il est on ne plus clair que cela signifie que
le gouvernement n'est pas payeur pour assumer la responsabilité du
personnel non conventionné.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous répondrai ceci.
Lorsque, majoritairement, les parties représentées au conseil
d'administration, qu'elles soient patronales, syndicales ou gouvernementales
jusqu'à un certain point, nous demandent d'amender la loi dans le sens
où elles le font, le gouvernement se plie à leur demande et
à leurs exigences, à moins que l'Opposition ait des objections
qui iraient à l'encontre de l'ensemble des interventions, et de la
partie patronale, et de la partie syndicale et des intentions
gouvernementales.
M. Gendron: Poser des questions pour s'assurer d'une bonne
compréhension, il y a tout un monde entre la déduction que le
ministre vient de faire, je pense qu'on a le droit de faire notre travail comme
on l'entend, questionner les modifications apportées. C'est le ministre
qui a décidé de procéder dans ce projet de loi que
personne ne veut, ce n'est pas moi. Si on a des questions à poser pour
s'assurer au moins de la bonne compréhension des dispositions
législatives qu'il modifie ou pas, c'est notre devoir. S'il veut
interpréter notre questionnement, c'est de ses affaires. Ce n'est pas
parce qu'on questionne qu'on est en désaccord, qu'on soit en
désaccord ou pas. On veut s'assurer que, un jour, quand j'aurais le
temps, de comprendre les objections des différents concernés par
le projet de loi, j'aurai bien compris ou pas les modifications que vous avez
apportées.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tentais seulement de faire un
parallèle entre le libellé de l'article 1 qu'on vient d'adopter
unanimement et le libellé de cet article. L'article 1 spécifiait
de modifier "établi par règlement du gouvernement" par "qu'elle
établit par règlement soumis à l'approbation du
gouvernement". Dans le cas qui nous concerne, c'est identique, on change
"établi par règlement du gouvernement" par "qu'elle
établit par règlement soumis à l'approbation du
gouvernement". C'est le même raisonnement, la même logique dans les
deux cas.
M. Gendron: Cela va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
adopté. J'appelle l'article 3.
Pouvoirs de la Commission de la construction du
Québec
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article 3. Il s'agit d'une
nouvelle disposition. "Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 7.1 du suivant: "7.2. Toute personne concernée
par des travaux de construction doit prendre les moyens nécessaires pour
permettre à la commission et à toute personne qu'elle autorise
à cette fin d'exercer les pouvoirs prévus à l'article
7.1.".
Les modifications proposées sont de droit nouveau.
L'article 7.2 fait obligation à toute personne de prendre les
moyens nécessaires pour permettre à la commission d'exercer
certains pouvoirs, à savoir, d'une part, pénétrer dans un
lieu où s'effectuent des travaux de construction ou dans un
établissement d'un employeur et, d'autre part, exiger tout renseignement
relatif à l'application de la loi ou des règlements de même
que la communication pour examen ou reproduction de tout document s'y
rapportant.
M. Gendron: M. le ministre, lorsque vous commencez votre
phraséologie au nouvel article 7.2 que vous ajoutez à l'article
7.1 qui est le 3 du 31: 'Toute personne concernée par des travaux de
construction" qui est "toute personne concernée"? Qu'entendez-vous par
"toute personne concernée par des travaux de construction"?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a voulu avoir une
définition plus large de façon qu'une personne qui a un
intérêt direct, indirect, qui est concernée par les travaux
apporte sa collaboration. Par le passé, nous avions de la
difficulté à obtenir certaines collaborations. On peut inclure le
donneur d'ouvrage, le salarié, l'entrepreneur, toute personne
concernée. On a voulu la définition plus large que plus
restreinte.
M. Gendron: Mais est-ce que c'est une définition qui
existe ailleurs? Vous avez parlé de droit nouveau. Je ne suis pas
familier en droit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Elle est de droit
nouveau dans cette législation. "Toute personne concernée" n'est
pas une expression de droit nouveau dans les législations
québécoises.
M. Gendron: Les avocats n'ont pas l'air...
En tout cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les avocats vous rassurent.
M. Gendron: Alors, qu'est-ce que je fais avec le mien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Inquiétez-vous. Faites-le
peintre.
M. Gendron: Vous comprendrez que c'est une boutade. Mais,
l'article 7.1, dans la loi, au deuxième alinéa, lorsque c'est
écrit: Exiger tout renseignement relatif, ainsi de suite, n'y a-t-il pas
là un sous-entendu que c'est exactement ce que vous voulez dire quand
vous écrivez "toute personne concernée"? Il faut exiger cela de
quelqu'un. Pour exiger tout renseignement. Il faut que quelqu'un le
détienne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De façon pratique, les
exemples qu'on me donne, les difficultés que les inspecteurs de la
commission rencontraient dans le quotidien relevaient autant du premier
alinéa que du deuxième. Dans le cas du premier:
"Pénétrer à toute heure raisonnable, etc." Dans quelques
cas, on barricadait pour ne pas que les inspecteurs pénètrent.
Dans le deuxième cas où on parle d'exiger tout renseignement, on
refusait de fournir le renseignement. Ce que l'on fait en ajoutant l'article
7.2, on crée l'obligation de prendre les moyens nécessaires et on
crée l'infraction. (22 heures)
De façon pratique, l'article 7.1 définit quels sont les
pouvoirs de l'inspecteur nommé par la commission et l'article 7.2
crée l'obligation à toute personne intéressée de
prêter assistance, de prendre les moyens nécessaires.
M. Gendron: M. le ministre vous conviendrez qu'à l'article
7.1, deuxièmement, qu'on a cité, "exiger tout renseignement" par
définition, nous pensons qu'il y a un sous-entendu, cela veut dire par
ceux qui le détiennent, donc, c'est de l'information directe qu'ils ont.
Article 7.2: toute personne concernée par les travaux de construction
doit prendre les moyens nécessaires". Donc, cela signifie, selon nous,
que même l'information qu'elle n'aurait pas, mais qu'elle serait
susceptible d'obtenir, de savoir, d'aller chercher, toute personne doit prendre
les moyens. Juste avant de tomber dans quelque chose de grave, convenez-vous
que c'est plus large, 7.2 est plus fort, est beaucoup plus coercitif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la raison de son
introduction.
M. Gendron: À partir du moment où vous dites "toute
personne concernée", cela signifie que vous transformez, vous venez de
quintupler votre banque d'inspecteurs, pour ne pas dire sextupler, multiplier
par des... Bien oui. Je reprends. Toute personne concernée par des
travaux de construction doit prendre les moyens nécessaires". Avant cela
c'était "exiger tout renseignement", on l'a dit. Vous admettez que vous
élargissez de beaucoup. En conséquence, cela signifie qu'on peut
présumer qu'il y a plus de personnes qui peuvent être assujetties
ou obligées de dispenser des informations non pas directement, mais que
vous prétendez sont susceptibles d'aller quérir ou d'obtenir.
Oui, mais je veux juste finir. En conséquence, cela signifie que ces
gens peuvent être appelés, non pas à faire de l'inspection
directe, c'est pour cela que j'ai employé l'image. Vous venez de
doubler, tripler, quintupler, multipliez par les chiffres que vous voulez, le
nombre de gens qui peuvent être obligés de contribuer à
l'information qui avant était donnée ou était obtenue
à la commission davantage par ceux qui la détenaient. En
règle générale, cela devait être les
inspecteurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Justement dans le sens de
combattre le travail au noir, nous avons spécifié, au moment de
la deuxième lecture, quels étaient les objectifs du projet de loi
31 en ce qui concerne ce qui est déréglementé, c'est
déréglementé, il n'y a plus de travail au noir. En ce qui
concerne ce qui est réglementé, addition et ajout de pouvoirs de
façon à mieux contrôler les chantiers industriels,
commerciaux et la construction domiciliaire. Oui, il y a plus de pouvoirs de
façon à éliminer le travail au noir là.
Je peux ajouter un élément de réflexion. Je n'ai
pas entendu les parties patronale et syndicale, sauf erreur, se prononcer
contre cet ajout de pouvoirs qui vise à éliminer le travail au
noir dans les secteurs qui demeurent soumis au décret.
M. Gendron: Nous autres, on voudrait savoir si le ministre... En
tout cas, on peut se tromper, mais on pense... Vous l'avez dit vous-même
qu'il y a introduction d'une notion beaucoup plus large. C'est objectif, c'est
honnête, c'est franc, un pouvoir additionnel. On n'est pas contre cela,
parce que surtout vous dites: Cela a comme objectif de contrer davantage le
travail au noir. Là, il y a un petit problème. Tout le monde nous
dit que ce projet de loi ne changeait rien. Au-delà de cela,
admettez-vous que vous versez dans des notions de droits et libertés de
la personne? À titre d'exemple, je donne l'exemple - pardon? Oui, pour
montrer la différence entre les deux - d'une descente de police dans un
bureau d'avocats. C'est un exemple hypothétique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez toute la question du
syndic, du Barreau qui entre en ligne de compte.
M. Gendron: Je prends cela comme exemple. Une descente de police
dans un bureau d'avocats. L'avocat est dans son bureau et il a les deux bras
croisés. La police n'a pas le droit de lui dire: Montre-moi les dossiers
qui ont été subtilisés, pour prendre un exemple.
Indique-moi les dossiers que tu as subtilisés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, vous prenez un
exemple qui est à peu près le pire.
M. Gendron: ...mauvais, mais c'est pour comprendre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais sans être...
Les exemples sont toujours mauvais ou ils clochent toujours, mais on n'est pas
obligé de prendre le pire. Dans le cas d'un bureau d'avocats, vous
entrez dans le domaine du secret professionnel, etc., toute une question qui
n'existe pas dans le domaine de la construction.
M. Gendron: Non, non, c'est cela que je voulais faire, M. le
ministre, et là je ne peux pas le dire, il est trop de bonne heure. Il
n'y avait aucune relation, autrement dit, entre ce que vous me dites par
rapport au mauvais exemple et ce que je veux illustrer. Ce que je veux
illustrer, lorsqu'il y a une descente de police, peu importe l'endroit, si vous
n'aimez pas l'exemple... Prenez un comptable, un médecin ou un notaire,
c'est la police qui va effectuer le travail qu'elle a à faire; ce n'est
pas chez celui où elle fait le travail qui devra contribuer à lui
indiquer les éléments requis ou cherchés par celui qui
fait la descente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous prenez le deuxième
pire exemple que vous pourriez prendre...
M. Gendron: On va se pratiquer, on a du temps; d'ici minuit, on
devrait en trouver un bon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque vous parlez d'une police,
vous me parlez d'un agent de la paix qui détient des pouvoirs
particuliers.
M. Gendron: Est-ce que vos inspecteurs, à la Commission de
la construction, ne détiennent pas des pouvoirs particuliers?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils détiennent des pouvoirs
particuliers qui n'ont pas l'étendue des pouvoirs des agents de la
paix.
M. Gendron: Je le reconnais. M. le ministre, ce n'est pas cela et
vous le faites très bien, mais... Un peu a contrario, dans le sens que
vous avez admis que pour "toute personne concernée", c'était
beaucoup plus large que ce qu'il y a dans le projet de loi. On s'entend,
on se comprend. Oubliez tous mes exemples qui sont les plus mauvais,
d'après vous. La question que je vous pose: Est-ce que vous êtes
sûr et certain que cela né disconvient pas ou que cela ne
contrevient pas aux dispositions de la Charte des droits et libertés de
la personne, puisqu'il y a de la présomption là-dedans,
c'est-à-dire qu'il y a du "présomptionnel" - ]e ne sais pas si ce
mot existe - en ce qui me concerne? Vous m'avez dit: 'Toute personne
concernée par des travaux de construction doit prendre les moyens
nécessaires", donc cela c'est que tu le saches ou que tu ne le saches
pas. Je présume que tu es lié ou que tu as affaire au monde de la
construction, en conséquence, arrange-toi - c'est ce que cela veut dire
- pour permettre à la commission et à toute personne qu'elle
autorise à cette fin d'exercer les pouvoirs prévus. Je
présume qu'indépendamment, tu dois être dans le portrait
parce que tu es concerné par les travaux de construction.
Je n'ai pas de problème avec cela, mais à une condition:
que j'aie au moins la garantie qu'on ait, pas nécessairement dans deux
semaines, une commission parlementaire pour entendre la Commission des droits
et libertés de la personne sur ce sujet. À tout le moins, le
ministre devrait être en mesure de dire: Au comité de
législation, j'ai eu des avis là-dessus. Cela a été
regardé. Effectivement, ce n'est pas abusif de droit; je ne le sais
pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez, je vais
répondre à votre question. Vous connaissez bien le processus
législatif. Le comité de législation, où
siègent des experts en matière de droit constitutionnel, de
charte et de droits et libertés fondamentaux, a analysé cet
article.
M. Gendron: Un instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II partage l'opinion des experts
du ministère.
M. Gendron: Cela a renforcé en pas pour rire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que votre expert partage
l'opinion des autres experts?
M. Gendron: Cela va dépendre de ce que vous allez dire. M.
le ministre, à l'article 7.2, dans la perspective où "toute
personne concernée par des travaux de construction" n'a pas pris les
moyens selon la commission ou un tiers, est-ce qu'il y a une infraction?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...une infraction à
l'article 7.2.
M. Gendron: Je veux savoir si, oui ou non, il y a une
infraction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Infraction, mais l'infraction,
vous comprendrez, se doit de procéder suivant... Il y a la mise en
accusation à la suite de l'infraction devant un tribunal
indépendant; les règles de justice naturelle sont
respectées. Il n'y a pas, malgré peut-être les indications
que vous avez effleurées de renversement du fardeau de la preuve ou quoi
que ce soit, la personne qui établit qu'elle a pris tous les moyens
nécessaires sans même aboutir est acquittée. La personne
contre qui on fait la preuve que tous les moyens nécessaires n'ont pas
été pris est normalement condamnée et c'est fait par une
instance indépendante.
M. Gendron: Est-ce qu'une telle disposition existe ailleurs, dans
les lois sur les relations du travail? En Ontario, en Colombie britannique?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La jurisprudence comparée.
Les autres juridictions. On m'indique que la spécificité
québécoise se manifeste ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'ailleurs, il faut être
prudent lorsque nous parlons de lois dans le domaine de la construction. Dans
ce domaine, la législation québécoise est unique.
M. Gendron: Mme la Présidente, je suggérerais qu'il
soit suspendu. On aurait quelques vérifications à faire sur
l'article 3.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'article 3?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aimerais m'assurer qu'il y a un
fondement quelconque. Tantôt, j'ai cru comprendre, après que nous
ayons répondu, que le comité de législation, les experts
du ministère et votre expert semblaient d'accord. Contre toutes ces
expertises, vous manifestez encore des doutes.
M. Gendron: Non, premièrement, réglons une affaire
tout de suite. Mon expert n'a pas testé, il n'a pas corroboré.
Cela ne veut pas dire que parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):...
M. Gendron: Non. Je vais interpréter les échanges
que j'ai avec mon expert plutôt que vous ne le fassiez, M. le ministre.
J'indique très simplement que vous m'avez répondu franchement. Y
a-t-il une infraction? La réponse est oui. On dit que ce n'est pas parce
que vous me répondez qu'il y a une infraction qu'on a le sentiment que
cela ne deviendra pas une infraction qui, dans les faits, si elle était
plaidée par le concerné, ne sera pas effectivement presque
gagnée à coup sûr, compte tenu de l'évocation de
principe lié à la Charte des droits et libertés de la
personne, considérant que ce n'est presque pas prouvable que la personne
n'a pas pris tous les moyens nécessaires pour permettre à la
commission et à toute personne qu'elle autorise à cette fin ainsi
de suite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, vous auriez raison s'il
y avait renversement du fardeau de la preuve. Mais la preuve d'établir
que l'infraction a été commise et que la personne n'a pas pris
tous les moyens nécessaires incombe à la poursuite et non pas
à l'individu en défense, ce sont les règles.
Votre conseiller juridique me remémorait une cause que j'ai eu
à invoquer devant les tribunaux, l'arrêt Sault-Saint-Marie,
à partir du moment où la bonne foi de l'individu est
établie, il y a acquittement.
M. Gendron: M. le ministre, sur le renversement de preuve, il n'y
a aucun doute. Je n'ai pas de doute qu'il n'y ait pas, dans cet article,
l'obligation d'un renversement de preuve. Je ne doute pas de ça. Donc
c'est réglé. Ce dont je doute, parce que vous me demandez
pourquoi je veux le suspendre, c'est qu'on pense que la notion - et vous l'avez
dit franchement d'ailleurs - est un peu une notion de droit nouveau.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans cette loi-ci.
M. Gendron: Non, non. Je le sais. J'ai compris ça. Mais,
dans cette loi-ci, la notion de droit nouveau est davantage, selon la
compréhension qu'on en a, une notion de renversement de
responsabilité qu'une notion de renversement de preuve, dans le sens
suivant, M. le ministre. C'est toute personne qui, finalement, devient
inspecteur. Vous l'avez dit au début. Bien oui, vous m'avez dit au
début: Toute personne concernée par des travaux de construction
doit prendre les moyens. Donc, si toute personne doit prendre les moyens, vous
pourriez plaider qu'elle n'a pas pris les moyens. Cela va? Vous pourriez
invoquer le fait qu'elle n'a pas pris les moyens. Prenons votre vision des
choses.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):...
(22 h 15)
M. Gendron: C'est cela. En arrivant à la conclusion
qu'elle n'a pas pris, selon vous, les moyens qu'elle aurait dû prendre,
cela signifie que cette personne qui est un corps physique, à un moment
donné, on pourrait exiger d'elle qu'elle ait joué la
responsabilité de l'inspecteur de ce qui est dévolu normalement
dans l'ancien article 7.1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, impossible.
M. Gendron: Comment cela, impossible?
...toute personne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il y a plainte de portée
contre une personne, le plaignant, qui est le Procureur générai
du Québec, doit démontrer que la personne n'a pas pris tous les
moyens nécessaires. La personne, de son côté, peut
prétexter bonne foi. La jurisprudence de la Cour suprême, la plus
haute autorité, stipule que lorsque la bonne foi est établie, il
y a acquittement. Il n'y a pas matière ni à renversement du
fardeau de la preuve - vous l'admettez - ni à présomption de
culpabilité. Il y a tout simplement matière à créer
une obligation qui peut être sanctionnée par une infraction. Cette
sanction est accordée par un tribunal indépendant, à la
suite d'une plainte qui est portée.
Il n'y a pas là de difficulté, d'ailleurs. Ni les avocats
du ministère, ni les avocats du comité de législation
n'ont trouvé de difficulté quant à des principes de base
dans la société que vous évoquez.
M. Gendron: Vous, M. le ministre, est-ce que vous pourriez me
donner un exemple concret de l'application de l'article 7.2? Prenez le temps.
J'aimerais avoir un exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'application très
concrète de l'article 7.2, en fonction de l'article 7.1, c'est: La
commission ou toute personne qu'elle autorise à cette fin peut
pénétrer à toute heure raisonnable dans un lieu où
s'effectuent des travaux ou dans un établissement d'un employeur. Il y a
un pouvoir accordé à l'inspecteur qui est un pouvoir important de
pénétrer en tout lieu. Toute personne concernée par des
travaux de construction doit prendre les moyens nécessaires pour
permettre à la commission ou à toute personne qu'elle autorise
à cette fin d'exercer des pouvoirs prévus à l'article
7.1.
Il y a une barricade d'érigée à la porte
d'entrée. On barricade la porte d'entrée. L'inspecteur demande au
donneur d'ouvrage présent sur les lieux, qui est une personne
concernée par les travaux de construction, de l'aider à
"débarricader" - si je peux utiliser l'expression - et la personne
refuse. C'est un exemple typique. Il y aurait infraction ou mise en
accusation.
M. Gendron: Mais en quoi, M. le ministre, pensez-vous que la
disposition actuelle de l'article 7.1 ne permet pas d'arriver aux mêmes
fins?
M. Paradis (Brome-Missisquoi):...
M. Gendron: Juste une seconde, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: Je veux finir là-dessus. Supposons que je suis
inspecteur et que je suis empêché d'exécuter convenablement
mon travail. Qu'est-ce qui m'empêche d'user, tout de suite, par l'article
7.1 de l'ancien texte, de la force constabulaire, si c'est cela qu'il me faut?
J'appelle la force constabulaire et je dis: Moi, je suis inspecteur, parce que
ces inspecteurs-là doivent avoir, non pas un papier, mais je veux dire
un...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une pièce
d'identité.
M. Gendron: C'est cela, qui confirme qu'ils sont inspecteurs.
Là, j'appelle la sûreté municipale ou la
sûreté provinciale et je dis: On m'empêche d'exercer mes
fonctions dans les responsabilités que j'ai. En conséquence,
voulez-vous... Est-ce que l'article 7.1 empêcherait ce que je viens de
dire? À ma connaissance, non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 7.1 n'empêche pas
ce que vous venez de dire, ni n'oblige ce que vous venez de dire. L'article 7.1
accorde des pouvoirs à un inspecteur de la commission. Ce que l'article
7.1 ne vous permet pas de faire, si vous êtes un inspecteur de la
commission en présence de la porte barricadée que je citais
tantôt, à supposer que la porte barricadée ait
été barricadée par le travailleur à
l'intérieur et que vous soyez en présence, de l'autre
côté de la porte, du donneur d'ouvrage, l'article 7.1 ne vous
permet pas d'exiger la collaboration du donneur d'ouvrage, alors l'article 7.2
vous permet d'exiger cette collaboration.
M. Gendron: Un instant!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais peut-être vous
donner un exemple un peu plus facile que celui de la porte barricadée.
On améliore toujours les exemples. La porte verrouillée serait
peut-être un exemple encore beaucoup plus pratique. Le donneur d'ouvrage
possède la clé. La porte est verrouilllée.
Présentement, l'inspecteur ne peut exiger sous peine d'infraction la
collaboration du donneur d'ouvrage. Avec l'article 7.2, il pourra exiger sous
peine d'infraction la collaboration du donneur d'ouvrage. Il faut la clé
pour ouvrir la porte.
M. Gendron: Est-ce que vous avez eu des remarques, des textes ou
des représentations formelles indiquant que l'article 7.1 était
tellement restrictif qu'il ne permettait pas aux inspecteurs de faire leur
travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les inspecteurs de la CCQ se
plaignent continuellement. Vous avez des travailleurs dans la salle; vous
pouvez vérifier auprès d'eux également. Cela va être
vérifié rapidement à savoir que les pouvoirs qui sont
actuellement détenus par les inspecteurs ne leur permettent pas de
réaliser l'application de l'article 7.1, dans plusieurs cas. La
prétention
des inspecteurs de la Commission de la construction du Québec,
c'est qu'en ajoutant l'article 7.2, leur travail sera facilité quant
à l'application de l'article 7.1.
M. Gendron: M. le ministre - ce sera ma conclusion - vous me
donnez des réponses aux questions que je pose. C'est correct. Par
ailleurs, je n'ai pas acquis la conviction qu'il s'agit d'une disposition
commune - je parle de "toute personne concernée" - dans le sens que
c'est courant, régulier. Une disposition commune ou quelque chose de
commun, vous savez ce que cela veut dire. Cela veut dire qu'on retrouve
cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela peut avoir plusieurs
interprétations.
M. Gendron: Oui, mais en tout cas. On n'était pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...usuel?
M. Gendron: Oui. Alors "toute personne concernée", ce sont
des dispositions, M. le ministre, selon celui qui vous parle, selon nos
conseillers, que l'on retrouve plutôt dans des lois d'exception, des lois
spéciales, des lois sur les mesures de guerre, le bazooka qu'on nous a
passé il y a une couple de jours en Chambre et qu'on s'apprête
à nous repasser demain, parce que cela peut donner une explication a la
discussion qui s'est produite tantôt...
Une voix: ...et les caractères aiguisés...
M. Gendron: Oui, les gens comprendront peut-être à
partir de demain. Il faut vraiment le faire. On a assisté à
toutes sortes de mesures et de lois spéciales, et il y en aura d'autres.
"Toute personne concernée", parce que votre question de fond
était, M. le ministre, ce que vous me demandiez tantôt à
savoir: Pourquoi voulez-vous le suspendre? Je le répète. Nous
pensons qu'une telle disposition n'est que dans des lois spéciales. Ici,
je veux bien croire que vous voulez en faire un processus spécial dans
le procédé, puisque personne n'en veut et que vous voulez quand
même procéder - c'est votre droit - mais je ne pense pas que vous
soyez d'accord sur le fond de faire du projet de loi 31 une espèce de
loi spéciale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Gendron: Si "toute personne concernée"... et remarquez
que, sur le fond, je comprends votre objectif. Vous dites: Je veux m'assurer
que les gens qui ont un job à faire puissent le faire avec les outils
requis, etc. Vous avez raison là-dessus, à savoir que cela a
été évoqué dans les principales consultations
particulières. Ce qui ne l'a pas été, c'est d'avoir une
mesure dite inhabituelle. Selon mes conseillers, c'est très inhabituel.
On ne voit cette disposition, "toute personne concernée", que dans des
textes de lois spéciales avec, bien sûr, une dimension
répressive, par définition. Parce que lorsqu'il y a une loi
spéciale, c'est pour corriger quelque chose d'assez grave. Si on dit: II
faut que vous retourniez au travail; il faut que ces affaires-là
arrêtent. Donc, voir cela dans une loi spéciale, je n'aime pas
cela plus que cela. Mais à partir du moment où quiconque a
été membre d'un gouvernement qui a eu lieu, qui a eu à
adopter des lois spéciales, là, on est pris quelquefois pour
vivre avec un contenu qu'on aime plus ou moins; mais dans une loi
spéciale, non pas dans une loi de portée générale.
Ici, je ne pense pas que vous vouliez faire une loi spéciale de la loi
31. Je fais seulement répondre à votre question. Vous m'avez
demandé: Pourquoi voulez-vous suspendre. Alors, je veux suspendre pour
vérifier d'un peu plus près.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, ma question...
M. Gendron: Je veux vérifier s'il est exact que cette
disposition "toute personne concernée" ait été
retrouvée dans la tradition québécoise, dans les habitudes
québécoises presque exclusivement; là, on me dit
"exclusivement", mais je n'en ai pas l'assurance...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: ...dans des projets de loi spéciaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: Si on trouve cela seulement dans les projets de loi
spéciaux, je vais dire: Écoutez, vous allez refaire une
formulation, vous allez rédiger cela autrement, pour vous donner ce
qu'il vous faut comme objectif, mais de ne pas avoir le caractère de
référence dans une loi fédérale d'une mesure de loi
d'exception ou de loi spéciale, parce que ce n'est pas une loi
spéciale que vous êtes en train d'adopter, j'espère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsqu'on parle de contrôler
le travail au noir sur les chantiers importants de construction, si c'est
conforme et si vous avez des doutes quant à la conformité
à la Charte des droits et libertés de la personne, je pense que
vous pouvez effectuer là une vérification qui s'avère
utile. Mais compte tenu des habitudes et du fonctionnement: particulier des
gros chantiers de construction, je vous indiquerai qu'il s'agit là d'une
disposition qui est souhaitée, entre autres, par la partie syndicale,
qui n'est pas repoussée par la partie patronale et qui, parce qu'on est
dans un domaine bien spécifique, peut requérir une
approche et une attention qui est, comme vous le soulignez,
particulilère et spéciale.
Je ne nie pas le caractère spécial, autrement dit, mais si
vous voulez effectuer des vérifications quant à la
conformité à la Charte des droits et libertés de la
personne, nous ne voulons en aucun temps adopter un libellé qui
contreviendrait à ces chartes. Nous pensons avoir effectué toutes
les vérifications et avoir pris toutes les précautions quant
à cet aspect. Si l'Opposition dispose de ressources qui peuvent apporter
un éclairage additionnel, parce qu'on n'est jamais trop prudent
lorsqu'il s'agit d'atteinte possible à des chartes qui sont
fondamentales, cela peut...
M. Gendron: M. le ministre, en conclusion, en ce qui me concerne
sur l'article 3, on pense qu'on crée des obligations de moyens.
Là, c'est un point de plaideur que j'ai. Quand on crée des
obligations de moyens et non pas de résultat,
généralement, c'est toujours dans le cas de lois
spéciales, de cas particuliers parce que là, on dit: Tu auras
beau t'arranger pour... Je vous l'ai expliqué en gros tantôt. Et,
c'est vraiment aller loin. Je prétends que j'avais de bons motifs de
demander la suspension, vous n'y souscrivez pas, c'est votre droit. Pour ces
raisons, je n'ai plus d'autre chose à plaider et je suis contre
l'article 7.2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Mais je tiens à
dire que vous aviez raison sur le fond de votre argument, M. le
député d'Abiti-bi-Ouest, il s'agit d'une mesure qui n'est pas
usuelle, mais il s'agit d'un domaine très particulier et où on
utilise souvent des dispositions très particulières dans
l'industrie de la construction. Ces dispositions, comme je vous l'ai
indiqué, sont souhaitées, entre autres, par la partie syndicale
et ne sont pas repoussées par la partie patronale.
La Présidente (Mme Bélanger): De toute
façon, le temps de discussion sur l'article 3 étant
terminé, l'article 3 est-il adopté?
M. Gendron: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 est
adopté sur division. J'appelle l'article 4. M. le ministre.
Champ d'application
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il y a un amendement, Mme la
Présidente, à l'article 4 qui se lit comme suit: Remplacer
l'article 4 par le suivant: "L'article 19 de cette loi est modifié:
1° par l'insertion, dans la deuxième ligne du paragraphe 2° du
premier alinéa et après le mot "permanents", de "et par des
salariés permanents qui les remplacent temporairement". (22 h 30) 2°
par l'addition, à la fin du paragraphe 8° du premier alinéa,
de "de même que par des salariés qu'ils embauchent directement
pour remplacer temporairement ces salariés permanents"; 3° par
l'addition, après le paragraphe 8° du premier alinéa, du
suivant: 9° aux travaux suivants, exécutés pour une personne
physique, agissant pour son propre compte et à ses fins personnelles et
exclusivement non lucratives: i) d'entretien, de réparation, de
rénovation et de modification d'un logement qu'elle habite; ii) de
construction d'un garage ou d'une remise annexe à un logement qu'elle
habite, qu'il lui soit contigu ou non."; 4° par le remplacement des
deuxième et troisième alinéas par les suivants:
Une personne physique faisant affaires pour son propre compte, autre
qu'un entrepreneur spécialisé, ne peut exécuter pour
autrui et sans l'aide de salariés des travaux de construction.
Dans la présente loi et ses règlements, un entrepreneur
spécialisé est réputé être un employeur.
Un employeur professionnel ne peut directement ou par
intermédiaire retenir les services d'un entrepreneur
spécialisé à l'exception d'un entrepreneur
spécialisé, compris dans les sous-catégories "entrepreneur
de machineries lourdes" ou "entrepreneur en excavation et terrassement" au sens
du règlement de la Régie des entreprises de construction du
Québec. (RRQ., c. Q-1, r2).
Une personne autre qu'un employeur professionnel ne peut retenir les
services d'un entrepreneur spécialisé qui n'est pas compris dans
les sous-catégories "entrepreneur de machineries lourdes" ou
"entrepreneur en excavation et terrassement" au sens de ce règlement,
que pour l'exécution de travaux d'entretien, de réparation, de
rénovation et de modification.
À l'exception d'un employeur professionnel, une personne ne peut
simultanément faire effectuer sur un même chantier des travaux de
construction par plus d'un entrepreneur spécialisé compris dans
une même sous-catégorie au sens de ce règlement.
L'entrepreneur spécialisé qui exécute des travaux
de construction doit exiger une rémunération au moins
égale, sur une base horaire, à la rémunération en
monnaie courante et aux indemnités ou avantages ayant une valeur
pécuniaire déterminés par une convention collective ou un
décret pour un salarié exécutant de semblables travaux,
à l'exclusion des avantages relatifs à un régime
complémentaire d'avantages sociaux.".
C'est la fin de la citation. Mme la Présidente, vous aurez
compris, à la lecture de cet article, qu'il s'agit de l'article 19 de la
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de
la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Cet article vise
essentiellement le champ d'application du décret de la construction.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Mme la Présidente, vous allez convenir
probablement, en tout cas, le ministre va probablement convenir que si ce n'est
pas le coeur du projet de loi, je me demande ce que c'est. En
conséquence, je l'ai laissé lire parce que, pour les fins du
Journal des débats, c'est important d'avoir
l'entièreté des dispositions du nouvel article 4 du projet de loi
31. Je souhaiterais que nous puissions discuter, je ne sais pas comment on
appelle cela, alinéa par alinéa ou paragraphe par paragraphe. On
n'est pas dans le facile.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a des passages qui sont
faciles, et d'autres qui sont plus complexes.
M. Gendron: On les verra. La meilleure façon de
détecter les faciles des difficiles, c'est de les examiner paragraphe
par paragraphe. Là, je vous avoue que même au premier, dans les
amendements déposés quand vous dites: "L'article 19 de cette loi
est modifié: 1° par l'insertion, dans la deuxième ligne du
paragraphe 2° du premier alinéa...", il faut faire
référence aux travaux d'entretien et de réparation
exécutés. Je veux savoir si on se comprend dans la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. Gendron: Et
après le mot "permanents"... M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Et on remplacerait cela... M. Paradis (Brome-Missisquoi):
Oui.
M. Gendron: "Et par des salariés permanents qui les
remplacent temporairement,."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est exact.
M. Gendron: Donc, le ministre vient d'introduire la notion
d'employés occasionnels ou partiels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la condition
spécifique qu'ils remplacent temporairement des salariés
permanents. Je peux peut-être vous remémorer les discussions entre
cette commission, entre autres, et les représentants de l'Union des
municipalités du Québec, ceux de l'Union des municipalités
régionales de comté ainsi que ceux de la Fédération
des commissions scolaires qui nous ont soulevé des problèmes
quant au libellé que nous retrouvons présentement à
l'article 19.2 et qui ne pouvait remplacer temporairement des salariés
permanents qui étaient absents soit pour cause de vacances même
prévues dans la convention collective, soit pour cause d'accident de
travail, soit pour cause d'absence prévue par les dispositions de la loi
sur les normes, etc.
M. Gendron: J'aimerais, et je pense que vous le faites d'ailleurs
depuis le début, que vous suiviez très précisément
ce que je vais dire. La première modification, selon ce que vous venez
de parler, au paragraphe 2° de l'article 19 que nous avons devant nous,
nous paraît incompréhensible. Pourquoi? Ce paragraphe 2°
concerne les employés permanents d'un employeur qui n'est pas un
employeur professionnel, comme un fabricant de portes et de fenêtres, par
exemple. Mon exemple est bon, cette fois.
Le Président (M. Cusano): C'est votre troisième.
C'est pas trop pire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Disons qu'il
s'améliore.
M. Gendron: M. le Président, si vous voulez ne pas vous
immiscer dans nos sérieux propos.
Le Président (M. Cusano): Ha, ha, ha!
M. Gendron: II est difficile de comprendre, dans la perspective
où mon exemple est bon, pourquoi on ajoute que des salariés
permanents pourront être remplacés par des salariés
permanents qui les remplacent temporairement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La lecture que l'on fait
présentement de l'alinéa est la suivante: "Les travaux
d'entretien et de réparation exécutés par des
salariés permanents, embauchés directement par un employeur autre
qu'un employeur professionnel", l'article devrait se lire comme suit:
"L'exclusion devrait s'appliquer aux employés permanents." On maintient
l'exclusion quant aux employés permanents...
M. Gendron: C'est clair.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais on ajoute à cette
exclusion: "...des salariés permanents qui les remplacent
temporairement".
M. Gendron: C'est cela. S'ils sont permanents, ils sont
déjà exclus par le paragraphe, tel qu'il existe dans l'article
19.2 actuel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais ils ne peuvent
être remplacés temporairement.
M. Gendron: Le seul critère actuel est celui de la
permanence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exact.
M. Gendron: Alors, une minute. Si le seul critère actuel
est la permanence, comment
arrivez-vous à conclure qu'ils ne peuvent pas être
remplacés par les permanents qui remplacent puisqu'ils sont
déjà couverts? Un exemple. Je travaille pour une commission
scolaire et je suis permanent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Vous effectuez des
travaux de réparation, d'entretien, etc.
M. Gendron: C'est cela. J'effectue des travaux d'entretien, parce
qu'il y a deux employés permanents, qui étaient exclus par les
dispositions de l'article 19, mais ils sont en vacances ou en voyage de noces.
Je les remplace.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne pouvez pas.
M. Gendron: Oui, je peux. Je vous ai dit que j'avais
déjà le statut d'employé permanent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! D'employé permanent,
d'accord.
M. Gendron: Ce ne sera pas long.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'exemple que vous donnez
s'améliore de minute en minute. Il faut remplacer...
M. Gendron: Vers 23 heures, je commence à être
vraiment fonctionnel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va être bon
tantôt. Il faut remplacer le mot "permanent". "Aux travaux d'entretien et
de réparation exécutés par des salariés..."
M. Gendron: Cela ne marche pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous en faire la lecture
telle qu'on me la suggère. "Aux travaux d'entretien et de
réparation exécutés par des salariés permanents et
par des salariés qui les remplacent temporairement." Vous avez raison.
Il y a un "permanent" de trop. C'est le deuxième mot "permanent" qui est
de trop et non le premier. On peut rédiger l'amendement pour que ce soit
substitué de façon claire. Cela va être un amendement
à l'amendement qui va amender, premièrement... question de
vérifier sur le plan de la compréhension, cela va? Tout le monde
s'entend?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On rédige pour les fins de
dépôt à la commission.
M. Gendron: Oui, mais cela va m'obliger à vous poser la
question suivante...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: D'abord, on avait raison qu'il y avait un permanent
qui devait sauter et cela signifie que le ministre va avoir l'occasion, par son
projet de loi, d'autoriser le remplacement d'employés permanents par des
employés occasionnels qui ne seraient pas nécessairement
qualifiés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qui bénéficieraient
de l'exclusion dont bénéficie actuellement les permanents, mais
strictement sur une base temporaire. Pour prendre votre exemple de commission
scolaire, qui était peut-être l'exemple typique à prendre,
s'il s'agit de travaux d'électricité ou de plomberie, les
critères de carte de compétence demeurent.
M. Gendron: Pas au sens de la loi sur la construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au sens du règlement sur la
qualification professionnelle, ce qu'on appelle le hors construction, ils
détiennent une carte R4.
M. Gendron: En vertu de quoi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En vertu de la loi sur la
qualification professionnelle de la main-d'oeuvre.
M. Gendron: Si je vous disais, M. le ministre, que je
connais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un travailleur au noir?
M. Gendron: Non, cela... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non, ce n'est pas ce que j'allais vous dire, mais
sans blesser la personne que je ne nommerai pas, je connais... Je prends un
exemple d'une commission scolaire qui a un électricien permanent et cet
électricien ne dispose pas d'un permis de la Corporation des
maîtres électriciens, mais il est électricien, parce qu'il
a toujours fait de l'électricité hors...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Hors construction.
M. Gendron: ...construction, hors champ de... Oui, hors
construction. C'est un type qui a obtenu cette compétence, selon la
commission scolaire, dans l'ancien... On appelait cela l'École des arts
et métiers. Il est l'électricien responsable et en titre à
la commission scolaire. Il n'a pas de carte de qualification comme
électricien. Il a un permis de l'École des arts et métiers
qui dit qu'il a fait son cours, qu'il détient son diplôme
d'électricien et il travaille à la commission scolaire comme
électricien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que celui auquel vous
vous référez aurait obtenu son diplôme avant 1969...
M. Gendron: Oui, c'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et que la loi de 1969
reconnaissait ce diplôme et qu'on émettait à ces
gens-là ce qu'on appelle une carte R4 hors construction leur permettant
d'exercer, dans le cas qui nous concerne, le métier
d'électricien. La loi de 1969 reconnaissait les diplômes.
M. Gendron: Et vous me dites que dans le cas où cette
personne qui est permanente à la commission scolaire, qui est exclue du
décret du champ d'application en vertu de l'article 19.2 pourrait
être remplacée par un occasionnel...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Détenant cette
qualification.
M. Gendron: ...mais qui, lui, serait obligatoirement assujetti
à l'obligation de détenir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sa carte R-4.
M. Gendron: Sa carte R-4.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: ...qui, elle...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au même titre que celui qui
est le permanent. (22 h 45)
M. Gendron: Mais qui, elle, n'est disponible que si depuis la
date que vous avez indiquée il y a une seconde et dont je ne me rappelle
pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 1969.
M. Gendron: C'est cela. À la condition qu'il ait sa carte
de compétence des maîtres électriciens du
Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est exact. Il ne peut pas
être remplacé par quelqu'un qui ne détient pas soit une R-3
soit une R-4 pour effectuer des travaux d'électricité.
M. Gendron: Mais vous reconnaissez que vous ajoutez
potentiellement des gens additionnels qui seront exclus du champ d'application
de la construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Pour quelle raison? Qui vous a demandé
cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ces deman- des nous ont
été adressées, entre autres, par la
Fédération des commissions scolaires ainsi que par les unions des
municipalités. Je vous inviterais à relire le mémoire de
ces corporations et leur témoignage ainsi que les commentaires des
parlementaires d'un côté comme de l'autre de la table en insistant
sur les commentaires du député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Non, le député d'Abitibi-Ouest se
rappelle les commentaires qu'il a faits là-dessus sauf que... On va y
revenir, et je n'ai pas vu grand-chose dans vos amendements qui tenait compte
des... Un instant!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'amendement Gendron, on a
dit cela.
M. Gendron: Un instant... qui tenait compte des suggestions qui
vous ont été faites par les l'UMRCQ et l'UMQ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut différer d'opinions
au moment où nous nous parlons, mais je vous invite à la lecture
attentive des mémoires de la Fédération des commissions
scolaires et des unions municipales ainsi que des commentaires du parlementaire
que je viens de nommer.
M. Gendron: Les mémoires ne me faisaient pas
problème, je les ai bien compris. Ils disaient tout: Pour votre projet
de loi, attendez donc, ce n'est pas mûr; retirez-le. J'ai bien compris
cela. Mais là, c'est votre projet de loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que si vous lisez
attentivement le mémoire de l'Union des municipalités du
Québec, celui de l'Union des municipalités régionales de
comté ainsi que celui de la Fédération des commissions
scolaires, les propos que vous venez de tenir ne s'y retrouvent pas. Au
contraire, on demandait certaines exclusions dont celles que nous introduisons
et pour lesquelles vous vous êtes vous-mêmes exprimé comme
parlementaire sur le sujet.
M. Gendron: Vous m'avez répondu, je pense tantôt
que, dans la perspective où il y a cette ouverture, cette modification
pour remplacer les permanents par des occasionnels, ils devront avoir la
qualification requise. Vous avec dit cela clairement. Dans quelle loi, à
quel article puis-je faire référence pour m'assurer que ce que
vous dites est une obligation contraignante?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va me trouver l'article de la
loi. Dans l'intervalle, je déposerais l'amendement à
l'amendement. Il s'agit de la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles de la main-d'oeuvre, a l'article 42. "Aucun employeur ne peut
utiliser les services d'un salarié qui n'a obtenu de certificat de
qualification exigé pour exercer un métier ou une
profession visé au paragraphe b de l'article 30. Un tel
salarié ne peut exercer ce métier ou cette profession qui
réfère au règlement sur la formation et la qualification
professionnelles de la main-d'oeuvre s'appliquant aux métiers
d'électricien, de tuyauteur, de mécanicien d'ascenseur et
d'opérateur de machines électriques dans les secteurs autres que
celui de la construction."
Donc, cela ne s'applique pas strictement, pour être un peu plus
général, aux métiers que nous avions mentionnés,
mais également à l'ensemble des autres métiers
énumérés dans le règlement. On peut
spécifier le champ d'application du règlement.
M. Gendron: Cela ne prend pas la carte de qualification de la
construction parce que c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! non. Cela ne prend pas ce
qu'on appelle la carte R-3, mais la R-4. D'ailleurs, le champ d'application de
cette réglementation est très clair. Le secteur à
l'article 2: Le présent règlement régit l'exercice des
métiers définis à l'annexe A dans les secteurs non
assujettis à la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction compte tenu de toute modification à cette loi, de tout
règlement et de tout décret adoptés en vertu de celle-ci.
L'annexe comprend les métiers. Il s'agit d'électricien, de
tuyauteur, de la spécialité plombier, de la
spécialité poseur de gicleurs, de la spécialité
poseur d'appareils de chauffage, de la spécialité du frigoriste,
du mécanicien d'ascenseur, d'opérateur de machines
électriques.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous voulez déposer votre sous-amendement tout de suite?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le ministre
a déposé le sous-amendement qui suit: "Supprimer, dans la
troisième ligne du paragraphe 1° de l'article 4 et après le
mot "salariés", le mot "permanents"."
Est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Gendron: Le sous-amendement est adopté parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est d'initiative
appréciée.
M. Gendron: C'est cela. Donc, le ministre reconnaît que
l'article 1 avec le sous-amendement adopté, là cela n'a rien
à voir, c'est juste pour régler cela. Cela soustrait un certain
nombre de travaux qui, dans le passé, avaient l'obligation d'être
faits par des gens qui provenaient du secteur de la construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans des circonstances bien
spécifiques en remplaçant des travailleurs permanents qui
bénéficiaient d'une exclusion au décret. Je
réitère que c'est à la demande des deux unions municipales
et des commissions scolaires. Je réitère également qu'il y
a des propos très intéressants de parlementaires à lire
sur le sujet.
M. Gendron: M. le ministre, est-ce que vous ne convenez pas que
la demandé qui vous a été faite, là quand vous
dites des salariés permanents même si on a réglé
cette question qui remplacent temporairement... Le "remplace temporairement" il
n'y a pas un danger de le laisser comme cela non défini? Quelle
interprétation sera faite du remplacement temporaire? Là, vous
m'avez donné des exemples. Sur le plan pratique, les congés de
maladie, les vacances, je pense que cela a été
évoqué.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être pour
préciser...
M. Gendron: Je vais attendre l'explication, mais s'il n'y a pas
de dispositions plus restrictives, je pense à une commission scolaire
qui a dix employés permanents. Alors, c'est écrit "un
salarié qui les remplace temporairement". Moi, est-ce que je peux
déduire par les dispositions ainsi libellées que cela pourrait
permettre l'entrée de quinze personnes occasionnelles, alors qu'il n'y
avait que dix employés permanents?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Possiblement. M. Gendron:
En vertu de quoi et comment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aux travaux d'entretien et de
réparation exécutés par des salariés permanents
embauchés... je vais le mémoriser. Les employés permanents
par des salariés qui les remplacent temporairement... Donc, il faut que
le salarié, l'un de vos dix, soit remplacé par une personne pour
une période temporaire. Pour placer la définition ou
l'interprétation, pour remplacer, il faut remplacer quelque chose qui
existe. Donc, si vous avez un poste qui existe d'un, de deux, de trois ou de
quatre de vos dix, chacun est remplacé par un... autrement, s'il n'y a
pas de sujet principal.
M. Gendron: La notion de remplacement, parce que inhabile
à effectuer la fonction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Incapable.
M. Gendron: Ou incapable temporairement. Mais pas parce qu'ils
sont occupés ailleurs, les employés permanents. La crainte que
j'ai - je pense que vous me comprenez, ce serait important de savoir cela - si
les employés permanents sont occupés ailleurs, et que vous
décidez de les remplacer par des employés occasionnels...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Impossible. M. Gendron:
C'est impossible?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est impossible parce que s'ils
sont occupés ailleurs, je ne peux pas les remplacer, ils sont à
l'emploi.
M. Gendron: Oui, mais je lis intégralement votre
1e "Par l'insertion, dans la deuxième ligne du paragraphe
2° et par des salariés permanents qui les remplacent
temporairement." Vous m'avez donné comme exemple que les raisons sur
lesquelles vous vous appuyez pour faire un remplacement temporaire sont la
maladie, les vacances, et tout cela. C'est ce que vous m'avez donné
comme exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Accidents de travail.
M. Gendron: Oui, accidents de travail. Pourquoi dites-vous que
cela ne pourrait pas être possible qu'ils soient remplacés pour
effectuer des tâches, parce que les gens que vous avez
déplacés pour permettre l'entrée d'occasionnels ne sont
pas en vacances, ne sont pas accidentés et travaillent ailleurs?
Pourquoi dites-vous que ce n'est pas possible ce que je dis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous prenez la situation
où la commission scolaire affectait un de ses travailleurs exclu
à d'autres tâches, elle aurait l'obligation, si elle veut faire
effectuer les travaux, de le remplacer par un employé permanent.
M. Gendron: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Le paragraphe 1 est
adopté. J'appelle le paragraphe 2. Le paragraphe 1 est adopté sur
division, tel qu'amendé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on procède de
nouveau à la lecture pour fins de compréhension?
Le paragraphe 2: "Par l'addition, à la fin du paragraphe 8°
du premier alinéa, de ", de même que par des salariés
qu'ils embauchent directement pour remplacer temporairement ces salariés
permanents";.
Brièvement, même si nous nous sommes servis de l'exemple -
et je tiens à le rectifier - des commissions scolaires dans le cas de
deuxièmement, il visait les municipalités. Dans ce cas-ci, ce
sont les commissions scolaires qui sont visées.
M. Gendron: En vertu de quoi, M. le ministre,
prétendez-vous que le deuxièmement était pour les
municipalités alors que moi, je lis troisièmement pour les
municipalités?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Troisièmement touche les
travaux spécifiques dans certaines municipalités de canalisation
d'égout. Il ne s'agit pas de travaux d'entretien et de réparation
dans les municipalités visées.
M. Gendron: Ça, je comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre autres.
M. Gendron: Je vous comprends et je vous rappelle qu'on a
parlé de cela lors des consultations particulières. Mais je ne
peux pas accepter que vous prétendiez que le deuxièmement soit
exclusif aux municipalités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne prétends pas qu'il
est exclusif. Je prétends qu'il touche les municipalités, mais il
n'est pas exclusif aux municipalités.
M. Gendron: II touche tout le monde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout le monde qui est dans la
situation.
M. Gendron: Les municipalités, les usines, les commissions
scolaires qui sont touchées par des travaux d'entretien et de
réparation effectués par des employés permanents.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf que les commissions
scolaires, par exemple, et c'est là que j'ai fait amende honorable
auprès de l'honorable député de l'Opposition, sont
visées au huitième paragraphe plutôt qu'au deuxième
paragraphe. Elles sont spécifiquement visités.
M. Gendron: Les commissions scolaires, je suis sûr. Les
commissions scolaires, je suis sûr que c'est au huitième
paragraphe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et le huitième,
peut-être pour fins de précisions, M. le député, est
plus large que le deuxième, le deuxième ne s'appliquant qu'aux
travaux d'entretien et de réparation, tandis que le huitième vise
les travaux d'entretien, de rénovation, de réparation et de
modification.
M. Gendron: Oui, mais, si on revient au deuxième, toujours
en relation, quand je parle du deuxième, je parle du deuxième
paragraphe de l'article 19.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va.
M. Gendron: Même si je sais qu'on est au deuxième de
l'article 19 dans vos amendements, je ne crois pas que cela réponde
à la demande de l'UMRCQ entre autres, qui disait: Nous n'avons pas de
permanents; nous n'avons pas d'employés permanents. Vous vous rappelez
cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: II y a tellement de petites municipalités au
Québec qui ont uniquement, quand ils en ont, des employés
occasionnels ou...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'UMRCQ nous a indiqué, de
mémoire, la proportion des municipalités...
M. Gendron: Oui, 600.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...quelle représentait qui
avait moins de 5000 de population, dont on préconisait qu'elles
n'avaient pas d'employés permanents...
M. Gendron: Ils ont dit que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et la proportion qu'elle avait
donc... Ce que je dis, c'est que cela répond en partie à l'UMRCQ,
mais cela répond beaucoup plus directement à l'UMQ.
De toute façon, dans les petites municipalités, si je me
rappelle le témoignage de M. Nicolet, qui est le président de
l'UMRCQ, on nous a indiqué que dans les petites municipalités
où il n'y avait pas de salariés permanents, ce qu'on faisait,
c'est qu'on procédait généralement par appel d'offres pour
les travaux à effectuer.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 5)
(Reprise à 23 h 11)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Lors de la suspension nous
étions à l'étude du deuxième paragraphe.
M. Gendron: ...également, c'est pour introduire la
même disposition, si je comprends bien, M. le ministre, que
premièrement, mais plus particulièrement pour couvrir les
commissions scolaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les commissions scolaires et les
établissements également permanents des établissements
publics visés par la Loi sur les services de santé et les
services sociaux.
M. Gendron: D'accord, pour le champ de couverture. Mais l'effet
de l'amendement proposé au deuxième paragraphe est exactement le
même qu'au premier, sauf que la couverture n'est pas la même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exact.
M. Gendron: Mme la Présidente, je vais vous indiquer que
pour les mêmes raisons que mes questions sur le deuxièmement dans
la loi, qui était le premièrement dans les amendements
proposés par le ministre: adopté, sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Le paragraphe 2 est
adopté sur division. J'appelle le paragraphe 3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente, le
paragraphe 3 se lit comme suit: 3° par l'addition, après le
paragraphe 8° du premier alinéa, du suivant: "9° aux travaux
suivants, exécutés pour une personne physique agisssant pour son
propre compte et à ses fins personnelles et exclusivement non
lucratives: i. d'entretien, de réparation, de rénovation et de
modification d'un logement qu'elle habite; ii. de construction d'un garage ou
d'une remise annexe à un logement qu'elle habite, qui lui soit contigu
ou non.";.
Brièvement, Mme la Présidente, cette modification a pour
objet d'exclure du champ d'application de la loi des travaux d'entretien, de
rénovation, de réparation et de modification
exécutés pour les fins personnelles d'une personne physique. Si
de tels travaux sont effectués pour une personne physique à des
fins commerciales ou industrielles, ils ne sont donc pas visés par
l'exclusion. La modification proposée vise seulement les travaux
énumérés dans tout le secteur domicilaire, sauf dans la
construction domiciliaire neuve et dans la construction domiciliaire
utilisée à des fins commerciales ou industrielles. De plus, cette
modification prévue au paragraphe 1° exclut de l'industrie de la
construction les travaux de construction d'un garage et d'une remise lorsque
ces travaux sont exécutés pour les propres fins, autres que
commerciales ou industrielles, d'un propriétaire d'un bâtiment
d'habitation.
M. Gendron: M. le ministre. Encore là on est vraiment dans
le coeur de tous les éléments qui ont été
abordés par les différents intervenants lors des consultations
particulières. Une seule chose sur laquelle je pense qu'on doit se
féliciter mutuellement, c'est que n'importe quel profane va pouvoir lire
clairement ce que cela signifie. C'est un libellé très clair.
Vous ajoutez, à la fin du 8° un 9° avec toujours les mêmes
dispositions. Elles ne s'appliquent pas aux travaux suivants,
exécutés pour une personne physique agissant pour son propre
compte, à ses fins personnelles et exclusivement non lucratives. Je
reconnais que vous avez une disposition dont je ne connais pas le
résultat dans son application. On aura à vivre avec. Il
m'apparaît que c'est effectivement beaucoup plus précis, plus
serré que ce qu'on avait dans l'ancien texte du projet de loi. Pour ce
qui est du premier i, il est encore clair pour n'importe qui qui voudra le lire
que, dans votre esprit, vous souhaitez que le
présent projet de loi ne s'applique pas aux travaux "d'entretien,
de réparation, de rénovation et de modification d'un logement
qu'elle habite."
Là, je veux seulement savoir, avant de... Juste une minute. Dans
le premier i, entre le texte que nous avons et l'ancien texte, c'est l'ajout de
"qu'elle habite".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "D'un logement qu'elle
habite".
M. Gendron: C'est cela. Vous avez raison, "d'un logement qu'elle
habite". Encore là, Mme la Présidente, j'estime qu'il s'agit
d'une précision qui s'imposait. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit
d'une précision qui s'imposait si on veut refléter, un tant soit
peu, les principaux arguments qui ont été évoqués
par les consultés. Là, je vais en profiter, parce que je n'ai pas
de question, dans le sens que je pense de très bien comprendre de quoi
il s'agit.
Mais, là, on arrive, justement, à la question la plus
fondamentale du consensus sur lequel le ministre prétend s'appuyer pour
continuer à procéder dans son projet de loi. Il m'apparaît,
Mme la Présidente, que cela a été on ne peut plus clair
que tous ont dit que les travaux d'entretien et de réparation ne
faisaient pas problème et étaient, dans l'esprit du consensus, de
contrer le travail au noir et également d'avoir cette disposition qui
ferait qu'on pourrait peut-être éliminer la prétention,
entre autres, du mémoire sur la protection des consommateurs qui disait
qu'une des raisons du travail au noir, c'est une espèce de
réflexe, une espèce de pression des concernés, lorsqu'ils
prétendent qu'un projet de loi ne tient pas compte d'une
réalité ou d'un contexte économique.
À ce moment-là, il y a une réaction des
concernés de dire: Écoutez, si c'est comme cela et que ces gens
ne veulent pas comprendre - je parle toujours du législateur au sens
large - ce qui devrait être requis, la réaction est qu'il y a des
gens qui commencent à prendre des mesures de "contrevenance", des
mesures de distorsion, des mesures de contournements des lois en vigueur et
c'est ce qui est arrivé et c'est ce qui arrive au Québec avec le
phénomène du travail au noir.
Je n'ai pas la conviction, Mme la Présidente, à ce
moment-ci, que le ministre est sur la bonne voie de persister à voir en
consensus, en incluant l'ensemble des quatre éléments de son
premier paragraphe i. Cela, c'est un point de vue. Le ministre peut avoir
raison; moi, je pourrais avoir tort. Mais je suis obligé, à ce
jour, de fonctionner avec les indications qu'on m'a données et Je
consensus auquel j'ai été témoin. Le consensus auquel j'ai
été témoin ne faisait aucun doute qu'il s'agissait
d'entretien et de réparation point. Parce que le ministre conviendra
que, dans la modification qu'il apporte, en aucune façon, il y a des
précisions additionnelles sur le sens et la portée - je vais
appeler cela "fonctionnel" - qu'on donnera aux mots "modification" et
"rénovation". Je n'ai aucune espèce d'idée comment, sur le
plan du fonctionnement de ce projet de loi, on donnera une notion extensive ou
restrictive à ce qui apparaît ici, à savoir
rénovation et modification.
Je reconnais, cependant, que le resserrement sur un logement qu'elle
habite et qu'en conséquence, on n'est plus dans le décor du
"bunker" modifié ou de l'ancienne chapelle Sixtine que
j'achèterais et que je modifierais en vingt ou vingt-cinq condominiums.
Ce n'est plus le cas, parce que, sur le plan pratique, il faut que ce soit la
rénovation et la modification d'un logement qu'elle habite.
Mais le ministre conviendra que je reviens à la
problématique montréalaise, sherbrookoise,
québécoise, drummondvilloise, granbyenne, que je citais ici
même et, là-bas, dans le sens - si je reviens à mon exemple
du Vieux-Montréal -que, ayant été ministre de l'Office de
planification et de développement du Québec, j'ai donné
l'exemple quand j'avais eu à signer une entente de rénovation de
quartiers importants dans le Vieux-Montréal. Il y a certains de ces
édifices qui étaient habités par des propriétaires
uniques qui logeaient dans le logement dont ils étaient
propriétaires. Je suis donc en tout point conforme à ce qui est
suggéré par le ministre. Je vais même citer le cas de mon
chef de cabinet qui a bénéficié anciennement de ce
programme de la ville de Montréal. C'est seulement pour vous dire que je
sais de quoi je parle. Il a effectivement transformé de fond en comble
le logement qu'il habitait, d'après ce programme.
La transformation, que j'identifie à l'expression "modification"
n'était pas dans le genre de l'exemple souvent donné et
répété par le ministre de la Main-d'Oeuvre, de la
Sécurité du revenu et du Travail, qui me paraît être
un petit peu opportun dans les circonstances pour aller acheter une certaine
ferveur populaire mais qui ne correspond pas au fait. De dire que cela me tente
de modifier la couverture de mon dessus de comptoir de cuisine, comme on
appelait cela chez nous - j'ai failli dire le "sink" mais c'est passé de
mode - dans ce sens, il s'agit d'une modification mineure, bénite par
tout le monde. Il n'y a pas grand monde qui est contre cela.
Mais la modification du logement habité par mon ancien chef de
cabinet dans le Vieux-Montréal, ce n'est plus dans le même ordre
de grandeur. Dans ce sens, le ministre nous dit clairement: C'est le choix que
je fais de retirer de telles modifications du décret de la construction.
Je ne dis pas qu'il n'a pas le droit de le faire. Je dis que cela ne correspond
pas du tout au consensus qui s'est dégagé lors des consultations
particulières. Dans ce sens, je prétends qu'il y aurait eu lieu,
à tout le moins, d'attendre quelques réactions des amendements
proposés par le ministre du Travail pour s'assurer peut-être que
le fait uniquement qu'il a resserré cette
disposition "au logement qu'elle habite" aurait pu être
agréé par les personnes concernées.
Je répète que des gens qui pourraient être
très intéressés par ces questions, pour compléter
la liste que je n'ai pas eu le temps de faire, en termes de ce que
j'appellerais dé retour, non sur les investissements, mais sur la
consultation rapidement faite auprès des intervenants, que la
Corporation des maîtres électriciens n'est absolument pas d'accord
pour le moment avec les amendements proposés parce qu'elle
prétend qu'il faut regarder cela globalement dans un tout. Elle
souhaitait que le projet de loi au complet soit reporté à
l'automne.
J'avais également omis de parler de la FTQ-Construction qui nous
a indique qu'elle enverrait un télégramme pour exiger le retrait
du projet de loi. Donc, dans une liste très sommaire, il n'en demeure
pas moins que j'ai cinq organismes assez connaisseurs du domaine et assez
concernés par les questions que l'on traite. L'Association de la
construction de Montréal et du Québec, épouvantable
retrait; la CSN demande le retrait. Le Conseil provincial, par un
télégramme, demande le retrait. La FTQ-construction demandera le
retrait par un télégramme. La Corporation des maîtres
électriciens n'est pas sûre exactement. Elle dit à tout le
moins: J'aimerais bien mieux avoir l'occasion de regarder cela plus longuement
à l'automne. Nous pourrons dire alors: M. le ministre, vous avez un
bébé qui est montrable ou c'est le vôtre, et il n'est pas
montrable. Je parle du projet de loi.
Dans ce sens, M. le ministre, je n'ai pas d'autres choix, étant
donné que vous ne m'avez pas permis d'avoir l'occasion de mieux faire
mon travail de parlementaire et de refléter les consensus que j'aurais
pu voir, je me vois donc dans l'obligation de proposer un amendement à
l'article 9 i).
L'amendement proposé se lirait comme suit: "L'amendement à
l'article 4 du projet de loi 31 est sous-amendé par le remplacement du
sous-paragraphe i. du paragraphe 9°, du paragraphe 3°, introduit par
l'amendement, par le suivant: i. d'entretien et de réparation.
Ce qui signifie qu'on retirerait de l'article 9i. les expressions
"rénovation et modification."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est simple à
comprendre.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de... Vous avez
conservé "le logement qu'elle habite," c'est la seule chose...
M. Gendron: Non, on l'a enlevé et j'expliquerai pourquoi
à l'article ii.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le
sous-amendement se lit comme suit: L'amendement à l'article 4 du projet
de loi 31 est sous-amendé par le remplacement du sous-paragraphe i. du
paragraphe 9°, introduit par l'amendement suivant: i. d'entretien et de
réparation. Adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je ne sais pas si...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Ah! Très simplement, sur l'amendement, je ne
referais pas une demi-heure. Je veux tout simplement dire quelques phrases pour
dire que nous proposons cet amendement, j'ai eu l'occasion de l'expliquer en
vous laissant voir que je m'en venais vers cela et là, nous y sommes.
Alors, parce que nous y sommes, je veux parler exclusivement sur l'amendement.
L'amendement - c'est simple - tient compte du réel consensus de tous les
intervenants qui nous ont dit: On ne croit pas qu'entretien et
réparation fassent problème et, à sa face même, tous
les intervenants ont prétendu que les travaux d'entretien et de
réparation, dans l'esprit, cela signifie de menus travaux. Cela ne fait
pas de difficulté et c'est logique. Il est logique d'avoir cette
souplesse qui est souhaitée par les citoyens et citoyennes du
Québec, que le législateur soit sensible à des demandes
comme celle-là, parce que entretenir et réparer sont des notions
éprouvées dans le domaine de la construction, et le ministre l'a
dit lui-même. Ce sont des notions où il n'y avait pas tellement de
conflit d'interprétation quant au sens qu'on pouvait donner à ce
qu'on entend par entretien - c'est vous qui avez dit cela. Je pourrais
même... Là, je répète. Ce n'est pas parce que c'est
vous qui avez dit cela que je vais m'appuyer seulement là-dessus. Vous,
comme ministre du Travail, avez quand même dit à plusieurs
reprises - non, ce n'est pas mauvais, M. le ministre - que sur le plan de
l'expertise que vous avez développé comme ministre du Travail,
c'étaient des notions assez éprouvées où on n'avait
pas de difficulté d'interprétation.
Vous nous direz que c'est la même chose pour rénovation et
modification. Là, je prétends qu'on n'a pas effectivement autant
de clarté sur l'interprétation à donner à
rénovation et modification. Je suis consciencieux en disant que, oui,
vous avez resserré la capacité d'interpréter trop
largement par l'inclusion "d'un logement qu'elle habite". C'est pour cela que
mon amendement n'est pas très compliqué. Si j'avais l'assurance
que les personnes concernées, parce qu'on légifère pour
les gens qui auront à vivre avec cette loi plus que pour moi
personnellement, voient là un resserrement qu'elles souhaitent, qui est
compréhensible et qui aura comme conséquence de restreindre des
activités soustraites au décret de la construction que dans la
logique de menus travaux, mais en y incluant cette fois des
menus travaux de modification et de rénovation. (23 h 30)
Si les gens venaient me dire cela... Nous comprenons par là, avec
ia restriction que le ministre s'impose, "d'un logement qu'elle habite",
effectivement, dans le vécu de cela, cela va se concrétiser par
des menus travaux sur toute la ligne: des menus travaux d'entretien, de
réparation, de modification et de rénovation. Je vous le dis, si
j'avais l'assurance que les parties qui auront à vivre avec cela sont
satisfaites de cela, je réfléchirais davantage. Je n'ai pas cette
assurance parce que tous ces gens sont venus me dire: Écoutez, des
modifications et des rénovations, c'est du gros gabarit en termes de
piastres, en termes de monde et en termes d'avenir dans le secteur de la
construction résidentielle. Je ne peux pas accepter que vous
procédiez par morceau comme gouvernement. Vous êtes censés
être au pouvoir, vous avez été élus
démocratiquement, vous avez beaucoup de monde pour vous appuyer, vous
êtes bons dans les sondages, on le verra encore demain, parce que vous
vous appuyez sur cela pour faire n'importe quoi. À ce moment, c'est a
vous à prendre vos responsabilités. Si vous voulez sortir le
résidentiel et le domiciliaire du décret de la construction pour
en faire un régime non pas antidécret mais un régime
différent à part, dites-le clairement, il y a des gens qui ont
demandé cela et qui souhaitent cela. Vous avez le droit de dire: Nous,
on n'est pas d'accord pour telle et telle raison mais il faut le faire
globalement. Il ne faut pas le faire à la pièce, tranquillement,
et dire: Bon, on va commencer par l'entretien, la réparation, la
rénovation et les modifications. Là, cela va être dans "un
logement qu'elle habite" et, l'an prochain, on va dire: S'il y en a quatre,
cela peut aller parce que c'est toujours de la rénovation et des
modifications. Je n'ai aucune garantie que vous ne commencerez pas à
ouvrir davantage sur cela. Alors, réglons le problème tout de
suite. Présentons un amendement comme je viens de le faire qui consacre
uniquement le principe de ce sur quoi il y a consensus. Si on consacre le
principe sur quoi il y a consensus, la rénovation et l'entretien,
là, il n'y a pas de chinoiserie, il n'y a pas de problème.
Mme la Présidente, je crois avoir expliqué mon amendement.
Je ne veux pas pérorer davantage. C'est, on ne peut plus clair, le
ministre me l'a dit avant même que je plaide que c'était
très clair et qu'il comprenait cela. Alors, je l'entends.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires au sous-amendement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
très brièvement. Si je siégeais dans l'Opposition et que
je voulais l'avis des consommateurs québécois, je
suggérerais l'amendement proposé par l'Opposition, étant
bien conscient que, pour appliquer cet amendement, j'aurais besoin d'une
armée d'inspecteurs dans l'ensemble des logements et des
résidences de la province de Québec pour déterminer si les
travaux qui y sont effectués sont des travaux de modifications, de
réparation et d'entretien. Je serais convaincu que, en faisant adopter
une telle proposition, je placerais le gouvernement qui prétendait
réglementer ces travaux dans un embarras et je ferais en sorte que, sur
le plan politique j'y gagnerais, parce que le taux de satisfaction à
l'endroit du gouvernement diminuerait. C'est pourquoi je voterai contre
l'amendement proposé par le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Mme la Présidente, mon temps n'est pas
épuisé?
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
M. Gendron: Alors, j'ai le droit. Je veux juste dire que j'ai
écouté le ministre. Je fais juste ajouter une phrase de plus, non
pas pour rallonger, je ne trouve pas que c'est aussi simple que le ministre le
dit en disant: Moi, mon objectif, c'est de compliquer le point de vue et
l'intérêt des consommateurs. Je tiens à signaler que je
serais prêt même à faire vérifier le nombre de
municipalités au Québec qui n'exigent pas de permis pour toute
autre chose sauf de la rénovation et de la modification
d'édifices résidentiels. Autrement dit, je serais capable de
faire la preuve, M. le ministre, que contrairement à ce que vous venez
d'affirmer ce n'est pas si terrible que cela de vérifier ce qu'est la
rénovation et les modifications versus l'autre secteur qui est
l'entretien et la réparation pour la simple raison qu'il y a beaucoup
plus de municipalités de taille au Québec, vous seriez surpris.
Je le dis, Rapide-Danseur est une municipalité dans mon comté qui
a été municipalisée en fait il y a deux ans parce qu'elle
avait atteint son 300e citoyen. Vous m'avez bien compris. Elle avait atteint
enfin son 300e citoyen, qui est la norme minimale pour avoir droit d'être
municipalisée. Rapide-Danseur qui ost une municipalité de quelque
300 citoyens, ce n'est pas une grosse, a un inspecteur municipal et exige que,
pour toute modification et rénovation, cela prenne un permis. Cela te
laisse tranquille pour peinturer ton perron, réparer la galerie,
réparer la toiture. Donc, tous les travaux d'entretien et de
réparation, il n'y a pas de problème. Or, quand le ministre me
renvoie toujours à ce qui est beau dans le public, cela peut être
alléchant parfois. Eux autres, ils veulent compliquer le système
et avoir des milliers de fonctionnaires inspecteurs qui vérifieraient la
difficulté. Je prétends qu'il faut le dégrossir. Je ne dis
pas que c'est simple, M. le ministre, que cela ne pose pas certains
problèmes. Je dis tout simplement qu'il y a beaucoup plus de
municipalités au Québec qui exigent un permis de construction
pour de la rénovation et de la modification. En conséquence,
ce bout-là n'a pas véritablement été
fouillé par vous. Comme ministre du Travail, si vous aviez l'intention
de respecter le consensus et de rester au niveau de l'entretien et de la
réparation, vous auriez exploré certaines alternatives autres que
de rester sur votre position. Vous voulez régler une fois pour toutes la
rénovation et la modification. On sort cela du décret sans trop
mesurer les implications sur te coût, sur les travailleurs, sur les
garanties, sur les consommateurs, et ainsi de suite. Je prétends que
c'est imprudent, à ce moment-ci.
C'est ma conclusion, parce que j'avais omis cette partie. Surtout parce
que je n'avais pas entendu la réplique sur l'extraordinaire bonne
collaboration que je voulais offrir au ministre avec un amendement de cette
nature. Il me répond que je veux compliquer la tâche des
contribuables, alors que je prétends que ce n'est pas si automatique que
cela. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté? Le sous-amendement, c'est-à-dire.
M. Gendron: Vote nominal. Je demande le vote.
Une voix: On va gagner.
M. Gendron: Oui, vous devriez gagner.
Le Secrétaire: M. Cusano.
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: Mme Pelchat.
Mme Pelchat: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert.
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Également contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger.
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: M. Gendron.
La Présidente (Mme Bélanger): Je suis
supposée être neutre.
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: Un pour, quatre contre, une abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): Un pour, quatre
contre, une abstention. Alors, le sous-amendement est donc rejeté. Nous
revenons à la discussion sur le paragraphe 3. Est-ce que le paragraphe 3
est adopte?
M. Gendron: Non, on n'a pas parlé du "ii".
La Présidente (Mme Bélanger): Des deux petits
"i"?
M. Gendron: On n'a pas eu aucune occasion de s'expliquer et de
parler sur les deux petits "i".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'en a pas eu à l'appel
de l'article, mais on l'a eu au niveau des audiences publiques.
M. Gendron: M. le ministre, conformément à ce qu'on
avait convenu de regarder paragraphe par paragraphe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas d'objection.
M. Gendron: On a réglé le sous-amendement que j'ai
proposé du premier "i". Donc, on revient à ce qui est là.
Ce qui est là, je ne le discute plus, on l'a assez discuté. Le
"i" qui est là, c'est adopté sur division parce que vous avez
rejeté l'amendement proposé. On revient aux "ii".
Sur les "ii", je veux seulement indiquer au ministre que - et
sérieusement, j'ai relu les mémoires - je ne me souviens pas
qu'il y en ait beaucoup qui souhaitaient qu'on retire de l'application du
décret la construction d'un garage ou d'une remise, annexe à un
logement qu'il habite, qui lui soit contigu ou non, compte tenu du
problème de phaser les constructions.
Je me rappelle que j'avais expliqué qu'il y a des jeunes
ménages qui peuvent envisager de s'acheter une maison - ce que je leur
souhaite - ou de bâtir eux-mêmes progressivement, pour des raisons
de capacité financière. La construction de la maison, à
moins que je comprenne mal, s'ils décidaient de la faire bâtir, va
rester assujettie au décret de la construction. Je parle d'une maison
neuve. Je fais bâtir une maison. Elle resterait assujettie au
décret de la construction.
Mais moi, d'une certaine façon, pour délester davantage
les travailleurs de la construction d'une partie de volume de la construction,
j'ai dans ma tête véritablement de me bâtir un garage. Je ne
veux pas le faire au même moment où je fais construire la maison
pour être en mesure de rrTappuyer dans le projet de loi sur l'article que
le ministre vient d'introduire. Lorsque je construis un garage ou une remise
annexé à un logement que j'habite, je ne suis pas assujetti au
décret de la construction puisque dans le texte, rappelez-vous toujours
que la présente loi s'applique aux employeurs et aux employés de
l'industrie de la construction.
Toutefois elle ne s'applique pas à... Donc elle ne s'appliquerait
pas à la construction de mon garage. Elle ne s'appliquerait pas à
la construction d'une remise. Or il faut savoir que dans certains quartiers un
peu plus huppés que d'autres, il y a des constructions de garage ou de
remise qui ne sont pas du menu fretin en termes de coûts, qui ne sont pas
des choses non compliquées. Je parle toujours au sens de la valeur
économique que cela peut représenter sur un rôle
d'évaluation. Je n'ai pas entendu le ministre expliquer à la
population qu'il ne voulait plus que la construction de garage ou de remise
soit assujettie au décret de la construction. Vous n'avez pas fait de
communiqué là-dessus, mais c'est ce que cela veut dire. Cela veut
dire que, dorénavant, quelqu'un peut complètement sortir du
décret de la construction, la construction de son garage ou d'une
remise, en particulier quand il aura fait le choix de phaser sa construction,
de ne pas la faire - pas contiguë - en même temps. Je ne sais ce que
le ministre me répondrait là-dessus si je lui posais la question.
Dans la perspective où je me construis et que dans les plans de la
maison sur lesquels je m'appuie - pour une maison il y a des plans - le plan du
garage est annexé à la maison, annexé au sens que c'est le
même plan. C'est un plan de maison qui inclut un garage. Est-ce que, dans
la compréhension du ministre, la construction inclut le garage dans les
plans de la maison? Je suis assujetti au décret dans ce cas-là et
je ne le serais pas dans la perspective de construire un garage ou une remise
annexée à un "logement qu'elle habite" qui lui soit contigu ou
non. Donc, M. le ministre, j'ai entendu votre réflexion que je ne
répéterai pas, mais je connais des indivus qui ont phase leur
construction. Ils ont fait construire le garage quelques années
après. Cela veut dire que même si la construction d'une maison
domiciliaire est de la construction domiciliaire, vous voulez dire aux citoyens
du Québec: la construction d'un garage, ce n'est pas de la construction
domiciliaire. C'est ce que vous dites dans votre projet de loi. La construction
d'un garage et d'une remise n'est pas de la construction domiciliaire. C'est
cela. C'est soustrait à l'application du décret. Étant
soustrait à l'application du décret, il y a toujours le
même problème d'inquiétude concernant les garanties du
contribuable. Cela ne se fait pas avec la même capacité dans la
perspective où il y aurait des difficultés de poursuivre
l'entrepreneur. S'il y a eu une entente bona fide que le garage ait
été fait hors décret par quelqu'un qui accepte de le faire
au tarif qu'il veut, avec les papiers qu'il a, je sais bien que c'est une
disposition qui se négocie comme cela - je viens de la dire, bona fide -
mais qui n'empêche pas la conséquence, à un moment
donné, étant donné l'ampleur des travaux et dans certains
cas du fait qu'un garage peut être annexé à la maison,
d'avoir des répercussions sur la maison, sur, entre autres, le solage
d'une maison parce que cela peut être juxtaposé. Le solage de la
maison pourrait: faire l'objet d'une poursuite, d'une réclamation en
bonne et due forme, parce qu'il a été fait suivant les normes du
décret. Mais le garage qui est annexé à la maison dans les
mêmes plans de la maison, lui, ne ferait pas partie de cette garantie
contractuelle.
Comme je l'ai indiqué au début, je n'ai pas entendu
beaucoup d'intervenants, lors des audiences, des consultations
particulières, qui ont souhaité que la construction d'un garage
ou d'une remise, annexé ou pas, à "un logement qu'elle habite"
soit soustrait au décret de la construction.
En terminant, je voudrais vous poser une question. Quand vous
décidez de le maintenir à l'extérieur du décret,
c'est à partir d'un consensus que vous avez observé ou si c'est
strictement une volonté ministérielle du gouvernement de
procéder comme tel.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je répondrai en
spécifiant que sur le plan de la structure du garage, il s'agit d'un
élément important lorsqu'on parle d'un garage ou d'une remise,
vous devez quand même avoir recours à celui qui détient une
compétence dans le nouveau métier de charpente ou, dans
l'intervalle, à un charpentier-menuisier. Si votre garage comprend, et
c'est le cas de l'ensemble des garages et des remises, des services
électriques, vous devez également avoir recours à
quelqu'un qui est compétent dans le domaine de
l'électricité. Si vous souhaitez laver votre auto vous devez, si
vous faites des installations de plomberie, avoir recours à quelqu'un
qui a de la compétence dans le domaine de la plomberie. Cette exclusion
a été apportée à la suite de consultations
informelles effectuées auprès de représentants importants
de l'industrie de la construction et des représentants des travailleurs
de l'industrie de la construction.
M. Gendron: Avez-vous une évaluation chiffrée, M.
le ministre, du volume de construction au Québec dans les
dernières années qui pourrait être incluse dans le secteur
uniquement de la construction de garage et de remise?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'a pas, sur le plan des
données disponibles, des données spécifiques aux remises
ou aux garages. Vous avez tout le marché aujourd'hui, qui s'est
développé au cours de la dernière décennie, des
petites remises qui sont achetées toutes faites et qui sont construites
hors du décret de la construction. Ce phénomène a pris une
ampleur considérable et si les chiffres étaient disponibles, ils
incluraient également ces petites remises, qui occupent une part
importante du marché. Donc, les données seraient biaisées
à la source.
M. Gendron: Alors, Mme la Présidente, je n'ai pas d'autres
questions. Je ne proposerai pas d'amendement pour me faire faire le même
travail que je me suis fait faire à l'autre par la majorité
ministérielle. Là je ne la qualifierai pas. Ces gens sont
gentils, ils font leur job, ils suivent la ligne du ministre,
indépendamment des arguments qu'on leur apporte. C'est leur droit le
plus strict. Dans ce sens-là, je ne perdrai pas mon temps à
présenter un amendement. Mais, pour les motifs que j'ai eu l'occasion
d'exprimer, compte tenu de l'absence de consensus sur cette question,
adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, les deux
petits "i" sont adoptés sur division. L'ensemble du paragraphe 3 est
adopté sur division. J'appelle le paragraphe 4.
M. Gendron: Mme la Présidente, compte tenu de l'heure et
compte tenu de l'importance et la longueur du quatrième paragraphe, vous
comprendrez qu'on n'aura pas le temps de faire un travail bien sérieux
dans les dix dernières minutes qu'il nous reste. Alors, on devrait
dormir là-dessus et, à demain matin.
La Présidente (Mme Bélanger): Sine die? Une
voix: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne pense pas. Vous n'avez pas
des engagements sur le plan du salon bleu?
M. Gendron: Non, non, mais quand je dis demain matin, je veux
dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la période de
questions.
M. Gendron: ...sine die.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Vous avez finalement des
questions sur le projet de loi 31?
M. Gendron: Sine die, ou je ne sais pas quoi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À 10 heures demain
matin.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 49)